Skip to main content

Full text of "Annales des Sciences Naturelles Botaniques"

See other formats


SD ) 


er 0 2 es ARS GE T'ON # nu LEté 
à HA LA OR EME re 


LIVE SNS 1, 2/el 3 


ANNALES 


DES 


SCIENCES NATURELLES 


NEUVIÈME SÉRIE 


BOTANIQUE 


COMPRENANT 


L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION 
DES VÉGÉTAUX VIVANIS ET FOSSILES 


4 


PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE 


M. PH. VAN TIEGHEM 


à 


TOME IV. — N° 1, 2 et 3 


MASSON ET C#, EDITEURS 
LIBRAIRES DE L' ACADÉMIE DE MÉDECINE 
120, Boulevard Saint-Germain 


1906 


PARIS, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ETRANGER, 32 FR. 
Ce cahier a été publié en juillet 1906. 
Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. 


Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles 


NEUVIÈME SERIE 


BOTANIQUE 
Publiée sous la direction de M. Pu. vAN TIEGHEM. 


L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d’environ 400 pages, 
avec les planches et les figures dans le texte correspondant aux 


mémoires. 
Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle 


d'une année. 
Les tomes I à XX de la Huitième série et les tomes I, IT et II de la 


Neuvième série sont complets. 


ZOOLOGIE 
Publiée sous la direction de M. Epmonp PERRIER. 


L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 409 pages, 
avec les planches correspondant aux mémoires. 
Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle 


d'une année. 
Les tomes I à XX de la Huitième série sont complets. 


Prix de l'abonnement à 2 volumes : 


Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs: 


ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES 


Dirigées, pour la partie géologique, par M. Hé8Eerr, et pour la partie 
paléontologique, par M. A. MILNE-EDWARDS. 


Tomes I à XXII (1879 à 1891). Chaque volume .......... 15 fr. 


Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales 
des Sciences naturelles. 


Prix des collections. 


PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol.  (/?are) 
DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie 20 vol. 250 fr. 
. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie 20 vol. 9250 fr. 
QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie 20 vol. 250 fr. 
CINQUIÈME SÉRIE (1864-1874). Chaque partie 20 vol.  250:fr. 
SIXIÈME SÉRIE (1875 à 1884). Chaque partie 20 vol. 250 fr. 
SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894). Chaque partie 20 vol. 300 fr. 


GÉOLO GIE 22 V0 line SE RER ENS ee 330 fr. 


ANNALES 


SCIENCES NATURELLES 


BOTANIQUE 


CORBEIL. — IMPRIMERIE ED. CRÉTÉ 


ANNALES 
SUIENCES NATURELLES 


NEUVIÈME SÉRIE 


BOTANIQUE 


COMPRENANT 


L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION 
DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES 


PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE 


NEVPE VAN UTIEGELEM 


LOME: IV 


PARIS 
MASSON ET C'. EDITEURS 


LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 


120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 


1906 


2 


Droits de traduction el de reproduction réservés. 


RECHERCHES  ANATOMIQUES 


SUR LA 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES 


Par René VIGUIER 


INTRODUCTION 


La famille des Araliacées ne comprend, en dehors du Lierre, 
que des espèces exotiques ; aussi, malgré son importance, a-t-elle 
été jusqu'ici néglhigée par la plupart des botanistes. Il n'existe 
que fort peu de travaux généraux sur cette famille ; nous pos- 
sédons surtout de nombreuses descriptions d'espèces faites le 
plus souvent par des auteurs connaissant très imparfaitement 
l'ensemble du groupe. 

Une mise au point fort bien comprise à été publiée par 
M. Harms, en 189%, dans les « Natürliche Pflanzenfamilien ». 
Elle montre combien de lacunes et d'incertitudes persistent 
encore, combien de points restent à étudier pour que cette 
famille soit connue dans son organisation ainsi que dans les 
relations phylogénétiques et même morphologiques de ses 
différents genres. Les recherches anatomiques, pourtant si 
nombreuses ces dernières années, n'ont, pour ainsi dire, fait 
qu'effleurer les Araliacées. 

Nous avons résolu d'étudier la structure des Araliacées, pen- 
sant que les résultats obtenus pourraient être intéressants soit 
pour la morphologie générale, soit pour la classification du 
groupe encore extrêmement confuse. Nous verrons, en effet, 

ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. 1,1 


2 RENÉ VIGUIER. 


dans la suite de ce travail, que l'anatomie, indispensable pour 
la connaissance des relations naturelles des êtres, nous four- 
nira des caractères importants qui décideront du groupement 
et de la position de certaines espèces et de certains genres. 

Une des grosses difficultés pour mener à bien un tel travail 
élait la réunion des matériaux; aussi, ne saurions-nous trop 
remercier les nombreux botanistes qui nous ont prêté leur 
CONCOUTS : 

MM. Bureau et Poisson ont toujours mis à notre disposition 

avec la plus grande amabilité les richesses accumulées dans les 
collections du Muséum d'Histoire naturelle. 
- Nous avons rencontré au Jardin royal de Kew une très 
grande complaisance et avons pu nous y procurer de très nom- 
breuses plantes vivantes ; aussi sommes-nous heureux de 
remercier Sir Thiselton Dyer, M. W. Botting Hemsley et 
M. Leo Farmar. 

M. Treub, directeur de l’Institut botanique de Buitenzorg, 
nous à, très aimablement, fait parvenirles Araliacées recueillies, 
dans un voyage récent, par M. Koorders aux Moluques et aux 
Célèbes. 

M. le professeur Ikeno de Tokyo, M. J. H. Maiden, directeur 
du Jardin botanique de Sydney (Nouvelle-Galles-du-Sud), 
M. Federico Philippi, directeur du Jardin de Santiago du Chih, 
M. Thaïs, directeur du Jardin de Buenos-Avyres, M. le profes- 
seur Warming, de Copenhague, M. J. C. Willis, directeur de 
l'Institut de Peradenyia (Ceylan), nous ont également fait des 
envois, dont quelques-uns très importants. 

Nous tenons à louer aussi le zèle intelligent avec lequel 
M. Le Rat, instituteur à Nouméa, à herborisé dans les environs 
de cette ville jusqu'au Mont Mou, consacrant tous ses loisirs à 
la science et faisant pour nous des récoltes précieuses. 

Nous ne voudrions pas oublier les services que nous ont 
rendus MM. Bonnet, Danguy, Finet et Gagnepain, de lherbier 
du Muséum, ainsi que MM. Beille, professeur à l'École de 
Médecine de Bordeaux, Dubard, maître de conférences à Ja 
Sorbonne, L. Ducamp, préparateur à la Faculté des Sciences 
de Lille, T. Halse Joenssen, professeur à l'Université de Lund, 
Poirault, directeur de la Villa Thuret. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. D 


M. le professeur Haug a bien voulu s'intéresser à nos 
remarques sur la répartilion géographique des espèces : nous 
tenons à lui témoigner de toute notre gratitude. 

Ce travail à été fait au laboratoire d'Organographie et Phy- 
siologie végétale du Muséum etau laboratoire de Biologie végé- 
tale de Fontainebleau ; nous remercions vivement M. L. Dufour, 
directeur-adjoint du laboratoire de Fontainebleau et M. L. Morot, 
assistant au Muséum, directeur du Journal de Botanique, qui 
nous ont toujours si aimablement facilité le travail. 

Nous sommes heureux d'exprimer toute notre reconnais- 
sance à nos maitres, M. le professeur Ph. Van Tieghem et M. le 
professeur G. Bonnier, pour les conseils précieux qu'ils nous ont 
donnés et pour leur grande bienveillance à notre égard. 


Nous adopterons le plan suivant dans la rédaction de ce 
mémoire : : 
PREMIÈRE PARTIE 


CHapirRe |°". — Historique. 
CuariTRe IL. — Étude des caractères de classification. 


DEUXIÈME PARTIE 


Cuaprrre 1°". — Étude des tribus. 
1. Pseudopanacinées. 
2. Polysciinées. 
3. Schefflerinées. 
4. Hédérinées. 
5. Myodocarpinées. 
6. Plérandrinées. 
. Mérytinées. 
8. Mackinlayinées. 
9. Panacinées. 
10. Érémopanacinées. 
CHaPirRE IL. — Relations et affinités. 


TROISIÈME PARTIE 


Remarques sur la répartition géographique. 


RESUME. 
CONCLUSIONS. 


PREMIÈRE PARTIE 


CHAPITRE PREMIER 
HISTORIQUE 


MORPHOLOGIE EXTERNE 


L° Classification. — Ce fut Antoine-Laurent de Jussieu qui 
établit, dans son « Genera plantarum » (1789), la famille des 
Araliacées (classe XIT, Dicotylédones polypétales à étamines 
épigynes). — Les Araliacées étaient, pour ce savant, bien dis- 
Uinctes des Ombellifères ; 1l considérait, en effet, les Ombelli- 
fères comme ayant des graines nues, les Araliacées avant, au 
contraire, les graines recouvertes d’un péricarpe. Jussieu ne 
faisait évidemment qu'enregistrer une erreur ancienne, puisque 
Césalpin (1589) distinguait déjà un ordre des Ombellifères sous 
le nom de Gymnodispermae. 

Les Araliées de Jussieu était composées des genres Panar el 
Aralia de Linné (1735), Gastonia de Commerson (1786), 
Polyscias de Forster (1766) et Cussonia de Thunberg (1780). 

Le genre Hedera, à cause de ses styles soudés, formait une 
série de l’ordre des Caprifoliacées (classe XT, Dicotylédones mo- 
nopélales à corolle épigyne et anthères distinctes). 

L'article « Araliacées » du Dictionnaire des Sciences natu- 
relles (1816), contient une deseription très claire des caractères 
de la famille Toujours séparée des Ombellifères par la structure 
de la graine. Les Ombellifères sont toujours caractérisées par le 
fruit « composé de deux semences nues appliquées lune 
contre lPautre », tandis que les Araliacées ont pour fruit « une 
baie à plusieurs loges monospermes dont le nombre est tou- 
jours déterminé par celui des styles; comme dans les Ombelli- 
fères lembryon très petit, cylindrique, est placé dans une 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. D 


petite cavité oblongue, au sommet d’un périsperme carlilagi- 
neux ou presque ligneux ». 

Plusieurs genres nouveaux sont venus s'ajouter aux genres 
mentionnés par Jussieu, ce sont : Heptapleurum de Gaertner 
(1791) Gilibertia et Actinophyllum de Ruiz et Pavon (1802), 
Maraliu de Dupetit-Thouars (1806). 

D. Don (1825) contribue, par des remarques inexactes, 
à séparer les Araliacées des Ombellifères par un fossé encore 
plus profond ; il décrit en effet la graine des Araliacées de ln 
mapière suivante : « Semina angulata erecta, lesta erterior 
Crustacea, Interior membranacea; embrvo inversus, albumine 
carnosa.... » Celle grave erreur, consistant à prendre pour le 
légument externe de la graine l'endocarpe mince du fruit, a 
été répélée pendant longtemps; elle se retrouve dans des 
travaux modernes. Les Araliacées qui présenteraient, d'après 
Don, des graines dressées avec deux téguments épais, n'auraient 
évidemment plus aucun lien de parenté avec les Ombellifères. 

Bartling (1830) place les Araliacées dans la classe des 
Ombelliflores de ses Gymnoblasta polypetata. Ces Ombellifiores 
comprennent : 1° les Ombellifères, 2° les Araliacées, 3° les Heé- 
déracées, 4° les Hamamélidées. Si Terreur de Don se retrouve 
dans cet important ouvrage, la véritable nature du fruit des 
Ombellifères est enfin reconnue : les Ombelliféres sont en effet 
caractérisées par leur double achaine, leurs pétales atténués à la 
base et à préfloraison involutée, leur disque épigyne. Les Ara- 
liacées et Hédérarées, distinctes les unes des autres par leurs 
styles respectivement libres ou soudés, se séparent des Ombel- 
lifères non seulement par leur fruit, mais par les pétales 
pourvus d'une large base et à préfloraison valvaire, ainsi que 


par le nombre des loges ovariennes. — Les Hamamélidées se 
distinguent des familles précédentes par leur fruit capsulaire, 
leurs pétales linéaires, leur disque périgyne. — Les Araliacées 


comprennent : Cussoma, Panar, Adora, Maralia,  Aralia 
(= Schefflera), Sciadophyllum. (—Actinophyllum), Polyscius, 
Gulibertia, Phytocrene ; les Hédéracées sont composées de 
Hedera, Marlea, Cornus. 

De Candolle, dans le Prodrome, copie, comme Bartiing, 
l'erreur de Don. Cessant d'attribuer à la concrescence des styles 


6 RENÉ VIGUIER. 


l'importance que ses devanciers y attachaient, De Candolle 
place le Lierre parmi les Araliacées. Iintroduit également dans 
la famille le genre Arthrophyllum à ovaire uniloculaire. Si 
nous ne rencontrons plus les Phytocrene dans les Araliacées 
du Prodrome, nous v retrouvons le genre À dora avec, en outre, 
le genre T'orricellia. 

La publication du « Genera plantarum » d'Endlicher (1840), 
n'apporte aucune importante modification à la famille qui se 
trouve placée dans la elasse XL des Dicotylédones Discanthées 
au voisinage des Ombellifères, des Ampélidées, des Cornées, 
des Loranthacées, des Hamamélidées et des Bruniacées. Aux 
genres énumérés par De Candolle, Endlicher ajoute les genres 
Miquelia et Botryodendron; ce dernier genre n’est autre que le 
genre Meryla, décrit bien antérieurement par Forster (1766), 
ainsi que le fit remarquer Seemann (1862). 

Cette même année, Bennett et R. Brown (1840) font des 
remarques d'un vif intérêt à propos du genre Horsfieldia 
qu'ils rangent dans les Araliacées, tandis que Blume et De Can- 
dolle l'avaient décrit comme une Ombellifère. Les Ombellifères 
et les Araliactes sont, pour Bennett et R. Brown, deux familles 
très voisines qui doivent être considérées comme formant une 
même classe naturelle. La différence la plus importante qu'on 
ait signalée entre les deux familles est fausse ; ces deux auteurs 
relèvent alors Perreur d'observation de Don et montrent que 
son opinion est insoutenable. Les graines des Araliacées sont, 
en fait, comme celles des Ombellifères, pendues au sommet de 
l’angle interne de la loge dans laquelle elles sont contenues ; Le 
raphé est ventral. 

Dans une « esquisse d'une monographie des Aralia- 
cées » (1854), Decaisne et Planchon discutent, les premiers, 
les caractères de classification de la famille. Ils insistent sur 
l'état de l'albumen qui est quelquefois 7wminé, ainsi que sur les 
caractères que peut fournir le pédoncule floral, sur lequel la 
fleur est parfois articulée. — Ces deux auteurs sont amenés, 
dans leur erilique, à proposer les genres Brassaiopsis, Cupho- 
carpus, Dendropanar, Didymopanar, Fatsin el Oreopanar. 

À la même époque, Asa Gray (1854) enrichit la famille des 
senres AReynoldsia, Tetraplasandra et Plerandra, ces deux der- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. pi 


niers genres constituant des types tout à fait nouveaux, caracté- 
risés par la présence d’un grand nombre d'étamines. 

Les années suivantes, de nombreux genres sont encore créés : 
Miquel (1856) décrit une série de types de l'archipel Indien 
Agalma, Eupleron, Aralidium, Macropanar, Nothopanar, Ac- 
tinomorphe, Parapanar. Hooker fils, et Thomson, la même 
année, établissent le curieux genre T'upidanthus, Grisebach 
(1858) le genre Sciadodendron, et Maximowicz le genre Æleu- 
therococcus. Enfin Koch (1859) rapporte aux Araliacées plu- 
sieurs genres à ovaire uniloculaire, notamment Bursinopetalum 
qui, (d’après Baillon (1862), n’est autre que Mastiria el établit 
les genres Pseudopanar et Tetrapanax. 

Seemann (1864 a) indique ses vues sur le groupe el 
prétend que les Aralincées sont inséparables des Ombellifères. 
IL propose une grande famille divisée en deux sous-familles : 
les Apiacées el les Hédéracées. Les Hédéracées comprennent 
toutes les plantes dont la corolle est à préfloraison valvaire : 
les Apiacées où Ombellifères vraies comprennent toutes les 
plantes dont la corolle est à préfloraison imbriquée. Ces deux 
sous-familles sont entre elles, d’après Seemann, ce que sont les 
Maimosées, les Césalpiniées etles Papilionacées dans les Léqumi- 
neuses, les Renonculées et les Anémonées dans les Renoncularées. 

L'auteur poursuit, plusieurs années durant (1864-1867), une 
revision des ÆHédéracées ; le groupe tel qu'il le conçoit est arti- 
liciel, car les genres Aralia et Panar, dont la corolle est à 
préfloraison imbriquée, sont reportés aux Apiacées, et les 
genres à ovaire uniloculaire reportés aux Cornacées (1864 b). 
Dans les Hédéracées, au contraire, prennent place notamment 
les Æydrocotyle et les Crithmuun. 

L'auteur établit un groupement en tribus des 43 genres qui 
constituent, pour lui, le groupe : 

1° Cussoniées. — Élamines en même nombre que les pé- 
tales. Ovaire à 2 (exceptionnellement 3) carpelles. Albumen 
ruminé ; 2° Horsfieldiées. — Élamines en même nombre que 
les pétales. Ovaire à 2 (exceptionnellement 3) carpelles. Albu- 
men non ruminé ; 3° Aédérées. — Élamines en même nombre 
que les pétales. Ovaire à 5 loges ou plus (rarement 3 par avor- 
tement). Albumen ruminé ; 4° Pseudopanurées. — Etamines 


8 RENÉ VIGUIER. 


en même nombre que les pétales. Ovaire à 5 loges ou plus 
(rarement 3 par avortement). Albumen non ruminé ; 5° Plé- 
randrées. — Étamines de 2 à # fois plus nombreuses que les 
pétales. Ovaire à 5 loges ou plus. 

Chaque tribu est ensuite divisée en deux sous-tribus suivant 
que le pédoncule floral est articulé où inarticulé. Tous les 
genres sont passés en revue et décrits avec beaucoup de soin par 
auteur qui donne, pourtant, à chacun une limite trop étroite. 

Miquel (186%), lui, ne tient aucun compte de la préfloraison : 
il divise la famille en Pleiostémones el Fsostémones. Le groupe 
des Isostémones se trouve ensuite partagé en Pleiogynes et 
Meiogynes, que viennent ensuite subdiviser le mode d’inflores- 
cence et la forme des feuilles. 

La famille se trouve encore modifiée, à cette époque, par 
l'introduction de types inconnus : e’est d’abord le genre Mac- 
hinlaya de F. v. Muller (1864), qui présente les pétales ongulés 
d'une Ombellifère, tout en étant une véritable Araliacée ; ce 
sont ensuite les Myodocarpus Brongniart et Gris (1861), et les 
Delarbrea Vieïllard (1865), qui possèdent tous deux dans leurs 
fruits des poches sécrétrices. Les Myodocarpus, dont le fruit est 
une double samare, sont pour leurs auteurs des Ombellifères, 
landis que Bentham et Hooker les considèrent comme des 
Araliacées. 

Bentham et Hooker (1867), dans leur Genera plantarum, 
distinguent 5 tribus dans les Araliacées : 1° les Arahées à 
pétales plus où moins imbriqués et à large base ; 2° les Huc- 
finlayées à pétales ongulés et à préfloraison valvaire ; 5°les Pana- 
cées à pétales, à préfloraison valvaire, androcée isostémone et 
albumen non ruminé; 4° les Hédérées, présentant les carac- 
tères des Panacées mais à albumen ruminé ; 5° les Plérandrées 
à nombreuses élamines. Les caractères fournis par le pédon- 
cule floral, le nombre des carpelles, servent ensuite à diviser 
les tribus. Les deux illustres botanistes, bien que n'ayant pas 
étudié spécialement le groupe, semblent l'avoir beaucoup mieux 
compris que Seemann; les groupements des espèces en genres 
et des genres en tribus sont beaucoup plus naturels. 

Baillon (1878, 1879 4), comme Bennett et comme Seemann, 


\ 


prétend que les Araliacées sont inséparables des Ombellifères : 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 9 


« Les auteurs accordent aux Araliacées un port spécial, mais 
quand les Ombellifères deviennent ligneuses et élancées, leur tige 
simple où peu ramifiée au sommet, nue dans les portions infé- 
rieures et chargée en haut d’une couronne de feuilles, est tout à 
fait semblable à celle de certaines Araliées. » Le caractère du 
fruit sec chez les Ombellifères et charnu chez les Araliacées, ne 
trouve pas grâce aux yeux de Baillon : le fruit de l'Apleura, Om- 
bellifère chilienne, est drupacé; du reste le fruit de beaucoup 
d'Ombellifères est charnu dans sa partie superficielle et 1 n°v à 
là que des nuances dans la consistance et l'épaisseur de lexo- 
carpe. Enfin, les bandelettes du fruit sont remplacées dans cer- 
tains genres comme Choritaenia par des poches oléo-résineuses 
qui se retrouvent dans les Delarbrea el Myodocarpus qui sont 
de vraies Araliées. Enfin, il faut ajouter que les carpelles de 
certaines Araliacées se séparent intégralement à maturité 
comme ceux des Ombellifères : c’est le cas dans Horsfieldia, 
placé par Seemann dans les Araliacéeset dans les Hyodocarpus. 

Les Araliées ne sont plus, dans l'Histoire des plantes (1879 b) 
qu'une simple tribu des Ombellifères au même titre que les 
Daucées, les Échinophorcées, les Peucédanées, les Carées et les 
Hydrocotylées. L'auteur n'apporte aucune division, aucune 
classification dans sa tribu des Araliées et fait rentrer dans 
un même genre les éléments les plus disparates. 

I rejette du groupe les genres Adora et Helivingia, mais v 
introduit en revanche les Curtisia et les Mastiria, ainsi que les 
genres nouveaux Apropelalum, Pseudosciadium et Eremopanar. 

E. Marchal étudie un certain nombre d'espèces américaines 
et établit le genre Coudenberqia (A879). 

N. E. Browne établit le genre Dizygotheca (1891), sur une 
plante ayant fleuri dans les serres de Kew et présentant la 
curieuse particularité d’avoir des étamines à 8 sacs polliniques. 

Boerlage (1887) reprend létude des Araliacées de larchipel 
Indien. 

Ce travail, qui ne porte que sur un petit nombre de 
genres, est un modèle de précision et ne soulève aucune 
critique. 

Boerlage décrit un nouveau type Eschveileria lès naturel, 
comprenant une dizaine d'espèces. (Le nom d'Æschaceilerin à 


10 RENÉ VIGUIER. 


été remplacé par celui de Poerlagiodendron Harms, car il existe 
une Lecythidacée du nom d’Æschweilera Mart.). Un peu plus 
lard cet auteur, dans son « Handleiding tot de Kenniss der 
Flora van Nederlandsch Indië » (1890), distingue dans les Ara- 
liacées les mêmes tribus que Hooker et fait entrer ensuite en 
première ligne, pour subdiviser ces tribus, le nombre des 
loges de l'ovaire ; viennent ensuite larticulation ou la non- 
articulation de la fleur, le mode d’inflorescence, la forme et le 
degré de concrescence des styles, etc., pour arriver aux genres 

Enfin, M. Harms (1894) fit paraître un travail magistral, mono- 
graphie des plus complètes de la famille : les Araliacées forment 
avec les Ombellifères la série des Ombelliflores, 26° el dernière 
des Dicolylédones archichlamuydées (Engler, 1903). Après avoir 
donné quelques généralités et rejeté tout à fait en arrière-plan 
l'anatomie, montrant ainsi l'insuffisance de nos connaissances 
sur ce sujet, l’auteur aborde la systématique de la famille : 1 
distingue les Schefflerées avec pétales à large base et préflo-. 
raison valvaire, les Araliées avec pétales à large base et préflo- 
raison imbriquée, les Mackinlayées avec pétales rétrécis à 
la base et préfloraison valvaire. L'auteur, faisant ainsi appel à 
un seul caractère, propose des tribus très peu homogènes: 
il est vrai que la classification des genres qu'il propose ne 
semble pas avoir d'autre prétention que d’être une clé dichoto- 
mique utile pour la détermination ; certains genres se trouvent 
en effet répétés en divers points de la clé et mème dans deux 
Uribus. L'auteur aurait pourtant, à notre avis, mieux fait de 
S'en tenir aux tribus, beaucoup plus naturelles, de Bentham 
et Hooker. 

La conception que se fait des genres ce savant botaniste est 
assez variable : il donne par exemple une extension considé- 
rable au genre Polyscias, X faisant entrer des espèces avant 
de un à dix carpelles, alors que, d'autre part, il maintient 
séparés les Pseudopanar et les Nothopanar différant par le 
nombre des carpelles qui est de cinq dans le premier genre, 
deux, trois ou quatre dans le second. Nous aurons, dans le 
courant de ce mémoire, quelques points à reprendre dans là 
monographie de Harms, aussi nous n’en parlerons pas davan- 
lage, malgré son importance capitale, dans cet Historique. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. li 


Peu de travaux sur la systématique des Araliacées ont 
paru depuis la belle publication des « Pflanzenfamilien ». 

Harms (1896) fait une revision des espèces du genre A7ala 
et fait de l'Aralia cephalobotrys le ype d'un genre Cephala- 
ralia; ia proposé récemment le genre Anomopanar (190%) : 
King (1898) décrit le genre Wardenin à ovaire uniloculaire 
et biovulé ; D. Prain (1903), établit le genre Woodburnin. 

Enfin, récemment (1905), nous avons séparé sous le nom 
de T'ieghemopanax les Polyseias, mal connus, de là Nouvelle- 
Calédonie, et de Bonnierella le Panax talitense décrit autrefois 
par Nadeaud. 

Nous n'avons plus qu'à mentionner un dernier travail, celui 
de M. Van Tieghem, sur « l'œuf des plantes considéré comme 
base de leur classification » (1900). 

Les Araliacées v forment, avec les Ombellifères etles Mastixia- 
cées, une alliance des Ombellales, dans le groupe des « Trans- 
pariétées unitegminées ». 

2 Morphologie générale. — En dehors de ces travaux de 
systématique, la morphologie n’a fait Fobjet que d'un petit 
nombre de recherches. 

Wydler (1860), et surtout Buchenau (1864), ont donné une 
série d'indications très précises sur la morphologie du Lierre. 

Jusqu'en 1895, on ne connaissait que le Lierre comme plante 
grimpante, parmi les Araliacées. À celte époque, M. Went (1895) 
signala quelques Heplapleurum de Java qui s'élèvent en se 
fixant à leur support par de courtes racines adventives non 
géotropiques. Les tiges de ces plantes portent aussi des racines 
adventives nourricières qui sont positivement géolropiques et 
vont puiser des éléments nutritifs dans le sol. Dans certaines 
espèces ce sont les racines crampons qui prédominent, dans 
d’autres ce sont les racines nourricières. Certaines de ces 
plantes semblent être en train de devenir pseudo-épiphytes. 
L'auteur à observé aussi des semi-épiphvtes, indéterminées, 
reliées au sol par d'épaisses racines adventives: ces plantes lui 
ont fait l'impression de n'avoir pas germé sur le sol. 

M. Carse à récemment constaté que le Nothopanar arboreurr, 
dans les environs de Mauku (Nouvelle-Zélande), pouvait dans 
certains cas être épiphyte {semi-épiphyte de Went). 


12 RENÉ VIGUIER. 


Cette plante se présente, au bord des rivières ou sur le pen- 
chant des collines, comme un arbre d'aspect normal; mais 
elle se développe invariablement en épiphyte quand il y à des 
Fougères arborescentes. 

Comme épiphyte, cette espèce peut être une plante de quelques 
centimètres, un arbrisseau, où un arbre de 7 mètres de haut. 
La graine germe sur le tronc de la Fougère : la racine princi- 
pale se dirige, en higne droite ou non, vers la terre ; elle traverse 
le manchon fibreux des racines de la Fougère, et n’est arrêtée 
que par la partie dure de la tige. D’autres racines se forment, 
suivent un trajet analogue, et se soudent plus ou moins avec la 
racine principale; elles constituent ce que l’auteur appelle des 
« rootstems », car elles ne donnent des radicelles et ne 
« deviennent racines » que dans le sol (?). La tige, elle, se 
développe de bas en haut, faisant avec la Fougère un angle plus 
ou moins grand. La Fougère peut être complètement entourée 
par les « rootstems » qui présentent l'aspect d'un vieux tronc, 
et semble ainsi sortir d'un vase !. Au contraire les « roots- 
tems » peuvent former simplement un réseau plus où moins 
grand autour de la Fougère et cela, dès la base ou à une 
certaine hauteur : le pied de la Fougère peut être complète- 
ment dégagé. La plante support peut rester très robuste, sur- 
out quand c'est le Cyathea dealbata; au contraire, le Dicksonia 
squarrosa semble souffrir el parfois meurt. 

Ce mode de vie se rapproche, d’après M. Carse, de celui du 
«rala » où WMetrosideros robusta. 

Le polymorphisme des Araliacées à été signalé par d'_ nom- 
breux auteurs ; quand on s'attache à la récolte du Lierre, on 
constate que ce polymorphisme est considérable. M. Brunaud, 
dans son « énumération des plantes qui eroissent aux Saintes » 
(1878), croit pouvoir déerire les variétés lancifolia, latifolia, 
erecta, rotundifolia, multiflora, divaricata. West bien difficile 
de le suivre dans cette voie. 

Les espèces des genres Pseudopanar et Nothopanar sont 
considérées comme étant particulièrement polymorphes. Hooker 
parle, dans sa flore de la Nouvelle-Zélande, de cette variabilité 


1. Ainsi que l'avait déjà fait remarquer Colenso à l’Institut philosophique 
de Hawke’s Bay. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 13 


sur laquelle T. Kirk (1889, 1890) insiste à plusieurs reprises. 
Ces plantes, notamment le P. /eror, présentent de curieuses 
différences de port aux divers âges de la vie. 

Les botanistes du Jardin de Bruxelles ont des Pseudopanar 
ayant les formes et les aspects de feuilles Les plus différents : 
toutes ces plantes proviennent de graines récoltées sur un 


mème pied Bommers (1903), Errera (1904)! 


ANATOMIE 


Nous avons déjà dit que l'anatomie des Araliacées n'avait, 
jusqu'à présent, fait l'objet d'aucun travail d'ensemble im- 
portant; les notions que nous possédons sur la morphologie 
interne de quelques espèces se trouvent éparses dans des 
mémoires d'anatomie générale. 

I. Tige et feuille. — Sanio (1864) décrit la tige d’Aralia 
racemosa el signale cette plante comme particulièrement 
intéressante, car, à l'intérieur du cercle normal de faisceaux, 
s'observe wn cercle de faisceaux dont la partie libérienne est 
tournée vers l’intérieur et la partie vasculaire vers l'extérieur ; Ve 
cercle normal s’épaissit par les formations secondaires, tandis 
que les faisceaux internes sont fermés. Cette structure rappelle 
celle des Pipéracées (Chavica) et des Bégoniacées, et le déve- 
loppement en est le même. Certaines Ombellifères (Swaus 
pratensis) rentrent dans ce type. Quand on examine la partie 
supérieure de la tige, on voit que c’est le cercle externe de 
faisceaux qui se différencie le premier. Pendant la différencia- 
üon ullérieure du cercle interne, le cambium fonctionne et 
donne de nouveaux petits faisceaux cambiaux dans le cerele 
externe. 

Trécul, dans son mémoire « Sur les vaisseaux propres des 
Araliacées » (1867), étudie la répartition des canaux sécréteurs 
dans la tige ou le rhizome d’une dizaine d'espèces. IT signale 
également la présence de faisceaux eribro-vasculaires médul- 
laires dans lAralia racemosa et dans l'Aralia edulis. 

Chalon (1867) décrit la structure anatomique de la tige de 
l'Hedera Helir: 1 insiste principalement sur le bois secon- 


14 RENÉ VIGUIER. 


daire. Le « tissu subéreux épidermique » se forme la 2° ou 
3° année, exfoliant l'épiderme, et son revêtement de « poils 
lymphatiques ». Les «fibres Hibériennes » se forment la première 
année en pelits groupes; les crampons apparaissent dans la 
couche cambiale, L'auteur constate que les tiges florifères ne 
forment Jamais de crampons, ont des vaisseaux plus petits 
et n’ont pas de canaux sécréteurs médullaires. 

Cedervall, dans une thèse de l’université de Lund (1879), 
étudie la tige de 22 espèces. Il distingue les Araliacées à fais- 
ceaux vasculaires médullaires (Araliaceer med märgkärlk- 
nippen) : Aralia indica, A. hispida, A. racemosa, A. edulis, 
A. nudicaulis, A. Kaschemirica et les Araliacées sans faisceaux 
vasculaires médullaires (Araliaceer utan märgkärlknippen) 
Aralia papyrifera, A. spinosa, A. Sieboldi, A. dasyphylla, 
A. palmata, À. Dunkan, A. crassifolia, A. umbraculifera, 
Dimorphanthus mandshuricus, Panax frulicosum, P. dendroi- 
deum, P. fragrans,  Macropanarx  Oreophilum,  Paratropia 
cenulosa, Sciadophyllum Brown, Hedera Helir, H.algeriensis. 

Dans le premier groupe, l'auteur décrit la structure de 
l'Aralia indica. Une tige à faisceaux médullaires s'accroît par 
le jeu de 3 initiales : la première donne l’épiderme ; la seconde 
donne deux couches de cellules qui, par des cloisonnements 
tangentiels et radiaux, donneront, la couche externe, le collen- 
chyme, la couche interne, l'écorce interne. Enfin linitiale du 
cylindre central donne un üssu dont les # à 5 rangées de 
cellules externes s’allongent radialement, se cloisonnent et 
donnent naissance à une zone de procambium dans laquelle 
apparaîtront bientôt les premiers vaisseaux spiralés. Le cercle 
externe normal et les faisceaux qui se rendent aux feuilles 
sont ainsi les premiers différenciés : les faisceaux médullaires 
se différencient ultérieurement. 

L'auteur décrit la structure d'un certain nombre de tiges 
adultes notant la présence constante d’une couche continue de 
collenchyme sous l’épiderme et l’origine sous-épidermique du 
périderme. 

Il étudie la répartition des cristaux et des canaux sécréteurs 
et signale le manque de canaux dans l'Aralia Dunkani (?). 

Enfin 1l distingue dans le « hiber mou » de quelques espèces, 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 15 


notamment du Paratropia venulosa, des lignes foneées ondu- 
leuses, qui seraient constituées par des éléments prosen- 
chymateux et auraient une origine cambiale. Ces éléments 
sont nommés par l'auteur « hber collenchymateux » (collen- 
chymbast) etremplacent dans cette espèce le véritable Hiber. Cette 
organisation rappellerait celle des Pégoniacées, des Pipéracées 
ou celle de certains Cycas, où les éléments sont moins nom- 
breux, moins épais et moins comprimés que chez Paralropiu. 
Chez Paratropia le « liber collenchymateux » à une origine 
cambiale, tandis que chez les Bégoniacées, elc., les éléments ne 
proviennent pas de formations nouvelles et correspondent au 
« protophloëme » de Russow. 

L'auteur conclut à l'exclusion complète de l'Adora Moschu- 
tellina, que De Candolle avait placé parmi les Araliacées. Cette 
plante, par l'absence de canaux sécréteurs et de mâcles, 
l'allongement des cellules de l'écorce interne, l'abondance de 
grains d’amidon dans l'écorce et la moelle, la présence de 
faisceaux entourés d’un endoderme spécial dans les angles de 
la tige, s'éloigne tout à fait des Araliacées, se rapprochant 
plutôt, d'après lui, des Renonculacées. 

Pour ne pas avoir à revenir sur ce travail, dont la part 
d'originalité est d’ailleurs assez réduite, disons dès maintenant 
que l’auteur interprète d’une manière erronée la structure du 


-liber : son « collenchymbast » est dù simplement à des tubes 


criblés qui, ayant cessé leur fonctionnement, sont comprimés 
par les formations nouvelles ; il n° à pas là un tissu spécial, 
comme à l'air de le supposer Cedervall. 

Weiss (1883) à repris l'étude des faisceaux médullaires des 
liges, en choisissant comme types Aralia edulis el A. racemosx. 
L'auteur constate, comme l'avaient déjà vu les auteurs précé- 
dents, la présence d'un cercle de faisceaux à xvlème inverse 
à l'intérieur du cercle normal de faisceaux libéroligneux; il 
vérifie les observations de Sanio quant à l'apparition plus 
lardive des faisceaux médullaires. Il constate, en outre, que 
le nombre de ces faisceaux médullaires est variable dans les 
différents entre-nœuds et semble être fonction de l'épaisseur 
de la tige; enfin 1l prétend que ces faisceaux ne sont pas 
fermés el qu'une assise de cambium peut y fonctionner. 


16 RENÉ VIGUIER. 


L'examen d'une série de coupes du nœud montre, d'après 
Weiss, que les faisceaux d’une feuille prennent place dans le 
cercle périphérique normal de lentre-nœud immédiatement 
inférieur, puis passent dans la moelle au nœud suivant en 
subissant une torsion de 180° et «l'origine foliaire des faisceaux 
médullaires d'Arulia n'est pas douteuse » f. 

J. Moeller, dans son « Anatomie der Baumrinden » (1882). 
caractérise les Araliacées de la manière suivante : l'écorce pri- 
maire ne renferme jamais d'éléments scléreux et contient 
toujours un certain nombre de druses ainsi que des canaux 
sécréteurs. Le périderme résulte toujours du cloisonnement de 
l'assise la plus externe de lécorce; les couches de liège ont 
des parois minces, les assises profondes sont épaissies sur la 
face interne seulement. Le « liber » présente extérieurement 
de minces faisceaux (ce sont les faisceaux péricyeliques) ; le 
parenchyme libérien comprend des éléments à parois minces: 
les tubes eriblés sont groupés par plages de dix ou plus. Les 
rayons larges contiennent des mâcles. Toutes ces observations 
portent sur un petit nombre d'espèces. 

Le bois secondaire à été étudié par quelques auteurs : Nord- 
linger (1852-1882), dans la publication de ses « Querschnitte 
von Holzarten » comprenant 1400 espèces de bois, déerit el 
caractérise (Hedera quinquefolia, H. Helix, Panar Murray, 
P.eleqans, Aratia crassifolia, À. spinosa. Moeller (1876) étudie 
Fatsiu japorica et Hedera Helir, et Solereder (1884), Fatsia 
horrida et Hedera Helir. Enfin Sertorius (1893) décrit le bois 
des Mastiria. 

Le périderme est loujours sous-épidermique ; les observations 
de Douliot (1889), Weiss (1890), Kuhla (1897), viennent 
s'ajouter à celles de J. Moeller. 

Dans ses travaux sur la Moelle, Mentowitch (1885) étudie 
Aralia spinosa et Hedera Helir. 

Aralix spinosa à une grande moelle à la périphérie de 


1. Dans son Traité. de botanique (2° éd., 1891, t. 1, 755-757), M. Van Tie- 
chem considère ces faisceaux comme n'ayant aucun rapport avec les feuilles. 
« Il faut bien se garder de confondre le cercle de faisceaux médullaires du 
Phytolaque (Phytolucca), des Pipéracées, etc. avec celui des Begonia el Arulia. 
Les faisceaux du premier se rendent aux feuilles, ceux du second sont sans 
rapport avec elles. » 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 17 


laquelle les faisceaux vasculaires s’enfonçant forment des coins 
réguliers. Cette moelle est formée de cellules qui perdent peu 
à peu leur contenu et sont bientôt pleines d’air ou contiennent 
seulement de l’oxalate de chaux; ces cellules se lignifient en 
vieillissant. 

Le Lierre à dans ses cellules centrales des cristaux d’oxalate 
de chaux ; entre les cellules périphériques se trouvent quelques 
canaux sécréteurs. Dans les rameaux de première année, on 
trouve quelques cellules isolées où même quelques groupe- 
ments cellulaires, complètement vides, à parois desséchées. Le 
processus se poursuit la deuxième année et les parois cellu- 
laires prennent une coloration brunâtre; les cellules sécrétrices 
des canaux perdent leur activité. La troisième année, toutes 
les cellules de la moelle sont desséchées. Les cellules périphé- 
riques sont petites, à parois épaisses et forment un anneau de 
sclérenchyme interne au bois primaire. 

Certaines tiges sont couvertes d’épines ou d’aiguillons. Lo- 
thelier (1893) étudie Aralia spinosa et A. mandshurica. Ces 
espèces sont intéressantes, car, parmi leurs piquants, les uns 
vascularisés, pourvus de canaux sécréteurs, parfois même 
foliacés, sont des épines par conséquent, et les autres, purement 
corticaux, sont des aiguillons. 

C. À. Barber (1892) mentionne les Araliacées comme pou- 
vant présenter à la base de leurs aiguillons des coussinets 
d'origine péridermique; l’assise génératrice du périderme est 
continue à la surface des aiguillons des Trevesia. 

Les canaux sécréteurs ont été étudiés d’une manière spéciale 
dans un certain nombre de Mémoires. 

Nous avons déjà mentionné un travail de Trécul (1867); cet 
auteur décrit la disposition des canaux sécréteurs dans la racine, 
la tige et la feuille et signale leur absence dans les Griselinia 
et Adora, considérés à cette époque comme des Araliacées. 

Van Tieghem (1885), rappelant les faits qu'il avait établis 
en 1871 et en 1872 (Voy. paragraphe Racine), et revenant sur 
des communications faites à la Société Botanique de France, 
constate que les canaux péricycliques de la racine se prolongent 
dans toute la tige sous l'endoderme général et appartiennent au 
péricyele, non au liber. 

ANN, SC. NAT. BOT., 9e série. IV, 2 


F8 RENÉ VIGUIER. 


Carl Müller (1888) signale la présence de canaux sécréteurs 
dans les dix espèces qu'il étudie : « Comme chez les Ombelli- 
fères, je trouve dans les faisceaux du pétiole d'Hedera Helix, 
Aralia cordata, A. edulis, À. racemosa, A. quinquefolia, A. Sie- 
boldi,  Dimorphanthus mandshuricus, Acanthopanar spinosa, 
Oreopanar capitata, Gilibertia dentata, des canaux sécréteurs 
libériens. Le canal peut ici se présenter dans chacune des 
régions du phloème; j'en ai vu souvent dans le voisinage 
immédiat du corps ligneux ». Le nombre des cellules sécrétrices 
qui se voit en coupe transversale varie de 3 à 7. L'auteur à 
observé une seule fois un canal bordé de 3 cellules dans 
l'Hedera; habituellement il y a 4 cellules autour du canal dans 
cette espèce et, dans les autres espèces, le nombre 5 est le 
plus fréquent. Ces canaux s’observent même dans les faisceaux 
épars situés dans la moelle de certaines espèces. Ils ne sau- 
raient donc être péricycliques. 

Dans un travail intitulé « Die mecanische Scheiden der 
Secretbehälter » et n'ayant qu'une très faible part d'originalité, 
Môbius revient à la structure des canaux sécréteurs de la tige 
du Lierre : les canaux sécréteurs de l'écorce primaire sont 
entourés d’une gaine dont les cellules sont plus petites et plus 
épaisses que les autres cellules de l'écorce ; les canaux libériens 
n'ont pas de gaine différenciée; les canaux médullaires sont 
aussi entourés de cellules à parois un peu plus épaisses. 

L'étude des canaux sécréteurs doit permettre de déterminer 
la position de certains genres douteux : 

Van Tieghem (1885) constate que les Curtisia et les Helwingia 
sont complètement dépourvus de système sécréteur; ils doivent. 
être rangés parmi les Cornacées. Les Arthrophyllum doivent 
être maintenus dans les Araliacées, non seulement par la dispo- 
sition de leurs canaux sécréteurs, mâis par toute leur structure, 
notamment par leur collenchyme continu. Le genre Mastiria 
est dépourvu de collenchyme et de canaux dans l'écorce. Le 
collenchyme est remplacé par des cellules seléreuses groupées 
dans la zone externe, isolées dans la zone interne. Le périeyele, 
dépourvu de canaux, comprend des fibres formant une couche 
presque continue. Chaque faisceau de la tige renferme dans 
la pointe de son bois, contre la moelle, un canal sécréteur 


» 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 19 


très large. Pour passer dans la feuille sept faisceaux quittent la 
tige, entraînant chacun leur canal sécréteur. Par la présence de 
canaux ligneux, le séjour des faisceaux dans l'écorce, et la 
stratification du liber, les Mastiria rappelleraient plutôt les 
Diptérocarpacées. 

Burck (1887) est d'avis que les Mastiria ne sont pas des 
Diptérocarpacées, bien qu’assez affines : on n’y trouve pas 
de canaux dans le bois secondaire, les feuilles y sont opposées 
(toujours alternés dans les Diptérocarpacées) et la disposition 
des faisceaux dans le pétiole y est différente. 

Sertorius(189%), malgré des différences importantes, considère 
les Mastiria comme dés Cornacées ; la présence de vaisseaux 
rayés dans le bôis secondaire des Mastiria, le revêtement de 
poils unicellulaires à deux bras comme chez Cornus et Corokia 
sont les principaux caractères sur lesquels s'appuie cet auteur, 
qui néglige, d'autre part, la présence des canaux sécréteurs. 

La Feuille a fait l'objet d’un petit nombre de travaux : 

Trécul (1867) décrit rapidement le pétiole de quelques 
espèces et constaté qué les « vaisséaux propres » se rencontrent 
dans toutes les nervures et s’anastomosent comme elles, en 
réseau ; pourtant, chez Panar Lessonü et crassifolicus, les 
canaux n'existent pas dans les nervures secondaires. 

C. De Candolle (1879) prend pour types les pétioles d’Arala 
spinosa, À. pubéscens et Hedera Helix ; l'auteur insiste sur la 
présence, dans les deux premières espèces, de nombreux fais- 
ceaux médullaires qui « affectent une disposition remarquable, 
ils s’accroissent en sens inverse de ceux du système principal 
en dedans duquel ils constituent un cercle complet. Chaque 
faisceau du cerele interne est adossé à l’un de ceux du système 
principal. Celui-ci est fermé dans les nervures principales aussi 
bien que dans le rachis. » Cette structure ne se retrouve pas 
dans le Lierre qui est dépourvu dé faisceaux intramédullaires. 

Weiss (1883) signale la présence d’un double cerele de fais- 
ceaux dans le pétiole de Aralia’ edulis, et Müller (1888) fait 
la même remarque pour Dinorphanthus. Petit (1887), dans 
son mémoire sur le pétiole des Dicotylédones, décrit et 
figure les pétiolés d'Aralia spinosa, Fatsia papyrifera, Fatsia 
Japorica, Panax filicifolia, Hedera Helir; d'après lui, le pé- 


20 RENÉ VIGUIER. 


tiole des Araliacées présente toujours une couche collenchy- 
mateuse sous-épidermique, des mâcles, et un canal sécréteur 
dorsal pour chaque faisceau périphérique. 

Lalanne (1890) étudie les feuilles d'Hedera Helix et d'H. 
arborea, insistant surtout sur le trajet des faisceaux et sur la 
nervation. Si on examine successivement toutes les feuilles d’un 
rameau florifère, on constate que la structure se simplifie de 
plus en plus à mesure que la feuille est plus récemment for- 
mée, et que la dernière feuille, située au-dessous de l'inflores- 
cence, à l’organisation la plus simple. Le plan de cette struc- 
ture est pourtant toujours le même, la feuille prend toujours 
71 méristèles à la tige mère et ces 7 méristèles, se divisant ou 
non, viennent toujours se placer suivant un are dans le 
pétiole. 

Borzi (1887) constate la formation de lenticelles foliaires sur 
Tetrapanax papyrifer et Aralia Sieboldü, plantes à grandes 
feuilles persistantes. 

Harms (1895) signale la présence de poches sécrétrices dans 
le limbe des espèces du genre Giiberhia, à l'exception du G. 
Protea. 

Solereder (1899), dans son ouvrage classique sur l'anatomie 
comparée des Dicotylédones, en résumant les recherches pu- 
bliées avant lui, se félicite de pouvoir présenter les observations 
inédites de Bachmann sur la structure du limbe, les Araliacées 
étant encore très incomplètement connues : 

L'épiderme présente des caractères variés suivant les espèces ; 
les stomates, dépourvus de cellules annexes, sont toujours loca- 
lisés dans l’épiderme inférieur. On observera parfois, sous 
l'épiderme supérieur, un hypoderme variable avec les espèces. 
Des cristaux d’oxalate de calcium en druses se rencontrent dans 
le mésophylle et très rarement dans l’épiderme (Heptaleurum 
Corona Syloae et H. elatum). Certaines espèces sont pourvues 
de poils ou de papilles de différentes formes. 

Il. Aacine. — Les travaux sur la racine sont peu nom- 


breux. 

Trécul (1867) donne une description confuse de la structure 
des racines d’'Aralia edulis, racemosa, chinensis. 

C'est M. Van Tieghem, dans son célèbre Mémoire sur « la 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 21 


Racine » (1870), et dans son « Mémoire sur les canaux sécré- 
teurs » (1872) qui, le premier, décrivit la structure de la racine 
des Araliacées. 

Les Araliacées (Hedera Helir, Aralia Sieboldii) présentent, 
suivant les racines, 2, 3, jusqu à 6 faisceaux ligneux alternant 
avec autant de faisceaux libériens. Le Lierre possède de 4 à 
6 faisceaux ligneux courts s'appuyant à la périphérie d'un gros 
prisme conjonctif aux angles duquel ils correspondent et qui 
se fibrifie de bonne heure. Le péricycle (membrane rhizogène) 
se partage vis-à-vis des faisceaux vasculaires, en ares oléifères 
contenant de 3 à 7 canaux sécréteurs; 1l présente également 
vis-à-vis des faisceaux libériens un méat oléifère pentagonal 
ou hexagonal contenant une huile qui semble différente de celle 
contenue dans les canaux supraligneux. Cette disposition de 
l'appareil sécréteur entraine un changement dans la position 
des radicelles qui naissent entre les faisceaux libériens et 
les faisceaux ligneux : s'il ÿŸ a dans la racine n faisceaux 
vasculaires et libériens, les radicelles s’insèrent sur 2 n géné- 
ratrices alternes avec ces faisceaux. 

La naissance des radicelles à été étudiée par Van Tieghem 
et Douliot (1888) qui ont, pour l’origine des racines adventives 


Al 


du Lierre vérifié les observations de Lemaire (1886). Ces racines 
naissent aux dépens de l'arc rhizogène qui, se cloisonnant deux 
fois tangentiellement, isole 3 groupes d'initiales. Le mamelon 
radiculaire est accompagné jusqu'à la sortie par une poche diges- 
tive simple formée par l’endoderme. Les exemples donnés (Hedera 
Helix, Paratropia umbraculifera, Aralia crassifolia, Fatsia papy- 
rifera) montrent la généralité des faits oservés, et n’indiquent 
que des variations de détail dans le nombre des faisceaux, 
l'épaisseur du péricycle (triple chez A. crassifolia), ete. 

La racine terminale, d’après Eriksson (1877) et Flahault (1878) 
à au sommet des initiales communes à l'épiderme et à l'écorce. 

HT. Fleur. — Nous ne connaissons pas de recherches anato- 
miques sur la fleur. 

M. Van Tieghem (1898) a constaté que l’ovule des Omnbelli- 
_ fères et des Araliacées, pendant, hyponaste, possédait un seul 
tégument, que le nucelle était complètement résorbé dans 
l'ovule | complètement développé, et que par conséquent ces 


29 RENÉ VIGUIER. 


A 


plantes avaient leur ovule semblable à celui de la plupart des 
Gamopétales. 

Nous avons, à propos du genre Dizygotheca (1905), exposé la 
structure de ses étamines qui sont pourvues de 8 sacs polli- 
niques et ne possèdent pas dassise mécanique sous-épider- 
mique. 

La graine possède un tégument très mince ; Godfrin (1880) 
étudiant lAralia racemosa constate que « les baies de cette 
plante contiennent chacune 5 graines dont les téguments très 
solides se composent de 5 couches ». Mais les couches externes 
étant simplement juxtaposées et sans continuité avec les couches 
profondes, l’auteur se demande si ces couches ne constitue- 
raient pas le noyau très mince d’un fruit drupacé. 

La question était pourtant résolue depuis longtemps; nous 
avons vu l'opinion émise par R. Brown et Bennett. Ajoutons 
que Buchenau, dès 1864, s'exprime de la manière suivante : 
« la couche charnue, mince, est limitée par une couche per- 
gamenteuse, membraneuse, ayant la consistance du papier et 
qui appartient en propre au fruit et non à la graine. Si on 
découpe le fruit, on trouve 5 corps qui semblent être 5 graines, 
mais les graines ne sont qu'à l’intérieur de cette couche qui les 
recouvre et fixées à l'angle interne. Ce noyau ressemble ainsi 
à celui du café ». 

Ducamp (1902), par l'étude du développement, vérifie les 
observations de R. Brown, Bennett et Buchenau et décrit le 
spermoderme (tégument et endocarpe) d’un certain nombre 
d'espèces. 

L’albumen, très développé, est souvent ruminé dans quelques 
genres, dont le Lierre est le type. 

Hegelmaier (1886) et Ducamp (1902) ont étudié la rumi- 
nation de l’albumen; celle-ci est due à l’inégale résistance 
à la digestion de l’épiderme interne du tégument. Les cel- 
lules épithéliales épaisses, cutinisées, sont inégalement digé- 
rées e£ « dès que cèdent quelques points de l'enveloppe qui 
limite le sac, celui-ci s'étend immédiatement, forme hernie, et 
l’ovule présente des plissements plus ou moins profonds. Il 
s'ensuit que la rumination est le résultat d’une structure spé- 
ciale de l’épiderme interne du tégument ». 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 23 


Ducamip a suivi et décrit avec précision la formation des 
ovules et le développement de l'embryon. Ainsi que Payer (1857) 
l'avait déjà observé, l’auteur constate qu'il ÿ a morphologique- 
ment 2 ovules dans chaque loge de l'ovaire, mais qu'un des 
ovules avortait de bonne heure faute de place. Chez Fatsia 
japonica, l'ovule avorté atteint son maximum de développe- 
ment, présentant un bourrelet indiquant le tégument. 

A maturité de la graine, l'embryon très petit, mais bien diffé- 
rencié, est placé au voisinage du micropyle. C’est par erreur, 
en prenant une graine commençant à germer, que Koch décrit 
un grand embryon dans le Lierre. Ichimura (1896) a dû faire 
la même erreur pour les graines de Panar Ginseng dans un 
Mémoire publié en japonais et ne contenant, à notre connais- 
sance, qu'une simple description des graines de Ginseng, sans 
présenter de faits intéressants. 

Les fruits semblent être dans certains cas parthénocarpiques : 
les Boérlagiodendron, d'après Beccari, ont régulièrement des 
fruits stériles groupés en ombelle à l'extrémité d’axes princi- 
paux, longuement dépassés par deux'axes latéraux terminés par 
une ombelle normale fertile. Comme ces axes principaux sont en 
ombelle, les petites ombelles de fruits parthénocarpiques sont 
situées profondément dans l’inflorescence. Ces fruits étant très 
recherchés par les colombes, celles-ci se maintiennent sur l’in- 
florescence en battant des ailes; les corolles en calyptre se 
trouvent détachées, le pollen dispersé, et la fécondation croisée 
peut se produire. 

D’autres plantes doivent être également parthénocarpiques, 
certains Tieghemopanar par exemple, qui ont leurs fruits dé- 
veloppés, surmontés encore d’une corolle intacte non ouverte, 
et dans lesquels nous n'avons jamais observé de graine. 

Une figure de Cuphocarpus, donnée dans « l'Histoire naturelle 
de Madagascar », montre un fruit développé surmonté d’une 
corolle non épanouie et contenant une graine mûre. Les fleurs 
seraient alors, dans ce cas, eléistogames, mais nous croyons 
cette observation erronée. 

La pollinisation doit souvent être directe, notamment dans 
de nombreuses espèces à corolle en calyptre ; pourtant les 
Myodocarpus ont une corolle calyptrée mais très caduque, de 


© 


2% RENÉ VIGUIER. 


sorte que les étamines se trouvent dégagées avant leur déhis- 
cence; la fécondation croisée est done possible. L’Aralia race- 
mosa, d’après Fôrste (1882), est protandre; les pétales et les 
étamines tombent bien avant que l'ovaire soit fécondable. La 
fécondation croisée est ainsi rendue nécessaire. 


CHAPITRE II 


ÉTUDE DES CARACTÈRES DE CLASSIFICATION 


Il résulte, de tous les travaux que nous venons d’énumérer 
ci-dessus, que les Araliacées sont des plantes caractérisées : 
1° par leurs fleurs régulières, à corolle dialypétale, à ovaire in- 
fère, contenant dans chaque loge un seul ovule pendant, ana- 
trope, à raphé interne, à nucelle transitoire et pourvu d’un 
seul tégument; 2° par leur fruit toujours drupacé ; 3° par la pré- 
sence de canaux sécréteurs péricycliques dans tous leurs 
organes. 

La famille, en outre de cette organisation générale constante, 
présente une grande diversité de caractères qui peuvent servir 
dans la classification et que nous allons examiner rapidement. 


I. Caractères de morphologie externe. — à. Fleur. — La fleur 
présente toute une série de variations : 
1° Dans le type floral. — Les fleurs, dans la plupart des cas, 


sont pentamères au moins dans leur périanthe et dans leur an- 
drocée. Il existe un certain nombre d'espèces ou de genres 
dans lesquels la fleur est construite sur un type supérieur au 
type 5, mais ce caractère, quoique constant, n'a pas une im- 
portance très grande : on ne saurait, par exemple, grouper en- 
semble toutes les plantes qui le possèdent, car ces plantes sont, 
le plus souvent, inséparables d’autres Lypes à fleurs penta- 
mères. On rencontre aussi parfois des espèces à fleurs tétra- 
mères ; nous avons souvent trouvé dans une même inflores- 
cence des fleurs 5-mères et des fleurs 4-mères. 

2° Dans le périanthe. — Le calice, soudé à l'ovaire, peut avoir 
ses pièces plus ou moins développées, souvent presque nulles 


EL 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 29 


au-dessus de cet ovaire. La forme et le développement des 
sépales sont constants dans une même espèce, mais souvent 
variables dans les espèces d’un même genre. 

La préfloraison de la corolle joue, pour les auteurs, un rôle de 
premier ordre; Seemiann la prend uniquement pour caractéri- 
ser la famille dont il élimine de la sorte des plantes qui ne 
sauraient en être séparées, notamment les Araliu, tandis qu'il y 
incorpore des Ombellifères. Bentham et Hooker, ainsi que 
Harms, atlachent à cette préfloraison une importance primor- 
diale, pour délimiter les tribus. Harms constate pourtant que 
ce caractère est assez incertain : il range le genre Fatsia à la 
fois dans les Schefflerées (pétales valvaires) et dans les Araliées 
(pétales imbriqués) ; le genre Acanthopanar présente les deux 
types de préfloraison. Seemann, lui-même,. a placé dans ses 
Hédéracées les Pentapanar et Horsfieldia (Harmsiopanur) dont 
la corolle est légèrement imbriquée. I ne semble donc pas qu'il 
y ait lieu d'attribuer à la préfloraison l'importance qu'on doit 
y attacher dans d’autres familles et on ne peut songer à établir 
une division en tribus sur ce seul caractère; on obtiendrait des 
groupements hétérogènes, tandis que des plantes très voisines 
pourraient se trouver séparées. 

La forme des pétales, qui dans toutes les espèces sont à large 
base et qui dans un très petit nombre de cas sont ongulés 
comme chez les Ombellifères, pourra nous fournir aussi des 
indications pour le groupement des genres. 

Les pétales sont souvent cohérents en une calyptre qui 
tombe d’un seul bloc à l'épanouissement de la fleur ; la corolle 
n'en est pas moins toujours morphologiquement dialypétale. 

3° Dans l’androcée. — L'androcée est isostémone dans la 
grande majorité des cas, el jamais le nombre des étamines 
n'est inférieur à celui des pièces du périanthe. 

Il existe des plantes dans lesquelles les étamines forment 
plusieurs verticilles ou sont en nombre indéfini. Ce caractère 
capilal est en même (emps des plus précis ; c’est peut-être le 
plus important de tous ceux que nous avons vus jusqu'ici. Les 
anthères toujours introrses, dorsifixes, ont 4 sacs polliniques, 
sauf dans deux genres où elles présentent 8 sacs. 

4° Dans le gynécée. — On peut trouver dans la famille des 


26 RENÉ VIGUIER. 


1 


types de fleurs à 1 carpelle et des types à 100 carpelles. 
Nous pourrons donc distinguer dans les fleurs plusieurs caté- 
gorles : 

4. Les fleurs dans lesquelles le nombre des carpelles est supé- 
rieur à celui des pièces du périanthe. 

5. Les fleurs dans lesquelles le nombre des carpelles est égal 
à celui des pièces du périanthe ou presque égal (de 3 à 5 car- 
pelles dans les fleurs pentamères). 

y. Les fleurs qui n’ont, d’une manière constante, que 2 car- 
pelles comme celles des Ombellifères. 

à. Enfin les fleurs qui n’ont qu'un seul carpelle. 

Les styles peuvent dans certains cas fournir des indications 
précieuses; ils présentent des caractères assez constants. Par- 
fois nuls ou très courts, ils peuvent être très allongés, Hbres ou 
soudés tantôt en partie, tantôt sur toute leur longueur. Ils per- 
sistent toujours sur le fruit et peuvent même s’accroître en 
même temps que lur. 

La structure et la disposition de l'ovule sont constantes, 
nous n'avons donc pas à nous en occuper. 

Le nombre des ovules est morphologiquement de deux par 
carpelle, mais un des ovules avorte de bonne heure faute de 
place, de sorte qu'un carpelle arrivé à son complet développe- 
ment ne contient qu'un seul ovule. Le second ovule peut être 
assez développé chez Fatsia ; les deux ovules sont même égaux 
chez Wardenia, genre à ovaire uniloculaire. 

Un caractère important peut être fourni par le pédoncule 
floral. La fleur est, dans beaucoup d'espèces, continue avec le 
pédoneule ; mais il existe de nombreux cas où la fleur est arti- 
culée à la facon d’un petit condyle sur le pédoncule. L’articu- 
lation correspond vraisemblablement à l'insertion de petites 
bractées ; ces bractées sontrarement développées, formant à la 
base de l'ovaire un calicule. Cette articulation est généralement 
située directement sous l'ovaire ; elle peut se trouver au milieu 
du pédoneule, ou même, dans le genre Bonnierella, tout 
à fait à sa base. Nous verrons plus loin que le caractère 
de l'articulation ou de la non-articulation du pédoncule floral 
entre en ligne, dans la constitution des genres et des tribus. Ce 
caractère Joue peut-être un rôle dans la dissémination des 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. DT 


espèces; Les fruits articulés, se détachant facilement, doivent 
être entraînés beaucoup plus loin qne les autres qui, fixés 
fortement au pédoncule, doivent pourrir et laisser simplement 
tomber les graines au pied de l'arbre. 

b. Fruit et graine. — La forme de la drupe, la consistance 
des noyaux, méritent d'être utilisées dans la distinction des 
espèces. 

L’embryon, petit, situé toujours au sommet de la graine, est 
malheureusement connu dans un trop petit nombre d'espèces, 
malgré les belles recherches de L. Ducamp (1902), pour que 
nous puissions l'utiliser dans la classification des groupes. 

L'albumen nous fournira, en revanche, des caractères de pre- 
mier ordre : 

1° Il peut être lisse ; 

2° Il peut être ruminé, et cela de deux manières différentes, 
tantôt par inégale digestion du tégument, ainsi que nous 
l'avons résumé, d’après Hegelmavyer et Ducamp, tantôt par 
des saillies internes du noyau qui s’impriment à la surface de 
la graine. Nous dirons, pour abréger, qu'il est rwminé par di- 
gestion dans le premier cas et runné par pénétration dans le 
second cas. Ces deux modes de rumination sont très différents 
et doivent être nettement distingués dans la classification 
naturelle. Nous maintiendrons, toutefois, la dénomination 
générale d’albumen ruminé pour ne pas en restreindre le sens 
habituel. 

Les types de graines à albumen profondément ruminé par 
le noyau se relient aux types à albumen lisse par de nombreux 
intermédiaires dans lesquels Palbumen est plus où moins 
sillonné par des saillies légères du noyau. 

Le mode d’inflorescence pourra être utilisé, mais nous aurons 
l'occasion de voir qu'à lui seul il ne pourra définir un genre el 
sera le plus souvent subordonné à d’autres caractères. 

Les fleurs sont le plus fréquemment en ombelles ou capi- 
tules. Ces ombelles ou capitules sont groupés eux-mêmes en 
panicules ou en ombelles. Très rarement les ombelles sont iso- 
lées (divers Acanthopanar). Enfin les fleurs peuvent être en 
épis ou en grappes diversement groupés ; dans le Cussonia 
Boivin elles forment un épi simple terminant le rameau, mais 


28 RENÉ VIGUIER. 


le cas est très rare. Nous verrons aussi que les Osmorylon et 
Boerlagiodendron ont un mode d’inflorescence assez particulier. 
Ces types d’inflorescence sont assez constants et bien carac- 
téristiques pour certaines espèces. Il y à pourtant des genres, 
notamment les Tieghemopanazx, les Schefflera qui ont des 
espèces à fleurs en ombelles, d’autres à fleurs en capitules, 
d’autres enfin à fleurs en grappes. 

c. Appareil végétatif. — Les organes végétatifs ne méritent 
pas non plus d’être négligés, et présentent quelques particula- 
rités dont quelques-unes devront être retenues pour la consti- 
tution des genres. 

On peut distinguer pour la forme des feuilles deux types 
irréductibles l’un à l’autre; dans le premier, les feuilles sont 
composées-pennées, ou simples, penninerves ; dans le second, 
les feuilles sont composées-palmées, palmatilobées ou simples 
palminerves. 

Ces feuilles sont presque toujours alternes; très rarement 
elles sont opposées (Cheuodendron). Le genre Panar se sépare 
de tous les autres genres de la famille par ses feuilles réunies 
en un verticille. 

IT. Caractères anatomiques. — Jamais aucun caractère anato- 
mique n'a été employé dans la classification de la famille qui, 
de ce fait, est nécessairement incomplète. Une classification, 
à moins de n'avoir d'autre prétention que d’être une elé dicho- 
tomique commode, doit faire appel à tous les caractères mor- 
phologiques, aussi bien internes qu'externes, des êtres étudiés. 
Depuis de nombreuses années les zoologues attachent une 1m- 
portance considérable à la structure interne des animaux et 
appliquent à la classification non seulement l'anatomie, mais le 
développement. 

L'exemple des Araliacées montre, après beaucoup d’autres, 
que malgré les nombreux travaux dont M. Van Tieghem fut 
l'initiateur, la systématique végétale est encore en retard sur 
la classification zoologique. 

La présence de canaux sécréteurs, leur disposition dans le 
péricycle sont, pour la famille, des caractères de la plus haute 
valeur, absolus, aussi importants que tous ceux qu'on peut 
tirer de la fleur. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 29 


Nous nous sommes appliqué à étudier la structure de l’ap- 
pareil végétatif qui présente, comme nous le verrons, une série 
de variations intéressantes. Etant donnée la petite quantité de 
racines dont nous avons pu disposer, nos recherches ont dûù se 
borner à l'anatomie de l'appareil aérien. 

Sous l'influence du milieu extérieur, des modifications plus 
ou moins profondes peuvent se faire sentir dans l’organisation 
interne des végétaux ; les travaux de M. Bonnier et de son école 
sont là pour le démontrer. Pourtant, il existe des caractères 
constants, fixés par une longue hérédité, qui semblent toujours 
résister aux influences extérieures. 

C'est ainsi, par exemple, que la disposition des faisceaux 
dans le péliole pourra nous fournir des indications de premier 
ordre. Un Lierre présentera toujours dans son pétiole des fais- 
ceaux disposés en un seul cercle, qu'il vienne de diverses 
régions de l’Europe, de l'Amérique du Sud, ou du plateau des 
Nillghiris. — Alors que, par exemple, on pourra hésiter pour 
la répartition d'espèces critiques entre les genres Acanthopanur 
et Brassaiopsis, le doute ne pourra subsister quand on con- 
naîtra la structure si différente du pétiole dans ces deux genres. 

La disposition des faisceaux dans le pétiole, que ces fais- 
ceaux soient épars ou qu'ils soient disposés suivant un cercle, 
semble être indépendante de la surface du limbe. Qu'on exa- 
mine les premières feuilles, petites, cordées, d’une plantule de 
Fatsiu où des feuilles de grandes dimensions, palmatilobées, 
prises sur une plante adulte, la structure du pétiole sera sché- 
matiquement la même. 

L’anatomie du bois secondaire peut également fournir d’ex- 
cellents caractères pour la classification : de ce que la périodi- 
cité végétative, due à l'alternance saisonnière, retentit sur la 
struclure du bois secondaire en lui donnant une différenciation 
annulaire, on pourrait déduire que les cellules issues du cloi- 
sonnement de l’assise génératrice subissent un sort très variable 
suivant les influences ambiantes. 

Les recherches de nombreux auteurs (Houlbert, Moeller, 
Nordlinger, Solereder, Van Tieghem, ete.) montrent qu'au con- 
traire le bois secondaire présente uue organisation constante 
dans une espèce déterminée et que le « plan ligneux » est tou- 


30 RENÉ VIGUIER. 


jours le même. « Le bois secondaire offre des caractères de tout 
premier ordre pour la classification; par sa constitution chi- 
mique, par sa position à l’intérieur de la tige, il est susceptible 
de résister plus que tout autre tissu. » (Houlbert, 1892.) 

Nous aurons également à tenir compte des variations de posi- 
ion des canaux sécréteurs, de leur diamètre, etc. 
: En revanche, l'épaisseur du collenchyme, celle des fibres 
péricycliques ainsi que celle du tissu palissadique de la feuille 
ne sauraïentnous servir beaucoup, étant donnée leur variabilité. 

La structure du limbe ne nous sera généralement pas d’un 
grand secours : la présence d’un «hypoderme » sous l'épiderme 
supérieur pourra être retenue dans certains cas. Un fait parti- 
culièrement intéressant est la présence de poches sécrétrices 
dans la feuille; ces poches sont caractéristiques du genre 
Gilibertia. 


« 


Malgré tous les caractères que nous venons d’énumérer, la 
famille est d’une très grande homogénéité et on peut dire 
qu'entre deux types extrêmes comme les Tupidanthus à cent 
carpelles et les Cuphocarpus monocarpellés 1l existe toute une 
série d’intermédiaires. 

La famille étant très homogène, la délimitation des genres est 
très délicate et varie notablement avec les auteurs. Beaucoup 
de botanistes connaissant mal le groupe ont décrit des espèces 
en les rangeant arbitrairement dans tel ou tel genre. On com- 
prend, dès lors, qu'une grande confusion règne encore dans la 
famille et que la synonymie soit assez considérable. 

Seemann, dans ses recherches, a multiplié à excès les genres, 
séparant souvent des espèces très voisines, d’après des carac- 
tères minimes ou arbitraires. 

Les travaux de Baillon contiennent un certain nombre 
d’inexactitudes et ont certainement rendu plus confuse la 
classification de la famille. Cet auteur range dans un même 
genre les éléments les plus disparates ; 1l suffit pour s’en ren- 
dre compte, de lire dans son « Histoire des plantes » la 
description du genre Aralia(tome VII, p. 151). I} désigne, 
sous lé nom d’Aralin, dès espèces à pétales valvaires ou 
imbriquées, à fleurs articulées ou non, à albumen ruminé ow 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 31 


non, à feuilles simples palmatilobées, composées-palmées ou 
composées-pennées, alternes ou verticillées. Il n’est donc pas 
possible de comprendre la notion que Baillon se fait du 
genre Araha; on se demande pourquoi cet auteur en a 
maintenu d’autres à côté, et pourquoi il n'a pas réuni en un 
seul genre toutes les Araliacées. 

D'autre part, si M. Harms a renoncé à distinguer des tribus 
homogènes, il à du moins le mérite d’avoir établi des genres 
bien nets et généralement très naturels. La monographie. faite 
par ce savant est la plus claire qui ait été publiée et n'aurait 
jamais eu à être reprise si l'anatomie de la famille avait été 
connue lors de l'apparition de cette publication. 

Nous suivons M. Harms, dans la plupart des cas, en évitant 
de donner aux genres une conception trop étroite ou de réunir 
dans un même genre, sous prétexte de variation, les espèces 
les plus différentes. 

On parle du reste de variations sans se rendre compte de 
leur étendue : la méthode de classification de Baillon montre 
que cet auteur supposait implicitement une variabilité consi- 
dérable de tous les organes, et cela parce que la famille est 
homogène et naturelle et qu'on n’observe pas de sauts brus- 
ques en passant d’un genre à l’autre. Les documents précis sur 
le polymorphisme manquent généralement, et les auteurs ont 
parfois réuni en une seule plusieurs espèces qu’on avait dis- 
üinguées antérieurement, en supposant que leurs caractères 
distinctifs étaient négligeables et variables ; les mêmes auteurs 
ont pu insister sur des caractères qui avaient semblé minimes 
à leurs prédécesseurs. On doit, du reste, se tenir en garde 
contre les échantillons d'herbier souvent uniques, jamais assez 
nombreux, qui peuvent présenter des caractères exceptionnels 
ou anormaux. 

Cette question est, on le voit, très délicate, et il faudrait pour 
établir une bonne classification pouvoir se rendre compte de 
visu de l'étendue des variations. L'idéal serait évidemment de 
suivre un certain nombre de générations pour quelques espèces 
et de tracer un certain nombre de courbes de variations, ana- 
logues à celles que Heincke a données pour les Harengs, que 
les botanistes scandinaves ont établies pour diverses plantes 


32 RENÉ VIGUIER. 


cultivées, et que M. Blaringhem, en France, dresse pour les 
Orges. On pourrait de la sorte apprécier, pour la distinction 
des espèces, la valeur de caractères ayant, pour certains bota- 
nistes, une importance primordiale et pour d’autres, au con- 
traire, une valeur très secondaire. 

En attendant que ce travail ait pu être accompli, nous 
croyons, faisant appel aux caractères de morphologie externe 
et interne, pouvoir proposer un certain nombre de tribus 
naturelles déterminées par un faisceau de caractères communs. 


| 


DEUXIÈME PARTIE 


CHAPITRE PREMIER 


ÉTUDE DES TRIBUS 


I. — PSEUDOPANACINÉES 


Acanthopanar. —. Pseudopanar. — Nothopanar.  — 
Cheirodendron. — Astrotricha. — Stilbocar pu. — Fatsia. 


Genre Acanthopanax !. 


Les Acanthopanar sont tous de petits arbrisseaux rameux 
à feuilles membraneuses, le plus souvent composées-palmées 
avec un petit nombre de folioles; très fréquemment ces 
arbrisseaux portent des aiguillons analogues à ceux des ronces. 
Les inflorescences sont en général très réduites : ce sont des 
ombelles parfois isolées à l'extrémité des rameaux, parfois 
axillaires. Les fleurs sont pentamères; l’androcée à toujours 
un seul verticille d’étamines; l'ovaire comprend 2 carpelles ou 
5 carpelles que surmontent autant de styles libres ou soudés. 
La partie supérieure de cet ovaire (disque) est plane ou légère- 
ment surélevée. Le fruit, cordiforme, aplati ou globuleux, à 
un exocarpe mince; la graine à un albumen non ruminé. Le 
pédoncule floral est, suivant les espèces, légèrement articulé 
ou inarticulé. La préfloraison de la corolle, le plus souvent 
valvaire, est quelquefois imbriquée. 

Les différents auteurs sont loin d’être d'accord sur la déli- 
milalion de ce genre, car certaines espèces rangées, suivant 
les uns, parmi les Acanthopanar, sont, suivant les autres, 
rapportées à d’autres genres, plus ou moins voisins. 

En effet, on classe en général, dans un genreappelé Xalopanur?, 

1. Créé par Decaisne et Planchon (1854) qui en faisaient un sous-genre de 
Panax ; genre pour Miquel (1863). 

2. Créé par Miquel (1863, p. 16). 

ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. IV, 5 


34 RENÉ VIGUIER. 


des espèces qui ne diffèrent guère des Acanthopanar que par 
leurs inflorescences amples. Or, la plante décrite sous le nom 
de A. sciadophylloides, par exemple, peut présenter des inflo- 
rescences très réduites, tandis que l'A. innorans à parfois des 
inflorescences assez grandes. Il est difficile d'établir une distinc- 
üion générique sur un tel caractère isolé. 

Une plante, décrite par Hemsley sous le nom d’A. diversi- 
folius (— Panax Davidi Franchet), a été considérée par Harms 
comme un ÂNothopanar à cause de ses inflorescences amples 
l'éloignant des Acanthopanar, et de ses fleurs légèrement 
articulées qui l’éloignent des autres espèces de Xalopanar. 

Enfin deux espèces, connues seulement par une description 
de Miquel, sont re- 
portées par Harms 
avec doute dans le 
genre Prasstiopsis. 

Examinons par l'é- 
tude de quelques es- 
pèces, siles caractères 
anatomiques ne peu- 
vent pas, dans une 
certaine mesure, nous 
permettre de préciser 
avec plus d’exactitude 
l'étendue du genre 
Acanthopanar et dé- 
tablir un certain ordre 
dans cette question si 
confuse. 


Fig. 1. — Schéma d’une coupe transversale de tige PSE k ee 
d'Acanthopanax sessiliflorus.— lg, liège; col, collen- Acanthopanaz Ses 
chyme; sel, fibres péricycliques : /, liber; 8, bois: siliflorus. SE Tige 
pm, zone périmédullaire; m, moelle ; cs, canal » ; 
sécréteur. (fig. 1) :: L'examen 


d’un rameau jeune 

montre que, sous le périderme, qui est de formation assez pré- 

coce, l'écorce forme, dans la moitié de son épaisseur, une couche 

continue de collenchyme. La couche parenchymateuse de l'écorce 
est seule pourvue de canaux sécréteurs à faible diamètre. 

La stèle est limitée par un péricvele différencié en arcs 


an DCR. e Re cu 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 39 


fibreux vis-à-vis des faisceaux libéroligneux ; ces derniers, 
nombreux et rapprochés, sont séparés par des rayons larges. 
Le bois est riche en vaisseaux, et le hiber présente des canaux 
sécréteurs très petits. À l'intérieur du bois la zone périmédul- 
laire est entièrement lignifiée. La moelle, large, à des cellules 
réduites à leur mince paroi cellulosique et avant perdu leur 
contenu; elle présente de place ea place, tout contre le scléren- 
chyme périmédullaire, un petit canal sécréteur. 

2° Feuille (fig. 2) : Les feuilles, trifohiolées, possèdent de 
courts pétiolules et de larges folioles 
membraneuses, dentées. Sur le pétiole 
on observe un ou deux aiguillons 
courts, et vers la base de chaque côté 
de la gaine deux autres aiguillons qui 
rappellent des stipules transformées. 

Le pétiole (2 millimètres de dia- 
mètre en section transversale) présente 


sur la face ventrale une carène mé- 
; D x Fig. 2. — Schéma d'une coupe 
diane et deux sillons latéraux. Les transversale du pétioled’Acan- 
lhopanax sessiliflorus. — col, 
à É collenchyme ; sel, fibres péri- 
nombre de huit, sont disposés sur un cycliques: £, liber: 6, bois ; 
ù Rs Ar : k ep, épiderme; cs, canal sécré- 
seul cerele ; le faisceau médian ventral Lun. 
étant de beaucoup le plus petit. Les 


cellules voisines sont lignifiées. Les canaux sécréteurs, de faible 


faisceaux méristéliques, isolés, au 


diamètre, sont disposés en dedans et en dehors des faisceaux, 
dans le plan médian de chacun d'eux. 

Acanthopanar spinosus. — Cette espèce est très différente 
comme port de la précédente; la tige principale présente de 
placeen place de petits piquants engainants. à laisselle desquels 
se développent de petits rameaux très courts et épais; ce sont 
ces petits rameaux qui portent les feuilles. 

1° Tige : La structure de la tige principale est très voisine 
de celle de lPAcant. sessiliflorus ; la moelle est moins large 
et est dépourvue de système sécréleur périphérique. Les 
rameaux courts ont une organisalion différente : les cel- 
lules de la moelle conservent leur contenu ; le parenchyme 
cortical contient une très grande quantité de mâcles en 
oursins d'oxalate de calcium, enfin le nombre des vais- 


30 RENÉ VIGUIER. 


seaux du bois est plus réduit que dans la tige principale. 

2° Feuille : L'aiguillon, qui par sa position semble indiquer 
une feuille transformée, n’est pas vascularisé, et, sauf dans 
l’'épiderme, montre des éléments tous également lignifiés. Le 
périderme et le collenchyme forment une couche ininter- 
rompue à la surface de la tige et passent en dessous de 
l’'aiguillon qui est sans relation avec la stèle et n’a pas la valeur 
d’une feuille. Le péliole des feuilles, beaucoup plus grêle que 
dans l'espèce précédente, est fortement replié en gouttière; 
il ne compte que 5 faisceaux méristéliques; le collenchyme 
est composé d’une où deux assises de cellules. Le Himbe, très 
mince, à une nervure médiane à peine saillante avec un petit 
faisceau libéroligneux. 

Acanthopanar divaricatus. — 1 Tige : La structure de la 
üge est, à s'y méprendre, celle de PAcanth. sessiliflorus, cepen- 
dant la moelle ne possède pas de canaux sécréteurs périphé- 
riques. La zone périmédullaire forme des ares fibreux bien 
prononcés vis-à-vis des 
faisceaux du bois. 

2 Feuille : L'organi- 
sation de la feuille est 
la même que celle des 
espèces précédentes : le 
péliole possède 7 fais- 
CEAUX à peu près égaux ; 
péliole et limbe sont 
recouverts de poils plu- 
ricellulaires unisériés qui 
n'existent pas dans les 
Acanth. sessiliflorus et 
spinosus. La nervure mé- 


diane possède sur sa 

Fig. 3. — Portion d'une coupe transversale du fées LT Mere 

pétiole d'Acanthopanax aculeatus. —ct, cuticule; FACE SUPETrIEUrE UNE CTeLe 

ep, épiderme ; col, collenchyme: scl, fibres péri- collenchymateuse sail- 

cycliques; b, bois; cs, canal sécréteur; 4, liber. 2 
lante. 

Acanthopanaz aculeatus. — 4° Tige : Le mème type de ge 
se rencontre encore dans l'A. aculeatus, mais à la périphérie 
de la moelle il existe de petits canaux sécréteurs. 


EE LR PPT 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 31 


2° Feuille (fig. 3 et 
face ventrale, possède 
5 faisceaux méristéli- 
ques beaucoup plus 
rapprochés lesuns des 
autres que dans Îles 
espèces précédentes ; 
le parenchyme central 
y est plus réduit. Le 
limbe, identique aux 
précédents, possède 
une nervure médiane 
à peine saillante avec 
un petit faisceau libé- 
roligneux. 

L'étude des espèces 
types de l'ancien genre 
Kalopanaz va nous 
montrer que si leurs 
caractères morpho- 
logiques ne per- 
mettent guère de 
les séparer géné- 
riquement des pré- 
cédentes, les carac- 
tères anatomiques 
ne permettent pas 
davantage cette dis- 
üinction : 

Acanthopanazx 
sciadophylloides (— 
Kalopanaz  sciado- 
phylloides).—-1°Ti- 


4): Le péliole, à forte dépression sur la 


Fig. 4. — Schéma d’une coupe transversale du 
pétiole d'Acanthopanazx aculeatus. — Mèmes lettres 
que pour la figure précédente. 


ge (fig. ») : Le péri- Fig. 5. — Schéma d'une coupe transversale de la tige de 


derme se développe 
plus tardivement 
dans cette espèce ; 


l'Acanthopanax sciadophylloides. — lg, liège ; col, col- 
lenchyme ; pe, couche interne de l'écorce: L, liber : 
b, bois ; rm, rayons ; », moelle; cs, canal sécréteur : 
sci, fibres péricycliques. 


le collenchyme est peu épais. Le bois de printemps et le bois 


38 


RENÉ VIGUIER. 


d'automne se distinguent facilement. La moelle, à canaux 
sécréteurs périphériques, est formée de cellules à parois épaisses 


et lignifiées. 
2 Feuille 


l 


pere 
À 
à 


Rae 
Fe 
19 


A 


ASS 
e 
OC: 


Fig. 6. 
ep, 


cycliques ; 
rayons. 


Oct 
2e0e 
sise 
AO 
SA 
Vers 


Se 
SSD 
A0 


épiderme ; 


: 
es 
ces 
OS 
LES 
noen 
A 


el 
a 
à 


GS 


5 
d 
se 


Les feuilles, grandes, ont de 3 à 5: folioles 
péliolulées. Le pétiole comprend un grand nombre de faisceaux 
méristéliques disposés en un seul cercle, les arcs lignifiés péri- 
cycliques étant séparés de l’épiderme par quelques assises de 
pelites cellules collenchymateuses. Le pétiolule à une écorce 
plus développée et un petit nombre de faisceaux limitant une 


Pe 
Ke 


QES 

te] 

En 

aie 
eu 


Û 


(ol 
@) 
Fe Q per 


DA 


— Coupe transversale d'une 
tige de lAcanlthopanax LDavidi. — 
col, collenchyme ; 
es, canal sécréteur ; sc{, fibres péri- 
l, liber; 


b, bois ; 


moelle réduite et lignifiée. Le 
limbe se rapproche par sa 
structure de celui de PA. sessi- 
liflorus ; la nervure médiane 
présente en effet une crète col- 
lenchymateuse sur la face supé- 
rieure et est fortement saillante 
sur la face inférieure. 

Acanthopanaz ricifolius (— 
Kalopanar  ricinifolius). 
1° Tige : La tige, à moelle sclé- 
rifiée et à canaux sécréteurs 
périphériques, n'offre rien de 
spécial. 

2 Feuille: La feuille, simple, 
quinquélobée, a des faisceaux 
méristéliques nombreux dispo- 
sés en un seul cercle comme 
précédemment ; le limbe, à ner- 
vure médiane saillante sur la 
face inférieure, présente dans 
celte nervure un arc libéro- 


ligneux légèrement replié sur 


ses bords. 
Acanthopanar DavidiR. Vig. 
(—œ Panar Davidi Franchet, 


Acanthopanar  diversifolius Hemsley). Cette espèce est pour 


Harms un Nothopanar 


x 
€ 


€ 


\ cause de 


son inflorescence assez 


ample et de ses pédoncules floraux articulés; si les feuilles 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. : 39 


trilobées rappellent celle du A. ricimifolius, les fleurs s’en 
éloignent car elles sont légèrement articulées et présentent 
2 courts styles libres au lieu de ne présenter aucune trace 
d'artieulation et d’avoir des styles entièrement soudés. 

Mais on peut faire remarquer d'autre part que dans les vrais 
Aranthopanar on rencontre les 2 types de fleurs, tant pour 
l'articulation que pour les caractères des styles. La morphologie 
externe ne permet pas de trancher la question : il n°v à pas 
de raison de placer cette espèce dans un genre plus que dans 
l'autre. 

L'anatomie peut donc 1e1 nous rendre un réel service : 

1° Tige (Hg. 6): La tige par son organisation générale est 
identique à celle des deux espèces précédentes : même moelle à 
cellules selérifiées et cer- 
cle de canaux sécréteurs 
périphériques. La struc- 
ture du bois secondaire 
est caractéristique; les 
vaisseaux à parois très 
minces sont groupés en 
séries radiales inégale- 
ment développées, pla- 


AA 


ES “ Le  — ©) 
RARE TS à A , = CS Q AA) 7 OOLOMUNR SEE 
déeshcote a côte; les Se CU à 


fibres ont au contraire 


AUUC 


ae QUI 
Due 


une paroi épaisse et une 1-2 . se ? 
lumière petite. Le grou- à . 
pement des fibres en : 

ilots compacts à con- 

tours irréguliers, entou- 

rés de plages vasculaires Fig. 7. — Coupe transversale du pétiole de 
non entremèélées de fibres l'Acanthopanax Davidi. — cl, cuticule ; ep, 


épiderme; col, collenchyme; cs, canal sécré- 


donne à ce bois un aspect teur: se, fibres péricyeliques; 4, liber; 4, bois. 
très spécial. 

2° Feuille (fig. T et 8) : Les feuilles sont simples et le plus 
souvent trilobées dans leur région supérieure : les faisceaux 
méristéliques du pétiole, au nombre de 8, sont disposés en 
un seul cercle entouré d’un épais anneau selérifié péricyclique. 
Les faisceaux du bois sont intéressants car 1ls ne comprennent 


40 RENÉ VIGUIER. 


que de grands vaisseaux, à parois très minces et pas de fibres. 
L'écorce est différenciée en une couche collenchymateuse 
externe et une couche parenchymateuse interne des plus nettes. 
La disposition des canaux sécréteurs est la même que précé- 
demment, mais les canaux corticaux sont entourés d'une géine 
formée par 2 assises 
collenchymateuses se dis- 
lüinguant nettement des 
cellules à parois très 
minces du parenchyme 
Voisin. 

Par son anatomie le 
Panar Davidi se rap- 
proche des précédentes 
espèces el est par consé- 
quent un Acanthopanar. 

Cette espèce contribue 
à faire tomber la sépa- 

alion entre Aalopanar 
Fig. 8. — Coupe transversale schématique du 


pétiole de l'Acanthopanazx Davidi. — col, collen- el Acanthopanar 5. par 
chyme ; scl, fibres péricycliques ; pl, fibres son inflorescence elle a 
médullaires ; Lac, lacune ; cs, canal sécréteur ; E 
b, bois; L, liber. les caractères des Kalo- 
panax, mais par sa 
fleur elle a ceux des Acanthopanar. 
De ce qui précède nous pouvons donner au genre unique 
Acanthopanar les caractères anatomiques suivants : 
1° Tige : Collenchyme dépourvu de canaux sécréteurs. Liber 
avec petits canaux sécréteurs. Moelle à cellules vides ou sclé- 
rifiées avec parfois un cercle périphérique de canaux. 
2° Feuille : Un seul cercle de faisceaux libéroligneux dans le 
pétiole avec un canal sécréteur dorsal et un canal ventral situés 
dans le plan médian de chaque faisceau. Limbe avec un petit 
arc libéroligneux dans la nervure médiane. Feuilles membra- 
neuses sans exoderme différencié. 
Défini par ces caractères anatomiques ainsi que par les carac- 
tères morphologiques que nous avons énoncés plus haut, le 
genre Acanthopanar comprend les espèces suivantes : 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. A1 


À. — Ovaire à 5 carpelles. 


a. Folioles de grande taille. Styles soudés. Inflorescence terminale compre- 
nant un petit nombre d'ombelles. Ombelle médiane particulièrement 
développée, présentant un pédoncule plus long, plus fort, et des fleurs 
plus nombreuses à pédoncule souvent deux fois plus long que ceux des 
ombelles latérales. 


1. Feuilles assez longuement péliolées........ dd. A. Eleutherococ- 


cus Makino t. 
(Plusieurs espèces doivent rentrer dans ce groupe, 
notamment A. Henryi Oliver, A. leucorhizus Oli- 


ver, À. asperatus Franchet, etc.) 
A. brachypus 


Harms ?. 

b. Folioles petites, lancéolées, épineuses; styles libres; corolle 

à préfloraison imbriquée; ombelles terminales isolées... A. cissifolius 
Harms. 

c. Deux sortes de rameaux. Ombelles latérales terminant des 
« rameaux courts ». Styles soudés sur une partie de leur 
longueur. 

1. Tige et pédoncule de l’ombelle couverts de nombreux 
poilStépineux raides.2..2.::::..44,.40...1404 00 
2. Tige et pédoncule non couverts de poils épineux raides, 
glabres. (Fleurs 5-7-mères)...............,....... A 


A. setulosus Fr. 


A. Sicboldianus 
Makino. 

d. Ombelle terminale solitaire brièvement pédonculée ; ar- 

brisseau très épineux. Styles non complètement soudés. 


DÉTRICS VON ARR RERO EE A. Giraldir 


Harms. 


B. — Ovaire à 2 carpelles. 
a. Fleurs sessiles (Cephalopanax Baillon). — Styles soudés. 
Feuilles composées-palmées............ ee be A. sessiliflorus 
Seem. 
(Cette espèce, d’après Makino, semble être une forme bo- 
réale de l'A. divaricutus.) 
b. Fleurs pédonculés. Inflorescences en panicules assez am- 
ples (Kalopanax). 
æ. Feuilles simples. 
1. Styles longs, soudés complètement. Feuilles pal- 
milobées, larges avec 7 nervures principales ; lobes 
peu profonds; fleurs non articulées. ............ A. ricinifolius 
Seem. 


IL. Styles assez courts, libres. Fleurs légèrement ar- 
ticulées. 
1. Feuilles palminerves ou palmilobées avec 
3 nervures principales ou 3 lobes profonds... A. Davidii (Fr.) 
R. Vig. 
2. Feuilles plus étroites, différentes des précé- 
dentes comme lobation.................... A. Bockii 
(Harms) ?, R. Vig. 
1. Makino (1899). 
2. Harms (1905). 
3. Harms (1901). 


ES 
Ÿ 


9 RENÉ VIGUIER. 


6. Feuilles composées-palmées. 
1. Fleurs articulées. 


+ Feuilles à 3-4 folioles..................... A. Delavayi 
(Franch.), R. Vig. 
+ -+ Feuilles à 5-7 folioles.................... A. Rosthorni 
(Harms) 1, R. Vig. 
2. Fleurs inanticulées ALU EE Ent A. sciadophylloides 


Franch. et Sav. 
c. Inflorescences très peu développées. Feuilles composées- 
palmées. Styles longs, soudés sur une partie de leur lon- 

gueur (Euacanthopanuzx). 
1. Inflorescences terminales. 

x Calice, pédoncule floral et inflorescence couverts 
de poils farineux. Folioles grandes, voisines de 

celléside l'A HAspenatus. 2 A en, A. divaricatus 

Seem. 
x + Sépales peu développés ou indistinets; inflo- 
rescence glabre ; tiges inermes. 

«. Folioles allongées, ciliées, non dentées sur les 


GATE LR ATP EN PR QT A. evodiæfolius 
Franchet. 
BAMFolioles non:ciliées..:22.. MIRE LINE RNRE A. innovans 


Franch. et Sav. 
x x x Sépales présentant quelques poils épineux 
sur les bords. Plante épineuse.................. A. aculeatus 


Seem. 
x x x x Styles assez courts, libres. Ombelles iso- 
léesitérminales 2e "eee an En AN nee A. trichodon 


Franch. et Sav. 
2. Inflorescences axillaires. 


+ Ombelles isolées sur des rameaux courts. Fo- 
. . . * 
lioles petites. Styles assez longs. ................ A. japonicus 
eo) J 


Franch. et Sav. 
++ Styles assez courts, libres; folioles plus grandes 


et plus profondément dentées que dans l'espèce 
précédente ; ombelles plus longuement pédon- 
(LEE SAR AN ALAN RU AR A.spinosus Miq., 


Genre Pseudopanax *. 


Ce genre comprend des arbres ou des arbrisseaux inermes, 
à feuilles composées-palmées, généralement coriaces, sans sli- 
pules. Les fleurs, en ombelles composées ou en panicules de 
grande taille, sont régulièrement pentamères : l'ovaire quin- 
quéloculaire est surmonté de cinq styles libres ou légèrement 
soudés vers la base. Ces fleurs sont toujours nettement articu- 


1. Harms (1901). 
2. Créé par C. Koch (1859), p. 366. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 43 


lées. Le fruit est une drupe globuleuse, à noyaux de consis- 
tance variable, sillonnant parfois légèrement l’albumen qui 
n'est pas ruminé. 

La limite entre ce genre et le précédent est assez indécise 
malgré le port spécial des Acanthopanar : nous avons vu, en 
effet, des Acanthopanar inermes, d’autres à styles presque libres. 
Enfin nous avons vu que l'inflorescence pouvait être bien 
développée dans ce dernier genre. 

Anatomie. — L'organisation générale de la tige n'offre rien 
de bien caractéristique : la zone collenchymateuse de lécorce 
est dépourvue de canaux sécréteurs ; dans le P. lælerirens et 
le P. valdiviensis ses cellules sont à peine épaissies. 

La zone interne de l'écorce possède de nombreuses màcles 
et des canaux sécréteurs, principalement dans la région pro- 
fonde. 

Le péricycle se différencie, par places et très tardivement, en 
fibres selérifiées ; il ne possède jamais qu'un petit nombre de 
fibres. Des canaux sécréteurs s’observent de place en place 
dans le parenchyme libérien. 

Le bois secondaire a des vaisseaux isolés ou groupés en séries 
radiales, et des fibres à parois assez épaisses. Les vaisseaux ne 
sont pas réunis en grandes plages comme cela s’observe si fré- 
quemment chez les Acanthopanar. 

La moelle et la zone périmédullaire sont souvent lignifiées 
(P. lælevirens, P. crassifolius) ; au contraire, dans le P. val- 
diviensis, la moelle à ses cellules vides, réduites à leur membrane 
cellulosique, et la zone périmédullaire n’est pas lignifiée. 

La structure de la feuille nous fournira des particularités 
plus intéressantes : Le pétiole possède toujours un seul cercle 
de faisceaux libéroligneux. Ces faisceaux quittent la tige au 
nombre de 7 en général, et viennent, dans le pétiole, s'organi- 
ser en un cercle en se ramifiant plus ou moins; dans le pétiole 
très grèle de P. /ætevirens il n’y en à que 5 disposés en fer à 
cheval. Dans cette espèce chaque faisceau, en dedans du bois 
presque uniquement composé de vaisseaux, et en dehors du 
liber, présente une épaisse gaine de fibres sclérifiées; entre 
deux îlots sclérifiés péricycliques on observe généralement un 
grand canal sécréteur. Dans le P. valdiviensis les faisceaux 


1% RENÉ VIGUIER. 


méristéliques, plus nombreux, ne sont pas entourés de cellules 
lignifiées. Les faisceaux chez P. crassifolius sont également 
disposés sur un cerele qui est protégé extérieurement et inté- 
rieurement par un anneau seléreux continu. 

Au point de vue de la structure du limbe, on peut distinguer 
deux types parmi les Pseudopanur. 

Un premier groupe comprend les P. læterirens et P. val- 
diviensis; le limbe, membraneux, ressemble à celui des Acantho- 
panaz ; la nervure principale présente un arc vasculaire en- 
touré d'éléments sclérifiés. 

Un deuxième groupe comprend les P. crassifolius, Les- 
sont, el toutes les autres espèces ; le limbe sous l’épiderme 
supérieur présente une assise exodermique collenchymateuse 
continue ; le système vasculaire dans la nervure principale est 
constitué par deux ares se regardant par leur bois et circonseri- 
vant un parenchyme presque toujours complètement hgnifié. 
En dehors de chacun de ces arcs se trouve une couche de 
fibres. I] faut noter que chez P. crassifolius et Lessonüi les canaux 
sécréteurs se terminent assez bas dans le parenchyme de la ner- 
vure (Trécul). Les canaux libériens s'observent plus haut, mais 
le système sécréteur est assez réduit dans le limbe qu'on pour- 
rait considérer à première vue comme complètement dépourvu 
de canaux sécréteurs. 

Cesdeuxgroupes coïncidentavec ceux que distingue M. Harms. 

En résumé, nous devons retenir de Fanatomie du genre 
Pseudopanar les caractères suivants : 

1° Péliole avec un seul cercle de faisceaux ne présentant 
pas, comme les Acanthopanar, des canaux sécréleurs dans le 
plan médian de chaque faisceau. 

2° Limbe pourvu souvent d’un exoderme collenchymateux sur 
la face supérieure et possédant un système sécréteur peu déve- 


loppé. 
Genre Nothopanax :. 


Analogue au précédent, le genre Nothopanar n'en diffère 
guère que par l'ovaire ayant de deux à quatre carpelles. Les 


1. Miquel (1855), L, 4, p. 765. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 49 


fleurs sont toujours articulées sur le pédoncule, quoique par- 
fois assez faiblement. 

Analomie. — 1° Tige: La lige se présente avec les caractères 
que nous avons toujours rencontrés Jusqu'ici : collenchyme 
dépourvu de canaux sécréteurs. Canaux sécréteurs dans la zone 
profonde de l'écorce. Péricycle différenciant tardivement des 
arcs fibreux (sauf chez Nothopanar Edqerleyi qui semble com- 
plètement dépourvu de fibres périeycliques). Canaux sécréteurs 
dans le liber. Bois secondaire à vaisseaux isolés ou groupés en 
séries radiales plus où moins longues parmi des fibres à parois 
assez minces. Moelle et zone périmédullaire généralement ligni- 
fiées, sans canaux sécréleurs. 

2° Feuille : Le pétiole de la feuille possède la même structure 
que celui des Pseudopanar avec un seul cercle de faisceaux, 
dans la plupart des cas. Le pétiole du Nofhopanar simpler, 
par exemple, possède une couche collenchymateuse épaisse; le 
parenchyme sous-jacent est également très développé, on v 
observe de petits canaux sécréteurs irrégulièrement disposés et 
entourés d’une gaine de cellules différenciées. Les faisceaux 
méristéliques petits, distinets, dépourvus d’arcs fibreux péri- 
cycliques, sont disposés suivant un cercle circonscrivant un 
parenchyme peu abondant. 

Le Nothopanaz arboreus et le Nothopanar scopoliæ par la 
disposition des faisceaux dans le pétiole, s’éloignent du type 
normal et rapprochent le genre Pseudopanar des autres tribus. 

Si nous examinons le pétiole du AN. arboreus, nous obser- 
vons dans le parenchyme sous-collenchymateux de grands 
canaux sécréteurs irrégulièrement disposés. Les faisceaux pos- 
sèdent des canaux sécréteurs Hbériens et forment un anneau 
extérieur avec ares fibreux péricycliques disposés comme dans 
les types précédents, mais dans le parenchyme central, pourvu 
de grands canaux sécréteurs, on observe trois pelits faisceaux 
normalement orientés. 

La présence de ces petits faisceaux, exceptionnelle dans ce 
groupe, se retrouvera dans les Schefllérinées. 1 est vrai que la 
disposition des faisceaux méristéliques du cercle externe et leur 
structure sont bien celles des Psewdopanacinées. 

Le pétiole du N. Scopoliæ à une cuticule extrêmement épaisse 


46 RENÉ VIGUIER. 


et un parenchyme sous-collenchymateux mince, avec grands 
canaux sécréteurs. Les faisceaux méristéliques sont exacte- 
ment disposés comme dans les T'ieghemopanar qui sont des 
Polyscinées. Comme d'autre part la fleur, et surtout le fruit, 
sont ceux des Tieghemopanar, on peut considérer cette espèce 
comme un Tieghemopanar à feuilles simples. 

La structure du limbe n'offre rien de très caractérisque, la 
nervure médiane est généralement peu saillante, avec une 
bande libéroligneuse, Jamais un anneau complet. L'appareil 
sécréteur n'est pas réduit comme dans les Pseudopanar, les 
canaux sont nombreux dans la nervure médiane, et on ren- 
contre toujours un canal dans les nervures les plus fines. Le 
tissu palissadique est parfois protégé par une couche exoder- 
mique différenciée (Nothop. simpler): mais souvent aussi ce 
parenchyme est directement situé sous l’épiderme supérieur. 

Enfin, il nous reste à examiner deux espèces bien différentes 
de toutes les autres, dont l’organisation est très spéciale et qui 
mériteraient peut-être de constituer un genre à part: le Notho- 
panazx anomalus et le Nothopanar microphyllus. 

Le Nothopanar anomalus est une petite plante à tige grêle 
dont les feuilles alternes sont très petites, simples, suborbicu- 
laires, crénelées, membraneuses, à pétiole nul où extrêmement 
court. Les ombelles se réduisent, le plus souvent, à trois ou 
quatre fleurs naissant de place en place à Vaisselle des feuilles ; 
parfois même il n'existe qu'une seule fleur axillaire. Le 
Nothopanar microphyllus ne diffère du N. anomalus que par 
des caractères minimes. 

Une üige de N. anomalus (fig. 9) est très grêle, ayant à peine 
{ millimètre de diamètre. L'écorce mince est presque entière- 
ment collenchymateuse. Le péricyele possède de petits canaux 
sécréteurs et de larges plages fibreuses présentant deux ou trois 
assises de fibres à large lumière. 

Les faisceaux primaires peu nombreux sont formés de petits 
groupes de vaisseaux spiralés. Ces faisceaux primaires sont 
séparés par de larges rayons de parenchyme lignifié. Enfin la 
moelle est dépourvue de canaux sécréteurs. Le bois secondaire 
est intéressant par sa compacité, son homogénéité. En coupe 
transversale, on constate que ce bois est formé d'éléments à 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 47 


parois épaisses, à lumière arrondie où quadratique, tous sensi- 
blement égaux, ménageant parfois entre eux de petits méats. 
Des rayons, unisériés où trisériés, divisent ce bois en comparti- 
ments homogènes. En coupe longitudinale les éléments de ce 
bois se présentent comme ayant 
une lumière assez régulière; ils 
sont placés bout à bout, séparés 
par des cloisons transversales, 
minces, plus ou moins obli- 
ques. Leurs parois présententde 
nombreuses ponctuations sim- 
ples. Ces éléments peuvent être 
considérés comme des sortes de 
vaisseaux-fibres. Nous n'avons 
pas pu trouver d'échantillons 
très âgés pour savoir si ce bois 
secondaire restait toujours tel 
et s'il ne différenciait pas tardi- 
vement de grands el véritables 
vaisseaux. Les coupes longitudi- 
nales présentent parfois de 


Fig.9.— Portion d'une coupe transver- 
petits VAISSEAUX spiralés qui sale de latige du Nothopanax anomalus. 
6 UE — col, collenchyme: sc, fibres péri- 

correspondent évidemment aux cycliques; {, Liber ; m3, rayons prin- 

Vaisseaux primaires Il ne fau- CIpaux ; M3, lAYONS secondaires ; b, 
ÿ a bois ; pin, zone périmédullaire ; mn, 

drait pas en tout cas chercher à moelle. 

rapprocher ce type de structure, 

dû probablement à l'action du milieu, des types de bois ho- 

moxylés que présentent les Drymitacées, les Trochodendracées, 

etles Tétracentracées étudiées par M. Van Tieghem. 

Les feuilles, minces, ont une nervure médiane présentant un 
pelit arc libéroligneux et une forte crête collenchymateuse 
ventrale. 

Le genre Nothopanar pourra donc être divisé comme il 
suit : 

Sous-genre Micropanaæ R. Vig. — Arbustes petits. Feuilles simples, sessiles, 
petites, orbiculaires. Fleurs isolées ou en petites ombelles axillaires. Bois 
secondaire formé d'éléments tous semblables. 


N. anomualus. 
N. microphyllus. 


48 RENÉ VIGUIER. 


Sous-genre Eunothopanax R. Vig. — Arbres ou arbrisseaux à grandes feuilles 
simples ou plus généralement composées palmées. Inflorescences amples, 
terminales. Bois secondaire avec vaisseaux et fibres bien distincts. 

a. Ovaire à 3-4 carpelles. Feuilles simples, au moins vers les branches âgées. 

Feuilles toujours simples, articulées sur leur pétiole. Pas 
de stipules1#070e00%2e a te eo e eee a Rsale N. Edgerleyi 
(genre Raukaua de Seemann). 
Feuilles simples, non articulées sur leur pétiole, allon- 
gées, à stipules soudées en une petite gaine....... .. NN. linearis. 
b. Ovaire à 2 carpelles. 
1. Feuilles souvent simples sur les branches âgées. 
+ Feuilles simples, articulées sur leur pétiole, sans 
stipules, lancéolées,  pétiole avec un seul 
cercle de faisceaux libéroligneux............. N. simplex et 
N.integrifolius. 
++ Feuilles simples, non articulées sur leur pétiole, 
sans stipules, ovales, acuminées; pétiole avec fais- 


ceaux épars à l’intérieur du cercle externe... .... N. Scopolix. 
+++ Feuilles simples, non articulées sur leur 
pétiole, larges, cordiformes.................... N.cochleatus. 
2. Feuilles composées-palmées, même sur les branches 
âgées. 
+ Folioles pétiolulées; pas de stipules............ N. arboreus. 
++ Folioles sessiles ; petites stipules soudées en une 
DAME ES Sem ne Ne nee ont el MAN EEE AR Re Re ai tee N. Colensoi. 
+-+-+ Folioles sessiles sans stipules.............. N. Sinclairü. 


Genre Cheirodendron !. 


Ce genre comprend des arbres à feuilles composées-palmées 
et folioles larges, membraneuses, pétiolulées ; il est caractérisé 
surtout par ses feuilles opposées. On sait que les plantes à 
feuilles opposées sont très rares chez les Araliacées. 

Les fleurs sont à peu près celles des Pseudopanur : les 
pétales sont à préfloraison valvaire ; les étamines ont des filets 
courts et des anthères ovoïdes. L'’ovaire à 2-5 carpelles pré- 
sente des stigmates presque sessiles sur le disque conique; la 
colonne stylaire est très courte. 

La fleur est nettement articulée ; le pédoncule floral à Parti- 
culation est fortement dilaté, constituant une sorte de calicule. 

Anatomie, — 1° Tige : Par la structure de la tige, ce genre 
s'éloigne un peu des genres précédents; une tige de Cheiro- 
dendron Gaudichaudi montre dans la couche collenchyma- 
teuse sous-épidermique de petits canaux sécréleurs. On observe 


1. Nutt. Ass. in Seemann |[1867|, t. V, p. 236. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 49 


de même dans l'écorce sous-jacente des canaux sensiblement 
égaux comme diamètre à ceux du collenchyme. Le péricycle 
présente, de place en place, des arcs fibreux ainsi que des 
canaux; enfin des canaux beaucoup plus petits semblent 
exister dans le hiber secondaire. Les tiges que nous avons exa- 
minées n'étaient pas assez âgées pour que le bois secondaire 
ait pris ses caractères définitifs. La moelle, bien développée, 
présente vers sa périphérie de nombreux canaux sécréteurs, 
plus grands que ceux de l'écorce, et irrégulièrement disposés; 
les cellules de la moelle ne sont pas lignifiées et conservent 
longtemps leur contenu. 

2° Feuille : Le pétiole de la feuille présente, comme celui 
des genres précédents, un seul cercle de faisceaux méristé- 
liques largement séparés. Chaque faisceau à une forme semi- 
circulaire : le Liber présente de petits canaux sécréteurs el est 
recouvert extérieurement par un arc de fibres péricycliques : 
tous ces arcs fibreux ne sont pas confluents en un anneau 
comme on le remarque fréquemment ailleurs. 

Sur la face ventrale, les plus petits faisceaux sont, sur la 
plus grande partie de la longueur du pétiole, rejetés vers 
l'intérieur ; ces petits faisceaux sont « rayonnés », c’est-à-dire 
qu'un anneau hibérien complet entoure une masse centrale de 
vaisseaux de bois. Un assez grand nombre de canaux sont 
disséminés dans l'écorce du pétiole, jusque dans le collen- 
chyme. À l'intérieur du cercle de faisceaux, à leur pointe, tout 
contre des paquets de fibres, il existe parfois de petits canaux 
sécréteurs. 

Le pétiolule offre une structure analogue à celle du pétiole. 
Le limbe, large, acuminé, présente, quoique membraneux, un 
exoderme formé de deux assises de cellules sous l’épiderme 
supérieur ; le tissu palissadique, épais, est formé de cellules 
peu élevées, petites, inférieures comme dimensions aux cellules 
de l’exoderme. La nervure médiane est faiblement saillante 
el présente, comme il est de règle, du collenchyme sur ses deux 
faces; le système conducteur y est représenté par un large 
faisceau replié sur ses bords et à péricyele non lignifié. Des 
canaux sécréleurs peuvent s’observer dans le collenchyme et 
dans le tissu sous-jacent. 

ANN. SC. NAT. BOT., ge série. IV, 4 


50 RENÉ VIGUIER. 


Ce genre ne compte que deux espèces : Cheirodendron Gau- 
dichaudu " et C. platyphyllum qui diffèrent seulement par 
la forme de leurs feuilles. Ces plantes doivent être assez 
polymorphes. 


> 


Genre Astrotricha :. 


Sous ce nom, on désigne de petits arbrisseaux rameux à 
feuilles alternes, simples, entières; des poils nombreux, for- 
mant un feutrage serré, recouvrent les rameaux ainsi que la 
face inférieure des feuilles. Leurs fleurs velues ont 5 sépales 
peu développés au-dessus de l'ovaire, 5 pétales membraneux 
à préfloraison valvaire, 5 étamines et 2 carpelles surmontés 
de 2 styles libres. Le fruit, comprimé ou ovoide, a un endo- 
carpe présentant deux forts sillons dans chaque carpelle. La 
graine, allongée, a un albumen non ruminé. 

Anatomie. — Par son anatomie, peut-être plus encore que 
par sa morphologie externe, ce genre est très différent des genres 
précédents. 

1° Tige (fig. 10) : Prenons comme type l'Astrotricha floccosa. 
La plupart des cel- 
lules  épidermiques 
sont, comme nous 
l'avons dit, prolon- 
gées en poils. Ces 
poils sont étoilés ; ils 
sont constitués par 
un pied trapu, formé 


Fig. 10. — Coupe transversale schématique d’une tige ., fl re 
âgée d'Astrotricha. — ep, épiderme; col, collen- d’une file de 3 ou 
chyme : sel, fibres péricycliques ; ces, canaux sécré- 4 cellules, au som- 


teurs ; /, liber; b, bois; m, moelle. 
met duquel rayvon- 


nent 5 ou 6 branches longues et effilées; ces poils étant très 
rapprochés, toutes leurs branches s'entremélent formant le 
feutrage dont nous avons parlé plus haut. 
Sous l’épiderme,: le collenchyme est formé de 3 à 4 as- 
1. L'écorce de cette espèce, que les indigènes de l'ile Molokaï (Hawaï) 
nomment « Olapa » où « Mahu », est utilisée pour la préparation d’une tein- 


ture bleue. 
2. De Candolle, Coll. Mém., vol. XXIX, t. V, 1829. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES of 


sises de cellules à paroi très épaisse ; l’écorce sous-jacente 
présente peu de méats et est complètement dépourvue de 
canaux sécréteurs. Le périevele, dépourvu de fibres, réduit à 
une assise de cellules, est la seule région de la tige où se 
trouvent des canaux sécréteurs, petits, bordés de 4 à 6 cellules; 
les cellules de la moelle gardent assez longtemps leur contenu. 
La moelle est privée de canaux sécréteurs. 

L'examen d’une très vieille souche montre que le péricyele 
arrive à se lignifier, mais est toujours réduit à une ou deux 
assises de cellules. La moelle ne se lignifie pas, ses cellules 
perdent seulement leur contenu; au contraire, les cellules de 
la zone périmédullaire se lignifient. 

Le bois secondaire comprend un grand nombre de fibres à 
lumière arrondie et parois épaisses. Les vaisseaux, de calibre 
assez réduit, peu nombreux, sont pour la plupart isolés. Les 
rayons sont nombreux, très étroits (1 où 2 séries de petites 
cellules) et légèrement sinueux. La structure de la tige est assez 
constante; dans certaines espèces, les cellules de la moelle 
épaississent et lignifient de bonne heure leur membrane. 

2 Feuille : La feuille, chez A. /ædifolia, ne prend que 
3 faisceaux à la tige. Dans le pétiole très court, les faisceaux 
méristéliques arrivent presque en contact; ce pétiole est couvert 
de poils étoilés, possède un collenchyme à éléments épais 
comme celui de la tige, et un péricycle pourvu de petits canaux 
sécréteurs ; on n'y observe pas de fibres. Le limbe, petit et épais, 
est doublé dans son épaisseur par les poils étoilés qui couvrent 
sa face inférieure et sont encore plus nombreux que sur la 
tige. Ces poils, très enchevêtrés, sont variables comme dimen- 
sions ; 1l en est qui viennent s'épanouir à la surface du feutrage 
et ont un pied formé d’une file d'environ 20 ceilules. L'épi- 
derme supérieur porte également des poils, mais ceux-ci, peu 
nombreux relativement, sont simples, coniques, massifs, recou- 
verts d’une épaisse cuticule, L'épiderme supérieur est formé de 
grandes cellules à parois épaisses, à cuticule forte, et semble, 
parsa puissance, remplacer l'exoderme collenchymateux absent: 
au contraire, l’épiderme inférieur est formé de petites cellules 
plates, à parois très minces. Le tissu palissadique est réduit à 
une simple assise de cellules. La nervure médiane comprend 


59 RENÉ VIGUIER. 


un petit arc vasculaire avec de rares canaux péricycliques 
difficiles à distinguer. La feuille ne prend ici que 3 faisceaux 
à la tige, mais nous ne savons pas si ce caractère est constant 
dans le genre, notamment dans l'A. floccosa où les faisceaux 
sont plus nombreux dans le pétiole et disposés en cercle. 

Le genre comprend A. pterocarpa, À. ledifolia, À. longifolia, 
A. Hamptoni, A. floccosa, A. Biddulpliana. L'A. pterocarpa 
sé distingue de toutes les autres espèces par la structure du 
fruit; chaque carpelle se trouve divisé en 3 logettes par deux 
fortes saillies de l’endocarpe et la graine se trouve contenue dans 
la logette médiane. Le genre peut être ainsi divisé en deux 
sections : Phragmocarpae K. NVig. Aphragmocarpae KR. Vig. 


Genre Stilbocarpa !. 


Les Stilbocarpa ont, comme les Nothopanax, des fleurs penta- 
mères articulées sur le pédoncule floral et un ovaire à 2, 3 ou 
4 loges surmonté de styles libres ; les graines ont également un 
albumen non ruminé. Ces plantes diffèrent des précédentes par 
leurs pétales qui sont imbriqués dans le bouton. Les feuilles, 
de grande taille, sont simples, palminerves, légèrement imcisées 
et dentées et plus ou moins cordiformes à la base. Le pétiole, 
la face inférieure des feuilles et parfois les axes d’inflorescence 
sont couverts de grands poils simples, blancs, pouvant atteindre 
un centimètre de long. 

Ajoutons, comme bien caractéristiques, les involueres dont 
sont pourvues les ombelles, et surtout les petites drupes, en 
forme de boutons de guêtre, non charnues, recouvertes d’un 
épiderme vernissé noir, avec un exocarpe formé d’un tissu 
parenchymateux non charnu, et un endocarpe scléreux, épais, 
bien différencié. 

Les échantillons en mauvais état que nous avons examinés, 
ne nous ont pas permis une étude détaillée de la structure du 
genre. Pourtant, 1l semble que, comme dans les genres précé- 
dents, le péliole lacuneux possède un cercle de faisceaux 


1. Asa Gray, Bot. v. st. Expl. exped., 1, 714, 1854. Stylbocarpa Decaisne et 
Planchon (1854). 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 93 


méristéliques. Les poils sont simples, effilés, constitués par un 
massif de cellules à parois minces, non lignifiées. 

Ce genre ne présente aucune affinité particulière avec le 
genre Ayalia dont les auteurs le rapprochent habituellement ; 
il est, en revanche, beaucoup plus voisin des Pseudopanax et 
Nothopanar malgré sa corolle à pétales imbriqués. 


Genre Fatsia !. 


Ce genre à été créé pour un arbrisseau japonais que ses 
belles feuilles palmatilobées font rechercher comme ornemental 
et cultiver dans beaucoup de nos parcs sous le nom d'Ayalia 
japorica, Aralia Sieboldi, etc. Les inflorescences terminales 
sont des panicules d'ombelles. La fleur n’est pas fortement 
articulée, comme elle l'était dans les genres précédents, mais 
présente une ébauche d’arliculation. Cette fleur est régu- 
lièrement pentamère : le calice est à peu près nul au-dessus 
de l'ovaire; les pétales glabres, membraneux, aigus, se 
recouvrent très faiblement par leurs bords à tel point qu'on 
les considère tantôt comme valvaires, tantôt comme imbri- 
qués. L’ovaire, à 5 carpelles, est recouvert d’un disque épais, 
Jaunâtre, et de 5 styles libres avec stigmates terminaux. Le 
fruit est une drupe globuleuse à noyau crustacé, à graines plus 
ou moins comprimées dont l’albumen n’est pas ruminé. 

Les feuilles sont dépourvues de stipules. 

Anatomie. — 1° Tige : Sur une coupe de tige âgée, il faut 
noter la présence d’un collenchyme assez réduit, et l'absence 
de canaux sécréteurs dans l'écorce. Le péricycle, dépourvu de 
fibres, possède de place en place un petit canal sécréteur, 
dont la lumière, sensiblement constante, est bordée de 6 à 
8 cellules. 

Dans le liber secondaire se développent également des 
canaux, mais 1ls sont plus petits, et bordés de 4 à 6 cellules. 
La structure du bois secondaire à été plusieurs fois décrite 
et ne présente rien, du reste, de très particulier ; les fibres, 
nombreuses, ont une lumière assez large ; les vaisseaux sont 


1. Decaisne et Planchon (1854), p. 105. 


- 


54 RENÉ VIGUIER. 


petits, peu nombreux, ordonnés fréquemment en séries 
radiales ; les rayons médullaires ont 3 à 4 séries radiales de 
cellules. La moelle, dépourvue de canaux sécréteurs, a des 
cellules qui perdent peu à peu leur contenu et se lignifient. 

2° Feuille : Le pétiole d'une feuille de grande dimension 
prise sur une branche âgée, présente un collenchyme net 
dans lequel on peut observer des canaux sécréteurs très 
petits, dont la lumière égale celle des cellules du collenchyme. 
Très fréquemment la couche de collenchyme est interrompue, 
remplacée par des cellules chlorophylliennes à parois minces; 
les stomates sont localisés dans l'épiderme vis-à-vis des inter- 
ruptions de la couche collenchymateuse, de sorte que de nom- 
breuses communications sont établies entre Pair extérieur et 
l'écorce très lacuneuse sous-jacente au collenchyme. Les fais- 
ceaux méristéliques, comme nous lavons dit au début de 
ce Mémoire, sont contigus, disposés sur un cercle, en dedans 
d’une gaine de cellules péricyeliques uniformément lHigni- 
fiées. Le liber possède des canaux sécréteurs. Il peut se déve- 
lopper des formalions secondaires de sorte que le bois peut 
former un anneau continu; là symétrie bilatérale, toujours 
nette dans les jeunes feuilles, peut se trouver ainsi masquée 
dans les feuilles adultes. 

Les fortes nervures du limbe sont saillantes sur la face 
inférieure et ont des faisceaux distincts, entourés chacun de 
sclérenchyme lignifié, disposés en un anneau discontinu. Quel- 
ques canaux sécréleurs s'observent sur la face dorsale des 
faisceaux. 

Une épaisse couche collenchymateuse existe sur les deux 
faces des nervures principales; de chaque côté de ces nervures 
et sur une certaine étendue, ce collenchyme se prolonge en 
une assise exodermique collenchymateuse sur la face supérieure 
au-dessus du tissu palissadique, mais bientôt passe latérale- 
ment à du parenchyme chlorophyllien : la plus grande partie 
du limbe est ainsi dépourvue d’exoderme différencié. 

Les petites nervures ne sont pas saillantes, une dépression 
leur correspond même sur les deux faces du lhimbe; sur 
leur parcours, le parenchyme chlorophyllien se trouve inter- 
rompu et remplacé par des éléments collenchymateux. La ner- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 59 


vure se réduit à un petit faisceau entouré d’un sclérenchyme, 
avee un canal sécréteur médian ventral et un très petit mé- 
dian dorsal (?). 

Le genre Fatsia ne comprend qu'une seule espèce, le Fatsia 
Japorica. 


Répartition géographique. 


Le genre Acanthopanar représente, si lon veut, les formes 
d'adaptation de la tribu au climat tempéré de l'Asie orientale ; 
on connait des espèces au Japon et dans la Chine septentrio- 
nale (région de l'Amour et Mandchourie), dans toute la Chine 
orientale, depuis la côte (Macao, Canton, ile Formose) Jusque 
sur le versant oriental du Thibet. Les explorations répétées 
dans le Thibet oriental, depuis la province de Kansou à celle 
de Koui-Tcheou et de la province de Szé-Tehouen à celle de 
Hou-Peï, c'est-à-dire dans une assez grande partie de la vallée 
du Yang-Tse et de ses affluents, ont amené la découverte de 
nombreuses espèces, et montré l'importance de ce genre en 
Asie. Nous n'insisterons pas sur la localisation de toutes les 
espèces : nous dirons seulement que c'est l'A. aculeatus qui 
semble le plus répandu dans toute la Chine centrale (abbé 
David, Henry), et qu'on à trouvé depuis l’est du Bengale jus- 
qu'à Macao (Gallery, Gaudichaud), Canton (Gaudichaud) et 
Formose (Rich. Oldham). Un certain nombre d'espèces sem- 
blent localisées dans les régions septentrionales : PA. sessili- 
florus, VA. spinosus. VA. ricinifolius, VA. innovans, VA. diva- 
ricatus, VA. trichodon, VA. japonicus, les quatre dernières 
spéciales au Japon. 

La plupart des espèces du genre Pseudopanar peuplent les 
forêts de la Nouvelle-Zélande où elles cohabitent avec les 
espèces du sous-genre £unolthopanur. Les Pseudopanar lætevi- 
rens et valdiviensis sont originaires du Chilr. 

Le sous-genre Micropanar habite, lui aussi, la Nouvelle- 
Zélande, mais dans les plaines plus où moins humides. Nous 
répélons encore que par leur port très spécial (rappelant celui 
des Melicope simpler et Elævodendron micranthum, d'après 
Hooker) el par leur organisation, les Micropanar mériteraient 


56 RENÉ VIGUIER. 


de former un genre spécial. Les Stilbocarpa sont localisés 
dans les îles au voisinage de la Nouvelle-Zélande : Stewart. 
Snares, Auckland, Campbell, Macquary, Antipodes. 

Les espèces de Cheirodendron sont endémiques aux îles 
Hawaï. Les As/rotricha ne se rencontrent que dans l'Australie 
orientale et les Fatsia habitent le Japon. 

La tribu ne comprend pas d'espèces franchement tropicales, 
sauf les Ceirodendron qui se rapprochent assez près de l'équa- 
teur; elle ne possède aucun représentant en Afrique ni dans 
l'Asie méridionale. 


Résumé. 


En résumé, la tribu des Pseudopanacinées comprend des 
arbres à feuilles rarement simples, le plus souvent composées- 
palmées. Les fleurs sont articulées sur le pédoncule floral, 
sauf dans quelques espèces exceptionnelles, inséparables pour- 
tant, par tous leurs autres caractères, du genre auquel elles 
appartiennent. Ces fleurs sont pentamères, à pétales presque 
toujours valvaires (exceplion : Acanthopanar cissifolius, d'après 
Seemann, et Fatsit japonica) à androcée isoslémone, à ovaire 
comptant de 2 à à carpelles. Le fruit est drupacé, à noyau 
plus ou moins épais, contenant des graines dont l’albumen 
n'est Jamais ruminé. 

Le caractère anatomique le plus général est celui des feuilles 
qui ont un pétiole avec faisceaux disposés sur un seul cercle, et 
un liber secondaire presque toujours pourvu de canaux sécré- 
teurs. La tige à un péricycle faiblement lignifié et ne présente 
Jamais de canaux sécréteurs épars dans la moelle. 

Les genres appartenant à cette tribu peuvent êlre groupés 
comme il suit : 

A. Des canaux sécréteurs dans l'écorce de la tige. 

1. Feuilles membraneuses; piantes presque toujours épineuses ; inflores- 
cence généralement réduite à un petit nombre d'ombelles. Ovaire à 
2 ou à carpelles. Espèces de l'Asie orientale. — Pétiole avec faisceaux 
distincts; un canal sécréteur dorsal et un canal sécréteur ventral 
dans le plan médian de chaque faisceau. Limbe sans exoderme col- 
lenchymateux. Tige avec collenchyme dépourvu de canaux sécréteurs. 
Moelle ayant parfois un cercle de canaux périphériques. 


Genre Acanthopanux. 
2. Feuilles souvent coriaces. Plantes jamais épineuses. Inflorescence tou- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 1 


jours ample. Ovaire à 5 carpelles. Espèces du Chili et de la Nouvelle- 
Zélande. Pétiole à faisceaux souvent distincts mais n'ayant jamais la 
disposition des canaux du genre précédent. Limbe avec exoderme 
différencié le plus souvent. Tige avec collenchyme dépourvu de canaux 
sécréteurs. Moelle sans canaux. 
Genre Pseudopanax. 
3. Feuilles souvent coriaces. Plantes jamais épineuses. Ovaire de 2 à 
4 carpelles. Espèces néozélandaises. 
Genre Nothopanax. 
1° Sous-genre : Micropanaæ, arbrisseaux à feuilles simples, très petites, 
avec ombelles axillaires. Bois secondaire compact. 
2° Sous-genre : Eunothopanax, arbres à feuilles composées-palmées, 
au moins sur les branches jeunes; amples inflorescences termi- 
nales; bois secondaire non compact, caractères anatomiques des 
Pseudopanax. 
4. Pétales imbriqués. Ovaire de 2 à 4 carpelles. Feuilles simples, de grande 
taille, pourvues de longs poils sur la face inférieure. Herbes. 
Genre Stilbocarpu. 
5. Feuilles opposées, composées-palmées, plantes inermes. Canaux sécré- 
teurs dans le collenchyme de la tige; des canaux épars à la périphérie 
de la moelle. Pétiole différent des précédents, à faisceaux semi-Circu- 
laires isolés. 
Genre Cheirodendron. 
B. Des canaux cc péricycliques; pas de canaux corticaux. Feuilles 
toujours simples. 

Plantes fortement velues, couvertes de poils étoilés. Feuilles petites, 
entières, allongées; ovaire biloculaire; pédoncule articulé; noyau 
sillonné. 

Canaux sécréteurs uniquement dans le péricycle. Australie. 

Genre Astrotrich«. 
2. Plantes glabres à grandes feuilles palmatilobées. Pédoncule floral fai- 
blement articulé. Ovaire à 5 loges. Novau sans sillons. 
Canaux sécréteurs nombreux ne le liber secondaire . Japon. 
Genre Fatsia. 


2 — POLYSCIINÉES 


Tieghemonapar. — Sciadopanar. — Polyscias. — Bonnierellu. 
Kissodendron. — Cupliocarpus. — Aralia. — Pentapanar. — 
Cephalaralia. — Motheriwellix. 


enre Tieghemopanax ‘. 


Ce genre, que nous avons établi récemment (1905), comprend 
des res et des arbustes caractérisés par l’organisation de 
leurs fleurs ainsi que par leurs feuilles alternes, composées- 


1. R. Vig. (4905), p. 305. 


58 RENÉ VIGUIER. 


imparipennées. Les fleurs, pentamères, articulées sur leur 
pédoncule, ont cinq sépales plus ou moins développés, cinq pé- 
tales à préfloraison valvaire, cinq étamines à filets générale- 
ment courts, et deux carpelles. L'ovaire, plan à sa partie supé- 
rieure, porte deux styles le plus souvent libres. Le fruit est une 
drupe comprimée latéralement et surmontée des styles persis- 
tants : l’endocarpe, épais et plissé longitudinalement, imprime 
ses sillons à la surface de lalbumen qui n’est pas ruminé. Sur 
des échantillons secs, on constate que le péricarpe épouse les 
contours de l'endocarpe, de telle sorte que ces fruits rappellent 
ceux des ombellifères avec leurs « vittæ » caractéristiques. 

Le tableau que nous donnerons des espèces indiquera suffi- 
samment les nombreuses variations que peut présenter ce genre. 

Anatomie. — Tige : Une coupe transversale, pratiquée dans 
la tige d'un certain nombre d'espèces, notamment du F. subor- 
hicularis, montre que le collenchyme est dépourvu de canaux 
el de mâcles, tandis que dans l'écorce sous-jacente les canaux 
sécréteurs, à lumière considérable, sont nombreux. Le péri- 
cycle présente par places des arcs fibreux épais et des canaux 
sécréleurs. Ces derniers semblent manquer dans le liber. La 
moelle à des cellules qui conservent longtemps leur vitalité ; 
elle renferme des mâcles. 

Un autre tvpe est réalisé par le T. Pancheri dont la moelle 
quoique lignifiée présente, éparpillés dans toute son étendue, 
des canaux sécréteurs à large diamètre. 

Le T. sunabæfolius possède dans la moelle un seul cercle 
de canaux sécréteurs situés vers la périphérie; outre les grands 
canaux corticaux, on observe de petits canaux dans le liber. 

Le 7. Weinmanniæ, de port si spécial, n'offre rien de remar- 
quable dans la structure de sa tige; le péricyele est peu épais, 
la moelle est dépourvue d'éléments sécréteurs. On trouve 
d'énormes canaux dans l'écorce, et d’autres, beaucoup plus 
petits, dans le parenchyme libérien. 

2° Feuille (fig. 11-12) : Toutes les espèces dont nous avons 
pu examiner les feuilles ont une organisation analogue qui 
peut se résumer ainsi : le pétiole présente une écorce réduite, 
comprenant un collenchyme dépourvu de canaux, ceux-ci, 
présentant en règle générale une lumière très large et se trou- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 


99 


vant localisés dans la région sous-collenchymateuse de l'écorce 
ou uniquement dans le péricycle. Sous cette écorce réduite se 


trouve un anneau régulier, de 
nombreux faisceaux  libéroli- 
gneux très rapprochés avec arcs 
fibreux péricycliques; des for- 
malions secondaires, souvent 
abondantes, peuvent se déve- 
lopper dans ce cercle de fais- 
ceaux; le bois secondaire est, 
alors, très pauvre en vaisseaux. 
A l'intérieur de cet anneau vas- 
culaire, on observe de très 
nombreux faisceaux épars, non 
entourés de fibres, et ne pré- 
sentant aucune orientation. 


On n'observe pas d’assise génératrice dans 


Fig. 11. — Coupe transversale schéma- 
üque d'un pétiole du Tieghemopanac 
simabæfolius. — ep, épiderme : col, 
collenchyme; sel, péricycle; {, liber ; 
b, bois: cs, canal sécréteur, 


ces faisceaux. 


Fig. 12. — Pétiole du Tieghemopanax microbolrys (portion d'une coupe transversale 
schematisée). — ep, épiderme:; c{, cuticule; col, collenchyme: sc{, fibres pericy- 
cliques; /, Liber; ag, assise génératrice libéroligneuse; b, bois; pl, zone périmé- 


dullaire lignifiée; es, canal sécréteur. 


Ce type présente quelques variations minimes dans lépais- 
seur de l'écorce, dans le nombre des faisceaux, le diamètre des 


60 RENÉ VIGUIER. 


canaux, elc.; 1l nous a semblé impossible de démêler dans ces 
variations des caractères qui pouvaient être spécifiques de ceux 
qui pouvaient être individuels. I semble pourtant que, dans 
cerlains cas, l’assise génératrice ne se cloisonne pas dans le 
cercle externe de faisceaux (7°. simabæfolius par exemple). Les 
espèces qui présentent des canaux sécréteurs libériens dans 
leur tige, en présentent également dans leurs feuilles. 

Les pétiolules possèdent une organisation identique à celle 
des pétioles, mais naturellement plus réduite. 

Le limbe n'offre rien de remarquable : la nervure médiane 
présente tantôt plusieurs faisceaux (7. reflezus, T. Pancheri, 
T. Balansæ), lantôt une simple bande vasculaire (7. deco- 

? 
rans, ele), et jamais de fibres autour de ces faisceaux. 

Le limbe du 7. Weinmanniæ est plus intéressant; sous 
l’épiderme supérieur pourvu d’une cuticule très épaisse, on 
observe un exoderme formé de deux assises de cellules collen- 
chymateuses et un tissu palissadique assez épais. Exoderme et 
tissu palissadique sont continus sur toute la face supérieure de 
la feuille même au-dessus de la nervure médiane. Cette der- 
nière, légèrement saillante sur toute la face inférieure, possède 
une petite bande vasculaire, avec quelques canaux eu. 
superposés au liber. 

Le T. Weinimanniæ est la seule espèce du genre présentant un 
exoderme différencié sous l’épiderme supérieur du limbe. 

Nous avons divisé ce genre, qui compte 26 espèces, de Ja 
manière suivante : 

A. Fleurs en capitules (capitulatæ). 
a. Calice à pièces distinctes; fruit rectangulaire de grande 
taille sin ee CANennnr Ca tir SA OR ES RR AUEE .... T. Balansæ. 
Calice à pièces nulles ou peu développées; fruit dis- 
coide, de taille ordinaire. 
a. Disque concave. Pétales charnus, épais.......... T. subincisus. 
6. Disque plan. Pétales non charnus. 
—+ Bractées persistantes, triangulaires, entre les 


leurs AXES ÉpAIS UV NE ENE PRE AE LR T. bracteatus. 
++ Pas de bractées entre les fleurs. Axes 
PEUT ÉDAIS ARENA MEN nce T. sessiliflorus. 


B. Fleurs en grappes (racemosæ). 
a. Feuilles souvent doublement composées pennées; 
grappes longues et lâches; fleurs longuement pédon- 
CUIÉES EE A EN Re Re ES cs T. eleyans. 
b. Feuilles simplement pennées; grappes courtes, extrè- 
mement denses. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 61 


a. Axe principal très long. 
+ Pétales membraneux; feuilles à folioles 


grandes, MeémMhraneuses.:,. 14,1... T. microbotrys. 
++ Pétales charnus; feuilles à folioles co- 
riaces, petites, aussi larges que longues... .. T. Harmsii. 


B. Axe principal très court. Inflorescence réfléchie... T. refleæus. 
C. Fleurs en ombelles (umbellatæ). 
a. Inflorescence en corymbe d’ombelles pauciflores ; 
calice à dents bien développées, arbrisseau pe- 
tit, à feuilles allongées, très petites, coriaces, épi- 
EU SES EPS ee ame cet o Rd eeniee ceuse ... T.Weinmanniæ. 
b. Inflorescence en panicules d’ombelles. Calice à dents 
indistinctes ou peu distinctes. Arbres à feuilles non 
épineuses. 
+. Folioles lancéolées ou linéaires, au moins trois fois 
plus longues que larges. 
+ Folioles petites; calice tronqué............. T. sambucifolius. 
+ + Folioles grandes; calice à pièces dévelop- 
TES EE TR IE TS T. Murrayi 1. 
+ ++ Feuilles doublement composées pennées 
avec folioles découpées. I Re T. fruticosus. 
6. Folioles oblongues, moins de 3 fois plus longues 
que larges. 
—+ Styles soudés, au moins en partie. 
X Dans leur moitié inférieure. 
1. Fruits de taille ordinaire. Feuilles 


! COMACES nee Mean T.suborbicularis. 
2. Fruits de taille très petite. Feuilles 
MHÉMOTANEUSES er Perte T. microcarpus. 


x X complètement (dans les fleurs 
ovaire avorté). 
4. Folioles très asymétriques......... . T. cissodendron. 
2. Ombelles parfaites; inflorescence 
courte ; fleurs de taille ordinaire. 
Feuilles membraneuses.......... T. pulchellus. 
3. Ombelles parfaites. Inflorescence 
ample ; fleurs très petites. Feuilles 
membraneusest. 4er. Te. re T. myriophyllus. 
4. Nombreuses fleurs insérées sur l’axe 
de l’ombelle. Feuilles petites, demi- 
COTIACES ner ere de eee T. nigrescens. 
+ Styles libres. 
X Folioles velues sur la face inférieure... T. mollis. 
XX Folioles glabres. 
© Non stipulées. 
I. Petites. 
1. Folioles sessiles, coriaces, plus lon- 
gues que larges, aiguës. .......... T,. simabæfolius. 
2. Folioles sessiles, épaisses, nom- 


breuses, suborbiculaires..... «1. Pancheri. 
3. Folioles membrancuses, allongées, 
DODÉBS ANT Lure Lee en . T. decorans. 


1. Figuré dans Curtis, Botanical Magaz., pl. 6798, 1885. 


62 RENÉ VIGUIER. 


Il. Grandes. 
1. Folioles trapézoïdes, de très grande 


LANDE PERS EN ee en RS T. austrocaledo- 
nicus. 
2. Folioles ovales lancéolées; ombelles 
DAUCIHOTES AE AMENER T. Macgillivrayi. 
3. Folioles coriaces, oblongues, en- 
COTES EN R RS R E EDR Te en nn T. dioicus. 
OO SHDUIÉES PERSAN NS en Rate T. stipulatus. 
D. Fleurs en épis {spicatæ)!1.0 4 ie Me ee T. cussonioides. 


Genre Sciadopanax !. 


Ce genre, créé par Seemann, comprend des plantes assez 
. voisines des précédentes, mais dans lesquelles la partie libre de 
l'ovaire bicarpellé a la forme d'un cône surélevé, couronné par 
deux stigmates ou deux styles très courts. 

Ces plantes ont en général leur inflorescence couverte de poils 
floconneux. 

Anatomie. — 1° Tige : Une tige de Sciadopanax floccosus 
présente sous Pépiderme des éléments faiblement collenchyma- 
teux, un péricyele dépourvu de fibres dans les échantillons que 
nous avons observés, mais possédant de grands canaux sécré- 
leurs. Le bois possède des fibres nombreuses et des vaisseaux 
pelits disposés souvent en files onduleuses. La moelle à ses 
cellules lignifiées et dépourvues de canaux sécréteurs. 

2° Feuilles : Le pétiole, assez grêle, du S. #occosus, est de 
section triangulaire; la couche sous-épidermique est formée 
de cellules très peu épaisses, allongées radialement. La région 
stélique constitue une zone triangulaire formée de faisceaux 
nombreux, petits, ne présentant pas de fibres à leur voisinage. 
Ces faisceaux ne possèdent qu'un petit nombre de vaisseaux, et 
ont, de place en place, dans leur péricyele un canal sécréteur ; le 
parenchyme central présente également quelques petits fais- 
ceaux et canaux sécréteurs épars. La même structure s’observe 
chez le S. Grevei, mais le collenchyme + est net et les canaux 
sécréteurs plus grands. 

Le limbe, dans les espèces mentionnées ci-dessus, est homo- 
gène, ne présente pas de distinction nette en tissus palissadique 
et lacuneux: chez le S. Grever, il est glabre, mince et pourtant 


1. Seem (1865), Ill, -p. 73. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 63 


pourvu d’une assise exodermique différenciée ; chez le S. foc- 
cosus, il est dépourvu d'un telexoderme et est couvert de poils 
nombreux sur sa face inférieure. Ces poils floconneux com- 
portent un axe court sur lequel s'insèrent de longues branches 
hyalines. 

Dans tous les cas la nervure médiane, faiblement collenchy- 
mateuse, possède un petit are vasculaire tournant sa concavité 
vers la face supérieure et présentant dans son péricyele 
quelques canaux sécréteurs. 

Nous faisons rentrer dans ce genre les espèces suivantes : 

Sciadopanur Boivini Seemann. 

Sciadopanar Grevei Drake. 

Sciadopanar floccosus (Drake) R. Vig. 

Sciadopanar farinosus (Dell) R. Vig. 

Scadopanar ferrugineus (Hiern.) R. Vig. 

Sciadopanaz fulous (Hiern.) R. Vig. 

Sciadopanar Preussu (Harms) R. Vig. 

Sciadopanar Elliot (Harms) R. Vis. 

Sciadopanar polybotryus (Harms) R. Vie. 

Sciadopanaz Malosanus (Harms) R. Vig. 

Sciadopanar Albersianus (Harms) R. Vig. 


Genre Polyscias !. 


Ce genre comprend des arbres différant principalement du 
genre précédent par leur ovaire comptant plus de deux car- 
pelles. Rien n’est plus différent d'un Teghemopanar qu'un 
Polyscias à ovaire de 10 carpelles, à albumen non sillonné par 
les dépressions du noyau ?. Il existe pourtant des points de 
contact entre les deux genres: c’est ainsi que les Polyscias 
nuultijuqa et Reineckei semblent avoir indifféremment des 
fruits à 2 ou 3 loges; ces deux espèces sont du reste, par leur 
mode d’inflorescence très différente, des Tieghemopantr. 

Analomie. — 1° Tige : Nous n'avons pu disposer que d’un 
petit nombre d'échantillons : le Polyscias lancifoliu, espèce 
à ovaire quinquéloculaire de la section Oligoscias de Drake, 


1. Forster, Char. gen., 63, t. XXXIL, 1875. 
2. Voy. à ce sujet les planches de Drake. 


64 RENÉ VIGUIER. 


a une tige caractérisée par son écorce à couche parenchymateuse 
mince el par ses canaux sécréteurs de diamètre considérable, 
uniquement péricycliques. Le péricyele est dépourvu de fibres. 

Le bois secondaire est partagé en compartiments par des 
rayons unisériés à cellules lignifiées. Ce bois ne comporte 
qu'un nombre de vaisseaux très restreint ; la plupart des élé- 
ments sont différenciés en fibres à parois épaisses et lumière 
très réduite. La moelle, dépourvue de canaux, est entièrement 
hgnifiée. 

Un fragment d’un tronc àgé de Polyscias nodosa présente 
la structure suivante : 

Sous le liège on trouve directement une couche d'éléments 
aplatis qui semble appartenir au liber secondaire. Comme 
dans les Araliacées le périderme est d’origine hypodermique, 
et que dans ce tronc âgé il n’y à plus trace de collenchyme 
ni de fibres péricycliques, ces éléments ont dù être exfoliés 
par le cloisonnement d’une assise génératrice plus profonde ; 
à moins, ce qui nous semble peu probable, qu'ils soient repré- 
sentés par la couche située directement sous le liège. Le liber 
secondaire est formé de minces couches alternatives de tubes 
criblés et de parenchyme. Les assises parenchymateuses, cellu- 
losiques au début, différencient des arcs de fibres qui sont d'au- 
tant plus étendus qu'ils appartiennent à des couches plus pro- 
fondes, de sorte que le liber secondaire, en coupe transversale, 
a ses fibres réparties en des sortes de triangles dont la pointe est 
dirigée vers l'extérieur ; ces triangles sont régulièrement 
stratifiés : ils présentent des bandes alternatives de fibres et de 
tubes criblés. 

Le bois secondaire (dont nous n'avons eu qu'une petite 
planche langentielle périphérique) ne présente pas de couches 
annuelles distinctes; les vaisseaux sont répartis également, au 
nombre de dix par millimètre carré, au milieu de la masse 
des fibres. Ces vaisseaux sont isolés ou le plus souvent groupés 
par deux; ils sont arrondis, à lumière assez grande (100 en 
moyenne), parfois situés tout contre les rayons qu'ils semblent 
faire légèrement dévier. Ces vaisseaux peu allongés sont 
ponctués à ponctuations arrondies ou à ponctuations en bou- 
tonnières, allongées transversalement. Les fibres orientées en 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 65 


files bien régulières ont une large lumière et des parois minces. 
Les rayons assez nombreux, mais peu élevés, n’ont guère qu’une 
quarantaine de # dans leur plus grande largeur avec 3 ou 4 cel- 
lules de 10 » de large. Ces cellules des rayons, peu épaisses et 
étroites, sont, en revanche, très allongées radialement puis- 
qu'elles ont environ 100 y de long. 

Un axe ‘principal d’inflorescence présente dans la moelle 
des faisceaux cribrovasculaires avec vaisseaux extérieurs. Nous 
ne savons pas si ces faisceaux se retrouvent à la périphérie 
de la moelle dans les tiges feuillées. : 

La tige de Polyscias Commersoni à une écorce {rès épaisse 
différenciée en deux zones distinctes: la couche interne, plus 
puissante, à des cellules à parois épaissies (mais moins épaisses 
que celles de la couche collenchymateuse), et présente de nom- 
breux canaux sécréteurs dont le diamètre est variable, les 
canaux les plus rapprochés de la périphérie étant les plus 
petits. Le cylindre central est normal, dépourvu de faisceaux 
médullaires, mais présentant, épars dans toute la moelle, des 
canaux sécréteurs. 

2 Feuille : Le pétiole énorme (son diamètre dépasse parfois 
1 centimètre) de Polyscias nodosa a, sous l’écorce mince, un 
cercle externe de faisceaux libéroligneux avec arcs fibreux 
péricycliques. Ces faisceaux hhéroligneux 'contigus, développent 
bientôt un anneau de formations secondaires analogues à celles 
de la tige. À l'intérieur de ce cercle, de nombreux faisceaux 
sont épars; leur orientation est très variable ; quelquefois deux 
faisceaux semblent accolés dorsalement par leur liber ou même 
confluent complètement. On observe également entre ces fais- 
ceaux des canaux sécréteurs dont la position est, du reste, indé- 
pendante de celle des faisceaux. 

Le pétiole, également très épais (un demi-centimètre de dia- 
mètre), du P. Commersonü, a une écorce mince (1/15 environ 
du diamètre total) dont la zone parenchymateuse est extrème- 
ment réduite, et possède de grands canaux sécréteurs. La 
disposition des faisceaux est la même que dans le P. nodosa : 
un cercle externe avec arcs fibreux péricycliques et canaux 
sécréteurs entre ces ares; formations secondaires développées, 
mais plus réduites que dans l'espèce précédente ; enfin, 

ANN. SC. NAT. BOT., Je série. IV, 9 


66 RENÉ VIGUIER. 


moelle avec des canaux et de nombreux faisceaux épars et 


diversement orientés. 


Les pétioles grêles de Polyscias Lantzei (fig. 13)etde Polyscias 


Fig. 13. — Coupe schématique d’un pétiole du Polyscias Lantzei. — ep, épiderme; 
es, canal sécréteur; b, bois; 7, liber; sel, péricycle. 


cissiflora (fig. 14) ont typiquement la même structure que les 


Fig. 14. — Coupe transversale sché- 
matique d’un pétiole du Polyscias 
cissiflora.— scl, péricycle; b, bois 
secondaire; pl, faisceaux primai- 
res; {, liber ; ep, épidérme; es, 
canaux sécréteurs péricycliques et 
médullaires. 


précédents, mais les formations 
secondaires libéroligneuses font à 
peu près défaut dans le premier. 
Le péricyele est entouré d’un 
endoderme bien distinct et forme 
une mince couche (2 assises) de 
cellules lignifiées. À l’intérieur du 
cercle normal, on observe des 
faisceaux dont l'orientation est très 
variable ; ces faisceaux, parfois 
très peu nombreux (P, cissiflora), 
se disposent en un cercle chez 
P. Lantzei; des canaux sécréteurs 
sont toujours éparpillés dans le 
parenchyme central. 


Les Polyscias sont, par leurs caractères anatomiques, voisins 
des T'ieghemopanaz : la lige est normale, à exception de celle 


à 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 67 


du P. nodosa qui possède des formations cribrovasculaires 
médullaires. 

Les feuilles ont un pétiole avec : 1° un cercle extérieur de 
faisceaux libéroligneux, à liber extérieur et bois intérieur, qui 
confluent généralement en un anneau où se développent des 
formations secondaires, et 2° de nombreux faisceaux libéro- 
ligneux d'orientation très variable, et des canaux sécréteurs 
épars dans la moelle. 

Nous proposons pour ce genre les subdivisions suivantes : 


Ï. Sous-genre Grotefendia Seemann !. — Fleurs en épis 6-11-mères. 
Il. Sous-genre Cephalopolyscias Harms. — Fleurs en capitules, pentamères, 


entourées de bractéoles (faisceaux cribrovasculaires médullaires dans 
l’axe d'inflorescence). 
Polyscias nodosa. 
IL. Sous-genre Eupolyscias. — Fleurs en ombelles, pentamères (pas de fais- 
ceaux médullaires dans l'axe d’inflorescence). 


Genre Bonnierella *. 


L'unique espèce Bonnierella talatense est un petit arbre à 
feuilles composées-imparipennées ; les folioles nombreuses 
allongées sont subrectangulaires, les stipules forment deux 
appendices foliacés soudés au pétiole sur toute leur longueur. 
L'inflorescence est {très différente de celles que nous avons vues 
jusqu'ici. Cette inflorescence comprend un certain nombre 
d’axes sur lesquels naissent, à laisselle d’une petite bractée 
ovale acuminée, de petits axes très courts ayant tout au plus 
2 millimètres de long; ces petits axes portent 2 ou 3 fleurs 
dont le pédoncule, de 3 millimètres environ, est nettement 
articulé à sa base, directement sur l'axe. 

Ce mode très spécial d'inflorescence ainsi que la particula- 
rité offerte par le pédoncule floral justifient pleinement la 
création du genre. 

Anatomie. — 1° Tige : La tige n'offre rien de spécial : les 
canaux sécréteurs corticaux ont un diamètre considérable : le 
cylindre central comprend un anneau normal de faisceaux 
libéroligneux avec anneaux sclérifiés péricyclique et péri- 


1. Nous adoptons ce nom, car Seemann déerivit sous le nom de Grotefen- 
dia cuneata la première espèce connue de ce sous-genre. 
2. R. Viguier (1905). 


68 RENÉ VIGUIER. 


médullaire. La moelle contient des canaux  sécréteurs. 

Le pétiole, dont la moelle se résorbe tôt, comprend un cercle 
de faisceaux assez régulier du reste; nous n’en avons pu obser- 
ver qu'un pelt fragment en mauvais état. Le pétiolule possède 
un arc qui comprend plusieurs faisceaux avec des canaux 
sécréteurs à l'extérieur et à l’intérieur de cet arc. Le collen- 
chyme épais contient des mâcles. Les folioles ont une nervure 
médiane également saillante sur les deux faces et fortement 
collenchymateuse avec un petit arc vasculaire, pourvu de 
plusieurs canaux sécréteurs péricycliques. 


Genre Kissodendron. 


Ce genre ne comprend qu'une seule espèce, le Assodendron 
australianum Seemann. Cette plante est un petit arbre à grandes 
feuilles composées-pennées ; l’inflorescence terminale com- 
prend un axe sur lequel s'insèrent, en verticilles, des rameaux 
secondaires terminés par une grande ombelle avec involucre. 
Ces rameaux secondaires portent latéralement des ombelles 
plus ou moins rapprochées en verticilles, et présentant souvent 
une ou deux bractées sur leur pédoncule. Les fleurs, légèrement 
articulées, sont pentamères; le calice est peu développé, la 
corolle comprend 5 pétales épais à préfloraison valvaire, et 
l’androcée 5 élamines à filets courts et anthères ovoïdes. 
L'ovaire, à 3-5 loges, est surmonté d’un disque légèrement 
convexe et de styles complètement soudés. Le fruit est bacci- 
forme car l’endocarpe est très mince et membraneux; cet 
endocarpe présente des sillons très profonds qui dépriment la 
surface de l’albumen qui est donc ruminé par pénétration. La 
structure du fruit et celle de l'ovaire à styles soudés, avait fait 
placer cette espèce par F. v. Mueller qui le décrivit, dans le 
genre Aedera, car il considérait l’albumen comme étant 
ruminé de la même manière que celui du Lierre. C’est à 
celte opinion, que se sont rangés Bentham et Hooker, 
bien que F. v. Mueller ait fait ensuite de cette plante le 
type d’un genre /rvingia?. Ce nom ne pouvant être main- 


1. Seem. (1865), IE, p. 201. 
2. KF. v. Mueller (1863-1864), Fragm. Phyt. Austral., IV. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 69 


tenu, on doit adopter la dénomination donnée par Seemann. 

Anatomie. — Nous n'avons pu étudier comme type de tige 
qu'un axe principal d'inflorescence (fig. 15). L’écorce, recou- 
verte d’un épiderme à cuticule épaisse, est différenciée en deux 
zones bien distinctes : la coucheexterne, collenchymateuse, a des 


Fig. 15. — Schéma d’une coupe transver- Fig. 16. — Coupe transversale sché- 
sale d’un axe principal d'inflorescence matique du pétiole du Æissoden- 
du Kissodendron australianum. — ep, dron australianum. — col, collen- 
épiderme; col, collenchyme ; sel, fibres chyme ; ?, fibres péricycliques ; 
péricyeliques ; {, liber : D, bois; flbs, b, faisceaux libéroligneux ; cs, ca- 
faisceaux libéroligneux ; f{bs, faisceaux naux sécréteurs; pl, fibres; let b dé- 
cribrovasculaires médullaires. — Les signent également le liber et le 
canaux sécréteurs ont été omis dans ce bois des faisceaux inverses. 
schéma. 


cellules à lumière large ; la couche interne plus mince, possède 
de grands canaux sécréteurs. Le péricycle épais, est différencié 
en puissants arcs fibreux el présente également des canaux 
sécréteurs. À lintérieur de chaque faisceau ligneux la zone 
périmédullaire se différencie en ares fibreux; cette zone pré- 
sente par places des canaux sécréteurs ainsi que des faisceaux 
cribrovasculaires très réduits à vaisseaux extérieurs. D’autres 
faisceaux. cribrovasculaires, ayant la même orientation, s’ob- 
servent dans la région centrale de la moelle. 

La structure du pétiole (fig. 16) rappelle celle de la tige ; 
il y a un cercle externe de faisceaux méristéliques et un cercle 
interne de faisceaux à bois tournés vers l'extérieur; de grands 
canaux sécréteurs, dontla lumière égale celle des cellules du 
parenchyme voisin, sont épars dans la moelle. 


710 RENÉ VIGUIER. 


Par la structure de sa tige ayant deux cercles de faisceaux 
médullaires, ce genre est bien caractérisé, landis que par celle 
de son pétiole il se rattache aux genres Aralia et Penta- 
panar. 


Genre Cuphocarpus. 


Ce genre, créé par Decaisne et Planchon, comprend des 
arbres où arbrisseaux qui par tous leurs caractères se rap- 
prochent des précédents, mais s’en distinguent par leur ovaire 
uniloculaire. 

Le Cuphocarpus aculeatus est un arbrisseau à feuilles com- 
posées-imparipennées avec généralement 9 folioles obovales, 
arrondies au sommet, crénelées, à courts péliolules. Les fleurs 
articulées, pentamères ou tétramères, forment de nombreuses 
petites grappes insérées sur un axe principal. Les anthères 
allongées sont portées sur un filet court; l'ovaire est surmonté 
d’un style conique. 

Les fruits développés sont surmontés toujours de la corolle 
persistante à pétales cohérents. Ces fruits semblent souvent 
être parthénocarpiques. Tous ces caractères ne permettent pas 
de séparer ce genre des précédents; il présente en effet des 
affinités beaucoup moins marquées avec les autres Araliacées 
à ovaire uniloculaire. 

Anatomie. — La tige possède une écorce épaisse avec de 
nombreux canaux sécréteurs disposés sur plusieurs rangs; le 
cylindre central est limité par un péricycle différencié en ares 
fibreux étroits et présentant des canaux sécréteurs. Le bois 
secondaire présente de nombreuses fibres à parois assez épaisses 
et des vaisseaux épars; les rayons, larges de 3 séries de cellules, 
ont des éléments lignifiés, à parois épaisses ponctuées, et 
allongés radialement. La moelle, dépourvue de faisceaux, a 
ses cellules lignifiées. Elle possède de nombreux canaux épars 
à diamètre plus grand que celui des cellules voisines. 

Le pétiole à une écorce qui présente une couche collenchyma- 
teuse très développée; le péricycle mince possède la structure 
habituelle, 


1. Decaisne et Planchon (1854), p. 109. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 71 


Les faisceaux hbéroligneux forment un anneau continu, à 
bois riche en fibres; le parenchyme central à cellules vides 
possède de nombreux faisceaux à orientation très variable, et 
de grands canaux sécréteurs. 


Genre Aralia ‘. 


Un Ayralia, par l’ensemble de ses caractères, est très voisin 
d’un Polyscias. Ce sont les mêmes plantes à feuilles composées- 
imparipennées, à inflorescences le plus souvent en panicules 
d’ombelles, avec les mêmes fleurs articulées, pentamères, à 
androcée isostémone et à ovaire mulüiloculaire (toujours quin- 
quéloculaire chez les Aralia) surmonté d'autant de styles libres 
qu'il y a de carpelles. 

Ces genres ont pourtant été toujours très éloignés l’un de 
l’autre dans ‘les diverses classifications ; placés généralement 
dans des tribus distinctes, ils font partie, pour Seemann, de 
deux familles différentes. Ils diffèrent, en effet, par la préflorai- 
son de la corolle qui est imbriquée chez les Aralia, tandis qu’elle 
est valvaire chez les Polyscias. Ce caractère n’a pourtant qu'une 
faible importance, surtout quand, dans ces deux genres, on 
trouve des espèces à fleurs semblables et à pétales cohérents en 

alyptre. 

Les Aralia peuvent, en outre, présenter un ensemble de carac- 
tères qui ne se rencontrent que très rarement chez les Polyscias : 
Les Aralia sont des arbrisseaux rameux, souvent épineux, dont 
les feuilles sont toujours composées-pennées à plusieurs de- 
grés; les drupes (très souvent décrites comme baies) ont un 
exocarpe charnu, épais, et un endocarpe mince réduit à une 
membrane qui revêt plus ou moins intimement le tégument de 
la graine avec lequel il est confondu généralement sous le nom 
de spermoderme. 

Anatomie. — 1° Tige (fig. 17): L'anatomie de la Uige nous 
fournit un caractère important qui doit entrer dans la définition 
du genre au même titre que les caractères floraux : à l'intérieur 
du cercle normal de faisceaux libéroligneux, 1l existe à la péri- 
phérie de la moelle un cercle de faisceaux eribrovasculaires 


1. Tournelort, Linn. Syst., édit. [, 4735; Gen., éd. 1, 1737. 


12 RENÉ VIGUIER. 


dont la partie vasculaire est tournée vers l'extérieur. Ces fais- 
ceaux sont dépourvus de formations secondaires. 

Une tige jeune d’Aralia racemosa, par exemple, présente une 
écorce (rès mince avec 
petits canaux sécré- 
teurs dans le collen- 
chyme et avec endo- 
derme lignifié. Le 
péricycle épais est 
différencié en arcs 
fibreux dans sa partie 
profonde, tandis que 
les cellules sous-endo- 
dermiques sont sim- 
plement lignifiées. — 
Les faisceaux libéro- 
ligneux nombreux et 
distincts, de taille va- 
rlable, circonscrivent 


Fig. 17. — Fragment d’une coupe transversale de UNE moelle très large 


tige de l’Aralia racemosa. — ep, épiderme ; coË, dont les cellules per- 

collenchyme; es, canal sécréteur ; scl, arcs fibreux k 

péricycliques; L, liber; 6, bois; pm, zone périmé- dent de très bonne 

dullaire ; flb,; faisceau cribrovasculaire médul- ae LES 

laire ; /lb faisceaux libéroligneux; rm, rayon. heure leur contenu. 
Les faisceaux cribro- 


vasculaires sont situés dans la zone périmédullaire tout 
contre les faisceaux normaux, généralement vis-à-vis des fais- 
ceaux libéroligneux de petite taille. 

Tous les autres Aralia présentent cette structure ou une 
structure très voisine ! : Ayalia nudicaulis, À. cordata, A. ca- 
chemirica, A. chinensis, À. wrticæfolia, À. montana, A. spinosa, 
A. dasiphylla, A. laspida, À. hypoleuca, etc. 


1. Dans son travail, Cedervall, qui a dû étudier des échantillons cultivés 
dans les jardins botaniques sans s'assurer de leur détermination, et étiquetés 
presque tous sous les noms d'Aralia et de Panax, signale VA. dasiphylla et 
l'A. spinosa comme étant dépourvus de faisceaux médullaires. Son A. spinosa 
doit être l’Acanthopanax spinosus. L'auteur, n'ayant pas cherché à déterminer 
ces plantes, n’a pu dégager aucune conclusion de son travail. Il aurait pu voir 
notamment que toutes ses « Araliacées avec faisceaux médullaires » étaient 
de vrais Aralia. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 13 


L'Aralia ferox (fig. 18) seul fait exception et présente une tige 
à structure normale, tandis que tous ses caractères extérieurs le 
relient étroitement aux espèces précédentes. 

2° Feuille : La structure du rachis est absolument celle de la 
tige ; on peut trouver dans toutes les espèces pourvues de fais- 
ceaux médullaires dans la tige, un cercle de faisceaux inverses 


Fig. 18. — Portion schématique d’une tige de l'Aralia ferox. — col, collenchyme ; 
ep, épiderme; sc/, sclérenchyme ; {, liber; ag, assise génératrice ; b, bois; pl, zone 
périmédullaire; cs, canaux sécréteurs. 


dans le pétiole à l’intérieur d’un cercle de faisceaux normalement 
orienté. L’Aralin feror est dépourvu de faisceaux inverses. 

En résumé, le genre Aralia peut, en outre des caractères de 
morphologie externe que nous avons énoncés plus haut, être 
défini par les caractères anatomiques suivants : 

Tige avec faisceaux médullaires inverses (sauf chez A. ferox). 

Feuille : Rachis avec 2 cercles de faisceaux distincts, le cercle 
interne ayant son bois régulièrement orienté vers l'extérieur 
(sauf chez À. feror). 

Il est ainsi nettement séparé des genres précédemment 
étudiés. 

Le genre A7ala pourra être divisé de la sorte : 

1° Pseudaralin, pas de faisceaux médullaires (A. /eror). 


74 RENÉ VIGUIER. 


2° Euaraliu, des faisceaux médullaires. 
Les Euaralia pourront être subdivisés à leur tour comme 
l’a fait M. Harms. 


Genre Pentapanax !. 


Sous le nom générique de Pentapanar on place un certain 
nombre d'espèces voisines des Aralia s'en distinguant, les unes 
par leurs fleurs en grappes à styles plus ou moins soudés, les 
autres, à fleurs en ombelles, par leurs styles complètement sou- 
dés. Enfin une espèce, dont E. Marchal avait fait un genre Cou- 
denbergia et que Harms a placé depuis dans les Pentapanar, se 
distingue par ses fleurs 6-8-mères el son disque concave, etc. 
Le genre Pentapanar est constitué, on le voit, par des espèces 
disparates qui ne pourraient rentrer dans les Aralia sans en 
troubler l'homogénéité. — Nous maintiendrons, au moins pro- 
visoirement, ce genre, malgré sa constitution hétérogène. 

Anatomie. — 1° Tige : Nos recherches sur l'anatomie de la tige 


ont porté sur un petit nombre d'échantillons. Nous pouvons 


tout d’abord retenir l'absence de faisceaux cribrovasculaires 
dans la moelle : n'ayant pu pousser dans le détail l'étude de 
ces plantes, nous nous bornons à nous demander si le caractère, 
précis plus que tout autre, de la présence ou de l'absence de 
faisceaux médullaires ne pourrait fournir une délimitation com- 
mode et naturelle des deux genres ; l’Aralia feror ne pourrait-il, 
par exemple, être placé au voisinage du Pentapanax angehri- 
folius? ?. 

Dans les types étudiés, P. Leschenaultu et P. parasiticus par 
exemple, l'écorce est mince, pauvre en canaux; le périderme, 
précoce, donne des couches épaisses de liège dur dont les cel- 
lules, à petite lumière, ont des parois épaisses. Le périeycle diffé- 
rencie un petit nombre d’arcs fibreux ; le hber secondaire, bien 
stratifié, possède dans ses assises parenchymateuses de nom- 
breux canaux sécréteurs à contenu rougeâtre. 


1. Seemann (1864), Il, p. 294. 

2. Dont nous n'avons pu étudier la tige; il va de soi que si cette espèce, à 
feuilles composées-pennées à plusieurs degrés, possède dans sa tige des fais- 
ceaux médullaires, on devra la faire entrer dans le genre Aralia. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 1 


Le bois secondaire est très riche en fibres; il présente des 
zones annulaires constituées généralement par une assise de 
grands vaisseaux, tandis que, de place en place, on observe, au 
milieu de la masse des fibres, de petits vaisseaux. La moelle ligni- 
fiée dans sa partie externe, et parenchymateuse dans la région 
centrale, semble présenter des canaux sécréteurs. 

Le pétiole a, sous une écorce assez épaisse et sous une couche 


col .@P 


. , û “4° T Q . £ . 

Fig. 19. — Coupe schématique d'un pétiole de Penlapanax Warmingianus.— ep, épi- 

derme; col, collenchyme; es, canaux sécréteurs; b, bois: {, liber: scl,' fibres 
péricycliques ; flb;, faisceaux normaux ; /{b,, faisceaux inverses. 


festonnée de fibres péricycliques lignifiées, un cercle de fais- 
ceaux libéroligneux bien distinets séparés par des rayons 
parenchymateux et dépourvus de fibres péridesmiques en 
dedans des vaisseaux. La moelle possède des faisceaux inverses 
et est dépourvue de canaux sécréleurs. 

L'anatomie du P. Warmingianus n'éloigne pas cette plante 
des précédentes : la tige possède une écorce épaisse où la distinc- 
tion en une couche collenchymateuse et une couche parench\- 
mateuse est assez difficile. L'écorce possède de nombreux 
canaux sécréteurs. La stèle possède des faisceaux libéroligneux 
normaux et un péricycle ayant subi la différenciation habituelle 
en fibres et canaux. La moelle, bien développée, présente des 


76 RENE VIGUIÏER. 


canaux sécréteurs épars et est dépourvue de faisceaux médul- 
laires. 

La structure du pétiole (fig. 19) est celle que nous avons 
rencontrée habituellement chez les Aralia et les Pentapanur : 

Sous une écorce mince, collenchymateuse, on observe deux 
cercles de faisceaux distincts: les faisceaux internes ont leur 
bois tourné vers l'extérieur. Les faisceaux libériens du cercle 
externe sont surmontés d’arcs fibreux péricycliques épais et 
contigus, avec un canal sécréteur entre deux arcs consécutifs. 
D'autres canaux sécréteurs sont épars dans la moelle. 

En résumé, le genre Pentapanur, assez mal défini par ses 
caractères extérieurs, se sépare aisément du genre Aralia par 
l'absence de faisceaux médullaires dans la tige, tandis que la 
structure de la feuille est la même dans les deux genres. Il serait 
peut-être juste de placer parmi les Pentapanuar, Y Aralia ferox 
que sa structure éloigne de tous les autres Aralia. 


Genre Cephalaralia !. 


Ce genre a été récemment créé par Harms pour une plante 
australienne, le Panazx cephalobotrys F. x. Mull. 

Les feuilles, comme dans les genres précédents, sont compo- 
sées-Imparipennées, mais 1c1 elles n’ont que 3 folioles. — Les 
fleurs ont une corolle à préfloraison imbriquée, comme celle des 
Aralia et des Pentapanar ; mais l'ovaire ne compte que deux 
carpelles surmontés de styles libres. Enfin, autre différence avec 
les deux genres précédents, les fleurs sont en capitules. 

Les caractères qui séparent le genre Cephalaralin des Aralia 
sont, en résumé, de même ordre que ceux qui séparent les 
Tiejhemopanar des Polyscias. 

Anatomie. — 1° Tige (fig. 20): La tige est caractérisée par 
une écorce très mince présentant, du reste, les caractères 
habituels. 

Le bois, dans lequel les vaisseaux sont peu nombreux, à des 
fibres à lumière large et parois minces, et des rayons étroits. 
Ces vaisseaux sont ponctués à ponetuations arrondies. 


1. Harms (1896), p. 22. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 77] 


La moelle a des cellules réduites à leur membrane cellulo- 
sique ; elle est dépourvue de canaux et de fibres. 

2 Feuille (fig. 21-22) : Le pétiole, grêle, possède sous 
l'épiderme une écorce mince divisée en deux couches; la 
couche collenchymateuse dépourvue de canaux sécréteurs 
comprend 3 ou #4 as- se 
sises de cellules à à 
parois relativement 
minces et uniformé- 
ment épaissies. 

La région stélique 
comprend un cer- 
tain nombre (10 en- 
viron) de faisceaux 
libéroligneux  con- 
tigus, disposés sul- ; 
vant un seul cercle:  se/ 


leur ensemble des- ag L es 7 
sine, dans la coupe, èm À Dar ee 
un anneau festonné ; Fig. 20. — Coupe transversale schématique d’une tige de 
une “couche péri- Cephalaralia cephalobotrys. — cl, cuticule: col, col- 


; lenchyme; es, canaux sécréteurs péricycliques: sel, 
cyclique de fibres arcs fibreux péricycliques ; , liber; ag, assise généra- 
ocre le Te b, bois: pm, zone périmédullaire ; 
ceaux d’un anneau 

festonné ininterrompu. Les canaux sécréteurs se trouvent 
régulièrement inclus dans la partie externe des fibres péri- 
cycliques, dans le plan médian de chaque faisceau. 

La moelle est dépourvue de canaux sécréteurs. 

Le limbe membraneux est dépourvu d’exoderme collen- 
chymateux. La différenciation, en lissus palissadique et lacu- 
neux, est peu marquée; les cellules, toutes semblables, sont 
simplement plus serrées, et à chlorophylle plus abondante sous 
l’'épiderme supérieur. 

La nervure médiane. épaisse, est fortement saillante sur la 
face supérieure. Les faisceaux libéroligneux forment une bande 
large, légèrement repliée sur ses bords, avec, sur la face dor- 
sale, une large bande de fibres péricyeliques et, sur la face 
ventrale, une plage fibreuse emplissant la coneavité de Pare 


78 RENÉ VIGUIER. 


vasculaire. Les canaux sécréteurs sont différenciés au milieu 
de ces fibres. Entre les fibres dorsales et l'épiderme inférieur, il 
existe une couche col- 
lenchymateuse assez 
mince,tandis qu'entre 
les fibres ventrales et 


l’'épiderme supérieur, 
se trouvent une bande 


Fig. 21. — Fragment d'une section transversale du Fig. 22. — Coupe transversale 
pétiole du Cephalaralia cephalobotrys. — ep, schématique d’un pétiole du 
épiderme ; cs, canal sécréteur ; col, collenchyme:; Cephalaralia cephalobotrys. 
sel, péricycle ; 1, liber; b, bois. — Mêmes lettres que pour 


la figure 21. 


de tissu chlorophyllien, en continuité avec le tissu palissa- 
dique, et une couche de collenchyme, qui forme sur la face 
supérieure une crête assez développée. Ce genre est nettement 
défini anatomiquement par l'absence de faisceaux et de canaux 
médullaires, et par la disposition des canaux sécréteurs encastrés 
dans le plan médian des arcs fibreux péricycliques des faisceaux 
du pétiole. 


Genre Motherwellia !. 


Ce genre, dont nous n’avons pu nous procurer d'exemplaire, 
est très voisin du précédent : il en diffère par ses fleurs en 
ombelles, et par ses deux styles soudés jusqu’au sommet. Les 
feuilles n’ont, comme dans le Cephalaralia, que 3 folioles. On 


n'en connait qu'une seule espèce, le Motherwellia haplosciadea. 


1. F. v. Mueller, Fragment. phytograph. Austral., VIL p.107, 1870. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 19 


Répartition géographique. 


1° Les Polysciées vraies sont localisées dans les régions tro- 
picales de l'ancien monde. 

Le genre Tieghemopunar esi presque exclusivement néocalé- 
donien. La majorité des espèces se rencontre à la Nouvelle- 
Calédonie: ce sont des arbres peu ramifiés habitant les bois, tantôt 
recherchant les endroits sombres et humides (T°. sessiliflorus), 
tantôt peuplant les collines arides, ferrugineuses, de l’intérieur 
(T. suborbicularis, pulchellus, ete.) ou descendant jusqu'à la 
région du littoral, comme le 7. Pancheri qui a élé recueilli au 
voisinage de la baie du Prony, par notre aimable correspondant 
M. LeRat. — Le 7. Weinmanniæ est un petit arbrisseau formant 
des touffes roussâtres dans les massifs serpentineux du Couigi. 

La seule région de la terre où se rencontrent des espèces 
nombreuses qui peuvent rentrer dans le genre sans en troubler 
l'homogénéité est la côte orientale de lAustralie où les 
T. mollis, T. Macgiulivrayr, T. Sambucifolius, T. Murrayi, ont 
été signalés, ainsi que l’île de Lord Howe {située entre la Nou- 
velle-Calédonie et le continent australien) où on à recueilli 
le 7. cissodendron. 

Parmi les espèces autraliennes, le 7. Murrayi est celui qui 
semble avoir la plus grande extension puisqu'il a été signalé, par 
F. v. Muller, à Twolfold Bay au sud-est de l'Australie (N. $. 
Wales) et, par Dallachy, à la baie de Rockingham dans le Queens- 
land et que, même, il passe au sud-est de la Nouvelle-Guinée. 

Le Panar fruticosum de Linné, qui peut être rangé parmi les 
Tieghemopanax, se trouve dans l'Inde. Toutefois, il est difficile, 
à moins de longues recherches, de se prononcer sur la répar- 
tion et même sur la position de cette espèce, qui est cultivée, 
de même que le Polyscias Rumpliana, dans presque toutes 
les régions chaudes. 

Les îles de l'Afrique orientale, principalement Madagascar, 
constituent un autre centre important où sont groupées de 
nombreuses espèces, mais presque toutes ces espèces ont un 
ovaire multiloculaire. Toutes les espèces du sous-genre Grote- 
fendia sont uniquement localisées à l'Ile Maurice. 


80 RENÉ VIGUIER. 


Presque tous les Polyscias vrais se rencontrent à Madagascar, 
mais les données incomplètes des collecteurs ne nous permet- 
tent pas de nous faire une idée du détail de leur répartition dans 
l'ile. Une seule espèce présente 2 carpelles ; nous en avons fait 
un T'ieghemopanar (T. cussonioides) pour la commodité de la 
classification, bien que par son port et par son inflorescence, 
elle s'éloigne notablement des espèces calédoniennes et se 
rapproche davantage des Polyscias Vrais. Enfin le genre Cupho- 
carpus, qui, par ses caractères, se rapproche également des 
espèces précédentes, est propre à Madagascar. 

Le genre Sciadopanar, bien différent des autres par son 
ovaire, est exclusivement africain. Il en existe trois espèces à 
Madagascar (Sc. Boivini, Sc. floccosus et Sc. Grevei) qui 
représentent, probablement au même litre que les Cussonia, 
un élément africain dans la flore de Pile. 

Les espèces récoltées en divers points de PAfrique montrent 
que ce genre doit y être abondamment représenté : les expé- 
tions faites dans l'Afrique orientale allemande ont fait con- 
naître : le $S. Elliotu dans les massifs de Rüwensori, sous 
l'équateur, entre les lacs Albert-Nianza et Albert-Édouard ; le 
S. Albersianus et le S. polybotryus au sud-est du lac Victoria- 
Nianza (ou Sambara), le S. Malosanus au mont Malosa (Nyassa 
Land). 

Le S. Preussu a été recueil dans la Cameroun, le $S. 
fulvus à Fernando-Po, les S. /arinosus et ferrugineus en 
Abyssinie. Toutes ces espèces croissent, en somme, dans des 
régions montagneuses. 

Les genres Bonnierella et Kissodendron qui s’éloignent nota- 
blement des précédents ont été signalés, le premier à Tahiti, le 
second dans l'Australie orientale. 

2° Les Araliées (Araliu, Pentapanax) sont des plantes habi- 
tant pour la plupart les régions tempérées de l'hémisphère 
nord. 

Le genre Araliu est localisé dans lPAsie orientale et en 
Amérique du Nord. 

Les À. nudicaulis, A. hispida, À. spinosa, À. racemosa habi- 
tent le Canada et les États-Unis; on a signalé quelques espèces 
au Mexique, A. humnilis, A. brevifolia, A. Regeliana, dans les 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 81 


régions élevées; enfin l'A. soratensis, décrit par Marchal, est 
l'espèce la plus méridionale du genre, puisqu'il à été récolté en 
Bolivie aux environs de San-Pedro, par 18° de latitude; c'est 
la seule espèce de l'hémisphère austral. 

Un grand nombre d'espèces ont été signalées en Chine, au 
Japon (A. Henryi, A. edulis, À. chinensis, A. Fargesü, A. atro- 
purpurea, À. Yunnanensis, ete.). 

Les espèces deviennent généralement épineuses dans l'Asie 
méridionale; ce sont l'A. cachemirica, VA. armata, Y'A. Thom- 
son. L'archipel Malais possède l'A. yavanica, VA. dasyphylla 
(signalé aussi à Canton), l'A. wrticæfolia et VA. montana. 

Enfin aux Philippines, Cuming a récolté l'A. 4ypoleuca. 

Le genre Pentapanar est représenté principalement dans les 
régions montagneuses de l'Inde : le P. subcordatus dans les 
monts Khasia, le P. racemosus dans le Sikkim, le P. parasiticus 
dans le Népal (Kumaon), le P. Leschenuullii dans le Sikkim, 
la Birmanie, à Ceylan. 

Les P. Henryi et P. Delavayanus ont été récoltés dans la 
Chine orientale. Le P. Warmingianus est brésilien. 

3° Les Motherswelliées (Motheriellia et Cephalaralia) habitent 
PAustralie. 


Résumé. 


En résumé, la tribu des Polysciinées comprend des plantes à 
feuilles  composées-imparipennées, inflorescences terminales, 
fleurs wrticulées à androcée isostémone ; graines à allumer non 
ruminé, Où ruminé par pénétration. Elle peut être divisée de 
la manière suivante : 


A. Polysciées. — Corolle à préfloraison valvaire. Plantes arborescentes des 
régions tropicales, principalement développées en Océanie et à Madagascar. 
Pétiole des feuilles comprenant un anneau de faisceaux libéroligneux conti- 
gus, développant souvent des formations secondaires, à l’intérieur duquel 
s’observent, dans presque loutes les espèces, des faisceaux à orientation très 
variable. 

1. Ovaire pluriloculaire. 


a. 2 carpelles. Disque plan ou concave........... l. Tieghemopanax. 
b. 2 carpelles. Disque conique. Inflorescence sou- 
vent velue ; albumen ruminé................. IL. Sciadopanax. 


c. 2 carpelles. Ombelles à pédoncule extrème- 
ment court et pédoncule floral articulé à sa 
DÉS à D nr Se DR TRS ARE M HE. Bonnierella. 


ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. INA 


82 RENÉ VIGUIER. 


d. Plus de 2 carpelles. Styles libres eee IV. Polyscias. 
Fleurs en épis, 6-10-mères, pas de faisceaux 
médullaires dans la tige. S.-g. Grotefendia. 
Fleurs en ombelles, pas de faisceaux médul- 
laires dans la tige. S.-g. Eupolysias. 
Fleurs en capitules, 5-mères, des faisceaux 
médullaires. S.-g. Cephalopolyscias. 
e. Plus de 2? carpelles; disque conique ; styles sou- 
dés ; tige avec faisceaux médullaires : pétiole 
ayant la structure des pétioles d’Aralia ; 


albumentrumine Mere LRRes CPR re .. V. Kissodendron. 
IT. Ovaire uniloculaire. Structure des Polyscias. ...... VI. Cuphocarpus. 
B. Araliées. — Corolle à préfloraison imbriquée. Arbris- 


seaux ou herbes habitant généralement les régions tem- 
pérées de l'hémisphère nord (Eu-Araliées) ou l'Australie 
(Motherwelliées). Pétiole ayant généralement des fais- 
ceaux libéroligneux distincts sans formation secondaires 
abondantes, et disposés en deux cercles. Les faisceaux 
du cercle interne ayant leur bois tourné vers la péri- 
phérie. 
a. Eu-Araliées. Ovaire 5-carpellé. — Feuilles à nom- 
breuses folioles. 
1. Fleurs en ombelles. Styles libres. Tige avec fais- 
ceaux cribro-vasculaires médullaires (sauf A. 
ferox). Feuilles composées-pennées à plusieurs 
se SE ET AR EL RS LES Es DE NES SE A Gi VIL. Aralia. 
. Fleurs en ombelles ou en grappes. Styles soudés. 
. de faisceaux médullaires. Feuilles générale- 
ment composées-pennées simplement......... VIII. Pentapunux. 
b. Motherwelliées — Ovaire 2-carpellé. Feuilles à 3 fo- 
lioles. Tige dépourvue de faisceaux et de canaux 
sécréteurs médullaires. Pétiole avec un seul cercle 
de faisceaux; canaux sécréteurs localisés dans le 
plan médian des arcs fibreux péricycliques et enfon- 
cés en coin dans chacun d'eux. 
Fleurs en capitules. Styles libres. .............. IX. Cephalaraliu. 
Fieurs en ombelles. Styles soudés.............. X. Motherwellia. 


Ce groupement, que nous donnons des genres, est assez 
naturel : les Cephalopolyscias et Kissodendron se rapprochent 
des Araliées par leurs faisceaux médullaires. Les Sciadopanar 
et Aissodendron, par leur disque conique et les sillons profonds 
de leur albumen ruminé par pénétration, sont très rappro- 
chés, mais le premier se distingue nettement du second, par 
son ovaire biloculaire et l'absence de faisceaux médullaires 
dans la tige. La limite la plus naturelle des Aralia et Penta- 
panar semble être la présence ou l’absence de faisceaux 
médullaires : VA. /erox devrait être rangé parmi les Penta- 
para. 


_ 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 83 


3. — SCHEFFLÉRINÉES 


Schefflera. — Dizygothieca. — Boerlagiodendron. — Trevesia. 
—  Brassaiopsis. — Teltrapanar. — Eclinopanax. — 
Didymopanar.— Gilibertia. — Mesopanar. — Harmsiopanax. 


Genre Schefflera !. 


Ce genre, le plus riche de la famille, est Timité aux espèces à 
feuilles composées-palmées, à fleurs non articulées sur le pédon- 
eule, 5 à n-mères, et à graines pourvues d’un albumen non 
ruminé. 

En définissant ainsi les Schefflera, Harms y à incorporé 
toute une série de genres établis antérieurement, de sorte 
que, tel qu'il est actuellement compris, le genre est com- 
posé de : 

1° Schefflera (Eype) : ovaire à 5-10 loges surmonté d'autant 
de styles libres très courts, enfoncés dans le disque très déve- 
loppé lors de lépanouissement de la fleur, et s’allongeant 
ultérieurement. 2 espèces : S. digitala (8-10 carpelles), $. oi- 
liensis (> carpelles). 

2 Heptapleurum * Gärin., ovaire à 5-n carpelles surmonté 
de styles soudés très courts ; süigmates subsessiles. 

3° Agalma ® Miq., ovaire à 5-7 carpelles. Styles soudés, 
longs, fleurs souvent en grappes. 

4° Sciadophyllum * P. Br., fleurs 4-5-mères avec ovaire à 
3-5 loges, styles libres ou soud vers la base, pétales cohé- 
rents en calyptre. 

5° Brassaa * Endlicher, fleurs sessiles en capitules avec 
bractées entre les fleurs. Ovaire à 10-12 loges. 

6° Parapanax $ Miquel. Ovaire semi-infère à 10-14 loges ; 
disques peu développés surmontés de styles soudés sur une 


. Forster, Char. gen. 45,t. XXII (1775). 

. Gaertner, Fruct. IL, 472, &. CLXXVII (1791). 
, Miq. 1, 4, p. 754, t. IL (1855). 

. Blume, Bydr. 875 (1826). 

. Endlicher, Nov. Sterp., Déc., [, 89 (1839). 

. Mig. Suppl. 338 (1860). 


D XX & © D = 


84 RENÉ VIGUIER. 


partie de leur longueur, et se recourbant fortement vers le 
dehors dès qu'ils sont libres ". 

De nombreux échantillons qui viennent de nous parvenir 
nous permettront de refaire une étude du groupe qui actuelle- 
ment nous semble hétérogène et doit probablement être rema- 
nié. Nous ne pourrons, toutefois, nous faire une opinion 
qu'après un examen détaillé de toutes les espèces. Nous nous 
bornerons ici à examiner, quant à leur structure, un petit 
nombre d'espèces. 

Anatomie. — 1° Tige : Dans la tige du Schefflera venulosa, on 
ne trouve pas de collenchyme bien différencié dans Fécorce ; 
celte écorce est presque dépourvue de canaux sécréteurs, 
ces derniers étant au contraire assez abondants dans le péri- 
cyele. Nous rappelons que dans cette espèce, Cedervall prit les 
bandes aplaties et épaisses formées par les tubes criblés ayant 
cessé leur fonctionnement pour un tissu spécial (collenchym- 
bast) et nota dès lors dans cette plante l'absence de tubes 
criblés. La moelle possède des petits canaux épars au milieu 
d'un parenchyme plus où moins lhignifié. 

La tige du Scheflera parasitira n'offre rien de remarquable; 
elle possède une moelle réduite, un bois secondaire à vais- 
seaux isolés, assez petits, et peu nombreux, à rayons plus ou 
moins onduleux, un péricyele avec un petit nombre d'ilots 
fibreux plus ou moins circulaires en coupe transversale. 

La tige du Schefllera polybotrya diffère peu de celle des 
espèces précédentes ; le péricycle forme toujours des îlots 
fibreux plus ou moins circulaires, la moelle a des canaux 
sécréleurs épars. Le bois secondaire n'a pas un nombre res- 
treint de vaisseaux comme celui du S. parasitica. 

Même structure de la tige chez le Schefflera stellata et chez le 
Schefflera elliptica, qui possède une moelle assez développée. 

Chez le Schefflera octophylla (Agalma) la üge à un collen- 
chyme bien différencié, un péricycle différencié en nombreux 
îlots fibreux formant des arcs recouvrant les faisceaux, et une 
moelle large, à cellules réduites à leur membrane de cellulose, 


1. On pourrait ajouter à cette liste : Paratropia, DC. Prodr. IV, 266; Astro- 
panaz Seemann, I, 176 (1865); Actinophyllum Ruiz et Pav. Prodr. 51, 
t. VII (4794) ; Actinomorphe Miq. Comm., Phyt. 102 (1840). 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 89 


avec un cercle de petits canaux sécréteurs périmédullaires. 
Le Schefflera Baillonü (Gastonix Heptapleurum Bn) a une 
écorce bourrée de mâcles, dépourvue de canaux (?): les ilots 
péricycliques sont très peu développés, la moelle est dépourvue 
de canaux sécréteurs. 
Le Schefflera Volkensii à un collenchyme mal différencié, un 
péricycle possédant de petits ilots fibreux, étroits formant 


_scl 


Fig. 23. — Schéma d'une coupe transversale de ge du Schefflera octlophylla. — 
ep, épiderme ; col, collenchyme: cs, canaux sécréteurs; m, moelle; pm, zone péri- 
méduliaire; b, bois; ag, assise génératrice; {, liber; sel, arcs fibreux péricy- 
cliques. 


des arcs épais. Dans le parenchyme libérien, on trouve de 
petits canaux sécréteurs qui sont disposés suivant des cercles 
concentriques. Le bois secondaire, à rayons onduleux, unisériés, 
a des vaisseaux peu nombreux, bien que fréquemment groupés 
radialement par 2 ou 3 au mulieu de fibres à parois peu 
épaisses. 

2° Feuille : Le pétiole possède une structure assez constante : 
Si nous examinons un péliole de Schefflera rigida, nous 
trouvons, sous le collenchyme, un certain nombre de grands 
canaux sécréteurs assez régulièrement espacés, au milieu d’un 
parenchyme dont les cellules sont environ deux fois plus 
grandes que les cellules de collenchyme. Sous ce tissu, on 
trouve de nombreux faisceaux libéroligneux à bois ventral et 


86 RENÉ VIGUIER. 


liber dorsal; ces faisceaux sont contigus, alternativement 
grands et petits, les petits faisceaux étant situés un peu plus 
profondément que les grands; tous ces faisceaux sont recou- 
verts de larges arcs péricycliques à fibres épaisses, et ont 


p.. 


cs 

Fig. 24. — Schéma d’une coupe transversale du pétiole du Schefflera Volkensii. — 
ep, épiderme; col, collenchyme; f{b;,, faisceaux normaux; /{b,, faisceaux inverses; 
cs, canaux sécréteurs ; pl, fibres péridermiques: 7, liber; b, bois; scl, fibres 
péricycliques. 


leur bois également entouré par une couche fibreuse. En 
dedans et au voisinage de ces faisceaux, il existe également 
d’autres faisceaux à liber tourné vers l’intérieur. Ces faisceaux 
inverses sont assez irrégulièrement répartis; le centre du 
pétiole est occupé par une lacune. — Le pétiole de Schefflera 
aromalica à une structure assez voisine, il présente les mêmes 
grands canaux sous-collenchymateux, et un cercle extérieur de 
faisceaux à liber dorsal et bois ventral, pourvus d’ares fibreux 
péricycliques. Les faisceaux inverses, situés à l’intérieur, forment 


| 
| 
| 
| 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 87 


un cercle assez régulier, séparé du précédent par une couche 
plus épaisse de cellules dans laquelle on peut trouver de grands 
canaux sécréteurs. Les cellules de Ia moelle sont plus grandes, 
à parois minces, et doivent se résorber à la longue. La moelle 
est dépourvue de canaux sécréteurs. 

Le Scheffiera Volkensu diffère des précédents par la présence 
de canaux sécréteurs, assez grands, situés dans la couche collen- 
chymateuse, et par l'absence de grands canaux dans la couche 
sous-jacente. On y observe également deux cercles de faisceaux, 
les faisceaux du cercle interne ayant une orientation inverse. Ce 
pétiole est plus nettement symétrique par rapport à un plan que 
celui des précédentes espèces, car l'écorce forme une couche 
plus épaisse sur la face dorsale ; le cercle externe, du côté ven- 
tral, a des faisceaux plus petits et placés côte à côte, tandis que 
dorsalement. il possède des faisceaux plus grands. Les cellules 
de la moelle ont des parois épaisses ; 1l ne doit pas se former 
de lacune. Entre les deux cercles de faisceaux, on trouve des 
canaux sécréteurs. Le péliole, beaucoup plus épais, du S. Mannu, 
rappelle le précédent par la présence de petits canaux dans le 
collenchyme. Les faisceaux du cercle externe, inégalement 
profonds, sont séparés par des bandes de parenchyme. Le 
cercle interne entoure une large moelle non résorbée, formée 
de cellules à parois lignifiées, et possédant quelques canaux 
sécréteurs. — Dans le pétiole du S. Ahasiana, 1% à des canaux 
sécréteurs (?) dans le collenchyme, les faisceaux de Panneau 
externe sont alternativement grands et petits, les petits étant 
plus internes que les grands. Tous ces faisceaux sont recou- 
verts d’arcs fibreux péricyeliques très épais. Les faisceaux 
inverses sont placés vis-à-vis des pelits faisceaux et presque 
en contact avec eux par leur bois, de sorte que la moelle est 
très large. Cette moelle, formée de cellules à parois très minces, 
est remplacée, dans la feuille âgée, par une lacune. Le pétiole 
du Schefflera abyssimica à de nombreux petits canaux dans le 
collenchyme ; les faisceaux du cerele externe sont petits, allongés, 
séparés par de larges rayons ; ceux du cercle interne sont plus 
nombreux. Tout cet ensemble de faisceaux est noyé dans un 
anneau de petites cellules lignifiées, tandis qu'au centre se 
trouvent des cellules plus grandes, à parois minces. 


88 RENÉ VIGUIER. 


Le pétiole du Scheflera elliptica à de petits canaux qui 
semblent localisés dans la couche sous-collenchymateuse. 
Le cercle externe est formé de faisceaux contigus, petits, 
dont l’ensemble dessine un anneau festonné. Les faisceaux 
inverses semblent assez irrégulièrement disposés et sont séparés 
des précédents par du tissu parenchymateux. Il n’y à pas de 
lacune centrale. 

Par ses canaux sous-collenchymateux, ses faisceaux externes 
alternativement profondément et peu profondément situés, 
mais toujours contigus, le pétole du Schefllera Wallichiana se 
rapproche des Schefflera riqida, aromatica et elliptica. Le pétiole 
du Scheflera myriantha n'offre rien de très particulier; les 
cercles de faisceaux sont très rapprochés; les faisceaux externes, 
à peu près égaux, contigus, sont tous également distants de la 
périphérie. 

Le péliole du Schefllera stellata semble être dépourvu de 
canaux dans les deux couches corticales très minces. Il pré- 
sente de nombreux faisceaux irrégulièrement orientés jusqu’au 
centre, à l’intérieur de lanneau externe normal. 

Le pétiole du Schefflera octophylla à des canaux dans le col- 
lenchyme, mais est dépourvu de faisceaux inverses. Les fais- 
ceaux, à bois ventral, peuvent être considérés comme formant 
deux cercles rapprochés, carils sont alternativement en contact 
avec le collenchyme ou séparés de lui par une couche de 
parenchyme ayant l'épaisseur des faisceaux voisins. 

Le Schefilera actirophylla a un pétiole très épais, dé- 
pourvu (?) de canaux périphériques et présentant de petits 
faisceaux inverses nombreux, disposés au moins sur deux cer- 
cles; il possède une lacune centrale. 

Le pétiole du Sclefllera versimiliter est très voisin du précé- 
dent par sa structure. 

Les pétioles du S. parasilica, que nous avons étudiés, étaient 
en très mauvais état, mais nous avons pu y distinguer plusieurs 
cercles de faisceaux. 

La structure du limbe des Scheflera est peu intéressante. 
Seul, le limbe du Scheflera Humblotiona nous a montré 
des particularités qui méritent d’être signalées. Cette espèce est 
une plante malgache, pourvue de grandes folioles linéaires lan- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 89 


céolées extrêmement coriaces, qui donnent à la plante ua port 
spécial. Une coupe du limbe montre la présence, sous l'épiderme 
supérieur et inférieur, d'un exoderme formé de cellules ligni- 
fiées; l'épiderme 
est formé de pe- 
ütes cellules tabu- 


EUX 


lignifié : 


ion 


laires recouver- Ce = 
: 2 EC = 

S & P à €, et 
tes d’une cuticule LR = 


deux fois plus 


luc, tissu lacuneux. 


=: : 

À : ; NY RU 
épaisse qu'elles ; ss D 2 
; “er G< IRSC) EE 
l’'exoderme infé- Se ss 
. . À Ces 

rieur est inter- ES 


‘IeUT ; 


rompuseulement 


au niveau des \ ï : 

stomates. “ tre © 

DNS = 

Le bord du PU È 

: CRT S 
limbe est sou- ®.. He 3 2 
; L'es se 
tenu par une let È 
k À CE & der te Vence Sen © 
bande de tissu … RS se À + RE 
ee : LE . RES Ses _- 2 
lignifié, dans le- HOT QUE à 
quel se différen- S ie RES Crei EE 


7 
fi 
© 


cient des canaux re 


» Parenchyme palissadique ; eps, € 


Fe +. 2 
sécréteurs. La Les 2 
. (el ER Q = 
ReNvure princi- À» . = 
. AD ce 
pale est forte ARS ee 
. FIST 28 
ment  saillante 2E à 
sur la face supé- Ge 
rieure, avec selé- = 


renchyme sous- à 
épidermique sur ET 
la face supérieure De : 
el  collenchyme ca 5 


sous l’épiderme ; ; ù 
inférieur; elle possède, au milieu d'un parenchyme pourvu de 
canaux sécréleurs, deux larges bandes vasculaires égales, se 
touchant par leurs bords, complètement entourées d'un man- 
chon de cellules lignifiées péricycliques: ces arcs Hibéroligneux 
sont, par leur bois, situés vis-à-vis l'un de l’autre. Les petites 


90 RENÉ VIGUIER. 


nervures latérales sont formées par un faisceau libéroligneux 
avec ares fibreux recouvrant, l'un le bois, et l’autre le hber; 
elles possèdent un grand canal sécréteur situé à l'intérieur de 
l'arc fibreux péricyclique. 

Les limbes des autres espèces n'offrent, nous l'avons dit, 
rien de particulier. On trouve de nombreux faisceaux distincts 
dans la nervure médiane au milieu d'un parenchyme pourvu 
de canaux sécréteurs. 

Bien qu'une étude d'ensemble de ce genre soit encore à faire, 
l'étude anatomique nous montre qu'on à réuni sous le nom de 
Schefflera des espèces affines. 

La fige ne présente aucune formation anormale, et son étude 
détaillée, notamment celle du bois secondaire, ne pourrait 
fournir que des caractères spécifiques. Le collenchyme est 
généralement peu différencié, le péricycle forme des arcs ou 
de petits ilots circulaires de fibres. La moelle à souvent de 
pelits canaux sécréteurs. 

La feuille peut fournir des indications plus précieuses : le 
pétiole possède toujours plusieurs cercles de faisceaux dé- 
pourvus de formations secondaires ; les faisceaux externes sont 
toujours normaux plus ou moins éloignés de l’épiderme ; les 
faisceaux internes sont inverses, avec bois extérieur et hber 
intérieur. 

Mettant à partle Schefflera Humblotiana si spécial par la 
structure de son limbe, la structure du pétiole des espèces que 
nous avons étudiées peut se résumer comme il suit : 


A. Pas de faisceaux inverses. 0e MR EP TR ER Re NS oc tophyllar 
B. Des faisceaux inverses. 
I. Des canaux sécréteurs dans le collenchyme. 
1. Faisceaux du cercle externe séparés par des rayons 

de parenchyme ; moelle pourvue de canaux sécré- 
COUES AN AAA MAIRE Est NES SSP S. Mannü. 
. Faisceaux du cerele externe presque contigus, sé- 
parés par 3 ou # assises de fibres. Cercle interne 
séparé du précédent par du parenchyme identique 
au parenchyme central et présentant en outre des 
Canaux Sécré leurs EP Re cree S. Volkensii. 
3. Les deux cercles de faisceaux sont rangés dans un 

anneau commun de petites cellules lignifiées. 

Faisceaux externes très petits et très largement 

séparés. Moelletréduite Permet er rte S. abyssinica. 
4. Deux cercles très rapprochés. Une lacune centrale. S. Khasiana. 


1 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 91 


IL Des canaux sécréteurs sous le collenchyme. 
1. De très grande taille. 
4. Cercles de faisceaux extrèmement rapprochés. $. rigida. 
6. Cercles de faisceaux séparés par un anneau 
parenchymateux possédant des canaux sécré- 


COURS PRO A ee me ane nent Mon ee Cv S. aromatica. 
2. De petite taille. 
a. Faisceaux du cercle externe confluents (au 
inoiMmSparileuriiber) 20. Lu, S. elliptica. 
6. Faisceaux du cercle externe conligus et dis- 
üincts. 
+ Alternalivement profondément et non pro- 
JONUÉMENIASIIUES EEE S. Wallichian«. 
+ + Tous également distants de la périphé- 
rie. Cercle interne très rapproché mais à 
faisceaux non reliés aux externes par leurs 
ATCSISUPLA EN EU S. myriantha. 
IL. Pas de canaux périphériques. Faisceaux inverses nom- 
breux en plusieurs cercles. 
4. Pétiole grêle, pas de lacune. .................... S. stellata. 
2, Pétiole épais, lacune .............,...,..,... .. S.actinophyllu. 


Genre Dizygotheca !. 


Les Dizygotheca sont des arbres à grandes feuilles alternes, 
composées-palmées, pourvues de folioles pétiolulées ; leur orga- 


F1b 
Fig. 26. — Section transversale d’une étamine du Dizygolheca Vieillardi, — ep. épi- 
derme; pol, grains de pollen; es, canaux sécréteurs; /{b, faisceaux libéroligneux. 


nisation florale est des plus intéressantes. Les fleurs, penta- 
mères el non articulées, ont un calice à peine saillant au-dessus 
de l'ovaire, une corolle formée de 5 pétales charnus et épais, 
non cohérents en calyptre et à préfloraison valvaire; l’andro- 
cée comprend 5 étamines à 8 sacs polliniques (fig. 26) ; l'ovaire 


1. N. E. Brown, Bull. of Miscellaneous information, Kew, 1892, D: AO 
Voy. aussi notre note (1905). 


92 RENÉ VIGUIER. 


est formé de 5 ou 10 carpelles surmontés de petits styles très 
courts subulés. | 
Anatomie. — La structure du pétiole est, dans ce genre, 
des plus faciles à caractériser au premier abord. Les faisceaux 
hbéroligneux se rencontrent jusqu'au centre el sont disposés 
sur plusieurs cercles concentriques. 
Chez Dizyqgotheca leptophylla Hemst. (fig. 27), on trouve de 


Fig. 27. — Schéma de la structure d'un pétiole du Dizygotheca Reginæ. — cl, cuu- 
cule; ep, épiderme; cs, canaux sécréteurs; D, bois; {, liber; sc, arcs fibreux 
péricycliques; col, collenchyme. 


place en place, sous le collenchyme, des canaux sécréteurs de 
grand taille, à peu près également distants et répartis sur le 
même cercle. On trouve ensuite un cercle de nombreux fais- 
ceaux libéroligneux égaux, rapprochés, mais distincts, se sépa- 
“ant de temps en temps radialement sur le trajet du pétiole. 
Ces faisceaux extérieurs sont pourvus d’arcs fibreux péricy- 
cliques également distincts et non confluents; à l’intérieur. on 
trouve un second cercle très régulier de faisceaux inverses; ces 
faisceaux sont moins nombreux que les précédents et séparés 
par de larges bandes de parenchyme fondamental présentant 
assez régulièrementun grand canal sécréteur. Ces faisceaux sont 
toujours placés vis-à-vis d’un faisceau externe et reliés à lui 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 93 


par des cellules petites généralement lignifiées. Un autre cercle 
de faisceaux s'observe à l'intérieur du précédent, séparé de lui 
par un cercle de canaux alternant avec les faisceaux. Enfin le 
centre est occupé encore par quelques faisceaux et canaux 
sécréteurs. Le pétiolule possède une structure un peu différente. 

Le D. Vieallardi R. Viguier (— D. Nissoni N. E. Brown, 
Plerandra Vieillardi H. Bn) à une structure analogue à celle 
du D. leptophylla. On Y observe également 3 cercles de fais- 
ceaux, les deux cereles internes étant inverses ; un canal sécré- 
teur occupe le centre et les canaux affectent également une 
disposition concentrique. 

Üne structure voisine s'observe chez le D. Reginæ Hemsl., 
les faisceaux du cerele externe sont très rapprochés ; le cercle 
interne, normal, étant séparé du précédent par du tissu paren- 
chymateux abondant avec un cercle très régulier de canaux 
sécréteurs. L’axe du pétiole est occupé par un canal sécréteur. 


Genre Boerlagiodendron !. 


Les Boerlagiodendron ont de grandes feuilles généralement 
palmatilobées présentant vers la base de leur pétiole une série 
d'expansions foliacées formant des crêtes très caractéristiques; 
ces feuilles possèdent, en outre, deux stipules complètement 
soudées entre elles. 

L'inflorescence comprend un certain nombre de rameaux ter- 
minés par une ombelle el réunis eux-mêmes en verticille à lais- 
selle de bractées sur l'axe principal. Chacun de ces rameaux porte 
lui-même deux ombelles à longs pédoncules naissant à l'aisselle 
d’un involucre et pourvus eux-mêmes de bractées stériles. 

Les fleurs sont inarticulées et 3-25-mères ; la corolle, tubu- 
leuse à la base, se fend en 4-5 valves dans lesquelles il est 
difficile de reconnaitre le nombre des pétales (Boerlage), l'ovaire 
à nombreuses loges porte un disque peu développé et des styles 
soudés en une courte colonne terminée par les stigmates for- 
mant une masse lobulée. 

4. Harms (1894), p. 31. Ce genre a été créé par Boerlage sous ie nom 


d'Eschweileria Zipp. Msc. Harms en a fait un Boerlagiodendron, car il existe un 
Eschweilera Mart. (Lecythidacées). 


94 RENÉ VIGUIER. 


Les fruits sont des drupes, à noyau épais, contenant des 
graines à albumen lisse. Les fruits des ombelles principales 
sont parthénocarpiques; ils jouent un rôle important d’après 
Beccari, car, les colombes les recherchent avidement, et, se 
plaçant au milieu de linflorescence, répandent par le batte- 
ment de leurs ailes le pollen des fleurs périphériques. 

Anatomie. — Nous n'avons pu malheureusement réunir 
encore tous les matériaux pour l'étude de ce genre; le pétiole 
possède de nombreux faisceaux méristéliques disposés jusqu’au 
centre, assez régulièrement opposés et rapprochés deux à deux. 


Genre Trevesia !. 


Les Trevesin sont, d’après Boerlage, qui à fait une étude 
critique des plus complètes de ce genre, des arbres ou arbris- 
seaux, à tronc rameux, couverts de piquants caducs. Les feuilles, 
palmatilobées où palmatifides, ont deux stipules soudées à 
moitié et formant une languette bidentée à l’aisselle du pétiole. 
L'inflorescence est une grappe d’ombelles : les fleurs, non arti- 
culées, sont hermaphrodites et 7-12-mères. La corolle est en 
forme de coiffe, mais se sépare pourtant dans une des espèces 
en # ou à valves. L'ovaire, à 7-12 loges, est surmonté d'un 
disque très développé et de styles soudés. Le fruit, succulent, à 
un endocarpe {très mince, membraneux; il est recouvert par 
le disque et la colonne stylaire accrus. 

Analomie. — La ge, chez Trevesir palmata, est caractérisée 
par le développement considérable de la moelle. Dans une tige 
de 2°%,5 de diamètre, le diamètre de la moelle atteint 2 centi- 
mètres. Cette moelle à des cellules vides, dépourvues même de 
macles, et ne contient pas de canaux sécréteurs : par son aspect 
et sa consistance, elle rappelle absolument là moelle de sureau. 
Le bois secondaire est riche en faisceaux, groupés en paquets 
radiaux, superposés aux faisceaux primaires pénétrant en coin 
dans la moelle; les fibres ont des parois très minces. Le hber 
semble (?) avoir des canaux sécréteurs. Le péricycle différencie 
par places des petits îlots de cellules lignifiées à parois minces. 
L'écorce mince abonde en mâcles. 


1. Visiani (1841). 


tt St us 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 95 


Le pétiole, chez cette plante, a, sous l’épiderme, un collen- 
chyme formé de 5-6 assises de cellules épaissies et une 
mince couche sous-collenchymateuse de parenchyme pourvue 
de canaux sécréteurs ; une assise, formée de grandes cellules à 
parois plus où moins lignifiées assez minces, sépare cette couche 
parenchymateuse de la région stélique, constituant ainsi un 
endoderme général. Le système conducteur se présente direc- 
tement en dedans de lassise précédente; il forme tout 
d’abord un cercle de faisceaux inégaux, généralement pauvre 
en vaisseaux et possédant de petits canaux sécréteurs Hibériens. 
Tous ces faisceaux sont recouverts d’arcs scléreux péricycliques, 
dont l’ensemble forme un anneau continu et irrégulièrement 
festonné. Tout contre ces faisceaux se différencient, au milieu 
de très petites cellules, d'autres faisceaux très nombreux, iné- 
gaux, le plus souvent inversement orientés et dépourvus d’ares 
fibreux supralibériens. La partie centrale, très développée, est 
occupée par une large moelle formée de cellules à parois minces 
qui sont rapidement détruites. 

La structure du pétiole de Trevesia sundaica est du même 
type que la précédente. Pourtant, entre les faisceaux internes, 
on observe ici des canaux sécréteurs, tandis que nous n’en avons 
pas rencontré dans cette région chez 7. palmata. On observe 
de nombreuses mâcles d’oxalate de calcium dans le pétiole; elles 
abondent dans les défauts de la couche de collenchyme. On en 
trouve aussi dans l’assise sous-épidermique; elles sont alors 
isolées dans des cellules beaucoup plus grandes que leurs 
voisines. 

Les nervures principales sont fortement saillantes sur la face 
inférieure. Le collenchyme est très peu développé dans ces 
nervures ; les faisceaux v sont nombreux, disposés par 
paquets. 

Les Trevesiu ont fréquemment des piquants sur le pétiole 
des feuilles âgées ; ces piquants sont généralement renforcés 
par un coussinet péridermique ; ils sont généralement silués 
vis-à-vis des interruptions de la couche collenchymateuse. 

Les Trevesiu se distinguent des Poerlagiodendron par leurs 
feuilles à stipules soudées en une languette bicuspidée et 
dépourvues de crêtes pétiolaires, par leur mode d'inflorescence, 


96 RENÉ VIQUIER. 


par leurs fleurs dont les éfamines sont déprimées dans le 
bouton et dont le disque s'agrandit notablement à maturité ; 
ils en diffèrent également par le fruit à endocarpe mince. 


Genre Brassaiopsis !. 


Les Brassmopsis ont, comme la plupart des plantes que nous 
étudions dans cette tribu, des feuilles palmées où composées 
digitées. Ce sont des arbrisseaux fréquemment épineux, souvent 
aussi couverts d’un duvet cotonneux, au moins dars les parties 
jeunes. Les inflorescences sont des panicules terminales d'om- 
belles. Les fleurs, non articulées sur le pédoncule, sont penta- 
mères; l'ovaire biloculaire est surmonté d’un disque épais et 
d’une colonne siylaïre plus ou moins développée. Les fruits 
globuleux, à endocarpe mince, contiennent des graines ovoïdes, 
jamais comprimées, à albumen non ruminé. 

Anatomie. — Le péliole possède un collenchyme sous-épi- 
dermique formant une mince couche dans laquelle on rencontre 
eà et là des canaux sécréteurs. Ce collenchyme est séparé par 
une ou deux assises cellulaires de puissants arcs d'éléments 
péricyeliques lignifiés qui recouvrent un cercle de faisceaux 
libéroligneux. Ces faisceaux, distincts, sont nombreux et rap- 
prochés et ont de petits canaux sécréteurs dans leur liber. A 
l'intérieur et au voisinage de ces faisceaux on observe un second 
cercle de faisceaux plus petits, disposés et orientés un peu irré- 
oulièrement. Toute la partie centrale, largement développée, est 
formée de cellules à parois très minces et disparait de très 
bonne heure faisant place à une lacune. 

Si on examine le pétiole d’une feuille très jeune non encore 
épanouie au voisinage du bourgeon terminal, on trouve exac- 
tement la même disposition que précédemment : la disposition 
des faisceaux en deux cercles, les faisceaux du cercle interne 
étant plus petits, est des plus nettes; le issu central dépourvu 
de canaux sécréteurs est déjà en voie de résorption. 

On observe également dans la nervure médiane du limbe, 
un certain nombre de faisceaux distincts: sur les deux faces 


1. Decaisne et Planchon (1854. 


_ 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 97 


des nervures et du limbe, on trouve de petits poils cellulo- 
siques extrêmement rameux, analogues à ceux des Astrotrichu. 

Défini de [a sorte, le genre Brassaiopsis est bien délimité, et 
on ne saurait hésiter pour lintercalation de nouvelles espèces. 
La structure du pétiole, notamment, permet immédiatement 
de savoir si on se trouve en présence d’un Brussaiopsis où d'un 
Acanthopanar, alors que les caractères de morphologie externe 
(plante épineuse à feuilles composées-palmées par exemple) 
pourraient faire hésiter entre les deux genres. Ce genre diffère 
du précédent, par ses fleurs pentamères à ovaire biloculaire, 
par ses stipules ne formant pas une languette bicuspidée, par 
ses fruits généralement uniséminés à graines ovoïdes, ete. 


Genre Tetrapanax ‘. 


Le T'etrapanu.r papyrifer est un petit arbre à grandes feuilles 
palmatilobées, présentant à leur base deux grandes stipules très 
développées. Les fleurs sont groupées en panicules terminales 
&ombelles plus ou moins velues. Ces fleurs, non articulées, 
sont tétramères, avec quatre pétales velus extérieurement et 
valvaires dans le bouton, quatre étamines à filets allongés el 
anthères ovoïdes, deux carpelles avec styles libres. Le fruit petit, 
à endocarpe mince, contient deux graines à albumen non ruminé. 

Analomie. — Par la structure de sa feuille, le Tetrapanar se 
raltache aux genres précédents. Le pétiole présente une 
couche de collenchyme formée de 7-8 assises de cellules à peu 
près carrées et épaissies aux angles en section transversale. Le 
parenchyme sous-jacent, plus épais, est formé de cellules 
grandes à parois minces : 11 possède de petits canaux sécréteurs, 
les uns situés tout contre la couche collenchymateuse, les autres 
irrégulièrement distribués dans sa masse et entourés généra- 
lement d’une gaine de cellules différentes des autres éléments 
du parenchyme. Le système conducteur comprend un cercle 
extérieur de faisceaux libéroligneux avec liber extérieur et bois 
intérieur, séparés par de larges rayons parenchymateux. En 
dedans, quoique très rapprochés du cercle externe, se trouvent 


1. C. Koch (1859). 
ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. IV, 


— 


98 RENÉ VIGUIER. 


d'autres faisceaux plus petits, un peu irrégulièrement orientés. 
Tous ces faisceaux sont recouverts par des arcs péricyeliques 
de cellules petites, lignifiées, mais à parois très minces. 
Faisceaux externes et internes sont noyés dans un paren- 
chyme de grandes cellules plus où moins lignifiées. Une vaste 
lacune de près d'un centimètre de diamètre occupe le centre 
du pétiole, séparé du manchon de formations libéroligneuses 


med 
Fig. 28. — Coupe transversale sché- 
matique d’une tige d’Echinopanax 
horridus. — p, piquants ; {g, couche 


lignifiée externe et liège: col, couche 
moyenne collenchymateuse; cs, ca- 
naux sécréteurs corticaux et péricy- 
cliques ; {, bois; m, moelle. 


par une couche parenchyma- 
teuse de grandes cellules à 
parois très minces, et présen- 
tant des canaux sécréteurs très 
petits au voisinage des pointes 
ligneuses des faisceaux in- 
ternes. L'ensemble des tissus, 
corticaux el stéliques, entou- 
rant la grande lacune a, au 
plus, 1%%,5 d'épaisseur. 

Le Tetrapanar  papyrifer, 
qu'on à rangé quelquefois dans 
le genre Fatsia à cause de la 
forme de ses feuilles, en diffère 
par de nombreux caractères, 
notamment par la fleur, par la 
présence de grandes stipules et 
par la structure si différente du 
pétiole. Il se rapproche surtout 
du genre £chinopanur. 


Genre Echinopanax!. 
Ce genre est voisin du pré- 


cédent par son organisation flo- 
rale. Ces fleurs, non articulées, 


sont pentamères, avec un ovaire à deux carpelles surmonté de 
deux styles libres; ilest, en revanche, très particulier par son 
inflorescence et surtout par son appareil végétatif ; la feuille 


1. Decaisne et Planchon (1854). 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 99 


palmatilobée, à lobes extrêmement aigus où arrondis, est dé- 
pourvue de stipules. Toute la plante est hérissée d’aiguillons 
droits, nombreux et serrés ; les gaines foliaires persistent 


Fig. 29. — Schéma de la structure du pétiole de PEchinopanax horridus. — ep, épi- 
derme ; co, collenchyme ; sel, péricycle ; b, bois; £, Liber ; p, piquants; p£, cellules 
lignifiées; lac, lacune centrale. 


après la chute des feuilles, laissant sur la tige une sorte d’écus- 
son couvert de pointes. 

Anatomie. — Ce genre présente des caractères exceptionnels 
pour la famille. La tige (fig. 28) possède une écorce assez épaisse 
différenciée en trois couches ; la couche externe, sous-épider- 
mique, comprend de trois à cinq assises de cellules, à mem- 
branes minces, sans méats, complètement lignifiées ; Les pi- 
quants, nombreux et massifs, revêlus par l’épiderme, sont 
constitués par des prolongements de cette couche. La couche 
moyenne comprend un collenchyme mince, formé de petites 
cellules à parois épaisses. La couche interne, la plus épaisse, 
est lacuneuse ; elle possède de nombreux canaux sécréteurs à 
diamètre large entourés généralement de deux assises de cel- 


100 RENÉ VIGUIER. 


lules sécrétrices. Le péricyele, dépourvu de fibres, différencie 
de nombreux canaux sécréteurs dont le diamètre est plus res- 
treint que celui des canaux corticaux. Le tissu conducteur 
n'offre rien de particulier; la différenciation du bois secon- 
daire en bois de printemps et en bois d'automne v est des 
plus nettes. La moelle à des cellules réduites à leur membrane 
cellulosique, et est complètement dépourvue de canaux. 

Le péliole (fig. 29), très mince, présente {oujours une lacune 
centrale énorme ; autour de cette lacune, l’écorce forme une 
mince bande de Ussu différencié vers l'extérieur en une couche 
collenchymateuse très mince. Les faisceaux méristéliques sont 
disposés en un cercle tout contre la lacune centrale, et séparés 
les uns des autres par de larges bandes parenchymateuses. Ces 
faisceaux sont chacun recouverts extérieurement d’un arc 
péricyclique formé de deux ou trois assises de cellules Higni- 
fiées; ils sont très larges et affectent la forme d’un demi-cerele. 
Les vaisseaux à parois épaisses forment des files radiales. La 
région centrale du demi-cercle formé par un faisceau est 
occupée généralement par de petites cellules généralement 
lignifiées. 

Ce genre ne comprend Jusqu'à présent qu'une espèce, 
VE. horridus; 1 nous semble que d'après la forme des feuilles 
on pourrait v distinguer deux espèces bien différentes. 


Genre Gilibertia :. 


Les Giiberlixn sont des plantes caractérisées par leurs 
feuilles alternes, simples, et par leurs fleurs non articulées, 
5-8-mères, à androcée isostémone et à ovaire mulliloculaire 
avec styles soudés, au moins sur une partie de leur longueur. 
Leurs ombelles sont généralement réunies en grappes termi- 
nales, rarement en ombelles. Leurs drupes, globuleuses ou 
ovoïdes, à noyaux minces, contiennent des graines à albumen 
non ruminé, parfois légèrement sillonné. 

Anatomie. — 1° Tige (fig. 30) : La tige possède, dans le col- 
lenchyme et dans l'écorce sous-jacente plus épaisse, des canaux 


1. Ruiz et Pavon (1794). 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 101 


sécréleurs. Le périeyele est dépourvu de fibres, où du moins les 
différencie très tardivement chez G. japonica. La moelle est 
dépourvue de canaux, ces derniers ne s'observent que dans 
la zone périmédullaire tout contre les faisceaux du bois. 

2Feuile (GS. 31) : 
Le péliole des feuilles 
est assez différent par 
sa structure des pétioles 
que nous avons exa- 
minés dans les genres 
précédents. Sous un col- 
lenchyme épais, pourvu 
de canaux sécréteurs, 
on trouve des faisceaux 
hibéroligneux . indépen- 
dants, recouverts cha- 
cun d'un arc fibreux 
péricyclique. Ces fais- 
ceaux  semi-circulaires 
sont assez irrégulière- 
ment disposés dans cer- 
lains types, de telle 
sorte que leur ensemble Fig. 30. — Coupe schématique d'une tige de Giti- 
RON Anneau ae | meer congux sécréteurss D hbee, 8 due 
irrégulier ; on observe rm, rayons; m, moelle. 


parfois de petits fais- 

ceaux isolés, inverses, vers lintérieur. Mais les faisceaux ne 
sont Jamais disposés nettement sur plusieurs cercles, comme 
nous l'avons vu précédemment. 

L'étude de la structure du limbe fournit un caractère propre 
au genre ne se rencontrant nulle part ailleurs chez les Aralia- 
cées : ilexiste, dans toutes les espèces, des poches sécrétrices dans 
le limbe. Ces poches sécrétrices se trouvent généralement dans 
le tissu facuneux, directement sous lassise palissadique com- 
prenant deux assises de cellules peu élevées. Ces poches n'ex- 
cluent pas les canaux sécréteurs qui accompagnent toutes les 
nervures. La nervure principale à des faisceaux disposés sur 
un cercle et généralement dépourvus d’arcs fibreux péricy- 


102 RENÉ VIGUIER. 


cliques; le Hiber possède des canaux sécréteurs extrêmement 
petits. Le parenchyme de la nervure possède des canaux au 
voisinage des faisceaux ; on trouve aussi de petits canaux avec 


£ 
Wie. 


col. 


CSS 
…. CS 
Fig. 31. — Schéma de la structure du pétiole du Giliberlia japonica. — col, collen- 
chyme; es, canaux sécréteurs; ep, épiderme; scl, fibres péricycliques; 7, liber; 


b, bois. 


6-8 cellules bordantes dans le collenchyme des faces supé- 
rieure et inférieure. 

La présence de poches sécrétrices dans le limbe constitue le 
seul caractère absolu qui sépare les Gilibertia des Mesopanar. 
Le Guibertia protea dépourvu de poches sécrétrices et à feuilles 
palmatilobées devient le Mesopanar proteus R. Vis. 


Genre Didymopanax!. 


Dans ce genre, on classe une vingtaine d'arbres où d’arbris- 
seaux à feuilles composées-palmées, stipulées, avec des in- 
florescences terminales en grappes composées d'ombelles ; ces 
feuilles et inflorescences sont généralement recouvertes de 
longs poils soyeux. Les fleurs, non articulées sur le pédoneule, 
sont pentamères avec un ovaire, presque toujours dimère, sur- 
monté de styles en général soudés sur une partie de leur lon- 
gueur. Les fruits, fortementcompriméslatéralement, contiennent 
des graines dont l’albumen n'est pas ruminé. 


1. Decaisne et Planchon (1854). 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 103 


On range dans ce genre le Midymopanar lucumoides De- 
caisne el Planchon ; cette espèce est bien distincte de toutes les 
autres espèces du genre par ses petites feuilles simples, en- 
lières, ovoïdes. 

Anatomie. — 1° Tige : Sous un épiderme, à cellules deux 
fois plus hautes que larges, recouvert d'une cuticule très 
épaisse, on trouve, dans le Didymopanar lucumoides, une couche 
collenchymateuse pourvue de canaux sécréteurs. L'écorce 
sclérifie, de place en place, des cellules sous le collenchyme pen- 
dant que fonctionne l’assise péridermique. Le péricyele possède 
de petits îlots de fibres épaisses. Le bois secondaire à des 
vaisseaux isolé ou groupés radialement par deux ou trois 
(40-50 w de diamètre); ses rayons sont peu nombreux, droits 
et très minces; les fibres ont des parois épaisses de 3-4 y el 
une lumière arrondie, de 6-8 » de diamètre. La moelle à de 
grandes cellules lignifiées et présente quelques canaux sécré- 
teurs à la périphérie. 

L'axe d'inflorescence du D. Morototoni à des faisceaux 
cribrovasculaires médullaires, mais nous n'avons pu étudier la 
structure de la Uige feuillée. 

2° Péliole : Le pétiole des Didymopanar possède, comme 
dans les types précédents, un grand nombre de faisceaux 
libéroligneux formant un anneau extérieur festonné, à lin- 
térieur duquel se trouvent d’autres faisceaux plus où moins 
confluents. 

Le D. lucumoides à des feuilles petites, assez courtement 
pétiolées. Le pétiole possède un cercle extérieur de faisceaux 
distincts complètement entourés par une gaine sclérenchy- 
mateuse péricyclique et séparés par quelques assises de cel- 
lules parenchymateuses. Le parenchyme médullare, quoique 
très réduit, possède des faisceaux et des canaux sécréteurs. 


Genre Mesopanax nov. gen. 


Sans vouloir multiplier à l'excès le nombre des genres, il 
nous semble logique de réunir sous le nom de Wesopanar, 
les Araliacées à feuilles sunples, paulminerves, dépourvues de 
poches sécrélrices el à fleurs non articulées. Ces fleurs, réunies 


10% RENÉ VIGUIER. 


en ombelles ou en ecapitules, sont construites sur le type 5 ou 
sur un type plus élevé avec un ovaire à 5 loges où plus, don- 
nant à maturité des graines à albumen non ruminé. 

Ce genre, ainsi défini, se sépare des Schefflera dont les 
feuilles sont composées-digitées, des Giliberlia qui ont des 
poches sécrétrices dans le limbe, et des Oreopanar dont les 
graines ont un albumen ruminé. 

Nous introduirons dans ce genre : 1° les espèces à feuilles 
simples et albumen non ruminé décrites comme Oreopanax ; 
21e Dendropanar proteus (Gilibertia protea Harms). Deux sec- 
lions, la première à fleurs en capitules (capitulatæ), la seconde 
à fleurs en ombelles (ermbellatæ) sont par là tout indiquées. 

Ces espèces pourraient à la rigueur être introduites dans le 
genre Schefflera; mais ce genre est déjà très confus et sa 
compréhension serait fortement troublée par Pintroduction de 
ces espèces à feuilles simples. Cette incorporation serait du 
reste une faute de méthode, puisque d’autres genres, très voi- 
sins des Schefflera, en ont été séparés pour des raisons iden- 
liques. Les Treresia n'ont guère comme caractère absolu, les 
séparant des Schefflera, que leurs feuilles palmatilobées. 

Anatomie. — Le pétiole du 47. Liebmanni (Oreopanar Lieb- 
manni March.) est Urès nettement symétrique par rapport à un 
plan. Le collenchyme est formé de cellules à parois épaisses 
el possède quelques canaux sécréteurs, de même que le paren- 
chyme sous-jacent très développé. Les faisceaux Hibéroligneux, 
distincts, à peu près égaux, ont un liber pourvu de petits 
canaux sécréteurs et recouvert arcs fibreux péricycliques 
peu épais. Dans la moelle assez réduite, on trouve un petil 
nombre de faisceaux diversement orientés présentant égale- 
ment des canaux libériens mais dépourvus d’arcs fibreux. 

On trouve également dans le A7. capitatus un cercle de fais- 
ceaux libéroligneux avec des faisceaux inverses à la périphérie 
du parenchyme médullaire bien développé. Il présente égale- 
ment des petits canaux sécréteurs libériens. Le limbe, pourvu 
d’un exoderme collenchymateux sous Pépiderme supérieur, à, 
dans sa nervure médiane, un anneau de faisceaux hbéroh- 
eneux recouvert d'une gaine sclérenchymateuse péricyclique 
et pourvu de canaux sécréteurs hbëriens. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 105 


Genre Harmsiopanax !. 


Sous ce nom, on désigne un pelit arbrisseau épineux, pourvu 
de grandes feuilles peltées, palmatilobées, couvertes de grands 
poils cotonneux sur leur face inférieure. Les inflorescences, 
très amples, forment de grandes panicules dont les rameaux 
portent de petits capitules subsessiles à l’aisselle de bractées. 

Ces capitules, portés sur un pédoncule très court et extrème- 
ment velu, ont une organisation très spéciale: ils débutent par 
un involucre de pelites bractées stériles, insérées en spirale ; 
ces bractées sont membraneuses, aussi larges que longues, 
uninervées, longuement acuminées, et ciliées-dentées sur les 
bords. Les fleurs, extrêmement petites (1/3 de millimètre envi- 
ron), se trouvent à l’aisselle de petites bractées analogues ; elles 
ne semblent pas articulées sur le pédoncule floral. On ne trouve 
pas de calice développé au-dessus de Povaire; les pétales, au 
nombre de 5, ont été souvent décrits comme valvaires, notam- 
ment par Seemann; mais une coupe transversale de la fleur 
montre qu'ils se recouvrent très légèrement par leurs bords. 
L'androcée comprend 5 étamines à anthères allongées ovoïdes, 
à déhiscence longitudinale. L'ovaire comprend deux carpelles 
surmontés de deux longs styles libres; cet ovaire porte laté- 
ralement, ainsi que sur le pourtour du disque, principalement 
à l'endroit où devrait se montrer le calice, de très longs poils 
blancs pluricellulaires, effilés, à membranes finement ponc- 
tuées. Ces poils ont souvent une longueur plus grande que celle 
de la fleur. 

Le fruit se sépare à maturité en deux parties comme celui 
des ombellifères ; il contient de petites graines à albumen non 
ruminé. 

Anatomie. — La tige (fig. 32) possède la structure habi- 
luelle, avec une écorce mince différenciée nettement en deux 
couches. Le péricycle possède des arcs fibreux nombreux et 
serrés el des canaux sécréteurs. Dans les tiges florifères les 


L. Warburg (1897), Engler Prantl. Natürl. Pflanzenf., Nachtr. 1, 166. Ce mot 
doit remplacer celui de Horsfieldia Blume (1840) puisqu'il existe une Myris- 
licacée Horsfieldia Willd. (1805). 


106 RENÉ VIGUIER. 


ares péricycliques sont confluents en une gaine fibreuse con- 
tinue : le péricyele renferme quand même des canaux sécré- 
teurs différenciés au 
milieu de cette gaine. 
La moelle, bien dé- 
veloppée, est formée 
de cellules parenchy- 
mateuses qui perdent 
de bonne heure leur 
contenu ; elle possède 
des canaux sécré- 
teurs localisés à la 
périphérie. Tous les 
canaux du corps de la 
plante ont un dia- 
mètre réduit. 

Par l'organisation 
de sa fleur et de ses 
capitules, ce genre se 
rapproche surtout des 
Schizomeryta, dont 1l 
s'éloigne d'autre part 


Fig. 32. — Fragment d'une coupe transversale de bi et De 
tige de l'Harmsiopanax aculealus. — p, poils, col, notablemen pat son 
collenchyme ; «cl, arcs fibreux péricycliques ;: appar il vécétatif 

ci ; à areil végétalf. 
1, Liber; b, bois: pm, zone périmédullaire: cs, Apps : De 
canaux sécréteurs; m, moelle. Par d'autres carac- 


tères, on peut le rap- 
procher des Schefflérinées ; mais il s'éloigne considérablement 
des Stilbocarpa et des Aralidium, desquels on à voulu le rap- 
procher. 
Par son fruit, ce genre rappelle les Ombellifères et constitue 
un des points de contact nombreux entre cette famille et celle 
des Araliacées. 


Répartition géographique. 


Le genre Ærchinopanar à été signalé dans l'ouest de FPAmé- 
rique du Nord, au Japon, ainsi qu'en Asie orientale (pays de 
l'Amour et Mandchourie) où il porte le nom chinois de Tsi- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 107 


loïa et le nom russe de Tchertovoïé derevo {plante du diable). 

Le Tetrapanazx papyrifer (Tung-Tsaou des Chinois) croit à 
Formose, mais à été naturalisé dans divers pays, notamment 
à la Nouvelle-Galles-du-Sud (G. Bennett, 1864). La moelle de 
cette plante, réduite en minces feuilles, fournit le papier de Riz 
des Chinois. 

Les espèces du genre Prassaiopsis habitent l'Himalaya; le 
B. palmata se retrouve depuis le Nepal Jusque dans Fa Birmanie 
et l’île sud Andaman, et le Z. speciosa depuis le Nepal, les 
provinces d’Assam, de Chillagong, jusqu'à Java. Quelques 
espèces, encore indéterminées, ont été recueillies au Tonkin 
par Balansa. 

Parmi les Trevesia, le Tr. palmata habite linde (depuis 
l'Assam jusqu à la région de Pégou); les autres espèces habitent 
Java, Sumatra et Bornéo. 

Le genre Didymopanar habite PAmérique du Sud ; la plu- 
part des espèces sont brésiliennes. 

L'aire de répartition des Srcheflera est considérable, ce qui 
conduit à supposer que ce genre est très ancien, où qu'il 
est peu homogène et polyphvlétique. On connaît des Schef- 
[lera : 

1° En Amérique du Sud; c'est le cas des espèces à styles 
libres ou soudés sur une petite partie de leur longueur, consti- 
tuant les anciens genres Sciadophyllum et Actinophyllum, e'est 
également le cas du Sck. coriacea à styles soudés ; 

2° Dans l'Inde et l'Archipel Malais; telles sont les espèces de 
l’ancien genre ÆHeptapleurum, à styles presque nuls; telles sont 
aussi les espèces des anciens genres Agalma et Parapanar ; 

3° En Chine, dans le Nan-Chuan etle Cheng-Kou, où 3 espèces 
du groupe des Heptapleurum ont élé signalées. 

4° En Afrique, on a récolté des espèces à fleurs en capitule : 
S. Mannu au Cameroun, S. Vol/kensi dans le Kilimandjaro, 
ainsi qu'en Abyssinie (mission Du Bourg de Bozas); on y à 
récolté également des espèces à fleurs en ombelles; l’une, le 
S. abyssinica à styles presque libres, devant rentrer dans l'an- 
cien genre Sciadophyllum, les autres à styles plus où moins 
soudés constituant des formes de passage entre les Æeplapleu- 
rum el Sciadophyllum. Le S. myriantha, le S. Humblotions el 


108 RENÉ VIGUIER. 


le S. Baillonu ont été lrouvés le premier aux Comores, les 
deux autres à Madagascar ; 

5° En Océanie : quelques espèces néocalédoniennes ont été 
imparfaitement décrites par Baïllon. À la Nouvelle-Zélande le 
S. digitala, aux îles Viti le $S. viliensis constituent les deux 
espèces de l’ancien genre Srclefleru. 


Résumé. 


n résumé, la tribu des Schefflérinées comprend des genres 
à feuilles généralement composées-palmées où palmatilobées, 
à fleurs non articulées sur le pédoncule floral, à androcée 
isostémone, à albumen non ruminé. 

La tige, chez ces plantes, a un péricvele qui se différencie assez 
lard en petits îlots fibreux qui souvent manquent totalement. 
Le péliole des feuilles est souvent muni de piquants ; il pré- 
sente souvent une grande lacune centrale, et les faisceaux v 
sont ordinairement épars. 

On peut distinguer dans cette série : 
A. Ovaire à plus de deux carpelles. 

a. Feuilles palmatilobées ou composées-palmées. 


1. Pourvues de crêtes pétiolaires. Stipules soudées. 
Inflorescence en ombelles, de petites cymes d’om- 


bellules (Fleurs jusqu'à 25-30-mères). ........... Boerlagiodendron 
Ù Harms. 


2. Dépourvues de crêtes pétiolaires. Inflorescence dif- 
férente du type précédent (ordinairement pani- 
cules d’ombelles). 
«. Feuilles palmatilobées à stipules soudées en 
une languette biscuspidée. Noyaux membra- 
neux. Fleurs 7-12-mères. Ovaire infère..... Trevesia Vis. 
6. Feuilles composées-palmées à stipules ordi- 
nairement complètement soudées, parfois peu 
développées.  Noyaux non membraneux. 
Fleurs ordinairement 5-mères (jusqu'à 
15-mères). Ovaire infère ou semi-infère...... Schefflera Forst. 
b. Feuilles simples entières. 
1. Pourvues de poches sécrétrices (feuilles parfois 


palmatilobées) eee’ RS Gilibertia Ruiz et 
Pavon. 
2. Dépourvues de poches sécrétrices.............. Mesopanax nov. 
gen. 


B. Ovaire à deux carpelles. 
I. Pétales imbriqués. Carpelles se séparant à la malu- 
rité du fruit. Fleurs non en ombelles.....:......... Harmsiopanax 
Warburg. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 109 


li. Pétales valvaires. Carpelles ne se séparant pas à la 
maturité du fruit. Fleurs en ombelles. 
a. Styles libres. 

1. Feuilles composées-palmées, jamais palma- 
tilobées, couvertes de poils soyeux. Fruit très 
aplatis à endocarpe osseux. Inflorescence en 
grandes panicules d’ombelles. Styles libres 

ou plus ou moins soudés........ ......,... Didymopanax 

Dec. et Planch. 


19 


. Feuilles toujours palmatilobées. Styles com- 
plètement libres. 
a. Plante hérissée de piquants. Feuilles non 
_ stipulées, avec pétiole présentant un cerele 
de faisceaux autour d'une grande lacune 
centrale. Inflorescence réduite. ......... Echinopanax 
Dec. et Planch. 
6. Plante non piquante, Feuilles avec 
grandes stipules ; pétiole pourvu de plu- 
sieurs cercles de faisceaux. Fruits globu- 
leux à endocarpe crustacé. Inflorescence 
en grandes panicules terminales. ..,... Tetrapanax 
K. Koch. 
b. Styles complètement soudés. 
Plantes parfois piquantes, avec feuilles Iobées ou 
composées-palmées, stipulées et plusieurs cercles 
de faisceaux dans le pétiole. Fruits globuleux à 
endocarpe mince. Inflorescence en grandes pa- 
MICUIESIELMINAICS ECC ONE NOR Le Brassriopsis Dec. 
et Planch. 


4. — HÉDÉRINÉES. 


Hedera. — Gamblea. — Osmorylon. — Oreopanar. — Cusso- 
nia. — Heteropanar. —  Macropanar. —  Hederopsis. 


Genre Hedera !. 


Le Lierre (Hedera Helir) est la seule espèce du genre. Par 
son port, sa lige grimpante couverte de nombreuses racines 
crampons, il s'éloigne de toutes les autres Araliacées ?. Nous 
n'insisterons pas sur cette plante bien connue de tous : rappe- 
lons qu'elle a des feuilles simples, palminerves ou plus où moins 


1. Tournefort et Linné, Gen., éd. 1, 56, 1737. 

2. La tige de lierre peut atteindre très rapidement une épaisseur considé- 
rable ; une tige de trente-trois ans pouvant avoir 19 centimètres de circonfé- 
rence (Struck (1881); on à connu, près de Montpellier, un lierre, âgé de 
433 ans, dont la souche principale avait 3 mètres de circonférence (Mathieu, 
Flore forest., 4° éd., 1897, p. 202). 


110 RENÉ VIGUIER. 


palmatilobées, coriaces, dépourvues de stipules. Les fleurs, non 
articulées, sont réunies en grappes terminales d'ombelles; elles 
sont régulièrement pentamères, jusque dans leur ovaire sur- 
monté de cinq styles soudés en une colonne assez longue. Le 
fruit, généralement noir, parfois blanc où jaune, est une drupe 
à endocarpe papyracé contenant des graines à albumen ruminé 
par digestion. 

Anatonue. — Rappelons en quelques lignes les caractères de 
structure, bien connus, du Lierre. Aucune particularité bien 
saillante n’est à signaler dans la structure de la tige. Le collen- 
chyme est peu épais; l'écorce parenchymateuse est souvent 
lacuneuse et présente d'assez rares canaux sécréteurs, à diamètre 
réduit. Les canaux sont surtout abondants dans le péricyele qui 
différencie assez tôt des arcs fibreux. La zone périmédullaire 
est complètement lignifiée. La moelle à ses cellules ordinaire- 
ment bourrées de grains d’amidon, du moins dans les parties 
jeunes, car dans les rameaux âgés les cellules ont complète- 
ment résorbé leur contenu. À la périphérie de la moelle, on 
trouve un cercle de petits canaux sécréteurs. 

Ajoutons que l'épiderme des régions terminales de la tige, 
de même que celui du pédoncule floral et du calice, est couvert 
de poils étoilés. Chez . Helir {vpe, ces poils blancs sont 
formés d'un pédoncule très court sur lequel viennent s’articuler 
6 à 8 branches rayonnantes, longues, non cloisonnées. Chez 
l'H. canariensis les poils ont des branches plus nombreuses, 
plus trapues el plus courtes. Enfin, chez A. colchica les poils 
sont jaunes; 1ls présentent, sur un pied, deux lobes opposés, 
qui sont divisés chacun en T7 à 10 segments profonds (Seemann). 

La structure de la feuille est également bien connue : les 
faisceaux sont disposés, dans le pétiole, suivant un cerele avec 
de petits canaux sécréteurs péricychiques. 

Nous n'avons pas, dans ce travail, à examiner si les diverses 
variétés de l'AHedera Helir (H. colchica, H. canariensis) ne méri- 
tent pas d'être élevées au rang d'espèces; cette question devra 
être examinée quand nous publierons l’étude détaillée des 
différentes tribus. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 111 


Genre Gamblea ‘. 


Le Gamblea ciliata, seule espèce du genre, est un arbre à 
feuilles alternes composées-digitées, stipulées, dont les inflores- 
rescences terminales forment de petites panicules d’ombelles. 
Les fleurs, à pédoncule velu, sont dépourvues d’articulation ; 
elles ont un calice très peu développé au-dessus de lovaire, une 
corolle à 5 pétales valvaires, un androcée formé de 5 étamines 
et un ovaire de 3 à 5 carpelles surmonté d'autant de styles 
soudés sur la moitié de leur longueur. Le fruit, globuleux, con- 
üent des graines dont l’albumen est légèrement ruminé par 


digestion. 
Analomie. — La tige est normale avec collenchyme épais, 


dépourvu de canaux, et avec parenchyme sous-jacent, lacuneux 
pourvu de màcles et de grands 
canaux sécréteurs. Le lies pos- 
sède des canaux sécréteurs très 
nets. Le bois à des fibres dont jes 
parois sont très minces et de 
grands vaisseaux groupés. La 
moelle est dépourvue de canaux 
sécréteurs. 

Le pétiole (fig. 33) rappelle 

) 

celui des Macropanar : le collen- 
‘hv st formé de 3 r ….… Fig. 33. — Coupe transversale sché 
chyme est 1orme «de S OÙ # asSl- matique d'un pétiole de Gamblea 
Seside cellules à large lumière et ciiaia. — ep, épiderme; cof, co 


j ENTRE = lenchyme ; sc£, fibres péricycliques ; 
à Parois épaisses. Sous ce collen- 4, liber ; 6, bois ; Zac, lacune. 


chyme on observe un cercle de 

faisceaux libéroligneux surmontés d’ares fibreux péricyeliques. 
Ces faisceaux ne sont pas contigus. Leur ensemble est nette- 
ment symétrique par rapport à un plan : les faisceaux ven- 
taux sont plus petits et contigus. A l'intérieur de ce cercle, 
on observe d’autres faisceaux, plus petits, à Hiber extérieur et 
à bois intérieur. Ces faisceaux sont, du reste, très rapprochés 
des précédents, leur liber se trouvant à la hauteur des pointes 


1. C. B. Clarke (1879), IL, 739. 


142 RENÉ VIGUIER. 


ligneuses des faisceaux externes ; ils manquent sur la face 
ventrale. La moelle, en partie résorbée, est formée de cel- 
lules, à parois cellulosiques très minces, contenant de petites 
mâcles d'oxalate de chaux. 

Par tous ces caractères le genre Gamblea esl bien défini : il 
diffère des Æedera par sa structure, aussi bien que par son 
appareil végétatif et que par son organisation florale; il ne 
partage avec eux que la non-articulation du pédoncule floral. 
Assez voisin des Macropanar par sa structure, il s’en sépare 
nettement, les Macropanar avant un pédoncule floral articulé, 
un ovaire dimere et des styles soudés. 


Genre Osmoxylon :. 


Les Osmorylon ont des feuilles simples, comme le Lierre, 
mais ces feuilles sont ovales ou oblongues, entières, penninerves, 
pourvues à l'aisselle de leur pétiole de deux petites stipules 
soudées en une languetie bicuspidée très peu développée. 
L'inflorescence est une sorte d'ombelle composée: sur chaque 
rayon de lombelle générale viennent S'articuler par un 
long pédoncule deux ou trois capitules de fleurs. L'ovaire est 
à 8 loges, surmonté d’un disque concave et d'une colonne 
formée par les styles soudés. Les drupes, à noyaux osseux, con- 
tiennent des grains à albumen ruminé par digestion. 

Ce genre se trouve, de Ja sorte, bien défini et ne saurait être 
confondu avec d’autres. 


Genre Oreopanax :. 


On doit limiter le genre Oreopanur aux arbres où arbris- 
seaux qui présentent les caractères suivants : feuilles palma- 
lilobées où composées-palmées: fleurs formant des capitules 
groupés généralement eux-mêmes en panicules. Fleurs dioïques, 
4-1-mères, le plus souvent pentamères, avec un ovaire ordinai- 
rement composé de 5 carpelles ou plus. Drupes contenant des 
graines à aJbumen ruminé par digestion. 


1. Miq. (1863), I, p. 5. 
2, Decaisne et Planchon (1854), p. 107. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 113 


Ce genre est encore très confus; on peut dire qu’on à rangé 
dans le genre Oreopanar, toutes les espèces ayant des fleurs en 
capitules et des pétales non cohérents. Nous comptons bien 
reprendre cette étude quand nous aurons réuni les matériaux 
nécessaires. Nous faisons rentrer, dès maintenant, dans le 
genre Mesopanar toutes les espèces à feuilles simples dont 
l'albumen n’est pas ruminé; les espèces à feuilles composées- 
palmées et albumen non ruminé pourraient trouver place dans 
le genre Scheffleru. 

Ainsi limité, le genre Oreopanar comprend encore des Lypes 
assez hétérogènes; la plupart des espèces ont un ovaire à loges 
nombreuses (5 à 12), surmonté de styles libres sur la plus 
grande partie de leur longueur. L'O. pernirtus n'a que deux 
styles, et VO. Pavonu n'a qu'un style simple; il est vrai que 
dans ces espèces la fleur femelle, ignorée, rentre peut-être 
dans les types précédents. Mais d’autres espèces comme 
l'O. geminatus March., et FO. Saloinn Hemsl., ont un ovaire 
bicarpellé et un albumen ruminé; ces espèces nous mènent au 
genre Cussonit. 

Anatonue. — 1° Tige : Une tige d'Oreopanar possède géné - 
ralement une écorce épaisse, différenciée en une couche col- 
lenchymateuse externe assez mince, et une couche parenchy- 
mateuse interne pourvue de petits canaux sécréteurs et de 
nombreuses mâcles d'oxalate de chaux. Cette écorce est parfois 
lacuneuse; c’est le cas d’une espèce, recueillie dans les serres 
de Kew, sous le nom d'Aralia mericana. Le cylindre central 
est normal, ne différenciant qu'assez tardivement ses fibres 
péricycliques. La moelle possède parfois de nombreux canaux 
sécréleurs épars (O0. quatemalensis), mais peut en être dépourvue. 
On trouve toujours, dans une coupe d’entre-nœud, de nom- 
breux faisceaux disposés régulièrement dans l'écorce tout 
autour de la stèle: ce sont les faisceaux qui se rendent aux 
feuilles supérieures. 

2° Feuille : Le pétiole de l'Oreopanar ralapensis est pourvu 
d'un collenchyme continu formé de 3-4 assises de petites cellules 
plus larges que longues (20 u/10 w) et à parois minces. Dans ce 
collenchyme, on trouve des canaux sécréteurs (30 y de diamètre) 
assez régulièrement espacés el entourés par 6 ou 7 grandes 

ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. IV, à 


114 RENÉ VIGUIER. 


cellules sécrétrices à parois très minces. La couche sous- 
jacente est constituée par un parenchyme de grandes cellules 
minces qui présente des canaux sécréteurs. En dedans de ce 
parenchyme, il existe un anneau festonné de faisceaux libé- 
roligneux à bois intérieur; ces faisceaux, recouverts d’arcs 
fibreux péricycliques, sont assez régulièrement grands et petits 
alternativement, les faisceaux petits étant situés plus profon- 
dément que les grands. Ce caractère, peu marqué dans cette 
espèce, se retrouvera plus marqué dans les espèces suivantes. 
Dans le parenchyme médullaire, on trouve, vers la péri- 
phérie, un cercle de faisceaux inverses; entre les deux cercles 
de faisceaux, on observe des canaux sécréteurs. 

Une espèce à feuilles composées-palmées, que nous avons 
reçue de Kew sous le nom d’Oreopanar quatemalense, rentre 
dans le type précédent; le collenchyme, dépourvu de canaux, 
est formé de cellules arrondies à parois épaisses; les canaux. 
de petite taille, se trouvent localisés à la limite des couches 
collenchymateuse et parenchymateuse. Les faisceaux Hibéro- 
ligneux sont disposés comme dans l'espèce précédente; l'anneau 
extérieur est beaucoup plus nettement festonné, le liber des 
petits faisceaux se trouvant à la hauteur des pointes ligneuses 
des grands faisceaux. Les faisceaux inverses sont situés seule- 
ment vis-à-vis des petits faisceaux externes; la moelle est 
très réduite. L'O0. Linden à une structure voisine : lalter- 
nance de grands et petits faisceaux est bien marquée, mais, 
dans cette espèce, la moelle est bien moins développée: de 
plus, les canaux à la limite des couches collenchymateuse et 
parenchymateuse sont très nombreux ; quelques-uns même, 
pénètrent dans le collenchyme. 

Les espèces que nous venons d'étudier {sans pouvoir, faute 
de fleurs, nous assurer de leur détermination) ont toutes des 
feuilles composées-palmées. Examinons maintenant la structure 
du pétiole des espèces à feuilles palmatilobées. 

L'O. platanifolius possède de grands canaux dans le paren- 
chyme sous-collenchymateux ; les faisceaux fibéroligneux, à 
peu près égaux, forment un anneau dont les festons très 
développés comprennent plusieurs faisceaux. Le parenchyme 
central, très développé, ne présente pas de faisceaux in- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 145 


verses périphériques, mais seulement des canaux sécré- 
leurs. 

Cette structure se retrouve dans d’autres échantillons d’es- 
pèces indéterminées. 

L'O. Sanderi est également dépourvu de faisceaux inverses ; 
le tissu parenchymateux central y est peu développé ; l'anneau 
libéroligneux est fortement festonné ; certaines bandes sail- 
lantes sont même, sur une partie du pétiole, isolées, for- 
mant à l'extérieur de l'anneau des faisceaux rayonnés cireu- 
laires. 

Le limbe des Oreopanar à, dans ses nervures, des faisceaux 
libéroligneux groupés en un anneau entouré par une gaine 
continue de sclérenchyme péricyelique. Ce limbe est parfois 
pourvu d’un exoderme collenchymateux sous l'épiderme supé- 
rieur. Chez O. Sanderi cet exoderme est réduit à une assise de 
petites cellules aplaties; le parenchyme palissadique est épais. 
Chez O. Xalapensis lexoderme comprend 2 où 3 assises de 
grandes cellules. 

Les particularités de structure des Oreopinar peuvent être 
résumées comme il suit : 

La Uige présente des faisceaux qui se détachent du cylindre 
central et suivent la tige sur un assez long parcours avant 
de pénétrer dans les feuilles. Les fibres péricycliques sont peu 
ou pas développées ; le collenchyme est dépourvu de canaux 
sécréteurs. 

La feuille à un péliole avec collenchyme et parenchyme 
extérieurs aux faisceaux, bien développés; l'ensemble des fais- 
ceaux, nettement symétrique par rapport à un plan, forme un 
anneau festonné, les faisceaux, quoique contigus, étant rappro- 
chés inégalement de la périphérie. 

Le genre se divise en deux sections d'après les caractères 
suivants : 

Digualæ : Feuilles composées-palmées. Un cercle interne 
de faisceaux inverses dans le pétiole. 

Lobatæ : Feuilles palmatilobées. Pas de cercle interne de 
faisceaux inverses dans le pétiole. 


116 RENÉ VIGUIER. 


Genre Cussonia !. 


Les Cussonia sont des arbres ou des arbustes à feuilles pal- 
matilobées ou composées-digitées, définis : 1° par leurs fleurs 
le plus souvent sessiles réunies en épis denses sur un axe renflé, 
ou parfois pédonculées, à pédoncules inarticulés, formant alors 
des grappes; 2° par leurs fleurs pentamères à ovaire dimère : 
3° par leurs graines à al{bumen ruminé par digestion. 

Un certain nombre d'espèces à fleurs en ombelles ont été 
décrites et rangées dans le genre Cussonia ; Harms en à fait le 
type d'une seclion Neocussonin. Parmi ces espèces le C. my- 
riantha à été éliminé par Drake del Casüillo qui en a fait un 
Schefflera. 

De même le C. Bojerine peut être maintenu dans le genre, 
car l’albumen, en effet, n’est pas ruminé par digestion, mais 
seulement déprimé par les saillies du noyau; cette espèce 
devient donc le Srchefflera Bojeri R. Viguier. Le fruit du 
Cussonia monopliylla n'étant pas connu, on ne peut se pronon- 
cer sur sa position exacte; il est probable que cette espèce 
doit être reportée aux Schefflérinées ; l’organisation de l’albu- 
men étant inconnue, et les fleurs étant en ombelle, il n’est 
pas possible de maintenir cette espèce parmi les Cussonia. 
Enfin le Cussonia Gerrardi Seem. est totalement différent de 
toutes les autres espèces; les fleurs forment des panicules d'om- 
belles naissant à l’aisselle des feuilles ; les fleurs ont des pétales 
imbriqués; les feuilles sont palmatilobées et Valbumen n’est 
probablement pas ruminé. Les caractères de cette espèce 
l'éloignent du genre Cussonia ainsi que la déjà pensé Oliver; 
il y a lieu de la considérer comme étant le type d’un genre que 
nous appellerons Seemannaralix. 

Le genre Cussonia est done réduit aux espèces à inflores- 
cence en épis où en grappes, à fleurs pourvues d'un ovaire 
biloculaire, à graines dont l’albumen est ruminé. 

Anatomie. — Une tige de Cussonia racemosa à une zone 
corticale collenchymateuse formée de cellules quadratiques à 


1. Thunb. in Nov. Act. Soc. se., Obs. IN, 1087, p. 210, €. XII-XIIL.- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 117 


parois relativement minces. Le péricycle possède des ilots 
fibreux nombreux, mais petits et peu épais. La zone périmé- 
dullaire possède de petits canaux situés au voisinage des fais- 
ceaux ; on peut également trouver des canaux dans le paren- 
chyme médullaire, riche en mâcles. Le pétiole possède plusieurs 
cercles de faisceaux ayant tous une orientation normale; ces 
faisceaux ne sont pas contigus mais séparés par de larges zones 
parenchymateuses; toute la région parcourue par les faisceaux 
a des éléments à parois solides, légèrement lignifiées, et 
possède des canaux sécréteurs. Le tissu central est formé de 
cellules à parois très minces qui se détruisent peu à peu. 
Chez Cussonia racemosa nous trouvons 2 cercles de faisceaux 
avec de grands canaux sécréteurs (80 à 100 y) assez régulière- 
ment disposés entre deux faisceaux consécutifs; on peut obser- 
ver également de petits ca- 
naux dans le collenchyme, 
mais leur diamètre est très 
restreint. Il n’y à que deux 
cercles de faisceaux et beau- 
coup moins de canaux sécré- 
teurs dans le pétiole de 
Cussonia  Boivini ; la moelle 
y est plus largement déve- 
loppée. Le Cussonia Vantsi- 
lana Drake * (fig. 34) a deux 
cercles de faisceaux très rap- 
prochés, et de petits canaux 


RS 40 Fig. 34. — Schéma de la structure du 
sécréteurs (25 à 30 ) entou-  pétiole du Cussonia Vantsilana. — col, 


rés généralement d’une gaine collenchyme ; ep HS liber ; sel, 
fibres péricycliques; D, bois; cs, canaux 


de une ou plusieurs assises de sécréteurs. 
cellules différenciées. 

La structure du limbe ne présente rien de remarquable. 
Examinons le limbe de Cussonia Vantsilana dont la forme est 
si spéciale : l’épiderme supérieur est formé de cellules prisma- 
tiques de 25 à 30 & de haut sur 15 à 20 » de large, que 
surmonte une cuticule épaisse (de 20 w). Sous l’épiderme se 


4. Journ. de Bot., XI, p. 125, 1897. 


118 RENÉ VIGUIER. 


trouve une assise exodermique collenchymateuse formée d’élé- 
ments {abulaires. Le tissu palissadique, peu épais, est formé de 
deux assises de cellules bourrées de chlorophylle; le tissu 
lacuneux est bien développé. 

La nervure médiane est fortement saillante sur la face infé- 
rieure; le tissu palissadique du limbe n’est interrompu que 
suivant une mince crête collenchymateuse assez saillante. Les 
faisceaux libéroligneux nombreux et distincts sont entourés 
d'une épaisse gaine sclérifiée. Les canaux sécréteurs sont 
très nombreux et quelques-uns ont un diamètre considé- 
“able. 

Ce genre Cussonia est, en résumé, bien caractérisé par ses 
fleurs toujours en épis ou en grappes, à ovaire biloculaire, par 
ses graines à albumen ruminé, par la structure de son pétiole. 
Le genre est done réduit à la section Ewcussonia de Harms. 
Nous renvoyons à la clef des espèces données par le distingué 
monographe, ainsi qu'à ses Araliacæ africanæ (1899). Drake 
a également décrit deux espèces intéressantes (1897), le C. Boi- 
mini à épis simples et le C. Vantsilana. 

Toutes les espèces à fleurs en ombelles qui avaient été pla- 
cées dans ce genre (section ANeocussonia Harms) doivent en 
ètre retirées. 

Le Cussonia Gerrardii doit être considéré comme étant le 
type d’un nouveau genre Seemannaralia qu'on peut carac- 
tériser ainsi : arbre à grandes feuilles alternes, palmatilobées, à 
5 lobes acuminés, dentés, ovoïdes; pas de stipules ; inflores- 
cence en grappes d'ombelles axillaires ; fleurs non articulées, 
pentamères; calice à 5 dents larges, ovatodeltoïdes; pétales 
ovales, imbriqués ; 5 étamines àanthères ovales, introrses, dorsi- 
fixes; ovaire biloculaire à disque convexe surmonté de deux 
styles libres ; fruit (non mûr) ovale, allongé, avec graines à 
albumen non ruminé (?). Si l'albumen est véritablement lisse, 
ce genre devra être placé dans les Schefflérinées, au voisi- 
nage des Tetrapanar, Echinopanar et Didymopanazx. Si lal- 
bumen est, au contraire, ruminé, c’est dans la tribu des Hédé- 
rinées, au voisinage des Cussonia, qu'il devra être rangé, s'en 
distinguant nettement parses inflorescences et par la préfloraison 
de la corolle. 


à CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 119 


Genre Heteropanax ‘. 


On désigne sous le nom d'Aeteropanar de petits arbres à 
grandes feuilles composées-pennées à plusieurs degrés. Les 
ombelles sont grou- 
pées en grandes 
panicules rameuses, 
terminales couver- 
tes parfois de pe- 
üts poils étoilés. Les 
fleurs, inarticulées, 
sont pentamères; le 
calice, à 5 dents, est 
légèrement velu; les 
pétales membra- 
neux sont à pré- 
floraison valvaire : 
l’'androcée est isos- 
témone ; l'ovaire di- 
mère, velu, est sur- 
monté de styles 
libres. Le fruit, très 
large comprimé , Fig. 35. — Fragment d'une coupe transversale du 
contient des graines pétiole de l’Heleropanax fragrans. — ep, épiderme ; 
; CET ct, cuticule ; col, collenchyme; pl, fibres: es, canaux 
à albumen ruminé sécréteurs : 4, bois: Z, liber: sel, fibres péricycliques. 
par digestion. 

Anatomie. — Les matériaux nous ont manqué pour étudier 
complètement la structure de ce genre, Le rachis (fig. 35), sous 
un collenchyme mince, à un cercle de faisceaux rapprochés, 
mais non contigus, et surmontés d'arcs fibreux péricycliques 
épais, formés de fibres à lumière réduite. Entre ces fais- 
ceaux dans les espaces, triangulaires en coupes transversales, 
limités par les bois, se trouvent d’autres faisceaux, pour- 
vus également de fibres extralibériennes; leur orientation est 
normale. Il y à donc chez Heteropanar deux cercles de fais- 


4. Seem. (1866), IV, 297, et Flora Vitiensis, p. 114. 


120 RENÉ VIGUIER. 


ceaux extrêmement rapprochés. La partie ligneuse de ces 
faisceaux est uniquement formée de vaisseaux ; elle ne présente 
pas de fibres. La moelle possède, à sa périphérie, des canaux 
sécréteurs disposés suivant un cercle. 

Ce genre ne comprend jusqu’à présent qu'une seule espèce, 
l'Heteropanar  fragrans. Mais il doit comprendre d’autres 
espèces; nous avons notamment examiné des échantillons 
récoltés par Balansa au Tonkin, qui diffèrent notablement du 
type. La description d'espèces sortant des limites de ce travail, 
nous décrirons ultérieurement les espèces de ce genre. 


Genre Macropanax :. 


Réduit à un petit nombre d'espèces, ce genre comprend des 
arbres à grandes feuilles composées-palmées, et à inflorescences 
terminales en panicules d'ombelles. Les fleurs en ombelles sont 
courtement péliolées et nettement articulées sous l'ovaire; le 
pédoncule est même dilaté en un petit calicule entier embras- 
sant la base de l'ovaire. Ces fleurs sont régulièrement pen- 
lamères avec un androcée de 5 étamines et un ovaire dimère, 
surmonté de deux styles assez longs, et complètement soudés. 
Le fruit est une drupe ovoide à noyau membraneux, contenant 
des graines à albumen fortement ruminé par digestion. 

Anatomie. — 1° Tige : Une tige de Macropanar oreophilus, 
présente la structure habituelle ; le collenchyme à cellules 
grandes et parois peu épaisses forme à peu près toute l'écorce; 
le péricycle est différencié en petits îlots de fibres à parois 
Lrès minces, superposés aux faisceaux libéroligneux ; entre ces 
îlots, il présente de grands canaux sécréteurs. La zone péri- 
médullaire, faiblement lignifiée, est parcourue par un certain 
nombre de canaux sécréteurs de diamètre généralement plus 
petit que celuides canaux péricycliques. La moelle est dépourvue 
de canaux; ses éléments ne sont pas lignifiés et conservent 
longtemps leur vitalité. Quelques cellules renferment des 
mâcles. 

Le bois secondaire présente des particularités de structure 
qui le séparent des autres bois que nous avons étudiés : les 


4. Miq. (1855), L, 1, p. 763. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 121 


vaisseaux sont nombreux (une vingtaine au mmdq), groupés 
sans orientation nette. Ces vaisseaux arrondis ont environ 
100 y de diamètre ; ils sont ponctués, avec ponetuations plus 
ou moins étirées transversalement en boutonnière; les fibres, 
nombreuses, ont une lumière naturellement beaucoup plus 
réduite que celle des vaisseaux, mais l'épaisseur de leurs parois 


D al 


Fig. 36. — Coupe transversale schématique du pétiole du Macropanax oreophilus. — 
cl, cuticule: col, collenchyme; cs, canaux sécréteurs: sc/, fibres : {, liber; ag, 
assise génératrice; b, bois; lac, lacune. 


excède à peine celle de la paroi des vaisseaux. Enfin les rayons 
sont de beaucoup les plus larges parmi les types que nous 
avons étudiés : leur largeur est de 140 à 160 %; les cellules qui 
les constituent sont allongées radialement (60 de long, 30 
de haut, 20 y à 30 w de large). 

2° Feuille (Mg. 36) : Le pétiole est remarquable par l'extrème 
minceur du collenchyme qui est de 1/10° de millimètre envi- 
ron. On observe directement sous ce collenchyme la présence 
d’épais arcs péricycliques lignifigs. Les faisceaux sont disposés 
sur un seul cercle. I faut distinguer : 1° de grands faisceaux, 
formés de nombreuses files de vaisseaux semblant dépourvus de 
fibres et rayonnant autour d'un centre, de sorte que l'ensemble 


122 RENÉ VIGUIER. 


dessine un demi-cercle ; 2° de petits faisceaux réduits à un très 
petit nombre d'éléments. Grands et petits faisceaux alternent 
très régulièrement ; à l’intérieur de ce cercle se trouvent quelques 
assises parenchymateuses, mais la partie centrale est souvent 
résorbée. Les canaux sécréteurs sont peu nombreux et irrégu- 
lièrement répartis dans ce pétiole, entre les faisceaux, dans 
la partie persistante du parenchyme central. 

Anatomiquement, le genre Macropanar peut être caractérisé 
de la manière suivante : 

Tige dépourvue de faisceaux médullaires. Canaux sécréteurs 
péricycliques et périmédullaires. 

Pétiole avec faisceaux libéroligneux alternativement grands 
et petits disposés suivant un seul cercle. Canaux sécréteurs 
irrégulièrement disposés. 


Genre Hederopsis ‘. 


Ce genre se rapproche du geure Æedera par ses fleurs régu- 
lièrement pentamères avec 5 styles soudés sur un disque assez 
développé, par ses inflorescences en panicules d'ombelles et 
par ses fruits bacciformes avec des graines à albumen ruminé 
par digestion. Il en diffère toutefois par ses feuilles compo- 
sées-palmées el surtout par ses fleurs articulées sur leur pédon- 
cule. 

Les Macropanar sont également très voisins de ce genre, 
mais leur ovaire n’a que deux ou trois carpelles. 

L'unique espèce du genre est l'Hederopsis Mainçgayr. 


Répartition géographique. 


Le genre Hedera est la seule Araliacée qui habite notre 
pays; son aire est considérable, puisqu'il s'étend depuis 
l'Afrique septentrionale jusqu'au Japon en couvrant toute 
l'Europe et l'Asie jusqu’à l'Himalaya. La variété à fruits noirs 
(melanocarpa Seem.) est répandue dans le nord de l'Europe. 
En Grèce croit la variété à früits jaunes (chrysocarpa Walsh). 
Cette espèce, très en honneur dans l’ancienne Grèce, Ÿ aurait 


1. C. B. Clarke (1879), IL, p. 739. 


sil 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 123 


été importée de l'Inde en même temps que le culte de Bacchus; 
le fait que du Lierre à fruits jaunes à été trouvé par Wallich 
dans le Népal est une preuve, d’après Seemann, de l’exacti- 
tude de cette tradition. 

L'Afrique (Alger, Madère, Canaries) possède la variété cana- 
riensis signalée également en Irlande. L’Asie posséderait surtout 
la variété Colchica. 

En dehors de ces contrées, le Lierre a été introduit dans de 
nombreuses régions. On le retrouve jusqu’en Nouvelle-Zélande 
où Cheesemann le signale comme déjà bien acclimaté sans 
être toutefois complètement naturalisé. 

Le Gamblea ciliata a été récolté dans le Sikkim à 10000 pieds 
d'altitude, dans la région à Rhododendron Falconeri. 

Les Osmorylon ont été trouvés à Amboine et dans la Nou- 
velle-Guinée. 

Le genre AHederopsis habite Malacea; les Macropanar sont 
surtout répartis dans l’Himalaya, on les rencontre depuis le 
Népal jusque dans la province de Tenasserim. 

Enfin le genre Oreopanax est caractéristique de l'Amérique 
du Sud {sauf le Chili et la Patagonie), de même que le genre 


 Cussoma est spécial au continent africain. 


Résumé. 


La tribu des Hédérinées comprend les Araliacées à feuilles 
alternes, fleurs à androcée isostémone, ovaire bi-n-loculaire, 
graines à dlbumen ruminé par digestion. 

On peut la diviser de la manière suivante : 

À RO GRAS RE Hédéropsidées. 


Plantes à feuilles composées-palmées. Fleurs à styles 
complètement soudés. 


4. Ovaire quinquéloculaire ................,...... Hederopsis. 
2. Ovaire 2 (ou 3) loculaire. Pétiole avec un cercle 
devfaisceaux libéroligneux.. ........... 00 Macropanax. 
BREEURSENONANACUlÉeS RER RE che Hédérées. 


a. Feuilles composées-pennées. 
Styles libres. Fruits aplatis, très larges. Ovaire di- 
mère. Pétiole avec deux cercles très rapprochés de 
(AS CE AURA OM LUXE ARE ee - eee er ce Heteropanax. 
b. Feuilles simples ou composées-palmées. 
1. Styles complètement soudés. Feuilles simples. 


124 RENÉ VIGUIER. 


2. Feuilles palminerves, ovaire 5-loculaire. 
Pétiole avec un cercle de faisceaux dis- 
tincts. Inflorescence en panicule d’om- 
belles rene En RE ne rer ee Hedera. 
6. Feuilles simples penninerves. Ovaire 8-lo- 
culaire. Inflorescence en ombelle composée. Osmoxylon. 
IL. Styles soudés sur la moitié de leur longueur. 
Feuilles composées-palmées. Deux cercles de 
faisceaux, l’intérieur inverse dans le pétiole. 
Fleurs en ombelles. Ovaires 3-5 loculaire.... Gamblea. 
IL. Styles libres ou un peu soudés à la base. Fleurs 
sessiles. Feuilles composées-palmées. 
a. Fleurs en capitules. Ovaire à 4-5 loges ou 
plus ; faisceaux se rendant aux feuilles après 
un long parcours dans l'écorce de la tige. Un 
anneau extérieur festonné de faisceaux dans 
le pétiole MA ENT, ren Nan tel Oreopanax. 
6. Fleurs en épis. Ovaire à 2 loges. Plusieurs 
cercles de faisceaux normaux dans le pé- 
(AVOIR CR fee OP UE Ann A AE ETS US Cussonia. 


5. — MYODOCARPINÉES. 


Myodocarpus. — Delarbrea. — Porospermum. 


Genre Myodocarpus. 


Ce genre à été créé par Brongniart et Gris (1861), pour des 
plantes dont le fruit est une double samare, qui « simule une 
mouche au repos ». Les inflorescences terminales, de grande 
taille, sont des panicules d’ombelles. Chaque fleur est articulée 
sur le pédoncule floral. Le calice forme 5 lobes aigus ou arron- 
dis, bien développés au-dessus de l'ovaire; la corolle comprend 
5 pétales à large base, à préfloraison imbriquée et cohérents 
en calyptre. L'androcée est isostémone et l'ovaire comprend 
deux carpelles surmontés de deux styles libres et légèrement 
coudés. Le fruit, non charnu, est donc pourvu de deux larges 
ailes déjà indiquées sur l'ovaire. Dans sa partie profonde ce 
fruit possède de nombreuses poches sécrétrices, contenant une 
oléorésine d'odeur très agréable, qui font saillie dans la cavité 
ovarienne ét s’'impriment même à la surface de l’albumen qui 
n’est pas ruminé. 

Anatomie. — 1° Tige : Une tige de Myodocarpus eleqans à un 
collenchyme assez peu différencié, présentant de nombreuses 


DR LEA ER 1 ns 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 125 


= 


mâcles. L’écorce, dans sa zone profonde, à des canaux sécré- 
teurs, dont le diamètre varie de 100 à 150 y. Le périeycle est 
différencié en arcs fibreux peu épais et possède des canaux 
sécréteurs identiques à ceux de l'écorce. Le liber semble dé- 
pourvu de canaux sécréteurs. La moelle, de très bonne heure 
lignifiée, a, vers la périphérie, un cercle de grands canaux sem- 
blables aux canaux corticaux et péricycliques. Le Myodocarpus 
simplicifolius présente la même structure que le M. elegans. 

2° Feuille : Si on examine le pétiole des espèces à feuilles 
simples et très coriaces comme Myodocarpus crassifolius el 


Fig. 37. — Schéma de la structure du pétiole du Myodocarpus floribundus. — ep, 
épiderme; cl, cuticule: co!, collenchyme; cs, canaux sécréteurs ; 4, bais:; Z, liber: 
sel, fibres péricycliques : pce, parenchyme. 


M. floribundus (Mig. 37), on constate que ce pétiole est extrème- 
ment épais. Le collenchyme, à cellules très épaisses, est recouvert 
d’un épiderme pourvu d’une cuticule très forte. Presque direc- 
tement sous le collenchyme, se trouve un cercle, assez irrégulier, 
de faisceaux méristéliques. Ces faisceaux sont généralement 
bien distincts, séparés par de larges bandes parenchymateuses, 
pourvues quelquefois de canaux sécréleurs. A l’intérieur de ce 
cercle, on trouve de nombreux faisceaux dont l'orientation est 
des plus irrégulières. Tous ces petits faisceaux sont recouverts 
d'un petit are fibreux supralibérien. Les canaux sécréteurs, très 
nombreux, ont un diamètre variable suivant la situation dans 
le pétiole : plus ils sont éloignés de la périphérie, plus leur dia- 
mètre est considérable. Les canaux situés vers le centre ont 


126 RENÉ VIGUIER. 


une fumière très grande {100-200 ), tandis que les canaux 
situés dans le collenchyme sont petits (30-50 y). 

Le péliole des espèces à feuilles simples, membraneuses est 
beaucoup plus grêle, mais a, en somme, les mêmes caractères 
que précédemment. 

Chez M. simplicifolius, le pétiole est plan sur sa face ventrale, 
de sorte que l'anneau de faisceaux libéroligneux, qui est paral- 
lèle au contour du pétiole, est également plan sur cette face ven- 
trale. Les faisceaux internes ont une tendance à se disposer 


Fig. 38. — Schéma de la structure du pétiole du Myodocarpus Vieillardi.— col, collen- 
chyme; ep, épiderme: c{, cuticule; scl, fibres péricycliques; 4, Liber; b, bois, 
cs, Canaux sécréteurs. 


aussi sur un seul rang, mais leur orientation est toujours très 
variée. La partie centrale est dépourvue de faisceaux et de 
canaux sécréteurs. Chez M. Vieillardi (fig. 38), les faisceaux, 
bien moins nombreux, sont disposés beaucoup plus profondé- 
ment, de sorte que les faisceaux internes vont presque jusqu’au 
centre. Les canaux sécréteurs, toujours très nombreux, semblent 
avoir à peu près partout le même diamètre. 

Le pétiole d’une espèce à feuilles composées, comme 47. frari- 
nifolius, possède vers sa base un seul cercle de faisceaux libéro- 
ligneux très rapprochés avec arcs fibreux péricycliques. 
L'écorce et la périphérie de la moelle possèdent des canaux 
sécréteurs à lumière considérable; les cellules de la moelle 
sont vides. Dans la région tout à fait supérieure, les fais- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 127 


ceaux ont un arrangement différent à cause des nombreuses 
folioles insérées sur le rachis. 

Le limbe chez M. crassifolius (fig. 39) et M. floribundus est 
très épais ; un puissant exoderme collenchymateux sur la face 
supérieure sépare les petites cellules du tissu palissadique, de 
l'épiderme pourvu d'une cuticule surélevée. La structure de la 
nervure médiane large et saillante, rappelle celle du pétiole, 


Fig. 39. — Schéma de la structure du limbe du Myodocarpus crassifolius. — 
cl, cuticule ; ep, épiderme:; col, collenchyme; pal, tissu palissadique (sous un épais 
exoderme collenchymateux); €s, canaux sécréteurs: sel, fibres péricycliques : 
l, liber: b, hois. 


car on trouve dans cette nervure un cercle externe de faisceaux 
très éloignés les uns des autres, et des faisceaux centraux 
épars, d'orientation très variée. De nombreux canaux sécré- 
teurs parcourent cette nervure. 

La même structure s'observe dans les autres espèces, mais, 
suivant que les feuilles sont membraneuses où un peu 
coriaces, l'exoderme collenchymateux fait défaut ou est repré- 
senté par une assise de cellules sous l'épiderme supérieur. La 
nervure médiane comprend toujours de nombreux faisceaux 
irrégulièrement disposés e{ de nombreux canaux sécréteurs. 
Dans les folioles de A. frarinifolius, la nervure médiane à un 
cercle très régulier de faisceaux hibéroligneux se touchant laté- 
ralement avec épaisse gaine sclérifiée extralibérienne et intra- 
ligneuse. 


128 RENÉ VIGUIER. 


Ce genre, dont nous avons déjà publié une monographie, 
comprend les espèces suivantes : 


A. Simplicifoliæ R. Viguier. 
a. Feuilles très coriaces, à nervation en réseau très épais et saillant. Hy- 
poderme épais sous l’épiderme supérieur. 
!. Ailes du fruit échancrées latéralement. Axe 
principal sans ombelle terminale. ........... M. crassifolius 
Dub. etR. Vig. 
2. Ailes du fruit non échancrées latéralement. Om- 
belle terminant l'axe principal. ............... M. floribundus 
Dub.etR. Vig. 
b. Feuilles non très coriaces à nervures peu serrées et 
peu saillantes. 
1. Fruit à ailes étroites, droites, peu échancrées 
à A DASGE RER ANR eee Ra et M. VieillardiBrong. 
el Gris, et var. longipes Dub. et R. Vie. 
2. Fruit à ailes échancrées vers la base et arron- 
dies latéralement. 
+ Feuilles acuminées petites, à pétiole nota- 
blement plus court que le limbe.......... M. elegans Dub. et 
R. Vig., et var. gracilis. 
+ + Feuilles acuminées à pétiole aussi long 
queslerhinherrenests Rte Nes M. simplicifulius 
Brong. et Gris. 
+-+-+ Feuilles grandes non acuminées, à 
pétiole ayant environ la moitié de la lon- 
cueur du limbe. 
a. Bractées très développées. ........... M. involucratus 
Dub. et Vig., et var. Le Rati. 
6. Bractées peu développées. Fruit plus 
large que dans l'espèce précédente... M. Brongniarti 
Dub. et Vig. 
B. Pinnatifoliæ R. Viguier. 
a. Akènes non recouverts par les lobes du calice.... M. fraxinifolius 
Brong. et Gris, et var. Balansæ Dub. et Vis. 
b. Akènes recouverts par les lobes du calice. 
1. Sépales membraneux très développés. ........ M. coronatus Dub. 
et R. Vie. 
2. Sépales peu développés, feuilles paucifoliolées. M. pinnatus Brong. 
et Gris. 


Par ses caractères ce genre se montre un intermédiaire 
entre les Ombellifères et les Araliacées:; Brongniart et Gris 
voulaient le placer dans les Ombellifères, Bentham et Hooker 
dans les Araliacées ; la chose importe peu. Il faut retenir que 
par leur fruit les Myodocarpus se rattachent à la première 
famille, tandis que, par leur port, par leurs fleurs articulées, à 
pétales à large base, ete., ils se rapprochent de la seconde. Les 
Myodocarpus, comme le fit du reste remarquer Baillon, sont 
inséparables des Delarbrea qui sont de vraies Araliacées. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 129 


Genre Delarbrea!. 


Les Delarbrea sont des arbres à feuilles composées-impari- 
pennées. Les fleurs, disposées en grappes composées d'om- 
belles, sont articu- 
lées sur le pédon- 
cule floral. Les fleurs 
sont identiques à 
celles des Myodocar- 
pus, sauf que les sé- 
pales se recouvrent Éète 
par leurs bords, que  SÉ eE …. / 
les pétales ne sont YA jé ue 
pas cohérents en ca- 
lyptre et que les 
styles ne sont pas 
genouillés. Le fruit 
est une drupe globu- 
leuse qui, comme chez 
les Myodocarpus, pos- 
sède de nombreuses 
poches sécrétrices qui 
font saillie dans la 
cavité ovarienne et 
s'impriment à la sur- 
face de l'albumen Fig. 40. — Coupe transversale d’un pétiole de Delar_ 


L brea spectabilis. — lg, liège: lent, lenticelle; col, 
non ruminé. collenchyme ; es, canal sécréteur; sel, péricycle ; 


D ont eco 
— Nous n'avons pu 
nous procurer de tiges pour en étudier la structure. Les 
grandes feuilles pennées du Delarbrea spectabilis sont intéres- 
santes car elles possèdent, dans leur pétiole, des formations 
secondaires très développées. L'assise génératrice  périder- 
mique, sous-épidermique, développe une couche épaisse de liège 
comme dans une Uige. De même les faisceaux libéroligneux, 


col 


es 


CS) 


1. Vieillard, Bull. Soc. linn. Normandie, IX, p. 342, 1865. 
ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. IV. 9 


130 RENÉ VIGUIER. 


groupés en un anneau continu, développent, comme dans 
une tige, d'abondantes formations secondaires. Le péricycle 
se lignifie fortement. Les canaux sécréteurs, épars dans la 
moelle, ou péricycliques ont, contrairement à ceux des Myo- 
docarpus, une lumière extrêmement petite (20-30 y). 


Genre Porospermum !. 


Le Porospermum Michieanum a, comme les plantes précé- 
dentes, de grandes feuilles composées-pennées et des fleurs 
articulées, groupées en panicules terminales d’ombelles. Les 
» sépales, bien développés, ne sont pas imbriqués dans le bou- 
ton comme ceux des Delarbrea; les anthères sont, de plus, 
presque sessiles. En dehors de ces deux caractères la plante 
est très voisine des Delarbrea, possédant également un ovaire 
biloculaire surmonté de deux styles libres et une drupe pour- 
vue de nombreuses poches sécrétrices. 


Répartition géographique. 


Les Mvyodocarpinées sont des plantes exclusivement océa- 
niennes. Le genre Myodocarpus est endémique à la Nou- 
velle-Calédonie : il ne semble pas avoir de représentants dans 
l'Australie orientale. Les Myodocarpus affectonnent particuhè- 
rement les régions sèches, et la plupart des espèces se trouvent 
dans les régions arides argilo-ferrugineuses des massifs ser- 
pentineux; les uns, franchement xérophiles, vivant sur ces 
grands plateaux arides, les autres semblant préférer « les 
parties basses et en cuvette où s'accumulent des amas d'hu- 
mus ». Le Myodocarpus simplicifolius descend jusqu’à la côte ; 
il à été signalé en différents points de la baie de Prony. Le 
Myodocarpus frarinifolius habite des régions variant de 200 
à 1000 mètres d'altitude, versants des montagnes, limites de 
l'épanchement serpentineux, mais en des parties abritées, 
légèrement humides, chargées d’humus. 


4. F. Müller, Fragm. phytogr. Austrul., VIL, p. 94, 1870. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 131 


Résumé. 


Les Myodocarpinées comprennent done des arbres dont les 
inflorescences terminales, en panicules d’ombelles, ont des 
fleurs présentant les caractères suivants : 

1° Fleurs toujours articulées sur le pédoncule floral ; 2° ca- 
lice à lobes exceptionnellement développés au-dessus de 
l'ovaire ; 3° corolle à préfloraison imbriquée ; 4° androcée iso- 
stémone ; 5° ovaire à 2 carpelles ; 6° fruits pourvus de poches 
sécrétrices; 7° albumen non ruminé. Tous ces caractères, 
principalement celui des poches sécrétrices dans le fruit, font 
des Myodocarpinées un groupe bien homogène, bien différencié, 
très voisin des Ombellifères. 

On les divise de la manière suivante : 

1. Feuilles simples ou composées-pennées; faisceaux du pétiole disposés en 
un cercle dans les espèces à feuilles composées, épars à l’intérieur d'un 
cercle de faisceaux normaux dans les espèces à feuilles simples ; canaux 
sécréteurs à large lumière. Fruit sec. Sépales non imbriqués. Styles 
genouillés (Nouvelle-Calédonie)......................... Myodocarpus. 

2. Feuilles composées-pennées présentant un seul cercle de faisceaux libéro- 


ligneux dans le pétiole et d’abondantes formations secondaires. Canaux 
sécréteurs à petit diamètre. Fruit drupacé. Calice à sépales imbriqués. 


Styles droits (Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Guinée)... .... Delarbrea. 
3. Feuilles composées-pennées. Fruit drupacé. Sépales non imbriqués. Styles 
CRONGS TEINTE Porospernum . 


6. — PLÉRANDRINÉES. 


Tupidanthus. — Plerandra. — Plerandropsis. —  Octotheca. 
— Tetraplasandra. — Reynoldsia. — Plerotropia. — 
Gastonia. — Sciadodendron. 


Genre Tupidanthus . 


Le T'upidanthus calyptratus est un arbre à feuilles compo- 
sées-palmées, qui, par son organisation florale?, s'éloigne consi- 


4. Hooker fils et Thomson, Hook. Bot. Mag., t. 4908, 1856. 

2. Nous n'avons pu nous procurer ces fleurs dont le développement serait 
des plus intéressants à suivre. La structure de l'ovaire serait à examiner de 
très près ; il serait intéressant également de savoir si les pétales sont vérita- 
blement valvaires, ou s'ils sont complètement soudés, de même que ceux des 
Rhaptopétalacées. 


132 RENÉ VIGUIER. 


dérablement de toutes les plantes que nous avons examinées 
jusqu'ici. La corolle épaisse est formée de pétales complète- 
ment soudés en une coiffe qui tombe d’un seul bloc. Les éta- 
mines, très nombreuses, disposées en plusieurs séries, ont un 
filet court et des anthères introrses dorsifixes. L'ovaire, globu- 
leux, légèrement comprimé, comprend un grand nombre de 
loges très étroites (90 à 100) contenant chacune un ovule pen- 
dant analogue à celui des autres Araliacées. Le fruit, charnu, 
contient de très nombreux noyaux crustacés avec des graines 
à albumen lisse. Le pédoncule floral est inarticulé. 

Anatomie. — 1° Tige : Une tige jeune a une écorce assez 
épaisse plus ou moins collenchymateuse où la distincüon en 
deux couches est malaisée; la zone interne est pourvue de 
petits canaux sécréteurs, ainsi que le péricycle ; le bois est 
indiqué par une série de petites files radiales de vaisseaux ; 
sans qu'on puisse trouver de groupement en faisceaux distincts, 
toutes ces files étant isolées et inégalement distantes les unes 
des autres ; la moelle, très épaisse, a des cellules qui perdent de 
très bonne heure leur contenu; elle présente de petits canaux 
sécréteurs. 

Une tige très épaisse montre sous le liège une écorce collen- 
chymateuse; le péricyele différencie, à la longue, de petits 
îlots circulaires de fibres à parois épaisses; le liber secondaire 
présente dans son parenchyme des canaux sécréteurs très 
petits. Le bois secondaire possède des vaisseaux nombreux, 
isolés, ou plus ou moins groupés en files radiales. 

2 Feuille : I y a dans le péliole un collenchyme à cellules 
épaisses, dépourvu de canaux sécréteurs; le parenchyme sous- 
jacent possède, dans sa région moyenne, de petits canaux sécré- 
teurs entourés d’une gaine de cellules légèrement dissem- 
blables de leurs voisines. En dedans de ce parenchyme, se 
trouve un anneau assez large de cellules parenchymateuses 
lignifiées dans lequel se trouvent enclavés les faisceaux libéro- 
ligneux. Ces faisceaux sont irrégulièrement groupés et sont de 
taille très inégale. Les faisceaux périphériques ont leur liber 
extérieur par rapport au bois et sont recouverts d’arcs fibreux 
péricycliques qui ne se trouvent pas dans les autres faisceaux. 
Les faisceaux internes, très irrégulièrement disposés, ont une 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 130 


orientation des plus variables ; les faisceaux les plus profonds 
sont inverses, avec bois en dehors et liber en dedans. 

La moelle, bien développée, est formée de grandes cellules 
qui perdent rapidement leur contenu mais ne lignifient pas 
leur membrane ; elle présente un cercle périphérique de 
canaux sécréteurs dont la position est indépendante de celle 
des faisceaux qui sont au voisinage; il n’y à pas de lacune 
centrale. | 

Le limbe possède un exoderme collenchymateux sous l'épi- 
derme supérieur; cet exoderme est formée de 3-4 assises de 
cellules à membrane épaisse et dépourvues de chlorophylle ; Fa 
structure du parenchyme chlorophyillien n'a rien de remar- 
quable. 

La nervure médiane est fortement développée sur la face 
inférieure du limbe, tandis que sur la face supérieure, elle ne 
fait saillie que sous forme d'une petite crête collenchymateuse. 
Elle est caractérisée par la présence de très nombreux petits 
faisceaux isolés, épars au milleu d'un parenchyme pourvu 
de canaux sécréteurs. 


Genre Plerandra . 


Les Plerandra, que nous n'avons pu, faute de matériaux, 
étudier en détail, sont des arbres à feuilles composées-palmées. 
Les fleurs, non articulées sur le pédoncule, ont un calice plus 
ou moins développé au-dessus de lovaire et une corolle 
formée de 5 pétales épais qui, dans cerlaines espèces, sont 
soudés en calyptre. Les élamines sont très nombreuses, 
ordonnées en une ou plusieurs séries. L'ovaire compte de 
5 à 20 loges. Les graines ont un albumen non ruminé. 

Ce genre est, on le voit, assez voisin du précédent. 

Le Plerandra Grayi a un ovaire à 12-15 loges surmonté d'une 
masse épaisse el large formée par les styles soudés ; le 
P. Picheringii Gray est assez voisin; dans ces deux espèces les 
pétales sont réunis en coiffe. 

Le Plerandra Nesopanar Harms, type d'un genre pour 


4. À. Gray, Bot. U. St. Expl. Exped., I, p. 129, t. XCV, 1854. 


134 RENÉ VIGUIER. 


Seemann, diffère des précédents par son ovaire à 5-7 loges 
surmonté de styles courts, distincts. Ses pétales ne sont pas 
cohérents, ses étamines nombreuses, à filets courts, sont dis- 
posées en plusieurs séries. 

Le Plerandra vitiensis, type du genre Bakeria pour Seemann, 
a des pétales libres, un androcée de 15 étamines et un ovaire à 
5 loges. Ces 5 espèces se groupant en 3 séries bien distinctes, 
il y à lieu d'établir dans le genre 3 sections correspondantes : 
Euplerandra, Nesopanar, Bakeria. 

Le P. jatrophæfolia Mance doit, sans aucun doute, être 
éliminé du genre. 

Anatomie. — Le péliole du Plerandra Nesopanar à un 
collenchyme, formé de petites cellules régulières, qui présente 
de place en place de petits canaux sécréteurs. Des canaux sécré- 
teurs, d’un diamètre énorme, se trouvent dans le parenchyme 
sous-jacent. En dedans du parenchyme, on observe un cercle 
très régulier de faisceaux libéroligneux ; ces faisceaux, égaux, 
sont contigus et entourés de fibres. À l’intérieur de ce cercle, 
on observe des faisceaux distincts, normaux, non entourés de 
sclérenchyme, alternant avec de grands canaux sécréteurs ; 
cette structure rappelle celle qûe nous avons rencontrée dans 
le genre Dizygotheca. 


Genre Plerandropsis gen. nov. 


Nous désignerons sous ce nom, un genre nouveau de Pléran- 
drinées établi sur un échantillon, malheureusement petit, récolté 
au Tonkin par l'abbé Bon {n° 2160. Herb. Mus. Paris). Cette 
plante, que nous nommerons Plerandropsis Bonü, présente des 
feuilles sunples, palmatilobées. Les fleurs, en ombelles, ont 
à sépales ovales, acuminés, plus où moins hifides au sommet, et 
10 pétales valvaires soudés tn calyptre. 

L'androcée comprend un grand nombre d'élamines, et 
l'ovaire comprend dix carpelles surmontés de petits styles 
courts subulés. 

Les feuilles simples de cette espèce sont membraneuses et 
présentent 7-8 lobes dentés; elles rappellent celles des 2ras- 
saiopsis. Nous n'aurions pas rangé cette plante dans un genre 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 135 


spécial, malgré la forme de ses feuilles, si l’organisation florale 
n'avait pas différé de celle des genres précédents. Le dévelop- 
pement du calice, la présence de dix pétales et d’un nombre égal 
de carpelles, sont autant de caractères que nous n'avons pas 
encore rencontrés dans cette tribu. 

Les pétales, relativement minces, présentent une crête 
médiane, collenchymateuse, bien développée. Ils présentent 
dans leur couche moyenne, entre deux couches supérieure et 
inférieure de collenchyme, de grandes lacunes ou des canaux 
sécréteurs ; ils sont peu vascularisés. 

Ces pétales sont fortement renflés sur leurs bords. La 
concrescence en calyptre, dans ce genre comme dans beaucoup 
d’autres, est due à ce que la surface de contact entre deux 
pétales consécutifs est non pas un plan, mais une surface 
ondulée, de sorte que ces pétales se trouvent engrenés; en 
outre, les cellules épidermiques, saillantes en dent de scie, à 
cuticule épaisse, s’'engrènent également, maintenant encore plus 
solidement le contact entre ces pétales, bien que, morpholo- 
giquement, la corolle soit réellement dialypétale. 

A côté du P. Bonu il faut peut-être placer le Plerandra 
jatrophæfolix Hance. Mais l'espèce de Hance est très diffé- 
rente de la plante récoltée par Bon. | 


Genre Octotheca gen. nov. 


Nous distinguons sous ce nom générique une espèce, 
Dizygotheca plerundroides KR. Vig., que nous avions placée 
autrefois dans le genre Dizygolheca, car ses fleurs, non arti- 
culées, possèdent, comme les Dizygotheca, des antheres à 
8 sacs polliniques (fig. 41), en même temps que la plante à 
des feuilles composées-palmées. 

Nous croyons pourtant devoir distinguer un genre spécial, 
car le D. plerandroides s'éloigne par plusieurs caractères des 
vrais Dizygotheca. 

En premier lieu les fleurs ont 3 verhcilles d’élamines, tandis 
que les Dizygoltheca ont un androcée isostémone. L'ovaire 
présente autant de loges qu'il y à d’étamines, soit 15 carpelles, 
la co rolle a des pétales moins épais et cohérents en calyptre. 


# 


136 RENÉ VIGUIER. 


Enfin le calice, à peine saillant chez les Dizygotheca, présente 
ici à lobes arrondis, 
obtus, largement dé- 
veloppés au-dessus de 
l’ovaur'e. 

Anatomie. — Ce 
genre, qui par son 
organisation florale 
est intermédiaire en- 
tre les Plerandra et 
les Dizygotheca, se 
STNeE rapproche surtout de 
Fig. 41. — Section transversale d'une étamine d’Oc- 


totheca plerandroides. — ep, épiderme; pol, grains ce dernier senre par 


de pollen ; es, canaux sécréteurs ; #lb, faisceaux ça structure. On ob- 
libéroligneux. ‘ 


serve jusque dans le 
pétiolule et dans la nervure médiane de ses grandes feuilles, de 
grands canaux sécréteurs et des faisceaux distincts disposés 
en cercles concentriques. 


Genre Tetraplasandra:. 


On range dans ce genre des plantes assez voisines des précé- 
dentes par leur organisation florale, mais possédant des feuilles 
composées-pennées. Les fleurs ont de 5 à 8 pétales, souvent 
cohérents, et un grand nombre d'étamines. L'ovaire, qui dans 
les autres genres avait de nombreuses loges, peut 1e1 avoir 
moins de carpelles que de pétales. Hillebrand à décrit un 
Tetraplasandra meiandra à androcée isostémone. Cette espèce, 
qui nous est inconnue, semble sortir de la définition du genre 
el doit probablement être reportée au genre Reynoldsia. 

Anatomie. — Par sa structure le genre T'etraplasandra se 
distingue aisément des genres précédents. 

Le péliole de T. Aarvaiensis (fig. 42), montrantextérieurement 
une série de cannelures longitudinales, à un épiderme pourvu 
d'une cuticule épaisse, et surmonté de nombreux poils courts, 
souvent rameux et contournés, avec une membrane très épaisse. 
Le collenchyme puissant, formé d'éléments à parois extrème- 


1: A. "Gray (1854), L, p. 727, t! XCIV: 


= 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 137 


ment épaissies, possède des canaux sécréteurs. Ce collenchyme 
manque sous les sillons du pétiole; les poils sont beaucoup 
plus nombreux etserrés à l'intérieur de ces sillons où sont loca- 
lisés les stomates. Le parenchyme sous-jacent au collenchyme 
forme une mince couche pourvue de grands canaux sécréteurs. 
Sous l'écorce, on trouve un cercle très régulier de faisceaux 
libéroligneux contigus, très | 
souvent confluents par leur 
liber. Ces faisceaux sont 
recouverts d'arcs fibreux 
péricycliques. La moelle, 
bien développée, possède 
de grands et nombreux ca- 
naux sécréteurs ainsi que 
des faisceaux libéroligneux 
épars, sans aucune orien- 
tation. 

Le pétiole du Tetrapla- 
sandra pauridens montre Pa, 5, Sehims dela eucte du pi 
la même disposition des L fibres péricycliques: b, faisceaux libéro- 
faisceaux libéroligneux AC col, collenchyme ; es, canaux sécré- 
l'anneau extérieur déve- 
loppe ici d’abondantes formations secondaires. La moelle ne 
présente qu'un nombre restreint de canaux sécréteurs périphé- 
riques. Le collenchyme, plus mince que dans l'espèce précé- 
dente, forme une couche continue, et l'épiderme est dépourvu 
de poils. 


Genre Reynoldsia!. 


Cegenre, comme le précédent, comprend des plantes à feuilles 
composées-imparipennées, mais les fleurs à 8-10 pétales 
ont ici un androcée isostémone; l'ovaire possède, dans le 
R. pleiosperma et dans le À. verrucosa, un nombre de carpelles 
supérieur aux pièces du périanthe. Par ses autres caractères, 
pédoncule floral non articulé, albumen non ruminé, le genre 
Reynoldsia se rattache aux précédents. 


1. A. Gray (1854), p. 723, t. 1892-1893. 


138 RENÉ VIGUIER 


Genre Pterotropia!. 


Ce genre nous ramène aux Araliacées normales avec androcée 
isostémone et ovaire 2-5-loculaire. Il comprend des arbres à 
feuilles composées-pennées, et folioles ordinairement velues. Les 
fleurs, non articulées, ont un calice légèrement développé, une 
corolle à 5-7-9 pétales, épais, valvaires, et des anthères ovoides 
insérées sur un filet court. L'ovaire, surmonté d’un disque 
convexe avec stigmates sessiles, est à 2 ou 5 loges. Cet ovaire 
n'est jamais complètement infère, et même chez le Ptero- 
tropia gymnocarpa, 11 est supère. Les drupes succulentes 
ont un novau mince, contenant des graines à albumen non 
ruminé. 

Pour Hillebrand, les Pterotropia sont affines avec les plantes 
précédentes, et on doit les considérer comme faisant partie 
d'une même série morphologique. Nous aurions été heureux 
de pouvoir éludier en détail ce genre curieux, et nous n'avons 
pu malheureusement examiner que l'espèce la plus normale : 
le P. dipyrenx. 

Anatomie. — Le pétiole du P. dipyrena à, sous l’épiderme 
glabre, une forte couche collenchymateuse formée d'éléments 
à parois très épaisses et présentant des canaux sécréteurs petits 
el rares. Le parenchyme sous-jacent contient des canaux nom- 
breux et à grand diamètre rangés sur un même cercle. Sous 
une couche continue et mince de fibres péricycliques lignifiées, 
on trouve quelques faisceaux libéroligneux espacés et séparés 
par des cellules à parois lignifiées. Le parenchyme médullaire 
montre un ou deux grands faisceaux libéroligneux et quatre 
où cinq grands canaux sécréteurs. 

Le limbe mince est pourtant pourvu d’un exoderme dif- 
férencié; la nervure médiane, à peine saillante, présente quel- 
ques faisceaux libéroligneux distincts et un grand nombre de 
canaux sécréleurs. 

Le P. dipyrena par sa structure est donc une vraie Araliacée: 
il reste à savoir si le genre est aussi homogène que le prétend 


1. Hillebrand (1888), p. 149. 


— 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 139 


Hillebrand, et si les deux espèces P. Xarvaiensis et P. qymno- 
carpa ont une structure voisine. 

Ce genre et les deux précédents forment un ensemble bien 
naturel. 


Genre Gastonia !. 


Ce genre, comme le précédent, à un androcée isostémone ; 
si nous le plaçons dans cette tribu, c'est à cause de ses fleurs 
non articulées avec 10-15 pétales, et le même nombre d’éta- 
mines et de carpelles et à cause de ses)feuilles composées- 
imparipennées. Les styles sont allongés et libres sur la plus 
grande partie de leur longueur. Les drupes, à noyaux durs, 
renferment des graines à albumen non ruminé. 

Ce genre se rattache étroitement au genre Polyscias ; il com- 
prend un petitnombre d'espèces : G. culispongia, G. emirnensis, 
G. duplicata, G@. papuana, G. revoluta (Drake) Harms, et 
(x. eupteronoides. Nous en retirons définitivement le G. Hepta- 
pleurum de Baillon qui est un Schefllera (Schefllera Bailloni 
R. Vig.) et nous v ajoutons le Polyscias amplifolia (Baker) 
Harms, qui devient le Gastonix amplifolia R. Vig. 

Le G. revoluta Harms se sépare des autres espèces du genre 
par ses fleurs. 

Anatomie. — Rien de remarquable n’est à signaler dans la 
structure de ce genre. L'étude du pétiole du G. amplifolia (dont 
les fleurs ne présentent pourtant pas trace d’articulation) 
montre les étroites affinités de ce genre avec les Polyscias. On 
trouve en effel sous une mince couche périphérique, collen- 
chymateuse dans sa zone externe el possédant des canaux 
sécréteurs, un anneau libéroligneux ininterrompu, pourvu de 
formations secondaires el recouvert d'une couche fibreuse 
péricyclique également ininterrompue. 

La moelle, bien développée, a, vers la périphérie, un cercle 
de grands canaux sécréteurs entourés d'une gaine différenciée. 
Elle présente de nombreux faisceaux à bois très développé 
débordant latéralement le liber qui est parfois complètement 


1. Commerson, ex-Lamarck, Encyclop., I, p. 610, 1786. 


140 RENÉ VIGUIER. 


entouré par le bois. Entre ces faisceaux, d'orientation très 
variable, on peut trouver d’autres grands canaux sécréteurs. 

Le limbe présente, dans toutes les espèces, des faisceaux et 
canaux épars dans la nervure médiane. 

En résumé, le genre Gastonia est intimement lié au genre 
Polyscias, à fleurs articulées. Il se rattache aux genres précé- 
dents et doit être placé à la limite des Plérandrinées et des 
Polysciinées; il mériterait peut-être davantage d'être placé 
parmi les Polyseinées malgré la non-articulation de la fleur. 
Nous sommes amenés insensiblement, par le genre ÆReynoldsia, 
à ce Lype isostémone et isocarpellé, pourvu de feuilles 
composées-imparipennées et de fleurs inarticulées. Pourtant 
l'organisation florale, notamment les styles et stigmates qui 
sont ceux des Polyscias, éloigne les Gastonia des précédents. 


Genre Sciadodendron !. 


Nous placons, avec un point de doute, à la suite des plantes 
de cette tribu le Scixdodendron excelsum de Grisebach qui a, 
en effet, des feuilles doublement composées-imparipennées et 
des fleurs régulièrement 10-12-mères jusque dans l'ovaire. 
Cette espèce, à port de Caryota, s'éloigne pourtant des plantes 
étudiées Jusqu'ici par ses pétales qui sont, paraît-il, imbriqués 
dans le bouton. 

De même que le Gastonia relie les Polyscias aux autres 
Plérandrées, le Sciadodendron constitue un lien rapprochant 
les Aralées des Plérandrées par l'intermédiaire du Pentapanax 
Warmingianus. 


Répartition géographique, 


Le Tupidanthus, fréquemment cultivé pour son beau feuil- 
lage {sous le nom de Sciadophyllum pulchrum ou S. pulchel- 
lum), est une espèce des forêts de l'Inde. 

Les Plerandra habitent les îles Fiji, et le Plerandropsis Bon 
a été récolté au Tonkin. 

Les Tetraplasandra, de même que les Pterotropia sont origi- 


1. Grisebach (1858). 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 141 


naires des îles Hawaï, à l'exception du 7. paucidens de la 
Nouvelle-Guinée, et du 7. Xoordersu des Célèbes. 

L'Octotheca plerandroides habite la Nouvelle-Calédonie. 

On a récolté des Reynoldsin aux Hawaï, à Samoa et à 
Tahiti. 

Enfin les Gastonia sont des plantes de l'Afrique australe 
(Maurice, Madagascar). | 

Le Sciadodendron excelsum provient de l'isthme de Panama. 


Résumé. 


On peut de suite distinguer deux groupes dans les Plérandri- 
nées. 1° Les Plérandrées sont des plantes qui se distinguent des 
autres Araliacées par leur androcée comprenant un nombre 
indéterminé d’étamines {toujours supérieur à celui des pétales) 
et un grand nombre de carpelles. Elles ont en outre des fleurs 
en ombelles, non articulées, des graines à albumen non 
ruminé. Les Plérandrées comprennent les genres suivants : 


A. Feuilles composées-palmées. 
a. Etamines à 4 sacs polliniques. 


1. Étamines et carpelles en nombre indéterminé... Tupidanthus. 
_2. 5 pétales, 15 à œ étamines, 5 à 20 carpelles.. Plerandra. 
b. Etamines à 8 sacs polliniques. 
*45 pétales, 45 éfamines, 15 carpelles...........!... Oclotheca nov. 
gen. 
B. Feuilles palmatilobées. 
AOïpétales; 8 \étamines, 40/carpelles.-. 2.0... Plerandropsis 
nov. gen. 


C. Feuilles composées-pennées. 
5-8 pétales ; deux à huit fois plus d'étamines que de 
DÉLALES MS IOMSECARPelleS PE PMPENEEENEES PEER ES ee Tetraplasandra. 


2° Les Aeynoldsiées : Ce deuxième groupe comprendra des 
plantes reliant les Plérandrées aux Araliacées normales et par- 
üculièrement aux Polyscunées. 

Nous rangerons dans les AReynoldsiées toutes les Araliacées à 
fleurs en ombelles, non articulées, d’un type généralement 
supérieur au type 5 dont les feuilles sont composées-pennées et 
l’'albumen non ruminé. Cette sous-tribu se divise comme suit : 
A. Pétales imbriqués. 


Fleurs régulièrement 10-12-mères. Feuilles doublement 
COMPOSÉ CSS DENNEÉ CSA Me ee. er ne Sciadodendron. 


149 RENÉ VIGUIER. 


B. Pétales valvaires. 
a. Ovaire infère. 
1. Fleurs 8-10-mères avec plus de carpelles que de 


pétales. Stigmates sessiles (Océanie)............. Reynoldsia. 
2. Fleurs régulièrement 10-15-mères. Styles allongés, 
en partie libres (Afrique australe).............. Gustonia. 


b. Ovaire semi-infère ou supère. 
5 à 9 pétales; ovaire 2-5-loculaire. Stigmatles ses- 
siles: (Hawral) ee ME tee etat ee Pterotropia. 


Le groupe des Reynoldsiées pourrait être détaché des Pléran- 
drinées et constituer une série analogue à celle des Polyscunées, 
différant de cette dernière par ses fleurs non articulées sur le 
pédoncule floral. 


7. — MÉRYTINÉES. 


Genre Meryta !. 


Ce genre comprend un certain nombre de plantes qui se 
séparent, par leur organisation florale aussi bien que par leur 
port, des autres Araliacées. Ce sont des arbres dioïques : les 
fleurs mâles ou femelles sont réunies en capitules formant 
eux-mêmes des panicules plus ou moins amples. Les fleurs mâles 
forment des capitules serrés, multiflores, tantôt sessiles à 
l’aisselle d’une grande bractée, tantôt longuement pédonculés. 
Le périanthe est formé d’un seul verticille comprenant trois ou 
quatre pièces, rarement plus. Ce périanthe doit être considéré 
comme une corolle, car ses pièces, à préfloraison valvaire, ont 
la forme et la structure de pétales et les étamines alternent 
régulièrement avec elles. Nous nous rangerons donc à l’avis de 
Baillon et de Harms, en disant que le calice est complètement 
avorté. Les fleurs étant extrêmement petites, on comprend 
l'erreur de Seemann qui décrivait les étamines comme opposées 
aux pièces du périanthe qu'il considérait comme un calice. Les 
étamines ont un filet long, s'insérant dorsalement sur une 
petite anthère introrse, globuleuse. Les fleurs femelles sont 
décrites comme étant dépourvues de sépales ; nous regrettons 
de n'avoir pu examiner toutes les espèces, mais chez certaines, 
les sépales forment de petites dents aiguës, plus développées 


4. Forster (1766). 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 143 


que chez beaucoup d’autres Araliacées (NW. Pachycarpa, DT. 
Bälansæ, par exemple). Les pétales sont charnus, généralement 
très larges, à préfloraison valvaire. L’androcée comprend un 
verticille de petites élamines, peu développées, rudimentaires ; 
enfin l'ovaire est formé d’un nombre variable de carpelles 
surmonté de styles divergents en roue, portant latéralement de 
nombreuses papilles stigmatiques et contenant dans chaque 
loge l’ovule, pendant, à raphé ventral, qui existe chez toutes 
les Araliacées. 

Anatomie. — 1° Tige : Une üge jeune du MWeryta Sinclair 
possède une écorce épaisse dans laquelle le collenchyme forme 
une mince couche extérieure, riche en mâcles, peu différenciée. 
Des canaux sécréteurs sont épars dans cette écorce, Jusque 
dans le collenchyme où leur taille est très réduite. La stèle 
n'offre rien de parüculier, n1 d’anormal; la moelle pré- 
sente un petit nombre de canaux sécréteurs. La structure de 
la tige est identique chez Meryta sonchifolia. Chez Meryta 
coriacea, la différenciation de l'écorce en deux couches n’existe 
plus ; toutes les cellules corticales sont semblables avec des 
parois également épaissies ; le péricycle se différencie tardive- 
ment en îlots fibreux peu nombreux et irréguliers. Le liber 
secondaire contient des canaux sécréteurs ; le bois secondaire 
est très riche en fibres à lumière extrêmement réduite ; les 
vaisseaux sont peu nombreux et les rayons très étroits. La 
moelle présente des canaux épars. 

2° Feuille : Les feuilles des Meryta présentent des particula- 
rités qui les distinguent de celles de toutes les autres Araliacées. 
Ces feuilles sont alternes, simples, penninerves ; elles sont de 
grande taille, généralement beaucoup plus longues que larges, 
entières, rarement lobées (Meryta sonchfolia), péliolées. 

Le pétiole et les nervures sont mouchetés de nombreuses 
petites taches vertes, allongées parallèlement à la nervure. 
Enfin, la nervure principale et, parfois, les fortes nervures 
secondaires, forment de gros renflements allongés, ovoïdes, qui 
peuvent atteindre dans leur partie médiane un diamètre double 
ou triple de celui de la nervure. Ces renflements se trouvent 
généralement tout contre le sommet de l'angle formé par l’ana- 
stomose d’une nervure latérale avec la nervure médiane. 


144 RENÉ VIGUIER. 


Le pétiole et la nervure médiane ont la même structure : chez 
Meryla Sinclairü, le pétiole grêle présente, sous un épiderme à 
cuticule épaisse, un collenchyme comprenant une dizaine d’as- 
sises de cellules à lumière petite et parois épaisses. Ce collen- 
chyme possède, au voisinage de l'épiderme (généralement dans 
la deuxième assise de cellules), des éléments dont les dimensions 
sont doubles ou triples de celles des éléments voisins; ces 
cellules ont des parois minces ef contiennent une mâcle en 
oursin d’oxalate de chaux. Il existe en outre, au milieu de ce 
collenchyme, de petits canaux sécréteurs bordés par 6 cellules. 

Sous la couche précédente, et présentant la même épaisseur, 
se trouve une couche parenchymateuse avec canaux sécréteurs 
et màcles d’oxalate de chaux. 

On trouve sous l'écorce un cercle de faisceaux libéroligneux 
distincts, à l’intérieur duquel se trouvent d’autres fais- 
ceaux d'orientation très variable. Le cercle externe est 
formé de faisceaux dont l'orientation et la structure sont nor- 
males. Ces faisceaux sont distincts, séparés par de larges rayons 
parenchymateux et recouverts extérieurement par une mince 
couche péricyclique lignifiée. La position des canaux sécréteurs 
est indépendante de celle des faisceaux; ils se trouvent dans les 
rayons, dans lécorce, et dans la moelle. Les canaux situés au 
voisinage des faisceaux centraux ont un diamètre plus grand. 

Chez Meryta DenhaniVépiderme, à cuticule très épaisse, a des 
parois épaissies latéralement. Le collenchyme a des cellules 
inégalement; épaisses et présente de petits canaux sécréteurs et 
quelques mâcles; la couche parenchymateuse à de grands 
canaux sécréteurs etest riche en mâcles. 

Les faisceaux hbéroligneux affectent la même disposition 
que dans l'espèce précédente; les faisceaux du cercle extérieur 
sontinégaux, contigus, recouverts de fibres. 

La structure, dans le 7. sonchifolhia (Gig. 43) est très voisine 
de celle des précédents. 

Chez M. Balansæ le collenchyme est peu net, et les faisceaux 
du cercle extérieur largement séparés. 

Le M. pachycarpa, le M. coriacea, différent des précédents 
par des caractères peu appréeciables : dans le premier le collen- 
chyme à des cellules régulières, également épaissies, allongées 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 145 


tangentiellement ; dans le deuxième, les canaux sécréteurs sont 
peut-être plus nombreux que dans les autres espèces. 

Quelle est la nature des nombreuses petitestaches vertes qui 
s'observent sur le pétiole et les nervures? 

Il est facile de constater que le collenchyme s'interrompt par 
places, etest remplacé par des cellules à parois minces, à méats, 


Fig. 43. — Schéma d'une coupe transversale de la nervure principale d'une feuille de 
Meryta sonchifolia. — pal, parenchyme palissadique; ct, cuticule; sel, fibres péri- 
cycliques: ?, liber; b, bois; cs, canaux sécréteurs: er, màcles; col, collenchyme; 

“o, interruptions de la couche collenchymateuse; gr, grains d'amidon. 


possédant un contenu abondant, riches en chlorophylile ; les 
stomates se trouvent localisés dans lépiderme vis-à-vis de 
ces défauts du collenchyme. 

Ces petites taches vertes ne constituent pas des formations 
anormales:; elles sont seulement remarquables par leur 
abondance et leurs grandes dimensions. Chez les autres 
Araliacées les interruptions dans le collenchyme sont plus rares 
el extrêmement petites. 

Examinons maintenantlanature des renflements des nervures. 
Ces organes ont été simplement signalés, sans qu'on ait donné 
aucune indication sur leur rôle. On à parlé parfois d'eux comme 
« articulations », le sens de cette dénomination nous échappe. 

ANN. SC. NAT. BOT., Je série. IV, 10 


146 RENÉ VIGUIER. 


Pancher, dans une indication manuscrite, mentionne que ces 
renflements s'affaissent etse rident par la dessiccation. 

Nous avons fait plusieurs séries de coupes de renflements, 
notamment dans 4. sonchifolia (fig. 44) et dans A7. Denhamni. 


Fig. 44. — Coupe transversale d'un renflement de la nervure médiane du limbe de 
Meryta sonchifolia. —- Mèmes lettres que dans la figure précédente. — lent, lenti- 
ticelles ; on voit que les lenticelles se forment vis-à-vis des interruptions de la 
couche collenchymateuse. 


L'épaisseur du renflement est due au développement du tissu 
parenchymateux : si, partant de la nervure au-dessus du 
sommet d'un renflement, on examine une série de coupes 
jusque dans la région médiane du renflement, on peut faire les 
remarques suivantes : le collenchyme se modifie peu, tandis que 
le lissu sous-jacent prend une épaisseur plus considérable ; les 
faisceaux du cercle extérieur s'écartent peu à peu quand ils 
étaient contigus et finissent par être séparés par de larges 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 147 


bandes de tissu parenchymateux ; le parenchyvme central prend 
un grand développement Landis que les faisceaux centraux 
semblent se séparer et S'y ramifier — Aucune modification 
ne s'observe dans l'appareil sécréteur. 

Les cellules parenchymateuses qui, dans la nervure, ont un 
protoplasma abondant et de nombreuses réserves (fig. 45), 
sont très différentes dans le renflement ; elles ont en effet, dans 
toute la partie renflée, des parois extrèmement minces (fig. 46) 
el ne possèdent pas trace de réserves; elles présentent, en un 
mot, tous les caractères de cellules aquifères. Les renflements 


Meryta sonchifolia. 
Fig. 45. — Cellules du parenchyme dans la Fig. 46. — Cellules du parenchyme 
région non renflée d’une nervure. dans un renflement. 
cr, mâcles; cs, canaux sécréteurs; gr, amidon. 


des nervures doivent donc très probablement être considérés 
comme des organes de réserve d’eau. 

Les renflements aquifères existent dans un grand nombre 
d'espèces: M. sonchifolialind., M. DenhamiSeem., MW. lanceolata 
Forst., M. mauruensis Nadeaud, M.  Drakeuna Nadeaud, 
M. macrophylla Seem., ete. 

L'étude de ce genre aurait besoin d'être reprise en détails, 
car certaines espèces ne sont connues que par la forme de leurs 
feuilles ; les fleurs sont généralement très incomplètement 
décrites. 

Le Meryta coriacea se disüngue de toutes les autres espèces 
parses capitules longuement pédonculés, à Paisselle d'une petite 
bractée, el par ses fleurs femelles tétramères : peut-être doit-on 
le considérer comme formant une section spéciale du genre, 
toutes les autres espèces ayant des capitules mâles sessiles. 

Parmi les autres espèces il faut distinguer les Meryta Balunsi 


148 RENÉ VIGUIER. 


ct Meryta pachycarpa chez lesquels le calice est nettement 
développé au-dessus de l'ovaire dans les fleurs femelles. 

Le Meryta Orylæna, dont la fleur femelle est inconnue, se 
distingue par des capitules mâles naissant à l'aisselle de grandes 
bractées très rapprochées, plus où moins imbriquées. 

Les autres espèces: Meryla angustifolia Forster, Meryta 
colorata Bailey, Meryta Drakeuna Nadeaud, Meryta latifolia 
Forster, Meryla mauruensis Nadeaud, Meryta pallens Ballon, 
Meryta Sennftiana Volkens, Meryta Sinclair Seem., Meryta 
sonchaifolia Lind., ete., se distinguent surtout d’après la forme 
de leurs feuilles et le nombre des loges de leur ovaire. 


Genre Strobilopanax gen. nov. 


Sous ce nom nous désignons les Meryla macrocarpa et macro- 
cephala de Ballon qui, par l'organisation de leurs fleurs femelles, 
méritent de constituer un genre à part. Les fleurs femelles, 
disposées en capitules, sont complètement soudées par leur 
ovaire. Ces fleurs sont dépourvues totalement de calice, elles 
présentent de pelits pétales avec lesquels alternent de petites 
élamines rudimentaires. L'ovaire comprend 8 carpelles surmon- 
tés de styles épais, divergents. À Ta maturité, les fruits forment 
de grosses masses dont lensemble rappelle des fruits de 
Conifères ou d’Artocarpées. À la surface de ces masses, dans le 
S. macrocarpus, on remarque de petits polygones qui limitent 
les différents fruits et au milieu desquels se trouvent des styles 
persistants. Chez le M. macrocephalus, les limites des différents 
fruits sont à peine visibles et les styles se dessèchent peu à peu”. 

Cette structure si spéciale des capitules et des fruits sépare 
nettementces deux espèces des précédentes et justifie autonomie 
de ce genre Strohilopanar. 

Analomie. — Par son anatomie, ce genre se rattache étroite- 
ment au précédent. Les feuilles grandes, alternes, ont, comme 
celles des Weryla, des renflements aquifères. Les faisceaux 
affectent la même disposition, mais sont assez réduits et 
entourés complètement d'un épais manchon fibreux. 

1. Ces différences proviennent peut-être de la mauvaise conservation des 
échantillons. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 149 


Genre Schizomeryta gen. nov. 


Le Meryla Schizolæna de Ballon mérite, par ses inflores- 
cences, d'être distingué comme type générique. Les feuilles 
simples, grandes, alternes sont en tout semblables à celles des 
Meryta. Mis les inflorescences forment de petits épis isolés à 
l’aisselle des feuilles terminantles rameaux. Les axes d’inflores- 
cence ont 5 à 6 centimètres de long ; de grandes bractées, ovales, 
acuminées, coriaces, disposées en spirale, s’insèrent sur cetaxe ; 
elles sont très nombreuses et se recouvrent les unes les autres. 
À l'aisselle de ces grandes bractées, on trouve une petite masse 
ovoide dont la nature échappe tout d'abord, car cette masse 
est entièrement recouverte par des bractées. En disséquant 
avec soin un de ces petits corps ovoïdes, on constate tout 
d'abord la présence de nombreuses bractées stériles, 1mbri- 
quées, insérées en spirale. Ces bractées, très membraneuses, sont 
longues, étroites, acuminées, denticulées. Après avoir détaché 
un grand nombre de bractées stériles, on finit par détacher des 
bractées identiques aux précédentes mais avant à leur aisselle 
une fleur extrèmement petite, ne dépassant pas un demi-milli- 
mètre de diamètre. Cette fleur possède seulement 3 pélales à 
préfloraison valvaire et 3 étamines. 

Cette disposition très spéciale rappelle celle que nous avons 
déjà rencontrée dans le genre Harmsiopanur. 


Répartition géographique. 


Les genres Strobilopanar, Schizomeryta el la plupart des 
espèces de Meryla sont propres à la Nouvelle-Calédonie. Le 
Meryta Denhami est localisé à Pile des Pins. On à trouvé aux 
iles Norfolk les Meryta angustifolic et latifolia; à la Nouvelle- 
Zélande le NH. Sinclauu ; à Yalhitiles A. macrophylla, Drakeanu, 
mauruensis ; à l'ile de Yap le AZ. Sennftiana; en Nouvelle- 
Guinée le HW. colorata; dans Parchipel Cook, le A7. paucifloru. 


Résumé. 


En résumé, la tribu des Mérytinées comprend des arbres ou 
arbustes à tige simple ou peu ramifiée, à feuilles simples, 


150 RENÉ VIGUIER. 


alternes, et à fleurs unisexuées, en capitules. Les fleurs &° sont 
toujours dépourvues de calice ; les fleurs © ont un ovaire mul- 
tiloculaire avec des styles divergents, et -ont rarement leur 
calice développé au-dessus de Povaire. 

Ces plantes ont des caractères anatomiques qui les séparent 
des autres Araliacées ; elles sont remarquables : 1° par la pré- 
sence, sur les nervures, à la face inférieure des feuilles, 
flements ovoïdes. Ces renflements sont des réservoirs aquifères ; 
ils ne peuvent s'observer que sur les plantes vivantes, car ils 
sont affaissés et méconnaissables dans les échantillons d'herbier ; 
2° par la présence, sur le pétiole et sur les nervures, de nom- 


de ren- 


breuses petites taches vertes: ces taches sont dues à linter- 
ruption de la couche collenchymateuse sous-épidermique qui 


se trouve remplacée par des cellules parenchymateuses bour- 


rées de chlorophylle ; les stomates se trouvent localisés vis-à-vis 
de ces cellules. Ces interruptions de la couche collenchyma- 
leuse existent chez toutes les Araliacées; mais elles sont re- 
marquables, 1e1, par leur nombre et par leurs dimensions. 

La tige des Mérytinées est normale : le collenchyme y est 
souvent peu différencié el présente des canaux sécréteurs ; la 
moelle possède également des canaux sécréteurs épars. 

Le pétiole est caractérisé par la présence de canaux sécré- 
teurs dans le collenchyme ; il présente un cercle de faisceaux 
hbéroligneux normaux, contigus ou non, et dépourvus de for- 
mations secondaires: à l’intérieur de ce cercle se trouvent de 
nombreux faisceaux diversement orientés et des canaux sécré- 
Leurs. 

Ce type de pétiole est voisin de celui des Polyscias et 
genres voisins, mais Il en diffère par la présence de canaux 
sécréteurs dans le collenchyme, par l’épaisseur de ce dernier et 
du parenchyme sous-jacent, ainsi que par l'absence de for- 
malions secondaires dans les faisceaux. 

On peut distinguer trois genres dans cette tribu : 

Fleurs mâles en capitules; fleurs femelles distinctes, parfois 

légèrement. soudées vers leur base/-#20 0. MAS UNE Meryta Forster. 
Fleurs mâles situées à l’aisselle de grandes bractées......... Schizomeryta 

nov. gen. 


Fleurs femelles compiètement soudées par leur ovaire...... Strobilopanax 
nov. gen. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 151 


8. — MACKINLAYINÉES 


Machkinlaya. — Anomopanar. —  Pseudosciadium. — Apio- 
petaluin. 


Genre Mackinlaya. 


Le Machinlaya macrosciadea (F. +. Mueller 1864) à des fleurs 
pentamères, non articulées, caractérisées principalement par 
des pétales à préfloraison valvaire, qui au lieu d'être largement 
insérés sur l'ovaire, sont amincis et rétrécis en onglet vers la 
base, comme les pétales des fleurs d'Ombellifères ; l'androcée 
est isostémone ; l'ovaire est biloculaire, surmonté de deux 
styles complètement libres. Les drupes, plates, à noyaux plus 
ou moins cartilagineux, contiennent des graines à albumen 
non ruminé. C’est un petit arbre glabre, à feuilles alternes 
composées-palmées. 

Analonne. — 1° Tige : Nous n'avons pu étudier qu'une 
région tout à fait terminale, la tige à pourtant déjà presque 
15 millimètres de diamètre. L'écorce est épaisse avec nom- 
breuses mâcles d'oxalate de calcium périphériques et petits 
canaux sécréteurs. Le péricycle à déjà des arcs fibreux très 
épais qui sont indiqués; les cellules de ces ares sont simple- 
ment différentes de leurs voisines, mais non encore épaissies 
ni lignifiées. De nombreux faisceaux libéroligneux sont déjà 
différenciés, séparés par des rayons parenchymateux possédant 
parfois de petits canaux sécréleurs. On trouve dans la moelle, 
qui est très large, quelques petits canaux ; la moelle à des cel- 
lules à parois très minces. 

2 Feuille : Le pétiole (fig. 47) peut atteindre un grand 
développement, 0°,50 de long ; 1l est, à sa partie supérieure, 
renflé en une tête épaisse présentant cinq dépressions où s’arti- 
culent cinq folioles simples, acuminées, avec un  pétiolule 
ayant 4 centimètres de long ou plus. 

Sous un collenchyme assez épais el un parenchyme pourvu 
de petits canaux sécréteurs, le pétiole possède un cercle de 
faisceaux libéroligneux inégaux, très rapprochés, presque 
contigus avec arcs fibreux extralibériens et intraligneux. 


152 RENÉ VIGUIER. 


On trouve à l’intérieur de ce cercle, dans un parenchyme 
possédant de petits canaux sécréteurs, des faisceaux généra- 
lement inverses quoique assez irrégulièrement orientés, les uns 
presque contigus par leur bois avec les faisceaux externes, les 
autres un peu plus profondément situés. Le parenchyme central, 
formé de cellules à parois très minces, devient lacuneux. 

La disposition des faisceaux est un peu modifiée sous la 


Fig. 47. — Pétiole du Mackinlaya macrosciadea. — ep, épiderme: col, collenchyme ; 
sel, Sclérenchyme; /, liber; ag, assise génératrice: b, bois; pl, fibres intraligneuses: 
cs, Canaux sécréteurs. 


masse renflée où viennent s'articuler les folioles, en ce sens 
que le cercle externe est quelque peu dissocié. 

La même organisation s’observe dans le pétiolule qui est 
nettement symétrique par rapport à un plan; 1l y a de nom- 
breux faisceaux très serrés, presque en contact, dont l’en- 
semble dessine un Q. 

Le limbe, sous l'épiderme supérieur dépourvu de stomates, 
montre un exoderme collenchymateux qui comprend trois 
assises de grandes cellules, puis un parenchyme palissadique 
de deux assises, bourré de chlorophylle. Sous ce parenchyme 
se trouvent de petites cellules isodiamétriques, d’abord serrées, 
puis devenant de plus en plus Tâches à mesure qu'on se rap- 
proche de lépiderme inférieur; ce dernier possède de nom- 
breux stomates. : 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. (sh. 


La nervure médiane, peu saillante sur la face supérieure, 
possède un collenchyme en continuité avec lexoderme du 
limbe; mais ce collenchyme est, dans son ensemble, beaucoup 
plus puissant et ses cellules polvédriques ont des parois beau- 
coup plus épaisses. Une couche de collenchyme s'étend éga- 
lement sous l'épiderme inférieur. 

Cette nervure possède une symétrie bilatérale nette : on 
observe, au milieu d'un parenchyme formé de cellules polygo- 
nales à parois peu épaisses el ménageant entre elles de petits 
méats, quatre où six groupes de faisceaux dont deux groupes 
plus petits dans le plan médian, Fun au voisinage de la face 
supérieure, l'autre, plus étendu, au voisinage de la face infé- 
rieure. 

Ces groupes de faisceaux sont entourés d’une masse de cel- 
lules bien distinctes, très petites; les faisceaux v affectent 
une disposition rayonnée, de sorte que chaque groupe res- 
semble, en section, à une coupe transversale de petite tige. 

Il faut retenir, de la structure de ce genre, que le pétiole 
possède un cercle externe de faisceaux normaux contigus, el 
un certain nombre de faisceaux inverses assez irrégulièrement 
disposés à la périphérie du parenchyme central. 

La structure du limbe, notamment celle de la nervure 
médiane, est également bien caractérisée, comme on vient de 
le voir. 

Les ares fibreux péricycliques de La tige sont très épais 
et se différencient très tôt. La moelle à de petits canaux 
sécréteurs épars. 


Genre Anomopanax !. 


Ce genre, établi récemment par Harms, comprend des arbres 
à feuilles alternes, composées-digitées. Les fleurs, groupées en 
eymes, sont 5-6-mères et articulées sur le pédoneule floral. 
Le calice est développé au-dessus de Fovaire sous forme de 
6 sépales ovales ou lancéolés; les pétales minces, à préflo- 


1. Harms, Ann. du Jardin bot. de Builenzorg, sér. A, vol. IV, {'e part., 
p. 13. 


154 RENÉ VIGUIER. 


raison valvaire, sont rétrécis en onglet à la base: landrocée 
isostémone a des étamines dorsifixes, à anthères introrses, 
globuleuses ; lovaire biloculaire, plan, porte deux styles 
libres. 

Anatomie. — 1° Tige: La üge jeune de l'Anomopanar celebicus 
Harms, ne présente rien de bien spécial ; l'écorce épaisse, avec 


6 VerTe9o 


col 


e. 


cs 


que 


ER 


LAN e 
9 Lee 
UN ES 
HE AINCS) 
Fig. 48 et 49. — Pétiole de l’Anomopanax celebicus. — ep, épiderme; col, collen- 


chyme ; es, canaux sécréteurs; sel, péricycle: /, liber: b, bois: fb, faisceaux libé- 
roligneux. 


ses deux couches habituelles, montre des canaux sécréteurs 
irrégulièrement répartis; le péricycle différencie très tôt des 
arcs fibreux épais; les vaisseaux du bois, seuls lignifiés, sont 
séparés par des éléments restés parenchymateux. La moelle 
possède de petits canaux sécréteurs épars, comme on en trouve 
chez les Pseudosciadium; ses cellules sont quelque peu ligni- 
liées. 

2° Feuille : La structure du pétiole (fig. 48 et 49) va nous 
fournir des particularités utiles pour la classification. Le pétiole 
a des faisceaux relativement peu nombreux, égaux, isolés, 
situés presque directement sous l'épiderme (une couche collen- 
chymateuse de 80 à 100 % environ les en sépare). À linté- 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 159 


rieur du cercle de faisceaux une moelle parenchymateuse très 
abondante, constituant à elle seule presque toute la masse du 
péüole (soit 3 millimètres de long et 2 millimètres de large), 
offre quelques petits canaux sécréteurs, les uns épars, les autres 
situés contre la pointe de chaque faisceau. Presque au centre 
de cette moelle, on trouve un petit faisceau hibéroligneux. Cette 
structure rappelle celle des Pseudosciadiunr. 

Les Anomopanur, par leurs feuilles composées-palmées el 
leurs fleurs à pétales ongulés, se rapprochent des Machkinlaya : 
mais ils s'en séparent non seulement par leurs inflorescences, 
mais encore par leur structure. Au contraire, par leur tige 
pourvue de nombreux petits canaux sécréteurs épars, et par 
leur pétiole, ils se relient aux Pseudociadurm. 

Harms a décrit trois espèces d'Anomoparar : VA. celebicus, 


l'A. philippinensis, et PA. Warburçqu. 


Genre Pseudosciadium !. 


Le Pseudosciadium  Balansæ est un pelit arbuste à tige 
presque simple, portant des feuilles alternes composées-1mpa- 
ripennées, avec 11 à 15 folioles membraneuses, pétolulées. 
Les fleurs sont groupées en grappes composées de petites 
ombelles. Le pédicelle floral est nettement articulé, mais 
l'articulation se trouve assez loin de la base de lovaire. Ces 
fleurs sont pentamères, les sépales sont arrondis-acuminés, 
assez développés. Les pétales blanchâtres, à préfloraison val- 
vaire, sont atténués vers la base, très semblables à ceux des 
Ombellifères, avec une crête médiane sur leur face interne. 
L'androcée est isostémone ; l'ovaire est biloculaire, surmonté 
de deux styles libres, légèrement genouillés, assez semblables 
à ceux des Myodocarpus. 

Anatomie. — 1° Tige : Toute l'écorce est formée de grandes 
cellules à parois épaisses, collenchymateuses. Un grand nombre 
de cellules présentent des cristaux d'oxalate de calerum; ces 
cristaux affectent la forme d’octaèdres et sont très rarement 
imâclés. Des canaux sécréteurs sont irrégulièrement répartis 


1. Baillon (1879, a). 


156 RENÉ VIGUIER. 


dans toute cette écorce. Le péricycle différencie de bonne 
heure de petits îlots fibreux remarquables par l'extrême épais- 
seur des membranes, la lumière des cellules étant à peine 
visible. Le bois secondaire possède des vaisseaux nombreux, 
mais presque tous isolés (diamètre moyen 20 y): les fibres, 
abondantes, ont des parois extrémement épaisses. La moelle à 
de grandes cellules lignifiées et possède des canaux sécréteurs 


Fig. 50 et 51. — Pétiole du Pseudosciadium Balansæ. — ep, épiderme: col, collen- 
chyme; sc/, sclérenchyme:; cs, canaux sécréteurs; /, liber:; «g, assise géncratrice: 
b, bois; pc, moelle. 


épars dont la lumière (de 20 à 30 %) égale tout au plus le dia- 
mètre des cellules voisines. 

2° Feuille : Une coupe transversale du pétiole (fig. 50-51) 
pourrait facilement être prise pour une coupe de tige, car, 
sous le collenchyme peu épais, on trouve un grand nombre 
de faisceaux libéroligneux disposés côte à côte en un anneau 
complet, et pourvu de quelques formations secondaires, ainsi 
qu'en témoigne l'alignement radial des éléments. Ces fais- 
ceaux sont recouverts d’un côté par un arc fibreux péricyclique 
semi-circulaire, de lautre côté par un arc fibreux périmédullaire 
qui pénètre en coin dans la moelle. Cette moelle possède un 
cercle de canaux sécréteurs périphériques, et un petit faisceau 
isolé comme nous en avons vu dans les Anomopanar. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. (ro 


Les folioles membraneuses ont un pétiolule nettement bila- 
téral et possédant des faisceaux distincts. Le limbe (fig. 52) 
dorsiventral n'a pas d'exoderme différencié ; le tissu palissa- 
dique est réduit à une petite assise. La nervure médiane est 
à peine saillante sur les deux faces ; sous lépiderme inférieur 
il v a du collenchvme, 


J 


puis une large bande 


de sclérenchyme. Ce 
sclérenchyme  péricy- 
clique est superposé à 
un arc libéroligneux. 


{ An F4 , “ DE Mo 9 mn À . . 

En dehors de cel art . Fig.52. — Limbe du Pseudosciadium Balansæ. — 
pal, tissu palissadique: col, collenchyme: cs, ca- 
naux sécréteurs; b, bois: sel, péricyele; £, liber. 


on trouve sur la face 
ventrale deux « fais- 
ceaux rayvonnés » entourés chacun par un anneau seléreux 
péricyclique et en contact dans le plan de symétrie de la ner- 
vure. On trouve en outre dans cette nervure des canaux 
sécréteurs sous le collenchyme, dans le liber des faisceaux, et 
aussi un canal dans l'axe de la nervure entre Pare vasculaire et 
les deux faisceaux rayvonnés. 

Ce genre, dont le fruit est inconnu malheureusement, se 
rapproche des Myodocarpus et des Delarbrea par son organi- 
sationflorale. Mais, d'autre part, ilse rattache aux Anomopanar, 
avant comme eux des fleurs à pétales ongulés et possédant une 
structure de Uige et de pétiole très voisine. 


Genre Apiopetalum . 


Les Apiopelalum différent des plantes précédentes par leurs 
feuilles simples qui leur donnent un port très spécial”. Ces 
feuilles simplesse distinguent par leur formede celles de toutes les 
autres Araliacées: elles ont un limbe très coriace, velu (A. velu- 
linum) où glabre (A. glabratum), obovale, doucement atténué 
vers la base en un long pétiole. L'inflorescence forme une 
ombelle composée à l'extrémité d'un axe assez long; les fleurs, 

1. Baillon (1879, à). 


2. Le port de l'A. velulinum rappelle, d’après Baillon, celui de Broussaisia, 
de diverses Gesnériacées, etc. 


158 RENÉ VIGUIER. 


non articulées, pentamères, ont des pétales ongulés, un androcée 
isostémone, un ovaire 2-4 loculaire surmonté d’un disque 
convexe et d’une colonne formée par les styles soudés. Le fruit 
mûr n'est pas connu’. 

Anatonne. — 1° Tige : Les poils nombreux qui recouvrent 
la tige el quelquefois aussi les feuilles de cette plante sont 
différents des poils rameux qu'on à coutume de rencontrer 
chez les Araliacées ; ils sont simples, effilés, formés de 6-8 cel- 
lules disposées bout à bout, séparées par des cloisons obliques. 
Ils sont insérés par une base amincie sur un petit coussinet 
formé par la lige: toutes les cellules constituant ces poils ont 
un contenu abondant avec probablement des grains de chlo- 
rophylle. 

L'écorce à toutes ses cellules à peu près également épaissies: 
le péricycle est pourvu d’arcs fibreux nombreux et très épais ; 
la moelle large contient de petits canaux sécréteurs. 

2° Feuille : Une coupe transversale de pétiole montre, sous 
un collenchyme épais, un parenchyme présentant de grandes 
lacunes. Les faisceaux libéroligneux, très nombreux, sont 
recouverts d’arcs fibreux supralibériens et séparés les uns des 
autres par du parenchyme. Les plus externes sont disposés 
suivant un demi-cerele et ont une orientation normale ; vis-à- 
vis de ces faisceaux, et dans une même masse de cellules 
légèrement lignifiées, se trouvent des faisceaux inverses ; il y a 
ensuite jusqu'au centre des faisceaux ; lorientation est très 
irrégulière; on trouve parmi eux des faisceaux « rayonnés ». 

La structure du himbe est intéressante ; 1l existe sur la face 
supérieure un exoderme collenchymateux qui est formé de 
3 ou 4 assises de grandes cellules et dont l'épaisseur est à peu 
près le tiers de celle du limbe; les cellules assimilatrices de la 
face supérieure forment un tissu palissadique mal différencié. 
Tous ces issus se continuent presque sans modification au- 
dessus de la nervure médiane ; seules les cellules de l'exoderme 
sont plus petites et forment un collenchyme bien marqué, mais 
à peine saillant. La nervure médiane, extrêmement épaisse, 
semble accolée à la face inférieure du limbe : elle présente 


1. Nous n'avons trouvé de fruits muürs ni dans l’herbier du Muséum, ni 
dans les échantillons que nous a expédiés M. Le Rat. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 159 


de nombreux faisceaux disposés en quatre groupes dans un 
massif de cellules distinctes du parenchyme voisin et un 
collenchyme très épais. 

Baillon, qui déerivit le genre, dit que le limbe est denté; 
l'expression est impropre dans le cas présent. Le limbe est en- 
lier, mais présente sur ses bords des petits mamelons sail- 
lants, arrondis qui sont certainement des organes particuliers. 
En faisant des coupes longitudinales et transversales de ces 
petits organes, on constate que dans le mamelon, beaucoup 
plus épais que les tissus voisins, vient se terminer un fais- 
ceau libéroligneux. Les vaisseaux du bois viennent s'épa- 
nouir au milieu de petites cellules bien différentes de leurs voi- 
sines. On se trouveen présence de stomates aquifères s'ouvrant 
sans doute sur le bord de la face supérieure du mamelon. 

Ce genre compte deux espèces : Ayropelalum velutinum el 
Apiopetalum qglabratum. 

Tous les caractères de ce genre le séparent complètement 
des précédents. 


Répartition géographique. 


Le genre Mackinlaya est localisé en Australie; les Psewdo- 
sciadium el Apiopelalum sont néocalédoniens, le premier à été 
recueilli à l'embouchure du Dotio et le second au mont Mou. 

Les Anomopanarx sont des plantes malaises: PA. celebicus 
provient de Minahassa (Célèbes), FA. Warburqu a été récolté 
par Warburg entre Manipi et Leia dans les Célèbes australes ; 
enfin l'A. phiippinensis a été recueilli à Mindanao et à Davao 
dans les Philippines. 


Résumé. 


Les Mackinlayinées ont en commun les caractères suivants : 

Fleurs 5-6-mères à pétales rétrécis à la base, valvaires dans 
le bouton, à androcée isostémone ; drupes à albumen non rumuné. 
La tige a Loujours une moelle pourvue de petits canaux épars, 
et des arcs péricycliques épais et nombreux. La structure du 
péliole caractérise chaque genre. 


160 RENÉ VIGUIER. 


Le genre Apropelalum se sépare aisément, à cause de ses 
caractères particuliers, de toutes les Araliacées. Les Machin- 
laya, outre les caractères tirés de Fa forme des pétales, ne 
peuvent être réunis aux Schefflérinées, puisqu'ils ont des 
fleurs articulées, ni aux Pseudopanacinées, à cause de leur 
structure. Les Anomoparar, si on ne lenait pas compte de la 
forme des pétales, pourraient être rapprochés des Pseudo- 
panacinées, mais ils n'ont d'affinité étroite avec aucun genre 
de cette tribu. Les Pseudosciadium se rapprochent étroitement 
des Myodocarpus et vivent dans les mêmes régions : leur fruit 
élant inconnu, il serait hasardeux de les mettre dans la tribu des 
Myodocarpinées, puisque, d'autre part, ils se rapprochentdes gen- 
res précédents parleur organisation florale ou parleur structure. 

On peut diviser les Mackinlayinées de la manière suivante : 


A. MACkINLAYÉES. 

Pédoncule floral articulé. Ovaire dimère à disque plan et styles libres. 
Feuilles composées. Faisceaux disposés dans le pétiole en un seul cerele 
ou groupés vers la périphérie entourant un parenchyme central abon- 
dant. 

1. Feuilles composées-palmées. Pétiole à plusieurs 

cercles de faisceaux. Fleurs en ombelles......... Mackinlaya. 
2. Feuilles composées-palmées. Pétiole avec un cercle 

de faisceaux sous un collenchyme très mince. 

Fleurs en cymes, directement articulées sous 

l'ovaire Styles droits mens Enen RAA RERr Anomopanax. 
3. Feuilles composées-pennées. Pétiole avec un cercle 

de faisceaux; fleurs en ombelle; pédoncule floral 

articulé assez loin de la base de l'ovaire; styles 

CAES DUO] D DU ER AL PAPE EN 2 A LEE AREA PAIE ERREURS VUS Pseudosciadium . 

B. APIOPÉTALÉES. 
Pédoncule floral non articulé. Ovaire 2 à 4-loculaire avec 
disque surélevé et styles soudés. 
Feuilles simples, avec stomates aquifères périphé- 
riques saillants sur le bord du limbe. Faisceaux 
irrégulièrement répartis jusqu'au centre dans le 
DébLOLE:. 4 LA MR ENS NN isa eee sn A piopetalum. 


9. — PANACINÉES. 


Genre Panax!. 


Par ses organes végétalifs, ce genre mérite une place à part 
dans la famille: les Panar sont de petites herbes pourvues 


1, Linné (1735). 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 161 


d'un seul verticille de feuilles composées-palmées. Une ombelle, 
généralement solitaire, s'élève, sur un long pédoncule, du 
centre de la rosette de feuilles. Les fleurs, articulées, sont pen- 
tamères, avec un calice présentant de petites dents dépassant 
l'ovaire, une corolle à préfloraison imbriquée, un ovaire 
à 2-3 carpelles surmonté de styles libres. Les drupes, à endo- 
carpe peu épais, ont des graines à albumen non ruminé. 

Linné avait fait rentrer dans ce genre un arbre à feuilles 
alternes composées-pennées, à fleurs en panicules d’ombelles, 
à corolle valvaire dans le bouton : le Panar fruticosum. A la 
suite de cette espèce, les auteurs avaient rattaché au genre les 
plantes les plus variées. 

Seemann et Harms ont défini nettement le genre Panur, en 
le limitant aux espèces possédant les caractères précis que nous 
venons d'énoncer. Le Panar fruticosum est devenu pour 
Seeman un Nothopanazr et pour Harms un Polyscias. 

Très semblables par leur appareil aérien, les Panur peuvent 
être ramenés à trois types, d’après la morphologie de leurs 
organes souterrains. 

Le premier type est réalisé par le P. trifolius, espèce de 
petite taille, avec un verticille de trois feuilles généralement ; 
on trouve à la base de la tige, une racine fortement renflée, 
sphérique. 

Le deuxième type comprend plusieurs espèces présentant 
une ou plusieurs racines tuberculeuses, très allongées, fusi- 
formes. 

Le troisième type est représenté par le P. repens Maxim; 
la plante végète par un rhizome long et grêle ; chaque année 
le rhizome se relève, donne une tige aérienne, tandis qu'un 
bourgeon axillaire, se développant, donne un nouveau rhizome 
pour l’année suivante : 

On peut donc distinguer trois sections très nettes dans le 
genre : Sphæricæ, Fusiformes, Rluzomatæ. 

Dans la section Fusiformes, on distingue en général les 
espèces suivantes : 

Panar Ginseng U.-A. Meyer, P. quinquefolius L., P. pseudo- 
Ginseng Benth., P. bipinnatifidus Seem. 

De très nombreux travaux ont été publiés sur ces plantes, 

ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. VAE 


162 RENÉ VIGUIER. 


car le Gisneng, plante de Corée, est, pour les Chinois, un remède 
précieux, auquel ils attachent une valeur considérable. Les 
marchés de Hong-Kong et de Chang-Haï sont inondés 
par les racines du P. quinquefolius américain, qui seraient 
très différentes par leurs propriétés de celles du véritable 
Ginseng. 

Les anciens botanistes considéraient les P. Ginseng el quin- 
quefolius, comme appartenant à la même espèce : Vaillant, en 
1718, publia une note sur l «établissement d’un nouveau genre 
de plante, nommé Araliastrum, duquel le fameux Ninzin ou 
Gin-zeng des Chinois est une espèce ». Ce genre est caractérisé 
par sa « tige simple, terminée par une ombelle dont chaque 
rayon ne porte qu'une fleur; cette lige est accolée au delà de 
sa moitié, comme celle de lAnémone, par l'assemblage des 
bases de quelques queues ». L’Aralia est « semblable à l'Ara- 
liastrum par la structure et la situation de la fleur, mais la baïe 
contient ordinairement cinq semences disposées en rond tout 
autour de son axe... Les feuilles sont branchues à peu près 
comme celles de l'Angélique ». 

« L'Aralastrum quinquefoli folio majus, qui est le Ginseng 
des Chinois, se retrouve au Canada, d’où M. Sarrazin, médecin 
du roi et correspondant de l'Académie, l'a envoyé au jardin 
royal de Paris en 1700. » 

Pour Linné, comme pour Vaillant, les espèces américaines et 
coréennes sont identiques. 

C'est C.-A. Meyer qui a séparé les espèces en se basant sur la 
forme des racines et des feuilles, et en constatant que dans le 
P. Ginseng les écailles situées à la base de la tige sont charnues 
et persistantes, tandis qu’elles sont minces et caduques dans le 
P. quinquefolius. 

Le travail de Meyer est très documenté; mais les caractères 
qu'il emploie pour délimiter ses espèces sont peu nets : d’après 
Clarke, le P. Pseudoginseng etle P. bipinnatifidus sont difficile- 
ment séparables du P. Ginseng. On retrouve dans ces espèces 
de nombreux types semblables de racines, et les écailles de la 
base de la lige sont souvent persistantes, de sorte que la 
forme des feuilles quiestlégèrementdifférente est le seul caractère 
précis. On peut dire de même pour le P. quinquefolius, qui à 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 165 


seulement des feuilles plus obovales et plus brusquement acu- 
minées que celles du P. Ginseng. 

Comme, d’autre part, les connaissances que nous avons du 
vrai Ginseng sont encore empiriques, et qu'il n’est pas démontré 
que cette plante ait des propriétés physiologiques différentes 
des autres, il serait peut-être préférable de considérer toutes 
ces « fusiformes », comme formant des variétés d’une même 
espèce. Si nous devions considérer comme des espèces distinetes 
toutes ces plantes, nous aurions dû doubler ou tripler le 
nombre des espèces des autres tribus. Les conclusions 
d'un travail récent de MM. Perrot et de Vilmorin disant : 
« qu'il est hors de doute que la drogue américaine n’est aucu- 
nement comparable à celle de Corée », nous semblent, en tout 
cas, assez exagérées. 

Anatomie. — 1° Tige : Une tige de Panar est aisément recon- 
naissable par ses faisceaux libéroligneux distincts, séparés par 
de larges rayons parenchymateux et par son appareil sécréteur 
réduit. 

L'écorce possède toujours une couche collenchymateuse 
externe el une couche collenchymateuse interne. Le péricyele, 
tantôt dépourvu de fibres (rhizome de P. repens, P. trifolius), 
tantôt différencié en arcs fibreux au-dessus des faisceaux 
(P. quinquefolius), est pourvu de canaux sécréteurs, souvent 
difficiles à reconnaitre dans des échantillons desséchés. Les 
faisceaux, isolés, riches en vaisseaux, ne développent que très 
peu de formations secondaires, les tiges étant annuelles. 

2 Feuille : Les feuilles composées-palmées ont un pétiole 
dont la structure est voisine de celle de la tige. Les faisceaux, 
bien distincts, disposés en un cercle, possèdent des arcs 
fibreux péricycliques. L'appareil sécréteur, autant que nous 
avons pu en juger, ne pénètre pas dans la feuille. 

Le limbe, membraneux, dépourvu d’'exoderme différencié, 
a une nervure médiane présentant un pelit arc hbéroligneux 
el une forte crête collenchymateuse ventrale comme le limbe 
des Acanthopanar. 

Ce genre Panar par ses fleurs, par la structure de ses 
organes végélalifs, se rapproche surtout des Acanthopanar el 
pourrait ètre incorporé dans les Pseudopanacinées. Toutefois, 


16% RENÉ VIGUIER. 


par ses feuilles disposées en un verticille unique, par la réduc- 
üion de l'appareil sécréteur, par la structure de sa tige, ce genre 
est très spécial et nous préférons en faire le type d’une série 
de Panacinées. 


Répartition géographique. 


Le Panar trifolius et le Panarx quinquefolius appartiennent 
au Canada et aux États-Unis. Le P. Ginseng est indigène de 
Corée et de Mandchourie ; le P. repens habite le Japon et les 
P. bipinnatifidus et Pseudoginseng YHimalaya (Nepal, Sik- 
khim). 


10. — ÉRÉMOPANACINÉES. 


Eremopanax. — Arthrophyllum. — Crepinella. — Wardenia. 


Genre Eremopanax !. 


On range dans ce genre quelques espèces d’arbrisseaux néo- 
calédoniens à feuilles ordinairement alternes et composées- 
imparipennées, mais opposées, trifoliolées ou simples dans les 
régions florifères. Les fleurs, en ombelles, sont inarticulées, 
pentamères, avec un ovaire formé d’un seul carpelle. Le fruit 
drupacé possède une graine à albumen non ruminé. 

Baillon, créateur de ce genre, l’identifiait presque avec les 
Mastiria. L'examen anatomique va nous montrer que les 
Eremopanar sont de vraies Araliacées tout à fait différentes 
des Mastiria. 

Anatomie. — 1° Tige (ig.53) : L’épiderme, pourvu d'une cuti- 
cule très épaisse et ondulée, surmonte une couche de collen- 
chyme constituée par des cellules à parois minces et présentant 
dans sa partie périphérique et dans sa partie profonde de petits 
canaux sécréteurs. La couche corticale sous-jacente possède des 
cellules plus grandes, mais à parois presque aussi épaisses que 
celles des cellules du collenchyme.— Le péricycle présente des 
arcs scléreux distincts de fibres très épaisses et de grands 


4. Baïllon (1879, a), p. 156. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 165 


canaux sécréleurs. Le bois secondaire à des vaisseaux de 40 
à 50 y de diamètre isolés ou groupés par deux ou trois, au 
milieu de fibres à parois minces, larges de 20 y. La moelle 
est formée de grandes cellules parenchymateuses ; elle es 


ep m 
Fig. 53. — Tige de l'Eremopanax Balansæ. — ep, épiderme:; scl, sclérenchyme péri- 
cyclique ; /, liber ; ag, assise génératrice; rm, rayons: b, bois; cs, canaux sécré- 


teurs. 


caractérisée par la présence d'un très grand nombre de canaux 
sécréteurs (une cinquantaine dans une moelle de 2 millimètres 
de diamètre), dont la lumière est considérable (100 à 150 2). 

2° Feuille : Le péliole possède un collenchyme très épais, 
formé de cellules à parois minces; il est pourvu de canaux 
sécréteurs. Il ÿ à de nombreux faisceaux libéroligneux épars, 
dépourvus d’arcs fibreux. Entre ces faisceaux, on trouve des 
canaux sécréteurs de grand diamètre. 

Le limbe est pourvu d'un exoderme différencié sous l'épi- 
derme supérieur; cet exoderme est formé par deux assises de 
cellules aplaties, collenchymateuses. La nervure médiane, peu 
saillante, possède sur ses deux faces une épaisse couche collen- 
chymateuse dans laquelle on trouve des canaux sécréteurs. 


166 RENÉ VIGUIER. 


Les faisceaux libéroligneux, dépourvus de gaine sclérifiée, sont 
distincts et épars dans le parenchyme. 

En résumé, le genre £remopanur 'est lune vraie Araliacée. 
Par la structure de sa tige et de sa feuille, il est nettement 
caractérisé et se sépare des autres genres. Il se distingue 
aisément du genre Mastirin. 


Genre Arthrophyll um. 


Les Arthrophyllum sont des arbres à feuilles généralement 
alternes et composées-pennées, sauf dans les régions voisines 
des iuflorescences où elles peuvent être simples et opposées. 
Les fleurs, en ombelles, non articulées, sont pentamères avec 
un ovaire formé d’un seul carpelle. L'albumen de la graine est 
fortement ruminé par digestion. Ce dernier caractère le dis- 
Uingue nettement des £remopanar. Le fruit est ovoïde, parfai- 
tement symétrique, surmonté d’un court style et d’un calice 
à pièces distinctes ; le péricarpe est mince et le noyau dur. 

Anatomie. — Comme l'ont constaté tous les auteurs qui ont 
étudié la question, ce genre par son anatomie, est une véritable 
Araliacée et ne saurait être séparé de la famille. 

La tige d'Arthrophyllum diversifolium est celle d'une Ara- 
liacée normale : parmi les cellules du collenchyme, on en dis- 
üingue pourtant un certain nombre qui lignifient légèrement 
leur partie interne ; l'écorce sous-jacente a des canaux sécré- 
teurs. Le péricycle épais forme des arcs fibreux étroits et des 
canaux sécréteurs. Les faisceaux libéroligneux, contigus, sont 
très étroits. La moelle possède des canaux sécréteurs épars et de 
diamètre très petit. 

Le bois secondaire a des vaisseaux assez nombreux (10 à 15 
au millimètre carré), presque toujoursisolés ou groupés par deux 
radialement. Ces vaisseaux ont des ponctuations nombreuses 
très allongées transversalement, et disposées parallèlement de 
telle sorte que ce sont parfois de véritables vaisseaux scalari- 
formes ; leur diamètre est de 60 à 80 et leur contour sub- 
polygonal. Les fibres, à lumière large, quadrangulaire, ont une 


1. Blume (1826), Bizdragen tot de Flora van Ned. Indie, p. 878. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 167 


paroi extrêmement mince. Les rayons, peu épais (60 à 80 L), 
sont remarquables par la présence de poches sécrétrices 
(fig. 54); c’est la seule Araliacée que 
nous ayons rencontrée présentant celte 
particularité. Ces poches sont très 
allongées radialement et ressemblent à 
un canal sécréteur, tandis que dans 
une coupe tangentielle, elles se pré- 
sentent comme une petite chambre eir- 
culaire bordée par de nombreuses cel- 
lules plus petites que les autres cellules 
du rayon. Ces cellules des rayons sont 
un peu allongées radialement. 

Feuille : Le pétiole présente un col- 
lenchyme mince, à l'intérieur duquel 
on trouve, de place en place, un petit Fig. 54 — Bois secondaire 

AR : HAT de l’Arthrophyllum diver- 
canal sécréteur; les faisceaux libéro-- siforum (coupe tangen- 
ligneux contigus forment un cercle el a Fe 
développent des formations secon- poches sécrétrices. 
daires. La moelle parenchymateuse 
possède, à la périphérie, un cercle de faisceaux, non con- 
ügus, avec bois extérieur. Entre les deux cercles de fais- 
ceaux, on trouve des canaux sécréteurs. 


La 


Mi 


AA 


Y 


TUE 
HAL 


Genre Crepinella ! 


Le Crepinella gracilis est un petit arbrisseau à feuilles com- 
posées-palmées. Les fleurs, en ombelles composées, sont inarti- 
culées sur le pédoncule floral; ces fleurs sont tétramères avec un 
ovaire uniloculaire comme dans les genres précédents. Nous 
n'avons pu nous procurer cette plante dont la position reste 
incertaine. Peut-être dérive-t-elle des Srchefflera américains, 
de même que les Cuphocarpus dérivent des Polyscius. 


1. E. Marchal, Transuct. Lin. Soc., 2* série, vol. IL, p. 235. 


168 RENÉ VIGUIER. 


Genre Wardenia. 


Le Wardenia simpler, décrit par King en 1898, est un petit 
arbre à tige épineuse, à feuilles simples, coriaces, longue- 
ment pétiolées et présentant de petites stipules. L'inflorescence 
terminale, assez réduite, comprend des fleurs en ombelles. 

La fleur est vraisemblablement inarticulée, car le caractère 
de l'articulation du pédoncule floral n'aurait certainement pas 
échappé à l’auteur. Le calice présente cinq petites dents; les 
pétales, en calyptre, sont valvaires vers le bas, légèrement 
imbriqués vers le haut. L’androcée comprend cinq étamines 
à filets courts et à anthères versatiles. L’ovaire est surmonté 
d’un disque charnu, convexe, faiblement quinquélobé et por- 
tant un court style. Cet ovaire est uniloculaire et possède dewr 
ovules pendants. Le fruit est biloculaire par formation d’une 
fausse cloison, et contient deux graines comprimées. La nature 
de l’albumen est inconnue. 

Nous placons ce genre dans la tribu des Érémopanacinées, 
mais 1l n’est pas encore certain que ce soit une Araliacée : l’au- 
teur n'indique pas, en effet, la position du raphé, et on ignore 
si la plante possède des canaux sécréteurs. Il est donc possible 
que le Wardenia soit une Cornacée. 


Répartition géographique. 


Les Eremopanar sont des plantes spéciales à la Nouvelle- 
Calédonie ; le Crepinella gracilis à été récolté à la Guyane 
anglaise et le Wardena simplex provient de Perak (presqu'île 
de Malacca). 


Résumé. 


La tribu des Erémopanacinées est constituée par des genres 
assez hétérogènes, caractérisés par leurs fleurs non articulées el 
par leur ovaire uniloculaire. 

On peut la diviser de la manière suivante : 

a. Ovaire uniovulé. 
1. Feuilles composées-pennées. 


a. Albumen ruminé. Poches sécrétrices dans les 
rayons. Canaux médullaires à diamètre petit. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 169 


Pétiole avec un cercle externe de faisceaux 

normaux et un cercle interne de faisceaux in- 

MÉLSES M ares lolo die sien e mie tte 1e L ere Meet Arthrophyllum. 
8. Albumen non ruminé. Pas de poches sécré- 

trices dans les rayons. Canaux médullaires 

nombreux et à grand diamètre. Faisceaux 


éparsdans le pétiole ET... Eremopanax. 
IL. Feuilles composées-palmées.................... Crepinella. 
DO VAILENDIONULES EP NUE 2h ee Me des elae dés ee 010 Wardenia. 


GENRES DE POSITION INCERTAINE 


Genre Apieura !. 


L'Apleura nucamentarcea est une petite plante qui pousse 
dans les hautes régions du Chili. C’est une espèce intéressante, 
car c’est la seule Araliacée connue, franchement adaptée aux 
conditions de la vie alpine ; nous ne la connaissons malheu- 
reusement que par la description donnée par Philippi. Par son 
port, qui est à peu près celui du Silene acaulis, cette plante 
se rapproche des Azorella et Laretia, Ombellifères  pous- 
sant dans les mêmes régions. Nous ne pouvons déterminer la 
position de ce genre, car la fleur en est inconnue. On sait seu- 

lement que les fleurs sont #solées et que le fruit est une drupe à 
endocarpe osseux. Il est curieux de constater que tous les auteurs 
ont continué après Philipp, à placer l'Apleura dans les Ombel- 
lifères, sous le seul prétexte que la plante vit au milieu d’autres 
Ombellifères et possède exactement leur port. C’est simplement 
là un caractère de convergence comme on en à tant observé. 
Dans son beau travail sur la « végétation de la Nouvelle- 
Zélande », Dies (1897) mentionne un certain nombre d'espèces 
alpines vivant dans la région des Azorelles, avant le port de ces 
plantes, et appartenant aux familles les plus variées. Ce ne serait 
pas une faute plus grave de réunir ces plantes au genre Az0- 
relia que de vouloir y joindre le genre Apleura. 


Genre Woodburnia *. 


La position du genre Woodburnia, récemment décrit par 


Praix, est très incertaine; l’auteur se borne à dire que la 


1. Philippi (186%). 
2. D. Prain (1903). 


170 RENÉ VIGUIER. 


plante présente des caractères exceptionnels pour la famille : 
ombelle simple et fleurs remarquablement grandes. On 
conçoit donc qu'il n'y à pas lieu de tenir compte de ce 
genre {ant qu'une description plus complète n'en aura pas été 
donnée. ; 

Il est très possible que le Woodhwrnia ne soit pas une 
Araliacée. 


Genre Mastixia. 


Le genre Masliria, considéré par Baillon comme voisin des 
Eremopanar (1879, a), s'éloigne non seulement de ce genre, 
mais de toutes les autres Araliacées. 

D’après M. Van Tieghem, on ne trouve dans l'écorce de 
la tige ni couche de collenchyme, ni canaux sécréteurs ; 
celte écorce présente, en revanche, des cellules scléreu- 
ses isolées. Le périeyvele est dépourvu de canaux. sécré- 
leurs et constitué par une couche à peu près continue de 
fibres. Dans la pointe extrême de chaque faisceau ligneux, 
la tige montre un canal sécréteur; elle possède, en outre, 


dans le Mastiria Gardneriana quelques canaux dans la 


moelle. 

L'absence de canaux dans le péricyele de la tige ne permet 
pas d’incorporer les Mastiria dans les Araliacées ; d'autre part, 
il est difficile de ranger ce genre dans les Cornacées, la tige 
possédant des canaux sécréteurs à la périphérie de la moelle ; 
les caractères invoqués par Sertorius (1894) pour rapprocher 
les Mastiria des Cornacées ne sont pas absolus comme l'auteur 
parait le croire. 

M. Van Tieghem (1900) à proposé de constituer une famille 
des Mastiriacées . avec les Ombellales à ovaire uniloculaire : 
cette famille devrait être alors limitée au Mastiria (et peut-être 
au Wardenia), carles Eremopanax, Cuphocarpus, Arthrophyllum 
sont inséparables des Araliacées. La connaissance de la struc- 
ture de la racine des Mastiria permettrait, seule, de trancher 


celle question. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 171 


GENRE EXCLU DES ARALIACÉES. 


Genre Aralidium. 


Les Aralidium sont des arbres aisément caractérisés par 
leurs grandes feuilles simples, irrégulièrement pinnatilobées. 
L'inflorescence est une grappe composée, dont les rameaux 
ultimes portent un petit nombre de fleurs. Ces fleurs sont 
unisexuées, pentamères, articulées ; les pétales sont imbriqués. 
Les étamines, à filets courts, ont des anthères globuleuses. Les 
fleurs femelles, que je n'ai pu me procurer, sont dépourvues 
d'étamines et de staminodes (?); l'ovaire est formé de 3-4 car- 
pelles que surmontent des styles distincts à stigmates termi- 
naux. Le fruit, ovoide, drupacé, contient ordinairement un 
seul noyau uniséminé. La graine à un albumen ruminé. 

Anatomie. — L'étude de la structure de cette plante mérite- 
ait d'être faite en détail; les matériaux que nous avons 
étudiés nous conduisent à retirer ce genre de la famille des 
Araliacées. Nous n'avons en effet observé de canaux sécré- 
teurs ni dans la tige, ni dans la feuille. 

1° Tige : L'écorce est différenciée en une couche collen- 
chymateuse externe et une couche parenchymateuse interne, 
comme celle de la tige des Araliacées. Dans la couche paren- 
chymateuse, on observe de nombreux petits faisceaux norma- 
lement orientés, qui se rendent évidemment aux feuilles supé- 
rieures. Le péricycle mince présente quelques îlots seléreux 
formés par un nombre restreint de cellules. Le bois secondaire 
est divisé en compartiments égaux par des rayons nombreux, 
très larges, droits ; ces compartiments comprennent de grands 
vaisseaux isolés et des fibres épaisses. La moelle, parenchyma- 
teuse, est parcourue par des ilots de fibres lignifiées à lumière 
presque nulle ; ces îlots sont entourés par une gaine de cellules 
différenciées. 

2 Feuille : Le pétiole présente sous l'épiderme un collen- 
chyme épais, très fréquemment interrompu suivant des bandes 
formées par deux ou trois rangs de cellules parenchymateuses. 
Sous ce collenchyme on remarque une masse homogène de 


119 RENÉ VIGUIER. 


cellules parcourue par de nombreux faisceaux épais el 
INÉgaux. 

Si donc, les Aralidium sont dépourvus de canaux sécréteurs, 
c’est dans la famille des Cornacées qu'ils doivent prendre place. 
Ils devront être placés au voisinage des Torricellia, Melano- 
phylla et Kaliphora dont ils sont voisins par l’organisation et 
par la structure. 


CHAPITRE II 


RELATIONS ET AFFINITÉS DES ARALIACÉES. 


Relations des genres entre eux. 


Nous avons dit, au commencement de ce Mémoire, que les 
Araliacées formaient une série morphologique à peu près 
continue. Avant étudié l’ensemble des genres, nous pourrons 
maintenant examiner leurs relations réciproques. 


Plérandrées. — Cette série est représentée par les genres 
Tupidanthus, Plerandra, Plerandropsis, Octotheca et Tetrapla- 
sandra. 

Le genre T'upidanthus, qui à des feuilles composées-palmées, 
un nombre indéterminé d'élamines et de carpelles, se relie prin- 
cipalement au genre Plerandra qui à également des feuilles 
composées-palmées, des fleurs à nombreuses étamines, mais 
dont le nombre des carpelles est déterminé: l'ovaire, qui 
possède jusqu'à vingt loges dans certaines espèces, n’en a, 
dans d’autres, que cinq, autant que de pétales. Le genre Ple- 
randropsis a des relations identiques avec le Tupidanthus; ses 
fleurs ont 10 pétales, de nombreuses étamines, et seulement 
10 carpelles; ses feuilles sont palmatilobées. Le genre Océo- 
theca peut se rattacher aux Tupidanthus, mais il n’a que 3 ver- 
ticilles d’étamines (à 8 sacs polliniques) et autant de 8arpelles. 

Nous ne connaissons pas de type à feuilles composées-pen- 
nées, analogue au T'upidanthus. Le Tetraplasandra équivaut 
plutôt au genre Plerandra puisqu'il a # étamines et un nombre 
restreint de carpelles. 


EE 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 173 


Par les trois premiers genres, les Plérandrées se rattachent 
étroitement aux Schefflérinées; par le T'etraplasandra, elles se 
rattachent aux Reynoldsiées. 


Reynoldsiées. — On à décrit une espèce comme Tetrapla- 
sandra meiandra, qui, ne possédant que cinq élamines, est 
mieux placée dans les Reynoldsia. Ce genre est très voisin des 
Tetraplasandra, car s'il a un androcée isostémone, il présente 
un ovaire, qui, dans la plupart des cas, à plus de carpelles que 
de pétales. 

Aux Reynoldsia se rattache un genre très aberrant, P{ero- 
tropia, qui s'éloigne de toutes les autres Araliacées. 

Les Gastonia, qui rappellent les Reynoldsia, ont en général 
10-15 pétales avec autant d’étamines et de carpelles ; ils vont 
au contraire nous relier aux autres Araliacées, par l’intermé- 
diaire du genre très voisin Polyscias. 

Schefflérinées. — Les Schefflérinées présentent avec Les PI6- 
randrées plusieurs points de contact. 

Mettons d’abord à part les Dizyÿgotheca néocalédoniens, qui 
se relient étroitement au genre Oclotheca, sans présenter 
d'affinités marquées avec les autres Araliacées. 

Les Boerlagiodendron, par leurs fleurs à nombreuses étamines 
isostémones et nombreux carpelles, se rapprochent des Ple- 
randra et Plerandropsis, quoique présentant des caractères 
particuliers bien marqués. Les Trevesia possèdent des relations 
du même ordre. 

Par leurs espèces à fleurs 10-12-mères (sous-genres Pras- 
sa et Parapanax), les Schefflera se relient aux genres précé- 
dents; d'autre part, ils mènent, par leurs espèces ayant moins 
de 5 carpelles, au genre Didymopanax. Les Gilibertia à feuilles 
simples, pourvues de poches glanduleuses, et les Mesopanar se 
rapprochent de la tribu des Hédérinées. Les Mesopanar sont en 
effet voisins des Oreopanar. Les Gilibertia sont assez rappro- 
chés des Pseudopanacinées. Les Tetrapanax el Echinopanar, 
bien caractérisés, constituent un rameau détaché du groupe. 

Polyscunées. — Le genre Polyscias se rattache au genre Gas- 
tonia (Reynoldsiées) soit par les espèces à fleurs pentamères 
(avec (. revoluta), soit par les espèces du sous-genre Grole- 


174 RENÉ VIGUIER. 


fendia à fleurs 6-10-mères. Leurs fleurs articulées seules les 
séparent des Gastonia. 

Les Polyscias louchent, d'autre part, au Cuphocarpus dont 
l'ovaire monocarpellé mène aux Erémopanacinées, et au 
Tieghemopanar par l'intermédiaire du 7. cussornioides. 

Les Bonnierella et les Cephalaraliées se relient au groupe des 
Polysciées dont ils diffèrent par quelques caractères. 

Les Aralia et les Pentapanar sont également voisins des 
genres précédents dont ils diffèrent par leur corolle plus ou 
moins imbriquée ; ces deux genres se distinguent l'un de 
l'autre par leur mode d'inflorescence et par leurs styles, hbres 
dans le premier, soudés dans le second. 

Pseudopanacinées. — Les Acanthopanar, par leurs espèces à 
fleurs non ou peu articulées, sont en relations étroites avec 
les Schefflérinées (certains Schefflera et Brassaiopsis) ; ils 
rappellent aussi par leur structure certains Giibertia. Les 
Fatsia, qui différent des Acanthopanar par leur appareil végé- 
tatif, établissent un nouveau rapprochement avec les Schefflé- 
rinées par les Æchinopanar et Tetrapanar qui étaient consi- 
dérés autrefois comme des Fatsia, mais qui ne peuvent être 
incorporés dans ce genre à cause de leur structure et de leur 
ovaire bicarpellé. 

La limite séparant les Pseudopanar et Nothopanax est très 
indécise, ces genres se trouvant réunis par de nombreux 
intermédiaires. Des No{hopanar on passe aux termes extrêmes 
de la tribu Stilbocarpa d'un côté, Astrotricha de Vautre. Le 


Nothopanaz Scopoliæ qui est un Tieghemopanar à feuilles” 


simples, relie cette tribu aux Polysennées ; le Nofhopanar 
arboreum la rattache aux Schefflérinées. 

Hédérinées. — Le genre Oreopanar, par ses espèces à 
feuilles composées-palmées, est étroitement lié aux Scheflera, 
dont il ne diffère que par l’albumen. Ce caractère de l'al- 
bumen ruminé est également le seul qui sépare les espèces à 
feuilles simples des Mesopanar. 

Les Cussonia ont, comme les Oreopanax, des fleurs sessiles, 
mais sur des axes allongés, en épis ou en grappes. Ces fleurs 
ont un ovaire dimère, tandis que chez les Oreopanax les fleurs 
en capitules ont un ovaire à 5 loges ou plus. La liaison entre 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 175 


les deux genres est'établie par les O: Salvinu et O. geminatus 
dont l'ovaire n'a que deux carpelles. 

D'autre part, le genre Gamblea est assez voisin des Acantho- 
panar et des Schefflérmées. 

Le Lierre, voisin du genre Gamblea par ses feuilles et son 
albumen, touche aux Oreopanar et aussi au Mesopanar proteus 
(Schefflérinées) à fleurs en ombelles, styles soudés, inflores- 
cence et feuilles identiques, mais avec albumen non ruminé. 

Les Macropanar, à ovaire dimère, les Hederopsis, à ovaire 
pentamère, relient encore la tribu aux Acanthopanar par leur 
organisation et par leur structure. 


Mérytinées. — Ce groupe, très aberrant, peut quand même 
être rattaché aux Schefflérinées, quand on compare les inflo- 
rescences analogues des Harmsiopanar et des Schizomeryla. 


Myodocarpinées. — Les Myodocarpinées sont des plantes 
voisines des A7aliées, mais elles s'en éloignent par la présence 
d’un appareil sécréteur dans le fruit; ce caractère montre un 
des points de contact, surtout par les Myodocarpus, avec les 
Ombellifères. 


Mackinlayinées. — Les pétales ongulés, spéciaux aux genres 
de cette tribu, se retrouvent chez les Ombellifères. La structure 
du péliole des Mackinlaya mène aux Schefflérinées, tandis que 
l'organisation florale (fleurs articulées) rapproche plutôt ce 
genre des Pseudopanacinées. Les Pseudosciadium, dont le fruit 
est malheureusement inconnu, sont très rapprochés des Myo- 
docarpus de la tribu précédente. 


Panacinées. — Le genre Panar, par sa structure el son 
organisation, se rattache étroitement aux Acanthopanur. 


Érémopanacinées. — Cette tribu n'est pas très homogène el 
mériterait peut-être d'être démembrée, ses différents genres 
étant répartis dans les autres groupes. 

Nous avons déjà placé les Cuphocarpus au voisinage des 
Polyscias; les Arthrophyllum peuvent être placés dans les 


176 RENÉ VIGUIER. 


Hédérinées à côté des Heteropanar. Les Eremopanar, sauf 
leur albumen lisse, sont proches des Arthrophyllum, mais 
on doit peut-être considérer les Crepinella comme des Schefflera 
à ovaire uniloculaire. 


[Anomopanax] 


Fseudoscisdium 


çoi° 


“ 
a 


Julbocarps 
[Astrotricha | 


Wothopanax 


bu Je. Dem) 
TERRES 
Le NC 
ts Ge. 
doply SE 
AScié N 
QE my 
SO ei /Proreus 
SN 
ES 
= S 
2 
4 
& 
= EUR 
[Digmopanax] 
Schizomeryta pa L 


N Scheflera 
Brassaiopsis actiophylle See 
lelleborinum 


7 Dizpgotheca 


R mersndra 


[Ocrotheca ] 
Plerandropsis 
lerraplasandrs] 
FA) 
enr 
pp 


Schéma indiquant les principales relations morphologiques entre 
les différents genres d’Araliacées. 


Nous résumons dans le tableau ci-dessus les relations mor- 
phologiques des genres et des tribus ; ce tableau dira beaucoup 
plus que l’'énumération aride et résumée que nous venons de 
faire. 

ILest loin de notre pensée de présenter ce tableau comme un 
arbre généalogique établissant les relations phylétiques des 
Araliacées. Nous ne croyons pas avoir le droit de faire des 
hypothèses sur la phylogénie d’un groupe, avec les seuls faits 
fournis par la connaissance de la morphologie des adultes. 

I ne faudrait pas déduire notamment de ce tableau que le 
genre T'upidanthus est l'ancêtre duquel sont sortis les autres 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. ÉTÉ 


genres. n'est pas impossible, parexemple, que ce T'upidanthus 
soit au contraire dérivé des Plerandra. Nous avons voulu seule- 
mentindiquer la position respective des différents genres dans la 
masse compacte de la famille. La connaissance du développe- 
ment d’un grand nombre de genres, appuyée par l'étude 
approfondie de leur répartition géographique, pourrait seule 
nous donner le droit d'émettre des hypothèses sur la filiation 
de la famille. 

Nous n'avons malheureusement que trop peu de faits précis 
sur celle capitale question du développement : faut-il considé- 
rer, comme le suggère Harms, les Plérandrinées comme les 
formes les plus primitives ? La chose est vraisemblable, étant 
donnée la simplicité d'organisation des plantules de T'upidanthus, 
par rapport à celles, beaucoup plus compliquées, du Lierre 
qu'on doit considérer comme très évolué. 


Relations des Araliacées avec les autres familles. 


Les Araliacées sont très voisines des Ombellifères, telle- 
ment voisines qu'on n'aurait peut-être pas songé à en faire 
une famille spéciale si, comme nous l'avons dit dans la partie 
historique de ce travail, deux erreurs d'observation n'avaient 
permis son édification. 

Le seul caractère qui sépare d’une manière absolue les deux 
familles, est celui du fruit drupacé. W'existe, en outre, chez les 
Araliacées, toute une série de genres possédant des caractères 
qui ne se rencontrent jamais chez les Ombellifères : ovaire à 
nombreux carpelles, androcée à nombreuses étamines, fleurs 
articulées, albumen ruminé, absence de « bandelettes » dans 
le fruit, etc. 

Mais, ainsi que l'ont fait remarquer tous les auteurs qui se 
sont occupés de la question, ces derniers caractères n’ont rien 
d’absolu. 

Il existe, notamment, des Araliacées dont l'ovaire bicarpellé 
donne un fruit dont les parties se détachent à maturité : 
Harmsiopanar, Myodocarpus. Ce dernier genre, dont le fruit 
est une double samare pourvue de poches sécrétrices, pourrait 
être considéré comme une Ombellifère ; pourtant les Myodo- 

ANN. SC. NAT. BOT., Ye série. IV, 12 


178 RENÉ VIGUIER. 


carpus (dont les fleurs sont articulées fortement, il est vrai) 
sont inséparables des Delarbrea qui sont certainement des 
Araliacées. 

Aucun caractère anatomique absolu ne permet de séparer les 
deux familles. Le collenchyme forme dans les Araliacées une 
couche continue, tandis que dans la plupart des Ombellifères 
il est disposé en faisceaux. Mais il existe aussi quelques Om- 
bellifères où le coilenchyme forme également une couche con- 
ünue. C’est le cas des Eryngium, Sanicula, Astrantia (Géneau 
de Lamarlière), des Bubon (Courchet). 

Dans certaines Ombellifères, comme dans diverses Araliacées, 
la tige possède des faisceaux eribro-vasculaires médullaires : 
tels sont Opoponaz chironium, Ferula tinquinata, F. communs, 
Œnanthe crocata(Trécul), Silaus pratensis (Samio), Peucedanum 
Oreoselinum, divers Œnanthe (Courchet). 

Il résulte de là qu'Ombellifères et Araliacées forment une 
série morphologique continue, un groupement très naturel. 

Les Cornacées sont aussi très voisines des Araliacées, et bien 
des systématiciens ont transporté un genre d’une famille dans 
l'autre. Les Cornacées ont un ovaire infère avec un ovule 
pendant « transpariété unitegminé » dans l'angle interne de 
chaque loge; mais cet ovule à presque toujours un raphé dorsal. 
Le fruit est charnu comme dans les Araliacées. Mais les Cor- 
nacées ne possèdent jamais de canaux sécréteurs et présentent 
des différences anatomiques notables” (Sertorius). Des points 
de contact existent entre ces deux familles, car les Curtisia et 
les Danidia, qui ont un ovule à raphé ventral, sont, par leur 
structure, des Cornacées. 

Les Garrya, considérés par divers auteurs comme constituant 
la famille des Garryacées, différents des autres Cornacées par 
la présence de deux ovules à raphé ventral dans un ovaire uni- 
loculaire, font songer au genre Wardenia; mais l'absence de 
canaux sécréteurs, la structure de leur pétiole les éloignent 
des Araliacées et les rapprochent des Cornacées. 

Les Pillosporacées présentent des canaux sécréteurs offrant, 
dans la racine, la même disposition que chez les Ombellifères 


1. Le pétiole de Melanophylla, la tige de Kuliphora rappellent cependant la 
structure de certaines Araliacées, 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 179 


et les Araliacées. M. Van Tieghem a réuni pour cette raison 
les trois familles dans un ordre des Ombellinées ; étude qu'il fit 
de l’ovule de ces plantes à confirmé cette manière de voir. Mais, 
dans cette famille des Pittosporacées, les ovaires bicarpellés, 
ouverts ou fermés, présentent deux rangées d'ovules horizon- 
taux et sont libres. 

Les Grublia el Opluira, considérés par les auteurs les plus 
récents (Engler, Van Tieghem) comme formant une famille 
des Grubbiacées, ne sont pas éloignés non plus des familles 
précédentes. Les fleurs, en capitules triflores, ont un ovaire 
infère bicarpellé et sont soudées entre elles par leur ovaire. 
Chaque carpelle contient un ovule anatrope pendant, à raphé 
interne, comme celui des Araliacées. Ces plantes, dépourvues de 
canaux sécréleurs, ont un collenchyme sous-épidermique. Par 
l'organisation de leurs fleurs, elles rappellent les Meryta. Elles 
rappellent également les Cornacées, principalement les espèces 
d'Alangium ayant plusieurs verticilles d'étamines. 

Les Halorrhagarées, habituellement assez éloignées du groupe 
que nous étudions et qui ont un androcée obdiplostémone, 
ont pourtant les caractères essentiels des familles précédentes: 
ovaire infère avec, dans chaque loge, un seul ovule pendant, 
transpariété, unitegminé. Les fleurs sont parfois en ombelles 
(Loudonia) et les fruits souvent drupacés. Drude (1897), 
Schindler (1904) signalent, du reste, ces affinités. 

Parmi les Gamopétales, 1} existe aussi des familles qui se 
rapprochent assez étroitement des Araliacées. Si par son port 
le Sambucus fait songer à une Araliacée à feuilles pennées, il 
s’en rapproche aussi par son ovaire infère, contenant dans 
chaque loge un ovule pendant, et par son fruit charnu. IT en 
diffère surtout par sa corolle gamopétale el ses étamines sou- 
dées à la corolle. 

Les Ahaptopétalacées, étudiées récemment par M. Van Tieghem 
(1905), rappellent certaines Araliacées, notamment les P/é- 
randrées. Les Rhaptopélalacées ont les pétales complètement 
soudés en calyptre; landrocée comprend un grand nombre 
d’étamines, les ovules sont pendants, transpariétés, uniteg- 
minés, et le fruit, quand il est drupacé, contient une graine 
à albumen ruminé. Cette ressemblance est assez lointaine, car 


180 RENÉ VIGUIER. 


la corolle est véritablement gamopétale sur toute sa longueur, 
l'ovaire est presque toujours supère et les ovules sont épinastes. 
Par leur structure très spéciale, les Rhaptopétalacées sont, du 
reste, totalement différentes des Araliacées. 

L'Adoza Moschatellina, rangé par De Candolle dans les Ara- 
liacées, n'a aucun rapport avec cette famille. On le consi- 
dère, en général, comme le type d’une petite famille spéciale. 

Bien des auteurs ont voulu voir des affinités entre les Ara- 
liacées et les Vitacées, frappés de l’analogie existant entre un 
Lierre et une Vigne Vierge. Cette analogie correspond plutôt à 
une convergence qu'à des affinités réelles ; 11 faut remarquer, 
notamment, que l'ovaire supère contient de nombreux ovules 
ascendants, à nucelle persistante et à deux téguments. 

Les Hamamélidacées, que les anciens auteurs rapprochaient 
des Ombellifères et des Araliacées, se rapprochent plutôt des 
Grubbiacées, mais ont un ovule bitegminé. 

En résumé, les Araliacées ont des relations variées avec de 
nombreuses familles; mais les affinités ne sont vraiment 
étroites qu'avec les Ombellifères. Il importe peu que lon fasse 
des Araliacées et des Ombellifères deux familles distinctes ou 
deux sous-familles, comme le voulait Seemann. Baillon avait 
pourtant exagéré en faisant des Araliées une des cinqtribus 
des Ombellifères : la tribu des Araliées diffère en tout cas infi- 
niment plus des quatre autres, que les quatre autres entre elles. 


| 


| 


| 


TROISIÈME PARTIE 


REMARQUES SUR LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE 


Après avoir étudié chaque série, nous avons indiqué la 
répartition des différents genres; nous n'aurons donc qu’à 
rappeler en quelques lignes quelle est cette distribution. 

1° Pseudopanacinées : Les Pseudopanar ont de nombreux 
représentants qui peuplent les forêts de la Nouvelle-Zélande ; 
on à également signalé au Chili deux autres espèces, P. Val- 
diviensis et P. lætevirens ; cette dernière espèce, qui constitue 
des forêts dans la province de Valdivia, à été aussi récoltée par 
Savatier en divers points de la côte de Patagonie (voir Fran- 
chet [1889]). Les Nothopanax habitent la Nouvelle-Zélande et 
ont, probablement, un représentant en Tasmanie. Les Astro- 
tricha sont australiens; les Fatsiu et Acanthopanax habitent 
l'Asie orientale, les St/bocarpa habitent les îles voisines de la 
Nouvelle-Zélande. 

2° Polyscünées : Les Polysciées habitent la Nouvelle-Calé- 
donie, l'Australie, l'Inde, Madagascar. Les Araliées se trou- 
vent en Asie orientale et dans l'Amérique du Nord. Les Cépha- 
fjarahées sont australiennes. 
3° Schef flérinées: Le genre Tetrapanur est originaire de For- 
mose,; le genre Echinopanar se trouve en Asie orientale et 
dans l'Amérique du Nord. Les Gilibertia e& Mesopanaz ont des 
représentants dans les îles de l'Asie orientale et dans l'Amé- 
rique tropicale. L'Harmsiopanarz aculeatus croit dans archipel 
Malais. Les Trevesia el Brassopsis peuplent les provinces hima- 
layennes et l'archipel Malais. 

Le genre Schefflera, qui nous semble peu homogène, à une 
extension considérable (Chine, Inde, archipel Malais, Afrique, 
Madagascar, Amérique du Sud, Nouvelle-Calédonie, Fiji, Nou- 
velle-Zélande). 


182 RENÉ VIGUIER. 


4° Hédérinées : Le Lierre existe en Europe et en Asie. Les Oreo- 
panuz sont propres à l'Amérique du Sud, et les Cussonia sont 
exclusivement africains. Les ÆHederopsis et Gamblea sont très 
localisés, le premier à Malacea, le second dans Le Sikkim ; les 
Macropanaz ont été trouvés dans l'archipel Malais et Les pro- 
vinces himalayennes ; l’Heteropanar fragrans habite FInde, la 
Chine méridionale et la Cochinchine. 

5° Myodocarpinées : Les Delarbrea sont de la Nouvelle-Calc- 
donie et de la Nouvelle-Guinée; les Myodocarpus sont exelusi- 
vement néocalédoniens; le genre Porospermum est australien. 

6° Plérandrinées : Les Plerandra habitent les îles Fiji; le 
genre Octotheca, la Nouvelle-Calédonie. Les Pterotropia sont 


spéciaux aux îles Hawaï; les T'etraplasandra peuplent ces mêmes 


iles, mais se retrouvent en Nouvelle-Guinée (7. paucidens) et 
aux Célèbes (7. Æoordersü). Enfin, le T'upidanthus habite 
l'Himalaya. 

On a récolté des Reynoldsia aux Hawaï, à Samoa et à Tahiti. 

Les Gastonia sont de l'Afrique orientale; le Sciadodendron 
excelsum, de Amérique centrale. 

1° Mérytinées : Les Mérytinées habitent un certain nombre 
des îles du Pacifique, mais ne se rencontrent pas dans le con- 
tinent australien. 

8 Mackinlayinées : Les Mackinlayinées sont localisées en 
Australie (Mackinlaya), à la Nouvelle-Calédonie (Pseudoscin- 
dium, Apiopetalum), aux Philippines et aux Célèbes (Ano- 
mopanar) . 

9 Panacinées : Les Panar peuplent l'Asie orientale et 
l'Amérique du Nord. 

10° EÉrémopanacinées. — Les Eremopanar sont néocalédo- 
niens; le Crepinella provient de la Guyanne anglaise et le 
Wardenia., de Perak. 


Pouvons-nous comprendre cette répartition en apparence 
désordonnée ? 

Les différentes tribus qu? nous avons étudiées forment-elles 
des groupes homogènes, ou sont-elles constituées par des élé- 
ments polyphylétiques, comprenant des formes plus ou moins 
convergentes en des points les plus différents du globe ? 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 183 


Si les séries que nous avons distinguées et que nous suppo- 
sons homogènes {autant qu'une étude purement morpholo- 
gique peut le permettre), le sont, en effet, elles doivent dériver 
d’ancêtres communs ; comment alors ont-elles pu arriver à 
peupler des régions si éloignées ? 

La dissémination par le vent, par les animaux, ne doit pour 
ainsi dire pas nous occuper pour cette famille. Les fruits sont 
petits, peu recherchés par les animaux ; les graines, surtout, 
sont extrêmement délicates et perdent rapidement leur faculté 
germinalive. 

Seule, l’histoire de notre globe peut jeter une certaine clarté 
sur ces faits et permettre de donner une tentative d'explication 
à la distribution géographique de ces plantes. 

Si nous considérons les Pseudopanacinées de la Nouvelle- 
Zélande, nous voyons, comme nous lavons dit plus haut, que 
les Pseudopanar habitent également le Chili et la Patagonie, 
et qu'on trouve un Nothopanar en Tasmanie. Cette distribution 
n'arien qui doive nous surprendre. On a signalé déjà de nom- 
breuses affinités biologiques entre le Chili et la Nouvelle- 
Zélande. Parmi les végétaux supérieurs *, Hutton (1884) men- 
üonne 35 genres communs; on à même signalé un certain 
nombre d'espèces communes : on peut citer des plantes de 
dunes comme le Myosurus aristatus (qui ne sort pas de ces 
deux pays), le Colobanche subulatus, des Cryptogames vascu- 
laires, Granomitis australis, Lycopodium magellanicum, ete. La 
flore alpestre des deux régions à des genres spéciaux, comme 
les Azorella dont nous avons déjà parlé dans le courant de ce 
Mémoire. La faune présente également des ressemblances nom- 
breuses : citons, notamment, d’après Von Ihering (1891) et 
Ortmann (1902), la famille des Paraslacidés, Décapodes d’eau 
douce très caractéristiques. Parmi les Mollusques, on trouve 
des espèces d’Unio très voisines, ce genre se trouvant être le 
seul représentant de la famille des Naïadées ; l'ensemble des 
Mollusques terrestres et des Mollusques d’eau douce révèle des 
affinités étroites entre la Nouvelle-Zélande, le Chili et aussi 
l'Australie, les espèces du Chili n'ayant aucune affinité avec les 


1. Nous ne pouvons parler des végétaux inférieurs, notamment des algues 
d’eau douce, beaucoup trop imparfaitement connues. 


184% RENÉ VIGUIER. 


types africains (Trochomorpha, Tornatellina, Cyclotus, Cyclo- 
phorus, Helicina). On pourrait encore citer comme étroitement 
alliés les poissons d’eau douce (Günther) et les amphibiens, 
avec la famille des Pelodryadæ confinée à ces régions. Tous ces 
faits ont amené Hutton (1872), s'appuyant sur les données géo- 
logiques connues, à considérer ces pays comme étant autrefois 
unis en un vaste continent. De nombreux auteurs, Von Thering 
(1891), Pilsbry(189%),0sborn (1900\,0rtmann(1902),ontadopté 
une manière de voir analogue. Ces auteurs supposent géné- 
ralement' que la Nouvelle-Zélande était en relation avec le 
Chili, par l'intermédiaire de la Nouvelle-Calédonie et de P'Aus- 
lralie, laquelle se trouvait réunie à un continent antarctique 
dont la Patagonie et le Chili formaient une sorte de pres- 
qu'ile. Ortmann, notamment, se refuse à voir une communi- 
cation directe du Chili et de la Nouvelle-Zélande par une lati- 
tude plus basse. 

Cette manière de voir, consistant à nier une communication 
lirecte de la Nouvelle-Zélande avec le Chili, soulève des 
objections. Prenons pour exemple la répartition du genre 
Placostylus, d'après Hedley (1892). Les Placostylus sont des 
gastéropodes pulmonés, terrestres, souvent arboricoles, tou- 
jours abondamment récoltés par les voyageurs à cause de 
leur belle coquille. Or, Hedley constate que ce genre est repré- 
senté à la Nouvelle-Zélande, à la Nouvelle-Calédonie, aux 
Nouvelles-Hébrides, aux îles Salomon, aux Fiji. (Nous pou- 
vons ajouter qu'un genre très voisin, Orthalicus, habite l'Amé- 
rique du Sud?.) Constatant, d'autre part, l'absence de Placo- 
stylus en Australie, Hedley arrive à nier qu'il ÿ ait jamais eu 
union entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande : s’il y a des 
points de contact dans les formes vivantes des deux pays, 
c'est qu'ils ont eu une source commune d'immigrants, Ja 
Nouvelle-Guinée. 

La réparlition des Oligochètes, si bien étudiée par Beddard 
(1895), est également très significative : la Nouvelle-Zélande 
est beaucoup plus voisine, sous ce rapport, du Chili que de 
l'Australie. Il n’y à que très peu de genres communs à la 


1. Nous renvoyons au travail d’'Ortmann qui donne des cartes. 
2, Fischer, Manuel de Conchyliologie, el Hutton (1884). 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 185 


Nouvelle-Zélande et à l'Australie: cette dernière à plutôt des 
affinités avec l'Asie méridionale et Madagascar. Au contraire 
les relations de la Nouvelle-Zélande et du Chili sont étroites : 
la famille des Acanthodrilidæ est très caractéristique. 

Nous ne voulons pas tirer d'arguments de ce que les Pseu- 
dopanar qui existent au Chili, manquent en Australie, car en 
Tasmanie il existe une espèce qui est probablement un Notho- 
panax. Or, nous avons vu que la distinction des genres Notho- 
panazx el Pseudopanur repose sur des différences très légères. 
On pourrait en revanche citer des genres, et même des espèces 
(Myosurus aristatus), qui existent au Chili et à la Nouvelle- 
Zélande, alors qu'ils manquent en Australie. 

Si nous considérons, d'autre part, la tribu des Mérytinées, 
nous constatons que le genre Meryla est représenté à la Nou- 
velle-Zélande', à l’île Norfolk?, à la Nouvelle-Calédonie*, en 
Nouvelle-Guinée“, à Pile de Yap”, à l'archipel des Amis, à 
Samoa, dans les îles de la Société, l'archipel Cook7, et qu'il 
manque en Australie. Comment comprendre l'absence en Aus- 
tralie de tous ces genres, dont l'aire d'extension est considérable, 
si l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont été directement unies 
pendant de longues périodes ? 

L'hypothèse d'un ancien continent pacifique faite par M. Haug 
(1900) répond à ces objections et explique très bien les affinités 
du Chili et de la Nouvelle-Zélande. Ces deux pays se trouvent 
sur l'extrême bordure de ce continent, dont Ia Himite méridio- 
nale est peut-être indiquée par les îles Auckland, Campbell, 
Emerald, Macquary, Ballany, les terres Victoria, Alexandre [", 
Graham, les îles Shetland du. Sud, Orcades du Sud, Sand- 
wich du Sud, Géorgie, des États, la Terre de Feu. 

Si la Nouvelle-Zélande à été reliée à l'Australie par l’'inter- 
médiaire de la Nouvelle-Calédonie, cette communication s’est 
faite vers le nord par la Nouvelle-Guinée et n'a été que 


1. Meryta Sinclairi (Hook. f.) Semm. 

2. Meryta latifolia (Endi.) Seem. et M. angustifolia (Endl.) Seem. 

3. Sept espèces. 

4. Meryta colorata Bayley. 

5. Meryta Senfftiuna Volks. 

6. Meryta lanceolata Forst, M. Drakeana Nad., M. mauruensis Nadeaud. 
7. Meryta pauciflora Hemsl. 


186 RENÉ VIGUIER. 


momentanée, un profond géosynelinal séparant l'Australie de 
la Nouvelle-Zélande. 

Wallace prétend expliquer les affinités entre ces régions par 
la persistance dans les continents du Sud, de types cosmopo- 
lites à une époque géologique antérieure. La répartition des 
poissons d’eau douce, des mollusques et des plantes se serait 
faite par les icebergs. Cette dernière hypothèse est assez invrai- 
semblable. L’ sbiéeien que lui oppose von Jhering est inté- 
ressante : cel auteur constate que, seules, les formes archaïques 
sont communes au Chili et à la Nouvelle-Zélande ; les genres 
représentés aux époques jurassique et crélacique, par exemple 
Unio, appartiennent aux deux régions, tandis que ceux dont 
l'apparition est tertiaire ont une aire plus restreinte. Si les 
icebergs expliquent Ia présence des formes communes, pour- 
quoi auraient-ils seulement transporté les formes ar Ps et 
pas les types d'apparition récente? 

Le transport des Araliacées par les icebergs, où par les 
oiseaux, est très improbable, étant donné que les graines 
perdent, nous l'avons déjà dit, très rapidement leur pouvoir 
germinalif. 

Comment expliquer maintenant la présence des Acantho- 
panazx, étroitement alliés avec les Pseudopanaz sur la vieille 
masse continentale de l'Asie orientale. 

Neumayr (1890), Koken (1893) et récemment encore Ort- 
mann ont admis l'existence d’un continent jurassique sino- 
australien disparaissant au Crétacé. Cette hypothèse ne sau- 
“ait être admise, la présence des chaines montagneuses de 
l'Himalaya, Malacca, des îles de la Sonde, etc., indiquant la 
présence de profonds géosynclinaux primaires el secondaires. 
Au contraire, l'établissement d’une communication entre l'Asie 
orientale et la Nouvelle-Zélande à l’époque des plissements 
alpins est facile à concevoir’. 

L'introduction en Asie des types austraux comme les Pseudo- 
panacinées se serait faite lors de cette communication. De 
ces types ancestraux seraient dérivés les Acanthopanar, de 

1. Cette communication de l'Australie avec l'Asie orientale est générale- 


ment admise ét explique la présence de types affines : Helix (Pilsbry), Pota- 
moninées (Ortmann) et de diverses plantes. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. : 187 


port bien spécial, formes d'adaptation aux régions tempérées 
de la Chine. 

L'origine des ÆFatsiu d'une part, des Astrotricha el des 
Stilbocarpa d'autre part, est-elle la même? Ces genres font-ils 
partie du même phylum? C'est assez probable, ces plantes 
appartenant aux mêmes régions et ayant avec les précédentes 
de nombreux cäractères morphologiques communs. 

L'examen des plantes du groupe des Polysciées nous montre 
la localisation des genres voisins T'ieghemopanar, Kissoden- 
dron, Polyscias sur lemplacement de FPancien continent 
australo-indo-malgache, ces genres atteignant du moins leur 
maximum de développement sur les restes de cel ancien 
continent. 

Nous pouvons constater, à ce sujet, d'étroites relations entre 
la côte Est de l'Australie et la Nouvelle-Calédonie, ainsi que 
nous l'avons déjà indiqué tout au long dans une note précé- 
dente (1905). Les Tieghemopanar d'Australie sont étroitement 
ratlachés aux Teghemopanar néocalédoniens. La flore des 
deux régions présente de nombreuses affinités. Un géosvn- 
clinal profond sépare les deux régions : les sondages du Brual 
ont révélé des fonds de 4390 mètres aux environs du cap 
Sandy (Australie) et de 3800 mètres au voisinage de la pointe 
Deverd (Nouvelle-Calédonie), la profondeur entre ces deux 
terres est rarement inférieure à 2000 mètres. MM. Deprat et 
Piroutet (1905) ont montré que des dépôts éocènes à O7tho- 
plagmina existent sur une partie de la côte occidentale de fa 
Nouvelle-Calédonie, constatant ainsi lPexistence ancienne de 
ce géosynclinal. La communication entre les deux terres devait 
se faire vers le nord et à une époque assez récente. 

Les Polyscias se montrant très abondants à Madagascar et 
dans les îles de l'Afrique orientale, on est porté à considérer 
les ancêtres des Polysciées comme étant localisés sur l'ancien 
continent australo-indo-malgache ‘; ces plantes, persistant sur 
les débris de ce continent et évoluant différemment, auraient 

1. Nombreuses sont les plantes caractérisant l’ancien continent australo- 
indo-malgache (Rætlera, Népenthces, ete.). Orlmann n'admettait pas un ancien 
continent australo-indo-malgache. Mais, après avoir éludié la répartition des 


Parastacidés, des Potamonidés (Potamoninés et Deckeniinés) il conclut que Mada- 
gascar el l'Inde ont élé directement unis. 


188 RENÉ VIGUIER. 


abouti aux Types génériques actuels : les fleurs à nombreux 
carpelles sont généralement malgaches (Æupolyscias), les 
fleurs en épis sur un type supérieur au type 5 sont propres 
à l'île Maurice (Grolefendia), les fleurs à ovaire bicarpellé sont 
austro-calédoniennes (T'ieghemopanar). 

Les Céphalaraliées sont localisées sur la côte orientale de 
l'Australie. 

Les Aralées, bien différentes des genres précédents, appar- 
liennent à l'Asie orientale et à l'Amérique du Nord. Cette 
répartition, que nous retrouverons dans d’autres Araliacées, 
conduit à envisager comme vraisemblable la communication 
entre le continent asiatique et l'Amérique du Nord par le 
détroit de Behring. La faible profondeur de ce détroit permet 
de supposer que de légères oscillations suffiraient à établir 
un isthme reliant l'Asie et l'Amérique. Osborn (1900) et 
Ortmann (1902) ont admis l'existence d’un tel pont de terre 
ferme dont la dislocation remonte (d’après Osborn) au milieu 
de l’époque pleistocène. 

Les Aralia sont actuellement répartis dans toute l'Amérique 
du Nord, et dans l'Amérique centrale. Une espèce à même 
passé dans l'Amérique du Sud. 

Parmi les Schefflérinées nous devons distinguer plusieurs 
groupes; les T'etrapanar et Echinopanaz habitent PAsre orien- 
tale; ce dernier genre, comme les Aralia, a passé dans l’'Amé- 
rique du Nord. 

La répartition des Prassaiopsis et des Trevesia s'explique 
d'elle-même : ces plantes se rencontrent (au moins certaines 
espèces) depuis lAssam jusque dans les iles de la Sonde ; 
actuellement localisées dans les provinces montagneuses ; il 
est évident qu'elles ont passé d’une région à lPautre lorsque 
ces chaînes étaient complètement exondées. 

La répartition des Schefflera est assez difficile à comprendre 
et nous confirme dans l’idée que ce genre n’est pas homogène. 
La grande affinité que présentent les espèces américaines 


(considérées autrefois comme formant des genres spéciaux, 
Sciadophyllum et Actinophyllum) avec les espèces africaines 
font considérer ce groupe comme appartenant à l’ancien 
continent africano-brésilien. Les  Schefflera  indo-malais 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 189 


(Heptapleurum) doivent-1ls être à nouveau séparés du genre 
de même que les espèces du Pacifique? C’est ce qu'une étude 
approfondie et détaillée du genre pourra seule nous dire. 

La distribution du genre Giliberlia, Lrès homogène, qui 
habite le Japon et l'Amérique du Sud tropicale, ne peut s'expli- 
quer qu'avec l'hypothèse de l’ancien continent Pacifique. 

Le genre Didymopanar, voisin des Schefflera dont il est 
probablement dérivé, est propre à l'Amérique du Sud. 

Dans la tribu des Hérédinées la plupart des genres sont 
propres à la région indo-malaise; les uns ont une aire très 
restreinte, les autres se rencontrent dans toute la région. Cette 
répartition s'explique d'elle-même, comme nous lavons vu 
pour les Brassaionsis el les Trevesia. 

Le Lierre, en revanche, s'ilse rencontre dans l'Himalaya, ne 
descend pas au sud et s'étend dans l'Asie septentrionale el 
l'Europe ; c’est, on le sait, la seule Araliacée européenne. 

Les Oreopanar et les Cussonia, Vun propre à l'Amérique du 
Sud, l’autre africain, sont des genres, en somme, très voisins. 
Tous deux ont des fleurs sessiles sur un axe généralement 
renflé ; le premier a des fleurs en capitule à ovaire multicar- 
pellé (rarement bicarpellé), le second à des fleurs en épis à 
ovaire toujours bicarpellé. Ces genres se trouvent caracté- 
ristiques du continent africano-brésilien, et dérivent certaine- 
ment d'une souche commune de plantes réparties sur cet 
ancien continent '. 

Les Myodocarpinées ont des genres très localisés, lexplica- 
tion de leur distribution ne souffre aucune difficulté. 

Les Plérandrinées sont probablement originaires du conti- 
nent pacifique, la plupart des genres appartenant aux îles du 
Grand Océan. Les îles Hawaï possèdent en propre le genre 
Pterotropia. On y rencontre aussi des espèces de Reynoldsia 
et la plupart des espèces du genre T'etraplasandra. Les Rey- 
noldsia nous indiquent des affinités avec les autres îles du 
Pacifique. Les T'etraplasandra nous révèlent des affinités avec 

1. Nous n'avons pas à discuter ici l'existence de cet ancien continent, 
admise par tous les géologues aussi bien que par divers zoologistes. Von Ihe- 
ring indique des affinités pour toute la faune d’eau douce; Ortmann signale 


les Décapodes de la famille des Potamonidæ, et Pellegrin (1904) les Poissons 
de la famille des Cichlidés comme caractéristiques de ce continent. 


190 RENÉ VIGUIER. 


la Nouvelle-Guinée qui possède le 7. paucidens et avec les 
Célèbes qui ont une espèce très voisine de celle de la Nouvelle- 
Guinée, 7. Koordersu. Ces affinités, qui n’ont rien qui puisse 
surprendre, méritent d'être signalées, car les îles Hawaï sont 
très éloignées de toute terre et sont probablement isolées 
depuis fort longtemps; on y trouve plus de 85 p. 100 de Dico- 
tylédones endémiques. 

Les autres Plérandrinées se trouvent également sur l'em- 
placement du continent Pacifique. Il n’est pas invraisemblable 
de penser que le Sciadodendron ercelsum, de Amérique cen- 
trale, dérive d’ancêtres ayant peuplé ce continent. 

Seul, le genre Gastonia appartient au continent austra-indo- 
indo-malgache ; mais 1l ne faut pas oublier que nous avons 
surtout placé ce genre dans les Reynoldsiées pour la commodité 
de la classification. Les Gaslonia diffèrent assez notablement 
des autres Reynoldsiées, tandis qu'ils sont intimement liés aux 
Polyscias dont ils ne différent que par la non-articulation 
du pédoncule floral. 

Les Mérytinées, dont nous avons étudié incidemment la 
réparülion à propos des Pseudopanacinées, appartiennent à 
l’ancien continent Pacifique. 

Les Mackinlayinées, habitant la Nouvelle-Calédonie, PAus- 
tralie, les Célèbes et les Philippines, ont une répartition que 
nous comprenons de suite. Nous avons admis, en effet, l'union 
momentanée de la Nouvelle-Calédonie avec l'Australie en 
étudiant les Polvsciées et l'union de la Nouvelle-Zélande (par la 
Nouvelle-Calédonie) avec l'Asie orientale en étudiant les 
Pseudopanacinées; les plissements des chaînes alpines per- 
mettent de comprendre ces relations momentanées, alors que 
les continents Pacifique et australo-indo-malgache étaient 
déjà en partie effondrés. L'aire relativement restreinte des 
Mackintayinées et leur différenciation, font penser que ces 
genres sont d'apparition relativement récente. 

Les Panacinées ont une distribution en Asie orientale et en 
Amérique du Nord qui s'explique comme celle des Araliées ou 
des Echinopanar. 

Les Érémopanacinées habitent la région Malaise et la Nou- 
velle-Calédonie. La présence de Crepinella dans la Guyane 


| 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 191 


anglaise nous confirme dans l'idée que ce genre dérive des 
Schefflera et n'appartient pas au groupe des Æremopanax. 

L'histoire des anciens continents nous permet donc de 
comprendre la répartition géographique actuelle des Aralia- 
cées. La flore de ces continents peut être résumée comme il suit : 

1° Le continent Pacifique était caractérisé surtout par la 
présence des Pseudopanacinées. Les Mérvtinées, diverses 
Schefflérinées et les Plérandrinées doivent dériver d'ancêtres 
habitant ce continent. 

2° Le continent australo-indo-malgache possédait un groupe, 
ancètre des Polysciées, duquel dérivent probablement les 
Céphalaraliées. 

3° Le continent africano-brésilien était peuplé par des 
plantes d’où sont sortis les genres très voisins Cussonia et 
Oreopanar ; les Schefflera (groupes Sciadophyllum, Actinophyl- 
lum, Astropanar) caractérisent également ce continent. Les 
Didymopanax doivent également provenir de la souche des 
Schefflera brésiliens. 

4° Le continent sino-sibérien peut être caractérisé par la 
présence d'Araliées et de Panacinées. 

5° Le continent nord-atlantique est dépourvu d'Araliacées. 

Les modifications, qui ont abouti à la destruction des 
anciens continents et à la configuration actuelle de notre globe, 
ont, comme cela se conçoit, changé l’ancienne distribution et 
élabli des échanges entre les différentes régions. 

Les plissements alpins permettent de comprendre Pintro- 
duction des Pseudopanacinées en Asie orientale ; la commu 
nication récente entre l'Asie et Amérique du Nord explique 
l'introduction des Araliées et Panacinées dans cette dernière 
région déjà séparée de l'Europe. La communication momen- 
tanée de Madagascar avec l'Afrique permet de concevoir 
l'introduction dans la grande île de types africano-brésiliens, 
de même que le passage en Afrique d'éléments malgaches. 

L'Inde et même l'archipel Malais comprennent actuelle- 
ment, on le conçoit aussi, des éléments des continents paci- 
fique, australo-indo-malgache et parfois du sinosibérien. Le 
Lierre est, peut-être, un type d'adaptation à nos régions tem- 
pérées, dérivé des formes de l'Inde. 


192 RENÉ VIGUIER. 


Cette tentative d'explication de la distribution géographique, 
nous semble être la seule qui puisse donner satisfaction à 
l'esprit, et qui s'appuie en même. temps sur des hypothèses 
introduites récemment dans la science généralement admises 
et basées sur de nombreux faits. 

Un autre intérêt s'attache à l'étude de cette répartition, car 
une étude détaillée pourrait fournir des indications précieuses 
sur la phylogénie du groupe. 

Prenons par exemple la Nouvelle-Calédonie ; nous trouve- 
rons dans celte île, à côté de genres de grande extension 
comme les Heptapleurum, les Tieghemopanar, les Meryta, des 
genres comme les Myodocarpus qui sont endémiques, très 
abondants. Ce genre très différencié doit donc être considéré 
comme étant d'apparition récente, comme s'étant formé après 
l'isolement de l’île, peut-être aux dépens de formes plus simples 
comme les Delarbrea qui se retrouvent en Nouvelle-Guinée. 

De même les genres, si spéciaux et si aberrants, qu'on trouve 
aux îles Hawaï, doivent s'être différenciés après l'isolement 
déjà ancien de ces îles. 

Nous pourrions multiplier ces exemples, mais nous préfé- 
rons, dans le présent travail, nous borner à appeler l'attention 
sur ce fait. Il ne faudrait naturellement pas trop généraliser, 
car il est possible que certains genres assez localisés, comme 
les Tupidanthus de l'Inde, soient au contraire en voie de 
régression. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 193 


RÉSUMÉ. 


Nous nous bornerons à résumer, dans une série de tableaux, 
les principales particularités de structure que nous avons ren- 
contrées dans l'appareil végétatif des Araliacées. 


Tige. 


La structure de Ta tige est très constante : l'épiderme simple, 
à cuticule souvent épaisse, recouvre une écorce différenciée en 
deux couches : la couche externe forme un collenchyme con- 
üinu; la couche interne est parenchymateuse et présente sou- 
vent des canaux sécréteurs. Le péricyele est différencié, par 
places, en ares fibreux plus où moins épais, distincts ; il pos- 
sède toujours des canaux sécréteurs. Le périderme est toujours 
d’origine sous-épidermique {sauf chez Æchinopanar). 

Les principales variations dans la structure de la tige 
peuvent être résumées dans le tableau suivant : 


A. — Moelle pourvue de canaux sécréteurs. 


1. Pas de faisceaux médullaires. 
Bois secondaire avec poches sécrélrices dans les 
DAMON SN ee ame eme ce RER ie ete Arthrophyllum. 
| j 1. Canaux médullaires  extrèmement 
! nombreux et de diamètre considéra- 
ble; des canaux dans le collenchyme ; 
ares péricycliques peu épais. ......... Eremopanax. 


| 


S 

n 

© 

= 

Æ 

= 

=] RACE : : 

3 Bois 2, Canaux médullaires grands; pas de ne eo 

Tr ra 104h2mMmOpan«r 

n secondaire canaux dans le collenchyme; arcs pé- J 7 

= lépourvu , Pancheri. 

a depou ricycliques peu épais. nee 

Fe de 3. Canaux médullaires très petits : fibres | 

A ] ee : / Anomopanax. 

= poches sé- péricycliques en arcs nombreux et{ aus 

où Se AE TI PRES ECO PETER Pseudosciadium . 

5 crétrices. épais, différenciés très Lôt ; pas de ca- { 

Mackinlayr. 

Le naux libériens ....... RU : 

Eu 4. Canaux médullaires pelits; libres pé- Tuvidant} 

= op UDIAUNLAUS. 

ES /| | ricycliques en arcs peu épais el diffé- l 

> | ST ER Cuphocarpus. 
| renciés tardivement... 


ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. HV 1e 


19% RENÉ VIGUIER. 
| Des canaux dans le péricycle complète- 
Itémentiienitiés MARNE Anne Harmsiopanax. 
| 1. Des canaux dans le collen- 
chyme et dans le liber... Cheirodendron. 
| 2. Pas de canaux dansle col- 
Des |  lenchyme : 
Plusieurs canaux 4. Des canaux libériens ; pé- 
cercles 0/10 dans ricycle avec ilots fibreux 
de le très réduils; écorce avec  Meryla. 
canaux. péricycle canaux nombreux, larges. 
non 8. Canaux dans un liber 
totalement} stratifié; canaux de faible 
| lignifié. diamètre, peu nombreux 
dans l'écorce... ..... .  Penlapanax. 


y. Pas de canaux libériens; 
arcs fibreux péricycliques.  Myodocarpus. 


Canaux localisés à la périphérie de la moelle. 


\ Didymopanax lu- 
| Des canaux dans le collenchyme....... cumoides. 
Un seul l Gülibertia. 
cercle Pas Descanauxlibériens; canaux ( Esp. d’Acuntho- 
de ] de Set médullaires très petits... | panar. . 
canaux. dans ( Heder_u. 
le collen- ) Pas de canaux libériens.. Schefflera. 
chyme. Esp. de Cuxsonia. 
ll Des faisceaux médullaires.: 70000 een Aralia. 
DB. — Moelle dépourvue de canaux sécréteurs. 
1. Des faisceaux cribro-vasculaires médullaires........... Araliu. 
IL. Pas de faisceaux médullaires. 
Z , { a. Des canaux libériens. 
EU 1. Plante petite, couverte de nombreux poils 
= 5 ÉTOILES nr ML M dt RON IE RE ARE Astrotricha. 
RER 2. Plante ne possédant pas de nombreux poils 
F. étoilés. Tige grande. Des fibres péricycliques.  Fatsia. 
n & b. Pas de canaux libériens. 
EME Des fibres péricycliques, plante glabre......... Cephalaralia. 
homnateblante ele ere ere Sciadopanax. 
Rasesnpres: (Plante:slabrer enr Polyscias lancæ- 
folia. 


a. Des canaux libériens. 
1. Bois secondaire très homogène où l’on ne dis- 
tingue pas nettement des vaisseaux et des 
HDPES ES TT ENENRANN NAN Es A NEA es SN Nothopanazx sect. 
Micropanux. 
2. Bois secondaire formé nettement de vaisseaux 
et de fibres. 
4. Canaux dans le collenchyme. Pas de fibres 
DÉLICY CLIQUE ST PERSO ET a 0 APRES ET Nothopanax Ed- 
gerleyi. 
6. Pas de canaux dans le collenchyme. Des 
fibres péricycliques. 
: Esp. de Nothopa- 
naz. 
Pseudopanax. 
Acanthopanax. 


Des canaux dans l'écorce. 


“CANAUX PES MEN RNREE EURE SRE 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 195 


Tieghem.  Wein- 
Canaux très larges. 225002 manniæ. 
| Gamblea. 
b. Pas de canaux libériens. 
Moelle extrêmement développée; canaux petils..  Trevesia. 
Moelle non extrèmement développée. 
Tige couverte de nombreux piquants. Grands 
CANAUXACONRICAUX. ee ee ee ce Echinopantr . 
Tige inerme. Les faisceaux foliaires parcourent 
l'écorce suivant un ou plusieurs entre- 


Des canaux dans l'écorce. 


MOUSE Le eee Oreopanax. 
Feuille. 
1° Pétiole. — La feuille prend toujours à la Üige un grand 


nombre de faisceaux (sept dans la grande majorité des cas). 
Les faisceaux se divisent et se ramifient diversement, de sorte 
que la structure du pétiole fournit, par ses varialions, des indi- 
cations précieuses pour là classification. Sans décrire tous les 
caractères qui permettent souvent de reconnaitre les espèces, 
nous donnons dans le tableau suivant les principaux Cypes : 
A. Faisceaux disposés suivant un cerele avec liber extérieur et bois intérieur. 
1. Canaux sécréteurs isolés, les uns à l'extérieur, les autres à l'intérieur 
des faisceaux, et dans leur plan médian............. Acanthopanux. 
2.Canaux sécréteurs n'ayant pas la disposition précédente. 
Faisceaux nombreux contigus, ca- 


a. Des canaux dans À nauxpetits...........,....... Fatsiu. 
le ‘ Faisceaux espacés,  semi-circu- 
collenchyme. laires. Des canaux dans le pa- 
renchyme central... Cheirodendron. 


Canaux épars dans le paren- 
chyme central. Écorce épaisse. Delarbrea. 
Pas de canaux dans le paren- 
chyme central. Ecorce mince. Tieghemopanax 
fruticosus. 
| Pas de lacune................. nov 
| + Nothopanux. 
| Faisceauxinégaux, confluents, 


Un anneau libéro- 
ligneux dévelop. | 
pant des formations 
secondaires bon. | 


dantes. 


o | £ É 
a tonnalone Ne | eu DOS per leur liber, en 
as de mn: £ a ; 
aire se | un anneau onduleux. Une 
secondaires  abon-/ ; nu 
ke è : © } lacune centrale............ Macropanax . 
dantes. RTE k | Fe 
z JFaisceaux largement séparés 
Q © ë 2 
£ | semi-cireulaires, disposés 
| + tout contre une lacune cen- 


| MA LA le Re ne Echinopunar. 


8. Pas de canaux dansle collenchyme. 


= 


. Faisceaux non disposés en un seul cercle. 
a. Un cercle externe de faisceaux normaux avec un pa- 
renchyme central très large dans lequel on observe 
un petit faisceau libéroligneux. 
1. Faisceaux petits, espacés ; écorce très mince....  Anomopanax. 


196 RENÉ VIGUIER. 


2. faisceaux contigus, développant des formations 
secondaires ; écorce assez épaisse pourvue de ca- 

NaUX SÉCTÉLEUrS NOMDrEUX 0 CARRE TE 

b. Un cercle externe de faisceaux normaux et un cercle 
interne, rapproché, et régulier de faisceaux inverses. 
1. Faisceaux du cercle externe rapprochés et déve- 
loppant d'abondantes formations secondaires. . 


Pseudosciadium . 


Arthrophyllum. 


: Aralia. 


2. Faisceaux dépourvus de formations secondaires. 


Pentapanax. 


” Kissodendron. 


c. Plusieurs cercles de faisceaux normaux. 

1. Des canaux sécréteurs entre les cercles de fais- 
ceaux; faisceaux en deux ou trois cercles dis- 
lants et recouverts de fibres à parois très minces. 

2, Pas de canaux sécréteurs entre les faisceaux ; 
faisceaux en deux cercles très rapprochés et re- 
couverts de fibres à parois épaisses. 

æ. Faisceaux internes contigus avec les fais- 
ceaux externes et recouverts d'arcs fibreux 
très épais. Parenchyme central très déve- 
loppé et possédant des canaux sécréteurs... 

6. Faisceaux internes dépourvus d’ares fibreux 
épais, beaucoup plus petits que les faisceaux 
externes, et non contigus avec eux. Paren- 
chyme central dépourvu de canaux sécré- 
LOUES ST NE RE AN ACER AR 

d. Faisceaux externes normaux; faisceaux internes di- 
versement orientés. 


; Collenchyme interrompu suivant des es- 
paces lenticulaires où il est remplacé 
| Collen- par du parenchyme bourré de chloro- 

chyme dis-{ phylle et de mâcles.. :.:.........:.... 
continu. /Collenchyme interrompu vis-à-vis de sil- 
lonslongitudinaux et rer ee 


Faisceaux internes disposés assez régu- 
lièrement suivant deux ou trois cer- 
cles concentriques (jusqu'au centre) 


| 
| 
| 

alternant avec des canaux sécréteurs 


8 

£ PRÈS SAN AS RAT Me RE ete 
A RUE \ 

S Faisceaux Collenchyme ex- 
= externes et in-| trèmem. épais, 
3 \ lernes pl'telabre. 2% 
à, Collen- ; ' £ k 
F dépourvus Collenchyme peu 
2 fchymecon- PTE Re RP 

Œ ARE de épais, pl. velue. 
S 6 fibres. 


{ Faisceaux (au moins les externes) 


Faisceaux groupés au moins deux 
par deux en cordons différenciés , 
séparés par du parenchyme à 
PATOISIMINCES RC enr 


Un cercle extérieur de faisceaux avec faisceaux épars dans 


Faise. internes disposés irrégu- 
lièrement jusqu'au centre. 


) À 
pourvus d’ares fibreux......... | 
| 
\ 


Cussoniu. 


Heteropanax. 


Gamblea. 


Mérylinées 


Tetraplasandru 
Katwaiensis. 


Dizygotheca. 
Octotheca. 


Eremopanux. 


Esp. de Sciudo- 
panax. 
Polyscias. 
Cuplhocarpus. 
Tieghemopanax. 
Apiopetalum. 
Esp. de Didymo- 
panax. 
Esp. de Boerla- 
giodendren. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 197 


® 1! TE on re nv ban e 
E ol cette ec: Faisceaux externes | de, 
AE RAR ; nn | non confluents.. Nombr. Schef- 
2 .| tonné formé de fais- Des flera 

© = | ceaux contigus, con- | faisceaux 4 L . | 

523 je à Faisceaux externes 

== Z | fluents, ou faisceaux } inverses. : DT 7 
el ce à . ue confluents ...... Oreopanaz («i- 
£E 7 SZ étant dedeuxendeux | gitatæ). 
<= ns : dr F4 % e ; ss LALE }. 
207 pus D Pas de faisteaux inverses. Fais- 

£ = | silués (deux cercles at et : 
D =5 Ses (deu : te ceaux externes confluents.. Oreopanux (lo- 
MES = très rapprochés)... | Data) 

ST dre ’ A AUS au 

EC le | Faisceaux externes espacés. Écorce épaisse avec 

ES S = une mince couche de collenchyme. Une grande 

Ca) [ere] [=] DA 

D'EAU ISCUNECENILAIC RER Tetrapanax. 

ec 2 D de EN . 

5 “e £ [faisceaux exter- / Canaux pelits (10- 

2.5 | =nes rapprochés.| À DONNER EE Mackinlaya. 

A ce = LA y 
osot= 3 Ecorce 
S = 8 © | Pasdelacunecen-|: | ce 

n>£Es He épaisse. } « + 

8 8 =] s{trale. Faisceaux: ‘°P? | Caneux grands (40- 

S » © | £ | internes pelits et DOME ect Tupidanthus. 
2,52 | ©} irrégulièrement | 

OS 4 FR A , _. à 

Sr MOI IETISDOSÉS. 0... HCONCEMMINCC 1 Trevesia. 
ee 2 | Kaisce cexternes rapprochés. Un cercle de fais- 

= £ | =] faisceaux externes rapprochés. Un cercle de fais 

DEEE | ceaux internes aussi srands que les externes et 
RARE MAdivérsSement OPIENTÉS. ... 2 à à senc eee va à Brassaiopsis. 


Comme nous l'avons vu, un grand nombre de ces Araliacées 
développent d'abondantes formations secondaires, el pro- 
duisent même du liège et des lenticelles sur leur pétiole. IL est 
souvent presque impossible de reconnaitre dans ces pélioles 
un plan de symétrie, quand les formations secondaires sont 
développées. 

2° Jaimbe. — La structure du limbe est également assez 
vartable et peut fournir quelques indications spécifiques. La 
structure et la disposition des faisceaux dans le pétiolule et la 
nervure médiane sont variables, souvent dans ün même genre : 
les faisceaux peuvent tantôt former une petite bande vaseu- 
laire, tantôt un anneau complet, tantôt enfin être épars dans la 
nervure. La présence de renflements aquifères sur la nervure 
médiane est caractéristique de la tribu des Mérylinées. La pré- 
sence d’un exoderme différencié est assez fréquente : cet exo- 
derme existe généralement dans toutes les feuilles coriaces ; il Y 
a pourtant des espèces à feuilles épaisses, très coriaces, comme 
le Tieghemopanar Pancheri qui sont dépourvues d'un tel exo- 
derme, et d’autres à feuilles très minces dans lesquelles cel 
exoderme forme une assise continue sous l'épiderme supé- 
rieur, La disposition de l'appareil sécréteur est également 
intéressante : la présence de poches sécrétrices dans le limbe est 


198 RENÉ VIGUIER. 


spéciale au genre Giliberlia. Parfois l'appareil sécréteur de la 
feuille est réduit, les canaux se terminant assez bas dans la 
nervure médiane (Pseudopanar, Panar). Les stomates que nous 
avons examinés dans un grand nombre de limbes sont {oujours 
localisés sur la face inférieure ; ils n’offrent aucune particularité 
remarquable, et on ne saurait Uirer parti de lépiderme pour 
la classification, sauf de la présence et de la structure des poils. 
Sans entrer dans le détail de ces variations, nous résumerons 
par le tableau suivant les différents caractères que peut pré- 
senter le fimbe. 


A.Limbe pourvude pocheésisécrétrices re ALAN EEE Gilibertia. 
B. Limbe dépourvu de poches sécrétrices. 
a. Nervure principale pourvue d’un petit arc libéroli- 
gneux. 
1. Tissu palissadique non interrompu au-dessus de 
la NéRVULEAMÉATANe MAMAN APR RTS RS Tieghemopanax 


à Weinmanniæ. 
2. Tissu palissadique interrompu au-dessus de la ner- 


vure médiane. 

a. Un exoderme collenchymateux............. Cheirodendron. 
Acanthopanax, esp. de Nothopanazæ, esp. de 
6. Pas d'exoderme \ Tieghemopanax  (suborbicularis,  deco- 
collenchymateux. } runs), esp. de Sciudopanar, d'Aralia, de 

Panax, de Cussoniu, etc. 

b. Nervure principale avec faisceaux formant un anneau. 

existant sur les deux faces et 

lignifié ; faisceaux en deux arcs 
SUPELDOSCS AMEN LE RARE Schefflera  Hurn- 

blotiana. 


1. Un exoderme col- lé PR Se eRe 


lenchymateux. A ue peu ÉNOGICnee Pseudopanax. 
: a face supé- | Appareil sécréteur 
rieure seu- dans toutes les 
lement; non} nervures....... Esp. d'Oreopa- 
lignifié. nax, Mesopanaz, certains Schef- 
|  flera, etc. 
2. Pas d'exoderme collenchymateux.............. Div. Schefflera, 


Polyscias, etc. 
ce. Nervure principale avec faisceaux nombreux, épars. 
{. Des renflements aquifères; faisceaux épars à l'in- 
térieur d'un cercle régulier de faisceaux nor- 


MAUX A 257 RE Pr PA PRE nee DE LT PU er Mérytinées. 
2. Nervure n'ayant pas la structure précédente. 
4. Limbe pourvu de dents glanduleuses......: Apiopetalum. 
6. Limbe dépourvu de dents glanduleuses : 
Un exoderme col- | Faisceaux épars... .... Myodocarpus, et. 


lenchymateux.. | nn groupés .... Mackinlaya. 
NESeudosciadum divers Tieghemopanax 
Pas d’exoderme.. | (microbotrys, pulcheilus, refleæus), Bras- 


saiopsis, Eremopanux, etc. 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 199 


Le tableau suivant aurait pu être poussé très loin jusqu'à 
l'espèce, si nous avions tenu compte de la disposition des fais- 
ceaux, de celle des canaux sécréleurs, du diamètre de ces 
canaux, de l'épaisseur des cuticules, de la forme des poils, etc. 

Il serait possible, en superposant les tableaux précédents, de 
tracer une clef dichotomique qui nous amènerait, dans la plu- 
part des cas, aux différents genres. 

L'introduction des caractères de structure dans la classifica- 
üon est donc très utile pour le groupement systématique des 
genres. Si nous avions fait une monographie de la famille, 
nous aurions pu décrire el caractériser anatomiquement la 
plupart des espèces. 

Nous avons ainsi été amené à distinguer dans les Araliacées, 
dix tribus, dont nous donnons ci-dessous les caractères géné- 
TAUX TE 

Pseudopanarinées. — Fleurs presque toujours articulées, 
pentamères. Androcée isostémone.  Ovaire 2-5-loculaire. 
Albumen non ruminé. Feuilles composées-palmées avec un 
seul cercle de faisceaux libéroligneux dans le pétiole. Tige à 
péricycle pourvu d'arcs fibreux peu développés. Des canaux 
sécréteurs libériens. Moelle dépourvue de canaux sécréteurs 
ou à canaux localisés tout contre les pointes ligneuses. Canaux 
à diamètre pelit. 

Polyscunées. 
témone. Ovaire 1-11-oculaire. Albumen non ruminé. Feuilles 


Fleurs articulées 4-11-mères. Androcée 150$- 


composées-pennées. 

Schefflérinées. — Fleurs non articulées 5-15-mères. Androcée 
isostémone. Ovaire 2-15-loculaire. Albumen non ruminé. 
Feuilles composées-palmées où simples avec plusieurs cercles 
de faisceaux dans le pétiole, pourvu le plus souvent d'une 
grande lacune centrale. 

Hédérinées. — Fleurs articulées où non, généralement pen- 
lamères. Androcée isostémone. Ovaire 2-10-loculaire. Albumen 
ruminé par digestion. 

Myodocarpinées. — Fleurs articulées, 5-mères, pétales tou- 
Jours imbriqués, calice à pièces largement développées. Ovaire 


1. Nous ne donnerons que les caractères anatomiques communs à toutes 
les plantes d'une tribu. 


200 RENÉ VIGUIER. 


biloculaire. Feuilles composées-pennées ou simples. Fruits 
pourvus de poches sécrétrices. Albumen non ruminé. 

Plérandrinées. — Sous-tribu des Plérandrées : Fleurs non 
articulées à œ étamines et nombreux carpelles. Albumen non 
ruminé. 

Sous-tribu des Aeynoldsiées : Fleurs non articulées, 5-n-mères, 
jusque dans leur ovaire. Albumen non ruminé. Feuilles com- 
posées-pennées. 

Mérylinées. — Kleurs non articulées, sessiles, dioïques. 
Albumen non ruminé. Feuilles simples, très allongées, avec 
péliole pourvu d'un cercle externe de faisceaux à intérieur 
duquel de nombreux faisceaux sont épars. Collenchyme fré- 
quemment interrompu. Renflements aquifères sur la nervure 
médiane. 

Machinlayinées. — Fleurs à pétales ongulés, pentamères ; 
albumen non ruminé. Tige à péricycle pourvu d'arcs fibreux 
Lrès épais; pelits canaux sécréteurs épars dans toute la 
moelle. 

Panacinées. — Fleurs articulées en ombelles simples ; un 
seul verlicille de feuilles composées-palmées. 

Érémopanacinées. — Fleurs non articulées, pentamères, à 
ovaire uniloculaire. Feuilles souvent simples et opposées dans 
les régions florifères. 

Ces tribus, homogènes, pourraient être réunies en groupes 
plus importants; mais, par cela même, ces groupes devien- 
draient de plus en plus artificiels, ne possédant que des carac- 
tères généraux minimes. Des plantes très voisines pourraient 
se trouver séparées, suivant qu'on aurait fait appel à la forme 
des pétales, à la préfloraison de la coroile, à l'articulation de la 
fleur, etc. La famille est, en résumé, beaucoup trop com- 
pacte pour qu'on puisse y distinguer deux ou trois gran- 
des tribus, avec la seule connaissance de la morphologie des 
adultes. 

L'étude du développement pourrait peut-être guider pour la 
constitution de grandes tribus naturelles dans lesquelles on 
pourrait grouper les séries précédentes. 

Dans le présent travail nous n'avons fait qu'esquisser dans 
ses grandes lignes une classification des Araliacées. Maintenant 


CLASSIFICATION DES ARALIACÉES. 201 


que nous connaissons la position et les relations d'ensemble 
des divers genres, il nous reste à étudier dans le détail chacune 
des tribus avec tous ses représentants. 


CONCLUSIONS 


L'étude de la structure de la plupart des genres d’Araliacées 
nous à fait connailre certains caractères intéressant la bota- 
nique générale, et nous à montré que l'anatomie pouvait être 
utilement appliquée à la systématique de la famille. 

Nous avons pu améliorer la classification, soit en constituant 
des groupements homogènes de genres, soit en ajoutant des 
caractères précis à la diagnose des genres, soit en rectifiant là 
position d'un certain nombre d'espèces critiques. 

La systématique proprement dite sortant des limites de ce 


travail, nous n'avons pas entrepris de décrire les espèces 


nouvelles que nous possédons ; nous nous sommes borné à 
introduire sept genres nouveaux dans la nomenclature et à 
mentionner une série d'espèces publiées dans des travaux 
antérieurs. 

Enfin, nous avons étudié la répartition géographique des 
Araliacées et pouvons conelure que l'explication de cette répar- 
ütion doit être cherchée dans l'histoire de notre globe. 


Note ajoutée pendant l'impression. 


Pendant l'impression de ce Mémoire, nous avons reçu, de 
l'amabilité de M. le professeur U. Martelli, un travail très 1m- 
portant de M. V. Calestani : « Contributo alla sistematica delle 
Ombrellifere d'Europa ». 

L'auteur expose, en quelques pages, ses vues d'ensemble sur 
les Ombellifères et sur les Araliacées qui, pour lui, ne sont 
qu'une simple tribu : les Aralinées. 


202 RENÉ VIGUIER. 


Bien qu'une étude des Ayralinées sorte des limites de son 
travail, l'auteur, se rendant compte de l'insuffisance des classi- 
fications antérieures, propose de subdiviser les Aralinées en 
Plérandrées,  Osmoxrylées, Mérytées, Schefflérées,  Hédérées, 
Machinlayées, Araliées, Myodocarpées. 

L'auteur ne s'étant occupé qu'accessoirement de cette ques- 
lion, on conçoit que quelques points soient à reprendre dans 
sa classification. 

Les caractères importants ürés soit de la nature de laibu- 
men, soit du pédoncule floral, sont complètement négligés. 

Ses OÜsmorylées se trouvent caractérisées par la seule forme 
de l’inflorescence:; ses Schefflérées el ses Hédérées sont séparées 
par la nature du fruit qui serait une drupe dans le premier cas, 
une baie dans le second. Nous savons que cette distinction 
ne repose que sur des observations inexactes des anciens 
auteurs. 

M. Calestani modifie à tort la compréhension de certains 
genres : il range les Xalopanax, Arcanthopanar, Pseudopanar, 
Cheiodendron, Eleutherococcus, dans le seul genre Polyscias 
qui devient ainsi très hétérogène. 

Trois genres nouveaux sont proposés (en note, p. 100) : le 
Sciadophyllum quindiuense devient type d’un genre Cotylanthes 
à cause des pétales à suture indistinete, du disque concave et 
du fruit hémisphérique; on ne saurait tenir compte de ces 
caractères ; la corolle est, on le sait, toujours morphologique- 
ment dialypétale ; la forme du disque et du fruit sont souvent 
variables dans un même genre et ne peuvent donner lieu qu'à 
des caractères spécifiques. 

L'Astrotricha plerocarpa, pe de notre section PAragmo- 
carpæ, devient le genre Herocenia. L'Eremopanar Vieillardi 
devient, à cause de la forme de son novau, le type d'un genre 
Nesodoru«. 

Nous ne pensons pas que ces trois genres méritent d'être 
distingués. 

L'ensemble du Mémoire de M. Calestani est, du reste, des 
plus intéressants et contient des renseignements précieux sur 
les Ombellifères d'Europe. 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


1862. Barzcox (H.), Deuxième mémoire sur les Loranthacées, in Adansonia , 
LL, p. 80. 

1878. In., Sur les caractères généraux des Araliacées. Bull. mens. de la Soc. 
linn. de Paris, 1878, p. 179-181. 

1879 a. In., Recherches nouvelles sur les Araliées et sur la famille des Ombel- 
lifères en général. Adansonia, XII, p. 130. 

1879 4. In., Histoire des Plantes. Ombellifè res, &. VII, p. 151. 

1892. Barger, On the nature and development of the Corky excressences on 
Stems of Zanthoxylum. Ann. of Bot., VI, 1802. 

1830. BarruiNG, Ordines naturales plantarum..….. p. 237-238. 

1878. Beccari, Malesia, raccolta di osservazioni botaniche intorno alle piante 
dell "Arcipelago e papuano. Genova, 1878. 

1895. Benparp (F. E.), À Text-Book of Loogeography. 

1840. Bexxerr et R. Browx, Plantæ javanicæ rariores, p. 126. 

1864. Bennett (G.), Observations on the Rice paper Tree; its introduction and 
naturalization in Sydney, N.S. Wales. Journ. of Bot., H, p. 309. 

1867. Bexruam et Hooker, Genera plantarum, €. 1, p. 931. 

1887. Borrrace, Revision de quelques genres des Araliacées de larchipel 
Indien. Ann. du Jurdin bot. de Buitenzorg, VI, p. 97-128. 

1890. In., Handleiding tot der Kenniss der Flora van Nederlandsh Indië 
(Brill-Leyde). 

1903. Bouuers, Les causes d'erreur dans l'étude des empreintes végétales. 
Nouv. mém. Soc. belge de Géologie. Bruxelles, n° 1,-p. 6. 

1887. Borzi, Di alcune lenticelli fogliari. Malpighia, L. A, p. 219. 

1861. Broxexiarr et Gris, Note sur un genre nouveau d'Ombellifères de la 
Nouvelle-Calédonie. Bull. Soc. bot. France, VI, p. 121. Voy. aussi 
Ann. Sc. nat., V, t. }, p. 279. 

1865. In., Sur quelques Ombellifères de la Nour Calédonie. Bull. Soc. bot. 

France, XIL, p. 270, et Ann. Sc. nat., ILÈp- 1232: 

1878. BruxauD (F. ), Liste des plantes oi s et cryplogames croissant 

spontanément aux Saintes. Actes de la Soc. linn. de Bordeaux, XXXI. 

1892. Browx (N.-E.), Dizygotheca, in Bull. of miscellaneous information, Kew, 
p. 197. 

1864. Bucuexau (F.), Zur Morphologie von Hedera Helix. Botanische Zeituny. 
XXII, p. 233, 1pl., 34 fig. 

1897. Burck (W.), Sur les Diptérocarpées des Indes néerlandaises. Ann. du 
Jardin bot. de Buitenzorg, VE p. 154. 

1850. DE Caxpozee (A. P.), Prodrome. Ordre XCIE, €. IV, p. 251-266. 

1879. DE Canoe (C.), Anatomie none des feuilles. Mém. Soc. phys. et 
hist. nt. Genève, &. XXVL 2, p. 442. 

1901. Case (H.), On the occurence of Panax arboreum as an epiphyte on the 
stems of Tree ferns in the Mauku District. Trans. and Proc. of the 
New Zealand Institut, XXXIV, p. 359. 


204 


1878. 


1583. 
1867. 


1884. 


1854. 


1905. 


1897. 


1825. 
1889. 


1897. 


1897. 
190#. 


1902. 
1840. 
1903. 
1877. 


190%. 
1882. 


110 


1889. 


1896. 


1791. 
1880. 


1854. 
1858. 
189%. 


1895. 


1895. 
1896. 
1897. 
1899. 


1901. 


1902. 


RENÉ VIGUIER. 


CEvervarr, Undersükningar üfver Araliaceernas slam. Aftryck ur Lunds 
Universitets Arsskrift, X\V. 

CEsaLriN, De plantis libri, XVI. 

CHaLoN, Anatomie comparée des tiges ligneuses dicotylédones. Bull. Soc. 
roy. de Belgique, t. VI, p. 42-44. 

Courcuer, Étude anatomique des Ombellifères. Ann. Sc. nt Bot., VI, 
t. XVIT, p.107. 

DEcaisxE et PLaxcuox, Esquisse d’une monographie des Araliacées. Rev. 
horticole, p. 104-109. 

Deprar et Prrourrer, Sur l'existence et la situation anormale de dépôts 
éocènes en Nouvelle-Calédonie. C. R. Acad. des Sc. Paris, 16 jan- 
vier 1905, p. 158. 

Drecs (L.), Vegelations Biologie von Neu-Seeland. Engler, Bolanisch. 
Jahrbiücher, XXAL p. 202. 

Dox (D.), Prodromus Floræ Nepalensis. 

Dourior (H.), Recherches sur le périderme. Ann. Sc. nat, VII €. X, 
p. 369-370. 

Drake DEL CasriLro, Sur les Araliées des îles de l'Afrique orientale. 
Morot, Journ de Bot., {. XI. 

Druve, Umbelliferæ. Naturl. Pflanzenf., WE, 8, p. 111. 

DusarD (M.) et Vicuier (R.), Revision du genre Myodocarpus. Bull. du 
Jardin colonial, HE, n° 6, p. 694. 

Ducawp (L.), Recherches sur l'embryogénie des Araliacées. Ann. Sc. rat., 
Bot., VILL, €. XV, p. 311-402. 

Expricuer, Genera plantarum. 

Execer, Syllabus der Pflanzenfamilien, p. 171. 

Erixssox, Ueber das Urmeristem der Dicotylen Wurzeln. Pringsh. Jahrb. 
XI, p. 380-436. 

Errera, Une lecon élémentaire sur le Darwinisme, 2° édition. 

Fôrsre, Dichogarny of umbelliferæ. The Botanical Guzette, VI. Craw- 
fordville, 1882, n° 6. 

Forster (J.), Characteres gen. Plantarum. 

FrancHer, Mission scientifique du cap Horn, {. V, Botanique, Phané- 
rogames. 

Ip., Araliacæ, Cornacæ et Caprifoliacæ novæ e flora sinensi. Morof, 
Journ. Bot., X, n°18, p. 301. 

GAERINER. Fruct. IL, 472 

GobrriN, £tude histologique des téguments séminaux des Angiospermes. 
Nancy, 1880. 

Gray, Asa. Bot. Un. st. expl. Exped., [, p. 729-733. 

GriSeBAcH, Sciadodendron, in Bonplandia, VE, p. 7. 

Harus, Araliacæ, in ENGLEr et Pranrz, Natürlich. Pflanzenfamilien, WE, 
8,p. 1. 

In., Ueber das Vorkommen durchsichliger Punkte in den Blättern. 
gewisser Araliaceen. — Kneucker, Allgem. Zeitschr. für Syst., Florist., 
Pflanzengeog., n° 6. 

In., Zur Kenntniss der cultivirten Arten der Gattung Acanthopanax. Gur- 
tenflora, XLIV, p.477. 

Ib., Zur Kenniniss der Gattungen Aralia und Panax. Engl. Jahrb., 
XXII, p. 1-23. 

1b., Ueber cultivierte Aralien. Gartenflora, XLVI, p. 450. 

Ip., Araliaceæ africanæ. Engl. Bot. Jahrb., XXVL, p. 240. 

I., Araliacées, in Diecs, Die Flora von Central China. Engl. Jahrb., XXIX, 
1901, p. 485. 

In., Araliaceæ africanæ. Engl. Bot. Jahrb., XXXIIE, p. 182. 


190%. 


1905. 
1900. 
1892. 
1886. 
1888. 
1856. 
1892. 
1872. 


1884. 


1879. 


1885. 


1885. 


1842 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. 205 


Harus, Anomopanax ; eine im Herbar des Mus. Bot. Hort. Bogoriensis 
entdeckte neue Araliaceen Gattung. Ann. Jard. Bot. de Buitenzorg. 
XIX, p. 13. 

In., Araliacées, in Diers, Beiträge zur Flora des Tsin ling shan, etc. Beibl. 
zu den Bof. Jahrb., n° 82, XXXVL. 

Hauc (E.), Les Géosynclinaux et les Aires continentales... ........ (Bull. 
Soc. géolog. France, UK, 28, p. 617). 

Hepcey (C.), The range of Placostylus ; à study in ancient Geography. 
Proceed. linn. Soc. of N. S. W., 2° série, t. VII, p. 335. 

Hececuaier, Zur Entwicklungsgeschichte endospermatischer Gewebe- 
kôürper. Botan. Zeitung, p.591. 

Hivcesrano, Flora of the Hawaïan Islands. London. 

Hooker f. et Thomson, Tupidanthus, in Hook, Bot. Mag., L. 4908, 

Hoursert (C.), Sur la valeur systématique du bois secondaire. C. R., 
21° sess. de l'AFAS, Pau. 

Hurrox (EF. W.), On the Geographical Relations of the New Zealand 
Fauna. Transact. N.Z. Institute, V, p. 227. 

In., On the Origin of the Fauna and Flora of New Zealand. Annals and 
Mayaz. of Nat. History, 5 série, €. UE p. #25. 


. Icmmura, On the Anatomy of the seed of Aralia quinquelolia var. Gin- 


seng (en japonais, avec figures). Botanic. Magazine Tokyo, IX, n°8, 
p. 131. 


. JHERiNG (H, vox), On the ancient Relations between New Zealand and 


South America. Transact. New Zeul. Institute, XXIV, p. 431. 


. JUSsIEU (Ar.), Generu plantarum, p. 217. 

5. In. Dictionnaire des Sciences naturelles, A1, 348. 

. KixG, Araliaceæ. Journ. Asiat. Society Bengal, LXVH. 

9. Kirk (T.), The forest Flora of New Zealand. Wellington. 

. In., Pseudopanax ferox (the toothed lancewood). The Guard. chron., 3° sé- 


rie, vol. VIL, London. 


59. Kocn (K.), Wochenschrift f. Gärtnerei und Pflanzenkunde, p. 366, 371. 
. Kokex. Die Vorwell und ihre Entwicklungsgeschichte. 


. Koonpers et Varerox, Bydrage no 7, tot de Kennniss der Boomsorten op 


Java. Mededeelingen uits Lands Plantentuin, n° 13, p. 1U. 


. Kuura (Fritz), Ueber Entstehung und Verbreitung des Phelloderms. Bot. 


Centralb., LXXXI, n° 7, p. 225. 


. LAraANXE, Recherches sur les caractères anatomiques des feuilles persis- 


tantes des Dicotylédones. Actes Soc. linn. de Bordeaux, 5° série, {. IV, 
p. 21. 


ÿ. Lemaire (Ad.), Recherches sur l’origine et le développement des racines 


latérales chez les Dicotylédones. Ann, Sc. nat, VIE 3, p. 222 


. Makixo, Plantæ japonenses novæ vel minus cognilie. Bolanic. Magazine 


Tokyo, XII. 


77. MarcuaL (E.), Hederacæ, in Marius, Flora Brasiliensis, LXXV, p. 230-258. 
19. In., Revision des Hédéracées américaines. Bull. de l'Acad. roy. des Se. de 


Belgique, 3° série, p. 47. 

{p., Rectification synonymique à ma notice intitulée : Revision, elec. Id., 
p. d1#. 

Menrovrrcn, À nüvénybel szüvellanähoz Külônüs tekintettel à Kétozi- 
küekre (Klausenburg). 

In., À bél néhäny Küszô nôvénynél. Mayy. Novenyt Lapok, IX (Klausen- 
burg). (Voy. Just, Bot. Jahresber., 1, 1885.) 

Meyer (CG. A.), Ucber den Ginschen insbesondere über die botanischen 
charaktere desselben und der zunächst verwandten Arten der Gattune 
Panax. Gauger’s. Repertor f. Pharm. und Ch. Petersbury, p. 516-528. 


206 RENÉ VIGUIER. 


1855. Miquec (F. À. W.), Flora van Nederlandsch Indië (1, p. 745, et Suppl. 1, 
Prodromus Floræ Sumutranæ, p. 337). 

1864. In., Ann. Musei botanici Lugduno Batani, [, p. 1-27 et 219-220. 

1885. Môgius (M.), Die Mecanischen Scheiden der Secrethehälter. Pringsh. 
Jahrbüch., XVE, p. 262-300. 

1876. Môzcer (J.), Beitr. zur vergleichenden Anatomie des Holzes. Denkschr. der 
K. Ac. d. Wiss., Wien, p. 361. 

1882. [p.. Anatomie der Baumrinden, p. 213-215. 

1864. Mueccer (F. v.), Fragment. Phyt. australiæ, IV, 149. 

1888. Murcer (C.), Ueber phloemständige Sekretkanäle der Umbelliferen und 
Araliaceen. Ber. deutsch. Bot. Gesellsch., VE, p. 20. 

1897. Nanraup, Sur quelques plantes rares de Tahiti. Morot, Journ. de Bot., 
p.405. 

1890. Neumayr (M.), Erdgeschichte. 

1852-1882. NorDuiNGER, Querschnitte von Holzarten.! (48,78) VL (49) VIL (28,72). 

1902. OrrManx (A. E.), The geographical Distribution of freshwater Dean 
and its upon ancient Geography. Proceed. of the philosoph. Society 
Philadelphie, XLI, p. 267. 

1900. Ossorx, The Geological and Faunal Relations of Europe and Americ 
during the Tertiary Period... Science, 1900, p. 561-574. 

1857. PAYER, Traité d'organogénie comparée de la fleur, p. #09. 

190%. PeccecniN, Contribution à l'étude anatomique, biologique ef taxinomique 
des Cichlidés. Thèse de Paris. 

1887. Perir, Le pétiole des Dicotylédones au point de vue de l'anatomie com- 
parée et de la taxinomie. Mém. de la Soc. des Sc. phys. et nat. de Bor- 
deaux, 3° série, IT, p. 333-336. 

1864. Pririppt, nine novarum Chilensium... Linnæa, XXII, p. 89. 

1894. Prcsery (EH A.), Distribution of Helices in Time and Space. Manual of 
on sér. 2, vol. IX. 

1886. Purrr, Beiträge zur vergleichenden Anatomie des Blaltstieles der Dicoty- 
ledonen. Diss. Marburg, p. 39-40. 

1903. Praix (D.), An undescribed Araliaceous genus from Upper Burma. Pro- 
ceed. Asiatie. Society Bengal, n° 10, déc. 1903. 

1802. Ruvz el Pavox, Flora peruv. et ch. IV. 

186%. SaxIo, Ueber endogene Gefässbündelbildung. Botan. Zeitung, XXII, 
P- 226-297! 

1904. Scmixpcer (A. K.), Die Abtrennung der Hippuridaceen von den Halor- 
rhagaceen. Engl. Bot. Jahrb. Beibl. n° 77, p. 1 

1862. SEEMANN, Meryta, in Bonplandia, p. 294. 

1864 a. Ip., On the æstivation of Crithmum maritimum. Journ. of Botany, WU, 
186%, p. 5. 

1864-1867. In., Revision of the natural Order Hederacæ. Journ. of Botany, 
VI. 

1864 b. [n., On some genera with onecelled ovarv referred to Hederacæ. Journ. 
of Botany, H, p- 204. 

189%. Serronus, Beitrage zur Kenntniss der Anatomie der Cornacæ. Bulletin 
Herbier Boissier. 

1884. SoLEREDER (H.), Ueber den systematichen Werth der Holstructur bei den 
Dicotyledonen. München, p. 145. 

1899. SocerEeDERr, Svstematische Anatomie der Dicotyledonen, p. 481. 

1891. SrraseurGErR, Ueber den Bau und die Verrichtungen der Leitungsbahnen 
in den Pflanzen, p. 233-239. 

1881. Srruck (C.), Starke Stämme von Hedera Helix. Arch. Ver. d. Freunde der 
Naturgesch. in Mecklenburg, XXXV, p. 128-129. 

1780. THuNBErG, Nov. act. Ups., 3, p. 212. 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. 207 


1867. Trecur. Des vaisseaux propres dans les Araliacées. Ann. Sc. nat. Bot., 
VON D 5E: 

1870. Vax Tiecuen, Recherches sur la symétrie de structure... La Racine. 
Ann. Sc. nut., Bot., à° série, t. XII. 

1872 In., Mémoire sur les canaux sécréteurs des plantes. Ann. Sc. nat., Bot., 
5e série, XVI, p. 46 et 57. 

1885. [p., Second mémoire sur les canaux sécréteurs des plantes. Ann. Sc. 
nat.; Bot., 1° série, À, p. 5. 

1888. Vax Tircnen et Dourior, Recherches comparatives sur lorigine des 
membres endogènes. Ann. Sc. nat, Bot., 7° série, €. VIE, p. 219 
et 463. 

1898. In., Structure de quelques ovules et parti qu'on en peut tirer pour amé- 

liorer la classification. Morot, Journ. Bot., p. 197. 

1901. 1p., L'œuf des plantes considéré comme base de leur classification. Ann. 
Se. nat., Bot., 8° série, t. XIV. 

1905. 1n., Sur les Rhaptopétlalacées. Ann. Sc. nat., Bot., 9° série, €. [, p. 324. 

1865. ViriccarD, Bull. Soc. linn. de Normandie, IX, p. 342. 

1905. Vicurier (R.), Note sur le genre Dizygotheca. Morot, Journ. de Bot., XIX. 

1905. In., Sur les Araliacées du groupe des Polyscias. Bull. Soc. bot. de France, 
p. 285. 

18%1. Visiaxi, Sopra la Gastonia palmata Roxb. (Trevesia Vis.). Turin. 

1902. Voikexs (G.), Die vegetation der Karolinen mit besonderer Berücksichli- 
gung der von Vap. Eng. Jahrb., XXX, p. #51. 

1883. Weiss (J. E.), Das markständige Gefässbundelsystem einiger Dikotyle- 

\ donen in seiner Beziehung zu den Blattspuren. Bot. Centralbl., XV, 
p. 290. 

1890. In., Beitrage zur Kenntniss der Korkbildung. Denkeckr. Regensb, bot. Ge- 
sellsch., 1890, p. 60. 

1895. Wexr, Ueber Haft und Närhrwurzeln bei Kletterpflanzen und Epiphyten. 
Ann. Jardin botanique de Buitenzorg, p. 55. 


TABLE DES MATIÈRES 


INTRODUCTION EE Re RE A Se RAT Pr Re EE AE 


PREMIÈRE PARTIE 


CHapirRe |. — Historique. 
Morphologierexterne:2n 0er) Reese SR OUR ere Rne 
40 ClasSiACatOn RE RME ER RS EE ARR 
22 Morphologie générale AA RE 
AnalOMIE. ere ee ane NERO ETES et 
do" Tige et feuriles 2. en NI TONER AE Pau 
QUI ACINE ER RS MR NE NE tee RSR RAR 
20 CUT PULLS PAIN EE FA ANR Re ARE EN E 
CHAPITRE IL. — Étude des caractères de classification D An de EU 
I. — Caractères de morphologie exlerne.........:.........::1.. 
Il. Caractères anatomiques ne ELA MENENRNERPRNEES RER 


DEUXIÈME PARTIE 


Cuavrmre L. — Étude des tribus. 
l:1Pseudopanacinées sr. #22 HR PR ANNE COMENT NS RER 
G: Acanthopanax Or ee tn RD EN ARE CAE 
Gr: Pseudopanaxe ee meRE en RE PR A PT EE 
gere NOCRODANAR 0 Dr ne A Ne PA EE RE 
GisCheiro dendrone se en A ARR Ne Pt 
GAS ÉTOITICAE EE AE ES RARE MAP NPA Re I REA EEES 
Gi SUTbOCATpa en Re Det ee CE 
GRAS AA TT rte ete M D DE PE 
Répartition géosraphique. ME ee Ce IEC 
RÉSUMÉS EM AR A PSE 
2. Polysciinées 2er MR PL EEE IT EU ME TEE 
G::Tiechemopanar ere mener te CM SRE 
G; Sciadopanax. AUS M LE RP EE PER 
G:PolysCias RP ME RNA nt OR PERS 
G: Bonnierellas PRESSE RENE AE RE ee 
G. Kissodendron es Remer Er ET RER DEE 
G:-CGuphocarpus BR PR ENCEINTE EEE 
Ga Aralia. ie RE EME Are RS CHR EEE 
GABentapanax pere er RE NTeee Li à A AT PRÉPAS SP 
G:Cephalaralia. PERS RME EE RE NE DIRE PEREEE 
GMotherwelliait Hem er ere tee PEER 
Répartition) 2éooraphique. tte CECI ECC ERP EMEEPPPREE 
RÉSUMÉ. 2 ds ere ee lee AN OR PCR 


3. 


5 


8 


TABLE DES MATIÈRES. 
S'ONETÉNINeCS se done Arret ee 


MDIZNBO UNE OA Re E ce one ne cor ee due event Ni ane 
HBoerlA210dendrOn- 7. AL Len RC nn. 
s RENE ASS MARS PES RARE RERO EE A ne Er Re LUE NT 
DTA SS AIDES ei euntele Miro ie one ie Dr nai 
: OUTRE PERRET ER RER EEE ER 
RÉCOINO DAC Re PR eu ue mes toile 
DER RC RP io ide ins ones 


MES ODA re Rs ne re 
LIQTINI SO DATA à ere eied de ic en (ou 


(LL PE PEPIPI PS PI PR PIE 


Résumé 


PAETE OT A RE AR ROC Pr NL Met er ie Et 


AL) S D OX O D PR nn re ele om e dine Dee ei ee 
A OREDPANAX M RE M PR AL de celeron 
SO MU dd munie ee ee Domscale des 0 
» BONNE EMEA NE RE EE 
MA CEO DAT AXE RE do RE Ne Re Le 2. 
A HETOLOPSISs en een see ncmerebse else eos ereete: 
RéPARHtOnSéographiquess ssl Me 1... 
AUS LEA CR ne ee eme d 

AD IMOTOCALDINEBS Me rene es one ne dome connaene ne aies 
CMD TOC AT DUS En enr le neeenneb ue 
CDÉTA RDA RE Demers atp aude 
GAPOOSDEQUME En LM hear demeure tuer 
Réparitioneéopraphique :.:%,.................... 

RUES DITS EU D mm eme eine sun eau scans 
RICA SR PU EN ne ai mama sd ecdesautue 
AUDIdANURUSR EE ER A Mere -cmne-c-ceecce 
ÉTAT sd Pete eee anse vieu 
3 ISAAC ED SERRE RE RE RE 
US OPERA ee Gone mas ae sue store 
 LÉLTADlA San AT Re smen tee ent mule een cesse gtien 
RO OS a Re ae rm ee den ces 
RC OO D nd ne ess eee scudess 
OS ODA PE M Me ne necrosis 


Secepeos 


PPIPIPIPIP TITI D 


RÉDANTITONATÉOPTAPDIQUE M. eme. 
ROSE RP D oser rte piges 

> MÉTRO 
CM EN ARR Rae cu sep 0 nee tee 

GAS ILODIIODAN AS AA due. be certes erer tee 
(Éis SCA ARR RPR  RES 
RÉDALHHON SÉOErAphIqUE.. LL... .-..-....... 
RÉSEAU ne 

SNA TT MAR Lee Se PROS RRRRPEE CU 
GMA CON a Re nbemee ses 

GPA OO DAT BE ee eee ee ct cri 

GERS UTOS CLARA nn escorte ec ee 
GANDI DE ALU RER A ee ce nee nn ereaisies 
RÉPATITIONIRÉOETAPRIQUE 4.2.4... 0 

ANN. SC. NAT. BOT... 9e série. IV, 14 


19 
> 
© 


ï . 
na È 
“- 


240 RENÉ VIGUIER. 
RÉSUMÉ, RE ARR En NE Re AI A Ce 159 
9, Panacinées. MMS RS CSN ter AS Re Re qu RE 160: 
G:Panax.. ee RE de met Tee 160 
«. "Répartition géographique Ne 22 ee COMPARE 164. 
10. Érémopanacinées 145 7.0 Re eee AMAR 164 
G:‘Éremopanaxe/ esse enterrer re RAS 164 
GrArthrophyilümn ee" 7er Mme RE RE ST AE 166 
L GyGrepmella ts Perte DUC PR RER UNE EEE LE 167 
Gt Gas Wardenia rs me den or in bte CL EE 168 
Répartitionigéographique eme Rene et re FAR LICS 
Li RÉSUMÉ . 2 cbr cie ee EC PR EL E 168 
2 Genres de POSItl0nNCertAINne. ee eee nn CRE 169 
GA DleUras, MRC N Re MER Re AE RE 169 
G::Woodburniar Us Re NE a RE 169 
Gr MASTER A EN ANR san AN Deere A PO ARE 170 
Genre exclu des Araliacées. eut RES At At Re 171 
UC Aralumen et Un ET mate PA AE RUE 171 
CuapirRE IL. — Relations et affinités. 
Relations des\génres entre eux NAT ne et RP RPe NES 172 
Relations des Araliacées avec les autres familles .................. 177 
TROISIÈME PARTIE 
Remarques Sur Id répartilion géomMap QUE ee MER RER PIRE ere 181 
RESUME MTONRETOUS Ds Mate er NE Ne Tee Se ee EE LEA IEEE 193 dQ 
CONCIUSIONS TEL RSS UE PME RAT EN Re Re RE EE RARE 201 
Note ajoutée pendant l'impression. mer eee Een ae 201 
Index bibliographique. 27 RER PNEU ets eee 2 08 


Fable des matières... gi een IUe re ten RO IMAGE 208 


SUR LA 
DISSYMÉTRIE DES FOLIOLES LATÉRALES 


+ DANS LES FEUILLES COMPOSÉES 
Par Ph. VAN TIEGHEM 


Dans une première Note, insérée récemment dans ce 
Reeueil(1), on a montré qu'il existe, entre la forme des feuilles 
et leur disposition sur la lige quand elle est distique, une 
certaine relation, exprimée par une dissymétrie alternative 
des feuilles successives, d’où résulte toujours pour l’ensemble 
de la pousse, et quelquefois déjà pour le rameau lui-même, 
une transformation de sa symétrie normale, qui est multi- 
latérale ou rayonnée, en une symétrie nouvelle, qui est bilatérale 
ou dorsiventrale. Comme suite à cette remarque, on voudrait 
faire voir aujourd’hui qu'une semblable dissymétrie se re- 
trouve dansles folioles latérales distiques des feuilles composées, 
avec cette différence pourtant, qu'au lieu d’être alternative et 
de modifier le genre de symétrie du système dont elles font 
parte, elle affecte dans le même sens loutes les folioles laté- 
rales successives, sans altérer, tout au contraire, en renforçant 
la symétrie bilatérale de la feuille totale. 

On sait que les feuilles composées se groupent en deux 
catégories principales, suivant qu'elles sont pennées ou palmées. 
On sait aussi que, simple ou composée, toutes les fois que la 
feuille est stipulée, les deux stipules doivent être considérées 
comme une première paire de fohioles latérales, détachée 
ordinairement dès la base, et fortement différenciée ; de 


(4) Ph: van Tieghem, Sur la dissymétrie des feuilles distiques (Ann. des Se. 
nat., 9° série, Bol., IE, p. 375, 1906). 


9219 PH. VAN TIEGHEM. 


1. 


manière que toute feuille stipulée dite simple est en réalité 
une feuille composée trifoliolée, à folioles latérales ordinai- 
rement rudimentaires. Le sujet à étudier ici se divise donc en 
trois parties. 


(l 


FOLIOLES LATÉRALES DES FEUILLES COMPOSÉES PENNÉES. 


Quand elles sont pourvues de stipules, les feuilles composées 
pennées ont quelquefois leurs folioles munies à la base 
d’appendices analogues, nommés sfipelles. Le plus souvent 
pourtant, il n'y à pas de stipelles, et il en est toujours ainsi, 
semble-t-il, quand la feuille est sans stipules. Il y a donc ici 
deux cas à distinguer. 

1° Folioles latérales pourvues de stipelles. — Lorsque les 
folioles sont stipellées, la foliole terminale offre à sa base, 
insérées au même niveau, l’une à droite, l’autre à gauche, 
deux stipelles égales. 

Il est très rare que les folioles latérales développent aussi 
leurs deux stipelles ; l’une au-dessous de leur base, reportée sur 
la face supérieure du pétiole commun, l’autre au-dessus de 
leur base, reportée sur la face inférieure du pétiole commun. 
Ces deux stipelles sont alors toujours inégales, plus ou moins 
fortement, et c’est tantôt l'inférieure, tantôt la supérieure qui 
prédomine. 

Les Pigamons (Thalictrum), seul genre de la famille des 
Renonculacées où la feuille soit, comme on sait, pourvue de 
stipules, offrent un bel exemple de cette disposition. Elle y est 
particulièrement nette dans le P. à-feuilles-d'Ancolie (7%. aqui- 
legifolium), que l'on prendra ici pour type. 

La feuille, dont la gaine prolonge ses bords en deux larges 
stipules membraneuses, ÿ est composée pennée à quatre degrés, 
avec cinq paires de folioles latérales de premier ordre. Les 
folioles latérales primaires des deux premières paires ont 
chacune, à la base de son pétiole, deux larges stipelles très 
inégales, l’inférieure, placée en haut sur le pétiole commun, 
plus petite, la supérieure, placée en bas sur le pétiole commun, 
plus grande. À la troisième paire, les stipelles d'en haut se 


DISSYMÉTRIE DES FOLIOLES LATÉRALES. 213 


réduisent à de très petites écailles etelles avortent complètement 
à la quatrième et à la cinquième paire, tandis que les stipelles 
d'en bas persistent tout du long, en diminuant progressivement 
de grandeur. Elles avortent pourtant à leur tour à la base de la 
foliole terminale, qui se trouve ainsi dépourvue de stipelles. 
La même série de dispositions se retrouve, en raccourci, pour 
les folioles secondaires le long de la foliole primaire et pour 
les folioles ternaires le long de la foliole secondaire. De telle 
sorte qu'en définitive toutes les folioles latérales du dernier 
ordre n'ont chacune à leur base qu'une seule stipelle, qui est 
leur stipelle supérieure, insérée en bas sur le pétiole d’avant- 
dernier ordre. 

La même inmégalité des deux stipelles de chaque foliole latérale 
dans la région inférieure de la feuille, avec avortement de la 
plus petite dans la région supérieure et finalement à la base de 
chaque foliole latérale du dernier ordre, se retrouve dans les 
autres espèces du même genre ; le phénomène v est seulement 
moins accusé. Mais tantôt la différence est de même sens que 
dans le type que l’on vient d'étudier, c'est-à-dire avec prédo- 
minance d’abord, puis persistance, de la stipelle supérieure 
attachée en bas, comme dans le P. pourpre (Th. pur- 
pureum), etc.; tantôt elle est de sens contraire, c’est-à-dire 
avec prédominance d’abord, puis persistance, de la stipelle 
inférieure attachée en haut, comme dans le P. jaune (74. fla- 
vum), etc. 

Toujours est-il que cette constante inégalité des deux sti- 
pelles dans la région inférieure de la feuille, jointe au constant 
avortement de la plus petite dans la région supérieure, 
suffirait déjà à rendre dissymétrique l’ensemble d’une foliole 
latérale de degré quelconque, quand bien même le limbe, ce 
qui n’est pas le cas, comme on le verra tout à l'heure, n°v 
offrirait aucune trace de dissymétrie. 

Presque toujours, chaque foliole latérale, même la plus infé- 
rieure, ne développe que l’une de ses deux stipelles ; l'autre 
avorte tout du long et complètement. Comme dans le cas 
précédent, et à plus forte raison, il en résulte aussitôt pour cette 
foliole une dissymétrie marquée. Dans tous les exemples de 
cette sorte qui me sont connus jusqu'iei et qui seront cités plus 


21% PH. VAN TIEGHEM 


loin, c'est la stipelle inférieure, insérée en haut sur le pétiole 
commun, qui se développe seule; en un mot, la dissymétrie a 
lieu avec prédominance du côté inférieur, comme on l’a vu 
plus haut dans le Pigamon Jaune, par exemple. 

Ainsi donc, toutes les fois qu'il y a des stipelles, qu'il y en 
ait deux inégales ou une seule, le seul fait de leur présence 
suffit à rendre les folioles latérales nettement dissymétriques. 
A cette dissymétrie provoquée par les stipelles vient maintenant 
s'ajouter une dissymétrie plus ou moins fortement accusée 
dans le limbe des folioles latérales, dont une moitié se montre 
plus large que l'autre, surtout à la base, et descend aussi plus 
bas sur le pétiolule, quand il existe. Dans la foliole terminale, 
au contraire, le limbe a ses deux moitiés égales et une symé- 
trie bilatérale. Suivant les plantes, celte dissymétrie du limbe 
des folioles latérales se manifeste de deux manières différentes 
et inverses. 

Tantôt, en effet, c’est la moitié inférieure du limbe qui est 
la plus large et la plus longue à la base, tandis que la moitié 
supérieure est la plus étroite et la plus courte à la base. En un 
mot, il y a prédominance en bas. Il en est ainsi, par exemple, 
avec une seule paire de folhioles latérales, dans les Haricots 
(Phaseolus), les Dolics (Dolichos), les Vigners (Vigna), ete. ; 
avec plusieurs paires de folioles latérales, dans les Sureaux 
(Sambucus), les Staphyliers (Staphylea), les Sanguisorbes 
(Sanquisorba), ete. : toutes plantes à folioles latérales munies 
d'une seule stipelle inférieure, située en haut sur le pétiole 
commun. Chez elles donc, la part de dissymétrie qui est 
apportée par le limbe à la foliole Lotale est de même sens que 
celle qui lui est fournie déjà par l'unique stipelle inférieure, Il 
en est de même pour le limbe dans les folioles latérales des 
feuilles composées pennées à plusieurs degrés des Pigamons, 
cités plus haut. Mais ici, suivant l'espèce considérée, la dissy- 
métrie des stpelles est tantôt dans le même sens que celle du 
limbe, c’est-à-dire avec prédominance en bas (P. jaune, etc.), 
tantôt en sens contraire, c'est-à-dire avec prédominance en 
haut (P. à-feuilles-d'Ancolie, P. pourpre, ete.). 

Tantôt, au contraire, c'est la moitié supérieure du limbe qui 
est plus large à la base, {andis que la moitié inférieure y est plus 


DISSYMÉTRIE DES FOLIOLES LATÉRALES. 24115 


étroite. En un mot, il y a prédominance en haut. Il en est ainsi, 
par exemple, dans les feuilles à multiples folioles latérales uni- 
süipellées des Robiniers (Robinia), Stypholobes (Stypholobium), 
Kraunies (AXraunlua), ete. La part de dissymétrie afférente au 
limbe dans la foliole totale est alors de sens contraire à celle 
qui lui est apportée déjà par l'unique stipelle inférieure. 

2° ÆFolioles latérales sans stipelles. — Le plus souvent 
lorsqu'elle est munie de stipules et toujours lorsqu'elle en est 
dépourvue, la feuille composée pennée a ses folioles sans sli- 
pelles. C’est alors par le limbe seul que S'y exprime la dissy- 
métrie des folioles latérales. Comme dans le cas précédent, 
elle S'Y manifeste nettement et de deux manières diffé- 
rentes. 

Tantôt c’est la moitié inférieure du limbe qui est plus large 
à la base et qui descend aussi plus bas sur le pétiolule, quand 
il existe. C’est la disposition de beaucoup la plus fréquente. On 
l’'observe notamment chez nombre de Rosacées : Rosier (Rosa), 
Sorbier (Sorbus), Sorbaire (Sorburia), Aigremoine (Agrimonia), 
Ronce {ARubus), Potentille {Pofentilla), Fraisier (Fraqgaria), Be- 
noîte (Geum), ete.; de Légumineuses : Glycine (Glycine), Orobe 
(Orobus), Gesse (Lathyrus), Coronille (C'oronilla), Baguenaudier 
(Colutea), etc. ; de Sapindacées: Savonnier (Sapindus), Paulli- 
nie (Paullinia), Mélicoque (Melicocca), Kælreutérie (Keælreu- 
teria), Ungnadie (Ungnadia), etc.; de Zygophyllacées : Zvgo- 
phylle (Zygophyllum), Gaïac (Gaiacum), Tribule (Tribulus), 
Porhiérie (Porlieria), ete. ; de Rutacées : Ptélée (Ptelea), Clava- 
lier (Zanthorylum), etc.; de Renonculacées : Clématite (C/e- 
matis), Pivoine (Pæonia), Renoncule (Ranunculus), Anémone 
(Anemone), Ancolie (Aguileqia), etc. ; d'Ombellifères : Dauce, 
(Daucus), Berce (Heracleum), Angélique (Angelica), Laser 
(Laserpitium), Peucédan {Peucedanum), Torile (Torilis), Pani- 
caut (Eryngium), ete.; de Composées: Achillée (Achillea), 
Tanaisie (T'anacetum), Séneçon (Senecio), Echinope (£ch- 
nops), Dahlie (Dahlia), Pyrèthre (Pyrethrum), etc.; de Bigno- 
niacées : Técome (Tecoma), Incarvillée (/ncarvillea), ete.; ail- 
leurs chez les genres les plus divers : Noyer (Juglans), Mé- 
lianthe (Melianthus), Sumac (ARhus), Mahonie (Mahonta), 
Jasmin (Jasminum), Morelle (So/anum), Tomate (Lycopersi- 


216 PH. VAN TIEGHEM. 


cum), etc.; enfin chez certaines Fougères, comme le Ptéride 
aquilin (Pteridium aquilinum), ete. 

Par ces divers exemples, qu'il serait facile de multiplier, on 
voit que cette dissymétrie des folioles latérales avec prédomi- 
nance de la moitié inférieure se retrouve tout aussi bien, qu'il y 
ait une seule paire de folioles latérales ou plusieurs paires 


échelonnées, que ces folioles soient opposées, comme d’ordi- 


naire, ou alternes, qu'elles soient pétiolées, sessiles ou même 
décurrentes, qu’elles soient toutes de même grandeur, comme 
d'habitude, ou alternativement de grandeurs différentes, que la 
feuille, enfin, qui les porte soit composée pennée à un seul 
degré ou à plusieurs degrés. Pourtant, parmi les plantes citées, 
il en est quelques-unes qui semblent tout d’abord faire excep- 
lion à la règle et qui, par là, méritent une mention spéciale. 
Dans la Ronce frutescente (Rubus fruticosus), par exemple, 
la feuille est typiquement composée pennée à une seule paire 
de folioles latérales, en un mot trifohiolée. Ces folioles latérales 
ont, comme il vient d'être dit, leur moitié inférieure plus déve- 
loppée que la supérieure. La même tige porte des feuilles à cinq 
folioles, simulant des feuilles composées palmées et décrites 
comme telles par les auteurs. Les deux folioles latérales infé- 
rieures, plus petites, ont alors leur moitié inférieure prédomi- 
nante, tandis que les deux supérieures, plus grandes, ont leur 
moitié supérieure prédominante : d’où, entre les deux paires, 
une contradiction dans le sens de la dissymétrie. Mais la même 
üge offre aussi, entre les feuilles à trois et les feuilles à cinq 
folioles, toute une série de transitions dont l'examen permet de 
lever la difficulté. Dans la feuille trifohiolée, on voit, en effet, la 
moitié inférieure grandir d’abord davantage, puis détacher 
progressivement à sa base, par un sillon de plus en plus pro- 
fond, d'abord un lobe de plus en plus saillant, puis à la fin 
une foliole, dont le pétiolule demeure tout d'abord inséré sur 
le sien, avant de s'en séparer tout à fait pour s'attacher au- 
dessous de lui sur le pétiole commun et produire l'illusion 
d’une feuille composée palmée à cinq folioles. C’est par suite 
de cette séparation que la foliole latérale primitive, devenue 
supérieure, se trouve avoir sa moitié inférieure plus étroite à 
la base que sa moitié supérieure. Dans les feuilles à cinq Lo- 


DISSYMÉTRIE DES FOLIOLES LATÉRALES. 217 


lioles, les folioles latérales inférieures, loin de leur être équi- 
valentes comme il est admis, dérivent done des deux supé- 
rieures, et c’est cette dérivation qui explique l’anomalie offerte 
par celles-er. 

Il en est de même dans d’autres plantes à feuilles en appa- 
rence composées palmées à cinq folioles, notamment dans la 
Potentille rampante. On y retrouve le même changement de 
sens dans la dissymétrie etils’'y explique de la même manière. 
On en conclut que, parmi les feuilles décrites comme compo- 
sées palmées à cinq folioles, il ÿ en a de deux catégories bien 
distinctes : les fausses, dont il vient d’être question, où les 
folioles latérales inférieures sont de seconde génération, en un 
mot sont filles des supérieures, et les vraies, qu'on étudiera 
plus loin, où les folioles latérales inférieures sont de première 
généralion, en un mot sont sœurs des supérieures. 

Considérons maintenant la seconde des manières d’être dis- 
Enguées plus haut, celle où, dans les folioles latérales dissymé- 
triques, c’est la moitié supérieure du limbe qui prédomine sur 
la moitié inférieure. Elle est moins fréquente que la première. 
On l’observe notamment chez diverses Sapindacées : Néphèle 
(Neplelium), Cupanie (Cupania), Chitanthe (Chitanthus), Dit- 
telasme (Dittelasma), ele. ; dans les Aïlantes (Aiantus) (1), les 
Frènes (Frarinus), les Négondes (Nequndo), les Pilocarpes (Pi- 
locarpus), les Cladrastes (Cladrastis), les Féviers (Gleditschia), 
les Tagètes (T'agetes), ete. ; et aussi chez diverses Fougères : 
Polypode vulgaire (Polypodium vulgare), Aspide aiguillonné 
(Aspidium aculeatum), Néphrode Fougère-mâle (Nephrodium 
Filiz-mas), etc. 

En résumé, quand les folioles latérales sont dépourvues de 


(1) Dans quelques cas particuliers, où elle est très fortement accusée, cette 
inégalité des deux moitiés du limbe des folioles latérales n’a pas manqué d’être 
aperçue et signalée depuis longtemps par les botanistes descripteurs. Il en est 
ainsi, notamment, pour les feuilles composées pennées sans stipelles de plu- 
sieurs Ailantes. Chez l'A. élevé (A. excelsa), par exemple, Roxburgh a re- 
marqué, dès 1795, que dans chaque foliole « the nerve runs so as to make the 
exterior portion twice as broad as the interior » (Plants of Curomandel, , p. 24, 
pl. 23, 1795). Plus récemment, Pierre a décrit et figuré les folioles latérales 
de son A. de Fauvel (A. Fauveliunus) et de son A. calicin (A. calycinus) comme 
« très inégales et insymétriques à la base » (Flore forestière de la Cochinchine, 
pl. 294 et pl. 295, 1893). 


218 PH. VAN TIEGHEM. 


stipelles, on y retrouve, exprimée alors dans le limbe seul, la 
même dissymétrie que lorsqu'elles en sont munies, et cette dis- 
symétrie Y offre les deux mêmes aspects, avec prédominance 
tantôt de la moitié supérieure, tantôt de la moitié inférieure. 

Pour exprimer plus brièvement ces deux modes de dissy- 
métrie, on pourra dire que les folioles latérales sont 2ypody- 
names, qu'il y à Aypodynamie, dans le premier cas, que les 
folioles latérales sont épidynames, qu'il y a épidynamie, dans le 
second. 

Par ce qui précède, on voit que l'hypodynamie est beaucoup 
plus fréquente que l’épidynamie. On voit aussi que les deux 
modes se rencontrent côte à côte dans la même famille. Ainsi, 
parmi les Léguminuses, 11 ÿ à hypodynamie chez les Haricots 
avec slipelles et chez les Glycines sans stipelles, épidynamie chez 
les Robiniers avec stipelles et chez les Cladrastes sans stipelles. 
Parmi les Composées, 1 Y a hypodynamie chez les Pyrèthres, 
épidynamie chez les Tagètes. Parmi les Sapindacées, 1l y à 
hypodynamie chez les Savonniers, les Kælreutéries, etc., épi- 
dynamie chez les Néphèles, les Cupanies, ete. Parmi les Poly- 
podiacées, 1} y a hypodynamie chez le Ptéride aquilin, épi- 
dynamie chez le Polypode vulgaire. 

Il faut remarquer encore que, lorsque les folioles latérales 
sont stipellées, toutes les fois qu’elles n’ont qu'une seule stipelle, 
ce qui est le cas de beaucoup le plus fréquent, par le fait seul 
de la présence constante de cette unique stipelle sur le flanc 
inférieur de la base de la foliole latérale, la part de dissy- 
métrie qui lui est afférente est toujours hypédyname ; tandis 
que la part de dissymétrie apportée par le limbe est tantôt hypo- 
dyname, comme dans les Haricots, tantôt épidyname, comme 
dans les Robiniers. Lorsqu'elles ont deux stipelles inégales, ce 
qui est très rare, on à vu plus haut que, chez les Pigamons, 
toujours hypodyname par son limbe, la foliole latérale est 
tantôt hypodyname aussi (P. jaune, etc.), tantôt au contraire 
épidyname (P. à-feuilles-d’Ancohe, P. pourpre, etc.) par ses 
stipelles. 

Enfin, qu'elle ait ou non des stipelles, toute feuille composée 
pennée à folioles latérales pourvues de dissymétrie hypodyname 
dans le limbe, surtout si les folioles latérales y sont nombreuses 


DISSYMÉTRIE DES FOLIOLES LATÉRALES. 219 


et alternes etsi la foliole terminale y fait défaut, ressemble sin- 
gulhèrement à lun de ces rameaux bien connus chez l'Orme 
champêtre, par exemple, le long duquel les feuilles dissymé- 
triques s’élagent en deux séries alternes, en tordant leurs 
pétioles de manière à tourner loutes leurs moitiés larges vers 
le bas, toutes leurs moitiés étroites vers le haut. 


Il 


FOLIOLES LATÉRALES DES FEUILLES COMPOSÉES PALMÉES. 


Considérons maintenant les feuilles composées véritablement 
palmées, en laissant de côté celles que l'on décrit faussement 
comme telles, ainsi qu'il a été dit plus haut. Qu'elles aient ou 
non des stipules, les folioles y sont toujours dépourvues de 
stipelles et c'est leur limbe seul qu'il faut considérer. 

Chez les Marrouniers (Æsculus), où la feuille est composée 
palmée à emq ou sept folioles pétiolulées, les folioles latérales 
ont leur moitié inférieure plus large et descendant plus bas 
sur le pétiolule:; elles sont donc netiement dissvmétriques. La 
mème dissymétrie, avec prédominance de la moitié inférieure, 
se retrouve dans les feuilles palmées à cinq folioles des Gatti- 
liers (Vite), de la Quinaire quinquéfoliée (Quinaria quinque- 
folia [Linné} Kôühne), vulgairement Vigne-vierge, etc. 

Dans ces divers exemples, il y a donc hypodynamie. On ne 
connait pas Jusqu'à présent de plantes à feuilles composées 
palmées où les folioles seraient dissymétriques avee prédomi- 
nance de la moilié supérieure, en un mot épidynames. 


I 


STIPULES DES FEUILLES SIMPLES OU COMPOSÉES. 


Dans les feuilles stipulées, qu'elles soient d'ailleurs simples 
ou composées, les deux stipules sont, comme il a été rappelé 
plus haut, assimilables à une paire de folioles latérales, insérées 
soit à la base même du pétiole, soit sur la gaine quand elle 
existe, fortement différenciées, le plus souvent très réduites el 
fréquemment caduques. Aussi, après avoir constaté la dissy- 


220 PH. VAN TIEGHEM. 


métrie des folioles latérales des feuilles composées, est-il néces- 
saire de considérer au même point de vue les stipules des 
feuilles, tant simples que composées. 

C'est un fait général et bien connu, que chaque stipule est 
plus ou moins fortement dissymétrique, ses deux moitiés étant 
plus ou moins inégales et plus ou moins différemment confor- 
mées, de manière à être comme l’image de l’autre dans un 
miroir. 

Lorsque les stipules sont persistantes et développées en deux 
lames vertes plus où moins grandes, avec un système de ner- 
vures plus ou moins compliqué, en un mot quand elles sont 
foliacées, comme disent les auteurs descriptifs, c’est alors que 
leur dissymétrie est le plus frappante, tellement qu'il est inu- 
ile d’y insister et d'en citer des exemples. Aussi peut-on 
s'étonner qu'on ne soit pas encore parti de là pour rechercher 
si une pareille dissymétrie n'existerait pas aussi dans Îles 
folioles latérales des feuilles composées. 

Ici, comme pour les folioles latérales des feuilles composées, 
la dissymétrie peut se manifester de deux manières différentes. 
Tantôt c'est la moitié externe ou inférieure du limbe stipu- 
laire qui est la plus développée; en un mot, la stipule est hypo- 
dyname. C’est le cas de beaucoup le plus fréquent, tellement 
qu'il est inutile d'en citer des exemples. Tantôt c’est, au con- 
traire, la moitié interne ou supérieure du limbe qui est prédo- 
minante ; en un mot, la stipule est épidyname. C'est ce qu'on 
observe notamment dans les Sanguisorbes, où, par suite de ce 
développement prédominant de la moitié supérieure, le limbe 
stipulaire se recourbe en forme de croissant vers le bas. C'est 
aussi le cas chez les Cobées (Cobæa), où les stipules foliacées 
sont de même grandeur que les folioles latérales ; etc. 

Quand la feuille stipulée est en même temps composée, le 
sens de la dissymétrie des stipules est ordinairement le même 
que celui de la dissymétrie des folioles latérales ; les premières 
sont le plus souvent hypodynames, comme on l’a vu pour les 
secondes. Il peut même paraître singulier qu'il n’en soit pas 
toujours ainsi. Pourtant, les Sanguisorbes et les Cobées, 
que l'on vient de citer, offrent précisément une telle contra- 
diction entre la dissymétrie des stipules foliacées, qui est épi- 


DISSYMÉTRIE DES FOLIOLES LATÉRALES. 291 


dyname, et celle des folioles latérales, qui est hypodyname. 

Quand la feuille composée pennée est munie en même 
temps de stipules foliacées et de stipelles, il arrive parfois, non 
seulement que les stipelles deviennent foliacées, mais encore 
que les stipules produisent chacune, sur leur flanc inférieur 
où externe, une pareille stüipelle foliacée. C'est ce qu’on observe 
par exemple dans le Sureau yèble {Sambucus Ebulus), et rien, 
à mon sens, ne démontre mieux l'homologie générale des sti- 
pules et des folioles latérales. A leur tour, ces stipelles foliacées 
sont dissymétriques et, dans les quelques cas connus, leur dis- 
symétrie est de même sens que celle des folioles latérales aux- 
quelles elles appartiennent, c’est-à-dire hypodynames, même 
si, comme chez les Sanguisorbes, les stipules sont épidy- 
names. 


IV 


CONCLUSIONS. 


Les divers exemples cités dans cette Note, dont il est loisible 
et facile à chacun d'augmenter la liste, suffisent à justifier les 
conclusions suivantes. 

Quels qu'en soient le nombre, la forme, la grandeur, la dis- 
position et le rôle, les folioles latérales des feuilles composées 


sont dissymétriques, dans leur limbe seul quand elles n’ont pas 


de slipelles, à la fois dans le limbe et dans les stipelles quand 
elles en ont. 

Cette dissymétrie est de même sens dans toutes les folioles, 
et non seulement conserve à l’ensemble de la feuille sa symétrie 
bilatérale, mais l'accuse davantage et d'autant plus qu’elle est 


elle-même plus marquée. 


Que l’on considère les stipelles, quand il y en a, ou le limbe 
dans tous les cas, la moitié la plus développée de la foliole est 


située tantôt vers le bas, ce qui est le cas le plus fréquent, 


lantôt vers le haut, ce qui est le cas le plus rare; en un mot, il 
y à tantôt hypodynamie, tantôt épidynamie. 

Quand il y à des stipelles, le sens de la dissymétrie peut être 
le même pour les stipelles et pour le limbe ; c'est ce qui a lieu 
presque toujours lorsque les folioles sont hypodynames. Mais il 


299 PH. VAN TIiEGHEM. 


= = 


est quelquefois contraire. Ainsi, 1l y a hypodynamie par les 
stipelles et épidynamie parle imbe, dans les Robiniers, Stypho- 
lobes, Kraunies, etc. ; il y a épidynamie par les stipelles et hypo- 
dynamie par le limbe, dans certains Pigamons. 

Les deux modes de dissymétrie du limbe se rencontrent côte 
à côte dans la même famille, comme on le voit, par exemple, 
chez les Légumineuses, les Sapindacées, les Composées, ete. 


Une pousse à feuilles distiques, où les feuilles alternative- 


ment dissymétriquestordent leurs pétioles de manière à placer 
leurs limbes dans le même plan et à tourner toutes leurs moitiés 
les plus larges vers le bas, arrive ainsi à ressembler à une 
feuille composée pennée sans impaire à folioles latérales 
alternes et hypodynames, dont elle partage aussi la symétrie 
bilatérale. 

Les-stipules, qu'elles appartiennent à une feuille simple ou à 


une feuille composée, sont dissymétriques, comme les folioles 


latérales, et, comme elles, {tantôt .hypodynames, tantôt épidy- 
names, le premier cas étant aussi de beaucoup le plus fréquent. 
Ordinairement de même sens que celle des folioles latérales de 
la feuille composée à laquelle elles appartiennent, la dissymétrie 
des stipulesest quelquefois de sens contraire. Enfin, lesstipelles, 
quand elles sont foliacées, sont également dissymétriques et 
dans le même sens que les folioles latérales dont elles font 
partie. 


SUR LES AGIALIDACÉES 


Par Ph. VAN TIEGHEM 


Pour ses fruits, qui sont des drupes comestibles, l'un des 
arbres épineux qui font l’objet de ce petit travail est cultivé 
en Égypte depuis les temps les plus reculés. Mentionné et 
figuré, sous le nom de Agialid, par Prosper Alpin dès la fin du 
xvi° siècle, en 1592 (1), il à été rattaché par Linné, en 1753, 
au genre Ximénie et nommé Ximénie d'Égypte (Ximenia ægyp- 
tiaca) (2). Dix ans plus tard, en 1763, Adanson l’a considéré 
comme le type d’un genre disünct, en lui restituant sa déno- 
mination primitive (3). L'espèce qu'il représente doit donc être 
nommée Agialide d'Égypte (Agialida ægyptiaca [Linné| Adan- 
son). Mais ce n’est pas sous ce nom qu'elle est connue des 


| botanistes. 


Au cours de l'expédition d'Égypte, en effet, Raffeneau Delile 
ayant observé cet arbre dans un jardin du Caire, à donné au 
genre le nom de Balanite (Balanites), en nommant l'espèce, 


| d'après Linné, B. d'Égypte (2. ægypliaca |Linné]| Delile), appel- 
lation sous laquelle il l'a d’abord signalée en 1802, puis dé- 


crite et figurée en 1813 (4), et par laquelle elle à été depuis 
constamment désignée, jusqu’à ce que M. O0. Kuntze lui ait 


| 
| (1) P. Alpin, De plantis Ægypti liber, p. 16, 1592. L'auteur écrit tour à tour 
| Agihalid et Agiahalid. On adopte ici la forme la plus simple, en y supprimant 
| l’h, lettre inutile du moment qu’on ne l’aspire pas fortement à la manière 
| arabe. | 
| (2) Linné, Species nn p- 1194, 1753. 
| E ) Adanson, Familles des plantes, I, p. 508, 1763. 

(4) FAIBLES Delile, Mémoires sur l'Égypte, M, p.325, an X, et Description de 
| lÉpupte Il, p. 224, pl: XXVIIL, fig. 1, 1813. 
| 
| 


224 PH. VAN TIEGHEM. 


restitué en 1891 sa véritable dénomination générique en en 
latinisant la terminaison, comme il à été fait plus haut (1). 

Ailleurs qu'en Égypte les voyageurs ont observé des arbres 
analogues à celui-ci dans les régions chaudes les plus diverses 
de l'Afrique et de l'Asie, depuis le Sénégal, le Niger et l'An- 
gola à l’ouest, jusqu’à la Birmanie à l’est, et les échantillons 
qu'ils en ont rapportés sont venus rejoindre ceux de Delile 
dans les Herbiers. Tous, en effet, ont été ou rattachés directe- 
ment à l’espèce d'Égypte, ou regardés comme de simples 
variétés de cette espèce, de sorte que M. Engler à pu consi- 
dérer, encore récemment, le genre qu'ils représentent comme 
monotype (2). 

Pourtant, il y a déjà plus d’un demi-siècle, dès 185%, Planchon 
a remarqué, très brièvement ilest vrai, que les échantillons pro- 
venant de l'Inde, bien qu'identifiés par Roxburgh en 1832 avec 
le Ximenia ægypliaca de Linné (3), diffèrent de tous les autres 
en ce que les pétales, au lieu d'être glabres sur les deux faces, Y 
sont velus sur leur face supérieure, et par là les a séparés en une 
espèce distincte, qu'il a nommée Balanite de Roxburgh (Bala- 
nites Roxburghü Planchon) (4). À ce caractère remarquable, 


qui donne à la fleur épanouie un aspect particulier, s’en 


ajoutent d’autres, comme on le verra plus loin, trés de la 
structure de la tige et de la conformation du fruit, de sorte 
qu'on est conduit à attribuer à l'ensemble de ces différences une 
valeur générique. En conséquence, on regardera 1c1 l'espèce de 
Planchon comme le type d’un genre nouveau, à côté du genre 
Agialide, et puisque le nom de Balanite doit être abandonné 
pour celui-ci, on le reprendra en laffectant exclusivement à la 
portion ainsi détachée du genre ancien. L'espèce type du genre 
nouveau pourra de la sorte conserver dans sa totalité le nom 
que lui a donné Planchon. | 
D'autre part, les échantillons récoltés par Welwitsch, de 1853 
à 1859, dans l'Afrique occidentale portugaise, notamment en 
Angola, regardés par lui comme une espèce distincte, qu'il à 
) O0. Kuntze, Revisio generum plantarum, |, p. 103, 1891. 
) Engler, Nat. Pflanzenfam., M, 4, p. 355, 1896. 
) Roxburgh, Flora indica, IL, p.253, 1832. 


) Planchon, Affinités de quelques genres peu connus (Ann. des Sc. nat., 
4° série, Bot., Il, p. 258, 1854). 


(1 
(2 
(3 
(4 


sl 


SUR LES AGIALIDACÉES. 295 


nommée Balanites angolensis dans son Herbier, mais consi- 
dérés par M. Oliver, en 1868 (1), et plus récemment par 
M. Hiern, en 1896, comme une simple variété angolensis du 
Balanites æqjypliaca (2), diffèrent de tous les autres en ce que 
l'ovaire, au lieu d’être velu et blanc, est glabre et brun, ce 
qui donne à la fleur épanouie un tout autre aspect. À ce carac- 
tère s’en ajoutent d'autres, comme on le verra plus loin, four- 
nis par la structure de la tige et par la conformation du fruit, 
de sorte qu'on est amené à donner à la somme de ces diffé- 
rences une valeur générique, et à regarder la plante de Wel- 
witsch comme le type d'un genre nouveau, voisin des Agia- 
lides, qu'on nommera Agielle (Agiella). 


En résumé : 


(glabre. Ovaire | velu........ Agialide. 
Pétales à face supérieure 5776 © lslabre.- >. Agielle. 
velue.. Ovaire velu....... Balanite. 


Il convient maintenant d'étudier séparément lestrois genres 
ainsi distingués : Agialide, Agielle et Balanite. 


[l 
GENRE AGIALIDE. 


En comparant, au point de vue de la morphologie externe, 
entre eux et avec les exemplaires originaux de Delile, les divers 
échantillons d’Agialide récoltés par les voyageurs tant en 
Afrique qu'en Asie occidentale, qui sont conservés dans l'Her- 
bier du Muséum, j'ai pu m'assurer qu'ils représentent plusieurs 
espèces distinctes entre elles et du type, et cette conclusion 
s’est trouvée confirmée plus tard par l'étude de la structure de 
la tige et de la feuille. Résumons d'abord, d'après les échantillons 
originaux de Delile, les caractères externes de l'A. d'Égypte, 
lype du genre. 


1. Caractères externes de l'espèce type. — C'est un arbre de 


(1) Oliver, Flora of trop. Africa, À, p. 315,1868. 
(2) Hiern, Catalogue of the african plants collected by Welwitsch, 1, p. 119, 


1896. — Correctement, mais sans admettre la finale latine de M. O0. Kuntze, 
M. Hiern nomme ces échantillons Agialid ægyptiaca var. angolensis. 
ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. IV, 15 


226 PH. VAN TIEGHEM. 


moyenne grandeur, velu dans toutes ses parties jeunes, dont 
les branches perdent plus tard leurs poils et prennent une sur- 
face polie, jaune rougeûtre, sillonnée en long, qui ne se crevasse 
que très tard par la formation d'un périderme avec lenticelles. 
Le tronc âgé est blanchâtre et marqué de rides unies en un 
réseau à mailles étirées en long. 

Les feuilles sont isolées suivant 2/5, persistantes, munies de 
petites stipules triangulaires, pétiolées, composées pennées sans 
impaire, avec une seule paire de folioles latérales, au-dessus 
desquelles le pétiole se termine par une petite languette sem 
blable aux stipules. Les folioles sont brièvement pétiolées, sans 
stipelles, à limbe entier, largement ovale, légèrement dissymé- 
trique avec prédominance de la moitié inférieure, en un mot 
hypodyname (1), atténué à la base, arrondi au sommet où il 
forme un petit mucron, penninerve à nervures latérales un 
peu plus visibles en haut, oùilest jaunâtre, qu’en bas, où il est 
gris cendré, terne et pubescent sur les deux faces. Le pétiole 
mesure 10 millimètres, le pétiolule 2 millimètres, le limbe 
30 à 40 millimètres de long sur 25 à 30 millimètres de large. 

La feuille offre à son aisselle deux bourgeons superposés. 
L'inférieur se développe soit en un rameau feuillé, soit en un 
groupe floral. Le supérieur, qui n’est pas à proprement parler 
.un bourgeon, se développe d'ordinaire en une épine pouvant 
atteindre 4 et 5 centimètres de long, entièrement dépourvue de 
toute trace de feuilles, qui est donc l'entre-nœud inférieur 
d’un rameau surnuméraire arrêté dans son développement. 
Ces épines peuvent avorter çà et là sur certaines branches. 

Produites par le bourgeon normal inférieur, les fleurs sont 
pédicellées et les pédicelles, inégaux et sans bractées propres, 
mesurant 4 à 6 millimètres sont groupés d'ordinaire en une 
fausse ombelle sessile entre la feuille et l’'épine ; parfois cepen- 
dant, le rameau s’allonge et porte quelques bractées espacées, 
à l’aisselle de chacune desquelles se forme une pareille ombelle 


sessile et pauciflore. L'inflorescence est alors un court épi 


d'ombellules. 
La fleur est hermaphrodite et actinomorphe. Le calice à cinq 


(1) Sur la dissymétrie des folioles en général, voir le présent volume de ce 
Recueil, à la p. 211. 


SUR LES AGIALIDACÉES. 997 


sépales égaux, libres, en préfloraison quinconciale, velus et 
blanchâtres sur les deux faces, excepté sur les bords recouverts, 
qui sont lisses en dehors et membraneux ; courts et cotonneux 
sur la face inférieure, les poils sont larges et soveux sur la face 
supérieure. La corolle à cinq pétales alternes, égaux, libres, 
en préfloraison imbriquée, plus étroits et plus longs que les 
sépales, glabres et jaune brun sur les deux faces. L'androcée 
a dix étamines en deux verticilles alternes, les externes épipé- 
tales; en un mot, il est obdiplostémone. Les étamines sont 
égales, à filets glabres et jaunâtres, atténués en pointe, à an- 
thères fourchues en bas, dorsifixes et oscillantes, à quatre sacs 
s'ouvrant en long vers l’intérieur, produisant des grains de 
pollen sphériques à trois plis. 

La base de l’ovaire est entourée d’un disque cupuliforme, 
glabre mais papilleux, creusé en dehors, dans sa région infé- 
rieure de dix sillons provenant de la pression des filets stami- 
naux dans le bouton, etdans sa région supérieure de dix autres 
sillons alternes avec les premiers, offrant donc vers son milieu 
une crête transversale à vingt brisures. Immergé à sa base dans 
ce disque, le pistil est formé de cinq carpelles épipétales, fer- 
més et concrescents dans toute la longueur en un ovaire à cinq 
loges, tout couvert de longs poils soyeux blancs, et surmonté 
d’un style entier, glabre et jaune brun, non renflé au sommet, 
où il offre cinq très petites dents. Le disque mesure un milli- 
mètre de hauteur ; la partie de l’ovare qui en sort, hémisphé- 
rique et blanche, avec le style brun qui la surmonte, ne me- 
surent pas ensemble plus de un millimètre. 

Chaque loge de l'ovaire renferme, attaché au sommet de 
l'angle interne, un seul ovule pendant, anatrope à raphé ventral, 
hyponaste par conséquent. Cet ovule a un nucelle long et mince, 
persistant au moment de l'épanouissement de la fleur et de la 
formation de l'œuf, recouvert de deux téguments, dont l'interne 
est dépassé quelque peu par lexterne au nucropyle. En un 
mot, 1l est perpariété, bitegminé, dipore. 

Aussitôt après la formation de l'œuf, Povaire velu et blanc 
S'allonge en cône au-dessus du disque, portant toujours au 
sommet le style glabre et brun persistant. C'est déjà le début 
de la formation du fruit, qu'il faut se garder de confondre avec 


228 PH. VAN TIEGHEM. 


la fleur fraichement- épanouie. Portant à sa base le disque 
persistant, le fruit mûr est une drupe jaunâtre, un peu penta- 
gonale, qui mesure 25 à 30 millimètres de long sur 13 à 15 mil- 
limètres de large. Peu épaisse et comestible à la maturité, la 
pulpe n’enveloppe qu’un seul gros noyau uniséminé. Une seule 
des loges de l'ovaire a développé, en effet, son ovule en graine ; 
les quatre autres ont avorté. Sous son mince tégument, la 
graine renferme un embryon droit incombant, à radicule 
supère, à deux cotyles plan-convexes, aleuriques et oléagi- 
neuses, sans trace d’albumen. 

À la germination, les cotyles demeurent hypogées. 

Ainsi caractérisée, l'A. d'Égypte a été, depuis Delile, récoltée 
dans cette même région de la Basse-Égypte par divers voya- 
geurs, notamment en 1830 par Coquebert de Monbret, dont le 
Muséum possède les échantillons, étiquetés, chose curieuse, 
Ximenia aculeata, de la main de A.-P. de Candolle. 

2. Distinction externe des autres espèces. — À ces exem- 
plaires types, comparons maintenant un à un tous nos autres 
échantillons. 

Les rameaux feuillés et florifères, sans épines, récoltés en 
Nubié, province de Dongola, à Dabbeh, au sud de Dongola- 
le-Vieux, par Ehrenberg pendant le séjour qu'il y fit de 1820 
à 1826, ont été distribués par le Musée de Berlin en 1875 sous 
le nom de Balanites æqyplaca. Hs se distinguent du type par 
des feuilles à stipules et languette terminale plus grandes que 
d'ordinaire, à fohioles blanchâtres, très minces, molles et mem- 
braneuses, à nervures latérales distantes et peu marquées, 
ovales, longuement atténuées à la base en un pétiolule d’en- 
viron » millimètres, mesurant 40 millimètres de long sur 20 mil- 
limètres de large. Le groupe floral, qui est une ombelle pauci- 
flore sessile, y est inséré beaucoup au-dessus de la feuille mère, 
à la place où d'ordinaire s'attache l’épine. Dans la fleur, dont 
le pédicelle est plus long et plus grêle, l'ovaire, couvert de poils 
roux, sort très peu du disque cannelé qui l'entoure. Ces diffé- 
rences portent déjà à considérer la plante comme représentant 
une espèce distincte. Ce sera l'A. membraneuse (A. membra- 
nacea V. T.). 


SUR LES AGIALIDACÉES. 229 


Au cours de ses voyages en Abyssinie, W. Schimper à 
trouvé trois groupes d'échantillons de ce genre. 

Le premier, récolté à Gurrserfa le 20 décembre 1854, sans 
numéro, est un grand arbuste, croissant sur les montagnes ou 
aux flancs des vallées entre 1000 et 1300 mètres, à tige et 
feuilles jaunes, couvertes dans le jeune âge, ainsi que les fleurs, 
d’une pubescence rousse. Les feuilles ont un très court pétiole, 
ne mesurant que 2 à 3 millimètres ; les folioles sont sessiles, 
triangulaires ou cunéiformes, atténuées à la base, tronquées ou 
même émarginées au sommet, qui est mucroné, coriaces, à 
réseau de nervures fortement saillant sur les deux faces, et 
mesurent 25 à 30 millimètres de long sur 20 à 25 millimètres 
de large. Les épines portent d'ordinaire quelques petites 
écailles, à l’aisselle desquelles se développe soit une épine 
secondaire, soit plus rarement un rameau feuillé ; en un mot, 
elles sont ramifiées. Par tous ces caractères, cette plante se 
montre une espèce bien distinete de VA. d'Égypte ; on la nom- 
mera À. cunéifoliée (A. cuneifolia v. T.) 

Le second, récolté à 1 200 mètres de hauteur. à Dscha-Dscha, 
dans la vallée du Tacazzé, le 26 juillet 1853, sous le n° 1222, 
est un arbre moyen, nommé Guwossa par les indigènes, dont les 
feuilles ont un pétiole de 10 millimètres et les folioles un pétiole 
de 5 millimètres avec un limbe vert foncé sur les deux faces, 
ovale atténué à la base el au sommet, en losange, coriace avec 
nervures plus saillantes en haut qu’en bas, et mesurant 40 à 
50 millimètres de long sur 30 à 40 millimètres de large. Les 
rameaux rougeûtres y sont dépourvus d’épines et de fleurs, 
mais portent des fruits non mûrs, mesurant 22 à 25 millimè- 
tres de long sur 12 à 15 millimètres de large. Un autre exem- 
plaire, récolté par le même voyageur dans la province de Mo- 
dat en 1839 et distribué sous le n° 1022, également sans épines. 
pi fleurs, parait se rattacher à la même forme, mais 1l est ac- 
compagné d'un fruit mûr, prismatique à cinq pans, terminé en 
pyramide, mesurant 32 millimètres sur 17 millimètres. Plus 
voisine que la précédente de l'A. d'Égypte, cette espèce en dif- 
fère pourtant, notamment par la conformation de la feuille : 
ce sera l'A. d'Abyssinie (A. abyssinica v. T.). 

Sous le même numéro 1222, W. Schimper a distribué des 


230 PH. VAN TIEGHEM. 


échantillons d’une troisième sorte, à la fois florifères et épineux, 
récoltés dans les mêmes montagnes du Tacazzé, mais beau- 
coup plus haut, au-dessus de 1800 mètres, et provenant d’un 
arbuste à folioles étroites, atténuées en pétiolule à la base, 
arrondies au sommet, à nervures latérales visibles seulement 
en haut, mesurant en moyenne 25 millimètres sur 10 millimè- 
tres. Les épines portent çà et là, vers leur extrémité, une ou 
deux épines secondaires, en un mot sont ramifiées. Par la 
forme et la dimension des feuilles notamment, cette plante se 
distingue nettement des précédentes : ce sera l'A. de Schimper 
(A. Schimperi v. T.). On peut y rattacher les exemplaires 
antérieurement rapportés d'Abyssinie, route de Massaoua à 
Adoua, en 1840, par Quartin Dillon et peut-être aussi ceux du 
Sennaar, récoltés au Nil bleu par Kotschy en 1837-38 (n° 253). 

Rochet d'Héricourt, voyageant au Choa en 1845, en a 
rapporté de ce genre deux échantillons différents. L'un est un 
arbre, nommé Djemo dans le pays, à fruits purgatifs, remar- 
quable par la grande dimension, la forme et la couleur gris 
cendré de ses feuilles, dont les folioles, atténuées en pétiolule 
à la base, arrondies au sommet avec un très petit mucron, 
mesurent 40 à 50 millimètres de long sur 40 à 45 millimètres 
de large. Ce sera l'A. latifoliée (A. latifolia v. T.). 

L'autre, très épineux à épines rameuses, se distingue par ses 
feuilles, très brièvement pétiolées, à folioles sessiles, très co- 
riaces, à réseau de nervures très saillant sur les deux faces, 
comme dans PA. cunéifoliée, mais atténuées en pointe au 
sommet et mesurant 25 millimètres sur 20 millimètres, et 
surtout par ses fruits, qui sont ovoides et noirs, mesurant 
26 millimètres sur 20 millimètres. D’après ce dernier caractère, 
on nommera cetle espèce À. noire (A. nigra v. T.). 

C'est déjà, pour la seule Abyssinie, un total de cinq espèces 
distinctes. 

Courbon à récolté à l’île d'Aden, en 1859-1860, et Faurot à 
Obock, dans le golfe de Tadjourah, en 1886, des rameaux très 
épineux à épines ramifiées, sans fleurs, ni fruits, mais que des 
feuilles sessiles, à folioles également sessiles, petites, rondes, 
concaves en forme d’écuelle, mucronées, coriaces à réseau de 
nervures saillant sur les deux faces, mesurant 17 à 20 milli- 


4 


SUR LES AGIALIDACÉES. 231 


mètres sur 15 à 16 millimètres, suffisent à distinguer nettement 
de toutes les espèces précédentes : ce sera l'A. rotondifoliée 
(A. rotundifolia v. T.). 

Aucher-Eloy, en 1837 (n° 922), et plus récemment M. Born- 
müller, en 1897 {n° 296), ont récolté en Palestine, à Jéricho, 
des échantillons avec fleurs et fruits d'un arbre à épines 
simples, dont les feuilles sont pétiolées à folioles pétiolulées, 
membraneuses, ovales, arrondies au sommet, à nervures peu 
visibles surtout en haut, petites, mesurant 15 à 20 millimètres 
sur 10 à 15 millimètres. Le fruit est ovoïde et mesure 22 mil- 
limètres sur 18 millimètres. Ce sera l'A. de Palestine (A. pales- 
tinaca v. T.). 

Voisine de la précédente, la plante rapportée de l'Arabie du 
Sud, environs de Scheikh Saïd, par M. Deflers en janvier 1890 
(n° 224), en diffère par ses épines, çà et là rameuses, par ses 
folioles, atténuées au sommet et mucronées, à nervures plus 


saillantes en haut qu’en bas, mesurant 20 millimètres sur 15 mil- 


limètres, et par sa fleur, où le disque, sillonné dans toute sa 
longueur par les filets staminaux, n’a donc que dix cannelures, 
et où le style est plus long, mesurant jusqu’à 2 millimètres, el 


souvent recourbé. Ce sera VA. d'Arabie (A. arabica x. T.). C'est 


elle, peut-être, que Forskäl à signalée dès 1775, sous son nom 
arabe de Haledj, comme croissant dans la vallée du Wadi 
Surdud au nord de Hodeda (1). 

Reportons-nous maintenant à la côte occidentale d'Afrique, 
qui est l’autre extrémité de l'aire d'extension de notre genre. 

Du Sénégal, Adanson d’abord en 1750 (n° 46), plus tard 
en 1825 Leprieur (sans numéro) et Perrottet (n° 294) ont 
rapporté des rameaux avec fleurs et fruits d’un arbre de 8 
à 10 mètres, nommé Sowmp par les indigènes. Les épines y 
sont longues et simples, mesurant jusqu'à 10 centimètres et 
plus. Les feuilles, très brièvement pétiolées, ont les folioles 
pétiolulées, petites, ovales, atténuées en pointe au sommet el 
mucronées, à nervures plus saillantes en haut,-mesurant 20 mil- 
limètres de long sur 10 millimètres de large. Les fleurs, élagées 
en épi d'ombellules distantes, ont un ovaire plus allongé, 


(1) Forskäl, Flora ægypliaco-arabica. Appendix, p. 197, 1755. 


292 PH. VAN TIEGHEM. 


conique, sortant davantage du disque, surmonté aussi d’un 
style plus long, mesurant jusqu'à 2 millimètres. Le fruit est 
pentagonal, terminé en pyramide et mesure 20 à 25 millime- 
tres sur 15 à 20 millimètres. 

Cette plante a été décrite par Perrottet, en 1830, comme 
simple variété rucrophylla du Balanites ægypliaca. « Cette va- 
riété, dit-il, est fort remarquable par le duvet blanchâtre qui 
recouvre toutes ses parties; par ses feuilles, constamment plus 
petites que celles du type de lPespèce ; par ses fruits, qui sont 
moins allongés et plus petits de moitié... Les fleurs exhalent 
l'odeur la plus suave » (1). Plus qu’à l'A. d'Égypte, cette plante 
ressemble par son feuillage à l'A. de Schimper, distinguée plus 
haut. Elle en diffère pourtant nettement. Ce sera l’A. du Séné- 
gal (A. senegalensis v. T.). 

Les rameaux fructifères récoltés par Barter dans le district 
de Nupé, en Nigérie, en 1858 (n° 739), se distinguent par des 
épines simples, très rapprochées du bourgeon axillaire sous- 
jacent, tellement que les deux premières feuilles du rameau 
sont situées à droite et à gauche de l’épine et paraissent lui 
appartenir, et surtout par des feuilles longuement pétiolées, à 
grandes folioles ovales, atténuées à la base et au sommet, à ner- 
vures latérales espacées, peu saillantes, visibles sur les deux 
faces ; le pétiole mesure 15 millimètres, le Himbe 50 millimè- 
tres sur 30 millimètres. Le fruit est cylindrique, arrondi au 
sommet et mesure 3 centimètres sur 2 centimètres. Ce sera l'A. 
de Barter (A. Barteri v. T.). 

Au cours de son voyage dans le Haut-Sénégal en 1899, 
M. Chevalier à récolté, en juillet, des échantillons d’un petit 
arbre, très commun dans les dunes de toute la région de Tom- 
bouctou {n° 1197 et n° 1198), et cultivé à Tombouctou même 
dans la cour du fort Nord (n° 1321), qu'il a rapporté au Bala- 
niles ægyptiaca (2). La plante des dunes à de longues épines 
simples, rarement munies d’une ou deux épines secondaires, 
des feuilles à folioles coriaces, ovales arrondies, à nervures 


très saillantes sur les deux faces mesurant 18 millimètres sur 


(1) Guillemin, Perrottet et Richard, Floræ Senegambiæ Tentamen, 1, p. 103, 
1830-33. 

(2) Chevalier, La végétation de la région de Tombouctou (Actes du Congr. int. 
de Bot. à l'Expos. univ. de 1900). 


SUR LES AGIALIDACÉES. 233 


15 millimètres, et des fruits courts, non terminés en pyramide, 
surmontés par le style persistant et mesurant 20 millimètres 
sur 15 millimètres. Celle du fort Nord a des épines plus courtes 
et plus serrées, avec des feuilles à folioles plus petites, ne mesu- 
rant parfois que 8 millimètres sur 3 millimètres; ce n'est sans 
doute qu'une variété #icrophylla de la première, qu’on nom- 
mera À. de Tombouctou (A. tombouctensis v. T.). C'est le Garbey 
des indigènes. 

Pendant le même voyage, M. Chevalier a observé, en 
mai 1899, à Bobo Dioulasso, tout au sud de la région, près de 
la frontière nord de la Côte d'Ivoire, sur un plateau ferrugi- 
neux près du marché, un arbuste de 2 à 8 mètres (n° 913), 
nommé Séquéné. pas les indigènes, qu'il a rapporté comme le 
précédent au Balanites æqypliaca. Les épines y sont longues el 
simples. Les feuilles sont pétiolées, avec folioles plus grandes, 
ovales atténuées à la base et au sommet, à nervures visibles 
sur les deux faces, mesurant en moyenne 35 millimètres sur 
20 millimètres. Les fleurs, où les pétales étroits sont plus longs 
que d'ordinaire, où le style est aussi plus long, mesurant jus- 
qu'à 2 millimètres, sont très nombreuses dans chaque groupe, 
très serrées et formant à l’état de boutons des masses coral- 
loïdes, ce qui porte à nommer l'espèce A. agglomérée (A. 4lo- 
merala N. T.). Le fruit mür est pentagonal, terminé en pyra- 
mide et mesure 35 millimètres sur 20 millimètres. 

‘ En 1903, au cours de la mission Chari-Tchad qu'il dirigeait, 
le même explorateur a récolté divers échantillons de ce genre, 
les uns, provenant en mai et juin du territoire du Chari 
(n° 7794 et 8909) et en octobre des îles du Tchad (n° 10088), 
trop incomplets pour être soumis à l'étude, les autres, prove- 
nant en août du Baguirmi sud {n° 9408), avec fleurs et Jeunes 
fruits. Ces derniers ont des épines simples, courtes et peu nom- 
breuses, des feuilles à folioles pétiolulées assez grandes, ovales 
atténuées à la base et aussi un peu au sommet, à nervures 
saillantes surtout en haut, mesurant 30 millimètres sur 20 mil- 
limètres. Dans la fleur, le disque est sillonné dans toute sa lon- 
gueur par les filets staminaux et n'a donc que dix cannelures. 
Ce paraît bien être une espèce distincte des précédentes, que je 
nommerai À. de Chevalier (A. Chevalieri v. T.). 


234 PH. VAN TIEGHEM 


Enfin, on ne peut terminer cette longue énuméralion sans 
rappeler que Poiteau à observé à Saint-Domingue un arbre de 
ce genre, sans aucun doute transporté d'Afrique par les nègres 
qui en mangent les fruits, et dont les échantillons, étudiés par 
Poiret, ont été rapportés par lui au genre Ximénie et décrits 
en 1808 sous le nom de Ximenia ferox (1). A.-P. de Candolle 
l'a rattaché, en 1824, au Palanites ægypliaca comme variété 
distincte £ ferox (2). L'examen des exemplaires originaux de 
Poiteau, conservés dans l'Herbier du Muséum, ne m'a permis 
d'incorporer cette plante à aucune des espèces africaines qu'on 
vient de distinguer. De toutes, elle diffère, notamment, par la 
longueur de ses épines, qui peuvent dépasser 10 centimètres el 
qui portent çà et là une ou deux longues épines secondaires. 
Les feuilles, très brièvement pétiolées, ont les folioles coriaces, 
ovales, atténuées à la base, arrondies au sommet où elles sont 
mucronées, à nervures peu visibles, surtout en bas, mesurant 
30 millimètres de long sur 20 millimètres de large. Les fleurs, 
plus longuement pédicellées et plus grandes, ont un disque sil- 
lonné seulement à la base, lisse el cireux dans sa région supé- 
rieure, et l'ovaire y est surmonté d'un style plus long, dépassant 
3 millimètres. Le fruit y est inconnu. Il convient donc, tout au 
moins d'une façon provisoire, de considérer cette plante comme 
le type d’une espèce distincte, qui sera l'A. épineuse (A. ferox 
v. T.). Il est dès à présent certain qu’elle n'appartient ni à 
l'A. d'Égypte, ni à l'A. du Sénégal avec laquelle Perrottet a cru 
naguère pouvoir l'identifier (3). 

En somme, l'examen extérieur des seuls matériaux que J'ai 
eus à ma disposition m'a conduit déjà à distinguer dans le 
genre Agialide, limité comme il a été dit plus haut, seize es- 
pèces, au lieu d’une seule admise jusqu'à présent. Il ÿ en a 
sans doute encore d’autres. Dès 1868, en effet, M. Oliver a 
remarqué, dans l'Herbier de Kew, un exemplaire sans fleurs, 


à épines fourchues, récolté par Kirk au fleuve Rovuma, sur, 


la côte orientale de l'Afrique du Sud, dont il à dit: « It may 
belong to a distinct species. It is described as a climbing 
(4) Poiret, Encycl. Botan., Dictionnaire, VIT, p. 805 et 806, 1808. 


dl 
(2) A.-P. de Candolle, Prodromus, 1, p. 708, 1824. 
(3) Loc. cit., p. 104, 1830. 


SUR LES AGIALIDACÉES. 239 


shrub » (1). Il se pourrait pourtant que cette espèce appartint 
au genre Agielle, qui habite précisément l'Afrique du Sud, 
comme on le verra plus loin. Je n'ai pas vu d'échantillons pro- 
venant du Darfour, où le genre a été signalé par G. Browne, 
sous le nom arabe de Heglig, au cours de son voyage de 1792 
à 1798 (2). Je n'ai pas encore pu voir non plus les échantillons 
récoltés par M. Chaltin dans le district de Lado, au nord-est 
du Congo belge, que M. De Wildeman a rapportés en 1903 
au Palanites ægjypliaca (3). Tout récemment enfin, en 1906, 
M. Dawe a signalé, dansles forêts du Buddu, dans lOuganda, 
une espèce à épines fourchues, déjà décrite, parait, sous lé 
nom de Balanites Wüilsoniana, comme croissant dans la forêt 


du Kibali, dans la même région nord-est du Congo belge (4). 


Répandu ainsi dans toute la région tropicale de PAfrique du 
Nord, depuis la eôte occidentale jusqu’en Arabie, le genre 
Agialide est done bien loin, comme on voit, d’être monotype. 

Dans le genre ainsi constitué et distribué, étudions mainte- 
nant, en prenant pour type l'A. d'Égypte et en y comparant 
ensuite la plupart des autres espèces, de manière à faire res- 
sorür les différences internes qui accompagnent et corroborent 
les caractères différentiels externes, la structure de la tige. de 
l'épine, de la feuille, de la racine, de la fleur, du fruit, de la 
graine el de la plantule issue de sa germination. 


3. Structure de la tige. — Dans la jeune tige de l'A. d'Égypte, 
l’épiderme aune cuticule très épaisse, jaune, prolongée latéra- 
lement en coin entre les cellules. I est muni de poils courts, 
incolores, recourbés en divers sens, pointus au sommet, simples 
et unicellulaires, à membrane très fortement épaissie, au point 
d'annuler presque la cavité, mais non lignifiée ; ils tombent plus 
lard et la surface de la tige devient glabre et luisante. Iloffre de 
nombreux stomates, dont les cellules sont enfoncées chacune 


(4) Oliver, Flora of trop. Africa, 1, p. 315, 1868. 

(2) G. Browne, Nouveau voyage dans la Haute et Basse Égypte, lu Syrie et le 
Darfour. Trad. Castera, 11, chap. xvin, p. 37, 1800. 

(3) De Wildeman, Notices sur les plantes utiles ou intéressantes de la flore du 
Congo, 1, p. 50 et suiv., 1903. 

(4) Dawe, Report on a Bot. miss. through the forest distr. of Buddu and Uganda 
(Blue book, Londres, 1906, p. 23). 


236 PH. VAN TIEGHEM. 


dans un puits assez profond pour paraître situées au-dessous 
de l'épiderme, dans l'écorce sous-jacente ; elles sont toujours 
dirigées transversalement et leur membrane lignifie ses bandes 
d'épaississement. 

L'écorce, assez mince, est pourtant subdivisée en quatre 
couches. L’externe est formée de cellules étroites, très allongées 
radialement et recloisonnées tangentiellement, en un mot palis- 
sadique ; elle renferme des cellules arrondies à mâcles sphériques 
d’oxalate de calcium et se creuse d’une chambre aérifère sous 
chaque stomate. La seconde se compose de plusieurs assises de 
cellules également à parois minces, mais aplaties tangentielle- 
ment et contient aussi des mâcles sphériques. La troisième 
est formée d’une seule assise, qui est l’avant-dernière de 
l'écorce, dont les cellules, aplaties tangentiellement,, se ditfé- 
rencient de bonne heure en épaississant, lignifiant et ponc- 
tuantleur membrane de manière à entourer le stèle d’un anneau 
scléreux. Enfin, la quatrième, formée aussi d’une seule assise, 
qui est l'endoderme, conserve minces et cellulosiques les parois 
de ses cellules aplaties et par là se trouve nettement différenciée. 
Un peu plus tard, il est vrai, l'anneau scléreux sus-endoder- 
mique s’'épaissit çà et là par adjonction d'une cellule scléreuse, 
empruntée soit en dehors à l’antépénultième assise de l'écorce, 
soit en dedans à l’endoderme ou à l'assise externe du périeyele, 
soit des deux côtés à la fois ; il devient ainsi plus où moins 
irrégulier. 

Le péricycle est épais et différencie, en dehors de chacun des 
faisceaux libéroligneux de la stèle, un faisceau fibreux cylin- 
drique, comptant environ quinze épaisseurs de fibres à mem- 
brane très épaisse, lignifiée surtout dans la couche mitoyenne. 
Laléralement, ces faisceaux sont séparés l’un de l’autre par des 
ares de parenchyme plus larges qu'eux, ne comptant pourtant pas 
plus de trois ou quatre largeurs et de cinq épaisseurs de grandes 
cellules à parois minces, aplaties tangentiellement. En dehors, 
ils demeurent séparés de l'anneau scléreux cortical par l’endo- 
derme à parois minces, excepté dans les points où s’est faite, 
tardivement, l’adjonction signalée plus haut, qui les soude çà et 
là localement à Panneau. En dedans, il subsiste également, entre 
eux et le Hiber, une assise de cellules vivantes à parois minces. 


SUR LES AGIALIDACÉES. 231 


Les faisceaux libérohgneux sont étroits, séparés par des 
rayons qui, suivant la hauteur où ils sont coupés, sont formés 
de une à quatre séries de cellules fortement allongées radiale- 
ment, à membrane épaissie, lignifiée et ponctuée dans la tra- 
versée du bois. Le hber, primaire et secondaire, plus large que 
le faisceau fibreux périeyclique qu'il dépasse de chaque côté, 
est épais el tout entier mou. Le bois primaire, dont la pointe 
fait saillie dans la moelle, se compose de vaisseaux la plupart 
dissociés ou écrasés, entourés de cellules à parois minces 
et non lignifiées. Le bois secondaire est épais, sans couches 
concentriques, composé de larges vaisseaux isolés, espacés en 
séries radiales, qui manquent même çà et là dans certains fais- 
ceaux, et d’un mélange de fibres lignifiées avec des cellules de 
parenchyme. La moelle est homogène, tout entière parenchy- 
mateuse, à membranes peu ou point hgnifiées. 

Ce n’est que très tard, comme il a été dit plus haut (p. 226), 
que la surface de la tige, d’abord velue, puis glabre et luisante, 
se fendille par la formation d’un périderme. Celui-ci se développe 
d'abord par places isolées, qui se rejoignent plus tard, aux 
dépens de l’assise corticale externe, en exfoliant l’épiderme. Le 
liège est formé de cellules carrées à membranes minces; le phel- 
loderme, au contraire, de cellules plates à membrane moyenne- 
ment épaissie et hignifiée. 

Dans une branche assez âgée pour offrir ces débuts de phello- 
derme, ayant 8 à 10 millimètres de diamètre, par exemple, 
non seulement l'anneau scléreux cortical s'est épaissi davantage 
par adjonction de nouvelles cellules scléreuses, en dehors et en 
dedans, mais encore le Liber secondaire à formé, dans chaque 
faisceau, deux et même par endroits {rois arcs fibreux super- 
posés, dont l’externe est le plus épais. En un mot, par les pro- 
grès de l’âge, le hber secondaire se stratilie lentement. 

L'existence dans la tige jeune d’un anneau scléreux en dehors 
des faisceaux fibreux à été signalée et figurée par M. Engler, 
en 1896, dans une plante rapportée à VA. d'Égypte (1); 
elle à été mentionnée aussi par M. Solereder en 1899 (2) ; 
mais sans que l’origine corticale el sus-endodermique, qui 


(1) Engler, Nat. Pflanzenfam., WE, %, p. 356, fig. 189, L, 1896. 
(2) Solereder, Syst. Anatomie der Dicotyledonen, p. 210, 1899. 


9238 PH. VAN TIEGHEM. 


fait le caractère original de cet anneau, ait été précisée. 

A défaut d'un tronc âgé appartenant avec certitude à 
l'A. d'Égypte, j'ai pu, dans la Collection des Bois du Muséum, 
en examiner un, mesurant 10 centimètres de diamètre, prove- 
nant de l'espèce récoltée en Abyssinie par M. Schimper sous 
le n° 1222, c'est-à-dire, comme on l’a vu plus haut (p. 229), 
de l'A. d'Abyssinie. Le périderme, progressivement épaissi, sv 
montre persistant à sa place primitive, sans qu'il y ait for- 
mation de rhytidome. Crevassée en dehors, la couche de liège 
y conserve toutes ses parois minces, tandis que le phelloderme 
lignifie, mais sans les épaissir beaucoup, les membranes de 
la plupart de ses cellules. L'épais anneau scléreux sus-endo- 
dermique s’est rompu en arcs irréguliers, séparés latéralement 
par du parenchyme cortical de nouvelle formation ; mais ceux 
de ces ares qui sont superposés aux faiscaux fibreux péricy- 
cliques en demeurent isolés par l’assise à parois minces, qui 
est l’endoderme primitif, encore reconnaissable à ce caractère 
et dans ces points, malgré l’âge avancé de la tige. Dans les 
larges rayons de la région externe du liber secondaire, le paren- 
chyme à différencié des noyaux scléreux irréguliers, englobant 
de grandes cellules à mâcles sphériques. Dans ses comparti- 
ments s’échelonnent, disposés à la fois en séries radiales et en 
cercles concentriques, de nombreux groupes fibreux alternant 
avec des bandes de liber mou ; on y compte une vingtaine de 
ces alternances, qui sont surtout régulières dans la zone in- 
terne la plus jeune. Pourvu de couches concentriques peu mar- 
quées, dont il y à aussi une vingtaine dans le tronc étudié, Le 
bois secondaire a ses compartiments étroits séparés par de très 
larges rayons, comptant jusqu’à quinze et vingt séries de cellules 
fortement allongées radialement, beaucoup plus larges par con- 
séquent à cet âge qu'ils ne sont au début. Formés surtout de 
fibres, mélangées de nombreuses cellules de parenchyme isolées 
ou rapprochées par petites bandes, les compartiments renfer- 
ment de larges vaisseaux ponctués, isolés et distants. Aussi le 
bois de cet arbre est-il très dur et très estimé, notamment 
pour la fabrication des charrues, des massues, ete. 

Les traits essentiels de cette remarquable structure, tant pri- 
maire que secondaire, se retrouvent dans la tige de toutes les 


SUR LES AGIALIDACÉES. 239 


autres espèces étudiées. Les différences sont légères et il suffira 
de signaler ici les principales. 

Dans l’'épiderme, la cuticule jaune peut s'épaissir davantage, 
jusqu’à dépasser le double de la hauteur de la cavité cellulaire 
(A. cunéifoliée, noire, de Chevalier, etc.) ; les stomates peuvent 
ne pas lignifier du toutleur membrane (A. de Schimper, roton- 
difoliée, ete.); ils peuvent être plongés plus profondé iment 
dans l'écorce, Jusque vers le milieu de son épaisseur (A. de 
Chevalier). Dans l'écorce, la couche exerne peut n'être que fai- 
blement palissadique (A. rotondifoliée, de Barter, de Cheva- 
lier, agglomérée, etc.) ; l'anneau scléreux peut renfermer à son 
bord ne soit des mâcles sphériques (A. de Schimper), soit 
des cristaux solitaires octaédriques (A. de Barter). Dans la stèle, 
les faisceaux libéroligneux sont parfois séparés par des rayons 
plus larges qu’à l'ordinaire, ayant jusqu'à huit séries de cellules 
(A. du Sénégal) ; ou bien ils sont eux-mêmes plus larges que 
d'habitude (A. de Barter). Dans le bois secondaire, les vais- 
seaux sont quelquefois plus rares, et même absents dans cer- 
tains faisceaux (A. du Sénégal, ete.). 


4. Structure de l’épine. — N’élant autre chose, comme on l’a 
vu plus haut, qu'un rameau surnuméraire, complètement dénué 
de feuilles ou ne produisant que de très petites écailles, l’'épine 
offre essentiellement la même structure que la tige, et même 
les modifications qui la caractérisent dans l’espèce considérée, 
comme, par exemple, la zone corticale externe faiblement 
palissadique dans l'A. agglomérée, ou la largeur des rayons de 
la stèle dans l'A. du Sénégal. Il y a toutefois une e différence cons- 
tante dans la structure du bois secondaire, toujours très déve- 
loppé. Elle consiste en ce qu'il est composé exclusivement de 
fibres et de cellules de parenchyme mélangées, sans aucun vais- 
seau (A. de Schimper, rotondifoliée, du Sénégal, de Tombouc- 
tou, agglomérée, épineuse, etc.). C'est nou dans PA. 
d'Égypte que j'y ai*trouvé, et seulement dans quelques-uns 
des faisceaux constitutifs, un, deux ou trois vaisseaux espacés 
suivant le rayon. 

Cette absence de vaisseaux dans le bois secondaire peut 
paraitre naturelle, étant donné que le rameau-épine ne porte 


240 PH. VAN TIEGHEM. 


pas de feuilles. Cependant, si lon remarque que, grâce aux 
nombreux stomates de son épiderme et à la zone externe verte 
et palissadique de son écorce, il joue, dans l'assimilation du 
carbone et dans la chlorovaporisation, un rôle actif, on pourra 
s'étonner de voir que les vaisseaux du bois primaire suffisent à 
lui apporter le liquide nécessaire à ce double fonctionnement. 


5. Structure de la feuille. -— La feuille de l'A. d'Égypte prend 
à la tige au nœud trois méristèles, dont les deux latérales, 
munies d'un seul faisceau libéroligneux, quittent la stèle un 
peu au-dessous de la médiane, qui, à son point de départ, pos- 
sède côte à côte trois faisceaux distincts. 

À leur entrée dans le péliole, ces trois méristèles perdent leur 
faisceau fibreux péricyclique, qui est remplacé par un faisceau 
de collenchyme. En même temps, elles se ramifient latéralement 
el s’étalent en un arc, qui rejoint ses bords en haut en une 
courbe fermée, non sans avoir au préalable détaché de chacun 
d'eux une branche, qui en s’unissant à sa congénère forme dans 
la région centrale une méristèle orientée normalement, e’est-à- 
dire tournant en bas le hiber, en haut le bois de son faisceau 
libéroligneux. L'épiderme du pétiole est pareil à celui de la 
tige, avec son épaisse cuticule, ses poils et ses stomates trans- 
versaux el profonds. L'écorce, au contraire, est homogène dans 
toute son épaisseur, sans couche palissadique et sans anneau 
scléreux, avec beaucoup de cellules à màcles sphériques dans sa 
zone externe et aussi dans sa zone interne, où elles sont énormes. 
La courbe méristélique et la méristèle incluse ont dans leur 
péridesme des ares de collenchyme en dehors de leurs faisceaux 
libéroligneux. Chacun des deux pétiolules est conformé en petit 
comme le pétiole, mais sans méristèle incluse. 

Le limbe des deux folioles a son épiderme pareil sur les deux 
faces etconformé comme dans la tige, avec cuticule épaisse et 
jaune, poils scléreux non hignifiés et stomates profonds, chacun 
au fond d’un puits ; mais 1ei la margelle du puits stomatique, 
au lieu de se terminer au ras de la surface, comme dans la tige 
et le pétiole, fait saillie en forme de cratère. L'écorce est mince. 
semblable aussi sur les deux faces, à cellules allongées perpen- 
diculairement à la surface, en un mot palissadique, excepté 


SUR LES AGIALIDACÉES. 241 


dans la zone moyenne, où se ramifient les méristèles. Elle ren- 
ferme de nombreuses cellules à mâcles sphériques. Les méri- 
stèles sont dépourvues de fibres péridesmiques ; la médiane à 
un arc collenchylateux sous le liber. Entre elles, on voiteà et là 
des groupes de grandes cellules vasculaires, d'origine corticale. 

Cette même structure de feuille se retrouve, dans les traits 
essentiels, chez toutes les autres espèces. Elle offre pourtant 
quelques modifications intéressantes. 

Le pétiole tantôt renferme, dans sa courbe méristélique 
fermée, une méristèle surnuméraire normalement orientée, 
comme dans PA. d'Égypte (A. de Schimper, d'Arabie, de 
Barter, membraneuse, agglomérée), tantôt en est dépourvu 
(A. cunéifohiée, de Palestine, de Tombouctou, etc). 

Le imbe à quelquefois son épiderme faiblement eutinisé (A. 
de Palestine, de Barter, ete.), dépourvu de poils (A. cunéifoliée, 
de Schimper, noire, elc.), à margelles stomatiques non sail- 
lantes (A. de Palestine, de Barter, de Tombouctou, agglomé- 
rée, etc.). Son écorce est quelquefois plus mince et faiblement 
palissadique (A. du Sénégal, de Barter, d'Arabie, agglomé- 
rée, elc.). Ailleurs, au contraire, elle est plus épaisse et plus 
fortement palissadique (A. cunéifoliée, noire, de Tombouc- 
tou, etc.). Ses méristèles, ordinairement dépourvues de fibres, 
comme dans l'A. d'Égvpte, ont parfois au-dessous du liber un 
arc fibreux plus où moins épais et plus où moins fortement 
lhignifié (A. cunéifoliée, noire, etc.). 

Ces diverses modifications de la structure foliaire s'ajoutent 


aux différences de la forme signalées plus haut, pour distinguer 
et caractériser les espèces. 


6. Structure de la fleur, du fruit et de lu graine. — La struc- 
Lure de la fleur est essentiellement la même dans toutes les 
espèces. Partout les cinq sépales, disposés en quinconce, ont 
leurs deux surfaces couvertes de poils blanchâtres, semblables 
à ceux de la tige, des feuilles et des pédicelles floraux, courts, 
recourbés et mats en bas, longs, droits et luisants en haut. 
Partout les cinq pétales, qui sont imbriqués, sont glabres 
sur les deux faces et, dans landrocée obdiplostémone, les 
élamines, glabres aussi, ont des anthères à quatre sacs, dorsi- 

ANN. SC. NAT, BOT., 9e série. IV, 16 


242 PH. VAN TIEGHEM. 


fixes et oscillantes, à déhiscence longitudinale introrse, avec 
grains de pollen sphériques à trois plis. Partout le disque cupu- 
liforme qui entoure la base de l'ovaire à son épiderme muni de 
poils à sa base mème, puis recouvert, sur toute la surface 
externe, de courtes papilles en forme de battant de cloche, à 
membrane fortement épaissie et lignifiée, qui lui donnent un 
aspect singulier ; 1l est entièrement glabre sur sa face interne. 
Son écorce, formée de cellules très étroites et fortement allon- 
gées dans le sens de l'axe, offre à sa base quelques fascicules 
vasculaires, qui ne pénètrent pas dans sa longueur. 

Partout le pistil à un style glabre et brun, simple et plus ou 
moins atténué au sommet, qui est entier ou terminé par cinq 
très petites dents. Mais l'ovaire est tout revêtu de longs poils 
soyeux ordinairement blancs, parfois jaunâtres, pareils à ceux 
de la face interne des sépales, très serrés et redressés, à mem- 
brane fortement épaissie, mais non lignifiée. Les cinq carpelles 
épipétales qui composent le pisüil sont fermés tout du long et 
concrescents tout du long en un ovaire à cinq loges, dont les 
cloisons sont concrescentes au centre, où cheminent les mé- 
ristèles marginales. Au sommet de chaque loge, dont la paroi 
interne est entièrement glabre, celles-ci donnent une branche, 
qui descend dans un unique ovule anatrope à raphé ventral, 
hyponaste par conséquent. Cet ovule à un nucelle qui persiste 
au moment de l'épanouissement de la fleur, recouvert de deux 
téguments. Le tégument externe n'a, vers le milieu de la lon- 
gueur, que quatre assises du côté externe, opposé au raphé, 
mais il s’épaissit autour de l’exostome. L’interne n’a aussi que 
quatre assises dans la région inférieure, mais il s'épaissit beau- 
coup et en prend une dizaine vers le milieu, pour s’amincir de 
nouveau autour de l’endostome. Celui-ci pénètre, ainsi rétréci, 
dans lexostome, mais sans en dépasser l’orifice. Le nucelle 
aussi s'amincit au sommet, pour s’avancer assez loin dans l’en- 
dostome. Ainsi constitué, l’ovule est donc perpariété, biteg- 
miné, dipore. 

Le fruit mûr, dont la forme, la dimension, la couleur et la 
qualité varient quelque peu suivant les espèces, comme il a été 
dit plus haut, est toujours une drupe, à la base de laquelle adhère 
le disque persistant. Cette drupe n'a qu'un noyau, renfermant 


— ———— 


SUR LES AGIALIDACÉES. 943 


une seule graine. Pendant le développement de l'ovaire en fruit, 
quatre des loges avortent donc régulièrement avec leurs ovules. 
La structure du fruit est partout essentiellement la même. C’est 
chez l'A. du Sénégal que je l'ai surtout étudiée. 

La drupe est jaune, en forme de prisme à cinq pans un peu 
concaves, avec au sommet une petite pointe et à la base, 
autour du disque persistant, une dépression en étoile à cinq 
rayons ; elle mesure 25 millimètres de long sur 20 millimètres 
de large. L’épicarpe Jaune, scléreux el cassant, joint au méso- 
carpe brun, pulpeux et sucré, n’ont ensemble que 3 millimètres 
d'épaisseur. Débarrassé de la pulpe, le noyau est blanc, arrondi 
à la base, pentagonal sur les flancs, terminé en pointe, pyra- 
midal, au sommet, et marqué à la base d'un anneau saillant 
provenant de la sclérose du disque ; il mesure 22 millimètres de 
long sur 14 millimètres de large et 3 millimètres d'épaisseur. Il 
renferme une graine blanche de même forme pyramidale à cinq 
pans, qui le remplit complètement et mesure 14 millimètres de 
long sur 8 millimètres de large. Sous un tégument très mince, 
où la méristèle du raphé est peu marquée, la graine renferme un 
embryon droit incombant à radicule supère, muni de deux très 
épaisses cotyles plan-convexes et oléagineuses, sans albumen. 


7. Germinalion et structure de la plantule. — Grâce à l'obli- 
geance de M. Dybovski, j'ai pu étudier une plantule d'A. du 
Sénégal obtenue de germination au Jardin colonial de Nogent- 
sur-Marne, ce qui m'a permis de combler, notamment en ce qui 
concerne la structure de la racine, une lacune de mes obser- 
vations, limitées jusqu'ici aux échantillons secs des Herbiers. 

Les cotyles demeurant sous terre, comme il a élé dit p. 228, 
toute la Uige est épicotylée ; elle mesure 20 centimètres de hau- 
teur. Sa région inférieure, longue de 6 centimètres, a produit 
successivement neuf feuilles, isolées suivant 2/5, actuellement 
tombées, mais dont la cicatrice offre à son aisselle un petit bour- 
geon non développé et au-dessus une petite épine, visible sur- 
tout à partir de la cinquième feuille. Dans la région supérieure, 
longue de 14 centimètres, les feuilles subsistent, pétiolées et 
stipulées, avec deux folioles latérales, dont le limbe ovale étroit 
mesure 20 à 25 millimètres de long sur 8 à 10 millimètres de 


244 PH. VAN TIEGHEM. 


large, et une petite languette terminale. Chacune d'elles offre 
à son aisselle un bourgeon, non développé d'ordinaire, el une 
épine superposée ; à trois nœuds seulement, le bourgeon s’est 
allongé en un rameau feuillé et épineux. Ainsi, dès son état le 
plus jeune, là région aérienne de la plante présente les mêmes 
caractères qu'à l'âge adulte. 

Dans le sol, la tige se prolonge, au-dessous des cicatrices des 
cotyles détachées, par une racine terminale plus grosse qu’elle, 
portant des racines secondaires, elles-mêmes déjà ramiiées. 

Considérée dans sa région supérieure, la racine terminale ou 
pivot a déjà son écorce exfoliée par un périderme péricyclique, 
dont le liège à ses membranes très minces et non lignifiées. 
Au centre, se voient quatre faisceaux ligneux primaires autour 
d'une moelle non lignifiée. Allernes avec eux et séparés lun 
de l’autre par de largesrayonsà cinq séries de cellules, s'étendent 
quatre trèslarges faisceaux libéroligneux secondaires, subdivisés 
chacun par des rayons plus étroils en six faisceaux en éventail. 
Ils sont séparés du périderme par une couche épaisse de pa- 
renchyme, dépourvue de tout élément scléreux, qui provient 
du recloisonnement du péricyele primitif. 

Pour observer la racine dans sa structure primaire, il faut 
recourir à une jeune radicelle de second ordre. Sous l’assise 
piifère, l'écorce, homogène el à parois minces, plus tard ligni- 
liées, se termine par un endoderme à cadres subérisés peu 
marqués. La stèle à un péricyele unisérié et trois faisceaux 
ligneux, qui confluent au centre en une étoile à trois branches, 
alternes avec trois faisceaux libériens. 

En somme, primaire ou secondaire, la racine de cette plante 
offre la structure normale. 

Considérée à un centimètre environ de l'insertion des cotyles, 
la tige épicotylée à déjà pris ses caractères essentiels, avec un 
pachyle assez épais. En dehors de chaque faisceau de liber pri- 
maire, écrasé latéralement, le périeyele offre un étroit faisceau 
cyhndrique de fibres faiblement hgnifiées. L’épiderme, encore 
dépourvu de poils, est déjà fortement cutinisé et pourvu de 
stomates profonds, transversaux et à membrane ligniñée. Mais 
l'écorce, qui renferme, çà et là, des màcles sphériques, n’est pas 
encore différenciée; on n'y voit, en effet, ni couche palissadique 


SUR LES AGIALIDACÉES. 245 


en dehors, ni anneau scléreux en dedans. C’est plus haut 
seulement qu'elle acquiert ses caractères définitifs. 

Le premier rameau formé par la tige principale, bien 
qu'ayant encore son épiderme dépourvu de poils, offre déjà 
dans son écorce el l’assise palissadique externe et Panneau 
scléreux sus-endodermique, çà et là épaissi et relié aux 
faisceaux fibreux péricycliques par la selérose de quelque 
cellule endodermique. 

Une des premières feuilles de cette plantule offre dans son 
péliole une courbe méristélique fermée, composée de neuf 
faisceaux libéroligneux pourvus chacun d'un are péridesmique 
collenchymateux, sans faisceau interne. Le limbe, pareil sur 
les deux faces, à un épiderme glabre avec stomates lignifiés, au 
fond d'autant de puits à margelle non saillante, et une écorce 
homogène avec méristèles sans fibres et paquets de vaisseaux 
corticaux. 


Il 
GENRE AGIELLE. 


Défini comme il a été dit plus haut (p. 225), le genre Agielle 
(Agiella x. T.) a pour type la plante récoltée en 1853 par Wel- 
witsch dans l'Angola {n° 1705), considérée par lui comme une 
espèce de Balanites distincte du 2. ægyptliaca, qu'il a nommée 
dans son Herbier 2 .angolensis, mais regardée comme une simple 
variété angolensis du B. ægyptiaca et publiée comme telle, d'a- 
bord en 1868 par M. Oliver (1), plus récemment par M. Hiern 
en 1896 (2). Ce sera l’Agielle d'Angola (Agiella angolensis 
[Welwitsch ms.] v. T.). 

Comme pour le genre Agialide, commençons par préciser les 
caractères extérieurs de cette espèce type, dont un exemplaire 
complet, conservé dans l'Herbier de l'École polytechnique de 
Lisbonne, m'a été obligeamment communiqué par M. Pereira 
Coutinho, professeur de Botanique à cette École. 


1. Caractères extérieurs de l'espèce type. — C’est un arbuste 
] 


(1) Oliver, Flora of trop. Africa, 1, p. 315, 1868. 
(2) Hiern, Catalogue of the african plants collected by Welwitsch, 1, p. 119. 
1896, 


246 PH. VAN TIEGHEM. 


de 2 à 3 mètres de haut, croissant exclusivement sur les col- 
lines sableuses du rivage, dans le district de Loanda, aux envi- 
rons de cette ville, à Cacuaco, à l'embouchure du Bengo, et 
jusqu'à Prata, associé à des Capparidées, très épineux en sol sec 
el pauvre, peu en sol humide et riche, pubescent dans toutes 
les parties jeunes. Plus tard, rameaux et épines prennent une 
surface lisse, jaune rougeûtre et sillonnée en long. Les épines, 
longues de 4 à 8 centimètres, portent non loin du sommet 
soit une ou deux petites écailles, soit une ou deux feuilles 
normales el à leur aisselle deux bourgeons superposés, qui 
peuvent avorter tous les deux ou se développer linférieur en 
un court rameau feuillé ou en un groupe floral, le supérieur 
en une courte épine secondaire ; en un mot, elles sont diverse- 
ment ranuifiées. Le fait qu'ici ce sont des rameaux feuillés qui 
se terminent en épines, établit une première différence entre 
cette plante et les Agialides. 

brièvement péliolées et stipulées, les feuilles, conformées 
d’ailleurs comme chez les Agialides, ont leurs deux folioles ses- 
siles, coriaces, ovales, à bord entier, atténuées à la base, arron- 
dies et mucronées au sommet, à nervures peu visibles en haut, 
où elles sont verdâtres et luisantes, saillantes en bas, où elles 
sont jaunâtres et ternes, mesurant en moyenne 25 millimètres 
de long sur 15 millimètres de large ; le pétiole n’a que 2 milli- 
mètres de long. 

Disposées, en plus ou moins grand nombre en grappes con- 
tractées, ou fausses ombelles, sessiles ou brièvement pédoncu- 
lées, à Paisselle des feuilles des rameaux longs, ou des écailles 
et des feuilles des épines, les fleurs, dont la pédicelle mesure 
15 à 20 millimètres, ont le calice, la corolle, l’'androcée et le 
disque conformés comme chez les Agialides. Les pétales, no- 
lamment, y sont glabres sur les deux faces. Le disque à aussi 
deux séries de cannelures allternes, avec la moitié supérieure 
plus longue et oblique, ce qui lui donne un aspect particulier, 
celui d’un tronc de pyramide à dix faces creuses. Mais ici, 
contrairement à ce qui a lieu dans le genre précédent, l'ovaire 
est complètement glabre et brun noir, comme le style épais, 
ourt et tronqué qui le surmonte. De là un caractère frappant, 
non aperçu jusqu'ici, qui sépare celte plante non seulement 


SUR LES AGIALIDACÉES. 247 


comme espèce d'avec l'Agialide d'Égypte, mais encore comme 
genre d'avec toutes les Agialides. 

La conformation du fruit vient corroborer cette séparation. 
C'est une drupe ovoïde, jaune orangée, luisante, mesurant 
30 millimètres de long sur 20 millimètres de large. Sous l'exo- 
carpe dur et cassant, le mésocarpe pulpeux, mince el non 
comestible, entoure un endocarpe mince et crustacé. C'est sur- 
tout celte minceur et cette consistance parcheminée du novau 
qui paraît avoir conduit Welwitsch à regarder sa plante comme 
une espèce distincte. Bien qu'il ne se soit pas expliqué à ce 
sujet, c’est elle aussi que M. Oliver semble avoir eu en vue 
lorsqu'il à écrit, en 1868 : «The fruit of this variety differs s0 
remarkably from that of the ordinary form that {he plant may 
probably be specifically distinct. ? do not detect any différence, 
however, in the flower (1) ». L'absence de poils sur l'ovaire, 
pourtant si caractéristique, lui à done échappé. 


2. Distinction externe des autres espèces. — Un autre échan- 
üillon (n° 1705 4) à été récolté en fleurs, mais sans fruits, en 
novembre 1853 par Welwitsch, sur les collines de la côte aussi, 
mais plus au Nord entre Ambriz et Quissembo, à la limite du 
district de Loanda et de celui du Congo. I ne diffère guère du 
type que par ses feuilles, dont les folioles ont leur réseau de 
nervures aussi fortement marqué en haut qu'en bas. On peut 
donc le considérer comme une simple variété, que je nommerai 
superréticulée (superreticulata) de l'A. d'Angola (A. angolensis). 

ILen est tout autrement de l’exemplaire {n° 1706), récolté en 
fleurs et fruits en octobre 1859 par le même botaniste, dans le 
district de Mossamédès, au sud de Angola, dans l'intérieur de 
la région, sur les pentes boisées de la vallée du Maiombo, près 
de Pomangâla, loujours associé aussi à des Capparidées. C'est 
un petit arbre de 2 à 3 mètres de haut, à couronne très rameuse 
et touffue, qui diffère encore du type : par des feuilles à folioles 
moitié plus petites, mesurant seulement 15 millimètres de 
long sur 8 millimètres de large, et à réseau de nervures sail- 
lant sur les deux faces ; par des fleurs moins nombreuses dans 


(4) Loc. cil., p. 315, 1868, 


248 PH. VAN TIEGHEM. 


l'ombellule et plus petites dans toutes leurs parties, dont le 
pédicelle notamment ne mesure que 3 millimètres ; enfin par 
la couleur rouge de ses fruits. I s’agit bien ici d'une espèce dis- 
lincte, que je nommerai Agielle de Welwitsch (Agiella Wel- 
itschi v. T.). Elle à été à tort identifiée par Welwitsch dans 
son Herbier avec son Balanites angolensis, el par M. Hiern avec 
l'Agialida æqjypliuca (À). 

Ainsi défini, à la fois par ses épines feuillées, son ovaire 
glabre et son fruit à novau parcheminé, le genre Agielle se 
réduit pour le moment à ces deux espèces. IT faudra peut-être 
y Joindre plus tard, lorsqu'il aura été retrouvé avec fleurs et 
fruits, l’arbuste grimpant découvert par Kirk au fleuve Ro- 
vuma, sur la côte orientale de l'Afrique du Sud, déjà signalé 
plus haut (p. 235). Ce sera la preuve que le genre Agielle tra- 
verse Loute la zone tropicale sud du continent africain, comme 
on à vu plus haut que le genre Agialide en traverse toute la 
zone tropicale nord. 

Étudions maintenant la structure de ce genre, ainsi composé 
et distribué, en prenant pour type l'Agielle d'Angola. 


3. Structure de la tige, de l'épine, de la feuille et de la fleur. — 
Dans ses traits essentiels, la structure du corps végétatif de l'A. 
d'Angola, prise comme type, est la même que chez les Agialides ; 
il suffira donc de noter les quelques différences. 

Dans la tige, lépiderme à une cuticule énorme, plus épaisse 
que la hauteur des cellules, des stomates profonds et trans- 
versaux, à membranes tout d’abord non lignifiées et des poils 
offrant, dans l'épaisseur de leur membrane non lignifiée, une 
bande spiralée, çà et là double, qui leur donne un aspect remar- 


quable. L'écorce a son assise externe formée de cellules aplaties 


el c'est seulement sa seconde assise qui allonge radialement ses 
cellules et les recloisonne tangentiellement pour, former une 
couche faiblement palissadique, dont les cellules les plus internes 
conliennent des mâcles sphériques. Il y a donc ici un exo- 
derme différencié, dans lequel le périderme se formera plus 
lard. Les deux dernières assises corticales sont de nouveau apla- 


(1) Loc, cit., p. 120, 1896, 


SUR LES AGIALIDACÉES. 249 


Ues, et c'est l'avant-dernière qui, comme chez les Agialides, 
mais plus tardivement, semble-{l, se différencie en un anneau 
scléreux, tout d'abord non ou faiblement lignifié, çà et là doublé 
en dehors, tandis que la dernière conserve ses parois minces el 
forme, entre l'anneau seléreux et les étroits faisceaux fibreux 
péricyeliques, un endoderme très net. Dans la stèle, le bois se- 
condaire se distingue par le grand nombre et la largeur des eel- 
lules de son parenchyme amylacé et par la tardive lignitication 
de ses fibres. Je n'ai pas pu v étudier de branche assez âgée 
pour y observer la structure du périderme, ainsi que la stralili- 
cation du liber secondaire. 

L'épine à la même structure que la ge, avec cette différence 
toutefois que l'anneau scléreux, aussi très tardif et au début 
pas où peu lignifié, ne s'y différencie que çà et là, par petits 
arcs séparés par de larges intervalles, au point de laisser croire 
au premier abord qu'il fait totalement défaut. C'est déjà un 
caractère différentiel par rapport aux Agialides. Une seconde 
différence consiste en ce qu'ici le bois secondaire renferme des 
vaisseaux, dont la présence est sans doute en relation avec la 
présence de feuilles, soit directement sur lépine, soit sur un 
ramuscule feuillé produit par elle. I s'en faut cependant que 
tous les faisceaux libéroligneux en possèdent, la plupart même 
en demeurent dépourvus ; dans ceux qui en ont, ils sont rares 
el espacés. 

Dans la feuille, le pétiole à une courbe méristélique fermée, 
dont la région centrale, très étroite et dépourvue de faisceaux 
surnuméraires, est tout entière collenchymateuse: d'où résulte 
une différence marquée avec les Agialides. Le limbe de la 
foliole, pareil sur les deux faces, a son épiderme fortement 
cutinisé, muni de poils à membrane spiralée et de stomaltes 
profonds, mais à margelle non saillante. Son écorce est palis- 
sadique dans toute son épaisseur, à l'exception de son assise 
externe, formée de petites cellules cubiques, qui constitue, ICI 
comme dans la tige et dans l’épine, un exoderme différencié ; 
alle renferme des mâcles sphériques et des paquets de larges 
vaisseaux. Ses méristèles sont pourvues d’un arc de fibres péri- 
desmiques lignifiées au-dessous du lber. 

Dans la fleur, lépiderme du disque est lignifié et papilleux, 


250 PH. VAN TIEGHEM. 


comme chez les Agialides ; mais celui de l'ovaire est tout autre- 
ment conformé. Aucune de ses cellules ne se prolonge en pa- 
pille ou en poil; il est donc tout à fait glabre, comme il a été 
dit plus haut. De plus, ses cellules, qui sont légèrement prisma- 
liques, ni ne cutinisent, n1 ne lignifient leurs membranes, et 
aucune d'elles ne se différencie non plus en stomate. 

Dans l'A. de Welwitsch, l'écorce de la tige et de lépine est 
moins palissadique et celle de la feuille ne Pest pas du tout; il 
en résulte que lexoderme v est moins différencié. L'anneau 
scléreux de Pépine est complet et fortement lignifié. Enfin les 
stomates du limbe ont une margelle saillante en forme de cra- 
tère. Autant de caractères de structure, qui viennent corrober 
ceux de la forme extérieure, pour distinguer cette espèce de 
VA. d'Angola. 

Aux différences constatées plus haut entre la morphologie 
externe de ces deux espèces et celle des Agialides, la structure 
vient donc en ajouter plusieurs autres, et Pensemble est de 
nature à justifier plus pleinement Pautonomie du genre Agielle. 
Rappelons notamment l'existence d’un exoderme différencié 
dans la tige, lépine et le Himbe de la feuille, ainsi que la pré- 
sence de vaisseaux dans le bois secondaire de lépine. 


IT 
GENRE BALANITE, 


Défini et limité comme il à été dit plus haut (p. 22%), le 
genre Balanite (Balanites Delile emend.) a pour type la plante 
de l'Inde que Planchon à séparée spécifiquement d'avec le 
PB. ægypliaca, en 185%, sous le nom de PB. Rorburghi. Cest 
donc bien à tort que M. Bennett à émis, en 1875, un doute sur 
l'autonomie de cette espèce, dont ila dit : « Very nearly allied 
Lo, and perhaps only a variety of the Balanites æqgyptiaca» (4). Ce 
doute a élé érigé en certitude d’abord par M. Engler, qui, en 1896, 
n'a reconnu, comme il a été dit plus haut (p. 22%), qu’une seule 
espèce dans le genre Balanite (2), et tout récemment, en 1903, 


(1) Dans Hooker, Flora of brit. India, À, p. 523, 1875. 
(2) Engler, Nat. Pflanzenfam., UL 4, p. 355, 1896. 


SUR LES AGIALIDACÉES. 951 


par M. De Wildeman, qui à écrit: « La plante de Fnde n'est 
pas, comme on la cru longtemps, une espèce particulière ; 
tout au plus pourrait-on en faire une variété » (1). 

Comme pour le genre Agialide, commençons par résumer 
les caractères extérieurs de cette espèce Lype, après quoi nous 
lui comparerons les autres échantillons du même genre que nous 
avons pu étudier. 


1. Caractères extérieurs de l'espèce type. — L'Herbier du 
Muséum possède deux exemplaires de la B. de Roxburgh, cultivée 
au Jardin Botanique de Calcutta, lun avec fleurs seulement, 
provenant anciennement de lFHerbier de Wallich {n° 6855), 
l'autre avec fleurs et fruits, récolté récemment, le 15 avril 1898, 
par M. Prain. 

C'est un arbre à épines assez courtes, ne dépassant pas 
25 millimètres, portant, à l'aisselle d'autant de petites écailles, 
plusieurs petits bourgeons, dont un se développe parfois en un 
groupe floral. Les feuilles, slipulées et brièvement pétiolées, 
ont leurs deux folioles latérales munies d’un court pétiolule, 
minces, ovales, alténuées à la base, arrondies au sommet qui 
est mucroné, à bord entier, et mesurant 30 mullimètres sur 
17 millimètres. La nervure médiane v produit, dans son liers 
inférieur, deux paires de nervures latérales peu saillantes et 
visibles surtout en bas, qui se recourbent vers le haut et remon- 
tent vers le sommet. 

Comme dans les Agialides et les Agielles, les fleurs sont dis- 
posées en fausses ombelles sessiles, soit à l'aisselle des feuilles, 
soil à laisselle d'écailles échelonnées jusqu’à cinq ou six sur un 
court rameau, ou isolées sur une épine. La fleur à aussi la même 
conformation que chez les Agialides, à deux différences près. 
D'abord, les pétales, plus longs ici aussi que les sépales, por- 
lent sur toute leur surface supérieure de longs poils blancs 
soyeux, qui donnent à la fleur épanouie un aspect tout particu- 
ler. Ensuite le disque, plus plat et plus épais, sillonné aussi sur 
sa face inférieure par la pression des filets staminaux, à son 
bord marqué de dix lobes alternes et offre, vu d'en haut, la 


(1) De Wildeman, Notices sur les plantes intéressantes de la Flore du Congo, 1, 
p- 51, 1903. 


259 PH. VAN TIEGHEM. 


forme d'une étoile à dix branches concaves. Le pistl, dont 1l 
entoure la base, à son ovaire velu et son style glabre, comme 
dans les Agialides. 

Beaucoup plus grande que celle des Agialides et des Agielles, 
la drupe est ovoïde et mesure 50 millimètres de long sur 35 mul- 
limètres de large. Mais surtout son noyau, très épais et très dur, 
comme dans les Agialides, une fois dégagé de la pulpe, se 
montre tout autrement conformé. Il est ovoïde et sa surface est 
creusée dans toute sa longueur de dix sillons renfermant chacun 
une méristèle, cinq plus larges correspondant aux nervures dor- 
sales des carpelles, cinq alternes plus étroites correspondant 
aux cloisons de l'ovaire. Cette différence dans la conformation 
du fruit vient s'ajouter à celles qu'offre déjà la fleur pour carac- 
lériser les Balanites par rapport aux Agialides et en même 
temps par rapport aux Agielles. 


2. Distinction erterne des autres espèces. — À ceux de l'espèce 
type, ainsi caractérisée, comparons maintenant les quelques 
autres échantillons de l'Inde que j'ai trouvés à examiner. 

De son voyage dans l'Inde, en 1830, Jacquemont a rapporté 
deux groupes d'échantillons de ce genre. Les uns (n° 196), avec 
fleurs, mais sans fruits, ont des épines courtes et simples, sans 
feuilles, ni écailles, ni bourgeons. Les feuilles ont leurs deux 
fohioles petites, mesurant 10 millimètres sur 5 millimètres, 
atténuées en pointe au sommet, à nervures invisibles sur les 
deux faces. Ce sera la B. de Jacquemont (2. Jacquemonti v. T.). 

Les autres (n° 272), sans fleurs, mais avec fruits non mûrs, 
ont de longues et fortes épines munies d’écailles et de bour- 
geons à leur aisselle, développés çà et là soit en épines secon- 
daires, soit en courts rameaux feuillés. Les feuilles y sont assez 
longuement pétiolées, à folioles minces, ovales, mesurant 
95 à 30 millimètres sur 12 millimètres, à nervures visibles 
sur les deux faces ettout autrement disposées que dans la B. de 
Roxburgh. Les fruits non mûrs, ayant atteint sans doute leur 
longueur, mais pas encore leur largeur définitive, mesurent 
50 millimètres sur 10 à 12 millimètres. Ce sera la B. indienne 

(B. indica x. T.). 


Enfin, un dernier exemplaire, provenant de l'Herbier de 


SUR LES AGIALIDACÉES. 953 


Griffith (n° 1172), récolté en Birmanie et dans la péninsule 
Malaise, est sans épines, avec feuilles assez longuement pétiolées, 
à folioles minces, ovales, à bord gondolé, à nervures peu visi- 
bles, mesurant 25 millimètres sur 20 millimètres. Les fleurs y 
offrent une disposition caractéristique. Elles sont groupées 
par trois au sommet d’un pédoncule long de 5 millimètres, 
axillaire d'une feuille. La fleur médiane, qui est terminale, 
a un pédicelle plus long (4°%*) que les deux latérales (3"*), qui 
ont chacune à sa base une bractée mère. Ainsi constituée, la 
triade est le début d'une eyme bipare. Cesera donc la B. triflore 
(B. triflora v. T.). Je n’en ai pas vu le fruit. 

En somme, le genre Balanite se trouve ainsi composé, pour 
le moment, de ces quatre espèces, propres à PAsie centrale. I 
s'agit maintenant d'étudier, à l'aide de ces matériaux, la struc- 
ture de la tige, de la feuille, de la fleur et du fruit, en insistant 
sur les traits qui s'ajoutent aux différences externes pour sépa- 
rer les Balanites des Agialhides et des Agielles. 


3. Structure de lu tige, de la feuille et de l'épine. — La üge 
a un épiderme à cuticule tantôt fortement (B. triflore), tantôt 
faiblement épaissie (B. de Roxburgh, indienne), avec poils ét 
stomates disposés comme dans les Agialides ; les cellules géli- 
fient quelquefois leur membrane sur la face interne el parais- 
sent alors cloisonnées tangentiellement (B. de Roxburgh). 

L'écorce est mince, faiblement palissadique en dehors, par- 
fois réduite à cinq assises et pas du tout palissadique (B. tri- 
flore). C’est iei sa dernière assise, c’est-à-dire lendoderme, qui 
se sclérifie et forme tout autour de la stèle, en contact direct avec 
les faisceaux fibreux péricycliques, un anneau continu, çà et là 
renforcé par l'adjonction soit d’une «ellule sus-endodermique 
en dehors, soit d'une cellule périeyclique dans les intervalles des 
faisceaux fibreux en dedans. Tandis que l'avant-dernière assise, 
celle qui se sclérilie chez les Agialides et les Agielles, conserve 
ici ses parois minces et produit dans beaucoup de ses cellules 
un gros octaèdre d’oxalate de calcium. De à une différence 
interne très marquée entre ce genre et les deux autres. 

Dans un tronc de la B. de Roxburgh, âgé d'environ vingt ans, 


dont un fragment est conservé dans la Collection des Bois du 


254 PH. VAN TIEGHEM. 


Muséum, j'ai pu étudier la structure du bois secondaire. Blan- 
châtre et muni de couches concentriques peu marquées, il est 
coupé de très larges rayons, comptant plus de vingt séries de cel- 
lules allongées radialement. Ses compartiments sont composés 
surtout de fibres, mélangées d'un grand nombre de cellules de 
parenchyme, isolées ou rapprochées en petites bandes tangen- 
lielles. Les vaisseaux y sont larges, mais rares et espacés, isolés 
ou rapprochés par petits groupes. 

Dans la feuille, le pétiole a la même structure que chez les 
Agialides etles Agielles, avec courbe méristélique tantôt ouverte 
avec bords rentrants en crochet (B. triflore), tantôt fermée avec 
(B. indienne) ou sans faisceau interne (B. de Roxburgh). Le 
Himbe à un épiderme faiblement cutinisé, pareil sur les deux 
faces, avec poils et stomates profonds à cellules lignifiées et 
margelle tantôt saillante en cratère (B. indienne, triflore), 
tantôt non proéminente (B. de Roxburgh). Son écorce, loujours 
mince, est homogène, parfois réduite à six assises semblables 
(B. indienne), avec méristèles sans fibres, parfois très rappro- 
chées de la face supérieure (B. indienne), et paquets de vais- 
seaux CortICaux. 

L'épine à son épiderme faiblement cutinisé, mais lignifié 
sur la face externe; çà et là, il gélifie la face interne de ses 
cellules, qui paraissent alors cloisonnées tangentiellement ; les 
stomates y sont profonds, mais moins que d'ordinaire, non 
enfoncés dans l'écorce. Celle-ci n’est pas du tout palissadique 
en dehors et différencie son endoderme en un anneau scléreux 
touchant les faisceaux fibreux péricyeliques. Ces faisceaux 
Hbéroligneux, plus larges que dans les Agialides et moins allon- 
gés radialement, sont séparés par des rayons plus étroits, el 
entourent une moelle pluslarge, ce qui donne à la section trans- 
versale un aspect différent. Le bois secondaire Ÿ est dépourvu 
de vaisseaux, comme dans les Agialides, d'où une différence 
avec les Agielles. 


En somme, ia différence de structure entre les Balanites, 
d’une part, et les Agialides et Agielles, de l’autre, se montre sur- 
tout dans la tige et réside essentiellement dans l’origine endo- 
dermique et non sus-endodermique de l'anneau seléreux cor- 


SUR LES AGIALIDACÉES. 255 


tical, l'assise sus-endodermique se différenciant ici en une assise 
cristalligène. 


à. Structure de la fleur, du fruit et de la graine. — La fleur 
n'offre pas d'autre différence de structure que celle qui corres- 
pond aux poils soyeux el argentés de la face supérieure des 
pétales et à la forme éloilée du disque. Comme ceux des sépales 
et de l’ovaire, les poils des pétales sont simples, unicellulaires 
et à membrane cutinisée. Quant à la forme aplatie et étoilée 
du disque, elle provient de ce que la cupule en s'élevant, au 
lieu de s’amincir en biseau et de rester simple comme dans les 
deux autres genres, s’épaissit et se bifurque, recourbant en 
dehors son bord externe le plus gros, en dedans son bord in- 
terne le plus mince. À elle seule, cette forme du disque suffi- 
rait déjà à distinguer les Balanites des Agialides et des 
Agielles. 

Dans le fruit, la différence consiste en ce que les méristèles 
carpellaires, noyées el cachées dans l'épaisseur du noyau chez 
les Agialides, sont saillantes et visibles à sa surface chez les 
Balanites. Avec une dimension plus grande, la graine à la 
même conformalion. Je n'ai pas encore pu en étudier la germi- 
nation. 


Ill 
FAMILLE DES AGIALIDACÉES. 


Ensemble les trois genres qu'on vient d'étudier : Agialide, 
avec seize espèces répandues dans toute la zone tropicale de 
l'Afrique du Nord et jusqu'en Arabie; Agielle, avec deux es- 
pèces croissant dans la zone {fopicale de l'Afrique du Sud ; et 
Balanite, avec quatre espèces propres à PAsie centrale, en tout 
vingt-deux espèces, dont vingt nouvelles el une ancienne res- 
laurée, constituent une petite famille, les Agialidacées, dont il 
faut maintenant résumer les caractères généraux, avant de 
chercher la place que, d’après eux, il convient de lui attribuer 
dans la Classification. - 


L. Caractères généraux. — Ce sont des arbres ou des arbustes 


256 PH. VAN TIEGHEM. 


épineux, pubescents dans toutes leurs parties jeunes, dont la 
üige et les branches de divers ordres ont: un épiderme à cuticule 
très épaisse el jaune, à poils courts et blancs, simples et uni- 
cellulaires, dont la membrane est très épaisse mais non lignifiée, 
à stomates profonds el transversaux, ne s'exfoliant que très tard 
par la formation d’un périderme exodermique ; une écorce à 
couche externe verte plus ou moins fortement palissadique, à 
anneau scléreux interne différencié dans l'endoderme (Bala- 
nite) ou dans l’assise sus-endodermique (Agialide et Agielle) ; 
et une stèle à faisceaux fibreux péricyeliques étroits et cylin- 
driques, superposés à autant de faisceaux libéroligneux étroits, 
séparés par de larges rayons, où le liber secondaire, d’abord 
tout entier mou, se stratifie plus tard par des couches de fibres, 
et où le bois secondaire est abondamment pourvu de paren- 
chyme amylacé. 

Issue d'un bourgeon surnuméraire superposé au bourgeon 
axillaire normal, l’épine est d’origine raméale et offre aussi la 
structure d’un rameau. Tantôt ce rameau ne développe que son 
entre-nœud basilaire et lépine est dépourvue de toute trace de 
feuilles. Tantôt 1l allonge plusieurs entre-nœuds et l'épine porte 
alors tout autant de feuilles normales (Agielle) ou de petites 
écailles, ayant chacune à son aisselle deux petits bourgeons su- 
perposés, dont le supérieur s’allonge çà et là en une épine secon- 
daire, l'épine est alors ramifiée comme telle, et dont l'inférieur 
se développe aussi çà et là soit en un groupe floral, soit en un 
ramuscule feuillé. Dans tous les cas, avec leurs nombreux sto- 
males et leur couche corticale périphérique verte et palissadique, 
les épines fonctionnent ici utilement, contribuant avec les feuilles 
à Fassimilation du carbone et à la chlorovaporisation. 

Isolées suivant 2/5, les feuilles sont persistantes, stipulées, 
composées pennées à une seule paire de folioles latérales sans 
stipelles, dépourvues de foliole terminale, qui est représentée 
seulement par une pete languette, et prennent à la stèle de la 
tige trois méristèles. Le pétiole, qui n'a pas d’anneau scléreux 
cortical, a ses méristèles unies en une courbe fermée et dépour- 
vues de faisceaux fibreux péridesmiques, remplacés par des fais- 
ceaux de collenchyme. Le limbe des folioles, toujours dissymé- 
trique hypodyname, à toujours son bord entier, mais varie de 


SUR LES AGIALIDACÉES. 


L© 


51 
forme, de grandeur et de nervation suivant les espèces. Pareille 
sur les deux faces, sa structure offre un épiderme semblable 
à celui de la tige, une écorce plus ou moins fortement palissa- 
dique, renfermant des fascicules de vaisseaux corticaux et des 
méristèles ordinairement sans fibres péridesmiques. 

Groupées en fausses ombelles ou ombellules diversement dis- 
posées, les fleurs sont hermaphrodites, actinomorphes et pen- 
tamères dans toutes leurs parties. Les sépales sont égaux, libres, 
à préfloraison quinconciale, toujours velus sur les deux faces. 
Les pétales sont égaux, libres, à préfloraison imbriquée, tou- 
jours glabres en dessous, tantôt glabres (Agialide et Agielle), 
tantôt velus (Balanite) en dessus. L’androcée obdiplostémone 
a ses élamines égales, libres, glabres, à anthères dorsifixes et 
oscillantes, à quatre sacs à déhiscence longitudinale introrse, 
à grains de pollen sphériques à trois plis. Un disque cupuli- 
forme (Agialide), en tronc de pyramide (Agielle), ou étoilé 
(Balanite), à épiderme externe papilleux et lignifié, dépourvu 
de méristèles, entoure la base de l’ovaire. 

Le pistil à cinq carpelles épipétales, fermés et conerescents 
dans toute leur longueur en un ovaire à cinq loges, surmonté 
d'un style court, simple, tronqué au sommet qui est marqué 
de cinq très petites dents. L’ovaire est velu (Agialide et Bala- 
aile) ou glabre (Agielle); le style est toujours glabre. Chaque 
loge renferme, attaché au sommet de l’angle interne, en pla- 
centation axile, un seul ovule pendant, anatrope à raphé 
ventral, hyponaste par conséquent. Il est formé d’un nucelle 
persistant, recouvert de deux téguments dont linterne ne 
dépasse pas l’externe; en un mot, il est perpariété, bitegminé, 
dipore. 

Le fruit est une drupe, à la base de laquelle adhère le disque 
persistant. Sous un mince épicarpe scléreux et un mésocarpe 
pulpeux, mince, parfois comestible (Agialide), se trouve un 
seul noyau, ne renfermant qu’une seule graine. Pendant le 
développement du pistil en fruit, quatre des loges ont donc 
avorté avec leurs ovules. Tantôt mince et parcheminé (Agielle), 
tantôt épais el ligneux (Agialide et Balanite), cet unique noyau, 
lantôt renferme les méristèles carpellaires qu’on n’aperçoit pas 
à sa surface (Agialide), tantôt les laisse en dehors de lui, appli- 

ANN. SC. NAT., BOT., 9 série. iv, 17 


258 PH. VAN TIEGHEM. 


quées au nombre de dix contre sa surface externe, dans 
autant de sillons visibles du dehors (Balanite). 

Sous un tégument mince et papyracé, la graine renferme un 
gros embryon droit, incombant, à radicule supère, à cotyles 
très épaisses, plan-convexes, oléagineuses et aleuriques, sans 
albumen. 

A la germination, les cotyles sont hypogées et la tige épico- 
tylée, munie d’une racine terminale tétramère, prend tout de 
suite sa conformation externe caractéristique, notamment ses 
épines et ses feuilles à folioles géminées. Elle ne tarde pas non 
plus à prendre sa structure définitive, notamment son remar- 
quable épiderme et son écorce avec ses deux couches différen- 
ciées, l’externe palissadique, l’interne scléreuse. 


2. Place de la famille dans la Classification. — La dernière 
question qui nous reste à résoudre est de savoir quelle place 
les caractères généraux établis dans ce travail et qu'on vient 
de résumer conduisent à attribuer à la famille des Agialidacées 
ainsi constituée. 

Pour Linné en 1753, et plus tard encore, en 1808, pour 
Poiret, ces arbres appartenaient, comme on la vu (p. 223), 
au genre Ximénie (Nimenta). Leur autonomie générique, sous 
le nom de Agialide, date d'Adanson, en 1763. Delile, qui en a 
fait indûment le genre Balanite (Balanites) en 1802, l'a classé 
en 1813 dans les Zygophyllacées, entre les genres Zygophylle 
et Fagonie (1). A.-P. de Candolle, en 1824, l’a rangé aussi dans 
les Zygophyllacées, sans doute à cause de la similitude dans la 
conformation foliaire, qui a donné leur nom aux Zygophylles, 
mais tout à la fin du groupe et avec ce doute : « An hujus 
ordinis ? » (2). Néanmoins, c’est encore à côté du genre 
Ximénie, dans la famille des Olacacées, que les auteurs de la 
Flore du Sénégal l'ont classé en 1830-1833 (3), et c’est à la suite 
de cette famille, comme genre affine, qu'Endlicher l’a rangé, 
en 1840 (4). À l'exemple de A.-P. de Candolle, M. Hooker l'a 

(4) Delile, Description de l'Égypte, H, p. 221, 1813. 

(2) A.-P. de Candolle, Prodromus, |, p. 708, 1824. 

(3) Guillemin, Perrottet et Richard, Floræ Senegambiæ Tentamen, 1, p. 104, 


1830-1833. 
(+) Endlicher, Genera, p. 1043, 1840. 


SUR LES AGIALIDACÉES. 259 


placé en 1849 dans les Zygophyllacées (1). En 1862, Bentham, 
plus tard, en 1868, M. Oliver et, en 1875, M. Bennelt l'ont 
rangé parmi les Simarubacées (2) et plus récemment, en 1896, 
M. Hiern à adopté cette opinion (3); tandis que, la même 
année, M. Engler le classait de nouveau, comme type d’une tribu 
distincte, il est vrai, les Palaniloïdées, dans la famille des Zygo- 
phyllacées (4). Enfin Baillon, qui incorporait, en 1873, les Sima- 
rubacées et les Zygophyllacées à la famille des Rutacées, y 
‘angeait naturellement aussi le genre Balanite, mais comme 
type d’une série distinete (5). 

Dans un travail déjà ancien, étudiant Ja famille des Sima- 
rubacées au point de vue de la structure de la tige et de la 
feuille, j'ai montré incidemment que le genre Balanite doit en 
être exclu (6). Aussi peut-on s'étonner qu'il ait été tout récem- 
ment encore conservé dans cette famille par un anatomiste 
aussi avisé que M. Solereder (7). Quant aux Zygophyllacées, 1l 
suffira de faire remarquer que Povule y à un nucelle transitoire, 


en un mot est iranspariété (8), pour avoir démontré que nos 


plantes, où l’ovule est pourvu d’un nucelle permanent, en un 
mot est perpariété, ne peuvent pas y être incorporées. 

Les Agialidacées constituent donc bien, dans la classe des 
Dicotyles, une famille autonome. Elles y appartiennent à la 
sous-classe des Hétéroxylées Ovulées et à l’ordre des Perparié- 
tées bitegminées ou Renonculinées. Dans cette ordre immense, 
ayant un périanthe double avec corolle dialypétale, un androcée 
diplostémone et un pisül libre à carpelles fermés, elles viennent 
se ranger dans l'alliance des Géraniales, définie par cet ensemble 
de caractères (9). Cette alliance est très vaste et comprend jus- 


1) Hooker, Niger Flora, p. 270, 1849. 
2) Bentham et Hooker, Genera, 1, p. 31%, 1862. — Oliver, Flora of trop. 
Africa, À, p.315, 1868. — Bennett, dans Hooker, Flora of brit. India, L, p.522, 1875. 
3) Hiern, Cat. of the afric. plants collected by Welwilsch, À, p. 119, 4896. 
(4) Engler, Nat. Pflunzenfamilien, UE, 4, p. 355, 1896. 
(5) Baillon, Histoire des plantes, IV, p. 403, 1873. 
6) Ph. van Tieghem, Second mémoire sur les canaux sécréteurs des plantes 
(Ann. des Scienc. nat., Bot., T° série, p. 93, 1885). 
7) Solereder, Syst. Anatomie der Dicotyledonen, p. 207, 1899. 
8) Ph. van Tieghem, L'œuf des plantes considéré comme base de leur Classifi- 
cation (Ann. des Sc. nat., 8° série, Bot. XIV, p. 357, 1901) et Éléments de Bota- 
nique, 4° édit., IL, p. 633, 1906. 

(9) Éléments, €. IL, p.383. 


260 PH. VAN TIEGHEM. 


qu'ici trente et une familles (1). Avantla fleur pentamère dans 
toutes ses parties, avec étamines libres et carpelles concrescents 
à cloisons persistantes et ovules anatropes, c’est tout près des 
Géraniacées, type de cette alliance, qu'elles doivent prendre 
place. Elles en différent nettement par la conformation et la 
structure du corps végétatif, la présence et la forme du disque, 
l'unité de l’ovule et la nature du fruit. Le nombre des familles 
de l'alliance des Géraniales se trouve par là porté à trente-deux. 

Pour terminer, on remarquera, non sans quelque intérêt au 
point de vue des essais de classement antérieurs de A.-P. de 
Candolle et de M. Engler, qu'ainsi rangées, les Agialidacées 
occupent dans l'alliance des Géraniales une place correspon- 
dante à celle des Zygophvllacées dans l'alliance des Oxal- 
dales (2), qui de son côté correspond, dans l’ordre des Trans- 
pariétées bitegminées où Primulinées, à l'alliance de Géraniales 
dans celui des Perpariétées bitegminées ou Renonculinées (3). 


(1) Loc. cit., p. 460. 
(2) Loc. cit., p. 632. 
(3) Loc. cit., p. 624. 


SUR LES HÉLIOTROPIACÉES 


Par Ph. VAN TIEGHEM 


Dès 1820, Schrader à séparé de la famille des Aspérifoliées 
de Haller et de Linné, qui sont les Boraginées de Bernard 
de. Jussieu, le genre Héliotrope (Heliotropium Tournefort), pour 
en faire le type d’une famille distincte, sous le nom de Hélio- 
tropicées (1). Bien qu'acceptée par Ph. de Martius, en 1826 (2), 
cette famille n’a été admise depuis par aucun botaniste el 
les Héliotropes, avec les deux genres voisins Tournefortie 
(Tournefortia Linné) et Cochranée (Cochranea Miers), sont 
restés et demeurent encore aujourd'hui incorporés à la famille 
des Boragacées, où ils forment seulement une tribu distincte : 
les Héliotropiées (A.-P. de Candolle, 1845 ; Baïillon, 1891), ou 
les Héliotropioïdées (Gürke, 1893). 

Si les différences signalées par Schrader, notamment la 
position du style, qui est terminal et non gynobasique, la 
forme très particulière du stigmate, qu'il dit conique et dont 
il représente les divers aspects dans quatre espèces, enfin la 
nature drupacée du fruit, leur ont paru insuffisantes à justifier 
son entreprise, cela vient sans doute de ce que les botanistes 
descripteurs n’ont considéré que la première et la troisième, 
sans faire attention à la seconde, sur laquelle l’auteur lui-même 
n’a d’ailleurs pas insisté, bien qu’elle recèle, comme on va voir, 
un caractère très important. 

N’admettant même que la première de ces différences, Baiïllon 
à pu écrire encore en 1890 : « Chacun reconnaît aujourd'hui 

(1) Schrader, De Asperifoliis Linnei commentatio (Commentationes Societatis 
Scientiarum Gôttingensis, IV, p.188 et 192, fig. 2 à 5, 1820). — Les figures 
représentent la forme du style et du stigmate dansles H. europæum, indicum, 


curassavicum et chenopodioides. 
(2) Ph. de Martius, Nova genera et species plantarum, M, p. 138, 1826. 


262 PH, VAN TIEGHEM. 


que les Héliotropesne diffèrent de nos Boraginées indigènes que 
par ce fait que le style de ces dernières est gynobasique (1). » 

Qu'il en aille, en réalité, tout autrement, c’est ce que 
Rosanov avait parfaitement vu et compris, dès 1866, lorsqu'il 
a étudié, décrit et figuré la structure de ce style, dont la forme 
insolite avait déjà frappé Schrader, structure singulière, dont 
il n'y à pas jusqu'ici d'autre exemple dans le groupe immense 
des Stigmatées (2). Aussi, sans connaître, semble-t:l, le travail 
de Schrader qu'il ne cite pas, tire-t-1l de ses propres recherches 
la même conclusion, à savoir que « l’on doit considérer les 
Héliotropiées comme un groupe autonome, équivalant aux 
Boraginées et aux autres familles (3) ». 

Il est intéressant de remarquer que, dix ans plus tard, en 
1875, Eichler, qui connaît le travail de Rosanov et le cite pour 
d’autres points, ne fait aucune mention de la structure si 
remarquable du style des Héliotropes. L'importance de ce fait 
lui atotalement échappé (4). 

Sans citer le mémoire de Rosanov, M. Capus, en 1878 (5), 
et plus récemment, M. Guéguen, en 1902 (6), n’ont fait, l'un 
et l’autre, qu'en confirmer les résultats, mais sans en bien 
comprendre toute l'importance et sans en tirer aucune 
conclusion relativement à la place à donner aux Héliotropes 
dans la Classification, en faisant même tous les deux l'erreur 
d'attribuer aussi cette même structure du style aux Ehrétiées, 
tandis que les Cabrillets (Æhretia Linné) et les genres voisins 
ont, comme on sait, un style de forme et de structure 
normales. 

(1) Baillon, Reconstitution de la famille des Boraginacées (Bull. de la Soc. linn. 
de Paris, p. 829, 1890). 

(2) Rosanov, Morphologisch-embryologische Studien (Pringsheim'’s Jahrb.-für 
wiss. Botanik, V, p.72, pl. Vet VI, 1866). — La structure du style est représen- 
tée dans l’H. europæum (pl. V, fig. 1 à 5) et dans l'{1. (Tiaridium) indicum 
(pl. VI, fig. 17). 

(3) Loc. cit., p. 80. 

(4) Eichler, Blüthendiagramme, 1, p.198, 1875. 

(5) Capus, Anatomie du tissu conducteur (Ann. des Sc. nat., 6° série, Bot. 
VIL, p. 278, 4878). — La structure du style y est figurée dans l’H. grandiflorum 


(PL XXIV, fig. 6 à 11 et fig. 17) et dans le Cochranea anchusifolia (— Tourne- 
fortia heliotropioides) (fig. 16). 


(6) Guéguen, Anatomie comparée du tissu conducteur (Journ. de Bot., XVI,, 


p.58, 1902). — La structure du style y est représentée, dans l’'H. peruvianum, 
par les figures 1 à 6, 


= ne 


SUR LES HÉLIOTROPIACÉES. 263 


Tout ceci rappelé, il convient de résumer ici la forme et la 
structure du style des Héliotropes, Tourneforties et Cochra- 
nées, d’après mes propres observations, qui sont conformes, 
à quelques détails près, à celles des quatre auteurs précé- 
dents. 

Considérons d’abord PH. d'Europe (4. europæum Linné),qui 
est le Tournesol ou l'Herbe aux verrues de nos champs. Long de 
un millimètre et demi, le style filiforme s’y divise, au sommet, 
en deux pointes un peu inégales, terminant les deux carpelles 
antéro-postérieurs, légèrement inégaux aussi, qui composent 
le pistil. Au huitième de sa longueur, à partir de sa base, 
c'est-à-dire de son insertion au sommet de l’ovaire, il se 
renfle brusquement tout autour en une protubérance an- 
nulaire, concave vers le bas, en forme de cloche, progres- 
sivement atténuée en cône vers le haut, où elle est surmontée 
par la portion terminale effilée, longue de un millimètre. 
Le style se trouve ainsi partagé en quatre régions diffé- 
rentes. 

Dans la région terminale effilée et bifurquée, et dans la 
région conique qui la sépare de l'anneau, l'épiderme est formé 
de cellules larges et plates, à membrane cutinisée, prolongées 
chacune, sous la cloison supérieure, en une papille conique 
recourbée vers le haut, mais ne sécrétant pas de liquide, de sorte 
qu'aucun grain de pollen ne peut y adhérer. Il en est de même 
dans l’étroite et courte région inférieure et sur la face infé- 
rieure concave de la protubérance, où l’épiderme est tout 
à fait glabre. Mais sur tout le bord de Panneau. il en est 
autrement. Fortement différencié, l'épiderme y est formé de 
cellules très étroites et très allongées perpendiculairement à la 
surface, en un mot, palissadiques ; ces cellules, dont l’ensemble 
dépasse comme un bourrelet la surface générale, et qui 
dissocient leurs extrémités, sécrètent et épanchent entre elles 
et au dehors, un liquide mucilagineux, propre à retenir les 
grains de pollen. Après l'épanouissement de la fleur, on voit, en 
effet, ceux-ci adhérer en grand nombre tout le long de ce bour- 
relet, et seulement sur lui, et c'est là aussi qu'ils germent 
bientôt en insinuant leurs tubes entre les cellules prismatiques. 
Le bord de l'anneau, avec son bourrelet sécréteur, est donc, et 


264 PH. VAN TIEGHEM. 


est seul ici, le vrai stigmate de la plante, comme Russov l'a 
dit et figuré dès 1866 (1). 

Une série de coupes longitudinales et transversales montre la 
structure de ces quatre régions. Dans la portion filforme 
terminale, l'écorce est homogène et sans méristèles, les deux 
méristèles médianes des carpelles n°y pénétrant pas. Dans la 
portion conique sous-jacente, l'écorce différencie au milieu de 
son épaisseur un cordon de tissu conducteur plein, qui, partant 
du bord de l'anneau inférieur, où il est en contact direct avec 
l’épiderme palissadique etgluant, s'élève d'abord obliquement 
vers l’axe, puis s'infléchit vers le bas, et descend, en s’unissant 
bientôt à son congénère du côté opposé, pour former, dans 
l'axe, un seul cordon conducteur, qui se prolonge dans toute la 
région mince basilaire et pénètre enfin dans l'ovaire. Dans 
cette région basilaire, la zone corticale qui entoure le cordon 
conducteur plein renferme les deux méristèles médianes des 
carpelles ; elles se prolongent un peu à travers l'anneau jusque 
dans le cône, mais s’y arrêtent brusquement l’uneet l’autre au- 
dessous de la flexion du ruban conducteur du carpelle corres- 
pondant, sans s’infléchir en dehors comme lui, ni le traverser 
en se prolongeant dans la région supérieure. 

A son point de départ, sous l’épiderme palissadique du bord de 
l'anneau, le tissu conducteur forme aussi un anneau complet. 
En s'élevant, cette nappe circulaire se divise d’abord en quatre 
cordons, deux pour chaque carpelle, et la coupe transversale 
à ce niveau offre cinq cordons, quatre périphériques et un axile. 
Puis les quatre cordons s'unissent deux à deux dans chaque 
carpelle et la coupe transversale n'offre plus autour du cordon 
axile, que deux rubans périphériques. Ce sont ces deux rubans 
qui s'infléchissent l’un vers l’autre, comme il a été dit plus haut, 
et qui redescendent face à face, d'abord séparés, bientôt 
confondus dans le cordon axile plein, qui se prolonge Jusque 
dans l'ovaire. 

Formés, comme il a été dit, par la germination des grains de 
pollen sur le bord gluant de l'anneau, les tubes polliniques, 
après avoir traversé l’épiderme pallissadique, pénètrent trans- 
versalement dans le tissu conducteur plein, s’y allongent en 

(4) Loc. cit., p.74, pl. V, fig. 4. 


ÉneREe -RE neR 


SUR LES HÉLIOTROPIACÉES. 265 


s'en nourrissant et, tout en suivant la voie compliquée que lon 
vient de tracer, et le long de laquelle il est facile d’en observer 
les progrès, pénètrent enfin dans l'ovaire et parviennent aux 
micropyles des ovules. 

L'ovaire est ici, comme on sait, biloculaire par suite de la 
fermeture et de la concrescence des deux carpelles. En outre, 
chaque loge y est subdivisée en deux logettes, non seulement 
par le reploiement vers l'extérieur des extrêmes bords des 
carpelles et leur soudure avec la région médiane de chaque 
côté de Ia nervure, comme l’a dit Russov (1), et comme lont 
répété, d’après lui, d’abord Eichler (2) et plus tard M. Gürke (3), 
mais aussi, comme je m'en suis assuré, par la formation d'une 
fausse cloison mince qui, partant de la ligne médiane du 
carpelle, s’insinue entre ses deux bords et se soude avec eux 
pour former la région moyenne de l’épaisse cloison totale. 
Chaque logette renferme, attaché en haut, non pas sur l’extrème 
bord du carpelle, mais à quelque distance sur sa face dorsale, 
un ovule anatrope, dont le funicule contourne le bord en 
s'insinuant entre lui et la fausse cloison, pour pénétrer latéra- 
lement dans la logette, où il descend ensuite en tournant son 
raphé du côté de son congénère, Dans chaque carpelle, les 
deux ovules sont donc pendants, exonastes, avec plan de 
symétrie dirigé suivant la tangente. L'ovule est formé d'un 
mince nucelle transitoire et d’un épais tégument; en un mot, 
il est transpariété unitegminé. 

Pendante et orientée tangentiellement dans chacun des 
quatre noyaux du fruit drupacé, la graine à un tégument Urès 
mince, réduit à une seule assise de très petites cellules. Autour 
d'un embryon droit à radicule supère, accombant au raphé 
latéral, dont le plan médian est par conséquent radial, ce qui 
peut, au premier abord, le faire croire incombant, elle possède 
un albumen, aleurique et oléagineux comme l'embryon, sans 
trace d’amidon. 

La singulière conformation et la remarquable structure du 
style qu'on vient de décrire dans l'H. d'Europe, ainsi que le 


(4) Loc. cit., p. 73. 
(2) Eichler, Blüthendiagramme, 1, p. 198, 1875. 
(3) Gürke, Nat. Pflanzenfam., 1V, 3, p. 77, 1893. 


266 PH. VAN TIEGHEM. 


lieu de germination des grains de pollen et la marche des 
tubes polliniques qui en résultent, se retrouvent essentiellement 
les mêmes dans les diverses espèces du genre Héliotrope, qui 
en compte plus de deux cent vingt, du genre Tournefortie, 
qui en renferme plus de cent vingt, et du genre Cochranée, 
qui n'en à qu'une dizaine. Ce qui varie, et beaucoup d’une 
espèce à l’autre dans le même genre, c'est la longueur de la 
région effilée terminale et de la région mince basilaire, c’est- 
à-dire des deux parties les moins importantes du style. 

Dans PH. ophioglosse (H. ophioglossum Stoks), par exemple, 
la portion fiiforme terminale est beaucoup plus longue que dans 
l'H. d'Europe, mesurant quatre millimètres et plus, et les deux 
branches y sont plus longuement séparées, tandis que la portion 
basilaire est très courte, ce qui rend l'anneau stigmatique 
presque sessile. Dans l’'H. du Pérou (A. peruvianum Linné), 
cultivé dans les jardins pour son parfum suave, dans l'H. de 
l'Inde (H.indicum Linné), dont Lehmann a fait un genre distinct 
sous le nom de Tiaride (Tiaridium), dans l'H. jaune (A. luteum 
Poiret), l'H. grandiflore (H. grandiflorum Aucher), l'H. de 
Ceylan (7H. seylanicum Lamarck) et surtout dans l’'H. mes- 
serschmidioïde (H. messerschnudioides O. Kuntze), au contraire, 
c’est la portion grêle inférieure qui est très allongée, tandis 
que la portion supérieure est nulle ou presque nulle, ce qui 
réduit la région stérile à la partie supérieure conique du ren- 
flement, plus ou moins profondément bilobée. Il en est de 
même dans la Tournefortie élégante (Tournefortia elejans 
Chamisso). Dans l’'H. inondé (A. inundatum Swartz), l’'H. de 
Curaçao (A. curassavicum Linné), l'H. chénopodioïde (H. che- 
nopodioides Wildenow), etc., les deux raccourcissements se 
produisent à la fois; la protubérance annulaire y est sessile sur 
l'ovaire et son prolongement conique n’a pas d'appendice fili- 
forme. Ilen est de même dans la Tournefortie argentée (T'our- 
neforlia argentea Linné fils) et dans la Cochranée à-feuilles-de- 
Buglosse (Cochranea anchusifolia Poiret), cultivée dans les jar- 
dins sous le nom de Tournefortia heliotropioides Hooker (1). 

(1) Dans sa revision des Boragacées, M. Gürke a figuré, en 1893, la forme 


extérieure du style dans les Heliotropium messerschmidioides, zeylanicum, luteum, 
ophioglossum, supinum, europæum, inundatum et curassavicum, ainsi que dans 


SUR LES HÉLIOTROPIACÉES. 267 


Outre ces trois genres, Baillon a classé, en 1891, avec doute il 
est vrai, dans sa série des Héliotropiées le genre monotype 
Wellstédie ( Wel{stedia), créé par M. Balfour en 1884 pour une 
plante de Socotra (1). Ici, le style qui surmonte l'ovaire est 
cylindrique et grêle tout du long et se divise, au sommet, en 
deux branches stigmatifères: en un mot, il offre la confor- 
mation et la structure normales. Bien qu'elle ait, comme dit 
l’auteur, « quite the look of one of the desert species of Heliotro- 
Pium », celle plante anomale, dont la place dans la Classifi- 
calon n'a pas encore pu être fixée, n'est done certainement 
pas une Héliotropiée. Il faudra chercher ailleurs. 

Partagée ainsi, dans ses traits essentiels, par toutes les espèces 
des trois genres Héliotrope, Tournefortie et Crochranée, et 
exclusivement localisée chez elles, cette singulière structure du 
style peut être interprétée de deux manières différentes. 

Si l’on considère les deux pointes de la région terminale 
comme les extrémités des deux carpelles qui composent le 
pisül, l'anneau stigmatique est une protubérance, un appen- 
dice, de la face dorsale des carpelles, située suivant les espèces 
plus ou moins loin du sommet. En un mot, au lieu d’être 
terminal, comme chez toutes les autres Stigmatées, Le stigmate 
est 1c1 latéral, et les tubes polliniques, au lieu de pénétrer dans 
le pistil par le sommet et d'y descendre tout du long, comme 
partout ailleurs, y entrent par le dos et par le flanc et y che- 
minent d'abord transversalement avant de se diriger vers le bas. 

L'appendice annulaire stigmatique est alors comparable 
morphologiquement à la cupule qui, chez les Goodéniacées et 
chez les Brunoniacées, entoure, comme on sait, l'extrémité 
bifurquée du style. La différence, toute physiologique, est que, 
là, cette cupule, quoique munie de poils sur son bord, ne sécrète 


les Tournefortia argentea, sibirica et elegans (loc. cit., fig. 37, 38 et 39). L’an- 
neau stigmalique est désigné par lui sous le nom de Haarring. — Baillon, 
en 1891, a représenté aussi la forme extérieure du style dans l'H. peruvianum 
et dans le Cochraneu anchusifolia, en disant que «le style y a son extrémité 
stigmatifère fortement renflée en une sorte de cône épais ». C'était entière- 
ment méconnaitre le vrai sligmate de cette plante (Histoire des plantes, X, 
p. 353, fig. 270 à 272, ét fig. 277). 

(1) B. Balfour, Proceedings of the roy. Soc. of Edinburgh, XIL, p. 407, 1884, 
CL Transuct. of the roy. Soc. of Edinburgh, XXXI, p. 247, pl. LXXXIL A, 
fig. 3 et 6, 1888. — Baillon, Histoire des plantes, X, p. 391, 1891, 


268 PH. VAN TIEGHEM. 


pas de liquide qui puisse retenir et faire germer les grains de 
pollen, qu'elle se borne à recueillir et à amasser dans sa conca- 
vité ; elle n’est pas stigmatique. Les grains de pollen se fixent 
et germent exclusivement sur les extrémités gluantes des deux 
branches du style, qui sont donc ici, comme d'ordinaire, les 
vrais stigmates. Ainsi compris, l'anneau stigmatique peut 
encore être comparé morphologiquement au bourrelet cupuli- 
forme qui entoure la base du style chez un grand nombre de 
plantes à ovaire infère et dont la fonction est d'accumuler une 
réserve sucrée et de sécréter du nectar. | 

Mais on peut aussi considérer la protubérance annulaire 
comme résultant de la concrescence des deux extrémités mêmes 
des carpelles, réfléchies au dehors et recourbées vers le bas. Le 
stigmale est donc terminal, comme d'ordinaire, et les tubes 
polliniques, introduits dans les carpelles par le sommet, y che- 
minent tout du long en en suivantle cours flexueux, y remontant 
d'abord pour yredescendre ensuite. L’anomalie consisterait alors 
en ce que, en s’infléchissant horizontalement, les deux extré- 
mités divergentes des carpelles produisent très près du sommet, 
sur leur face ventrale, une double protubérance dressée, large 
à la base, amincie progressivement en cône et se prolongeant 
parfois en une partie filiforme, toujours fendue plus ou moins 
profondément au sommet, à cause de sa double origine. Cette 
protubérance conique sus-stigmatique, qui paraît être la con- 
linuation du style, dont le rôle est difficile à préciser, et qui 
est sans autre exemple connu, correspondrait morphologi- 
quement, en dedans, à ce qu'est, en dehors, la protubérance 
cupuliforme sous-stigmatique des Goodéniacées et des Bruno- 
niacées, l’une comme l’autre étant une dépendance, un appen- 
dice, des carpelles dans la région stvlaire, mais là dorsale, 1e1 
ventrale. 

Entre ces deux manières de voir, il est difficile de se décider. 
Les deux méristèles médianes des carpelles, dont la marche 
pourrait nous éclairer, s'arrêtent brusquement, comme on l'a 
vu plus haut, au-dessous de la flexion’ en dehors des rubans 
conducteurs correspondants. Si elles s’infléchissaient comme 
eux en parcourant au-dessous d'eux la région inférieure de 
l'anneau stigmalique, ce serait un argument décisif en faveur 


SUR LES HÉLIOTROPIACÉES. 269 


de la seconde interprétation. Maisde ce qu’elles ne se prolongent 
pas vers le haut, dans la partie conique et dans la portion fili- 
forme terminale, ce n'est pas un argument à invoquer contre la 
première, puisque ce prolongement leur est interdit par la 
flexion même du ruban conducteur. 

Que l’on adopte l’une ou l’autre manière de voir, il n’en 
reste pas moins que la conformation et la structure du style 
offre, dans ces trois genres, un caractère singulier, que l’on ne 
retrouve nulle part ailleurs dans l'immense groupe des Stig- 
matées. Par là, tout aussi bien que les Goodéniacées et les 
Brunoniacées par la cupule sous-stigmatique dont on vient de 
rappeler lexistence, ils prennent une place à part dans la 
Classification et se montrent les représentants, {out au moins 
d’une famille bien distincte que, suivant la règle, on nommera 
les Héliotropiacées. 

À ce caractère remarquable et qui suffirait, à lui seul, s’en 
ajoutent, comme on sait, plusieurs autres, pour définir cette 
famille par rapport à celle des Boragacées, dont elle se rap- 
proche notamment par l’inflorescence et par les carpelles à deux 
ovules exonastes séparés par une fausse cloison. C'est La posi- 
tion terminale el non gynobasique du style, signalée déjà comme 
une différence essentielle par Schrader, en 1820, et regardée 
même par Baillon, en 1891, comme étant la seule différence, 
alors qu’en réalité c’est de toutes la moins importante. C’est 
lovule, qui est anatrope et descendant au lieu d’être presque 
orthotrope et ascendant. C’est aussi, comme l’a montré Russov, 
en 1866, un tout autre mode de développement de l'œuf en em- 
bryon. C’est encore le fruit, qui est une drupe à quatre noyaux 
et non un tétrachaine. C’est enfin la graine, qui possède un 
albumen, au lieu d'en être dépourvue (1). 


(1) Dans les Boragacées aussi, comme j'ai pu m'en assurer, l’ovule, ici basi- 
laire, est inséré sur la face dorsale du carpelle à quelque distance du bord, que 
son funicule doit contourner pour pénétrer latéralement dans la logette cor- 
respondante, où il se dresse ensuite en tournant latéralement son raphé, ici 
plus ou moins long. En un mot, ici plus ou moins faiblement anatrope, l'ovule 
est aussi exonaste, avec plan de symétrie tangentiel. De même encore, la 
graine, avec son plan de symétrie tangentiel, a un embryon accombant au 
raphé, dont le plan médian est donc radial, ce qui peut faire croire qu'il est in- 
combant. 

Sous ces deux rapports, il ÿ a une différence profonde et non signalée jus- 


1Q 


10 PH. VAN TIEGHEM. 


Toutes ces différences, dont la principale, négligée jusqu'à 
présent par les botanistes descripteurs, à fait l'objet du pré- 
sent travail, non seulement autorisent, mais exigent impérieu- 
sement l'établissement, dans l’ordre des Transpariétées uniteg- 
minées et dans l'alliance des Solanales, d’une famille autonome, 
proposée déjà à deux reprises, la première fois en 1820 par 
Schrader, la seconde en 1866 par Russov, mais toujours 
méconnue depuis, les Héliotropiacées. 

Cette première séparation doit nécessairement en entrainer 
deux autres. Si l’on veut, en effet, rendre au groupe des Bora- 
gacées, très hétérogène tel quil est admis aujourd'hui, le degré 
d'homogénéité inhérent à toute famille naturelle digne de ce 
nom, après en avoir libéré les Héliotropiacées, comme il vient 
d’être fait, 1l faut encore en retrancher d’abord les Cabrillets 
(Ehretia Linné) et les genres voisins, pour en faire la famille 
des Ehréliacées, puis les Sébestiers (Cordia Linné) et les genres 
voisins, pour en composer la famille des Cordiacées. Déjà dis- 
tinguée comme telle par Ph. de Martius, en 1826, et admise par 
Lindley, en 1835, la première a été de nouveau incorporée aux 
Boragacées el progressivement réduite, d’abord à Pétat de sous- 
famille, par Endlicher en 1840 et par Decaisne en 1868, puis 

| Ï , 
de simple tribu, par A.-P. de Candolle en 1845, Bentham et 
Hooker en 1873, Baillon en 1891 et M. Gürke en 1893. La se- 
conde, établie par R. Brown dès1810, acceptée parla plupart des 
botanistes qui ont suivi et encore par Decaisne en 1868, a été 
réincorporée aux Boragacées comme simple tribu, d’abord par 
A.-P. de Candolle, en 18%5, et plus tard par les auteurs les 
qu'ici entre ces plantes et les Labiées. Dans cette famille, en effet, l'insertion 
de l’ovule, basilaire aussi et s'opérant à quelque distance du bord, a lieu di- 
rectement sur la face ventrale du carpelle, de manière qu'il se trouve placé 
dès l’origine dans la logette correspondante, où il se dresse, ici complètement 
anatrope, en tournant son raphé en dedans; en un mot, il est épinaste, avec 
plan de symétrie radial. De plus, la graine, avec son plan de symétrie radial, a 
un embryon incombant au raphé, bien qu'ayant, comme chez les Boragactes, 
son plan médian radial. Insertion dorsale de l'ovule, orientation latérale, c'est- 
à-dire exonastie, de l’ovule, accombance de l'embryon dans la graine : ce sont 
là trois différences nouvelles, qu’il faut ajouter à celles déjà connues, pour 
séparer, plus profondément encore qu'il n’a été fait jusqu'ici, la famille des 
Boragacées de celle des Labiées. Sur l'ensemble de ces caractères diffé- 
rentiels et sur les conséquences qui en découlent pour les affinités de ces deux 


crandes familles, on reviendra d’ailleurs prochainement dans un travail 
spécial. 


SUR LES HÉLIOTROPIACÉES. DA 


plus récents, notamment Bentham et Hooker en 1873, Baillon 
en 1891 et M. Gürke en 1893. A l’une, comme à l’autre, il suf- 
fira donc de restituer désormais son ancienne autonomie. 

En conséquence, le groupe hétérogène actuel des Boragacées 
se trouvera scindé en quatre familles, ainsi définies sommaire- 
ment, d’après le style et le stigmate : 


BVINODASIQUE Sr mena er mt nuer ee ant aie et cn nt Boragacées. 
: : SIMple 72%: Ehréliacées. 
St : D lecminal SUPREME ; 
Die jterminal. Stigmate ? { bifurqué......... Cordiacces. 
A(ÉTa R ec encue Héliotropiacées. 


Et de ces quatre familles, que l’on pourra laisser côte à côte 
dans l'alliance des Solanales, la plus remarquable, celle aussi qui, 
au point de vue de la Science générale. offre le plus d'intérêt, 
c'est, sans contredit, les Héliotropiacées. 

Pour terminer, emarquons que, d’après la position terminale 
ou latérale du stigmate sur le carpelle et d’après la direction 
longitudinale où transversale qui en résulte pour là pénétration 
des tubes polliniques dans le pistil, on peut diviser l’ensemble 
des Stigmatées en deux groupes très inégaux, les Acrosliqmatées 
etles Pleurosligmatées, le premier renfermant presque toutes 
ces plantes, le second ne comprenant pour le moment que les 
seules Héliotropiacées. Cette division n’est pas sans rappeler, 
mutilis mulandis, bien entendu, celle que les recherches de 
M. Treub et de M. Navachine ont permis d'établir, d'après le 
mode d'introduction ultérieure du tube pollinique dans le nu- 
celle de l’ovule, suivant qu'elle à lieu par le sommet, par la base 
ou par le flane, suivant qu'il y a, comme on l'a dit, porodie, chala- 
zodie où pleurodie (1). Ici aussi, les groupes sont très inégaux, la 
porodie, qui correspond à l'acrostigmalie, étant très répandue, 
tandis que la chalazodie et la pleurodie sont très rares, comme 
la pleurostigmalie. 

(4) Pour ces dénominations, voy. mes Eléments de Botanique, 4° édition, If, 
p. 373, 316, 380 et 386, 1906. — Les noms de Porogames et de Chalazogumes, 
donnés à ces deux groupes par M, Treub, paraissent impropres, l'union de 
l’anthérozoïde et de l’oosphère ayant lieu dans tous les cas au sommet du 


prothalle femelle, sous le micropyle. Le but, la gamie, est toujours le même, 
c'est seulement le chemin, l'odie, qui est différent. 


AILANTE ET PONGÈLE 


Par Ph. VAN TIEGHEM 


C’est avec raison, semble-t-il, que Pierre, l’auteur si regretté 
de la Flore forestière de la Cochinchine, a restitué, en 1893, au 
genre Aïlante (Aïlantus), établi par Desfontaines en 1786, le 
nom de Pongèle (Pongelion), que lui a donné Van Rheede un 
siècle auparavant, en 1686 (1), et qui a été accepté par Adanson 
en 1763 et par Scopoli en 1777 (2). Aussi a-t-on quelque peine 
à s'expliquer comment M. Engler, tout en en reconnaissant l’in- 
contestable priorité, a refusé, en 1896, d'adopter ce nom. C’est, 
dit-il, parce que, méconnu depuis plus d’un siècle, il le considère 
comme suranné : « da dieser Gattungsname über 100 Jahre 
nicht mehr beachtet wurde, so sehe ich ihn als verjährt an » (3). 
Il est pourtant difficile d'admettre une pareille limitation 
arbitraire des droits de priorité. 

Des dix espèces de Pongèle actuellement connues, quatre 
habitent l'Inde, deux la Cochinchine, deux la Chine, une l’Aus- 
tralie et une les Moluques. Un seul de ces arbres, originaire 
de la Chine, est cultivé partout en Europe depuis que le 
P. d’'Incarville l’a rapporté en France en 1751. Longtemps con- 
fondu avec le Sumac succédané (Rhus succedanea Linné), qui 
donne le vernis du Japon, 11 en à été distingué en 1786 par 
Desfontaines, qui la nommé Aüïlante glanduleux (Aïlantus 
glandulosa) (4). D'après Pierre, ce serait donc maintenant le 


(4) H. van Rheede, Hortus malabaricus, VI, p. 27, pl. XV, 1686. 

(2) Pierre, loc. cit., fascicule XIX, pl. CCXCIV, 1893. 

(3) Engler, Nat. Pflanzenfamilien, IL, 4, p. 224, 1896. 

(4) Desfontaines, Mémoire sur l'Ailante glanduleux (Histoire et Mémoires de 
l'Académie des sciences, 1786 ; Mémoires, p. 265). — De Ailanto, nom donné 
par les indigènes d'Amboine à un arbre du même genre, qui est l’Arbor cæli 
le Lugt-boom de Rumpf (Herbarium Amboinense, I, p. 205, pl. CXXXII, 1750) 


AILANTE ET PONGÈLE. 273 


Pongèle glanduleux (Pongelion glandulosum  |Desfontaines] 
Pierre). 

Les sept espèces connues de lui ont été groupées par Pierre 
en deux sections, d’après le nombre des carpelles libres qui 
entrent dans la composition du pistil, savoir : Æupongelion, 
avec un à trois carpelles, et Atlantus avec cinq carpelles. 
M. Engler les a groupées aussi en deux sections, mais d’après 
l'indépendance ou la soudure des styles, savoir: Æupongelion, 
avec styles libres, et Euailantus, avec styles soudés. A vrai dire, 
dans la première section de M. Engler, ce sont seulement les 
stigmates qui sont libres et ils sont libres aussi dans la seconde ; 
la différence réelle est que, dans la première ils sont sessiles, 
tandis que dans la seconde ils sont portés par tout autant de 
courts styles rapprochés au contact. Ces deux modes de groupe- 
ment diffèrent d’ailleurs, celui de Pierre donnant quatre espèce 
à la première section et trois à la seconde, tandis que celui de 
M. Engler attribue six espèces à la première et une seulement 
à la seconde. 

L'objet de la présente Note est de proposer un autre groupe- 
ment des dix espèces connues, fondé sur un caractère tiré du 
corps végétalif, qui me paraît plus important que le nombre 
assez variable des carpelles dans le pistil et que l'existence ou 
l'absence d'un court style entre l'ovaire et le stigmate. 

On sait que, dans le P. glanduleux (P. glandulosum |Desfon- 
taines] Pierre), les folioles, dont le bord est entier dans 
presque toute la longueur, offrent à la base quelques petites 
dents obtuses, dont chacune porte, à la face inférieure et près 
du sommet, une protubérance glanduleuse, d’après laquelle 
Desfontaines à donné à cet arbre, en 1786, son nom spéci- 
fique. Chose singulière, 11 à fallu plus d’un siècle pour que 
ces remarquables protubérances attirassent l'attention des ana- 
tomistes. En 1896, en effet, M. Engler ne les signale pas encore. 


devenu plus tard l’Aïlante des Moluques (Ailantus moluccana) de A.-P. de 
Candolle (Prodromus, 11, p. 89, 1825). Desfontaines a écrit Aiïlanthe (Ailanthus), 
graphie incorrecte, admise ensuite et propagée par beaucoup d'auteurs, no- 
tamment Lamarck, Ad. de Jussieu, Endlicher, Meisner, Wight, Bentham et 
Hooker, Pierre, M. Engler, etc. En ajoutant un k, ils ont cru, sans doute, cor- 
riger une faute qui n'existait pas. Pourtant, d’autres botanistes ont écrit ce nom 
correctement, notamment A.-P. de Candolle, Naudin, Decaisne, Baillon, etc. 
ANN. SC. NAT. BOT., 9 série, IV, 18 


274 PH. VAN TIEGHEM. 


C'est M. Solereder, qui les a étudiées le premier en 1899 (1), 
et néanmoins, dans sa monographie anatomique des Simaru- 
bacées, publiée en 1901, M. Jadin n’en fait même pas men- 
tion (2): 

Le nombre des dents basilaires de chaque foliole est souvent 
de trois de chaque côté, mais 1l peut s'élever à quatre, rare- 
ment à cinq, et il se réduit fréquemment à deux ou à une 
seule ; il peut aussi y en avoir quatre ou trois d’un côté et deux 
ou une de l’autre, ou deux d’un côté et une de l’autre, ou même, 
une seule d'un seul côté. Dans tous les cas, chaque dent offre, 
sur sa face inférieure, près de son extrémité, une protubérance 
hémisphérique, bombée et imperforée dans le jeune âge, plus 
tard déprimée, ombiliquée au sommet et percée d’un petit oritice 
au centre de la dépression. Par cet orifice s’est écoulée une 
gouttelette de liquide incolore et très réfringent, qui, en se 
desséchant, a déposé dans la dépression une petite plaque ronde 
d'un vernis brillant. Cette perforation ultérieure, avec exsudation 
du liquide sécrété dans la protubérance, n’a pas étéaperçue par 
M. Solereder, sans doute parce qu'il s’est borné à l'étude des 
folioles jeunes. $ 

La série des coupes longitudinales, transversales et tangen- 
lielles de la dent ainsi modifiée, montre que la protubérance 
est une excroissance de l'écorce de la foliole, située au-dessous 
de la nervure, non loin de son extrémité, el revêtue par lépi- 
derme; en un mot, c'est une émergence. Elle consiste en un 
amas sphérique et plein, à contour nettement limité, formé de 
cellules différenciées à la fois dans leur forme, qui est allon- 
gée radialement, de manière qu'elles convergent toutes vers 
le centre de la face externe du mamelon, et dans leur contenu, 
qui est incolore, excepté vers la périphérie où les cellules moins 
allongées radialement contiennent des chloroleucites, et qui 
sécrète une substance très réfringente; en un mot, c'est un 
nodule sécréteur. Bien qu'il appartienne à la face inférieure 
de la foliole, où les stomates sont ici, comme on sait, localisés, 
l'épiderme qui recouvre le nodule en est complètement dépour- 

(1) Solereder, Syst. Anatomie der Dicotyledonen, p. 209, 1899. 


(2) Jadin, Contribution à l'étude des Simarubacées (Ann. des Sc. nat., 8° série, 
.Bot., XIIL p. 275, 1901). 


AILANTE ET PONGÈLE. 975 


vu. Ses cellutes sont, comme celles de la sphère sous-jacente, 
allongées radialement autour du centre du mamelon. C'est en ce 
point, vers lequel convergent toutes ses cellules constitutives, 
que Sopère plus lard, par destruction des cellules centrales, 
qui brunissent en s’altérant, la perforation signalée plus 
haut, et que s’épanche au dehors île liquide sécrété dans le 
nodule. 

Tout autour du nodule ainsi constitué, les cellules de l'écorce 
produisent en grand nombre des mâcles sphériques d'oxalate 
de calcium, ce qui en accuse encore mieux le contour. Au- 
dessus de lui, la méristèle de la dent passe simplement pour se 
terminer plus loin, au bord même, tournanten bas, c’est-à-dire 
vers lui, le liber, en haut, c’est-à-dire du côté qui lui est opposé, 
le bois de son faisceau libéroligneux. Elle ne se ramifie donc 
pas comme telle au-dessus du nodule, pour lui envoyer vers le 
bas des ramuscules, ainsi que l'a cru M. Solereder (/or. cit., 
p. 209). C’est seulement l'écorce qui différencie, sur les flancs 
du nodule et {out autour, de petits fascicules de cellules vascu- 
laires spiralées, rejoignant en haut le bois du faisceau libéro- 
ligneux de la méristèle et constituant au nodule un appareil 
d'irrigation. 

Au-dessus de la méristèle, enfin, passe l'unique assise palissa- 
dique du limbe, interrompue çà et là par une lacune, au-dessus 
de laquelle l’épiderme supérieur offre un petit stomate super- 
ficiel. Dépourvu de stomates partout ailleurs, l’épiderme 
supérieur en possède donc au-dessus du nodule sécréteur, 
tandis que, par contre, l'épiderme inférieur, pourvu de stomates 
partout ailleurs, n'en possède pas à cet endroit. Ce singulier 
déplacement des stomates d’une face à l’autre sur le nodule 
sécréteur n'a pas été remarqué par M. Solereder. 

Les mêmes dents glanduleuses, en petit nombre et basilaires, 
avec la même conformation des nodules sécréteurs, se retrou- 
ventsurles foliolesd'unarbre voisin, qui diffère du P. glanduleux 
notamment parce que, sur l'arbre àgé, les rameaux et les 
pétioles s'y couvrent de petites émergences épineuses. Récolté 
d'abord au Turkestan en 1881, par M. Capus, qui l’a identifié 
avec le P. glanduleux, puis découvert en Chine, au Se-Tchuen, 
par le P. Farges, et introduit en culture par M. de Vilmorin, 


276 PH. VAN TIEGHEM. 


qui en a fait une variété spinosa du P. glanduleux, cet arbre a 
été considéré récemment, en 1904, par M. Dode, comme une 
espèce distincte, qu'il a nommée Aiantus Vilmoriniana (1). 
Ce sera donc, pour l'instant, le P. de Vilmorin (P. Vilmo- 
rimanum |Dode] v. T). 

D’après la description et la belle figure qu’en a données Rox- 
burgh, en 1795, le Pongèleélevé(P.excelsum {Roxburgh]Pierre), 
qui estun arbre immense de l'Inde, a des folioles presque sessiles, 
mesurant 65 millimètres de long sur 25 millimètres de large, 
entières à la base, qui est atténuée, mais pourvues tout du long, 
de chaque côté, de très petites dents obtuses, pareilles à celles 
du P. glanduleux (2). Il est très probable, bien que la descrip- 
tion ne les mentionne pas et que la figure ne les représente pas, 
que ces petites dents possèdent, sur leur face inférieure, tout 
autant de nodules sécréteurs, semblables à ceux des deux 
espèces précédentes. Faute d'un exemplaire authentique de cet 
arbre, je n’ai pas encore pu cependant m'en assurer. 

Il faut bien se garder de croire, en effet, que les échantillons 
désignés dans les Herbiers sous le nom de Ailantus ercelsa 
Roxburgh appartiennent réellement à cette espèce. Sur ce 
point, il règne dans la science, depuis 1840, une erreur qu'il 
est grand temps de corriger. 

L'Herbier du Muséum, par exemple, renferme sous ce nom 
six groupes d'échantillons récoltés successivement dans l'Inde : 
par Wight {n° 545), qui en a publié en 1840 une belle planche 
coloriée (3); par Jacquemont (n° 246), en 1830, dont Cam- 
bessèdes à donné, en 1844, une planche noire due au crayon 
de Riocreux (4); par Stocks au Concan (sans n°), distribués par 
Hooker et Thomson; par Wallich au Jardin botanique de 
Calcutta (n° 535), rapportés par Gaudichaud en 1837; par 
Perrottet (n° 113), en 1840, et (sans n°) en 1855. 

Tous ces échantillons appartiennent bien à la même espèce, 
et c'est bien à eux que s'appliquent les diverses descriptions 
récentes de l'A. ercelsa, notamment celle qui a été donnée 


) Dode, Revue horticole, 1904, p. 283 et p. 444. 

) Roxburgh, Plants of the coast of Coremandel, 1, p. 24, pl. XXIIL, 1795. 

) Wight, Hustrations of Indian Botany, 1, p. 170, pl. LXVII, 1840. 

) Cambessèdes, Voyuge de Jacquemont dans l'Inde, IV, Botanique, p. 162 et 
pl. 162, 1844. 


(1 
(2 
(3 
(& 


AILANTE ET PONGÈLE. DT 


par M. Bennett en 1875 (1) et celle que Pierre a tracée avec 
figures à l'appui en 1893 (2). Mais cette espèce n’est certaine- 
ment pas l’A. ercelsa de Roxburgh, avec laquelle elle n’a 
de commun que d’avoir les folioles dentées tout du long de 
chaque côté et les samares tordues à la base et au sommet. 
D'abord, les folioles y sont trois fois plus distantes, l'inter- 
valle mesurant 6 centimètres au lieu de 2, très longuement 
péliolées, le pétiole dépassant 4 centimètres, beaucoup plus 
grandes, mesurant 10 centimètres de long sur 8 centimètres 
de large à la base, et découpées de chaque côté en quatre à 
cinq dents profondes et larges, triangulaires, mesurant cha- 
cune 10 à 15 millimètres, qui sont presque des lobes. En outre, 
les filets staminaux y sont courts et les styles longs, tandis que 
dans la plante de Roxburgh les filets sont longs et les styles 
courts. Il s’agit donc bien d’une espèce différente, et même très 
différente, à tort confondue jusqu'ici avec la précédente et 
qu'il faut désormais en séparer fortement. Puisque c'est 
Wight qui l’a récoltée et figurée le premier, je la nommerai 
pour le moment P. de Wight (P. Wighti v. T.). 

Sur chacune de leurs grandes dents triangulaires, mème sur 
la terminale, les folioles de cette espèce portent, à la face infé- 
rieure, mais très près de l'extrémité, une glande disposée et 
conformée comme dans le P. glanduleux. C’est donc à tort que, 
dans sa courte description des échantillons de Jacquemont, Cam- 
bessèdes a écrit: «dentibus sublus eglandulosis ». Seulement, le 
nodule sécréteur est ici plus petit et peu saillant. En passant 
au-dessus de lui, l'épiderme inférieur, privé aussi de stomates 
à cet endroit, rétrécit ses cellules et les allonge perpendicu- 
lairement à la surface, en un mot, devient palissadique; en 
même temps, 1l hgnifie ses membranes et la lignification peut 
s'étendre plus tard aux cellules rayonnantes du nodule sous- 
jacent. Je n'y ai pas vu de perforation, ni d'écoulement au 
dehors du liquide sécrété. Le nodule n'est pas non plus bordé 
de cellules à mâcles cristallines, comme dans les deux espèces 
précédentes. 

Si l'on considère maintenant les six autres espèces de 


(4) Dans Hooker, Flora of brit. India, 1, p. 518, 1875. 
(2) Pierre, Loc. cit., pl. 295 A, 1893. 


278 PH. VAN TIEGHEM. 


Pongèle actuellement connues, tant de l'Inde : P. de Malabar 
(P. malabaricum |A.-P. de Candolle] Pierre) et P. grand 
(P. grande [Prain] v. T.), que de Cochinchine : P. calycin 
(P. calycinum Pierre) et P. de Fauvel (P. Fauvelianum Pierre), 
d'Amboine: P. des Moluques (P. moluccanum |A. P. de 
Candolle] Pierre) et d'Australie : P. imberbiflore (P. imberbi- 
florum |Müller| Pierre), on voit que toutes ont leurs folioles 
entières tout du long et sans trace de nodules sécréteurs. 

On est done conduit à distinguer, dans le genre Pongèle, 
composé comme 1l à été dit d’abord, deux groupes d'espèces 
et à attribuer à chacun de ces deux groupes une valeur géné- 
rique. À l’un, où les folioles sont entières et sans nodules 
sécréteurs, et qui renferme la plante type de Van Rheede, on 
appliquera le nom de Pongèle (Pongelion Van Rheede), qui a la 
priorité. À l’autre, où les folioles sont dentées avec au-dessous 
de chaque dent un nodule sécréteur, et qui comprend la plante 
type de Desfontaines, on laisséra le nom d’Ailante (Aantus 
Desfontaines), que ce botaniste lui a donné. 

Au double caractère qui sert à définir ces deux genres s’en 
ajoutent plusieurs autres, tirés notamment de la structure du 
limbe des folioles, qui viennent en corroborer la séparation. 
Dans les Pongèles, en effet, l’épiderme des folioles est papilleux 
sur la face inférieure et gélifié çà et à sur la face supérieure ; 
l'écorce v offre, sur la face supérieure, deux assises palissa- 
diques et renferme beaucoup de grandes cellules hyalines 
el sécrétrices. Dans les Aïlantes, l’'épiderme des folioles n’est ni 
papilleux en bas, ni gélifié en haut; l'écorce n’y offre, sur la 
face supérieure, qu'une seule assise palissadique et se montre 
dépourvue de grandes cellules sécrétrices hyalines. En outre, 
les Aïlantes ont leurs samares tordues, au moins au sommet 
(A. glanduleux) et parfois aussi à la base (A. élevé, A. de 
Wight), tandis que, chez les Pongèles, elles demeurent planes 
tout du long. 

Sans y attacher l’importance qu’elles méritent au point de 
vue de la Classification, Pierre en 1893 (1) et M. Jadin en 1901 
ont signalé déjà plusieurs de ces différences spécifiques, notam- 
ment la gélification de l'épiderme supérieur dans le P. calycin, 


(1) Pierre, loc. cit., pl. 294, 1893. 


AILANTE ET PONGÈLE. 279 


que M. Jadin a prise à tort, ici comme dans tous les cas sem- 
blables, pour un cloisonnement tangentiel conduisant à la 
formation de ce qu'il appelle un « hypoderme » (1). 

Répandu dans l'Inde, la Cochinchine, les Moluques et 
l'Australie, le genre Pongèle ainsi limité se compose pour le 
moment de six espèces, savoir : P. de Malabar (P. malabu- 
rium |[A.-P. de Candolle| Pierre), P. grand (P. grande |Prain: 
v. T.), P. calycin (P. calycinum Pierre), P. de Fauvel (P. Fau- 
velianum Pierre), P. des Moluques (P. moluccanum |A.-P. de 
Candolle| Pierre) et P. imberbitflore (P. imberhiflorum | Müller} 
Pierre). 

D'après le nombre des carpelles libres qui entrent dans la 
constitution du pistil, ces six espèces peuvent être groupées en 
deux sections, savoir : Eupongèle (£Euwpongelion), avec un à trois 
carpelles, comprenant le P. de Malabar, le P. de Fauvel, le 
P. des Moluques, le P. imberbiflore et sans doute aussi le 
P. grand; et Pongèline (Pongelina), avec cinq carpelles, ne 
comprenant que le P. calyein. C’est le mode de sectionnement 
appliqué par Pierre à l’ensemble des espèces, comme il à été 
dit plus haut (p. 273). 

Croissant dans l'Inde, le Turkestan et la Chine, le genre 
Aiïlante ainsi compris se compose pour le moment de quatre 
espèces, savoir : À. glanduleux (A. glandulosa Desfontaines), 
A. de Vilmorin (A. Vifmoriniana Dode), A. élevé (A. ercelsa 
Roxburgh) et À. de Wight (A. Wighti v. T). 

D’après la conformation des styles, toujours ici au nombre 
de cinq, suivant qu'ils sont libres tout du long ou qu'ils sont 
rapprochés au contact en ne laissant libres que leurs extrémités 
stigmatiques, ces quatre espèces peuvent être aussi groupées 
en deux sections, savoir : Euailante (Æ£uailantus), avec styles 
unis à la base, renfermant l'A. glanduleux et l'A. de Vilmorin; 
et Aïlantine (Ai/antina), avec styles libres tout du long, ren- 
fermant l'A. élevé et l'A. de Wight. C'est le mode de section- 
nement appliqué par M. Engler à l’ensemble des espèces, 
comme on l’a vu plus haut (p. 273). La première section tord 
ses samares seulement au sommet ; la seconde les tord à la fois 
au sommet et à la base. 


(1) Jadin, loc. cit., p. 277, fig. 37, 1901. 


280 PH. VAN TIEGHEM. 


Définis et constitués de la sorte, ces deux genres voisins ont 
en commun la conformation très remarquable du fruit. Il se 
compose, comme on sait, d'autant de samares libres que le 
pistil de la fleur avait de carpelles et, dans chaque samare, 
ce qui n’a pas été suffisamment remarqué, l'insertion du style 
en dehors et de la graine en dedans est latérale, située au fond 
d'une échancrure du bord interne, vers le milieu de sa lon- 
gueur. Ainsi attachée, la graine à un albumen oléagineux et 
aleurique, avec un embryon droit, à radicule supère et cotyles 
planes, accombant et de la même nature que l’albumen. 

Ensemble, les Pongèles et les Aïlantes forment donc, dans 
la famille des Simarubacées, un petit groupe à part, les 
Ailantées. 


€ 3 UEU. 1900 


RECHERCHES ANATOMIQUES 


SUR LA 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE 


Par Fernand PELQURDE 


INTRODUCTION 


La classification des Fougères est basée principalement sur 
les divers modes d'organisation de l'appareil sporifère. Mais, les 
sporanges des Fougères sont plutôt des organes de dissémina- 
tion que des organes reproducteurs proprement dits. De plus, 
ils sont. situés, dans la très grande majorité des cas, sur des 
parties non différenciées du limbe, organe très sensible aux 
variations de milieu, et, par conséquent, à structure très va- 
riable. Les sporanges ne présentent donc pas la même fixité que 
la fleur qui, en raison de son existence éphémère, est sous- 
traite aux variations de milieu. 

Les caractères tirés de l’organisation des sores, en vue de 
la classification, n'ont donc pas une importance aussi grande 
que les caractères tirés de la fleur chez les Phanérogames. 
D'ailleurs, ces caractères ont été interprétés et coordonnés de 
manières très diverses, suivant les auteurs qui les ont étudiés, 
ainsi qu'en témoignent les divergences parfois considérables 
qui existent entre les diverses classifications établies d’après les 
sores. 

Je me suis demandé si les caractères anatomiques ne pour- 
raient pas compléter utilement les caractères tirés des sores 
et permettre d'établir la classification des Fougères sur des bases 
plus certaines. La racine, que personne n'avait songé à utiliser 
jusqu'ici, bien que des observations isolées eussent montré lim- 

ANN. SC. NAT. BOT., Je série. IV, 1S* 


2892 FERNAND PELOURDE. 


portance anatomique de cet organe, le pétiole, plus rarement la 
üige, ont fourmi les éléments de ce travail. 

Dans cette étude, il fallait se borner. La monographie d’un 
genre, séduisante dès l’abord, ne pouvait être entreprise, car, 
suivant les auteurs, les limites des genres sont extrêmement 
variables. J'ai pensé que l'étude anatomique des espèces d’une 
région déterminée pourrait fournir, pour un premier travail, 
des documents assez intéressants, et j'ai choisi la région 
francaise. 

Ce travail est donc une étude anatomique et morphologique 
des Æufilicinées qui croissent naturellement en France. A cette 
étude, j'ai joint quelques observations sur certaines espèces 
exotiques, loutes les fois qu'une comparaison m'a paru néces- 
sare. 

Les espèces que j'ai étudiées ont été récoltées, les unes dans 
la nature, les autres dans les serres du Muséum et dans celles de 
l'École supérieure de pharmacie de Paris; pour quelques-unes, 
enfin, j'ai dû me contenter d'échantillons d'herbiers. Dans tous 
les cas, j'ai contrôlé les déterminations avec le plus grand soin. 

J'ai effectué mes recherches au laboratoire de Cryptogamie 
du Muséum d'histoire naturelle de Paris, sous la direction de 
M. le professeur Mangin, à qui Je dédie ce mémoire. Je tiens, 
avant de terminer, à remercier profondément mon maitre, qui 
n'a cessé de me prodiguer ses conseils avec la plus extrême 
obligeance. 

Je dois enfin remercier également un certain nombre de 
personnes, pour les renseignements ou documents divers 
qu’elles ont bien voulu me fouruir, avec la plus grande com- 
plaisance ; en particulier MM. le D'° F. Camus, botaniste ; 
Chauveaud, chef de travaux à la Sorbonne ; Demilly, chef des 
cultures à l'École supérieure de pharmacie de Paris; Hariot, 
préparateur au Muséum ; Jeanpert, botaniste: Poisson, assistant 
au Muséum ; Souché, président de la Société botanique des 
Deux-Sèvres: etc. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 283 


HISTORIQUE 


La classification des Fougères, dont les principes fondamen- 
taux on! été posés par Linné et.Adanson, présente de nom- 
breuses variations, suivant les auteurs. Sans remonter aux 
travaux anciens, qui ne nous seraient d'aucune utilité dans 
la circonstance, nous signalerons les classifications récentes 
de Milde, Luerssen, Hooker et Baker, et Diels, auxquelles nous 
aurons occasion de nous reporter, et dont nous discuterons 
plus tard la valeur systématique, au point de vue de la caracté- 
ristique de certains genres. 


4° CrasstFICATION DE Mae (1). 


Hyménophyllacées. 
Polypodiacées. 
RIUICINÉES CR MEME Re. Cyathéacées. 
Osmundacées. 
. Ophioglossacées. 


| |. Acrostichacées. 
| : Polypodium. 
 Gymnogramme (leptophyllu, Ma- 
rantae). 
MÉBOIUDOMEES EURE MEN EL Allosorus. 
Adiantum . 
| Cheilunthes. 
\ Pteris (aquilina). 
/ a. Paleæ cystopteroideæ. 
 (Écailles à membr. toutes ( Blechnum. 
également épaissies).. { Athyrium. 
IL. Aspléniacées... 1 Paleæ clathrateæ. 


PoLYPODIACÉES. 


(Cellules périphériques | Asplenium . 
| des écailles à parois plus : Scolopendriumn. 
minces que les autres)... | Ceterach. 
! Phegopteris. 
\ Aspidium. 
| Cystopteris. 
Woodsia. 


MINE DA SDITIA CCS CR CR ur à, 


_ V. Davalliacées 


(4) Milde, Filices Europæ et Atlantidis, Asiæ minoris et Sibiriæ. Leipzig, 
1867. 


28/4 FERNAND PELOURDE. 


20 CLASSIFICATION DE LUERSSEN (1). 


1° Hétérosporées (Hydroptérides : Salviniacées et Marsiliacées). 
{ Hyménophyllacées. 

Leptosporangiées. } Polypodiacées. 
Osmundacées. 

Eusporangiées ... | Ophioglossacées. 


FILICINEES 


}?° Isosporées. 


Polypodium . 
Gymnogramme (leptophylla). 
Nothoclæna. 
_ Cryptogramme (C. crispa). 
Polypodiées........ Pro te 
| Cheilanthes. 
Pteris. 
| Pteridium. 
/ Blechnum. 
Scolopendrium. 
Athyrium. 
Asplenium. 
Ceterach. 
Phegopteris. 
\ Aspidium. 
| Cystopteris. 
Woodsia. 


POLYPODIACÉES.. ..... 


Aspléniacées . ...... 


/ 


Aspidiacées ..…...... 


Dans leur Synopsis Filicum (2). Hooker et Baker ont men- 
tionné toutes les espèces de Filicinées qui étaient alors connues. 

Dans ce travail, l’ordre des Æilicinées est subdivisé en six 
sous-ordres qui sont: les Gleichéniacées, les Polypodiacées, les 
Osmundacées, les Schizéacées, les Marattiacées et les Ophioqlos- 
sacées. 

Quant au sous-ordre des Polypodiacées, il comprend deux 
groupes, celui des /nvolucrées, dont les espèces ont leurs sores 
recouverts par un indusium, et celui des Exrinvolucrées, dont les 
espèces sont dépourvues d’indusium. 

Le groupe des /nvolucrées se subdivise en dix tribus qui sont : 
les C'yathéées, les Dichksoniées, les Hyménophyllées, les Davalliées, 
les Lyndsayées, les Piéridées, les Blechnées, les Aspléniées, les 
Scolopendriées etles Aspidiées. 

Le groupe des £rinvolucrées ne comprend que trois tribus 
qui se nomment : les Pol/ypodiées, les Grammitidées et les Acro- 
slichées. 

(4) Christian Luerssen, Die Farnpflanzen oder Gefässbundelkryptogamen, * 
Zweite Auflage : Kryptogamen-Flora, Dritter Band, Leipzig, 4889. 


(2) Hooker et Baker, Synopsis Filicum, or a Synopsis of all Known Ferns…, 
Londres, 1883. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 285 


Dans l'ouvrage d'Engler et Prantl, intitulé Die natürlichen 
Pflansenfamilien (1), la partie consacrée aux Ptéridophytes à 
été traitée par plusieurs auteurs; l'introduction et les pages 
concernant la famille des Æyménophyllacées ont été écrites par 
Sadebeck, et c’est Diels qui s’est occupé du reste des Zufilicinées. 

Quoi qu'il en soit, dans ce travail, l'ensemble des Ptérido- 
phytes comprend quatre classes : les Filicales, les Sphénophyl- 
lales, les Equisétales et les Lycopodiales. 

La classe des Fiicales se subdivise en trois groupes qui sont: 
les Filicales leptosporangiées, les Marattiales etles Ophioglossales, 
et dont le premier se divise à son tour en deux sous-groupes, 
celui des Zujilicinées et celui des Hydroptéridées. Les Eufilicinées 
comprennent huit familles : les Æyménophyllacées, les Cya- 
(héacées, les Polypodiacées, les Parkériacées, les Matomiarées, les 
Gleichéniarées, les Schizéacées, et les Osmundarées. 

La famille des Polypodiacées comprend enfin neuf tribus : les 
Woodsiées, les Aspidiées, les Oléandrées, les Davalliées, les 
Aspléniées, les Ptéridées, les Vittariées, les Polypodiées, et les 
Acrostichées. 

Les espèces que j'ai étudiées appartiennent aux tribus des 
Woodsiées, des Aspidiées, des Aspléniées, des Ptéridées, et des 
Polypodiées, sauf l'Osnunda regalis, qui se range dans la 
famille des Osmundacées. 

Il importe enfin de ne pas passer sous silence l'/nder Filicun 
de Christensen (2), qui est une liste de toutes les Fougères 
connues actuellement, mais dont la publication n’est pas encore 
achevée. 

Dans mon exposition, je suivrai le même ordre que Diels à 
suivi dans sa classification; en outre, pour les subdivisions des 
genres, je ferai des emprunts à la classification de Hooker et 
Baker. 

C'est Presl qui, un des premiers, a mis l'anatomie au service, 
dela classification. I a dit, dans son T'entumen Pteridographiæ (3): 

«Les vaisseaux fournissent des caractères distinctifs d'une 


(1) Engler und Prantl, Die natürlichen Pflanzenfamilien, nebst ihren Gattungen 
und wichtigeren Arten, etc., Pteridophyten. Leipzig, 1902. 

(2) Carl Christensen, Index Filicum. Chrisliania, 1906. 

(3) Presl, Tentamen Pteridographiæ. Prague, 1836. 


286 FERNAND PELOURDE. 


telle importance, que leur présence ou leur absence donnent 
une division primordiale des végétaux, que leur disposition 
suffit à l’établissement des grandes divisions des plantes vascu- 
laires, et qu'enfin leur distribution dans la tige et les feuilles, 
dont ils constituent les nervures, permet de distinguer facile- 
ment les Monocotylédones des Dicotylédones. » 

Dans un autre ouvrage, paru ultérieurement (1), il a décrit 
de nombreuses coupes transversales prises dans des pétioles 
de Fougères; mais trois seulement des espèces qu'il a consi- 
dérées sont françaises; ce sont : l'Osmunda regalis, et deux 
Ophioglossacées, le Botrychium  Lunaria et l'Oplioglossum 
vulgatum. 

Cet auteur à conclu de ses recherches qu'il n’était pas pos- 
sible d'établir une classification fondée uniquement sur les 
différences de forme des faisceaux pétiolaires. 

Duval-Jouve à apporté un complément à l'œuvre de Pres, 
en s'occupant spécialement des Fougères indigènes, toujours 
au point de vue du nombre et de la forme des faisceaux du 
pétiole (2). 

Plus tard, Thomæ a décrit avec beaucoup de détails la struc- 
Lure du pétiole chez un assez grand nombre d'espèces de Fou- 
gères (3). Il a ramené cette structure à une certaine quantité de 
types, qu'il a désignés par destermes comme ceux-ci : Asplenieen, 
Aspidieen, Cyatheaceentypus. W à conclu, comme Presl, que les 
caractères anatomiques ne suffisaient pas pour établir une 
classification. 

Deux années après le travail de Thomæ, M. Colomb s'est 
proposé de classer les Fougères de France, à l’aide de caractères 
morphologiques combinés avec les caractères anatomiques du 
pétiole (4). Il à distingué chez les Fougères françaises cinq 
types de structure : les types Aspidium, Polypodium, Scolopen- 
drium, Pleris et Osmunda. En outre, il a séparé avec raison 
les Polypodium calcareum, Dryopteris el Phegopteris du P. vul- 


ie Gefüssbiündel im Stipes der Farne. Prague, 1847. 


D 
Duval-jouve, Etudes sur le pétiole des Fougères. Haguenau, 1856-1861. 
1 


(1 
(2 
(3) Thomæ, Die Blattstiele der Farne (Jahrb. f. wissensch. Bot., & XVIX, 
86 


( 
1 


18 
Colomb, Essai d'une classification des Fougères de France basée sur leur 
anatomique et morphologique (Bull. Soc. bot. France, 1888). 


) 
) 
) 
} 
) 
e 


4 
étud 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 287 


gare ; et, de même, il a séparé les Polystichum Thelypterrs 
et Oreopteris des autres Aspidiées françaises. 

Depuis, M. Parmentier à fait une étude comparative bien 
plus étendue sur la structure de la feuille, et principalement 
du pétiole, chez un grand nombre d'Eufilicinées (1). Dans un 
chapitre spécial, 1la décrit la structure du pétiole, uniquement 
chez les Fougères françaises. En outre, il a cherché à distinguer 
certaines espèces indigènes à l’aide de caractères tirés de la 
structure du limbe, tels que le nombre des assises du méso- 
phylle, par exemple. 

D'ailleurs, plusieurs auteurs ont prétendu trouver dans 
l’organisation du limbe des caractères constants et capables de 
servir pour la classification. C’est ainsi que Peterson, dans ses 
Recherches sur la feuille des Fougères indigènes (2), a rangé les 
espèces qu'il a étudiées dans quatre groupes, caractérisés ainsi 
qu'il suit: dans l’un, les prolongements des cellules du méso- 
phylle sont tous dirigés parallèlement à la surface du limbe : 
dans un autre, certains de ces prolongements sont encore paral- 
lèles à la surface du limbe, tandis que d’autres sont dirigés 
perpendiculairement à cette surface ; dans un troisième groupe, 
il existe un tissu palissadique dont les cellules émettent des 
prolongements (Armpalissadengewebe) ; dans un quatrième 
enfin, il existe un vrai tissu palissadique. 

Dans un travail plus récent (3), Mary Elgin Gloss à étudié la 
structure du limbe chez un certain nombre d'espèces de 
Fougères. Cet auteur considère les caractères suivants comme 
constants : le nombre des assises du mésophylle et du tissu 
palissadique ; la présence ou l’absence de tissu palissadique ; 
la présence ou l'absence de chloroleucites dans les cellules 
épidermiques du limbe ; etc. 

Il existe encore des travaux d'une portée moins générale, 
dans lesquels les données de lanatomie sont utilisées, 
soit pour caractériser une espèce en particulier, soit 

(1) Parmentier, Recherches sur la structure de la feuille des Fougères et sur leur 
classification (Ann. Se nat: Bot., 8e série, €. IX, 1899). 

(2) Peterson, Undersüchning af die Inhemska ormbunkurnes Bludbyggnau. 
Diss., Lund, 1889. 


(3) Mary Elgin Gloss, Mesophyll of Ferns (Bull. of the Torr. Bot. Club, 
vol. XXIV, 1897, New-York). 


288 FERNAND PELOURDE. 


pour distinguer plusieurs espèces les unes des autres. 

On peut citer, par exemple, le travail de Farmer, sur le 
Polypodium Schneider: (1) ; le mémoire de Hofmann, sur le 
Scolopendrium hybridum (2), qui est un hybride entre le $. offi- 
cinarum et le Ceterach officinarum; et encore la note de M. Par- 
mentier, sur le Cystopteris Blindi (3). 

On doit mentionner également la communication dans la- 
quelle MM. Lachmann et Vidal distinguent l'Aspidium Lonchaitis 
de l'A. aculeatum (4), principalement d’après le nombre de 
faisceaux que chacune de ces espèces reçoit dans son pétiole. 

Ainsi, les auteurs qui ont utilisé les caractères anatomiques 
pour la classification des Fougères ne se sont adressés qu'à la 
feuille, et principalement au pétiole. Contrairement à eux, Je 
me suis adressé à tous les organes végélatifs, que je vais passer 
successivement en revue : dans une première partie, je m oc- 
cuperai de la racine et du pétiole ; dans une deuxième, je m'oc- 
cuperai du limbe; etenfin, dansune troisième, je parlerai de la 
tige. 

(4) Farmer, On (he structure of à hybrid Fern (Polyp. Schneideri — Polyp. 
aureum xX Polyp. vulyare, var. elegantissimurn) (Ann. of Bot., t. XI, 1897). 

(2) Hofmann, Untersuchunyen über Scolopendrium hybridum Milde (Oester, 
Bot. Zeitsch., t. XLIX, 1899). 

(3) Parmentier, Une nouvelle Fougère hybride : Cystopteris Blindi Parm. — 
Cyst. Jragilis Bernh. X Asplenium Trichomanes L. (Bull. Ac. int. Géog. bot., 
t. VIIL, n° 123, 1900, p. 40-42). 

(4) Lachmann et Vidal, Sur la valeur systématique des caractères distinctifs des 
Polystichum aculeatum et Lonchitis (Bull. Soc. hot. France, t. LITE, 1906). 


PREMIÈRE PARTIE 


LA RACINE ET LE PÉTIOLE 


TRIBU DES ASPLÉNIÉES 


Je vais donc, en premier lieu, m'occuper de la racine et du 
pébiole, et Les étudier d’abord, par exemple, dans la tribu des 
Aspléniées, telle que la comprend Diels (1). 

Ce dernier la subdivise en deux sous-tribus : les Aspléninées, 
dont les sores sont fixés sur les nervures latérales, etles Plech- 
ninées, chez lesquelles les sores sont fixés sur des anastomoses 
des nervures latérales, parallèles à la nervure médiane. 


Sous-tribu des Aspléninées. 


Dans la sous-tribu des Aspléninées, que je vais d’abord con- 
sidérer, Diels établit deux sections : l’une, qui comprend notam- 
ment les genres Asplenium, Ceterach, Scolopendrium, est carac- 
térisée par des écailles à fortes cellules et par la présence, dans 
le pétiole, d’un ou de deux faisceaux; quand le pétiole a deux 
faisceaux, ces derniers se réunissent à une certaine hauteur en 
un seul qui présente à sa surface trois ou quatre angles. Dans 
l’autre section, où se place le genre Athyrium, les écailles 
ont des cellules beaucoup plus délicates que dans la première 
section, et il ÿ a toujours dans le pétiole deux faisceaux qui se 
réunissent en un seul, affectant la forme d’un demi-cylindre. 

Je vais passer successivement en revue ces quatre genres. 

Asplenium. — Dans le genre Asplenium, créé par Linné, il 
n y à qu'un sore sur la même nervure, et l’indusium s'ouvre du 
côté interne, c'est-à-dire du côté opposé à la nervure. 


(1) Diels, Cyatheaceen-Osmundaceen, in Engler und Prantl, lc. cit. 
ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. IV, 19 


290 FERNAND PELOURDE. 


J'ai examiné treize espèces appartenant à ce genre, dont 

toutes les espèces françaises, qui sont au nombre de dix. Hooker 
et Baker (1) placent ces dernières dans leur section Euas- 
plernium, elles ordonnent de la façon suivante: dans un pre- 
mier groupe, à frondes une fois pennées, ils placent d’un 
côté l'A. vide Huds., à cause de son rachis vert ; d’un autre 
côté, les À. Trichomanes L. et Petrarchæ D.C., à cause de 
leur rachis brun ; en outre, l'A. septentrionale Sw., à cause 
de ses pennes allongées et très étroites ; et enfin l'A. marinumL., 
à pennes coriaces et à nervures relativement obscures. Dans un 
deuxième groupe, à frondes pennées de deux à quatre fois, 
Hooker et Baker placent d’un côté les À. germanicum Weiss, 
Ruta muraria L. et Adiantum nigrum L., à cause de leur ner- 
vation subflabellée ; et, d'un autre côté, les A. fontanum 
Bernh. et lanceolatuin Huds., à cause de leur nervation pennée 

On peut résumer ce qui précède dans le tableau suivant: 


19 Asplenium viride. 


\ Le — Trichomanes. 
A ‘ — Petrarchæ. 
| 3° — septentrionale. 
oo — marinum. 
} eSoNaers, germanicum. 
\ 10 —- Ruta muraria. 
B ( — Adiantum nigrum. 
| Ja a fontanum. 
NAAEE — lanceolatum . 


Hooker et Baker placent en outre les trois espèces exoti- 
ques que j'ai également étudiées dans deux autres sections, 
savoir : les A. dimorphum Wze et Belangeri Kze, dans leur 
section Darea Juss., à cause des divisions ultimes de leurs 
frondes, qui sont allongées et très étroites, et PA. Nidus L. 
dans leur section T'hamnopteris Presl, à cause de ses nervures 
reliées entre elles à leurs extrémités par une ligne transversale 
intramarginale. 

Je vais essayer d'analyser les relations qui existent entre ces 
diverses espèces au point de vue de la structure de leur racine 
et de leur pétiole. 

Si l’on examine la racine de l'A. lanceolatum, par exemple 


Hooker et Baker, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 291 


(fig. 1), on remarque que son cylindre central est entouré, en 
dehors de l'endoderme, par trois ou quatre assises de cellules, 
sclérifiées d’une façon tout à fait spéciale; elles le sont, en 
effet, principalement du côté 
interne, moins suivant leurs parois 
radiales, et à peine du côté ex- 
terne. On y distingue très nette- 
ment les zones successives d’'é- 
paississements, et leur lumière, 
extrêmement réduite, est rejetée 
du côté externe. 

Celte variété de selérenchyme 2 
a déjà été observée par RussoW,  Zanceolatum : cellules scléreuses à 
chez F'Asplenium marinum (1), et A en 
par M. Van Tieghem, chez le Sco- sale). 
lopendrium oficinarum (2). 

L'épaisseur de l'anneau scléreux en question est plusou moins 
grande, suivant les espèces auxquelles on a affaire ; ainsi, landis 
qu'elle comprend seulement une ou deux assises de cellules chez 
les Asplenium Ruta muraria et Trichomanes, par exemple, elle 
en comprend jusqu'à huit ou dix chez l'Asplenium marinum. 
Quoi qu’il en soit, cette sorte de sclérenchyme existe dans 
la racine de tous les Asplenium que j'ai examinés. On verra 
plus loin qu’elle se rencontre également dans les genres Ceterach 
et Srolopendrium. 

Dans la structure du pétiole des Asplenium, on constate un 
polymorphisme bien plus accentué que dans celle de leur racine. 
Toutefois, en règle générale, le faisceau qui, dans le pétiole 
des Asplenium, résulte de la fusion des deux faisceaux initiaux 
(ou bien le faisceau unique, s’iln'y en a qu'un à l'origine), a 
toujours sa partie ligneuse en forme d’X. Cette forme a déjà 
été signalée par Russow (3) dans les genres Asplenium et Scolo- 
pendrium. Elle est particulièrement nette chez PA. Adiantum 
rigrumn, par exemple. 


(1) Russow, Vergleichende Untersuchungen.. (Mém. Acad. St-Pétersbourg, 
t. XIX, 7° série, 1872). 

(2) Van Tieghem, Recherches sur la symétrie de structure des plantes vascu- 
laires : Mémoire sur la racine (Ann. Sc. nat., Bot., t. XIII, 5e série, 1870-1871). 

(3) Russow, loc. cit. 


292 FERNAND PELOURDE. 


Dans cette espèce, le pétiole est entouré par une gaine sclé- 
reuse, à membranes très épaissies, et qui débute dès la surface. 
En outre, chacun de ses deux faisceaux possède un arc vas- 
culaire, dont la concavité est tournée du côté extérieur, et dont 
les extrémités sont un peu recourbées du côté interne, surtout 
les inférieures. 

Lorsque ces faisceaux sont réunis (fig. 2), dans la partie 
supérieure du pétiole, la section du faisceau résultant affecte 
sensiblement la forme d’un trapèze, dont la plus grande base 
est tournée du côté supérieur; quant au bois, il a encore ses 
quatre extrémités un peu recourbées vers l’intérieur. De plus, 


Fig. 2. — Faisceau de la partie Fig. 3. — Faisceau de la partie supérieure du 
supérieure du pétiole de lAs- pétiole de l’Asplenium Trichomanes : à gau- 
plenium Adiantum nigrum, avec che, avant la réunion des deux parties 
la partie ligneuse en forme d’X ligneuses; — à droite, après cette réunion. 


(coupe transversale). 


ses deux branches inférieures sont plus courtes que les deux 
supérieures, car les deux arcs vasculaires initiaux, pour se 
réunir, prennent contact plus près de leur extrémité inférieure 
que de leur extrémité supérieure. 

On rencontre une structure analogue chez les À. fontanum, 
viride, marinum et lanceolatum ; toutefois, dans ces deux der- 
nières espèces, les extrémités supérieures de l’X vasculaire ne 
se recourbent pas vers l’intérieur. 

Chez les autres Asplenium français, les deux branches infé- 
rieures de cet X sont presque nulles, et réduites à quelques 
rares pelits vaisseaux. 

Prenons pour exemple A. Trichomanes (fig. 3). Dans cette 
espèce, le pétiole ne possède qu'un faisceau à sa base; toutefois, 
les deux arcs ligneux de ce faisceau sont distincts jusqu'à une 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 293 


certaine hauteur. Ils sont courts et épais, et leurs extrémités ne 
se recourbent pas vers l’intérieur ; en outre, leurs deux moitiés 
inférieures sont parallèles, si bien que, quand ils s'unissent, ces 
deux moiliés coïncident suivant {oute leur longueur, et VX 
obtenu à ainsi ses branches inférieures à peu près nulles : on a 
donc plutôt la forme d’un T. Le pétiole de l'A. Petrarchæ 
est constitué de la même facon. 

Le pétiole des A. Ruta muraria, septentrionale et germanicum 
possède un appareil conducteur semblable à celui que l’on 
trouve chez les deux Asp/enium précédents. Mais il existe entre 
les deux séries d’Asplenium que je viens de mentionner des 
différences dans la structure de l'écorce du pétiole. Chezl A. Ruta 
muraria, par exemple, cette écorce est dépourvue de gaine 
scléreuse ; l’épiderme et une ou deux 
assises sous-jacentes ont seulement | | 
leurs membranes un peu épaissies, É nÉ 
relativement à celles des autres 
cellules (fig. 4). C'est grâce à cela 
que, dans cette espèce, Le pétiole à 
une texture herbacée et est très 
flexible. Les cellules qui constituent 
ces deux ou trois assises à parois 
épaissies ont une section polygonale 
et s'appliquent étroitement les unes 
contre les autres. Celles du reste de Fig, 4 — Écorce du pétiole de 
l'écorce sont arrondies et émettent A ce tie Aion 
des bourgeonnements qui délimitent 
d'assez grandes lacunes; cela rappelle assez la structure d’un 
mésophylle. Enfin, autour de l'endoderme, il n'y à qu’une 
assise de cellules à contour polygonal. Le tissu lacuneux atteint 
par endroits la surface du pétiole, et, à ces endroits, on ren- 
contre des stomates. 


Chez VA. septentrionale, 1l existe encore un tissu cortical très 
spongieux ; mais, comme l’a constaté M. Parmentier (1), à la 
base du pétiole, l’'épiderme et une ou plusieurs assises sous- 
jacentes sont sclérifiés, et leurs membranes sont même très 


(1) Parmentier, loc. cit., p. 350. 


294 FERNAND PELOURDE. 


épaissies. À un niveau assez peu élevé, ces assises ne sont 
plus sclérifiées, et l’on à à peu près le même aspect que chez 
l'A. Ruta muraria. Aussi, le pétiole de l’A. septentrionale est-il 
encore flexible. 

Enfin, chez l'A. germanicum, dont l'aspect général rappelle 
fort celui de l'A. septentrionale, la partie interne du tissu cortical 
du pétiole présente encore de grandes lacunes; mais, à sa base, 
le pétiole est entouré par une gaine scléreuse continue et assez 
épaisse, rappelant celle qui existe chez l'A. Trichomanes. Plus 
haut, cette gaine diminue d'épaisseur, ainsi que les parois de 
ses éléments, et elle devient discontinue. 

L'A. germanicum, que l’on a considéré, à cause de ses 
caractères morphologiques, comme un hybride entre les 
A. Trichomanes et seplentrionale, présente donc, effectivement, 
dans l’organisation de son pétiole, un mélange de caractères 
appartenant à ces deux dernières espèces. 

Ainsi, en se basant sur la structure de leur pétiole, on doit 
grouper les Asplenium précédents ainsi qu’il suit : d’abord, les 
A. viride, Adiantum nigrum, fontanum, marinum, lanceolatum, 
ces deux derniers se distinguant des trois premiers, parce que 
les branches inférieures de VX vasculaire n’y sont pas recour- 
bées vers l’intérieur ; puis, les À. Trichomanes et Petrarchæ ; 
ensuite les À. Auta muraria el septentrionale, ce dernier se 
distinguant de VA. Ruta muraria par la présence d’une gaine 
scléreuse autourde la base de son pétiole ; enfin, VA. germanicum, 
qui occupe une position intermédiaire entre ces deux derniers 
groupes. On peut résumer ces conclusions à l’aide des deux 
tableaux suivants, qui permettent de comprendre rapidement : 
à droite, les rapports systématiques qui existent entre les Asple- 
num en question, d’après la classification de Hooker et Baker ; 
à gauche, ceux que révèle l'examen anatomique du pétiole : 


A. viride. A. viride. 

A. Adiantum nigrum. A. Trichomanes. 

À. fontanum. A. Petrarchæ. 

A. marinum. A. septentrionule. 

A. lanceolatum. A. marinum. 

A. Trichomanes. A. germanicum. 

A. Petrarchæ. ; A. Rula muraria. 

A. germanicum. A. Adiantum nigrum. 
A. septentrionale. \ À. fontanum. 

A. Ruta mururia. | A. lanceolatum. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 295 


IL importe donc de modifier la classification de Hooker et 
Baker de la façon suivante : 1° en rapprochant l'A. viride et 
l'A. marinum des À. fontanum et lanceolatum ; 2° en séparant 
l'A. Adiantum nigrum des A. Ruta muraria el jermanicum. pour 
le rapprocher des À. ride et fontanum ; 3° enfin, en rappro- 
chant l'A. septentrionale des A. Ruta muraria el germanicum. 

Si nous considérons maintenant le pétiole des A. dimorphum 
et Pelangeri, nous y trouvons une zone scléreuse intracorticale, 
comme Thomæensignale une chezles A. Nidusetdimorplhum (1). 
Cette zone a des membranes très épaissies. À son intérieur, 
il existe un parenchyme à parois minces, dont les éléments 
sont arrondis et séparés les uns des autres par de grands méats ; 
à son extérieur, elle est séparée de l'épiderme par des cellules 
polygonales, à parois épaissies. Les deux arcs vasculaires de la 
base du pétiole sont allongés et très étroits ; à un certain niveau, 
ils se réunissent de façon à figurer, sur une coupe transversale, 
un X à branches inférieures bien développées, mais, comme chez 
les autres Asplenium, plus courtes que les branches supérieures. 

Ces dernières sont étalées sur une même ligne droite, 
perpendiculaire à la ligne de contact des deux arcs vasculaires 
initiaux ; autrement dit, elles sont presque dans le prolonge- 


Fig. 5. — Faisceau du pétiole de Fig. 6. — Faisceau du pétiole de lAsplenium 
l’Asplenium Belangeri, après la dimorphum, après la réunion des deux par- 
réunion des deux parties li- ties ligneuses (coupe transversale). 


gneuses (coupe transversale). 


ment l’une de l’autre. Leurs extrémités sont un peu recourbées 
vers l’intérieur chez l'A. Belangeri (fig. 5), contrairement à ce qui 
a lieu chez l'A. dimorphum (fig. 6). 

(1) Thomæ, Die Bluttstiele der Farne (Jahrb. f. wissensch. Bot.,t. XVII, 1886). 


296 FERNAND PELOURDE. 


Autour des faisceaux pétiolaires de l'A. dimorphum, 1 y a 
une assise de cellules qui sont sclérifiées principalement suivant 
leurs parois radiales et suivant leurs parois externes (1). 

C’est là une « Stützscheide », au sens que Russow donne à 
ce terme. Cette formalion manque chez l'A. Belangeri. Chez ce 
dernier, Pintervalle compris entre les deux faisceaux initiaux 
est occupé par un amas de sclérenchyme, dans lequel les mem- 
branes sont très épaissies, et les lumières, généralement excen- 
triques. Ce pilier scléreux émet un prolongement dans sa partie 
supérieure, et, après la réunion des deux faisceaux, c’est effec- 
tivement du côté supérieur du nouveau faisceau obtenu qu'il 
se trouve. Il est alors bien moins important qu'au début, et dis- 
paraît rapidement. 

Ainsi, les À. dimorplium et Belangeri se distinguent aisément 
des Asplenium dont j'ai parlé précédemment, principalement 
par leur gaine scléreuse intracorticale, et cela concorde avec 
la classification de Hooker et Baker, qui ont placé ces deux 
espèces dans une section autre que celle des Euasplenium. 

On trouve encore une gaine scléreuse intracorticale dans le 
pétiole de PA. Nidus. Ce pétiole a une forme particulière : sa 
section, en effet, figure un triangle, avec une base légèrement 
convexe, tournée du côté supérieur. Du côté inférieur, ce 
triangle émet un prolongement demi-cylindrique. 

De plus, dans ce pétiole, la cuticule à une grande épaisseur, 
qui équivaut presque à la moitié de celle des cellules épi- 
dermiques sous-jacentes. En dedans de la gaine scléreuse, on 
trouve plusieurs assises de cellules ayant un contour polygo- 
nal, et dont les parois sont plus épaisses que celles des cellules 
plus internes, qui ont un contour arrondi. 

Les deux ares ligneux des faisceaux sont très allongés et 
recourbés à angle droit en un certain point; c’est en ce point que 
se fait l'union des deux arcs ligneux, grâce à un pont transver- 
sal très court, correspondant à ce que les Allemands appellent 
une « Querband ». Les branches de l’X ainsi obtenu ne sont pas 
recourbées vers l’intérieur à leurs extrémités. Le faisceau dans 
lequel est contenu cet X possède, autourde son endoderme, une 


(1) Thomæ, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 297 


assise de cellules, dont les parois sont un peu plus épaisstes que 
celles des cellules environnantes. De plus, à ses quatre angles, 
on trouve un amas de cellules à parois sclérifiées suivant une 
très grande épaisseur; cet amas est mince et concave extérieu- 


0,1 04 0$ 04 


Fig.. 7. — Faisceau de la partie supérieure du pétiole de l'Asplenium Nidus, 
avec les quatre piliers scléreux qui l'accompagnent. 


rement (fig. 7). Comme on le verra plus loin, ce caractère 
rapproche l'A. Nidus des espèces du genre Scolopendrium. 

En raison de sa structure, VA. Nidus doit done occuper, dans 
la classification, une place différente de celles qu'occupent les 
autres Asplenium que je viens d'examiner. 

Ceterach. — Considérons maintenant le genre Ceterach. 

Dans les espèces de ce genre, quia été créé par Willdenow, 
les nervures sont anastomosées vers leurs extrémités, et la face 
inférieure du limbe est recouverte par des écailles; en outre, 
les sores sont situés comme chez les Asplenium, mais l'indu- 
sium est rudimentaire. 

Le genre Ceterach, qui est très restreint, est admis par 
plusieurs auteurs, notamment par Milde {1}, Luerssen (2) et 
Christensen (3); ce dernier y reconnait quatre espèces. Quant 
à Hooker et Baker, ils placent une partie de ces espèces dans 
le genre Gymnogramme, elles autres, notamment le Ceterach 
officinarum Wild. (= Asplenium Ceterach L.), dans la section 
Hemidictyum Pres! du genre Asplenium. 

Le C. officinarum, dont je vais éludier la structure, est le 
seul Cetlerach français. 

(4) Milde, Loc. cit. 


1 
(2) Luerssen, loc. cit. 
(3) Carl Christensen, loc. cit. 


298 FERNAND PELOURDE. 


Dans sa racine, on trouve, autour de l’endoderme, une gaine | 
scléreuse semblable à celle qui existe chez les Asplenum. | 

Dans son pétiole, il possède, immédiatement au-dessous de | 
l'épiderme, plusieurs assises de cellules à parois un peu | 
épaissies. Quant aux faisceaux, M. Lachmann, en parlant de leur | 
insertion sur ceux du rhizome, dit qu’ ee no ÉNÉTA- 
lement distincts à la base (1). A la partie inférieure du pétiole, 
en effel, on trouve, sur une coupe transversale, un faisceau 
unique, qui ne possède même qu’un seul amas de vaisseaux; 
cela n'existe que suivant un espace très court, durant lequel 
le pétiole est, d’ailleurs, plus étroit que dans le reste de son 
étendue. Puis, le bois se sépare en deux parties, ainsi que le 
faisceau ; entre les deux nouveaux faisceaux obtenus, il s'insinue 
un amas de sclérenchyme qui existait à la partiesupérieure du 
faisceau primitif. Il existe également, à la base du pétiole, 
deux autres amas scléreux qui sont situés sur les faces latérales 
de ce faisceau primitif, et qui conservent la même position, 
après la division de ce dernier. L’amas scléreux central se 
partage bientôt en deux parties, et chaque faisceau est alors 
accompagné par deux piliers scléreux (2), répondant à ce que 
Russow a appelé des Stützhbündel. Celui de ces piliers qui est 
situé du côté interne de chaque faisceau est le plus développé; 
il s'avance beaucoup plus du côté supérieur que du côté imfé- 
rieur, et cela se comprend, puisqu'il provient de la division de 
l'amas scléreux qui existait primitivement au côté supérieur du 
faisceau initial. Les membranes de ces piliers scléreux sont très 
épaissies, et les lumières des cellules y sont excentriques, comme 
dans l'écorce interne de la racine. 

Dans la partie supérieure du pétiole, les deux faisceaux se 
réunissent à nouveau, ainsi que les deux piliers scléreux internes 
qui sont alors confondus en un seul, situé du côté supérieur du 
faisceau résultant, et subsistant même après la disparition des 
deux piliers Bicraite 

Quant au bois du faisceau ainsi ji obtenu, il affecte une forme 


(1) Lachmann, Contribution à l'histoire naturelle de la racine des Fougères, 
légende de la figure 17 de la planche IL (Ann. Soc. bot. Lyon, t. XVI, 
1889). 

(2) Duval-Jouve, Études sur le pétiole des Fougères. Haguenau, 1856-1861. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 299 


de T, commechezles Asplenium Trichomanes et Ruta muraria, 
par exemple. 

Ainsi, si l’on fait abstraction des piliers seléreux de son pétiole, 
on peut dire que le Ceterach officinarum à une structure 
rappelant tout à fait celle des Asplenium. 

D'ailleurs, il existe des formations analogues à ces amas de 
sclérenchyme chez divers Asplenium. Chez l'A. viride, en effet, 
on remarque, à la base du pétiole, et du côté interne de chaque 
faisceau, un pilier scléreux peu épais; chez VA. fontanum, 1v 
en à également un du côté externe de chaque faisceau. Enfin, 
Russow a signalé la même chose à la base du pétiole, chez 
l'A. Ruta muraria (1). C'est dire qu'il existe des termes de 
passage entre les Asplenium dépourvus de piliers scléreux et 
le Ceterach officinarum, qui en possède. 

Scolopendrium. — Dans la sous-tribu des Aspléninées, 11 me 
reste encore à examiner les genres Scolopendrium et Athyrium. 
Le genre Scolopendrium, créé par Smith, est caractérisé par le 
fait que les sores y sont fixés par paires, sur deux nervures suc- 
cessives; les deux indusium, dans chaque paire de sores, se 
recouvrent au début, puis s'ouvrent en regard l’un de l’autre, 
à la maturité. C'est comme si l’on rapprochait deux sores 
d'Asplenium, de façon que les bords libres de leurs indusia 
soient tournés l’un vers l’autre. 

Le genre Scolopendrium, confondu par Linné avec le genre 
Asplenium, est généralement admis aujourd’hui, et placé auprès 
des genres Asplenium et Ceterach, par Milde et Diels, par 
exemple. Toutefois, dans la classification de Hooker et Baker, 
il constitue à lui seul une tribu, dite des Scolopendriées, et équi- 
valente à celle des Aspléniées. Hooker et Baker signalent neuf 
espèces de Scolopendrium, qu'ils placent dans quatre sections 
différentes. 

Les deux seules espèces qui vivent en France (S. 0/fficinarum 
Sw. et S. Hemionitis Cav.) appartiennent à la section £wsco- 
lopendrium. Je vais les passer successivement en revue, au 
point de vue anatomique. 

Toutes les deux ont une racine constituée comme celle des 
Asplenium. En outre, le $S. officinarum possède dans son pé- 


(4) Russow, loc. cit. 


300 FERNAND PELOURDE. 


tiole une gaine scléreuse intracorticale, comme les Asplenium 
Nidus, dimorphum et Belangeri; mais les membranes de cette 
gaine scléreuse sont moins épaisses que chez ces trois Asple- 
num. 

IL possède également deux arcs vasculaires qui ont leur 
extrémité inférieure recourbée « en crochet » du côté interne, 
selon l'expression de M. Parmentier (1). Après leur réunion, 
ils se touchent à peu près en leur milieu. L’x ainsi obtenu a ses 
branches inférieures encore recourbées du côté interne. 

Depuis Duval-Jouve, on sait que les faisceaux péliolaires de 
la Scolopendre sont accompagnés par deux piliers seléreux 
(« Stülzbündel »), comme ceux du Ceterach officinarum. Les 
membranes de ces piliers sont très épaissies et ne laissent 
subsister dans chaque cellule qu'une faible lumière centrale. 
Celui qui est situé du côté interne est plus important que 
l'autre; en outre, il ne s’avance pas plus du côté supérieur que 
du côté inférieur, contrairement à ce qui a lieu chezleCeterach 
officinarum. À mesure que les faisceaux se rapprochent, les deux 
piliers seléreux internes en font autant, et ils arrivent finale- 
ment à se toucher, puis à se confondre en un seul, qui devient 
peu à peu convexe du côté inférieur, mais demeure concave du 
côté supérieur. Puis, ce nouveau pilier s’étrangle de plus en plus 
en son milieu, dans un sens perpendiculaire aux grands axes 
des faisceaux; et après la réunion de ces derniers, il est natu- 
rellement divisé en deux masses, comprenant toutes les deux 
une partie dechacun des deux piliers primitifs. Autrement dit, 
chacun de ces deux piliers primitifs sert à former une moitié 
du pilier supérieur et une moitié du pilier inférieur du faisceau 
définiif. Quant aux piliers latéraux, ils restent intacts. 

Le S. Hemionitis diffère du S. oficinarum par les caractères 
suivants : Les deux faisceaux du pétiole sont coalescents à la 
base de ce dernier; mais leurs deux ares ligneux sont d’abord 
distincts ; de plus, la gaine scléreuse commence immédiatement 
au-dessous de lPépiderme du pétiole, comme chez le Ceterach 
officinarum (2). 


(1) Parmentier, Recherches sur la structure de la feuille des Fougères et sur 
leur classification (Ann. Sc. nat., Bot., t. IX, 8e série, 1899). 
(2) Parmentier, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 301 


Aïnsi, le genre Scolopendrium, par la structure de sa racine 
et par celle de son pétiole, rappelle les genres Asplenium et 
Ceterach. I se rapproche particulièrement de ce dernier genre 
par la présence de piliers scléreux dans son pétiole. On sait, 
d’ailleurs, qu'il existe entre le C'eterach officinarum et le Scolo- 
pendrium officinarum un hybride, qui est le Scolopendrium hybri- 
dum Milde, etqui a été l’objet d’une étude spéciale de la part de 
Hofmann (1). 

Toutefois, on ne saurait éloigner les genres Ceterach et Scolo- 
pendrium des Asplenium, à cause des piliers seléreux de leur 
pétiole, puisqu'on trouve des formations analogues chez cer- 
lains Asplenium, tels que les A. viride, fontanum, Belangeri et 
Nidus. 

D'ailleurs, plusieurs auteurs ont constaté que ces trois genres 
présentent entre eux de grandes affinités au point de vue 
morphologique ; c’est ainsi que le Ceterach officinarum à été 
appelé Asplenium Ceterach par Linné et Scolopendrium Ceterach 
par Symons, et que le Scolopendrium oflicinarum a été appelé 
Asplenium Scolopendrium par Linné. 

L'anatomie montre que ces appellations sont loin d'être 
dénuées de fondement, et, si l’on veut conserver aux trois types 
Asplenium, Ceterach, Scolopendrium, leur dignité de genres, à 
cause de leurs différences morphologiques, elle nécessite néan- 
moins de les rapprocher étroitement, puisqu'ils ont tous les 
trois un plan d'organisation absolument analogue dans leurs 
racines et dans leurs pétioles. 

La classification de Diels, par exemple, prévaut done à cet 
égard sur celle de Hooker et Baker, car, comme je l'ai dit plus 
haut, ces deux auteurs éloignent le genre Scolopendrium du 
genre Asplenium en le plaçant dans une tribu spéciale. La série 
des trois genres Asplenium, Ceterach, Scolopendrium, est done 
très homogène au point de vue anatomique. 

Athyrium. — Nous arrivons maintenant au genre Athyrium. 

Ce genre, créé par Roth, était autrefois confondu avec le 
genre Asplentuum ; d'ailleurs, Hooker et Baker en font encore 


(1) Hofmann, Untersuchungen über Scolopendrium hybridum Milde (OEster. 
Bot. Zeitsch., t. XLIX, 1899, p. 161-164 et 216-221). 


302 FERNAND PELOURDE. 


une section de ce dernier. Îl:se distingue principalement des 
Asplenium par ses écailles à cellules délicates. En France, il 
est représenté par deux espèces : l'A. Æiir-fœmina Roth 
(— Asplenium F. fæmina Bernh.) et l'A. alpestre Nylander 
(— Asplenium alpestre Mett.) qui se distinguent en ce que, dans 
la première, les sores sont arqués, ainsi que l’indusium qui les 
recouvre, tandis que, dans la seconde, ils sont arrondis et dé- 
pourvus d’indusium. 

Au point de vue anatomique, ces deux espèces se séparent 
nettement des vrais Asplenium. La racine de l'A. Filix-fœmina 
est dépourvue de gaine scléreuse ; mais les membranes de son 
écorce, quoique non sclérifiées, sont toutes assez fortement 
épaissies, sauf celles de l’épiblème, et elles le sont d'autant 
plus que les cellules auxquelles elles appartiennent sont situées 
davantage vers l'extérieur (fig. 8). 

Je n’ai rencontré une semblable structure dans aucun autre 


Fig. 8. — Écorce de la racine de l'Athyrium Fig. 9. — Un des deux faisceaux 
Filix-fœmina (coupe transversale). _ pétiolaires de l’Afhyrium Filix- 
fœmina (coupe transversale). 


groupe de Fougères. Quant au pétiole, il possède deux fais- 
ceaux, dans lesquels le bois à une forme très spéciale (fig. 9). 
Sur une coupe transversale, ce bois est très allongé; on ne trouve 
guère, dans la plus grande partie de son étendue, qu'une 
épaisseur de vaisseaux, et ces vaisseaux sont souvent discon- 
ünus. C’est dans la partie supérieure de sa région médiane qu'il 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 303 


présente son maximum de largeur. A partir de cet endroit, 
jusque tout auprès de son extrémité supérieure, il comprend 
encore plusieurs épaisseurs de vaisseaux. Il est donc plus 
large dans sa partie supérieure que dans sa partie inférieure. 

Son extrémité inférieure est recourbée en arc de cercle, et 
elle est moins allongée que son extrémité supérieure ; cette 
dernière, après s'être recourbée, est presque rectiligne, et 
parallèle à la région d’où elle est issue. Dans la partie supé- 
rieure du pétiole, les deux amas vasculaires que je viens de 
décrire entrent en contact par leurs extrémités inférieures et 
semblent réunis par une bande transversale (« Querband »). 

Quant à l'Afhyrium alpestre, je n'ai pu en examiner qu'un 
fragment de pétiole desséché. J’y ai vu deux cordons ligneux, 
semblables à ceux que l’on trouve chez l'A. Filir-fœæmina, mais 
un peu plus épais que ces derniers. 

D'après ce qui précède, il importe donc de distinguer le genre 
Athyrium du genre Asplenium. 


Sous-tribu des Blechninées. 


Je vais maintenant passer en revue quatre espèces appar- 

tenant au genre Blechnum L. qui est le type de la sous-tribu 
l 
des Plechninées. Parmi ces quatre espèces, se trouve l'unique 
Blechnum français, qui est le B. Smicant Roth (— Lomaria 
9 

Spicant Desv.) et que Diels place dans sa section Lomaria 
Wild. du genre Ælechnum. Quant aux trois autres Plechnum, 
qui sont les 8. brasiliense Desv., Lanceola Sw. et occidentale L., 
Diels les a placés dans sa section Æublechnum. 

Hooker et Baker admettent le genre Lomaria Willd., qu'ils 

5 *q 
placent dans leur tribu des Ptéridées ; ils ÿ rangent le Blechnum 
Spicant ; et ils mettent le genre Plechnum proprement dit, 
; [ 
comprenant les trois autres espèces en question, dans leur tribu 
des Blechnées. Is distinguent les Blechnum des Lomaria parce 
5 Ï 

que les sores des Plechnum sont situés à côté de la nervure 
médiane de la feuille qui les porte, tandis que ceux des Lomaria 
sont situés à une certaine distance de cette nervure médiane. 

Chez tousies Plechnum en question, la racine possède, autour 
deson endoderme,une gaine scléreuse dont touteslesmembranes 

1 


30% FERNAND PELOURDE. 


sont également épaissies. Russow avait déjà signalé ce fait chez 
le B. Spicant, (1) et M. Van Tieghem, chez le PB. occidentale(2). 

Mais ces Blechnum n'ont pas tous la même structure dans 
leur pétiole. Chez le B. Spicant, le pétiole possède deux fais- 
ceaux principaux, dont la partie ligneuse est en forme d”° « hip- 
pocampe » ; entre ces deux faisceaux, du côté inférieur, il en 
existe généralement un troisième, plus petit que les deux autres, 
et dont le bois est en forme d’arc, à convexité tournée du côté 


inférieur. C'est la seule Fougère française dans le pétiole de la- 


quelle on trouve ainsi un petit faisceau inférieur, en même 
temps que deux autres faisceaux, plusgros, avec bois en « hip- 
pocampe » (3). Cet « hippocampe » est très court et renflé dans 
sa partie centrale, où l’on trouve de grands vaisseaux, qui sont 
plus ou moins discontinus ; les vaisseaux des extrémités sont 
beaucoup moins grands que les précédents. Ces extrémités sont 
courtes; toutefois, celle qui se trouve du côté supérieur est plus 

importante que l'autre (fig. 10), 
Chez les 2. occidentale et Lanceola, on trouve encore dans le 
pétiole un petit faisceau inférieur, semblable à celui du 2. Spi- 
| | cant ; mais la forme du bois 


des deux plus gros faisceaux 


| 
n'est pas la même chez ces 
& deux espèces. 

, 


Fi. 10. — Un des deux faisceaux pétiolaires Fig, 11. — Un des deux faisceaux 
principaux du Blechnum Spicant (coupe pétiolaires principaux du Blechnum 
transversale). occidentale (coupe transversale). 


Chez le P. occidentale (Gg. 11), elle rappelle un «hippocampe » 


(1) Russow, loc. cit. 
(2) Van Tieghem, loc. cit. 
(3) Parmentier, loc. cit., p. 354. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 309 


dont l'extrémité inférieure serait nulle et la partie principale 
plus allongée que chez le PB. Spicant; en outre, dans cette 
région principale, les vaisseaux sont ordonnés suivant deux 
rangées environ, dans le sens de lépaisseur, et ils sont en plus 
grand nombre que chez le B. Spicant. Du côté inférieur, on 
remarque deux ou trois vaisseaux qui équivalent à une extrémité 
inférieure très rudimentaire. L’extrémité supérieure, au 
contraire, est bien développée. 

Chez le B. Lanceola, le bois des deux gros faisceaux ne se 
recourbe à aucune de ses extrémités et figure un eroissant, à 
éléments plus où moins discontinus dans sa partie centrale 
(fig. 12). 


Chez le PB. brasiliense, qui est une plante beaucoup plus 


Fig. 12. — Un des deux faisceaux pétio- Fig. 15. — Un des deux faisceaux pétio- 
laires principaux du Blechnum Lan- laires principaux du Blechnum brasi- 
ceola (coupe transversale). liense (coupe transversale). 


vigoureuse que les précédentes, on trouve, dans le pétiole, de 
nombreux petits faisceaux; jen ai compté sept à la base, savoir : 
un médian, qui est le plus gros et qui est SUIVI de chaque côté 
par trois autres, dont le diamètre est de moins en moins grand, 
à mesure qu'on avance du côlé supérieur. De cette façon, le 
pétiole conserve sa symétrie bilatérale. Quant aux deux gros 
faisceaux, ils ont un bois en « hippocampe » (fig. 13), dont la 
partie principale est très développée el contient de nombreux 
vaisseaux ; la section de cette partie principale affecte sensi- 
ANN. SC. NAT. BOT,, 9e série. IV, 20 


306 FERNAND PELOURDE. 


blement une forme de triangle rectangle, dont l'angle droit et 
la plus grande base sont tournés vers l’intérieur. L’extrémité 
inférieure est presque nulle, et l'extrémité supérieure est, au 
contraire, très allongée et sensiblement parallèle au contour 
intérieur de la région principale, à laquelle elle est reliée par une 
ligne de petits vaisseaux ; elle va en s’élargissant ensuite de plus 
en plus, à parür de son origine. Russow signale dans cette 
espèce une « Stützscheide » autour des faisceaux pétiolaires (1). 


=+ 


Autour des petits faisceaux, j'ai vu, en effet, une ou deux 
“angées de cellules sclérifiées, à parois très épaissies. Autour 
des gros, j'ai vu aussi par endroits de semblables éléments, mais 
jamais ces derniers n'étaient réunis en une zone continue. 

Les quatre Blechnum qui précèdent possèdent donc tous le 
même plan de structure dans leurs racines. Mais, dans leurs 
pétioles, on trouve de grandes différences dans la forme du bois 
des deux faisceaux principaux. 

Hooker et Baker ont donc eu raison de placer les 8. Lanceola, 
occidentale et brasiliense dans trois groupes différents de leur 
section Æublechnum, selon qu'ils ont des frondes entières, 


pennées ou pennatifides. Mais je ne saurais approuver ces’ 


auteurs d’avoir placé le B. Spicant dans un genre et dans une 
tribu à part, car, au point de vue anatomique, il ne diffère pas 
plus de ces trois Blechnum que ceux-ci ne diffèrent entre eux ; 
et, au point de vue de l'organisation des sores, il ne présente 
avec eux que des différences très faibles. 

Ainsi, le genre Blechnum s'éloigne au point de vue anato- 
mique, d'un côté, du genre Athyrium; de l’autre, des genres 
Asplenium, Ceterach et Scolopendrium, par l’organisation de sa 
racine comme par celle de son pétiole. Diels a donc eu raison 
de le séparer de ces quatre derniers genres. Milde l'avait déjà 
éloigné des genres Asplenwum, Ceterach, Scolopendrium, mais 
il l'avait laissé dans le même groupe que le genre Afhyrium. 

Les espèces d'Aspléniées que j'ai examinées se répartissent 
done, d’après leur structure, dans trois groupes principaux, 
comprenant, d'un côté, les genres Asplenium, Ceterach, Scolo- 
pendrium ; de l’autre, le genre Afhyrium; et enfin le genre 
Blechnum. 


(1) Russow, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 307 


TRIBU DES ASPIDIÉES 


Après cela, Je vais examiner un certain nombre d'espèces 
d'Aspidiées appartenant à la sous-tribu des Aspidinées, carac- 
térisée par la présence d’un indusium et par des nervures 
plusieurs fois dichotomes; tandis que, dans la sous-tribu des 
Diptéridinées, 11 n°v à jamais d’indusium, et les nervures ne se 
dichotomisent qu'une fois. Ces espèces d'Aspidinées, au nombre 
de douze, sont les suivantes : 


40 Aspidium coadunatum Wall. 


29° — umbrosum Sw. 

3° — Forsteri Kze et Mett. (— Aspidium latifolium J. Sm.). 
4° Nephrodium molle Desv. 

où — macrophyllum Bak. 


6° Aspidium angulare Wild. (— Polystichum angulare Babington). 
7° Aspidium Filix-Mas Sw. (= Nephrodium Filix-Mas Rich. ; = Poly- 
stichum Filix-Mas Roth). 
8° Aspidium spinulosum Sw. (— Nephrodium spinulosum Strempel ; 
— Polystichum spinulosum D. C.). 
9° Aspidium cristatum Sw. (= Nephrodium cristatum Mich. ; — Poly- 
stichum cristatum Roth). 
40° Aspidium æmulum Sw. (= Nephrodium æmulum Bak. ; — Polysti- 
chum æmulum Corbière). 
11° Aspidium rigidum Sw. (= Nephrodium rigidum Desv.; = Polysti- 
chum rigidum D. C.). 
12° Nephrodium Thelypteris Strempel (— Aspidium Thelypteris Sw.; 
— Polystichum Thelypteris Roth). 


Les sept dernières de ces espèces seulement croissent en 
France. 

La plupart des Aspidinées en question ont été placées, suivant 
les auteurs, soit dans le genre Polystichum, soit dans le genre 
Aspidium, soit dans le genre Nephrodium. Diels admet ces 
trois genres. Il caractérise les deux premiers par leur indusium 
en forme de bouclier, et il les distingue lun de l'autre en ce 
que, chez les Polystichum, le bord du limbe est souvent denté. 
et le pétiole à une texture ferme, tandis que, chez les Aspi- 
dium, le péliole à une texture herbacée. H distingue enfin le 
genre Nephrodium à cause de son indusium réniforme et de 
son pétiole ramifié une ou plusieurs fois. Hooker et Baker n’ad- 
mettent que les genres Aspidium et Nephrodiuun, et ils les dis- 
tinguent lun de l’autre en ce que, chez les Aspidium, l'indusium 
est orbiculaire et fixé par son centre, tandis que, chez les 


308 FERNAND PELOURDE. 


Nephrodium, À est réniforme et fixé par son sinus. Ils font du 
genre Polyslichum une section du genre Aspidium. Certains 
auteurs, tels que Milde et Luerssen, n’admettent même que le 
genre Aspidium, parmi les trois en question. 

Hooker et Baker placent l'Aspidium ançgulare dans la section 
Polystichum de leur genre Aspidium, et ils mettent, parmi les 
Nephrodium : 1° dans la section Lastrea Presl, caractérisée par 
des nervures toutes libres : d'abord, dans un même groupe, les 
N. Thelypteris et Filir-Mas, à cause de leurs nervures dichoto- 
mes ; dans un autre groupe, d'un côté, les N. rigidum et spinulo- 
sum, à cause de leurs frondesoblongues-lancéolées ou oblongues- 
deltoïdes ; de l’autre, le N..æmulum, à cause de ses frondes 
subdeltoïdes ; dans un troisième groupe, le AN. cristatum, à 
cause de ses pennes découpées presque jusqu’au rachis, suivant 
des lobes dentés; 2° ensuite, dans la section Æwnephrodium, le 
N. molle, à cause des petites nervures inférieures de chacun de 
ses lobes, qui s'unissent à celles qui leur sont contiguës dans les 
lobes voisins ;: 3° enfin, dans là section Sagenia Presl, le 
N. macrophyllum, à cause de ses nervures anastomosées entre 
elles, de façon à formerdes mailles très nombreuses, comprenant 
à leur intérieur d’autres nervures, qui sont libres. Cela peut se 
résumer dans le tableau suivant : 


1° | Aspidium angulare. 
Nephrodium Thelypteris. 
N. Filix-Mas. 
UN. cristatum. 
4 ( N. rigidum. 
| ÜN. spinulosum. 
CIN. æmulum. 
30 | N. molle. 
40 | N. macrophyllum. 


\ 


Diels classe ces espèces d’une façon que l'on peut expo- 
ser brièvement ainsi qu'il suit : 


1° Aspidium macrophyllum. 
29 Polystichum angulare. 
[ Furculoveniæ (Nervures la- ( 
térales fourchues). l 


N. Thelypteris. 
N. Filix-Mas. 
N. spinulosum. 
Spinulosæ (Pétiole penné \ N. cristatum. 
N. 
N. 
N\. 


æmulum. 
| Dissectæ (Pétiole ramifié ( N. parasiticum Bak. (= N. 
‘| au moins deux fois). © molle). 


3° Nephrodium. | trois ou quatre fois). rigidum. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 309 


Aucun des auteurs précédents ne signale les Aspidiunr um- 
brosum, coadunatum et Forsteri. 

Au point de vue anatomique, les Aspidinées que j'atexaminées 
se répartissent en deux catégories principales. La première est 
représentée par les Aspidium anqulare, coadunatum, Forster, 
ainsi que par les Nephrodium Filir-Mas, spinulosum, cristatum, 


ol 


macrophyllum, æmulum, rigidum, dont j'ai examiné la racine 
et le pétiole; loutefois, pour le NN. rigidum, je n'ai pu me 
procurer qu'un fragment de pétiole desséché. 

Dans toutes ces espèces, la racine possède, autour de son 
endoderme, une gaine scléreuse, dont les cellules ontleurs parois 
toutes également épaissies, comme Font remarqué M. Van 
Tieghem chez le Nephrodium Filir-Mas (1), et Rumpf chez le 
Nephrodium spinulosum (2). Cette gaine peut être plus ou 
moins épaisse ; elle comprend généralement cinq ou six assises 
de cellules, mais ce nombre peut s'élever jusqu'à neuf ou 
dix, comme, par exemple, chez l'Aspidium anqulare. Gette strue- 
ture est donc analogue à celle que l'on rencontre chez les 
Blechnum. 

Quant au pétiole, il possède deux gros faisceaux ovales, situés 
du côté supérieur, et que Thomæ (3) nomme pour cela « Obers- 
tränge » ; 1l en possède aussi un certain nombre d’autres, plus 
petits, qui sont arrondis et situés du côté inférieur, suivant 
un arc parallèle à la surface du pétiole (« Unterstränge »). 
Thomæ considère ce mode d'organisation comme caractléris- 
tique des Aspidiées, et le nomme « Aspidientypus ». Tous ces 
faisceaux sont entourés par une assise de cellules selérifiées 
uniquement suivant leur paroi interne (fig. 14). Les plus petits 
d’entre eux possèdent une partie vasculaire qui est sensible- 
ment en forme d’arc, à convexité tournée vers la surface du 
pétiole, comme chez les Ælechnum ; leur nombre est variable, 
suivant les espèces auxquelles on a affaire. Quant aux deux 
plus gros, ils ontun bois en forme de triangle ; ce triangle émet, 
à partir de sa pointe supérieure, un prolongement tourné du 

(4) Van Tieghem, loc. cit. l 

(2) Rumpf, Rhizodermis, Hypodermis und Endodermis der Farnwurzel (Biblio- 


theca Botanica, Heft 62, Bd XL, V). 
(3) Thomæ, loc. cit. 


-310 FERNAND PELOURDE. 


côté interne (1). Cette forme a été comparée à celle d’une 
corne d’abondance {« füllhornartige Gestalt ») par Russow (2), 
et à celle d’une « cornue à col mince et court » par M. Co- 
lomb (3). 

Chez les Nephrodium Filir-Mas, spinulosum, cristatum, rigi- 
dum, æmudum, et chez l'Aspidium angqulare, le prolongement 
qui part de la pointe supérieure du triangle possède des vais- 
seaux plus petits que ceux du triangle, et semblables à ceux qui 
existent dans la région d’où 1l est issu. En outre, il est court, 
mais assez épais (fig. 14). 

Chez le Nephrodium 


= rs 
î 
_ 
-Fig.14. — Un des deux faisceaux pétiolaires prin- Fig. 15. — Un des deux fais- 
cipaux de l’Aspidium crislalum (coupe trans- ceaux pétiolaires principaux 
versale). du Nephrodium macrophyl- 


lum (coupe transversale). 


macrophyllum (fig. 15), il est encore peu allongé et réduit 
à une ligne de très petits vaisseaux, à parois extrêmement 
minces ; de plus, il longe le côté interne du triangle, au 
lieu de s'en écarter, comme dans les espèces précédentes. 
Enfin, la partie triangulaire est plus importante que chez 
les Aspidinées dont j'ai parlé précédemment, et elle est aussi 
plus élargie au sommet; toutefois, sa forme générale rappelle 
encore celle d’un triangle. 


(4) Thomæ, loc. cit. 
(2) Russow, loc. cit. 
(3) Colomb, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 311 


Chez l'Aspidium Forsteri (fig. 16), elle est beaucoup plus 
réduite que chez les autres Aspidinées ; son prolongement 
est constitué par une ligne de très petits 
vaisseaux, comme chez le Nephrodium 
macrophyllum, et 11 longe encore le côté 
interne du triangle. 

Chez l'Aspidium coudunatum (fig. 17 et 
18), on n'a plus la forme d'un triangle, 
mais plutôt celle d'un rectangle assez 
allongé et moins large à sa partie infé- 
rieure qu'à sa partie supérieure, où 1l pos- 
sède un renflement du côté externe. Grâce 
à ce renflement, et au prolongement situé do Ro Us 
du côté interne, le cordon ligneux semble principaux de l’Aspi- 

“apr Jo : x SUR A Mir © dium  Forsteri (coupe 
coiffé d’un casque à sa partie supérieure.  ransyersale). 

Déjà, chez le Nephrodium macrophyl- 
lum, le sommet du triangle était plus large que chez les autres 
espèces que J'ai examinées. Si l'on suppose qu'il s’élargisse 


| Fig. 17. — Un des deux faisceaux Fig. 18. — Partie supérieure d’un des deux 

| pétiolaires principaux de l’Aspi- faisceaux pétiolaires principaux de l’Aspi- 
dium coadunalum (coupe trans- dium coadunalum (coupe transversale). 
versale). 


encore, on arrive à avoir une forme rectangulaire, comme 
dans l'espèce en question. 

Le prolongement interne, chez l'Aspidium coadunatum, s'in- 
sère à une cerlaine distance du sommet de la partie ligneuse ; 
il est constitué par une masse courte de très petits vaisseaux, 


312 FERNAND PELOURDE. 


terminée en pointe; ces vaisseaux sont semblables à ceux que 
l'on trouve chez le Nephrodium macrophyllum et chez V'Aspi- 
dium Forsteri; en outre, le prolongement ainsi décrit s’écarte 
davantage du reste du bois qu'il ne le fait chez ces deux der- 
nières espèces. 

Ainsi, chez toutes ces Aspidinées, on trouve une structure 
analogue dans la racine, et, dans le pétiole, on trouve un même 
plan d'organisation, caractérisé par ce fait que le bois des 
deux faisceaux principaux y est toujours constitué par une 
masse fondamentale, émettant à sa partie supérieure un pro- 
longement tourné du côté interne. Cela rappelle assez Île 
Blechnum brasiliense, mais le prolongement est beaucoup plus 
développé chez cette dernière espèce. D'ailleurs, M. Parmen- 
lier signale chez l'Aspidium remotum Al. Braun, à la parte 
supérieure du bois, dans les deux faisceaux pétiolaires prin- 
cipaux, un appendice très réduit, qui, s'il était bien développé, 
donnerait à l’ensemble une forme d’« hippocampe ». Comme 
je lai dit précédemment, 1l existe quelque chose d’analogue 
chez le Blechnum brasiliense. Chez l'Aspidium Forsteri, il existe 
encore, à la même place, deux ou trois petits vaisseaux, qui 
semblent avoir la même signification. Si l’on se rappelle en 
outre que la racine des Blechnum et celle des Aspidinées en 
question ont une structure analogue, on peut dire que ces deux 
groupes de Fougères ont des affinités entre eux, quoiqu'on 
puisse les distinguer aisément à l’aide de l'examen anatomique 
de leur pétiole. 

En tenant compte des faits qui précèdent, on peut classer 
cette première série d’Aspidinées de la façon suivante : 


Nephrodium Filix-Mus. 
N. spinulosum. 
N. cristatum. 
N. æmulum. 
\ N. rigidum. 
2° | N. macrophyllum. 
3° | Aspidium Forsteri. 
4° | Aspidium coadunatum. 


| Aspidium angqulare. 


1° 


Quant à la deuxième série, qui comprend les Nephrodium 
Thelypteris, molle, et V'Aspidium umbrosw, elle se distingue de 


« 


- CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. ie) 


la précédente en ce que la racine y est dépourvue de gaine selé- 
reuse, et en ce que le pétiole n’y contient que deux faisceaux, 
dont le bois est en forme d’« hippocampe ». 

Considérons d'abord le N. Thelypteris. Sa racine, comme le 
fait observer M. Van Tieghem (1), possède dans son écorce de 
larges cellules, et les deux faisceaux ligneux y sont réduits à 
quelques pelits vaisseaux, ordonnés suivant un arc, qui est 
situé au dos d’un autre vaisseau, beaucoup plus gros que les 
premiers. Ces deux gros vaisseaux ne se touchent jamais au 
centre, où1ls sont séparés l’un de l’autre par quelques cellules de 
parenchyme rappelant un tissu médullaire (fig. 19). J'ai tou- 
jours constaté aussi cette particularité. De plus, l'écorce est 


Fig. 19. — Cylindre central de la racine du Fig. 20. — Un des deux faisceaux 
Nephrodium Thelypleris (coupe transver- pétiolaires du Nephrodium Thely- 
sale). pleris (coupe transversale). 


limitée extérieurement, en dessous de lépiblème, par une ou 
deux assises de cellules plus petites que les autres, et à parois 
plus épaissies. Quant au bois des faisceaux pétolaires (fig. 20), 
il est assez court et ne comprend qu'une épaisseur de vaisseaux ; 
dans sa région médiane, toutefois, il s'adjoint du côté interne 
quelques gros vaisseaux peu nombreux. C’est, comme loujours, 
l'extrémité supérieure qui est la plus développée. Cette organi- 
sation est donc très simple. Ces faisceaux sont généralement 
entourés par une assise de cellules à parois internes sclérifiées, 


(1) Van Tieghem, loc. cit. 


314 FERNAND PELOURDE. 2 


et constituant une « Stützscheide », comme dans la série pré- 
cédente. 

Cette assise manque absolument chez le Nephrodium molle 
et chez l'Aspidium umbrosum. Dans la racine du N. molle, on 
trouve d’abord, après l'épiblème, deux ou trois assises de 
cellules à parois minces, puis deux où trois autres assises, el 
quelquefois davantage, dans lesquelles les membranes sont 
bien plus épaissies que celles du reste de l'écorce, mais non sclé- 
rifiées : en un mot, on a une zone d’épaississements 1 tracorti- 
cale (fig. 21). Quant aux faisceaux du pétiole, leur bois est plus 
allongé et plus épais que chez 
le N. Thelypteris ; (fig. 22) la 
région centrale de ce bois est 
aussi très allongée. Son extré- 


01 0% Un dk 


Fig. 21. — Écorce de la racine du Nephro- Fig. 22. — Un des deux faisceaux 
dium molle (coupe transversale). pétiolaires du Nephrodium molle 
(coupe transversale). 


mité inférieure, massive et très courte, se relie à la région cen- 
trale par une ligne de petits vaisseaux ; quant à son extrémité 
supérieure, elle est presque rectiligne, et, comme toujours, 
plus importante que l’autre extrémité ; de plus, elle se renfle 
vers le bout. 

Enfin, chez l'Aspidium umbrosum, l'écorce de la racine pos- 
sède encore une zone d’épaississements, mais cette zone, au 
lieu d’être intracorticale, est située directement au-dessous de 
l'épiblème. Elle comprend trois ou quatre assises de cellules, 
en dedans desquelles on ne rencontre que des éléments à pa- 
rois minces. Les deux amas ligneux ‘du pétiole sont encore 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 31) 


très allongés (fig. 23) ; leur partie centrale est plus renflée que 
dans l'espèce précédente, et leur extrémité inférieure est beau- 
coup plus développée. Cette extrémité se relie directement à 
la partie centrale, sans l'intermédiaire d’une ligne de petits 
vaisseaux. L’extrémité 

supérieure, qui est area) 

encore la plus impor- Les 
tante, est plus allon- 
géeique chez le NN. 
molle, et est très re- 
courbée vers l’inté- 
rieur ; de plus, elle se 
termine par un ren- 
flement. Fig. 23. — Un des deux faisceaux pétiolaires de 

Ainsi, les espèces l'Aspidium umbrosum (coupe transversale). 

d'Aspidinées que je 

viens de passer en revue se groupent en deux sections prin- 
cipales, au point de vue anatomique ; l’une de ces sections 
comprend toutes les espèces françaises en question, sauf le 
N. Thelypteris, et, en outre, le N. macrophyllum et les 
A. Forster el coadunalum ; Vautre comprend les N. Thely- 


pteris el molle, et VA. umbrosum. 


MM. Colomb et Parmentier ont fait remarquer avec raison 
que, par la forme du bois de leurs faisceaux pétiolaires, les 
N. Thelypteris et Oreopteris se distinguent des autres Aspidi- 
nées françaises, (1), et ils ont proposé de placer ces deux es- 
pèces dans un genre à part, le genre ÆHemestheum, comme 
l'avait déjà fait Newmann, à cause de leurs caractères mor- 
phologiques. Mais, ils n'ont pas recherché s'il existait des dif- 
férences de structure entre les racines du Nephrodium Thelyp- 
teris et celles des Aspidium Fulir-Mas, spinulosum, ele. ; on à vu 
précédemment, dans mon exposé, qu'il en existe de profondes. 
Leurs conclusions sont donc incomplètes, d'autant plus 
qu'ils considèrent les N. T'helypteris et Oreopteris comme des 
exceptions parmi les Aspidiées, au point de vue anatomique ; 
tandis que, comme je l'ai montré, il existe parmi les Aspidiées 


(4) Colomb, Parmentier, loc. cit. 


316 FERNAND PELOURDE. 


exotiques des espèces qui ont une structure analogue, telles que 
le N. molle et l'A. umbrosum. A est done inutile de chercher 
pour ce groupe d'espèces un terme générique spécial, puisqu'il 
leur en à déjà été attribué d’autres, plus anciens que le terme 
Hemestheum, tels que celui de Nephrodium, par exemple. 

On peut résumer les considérations précédentes dans Les trois 
tableaux suivants qui indiquent : Fun, la classification à laquelle 
conduisent les données de l'anatomie ; l’autre, celle de Hooker 


et Baker ; le dernier enfin, celle de Diels. 


Classification anatomique. Classification de Hooker et Baker. Classification de Diels. 
{ A. angulare. 4° | A. angulare. 1° | A. macrophyllum. 
| A. Filir-M us. / ( N. Thelypteris. 29 | Polystichum angu- 
} A. spinulosum. | N. Filix-Mas. lare. 
A. cristatum. 90) | N. cristatum. =: /{ SN. Thelypteris. 
110 A. æmulum. & | (! N. rigidum. È € N. Filix-Mus. 
\ A. rigidum. ( N. spinulosum. &E \ {N. spinulosum. 
| A. macrophyllum. \ l | N. æmulum. = | N. cristatum. 
| A. Forsteri. 30 | N. molle. > | N. rigidum. 
| A. coadunatum. 40 | N. macrophyllum. | | N. æmulum. 
| N. Thelypteris. PARANENÉ moe 
| N. molle. 
2° N.umbrosum (= As- 
} pidium umbrosum 


Hooker et Baker, ainsi que Diels, attribuent donc au N. molle 
une place à part, mais ils rangent le N. Thelypleris à côté du 
N. Filix-Mas. H convient de séparer ces deux dernières espèces, 
et de placer le N. Thelypteris à côté du N. molle. | 

Quant aux N. Fuir-Mas, spinulosum, cristatum, æmulum, 
rigidum, on doit les grouper ensemble el placer à côté d'eux 
l'A.angulare, que Hooker el Baker meltent dans le genre 
Aspidium, et Diels, dans le genre Polystichum, ainsi que le 
N.macrophyllum, placé par Diels dans le genre Aspidium et par 
Hooker et Baker dans la section Sagenia du genre 
Nephrodium. 

D'après ce qui précède, on peut donner aux espèces de la 
première série que j'ai établie le nom générique d’Aspidium, et 
aux autres, celui de Nephrodium, pour prévenir toute équi- 
voque. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. PS LA 


Genre Phegopteris. 


Avant d'étudier un autre groupe de Fougères, Je vais passer 
en revue quelques espèces du genre PAegopteris, car beaucoup 
d'auteurs placent ce genre parmi les Aspidiées. C’est ainsi que 
le Phegopteris calcarea Fée, par exemple, a porté les noms sui- 
vants : Lastrea calcarea Bory, Lastrea Robertiana Newm., Ne- 
plurodium Robertianum Prantl; que le PA. Dryopteris Fée à été 
appelé: Lastrea Dryopteris Bory, Nephrodium Dryopteris Mich., 
Polystichum Dryopteris Roth; et le PA. polypodioides Fée : 
Nepluodium Phegopteris Prantl, Lastrea Phegopteris Bory, Po- 
lystichum Phegopteris Roth. 

Diels confond les genres Nephrodium et Phegopteris; ainsi, 
il substitue aux termes de Ph. polypodioides et Dryopteris, ceux 
de Nephrodium Phegopteris Prantl et N. Dryopteris Mich.; et 
il place ces deux espèces dans la section Lastrea de son genre 
Nephrodium parce qu'elles possèdent des nervures libres. 

Hooker et Baker n'admettent pas non plus le genre P/ego- 
pteris, mais c’est avecle genre Polypodium qu'ils le confondent, 
parce que les sores y sont dépourvus d'indusium, comme chez 
les vrais Polypodes. Ces auteurs placent les Ph. polypodioides 
et Dryopteris dans la section Euphegopteris de leur genre Poly- 
| podium, à cause de leurs nervures libres; et ils les mettent 

dans deux groupes différents, suivant que les pennes y sont 
découpées en lobes indivis ou que ces lobes sont eux-mêmes 
lobulés. 

Les Phegopteris se disünguent des Polypodium en ce que 
leurs nervures ne sont pas terminées en massues et atteignent 
toutes le bord du limbe. 

Au point de vue anatomique, ils s’en distinguent profondé- 
ment, comme on pourra en juger ullérieurement. 

. Sil'on considère le PA. calcarea, par exemple, on constate 
que sa racine est dépourvue de gaine scléreuse, mais que les 
deux ou trois assises de cellules qui sont situées au-dessous de 
| l'épiblème ont leurs parois plus épaissies que celles du reste de 
| | l'écorce. La racine est ainsi entourée par une zone d’épaissis- 
sements. Mais les cellules situées directement au-dessous de 


318 FERNAND PELOURDE. 


l'épiblème sont surtout épaissies suivant leurs parois internes; 
suivant leurs parois radiales, elles le sont de moins en moins, 
quand on va de l'intérieur vers l'extérieur; et suivant leurs 
parois externes, elles ne le sont pas du tout. Tandis que, chez 
le Nephrodium Thelypteris et chez l'Aspidium umbrosum, par 
exemple, les parois de l’assise sous-épiblémique sont toutes 
également épaissies. On à ainsi, en coupe transversale, des 
épaississements en U, dont la convexité est tournée vers l’inté- 
rieur. La racine du PA. calcarea est donc limitée, en dessous 
de l'épiblème, par une ligne circulaire bien plus mince que les 
deux ou trois qui viennent ensuite. 

Je n'ai pu examiner la racine des Ph. Dryopteris et polypo- 
dioides. 

Chezle Ph. calcarea, autour des faisceaux du pétiole, Tho- 
mæ signale une gaine protectrice (1) (« Stützscheide ») ; 
cette gaine se compose d’une assise de cellules sclérifiées uni- 
quement suivant leurs parois internes, comme chez les espèces 
appartenant à la première série d’Aspidinées que j'ai établie 
plus haut. En outre, la forme du bois de ces deux faisceaux 


rappelle celle que l’on trouve chez le 

Blechnum occidentale, mais l'extrémité 
inférieure de ce bois est très nette, quoi- 

que rudimentaire (fig. 24); tandis qu’elle 

est nulle chez le Blechnum occidentale. 

Cette extrémité est constituée par quel- 

ques petits vaisseaux et se dégage nette- 

Hg. 2%, — Faisceau pe  Ment de la partie principale de P«hippo- 
tiolaire du Phegople-  campe », mais elle est très réduite et trop 
ris calcarea (coupe o se NE 
rave rene) courte pour pouvoir se recourber vers l’inté- 
rieur, comme le fait l'extrémité supérieure. 

Celle-e1 est constituée par une ligne de vaisseaux plus gros 
que ceux de l’extrémité inférieure, mais plus petits que ceux 
de la région principale. On a donc bien là une forme d’ « hip- 
pocampe » à extrémité inférieure très réduite. On à d’ailleurs 
pu constater Jusqu'ici que cette extrémité est toujours la moins 
développée; c’est pourquoi, quand il y a réduction ou sup- 


(1) Thomæ, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 319 


pression) d'une des extrémités, C'est elle qui est affectée. 

J'ai rencontré la même structure dans un fragment de pétiole 
desséché du Ph. Dryopteris. D'ailleurs, les Ph. calcarea et 
Dryopteris sont confondus en une seule espèce par beaucoup 
d'auteurs, qui, à l'exemple de Gray, considèrent le PA. calcaren 
comme une variété du Ph. Dryopteris. C'est ainsi que M. Par- 
mentier en fait une race calcicole de cette dernière espèce. 
Ces deux plantes ne présentent en effet entre elles, au point 
de vue morphologique, que de faibles différences, qui tiennent 
principalement à la présence de glandes sur le pétiole et le 
limbe du PA. calcarea, contrairement à ce qui a lieu chez le 
Ph. Dryopteris. 

J'ai examiné également un fragment de pétiole du 
Ph. polypodioides, pris sur un échantillon d'herbier. Je n°v ai 
pas vu de gaine protectrice autour des faisceaux. Ceux-ci ont 
un bois en forme d’«hippocampe » allongé, à extrémité infé- 
rieure bien développée. La partie centrale de cet « hippo- 
campe » ne comprend qu'une seule épaisseur de vaisseaux ; 
ces vaisseaux sont bien plus gros que ceux des extrémités ; c’est 
vers le milieu de la région centrale qu'ils 
sont le plus larges. Les extrémités com- RU 
prennent, par endroits, deux épaisseurs 
de vaisseaux, et sont assez courtes (fig. 25). 

Cette forme est donc différente de celle 
que l’on trouve chez les PA. calcarea et 
Dryopteris. D'ailleurs, Diels, ainsi que @ 
Hooker et Baker, placent les PA. Dryo- | 


Te DER LT Fig. 25. — Un des fais- 
»9Q à a op sYal D 

Pteris et polypodioides dans deux groupes tarde 

distincts. Phegopteris … polypo - 

c dioides (coupe  trans- 

Comme on le verra plus loin, les Phe- st E É 


gopteris différent essentiellement des 
Polypodium par leur structure, et il convient de les en séparer, 
contrairement à ce qu'ont fait Hooker et Baker. 

Par la constitution de leur racine, et par celle de leur pétiole, 
ils se rapprochent des Aspidinées de Ia seconde série. D'ailleurs, 
Milde et Luerssen les ont placés à côté de leur genre Aspi- 
dium. Dans la classification de Diels, ïls font partie du genre 
Neplhrodium; et Christensen les place dans son genre Dryopteris, 


320 FERNAND PELOURDE. 


avec les Nephrodium. Mais, comme je l’ai montré plus haut, il 
est nécessaire de faire une coupure dans le genre Nephrodium, 
dont une partie des espèces s'éloignent par conséquent des Phe- 
gopteris. Toutefois, si l'on prend le terme Nephrodium dansle sens 
restreint que je lui ai donné, on peut dire que les Phegopteris se 
rapprochent du genre Nephrodium, au point de vue anatomique. 
C'est donc à côté de ce dernier genre qu'il convient de les 
placer, en raison de leur structure, c’est-à-dire dans la deuxième 
série d'Aspidinées que J'ai établie précédemment. 


TRIBU DES POLYPODIÉES 


Je me propose maintenant d'examiner quelques espèces 
appartenant à la tribu des Polypodiées, caractérisée par ce que 
les sores y sont dépourvus d'indusium et par ce que le pétiole y 
est articulé avec le rhizome. Ces espèces, au nombre de quatre, 
appartiennent toutes au genre Polypodium L. qui fait partie de 
la sous-tribu des Polypodinées, à cause de ses sores arrondis et 
développés sur des nervures particulières, tandis que les sores 
sont linéaires dans la sous-tribu des T'ænitidinées. Ces quatre 
Polypodium sontles P. vulqareL., aureum L., Phyllitidis L. et 
uioides Lam. 

Le premier, qui est le seul Polypode français, est placé par 
Hooker et Baker dans leur section ÆEwpolypodium, à cause de 
ses nervures libres ; le P. aureum est rangé dans leur section 
Phlebodium, car ses sores sont situés dans les aréoles for- 
mées par les nervures, généralement à raison d’un seul par 
aréole ; chaque sore est situé à la réunion des extrémités de 
deux nervures qui ne Ss'anastomosent pas avec les autres; 
le P. Phyllitidis fait partie de la section Campyloneuron, 
parce que les mailles y sont constituées grâce à des nervures 
transversales non ramifiées, qui unissent les nervures primaires, 
issues de la nervure principale; ces mailles contiennent géné- 
ralement deux sores situés sur le trajet de deux petites ner- 
vures libres; enfin, le P. #ioides est mis dans la section Phyma- 
todes, à cause de ses nervures primaires et secondaires qui 
sont nettement distinctes, comme chez le P. Phyllitidis, et 
qui émettent des ramifications constituant de nombreuses 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 321 


petites aréoles; ces aréoles contiennent des sores, également 
nombreux et très petits. 

Au point de vue anatomique, ces quatre Polypodes présentent 
entre eux de grandes analogies. 

Comme l’a constaté M. Van Tieghem chez les P. vulgare et 
ürioides (1), les éléments corticaux de leur racine, vus en coupe 
transversale, sont ordonnés assez régulièrement, à partir de la 
deuxième assise au-dessous de Pépiblème, à la fois suivant 
le rayon et suivant des cercles 
concentriques (fig. 26). De plus, 
dans ces racines, le cylindre 
central est entouré par une 
gaine scléreuse, dont les élé- 
ments ont leurs parois toutes 
également épaissies, mais qui. 
présente un aspect très parti- 
culier: la lumière de chacune 
des cellules qui la constituent 
est, en effet, extrêmement étroite 
et très allongée tangentielle- Fig. 26. — Écorce de la racine du 
ment, comme les cellules elles- de or 
mêmes, d’ailleurs. Cela concorde 
évidemment avec le fait que les éléments corticaux sont ordon- 
nés dans le sens radial et dans le sens fangentiel. On ne 
rencontre cet aspect dans aucun autre groupe de Fougères, 
et l'on peut dire qu'il est caractéristique du genre Poly- 
podium. 

Quant au pétiole, il possède deux faisceaux principaux situés 
du côté supérieur (« Oberstränge »), etun plus ou moins grand 
nombre d'autres, moins gros etsitués du côté inférieur (« Unters- 
trünge »), comme chez les Blechnum et les Aspidinées de la 
première série. Comme chez ces dernières, tous les faisceaux 
sont entourés par une assise de cellules sclérifiées uniquement 
suivant leur paroi interne {« Stützscheide »). Le bois des deux 
principaux de ces faisceaux affecte sensiblement la forme d’un 
triangle rectangle dont l'angle droit serait tourné vers Pintérieur 


(4) Van Tieghem, loc. cit. ( 
ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. 5 [VAS 


322 FERNAND PELOURDE. 


du pétiole, et la plus longue pointe, dirigée du côté supérieur et 
recourbée vers l'extérieur. 

Chez le P. vulgare, j'ai trouvé un seul petit faisceau ; toutefois, 
M. Parmentier en à rencontré deux dans les échantillons qu'il 
a examinés (1). Le bois des deux gros faisceaux est assez court, 
et arrondi à sa base (fig. 27); c'est au 
sommet supérieur que ses éléments sont 
le plus petits; ilen est d’ailleurs de même 
chez les autres Polypodes. Ce bois rappelle 
assez bien, dans son ensemble, une cornue, 
dont le col, plus long que chez les 
Aspidinées de la première série, serait 
tourné vers l'extérieur, au lieu de l'être 
Fig. 27. — Un des deux vers l’intérieur. 

faisceaux pétiolaires PERS è : Ë : 
principaux du Polypo- Après la réunion des deux gros faisceaux, 
te (coupé Jeurs parties ligneuses prennent contact 
par leurs extrémités inférieures, c’est-à- 
dire, en quelque sorte, par le plus petit côté de l'angle droit, et 
le nouvel ensemble de vaisseaux obtenu affecte sensiblement la 
forme d'un T, dont la partie verticale serait très réduite par 
rapport à la partie horizontale. 

M. Colomb, qui considère les Phegopteris calcarea, Dr'yopteris et 
polypodioides comme faisant partie du genre Polypodium, dit que 
le P. vulgare occupe une place à part parmi les autres espèces 
françaises du même genre, à cause de la forme du bois de ses 
deux plus gros faisceaux, qui n’est pas celle d’un «hippocampe » ; 
etil le rapproche des Aspidiées françaises, autres que les N. The- 
lypteris et Oreopteris, principalement parce qu'il a plus de deux 
faisceaux dans son pétiole (2). Mais la forme du bois dans les 
deux principaux de ses faisceaux pétiolaires l'éloigne complè- 
tement des Aspidiées ; et, en outre. la racine de ces dernières ne 
saurait être confondue avec celle des Polypodium. 

Chez le P. aureum, le pétiole possède de nombreux petits 
faisceaux ; à sa base, j'en ai généralement compté plus de onze. 
Le bois de ses deux gros faisceaux est plus important que chez 


(4) Parmentier, loc. cit. 
(2) Colomb, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 12 


le P. vulgare, et la base de ce bois est presque plane, au lieu 
d'être arrondie, comme dans cette dernière espèce (fig. 28). 
Après la réunion de ces deux gros faisceaux, leurs parties 
ligneuses prennent contact un peu avant leurs extrémités infé- 
rieures, et l’on obtient ainsi un amas vasculaire en forme d’X 
très large, dont les branches inférieures sont beaucoup plus 
courtes que les supérieures, et où les deux amas vasculaires ini- 
taux semblent reliés par une plaque transversale {« Querband »). 
Au point de vue morphologique, c’est le P. aureum qui, parmi 
les quatre espèces que 
je suis en train d’é- à FE LS RaAour 
ludier, se rapproche ne 
le plus du P. vulgare, 
malgré sa taille beau- 
coup plus grande, à 
cause du mode de 
division de ses fron- 
des. D'ailleurs, il 
existe entre ces deux 


: SI Fig. 28. — Un des deux Fig. 29.— Un des deux 
plantes BD h bi ide, faisceaux  pétiolaires faisceaux pétiolaires 
que Farmer a décrit principaux du  Poly- principaux du Poly- 
: k podium aureum (coupe podium Phyllilidis 
sous lé nom de P. transversale). (coupe transversale). 


DOUANES 

aureum>< P. vulqare var. elegantissimum), el qui possède, au 
point de vue anatomique, comme au point de vue morpho- 
logique, des caractères intermédiaires entre ceux de ses deux 
parents (1). 

Dans le pétiole du P. Phyllitidis,11 va moinsde petits faisceaux 
que chez le P. aureum, mais il v en a davantage que chez le 
P. vulgare; Jen ai compté quatre à la base. Le bois des deux 
gros faisceaux est étroit et moins important que chez le P. au- 
reum, et l'angle droit ÿ est aussi bien moins net(fig.29). La réu- 
nion de ces deux parties ligneuses se faitcomme chez le P.vulqare. 

Chez le P. wioides, J'ai trouvé huit petits faisceaux à la base 
du pétiole. D'ailleurs, Thomæ en a rencontré tantôt sept, tantôt 
huit, suivant les échantillons auxquels il à eu affaire (2). 


(1) Farmer, loc. cit. 
(2) Thomæ, loc. cit. 


324 FERNAND PELOURDE. 


Les amas ligneux des deux gros faisceaux ressemblent à 

ceux qui existent chez le P. Phyllitidis (fig. 30), et ils se 

réunissent comme chez ce dernier, mais la barre verticale du T 

obtenu par leur réunion est plus longue 

Ê a que chez le P. Phyllitidis. En outre, 

l'épiderme du pétiole n’est pas selérifié, 

contrairement à ce qui a lieu chez les 

trois espèces précédentes (1). De plus, 

la gaine seléreuse située au-dessous de 

cet épiderme se continue dans la grosse 

nervure centrale de chaque feuille, au 

contact du limbe, de facon à contour- 

Fig. 30. — Un des deux ner complètement cette nervure ; il en 

ee A est de même chez le P. aureum, dans 

irioides (coupe transver- chaque penne, tandis que chez le P. 

als -Phyllitidis, la surface de la nervure 

centrale n’est sclérifiée que dans ses parties libres, et non aux 
endroits où s’insère le limbe. 

Ainsi, le genre Polypodium se distingue profondément du 

genre Phegopteris. W présente une grande homogénéité de struc- 

ture dans sa racine et dans son pétiole, et cette structure est 


bien caractérislique. Les quatre espèces que je viens d'étudier 
présentent toutefois, dans l'organisation de leurs pétioles, des 


différences qui permettent de les distinguer; cela concorde avec 
la classification de Hooker et Baker, qui placent ces espèces dans 
quatre sections différentes du genre Polypodium. 


TRIBU DES PTÉRIDÉES 
Je vais maintenant passer en revue un certain nombre de 
genres, appartenant à la tribu des Ptéridées, qui est caracté- 
risée par des sores allongés, marginaux ou situés à l'extrémité 
des nervures, ét généralement recouverts par le bord recourbé 
du Hmbe. 


Genre Pteris. 


J'examinerai d'abord trois espèces de Pteris. Le genre Pteris 


(1) Thomæ, loc. cit. 


PR CE 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 325 


fait partie de la sous-tribu des Ptéridinées, qui est caractérisée 
par ses sores situés suivant une ligne intramarginale réunissant 
les extrémités des nervures. 

Hooker et Baker placent les trois espèces en question dans 
la seclion Eupteris du genre Pleris, à cause de leurs nervures 
libres et de leur indusium simple; de plus, dans leur classifi- 
cation, l’une de ces espèces, le P. longifolia L., fait partie du 
groupe dit « /ntegrifoliæ », à cause de ses pennes inférieures 
indivises ; et les deux autres, qui sont les P. cretica EL. et serru- 
lata L., font parte du groupe « Furcalæ », parce que leurs 
segments inférieurs ne sont pas simples, contrairement aux 
segments supérieurs. 

Le P. cretica, seul, croît en France, aux environs de Nice et 
en Corse. Le P./ongifolia est une Fougère européenne, que l’on 
rencontre notamment en Espagne, en Dalmatie et en Sicile, 
mais pas en France. Le P. serrulata, enfin, est une plante tout 
à fait étrangère à nos pays ; 1l croît en Chine et au Japon. 

Ces trois P{eris possèdent, autour du cylindre central de leur 
racine, une gaine scléreuse dont les éléments ont leurs parois 
toutes également épaissies. Cette gaine 
est analogue à celle que possèdent les 
Blechnum et les A spidinées de la première 
série. 

Quant au pétiole, il n'a pas la même 
structure chez les trois Pteris en ques- 
tion. Chez le P.cretica, par exemple, 1l 
possède deux faisceaux, dont le bois est 
en forme d’ « hippocampe » (fig. 31). 
La région centrale de cet «hippocampe » 
n'est pas renflée en son milieu, et son 
épaisseur est à peu près constante sul- DE AR Rs 
vant toute son étendue; sa forme est  Ceaux  pétiolaires du 
donc à peu près rectangulaire ; de plus, LAS AUe (coupe 
elle comprend environ deux épaisseurs 
de gros vaisseaux. L’extrémité inférieure est recourbée vers 
l'intérieur, à son origine, presque à angle droit, mais elle ne 
se recourbe plus ensuite; en coupe transversale, elle est pres- 
que rectiligne, et dirigée à peu près perpendiculatrement au 


326 FERNAND PELOURDE. 


grand axe du faisceau. Elle est reliée à la région centrale du 
bois par des vaisseaux très petits, etellese termine par un ren- 
flement qui possède des vaisseaux plus gros que les précé- 
dents, surtout du côté inférieur. L'extrémité supérieure est 
plus longue que l’autre extrémité, et elle est très recourbée vers 
l'intérieur ; en outre, ses vaisseaux sont moins gros que ceux de 
l'extrémité inférieure. 

Chezle P. serrulata, on a encore, dans le péliole, deux fais- 
ceaux à bois en « hippocampe » (fig. 32), dont la région centrale 
est plus épaisse à sa partie inférieure qu'àsa partie supérieure ; 


Fig. 32. — Un des faisceaux Fig. 33. — Faisceau pétiolaire du Pleris longifolia 
pétiolaires du Pleris ser- (coupe transversale). 
rulata (coupe transver- 
sale). 


tandis que, ordinairement, dans les faisceaux à bois en « hip- 
pocampe », c'est dans sa partie médiane que la région centrale 
est le plus épaisse. Les deux extrémités sont très courtes, mais 
néanmoins elles sont recourbées vers l'intérieur ; de plus, leurs 
vaisseaux sont très pelits. 

Chez le P. longifolia, je n'ai vu, à la base du pétiole, qu'un 
seul faisceau (fig. 33); d’ailleurs, ce n’est pas là un casisolé, parmi 
les Pteris, puisqu'onsait, d'après Thomæ, qu'il en est de même 
chez les P. tremula et flabellata (4). Le bois de cet unique fais- 
ceau représente l'équivalent de deux « hippocampes » analogues 
aux précédents, mais réunis dès l’origine. Chaque branche laté- 
rale de cette sorte de pince ainsi obtenue à une région centrale 
renflée en son milieu. Son extrémité supérieure ne comprend 


(1) Thomæ, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 93211 


qu'une ou deux épaisseurs de vaisseaux, elest à peine recour- 
bée vers la région centrale: les vaisseaux de cette extrémité 
sont assez grands, mais ils le sont moins que ceux de la région 
centrale. Les deux branches latérales du bois sont réunies par 
leurs extrémités inférieures, grâce à une bande transversale 
( « Querband ») quin'estpas plane ; de chaque côté, cette bande 
se réunit aux branches latérales par quelques petits vaisseaux ; elle 
comprend ensuite des vaisseaux beaucoup plus gros et s’incurve 
du côté externe, dans sa partie médiane ; au centre de la cour- 
bure ainsi obtenue, les vaisseaux sont très petits. Cette bande 
transversale ne possède qu'une épaisseur de vaisseaux dans 
toute son étendue. 

Ainsi, les trois Pteris en question ont une structure analogue 
dans leur racine, mais ils différent entre eux par la forme du 
bois de leur pétiole. Le P. longifolia diffère, à cet égard, da- 
vantage des deux autres que ces derniers ne diffèrent entre 
eux, et cela concorde avec la classification de Hooker et Baker 
qui, comme Je lai dit plus haut, placent les trois espèces que 
Je viens d'étudier dans deux groupes différents de leur section 
Eupleris, savoir : dans l'un, les P. cretica et serrulata, et dans 
l'autre, le P. longifolia. | 

Thomæ rattache la structure des Pteris à celle des Hypolepns, 
pour les raisons suivantes (1) : dans le pétiole du P. respertilio- 
ris, on trouve deux faisceaux principaux, avec un bois en forme 
d’'«hippocampe », qui sont situés du côté supérieur; du côté in- 
férieur, il y a quelques autres faisceaux, beaucoup plus petits, 
qui, d’après Thomæ, sont les équivalents de ceux que lon ren- 
contre à la même place, mais en plus grand nombre, chez 
l'Hypolepis tenuifoliu. Si, maintenant, on fait abstraction des 
petits faisceaux, on arrive au cas des P. crelica et serrulata. Si 
l’on suppose enfin que les deux gros faisceaux qui restent 
soient réunis dès l’origine, on tombe dans le cas du P. 
longifolia, qui, à cet égard, rappelle encore un Æypolepis, 
VAT. repens. 


(1) Thomæ, loc. cit. 


328 FERNAND PELOURDE. 


Genre Pteridium. 


Cela élant, je vais m'occuper du genre Pteridium, que Diels 
place également dans sa sous-tribu des Ptéridinées. Ce 
genre, cré par Gleditsch, a été longtemps confondu avec 
le genre Pleris, à cause de ses sores marginaux allongés; mais 
il s’en distingue par plusieurs caractères, principalement par la 
présence, dans chaque sore, de deux indusium, dont l’un, ana- 
logue à celui des Pteris, est constitué par le bord du limbe 
recourbé; l’autre, situé en dedans du premier, est constitué par 
une seule assise de cellules ; c’est entre ces deux membranes 
que sont situés les sporanges. 

Le genre Pteridium, admis par la plupart des auteurs, 
notamment par Luerssen et Diels, ne comprend qu'une espèce, 
le P. aquilinum Kubhn, que Linné appelait Pteris aquilina. 

Milde confond les genres Pteris et Pteridium. Wen est de 
même de Hooker et Baker, qui placent le Pteris aquilina dans 
la section Pæsia de leur genre Pteris, précisément à cause de 
son double indusium. 

Au point de vue anatomique, le Pteridium aguilinum diffère 
beaucoup des vrais Pteris. Toutefois, sa racine, comme celle 
des Pleris, possède autour de son endoderme un anneau sclé- 
reux, à membranes toutes également épaissies. 

Quant à la structure de son pétiole, elle est très complexe et 
diffère de celle que l'on remarque chez les Pteris. Dans cet 
organe, on sait que la partie externe de l'écorce est très forte- 
ment sclérifiée ; c’est pourquoi elle est sitranchante. 

Sur une coupe transversale pratiquée à une certaine distance 
de la base du pétiole, on constate la présence de nombreux 
faisceaux arrangés sans ordre apparent, comme l'indique 
Thomæ (1). Ces faisceaux ont des formes très diverses; certains 
sont ovales et ont un bois, soitenellipse plus ou moins régulière, 
soit en cordon recourbé à ses extrémités, soit aussi quelquefois 
en cercle. Ou bien ils sont très allongés, et certains d’entre eux, 
qui sont en contact, affectent une forme de fourche. Ils sont 
séparés les uns des autres par des bandes scléreuses, el, en 


(4) Thomeæ, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 329 


outre, chacun d’eux est généralement accompagné par une 
gaine protectrice. Toutefois, ils ne possèdent pas de gaine pro- 
tectrice en face des bandes scléreuses qui les séparent: 1ls 
n'en possèdent que suivant le reste de leur contour. Mais cette 
gaine entoure complètement les faisceaux qui ne sont pas si- 
tués aux environs immédiats d’une bande scléreuse. Les gaines 
protectrices (« Stützscheiden ») et les bandes  scléreuses 
(« Stützbündel ») ont donc un rôle complémentaire, au pont 
de vue de la protection des faisceaux. 

À la base du pétiole, tout près de son insertion sur le 
rhizome, on rencontre une structure bien moins compliquée. H 
existe, en effet, à cet endroit, un certain nombre de faisceaux 
dont l’ensemble est symétrique par rapport à un plan. Du 
côté supérieur, il y en a deux, qui sont les plus importants de 
tous et qui sont allongés parallèlement au plan de symétrie; 
au sommet de chacun d'eux, du côté externe, il se trouve un 
autre faisceau qui est moins important, et qui s'étend perpen- 
diculairement au plan de symétrie. À la partie inférieure des 
deux faisceaux principaux, il Y à encore d’autres faisceaux, 
plus petits, qui sont ordonnés sensiblement suivant un arc pa- 
rallèle à la surface du pétiole. 

Entre les faisceaux que je viens de décrire, se trouvent des 
bandes scléreuses qui se rejoignent toutes, contrairement à ce 
qui se passe à un niveau plus élevé, et dont l'ensemble figure sur 
une coupe transversale une ligne deux fois ramifiée dichoto- 
miquement. Du côté opposé à ces bandes scléreuses, les faisceaux 
possèdent encore une gaine protectrice. 

L'ensemble ainsi formé présente donc un aspect très spécial. 
Cet aspect a, depuis longtemps, frappé les auteurs. Duval-Jouve 
l’a comparé à celui d’une «ancre » (1) ; plusieurs auteurs anglais 
y ont vu la forme d’un « arbre renversé »; d’autres ÿ ont vu 
celle d’un «aigle d'Autriche », à deux têtes, et aux ailes déployées. 
Newmann rapporte même un passage d'Érasme, datant de 
l’année 1551, où cette forme d’aigle était déjà signalée (2); et 
c'est bien plus tard seulement que Linné à créé pour la plante 
en question le nom de Pteris aquilinu. 


(4) Duval-Jouve, loc. cit. 
(2) Newmann, British ferns, p. 98. 


330 FERNAND PELOURDE. 


Par la structure de son pétiole, le Pteridium aquilinum 
diffère donc profondément des vrais Pteris, et il importe d'en 
faire le type d'un genre spécial. 

Thomæ rattache cette structure à celle du péliole des vrais 
Pleris, de la façon suivante (1) : ilconsidère l'arc de petits fais- 
ceaux du Pteridium aquilinum comme équivalant aux petits 
faisceaux que l’on trouve à la même place chez le Pteris ves- 
pertilhionis et aussi chez l'Hypolepis tenuifolia. Quant aux quatre 


faisceaux situés du côté supérieur, dans le pétiole du Pteridium 


aquilinum, 1 les considère comme les équivalents des deux 
faisceaux principaux du Pteris vespertilionis et de 'Hypolepis 
lenuifolia, supposés fragmentés. 

Mais, ce qui distingue nettement le Pteridium aquilinum 
des vrais Pleris, c’est que lastructure de son pétiole est beau- 
coup moins compliquée à la base de ce dernier qu’elle ne l’est 
à un niveau plus élevé. 

On peut donc dire que, par la structure de sa racine, le 
P.aquilinum présente des affinitésavecles Pleris, mais qu'ils’en 
éloigne profondément par la structure de son pétiole. Cela 
justifie l'opinion de ceux qui admettent le genre Pteridiunr. 
D'ailleurs, comme on le verra ultérieurement, la structure 
du rhizome justifie encore plus cette opinion. 


Genre Adiantum. 


J'arrive maintenant au genre Adiantum. Ce genre, créé par 
Linné, est caractérisé par ses nervures rayonnantes, qui 
atteignent le bord du limbe, sauf celles qui sont fructifères : ces 
dernières ne vort pas au delà des sores. Il rappelle le genre 
Pleris, à cause de ses sores recouverts par le bord replié du 
limbe. 

Milde et Luerssen le placent dans leur groupe des Polypo- 
diées, ainsi que le genre Pteris : Diels en faitle type de sa sous- 
tribu des Adiantinées, caractérisée par la position des sores à 
l'extrémité des nervures; quelquefois, ces derniers empiètent 
aussi sur le parenchyme environnant, et, en tous cas, ils sont 


(4) Thomæ, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 391 


recouverts par des fragments du bord du limbe, recourbés en 
dessous de ce dernier. 

J'ai étudié quatre espèces d’Adiantum, que Hooker et Baker 
ont placées dans la section Æuadiantum du genre Adiantum, 
parce que leurs nervures ne sont pas anastomosées entre elles, 
contrairement à ce qui a lieu chez les quelques espèces 
constituant la section Herwardia. De plus, Hooker et Baker 
rangent ces quatre espèces dans deux groupes distincts : dans 
l’un de ces groupes, ils mettent les A. Capillus Veneris L., tene- 
rum SW., cuneatum Langs et Fisch., à cause de leurs sores 
obversement réniformes; et dans l'autre, ils placent lA. 
macrophyllum SW., à cause de ses sores situés suivant une 
ligne marginale continue, ou à peu près. 

Au point de vue anatomique, ces Adiantum présentent entre 
eux des différences que je vais signaler. 

Considérons d’abord PA. Capillus Veneris, qui est le seul 
Adiantum croissant spontanément en France. L’endoderme de 
sa racine est entouré par une assise de cellules, sensiblement 
isodiamétriques, arrondies du côté externe, et beaucoup plus 
grandes que celles du reste de lécorce. Certains de ces élé- 
ments sont séparés de l’endoderme par une autre cellule plus 
aplatie, mais aussi large dans le sens tangentiel. Cette assise de 
grandes cellules, ainsique les trois ou quatre autres qui viennent 
ensuite, du côté externe, ont leurs membranes un peu plus 
épaissies que celles des autres cellules corticales, mais non sclé- 
rifiées. M. Van Tieghem a décrit l’organisation de la racine 
de VA. Capillus Veneris, qu'il désigne à l’aide du terme syno- 
nyme d'A. Moritzianum Lainck (1). II a signalé, ainsi que de 
Bary (2), un cylindre central hexagonal, limité par six larges 
cellules semblables à celles que je viens de décrire. J'ai 
rencontré cette structure dans les radicelles, et aussi dans 
la partie la plus jeune des racines. Mais à la base de ces der- 
nières, la forme hexagonale du cylindre central n'existe plus, el 
l'endoderme est entouré par environ deux fois plus de cellules 
qu'au sommet. Cette forme hexagonale est un reste de celle 


(4) Van Tieghem, Loc. cit. 
(2) De Bary, loc. cit. 


332. FERNAND PELOURDE. 


qui existait au début du développement, alors que le cylindre 
central était, comme on sait, constitué par six secteurs, et figu- 
rait en effet un hexagone, en coupe transversale (1). 

Quant au pétiole de l'A. C'apillus Veneris, la partie ligneuse 
de ses deux faisceaux est en forme de croissant, convexe 
du côté interne, et dépourvu de crochets à ses extrémités 
(fig. 34). Ce croissant ne comprend que deux ou trois épaisseurs 
de vaisseaux au centre. Après la réunion des deux faisceaux, 
leurs parties li- 
gneuses prennent 
contact par leurs 
extrémités infé- 


0,1 0,2 
rieures, et l’en- 
semble qu’elles 
constituent ainsi 
a la forme d’un V, 
à branches lé- 
” gèrement conca- 
Fig. 34. — Un des fais- Fig. 35. — Partie interne de la él dté 
ceaux pétiolaires de racine de l’Adianfumeunea- VS ŒU COté EX- 
l'Adiantum  Capillus lum (coupe transversale). terne. 
Veneris (coupe trans- 
versale). Chez l'A. cu- 


neatum, le cylin- 
dre central de la racine à une forme nettement hexagonale 
el est limité, en dehors de lendoderme, par six cellules 
beaucoup plus grandes que les autres, et plus larges dans le 
sens tangentiel que dans le sens radial (fig. 35); toutefois. 
ces six cellules sont bien moins grandes que celles qui 
occupent la même place chez l'A. Capillus Veneris. Elles ont 
leurs parois sclérifiées, et leurs faces internes et latérales sont 
plus épaissies que leurs faces externes. Ainsi que l'indique 
Rumpf, à propos de VA. fenerum (2), elles possèdent parfois 
sur leurs faces latérales un ou deux prolongements, grâce aux- 
quels elles prennent contact; et, en outre, certaines d’entre 
elles sont quelquefois séparées par deux ou trois autres cel- 


(4) G. Chauveaud, Recherches sur le mode de formation des tubes criblés dans 
la racine des Cryptogames vasculaires et des Gymnospermes (Ann. Sc. nat., Bot., 
8° série, t. XVII, p. 266). 

(2) Rumpf, loc. cit. 


Sas 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 109 


lules beaucoup plus petites. En dehors de cette assise, on en 
trouve deux ou trois autres, dont les éléments, beaucoup plus 
petits que ceux de la précédente, ont aussi leurs parois seléri- 
fiées, mais toutes également épaissies. Ces éléments sont al- 
longés dans le sens radial, surtout ceux qui sont les plus internes. 
Enfin, le plan de symétrie du bois coupe deux faces opposées 
du cylindre central en leur milieu. 

Comme je l'ai dit à propos de l'A. Capillus Veneris, cette 
forme hexagonale du cylindre central rappelle celle des débuts 
du développement, alors que ce cylindre central était constitué 
par six secteurs unicellulaires. Les divisions ultérieures de ces 
secteurs, contrairement à ce qui se passe dans la plupart des 
cas, n’ont pas troublé la forme initiale. C’est là un caractère 
d'infériorité. 

Le pétiole de l'A. cuneatum possède à sa base deux faisceaux, 
dont le bois a une forme rappelant un peu celle d’un « hip- 
pocampe », surtoutdans sa partie inférieure ; la région centrale 
de ce bois comprend deux ou trois épaisseurs de vaisseaux. Son 
extrémité supérieure est un peu moins large et se termine en 
se recourbant très légèrement vers l’in- TECTT 
térieur. Quant à l’autre extrémité, elle PT 
ne s'appuie pas à l'origine sur toute 
l'épaisseur de la région centrale, mais 
seulement sur la partie externe de cette 
épaisseur ; elle se recourbe du côté in- 
terne davantage que lextrénuté supé- 
rieure (fig. 36). 

Les deux parties ligneuses des fais- 
ceaux se réunissent, à un certaimniveau, | 

s OA à FT%.36.— Un des faisceaux 
par leurs extrémités inférieures, de facon  pétiolaires de l'Adiantum 
à figurer une sorte de pince. Les deux ou Re 
branches latérales de cette pince sont 
reliées par une plaque transversale assez large { « Quer- 
band ») ; l'extrémité inférieure de chacune de ces branches est 
moins épaisse que sa partie centrale, comme cela à lieu dans 
les deux faisceaux initiaux ; quant à son extrémité supérieure, 
elle est encore un peu recourbée vers l’intérieur. 

Chez l'A. {enerum, le cylindre central de la racine à la même 


394 FERNAND PELOURDE. 


forme que chez l'A. cuneatum. Les six larges cellules qui le 
limitent ne sont pas sclérifiées du tout du côté externe : 
l'épaississement de leurs autres parois est {très accentué, et il 
affecte la forme d’un U, à convexité tournée vers l’intérieur (1). 
ën dehors de ces six éléments, on à une ou deux assises de 
cellules qui sont aussi sclérifiées, mais dont les parois sont 
toutes également épaissies ; en outre, ces parois sont plus minces 
que chez l'A. cuneatum (fig. 37). 

Je n'ai trouvé qu'un faisceau à la base du pétiole de 


Fig. 37. — Partie interne de la racine Fig. 38. — Faisceau pétiolaire de l'Adian- 
de l'Adiantum tenerum (coupe tum lenerum (coupe transversale). 
transversale). 


l'A. tenerum. Le bois de ce faisceau est en forme de pincetrès nette 
(fig. 38), et on y distingue deux « hippocampes » réunis par leurs 
extrémités inférieures, suivant un arc assez étroit. Ces extré- 
mités inférieures sont, en effet, assez rapprochées; de plus, elles 
sont sensiblement parallèles. La région centrale des deux 
branches de la pince n’est pas très large, mais elle l'est davantage 
que leurs extrémités ; j'y ai vu deux épaisseurs de vaisseaux. Les 
deux extrémités supérieures sont courtes et recourbées vers 
l'intérieur. 

Chez l'A. macrophyllum, le evlindre central dela racine n’est 
plus hexagonal; ilestentouré, comme chez l'A. Capillus Veneris, 
par d’assez nombreuses cellules (fig.39). Ces cellules sont bien 
moins larges que leurs correspondantes, chez les À. cuneatum 
el tenerum ; mais elles constituent encore une assise nettement 
distincte du reste de l’écorce. En outre, elles sont sclérifiées, 


(4) Rumpf, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 339 


mais leurs parois internes sont beaucoup plus épaissies que les 
autres. L'anneau qu'elles constituent est entouré par deux ou 
trois autres assises de cellules bien moins larges que les précé- 
dentes, el allon- 
gées dans le sens 
radial; ces cellules 
sont selérifiées 
aussi, mais leurs 
parois sont toutes 
également 
sies. 

Le pétiole de 
VA. macrophyllum 
possède à sa base 


épais- 


deux faisceaux , 
dont le bois esten 
forme d’« hippo- 


Fig. 39. — Partie interne 
de la racine de l'Adian- 
Luim macrophyllum (cou- 
pe transversale). 


Fig. 40. — Un des fais- 
ceaux pétiolaires de 
l’Adiantum macrophyl- 
lum (coupe transver- 
sale). 


campe » (fig. 40). 

La région centrale de cet hippocampe està peinerenflée au centre, 
el ses vaisseaux sont assez larges, surtout ceux qui sont situés 
du côté inférieur. Par endroits, on trouve deux épaisseurs de 
ces vaisseaux, et ailleurs on n'en trouve qu'une seule. Ceux de 
l'extrémité inférieure sont bien moins grands que les précé- 
dents, et il n’y en à qu'une épaisseur. Après s'être recourbée 
vers l'intérieur, lextrémité inférieure se termine en ligne 
droite, sans se recourber à nouveau, contrairement à ce qui à 
lieu pour l’autre extrémité. Cette dernière est plus allongée que 
l'extrémité inférieure, et, en se recourbant,elle rejoint presque 
la partie supérieure de la région médiane du bois. Elle com- 
prend, à certains endroits, une seule épaisseur de vaisseaux, et 
à d’autres, deux. Ces vaisseaux sont plus gros que ceux de 
l'extrémité inférieure. 

Cette forme rappelle assez celle que l'on rencontre chez le Ne- 
phrodium T'helypteris, mais, chez ce dernier, la région centrale est 
plus renflée, et l'extrémité supérieure, plus allongée que chez 
l'A. macrophyllum; en outre, l'extrémité supérieure se termine 
bien plus loin de la région centrale qu'elle ne le fait dans 
celte dernière espèce. 


SCC 


336 FERNAND PELOURDE. 


Ainsi, les quatre Adiantum en question se distinguent facile- 
ment les uns des autres par la structure de leur racine et aussi 
par celle de leur pétiole. Toutefois, il importe de remarquer 
qu'ils possèdent tous, autour de l’endoderme de la racine, une 
assise de cellules plus grandes que celles du reste de l'écorce. 
Les A. cuneatum et tenerum ont beaucoup d’affinités entre eux à 
cause de l’organisation analogue que l’on trouve dans leurs ra- 
cines. Hooker et Baker ont donc eu raison de les placer dans 
un même groupe de leur section Euadiantum. Mais ils ont placé 
aussi dans ce groupe l'A. Capillus Veneris, qu'il convient d'en 
séparer. LA. macrophyllum doit également occuper une place 
à part, en raison de sa structure spéciale. D'ailleurs, dans la 
classification de Hooker et Baker, il est mis, à cause de ses. 
caractères morphologiques, dans un groupe différent de celui 
où sont placés les À. cunealum, lenerum et Capillus Veneris. 

Le genre Adiantum, qui est un des groupes de Fougères les 
plus homogènes, au point de vue morphologique, est donc très 
polymorphe, au point de vue anatomique. 


Genre Nothochlaena. 


Je vais maintenant examiner deux espèces appartenant au 
genre Nothoclaena R. Br. Ce genre est caractérisé principale- 
ment par ses sores dépourvus d'indusium et situés le long des 
nervures, à l'extrémité de ces dernières, et aussi par les écailles 
ou les poils qui recouvrent la face inférieure de son limbe. Il 
est représenté en France par les N. Marantae KR. Br., et vellea 
Desv. Ce sont précisément là les espèces que j'ai étudiées ; chez 
le N. Marantae, la face inférieure du limbe est recouverte par 
des écailles rappelant celles des Ceterach; d’ailleurs, ce Notho- 
claena à été appelé Ceterach Marantae par de Candolle. Le 
N. vellea possède, au lieu d’écailles, des poils blanchâtres sur 
les deux faces du limbe, surtout sur la face inférieure. 

Milde fusionne le genre Nothoclaena avec le genre Gymno- 
gramme, dans lequel il place également le Grammatis lepto- | 
phylla; mais, comme on le verra plus loin,ilimporte de séparer | 
cette dernière espèce des Nothoclaena, au point de vue anato- | 
mique. Diels place le genre Nofhoclaena dans sa sous-tribu des 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. DO 


Cheilanthinées, à cause de ses sores situés à l'extrémité des ner- 
vures. Hooker et Baker le placent dans leur tribu des Grammiti- 
dées, ainsi que le genre Gymnogramme, à cause de ses sores 
allongés, mais ils ne le confondent pas avec le genre Gymno- 
gramme, comme le fait Milde. Ils le séparent des Piéridées, 
parce que ses sores sont dépourvus d’indusium. En outre, ils 
placent les N. vellea et Marantae dans un même groupe de leur 
section Æunothoclaena, parce que les poils ou les écailles qui 
recouvrent la surface inférieure du limbe chez ces deux espèces 
sont très nombreux. 

Ces deux Nofhoclaena sont très faciles à distinguer l'un de 
l’autre, au point de vue morphologique; au point de vue anato- 
mique, ils présentent entre eux de sérieuses différences, sur- 
tout dans leurs racines. 

Chez le N. vellea, l’endoderme de la racine est entouré par 
une assise de cellules sclérifiées, dont les parois internes sont 
fortement épaissies, alors que les autres 
parois le sont très peu (fig. 41). En outre, 
ces cellules sont plus larges dans le sens 
tangentiel que dans le sens radial. Ensuite, 
viennent une ou deux autres assises, dont 
les éléments ont leurs parois légèrement 
épaissies. Les cellules qui entourent l'en- 
doderme rappellent donc celles qui 
occupent la même position chez l’Adian- ee ee 
tum macrophyllum. À leur extérieur, on  lules entourant l'endo- 
n’a pas, comme dans cette dernière espèce, ji"me ne racnecrer 
de cellules allongées dansle sens durayon, (coupe transversale). 
et simulant un tissu palissadique; mais on 
a des cellules qui sont allongées tangentiellement. Il ne saurait 
donc y avoir de confusion à cet égard entre le N. vellea et 
l'Adiantum macrophyllum. 

En outre, le pétiole du A. vellea ne possède qu'un faisceau à 
sa base (1), avec une partie ligneuse en forme de V, dont les 
branches ne sont pas rectilignes, mais convexes du côté interne, 
vers leur milieu ; e’esten cet endroit qu’elles sont le plus épaisses. 


LA 
(1) Parmentier, loc. cit. 
ANN. SC. NAT. BOT., 9e série, IV, 22 


338 FERNAND PELOURDE. 


Jusqu'à leur convexité, elles sont proches lune de l’autre, et 
ensuite, elles divergent considérablement. Elles se terminent 
en se recourbant très peu vers l’intérieur. 

Chez le N. Marantae, la racine ne possède pas, autour de 
son endoderme, de cellules semblables à celles que j'ai signalées 
dans l'espèce précédente. Les éléments de son écorce sont 
assez allongés tangentiellement, et leurs parois sont légère- 
ment épaissies, mais non sclérifiées. On rencontrera une 
structure analogue chez le Wocdsia hyperborea. 

Quant au pétiole, ainsi que l'indique M. Parmentier, 1l 
ne possède encore à sa base qu’un faisceau, avec une seule 
partie ligneuse, qui comprend deux branches latérales renflées 
en leur milieu et terminées, à leur partie supérieure, par un 
crochet tourné du côté interne; ce crochet est renflé à son 
extrémité (1), contrairement à ce qui a lieu chez le N. vellea. 
À son origine, le faisceau est très aplati, perpendiculaire- 
ment à son plan de symétrie, et les deux extrémités 
supérieures de sa partie vasculaire sont très écartées 
l'une de l’autre. Quant à ses deux branches latérales, elles 
sont réunies du côté inférieur par une plaque transversale 
(« Querband » ) ; à leur intersection avec cette plaque, elles 
deviennent momentanément très étroites. A un certain niveau, 
elles rapprochent leurs extrémités supérieures, et la plaque 
transversale diminue de largeur. 

Ainsi, le N. Marantae, qui, comme je l'ai dit plus haut, 
avait été appelé Ceterach Marantae par de Candolle, à cause 
des écailles de son limbe, se distingue profondément des 
Ceterach par sa structure. Il se distingue aussi du N. vellea, 
et ce fait est en discordance complète avec la classification de 
Hooker et Baker, qui placent les N. Marantae et vellea dans 
un même groupe de leur section £unothoclaena. En outre, le 
genre {Vothoclaena, d'après l’organisation de son pétiole, et 
d'après celle de la racine du AN. vellea, rappelle assez les 
Adiantiun. 


(4) Parmentier, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 339 


Genre Cheilanthes. 


Après cela, Je vais examiner la seule espèce de Cheilanthes 
qui croisse en France, c'est-à-dire le Cheilanthes odora Sw. 

Le genre Cheilanthes, créé par Swartz, est caractérisé par 
des sores arrondis, situés, comme chez les Nothoclaen«, à l'ex- 
trémité des nervures, et recouverts par le bord recourbé du 
limbe. Si l’on fait abstraction de ce dernier caractère, on 
peut dire qu'ilse rapproche beaucoup du genre Nothoclaenu. 

Diels place les genres Cheilanthes el Nothoclaena dans sa sous- 
tribu des Cheilanthinées. Hooker et Baker, tout en reconnais- 
sant les affinités qui existent entre ces deux genres, les séparent 
l’un de l’autre, à cause de la présence d’un indusium chez les 
Cheilanthes et de l'absence d’un tel organe chez les Nothoclaena. 
Ils placent en effet le genre Cheilanthes dans leur tribu des 
Ptéridées, elle genre Nothoclaena dans celle des Gramimitidées. 
De plus, le Cheilanthes odora fait partie de leur section 
Eucheilanthes, parce que les fragments du bord du limbe 
qui recouvrent ses sores sont moins distincts que dans la sec- 
tion Adiantopsis Fée, sans être toutefois confluents comme 
dans la section Physapteris Presl; en outre, la face inférieure 
du limbe n’y est pas poudreuse, comme dans la section A/eu- 
rilopteris Fée. 

Dans cette espèce, la racine est dépourvue de gaine scléreuse, 
et rappelle très bien celle du N. Marantae. De plus, comme 
l'a constaté Duval-Jouve, le pétiole ne possède qu'un faisceau 
à sa base (1). M. Parmentier rapporte (2) que, à son origine, 
ce faisceau possède deux amas ligneux distincts, en forme d’arcs 
terminés en pointe à leur extrémité supérieure et élargis à leur 
extrémité inférieure. Je n'ai pu observer sur le fragment de 
pétiole desséché dont je disposais que le faisceau après la 
réunion des deux ares vasculaires initiaux. Après cette réunion, 
la partie ligneuse a une forme de pince très nette, à extré- 
mités supérieures légèrement recourbées vers l'intérieur et 
terminées en pointes. En outre, la surface interne de la pince 


(4) Duval-Jouve, loc. cit. 
(2) Parmentier, loc. cit. 


340 FERNAND PELOURDE. 


figure un arc continu et ne possède pas en son milieu de ren- 
foncement dirigé du côté inférieur ; car les deux ares ligneux 
de l’origine se sont réunis suivant toute leur partie élargie, de 
façon que leurs deux surfaces intérieures soient directe- 
ment dans le prolongement l’une de l’autre. Toutefois, len- 
semble de vaisseaux ainsi oblenu possède en son milieu, du 
côté externe, un léger renflement. 

Ainsi, le genre Cheilanthes, qui est considéré généralement 
comme très proche du genre Nofhoclaena, a effectivement des 
affinités avec le N. Marantae, au point de vue anatomique, 
mais 1l s'éloigne du AN. vellea, principalement par la structure 
de sa racine. 


Genre Allosorus. 


Je vais considérer maintenant lA//losorus crispus Bernh. qui 
est la seule espèce d’A/losorus croissant en France. 

Le genre Allosorus, créé par Bernhardi, est caractérisé par 
des sores assez larges, situés à l'extrémité des nervures, comme 
chez les Nothoclaena et les C'heilanthes, et recouverts par le bord 
rephié du Hmbe; ce bord ainsi recourbé s’avance presque Jus- 
qu’à la nervure médiane. 

Hooker et Baker placent l’Allosorus crispus dans le genre 
Cryptogramme K. Br., dont 1l est le seul représentant, sous le 
nom de C. crispa R. Br., à cause de ses frondes dimorphes ; en 
outre, ce genre Cryptogramme fait partie de leur tribu des 
Ptéridées. 

Chez l'A. crispus, dont J'ai examiné des fragments de racine et 
de pétiole desséchés, j'ai fait les constatations suivantes : 
La racine possède, autour de son endoderme, une gaine sclé- 
reuse, dont les cellules ont leurs parois toutes également épais- 
sies,comme chez les Pteris, par exemple. D'ailleurs, la plante en 
question a été placée dans le genre Pteris par plusieursauteurs, 
parce que le bord du limbe s’y recourbe sur les sores, comme 
chezles Ptenis; c’est ainsi qu'elle à été appelée Pteris crispa par 
Swartz et P. Stelleri par Gmelin. 

Le pétiole ne possède qu'un faisceau à sa base (1). La partie 


(1) Duval-Jouve, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 341 


ligneuse de ce faisceau est en forme de V (1) ; elle rappelle beau- 
coup celle que l’on trouve chez le Nothoclaena vellea, sauf que 
les extrémités libres de ses deux branches ne sont pas recour- 
bées en crochets. 

L'Alosorus crispus rappelle donc le genre Nothoclaena par la 
structure de son pétiole, mais il s’en sépare profondément par 
celle de sa racine, qui le rapproche plutôt des Pteris. 


Genre Grammitis SW. 


La dernière espèce que je me propose d'examiner parmi 
les Pléridées est indigène et se nomme Grammitis leptophylla 
Sw. Elle possède des sores allongés, dépourvus de mem- 
brane protectrice, et situés le long des nervures, à l'extrémité 
de ces dernières; ces sores sont presque parallèles au bord du 
limbe. 

Hooker et Baker séparent le G. leptophyllades autres Ptéridées, 
parce que ses sores sont nus, etils Le placent, ainsi que le genre 
Nothoclaena, dans leur tribu des Grammatidées, sous le nom 
de Gymnogramme leptophylla Desv. En outre, dans leur classifi- 
cation, c'est de Ja section ÆEugymnogramme du genre Gymno- 
gramme que la Fougère en question fait partie, à cause de ses 
nervures libres, et aussi parce que la sur- 
face inférieure du limbe n°v est pas pou- 
dreuse, comme dans la section Ceropteris 
Link. 

La racine du G. leptophylla, d'un 
diamètre très faible, possède un cylindre 
central hexagonal, comme celle des 
Adiantum cunealum et tenerum (fig. 42). 
Ce cylindre central est limité, en coupe 


transversale, par six grandes cellules, pig. 42. — Partie interne 
dontile, paroi interne seulement est, un)... 1 recmenou Gram- 
milis leplophylla (coupe 


peu épaissie. Toutes les autres mem- transversale). 
branes de l'écorce sont minces. Je n'ai 
pu juger avec une précision suffisante de la taille relative des 


CE } 


cellules corticales, parce que l'échantillon d'herbier que j'ai 


(1) Parmentier, loc. cit. 


342 FERNAND PELOURDE. 


étudié était très écrasé. Cette racine se distingue donc prinei- 
palement de celles des Adiantum cuneatum et lenerum, parce 
qu’elle ne possède pas de gaine scléreuse. 

En tous cas, son organisation est rudimentaire et rappelle 
les premiers stades du développement, comme celle que lon 
trouve chez les Adiantum cuneatum et tenerum. Cela n’est d’ail- 
leurs pas surprenant, puisque cette Fougère est annuelle et que, 
par conséquent, elle met peu de temps à se constituer. 

D'ailleurs, l’organisation de son pétiole est aussi très simple, 
car ce dernier, pour se développer, ne peut utiliser, comme 
dans les autres espèces, des réserves nutritives accumulées 
dans la tige durant les années précédentes. L'unique faisceau 
-qu'il possède est petit par rapport au diamètre du pétiole. Sa 

partie ligneuse est en forme d’are court 
et très épais au centre ; la surface interne 
. de cet are est beaucoup moins bombée 

ue que sa surface externe (fig. 43). 
. Comme je l’exprimais plus haut, 
| cette structure est rudimentaire et très 
particulière. Le G. leptophylla mérite 
Fo à as donc une place à part, parmiles Ptéri- 

phylla(coupe transversale). dées que je viens d'examiner. 
D'après les considérations précéden- 
tes, on doit conclure ce qui suit : 

La distinction des genres Pteridium et Pteris doit être 
maintenue, à cause de la structure du pétiole, malgré la simi- 
litude des racines. 

Le genre A/losorus se rapproche du genre Pteris, à cause de 
l'organisation de sa racine. 

Le genre Adiantum ne peut être caractérisé que par la 
structure de sa racine. 

Le Grammitis leptophylla, que Diels place dans une sous- 
tribu différente de celle où il place les Adiantum, et que Hooker 
et Baker ne mettent pas dans leur tribu des Ptéridées, se 
rapproche pourtant de certains Adiantum par la structure de 
sa racine. 

Le genre Nothoclaena n’est pas homogène, au point de vue 
anatomique, et 1l importe de séparer le N.-vellea du 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 343 


N. Marantae. Le N. velleu, par l'assise de cellules qui entoure 
l'endoderme de sa racine, rappelle certains Adiantum, surtout 
VA. macrophyllum ; et le N. Marantae, par la structure de sa 
racine, se rapproche du Cheilanthes odora. ne semble donc 
pas admissible de rapprocher l'un de l’autre les genres Notho- 
claena el Gymnogramme, ni de les séparer de la tribu des 
Piéridées, comme l'ont fait Hooker et Baker. 


TRIBU DES WOODSIÉES 


Je vais ensuite examiner quelques espèces appartenant aux 
genres Cystopteris Bernh. et Woodsia R. Br., que Milde et 
Luerssen placent dans leurs Aspidiacées. Diels les range tous les 
deux dans sa tribu des Woodsiées, parce que, dans l’un comme 
dans l’autre, l’indusium s'ouvre par sa partie supérieure etreste 
attaché au limbe par sa base ; illes place, en outre, dans la 
sous-tribu des Woodsinées, parce que leurs segments fertiles 
ne sont pas contractés, contrairement à ce qui se passe dans 
les genres appartenant à la sous-tribu des Onocléées. Hooker 
et Baker placent le genre Cystopteris dans la tribu des Daval- 
liées, parce que lindusium y est fixé largement à sa base, et 
libre suivant le reste de son pourtour; et ils mettent le genre 
Woodsia dans la tribu des Dicksoniées, parce que l'indusium y 
possède une forme de coupe. 


Genre Cystopteris. 


Ils mentionnent cinq espèces de Cystopteris, notamment le 
C. alpina Desv., que beaucoup d'auteurs considèrent comme 
une forme du €. fragilis, dont il est d’ailleurs très proche: 1l 
n'en diffère guère que par sa taille plus réduite. J'ai examiné 
trois de ces espèces, dont deux françaises, qui sont les C. fra- 
gilis Bernh., et montana Bernh. ; la troisième est le C. bulbifera 
Bernh., qui croit surtout dans l'Amérique du Nord. Cette 
dernière espèce est très curieuse, à cause des bulbilles qu'elle 
produit par endroits sur la face inférieure de ses feuilles, et 
qui servent à la reproduction. Le professeur Eaton a constaté 


344 FERNAND PELOURDE. 


que ces bulbilles mettent deux ans environ pour donner un 
individu adulte, semblable à celui qui les a produits (1). 
Considérons d’abord le !C. fragilis. Ainsi que l'a constaté 
Rumpf (2), sa racine possède, au-dessous de l’épiblème, une 
assise de cellules allongées tangentiellement, dont les parois 
internes et radiales sont épaissies ; on a ainsi, sur une coupe 
transversale, une série d’'U à convexité tournée du côté interne. 
Les parois radiales de ces cellules diminuent progressivement 
d'épaisseur, quand on va de l’intérieur vers l'extérieur, et les 
parois externes ne sont pas du tout épaissies. On a done, entre 
les première el deuxième assises sous-épiblémiques, comme 
une paroi cylindrique assez fortement épaissie, et très carac- 
téristique. Cela rappelle le PAegopteris calcarea, maïs, contraire- 
ment à ce qui se passe dans cette dernière espèce, les assises 
sous-Jacentes n’ont pas leurs parois épaissies. En outre, la 
racine du C. /ragilis est dépourvue {de gaine scléreuse. 
Quant à son pétiole, il possède deux faisceaux à sa base. La 
partie ligneuse de ces faisceaux est recourbée aux environs de 
son extrémité inférieure, et c’est dans sa 
TS concavité, où d’ailleurs elle est assez peu 
renflée, qu’elle possède ses plus gros 
vaisseaux (fig. 44). Elle à ainsi la forme 
d'un angle à peine plus grand qu’un droit, 
dont un côté serait plus long que l’autre. 
Elle se termine, à sa partie inférieure, par 
deux ou trois petits vaisseaux, et, à sa 
partie supérieure, par un renflement, 
Fes ms fi constitué également par de petits vais- 
Cystopleris  fragilis  seaux. Avant de se renfler ainsi, elle subit 
Mn ur étranglement, durant lequel elle ne 
comprend qu’une épaisseur de vaisseaux. Il en est de même un 
peu au-dessus de sa région concave. Son contour n'est donc 
pas régulier. À un certain niveau, les deux parties ligneuses 
ainsi décrites se réunissent en prenant contact un peu avant 
leurs extrémités inférieures. Ces extrémités sont donc libres, 
mais, à un niveau plus élevé, elles arrivent à se confondre. 


(1) Voy. Hooker et Baker, loc. cit. 
(2) Rumpf, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 349 


Ce mode d'union rappelle celui que l’on trouve chez certains 
Asplenium ; toutefois, chez ces derniers, le contact des deux 
parties ligneuses du pétiole s'effectue plus loin de leurs extré- 
mités inférieures que chez le C. fragilis. D'ailleurs, M. Par- 
mentier attribue au genre Cystopteris des affinités avec le 
genre Asplenium, parce qu’il a découvert entre le C. fragilis 
et l’A. Trichomanes un hybride, qu'il a appelé Cystopteris 
Blindi, et qui, au point de vue anatomique comme au point de 
vue morphologique, possède des caractères intermédiaires 
entre ceux de ses deux parents, tout en se rapprochant davan- 
tage de l'A. Trichomanes que du C. fragilis (4). Quoi qu'il en 
soit, le C’. fragilis diffère profondément des Asplenium, par la 
structure de sa racine. 

Le C. montana se rapproche beaucoup du C. fragilis, au 
pointde vue anatomique. Toutefois, l’assise sous-épiblémique 
de sa racine ne possède pas d’épaississements en U. 

Son pétiole est organisé comme celui du €. fragilis. D'ailleurs, 
M. Parmentier considère le C. montana comme une variété 
du €. fragilis, au même titre que le C. alpina (2). 

Dans la racine du C’. bulbifera, je n'ai pas trouvé non plus 
d'épaississements en U dans l’assise sous- 
épiblémique. 

Le pétiole du €. bulhifera possède deux 
faisceaux, dont la partie vasculaire à une 
forme d’ « hippocampe » très nette 
(fig. 45). L'extrémité inérieure def cel 
«<hippocampe » est assez réduite, mais elle 
est bien mieux développée que chez le 
Phegopteris calcarea, par exemple, et elle Mie Unides fais 
se recourbe du côté interne, presque à ie 
angle droit ; elle est constituée par des (coupe transversale). 
vaisseaux qui sont bien plus petits que 
ceux de la région médiane ; celle-ci est renflée en son milieu, 
où elle possède deux ou trois épaisseurs de vaisseaux; les plus 


(1) Parmentier, Sur le Cystopteris Blindi = Cystopteris fragilis X Asplenium 
Trichomanes (Loc. cit.). 

(2) Parmentier, Recherches sur la structure de la feuille des Fougères et sur 
leur classification (Loc. cit.). 


346 FERNAND PELOURDE. 


gros de ces vaisseaux sont situés du côté inférieur. En outre, 
la surface externe de cette région médiane est très concave. 
L'extrémité supérieure est plus longue que l'extrémité imfé- 
rieure, et elle est recourbée en arc de cercle. 

Après la réunion des deux faisceaux, les extrémités infé- 
rieures de leurs parties ligneuses prennent contact bout à bout, 
etnon pasun peu avant leur terminaison, comme chez Île 
C. fragilis. On à alors deux branches vasculaires latérales, qui 
conservent l'aspect d’« hippoeampes », et qui sont reliées, à leur 
partie inférieure, par une plaque transversale (« Querband »). 

Dans l’assise de cellules qui entoure les faisceaux péliolares 
du ©. bulbifera, ilse trouve çà et là des éléments selérifiés sui- 
vantleurs parois internes, comme cela a lieu chezles Polypodium, 
par exemple ; ces éléments deviennent de plus en plus nom- 
breux, à mesure que le niveau s'élève, et ils arrivent à former 
une assise presque continue {« Stützscheide »). Je n'ai pas vu 
de semblables formations chez les C. fragilis et montana. 

Ainsi, les épaississements en U que l’on observe dans l'assise 
de cellules sous-épiblémique de laracine, chez le C. fragilis, sont 
particuliers à cette espèce, et leur présence ne conslitue pas un 
caractère générique. 

En outre, les C. fragilis et montana se ressemblent bien 
plus entre eux qu'ils ne ressemblent au C. bulbifera. 


Genre Woodsia R. Br. 


Je vais m'occuper maintenant du Woodsia  hyperborea 
R. Br., qui est une fougère française. Hooker et Baker l'ont 
placé dans la section E£urvoodsia du genre Woodsia, parce que 
lindusium y est plus petit que chaque sore, et parce que 
cet indusium est entouré par des poils unisériés assez longs ; 
tandis que. dans la section PAysematium, l'indusium est plus 
grand que les sores et ne possède pas de poils à sa périphérie. 

La racine du W. Ayperborea, dépourvue de gaine scléreuse, à 
une structure analogue à celle des racines du N. Marantaeet du 
Cheilanthes odora. Son écorce est, en effet, constituée par des 
cellules polygonales assez allongées tangentiellement, et dont 
les parois sont légèrement épaissies. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 347 


J'ai rencontré dans le pétiole de la même espèce un faisceau 
unique, avec deux parties ligneuses en forme d’ « hippo- 
campes », qui sont presque réunies par leurs extrémités infé- 
rieures. M. Parmentier à constaté que ces parties ligneuses 
sont, à l'origine, tantôt distinctes, tantôt réunies, suivant Îles 
échantillons observés (1); en outre, comme il l'a encore 
remarqué, leurs extrémités sont terminées par de courts cro- 
chets. Quand elles sont réunies, on a deux branches vascu- 
laires latérales, reliées par leurs extrémités inférieures à l’aide 
d'une plaque transversale {« Querband »), comme chez le 
Nothoclaena Marantae, par exemple. Mais, à leur intersection 
avec cette plaque transversale, elles ne sont pas rétrécies consi- 
dérablement, comme cela a lieu chez celte dernière espèce; en 
outre, leurs crochets supérieurs ne se terminent pas par un 
renflement. De plus, à son origine, le faisceau n’est pas aplati 
perpendieulairement à son plan de symétrie, comme cela à 
encore lieu chez le N. Marantae. Ainsi, le W. Ayperborea se 
distingue des Cystopteris, au point de vue anatomique, et c'est 
de quelques Ptéridées, telles que le Nothoclaena Marantae et le 
Cheilanthes odora, qu'il se rapproche le plus. A ce sujet, il est 
intéressant de constater que sa variété rufidula Koch à été 
appelée Nothoclaena rufidula par Desvaux, à cause des fines 
écailles qui recouvrent la face inférieure de son limbe. 


FAMILLE DES OSMUNDACÉES 


Genre Osmunda |. 


Il me reste enfin, pour terminer cette première partie, à 
examiner l'Osmunda regalis L., qui croit en France, et chez 
qui la partie supérieure de la fronde est uniquement fruetifère, 
et dépourvue de Lissu assimilateur ; les rameaux du rachis qui 
constituent cette région fructifère supportent des capsules 
sporangifères. Quant au reste de la fronde, ilestcomplètement 
dépourvu de fructifications. 

Le groupe des Osmundacées est admis par tous les auteurs, 
comme équivalant à celui des Polypodiacées. C'est ainsi que 


(4) Parmentier, loc. cit. 


348 FERNAND PELOURDE. 


Hooker et Baker, par exemple, en ont fait un sous-ordre de 
leur ordre des Filicinées, et que Diels en à fait une des huit 
familles dont l’ensemble constitue son sous-groupe des Eufili- 
cinées. 

La structure de PO. regalis est très spéciale. Sa racine ne 
possède pas de gaine scléreuse ; mais les deux ou trois assises 
de cellules qui sont situées au-dessous de lépiblème ont leurs 
membranes épaissies (1), et se distinguent ainsi nettement du 
reste de l'écorce; c'est la plus externe de ces assises qui a ses 
parois le plus épaissies. De plus, l'ensemble des deux faisceaux 
ligneux de la racine en question est cunéiforme (2). En un mot, 
la bande qu'ils constituent ne coïncide pas avec le plan qui 
passe par ses deux pôles; ce dernier n’est done pas un plan 
de symétrie pour la racine. 

Le pétiole de l'O. regalis possède dans toute son étendue un 
faisceau unique, en forme d’are, à concavité tournée vers la 
face supérieure de la feuille, et à extrémités recourbées vers 
l'intérieur (3) ; sa partie ligneuse à la même forme. Thomæ a 
signalé (4), dans la région concave de ce faisceau, un certain 
nombre de canaux sécréleurs, qui alternent avec les groupes 
de protoxylème. 

Cette forme du faisceau pétiolaire, et aussi celle du bois de 
la racine, sont très spéciales. 

Avec cela, j'ai terminé la première partie de ce travail, et 
Je vais m'occuper du limbe. 

(4) Rumpf, loc. cit. 

(2) Van Tieghem, loc. cit. 
(3) 

(4) 


(l 
D) 
3) Duval-Jouve, loc. cit. 
4) Thomæ, loc. cit. 


DEUXIÈME PARTIE 


LE LIMBE 


Comme je l'ai dit dans l'Introduction, la structure du limbe 
est susceptible de se modifier sous l'influence des variations de 
milieu, ainsi que l'ont montré les travaux de divers auteurs (1). 
Il serait donc téméraire de vouloir utiliser les caractères 
anatomiques de cet organe pour la classification. Aussi, me 
bornerai-je, dans ce chapitre, à mentionner un certain nombre 
de particularités intéressantes et de faits nouveaux que J'ai 
constatés au cours de mes recherches. 

Je vais d’abord faire quelques remarques au sujet du tissu 
assimilateur. Ce dernier est assez mal différencié chez beaucoup 
de Fougères, car la plupart de ces dernières affectionnent 
spécialement les endroits ombragés (2). 

Certaines d'entre elles, toutefois, possèdent un tissu palis- 
sadique bien développé, comme, par exemple, le Ceterach 


(1) Voy. notamment, à ce sujet : 

Stahl, Ueber den Einfluss der Lichtintensität auf Structur und Anordnung des 
Assimilationsparenchyms (Bot. Zeit., 1880). — Ueber den Einfluss des sonnigen 
und schattigen Standortes auf die Ausbildung der Laubblätter (Jenaïsche Zeitsch. 
f. Naturwissensch., Bd XVI, 1883). 

Pick, Ueber den Einfluss des Lichtes auf die Gestalt und Orientirung der Zellen 
des Assimilationsgewebes (Bot. Centralblatt, 1882). 

Bonnier, Étude expérimentale de l'influence du climat alpin sur la végétation 
et les fonctions des plantes (Bull. Soc. bot. France, t. XXXV, 1888). — Cultures 
expérimentales dans les hautes latitudes (Comptes rendus, 1890). 

Leist, Ueber den Einfiuss des alpinen Standortes auf die Ausbildung der Laub- 
blätter (Mittheil. der naturf. Gesellsch. von Bern, 1889). 

Wagner, Zur Kenntniss des Blattbaues der Alpenpflanzen und dessen biologis- 
cher Bedeutung (Sitzungsberichte der Akad. d. Wissensch. zu Wien, Bd CI, 
1892), etc. 

Voy. aussi G. Haberlandt, Physiologische Pflanzenanatomie. Leipzig, 1896, 
p. 252-255. 

(2) Rœdler, Zur vergleichenden Anatomie des assimilatorischen Gewebesystems 
der Pfanzen (Inaug. Diss. Friburg i. Schweiz, Berlin, 1898-1899). 


390 FERNAND PELOURDE. 


officinarum (4), qui croît d’ailleurs dans des lieux très enso- 
leillés. 

Dans bien des cas, les cellules du tissu palissadique des 
Fougères émettent des bourgeonnements plus où moins allon- 
gés; il en est ainsi chez l'Asplenuun Ruta muraria (2), ou le 
Pteridium aquilinum (3), par exemple; c'est là ce que les 
Allemandsont appelédes cellules palissadiques à bras («Armpa- 
lissadenzellen »). 

G. Haberlandt signale des cas où l’épiderme supérieur est 
constitué par des « cellules à bras » analogues aux précédentes. 
Il en est ainsi chez l'Adiantum trapeziforme, entre autres (4); 
les prolongements de ces cellules épidermiques, généralement 
au nombre de trois ou quatre, sont localisés du côté interne, et 
délimitent des lacunes qui communiquent avec celles du 
mésophylle sous-jacent. Ces cellules rappellent celles qui sont 
situées au-dessous de l’épiderme, chez le Sambucus nigra, par 
exemple; mais, chez ce dernier, les prolongements sont situés 
du côté externe (5). Elles rappellent encore les cellules assi- 
milatrices qui, dans les aiguilles des Pins et des Cèdres, possè- 
dent à leur intérieur des cloisons incomplètes, constituées par 
des replis de la membrane externe (6). Dans tous les cas qui 
précèdent, chaque cellule équivaut à un certain nombre de 
cellules palissadiques fusionnées suivant une partie de leurs 
faces latérales; cette organisation à pour principal avantage 
d'accroître la surface assimilatrice et de créer ainsi de la 
place pour un plus grand nombre de chloroleucites (7). 

J'ai rencontré un tel épiderme « à bras » chez tous les 
Adiantum que j'ai examinés (A. Capillus Veneris, tenerum, 
cuneatum, macrophyllum), ainsi que chez l'Asplenium Tricho- 
manes (fig. 46). J'ai examiné des feuilles de cette dernière espèce 


(1) Parmentier, loc. cit. 

(2) Knôs, Anatomische Untersuchungen über die Blattspreite der einheimischen 
Farne (Inaug. Diss., Erlangen, 1902). 

(3) Petersohn, Undersückning af die Inhemska ormbunkarnes Bladbyggnad. 
Diss., Lund, 1889 (Compte rendu dans le Just's Botanischer Jahresbericht, 
1890). 

e Haberlandt, loc. cit., p. 239. 

(5) G. Haberlandt, luc. cit., p. 239. 

(6) Ibid., p. 238. 

(7) Ibid., p. 240. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 391 


qui avaient poussé sur un mur exposé au soleil toute la jour- 
née, el d'autres que j'avais récoltées sur les parois d'un puits, 
c'est-à-dire dans un lieu soustrait à l’action directe de la 
lumière solaire. Dans les deux cas, j'ai observé un épiderme 
semblable à celui que je viens de décrire. Cet épiderme, de 
forme si curieuse, contient des chloroleucites dans ses élé- 
ments, et joue bien ainsi le rôle de tissu assimilateur. D'’ail- 
leurs, on sait qu'il en est ainsi chez la plupart des Fougères 


e L 


Fig. 46. — Limbe de l’Asplenium Trichomanes Fig. 47. — Coupe tangentielle du 
(coupe transversale). üssu palissadique du Celerach 
officinarum. 
pour l’épiderme supérieur et même pour l'épidermeinférieur, qui 
jouent le rôle de tissus assimilateurs, quand même leurs cel- 
lules sont dépourvues de bourgeonnements (1). J'ai encore ren- 
contré des éléments présentant une forme analogue dans 
l'épiderme supérieur, chez le Nephrodium molle, ainsi que chez 
les Aspidium Forsteri et coadunatum. 

Je vais maintenant exposer certains résultats auxquels m'a 
conduit l'examen de coupes tangentielles que j'ai effectuées 
dans le limbe d’un certain nombre d'espèces, et qui complètent 
utilement les coupes transversales. Si l’on examine une de ces 
coupes, faite à travers le tissu palissadique du Ceterach offi- 
cinarum, par exemple, on y voit un ensemble de cercles qui 
prennent tous contact avec leurs voisins. Les méats qu'ils 
laissent entre eux communiquent avec les lacunes du méso- 
phylle, et contribuent ainsi à former le système aérifère du 
limbe (fig. 47). Les cellules en question sont donc cylindriques, 


(1) Knôs, loc. cit., p. 10. 


352 FERNAND PELOURDE. 


et cette forme à pour avantage que tous les points de leur 
surface latérale, situés sur une même section plane, sont 
également distants de la surface de la feuille, et, par consé- 
quent, également influencés par les rayons solaires. 

Quant au mésophylle, si on l’observe en coupe tangentielle, 
on voit clairement que ses éléments sont constitués par une 
région centrale, qui émet à sa périphérie un certain nombre 
de bras plus ou moins allongés. Cela est bien plus net que sur 
les coupes transversales. Les cellules du mésophylle ne prennent 
contact que par les extrémités de leurs prolongements, et ces 
derniers délimitent ainsi des lacunes plus ou moins grandes, 
qui communiquent toutes entre elles. Ces lacunes sont particu- 
lièrement larges chez le Scolopendrium officinarum (fig. 48) ; 
elles le sont moins chez l'Asplenium Trichomanes et le Ceterach 
officinarum, par exemple. 

Cela étant, je vais insister spécialement sur quelques autres 
caractères d'organisation du limbe chez certaines espèces. 

Soit d'abord le limbe de l'Asplenium septentrionale. Comme 


Fig. 48. — Coupe tangentielle du mésophylle Fig. 49. — Coupe transversale prise à 
du Scolopendrium officinarum. la base du limbe, chez l'Asple- 
nium septentrionale. 


on sait, il est très étroit, et sa nervation est très simple. À sa 
base, il a une section en forme de trapèze assez épais, dont la 
plus grande base est tournée du côté supérieur; ce trapèze, en 
outre, est plus large sur les bords qu'au milieu. Je n'ai vu, à la 
base du limbe, que deux faisceaux, qui occupent une position 
marginale (fig. 49). Puis, ce nombre augmente, et le limbe 
s’élargit, tout en conservant la forme d’un trapèze, sur les 
coupes transversales; de plus, c'est toujours au-dessus des 
faisceaux qu'il est le plus épais. J’ai observé des stomates sur sa 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 300 


face inférieure, et aussi, par endroits, sur ses deux faces laté- 
rales, mais jamais sur sa face supérieure. 

Je vais m'occuper ensuite du limbe du Polypodium Phyllitidis. 

Ainsi que l’a constaté Benze, ce limbe possède sur ses deux 
faces une cuticule lignifiée, qui est aussi épaisse que les cellules 
épidermiques sous-jacentes. Cette cuticule, grâce à sa puissance, 
évite les trop grandes pertes d’eau causées par la lranspira- 
lion, et est d’une très grande utilité pour la plante dans les 
climats secs, comme ceux où vit ordinairement le Pol/ypodium 
Phyllitidis, que l'on rencontre à l’état spontané dans l’espace 
compris entre la Floride et le Brésil (1). Les parois radiales 
de l’épiderme sont également lignifiées, mais bien moins 
épaissies que la ceuticule. 
En outre, le bord du limbe 
se termine, sur une coupe 
transversale, par un renfle- 
ment en massue, qui possède 
à sa périphérie une couche 
de cellules scléreuses (fig. 
50). Cette couche à sensi- 
blement la forme d’un fer à 
cheval, dont les deux bran- 
ches sont pointues à leur Fig. 50. — Bord sclérifié du limbe, chez le 

L ; Polypodium Phyllitidis (coupe transver- 

extrémité, et vont ensuite sale). 
en s'élargissant de plus en 
plus jusqu'à ce qu'elles se rencontrent. Sa surface externe 
est recouverte par l’épaisse cuticule qui existe dans le reste du 
limbe, et les cellules qui la constituent ont leurs parois d'autant 
plus épaissies qu’elles sont situées plus à l’extérieur. La feuille 
du P. Phyllitidis est donc entourée par une forte cuirasse 
lignifiée, qui sert à la soutenir et qui, surtout, la protège contre 
les trop grandes pertes d’eau, ainsi que je le disais plus haut. 

Les cellules épidermiques qui entourent les stomates ont leur 
extrémité arrondie, du côté où elles touchent ces derniers, et 
elles possèdent une cuticule semblable à celle qui recouvre le 


(1) Benze, Ueber die Anatomie der Blattorgane einiger Polypodiaceen, nebst An- 
passungserscheinungen derselben an Klima und Standort (Inaug. Diss., Berlin, 
1886-1887). 

ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. IV, 23 


354 FERNAND PELOURDE. 


reste de l'épiderme. Quant aux deux cellules stomatiques, elles 
sont moins épaisses que la cuticule environnante ; leur surface 
externe coïncide, en effet, sensiblement avec celle du limbe, 
mais leur surface interne est située au-dessus de celle de la 
cuticule. Leurs membranes sont lignifiées, mais peu épaissies. 
Comme on sait, dans les mailles formées par les nervures de 

la feuille du 2. Phyllhtidis, ainsi qu'auprès des bords de cette 
feuille, il se trouve des nervures libres. Ces dernières se 
relèvent brusquement à leur extrémité, et se terminent directe- 
ment au-dessous de l’épiderme, par un renflement aplati à sa 
partie supérieure. Au-dessus de ce renflement, se trouve un 
plateau de cellules épidermiques différentes des autres. Elles 
sont, en effet, allongées dans le sens de l'épaisseur du limbe, tan- 
dis que celles du reste de l'épiderme sont allongées tangentielle- 
ment. En outre, elles possèdent une cuticule très mince, et leurs 
parois internes et radiales présentent des épaississements non 
lignifiés, qui, sur une 
coupe transversale, 
figurent, dans chaque 
cellule, un Ü à con- 
vexité tournée vers 
l'intérieur. Ce sont les 
parois internes qui 
sont les plus épaissies ; 
les parois radiales di- 
minuent de plus en 
plus d’épaisseur,quand 
on va de l'intérieur 
vers l'extérieur (fig. 
51). Aux environs du 
Fig. 51. — Coupe transversale de l'extrémité d’une plateau que Je viens 
nervure libre, chez le Polypodium Phyllitidis. de décrire, la surface 
de la feuille se relève 

légèrement; dans cette partie ainsi relevée, les cellules épi- 
dermiques sont allongées dans le sens de l'épaisseur du limbe, 
comme celles du plateau qui leur fait suite, et leurs lumières 
le sont également; mais ces cellules sont sclérifiées, et la cuti- 
cule y est encore très épaisse. Le plateau de cellules qui 


i 


\ 


& 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE: 399 


recouvre l'extrémité de chaque nervure libre est donc situé 
dans un renfoncement. 

Tels sont les rapports que présentent les stomates et les ner- 
vures libres avec l'épiderme, dans le limbe du Polypodium 
Phylliidis. 

Chez le Polypodium aureum, la euticule est mince et non 
lignifiée; les bords du limbe sont encore selérifiés, mais la 
surface interne des piliers seléreux ainsi constitués est beau- 
coup moins échancrée que chez le Polypodium Phyllitidis. 

J'ai maintenant quelques mots à dire sur le limbe du Pteris 
cretica. Ce limbe se termine de chaque côté par une bordure 
blanchâtre, dont la section est assez allongée, et qui est un peu 
recourbée du côté inférieur ; cette bordure est constituée par 
des cellules sclérifiées, comme chez les P. Phyllitidis et au- 
reum. Au-dessus des sores, le bord du limbe n’a plus la mème 
structure. Avant de se recourber, il subit un étranglement qui 
se manifeste surtout par un sillon 
situé sur sa face supérieure. Peu 
après, ses deux surfaces commencent 
à se rapprocher l’une de l’autre. A 
partir du sillon dont je viens de parler, 
on à, entre les deux épidermes, non 
pas du parenchyme lacuneux, mais 
des cellules à section polygonale. À un 
certain moment, les deux épidermes 
arrivent à se toucher; alors, l’indusium 
n'a plusque deux épaisseurs de cellules. 
Finalement, il n’en a plus qu'une; Fig. 52 — Indusium du 

Pteris cretica (coupe trans- 
sur une coupe transversale, on re-  versale). 
marque, en effet, à son extrémité, 
trois ou quatre cellules, situées sur une même ligne droite 
(fig. 52). Au fond de la dépression que j'ai signalée plus haut, 
à l’origine de l'indusium, on constate, sur une section trans- 
versale, la présence de sept ou huit cellules épidermiques, dont 
les parois sont très épaissies. Ces cellules doivent avoir un rôle 
mécanique, consistant à soutenir et à faire ouvrir l'indusium, 
comme l'anneau des sporanges des Fougères fait ouvrir ces der- 
niers. 


396 FERNAND PELOURDE. 


Chez le Pteris longifolia, les bords du limbe ne sont pas sclé- 
rifiés, et ce dernier s’étrangle encore, avant de se transformer 
en indusium ; mais, au fond du sillon ainsi obtenu sur sa face 
supérieure, il ne possède pas de cellules à parois épaissies. 
Ses deux épidermes arrivent encore à se toucher, et fina- 
lement, on n’a plus qu'un seul plan de cellules, qui comprend 
une suite de huit ou neuf éléments dans le sens de sa largeur. 
Avant que les deux épidermes aient pris contact l’un avec 
l'autre, l’espace qui les sépare est occupé par un tissu très lacu- 
neux. Le limbe subit done moins de modifications chez le 
P. longifolia que chez le P. cretica, pour constituer l’indusium. 

Quant au Pteridium aquilinum, ainsi que le figure notam- 
ment Luerssen(1), d'après Burck, son indusium externe continue 
directement le limbe, sans étranglement préalable ; il est cons- 
litué au début par deux assises de cellules qui se touchent, et 
qui sont la suite des deux épidermes du limbe ; finalement, il 
n'yen a plus qu'une, comme chez les Pleris cretica et longifolia. 
Son indusium interne n'a qu'une seule assise de cellules sur 
toute son étendue. La région du limbe située aux environs des 
sores possède des cellules qui ont une section polygonale, 
comme chez le Pteris cretica. 

Tels sont les faits qu'il m'a paru intéressant de signaler sur 
la structure du limbe. Je vais, après cela, faire un certain 
nombre de remarques sur celle de la tige. 


(1) Luerssen, loc. cit., fig. 82, p. 101. 


TROISIÈME PARTIE 


LA TIGE 


Il m'a été impossible d'utiliser les caractères anatomiques de 
la tige des Fougères pour la classification, car ces caractères 
ne sont pas assez variés dans les divers genres et dans les 
diverses espèces. De plus, à cause des nombreux faisceaux qui 
vont, soit dans les racines, soit dans les pétioles, la structure 
de l'organe qui nous occupe se modifie considérablement 
d’une région à une autre. Il est donc impossible d'établir une 
comparaison précise des modes d'organisation de la tige dans 
les divers groupes de Fougères. Toutefois, parmi les espèces 
que J'ai étudiées, on doit faire une restriction pour Le Pteridium 
aquilinum et pour l'Osmunda regalis, au sujet desquels je m’ex- 
pliquerai plus loin. 

Pour le moment, je me contenterai d'indiquer les particula- 
rités qui m'ont paru dignes de remarque au cours de mes 
observations. 

Comme on sait, les parois des cellules corticales du rhizome 
des Fougères sont souvent très épaisses, et traversées par des 
orifices, grâce auxquels les protoplasmes des cellules voisines 
communiquent entre eux (1). Ces orifices sont particulièrement 
larges chez l'Athyrium Filir-fœæmina. W en est de même pour 
les méats intercellulaires ; l’ensemble des épaississements qui 
entourent chacun de ces derniers figure un large pilier, à 
seclion arrondie ou triangulaire. Ces piliers, sur une coupe 
transversale, donnent aux cellules qui les possèdent un aspect 
étoilé, que Je n'ai observé dans aucune autre espèce; cet 


(1) Poirault (Georges), Recherches anatomiques sur les Cryptogames vasculaire 
(Ann. Sc. nat., Bot., 7° série, t. XVII, 1893). 


398 FERNAND PELOURDE. 


aspect est dû, avant tout, à la grande taille des méats, et à la 
faible distance qui les sépare. 

Je tiens encore à signaler la présence, dans certaines espèces, 
d’un anneau de cellules qui se distinguent des autres par une 
plus grande épaisseur de leurs parois, comme cela a lieu chez 
les Aspidium Filix-Mas et spinulosum, et chez le Nephrodium 
molle, par exemple. Chez ces plantes, l’anneau d’épaississe- 
ments, plus ou moins large, est situé directement au-dessous 
de l’assise de cellules qui limite le rhizome. Dans d’autres cas, 
il est séparé de cette dernière par un plus où moins grand 
nombre d’autres assises, dont les membranes sont minces, 
comme cela à lieu chez le Blechnum Spicant, par exemple. 

Une autre particularité intéressante, c’estla présence de piliers 
scléreux « Stützbündel» dans certaines espèces, ainsique Russow 
en a signalé chez le Polypodium Phyllitidis, entre autres (1). 
J'en ai rencontré également dans certaines espèces, comme 
chez les Asplenium Rula muraria et Belangeri, et chez le 
Nephrodium molle. Chez les Asplenium Ruta muraria et Be- 
langeri, ces piliers sont souvent appliqués contre la surface 
interne des faisceaux, surtout chez PA. Ruta muraria. 

Chez le Nephrodium molle, j'ai constaté également l'existence 
de poils unicellulaires, pointus à leur extrémité, et dont les 
parois sont épaissies et lignifiées, tout comme dans les poils 
qui existent sur les deux faces du limbe de la même espèce. 
On en trouve également de semblables chez l'Aspidium un- 
brosum. 

Mais c'est chez le Polypodium aureum que j'ai rencontré 
les poils les plus curieux. Ces poils, à la fois massifs et étoilés, 
sont implantés au fond de dépressions assez profondes de la 
surface du rhizome ; ils débutent par un pied élargi à sa base 
et constitué par de nombreuses cellules. Au-dessous de la base 
élargie de ce pied, les cellules de l’assise périphérique du 
rhizome deviennent plus grandes, et sont allongées dans le 
sens radial. À son sommet, le pied en question supporte 
trois branches assez longues, pointues au bout, qui lui 
sont sensiblement perpendiculaires, et qui comprennent une 


(1) Russow, loc. cit. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 399 


seule épaisseur de cellules; du moins, je n'ai jamais vu plus de 
trois de ces branches. Ces poils, très gros et visibles à Pœil nu, 
ont leurs parois lignifiées. 

Après cela, je vaisinsister spécialement sur l'organisation du 
rhizome chez le Pteridium aquilinum et chez l'Osimunda regalis. 

Le rhizome du Pteridium aquilinum possède, en dessous de 
son assise de cellules la plus externe, une gaine scléreuse qui 
lui donne une couleur brune (1). Il contient, en outre, deux 
cercles de faisceaux parallèles à sa surface, et comprenant un 
large faisceau dorsal et d’autres, plus petits, qui sont situés du 
côté ventral; ces derniers sont généralement au nombre de 
deux dans le cercle interne, mais on en compte davantage 
dans le cercle externe (fig. 53). Ces deux 
séries de faisceaux sont séparées l’une 
de l’autre par deux plaques scléreuses 
« Stützhbündel » (2). L'une de ces deux 
plaques, située du côlé ventral, est en Fig. 53. — Rhizome du 
forme d'arc, et l’autre, presque horizontale, + . ur a 
possède sensiblement, sur une coupe près Sachs). 
en travers, la forme d’un humérus. Cette 
organisation si spéciale a été remarquée pour la première: 
fois par Sachs (3). Elle se distingue considérablement de 
celle que l’on rencontre chez les Pteris, où l'écorce est com- 
plètement dépourvue de sclérenchyme. En passant, je crois 
devoir signaler, chez le Pteris crelica, autour des faisceaux 
du rhizome, l'existence de plusieurs assises de cellules arron- 
dies, à parois très minces, et plus petites que les cellules envi- 
ronnantes, lesquelles ont une section polygonale et des parois. 
assez épaisses. Je n'ai constaté cela dans aucune autre espèce. 

Quoi qu'il en soit, on doitconclure des faits précédents que le 
Pteridium aquilinum, par la structure de son rhizome, se distin- 
gue profondément des Pteris. 

Dans la tige de l'Osmunda regalis, on rencontre une 
structure non moins spéciale. L'écorce y est fortement scléri- 
fiée dans la plus grande partie de son épaisseur, et contient 


(1) Russow, Terletzki, loc. cit. 
(2) Russow, Loc. cit. 
(3) Sachs, Lehrb. d. Bot., 4 Aufl., p. 410, fig. 91. 


360 FERNAND PELOURDE. 


de nombreux faisceaux foliaires (fig. 54); en dedans de la 
gaine scléreuse ainsi formée, se trouve un cylindre central 
qui possède un cercle de faisceaux ligneux, ovales ou en forme de 
fer à cheval, à concavité tournée vers 
] 
l'inté rieur; ces faisceaux entourent 
une moelle, qui s'insinue également 
entre eux, sous la forme de rayons 
médullaires. A leur extérieur, on ob- 
Fig. 54. — Rhizome de l'O serve d’abord un anneau parenchy- 
munda regalis ; coupe trans- à L S 
versale (d'après de Bary),  Mateux, répondant à ce que Russow a 
appelé une « Xylemscheide », et 
Strassburger, du « Vasalparenchym »; puis, un anneau libé- 
rien qui émet des prolongements en forme de coins entre les 
faisceaux ligneux. Le liber est enfin séparé de l’endoderme par 
un nouvel anneau de parenchyme. 

Cette organisation, qui répond au type monostélique de 
M. Van Tieghem, comme celle de la tige chez la plupart des 
Phanérogames (1), ne se rencontre que chez les Osmunda et 
les Todea, et est très caractéristique du groupe des Osmun- 
dacées (2). Elle a été observée pour la première fois par de 
Bary (3). 

Ainsi, la structure du rhizome des Fougères ne peut servir 
pour la classification, sauf toutefois chez le Pteridium aqui- 
linum et chez l'Osmunda regalis, où elle est tout à fait parti- 
culière. 


(4) Van Tieghem et Douliot, Sur la polystélie (Ann. Se. nat., Bot., 7° série, 
t. IL, 1886). — Van Tieghem, Traité de Botanique, 2° édit., p. 1373. 

(2) Van Tieghem, Traité de Botanique, 2° édit., p. 1386. 

(3) De Bary, Vergleichende Anutomie. Leipzig, 1877. 


CONCLUSIONS GÉNÉRALES 


La racine et le pétiole des Fougères présentent dans leur 
structure des différences qui ont une grande valeur systé- 
matique. 

Dans la racine, la présence ou l'absence d’un anneau sclé- 
reux autour de l'endoderme ; la constitution des éléments de 
cet anneau scléreux ; la présence ou labsence d’un anneau 
de cellules à parois fortement épaissies, mais non selérifiées ; 
quelquefois aussi, la forme du cylindre central, etc., sont 
autant de caractères extrèmement utiles pour la classification. 

Dans le pétiole, le nombre des faisceaux, et principalement 
la forme du bois de ces faisceaux, la présence ou l'absence 
de piliers scléreux, ainsi que la présence ou l'absence d’une 
gaine scléreuse, etc., constituent également descaractères de pre- 
mière importance pour la distinction des genres, et parfois 
des espèces. 

La structure de la tige n’est caractéristique que dans quelques 
cas exceptionnels, comme chez le Pteridium aquilinum et chez 
l'Osmunda regalis. En général, les nombreux faisceaux qui se 
dirigent en tous sens dans le rhizome des Fougères constituent 
un réseau inextricable et empêchent de découvrir dans cette 
parüe de la plante un plan d'organisation bien défini. 

Quant à la structure du limbe, on n’en peut tenir compte, à 
cause de sa trop grande variabilité. 

Si l’on utilise les caractères que je viens d'indiquer pour la 
détermination des genres, on constate que, dans certains cas, 
ces caractères concordent avec les données morphologiques ; 
il en est ainsi, par exemple, pour les genres Polypodium, 
Adiantum, Grammitis, Osnrunda, qui sont tout à fait homo- 
gènes, aussi bien au point de vue anatomique qu’au point de 
vue morphologique. 

En outre, les caractères anatomiques de la racine et du 
pétiole permettent de fixer les limites de certains genres, sur 
la définition desquels les auteurs ne sont pas d'accord. C'est 
ainsi que le genre Scolopendrium, qui à été mis par 


302 FERNAND PELOURDE. 


Hooker et Baker dans une tribu différente de celle où ces 
auteurs ont placé les Asplenium, doit être rapproché des genres 
Asplenium et Ceterach. Les espèces appartenant aux trois genres 
en question ont toutes, en effet, la même structure dans leurs 
racines, et, dans leurs pélioles, on trouve toujours le même plan 
d'organisation. Il importe donc de rapprocher étroitement ces 
trois genres les uns des autres, sans toutefois les réunir en 
un seul, à cause des grandes différences morphologiques qui les 
séparent. De même, Hooker et Baker ont placé les genres 
Lomaria et Blechnum dans deux tribus différentes. Or, toutes 
les espèces qui constituent ces deux genres possèdent encore 
une structure analogue dans leurs racines, et un même 
plan d'organisation dans leurs pétioles. De plus, les diffé- 
rences morphologiques qui existent entre elles sont très peu 
importantes, puisqu'elles se résument dans ce fait que, chez 
les Plechnum, les sores sont situés le long de la nervure mé- 
diane de la feuille ou du fragment de feuille qui les porte; 
tandis que, chez les Lomaria, 118 sont situés à une certaine dis- 
tance de cette nervure, mais toujours parallèlement à elle. II 
importe donc de réunir les genres Lomaria et Blechnum. 

A côté de cela, il existe des genres qui ont été réunis par 
plusieurs auteurs, et qui doivent être séparés, parce qu'ils 
différent profondément les uns des autres au point de vue 
anatomique. Ainsi, le genre Athyrium, qui a été réuni avec 
le genre Asplenium, dans diverses classifications, doit en être 
séparé; car, chez les Athyrium, la racine est dépourvue de 
gaine scléreuse, contrairement à celle des Asplenium, et le 
bois des deux faisceaux pétiolaires a une forme très diffé- 
rente de celle que lon rencontre chez les Asplenium. De 
même, le genre Phegopteris doit être séparé du genre 
Polypodium, avec lequel plusieurs auteurs l'ont réuni ; car la 
racine, chezles Phegopteris, ne possède pas de gaine scléreuse, 
contrairement à ce qui a lieu chez les Polypodium ; et les fais- 
ceaux péliolaires des Phegopteris diffèrent beaucoup de ceux 
des Polypodium, par la forme de leur bois. On doit 
encore séparer le genre Pteridium du genre Pteris. Le 
genre Pleridiumne comprend qu'une espèce, le P. aquilinum, 
qui à été séparée des vrais Pteris, à cause de son double 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 363 


indusium; mais elle s’en distingue encore plus par la 
structure de son pétiole, et surtout par la structure de son 
rhizome. 

L'anatomie nécessite également de faire des coupures dans 
certains genres. Il en est ainsi, par exemple, pour le genre 
Nothoclaena. En effet, le N. vellea diffère profondément du 
N. Marantae par la structure de sa racine, dont l’endoderme est 
entouré par une assise de cellules sclérifiées, à parois internes 
plus épaissies que les autres; cette assise manque chez le 
N. Marantae. Un cas analogue se présente pour les genres As- 
pidium, Nephrodium, Polystichum, dont les espèces doivent être 
rangées, d’après leur structure, dans deux groupes différents : 
dans l’un, la racine possède une gaine scléreuse, et le pétiole 
comprend plusieurs faisceaux, dont les deux principaux ont 
un bois en forme de « cornue »; dans l’autre, la racine est 
dépourvue de gaine scléreuse, et le pétiole contient deux 
faisceaux seulement, dont le bois a une forme d’ « hippo- 
campe ». 

Je proposerai de faire de ces deux groupes des genres, et 
de donner au premier le nom d’Aspidium, par exemple, et au 
deuxième, le nom de Nephrodium. 

En outre, l'anatomie permet, à elle seule, de caractériser cer- 
laines espèces.Il ÿ à même des cas où les différences anatomi- 
ques qui existent entre deùx espèces déterminées sont plus 
importantes que leurs différences morphologiques. Ainsi, par 
exemple, les Adiantum Capillus Veneris, cuneatum et tenerum se 
ressemblent beaucoup, à première vue; mais ils présentent, 
dans la structure de l'écorce interne de leurs racines et 
dans la forme du bois de leurs faisceaux pétiolaires, des diffé- 
rences considérables. 

Je n’insisterai pas autrement sur cette question de la distinc- 
tion anatomique des espèces, qui sera développée dans le cha- 
pitre suivant. En tous cas, les différences anatomiques qui 
existent entre certaines espèces de Fougères sont d’une grande 
utilité; car, si l’on possède des échantillons de ces espèces qui 
soient dépourvus de sores, on peut quand même les déterminer 
à l’aide de leur structure. De même, quand on a des Fougères 
réduites à leur partie souterraine, comme cela arrive souvent 


364 FERNAND PELOURDE. 


dans nos pays, durant l'hiver, on peut dire dans bien des cas 
à quels genres et quelquefois même à quelles espèces ces Fou- 
gères appartiennent. 


CONCLUSIONS PARTICULIÈRES AUX FOUGÈRES 
DE FRANCE 


Je terminerai ce travail en rappelant brièvement quels sont 
les principaux caractères anatomiques distinctifs des Fougères 
françaises. 


1° Genres Asplenium, Ceterach, Scolopendrium. 


L'endoderme de la racine est entouré par une gaine scléreuse, 
dont les éléments ont une lumière très réduite et rejetée du côté 
externe (fig. 55). Le faisceau de la région supérieure du 


7 
Fig. 55. — Partie interne de l'écorce de la Fig. 56. — Coupe transversale de la 
racine chez les Asplenium, les Ceterach partie supérieure du pétiole chez 
et les Scolopendrium (coupe transver- les Asplenium Adiantum nigrum, 
sale). viride et fontanum. 


pétiole a une partie ligneuse en forme d’X, dont les branches 
supérieures sont plus longues que les inférieures ; ces dernières 
sont parfois extrêmement réduites. 

Asplenium. — A.— Les quatre branches de VX sont recour- 
bées en crochet à leur extrémité : A. Adiantum nigrum, vi 
ride, fontanum (fig. 56). 

B.— Les deux branches supérieures de VX ne sont pas 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 369 


recourbées à leur extrémité : A. marinum, lanceolatum 
(fig. 57). 

C.— Les deux branches inférieures de VX sont à peu près 
nulles, si bien que, dans la partie supérieure du pétiole, le bois 


æ | fe) 


# 


Fig. 57. — Coupe transversale de la partie Fio. 58. — Coupe transversale de la 
8 : à Ï 8» à ) À 
supérieure du pétiole chez les Asple- partie supérieure du pétiole chez les 
nium marinum et lanceolatum. Asplenium Tricliomanes et Pelrar- 
cheæ. 


a une forme rappelant plutôt celle d'un T : A. Trichomanes, 
Petrarchæ (fig. 58). 

D. — Le pétiole n’est pas entouré par une gaine scléreuse, 
contrairement à ce qui a lieu chez les espèces précédentes ; en 
outre, il possède un tissu cortical très lacuneux : À. Rutu 
murarix. 

E. — Le pétiole a une structure à peu près analogue à celle 
que l’onrencontre chez l'A. Ruta muraria; mais, à sa base, l'épi- 
derme, et, par endroits, une ou deux assises sous-jacentes, ont 
leurs membranes selérifiées : À. septentrionale. 

F. — Le pétiole possède un tissu cortical assez lacuneux ; à 
sa base, il est entouré par une gaine scléreuse continue, rappe- 
lant celle que l’on trouve chez l’A. Trichomanes ; cette gaine 
diminue rapidement d'importance, et devient discontinue, à 
mesure que le niveau s'élève : À. germanicum. 

Ceterach.— Le pétiole possède, au-dessous de son épiderme, 
quelques assises de cellules à parois épaissies. À sa base, il 
existe un faisceau unique, quise divise bientôt en deux autres, 
lesquels se réunissent finalement en un seul, dont le bois a 
une forme semblable à celle que l’on rencontre chez les As- 
plenium Trichomanes et Petrarchæ. Chacun des deux faisceaux 
pétiolaires, en outre, est accompagné par deux piliers scléreux, 


366 FERNAND PELOURDE. 


dont les éléments ont une lumière réduite et reJetée du côté 
externe (fig. 59) : C. officinarum. 

Scolopendrium. — À. — Le pétiole possède une gaine 
scléreuse intracorticale. Chacun 
de ses deux faisceaux est 
accompagné par deux piliers 


Fig. 59. — Coupe transversale du pétiole Fig. 60. — Coupe transversale de la 
du Ceterach officinarum, indiquant partie supérieure du pétiole du Scolo- 
la zone d’épaississements sous-épider- pendrium  officinarum, indiquant la 
mique, et les piliers scléreux qui gaine scléreuse intracorticale et les 
accompagnent les faisceaux. quatre piliers scléreux qui accom- 


pagnent le faisceau. 


scléreux, dont les éléments ont une lumière centrale très ré- 
duite (fig. 60) : S. officinarum. 

B. — Le pétiole possède une gaine scléreuse située immé- 
diatement au-dessous de l’épiderme ; à sa base, il n'existe 
qu'un faisceau, avec deux parties ligneuses distinctes : S. He- 
mionilis. 


2° Genre Athyrium. 


Les membranes de l'écorce de la racine sont toutes épaissies, 
et elles le sont d'autant plus que les 
cellules auxquelles elles appartiennent 
sont situées plus à lextérieur, mais 
elles ne sont pas sclérifiées. La partie 
ligneuse des deux faisceaux pétiolaires a 

Fig. 61. — Pétiole de l'4 une section en forme d’ « hippocampe » 

thyrium  Filix-fœæmina É À 

lcodpe tans crenlel: très allongé ; dans la plus grande 
partie de son étendue, elle est très 

mince, et ne comprend guère qu'une épaisseur de vaisseaux ; 
elle n'est renflée que dans la partie supérieure de sa région 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 4) 


(æn) 


rl 
médiane ; en outre, elle est plus épaisse à son extrémité supé- 
rieure qu'à son extrémité inférieure (fig. 61) : A. Filix- 
fæmina. 
3° Genre Blechnum. 
Le pétiole possède un petit faisceau situé du côté inférieur, 
et deux autres, plus gros, situés du côté supérieur ; le bois de 


ces deux gros faisceaux à une section en forme d’«hippocampe» 
assez court, dont la région centrale est très renflée, et dont les 


@ Ÿ 


Fig. 62. — Pétiole du Blechnum Spicant Fig. 63.— Coupe transversale du pétiole 
(coupe transversale). chez les Aspidium Filix-Mas, angu- 
lare, spinulosum, ete. 


extrémités sont courtes, surtout l'extrémité inférieure (fig. 62) : 
B. Spicant. 


4° Genre Aspidium. 


Le pétiole possède plusieurs faisceaux ; les deux principaux 
de ces faisceaux, situés du côté supérieur, ont une partie 
.ligneuse dont la section est en forme 
de « cornue » à col court, replié 
du côté interne (fig. 63) : A. angu- 
lare, Filix-Mas, spinulosum, crista- 
tum, æmulum, rigidum. 


5° Genre Nephrodium. 


La racine possède deux faisceaux : 
ligneux qui ne se rejoignent pas aü Fig. 64. — Pétiole du Nephrodium 
Ê (ee re 
: b Ë Thelypleris (coupe transversale). 
centre. — La partie ligneuse de 


chacun des deux faisceaux pétiolaires a une section en forme 


368 FERNAND PELOURDE. 


d’ «hippocampe » ; elle est mince et ne comprend qu’une 
épaisseur de vaisseaux, sauf dans sa région médiane, où il 
s'ajoute quelques gros vaisseaux, peu nombreux d’ailleurs, 
du côté interne. De plus, son extrémité supérieure est bien 
plus longue que son extrémité inférieure (fig. 64) : N. The- 


lypteris (1). 
6° Genre Phegopteris. 


A.— La racine possède, au-dessous de son épiblème, une 
zone d’épaississements, dont l'assise située le plus en dehors a 
les parois externes de ses cellules non épaissies (fig. 65). 


CAS 


Fig. 66. — Pétiole du Phegopteris calcarea 
(coupe transversale). 


Ÿ C 


Fig. 65. — corce de la racine du 
Phegopleris calcarea (coupe trans- Fig. 67. — Péliole du Phegopteris polypo- 
versale). dioides (coupe transversale). 


La partie ligneuse de chacun des deux faisceaux pétiolaires a 
une section en forme d’«hippocampe », à extrémité inférieure 
extrêmement réduite (fig. 66) : PA. calcarea. | 

B. — La partie ligneuse de chaque faisceau pétiolaire est 
en forme d’«hippocampe», à extrémité inférieure bien déve- 
loppée, et avec une seule épaisseur de vaisseaux dans sa région 
médiane (fig. 67) : Ph. polypodioides. 


(1) Je n'ai pu examiner les espèces d’Aspidinées dont les noms suivent : 
Aspidium Bootii Tuckermann, que Milde a considéré comme un hybride entre 
les Aspidium cristatum et spinulosum ; l'Aspidium remotum Al. Br.,que ce dernier 
a considéré comme un hybride entre les Aspidium Filix-Mas et spinulosum ; 
l'Aspidium Lonchitis Sw., qui a été rapproché de l'Aspidium aculeatum par 
divers auteurs (Voy. Lachmann et Vidal, loc. cit.); le Nephrodium Oreopteris 
Desv., que MM. Colomb (loc. cit.) et Parmentier (loc. cit.) ont rapproché du 
Nephrodium Thelypteris au point de vue anatomique. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 309 


7° Genre Polypodium. 


Les éléments corticaux de la racine sont ordonnés assez 
régulièrement, à la fois dans le sens radial ef dans le sens 
circulaire (fig. 68). L'endoderme de la racine est entouré 


Fig. 68.— lcorce de la racine du Polypodium Fig. 69. — Pétiole du Polypiodium 
vulqare (coupe transversale). vulgare (coupe transversale). 


par une gaine scléreuse dont les éléments ont une lumière 
étroite, et allongée tangentiellement. Le pétiole a généralement. 
trois faisceaux, dont les deux principaux ont un bois en forme 
de cornue à col rejeté vers Pextérieur (fig. 69): P. vulgare. 


S° Genre Pteris. 


La partie ligneuse des deux faisceaux pétiolaires à la forme 
d'un «hippocampe » ; sa région cen- 
trale est sensiblement rectangulaire, 
sur une coupe transversale ; son extré- 
mité inférieure s'insère presque à an- 


gle droit sur la région centrale, el 
à ) D Fig. 70. — Pétiole du Pleris 
Sehlérmine par un renilement ; SON ercafconpetransversalel. 
extrémité supérieure est recour- 


béel ten arcide ‘cercle (fig. 70) ::P."cretica. 


9° Genre Pteridium. 


Le péliole à de nombreux faisceaux, dont les formes sont 
très diverses ; ces faisceaux sont séparés les uns des autres par 


ANN. SC. NAT. BOT., 9 série. IV, 24 


310 FERNAND PELOURDE. 


des bandes de tissu scléreux. Le rhizome à deux cercles de 
faisceaux, séparés par deux plaques scléreuses : P. aquilinum. 


10° Genre Allosorus. 


Le pétiole n'a à sa base qu'un faisceau, dont le bois est en 
forme de V, à branches non 
lerminées en crochet à leur 
extrémité: À. crispus. 


11° Genre Adiantum. 


L'endoderme de la racine est 
entouré par une où deux assises 
de cellules beaucoup plus 
grandes que celles du reste 


Fig. T1. — Kcorce de la racine de de l'écorce (fig. 74) * A. Capil- 
PAdianlum Capillus Veneris (coupe Ne Î 
{ransversale). lus Veneris. 


12° Genre Nothoclaena. 


A.— L'endoderme de la racine est entouré par une assise de 
cellules sclérifiées, à parois internes beaucoup plus épaissies 
que les autres (fig. 72) : N. vellea. 

B. — L'unique faisceau du péliole à une partie ligneuse en 


Fig. 72. — Partieinterne de l'écorce de Fig. 73. — Pétiole du Nothoclaena 
la racine, chez le Nolhoclaena vellea Marantae (coupe transversale). 


(coupe transversale). 


forme de pince; les extrémités libres de cette pince sont 
recourbées vers l’intérieur, et se terminent par un renflement 


(fig. 73) : N. Marantae. 


CLASSIFICATION DES FOUGÈRES DE FRANCE. 311 


15° Genre Cheilanthes. 
L'unique faisceau du pétiole possède, à la base de ce dernier. 
deux ares ligneux, pointus à leurs 
extrémités supérieures et élargis à 
leurs extrémités inférieures, suivant 
lesquelles ils se réunissent à un cer- 
lain niveau, de facon à figurer une 
pince, dont les branches sont termi- 
nées en crochet à leur extrémité libre Ha cite pétiois du Cher 


(fig. 14) : C.odoru«. lanthes odora (eoupe trans- 
+ versale). 


14° Genre Grammitis. 


Le cylindre central de la racine, vu en coupe transversale, 
est hexagonal, et limité par six larges cellules, à parois internes 


@N 
te 


Fig. 75. — Partie interne de l'écorce de Fig. 76. — Pétiole du Granunilis lep- 
la racine, chez le Grammilis Leplo- tophylla (coupe transversale). 


phylla (coupe transversale). 


plus épaissies que les autres (fig. 75). La partie ligneuse de 
l'unique faisceau pétiolaire est épaisse au centre, et figure 
sensiblement un V à branches courtes (fig. 76): G. leplophylla. 


15° Genre Woodsia. 


A la base du pétiole, on rencontre deux amas ligneux, dis- 
lincis où réunis par leurs extrémités inférieures, suivant une 
plaque transversale, et ayant une forme d’« hippocampes » à 
crochets très courts : W. Lyperboreu. 


312 FERNAND PELOURDE. 


16° Genre Cystopteris. 


A.— La racine possède, dans son assise sous-épiblémique, des 
épaississements en U,àconvexité tournée ducôtéinterne (fig. 77). 
Chacun des deux faisceaux pétiolaires possède une partie 


D 


Fig. 77. — Ecorce de la racine du Cysto- Fig. 78. — Pétiole du Cystopleris 
pleris fragilis (coupe transversale). fragilis (coupe transversale). 


ligneuse en forme d'angle, dont le côté inférieur est plus court 
que l'autre; en outre, le contour de cette partie hgneuse est 
irrégulier, et son extrémité inférieure est pointue, tandis que 
son extrémité supérieure est renflée (fig. T8) : €. fragilis. 

B.— Structure analogue, mais pas d’épaississements en U dans 
l'assise sous-épiblémique de Ja racine : €. montana. | 


17° Genre Osmunda. 
La bande ligneuse de la racine est cunéiforme (fig. 79). L'uni- 
que faisceau du pétiole à une forme d'arc, concave du côté 


‘Fig. 79,— Racine de l'Osmnunda regalis Fig. 80. — Péliole de l'Osmunda regalis 
(coupe transversale). (coupe transversale). 
supérieur, el recourbé en dedans à ses extrémités (fig. 80). Le 
rhizome est entouré par une puissante gaine scléreuse, el 
possède une moelle, autour de laquelle on remarque un cercle 
de faisceaux ligneux: c'est en dehors de ce cercle que se trouve 

le liber, suivant un anneau continu : O. regalis. 


QUELQUES REMARQUES 


SUR LES TRÉMANDRACÉES 


Par Ph. VAN TIEGHEM 


Les petits arbustes australiens qui composent la Famille des 
Trémandracées, établie parRobert Brown dès 181%, segroupent, 
comme on sait, en (rois genres que, d’après fa conformation 
de lanthère toujours poricide, on peut caractériser sommai- 
rement de la manière suivante : les Trémandres (Tremandra 
R. Brown), où l’anthère ne se prolonge pas en tube au sommet : 
les Tétrathèces (Tetratheca Sith), où Panthère se prolonge en 
un tube plus où moins long, en disposantses quatre sacs en carré 
sur deux rangs; etles Platythèces(PlatythecuSteetz), où lanthère 
se prolonge aussi en fube, mais en disposant ses quatre sacs 
côte à côte sur un seul rang. 

Le troisième genre se distingue encore des deux autres par 
la disposition des feuilles, verticillées à chaque nœud en nombre 
variable, mais supérieur à 5, où du moins paraissant telles et 
décrites comme telles par tous les botanistes. Montrer qu'il 
n'en est pas ainsi et que ce genre offre, dans la disposition 
réelle de ses feuilles, une singularité inaperçue jusqu'à présent 
et sans exemple ailleurs, c’est ce qui fera l'objet de notre 
première remarque. 


{. Disposilion réelle des feuilles dans les Platythèces. — Voyons 
d'abord comment les feuilles sont disposées el insérées dans les 
Frémandres et les Tétrathèces. Dans le premier genre, elles 
sont opposées el prennent chacune à la stèle de la Uüige une seule 
méristèle, pourvue d'un seul faisceau libéroligneux. Dans le 


second, elles sont, suivant les espèces, isolées, opposées où 


914 PH. VAN TIEGHEM. 


verlicillées par 3, # et 5, ces diverses dispositions pouvant 
aussi d’ailleurs se rencontrer réunies dans une seule et même 
espèce. Quel qu'en soit le nombre à chaque nœud, elles reçoivent 
chacune de la stèle de la Uige, comme dans les Trémandres, 
une seule méristèle Indépendante. Ainsi, par exemple, la série 
des sections transversales d’un nœud à trois feuilles de T. ciliée 
(T. ciliata Lindley), d’un nœud à quatre feuilles de T. thymi- 
foliée (7. thynufolia Smith), d'un nœud à cinq feuilles de T. éri- 
cifoliée (7. ericifolia Smith}, montre la stèle émettant respec- 
livement trois, quatre el cinq méristèles équidistantes, qui 
pénètrent indépendamment dans les feuilles correspondantes, 
munies chacune d’un bourgeon axillaire. 

C'est autrement que les choses se passent aux nœuds des Pla- 
Lythèces, en particulier de la P. galioïde (P. galioides Steelz), 
qui portent chacun sept à onze, ordinairement huit à dix feuilles 
linéaires, toutes semblables et paraissant équivalentes dans le 
verticille qu'elles forment. Pour s'en convaincre, il suffit d’étu- 
dier la série des coupes transversales de la lige pratiquées dans 
un nœud, en considérant successivement les verticilles à sept, 
huit, neuf, dix el onze feuilles, ceux à huit ou neuf feuilles 
étant les plus nombreux. 

Dans un nœud portant sept feuilles, la stèle émet seulement 
Lrois méristèles équidistantes, comme on la vu plus haut dans 
un nœud à trois feuilles de la Fétrathèce ciliée ; mais ici, ces 
méristèles sont inégales : il ven a deux plus grandes et une 
plus petite. En superposition avec lune seulement des deux 
grandes, la stèle détache de son flanc une petite stèle destinée 
à un bourgeon axillaire. Aussitôt dans l'écorce, les deux grandes 
méristèles se trifurquent tangentiellement et les six branches 
ainsi formées pénètrent, avec la petite méristèle restée simple, 
dans les sept feuilles du nœud. Celles-ci ne sont done pas équi- 
valentes, mais de deux sortes. Heplamère en apparence, le 
verticille qu'elles forment est seulement trimère en réalité ; 
mais il est hétérogène, composé d’une feuille simple et de deux 
feuilles composées palmées à trois folioles sessiles, dont une 
seule porte un bourgeon à laisselle de sa foliole médiane. 

Dans un autre nœud à sept feuilles, la stèle sépare cinq 
méristèles équidistantes, comme on l'a vu plus haut dans un 


QUELQUES REMARQUES SUR LES TRÉMANDRACÉES. 5 


nœud à cinq feuilles de la Tétrathèce éricifohiée, dont une seule, 
plus grande, se trifurque tangentiellement, les quatre autres 
demeurant simples. Après quoi, elles pénètrent Loutes dans les 
sept feuilles correspondantes. Ier, le verticille réel est donc pen- 
tamère, mais encore hétérogène, formé de quatre feuilles simples 
el d’une seule feuille composée trifoliolée, portant aussi un 
bourgeon à l’aisselle de sa foliole médiane. 

Un verticille heptamère apparent peut done provenir soil 
d'un verticille trimère réel par la trifurcation de deux feuilles, 
soit d'un verticille pentamère réel par la trifurcation d'une 
seule feuille, et le bourgeon unique de ce nœud est toujours axil- 
laire de la fohole médiane d'une feuille trifohiolée. 

Dans un nœud à huit feuilles, ce qui estle nombre ordinaire, la 
stèle n’émet que quatre méristèles en croix, comme il a été dit 
plus haut pour un nœud à quatre feuilles de la Tétrathèce thymi- 
foliée. Mais ces méristèles sont inégales : il y en a deux, diamé- 
tralement opposées, plus grandes, qui, dans l'écorce, se trifur- 
quent tangentiellement, et deux, également opposées, plus 
pelites, qui demeurent simples. Puis, elles passent toutes dans 
les huit feuilles correspondantes. Octomère en apparence, le 
verticille est done seulement tétramère en réalité ; mais il est 
hétérogène, composé de deux feuilles simples opposées et de 
deux feuilles composées palmées à trois folioles sessiles, en croix 
avec les premières. Unique d'ordinaire, le bourgeon du nœud 
est situé à Faisselle de Ja foliole médiane de lune des deux 
feuilles trifoliolées : mais 11 v à aussi parfois deux bourgeons 
opposés, chaque feuille trifoliolée ayant le sien. 

Dans un nœud à neuf feuilles, ce qui est aussi un nombre 
fréquent, la stèle émet successivement, suivant la divergence 
2,5, cinq méristèles inégales, les deux premières plus grandes, 
à chacune desquelles correspond une petite stèle de bourgeon, 
les trois suivantes plus petites eLstériles. Entrées dans l'écorce, 
les deux premières se trifurquent tangentiellement et leurs six 
branches passent, en même Lemps que les trois autres demeurées 
simples, dans les neuf feuilles du nœud. Ennéamère en appa- 
rence, le verticille est donc pentamère en réalité; mais 
il est ‘hétérogène, formé de trois feuilles simples stériles 
et de deux feuilles t(rifoliolées presque opposées, portant 


376 PH. VAN TIEGHEM. 


chacune un bouigeon à laisselle de leur foliole médiane. 

Dans un nœud à dix feuilles, la stèle sépare quatre méristèles 
en croix, dont trois se trifurquent latéralement dans Pécorce, 
tandis que la quatrième demeure simple. Décamère en apparence, 
le verticille est done seulement tétramère en réalité; mais il 
est hétérogène, composé d’une seule feuille simple et de trois 
feuilles composées trifoliolées, dont une seule porte un bourgeon 
à Paisselle de sa foliole médiane. Dans un autre nœud à dix 
feuilles, la stèle forme cinq méristèles, dont trois se trifurquent 
tangentiellement avec avortement d’une branche dans lune 
d'elles, tandis que les deux autres demeurent simples. ei, le 
verticille réel est pentamère, avec deux feuilles simples et trois 
feuilles trifolhiolées, dont une fait avorter l'une de ses folioles 
latérales. 

Dans un nœud à onze feuilles, la stèle sépare sepl méristèles 
équidistantes, mais inégales, deux plusgrandes presque opposées 
el cinq plus petites; puis les deux grandes se trifurquent latéra- 
lement et leurs six branches passent, avee les cinq petites 
demeurées indivises, dans les onze feuilles du nœud. Le verti- 
cille réel comprend doncici sept feuilles, cinq feuilles simples 
el deux feuilles composées trifoliolées. C’est à Paisselle de la 
foliole médiane d’une de celles-ci que se trouve lunique 
bourgeon du nœud. 

Dans un autre nœud à onze feuilles, enfin, la stèle ne produit 
que quatre méristèles, dont trois se trifurquent tangentielle- 
ment, tandis que la quatrième, à laquelle correspond l'unique 
bourgeon du nœud, ne donne que deux branches, la troisième 
avortant. Lei le verticille réel est donc seulementtétramère, mais 
ses feuilles sont typiquement trifoliolées toutes les quatre etlhé- 
lérogénéité s’y réduit à ce que l'une d'elles n’a que deux folioles 
au lieu de trois. Si cet avortement n'avait pas lieu, le verticille 
apparent aurait douze feuilles et le verticille réel serait homo- 
gène, formé de quatre feuilles trifoliolées. C'est une disposition 
qui se rencontre sans doute çà et là, mais qui est rare et que Je 
n'ai pas encore pu observer. 

in résumé, de cette analyse comparative des diverses sortes 
de nœuds de la tige il résulte que les feuilles de la Platythèce 
galioïde sont réellement verticillées par trois à sept, ordinaire- 


QUELQUES REMARQUES SUR LES TRÉMANDRACÉES. OH 


ment par quatre où cinq, disposition qui se rencontre, comme 
on sait, avec les mêmes variations numériques dans plusieurs 
espèces de Tétrathèces, notamment dans la T. éricifoliée. Ce 
que cette plante offre de très particulier, c’est que le verticille 
y est hétérogène, formé d’un certain nombre, variable de un 
à cinq, de feuilles simples, et d’un certain nombre, variable 
de un à trois, de feuilles composées palmées, à trois folioles 
semblables aux feuilles simples, de manière à simuler un verti- 
cille homogène de sept à onze feuilles simples équivalentes. 
C'est à l’aisselle de la foliole médiane de lune ou de deux des 
feuilles trifoliolées que se trouvent situés le bourgeon unique 
ou les deux bourgeons du nœud. 

Comme il y a d'ordinaire deux feuilles trifoliolées dans chaque 
verlicille, pour connaître le nombre réel des feuilles d’un ver- 
üicille donné, il suffira donc d'ordinaire, sans qu'il soit néces- 
saire d’'ycouper le nœud, de retrancher quatre unités au nombre 
apparent. Ainsi avec onze feuilles apparentes, le verticille 
réel est d'ordinaire heptamère, avec neuf pentamère, avec 
huit tétramère, avec sept trimère. 

Pourtant, il faut remarquer que le mème nombre de feuilles 
apparentes peut être obtenu avec des nombres différents de 
feuilles réelles et qu'un même nombre de feuilles réelles peut 
conduire à des nombres différents de feuilles apparentes. 
Ainsi, on à vu qu'un verticille heptamère apparent peut 
provenir d’un verticille réel trimère par la trifurcation de deux 
feuilles où d’un verticille réel pentamère par là trifureation 
d'une seule feuille; on à vu aussi qu'un verticille apparent de 
onze feuilles peut être obtenu avec un verticille réel heptamère 
par la trifurcation de deux feuilles ou avec un verticille réel 
létramère par la Urifurcation de trois feuilles et la bifurcation 
de la quatrième. De même, on à vu qu'un verticille réel tétra- 
mère peut donner en apparence, soit huit feuilles par trifur- 
cation de deux, soit dix par trifurcalion de trois, soit onze par 
trifurcation de trois et bifurcation de la quatrième ; on a vu 
aussi qu'un verticille réel pentamère peut conduire en appa- 
rence soit à sept feuilles par trifurcation d’une seule, soit à 
neuf par trifurcation de deux, soit à dix par trifurcation de 
deux et bifurcation d’une troisième. Pour savoir exactement el 


918 PH. VAN TIEGHEM. 


sûrement comment les choses se passent dans un verticille 
donné, il faudra donc nécessairement procéder toujours à 
l'analyse anatomique du nœud correspondant. 

Le nombre des feuilles du verticille réel et la manière 
dontil se répartit entre les feuilles simples et les feuilles com- 
posées élant, comme on vient de le voir, variables d’un nœud 
à l’autre, il en résulte qu'il n° aier, et qu'il ne saurait y avoir, 
de relation constante de position ntentre les feuilles réelles, ni 
entre les feuilles apparentes de deux verticilles consécutifs. 
Pour les unes, comme pour les autres, la règle d'allernance se 
trouve donc ici en défaut. 

Celle hétérogénéilé des verticilles, due à l'introduction parmi 
les feuilles simples d'un certain nombre de feuilles composées à 
trois folioles pareilles aux feuilles simples, en d’autres termes, à 
la substitution d'une ou de plusieurs pareilles feuilles composées 
à tout autant de feuilles simples, d'où résulte une apparente 
polymérisation, non seulement distingue nettement les Platy- 
thèces des deux autres genres de Ta famille, mais encore, puis- 
qu'elle est sans exemple ailleurs, leur donne un grand intérêt 
au point de vue de la Morphologie générale. 

On peut bien à leur sujet penser à nos Rubiacées indigènes, 
notamment aux Gauillets (Gain Linné), où les feuilles, toujours 
opposées, forment aussi des verticilles apparents à pièces 
plus ou moins nombreuses. C'est ce que n'a pas manqué de 
faire l’auteur du genre, Steelz, el c'est ce qui l’a conduit à 
donner à l'espèce principale le nom de galioïde. Mais la ressem- 
blance n'est qu'apparente : au fond, Fa chose est Tout autre. 
Les Rubiacées ont, en effet, des stipules, etc'est au développe- 
ment parüculier et très remarquable de celles-ci, que le verti- 
cille des Rubiées, toujours binaire, doit la multiplication de 
ses parlies. Les Trémandracées n’ont pas de stipules et c’est à 
la trifurcation d'une ou de plusieurs des feuilles de chaque ver- 
licille, en d'autres termes, à la substitution d'une où plusieurs 
feuilles composées trifohiolées à tout autant de feuilles simples, 
que Les Platythèces doivent là multiplication des pièces à 
chaque nœud. 


2, Structure anomale de latige chezles Félrathièces aphylles. — 


QUELQUES REMARQUES SUR LES TRÉMANDRACÉES. 3719 


La tige des Trémandracées offre d'ordinaire là structure nor- 
male, avec quelques modifications légères. 

Dans les Trémandres, l'épiderme produit des poils composés, 
à membranes Lrès épaissies, mais non lignifiées, dont le pied 
plurisérié porte au sommet des rameaux unicellulaires, dispo- 
sés en étoile où en bouquet. IIS sont souvent surélevés chacun 
sur une pelite protubérance de l'écorce sous-jacente, €'est-à- 
dire sur une émergence; mais il faut éviter de les considérer 
comme étant eux-mêmes autant d'émergences, ainsi que Pont 
fait, en 1893, M. Chodat et M°"° Balicka (1) et plus tard encore, 
en 1896, M Chodat (2). Dans les Tétrathèces et les Platythèces, 
ils sont remplacés par des poils simples, unicellulaires el 
pointus, à membrane également très épaissie, mais non ligni- 
fiée, qui peuvent être aussi portés chacun sur une petite émer- 
gence. Les Platythèces el certaines Tétrathèces ont, en outre, 
mais plus rares, des poils composés à extrémité entière, ren- 
flée, pluricellulaire et sécrétrice, en un mot des poils sécréteurs 
ou glanduleux. 

L'écorce est très mince, réduite d'ordinaire à trois où quatre 
assises, dont l'interne, c’est-à-dire lendoderme, qui n'est pas 
autrement différencié, renferme dans bon nombre de ses cel- 
lules un cristal octaédrique doxalate de calcium. Le périevele à 
de petits ares fibreux, minces et de largeur très inégaie, plus 
lard réunis en un anneau dur continu par la sclérose non seu- 
lement des cellules intermédiaires, mais encore de celles de 
l'assise péricyelique qui les borde en dedans. Le Hiber secon- 
daire est et demeure mince el moû. Le bois secondaire, pourvu 
de couches concentriques, est entrecoupé de rayons unisériés. 
La moelle est étroite, formée d'un petit nombre de grandes cel- 
lules. Le périderme, enfin, qui est tardif, est sous-épidermique, 
avec liège à parois minces. 

C'est seulement dans quelques Tétrathèces, où les feuilles 
avortent ordinairement, que la lige prend, en conséquence, 
une structure particulière, plus où moins anomale, tantôt en 
demeurant cylindrique, tantôt en prenant des côtes où des ailes. 

(4) R. Chodat et G. Balicka, Remarques sur la structure des Trémandracées 


(Bulletin de l'Herbier Boissier, 1, p. 351, 1893). 
(2) Chodat dans Ergler, Nat. Pflanzenfam., UL, 4, p. 321, 1896. 


380 PH. VAN TIEGHEM 


L'étude de ces anomalies fera l’objet de notre seconde remarque. 

Dans le premier cas, chez la FT. nue (7. nuda Lindley) par 
exemple, Panomalie est faible et se borne à un fort allonge- 
ment radial des cellules de lassise périphérique de Fécorce, 
c'est-à-dire de Fexoderme, qui devient palissadique, et à une 
forte gélification de Fépiderme, quien même temps se perce de 
nombreux stomates à rebord circulaire saillant. Cette géliti- 
calion de Ta membrane sur la face interne des cellules épider- 
miques, que M. Chodat et M" Balicka ont signalée les premiers 
dans cette famille en 1893 (1), se manifeste, comme on sai, 
sur la face supérieure des feuilles chez toutes les Tétrathèces el 
Platythèces, tandis qu'elle fait défaut chez les Trémandres. 
Quand les feuilles manquent, on voit qu'elle se reporte sur la 
tige, comme fait Fexoderme palissadique. 

L'anomalie est beaucoup plus marquée dans le second cas, 
qui n'est réalisé que chez deux espèces : la T. Joncée (T°. juncea 
Smith) et la T. affine (T°. affinis Endhcher). 

Dans la T. joncée, la tige, dont la stèle demeure evlindrique, 
épaissit beaucoup son écorce suivant trois lignes longitudinales 
équidistantes e£ prend ainsi lois côtes saillantes, sur lesquelles 
s'insèrent isolément les feuilles, ordinairement  avortées. 
L'exoderme v est aussi palissadique tout autour el recouvert 
par un épiderme eù et là gélifié el percé de stomates. Mais, en 
outre, chaque côte renferme un faisceau exelusivement fibreux, 
provenant du périevele dont if $'est détaché plus bas, entouré 
d'un endoderme particulier dont chaque cellule renferme, 
comme dans l'endoderme général, un octaèdre d'oxalate de 
calcium, qui est, en un mot, une méristèle incomplète par 
essence, de nature exclusivement périeychique (2). Ainsi con- 
stituée, cette lige ressemble donc à celle des Sarothamnes 
(Sarothamnus WNimmer), des Calveolomes (Calycotome Link) 
etde certains Cyüses (Cytisus Linné), étudiée dans un travail 
récent (3). À chaque nœud, la stèle sépare, en face de la côte 

(4) Loc. cil., p. 345. 

(2) Sur ces méristèles corticales incomplètes par essence, de nature exelusi- 
vement péricyclique, voir: Sur les diverses sortes de méristèles corticales de la tige 
(Ann. des Science. nal., 9e série, Bot., 1, p.38, 1905). 

(3) Ph. van Tieghem, Sur lu stèle ailée de la tige de quelques Légumineuses. 
(Journal de Botanique, XIX, p. 189, 1905). 


+ 


QUELQUES REMARQUES SUR LES TRÉMANDRACÉES. 301 


correspondante, une méristèle complète, qui se rend dans la 
feuille avortée, tandis que la méristèle périeyelique de la côte 
sS'arrôte au-dessous du nœud sans entrer dans la feuille. Elle est 
réparée plus haut par une protubérance de Ta zone fibreuse du 
péricycle de Ta stèle, qui se sépare de la région interne par un 
pincement else rend dans l'écorce, entourée par là portion cor- 
respondante de lendoderme général (1. 

Dans le Ÿ. affine, c'estautre chose. En s'épaississant beau- 
coup sur deux lignes longitudinales opposées, l'écorce forme 
deux ailes el fa tige est aplatie en un ruban, qui porte isolément 
sur ses deux bords les feuillés avortées. Sur le diamètre perpen- 
diculaire au plan de fa Fame, la stèle épaissit beaucoup les ares 
fibreux de son péricyele, qui proéminent jusqu'à ne laisser 
entre eux et Fépiderme qu'une seule assise corticale: en un 
mot, elle prend là deux grosses ailes périeveliques, en restant 
evlindrique dans le reste du pourtour. Chacune des deux ailes 
corticales renferme, située aussi à un seul rang de lépiderme, 
une méristèle complète, composée dun faisceau Hbéroligneux 
normalementorienté et d'un gros faisceau fibreux péridesmique 
superposé au liber, entourée par un endoderme particulier à 
cristaux octaédriques. Vers le milieu de l'épaisseur de FPaile, on 
voit, en outre, une pelite méristèle sans arc fibreux supralibé- 
rien. Ainsi conformée, possédant à la fois une stèle ailée et des 
méristèles corticales complètes, la lige de cette plante ressemble 
à celle de certains Genèêts (Gerista Linné), étudiée dans un 
travailrécent, notamment du G. sagitté (6. sagittalis Linné)(2). 
À chaque nœud, la méristèle corlicale pénètre dans la feuille 
avortée el se trouve réparée plus haut par la stèle, qui en 
détache une nouvelle au point correspondant. 

Dans le travail cité plus haut, M. Chodat et M” Balicka ont 
signalé, dès 1893, une anomalie de structure de la Uige dans 

(4) J'ai observé, dans l'Herbier du Muséum, des exemplaires de celle espèce, 
récoltés à Port Jackson par R. Brown, où la tige porte, isolées sur ses trois 
côles, toutes ses feuilles bien conformées, mesurant 12 à 145 millim. de long, 
sur 3 à # millim. de large, à limbe allénué à la base et denté sur les bords. La 
tige n'en à pas moins pour cela la structure anomale qu'on vient de décrire. I 
semble donc peu exact d'attribuer, comme on fait, lanomalie de la lige à 
l'avortement préalable des feuilles. Mieux vaudrait dire que c’est parce que la 


tige est ainsi conformée (out d'abord que les feuilles peuvent ensuite y avorter. 
a d e b 
(2)NBnCNCIE pe 4103. 


392 PH. VAN TIEGHEM. 


ces deux espèces, mais en faisant l'erreur de croire qu’elle est 
la même pour toutes les deux et qu'elle se réduit de part et 
d'autre à la présence dans chaque aile corticale d’un faisceau 
fibreux, dont l’origine n'est d’ailleurs pas précisée (1). Adoptant 
l'opinion de ces auteurs, M. Solereder à admis aussi plus tard, 
en 1899, cette identité (2). En réalité, il en est tout autrement 
el ce qui estvrai pour la T. Joncée ne l’est pas pour la T. affine. 
Ces deux espèces offrent dans leur tige deux types différents de 
structure anomale. 

A côté de la structure normale, réalisée dans la grande 
majorité de ses représentants, le genre Tétrathèce offre donc 
dans sa tige, chez quelques-unes de ses espèces, où les feuilles 
avortent d'ordinaire, trois sortes d'anomalies. Comment là 
même cause qui fait avorter les feuilles, en retentissant sur la 
lige, y provoque-t-elle une modification différente suivant qu'il 
s’agit de la T. nue, de la T. joncée ou de la T. affine? Pour 
répondre à cette question, 11 faudrait être mieux informé que 
nous ne le sommes sur les conditions de végétation de ces trois 
espèces dans la contrée qu'elles habitent. 


3. Disposition réelle des étamines dans les Trémundres et les 
T'étrathèces — Solitaire à laisselle d'une feuille sur un pédi- 
celle sans bractées, la fleur des Trémandracées est herma- 
phrodite, actinomorphe, ordinairement pentamère, tétramère 
seulement dans bon nombre de Tétrathèces. Le calice + 
est dialysépale, la corolle dialypétale, l'androcée dialystémone 
et obdiplostémone. Dans les Platythèces, cette obdiplostémonie 
est et demeure évidente : les dix élamines y sont, en effet, 
disposées en deux  verticilles alternes, lPexterne épipélale, 
l'interne épisépale, suivant la règle. Dans les Trémandres et 
les Tétrathèces, au contraire, elle est masquée, au point d'v 
avoir élé Jusqu'à présent méconnue. Les étamines paraissent, 
en effet, disposées en un seul verticille, dans lequel elles sont 
superposées deux par deux aux pétales ; ce qui à conduit les 
botanistes à admettre que, dans ces deux genres, les étamines 

(1) Loc. cit., p.345. Plus exacte que le texte, la figure représente, dans la T. 


affine, un petit faisceau libéroligneux sous chaque faisceau fibreux cortical. 
(2) Solereder, Syst. Anatomie der Dicotyledonen, p. 109, 1899. 


7 


QUELQUES REMARQUES SUR LES TRÉMANDRACÉES. 383 


épisépales avortent, tandis que les épipétales subissent un 
dédoublement tangentiel. S'il en était réellement ainsi, on 
devrait s'étonner de rencontrer une différence aussi considé- 
rable entre les genres d’une même famille et surtout entre 
deux genres aussi voisins que le sont, sous tous les autres 
rapports, les Platythèces et les Tétrathèces. C'est ce qui m'a 
porté à y regarder de plus près. 

Dans les trois genres de la famille, la préfloraison de la 
corolle est, comme on sait, valvaire indupliquée. Chez les 
Platythèces, où les étamines ont les anthères plates et larges, 
en forme d'écailles, les pétales, en reployant leurs bords en 
dedans de chaque côté des élamines superposées, rencontrent 
bientôt les étamines épisépales sur leur ligne médiane et ces 
larges obstacles les arrêtent. Chez les Trémandres et les Tétra- 
thèces, où les étamines ont des anthères carrées et étroites, il 
en est autrement. En se reployant en dedans, chaque pétale 
insinue Fun de ses bords entre l'étamine superposée et l'épisé- 
pale voisine, pendant que l'autre bord se glisse entre lépisépale 
correspondante et Pépipétale voisine. Pouvant s'avancer ainsi 
vers le centre beaucoup plus que dans les Platythèces, les deux 
bords de chaque pétale enferment, en les rapprochant Pune de 
l’autre, deux étamines côte à côte, savoir son épipétale et lépi- 
sépale voisine. L’apparence trompeuse signalée plus haut a donc 
sa cause première dans le mode de préfloraison de la corolle, 
favorisée ici par la conformation des étamines, En réalité, 
l'androcée est ici obdiplostémone, comme chez les Platythèces. 

L'obdiplostémonie doit done être considérée comme la 
disposition réelle des étamines dans toutes les Trémandracées. 
C’est ce point qui fait l'objet de notre troisième remarque. 


4. Structure de lanthère dans les Trémandres. — Dans les 
Platythèces, l'anthère est, comme on sait, large el mince, avec 
quatre sacs polliniques disposés côte à côte sur un seul rang. 
Dans les Tétrathèces, elle est étroite el épaisse, avec quatre sacs 
polliniques disposés en carré sur deux rangs. Ilest vrai que, dans 
son premier travail sur ces dernières plantes, en 1845, Steelz 
avait admis deux sacs polliniques seulement dans l’anthère de 
quelques espèces, dont il avait fait une section distincte sous le 


304 -_ PH. VAN TIEGHEM. 


nom de Dithecu (1). Mais plus tard, dans un second travail 
publié en 1853, 1l a reconnu son erreur et supprimé celte sec- 
tion (2). Malgré cette rectification, admise dès la même année 
par Schuchardt (3}, l'erreur ancienne à été reproduite plus tard, 
en 1862 par Bentham et Hooker, en 1873 par Baillon et encore, 
en 1896, par M. Chodat. 

Quant aux Trémandres, lous les botanistes, el encore le 
dernier en date, M. Chodat, en 1896 (4), s'accordent à leur 
attribuer des anthères à deux sacs polliniques seulement. 

Qu'il v ait là une erreur, pareille à celle de Steetz pour ses 
prélendus Ditheca, 1 est pourtant facile de s'en assurer en 
étudiant la série des coupes transversales de lanthère. Dans la 
moitié inférieure e£ moyenne, on y voit quatre sacs polliniques 
complètement séparés et disposés en carré sur deux rangs, 
comme dans les Tétrathèces. C'est seulement vers le sommet 
que les deux sacs du même côté confluent, par la destruction de 
la partie périphérique de la cloison, qui persiste pourtant dans 
les trois quarts de sa largeur, confluence qui prépare la sortie 
du pollen par le pore correspondant. 

Les élamines des Trémandracées ont donc loujours quatre 
sacs polliniques, dont la déhiscence est aussi toujours poricide 
au sommet, soit directement, comme chez les Trémandres, qui 
en tirent leur nom, soit par Pintermédiaire d'un rostre plus ou 
moins long, comme chez les Tétrathèces et les Platythèces. 
Cest ce qui fait ici. l’objet de notre quatrième remarque et ce 
qui à été signalé déjà par avance dans la récente édition de mes 
Éléments de Botanique (3). 

». Structure du pistilel de l’ovule des Trémandracées. — Le 
pislil à essentiellement la même structure dans les trois 
genres de la famille. Hest libre et formé de deux carpelles an- 
téropostérieurs, fermés et conerescents dans toute leur longueur 
en un ovaire biloculaire, surmonté d'un style à extrémité 
stigmatifère indivise et peu renflée. La cloison renferme les 

(4) Dans Lehmann, Plantæ Preissianæ, 1, p. 220, 184%. 

(2) Steetz, Die Familie der Tremantraceen, Hambourg, 1853, p. 76, en note. 

(3) Schuchardt, Synopis Tremandraceuceen, Inaug.diss., Gôttingen, 1853, p. 17. 


(4) Loc. cit., p. 322, 1896. 
(5) Ph. van Tieghem, Éléments de Botanique, 4° édition, Il, p. 637, 1906. 


QUELQUES REMARQUES SUR LES TRÉMANDRACÉES. 389 


quatre méristèles latérales des carpelles, situées, non pas au 
milieu, mais deux de chaque côté contre la paroi. Au sommet 
de chaque loge, l'une d'elles, celle de droite par exemple pour 
chaque carpelle, entre dans un ovule anatrope pendant, à 
raphé latéral situé dans l'angle correspondant, hyponaste par 
conséquent. Le placentalion est donc latérale, presque parié- 
lale, un peu comme dans les Bignoniacées, par exemple, ou 
comme dans les Crucifères, plutôt qu'axile. L'ovule est unique 
dans la loge chez les Platythèces et beaucoup de Tétrathèces : 
chez quelques Tétrathèces el chez les Trémandres, il s'en fait 
un second au-dessous du premier, pareillement inséré el 
disposé. 

L'ovule à deux téguments autour d’un étroit nucelle, qui à 
complètement disparu au moment de la formation de l'œuf, el 
à la base duquel on observe une petite hypostase. Le tégument 
externe est lâche, formé de quatre assises cellulaires, el porte 
à la chalaze un prolongement en forme de corne chez les 
Trémandres et les Tétrathèces, réduit à un pet bouton chez 
les Platythèces. Le tégument interne, dont l'orifice oblitéré 
demeure situé au-dessous de Fexostome, est trèsépais, comptant 
au moins quinze assises cellulaires. L'ovule est donc trans- 
pariété, bitegminé et dipore. 

C'est cette structure de lovule qui, jointe à son mode de 
placentation, fait l'objet de notre cinquième remarque. 


6. Place des Trémandrarées dans la Classification. — C'est elle 
aussi qui va nous permettre de fixer, avec plus de précision 
qu'il n'a été fait jusqu'à présent, la place qu'il convient 
d'attribuer aux Trémandracées dans la Classification des Dico- 

Dans l'opinion de R. Brown, adoptée depuis par la plupart 
des botanistes, + compris le dernier en date, M. Engler, en 
1897 (1), les Trémandracées sont très voisines des Polygalacées, 
dont elles ne sont que la forme actinomorphe. Qu'il n°4 ail 
pourtant entre ces deux familles aucune affinité réelle, c'est ce 
qui à été déclaré déjà à diverses époques : par Rerchenbach 


Lyles, el ce sera l'objet de notre sixième et dernière remarque. 


(4) Engler, Nat. Pflanzenfan., Nachlrage zu HAIV,;-p. 349, 1897. 
ANN. SC: NAT. BOT., ye série. IVSNEO 


3861: PH. VAN TIEGHEM. 


dès 1827, par Lindlev (1834), par Steetz et Schuchardt (1853) 
et plus récemment par M. Chodat en 1896 (1). 

nv a donc pas à s'étonner si c’est une tout autre place 
que la structure de l'ovule et du fruit, jointe à l'ensemble des 
autres Caractères floraux, nous à conduit, il v a déjà cinq ans. 
à assigner à celle famille et que le travail actuel ne fait que 
confirmer (2). 

Puisque l’ovule v est transpariété bitegminé, c'est dans Pordre 
des Transpariétées bitegminées où Primulinées, el puisque le 
Fruit y est séminé, c'est dans le sous-ordre des Oxalidinées, 
que les Trémandracées viennent prendre rang. Ce sous-ordre 
renferme, comme on sait, six alliances. Le périanthe v étant 
double avec corolle dialvpétale, landrocée y étant diplostémone 
el le pislil libre, c'est dans lalliance des Oxalidales que ces 
plantes doivent être classées. Cette alliance comprend neuf 
familles. Par son androcée isomère, avec élamimes libres à 
anthère poricide, et par son pistil hétéromère, avec deux 
carpelles uniovulés à ovule inséré latéralement, la famille des 
Trémandracées S'Y distingue nettement de toutes les autres. 

Ainsi classée, cette famille se trouve très éloignée de celle 
des Polygalacées, qui appartient à un ordre différent, celui des 
Perpariétées bitegminées ou Renonculinées et, dans cetordre, à 
l'alliance, très nombreuse comme on sait, des Géraniales (3). 
On peut remarquer loutefois que cette alliance correspond, 
dans cet ordre, à celle des Oxalidales dans l'ordre des Transpa- 
riétées bitegminées, ce qui laisse apparaître, au lieu d'une 
parenté qui n'existe pas, du moins une certaine correspondance 
entre les deux familles en question dans leurs ordres respectifs. 

Pour terminer, remarquons que, dans notre Classification, les 
Linacées, qui font aussi partie de l’alliance des Oxalidales, 
se trouvent rapprochées des Trémandracées, avee lesquelles 
Baillon leur frouvait aussi quelques rapports (4). 


(1) Dans Engler, loc. cit., IL, 4, p. 322, 1896. 

(2) Ph. van Tieghem, L'œuf des plantes considéré comme base de leur Classifica- 
lion (Ann. des Sciences nat., 8° série, Bot:, XIV, p. 322, p. 354, p. 361, 1901) 
el Lléments de Botanique, 4° édition, Il, p. 618, p. 624, p. 632 et 637, 1906. 

(3) L'œuf des plantes (loc. cit., p. 336 et p. 337, 1901) et Eléments de Botanique, 
#* édition, Il, p. 459, p. 460 et p. 474%, 1906. 

(4) Baillon, Histoire des plantes, V, p. 69, 1874. 


TABLE DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS CE VOLUME 


Recherches anatomiques sur la Classification des Araliacées, par 
M. R. Viguier 

Sur la dissymétrie des folioles latérales dans les feuilles composées, par 
M. Ph. van Tieghem........ RP RE de 

Sur les Agialidacées, par M. Ph. van Tieghem........................ 

Sur les Héliotropiacées, par M. Ph. van Tieghem 

Ailante et Pongèle, par M. Ph. van Tieghem 

Recherches anatomiques sur la Classification des Fougères de France, par 
M. F.. Pelourde........ 


TABLE DES FIGURES DANS LE TEXTE 


CONTENUES DANS CE VOLUME 


Figures dans Le texte 4 à 55. — Structure des Araliactes. 
Figures dans le texte 1 à SO. 


Slructure des Fougères de France. 


TABLE DES ARTICLES 


PAR NOMS D'AUTEURS 


PecourbE (F.). — Recherches anatomiques sur la Classification des 
HOUSÈRES TERRA CEE nee ie ue co nn 
Tiecnen (Ph. van). — Sur la dissymétrie des folioles latérales dans les 
LEUNTES COMPOSÉ ESS He EE en een Pal Net Ua 


Tigcuem (Ph. van). — Sur les Agialidacées............................ 
Tçneu (Ph. van). — Sur les Héliotropiacées 


Tgçaen (Ph. van). — Aïlante el Pongèle.......................... re 
Tigçaeu (Ph. van). — Quelques remarques sur les Trémandracées. 
Viçuter (R.). — Recherches anatomiques sur la Classification des 


Araliacées 


SAIT TEE Tes 
Meter ae 


2? 


! 
1! 
f. 
\} 
H 
H 
H# 


rer 
Lorie 


doses 


:5 

HAL Hiÿ 

sis HAE ne fi 

HE HUE HER 
HU : BAHIA 

Ï : #r HE ï HART i fus Unie f 

fe M HAE HAE 


RNA ; 
ft ë ir je 
us BHAN A En 
HA RES 
jo RLtEN 


Hi 
fi Hi 


ÿ st 
. ti k 


Î 


ë 
i H 
f 


pi ï 
; MIE 


t 


HER 
fi 


HR 


fr 
1 
4 

; + 


FE 


au 


RATE 


HE 


5 
H 


js 
4 


FH 


f. 


fl 


DRRTEEE 


4 


7: 
Li 
nd 
H 


Hs 


4 


LEE 3 
it js Hit fi 


te 


; 
Hi f 
j fi HAS 


[He 
; 

(Hi 

LH 


Hipnr 
HR 
HUE f 
tirs Mr 
4 nEiiris 
ait HE 


4 
AH HHHE 


1 
H 


? LRU HAN 
ELU DU 
ju HE 1 sir le 


ou 


PLATE 


HSE 
FE 


jus 


ï 


4 
ff ) fe 


ii 


4 
œ 
À 


fi fi Hu ji H jf 
Hs ét Ft ui] ji ï 
HO ; J; ë ie 


LOT 


“: 


ÿ 
ï 


; 
. 


js 
fi 


: 


il 
fi 


Le 
(A 


Hi 
fi 
$ Hit 


4. 
il 


+ 
1 


He 
fe 


ñ 
fre 


. 


\? 
1h] 


j 


f) 
fi 
Hi 


RatE ts te: 
ONE