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ANNALES
DU
MUSÉE COLONIAL
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 par
M. ze PRoresseur 1)' EbDouARD HECK EL
el publiées sous sa direction.
Vingt-troisième année, 3° série. ee" volume (1915)
1° Les Sapotacées du groupe des Sideroxylinées-Mimusopées, par M. Marcel DUBARD.
2° Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches, par MM. RAYMOND-HAMET
ET PERRIER pe La BATHIE.
. 3° Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache, par M. R.-HAMET.
4° Le Cocotier de Mer, « Lodoicea Sechellarum », par M. A. FAUVEL.
MARSEILLE PARIS
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL
5, Rue Noaizzes, 5 17, rue Jacos, 17
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ARE
Principaux Mémoires parus antérieurement dans les
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
D: Hrcke : Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.)
D' Rançox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. (Volume complètement épuisé.)
R. P. Düss : Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume
complètement épuisé.)
E. Georrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane.
Année 1897.
D' Hecxez : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française.
Année 1897.
Dr HecxeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises.
Année 1897.
D' Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises.
Année 1898.
H. Jumezze : Le cacaoyer. Année 1899.
D' H. Jacos ne Corpemoy : Gommes, gommes-résines et résines des colonies
françaises. Année 1899.
L. Laurenr : Le Tabac. Année 1900.
D: H. Jacos pe Corpemoy : Les Soies dans l’'Extrême-Orient et dans les colonies
françaises. Année 1901.
L. Laurenr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901.
A. Cnevazier : Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance.
Année 1902.
GarrareL : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903.
Dr HeckeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises.
Année 1903.
Dr H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de La Réunion. (Géographie physique ; richesses
naturelles, cultures et industries.) Année 1904.
Capitaine Marre : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin.
Année 1904.
E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles d’Indochine. Année 1905.
H. Jumeze : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de
Madagascar. Année 1907.
H. Jumezze et H. Perrier DE LA BaTuie : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de
Madagascar. Année 1907.
H. Jumezce et H. Perrier DE LA BaTute : Notes biologiques sur la végétation du :
Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908.
ANNALES
MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
; PRE Re (Année 1915)
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MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS
ANNALES
DU
MUSÉE COLONIAL
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 par
M. ce Pproresseur D' EDOUARD HECKEL
el publiées sous sa direction.
6
Vingt-troisième année, 3° série volume (1915)
1° Les Sapotacées du groupe des Sideroxylinées-Mimusopées, par M. Marcel DUBARD.
._ 2° Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches, par MM. RAYMOND-HAMET
ET PERRIER pe La BATHIE,
3° Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache, par M. R.-HAMET.
4° Le Cocotier de Mer, « Lodoicea Sechellarum », par M. A. FAUVEL.
:
MARSEILLE PARIS
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL
5, Rue Noaiczes, 5 17, RUE JACOB, 17
Le
Dr
Edouard
Heckel.
LE Dr HECKEL
Le directeur de ces Annales, qui les fonda en 18%,
et, depuis lors, y consacra toujours, et jusqu'à la fin,
le meilleur de ses efforts — puisque l'impression de
ce volume était à peu près terminée lorsque nous
avons pris la charge d’en assurer la publication —
le D' Edouard Heckel est mort le 20 février 1916, après
une courte maladie.
Fils d'un médecin de la marine, Ed. Heckel était né
le 24 mars 1843 à Toulon. À 16 ans, en 1859, il sortait
de l'École de Médecine navale de cette ville comme
Pharmacien aide-major de 2° classe, et il effectuait, en
cette qualité, sur le navire-hôpital La Cérés, son
premier voyage dans nos colonies. Il séjourna pendant
trois ans dans nos Antilles, et c'est là que, tout en s'oc-
cupant de ses fonctions officielles, 1l commença à se fami-
liariser, dans ses heures de loisirs, avec la flore tropicale
et se rendit compte de toutes les ressources que celte
flore peut offrir à la thérapeutique et à l’industrie. Peut-
être même dès ce moment le jeune botaniste entrevit-
al sa véritable voie, celle qui, après quelques autres
séjours en Guyane française, en Nouvelle-Calédonie et
à Sidney, devait le détourner de la carrière de marin
qu'il avait tout d’abord choisie, et l’entrainer vers l'Uni-
versité, qui pouvait mieux lui fournir les moyens de
satisfaire ses goûts de chercheur, et aussi le plaisir, qu'il
éprouva toujours très vif, d'exposer ses théories et ses
idées.
En 1875, Heckel, qui était déja docteur en médecine
depuis 1869, soutenait à Montpellier deux thèses de Doc-
torat ès Sciences naturelles, l’une sur Le Mouvement
Végélal, l'autre sur Quelques phénomènes de localisa-
lion minérale et organique dans les tissus animaux, et
leur importance au point de vue biologique. Et, la
même année, 1l débutait comme professeur à l'École
supérieure de Pharmacie de Nancy. Il passa de là, peu
après, à la Faculté des Sciences de Grenoble; et enfin
_en 1877 il était nommé à Marseille, qu'il ne devait plus
quitter. Il y trouvait son milieu de prédilection. |
Ses études personnelles ne furent cependant pas tout
de suite d'ordre colonial; pendant assez longtemps, aussi
bien en zoologie qu'en botanique, elles relevèrent de la
science pure bien plus que de la science appliquée. Ce
ne fut qu'en 1885 que, par un premier travail sur le
doundaké, fait en collaboration avec le professeur Schlag-
denhauffen, de Nancy, dont il devait, dans la suite, asso-
cler si souvent le nom au sien, Heckel s’orientait plus
neltemént vers la botanique coloniale. Et les plantes qui
immédiatement sollicitèrent plus particulièrement son
allention furent presque simultanément celles qui
devaient toujours principalement le préoccuper, les
plantes médicinales et les végélaux oléagineux. De par
son passé, Heckel s’intéressait tout naturellement aux:
premières; dans les seconds il voyait avec raison les pro-
ducteurs de l’une des matières premières dont l’étude
était de la plus haute importance pour les progrès de
l'industrie marseillaise,
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Ainsi parurent successivement, de 1885 à 1893, entre
autres mémoires :
Du Doundaké (Sarcocephalus esculentus) ef de son
écorce, dite Quinquina d'Afrique e{ Quinquina du Rio-
Nunez (Journal de Pharmacie et de Chimie, 1885).
Des graines de Chaulmoogra (Gynocardia odorata) et
sur leur composition chimique (Xd., 1885).
Recherches sur les graines d'Hydnocarpus Wightiana,
succédané de celles de chaulmoogra (Xd., 1885).
Des écorces de Morinda citrifolia, subs{iluées ou
méêlées à celles de doundaké, et des moyens de les recon-
naître chimiquement (Id., 1885).
Sur le Karité, nouvel arbre à qutta-percha (La
Nature, 1885).
Du Téli (Erythrophloeum guineense), poison d'épreuve
des nègres de la Côte Occidentale d'Afrique (Diction-
naire des Sciences médicales, 1885).
Le Maloukang, ou Polygala butyracea (Bulletin de
la Société de Géographie de Marseille, 1885).
Nouvelles Recherches sur le Bondnce ef ses graines
(Les Nouveaux Remèdes, 1886).
Nouvelles Recherches sur le vrai el le faux jéquirity
(Fortschritt de Genève, 1887).
Sur le Mhentamaré, ou fedegosa (Cassia occidentalis),
au point de vue botanique, chimique el thérapeutique.
(Archives de Médecine navale, 1887).
Du café du Soudan, ou Parkia biglobosa (Journal de
Pharmacie et de Chimie, 1887).
Recherches sur le Thapsia villosa (Les Nouveaux
Remèdes, 1887).
Sur la Sécrélion gommo-résineuse des Araucarta
(Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1887).
— VIN —
Sur le Baliatjor (Vernonia nigritiana), nouveau poi-
son du cœur (Archives de Physiologie, 1888).
Un faux Kola nouveau. Recherches sur les graines
de Pentadesma butyracea, qui fournissent le beurre de
Kanya etc. (Répertoire de Pharmacie, 1888).
Recherches sur les Guttas-perchas fournies par les
Mimusops el les Payena (Journal de Pharmacie de
Lorraine, 1888).
Sur le Balancoufa, ou Dadigogo, nouveau lénifuge
de la Côte Occidentale d'Afrique (Revue Horticole de
Provence, 1890.)
Sur le Gaertnera vaginata ef sur ses graines considé-
rées comme vrai café (Répertoire de Pharmacie, 1890).
Un médicament nouveau. De l'emploi des feuilles de
Kinkélibah contre la fièvre bilieuse hématurique des
pays chauds (Nouveaux Remèdes, 1891).
Sur la graine d'Owala, ou Pentaclethra macrophylla ;
son ulilisalion comme aliment el comme source de
malière grasse concrète (Répertoire de Pharmacie, août
1892).
Sur le Copaifera Salikounda de l'Afrique tropicale et
sur ses graines à coumarine (Annales de la Faculté des
Sciences de Marseille, 1892).
Sur le pain et le beurre d'Odika et sur le beurre de
Cay-Cay (Revue des Sciences naturelles appliquées,
1893).
Etudes de nouvelles plantes néo-calédoniennes. Résine
de Gardenia ; gomme-résine de Garcinia; produits des
Spermolepis (Annales de la Faculté des Sciences de
\
Marseille, 1893).
Mais, en 1893, Heckel, qui, jusqu'alors, s’était confiné
presque exclusivement dans ses travaux de laboratoire,
Es Cle"
né ,
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— tout en faisant créer vers 1880, par la ville un Jardin
Botanique au Parc Borély — pressentait que le moment
était venu de « s’extérioriser » davantage, selon l’expres-
sion qu'il employait volontiers. Il importait de prendre
plus directement contact avec le public, en mettant
sous les yeux mêmes de ce public, — qui, à cette
époque, il faut bien le dire, restait encore assez
indifférent aux richesses de notre domaine colonial —
les preuves matérielles de ces richesses trop ignorées.
De cette idée naissait le Musée colonial de Marseille.
Grâce à une souscription locale, dont une parte des
fonds fut mise à sa disposition par l'Université, grâce
aussi à une subvention permanente du Ministère
des Colonies, qui, sachant reconnaître immédiatement
l'importance de l'œuvre entreprise, lui apporta un
concours qui, dans la suite, n'a jamais fait défaut,
Heckel put installer dans les locaux du Service colonial
de Marseille les collections que depuis une vingtaine
d'années 1l amassait patiemment, et que les apports con-
ünuels de nos colonies, puis diverses Expositions ont
aujourd'hui si considérablement accrues.
Tous ces matériaux pouvaient d’ailleurs fournir le
sujet de nombreuses recherches, et ce fut pour s'assurer
les moyens d’en publier les résultats qu'Heckel fonda en
même temps ces Annales. Le premier volume assura
tout de suite le succès du nouveau recueil : le directeur
y réunissait en un travail d'ensemble toutes les observa-
tions et expériences qu'il poursuivait depuis une dizaine
d'années sur les kolatiers et les kolas. Ce volume fait
époque, puisqu'il marque l'entrée dans la thérapeutique
d'un produit aujourd'hui universellement connu et quo-
tidiennement employé.
a ——
Heckel, vers le même moment, provoquait au Sous-
Secrétariat des Colonies l’organisation de diverses mis-
sions scientifiques, et notamment celles du D' Rançon,
puis du Pharmacien Geoffroy. La relation de l'explora-
ion Rançon en Haute-Gambie fournit la matère du
second volume. Geoffroy, qui avait été chargé d'aller en
Guyane française, étudier la question des arbres à
balata, revint en France très gravement atteint de la
maladie contractée là-bas, et qui'devait bientôt l’'empor-
ter, mais il eut encore le temps et le courage de rédiger
son rapport, qui fut inséré dans le quatrième volume.
Du même auteur avait paru auparavant dans le second
volume un mémoire sur le Aobinia Nicou.
N'oublions pas, non plus, que c'est grâce à ces
Annales que le P. Düss put publier en 1896 sa belle
Flore phanérogamique des Antilles françaises.
Heckel, au reste, tout en faisant appel, dans les
années qui suivirent, à divers collaborateurs, donna lui-
même l'exemple. Sous son nom parurent successive-
ment :
Sur le Bakis et le Sangol (1855).
Les Plantes médicinales el toxiques de la Guyane
française (1897).
Sur les graines grasses nouvelles ou peu connues des
Colonies francaises (1897).
Du bois piquant de la Guyane française, fournit par
le Zanthoxylum Perrotetn (1897).
Une seconde étude Sur les graines grasses nouvelles
ou peu connues des Colonies françaises (1898).
Sur l'Ousounifing du Soudan (1901).
Sur le processus germinatif des Onguekoa ef des
Strombosia (1901).
A Ne —
Sur l'Igname plate ud Japon (1901).
Une troisième étude Sur les graines grasses nouvelles
ou peu connues des Colonies françaises (1903).
Catalogue alphabétique raisonné des Plantes médici-
nales et toxiques de Madagascar (1903).
Sur un nouveau copal el sur un nouveau kino (1904).
Une quatrième étude Sur les graines grasses nou-
velles ou peu connues des Colonies françaises, el, en
particulier, de Madagascar (1908.).
Les Plantes utiles de Madagascar (1910).
Nouvelles observations sur les plantes de Nouvelle-
Calédonie (1912).
Et cette longue jiste ne nous donne pas encore une
idée complète de l’activité scientifique d’'Heckel, qui,
dans la Revue des Cultures coloniales, dans les Comptes
rendus de l’Académie des Sciences dans les Comptes-
rendus des Congrès de l'Associalion française pour
l’Avancement des Sciences, dans le Répertoire de Phar-
macie, dans la Revue générale de Botanique, dans les
Comptes rendus de l'Académie d'Agriculture, dans le
Journal d'Agriculture tropicale, dans le Bulletin de la
Sociélé d'Acclimatalion, faisait paraître d’autres articles,
notes ou mémoires sur les Araucaria, les Ouvirandra,
l'Allanblackia floribunda, le Ximenia americana, les
Sterculia (omentosa, les Dioscorea, le Brucea sumatrana,
les Psathurea, le Menabea venenata, le Daniella thuri-
fera, VErylhrophloeum Couminga, le Telfairea pedata,
le Lychnophora van Isschoti, l'Heisteria Trillesiana, les
Coelocaryum, les Myristica, les Dumoria, les Dasillipe
et les Symphonta.
Ceux qui n’ont pas intimement connu Heckel et n'ont
pas été les témoins de ses méthodes de travail ne compren-
— XI —
dront jamais comment il lui fut possible, au milieu de
cette accumulation de recherches personnelles, de pour-
suivre la réalisation du rêve qui, depuis la fondation du
Musée colonial, ne cessait de le hanter, et qui était l'or-
gamsation d'un « cycle de créations didactiques capables
d'assurer à Marseille le titre de Métropole coloniale ».
Nous reprenons la phrase même qu'il prononçait le jour
où, en 1907, fses,amis lui remettaient en une séance
solennelle une médaille d’or commémorative. Mais déjà,
au reste, ce jour-là, les vastes projets d’Heckel avaient
abouti. Sur son initiative, la Chambre de Commerce de
Marseille avait, comme complément du Musée colomal,
créé en 1900 six chaires d'enseignement colomial; un
peuplus tard la Municipalité marseillaise avait subven-
tionné à l’École de Médecine trois chaires également
coloniales. La brillante Exposition de 1906, dont il fut
l’incontestable promoteur, avait été le couronnement de
toute cette organisation, qui aboutissait finalement
à la création de l'Institut colonial marseillais, dans les
locaux duquel le Musée colonial était transféré.
Il n’est plus, à l'heure actuelle, de sacrifice que Mar-
seille ne soit disposée à faire pour notre expansion colo-
niale. Sans les événements qui ont si soudainement
surgi on en aurait une preuve nouvelle dans la seconde
Exposition qui devrait être sur le point de s'ouvrir au
moment où nous écrivons ces lignes. Ce n’est que jus-
ce de rappeler ici qu’à l’origine de tout ce mouvement
il y eut surtout un homme: celui qui pendant vingt-trois
ans dirigea ces Annales fondées par lui, et dont nous
ne reprenons pas sans quelque appréhension la lourde
succession.
Commandeur de la Légion d'Honneur depuis 1907,
ps
LES SAPOTACÉES
DU GROUPE
DES S/DEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES
Par M. Marcel DUBARD,
On pourrait s'étonner qu'avant publié précédemment dans
ce recueil ! la classification du groupe des Sideroxylinées, J'y
apporte aujourd'hui mes observations sur les Wimusopées, sans
avoir traité auparavant des Chrysophyllinées.
C'est que l’on considère généralement les Mimusopées
comme une sous-famille s’opposant à toutes les autres Sapo-
tacées, qui constituent dans leur ensemble la sous-famille des
Palaquiées. Les Palaquiées ont été presque toujours réparties
par les auteurs en {llipinées, Sidéroxylinées, Chrysophyllinées
et, comme j'ai déjà exposé les résultats de mes études sur les
deux premiers de ces groupes, on pourrait s'attendre aujour-
d'hui à me voir présenter un tableau d'ensemble du troisième.
Si j'aborde d'abord l'étude des Wimusopées, ee n'est pont
par manque de méthode, mais parce qu'au contraire ce groupe
ne me parait pas pouvoir être écarté des Siderorylinées. Les
grandes lignes de la classification des Sapotacées sont en elfet
basées sur des caractères fournis par l'androcée. Chez les
Illipinées, celui-ci est constitué par au moins deux cycles d'éta-
mines fertiles, l’un épipétale, l'autre alternipétale : chez les
Sideroæylinées les étamines alternipétales se trouvent rem-
placées par des staminodes ; chez les Chrysophyllinées le eyele
épipétale subsiste seul.
_ Il est donc logique de se préoccuper de la constitution de
l'androcée chez les Mimusopées, pour saisir dès l’abord leurs
1. Marcer Dogaun, Les Sapotacées du groupe des Sideroæylinées,
Annales du Musée Colonial de Marseille, 2° série, vol. X, 1912.
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915. 1
2 M. DUBARD
relations avec les groupes précédents et l’on ne peut qu'être
frappé à ce point de vue de l'analogie étroite qui existe entre
ce groupe et celui des Sidéroxæylinées ; de part et d'autre, nous
trouvons en effet une série d’étamines fertiles épipétales et une
série de staminodes alternes. On doit alors se demander
pourquoi, lorsqu'il s'agit des Mimusopées, les auteurs ont cru
devoir mettre en vedette un autre caractère et baser cette sous-
famille sur la présence d'appendices dorsaux aux lobes de la
corolle, véritables pièces stipulaires des feuilles qui constituent
cette enveloppe florale.
On peut s'étonner à Juste titre qu'on ait attribué à ce carac-
tère une telle importance, alors que certains genres de la même
famille, tels que les Bumelia et les Dipholis, sont rangés par
tous les botanistes parmi les Siderorylinées, quoique les pétales
y présentent aussi des appendices, de valeur stipulaire, mais
disposés latéralement. Peut-on d'autre part tirer argument de
caractères spéciaux bien tranchés, qui viendraient en quelque
sorte souligner la constitution de la corolle, pour classer ainsi
à part les Mimusopées ? Nous n'en avons trouvé aucun et
l'étude de l'ensemble des formes de ce groupe nous a, au con-
traire, mis en présence d’affinités extrêmement étroites avec
les Sideroxylinées et nous a fait concevoir un parallélisme
frappant des genres de ces deux groupes.
Il est donc bien naturel de faire état en première ligne pour
les Mimusopées comme pour les autres groupes de la même
famille de la constitution de l’androcée, ce qui nous conduit
à une classification assez nouvelle de l'ensemble des Sapo-
tacées.
I. Androcée formé de 2 séries au moins
d'étamunes fertiles ins: One, Palaquiinées.
IT. Androcée formé Lobes pétalaires
d'une série sans appendices
d'étamines fertiles dorsaus.-. 2% Sideroxylées.
épipétales et {
d'une série de Lobes pétalaires
staminodes alternes avec appendices
(Sideroxylinées) doOrsaux Mimusopées.
IT. Androcée formé d’une seule série d’éta-
mines épipétales, sans staminodes... Chrysophyllinées.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 3
Ce n'est pas ici le lieu d'insister sur le parallélisme des deux
subdivisions du groupe des Sideroxylinées ; une connaissance
approfondie des genres est d'abord nécessaire pour en com-
prendre les affinités ; Je tenais seulement au commencement
de ce travail à me justifier d’une critique possible à prévoir.
DONNÉES GÉNÉRALES SUR LA CLASSIFICATION
DES MIMUSOPÉES
Les Mimusopées sont donc caractérisées dans leur ensemble
par l’adjonction à chaque lobe pétalaire de deux appendices
dorsaux, ce qui triple en apparence le nombre des pièces de
la corolle.
La plupart du temps ces pièces supplémentaires sont aussi
développées que les pétales proprement dits; le plus souvent
entières, 1l arrive cependant que leur limbe soit très profon-
dément divisé; mais on ne peut guère tirer de ces variations
que des caractères spécifiques : rarement les appendices se dis-
tinguent des lobes principaux par une taille excessivement
réduite (Northea).
En somme, les caractères fournis par la corolle sont d'assez
minime importance et peut-être paraîtra-t-1l excessif d’opposer
à ce titre le genre Northea à l'ensemble des autres Mimusopées
groupées en un genre très hétérogène Mimusops, comme on l'a
fait presque universellement jusqu à présent. Il semble au con-
traire beaucoup plus logique de mettre au premier plan les
caractères qui nous ont donné satisfaction dans la classifica-
tion des Sideroæylées : 11s sont tirés de la position de l'ovule
et de la structure de la graine.
Nous rangerons donc, d'un côté, toutes les formes chez les-
quelles le hile et le micropyle sont rapprochés (anatropie
absolue) et où la cicatrice typique de la graine des Sapotacées
est basilaire et relativement de peu d’étendue (ce sera le type
eumimusopé correspondant au type eusiderorylé, parmi les
Siderorylées), et, d'autre part, les formes chez lesquelles le
hile et le micropyle sont assez éloignés ou occupent même les
pôles opposés de la graine (hémianatropie ou atropie) et sont
4 M. DUBARD
réunis par une cicatrice latérale allongée: ce sera le type manil-
karé correspondant au type lucumé, parmi les Siderorylées.
Dans ce deuxième type, tantôt l’ensemble de la tigelle et
de la radicule (caudicule) forme un organe fortement saillant
en dehors de la commissure des cotylédons, tantôt un simple
organe punctiforme: il faut remarquer en outre que, si les
embryons à caudicule punctiforme correspondent toujours à
des graines exalbuminées, on peut trouver au contraire des
Manilkarées à caudicule sallante avec ou sans albumen et
que ces dernières forment: transition vers les types à caudi-
cule courte.
Chez les Æumimusopées, nous n'avons pas rencontré
d'exemple où la graine fût dépourvue d'albumen ou à caudi-
cule punctiforme ; de telle sorte que les caractères de l’ovule
et de la graine nous permettent déjà d'établir les subdivisions
suivantes :
Graines à Graine fortement albuminée,
à caudicule \
cicatrice allongée é
allongée
Graine sans albumen ou
tovule hémitrope) faiblement albuminée.
ou atrope
Manilkarées
pe ——
à caudicule punctiforme,
Graines à cicatrice !/ s
acdlare redoute \ Caudicule allongée ; graine fortement
albuminée.
em
Eumimusopées
Les caractères les plus importants, après ceux que fourmt
la graine, sont tirés du type floral; chez la plupart des Manil-
karées, le type floral est 3, le calice étant formé de deux ver-
ticilles trimères et la corolle de six pétales en une seule série ;
chez la plupart des Eumimusopées, il est au contraire #4, le
calice comprenant deux verticilles tétramères et la corolle 8
pétales en une seule série.
Les autres caractères génériques peuvent être tirés soit de
l’androcée qui, dans quelques cas exceptionnels, peut com-
prendre deux verticilles fertiles (Muriea) ou au contraire se
réduire à un seul cycle épipétale (Northea), soit de la nerva-
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 5
on de la feuille qui, dans le seul genre Baillonella, est trans-
versale par rapport aux costules, alors que, chez toutes les
autres Mimusopées, on observe une ou plusieurs nervures des-
cendantes entre celles-er.
Quant aux caractères tirés de la forme et de la subdivision
des appendices pétalaires, de la forme et de la grandeur des
staminodes, du nombre des carpelles, de l'isomérie de l'ovaire
avec les verticilles externes, caractères qui ont souvent été
invoqués par les auteurs, ils sont tellement sujets à varia-
tions, parfois dans une espèce définie, parfois même et pour
certains dans une fleur unique, qu'on ne doit en user qu'avec
une extrême prudence, même s'il s'agit de définir des espèces.
En résumé : 1° Le groupe des Mimusopées ne mérite nulle-
ment l'autonomie qu'on lui a conférée jusqu'ici ; il doit être
logiquement ramené au rang de sous-tribu et mis sur le même
plan que les Siderorylées.
2° Les caractères dominants sur lesquels on doit baser les
grandes lignes de leur classification sont fournis par l’ovule et
la graine comme chez les Sideroxylées.
3° Des caractères génériques importants peuvent être tirés
du type floral, de l’androcée, du degré de développement des
appendices pétalaires, de la nervation de la feuille.
4° Les caractères résultant de la forme des appendices et des
staminodes et du nombre des carpelles sont d’une importance
très discutable et peuvent tout au plus servir à définir les
espèces.
Enfin, comme à propos des Siderorylées, nous devons
remarquer que les caractères fondamentaux fournis par l’ovule
et par la graine, tout en donnant une base solide à la elassifi-
cation, n'empèchent pas de reconnaître entre les divers groupes
secondaires des convergences indéniables, qui assurent une
continuité remarquable dans la famille des Sapotacées.
6 M. DUBARD
A. — MaANILKARÉES
Ce groupe correspond identiquemeut aux Lucumées parmi
les Sidero.rylées et se définit de la même manière :
Graine à cicatrice allongée, provenant d’un ovule atrope ou
hémitrope, inséré, plutôt vers le haut de la loge carpellare;
le hile occupe l'extrémité supérieure de la cicatrice et le micro-
pyle l'extrémité inférieure.
Une première série de genres comprendra ceux chez lesquels
les cotylédons sont minces, foliacés et où les réserves de la
graine sont formées par l’albumen ; dans ce cas, la caudicule
est toujours allongée.
Cette série est parallèle à celle des Planchonella, Micropho-
lis, Achras, parmi les Lucumées.
Le genre fondamental de ce groupe est le genre Manil-
kara.
Manilkara Rheede !.
Cet ancien genre de Rheede (in Adanson) fut toujours con-
sidéré comme rentrant dans le genre Mimusops de Linné, où
l'on range encore actuellement à peu près toutes les Mimuso-
pées. Les considérations générales qui précèdent nous ont
montré que, si l'on veut tenir compte des caractères de la
graine, 1] est absolument nécessaire de démembrer ce genre
Mimusops où se côtoient les types les plus disparates du
groupe; nous avons donc rétabli le genre Manilkara que nous
opposons aux vrais Mimusops, caractérisés par l’anatropie de
leur ovule, c'est-à-dire pour les mêmes raisons qui nous
avaient fait rétablir le genre Planchonella pour l'opposer aux
vrais Siderorylon.
En agissant ainsi, nous ne faisons d'ailleurs que nous con-
former à l'opinion de L. Pierre, maintes fois exprimée dans
les notes manuscrites qui accompagnent ses herbiers ; cette
opinion, il hésita cependant à lui donner toute sa valeur,
1. Adans, Fam. 1Il,1763.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 7
puisque dans les Symbolæ Anlillanæ!, 11 ne mentionne les
Manilkara que sous forme de section du genre Mimusops,
bien qu'en y faisant valoir les excellentes raisons qui militent
à 4
en faveur de l’autonomie de ce groupe et en souhaitant de le
voir restituer comme un véritable genre.
Le genre Manilkara, tel que nous le comprenons, corres-
) Ù I Ï
pond aux Ternariade de Candolle, aux Æumimusops d'Eichler
et Miquel, aux Euternaria d'Engler pour la plus grande part ;
nous y faisons également rentrer le genre Mahea de Pierre,
à titre de section.
Caractères généraux des Manilkara. — Calice à 6 sépales
bisériés ; corolle isomère unisériée, à segments dorsaux équi-
valents aux lobes, le plus souvent entiers ; staminodes ovales,
acuminés, le plus ordinairement dentés ou lobés. Étamines
épipétales, insérées au même niveau que les staminodes.
Ovaire de 6 à 14 loges ; ovule avec hile placé vers le milieu
de la face interne, par conséquent hémitrope ; cicatrice
oblongue, souvent linéaire, s'étendant depuis le hile jusqu'au
micropyle qui est basilaire. Nervation fortement descendante
entre les costules ; dans chaque intervalle de 2 costules consé-
cutives, on compte plusieurs nervures parallèles à celles-c1, très
fines.
Obs. : Engler, dans les Sapotacées africaines”, attache une
importance peut-être excessive au nombre des loges ova-
riennes, en classant dans une subdivision (/sogynæ) des Euter-
naria, les espèces où l'ovaire est isomère avec la corolle et
dans une autre section (Pleiogynæ) celles où il est formé de
plus de 6 carpelles.
L'étude générale de la famille nous a montré combien sont
peu constants les caractères tirés du nombre des pièces flo-
rales ; à notre avis, la quantité des échantillons examinés est
à l'heure actuelle trop restreinte pour pouvoir affirmer qu'une
espèce déterminée présente, d’une manière invariable, 6 car-
pelles.
EUNOIE NV fasc;T;-p.:4162.
2. ENGLER, Sapotaceæ africanæ, p. 52.
8 M. DUBARD
Dans le groupe même que nous étudions on a, d'ailleurs,
signalé déja des variations ; à supposer enfin qu'il y ait con-
stance, 11 paraïtrait aussi nécessaire d'établir des subdivisions
spéciales pour un nombre quelconque de carpelles, diffèrent
de 6, que pour ce nombre 6.
Dans la nomenclature des espèces, nous nous bornerons
done à indiquer, pour chaque forme, le nombre de carpelles
admis d'après les observations antérieures,
Répartiion géographique. — Les Manilkara présentent
une sure considérable d'extension, car ils se trouvent à la fois
aux Antilles, sur la côte Est de l'Amérique du Sud, dans
PAsie méridionale, en Malaisie, en Australie, sur les côtes
occidentale et orientale d'Afrique, à Madagascar, ete.
Ce genre correspond donc, au point de vue de la réparti-
ton géographique, à la fois aux Planchonella qui sont indo-
malais et australiens, et aux Wicropholis et Achras qui sont
américains; mais 1l donne, en outre, un groupe africain très
important et renfermant des espèces très variées réparties dans
presque toute la zone tropicale.
Obs. : Parmi les trois genres de Lucumées qui correspondent
aux Manilkara, c'est le genre Achras qui, par son organisa-
ion générale, s'en rapproche le plus: alors, par exemple, que
la cicatrice de la graine est allongée d’un pôle à l’autre chez
les Planchonella et les Micropholis, elle n’atteint guère que la
moitié de la hauteur de la graine chez les Achras comme chez
les Manilkara ; les autres caractères concordent d’ailleurs par-
faitement: cette remarque permet de supposer, avec quelque
vraisemblance, que les Achras et les Manilkara dérivent
assez directement d'une souche commune américaine et qu'on:
doit, par conséquent, regarder les Manilkara américains
comme représentant les types fondamentaux du genre.
1° Section Eumanilkara.
Cette section est caractérisée par des appendices pétalaires
bien développés et par des fleurs hermaphrodites.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINEES-MIMUSOPEES y
l° Manilkara Kauki. | |
Syn. : Mimusops KaukiL.; M. Manilkara G. Don. ; M. dis-
secta Hook. : M. Hookeri À. DC. ; M. Bojeri À. DC.;
M. Balata BL. non Gærtn., non Aublet; M. Browniana Benth.:
M. Elengi Boj. non L.
Fig. 1. — Corolle étalée de Manilkara Kauki, montrant les étamines
et les staminodes, 5 gr.
Noms vern. : Phlé-mut (annamite); Pohon (Javanais).
Exs. : Cochinchine, cultivé à la base du Mont Diai, prov. de
Chaudoc [Pierre 3260]; iter javanicum [Zollinger 2887);
Java, dans les cultures [Zippel] ; cultivé à Buytenzorg ;
Jamaïque | Hart. 1109): Guyane, cultivé | Voisin).
Obs. : Cette espèce présente un ovaire de 6 à 8 loges ; le
nombre le plus fréquent parait être de 6; elle se rangerait
donc plutôt parmi les /sogynæ.
2° Manilkara hexandra.
Syn. : Mimusops herandra Roxb.:; M. indica A. DC.
Noms vern. : Cay-viêt ; Cay-gang (annamite).
Exs. : Indes orientales, Malabar, Concan [Coll. Stocks
Law., ex. herb. Hook. f. et Thomson |: cultivé au Jard. bot.
de Calcutta [3261 H. P.]; [Wallich. 4149 E]; Indore [éch.
10 M. DUBARD
transmis par M. Holmes}: Cochinchine!Thorel ; Monts Dinh,
près Baria |Pierre 3261): Monts Mu-xoai, Binh-Dinh, prov.
Baria | Pierre 3261]: Cho-ben, prov. de Baria | Pierre 3261];
httoral de la prov. de Baria | Pierre 3261 |; Thu-duc, prov. de
Saïgon [Pierre 3261]; Tri-Huyen, prov. de Bien-hoa !Pierre
3261}; littoral de l'ile de Phu-quoc [Pierre 3261); Ile Condor
ll
\V \ VI
Fig. 2. — Aspect comparatif de la graine de M. Kauki (1-IIT) et de celle
de M. hexandra (IV-VI), 2 gr.
[Harmand 742]; Cambodge, au mont Sruoi [Pierre 3261 |;
littoral de la péninsule malaise, à Caulai (Siam) [Pierre
3261.
Obs. : Cette espèce est proche de la précédente et a été
souvent confondue avec elle; cependant, les graines sont
dans l’une et l’autre bien distinctes ;: celles du M. hexandra
sont plus petites et non bosselées vers le haut comme celles
du M. Kauki.
3° Manilkara Roxburghiana.
Syn. : Mimusops Roxburghiana Wight; M. Conteshiana
Pierre mss.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 1
Nom vern. : Nakeliquian (tamoul).
Exs. : Indes orientales, Annamallays hills [King |: Pondi-
chéry |Contest-Latour (5553 H. P.)|. |
Obs. : Espèce pleiogyne, dont le nombre habituel des car-
pelles est de 9.
L'échantillon de Contest-Latour présente certains caractères
particuliers qui avaient poussé Pierre à en faire une espèce
distincte ; les pétioles y sont plus allongés que dans le type,
le fruit y est sphérique et non ovoïde, les pédoncules sont
moins nombreux aux axes; en l'absence de fleurs, nous
n'avons pas cru devoir maintenir le M. Contestiana qui doit
plutôt être regardé comme une variété, à notre avis.
Fig. 3. — Corolle étalée de M; Roxburghiana montrant les étamines
et les staminodes, 5 gr.
1° Manilkara littoralis.
Syn. : Mimusops liftoralis Kurz.
Exs. : Tenasserim et Andamans.! Helfer 36131.
Obs. : Cette espèce est extrêmement voisine du M. heran-
dra et possède aussi un ovaire généralement à 9 loges :
d'après Kurz, la fleur renfermerait deux fois autant d'éta-
mines et de staminodes qu'il y a de pièces au calice; c’est
pour cette raison qu'Engler fit pour cette forme, dans le
Pflanzenfamilien !, un sous-genre spécial qu'il baptisa Pleio-
g I
1. Pflansenfamilien, IV Th., Abt.1, p. 152.
12 M. DUBARD
mimusops ; mais la description de Kurzest certainement erro-
née, la fleur renferme seulement 6 étamines et 6 stami-
nodes.
»° Manilkara Pancheri.
Syn. : Mimusops Pancheri Bal. :; M. Vieillardi Pierre.
Exs. : Nouvelle-Calédonie | Petit 63, ex. herb. Exp. col. |:
:Sébert et Fournier 63, ex. herb. Exp. col.|; Ile des Pins
{Vieillard 904}.
Obs. : Cette espèce se rapproche assez du M. Kauki; l'ovare
y est généralement à 6 loges, La dénomination de M. Vieil-
lardi est plus ancienne que celle de Baillon !, mais elle se
trouve dans une simple nomenclature, sans aucune indication
de caractères, sans que L. Pierre ait même indiqué qu'il s'agis-
sait d’une espèce nouvelle; ce n'est que grâce aux notes
manuscrites renfermées dans son herbier que jai pu faire
l'identification du M. Vieillardi avec le M. Pancheri décrit
par Baillon, dans le même recueil, en février 1891, et je
pense que dans ces conditions c'est le nom spécifique de cet
auteur qui doit prévaloir.
6° Manilkara Teysmanni.
Syn.: Mimusops Teysmanni Pierre mss.
Exs. : Échantillon reçu du Jard. bot. de Buytenzorg ! Treub.
(4188 H. P.)].
Obs. : Cette espèce n'est connue que par ses feuilles et sa
graine ; l'analyse de celle-ci à été figurée par Pierre dans ses
planches autographiées ; nous en indiquons ci-contre les traits
principaux d'après ses dessins.
Les feuilles sont oblongues elliptiques, obtuses aux deux
extrémités, munies d’un assez long pétiole. Dim. moy. :
Limbe, 13 em. >< 6 em.: pétiole, 2 cm. 1/2. Limbe subco-
riace, plus clair sur sur sa face inférieure, portant des costules
très fines, formant environ 24 paires, avec nervures intermé-
diaires surtout descendantes, nombreuses, d'un relief aussi
4. Bull. Soc. Linn. Par., p. 504.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 143
accentué que les costules, ce qui donne à la feuille un aspect
finement strié dans le sens des nervures secondaires (carac-
tère rappelant les Micropholis). La graine présente tous les
caractères des semences de Manilkara: la figure # précise
mieux ceux-ci qu'une description.
Il
[V
Il
Fig. 4. — Structure de la graine de M. Teysmanni: I, aspect général du fruit,
gr. nat.; IL, graine vue de profil, gr. nat., If, graine coupée en long, mon-
trant l'embryon, 2? gr.; IV, graine coupée transversalement montrant la
disposition des cotylédons et de l'albumen, 2 &r.: V, embryon isolé, 2 gr.
VW T° Manilkara dissecta.
Syn. : Mimusops dissecta R. Br.
14 M. DUBARD
Exs. : Tonga-Tabu | Forster 77}.
Obs. : Cette espèce se rapproche, à certains égards, d'une
espèce américaine, le M. Jaimiqui; elle a, en particulier,
comme celle-ci, des appendices pétalaires notablement plus
courts que les lobes principaux. Elle se reconnait facilement
par ses étamines dont le connectif dépasse les loges en un
appendice élargi, par son ovaire velu surmonté d’un long style
exsert,.
8° Manilkara duplicata.
Syn. : Mimusops duplicata Urb. ; M. Pleeana Pierre ;
M. globosa Griseb. ? Achras duplicata Sessé et Moc.; Sapota
Sideroxylon Bello.
Nom vern. : Zipote, Sapote, Mamequelo (Porto-Rico).
Exs. : Porto-Rico, près Manati | Sintenis 6669 (5550 H. P.)];
près Vega Baja |Stahl 466]: près Penuelas [Sintenis 4765] ;
près Rincon, in Bario-Punta [Sintenis 5767]; [Plee 237);
(Sintenis 3829); Ile de Vieques (Crabb-Island) |Duchas-
saing |.
Fig. 5. — Corolle étalée de M. duplicala, 5.gr.
Obs. : L'ovaire présente un nombre de loges variant entre
6 et 10. Dans l'échantillon de Duchassaing, les appendices
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 15
pétalaires sont notablement plus courts que les lobes princi-
paux de la corolle, tandis que dans les formes de Porto-Rico
il y a sensiblement égalité.
9 Manilkara Sideroxylon.
Syn. : Mimusops Sideroxylon Pierre; Sapota Siderorylon
Griseb.; Achras Sapota var. 6. L. : A. Siderozylon Hook.
Nom vern. : Bully, Bullet Tree (Jamaïque).
Exs. : Jamaïque, in Blue Mountains | Harris 5379); March
1887]; [ex. herb. Hook.|.
Obs. : L'ovaire comprend de 6 à 9 loges.
Fig. 6. — Corolle étalée de M. Sideroxzylon, 5 gr.
10° Manilkara Grisebachii.
Syn.: Mimusops Grisebachii Pierre: M. dissecta Griseb.,
non R. Brown.
Exs. : Cuba, Las Remales, La Grifa ! Wright 2927 (5548
HP AI:
Obs. : Cette espèce se rapproche beaucoup du M. Siderory-
lon, mais s'en distingue facilement par ses feuilles à faces
concolores et par le nombre des loges de l'ovaire qui est le
plus souvent de 12.
Parmi les formes du genre Manilkara, ces deux dernières
espèces paraissent être les termes les plus proches du type
Achras.
16 M. DUBARD
[l
Fig. 7. —Ovaire entaillé de M. Sideroxæylon, montrant la disposition
des ovules, 5 gr.
11° Manilkara Jaimiqui.
Syn. : Mimusops Jaimiqui GC. Wright,
Nom vern. : Jaimiqui, Sapotillo (Cuba).
Exs. : Cuba, près Chacco de Toro | Wright 2918.
Obs. : L’ovaire présente de 7 à 8 loges.
12° Manilkara Wrightiana.
Syn. : Mimusops Wrightiana Pierre ; Sapota Achras
Griseb.
Exs. : Cuba [Wright 2917].
Obs. : Espèce très voisine de la précédente et qui pourrait
bien n'en être qu'une simple variété; ses feuilles et ses fleurs
sont plus grandes, ses staminodes plus nettement dentés, son
style est velu jusque vers le milieu et le nombre des carpelles
atteint 9 à 10.
13° Manilkara parvifolia.
Syn.: Mimusops parvifolia Radl.; M. dissecta Griseb. (pro
parte); M. floridana Engl.; M. bahamensis Pierre; M. de-
pressa Pierre: Sapota Achras, var. depressa À. DC.: Achras
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 17
Zapotilla var. parvifolia Natt.: A. bahamensis J. G. Baker.
Nom vern. : Wild Düilly (île de Key); Wild Sapodilla
(Bahamas).
Exs. : Iles Bahamas, Fortune Island |Eggers 3837 (5549
1 ANNE
Obs. : Cette espèce se distingue bien par ses nervures
secondaires qui confluent assez loin de la marge, par le grou-
pement sub-ombellé de ses fleurs, par le développement du
tube de la corolle.
L'ovaire est généralement à 6 loges.
Fig. 8. — Corolle étalée de M. parvifolia, 5 gr.
14° Manilkara Riedleana.
Syn. : Mimusops Riedleana Pierre; ? M. dissecta Griseb. ;
M. martinicensis Pierre mss.
Nom vern. : Sapotillier marron, Sapotillier noir, bois noir
(Guadeloupe); Balata (Martinique).
Exs. : Guadeloupe, morne de Houelmont, morne Hirondelle
{Duss}; Martinique | Duss 252}, Hahn 1365}.
Obs. : Cette espèce est voisine du M. Balala, que nous
relatons ci-après, mais elle s'en distingue par ses feuilles
presque toujours émarginées, des pédicelles moins nombreux
à l’aisselle des feuilles, un fruit plus allongé.
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. 2
18 M. DUBARD
Fig. 9. — Corolle de M. Riedleana vue de l'extérieur: les appendices pétalaires
ont été rabattus de manière à montrer les staminodes, 5 gr.
15° Manilkara nitida.
Syn. : Mimusops nitida Urb.; M. Riedleana Pierre (pro
parte); Achras nitida Sessé et Moc.; Sapota Siderorylon Bello.
Nom vern. : Ausubo, Acana (Porto-Rico).
| [l
Fig. 10. — T, Corolle de M. nitida vue de l'extérieur, les appendices pétalaires
ont été rabattus de manière à montrer les staminodes, 5 gr.; II, ovaire,
Das
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 19
Exs. : Porto-Rico, près Bayamon fSintenis 971]; près
Manati |Sintenis 6753]: près Yabucoa |Sintenis 5174, 5308 |:
sierra de Luquillo, dans les forêts du Mont Jimenes [Sintenis
1422]; [Stahl 715]; | Riedlé (in herb. de Juss. 7260)|.
Obs. : Cette espèce se rapproche aussi berucoup du M. Ba-
lala. Elle s'en distingue par ses feuilles velues et rougeàtres
dans le jeune âge; par ses appendices pétalaires le plus souvent
entiers; d'autre part, elle diffère du M. Riedleana par ses
feuilles plus grandes, ses sépales adultes non gibbeux et son
fruit plus petit. L'ovaire est formé assez constamment de six
carpelles.
16° Manilkara Balata.
Syn. : Mimusops Balata Pierre; M. bidentata À. DC.; M.
Balata Miq. (pro parte); M. Pierreana Bal.:;°? M. globosa
Gærtn. f.; Achras Balata Aublet: Sapota Mülleri BI.
Noms vern. : Bolletrie (Surinam); Balala rouge (Guyane
française). :
Exs. : Guyane française |Richard, ex herb. Delessert|;
Cayenne [de Montjoly n° 1!.
Obs. : Cette espèce a été divisée par Pierre en un certain
nombre de variétés, dont les unes ont été publiées dans le
Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, les autres dans les
Symbolæ Antillanæ d'Urban. Ces variétés ne nous paraissent
pas également légitimes ; en effet, les caractères tirés de la
forme des feuilles, de la subdivision des appendices pétalaires,
de la forme des staminodes, sur lesquels elles sont basées,
présentent un haut degré de variabilité et ne peuvent souvent
permettre une attribution bien certaine d’une forme donnée à
l’une des variétés de Pierre. |
Pour pouvoir diseuter ces variétés, 1l faudrait disposer de
nombreux échantillons bien complets, portant des fleurs
adultes, des fruits et des graines, ce qui n’a pas été notre cas:
certaines variétés n'ont pu être examinées par nous que sur
un seul échantillon, en mauvais état; aussi nous bornerons-
nous à donner ici une liste des variétés, en indiquant d'après
leur auteur leurs caractères particuliers ainsi que Îles eXSsIC-
20 M, DUBARD
cata qui peuvent y être rapportés. Ajoutons enfin qu'Engler
considère plutôt les variétés Siebert et Melinonis comme des
espèces distinctes el que cette manière de voir est partagée
par Urban en ce qui concerne la première.
Var. a : Cruegeri Pierre.
Syn. : Mimusops globosa Griseb.:? M. Balata Crueger mss.
Caractères : Rameaux épais avec lenticelles grisâtres;
feuilles obovales-oblongues, obtuses ou arrondies, coriaces,
glabres, concolores; plus de 10 pédicelles par groupe, un peu
plus courts que le pétiole: sépales intérieurs, membraneux,
ciliés; appendices pétalaires 2-3 partits, plus longs que les
lobes principaux; staminodes, vers leur milieu brusquement
lancéolés, subulés; ovaire lancéolé à 6-9 loges.
Exs. : Trinidad |Crueger 158 |.
Var. b: Schomburgkü Pierre.
Caractères : Feuilles oblongues, atténuées ou en coin à la
base, arrondies à l'extrémité ou brièvement acuminées, glabres
ou à peine pubescentes; plus de 10 fleurs par groupe, longue-
ment pédicellées, pédicelles à peu près égaux au pétiole;
appendices pétalaires entiers ou rarement 1-3 fides: ovaire
avec 6-10 loges.
Exs. : Guyane française [Melinon 14]; | Aublet|:
Guyane anglaise, près du fleuve Barama [Schomburgk
1509; monts Canuku |Schomburgk 1238 |; Roraima |Schom-
burgk 780 |; Barbades |Schomburgk}|; in New Castle |Eggers
1260 |.
Var. c: Sieberi Pierre.
Syn. : Mimusops Sieberi A. DC.; M. dissecta Griseb. (pro
parte); Achras mammosa Sieb, non L.
Caractères : Rameaux légèrement pubescents, ainsi que la
face inférieure des feuilles de teinte grisâtre; feuilles obovales
émarginées, plus courtes que dans l'espèce précédente; fleurs
axillaires par groupes de 6-8 : appendices pétalaires bifides ou
bipartits; ovaire avec 6 à 8 loges.
Exs. : Trinidad [Sieber 33].
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 21
Var. d : Hartü Pierre.
Caractères : Feuilles obovales acuminées, à apiculum sou-
vent abrégé, en coin à la base, à limbe légèrement coriace,
brillantes en dessus: pédicelles groupés par 6, plus courts ou
plus longs que le pétiole; sépales obtusément acuminés;
-appendices pétalaires, le plus souvent bifides: staminodes
oblongs lancéolés, entiers; ovaire le plus souvent à 6 loges.
Exs. : Trinidad Hart 4784, 5378 |.
Var. e : domingensis Pierre.
Caractères : Feuilles elliptiques, arrondies aux deux extré-
mités ou obtuses à la base, presque glabres: fleurs axillaires
en groupes de 6 à 8, réfléchies; appendices pétalaires rarement
entiers, souvent 2-3 partits ou fides ; anthères émarginées à
l'extrémité: staminodes 1-3 fides ; ovaire 6-loculaire.
Exs. : Saint-Domingue |Herb. Ventenat |.
Var. f: Gutta Pierre.
Caractères : Feuilles oblongues, obtuses à la base, légère-
ment acuminées à l'extrémité, pubérulentes en dessous ou
glabres; appendices pétalaires 2-3 fides ou partits; staminodes
bifides; ovaire à 8-10 loges.
Exs. : Guyane française | Mélinon 37|.
Var. g : Melinonis Pierre.
Caractères : Rameaux épais à lenticelles rougeätres ou
blanches: feuilles larges, oblongues ou obovales, brièvement
acuminées, arrondies ou émarginées, glabres: fleurs briève-
ment pédicellées; appendices pétalaires 2-3 partits ou fides
denticulés ou en partie entiers.
Exs. : Guyane française | Mélinon 1841}.
Les caractères les plus simples permettant de reconnaitre
ces variétés sont groupées dans le tableau suivant :
22 M. DUBARD
Appendices pélalaires le plus souvent entiers. .... V. Schomburgkü.
Feuilles elliptiques arrondies
aux extrémités. Ovaire 6-loc. V. domingensis.
{ émarginées.Ov.6-
Feuilles \ S'IOCSerRnERe V. Sieheri.
obovales | acuminées. Ov. 6,
loc ses Va Hart:
Appendices péla- J ë .
Slaminodes bifi-
laires plus ou
des. Ov. 8-10
moins profon-
AL LOC RU RSEEN V. Gulla.
dément divi- +14 ; ;
2e Feuilles Slaminodes brus-
| oblongues } quement lan-
ou obovales- céolés-subulés.
oblongues Ov. 6-9:loc,>.. Vi "Cruegere
Staminodes étalés
| et denticulés au
sommel ne. 4 V. Melinonis.
17 Manilkara surinamensis.
Syn. : Mimusops surinamensis Miq.
Nom vern. : Balata rouge.
Exs. : Guyane, à Karouany [Sagot 836]; près du fleuve
Casiquari |Spruce 3351); Surinam |Coll. du D" Hostmann
139a |.
Obs. : Cette espèce ne parait différer que fort peu de la
précédente et pourrait vraisemblablement y être rattachée
comme variété, s'il était possible de la discuter sur des docu-
ments plus complets.
18° Manilkara floribunda. |
Syn.: Mimusops floribunda Mart.:;: M. Glaziowii Raunk.
Nom. vern.: Wassaranduba do Taboleiro (Brésil).
ëxs. : Brésil, Rio de Janeiro [Glaziou 11158]; Cabo Trio
[Herb. Mart. n° 27 ,;.| Sellow 572].
Obs. : Ovaire assez régulièrement à 6 loges.
19° Manilkara longifolia.
Syn. : Mimusops longifolia A. DC.
Exs. : Brésil, Iheos, prov. de Bahia [herb. Mart. |.
20° Manilkara subsericea.
Syn. : Mimusops subsericea Mart.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 23
Nom vern.: Massaranduba (Brésil).
Exs. : Brésil, Rio de Janeiro {Glaziou 12071 |; |Gaudichaud
197]; [Weddell 114]; [Galeotti, ex herb. Mart.}; [Richard |;
sans désignation de localité [Glaziou 18357, 18357a, 1547);
[Sellow 108, 391, 603); [herb. Mart. 487/; | Clausen 8 |.
Obs. : Ovaire généralement à 6 loges.
21° Manilkara costata.
Syn. : Mimusops costata Pierre mss.
Exs. : Madagascar | Chapelier, éch. comprenant seulement
feuilles et fruit |; | Richard, in herb. Franqueville (5944 FH, P.)1.
22° Manilkara cuneifolia.
Syn. : Mimusops cuneifolia Bak.:; M. angolensis Engl.
Exs. : [ter angolense | Welwitsch 4836]; Mayomba |Dy-
bowski 30}.
… Obs. : Cette espèce est voisine du M. subsericea du Brésil
et du M. lacera d'Afrique. Engler range le W. cuneifolia dans
les Pleiogynæ, le M. angolensis dans les Zsogynæ ; c'est d’ail-
leurs à peu près la seule différence qui résulte de ses descrip-
tions: en comparant les échantillons ci-dessus mentionnés,
j observe que le nombre des loges doit varier au moins de 6 à
9, ce qui n’est pas surprenant d'après ce que nous avons vu
dans beaucoup des formes précédentes. [n'y a nul doute à
ce quil faille fusionner ces deux espèces et nous trouvons
ainsi un nouvel argument contre la distinction illusoire en
isogynes el pleiogynes.
24 M. DUBARD
Je rapporte également, d'une manière provisoire à cette
espèce un échantillon du Congo, recueilli par Mgr Carrie,
sous le n°102, et baptisé par Pierre Mimusops qabonensis.
L'échantillon est dépourvu de fleurs; les feuilles rappellent
beaucoup celles du M. cuneifolia, mais avec quelques diffé-
rences : péliole plus épais, limbe plus développé, terminé
par un acumen court et arrondi, Jamais émarginé. Ces diffé-
rences, en somme peu accentuées, peuvent fort bien tenir à
l’âge plus jeune du rameau mis en herbier; d’ailleurs l’échan-
tillon de Dybowski présente aussi des formes de feuilles assez
analogues.
23° Manilkara lacera.
Syn. : Mimusops lacera Bak.
Nom vern. : M'Bimo (Gabon).
Exs. : Nun River :Mann 489, 14270}; Gabon, région de
Libreville [Jolly 991: [Klaine 26]; [Chalot 16/; région du
J (8 J
Te ae UN (Bar
Niger près de Nupe |Barter|.
Obs. : Espèce très nettement pleiogyne.
24° Manilkara multinervis.
Syn.: Minusops multinervis Bak.:; ? M. densiflora Bak.
Exs. : Région du Niger, près Nupe | Barter in Baikie's Nig.
expéd. 1123: Dahomey, près Badagba, le long du fleuve Zou
[E. Poisson 104, 144}.
Fig. 12. — M. Mullinervis, var. Poissoni, Corolle étalée et'ovaire, 5 gr.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 29
Obs. : Ovaire ne comptant pas moins de 1# à 15 loges :
nous indiquons iei le M. densiflora Bak. comme synonyme,
mais avec doute, car nous n'avons pas vu celte espèce: c'est
la manière de voir d'Engler, dans les Sapotacées africaines :
mais, d'après Baker, les feuilles du M. densiflora seraient éga-
lement vertes sur les deux faces et d'autre part celles du
M. mullinervis ne peuvent pas être considérées comme con-
colores.
Var. : Poissont. +
Syn. + Manilkara Poissont Pierre mss.
Exs. : Dahomey, dans la forêt Zomou, près de Zaguanado
[E. Poisson 96 |; à Dogba, bords de l'Ouémé [Le Testu 2171.
Obs. : Les feuilles sont moins coriaces que chez le {ype, de
teinte plus claire en dessous, plus foncée en dessus: les sta-
minodes sont moins profondément subdivisés, l'ovaire parait
présenter moins de loges.
25° Manilkara Schweinfurthü.
Syn. : Mimusops Schweinfurthü Engl.
Exs. : Djurland à Seriba Ghattas, [Schweinfurth 1378;
Addaï, pays des Bongo, [Schweinfurth 1529 |.
Obs. : Espèce très voisine de la précédente, à ovare nette-
ment pleiomère.
Var. : Chevalieri.
Syn. : Mimusops Chevalieri Pierre; Manilkara Maclaudi
Pierre mss.
Nom vern. : Jensa (Gouin).
Exs. : Soudan, Kouroussa |Chevalier!|: Dassoulami, cercle
de Bobo-Dioulasso | Vuillet 518}: Manambougou entre Kouli-
koro et Bammako !Vuillet 452]: Guinée à Dindiena et à
Sineia, dans la région de Kouroussa | Pobéguin 193): !D° Ma-
claud |.
Obs. : Cette forme tient à peu près le milieu entre les deux
espèces précédentes qu'il serait peut-être légitime de réunir:
elle diffère du M. Schweinfurthii type par ses feuilles un peu
plus étroites, moins pubescentes, caractère assez net au lou-
26 M. DUBARD
cher, ses fleurs un peu plus petites, ses staininodes plus
larges, souvent trilobés (au lieu de 1-2 lobés); ces différences
sont d'ailleurs très minimes et ne peuvent justifier une espèce
autonome.
26° Manilkara Mochisia.
Syn. : Mimusops Mochisia Baker.
Exs. : Zanzibar | Boivin |: Zambèze, Liwingstone’s Zambezi
Expédition | Kirk |.
27° Manilkara sulcata.
Syn.: Mimusops sulcala Engl.
ëxs. : Mombaza, côte orientale d'Afrique | Boivin |.
Var. : Sacleurtii Pierre.
Nom vern. : Mzinzi (Zanzibar).
Exs. : Zanzibar à Mondera | P. Sacleur 993].
Caractères : Diffère du tvpe par ses feuilles plus petites, ses
sépales plus obtus, plus elliptiques, sa corolle à lobes plus
courts, ses staminodes entiers et non 1-3 lobés, son style
moins long.
Obs. : L'ovaire semble régulièrement du type isogyne dans
l'espèce et la variété.
28° Manilkara Welwitschii.
Svn.: Mimusops Welwitschii Engl.
Exs. : Iter angolense, Queta | Welwitsch 481%}.
Obs. : Dans cette espèce, l'ovaire est à 12 loges.
29° Manilkara zanzibarensis.
Syn.: Mimusops zanzibarensis Engl.
Exs. : Zanzibar (Boivin); [P. Sacleux 443].
Obs. : Dans cette espèce l'ovaire est à 9-12 loges.
30° Manilkara remotifolia Pierre.
Exs. : Dahomey à Baseila [E. Poisson 95}.
31° Manilkara argentea Pierre.
Syn.: Manilkara dahomeyensis Pierre.
E. Poisson 145]; Niger
Exs. : Dahomey Barter|.
L
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 27
32° Manilkara Pobeguini Pierre.
Nom vern. : Xo-acé (Guinée).
Exs. : Guinée française, Sankaran [Pobéguin 843.
20 Section Mahea.
Le genre Mahea, que nous ramenons au rang de section,
fut créé par Pierre !, qui le caractérise de la manière sui-
vante :
La fleur possède 6 sépales disposés en deux séries et une
corolle partagée en 6 lobes, plus longs que le tube et à peu
près égaux aux sépales. Au dos et à l'extrême base de chacun
des lobes, on voit quelquefois une sorte de glande ou point
placé de chaque côté des lobes, mais si peu apparent que,
sans un examen attentif, on peut en nier existence. Ces points
indiquent vraisemblablement l'initiale des divisions externes
des pétales, caractéristiques des Mimusopées, ici à peine indi-
_quées, mais qui le sont un peu plus dans les Vorthea et les
Semicipium. N'ayant analvsé qu'une fleur, il se peut que ces
divisions externes des lobes de la corolle soient plus appa-
rentes dans d’autres fleurs. Entre chaque lobe de la corolle, il
y à un staminode subulé ou terminé par une petite anthère
difforme. En face de chaque pétale et toujours au sommet du
tube, 1l y à une autre rangée des mêmes staminodes que nous
venons de décrire, avec cette différence que l'extrémité de
chaque filet porte une anthère stérile un peu plus grosse. Les
deux séries, situées à peu près sur le même plan, sont à peu
près aussi de même longueur, la série épipétale étant un peu
plus longue à cause du volume de l’anthère avortée. L'ovaire,
sphérique et velu, contient sir loges, accentuées au dehors: le
style glabre est deux fois plus long que l'ovaire et un peu plus
long que la corolle. L'ovule dans chaque loge est attaché au
sommet de l'axe; le fruit est inconnu: les feuilles sont celles
des Manilkara, particulièrement en ce qui concerne la nerva-
ion.
1. Notes botaniques, p.S8.
28 M, DUBARD
Cette description nous montre que les Mahea ont les carac-
tères essentiels des Manilkara (feuille, type floral trimère,
position de l'ovule). Ce dernier caractère laisse supposer que
la graine inconnue peut avoir la même constitution que dans
ce genre. Je propose donc de faire des Mahea une simple
section des Manilkara, suivant en somme ainsi l'opinion d'En-
gler qui les fait rentrer dans son genre Mimusops en une
section voisine des Ternaria. Nous définirons donc les Mahea
comme des Manilkara à fleurs unisexuées et à appendices
pétalaires rudimentaires.
33° Manilkara natalensis.
Syn. : Mahea natalensis Pierre.
Exs. : Natal | Wood|.
Muriea Hartog !.
Syn.: Æichleria Hartog:; Murieanthe Bail (Sect. des Mimu-
sops). Ce genre possède les caractères essentiels des Manil-
kara ; mais les staminodes y sont remplacés par des étamines
fertiles. Engler l’a considéré comme une simple subdivision
de la section Æutfernaria du genre Mimusops, pris au sens le
plus large, tandis que Pierre en fait un sous-genre des Mimu-
sops, envisagé dans un sens plus restreint, c'est-à-dire corres-
pondant en somme aux Manilkara et Muriea.
Nous croyons que la clarté de la classification exige d’en
faire un genre indépendant. Est-il logique de faire des Wahea
une simple section du genre Manilkara et de mettre comple-
tement à part les Muriea? Il nous semble pouvoir admettre
l’affirmative, parce que dans la fleur femelle des Mahea, que
nous connaissons seule, les staminodes des deux cycles ne
sont pas absolument comparables, ceux qui correspondent
aux étamines fertiles des Manilkara sont plus grands et rap-
pellent davantage les organes normaux, ce qui nous permet de
supposer logiquement que dans la fleur mâle il doit y avoir 6
1. In Journ. of Bot., XVI, 1878.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 29
étamines fertiles épipétales et 6 staminodes alternes, organi-
sation typique des Manilkara ; la section Wahea est donc
caractérisée uniquement par ses fleurs diclines ou polygames.
Chez les Muriea, au contraire, nous avons bien un androcée à
2 cycles staminaux fertiles; c'est là une organisation bien
distincte de celle des Manilkara et nous devons ajouter d’au-
tant plus d'importance à ce caractère que c'est sur la fertilité
ou la stérilité, la présence ou l'absence de certains cycles de
-l’androcée que sont constamment basées les grandes subdi-
visions de la famille.
1° Muriea albescens Hartog.
Syn. : Mimusops albescens Hartog; Bassia albescens Griseb.:
Labourdonnaisia albescens Benth ; Eichleria albescens Hartog ;
Sapota Acana Morales ; S. Marta Morales.
Exs. : Cuba occidental, près Retiro | Wright 2919).
Obs.: Dans cette espèce les deux cycles staminaux sont
insérés au même niveau et l'ovaire présente 9-10 loges.
2° Muriea discolor Hartog.
Syn.: Mimusops discolor Sond.: Æichleria discolor Har-
tog ; Labourdonnaisia discolor Sond.: L. sericea Benth. et
Hook.
Nom vern. : Umpumbulu (Natal).
Exs. : Inanda, Natal !: Wood 13549!.
Obs. : Les étamines du cycle alternipétale ont une tendance
à s'insérer plus bas que celles du cycle épipétale. L'ovaire
est formé de 6 carpelles.
Une deuxième série de genres comprendra ceux chez les-
quels les cotylédons sont épais et charnus et renferment la
plus grande partie ou toutes les réserves de la graine ; l'albu-
men est mince ou manque d'une manière complète ; mais la
caudicule de l'embryon y est assez proéminente.
30 M. DUBARD
Fig. 13. — I, corolle étalée de Murieà discolor ; IT, IIT, ovaire en perspective
et en coupe; IV, position de T'ovule par rapport au placenta, 5 gr.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 91
Lecomtedoxa Pierre mss.
Ce genre a été créé par L. Pierre pour une espèce du Gabon,
mais il n'en a point publié la diagnose. Engler l’a rattaché
comme sous-genre aux Mimusops au même titre que les
Ternaria et les Quaternaria 1.
Fig. 14. — Lecomtedoxæa Klaineana. Graine, I, vue de côté: II, vue par la face
ventrale: IT[, albumen: IV, embryon vu de côté: V, embryon en perspec-
tive: gr. nat
Ce groupe peut être caractérisé de la manière suivante
leurs du type # ou du type 5 ; appendices de la corolle tou-
Jours entiers, sensiblement égaux aux lobes principaux : an-
drocée formé d'étamines épipétales alternant avec autant de
{. Engler, in Pflanzenfamilien, Nachträge 1900, p. 289, el Sapolaceæ
africanæ, p. 55,
32 M. DUBARD
staminodes, Pistilisomère : ovules complètement atropes. Baïe
obovoïde, allongée, fortement atténuée à la base, à péricarpe
mince, uniséminée ; graine oblongue, avec longue cicatrice,
s'étendant d'un bout à l’autre du côté ventral. Albumen mince.
Embryon avec cotylédons épais, plan-convexes, à caudicule
saillante, courbée. Feuilles portant de fines costules, avec ner-
vation intermédiaire fortement descendante, comme chez les
Manulkara.
De telle sorte que le genre Lecomtedora correspond à un
type dégradé de Mimusopées, où le nombre des pièces du ca-
lice et de la corolle s'abaisse à 5 et même à 4; en particulier,
le calice, au lieu d'être formé de deux verticilles trimères, n’est
plus constitué que par une seule série de pièces à disposition
imbriquée.
1° Lecomtedoxa Klaineana Pierre.
Syn.: Wimusops Klaineana Pierre.
Nom vern. : Ouquembé (Gabon).
Exs. : Gabon au cap Estirias | Klaine 408, 507 (5382 H. P.)|
2° Lecomtedoxa Ogouensis.
Syn.: Mimusops Ogouensis Pierre.
Exs. : Gabon (Ogoué), à Samkita | Thollon 146}.
3° Lecomtedoxa Vazii.
Syn. : Mimusops Vazi Pierre mss.
Nom vern.: Noumaqou.
Exs.: Gabon, Fernan-Vaz | Klaine 5.
Obs. : Cet échantillon ne porte que des feuilles ; celles-ci
sont à pétiole assez allongé, à limbe obové, arrondi ou obtus
à l'extrémité, atténué en coin à la base, sinueux sur les bords.
Les costules sont très nombreuses, peu distinctes reliées par
des arcs vasculaires très rapprochés de la marge, avec ner-
vation intermédiaire descendante.
Dim. moyennes : Pétiole 20 mm., limbe 8 c. X4 c.
Les feuilles sont groupées à l'extrémité des rameaux, qui
sont noueux et recouverts d'un liège épais et grisâtre.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 93
Dumoria À. Chev. !.
Dans l’'herbier de L. Pierre conservé au Muséum, se trou-
vait une Sapotacée de la Côte d'Ivoire, désignée sous le nom
indigène de Makerou et étiquetée Tieghemella ? Heckeliana :
la plante n'était représentée que par quelques graines. Au
cours de sa mission forestière à la Côte d'Ivoire, A. Chevalier
put étudier complètement l'essence correspondante, la décrire
et fut conduit à en faire le type d’un genre nouveau. Cette
plante a été rapprochée d'une façon beaucoup trop étroite des
Baillonella ; elle présente des caractères extrèmement distincts,
qui justifient pleinement son autonomie générique ; ses affini-
tés seraient beaucoup plutôt du côté des Lecomtedora, quoi-
qu'elle en diffère par le type floral.
Les caractères les plus saillants de Dumoria sont les sui-
vants :
Feuilles non stipulées, à costules très fines, presque paral-
lèles, distantes de 5 à 7 mm., au nombre de 15-à 20 paires,
avec une nervure parallèle, intercalée entre deux costules
consécutives, en un mot nervation ordinaire de Manilkara.
Fleurs du type # correspondant à la formule :
LSLXS LIS(2A,-EP}+ 8:.:9+8E]+80C
Le calice est cadue après la floraison ; il se déchire en lais-
sant une cicatrice circulaire et la base seule du tube calicinal
persiste en formant une sorte de réceptacle au-dessous du
jeune ovaire ; c’est là, d’après Chevalier, un caractère dilté-
rentiel par rapport à toutes les Sapotacées africaines connues
et c'est sur lui principalement que cet auteur fonde la légiti-
mité de son genre Dumoria.
La corolle présente un tube égalant les lobes et ceux-ci sont
flanqués dorsalement chacun de deux segments stipulaires Ap.
1. À. Cuevazier, Sur un genre nouveau de Sapotacées de l'Afrique occt-
dentale, à graines fournissant une matière grasse comestible. Comptes
rendus Acad, Sce., 22 juillet 1907.
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol, 1915. 3
34 M, DUBARD
L'androcée se compose de 8 staminodes triangulaires, épais
et de 8 élamines fertiles épipétales.
L'ovaire est à 8 loges : la graine présente un tégument ex-
terne ligneux très épais, portant une très large cicatrice qui
s'étend sur toute la longueur de sa face ventrale ; elle est
dépourvue d'albumen et renferme un embryon à cotylédons
épais, charnus, dépassés par une caudicule de 5 à 6 mm.
[l
Fig. 15. — Graine de Dumoria, 1, vue par sa face ventrale: IL, de profil :
ITT., embryon isolé : gr. nat.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 35
Alors que les caractères foliaires rapprochent les Dumoria
de toutes les autres Mimusopées, ils l'éloignent au contraire
des Baillonella. Les caractères particuliers du calice, l’orga-
nisation tétramère de la fleur, la structure de la graine en font
un genre bien distinct se rat{achant d'une manière évidente
aux Manilkarées.
Dumoria Heckeli A. Chev.
Nom vern. : Dumori (agni) : Mako, Makoré, Makerou
(appollonien), Mhabu (attié); Butusu (néouolé) ; Garesu (bété).
Répartition géographique : Côte d'Ivoire, Gold Coast,
République de Libéria ; vit dans la grande forèt vierge, tou-
jours en individus dispersés.
Exs. : Côte d'Ivoire, Grand Bassam; serait très abondant à
Assinie | Comm. Heckel (6024 H. P.)|; [Lecomte|.
Baïllonella Pierre !.
Ce genre fut créé par Pierre pour une graine du Gabon,
désignée sous le nom de Noumgou et dont les cotylédons con-
üennent une forte proportion d'un beurre analogue à celui du
Vitellaria paradoxa et pas trace d'amidon. Pierre, ne connais-
sant ni les fleurs ni les fruits de la plante, avait rapporté Le
nouveau genre aux Lucumées: il avait baptisé l'espèce Bassia
torisperma, dont il décrivait ainsi la graine :
« La graine est longue de 6 em. ; son plus grand diamètre
(36 mm.) est au-dessous du milieu de la face ventrale à la face
dorsale et ce diamètre n’est plus que de 15 mm. près du som-
met ; 1l est de 25 mm. transversalement. Elliptique, un peu
comprimée, subgibbeuse dans la partie confinant au micropyle,
arrondie aux deux bouts, même à la face dorsale, elle a une
cicatrice ventrale longue de 56 mm., recouvrant un peu moins
dé la moitié de sa superficie. Là, l'épaisseur de son tégument
(environ mm.) un peu rugueux, d'aspect terne, est à peu près
la même que dans les autres régions. La partie vernissée a
1. Prerre, Notes botaniques, p. 13.
30 M. DUBARD
une teinte brun foncé ou chocolat. L’omphalodium (4 mm. sur
4 mm.) est situé à l'extrémité supérieure de la cicatrice, qui
est aussi le sommet organique de la graine ; la marche de son
raphé à travers le test est par conséquent presque rectiligne.
Le deuxième tégument est intimement adhérent à l’externe et
s'en détache difficilement. Le système vasculaire quoique bien
développé est sans relief. L'embryon se présente entouré du
nucelle et d'une mince couche d’albumen. Les cotylédons ellip-
tiques, entièrement libres, bien appliqués l'un contre l’autre
malgré leur épaisseur, ne sont pas bombés. Ils se terminent
en bas en une tigelle courte, recourbée en forme d’hameçon
et dirigée vers le micropyle. »
Engler, après avoir fait des Baïllonella, suivant examen de
documents complets, une section des WMimusops (Pflanzenf.
Nacht., 1897), donne, dans les Sapotacées africaines, une
description de ce groupe qui forme la section VIII du genre
(sous-wenre Quarternaria). Les fleurs ont en effet une structure
fort analogue à ce qu'on voit chez les « Euquaternaria.
integræ », principalement en ce qui concerne le calice et la
corolle qui sont tétramères ; les étamines ont des filets égalant
les anthères, qui sont subovales, légèrement apiculées ; les
staminodes, plus étroits dans leur tiers inférieur, se dilatent
au-dessus en une lame lancéolée et dépassent les étamines
fertiles ; l'ovaire est à 8 loges. É
Ces caractères n'ont rien de particulier et si, par l'organi-
sation florale, les Baillonella ont plus d’affinités avec les £u-
mimusopées, la structure de leur graine en fait indéniablement
des Manilkarées. Mais ce qui caractérise le mieux le genre,
c'est la nervation très particulière de la feuille, bien différente
de ce qu'elle est chez toutes les autres Mimusopées. Les cos-
tules sont nombreuses, très saillantes sur la face inférieure du
limbe, d'un parallélisme très net, tandis que les nervures in-
termédiaires sont fines, un peu obliques par rapport aux cos-
tules, mais non descendantes : d’autre part la feuille possède
des stipules persistantes.
Convaincu par nos études antérieures de l'importance des
caractères foliaires et en particulier de la nervation pour déli-
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 37
miter les groupes d'espèces chez les Sapotacées, nous n'hési-
tons pas, à cause des particularités de la feuille des Baïllo-
nella, à restaurer ce groupe comme genre autonome: si nous
y ajoutons les ‘caractères morphologiques de la graine, nous
pensons même’qu'il est un des mieux définis dans l’ensemble
des Mimusopées. Nous définissons donc le genre Baillonella
de la manière suivante :
Feuilles à costules saillantes, à nervation intermédiaire
transversale, à stipules persistantes. Ovule atrope ; graine à
cicatrice allongée d'un pôle à l’autre, très large ; albumen très
réduit ; embryon à caudicule courbe et relativement peu suil-
lante.
1° Baïllonella Djave Pierre.
Syn.: Bassia Djave de Lanessan ; B. {orisperma Raoul :
Baillonella torisperma Pierre ; Mimusops Djave Engl.
Nom vern. : Dave (nom du fruit et de la graisse des graines
en pongoué); Madi Djave (nom de la plante et de la graisse
chez les Adoumas de l'Ogoué) : Agalin-javi (nom de la plante
et de la graisse chez les Acotas et les Apingis, dans l’'Ogoué) ;
Oréré (nom de l'arbre en pongoué) ; Noumyou (Cameroun.
Exs. : Gabon, environs de Libreville [E. Pierre, comm.
Heckel (6381 H. P.)}; [Autran, comm. Heckel|; !Klaine 106,
117, 1735 (6381, 6650 I. P.)|; cultivé au Jardin des missions
à Libreville [Jolly 124 (6381 H. P.)]; [Aubry le Comte:
P. Duparquet |; Jolly (6649 H. P.)|; !Ech. de graines comm.
par Holmes, Soc. pharm. de Londres {South african poison),
a servi à faire la première description de la graine |.
2° Baillonella obovata Pierre.
Syn. : Mimusops obovata Pierre (in Engler et Prantl) :
M. Pierreana Engl.
Noms vern. : Moabi (nom de l'arbre au Gabon): Maniki
(nom du fruit au Cameroun).
Exs. : Région de Loango | Lecomte 66.
Obs. : Cette espèce n’est connue que par ses feuilles et sa
graine,
39 M. DUBARD
Al
Fig. 16. — Graine de Baillonella Djave, I, de profil; IT, du côté ventral:
IT, embryon isolé ; gr. nat.
Tieghemella Pierre !.
L'étude de ce genre paraïîtrait devoir plus logiquement venir
après celle du genre Dumoria auquel nous le rattachons pro-
visoirement ; cependant, la connaissance du genre Baillonella
était nécessaire, pour comprendre la discussion suivante, parce
que certains auteurs ont rattaché les Tieghemella à ce groupe,
sans d’ailleurs en fournir de raisons.
Pierre décrit, dans ses Notes botaniques, sous le nom de
Tieghemella africana, une graine du Gabon rapportée pour la
première fois par Aubry le Comte en 1853 et à laquelle on
avait attribué au Musée de l'Exposition coloniale à Paris le
nom d'Ouréré et au Muséum le nom de Djave. Pierre range
ce genre mal défini parmi les Lucumées.
La description de la graine diffère en somme assez peu de
1. Prerre, Not. bot., p. 18.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 99
celle qui est donnée au sujet des Barllonella ; les principales
différences portent : 1° sur la longueur de la cicatrice ventrale
qui n'atteint pas toute la hauteur de la graine mais est séparée
du sommet de celle-ci par un intervalle de 20 mm. environ
(la graine a 8 cm. de longueur) ; 2° sur le plus grand déve-
loppement de l'omphalodium très bombé, très épais et qui
atteint une longueur de 25 à 28 mm. ; 3° sur l'épaisseur plus
considérable du tégument ligneux. L'albumen, très appauvri
autour des parties supérieures de lembrvon, est réduit souvent
au nucelle et forme une calotte épaisse, rostrée autour de la
caudicule. Celle-c1, qui a 7-8 mm. de longueur, notablement
plus longue, par conséquent, que chez le Baillonella Djave est
légèrement incurvée.
Il semble bien diflicile devant de semblables différences
d'identifier purement et simplement le 7. africana avec le
B. Djave, comme l’a fait Perrot f.
D'autre part, la constitution de la graine rappelle de trop
près ce que nous avons vu chez les Baillonella pour oser
affirmer à priori que l'on ait affaire à un genre différent.
La question peut être rendue plus claire par l'examen d'un
échantillon de l'herbier du Muséum, envoyé par le P. Klaine
sous le n° 1343 his et portant le nom indigène Noumgou : ce
document est constitué par de jeunes plants d'une Sapotacée
accompagnés de fragments de graines. Dans une note manu-
serite de L. Pierre, on peut lire l'identification probable avec
une espèce du genre Tieghemella, basée sur ce fait que la
cicatrice de la graine n'atteint pas toute la longueur de la face
ventrale. Cette graine offre d'ailleurs des analogies très étroites
avec celle du T. africana, quoique le tégument ligneux y soit
notablement moins épais, et l’on est bien fondé à conclure à
une identité générique.
Si l’on remarque d'autre part que les jeunes plants ont des
feuilles privées de stipules et de poils, et que, bien que les
costules soient assez largement espacées, la nervation inter-
1. Perrot, Le Karilé, l'Argan et quelques autres Sapotacées à graines
grasses de l'Afrique (in Végét. ut. de l'Afrique trop. française.
10 M, DUBARD
médiaire est assez nettement descendante, on ne peut admettre
qu'on ait affaire à un Baïllonella et c'est ainsi que Pierre
conclut : « Par l'absence de stipules, par la nervation tertiaire
subparallèle aux nervures secondaires, cette plante représente
un genre bien distinct du Baillonella et plus voisin des Mimu-
sops et des Manilkara. » C'est là un fait mdéniable, lorsqu'on
vient de parcourir tout l'ensemble du groupe.
Donc, des caractères de la graine (chez T. africana) et de
ceux de la feuille, dans l'échantillon du P. Klaine qui semble
devoir être rapporté au même genre, on peut déduire, d'une
façon presque certaine, que le genre Tieghemella est bien dis-
tinct du genre Baillonella. La question se pose alors de savoir
s'il pourrait être rattaché au genre Dumoria.
Il possède des feuilles glabres, non stipulées, à nervures
secondaires assez fines, nervures tertiaires en partie parallèles
aux costules ; l'omphalodium de la graine est très développé,
l'embryon présente une caudicule relativement longue ; tous
ces caractères peuvent convenir au genre Dumoria.
[l'est vrai qu'ici la cicatrice de la graine s'étend d’un pôle
à l’autre, ce qui dénote une atropie absolue de l’ovule, tandis
que chez Tieghemella, 1 Y a un commencement d'anatropie.
Mais tout démontre dans notre étude générale des Mimuso-
pées que l’anatropie complète doit être opposée à l'atropie ou
à la subatropie ; il n’y a donc pas de ce côté obstacle à l'iden-
tification générique de deux formes voisines dont l'ovule se
comporte d'une façon légèrement différente.
Faute de pouvoir observer les fleurs, il nous est impossible
de rechercher si les Tieghemella présentent pour leur calice
le caractère si particulier invoqué par Chevalier pour définir
les Dumoria.
En résumé, il nous semble logique d'admettre pour le
moment que le genre Tieghemella peut être rapporté au
genre Dumoria ; ce n'est pas une certitude mais une hypothèse
très vraisemblable, dont la connaissance de documents plus
complets peut seule démontrer la valeur ; dans tous les cas,
une telle conclusion est plus en harmonie avec les faits obser-
vés que l'identification certainement erronée du T. africana
avec le B. Djave.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 41
Quoique le nom de Tieghemella soit le plus ancien, 1l nous
semble préférable pour le moment de lui substituer celui de
Dumoria qui correspond à un type complètement défini ; mius
si, plus tard, l'identification des deux genres devenait certaine,
la dénomination ancienne devrait conserver la priorité.
Nous baptiserons done Dumoria avec doute l'espèce suivante.
Dumoria aîricana.
Syn. : Tieghemella africana Pierre; T. Jollyana Pierre.
Noms vern. : Acola, Noumgou.
Gabon, Fernan Vaz, à 50 lieues de Libreville |Klaine
(6646 H. P.)}; [Klaine 1348 Dis, 1468 (6652 IH. P.)); [E. Pierre
97] ; [Aubry le Comte 3604 (5633 H. P.)]|; [Jolly (6025 H. P.)|.
Obs. : Pierre a cru devoir faire une espèce spéciale pour
ce dernier échantillon, espèce correspondant également au
n° 1348 bis du P. Klaine, parce que la graine y est plus petite
que dans les autres échantillons et porte une cicatrice plus
longue. Mais l'examen de l’ensemble des documents précé-
dents nous a montré des variations assez importantes dans la
taille, la forme et l'aspect des graines, suivant leur nombre
dans le fruit ; plus celles-ci sont nombreuses, plus forte est
la compression qu'elles subissent et c'est à cette seule cause,
croyons-nous, qu'il faut attribuer les variations sur lesquelles
Pierre a tenté de baser son T. Jollyana.
Une graine provenant du Cameroun, communiquée par Engler
est conservée dans l’herbier du Muséum et rappelle au premier
examen celle du Tieghemella. Par la forme de sa cicatrice,
par l'épaisseur de son test elle fait penser au T. africana,
mais par son albumen assez abondant, plus épais même que
les cotylédons, elle s'éloigne de ce genre et des Baillonella.
Cet albumen assez développé et la courbure des cotylédons
rappellent les Lecomtedora, mais la forme de la cicatrice est
bien différente, non linéaire, ovale, suboblongue avec un hile
médian indiquant un certain degré d'anatropie. Cette graine
correspond donc probablement à un genre spécial f.
1. D'après des renseignements communiqués par le professeur Heckel,
cette graine appartiendrait au Mimusops congolensis de Wild.; inutile
12 M. DUBARD
Le peu que nous en connaissons Jusqu'à présent, permet de
supposer que la flore des Sapotacées de ces régions équatoriales
de l'Afrique réserve encore bien des surprises, et que la con-
naissance plus approfondie des genres qui la composent entrai-
nera probablement un remaniement assez profond de la
classification que nous essayons d'ébaucher; malheureusement,
les documents sont d'autant plus difficiles à réunir, qu'il s'agit
presque toujours d'arbres gigantesques dont les floraisons
sont inaccessibles et dont on se contente de ramasser les
vraines.
Inhambanella Engler !.
Ce groupe à été considéré par son auteur comme une simple
section du genre Mimusops au sens large et rangée par lui
dans le sous-genre Quaternaria, par conséquent au voisinage
même des vrais Mimusops.
Il est ainsi défini : Fleurs du type #4, ignorées quant au
reste : fruit formé d'une grosse baie riche en latex, oblongue,
monosperme. Graine oblongue, légèrement comprimée, munie
d'une cicatrice large et allongée, dépourvue d’albumen ; embryon
avec cotylédons épais, plan-convexes, oléagineux.
D'après la figure donnée par Engler, dans les Sapotacées
africaines (FT. XXV), la graine proviendrait d'un ovule à peu
près atrope et la caudicule, quoique courte, ne serait pas véri-
tablement punctiforme. Les feuilles ont entre les costules de
fines nervures disposées en réseau, mais ce type de nervation
ne s'éloigne pas sensiblement de ce que nous avons vu chez
les Manilkara. D'après l'ensemble de ces caractères, nous
voyons que les Znhambanella, malgré leur type floral tétra-
mère, se rapprochent plus, et surtout par la disposition de
leurs ovules et la conformation de leurs graines, des Manil-
kara que des vrais Mimusops.
d'ajouter qu'une pareille désignation générique ne saurait être mainte-
nue, La déhiscence de ces semences se fait d’une façon très curieuse
par une sorte de panneau ventral, comme l’a mis en évidence le profes-
seur Heckel,
1. ExGLer ET PranrL, Pflanzsenfamilien. Nacht., 1900.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 49
Ce genre rentre donc dans la série des Manilkarées à ovules
atropes, à caudicule non punctiforme, et vient se ranger près
des Dumoria, qui ont aussi des fleurs tétramères et une graine
à large cicatrice !.
1° Inhambanella Henriquezi.
Syn. : Mimusops Henriquezit Engl. et Warb.
Obs. : Je n'ai pu examiner aucun échantillon de cette espèce.
2° Inhambanella natalensis.
Syn. : Mimusops Schinzii Engler ; M. nafalensis Schinz.
Exs. : Natal, forêts près de Korugha [Schlechter 6220}.
Obs. : C'est la disposition des ovules chez cette espèce,
disposition presque atrope, qui laisse supposer que la graine
doit avoir une cicatrice très allongée ; dès lors ce ne peut être
un Mimusops véritable et, comme le type floral est tétramère,
il est logique de ranger l'espèce dans le genre /7nhambhanella.
De plus, Engler, dans la description qu'il en donne, indique
que les fleurs sont quelquefois trimères ; c'est une raison de
plus pour l’éloigner des Mimusops et pour souligner les affi-
nités des Znhambanella et des Manilkara.
Une troisième série de genres comprendra ceux chez les-
quels les cotylédons sont épais et charnus et renferment toutes
les réserves de la graine qui est dépourvue d'albumen et où,
en outre, la caudicule est punctiforme et ne fait pour ainsi dire
pas saillie en dehors de la commissure des cotylédons.
Cette série correspond aux Lucumées proprement diles parmi
les Sideroxylées, c'est-à-dire aux genres Calocarpum, Lucuma,
Bakeriella, Pouteria, Labalia, Sarcaulus, Butyrospermum.
L'ovule dans cette série est constamment atrope et par consé-
quent la graine a toujours une cicatrice allongée d'un pôle à
l'autre, vers les extrémités de laquelle on trouve d'une part
le hile, d'autre part le micropyle. |
1. Les Inhambanella diffèrent des Dumoria par leur graine compri-
mée, à cicatrice moins large, n’atteignant pas toute la hauteur de la
graine, la structure de leur calice, etc.
_—
_—
M, DUBARD
Northea Hook f. !.
Ce genre est ainsi caractérisé :
Fleurs du type trimère ; appendices pétalaires très réduits,
beaucoup plus courts que les lobes principaux : androcée formé
d'un seul cyele staminal superposé aux pétales, pas de stami-
nodes. Pistil isomère. Ovule complètement atrope ; graine à
cicatrice s'étendant d'un pôle à l’autre, très large, dépourvue
d'albumen. Embryon à cotylédons épais, à caudicule presque
punctiforme.
C'est done là un genre bien distinet, se rapprochant des
Manilkara par son type trimère, formant transition vers les
Mahea par la réduction des appendices dorsaux des pétales,
rappelant enfin les Dumoria et les Baïllonella par l'atropie de
son ovule, le développement de la cicatrice séminale, l'absence
d'albumen et l'aspect de l'embryon.
Parmi les Siderorylées, c'est surtout du genre Lucuma que
semble se rapprocher le Norfhea.
Northea Seychellana Hook f.
Syn. : Mimusops Hornei Hartog. -
Nom vern. : Capucin (Seychelles).
Exs. : Seychelles ; [Graine communiquée par M. Holmes
HP
Obs. : L'organisation de la graine rappelle de très près ce
qu'on trouve chez les Lucuma.
Vitellariopsis Bail. *.
Ce groupe a été considéré par son auteur comme une section
du genre WMimusops et c'est à titre de section des Quaternaria
qu'il figure dans la classification d'Engler. Il mérite cependant,
à notre avis, d'être considéré comme un genre distinct, car
on peut fort bien le caractériser de la manière suivante :
1. In Hook, lc. PL., 1884.
2. Bul. Soc. Lin. Par:, p. 942.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 45
Fleurs tétramères ; corolle avec 8 lobes principaux accom-
pagnésde petits lobes accessoires ; androcée normal, formé de
8 étamines fertiles épipétales et de 8 staminodes alternes :
fruit de petite taille, subglobuleux, 1-2 sperme ; graine pré-
sentant une cicatrice allongée d'un pôle à l’autre, très large,
recouvrant la moitié de sa surface, dépourvue d’albumen, con-
tenant un embryon à cotylédons épais et à caudicule puncti-
forme. Le tégument séminal est coriace, mais peu épais el
fragile.
Vitellariopsis Kirku.
Syn. : Mimusops Kirkiü Bail: M. Bakeri Engl.; Butyros-
permum ? Kirki Baker.
Exs. : Mombasa [J. Kirk]; Zanzibar, le long du fleuve
Wamé, près Mandera | F. Alexandre, in herb. Sacleux 852.
Obs. : Ce deuxième échantillon a été considéré comme une
espèce distincte par Pierre ; mais l’aspect de la graine parait
bien identique à l'échantillon de Kirk et les documents sont
trop incomplets pour permettre une affirmation de l'opinion
de Pierre.
L'organisation florale, la structure de la graine montrent
des affinités très étroites entre le Vifellariopsis et les Butyros-
permum, parmi les Sideroxylées.
B. — EumImusopPées.
Ce groupe correspond aux Æusiderorylées et se définit de
la même manière.
__ Graine à cicatrice réduite basilaire, provenant d'un ovule
complètement anatrope, inséré vers la base de la loge carpel-
laire ; le hile et le micropyle sont rapprochés à la partie infé-
rieure de la graine.
Chez les Eumimusopées, toutes les formes connues ont une
graine albuminée, des cotylédons minces et une caudicule
saillante ; nous ne trouvons done pas ici l'équivalent des
Bumelia et des Sarcosperma parmi les Sideroxylées.
==
——.
_—.
M. DUBARD
Mimusops L. !.
Ce genre, tel que nous le comprenons, à un sens infini-
ment plus restreint que celui qu'on lui prête généralement,
puisque toutes les Manilkarées, à l'exception des Northea, en
ont été extraites et que nous aurons encore à en retirer un
senre secondaire. Il correspond ainsi à toute la section Qua-
lernaria À. DC. du sous-genre Æumimusops Miq. et Eichl
ainsi qu'au sous-genre /Zmbricaria Comm., en suivant la elas-
sification d'Engler donnée dans le Pflanzenfamulien ; d’après
celle, plus récente, que cet auteur expose dans les Sapotaceæ
africanæ, 11 correspond aux sections Æuquatlernaria Eng. et
Imbricaria Comm. du sous-genre Quaternaria À. DC.
Caractères généraux des Mimusops. — Calice à 8 sépales
bisériés ; corolle isomère, unisériée, à segments dorsaux équi-
valents aux lobes, entiers ou laciniés ;: staminodes bien déve-
loppés comme chez les Manilkara ; étamines épipétales insé-
rées au même niveau que les staminodes : ovaire presque cons-
tamment à 8 loges *. Ovule complètement anatrope ; graine
présentant une cicatrice assez réduite, où le hile et le micro-
pyle sont rapprochés.
iéparlition géographique. — Les Mimusops, comme les
Manilkara, présentent une grande aire d'extension et se
trouvent sensiblement dans les mêmes régions, sauf en Amé-
rique.
Obs. : Le genre Wimusops joue parmi les Mimusopées le
même rôle que les Sideroæylon parmi les Sideroxylées et l’on
peut schématiser d’une manière simple Les principales relations
.
des deux groupes par une sorte de proportion :
Mimusops Sideroryion
Manilkara Planchonella
1: Nov: pl.Mgen:,/ 1141:
2. Il est à remarquer que chez les Mimusops le nombre des carpelles
varie beaucoup moins que chez les Manilkara. La formule florale des
Mimusops peut s’écrire 4 S + 4#S' +18 (2 Ap + P)+H8 cs+s +8 E)]
+ 8 C.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 4
1
1° Section Euminusops.
Cette section est caractérisée par une graine à cicatrice
basilaire, non profondément excavée, et à tégument non pourvu
de De sallantes.
2. Sous-section. /ntegræ. — Appendices dorsaux des pétales
entiers.
a. Groupe indo-malais.
1° Mimusops Elengi L.
Fig. 17. — Corolle étalée de Mimusops Elengi, 5 gr.
Exs. : Archipel indien [ex Herb. Hort. Bot. Bog.]; Kei-
Koteil [Beccari, plantes de l'ile Kei!; Expédition du Mékong
| D' Thorel 1866-68 |; Siam, Bangkok | Zimmerman 47, 161;
Birmanie, Ava, MF Circars [cultivé au Jardin botanique de
Calcutta. Pierre 3264}; Bengale {Pierre 3264}; Réunion, cul-
üvé au Jardin botanique de Saint-Denis ! Pierre 3259! ; cultivé
au Jardin botanique de Saïgon | Pierre 3259]; Dahomey sur
les rives du fleuve Oueiné, près Djebé, vraisemblablement
cultivé LE. Poisson 71}; cultivé dans les jardins botaniques
du Dahomey | Lemierre| ; Martinique, cultivé [P. Duss}.
Var. : longepedunculata BI.
Diffère surtout du type par ses feuilles plus longuement
LS M. DUBARD
pétiolées 3-5 ce. au lieu de 1,5-2,5 c. et par ses fleurs à pédi-
celles plus longs, 16 mm. au lieu de 7 mm.
Exs. : Java, cultivé au Jard. bot, de Buytenzorg. (5101 H.P.).
Var. : Javensis.
Syn. : Mimusops javensis Burck ; M. parvifolia R. Br.
Cette variété diffère du type par ses feuilles plus étroites, à
pétiole plus court, par le tomentum plus rouge des organes
jeunes, par les dimensions moindres des diverses parties de
la fleur.
Les lobes principaux de la corolle y sont un peu plus longs
que les appendices, tandis que, dans le type et dans la variété
longepedunculata, les lobes sont notablement plus courts que
les appendices.
Exs. : Java, cultivé au Jard. bot. de Buytenzorg [5551 H.
P.); Célèbes, péninsule SE de Kandari | Beccari| ; province
de Minahassa | Koorders 18855 £ ,; province de Ménado | Koor-
ders}; Pulo Babi | Plantes de l'ile Ara, Beccari] ; Kulo Kadi
| Piante papuane Béccari |; Nouvelle-Guinée, Kaiserwilhelms-
land |Hollrung ; Australie [R. Brown! ; Nouvelle-Calédonie :
Balansa 1306.
Obs. : Les feuilles sont plus petites et les staminodes plus
=“
aigus dans les formes de Nouvelle-Calédonie et d'Australie ;
mais 1] nous semble difficile de bien définir même une simple
variété parvifolia.
Var. : phillipensis.
Feuilles beaucoup plus petites que dans le type, comparables
aux formes les plus petites de la variété Javensis, mais moins
allongées comparativement à la largeur. Les étamines sont ici
glabres sur le connectif ! et les staminodes sont relativement
larges ; enfin les lobes de la corolle sont un peu plus courts
que leurs appendices.
Exs. : Philippines | Vidal 4}.
Obs, : Cette forme se rencontrerait aussi aux Moluques.
1. Les formes à petites feuilles de la var. javensis ont parfois les
étamines glabres sur le connectif ; peut-être, serait-ce un caractère
permettant de définir une variété parvifolia.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 49
Var. : {imorensis.
Syn. : Mimusops timorensis Burck.
Cette forme est très voisine de la précédente et tient à peu
près le milieu entre celle-ci et le type ; en effet, les feuilles
sont plus étroites que dans le type, mais presque aussi lon-
guement pétiolées, le tomentum des parties jeunes est rou-
ceâtre. Les dimensions de la fleur sont sensiblement les mêmes
que dans le type. On observe de très légères différences dans
la forme des staminodes ; quant aux lobes principaux de la
corolle, ils sont sensiblement égaux aux appendices.
Exs. : Timor [Teysmann (5552 H. P.)|.
2° Mimusops gracilis Eichl.
Syn. : Mimusops lucida Waill., non Poir (pro parte). Imbri-
caria lucida Pierre.
Exs. : Penang [ Wallich|.
Obs. : Le Wimusops lucida Wall est généralement considéré
comme une synonymie du Payena lucida; mais le n° 4147
de Wallich correspondant au type comprend deux plantes, l'une
qui est le Payena lucida et l’autre qui est un Mimusops. Cette
plante, étant vraisemblablement différente du M. lucida Poir,
doit changer de nom; c’est pourquoi nous lui appliquons le
nomen nudum inscrit par Eichler dans l'herbier de Berlin.
b. Groupe africain.
3° Mimusops fruticosa Bo].
Noms vern. : Mafarruma (Zanzibar); Mnié-ou (Bagamoyo);
M'kana, M'tanda (Dar es Salam).
Exs. : Zanzibar [John Kirk}; [P. Sacleux 548]; Bagamoyo
{Stuhlmann|.
4° Mimusops Kirkii Bak.
Exs. : Rivière Shine à Shamo, Zambèze ! Kirk |.
5° Mimusops Zeyheri Sond.
Exs. : Afrique du Sud [Zeyher 1130].
Obs. : Espèce très proche du M. Elengi.
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915. i
)0 M, DUBARD
Fig. 18. — Corolle étalée de Mimusops frulicosa, 5 gr.
6° Mimusops obovata N. ab. Es.
Syn.: /Zmbricaria obovata N. a. Es.
Exs. : Afrique australe [Mac Owan|.
1° Mimusops caffra E. Meyer.
Exs. : Cap de Bonne Espérance | Dreges-Ecklon|.
5. Sous-section Lacinialæ. Appendices dorsiux des pétales
lacimiés.
S° Mimusops longipes Bak.
Exs : Lagos [Rowland|.
N \} m
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DS NA
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> KR
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RÉ
Fig. 19. — Corolle étalée de Mimusops longipes, 5 gr.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSCPÉES 31
9° Mimusops Schimperi Hochst.
Noms vern. : Baora (Tigré); Lebbach, Daragh (Yemen).
Exs. : Abyssinie | Schimper 697]; Arabie, Yemen |Schwein
furth |.
10° Mimusops Kummel Bruce.
Nom vern. : Xummel (Tigré).
Exs. : Abyssinie, Montagnes près Amba-Sea |Schimper
869]; à Aman-Eski [Schimper #73}; montagnes Scholoda
[Schimper (4956 H. P.)].
11° Mimusops djurensis Engler.
Exs. : Pays de Djur, Seriba Ghattas |Schweinfurth 2428 |.
Obs. : Espèce extrêmement voisine de la précédente.
12° Mimusops fragrans Engler.
Syn. : IZmbricaria fragrans Baker.
Exs. : Niger à Yomba (Barter, Bakies. Nig. Exp. 12171.
Fig. 20. — Corolle étalée de Mimusops fragrans, 9 gr.
13° Mimusops comorensis Engler.
Syn. : Mimusops Humblotiana Pierre.
Exs. : Comores | Humblot 32 (5545 H. P.)|.
Obs. : Cette espèce a des appendices pétalaires tantôt
entiers, tantôt profondément subdivisés dans la même fleur,
et peut être considérée comme formant transition entre les
deux sous-sections précédentes,
M. DUBARD
[24
LEO]
2° Section Zmbricaria.
Ce groupe est un ancien genre de Commerson ! que Baillon ?
a ramené au rang de section des Wimusops, en le définissant
de la manière suivante :
« Les Zmbricaria sont des Mimusops a double calice tétra-
mère, dont les pétales accessoires sont, dans l'intervalle de
deux lobes principaux, au nombre de deux, entiers ou bi-
trifides ; les étamines fertiles et les staminodes, au nombre
de 8 et les loges ovariennes au nombre de 8. Leur fruit,
parfois très gros, renferme une ou quelques graines, compri-
mées, lisses ou ternes, irrégulièrement triangulaires, à bords
entiers ou parfois crénelés, à hile basilaire intérieur, concave,
souvent protégé en dedans par une sorte de processus obtus
des téguments. Leur embryon albuminé a des cotylédons
foliacés et latéraux. »
On voit, par cette description, que les Zmbricaria diffèrent
bien peu des Æumimusops, dont ils possèdent tous les carac-
tères essentiels; les particularités externes de la graine per-
mettent seules de les classer à part.
Engler, dans les Pflanzenfamilien, en fait un sous-genre de
Mimusops, qu'il caractérise par la subdivision des appendices
pétalaires en nombreux segments étroits et linéaires et par
leurs staminodes linéaires; on ne voit pas bien ainsi en quoi
les Zmbricaria diffèrent des Fumimusops laciniés, surtout si
l’on remarque que les staminodes ont sensiblement le même
aspect dans les deux groupes et ne sont pas toujours linéaires.
Dans les Sapotacées africaines, les Imbricaria ne sont plus
pour Engler qu'une simple section du sous-genre Quaternaria,
mais ils sont mieux définis cette fois par les caractères de la
graine de la façon suivante : graine comprimée, lisse ou terne,
quelquefois crénelée sur le bord dorsal, présentant trois
bandes saillantes s'étendant de la base jusque vers le milieu
du côté ventral, à tégument épais et albumen abondant entou-
rant les cotylédons.
{. Commersox ex Juss. Gen. (1789).
2. Histoire des plantes, XI, p. 268.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES Le:
Nous considérerons ici les Zmbricaria comme formant une
simple section des Mimusops et nous les définirons par les
caractères extérieurs de la graine, précédemment indiqués.
Les {mbricaria appartiennent aux Mascareignes et à Mada-
gascar.
Fig. 21, — Corolle étalée de Mimusops Imbricaria, 5 gr.
1° Mimusops Imbricaria Willd.
Syn. : Zmbricaria maxima Poir.; 1. borbonica Gærtn. f.
Noms vern. : Grand natte; Natte à grandes feuilles (Réu-
nion).
Fig, 22, — Graine de M. Imbricaria, 1, vue de côté: IT, par la face ventrale :
III, par la face dorsale.
D4 M. DUBARD
Ï
Fig. 23. — TI, section transversale de la graine de M. Imbricaria: II, section
longitudinale.
_
Exs. : Réunion | Turpin : | Commerson |: | Boivin |: | Bernier
pe WA ” L
1271); | Dupetit-Thouars!: Ile de France | Commerson |,
Js LUUT [
2° Mimusops macrocarpa.
Svn. : {mbricaria macrocarpa Gærtn. f.
Analyse de graines (H. P.).
3° Mimusops petiolaris.
Syn.: /mbricaria petiolaris A. DC.
Exs. : [le Maurice, bois de la montagne du Pouce | Boivin |;
sans localité | Commerson).
Obs. : Dans cette espèce, les appendices pétalaires sont très
divisés et présentent de # à 9 franges.
‘D \ L.\_4 {| LT
MIVMT À | } h |
Il f
EEE Ur, /
2
Ur,
Fig. 24, — Corolle de Mimusops Commersonit, 5 gr.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES DD
4° Mimusops Commersonii Engl.
Syn. : Imbricaria coriacea À. DC. ; I. Commersonii G. Don. :
Fig. 25. — Mimusops gigantea: 1, corolle: IT, fragment de corolle montrant
les staminodes: IT, ovaire, 5 gr.
Mimusops Imbricaria Wall.: M. Balata Gærtn f.; M. coriacea
Miq.
Exs. : Madagascar; cultivé un peu partout, principalement
56 M. DUBARD
dans les montagnes de Java, de l’île Maurice et de La Réunion,
ainsi qu'au Jardin botanique de Calcutta, à la Guyane, aux
Anülles. [Comm. Dybovwski 8}; {Forbes}; [Ph. Voisin]; [P.
Duss |.
o° Mimusops gigantea Pierre.
Exs. : Ile de La Réunion, depuis le littoral jusqu'à une alti-
tude de 400 à 500 mètres [Pothier (5559 H. P.)}; [Richard
117]; [Boivin].
Fig. 26. — Fruit d'Imbricaria gigantea, 1/2 gr. nat.
6° Mimusops Pierrei Bail.
Exs. : Maurice, Montagne du Pouce | Boivin |.
7° Mimusops oblongifolia.
Exs.: Ile Bourbon, cultivé au Jardin botanique de Saint-
Denis [H. P. 3259!.
Obs. : Cette espèce est représentée dans l'herbier Pierre
seulement par deux rameaux fewillés. Les rameaux sont cylin-
driques et recouverts d'un liège rougeâtre; les feuilles, lui-
santes à la surface supérieure, sont ovales oblongues, mais se
distinguent surtout par leur acumen, et la désignation spéci-
PAU
fique acuminata conviendrait bien ici, si elle n'avait déjà été
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 57
employée pour une forme de Java. Dim. moy.:pétole, 1,5 c.:
limbe, 9e. >< 4 e.; acumen 6 mm.
C’est également à cette section qu'il convient de rattacher
la Sapotacée décrite sous le nom générique de Semicipium
par L. Pierre !. Engler dans les suppléments aux Pflanzenfa-
milien (1897) la rattache déjà aux /mbricarta.
Pierre définit ainsi son Semicipium :
Son calice est celui d'un Zmbricaria, de même son facies:;
sa corolle également formée de huit parties subit dorsalement
et au sommet du tube un bourgeonnement. On compte en
effet 5-6 lanières subulées, inégales en longueur de chaque
côté dorsal de chacun des pétales. Ces pièces adventives sont
libres jusqu'à la base du pétale et tout à fait indépendantes
l’une de l'autre. Elles sont minces, étroites, subulées et rap-
prochées en petits faisceaux comme dans les Northea. Une
seule de chaque côté du pétale (dans le bouton) devient aussi
longue que ce même pétale. Les staminodes sont de petits
mamelons arrondis ou nains (dans le bouton). Les étamines
fertiles sont elliptiques, acuminées. L'ovaire, surmonté d'un
style glabre comme lui, aussi long que les pétales, contient
14 loges.
Fig. 27. — Corolle étalée de Semicipium, 5 gr.
L'ovule du très jeune ovaire est horizontal. »
Ces caractères peuvent permettre le rattachement du Semi-
cipium soit à la série des Northea et Vitellariopsis, soit au
contraire aux Zmbricaria. La connaissance du fruit et de la
1. Notes botaniques, 10 p.
DS M, DUBARD
graine permettrait seule de trancher la question d'une manière
certaine. Cependant l'observation de l'ovaire permet de sup-
poser que l'’ovule est anatrope: dans ce cas, on peut prévoir
ce que doit être la graine, et les aflinités pour les Zmbricaria
doivent être admises d’une façon plus vraisemblable ; nous
ferons done simplement rentrer le Semicipium dans la section
Imbricaria de notre genre Mimusops.
S° Mimusops Boivini Hartog.
Svn. : Jmbricaria Boiwint Hartog: Semicipium Boivini
Pierre.
Exs. : Madagascar | Boivin].
Labramia A. DC. !.
Syn. : Delastrea À. DC.
A ce genre doivent être rattachés également les ZLabra-
miopsis d'Hartog, considérés par Engler, dans les Pflanzen-
familien, comme un sous-genre distinct des Labramia à l'in-
térieur du genre Wimusops.
Les Labramia se distinguent surtout par leurs fleurs tri-
mères; les appendices pétalaires sont bien développés et sub-
divisés; le pistil est pleiogvne. L'ovule anatrope donne une
graine à cicatrice restreinte et basilaire: l'embryon a des
cotylédons minces et est entouré d'un albumen abondant. Ce
sont bien là des caractères de Mimusops, à part le type floral ;
les Labramia peuvent donc être définis comme des Mimusops
trimères.
1° Labramia Bojeri A. DC.
Syn.: Mimusops Thouarsiüi Hartog: M. Chapelieri Hartog :
M. connectens Bal.
Noms vern. : Voa-sohihi | Madagascar |.
xs. : Madagascar | Helsenberg |; [Humblot 353]; | Dupetit-
Thouars ; :Chapelier |; Sainte-Marie de Madagascar | Boivin |;
téunion, cultivé dans le jardin botanique de Saint-Denis
[Pothier|.
1. Prodrome VIII, p. 672.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 39
Labourdonnaisia Bo). {.
Ce genre fut d'abord rattaché aux Zllipéées par Eichler,
parce que toutes les étamines y sont généralement fertiles et
que la véritable organisation de la corolle avait été mécon-
nue.
C'est l'opinion qu'avait adoptée Engler, dans ie Pflanzen-
familien, où Le genre est ainsi défini :
Calice 3 + 3 ou # + 4: corolle aussi longue que le calice,
constituée de pétales unis seulement à la base, en nombre
double des pièces du calice, et disposés en deux verticilles
alternes; étamines en même nombre que les pétales, appar-
tenant à deux séries, mais insérées au même niveau; ovaire
de 6 à 8 carpelles. Baie avec une seule grosse graine munie
d'un tégument brillant et d'un albumen corné.
Dans les suppléments aux Pflanzenfamilien (1897), les La-
bourdonnaisia sont placés à côté des Mimusops, mais sans
que les raisons de cette modification soient exposées.
C'est la sans doute le reflet de l'opinion de Baillon, formulée
dès 1892, dans l'Aistoire des plantes : « Les Labourdonnaisia,
rangés d'ordinaire bien loin des Mimusops, sont cependant
des plantes de ce genre à anthères toutes fertiles, comme
celles du Murieanthe. Leurs six pétales sont bisériés. Les
lobes de leur corolle, principaux et accessoires, sont le plus
souvent au nombre de 18 et il y a un même nombre d'éta-
mines fertiles, avec un ovaire ordinairement à six loges. La
graine a un ombilic tricaréné qui remonte plus où moins le
long de son bord interne. »
En somme, on peut se représenter les Labourdonnuisia
comme des types mal fixés de Mimusopées. Imaginons, par
exemple, une Mimusopée du type 3 ou du type #, dont le
calice correspondrait à peu près régulièrement à l’organisation
3 + 3 ou # + # et où la corolle serait constituée respective-
ment par 6 ou 8 lobes principaux avec lesquels alterneraient
des lobes dorsaux en même nombre, chaque lobe dorsal
1. Mém. Soc. phys. Genève, IX, 18%1.
60 M. DUBAR
correspondant alors à la soudure des deux appendices inter-
pétalaires habituels, c'est-à-dire appartenant à la fois aux deux
pétales adjacents. Supposons de plus que le nombre de ces
lobes dorsaux ne soit pas très constant et que certains d’entre
eux soient susceptibles d'avorter. Enfin, imaginons un androcée
formé d'un cycle épipétale et d’un cycle alternipétale tous
deux fertiles, mais où les étamines typiques se dédoublent
quelquefois et fort irrégulièrement, et un pistil isomère avec
les lobes principaux de la corolle.
Tel serait le type très fluctuant des Labourdonnaisia.
La constitution même de la graine montre qu'une telle sup-
position n'est pas gratuite, car nous y retrouvons tous les
traits principaux des graines de Mimusops, avec une excava-
tion basilaire très prononcée, entamant latéralement la graine,
comme une exagération de ce que nous avons observé précé-
demment dans la section Zmbricaria.
Les Lahourdonnaisia se distinguent donc surtout des Mimu-
sops par une organisation très inconstante de la fleur et aussi
par leur andrpcée formé généralement d’étamines toutes fer-
tiles, ce qui rappelle les Muriea, et l'on serait véritablement
très embarrassé pour fixer leur place dans la classification des
Sapotacées, si la structure de leur graine ne venait, à notre
avis, lever toute hésitation.
1° Labourdonnaisia calophylloides Boj.
Nom vern. : Bois de natte à petites feuilles (Réunion).
Exs. : Maurice | Bojer|; [Bouton|;
Réunion |Pothier|; {Richard |.
Obs. : Calice de (3 + 3) sépales, corolle à 10-14 lobes en
deux séries, androcée de 10-14 étamines ; ovaire de 6 à 8 loges
entouré d'un disque en coussin assez net Le
2° Labourdonnaisia revoluta Bo).
Exs. : Maurice (Mus. bot. Hauniense).
Obs. : Calice de (4 + #) sépales ; corolle à 14-17 lobes très
1. L'existence d'un pareil disque semble d’ailleurs générale dans le
senre et on doit lui attribuer la situation apparente très élevée des loges
ovariennes.
SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 61
irrégulièrement bisériés; androcée de 14-17 étamines; ovaire
à 8 loges ?
3° Labourdonnaisia Thouarsii Pierre mss.
Exs. : Madagascar | Dupetit-Thouars |.
Obs. : Calice de (3 + 3) sépales; corolle à 12 lobes; andro-
cée à 12 étamines ; ovaire à 7-8 loges.
4° Labourdonnaïisia ? Boivini Pierre mss.
Exs. : Sainte-Marie de Madagascar | Boivin 1823 |.
Obs. : Espèce très mal connue et douteuse.
5° Labourdonnaisia madagascariensis Pierre mss.
Nom vern.: Nanto (Madagascar).
Exs. : Madagascar, côte est [Chapelier|.
Obs. : Pierre propose dans ses notes manuscrites de faire
de cette espèce une section spéciale (Nanfoua), parce que,
entre les étamines, on trouve de petites dents insérées vers la
base des lobes de la corolle, formations qu’on pourrait consi-
dérer comme des staminode. Cette particularité se retrouve
dans le L. glauca Bo].
Nous pouvons résumer la classification des Mimusopées
dans le tableau suivant :
(Voir page 62).
DUBAR
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‘qu no Ha poa S91} Uownqfe { SNUIEU9 Jo Steda SUOPp9[AJON) ‘q
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‘(tayeJ{) Soanxosiun sinot ‘sortequewipna sourepe}od soorpuoddy
e4eypueunx)soppoaqdeuaoy sino} ‘soddoro49p uoiq sourereod soorpuoddy
PERTE ES ‘tt tt" "sapourwue]s 9p 21049 un ‘saurwue)9,p a uf) »
*S90BI[O] SOOUIUT SUOPYI[AJON) ‘2
‘aJUCTTIES 9[N9OIPNE") 2.
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‘(SHAHVM'IINVNK) 9098UOI[R 2JRI9JUT 20H1VIID E AUBIN) *]
Il
TROISIÈME CONTRIBUTION
À L'ÉTUDE |
DES CRASSULACÉES MALGACHES
Par MM. RAYMOND-HAMET & H. PERRIER DE LA BATHIE
AVANT-PROPOS
N'ayant eu à ma disposition, lors de la rédaction de ma
Monographie du genre Kalanchoe!, que les échantillons
incomplets et peu nombreux conservés dans les collections
botaniques du Museum national d'Histoire naturelle de Paris,
J'avais dü, dans cet ouvrage, me résoudre, non seulement à
ne point étudier toutes les espèces alors connues, mais encore
à limiter mes diagnoses à une description sommaire des
caractères foliaires et floraux.
Fort heureusement les abondants matériaux que M. Perrier
de la Bâthie a récoltés à Madagascar, et dont il a accru la
valeur par des notes descriptives souvent fort complètes,
m'ont permis, d'une part, de compléter un grand nombre de
mes diagnoses primitives tant au point de vue des caractères
floraux qu'à celui des caractères végétatifs, d'autre part, de
préciser la répartition géographique de plusieurs espèces qui
n'étaient connues jusqu'alors que par les échantillons récoltés
sans indication par le Révérend Baron, enfin de créer vingt-
deux espèces nouvelles dont l'étude apporte, à la connaissance
1. Monographie du genre Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2,
t. VII, p. 869-900, ett. VIII, p. 17-48 (1907-1908.
64 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
de la classification naturelle du genre Aalanchoe, la plus utile
et la plus fructueuse des contributions.
Ces différents résultats ont fait l’objet de quatre mémoires
publiés de 1912 à 1916. Le premier !, qui, sur la demande de
mon vénéré maitre, M. le Professeur Philippe van Tieghem,
fut rédigé pour les Annales des Sciences naturelles, donne la
description de six Æalanchoe nouveaux. Le second?, publié
dans les Annales du Musée colonial de Marseille, fait con-
naître, en même lemps que onze Xalanchoe inédits, quatorze
Kalanchoe et deux Crassula déja connus. Le troisième ?,
inséré dans le Bulletin de Géographie Botanique, est relatif
à la création du ÆXalanchoe Poincarei. Enfin le quatrième,
‘qu'on trouvera ci-après, est consacré à l'étude de quatre
Kalanchoe nouveaux et de six Xalanchoe imparfaitement con-
nus. Ce travail étant le dernier de ceux que j'ai consacrés à
l'étude des plantes recueillies par M. Perrier de la Bâthie, J'ai
cru devoir y ajouter un index bibliographique indiquant, pour
chaque espèce, la page du mémoire où Je l’ai décrite.
RAyYMoNp-Hauer.
Kalanchoe Chapototi Raymond-Hamet et Perrier de la
Bâthie.
Le Xalanchoe Chapototi est une plante vivace. Haute de 28
à #4 centimètres, couverte de poils glanduleux longuement
pédiculés, érigée mais un peu couchée dans sa partie infé-
rieure, la tige, dont le diamètre varie de #.50 à.7 millimètres
à la base et de 2 à 2.50 millimètres au milieu, ne se ramifie
point mais émet, à la base, des rameaux stériles qui fleuriront
ultérieurement.
1. Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches, in Ann, Sc.
nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 361-376 (1912).
2. Sur un nouveau Kalanchoe malgache, in Bull. Géogr. Bot.
t. XXIII, p. 148-151 (1913). |
3. Nouvelle contribution à l’étude des Crassulacées malgaches, in
Ann. du Mus. col. de Marseille, sér. 3, t. II, p. 113-207 (1914).
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 63
Les tiges, qui, dans leur Jeunesse, portent des feuilles sur
toute leur longueur, se dénudent bientôt presque entièrement.
Opposées, décussées, pétiolées, couvertes de poils glanduleux
longuement pédiculés, les feuilles, assez distantes les unes
des autres, sont assez régulièrement espacées. Le premier
le
second, de 48 à 78 millimètres ; le troisième, de 22 à 65 mil-
entrenæud supérieur est long de 40 à 70 millimètres ;
limètres ; le quatrième, de 17 à 55 millimètres ; le cinquième,
de 10 à 38 nullimètres ; le sixième, de 10 à 40 millimètres ;
le septième, de 15 à 17 millimètres; le huitième, de 10 à
30 millimètres ; le neuvième, de 10 à 15 millimètres. Un peu
plus bref que le limbe, grêle mais légèrement dilaté à la base,
le pétiole est haut de 8 à 92 millimètres et large de 2 à 4.50
millimètres à la base et de 1 à 2.25 millimètres au milieu.
Haut de 10 à 75 millimètres, large de 7 à 140 millimètres,
tripartit, rarement 5-partit, le limbe se compose d’un seg-
ment terminal et de deux, rarement de quatre, segments laté-
raux, opposés deux par deux et un peu plus petits que le
segment terminal. Le plus souvent ces segments, qui ont des
bords garnis de lobes irréguliers pourvus à leur tour de créne-
lures obtuses séparées par des sinus arrondis, sont oblongs,
subaigus au sommet, longs de 25 à 70 millimètres et larges
de 6.50 à 25 millimètres. Quelquefois ces segments sont
linéaires, subobtus, longs de 10 à 20 millimètres, larges de
1.25 à 2.60 millimètres, rarement simples, le plus souvent
prolongés eux-mêmes en un petit nombre de segments secon-
daires latéraux, linéaires et subobtus. Les cicatrices foliaires,
en forme de croissant, ne se rejoignent point par leurs extré-
mités latérales.
À son sommet, la tige se termine par une inflorescence
corymbiforme, haute de # à 7 centimètres, large de 4.5 à
9.5 centimètres, formée d'une cyme bipare régulière, une fois
ramifiée, dont les rameaux terminaux portent un assez grand
nombre de pédicelles.
Assez grêles, non dilatés au sommet, hauts de 6 à 10 nul-
limètres, couverts de poils glanduleux longuement pédiculés,
les pédicelles portent des fleurs érigées.
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. 5
66 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
Couvert extérieurement de poils glanduleux longuement
pédiculés, le calice se compose d'un tube un peu plus bref que
les segments, haut de 0.80 à 1.05 millimètre, et de quatre
segments un peu plus hauts que larges, deltoïdes, longs de
1.90 à 3.60 millimètres et larges de 1.60 à 2 millimètres ;
ces segments, dont les bords sont entiers, se rétrécissent
depuis la base jusqu'au sommet aigu et légèrement sub-
acuminé.
Beaucoup plus longue que le calice, couverte extérieure-
ment de quelques poils glanduleux longuement pédiculés, la
corolle, d'un beau jaune d'or, à son plus grand diamètre un peu
au-dessus de la base : au-dessous de ce niveau, elle se rétrécit
peu à peu jusqu à la base : au-dessus elle s'atténue peu à peu
Jusqu'au tiers inférieur, puis s'évase très lentement et presque
insensiblement jusqu'à la base des segments étalés. Plus long
que les segments, haut de 19.50 à 21.75 millimètres, son
tube est pourvu, dans sa partie inférieure, de quatre côtes ver-
ticales peu sællantes, disposées en face des filets oppositipé-
tales. Largement ovés, un peu plus hauts que larges, longs
de 6.60 à 8 millimètres et larges de 5 à 5.60 millimètres,
ces segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grande
largeur au-dessous du milieu; au-dessous de ce niveau, ils
s'atténuent peu à peu jusqu'à la base; au-dessus, ils se
rétrécissent peu à peu Jusqu'au sommet aigu où ils se pro-
longent en une longue ariste grêle et haute de 3.40 à 4.50
millimètres.
L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles.
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous de la
base des segments corollins, dépasse à peine leur point d'inser-
tion; très brefs, subdeltoïdes, ces filets s'élargissent insensi-
blement depuis le sommet jusqu'à la base qui n'est, elle-
même, n1 élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée, qui fait à
peine saillie à l'intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la
base de celui-ci, est haute de 16.25 à 18.50 millimètres ; leur
partie libre, longue de 0.25 à 0.30 millimètre, est large de
0.20 millimètre à la base et de 0.12 millimètre au milieu.
Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus
CONTRIBUTION A L' ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 67
haut que les filets alternipétales et à très peu de distance de
la base des segments corollins, dépasse un peu le sommet du
tube de la corolle; linéaires-subdeltoides, ces filets s’élar-
gissent peu à peu depuis le sommet jusqu'à la base qui n'est
elle-même ni élargie ni rétrécie ; leur partie soudée, qui ne
fait pas saillie à l'intérieur du tube de la corolle, est haute de
19.30 à 21.15 millimètres ; leur partie libre, longue de 1.10
à 1.40 millimètre, est large de 0.35 à 0.45 millimètre à la
base et de 0.25 à 0.30 millimètre au millieu. Un peu plus
hautes que larges, jaunes, ovées, émarginées à la base, les
anthères, qui sont longues de 2.20 millimètres et larges de
1.30 millimètre, portent, au sommet oblus, un petit globule
subsphérique.
Soudés entre eux sur un sixième ou un septième de leur
longueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les
autres ; assez étroitement oblongs, ces carpelles s’atténuent
peu à peu à partir du milieu, d’une part jusqu'a la base,
d'autre part jusqu'au sommet, où ils portent un style grêle,
vert, beaucoup plus long qu'eux et terminé au sommet par
un stigmate jaune légèrement dilaté ; la partie soudée des
carpelles est haute de 1.40 à 1.60 millimètre ; leur partie
libre, longue de 6.50 à 9.75 millimètres, est large de 1.75
à 1.90 millimètre; les styles sont hauts de 15.60 à 18 mulli-
mètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent sur
toute leur longueur des funicules assez écartés, sont réduits
à deux grêles cordons verticaux parallèles à chacun des deux
bords internes des carpelles.
Beaucoup plus hautes que larges, linéaires, élargies à la
base, obtuses au sommet, les écailles sont longues de 2.50 à
2.90 millimètres et larges de 0.40 à 0.45 millimètre,
Près de deux fois plus hautes que larges, obovées, obtuses
au sommet et à la base, les graines, au nombre de trente
environ dans chaque follicule, sont longues de 0.90 à ? milli-
mètre et larges de 0.55 à 0.60 millimètre. Leur test, couvert
de rides longitudinales nombreuses et peu saillantes,
s'applique exactement sur l'amande.
Cette espèce, qui est dédiée à M. le Docteur Chapotot, méde-
68 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
cin-chef de l'Hôpital 189 bis à Lyon, a été récoltée par
M. Perrier de la Bâthie, en juillet 1903 et en octobre 1905,
sur les rochers calcaires et boisés de Namoroka (Ambongo).
Elle appartient au groupe 13 proposé par M. Raymond-Hamet
et se rapproche beaucoup du Xalanchoe Briqueti Raymond-
Hamet et du Xalanchoe Boisi Raymond-Hamet et Perrier de
la Bâthie.
Du premier elle se distingue : 1° par le tube de la corolle
proportionnellement beaucoup plus long ; 2° par les sépales
un peu plus hauts que larges, deltoïdes, rétrécis depuis
la base jusqu'au sommet aigu et légèrement acuminé, et non
beaucoup plus longs que larges, très longuement deltoïdes,
rétrécis depuis la base Jusqu'au sommet aigu ; 3° par les
pétales ovés, aigus, non point suboblongs, rétus ; 4° par les
filets proportionnellement beaucoup plus brefs ; 5° par les
styles plus longs, et non plus brefs que les carpelles.
Du second, elle diffère : 1° par les feuilles à limbe tri- ou
5-partit, non point ové, entier ; 2° par les styles plus longs, et
non plus brefs que les carpelles.
Kalanchoe Stapfi Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie.
Le Xalanchoe Stapfi est une plante vivace, glabre, haute
de 0.50 à 1 mètre. Assez grêle, érigée et ligneuse, sa tige,
dont le diamètre médian est de 8 millimètres, parait être
primitivement simple, mais, au moment de la floraison, elle
donne naissance à des bourgeons qui apparaissent au voisi-
nage immédiat des cicatrices foliaires et se développent bientôt
en rameaux stériles qui fleuriront l’année suivante.
Au moment de la floraison, les tiges florifères, feuillues
dans leur jeunesse, sont complètement dénudées, mais les
rameaux stériles portent encore, à leur sommet, deux ou trois
paires de feuilles opposées, décussées, pétiolées, peltées et
assez espacées. Le premier entrenœud supérieur de la tige
florifère est haut de 11 centimètres ; le second, de 3 centi-
mètres. Haut de 3.50 à 4 centimètres, large de 1.50 à 2 mul-
limètres, assez grêle mais élargi à la base, le pétiole s’insère
à une distance de 6 à 8 millimètres de la base du limbe ;
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 69
autant qu'on en peut juger par le contour des cicatrices foliaires,
il forme une lame légèrement canaliculée sur sa face supé-
rieure et portant, au milieu de sa face inférieure, une carène
correspondant à la nervure médiane. Un peu plus haut que
large, ové, arrondi ou quelquefois légèrement émarginé à la
base, haut de 5 à 7 centimètres, large de 3.50 à 5.50 centi-
mètres, obtus au sommet, le limbe est bordé de larges créne-
lures assez irrégulières, obtuses et séparées par de larges sinus
anguleux ou arrondis, Les cicatrices foliares ont à peu près
la forme d’un triangle dont la base serait tournée vers le som-
met de la plante ; les extrémités latérales de ces cicatrices
sont très proches mais, cependant, ne se rejoignent point,
La tige se termine, au sommet, par une inflorescence lâche,
subcorymbiforme, haute de 13 centimètres et large de 16 cen-
timètres ; cette inflorescence se compose de deux pédoncules
primaires latéraux divisés presque dès la base en trois pédon-
cules secondaires terminés par des cymes bipares et pauci-
flores, et d’un pédoncule primaire terminal se confondant,
d'ailleurs, avec l'axe de l'inflorescence, pédoncule divisé lui
aussi en trois pédoncules secondaires terminés par des cymes
bipares et pauciflores.
Grêles, longs de 16 à 22 millimètres, les pédicelles sup-
portent des fleurs pendantes.
Subcampanulé, brusquement rétréei à la base, le calice se
compose d'un tube plus bref que les segments, haut de 2.25
à 3 millimètres, et de quatre segments appliqués contre le
tube de la corolle mais légèrement récurvés dans leur partie
supérieure ; ovés, plus hauts que larges, longs de # à 5 mil-
limètres, larges de 3 à 3.50 millimètres, ces segments, dont
les bords sont entiers, ont leur plus grande largeur au-dessous
du milieu; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent assez
brusquement jusqu'à la base ; au-dessus, ils s'atténuent jus-
qu'au sommet aigu.
Beaucoup plus longue que le calice, la corolle suburcéolée
a son plus grand diamètre au-dessous du milieu ; au-dessous
de ce niveau, elle s'atténue progressivement jusqu'à une faible
distance de la base puis s'atténue plus lentement jusqu'à la
70 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE
base elle-même ; au-dessus, elle se rétrécit lentement jusqu’à
la base des segments dressés. Beaucoup plus long que les
segments, son tube est haut de 26 à 26.50 millimètres. Un
peu plus hauts que larges, largement ovés, longs de 5.25
millimètres, larges de 5 millimètres, ces segments, dont les
bords sont entiers, ont leur plus grande largeur un peu au
dessous du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent
jusqu'à la base ; au-dessus, ils s’atténuent jusqu'au sommet
aigu et légèrement acuminé.
L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles.
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessus du
milieu du tube de la corolle, dépasse un peu le milieu des
segments corollins ; grèles, très longuement linéaires-subdel-
toïdes, ces filets s'élargissent insensiblement depuis le sommet
jusqu'à la base, qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie-:
leur partie soudée, qui fait à peine saillie à l'intérieur du tube
de la corolle, est haute de 24.50 à 25 millimètres ; leur partie
libre, longue de 4.75 millimètres, est large de 0.15 milli-
mètre à la base et de 0,12 millimètre au milieu. Le sommet
des filets oppositipétales, insérés plus haut que les filets alter-
nipétales, et un peu au-dessous de la base des segments de
la corolle, dépasse un peu le sommet des filets alternipétales ;
grèles, très longuement linéaires-subdeltoides, ces filets
s'élargissent insensiblement depuis le sommet jusqu'à la base,
qui nest, elle-même, ni élargie, n1 rétrécie ; leur partie soudée
est haute de 23.50 à 24 millimètres : leur partie libre, longue
de 2.50 millimètres, est large de 0.15 millimètre à la base
et de 0.12 millimètre au milieu. Un peu plus larges que
hautes, suborbiculaires-subréniformes, émarginées à la base,
très obtuses au sommet, les anthères sont longues de 1 mil-
limètre et larges de 1.40 millimètre.
Soudés entre eux sur un quart environ de leur longueur
totale, nettement divergents, oblongs, rétrécis assez brusque-
ment dans leur partie inférieure Jusqu'à la base insensiblement
atténuée, les carpelles se rétrécissent dans leur partie supé-
rieure, puis s’atténuent insensiblement en styles plus longs
qu'eux, grêles et terminés par des stigmates légèrement
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 71
dilatés ; la partie soudée des carpelles est haute de 3 milli-
mètres ; leur partie libre longue de 13 millimètres, est large
de 3.80 millimètres ; les styles sont hauts de 20 millimètres.
Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules
sur toute leur longueur, sont réduits à deux grêles cordons
subverticaux parallèles à chacun des deux bords internes des
carpelles.
Plus larges que hautes, obovées-subquadrangulaires, non
dilatées à la base, portant au milieu de leur partie supérieure
une très large cuspide très obtuse dont la largeur atteint un
tiers de leur largeur totale, les écailles sont longues de 1.25
millimètre et larges de 2.25 millimètres.
Cette espèce qui est dédiée à M. le Docteur Stapf!, cura-
teur des Jardins Royaux de Kew, a été récoltée, en
décembre 1912, par M. Perrier de la Bâthie, à une altitude
d'environ 2.500 mètres, sur les cimes à lichens du Mont
Tsaratanana.
Elle appartient au groupe 1 proposé par M. Raymond-
Hamet et se rapproche beaucoup du Xalanchoe peltata Baillon,
dont elle se distingue : 1° par ses sépales plus hauts que
larges, aigus au sommet, et non plus larges que hauts, large-
ment émarginés au sommet; 2° par ses sépales un peu plus
hauts que larges, aigus et légèrement acuminés au sommet,
non point plus larges que hauts, obtus et largement émar-
ginés au sommet.
Kalanchoe Waldheimi Raymond-Hamet et Perrier de la
Bâthie.
Le Kalanchoe Waldheimi est une plante glabre et vivace.
Assez grêle, haute de 22 à 30 centimètres, sa tige, dont le
diamètre varie de #4 à 7 millimètres à la base et de 2.50 à
k millimètres au milieu, est primitivement simple et érigée ;
après la floraison, les parties médiane et supérieure de la tige
se dessèchent et disparaissent ; la portion inférieure, qui sub-
1. La bienveillance de M. le D' Stapf nous a permis de comparer, avec les
originaux du Kalanchoe peltala, l'échantillon authentique du Kalanchoe Slapfi.
Nous sommes heureux de lui exprimer ici notre vive et cordiale gratitude.
72 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE
siste seule, s'étale sur le sol, s'y enracine et émet des rejets
stériles qui, l’année suivante, se développeront en tiges flori-
fères. Les plantes âgées forment donc des touffes de tiges
stériles et florifères, issues du caudex rameux et rampant en
quoi se sont transformées les portions basilaires des anciennes
tiges florifères.
Dans leur jeunesse, les tiges portent des feuilles sur toute
leur longueur, mais leurs régions basilaire, moyenne et supé-
rieure se dénudent bientôt, de telle sorte que persistent seules
les quelques paires de feuilles de la région inférieure.
Opposées, décussées, planes mais charnues, subsessiles,
longues de 42 à 68 millimètres, larges de 22 à 35 millimètres
dans leur plus grand diamètre et de 4 à 5 millimètres à la
base, obovées, ces feuilles, dont les bords sont entiers dans
leurs deux tiers inférieurs mais garnies dans le tiers supérieur
de larges crénelures obtuses, séparées par des sinus étroits et
anguleux, ont leur plus grand diamètre au-dessus du milieu ;
au-dessus de ce niveau, elles se rétrécissent jusqu'au sommet
très obtus ; au-dessous, elles s’atténuent peu à peu jusqu'à la
base où elles se prolongent en un très bref pseudo-pétiole à
peine distinct du limbe. Les feuilles inférieures et infra-
médianes sont assez régulièrement espacées et assez rap-
prochées les unes des autres; les feuilles médianes et supé-
rieures sont irrégulièrement espacées et plus ou moins dis-
tantes les unes des autres. La longueur du premier entrenœud
supérieur varie de-2.50 à 6 centimètres ; celle du second, de
2.80 à 7 centimètres ; celle du troisième, de 3 à à centimètres ;
celle du quatrième, de 0.80 à 2.50 centimètres ; celle du cin-
quième, de 0.70 à À centimètre : celle du sixième, de 0.50 à
0.80 centimètre ; celle du septième, de 0.80 à 1 centimètre ;
celle du huitième, de 0.60 à 1.30 centimètre ; celle du neu-
vième, de 0.40 à 1.50 centimètre ; celle du dixième, de 0.60
à 0.80 millimètre. Les cicatrices foliaires ont la forme d’un
croissant ; leurs extrémités latérales arrondies ne se rejoignent
point.
L'inflorescence, assez lâche et corymbiforme, qui termine la
tige, se compose d'un pédoncule terminal et d'une paire de
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 13
pédoncules primaires latéraux qui, tous trois, se terminent par
des cymes bipares une fois ramifiées et assez peu florifères,
Grèles, longs de 6 à 17 millimètres, légèrement dilatés au
sommet, les pédicelles supportent des fleurs pendantes.
Le calice subcampanulé-suburcéolé se compose d'un tube
haut de 14 à 16 millimètres et de quatre segments plus brefs
que le tube. Deltoïdes, un peu plus hauts que larges, atténués
depuis la base, non dilatée ni rétrécie, jusqu'au sommet, aigu
et subacuminé, les segments, qui ont des bords entiers, sont
longs de 5.40 à 5.80 millimètres et larges de 3.50 à 3.60
millimètres.
Plus longue que le calice, colorée en rose, la corolle est
nettement étranglée au-dessous du milieu ; au-dessous de cet
étranglement, elle se dilate peu à peu puis se rétrécit jusqu à
une faible distance de la base ; à partir de ce niveau elle garde
un diamètre identique jusqu'à la base elle-même et forme ainsi
une sorte de petit tube basilaire qui lui donne une apparence
stipitée ; au-dessus de l’étranglement, elle se dilate peu à peu
puis se rétrécit légèrement au-dessous des segments dressés.
Un peu plus long que les segments, son tube est haut de 16
à 17 millimètres. Longuement obovés, plus hauts que larges,
longs de 11 à 11.25 millimètres et larges de 5 à 5.25 muli-
mètres, les segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus
grand diamètre au-dessus du milieu ; au-dessus de ce niveau,
ils se rétrécissent assez brusquement jusqu'au sommet angu-
leux et subaigu ; au-dessous ils s'atténuent peu à peu jusqu’à
la base qui n’est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie.
L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles.
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du
milieu du tube corollin, atteint presque le milieu des seg-
ments de la corolle ; grêles, très longuement et très étroite-
ment linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait légèrement
saillie à l’intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de
celui-ci, gardent un diamètre identique sur la presque totalité
de leur longueur, mais, dans leur partie inférieure, s élargissent
peu à peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni
rétrécie ; leur partie soudée est haute de 6.75 à 7 millimètres ;
74 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATRIE
leur partie libre, longue de 14 à 15 millimètres, est large de
0.70 millimètre à la base et de 0.50 millimètre au milieu. Le
sommet des filets oppositipétales, insérés au même niveau que
les filets alternipétales où un peu plus haut que ces derniers,
dépasse légèrement l'extrémité supérieure des filets alterni-
pétales mais n'atteint pas le milieu des segments corollins ;
crèles, très longuement linéaires, ces filets conservent un
diamètre identique sur presque toute leur longueur, mais, dans
leur partie inférieure, s’élargissent peu à peu jusqu'à la base
qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée
est haute de 7 à 7.25 millimètres ; leur partie libre, longue de
14.50 à 15 millimètres, est large de 0.70 millimètre à la base
et de 0.50 millimètre au milieu. Ovées-subréniformes, un
peu plus hautes que larges, émarginées à la base et. obtuses
au sommet, les anthères sont longues de 1.25 à 1.60 milli-
mètre et larges de 1.20 à 1.50 millimètre.
Soudés entre eux sur près d’untiers de leur longueur totale,
les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; ovés-
oblongs, rétrécis dans leur partie inférieure, ils sont atténués
en styles grêles, beaucoup plus longs qu'eux et terminés par
des stigmates légèrement dilatés ; leur partie soudée est haute
de 2 à 2.25 millimètres ; leur partie libre, longue de 5 à 5.25
millimètres, est large de 2.25 millimètres; les styles sont
hauts de 17 à 18 millimètres. Dans chaque carpelle, les pla-
centes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont
constitués par de nombreuses petites lames subsemicirculaires
sur lesquelles s'insèrent les funicules ; ces lames sont dispo-
sées le long de deux cordons grêles verticaux et presque
parallèles, quoique très légèrement incurvés en dedans, à cha-
cun des deux bords internes des carpelles. |
Un peu plus larges que hautes, subsemiorbiculaires, obtuses
au sommet, élargies à la base, les écailles sont longues de
0.60 à 0.75 millimètre et larges de 0.80 à 1.25 millimètre.
Cette plante, qui est dédiée à S. E. le Docteur Fischer de
Waldheim, directeur des Jardins botaniques Impériaux de
Petrograd, a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie, en juin
1912, à une altitude d'environ 1.200 mètres, sur les rocailles
granitiques des environs de Betafo.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CTASSULACÉES MALGACHES 19
Elle appartient au groupe 9 proposé par M. Raymond-Hamet
et se rapproche beaucoup du Xalanchoe Tieghemi Raymond-
Hamet, dont elle se distingue pourtant fort aisément : 1° par
ses feuilles obovées, contractées à la base en un très bref
pseudo-pétiole, et non longuement pétiolées, à limbe ové et
pourvu à la base de deux oreillettes obtuses et crénelées qui
se replient sur le limbe : 2° par ses pétales un peu plus brefs
que le tube corollin, longuement obovés, anguleux au sommet,
non point beaucoup plus brefs que le tube de la corolle, obo-
vés-subquadrangulaires, très obtus au sommet.
Kalanchoe Fedtschenkoi Raymond-Hamet et Perrier de
la Bâthie.
Le Kalanchoe Fedtschenkoiest une plante glabre et vivace.
Assez grèle, haute de 25 à 27 centimètres, la tige, dont le
diamètre varie de 3 à 4 millimètres à la base et de 2.60 à 3
millimètres au milieu, est primitivement simple et érigée.
Après la floraison la tige émet, dans sa partie inférieure, un
ou deux rameaux latéraux d’une longueur de 8 à 10 centi-
mètres et d'un diamètre variant de 1.50 à 2 millimètres à
la base et de 1 à 1.25 millimètre au milieu, cependant que les
portions basilaires de la tige se courbent, s'étalent sur le sol
et s'y enracinent. Les plantes âgées sont done pourvues d’une
longue tige nue, rampante, enracinée de loin en loin et ter-
minée à son extrémité par une tige florifère érigée, à la base
de laquelle se développent des rameaux stériles. Quand le stat
est particulièment favorable, la portion rampante de la tige se
ramifie et se prolonge, à l'extrémité de chacune de ses rami-
fications, par une tige florifère érigée pourvue à sa base de
rameaux stériles : la plante forme alors une grosse toulfe.
Les tiges, qui, dans leur jeunesse, portent des feuilles sur
toute leur longueur, se dénudent bientôt, de telle sorte qu'au
moment de la fructification, les tiges florifères sont complète-
ment nues et que quelques paires de feuilles persistent seule-
ment à l'extrémité des rameaux stériles. Opposées, décussées,
planes mais assez charnues, obovées-suborbiculaires, obovées
ou obovées-oblongues, les feuilles, dont les bords sont garnis
76 RAYMOND-TIAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE
de dents aiguës assez peu nombreuses et séparées par de larges
sinus arrondis ou anguleux, sont rétrécis brusquement à la
base en un très court pétiole grêle, très étroitement linéaire,
long de À à 5 millimètres, large de 0.75 à 1.75 millimètre,
ni élargi ni rétréci à la base ; la hauteur du limbe varie de
9 à 37 millimètres, sa largeur, de 6 à 16 millimètres. Les
feuilles des tiges florifères sont assez régulièrement espacées,
mais les entrenœuds inférieurs sont un peu plus brefs que les :
entrenœuds supérieurs. La hauteur du premier entrenœud des
ges florifères varie de 2 à 2.50 centimètres ; celle du second,
de 2 à 2.30 millimètres: celle du troisième est de 2 centi-
mètres; celle du quatrième, de 2.50 centimètres ; celle du cin-
quième varie de 2.50 à 2.60 centimètres ; celle du sixième, de
3.29 à 4.50 centimètres ; celle du septième est de 1.50 centi-
mètre ; celle du huitième, de 1 centimètre ; celle du neuvième,
de 1 centimètre; celle du dixième, de 0.7 centimètre ; celle
du onzième, de 0.7 centimètre ; celle du douzième, de 0.7
centimètre; celle du treizième, de 0.9 centimètre; celle du
quatorzième, de 0.7 centimètre; celle du quinzième, de 0.4
centimètre : celle du seizième, de 0.5 centimètre: celle du
dix-septième, de 0.6 centimètre; celle du dix-huitième, de
0.3 centimètre: celle. du dix-neuvième, de 0.40 centimètre ;
celle du vingtième, de 0.50 centimètre; celle du vingt et
unième, de 0.40 centimètre; celle du vingt-deuxième, de
0.30 centimètre; celle du vingt-troisième, de 0.40 centimètre ;
celle du vingt-quatrième, de 0.30 centimètre ; celle du vingt-
cinquième de 0.40 centimètre. Les feuilles des tiges stériles
sont semblables à celles des tiges florifères mais un peu plus
épaisses et plus fortement dentées. Les feuilles des tiges
stériles sont, elles aussi, assez régulièrement espacées, mais
les entrenœuds inférieurs sont un peu plus longs que les entre-
nœuds supérieurs. La longueur du premier entrenœud infé-
rieur des tiges stériles est de 3 centimètres ; celle du second,
de # centimètres ; celle du troisième, de 5 centimètres ; celle
du quatrième, de # centimètres ; celle du cinquième, de6 cen-
timètres ; celle du sixième, de 4 centimètres ; celle du septième,
de 4 centimètres ; celle du huitième, de # centimètres ; celle
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 77
du neuvième, de 3 centimètres; celle du dixième, de 2? centi-
mètres ; celle du onzième, de 3 centimètres: celle du
douzième, de 5 centimètres: celle du treizième, de 6.50 centi-
mètres ; celle du quatorzième, de 8 centimètres: celle du
quinzième, de 8 centimètres ; celle du seizième, de 10 centi-
mètres ; celle du dix-septième, de 7 centimètres ; celle du
dix-huitième, de à centimètres. Les cicatrices foliaires subse-
micirculaires ne se rejoignent point par leurs extrémités laté-
rales.
L'inflorescence, lâche et corymbiforme, qui termine la tige
se compose d'un pédoneule terminal et de deux pédoncules
primaures latéraux et opposés, terminés, tous trois, par des
cymes bipares pauciflores et une fois ramifiées.
Grêles, légèrement rétrécis au sommet, longs de T à
10 millimètres, les pédicelles supportent des fleurs pendantes.
Le calice, campanulé-suburcéolé, se compose d’un tube haut
de 12.25 à 13.25 millimètres et de quatre segments plus brefs
que le tube. Deltoïdes, plus hauts que larges, atténués depuis
la base non élargie ni rétrécie jusqu'au sommet aigu et suba-
cuminé, les sépales, qui ont des bords entiers, sont longs de
6 à 6.60 millimètres et larges de 4.40 à 4.80 millimètres.
Plus longue que le calice, pourpre, la corolle à son plus grand
diamètre un peu au-dessus de la base; au-dessous de ce
niveau elle se rétrécit assez brusquement jusqu’à une très
fuble distance de la base, puis, à partir de ce point, conserve
un diamètre identique jusqu'à la base elle-même, formant ainsi
un tube grêle et court qui lui donne une apparence stipitée; au-
dessus de ce niveau, elle se rétréeit peu à peu jusqu'au-dessous
du milieu, puis, à partir de ce point, conserve un diamètre iden-
tique jusqu’à la base des segments légèrement récurvés, for-
mant ainsi un long tube dont le diamètre, un peu plus faible
que celui de la partie inférieure de la corolle, est cependant
beaucoup plus grand que celui du petit tube qu'on observe à
la base même de la corolle. Plus long que les segments, le
tube est haut de 17.50 à 18.25 millimètres. Subobovés, un
peu plus hauts que larges, longs de 6.25 à 6.50 millimètres,
larges de 4,25 à 4.60 millimètres, les segments, dont les bords
18 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
sont entiers ou quelquefois légèrement érodés-sinueux à leur
extrémilé supérieure, ont leur plus grande largeur au-dessus
du milieu: au-dessus de ce niveau, ils se rétrécissent assez
brusquement jusqu'au sommet arrondi et très obtus: au-
dessous, ils se rétrécissent assez rapidement jusqu'à un niveau
voisin du milieu, puis, à partir de ce point, ils s’atténuent peu à
peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie.
L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles.
Le sommet des filets alternipétales, insérés un peu au-dessous
ou un peu au-dessus du milieu du tube de la corolle, atteint
presque ou mème dépasse légèrement le milieu des segments
corollins: grèles, très longuement linéaires, ces filets, dont la
partie soudée fait très légèrement saillie à l'intérieur du tube
de la corolle et jusqu'à la base de celui-ci, gardent un dia-
mètre identique jusqu à une distance voisine de la base: à
partir de ce niveau, ils s'élargissent légèrement jusqu’à la
base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie
soudée est haute de 8.25 à 9.25 millimètres ; leur partie libre,
longue de 10.75 à 12.75 millimètres, est large de 0.60 milli-
mètre à la base et de 0.30 millimètre au milieu. Le sommet
des filets oppositipétales, insérés un peu au-dessous du niveau
d'insertion des filets alternipétales, dépasse un peu le som-
met de ces derniers; grêles, très longuement linéaires, ces
filets gardent un diamètre identique jusqu à une faible dis-
tance de la base; à partir de ce niveau, ils s’élargissent très
légèrement jusqu à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, mi
rétrécie; leur partie soudée est haute de 7:25 à 8.25 mulh-
mètres; leur partie libre, longue de 12.25 à 14 millimètres,
est large de 0.50 millimètre à la base et de 0.25 millimètre au
milieu. Subréniformes, un peu plus hautes que larges, large-
ment émarginées à la base, légèrement émarginées au som-
met, les anthères sont longues de 1 à 1.10 millimètre et
larges de 0.60 à 0.70 millimètres.
Soudés entre eux sur près d'un tiers de leur longueur totale,
les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; ovés-
oblongs, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s'atténuent,
dans leur partie supérieure, en styles grêles, plus longs
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 79
qu'eux et terminés par des stigmates légèrement dilatés; leur
partie soudée est haute de 3.90 à 4 millimètres; leur partie
libre, longue de 5.25 à 5.60 millimètres, est large de 2.40
millimètres ; les styles sont hauts de 13.25 à 14.50 milli-
mètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des
ovules sur toute leur longueur, sont constitués par de nom-
breuses petites lames subsemicirculaires sur laquelle s'insèrent
les funicules; ces lames sont disposées le long de deux cor-
dons grèles, verticaux et presque parallèles, quoique très légè-
rement ineurvés en dedans, à chacun des deux bords internes
des carpelles.
Un peu plus hautes que larges, subtrapéziformes-subsemi-
orbiculaires ou longuement subtrapéziformes, non élargies ou
légèrement dilatées à la base, émarginées au sommet, les
écailles sont longues de 0.80 à { millimètre et larges de 0.60
0.70 millimètre.
Obovées, légèrement arquées, très obtuses au sommet et
arrondies à la base, les graines, très nombreuses dans chaque
follicule, sont hautes de 0.60 millimètres et larges de 0,20
millimètre. Leur test, couvert de rides longitudinales assez
nombreuses et peu saillantes, s'applique exactement sur
l'amande.
Cette espèce, qui est dédiée à M. le docteur Boris de
Fedtschenko, le savant et aimable curateur du Jardin Impe-
rial botanique de Pétrograd, a été récoltée par M. Perrier de
la Bâthie, en septembre 1911, à une altitude d'environ 1.000
mètres, sur la rocaille du Mont Tsitongabalaa, près d'Ihosy
{Bassin du Mangoky).
Elle appartient au groupe 9 proposé par M. Raymond-Hamel
et se rapproche du KXalanchoe Tieghemi Raymond-Hamet et du
Kalanchoe Waldheimi Raymond-Hamet et Perrier de la
Bâthie.
Du Kalanchoe Tieghemi, elle se distingue : 1° par ses feuilles
subsessiles à limbe obové-suborbiculaire, obové ou obové-
oblong, bordé de dents aiguës, brusquement rétréei à la base
en un très court et très étroit péliole, et non longuement
pétiolées, à limbe ové, erénelé et pourvu à la base de
S0 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
deux oreillettes obtuses et crénelées qui se replient sur le
limbe ; 2° par ses écailles un peu plus hautes que larges, non
point un peu plus larges que hautes.
Du Xalanchoe Waldheimi elle diffère : 1° par ses feuilles à
limbe obové-suborbiculaire, obové, ou obové-oblong, bordé de
dents aiguës, brusquement rétrécies à la base en un très court
et très étroit pétiole, et non à limbe obové, crénelé seulement
dans son tiers supérieur et contracté à la base en un très bref
pseudo-pétiole à peine distinct du limbe ; 2° par ses pétales
proportionnellement plus brefs, très obtus au sommet, non
point anguleux-subaigus au sommet; 3° par ses écailles un peu
plus hautes que larges, et non un peu plus larges que hautes.
Kalanchoe miniata Hilsembach et Bojer, ex Tulasne. —
Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. hb.
Boissier, sér. 2,t. VIIL, t. 21 (1908).
Le Xalanchoe miniata est une plante glabre et vivace. Assez
grêle, érigée, mais couchée et radicante dans sa partie infé-
rieure, la tige, dont le diamètre est de 5 millimètres à la base
et de 2 à 3 millimètres au milieu, à une hauteur variant de 30
à 60 centimètres.
La tige porte des feuilles opposées, décussées, planes mais
charnues, assez régulièrement espacées. La longueur du
premier entrenœud supérieur varie de 5 à 5.50 centimètres ;
celle du second, de 2.50 à 7 centimètres ; celle du troisième,
de 2.50 à 8.50 centimètres; celle du quatrième, de 2.50 à
6.70 centimètres; celle du cinquième, de 1.50 à 3 centi-
mètres; celle du sixième, de 0.80 à 2.80 centimètres; celle
du septième, de 1 à 2 centimètres; celle du huitième, de 0.90
à À centimètre; celle du neuvième est de 2.50 centimètres ;
celle du dixième, de 3 centimètres. Les feuilles, à l'exception
de celles qui sont situées à l'aisselle des pédoncules latéraux
de l'inflorescence, sont pétiolées. Le pétiole subcylindrique,
légèrement aplati sur sa face supérieure, est nettement élargi
dans sa partie inférieure où il forme une sorte de plate-forme
ovée-subsemicireulaire, amplexicaule, haute de 5 à 9 milli-
mètres, large de 6 à 13 millimètres ; cette plate-forme, qui a son
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES S1
plus grand diamètre au-dessous du milieu, d'une part se rétré-
cit à partir de ce niveau jusqu'à la base, d'autre part s'atténue
jusqu'à son extrémité supérieure où elle se continue par la
partie cylindrique du pétiole ; dans les feuilles inférieures, le
péliole, qui s'insère à la base du limbe, a une ds cylindrique
haute de 6 à 9 millimètres, large de 2.50 à 3.25 millimètres
et, par conséquent, très Brève et à peine plus haute que la
plate-forme pétiolaire ; dans les feuilles médianes, le pétiole,
qui s'insère également à la base du limbe, a une portion cylin-
drique haute de 15 à 20 millimètres et large de 2.50 à 3.50
millimètres, et, par conséquent, beaucoup plus longue que la
plate-forme pétiolaire ; dans les feuilles supérieures, le pétiole,
qui s'insère non pas à la base du limbe mais à une faible dis-
tance (2 à 5 millimètres) au-dessus de celle-ci, a une portion
cylindrique haute de 16 à 22 millimètres, large de 2 à 2.75
millimètres, et par conséquent beaucoup plus longue que la
plate-forme pétiolaire. Ové, obtus, subobtus ou même subaigu
au sommet, le limbe, dont les bords sont, tantôt très légère-
ment sinueux, tantôt bordés de crénelures obtuses et séparées
par des sinus étroits et anguleux, est arrondi à la base dans
les feuilles inférieures et médianes, mais émarginé dans les
feuilles supérieures qui sont ainsi subcordiformes ; sa longueur
varie de 25 à 80 millimètres ; sa largeur, de 11.50 à 39 mil-
limètres. Sessiles, subdeltoides-subsemilancéolées, les feuilles
supérieures, dont les bords sont entiers, sont légèrement étran-
glées dans leur tiers inférieur ; au-dessus de ce niveau, elles
s'élargissent peu à peu, puis s’atténuent lentement jusqu'au
sommet aigu ; au-dessous de.ce niveau, elles s'élargissent peu
à peu, puis se rétrécissent assez brusquement jusqu'à la base
amplexicaule ; leur:hauteur varie de 1% à 23 millimètres ; leur
largeur de 3.50 à 8.50 millimètres. Les cicatrices rhiaites
forment un anneau légèrement évidé qui entoure complète-
ment la tige.
L'inflorescence, qui termine la tige, est une panicule subco-
rymbiforme, très lâche, haute de 6.50 à 20 centimètres, large
de 6 à 26 centimètres, composée d'une cyme bipare terminale
pauciflore et une fois ramifiée et de deux à quatre pédoncules
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1919, (ni
82 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE
primaires latéraux opposés et terminés au sommet par une
cyme bipare pauciflore simple ou une fois ramifiée. Quelque-
fois l'inflorescence avorte partiellement et se réduit à une
cyme bipare une fois ramifiée et très pauciflore ; dans ce cas,
on observe, à l’aisselle des ramifications de l'inflorescence et à
l'extrémité de certains pédicelles stériles, des subglomérules
de pseudo-bulbilles constitués par deux paires de feuilles extrèé-
mement rapprochées et presque contiguës ; obovées, aiguës,
les feuilles de la paire supérieure ont des bords entiers et sont
hautes de 3.80 millimètres et larges de 2.70 millimètres ;
obovées, aiguës et légerement subcuspidées au sommet, les
feuilles de la paire inférieure ont des bords entiers et sont
longues de 1 millimètre et larges de 0.65 nullimètre.
Assez grêles, un peu dilatés au sommet, les pédicelles,
longs de 7 à 20 millimètres, supportent des fleurs dressées.
Linéaires-subdeltoïdes-subsemilancéolées, aiguës au som-
met, légèrement dilatées à la base, les bractées, dont les bords
sont entiers, sont hautes de 3.70 à 7-10 millimètres et larges
de 1.20 et 1.85 millimètre.
Le calice, subcampanulé, se compose d'un tube un peu plus
bref que les segments, haut de 5.10 à 7.20 millimètres, et de
quatre segments non appliqués contre le tube de la corolle;
deltoïdes-subsemiorbiculaires, un peu plus hauts que larges,
aussi hauts que larges, ou même un peu plus larges que hauts,
longs de 6 à 8.40 millimètres, larges de 7 à 8 millimètres, ces
segments, qui ont des bords entiers, se rétrécissent peu à peu
depuis la base jusqu'au sommet aigu et acuminé.
Plus longue que le calice, la corolle, qui est extérieurement
d'un beau rouge vif avec de fines macules Jaunes, intérieure-
ment d'un rouge jaunâtre avec des stries d’un rouge foncé, est
nettement étranglée au-dessous du milieu : au-dessus de cet
étranglement elle se dilate assez brusquement, puis s'élargit
insensiblement jusqu'au dessus du milieu, enfin se rétréait
peu à peu, à partir de ce niveau, Jusqu'à la base des segments
dressés et légèrement récurvés ; au-dessous de l’étranglement,
elle se dilate presque insensiblement, puis se rétrécit jusqu'à
la base. Dans le fruit, la corolle, marcescente et subtubuleuse,
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 83
a son plus grand diamètre à une faible distance de la base du
tube ; au-dessous de ce niveau, elle se rétrécit assez brusque-
ment jusqu'à la base ; au-dessus, elle se rétrécit peu à peu
jusqu'au tiers inférieur et, à partir de ce niveau, conserve un
diamètre identique jusqu'à la base des segments corollins.
Plus long que les segments, haut de 24 à 31 millimètres, son
tube est pourvu extérieurement de quatre côtes verticales, peu
saillantes, disposées en face des filets oppositipétales. Un peu
plus larges que hauts ou aussi hauts que larges, longs de 4.40
à 6 millimètres, larges de 6 à 6.80 millimètres, subdeltoïdes-
subsemiorbiculaires, les segments, qui ont des bords entiers,
s'atténuent insensiblement depuis la base non élargie mi
dilatée jusqu'au sommet aigu et légèrement cuspidé.
L'androcée se compose de huit étamines libres entreelles. Le
sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du milieu
du tube de la corolle, atteint presque ou dépasse légèrement
la base des segments corollins ; gréles, colorés de rouge, ces
filets, dont la partie soudée fait à peine saillie à l'intérieur
du tube de la corolle, sont linéaires et gardent une largeur
identique sur toute leur longueur sauf dans leur partie infé-
rieure où ils s'élargissent peu à peu jusqu'à la base qui n'est,
elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée est haute
de 6.40 à 8 millimètres; leur partie libre, longue de 17.25
à 24 millimètres, est large de 0.50 à 0.60 nullimètre au
milieu et de 1 à 1.20 millimètre à la base. Le sommet des
filets oppositipétales, insérés un peu plus haut que les filets
alternipétales, dépasse un peu l'extrémité supérieure de ceux-
ci, et, comme eux, atteint presque ou dépasse légèrement la
base des segments corollins; grèles, colorés en rouge, ces
filets sont linéaires et gardent une largeur identique sur toute
leur longueur sauf dans leur partie inférieure où ils s'élar-
gissent peu à peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie,
ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 7 à 9 millimètres ;
leur partie libre, longue de 17.10 à 24 millimètres, est large
de 0.50 à 0.55 millimètre au milieu et de 1.20 à 1.30 milhi-
mètre à la base. Noires, un peu plus hautes que larges, ovées,
émarginées à la base, obtuses au sommet, les anthères sont
84 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
longues de 1.60 millimètre et larges de 1.20 à 1.30 milh-
mètre.
Soudés entre eux sur un cinquième environ de leur lon-
gueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les
autres ; ovés-oblongs, ils ont leur plus grand diamètre
au-dessus du milieu; au-dessous. de ce niveau, ils se
rétrécissent jusqu'à la base ; au-dessus, ils s'atténuent peu à
peu jusqu à leur extrémité supérieure où ils se prolongent en
styles grêles, rouges, plus longs qu'eux et à peine dilatés au
sommet ; la partie soudée des carpelles est haute de 1.75 à
2.25 millimètres; leur partie libre, longue de 6.20 à
8.60 millimètres, est large de 2.90 à 3 millimètres ; les styles
sont hauts de 18 à 24.25 millimètres. Dans chaque carpelle,
les placentes, qui portent des ovules sur toute leur longueur,
sont constitués par deux cordons grèles, verticaux, et presque
parallèles, quoiqu'un peu incurvés en dedans, à chacun des
deux bords internes des carpelles.
Un peu plus hautes que larges, rarement un peu plus larges
que hautes, subtrapéziformes-subsemioblongues, subquadran-
gulaires, ou sublinéaires, toujours émarginées au sommet, non
élargies ou légèrement élargies à la base, les écailles sont
hautes de 0.90 à 1.40 millimètre et larges de 0.60 à 1.60
millimètre.
Presque trois fois plus hautes que larges, obovées, légère-
ment arquées, obtuses au sommet et à la base, les graines,
très nombreuses dans chaque follicule, sont longues de
0,85 millimètre et larges de 0,32 millimètre. Leur test, cou-
vert de rides longitudinales nombreuses et peu saillantes,
s’applique exactement sur l’amande.
Cette plante aétérécoltée, en septembre 1911, par M. Perrier
de la Bâthie, à une altitude d'environ 1.100 mètres, sur les
gneiss humides du sommet du mont Ivohibe (Bassin du Man-
goky).
Kalanchoe pinnata Persoon. — Raymond-Hamet, Monogr.
du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIIT, p. 21
(1908).
APE «
* LE 7 a à ;
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 835
Var. genuina Raymond-Hamet. — Le Xalanchoe pinnata,
var. genuina, est une plante glabre et vivace. Verte mais
maculée de petites taches blanchâtres, subeylindrique ou plus
ou moins anguleux, haute de 1 à 2 mètres, érigée mais un
peu couchée dans sa partie inférieure, la tige ne se ramifie
point, mais émet, à la base, des rejets stériles qui fleuriront
ultérieurement.
Les tiges portent des feuilles sur toute leur longueur sauf
à la base où elles sont généralement dénudées. Opposées,
décussées, pétiolées, simples, 3- ou même 5-foliolées, les
feuilles, assez distantes les unes des autres, sont assez régu-
lièrement espacées dans la partie inférieure de la tige, mais,
dans sa partie médiane et dans sa partie supérieure, elles
sont séparées par des entrenœuds plus allongés. Subeylin-
drique, légèrement canaliculé sur sa face supérieure, haut de
2.50 à 7.50 centimètres, large de 1.75 à 2.25 mullimètres
dans sa partie médiane, le pétiole s’élargit à la base en une
sorte de plate-forme haute de 3 à 5 millimètres, large de 3.50
à 6 millimètres, subsemicireulaire, amplexicaule, dont les
extrémités latérales se rejoignent à celles de la plate-forme du
pétiole opposé. Lorsque la feuille est simple, le pétiole porte,
à son extrémité supérieure, un limbe oblong, très obtus à la
base et au sommet, haut de 6 à 18 centimètres, large de 4 à
11 centimètres, bordé de larges crénelures obtuses séparées
par de larges sinus arrondis; le limbe, vert sur les deux
faces, est strié de violet sur sa face supérieure et coloré en
brun à sa périphérie. Lorsque les feuilles sont 3- ou 5-
fohiolées, le pétiole porte au sommet une foliole terminale et,
un peu au-dessous de celle-ci, deux ou quatre folioles laté-
rales opposées et un peu plus petites que la foliole ter-
minale ; les folioles, semblables au limbe des feuilles simples,
s'insèrent sur le pétiole commun par un bref pétiolule dont
la longueur varie de 3 à 5 millimètres pour les folioles laté-
rales et de 5 à 12 millimètres pour la foliole terminale et dont
la largeur oscille entre 2 et 2.50 millimètres; la foliole ter-
minale atteint parfois une longueur de 20 centimètres et une
largeur de 12 centimètres, les folioles latérales une hauteur
sb RAYMOND-HAMET ET II, PERRIER DE LA BATHIE
de 12 centimètres et une largeur de 8 centimètres. Les
feuilles conservent la même forme pendant la saison des
pluies et pendant la saison sèche, mais, pendant cette der-
nière, elles sont un peu plus épaisses et plus petites.
La tige se termine, au sommet, par une inflorescence pani-
culiforme composée d'un petit nombre de pédoncules latéraux
terminés par des cymes hbipares et pauciflores.
Grêles, hauts de 10 à 12 millimètres, non dilatés au som-
met, les pédicelles supportent des fleurs pendantes.
Oblongues-subovées, subaiguës au sommet, légèrement
contractées dans leur partie inférieure en un large pseudo-
pétiole, les bractées, dont les bords sont entiers, sont longues
de 5.90 à 18.50 millimètres et larges de 2.40 à 8.25 milli-
mètres.
Coloré en vert franc ou en blanc verdâtre, subcampanulé,
le calice se compose d'un tube plus haut que les segments,
long de 21 à 31 millimètres et de quatre segments non appli-
qués contre le tube de la corolle ; subdeltoïdes-subsemiorbi-
culaires ou subdeltoïdes, un peu plus hauts que larges ou un
peu plus larges que hauts, longs de 6.80 à 10.40 millimètres,
larges de 7 à 11.25 millimètres, les segments, dont les bords
sont entiers, ont leur plus grande largeur à la base, et, à
partir de ce niveau, se rétrécissent peu à peu jusqu’au som-
met aigu et acuminé.
À peine plus longue que le calice, la corolle est nettement
étranglée au-dessous du milieu ; au-dessous de cet étrangle-
ment, elle se dilate peu à peu, puis se rétrécit jusqu'à une faible
distance de la base, et, enfin, à partir de ce niveau, conserve un
diamètre identique jusqu'à la base elle-même, formant ainsi
une sorte de tube grêle qui lui donne une apparence stipitée ;
au-dessus de l'étranglement, elle se dilate assez brusquement,
puis conserve un diamètre presque identique jusqu'à la base
des segments dressés-récurvés. Plus long que les segments,
rougeâtre ou décoloré, le tube, qui porte, dans sa partie infé-
rieure, quatre côtes assez saillantes situées en face des filets,
oppositipétales, est haut de 30 à 40 millimètres. Subovés,
plus larges que hauts, colorés en rouge brique, longs de 9 à
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 87
14 millimètres, larges de 4.30 à 6.60 millimètres, les segments,
dont les bords sont entiers, ont leur plus grand diamètre à
une faible distance de la base ; au-dessous de ce niveau, ils se
rétrécissent jusqu à la base : au-dessus, ils s'atténuent peu à
peu jusqu’au sommet aigu et subacuminé.
L'androcée se compose de huit étamines hbres entreelles. Le
sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du milieu
du tube de la corolle, dépasse un peu la base des segments
corollins, mais n'atteint pas leur milieu; grêles, très longue-
ment linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait légèrement:
saillie à l’intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de
celui-ci, conservent un diamètre presque identique depuis le
sommet jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni
rétrécie; leur partie soudée est haute de 10.40 à 12.20
millimètres; leur partie libre, longue de 2% à 30.75 milli-
mètres, est large de 0.85 à 1.05 millimètre à la base et de
0.65 à 0.85 millimètre au mulieu. Le sommet des filets
oppositipétales, insérés un peu plus bas que les filets alter-
nipétales, atteint à peu près le même niveau que ces der-
niers ; grêles, très longuement linéaires, ces filets conservent
un diamètre presque identique depuis le sommet jusqu'à la
base qui n’est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie
soudée est haute de 9 à 10 millimètre ; leur partie libre, longue
de 25 à 31.75 millimètres, est large de 0.90 à 1.05 milli-
mètre à la base et de 0.80 à 0.90 millimètre au milieu.
Un peu plus hautes que larges, ovées, obtuses au sommet et
émarginées à la base, les anthères sont longues de 2.65 à
3 millimètres et larges de 1.60 à 2.20 millimètres.
Soudés entre eux sur un cinquième environ de leur longueur
totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres;
ovés, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s’atténuent, dans
leur partie supérieure, en styles grèles, plus longs qu'eux et
terminés par des stigmates à peine dilatés ; leur partie soudée
est haute de 2,20 à 3.50 millimètres; leur partie libre,
longue de 7.80 à 13 millimètres, est large de 3.40 mill-
mètres; les styles sont hauts de 22.50 à 25 millimètres.
Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules
"y C
ten RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
sur toute leur longueur, sont constitués par deux cordons
grêles verticaux et presque parallèles, quoique très légère-
ment incurvés en dedans, à chacun des deux bords internes
des carpelles.
Un peu plus hautes que larges, subquadrangulaires, légère-
ment contractées ou même non contractées à la base, obtuses
ou émarginées au sommet, les écailles sont longues de 1,80 à
2,60 millimètres etlarges de 1.40 à 1.80 millimètre.
Deux fois plus hautes que larges, obovées, obtuses au
sommet et à la base, les graines, très nombreuses dans chaque
follicule, sont hautes de 0.80 millimètre et larges de 0.35
millimètre. Leur test, qui s'applique exactement sur l'amande,
est couvert de rides longitudinales peu saillantes et assez
nombreuses.
Le Xalanchoe pinnata, var. genuina, qui jusqu'alors n'avait
été récolté à Madagascar qu’à Port-Leven | Boivin n° 2551] et
aux environs de Fort-Dauphin | Paroisse n° 44 et Scott Elliot
n° 2930] a été recueil par M. Perrier de la Bâthie en août
1905, sur les bords d'un ruisseau à Ampasimentera (Boïna) ;
en mai 1908, sur les confins d’un bois à Ankarafantsika, près
de Marovay ; enfin, plus récemment, sur les dunes de l'Est.
Le Kalanchoe pinnata, var. genuina, est souvent cultivé par
les indigènes qui le désignent sous le nom de sodifafana et
attribuent à ses feuilles des propriétés thérapeutiques. Les
uns les emploient in nafura pour le pansement des plaies, ce
qui ne semble point illogique, car ces feuilles de grande taille,
souples et charnues, doivent constituer un excellent panse-
ment humide. D’autres en font une infusion qu'ils absorbent
dans les cas de céphalée, de cystite et d’affections rénales.
Cette médication n’est peut-être qu'illusoire, mais il serait
intéressant cependant de rechercher si les feuilles du Xalan-
choe pinnata, var. genuina, ne renferment point un principe
actif utilisable par la thérapeutique.
Var. brevicalyx Raymond-Hamet et Perrier de la
Bâthie. — La tige, haute de 0.60 à 1 mètre, est, comme dans
la variété genuina, maculée de petites taches blanchâtres.
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES S9
Les feuilles inférieures, généralement détruites au moment
de la floraison, sont simples et pétiolées ; assez grêle, haut de
3 à 7 centimètres, le pétiole est, comme dans la var. genuina,
subeylindrique, légèrement canaliculé sur sa face supérieure
et élargi à la base en une sorte de plate-forme subsemicireu-
laire et amplexicaule ; longuement ové, bordé de petites
crénelures rougeâtres arrondies et séparées par des sinus
étroits et anguleux, haut de 9 à 20 centimètres et large de
4.50 à 11 centimètres, subobtus au sommet, le limbe est
émarginé à la base, ce qui donne à la feuille un aspect cordi-
forme. Les feuilles médianes et supérieures sont 3-, 5- et
même T7-foliolées ; haute de 6 à 12 centimètres, large de 2 à
5 centimètres, presque identique au limbe des feuilles simples
mais un peu plus étroite que celui-ci, la foliole terminale, qui
n'est point émarginée à la base, est supportée par un grêle
pétiolule haut de 1.50 à 3 centimètres et large de 1 à 2.50
millimètres ; subsessiles, opposées deux par deux, hautes de
4.50 à 10 centimètres, larges de 1 à 2.50 centimètres, les
folioles latérales, qui,elles non plus, ne sont pas émarginées à
la base, sont supportées, à la base, par un très bref pétiolule
haut de 2 à 3 millimètres et large de 1.50 à 2.20 millimètres.
Haute de 12.50 centimètres et large de 14 centimètres,
subcorymbiforme ou subpaniculiforme, l'inflorescence émet,
après la floraison, un grand nombre de bulbilles.
Le calice rougeàtre se compose d’un tube haut de 10.20
millimètres, et de quatre segments à peine plus brefs que le
tube, hauts de 6 à 7.25 millimètres et larges de 5.80 à 6 mul-
limètres, de même forme que dans la var. genuina.
La corolle, semblable à celle de la var. genuina, se
compose d'un tube haut de 24.50 millimètres et de quatre seg-
ments hauts de 7.60 à 10.60 millimètres et larges de 4.70 à
6.30 millimètres.
L'androcée est identique à celui de la var. genuina. La partie
soudée des filets alternipétales est haute de 9 millimètres ;
leur partie libre, longue de 18.25 millimètres, est large de
0.52 millimètre. La partie soudée des filets oppositipétales
est haute de 8.25 millimètres ; leur partie libre, longue de 20
90 RAYMOND-IHAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
millimètres, est large de 0.62 millimètre. Les anthères sont
hautes de 2.80 millimètres et larges de 1.60 millimètre.
Les carpelles, semblables à ceux de la var. genuina, sont
soudés sur une longueur de 1.50 millimètre et libres sur une
hauteur de 7.25 millimètres ; les styles sont longs de 24 à
24.75 millimètres.
Oblongues, un peu plus hautes que larges, émarginées au
sommet, les écailles sont longues de 1.75 à 1.90 millimètre
et larges de 1.40 à 1.55 millimètre.
Cette variété a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie sur
les bords ombragés et rocailleux du Haut-Bemarivo.
Kalanchoé porphyrocalyx Baillon. — Raymond-Hamet,
Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hh. Boissier, sér. 2,
t:MITLI,;p. 41, (1908):
Le Kalanchoe porphyrocalyx est une plante épidendre et
vivace. Assez grêle, haute de 15 à 74 centimètres, sa tige,
dont le diamètre varie de 4 à 6 millimètres à la base et de
2 à 2.50 millimètres au milieu, est érigée mais couchée dans
sa partie inférieure. Simple, très rarement divisée vers le
milieu en deux rameaux florifères, la tige donne naissance,
dans sa partie inférieure et couchée, à des rameaux stériles
longs d'environ 14 centimètres et dont le diamètre est de 3 mil-
limètres à la base, de 1.75 millimètre au milieu. Ces rameaux
stériles se développent et fleurissent l’année suivante, de
telle sorte que les plantes âgées possèdent une longue tige
rampante et ramifiée, émettant, à l'extrémité de chacune de
ses ramifications, une tige florifère à la base de laquelle
naissent des rameaux stériles.
Les tiges portent, sur presque toute leur longueur, des
feuilles opposées, décussées, assez distantes les unes des
autres et assez régulièrement espacées. Le premier entrenœud
supérieur des rameaux stériles est de 0.5 centimètre ; le
second, de 0.8 centimètre ; le troisième, de 1 centimètre ; le
quatrième, de 1.70 centimètre; le cinquième, de 3 centi-
mètres. Le premier entrenœud supérieur des tiges florifères
varie de 2.40 à 6.20 centimètres ; le second, de 1.30 à 4.20
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES af
centimètres ; le troisième, de 0.50 à 3.50 centimètres: le
quatrième, de 1 à 2.50 centimètres ; le cinquième, de 1.50 à
2.90 centimètres ; le sixième, de 1.50 à 3 centimètres ; le
septième, de 1.50 à 4 centimètres ; le huitième, de 1.30 à
3.50 centimètres ; le neuvième, de 1.50 à 2 millimètres ; le
dixième est de Î millimètre. Orbiculaire, orbiculaire-oblong,
oblong-obové, toujours obtus au sommet, haut de 23 à 50
millimètres, large de 7 à 17 millimètres, le limbe, dont les
bords sont ornés de larges crénelures irrégulières plus ou
moins profondes et séparées par des sinus anguleux ou rare-
ment arrondis, est atténué à la base en un large et bref pétiole,
souvent à peine distinct du limbe, haut de 2 à 6 milli-
mètres, large de 1.75 à 2.25 nullimètres au milieu et de 2 à
2.50 millimètres à la base. Les cicatrices foliaires, en forme
d'étroit croissant, ne se rejoignent point par leurs extrémités
latérales.
Haute de 3 à 11 centimètres, large de 3 à 9 centimètres,
paniculiforme ou subcorymbiforme mais toujours lâche et
pauciflore, l'inflorescence, qui termine la tige, se compose
d'un pédoncule primaire terminal et de deux à quatre pédon-
cules primaires latéraux, opposés deux par deux et terminés,
de même que le pédoncule terminal, par une cyme bipare
simple ou une fois ramifiée. Quelquefois même l’inflorescence
est réduite à une simple cyme bipare une fois ramifiée.
Grèles, très légèrement renflés au sommet, longs de 7 à 20
millimètres, les pédicelles portent des fleurs érigées.
Obovées, subaiguës au sommet, légèrement contractées à la
base en un bref pseudo-pétiole très peu distinct du limbe, les
bractées, dont les bords sont entiers, ont une longueur de
3.60 à 6.60 millimètres et une largeur de 1.20 à 3 milli-
mètres.
Le calice, campanulé, ne s'applique point contre la corolle.
Plus bref que les segments, son tube est haut de 1.50 à 4
millimètres. Un peu plus hauts que larges ou un peu plus
larges que hauts, longs de 3 à 7 millimètres et larges de 3 à
5.90 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers,
sont tantôt subdeltoïdes-subsemilancéolés, tantôt largement
92 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
ovés-subdeltoides ; dans le premier cas, ils s’atténuent peu à
peu depuis la base jusqu'au sommet aigu et subacuminé ;
dans le second cas, leur plus grande largeur se trouve au-des-
sous du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent
jusqu à la base ; au-dessus, ils s'atténuent peu à peu jusqu’au
sommet aigu et subacuminé.
Colorée tantôt en Jaune citron, tantôt en rouge pourpre,
plus longue que le calice, urcéolée-subcampanulée, la corolle
a son plus grand diamètre au quart inférieur ; à partir de ce
niveau, d'une part elle se rétrécit peu à peu jusqu’à la base,
d'autre part elle s’atténue jusqu’au sommet du tube où elle se
prolonge en quatre segments dressés. Beaucoup plus long
que les segments, haut de 12 à 31 millimètres, le tube porte
extérieurement quatre côtes verticales peu saillantes disposées
en face des filets oppositipétales. Un peu plus hauts que
larges ou un peu plus larges que hauts, longs de 3 à 5.50
millimètres, larges de 2.80 à 7.40 millimètres, les segments,
qui ont des bords entiers, sont tantôt subdeltoïdes-subsemi-
oblongs, tantôt plus ou moins largement ovés; dans le
premier cas, ils se rétrécissent peu à peu depuis la base
jusqu'au sommet obtus au milieu duquel ils portent une cus-
pide aiguë; dans le second cas, leur plus grand diamètre se
trouve au-dessus du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se
rétrécissent assez brusquement jusqu'à la base ; au-dessus, ils
s'atténuent peu à peu jusqu'au sommet obtus où émarginé
au milieu duquel ils portent une cuspide aiguë.
L'androcée se compose de huit étamines confluentes dans
leur partie inférieure. Le sommet des filets alternipétales,
insérés au-dessous du milieu du tube de la corolle, atteint la
base des segments corollins, ou même dépasse un peu ce
niveau sans atteindre toutefois le milieu desdits segments ;
longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre
presque identique jusqu'au tiers inférieur, et, à partir de ce
niveau, s'élargissent peu à peu jusqu'à la base, ni élargie, ni
rétrécie, de leur partie libre, base où ils sont contigus à
l'extrémité inférieure de la partie libre des filets oppositi-
pétales: dans la portion supérieure de leur partie non libre
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 93
haute de 2.80 à 6 millimètres, ces filets ne sont soudés au
tube de la corolle que par leurs bords, mais la largeur de leur
partie soudée croît peu à peu, et, dans la portion inférieure, ils
sont soudés sur toute la largeur de leur surface, de telle sorte
que le filet laisse, entre le tube de la corolle et lui, une assez
profonde cavité en forme de cône, cavité dont le diamètre,
presque aussi large au sommet que le filet lui-même, se rétrécit
peu à peu jusqu'à une faible distance de la base, niveau où la
cavité elle-même disparait ; la partie hibre des filets alterni-
pétales, longue de 8 à 25 millimètres, est large de 0.45 à
0.60 millimètre au milieu et de ! à 2 millimètres à la base.
Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus haut
que les filets alternipétales mais encore bien au-dessous du
milieu du tube de la corolle, dépasse le sommet des filets
alternipétales et atteint parfois le milieu des segments corol-
hins ; longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre
Rréeque identique jusqu'au tiers inférieur et, à par tir .deïce
niveau, s'élargissent peu à peu jusqu'à la base, ni élargie, ni
rétrécie, de leur partie libre, base où ils sont contigus à l’extré-
mité inférieure de la partie libre des filets alternipétales ; dans
la portion supérieure de leur partie non libre haute de 3.40 à
7 millimètres, ces filets ne sont soudés au tube de la corolle
que par leurs bords, mais la largeur de leur partie soudée croit
peu à peu et, dans la portion inférieure, ils sont soudés sur
toute la largeur de leur surface, de telle sorte que le filet
laisse, entre le tube de la corolle et lui, une assez profonde
cavité en forme de cône, cavité dont le diamètre, presque
aussi large au sommet que le filet lui-même, se rétrécit peu à
peu jusqu’à une faible distance de la base, niveau où la cavité
elle-même disparait ; la partie libre des filets oppositipétales,
longue de 10 à 25 millimètres, est large de 0.40 à 0.65 mil-
limètre au milieu et de 1.50 à 2 millimètres à la base. Un peu
plus hautes que larges, ovées, obtuses au sommet et émar-
ginées à la base, les anthères sont longues de 1.20 à 1.90
millimètre et larges de 0,80 à 1.30 millimètre.
Soudés entre eux sur un tiers ou même sur presque la moitié
de leur longueur totale, appliqués les uns contre les autres,
94 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
les carpelles, oblongs, ont leur plus grand diamètre vers le
milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent peu à peu
jusqu'à la base ; au-dessus, ils s’atténuent peu à peu jusqu'au
sommet où ils portent de longs styles grêles un peu plus brefs,
de mème longueur, ou un peu plus longs qu'eux ; leur partie
soudée est haute de 2.90 à 7 millimètres ; leur partie libre,
longue de 5 à 9 millimètres, est large de 1.80 à 2.60 milli-
mètres; les styles sont hauts de T à 16 millimètres. Dans
chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules sur toute
leur longueur, sont constitués par deux cordons grêles subver-
ticaux presque parallèles, quoique très légèrement incurvés
en dedans, à chacun des deux bords internes des carpelles.
Plus hautes que larges, toujours émarginées au sommet,
longues de 1.90 à 2.80 millimètres et larges de 0.70 à 1.30
millimètre, les écailles sont tantôt linéaires, tantôt subtrapé-
ziformes, tantôt longuement ovés-sublinéaires ; dans le pre-
mier cas, elles ont une largeur identique sur toute leur lon-
gueur ; dans le second cas, elles ont leur plus grande largeur
à la base et se rétrécissent peu à peu depuis ce niveau Jus-
qu'au sommet; dans le troisième cas, à partir du niveau de
leur plus grande largeur qui se trouve au-dessus du milieu et
à peu de distance de la base, d’une part elles se rétrécissent
assez brusquement jusqu'à la base elle-même, et, d'autre part,
s’atténuent peu à peu jusqu'au sommet.
Les graines, très nombreuses dans chaque follicule, se
composent d'une amande haute de 0.70 à 0.80 millimètre et
large de 0.32 millimètre, pourvue à l’une de ses extrémités
d'une longue aile diaphane longuement subdeltoïde aiguë et
haute de 1 à 1.15 millimètre, à l’autre extrémité d’une longue
aile diaphane assez étroitement sublinéaire obtuse et haute
de {à 1.10 millimètre.
Cette espèce n'était connue jusqu'ici que par l'échantillon
authentique recueilli dans la région centrale de Madagascar
par le Révérend Baron et conservé dans l'herbier de Kew
sous le n° 1708. Elle a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie,
une première fois en mai 1909 à une altitude d'environ
1.500 mètres dans le massif du Manongarivo, une seconde fois
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 95
en novembre 4911 à une altitude d'environ 1.400 mètres dans
la Forêt d'Andasibe (Bassin de l’Onive), enfin une troisième
fois en octobre 1912 à une altitude d’environ 500 mètres sur
le versant d'Antalaha dans la presqu'ile Masoala. Dans ces
différentes localités, le Xalanchoe porphyrocalyx croissait dans
la mousse recouvrant de gros arbres.
Kalanchoe Bouveti Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie,
Nouv. Contrib, à l'étude des Crassulacées malgaches, in
Ann. du Mus. colon. de Marseille, 3° sér., € IF, p. 192-195
(1914).
En août 1912, M. Perrier de la Bâthie a récolté de nou-
veaux échantillons de cette espèce, à une altitude d'environ
800 mètres, sur les gneiss et les basaltes de la Mazy, à l'ouest
de Miarinarivo.
Kalanchoe beharensis Drake del Castillo. — Raymond-
Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hh. Boissier, sér.
2,t. VII, p. 29 (1908); Kalanchoe Aliciæ et K. beharensis,
in Bull. Soc. bot. France, t. LVII, p. 193 et 194 (1910).
Le Kalanchoe beharensis est une plante frutescente et poly-
carpienne !. D'une hauteur atteignant souvent 2 et même
3 mètres, et d'un diamètre oscillant entre 2 et 12 centimètres,
la tige reste généralement simple mais émet parfois quelques
rameaux latéraux dont le diamètre varie entre 8 et 13 milli-
mètres à la base, 6 et 10 millimètres au milieu, Dans ses
1. Ainsi que l’a fait connaitre M. E. Heckel dans une note à l’Acadé-
mie des Sciences (Comptes rendus 1909, 146, p. 1073-1075), les écorces
de ce Kalanchoe beharensis, comme celle de X, Grandidieri Baillon
et K. Delescurei Hamet, présentent dans leur liège une résine qui a
quelque rappports avec celles des Sarcocaulon du Cap et qui permet à
ces écorces de brûler même à l'état frais. L'odeur qu'elles dégagent en
brûlant ainsi se rapproche sensiblement de celle que répand le benjoin
en ignition dans le Papier d'Arménie ou mieux de l'encens, L'étude de
ces trois espèces à écorces résinifères a fait l'objet d'un mémoire
anatomique de MM. Jadin et Juillet qui a paru dans les Annales du Musée
Colonial de Marseille (20° année, 2° série, 10° vol., 1912, pp. 136-156),
[Note de la Direction.!
96 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
parties Jeunes, elle est nettement crassulante, mais sa couche
corticale se dessèche et se transforme bientôt en un revête-
ment résineux Jaunâtre et assez mince qui brûle en produisant
une flamme fuligineuse.et en dégageant une odeur rappelant
un peu celle de l'encens. Les tiges et les rameaux qui n'ont
pas encore produit d'inflorescence sont couverts d’une épaisse
pubescence blanchâtre dont l'aspect rappelle celui du velours
et dont les éléments, déjà décrits par nous dans un mémoire
anatomique ! publié en collaboration avec M. Dauphiné, sont
des poils stellés composés « d'un pédicule bref, pluricellulaire,
supportant trois longues branches aiguës constituées par les
ramifications d'une cellule unique ». Cette pubescence ne sub-
siste que dans les parties supérieures de la tige et des rameaux
et disparait bientôt par plaques, de telle sorte que, dans leur
région inférieure, ces organes sont complètement glabres.
Quant aux tiges et rameaux qui ont fleuri, ils sont toujours
complètement glabres.
La tige et les rameaux, dénudés sur presque toute leur lon-
gueur, portent, au sommet, un petit nombre de feuilles oppo-
sées, décussées, assez rapprochées les unes des autres pour
paraitre rosulées. Les tiges et les rameaux qui n’ont pas encore
fleuri portent des feuilles pétiolées, peltées et couvertes d’un
épais indument, roux sur la face supérieure, blanchâtre sur la
face inférieure, indument formé de poils stellés à pédicule bref
supportant trois longues branches aiguës. Très charnu, subey-
lindrique, prismatique, légèrement aplati sur sa face supé-
rieure, comprimé sur ses faces latérales, rétréci dans sa
moitié inférieure en une large carène prismatique, le pétiole,
qui conserve un diamètre presque identique sur toute sa lon-
gœueur mais est nettement élargi à la base, s'insère à 10-25 mil-
limètres au-dessus de la base du limbe: sa hauteur varie de
4 à 10 centimètres: son diamètre oscille entre 7 et 24 milli-
mètres à la base, 4.50 et 18 millimètres au milieu. Aigu ou
subaigu au sommet, légèrement émarginé à la base, subdel-
1. Raymond-Hamet et A. Dauphiné, Contribut. à l'étude anatomique du
g. Kalanchoe, in Ann. Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 217, fig. 19 (1912).
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 97
#
RACE A |
ANT 4 TEL LE |
A VE RAR RQ ORX
Kalanchoe beharensis Drake del Castillo
Spécimen cultivé au Jardin Botanique de Marseill
Annales du Musée colonial de Marseille. 3° série, 3° vol, 1915. :
98 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
toïde ou trilobé-subhasté, le limbe, nettement concave, forme
une cavité que l’on trouve souvent remplie d'eau pendant la
saison des pluies; ses bords sont ornés de larges dents aiguës
elirrégulières séparées par de larges sinus arrondis; sa hau-
teur varie de 7.50 à 35 centimètres, sa largeur, de 8 à 25 cen-
timètres. Presque entièrement glabres, portant seulement, sur
la base des pélioles et sur le pourtour du limbe, quelques rares
poils stellés à court pédicule supportant trois longues
branches aiguës, les feuilles, qui se développent sur les tiges
ou rameaux ayant déjà fleuri ou même sur les rameaux
n'ayant pas encore produit d'inflorescence mais situés à plus
d'un mètre du sol, sont plus grandes et plus nettement lobées
que celles que nous avons déjà décrités. Lorsque les feuilles
tombent, elles laissent, sur la tige, d'énormes cicatrices sail-
lantes, subtriangulaires, prolongées à chacun de leurs angles
en une pointe dure et épaisse qui affecte à peu près la forme
d'une pyramide à trois faces.
À l’isselle des feuilles moyennes de la rosette qui les ter-
mine, les rameaux et la tige émettent deux, trois ou quatre
hampes hautes de 40 à 50 centimètres. Ces hampes, dont le
diamètre est d'environ 12 millimètres à la base et de 5.50 mil-
limètres au milieu, sont couvertes primitivement d’un épais
indument composé de poils stellés dont le bref pédicule sup-
porte trois longues branches aiguës ; cet indument disparait
bientôt par plaques et ne persiste que dans les parties supé-
rieures de la hampe. Généralement nues, les hampes portent
parfois deux paires de feuilles, la première paire distante
d'environ 10 centimètres des premiers rameaux de l'inflores-
cence, la seconde distante de 11 centimètres de la partie supé-
rieure. Couvertes d’un épais indument composé de poils
stellés à court pédicule supportant trois longues branches
aiguës, ces feuilles sont pétiolées mais ne sont pas peltées ;
haut de 7 à 8 centimètres, le pétiole a un diamètre de 12 mil-
limètres à la base et de 6 millimètres au milieu; plié en.
forme de gouttière, oblong-lancéolé, aigu au sommet, nette-
ment émarginé à la base, le limbe, dont les bords sont garnis
de larges dents aiguës séparées par de larges sinus arrondis,
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 99
atteint une longueur de 1# centimètres et une largeur de
8 centimètres.
Au sommet, la hampe se termine par une large panicule
haute de 20 à 30 centimètres, large de 12 à 30 centimètres,
composée d'un pédoncule terminal et de 6 à 10 pédoncules
primaires latéraux opposés deux par deux. Les pédoncules
latéraux supérieurs, de même que le pédoncule terminal, sont
toujours simples mais les pédoncules médians et inférieurs
émettent le plus souvent une ou deux paires de pédoncules
secondaires. Les pédoncules primaires simples et les pédon-
cules secondaires sont terminés par des cymes bipares.
A la base des pédoncules primaires supérieurs, des pédon-
cules secondaires et des pédicelles, on observe des bractées
ovées, à bords entiers, aiguës ou subaiguës, d'autant plus
petites qu'elles se rapprochent davantage de l'extrémité des
rameaux de l'inflorescence; toujours couvertes d'un épais
indument composé de poils stellés à bref pédicule supportant
trois longues branches aiguës, longues de 2.20 à 15 nulhi-
mètres et larges de 0.85 à 7.80. millimètres, ces bractées
sont précocement caduques.
Assez grêies mais nettement dilatés au sommet, longs de 4
à 13 millimètres, les pédicelles, qui supportent des fleurs
érigées, sont couverts d'un épais indument composé de poils
stellés dont le bref pédicule supporte trois longues branches
aiguës.
Couvert sur les deux faces de poils stellés dont le bref pédi-
cule supporte trois longues branches aiguës, le calice subcam-
panulé se compose d'un tube plus bref que les segments, haut
de 1.10 à 3 millimètres, et de quatre segments subérigés ;
deltoïdes et légèrement élargis à la base ou ovés et atténués
dans leur partie inférieure, aigus et mucronés au sommet,
plus hauts que larges, les segments, qui ont des bords entiers,
sont longs de 5.50 à 13 nullimètres et larges de 2.50 à
6.40 millimètres.
Plus longue que le calice, couverte extérieurement de poils
stellés à pédicule bref supportant trois longues branches
aiguës et de poils glanduleux brièvement pédiculés, intérieu-
L és.
100 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
rement de poils glanduleux brièvement pédiculés, très rares à
la base du tube, assez nombreux dans sa partie supérieure,
nombreux sur les segments, la corolle suburcéolée a son plus
grand diamètre un peu au-dessous du milieu du tube; au-
dessous de ce niveau, elle se rétrécit jusqu’à la base large ; au-
dessus, elle s'atténue peu à peu jusqu'à la base des segments
légèrement récurvés. Un peu plus long, rarement un peu plus
bref que les segments, le tube, d’un jaune verdâtre, est haut
de 6.50 à 9.20 millimètres. Plus hauts que larges, longs de
9.90 à 9 millimètres, larges de 2.50 à 5 millimètres, colorés en
jaune verdâätre mais marqués à l’intérieur de linéoles violettes,
longuement obovés, très obtus ou émarginés au sommet, les
pétales portent souvent au milieu de leur sommet une petite
cuspide ; si le sommet du pétale est très obtus, cette cuspide
le dépasse légèrement ; s'il est émarginé, elle reste à peu près
sur le même niveau que l'extrémité supérieur des deux larges
obtus de l’émargination.
L'androcée se compose de huit étamines hbres entre elles.
Le sommet des filets alternipétales, insérés un peu au-dessous
du sommet du tube corollin, dépasse le milieu des segments
corollins et parfois atteint presque le sommet de ces derniers ;
grèles et étroitement linéaires, ces filets, dont la partie soudée
fait, du moins dans sa portion supérieure, saillie à l’intérieur,
du tube de la corolle, conservent une largeur presque sem-
blable depuis leur sommet jusqu'à leur base qui n’est elle-
même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de
5.170 à 7.80 millimètre ; leur partie libre, longue de #.20 à
8.50 millimètres, est large de 0.25 à 0.35 millimètre à la
base et de 0.15 à 0.20 millimètres au milieu. Le sommet des
filets oppositipétales, insérés un peu plus haut que les filets
alternipétales et presque au sommet du tube de la corolle,
dépassent le milieu des segments corollins et parfois même
atteignent presque le sommet de ces derniers ; grêles et étroi-
tement linéaires, ces filets conservent une largeur presque
identique depuis le sommet jusqu à la base qui n'est, elle-
même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de
6.10 à 8.60 millimètres; leur partie libre, longue de #.20 à
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 101
9.50 millimètres, est large de 0.30 à 0.35 millimètre à la
base et de 0.18 à 0.20 millimètre au milieu. Un peu plus
larges que hautes ou un peu plus hautes que larges, ovées-
subréniformes ou subréniformes, émarginées à la base et très
obtuses au sommet, les anthères sont longues de 0.60 à 1.50
millimètre et larges de 0.80 à 1.80 millimètre.
Soudés entre eux sur un cinquième environ de leur lon-
gueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les
autres; assez largement ovés, rétrécis assez brusquement dans
leur partie inférieure, ils s'atténuent, dans leur partie supé-
rieure, en un appendice grêle plus ou moins long qui se con-
fondrait avec le style s'il n'en était pas séparé par un léger
renflement qui indique la séparation des deux organes et qui,
d'ailleurs, se trouve souvent dans une même fleur à des
niveaux variables: la partie soudée des carpelles est haute de
0.90 à 2.20 millimètres ; leur partie libre, longue de 4.40 à
10 millimètres, est large de 2.80 à 4.10 millimètres ; grêles,
un peu plus longs ou un peu plus brefs que les carpelles, ter-
minés au sommet par des stigmates dilatés, les styles sont
hauts de 5.25 à 10.40 millimètres. Dans chaque carpelle, les
placentes, qui portent des ovules sur toutes leur longueur,
sont constitués par deux grêles cordons subverticaux, presque
parallèles, quoique incurvés en dedans, à chacun des deux
bords internes des carpelles.
Plus larges que hautes, les quatre écailles sont soudées entre
elles sur la moitié de leur longueur totale ; leur partie soudée
est haute de 0.40 à 0.60 millimètre ; très largement subsemi-
orbiculaire, leur partie libre est haute de 0.40 à 0.60 milli-
mètre et large de 1.50 à 3.40 millimètre ; leur sommet tou-
jours très obtus est, tantôt émarginé et pourvu de deux larges
lobes obtus séparés par un large sinus arrondi, tantôt muni
de trois lobes assez larges oblus et séparés par de larges
sinus arrondis, tantôt garni de nombreuses crénelures obtuses
étroites et peu profondes, tantôt enfin orné de cinq crénelures
obtuses : deux situées aux extrémités latérales du sommet de
l'écaille et séparées par un large sinus arrondi des trois autres
disposées au milieu de ce sommet.
102 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE
Très nombreuses dans chaque follicule, plus hautes que
larges, obovées, le plus souvent arquées, obtuses au sommet
et arrondies à la base, les graines sont longues de 0.60 à 0.75
millimètre et larges de 0.25 à 0.40 millimètre. Leur test,
qui s'applique exactement sur l’amande, est couvert de rides
longitudinales nombreuses et assez peu saillantes.
Cette espèce, qui n'était connue jusqu'ici que par l'échan-
tillon authentique très incomplet recueilli à Behara, le 8
juillet 1901, par M. Guillaume Grandidier et par un spécimen
stérile cultivé au Jardin Botanique de Marseille, a été
observée en fleurs, entre juin et août, par M. Perrier de la
Bäthie sur les rocailles calcaires du plateau Mahafaly, dans
les sables, sur les gneiss et les grès de l’Androy, dans tout
le bassin de l'Onilahy, sur les grès de l'Isalo et du Makay
(Bassin du Mangoky), sur les gneiss de la rive droite de la
Menamaty (Bassin du Mangokv), enfin sur la Sakenv.
Kalanchoe tomentosa Baker. — Raymond-Hamet, Monogr.
du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIII, p. 31
(1908).
Le Kalanchoe tomentosa est une plante vivace atteignant
près d’un mètre de hauteur. Sa tige, dont le diamètre varie
de 12 à 14 millimètres, est divisée, dès la base, en de nombreux
rameaux subérigés, les uns stériles, les autres florifères. Les
rameaux stériles, hauts d'environ 10 centimètres, presque
toujours simples mais émettant quelquefois une ou deux
branches latérales, portent au sommet un petit nombre de
feuilles nettement alternes, si peu distantes les unes des
autres qu'elles constituent de véritables rosettes. Quand ces
rameaux fleurissent, les entrenœuds de la rosette, très brefs
primitivement, s'accroissent rapidement et atteignent une
longueur d'autant plus grande que les feuilles qu'ils séparaient
étaient plus proches du centre. En même temps, ces feuilles,
qui étaient de taille très réduite, se développent, cependant
que du centre de la rosette s'élève une hampe bien distincte
de la tige par son diamètre réduit. Quand cette hampe aura
donné naissance aux fleurs et que celles-ci auront été
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 103
fécondées, les feuilles qui formaient à sa base une rosette plus
ou moins lâche se dessécheront et tomberont ; à l’aisselle de
leurs cicatrices, quelques bourgeons apparaîtront, dont un petit
nombre se développera en rejets stériles. Stériles ou florifères,
les rameaux, ainsi que la hampe, sont couverts primitivement
d'une pubescence extrèmement dense dont l'aspect rappelle
celui d'un velours rougeâtre et dont les éléments sont des
petits poils stellés composés d'un court pédicule supportant
trois longues branches inégales et aiguës. Cette pubescence
que les hampes conservent jusqu à leur disparition, les tiges
la perdent peu à peu et deviennent complètement glabres,
sauf à leur sommet. Toujours alternes, sessiles, très épaisses,
canaliculées sur leur face supérieure, obtuses au sommet,
légèrement rétrécies à la base, les feuilles sont couvertes
d'une pubescence blanchâtre extrêmement dense dont l'aspect
rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils
stellés composés d'un court pédicule supportant trois longues
branches inégales et aiguës. Leurs bords, quelquefois entiers,
sont le plus souvent pourvus, dans la partie supérieure
de la feuille, de larges crénelures rougeàtres, arrondies
et inégales, séparées par de larges sinus arrondis ou angu-
leux. Les feuilles présentent des formes assez variables
souvent même sur un unique échantillon : tantôt petites,
ovées ou ovées-orbiculaires, un peu plus hautes que larges,
longues de 23 à 26 millimètres et larges de 16 à 17 milli-
mètres, tantôt de taille moyenne, oblongues ou subobovées-
oblongues, environ deux fois plus hautes que larges, longues
de 40 à 45 millimètres et larges de 16 à 22 millimètres, elles
sont le plus souvent grandes, oblongues-linéaires ou subo-
bovées-oblongues-linéaires, environ quatre fois plus hautes
que larges, longues de 70 à 75 millimètres et larges de 16 à
17 millimètres ; ces différentes formes de feuilles présentent,
d’alleurs, entre elles, de nombreux intermédiaires.
Nue, simple, érigée, haute de 48 à 80 centimètres, la hampe
florifère, dont le diamètre est de 7.50 millimètres à la base et
de 5 à 6 millimètres au milieu est, elle aussi, poilue. Le plus
souvent elle est couverte, sur toute sa longueur, d'une pubes-
104 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
cence rougeâtre très dense dont l'aspect rappelle celui du
velours et dont les éléments sont des poils stellés composés
d'un court pédicule supportant trois longues branches inégales
et aiguës, mais, quelquefois, elle porte, dans sa partie supé-
rieure, à la place de cet indument, un revêtement de petits
poils glanduleux simples, rougeâtres, visqueux et brièvement
pédiculés.
Paniculiforme ou très rarement subcorymbiforme, haute de
8 à 32 centimètres, large de 2.75 à 11 centimètres, l'inflo-
rescence, qui termine la tige, se compose de trois à douze
Déloeee primaires alternes, terminés chacun par une cyme
bipare, dense, régulière, pauciflore et une fois ramifiée.
Assez charnus, légèrement renflés au sommet, couverts,
tantôt d'une pubescence rougeñtre très dense dont l'aspect
rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils
stellés composés d’un court pédicule supportant trois longues
branches inégales et aiguës, tantôt d’un indument rougeâtre
et visqueux constitué par de petits poils glanduleux, simples,
brièvement pédiculés, les pédicelles sont longs de 4 à 10 milli-
mètres.
Longuement ovées, hautes de 2.80 millimètres et larges de
1 millimètre, les bractées ont leur plus grande largeur au-
dessus du milieu ; au-dessous de ce niveau, elles se rétrécissent
jusqu'à la base, ni élargie, ni rétrécie; au-dessus, elles
s'atténuent Jusqu'au sommet subaigu. Elles sont couvertes,
tantôt d’une pubescence rougeâtre très dense dont l'aspect
rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils
stellés composés d’un court pédicule supportant trois longues
branches inégales et aiguës, tantôt d’un indument rougeñtre
et visqueux constitué par de petits poils glanduleux, simples,
brièvement pédiculés.
Couvert extérieurement, tantôt d'une pubescence rougeâtre
très dense dont l'aspect rappelle celui du velours et dont les
éléments sont des poils stellés composés d’un court pédicule
supportant trois longues branches inégales et aiguës, tantôt
d'un indument rougeâtre et visqueux constitué par de petits
poils glanduleux simples et brièvement pédiculés, le calice se
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 105
compose d’un tube beaucoup plus bref que les segments, haut
de 0.40 à 0.80 millimètre, et de quatre segments appliqués
contre le tube corollin ou étalés ; deltoïdes ou linéaires-subdel-
toïdes, légèrement élargis à la base, un peu plus hauts que
larges, longs de 3.20 à 5.20 millimètres et larges de 2
à 3 millimètres, ces segments, qui ont des bords entiers,
sont atténués depuis la base Jusqu'au sommet plus où moins
obtus.
Plus longue que le calice, campanulée au moment de
l'anthèse, la corolle devient bientôt urcéolée ; elle a alors son
plus grand diamètre, non plus au sommet, mais au-dessous du
milieu ; au-dessous de ce niveau, elle se rétrécit peu à peu
jusqu'à la base ; au-dessus, elle s'atténue jusqu'à la base des
segments qui sont à peine récurvés. Elle est parfois recouverte
d'un indument composé exclusivement de poils glanduleux,
simples, rougeûtres, visqueux et brièvement pédiculés, mais
porte le plus souvent deux sortes de poils : les uns, dont le
nombre est à peu près constant sur toute la hauteur de la
corolle, sont rougeâtres, stellés, à court pédicule supportant
trois branches inégales et aiguës ; les autres, dont le nombre
va en augmentant depuis le sommet de la corolle jusqu'à sa
base où il atteint son maximum, sont simples, glanduleux,
rougeâtres, visqueux et brièvement pédiculés. D'une couleur
jaunâtre, plus long que les segments, haut de 10.50 à 12
millimètres, le tube de la corolle est orné, extérieurement, de
quatre côtes verticales peu saillantes, disposées en face des
filets oppositipétales. Colorés en violet, subsemiorbiculaires,
très obtus, ou subsemiorbiculaires-subdeltoides, obtus, les
segments, toujours plus larges que hauts, sont longs de
2.40 à 3.30 millimètres et larges de 4.10 à 5.40 millimètres.
L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles.
Le sommet des filets alternitipétales, insérés un peu au-
dessous du milieu du tube de la corolle, dépasse nettement ce
niveau, mais n'atteint pas la base des segments corollins ;
très longuement linéaires-subdeltoïdes, ces filets s'élargissent
insensiblement depuis le sommet jusqu'à une faible distance
de la base et, à partir de ce niveau, se dilatent plus rapide-
106 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
ment jusqu à la base ; leur partie soudée, qui fait très légère-
ment saillie à l'intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la
base de celui-ci, est haute de # à 5.70 millimètres ; leur partie
libre, longue de 3.25 à 3.80 millimètres, est large de 0.25 à
0.45 millimètres au milieu et de 0.80 à 1 millimètre à la base.
Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus haut
que les filets alternipétales, dépasse le milieu du tube de la
corolle et, parfois même, atteint la base des segments corollhins ;
très longuement linéaires-subdeltoïdes, ces filets s’élargissent
insensiblement depuis le sommet jusqu'à une très faible dis-
tance de la base et, à partir de ce niveau, s’élargissent plus
rapidement jusqu'à la base ; leur partie soudée est haute de
4.20 à 5.90 millimètres ; leur partie libre, longue de 3.70 à
6.10 millimètres, est large de 0.25 à 0.35 millimètre au
milieu et de 0.70 à 0.80 millimètre à la base. Un peu plus
larges que hautes, subréniformes, émarginées au sommet et
à la base, les anthères sont longues de ? millimètre et larges
de 1.25 millimètre.
Soudés entre eux sur près d’un tiers de leur longueur totale,
les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; oblongs,
rétrécis dans leur partie inférieure jusqu'à la base, ils
s'atténuent, dans leur partie supérieure, en styles assez grèles,
plus brefs qu'eux et terminés par des stigmates légèrement
dilatés ; leur partie soudée est haute de 1.60 à 3 millimètres ;
leur partie libre, longue de 5.20 à 7 millimètres, est large
de 2.20 à 3.10 millimètres ; les styles sont hauts de 1.40 à
2.40 millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui
portent des ovules sur toute leur longueur, sont constitués
par deux cordons grêles subverticaux et presque parallèles,
quoiqu'un peu incurvés en dedans, à chacun des deux bords
internes des carpelles.
Un peu plus larges que hautes, subquadrangulaires non
élargies à la base, ou subtrapéziformes-subsemiorbiculaires
élargies à la base, émarginées ou parfois obtuses au sommet,
les écailles sont longues de 0.85 à 1.20 millimètre et larges
de 1.10 à 1.40 millimètre.
Un peu plus de deux fois plus hautes que larges, obovées,
CONTRIBUTION À L' ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 407
légèrement arquées, obtuses au sommet et à la base, les
graines, dont le nombre varie de 30 à 40 dans chaque follicule,
sont longues de 1.70 à 2 millimètres et larges de 0.65 à
0.85 millimètre. Leur test couvert de rides longitudinales
nombreuses et peu saillantes s'applique exactement sur
l’amande.
En septembre 1911, M. Perrier de la Bâthie a récolté de
beaux échantillons de cette espèce, à une altitude d'environ
800 mètres, sur les gneiss dénudés situés entre la Menamaty
et le Zamandao, dans le Bassin du Mangoky.
Kalanchoe prolifera Raymond-Hamet, Monogr. du g.
Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIII, p. 19-20
(1908).
Le Kalanchoe prolifera est une plante glabre et vivace.
Verte, mais maculée de nombreuses taches blanches,
quadrangulaire sauf dans sa partie inférieure où elle est
cylindrique, haute de 0.80 à 1.50 mètre, érigée mais sou-
vent couchée dans sa région basilaire, la tige ne se ramifie
point, mais émet à la base des rejets stériles qui fleuriront
ultérieurement.
Les tiges portent des feuilles sur toute leur longueur, sauf
à la base où elles sont généralement dénudées au inoment de
la floraison. Opposées, décussées, pétiolées, vertes mais
rougeâtres pendant la saison sèche, les feuilles, assez dis-
tantes les unes des autres, sont assez régulièrement espacées.
Charnu, haut de 6 à 12 centimètres et large de 4 à 7.50 mil-
limètres au milieu, subcylindrique mais caréné sur sa face
inférieure et canaliculé sur sa face supérieure, le pétiole, qui
s'élargit à la base en une sorte de plate-forme large de 14 à
20 millimètres subsemicirculaire et! amplexicaule, se continue
par le rachis qui n'en diffère aucunement, mais qui porte sur
ses côtés quatre à six folioles opposées deux par deux et qui
se termine par un groupe de trois folioles, l'une terminale,
les deux autres latérales et opposées. Sessiles, inéquilatères,
étroitement oblongues, obtuses au sommet, longues de 7 à
15 centimètres et larges de 1.50 à 5 centimètres, les folioles
108 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
latérales, dont les bords sont garnis de larges crénelures
obtuses, séparées par d'’étroits sinus anguleux, s’insèrent
directement sur le rachis ; celui de leurs côtés qui est tourné
vers les trois folioles terminales forme, à la jonction de sa
base et du rachis, un large sinus arrondi ; par contre, celui de
leurs côtés qui regarde le pétiole forme à sa base une large
oreillette arrondie, d'autant plus décurrente sur le rachis que
la foliole qui la porte est plus proche du sommet de la feuille.
Quant aux trois folioles supérieures, elles ne diffèrent presque
point des folioles latérales, mais sont si rapprochées que la
foliole terminale semble plutôt former la division médiane
d'une foliole supérieure trifoliolée, que s’insérer, elle-même,
sur le rachis commun.
Paniculiforme, haute de #0 à 80 centimètres, large de 20 à
40 centimètres, l'inflorescence, qui termine la tige, se compose
d'un petit nombre de pédoncules latéraux, opposés deux par
deux et émettant latéralement quelques pédoncules secon-
daires également opposés deux par deux et, comme ceux-ci,
terminés par des cymes bipares pauciflores et peu rami-
fiées. Les fleurs avortent souvent et l'on voit se développer
à leur place de petits pseudo-bulbilles analogues à ceux que
nous avons signalés chez le À. miniata.
Grêles, hauts de 8 à 15 millimètres, non dilatés au sommet,
couverts de papilles subconiques, mais obtusiuscules au
sommet, les pédicelles supportent des fleurs pendantes.
Quadrangulaire, subcampanulé, couvert en dedans et en
dehors de papilles subconiques, mais obtusiuscules au
sommet, le calice se compose d'un tube plus haut que les
segments, long de 15 à 16 millimètres, et de quatre segments
non appliqués contre le tube de la corolle ; largement sub-
semiorbiculaires, plus larges que hauts, longs de 3.25 à
k millimètres et larges de 5.50 à 7.70 millimètres, les seg-
ments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grande
largeur à la base et, à partir de ce niveau, se rétrécissent
assez rapidement jusqu'au sommet anguleux et brusquement
acuminé.
Un peu plus longue que le calice, cylindrique mais nette-
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 109
ment quadrangulaire dans sa partie inférieure, la corolle est
nettement étranglée au-dessous du milieu ; au-dessous de cet
étranglement, elle se dilate peu à peu, puis se rétrécit jusqu'à
une très faible distance de la base, et, enfin, à partir de ce
niveau, conserve un diamètre presque identique jusqu'à la
base elle-même, formant ainsi une sorte de tube large et
court qui lui donne une apparence stipitée; au-dessus de
l'étranglement, elle se dilate peu à peu jusqu'à la jonction du
tiers médian et du tiers supérieur, puis, à partir de ce niveau,
se rétrécit lentement jusqu'à la base des segments dressés-
récurvés. Plus long que les segments, le tube, qui porte,
dans sa partie inférieure, quatre côtes assez saillantes situées
en face des filets oppositipétales, est haut de 18 à 24 muilhi-
mètres. Très largement subovés, un peu plus larges que
hauts, longs de 2.75 à 3.30 millimètres et larges de 3 à
4 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers, ont
leur plus grand diamètre au-dessous du milieu ; au-dessous
de ce niveau, ils se rétrécissent jusqu'à la base; au-dessus,
ils s'atténuent peu à peu jusqu’au sommet arrondi et brus-
quement subacuminé.
L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles.
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du
milieu du tube de la corolle, dépasse le sommet des segments
corollins ; très longuement linéaires, ces filets, dont la partie
soudée fait légèrement saillie à l'intérieur du tube de la
corolle et jusqu'à la base de celui-ci, conservent un diamètre
presque identique depuis le sommet jusqu'à une faible dis-
tante de la base, où ils s’élargissent très légèrement ; leur
partie soudée est haute de 5.50 à 8.60 millimètres ; leur
partie libre, longue de 16.50 à 20.50 millimètres, est large
de 0.55 millimètre. Le sommet des filets oppositipétales,
insérés un peu plus bas que les filets alternipétales, dépasse
un peu le sommet de ces derniers ; grêles, très longuement
linéaires, ces filets conservent un diamètre presque identique
jusqu’à une faible distance de la base où ils s'élargissent un
peu ; leur partie soudée est haute de 4.25 à 7.20 millimètres ;
leur partie libre, longue de 18 à 26 millimètres, est large de
110 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
0.60 à 0.90 millimètre. Un peu plus hautes que larges,
ovées, obtuses au sommet et émarginées à la base, les
anthères sont longues de 2 à 2.60 millimètres et larges de
1.30 à 1.45 millimètre.
Soudés entre eux sur un quart environ de leur longueur
totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ;
ovés, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s'atténuent, dans
leur partie supérieure, en styles grêles, plus longs qu'eux et
terminés par des stigmates à peine dilatés ; leur partie soudée
est haute de 2 millimètres; leur partie libre, longue de 5
à 6.20 nullimètres, est large de 3 millimètres ; les styles sont
hauts de 17 à 20 millimètres. Dans chaque carpelle, les pla-
centes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont
constitués par deux cordons grèles, subverticaux et presque
parallèles, quoique très légèrement incurvés en dedans, à
chacun des deux bords internes des carpelles.
Un peu plus larges que hautes, subtrapéziformes-subsemi-
orbiculaires, légèrement dilatées à la base, largement et peu
profondément émarginées au sommet, les écailles sont
longues de 1.30 à 1.60 millimètre et larges de 2 à 2.40 mil-
limètres.
Cette plante a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie sur
les rocailles basaltiques et humides de l’Analamahitso, à une
altitude d'environ 800 mètres.
Obs. — C'est Bowie! qui, sous le nom de Bryophyllum
proliferum, décrivit pour la première fois, d'après un spécimen
cultivé au Jardin de Kew et qu'il crut originaire de l'Afrique
australe, la plante dont nous venons de donner les caractères.
Mais, en 1883, Baker ayant étudié deux Crassulacées récoltées
par le Révérend Baron dans la région centrale de Madagasear
et distribuées par ce collecteur sous les n° 1270 et 1465, les
considéra ? comme identiques au Bryophyllum proliferum et
1. Bowie ms. ex Botanical Magazine, tab. 5147.
2. J. G. Baker, Contrib. to the F1. of Madagascar, in The Journ. of the
Linn, Soc., Bot.,t. XX, p. 139 (1883).
CONTRIBUTION A L ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALAGCHES 111
infirma ainsi l'hypothèse émise par Bowie sur l'origine géo-
graphique de cette espèce.
Un long séjour à Kew ayant permis à l'un de nous de com-
parer ces spécimens avec l'échantillon original du Br. proli-
ferum, il a pu constater, tout d'abord, que la plante, distribuée
-par Baron sous le n° 1465 possédait des folioles nettement
pétiolées et ne pouvait, par conséquent, être confondue avec
le Br. proliferum, mais qu'elle ne portait aucune fleur et ne
pouvait ainsi être déterminée avec certitude. Il à constaté,
ensuite, que le spécimen récolté par Baron sous le n° 1270
différait un peu de l'échantillon authentique du Br. proliferum
par ses sépales proportionnellement plus larges, mais que
cette différence était sans intérêt parce que les fleurs du
premier étaient pleinement épanouies, tandis que celles du
second n'étaient encore qu'en boutons.
Quant aux échantillons récoltés par l’un de nous, ils ne
diffèrent aucunement de celui qu'a recueilli Baron et, comme
lui, appartiennent à l'espèce qui, par suite de la réunion! du
genre Bryophyllum au genre Kalanchoe, doit être désignée
sous le nom de Xalanchoe prolifera.
Kalanchoe rubella Raymond-Hamet, nom. nov.
Le Xalanchoe rubella est une plante glabre et vivace, dont
la tige colorée en vert brunâtre et maculée de taches blan-
châtres, porte, sur toute sa longueur, des feuilles opposées,
décussées, assez distantes les unes des autres.
Les feuilles inférieures, presque toujours détruites au
moment de la floraison, sont simples et pétiolées ; assez grèle,
subcylindrique mais légèrement canaliculé sur sa face supé-
rieure, le pétiole s'élargit, à la base, en une sorte de plate-
forme subsemicirculaire et amplexicaule ; ové, subobtus au
sommet, coloré en blanc argenté mais parcouru par des ner-
vures d'un beau vert sombre, le limbe est bordé de larges
crénelures obtuses et arrondies séparées par des sinus étroits
1. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier,
sér, 2,t. VII, p. 871-872 (1907).
112 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
et anguleux. Les feuilles médianes et supérieures sont 3-, 5-,
1-, et même 9-foliolées ; haute de 6 à 12 centimètres, large de
2.50 à 5 centimètres, presque identique au limbe des feuilles
simples mais un peu plus étroite que celui-ci, la foliole ter-
minale est supportée par un grêle pétiolule haut de 12 à
15 millimètres et large de 1.25 à 2 millimètres ; oppo-
4 à 12 centimètres et
sées deux par deux, hautes de
larges de 1.80 à 3 centimètres, toujours obtuses au som-
met, colorées en vert sombre, mais maculées de taches
blanches, les folioles latérales, qui ont des bords garnis de
larges crénelures arrondies séparées par d'étroits sinus angu-
leux, sont supportées, à la base, par un bref pétiolule grêle
haut de 2 à 8 millimètres et large de 1 à 2.25 millimètres ;
assez largement ovées sur les ‘feuilles de petite taille, elles
deviennent d'autant plus étroites que la feuille qui les sup-
porte est plus amplement développée et arrivent ainsi, sur les
plus grandes feuilles, à affecter une forme si longuement et
si étroitement ovée qu'on les croirait presque sublinéaires ;
quant au pétiole assez grêle, subcylindrique mais légèrement
canaliculé sur sa face supérieure, il s’élargit, à la base, en une
sorte de plate-forme subsemicireulaire et amplexicaule large
de 5 à 6 millimètres.
L'inflorescence paniculiforme, qui termine la tige, se com-
pose de pédoncules latéraux portant un petit nombre de
pédoncules secondaires opposés deux par deux et terminés
par des cymes bipares simples, très pauciflores et très lâches.
Grêles, non dilatés au sommet, les pédicelles sont longs de
12 à 23 millimètres.
Longuement oblongues-sublinéaires, subaiguës au sommet,
légèrement contractées à la base en un large pseudo-pétiole à
peine distinct du limbe, les bractées, dont les bords sont
entiers, sont larges de 3.20 à 7.40 millimètres et larges de
0.60 à 1 millimètre.
Le calice, subcampanulé, se compose d'un tube plus haut
que les segments, long de 14à 16 millimètres, et de quatre
segments non appliqués contre le tube de la corolle; deltoïdes,
un peu plus larges que hauts, longs de 6.20 à 7.40 milli-
+170
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 113
mètres et larges de 7.20 à 8.50 millimètres, les segments,
dont les bords sont entiers, se rétrécissent peu à peu depuis
la base jusqu'au sommet aigu et acuminé.
Un peu plus longue que le calice, la corolle est nettement
étranglée au-dessous du milieu; au-dessous de cet étrangle-
ment, elle se dilate peu à peu, puis se rétrécit jusqu'à une
très faible distance de la base, et enfin, à partir de ce niveau,
conserve un diamètre presque identique jusqu’à la base elle-
même, formant ainsi une sorte de tube large et court qui lui
donne une apparence stipitée; au-dessus de l’étranglement,
elle se dilate peu à peu jusqu'à la jonction du tiers médian et
du tiers supérieur, puis, à partir de ce niveau, se rétrécit len-
tement jusqu’à la base des segments dressés-récurvés. Plus
long que les segments, le tube est haut de 22,50 à 23 milli-
mètres. Subsemiorbiculaires-subsemioblongs, un peu plus
larges que hauts, long de 5 à 5.70 millimètres et larges de
5.40 à 5.80 millimètres, les segments, dont les bords sont
entiers dans leur moitié inférieure et nettement rongés dans
leur moitié supérieure, ont leur plus grand diamètre à la
base ; au-dessus de ce niveau, ils s’atténuent presque insen-
siblement jusqu’au milieu, puis, à partir de ce niveau, se
rétrécissent assez rapidement jusqu'au sommet anguleux et
brusquement subacuminé.
L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles.
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du
. milieu du tube de la corolle, dépasse un peu la base des seg-
ments corollins sans atteindreleur milieu ; grêles, très longue-
ment et très étroitement linéaires, ces filets, dont la partie
soudée fait légèrement saillie à l'intérieur du tube de la
corolle et jusqu’à la base de celui-ci, conservent un diamètre
presque identique depuis le sommet jusqu’à la buse, qui n'est,
elle-même, ni élargie, ni rétrécie: leur partie soudée est
haute de 4.80 à 5.70 millimètres; leur partie libre, longue
de 18.50 à 19.50 millimètres, est large de 0.55 à 0.60 mil-
limètre. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu
plus bas que les filets alternipétales, dépasse légèrement le
sommet de ces derniers et tantôt n'atteint pas le milieu des
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol, 1915, 8
114 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE
segments corollins, tantôt le dépasse un peu; grêles, très
longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre
presque identique depuis le sommet jusqu à la base qui n’est,
elle-même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est
haute de 3.80 à 4.20 millimètres ; leur partie libre, longue
de 20 à 22 millimètres, est large de 0.55 à 0.65 mill-
mètre. Un peu plus hautes que larges, ovées, obtuses au
sommet et émarginées à la base, les anthères sont longues de
2.50 à 2.70 millimètres et larges de 1.85 à 2.20 mulh-
mètres.
Soudés entre eux sur un quart environ de leur longueur
totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres;
ovés, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s’atténuent, dans
leur partie supérieure, en styles grêles, plus longs qu'eux et
terminés par des stigmates à peine dilatés ; leur partie soudée
est haute de 4.10 à 1.20 millimètre; leur partie libre, de
3.10 à 4.50 millimètres ; les styles sont longs de 15 à 17.75
millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent
des ovules sur toute leur longueur, sont constitués par deux
cordons grêles verticaux et presque parallèles, quoique très
légèrement incurvés en dedans, à chacun des deux bords.
internes des carpelles.
Environ trois fois plus hautes que larges, suboblongues-
sublinéaires, longues de 2.30 à 2.60 millimètres et larges
de 0.70 à 0.80 millimètre, les écailles ont leur plus grande
largeur vers le milieu et, à partir de ce niveau, se rétrécissent,
d'une part vers le sommet émarginé, d'autre part vers la base
ni élargie, ni rétrécie.
Cette plante a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie dans
le bassin de l'Ankisompobe.
Obs. Quoique, lors de la rédaction de sa monographie du
genre Xalanchoe, lun de nous n'ait connu le Bryophyllum
rubellum que par sa diagnose originale !, il avait cru pouvoir
1. J. G. Baker, Furth. Contrib. to the FI. of Madagascar, in Journ,
of the Linn. Soc., Bot., t. XXV, p. 314 (1890).
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 115
indiquer ! que cette espèce était probablement identique au
Bryophyllum proliferum. Fort heureusement ayant pu, depuis
lors, étudier, non seulement les échantillons authentiques de
ces deux espèces, mais encore les spécimens récoltés par
Baron et Perrier de la Bâthie qui doivent être rapportés à
ces deux Crassulacées, 1l a pu acquérir sur cette question une
opinion mieux fondée. Certes, la comparaison des échan-
üllons authentiques de ces deux plantes eût dû suflire à baser
sa conviction, mais cette comparaison était fort diflicile. En
effet, on sait déjà que, le spécimen original du Br. proliferum
ne portant que des boutons, nous avons dû, pour rédiger une
description complète de cette plante, faire appel aux spéci-
mens de cette espèce qu'ont récoltés Baron et Perrier de la
Bâthie. D'autre part, l'échantillon authentique du Br.
rubellum étant extrêmement incomplet, il eût été presque
impossible, sans les spécimens récoltés par M. Perrier de
la Bâthie, de décrire tous les caractères de cette intéressante
Crassulacée. On pourrait, il est vrai, nous objecter que ces
spécimens sont peut-être distincts de léchantillon authen-
tique, mais il suflirait, pour réfuter cette assertion, de faire
remarquer qu'ils sont absolument identiques à ce dernier,
non seulement au point de vue de la forme des différents
organes, mails même
ainsi que l’établit le tableau suivant
(voir page 116) — sous le rapport de leurs dimensions :
L'identité des échantillons récoltés par M. Perrier de la
Bâthie et des spécimens originaux des Br. proliferum el
Br. rubellum étant ainsi démontrée, nous disposions d'un
matériel suflisant pour constater que le Br. rubellum
diffère du Pr. proliferum: 1° par les feuilles à folioles
pétiolées, non point sessiles et décurrentes sur le rachis;
2° par les sépales deltoides, et non subsemiorbiculaires :
3° par les pétales subsemiorbiculaires-subsemioblongs à bords
rongés, non point largement subovés à bords entiers ; 4° par
les écailles suboblongues-sublinéaires près de trois fois plus
1. Raymond-Hamet, Monogr. du g Kalanchoe, in Bull. Ib. Boissier,
sér. 2,t. VIII, p. 20 (1908).
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_laires, plus larges que hautes.
hautes que larges, et non subtrapéziformes-subsemiorbicu-
Le Br. rubellum doit donc être considéré comme une espèce
distincte du Br. proliferum, espèce qui, par suite de la réu-
nion! du genre Bryophyllum au genre Kalanchoe, devra
porter le nom de Kalanchoe rubella.
1. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier,
_ sér. 2,t. VII, p. 871-872 (1907).
2
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
DES CRASSULACÉES RÉCOLTÉES
Par M. PERRIER DE LA Barure
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» nummulariæfolia Baker ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér.
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Kalanchoe Aliciæ Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3
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» beharensis Drake del Castillo: Ann. Mus. Col.
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120
RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA PBATHIE
Kalanchoe Grandidieri Baillon; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3, t, I,
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»
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Guignardi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann.
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Heckeli Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus.
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Hildebrandtii Baillon; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, ‘3,
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integrifolia Baker ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT,
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Jongmansi Raymond-Hamet & Perrier de la Bäthie; Ann.
Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 195-199.
Jueli Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus.
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lanceolata Persoon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. [,
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linearifolia Drake del Castillo; Ann. Mus. Col. Marseille,
sér. 3, t. Il, p. 170-173.
Mangini Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Sc.
Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 370-373.
Milloti Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Sc.
Nat., Bot., sér. 9,t. XVI, p. 374-376.
miniata Hilsembach & Bojer; Ann. Mus, Col. Marseille,
sér. 3, t. III, p. 80.
parviflora Baïllon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3,t, II,
p. 179-182.
peltata Baillon ;? Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT,
p. 176-179.
pinnata Persoon, var. genuina Raymond-Hamet; Ann. Mus.
Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 84.
» » var. brevicalyx Raymond-Hamet & Perrier
de la Bâthie; Ann. Mus. Col. Marseille,
sér. 3, t. IT, p. 88.
Poincarei Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Bull.
Géogr. Bot., t. XXIIT, p. 148-151.
porphyrocalyx Baïllon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3,
t’ TTL, pp. 90°
prolifera Raymond-Hamet ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3,
HILL, p: 2407:
Rolandi-Bonapartei Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ;
Ann. Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 361-363.
Rosei Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus.
Col. Marseille, sér, 3, t. II, p. 132-135.
rubella Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3,
t. LD: 411:
à
Li
À :
;
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 121
Kalanchoe Stapfi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus.
»
Col. Marseille, sér. 3, t. III, p. 68.
streptantha Baker ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t, H,
p. 139-143.
synsepala Baker; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT,
p. 153-156.
Tieghemi Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille,
sér.3, t. II, p. 143-145.
tomentosa Baker; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT,
p. 102.
tubiflora Raymond-Hamet ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3,
t. IT, p. 125-128.
Viguieri Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus.
Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 187-189,
» » var, genuina Raymond-Hamet & Perrier
dela Bâthie ; Ann, Mus. Col, Marseille,
sén> 3,6. Il p..189-190:
» » var, latisepala Raymond-Hamet & Perrier
de la Bâthie ; Ann. Mus. Col. Marseille,
sér, 3, t. II, p. 190-192.
Waldheimi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann,
Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. III, p. 71.
SUR QUELQUES KALANCHOE
DE LA FLORE MALGACHE
Par M. RAYMOND-HAMET,
I. Bryophyllum crenatum Baker, Kalanchoe laxiflora
Baker, Kalanchoe Tieghemi Raymond-Hamet et Kalanchoe
crenata Raymond-FHamet.
C'est en 1883 que Baker ! créa, pour quelques échantillons
récoltés à Madagascar par Lyall (n° 38) et par Baron (n° 608,
956, 1121 et 1411), le binôme nouveau de Bryophyllum cre-
nalum qu'il caractérisa comme suit : « Perennis, erecta, glabra,
foliis oppositis oblongis conspicue crenatis, inferioribus majo-
ribus crenalis superioribus sensim minoribus cymis pauciflo-
ris laxifloris terminalibus, calyce oblongo inflato dentibus del-
loideis corollae tubo ampullaeformi quam calyx paulo lon-
giore limbi segmentis parvis rubris orbiculari-cunealis,
slaminibus supra medium corollae tubi insertis antheris minu-
lis, stylo ovaria aequilongo vel paulo longiore. — À glabrous
succulent perennial, with slender terete stems 2-3 feel
long, erect or decumbent towards the base. Leaves distant,
opposite, oblong, green, fleshy, deeply crenate, obtuse, the
lower 2-3 in. long, with a petiole 1 1} long, the upper
growing gradually smaller and more remote. Flowers in a lax
terminal compound corymbose cyme, on slender erect pedi-
1.J. G. Baker, Contribut. to the F1. of Madagascar, in the Journ. of
the Linn. Soc., Bot., t. XX, p. 139 (1883).
ne
==
RAYMOND-HAMET
cels 441 in. long. Calyx oblong, inflated, membranous,
reddish !-? in. long, in. diam. with # deltoid segments about
a third as long as the tube. Corolla with an ampulliform tube
rather longer than the calyx and # orbicular deltoid crimson
segments lin. long and broad. Filaments ? in. long, inserted
above the middle of the corolla tube: anthers minute, orbi-
cular. Fruit-carpels with narrowly ampulliform contiguous
ovaries + in. long and slender styles about in. long ».
Quatre ans plus tard, Baker ! donnait le nom de Xalanchoe
lariflora à une Crassulacée malgaché récoltée par Baron et
conservée dans l’herbier de Kew sousle n° 4306, Crassulacée
à laquelle il attribuait les caractères suivants : «. Perennis
glabra, foliis oblongis, obtusis carnosis crenatis caule elon-
galo, floribus in paniculam laxam corymbhosam dispositis,
panicula ramis primarüs elongatis ascendentibus pedicellis
flexuosis elongatis cernuis, calyce laro membranaceo rubello
tu bo campanulato dentibus deltoideis corollæ luteae tubo medio
constricto, segmentis parvis ovalis, stylis elongatis. — À peren-
nial, glabrous in all its parts, with flovering-stems 2-3
feet long. Petiole slender, an inch long; blade 15-2 in.
long, conspicuously crenate. Panicle a foot long, with 3 main
branches, each several times dichotomously forked; pedicels
very slender,!-?in. long. Calyx £ in. long. Corolla pale
yellow, twice as long as the calyx, ampullaeform at the base
and the tube dilated again above the middle ; segments as
broad as long. Stamens as long as the corolla tube. Styles? in.
long. »
Si l’on s’en tient à la comparaison des descriptions que je
viens de transcrire, les caractères différentiels du Bryophyl-
lum crenatum et du Kalanchoe laviflora seraient les suivants:
4. J. G. Baker, Contrib. to the F1. of Madagascar, in Journ. of the
Linn. Soc., Bot.,t. XXII, p. 473 (1887).
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 125
Bryophyllum crenatum. Kalanchoe laxiflora.
Cymis paucifloris (compound Floribus in paniculam corymbo-
corymbose cyme), sam, panicula ramis primariis
elongatis ascendentibus (panicle a
foot long, with 3 main branches,
each several times dichotomously
forked).
Calyce tubo campanulato, Calyce oblongo,
5-+ in. Sin.
Corollae tubo ampullaeformi ; Corollae tubo medio constricto
Campullaeform at the base and the
tube dilated again above the
middle)
tubo quam calyx paulo longiore ; Corolla twice as long as the
calyx
segmentis rubris Corollae luteae
obiculari-cuneatis. segmentis ovalis.
Styles about ? in. long Styles + in. long.
Lors de la rédaction de ma monographie du genre Xalan-
choe, je m'étais rendu compte de l’insigmifiance systématique
de ces caractères différentiels; mais, n'ayant pu obtenir com-
munication de l'échantillon authentique du Xalanchoe laxi-
flora, je n'avais point osé réunir cette espèce au Bryophyllum
crenatum et avais été contraint de le ranger parmi les Species
non salis notae |.
D'autre part, m'étant convaincu de l'impossibilité de consi-
dérer le genre Bryophyllum autrement que comme une sec-
tion du genre Xalanchoe, j'avais transporté, dans ce dernier
genre, le Bryophyllum crenatum, d'abord sous le nom de
Kalanchoe Tieghemi Raymond-Hamet?, puis sous celui de
Kalanchoe crenata Raymond-Hamet*®. Mais l'étude de nou-
veaux matériaux m'ayant contraint de reconnaitre, au Malan-
4. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier,
sér. 2, t. VIII, p, 40 (1908).
2. Raymond-Hamet, loco cil., L. VIT, p. 876, 878 et 881 (1907).
3. Raymond-Hamet, loco cit., t, VII, p. 19 (1908).
126 RAYMOND-HAMET
choe crenata d'Haworth, l'autonomie spécifique que je lui
avais déniée dans ma monographie, je dus, dans un récent
mémoire !, restituer à la plante de Baker le binôme que je lui
avais primitivement imposé.
Quelques années auparavant, la Direction de l'herbier de
Kew m'ayant fait parvenir un dessin exécuté, par M. Smith,
d'après l'échantillon authentique du ÆXalanchoe laxiflora,
javais signalé? la similitude probable de cette espèce et
du Xalanchoe crenata R. H.. Mais c'est seulement au cours de
l'an dernier que l'étude des spécimens originaux du Æalan-
choe laxiflora et du Bryophyllum crenatum me convainquit
de l'identité de ces deux plantes.
En effet, parmi les caractères que la comparaison des diag-
noses originales permettrait de considérer comme différentiels
de ces deux Crassulacées, la couleur de la corolle, rouge dans
le Bryophyllum crenalum, jaune dans le Xalanchoe laxiflora,
et la forme des pétales, orbiculaire-cunéiforme dans le
premier, ovée dans le second, pourraient seuls être prises en
considération ; mais l'étude des spécimens authentiques m'a
permis de constater que ces prétendues différences n'’exis-
tient que dans les descriptions. Cette étude m'a permis en
outre de me convaincre de l'identité du Bryophyllum crena-
tum et du KXalanchoe laxiflora, non seulement au point de
vue de la forme des organes, mais même à celui de leurs
dimensions. Ces deux espèces doivent done être réunies en
une seule qui portera le nom de Xalanchoe lariflora. En effet,
s'il est exact que le nom le plus ancien qui ait été attribué à
cette espèce soit celui de Bryophyllum crenatum, 11 est évident
qu'on ne peut, dans le transfert reconnu obligatoire de cette
plante dans le genre Xalanchoe, lui conserver son épithète spéci-
fique princeps, puisqu'il existe déjà un Xalanchoe crenata créé
valablement par Haworth. Quant au nom de Xalanchoe Tieq-
{. Raymond-Hamet (en collaboration avec Perrier de la Bäthie), Nouv.
Contrib. à l'étude des Crassulacées malgaches, in Ann. du Mus. Colon.
de Marseille, sér. 3, t. II, p. 31-33 (1914).
2. Raymond-Hamet, Sur quelques Kalanchoe peu connus, in Bull. Soc.
bot. France, t. LVII, p. 24 (1910),
ae
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 127
hemi, il est postérieur à celui de Xalanchoe lariflora et doit
donc s'’effacer devant lui depuis la constatation de l'identité
de ce dernier et du Bryophyllum crenatum.
II. Kalanchoe orgyalis Baker et Kalanchoe antanosiana
Drake del Castillo.
Sous le nom nouveau de ÆXalanchoe orgyalis, Baker a
décrit !, en 1882, deux échantillons récoltés par Baron dans
la région de Betsiléo et conservés dans l’herbier de Kew sous
les n% 105 et 279, échantillons auxquels il a attribué les
caractères suivants : « An erect glabrous succulent perennial,
with stems 6-7 feet long. Lower leaves oblong-spathulate,
entire, 3-5 in. long. Flowers in dense corymbose cymes:
bracts minute ; pedicels as long or shorter than the flowers.
Sepals #, deltoid, glabrous! in. long, connate only at the very
base. Corolla vellow, urceolate, lin. long, with four sprea-
ding deltoid cuspidate segments not morethan ? as long as the
ovoid tube, which is 5-7 in. diam. Stamens 8, inserted
biseriately near the throat of the corolla-tube; filaments very
short : anthers minute, ovate. Fruit-carpels #, ? in. diam., as
long as the corolla, narrowed gradually into the short
styles. »
En 1903, Drake del Castillo?, ayant étudié un intéressant
Kalanchoe récolté dans le Sud de Madagascar par M. G.
Grandidier, le considérait comme une espèce nouvelle que,
sous le nom de Xalanchoe antanosiana, 11 décrivait ainsi
« Sulfrutex (?) foliis oratis (0 m. 010 >< 0 m. 009) vix acutis
basi in petrolum brevem constrictis. Panicula ampla (pedalis
etultra), laxa, ramis ascendentibus, ramulis brevibus puberulis,
podicellis longiusculis (ad. 1 centim.) ad apicem ramulorum
subconfertis. Calyx campanulatus, lobis deltoideis reflexis.
1. J. G. Baker, Contrib. to the F1. of Madagascar, in Trimen's Journ.
of Bot., N. sér., t. XI, p. 110 (1882).
2. Drake del Castillo, Note s. les pl. rec. par M. G. Grandidier dans
le S. de Madagascar, in Bull. Mus, Iisl, natur. de Paris, p. #1 (1903.
128 RAYMOND-HAMET
Corolla urceolata (8-10 millim.) extus superne puberula. Car-
pella conniventia. »
À ne considérer que les descriptions originales que je viens
de transerire, le Xalanchoe antanosiana devrait être considéré
comme une espèce distincte du Xalanchoe orgyalis, puisqu'il
posséderait des feuilles toutes « ovatis! », et non « lower
leaves oblong-spathulate », des fleurs disposées en « pami-
cula ampla (pedalis et ultra), laxa, ramis ascendentibus ramu-
lis brevibus puberulis, pedicellis ? longiusculis (ad. 1 centim.)
ad apicem ramulorum subconfertis » et non point « in dense
corymbose cymas ». De plus, alors que le Xalanchoe orqyalis
serait complètement glabre, le Xaianchoe antanosiana aurait
des « ramulis.. puberulis » et une corolle « extus superne
puberula ».
Ces caractères n'ont point, il est vrai, une extrême impor-
tance, mais ils présentent cependant une valeur systématique
suffisante pour autoriser la distinction spécifique des Æalan-
choe antanosiana et K. orgyalis. C’est pourquoi, ayant eu à
ma disposition, lors de la rédaction de ma monographie du
genre Kalanchoe, non point les échantillons authentiques du
K. orgyalis, mais seulement quelques fragments incomplets de
ces spécimens, je n'avais point osé m’autoriser de la compa-
raison de ce matériel rudimentaire avec l'original du Æ.
antanosiana, pour réunir cette espèce au À. orgyalis, et, provi-
soirement du moins, j'avais tenu pour distinctes ces deux
Crassulacées.
Certes, cette distinction était basée principalement, ainsi
que le prouve mon tableau analytique”, sur la forme des
feuilles que je n'avais pu malheureusement vérifier que dans
une seule des deux prétendues espèces, mais elle reposait
aussi sur quelques caractères différentiels de très minime
valeur, il est vrai, mais qui, par suite de la défection de celui
que Drake del Castillo avait cru pouvoir tirer de l'inflores-
1. Le texte porte : oratis.
2. Le texte porte : podicellis.
3. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Herb. Boissier,
sér. 2, t. VII, p. 880 (1907).
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 129
cence et que l'examen des échantillons m'avait fait rejeter,
me paraissaient fort utiles pour consolider une séparation que
seule la pauvreté du matériel mis à ma disposition m'avait
contraint d'admettre et de justifier. C'est ainsi que, si l'inflo-
rescence m'avait paru « corymbiformis » aussi bien dans le
K. antanosiana que dans le À. orgyalis, J'avais cru pouvoir
attribuer au premier! : des pédicelles « quam corollae tubus
breviores », une corolle « segmentis late ovato-orbiculatis,
leviter mucronatis », des anthères « superiores corollae seg-
mentorum basim attingentes », des carpelles « ovato-lanceo-
lata » ; au second? : des pédicelles « quam corollae tubus lon-
giores », une corolle « segmentis ovato-suborbicularibus,
abrupte cuspidatis », des anthères « superiores corollae seg-
mentorum medium attingentes », des carpelles « oblonga ».
Fort heureusement un séjour en Angleterre mayant per-
mis d'étudier les échantillons authentiques du ÆXalanchoe
orgyalis, je puis reviser aujourd’hui mon assertion première et
discuter, en pleine connaissance de cause, la création propo-
sée par Drake del Castillo. Ces échantillons, qui sont au
nombre de deux et qui, comme Je l'ai déjà dit plus haut, ont
été récoltés l’un et l’autre dans la province de Betsiléo par le
Révérend Baron, sont conservés dans les collections bota-
niques des jardins de Kew sousles n°105 et 249. Ils sont
tous deux dépourvus de feuilles, mais le n° 105 porte une
étiquette où le collecteur supplée à cette absence en attri-
buant à la plante « leaves opposite spoon-shaped 3-5 in.
long ». C'est par une interprétation abusive et erronée que
Baker a, dans sa description, transcrit cette mention par
« Lower leaves oblong-spathulate », car le mot « spoon-
shaped », qui est l'équivalent de notre mot « trulliforme », ne
peut nullement être pris dans l'acception de « oblong-spa-
thulate », mais doit être considéré comme synonyme d'ové ou
d'ové-oblong. Le caractère différentiel primordial des A.
orgyalis et À. antanosiana disparait donc, et seuls demeurent,
{, Raymond-Hamet, loco cilalo, p. 891 (1907).
2. Raymond-Hamet, loco citalo, p. 890 et 891 (1907).
Annales du Musée colonial de Marseille. 3° série, 3° vol, 1915. 9
L AN "TE A
130 RAYMOND-HAMET
pour distinguer ces deux espèces, les caractères secondaires
que j ai indiqués dans ma monographie. Ces caractères sont-
ils bien constants et l'étude des échantillons originaux aboutit-
elle à confirmer ou à infirmer leur existence ? C'est ce que je
vais maintenant examiner.
Un problème se pose tout d'abord : L'inflorescence est-elle
corymbiforme dans le Æ, orgyalis et paniculiforme dans le X.
antanosiana, ainsi que l'affirment les diagnoses originales de
ces deux plantes, ou est-elle corymbiforme dans l’un comme
dans l'autre, ainsi que je l'ai admis dans ma monographie ?
En réalité les échantillons originaux du X. orgyalis, tout
comme ceux du X. antanosiana, sont réduits à des fragments
qui interdisent de se prononcer, sur ce point, d'une façon
définitive; si le n° 249 de Baron montre, en effet, des fleurs
disposées en une cyme incontestablement corymbiforme, le
n° 105 du même collecteur, ainsi que le spécimen authentique
du X, antanosiana, laissent voir, au contraire, des axes flo-
raux émettant des rameaux secondaires opposés et terminés
par des cymes corymbiformes, ce qui donne à l’ensemble de
chacun des fragments conservés l'aspect d'une véritable pani-
cule. L'échantillon récolté par M. Perrier de la Bâthie m'a per-
mis de comprendre la raison de cet apparent dimorphisme.
En réalité les fragments examinés sont, non point des axes,
mas des pédoncules primaires : les uns, simples, proviennent
du sommet de l'inflorescence; les autres, ramifiés, sont
extraits de la base de cette dernière.
Mais si les feuilles et l'inflorescence, sur la forme desquelles
était basée la distinction originelle des Æ. orgyalis et X.
antanosiana, sont absolument identiques dans ces deux
plantes, n'en est-il point de même des caractères secondaires
dont J'avais jadis admis l'existence ?
La mensuration d'un certain nombre de pédicelles montre
que leur longueur est tantôt supérieure, tantôt inférieure, à
celle du tube corollin, non seulement dans chacune des deux
prétendues espèces, mais encore sur un même fragment.
Les segments corollins, aussi bien dans le À. orgyalis que
dans le À, anlanosiana, sont plus ou moins largement ovés
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 131
et se rétrécissent peu à peu, à partir du niveau de leur plus
grande largeur, niveau qui se trouve toujours au-dessous du
milieu, jusqu'au sommet aigu et légèrement cuspidé.
Dans les deux plantes, le sommet des anthères oppositipé-
tales, qui dépasse l'extrémité supérieure des anthères alterni-
pétales, atteint environ le milieu des segments de la corolle.
Quant aux carpelles, ils sont absolument identiques dans les
deux prétendues espèces.
On peut donc conclure à l'inexistence de tous les carac-
tères distinctifs invoqués pour séparer le X, antanosiana du
K. orgyalis, et il nous suflira, pour justifier la réunion de ces
deux espèces, de faire remarquer que chaque organe est pra-
tiquement identique dans l'une et dans l’autre, non seulement
au point de vue de la forme mais même sous le rapport de la
dimension.
C'est ce qui résulte du tableau comparatif suivant :
Voir p. 132.
On pourrait peut-être nous opposer que les sépales et les
pétales sont un peu plus grands dans le X, antanosiana que
dans le À. orgyalis, mais les échantillons récoltés par M.
Perrier de la Bâthie m'ont montré, non seulement que les
chiffres, exprimant la longueur de ces organes dans les spé-
cimens originaux, étaient reliés par de nombreux intermé-
diaires, mais encore qu'ils ne représentaient même point les
extrêmes de la série que la mensuration de nombreuses fleurs
m'a permis de constituer. La longueur des sépales varie, en
effet, de 1.60 à 4.80 mm. en passant par 1.75-2.20-2.40-
2.80-2.90-3.20-4: leur largeur, de 1.40 à 2.85 mm. avec
5 chiffres intermédiaires : 2-2.40-2.50-2.70 et 2.75. La lon-
gueur des pétales varie de 2.25 à 3.90 mm. en passant par
2.50-2.80-3 et 3.20 ; leur largeur va de 1.75 à 5.80 mm.,
avec # chiffres intermédiaires : 2.50-3.05-3.10 et 3.20.
On pourrait aussi arguer contre nous de ce que les sépales
sont un peu plus larges que hauts dans le X, orgyalis, alors
que dans le X. antanosiana, ils sont un peu plus hauts que
larges. Mais cette différence tient à l’âge dissemblable des
échantillons considérés. Les sépales, un peu plus hauts que
=,
‘ST ‘UU G-CL°E >< ‘JU NA gl "ST WU GE X ‘JU LULU FO "ST ‘I Op >< ‘JU ‘UE SO[IC9Y
4 WU CG E-T 1S ‘JU ‘UU 0° ‘1S ‘q4 ‘WU J So[ÂTS
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132
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 133
larges dans leur jeunesse, s'élargissent peu à peu en vieillis-
sant et parviennent à être plus larges que hauts.
IT. Kitchingia porphyrocalyx Baker, Kalanchoe porphy-
rocalyx Baillon et Kalanchoe sulphurea Baker.
C’est pour une plante récoltée par Baron dans la région
centrale de Madagascar, et conservée dans l'herbier de Kew
sous le n° 1708, que Baker créa, en 1883, le binôme de Ait-
chingia porphyrocalyx qu'il caractérisa ! comme suit
« Perennis, qlabra, caulibus decumentibus, foliis oppositis obo-
obtusis serralis sessilibus, floribus in paniculam lerminalem
paucifloram ramis corymbhosis dispositis, pedicellis calyce
longioribus, calycis laxi {ubo brevissimo segmentis orbicu-
laribus mucronatis, corollae rubrae tubo infundibulari
segmentis deltoideis, staminibus supra medium fubi insertis
filamentis brevibus, antheris orbicularibus minultis, stylis
carpellis aequilongis. — A fleshy perennial, glabrous in all
its parts, with stout simple decumbent stems above a foot
long. Leaves opposite, sessile, decussate, 1-15 in. long,
very obtuse deltoid at the base, thick in texture, distinctly
inciso-crenate green and glabrous on both surfaces. Flowers
in à lax terminal panicle with corymbose branches ; pedicels
slender, under ? in. long ; bracts minute, falling before the
flowers expand. Calyx fin. long & in. in diam. ; tube very
3
short, segments orbicular, with a distinct mucro. Corolla ?-7 in
long with a funnel-shaped tube 5-5 in. in diam. and #4
deltoid segments. Stamens inserted above the middle of
the corolla-tube ; filaments rather flattened, under { in. long ;
anthers minute, orbicular, just protruded from the corolla-
tube. Fruit-carpels subcylindrical, £ in. long, narrowed gra-
dually into filform styles of the same length. »
Deux ans plus tard, Baillon * ayant, comme on sait, réuni
1. J. G. Baker, Contribut. Lo the FI. of Madagascar, in Journ. of the
Linn. Soc., Bot.,t. XX, p. 142 (1883).
2. H. Baillon, Liste pl. Madag., in Bull, mens. Soc. linn. de Paris,
n. 69, p. 469 (1885).
134 RAYMOND-HAMET
le genre Xifchingia au genre Kalanchoe, substitua au nom
de Xitchinqia porphyrocalyr celui de Kalanchoe porphyro-
calyr, mais, n'ayant pu examiner l'échantillon authentique
de cette espèce, il dut se borner à la faire figurer, sans aucune
observation, dans son énumération des Crassulacées mal-
gaches.
En 1887, le créateur du Xüchingqia porphyrocalyx, consi-
dérant, comme un Âalanchoe nouveau, l'échantillon récolté
par Baron sous le n° 4180, lui attribuait le nom spécifique de
sulphurea et le décrivait ainsi! : « Perennis, glabra, foliis
caulinis sessilibus oblongis obtusis carnosis, floribus paucis
lare cymosis pedicellis elongatis cernuis, calyce laro tubo cam-
panulalo dentibus deltoideis tubo aequilongis, corollae luteae
tubo cylindrico, seymentis latis brevibus stylis elongatis. —
À perennial, glabrous in all its parts. Leaves thick, fleshy,
sessile, oblong, entire. Cymes lax-few-flowered : pedicels
very slender, cernous 5 in. long. Calyx in. long. Corolla
an inch long, with a cylindrical tube { in. in diam., and 4
short segments as broad as long. Stamens reaching halfway
up the corolla segments. Ovaries cylindrical, narrowed gra-
dually in a style ? in. long. »
N'ayant pu étudier, lors de la rédaction de ma monographie
du genre ÆXalanchoe, les échantillons authentiques des
K. porphyrocalyx et K. sulphurea, je dus alors me résigner à
considérer ces deux espèces comme « non satis notae » et me
résoudre à n’en publier qu'une incomplète description ? extraite
de la diagnose originale.
Mais, en 1910, la direction de l'Herbier de Kew ayant,
sur mes instances pressantes, consenti à mettre à ma dispo-
sition, sinon les spécimens originaux des X. porphyrocalyæ
et Æ. sulphurea, du moins des dessins exécutés d'après eux
par M. Smith, j'ai pu, dès lors, non seulement affirmer que
ces deux plantes appartenaient à mon groupe 9, mais
1. J. G. Baker, Contribut. to the F1. of Madagascar, in Journ. of the
Linn. Soc., Bot., t. XXII, p. #71 et 472 (1887).
2. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe in Bull. Hb. Boissier,
sér.2,t. VII, p. #1 (K. porphyrocalyæ) et 42 (K. sulphurea) (1908).
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORÉ MALGACHE 135
encore décrire leurs caractères ! aussi fidèlement du moins
que le permettaient de simples dessins d’une exactitude tou-
jours contestable. Pourtant, quoique les affinités des Æ. por-
phyrocalyx et K. sulphureä m'aient alors paru fort étroites
je n'avais point osé réunir ces deux plantes, car il eût fallu
pour cela faire abstraction des caractères différentiels révélés
par les dessins de M. Snuth, dessins que, jusqu'à preuve
contraire, J'étais contraint de considérer comme exacts.
Fort heureusement un séjour à Kew m'ayant permis d'étu-
dier les échantillons authentiques des X. porphyrocalyx et K.
sulphurea, je puis émettre, enfin, sur les affinités de ces deux
plantes, une opinion que la simple comparaison de leurs
diagnoses originales eûùt été impuissante à édifier. En effet, si
l’on se borne à rapprocher l’un de l’autre les deux textes de
Baker, on est conduit à admettre l'existence d'un certain
nombre de caractères différentiels qui permettraient de séparer
le X. sulphurea du X. porphyrocalyx, caractères dont voici
l’énumération :
K. sulphurea. K. porphyrocalyz.
Foliis oblongis, entire. Foliis obovatis, deltoid at the
base, serratis (distinctly inciso-
crenate).
Floribus laxe cymosis (cymes Floribus in paniculam pauci-
few-flowered). floram ramis corymbosis (lax ter-
minal panicle).
Pedicels + in. long. Pedicels under + in. long.
Calyx + in. long, Calyx £in. long,
dentibus deltoideis segmentlis orbicularibus mucrona-
tis,
tubo aequilongis. tubo brevissimo.
Corollae luteae Corollae rubrae
an inch long, 2 in. long,
tubo cylindrico tubo infundibulari
£ in. in diam. 5-5 in. in diam.
Stamens reaching halfway up the Anthers just protruded from the
corolla segments. corolla-tube.
1. Raymond-Hamet, Sur quelques Kalanchoe peu connus, in Bull.
Soc. Bot. France,t. LVII, p. 49 (Æ. porphyrocalyæ) et 51-52 (K, sul-
phurea) (1910),
136 RAYMOND-HAMET
Ces prétendus caractères distinctifs sont, les uns inexis-
tants, les autres sans valeur systématique.
En réalité, les feuilles sont, dans les deux plantes,
oblongues et rétrécies à la base en un très court et assez large
pétiole. Il est vrai que celles du Æ, porphyrocalyæ sont un
peu plus larges que celles du X. sulphurea et ont des bords
sinués et non largement crénelés: mais ces caractères ne
peuvent être pris en considération, car les nombreux échan-
tillons de X. porphyrocalyx récoltés récemment m’ont permis
de constater la présence fréquente, sur un même individu, de
feuilles plus ou moins larges et plus ou moins crénelées.
L'inflorescence est subcorymbiforme, pauciflore et lâche
dans le À. sulphurea comme dans le X. porphyrocalyæ.
Les pédicelles ont une longueur de 10 millimètres dans le
K. porphyrocalyx, de T à 16 millimètres dans le X. sul-
phurea.
Le calice se compose, dans le X. porphyrocalyx, d'un
tube haut de 2.50 à 3.75 mm. et de quatre segments longs de
4.75 à 5.50 mm. et larges de 5.50 à 6 mm. Dans le X.
sulphurea, le tube du calice est haut de 3 mm., les segments
sont longs de 5 mm. et larges de 4.50 mm. Dans les deux
plantes, les segments calycinaux sont ovés et mucronés au
sommet; ils sont seulement un peu plus étroits dans le
K. porphyrocalyx que dans le X. sulphurea, mais les échan-
üllons recueillis récemment montrent, non seulement l’insi-
- gnifiance d’un tel caractère distinctif, mais encore la présence,
sur un même individu, de sépales un peu plus hauts que
larges et un peu plus larges que hauts.
La différence observée dans la couleur de la corolle
peut d'autant moins être prise en considération qu'elle
repose sur l'examen d'échantillons d’herbier dont les nuances
varient suivant les circonstances de la dessiccation. La lon-
gueur du tube corollin est assez nettement différente dans les
deux espèces puisqu'elle atteint 31 mm. dans le A. sulphurea
alors qu’elle ne dépasse pas 22 mm. dans le X. porphyroca-
lyx, mais les échantillons récoltés récemment ont montré
non seulement que le hiatus entre ces chiffres était comblé par
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 137
de nombreuses valeurs intermédiaires, mais encore que ces
chiffres ne représentaient même point les extrêmes de la
série exprimant la longueur du tube corollin dans les diffé-
rents individus examinés, série qui va de 12 à 32 millimètres,
en passant par 14, 15, 17.60, 21.50, 22, 23.50, 24.60, 25,
26.25 et 31. Quant à la forme du tube corollin et à son dia-
mètre, les deux plantes sont identiques.
Les étamines dépassent le sommet du tube de la corolle
aussi bien dans le X, porphyrocalyx que dans le Æ. sulphu-
rea. Bien plus, à l'encontre de l’assertion de Baker, elles le
dépassent même davantage dans le premier que dans le
second.
D'ailleurs une étude approfondie des échantillons authen-
tiques des À. porphyrocalyx et K. sulphurea m'a permis de
me convaincre que tous les organes de ces deux plantes
étaient absolument identiques et qu'il était impossible de
trouver la moindre différence, non seulement dans la forme
de leurs pétales, de leurs étamines, de leurs carpelles, de
leurs styles, de leurs écailles et de leurs graines, mais
encore dans les dimensions de ces différentes parties. On en
trouvera la preuve dans le tableau suivant :
A
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20
En
1:
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 139
IV. Kitchingia campanulata Baker, Kitchingia parviflora
Baker, Kitchingia panduriformis Baker, Kitchingia amplexi-
caulis Baker, Kalanchoe campanulata Baillon, Kalanchoë
parviflora Baillon, Kalanchoe panduriformis Baillon et
Kalanchoe amplexicaulis Ballon.
C'est en 1881 que le binôme de Xifchingia campanulata
fut créé par Baker ! pour une Crassulacée malgache présentant,
d'après cet auteur, les caractères suivants: « Stems stouter
than in the other species, terete, flexuose. Leaves sessile,
linear-oblong, obtuse, cuneate at the base, conspicuously
crenate, 2-3 in. long. Flowers 12-20, in a lax globose com-
pound terminal cyme ; bracts minute, linear ; pedicels 5-* in.
long. Calyx { in. long : segments deltoid, subacute, rather lon-
ger than the tube. Corolla bright red * in.long, the tube
broadest at the throat, where it is ? in. diam. ; segments
deltoid orbicular, half as long as the tube. Stamens inserted
about the middle of the corolla tube ; filaments filiform, 5-5 in.
long; anthers minute, globose, Ovaries oblong ? in. long ;
style rather longer than the ovary; stigma minute, capi-
tate. »
En 1883, Baker fit connaître trois Aifchingia nouveaux
récoltés dans la région centrale de Madagascar par le Révé-
rend Baron.
Le premier fut, sous le nom de ÆXïchingia parviflora,
décrit ? comme suit : « Perennis, erecta, glabra, foliis caulinis
sessilibus oblongo-lanceolatis obtusis crenatis, floribus in
cymam compositam terminalem dispositis, pedicellis bresibus,
calycis tubo campanulato segmentis semiorbicularibus,
corollae luteae tubo oblongo segmentis ovalis, staminibus infra
tubi medium insertis antheris orbicularibus, stylo quam
ovarium longiore. — An erect perennial terete, glabrous in
all its parts, with stilf simple stems a foot long. Leaves in
1.J.G. Baker, Not. on a collect. of flow. pl. made by L. Kitching
in Madagascar, in The Journ. of the Linn. Soc., Bot., t. XVIII, p. 269
(1881).
2. J. G. Baker, Contrib, to the F1, of Madagascar, in The Journ. of
the Linn. Soc., Bot.,t. XX,p. 1#1 (1853).
140 RAYMOND-HAMET
pairs 5-1 in. apart along the lower half of the stem, decus-
sale, erecto-patent, fleshy, obtuse, distinctly crenate, the
lower 2-3 in.long, the upper growing gradually smaller and
more remote. Flowers numerous, in a corymbose terminal
compound eyme 15-2 in. in diam.; pedicels 5-5 in. Calyx
campanulate, ? in.long, with a short tube and # semiorbi-
cular segments. Corolla yellow, under ? in. long, with an
oblong tube and # obtuse segments one third as long as the
tube. Stamens 8, inserted below the middle of the corolla-
tube, with filiform filaments À in. long and small orbicular
anthers. Ovaries #, ovoid, Lin. long: styles divergent, longer
than the ovary ; stigma capitate. »
Au second, Baker imposa le nom de Xifchingia panduri-
formis et attribua ! les caractères suivants : « Perennis, erecta,
glabra, foliis caulinis sessilibus panduriformibus obtusis
crenalis, floribus in paniculam terminalem ramis densifloris
corymbosis dispositis, pedicellis flori subaequilongis, calycis
parvi tubo campanulato segmentis suborbicularibus stamini-
bus ad tubi corollae medium insertis, stylo quam ovarium paulo
longiore. — À glabrous perennial herb, with stiff simple
erect stems. Leaves numerous along the lower part of the
stem, in pairs 1-1 ? in. apart, sessile, ascending, oblong-pan-
duriform, obtuse, fleshy, 4-5 in. long, crenate, subamplexi-
caul. Flowers very numerous, arranged in a broad terminal
paniele with dense-flowered corymbose branches and a long
g, with
a short tube and 4 suborbicular segments. Corolla reddish,
under fin. long, with an oblong tube ? in. in diam. and 4
suborbicular spreading segments. Stamens inserted at the
middle of the corolla-tube, with filiform filaments £ in. long
and small reniform anthers. Carpels as long as the corolla
in the fruitingstage, diverding ; style ? in. long. »
Quant au troisième, il reçut le nom de Æitchinqia amplexi-
caulis et fut caractérisé? comme suit : « Perennis, glabra,
naked peduncle. Calyx campanulate, glabrous Lin. lon
4.3. G. Baker, loco cit., p. 1#1 et 142.
2. J. G. Baker, loco cit., p. 142 et 143.
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 141
caulibus erectis simplicibus, foliis oppositis oblanceolatis obtu-
sis crenalis cordato-amplexicaulibus floribus in paniculas
amplas terminales ramis corymbosis dispositis, pedicellis
calyce longioribus, bracteis minutis lanceolatis, calycis tubo
brevissimo segmentis ovalis, corollae rubrae seygmentis orbicu-
laribus quam tubus infundibularis quadruplo brevioribus
staminibus infra medium tubi insertis, filamentis elongatis,
antheris orbicularibus minutis, stylis quam carpella longio-
ribus. — À glabrous succulent perennial, with stiffly erect
unbranched stems 1 1-2 ft. long. Leaves erecto-patent in dis-
tant decussate pairs, the longer ones 5-6 in. long, f-15 in.
broad, those near the panicle much smaller. Flowers in a
dense corymbose panicle 3-4 in. broad ; pedicels slender,
about ? in. long. Calyx ? in. long, with # segments reaching
down nearly to the base. Corolla above À? in. long with a
funnel-shaped tube £-£ in. in diam. and #4 orbicular segments.
Stamens 8, inserted below the middle of the corolla-tube :
filaments ? in. long ; anthers minute, orbicular, Just protruded
from the corolla tube. Fruit-carpels ? in. long, filiform styles
a little longer. »
En 1885, Ballon‘ ayant, comme on sait, réuni le genre
Kilchingia au genre Kalanchoe, transporta, dans ce dernier
genre, en leur conservant leurs épithètes spécifiques princeps,
les quatre espèces dont les diagnoses ont été ci-dessus trans-
crites.
Lors de la rédaction de ma monographie du genre Ka/an-
choe, je me ralliai à l'opinion de Baillon et, n'ayant eu à ma
disposition que des matériaux très incomplets, je dus
admettre, comme lui, l'autonomie des quatre espèces décrites
par Baker. Certes, quoi qu'ayant réussi à distinguer ces
espèces dans ma clef analytique, j'avais, dès cette époque,
constaté la faiblesse des caractères différentiels que j'avais été
contraint d'employer ; mais ce n’est qu'après avoir pu étudier
minutieusement, non seulement les échantillons authentiques
1. H. Baillon, Liste d. pl. de Madagascar, in Bull, mens. de la Soc.
Linn. de Paris, 1.1, p. 468 (1885).
142 RAYMOND-HAMET
des espèces de Baker, mais encore les matériaux récoltés plus
récemment par M. Perrier de la Bâthie, que J'ai été con-
vaincu de la nécessité de réunir en un seul les quatre
alanchoe créés par le botaniste anglais.
Pourtant, à en croire les descriptions originales, ces
espèces seraient assez nettement distinctes. Le Xalanchoe
parviflora se distinguerait, en effet, du À. campanulala par les
caractères suivants :
K. campanulata. K, parvi/flora.
Stems flexuose. Erecta.
Leaves linear-oblong... cuneate Foliis oblongo-laceolatis.
at the base.
Flowers 12-20 in a lax globose Flowers numerous, in a corym-
compound terminal cyme. bose terminal compound cyme.
Pedicels ii in. Pedicels £-£ in.
Calyx £ in. long, Calyx £ in. long,
segments deltoid, subacute. semiorbicular segments
Corolla bright red Corolla yellow
£in.long. under 5 in. long,
the tube broadest at the base ; with an oblong tube,
segments deltoid-orbicular segmentis ovatis, obtuse,
half as long as the tube. one third as long as the tube.
Stamens inserted about the Stamens inserted below the
middle of the corolla-tube ; middle of the corolla-tube ;
filaments £-{ in. long ; filaments + in. long;
anthers globose. anthers orbicular.
Ovaries oblong Ovaries ovoid
< in. long; sin. long ;
styles rather longer than the styles longer than the ovary.
ovary.
Quelle qu'ait été la pauvreté du matériel mis à ma dispo-
sition lors de la rédaction de ma monographie, j'avais cru
pouvoir rectifier sur certains points les diagnoses originales,
de telle sorte que les caractères différentiels des X. campanu-
lata! et X. parviflora? devenaient les suivants :
1. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb, Boissier,
sér. 2, t. VII, p. 884 (1907),
2, Raymond-Hamet, loco cit., p. 885 (1907),
SUR QUELQUES KALANCHOE DE
K,. campanulala.
Lamina lineari-oblonga.
Inflorescentia subcorymbiformis,
Flores magni.
Calyx segmentis quam tubus
paulum longioribus
deltoideis
subacutis
paulum longioribus quam latio-
ribus.
Corolla campanulata,
segmentis ovato-orbiculatis
oblusis
tam longis quam latis.
Antherae superiores paulum
supra corollae segmentorum basim
attingentes.
Carpella oblongo-lanceolala,
stylis carpellis æqualibus.
Squamae subquadratae
integrae obtusae
tam longae quam latae
143
LA FLORE MALGACHE
K. parviflora.
Lamina ovato-oblonga,
Inflorescentia corymbiformis.
Flores parvi.
Calyx segmentis tubo æqualibus
semiorbicularibus
abrupte cuspidatis
lalioribus quam longioribus.
Corolla urceolata,
segmentis suborbicularibus
abrupte cuspidatis
longioribus quam latioribus.
Antherae superiores corollae
sesmentorum
gentes.
Carpella oblongo-ovata,
medium attin-
stylis quam carpella longioribus.
Squamae semiorbiculares
leviter emarginatae
paulum longiores quam latiores.
A l'exception de la couleur des fleurs qui m'a toujours
paru sans valeur surtout lorsqu'on l'observe sur des échantil-
lons d’herbier, à l'exception aussi du rapport
corolle
corolle
segments de la
tube de la
qui m'avait paru identique dans les deux plantes,
les caractères différentiels auxquels j'avais eu recours, notam-
ment la forme des sépales sur laquelle j'avais, dans ma clef
analytique, basé la distinction des deux plantes, la grandeur
des fleurs et la forme du tube corollin, sont les mêmes que
ceux qu'avait employés Baker dans ses diagnoses originales.
Quelle était la réalité et la valeur systématique de ces
caractères? c'est ce que l'étude minutieuse des échantillons
authentiques des XÀ. campanulala et K. parviflora m'a, seule,
permis de savoir.
144 RAYMOND-HAMET
J'ai pu constater, tout d'abord, que, dans les deux plantes,
les feuilles ne sont nullement distinctes. Dans l’une comme
dans l’autre, elles sont sessiles, oblongues, légèrement
étranglées à la jonction du tiers médian et du tiers inférieur,
obtuses au sommet, crénelées dans les deux tiers supérieurs
mais entières dans le tiers inférieur. Dans le À. parviflora,
de même que dans le X. campanulata, elles ont leur plus
grand diamètre vers le milieu et, à partir de ce niveau, se
rétrécissent peu à peu jusqu'à la jonction du tiers médian et
du tiers inférieur, puis, à partir de ce point, s’élargissent peu à
peu jusqu'au milieu du tiers inférieur, et enfin se rétrécissent
légèrement à partir dudit milieu jusqu'à la base amplexicaule.
L'identité des feuilles est même telle que leurs dimensions
sont presque semblables dans les deux plantes. En effet,
longues de 87 millimètres dans le À. campanulata et de 80
millimètres dans le X. parviflora, les feuilles sont larges de
23 millimètres dans le premier et de 23.50 millimètres dans
le second. ;
J'ai constaté ensuite que les deux échantillons authentiques
n'avaient point été récoltés à la même phase de leur dévelop-
pement. Tandis que les fleurs du Æ. campanulata sont pleine-
ment épanouies, celles du X. parviflora sont encore en bou-
tons. C’est à cette dissemblance dans le stade végétatif des
spécimens originaux que sont dues les différences constatées
dans la grandeur de leurs fleurs, dans la forme de leur tube
corollin et dans celle de leurs écailles, enfin dans la longueur
relative des carpelles et des styles. En ce qui concerne la
dimension des fleurs, il est presque inutile de faire remarquer
que les différents organes doivent être plus grands dans la
fleur épanouie que dans le bouton. Pour la forme du tube
corollin, les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie
m'ont prouvé que ce tube avait primitivement son plus grand
diamètre au-dessus du milieu et, à partir de ce niveau, d'une
part se rétrécissait jusqu'à sa base, d'autre part s'atténuait
peu à peu jusqu'à l'extrémité inférieure des segments ; mais
que, après l’anthèse, il devenait souvent campanulé s’élar-
gissant alors peu à peu depuis son extrémité inférieure jus-
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 145
qu'à la base des segments. Quant aux écailles nous savons
depuis longtemps que, dans les Xalanchoe, elles sont indiffé-
remment obtuses ou émarginées et s'élargissent progressive-
ment au fur et à mesure de la transformation de la fleur en
fruit. Aussi ne faut-il point s'étonner de trouver, dans les
fleurs jeunes du À. parviflora, des écailles un peu plus hautes
que larges, alors que, dans les fleurs plus âgées du X. campa-
nulata, elles sont aussi hautes que larges ou même un peu plus
larges que hautes. Leur forme est d’ailleurs identique dans
les deux espèces qui présentent l’une et l’autre des écailles
subquadrangulares ou subquadrangulaires-subobtrapézi -
formes, très obtuses. IL est vrai qu'elles portent au sommet,
dans le À. campanulata une crénelure centrale, dans le X.
parviflora quatre crénelures situées une à chaque extrémité
latérale de l'organe, les deux autres en son milieu; mais
l'étude des matériaux récoltés par M. Perrier de la Bâthie
m'a prouvé que la désinence des écailles était assez variable
dans cette espèce et qu'il n’y avait pas lieu de tenir compte
d'un tel caractère. Enfin s'il est vrai que, dans le X. parviflora,
les styles sont un peu plus longs que les carpelles, alors que,
dans le X. campanulata, ils sont un peu plus brefs que
ceux-ci, ce n'est point parce que leur longueur est réellement
différente dans ces deux espèces, mais seulement parce que
les carpelles sont complètement développés dans le second,
alors que, dans le premier, ils n'ont point encore dépassé
les stades initiaux de leur évolution.
Une troisième constatation a été celle de l’inexistence de
certains caractères distinctifs, de très minime importance
d'ailleurs, que les fragments mis jadis à ma disposition
m'avaient paru présenter. C'est ainsi qu'à l'encontre de ce
que J'avais signalé, les anthères oppositipétales atteignent
dans les deux plantes un niveau identique, puisque, dans l’une
comme dans l'autre, leur base dépasse très légèrement Île
sommet du tube de la corolle sans que leur extrémité supé-
rieure atteigne le milieu des segments corollins. C'est ainsi
également qu'il n'y a aucune différence dans la forme des
carpelles et que les inflorescences sont pratiquement iden-
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. 10
146 RAYMOND-HAMET
tiques. C'est ainsi, enfin, que les segments corollins ne pré-
sentent pas la moindre différence de forme dans les deux
plantes, et sont, dans l'une comme dans l’autre, un peu plus
larges que hauts, largement ovés, oblus au sommet au milieu
duquel ils portent une petite cuspide.
Un seul caractère distinctif nous reste donc à examiner, celui
que j'ai, après Baker, tiré de la forme des sépales et sur
lequel, comme je l’ai déja indiqué plus haut, j'ai, dans ma clef
analytique, basé la distinction des X. campanulata et K. par-
viflora. À dire vrai, les échantillons récoltés par M. Perrier
de la Bâthie m'avaient déja démontré que l'on trouvait quel-
quefois, sur un même individu, des sépales subdeltoïdes et
d’autres largement ovés ; mais il n’était point inutile de cons-
tater, comme j'ai pu le faire, l'existence, sur l'échantillon ori-
ginal même du À. campanulala, de ces deux formes de
sépales. Il faut d'ailleurs remarquer qne les sépales ovés ne
diffèrent des sépales deltoïdes que parce qu'ils sont rétréceis
dans leur partie inférieure ; qu'ils affectent, en effet, l’une ou
l'autre de ces deux formes, ils s'atténuent toujours depuis le
niveau de leur plus grande largeur jusqu’au sommet subobtus
au milieu duquel ils portent une brève cuspide. Il faut pourtant
reconnaître que les sépales sont proportionnellement plus
larges dans le X, parviflora que dans le ÆK. campanulata ;
mais, outre que cette différence est en elle-même assez faible,
les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie m'ont
révélé la présence fréquente, sur un même échantillon, de
sépales un peu plus hauts que larges ou un peu plus larges
que hauts. Bien plus, l'échantillon original du X. parviflora
m'a montré, lui aussi, des sépales qui, quoique proportionnel-
lement un peu moins larges que ceux du À. campanulata,
étaient quelquefois un peu plus hauts que larges.
Enfin si l’on remarque qu'il existe une absolue simillitude
entre tous les organes du X, parviflora et ceux du A. cam-
panülata, non seulement sous le rapport de la forme, mais
même, à condition toutefois de tenir compte de la différence
d'âge des deux spécimens originaux, et ainsi qu'on pourra
s'en rendre compte par l'examen de tableau comparatif qui
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 147
termine cet article, au point de vue de leurs dimensions, on
peut conclure avec certitude que le À. parviflora doit être
réuni au À. campanulala.
Cette première réunion effectuée, nous devons étudier main-
tenant s'il convient de réunir aussi, en une seule espèce, le X.
campanulata et le X. panduriformis : et, afin d'éclairer notre
religion surce point, nous allons comparer les descriptions
originales pour en extraire les caractères que Baker a consi-
dérés comme distinctifs de ces deux espèces, caractères qui
sont les suivants:
K. campanulata. K. panduriformis.
Stems flexuose. Erecta.
Leaves linear-oblong Leaves oblong-panduriform..,
subamplexicaul,
2-3 in. long.
Flowers 12-20, in a lax globose
compound terminal cyme.
4-5 in. long.
Flowers very numerous,arranged
in a broad terminal panicle with
dense-flowered corymbose bran-
ches and a long naked peduncle.
PAT REMP TE
Calvx + in. long, Calyx : in. long,
segments deltoid subacute.
Corolla ? in.long ;
the tube broadest at the base
where il is ? in. diam.,
segments deltoid-orbicular.
4
= Tade: : :
Filaments ;-? in. long ;
anthers globose.
suborbicular (semiorbicularibus)
sewments.
Corolla under ? in. long,
with an oblong tube,
+in. in diam.,
and suborbicular segments.
Filaments £ in. long ;
anthers reniform.
Style rather longer than the
ovary (ovaries £ in. long.
Style * in.long.
Quoique ces caractères distinctifs n'aient point une valeur
Systématique bien grande, je n'avais point voulu m'autoriser,
de l'étude d'échantillons incomplets, pour contester, dans ma
monographie, l'autonomie des deux espèces qu'ils permettent
de séparer. Me basant surtout, ainsi qu'il appert de ma clef
analytique, sur la différence de forme des feuilles, différence
148 RAYMOND-HAMET
que Je n'avais pu malheureusement vérifier, j'avais tenu pour
distinctes ces deux espèces et en avais donné! une description
complétant sur certains points les diagnoses originales et
admettant l'existence des caractères différentiels suivants :
K, campanulata. K, panduriformis.
Lamina lineari-oblonga. Lamina oblongo - panduriformis,
Inflorescentia subcorymbiformis, Inflorescentia corymbiformis.
Pedicelli quam corollae tubus | Pedicelli corollae tubo aequales.
longiores.
Flores magni (corollae tubus 12- Flore parvi (Corollae tubus 8-
14 mm. lg.; segmenta 5,75-6,25 | 10 mm. lg. ; segmenta 3,75-4 mm.
mm. lo.) lg.).
Calyx campanulatus, Calyx subcampanulatus,
segmenlis deltoideis segmentis semiorbicularibus
subacutis abrupte cuspidatis
paulum longioribus quam latio- latioribus quam longioribus.
ribus.
Corolla campanulata, Corolla urceolata,
segmentis ovato-orbiculatis segmentis semiorbicularibus
obtusis abrupte cuspidatis
tam longis quam latis. latioribus quam longioribus.
Antherae superiores paulum Antherae superiores corollae
supra corollae segmentorum basim tubi medium attingentes.
attingentes.
Carpella oblongo-lanceolata. Carpella ovata.
Squamae subquadratae Squamae semiorbiculares
integrae obtusae leviter emarginatae
tam longae quam latae. latiores quam longiores.
Ainsi, si l'on excepte, d’une part ceux que Baker avait tirés
; pte,
de la forme de l'inflorescence et des anthères qui m'avait
paru semblable dans le X. campanulata et le K. panduri-
formis, d'autre part ceux que j'ai été le premier à signaler et
qui sont basés sur la longueur proportionnelle des pédicelles
4. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier,
sér. 2,t. VII, p. 883 (K, panduriformis) et 885 (K. campanulala),
(1907).
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 149
des tubes corollins, sur le niveau d’émergence des anthères
et sur la forme des carpelles et des écailles, les carac-
tères différentiels que Jai employés sont ceux-là même
qu'avait utilisés le botaniste anglais.
Quelle est la valeur de ces caractères ? C'est ce que m'a
montré l'étude des échantillons authentiques et des spécimens
récoltés par M. Perrier de la Bâthie.
En premier lieu, la longueur proportionnelle des pédicelles
et des tubes corollins est semblable dans les deux plantes.
Aussi bien chez le X. campanulata que chez le X. panduri-
formis, les pédicelles sont indifféremment un peu plus brefs
ou un peu plus longs que les tubes corollins.
Comme je l'avais déjà fait remarquer dans ma monographie,
l’inflorescence du À. panduriformis n'est pas paniculiforme
mais subcorymbiforme, donc pratiquement identique à celle
du À. campanulala. Peut-être est-elle cependant un peu
plus florifère que dans ce dernier, mais c'est là un caractère
sans sigmification systématique.
Si l’on veut bien se rappeler que l’étude du spécimen ori-
ginal du À. campanulata nous à appris que les sépales de
cette prétendue espèce étaient tantôt subdeltoïdes tantôt lar-
gement ovés, et si l’on sait, d'autre part, que les segments
calycinaux des échantillons authentiques du A. pandurifor-
mis sont en réalité largement ovés, il suffira de constater que,
dans l’un comme dans l’autre, ces segments s’atténuent peu
à peu jusqu'au sommet subobtus et pourvu en son milieu
d'une brève cuspide, pour pouvoir affirmer que, sur ce point
encore, les deux prétendues espèces sont pratiquement iden-
tiques. On pourrait cependant nous opposer que les sépales
du À. campanulata sont un peu plus hauts que larges, alors
que, dans le X, panduriformis, 1s sont aussi hauts que
larges ou même un peu plus larges que hauts, mais, pour
rétorquer une telle objection, il suffirait de rappeler ce que nous
avons dit à propos du X. parviflora, à savoir que les échan-
tillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie montrent souvent
sur un même individu des sépales plus hauts que larges et
d’autres plus larges que hauts. On pourrait d'ailleurs faire
150 RAYMOND-HAMET
encore remarquer que les sépales aussi hauts que larges, que
l'on observe sur l'échantillon authentique du X. pandurifor-
mis, constituent un incontestable intermédiaire entre les
sépales plus larges que hauts dont on constate la présence
sur le même spécimen et les segments calycinaux plus hauts
que larges du Æ.campanulata.
En ce qui concerne le caractère différentiel tiré de la forme
du tube corollin, il paraîtrait logique de se borner à rappeler
ce que J'ai dit plus haut à propos du X, parviflora, et cela sem-
blerait d'autant plus admissible que la petitesse des fleurs du
K. panduriformis, par rapport à celle du X. campanulata, inci-
terait à induire que, comme la constriction de la partie supé-
rieure du tube de la corolle, cette relative exiguité florale
lient à ce que les fleurs du À. panduriformis ne sont pas
encore épanoules. Il n’en est rien pourtant, car il résulte de
l'examen de l'échantillon authentique de cette espèce que ses
fleurs ont été récoltées longtemps après l'anthèse. La
vérité est qu'en se desséchant, la fleur diminue de grandeur,
en même temps que la partie supérieure du tube corollin {se
resserre légèrement. La corolle, urcéolée avant l’anthère, le
redevient donc après celle-ci.
Quant à la forme des segments corollins, elle est absolu-
ment identique dans les deux espèces. Dans le X. panduri-
formis, comme dansle X. campanulata, on observe des pétales
plus larges que hauts, très largement ovés, très obtus et
brusquement cuspidés au sommet.
Dans les deux plantes, les anthères oppositipétales, subor-
biculaires-subréniformes, dépassent un peu la base des seg-
ments corollins, mais n'atteignent point leur milieu ; dans les
deux plantes, les carpelles, eux aussi, ont une forme identique.
Dans le X. panduriformis, comme dans le X. campanulata,
les écailles un peu plus larges que hautes, sont subquadran-
gulaires et portent, au milieu de leur sommet très obtus, une
large crénelure obtuse.
Il ne me reste plus qu'à discuter la valeur du caractère sur
lequel sont basés à la fois le nom même du X. panduriformis
et sa distinction dans notre clef analytique ; je veux parler de
\
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 151
la forme des feuilles que, comme je l'ai dit plus haut, je
n'avais pu vérifier, lors de la rédaction de ma monographie, ni
dans le X. campanulata ni dans le K. panduriformis. Or
l'examen des échantillons authentiques m'a permis de consta-
ter que les feuilles du À, campanulala sont, en réalité, sessiles,
oblongues, légèrement étranglées à la jonction du tiers médian
et du tiers inférieur, obtuses au sommet, crénelées dans les
deux tiers supérieurs mais entières dans le tiers inférieur où,
au-dessous de l’étranglement, le limbe se dilate un peu puis
se rétrécit jusqu'à la base amplexicaule; dans cette espèce,
les feuilles sont donc légèrement panduriformes : elles le sont
à peine plus nettement dans le À. panduriformis où, à la
jonction du quart inférieur et du quart médian, elles s’étran-
glent un peu, puis, au-dessous de ce niveau, se dilatent
légèrement et, enfin, se rétrécissent peu à peu jusqu'à la base
large et amplexicaule. Si l’on ajoute que, comme celles du
K. campanulata, les feuilles du À. panduriformis sont ses-
siles, suboblongues, obtuses et légèrement crénelées sur leurs
bords, il deviendra évident que le caractère différentiel fonda-
mental de cette espèce est absolument inexistant.
Pour conclure à la nécessité de réunir ces deux espèces en
une seule, il suflira de faire remarquer que le plus scrupuleux
examen de leurs échantillons authentiques ne m'a point per-
mis de découvrir le plus léger caractère différentiel qui per-
mette de les séparer. Ainsi que l'établit le tableau compara-
tif qui termine cette étude, la grandeur même de chaque
organe est pratiquement identique dans le A. campanulata et
le À. panduriformuis.
Ayant démontré la nécessité de réunir, au X. campanulafa,
les À. parviflora et X. panduriformis,il ne me reste plus qu'à
faire une étude critique des caractères différentiels du X.
ampleæicaulis, caractères qui, si l’on en croit les diagnoses
authentiques, seraient les suivants :
RAYMOND-HAMET
K. campanulata.
Leaves linear-oblong,
2-3 in. long.
Flowers 12-20, in a lax globose
compound terminal cyme.
Pedicels 5? in. long.
Bracts linear.
Talux 1: pe
Calyx + in. long,
segments rather longer than the
tube
K. amplexicaulis.
Foliis oblanceolatis cordato-
amplexicaulibus,
the longer ones
5-6 in. long.
Flowers in dense corymbose
panicle (floribus in paniculas
amplas terminales ramis corymbo-
sis dispositis).
Pedicels about £in. long.
Bracteis lanceolatis.
Calyx £in. long
wilh segments reaching down
nearly the base
deltoid,.
Corolla ? in.'long;
the tube broadest at the throat
ovatis.
Corolla above + in. long ;
with a funnel-shaped (infundibu-
laris) tube
5-5 in. diam. ;
orbicular segments
quam tubus quadruplo brevioribus.
Stamens inserted below the middle
of the corolla-tube ;
anthers orbicular
where it is £ in. lin diam. ;
segments deltoid-orbicular
half as long as the tube.
Stamens inserted about the
middle of the corolla-tube ;
anthers globose.
Quoique je n’aie jamais pu douter de l’insignifiance de ces
caractères différentiels, l'insuffisance du matériel mis à ma
disposition ne m'autorisait point à les tenir pour inexistants
et à réunir les deux espèces qu'ils permettaient de séparer.
C'est pourquoi j'ai dû, dans ma monographie du genre
Kalanchoe, admettre l'autonomie du X. ampleæicaulis et en
donner une diagnose nouvelle ! basée sur l'étude de fragments
des échantillons authentiques. Cette diagnose, qui précise et
augmente la description originale, fixe, comme suit, les carac-
tères distinctifs des À. campanulata et K. amplericaulis :
1. Raymond-Hamet, Monosr, du g.
Boissier, sér.2,t. VII, p. 885 (1907).
Kalanchoe, in Bull. Hb.
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE
153
K, campanulata,
Lamina lineari-oblonga
6-9 cm. longa.
Inflorescentisaubcorymbiformis.
Pedicelli quam corollae tubus
:ongiores
K. amplexicaulis.
Lamina ovata
14-15 cm. longa,
Inflorescentia corymbiformis.
Pedicelli quam corollae tubus
breviores
15-20 mm. longi.
Calyx 8.75-9.50 mm. le. ;
segmentis deltoideis
subacutis
tam longis quam latis.
Carpella.. oblongo-lanceolota
stylis carpellis aequalibus.
10-11 mm. longi.
Calyx 5.25-5,75 mm. Ig.;
segmentis suborbicularibus
abrupte mucronatis
latioribus quam longioribus.
Carpella..…. ovato-lanceolata
stylis quam carpella paulum
longioribus.
Squamae semiorbiculares,
leviter emarginatae,
paulum longiores quam latiores.
Squamae subquadratae,
integrae, obtusae,
tam longae quam latae.
La comparaison de ce tableau et du précédent permet de
se rendre compte que, si l'on excepte, en même temps que les
différences de forme des bractées et des anthères, différences
que je n'ai pas prises en considération, les particularités que
Baker avait cru pouvoir tirer de la longueur proportionnelle
du tube et des segments de la corolle, de la grandeur de cette
dernière ainsi que de la forme de son tube, enfin du niveau
d'insertion des étamines, particularités qui m'avaient paru
inexistantes, et si, d'autre part, on ajoute aux caractères dif-
férentiels signalés par le botaniste anglais ceux qu'il m'avait
paru possible de tirer de la forme des carpelles et des écailles
ainsi que de la longueur proportionnelle des carpelles et des
styles, les caractères différentiels sur lesquels j'avais basé la
Séparation des À. campanulata et X, amplexicaulis sont prati-
quement identiques à ceux que Baker avait utilisés dans le
même but. Ce sont tous ces caractères que l'étude minutieuse
des échantillons authentiques me permet de critiquer aujour-
d'hui.
154 RAYMOND-HAMET
Les feuilles, qui ont une forme identique dans les deux
plantes, sont, dans l’une et dans l’autre, sessiles, oblongues,
légèrement étranglées à la jonction du tiers médian et du tiers
inférieur, obtuses au sommet, crénelées dans les deux tiers
supérieurs, mais entières dans le tiers inférieur. Dans le X.
ampleæicaulis comme dans le À. campanulata, elles ont leur
plus grand diamètre vers le milieu et, à partir de ce niveau, se
rétrécissent peu à peu jusqu’à la jonction du tiers médian et
du tiers inférieur, puis, à partir de ce point, s’élargissent peu à
peu jusqu'au milieu du tiers inférieur, et, enfin, se rétrécissent
légèrement à partir dudit milieu jusqu’à la base amplexicaule.
Si, sur un des échantillons authentiques du À. ampleæicaulis,
elles sont un peu plus grandes que celles du spécimen original
du À, campanulata, elles sont, sur un autre, non seulement
de même taille mais même un peu plus petites que ces der-
nières.
Dans le À. ampleæicaulis, comme dans le À. campanulata,
l'inflorescence est nettement corymbiforme ; dans l'un comme
dans l’autre, les pédicelles sont indifféremment un peu plus
longs ou un peu plus brefs que le tube corollin.
Les bractées, absolument identiques dans les deux pré-
tendues espèces, sont, dans l’une et l’autre, oblongues, subob-
tuses au sommet, un peu dilatées à la base, pourvues de bords
entiers et plus hautes que larges.
La longueur du calice varie en réalité de 4 à 5.75 milh-
mètres dans le À. ampleæicaulis et de 7.25 à 8.25 milh-
mètres dans le À. campanulata ; mais, outre que ce hiatus est
peu profond, ilest comblé par de nombreux intermédiaires qui
révèlent l'existence d’une série continue dont les extrêmes
sont occupés non point par les chiffres ci-dessus, mais, d’une
part, par ceux qui représentent la longueur du calice du Æ.
panduriformis que nous savons identique au À. campanulata
et, d'autre part, par ceux exprimant la longueur calycimale
des échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie, échan-
tillons qui appartiennent incontestablement à la même espèce.
Cette série est la suivante:
EU
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE J9
=
£
£
1
3
L=
=
z
="
=
K. amplexicaulis Echantillons de M. Perrier
| PERTE RE IDR CSS
3.75-4-4.30-4.79-9-9.10-5.20-5.35-5.60-5,75-5.80-6.20-6.25-6,410-6,.70-7.25-7.40-8.25-8.30 mm.
COR HHRSOR VERORE GE RE
K. parviflora K. amplexi-
caulis
Quant à la différence tirée de la forme des sépales, 1l me
suffit de reproduire à ce sujet les observations que j'ai déjà
faites à propos du X. parviflora, et de rappeler que dans le
spécimen original du X. campanulala, de même que dans
les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie, on
observe souvent, sur un même individu, à côté des sépales
subdeltoïdes, des segments calveinaux largement ovés qui se
rétrécissent peu à peu, à partir du niveau de leur plus grand
diamètre, situé un peu au-dessous de leur partie médiane,
jusqu'au sommet subobtus et pourvu en son milieu d'une
brève ceuspide. Ces segments calycinaux sont absolument
identiques à ceux du X. amplericaulis, non seulement par leur
forme mais encore par leurs dimensions relatives, car si ces
derniers sont parfois aussi hauts que larges, ils sont le plus
souvent un peu plus hauts que larges, absolument comme
dans le À, campanulata.
La corolle est identique dans les deux plantes. Dans l'une
comme dans l’autre, le tube corollin est généralement campa-
nulé, mais nous avons constaté que quelques-uns des spéci-
mens authentiques du À. amplericaulis présentaient parfois,
sur un même individu, des fleurs dont la corolle s'évasait
depuis la base jusqu'au sommet et d'autres chez lesquelles elle
se rétrécissait un peu dans sa partie supérieure. Comme je
l'ai fait remarquer plus haut il faut voir dans ce dimorphisme
l'influence de l’âge de la plante et peut-être aussi du degré
de compression exercé sur ses fleurs au cours de la dessicea-
tion. En tous cas, la présence, sur une même plante, de corolles
156 RAYMOND-HAMET
campanulées et urcéolées démontre irréfutablement l'insigni-
fiance systématique de ce prétendu caractère distinctif.
Quant aux segments corollins, peu importe qu'ils soient
quelquefois émarginés dans le À. amplexicaulis, alors qu'ils
sont toujours très obtus et brusquement cuspidés dans le X.
campanulata ; peu importe, puisque les spécimens originaux
du Æ. amplericaulis présentent souvent, sur un même indi-
vidu, ces deux modes de désinences ; peu importe puisque,
par leur forme générale, les pétales sont semblables dans les
deux plantes où ils sont toujours largement ovés et plus hauts
que larges. La hauteur de la corolle peut d’ailleurs être con-
sidérée comme pratiquement identique dans les deux pré-
tendues espèces ; elle varie en effet de 17.75 à 20.25 mil-
limètres dans le À. campanulata et de 16.75 à 18.60 milli-
mètres dans le X. amplexicaulis. Enfin la longueur propor-
tionnelle du tube et des segments de la corolle est la même
tube corollin
dans les deux plantes ; le rapport ——— varie
segments corollins
en effet de 2.07 à 2.60 dans le À. ampleæicaulis et de 2.19
à 3.16 dans le X. campanulata.
Le niveau d'insertion des étamines ne diffère nullement
dans les échantillons authentiques du X. amplexicaulis et
dans ceux du À. campanulata. Dans les uns comme dans les
autres, les filets staminaux oppositipétales sont soudés au
tube de la corolle jusqu'à un niveau dépassant un peu le
milieu de ce dernier.
Les anthères, absolument identiques dans les deux plantes,
sont, dans l'une comme dans l’autre, suborbiculaires-subré-
niformes.
Les carpelles, eux aussi, sont semblables dans les deux
plantes, et, s'il est vrai que chez le X. campanulata ils sontun
peu plus brefs ou de même longueur que les styles, alors que
dans le À. amplexicaulis ils sont un peu plus longs que ces
derniers, 1l est évident qu'on ne peut attribuer aucune valeur
systématique à ce caractère qui est incontestablement arti-
ficiel.
Quant aux écailles, elles semblent un peu différentes dans
SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 157
les deux plantes. En effet, alors que, dans le X. amplexicaulis,
elles sont un peu plus hautes que larges, subsemioblongues,
légèrement émarginées au sommet, elles sont dans le K. cam-
panulata, un peu plus larges que hautes, subquadrangulaires-
subtrapéziformes, pourvues au mieu de leur sommet très
obtus d'une petite crénelure obtuse; mais J'ai déjà fait
remarquer plus haut, d'une part que, chez de nombreux
Kalanchoe, les écailles étaient indifféremment obluses ou
émarginées et s’élargissaient en même temps que s'épanouis-
sait la fleur, d'autre part que les matériaux récoltés par
M. Perrier de la Bâthie m'avaient montré la variabilité de la
désinence dans les écailles de notre plante. On ne peut donc
prendre en considération la très légère différence que présente
cet organe dans les échantillons authentiques du X. campa-
nulata et du À. ampleæicaulis.
D'ailleurs une étude minutieuse de ces échantillons m'a
démontré que tous leurs autres caractères étaient absolument
identiques, non seulement au point de vue de la forme de
leurs organes, mais même sous le rapport de la dimension de
ces derniers. On pourra de plus se convaincre par la lecture
du tableau suivant : d’une part, que les chiffres exprimant les
dimensions absolues de chaque organe, dans les quatre pré-
tendues espèces qui viennent d'être étudiées, forment une
série continue et dépourvue de hiatus ; d'autre part, que
chacune des séries, constituées par les chiffres représentant les
différentes mensurations de chacun des organes d’une de ces
espèces, ne forme point une entité autonome et caractéristique,
mais que le plus souvent un ou plusieurs des chiffres qui la
composent sont communs avec la série appartenant à l’une
des trois autres espèces.
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Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3* vol. 1915. 11
162 RAYMOND-HAMET
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GRAINES
NOTICE
SUR
A.-A. FAUVEL
Albert-Auguste Fauvel naquit à Cherbourg en 1851.
Dès son enfance, il montra un goût très vif pour l'his-
toire naturelle. Fils d'un officier de marine distingué, il
hérita, en outre, de son père de l'amour de la mer et des
voyages. En 1872, à peine âgé de 21 ans, il entrait dans
l'Administration des Douanes Maritimes Chinoises et
partait pour la Chine où il devait résider de longues
années. Il y dressa une carte détaillée de la Province
du Shantung!, puis il eut la bonne fortune de découvrir
et de décrire l’Alligator sinensis Fauvel, la seule espèce
asiatique de ce genre que l’on croyait alors spécial à
l'Amérique.
Chargé, en 1880, d'organiser la section chinoise de
l'Exposition Internationale des Pêches de Berlin, il fit
une fructueuse croisière dans l'archipel des Chusan et
eut ainsi l’occasion de réunir de précieuses collections
de Poissons, Mollusques et Crustacés, dont plusieurs
espèces étaient nouvelles, et un matériel de pêche indi-
gène important.
Revenu en France en congé, 1l épousa, en 1882,
Mie M. de La Vaulx qui l'accompagna ensuite en Chine.
1. Carte de la Province du Shantung. Paris, Lanée, 1877.
166 NOTICE SUR A.-A. FAUVEL
Mais, au moment du bombardement de Fou-Tchéou
par l'amiral Courbet, il quitta le service de la Chine et
rentra en France où 1l ne larda pas à être nommé
Inspecteur des Messageries Maritimes, ce qui lui procura
l’occasion de retourner plusieurs fois en Chine et de
faire de nombreux et longs séjours en Orient, dans
l'Inde, à Java, en Argentine, au Brésil, à Madagascar,
à la Réunion et aux Seychelles.
Les nombreuses collections de Zoologie, de Botanique,
de Pétrographie, récoltées au cours de ses voyages, lui
valurent le titre de Correspondant du Muséum de Paris.
Sinologue distingué, 1l s'était fait, en outre, une spé-
cialité des questions coloniales sur lesquelles il publia
de très nombreux articles.
Ayant enfin pris sa retraite, A.-A. Fauvel était revenu
se fixer à Cherbourg, son pays natal. Il n'eut hélas!
guère le temps d'en jouir ; quelques mois plus tard, en
novembre 1909, une mort prématurée l’enlevait à l’affec-
tion des siens alors qu'il semblait avoir encore devant
lui un long avenir scientifique.
Indépendamment de nombreux articles dans les
revues françaises et étrangères, les principaux ouvrages
d'A.-A. Fauvel, relatifs à l'histoire naturelle, sont les
suivants :
Alligators in China. Royal Asialic Society, North
China Branch, 13 déc. 1878.
Chinese plants in Normandy.Xbid., Hong-Kong, 1884.
Promenades d'un Naturaliste dans l'archipel des
Chusan. Mém. Soc. Nat. Sciences Natur. Cherbourg,
t. XXII-XXIV, 1880.
Cataloque des plantes recueillies aux environs de
Tché-Fou par M. A.-A. Fauvel déterminées par
NOTICE SUR A.-A. FAUVEL 167
M. A. Franchet. In-8°, 216 p., ibid., Cherbourg, 1884.
La Province chinoise du Chan-Toung. Géographie et
Histoire Naturelle. Rev. Quest. Scient. de Bruxelles,
1890-91-92.
Les Séricigènes sauvages de la Chine. Paris, Leroux,
1895.
Le mémoire sur le Cocotier de Mer devait faire partie
d’un ouvrage considérable sur les Iles Seychelles, dont
le premier volume, relatif à la cartographie!, édité par
ordre du Gouvernement des Seychelles, a seul paru, la
publication ayant été interrompue par la mort de
l'auteur.
Je suis très reconnaissant au regretté D' Heckel d'avoir
bien voulu faire paraître dans les Annales du Musée
Colonial cette Monographie du Cocotier des Seychelles
à laquelle mon frère aîné avait consacré tant d'années
de patientes recherches et dont il avait tant désiré voir
la publication.
Pierre FAUVEL.
1. Unpublished Documents on the History of the Seychelles Islands
anterior to 1810, together with a Cartography (in-8°, 417 p. avec Atlas
de 38 cartes. Mahé, Seychelles, 1909).
2
(4 FREE 27. TE
LE COCOTIER DE MER
DES’ ILES SEYCHELLES
(Lodoicea Sechellarum)
par A.-A. FAUVEL.
CHAPITRE I
Nomset histoire du fruit :
fo d'après les anciens navigateurs : Ant. Pigafetta, 1519:
Joäo de Barros, 1553; Garcia de Orta, 1560 ; Jan Huygen
van Linschoten 1579;
2° d’après les naturalistes, poètes, voyageurs : Dalechamps,
1587; Camoëns, 1572; Christophorus Acosta, 1593;
Carolus Clusius, 1593-1605; Pyrard de Laval, 1602; Jean
Bauhin 1619; Nieremberg, 1635 ; John Johnston, 1662:
D. Chabreus 1677; François Redi, 1685; John Ray, 1686:
Pomet, 1694 et 1735: L. Plukenet, 1696; Valentin, 1732 ;
Wormius, 1655; Samuel Dale, 1739; Weinmann, 1745:
G. E. Rumphius, 1750 ; etc.
Description et usages du fruit d’après ces auteurs.
Le Cocotier de Mer des Iles Seychelles est un des arbres
les plus rares et les plus curieux qui existent. En effet, on
ne l’a jamais trouvé que dans une île et deuxilots de ce mer-
veilleux archipel des Seychelles, situé au milieu de l'Océan
Indien, à quatre degrés et demi au sud de l'Équateur, entre
l'Afrique et les îles de Sumatra et de Java, l'Inde et Mada-
gascar, et séparé de la côte la plus proche (celle de l'ile de
Madagascar) par 275 lieues de mer et des profondeurs attei-
gnant plus de 3.600 mètres. Il n’y fut découvert, dans l'île
Praslin, qu'en 1769, soit 27 ans seulement après la première
visite de ces îles par Lazare Picault en 1742. La forme et les
170 A.-A. FAUVEL
dimensions extraordinaires de ses fruits; les nombreuses
années qu'il leur faut pour arriver à maturité, la germination
originale de ses graines; les dimensions de ses feuilles, dont
il ne pousse qu'une par an; la taille du tronc, sa longévité
étonnante, la forme curieuse de ses racines; la structure et
le nombre extrêmement considérable de ses fleurs mâles ;
tout, sans parler des légendes relatives à son habitat et des
propriétés médicinales, longtemps attribuées à ses noix;
qu'on payait autrefois au poids de l'or, contribue à faire de
l'histoire et de la description détaillée de ce végétal un sujet
aussi instructif qu'intéressant. Plusieurs de ces particularités
uniques dans la connaissance des végétaux, sont encore peu
connues même parmi les botanistes. Aussi, après avoir eu
l'occasion d'admirer plusieurs fois, aux Seychelles mêmes, ce
magnifique palmier et ses fruits, nous n'avons pu résister au
désir d'en connaître à fond l'histoire et la description. Nous
les avons trouvées tellement curieuses qu’elles nous ont
entrainé à condenser en un mémoire le résultat de nos nom-
breuses et patientes recherches dans les bibliothèques et
musées d'histoire naturelle. Ce travail, commencé en 18891 et
achevé seulement cette année, grâce à la complaisance du
gouverneur des Seychelles M. W. E. Davidson, et de nos
correspondants dans ces îles, aussi bien qu’à Maurice, Ceylan
et au Jardin Botanique de Kew, nous l’offrons aujourd'hui
aux lecteurs et amateurs d'histoire naturelle coloniale.
Nous commencerons par donner l'histoire et la description
du fruit, d'après les anciens auteurs, qui ne connurent que la
noix dépouillée de son enveloppe fibreuse, nous rapporterons
les légendes curieuses au sujet de l'arbre que l'on supposait
la produire. Nous raconterons ensuite la découverte du pal-
mier de l’île Praslin sur lequel pousse ce fruit extraordinaire
et y ajouterons les descriptions scientifiques qui en furent
faites à l'Académie des Sciences, en les complétant par des
travaux plus récents, dus à plusieurs voyageurs et naturalistes.
1. Ce mémoire a été achevé en 1906 et représente donc 17 années de
echerches. (Note de la Direction.)
2.7
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 171
Nous éluciderons, d’après nos propres observations et celles
de nos correspondants scientifiques aux Seychelles et ailleurs,
certains points restés obscurs jusqu'ici. Le tout sera terminé
par une liste bibliographique aussi complète que possible des
sources auxquelles nous avons pu puiser, tant imprimées que
manuscrites. Enfin, un certain nombre d'illustrations permet-
tront au lecteur de comprendre plus facilement les descrip-
tions un peu obscures des anciens écrivains.
Ceci dit, entrons dans le corps du sujet.
La noix double du Cocotier de Mer fut certainement connue
des populations des îles Maldives, de Sumatra et de Java
bien avant la date de la découverte de ces terres insulaires de
l'Asie orientale. Leurs habitants, qui, de loin en loin, les
trouvèrent portées sur leurs rivages par les courants de
l'Océan Indien, frappés par leur forme singulière et leur
grande rareté, leur attribuèrent, comme à tout objet rare, une
valeur d'autant plus grande qu'on les trouvait plus rarement.
Puis, considérant leur forme, ils s'imaginèrent, comme cela
avait lieu en Europe au moyen-âge, que, suivant la théorie
de Porta, dite des signatures, ces fruits devaient posséder
des vertus médicinales en rapport avec leur forme, et leur
valeur s’en accrut d'autant. Comme nous le verrons plus loin,
les fragments de ces noix devaient guérir toutes sortes de
maladies.
Les nations d'Europe ne connurent ces noix qu'après la
découverte du Cap de Bonne-Espérance, lorsque les naviga-
teurs portugais entrèrent en relation avec les habitants des
îles de Java, Sumatra et les Maldives.
La première mention que nous en ayons se trouve consi-
gnée, sous une forme quelque peu mythologique, dans l'his-
toire manuscrite du premier voyage de Magellan, allant, par
le détroit qui porte encore son nom,à la découverte des
Indes, Cette histoire, écrite en italien par un compagnon de
voyage du grand navigateur, le patricien de Venise Antonio
Pigafetta!, se trouve aussi dans un manuscrit français de la
1. Anthoine Pigaphete, patrice vincentin et chevalier de Rhodes, à
l'illustrissime et très excellent seigneur de Villers de l'Isle Aden, inclite
17
12 A.-A. FAUVEL
Bibliothèque Nationale, dédié à Philippe de Villiers de l'Ile
Adam, par le traducteur anonyme français.
Voici ce qu'on y lit : « Aussi nous dirent les pilotz que au
dessoubs de Java, la grande, vers la tramontain au goulfe
de China (que les anciens appellent Sino Magno) se trouve
ung arbre tres grand ouquel habitent oyseaulx dits Garuda,
tant grandz quils emportent ung beuf et un elephant au
lieu où est l'arbre. Lequel lieu est appelé Puzzathar,
l'arbre Caiu paugganghi. Le fruit Bua paugqanghi qui
est plus grand queung concombre. Les Mores de Burne que
avions en noz navires nous dirent qu'ilz en avoyent veu
pour ce qu'on en avoit envoyé deux à leur Roy du
Royaulme de Siam. Aucun junche ny aultre barque ne
peult de troys ou quatre lieues approucher du lieu de
l'arbre, pour les grandz oraiges deaux qui sont la autour.
Et la premiere fois que fut sceu de cest arbre fut ung junche
que par violance des ventz se gecta en cest endroit, ou fut
tout rompu et pery, et tous les hommes se noyerent
excepte ung petit garson. Lequel si estant pris sur ung ais
de boys fut par miracle transporté auprès de cest arbre, et
estant monté dessus se mist sans s’en appercevoir soubz
une aille de lun de ces oyseaulx, et le lendemain alla en
terre, et avant pris ung beuf ce garson sortit et s’eschappa
de dessoubz laille le mieulx qu'il peut. Et par cestuy on
sceut le tout. Et alhours les peuples voisins congneurent
les fruictz qu'ilz trouverent par mer estre venus de cest
arbre. »
Il était intéressant de chercher la signification des noms
étranges donnés par Pigafetta à l’arbre et au fruit, et aussi la
situation de l’endroit où il pousse. Nous avons donc, dans ce
but, consulté le texte italien imprimé en 1800 à Milan pour la
première fois sur un manuserit de la Bibliothèque Ambro-
orand maitre de Rhodes, son seigneur excellentissime. Navigation et
descouvrement de la Indie supérieure, faicte par moy Anthoine Pigha-
phate Vincentin chevalier de Rhodes (Bibliothèque Nationale. Manu-
scrits, Fonds français n°5650, p. 90-91).
6j
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 173
sienne !. L'orthographe des noms propres diffère quelque peu
de celle du manuscrit français, le texte étant presque exacte-
ment le même quant au récit et à la description. L'arbre y est
appelé Campauganghi (sans doute une erreur de l'écrivain
ou plutôt de l'éditeur de 1800, Cam étant mis pour Caiu).
Le fruit y est appelé Buapauganghi; c'est, à une lettre près,
le nom du texte français qui a redoublé le g comme il a
redoublé le 3 de l'italien Puzathaer pour le nom de lieu.
La traduction anglaise, faite en 1894 par Lord Stanley?
reproduit exactement les noms propres du texte imprimé ita-
lien mais elle donne wafer-melon comme signification de an-
quria (pastèque) ce qui est plus exact que le mot concombre,
employé plus haut.
Il est assez difficile d'identifierle pays appelé Puzzathar ou
Puzathaer. Peut-être est-ce là un nom indigène ancien dési-
gnant soit Sumatra, soit les Maldives, où furent trouvées
pour la première fois les noix du Cocotier de Mer. En tout
cas, les noms de l'arbre et de son fruit sont reconnaissables,
en partie au moins, comme appartenant à la langue malaise
dans laquelle Caiu (prononcez Caiou) signifié bois ou arbre,
et Bua (Boua) veut dire fruit. Quant à pauganghi, il faut lire
sans doute Pau jangqi, que certains orthographient Pauh
Jangqi, Po Jangai, ou Pau sengi (d’après M. Sheat). Or, Pau,
Pauh ou Po en bon malais est le nom d'une espèce de mangue
sauvage.
Pour ce qui est de ganghi— janggi—senqi, il est peut-être
1. Primo Viaggio intorno al Globo Terracqueo, ossia Ragguaglio della
Navigazione alle Indie Orientali per la via d'Occidente fatta dal Cavaliere
Antonio Pigafetta, Patrizio Vicentino Sulla Squadra del Capit. Maga-
glianes negli anni 1519-1522. Ora pubblicato per la prima volta, tratlo da
un Codice Ms. della Biblioteca Ambrosiana di Milano e corredato di
note da Carlo Amaretti Dottore del Collegio Ambrosiano, con un Tran-
sunto del Trattato di Navigazione dello stesso Autore. In Milano MDCCC
(1800), in-4°, pp. 11-237, p. 174, Bibliothèque Nationale G. 6513.
2. The first voyage round the world by Magellan, translated from the
account of Pigafetta... by Lord Stanley of Alderley, Hackluyt Society,
1874,p. 155, et cité par le colonel Yule dans : Glossary of indian words
and phrases. London. Au mot Coco de Mer, p. 227.
174 A.-A. FAUVEL
d'origine arabe, s'il faut en croire le naturaliste Rumphius
qui dit ceci en parlant du Coco de Mer :
« Fructus itaque hic marinus duplex est major et minor.
« Major est geminus, est Cocus Maldivicus..... Malayensibus
« (dictus) Calappa laut, Boa Pausengi et Boa sengi quod illi
« pronuntiant Bootjungi..….…. », et un peu plus loin:
« Flamines Aethiopes..…... arbor ipsa is dicitur Pauseng1.…
« Fructus vero hujus arboris vocant Boa pausengi vel Boa
« sengi suntque nuces celebris istius Calappi marinae quae
« contra undas sese elevantes aliquando in Javae et Solorae
« littore projiciuntur..... Sic quoque credo hosce flamines
« verbum Pausengi audivisse ab Arabibus, atque arborem esse
« crescentem in magno Indico mari, quod Africanam oram
« Orientalem insulasque Majottos irriguat quarum incolae
« vulgo Zangi seu Zengi. h. e. tosti Aethiopes vocantur, ubi
« minor horum fructuum species reperitur quam postea des-
« cribemus!. »
Buapausenghi signifierait donc: Fruit du manguier sauvage
du pays des Zengi ou éthiopiens brülés (noirs), et Rumphius
était bien près de la vérité en plaçant dans la partie africaine
de l'Océan Indien la patrie du Calappa laut où Coco de Mer
des Malais et Javanais.
Par contre, nous n'avons pu trouver nulle part dans
Rumphius le passage où, suivant l'anglais Skeat cité par
Yule, il aurait correctement traduit Zangi par magie malaise ??
D’après ce même Skeat, Pauh Jangqi ou Pau sengi est,
jusqu'à ce jour, le nom donné dans tout l'archipel malais à
l'arbre qui pousse dans le tourbillon central des océans, dit
aussi le nombril des mers, suivant la mythologie de ces pays.
Rumphius nous apprend encore que les Chinois appellent
ce fruit Hayja (Haï-ya) — Mer noix ou coco de mer, traduc-
üon littérale du malais Calappa laut, coco marin, aussi connu
1. Georgi Everhardi Rumphiü. Med. Doct. Hanavensis..... Herba-
rium Amboinense (MDCCL), Liber XII, cap. 8, p. 210-241.
2. « Janggi, according to Rumphius, and he is quite correct, means
Zangi, malay magic ». Yule, À Glossary of Indian Words and phrases,
in-8°, London, 1893, au mot Coco de Mer, p. 227.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 175
dans l'Inde, nous dit Yule, sous le nom de « Daryas Nariyal
or cocoa nut of the seal ».
Après Pigafetta, les premiers auteurs européens qui ont
parlé du Coco de Mer sont naturellement les voyageurs por-
tugais. Dès 1553, une allusion y est faite par Barros, qui, sans
le nommer, fait pousser au fond de la mer ce fruit plus gros
que le coco ordinaire, et dont les propriétés médicales
sont supérieures à la pierre de*Bezoar. En effet, après avoir
parlé du cocotier ordinaire aux îles Maldives il ajoute : « A
« fra estas arvores, que se eriam naquellas Ilhas sobre a
« terra, parece que e tam viva a semente dellas, que a natureza
« alli repositon; que em alguas, pärtes debaixo da agua sal-
« gada nasce outro genero d’ellas, as quaes dam hum pomo
« maior que o coco; e tem experiencia que à segunda casca
« delle à muito mais efficaz contra a peçonha, que a pedra
«UBeZOATE: : 5%: »
C'est du reste ce que chantait le Camoëns, dès 1572,
dans les vers suivants, où il ne nomme pas plus le fruit que
Barros :
Nas ilhas de Maldivas nasce a planta
No profundo das aguas soberana
Cujo pomo contra o veneno urgente
He tido por antidoto excellente (Lusiades, X, 136).
Un autre auteur portugais, Garcia de Orta, dans ses Dia-
logues sur la pharmacopée de l'Inde, imprimés à Goa en 1563,
nous entretient avec plus de détails du Coco des Maldives.
Les passages du Livre de Garcia de Orta* que nous allons
1. Nous avons cherché en vain dans nombre d'ouvrages de botanique
et de médecine chinois sans réussir à y découvrirla moindre mention
du Haï-ya.
2. Barros(Joao de), Decadas da Asia... decada terceira, livro terceiro,
capit. vi, p. 311-312. Lisboa, Regia officina typografica, 1777.
3. Garcia de Orta, Colloquios dos Simples e drogas e couzas medici-
naes da India e assi de algunas fructas achadas nella (varias cullividas
no Brazil) compostos pelo Doutor Garcia de Orta Physico del Rei D, Joño
3° : Feita moscimamente pagina per pagina pela primeira impressa em
Goa por Joäo de Endem no anno 1563. Lisboa na impresa nacional,
1872.
176 A.-A. FAUVEL
analyser nous apprennent, qu'à son époqué le Coco de Mer
s'appelait Coco des Maldives en Portugal, où on en avait reçu
des noix rapportées des Indes par les navigateurs. D’après le
témoignage de personnes dignes de foi, les noix et surtout
l'amande étaient fort réputées dans ces pays comme un excel-
lent remède contre les poisons, la colique, la paralysie, l’épi-
lepsie et denombreuses maladies nerveuses, contre celles des
entrailles qui causent des vomissements. Elle prévient d’autres
maladies quand on boit de l'eau conservée quelque temps
dans la noix avec un peu de l’amande. Garcia n'ose affirmer
que tout cela soit exact, car il n’en a pas fait l'expérience et il
ne sait si le mieux ressenti par ceux qui s’en sont servis est
dû à l’action du médicament ou à l'effet de l'imagination.
Il décrit la noix comme plus noire et plus brillante que
celle du coco ordinaire. Elle est aussi plus grande et ovale
au lieu de ronde. L'amande intérieure est très dure, d'un
blanc tirant un peu sur le jaune; vers la partie centrale elle
est fendillée et très poreuse. Elle n’a aucun goût marqué. En
médecine, on en mélange un poids de dix grains de blé avec
du vin ou de l’eau.
Il ne donne pas les dimensions de cette noix mais il dit qu'il
en a une de la contenance de sept chopines (sete quartillios).
On en trouve d'ailleurs de très grandes et de petites rejetées
toutes par la mer sur le rivage. Garcia continue en disant
que : d'après la croyance populaire, les îles Maldives faisaient
autrefois partie du continent (de l'Asie), mais elles en
furent séparées par une inondation marine. Dans ce cata-
clysme les palmiers porteurs de ees noix furent ensevelis sous
la terre et les eaux, et c’est pour cela qu’elles sont devenues
aussi grandes et aussi dures que nous les voyons.
Comme personne n'a encore pu voir les troncs ou les feuilles
de ces palmiers, il n’est pas facile de dire s'ils appartiennent
ou non au même genre que ceux que l'on connaît. D'après ce
que l'on sait de la structure des noix et de leurs propriétés
diverses, ces arbres doivent appartenir à une autre espèce que
le cocotier commun. Les noix sont généralement réunies deux
à deux, ce qui leur donne l'apparence de fesses d'animaux
Gr
4
1
LE COCOTIER DE MER DES ÎLES SÉYCHÈLLES { 11
(arcos de bésta), mais on les trouve aussi quelquefois séparées.
On en tire l’amande comme on tire celle des cocos ordinaires
pour la sécher et faire le copra, mais (au contraire de celle-ci)
elle devient très dure et la partie interne prend l'apparence
de très bons fromages debrebis. Un Portugais qui connaissait
fort bien les Maldives et lui a donné ces informations a ajouté
que toute personne qui trouve ces noix sur le rivage doit,
sous peine de mort, les apporter au roi. C'est pour cela qu'elles
ont une si grande renommée.
Le roi des Maldives gardait ces précieuses noix pour en
faire des présents aux grands du pays ou aux souverains
étrangers, ainsi qu'on le trouve consigné dans le livre des
voyages du navigateur hollandais Jan Huygen von Linschoten
aux Indes Orientales, fait en 1579. Parlant des noix bonnes
contre les venins qu'il vità Ceylan il dit :
« De ces noix y en a aucunes fort estimées entre toutes les
« noix d'Inde pour la vertu qu'on tient qu’elles ont contre les
« venins, lesquelles sont fort grosses et belles et de couleur
« noire. J'en ai vu présenter au viceroy de l'Inde qui estoient
« chacune de la grandeur d’un pot de mesure, estimées de la
« valeur de trois cents pardauves! quiestoyent gardées pour en
« faire un présent au Roy d'Espagne. De cet arbre et de ses
« fruits sera parlé plus amplement cy-après?. »
Cette promesse ne semble pas avoir été tenue, car malgré
toutes nos recherches, il nous a été impossible de trouver les
informations complémentaires annoncées.
Les Dialogues de Garcia de Orta furent promptement tra-
duits. Ce fut d’abord en latin par Charles de l'Écluse, plus
1. Pardauves — Pardaw ou Pardawes ou Pardaus. Xeraphius — Pardao
d'Ouro. Cette monnaie portugaise valait du temps d’Albuquerque
trois testons de Portugal, soit 370 Reis actuels ou environ 1 shilling 6
pence 1/2 de monnaie anglaise actuelle. C'était une pièce d'or de l'Inde
Occidentale, changée plus tard à Goa en monnaie d’argent (Yule, Glos-
Say; fc. . 5 au mot Pardauve).
2. Histoire de la navigation de Jean Hugues de Linscot Hollandais, et
de ses voyages aux Indes Orientales, ..., à Amsterdam MDCX (1610),
des iles dénommées Maldives, chap. XIII, page 30. (Il était parti du Texel
en 1579.)
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915, 12
178 A.-A. FAUVEL
connu sous son nom latinisé de Carolus Clusius ou Clutius. La
date de la première édition de son livre doit être antérieure
à 4587 puisque Dalechamp le cite dans son Historia genera-
lis plantarum, parue cette même année 15871, comme ayant
vu à Lisbonne et en autres lieux des vases faits du Coco des
Maldives. Nous avons retrouvé ce passage en note au bas de
la page 110 de la 4° édition de Clusius imprimée à Anvers en
1593°?, parlant du Coco des Maldives ildit: d. « Vidimus vas-
« cula ex hoe cocco de Maldiva confecta Ulyssipone (Lis-
« bonne) tum aliis locis, oblongiora plerumque 1is quam quae
« ex vulgari cocco parantur, et nigriora nitidioraque. Sed et
«ipsam medullam siccatam Ulyssipone venalem reperias,
« cujus facultates mirifice extollunt, atque omnibus fere alex1-
« pharmis praeferunt : eamque ob causam magnum eJjus
« pretium. Quäm verd parum fidei sit adhibendum hujusmodi
« fabulosis et commenticiis facultatibus, Auctor noster satis
« declarat. »
On voit par cette note que la vertu médicinale de lamande
de ce coco était connue même au Portugal. Dans l'édition de
1605, une belle gravure (Planche Ï) nous montre une aiguière
en argent ayant la forme d'un oiseau à queue de serpent dont
le corps est formé par une moitié de coco des Maldives.
C'est la première représentation du Coco de Mer que nous
ayons encore pu trouver; malheureusement on ne peut guère
se faire une idée de la forme exacte de ce fruit, la gravure ne
laissant voir à travers les ornements d'argent qu'une bien
faible partie d'une moitié du coco. A côté, le graveur a repré-
senté un petit fragment de l’amande à une échelle légèrement
1. Dalechamp, Historia generalis plantarum, ? vol. in-folio, Lugduni,
MDLXXXVII (1587), vol. 2, p. 1762 — De nuce indica.
2. Aromatum et simplicium aliquot medicamentorum apud Indos
nascentium Historia primum quidem lusitanica lingua ôtæhoytx@s cons-
cripta a D. Garcia ab Horto proregis Indiae medico; deinde latino ser-
mone in Epitomen contraclus et iconibus ad vivum expressis locuple-
tioribusque annotationibus illustrata a Carolo Clusio Atrebate. Quarta
editio. Castigatior et aliquot locis auctior. Antwerpiae, ex Officina Plan-
tiniana apud viduam et Joannem Moretum, MDXCIII (1593). Liber I, p.
102, De nuce indica, p. 107-110 note d.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 179
réduite, mais qui n'est pas plus indiquée que celle de
l'aiguière. On peut déduire du texte, qui lui donne comme
dimensions 14 pouces de longueur sur 7 de largeur, qu’elle
état faite d'un petit échantillon de noix des Maldives dont
les beaux spécimens atteignent jusqu'a 50 centimètres de
longueur sur 24 de largeur pour la demi-noix.
La note d de l'édition de 1593 est complétée par ces mots
dans celle de 1605 :
« Longè autem reliqua vascula ex simili cocco confecta
« magnitudine superabat illud quod argento inclusum in
« prætoria illa navi MDXCIT ab anglis occupata repertum
« est, longum enim erat quatuor et decem, latum septem,
« ovalis infernà parte figurae superne paullo planioris, latere
« dextro magis rotundum et tumens, externae parti calcei pedi
« inducti paenè instar, color qualis in cocco vulgari laevi-
« gato et expolito. Ilius iconem qualem Jacobus Garetus ad
« 1psius vasculi normam expressam ad me mittebat huc intu-
« limus . »
Ce texte nous éclaire, un peu plus que la gravure qu'il
accompagne, sur la forme de la moitié seulement de la noix
des Maldives. On s'en rend cependant encore difficilement
compte. Quant aux qualités de l'amande, Dalechamps ajoute
ce qu'aucun auteur ne nous a encore appris :
« Medulla sive nucleo recenti cum carne et piscibus ves-
cuntur non aliter quam nos pane nec amygdali duleis sapori
cedit. » C'est d’ailleurs une erreur. En effet, à cette époque
on ne connaissait encore que le fruit flotté, c'est-à-dire déjà
vieux et à demi décomposé par l’eau de mer à la suite de son
long séjour dans l’onde amère. L'auteur le confond évidem-
ment avec le fruit frais du cocotier ordinaire dont la jeune
amande constitue un mets très agréable. D'ailleurs, celle du
Jeune coco de mer est absolument insipide, comme nous
1. Caroli Clulii Atrebatis aulae Caesareae quondam familiaris Exotica-
rum libri decem quibus Animalium, Plantarum, Aromatum Aliorumque
peregrinorum Fructuum historiae describuntur item Petri Belloni
observationes. Ex officina Plantinianä, Raphelengi, 1605. { vol. in-foho.
Liber I, Aromatum hisloriae, pp. 190-193.
180 A.-A. FAUVEL
l'avons constaté nous-même, et elle ne peut être consommée
que sur place, car elle se gâte très rapidement
Mais d'où venaient ces noix mystérieuses, c’est ce qu'on
ne savait pas encore à l’époque des historiens et naturalistes
que nous venons de citer. Un voyageur français, Pyrard de
Laval, qui partit le 20 mai 1601 de Saint-Malo pour les
Indes Orientales et fit naufrage l’année suivante (juillet) sur
l'île Pouladon de l'archipel des Maldives, va nous renseigner
à sa façon sur cette question!. Ayant passé plusieurs mois
dans ces îles, il y apprit quantité de choses intéressantes,
consignées dans la relation de son voyage, parue en 1615 à
Paris. Voici ce que nous y trouvons concernant le Coco dit des
Maldives : « Isle étrange à découvrir. Quelque temps après
« le Roy envoya par deux fois un très expert pilote pour
« aller découvrir une certaine isle nommée Poulloys, qui
« leur est encore presque inconnüe... Ils ont opinion que ces
« gros cocos médicinaux, qui sont si chers là, en viennent.
« D'autres pensent que c’est du fond de la mer. »
Pour ce qui est du coco des Maldives, voici ce qu'il en dit:
« L'ambre gris appartient au Roy et nul n'oserait le retenir
« qu'il n’eût le poing couppé. Il en est ainsi d’une certaine
« noix que la mer jette quelquefois à bord, qui est grosse
« comme la teste d’un homme, qu'on pourrait comparer à
« deux gros melons joints ensemble. Ils la nomment
« Täâvarcarré et ils tiennent que cela vient de quelques arbres
« qui sont sous la mer. Les Portugais la nomment Cocos des
« Maldives : c’est une chose fort médicinale et de grand prix.
« Souvent à l’occasion de ce Tavarcarré ou bien de l’ambre
« gris et noir (qu'ils appellent gomen ou meunare quand il
« est préparé) comme il s’en trouve aussi, les gens et les
« officiers du Roy maltraitent de pauvres gens quand ils
« les soupçonnent d’en avoir trouvé et même quand on veut
« faire déplaisir à un homme, on luy impute et on l’accuse de
1. Voyage de (François) Pyrard de Laval, contenant sa navigation aux
Indes Orientales, Maldives, Moluques, etc., divisé en trois parties par le
Sieur Du Val, géographe ordinaire du Roi. Nouvelle édition. Paris,
M. DC;LXXIX (1679), 4 vol. in-4°, 1e partie, chap. XXI, p. 212.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 181
« cela, comme on fait ici de la fausse monnoye, afin qu'il en
« soit recherché : et quand quelqu'un devient riche tout à
« coup et en peu de temps on dit communément qu'il a
« trouvé du Tavarcarré ou de l’ambre comme si c'était un
« thrésor.....»
L'île Poulloys serait-elle les Seychelles ? C'est ce que le
colonel Yule incline à croire. À notre avis, la position de dix
degrés au sud de l'Equateur, qu'elle occupe d’après le pilote
des Maldives, et les tourmentes qui la désolent, ainsi que les
maladies qui firent périr ses hommes, sans parler des maléfices
des diables qui l’habitent, tout cela se rapporterait beaucoup
mieux aux Comores. Celles-ci sont en effet par 11° Sud dans
la zone des cyclones et leur climat est des plus insalubres, et
l'une d'elles au moins possède un volcan en activité, aussi
sont-elles souvent bouleversées par les tremblements de
terre, d'où les craintes superstitieuses des habitants des
Maldives à leur endroit.
Pour ce qui est du nom donné aux Maldives au coco de
mer ef que nous trouvons mentionné pour la première fois
par Pyrard, voici comment Yule, ayant cité en partie ce pas-
sage, l'explique :
Tavarcarré — Tava-karhi : karhi means Coco-nut. Properly
it is Tava’karhi — the hard shelled nut!.
Continuant nos recherches dans les ouvrages scientifiques
du commencement du xvu* siècle, nous trouvons pour la pre-
mière fois dans l’histoire générale des plantes de Jean Bauhin
et de J. H. Cherler, imprimée en 1619, un dessin des deux moi-
tés séparées d'un coco des Maldives, on dirait deux gros
haricots et l’on ne se rend pas encore bien compte de la forme
du fruit entier. La description qui accompagne la gravure
est empruntée pour une partie au texte de Garcia de Orta,
1. Yule, Glossary of.... etc., citant Gray ou Pyrard de Laval, Hack-
luyt Society, au mot Coco de Mer. On trouve encore à Ceylan le
noms suivants pour ce fruit: Dyria kanaril; Kadil tagingai; Sumatrapoo
tainkaya. (Vide Le Naturaliste, Revue illustrée des Sciences naturelles,
XIII: année, 2° série, 1 janvier 1894, p. 14-15, le Lodoicea Seychel-
larum.)
182 A.-A.' FAUVEL
aussi nous ne citerons que celle qui nous renseigne un peu
te)
plus que cet auteur.
« Hujus cocci medullae fragmento nos donavit Illustr.
noster Princeps : fungosum est, eà consistencià quam
videmus in fungis nucum, colore foris in luteo cinereo,
intus pallido, fibris variatum subinde ferrugineis et eroceis,
gustu insipido. Integras autem duas nuces apud eumdem,
Il. nostrum principem vidimus Stutgardiae, nuce seu
Cocco indico majores, longiores, admodum capaces ; pedem
sunt longae, rotunditatem vix duabus. manibus amplecti
poteramus ; pars compressa erat sex uncias lata, in quâ
amplum foramen apparebat ab alio fructu separatum, ita
ut gemellus fuerit fructus, conjunctorum fructuum ingen-
tem fuisse magnitudine apparebat. Utriusque capacitas erat
insignis : cortex durus et spissus, qualis aliis nucibus,
externè strus obliquis, longis, excavatis, colore nigro :
pulsatus ollae modo resonans. Sic corticem etiam villosum
habet, ut aliae nuces Indicae, praegrandem fructum esse
oportet capiteque humano majorem multà : foramen
tantum est, ut pugnus‘inde possit. Dicuntur CC (ducentis)
aureis gallicis emptae. Ejus ieonem geminam damus
utramque faciem ostendentem. »
« Acosta testatur hanc nigriorem, nitidiorem, longiorem,
majoremque esse quam vulgata Nux Indica, Coccum de
Maldiva vocat idem ex Vers. Clus. Garcias verd Cocecum de
Maldiva. Item Coccus de Maldiva Hist. Lugd. Et rursus in
append. (ne ei deesset numerus) Coccus de Nalediva eidem.
Grana maldivana : Nuces Maldivanae : Cocci di Maldiva.
Aein frombde purgiriende Frucht Catal. Francofurt.
« Sed cur purgantem fructum Germania vocet nescimus.
Nec placet tam magnum fructum grani nomine vocari!.
4. Joh. Bauhini. D. ill. Cels. Wirtemb. archiatri et Joh. Hen. Cher-
leri Basil D. Phil. et Med. Historiae Plantarum nove et absolutiss....
Prodomus qui velut in Sciagraphia quadam.. Ebroduniex Typographia
Societatis Caldorianae. Anno M.DC.XIX. (1619), 1 vol. in-4°, Liber IN,
P:
11, Nux indica ad venena celebrata sive Coccus Maladiva,,
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 183
« Vires et usus. » Il cite ici intégralement le texte de
Garcia puis il ajoute :
« Fiunt in eam gratiam ex illo pocula quae auro vel
« argento excipiuntur et in navium triremiumque figuram
« efformantur, ad aquam bibendam in quam ex catenula
« medullae ipsius cocci fragmentum pendere sinunt : sibique
« certo persuadent 1llis qui aquam ex his poculis hauriunt
« nullum venenum nocere posse futurosque immunes a nullis
« [multis] morbis in quos sanè memini multos incidere qui ex
« ls poculis bibere soliti erant. Et licet omnem diligentiam
« adhibuisset Costa, nunquam tamen observare potuit similia
« pocula aliquem ex morbis curare ad quos utilia esse
« creduntur. Potius igitur arbitratur et is tantam laudem
« obtinuisse a vulgi opinione.
« Nonnullos ex hujus modi vasculis bibere solitos sibi
« affirmasse ait seu experientia didicisse jecur incendi, renes
« noxam contrahere et calculum generari : nihilominus
« tamen magnum esse eorum pretium longè que pluris
« aestimari lis locis ubi inveniuntur, quäm als procul inde
« dissitis : nam interdum ejusmodi nuces nudas, neque auro
« aut argento exornatas L (quinquaginta) aut amplius aureis
« nummis aestimari..... RENE
« Paludanus quoque a se tentatum, an contra venena
« aliquid posset tradit sed nullo successu !. »
Comme on le voit, on ne se rendait pas encore bien compte
de la forme du fruit entier. Quant aux vertus et aux défauts
dudit coco et de son amande au point de vue médicinal, on
commençait à n y plus croire, Paludanus les ayant essayés
en vain. Gaspar Bauhin, en 1623, cite Garcia, Acosta et
Linschot, sans nous apprendre rien de neuf?. Il en est de
1. Historia Plantarum universalis auctoribus Johanne Bauhino
archiatro, Joh. Henrico Cherlero Doctore Basiliensibus quam recensuit
et auxit Dominicus Chabraeus D. Genevensis, juris vero publici fecit Fr.
Lud. À Graffenried Düs in Gertzensee. Ebroduni els. 19. cL. (1650),
4 vol. in-folio, t. I, Liber IT, cap. CLXXIX, p. 38#.
2. Pinax Theatri Botanici Caspari Bauhini sive Index in Theophrasti
Dioscoridis Plinii et Botanicorum qui a seculo scripserunt opera
M.DC.XXIIT Basileae Helvet. sumptibuset Typis Ludovici Regis, { vol,
in-4°, Liber XIT, sect, VI, p. 509, col, I.
184 A,-A. FAUVEL
même du père Eusèbe Nieremberg en 16351. IL semble
ignorer la monographie aussi complète qu'on pouvait alors
l'écrire sur ce fruit curieux et qui avait paru l’année précé-
dente à Amsterdam, sous forme d'un petit opuscule in-4°,
de 57 pages illustrées de 10 gravures sur bois et due à la
plume du médecin hollandais Augerius Clutius ??.
L'une de ces gravures (PI. IT, fig. 1) représente pour la
première fois en grandeur naturelle (33 centimètres de long
sur 27 de large), et hors texte, une noix de coco des Maldives
ou plutôt une coupe bilobée et polie formée d’un fruit de cet
arbre. Cinq autres gravures également sur bois et à petite
échelle sont intercalées dans le texte du chapitre IX et repré-
sentent aussi pour la première fois la noix entière ou section-
née de façon à bien faire comprendre sa forme à l’état naturel,
tant à l’intérieur qu'à l'extérieur. L'échelle n'étant pas indi-
quée on ne peut se rendre compte des dimensions de la noix
qu'en consultant le texte où elles sont données. A la fin de
l'ouvrage, l’auteur donne en annexe (Paralipom seu praeter-
missum) deux gravures montrant un fragment de l’amande et
un de l'écorce interne placée entre cette amande et la noix.
Il figure aussi, sans doute en grandeur naturelle, le germe
du coco ordinaire et celui du coco des Maldives, d’après des
échantillons à lui donnés par D. Samuel Blommert, probable-
ment quelque navigateur. La noix ouverte est dessinée en
grandeur naturelle d'après la coupe en possession de l’amiral
Wolphard (Harmansen).
4. Johannis Eusebii Nierembergi, Madritensis ex Societate Jesu in
academià regia madritensi Physiologiae professoris Historia Naturae
maxime peregrinae Libris XVI distincta(1 vol. in-folio). Antwerpiae, ex
Officinà Plantinianä, Balthasari Moreti, M.DC.XXXV Liber XIV, cap. IX,
pag. 298. De Cocco Maldivensi.
2. Augeri Clutii M. D. Opusculum. De Nuce Medica. Amstelodami,
typis Jacobi Charpentier, anno 1634, 1 vol. petit in-4° avec figures.
Se trouve aussi imprimé avec un second opuscule sur l'Ephémère sous
le titre :
3. Augeri Clutii M.D. Opuscula duo singularia. 1° De Nuce Medica.
2° de Hemerobio sive Ephemero insecto. { vol. petit in-4° avec figures.
Amsterodami, Typis Jacobi Charpentier, anno 1634.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 155
L'ouvrage est aussi complet que possible puisqu'il prétend
contenir tout ce qu'on connaissait alors sur ce sujet:
« Opusculum in quo Medici, Physici, Historici, Politici, Critici
exercitium suum invenient », comme l'annonce le titre. Il n’a
pas moins de trois pages de préface, trois d'avis au lecteur.
Douze sont consacrées à l'index ; une à ce que nous appelons
aujourd'hui la Bibliographie : « Nomina eorum quorum opera in
utroque opusculo adjuti fuimus ». Nous y relevons, pour ce
qui a trait au Coco des Maldives, non seulement les noms
des écrivains qui en ont parlé, mais aussi ceux des personnes
qui possèdent des échantillons de cette noix ou qui lui ont
procuré des renseignements ;
?
ce sont : Laurentius Realius
Eques et Senator ; Jacobus Speccius Ind. Or. generalis quon-
dam ; Godefridus à Clermont, civis Harlemensis possessor
geminali coceci ; D. Bontius P. M. Indicarum Plantarum
quarundam et autor [sic] ; Johannes van Maerle, jocularius
Amsterodamensis, scyphi in India argento excepti ex Coco
Medico possessor ; Samuel de Bendana, Lusitanus mercator
duos Antwerpiae quondam argento munitos usuique aptatos
habet : Johannes Tradescantius Regiae Majestatis Angliae
Botanicus, dimidiam nucem habet.
L'ouvrage intitulé : Catagraphus Cocci Maldivensis Tavar-
care 20 est dédié comme suit: D. Wolfardo Harmans
Thalassiarcho... dati et consecrati anno cl. I. cL. (1650).
Une page de compliments adressés à « Gothofredo Clermontio »
est datée «23 sept" 1634» et signée «T. Augerius Clutius ».
Les pages 1 à 60 comprennent XV chapitres que nous
allons analyser. Le chap. I, au-dessus duquel on lit: Historiae
Cocci de Maldiva seu Nucis Medicæ Maldivensium, n’est,
suivant les habitudes de l’époque, qu'un long discours sur
l'invention des médicaments « immensum beneficium Dei ».
« Pharmaca exotica a Nautu nostro orbi illata sunt et Nucis
Medicae primatus. »
Le chap. Il contient une longue description des Maldives
sur les rivages desquelles les flots rejettent l'ambre et la
Nux Medica qu'on ne trouve que là. Il cite Barros et Acosta,
Au chap. IIL, il rapporte les fables concernant l'origine de
186 A.-A. FAUVEL
la noix et ce que nous a appris Pyrard de Laval sur l'Ile
Palloys (sic pour Poulloys).
Au chap. IV, il décrit la noix : « Nux Medica gemina semper
« qualfiguraet dividi nequit propter vincula. Medulla N. Med:
« tegit interiora utriusque putaminis, ejus forma rotunda seu
« fabacea.. .. Nucleum N. Med. tunicae quaedam tutantur.…
« Totus nucleus non excernitur, ubi seyphus inde fabricatur,
«_ pars relicta in duritiem ipsius Cocei vertitur..... N. Med.
« adaperta exprimit cymbia duo et usüs interno et externo
« applicatur, medulla ex catenulà aureà appenditur.....
« Poculi gemini ex Nuce Medicà extremitates nisi auro con-
« jungantur ad usum inhabiles Pixidis vicem aliquando
« supplet — Scyphus ex N. Med. remedia plurima contra
« morbos habet., — Nucis expolitae putamen naturali caela-
Magnitudo
«_tura dotatum, color cujus ex nigrosaturatus.
« a melonum majorum specie et magnitudine non recedit.
« Modus poliendae nucis oleum in poliendâ nuce noxium. »
Il faut employer pour la polir du tripoli et de l’eau, car
l'huile lui fait contracter une mauvaise odeur. Nous n'avions
encore trouvé cette donnée nulle part.
Dans le chap. V, l'auteur, qui l'intitule Catagraphus Nucis
Medicae, nous raconte comment, vers la fin de son règne,
l'Empereur des Romains Rodolphe IT offrit à la famille de
l'amiral Wolfert Hermanssen! de lui céder pour une somme
de 4.000 florins d'or (environ 80.000 francs) la noix de coco
des Maldives que celui-ci avait reçue en présent du roi de la
ville de Bantam (à Java) comme remerciement pour le cou-
rage qu'il avait montré en 1602 lorsqu'il délivra cette ville
assiégée par les Portugais. Cette noix était cependant incom-
plète, comme le montre la gravure. Clutius explique, en effet,
que le roi de Bantam en avait fait enlever au préalable la
partie supérieure pour ne point offenser la pudeur du noble
amiral.
1. Wolphard Harmans ou Wolfart Hermanzen, suivant Yule, loc, cit,
On le trouve ailleurs écrit Wolfart Harmenz,
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 187
Il décrit ensuite les diverses formes de noix, tant entières
que coupées par le milieu dans le sens de la longueur.
Le chap. VI est une série de considérations d’après Cl.
D. Realius, surtout au point de vue médicinal et au sujet de
son origine probable. En somme, un tissu d'erreurs et de
fables attribuant à ce coco une origine sous-marine, et à
l'amande et au germe transformés en pierre des propriétés
curatives. |
Le chap. VII ne nous apprend pas grand'chose d’intéres-
sant sinon qu'en 1614 Speccius ! et Coenius virent ce coco à
la cour du rajah de Bantam. Coenius essa ya en vain de s’appro-
prier quelques parcelles de l’amande que ledit roi était en
train de retirer d’une noix pour s’en servir comme d'un médi-
cament précieux contre les poisons, la fièvre, etc. Il fabriquait
avec les fragments de la coque diverses sortes de vases et
cuillers, « caliculis, scyphulis, cochlearibus », en somme ce
qu'on appelle aux Seychelles la vaisselle de Praslin. Speccius
finit par obtenir un petit coco : « Speccius.... minutulum
« Coccum Maldivensem conquisivit, sed a nostro differen-
« tem. Specciani cocci ovi anserini magni testa scabra, crassa,
« color saturatus, odor fragrans (?) sapor amaricans ossea
« durities. Speccius proprio satu Plantarium vulgarium Coc-
« corum adornavit. » Cette description nous fait supposer
qu'il s'agit là d’une autre espèce de noix.
Le chap. VIII ne contient rien d’intéressant, c'est une
série de digressions à la mode du temps qui n'ont rien à
faire avec notre étude.
Le chap. IX, par contre, est le plus curieux de l'ouvrage
parce qu'il est orné des cinq figures déjà citées qui nous per-
mettent de nous former, pour la première fois, une idée assez
exacte de la noix vidée de son amande. Le texte complète les
figures et les explique. La figure À représente une noix
ouverte par une section à travers les deux lobes, dans le sens
de sa longueur ; en B, on voit le dos de cette même coquille,
1. Jacob Spex et Jean-Pierre Koen, deux chefs nobles envoyés par le
préfet Pierre Booth,
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a
Û A.-A. FAUVEL
”.
un trait ponctué indiquant la partie enlevée : « Sessilem et
« summam partem exhibet, quae sensim declinat in modum
« interfeminei, facie oculis pudicis aspicienti horrida.... »
Il n'a fait représenter, n1 dans cette figure n1 dans la précé-
dente, l'ouverture qui donne passage au germe et 1l semble
attribuer à la noix deux autres trous comme dans le coco
ordinaire : « Dein spiracula duo consideranda esse lateraliter
« in parte hac punctulis annotatae et suprema regione locata
« quae ceteris paribus magnitudine etiam non superant vul-
« gariorum coccorum spiracula. Ea ad scyphum consoli-
« dandum obturantur, quod videre est in minore Cymbio mal
« divensi honestissimi mercatoris Samuelis de Bendana qui
« duo possidet ab artifice quondam Antwerpiensi argento
« affabre investita. Tertium verd non est praetereundum,
«in integra Maldivensi nuce colliculum quasi Veneris,
« foemineae pubis faciem dextrè aemulari quae serrae moli-
« mine transadacta deperditur. »
La fig. C montre l’autre face de la noix entière.
De la fig. D, il dit: « Dimidiatum Coccum ad schyphi (sic)
usum omnibus numeris concinnum ostendit parte sinistra
cui si jungatur dextra apprime referunt par Calceorum
rusticorum e faginà materie id est een paer Hulften of
Clompen. »
Pour E, il ajoute qu'elle montre le dos de la coquille vue
en D par l'intérieur.
Dans le chap. X, Clusius rapporte ce que Garcia de Orta et
les médecins portugais ont dit. Parlant de l’amande, qu'on
fait sécher comme celle du coco ordinaire ou copra, il dit
qu’elle devient dure comme de la corne et qu'on la vend fort
cher à Lisbonne ainsi que la noix entière.
Du chap. XI, qui est fort long, nous ne citerons que ce
qui n'a pas été encore dit ailleurs et qui intéresse notre sujet :
« Putaminis rasura insipida est, sine odore sine ullà quali-
« tatis repugnantia.... Nucis Med. putaminis instar ebeni
« ater ut vulgaris aetate et tinctura ater redditur.... Nux
« est frigida ‘temperamento.... Nucis M. integumentum
« internum non minorem Leptomeriae gustuve gratiam habet
17
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 189
« quam Thamariscus. Medulla solitaria atque aliis simplicibus
« mixta ad effectum valens est. Medulla ob corneam duritiem
« lima radi nequit, sed cultro et malei percussu adacta
« finditur. Medulla mortario aeneo et pistillo ferreo in pol-
« linem redigitur qui inodorus et insipidus est ut Lapis Bezoar
« occidentalis cui strus et colore affinis est. Medulla ovilli
« casei crustae veteri assimulanda, cujus pars interna rimosa,
« externa soliditatis firmae et spani coloris. Integumentum
« internum tenellum est, coloris ferruginei, crassitudine coru
« hircini ex quo calcamenta formantur. Cortex fibris quibus-
« dam varie distinctis praeditus est. Cortex seu integumentum
« internum crassiorum partium ignave seu subastringit.
« Cortex non se colligit inter mandendum sed per universam
« linguam se spargit. »
Le chap. XII est une longue digression médicale.
En tout douze cas de maladies diverses et de couches
difficiles, dans lesquelles ce remède fut souverain.
Le chap. XV est entièrement consacré à ce coco. L'auteur
cherche la signification de T'avarcarré : « Carè fruitus seu coccos
insularibus Mald. est nuncupatus; quid Tavar significat
ignoratur. » Il pense que le nom de Tofocke donné par CI. de
Laet à un coco dont l'enveloppe très dure et ligneuse contient
deux noix se rapporte au fruit d'un palmier des Maldives,
sans doute celui qui produit le coco de ces îles.
Suivent quelques formules médicales à employer contre la
dysenterie, les accouchements difficiles, la peste et les fièvres
malignes.
On sait depuis longtemps déjà que la noix de Coco de Mer,
aussi bien que son amande, ne possède aucune vertu médi-
cinale, Dalechamp dans son Hisloria generalis plantarum,
parue en 1587, se moquait déjà, comme nous l'avons vu, des
croyances des Portugais à ce sujet et il est encore plus expli-
cite dans l'édition française parue en 16531. Elle ne fait
1. Dalechamp, Histoire générale des Plantes contenant XVIII livres
également départis en 2 tomes. Tirée de l'exemplaire latin de la biblio-
thèque de M. Jacques Dalechamp, puis faite par M° Jean des Molins,
190 A.-A. FAUVEL
d'ailleurs que reproduire en français le texte de Garcia déjà
até en latin dans l'édition de 1587.
En 1658, le médecin hollandais Guillaume Pison consacre
23 pages in-quarto à l'histoire du Tavarcare « seu Nuce
Medicà Maldivensium » dans le chap. XIX de son livre sur
les productions naturelles et médicinales des deux Indes‘.
Suivant l'usage du temps, il cite les auteurs précédents, mais
précise la profondeur à laquelle ont été ensevelies sous la mer
les îles qui portaient autrefois les palmiers fournissant les
cocos des Maldives. Il la fixe, on ne sait sur quelles preuves,
à un minimum de «sedecim orgyarum »? (soit environ
120 mètres). « Unde est quod nonnisi singulari fortuna a
« supernavigantibus et linum demittentibus, nux capiatur. »
Il décrit la situation des Iles Maldives, leur richesse en
fruits de toutes sortes, puis revient au fameux coco dont le
lieu d'origine est inconnu {anceps et incerta), car on ne connaît
pas la situation géographique exacte de l'ile Palloys où cer-
tains le font encore croître. Le nom de l'amiral Wolfert
Hermanssen y est latinisé Wolfredius Harmanides (!). Compa-
rant le coco des Maldives au coco ordinaire des Indes, qui a
tant d'emplois utiles, il estime évidemment beaucoup moins
celui des Maldives qui ne sert que d'amulette, « Nux Maldi-
vensis amuleta in se continet ».
Il donne cinq figures, dont trois montrant la noix ouverte,
un morceau de l’amande et le germe comparé à celui du coco
médecin très fameux de leur siècle. A Lyon, chez Philippe-Borde, Louis
Armand et CI. Rigaud, M. DC. LIII, 2 vol. in-folio, t. II, ch. XXXIII,
p. 654.
1. Gulielmi Pisonis Medici Amstelodamensis, De Indiae utriusque re
naturaliet medica, libri 14mquarum contentu pagina sequens exhibet.….
Amstelodami apud Ludovicum et Danielem Elzevirios A°. clo. lo. czvirr.
1658, 1 vol. in-4°, caput XIX, De Tavarcare seu Nuce Medicà Maldiven-
sium, pp. 203-226, et non pas dans Mantissa aromalica.…. relatio nova,
comme l'indique Yule. (Cette dissertation formant le chapitre VI du
même ouvrage) qui indique l’année 1650 comme date de l'ouvrage de
Pison.
2. Orgya, mesure grecque valant environ 2 mètres (peut-être la brasse
ancienne 1 ® 82).
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 191
ordinaire sont des copies des figures de Clusius. La cinquième
seule, montrant une noix entière, a été évidemment dessinée
d'après nature sur un échantillon en sa possession et qui
diffère sensiblement comme forme de celui de Clusius. Il en
compare la forme aux vases antiques dits Cymbia dont on se
servait autrefois dans les sacrifices ou encore aux barques
(accouplées ?), dites Sambuques, et dépourvues de leurs agrès,
dont Marcellus se servit au siège de Syracuse. Il explique
que les chainettes d’or qu'on y fixe servent à les plonger dans
les liquides destinés à la boisson. Pour plus de détails, il
renvoie au livre de Bontius : « Descriptio plantarum Indiae
orientalis », où 1l nous a été impossible de rien trouver à ce
sujet.
Il est à remarquer que plusieurs auteurs de la fin du
xvii* siècle, par suite postérieurs à ceux que nous venons de
citer, voulant illustrer de figures leurs informations sur le
coco des Maldives en donnent des dessins beaucoup moins
exacts, quelquefois, même entièrement faux.
C'est ainsi que, par exemple, John Johnston dans son His-
toire naturelle des arbres et des fruits, parue en 16621, repré-
sente la noix des Maldives avec une forme différant entière-
ment de toutes celles données par les auteurs précédents. Il
lui donne la forme ovale avec un mamelon à l’une des extré-
mités, ce qui le ferait prendre pour un gigantesque citron
dont il diffère cependant par les longs poils frisés représentés
à sa surface, On pourrait supposer qu'il a représenté un coco
de mer encore en partie revêtu de son enveloppe fibreuse à
demi détruite par son long séjour dans la mer. Nous pensons
cependant que le dessin a été fait d'après un vulgaire fruit du
Cocos nucifera remarquable par des dimensions plus qu'ordi-
naires et qu on aura pris pour un petit coco des Maldives. En
1. Historia naturalis de arboribus et fruticibus Johannis Jonsloni,
medicinae doctoris. Libri X cum aeneis figuris Johannes Jonstonus.
Med. Doctor concinnavit Francforti ad Moenum Impensis haeredum
Math. Meriani. La 3° page du titre porte : Dendrographias sive Historia
naturalis de arboribus etc. Anno MDCLXIT, 1 vol. in-folio, p. 147, col. 2.
Palma Naldivensis (sic).
192 A.-A. FAUVEL
effet, l'enveloppe de ce dernier résiste beaucoup mieux que
celle du coco de mer, à demi charnue, et par suite pourrissant
très facilement et très promptement. Il est done plus que
certain qu'avant la découverte des Seychelles on n'avait
jamais vu un coco de mer avec son écorce.
La description qu'il en donne est copiée presque textuelle-
ment sur celle de Clusius dont il explique la description du
fruit.
Quelques années plus tard, en 1677, Chabreus ne consacre
qu'une douzaine de lignes à ce sujet et 1l se contente de
reproduire le dessin déjà donné (sans doute par lui) en 1650
dans l'Histoire universelle des plantes de Bauhin, et avec la
même légende : Coccus de Maladiva seu Indica !.
On trouvait cependant déjà un certain nombre de cocos des
Maldives, tant en Hollande qu’en Portugal, où ils étaient con-
sidérés comme des trésors de haute valeur, généralement
montés en aiguières ou coupes avec des ornements d'or et
d'argent. Tous les princes désiraient en posséder, témoin la
Reine de Portugal, comme nous l'avons déjà vu dans Barros,
et cette lettre écrite de Dacca en 1678 et citée par Yule :
« Pray remember y° Coquer nutt shells (Doubtless coco de
mer) and long nutts formerly desired for y° Prince?. »
Dans l'ouvrage de François Redi, imprimé en 1685 à
Amsterdam, on trouve la meilleure représentation qui ait
encore été faite d’une de ces noix entières. Dans cette gravure,
de 11 centimètres 1/2 de longueur sur 11 de largeur, on peut
remarquer, pour la première fois, un rudiment d'attache qui
indique que c'était par l'extrémité opposée aux deux lobes
que la noix était fixée à l'arbre. L'auteur ne paraît pas y avoir
attaché d'importance, car il n’en parle pas dans le texte.
Par contre, il s'étend longuement sur diverses expériences
1. Stirpium icones cum omnibus quae de plantarum natura natalibus
synonymis, usu et virtutibus scitu necessaria quibus accessit scriptorum
circa eas consensus et dissensus authore Dominico Chabraeo. Med.
Doctore apud Joannem Anthonium Choüet. Genevae, MDCLXX VIT. 1 vol.
in-folio, p. 28.
2, Yule, Glossary, etc..., loc. cit. Coco de mer.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 193
plus qu'enfantines qu'il a effectuées avec cette noix et qu'il
raconte dans une lettre écrite au savant naturaliste Jésuite
Athanase Kircher.
Une première édition de cet ouvrage imprimé en italien à
Florence en 1671 est pareille à celle de 1685 quant à la
teneur du texte, mais elle ne possède pas de figure f ?.
L'écrivain anglais John Ray consacre près d'une page de
son histoire des plantes, imprimée à Londres en latin en 1686,
à l'étude de notre coco, mais il n'ajoute rien de nouveau à ce
que nous savons déjà par les auteurs précités auxquels
d'ailleurs il renvoie ses lecteurs. Il doute fort des vertus cura-
tives qu'on lui attribue *.
Malgré cette opinion, la noix des Maldives se trouvait
encore en 169% chez tous les grands apothicaires, s'il faut
en croire Pomet, marchand épicier et droguiste à Paris,
auteur d'une Histoire générale des drogues, imprimée en un
bel in-folio orné de 400 figures en taille-douce exécutées
d’après nature {. Il ne semble pas très au courant cependant
de la forme exacte dudit coco, car la figure qu'il en donne est
fort petite et représente plutôt un coco ordinaire, garni de son
enveloppe fibreuse, qu'une véritable noix de coco de mer. Il
ajoute pourtant, à la fin du volume, qu'il possède dans son
1. Esperienze intorno a diverse cose naturali e particolarmente a
quelle che ci son portate dall Indie, fatte da Francesco Redi e scritte in
una lettera al reverendissimo padre Atanasio Chircher della Compagnia
di Giesù; in Firenze all'insegna della Nave, MDCLXXI, 1 vol. in-40,
p. 27-29.
2. Franciscus Redi Opusculorum. Francisei Redi nobilis Aretini
Experimenta circa varias res naturales speciatim illas quae ex Indiis
afferuntur ut et alia ejusdem opuscula quae pagina sequenti narrantur.
Amstelodami apud Hen. Wetstenium, clo In CLXXXV (1685), { vol.
in-12, p. 30.
3. Historia plantarum species hactenus......... autore Joanne Raio,
Londini, cl9. 15. CLXXXVI (1686), 3 vol. in-folio, vol. IT, p. 1359.
4. Histoire générale des drogues traitant des plantes, des animaux el
des minéraux, Ouvrage enrichi de plus de 400 figures en taille-douce
tirées d'après nature par le Sieur Pomet, marchand épicier et droguiste
à Paris, MDCXCIV (1694), 1 vol. in-folio, p. 215.
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol, 1915. 13
194 A.-A. FAUVEL
magasin toutes les drogues qu'il a décrites. Or la description
qu'il en donne confirme ce que nous avançons au sujet de sa
connaissance imparfaite du sujet. En effet, au chapitre XXIV,
intitulé des Cocos il dit : « Outre ces cocos il y en a encore
« une autre sorte mais beaucoup plus rare qui est ce que
« Jean Bauhin appellé Nux indica ad venena celebrata sive
« Coccus Maladiva. J'en ai un qui ne diffère des autres cocos
« qu'en ce qu'il est plus long, plus pointu et que sa coque est
« plus brune. Ses propriétés sont cause qu'il est extrêmement
« rare et cher. » Dans la seconde édition, parue en in-#4° en
17351, il cite en plus les qualités médicinales d’après
Dalechamp. Il ne semble pas, d’après texte et planche, avoir
eu entre les mains un véritable coco de mer.
Leonard Plukenet y attache encore moins d'importance, car
dans son Almagestum Botanicum publié à Londres en 1696?
il ne consacre que tout juste cinq lignes à ce sujet, dont deux
pour la synonymie. Il partage l'erreur de plusieurs auteurs
qui croyaient à tort que cette noix était quelquefois simple *.
L'ouvrage consacré par les Valentin père et fils, en 1732, à
l'histoire des simples, et qui n’est que la mise au point d'un
travail analogue de Jean Conrad Becker, traitant du Coco des
Maldives, lui attribue la forme d’un cœur.
Puis 1l ajoute ce renseignement complètement nouveau et
fort intéressant : « Difficulter comparatur, quod Sinenses
« istum tanquam idolum, domibus suis custodiunt, istum
« que ubique conquirunt teste Rumphio in Epist. XII. Indiae
« orientalis in Appendice hujus tractus legenda » (p. 59).
Nous n’en avons jamais entendu parler en Chine, pendant
un séjour effectif de dix années que nous y avons fait, et nous
n'en avons trouvé aucune trace dans les livres si documentés
1. Même ouvrage, 1 vol. in-40, 1735, p. 226.
2. Phytographia sive Séirpium illustriorum et minus cognitarum
Icones, in-40, Londini, Davis, 1691, # tomes en 5 volumes, vol. 2, Alma-
gestum Botanicum, p. 277.
3. Almagestum Botanicum sive Phytographiæ Plukenetianae Onomas-
ticon..... a Leonardo Plukeneto. Londini, MDCXCVI (1696), 2 vol. in-
20 "LE NT "D. 219:
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 195
des lettrés chinois touchant la religion ou la médecine.
D'après ce que nous savons des mœurs si spéciales des Japo-
nas et de leur culte impur du phallus, nous inclinons
à penser qu'il est beaucoup plus probable que c’est eux et
non les Chinois qui ont fait de ce fruit une amulette (comme
le disait G. Pison) ou une idole, comme l'avance Rumphius,
cité par Valentin.
Il cite ensuite Wormius. Comme nous n'avons pu trouver
le livre de cet auteur, on nous permettra de renvoyer à la
citation de Valentin qui est intéressante parce qu'elle attribue
au germe dudit coco une valeur curative en quelque sorte
spéciale et plus importante que celle de l’amande!,
Dans l'ouvrage de Samuel Dale paru à Leyde en 1739, on
ne trouve en fait d'indications sur ce sujet, dans huit lignes
de synonymie, que les suivantes dont nous n'avions pas
encore trouvé trace ailleurs et que nous n'avons pu vérifier :
« Coccus de Maldiva Office. Park. Theat. 1598 (?) The Mal-
diva nut. Gal. Noix de coco des îles Maldives. G. Maldivische
Coccus Nuss. B. Maldivise Cocos-Noot. In India orientali
repéritur ?, »
L'Allemand Weinmann résume ce que nous connaissons
déjà dans le quatrième volume de sa description de milliers
de plantes tant indigènes qu'exotiques, publiée à Ratisbonne
(de 1737 à 1745), moitié en latin, moitié en allemand et illus-
trée de planches en couleur. Le texte allemand, qui
forme la seconde colonne de chaque page, est plus explicite
que la partie latine. Sa citation de la lettre XII des Indes
orientales de Rumphius, déjà mentionnée par Valentin, semble
1. Michaelis Bernhardi Valentini, archiatri Harriaci et Prof. Medici
Gesseni Historia simplicium reformata sub Musei Museorum titulo,
D. Joh. Conrado Beckero,.... a Christophoro Bernhardino Valen-
tini M.B.filio, 1 vol. in-folio, MDCCXXXII (1732), Liber IT, Caput
XVII, pag. 224. |
2. Samuelis Dalei M. L. Pharmacologia seu Manuduclio ad Materiam
Medicam,..... Quarta Editio, Lugduni Batavorum, MDCCXXXIX (1739),
1 vol. in-4°, p. 295.
196 A.-A. FAUVEL
plus complète. C'est pourquoi nous la reproduisons ici n'ayant
pu la trouver dans Rumphius !.
« Die Maldiviseche Coccus-Nuss ist sehr raar und schreibet
« Rumphius in dem zwolfsten Ost-Indianischen Send-
« Schreiben, p. 59. Es soll wohl Mühe haben den Coco de
« Maldiva oder Calappa Lauüoet (Läut) bei die Hand zu
« bringen, die weil ich hôre dass die Sinesen uberall auf der
« Hut stehen, solchen in ihre Klauen zu bekommen, nicht
« zwar, dass sie damit artzeneyen, sondern denselben als
« einen Abgott in 1hren Häusern zu bewahren ; weswegen
« man denselben auf der West-Küste, da sie frisch ankom-
« men, und von denen davor liegenden Insuln gebracht
« werden suchen müsse. »
Il se trompe évidemment quand il suppose que ces noix
peuvent être apportées fraiches de la côte occidentale ou des
iles des environs. Il fait une nouvelle erreur en attribuant à
cette noix la grosseur d’une poire (le coco ordinaire, déjà plus
d'un tiers moins gros que celui des Maldives, étant toujours
plus gros qu'une poire) et trois côtes ou carènes dans le sens
de la longueur. « Wenn von dieser Nuss der Bast abgeson-
dert worden, so ist die Nuss gemeinlich so gross wie eine
Birne, oval-rund an beiden Enden zugespitzet, hart, schwartz
und gleissend, glatt und poliert und hat nach der Länge
hin drey erhabene Rippen. »
Il confond avec les 3 carènes dont sont munies les noix du
coco commun.
Dans la planche en couleur n° 781, il représente sous cette
légende : « a, Palmae fructu de Maldiva sive Coccus Maldi-
vensium, Maldivische Coccus-Nuss », un coco ordinaire garni
de son écorce fibreuse de couleur brun clair et un autre décor-
tiqué, dont les trois yeux montrent aussi bien que la couleur
brune dont il est peint, qu'il s’agit là d'un fruit du Cocos
nucifera et non d’une noix des Maldives.
1. Phytanthoza Iconographia sive conspectus...... a Johanne Gui-
lielmo Weinmanno... Ratisbonae. MDCCXLV (1737-1745), 4 vol. in-
folio avec planches en couleur; vol. IV, p. 11 et 12, pl. 781 a.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 197
Comme c'est la première fois que nous trouvons un
ouvrage illustré en couleurs, il est à regretter que ce perfec-
tionnement tombe justement à faux. Cela montre d'ailleurs
avec quelle légèreté travaillait l’auteur, qui n’a pas pris garde
au fait que ses gravures ne cadraient nullement avec les des-
criptions et les dessins de ses prédécesseurs.
Si nous n'avons pu trouver la lettre citée par Rumphius
antérieurement à 1736, nous avons lu, par contre, sa longue
étude sur le Coco des Maldives dans son Herbier d’'Amboine
paru en 1750. Tout en essayant de faire la lumière sur des
faits qu'il qualifie avec raison de fabuleux, en ne citant que
ce qu'il a pu apprendre de personnes dignes de foi, il n’en con-
tinue pas moins de propager l'erreur commune que c'est un
fruit de la mer.
Il parle cependant de deux cocos marins, l’un gros et
l’autre petit, dont le gros, géminé, serait le Coco des Maldives
(Coccus Maldivicus, vulgo Coccos de Maldiva, Lusitanicè
Coquo de Maldiva, Coccos Maldivica [de Bontius|. Nux
Medica Maldivensis — Malayensibus Calappa Laut, Boa pau-
sengi et Boa sengi quod illi pronuntiant Bootjungi. Tavarcare
et Tavarcarze apud incolas Maldivensium, quae nomina mihi
videntur esse corrupta. Sinice Hayja h. e. Calappa marina).
Le petit serait le « Cocus Melindanus vulgo ex Lusitanica
Hingua Coquinto. dictus ».
Pour ce qui est des lieux d’origine du végétal, 1l cite
les fables dont nous avons déjà trouvé la teneur dans Clusius,
d'après Pigafetta et autres. Nous n’en citerons que les parties
complétant ces premiers textes. D’après lui, les navigateurs
malais, chinois et autres indigènes croient que l’on aperçoit
quelquefois le feuillage du cocotier de mer sous les eaux.
Il reprend ensuite l’histoire racontée par Pigafetta, qu'il
commente en appelant Pausengi l'arbre dont les feuilles
dépassent le niveau de la mer. Il le dit habité par l'oiseau
Geruda qui est le Gryps et dont le Javanais etautres insulaires
1. Yule met en note : « Kalappa or Klapa is the Javanese word for
« Coconut palm and is that commonly used by the Dutch. Glos-
« sary..., etc., loc. cit. Voir plus haut p. 5, »
177 PAT
198 A.-A. FAUVEL
de ces mers ont une telle peur « anxïi sunt sese conferre
« ulterius tribus milliaribus, vel extra conspectum terrae,
« comperientes enim per undam ulterius et ad Zephyream
« magis plagam propelli, in cymbam sese conjiciunt relin-
« quentes navem ac remis in cymba petunt terram, timentes
« coeterum in abyssum Pausengi devolvi ex quà nemo redit
« ut putant. » Ils croient, en effet, que la Geruda se nourrit
non seulement d'éléphants, de tigres et de rhinocéros mais
aussi des cadavres des hommes dont les tourbillons ont jeté
les navires près de l’arbre et qui y sont morts de faim, car ils
ne peuvent plus sortir de ce lieu.
« Adfirmant porro Javanos quosdam hoc expertos fuisse
atque Javae pro vero narravisse, qui navibus nempe eo deve-
nerant, sed qui pennas avis Gerudae tenentes ab ipsa Javam
feliciter translati fuere. »
Les fruits de cet arbre (Boa pausengi ou Boa Singi ne sont
que les noix de ce célèbre cocotier de mer (Calappi marinae)
qui s’élevant sur leseaux sont quelquefoisjetés sur les rivages
de Java et de Solo : « Ubi talem etiam exercent reluctantem
« vim, utin ipsa regione usque in ipsas prorepant silvas ubi
« homines eas non invenirent nisi a canibus detegerentur
« prius, qui contra hasce latrant. »
Rumphius essaya en vain de démontrer aux indigènes (de
Java et Amboine) que l’abyme du Pausengi ne pouvait
exister sur la côte occidentale (in Zephyrea plaga) de Java,
bien connue des navigateurs hollandais que le préfet Abel
Takmann y avaitenvoyés en exploration et qui n’avaient pu y
trouver l’arbre en question. Ils ne purent que lui répondre que
cet arbre devait y être puisque l’on en trouvait les fruits jetés
sur ces rivages. Alors il en conclut ceci :
« Quod facile concedi potest quum inter Javam et itam (sic)
« Zephyream plagam ultra centum milliaria amplum est mare
« ubi multae arbores esse possunt, licet non vero simile, sit
« talem arboremin Abysso vel maris profundo provenire sed
« quidem in fundo ducentarum vel trecentarum orchiarum !, »
1. Orchiarum, de Orchia ou Orgya, mesure grecque ancienne valant
environ ? mètres, sans doute l’origine de la brasse marine (1 82).
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 199
Il discute ensuite sur le nom et le lieu d’origine qu'il croit être,
d'après le nom Boa pausengi, le pays des Zengi ou Ethiopiens
noirs.
Il décrit ensuite le fruit du Calappus marinus : « Externe
« nihil alhiud habet quam tenuem rugosam seu muscosam
« pelliculam cum crassis venis putamini ineumbentibus uti in
« vulgari Calappi putamine quae abstrahitur, sub ea putamen
« seu Tampoerong ! locatur oblongum, ad unam partem acute
« desinens, unaque ora magis protuberat altera, quaedam vero
« nuces simplices sunt, quaedam geminae acsi binae simul
« concretae essent quales plurimae sunt. »
Au texte est jointe une grande gravure d’une noix double
qui semble avoir été dessinée plutôt de souvenir que d’après
nature, car, bien qu'il la dise de grandeur naturelle. elle
ressemble peu aux noix des Maldives dessinées par Clusius,
Redi et d’autres auteurs déjà cités, et plus anciens d’un siècle.
Il y a donc fort peu de progrès de ce côté.
Il ne semble avoir vu qu'un fruit défectueux, ressemblant
pour la taille et la forme à deux cocos ordinaires accolés, et
ne parait pas connaître l'excellente figure de François Redi,
car 1l se trompe évidemment sur le côté par lequel son fruit
tenait à l'arbre.
Son échantillon était fort petit : « Totus fructus octo pollices
« longus erat et novem latus in diametro, sed majores etiam
« sunt, ab uno nempe pede usque ad sesquipedem sique
« externe conspiciantur duplices haud melius comparari pos-
« sunt quam cum scrotum tauri, inveniuntur enim quidam
« haud multo majores. » Il avait d'ailleurs été travaillé et avait
perdu sa surfacé naturelle, Dans le passage suivant, il nous
paraît être le premier à avoir soupçonné l'existence de l’enve-
loppe fibreuse
« Figura in medio rotundum exhibet formam, quod ab
« hominibus in eo perforatum est ut interna medulla seu
« nucleus extrahi posset et ut elegans res domestica seu sup-
« pellex ex putamine formetur. Hoc putamen a vulgari
1. Tampoerong : la noix du coco ordinaire en malais et javanais.
200 A.-A. FAUVEL
quoque differt Tampoerong quod substantiam, durius enim
est, mixtam que videtur häbere naturam ex ligno et saxo
instar aliarum plantarum marinarum. Interior nucleus pre-
tiosissima hujus fructus pars, undique putamini adhaeret
uti in vulgaribus Calappi nucibus, non albus sed flavescens
fere instar casei ovilli dissecti ac tam durus siccatur ut
corneus quasi fit, qui eximendus, in frusta dissecandus, sic-
candus et ad usum medicum servandus est, nullum pecu-
liarem praebet odorem vel saporem nisi supra porphyritim
cum aqua contritus saporem quodammodo praebet corneum
et quasi marinum, sine alus notabilibus qualitatibus, nisi
quod refrigeret.
« An vero quidam liquor in interno reperiatur cavo, in hoc
detegere non potui, dicitur autem quemdam in eo contineri
si recens e mari deferatur!. Lympha tum mox ebibitur,
nucleus eximitur et tanquam pretiosum medicamentum
servatur, quum nunquam mucidus vel nidorosus sit star
alius Calappi nucleï.»
Quant à la provenance connue, voici ce qu'il en dit après
avoir parlé des Maldives et des usages dont ce fruit est l’objet
dans ces iles :
« In Javae ora septentrionali et Zephyrea praesertim
prope sinum occidentalem Sampanthau? uti et in Zephyreae.
Sumatrae plaga ac porro per totam occidentalem plagam et
a Sinensibus nautis Kuynsay (Kinsay) dicitur et circa insu-
las ante oram occidentalem sitas apud incolas vulgo Nyas*
vocatur et a sylvestribus incolis 1ibi saepe inveniunt et
venalis 'defertur Padangam, Priamangam et ad alias Metro-
poles, qui omnes fructus gemini sünt quales etiam obser-
vantur qui in Javae ora Zephyrea inveniuntur a pugni
magnitudine usque ad minorem Astam seu ulnam in lati-
1. Sans doute de l’eau de mer, qui a pu y pénétrer en plus ou moins
grande quantité, après un long flottage, par l'ouverture du germe, et s’y
modifier légèrement au contact de l’amande, car ce fruit n’a jamais de
liquide ou lait comme le coco ordinaire.
2. Pour Sam-pan-tao, l’île de la barque, en chinois.
3. Poulo Nyas (Ile Nyas), sur la côte ouest de Sumatra.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 201
« tudine. Hi ultimi vendentur singuli nempe a 60% ad 100" et
« viginti imperiales qui vero aequalis sunt longitudinis et
« latitudinis, optimi censentur, quorum quivis pedem latus
« pro centum et quinquaginta imperialibus venditus est.
« Immo notum est, quosdam reges harum nucum adeo cupi-
« dos esse, ut navem onustam pro unica dederint nuce.
« An jam Poa pausengi de quo Solorenses jactant per
« mare Zéphyreum in suam projectum fuisse terram et per
« canes latrantes in sylva detectum fuisse unum idemque sit
« cum vero Calappa laut, nondum indagare potui, tot enim
« fabulas addunt sine vera descriptione ut alicui taediosum sit
« eas audire. »
S'occupant ensuite des divers usages de ce fruit, il dit
qu'on n’a pu en faire aucun essai sérieux en Europe parce que
cela aurait coûté beaucoup trop cher et qu’il est même impos-
sible de l'avoir entier à cause des pénalités terribles (sen-
tence de mort) qu'encourent ceux qui ne le remettent pas aux
mains du roi ou des grands dans le pays où on le trouve; or,
ceux-ci ne veulent le vendre à aucun prix (à l'état complet),
puis : « Quis etiam centum et quinquaginta imperiales vellet
« hic in India dare pro isto fructu eumque in Hollandiam
« demittere quum nesciat an decima nummorum pars resti-
« tueretur. »
Il se contente donc de citer Garcia de Orta en ajoutant un
peu de son cru çà et là. Il raconte comment les grands ne
permettent pas qu'on casse la coquille mais ils la font scier
de façon à en former des boites à couvercle dans lesquelles ils
conservent les éléments de leur masticatoire (la noix d’arec et
le bétel qu'il appelle siri (betel) pinang (arec), la chaux, le
tabac et autres ingrédients qu’ils mâchent continuellement).
Ils croient en effet que, conservées dans cette coquille, ces
matières acquièrent la vertu de neutraliser toutes sortes de
poisons et de guérir quantité de maladies. L'eau de boisson
qu'on y conserve acquiert les mêmes vertus.
Il cite ensuite et commente ce qu'en ont dit Wilhelm Pison,
d’après Clusius et Pyrard de Laval, qu'il appelle Pyrardus de
La Valla. Il raconte à nouveau l’histoire de Rodolphe IT qui ne
202 A.-A. FAUVEL
put réussir à acheter pour 4.000 florins le seul exemplaire qui
se trouvait alors en Belgique dans les mains des héritiers de
l'amiral « Wolferus Hermanides ». Il complète l’histoire de
celui-ei en disant que ce coco lui avait été donné en reconnais-
sance par le sultan ou Pangoram de Bantam dont l'amiral
hollandais avait en 1602 délivré la capitale depuis longtemps
assiégée, en battant avec quelques navires la flotte immense
des Portugais sous les ordres d'Andrea Fortado de Mendoza.
Ce sultan n'avait pu rien trouver de plus précieux dans son
trésor, pour l’offrir à son libérateur, que le vase (Cymbium)
monté avec la double noix d'un coco des Maldives. Ce fut le
premier que l’on ait vu en Hollande. Il raconte l'histoire que
nous avons déjà lue dans le chapitre VII de l’Opuscule de
Clusius concernant Speccius et Coenius que Rumphius appelle
Jean-Pierre Koen et Jacob Spex envoyés par le préfet
Pierre Both au Pangoram (sorte de sultan) de Bantam vers
1614.
Il cite la lettre écrite à Clusius en 1615 par Laurent Reaal!
qui fut le troisième préfet des Indes. Dans cette lettre, se
trouvent divers aphorismes qui ne prouvent rien autre que la
similitude entre le coco des Maldives et le coco vulgaire :
« Quam praeterimus, quum multae in ea obcurrant res quae
« divinationes modo videntur esse. »
Il accorde l'honneur au Docteur Pison d'avoir été le
premier à prouver par de nombreuses expériences le peu de
vertu qu'il fallait attacher à cette noix pour la guérison des
maladies.
Un renseignement nouveau et plus intéressant est celui que
nous trouvons consigné dans Rumphius concernant une petite
espèce de Coco de mer que l’on trouve à Java :
« Praeter majorem nucem Calappae laut, alia minor in Java
reperitur species ex eorum relatu per mare Zephyreum pro-
« jecta a priore quam maxime diversa, non enim ultra dimidüi
=
=
« pedis magnitudinem obtinet, interne paucam vel nullam
« fere gerens medullam quae pro novem vel decem imperia-
« libus venalis est. Talisque fructus anno 1678 a pueris meis
41. Laurentius Realius, Eques et Senator. (Vide supra in Clusius, p.
18.)
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 203
« repertus fuit in mari fluctuans, circa insulas Xulanenses,
« cujus diameter erat quatuor pollices in longitudine et tres
« in latitudine, duplex quoque acsi duo mangii (mangue ?)
« fructus sibi adcreti essent.....
@ Una dimidia pars ad sinistrum latus paulo planior
« etiam erat acsi compressa esset, externe nux glabra erat acsi
« saepius tractata fuisset coloris obscure fusci fere instar puta-
« minis Calappi cum vestigiis quibusdam venularum acsi
« gluma obducta fuisset.
« Aperta haec nux interne vacua erat sine lympha vel
« medulla sed in interiore parte variae protuberantes detege-
« bantur costae vel dorsa ejusdem substantiae et duritiei cum
« putamine sed odoratus quidam gratusque odor cum quadam
« pinguedine exhalabat instar olei odorati Minjac mony dicti
« velinstar floris Pandani qui tertio demum anno evanes-
« cebat » !.
Il est difficile de dire quelle peut être cette noix. Elle
appartenait peut-être à l'espèce que Spex avait rapportée de
Bantam et que Clusius mentionne dans le chapitre VII de
sa monographie sous le nom de Minutulum coccum Maldi-
vensem. D’après ce qu'ils en disent l’un et l’autre, on peut
comprendre qu'il s’agit d'un autre fruit que celui du Coco
des Maldives, le Coco de Mer moderne, dont il n'existe
qu'une seule et unique espèce, aujourd'hui bien connue dans
sa nature et dans ses origines.
L'on voit par ces différents extraits d'auteurs anciens dont
plusieurs ont cependant une réputation scientifique bien
assise, qu'il existait encore beaucoup d'erreurs touchant la
forme exacte et les dimensions de la noix du Coco de Mer,
dont le fruit entier n'avait encore Jamais été vu avec son
enveloppe fibreuse. Quant à l'endroit exact d’où il provenait
et l’arbre qui le portait, ils étaient encore complètement
inconnus en 1742, date de la découverte des Iles Seychelles.
1. Georgii Everhardi Rumphii Med. Doct. Hanavensis..... Herba-
rium Amboinense...cura et studio Joannis Burmanni, MDCCL (1750),
in-folio, t. VI, Liber XII, Cap. VIII, p. 210-217.
RATE |, Aie:
CHAPITRE II
Découverte du Cocotier de Mer aux Seychelles. — Histoire et
descriptions diverses par les navigateurs et les voyageurs.
— Lazare Picault découvre en 1744 l'île de la Palme, depuis
l'ile Praslin. — Barré la visite, en rapporte des Cocos de
Mer, 1768. — Poivre les reconnait pour des Cocos de Mer.
— Duchemin en porte le premier chargement dans l'Inde,
1768. — L'abbé Rochon rapporte un coco et une palme à
Paris, 1770, — Sonnerat, 1776. — Degrandpré, 1789-1790.
— Bory de Saint-Vincent, 1801-1802. — Quéau de Quincy,
1803.— J.Prior, 1810-1811.— Leidenfrost, 1811.— Frappas,
1818. — D'Unienville, Dumont-d'Urville, 1825-1829. —
Laplace et Päris, 1830-1832. — Harrison, 1837. — Pike,
1871.
Le capitaine de la Compagnie des Indes Lazare Picault
ayant, en 1742, découvert la plus grande île du groupe des
Seychelles (l’île d'Abondance, aujourd'hui Mahé) fut renvoyé
dans ces îles en 1744, pour en prendre une connaissance plus
approfondie. Ce fut alors qu'il découvrit une seconde île
presque aussi importante, qu'il nomma sur sa carte manuscrite
Ile de Palme. Ce nom très suggestif nous porte à croire qu'il
y avait remarqué les superbes cocotiers de mer qui y for-
maient alors de véritables forêts et dont les palmes plus
grandes que celles de tous les autres palmiers durent le frap-
per d’admiration. Autrement il aurait sans doute donné ce
nom à la première île sur les rivages de. laquelle son plan
cavalier, dressé le 21 novembre 1742, montre quantité de
cocotiers. Comme les magnifiques Cocotiers de Mer ne poussent
que dans la dernière île (sauf quelques-uns dans sa voisine,
l'Ile Curieuse) il eût été juste de lui conserver le nom imposé
par Picault. Malheureusement pour la science et l’histoire,
Nicolas de Morphey, chargé en 1756 de prendre régulièrement
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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYŸCIELLES 205
possession des Seychelles au nom du Roi de France, sacrilia
à la politique du jour, en rebaptisant l’île d'Abondance : île
Mahé de la Bourdonnais, et l'ile de Palme : île Praslin, en
l'honneur, pour la première, du gouverneur des Iles de
France et de Bourbon, et, pour la seconde, du ministre de la
Marine à cette époque.
En tout cas, si, comme nous en sommes persuadé, par la
lecture de son journal de bord, Lazare Picault a eu le pre-
mier l'heureuse chance de contempler, sur le seul lieu du
monde où ils croissent, les merveilleux cocotiers de mer, il ne
semble pas s'être rendu compte qu'il venait de faire une
découverte botanique importante. Il ne parait pas avoir
poussé la curiosité jusqu'à ouvrir les gros fruits en forme de
cœur qu'il vit sur la cime de ces arbres. L’eût-il fait que son
instruction scientifique, probablement incomplète, ne lui eût
pas sans doute permis de reconnaître dans la noix géminée,
cachée sous l'enveloppe fibreusé, le fameux et très précieux
coco des Maldives. Voici tout ce que nous avons pu trouver
à ce sujet dans son journal de bord !:
« 12 et 13 juin 1744. Visité l'isle de Palme et l'ile Rouge.
« L'Isle de Palme ainsi nommée parce qu'elle porte beau-
« coup de palmistes et lataniers portant coton. » Ces derniers
sont évidemment les cocotiers de mer que les naturalistes
ont longtemps classés parmi les lataniers. Le coton en ques-
tion est la bourre abondante que l’on trouve à la base des
feuilles et dont on remplit des coussins.
S'il faut en croire Alexis Rochon, c’est l'ingénieur Barré
qui aurait le premier découvert le cocotier de mer, alors
qu'accompagnant une mission d'exploration des Seychelles
sous les ordres de Marion Dufresne il dressait le plan de ces
iles en 1768?.
4. Extrait d'un journal d'un voyage de l'Isle de France aux Ami-
rantes par le sieur Lazare Picot (Picault) dans la tartanne de la Compa-
gnie des Indes de France l’Elisabeth. — Manuscrit de 17 pages, Archives
du dépôt hydrographique de la marine, Paris.
2. Il s'y serait rendu sur la frégate la Curieuse commandée par
M. Lampérière d'où le nom de l'ile Curieuse donné à l'ile voisine et
206 A.-A. FAUVEL
« Il trouva à l'ile de Palme, sur les bords du rivage, un
« fruit qu'il prit d’abord pour un coco de mer. Il le cacha
« soigneusement, mais s'étant enfoncé dans le bois il vit avec
« peine que la terre était couverte de ces fruits et des arbres
« qui les portaient. Ces arbres s'élèvent à la hauteur de cin-
« quante pieds, leur tête est couronnée de dix à douze palmes
« de vingt pieds de longueur en forme d'éventail ; chacune de
« ces grandes palmes est portée sur un pédicule de six pieds
« de longueur et ce pédicule est échancré dans son contour.
« De l’aisselle des feuilles sort un panicule raméfié dont les
« rameaux sont terminés par des fleurs femelles ; le pistil des
« fleurs donne, en mürissant, un fruit qui, avec son brou, peut
« peser cinquante livres.
En examinant attentivement cette forêt, Barré se per-
« suada que le coco de cette île ne pouvait être le vrai coco
« de mer. Il se borna à recueillir, par pure curiosité, une
« trentaine de noix que le célèbre Poivre déclara formelle-
« ment être ce fruit si recherché aux Indes et dans toute
« l'Asie; et dès lors il accéléra notre départ dans la vue d'ob-
« tenir à ce sujet de prompts renseignements. »
Nous supposons que ce Barré est le même que celui dont
nous avons trouvé le nom, orthographié Baré, signant comme
témoin au bas du procès-verbal de la prise de possession des
iles Seychelles exécutée le 1° novembre 1751 au nom du Roi
par Nicolas de Morphey capitaine de la frégate de la Compa-
gnie des Indes le Cerf et qui était officier de la marine.
L'abbé Rochon qui résida un mois aux Seychelles en 1769
(13 juin au 14 juillet), et visita l'île de Palme, dit en parlant
de notre cocotier :
Cette île est couverte d’une espèce de latanier qui porte un
_
R
fruit fort recherché des Indiens, connu sous le nom de Coco
« de mer ; c'est un gros coco, d’une forme bizarre, l'enveloppe
du fruit est épaisse et fibreuse, l’intérieur de la noix est
«rempli d'une substance laiteuse d'un goût amer. Les
=
=
=
sur laquelle poussent aussi les Cocotiers de Mer. C'est sans doute l’île
Rouge de Lazare Picault.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 207
Indiens attribuent à l’'amande de grandes vertus médici-
nales. Ces cocos étaient d'un prix excessif avant l'année
1769, époque où l'ingénieur Brayer reconnut ce fruit dans
les forêts qui couvrent l'ile de Palme.On divisait alors
l’amande en petits morceaux et on les vendait au poids de
l'or dans les marchés de l'Inde et de la Chine. (Ce fait est
connu de tous les voyageurs.)
« L'intendant Poivre, ravi de la découverte du lieu où
croissait actuellement ce fruit si renommé, nous chargea
de visiter l'ile de Palme et de rapporter de jeunes plants
de cette espèce de latanier afin de les transplanter à l'île de
France. Nous remplimes avec zèle cette commission ; nous
fimes plus, nous apportâmes pour le Cabinet d'Histoire
naturelle de Paris une grande palme de 20 pieds de long
et divers renseignement qui sont été accueillis avec intérêt.
J'apportai à mon retour en Europe à l'académicien
Le Monnier, le médecin, un beau coco de mer (car c'est
ainsi qu'on le nomme) qui avait germé dans ma malle par
la chaleur de la calle (sic). Le germe fut sans doute altéré,
car 1l cessa sa germination malgré les soins que ce savant
botaniste prit pour le faire réussir. La forme de ce fruit et
de son germe représentait des objets que la pudeur oblige
à voiler, et cette singularité n'a peut-être pas peu contribué
à la célébrité de cette noix désignée par les botanistes sous
la dénomination de Nur Medica. Les Indiens le regardent
non seulement comme un puissant contrepoison mais encore
comme unexcellent remède pour les maladies vénériennes,
On aurait pu tirer un parti avantageux de cette décou-
verte, mais les Anglais ont sceu seuls profiter de cette nou-
velle branche de richesse. ....
« En quittant l'ile de Palme, j'observai que les courants
doivent se diriger sur les Maldives; en effet les noix dont
nous venons de parler sont encore connues sous la déno-
mination de Cocos des Maldives, parce qu'on en trouve fré-
quemment dans ces parages!. »
1. Alexis Rochon.., Voyages à Madagascar, à Maroc et aux Indes
Orientales..... 3 vol. in-8°, Paris, an X de la République (1802), vol, f.
Di scours préliminaire, p. xuiv et xzv, et vol. E, p. 146.
208 A.-A, FAUVEL
Nous avons cité tout au long ces passages du livre d’A.
Rochon parce qu'il fut le premier à décrire sommairement
l'arbre et le fruit et à nous renseigner sur leur découverte in
suu.
En novembre 1769, le sieur Du Chemin {ou Duchemin),
parti du Bengale sur la palle l'Heureuse Marie, alla à l’île
Praslin prendre un chargement de cocos de mér qu'il porta
dans l'Inde. Il en ruina par ce fait le commerce. En 1771,
une corvette anglaise l’Aigle, expédiée de Bombay, fut mouil-
lée à Praslin pour y prendre des cocos de mer et mit le feu
sur l’île Curieuse !, ce qui fit périr un grand nombre de ces
précieux palmiers. C’est sans doute à cause de ces deux faits
que Rochon disait, en 1802, que les Anglais avaient seuls su
tirer parti de ce commerce.
La première description du grand palmier de l’île Praslin,
vulgairement appelé Cocotier de Mer, lue à l’Académie le 13
décembre 1773, parut sous ce titre en 1776 dans le Voyage à
la Nouvelle-Guinée par le botaniste Sonnerat. On la trouvera
au chapitre suivant. Notons seulement ce passage, au point
de vue historique que nous traitons plus spécialement 1c1:
« Parmi les îles de cet archipel, il y en a une que M. de la
« Bourdonnais désigna sous le nom d'Isle des Palmiers lors-
quilen fit la découverte en 1743 ou 1744. » Nous avons vu
qu'elle avait été découverte en 1744 par Lazare Picault et
appelée par lui isle de Palme ou de la Palme : « Cette isle,
« examinée de plus près en 1767, a été nommée L'Isle Praslin,
« nom que l'usage qui prévaut en tout a changé depuis en
« celui d’Isle des Palmiers (pour reprendre peu après celui
« du ministre de la Marine de Louis XV). C'est sur cette isle
« qu'on trouve le palmier qui produit ce fruit si recherché
« qu'on n'avait connu jusqu'alors que sous le nom de Coco de
« mer, Coco de Salomon (c’est la première fois que nous trou-
« vons ce nom), Coco des Maldives. L'Isle Praslin ou l'Isle des
« Palmiers est jusqu’à présent le seul endroit où l’on ait trouvé
1. Mémoire sur les Iles Seychelles, par M. M. Maillard et Ternay,
administrateurs des Iles de France et de Bourbon, 1775, Manuscrits;
Carton des Seychelles, Bibliothèque du Ministère des Colonies, Paris.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 209
« l'arbre qui produit ce coco. »1Il explique comment les coco-
tiers s'élevant en beaucoup d’endroits de l'ile sur le rivage de la
mer, la plus grande partie de leurs fruits tombant dans les
eaux et flottant à la surface étaient poussés par le vent et les
courants vers Ll'Est-Nord-Est jusque sur les rivages des Mal-
dives, seule partie du monde où l'on avait trouvé ce fruit
avant la découverte de l'Ile Praslin, et qu'il y était appelé
Travarcarne (sic), ce qui veut dire trésor. « I] futappelé ensuite
« Coco de Salomon pour lui donner apparemment un nom
« qui répondit au merveilleux qu'on attachait à son origine.
« Les grands seigneurs de l'Indostan achètent encore ce
« fruit à très haut prix, ils font faire de sa coque des tasses
« qu'ils enrichissent d'or et de diamans: ils ne boivent
« Jamais que dans ces tasses, persuadés que le poison qu'ils
« craignent beaucoup, parce qu'ils s’en servent trop eux-
« mêmes, ne saurait leur nuire quelqu'actif qu'il soit, quand
« leur boisson a été versée et purifiée dans ces coques salu-
ealres. L'ie » Il continue sur ce ton, racontant ce que nous
savons déjà de l'usage qu'en faisaient les gens des Maldives.
Il se demande comment il se fait qu'on n'a trouvé le coco-
tier de mer Jusqu'ici que dans la seule île Praslin. Comment
ne croît-il pas dans les îles voisines? Il semble donc qu'à cette
époque on ne l'avait pas encore trouvé à l’île Curieuse et à
l’île Ronde où on le mentionna depuis.
Après avoir donné une description de l'arbre et du fruit, 1l
ajoute : « I serait à souhaiter qn'on pût savoir, par différens
« essais, si l'opinion des Indiens sur les propriétés de cette
« noix est fondée!, »
Quelques années plus tard, nous trouvons dans le Voyage
de L. Degrandpré dans l'Inde et au Bengale, une nouvelle
désignation pour notre coco : « Ces iles (Seychelles) pro-
« duisent une espèce de cocotier qui leur est particulier, c'est
« ce qu'on appelle le Coco de Mer ou Coco Jumeau : ce fruit
1. Voyage à la Nouvelle-Guinée, par M. Sonnerat, in-4° enrichi de 125
figures en taille-douce. Paris, MDCCLXXVI (1776), chap. I, p. 1-2.
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. Li
210 A.-A. FAUVEL
« représente parfaitement les parties postérieures humaines ;
« on le recherche dans toute l'Asie à cause de sa rareté !. »
Les Anglais essayèrent sans doute de bonne heure d’accli-
mater dans l'Inde un arbre aussi précieux. La frégate l’Aigle,
que nous avons vue partir de Bombay en 1771 pour l'Ile
Praslin, leur en rapporta des noix fraîches, sinon de Jeunes
plants. C’est peut-être aussi pour imiter les Hollandais
qu'ils détruisirent par le feu les forêts de l'Ile Curieuse afin
de rendre ces fruits plus rares.
On sait, en effet, qu'aux Moluques les Hollandais détrui-
saient les arbres à girofle, canelle et muscade, partout où ils
ne pouvaient en surveiller la récolte. Toujours est-il que
Thunberg, allant au Japon, en 1777, eut l’occasion d'admirer,
dans le jardin du gouverneur de l’île Ceylan à Pass, un
Cocotier de Mer dont il parle ainsi :
«Il y avait aussi un palmier maritime dont on avait
« apporté l’amande des Maldives (?). Elle ne produisit sa
« première feuille qu'après être restée huit mois sous terre
« et n'avait que trois feuilles la troisième année ?. »
Il est plus que certain que cette noix avait été rapportée
des Seychelles par les Anglais ou même les Français com-
merçant avec Bombay. En effet, les noix flottées qu'on trou-
vait aux Maldives devaient avoir perdu toutes leurs facultés
germinatives par un long séjour dans l’eau salée. Autrement
elles auraient sans doute poussé sur les rivages où elles étaient
Jetées. Or, on n’a Jusqu'à ce jour jamais trouvé un Cocotier
de Mer poussé spontanément ailleurs qu'aux Seychelles. La
citation suivante, que nous trouvons dans le Glossaire de
Yule, après celle de Thunberg, ne peut donc s'appliquer à
des noix fraiches : « Cocoa-nuts from the Maldive Islands, or
1. Voyage dans l'Inde et au Bengale fait dans les années 1789-
1790, contenant la description des Séchelles.... par L. Degrandpré, offi-
cier de la Marine française, avec de belles gravures... A Paris, chez
Dentu, an IX (1801), 2 vol. in-8, p. 2.
2. Voyages de C. P. Thunberg au Japon. Paris an IV (1796), 2 vol.
in 4°, — Vol. Il, p. #13. — Description des arbres et plantes du jardin du
gouverneur de Ceylan...
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 211
« as they are called Zee Calappus are said to be annually
« brought hither (Colombo) by certain messengers and pre-
« sented among other things to the governor. The kernel
« of the fruit.... is looked upon here as a very efficacious
« antidote..... they call it Tavarcare !, »
Bory de Saint-Vincent, qui, de 1801 à 1802, fit par ordre
du gouvernement un voyage dans les quatre principales îles
des mers d'Afrique, ne put aller aux Seychelles, mais il
n'oublie pas dans la relation de ce voyage, parue en 1804, de
parler du « Cocotier géant dont le fruit est improprement
« nommé Coco des Maldives ». Comme tant d’autres il se
pose la question suivante :
« Ces cocos venus des Séchelles, enveloppés d’une coque
« si impénétrable à l’eau et abordés sur les plages de l'Inde
« ou de ses archipels y ont-ils jamais produit un cocotier de
« mer? Et l'arbre qui donne ces fruits errants connus par
« tout le monde a-t-il jamais cru ailleurs qu'à Praslin ?? » Il
laisse malheureusement la question sans réponse. Nous
savons déjà cependant, par le voyage de Duchemin sur la
Dique, accompagné du capitaine Lempérière sur la
Curieuse, que l’on trouvait aussi des cocotiers de mer sur
l'île, voisine de Praslin, qu'il baptisa du nom de son navire :
Ile Curieuse, en 1768.
À peu près à la même époque que le voyage de Bory de
Saint-Vincent (vers 1802), un ancien capitaine d'artillerie de
marine français, attaché à l'état-major du Lieutenant-Général
Decaen, gouverneur des Iles de France et de Bourbon (récem-
ment renommées Maurice et La Réunion), et qui resta à
Maurice jusqu'en 1826, occupait ses loisirs à mouler en cire
1. Yule, Glossary of Indian words and Phrases, citant l'édition
anglaise de Travels of Charles Peter Thunberg M. D. (ET.) IV, 209, au
mot Coco de Mer.
2. Bory de Saint-Vincent, Voyage dans les quatre principales iles
des mers d'Afrique fait par ordre du gouvernement pendant les années
9 et 10 de la République (1801-1802),.... par J.-B.-G.-M. Bory de Saint-
Vincent, officier d'état-major, naturaliste en chef sur la corvette le
Naturaliste, dans l'expédition commandée par le Capitaine Baudin.
Paris, an XIII (4804), 3 vol. in-8°; vol. III, p. 156-157 el 245.
212 A.-A. FAUVEL
coloriée d'après nature tous les fruits tropicaux cultivés dans
l'ile. 11 n'eut garde d'oublier cette merveille végétale qui a
nom Coco de Mer et il en exécuta une série d'une dizaine de
moulages qui furent acquis il y a quelques années, de ses
héritiers, par le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Nous
en donnerons la description à la. partie technique. Cette
collection, réunie sous le nom de Carporama, avait, après la
mort de son auteur, fait, pendant plusieurs années, le fond
d'un musée d'histoire naturelle que l’on montrait au public,
2, rue Grange-Batelière, à Paris. Un catalogue raisonné
donnait les noms et la description des objets et se vendait
0 fr. 50 centimes.
Le Commandant administrateur civil aux îles Seychelles,
Quéau de Quincy, était tout désigné pour donner aux savants
et aux amateurs d'histoire naturelle des renseignements de
visu sur l'arbre extraordinaire qui poussait dans ses îles. Ce
fut sans doute à l’instigation de Sonnerat qu'il écrivit en 1801
ce qu'il savait de l'histoire et de la nature de ce qu’il appelle
l'arbre cocotier de mer des îles Seychelles, et c'est sans doute
ce mémoire qui forma la base d'une communication lue par
Labillardière à l’Académie des Sciences le 14 octobre 1801.
Il est probable qu'il en avait écrit un autre antérieurement
et quil servit à une première communication faite à l'Aca-
démie des Sciences sur ce sujet le 13 décembre 1773, ainsi
qu'il résulte de la note suivante que nous avons trouvée à la
page Î du Voyage à la Nouvelle-Guinée, de Sonnerat (édition
17176), parlant de l’île Praslin : « La description de ce palmier
« (de l’isle des Palmiers) a été lue à la séance de l’Académie
« le 13 décembre 1773. » Peut-être avait-elle été transmise
par Commerson, qui se trouvait à cette époque à l’île de
France et y étudia le cocotier de mer ainsi qu'en témoignent
ses manuscrits et les dessins qui les accompagnent. Nous en
reparlerons,
Ayant relevé dans une collection bibliographique récente
l’annonce de la publication d'une « Monographie sur l’arbre
cocotier de mer des Isles Seychelles », publiée à l’île Maurice
en 1905 par Quincy, nous résolûmes de nous procurer à tout
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 213
prix ce travail et nous fümes extrêmement surpris, en le
recevant, de constater que ce n’est autre chose qu'une réim-
pression du mémoire de 1801 de Quéau de Quincy lui-même,
qui avait sacrilié à la politique démocratique de l'époque en
se contentant de le signer Quéau Quincy. Dans la copie que
nous possédons, datée cette fois de 1803, la signature est
réduite à Quincy tout court, ce qui, sur le vu de la fiche
bibliographique du Jusfs Botanischer Jahreshericht, nous fit
croire tout d’abord à un travail nouveau écrit par un descen-
dant du dernier commandant français des Iles Seychelles et
habitant Maurice, bien qu'aux Seychelles même nous n’ayons
pu réussir à trouver aucune personne portant encore ce nom.
En le comparant avec le mémoire annexé à la communication
de Labillardière nous pûmes nous convaincre que nous pos-
sédions là le document original dont le savant académicien
a retranché quelques passages qu'il n’a sans doute pas
trouvés assez scientifiques. N'ayant pu retrouver au Muséum
le manuscrit original, nous donnerons le travail de Quincy in
exætenso dans le chapitre suivant.
Dans le récit du voyage dans les mers de l'Inde sur la
frégate anglaise le MNisus, l'officier de la marine royale
britannique James Prior donne une longue description des
Iles Seychelles, où il arriva le # avril 1811. Il ne manque pas
de nous décrire le Coco de Mer: «a curious production
« unknown in any other part of the habitable globe; the
« shape is somewhat oval.... If you can conceive two, three,
« or four enormous eggs united in a circular manner, by
« having the surface of union slighthly flattened some idea
« may be formed of the Coco de Mer. The Indians value it
« highly from being supposed to stimulate the worship of
« the Paphian Goddess.... The cabbage, which though more
« bitter than that of the common palm, forms an excellent
-« pickle. À hundred leaves make a good house f, »
1. James Prior, Narrative of a Voyage in the Indian seas in the Nisus
frigate to the Cape of Good Hope, Isles of Bourbon, France and
Seychelles,.,. during the years 1810-1811, by James Prior Esq. R. N.,
»
in-8°, London, 1812, p. 55.
214 A.-A. FAUVEL
À. Rochon avait le premier mentionné les vertus anti-
syphilitiques de l’amande, ce dont nous n'avions trouvé
aucune mention dans les auteurs antérieurement cités. Prior
nous apprend pour la première fois qu'elle était également
aphrodisiaque et que le cœur (bourgeon terminal) peut se
manger comme le chou palmiste. Cet ouvrage de Prior a été
trouvé assez intéressant pour être traduit en allemand
quelques années plus tard (1819) par Leidenfrost.
Un enseigne de vaisseau de la marine française, qui passa
quelque temps aux Seychelles en 1818-1819, M. Frappas,
publia en 1820, dans les Annales Maritimes et Coloniales,
un récit très détaillé de son voyage. On y trouve plusieurs
pages consacrées au Lodoicea, le nouveau nom du Cocotier de
Mer, qu'il dit «avoir été assez mal décrit par les botanistes
« Linscot, Garzias, Acosta, Clusius, Gaspard Baubhin, ete..,
« par Valmont de Bomare même, qui ensuite a le plus appro-
« ché de la vérité, mais n’est pas exempt de grandes erreurs ».
Aussi se donne-t-il la peine d'en faire une description assez
longue et minutieuse qui ne nous apprend guère plus que
celles de Jussieu, Commerson, Sonnerat, Thunberg et
Lamarck, Labillardière, Quéau de Quincy, toutes antérieures
à celles de Frappas qui semble n’en pas avoir eu connais-
sance ou à négligé, on ne sait pourquoi, de les citer, se con
tentant de critiquer Valmont-Bomare, qui d'ailleurs n'a fait
que résumer les travaux de plusieurs de ces savants. Il nous
apprend cependant que le chaton mâle s'appelle baba, terme
que nous n'avions pas trouvé encore dans les auteurs con-
sultés.
Dans sa notice sur l'état présent de toutes les dépendances
de l’île Maurice, parue en 1818, le Baron d'Unienville, parlant
de l'île Praslin dont les montagnes pleines de roches et
presque impraticables sont en grande partie couvertes de
Cocotiers de Mer, dit qu'aucune plante ne pousse à leur
1. C. FT. Leidenfrost, Beschreibung einer Reise in das Indische
meer...und den Seychellen in 1810-1841,,,.. Berlin (?), 1819.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 215
ombre !. C'est la première et la dernière fois que nous aurons
à relever cette particularité (d'ailleurs eroyons-nous inexacte)
et qui n'a été mentionnée depuis par aucun autre observateur
ou écrivain. Il ajoute que les Cocos de Mer se trouvent aussi
sur l'île Curieuse qui n’a qu'une lieue de long sur une demi-
lieue de large et 5 à 600 arpents cultivés.
Lorsque la Corvette la Favorite, sous les ordres de Laplace,
visita les Seychelles en 1830-1832, ses officiers, dont était le
Capitaine Paris (depuis Amural), qui illustra de son crayon
le récit de ce voyage, trouvèrent que le Cocotier de Mer avait
donné naissance à une industrie nouvelle.
« Un commerce tout récent a été trouvé par les dames de
« Mahé. C'est le tissage des feuilles de cet arbre singulier
« que l’on nomme le Cocotier des Seychelles, ou Cocotier de
« Mer (Lodoicea Sechellarum). Elles font avec ses feuilles,
« larges et pointues, fortes et lisses, des ouvrages gracieux et
« délicats, des éventails et des chapeaux qui imitent ceux de
« paille d'Italie. Le Cocotier dit des Seychelles n'a été
« trouvé jusqu'ici indigène qu'à Praslin.... Sonnerat l’a trans-
« porté depuis à l'Ile de France, les Anglais l'ont aussi natu-
« ralisé dans l'Inde; mais nulle part il ne s’est reproduit
« aussi beau que dans le sol originaire..... Lee
« .. Le cocotier des Seychelles est plus petit que le coco-
tier ordinaire. (Ceci, soit dit en passant, est une erreur) … »
L'auteur de ce récit, consigné aussi dans le livre de Dumont-
d'Urville? résumant le voyage de la Favorite, n'est pas
1. Laplace (Le Capitaine de frégate), Voyage autour du monde, par
les mers de l'Inde et de la Chine exécuté par la Corvette d'Etat La
Favorite pendant les années 1830-1832. 5 vol. grand in-8° et Atlas.
Paris, 1835, vol. I, p. 134-138 et 155 (article par le Capitaine Paris).
2. Dumont-d'Urville, Voyage pittoresque autour du monde. Résumé
général des voyages de découvertes de Magellan, Tasman, Dampier,
Laplace, etc... Publié sous la direction de Dumont-d'Urville, capitaine
de vaisseau, avec cartes et gravures par Sainson. 2? vol. in-#°,2 col. Paris,
1834-1835, vol. 1, p. 83-85. L'archipel des Seychelles, pl. X, fig. #, cocotier
des Seychelles. Cette figure est mauvaise car elle donne à l'arbre les
feuilles du cocotier ordinaire, les cocos entiers et ouverts sont
empruntés de Sonnerat,
EMEA
216 \.-A; FAUVEL
nommé. On voit, seulement par la suite, qu'il était sur le
brick anglais le Victory, capitaine Lewis, et qu'il fut reçu
par le gouverneur Harrison. Comme celui-ci administrait les
Seychelles en 1826 cela donne la date de cette visite.
Le grand navigateur anglais Owen!, dans le récit de ses
voyages exécutés de 1820 à 1826 sur les côtes d'Afrique,
d'Arabie et de Madagascar, n'oublie pas les Seychelles et leur
merveilleux coco appelé Coco do mar par les Portugais, et
qu'il fait pousser dans les interstices des rochers des iles
Praslin et Curieuse. I se trompe en donnant l'année 1789
comme date de la découverte de l'archipel seychellois. Il dit
que tout les efforts faits pour cultiver le Cocotier de Mer sur
les autres îles du groupe sont restés vains. On sait que, par
la suite, les gouverneurs réussirent à en transplanter ou
même à en faire pousser de semence sur l’île Mahé ainsi qu'à
Maurice et à La Réunion. Il dit que l'écorce du fruit fournit
une fibre ressemblant à celle du coco et avec laquelle on fait
des cordages. Il ne parle pas de l'industrie des pailles du
Cocotier de Mer qui y battait alors son plein, ayant été intro-
duite dans l'île Mahé en 1815 par un soldat des armées de la
République nommé Antoine Benezet. Né à Bordeaux en 1789,
fait prisonnier par les Anglais, il resta pendant bien des
années sur les pontons de Plymouth. Il y apprit à travailler
la paille et à la teindre. Il arriva aux Seychelles en 1815 après
les traités, y devint clerc de notaire, puis greffier du tribunal
de paix en 1829 et mourut en 1842 après avoir doté le pays
de l’industrie des pailles dites des Seychelles.
Nous avons eu la bonne fortune de retrouver cette histoire
dans la Revue historique et littéraire de l'Ile Maurice en 1890.
A la petite notice biographique ci-dessus était jointe la lettre
suivante :
1. Narrative of Voyages to the shores of Arabia and Madagascar,
performed in H. M. Ships Leven and Barraconta, 1820-1826, under the
direction of Captain W. F. W. Owen R N... 2 vol. New-York,
MDCCCXXXIL (1832); vol. IT, chap. XV, p. 96 à 102 et 110 à 112,
‘[RJU2AQ HA] ‘SAN 0P jonbnoq jo QUUOINOD ‘SAJIOU ‘JOIULA ‘(AMIJOIEUY ) MOV 9pP 9 biruejog urpar
SOHID[LS SO[ SUBP JUPANOIJ 9S 79 SO[[OUD ADS XNE soubriqe] ‘V9910p0TT 9P ofpred uo sJofqo] 01991107) II
XX XX XX x X x X x X X X x X X XX X X XX
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 217
« Port-Louis (Ile Maurice), 5 décembre 1889.
« Cher Monsieur Pitot,
« Depuis plus de 80 ans, l'île Mahé (Port Victoria depuis
1842) est en possession de nous munir des pailles dites des
Seychelles : ce sont des chapeaux frais et légers à tresses
plates ou pointues, quelquefois à jour ; ces corbeilles de la
mariée garnies de houppes et de pompons ; ces éventails à
double ou triple évolutions ; ces étuis en mosaique pour
lunettes, ces petits paniers en mousse et en zigs (sic).
Enfants gâtés par l'habitude, à peine faisons-nous cas de
ces petites merveilles : à peine les voit-on dans les salons
et encore faut-il que la dame soit des Seychelles, ou
quelque dilettante. Et pourtant je les ai retrouvés dans le
musée botanique du jardin de Kew près de Londres, où on
les apprécie, et à Paris le faubourg Saint-Germain, Je le
sais, n'en fait pas peu de cas.
« C’est assez dire le prix que les connaisseurs y attachent,
non pas seulement comme objets de l'art exotique, mais
aussi comme produits d'une curiosité naturelle. En effet, les
formes gracieuses dont ces palmes sont revêtues surpassent
en teint, en moelleux, en fraicheur, toutes les beautés de
leurs concurrentes connues ; et elles ont de plus, comme
vous le savez, l’avantage de provenir des jeunes palmes
du plus noble des palmiers : du Zodoicea Sechellarum, de
ce cocotier de mer si merveilleux parmi les végétaux de la
mer des Indes et que naguère encore le vainqueur des
Taïpings, l'infortuné général Gordon, exaltait dans ses
élucubrations bibliques, comme l'arbre du paradis terrestre,
à l'exclusion de l'arbre à pain qu'il abandonna.
« Oui, cher Monsieur, depuis plus de 80 ans, cette char-
mante industrie est exclusive aux Seychelles ; elle y est des
plus récréatives ; les machines modernes n'y ont que faire,
Aux Seychelles, les dames, les jeunes demoiselles, les
jeunes gens, presque tout le monde, on peut laffirmer, sait
218 A.-A. FAUVEL
«
«
plus ou moins tresser la paille et la transformer en
surprises.
« Pendant l'inertie, en 1838, alors que les terres étaient
privées de bras pour la culture, que les propriétaires lan-
çaient sur Maurice des cargaisons de laboureurs africains,
sur des navires de quelques centaines de tonnes, dans
l'espérance d'être mieux payés en indemnité, que le com-
merce du tabac, de l'huile de coco, de la caouenne (écaille
de tortue de mer) qui avait relevé l'ancien commerce du
coton, languissait ; seuls les ouvrages en paille de Coco de
Mer prirent de l'extension et bien des familles appauvries
vécurent de cette industrie. Au point que, vers 1841, un
règlement administratif fut mis en vigueur pour protéger
les palmiers de coco-de-mer ; de pauvres gens les abat-
taient pour en recueillir et vendre les jeunes palmes.
« Enfin depuis ces cinq dernières années, l’année 1889 non
comprise, et d'après un relevé de la douane, que je dois à
l'obligeance de M. Lavers, et des recherches de M. Méyépa,
le commerce de cette industrie se chiffre comme suit, à
l'article Hats and Straws, sans compter les corbeilles, les
éventails qui sont mêlés à l’Haberdashery :
Hats and Straws. |
Année. Valeur. Année. Valeur.
1883 22.45 Roupies! 1886 20.00 Roupies
1884 3,258» 1887 64.50 »
1885 264.94 » 1888 171.50 »
« Les trois dernières années (1886-1888), droits et changes
non compris. Voilà, me direz-vous, une industrie qui court
sûrement à son centenaire. Oui, j'en suis persuadé. Vous me
demanderez sans doute quel est l’heureux mortel qui intro-
duisit cette précieuse ressource à Mahé. »
Il raconte qu'on la doit à Antoine Benezet, fils d'un Jardi-
4. La valeur de la Roupie à cette époque était d'environ 2 francs. En
1906 elle ne vaut plus que 1 fr. 66.
à
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 219
nier des environs de Bordeaux, devenu soldat de la Répu-
blique, prisonnier des pontons anglais, qui arriva à Mahé en
1815, âgé de 29 ans, ayant pour toute ressource le talent de
travailler et teindre la paille. Il fut accueilli par M. Jean
Remy d'Argent, ancien chouan de l’armée de Charette,
devenu notaire à cause de sa belle écriture, et en devint le
jeune clerc ; mais pendant les heures de récréation, Benezet
et ses élèves travaillaient la paille: «Je ne vous dirai pas
« avec quelle joie il prit dans ses bras la première palme du
« cocotier de mer qu'il vit ; ce fut une exultation, d'après ce
« quil disait lui-même. Il fit le passage en bateau de Mahé
« à Praslin, lieu originaire du cocotier de mer, pour y
« prendre des fleurs mâles et féconder un palmier de ce
« genre qui se trouvait stérile chez son hôte. Et c’est, dit-on,
« le premier qui réussit ainsi dans l’île. »
Cette citation fixe donc à peu près l'époque (pas avant 1815)
où l'on put obtenir à Mahé les premiers fruits d’un Cocotier
de Mer qui devait être âgé d'une trentaine d'années au moins,
d'après ce que nous verrons plus loin, dans la description
scientifique de cet arbre. Son introduction sur l'île Mahé
devait donc remonter au plus tôt à 1795! et était due sans
doute au Commandant lui-même, M. Quéau de Quincy.
Celui-ci mourut en 1828, après avoir conservé sous le
gouvernement anglais la direction de la colonie, puis en être
devenu juge et greffier. Sa succession officieile se partagea
alors entre MM. G. A. A. Fressange, attaché au service du
greffe à Maurice, qui accepta de venir présider le tribunal
des Seychelles et on prit sur les lieux le clerc de notaire
A. Benezet pour en faire le greffier. Il resta garçon et
mourut le 15 décembre 1842 dans les bras de M. R. Young,
percepteur, qui l'avait recueilli. Il avait 56 ans, dont 27
passés à Mahé. La reconnaissance publique donna son nom
1. D'après Hooker, Quéau de Quincy en planta un chez lui en 1787;
voir chap. III, article de J. Hooker dans le Curtis Bolanical magazine
de 1827,
220 A.-A. FAUVEL
à une ruelle de Port-Victoria dans laquelle se trouvait sa
maison !,
Quoi qu'en aient dit plusieurs des auteurs déjà cités, on ne
paraissait pas encore absolument certain, en 1832, que le
Cocotier de Mer ne poussait qu'aux Seychelles. En effet, le
navigateur anglais Owen, qui était pourtant aussi un natu-
ralhiste, parlant des îles Maldives dans un mémoire lu par lui
devant la Aoyal Geographical Society de Londres le 9 avril
1832, disait en citant J. de Barros : « Their productions he
« also enumerates minutely especially the Cocoa nut both of
« the ordinary kind and of that called «Coco de Mer »,
« almost peculiar to the Seychelles, the seed of which
« appears to have been borne thence to the Maldives, by the
« currents of the ocean, thus showing them to flow princi-
« pally from west to east as T found them. » Cela ne prouve
pas, loin de là, que ces fruits aient pu germer et y pousser
avant d'y avoir été apportés à l’état frais, après la découverte
de leur pays d’origine, c'est-à-dire postérieurement à 1744.
C'est ce passage d'Owen qui beaucoup plus tard a induit
E. Reclus en erreur quand il dit :
« D'après Owen, la flore des Maldives comprendrait aussi
« le Lodoicea des Seychelles, le palmier qui donne les cocos
« de mer à double noix qui se conservent si longtemps sur
« les flots et qui dans l'Inde, où les apportent les courants,
« sont tenus pour des fruits sacrés guérissant toutes les
« maladies, »
Or, cinq ans seulement après la communication d'Owen,
M. G. Harrison, Gouverneur des Seychelles, indiquant au
capitaine Barrow, du navire de Sa Majesté Britannique Rose,
en visite dans l'archipel, les productions du pays, citait les
Cocos de Mer et ajoutait qu'ils ne poussaient que là au
monde *,
1. Revue historique et littéraire de l'Ile Maurice, 3° année, janvier
1890, n° 31, pp. 338 à 340, l'Industrie des pailles de Lodoïcea aux
Seychelles, par Fressanges (Docteur).
2. The Nautical Magazine and naval chronicle for 1839, 2° sér. S.,
1839, The Seychelles communicated by G. Harrison Esq. to the Com-
mander of H. M. S. Rose on his visits to these islands in March 1837,
p. 443-446.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCIELLES 221
Depuis cette époque, un certain nombre de voyageurs, ou
simplement d'écrivains, ont mentionné le Cocotier de Mer
dans leurs travaux, se contentant, la plupart du temps, de
rapporter sans le vérifier ce qu'en ont dit les auteurs déjà
cités et analysés. Ce sont entre autres : Charlier et E. de
Froberville en 1848 ; Pridham en 1849; le colonel Pelly en
1865. On trouvera dans le prochain chapitre ce qu'ils ont pu
dire d'intéressant et de nouveau en ce qui concerne la des-
cription de l'arbre et du fruit.
Le seul auteur que nous puissions encore citer au point de
vue historique et commercial est H. C. Ball, qui, dans un
rapport sur les îles Maldives, nous apprend qu'en 1882 on
expédiait encore dans les Indes des noix de Cocotier de Mer.
On voit par sa note que les courants marins porteraient encore
de nos jours les noix de coco de mer aux Maldives où elles
s'appellent encore du même nom que nous ont révélé les plus
anciens auteurs, entre autres Pyrard de Laval; à savoir:
Tavakarhi pour l’ancienne transposition Tavarcaré.
Le a.
AT
CHAPITRE III
Descriptions scientifiques des naturalistes :
Sonnerat, 1776: Commerson et Jossigny, premiers des-
sins d’après nature, 1769-1773. — Labillardière, 1781;
Quéau de Quincy, 1803, mémoires ; Robillard d'Argentelle,
moulages, 1802-1826; Hooker, 1827, première figure à peu
près exacte de l'arbre ; Martius, 1840, diagnose latine et
figures. — Planchon, 1849; Seemann, 1856, l’amande
comme aliment; Owen, Miss North; Swinburne Ward,
mémoire, 1863, « the bowl » ; Ch. Naudin, 1864. — Gar-
dner’s chronicle, 1864, théorie du socle ou bowl ; Ch.
Dupont, 1906. — D' Perceval Wright, 1867; détails ana-
tomiques ; essais d'introduction en Angleterre, À. Roussin,
1868-1870, description comparative et figures; John
Horne, 1875, plaidoyer en faveur de la conservation
de l'arbre ; H. Gordon Pacha, 1881, théories mystiques
et dessins; citations diverses, 1883-1887 ; D' Trimen, le
Lodoicea à Ceylan, 1892; Ch. Anastas, 1897, le Zodoicea
au Dahomey, erreur. — Carl. Chun, 1899, excellentes
photogravures prises aux Seychelles. — A.-A. Fauvel,
1906, détails structuraux des fleurs mâles et femelles, du
fruit, appareil de germination, parasites, etc.
Le premier savant qui put observer le fruit frais et
complet, c’est-à-dire pourvu de son brouet de son calice,
fut le botaniste Poivre, qui, comme nous l’avons vu, se
trouvait à l’Ile de France, en 1769, époque à laquelle
l'ingénieur Baré lui en rapporta de l'île Praslin une trentaine
de fruits, après s'être rendu compte de l'arbre qui les portait
et qu'il avait hésité à reconnaître pour le Cocotier de Mer,
tant il avait été surpris par sa découverte. Poivre en fit venir
de jeunes plants {qu'il eultiva à l'ile Maurice) par l'abbé
D 27 MS
C'EN
7
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 223
Rochon qui visita l'île de Palme et en apporta en France un
fruit mûr entré en germination dans sa malle, ainsi qu'une
grande palme de 20 pieds de long. Il remit, comme nous
l'avons vu, ces deux échantillons, avec divers renseignements,
au Docteur Le Monnier, qui en entretint sans doute l’Aca-
démie en 1770. Les deux savants botanistes avaient reconnu
dans l'arbre comme une espèce de Latanier. La description
en fut lue, nous ne savons par qui, à la séance de l’Académie
des Sciences du 13 décembre 1773!. C’est sans doute celle
que l’on trouve dans le Voyage à la Nouvelle-Guinée, de Son-
nerat, paru en 1776. Sonnerat qui, lui aussi, fut un remar-
quable botaniste, dont le nom fut donné à un certain nombre
de plantes tropicales, visita les Seychelles en juillet 1771. Il
était embarqué sur la Flûte du Roi l’Zle de France, comman-
dée par M. de Coëtivy. Nous avons déjà cité la partie histo-
rique de son récit concernant l'île Praslin et le Cocotier de
Mer. Voici maintenant la partie scientifique : « L'Isle Praslin
« ou l'Isle des Palmiers a tout au plus 6 à 7 lieues de tour...
« C'est dans cette Isle d’une étendue si bornée et dans
« cette isle seule, qu’on a découvert jusqu’à présent ce coco
« si précieux dans l'Inde.
« Cet arbre observé attentivement a été reconnu pour une
« espèce de latanier ou de lontard des Indes ; il s'élève jus-
« qu’à 42 pieds de hauteur; sa tête se couronne de 10 à 12
« feuilles en éventail, de 22 pieds de haut sur 15 pieds de
« large, portées sur des pédicules longs de 6 à T pieds; elles
« sont échancrées assez profondément dans leur contour et
« chaque lobe est lui-même subdivisé en deux portions par le
« haut ;leur consistance est ferme et coriace, ce qui les rend
« préférables aux feuilles des cocotiers ordinaires pour faire
« des couvertures de maison à la façon indienne. De l’aisselle
« des feuilles s'élève une panicule considérable et très ramifiée
« de 6 pieds de longueur; sa base est charnue, épaisse, ses
« rameaux sont terminés par des amas de fleurs femelles,
1. Ainsi que nous l’apprend une note du Voyage à la Nouvelle-
Guinée, par Sonnerat, ch. [, p. 1-2.
224 A.-A. FAUVEL
« qui paraissent avoir {outes un calice composé de plusieurs
« pièces à 5, 6 et quelquefois 7 divisions ; leur pistil en müris-
« sant devient un fruit sphérique d'un pied et demi de dia-
« mètre, dont l'enveloppe est très épaisse et fibreuse, comme
« celle du coco; elle renferme trois coques dont une avorte le
« plus souvent. Ces coques sont très grosses, presque sphé-
« riques, comprimées sur un de leurs côtés et divisées
« jusque dans le milieu de leur longueur en deux portions,
« ce qui leur donne une figure très bizarre. Leur intérieur se
« remplit d’abord d'une eau blanche d'un goût amer et assez
« désagréable; à mesure que le fruit mürit, cette eau se
« change, comme dans les cocos ordinaires, en une substance
« solde, blanche, huileuse (?) qui s'attache aux parois inté-
« rieures du fruit. Clusius donne une légère description
« de ce coco sous le nom de Nux Medica..…….
« Ces fruits ont, chacun à leur base, le calice dont j'ai parlé
« ei-dessus, qui ne les quitte point, même après leur parfaite
« maturité.
« Le tronc de l'arbre, semblable à celui du cocotier pour
« la forme, est en général plus gros, plus dur et d'une cou-
« leur plus noire.
« On a transporté à l'Isle de France des plans et des noix
« de cet arbre qui ont très bien réussi. L'arbre que je viens de
« décrire est, à ce qu'il paraît, un individu femelle. Je n'en
« ai point rencontré d’autres, ainsi que ceux qui ont voyagé
« comme moi dans ces isles où j'étais en juillet, qui était
« sans doute le temps de la parfaite maturité de leur fruit,
« mais depuis, j'ai reçu de M. Cosdé!, qui avait relâché dans
« cet archipel en octobre, une portion d'un régime de fleurs
« mâles de cet arbre, qui semble fixer le temps de sa florai-
« son au mois de septembre qui répond au printemps de
« l'Europe, et le temps de sa maturité aux mois de juin et
« de Juillet qui répondent à notre hiver. Cette portion de
« régime avait environ deux pieds et demi de longueur sans
1. Le Capitaine Cosdé {d'autres écrivent Cordé) commandait la Cor-
velte Le Nécessaire qui vint aux Seychelles en juin 1772.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEŸCHELLES 225
« aucune ramification ; elle était d’une forme cylindrique,
« de quatre pouces de diamètre, couverte entièrement d'un
« nombre infini de fleurs mâles, composées d’un calice à 6
« divisions et de 6 étamines opposées à chacune de ces divi-
« sions. Les régimes de fleurs mâles n'ayant point encore été
« rencontrées sur les pieds qui produisent les fruits, 1l est
« probable que cet arbre les porte sur des individus diffé-
« rents, de sorte que l’on peut regarder ce palmier comme
« une espèce de latanier, ainsi qu'il a déjà été dit, c'est-à-dire
« de lontard des Indes auquel il ressemble d’ailleurs par
« toutes ses autres parties!. »
Les figures de ce travail au nombre de six représentent
d'abord PI. IT : « Le grand palmier de l'Isle Praslin vulgai-
rement appelé Cocotier de Mer. » Il est chargé de quatre
fruits presque aussi gros que le tronc, de forme ovoiïde,
égaux entre eux et disposés en couronne à la base des feuilles,
sans qu'il y ait trace de régime (ce qui est une erreur évi-
dente du dessinateur et ne répond nullement à la description
du texte). Ce dessin est encore erroné, en ce qui concerne la
forme des feuilles, qui ne répond pas mieux à celle indiquée
par l’auteur, puisqu'elles sont représentées ovales. La forme
trop grêle, tortueuse et inclinée du tronc n'est pas conforme
à celle de l’arbre décrit, qui est toujours droit, vertical et assez
gros. On l’a trop fait ressembler à celui du cocotier ordinaire.
Le dessinateur a évidemment travaillé de mémoire ou d'ins-
piration, et non d'après nature. Il a sans doute pris son modèle
sur les dessins de cocotiers, dits de mer, que nous avons
trouvé figurés au lavis au coin de quelques cartes manuscrites
des Seychelles. C’est ainsi que, dans celle de Laflite de
Brasier, datée 1777, cet arbre est représenté avec des
feuilles de bananier et des fruits bilobés, par conséquent
décortiqués !
Dans la superbe gravure servant de frontispice à l'ouvrage
on voit l’auteur dessinant à l'ombre d’un Cocotier de Mer
1. Voyage à la Nouvelle-Guinée, par M. Sonneral, in-4, enrichi de
120 figures en taille-douce, Paris, MDCCLXXVI (1776), chap, I, p. 1-2,
pl. IT et frontispice. ;
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915. 19
226 A.-A. FAUVEL
Di md
pareil à celui de la planche IT. La planche IV, p. 3, donne
une assez bonne représentation du fruit avec son enveloppe
et son calice, mais le pédoncule trop grêle et trop long
paraît avoir été dessiné d'inspiration. Le fruit est peut-être
aussi un peu trop ovoïde, et on ne se rend pas compte de sa
forme exacte qui est le plus souvent celle d’un cœur aplati.
C’est la première fois qu’on le voit représenté en entier.
La planche V représente le même fruit décortiqué mais 1l
ne vaut pas, comme exactitude, celui que nous avons trouvé
dans l'ouvrage de F. Redi paru près d’un siècle auparavant
(1685).
La planche VI donne deux sections dè la noix intitulées :
1° Coupe perpendiculaire du coco de l'Isle Praslin; 2° Coupe
horizontale du même fruit. On ne s’y rend pas compte’ des
épaisseurs respectives de la coque et de l’'amande figurées
ensemble. Ce dessin, fait sans doute d’après un fruit sec, est
insuffisant comme renseignement scientifique.
La planche VII figure un chaton entier ainsi désigné:
« Portion de fleur mâle de Coco de l'Isle Praslin »; à côté,
on a figuré à part une fleur avec au moins 1# étamines et
2 pétales seulement, ce qui ne correspond nullement au texte.
Aucune des planches n'indique l'échelle des grandeurs pro-
portionnelles, c'était d’ailleurs l'habitude peu scientifique de
l’époque.
C’est sans doute d'après les informations de Le Monnier,
Rochon, Poivre et Sonnerat que A.-L. de Jussieu donna la
première diagnose latine du Cocotier de Mer, en 1785, dans
son Genera Plantarum.
« Lontarus Rumph. — Borassus L. — Rondier, Lontar —
« Dioica. — Spatha polyphylla. Mas. Spadix amentaceus..…….
« Huc retulit D. Sonnerat speciem novam. (ZLodoicea Com-
« mers. absque descript.) folis distinguendam pinnato-
« palmatis spadice et fructu majori et praecipuè seminibus
« semididymis maximis rotundatis 4 aut 2 saepè abortivis,
« Gallis dictam Cocotier de Mer : an genus diversum!. »
1. Antonii Laurentii de Jussieu, Genera plantarum secundum ordines
naturales disposita, juxta methodum in horto regio Parisiensi exaratam
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES PPY
On voit quil cite Commerson, qui l’a décrit et nommé
Lodoicea. Nous n'avons pu réussir à retrouver de cet auteur
le texte manuscrit, qui ne semble pas d’ailleurs avoir été
imprimé; en tout cas il nous a échappé. Nous avons eu
l’heureuse chance de pouvoir consulter à la Bibliothèque du
Muséum d'Histoire naturelle de Paris les grands cartons con-
tenant les dessins à la plume et au crayon faits par ce grand
botaniste et P. Jossigny. Nous y avons trouvé un cahier in-
folio intitulé : « Liste des dessins originaux des Plantes de la
« famille des Palmiers, » et au-dessous: « Palmarium volu-
« men in quo usque desiderata palmarum arborum seu bul-
« borum arboreorum historia methodice ad iconographia
« illustratum curis et observationibus Philiberti Commerson
CLDTME
« 1° Monographie du Coco Maritime, 12 planches, de 1 à
« 12, dont une triple.
« 2° Lodoicea callipyge. Coco Royal ou Coco de Mer des
« îles Séchelles, 3 planches, 13 à 15, dont une double, ceci
« de la main même de Commerson., »
Quant aux dessins ils sont au crayon noir et de grandeur
naturelle, sauf le premier, représentant le Cocotier, naturelle-
ment à petite échelle, 0"22, et qui est à la plume. Tous sont
signés P. Jossigny et ont été faits, sauf ce dernier, d’après
nature, sans doute à l'ile de France, où Commerson quitta
Bougainville vers 1766, et où il mourut en 1773 sans être
rentré en France. Il ne paraît pas avoir même été aux Sey-
chelles, où l’expédition de Bougainville ne toucha pas. C'est
ce qui explique sans doute pourquoi il accepta comme repré-
sentation exacte du palmier, qu'il baptisa en l'honneur du Roi
Lodoicea, une figure absolument inexacte et qui paraît avoir
été inspirée par celle de l'ouvrage de Sonnerat, à moins tou-
tefois que ce ne soit l'inverse. La seule différence est que les
feuilles sont ici beaucoup plus allongées, plus étroites à la
base et en nombre double. Elles paraissent avoir été dessinées
anno M.DCC.LXXIV (1774), Parisiis, 1789, in-8°, p, 39, Ordo Palmae. Il
n'y a pas de figures.
228 Â.-A. FAUVEL
d'après une jeune feuille qui forme en grandeur naturelle la
planche n° 1. Or, on sait que les premières feuilles sont,
comme celle du cocotier ordinaire d’ailleurs, entièrement
différentes de celles qui leur succèdent après un an ou deux.
Jossigny n’a donc pas vu la grande palme rapportée en
France par l'abbé Rochon, et il n'a eu sous les yeux que celles
de très jeunes plants (1 an ou 2) rapportés de Praslin à Poivre
par le même auteur.
Au dos de la planche n° 1, de format in-4°, on lit écrit à
l'encre, de la main et avec la signature de Commerson : « Je
« ne doute nullement que le Cocotier de Mer (qui rentre dans
« l'ordre des palmiers à feuilles en éventail) ne soit
« comme tous les genres de cet ordre, à pieds mâles et femelles
« séparés.
« Des gens qui ont été sur l'ile Curieuse, qui les produit,
« ayant été interrogés s'ils n'avaient pas vu parmi les coco-
« tiers de mer, qu'ils y ont trouvés, plusieurs pieds qui
« quoique aussi grands que les autres ne portaient pas de
« fruits, m'ont répondu très affirmativement que oui ». (Ceci
prouve bien qu'il n'y a pas été lui-même.)
Il semble bien être le premier naturaliste qui ait signalé
que le Lodoicée est dioique.
La planche n° 2, formée de trois feuilles collées bout à bout,
représente trois rameaux fructifères avec les fleurs femelles,
deux fruits très jeunes, un adulte (dessiné à demi), et les
calices après la chute du fruit mür.
Les planches 3 et 4, presque exactement pareilles, mon-
trent un morceau du tronc vu extérieurement et en coupe
longitudinale (diamètre 0"22 1/2).
Le n° 5 est le dessin d’une jeune palme longue de 0"60,
large de 0"34. Elle fut sans doute copiée sur l’une des
premières feuilles sorties du coco après sa germination ; elle
a, en effet, la forme ovale très allongée qui les caractérise à
ce moment.
Le n° 6 est une noix décortiquée avec un champignon pous-
sant à la jonction des lobes et croissant évidemment sur le
germe sans doute pourri. À première vue, on croit que l’au-
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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 229
teur a dessiné une noix germant. À côté, ce champignon est
figuré en entier et dégagé de la noix. Il semble appartenir
au genre Auricularia ! (dimension de la noix, 0 "20><0 "17,
du champignon, 0"14).
Le n° 7 montre une noix coupée longitudinalement à tra-
vers les deux lobes : longueur 0" 32, largeur 0 "30, épaisseur
de la coque 0"005, de l’amande 2 à # centimètres, ce qui
indique un fruit âgé. Dans le fruit jeune, l’amande remplit
entièrement la noix.
Le n° 8 représente une noix vue de trois quarts et coupée
dans le sens de la longueur à travers l’un des lobes; à gauche,
le demi-lobe enlevé (dimensions : longueur 0"27, largeur
020).
Le n°9 donne la figure de deux noix coupées en travers
par le milieu : Pune de 0 "295 de largeur sur 0"145 d’épais-
seur (coque et amande).
Le n° 10 est une noix entière, avec son brou et son calice ;
elle est de forme arrondie (dimensions : 0 "43 >< 0 "32),
Le n° 11 montre de profil la même noix (0"42 x<0"26
d'épaisseur).
Le n° 12 est une autre grosse noix entière vue de face,
ovale (0mM43 x 0"315).
Le n° 13 en est une autre encore avec brou et calice
(0m425< 040).
Le n° 1% est une noix décortiquée vue du côté plat
(0m 90 x 0 » 33).
Le n° 15 est une noix ouverte du haut en bas entre les deux
lobes (dans le sens de l'épaisseur). Elle montre bien le trou
de communication entre les deux lobes et le germe placé contre
la coquille juste à l’orifice du trou qui doit laisser passage à
l'axe cotylédonaire (dimensions : longueur 0"25, largeur
024, épaisseur 0" 15).
Il manque à cette collection pour être complète le dessin
d'une noix décortiquée montrant la face supérieure avant et
1. Un champignon pareil ayant poussé sur une noix que nous possé-
dons, nous avons cru y reconnaître le Lentinus flabelliformis (tribu des
Agaricinées).
230 A.-A, FAUVEL
après la germination. Ces dessins ne sont pas datés. Ils ont
été sans doute exécutés pendant le séjour de Commerson à
l'Ile de France, soit de 1766 à 1773. Ils sont très heureuse-
ment complétés par la collection des moulages de Robillard
d'Argentelle, dont nous reparlerons plus loin. Malheureusement
ni l'un ni l'autre n'ont donné un dessin ou un moulage de
la fleur, sur la structure exacte de laquelle nous ne serons ren-
seignés que plus tard (1800). Il est étonnant que Commerson
se soit contenté du dessin très imparfait que donne Sonnerat
du chaton mâle et d’une fleur séparée.
Labillardière en avait sans doute reçu, ce qui lui permit le 14
octobre 1801 de lire à une séance de l'Académie des Sciences le
premier mémoire décrivant complètement le Cocotier de Mer
avec ses fruits et ses fleurs. Nous l'avons rétrouvé dans les
Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, où nous
avons pu examiner, dans la galerie de botanique, les échantil-
lons de fleurs, fruits et feuilles provenant sans doute de l’abbé
Rochon ou des envois faits ensuite et qui ont évidemment
servi à Labillardière, aidé aussi par les dessins de Commerson
et des renseignements fournis par Quéau de Quincy, dont la
description légèrement abrégée se trouve à la suite du
mémoire à l'Académie, Vu l'importance historique de ces
deux documents nous les citerons ici in extenso.
Voici d'abord ce que dit Labillardière :
« Le palmier connu vulgairement sous le nom de Cocotier
« des Maldives croît, comme on sait, aux Iles Séchelles. Il
« avait été pour Commerson le sujet d’un nouveau genre qu'il
« avait appelé Lodoicea, nom que je conserverai, mais sa des-
« cription ne nous est pas parvenue. Sonnerat l'a depuis rap-
« porté au genre Borassus (sans doute en 1773).
« Il ne restera, je le présume, aucun doute, d’après la des-
« cription que je vais donner, qu'il ne forme vraiment un
« genre à part.
« Le Lodoicea porte ses fleurs mâles sur des pieds diffé-
« rents de ceux qui en produisent les fleurs femelles. Elles
« sortent les unes et les autres de spathes formées de plu-
« sieurs feuilles oblongues, aiguës.
Pages 230-231.
Annales du Musée colonial de Marseille,
3° série, l'® volume 1915,
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PI. IV. — Labillardière, 1801. Annales du Muséum, Fig, a. Le palmier femelle. Fig. b.
Le fruit. Fig. ce. Rameau de jeunes fruits. Fig. d. Portion de régime mâle. Fig. e. Ecaille
de régime mâle avec bouquet floral, Fig. f. Faisceau de fleurs mâles vu en dessus.
Fig. g. Le même vu de côté. Fig. h. Petite écaille qui sépare chaque fleur. Fig. i. Fleur
mâle ouverte. Fig. 1. Etamines vues en diverses positions. De e à 1 légère réduclion.
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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 231
« Le régime des fleurs mâles est composé d'un très petit
nombre de chatons cylindriques d'environ 2 pieds 17/2
(8,1210 décimètres) de longueur sur 3 à # pouces (8,1210 à
10,8280 centimètres) de diamètre, dont les larges écailles
imbriquées se divisent en dessus et vers le quart de leur
longueur en 2 lames à peu près verticales qui enveloppent
presque en entier un faisceau de fleurs dirigé dans sa plus
grande longueur vers l'intérieur du chaton. Chaque fais-
ceau est à peu près réniforme et composé de 30 à 40 fleurs,
disposées sur deux rangs se croisant alternativement dans
la moitié de leur épaisseur et séparées chacune par une
petite écaille oblongue, renflée du côté externe, attachée
comme les fleurs à un réceptacle presque demi-circulaire
dont la partie supérieure et postérieure est mobile, ce
réceptacle étant divisé postérieurement par une fissure
oblique dans les deux tiers de son étendue.
« Les fleurs ont pour calice 6 folioles étroites, creusées en
forme de gouttière dans leur longueur; les folioles exté-
rieures, échancrées d'un côté vers l'extrémité, l’autre côté
présentant une pointe oblique, sont plus longues et un peu
plus coriaces que les intérieures alternes dont la sommité
est obtuse, et sont attachées à 2 millimètres au-dessous
d'elles, sur le même pédicelle, qui s'amincit par le bas. Les
étamines, au nombre de 20 à 36, sont portées sur un récep-
tacle central de 2 millimètres environ d'élévation et qui
semble être le prolongement du pédicelle dont nous venons
de parler. Elles onten outre un petit filament pour chaque
anthère vacillante, oblongue, obtuse, à 2 loges s'ouvrant
par le côté et un peu à l'intérieur, en répandant une pous-
sière globuleuse et jaunâtre.
« Il est remarquable que le faisceau de fleurs porté par
chaque écaille est en grande partie couvert par l'écaille
supérieure, de sorte qu'il ne reste à la partie inférieure et
externe entre les deux lames mentionnées ci-dessus, qu'une
petite ouverture par où il ne peut sortir à la fois qu'une
seule fleur. Leur développement successif s'exécute par un
mécanisme facile à concevoir à la première inspection de
232 A.-A. FAUVEL
la figure g. Les fleurs les plus avancées se trouvent toujours
en d. et leur épanouissement n'a lieu qu'après avoir quitté
le réceptacle pour sortir par la petite ouverture dont il vient
d'être fait mention et faire place à la fleur qui sort à son
tour, et ainsi de suite jusqu'à ce que par l’évolution de ce
même réceptacle, les fleurs les plus éloignées en o. aient
aussi été amenées vers d. pour trouver passage par la même
ouverture, ce qui prolonge irrégulièrement, comme on voit,
le temps que mettent ces fleurs à répandre leur poussière
fécondante, en assurant d'autant plus la réussité des indi-
vidus femelles. Alors les petites écailles intermédiaires se
sont rapprochées les unes des autres et n'occupent plus que
fort peu d'espace.
« Le régime des fleurs femelles, assez divisé, porte vers
l'extrémité ses fleurs qui sont sessiles. Le calice est formé
de 5 à 7 folioles ovales et très larges. L'ovaire, presque
sphérique, est surmonté de 3 ou # stigmates sessiles, aigus.
Il devient une baie ovale d'environ 1 pied 1/2 (4,8726 déci-
mètres) de long, quelquefois terminé par une sorte de
mamelonet renfermant dans son enveloppe fibreuse 3 à 4
noyaux qui rarement viennent tous à bien. Ces noyaux,
d'une dureté extrême, sont de forme ovale, aplatie, ayant
au milieu une dépression répondant à une saillie intérieure
qui représente assez bien une demi-cloison. Ils sont séparés
en deux lobes supérieurement, c’est-à-dire à leur extrémité
la plus éloignée du calice, rarement en 3 à # lobes. On en a
vu plus rarement qui avaient jusqu’à 5 lobes. C'est entre
ces mêmes lobes qu’on remarque dans le noyau une ouver-
ture oblongue garnie de fibres sur ses bords et donnant
issue à la radicule et à la plantule lors de la germination.
« L'amande, qui ne laisse pas d'acquérir une grande consis-
tance, a la forme du noyau. On voit différentes coupes de
l’un et l’autre dans le Voyage à la Nouvelle-Guinée, pl. VI.
« L'embryon est enfoncé dans une cavité de l’amande abou-
tissant à sa superficie entre les lobes, vis-à-vis de l’ouver-
ture oblongue du noyau mentionnée ci-dessus, aussi doit-on
le regarder comme supérieur. Je n’en donnerai pas la figure,
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 233
le fruit sur lequel je l'ai observé n'ayant pas acquis le
degré de maturité nécessaire pour être bien conservé. Je
dirai cependant que la plumule dirigée vers l'intérieur se
termine en pointe recourbée, la radicule étant ovale, tuber-
culeuse à l'intérieur, où l'on remarque une dépression lon-
gitudinale.
« Les caractères énoncés ci-dessus, la position surtout de
l'embryon et la forme des noyaux de la baie fibreuse, le
nombre des étamines, leur disposition et celle des fleurs
mâles suffisent bien pour l'établissement du nouveau genre
qui vient d'être proposé. Il ne peut être confondu avec le
genre Borassus quoique d’ailleurs il ait avec lui beaucoup
d’affinités.
« J’ai appelé ZLodoicea Sechellarum (Lodoïcée des
Seychelles) le palmier qui fait le sujet de ce mémoire,
dénomination tirée comme on voit du groupe d’iles dont il
est originaire. Mais on doit présumer qu'à l'exemple de Son-
nerat, qui l’a transporté à l’île de France, il se trouvera
des navigateurs jaloux d'enrichir quelque autre terre de cette
belle production de la nature.
« Le Lodoïcée des Seychelles s'élève assez droit à 15 ou
18 mètres (46 à 55 pieds), quelquefois même beaucoup au
delà. Son tronc fibreux, assez semblable à celui du cocotier,
est marqué, dans toute sa longueur, par l'empreinte des
feuilles qui se détachent à mesure qu'il croit; d’autres
feuilles se développent en nombre à peu près égal chaque
année, de sorte qu'il se trouve assez constamment couronné
du même nombre de feuilles (15 à 20). On ne les a pas
représentées toutes dans la figure ci-jointe, afin de faire
mieux sentir leur forme. Elles sont d'une texture assez
ferme et, comme on voit, en éventail, ovales, échancrées à
la base, divisées inégalement dans leur pourtour, les divi-
sions inférieures étant les plus courbes. Les pétioles longs
de T à 8 pieds (227 à 259) sont élargis à la base où ils
se déchirent quelquefois en deux parties, à mesure que les
feuilles supérieures se développent.
« L'amande de ces gros fruits est un aliment assez mé-
234 A.-A. FAUVEL
« diocre. Je ne dirai rien des vertus imaginaires que lui avaient
« attribué quelques botanistes et voyageurs des xvi° et xvi*
« siècles, et l'on doit bien présumer que je ne répéterai pas
« non plus les fables qu'ils racontent sur l’origine de ce pal-
« mier, On trouvera ces matières traitées au long dans l’Her-
« barium Amboinense du célèbre Rumphius, livre x11, cha-
« pitre 8. Il ya même la figure d'un noyau de cet arbre inté-
« ressant. On y verra encore cités la plupart des auteurs qui
« en ont parlé avant lui.
« Les feuilles servent à couvrir les toits : leur consistance
« les rend encore plus durables que celles du Corypha
« umbraculifera.
« Le tronc peut être employé avantageusement à tous les
« usages auxquels on fait servir celui du cocotier. Quoique
« Sonnerat ait donné dans son Voyage à la Nouvelle-Guinée,
« planche III, une figure du Lodoïcée des Séchelles, j'ai
« pensé qu'on verrait encore avec plaisir celle-ci faite aux
« Seychelles par M. Lilet, correspondant de l’Institut; mais
«il était indispensable de donner les détails de la fructifica-
« tion. Je les ai dessinés d’après des échantillons conservés
« dans l'esprit de vin, qu'il a bien voulu me communiquer. »
Cette planche est fort bonne, sauf pour la forme des feuilles
qui semble inspirée par celle de la planche de Sonnerat, avec
cette différence qu’elles sont plus ovales, plus profondément
et plus largement échancrées. C'est la troisième manière de
les représenter, mais elle n’est guère plus exacte que les deux
autres.
Par contre, nous y voyons pour la première fois une
approche de la vérité en ce qui concerne le pétiole fendu en
triangle à la base, comme on l'observe sur l'arbre. Les fleurs
femelles sont représentées pour la première fois, ainsi que
l'anatomie des fleurs mâles et la position des fruits sur leur
régime. Labillardière aurait pu mieux figurer les feuilles s'il
les avait dessinées d’après la palme rapportée par Rochon, au
lieu de $’en rapporter au dessin de Lilet, qui, bien que Corres-
pondant de l'Institut aux Seychelles et les ayant soi-disant
faites d'après nature, nous paraît un observateur aussi peu
LE LS À DE MER DES ILES SEYCHELLES 235
exact que peu scientifique. On peut se demander s'il n’y a pas
eu aussi une interprétation du graveur.
A la suite de ce mémoire, on trouve, dans le vol. IX des
Annales du Muséum, un extrait du mémoire envoyé par
M. Quéau-Quincy. Labillardière s’est borné à ne citer que les
parties ne faisant pas double emploi avec ce qu'il avait com-
muniqué à l'Académie. Ainsi que nous l'avons dit dans le
chapitre précédent, il a été publié in ertenso en 1905 à l'île
Maurice et nous avons pu en obtenir une copie.
Nous allons citer tout ce qui nous paraît compléter les infor-
mations déjà fournies et que l'auteur n'a fait que répéter
d’après les anciens écrivains :
« Cet arbre vient dans toutes les parties de l'Isle de Praslin
« et de l'Isle Curieuse ; l'on en trouve partout dans les pleines
« (sic) de sable, au bord de la mer, dans les mares, parmi les
« rochers les plus arides, où il ne paraît point de terre, et
« une très grande partie sur le sommet des plus hautes mon-
« tagnes qui n’est formé que de tuf.
« L'Isle Praslin et l'Isle Curieuse ! ayant un sol très mau-
« vais, neseraient point habitables s'il n'y avait pas de mares,
« aussi le coco de mer vient-il très bien partout où on le
« plante, dans toutes les autres isles de l'archipel et même
« aux isles de France et de La Réunion (Bourbon) où il y en a,
« mais qui ne sont pas encore en rapport, cet arbre étant très
« long à venir.
« Le tronc de cet arbre s'élève communément de 50 à 60
« pieds; l’on en trouve cependant beaucoup qui ont 80 et
« 100 pieds de hauteur, il est droit comme un mât? | parfaite-
« ment cylindrique}, sa grosseur varie très peu aïant à peu
« près 12 pouces de diamètre, sans diminution sensible jus-
?
« qu'à son sommet qui est couronné par une toulle d'environ
\
« 12 à 20 feuilles, ce qui forme sa tête.
1. Ces deux isles sont séparées l’une de l’autre par un étroit canal
d'environ 300 toises et de la distance de 6 lieues de Mahé.
2. Le rapport cité par les Annales ajoute « parfaitement cylindrique »,
les parties entre [| | sont celles qui sont en plus dans la rédaction des
Annales dues à Deleuze, l'éditeur,
36 A.-A. FAUVEL
« Cet arbre ne produit point de branches mais seulement
de grandes feuilles dont les anciennes tombent à mesure
qu'il sélève. La feuille de cet arbre est très grande, for-
mant l'éventail; j'en ai mesuré qui avaient 20 pieds de
long, sur 10 à 12 de largeur, leurs queues sont quelquefois
aussi longues que la feuille; elles ne sont cependant pas
toutes de cette largeur, leur dimension la plus commune
est de 8 à 10 pieds de longueur sur 5 à 6 pieds de largeur,
les vieux arbres produisent ordinairement de ces dernières.
« La tête de l'arbre d'où partent les feuilles qui les cou-
ronnent (sic) s'appelle choux ; il se mange comme le choux
palmiste, le choux du latanier des Indes et celui du coco-
tier ordinaire, mais cependant il n’est pas aussi délicat ayant
un petit goût d’amertume; confit au vinaigre, l’on en fait
d'assé bons achards.
« Le bois de cet arbre est assez dur, mais il diminue de soli-
dité en approchant de son centre, n'étant dans cette partie
qu'un composé molasse de longues fibres que l’on sépare
facilement du reste de l'arbre lorsqu'il a été coupé et fendu
dans sa longueur. Son écorce est extrêmement mince, l’on
pourrait dire même qu'il en est à peu près dépourvu.
« Les feuilles de cet arbre sont d’un gros verd tirant sur le
Jaune; elles deviennent même toutes jaunes en séchant,
leur tissu est croisé et chaque feuille sort du milieu de la
touffe du sommet. Elle est fermée, lisse, longue de 6 à
8 pieds, en diminuant comme un jet : chaque branche de cet
arbre n'est done exactement qu'une longue queue d’une
très grande feuille, qui dans le commencement ressemble à
un évantail fermé, mais qu'en se développant ensuite forme
un grand évantail ouvert, dont les plis sont exactement
marqués ; sur les côtes qui forment les plis des vieilles
feuilles on y trouve attaché un duvet assez épais qui est
semblable à celui qu’on trouve sur les feuilles des lataniers
des colonies.
« Le cocotier de mer mâle produit des fleurs qui fertilisent
les fleurs du cocotier de mer femelle. Cette fleur du coco-
tier de mer mäle sort à l’origine des feuilles. Elle est
LE COCOTIEÉR DE MER DES ÎLES SEYCHÈLLES 231
oblongue, de couleur pourpre ou violet, elle est parsemée
dans toute sa longueur à des distances égales de jolies petites
fleurs jaunes qui en ressortent et qui font le plus bel effet.
La longueur de cetté fleur est de 2 pieds à 2 pieds 1/2,
même trois pieds, et sa grosseur, à la partie la plus forte,
est d'environ 6 pouces de circonférence.
« Il sort à l’origine des feuilles du cocotier de mer femelle
un régime appelé communément dans le pays, ainsi qu'au
bananier et au cocotier ordinaire, un Baba ! ; les fleurs
femelles ont un ovaire qui produit un fruit d’une forme
toute particulière qui mérite bien, par toutes ses singularités,
d'être décrit, ne l’ayant pas encore été par aucun naturaliste,
à ce que Je crois.
« Le fruit qui succède aux fleurs femelles est très gros,
comme le plus gros melon de France, au nombre de #, 5
et 6 quelquefois à chaque régime, 1l est recouvert par une
enveloppe extérieure en peau, qui a beaucoup de rapport à
l'enveloppe ou peau qui couvre les noix de France et ayant
même en grand à peu près la forme, la même couleur, c'est-
à-dire d’un verd foncé, mais en considérant en détail ce sin-
gulier coco lorsqu'il est dépouillé de sa première peau, et
de son enveloppe filandreuse, l’on voit d’un côté, qu'il res-
semble parfaitement à des fesses, l’entre-deux qui les
sépare représente la partie naturelle de la femme, on y
remarque même une protubérance ressemblant absolument
à l'une des parties extérieures de la génération de la femme,
autour de laquelle plusieurs petits filaments qui y existent
représentent des poils parfaitement imités; c’est aussi de
ces entre-deux que sort le germe, qui, dans les premiers
jours, lorsqu'il ne passe pas la longueur de 6 à 8 pouces,
ressemble parfaitement au membre viril. C'est cet instant
qu'il faut saisir pour avoir un coco de mer qui soit on ne
peut plus curieux par sa singularité et ses formes *,
1. Baba (ou Bava ?), nom indien.
2. Ce sont évidemment ces singularités qui ont suggéré aux indigènes
de l'Inde et autres pays d’en faire un remède antisyphilitique et aphro-
disiaque, et à Gordon Pacha le fruit défendu du paradis terrestre.
D
38 A.-A. FAUVEL
« Quand l’amande du coco de mer n'est pas encore dans sa
parfaite maturité, l’intérieur du coco, dans la partie supé-
rieure par laquelle il est attaché au régime, est divisé en
deux parties, il contient une substance en forme de gelée
blanche, ferme, transparente, excellente et agréable au
goût, un seul coco peut en contenir deux bonnes assiettes à
soupe; pour peu qu’il y ait quelques jours que le coco ait
été cueilli ou coupésur l'arbre, cette gelée s’aigrit, ellen’est
plus mangeable ayant alors l’odeur, la couleur et la
consistance réelle de la semence humaine.
« L'intérieur de la noix de coco de mer est partagé en deux
par une cloison assez forte qui communique par le trou
d'où sort le germe ; au lieu de gelée il est rempli, lorsqu'il
est en maturité, d'une amande fort dure, très coriace, qu'on
a de la peine à couper, et qui peut se rapper, c'est de ces
deux amandes que sort le germe, elles semblent lui servir
de testicules.
« L'arbre cocotier de mer est très long dans sa croissance,
un coco de mer planté est environ un an avant de pousser,
il est 20 à 30 années avant que de rapporter des fruits, et
ce fruit, du moment qu'il commence à paraître sur l’arbre,
est plus d’un an à acquérir sa parfaite maturité. J'en ai vu
qui ont resté 3 ans sur pied avant que de tomber à terre.
« Chaque arbre porte environ 20 à 30 cocos qui font un
poids considérable au sommet de cet arbre, car l’on peut
compter que l'un dans l’autre, chaquecoco peutbien peser 20
à 25 livres, il y a ordinairement 2 cocos dans une même
enveloppe et quelquefois trois ; l’on en trouve aussi de fort
curieux qui, au lieu de ne former que deux parties, setrou-
vait (trouvent) en former 3 et 4. Et j'en ai possédé un
seul (en ayant) jusqu’à 5; ces derniers sont extrêmement
rares et fort recherchés des curieux ; ils ne peuvent être
considérés que comme des jeux ou bizarreries de la nature
Usages et propriétés du coco de mer.
« Le tronc de l'arbre après avoir été fendu et netoyé de sa
partie mole et fibreuse, sert à faire de longues jumelles
«
«
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 239
pour recevoir l'eau, l'on en fait des palissades pour entourer
les cazes ou maisons, les jardins, etc.
« Les feuilles servent à faire de très bonnes couvertures aux
cazes, aux maisons, même à les entourer, car avec cent
feuilles l’on peut faire une maison commode, la couvrir, l’en-
tourer, même faire les cloizons pour séparer les chambres
ainsi que les portes et fenêtres; à l'Isle Praslin, la plus
grande partie des maisons des habitants et les magasins
sont ainsi construits.
« Le duvet qui est attaché aux feuilles sert à faire des mate-
las et des oreillers comme la ouate.
« Les côtes des feuilles et le cotton de la queue servent à
faire des paniers et des balais.
« Les feuilles tendres, ou pour mieux m’exprimer, les cœurs
des feuilles, quand elles ne sont point encore épanouies en
éventail, séchées au soleil, coupées dans leurs longueurs
par petites bandes de deux à trois lignes de largeur, et
pressées, servent à faire des chapeaux bons pour hommes
et pour femmes, l'on ne s’en sert pour ainsi dire pas d’autres
aux Isles Seychelles.
« La noix, que l’on appelle communément le Coco de mer,
sert de vases à différents usages, en le conservant entier,
et lui faisant un ou deux petits trous à son sommet, l’on
s’en sert pour porter de l’eau ; les noirs en portent ainsi
plusieurs qu'ils attachent aux deux bouts d’un bâton, il y a
de ces cocos qui contiennent 6 à 8 pintes, quand on lés scie
en deux, droit par la moitié ils servent à faire des plats,
des assiettes, suivant leurs grandeurs, et quand l’on en
trouve de petites, ils servent à faire des vases pour boire, à
peu près comme l’on se sert des tasses du coco de terre ;
mais celui du coco de mer est préférable étant beaucoup plus
fort et plus épais. Voilà pourquoi on l'appelle aux Isles
Seychelles, la vaisselle de l'Isle Praslin, Les cocos de mer
sont vraiment d'une grande utilité et économie pour les
pauvres gens et pour les nègres; aussi les vaisseaux qui
passent aux Seychelles tâchent de s'en procurer le plus
qu'ils peuvent étant très commode pour les matelots, car
240 Â.-A, FAUVEL
« les cocos de mer sont très forts, et ne cassent point en tom-
« bant, l’on en fait aussi de jolis plats à barbe, que l’on fait
« graver et garnir en argent. Ils se gravent facilement; ils
« prennent un très beau poli et une couleur fort noire.
« Les Indiens avaient attribué aux premiers cocos de mer,
« que l’on avait trouvé sur la mer près des Isles Maldives,
« plusieurs vertus chimériques qui les avaient fait rechercher
« avec le plus grand empressement, ce qui ne paraîtra pas
« étonnant quand l’on saura que l’on a vendu dans l'Inde
«jusqu'à 2 et 300 Roupies (750 livres) un seul coco de mer;
« en raison de ce que les Indiens prétendent. à cette époque
« que l’amande qui était dans l’un des côtés du coco de mer
« était un poison très violent, tandis que celle qui était du
« côté opposé était un contrepoison ; ils lui attribuaient éga-
« lement une vertu propre à exciter l'amour, aujourd’hui que
« le coco de mer est parfaitement connu, tout le merveilleux
« est évanoui et sa valeur tombée aux Indes en raison de ses
« vertus supposées et de ce quil est devenu commun.
« L'amande du coco de mer, lorsqu'il est en maturité, est,
« comme je l'ai déjà dit, très compacte, elle a de la ressem-
« blance avec de la corne blanche, elle n’est employée à aucun
« usage ; jusqu'à présent, elle n'a aucune qualité encore par-
« faitement connue ; cependant l'on la croit propre à être
‘« employée comme astringent, dans les dissenteries et les flux
« de sang. L'on ne peut en tirer de l'huile et elle ne peut que
« faire beaucoup de mal si l’on en mange pendant quelque
« temps ou une trop grande quantité, étant très indigeste,
« l’on a même vu des matelots indiens mourir pour en avoir
« fait un usage immodéré à la mer. La gelée de coco de mer
«_ est très froide, la quantité en serait très indigeste.
«A Mahé, Iles Seychelles, Le 1° Thermidor an II [le 20 juil-
« let 1803 v. s. (vieux style)].
« Le Commandant administrateur civil, aux Iles Seychelles,
« QUINCY. »
M. Deleuze en terminant dans les Annales du Muséum la
citation d'une petite partie du travail de Quéau de Quincy,
&) SUNAJ 9p 19 (T) SOf[OWE SNA] 9p USA ‘A PM
[ ‘9419 U9 95P[NOIN ‘TOSI ‘OP JU9SAV p pa
+ à femme" à C6] Fa
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 241
remercie l'auteur et ajoute: « Le nom ZLodoicea Sechellarum
« proposé par M. La Billardière sera sans doute adopté par
« les Botanistes, mais s'il ne passait pas dans le langage ordi-
« naire, il faudrait du moins, pour éviter une erreur, substi-
« tuer à cette dénomination de Cocotier des Maldives celle-là :
« Cocotier des Séchelles f, »
Revenons maintenant à la collection des moulages en eire
de Robillard d'Argentelle, dont nous avons raconté l'histoire
dans le chapitre précédent. Ces moulages, admirablement exé-
cutés d'après nature et ayant conservé les couleurs qui ont
forcément disparu sur les échantillons conservés à sec ou dans
l'alcool, nous permettent de comprendre les descriptions ei-
dessus données, et les complètent d’ailleurs.
Is sont d'autant plus exacts qu'ils ont été faits sur des objets
encore frais provenant des Seychelles, et que l’auteur a utilisé
pour certains d'entre eux la coque même du Coco de Mer. Un
seul nous paraît insuffisant, c'est celui qui représente un
chaton mâle couvert de fleurs. Ces dernières y sont simple-
ment imitées et on n'y peut distinguer la forme exacte des
anthères et pétales. Les pièces, au nombre de dix, sont dispo-
sées dans deux vitrines. Dans la première, on voit marqué A
un chaton mâle entier couvert de ses fleurs épanouies, puis en
B un régime femelle chargé de deux fleurs, dont l'une parait
déja fécondée, et de deux cocos, l’un jeune, l’autre adulte.
Dans la seconde vitrine se trouvent huit pièces, à savoir :
C. Un coco coupé transversalement un peu au-dessous de la
réunion des deux lobes, soit au tiers de la partie supérieure
(du côté opposé au pédoncule *). On y distingue parfaitement :
le brou charnu et fibreux ; la coque ayant à peu près la même
1. Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, 1807, in-#°,
vol. IX, p. 146. — Sur le Cocolier des Maldives. Extrait d'un mémoire lu
à l'Académie des Sciences le 14 octobre 1801 par M. Labillardière, et
Extrait d'un mémoire envoyé au Muséum par M. Quéau-Quincy, com-
mandant et administrateur général des [les Séchelles, sur le palmier
qui produit les fruits appelés Cocos des Maldives.
2. L'auteur doit vouloir dire du côté du pédoncule, il semble avoir pris
une extrémité pour l’autre.
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1919, 16
242 A.-A. FAUVEL
épaisseur, ce qui indique que le fruit est encore jeune et que
cette coque est encore à l'état mou; l’amande remplissant
entièrement chacun des lobes. E. L'amande entière dépourvue
de son revêtement brun (épisperme). D. F. Deux moitiés supé-
rieures de la coquille (côté opposé au pédoncule) : l'une F
vide, l’autre D contenant encore dans le lobe gauche l’amande
müre et desséchée, avec un léger vide central, indiquant que
le coco est arrivé à maturité complète et est prêt à germer. La
nature fibreuse et radiée de l'amande est fort bien imitée. Dans
cette section, l'ouverture qui doit laisser passer le germe
montre bien le coussin fibreux élastique qui la ferme presque
complètement, mais qui, grâce à son élasticité, permet à l'axe
cotylédonaire d'en écarter les bords. Cette organisation origi-
nale rappelle au naturaliste l'ouverture élastique de certains
cocons soyeux du genre Affacus. De même que dans ceux-ci,
les poils élastiques garnissant intérieurement et extérieure-
ment l'ouverture du coco semblent destinés à en défendre
l'entrée contre les insectes rongeurs, tout en permettant la
sortie du germe!. G représente l’amande entière (revêtue de
son enveloppe brune) arrivée à maturité et germant. H nous
montre la noix müre dépourvue de son brou avec un germe
déjà bien développé. Enfin, deux pièces aujourd’hui séparées,
K, L, mais qui devaient sans doute n’en faire qu'une autrefois
(sans doute cassées) montrent l'amande flétrie, considérable-
ment diminuée de volume, sa substance avant été absorbée par
le germe en forme de massue allongée que l’on voit à côté, K,
et dont la base est encore adhérente à l’amande. Il est probable
que, comme cela arrive dans toutes les graines, la germination
produit des ferments qui ramollissent lamande et la font ser-
vir à la nourriture de la jeune plante tant que celle-ci n’a pas
encore poussé de racines. C’est ce qui explique, sans doute,
comment l'on peut transformer en gourdes les coques du
1. L'auteur dans ce moulage a exagéré la grandeur et l’a entourée de
beaucoup trop de poils libres et trop longs. Il en a beaucoup figuré aussi
autour du germe dans le moulage H. On croit y reconnaitre l'intention
d'exagérer d’une façon obscène, sans doute en vue de l'exposition en
public.
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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 243
Lodoicea. On sait en effet, par Quéau de Quiney, qu’à l'état
de maturité l’amande a la dureté de la corne et qu'il est par
suite impossible de l'extraire de la noix en conservant la forme
de celle-ci!.
Le catalogue accompagnant la collection de moulages men-
tionne aussi cette particularité, citant en plus quelques lignes
du mémoire du Commandant des Iles Seychelles. Parlant de
l'amande, il change les mots de semence humaine, de ce
mémoire, en substance humaine.
Il nous faut attendre jusqu'à l'année 1827 pour avoir de
nouveaux renseignements concernant le Zodoicea. Nous les
trouvons consignés dans le Botanical Magazine de Curtis sous
la signature du célèbre botaniste anglais Hooker. C'est une
description botanique complète du Cocotier des Seychelles
soigneusement illustrée de cinq planches en couleurs d'après
nature.
Après avoir indiqué la synonymie, il passe à la description
de l'arbre, auquel il donne un tronc droit, ce qui jure avee la
planche où sont représentés ensemble, pour la première fois,
les deux sexes, mais portés par des troncs trop minces pour
leur élévation et surtout beaucoup trop tortueux. Par contre,
nous pouvons enfin y reconnaitre les feuilles exactement des-
sinées, ce que n'avaient encore fait aucun des auteurs ayant
traité de cet arbre. Hooker, n'ayant pas été lui-même aux
Seychelles, a dû s'adresser à un artiste qui fit ce dessin sur
place d’une façon plus consciencieuse que Lilet Geoffroy. Les
planches du Botanical Magazine ne sont pas signées, mais,
d'après le texte, il est probable que le dessin représentant les
deux arbres est dû à Charles Telfair de Maurice, ami et corres-
pondant de Hooker.
Il décrit de plus le tronc comme « apparently destitute of
bark », fait que n'a pas mentionné Labillardière, tandis que
Quéau de Quincy dit que «cette écorce est extrèmement
1. Cela explique aussi comment ces noix peuvent flolter jusqu'aux
Maldives. En effet, avant la germination, elles sont d'une densité bien
supérieure à celle de l’eau de mer.
Our orient ANS Eee ins + 2, 10 Aout TE
Le, “4
da
241 A.-A. FAUVEL
mince, l'on pourrait dire même qu'il en est à peu près dépourvu».
Hooker n'en aurait done pas vu d'échantillon parfait. |
Parlant des feuilles il dit : « The colour is a bright vellow
« green, the texture thin and dry, and, when viewed under the
« microscope, is seen to be composed of a beautiful tissue of
« fine network, having quadrangular aureolae or meshes.
« The old leaves when withered hang down upon the stem,
« previously to falling off... The male and female flowers are
« produced upon different trees each constituting a Spadix,
« which bas a small sheathing Spatha at the base. »
IL décrit minutieusement le Spadice mâle, dont il ne men-
tionne qu'une pièce, la gravure, par contre, en figure quatre
partant de la base des feuilles du palmier mâle. Nous ne cite-
rons que les informations complétant celles données par
Labillardière, Une bonne gravure (2735 B) montre le chaton
entier très réduit; une section en travers de grandeur natu-
relle (pl. 2735, fig. 2) ainsi que les fleurs (2735, fig. 5 et 6)
dont une étamine (2735, fig. 8) est figurée avec un grossis-
sement d'au moins 5 longueurs. La figure T est l’ensemble des
étamines en grandeur naturelle, comme les fleurs.
Il décrit mieux le chaton que le botaniste français :
« The Spadir (male) is... amentaceous, ... cylindrical, ta-
« pering however towards the extremity, closely covered on
« all sides with a densely imbricated, semi circular, slightly
« convex scales, which so completely form a continuation of
« the substance of the spadix as not to be separated but by
« force (et, nous pouvons ajouter, en déchirant les tissus dont
« il font partie intime).
« The aperture ... from which the sfamens issue, though
« near the base (of these scales) is not in the centre of each
« scale, but constantly on one and the same side ; and as the
« scale laps over, with that side, the one next above it, so
« the aperture and the stamens will be found to pass through
« both (pl. 2735, fig. 2)».
La figure 3 de la même planche 2735 fait parfaitement com-
prendre (en grandeur naturelle) la position des faisceaux de
fleurs disposés sous forme rayonnée dans le plan diamétral et
Annales du Musée colonial de Marseille,
volume 1915.
3°série, 4°:
173
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i 2797 - 1ÿ9o Ÿ 9 Ars Yyheblanunn
PI. VII. — Hooker, 1827. Curtis Botanical Magazine. PI. 2734 A. Lodoicea Seychellarum
arbres mâle et femelle. PI, 2735 B. Fig. 1. Chaton de fleurs mâles. Fig. 2. Fleur mâle
sur le chaton, Fig, 3. Coupe du chaton mâle. Fig, 4
Une fleur mâle fermée, Fig
Faisceau de fleurs mâles, Fig, 5.
6. Une fleur mâle ouverte. Fig. 7. Faisceau d'élamines
Fig. 8. Une étamine fortement grossie.
PI. 2736 c. Fig. 1. Rameau de fleurs femelles, Fig, 2, Pistil. Fig.
: 5
Pétale. Fig, 5. Une fleur femelle.
PI. 2737 D. Fig. 1. Coupe transversale de l'ovaire. Fig
Fig. 3. Coupe transversale d'un jeune fruit.
ñ J
PI. 2738 E. Fig. 1. Noix avec son brou, Fig
o
3. Sépale. Fig. 4.
>, Coupe longitudinale de l'ovaire
2, Noix à trois lobes, Fig. 3, Noix germée.
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1:
Ééres CÉARAER Se EL DR, Éd
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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 245
sans doute en ligne spirale suivant l'axe du chaton comme les
écailles elles-mêmes, bien qu'il ne parle pas, dans le texte, de
ces positions géométriques des faisceaux. La figure 2 (2735,
fig. 2) montre le bouquet d’étamines sortant de l'ouverture à
l'intersection de deux écailles. L'auteur explique comment les
faisceaux de fleurs sont coupés en portions plus ou moins
grandes, suivant que la section a passé par le plus grand dia-
mètre de l'alvéole ovoïde qui les contient et qui correspond à
l'ouverture, au-dessus ou au-dessous, à différentes hauteurs.
La figure montre ainsi dix alvéoles. L'axe du chaton est
élastique : « tough (between fleshy and fibrous) ».
La figure # montre, aussi grand que nature, un des fais-
ceaux de fleurs avec en a le point d'attache, beaucoup mieux
dessiné que celui figuré sur la planche de Labillardière. Ilen
est de même du reste de la fleur (fig. 5 et6) dont la masse des
étamines est montrée à part fig. T avec celle qui est grossie
fig. 8. Il donne 50 à 60 comme nombre moyen de fleurs de
chaque faisceau, dont la forme spirale rappelle les inflores-
cences scorpioïdes du myosotis et de l'héliotrope : « After
« they have withered they still remain within the cavity a
« mere mass of husky scales, 1f possible more closelv com-
« pacted than before. Each flower is composed of 6 pieces, of
« which the 3 outer ones have been generally considered a
« calyæ, and the 3 inner a corolla : they are oblong, membra-
« naceous, yellowish brown, the outer ones are rather
« larger and more regular than the inner. Stamens 15 to 20
« (L. met 20 à 36) anthers … terminating in 2 globular heads.
« The spadix has a short compressed footstalk with a groove
« on one side. » Cette gouttière est cachée par les spathes
dans la figure de Labillardière qui du reste n'en parle pas.
« Spadix of the female plant (planche 2736, fig. 1) also
« springing from the axil of the leaves, pendent, 2 to 3 feet
« long, thick and woolly, tortuose, clothed with large shea-
« thing
œ, red brown scales, which are singularly fimbriated or
« more generally erose at the margin, and support several
« more or less distantly placed female flowers, of different
« ages, at the same time and of various sizes : for along with
12
_
6 A.-A. FAUVEL |
« the fully formed ripe fruit is often seen the still unfertilized
« germen in itself about the size of a hen's egg, but eave-
« loped in the six leaves of the perianth, of so thick a nature
« as to render the whole of the dimensions and form of a
« moderate sized apple (pl. 2736, fig. 5 natural size). The
« 3 outer and 3 inner leaves (or Calyx and Corolla) are all-
« most hemispherical and one inch thick at the base ; the
« outer ones the largest, their margins crenated ; but
« both remain and increase in size prodigiously with
« the fruit, so as then to be 5 or 6 inches in diameter.
« (ermen almost concealed by the perianth, broadly ovate,
« narrow at the base above the insertion of the perianth, and,
«in that lower part only, exhibiting an appearance of three
« cells (pl. 2737, fig. 1). The whole upper part, a little above
« the letter à offig. 2, pl. 2736, is a pulpy mass, traversed by
« longitudinal vessels. In other germens there is no trace of
« cells. The Sfigma is sessile (unless the great mass above
« the insertion of the ovules may be considered as a Style)
« having a minute three lobed aperture. As the fruit advances
« to maturity, 1 or 2 of the cells become abortive and the
« germen rounded before then appears depressed on one side
« (A vertical section of an unripe fruit is given at fig. 2, pl.
« 2737 and a transverse section at fig. 3 of pl. 2737 in both
« of which there appears to be but a single seed or nut).
« Many, mdeed, ofthe germens are wholly abortive. A single
« spadix ripens from 5 to 6 fruits each as large as the largest
« melon often 1 foot 1/2 inlength, weighing 20 or 25 pounds,
«_ oval, rounded or compressed on one side, and more or less
« acuminated, the base surrounded by the greatly enlarged
« perianth, (pl. 2738, fig. 1). The external coat or Pericarp
« 1s formed by a thick envelope, or husk... of a deep green. »
Comme Labillardière et Q. de Quiney, il dit qu'avant sa
complète maturité la noix est remplie d’une gelée blanche
ferme et transparente, mais seul il lui donne un goût sucré
(sweet to the taste), devenant sure, épaisse et immangeable
si on la garde quelques jours, et prenant en même temps une
odeur très désagréable,
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 247
Il décrit alors la noix, dont on trouve, dit-il, quelquefois 2,
3 et rarement # dans le même péricarpe ; cette description con-
corde avec les précédentes. La figure 2 de la planche 2738 en
montre une à 3 lobes et une germant avec un axe cotylédo-
naire très long (3 fois la longueur de la noix), renflé considé-
rablement à l'extrémité où l’on voit la plumule et les racines
(pl. 2738, fig. 3). Il faut, dit-1l, un an pour que le fruit atteigne
sa grosseur normale, puis il reste 3 ans sur l'arbre avant de
tomber. La germination se fait dès que le péricarpe a disparu
et avant que la noix ne pourrisse. Nous pouvons ajouter que
la noix met sans doute de nombreuses années à pourrir tant
elle est dure. En général, il s'écoule une année entre le
moment où le fruit tombe et celui où il commence à germer.
On compte d'ordinaire de 20 à 30 cocos mürs en même temps
sur l'arbre, qui ne porte fruit qu'à l’âge de 20 à 30 ans.
Hooker donne ensuite l'histoire du Cocotier de Mer telle que
nous la connaissons, et d'après les mêmes auteurs. Il ajoute
qu'il a fait son travail sur des spécimens reçus par lui et par
M. Barclay, et qui avaient été envoyés par son ami et cor-
respondant Charles Telfair, habitant de l'Ile Maurice !, Il
ajoute qu'un autre de ses amis, plus tard gouverneur, M. Har-
rison, visita les Seychelles. Il décrit l'aspect offert par les
forêts de Cocotiers de Mer poussant par milliers proche les
uns des autres, les sexes mélangés et avec de nombreux jeunes
plants croissant de tous côtés à l'ombre de leurs parents, dont
les plus vieux n'ayant plus que des feuilles Jaunes et dessé-
chées tombent rapidement en poussière.
« À new leaf is formed upon the tree annually and on fal-
_
« ing away, at the end of the year, it leaves a scar or ring ;
« by this it is estimated that 130 years are required before
=
« the tree attains its full developement. The foliage is the lar-
_
« gest and most beautiful in young plants... » Ilrépète ici ce
que nous savons de leur forme et de leur couleur d'abord Jaune
clair, puis verte. » There is a space of about # inches (10 cen-
1. Ch, Telfair fut même un peu plus tard, 1855 à 1858, acting civil
commissionner, c'est-à-dire gouverneur civil par intérim de ces iles,
(TEE
ñ
2LS A.-A, FAUVEL
« timètres) between the rings of the trunk. À Coco de Mer
« planted on M. de Quincey's estate on the Isle of Mahé is 13
« feet 1/2 high, has 39 marks or rings, and was planted 40
« years ago (1787) itis a female plant, but there being no male
« plant in the island the fruit never comes to maturity !. »
Il nous faut maintenant attendre jusqu'à l'année 1840 pour
entendre de nouveau parler du Cocotier des Seychelles. Cette
fois c'est un botaniste allemand, Martius, qui donne une
excellente diagnose et un peu d'histoire du Zodoicea dans son
histoire naturelle des Palmiers publiée en latin à Munich.
Nous ne eiterons ici que les parties de ce travail pouvant
nous donner des informations complémentaires sur ce que nous
connaissons déjà.
Le texte est très clair et montre, aidé d’excellentes
planches, comment les fleurs mâles sont disposées dans l'inflo-
rescence scorpioïde, à savoir sur deux rangs alternés : « emer-
gentes alternatim distichi (eincinnati) bracteis biseriatis
summis vacuis... Rudimentum pistilli nullum. Stamina
numerosa (24-36)... ».
Pour la fleur femelle, il compte quelquefois jusqu’à 4 loges
dans l'ovaire, et avec autant naturellement de stigmates, plus
exact en ceci que Hooker qui ne donne au maximum que trois
stigmates et trois loges ovariennes. La noix, soudée intime-
ment au sarcocarpe par des fibres, est quelquefois trilobée par
suite de l'avortement ou de la coalescence des carpelles. Les
feuilles sont plus exactement décrites que dans Hooker qui
les donne comme largement ovales, tandis qu’elles sont ici
« palmato-flabelliformes ». Il fait remarquer que les spadices
sont bruns et persistants. « Spadices inter frondes emergentes,
maximi, fusci, perennantes. »
Ses descriptions des fleurs et des fruits sont faites d'après
les spécimens pris aux Seychellés par J. Harrison, et transmis
par son ami Charles Telfair à Hooker, qui voulut bien les
communiquer à Martius.
1. Curtis Botanical Magazine or flower garden displayed, conducted
by Samuel Curtis F. L. S. The description of the Lodoïicea Sechellarum
by Jackson Hooker L. L. D. In-8, London, 1827. Vol. I of the New Series.
PI. n°5 2734 à 2738.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 249
Il décrit minutieusement le pétiole et les feuilles :
« Petiolus fere dimidiam totius longitudinis æquans, vagina
ampla, tandem longitudinaliter findenda amplexicaulis, antice
ultra pollicem crassus, superne sulco longitudinali exaratus,
subtus convexus. Lamina e rachi media longe praemissa facie
cristae linearis extenditur ampla, obovato-subrhombea, basi
cuneata, obtusa 6 ped. lata, flabellato-fissa, lacinns per 1 [5
longitudinis connatis, linearibus, apice bifidis, lacinia postica
plerumque minore ; versus rachin arcte et eleganter plicata,
dum junior tomento dense ferrugineo obsessa ; textura tenui
sicca, sub microscopio venarum areolas elegantes subquadran-
gulares monstrante. »
Il déclare quele spadice mâle sortant à la base des feuilles
où ilest garnide plusieurs spathes : « oblique truncatis ligneo-
coriaceis ad basin, aliisque secundi ordinis ad ramos parvos
vestitur », porte des chatons (amenta) rameux (in ramis), peut-
être les plus grands du règne végétal, puisqu'ils atteignent
jusqu'à 2 pieds et plus de longueur sur # à 5 pouces de diamètre
au milieu, car ils s’effilent aux deux extrémités : « apice brevi-
obtusiusculo ». Les écailles sont décrites d’après deux spéci-
mens de chatons, et cela plus minutieusement que dans
Hooker :
« Squamae... phyllotaxi 18/47 dispositae, peltatae ita est
in quavis singula partem interiorem, quasi petiolarem, et
exteriorem, sive laminarum, distinguere queas. Pars squa-
marum interior cuneiformis cum axi spadicis arctissime
connata, colore testaceo ; pars peripherica transverse linear
oblonga et applanata, vicinis anterioribus dense imbricata,
utroque latere cum lateralibus connata, lineas 15 et 18 lon-
ga, 6 circiter lata, in uno latere, quam in altero nonnihil
latior, fusca, ipso in margine fere nigricans, versus margi-
nem anticum extenuata, leviter crenulata et medio emargi-
nata ; postice quaevis squama uno latere (in nostro speci-
mine latere sinistro) excavatur sinu profundo usque ad axin
spadicis producto, quocum concavitas vicinae squamae
impressa ita conspirat ut fovea s. cella ampla formetur,
cui funiculus multiflorus immersus haeret : flores promit-
tens lenta successione deorsum efflorentes. »
23
250 A.-A. FAUVEL
Il donne une description si nette de l'inflorescence et des
fleurs elles-mêmes qu'il y a lieu de la transcrire ici in extenso,
d'autant qu'elle complète celle de Hooker :
« Constituitur autem talis fasciculus s. cincinnus duplhiei
« serie bracteolarum sub- 30, alternatim positarum sibique
« partim imbricatarum praecedente una majore in 1mo fundo
« foveae, quae bracteae omnem fasciculum parienti stat ex
« adverso. Bracteolae interiores (in quavis serie circiter 10)
« vacuae, reliquae floriferae (cfr. Tab. Z. V f. VIII. Introd.,
« p. exv. B I et CXXVIIT !) omnes lineari-lanceolatae, acu-
« tae, longitudinaliter nervosae planiusculae, basi plus minus
« oblique adnatae, indeque, ob mutuam tam ipsarum quam
« florum pressionem, arcuatae s. falcatae, 4-5 lin. longae, 1-
« 1 1/2 latae, castaneae, margine pallidiores. In pluribus quos
« examinavi, racemis flores defuerunt, quasi elastica squama-
« rum pressione expressae fuerint.
« For. Mas. 4-5 lin. longi. Calyx triphyllus. Foliola oblan-
« ceolata, versus basin cunealo-attenuata et fundo plus minus
« connexa, apice obtusa et rotundata vel cristula aucta, lon-
« gitudinaliter nervosa, colore carneo fuscidulo. Petala rubella.
« Stamina 24 aut 25 (Hooker dit 15-20 ; Labill., 20 à 36\e
« basi perigonu. Filamenta calyce inclusa tenuiora, lineari et
« angusto oblonga apice rotundata perbrevia compressa, ima
« basi in corpus carnosum coalita, alba. Antherae subbasi
« fixae, lineares truncatae, locellis binis interioribus paullo
« altius promissis, non solum omni longitudine sed et vertice
« aperiundae flavae. Pollen globoso-ellipticum rima longitudi-
« nali hians, flavidum, membranam exteriorem exhibens e
«_pluribus cellis densis factam. » C’est la première description
que nous ayons du pollen qui est aussi montré fortement grossi
dans la figure 13 de la planche 122. Celle-ci donne également,
parfaitement dessinées, deux vues (2 et 3) des écailles du cha-
\
ton en grandeur naturelle : l'une représente la partie supérieure
1. C’est la planche ZV, fig. VIII de l'Introduction. Le faisceau floral
vu par la partie supérieure et fortement grossi montre parfaitement la
disposition des fleurs et la forme crénelée du bord des pétales, ainsi
que l'écaille séparant les fleurs,
Annales du Musée colonial de Marseille, Page 250.
3° série, 1% volume 1915.
AA vel
C474 ET T]
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RE nn D on D nn el
PI. VIII. — A.A.Fauvel, 1906. Fig. 1-2. Deux sections d'un chalon de fleurs
mâles montrant les fleurs à divers états. Fig.3,4,5, 6. Fragments de chaton mon-
trant les fleurs à divers états.
Fig. 7. Fleur mâle ouverte (Fig. 1 à 7 en grandeur naturelle),
Fig. 8. Diagramme schématique d'une fleur mâle grossie.
Fig. 9. Grain de pollen fortement grossi.
Fig. 10. Diagramme schématique d'une fleur femelle réduite.
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: df ra = AL) 0.4
Le r
= . L
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 251
a dorso de trois écailles ; l'autre, la face intérieure de deux
;
autres avec la loge du groupe floral. Celui-ci est dessiné fermé:
« a fovea depromtus eum bracteis fertilibus et sibi appressis
« sterilibus a verlice visus », fig. #. La figure 5 montre vues
de côté les fleurs de l'extrémité du faisceau Cincinnus avec
les bractées stériles ; le n° 6 est un autre faisceau plus
petit vu de côté ; T est une fleur entière fermée : 8 la corolle
avec les étamines, entr'ouverte ; 9 le bouquet d’étamines (an-
droecium) ; 10 une étamine (face ventrale) ; 11 une autre (face
dorsale); 12 la même vue de côté. Dans toutes ces figures,
plus grandes que nature et d'échelles différentes, le grossisse-
ment n'est pas indiqué. 14 le pistil avant son développement,
en grandeur naturelle.
Cette même planche montre : I le chaton de fleurs mâles,
choisi parmi les moindres et de grandeur naturelle, avec, à
côté, | une section horizontale laissant voir 12 alvéoles de
fleurs et la façon dont celles-ci (deux sont figurées) sont fixées
à l’axe du chaton, grandeur naturelle. [T est aussi en grandeur
naturelle, l'extrémité d'un spadice femelle avec deux fleurs
dont l'une est déjà fécondée et double de grosseur de la pre-
mière. Enfin III, une drupe entière : « in perigonio nucem
simplicem fovens, magnitudine dimidio imminuta. » Elle est
allongée et terminée en pointe arrondie. La description du
spadice femelle, étant aussi parfaite que possible et beaucoup
plus complète que celle de Hooker, mérite aussi d'être citée en
entier.
« Sranix Foëx. 4-5 ped. longus, suffultus pedunceulo pedem
« et quod excedit longo, inter frondes erumpente teretiusculo
« antice, incrassato, robusto, pendulus, ramosus, ramis e spa-
« this alternis. Rachis flexuosa, dense obvoluta spathis cras-
« so-coriaceis rufo-fuscis cylindricis, orificio truncato vel
« emarginato, margine extenuatis et irregulariter crenatis.
« Hisce spathis flores foeminei nonnulli breviter pedunculati
« distiche immersi sunt diversae aetatis et magnitudinis et aucto
« volumine inde emergunt, tune spathas suas cristarum specie
« revolventes. Tomentum rufum per juniores spadices spar-
« sum mox deciduum. Passim inter flores fructusque semi-
252 A.-A. FAUVEL
maturos apparent processus conici 4-6 poll. longi, pariter
ac rhachis primaria spathis vaginati, qui verisimiliter pro
ramis spadicis sunt habendi cum floribus nonnullis abortienti-
bus et legitimam molem inter reliquos non adipiscentibus.
Flos foemineus depresso-globosus, virgineus magnitudine
ovi gallinacei mox capitis infantis, affert calycem et corol-
lam triphyllam foliolis crasso-coriaceis, versus marginem
extenuatam flexuosis, concavis sibique arctissime imbrica-
us.
« Pistillum lato-ovatum, ima basi subpedicillatum 1bique,
auctore cl. Hooker callis tribus transversis linearibus (forsan
rudimentis petalorum interiorum ?) instructum exhibens in
parte inferiore loculos tres compressos, in als vero, tan-
quam abortivis, locullum nullum rite evolutum. Stigma ses-
sile, apertura parva triloba pertusum. Ovulum plerumque
unicum evolutum, rare 2 aut 3. Spadix singulus, 4-6 fructus
trium annorum spatium maturare dicitur. Fructus ingentis
molis forsan omnium Monocotyledonearum maximus, est
drupa lato-ovata, elliptica aut obovata, obtusa rariusve acu-
tiuscula, aequalis aut hinc compressa, imo pedem cum
dimidio longa, sessilis in perigonio amplicato spithamam
lato, cujus foliola lato-transverse oblonga, basi sunt incras-
sata et gibba, versus marginem attenuata et inaequaliter
incisa. Epidermis laevigata glabra, nitida, olivaceo-viridis.
Cortex nonnullos pollices crassus, spissus, griseo-fuces-
cens, fibris longitudinalibus ramosis, percursus atque earum
ope eum nucleo arete connatus. Pyrenae plerumque solita-
riae, raro 2, rarissime 3 evolvuntur, fructu tunc in molem
praegrandem aucto ; substantia ossea, colore nigricante ;
singula pedem longa, lato-ovata vel elliptica, basi rotundata,
superne profunde biloba, in latere exteriore convexa, in
interiore compressiuscula, in commissura loborum crassior,
extus sulculis tenuibus exculpta, intus laevigata atque
repleta albumine, priusquam maturavit gelatinoso, pellu-
cido lacteo dulci, demum indurescente atque substantiam
corneam duram albam sistente. Embryo intra commissuram
loborum in fovea albuminis, ellipticus, lacteus, quam albu-
LE COCOTIER DE MER DES ÎLES SEYCHELLES 253
« men tenerior, magnitudine fabae minoris. Interdum fit, ut
« duae pyrenae in unum corpus coalescant, aut utroque cujus-
« vis lobo evoluto, aut uno alterove abortiente qua quidam
« ratione fructus quadrilobus aut trilobus formatur nunc duos
« embryones, nunce unum solummodo ferens. Rarissimo exem-
« plo pyrenae quadrilobae obventunt. »
I le fait encore pousser spontanément : « in duabus solum-
« modo parvis insulis 15 stadia distantibus ; quae Curiosa
« aut Praslin et Rotunda appellantur ». Ici il se trompe il s'agit
bien des 3 îles Praslin, Curieuse et Ronde, et non de deux seu-
lement, car il confond Praslin avec Curieuse, prenant ces deux
noms pour ceux d'une même ile.
Sur la foi d'anciens auteurs, il attribue encore, par erreur,
la découverte de Praslin à Mahé de la Bourdonnais en 1743,
qui l'aurait baptisée Ile des Palmiers, à cause du grand nombre
de cocotiers ordinaires et de Lodoïcées dont il l'aurait trouvée
couverte. Cette histoire n’a d’exact que ceci: c’est que Lazare
Picault avait été envoyé en 1742 à la découverte de cet archi-
pel par Mahé de la Bourdonnais qui l'y renvoya en 1743 et
1744, puis en fit prendre possession par M. Morphey en 1756.
La planche 109 montre en couleurs un paysage de |l'île
Curieuse avec, au premier plan, deux Cocotiers de Mer, l’un
mâle en fleurs et l’autre plus grand, femelle, avec 3 régimes
de fleurs et fruits. Ils sont un peu plus petits et un peu moins
finement dessinés que ceux de Ja planche de Hooker dans le
Botanical Magazine, mais comme ceux-ci ils ont un tronc
grêle et légèrement tortueux, s'accordant d’ailleurs avec la
description de Martius, mais un peu moins avec la nature réelle
de l'arbre, telle que nous la révéleront plus tard les photo-
graphies. Ce dessin est dû au crayon de Edme Fraser qui l'a
fait sur place.
Dans la planche X, on trouve, fig. 1, une noix coupée ver-
ticalement pour montrer la position de l'embryon à la jonction
des deux lobes. Il est peint en bleu clair se détachant sur le
blanc pur de l’amande durcie, tandis que le centre (encore mou ?}
de celle-ci est gris jaune. La noix est d'un noir violacé exté-
rieurement et jaune brun clair dans la partie sectionnée. Cette
254 A.-A. FAUVEL
figure est au tiers de la grandeur naturelle, 0 "125 >< 0759.
La fig. 2 est, comme la précédente, une reproduction également
au tiers des dessins de P. Jossigny que nous avons trouvés
dans les manuscrits de Commerson et qui représentent : un
champignon « forsan agarici species (Cfr. Introd. Cap. I,
« S 147) qualis e nuce maldivica enascitur, a facie inferiore.
« m. n., etfig. 3: Ejusdem caespes integere putamine pro-
« pullulanst. »
La synonymie est fort bien indiquée ainsi que les noms des
auteurs ayant parlé du Coco de Mer et de l'arbre qui le pro-
duit. Nous les avons déjà tous cités à leur place respective,
d'après les dates de leurs publications. Notons seulement cette
remarque de Martius :
« Auctores nonnulli hane saepè cum Cocoë nucifera con-
« fundebant (Cfr : Dalechamp, Il, p. 1762; Nieremberg,
« Hist., p. 297 et inter recentiores : Veinm., Phytanth.
« Iconogra., IV, p. 11 et t. 781.) »
Parmi ceux que nous n'avons pu trouver il cite: Gmelin,
Syst. natur., Il, p. 569; Wildenow, Spec. Plant, IV, p. 402, n.
6 ; Gieseke, Lin. Prael. in ord. nat., p.86; Linné, Gen. Plant.,
edit. Spreng., p. 448, n. 2213; Lamarck, Encycl. Suppl., I.
Après Martius, Endlicher et Kunth, en 1843, se contenteront
de résumer en une vingtaine de lignes les diagnoses de Labil-
lardière, Hooker et Martius. Ils ne nous appennent rien de nou-
veau sur le sujet ? 5.
Charlier, décrivant dans l'Univers pittoresque, en 1848, l’île
1. C. F. de Martius, Historia naturalis palmarum a Carolo Fried.
Phil. de Martius (La date de l'achèvement du manuscrit est ainsi fixée
à la fin de l'introduction : Dabam Monachii ex Museo Regio Botanico die
XVII m, Aprilis a. MDCCCL (1850) natali LVI, 3 vol. in-folio, Munich,
1843. Vol. Ill, p. 221. Tab. 109-122. Tab. X, fig. I, I, Il et Tab7°
V. fig. VIII. Lodoicea Seychellarum.
2, Endlicher, Genera Plantarum, 1843, Lodoïcea Seychellarum.
3. C.-S. Kunth., Enumeratio plantarum omnium hucusque cognita-
rum secundum familias naturales disposita, adjectis characteribus,
differentiis et synonymis, auctore Carolo Sigismundo Kunth. Stutgardiae
et Tubingae sumtibus J. G. Cottae M.DCCC.XLIII (1843). In-8°, vol.
IT. Palmae, p. 225, Lodoicea,
Aunales du Musée colonial de Marseille.
3° série, 1° volume 1915.
\Moche de Mablance 1891, Lodoicea Sechellaruin. Arbre mâle
«4 \ahé. Sey chelles.
EX
à
—
..
1
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LUE =
QUE
LUE
HA à
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLE 255
Bourbon, parle du cocotier marin ou des Seychelles comme
s'il existait dans l'ile, où il est possible qu'il ait été apporté
de Prashin ou de Maurice, mais il est trop imprécis pour que
nous puissions trouver là une indication sérieuse, car il se
contente de dire : « En attendant il nous faut constater une
espèce particulière du Cocotier appelé marin ou des Seychelles
dont il est originaire », puis il décrit en latin le fruit dépouillé
de sa bourre !.
En 1848 également E. de Froberville décrivant dans l'Uni-
vers les Seychelles et Amirantes cite naturellement ce que
nous connaissons déjà du Cocotier de Mer. Son texte varie à
peine de celui de Quéau de Quiney. Pour l’amande vieillie, il
lui donne une odeur d'urine et une amertume détestable.
I se trompe en disant : « On a essayé en vain de trans-
planter le cocotier de mer dansles autres iles des Seychelles
_
=
« quoique le solet le climat de l'archipel soient partout sem-
« blables, cet arbre végète mal et reste toujours stérile ailleurs
« qu'à Praslin et à La Curieuse. »
Nous avons vu, en effet, que Quéau de Quincy et Benezet
avaient réussi à le faire fructifier à Mahé etqu'il végète bien à
Maurice.
Dans son histoire de Maurice et de ses dépendances, parue
en 1849, l'Anglais Ch. Pridham n'oublie pas de raconter tout
ce qu'il sait, par les auteurs que nous connaissons, sur le
Cocotier des Seychelles. Malheureusement il ne cite pas ses
sources et n'y ajoute que fort peu de renseignements nou-
veaux. Il dit cependant le premier avec de Froberville que le
poids énorme formé au haut de l'arbre par les régimes de fruits
pesant chacun environ 50 livres est la cause du balancement
continuel que le moindre vent leur imprime?.
L'article si intéressant de Sir W. Hooker dans le Botanical
Magazine de 1827 est reproduit in extenso, avec les 5 planches
4. Victor Charlier, L'Univers, Histoire et description .,... Îles
Madagascar, Bourbon et Maurice, par M. Victor Charlier, Paris, in-8°,
MDCCCXLVIII (1848), p. 34-35,
2. Charles Pridham, Mauritius and its dependencies, by Ch. Pridham
Appendix, p. 398-399,
RE PA er L * (
256 A.-A. FAUVEL
réduites, dans la Flore des Serres el Jardins de l Europe de Van
Houtte en 1849. L'auteur de la traduction, J.-E. Planchon,
y ajoute quelques détails sur les industries utilisant la noix
avec laquelle « on fait encore des boîtes à savonnettes noires
admirablement polies montées en argent et ciselées »!,
Il signale que, dans les planches de Martius, le pied mâle
du Zodoicea est représenté avec des spadices rameux parais-
sant plus gros et plus courts que ceux des planches de Hooker.
Il se demande si ces différences tiennent à une erreur de la
part des dessinateurs ou si elles se retrouvent dans la nature.
Nous savons aujourd'hui, d’après les observations sur place
et de nombreuses photographies rigoureusement exécutées par
des naturalistes compétents, que les chatons mâles ne sont pas
ramifiés bien qu'un ou deux puissent sortir de la même spathe,
ce qui a causé sans doute l'erreur.
Les opinions diffèrent au sujet de la valeur de l’amande à
l'état frais (et Jeune), comme aliment. Sonnerat, le premier qui
en parle, est d’ailleurs le seul à signaler au début « l'existence
à l'intérieur de la noix d’une eau blanche d'un goût amer et
assez désagréable », se changeant plus tard en une amande
« solide blanche huileuse », mais 1l ne la donne pas comme
comestible, même à l’état mucilagineux qu'il oublie de men-
tionner.
Labillardière (d’après ses correspondants) en fait un aliment
assez médiocre, tandis que Quéau de Quincy, l'appréciant sur
place, la considère comme excellente et agréable au goût quand
elle est encore à l'état de gelée blanche, ferme et transparente,
et venant d'être retirée de la noix encore jeune, car elle se cor-
rompt très vite. Robillard d’Argentelle, qui n'a sans doute
goûté à Maurice que des noix venant des Seychelles, et par
conséquent peu fraiches, vu la longueur du voyage à cette
époque, la déclare seulement assez bonne. Frappas qui en a
mangé aux Seychelles, à l'état frais, la trouve agréable au
goût « mais provoquant souvent des indigestions par sa froi-
deur sur l'estomac ». Nous avons appris par Quéau de Quincy
1. Flore des Serres et Jardins de l'Europe. Publiée à Gand sous la
direction de Louis Van Houtte,in-8°, vol. IV, 1849, pp. 523-526, n° 294,
Le Cocotier des Séchelles, par J.-E. Planchon.
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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 257
qu'elle avait causé la mort de nègres qui en avaient trop
mangé sur les navires où ils avaient embarqué des provisions
de Cocos de Mer. Sans doute là elle s'était altérée. Owen, qui
parle par expérience, ayant été aux Seychelles en 1823, dit :
« The shell... containing a light coloured jelly, which,
« although brought to table, is without any flavour and as
« a fruit valueless ».
En 1856, Seemann disait : « The immature fruit called Coco
tendre . . is easily cut with a knife andthen affordsa sweet and
melting aliment of agreable taste ». Roussin, dans son A/hum
de la Réunion, 1868-1870, dit : « Avant la maturité complète
« du fruit, le noyau renferme deux à 5 litres d'un liquide
« analogue par la nature, le goût à celui du fruit du cocotier
« ordinaire ; ce liquide lui-même occupe la partie centrale
« d'une amande remplissant toute la cavité de la coque, d’abord
« gélatineuse, blanche, d'une saveur fade, douceitre, assez
« estimée cependant par bon nombre de personnes. .... »
Miss North, qui en 1873 goûta sous l'arbre de jeunes fruits
cueillis à son intention, déclare : « I ate some of the jelly from
« inside, there must have been any to fill a soup tureen, of
« the purest white and not bad!. »
Pour notre part, nous en avons goûté durant l'été 1906, à
Paris, dans un fruit arrivé encore frais des Seychelles et nous
avons trouvé cette gelée absolument insipide. On voit donc
que pour cette question il faut admettre l’adage « de gustibus
non est disputandum ».
Mais revenons aux renseignements plus scientifiques des
botanistes.
Seemann, dans son histoire populaire des palmiers, nous
documente comme suit sur la maturité, la germination et la
floraison :
4. Citation de Yule dans son Glossary. Dans l'édition de 1893 de
Recollection of happy life, par Miss North, vol. 2, p. 289, nous remar-
quons qu'elle ne parle plus du goût, et la phrase ci-dessus est remplacée
par : « The inner shell was double and full of while jelly, enough to
fill the largest soup tureen ,., »
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915. 17
ae
A À
nu
258 A.-A. FAUVEL
« When the fruit is ripe it drops to the ground and is no
« longer fit for food. In a few months, 1f not buried in the
« earth or exposed to the rays ofthe sun, the fallen nut begins
« to germinate and a new plant is formed... It bears only
« one spadice in each year (ce que nous n'avions vu indiqué
« encore nulle part) and yet has often above ten in blossom
« at once. It has flowers and fruits of all ages at one time;
« grows on all kinds of soil, the best is in deep gorges and
« on damp platforms. »
IT regrette qu’on les coupe, car ils finiront par disparaître
rapidement. Une bonne planche en couleurs accompagne cet
article’. Elle représente les deux sexes de ce palmier d’une
façon assez exacte. M. Swinburne Ward, qui fut de 1862 à
1868 Commissaire civil (autrement dit Gouverneur) des Iles
Seychelles, s'intéressa (comme le firent ses prédécesseurs
Quéau de Quincy, Charles Telfair (1856-1858) et G. Har-
rison), au fameux Cocotier. Il envoya à Sir W.J. Hooker,
membre de la Société Linnéenne de Londres, un mémoire
dont ce dernier donna lecture en séance de cette Société le 3
mars 1864, et que nous trouvons publié en 1864-65 dans la
partie botanique de son journal (1865). Vu son importance,
nous en citerons les passages qui complètent les renseigne-
ments déjà donnés.
Il nous met d'abord en garde contre les informations trans-
mises au sujet de ce palmier, dont on ne connaît encore que
fort imparfaitement les conditions de croissance, à cause du
long espace de temps qu'il met pour arriver à maturité et de
la difficulté qu’on éprouve à obtenir les données exactes en ce
qui concerne son développement. Les détails fournis par les
habitants du pays n'ont pas grande valeur, parce que. ces
personnes n'ont pas l'esprit d'observation et que la sincérité
de leurs réponses à toutes les questions qu'on peut leur poser :
est loin d’être parfaite.
1. Berthold Séemann; Popular history of the palms and their allies,
by Berthold Séemann Ph, D. — M. A. — F.L. S. — Petit in-4°, Lon-
don, 1856, p. 230. Genus XXXVIT. Lodoicea Labill. Planche en couleur
n°43.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 259
On admet en général qu'il ne fleurit qu'après 30 ans et
qu'il n'atteint guère son entier développement qu'au bout
d’un siècle. Personne ne peut dire jusqu'à quel âge 1l peut
vivre, ni quel est celui des pieds les plus grands,qui sont vrai-
ment gigantesques. Aucun de ceux que les Anglais ont semés
depuis qu'ils ont pris possession des Seychelles (1815) n'est
encore arrivé à toute sa taille. Celui planté en 1848
dans le jardin de la maison du Gouverneur (Government
House) est encore dans l'enfance. Bien qu'âgé de 15 ans,
il mesure seulement 16 pieds de haut et cette dimension est
réalisée avec les feuilles seules, car il n’a pas encore de tronc
visible. Ces feuilles partent encore du sol, comme celle du
Palmier du Voyageur Ravenala Madagascariensis! et leur
ressemblent. Svwinburne Ward se trompe ici évidemment,
car les feuilles même jeunes du Æavenala ressemblent beau-
coup plus à celles du bananier qu'à celles d'un Latanier ou d'un
Lodoicea. I continue comme suit :
« Nine months after the nut has been planted, supposing
« germination to have begun at once, the leaf sprouts at an
« angle of 45° from the root; it is very closely folded, with à
« smooth hard surface terminating in a sharp point. When
« about two feet above the surface it expands, and in nine
« months after another leaf follows, coming up the grooved
« surface of the midrib of that which preceded it, and so on
« at intervals of nine months, each succeeding leaf becoming
« larger in size. All these leaves cluster together and support
« each other, no stem appearing above the ground. From the
« age of 15 to 25, the tree is in its greatest beauty and the
« leaves at this period much larger than they are subse-
« quently. They consist of two layers of fibres crossing each
« other at right angles imbedded ina thick stratum of paren-
« chyma enclosed in a tough skin. The stem of the full-
« grown tree, like that of all palms, consists of hard fibres
« imbedded in medullary substance enclosed in a hard sheath
1. Au moins quand cet arbre est jeune, car il a plus tard un tronc
très élancé.
200 A.-A, FAUVEL
« lavec alternance de blanc ou jaune clair et de noir) so that
« a good axe is required to cut it (en travers, car en long ce
« bois se fend très facilement). It splits readily but 1s extre-
« mely durable. Unlike the eocoa-nut trees, which bend to
« every gentle gale (flecti sed non frangi (sic)) and are never
« quite straight, the Coco de mer trees are upright as 1ron
« pillars (frangi sed non flecti (sic) undisturbed in their posi-
« tion by the heavy gales and violent storms so often occur-
« ring in tropical regions.
« At the age of 30, the tree puts forth its blossoms. — The
« female tree is 20 feet shorter than the male tree which fre-
« quently attain a height of 100 feet. » Ceci nous montre
combien peu exacts sont les dessins publiés jusqu'alors et qui,
tout particulièrement dans le Botanical Magazine et dans le
livre de Martius, nous montrent juste le contraire : à savoir le
Lodoicea femelle plus élevé que le mâle, et tous deux avec des
troncs tortueux et inclinés.
Il décrit ensuiteles chatons de fleurs mâles dont les écailles
sont disposées en spirale. Il assigne une durée de 8 à 10 ans à
la floraison mâle. Ces chatons, d'un brun rouge, émettent une
odeur huileuse des plus désagréables. Si, après les avoir cou-
pés, on les met dans un endroit accessible aux fourmis,
celles-ci les dévorent rapidement. Les arbres mâles en ont
toujours un certain nombre à tous les degrés de développe-
ment, en pleine fleur, fanés, ou complètement pourris.
Il est encore le premier à mentionner que les fleurs femelles
laissent couler de leur sommet une sécrétion gommeuse qui
sans doute arrête et fixe le pollen, et assure ainsi leur fécon-
dation :
« The fruit stalk is supported by 3 very strong bracts; the
« outer one of these, the top of which is wedge shaped,
« penetrates the stalk of the leaf immediately above it, in the
« underside of which nature has left a fissure accessible to it:
« By this provision the stalk is enabled to support the
« weight of thefruit which hangs upon it, sometimes exceeding
« four hundred weight (203 kilos). Eleven nuts have been seen
« on one stalk, the probable weight of each being about
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 261
forty pounds (18 kilos). Such clusters are however very rare,
and # or 5 maybe taken as the average number on one stalk.
« From the fructfication to full maturity a period of nearly
10 years elapse. The fruit attains its full size in about 4
years and is then soft, and full of semi-transparent jelly-
like substance of an insipid sweetish taste. The mesocarp
is a leathery substance of a brownish green colour adhe-
ring to the shell. As the nut ripens, this gradually dries
up into a white horny kernel, about 1/2 an inch {1 centi-
mètre) in thickness and of no use whatever, supposed to be
poisonous, but, probably only quite indigestible. The nut in
its perfect state is about 18 inches (45 centimètres) long
and of the same breadth, something in the shape of a heart
with two separate compartments. It is enveloped like the
cocoa-nut in a fibrous husk:; but its texture is not nearly
so thick or so strong, and it drops off soon after the nut
falls from the tree. The nuts sawn in half and divested of
the kernel form excellent calabashes, and are universally
used for baling btoas. The entire nut is frequently used as
a water-keg and holds 3 or # gallons (13 1/2 à 18 litres) of
water. It has however to be « caulked » in the centre,
where germination takes place, before it becomes com-
pletely water-tight.
« The arrangements provided by nature for the roots of
both male and female trees are of a most peculiar nature,
quite distinct from those provided for any other known
tree. The base of the trunk is of a bulbous form and this
bulb fits into a natural bowl or socket, about 2 and 1/2
feet in diameter (0"755) and 18 inches (0"45) in depth,
narrowing towards the bottom. This bowl is pierced with
hundreds of small oval holes about the size ofa thimble
(0%015) with hollow tubes corresponding on the outside
through which the roots penetrate the ground on all sides,
never, however, becoming attached to the bowl: their par-
tial elasticity affording an almost imperceptible but very
necessary « play » to the parent stem when struggling
against the force of violent gales. This bowlis of the same
262 A.-A; FAUVEL
substance as the shell of the nut, only much thicker. As
far as can be ascertained, it never rots or wears out. It has
been found quite perfect and entire in every respect 60
years after the tree has been cut down. At Curieuse, many
sockets are still remaining which are known to have
belonged to trees cut down by the first settlers on this
island.
« This curious arrangement renders it impossible that the
trunk could grow in a slanting position ; and there 1s no
known instance of its doing 50, either on the flat or on the:
steep sides of the mountains in both of which situations
the tree thrives equally well. The high price still fetched
by the nuts will ultimately be the cause of their complete
extinction on these islands. The growth of the palm is so very
slow that no one can expect to reap where he has sowed
and the people consequently never take the trouble to
plant any for the benefit of posterity. Not content too with
dgging up the nuts that have fallen and taken root, they
ruthlessly destroy whole trees by cutting them down for
the sake of the nuts and the heart leaves, which later are
used for making hats, fans and baskets. Many of the trees
still standing are quite spoilt by the practice of cutting out
these centre or heart leaves, leaving the tree shorn of its
beauty and with an untidy ragged appearance. Besides the
ravages of man, fire is a terrible enemy to these forests, a
year seldom elapsing, without their being sufferers by acci-
dental conflagrations, especially those forests situated at
the north-west end of Praslin on which are now found only
such male trees that from their height overtopped the
flames that destroyed the females. At the south-east end. of
Praslin, they are more plentiful, the dry season, being in
the south-east monsoon and as the forests are to windward,
they are not exposed to much danger from spreading fire.
« No suggestion will induce proprietors to abandon their
present habit of wilfully destroying the trees for the sake
of the nuts and leaves, or to take some pains for the culti-
vation and reproduction of this magnificent Palm. Not
FA
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 263
« many years will elapse before the Coco de mer becomes in
« reality as rare as it was supposed to be when first picked
« up at sea by the wondering mariners, and the only relics
« left of its former magnificence will be the decaying blacke-
« ned stumps of the trees so wantonly destroyed and the
« curious sockets in which they stood for so many years. —
« Seychelles, April 16, 1863. »
A ce rapport Sir W.J. Hooker a ajouté
« In a letter received from M" Ward, he requests me to
« accompany this communication with a statement that seve-
« ral of the facts here described were also noticed by
« D" Barnard and published in a volume of the Asiafic Socie-
« tys Journal, and that these have all been verified by
« himself !.»
_
Le rapport ci-dessus de M. Swinburne Ward attira l’atten-
tion d'un naturaliste français, M. Ch. Naudin, qui en publia,
cette même année 1862, une analyse résumée dans la Revue
Horticole, et il ajouta : « Le mémoire de M. Ward a eu certai-
« nement pour objet d'éveiller l'attention de la Société Lin -
« néenne de Londres sur le danger que court cet arbre et de
« l'intéresser à sa conservation. Son vœu a été entendu, et la
« Société Linnéenne, sur la proposition du D' Hooker, a décidé
« à l'unanimité qu'une requête serait adressée au gouvernement
« de l'Ile Maurice (dont dépendent les Seychelles), pour l'invi-
« ter, au nom de la science, à prendre les mesures nécessaires à
« la conservation d'un végétal aussi remarquable par son orga-
« nisation qu'utile par ses produits, et qui à ce double titre
1. Journal of the proceedings of the Linnean Society. Botany, vol.
VII, 7,8, 1864-1865, p. 155. On (he, Double Cocoa-nut of the Seychelles
{ Lodoicea Sechellarum). Sea Cocoa-nut, Double Cocoa-nut, Coco de
mer, by Swinburne Ward Esq'® Civil Commissionner. Communicated by
Sir W, J. Hooker F, R. S, and L, S., etc, Read March 3, 1854.
DT Barnard, Asiatic Society’s Journal (1862-63?) 'on the Lodoicea
Seychellarum.
264 A.-A, FAUVEL
« Joint celui d'être un des derniers survivants de l'antique
« végétation du globe, »
Le Gardner's Chronicle reproduisit en 1864 la partie du rap-
port de M. Ward concernant le bowl, en l'accompagnant
d'une gravure ? : ilen fut de même de la Flore des serres et
Jardins au cours d'un nouvel article sur le Cocotier des Sey-
chelles. Après avoir rappelé le premier article publié 15 ans
auparavant par M. J.-E. Planchon, et cité la partie de l’article
de Naudin rectifiant les erreurs commises au sujet de l’âge de
maturation du fruit, maintenant fixé par Ward à 9 à 10
années au lieu de 3 à # données par Quiney, ete., il ajoute :
« La pulpe à ce moment est devenue tellement résistante
« que le ciseau peut difficilement l’entamer... Nous ne con-
« nalssons pas dans la nature d'exemple d’une parturition
« aussi patiente, aussi longue. » Au sujet du bowl, ou socle, il
demande en terminant : « D'où vient ce socle et est-il le col-
let de la racine primitive? »
Dans le vol. XVI de sa Flore, Van Houtte‘revient en 1865-
67 sur ce sujet, reproduisant, avec la gravure du bowl, celle
d'une noix de Coco de mer germant, parce qu'il a trouvé dans
le Gardner's Chronicle des renseignements sur ce point com-
plétant ceux qu'il a déjà donnés. Voici la traduction de ces
derniers détails :
« Une des pièces les plus curieuses qui font partie de la
« collection des bois du Musée de Kew (Botanical Gardens)
« est bien certainement une grosse masse ayant la forme
« d’un chaudron percé d'une multitude de trous correspon-
« dant à autant de tubes ouverts à leur extrémité inférieure.
=
_
=
1. Ch. Naudin, Revue horticole, journal d’horticulture pratique...
publié sous la direction de J.-A. Barral, in-8°, Paris, 1864, p. 147, col, 2,
Le Lodoicea Sechellarum, par M. Ch. Naudin.
2. Gardner's Chronicle, 1864. Lodoicea Sechellarum. The bowl, with
2 fig., n° 132, ibid.
3. Flore des Serres et Jardins de l'Europe, Annales générales d’hor-
ticulture, Gand, t, XV, 1862-65,. p. 168, n°, 1427, Le Cocotier des Sey-
chelles, avec 2 figures par Louis Van Houtte.
#. Ibid., Louis Van Houtte, vol. XVI, p. 114 et figure.
«
«
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 265
Les trous assez larges pour y introduire le doigt servent
de passage aux racines du palmier... »
Ce n'est en somme qu'une traduction, variant à peine du
texte de S. Ward et appliquée à un échantillon de la collec-
tion de Kew. Mais il ajoute le renseignement suivant :
«
«
Lors de la germination, le cotylédon (voir la figure) est ter-
miné inférieurement par une gaine épaisse qui entoure la
semmule et dont la base livre passage à plusieurs racines.
Les feuilles qui se développent ensuite sont également
engainantes et se succèdent durant 15 à 25 ans sans qu'il se
forme à leur centre une tige apparente. Pendant ce temps
les racines se multiplient en se pressant les unes contre les
autres, leur tissu extérieur se durcit vers leur base, les
intervalles qui les séparent se remplissent d'une matière
extrêmement dure et le sommet de leur masse entoure la
base épaissie et tendre de la partie aérienne de l'arbre. Il
paraïîtrait, mais cela demande confirmation, que l'arbre,
quand plus tard son tronc s’est développé, peut, sous l’ef-
fort des vents, jouer librement dans le socle qui le sup-
porte. » L'auteur de la Flore critique ce passage comme
suit : « On ne peut faire que des suppositions. Si les tubes
étroitement réunis et soudés l’un contre l’autre ne sont pas
constitués par la partie extérieure des racines dont la por-
tion centrale ou médullaire aurait disparu, il faut alors y
voir autant de coléorhizes fournies par les gaines du cotylé-
don et des feuilles radicales qui lui succèdent, coléorhizes
qui.se prolongent jusqu'à une certaine distance autour de
chaque racine. Nous ne pensons pas que ces tubes aient
pu être formés par une excrétion corticale des racines.
L'examen anatomique peut immédiatement dévoiler quelle
est la nature morphologique de cette étrange production.
De même que le rédacteur du Gardner's Chronicle 11 nous
est difficile de croire que les racines si nombreuses de ce
palmier puissent jouer dans leurs gaines quand le trone et la
cyme sont battus par les vents. — F. C.f.
1. Flore des Serres et Jardins, Annales générales d'horticulture,
Gand (Belgique), Louis Van Houtte, 1865-1867, vol. XVI, p. 1f#et 2
figures. Le Cocotier des Seychelles, par FC:
266 A.-A. FAUVEL
Nous pouvons ajouter que nous ne voyons pas pourquoi la
nature aurait pourvu le Lodoicea d’une sorte de condyle dans
lequel la base du tronc et les racines pourraient jouer au
moment des coups de vents pour la bonne raison que, les
Seychelles étant situées dans la zone des calmes équato-
riaux, les vents violents y sont si rares que les premiers
navigateurs qui y abordèrent y ont trouvé de grands arbres
morts depuis des années et pourrissant sur pied. Ils n’ont pas
manqué d'en déduire avec raison que les cyclones de l'Océan
Indien n’atteignaient pas la latitude de cet archipel.
Cet appareil bizarre se rapproche beaucoup de la formation
curieuse découverte dans les racines d’une Graminée fossile
croissant hors de terre comme le Verschaffeltia splendida, un
autre palmier spécial aux Seychelles, qui, comme les beaux
Pandanus de ces îles, paraît monté sur des échasses obliques.
M. Dupont, directeur du jardin botanique de l’île Mahé, qui
a bien voulu se donner la peine de nous envoyer un superbe
échantillon du fameux how! déterré à l’île Praslin, par l’inter-
médiaire du gouverneur Sir E. W. Davidson, écrivait à ce
dernier :
« In Lindley's Treasury of botany, p. 962, a reference is
« made to the bowl which is mentioned by M. Fauvel. The
« note in question is however erroneous and if the bowl
« (which is simply the cavity left by the base of the stem at
« the point ofjunction with the roots)is an interesting feature,
« it is not particular to the Coco de mer. Ï have seen it in
« the common aloe (Fourcroya gigantea) and it is probably
« common toother plants which are provided with soft stems
« and a mass of convergent roots. »
Parlant ensuite des fruits du Coco de mer il ajoute :
« One very strange fact or story is the case of dimorphism
« which is found in the fruits. If a collection of fruits is exa-
« mined, a certain number of them are found to be different
« in shape from the others. Those that have the two lobes
« provided with a deep sinus in the middle in such a way as
« to give them such a nasty appearance are called by the Sey-
« chellois female fruits, and those that have the two lobes
Î
Page 267.
Annales du Musée colonial de Marseille,
l°* volume 1915.
3° série,
Noix mâle décortiquée vue de face.
. Noix femelle
Collection A .-A
Pl:
indication de l'enveloppe fibreuse qui la contenait) vue de face.
avec
.Fauvel).
5)
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 267
« parallel and forming nearly two straight lines from top to
« bottom are called male fruits. The female fruits are suppo-
« sed to produce female plants and the same with male
« fruits. [ was struck lately in visiting Curieuse and Praslin
« to find a very greater number of male trees than of female
« trees, whilst the proportion of male fruits in a given heap
«is generally very small. However at Anse aux Courbes
« there are two lines of Coco de mer trees planted by
« M. Despilly one of which is entirely composed of male
« trees and the other entirely of female trees... thus lea-
« ving one to believe that there is a certain amount of
« probability in the selection of nuts according to shape!. »
Le howl envoyé par M. Dupont et qui nous est parvenu à
Paris, en août 1906, nous a permis de constater que
les pertuis laissés par les racines sont du diamètre moyen de
un centimètre et qu'ils sont cylindriques, comme les racines
d’ailleurs, et non point ovales comme l'a écrit par erreur
Swinburne Ward à la Société Linnéenne. La gravure accom-
pagnant l’article du Gardner's Chronicle, et qui a été faite
d'après un dessin, les montre ovales, il est vrai, mais c'est
là un effet de la perspective?. La photographie que nous
avons prise avec soin les montre bien circulaires dans la
partie vue de face. Ces trous sont, sur notre spécimen, parti-
culièrement abondants sur les bords supérieurs de l'alvéole,
(bowl), tandis qu'au fond ils ont disparu. On remarque aussi
au milieu du fond une masse rayonnée qui semble avoir fait
corps avec le tronc de l'arbre, ce qui semble prouver qu'ainsi
soudé avec cet appareil 11 lui était impossible d'y remuer
sous la poussée. des vents, comme le croyait probable le rédac-
teur du Gardner's Chronicle.
1. Lettre de M. R, Dupont, Curator of the Botanical Garden, Port
Victoria, Mahé, Seychelles, à son Excellence W, E, Davidson, Gouver-
neur des Iles Seychelles, le 22 mai 1906, et communiquée par ce dernier
à l’auteur... 26 juin 1906,
2. Ou plutôt de l'intersection du tube cylindrique par la surface sphé-
rique du bowl, Leur section perpendiculaire à l'axe est en effet circu-
laire comme celles des racines elles-mêmes, — A,F,
268 A.-A. FAUVEL
Le Journal de la Société de Géographie de Londres publia,
en 1865, un article sur les Seychelles par le Lieutenant-Colo-
nel Lewis Pelly. Parlant du Cocotier de mer, qui ne pousse
qu'une feuille par an, il dit qu'on peut facilement par ce fait
connaître son âge en ajoutant au nombre des anneaux laissés
sur son tronc par les feuilles disparues, celui de celles de sa
couronne. Il ajoute : « The shell of the fruit you may find
«-turned into the scallop of some Fukeer in Northern Indiaf. »
Nous avons trouvé, en effet, dans plus d’un musée, des tasses
de mendiants fakirs de l'Inde et de la Perse taillés dans une
demi-noix de Coco de mer, ornées de fines gravures et
d'inscriptions arabes ou persanes, et portant aux deux extré-
mités des chaînettes permettant de les suspendre au cou.
L'un des plus beaux échantillons de ces sébilles polies et
gravées est représenté sur ses trois faces par une bonne gra-
vure que nous avons trouvée un jour par hasard en feuilletant
une vieille collection du Magasin Pittoresque.
Ce demi-coco, que l’auteur anonyme de l’article qui accom-
pagne la gravure appelle, par erreur, Gourde d'un derviche,
est un superbe échantillon de l'art persan moderne facilément
reconnaissable par le fait que les inscriptions en caractères
arabes qui y sont gravées sont accompagnées d'une scène
formée de trois personnages, tous trois coiffés du grand bon-
net persan. D'ailleurs les Arabes et les Turcs n'étaient
pas, comme on le sait, les représentations de la figure humaine.
L'article explique que ce vase s'appelle en persan
ketchkoull, de ketch cintré, courbé et de koull épaule, à cause
de la convexité de sa surface. C'est une espèce d’écuelle
gourde que le cherletdar ou échanson porte suspendue à
l'épaule au moyen d’une chaînette fixée aux deux extrémités.
Les dimensions de l'objet sont : 0"26 de longueur, sur
0%15 de largeur et 0"13 de profondeur. Le contenu des
versets du Coran gravés à la surface n'offre aucune allusion
1. Journal of the Geographical Society, vol. XXXV. London, 1865,
On the Island of Mahé Seychelles, by Lieutenant-Colonel. Lewis Pelly,
p. 231-237.
Annales du Musée colonial de Marseille, Page 268.
3e série, 1°" volume 1915.
>
PI. XI. — Magasin Pilloresque, 1S54, La Gourde du Derviche.
Demi-noix de Coco de Mer gravée en Perse.
LE COCOTIÈR DE MER DES ÎLES SEYCHELLES 269
soit au vase sur lequel on les a inscrits, soit aux personnes
qui s’en serviraient. Ils ne sont là que pour porter bonheur à
celui qui les a écrits, lus ou gardés près de lui, suivant la
croyance des musulmans qui attribuent une vertu magique à
la lettre morte.
Noùs avons eu l'occasion de voir plusieurs fois dans l'Inde
ces moitiés de Cocos des Seychelles pendues au cou des fakirs
mendiants qui bien certainement n'en connaissaient pas
l'origine.
Un autre naturaliste, le Docteur Ed. Perceval Wright,
résidant aux Seychelles, accompagna en juin 1867 le gouver-
neur civil Swinburne Ward dans son voyage d'inspection
autour de l'île Praslin, M. P. Wright explorait alors les forêts
des Seychelles. Il a fait paraître plus tard dans ses Spicileqia
biologica le résultat de ses études sur place du ZLodoicea.
Nous en citerons seulement les passages complétant les
renseignements déjà fournis par S. Ward. Notons dès le
début qu'il observa un bouquet de # à 5 de ces arbres sur la
côte Est de Praslin : «growing erect to a height of about 40
« feet, from between a mass of granite boulders quite close to
« the sea-shore. » Cette citation est importante en ce qu'elle
permet de comprendre comment les noix des Cocotiers de Mer,
qui, avant leur destruction par les premiers colons, poussaient
jusqu’au bord même de la mer, pouvaient soit tomber directe-
ment dans les flots, soit y être portées par les pluies toujours
fort abondantes dans ces îles. Cependant il y a heu de remarquer
que, vu le poids très considérable de ces fruits, ils ne pouvaient
flotter qu'après que l’amande était complètement desséchée à
l'intérieur ou détruite par les ferments de la germination.
Dans ce dernier cas surtout, la noix, allégée de son brou, qui
comme nous l'avons vu tombe en peu de jours, devait flotter
comme un tonnelet vide.
. En débarquant sur la côte orientale de Praslin, P. Wright
remarqua que « the double cocoa-nut trees were all male
1. Magasin Pilloresque, vol. 22, 1854, pp. 54-56, La Gourde du
Derviche.
270 A.-A. FAUVEL
« plants ; the ground at their feet was covered with the
« remains of the long catkins, erumbling into dust when
« touched. The trees appeared to grow almost out of the
« rock, and the little earth seen near the roots was a tena-
« cious yellow clay. Two, and sometimes, three leaves hung
« suspended from the stem. In the distance, along the coast
« and up the mountains side, I saw other specimens ; but
« they were but slightly scattered along this eastern side of
« Praslin. »
Le cri d'alarme jeté par M. Swinburne Ward et par Sir
W. T. Hooker dans sa conférence sur le Lodoïcea à la Société
Linnéenne en mars 1864, au sujet de la disparition pro-
chaine de cette merveille du monde végétal, avait ému l'opi-
nion des botanistes, et la visite de MM. Ward et P. Wright
à l'île Praslin avait pour but d'étudier la question en vue des
mesures à prendre pour la conservation de ces palmiers. Ils
purent constater que si beaucoup de centaines de Cocotiers
de Mer avaient été détruits dans le Nord-Ouest de Praslin, 1l
en restait encore quelques grandes forêts dans le reste de
l'île et que l'arbre ne risquait en rien de disparaître. Ils en
trouvèrent encore sur l'ile Curieuse et l'île Ronde. Cette toute
petite île est située à l’entrée d'une grande baie profonde qui
s'ouvre sur la côte Nord-Ouest de Praslin. Il parait bien que
les Lodoicea sont spontanés dans ces trois îles tandis que
partout dans les autres îles du groupe des Seychelles ils ont
été plantés par la main de l’homme. Sur l'île Ronde, 1l n’en
restait plus que deux ou trois. Sur l'île Curieuse, qui est pro-
priété de l'État, ils ont été plus respectés et on en trouve
encore en grand nombre, particulièrement sur la côte Nord.
Sur la côte Sud, le sol est très pauvre et la plus grande partie
de la terre végétale a été enlevée par les pluies parce qu'elle
n'était plus protégée par les broussailles arrachées par les
colons. Aussi les Cocotiers de Mer, qu'on y trouve d’ailleurs
en petit nombre, ne s’élèvent-ils pas à plus de 10 à 12 pieds,
tandis qu’au Nord ils deviennent fort grands.
Il explique alors que la conservation de ces arbres sur l’île
Curieuse est surtout due au fait de l'établissement d’un lazaret
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 271
pour les lépreux qui y fut fondé en octobre 1829 sous la
direction de M. Georges Forbes. Le Gouverneur d'alors
(G. Harrison?) s'étant, bien avant MM. Swinburne Ward et
Hooker, préoccupé de la conservation des Cocotiers de Mer,
avait donné des ordres écrits au directeur pour qu'il fût
défendu de couper les feuilles et de manger les fruits. Il
exprimait même le désir que, une fois par mois, l’on plantät
à une distance de dix pas l’une de l’autre, toutes les noix
müres trouvées sous les arbres. Aucune embarcation ne pou-
vait aborder dans l'île à moins d'être en charge de quelque
officier du gouvernement. Il est curieux de remarquer, ajoute
M. P. Wright, que, les lettres de Sir W. Hooker sur ce sujet
étant arrivées aux Seychelles juste au moment où l'on donnait
ces instructions, on ne risque guère de se tromper en les
attribuant dans une grande mesure au désir de remplir ses
vœux. fl ajoute, pour être juste, que, d'après le témoignage
de plusieurs gouverneurs et d'après ce qu'il a pu constater
lui-même (en sa qualité de médecin du gouvernement chargé
de l'Ile Curieuse), M. Forbes a depuis 1829 jusqu'en juin
1867, soit pendant près de #0 ans, rempli fidèlement son
mandat tant pour l'esprit que pour la lettre, tant pour les
merveilleux palmiers que pour les malheureux malades habi-
tant l'ile.
Mais c’est à Praslin même qu'il faut voir le Zodoicea dans
toute sa gloire. La forêt de ces arbres, la plus facile à visiter,
se trouve dans la propriété de M. Campbell, sur la côte Nord-
Est. Là ils poussent en grand nombre jusqu'au bord même de
la mer. Les plus élevés se trouvent dans la vallée et atteignent
de 100 à 130 pieds de haut. On y trouve les deux sexes en
nombre à peu près égal. Sur cette propriété, un certain
nombre sont dépouillés de leurs feuilles qui sont envoyées à
Mahé où on en demande beaucoup pour la fabrication des
chapeaux, paniers et éventails. On laisse un certain nombre
de noix germer sur le terrain ; en plus de celles-là, un grand
nombre de celles qui tombent ne sont jamais trouvées et un
bon nombre sont envoyées à Mahé et à Maurice pour y être
vendues. Mais, à moins que quelque catastrophe soudaine ne
272 A.-A. FAUVEL
vienne détruire cette forêt qui contient plusieurs mulhers
d'arbres, de toutes dimensions et de tous âges, elle restera
pour longtemps un objet bien digne d'être visité par les
curieux de la nature.
Une autre forêt de ces palmiers, plus belle encore selon
M. P. Wright, est celle qui se trouve dans une grande vallée
située dans les montagnes entre la plantation de cocotiers
ordinaires, dont M. Osucree est l'agent sur la côte orientale,
et l'école et église protestantes sur la côte Ouest. Une pro-
menade d'environ deux heures au delà de la maison de l'agent
hospitalier vous amène au sommet de la montagne et alors
on voit s'ouvrir devant soi la vue de la noble vallée que ces
notes sont trop restreintes pour décrire comme elle le mérite.
Dans sa partie la plus étroite, elle peut mesurer environ un
mille de largeur et 500 pieds de profondeur. Au centre prend
naissance un petit ruisseau dont les méandres se dirigent vers
le Nord-Ouest à travers une vallée plus étroite. Là on pouvait
admirer des centaines de Verschaffellia grandiflora et un
Stevensonia atteignant de 30 à 40 pieds de hauteur; dans des
coins ombragés se trouvaient des bosquets de fougères arbo-
rescentes avec des troncs de 50 pieds de hauteur; mais
dominant le tout comme des géants au milieu de pygmées, se
trouvaient des Zodoicea Sechellarum, en si grand nombre
qu'il était impossible de les compter. Ils poussaient souvent
par groupes de trois, à savoir deux arbres femelles avec au
milieu, les dépassant quelque peu, un arbre mâle. Ils
mesuraient de 100 à 150 pieds (30 " 50 à 46 mètres) et avaient
des fleurs et des fruits de tout âge. La spathe du spadice mâle
est plus grande que celle du spadice femelle ; et cette dernière,
au moment où le fruit mürit. devient très dure et élancée
(spike-like). C'est cette partie de l'arbre dont parlent les
créoles quand ils vous racontent que « le régime des fruits est
« porté par trois fortes bractées, dont la plus externe traverse
« le pétiole immédiatement supérieur et dans le dessous duquel
« la nature a laissé une fissure accessible audit régime », ce qui
permet à celui-ci de soutenir le poids des fruits qui y sont
attachés. M. Perceval Wright, tout en citant ce passage du
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 213
“rapport de M. Ward, se défend de lui attribuer cette théorie,
En examinant soigneusement les Cocotiers de Mer, notre
auteur découvrit qu’ils avaient une sorte d'écorce, fait d'autant
plus intéressant que, comme nous l'avons vu plus haut, ils
avaient passé jusqu'alors pour n'en pas avoir. Vu l'importance
de cette constatation, nous citons ici les propres termes du
D: P. Wright :
« I found on all the trees that I examined, a paren-
chymatous barky layer that in trees that had fallen
was easily peeled off. This barky layer ‘was curiously
pitted; this pitting was caused by the intrusion into the
parenchymatous layer, and piercing through it, of the
woody fibres of the stem; but without illustrations, it
would not be easy to explain this structure, and I must
therefore reserve it for another occasion. Some of the so
called « bowls » were met with on the mountain-slopes :
here I need only add that section made through both young
and old trees revealed no peculiarity of structure in this
portion of the stem other than what is met with in almost
all palms.
« From an examination of all these forests, I arrived at
the conclusion that the growth of the stem depended very
much on the soil in which it grew ; and I was pleased at
being able to determine this by the following facts. Many
nuts have been planted on Isle S'° Anne, in different parts
of Mahé, and at Silhouette, and the date of the plantation
of these nuts is in many cases known with great accuracy.
Thus M. Charles Savi planted some seven or eight at
Silhouette in one long row, some twenty feet apart, on the
side of a mountain, but only some two or three feet above
high water mark; the nuts were planted at the same time,
in the year 1812. Of these, some six germinated, and for
the first year or two grew without one showing any great
advantage over the other; now after the lapse of fifty six
years, three of these trees (two females and one male)
measure four feet in diameter at the base of their stem,
which is twenty six feet in height, and they bore their first
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. 18
274 A.-A. FAUVEL
« fruit and flowers in the year 1851, when they were, ar
« nearly as possible, forty years old ; the other three are to
« this day without stems, and have borne neither fruit nos
« flowers..……. [found that the thriving Cocos de mer had
« fallen upon good ground, where they could grow abun-
« dantly, and that the others had fallen upon poor, stony
« soil, where the puzzle was to find from what they did get
« suflicient food to keep them alive now these fifty five years.
M. P. Wright raconte ensuite comment il essaya d'intro-
duire en Angleterre des spécimens vivants du Cocotier de
Mer :
« I brought with me in December 1867 to Alexandria three
« young trees, about three years old of this palm. The wea-
« ther was too cold at this period of the year to permit their
« being brought either to Paris or Kew ; and I left them in
« the care of my good friend M. Calvert H. B. M. Vice-con-
« sul at Alexandria, well known as an excellent botanist,
« who gave them to that excellent horticulturist Herr: Win-
« terstein to keep during the winter. Unfortunately these
« trees did notsurvive {. »
Au commencement de cet article, M. P. Wright dit qu'il
était en train de préparer un petit volume dans lequel il don-
nerait une histoire détaillée du Zodoicea, laquelle serait
accompagnée des photographies de l'arbre, de ses fruits mûrs
et de sections des troncs d'arbres jeunes et vieux. Malheu-
reusement ce travail n'a pas encore été publié et c’est ce qui
nous à donné l'idée d'écrire cette monographie. ;
Dans une lettre écrite le 9 octobre 1868 par le même auteur
à À. Searle Hart? et intitulée « Six months at the Seychelles »,
1. £. Perceval Wright, Spicilegia biologica or papers on zoological
and botanical subjects written by E. Perceval Wright M. D.— F. L.S.
F. R. C.S. L. etc... professor of Botany, Dublin University, in-8°, Part. I,
January 1870 (only 75 copies printed), p. 4. Notes on the Lodoicea Sechel-
larum Labill, [from the Annals and Magazine of Natural history for
November 1868].
2. E. Perceval Wright, Spicilegia biologica. Six Months in the
Seychelles, in-8°, London, p. 68-71.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 279
il raconte son voyage dans cet archipel et sa visite aux îles
Praslin et Curieuse dont nous venons de prendre connais-
sance. Il ajoute ceci au sujet de l'âge que peut atteindre le
Lodoicea :
« One tree of the known age of 25 vears, was found to
« have a stem of but six inches in height and hence it was
« asserted and generally believed that a stem of 100 feet was
« at least 5000 years old. The large male catkins were said
« to last in flower for five or six years, and the fruit was
« supposed to take twice as many years to come to perfection.
« Some mysterious relation was supposed to exist between
« the upright stem and that portion near the ground called
« the « bowl» by which the stem of this palm tree could
« grow only straight ; but the language of science failed to
« describe in what this relation differed from that met with
« in other palms. Many of these strange statements had been
« explained away prior to my visit; some of them still remain
« unexplained ; but I trust that my investigations will in some
« measure settle those points that have been hitherto unsett-
« led, and that in my work on the Seychelles I! may be
« enabled to clear up whatever is still indistinet in the history
« of the Lodoicea. 1 have presented to the College Herbarium
« (of Trinity College Dublin) the fruit in all its stages, a com-
« plete specimen of the young palm, and a section from the
« summit through the centre of the stem, to the termination
« of the roots, of a full grown, though dwarfed specimen,
« from the Island of Curieuse. »
Le livre sur les Seychelles que préparait le D' Perceval
Wright n'a pas encore paru à notre grand regret.
Avec le cours des années et surtout avec les relations régu-
lières établies avec les Seychelles, grâce aux progrès de la
navigation à vapeur, la connaissance de leur Cocotier de Mer
se répand peu à peu dans le monde et se précise sur certains
points. Dans l'Album de La Réunion, publication faite en
5 volumes, édités de 1868 à 1870, à Saint-Denis (Réunion),
par M. A. Roussin, nous trouvons une longue description du
Lodoicea annotée et illustrée par les soins de M. J. Potier,
276 A.-A. FAUVEL
alors directeur du Jardin botanique de Saint-Denis. Ce dernier
est plus versé dans l'histoire naturelle que dans l'histoire de
France, car 1l écrit qu'« en 1768 Bougainville, dans le cours
« de son voyage autour du monde, visita les Seychelles et
« vint dans l'île Praslin avec Commerson... qui créa le genre
« Lodoicea ». À notre connaissance ni l'un ni l’autre n’ont
été aux Seychelles. M. Potier n'y a probablement pas été
non plus et il emprunte aux auteurs que nous connaissons sa
description du Cocotier de Mer qui, d’après lui, atteint 25 à
32 mètres de haut sur 30 à 40 centimètres de diamètre. Il fixe à
12 centimètres l’écartement entre les cicatrices laissées par
les feuilles sur le tronc ; ceci est le seul renseignement nou-
veau et il nous permettrait, en comptant une feuille par neut
mois, de donner près de 300 ans à un Cocotier de Mer de
32 mètres d'élévation, à la condition toutefois qu'il ait poussé
en bonterrain et régulièrement en formant son tronc de bonne
heure.
La description des feuilles, auxquelles il donne 7 mètres de
long sur # à 5 de large pour les plus grandes, est accom-
pagnée d'une bonne photographie montrant deux per-
sonnes debout devant une feuille étalée, ce qui donne une
bonne idée de leur grandeur. Comme il donne la même lon-
gueur au pétiole cela montre que du tronc à l'extrémité les
grandes feuilles peuvent atteindre 14 mètres de longueur.
Nous n'en connaissons pas de dimensions supérieures dans
les plantes actuelles. Il y a d’ailleurs lieu de noter que la
palme figurée dans l’Alhbum de Roussin a poussé à Bour-
bon dans des conditions différentes de celles du sol
natal du Zodoicea et que par suite on peut sans doute en
trouver de plus belles encore aux Seychelles qui sont plus
chaudes et plus humides. Elle a été fournie par un Lodoicea
de # mètres de haut seulement, âgé de 32 ans 1/2, poussé en
bon terrain, à 100 mètres du bord de la mer et à 60 mètres
d'altitude, dans la propriété des dames Vendriès. Il n’a pas
encore fleuri. D'après des renseignements fournis par d'anciens
habitants de l'ile Praslin, qui ont fait à ce sujet les plus
patientes observations, 1l ne faut pas au fruit moins de 12 ans
A'EPLATS
DA 07
FE
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES ART
pour accomplir entièrement son évolution physiologique, à
partür du moment où la fleur a noué jusqu'à celui où, parfaite-
ment mûr, 1l se détache lui-même de l'arbre.
Deux autres photographies faites sur des fruits venus de
Praslin donnent une excellente idée de leurs formes et de
leurs dimensions en les montrant tant entiers que décortiqués
à côté de noix du cocotier ordinaire dans les mêmes condi-
tions.
Parlant des essais d’acclimatation de ce palmier tentés dans
l'Inde, dans les îles de la Sonde, pourtant à la même latitude
que les Seychelles, il dit que nulle part ils ne sont aussi beaux
et aussi productifs que dans leur pays d'origine : « Ce palmier
« remarquable entre tous paraît donc devoir être rangé par-
« mi ces espèces végétales sur lesquelles, pour des causes
« que nous n'avons pas à étudier ici, l'acclimatation complète
« ne semble avoir que peu de prise!. »
Au point de vue esthétique, les opinions diffèrent comme
au point de vue gastronomique. Si certains voyageurs ou
naturalistes sont pleins d’admiration pour le Zodoicea
d'autres le trouvent beaucoup moins gracieux que quantité
d’autres palmiers. Voici comment en juge le colonel améri-
cain Pike, Consul des États-Unis à Port-Louis, Ile Maurice,
qui fit un voyage aux Seychelles en 1871 :
« À première vue, le Cocotier de mer cause un désappoin-
« tement, le cocotier ordinaire étant décidément plus gracieux.
« En effet, les plus vieux ZLodoicea ont un tronc mince s'éle-
« vant à plus de cent pieds, avec une tête échevelée formée
« d'un bouquet de feuilles moitié vertes, moitié desséchées.
« Les arbres femelles dépassent rarement 60 à 70 pieds.
« Étant moins élevés, ils sont moins battus par les vents que
« les mâles. Cependant en vieillissant ils deviennent aussi
1. A. Roussin, Album de l'Ile de la Réunion, 5 vol. in-4°, Saint-Denis-
de-la-Réunion, 1868-1870. Collection de vues, paysages, plantes et
insectes de Bourbon, en lithographie et photographie, par A. Roussin,
vol. V, p. 124-130. Description du Lodoicea Seychellarum avec photo-
graphies d'une feuille et de 2 cocos entiers et décortiqués. Article signé
A. JT.
278 A.-A. FAUVEL
« laids que ces derniers. Ce ne sont que les jeunes, ceux dont
« la tige ne fait que commencer à s'élever, qui sont véritable-
« ment «one of the loveliest vegetable productions », les
« feuilles ayant sans doute leur plus grande dimension et leur
« plus grande vigueur juste avant qu'ils commencent à pro-
« duire. Il faut 9 à 10 mois pour que le coco germe une fois
« en terre. Le germe une fois sorti court souvent à près de
« 20 pieds de la noix avant de pousser la première feuille.
« Si la noix tombant de l'arbre vient reposer sur le plus
« mauvais côté, c'est-à-dire si le germe ne se trouve pas
« dessous, il s’allonge en vain de quelques pieds en dehors,
« et, ayant épuisé les sucs de la noix, il se dessèche et meurt
« faute d'humidité !. »
Ces singularités concernant la germination n'avaient pas
été observées ou mentionnées par les auteurs déjà cités. Elles
sont d'autant plus importantes que, faute de les connaitre,
nombre de personnes ayant voulu cultiver cet arbre ont perdu
leur temps. Cette année même, au Muséum d'Histoire Natu-
relle de Paris, deux noix fraîches envoyées par le directeur
du jardin colonial de Nogent-sur-Marne étant entrées en
germination, on décida de les placer dans la serre chaude et
d'essayer d’en obtenir de jeunes plants. Les jardiniers ne
sachant comment les traiter et ne trouvant pas de vase assez
grand pour les placer, imaginèrent de les mettre sens dessus
dessous au-dessus d'un pot rempli de terreau. Au fur et à
mesure que l'axe cotylédonaire s’allongeait on était obligé
de relever les cocos pour éviter que la pointe du germe
ne s'écrase contre le fond du vase. Les supports, faits d'abord
de pots de fleurs devenant insuflisants, on imagina de sus-
pendre les cocos au moyen de cordes passant sur une poulie
et l’on hissait le tout de temps en temps. Quand nous visi-
tâmes les serres en Juillet 1906, les cocos étaient déjà à
4. Colonel L. Pike, Transactions of the Royal Society of Arts and
Sciences of Mauritius, in-8°, vol. VI. New Series, 1872. À visit to the
Seychelles Islands by Colonel L. Pike, p. 83-112, antérieurement paru
dans The Commercial Gazette of Port Louis, 1871.
Li
Anuales du Musée colonial de Marseille, Page 279
3° scrie, 1* volume 1915,
PLENLI Dr Moche de Mablanc, 1S91. Lodoicea Sechellarum, arbre femelle en fruits.
Jardin du Gouverneur des Seychelles à Port-Victoria, Ie Mahé
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LE COCOTIER DÉ MER DES ILES SEYCHELLES 279
plus d’un mètre au-dessus de la terre et ils menaçaient les
jardiniers d'aller jusqu'au vitrage. Nous conseillâmes à ceux-
ci de disposer le tout horizontalement dans le plus long
compartiment de la serre, mais il était déjà trop tard, les noix
ayant manqué d'humidité suffisante, l'axe cotylédonaire
commençait à se dessécher.
John Horne, directeur des Jardins Botaniques royaux de
l’île Maurice, chargé d’une mission aux Seychelles, fit en mai
1875 un rapport sur les différents plants pouvant être cultivés
dans ces îles. Au cours de ce voyage, exécuté en 1874, 1l
visita Praslin et Curieuse, et constata que «dans sa pre-
mière jeunesse le Cocotier de Mer est de beaucoup au-
« dessus de toute comparaison avec les autres palmiers. Plus
« avancé, il semble inférieur au palmier talipot (Corypha
« umbraculifera) de Ceylan. La vue du ravin de Praslin, où
« ilcroît dans toute sa beauté, rappelle vivement une des
« descriptions et des tableaux de la végétation du Monde
«avant le déluge, de Louis Figuier..…. L'âge que doivent
« avoir les arbres avant de fructifier a été, je crois, exagéré.
« Celui qui croit au Gouvernement de Port-Victoria, et qui
« est un type en tous points, fleurit vers sa 34° année. IT fut
« fécondé en juillet 1874 et les ovules étaient considérable-
« ment gonflés en septembre. S'il a été fécondé avec succès
« on pourra aisément s'assurer du temps que le fruit met à
« mürir».
Nous avons eu l'heureuse chance au cours de plusieurs
voyages aux Seychelles de voir cet arbre et d'en faire exé-
cuter une photographie par notre ami le D' Moche de Mablane,
médecin de la Compagnie des Messageries Maritimes. IL était
couvert de fruits lors de notre première visite, le 16 juin 1889.
La photographie fut faite en 1891. On voit qu'il avait alors
au moins quatre régimes chargés de beaux fruits.
C'est à J. Horne que l'on doit la mesure prise par le gou-
vernement anglais pour assurer la conservation des forèts de
Cocotiers de Mer de l’île Praslin. Il disait en effet en termi-
nant son rapport :
« Une chose que je voudrais porter à la connaissance de
280 A.-A. FAUVEL
« son Excellence (le Gouverneur), c’est l'achat de la Ravine
« aux Cocotiers de mer à Praslin, qui devrait être conservée
«_et entretenue par le gouvernement. Je n'imagine pas qu'il
« existe dans le monde un lieu à l'aspect plus antédiluvien
« que cette ravine. La destruction des arbres qui s’y trouvent
« serait un outrage à la science et un déshonneur pour la
« civilisation. »
De plus sa conservation ne serait pas en même temps sans
« valeur , car les noix valent chacune 2 à 4 shillings (3 à 5
« francs)! On en demande tellement qu'elles sont enlevées
« des arbres et vendues avant d’être müres. Même comme
« futur article de commerce, ces arbres devraient être plan-
« tés sur toutes les réserves du gouvernement à Mahé, à
« Praslinet à Félicité. Si la ravine ne pouvait s'acheter, je
« suggérerais qu'elle soit échangée contre quelque autre por-
« tion de la Couronne. »
Ce cri d'alarme et ce vœu, répétés en Angleterre à la Société
Linnéenne par le savant botaniste Hooker, ont été entendus
par le gouvernement qui donna les ordres et crédits néces-
saires au gouverneur des Seychelles pour l'acquisition de la
fameuse ravine, Des mesures furent ensuite prises pour la
conservation des arbres et leur reproduction?.
Les auteurs qui de 1876 à 1881 ont parlé du ro
n'ont rien ajouté d'intéressant à ce que nous connaissions ; le
botaniste Baker, dans sa Flore de Mauriceetdes Seychelles, parue
en 1877, ne lui consacre qu'une vingtaine de lignes. Sa diag-
nose est basée sur celle de Labillardière corrigée sur Martius
mais elle leur est inférieure, vu le manque de figures. Nous
le mentionnons cependant parce que cette Flore est le premier
ouvrage de ce genre concernant les Seychelles.
1. En 1906, ayant voulu en acheter une à Paris chez un importateur
de produits coloniaux on nous en a demandé 25 fr.
2. John Horne, Rapport sur les différents plants pouvant être cul-
tivés aux Seychelles. \
3. J. G. Baker, Flora of Mauritius and the Seychelles, a description
of the flowering plants and ferns o1 those islands by J. G. Baker,
F. L.S,in-8°, London, 1877, Lodoicea.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 281
En 1881, le fameux général anglais Gordon Pacha, se trou-
vant aux Seychelles, s’enthousiasma tellement pour ces îles
qu'il crut y retrouver le Paradis terrestre. Il écrivit un article
mystique et scientifique sur le Cocotier de Mer qu'il regardait
comme l'arbre de la science du bien et du mal, et le fruit
comme celui qui causa dans l’'Éden la perte de nos premiers
parents. Ce sont les particularités de sa forme et de sa ger-
mination qui lui ont inspiré cette idée plus originale encore
que le coco lui-même qu'il appelle avec les indigènes du pays:
Coco indécent ou Cul de négresse. Le reste de son travail n’est
qu'unecompilation sans intérêt pour nous, mais les dessins
dont il l’a accompagné sont si curieux que nous avons cru
utile de nous les procurer et de les reproduire ici. Le D Prain,
du Musée de Kew, a pu nous en envoyer deux photographies.
Quant au manuscrit qui devait les accompagner et dont nous
avons vu une copie aux Seychelles même, en juin 1889, il nous
a été jusqu'ici, à notre grand regret, impossible d'en obtenir
un double. Il n’en existe ni à Kew, ni au Jardin Botanique des
Pamplemousses à l’île Maurice où l’on nous avait ditqu'il s’en
trouvait un. À Kew, on possède les dessins ainsi que des
spécimens desséchés de bractées de spadice mâle; une sec-
tion du tronc ; un socle de pendule et une canne faits avec le
bois, ainsi qu'un modèle du fruit. Tous ces objets, collection-
nés aux Seychelles en 1881, furent donnés au Musée Bota-
nique de Kew (en 1883), sans doute après la mort du général,
par sa sœur Miss Gordon.
Les deux planches dessinées par Gordon au lavis, à l'encre
de Chine, sous le titre Lodoicea Sechellarum, sont annotées de
sa main, mais non signées. La première comprend à dessins et
la seconde 11. C’est d'abord le fruit entier vu de profil avec
son calice.
Au-dessus du titre on lit : « Found only on Isles Praslin
« and Curieuse 20 miles North of Mahé Seychelles discovered
« in 4743 named by Laballadière {sic) after Louis XV Lodoicus
«1.e. Lodovicus. »
A droite du fruit : « Ripe nut in husk. Weight 30 to 40 Ibs.
« Length 15” cireumference 210”. Takes 7 years to ripen.
» When ripeit falls. »
CNRS
282 A.-A. FAUVEL
Au-dessous, trois sections du fruit, dont la première montre
l'axe cotylédonaire sortant de l’amande indiqué par ces mots:
« Radicle 1” diam”, smooth white and round. » La seconde sec-
tion est celle du fruit mür faite aussi en longueur à travers les
deux lobes"; la troisième section, faite en travers au-dessous
des deux lobes, montre le trou par où sort le germe.
Au-dessous, la base fendue des feuilles de l'arbre femelle
avec un spadice femelle fermé par ses trois spathes veinées
sortant d'une de ces fentes et un régime femelle déjà sorti du
spadice et couvert de fleurs. Le premier est indiqué : « Female
Baba, » et le second: « Female fruit branch. Immature, 10 nuts
will be on one branch, weight 300 Ibs. This has flowers, buds
and fruit of all ages of maturity. » Ce dernier dessin est à lui
seul le plus important de la planche parce qu'il nous montre
pour la première fois d'une façon exacte et détaillée les premiers
stades et la position exacte de la floraison femelle. Sur la
seconde planche, on voit également bien représentée pour
la première fois l'inflorescence mâle, sortant comme la femelle
d’une fente à la base des feuilles et protégée par deux spathes.
A côté on lit: « Male tree : male Baba 3° long 3 1/2” diam. » A
gauche on voit un fragment du chaton (male Baba) couvert
de fleurs dont l’une est représentée au-dessus. A droite, un
régime femelle : « Fruit Branch » : une fleur femelle : « Immature
nut with artichoke leaves » (les pétales) et une fleur femelle
sans calice : « Immature nut without d°. In this stage it is full
of fibre and the double nuts are not developed. Fecundation
takes place by bees or byplacing male flowers from baba on
apex of immature nut. »
Un très petit dessin représente ensuite un arbre entier, avec
sa racine bulbeuse, couronné de huit feuilles en losange
autour du tronc duquel s’enroule le serpent tentateur, puis
une noix germée encore reliée à la jeune plante garnie de trois
feuilles ovales par l'axe cotylédonaire On lit au-dessous :
«The tree grows to 120 to 130 ft. (12”to 15 diam.) in about
« as many years; it bears in its 40-50 year, the fruit takes 7
« years to ripen. Nutis placed on surface, the radicle descends
« some 3 ft, or more in form of stout tap rootwhenitsplits and
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 283
« allows plumule to ascend. The radiele is 1” diameter white,
« smooth and round. When germ leaves nut, the latter is not
«injured, the ivory like substance is like pith. » Ceci confirme
bien ce que nous pensions, à savoir que la noix se
vide sans éclater, l’'amande se ramollissant au furet à mesure
qu'elle est absorbée par le germe, l'axe cotylédonaire et le
cotylédon.
Plus bas, on voit la section d'une noix verte en longueur
à travers les deux lobes : « Unripe nut (Coco tendre) can be
cut with knife. » Des tirets aboutissant aux diverses couches
montrent : « Skin of outer husk ; white sago like substance
« which forms the hard shell and fibre. Skin between the jelly
« and sago like substance. Jelly which when ripe becomes
« hard and white. »
Enfin deux feuilles sont figurées avec leur pétiole. L'une, vue
de face, est en forme de losange ; l’autre, vue de profil, est
pliée par le milieu en gouttière et a la forme d'un croissant.
L'inscription porte entre les deux : « Leaf 25° long 14° wide. »
La note suivante termine la planche : « This tree has a
« fibrous rope which runs through male and female Babas
« through fruit branches, buds etc. and grips them strongly
« together; the fruit branches even when the fruit is ripe do
not hang down as might be expected, but stick out as if the
« tree rejoiced in its strength. » Cette dernière remarque
montre bien la tendance plus philosophique que scientifique
du mystique général Gordon.
Le docteur Coppinger nous apprend en 1882 que le pied
femelle quipoussait chez le Gouverneur à Port-Victoria étant
isolé avait dû être fécondé artificiellement par les soins de
M. Brodie, secrétaire du Conseil, qui fit venir de Praslin un
régime de fleurs mâles et le plaça sur le régime femelle’,
AR
« L'arbre avait 30 ans alors. »
1. Dr R. W. Coppinger, The Cruize ofthe Alert, Four years in Patago-
nian, Polynesian and Mascarene waters 1878-1882, by DR. W. Coppin-
ger M. D. with 16 fullpage woodeut illustrations from photographs by
F. North R. N. from sketches bytheauthor. London, in-4°, 1883, chap.
XI, p.206-219, Seychelles and Amirante Islands,
x T'ON
281 A.-A. FAUVEL
Dans le Genera Plantarum de Bentham et J.-D. Hooker,
paru à Londres en 18831, la diagnose du Zodoicea est réduite
à21 lignes qui ne nous apprennent de nouveau que ceci :
« Genus Zodoicea non nisi staminibus et fructu magno
Borasso distinguendum » ; il n'ya donc rien d'étonnant à ce
que les premiers botanistes l’aient confondu avec le Latanier
ou Lontar des Indes qui appartient au genre Borassus.
Malgré les informations données par les derniers observa-
teurs, entre autres par Gordon, Wright, ete., on n'en continue
pas moins en 1886 à commettre des erreurs sur la durée de la
fructification. C’est ainsi que Watson, dans une courte descrip-
tion de quatre principales espèces de palmiers, parlant du
Lodoicea dit : « Nach der Reife hängt die Frucht bisweilen + 2-3
« Jahre auf dem Baume. Ein Jahr nach dem Abfallen keimen
« die Samen (Nüsse). » Puis il nous apprend que les noix n'ont
pu donner de jeunes plants en Europe «: Zu Kew, Hanover
« und andern Orten, ist es noch nicht gelungen, aus keimen-
« den importirten Samen Palmen zu erziehen”. »
Un autre naturaliste allemand, Carl Salomon, dans son
ouvrage Die Palmen paru à Berlin en 188T *, se contente éga-
lement d'un article de 20 lignes sur le Lodoicea. Il donne par
contre une bonne gravure représentant exactement l'arbre
femelle et à côté un fruit décortiqué vu de face. D’après lui,
les feuilles ont de # à 6 mètres de long etun pétiole de 6 à
1. G. Bentham and J. D. Hooker, Genera plantarum, ad exemplaria
imprimis in herbariis Kewensibus servata, definita auctoribus G. Ben-
tham et J. D. Hooker, 5 vol, in-4°, Londini, M. DCCC.LXXXIII (1883),
vol. IT, part. 2, p. 92. Tribus V, Borassae. Lodoicea.
2. L. Just’s Botanischer Jahresbericht. 1° Th., p. 717, n° 346.
W. Watson (#17), Kurze Beschreibung von# Palmen v° Lodoiceae,
1886.
W. Watson, The Gardner’s chronicle. Garden Palms by
W. Watson, t. XXV, New Series, January to June 1886, p. 557. col.
1-2, Lodoicea, with, fig., n° 122 (Germinating nut and cup like base
of stem...)
3. Carl Salomon, Die Palmen nebst ihren Gattungen und'Arten für
Gewächshaus und Zimmer-Kultur von Carl Salomon, Künigliches Gar-
ten Inspeektor in Wurzburg, in-8°, Berlin, 1887, p. 44-46. Lodoiceae.
LE COCOTIER DE MER DES ÎLES SEYCHELLES 285
8. Les étamines sont au nombre de 34-36. Le fruit pèse de
10 à 25 kilos, décortiqué.
Pour la culture récente de ce palmier dans les serres euro-
péennes nous trouvons quelques renseignements dans le
Gardner's Chronicle: « Hitherto all attempts to obtaina plant
« from imported seeds have failed both at Kew, Hanover and
« elsewhere, although they have been got to germinate and
« leaves grown to the height of a yard or so.
« The nearest approach to success was made in Liverpool
« Botanical Garden where a plant was raised from seeds and
« grew vigorously for about two years after which it died.
« À plant with leaves 41/2 feet long and established in a
« tub, the whole weighing 10 cwt. (508 kilos) was received
« at Kew from the Seychelles in 1853 but it did not long
« survive the change. »
Il ajoute qu'on y attend un nouvel échantillon parfaitement
emballé (c'est sans doute celui qui s’y trouve encore aujour-
d'hui). Il nous apprend encore que le Musée de Kew possède
une série de spécimens de paniers et boîtes faits de feuilles et
fruits du Lodoicea : « There is also a photograph of a healthy
« young plant established in the botanical gardens in Ceylan.
« In the « North » (Miss North)picture gallery may be seen
« beautiful pictures ofthis palm in various aspects. »
Il s'agit ici de la galerie construite pour loger les remar-
quables collections de peintures faites au cours de ses nom-
breux voyages par Miss North qui, comme nous l'avons vu,
visita les Seychelles en 1883. — Malheureusement, les règle-
ments du Musée, conformément aux désirs de la donatrice,
s'opposent à ce qu'il soit fait des copies de ses œuvres,
c'est pourquoi nous ne pouvons offrir à nos lecteurs une repro-
duction photographique du ZLodoicea peint par cette artiste.
Les directeurs nous ont envoyé avec la liste des collections
concernant notre Cocotier des photographies des dessins de
Gordon et des objets fabriqués avec les feuilles.
D'un autre côté, avant écrit au D' Trimen, directeur du
Jardin Botanique de Peradenya à Ceylan, pour avoir des ren-
seignements sur les Lodoicea cullivés par ses soins, nous en
286 A.-A. FAUVEL
avons reçu une excellente photographie, montrant un jeune
pied âgé de 32 ans, et qui doit être celle-là même dont le
Musée de Kew a un double. Voici ce qu'a bien voulu nous
écrire le D' Trimen en janvier 1892 :
« Lam glad to afford you what information I possess as to
« the Lodoicea plants growing in Ceylon. The large plant in
« these gardens (Peradenya) was obtained in 1850 and is
« therefore now 42 years old. It is a male tree, as was shown
« from the first time in 1890 when it put out its first inflores-
cence which was however unfortunately cut off by some mis-
« chievous person before it fully expanded. Last year however
« (1894)it put out in September another spike which has gone
« on expanding flowers a few at a time till the end of the
« year and still continues. The flower spike is nothing to look
« atand has not been photographed asfar as I know; so [am
« unable to send you a picture, but I forward one of the
« plant taken before it wasin flower. We had a finer specimen
« of the same age, in the garden, but this was unfortunately
« uprooted and killed by a cyclonic gale in August 1885. At
« the branch garden at Heneratgoda near Columbo, I have
« however another plant which sprung from a nut received
« in 1884. Ten seeds were sent me direct from Seychelles in
« that year, but this one alone germinated. It is nowa
« healthy young tree with seven leaves (one for each year)
« and I hope may prove to be a female. »
Le 16 novembre 1891 il nous écrivait déjà : « Ï am not
« aware that the Zodoicea has ever fruited except in the
« Seychelles. The plant at Peradenya is a male. »
Il semble résulter de cette communication qu'à Ceylan au
moins la végétation du Lodoicea est moins rapide que dans le
sol de Praslin et Curieuse, puisque le spécimen en question
au bout de 32 ans n’a pas encore de tronc et qu'il ne pousse
qu'une feuille par an, tandis qu'aux Seychelles, en bonne terre
=
au moins, il donne une nouvelle feuille tous les 9 mois.
M. Trimen ajoutait en effet : « Peradenya being 1550 feet
« above the sea level with chilly nights at this time of the
« year (November) I do not expect the Lodoicea to attain to
Annales du Musée colonial de Marseille, Page 286.
3° série, 1° volume 1915.
PI. XIII. — D: Trimen. 1892. Jeune Lodoicea de 3? ans au Jardin botanique
de Peradenya à Ceylan, en 1892
D gate <Agmtrtt
+]
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 287
« a great size here : there is a much better chance at Hene-
« ratgoda which is nearly at sea-level. As you will see from
« the photograph sent, our tree has yet scarcely any trunk
« showing; the height to top of topmost leaf is about 35 feet
« and the plant is very healthy but grows slowly forming
« but a single leaf each year. The photograph I send you
« is a very poor one ; it was taken in 1882. (ten years
« ago)!. »
En 1892, M. Charles Alluaud, Correspondant du Muséum
d'Histoire naturelle de Paris, chargé d'une mission scienti-
fique aux Seychelles, visita les forêts de Cocotiers de Mer de
l'Ile Praslin et en rapporta des échantillons des fruits, une
section d’un tronc et des photographies. L'une d'elles, repro-
duite en gravure dans le Tour du Monde, est particulièrement
intéressante en ce qu’elle est la première représentation exacte
que nous possédions de l'ensemble des Cocotiers croissant à
l’état spontané. Elle montre le port de l'arbre parfaitement
vertical. Au cours de l’article relatant sa visite à l'Ile Praslin,
M. Ch. Alluaud résume tout ce que nous savons déjà du
Cocotier de Mer mais il se trompe ‘en disant :
« On a pu en faire pousser à Ceylan, dans l'Inde, voire
« même dans les serres de ÆXew en Angleterre où l'on à
« obtenu un fruit en 1891. I y en a aussi un exemplaire
« vivant au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Le Zodoi-
« cea est probablement l'exemple le plus extraordinaire que
« l'on puisse citer de la localisation d'une espèce gigantesque
« sur une très petite île »..…... L'appel de M. Horne pour la
« conservation de ces arbres a été entendu et le gouvernement
« anglais est aujourd'hui propriétaire et conservateur de
« la portion de Praslin où sont les plus beaux Zodoicea. On
« peut aisément se procurer des cocos doubles sur les pro-
« priétés particulières, mais il est formellement interdit de
« prendre une noix sur les crown lands; ainsi se trouve assu-
« rée la conservation de cette intéressante espèce. »
1. Henry Trimen, Director of Botanical Garden at Peradenya, Ceylon,
Lettres à M. A.A, Fauvel, en date du 16 Novembre 1890 et 19 Janvier
1892.
285 À.+A. FAUVEL
Il raconte ainsi l'impression qu'il ressentit à la vue de la
ravine aux Cocotiers de Mer après une marche d'environ deux
heures en forêt à travers une broussaille impénétrable faute
de sentier :
« Mais tout à coup l'on fait halte, et l’on relève la tête, on
«_est alors saisi par la majesté unique du site. Les Zodoicea
« aux troncs puissants montent d'un seul jet à une vingtaine
« de mètres et là étalent 7 ou 8 feuilles d’une forme et d'une
« ampleur inconnues. Les pieds les plus élevés ne sont pas
« les plus beaux. Rien ne rappelle mieux le poteau télé-
« graphique qu'un tronc de palmier qui n'en finit plus et les
« feuilles, trop exposées là haut aux fortes brises, se déve-
« loppent mal et sont déchiquetées. Le silence le plus absolu
« règne en cet endroitet, malgré soi, on parle à voix basse
« comme en un lieu sacré ; 1l semble que l’on soit transporté
« à une autre époque géologique à la vue de ces arbres si
« différents de ceux auxquels nous sommes accoutumés » et
il cite la comparaison de Horne avec un paysage antédi-
luvien.
ne trouva plus de Cocotiers de Mer à l'Ile Ronde où les der-
mers ont disparu. Il nous montre encore dans une gravure un
fruit décortiqué, un seau, une gourde, un bol et un plat à riz
faits avec la noix privée de son amande,
La mention faite par M. Alluaud d’un Zodoicea ayant porté
fruit à Kew en 1891, ayant été depuis répétée par M. Charles
Anastas dans sa brochure intitulée : Histoire et Description
des Iles Seychelles, paru à Maurice en 1897? et même ampli-
fiée par ce dernier qui ajoutait : « Au Dahomé le Zodoicea
« forme à une heure de Whydah, vers Savi et vers Godomé,
« de vastes forêts où il croît presque seul ». Nous écrivimes
au Directeur du Jardin Botanique de Kew pour savoir si ce
fait dont nous doutions fort était exact. Le 28 mars 1906,
1. Charles Alluaud, Le Tour du Monde, périodique illustré, in-4°, Paris,
3 février 1894, p. 74-76. Voyage aux Iles Seychelles, par Ch.Alluaud.
2, Charles Anastas, Histoire et description des Iles Séchelles, in-8°,
77 pp. Maurice, 1897, p. 18-21. Ile Praslin.
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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 289
M. Prain nous répondait : « In reply to your letter of 21
March I have to inform you that the statement that an
example of Lodoicea Seychellarum has born fruit at Kew in
« 1891 is, as you had suspected, quite incorrect. [ cannot,
« imagine how the erroneous belief could have originated 1,»
Nous ne savons où M. Anastas a pu apprendre que le
Lodoicea formait de vastes forêts au Dahomey : il ya là une
erreur évidente et l'on a pris pour ce palmier les Rôniers,
Borassus flabelliformis, qui y sont nombreux comme au
Sénégal et qui étant de la famille des Lataniers, peuvent
être confondus par des observateurs peu compétents avec
des Lodoicea sans leurs fruits.
Au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, on ne possède
pas actuellement de jeunes plants de Cocotier de Mer, mais à
l’époque où écrivait M. Ch. Alluaud nous avons pu en voir
un jeune plant avec les feuilles encore ovales dans les serres
de M. Emmanuel Liais, maire de Cherbourg, serres qui, à sa
mort, ont été léguées à la ville.
Nousavons lu aussi quelque part que des Cocotiers de Mer
poussèrent avec succès dans l’Ile de la Trinidad ou sur la côte
orientale de l'Amérique Sud. Nous n’avons pu encore obtenir
confirmation de cette citation.
Le dernier ouvrage que nous ayons pu consulter donnant
des détails scientifiques sur le Cocotier de Mer est le livre
magnifiquement illustré de nombreuses photogravures de
Carl Chun qui en 1898-99 accompagna sur la Valdivia
l'expédition d'océanographie allemande. Dans ce beau volume
in-4° nous trouvons tout un chapitre consacré aux Seychelles
où l'expédition passa quelque temps. On n'a pas oublié le
glorieux Lodoicea dont l’auteur résume l'histoire et la deserip-
tion. Il nous raconte sa visite aux Cocotiers de Mer de l'Ile
Praslin, en compagnie de l'inspecteur des forêts M. Baty, le
8 mars 1899. Il cite comme ses devanciers les anciens auteurs,
=
=
=
=
oravures fort
mais ne nous donne de nouveau que plusieurs g
1. Dr Prain, Director ofthe Royal Gardens Kew, Letter to M, A, A,
Fauvel, 28 March 1906.
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 4° vol, 1915. 19
290 A.-A. FAUVEL
bien réussies d'après d'excellentes photographies. C'est là en
somme la partie la plus intéressante et la plus nouvelle,
Citons celles qui concernent notre sujet. Ce sont, p. 434:
« Urwald auf Praslin mit Lodoicea »; p. #36, « Stamm
einer jungeren weiblichen Lodoicea mit Fruchten » ; p. 438,
« Lodoicea Seychellarum auf Praslin », qui nous montre deux
Cocotiers chargés de fruits; p. #39, « Urwald auf Praslin » ;
à gauche, un Lodoicea femelle, et à droite, un jeune Cocotier
de Mer avec les pétioles des feuilles ; p. 440. Très bonne gra-
vure hors texte in-4° : « Lodoicea Seychellarum » auf Praslin !,
Il ne nous reste plus pour terminer cette longue monogra-
phie du Cocotier de Mer qu'à parler des détails que nous avons
pu observer nous même, tant sur place aux Seychelles qu'à
Paris sur les échantillons conservés au Muséum ou sur ceux
que nous avons reçus du Gouverneur des Seychelles, Son
Excellence W. E. Davidson, et du directeur du Jardin Bota-
nique de Port-Victoria, île Mahé, M. Dupont, et enfin de
M. Laurier père, correspondant de la Compagnie des Messa-
geries Maritimes dans cette ile.
Nous avons tout particulièrement étudié un point qui nous
a paru imparfaitement élucidé jusqu'ici, à savoir le mécanisme
de la germination qui diffère beaucoup de celui du cocotier
ordinaire. L'ouverture ménagée par la nature dans la noix
du Cocotier de Mer pour permettre la sortie du germe se
trouve (comme nous l'avons vu consigné dans les auteurs pré-
cités) entre les deux lobes, elle n'est que fort difficilement
visible de l'extérieur, l’espace, d’ailleurs très restreint (envi-
ron # centimètres sur nos # échantillons), entre ses lobes
étant à demi rempli par des fibres noires, assez fortes,
prenant naissance, avec d’autres plus fines situées au-dessous,
sur la noix même. En ouvrant la noix, on s'aperçoit que son
ouverture ovale (0"045 >x 0004) a son grand axe
dirigé d'arrière en avant du coco, c’est-à-dire parallèle au
4. Carl Chun, Auf den Tiefen des Weltmeeres, Schilderungen von
der deutschen Tiefsee-Expédition mit6 Chromolithographièen, 8 Helio-
gravüren, 32 als Tafeln gedruckten Volbildern, 2 Karten und 390 Abbil-
dungen in Text.In-4°, Verlag von Gustav Fischer in Jena, 1900.
Annales du Musée colonial de Marseille, Pages 290-291.
3° série, 1° volume 1915.
FALL TE
PI. XV.— A.-A.Fauvel,1906. Appareil de la germination du Coco des Seychelles.
Fig. 1. Section transversale de la noix au-dessus des deux lobes montrant l'ouverture
du hile après enlèvement de l’amande ou albumen. Fig. 2. La même ouverture après
enlèvement de l'appareil fibreux de la fermeture. Fig. 3. L'appareil fibreux élastique
vu de côté. Fig. 4. Section en travers de cet appareil dans le sens de la longueur (de
haut en bas). Fig. 5. Section de la noix à travers l'appareil de fermeture du hile dans
le sens de son grand diamètre (de la face supérieure à la face inférieure de la noix).
Fig. 6. Aspect de la noix par la face supérieure (bombée) après enlèvement de l'appareil
du hile. Fig. 7. Coupe à travers l'embryon, l’amande et l'appareil fibreux de la face
supérieure à la face inférieure en grandeur naturelle. Fig. 8. Portion de la coque en gran-
deur naturelle montrant les impressions qu'y laissent les fibres du péricarpe ou brou.
Grandeur naturelle. Fig. 9. Fragment de l'écorce externe du fruit (épisperme) montrant
sa structure fibreuse, des Coccus hémisphériques et les traces laissées par eux. Gran-
deur naturelle.
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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 291
petit diamètre et allant de la face inférieure (la plus plane) à
la face supérieure (la plus bombée). Un appareil élastique,
formé de fibres ondulées (PI, XV, fig. 3, #, 5), réunies à la sur-
face par une sorte de cellulose brune, ayant la forme d'un
entonnoir ovale en haut, à ouverture inférieure linéaire de
2 centimètres de longueur, lui sert de fermeture. Par sa con-
struction et sa disposition, cette sorte d'entrée de nasse per-
met au germe de sortir, tout en écartant, de chaque côté, la
paroi fibreuse, mais s'oppose à l'entrée de tout animal ron-
geur ou de tout insecte destructeur qui voudrait s'attaquer à
l’amande et à l'embryon. Celui-ci, qui au début ne dépasse pas
la grosseur d’une noisette, est encastré solidement dans l'albu-
men corné, sur le fond blanc duquel il se détache en jaune
clair. La pointe est séparée de l'appareil de sortie par une
mince écaille d’un brun noir recouverte elle-même, comme
l’amande tout entière, d'une sorte de seconde coque qui
adhère intimement à l’amande et est séparée de la coque
externe par une petite épaisseur de tissu brun spongieux.
C'est ce qui permet d'enlever l’amande sans briser la coque.
L'amande en vieillissant prend la dureté de l’ivoire, elle est
formée de fibres disposées normalement à la coque donnant à
la cassure dans ce sens un aspect soyeux. La cassure en
travers est au contraire lisse. Le tout séché rapidement après
ouverture de la noix se crevasse fortement, ce qui rend inutili-
sable pour l'industrie cette matière qui, ressemblant de très
près à l'ivoire végétal ou corozo, pourrait rendre les mêmes
services si elle était plus homogène et moins chère.
Dans un des spécimens très anciens conservés dans les gale-
ries de botanique du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris,
l'intérieur de la noix, ayant sans doute séché très lentement,
ou après avoir été, peut-être, conservé dans l'alcool, offre une
amande d'apparence homogène (non radiée), de couleur jaune
crème et d'une dureté analogue à celle de l'ivoire animal,
Dans ce cas, on pourrait l'utiliser dans l'industrie, Nous
n'avons pas connaissance que cela ajt été jamais tenté, Il
nous a été impossible de constater, tant sur les sections de
troncs que nous avons vues que sur les troncs eux-mêmes
292 A.-A. FAUVEL
des Cocotiers de Mer examinés à l'île Mahé, la curieuse dispo-
sition dont parlele D' Perceval Wright. Il est probable que
cela n'est visible que sur certains arbres et dans des condi-
tions spéciales de culture.
Personne n'a remarqué que la surface extérieure de la noix
(PI. XV, fig. 8) est marquée de deux sortes de sculptures,
l'une {la seule mentionnée par les auteurs précités) consiste en
des sillons peu profonds formés par les plus grosses fibres
dans le sens de la longueur du coco. Ces fibres, très dures et
cassantes, d'un demi-millimètre de diamètre environ,
prennent naissance sur la coque même, dans laquelle elles
s'impriment pendant la croissance et le durcissement de celle-
ci. Mais la coque est’ encore marquée d’une sorte de vermi-
culature très fine qui lui donneun aspect chagriné tout parti-
culier et qui est sans doute causée par l'impression de la
pointe des fibres plus fines de l'enveloppe. Celles-ci sont, à
l'inverse des premières, très longues car elles ont pour la plu-
part la longueur même du fruit entier. Elles sont légères, d’un
brun clair et peuvent servir à la confection des cordages,
comme les fibres du coco ordinaire connues dans l'Inde sous
le nom de Coïr. Elles sont séparées par un parenchyme
aqueux qui pourrit après la chute du fruit, ce qui permet à
l'enveloppe de se détacher facilement, au contraire de ce qui
se passe pour le brou du coco commun. Ces fibres et leur
parenchyme sont enfin recouverts par l'enveloppe externe qui
est très cassante à cause même de sa constitution. Elle est
formée en effet (fig. 9) de fibres très courtes (1 à 1 1/2 milli-
mètre), disposées normalement à un épiderme de l'épaisseur
d'une feuille de papier ordinaire, et très serrées les unes contre
les autres; le tout se déchire avec unegrande facilité mon-
trant à l'intérieur l'apparence d'une brosse ou d'un tapis à
poils très serrés. L'extérieur est luisant, vert olive à l'état
frais, brun clair à l’état sec. Sur cette écorce on remarque sou-
vent une multitude de petits Kermès ou Coccus hémisphé-
riques de 1 millimètre de diamètre sur 1/2 "" d'épaisseur,
d'un noir brillant à l’état sec, laissant après leur chute des
marques blanches circulaires en O ou en fer à cheval. Nous
“ordersoqouq *S09nb1}1099p 22910p0TJ 9P XIOU XN9(T ‘9061 [OAUUY ‘V-°V — ‘IAX ‘Id
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 293
n'avons pu les identifier encore. On les voit représentés en
grandeur naturelle sur la figure 9.
La coque elle-même semble composée de fibres brun noi-
râtre entrecroisées, devenant noires en vieillissant, Sa surface
interne est semée de ces fibres qui serpentent entre la coque et
l'écorce intérieure de l’amande. L'épaisseur de la coque ne
dépasse guère # à 5 millimètres, la partie la plus épaisse se
trouvant entre les deux lobes vers la queue de la noix.
Nous avons reçu des Seychelles un fruit anormal ayant la
forme d’un énorme concombre légèrement courbé. M. Dupont,
le Directeur du Jardin botanique de Port-Victoria, auquel nous
devons cet envoi, nous signale qu'on en rencontre
souvent de semblables, Il les croit non fécondés, et s'étonne de
les voir cependant atteindre ces dimensions. Le nôtre a 50
centim. de long sur 15 centim. de diamètre. En l’ouvrant,
nous y avons trouvé une noix réduite à un lobe. Il avait donc
bien été fécondé, mais il était attaqué par une végétation
cryptogamique de la consistance et de la couleur de l’amadou.
L'amande avait disparu, entièrement absorbée par ce parasite
qui avait également détruit les 3/4 de la coque et envahi le
brou. Placé dans une cave, 1l nous a donné à la surface du
brou des champignons blancs absolument pareils à celui des-
siné par Jossigny.
A la surface d’un échantillon entier, arrivé en bon état, nous
avons remarqué de petites vermiculatures blanches en forme
de fer à cheval, d'un millimètre à peine de diamètre et qui
paraissent dues à un parasite animal, sans doute quelque
Coccus que nous n'avons pu trouver et qui sera tombé pen-
dant le voyage, au fur et à mesure de la dessiccation de
l'écorce.
Mentionnons enfin que M. Alluaud a remarqué à Prashn,
sur les troncs des Cocotiers de Mer, la rare et superbe /Zelir
Studeriana, escargot spécial aux Seychelles. Il est encore pos-
sible que le cœur de ces arbres soit attaqué comme celui des
Cocotiers ordinaires par l'Oryctes Rhinoceros, un énorme
coléoptère, mais nous n'en avons entendu parler nulle part.
r 7 1. ‘9.0 FETE
LIST OF SPECIMENS AND ILLUSTRATIONS OF COCO-DE-MER
LODOICEA SEYCHELLARUM LAB.) IN THE MUSEUM
AT THE ROYAL BOTANICAL GARDENS, KEW
. Fruit with husk from Seychelles, presented by Ce Button, 1883.
1
2, » 3lobed » » » » H. Nillet, 1891.
3 » 4 ]lobed » » » » Swinburne Ward,
1871.
&. _» 5 lobed » » » » C. Button, 1888.
5. » Globed » » » » Marquis of Ripon,
1388.
6. » shewing mode of germination.
7
» » » ») »
8. » Model from Seychelles presented by Major General Gordon,
1883.
9. » 2lobed presented by the Linnean Society.
10. » Section containing # imperfect seeds, presented by Linnean
Society, 1873.
11.5) » (longitudinal) collected by Major General Gordon
presented by Miss Gordon.
42. » Absorptive organ of cotyledon from a nut, about 7 years
after germination. Royal Gardens Kew, 1896,
143. » Section of nut shewing cotyledon after absorption of endos-
perm, about 7 years after germination.
1%. » Section (longitudinal) shewing position of the cotyledon in
the endosperm.
15. » Section shewing endosperm and cavity left by embryo.
16. » Kernel or endosperm as sold in the bazaars at Bombay.
17. Bract, Seychelles. Collected by Major General Gordon. Presented
_ by Miss Gordon.
18. Bract, Seychelles, presented by C. Button, 1884.
19. Male Spadix. Botanic garden Peradeniya, D' Trimen, 1893.
20. » » Seychelles. Presented by General Gordon, 1882.
21. Section of the base of the trunk, Seychelles, General Gordon.
Presented by Miss Gordon, 1887.
22. Section of the base of the trunk, Seychelles Islands,
23. Bowl-like base of the stem.
24. Clock-case made of the wood. Collected by General Gordon. Pre-
sented by Miss Gordon, 1887.
ge dr a VE RP ref der le” sf DE ee OR ESC OS CE ES 2
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 295
25. Drinking cup of an Indian Fakeer, made of the carved shell, Pre-
sented by N. S. Frere.
26. « Tazzas », made of the shells of a small fruit, mounted in silver,
Seychelles. M. Swinburne Ward.
7. Walking stick of the wood, Seychelles, C. Button, 1883,
8. » » ES) » ») , General Gordon.
29. Split petiole, Seychelles. M. Swinburne Ward.
30. Leaves prepared for splitting. Seychelles, 1873.
31. Basket made of the finely split petiole of the leaves, Seychelles,
Mrs Morris, 1873.
32. Basket made of the split petiole of the leaves, Seychelles,
Mrs Morris, 1873.
33. Hat made of the plaited leaves.
34. Specimens of Plait from the split leaves. Seychelles, presented by
M. Swinburne Ward.
35. Various articles ; Basket, Fans, made in the Seychelles, presented
by the Royal Society of Arts and Sciences of Mauritius, 1859.
36. Photograph of a Female tree.
37. Photograph of a Male tree.
NN 1
38. Photograph of Male and Female trees, Seychelles, presented by
M. Sweet Escott. C.M.G., 1902.
39. Photograph of tree in Botanical garden Trinidad, presented by M.
J. H. Hart, 1904.
40. Sketch showing germination by General Gordon, presented by
Miss Gordon, 1887.
41. Drawings (2 plates) by General Gordon, presented by Miss Gordon,
1887.
42, Dräwings showing germination by John Allen, 1890.
LISTE D'OBJETS CONCERNANT LE LODOICEA SE TROUVANT
DANS LES GALERIES DE BOTANIQUE DU MUSÉUM
D'HISTOIRE NATURELLE A PARIS
Sept noix décortiquées dontune très grande (0M50><0%40), une
offerte par M. A. Grandidier en 1882, une par M. Ch. Alluaud, 1892.
Une noix entière avec le brou dans l'alcool, offerte par M. A. Gran-
didier en 1880.
Deux noix entières avec le brou desséché et entr'ouvert,
Deux noix décortiquées à trois lobes.
Quatre noix décortiquées à quatre lobes.
Une noix sectionnée verticalement à travers les deux lobes, montrant
l'amande peu épaisse jaune clair. Echantillon très ancien.
296 A.-A. FAUVEL
Une noix coupée entre les deux lobes, amande peu épaisse, très dure,
jaune clair, Echantillon très ancien.
Une noix à quatre lobes, sectionnée en longueur à travers les lobes.
Trois spadices mäles et deux spadices femelles desséchés, provenant
de l'Exposition universelle de Paris 1878.
Une fleur femelle avec fruit naissant. Même origine.
Une section transversale d’un tronc de Lodoicea, 0 " 10 de hauteur sur
0®35 de diamètre, Offert par M. Ch. Alluaud en 1892.
Un petit échantillon de bois poli. Mème origine.
Une grande feuille. Sans doute celle envoyée par l’abbé Rochon.
Une collection d'objets en paille de feuille de Cocotier.
Fleurs dans l'alcool.
Socle des racines (The bowl) offert en 1906 par M. A.-A, Fauvel,
a
BIBLIOGRAPHIE CONCERNANT LE LODOICEA SEYCHELLARUM
PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE
MANUSCRITS
4. Anthoine Pigaphete (1519-1522), patricien vincentin et chevalier de
Rhodes... Navigation et descouvrement de la Indie supérieure. Biblio-
thèque Nationale, Paris, Fonds français n° 5650,
IMPRIMÉS
2, Antonio Pigafetta (1519-1522), patrizio vicentino. Primo Viaggio
intorno al Globo Terracqueo...…. fatta dal cavaliere Antonio Pigafetta….
Sulla Squadra del Capit. Magaglianes negli anni 1519-1522, In-#°, Milano,
MDCCC., Bibl. Nat. Paris, G. 6513.
3. Antonio Pigafetta (1519-1522). Premier Voyage autour du monde
par le Chevalier Pigafetta, sur l’escadre de Magellan. .... In-8°, Paris,
an IX (4800).
4. Ant. Pigafetta (1519-1522). The first voyage round the world by
Magellan, translated from the accounts of Pigafetta....., by Lord
Stanley of Alderley. Hackluyt Society, London, 1874.
5. Joäo de Barros (1563). Decadas da Asia..... decada tercera, livro
terceiro, caput vij, p. 7#, Em Lisboa, MDLXIIT, in-fol., Bibl. Nat.
Oy 72, et de d°, Lisboa, Regia officina typographica, 1777, caput vij,
p. 311-312. |
6. Garcia de Orta (1563). Colloquios dos simples e drogas e couzas
medicinaes da India e assi de algumas fructas achadas nella (varias
cultividas no Brazil) compostos pelo Doutor Garcia de Orta physico
del Rey D. Joäo 3°. Feita moscimamente pagina per pagina pela primeira
impressa em Goa por Joäo de Endem no anno 1563. Lisboa, na impresa
nacional, 1872.
7. Camoëns (1572). Lusiades, X, 136, cité par Yule.
8. Jan Huygen van'Linschoten (1610). Histoire de la Navigation de
Jean Hugues de Linscot Hollandais et de ses voyages aux Indes Orien-
tnlés 0. A Amsterdam, MDCX., Des îles Maldives, ch. XIIT, p. 50.
9. Dalechamps (1587). Historia generalis plantarum, 2? vol. in-fol.
Lugduni, MDLXXX VII, vol. If, cap. VIT, p. 1762. De Nuce Indica.
10. Dalechamps (1653). Histoire générale des plantes, contenant
XVII livres, également départis en 2 tomes, tirée de l’exemplaire latin
de la bibliothèque de M. Jacques Dalechamp, puis faite par M. Jean des
Molins, médecin très fameux de leur siècle. À Lyon, MDCLIIT, 2 vol.
in-folio, t. I, ch. XXXIIT, p. 654.
298 A.-A. FAUVEL
11. Christophorus Acosta (1593). Aromaltum et Medicamentorum ex
Orientali India nascentium Liber, plurimum lucis adferens iis quae a
Doctore Garcia de Orta in hoc genere scripta sunt.
12. Carolus Clusius (1593) (Charles de l'Ecluse), Aromatum et simpli-
cium aliquot Medicamentorum apud Indos nascentium Historia primum
quidem lusitanica lingua ôtæhoytx@s conscripta a D. Garcia ab Horto,
proregis Indiae medico; deinde latino sermone in Epitomen contractus
et iconibus ad vivum expressis locupletioribusque annotalionibus
illustrata a Carolo Clusio Atrebate ; quarta editio, Castigatior et aliquot
locis auctior. Antwerpiae ex Officina Plantiniana apud viduam et
Joannem Moretum, MDXCII. Liber I, p. 102; De Nuce Medica, p. 107.
13. Carolus Clutius (1605). Caroli Clutii Atrebatis, Aulae Caesareae
quondam familiaris Exoticarum libri decem, quibus Animalium, Plan-
tarum, Aromatum aliorumque peregrinorum fructuum historiae des-
cribuntur item Petri Belloni observationes. Ex Officinà Plantinianà
Raphelengi, 1605, 4 vol. in-fol. Liber I, Aromatum historiae, pp. 190-
193.
14. F. Pyrard de Laval (1679). Voyage de François Pyrard de Laval,
contenant sa navigation aux Indes Orientales, Maldives, Moluques, etc.,
divisé en trois parties par le sieur Du Val géographe ordinaire du Roi,
Nouvelle édition, 4 vol. in-4°, Paris, MDCLXXIX, 1° partie, chap. XXI,
p. 212.
15. Jean Bauhin (1619). Joh. Bauhini. D. illus. Cels. Wirtemb, et
archiatri et Joh. Hen. Cherler. Basil. D. Phil. et Med. Historiae Planta-
rum generalis novae et absolutiss...….. Prodromus quo velut in Sciagra-
phia quadam Ebroduni ex Typographia Societatis Caldorianae anno
MDCXIX, 1 vol. in-4°, Liber II, p. 11, Nux Indica ad venena celebrata
seu Coccus Maladiva.
46. Gaspar Bauhin (1623). Pinax Theatri Botanici Caspari Bauhini sive
Index in Theophrasti Dioscoridis, Plinii, et Botanicorum qui & seculo
scripserunt opera MDCXXIIL Basileae, Helvet. Sumptibus et typis
Ludovici Regis, 1 vol. in-4°, Lib. XII, sect. VI, p. 509, col. I.
47. Jean Bauhin (1650). Historia Plantarum universalis, auctoribus
Johanne Bauhino archiatro,Joh. Henrico Cherlero Doctore Basiliensibus,
quam recensuit et auxit Dominicus Chabraeus D. Genevensis, juris vero
publice fecit. Fer. et Lud, A. Graffenried Dñs in Gertzensee. Ebroduni,
cl 1 cL (4650), 3 vol. in-fol., t. I, Lib. III, cap. CLXXIX, p. 384.
18. Wormius (1655). Museum Wormianum, 1 vol. in-folio, fig.
Amstelodami, 1655, p. 203.
19. G. Pison (1658). Gulielmi Pisonis Medici Amstelodamensis, de
Indiae utriusque re naturali etmedica libri 14" quorum contentum pagina
sequens exhibet..... Amstelodami, apud Ludovicum et Danielem
Elzevirios A° clo. [5. CL VIII. (1658), 1 vol. in-4°, caput XIX, De Tavar-
care seu Nuce Medica Maldivensium, p. 203-226.
20. Bontius, Descriptio plantarum indiae orientalis.
.
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 299
21. John. Johnston (1662). Historia naturalis de arboribus et fruti-
cibus Johannis Jonhstoni medicinae doctoris. Libri X cum aeneis
figuris Johannes Johnstonus Med. Doctor concinnavit Franeforti ad
Moenum, Impensis haeredum Math. Meriani. La 3° page du titre porte :
Dendrographia sive Historia naturalis de arboribus. .... 4 vol. in-folio,
anno MDCLXIT, p. 147, col. 2. Palma Naldivensis.
22. Dom. Chabreus (1677). Stirpium icones et sciagraphia cum
omnibus quae de plantarum natura natalibus Synonymis usu et virtu-
tibus scitu necessaria quibus accessit scriptorum circa eas consensus et
dissensus authore Dominico Chabraeo. Med. Doctor apud Joannem
Anthonium Choüet, Genevae, MDCLXX VII.
23, Franc. Redi (1681). Esperienze intorno a diverse cose Naturali e
particolarmente a quelle che ci son portate dall’Indie, fatte da Francesco
Redi e scritte in una lettera al reverendissimo padre Atanasio Chircher
della Compagnia di Giesù, in Firenze all’ insegna della nave. 1 vol. in-4e,
MDCLXXI, p. 27-29.
24. Franc. Redi (1685). Franciscus Redi Opusculorum. Francisci
Redi nobilis Aretini Experimenta circa varias res naturales speciatim
illas quae ex Indiis afferuntur ut et alia ejusdem Opuscula quae pagina
‘sequenti narrantur. Amstelodami, apud Hen. Welstenium,
clo 15 CLXXXV. (1685), 1 vol. in-12, p. 30.
25. John Ray (1686). Historia plantarum species hactenus... autore
Johanne Raio. Londini, cl. 19. CLXXXVI. (1686), 3 vol. in-folio, vol. II,
p. 1359.
26. Pomet (1694). Histoire générale des drogues, traitant des plantes,
des animaux et des minéraux. Ouvrage enrichi de plus de 400 figures
en taille-douce, tirées d’après nature, par le sieur Pomet, marchand
épicier et droguiste à Paris. 1 vol. in-folio, MDCXCIV, p. 215.
27. Pomet (1694). 2° édition en 1735, in-#°, Paris, p. 226.
28. Leonard Plukenet (1696). Almagestum Botanicum sive Phyto-
graphiae Plukenetianae Onomasticon..... 2 vol. in-#, Londini,
MDCXCVI, t. II, p. 275.
29. Leonard Plukenet (1691). Phytographia sive stirpium illustriorum
et minus cognitarum Icones. In-4°, Londini, Davis, 4691, # tomes en
5 volumes ; vol. 2, Almagestum Botanicum..... Dre
30. Valentin (1732). Michaelis Bernhardi Valentini archiatri Harriaci
et Prof. Medici Gesseni Historia simplicium reformata sub Musei Museo-
rum titulo..... autoris D. Joh. Conrado Beckero,.... a Christophoro
Bernhardino Valentini M. B. filio,{ vol. in-folio, M.D.CUXXXIT. LiberlIl,
caput XVII, p. 224.
31. Samuel Dale (1739). Samuelis Dalei M. L. Pharmacologia seu
Manuductio ad Materiam Medicam..,.... , quarta editio. Lugduni
Batavorum, MDCCXXXIX, 1 vol. in-4°, p. 295.
32. Johann. Weinmann (1737-1745). Phytanthoza Iconographia, sive
Conspectus aliquot millium tam indigenarum quam exoticarum ex
300 A.-A. FAUVEL
quatuor mundi partibus, longa annorum serie indefessoque studio à
Joanne Guilielmo Weinmanno dicasterii Ratisbonensis assessore et
Pharmacopola seniore collectarum, Plantarum, Arborum fruticulum,
forum, fructuum, fungorum, etc. Ratisbonae per Henricum Georgium
Neubaverum, 1737 à 1745, # vol. in-folio avec planches en couleurs,
vol. IV, p. 11, col. 2, et p. 12, col. 1, et planche 781 à.
33. G. E. Rumphius (1750). Georgii Everhardi Rumphii Med. Doct,
Hanavensis... Herbarium Amboinense,..,... Curà et studio Joannis
Burmanni, MDCCL (1750), in-fol.,t. VI, Lib. XII, cap. VIN, p. 210-217.
34. Alexis Rochon (1768). Voyages à Madagascar, à Maroc et aux Indes
Orientales. :... 3 vol. in-8°, Paris, an X de la République (1802), vol. I.
Discours préliminaire, p. xziv et xLv, el t. II, p. 146.
35. Maillard et Ternay (1775). Mémoire sur les Iles Seychelles, adressé
au Ministre de la Marine en 1775. Manuscrits du ministère des Colonies,
à Paris, carton des Seychelles.
36. Ph. Commerson et Jossigny (1766-1769). Manuscrits et dessins
par P. Jossigny, 15 planches. Bibliothèque du Muséum d'Histoire natu-
relle de Paris.
37. Sonnerat (1769). Voyage à la Nouvelle-Guinée, par M. Sonnerat,
in-4°, enrichi de 120 figures en taille-douce, Paris, MDCCLXXVI (1776),
chap p-142; pl'AR EF:
38. À. L. de Jussieu (1774). Antonii Laurentii de Jussieu, Genera
Plantarum secundum ordines naturales disposita, juxta methodum in
horto regio Parisiensi exaratam, anno MDCCLXXIV. Parisiis, 1789,
in-8°, p. 39, Ordo. Palmae.
39. C. P. Thunberg (1777). Voyages de C. P. Thunberg au Japon.
2 vol. in-4°, Paris, an IV (1796), vol. IL, p. 143.
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cité par Yule. :
40. Lamarck (1785). Diclionnaire botanique de l'Encyclopédie métho-
dique, ïin-4°, Paris, 1785. Supplément, t. III, p. 493, Paris, 1815.
Lodoïce des Maldives.
#. L. Degrandpré (1789-90). Voyage dans l'Inde et au Bengale, fait
dans les années 1789-1790, contenant la Description des Séchelles,
etc..., par L. Degrandpré, officier de la Marine française, avec de
belles gravures... A Paris, chez Dentu, an IX (1801), 2 vol. in-8°,
p. 2et seq.
42. Valmont Bomare (1791). Dictionnaire raisonné universel
d'Histoire naturelle, 4° éd., in-8°, Lyon, MDCCXCI. (1791), t. IL, p. 641,
Cocotier de Mer.
43. Labillardière (1801). Annales du Muséum d'Histoire naturelle de
Paris, in-4°, vol. IX, p. 140, Paris, 1807. Sur le Cocotier des Maldives,
extrait d’un mémoire lu à l'Académie des Sciences le 14 octobre 1804
par M. Labillardière, pl. XIII.
#4. Quéau de Quincy et Deleuze (1804). Annales du Muséum
3 na
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 301
d'Histoire naturelle de Paris, in-#°, vol. IX, p. 125, Paris, 4807, Extrait
d'un mémoire envoyé au Muséum par M. Quéau-Quincy, commandant
et administrateur général des Iles Séchelles, sur le Palmier qui produit
les fruits appelés Cocos des Maldives et Note signée Deleuze P.
45. Bory de Saint-Vincent [1801-4802). Voyage dans les quatre prin-
cipales îles des Mers d'Afrique, fait par ordre du gouvernement pen-
dant les années 9 et 10 de la République (1801-1802), avec l'histoire de
la traversée du Capitaine Baudin jusqu'au Port-Louis de l'Ile Maurice,
par J. B. G. M. Bory de Saint-Vincent, officier d'Etat-major, natura-
liste en chef sur la Corvette Le Naluraliste dans l'expédition commandée
par le Capitaine Baudin, 3 vol. in-8°, Paris, an XIII (1804), vol. III,
p. 156-157 et 245.
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modelés composant le Carporama. Rue Grange-Batelière, n° 2, petit in-
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R. N., in-8°, London, 1812, p. 55. The Seychelles group.
48. James Prior (1810-1811). Beschreibung einer Reise in das Indische
Meer..…. und den Seychelles in 1810-1811. C. Fh. Leidenfrost, Berlin?
1819 (cité par Yule). Traduction allemande du Voyage de J, Prior.
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1819, par M. Frappas, enseigne de vaisseau, dans Annales Maritimes et
Coloniales, par M. Bajot, in-8°, Paris, 1820, 1"° série, 2° partie, p. 229
et 258-259.
50. Th. Frappas (1818-1819). Souvenirs d’un jeune marin ou récit de
plusieurs voyages faits de 1816 à 1822 à la côte de Coromandel et au
Bengale, aux Iles de France et de Bourbon, et aux Seychelles, Mada-
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découvertes et navigations modernes ou Archives géographiques et
statistiques du xixe siècle. In-8°, Paris, 1821, vol. XXI, p. 268, chap. V.
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54. Lamarck (1813). Dictionnaire botanique de l'Encyclopédie métho-
dique, in-4°, 1785. Supplément, Paris, 1813, t. II, p. #93. Lodoicée des
Maldives.
- 52. D'Unienville (1818). Statistiques de l'Ile Maurice et de ses
dépendances, par M. le Baron d'Unienville, archiviste de l'Ile Maurice,
1818, 3 vol, in-8, typographie de The Merchants and Planters Gazelle,
Maurice, 1886, vol. III, p. 131. Note sur l'état présent de toutes les
dépendances de l'ile Maurice : les Seychelles.
53. Owen (W.F. W.) (1820-1826). Narrative of voyages Lo the shores
of Africa, Arabia and Madagascar, performed in H. M. Ships Leven and
302 A.-A. FAUVEL
Barraconta, 1820-1826, under thedirection of Captain W, F, W. Owen,
R. N, by command of the Lords of the Admiralty, 2 vol. New-York,
MDCCCXXXII (1832). vol. II, chap. XV p. 96-102 et 112,
54. Deleuze (1823), Histoire et description du Muséum Royal d'His-
toire naturelle..., par Deleuze, avec 3 plans et 1#vues, 2 vol. in-8°, Paris,
1823, vol. I, chap. IT, Galerie de Botanique, p. 322-323.
55 W. J. Hooker (1827). Description of the Lodoicea Seychellarum
by W. J. Hooker in Curtis's Botanical Magazine or flower garden dis-
played, conducted by Samuel Curtis F. L. S., vol. I, new series. In-8°,
London, 1827, n°5 2734 et 2736: 5 plates and 8 figures,
56. E. Pâris (1830-1832). Album du Voyage de la Favorite, 1830-1832,
In-folio, Paris. Lithographies d’après les dessins du capitaine Pâris…
Vue de la Rade de Mahé, d’une habitation près Mahé, d’un moulin à
huile à Agalega.
57. Laplace et Pàris (1830-1832) (Le Capitaine de Frégate La Place).
Voyage autour du Monde parles mers de l'Inde et de la Chine, exécuté
par la corvette d'État La Favorite pendant les années 1830-1832... 5 vol.
grand in-8° et Atlas, Paris, 1833, vol. I, p.13#et 138 à 155. Article sur Les
Seychelles par le Capitaine Pâris.
58. Owen(W. F. W.) (1832). Geography of the Maldives Islands by
Owen (W, F, W.), R. N. Read April 9-1832 in The Journal of the Royal
Geographical Society of London, in-8°, London, 1832, vol. 2, p. 82.
59. Dumont d’Urville (J. S. C.) (4834-1835). Voyage pittoresque autour
du monde, Résumé général des voyages de découvertes de Magellan,
Tasman, Dampier, Laplace, etc..…, publié sous la direction de
M. Dumont d'Urville, capitaine de vaisseau, accompagné de cartes et
de nombreuses gravures en taille-douce sur acier, d’après les dessins
de M. Sainson, dessinateur du voyage de l’Astrolabe (1826-1829), 2 vol.
in-4° à 2 colonnes, Paris, 1834-1835, vol. I, p. 83-85, l’Archipel des Sey-
chelles; pl. X, fig. #. Cocotier des Seychelles; détails du Coco.
60. Meisner (1836-1843). Plantarum Vascularium Genera secundum
ordines naturales digesta cumque differentiae et affinilates Tabulis
diagnosticis expositae auctore Carolo Frederico Meisner. Lipsiae,
1836-1843, in-fol., p. 357. Lodoicea.
61. G. Harrison (1839). The Nautical Magazine and naval Chronicle
for 1839, 2° série, in-8°, London, The Seychelles, communicated by G. Har-
rison, Esq. to the Coinmander of H.M.S. Rose on his visit to these
islands in March 1837, p. 443-446.
62. Martius (C. F. Ph. de) (1840). Historia naturalis palmarum
a Carol. Fried. Phil. de Martius, Munich, 1843, 3 vol. in-folio, vol. HI,
p- 221, Tab. 109-122. Tab. X, fig. [, Il et III, et Tab. Z. V., fig. VIII,
Lodoicea Seychellarum.
63. Endlicher (1843). Genera plantarum, 1843. Lodoicea Seychellarum.
64. Kunth (C. S.)(1843). Enumeratio plantarum (omnium hucusque
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 303
cognitarum secundum familias nalurales disposita adjectis characteribus
differentiis et synonymis) auctore Carolo Sigismundo Kunth Stutgar-
diae et Tubingae sumtibus{sic) J.G, Coltae, MDCCCXLIIT (1843), in-8?,
vol. III. Palmae, p. 225, Lodoicea.
65. Victor Charlier (1848), L'Univers. Histoire et Description de tous
les peuples. Vol. IV : Iles d'Afrique, par M. d’Avezac ; Iles Madagascar,
Bourbon et Maurice, par M. Victor Charlier, p. 34-35. Paris, in-8°,
MDCCCXLVIIT (1848).
66. Eug. de Froberville (1848), L'Univers. Histoire et Description de
tous les peuples. Vol. IV. Iles d'Afrique, introduction par M. d'Avezac.
Iles Africaines de la mer des Indes... Les Seychelles et Amirantes, par
M. Eugène de Froberville. Les Seychelles, vol. IV, p. 89 à 110. In-8°,
Paris, Firmin-Didot, 1848.
67. Charles Pridham (1849). Mauritius and its Dependencies by
Charles Pridham. Appendix, p. 395-399.
68. J.-E. Planchon (1849). Flore des Serres et Jardins. Publiée à
Gand sous la direction de Louis Van Houtte, in-8°, vol. V, 1849, p.
523-526, n° 291, le Cocotier des Séchelles.
69. L. Charton, (1854). Magasin pittoresque, vol. 22, 1854, pp. 54-56.
La Gourde. du Derviche. Paris, in-4°, Directeur L. Charton.
70. B. Seemann, (1856). Popular History of Palms and their allies.….
by Berthold Seemann Ph. D.— M. A. — F.L. S. Petit in-4°, London,
1856, p. 230, Genus XXXVII. Lodoicea Labill. Planche en couleur n°
13.
71. Swinburne Ward (1863). Journal of the proceedings of the Lin-
nean Society of London, Botany, vol. VII, 7-8, 1864-1865, p. 155. On
the double Cocoa-nut of the Seychelles (Lodoicea Sechellarum) « Sea
Cocoa-nut » « Double Cocoa-nut » « Coco de Mer », by Swinburne
Ward Esqre, Civil Commissioner, Communicated by Sir W. J. Hooker
F.R. S. — L. S. etc. Read March. 3, 186%, in-8°, London, 1865,
et Gardner’s Chronicle, 1864, Lodoicea Sechellarum. The bowl, with, 2?
figures.
72. Sw. Ward (1864), Gardner's Chronicle, 1864. Lodoicea Seyclel-
larum the Bowl, note by Swinburne Ward, with 2 figures, n° 422, Lon-
don, in-8°, 186%,
72. Sw. Ward, novembre (1863), Ultima Thule. Manuscrit commu
niqué par le D' P. Wright en 1908.
13. Dr Barnard (1863)(?). Transactions of the Royal Asiatic Sociely
(Journal),in-8°, London, 1863? Description of the Lodoicea Seychellarum ?
74. Ch. Naudin (1864). Revue horticole, Journal d'horticulture pra-
tique fondé en 1829, publié sous la direction de M. J, A. Barral, in-8?,
Paris, 1864, p. 447, col. 2. Le Lodoicea Sechellarum, par M. Ch. Naudin.
75. L. van Houtte. Flore des Serres et Jardins. Journal général
d'horticulture, Gand, T, XV. 1862-1865, p. 168, n° 1427: Le Cocotier
des Seychelles, avec 2? fig. Reproduction de la note et de Ia gravure du
304 A.-A. FAUVEL
Gardner's Chronicle, par Swinburne Ward; et vol. XVI, 1865-1867, P.
11#, avec 2 fig. : Le Cocotier des Seychelles par F, C.
16. D' Perceval Wright (1868-1870). Annals and Magazine of Natural
History, voir p. 110; Spicilegia, Biologica p. 118.
77. Lewis Pelly (1865). Journal of the Geographical Society, London,
1865, in-8°, p. 231-237, On the Island of Mahé Seychelles, by Lieutenant-
Colonel Lewis Pelly.
78. E. Perceval Wright (1868). Spicilegia biologica or Papers on
zoological and botanical subjects written by E. Perceval Wright M. D.
F.L. S.,F.R. C. S. I., etc., professor of Botany Dublin Univer-
sity, in-8°, Part I, 1870 (January) (only 75 copies printed), p. 1. Notes on
the Lodoicea Sechellarum Labill., by Edward Perceval Wright, etc...
from the Annals and Magazine of Natural History for November 1868.
79. E. Perceval Wright (1868). Spicilegia biologica, etc..…., part I, 4870.
Six months in the Seychelles, p. 68-71. (A letter to Searle Hart, 90ctober
1868.) Contributions towards a flora of the Seychelles, Dublin, 1869.
80. H. Jouan (1870). Notes sur les archipels des Comores et des
Séchelles. Extraits des Mémoires de la Société Impériale des
Sciences naturelles de Cherbourg. Cherbourg, in-8°, 1870, p. 72. Lodoi-
cea Seychellarum.
81. A. Roussin (1868-1870), Album de l'Ile de la Réunion, 5 vol.in-4°,
Saint-Denis-de-la-Réunion, 1868-1870. Collection de vues, de paysages,
plantes et insectes de Bourbon, lithographies et photographies par
A. Roussin, vol. V, p. 124-130. Description du Lodoicea Seychellarum
et photographies d'une feuille et de deux fruits entiers et décortiqués
comparés avecceux du cocotier ordinaire (3 planches).
82. L. Pike (1871-1872). Transactions of the Royal Society of Arts and
Sciences of Mauritius, in-8°, vol. VI, new series. A visit to the
Seychelles Islands, by Colonel Pike, pp. 53-142, déjà paru dans The
Commercial Gazette of Port Louis Mauritius, 1871.
83. John Horne (1875). Rapport sur les différents plants pouvant être
cultivés aux Seychelles, par John Horne, sous-directeur des Jardins
botaniques royaux, Ile Maurice, 20 mai 1875,in-4°, imprimé en 1881.
Lodoicea.
84. John Horne (1875). Letter to D' Hooker relating his voyage to
the Seychelles Islands, 12 november 1874, dans Journal of the Linnean
Society, vol. XV, # octobre 1875.
85. John Horne (1876). Le Rapport est reproduit par Mac Nab dans
Nature, in-4°, London, 14876, vol. XIV, n° 344, et dans Transactions of
the Royal Society of arts and Sciences of Mauritius, vol. IX, 1876, pp.
52 à 77.
86. Elie Pajot (1876). L'Exploration, journal géographique et com-
mercial, in-#°, Paris, vol. III, 1876, p. 523-526. Les Seychelles, par
Elie Pajot, de l’ile Bourbon.
87. J. G. Baker (1877). Flora of Mauritius and the Seychelles a des-
ER :”
RS:
L
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 305
cription of the flowering plants and ferns of these Islands, by
J. G. Baker, F. L.S., in-8°, London, 1877. Lodoicea.
88. Nemo (1877). Souvenirs des Seychelles. Louise, par Nemo, dans
The commercial Gazette. Suppléments littéraires et historiques, in-8°,
Maurice, 1877, p. 235. Le Cocotier de Mer.
89. H. Wendland (1878). Botanische Zeitung, in-4°, 36 Jahrgang, n° 8,
22 Feb. 1878. Leipzig, Beiträge zur Kentniss der Palmen von Herm.
Wendland. Lodoicea.
90. O. de Kerchove (1878). Les Palmiers : Histoire iconographique
par Oswald de Kerchove de Denterghem, in-4#°, Paris, 4878. Lodoicea,
pl. 17, p. #1.
91. Schroeter (1880). Ueber die Seychellen Nuss (Lodoicea Seychel-
larum) in Vierteljahrschrift der Naturforscher Gesellschaft in Zurich
1880, 13 Jahrg. xxv s., 112-115, cité par Just's Botanischer Jahresbe-
richt, 1880, 2te, p. 69, et 1880, 2te, p. 528.
92. Général Gordon (1881). Dessins manuscrits avec notes du Coco-
tier de Mer. Collection du Jardin Botanique de Kew, Angleterre, 3
planches.
93. H. C. Ball (1882). Report on the Maldive Islands, by H. C. Ball
of the Ceylon. Civil Service. Cité par Yule, Glossary, etc. q. v. Coco de
Mer, 1882.
94. D' R. W. Coppinger (1883). The Cruize of the Alert. Four years in
Patagonian, Polynesian and Mascarene waters, 1878-1882, by Dr R. W.
Coppinger M. D. with 16 full page woodeut illustrations from photo-
graphs by F. North, R. N. and from sketches by the author. In-4°, Lon-
don, chap. XI, p. 209-216. Seychelles and Amirante Islands.
95. Bentham et Hooker (1883). Genera Plantarum ad exemplaria
imprimis in herbariis Kewensibus servata definita auctoribus G. Bentham,
et J. D. Hooker, 5 vol. in-4, Londini, 1883; vol. IL, part. 2, p. 939.
Lodoicea.
96. Miss North (1883). Recollection of a happy life. Pall Mal
Gazette, January 21, 1883. The SeychellesIslands.
97. H. W. Estridge (1885. Six years in the Seychelles with 30 pho-
tographs .from original drawings, London, in-8°. Privately printed.
(Rare.)
98. W. Watson (1886), Gardner's Chronicle, New Series, January to
June, 1886, p. 557, col. 1-2, May 15, col. 2, Lodoicea with fig. n° 122.
Germinating seed of double cocoa-nut and bowl. Cité dans Just's
Botäanischer Jahresbericht, 47 Th., p. 719, n° 346. W. Watson (417
Kurze Beschreibung von # Palmen. Lodoicea.
99. B. Hartmann (1886), Madagascar und die Inseln Seychellen, in-
8°, 1886, p. 151. Das Wissen der Gegenwart Bd LVIT.
400. Carl Salomon (1887). Die Palmen nebst ihren Gattungen und
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° sé£e, 3° vol, 1915. 20
306 A.-A, FAUVEL
Arten für Gewachshaus und Zimmer-Kullur von Carl Salomon. Konig-
licher Garten Inspektor in Wurzburg, in-8°, Berlin, 1887, p. 44-46.
Lodoicea, fig. 6.
101. D''Fressanges (1887). L'industrie des pailles de Lodoicea aux
Seychelles, par le Docteur Fressanges, dans Revue Historique et Litté-
raire de l'Ile Maurice, 3° année, 16 janvier 1890, p. 328-340.
102. E. Reclus (1888). Nouvelle géographie universelle, la terre et les
hommes, par Elisée Reclus, t. XIV : Océan et terres océaniques, p.
435; chap. IV. Amirantes et Seychelles, p. 136.
103. Henri Joret (1891). Le Cocotier des Séchelles. Lodoïicea Sechel-
larum, par H. Joret, dans Le Naturaliste, revue illustrée des Sciences
naturelles. In-4°, Paris, XIII® année, 2° série, n° 92, 1°" janvier 1895,
avec 1 figure.
104. Ed. André (1891). Le Cocotier des Seychelles, par Ed. André,
dans Revue Horticole, journal d'Agriculture pratique, 63° année, 1891,
in-8°, Paris, 4 col., p. 295 à 298, et une figure (n° 71) d'un jeune Cocotier
des Seychelles à Peradenya, d'après photographie rapportée de Ceylan
par M. le Comte Horace de Choiseul.
105. H. Baillon (1891), Dictionnaire de Botanique, 4 vol. in-#4°, Paris,
4891, vol. III, p. 269. Lodoicea Seychellarum.
106. H. Baillon (1890). Dictionnaire encyclopédique des Sciences
médicales, Paris, 1890, série 2, IT, 2.
107. W. Thiselton Dyer (1891). Lettre de M. Th. Dyer, directeur du
Jardin Botanique de Kew à M. A. Fauvel, 16 nov. 1891. Lodoicea.
108. Dr Trimen (1892). Lettre [du D' Trimen, directeur du Jardin
Botanique de Peradenya (Ceylan), à M. A. Fauvel, 19 janvier 1892,
Lodoicea.
109 Anonyme (1892) (?). Royal Gardens Kew. Official Guide of the
Museum of economic Botany, n° 2. Monocotylédons. In-8°, London.
110. Ch. Alluaud (1892-1894). Voyage aux Îles Seychelles, par
Ch. Alluaud, dans Le Tour du Monde, périodique illustré, in-4°, Paris, 3
février 1894.
1141. Miss M. North (1895). Recollections of a happy life .… edited by his
sister Mrs J, A. Symonds, 2 vol. in-8°, London, 4895, vol. IT, chap. XV,
p. 285. The Seychelles Islands.
112. S. Quincy (1893). Description de l'arbre Cocotier de Mer des Iles
Seychelles, par S. Quincy. Réimpression par Le Cernéen, journal
de Maurice (8, rue du Vieux-Conseil, Maurice, décembre 1893), du
mémoire de Quéau de Quiney envoyé en 1808 au Jardin du Roi et lu à
l'Académie des Sciences par Labillardière, imprimé à la suite du
mémoire de celui-ci dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle
de Paris, q. v.
Une seule édition de cinquante copies ; 232 X158mm, Prix 0.50 cent.
de Roupie, éditée en décembre 1893 à Port-Louis, Ile Maurice, par le
Cernéen (Journal de l'Ile Maurice).
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 307
113. Ch. Anastas (1897). Histoire et Description des Iles Sechelles.
In-8°, 77 p., Maurice ; 14897, p. 18-21, l'Ile Praslin.
114. F.-A. Barkly (1897). From the tropics to the North Sea, in-8,
Westminster, 1897, p. 252. Seychelles.
115. D" Keller (1898). Die Ostafrikanischen Inseln, in-8°, 1898, dans
Bibliothek der Ländeskunde. B£ 2. Seychellen Inseln.
116. Carl Chun (1899-1900). Auf der Tiefen des Weltmeeres von Carl
Chun. Schilderungen von der Tiefsee. Expedition mit 6 chromolitho-
graphieen ; 8 heliogravüren; 32 als Tafeln gedruckten Volbildern ; 2
Karten und 390 Abbildungen im text. In-4° von Gustav Fischer in Jens,
1900.
117. Albert K. (1900-1901). Pflanzenwunder in Natur, Berlin, 4900, 1
vol., p. 243-245. Die Wundernuss Lodoicea Seychellarum. Cité par Just's
Botanischer Jahresbericht, t. XXIX, 1901, 2te abth.
118. Col! Yule (1903). Hobson-Johnston. À Glossary of Colloquial
anglo-indian words and phrases and of kindred terms etymological,
historical and geographical, by Colonel Henry Yule, C. I. E. New
Edition, in-8°, London, 1903, Coco de Mer, p. 229, et Seychelles, p.814.
La 1re édition a paru en 1893.
119. A.-A. Fauvel (1906). Notes sur quelques points nouveaux de
l’anatomie du Cocotier de Mer. Lodoicea Seychellarum. Extraits du
Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, Paris, 1906, n° 7, p. 585.
120. Augeri Clutii M. D. (1634). Opusculum. De Nuce medica. Amste-
lodami typis Jacobi Charpentier, anno 1634. 1 vol. petit in-4#° avec
figures.
121. Johannis Eusebii Nierembergi (1635), Madritensis ex Societate
Jesu in academiäregia Madritensi Physiologiae professoris, Historia Natu-
rae maxime peregrinae Libris XVI distincta ({ vol. in-folio). Antwerpiae,
ex Officinà Plantinianà, Balthasari Moreti, MDCXXXV. Liber XIV, cap.
IX, p. 298. De Cocco Maldivensi.
122. F. E. Guérin (1836). Dictionnaire Pitloresque d'Histoire Natu-
relle. 9 vol. in-40, Paris, rue Saint-Germain-des-Prés, no 4, T. IV, p,
481. Lodoicée. Article de Thiébaut de Berneaud.
TABLE DES MATIÈRES
AND EN LT CO RSR RE PRE RE RER ed
Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées-Mimusopées...
Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches.........
Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache... .... nt
Le cocotier de mer Lodoicea Sechellarum................
TABLE DES PLANCHES
Kalanchoe hbeharensis Drake del Castillo............. NES
Carte des Iles Praslin, Curieuse et Rond.................,
Collection d'objets en paille de Lodoicea.................
Normale etinoix femelle dé-Lodoicea..:...........,.1%.
Lodoicea Sechellarum femelle et portions d’inflorescence
Ne ee cons ne Re
Moulages en cire d'inflorescences de Zodoicea........... Ye
Moulages en cire des fruits......:..... D Sr CE ANCCITONES
Inflorescences et fruit de Lodoicea........... LÉ AENE
Sections d'inflorescences et fleurs de Zodoicea............
Lodoicea Sechellarum mâle à Mahé................... de
le EP non femielens. Ne Eu. se. don
Demi-noix de coco de mer gravée en Perse................
Lodoicea Sechellarum femelle à Mahé....................
donne Lonoiced4iCeylan 225. 4, ue denis eee s à » + Le.
La région des cocotiers de mer à l'ile Praslin..............
Gérmination du! coco des Seychelles. .,...................
Deux noix de Lodoicea décortiquées......................
MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS
à
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d'a
de
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Des À 2
Principaux Mémoires parus antérieurement dans les
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
Dr Hecxez : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues
_des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908.
CLaverie : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles
exotiques. Année 1909.
pe Wicnemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en
Afrique tropicale. Année 1909.
Louis PLanxcmox et Jurzer : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909.
D' Hecxez : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910.
H. Juuerze et H. Perrier DE LA Baruie : Fragments biologiques de la flore de
Madagascar. Année 1910.
GuizLaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et
dépendances. Année 1911.
Dusanp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912.
Baupox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année
1912.
DE WiLpemax : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique
du genre Musa. Année 1912.
H. Juuezce et H. Perrier DE LA Battre : Palmiers de Madagascar. Année 1913.
P. Cuoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année
1914.
MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE
Les Annales du Musée colonial de Marseille, fondées en 1893,
paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.
Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance,
sont en vente chez M. CHALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer-
cial, doivent être adressées.
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée
colonial, 5, rue Noailles, à Marseille.
Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra-
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à
leur frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec
titre spécial sur la couverture.
Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au
Directeur du Musée colonial seront signalés chaque année en fin
de volume dans les Annales.
Le prochain volume (année 1916) contiendra :
Aer FASCICULE. Catalogue descriptif des Collections botaniques du
Musée Colonial de Marseille : Madagascar et Réunion.
2e rascICULE. 1° Etude sur les bois de la Guyane Française, par .
M. Stone.
2° Les progrès accomplis dans les colonies françaises et étrangères ;
informations et bibliographie.
Le 1+ fascicule paraîtra prochainement.
MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS.
ANNALES
DU
MUSÉE COLONTAL
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 par Epouarn HECkEL
DIRIGÉES PAR
M. Henri JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences.
Directeur du Musée Colonial de Marseille,
Vingt-quatrième année, 3° série, 4° volume (1916,
1 Fascicule.
Catalogue descriptif des Collections Botaniques
du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et ia Réunion,
par M. Hexrt JUMELLE. ;
MARSEILLE PARIS
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL
9, Rue NoaiLzes, 9 17, rue Jacop, 17
1916
Principaux Mémoires parus antérieurement dans les
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
Dr Hrcker: Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.)
Dr Rancox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. ! Volume complètement épuisé.)
R. P. Düss: Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume
complètement épuisé.)
E. Georrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane.
Année 1897.
D: Heckec : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française.
Année 1897.
Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises.
Année 1897.
D' HrckeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises.
Année 1898.
H. Juuerzr : Le cacaoyer. Année 1899.
D' H. Jacos pe Conpemoy : Gommes, go mmes-résines et résines des colonies
françaises. Année 1899.
L. Laurexr : Le Tabac. Année 1900.
Dr H. Jacoe pe Conpemoy : Les Soies dans l'Extrême-Orient et dans les colonies
françaises. Année 1901.
L. Laurenr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901.
À. Cnevacier : Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance.
Année 1902.
GarrareL : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903.
Dr HeckeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises.
Année 1903.
D' H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de la Réunion. (Géographie physique ; richesses
naturelles, cultures et industries.) Année 1904.
Capitaine Marre : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin.
Année 1904.
E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles de bois d’'Indochine. Année 1905.
H. Juuerce : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de
Madagascar. Année 1907.
H. Jumezce et H. Perrier pe LA Barre : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de
Madagascar. Année 1907.
H. Juuerre et H. Perrier pe La Barute : Notes biologiques sur la végétation du
Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908.
ANNALES
DU
MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
#
(Année 1916)
PRIMEURS
ES, 1M
FRER
AT
MACON, PROT
ANNALES
DU
MUSÉE COLONIAL
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 par Epouarn HECKkEL
DIRIGÉES PAR
M. Henr: JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille,
Vingt-quatrième Poe 3° série, 4° volume (1916,
1% Fascicule.
Catalogue descriptif des Collections Botaniques
du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et la Réunion,
par M. Henri JUMELLE.
—
MARSEILLE PARIS
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL
5, Rue NoarLies, 9 17, nue Jacon, 17
1946
MADAGASCAR ET COMORES
I. — PLANTES FÉCULENTES
ET CÉRÉALES
1. Farine de Medemia nobilis. — Palmiers.
2. Fruits de Medemia nobilis.
Le Medemia nobilis est un palmier de l'Ouest de Mada-
gascar nommé satranabé et satrafotsy. C'est le latanier des
colons. Les Sakalaves, après l'avoir abattu, retirent du tronc
les 2 à 5 kilos de moelle qu'il contient, et, en pulvérisant
cette moelle, obtiennent une farine jaunâtre alimentaire.
Cette farine a pour composition :
Le RL tes A751$
RÉCOE ES R nE en 66,833
Par Gellülosernt rares 12,939
Substances albuminoïdes. 10,538
Substances grasses...... 1,037
Substances minérales.... 8,200
La farine de Medemia est donc particulièrement riche
en substances albuminoïdes.
H. Gallerand : Une farine de Palmier de Madagascar.C.R. de l'Aca-
démie des Sciences, mai 1904. — IH. Jumelle: Les ressources agricoles
el forestières des colonies françaises. Barlatier, Marseille, 1907.)
3. Fécule de Manihot utilissima. — Æuphorbiacées.
4. Racines de Manihot utilissima .
Annales du Musée colonial de Marseille.— 3° série, 4° vol, 1916. 1
2
4
y.
li, JUMELLE
Rondelles de Manihot utilissima.
Les variétés de Manihot utilissima, ou manioc, introduites
et cultivées à Madagascar sont surtout des variétés douces »
La culture du manioc s’est beaucoup étendue depuis une
dizaine d'années dans la colonie, où elle réussit dans
toutes les terres saines un peu fertiles et dont l'humidité
n'est pas trop grande. Les exportations de manioc brut
ou desséché étaient en 1912 de 22.000 tonnes environ.
Les débouchés de la fécule sont nombreux ; et des usines
de tapioca sont déjà installées ou en voie d'installation dans
le Centre, le Nord-Ouest et l'Est.
(A. Fauchère : La culture du manioc à Madagascar. L’Agriculture
pratique des pays chauds, novembre et décembre 1913.)
6. Fécule de Tacca pinnatifida. — T'accacées.
Le Tacca pinnatifida, de la famille des Taccacées, voi-
sine des Amaryllidacées, est une plante à tubercule, indi-
gène à Madagascar, mais qu'on retrouve sur le continent
africain et en Polynésie, où c’est le pia. À Madagascar,
c'est le kabitsa, ou kabija, des Sakalaves, le favolo des
Betsimisaraka. Les Säkalaves pilent les tubercules, puis les
ràpent sur une pierre, et ils jettent la pulpe ainsi désagré-
gée sur un tamis, dans lequel ils font couler de l'eau jusqu’à
ce que le liquide passe clair. Ils laissent ensuite la fécule
se déposer, décantent et font sécher. Cette fécule est con-
sommée cuite, à l'eau ou au lait.
(H. Jumelle : Les plantes à tubercules alimentaires. Doin, Paris, 1910.)
7. Tubercules de Tacca sp.
8. Tubercules de Tacca sp.
Le Tacca pinnatifida n'est pas à Madagascar la seule
espèce du genre. On y connait encore d’autres favolo (Taëca
umbrarum Jum. et Perr. dans le Nord; Tacca artocarpi-
folia Seem. dans l'Est), les uns à tubercule entier, les
autres, au contraire, à tubercule très divisé. Peut-être est-ce
MADAGASCAR ET COMORES 4
le Tacca arlocarpifolia qui est de plus en plus exploité
dans la province de Mananjary, où les indigènes ont vendu
en 1913 plus de 700 tonnes de cette fécule de tavolo.
9. Tubercules de Maranta arundinacea., — Cannacées.
10. Fécule d arrow-root.
Le Maranta arundinacea, surtout cultivé à la Barbade et
à Saint-Vincent, et d'origine américaine, donne le véritable
arrow-root, ou arrow-root de la Barbade, Introduit à Mada-
gascar, il n'y est pas exploité, quoiqu'il y réussisse fort bien.
11. Tubercules d'Aponogeton Guillotii. — Aponogétonacées.
Les Aponogeton sont des plantes aquatiques submergées
dont les feuilles, dans deux espèces (Aponogeton fenestralis
et Aponogeton Guillotii), sont fenêtrées. Tous ces Aponoge-
ton sont les ovirandra des indigènes, qui en consomment
les tubercules.
12. Igname (Dioscorea sp.). — Dioscoréacées.
Il y à à Madagascar de nombreuses espèces sauvages de
Dioscorea, ou ignames, dont les tubercules sont consommés
de diverses manières, crus ou cuits, par les indigènes.
(H, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Fragments biologiques de la
Flore de Madagascar. Annales du Musée colonial de Marseille, 4910.)
13. Farine de Banane. -- Musacées.
13 bis. Fruits de Musa paradisiaca. — Wusacees.
La farine de banane a été l'objet d’appréciations très
diverses ; les uns lui attribuent une haute valeur nutritive,
d’autres lui reprochent la couleur grise qu'elle prend après
cuisson et qui restreindrait ses emplois à certaines spécia-
lités, telles que la biscuiterie. En fait, c’est une farine qui
n'a pas encore été réellement utilisée industriellement en
France, Madagascar pourrait exporter aussi soit la. farine
à:
4 H. JUMELLE
même, soit, mieux, des tranches longitudinales sèches de
bananes non müres, débarrassées de la partie fibreuse cen-
trale, et qui seraient réduites en farine en France. Ces
tranches de bananes à fécule (Musa paradisiaca) ne doivent
d'ailleurs pas être confondues avec les bananes sèches dont
on a déjà tenté l'exportation, et qui sont des tranches de
bananes mûres (Musa sapientum), consommables comme
fruits.
(H. Jumelle : Les cultures coloniales, fase. I. Baillière, éditeur, 1912.)
14. Graines de Typhonodorum madagascariense. — Aracces.
15. Fruits de Typhonodorum madagascariense.
Le Typhonodorum madagascariense, où viha, est une
Aracée qui vit au voisinage de la mer, dans les marais et
sur le bord des cours d'eaux boueux. Les graines en sont
consommées par les Sakalaves, cuites dans le lait. Ces
mêmes Sakalaves préparent une fécule avec la souche de la
plante. Après que ces souches ont été râpées, la farine
obtenue est desséchée à feu doux; puis la fécule en est
séparée selon le procédé ordinaire, par lavage, tamisage et
décantation. Malgré l'action du feu, cette fécule conserve
d'ailleurs une certaine quantité de ces principes caustiques
que contiennent tous les tubercules d'Aracées, et elle cause
dans la bouche, et même dans l'æsophage, une sensation
spéciale.
(H. Jumelle : Les ressources agricoles el forestières des colonies fran-
caises. Barlatier, Marseille, 1907.) j
16. Fruits et graines de Ravenala madagascariensis. —
Musacées.
Le ravinala, ou arbre du voyageur, caractérise dans l'Est
de Madagascar le premier gradin de la chaîne montagneuse
de l’île. Dans le Nord, on le retrouve sur le versant Ouest.
Ses graines pulvérisées sont consommées dans le lait.
L'arille bleu qui les enveloppe contient une substance grasse
MADAGASCAR ET COMORES La
concrète qui serait intéressante pour la stéarinerie, s'il était
possible de l'obtenir en quantité suffisante.
19. Oryza sativa; variétés diverses. — (rraminées.
Le riz, ou vary, cultivé de si longue date à Madagascar, et
dont la culture, un moment délaissée au début de l'occupa-
tion française, a largement repris en ces dernières années,
est et doit de plus en plus devenir pour notre colonie un
de ses grands produits d'exportation. Les variétés de riz
malgaches sont excessivement nombreuses et feront l’objet
d'u catalogue spécial ultérieur.
(H. Jumelle : L'agriculture à Madagascar. Rapport au Congrès de
l'Afrique orientale, 1911.)
20. Hordeum vulgare. — Graminées.
L'orge peut, comme le blé, donner lieu à une petite cul-
ture dans les parties élevées de l’île, principalement dans
l’'Ankaratra, dans la région de Bétalo.
II. — GRAINES ALIMENTAIRES
21. Fruits de Voandzeia subterranea. — Zéqumineuxes.
Les fruits de voanjo mürissent en terre comme ceux de
l’arachide. Les graines, moins riches en huile que celles de
cette arachide, et consommées cuites, sont surtout bonnes
avant maturité complète. Elles ne contiennent pas de glu-
coside cyanogénique. Des graines de la Nigérie anglaise
analysées à l'Imperial Institute de Londres contenaient,
pour 106 :
EN RUN dE dE mL PRE PU 13,1
Substances azotées...,....... 16
2 CHANSON JANET 0,8
AMIAON NE... LR NSE TRUE NE 08,4
OLIS RP a à hs 3,9
CGéndres intimes A EL
(er
H. JUMELLE
22. Noix d'Anacardium occidentale. — 7'éréhinthacées.
D'origine américaine, l'acajou à pomme est à Madagascar
un arbre introduit.
La « pomme » est le pédoncule fortement épaissi et charnu
qui porte le fruit proprement dit. Ce pédoncule, qui est
rouge, blanc ou jaune selon les variétés, contient un suc
abondant, astringent et acide; il est consommé cru ou cuit
et est d'ailleurs médiocre. On en fait aussi des conserves et
il sert également, en certains pays, comme au Brésil, à
préparer, par fermentation, un vin et, par distillation, une
eau-de-vie.
La « noix » est le fruit même, plus petit que le pédoncule,
et rémiforme ; le péricarpe, coriace, contient une substance
huileuse, très caustique et âcre, qui sert à marquer le linge
ou avec laquelle on enduit les planches et les bois pour les
préserver de l'attaque des insectes.
La graine qui est à l'intérieur de cette noix est de saveur
douce, comestible, et utilisable en confiserie comme les
amandes douces. Elle représente 30 °/, environ du fruit
tout entier. Elle à pour composition, comparée à celle
d'amande douce : |
Amande d’acajou. Amande douce.
DEV EE DNS LM RS EE 16, OA SEE RER EEE 6
Albüminoides #10 LOS ER EN CAT PRIT RS TETE PEN ER 24
QUE PER AE Le 91380 46 PE none NS TRES D4
Hydrates de carbone. .... EN TR PR SA I DA AE À - 10
Celiinses serre ces DD no PR SAR 3
GERS TES CARE RAD) LL EL 2 RE NASSEES S
L'huile de l'amande d’acajou n'est pas siccative ; elle est
jaune pâle et de saveur douce. Ses caractères, comparés à
ceux de l'huile d'amande, sont :
Huile d’acajou. Huile d'amande.
Densité sente DOMISDI GE ES EE RE ee 0,917-0,919
Indice de saponification. 12108 EE PR Re 189-195
Indice “diotle 225" HE SO MR: MEGA R EEE re 93-102,2
Le
MADAGASCAR ET COMORES 7
Pour extraire plus facilement la graine de la noix, on tor-
réfie légèrement celle-ci. Pendant la torréfaction il faut
d’ailleurs se préserver le visage et les yeux contre les
vapeurs caustiques qui se dégagent de l'huile du péricarpe.
Le rôtissage assure une plus longue conservation des
amandes, mais en brunit un peu la chair, qui normalement
est très blanche.
23. Graines de Phaseolus lunatus. — Zéqumineuses.
Le haricot du Cap, ou pois du Cap, qui, à Madagascar, est
surtout cultivé pour l'exportation dans la région de Tuléar,
où c'est le kabaro des Sakalaves, serait la variété inamoe-
nus du Phaseolus lunatus. Les graines de certaines de ces
variétés de Phaseolus lunatus sont très dangereuses, en rai-
son du glucoside cyanogénique, la phaséolunatine, qu'elles
contiennent; mais les haricots du Cap provenant de Tuléar
sont l’une des sortes où la teneur en ce glucoside est minima.
D'après les analyses faites à l'Imperial Institute de Londres,
cette teneur ne serait, en effet, que de 0,0025 à 0,007 °/,
d'acide cyanhydrique, alors que celle des pe-qya de Bir-
manie est de 0,015 à 0,040 et celle des kawl-be de 0,040
à 0,055. C’est la raison pour laquelle on songe en Birmanie
à introduire la variété malgache.
‘La composition centésimale de ces pois du Cap de Mada-
gascar est la suivante, comparée à celle des haricots de
Rangoon (autre variété de Phaseolus lunatus) et des hari-
cots ordinaires (Phaseolus vulgaris).
Haricots du Cap
de Madagascar. Haricots de Rangoon. Haricots ordinaires.
(LEO ER ER E LAON ER ER. ges RCE PE 14
mubstancas azotées:,:: 25,10 ....1.12,.,. 4, A ER RR PE RTE 23
PLDSISnCes, grassps::1. 0,900. sde... Pnau ce 2,3
MoidR 2 6.0. DR D UE Diet 7 ue TN GPA 52,3
OEM 47 ee DA EN RE ve Aie LA CÉSAR 5,5
CEDAPEST, 52 272,0 SAT a ÉTER 5! 4 CRM RNA 2,9
Les haricots du Cap sont exportés de Madagascar à la
8 H. JUMELLE
Réunion, dans les colonies anglaises, au Mozambique et en
Angleterre. Sur une exportation totale de près de 4 millions
de francs de ces haricots en 1914. il en a été expédié pour
359.000 francs dans les colonies anglaises et 2.815.000 francs
en Angleterre. En 1914, le quintal anglais valait, sur le
marché de Londres, de 16 à 20 shellings.
(A. Fauchère : Le pois du Cap à Madagascar, dans l'Agriculture pra-
tique des pays chauds, avril 1914. — Beans of Burma, dans le Bulletin
of the Imperial Institute, juillet-septembre 1944 et avril-juin 1945.)
24. Graines rouges de Dolichos Lablab. — Zéqumineuses.
Les graines de dolic, ainsi que les gousses jeunes, sont
couramment consommées dans les pays chauds.
25. Graines d'Entada scandens var. discosperma. — ZLéqu-
mineuses.
Cette Légumineuse grimpante est, dans l'Ouest de l’île,
le vaheabe et le vaheakarabo des Sakalaves. Ses énormes
gousses sont les voan-karabo. Les grosses graines qu'elles
contiennent sont consommées par les Sakalaves, qui, après
les avoir épluchées et fait tremper dans l’eau courante pen-
dant deux jours, les soumettent à une ébullition prolongée,
en renouvelant l’eau plusieurs fois.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Fragments biologiques de la
flore de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1910.)
26. Gousses de Mucuna utilis. — Zégqumineuses.
27. Graines de Mucuna utilis.
Le Mucuna utilis est voisin du Mucuna pruriens, mais
les poils qui couvrent les fruits sont soyeux et couchés, au
lieu d'être rigides. L'espèce est aujourd'hui cultivée un peu
partout dans la zone tropicale. Les graines sont surtout
connues dans nos colonies sous le nom de pois Mascate ;
elles sont blanches, jaspées ou noires selon les variétés. Les
graines noires sont encore appelées pois noir. Toutes servent
MADAGASCAR ET COMORES )
principalement pour l'alimentation du bétail. Elles con-
tiennent, à raison de 10 °/, d’eau, 2,91 de matières grasses,
93,98 de matières non azotées et 24,25 de substances azo-
tées. Mais la plante, qui est de culture facile, est principa-
lement cultivée comme améliorante, pour l’enfouissement
en vert, notamment dans la culture de la canne à sucre.
(P. de Sornay : Etude sur les Léqumineuses, dans le Bulletin de la
Station Agronomique de Maurice, n° 24, 1910.)
HI: — FRUITS ALIMENTAIRES
41. Fruits de Citrus decumana. — Aufacées.
Les pamplemousses sont de gros fruits globuleux dont on
confit l'écorce comme celle du cédrat. Les grape-fruits des
Américains sont une variété de pamplemousse.
42. Fruits de Citrus Aurantium (Oranges). — /iufacées.
43. Fruits de Citrus Limonum (Citrons) — liutacées.
44.-Fruits de vangasay. — liutacées.
Le vangasay a été tour à tour rapporté, comme variété,
au Citrus Limonum, au mandarinier, au Citrus japonica et
au Citrus madurensis. Cette dernière espèce est souvent
considérée comme identique au Cifrus japonica, qui, lui-
même, offre beaucoup de caractères du mandarinier. En tous
cas, les vagansay, par leur forme déprimée, rappellent les
mandarines.
45. Fruits de Psidium Guajava (Goyaves). — Wyrtacces.
46. Fruits de Carica Papaya (Papayes). — Biracées.
47. Fruits de Mangifera indica. (Mangues). — 7érébintha-
cées.
10 H. JUMELLE
48. Fruits de Passiflora quadrangularis (Barbadines). Passi-
floracées.
49. Fruits de Nephelium Litchi (Letchis). — Sapindacées.
50. Fruits d'Ananassa sativa (Ananas). — Broméliacées.
51. Fruits de Persea gratissima (Avocats). — ZLauracées.
52. Fruits d'Anona squamosa (Pommes-cannelles). — Ano-
naceées.
Tous ces arbres fruitiers, originaires de pays divers, ont
été introduits à Madagascar.
(H. Jumelle : Légumes et fruits. Baillière, Paris, 1913.)
53. Fruits de Jacquier. — Artocarpées.
L'Artocarpus integrifolia, voisin de l’arbre à pain, qui est
l’Artocarpus incisa var. non seminifera, est originaire de
l'Inde. On en consomme la pulpe, quiest d’ailleurs d'odeur
désagréable et indigeste, et les graines, qu'on fait cuire
comme les châtaignes.
54. Rhizomes et fleurs d'Hydnora esculenta. — Aa/fflésiacées.
L’Hydnora esculenta, dans le Sud-Ouest de Madagascar,
dans les bassins de la Menarana et de la Linta, croît sur
les racines d'Acacia et d’autres Légumineuses. Son fruit,
qui est le voantany, ou fruit de terre, des Mahafaly, assez
gros et de forme turbinée, contient, sous une mince enve-
loppe ferme et rougeâtre, une pulpe blanchâtre, juteuse et
acidulée, remplie d'innombrables petites graines noires;
et cette pulpe a un goût délicieux de pomme-reinette. Le
voantany est donc un très bon fruit. Pour le récolter, il faut
creuser dans le sable à quelques centimètres de profondeur,
car, lorsqu'en mai ou juin les baies nées sur les rhizomes
souterrains sont müres, les restes seuls du périanthe qui les
surmontent affleurent au niveau du sol.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Quelques Phanérogames
parasites de Madagascar. Revue générale de Botanique, 1912.)
MADAGASCAR ET COMORES 11
J
IV. — SUCRES ET ALCOOLS
61, Sucre de canne de 4er Jet (Saccharum officinarum). —
Gramineées.
62. Sucre canne debrun.
63. Sucre blanc brut.
La culture de la canne à sucre a depuis longtemps perdu
toute importance à Madagascar. Il n'y a plus dans l'ile
d'industrie sucrière; et les quelques champs de canne qui
restent encore dans l'Est ne servent plus guère qu'à la
fabrication de la betsabetsa. La réinstallation de nouvelles
sucreries serait cependant une question à étudier dans
notre colonie. La canne à sucre y pousse bien sur toutes
lès terres qu'on peut irriguer en saison sèche, sans engrais
sur les sols alluvionnaires, avec engrais sur les terrains
moins fertiles.
64. Rhum de Toaka.
65. Eau-de-vie de papaye.
66. Eau-de-vie de fruits d'Opuntia. — Cactées.
Dite eau-de-vie de Cactus.
67. Alcool de fruits d'Hyphaene Shatan. — Palmiers.
L'Hyphaene Shatan est le satrana viehy (?) ou satrana
mira des Sakalaves.
- 68. Alcool de fruits de Flacourtia Ramontchi. — Bixracées.
Le Flacourtia Ramontchi, dit prunier malgache, est indi-
gène à Madagascar.
69. Alcool de tubercules de manioc. — Æuphorbiacées.
12
70
81
H. JUMELLE
. Alcool de pulpe des fruits de tamarinier. — ZLéqumi-
neuses,.
V.— CAFÉIQUES
. Fruits de Coffea liberica. — /?uhiacces.
82. Café en grains de Coffea liberica.
Le caféier de Libéria, qui semble avoir été introduit à
Madagascar vers 1882, dans la région de Fort-Dauphin, est
le principal caféier de la côte Est. Les plantations en sont
surtout nombreuses dans la province de Mananjary, dans la
basse vallée du fleuve, entre son embouchure et les
premiers rapides. D'autres ont été aussi établies dans les
provinces de Vatomandry, d'Andevorante et de Tamatave.
Il y a également quelques cultures à Nossi-Bé.
83. Fruits de Coffea canephora. — Rubiacées.
84. Graines de Coffea canephora.
La croissance assez lente du caféier de Libéria, les diffi-
cultés de préparation de ses graines, puis aussi sa valeur
relative ont incité les colons de l'Est de Madagascar à ten-
ter l'introduction de nouvelles espèces de caféiers. Leurs
essais ont ainsi porté sur le Coffea canephora, ou caféier
du Kouilou, et sur l'espèce suivante. Il y a déjà dans lîle
une petite production de ces deux sortes de cafés, qui sont
l'une et l’autre à petits grains. k
Les grains de café du Kouilou sont assez souvent un peu
plus allongés et de contour moins arrondi que ceux du
café suivant, dit plus spécialement du Congo. Ce café du
Kouilou, expertisé à Marseille d’après les échantillons en
collection, est en partie caractérisé par son goût rioté,
qu'on ne constate guère, ordinairement, que dans les cafés
brésiliens de la région de Rio de Janeiro et dans certains
MADAGASCAR ET COMORES 13
cafés venézuéliens. Il manque aussi, aujourd'hui, d'un peu
de force à la tasse.
Le Coffea robusta, très cultivé actuellement à Java, n’est
peut-être qu'une variété de ce Coffea canephora.
85. Graines de Coffea congensis. — /{ubiacées.
Le Coffea congensis est le caféier du Congo, également
introduit dans l'Est de Madagascar. Son café, d'après les
échantillons en collection, n’a pas le goût rioté du précé-
dent ; il serait plutôt caractérisé par son goût légèrement
aromatisé et un peu àpre. L'espèce, comme la précédente,
peut être améliorée par la culture.
86. Fruits de Coffea sp. — /iubiacées.
87. Café sauvage de Coffea Perrieri.
Diverses espèces de Coffea, telles que le Co/ffea Perrieri,
le Coffea madagascariensis, le Coffea tetragona, etc.,
croissent à l’état sauvage à Madagascar. Certains de ces
cafés de Madagascar, tels que le C. Gallienti, le C. Bonnierti
et le C. Mogeneti, de la montagne d’Ambre, ne contiennent
pas de caféine, d'après les recherches de M. G. Bertrand.
Le Coffea Perrieri, dont les grains n'ont pas été encore
analysés, est un arbre qui peut atteindre une dizaine de
mètres de hauteur, avec un tronc de 20 à 30 centimètres de
diamètre. Il habite, dans le Boina, les ravins frais et abrités
et les bords des torrents ; 1l est commun notamment vers
le confluent de l'Ikopa et de la Betsiboka. On le retrouve
encore dans le Haut Bemarivo, vers 400 mètres d'altitude.
Dans l'Ambongo, il croît sur les bords rocailleux et cal-
caires du Kapiloza. La fructification a lieu en décembre et
janvier.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bäthie : Fragments biologiques de la
flore de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1910,
88 Fèves de Theobroma Cacao. — S/erculiacées.
La "als ve +
44 H, JUMELLÉ
89. Fleurs de Theobroma Cacao.
Le cacaoyer a été introduit dans l'Est de Madagascar,
depuis le sud de la province de Vohémar jusqu’au nord de
celle de Mananjary.
90. Fruits et graines de Thea viridis. — Ternstroemiacées.
91. Fleurs de Thea viridis.
L'arbre à thé n'est guère cultivé à Madagascar,
VI. — CONDIMENTS ET AROMATES
101. Piments ; Capsicum sp. — Solanacées.
102. Poivre noir. — Pipeéracées.
Le poivrier noir, où Piper nigrum, est peu cultivé à
Madagascar, qui n’exporte pas de poivre.
le)
103. Poivre long ; Piper longum. — Pipéracées.
104. Clous de girofle. — Myrtacces.
La culture du giroflier(Caryophyllus aromaticus) est loca-
lisée dans l’île de Sainte-Marie et dans les provinces de Tama-
tave et de Maroantsetra. Les plantations en rapport sont
surtout celles de Sainte-Marie et de Fénérive.
105. Griftes de girofle.
105 bis. Essence de griffes de girofle.
Ces griffes, qui contiennent une petite quantité d'essence,
moins fine que celle des clous, sont les bouquets de pédi-
celles floraux du giroflier dont on a détaché les boutons, ou
clous.
MADAGASCAR ET COMORES 15
106. Anthoîles, ou mères de girofle.
Fruits de giroflier incomplètement mûrs, qu'on consomme
confits.
107. Graines de muscade. — Myristicacees.
108. Noix de muscade.
Ces graines avec leur tégument ligneux, et les noix, ou
amandes, roulées dans de la poudre calcaire qui provient de
la pulvérisation des coraux de Sainte-Marie, ont été récol-
tées à la Station d’Essais de lIvoloina. Le Myristica
fragrans, où muscadier, n'est pas assez cultivé à Madagas-
car pour que ces produits donnent lieu à des exportations.
109. Noix et rameaux de Ravensara aromatica. — Lauracées.
110. Feuilles de Ravensara aromatica.
111. Écorces de Ravensara aromatica.
La graine de ARavensara aromalica, où Agatophyllum
aromaticum, est dite noir de ravensara, où muscade de
Madagascar, ou même aussi noir de girofle de Madagascar.
Elle est à goût de piment giroflé et peut donc être employée
comme condiment. Les feuilles et l'écorce ont aussi une
forte odeur. de girofle.
112. Écorces de cannelle. — ZLauracées.
Les canneliers de Madagascar, qui appartiennent à une
espèce introduite, mais indéterminée, forment de petits
peuplements presque naturels en quelques points de la côte
Est. Ce sont évidemment les restes d'anciennes plantations.
En plus de la cannelle rouge, qui est la plus appréciée, on
connaît aussi à Madagascar une cannelle blanche. L'échan-
tillon en collection a été considéré par les experts comme
se rapprochant de la cannelle du Tonkin, mais avec une
écorce plus grosse et un parfum moins prononcé.
16 H. JUMELLE
113. Graines d'Aframomum angustifolium. — Zingibéracées.
L'Aframomum angustifolium est le longoza de Mada-
gascar. Les graines sont aromatiques, mais ne sont pas
employées. La plante est surtout abondante dans le Sambi-
F L
rano.
114. Rhizomes de Curcuma longa. — Zingibéracées.
115. Poudre de Curcuma longa.
La plante, dite safran de l'Inde, est, en effet, originaire
de l'Inde et de la Malaisie. Les rhizomes contiennent une
matière colorante jaune ; pulvérisés, ils servent comme con-
diment.
1
116. Gousses de Vanilla planifolia. — Orchidacées.
117. Gousses de vanille de Nossi-Bé.
118. Gousses de vanille de Mayotte.
La vanille est cultivée depuis longtemps à Madagascar.
Sa culture est très rémunératrice en diverses localités de la
côte Est, notamment à Antalaha, ainsi qu'à Nossi-Bé, dans
le Nord-Ouest. Les exportations étaient en 1912 de
113.662 kilos, d'une valeur de 3.941.521 francs. Aux
Comores, Mayotte est également un centre important de
culture.
(H. Lecomte : Formation de la vanilline dans la vanille. L'Agriculture
pratique des pays chauds, juillet-août 1913.)
119. Gousses de Vanilla Phalaenopsis (?) de Nossi-Bé.
120. Fleurs de Vanilla Phalaenopsis (?) de Nossi-Bé.
La Vanilla Phalaenopsis est une espèce aphylle, indigène
aux Seychelles. À Madagascar, il est une autre espèce sau-
vage, la Vanilla madagascariensis, également sans feuilles.
a
MADAGASCAR ET COMORES 17
VII. — PLANTES MÉDICINALES
ET TOXIQUES
431. Feuilles d'Eupatorium Ayapana. — Composées.
Originaire du Brésil et des Guyanes, l'Eupalorium Aya-
pana, ou Eupatorium triplinerve, à été introduit en beau-
coup de pays chauds. Ses feuilles, employées en infusion
théiforme, et dont on a souvent exagéré les propriétés, sont
digestives et sudorifiques.
(Düss : Flore phanérogamique des Antilles françaises. Annales du
Musée Colonial de Marseille, 1896.)
132: Gousses de Cassia occidentalis. — Zéqumineuses.
Le Cassia occidentalis est une espèce tropicale ubiquiste.
Sa graine, qui est le m'hentamaré ou fedegosa de l'Afrique
occidentale, est appelée parfois café nègre parce qu'elle a été
souvent employée, après torréfaction, pour remplacer ou
_ falsifier le café.
133. Fruits de Cinnamosma fragrans var. Perrieri. —
Canellacées.
Toutes les Canellacées sont des végétaux aromatiques,
dont les écorces, en particulier, ont une saveur chaude et
piquante et servent comme stimulantes et toniques. Le
genre Cinnamosma a été créé par Baillon en 1867 pour
l'espèce Cinnamosma fragrans, mais dans laquelle M. Cour-
chet a distingué deux variétés : la variété Baillont, spéciale
au Nord de Madagascar et la variété Perrieri, du Boina et
de l'Ambongo.
(Courchet : Contribution à l'étude du genre Cinnamosma. Annales du
Musée Colonial de Marseille, 1906.)
Annales du Musée colonial de Marseille. 3 série, 4° vol. 1916. 2
18 Hi. JUMELLE
134. Feuilles d'Erythroxylum laurifolium. — Zinacees.
Ces feuilles sont astringentes et diurétiques.
135. Inflorescences de Cedrelopsis Grevei. — Méliacées.
136 bis. Fruits secs de Cedrelopsis Grevei.
137. Écorces de Cedrelopsis Grevei.
Le Cedrelopsis Grevei est le katafa ou le katrafay des
Sakalaves. Son écorce est employée pour bonifier le rhum
et usitée aussi en médecine indigène comme vermifuge et
fébrifuge.
(Courchet : Recherches morphologiques et anatomiques sur le katafa
ou katrafay de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille,
1906.)
138. Fruits de Cola nitida. — Sferculiacées.
Le Cola nitida de l'Afrique occidentale est l'espèce du
genre Cola qui donne les meilleures noix de kola. Ses
graines, de couleurs différentes selon les variétés, sont à 2
cotylédons, tandis qu'il y a plus de deux cotylédons dans
les autres espèces employées.
139. Racines de Menabea venenata. — Asclépiadacées.
Le Menabea venenata, de la tribu des Sécamonées, est le
langena sakalava ou le kita, et aussi le kisompa des Saka-
laves, et un des kimanga des Hova. L'espèce croît dans le
Nord-Ouest de l'ile. Sa racine, purgative et émétocathar-
tique à petites doses, est très toxique et sert aux Sakalaves
comme poison d'épreuve.
(Baillon : Sur le langhin du Ménabé. Bulletin de la Société Lin-
néenne de Paris, 5 février, 1890. — Perrot : Sur le ksopo ou tanghin de
Ménabé. C. R. de l’Académie des Sciences, 3 février 1902. — E. Heckel :
Sur le Menabea venenala, qui fournit par ses racines le tanghin de
Ménabé ou des Sakalaves. C. R. de l’Académie des Sciences, 10 février
1902. — H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Notes biologiques sur
PT Fe
*
MADAGASCAR ET COMORES 19
les Asclépiadacées de Madagascar, Annales du Musée Colonial de Mar-
seille, 1908.)
140. Noyaux secs de Tanghinia venenifera. — Apocynacées.
141. Noyaux frais de Tanghinia venenifera.
142. Écorces de Tanghinia venenifera.
143. Rameaux et fruits de Tanghinia venenifera.
Les graines de cet arbuste constituent le vrai fanghin, le
fameux poison d’épreuve de Madagascar.
144. Feuilles d'Aphloia theaeformis. — Biracées.
Les feuilles de ce petit arbuste, qui est le voafotsy et le
fandramanana des Hova, sont employées en infusion théi-
forme et seraient, comme les feuilles de kinkélibah, un
remède contre la fièvre bihieuse hématurique.
145. Feuilles d'Adansonia Grandidieri. — WMalvacées.
Ces feuilles, comme celles de l’Adansonia digitata, sont
émollientes.
146. Fruits frais de Perriera madagascariensis. — Simaru-
bacées.
147. Fruits secs de Perriera madagascariensis.
Le Perriera madagascariensis, ou kirondro, est un arbre
des collines sablonneuses de l’'Ambongo, mais qu'on retrouve
encore plus au Sud, au moins jusque dans la vallée de la
Sakeny. Toutes ses parties, et principalement ses fruits,
sont très toxiques. Dans la Sakeny, les écorces sont
employées à petites doses comme amer et comme tonique.
(Courchet : Le Kirondro de Madagascar. Annales du Musée Colonial
de Marseille, 1905. — H,. Jumelle et Perrier de la Bâthie : Les plantes à
caoulchouc de l'Ouest el du Sud-Ouest de Madagascar. L'Agriculture pra-
tique des pays chauds, 1914.
20 H. JUMELLE
148. Écorces d'Erythrophloeum Couminga. — Zéqumineuses.
C'est le kominga des Sakalaves et le kimanga des Hova;
et c'est le plus violent poison des Sakalaves. Toutes les
parties de la plante sont vénéneuses, mais c’est surtout
l'écorce qui est employée. À très petites doses, elle sert
comme médicament. Elle renferme, d'après MM. Planchon
et Laborde, 0,653 °/, d’érythrophléine.
L'Erythrophloeum Couminga est un arbre de haute taille
qui, dans l'Ouest de Madagascar, apparaît au sud de la
Mahavavy et, vers l'intérieur, ne s'éloigne pas à plus de
30 kilomètres de la mer. Il semble calcifuge. En dehors de
Madagascar, on le retrouverait aux Seychelles.
149. Rameaux et fruits d'Eugenia sp. — Myrtacées.
Les Eugenia sont appelés rotra à Madagascar. Les feuilles
et les écorces de l'Eugenia Parkerii, ou vavarotra, ou maro-
lampona, seraient un remède contre les diarrhées et les
dysenteries des pays chauds.
150. Écorces de Rourea orientalis. — Connaracées.
C'est le kitsongo du Boina et de l'Ambongo, et, plus par-
üculièrement, le kitsongo lahy dans la région où croît un
autre ki{songo, le kitsongo vavy. Le terme de kifsongo paraît
d'ailleurs s'appliquer à diverses plantes qui sont toutes très
toxiques. La partie employée est l'écorce.
(L. Courchet : Le kilsongo vrai de Madagascar. Annales du Musée
Colonial de Marseille, 14907.)
151. Écorces de Laurus Sassafras. — Lauracées.
Le Laurus Sassafras est de l'Amérique du Nord. Ses
racines sont utilisées en pharmacie pour leur bois et leur
écorce, qui contiennent une essence.
- MADAGASCAR ET COMORES 21
MILI-"OLÉAGINPEX
161. Fruits et graines de Jatropha Curcas. — Æuphorbia-
cées.
162. Fruits frais de Jatropha Curcas. — Æuphorbiacées.
Le pulghère, ou pignon d'Inde, est un arbrisseau aujour-
d'hui très répandu dans presque toutes les contrées tropi-
cales. Les graines comprennent 66 °/, environ d'amande: et
les amandes rendent en fabrique 40 °/, environ de leur
I —
poids d'huile. Celle-ci, qui a pour densité 0,919 à 0,925, se
solidifie vers - 8°. On indique comme caractéristiques :
Acides gras libres (en acide oléique).... 0,36 à 11,8 0,
Indice d'acide des acides gras libres. ... 4,47
Indice de saponification.: "..2; TX 192 à 240
FAC TETE CO RS ON AE EC ACER 98 à 110
Les acides liquides de cette huile sont les acides oléique
et linoléique. L'huile de pulghère est très purgative et
d'emploi dangereux (huile infernale); ses propriétés toxiques
semblent dues à une globuline, la curcasine. Au point de
vue industriel, elle est assez difficilement saponifiable et
donne un savon de soude blanc et moussant bien.
Ce sont surtout les iles du Cap Vert qui cultivent le
Jatropha Curcas pour l'exportation des graines; et la fabri-
cation de l'huile et son utilisation en savonnerie sont sur-
tout importantes au Portugal, très rares à Marseille.
(E. Bontoux : Les matières premières utilisées ou utilisables en savon-
nerie. Les Matières grasses, 25 juillet 1910.)
163. Péricarpe des fruits de Raphia Ruffia. — Pamiers.
164. Fruits de Raphia Ruffia. — Palmiers.
ne
I
2 H. JUMÈLLE
64 bis. Corps gras et dérivés des fruits de Raphia Ruffia.
La pulpe des fruits de ARaphia Ruffia, appelée voampiso
et morandra par les Sakalaves, est comestible et contient,
d'après Schlagdenhauffen, 14,2 °/, d'un beurre formé par
3,13 d'acide palmitique et 10,59 d'acide stéarique. Il y a,
d'autre part, dans la pulpe, 4,20 °/, de glucose, 1,20 de
saccharose, 4,17 de matières extractives non déterminées,
0,60 de résine, 12,154 de gomme et matière colorante,
2,596 de substances minérales.
(Decrock et Schlagdenhauffen : Étude du péricarpe du Raphia Ruffia.
Annales du Musée Colonial de Marseille, 1905.)
65. Cire de Raphia Ruffia.
La cire de raphia, qui donne lieu à quelques exporta-
tions, provient de l'épiderme inférieur des segments foliares,
dont elle recouvre la surface. Pour l'obtenir, on bat dans
une grande toile ces segments desséchés; la poussière
cireuse qui se détache est, après tamisage, jetée dans l’eau
bouillante, où elle s’agglutine en masse.
C’est une substance un peu grasse au toucher, assez facr-
lement cassante, et qui, par plusieurs caractères, se rap-
proche de la cire de Carnauba. Elle a le même point de
fusion (entre 83° et 84°) que cette cire. Sa densité est
de 0,954. Comme dans la cire de Carnauba et dans la cire
d'abeilles, l'acide libre le plus abondant èst l’acide céro-
tique, et l'acide combiné le plus important est l'acide pal-
mitique. D'après Descudé, si on mélangeait la cire de raphia
en certaines proportions avec la cire du Japon, on aurait un
produit qui rappellerait à peu près la cire d’abeilles.
(H. Jumelle : Les ressources agricoles el forestières des colonies fran-
çaises. Barlatier, Marseille, 1907. — M. Descudé : Une nouvelle cire végé-
tale. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, mars 1907.)
1
66. Graines de Jatropha mahafalensis. — Æuphorbiacées.
Le Jatropha mahafalensis, ou betatatra,'est un arbre de
4
MADAGASCAR ET COMORES 23
> à 6 mètres de hautéur, du Sud-Ouest de Madagascar, et
commun surtout sur le plateau calcaire mahafaly. Ses
graines se composent de 75 °/, d'amande et 25 °/, de tégu-
ment ; et l’'amande donne, par le sulfure de carbone, 60 °/,
de substance grasse. Par pression, on en retire 44,5°/,.
C'est une huile bien liquide, ambrée, légèrement fluores-
cente.
Indieerdiode rs est Re Sa ES
Indice de saponification...... 184,6 à 194
Acidité en acide oléique...... 15,79
Fusion des acides gras, ..,., 2308
Proportion d’insaponifiables.. 7,16 °/,
D'après M. Bimar, cette huile ne contient pas d'acide de
poids moléculaire inférieur à celui de l'acide palmitique, et
elle renferme une assez forte proportion d'acide linolénique.
Elle prendrait donc place, parmi les huiles siccatives, à côté
1 ,
de l'huile de pulghère, et elle pourrait sans doute servir
aux mêmes usages que cette huile.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Un pulghère de Madagascar.
Les Matières grasses ; décembre 1910.)
167. Fruits de Dilobeia Thouarsii. — Protéacées.
168. Graines de Dilobeia Thouarsii.
Ce Dilobeia Thouarsii, ou vivaona, ou mankaleo, a été
souvent signalé sur le versant oriental de Madagascar ; et la
substance grasse de ses graines est depuis longtemps uti-
lisée par les Tanala.
C'est une huile jaune foncé, qui laisse déposer vers 15°
la moitié de son volume de matière concrète blanchâtre.
Indice: d'inde ras y: 84,4 à 84,0
Indice de saponification, 196,%à 196,7
Acidité en oléique....... 54,14
Fusion des acides gras, 36°
Les amandes contiennent 63,4 à 63,9 de substance grasse
L'inconvénient, au point de vue industriel, est que la graine
est incluse dans un épais noyau qu'il fut briser.
24 II, JUMELLE
169. Fruits d'Elaeis madagascariensis. — Palmiers.
Le palmiste croît à l’état sauvage à Madagascar sur la
côte Ouest, entre 17° et 21° de latitude Sud. C'est le ésin-
qilo des Sakalaves, qui, dans la région de la Tsiribihina,
extraient parfois l'huile de ses fruits. La productivité de
cette variété est. malheureusement très faible ; les fruits
sont petits et la pulpe mince. On ne peut songer à une
exploitation.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Palmiers de Madagascar.
Annales du Musée Colonial de Marseille, 1943.)
170. Graines de Symphonia Louveli. — Clusiacées.
Le Symphonia Louveli est le kizavavy d'Analamazaotra,
dans l'Est de Madagascar C’est un arbre de 20 à 25 mètres
de hauteur, à gros fruits coniques. Les graines donnent
40 °/, d'une substance grasse de consistance pâteuse, jaune
foncé, fondant entre 15° et 16°.
Indices: dinder PRES ANNE ARE NT EE 67,6
Indice de saponification................. 189
Indice d'acdité Mere EE Enr 2 8,4
Indice de Reichert (acides gras volatils). 1,65
Fusion des acides gras. 4.1.4... 43°
Ces acides gras sont composés de 35 °/, d'acides saturés
et de 65 °/, d'acides non saturés. Les acides saturés fondent
à 55°: les non saturés sont liquides, jaunâtres et doivent
ètre surtout composés d'acide oléique. Les acides saturés
seraient des acides margarique, arachidique, laurique et
caprique.
Cette graisse serait donc utilisable en savonnerie, à cause
de sa petite proportion d'acides liquides, et aussi en stéari-
nerie, en raison du point de fusion assez élevé de ses acides
gras solides. |
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie: Quelques Symphonia à graines
grasses de l'Esl de Madagascar. L'Agriculture des pays chauds, 1913.
— À, Hébert: Composition des graines grasses de deux espèces de Sym-
s
MADAGASCAR ET COMORES 25
phonia de l'Est de Madagascar. Bulletin de la Société chimique de
France, 20 novembre 1913.)
171. Graines de Symphonia laevis. — Clusiacées.
Cet autre Symphonia est à Amalamazaotra le kizalahy.
Il a 10 à 15 mètres de hauteur, avec des fruits en poire
plus petits que les précédents.
Les graines donnent 35 °/, d'une substance grasse ana-
logue à la précédente et utilisable de la même manière:
Les points de fusion de la substance, les indices d'acidité
et de saponification sont les mêmes que pour le kizavauy.
Les acides gras sont composés de 40 °/, d'acides saturés et
5 Ï
60 °/, d'acides non saturés, et ces acides semblent les mêmes
?
que dans l’autre espèce.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.— A. Hébert : Loc. cit.)
172. Graines et fruits de Symphonia fasciculata. — Clu-
siacées.
C'est un des hazina des Hova. Ses très gros fruits con-
tiennent de nombreuses graines qui ont les dimensions et la
couleur d'un marron ; et ces graines donnent par le sulfure
de carbone 65 °/, d'une matière grasse semi-solide dont le
rendement en acides gras de saponification est de 95 °/,,et
en stéarine de saponification 34,39. Le point de solidifica-
tion de la stéarine est de 64° et le rendement en glycérine
est de 10,26 °/,. C'est donc une bonne matière première
pour la stéarinerie et peut-être la savonnerie.
(E. Heckel : Quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu
connues des colonies françaises el en particulier de Madagascar. Annales
du Musée Colonial de Marseille, 1908.)
473. Graines de Sterculia foetida. — Sferculiacées.
26 H. JUMELLE
174. Huile des graines de Sterculia foetidà et ses dérivés.
Le Sterculia foetida, de l'Inde, est répandu dans les pays
tropicaux les plus divers. Ses graines contiennent 25 °/o
environ d'une huile propre à la savonnerie.
175. Fruits de Calophyllum Inophyllum. — Clusiacées.
176. Noyaux de Calophyllum Inophyllum.
Cette espèce de Calophyllum, qui est le famanou de
Nouvelle-Calédonie, le ndilo des Fidji, le panang de l'Inde
Anglaise, le foraha de Madagascar, est encore un arbre lar-
gement distribué entre les tropiques. En beäucoup de
contrées l'huile est employée pour l'éclairage. Cette huile
est jaune verdâtre, résineuse, un peu visqueuse, amère. Les
graines en contiennent 70 °/, environ et elle a pour caracté-
ristiques, d'après des échantillons analysés dans l'Inde
en 1942
Poïds SPÉCIQUE 24 AR Laine 0,880
Point de solidification des acides gras. 369,3
Indice d'acide nn CR Re 77,5
Indice de saponification............... 194,9
fadice diode ne RTL Re 93,1
Indice de Hehner te". Here 94,3
Acides gras insolubles °/,.:........... 92,9
Insaponifiables: ar AS RR ENTREE 1,4
Acides volatils solubles.............. 0,50
Acides volatils insolubles............. 0,45
Cette huile ne vaudrait évidemment rien pour l’alimen-
tation, mais est bonne pour la savonnerie. Le tourteau con-
viendrait comme engrais.
177. Fruits de Calophyllum Tacamahaca. — Clusiacées.
178. Huile de Calophyllum Tacamahaca.
179. Tourteau de Calophyllum Tacamahaca.
Le Calophyllum Tacamahaca Willd. est une espèce très
4 A
“MADAGASCAR ET COMORES 27
voisine du Calophyllum Inophyllum, mais spéciale à Mada-
gascar et à la Réunion. Ses feuilles sont plus longuement
pétiolées et à sommet plus aigu que celles de l'espèce pré-
cédente ; les fleurs sont plus petites et les fruits sont plus
piriformes .
180. Fruits de Calophyllum parviflorum Bojer. — Clusiacées.
Cette espèce malgache est le vinfanina des Hova. Ses
graines, comme toutes celles du genre, donnent une huile
résineuse.
. e- . . Li . n L4
181. Fruits de Quisqualis madagascariensis. — Combre-
tacées.
C'est un des {amenaka des Hova.
182. Fruits de Quisqualis indica. — Combrétacées.
183. Graines de Brochoneura Vouri. — Myristicacées.
184, Fruits et rameaux de Brochoneura Vouri.
185. Huile des graines de Brochoneura Vouri.
186. Tourteau des graines de Brochoneura Vouri.
Ce muscadier malgache est un arbre de 15 mètres envi-
ron de hauteur, de la région de Farafangana. C’est le vory
et le rarabé des Betsimisaraka. Sa graine est très parfumée
et fournit aux indigènes une graisse dont ils se servent
comme pommade pour la chevelure et contre la gale. La
richesse des beurres de Brochoneura en myristine semble
les rendre peu propres à la stéarinerie, mais ils pourraient
peut-être être utilisés en savonnerie.
(H. Jumelle : Les ressources agricoles et forestières des colonies fran-
çaises. Marseille, 1907. — E. Heckel : Sur quelques plantes à graines
grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises el en particulier
de Madagascar, Annales du Musée Colonial de Marseille, 1908.)
187. Graines de Brochoneura Dardaini. — Myrislicacées.
Cette autre Myristicacée de l'Est de Madagascar est le
28 H. JUMELLE
molotrandrongo et le molotsandrongo des Betsimisaraka,
qui extraient la substance de ses graines par les mêmes
procédés et pour les mêmes usages que ceux de l'espèce
précédente.
188. Fruits et rameaux de Brochoneura sp.
189. Graines de Brochoneura Freneei.
190. Huile de Brochoneura Freneei.
191. Tourteau de Brochoneura Freneei.
Cet arbre de la région de Fort-Dauphin est le mafotra
des indigènes. Ses fruits sont de la grosseur, à peu près,
d'une mandarine. L'huile des graines sert encore pour la
chevelure et contre la gale. La graine comprend 70 °/,
d'amande. Celle-ci abandonne au sulfure de carbone 71,50
°/, d'une substance grasse semi-fluide en été, solide en
hiver, de couleur isabelle foncé et sans odeur aromatique.
Cette graisse a pour densité 0,9439; elle est composée de
40 °/, environ de myristine et d’oléine. Cette dernière est en
plus forte quantité que dans le beurre de muscade:
Acides gras de saponification. ......./:........ 93,30 °,
MINES Ne Eee AR RE RS 339 49
Solidification des acides gras de saponification.. 36°80
Neides seras dedistillation#., 1%) 69 °
I y a 13,50 °/, d'insaponifiables. La substance ne paraît
convenir ni en stéarinerie, ni en savonnerie; mais a des
propriétés siccatives.
192. Fruit d'Adansonia madagascariensis. — Malvacées.
Les baobabs du versant occidental de Madagascar appar-
tiennent à diverses espèces d'Adansonia, différemment ré-
parties sur tout ce versant. On trouve surtout l’Adansonia
madagascariensis dans le Boina. Les fruits de ce baobab
sont généralement un peu plus larges que hauts. Les graines,
MADAGASCAR ET COMORES 29
d’un poids moyen de Ü gr. 250, donnent une huile senu-
liquide à la température ordinaire.
193. Fruit d'Adansonia Za.
Le za est l'espèce de baobab qui a l’aire de distribution
la plus large dans l'Ouest de Madagascar, car cette aire
semble comprise entre la Sofia et le Menarandra. Ses fruits
sont toujours beaucoup plus longs que larges, et à surface
sillonnée. Les graines pèsent en moyenne 0 gr. 870 et
donnent une huile qui paraît plus fluide que les huiles des
autres espèces malgaches actuellement connues.
194. Fruit d'Adansonia Bozy.
Le bozy est le baobab du Sambirano. Les fruits ont en
moyenne 10 centimètres de longueur sur 7 à 8 cm. 5 de
largeur. Les graines ont un poids moyen de O0 gr. 610 et
donnent une huile de consistance analogue à celle de l'A.
madagascariensis.
195. Fruit d'Adansonia rubrostipa.
C’est le samena, ou ringy, de l'Ambongo, et c'est un petit
baobab à folioles elliptiques dentées, à écorce rougeûtre, se
détachant par plaques. Les fruits sont généralement un peu
plus hauts (10 cm.) que larges (9 cm.). Les graines ont
pour poids moyen Ü gr. 180, et donnent une huile de même
consistance que la précédente.
196. Fruit d'Adansonia alba.
C'est le baobab de l’Andranomalaza. Les fruits, beaucoup
plus longs (20 cm. par exemple) que larges (10 cm.), sont
elliptiques, en séction longitudinale, et la coupe du péri-
carpe est blanche. Les graines pèsent en moyenne 0 gr. 610.
Leur substance grasse est moins fluide et se solidifie plus
rapidement que dans les espèces précédentes.
30 H. JUMELLE
197. Fruit d'Adansonia Fony.
Le fony a un large habitat entre le cap Saint-André et
Fort-Dauphin. Ses folioles sont dentées comme celles de
l'A. rubroslipa, mais ovales. Ses fruits sont turbinés, ou
ovoides, ou arrondis, et côtelés ou non, généralement plus
longs (10 cm. par exemple) que larges (8 em.), et pointus
ou mamelonnés, ou arrondis au sommet, Nous n'avons
aucun renseignement sur la substance grasse de ses
graines,
198. Fruit d'Adansonia Grandidieri.
199. Tourteau d'Adansonia Grandidieri.
C'est le reniala de la région de Morondava. Ses fruits
sont de forme un peu variable, mais, le plus souvent,
oblongs, à extrémité comme tronquée, avec péricarpe très
mince et très fragile. Les graines, dont les Sakalaves sont
friands, sont plus grosses que celles de toutes les autres
espèces, et donnent une substance grasse plus concrète. De
toutes les huiles de baobab, c’est celle qui a été le mieux
étudiée jusqu'alors. D'après M. Balland, les graines de
reniala se composent de 63,3°/, d'amande et de 36,7 d’en-
veloppe ; et les amandes contiennent 63,20°/, d’un beurre
qui, à la température ordinaire, est blanchâtre et grumeleux,
de rancissement difficile, commençant à se liquéfier vers
25°, entièrement fluide à 34°, employable pour l’alimenta-
tion, et propice à la fabrication des savons de luxe.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les baobabs de Madagascar.
L’Agriculture des pays chauds, Challamel, 1914. — Id. : Nouvelles notes
biologiques sur la flore malgache. Annales de la Faculté des Sciences
de Marseille, 1915.)
200. Fruit d'Adansonia digitata.
Cette espèce de baobab est originaire du continent afri-
cain et a été introduite à Madagascar, où on la trouve autour
des habitations, ou sur les emplacements des anciens
MADAGASCAR ET COMORES 31
villages, dans l'Ambongo et dans le Boina. C'est le sefo
des Sakalaves. Nous ne connaissons pas de façon cer-
taine la composition de ses graines et de son huile, car
les analyses rapportées aux graines d’Adansonia digitata
ont, en réalité, été faites, pour la plupart, avec des graines
de baobabs malgaches, et particulièrement de l'Adansonia
Grandidierr.
201. Graines d'Ampelosicyos scandens. — Cucurbitacées.
Cette Cucurbitacée grimpante est le voanono d'Analama-
zaotra. Ses gros fruits, vaguement obpiriformes, con-
tiennent de nombreuses graines qui ont un peu la forme de
haricots. Le tégument de ces graines représente 23°/, et
l'amande 717°/,. Le rendement de l’amande en huile, par le
sulfure de carbone, est de 49,50°/,, et cette huile, analy-
sée à Marseille à l'usine Fournier, a donné les caractéris-
tiques suivantes :
Poids spéciique.à159:,: et 0,940
Pointede fusion Er Re 40
Indice de saponification............ 181
Epdice d'en er ie Men Tee 152
Desré Maument er mere rec 88
Bromures insolubles dans l’éther... Néant,
Pour les acides gras, les caractéristiques sont :
Acides gras insolubles, plusinsaponi-
DA DES 67 ent a ar AERSEREREERS 94,40 ©,
Pont ue URiOnt nr) nn Eee: 280
Point de solidification.............. 26°
Indice/dersatfuration 71% 185
ie diodes Ter CR Ent 161
Poids moléculaire moyen...,....... 302
Cette huile a une odeur âcre et s'oxyde spontanément à
l'air. Son indice d'iode et son degré Maumené sont parti-
culièrement élevés. Toutefois, l'absence de dérivés bromés
insolubles dans l'éther excluant la présence de glycérides
32 H. JUMELLE
linoléniques, elle ne peut être comprise dans le groupe de
l'huile de lin et doit être classée parmi les huiles moyenne-
ment siccalives.
D'autre part, le faible point de fusion de ces acides gras
indique une teneur en acides concrets insuffisante pour jus-
üilier son emploi en stéarinerie. Par contre, son utilisation
en savonnerie parait indiquée, particulièrement dans la
fabrication des savons mous.
Il est encore dans l'Est de Madagascar un autre Ampelo-
sicyos, l'Ampelosicyos major, dont les graines, un peu plus
grosses, n'ont pas été jusqu'alors étudiées.
Toutes ces graines de voanono sont consommées crues par
les indigènes, elles ont le goût de noisette. Grillées comme
les arachides, elles sont délicieuses. La pulpe du fruit est
farineuse, très odorante, de saveur également parfumée,
mais laisse dans la bouche une sensation brülante.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Nouvelles notes biologiques
sur la flore malgache. Annales de la Faculté des Sciences de Marseille,
1945.)
202. Huile de Sapindus Saponaria. — Sapindacées.
Les Sapindus sont surtout intéressants pour leurs fruits,
dont le péricarpe contient de la saponine et, par suite, est
utilisable comme le bois de Panama. Mais les graines sont
en outre oléagineuses. Celles du Sapindus trifoliatus de
l'Inde contiennent, par exemple, une substance grasse dont
l'indice d'acide est 42,75, l'indice de saponification 191,8,
l'indice de Reichert 1,61, l'indice d'iode 58,58, et qui
compte en insaponifiables 1,1 et en acides gras insolubles
93,9 °/,. Le point de fusion de ces acides est de 54°4 et leur
indice d'iode 57 °/,. D'après les analyses faites au Jardin
colonial de Nogent, la matière grasse de Sapindus Sapo-
naria représente 4,70 °/, du poids du fruit et 10,15°/, du
poids de la graine. L'élasticité du péricarpe empêche d'em-
ployer le concasseur centrifuge pour le cassage des fruits.
203. Fruit et graines d'Amoora Rohituka. — Méliacées.
MADAGASCAR ET COMORES SK.
Cette espèce indienne a été introduite à la Station
d'Essais de l'Ivoloina. C’est le raina du Nord et de l'Est
du Bengale et de l'Annam; ce serait aussi le /o/ goi du
Tonkin. Les graines ontété étudiées en ces dernières années
à Londres, à l'Imperial Institute, à Paris par MM. Weitz et
Lecoq, et à Marseille à l'usine Tassy, Rocca et de Roux.
Pour les graines du Musée Colonial de Marseille, prove-
nant de l’Ivoloina, le rendement a été de 34,08 à 34,20 °/,
d'une huile ainsi caractérisée :
Acidité en oléique............ 0,6%
Indice:digde 5502 e 122,74 à 125,40
Indice de saponification.,,..... 18%
Insaponifiables............... 1,44 9/0
Indice d’iode des acides gras... 132,44
Indice de saponification de ces
ACIER SES 134,61
A l'Imperial Institute, avec des échantillons de l'Inde, les
graines ont donné, à raison de 7,5°/, d'humidité, 43,5 °/,
d'une huile visqueuse, claire, brun jaune, d’une odeur désa-
gréable et de saveur amère.
Ses caractéristiques étaient :
Poids spécifique. .:.:....:, 0,931
Point de solidification des
ACTES ETS. PR RNA EEE 3204
mice d'acides MER TER 24,7
Indice de saponification ...... 192,3
Indice d’iode pour 100,.,..... 1547
Indice de Hehner............. 92,4
Indice de Reichert ........... 1775
Acides gras insolubles........ 1
Acides gras insaponifiables.... 1,4
Dans l'Inde, l'huile d’Amoora serait employée comme lini-
ment stimulant contre les rhumatismes. Elle est prinei-
palement utilisée comme huile à brûler. Elle ne peut être
alimentaire, mais conviendrait en savonnerie. Le tourteau
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4° vol. 1916, 3
34 Hi, JUMELLE
en raison de son goût amer, ne peut être donné au bétail;
il est d’ailleurs pauvre en azote.
(R. Weitz et R. Lecoq : Contribution à l'étude des semences huileuses
d'Amoora Rohiluka. Bulletin des Sciences pharmacologiques, mars-avril
1915:)
204. Graines de kapok. — Walvacées.
Le Ceiba pentandra, ou kapokier, introduit à Madagas-
car — et qui sera cité de nouveau plus loin, à propos des
textiles — est surtout intéressant pour la bourre de ses
fruits, qui est le kapok du commerce; mais les graines,
d'autre part, contiennent 21 à 24°/, d’une substance grasse,
qui est une huile comestible, limpide, de couleur blond
clar, et dont le goût assez prononcé rappelle celui de
l'arachide, La densité de cette huile (0,914 à 0,923) est vor-
sine de celle de l'huile de coton épurée, que l’huile de kapok
pourrait remplacer avantageusement dans ses applications,
puisqu'elle est immédiatement limpide. L'indice d'acide est
de 26, celui diode 101,5 et celui de saponitication 194,2.
Le tourteau est riche en matière azotée, et blanc; il peut
être employé comme alimentation et comme engrais.
(Grisard : Note sur le kapokier ou fromager des colonies françaises.
Bulletin de l'Office Colonial, janvier-février 1916. — Economic Pro-
ducts from the Zansibar Protectorate, dans le Bulletin of the Imperial
Institute, juillet-septembre 1914.)
205. Fruits frais de Pentadesma butyracea. — Clusiacées.
Cet arbre à graines grasses a été introduit à la Station de
l'Ivoloina. C’est une espèce de l'Afrique occidentale, où les
indigènes utilisent la substance grasse de ces graines pour
l'alimentation. Cette graisse, ou beurre de {ama, ou beurre
de lamy, est jaunâtre, assez consistante à la température
ordinaire ; elle se solidifie, après fusion, à 20° environ. Elle
sera étudiée dans le Catalogue de l'Afrique Occidentale
française.
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MADAGASCAR ET COMORES 35
206. Cire de Cynanchum Messeri. — Asclépiadacées.
Le Cynanchum Messeri est une Asclépiadacée sans
feuilles qui, dans la région de l’'Ihosy (affluent du Man-
goky), sur le mont Bekinoly, où la cire a été recueillie,
pousse dans les bois secs, sur les rocalles gneissiques, vers
600 à 800 mètres d'altitude. La cire obtenue forme un revé-
tement sur les tiges. Pour la récolter, il est deux méthodes
possibles. La première consiste à débiter la plante en petits
tronçons, qu'on fait sécher, puis qu'on bat sur un drap. La
poussière quise détache est jetée dans l'eau bouillante et on
recueille l’écume. L'inconvénient de ce premier procédé est
sa lenteur ; par la seconde méthode, on opère plus rapide-
ment. Les rameaux sont alors trempés directement dans
l’eau bouillante. La cire s’en sépare en se liquéfiant et monte
à la surface de l’eau où elle est encore recueillie par écumage.
La quantité ainsi obtenue est toutefois moindre que par le
premier procédé. Six pieds de Cynanchum Messert ont
fourni 200 grammes. .
Cette cire et les deux suivantes ont été étudiées au point
de vue chimique par MM. Hébert et Heim, qui ont déter-
miné leurs constantes. Toutes trois sont très voisines et se
rapprochent des autres cires végétales connues, notamment
des cires de Chine et du Japon, bien qu'elles contiennent
une certaine quantité d'hydrocarbures, comme la cire
d’abeilles. Toutes trois fondent à 88°, alors que la cire du
Japon fond entre 43° et 54°et celle de Chine à 539,5, la cire
d'abeilles jaune pure fondant à 63° ou 64°. L'iode fixé,
pour 100 de cire, est de 3,2 pour la cire de Cynanchum
Messeri, 5,3 pour celle d'Euphorbia æylophylloides, et 5,9
pour celle d'Euphorbia stenoclada.
MM. Hébert et Heim ont reconnu que les méthodes
“ordinaires de blanchiment ne donnent pour ces cires que
des résultats peu satisfaisants: ils ont mieux réussi avec
les méthodes basées sur l’action des solvants neutres.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Trois plantes à cire de Mada-
gascar. Journal d'Agriculture tropicale, avril 4912. — Hébert et Heim :
36 H. JUMELLE
Sur trois nouvelles cires de Madagascar. Bulletin de l'Office Colonial,
février 1915. — Id.: Blanchiment des cires de Madagascar. I., mars
1915.)
206. Cire d'Euphorbia xylophylloides. — ÆEuphorbiacées.
Cette euphorbe est à port arborescent, avec des rameaux
verts très aplatis, sans feuilles. Dans la région de l'Ihosy,
elle se trouve, comme le Cynanchum Messeri, sur le mont
Ambohipanana, sur les rocailles gneissiques, vers 800 mètres
d'altitude. La cire est obtenue comme précédemment. Un
pied donne au minimum #70 grammes de produit.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit. — Hébert et Heim :
loc. cit.)
207. Cire d'Euphorbia stenoclada. — ÆEuphorbiacées.
Cette seconde euphorbe aphylle, qui croît dans la même
région que la précédente, est exploitée de même; mais son
rendement est un peu moindre, car, après passage à
l’eau bouillante, il reste sur les rameaux un enduit plus
persistant que dans les deux autres plantes, et que l’eau
bouillante n’entraîne pas ou entraine difficilement. Un pied
de petite taille donne cependant encore 500 grammes. On
admet qu'un indigène pourrait aisément préparer journel-
lement # à 5 kilos de ces cires par les procédés que nous
venons d'indiquer.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit. — Hébert et Heim :
loc. cit.)
208. Cire de Chrysalidocarpus. — Palnuers.
Cette cire provient des feuilles d'un Chrysalidocarpus de
Marambo encore indéterminé.
209. Cendres de sambiky.
210. Savon préparé avec des cendres de sambiky.
MADAGASCAR ET COMORES Ed
IX. — TEXTILES ET PAILLES
221. Coton non égrené de Gossypium sp. — Malvacces.
222. Coton de Géorgie (Mayotte).
Le cotonnier a été jadis cultivé à Madagascar; et sa
culture pourrait peut-être être reprise, notamment dans
le Nord-Ouest.
223. Bourre de Ceiba pentandra. — WMalvacées.
Le kapok provient surtout de Malaisie où l'arbre — déjà
cité dans la section des Corps gras — est cultivé ; mais nos
colonies françaises, où le Ceiba pentandra a été introduit et
s'est acclimaté, pourraient en fournir. Quelques essais de
plantation ont été faits à un moment donné dans le Nord-
Ouest de Madagascar.
224. Aigrettes de Marsdenia verrucosa. — Asclépiadacées.
Cette espèce et la suivante seront citées plus loin comme
lianes à caoutchouc.
225. Aigrettes de Cryptostegia madagascariensis. — Ascle-
piadacées.
226. Aigrettes d'Orchipeda Thouarsii. — Apocynacées.
Les aigrettes des graines de ces Asclépiadacées et Apocy-
nacées pourraient peut-être être employées comme le kapok.
227. Fruits de Toxocarpus tomentosus. — Asclépiadacées.
Cette liane, nommée à tort par Decaisne Pervillea
tomentosa, est le voansifitra des Sakalaves. C'est une
espèce silicicole du Boina et de l’'Ambongo. L'épais duvet
30 H. JUMELLE
de ses fruits est employé comme amadou par les indigènes.
H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Notes sur la flore du Nord-
Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)
228. Filasse d'aloès de Madagascar. — Armnaryllidacées.
228 bis. Objets divers en aloës.
L'aloès de Madagascar est donné par la variété malgache
du Fourcroya gigantea, dont une autre variété, la variété
créole, donne à Maurice et à la Réunion l'aloès vert de
Maurice, bien connu dans le commerce. Le Fourcroya
gigantea s'est naturalisé dans le Centre de notre colonie,
Les indigènes utilisent sa filasse, qui n'est guère exportée ;
ils en font, entre autres, les tissus et objets exposés.
229. Filasse et cordes d'Urena lobata. — WMalvacées.
L'Urena lobata est un arbrisseau qui croît à l'état spon-
tané dans beaucoup de pays chauds. C'est le kirijy, le
tsikilenjy et le paka de Madagascar, le carrapicho du
Brésil, le bun-ochra du Bengale, le pat{a appele de Ceylan.
D'après des recherches faites au Brésil par M. Silva Telles,
professeur à Sao Paulo, sa filasse, qu'on a appelée l’ara-
mina, et qui est ligneuse, serait supérieure au jute pour la
fabrication des cordes et des sacs. Elle peut servir aussi
pour la fabrication de pâte à papier. Les Sakalaves la
préparent en battant les écorces, qu'ils ont fait tremper
dans l'eau pendant quelques jours. Cette filasse, par dessic-
cation, perd 10,43 °/, d’eau; incinérée, elle laisse 8,03 °L
de cendres, qui contiennent des cristaux d'oxalate de cal-
cium. Au peignage, 520 grammes de filasse ont laissé sur
le peigne 350 grammes d'étoupe, soit 67 °/, environ. Des
170 grammes restés dans la main de l’ouvrier, la moitié a
fourni 26 mètres de ficelle à 2 fils, de 2 mm. de diamètre,
et l’autre moitié 18 m. 30 de corde à 3 fils, de 3 mm. Les
350 grammes restés sur le peigne ont donné 18 m. 65 de
corde à 4 fils, de 7 mm. de diamètre. La résistance des
MADAGASCAR ET COMORES 39
ficelles à 2 fils est à peu près trois fois moindre que celle
de ficelles de chanvre analogues et de même grosseur.
(H. Jumelle : Sur une filasse appelée ramie indigène à Madagascar.
Annales coloniales, 15 février 1903.)
230. Filasse et cordes de Cryptostegia madagascariensis. —
Asclépiadacées.
Le lombiro est une plante à caoutchouc de l'Ouest de
Madagascar, mais ses tiges fournissent, en outre, une bonne
filasse cellulosique. Les Sakalaves décortiquent les tiges à
la main, puis, sans faire rouir ni battre ces écorces, comme
celles de l'Urena lobata, dégagent avec les ongles les fila-
ments fibreux, que leur blancheur et leur espacement
rendent bien visibles. Desséchée, cette filasse perd 8,58 °/,
d’eau ; incinérée, elle donne 1,83 de cendres °/,. 210 grammes
laissent sur le peigne 92 grammes d’étoupe, soit 43 °/,
environ. Avec la filasse restée dans la main de l’ouvrier, il
a été fait 15 mètres de corde à 3 fils, de 2 mm. de diamètre,
pesant 72 grammes, et 14 mètres de ficelle à 2 fils, de 2 mm.,
pesant 35 grammes. Les 92 grammes d'étoupe restés sur le
peigne ont donné 5 m. 45 de corde à 4 fils, de 6 mm. de
diamètre. Tous ces cordages sont d'une grande blancheur.
Leur résistance, tout en étant inférieure de moitié à peu
près à celle du chanvre, est sensiblement supérieure à celle
de l'Urena lobata.
H. Jumelle : Trois plantes à corderie de Madagascar. Revue des
cultures coloniales, 20 juillet 1903.)
2
31. Filasse et écorces de Typhonodorum madagascariense.
— Aracées.
Le viha, où mangibo, où mangoka, vit sur le littoral de
Madagascar, dans les endroits humides. Sa filasse, qui est
jaunâtre et que les Sakalaves utilisent beaucoup pour la
fabrication de leurs filets de pêche, est extraite des gaines
des feuilles. Pour l'obtenir, les Sakalaves brisent ces feuilles
10 H, JUMELLE
en deux d’un coup sec; il suflit ensuite de tirer doucement
les filaments fibreux qui apparaissent au niveau de la
cassure. L'opération est parfois facilitée par un battage
préalable, Cette filasse est très extensible après dégommage,
mais est ligneuse et de résistance seulement moyenne.
(P. Claverie : Etude du Typhonodorum madagascariense, textile de
Madagascar. Revue générale de Botanique, Paris, 1906. — H. Jumelle :
Les ressources agricoles et forestières des colonies françaises. Barlatier,
Marseille, 1907.) ;
232. Écorce, filasse et cordes de Pachypodium Rutenbergia-
num. — Apocynacées.
Cette plante est un des hontaka ou vontaka des Sakalaves.
La filasse se présente en longues lanières, blanc jaunâtre
ou jaunes, auxquelles une matière gommeuse desséchée
donne une certaine raideur. Elle est de travail assez diffi-
cile et les Sakalaves ne l’emploient que pour confectionner
des cordages. Sa résistance est moindre que celle de
l'Urena lobata.
(H. Jumelle : Trois plantes à corderie de Madagascar. Revue des
\
cultures coloniales, 20 juillet 1903.)
233. Filasse de sisal. — Amaryllidacées.
L'Agave rigida, dont les deux variétés longifolia et
sisalana donnent le henequen ou chanvre de Sisal du
Yucatan, à déja été introduit avec succès en diverses
contrées tropicales, à Porto-Rico, aux Hawaï, en Afrique
orientale, à Maurice. Sa culture serait peut-être intéressante
et rémunératrice en certains points de Madagascar.
(H. Jumelle : Les cultures coloniales, vol. VI. Baillière, Paris, 19145.
— Slockdale : L'industrie des fibres à Maurice, in Bulletin of Department
of Agriculture, Mauritius, 1915, n° 5.)
234. Filasse d'abaca. — Musacces.
Le Musa textilis des Philippines, qui donne l'abaca ou
MADAGASCAR ET COMORES a
chanvre de Manille, n'est cultivé jusqu'alors à Madagascar
qu'à titre d'essai, notamment à la Station de l'Ivoloina.
(Guide et catalogue de la Station de l'Ivoloina. Tananarive, 1916.)
235. Filasse de sansevière. — Ziliacees.
Le Sansevieria zeylanica, qui, avec d'autres espèces du
genre, indiennes ou africaines, donne la filasse de sanse-
vière, est cultivé à Madagascar dans les mêmes conditions
que le Musa tertilis.
236. Filasse de Paritium tiliaceum. — Walvacces.
Le Paritium tiliaceum, voisin des Hibiscus, est vraisem-
blablement originaire des iles océaniennes, mais a été
introduit aujourd'hui en beaucoup d'autres contrées. C'est
le bourao de Nouvelle-Calédonie, où sa filasse, qui est
ligneuse comme toutes les filasses de Malvacées, est cou-
ramment utilisée par les indigènes. La plante n'a aucune
importance à Madagascar.
2371. Régime de Raphia Ruffia. — Palmiers.
2371 his. Lanières, rabanes et objets divers en raphia.
Le Raphia Ruffia se plait à Madagascar dans les endroits
humides, même marécageux. Sur le versant vccidental, le
palmier est rare au-dessus de la Sofia, très commun dans le
Boina et l'Ambongo, puis disparait plus au Sud, vers le
Ranobé et le Mananbaho. Dans l'Est, il cesse d'être spon-
tané au-dessous de Mananjary, où il est seulement planté
par les Tanala et les Antaimoro. Ses lanières sont les épi-
dermes supérieurs des segments des jeunes feuilles. Ces
épidermes doivent toutefois leur résistance à ce qu'ils
entrainent sur leur face interne, lorsqu'on les détache, les
faisceaux fibreux qui, dans les feuilles, leur sont intime-
ment accolés. Il y à d’ailleurs plusieurs qualités de raphia,
suivant les provenances. Pour obtenir la /ilasse de raphia,
12
H. JUMELLE
on divise les lanières en fils au moyen d'une aiguille ou
d'une petite broche en os, puis on réunit ces fils et on les
tord comme des fils de soie. Les lanières servent en cha-
pellerie et en vannerie; c'est le raphia du Japon de nos
jardiniers. Avec la filasse, seule ou en mélange avec d’autres
textiles tels que la soie, les Malgaches font leurs rabanes.
Les exportations de raphia de Madagascar sont de
7.000 tonnes environ par an.
(H. Jumelle : Les ressources agricoles et forestières des colonies fran-
caises. Marseille, 1907. — H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Pal-
miers de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1913.)
238. Crin végétal du Vonitra Thouarsiana. — Palmiers.
Le Vonitra Thouarsiana, tout d’abord appelé à tort
Dictyosperma fibrosum, est le vonitra de l'Est de Mada-
gascar. Le crin végétal qu'il fournit, et qui est formé de
gros et longs filaments bruns employés en brosserie, est
récolté sur le tronc du palmier, où 1l représente ce qui reste
après la décomposition des vieilles gaines foliaires. Les
exportations annuelles de crin végétal de Madagascar étaient
en 1912 de 129.728 kilos. On connaît dans le Nord-Ouest de
l'ile, dans le Manongarivo, un autre vonitra, le Vonitra
crinita, qui actuellement n’est pas exploité.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.)
239. Paille de dara. — Palmiers.
Le dara des Tanala et des Antaimoro est encore un Pal-
mier, le Phoenix reclinata var. madagascariensis. Sur le
versant occidental, c’est le faratra et le faratsy des Saka-
laves. Avec la paille fournie par ses feuilles on fait des
chapeaux solides, de teinte vert pâle, mais ne changeant
ni au soleil, ni à la pluie.
(E, Perrot et A. Goris : Recherches sur les pailles à chapeaux de Mada-
gascar. L'Agriculture pratique des pays chauds. Challamel, Paris, 1907.)
240. Paille de satranamira. — Palmiers,
MADAGASCAR ET COMORES 43
241. Régime d'Hyphaene Shatan.
L'Hyphaene Shatan est le satranamira ou le satrana
viehy (?),ouencore le hanty de l'Ouest de Madagascar. Avec
ses segments foliaires, les Sakalaves confectionnent des
paniers à riz, des nattes, etc. Ils se servent aussi des fais-
ceaux isolés pour la confection de cordages.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.)
242. Paille de latanier. — Palmiers.
Le latanier, où satranabé des Sakalaves, est le Medemia
nobilis, qui forme sur tous les terrains du versant occidental
de Madagascar des peuplements étendus. On le retrouve
vers le Nord sur le versañnt oriental. Les segments foliaires
servent comme les précédents pour la confection d'objets
de vannerie.
243. Paille et filasse de lafa. — Palmiers.
Les Tanala, dans l'Est de Madagascar, désignent sous le
nom de lafa plusieurs palmiers, et notamment le Neodypsis
tanalensis, qui est aussi le matitana, et le Chrysalidocärpus
mananjarensis. Il n’a jamais été bien établi quel est celui
de ces deux palmiers qui donne la filasse de lafa.
244. Paille et chapeaux de manarana. — lalmuers.
Le manarana de la région d'Antalaha est un palmier
encore indéterminé, presque acaule, et qui n’est pas le
manarana d'Analamazaotra, où Beccariophoenir madagasca-
r'iensis.
La paille du vrai manarana d'Antalaha est très fine ; on
en fait de très beaux chapeaux. Malheureusement, le pal-
mier devient de plus en plus rare, et la paille est trop sou-
vent remplacée par celle de quelques-uns des manarana
suivants, qui est pelucheuse, et de bien moindre valeur.
245. Paille de manarampotsy. — l’almiers.
(a. H. JUMELLE
Cette paille a été récoltée dans la région de Mandihizana,
dans le district de Maroantsetra. La plante croit un peu
partout, mais plutôt en dehors de la forêt. La paille sert pour
la fabrication de nattes et de paniers.
216. Paille de manaramalemy. — Palmiers.
La plante croit dans la province de Maroantsetra et est
particulièrement abondante dans le haut d'Antsampirano :
elle se plait dans les sols élevés et humides.
247. Paille de manarambato ou manaramena. — Palmiers.
La plante croît également dans la province de Maroant-
setra. Les échantillons ont été récoltés, comme les précé-
dents, dans la forêt, aux environs d'Analambola et de Fihi-
trosy (canton d'Andratambé).
Les pailles de ces divers manarana autres que le vrai
manarana ne semblent pas toutes également appréciées par
la chapellerie européenne ; certaines conviendraient plutôt
chez nous pour la fabrication de la pâte à papier.
248. Paille et chapeaux d'ahibano. — Cypéracées.
L'ahibano est le Cyperus nudicaulis des terrains tour-
beux de l’Imerina, et que l’on retrouve dans l'Ouest Jusque
dans l'Ambongo. La paille qui sert en chapellerie provient
de la tige, qui est dépourvue de feuilles,
(H. Jumelle : Loc. cit. — Perrot et Goris : Loc. cit.)
249, Paille et chapeaux de penjy. — Cypéracées.
Le penjy, ou mahampy, ou rambo, est le Lepironia mu-
cronata des régions occidentale et centrale. Les tiges aplaties
ou découpées en lanières sont employées en chapellerie et
en vannerie.
’
250. Paille de tsindrodrotra. — Graminées.
Le fsindrodrotra des Hova et le fsiana des Betsileo est le
L ©
MADAGASCAR ET COMORES 49
Sporobolus indicus, qui abonde dans les terres humides des
environs de Tananarive. Sa paille est utilisée en chapel-
lerie.
251. Paille de zozoro ou isatra. — C‘ypéracces.
Le z0z:0r0 des Hova, qui est l'isatra de l'Ouest, est le
Cyperus madagascariensis où Cyperus imerinensis. Les
tiges servent pour la fabrication de nattes et de paillassons,
et pour les cloisons des cases.
252, Paille d'herana. — Cypéracées.
L'herana est le Cyperus latifolius. Sa paille est utilisée
pour la fabrication de nattes et pour les toitures.
253. Paille de vinda. — Cypéracces.
Le vinda des Sakalaves est le Cyperus alternifolius. Sa
paille sert encore pour la fabrication de nattes et de pail-
lassons.
254. Paille d'haravola. — Graminées.
L'haravola des Hova est le hozaka des Betsileo (qui n’est
pas le bozaka des Hova) ; et ce serait l’Arundinella stipoides.
Sa feuille serait utilisée pour la fabrication de paniers indi-
gènes et de chapeaux.
(Perrot et Goris : loc. cit.
255. Paille d'harefo. — Cypéracées.
Les harefo des Hova sont diverses espèces d'Eleocharis,
telles que l'Eleocharis plantaginea et V'Eleocharis limosa.
La paille, qui a une structure presque analogue à celle de
penjy, sert pour la confection de chapeaux ordinaires, de
nattes et de sacs,
256. Paille de telorirana.
Paille indéterminée, peut-être de Graminée,
46 Hi. JUMELLÉ
257. Paille de mangarana.
Paille indéterminée, n'appartenant pas au Lepironia mu-
cronatla.
M DOIS
Nous ne citons ici que quelques bois de Madagascar. Un
catalogue spécial plus complet de notre collection de ces bois
sera publié ultérieurement.
271. Ébène de Madagascar. — Æhénacces.
L'ébène du Nord-Ouest de Madagascar, qui est le lopingo,
et un des hazomainty des Sakalaves, est le Diospyros Per-
rieri. C'est un arbre de 15 à 25 mètres de hauteur, dont le
tronc a une écorce noirâtre ou blanchâtre qui se détache par
plaques comme celle du bouleau. Il croît principalement
dans les bosquets forestiers à sol rocailleux et sur le bord
des torrents.
(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest
de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)
272. Acajou de Madagascar. — Méliacces.
L’acajou du Nord-Ouest de Madagascar, qui est le hazo-
mena des Sakalaves, est le Khaya madagascariensis. C’est
un arbre de 20 à 30 mètres de hauteur, à tronc très droit
et cylindrique, dont l'écorce est brunâtre, maculée de gris.
Dans l’Ambongo et le Boina, 1l pousse dans toutes les allu-
vions calcaires et humides des bords des rivières. Il ne
manque que sur les sols siliceux, où il est remplacé par des
Canarium. Son bois, qui est un bon bois de sciage, est par-
fois exporté au Havre, où il a été rapproché de celui de
l’aucoumé (Aucoumea Klaineana) du Gabon et vendu aux
mêmes prix.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Notes sur la flore du Nord-
Ouest dé Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)
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MADAGASCAR ET COMORES 17
273. Bois de manipika. — Zéqumineuses.
Le manipika des Sakalaves est le Dalberqia Perriert
Drake (Dalberqgia boinensis Jum.). C’est un arbre de 10 à
25 mètres de hauteur, mais dont le tronc ne dépasse pas
40 cm. de diamètre. C’est le principal arbre à palissandre
du Boina, où il est plus commun que l'espèce suivante.
«
(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest
de Madagascar. Annales du Musée Colonial, 1907.)
274. Bois de manary. — Zéqumineuses.
Le manary des Sakalaves est le Dalbergia 1kopensis
Jum. (Dalberqia Perrieri Jum.). C'est un arbre de 10 à
20 mètres de hauteur, mais dont le tronc peut attemdre
60 em. de diamètre. Il se plait surtout dans les bois secs;
on le rencontre notamment sur le terrain siliceux du haut
bassin de la Betsiboka et de l'Ikopa. C’est encore un arbre
à palissandre, mais moins fréquent que le précédent, et, par
conséquent, moins exploité.
(H. Jumelle : loc. cit.)
275. Bois de kominga. — Zéqumineuses.
Le kominga est l'Erythrophloeum Couminga, déjà cité
dans la section des Plantes médicinales et toxiques.
276. Bois d'hazomalanga. — //ernandiacces.
L'hazomalanga est une Hernandiacée encore mal connue,
mais qui semble devoir constituer un genre nouveau.
L'arbre, qui est de très haute taille, est très rare dans l'Am-
bongo. Il ne devient plus commun qu'au sud du Cap Saint-
André, dans les forêts à sol rocailleux calcaire ; mais encore
ne croit-il que par pieds isolés, et on ne trouve guère plus
d’un individu par hectare. Son bois, inattaquable par les
insectes, est excellent à tous égards et a été, de tout temps,
exporté dans l'Inde, Les Indiens en font, paraît-il, des
galoches. Les Chinois s'en serviraient pour la fabrication
LS I. JUMELLE
des cercueils. C’est objet d'un commerce assez considérable
à Majunga; on en fait des caisses, des meubles, et, en
général, tous les objets en bois destinés à préserver des
malières quelconques contre les attaques des insectes.
2771. Bois de torotoro. — T'éréhintlhacces.
Le {orotoroestle Giluta Turlur, qu se trouve à Nossi-Bé
et, au nord du Boina, dans les massifs forestiers de la vallée
de l’'Ambamalandy. Il y a d'ailleurs été, sans doute, intro-
duit, puisque tous les Gluta sont des espèces de l'Archipel
Indien. Il donne un bois brun orangé; sa résine passe pour
vésicante.
H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Landolphia et les Masca-
renhasia à caoutchouc du Nord de l’Analalava. L'Agriculture des pays
chauds, 1910.)
218. Fruits de teck. — Verbénacées.
Le {eck, où Tectona grandis, bien connu pour le bois
qu'il fournit, est un arbre de l'Inde. Les drupes exposées,
et dont quelques-unes sont encore enveloppées par le calice
accru, proviennent de la Station d’Essais de l'Ivoloina.
XI. — ESSENCES
291. Graines, feuilles et essences de Pelea madagascarica.
— Rutacées.
Cet arbrisseau de l'Est de Madagascar et de Sainte-Marie
comprendrait deux variétés : une variété {olongoala, à
feuilles étroites; et une variété {olongoala manilra-anisette,
à feuilles larges. [1 donne une essence à forte odeur d'amis,
ou plutôt de badiane. Cette essence est contenue, dans la
proportion de # à 5°/, dans toutes les parties de la plante,
mais plus particulièrement dans le fruit. Elle a pour pou-
voir rotatoire + 32° 22, et son indice de réfraction est de
MADAGASCAR ET COMORES 49
1,51469, Elle est soluble dans 4 volumes d'alcool à 80°, La
teneur en anéthol est minime, mais 1l y a une forte propor-
tion d'aldéhydes probablement anisiques. La plante existe-
ait également à Mayotte.
(E. Heckel : Sur une plante nouvelle à essence anisée de Madagascar.
Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, 6 mars 1941. — Juillet :
Recherches anatomiques et morphologiques sur le Pelea madagascarica.
Annales du Musée Colonial de Marseille, 1912.)
292. Fruits d'hazomalanga. — Æernandiacées.
LE
L'hazomalanga, déja cité dans la section précédente,
donne des fruits qui contiennent, en même temps qu'un
principe rubéfiant, une huile et une essence. Cette essence
donne aux fruits et à l'huile qu'on en extrait une très forte
odeur aromatique. Le principe rubéfiant est également
entrainé par l'huile retirée du fruit.
293. Essence d'Eucalyptus globulus. — Myrtacces.
L'Eucalyptus globulus, introduit aujourd'hui non seule-
ment en beaucoup de pays chauds, mais même dans la
partie chaude de la zone tempérée, notamment sur le litto-
ral provençal, est originaire d'Australie. L’essence de ses
feuilles, aromatique et antiseptique, est employée en parfu-
merie, surtout pour les eaux, poudres et pâtes dentifrices,
et aussi en thérapeutique. Elle entre également dans la
composition des mélanges qui servent à parfumer les
appartements et à en éloigner les mouches. Beaucoup
d'autres espèces d'Eucalyptus donnent des essences plus ou
moins analogues, mais qui, en général, sont inférieures à
celle d'Eucalyptus globulus, dont la valeur est essentielle-
ment due à sa teneur (jusqu’à 85°/,) en cinéol ou eucalyp-
tol. Les essences d’autres espèces contiennent du citronétol,
ou du citrol, ou sentent la menthe poivrée, ou n'ont pas
d'odeur bien définie. L'essence d'£. globulus est jaune
clair, d'odeur rafraichissante ; la teneur exigible en cinéol
est de 78 à 80°/,. Une partie d'essence doit se dissoudre
sans trouble dans trois parties d'alcool à 70°, Les sortes
Annales du Musée colonial de Marseille. 3° série, {+ vol. 1916. i
50 H. JUMELLE
qui proviennent d'arbres ayant poussé sous des climats
tempérés semblent supérieures à celles de provenance tro-
picale. Les feuilles même de l'E. globulus ont la réputation
d'être toniques, astringentes et fébrifuges. M. Faulds, dans
le British Medical Journal de 1902, prétend que leur infu-
sion a aussi, dans les cas de diabète, une action curative
énergique.
294 à 300. Essences diverses de Mayotte.
Toutes ces essences (essence de menthe, essence et
camphre d'Ocimum canum, essence de sauge, essence de
verveine, essence d'ayapana, essence de patchouli) ont été
préparées à Mayotte par M. Touchais. A Madagascar, ces
essences sont surtout fabriquées dans le Nord de l'ile.
XII. — GOMMES ET RÉSINES
311. — Gomme de Khaya madagascariensis. — Wéliacées.
Le Xhaya madagascariensis, où hazomena, a déjà été cité
dans la section des Bois. La gomme que donne son tronc
se concrète sur l'écorce sous l'aspect de petites stalactites,
dont les unes sont jaune clair, les autres plus brunes et
d'autres verdâtres. Cette gomme, lorsqu'elle est récoltée
depuis quelque temps, contient 21°/, d'eau. Complètement
desséchée, elle se compose de 85 parties solubles dans
l’eau chaude et de 15 parties gonflables, mais insolubles.
La portion soluble dans l’eau chaude reste dissoute après
refroidissement et donne des solutions épaisses, mais encore
parfaitement liquides, en présence de 12 fois son poids
d'eau. Ces solutions plus ou moins colorées ont l'aspect
de solutions de gomme arabique ordinaires. Etendues en
couche mince sur le papier, elles lui donnent une certaine
oué de, bi
MADAGASCAR ET COMORES 5
adhésivité. C'est une gomme sans tannin, sans saveur ni
odeur.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bàthie : Notes sur la flore du Nord-
Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)
912. Gomme d’'Anacardium occidentale. — 7éréhinthacées.
La gomme de cet acajou à pomme si répandu dans la
plupart des contrées tropicales, et qui est le mahabiba et
l’ahiba des Sakalaves, se présente en masses parfois volumi-
neuses, dont la couleur varie du jaune pâle au brun foncé, à
cassure vitreuse et transparente, du moins quand la colora-
tion de la substance est päle. Elle n'est que partiellement
soluble dans l'eau, et la partie soluble constitue un mélange
peu adhésif.
(H. Jacob de Cordemoy : Les plantes à gommes el à résines. Doin,
Paris, 1911.
313. Gomme d'Albizzia Lebbek. — Zéqumineuses.
313 bis. Gousses d'Albizzia Lebbek.
L'Albizzia Lebbek, originaire du Bengale, s'est naturalisé
en beaucoup de pays chauds ; c’est le bois noir de nos colo-
nies, le honara des Sakalaves. Tronc et grosses branches
fournissent en abondance une gomme tantôt rougeâtre et
tantôt Jaunâtre, en gros morceaux mamelonnés. En contact
avec l’eau froide, elle ne se dissout qu'en faible proportion ;
la partie insoluble se gonfle énormément et se transforme
en une masse gélatineuse, rougeâtre et translucide, d'aspect
grumeleux. Cependant, par la chaleur et sous pression,
cette gomme devient soluble dans l’eau en donnant un
mucilage adhésif.
(H. Jacob de Cordemoy : Loc. cit.
314. Gomme de Tamarindus indica. — /équmineuses.
315, Gousses de Tamarindus indica.
EE
DZ Il. JUMELLE
Comme les deux espèces précédentes, le {amarinier, qui
est le madiro et le kily de Madagascar, et qui est vraisem-
blablement originaire de l'Inde, se trouve aujourd’hui en
beaucoup de pays chauds. Il est commun dans l'Ouest de
Madagascar, et jusque dans l'extrême Sud. Il est de préfé-
rence calcicole. Pour le reboisement, c’est une meilleure
essence que le bois noir, qui est de croissance plus rapide,
mais est plus facilement détruit par les incendies. La
gomme de madiro, assez claire, se présente souvent en
morceaux volumineux. Elle est complètement insoluble
dans l’eau; elle se gonfle seulement en formant une gelée
compacte.
(H. Jacob de Cordemoy : Gommes el résines d'origine exotique.
Annales du Musée Colonial de Marseille, 1900. — Louvel : Les forêts de
l'Ouest de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds.
Challamel, Paris, 1914.)
316. Fruits et gomme de Sclerocarya Caîffra. — Térébin-
thaceées.
Le Sclerocarya Caffra est le sakoa des Sakalaves.
Comme le famarinier et le sakoa, on le trouve un peu par-
tout dans l'Ouest, en plus ou moins grande abondance. Son
écorce épaisse et riche en tannin le rend particulièrement
résistant aux feux de brousse. Il donne d’ailleurs un bois
qui brüle mal. La pulpe des fruits contient de l'acide
atrique, et les graines, que consomment les Sakalaves,
renferment une huile alimentaire quelquefois utilisée
aussi par ces Sakalaves et par les Mahafaly. Un pied
femelle peut fournir plusieurs centaines de kilos de fruits,
qu'il suffit de ramasser sous l'arbre en saison sèche. La
gomme du tronc est brun clair, assez transparente, à cas-
sure lisse et brillante. Elle est entièrement soluble dans
l'eau, mais la solution est à peu près sans adhésivité. Le
perchlorure de fer n’y détermine pas de précipité et ne
modifie pas la coloration ; c'est donc une gomme sans tannin.
(Louvel : loc. cit. — H. Jumelle : Quelques latex el quelques gommes et
MADAGASCAR ET COMORES 53
résines de l'Ouest de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha,
mars et avril 1911.
317. Fruits de Stereospermum euphorioides. — igno-
niacees.
318. Gomme de Stereospermum euphorioides.
Le mangarahara des Sakalaves est spécial, dans l'Ouest,
aux forêts sèches des terrains siliceux. Le grattage super-
ficiel de son tronc provoque une sécrétion gommeuse. La
substance ainsi obtenue est d'ailleurs de nature assez spé-
ciale ; elle se rapproche des gommes sans avoir exactement
les caractères de ces gommes. C'est une matière brunâtre,
assez dure, terne à la surface, mais à cassure brillante. Elle
est inodore et sans saveur. Après qu'elle a été laissée pen-
dant quelque temps au contact de l’eau, elle colle au doigt,
mais très légèrement. Elle se dissout dans l'eau bouillante,
l'alcool à 959, l’'acétone et le terpinéol. Elle se précipite en
partie pendant le refroidissement de l’eau chaude, et est
donc très imparfaitement soluble dans l’eau froide. C'est
une substance sans intérêt pratique.
(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest
de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)
319. Gomme d'hazongia. — Biracées.
L'hazongia est une espèce indéterminée, et vraisemblable-
ment nouvelle d'Jomalium. La gomme n’a pas encore été
étudiée.
320. Gomme de talio. — Combhrétacées.
Le /alio est une espèce de Terminalia ; la gomme n'a pas
encore été étudiée.
321. Latex de Jatropha mahañfalensis. — Æuphorbiacées.
322, Tanno-gomme de Jatropha mahafalensis.
Le betatatra a déjà été cité dans la section des Graines
4 H, JUMELLE
grasses; mais la tige de ce Jatfropha donne en outre un
liquide brun noirâtre, limpide, et qui, après évaporation,
abandonne une sorte de kino. La substance ainsi obtenue
est, en effet, brune, sèche et friable, insoluble dans l’acétone
et le chloroforme, mais soluble dans l'alcool absolu et dans
l'eau. Dans la solution aqueuse le sous-acétate de plomb
détermine un précipité grumeleux, pendant que le perchlo-
rure de fer provoque un précipité bleu noirâtre. Cette
tanno-gomme est parfois désignée sous le nom de sefo.
(H. Jumelle : Quelques latex et quelques gommes et résines de l'Ouest
de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 1911.)
323. Excrétat de Rhizophora mucronata. — /hizophoracées.
Le Rhizophora mucronata est un des principaux arbres
de la mangrove. Le produit exposé
et qui est de nature
encore indéterminée — est excrété en saison sèche par les
souches qui proviennent de l'abatage des arbres.
324. Résine copal de Trachylobium verrucosum. — Zéqumi-
neuses.
325, Fruits de Trachylobium verrucosum.
326. Bois et rameaux de Trachylobium verrucosum.
Le Trachylobium verrucosum est l'arbre dont la résine
fossile, récoltée surtout sur la côte orientale d'Afrique,
en Afrique Orientale Allemande, constitue le meilleur
des ‘copals, dit copal de Zanzibar. C'est le fandro-
roho de Madagascar, où on ne le trouve que dans l'Est,
dans les terres sablonneuses de la région des lagunes. Il est
obtenu surtout par l'incision des grosses branches et du
tronc : on en récolte aussi un peu dans le sol. Le copal de
Madagascar, un peu moins dur que celui de Zanzibar, et
qui donne lieu à quelques faibles exportations (15 à 20
tonnes par an), est donc en partie récent et en partie fos-
sile.
(Prudhomme : L'agriculture de la côte Est de Madagascar. Paris,
1901. — H. Jacob de Cordemoy : loc. cit.)
EU
MADAGASCAR ET COMORES 1)
327. Résine fossile de kominga. — Zéqumineuses.
Cette résine, qui provient de l'Erythrophloeum Cou-
minga déjà cité dans la section des Plantes toxiques, est
rouge. Elle nest pas emplovée et n'a pas encore été
étudiée.
328. Résine de Genipa Rutenbergiana. — /uhiacées.
Cet arbrisseau de l'Ambongo et du Boina est le kari-
pedahy des Sakalaves, surtout commun sur les gneiss et les
micaschistes. Sa sécrétion résineuse recouvre les bourgeons
et les jeunes fleurs. À ces niveaux, la résine exsudée se
concrète sous la forme de petites perles irrégulièrement
globuleuses. La substance est de couleur jaune clair ; pul-
vérisée, elle est jaune soufre et exhale, lorsqu'on la frotte
entre les doigts, une légère odeur assez agréable qui rap-
pelle un peu celle de certaines résines de Burséracées.
Elle est entièrement soluble dans le chloroforme, le sul-
fure de carbone, l’éther et l'essence de térébenthine ; elle
se dissout partiellement dans l'alcool à 95°, le toluène et
la benzine. Les Sakalaves la récoltent peu et ne l'utilisent
qu'exceptionnellement pour confectionner, en la mélangeant,
après pulvérisation, avec de la graisse de bœuf, une pommade
qui, prétendent-ils, fait repousser les cheveux.
(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest
de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)
329. Résine d'Ophiocaulon firingalavense. — Passifloracées.
La liane est un des ola-boay des Sakalaves. Sa base est
fortement renflée en forme de pain de sucre : et c’est la
cuticule de l'épiderme de ce tubercule qui est recouverte
de la substance résineuse. Pour obtenir cette résine, on
frappe et râcle l'écorce, puis on met le tout dans un linge,
que l’on plonge dans l’eau bouillante. On obtient ainsi un
pain d'une matière vert brunâtre, terne extérieurement, bril-
lante, au contraire, sur la cassure. L'ensemble paraît formé
de nombreuses lames brillantes, incluses dans une petite
56 H, JUMELLE
quantité de poussière vert pâle qui dessine des veines sur
les brisures. Le toucher un peu gras indique que la résine
est accompagnée d'un peu de cire. Le produit est très
facilement pulvérisable, et il se dissout en fortes propor-
tions dans le chloroforme, le sulfure de carbone, l’éther,
la benzine, l'alcool froid, le toluène et l’acétone. La quan-
tité d'iode fixée par 100 parties de la portion soluble dans
le chloroforme est de 34,7, titre beaucoup plus fort qu'il ne
l’est pour les cires. Dans l’eau chaude, la substance com-
mence à se ramollir vers 65°, et est complètement pâteuse
entre 85 et 900.
(H. Jumelle : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-
ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)
330. Résine de Canarium multiflorum. — Purséracées.
331. Graines de Canarium multiflorum.
332. Résine fossile de ramy.
Les Canarium de Madagascar donnent les oléo-résines
dites ramy, que les indigènes emploient comme encens,
comme colophane ou pour faire des soudures. La substance
est récoltée comme exsudat spontané, à la base du tronc et
sur les grosses racines ; on provoque aussi sa sécrétion par
des entailles sur le tronc. Il y a également une sorte de
ramy demi-fossilisé. Commercialement, les ramy sont de
la catégorie des élémis et pourraient donc peut-être être
utilisés pour la préparation de certains vernis à l'essence ou
à l'alcool. Ce sont des résines à odeur de citron, solubles
dans les alcools éthylique et amylique, le chloroforme, la
benzine, l’éther et l'essence de térébenthine. Avec ce der-
nier dissolvant elles donnent, comme le galipot d'Amérique,
d'après M. Coflignier, des vernis qui, ne durcissant pas les
couleurs au plomb, permettent de les étendre. Ces propriétés
varient d’ailleurs peut-être selon l'origine botanique, car
on connaît, entre autres espèces malgaches, le Canarium
multiflorum de l'Ouest, le Canarium madagascariense de
VF #PT
MADAGASCAR ET COMORES 57
Morondava, le Canarium oblusifolium, qui serait à la fois à
Fort-Dauphin et à Nossi-Bé, le Canarium Boivini du Nord
et de l'Est, le Canarium pulchro-bracteatum de Farafan-
gana. Or le Canarium multiflorum produit une résine jaune
verdâtre, la résine du Canarium Boivini, ou ramy fotsy,
est jaune citron, non transparente et à cassure vitreuse,
celle du ramy mainty, d'espèce indéterminée, est verdâtre,
presque transparente et reste longtemps assez tendre pour
être coupée au couteau. Le ramy semi-fossilisé est rou-
geûtre.
(H. Jacob de Cordemoy: Les plantes à gommes el à résines. Doin,
Paris, 4911. — Guillaumin: Les ramy de Madagascar. Bulletin écono-
mique de Madagascar, 2° semestre, 1909. — Id. : Les produits utiles des
Burséracées. L'Agriculture pratique des pays chauds, mai-août 1909.)
333. Oléo-résine de Calophyllum parviflorum. — Clusiacées.
334. Oléo-résine de Calophyllum laxiflorum.
Ces oléo-résines des Calophyllum passent en divers pays
pour être des topiques efficaces contre les ulcères.
333. Écorces de Kalanchoe Grandidieri. — Crassulacées.
Le Kalanchoe Grandidieri est un des mongy de Mada-
gascar, Ses écorces, remplies de résines diverses, brülent
. facilement, avec une odeur de benjoin ou d'encens d'Arménie,
336. Gomme-résine d'haronga. — //ypericacées.
L'Haronga madagascariensis donne une substance qui,
comme la gomme-quitte, forme avec l'eau une émulsion
jaune. Cette gomme-résine contient 8 °/, de gomme soluble
et 85 °/, d'une résine très foncée.
(HI. Jacob de Cordemoy : loc. cit.)
337. Gomme-résine de manipika. — /équmineuses.
Le manipika est le Dalbergia Perrieri Drake, du Boina,
déjà mentionné dans la section des Bois. Dans le bassin du
DS H. JUMELLE
Bemarivo, un coléoptère longicorne, en attaquant l'écorce,
provoque la sécrétion d’une sorte de gomme-résine à forte
odeur de cannelle. Cette substance est complètement soluble
dans le terpinéol, avec lequel elle donne des solutions d’un
rouge vif, mais il s'en dissout aussi une petite quantité
(3°/, environ) dans'l’eau froide, qui prend une teinte jaune
paille. La solubilité complète dans l'alcool permettrait
d'obtenir, avec la substance, des vernis rouges, tels que ces
vernis pour métaux qu'on prépare avec les accroïdes ou le
sang-dragon.
(H. Jumelle : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-
Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.)
338. Gomme-résine de tsimatimanonta. — Clusiacees:
Le fsimatimanonta des Sakalaves est le Tsimalimia Per-
villei de l'Ambongo et du Boina. La sécrétion de son tronc
est tout d'abord jaune d'or, mais brunit peu à peu à l'air.
Fraiche, la substance a un peu la couleur de l’encaustique,
qu’elle conserve intérieurement: elle est sans odeur, un peu
adhésive au doigt et est cassante et friable, mais ne se pul-
vérise pas facilement à cause de sa consistance légèrement
visqueuse. L'eau en dissout 13°/, environ et l’acétone
62°/,. La gomme, au sortir de l’étuve, est sèche et très
friable, jaune rougeâtre ; sa solution aqueuse est jaunâtre.
La résine, dans les mêmes conditions, est liquide et ne se
solidifie que par refroidissement ; elle est rouge foncé, et
ses solutions dans l’acétone, le chloroforme, la benzine, le
toluène, l'alcool absolu, sont d’un rouge sang.
(H, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Clusiacées du Nord-Ouest
de Madagascar. Annales des Sciences naturelles, Botanique, 1910.)
339. Résine de famata. — Æuphorbiacées.
Les famata sont des Euphorbia aphylles, de la sous-sec-
tion Laro. La résine qui semble sans emploi possible est le
coagulat friable qui reste après l’évaporation du latex.
(H. Jumelle: Quelques latex et quelques gommes et résines de l'Ouest
de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 15 avril 1911.)
…
MADAGASCAR ET COMORES 59
340. Latex de fiamy.
Le /iamy est peut-être un Ficus. Le coagulat obtenu par
évaporation à chaud de son latex est de couleur brun foncé ;
il est tout d’abord un peu élastique et légèrement visqueux,
mais, en se refroidissant, il durcit et devient cassant en
perdant toute élasticité. Le produit semble encore sans
emploi possible.
HT. Jumelle : loc. cit.)
341. Latex résineux d'adabo. — Arfocarpées.
L'adabo est le Ficus Sakalavarum. La substance rési-
neuse qu'abandonne son latex est inutilisable.
342. Latex concrété de Sideroxylon rubrocostatum. —
Sapotacees.
Ce Sideroxylon est un des nombreux nato de Madagascar.
Il est commun dans le Boina, dans le bassin du Bemarivo,
parmi les rocailles des bords des torrents. Le latex donne un
coagulat gris brun, qui, d'abord poisseux, devient, en se
desséchant, cassant et assez facilement pulvérisable. Jeté
dans l’eau bouillante, ce produit redevient visqueux et se
désagrège ; 1l ne peut donc même pas être considéré comme
matière guttoïde et est dénué de tout intérêt,
H. Jumelle: La flore du Nord-Ouest de Madagascar, Annales du
Musée Colonial de Marseille, 1907.)
XII, — CAOUTCHOUCS ET GUTTAS
391. Fruits de Landolphia Perrieri. — Apocynacées.
352. Liane de Landolphia Perrieri.
353. Latex de Landolphia Perrieri.
60 H. JUMELLE
394. Caoutchouc de Landolphia Perrieri.
C'est le Landolphia Perrieri qui donne la plus grande
partie du « caoutchouc rouge de Majunga », où « Majunga
rouge ». Cette liane se plait dans les sols secs jusqu’à
T00 mètres d'altitude. Elle est plus ou moins commune : dans
le Nord, où on la trouve sur les deux versants ; dans le Nord-
Ouest, où c'est le piralahy où vahealahy ; dans l'Ouest, où
c'est le rehea et le voahena, et où elle descend jusqu'au
bassin de la Tsiribihina, les derniers pieds disparaissant
vers les sources de la Sakeny. Après avoir recueilli le latex
qui s'écoule des tronçons de la liane, les indigènes le laissent
se coaguler spontanément ou bien provoquent la coagulation
par le jus de citron. Dans le Sambrano, on trouve la variété
ambatensis, qu est le dify vahea des indigènes.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie: Les plantes à caoutchouc du
Nord de Madagascar. L’'Agriculture pratique des pays chauds, 1911. —
Id. : Les plantes à caoutchouc de l'Ouest et du Sud-Ouest de Madagascar.
Id., 1911. — H. Jumelle : Les plantes à caoutchouc et à quitta. Challamel,
Paris, 1903. — Id.: La flore caoutchoutière de Madagascar. Congrès du
Caoutchouc de Batavia, 1914.)
359. Fruits frais de Landolphia sphaerocarpa. — Apocry-
nacces.
396. Fruits secs de Landolphia sphaerocarpa.
391. Caoutchouc de Landolphia sphaerocarpa.
Le Landolphia sphaerocarpa est encore une liane à
caoutchouc de l'Ouest, mais qui ne recherche plus, comme
l'espèce précédente, les sols secs; elle préfère les endroits
humides, tels que les alluvions des bords des cours d’eau.
Son aire de répartition est plus restreinte que celle du Lan-
dolphia Perrieri, car elle ne commence, vers le Nord, qu’au-
dessous de la Sofia. Elle descend, par contre, plus bas vers
le Sud, car elle a pour limite l'Onilahy. C’est le reiabo ou
l’ariabo des Sakalaves. Son caoutchouc est encore rouge,
mais la rareté de la liane le rend moins important,
‘H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.)
MADAGASCAR ET COMORES 61
358. Fruit de Landolphia Boivini. — Apocynacées.
Cette espèce est de Nossi-Bé, où elle est d'ailleurs rare.
On ne la trouve plus guère qu'en quelques endroits comme
sur les bords de l'Ankarankely. Son caoutchouc est de
médiocre ténacité.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les plantes à caoutchouc du
Nord de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 1910. —
Id. : Les Landolphia du Nord et de l'Est de Madagascar. Id., 191%.
359. Caoutchouc de Mascarenhasia arborescens coagulé par
l'acide sulfurique. — Apocynacées.
360. Caoutchouc de Mascarenhasia arborescens coagulé par
l'alcool.
361. Tiges de Mascarenhasia arborescens.
362. Écorces de Mascarenhasia arborescens.
C'est le Mascarenhasia arborescens qui donne la plus
grande partie du « caoutchouc noir de Majunga », ou
« Majunga noir ». Ce Mascarenhasia arborescens à pour
habitat, sur le versant occidental, le Nord, le Sambirano, et
le Nord-Ouest ; 1l s'arrête au cap Suint-André. L'arbre se
plait dans les endroits un peu humides ; en forêt, il est élevé
et à tronc simple (forme longifolia), tandis que dans les
endroits découverts il est plus bas et à plusieurs troncs
(forme anceps). C'est, suivant les régions, un barabanja,
un gidroa où le gidroandrano. Pour l’exploiter, les Saka-
laves abattent l'arbre, puis incisent les troncs annulure-
ment ; ils laissent ensuite le latex se coaguler spontanément
sur le tronc, ou bien ils font bouillir le latex.
Dans l'Est on trouve le Mascarahenasia arborescens var.
coriacea cité plus loin (n° 353).
363. Caoutchouc de Mascarenhasia lisianthiflora. — Apocy-
nacées.
6
3
2 H. JUMELLE
64. Latex coagulé de Mascarenhasia lisianthiflora.
Cet autre gyidroa donne dans l'Ouest un caoutchouc
analogue au précédent, mais 1l croît dans les endroits secs
et est beaucoup moins fréquent que le M. arborescens. I]
est inconnu dans le Nord et dans le Sambirano : 1l ne com-
mence qu'au-dessous du Maivarano, pour se continuer de là,
à travers le Boina et l’Ambongo, puis le Menabé, jusque
vers la Linta. Il descend donc plus loin vers le Sud que
l’autre espèce, C’est le gidroanosy des Bara. Dans le Boina,
il est exploité comme le M. arborescens. Au nord de Ja
Linta, les Bara pilonnent les écorces des tiges et des racines.
Ces écorces, arrachées par martelage entre deux pierres,
sont desséchées au soleil et emportées au village, où le
pilonnage est effectué par les femmes et les enfants dans les
mortiers à riz. Le caoutchouc ainsi préparé, et assez défec-
tueux, est en petites plaques minces de 7 à 10 cm. de côté,
d’un rouge noirâtre.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cut.)
365. Caoutchouc de Secamonopsis madagascariensis. — A sc/é-
piadacées.
366. Tiges de Secamonopsis madagascariensis.
Le Secamonopsis madagascariensis donne avec le Gono-
crypla Grevei une grande partie de caoutchouc de Tuléar.
Ce Secamonopsis madagascariensis, ou vahimainty, ou lan-
galora, apparaît au niveau du Manambolo, mais ne devient
commun qu'au-dessous de la Tsiribihina, où 1l est très fré-
quent sur les dunes, entre cette Tsiribihina et l'Onilahy ; 1l
redescend dans le Menanrandra, puis, vers l'Est, jusqu'à
Tsivory. Dans les bassins du Mangoky et de l’Onilahy, les
Bara l’exploitent à la façon du bokabé; ils sectionnent les
fruits. Chaque follicule abandenne environ 75 milligrammes
de caoutchouc, et, un pied pouvant porter 100 à 500 de ces
follicules, le rendement d’une souche est de 8 à 40 grammes.
MADAGASCAR ET COMORES 63
Le caoutchouc n'est bon que si-les fruits sont bien mürs.
A Tsivory, les indigènes incisent le bas des tiges.
(H. Jumelle : Deux nouvelles plantes à caoutchouc de Madagascar. Le
Caoutchouc et la Gutta-Percha, juin-juillet 14905. — H. Jumelle et HI.
Perrier de la Bâthie: Les plantes à caoutchouc de l'Ouest et du Sud-Ouest
de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 1911.)
367. Caoutchouc de Gonocrypta Grevei. — .{sclépiadacces.
Le Gonocrypta Grevei, ou kompitso, a à peu près le même
habitat que le Secamonopsis madagascariensis, quil accom-
pagne ; il commence cependant un peu plus bas, sur la côte,
que ce langalora, car on ne le rencontre pas au nord du
bassin du Mangoky. Dans ce bassin du Mangoky et dans
celui de l'Onilahy, les Bara exploitent le £ompitso comme
le langalora, en sectionnant les fruits. À Tsivory, on saigne
le bas des tiges. Le caoutchouc est sensiblement de même
valeur que le précédent.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.)
368. Fruits et tiges de Cryptostegia grandiflora. — Asc/é-
piadacées .
Le Cryptosteqia grandiflora est, avec l'espèce suivante,
le lombiro de l'Ouest; mas cette forme grandiflora, qui n’est
peut-être qu'une variété du C. madagascariensis, est plus
particulièrement localisée dans la partie méridionale et ne
semble pas, vers le Nord, dépasser beaucoup Tuléar. Son
caoutchouc est le même que celui de l'autre lombiro.
H. Jumelle: Le Cryplostegia grandiflora dans le Sud-Ouest de Mada-
gascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, novembre 1908. — NH,
Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit. — Id. : Nouvelles notes bio-
logiques sur la flore malgache. Annales de la Faculté des Sciences,
1915.)
369. Fruits et tiges de Cryptostegia madagascariensis. —
Asclépiadacées .
370. Caoutchouc de Cryptostegia madagascariensis.
64 H. JUMELLE
Tout en accompagnant dans le Sud l'autre espèce du
senre, le Cryplostegia madagascariensis remonte sur le ver-
sant occidental de l'ile jusque dans le Nord. C'est le seul
lombiro de l'Ambongo et du Boina. Ce caoutchouc de lom-
biro a, à plusieurs reprises, attiré l'attention des industriels ;
et quelques cultures de ja liane ont été tentées à un moment
donné dans le Nord. Le produit ne parait cependant que de
qualité moyenne et n'est intéressant que pour certaines
industries qui ne recherchent pas des sortes d'une grande
nervosité.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bäthie : loc. cit.)
371. Caoutchouc de Marsdenia verrucosa. — Asclépiadacées.
372. Fruits frais de Marsdenia verrucosa.
373. Fruits secs de Marsdenia verrucosa.
Le Marsdenia verrucosa est le bokabé où bokalahy du
versant occidental de Madagascar. Délaissé dans le Boina
et dans l'Ambongo, ce Marsdenia, qui s'étend de la Sofia à
l'Extrême-Sud, est exploité, dans l'Ouest proprement dit,
par les Bara, qui incisent ses fruits. Chaque liane peut
fournir 20 à 40 follicules, qui donnent chacun, en moyenne,
60 centigrammes de caoutchouc. Cueillis un peu avant
maturité complète, ces fruits sont apportés au village voisin;
où les femmes et les enfants en coupent successivement les
deux extrémités, qu'ils font égoutter, après sectionnement,
au-dessus d'un treillis sous lequel est placé un récipient. La
décoction est effectuée avec une décoction de fruits de tama-
rinier. Le caoutchouc ainsi obtenu est d’abord assez tendre
et d'un bon aspect, mais il devient rapidement poisseux ; et
c'est le mélange du latex de bokabé avec les latex du lan-
galora (Secamonopsis madagascariensis) et du kompitso
(Gonocrypta Grevei) qui a été souvent une des principales
causes de la dépréciation de certains caoutchoues de Tuléar
ou de Morondava.
I. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.)
MADAGASCAR ET COMORES 65
314. Caoutchouc de Plectaneia elastica. — Apocynacées.
315. Bois de Plectaneia elastica.
Le Plectaneia elastica est, dans le Haut-Bemarivo, sur
l’'Analamahitso, le piravaovao des Sakalaves et, dans le Sud,
à l’ouest de Tsivory, entre le Mandraré et le Menarandra,
le vahivanda. C'est partout une espèce des altitudes supé-
rieures à 800 mètres. Sur l’Analamahitso, la liane acquiert
d'assez grandes dimensions ; il est des troncs qui peuvent
avoir jusqu'à 20 centimètres de diamètre. Dans le Sud, au
contraire, ces troncs ne dépassent guère 3 ou 4 centimètres.
Il en résulte une différence dans le mode d'exploitation. Les
pieds du Nord-Ouest peuvent être incisés et donnent jusqu'à
deux litres de latex, d'où l’on retire 32 grammes de caout-
chouc, pendant qu'on récolte, en outre, sur la même tige
30 grammes de {songone fitra, c'est-à-dire de petits fragments
de caoutchouc qui se sont coagulés sur l'écorce. A Tsivory, le
pilonnage des écorces est le seul procédé possible et le ren-
dement par pied ne dépasse pas 15 grammes. Le caoutchouc
de Plectaneia elastica est blanc noirâtre ou brun ambré,
assez tenace, mais aussi assez fortement résineux. En tout
cas, la rareté relative de la plante et son faible rendement
(4 à 2 °/, de caoutchouc dans le latex) l’empêéchent d’avoir
un grand intérêt.
H, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Une nouvelle plante à caout-
chouc de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 15 février 1908.
— [d.: Le genre Pleclaneia. Annales du Musée Colonial de Marseille,
1908. — H. Jumelle : Le Pleictaneia elastica et le Mascarenhasia lisianthi-
flora dans le Sud-Ouest de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-
Percha, juin 1908.) :
376. Caoutchouc d'Euphorbia Intisy. — Æuphorbiacées.
317, Rameaux et fleurs d'Euphorbia Intisy.
L'Euphorbia Intisy fut découvert, comme plante à caout-
chouc, en 1890 dans le Sud-Ouest de Madagascar. Le pro-
duit est blanc et de bonne qualité, et son intérêt serait
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4° vol. 1916. 5
66 H. JUMELLÉ
d'autant plus grand que la région où croît la plante est cette
partie méridionale de l’île caractérisée, au-dessous de l'Oni-
laby, par la brousse à xérophytes qui recouvre son sol
aride. La contrée est donc à peu près dépourvué de toute
autre plante ayant une valeur économique. Malheureusement
aussi l'intisy, soumis à un traitement barbare, puisque les
indigènes incisent même ses racines, devient de jour en
jour plus rare. Dès aujourd’hui, il n'en reste plus que des
individus tout jeunes, encore incapables de fructifier ; la
multiplication par graines est donc, par là même, supprimée.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.)
318. Caoutchouc d'Euphorbia Pirahazo. — Æuphorbhiacées.
Cette autre espèce d'Euphorbia est, dans l'Ambongo, dans
la région d'Andranomavo, le pirahazo des Sakalaves. On en
retrouve quelques pieds, mais de plus en plus rares, sur les
contreforts du plateau central, sur la Mahajamba, le Bema-
rivo et la Sofia. La saignée donne par pied de 400 à
800 grammes d'un caoutchouc de bonne valeur moyenne.
(H. Jumelle : Deux nouvelles plantes à caoutchouc de Madagascar. Le
Caoutchouc et la Gutta-Percha, juin-juillet 1905.)
319. Fruits de Landolphia Mandrianambo. — Apocynacces.
380. Tiges de Landolphia Mandrianambo.
Les espèces de Landolphia du versant oriental de Mada-
gascar sont nombreuses mais de valeurs très inégales. La
meilleure, et l’une des plus productives, qui donne le caout-
chouc rouge de l'Est, serait le Landolphia corticata, ou fin-
gibahea. Le Landolphia Mandrianambo, qui est le man-
drianambo de Masoala, le voahena d'Analamazaotra et un
herotravahy du Sud-Est, est très inférieur. Non seulement
ce mandrianambo ne contient qu'une substance visqueuse
dans ses parties toutes jeunes, mais même dans ses parties
voisines du sol il fournit plutôt une matière à toucher gras
que du véritable caoutchouc; et ce n'est qu'à une certaine
… -disiiitt at
PES : td
MADAGASCAR ET COMORES 67
distance au-dessus de terre qu'il donne parfois (/ingikahazo)
du caoutchouc.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Quelques Landolphia à caout-
chouc de l'Est de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds,
— Id. : Les Landolphia du Nord et de l'Est de Madagascar. 1., 1914. —
Id.: La diversité et les variations des latex dans une liane à caoutchouc.
Id., 1914.)
381. Tiges de Landolphia madagascariensis. Apocynacées.
Le Landolphia madagascariensis, ou Landolphia Richar-
diana, est un mamolava, un robanga et un falandoha de
l'Est. Son produit est sans valeur.
(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.)
382. Fruit de Landolphia Mamolava. Apocynacées.
Le Landolphia Mamolava, comme le Landolphia Mamavo,
le ZLandolphia compressa et quelques autres espèces,
est une liane à produit sans valeur; son latex ne donne
qu'un coagulat poisseux et très élastique. En général,
toutes ces lianes nommées sur la côte Est mamolava, ro-
banga où falandoha ne sont pas exploitables ; et l’utilisa-
tion de leurs latex a toujours pour résultat de déprécier les
bons caoutchoucs avec lesquels on les mélange.
(Costantin et Poisson : Notes sur les plantes à caoutchouc et à latex du
Sud et du Sud-Est de Madagascar. Revue générale de Botanique, 1909.
— H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Landolphia « mamolava »
de l'Est de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 1913.)
383. Fruits de Mascarenhasia arborescens var. coriacea. —
Apocynacées.
L'arbre qui donne le principal « caoutchouc noir » de l'Est
est une variété à gros fruits du Mascarenhasia arborescens
de l'Ouest. Ce M. arborescens var. coriacea est, suivant les
régions, le babo, ou, en tanala, un herofrahazo, ou encore,
à Mananara, le gidroafotsy ; c’est aussi à Analamazaotra
6S I. JUMELLE
l'hazondrano des bas. L'arbre est à peu près exploité comme
dans l'Ouest.
I. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie: Les Mascarenhasia de l'Est de
Madagascar. L'Agricullure pratique des pays chauds, 1912. — Id.: Nou-
velles observations sur les Mascarenhasia de l'Est de Madagascar. W.,
1914.)
384. Gutta de vatodinga. — Sapotacées.
Le valodinga de l'Est est le Mimusops costata, où Manil-
kara costata. Son produit, comme la gutta-percha, est plas-
tique à chaud (65° à 70°) et est capable de recevoir des
empreintes. Il contient moins de résines que la balata,
mais ne présente pas la même imperméabilité n1 la même
stabilité chimique que la gutta-percha; il ne pourrait donc
être utilisé qu'après une amélioration obtenue par l'incor-
poration de substances chimiques appropriées, de même que
le caoutchouc du commerce est bien meilleur isolant que le
caoutchouc pur.
(Marcel Dubard : Note sur la qutta de Madagascar. Bulletin écono-
mique de Madagascar, 2° semestre, 1909.)
XIII — TANNINS ET COLORANTS
401. Écorces de nato. — Sapotacées.
402. Fruits de natondriaka.
On désigne sous le nom de nato diverses espèces de Sapo-
tacées, notamment le Mimupsos Commersonti (ou Imbri-
caria coriacea),le Labramia Bojeri (ou Mimusops C'hapeliert,
ou M. Thouarsii), le Labourdonaisia madagascariensis et le
Sideroxylon rubrocostatum. Le nalolahy est même une Clu-
siacée, le Calophyllum laxiflorum. Il n’est pas bien établi
quelle est, de toutes ces espèces, celle dont l’écorce donne
MADAGASCAR ET COMORES 69
la couleur rouge employée par les indigènes pour la teinture
des filaments de raphia et des rabanes.
(M. Dubard: Les Sapotacées du groupe des Sidéroxæylinées. Annales du
Musée Colonial de Marseille, 1915.
403. Écorces de Rhizophora Mangle. — /#hi=ophoracces.
Les écorces de palétuvier sont très employées aujourd'hui
pour la tannerie, surtout à l'étranger. Des écorces sèches
contiennent environ 25 °/, de tannin. Les palétuviers sont
au nombre des principaux représentants de cette flore arbo-
rescente spéciale qu'on nomme la mangrove. Madagascar
exporte annuellement 40 à 50 mille tonnes d'écorces tan-
nantes.
404. Tronc jeune d'Avicennia officinalis. — Verhénacées.
L’Avicennia officinalis est un autre arbre de la mangroye,
mais dont l'écorce n'offre pas pour la tannerie l'intérêt des
écorces de palétuvier.
105. Feuilles d'indigotier. — Zéqumineuses.
IL y a à Madagascar de nombreuses espèces sauvages
d'Indigofera, mais on trouve en outre dans beaucoup de
régions, à l’état subspontané ou cultivé, l’Zndigofera tinc-
toria et l'Indigofera Anil. L'Indigofera tinctoria, importé
de l'Inde, à été cultivé jadis par Laborde dans l'Imerina.
C’est une culture qui est aujourd’hui à peu près abandonnée.
Avant l'introduction de l'espèce indienne, l'espèce indigène
employée par les Malgaches était surtout l’Zndigofera hir-
suta. On sait que dans l'Indé, comme à Java, le principal
indigo actuel devient l’Zndigofera arrecta du Cap.
_ (Drake del Castillo : Histoire naturelle des plantes. Histoire physique,
naturelle et politique de Madagascar, par Grandidier, 1902, vol. XXX,
EX; partie)
406. Orseille de Nossi-Bé. — Zichens.
L'orseille de Nossi-Bé, emplovée pour la teinture, serait
, yeée ,
70 H. JUMELLE
surtout, semble-t-il, le Roccella Montagnei, qu'on retrouve
dans le Sud-Ouest et le Sud.
107. Graines de rocou. — Pixacées.
Ces graines proviennent de la Station d'Essais de l’Ivo-
loina, où la plante a été introduite. Le Bixa Orellana est
encore aujourd'hui plus ou moins cultivé aux Antilles Fran-
çaises, à la Jamaïque et dans le Nord du Brésil. Quoique
les couleurs d’aniline aient fortement restreint l'intérêt du
rocou, la substance est encore usitée comme colorant par
quelques industries, notamment pour la fabrication des fro-
mages de Hollande et dans la préparation de certains vernis
ou de tissus et de peaux.
(H. Jumelle : Les cultures coloniales, vol, VIII. Baillière, Paris, 1916.)
XIV. — PLANTES DIVERSES
421, Fruits de Pandanus sp. — Pandanacées.
422. Graines de Pandanus sylvestris. — Pandanacées.
123. Casuarina equisetifolia, ou filao. — Casuarinacées.
124, Bois de Solanum erythracanthum. — Solanacées.
125. Fruits et écorces de landemy, ou Anthocleista rhizo-
phoroides. —— Loganiacées.
426. Inflorescence de Buddleia madagascariensis. — Zoga
niacées.
497. Fruits de Mussaenda arcuata. — /iubiacées.
128. Rameaux et fruits d'Homalium scleroxylon. — Bixa-
cees.
| #4F3sË - Êr NE
MADAGASCAR ET COMORES 71
429. Fruits de Barringtonia racemosa. — Myrfacées.
430. Écorces de Phylloxylum ensifolium. — Zéqumineuses.
431. Écorces de Samadera madagascariensis. — Simaru-
bacées.
432. Fruits d'Omphalea biglandulosa. — Æuphorbiacées.
433. Fruits d'Elaeocarpus sericeus. — 7'iliacées.
134. Fruits d'Elaeocarpus quercifolius. — Tiliacées.
435. Fruits de Carpodiptera Boivini. — Tiliacées.
INDEX DES COLLECTIONS BOTANIQUES
DE MADAGASCAR !
A
Abaca, 234.
Ababa, 272,312.
Acajou, 272.
Acajou à pomme, 22, 312.
Adabo, 341.
Adansontia alba, 196.
— Bozy, 194.
— digitata, 200.
— Fony, 197.
— Grandidierti, 20,198,
199.
— madagascariensis,
192,
— rubrostipa, 195.
— Za, 193.
Aframomum angustifolium,
113.
Agalophyllum aromalicum,
MIE:
Agave rigida, 233.
Ahibano, 248.
Albizzia Lehhek, 313.
Aloës, 298 et 228 bis.
Amoora Rohiluka, 203.
Ampelosicyos scandens, 201.
Anacardium occidentale, 22,
Si:
Ananas, 90.
Ananassa saliva, 50.
Anona squamosa, 52.
Anthocleista rhizophoroides,
495.
Anthofles, 106.
Aphloia theaeformis, 144.
Aponogelon Guillotit, 11.
Arrow-root, 9, 10.
Arlocarpus integrifolia, 53.
Ariabo 355-357.
Arundinella slipoides, 254.
Avicennia officinalis, 404.
Avocat, 1.
Ayapana, 131, 299.
B
Babo, 383.
Banane, 13.
Banty, 241.
Baobabs, 20,192-200.
Barabanja, 359-362.
Barbadine, 48.
Barringlonia racemosa, 4929.
Beccariophoenix madagasca-
riensis, 244.
Betatatra, 166, 321, 322.
Bixa Orellana, 407.
Bokabe, 224, 371-373.
Bokalahy, 224, 371-373.
Bois noir, 313.
Bonara, 313.
Bontaka, 232.
Bourao, 236.
Bozaka, 254.
Brochoneura Dardaint, 187.
— Freneei, 189-191.
sp., 188.
4. Les numéros indiqués sont ceux du Catalogue.
_-
H.
83-186.
madagascariensis,
Brochoneura Vouri, 1
Buddleia
426.
Bun-ochra, 229,
C
Cacao, 88, 89.
Cafés, 81-87.
Café nègre, 132.
Calophyllum Inophyllum, 175,
176.
laxiflorum ,
402,
parviflorum,
389:
T'acamahaca, 177-
179:
Canarium Boivini,
334
180,
DO
madagascariense,
332.
mu lliflorum,
02.
pulchro-bracteatum,
392:
obtusifolium,
Cannelle, 112
Capsicum sp., 101.
Carica Papaya, 46.
Carpodiplera Boivini,
:Carrapicho, 229.
Caryophyllus aromaticus, 104-
106.
Cassta occidentalis, 131.
Casuarina equisetifoliæ, 423.
Cedrelopsis Grevei, 135-137.
Ceuba pentandra, 204, 223.
Chrysalidocarpus mananjaren-
sis, 243.
sp., 208.
33 0
332.
435.
JUMELLE
Cinnamomum sp.,
112;
Cinnamosma fragrans, 133.
Citrus Aurantium,
Citror
42.
41.
43.
decumana,
Limonum,
1, 43.
Coprs canephora, 83, 84.
Cola
congensis, 85.
liberica, 81, 82.
Perriert, 87.
sp., 86.
nilida, 138.
Coton, 221.
Coton de Géorgie, 222.
Crin végétal,
Cryptosteqia
' D9DE
238.
grandiflora, 368.
madagascariensts,
225,:250,:309:4910:
Curcuma longa, 114, 115.
Cynanchum Messert, 205.
Cyperus alternifolius, 253.
Dalbe
imerinensis, 291.
latifolius, 252.
madagascartiensis, 251.
nudicaulis, 248.
D
rqta boinensis, 273.
Dalberqia 1kopensis, 274.
Dara,
Perrieri, 21378010
239.
Diloheia Thouarsti, 167, 168.
Diospyros Perriert,
27Le
Dioscorea sp., 12.
Dolie,
24.
Dolichos Lablab, 24.
E
Ebène, 271.
MADAGASCAR ET
Elaeis madagascariensis, 169.
Elaeocarpus quercifolius, 434.
— sericeus, 433.
Eleocharis sp, 255.
Entada scandens, 25.
Erythrophloeum Couminga,
148, 275, 327.
Erythroxzylum laurifolium,
134.
Eucalyptus globulus, 293.
Eugenia sp., 149.
Eupalorium Ayapana, 131.
Euphorbia Inlisy, 376, 377.
— Laro, 339.
— Pirahazo, 378.
Z- stenoclada, 207.
— æylophylloides, 206.
F
Famata, 339.
Fandramanana, 144.
Fedegosa, 132.
Fiamy, 340.
Ficus Sakalavarum, 341.
Filao, 423.
Fingibahea, 380.
Flacourlia Ramontchi, 68.
Fony, 197.
Fourcroya
228 bus.
gigantea, 228,
G
Genipa Rulenberqiana, 328.
Girofle, 104-106.
Gluta Turtur, 277.
Gonocrypla Grever, 367.
Gossypium sp. 221, 222,
COMORES 19
Goyave, 45.
Gidroa, 359-362.
Gidroafotsy, 383.
Gidroandrano, 359-362, 364.
Gidroanosy, 363, 364.
H
94.
Haravola, 2
Harefo, 255
Haricot du Cap, 23.
Haronga, 336.
Haronga madagascartiensis, 336.
Hazina, 172.
Hazomalanga,
Hazomainty, 271.
Hazomeéna, 272, 311.
Hazondrano des bas, 383.
Hazongia, 319.
Herana, 292.
Herotrahazo, 383.
Herotravahy, 380.
Homalium scleroxylon, 428.
Hordeum vulqare, 20.
Hydnora esculenta, 54.
Hyphaene Shalan, 67, 240, 241.
I
Igname, 12.
Imbricaria coriacea, 402.
Indigofera Anil, 405.
—— hirsuta, 405.
— tincloria, 403.
Intisy, 376, 377.
Isatra201.
J
Jatropha Curcas, 161, 162,
— maha/falensis,
9219322;
166,
70 H.
Jacquier, 53.
Kabaro, 23.
Kabija, 6.
Kaboka, 226.
Kalanchoe Grandidierti, 335.
Kapok, 204, 223.
Karipedahy, 328.
Katafa, 137:
Katrafay, 137.
Khaya madagascariensis, 272,
À M Le
Kily, 70, 314, 315.
Kimanga, 139, 148, 275.
Kirijy, 229.
Kirondro, 146, 147.
Kisompa, 139.
Kita, 139.
Kiltsongo, 150.
Kizalahy, 171.
Kizavavy, 170.
Kola, 138.
Kominga, 139, 148, 275, 327.
Kompitso, 367.
Ksopo, 139.
L
Labourdonaisia madagascarien-
sis, 402,
Labramia Bojeri, 402.
== coriacea, 402.
Lafa, 243.
Lamy, 205.
Landemy, 425.
Landolphia Boivini, 358.
_ corlicata, 380.
JUMELLE
Landolphia madagascariensis,
381.
— Mamolava, 382.
= Mandrianambo, 379
380.
— Perrieri, 351-354.
— sphaerocarpa, 355
7913
Langalora, 365, 366.
Latanier, 1, 2, 242,
Laurus Sassafras, 151.
Lepironia mucronala, 249.
Letchi, 49.
Lombiro, 225, 230, 368-370.
Longoza, 113.
Lopingo, 271.
Lot goi, 203.
M
Madiro, 70, 314, 315.
Mafotra, 191.
Mahabiba, 272, 3192.
Mahampy, 249.
Mamolava, 381, 382.
Manaramalemy, 246.
Manarambato, 247.
Manaramena, 247.
Manarana, 244.
Manarampotsy, 245.
Manary, 274.
Mandrianambo, 380.
Mangarahara, 317, 318.
Mangarana, 257.
Mangibo, 231.
Mangifera indica, 47.
Mangoka, 231.
Mangue, 47.
Manihol utilissima, 3, 4, 5, 69
Mantilkara costala, 384.
Manioc, 3, 4, 5, 69.
MADAGASCAR ET COMORES KT
Manipika, 273, 337.
Mankaleo, 167, 168.
Marantla arundinacea, 9, 10.
Marotampona, 149. |
Marsdenia verrucosa, 224, 371-
373.
Mascarenhasia arborescens, 359-
362.
— _ coriacea, 383.
—- listanthiflora,363,
304.
M'hentamaré, 132.
Medemia nobilis, 1, 2, 242.
Menabea venenala, 139.
Menthe (essence), 294.
Mimusops Chapeliert, 402.
— coslala, 384.
si Commersonti,
=? T'houarsti, 402.
Mongy, 339.
Molotrandrongo, 187.
Molotsandrongo, 187.
Morandra, 164.
Mucuna ulilis, 26, 27.
Musa paradisiaca, 13 bis.
Muscade, 107, 108.
Mussaenda arcuala, 427.
Myrislica fragrans, 107, 108.
402.
N
Nato, 342, 401.
Natolahy, 401.
Natondriaka, 401.
Ndilo, 176.
Neodypsis lanalensis, 213.
Nephelium Litchi, 49.
[e)
Ocimum canum, 295, 296.
Ola-boay, 329.
Omphalea biglandulosa, 432.
Ophiocaulon firingalavense,329.
Opuntia sp., 66.
Orange, 42.
Orchipeda Thouarsii, 226.
Orge, 20.
Oryza saliva, 19.
Orseille, 406.
Ovirandra, 11.
P
Pachypodium Rutenbergianum,
Dr Ps
Paka, 229.
Palétuvier, 403.
Palissandre, 273.
Palmiste, 169.
Pamplemousse, 41.
Panang, 176.
Pandanus sp., 421.
Pandanus sylvestris, 422,
Papaye, 46, 65.
Parilium liliaceum, 236.
Passiflora quadrangularis, 48.
Patchouli, 300.
Patta appele, 229.
Pelea madagascarica, 291.
Penjy, 249.
Pentadesma bulyracea, 205.
Perriera madagascariensis, 146,
147.
Persea gralissima, 51.
Phaseolus lunalus, 23.
Phoenix reclinata, 239.
Phylloxylum ensifolium, 430.
Pignon d'Inde, 161, 162,
Piments, 101.
_
|
(D
Piper lonqum, 103.
— nigrum, 102.
Pirahazo, 378,
Piralahy, 351-354.
Piravaovao, 374, 375.
Plectaneta elastica, 374, 375.
Pois du Cap, 23.
Pois Mascate, 26, 27.
=="moir, 26, 27,
Poivre noir, 102.
— long, 103.
Pomme-cannelle, 52.
Prunier malgache, 68.
Psidium Guayava, 45.
Pulghère, 161, 162.
Q
Quisqualis indica, 182.
= madaqgascariensis,
181.
R
Raina, 203.
Rambo, 249.
Ramy, 330-332.
Ramy fotsy, 332.
Ramy mainty, 332.
Raphia Ruffia, 163-165, 237,
237 his.
Ravenala madagascariensis, 16.
Rarabé, 186.
Ravensara aromatica, 109-111.
Ravinala, 16.
Rehea, 351-354.
Reiïabo, 355-357.
Reniala, 199,
Rhizophora Mangle, 403.
— mucronala, 323.
1. JUMELLE
Ringy, 195.
Riz, 19.
Robanga, 381, 382.
Bioccella Montagnei, 406.
Rocou, 407.
Rotra, 149.
Rourea ortentalis, 150.
S
Saccharum officinarum, 61, 62,
63.
Safran de l'Inde, 114, 115.
Sakoa, 316.
Samadera
431.
Sambiky, 209, 210.
Sansevière, 239.
Sapindus Saponarta, 202.
Satrafotsy, 1.
Satranabe, 1, 242,
Satranamira, 67, 240, 241.
Satrana viehy, 67, 240, 241.
Sauge (essence), 297.
Savon de sambiky, 209, 210.
Sclerocarya Caffra, 316.
Secamonopsis madagascarten-
sis, 365, 366.
Sefo, 200, 322.
Sideroxylon
342.
Sisal 233;
Solanum erythracanthum, 424.
Sporobolus indicus, 250.
Sterculia foetida, 173-174.
Slereospermum euphorioides,
317,918
Sucre, 61, 62, 63.
madagascartensis,
rubrocostalum,
.Symphonia fasciculata, 172.
= laevis, 171.
— Louveli, 170.
(FAR E
4 4
MADAGASCAR ET COMORES 19
Æ
T'acca pinnatifida, 6.
SET TRACE
Talandoha, 381, 382.
Talio, 320.
Tama, 204.
T'amarindus
mt
Tamarinier, 70, 314, 315.
Tamenaka, 181.
Tandroroho, 324-326.
Tanghin, 139-143.
Tanghinia venenifera, 140-143.
Taratra, 239.
Taratsy, 239.
Tavolo, 6-8.
Teck, 278.
T'ectona grandis, 278.
Telorirana, 256.
.Terminalia, 320.
Fhé, 90, 91.
T'hea viridis, 90, 91.
Theobroma Cacao, 88, 89.
Toaka, 61.
Tolongoala, 291.
Torotoro, 277.
Toxocarpus lomentosus, 227.
Trachylobiumverrucosum, 324-
326.
Tsiana, 250.
Tsikilenjy, 229.
Tsimatimanonta, 338.
Tsimatimia Pervillei, 338.
Tsindrodrotra, 250.
Tsingilo, 169.
Épe à TA
indica, 70
T'yphonodorum madagasca-
riense, 14, 15, 231.
U
Urena lobata, 229.
V
Vaheabe, 25.
Vaheakarabo, 25.
Vahealahy, 351-354.
Vahimainty, 365-366.
Vahivanda, 374, 375.
Vangasay, 44,
Vanilla Phalaenopsis, 119, 120.
— planifolia, 116-118.
Vanille, 116-118.
Vary, 19.
Vatodinga, 384.
Vavarotra, 149.
Verveine essence), 298.
Viha, 14, 15, 231.
Vindaz953;:
Vintanina, 180.
Vivaona, 167, 168.
Voalotsy, 144.
Voahena, 351-354, 380.
Voandzeia subterranea, 21
Voanjo, 21.
Voan-karabo, 25.
Voanono, 201.
Voampiso, 164.
Voansifitra, 227,
Voantany, 94.
Vonitra Thouarsiana, 238.
Vontaka, 232.
Vory, 186.
Las 198:
Zamena, 195.
Zozoro, 251.
RÉUNION
RUN BE ÆENTESS FÉCULENTES
1. Moelle féculente de Cyathea excelsa. — Fougères.
La moelle de diverses Fougères arborescentes est riche
en fécule, que les indigènes de certains pays extraient
parfois, en cas de besoin.
. Amidon des graines de Cycas circinalis. — Cycadacées.
Le Cycas circinalis, comme plusieurs autres espèces du
genre, est à moelle très amylacée. La fécule extraite de cette
moelle est un faux sagou et peut être utilisée comme le
vrai sagou des Metrorylon de Malaisie. Mais les graines, en
outre, sont riches également en amidon, et M. Pothier
autrefois, à la Réunion, a proposé l'extraction de cet amidon,
qui pourrait être employé comme la fécule du tronc. Cette
extraction aurait sur celle de la fécule l'avantage de per-
mettre la conservation de l'arbre. M. Pothier a calculé
qu'un Cycas femelle peut rapporter annuellement 550
graines environ; et l'amande, qui pèse à peu près 25
grammes, donne 22°/, d'un amidon qui, d’après les chimistes
Chatel et Lapeyrère, serait de première qualité. Le Cycas
circinalis, qu'on trouve ça et là à la Réunion, surtout dans
les localités humides, y a été introduit.
. Amidon des graines de Dioon edule. — Cycadacées.
Cette Cycadacée est originaire du Mexique, où on extrait
parfois l’amidon de ses graines.
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4* vol. 1916. 6
82 H. JUMELLE
4. Feuilles carpellaires fraîches de Cycas revoluta. — Cyca-
dacées.
(21
. Feuilles carpellaires sèches de Cycas revoluta.
6. Graines de Cycas revoluta.
Le Cycas revoluta est du Japon. Les graines pourraient
fournir de l’amidon comme celles du Cycas circinalis.
7. Fécule de Manihot utilissima. — Æuphorhiacées.
8. Tapioca de manioc en grumeaux.
9. Tapioca petits grains.
10. Racine de Manihot utilissima.
La Réunion exporte annuellement un peu plus de 2 mil-
lions de kilos de tapioca et un demi-million de kilos de
fécule de manioc. Les féculeries de la colonie possèdent
aujourd'hui un outillage très perfectionné.
(H. Jacob de Cordemoy : Etude sur l'ile de la Réunion. Annales du
Musée Colonial de Marseille, 1904.)
41. Arrow-root de Maranta arundinacea. — Cannacées.
C'est l'arrow-root de la Barbade, et, par conséquent, le
véritable arrow-root. Il ne donne lieu à aucun commerce
à la Réumon.
12. Bulbilles de Discorea Hoffa. — Droscoréacées.
Le Dioscorea Ho/ffa, ou hoffe noire, ou hoffe marronne, est
la seule espèce de Dioscorea indigène à la Réunion. Ses
grosses bulbilles, aux aisselles des feuilles, rappellent celles
du Dioscorea sativa. Elles ne sont pas toxiques et sont
consommées couramment par les indigènes. Fraïîches, elles
contiennent, d’après les analyses de M. Schlagdenhauffen,
6,4 °/, de fécule et 4°/, d'albuminoïdes, et elles seraient
RÉUNION 83
donc plus riches en ces deux principes que les bulbilles
de Dioscorea sativa. Elles contiennent, en outre, 0,141°/,
d'un mucilage qui n'a pas été signalé dans l’autre espèce.
19. Maïs. — Graminées.
Le maïs peut être cultivé à la Réunion depuis le littoral
jusqu'aux altitudes moyennes; mais il est surtout destiné à
la nourriture des animaux, et il entre fort peu dans l’ali-
mentation de la population indigène, qui préfère de beau-
coup le riz.
\
(H, Jacob de Cordemoy : Loc, cit.)
HA ALEGUMES
21. Fruits de Psophocarpus tetragonolobus. — Zéguimi-
neuses.
Originaire probablement de l'Inde, le pois carré est cul-
tivé à la Réunion. On consomme les gousses comme des
haricots verts, lorsqu'elles ont atteint la moitié de leur
développement. Les graines sont aussi comestibles, mais
sont de cuisson difficile lorsqu'elles sont sèches.
(De Sornay : Etude sur les Léqumineuses. Slation agronomique de
Maurice, bulletin n° 24, 1910.)
22. Graines de Cajanus indicus. — /“qumineuses.
23. Rameaux et feuilles de Cajanus indicus.
L'ambrevade, ou cytise de l'Inde, est sans doute encore
originaire de l'Inde, mais a été connu de tout temps à la
Réunion et à Madagascar. C'est un arbuste vivace. Ses
graines encore vertes peuvent servir à l'alimentation de
l’homme. Elles servent aussi à la nourriture des animaux.
S4 H. JUMELLE
Elles contiennent, d'après des analyses faites à l'Imperial
Institute de Londres sur une sorte du Soudan :
LAURE MMS EE 1,490
Substances azotées... 20,11
Substances grasses... 1,66
AALCION ES PR N ’, 60,58
CEUIOBE Sen ee 6,21
Gendres 26528. 20 3,95
Elles contiendraient un principe actif stimulant. Les
feuilles fraiches écrasées avec un peu de sel sont employées
contre les maux de dents et les petits abcès des gencives:
leur décoction chaude produit les mêmes elfets.
(De Sornay : loc. cil. — P. Advisse-Desruisseaux : Quelques pro-
priétés médicinales de l'ambrevade, L'Agricullure pratique des pays
chauds, juillet 1913. Challamel éditeur. — IH. Jumelle: Les cultures
coloniales ; fase. IT. Baillière éditeur, Paris.)
24. Pois Mascate blanc. — /équmineuses.
25. Pois Mascate noir.
Le Mucuna utilis a déja été cité, comme le Cajanus indicus,
dans le Catalogue de Madagascar. Les graines sont souvent
employées pour l’alimentation du bétail, mais doivent être
mélangées avec des substances moins riches. La plante est
très cultivée comme plante améliorante.
(De Sornay : loc. cit.)
26. Pois-manioc. — Zéqumineuses.
Le pois-manioc,ou pois cochon, est le Pachyrhizus anqu-
latus, ou Dolichos bulbosus, originaire d'Océanie et cultivé
en beaucoup de pays chauds. Les graines ne sont pas ali-
mentaires et sont peut-être même dangereuses, mais, en
diverses contrées, les tubercules jeunes et non encore trop
fibreux sont consommés par les indigènes. Ce sont les cam-
bares chinois de Maurice. C'est d'ailleurs un médiocre ali-
RÉUNION 85
ment, de cuisson difficile. La composition est la suivante
d'après M. Bonâme :
DETTE AVES ENT 84,50 0/,
Substances minérales. 0,56
Gélluisse Reese 0,78
Matières grasses ..... 0,08
Matières sucrées ..... 5,03
Matières non azotées.. 7,40
Matières azotées...... 1,65
Pour l'alimentation du bétail, ces tuberéules peuvent être
récoltés plus tard que pour la nourriture de l’homme. La
plante est de grand rendement.
27. Pois-dragée. — Zéqumineuses.
Le pois-dragée est une variété à graines blanches et ordi-
nairement inoffensives du Phaseolus lunatus, auquel appar-
tient aussi le pois du Cap (Phaseolus inamoenus) de Mada-
gascar, déjà cité dans le Catalogue de cette autre colonie.
Les graines mûres du pois-dragée contiennent, d'après
M. Bonàäme :
Orne Le en ue 11,100),
Gendrés vtr 3,10
Gellaloser: 1221210 6,25
Matières grasses..... 0,94
Matières non azotées, 53,29
Matières azotées .... 24,12
Même pour l'alimentation du bétail il est toujours pru-
dent de faire euire ces graines.
‘De Sornay : loc. cit.)
28. Ambériques. — /cqumineuses.
L'ambérique, déjà citée dans le Catalogue de Madagascar,
serait peut-être le Phaseolus helvolus. La graine, d'après
M. de Sornay, a un goût sauvage très prononcé, et sert sur-
PANNES
‘ *
86 H. JUMELLE
tout à Maurice à l'alimentation de la basse classe. Sa com-
position est la suivante d'après M. Bonâme :
PEU NP Ad LU 11,63 °)
Matières minérales... 2.27
Gelllose ss MOSS 5,05
Matières grasses, .., 0,75
Matières sucrées ..., 7,80
Matières non azotées, 47,75
Matières azotées ,,... 23,15
L'ambérique. jaune, lorsqu'elle croît dans de bonnes con-
ditions, donne une forte récolte de matière verte.
(De Sornay : loc. cit.)
29. Antaques. — Zéqumineuses,
L'antaque est le Dolichos Lablab, sans doute originaire
de l'Inde, mais très cultivé aujourd'hui dans beaucoup de
1
pays chauds. On consomme les graines, qui sont de cou-
leur variable, et les gousses jeunes.
30 à 37. Variétés diverses du haricot ordinaire. — Zéqumi-
rneuses.
Ces diverses variétés du haricot ordinaire, ou Phaseolus
vulgaris (mange-tout, haricot-bœuf, haricot blanc Bour-
bon, haricot noir, rouge, Soissons, haricot Perdrix, haricot
sang de bœuf) sont cultivées, à la Réunion, dans la
zone d'altitude moyenne et à climat tempéré, comprise
entre 800 et 2.000 mètres.
(H. Jacob de Cordemoy : Etude sur l'ile de la Réunion. Annales du
Musée Colonial de Marseille, 1904.)
38. Lentilles vertes. — Zéqumineuses.
39. Lentilles de Cilaos.
La lentille, ou Ærvum Lens, est cultivée à la Réunion dans
la même région que le haricot ordinaire,
D 4
RÉUNION 87
40. Graines de Trichosanthes Anguina. — Cucurbitacées.
Le Trichosanthes Anguina est le patole de la Réunion. On
mange les fruits jeunes, lorsqu'ils ont de 15 à 20 jours.
(H. Jumelle : loc. cit.)
{
DÉS UCRES =CAFÉS.- CACGAOS
. Sucre ordinaire. — Graminees.
. Cassonade.
Sucre 1er jet.
. Sucre 2e jet.
. Sucre 3e jet.
L'industrie sucrière reste toujours la grande industrie de
la Réunion, qui exporte normalement 40.000 à 50,000 tonnes
de sucre, lorsque les conditions climatiques et économiques
sont favorables. La culture de la canne à sucre ne dépasse
guère, d’ailleurs, à la Réunion une certaine altitude. Dans la
Partie du Vent, ou mieux dans toute la partie humide et la
plus fraiche de l'ile, elle ne s'élève pas au-dessus de
400 mètres : dans la région Nord-Ouest, au contraire, où la
chaleur est plus forte et la sécheresse habituelle sur le litto-
ral, elle croît jusqu'à 1.000 à 1.200 mètres.
H. Jacob de Cordemoy : Etude sur l'ile de la Réunion. Annales du
Musée Colonial de Marseille, 1904.)
. Café Bourbon. — /{uhiacées.
. Café d'Aden.
. Café en grains.
88 H. JUMELLE
59. Café du pays, ou café rond.
60. Café Leroy, ou café pointu.
61. Coque des fruits de caféier.
62. Fleurs et fruits de Coffea arabica
63. Fleurs sèches de Coffea arabica.
64. Feuilles de Coffea arabica.
La culture du ca/féier d'Arabie a été jadis une des grandes
sources de revenu de la Réunion, qui cultivait surtout
deux variétés : le café du pays, ou café rond, à graine
ovale, avec extrémités arrondies, et le café Leroy, ou café
pointu, à graine plus allongée, avec extrémités aiguës. Le
cauféier d'Arabie croît, à la Réunion, aussi bien dans la zone
basse que jusqu'à 1.000 à 1.100 mètres. Mais l’Hemileia
vastatrir à considérablement réduit cette culture.
(H. Jacob de Cordemoy : Loc. cit.)
65. Café en coques de Cofîfea liberica. — ARubiacées.
66. Café hybride de Coffea arabico-liberica.
C'est la disparition partielle du caféier d'Arabie, à la suite
des attaques de l’Hemileia vaslatrir, qui a amené les plan-
teurs de Bourbon à introduire dans l'île la culture du
caféier de Liberia.
67. Café marron en grains. — Aiubiacées.
Le caféier marron est le Coffea mauriliana, très commun
dans les forêts de l'ile, entre 200 et 1.200 mètres d'altitude.
Les graines servent aux mêmes usages que celles du
caféier d'Arabie, auxquelles on les mélange parfois, mais
les effets physiologiques en sont plus prononcés.
(H. Jacob de Cordemoy : Flore de l'ile de la Réunion. 4895.)
RÉUNION 89
68. Café du Kouïlou.
Le Coffea canephora n'est jusqu'alors cultivé que très
exceptionnellement à la Réunion.
69. Fruits de cacaoyer. — S'erculiacées.
10. Fleurs et fruits de cacaoyer.
71. Graines torréfiées de cacao.
12. Coque des fruits de Theobroma Cacao.
13. Extrait sec des coques de cacao.
14 Beurre de cacao.
Le cacaoyer a été jadis beaucoup cultivé dans la zone
littorale de l'ile, mais sa cullure a été peu à peu abandonnée
et il n'y a plus, depuis longtemps, aucune exportation de
cacao de la Réunion. É
IV. — CONDIMENTS ET AROMATES
81. Vanille de première qualité. — Orchidacées.
82. Fruits de vanille dans l'alcool.
La culture de la vanille est, après celle de la canne à
sucre, la culture la plus importante de la Réunion. La
vanille de Bourbon a toujours été hautement estimée. Le
tuteur aujourd'hui préféré par les planteurs de la
colonie est le vaquois, où Pandanus utilis, aux racines
aériennes duquel la base se fixe solidement. Les exporta-
ions annuelles sont de 50.000 à 60.000 kilos, représentant
un peu plus d'un million et demi de francs.
(H. Jacob de Cordemoy : loc, cit.)
90 H, JUMELLE
S3. Feuilles d'Angraecum fragrans. — Orchidacées.
84. Fleurs d'Angraecum fragrans.
L'Angraecum fragrans est le faham de la Réunion, où il
vit en épiphyte sur les arbres des forêts. La plante exhale
un parfum agréable de coumarine. Ses feuilles, qui consti-
tuent le {hé de Bourbon, sont employées en infusion théi-
forme.
(E. Jacob de Cordemoy : loc. cit.)
85. Clous de girofle. — Myrtacées.
La culture du giroflier est aujourd'hui délaissée à la
Réunion. L'espèce est devenue subspontanée,
86. Fruits de Myristica fragrans. — Myristicacées.
S7. Fruits de Myristica fragrans.
Le ynuscadier, devenu subspontané au voisinage des
plantations, dans les localités humides de la Partie du Vent,
est aujourd'hui délaissé comme le giroflier.
88-89, Noix de Ravensara aromatica. — Lauracées.
90. Feuilles de Ravensara aromatica.
Le ravensara, apporté de Madagascar, est devenu sub-
spontané à la Réunion, mais sans se naturaliser. La graine
est très usitée dans l’île comme épice ; les feuilles sont aussi
employées comme celles de notre laurier.
91. Rhizomes de Curcuma longa. — Zingibéracées.
Le Curcuma longa, que nous avons déjà signalé à Mada-
gascar, et qui est aussi appelé safran à la Réunion, est
cultivé ou subspontané,
92. Feuilles de Pimenta acris. — Myrtacées.
RÉUNION 91
Le Pimenta acris, du Centre-Amérique et des Antilles,
est encore cultivé ou subspontané à la Réunion. Ses feuilles
sont employées dans l'art culinaire comme celles de notre
laurier. L'essence est riche en eugénol.
93-94. Écorces de cannelle. — Zauracées.
Le Cinnamomum zeylanicum, ou cannelier de Ceylan, et
d'autres espèces de Cinnamomum, ont été introduits à la
Réunion dans les mêmes conditions que les plantes précé-
dentes.
95. Gros piments. — Solanacées.
Diverses espèces de Capsicum sont cultivées à la Réunion.
Le Capsicum minimum, où piment enragé, est même sub-
spontané.
V. — PLANTES MÉDICINALES
ET TOXIQUES
Nous mentionnons seulement la plupart de ces plantes,
qui n'ont qu'intérêt local et dont les propriétés sont indi-
quées dans la Flore de la Réunion de M. E. Jacob de
Cordemoy.
101. Polypodium lanceolatum. — Fougères.
102. Racines de Cynodon Dactylon. — Graminées,
103. Feuilles d'Andropogon elegans. — Graminées.
104, Racines de Smilax anceps. — Ziliacées.
105. Racines d'Obetia ficifolia. — l’rticacées.
106. Bois et rameaux de Maillardia borbonica. — WMorées.
92 H. JUMELLE
107. Écorces de Trema Commersonii. — Celtidacées.
108. Charbon de bois de Trema Commersonii.
Ce charbon en poudre est utilisé comme la poudre de
charbon du Codex.
109. Rameaux et feuilles de Piper borboneuse. — Pipéracées.
110. Feuilles de Chenopodium ambrosioides. — Chénopo-
diacees.
Le Chenopodium ambrosioides, espèce cosmopolite, est
le thé du Mexique, qu'on prend, en effet, en infusion théi-
forme.
111. Feuilles de Clematis ee — Renonculacées.
112. Pâte de feuilles de Clematis mauritiana.
113. Fruits et galles de Clematis mauritiana.
114. Feuilles d'Anona muricata. — Anonacées.
115. Pâte des feuilles d'Anona muricata.
116. Racines de Triumfetta glandulosa. — Tiliacées.
117. Fruits de Guazuma tomentosa. — Sferculiacées.
118. Pulpe d'Adansonia digitata. — WMalvacées.
119. Graines d'Adansonia digitata.
120. Écorces d'Adansonia digitata.
Le hbaobab est cultivé et se reproduit spontanément dans
quelques localités de la Réunion. L'écorce et les feuilles
servent à préparer des décoctions émollientes. La pulpe
donne une boisson acidulée: tamisée, c'est la ferre de
RÉUNION 93
Lemnos des anciens médecins, qu'on emploie délayée dans
de l’eau contre les hémoptysies et la dysenterie.
(E. Jacob de Cordemoy : Flore de la Réunion, 1895.)
121.
Fleurs d'Hypericum lanceolatum. — Æypéricacces.
. Feuilles d Hypericum angustifolium.
. Euphorbia pilulifera. — Æuphorbiacées.
. Euphorbia indica. — Æuphorbiacees.
. Latex de Carica Papaya. — Biracées.
. Fleurs de Carica Papaya.
. Racine de Carica Papaya.
Toutes les parties du papayer contiennent un latex dont
le principé actif, la papaïne, dédouble à la façon de la
pepsine les albuminoïdes.
128.
Le latex de papayer contient, d'après Peckolt :
LD Re PR ER RTS LE 14,974
Substance analogue au caoutchouc. . 4,929
CAISSE CIFOHR ON NE RAP res 2,494
Résme-hlonde pete eee L 0,110
RÉSDE DEURERr RP LT ee 2,116
Substances albuminoïdes ..,........ 0,006
Papayotine (papaïne de Wurtz) ,.... 1,059
Mabières exiraCtrvest 7008 Ant dus 5,303
Reidemalique ts 7, 20 ne ae 0,443
Substances pectiques ............. 7,100
Bois et écorces d'Aphloia theaeformis. — Biracées.
L'Aphloia (heaeformis, déjà mentionné dans le Catalogue
de Madagascar, est un arbuste très commun à la Réunion
dans les zones basse et moyenne.
129.
Feuilles de Passiflora alata. — l’assifloracces.
Cette espèce a été appelée Passiflora mauriliana par du
P
S &
H. JUMELLE
etit-Thouars, qui la considéra comme indigène, alors qu'il
igissait de l'espèce américaine naturalisée. Les feuilles
seraient vomitives.
(E. Jacob de Cordemoy: loc. eit.)
130. Écorces de Moringa pterygosrerma. — Morinyacées.
151. Fumaria officinalis. — umariacces.
152. Rameaux d'Erythroxylon hypericifolium. — Zinacées.
133. Racines et bois de Toddalia aculeata. — /?utacées.
154. Feuilles de Triphasia trifoliata. — Æutacces.
135. Écorces de Quivisia heterophylla. — Méliacces.
136. Écorces de Cupania alternifolia. — Sapindacées.
137. Tronc de Cupania alternifolia.
138. Écorces d'Hippobromus apetalus. — Sapindacées.
159. Feuilles de Cardiospermum Halicacabum. — Sapin-
dacées.
140. Écorces et racines de Caesalpinia Bonducella. — Légu-
mineuses.
141
. Graines de Caesalpinia Bonducella. — Zéqumineuses.
Cet arbuste sarmenteux de l'Inde est aujourdhui sub-
spontané çà et là à la Réunion, comme en beaucoup d’autres
pays chauds. Les graines, aux Indes, ont la réputation
d'être un fébrifuge de premier ordre. Le principe actif
serait une substance amère, la bonducine, qui, d’après Isnard,
agirait comme la quinine, On administre la poudre de graine
de bonduc comme cette quinine.
142
. Gousses de Tamarindus indica. — Léqumineuses.
(Je
[+4
RÉUNION
143. Écorces de Tamarindus indica.
Le famarinier, indigène en Afrique tropicale, est depuis
longtemps naturalisé à la Réunion comme en beaucoup
d'autres pays chauds.
144. Graines de Cassia occidentalis. — Zéyumineuses.
Le Cassia occidentalis est le gros indigo sauvage de la
Réunion, où il est très commun dans la zone basse.
145. Graines d'Abrus precatorius. —— Zéqumineuses.
146. Racines d'Abrus precatorius.
Le jéquirity, qui est la réglisse marronne de la Réunion,
est surtout commun dans les localités sèches de l'ile.
147. Teramnus labialis. — Zéqumineuses.
148. Graines de Tephrosia candida. — Zéqumineuses.
Ces graines de l’indigo blanc sont vénéneuses.
149. Rameaux d'Elaeodendron orientale. — Célastracées.
150. Écorces des tiges de Terminalia Benzoin. — Combre-
lacées.
Le Terminalia Benzoin Lan. f. est le Terminalia mauri-
liana Lamk. Son écorce, riche en tannin, comme celle de la
?
plupart des autres badamiers, laisse exsuder, d’après M. E.
Jacob de Cordemoy, une résine qui rappelle le bentoin.
Y; Ï J
M. Magenc n'a pas trouvé dans la plante de canaux sécré-
8 Ï
teurs.
(Magenc : Les Badamiers. Annales du Musée Colonial de Marseille,
1914.)
151. Écorces et graines de Terminalia Catappa. — Combré-
lacces.
96 H. JUMELLE
Ce badamier proprement dit, originaire de l'Inde, est
naturalisé à la Réunion et est devenu très commun. Ses
feuilles et ses écorces sont astringentes. L’écorce contient
12 0/, de tannin. Le péricarpe du fruit en contiendrait 20 °/5.
La graine, qui est comestible, renferme 50 °/, environ d’une
huile, dite huile de badamier, qui se compose de 54 °},
d'oléine et 46 °/, de palmitine.
(Magenc : loc. cit.)
152. Écorces de Punica Granatum. — Myrtacées.
Le grenadier est encore une plante cultivée et subspon-
tanée à la Réunion.
153. Écorces d'Eugenia Jambos. — Myrtacées.
Le jamrosa, originaire de l'Inde et de la Péninsule Ma-
laise, est naturalisé dans la colonie, où 1l est surtout
commun sur le bord des ravines.
154. Écorces de Psidium pomiferum. — Wyrlacées.
Le goyavier-pomme, où goyavier rouge, est originaire
d'Amérique.
155. Bois et feuilles d'Icacorea borbonica. — Primulacées.
156. Graines en coque de Gaertnera vaginata. — ZLoga-
niacées.
157. Graines décortiquées de Gaertnera vaginata.
158. Graines torréfiées de Gaertnera vaginata.
Le Gaertnera vaginata est le bois-café de la Réunion.
159. Bois d'Arduina xylopicron. — Apocynacées.
160. Poudre du bois d'Arduina xylopicron.
Ce bois très amer est tonique et stomachique.
PL AE LS Liré Mal mé.
Ats ee »
FLO À AE -
AA
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Le. »
Ÿ -
RÉUNION 97
161. Écorces d'Ochrosia borbonica. — Apocynacées.
162. Tiges de Sarcostemma viminale. — Asc/épradacées.
Le Sarcostemma viminale, qu'on retrouve à Madagascar
et sur le continent africain, est une liane sans feuilles, uti-
lisée comme astringente.
163. Feuilles de Tylophora asthmatica. — Asclépiadacées.
C'est l’ipéca du pays, et qui sert, en effet, aux mêmes
usages que le véritable ipéca.
164. Racines de Danais fragrans. — iubiacées.
165. Feuilles de Mussaenda arcuata. — /ubiacées.
166. Écorces d'Ixora borbonica. — Aubiacées.
167. Rameaux et feuilles de Psathura angustifolia. — /u-
biacées.
Les feuilles de tous les Psathura, ou bois cassants, de
la Réunion, sont très usitées en infusion théiforme, mais les
meilleures sont celles du Psathura angustifolia.
168. Bois de Guettarda verticillata. — /?ubiacées.
169. Écorces de Cinchona succirubra. — Æubiacées.
Le Cinchona succirubra, originaire des Andes, est le
quinquina rouge.
170. Fleurs de Morinda citrifolia. — /ubiacées.
Le Morinda citrifolia est originaire de l'Inde. Ses feuilles
sont toniques et fébrifuges ; l'écorce fournit une matière
colorante rouge.
171. Ageratum conyzoides. — Composées.
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3" série, 4* vol. 1916, ç:
Y8 H. JUMELLE
172. Feuilles de Psiadia trinervia. — Composées.
Get arbuste serait originaire de Maurice et est seulement
cultivé à la Réunion.
E. Jacob de Cordemoy : loc. cit.)
173. Tiges de Spilanthes Acmella. — Composées.
174. Tiges et feuilles de Siegesbeckia orientalis. — Com-
posées.
175. Feuilles de Senecio Ambavilla. — Composées.
176. Feuilles de Pyrethrum indicum. — Composées.
C'est l'herbe de Saint-André, subspontanée au voisinage
des habitations.
177. Feuilles d'Eupatorium Ayapana. — Composées.
L'ayapana, déja mentionné dans le Catalogue de Mada
gascar, a été introduit à la Réunion comme en beaucoup
d’autres contrées.
178. Feuilles d'Eupatorium odoratum. — Composées.
Cette autre espèce d’Eupatorium est usitée comme la
précédente et est également d’origine américaine. Elle est
indigène notamment aux Antilles.
179. Feuilles d'Artemisia Absinthium. — Composées.
L'absinthe n’est pas citée à la Réunion par M. E. Jacob
de Cordemoy, mais y est sans doute plus ou moins cultivée,
comme en beaucoup d’autres pays.
RÉUNION 99
VI. — BOIS
Un catalogue spécial des Bois de la Réunion, dont le Musée
Colonial possède une riche collection, paraîtra ultérieurement,
lorsque les déterminations botaniques de ces bois, qui ne sont
pas accompagnés d'échantillons botaniques, auront été tout
au moins contrôlées par l'examen anatomique.
LR OLÉAGINEUX
192. Fruits de Raphia Ruifia. — Pamiers.
193. Cire des feuilles de Raphia Ruffia.
Ce palmier de Madagascar, qui est le mouffia de la Réu-
nion, est naturalisé dans certaines localités de l'ile, au bord
des cours d’eau.
19%. Fruits de Litsea laurifolia. — ZLauracées.
Cette Lauracée asiatique est naturalisée partout dans la
région basse de l'ile.
(E. Jacob de Cordemoy : loc. cil.)
195. Corps gras d'Ocotea cupularis. — Zauracées,
196. Tourteau d'Ocotea cupularis.
197. Fruits d'Ocotea cupularis.
198. Feuilles d'Ocotea cupularis.
L'huile d'Ocotea cupularis est aromatique et brûle en
100 H. JUMELLE
donnant une belle lumière, Elle paraît un produit intéres-
sant.
E. Jacob de Cordemoy : Loc. ci.)
199. Graines de Ricinus communis. — Æuphorbiacées.
Le ricin ne donne pas lieu, à la Réunion, à une culture
industrielle.
200. Fruits de Jatropha Çurcas. — Æuphorbiacées.
201. Graines de Jatropha Curcas.
Le pignon d'Inde est à la Réunion un des supports de la
vanille, quoique le Pandanus utilis lui soit de plus en plus
préféré depuis quelque temps. Il est subspontané dans l’île.
L'huile des graines sert dans les classes pauvres comme
huile à brûler. Mêlée à l'huile de ricin, elle est employée
comme purgalif, à des doses variant de 12 gouttes à
4 grammes. Deux à quatre graines broyées produisent le
même résultat. Mais les empoisonnements par ces graines
ne sont pas rares.
(E. Jacob de Cordemoy : Loc. cit.
202. Noix d'Aleurites triloba. — Æuphorbiacées.
203. Huile des graines d’Aleurites triloba.
Le bancoulier, originaire des îles de l'Océanie, est natu-
ralisé à la Réunion. Les noix se composent de 64 °/, environ
de coque et 56 °/, d'amande, et celle-ci contient de 60 à
68 °/, d’une huile brun jaunâtre, qui est/siccalive et peut
servir d'huile à brüler. L'indice d’iode est 151 et l'indice
de saponification 193,7.
204. Graines de Moringa pterygosperma. — WMoringacées.
Le mourounque, qui passe pour être originaire de l'Inde,
est naturalisé à la Réunion comme en beaucoup d’autres
RÉUNION 101
pays chauds. Il peut fournir, comme le Moringa aptera
d'Afrique, l'huile de ben, qui est une huile inodore, claire,
presque incolore, de rancissement difficile et contenant les
glycérides des acides margarique, oléique et béhénique (ou
bénique). A l’Imperial Institute de Londres, des graines
de Moringa pterygosperma provenant de la Nigérie ont
donné 38°/, d'une huile pâle dans laquelle on a séparé la par-
tie solide de la partie liquide. Pour la partie solide, l'indice
de saponification a été de 194,4 et l'indice d'iode 68,3. Pour
la partie liquide, on a trouvé :
MO ELLS DATE ER er Ne rt 0,914
ahice d'acides 5er ie 15,3
Acides gras libres {en acide oléique).. 7,7 o
Indice de saponification............. . 189,2
mdicehéthen ee TUE ioireh ee 173.9
Indice diode PME MT TES IN S 70,7
Dans de l'huile de graines de la Jamaique, on a séparé
60°/, de partie liquide et 40 °/, de partie solide. Les cons-
tantes étaient :
Partie liquide. Partie solide,
HIPRRTÉE RARE AR ete TE 1e 0,9124 à 15° 0,8650 à 1000
Indice d'acier, Lors en. 8,1 Te
Acide gras libres.....,.... 4,40/9 3,6 °/
Indice de saponification... 196,3 193,6
Hiheedéthers: #1. CAT 187,6 186,4
nee ile Me URTRR 10,1 65,2
L'huile de ben est une bonne huile d'éclairage. Démarga-
rinée, elle est très fine et a été employée en horlogerie
comme huile de graissage. En parfumerie, elle à la pro-
priété de fixer énergiquement les odeurs sans en diminuer
la suavité.
{The nature and commercial uses of Ben Oil. Bulletin of the Impe-
rial Institute, juin 1904.)
205. Beurre d'Adenanthera pavonina. — Zéqumineuses.
206. Graines d'Adenanthera pavonina.
102 H. JUMELLE
207. Fruits d'Adenanthera pavonina.
208. Fleurs et feuilles d'Adenanthera pavonina.
Cet arbre de l'Inde, subspontané et cultivé à la Réunion,
donne de belles graines rouges qui sont de poids constant
et servent dans l'Inde à la pesée des pierres précieuses.
209. Fruits d'arachides. — Zéqumineuses.
L'arachide, ou pistache de terre, est cultivée et subspon-
tanée à la Réunion.
210. Huile des graines de Momordica Charantia. — Cucurbi-
tacées.
La margose, d'origine asiatique, est cultivée et subspon-
tanée à la Réunion. Le fruit est consommé non mûr de
diverses manières, mais est très amer et doit être soumis à
une ébullition prolongée dans l’eau. On peut le manger
comme hors-d'œuvre, à la façon des concombres, après
l'avoir laissé dégorger pendant quelque temps dans du gros
sel. Les graines sont très oléagineuses.
211. Corps gras et dérivés de Momordica Balsamina. —
Cucurbitacées.
212. Fruits de Momordica Balsamina.
213. Fleurs de Momordica Balsamina.
Les fruits du Momordica Balsamina seraient toxiques à
haute dose, mais à petites doses seraient hydragogues.
Les graines sont, comme les précédentes, très oléagi-
neuses,
F2 Ve T . À
RÉUNION 103
VIII. — TEXTILES ET PAILLES
221. Graines et bourre de Ceiba pentandra. — Malvacées.
L'ouatier, où kapokier, est cultivé et même subspontané
à la Réunion.
222. Coton cardé de Gossypium sp. — Walvacées.
L'espèce de cotonnier qui s'est naturalisée à la Réunion
est le Gossypium barbadense.
223. Fibres textiles de Celtis. — Celtidacées. ;
Planchon a signalé à la Réunion le Celtis mauriliana,
que M. J. Cordemoy dit n'avoir jamais rencontré.
224, Feuilles de Pandanus utilis. — Pandanacées.
225. Bretelles en feuilles de vaquois.
Le Pandanus utilis, ou vaquois, est très cultivé à la
Réunion comme support de la vanille, et aussi pour ses
feuilles. Avec les larges feuilles souples de l’arbre jeune,
on fait des sacs et des nattes,
226. Paille brute et paille préparée de Sechium edule. —
Cucurbitacées.
227. Porte-montre en paille de chouchou.
D'origine américaine, le Sechium edule, où chouchou,
s'est abondamment naturalisé dans la zone moyenne de
l'île. La paille que fournit la partie fibreuse du péricycle de
ses tiges est blanc argenté et brillante; sa ténacité permet
de l'utiliser en chapellerie et pour la confection d'objets de
fantaisie, On la prépare en fendant les tiges longitudinale-
104 IH. JUMELLE
ment et en grattant tous les tissus qui recouvrent de part
et d'autre la lamelle péricyclique; puis on lave et on des-
sèche. Le produit, il y a quelques années, était exporté en
France pour la chapellerie ; il ne semble pas, cependant,
avoir réalisé les espérances des fabricants européens, et son
prix de vénte (2 francs le kilo) en France était devenu,
en 1911, inférieur aux prix de revient sur place. L'industrie
de la paille de chouchou dans la colonie est en décroissance
très marquée.
IX. — PLANTES A ESSENCES
231. Racines de Vetiveria zizanioides. — Graminées,
232, Essence de vétiver.
Originaire de Ceylan et de l'Inde, le vétiver s’est natura-
lisé et est cultivé à la Réunion, qui distille sur place les
racines fraiches et exporte l’essence (866 kilos en 1911,
1.170 kilos en 1912 et 1.893 kilos en 1913).
233. Essence de géranium. — (éraniacées.
Le géranium rosat est le Pelargonium roseum Willd.,
qui est soit une variété du Pelargonium Radula Lhéritier,
soit un hybride du Pelargonium Radula et du Pelargonium
graveolens. En tout cas, ce Pelargonium roseum Willd. a
pour synonymes le Pelargonium Radula Lhérit. var.
roseum Willd. et le Pelargonium Radula var. rosodorum
Hoffmgg.
La plante est cultivée à la Réunion depuis 1880. Les
plantations sont établies dans la zone moyenne entre 400
et 1.200 mètres. Les exportations d'essence étaient de
43.138 kilos en 1912 et 37.614 kilos en 1913. Cette
essence de géranium de la Réunion sert principalement pour
parfumer les savons de toilette.
(H. Jumelle : Les cultures coloniales, fase. VIII. Baillière, Paris, 1916.)
0 È
À ]
RÉUNION 105
234. Essence d'ylang-ylang. — Anonacées.
235. Essence de Cananga odorata.
L'introduction du Cananga odorata, où ylang-ylang, à
la Réunion est très ancienne. La colonie exportait 1.225 litres
d'essence en 1911 et 2.527 en 1912.
236. Essence de citronnelle. — Graminées.
+ Les Cymbôpogon dont on distille l'essence sont deve-
nus subspontanés à la Réunion, mais une nouvelle déter-
mination botanique de ces Cymbhopogon serait nécessaire,
car divers échantillons d’ « essence de citronnelle » de la
Réunion n'ont pas, à l'analyse, présenté trace de géramiol
et, au contraire, étaient très riches en citral. Ce serait donc
plutôt, en réalité, une essence de lemon-grass.
237. Essence de patchouli. — Zabices.
238. Essence de basilic. — Zabices.
X. — GOMMES
241. Gomme d Acacia dealbata. — Zequmineuses.
L'acacia Bernier est naturalisé dans l'île et cultivé sur
les hauteurs.
242. Gomme et fruits de Sterculia foetida. Sterculiacées.
243. Bois de Sterculia foetida.
Originaire de l'Inde, le Sferculia foetida est aujourd'hui
répandu dans les pays tropicaux les plus divers, Ses graines,
connues quelquefois sous le nom d'olives de Java où de
graines de beliquo, contiennent environ 25 pour 100 de leur
poids en huile. Cette huile est jaune clair, épaisse à 20° et
* Ti CU
17
|
106 I. JUMELLE
se solidifie à 0°, Elle rancit facilement. On peut l'employer
en savonnerie:; certains la considèrent comme comestible.
À 240° elle se transformerait en une substance solide et
élastique, par suite d’une polymérisation. Le produit ainsi
obtenu par simple chauffage ou bien encore par chauffage en
présence de chlorure de soufre ou de soufre, et qui ressemble
au caoutchouc, est jaune clair s'il a été uniquement chauffé,
et brun s'il a été sulfuré. Dans ce dernier cas, 1l convien-
drait plus particulièrement pour la fabrication des factices.
Par contre, les essais d'oxydation de l'huile n’ont conduit
qu'à des résultats insuffisants ou négatifs, et les produits
obtenus ne semblent pas utilisables pour la préparation des
vernis.
(Heim : Utilisation de l'huile de Sterculia foetida. Bulle-
tin de l'Office colonial ; août-septembre 1916.)
244. Feuilles d'Eucalyptus resinifera. — Myrtacées.
L'Eucalyptus resinifera est originaire d'Australie, où
c'est, dans la région de Sydney, le red mahoyany, ou forest
mahogany. C'est aussi, à cause de son kino, le Botany Bay
gum tree, le red-qum et le grey-qum.
XI. — TANNINS
251. Ecorces d’Albizzia Lebbek. — Zéqumineuses.
252. Graines d’Albizzia Lebbek.
Le bois noir est naturalisé et commun partout à la Réu-
nion.
253. Gousses d'Acacia Farnesiana. — Zéqumineuses.
La cassie est encore un arbre naturalisé dans la colonie.
254. Ecorces d'Eugenia cymosa. — Myrtacées.
C'est le bois de pomme, commun dans les forêts.
LA ral
dr Ce RS
RÉUNION
XII — TABAC
_ 261. Graines de tabac et tabac en carotte. — Solanacées.
+
x
Le Nicotiana Tabacum pousse, à la Réunion, aussi bien
dans la zone basse que sur les hauteurs de moyenne alti-
tude. La culture en est libre et est faite un peu au hasard et
sans méthode. Elle pourrait être améliorée et devenir une
#s source de revenu pour la colonie si la France importait,
comme il en a été question, les tabacs de ses colonies.
Pour les essais faits en France à ce sujet en 1912 avec nos
4 tabacs coloniaux, la Réunion a exporté dans la métropole
È 368 kilos de tabacs en feuilles et 300 kilos de tabac en
| poudre. Les exportations de tabacs de la Réunion étaient
de 100.000 kilos environ en 1911 et en 1912, à destination
principalément de Maurice.
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INDEX DES COLLECTIONS BOTANIQUES
DE LA
A
Abrus precatorius, 145, 146.
Absinthe, 179.
Acacia dealbatla, 241.
— Farnesiana, 253.
Adansonia digitata, 119, 120.
Adenanthera pavonina, 205-208.
Agatophyllum aromalicum, S8-
90.
Ageralum conyzoides, 171.
Albizzia Lebbek, 251, 252.
Aleurites triloba, 202, 203.
Ambérique, 28.
Ambrevade, 22, 23.
Andrepogon elegans, 103.
Angraecum fragrans, 83, 84.
Anona muricala, 114, 115.
Antaques, 29.
Aphloia theaeformis, 128.
Arachide, 209.
Arduina æylopicron, 159, 160.
Arrow-root, 11.
Arlemisia Absinthium, 179.
Ayapana, 177.
B
Badamier, 150, 151.
Bancoulier, 202, 203.
REUNION:
Baobab, 119, 120.
Basilic, 238.
Ben, 204.
Bois-café, 136-158
Bois cassant, 167.
Bois noir, 251, 252.
Bois de pomme, 254.
C
Cacao, 69-74.
Caesalpinia Bonducella
141.
Cafés, 56-68.
Cajanus indicus, %
Cambare chinois, 26.
Cananga odorala, 234, 235.
Cannelle, 93, 94.
Capsicum minimum, 95.
Cassonade, 52,
Cardiospermum Halicacabum,
139.
Carica Papaya, 125-127.
Cassia occidentalis, 144.
140,
Cassie, 253.
Ceiba pentandra, 221.
Cellis mauritiana, 223.
Chenopodium ambrosioides,
110.
1. Pour l’Index des collections botaniques de Madagascar, voir. p. 73.
110 H.
Chouchou, 226, 227.
Cinchona succirubra, 169.
Cinnamomum zeylanicum, 93,
94.
Citronnelle, 236.
Clematlis mauriliana, 111-113.
E lé arabica, 56-63,
arabico-liberica, 66.
— canephora, 68.
— liberica, 65.
mauriliana, 67.
Ce allernifolia, 136, 137.
Curcuma longa, 91 À
Cyathea excelsa, 1.
Cycas cireinalis, 2.
— revoluta, 4-6.
Cymbopogon, 236.
Cynodon Dactylon, 102.
Cytise de l’Inde, 22, 23.
D
Danais fragrans, 164.
Dioon edule, 3.
Dioscorea Hoffa 12.
Dolichos bulbosus, 26.
— Lablab, 29.
E
Elaeodendron orientale, 149.
Ervum Lens, 38, 39.
Erythroxylon hypericifolium,
132:
Eucalyptus resinifera, 244.
Eugenia cymosa, 254.
— _ Jambos, 153.
Eupalorium Ayapana, 177.
— odoratum, 178.
Euphorbia indica, 124.
— pilulifera, 123,
JUMELLE
F
Faham, 83, 84.
Forest-mahogany, 244.
Fumaria officinalis, 131.
G
Gaerlnera vaginala, 156-158.
Géranium, 233.
Girofle, 85.
Gossypium sp., 222.
Goyavier, 154.
Grenadier, 152.
Grey-gum, 244.
Guazuma tomentosa, 117.
Guettarda verticillata, 168.
ET
Haricots, 30-37.
Herbe de Saint-André, 176.
Hippobromus apelalus, 138.
Hoffe marronne, 12.
Hypericum lanceolatum, 191.
— anguslifolium, 122.
I
Icacorea borbonica, 155.
Indigo (gros), 144.
Indigo blanc, 148.
Ipéca du pays, 163.
Ixora borbonica, 166.
J
Jamrosa, 153.
Jalropha Curcäs, 200, 201.
Jéquirity, 146.
RÉUNION 411
L
Lemon-grass, 236.
Lentilles, 38, 39.
Litsea laurifolia, 194.
M
Maillardia borbonica, 106.
Maïs, 19.
Manihot utilissima, 7-10.
Manioc, 7-10.
Maranta arundinacea, 11,
Margose, 210.
Momordica Balsamina, 211-213.
— Charantia, 210.
Morinda citrifolia, 170.
Moringa plerygosperma, 204.
Mouffia, 192, 193.
Mouroungue, 204.
Mucuna utilis, 24, 25.
Muscadier, 86, 87.
Mussaenda arcuata, 165.
Myristica fragrans, 86, 87.
N
Nicotiana Tabacum, 261.
O
Obecta ficifolia, 105.
Ochrosia borbonica, 161.
Ocotea cupularis, 195-198,
>
Pachyrrhizus anqulalus, 26.
Pandanus ulilis, 224, 295.
Papayer, 123-127.
Passiflora alata, 129.
Patchouli, 237.
Patole, 40.
Pelargonium Radula, 233.
Phaseolus helvolus, 28.
— inamoenus, 27.
— lunatus, 27.
— vulgaris, 30-37.
Pignon d'Inde, 200, 201.
Piment, 95.
Pimenta acris, 92,
Piper borbonense, 109.
Pois du Cap, 27.
- carré, 21.
— cochon, 26.
— dragée, 27.
— manioc, 26.
— Mascate, 24, 95,
Polypodium lanceolatum, 101
Psathura angustifolia, 167.
Psiadia lrinervia, 172,
Psidium pomiferum, 154.
Psophocarpus letragonolobus,
21e
Punica Granalum, 152.
Pyrethrum indicum, 176.
Q
Quinquina rouge, 169.
Quivisia helerophylla, 135.
R
Raphia Ruffia, 192, 193.
Ravensara, 88-90.
Red-gum, 244.
Red-mahogany, 244.
Réglisse marronne, 146.
Bicinus communis, 199,
112 H.
S
Saccharum officinarum,
Safran, 91.
Sagou (faux), 2.
Sarcostemma viminale, 162.
Sechium edule, 226, 227.
Senecio Ambavilla, 173.
Siegeshbechkra ortentalis, 174.
Smilax anceps, 104.
Spilanthes Acmella, 173.
Sterculia foetida, 242, 243.
Sucre, 21-55.
Tabac, 261.
T'amarindus indica, 142, 143.
Tamarinier, 142, 143.
Tapioca, 8, 9.
T'ephrosia candida, 148.
Teramnus labialis, 147.
Terminalia Benzoin, 150.
— Catappa, 151.
JUMELLE
T'erminalia mauriliana, 150
Thé de Bourbon, 83, 84.
Thé du Mexique, 110.
Theobroma Cacao, 69-74.
Toddalia aculeala, 133.
Trema Commersonit, 107, 108.
T'richosanthes Anquina, 40.
T'riphasta (rifoliala, 134.
T'riumfetla glandulosa, 116.
T'ylophora asthmatica, 163.
V
Vanille, 81-82.
Vaquois, 224-225.
Vétiver, 231-232.
Vetiveria zizanioides, 231, 232.
Y
Ylang-ylang, 234, 235.
Z
Zea Mays, 19.
ERRATA
Page 21, n° 62 : A la dernière ligne, au lieu de : « très rares à
Marseille », lire : « peu à Marseille, où les importations annuelles de
craines sont de 500 tonnes en moyenne ».
Page 65, 13° ligne du n° 375, lire : (songonefitra, en un seul mot.
s
MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS
Principaux Mémoires parus antérieurement dans les
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
D: HeckeL : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues
des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908.
CLavene : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles
exotiques. Année 1909.
pe Wicoemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en
Afrique tropicale. Année 1909.
Louis PLaxcnox el Jurrer : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909.
Dr Heckez : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910.
H. Juuezze et H. Perrier DE LA Baruie : Fragments biologiques de la flore de
Madagascar. Année 1910.
GuniLaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et
dépendances. Année 1911.
Duganp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912.
Baupox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année
1912.
pe WiLpemaAx : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique
du genre Musa. Année 1912.
H. Jumecce et H. Perrier DE LA Baruie : Palmiers de Madagascar Année 1913.
P. Cuoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année
1914.
H. Juuezce : Le Dr Heckel. Année 1915.
R. Hauer et H. Perrier DE LA Baruie : Contribution à l'étude des Crassulacées
malgaches. Année 1915.
À. Fauver: Le Cocotier de Mer. Lodoicea Sechellarum. Année 1915.
I. Jumezze : Les Recherches récentes sur les ressources des Colonies françaises
et étrangères et des autres Pays chauds. Année 1916.
MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE
Les Annales du Musée colonial de Marseille, fondées en 1893,
paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.
Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance,
sont en vente chez M. CnaLLamez, libraire, 17 rue Jacob, à Paris, à
qui toutes les démandes de renseignements, au point de vue commer-
cial, doivent être adressées.
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée
colonial, 5 rue Noxlles, à Marseille.
Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra-
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avee
titre spécial sur la couverture.
Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au
Directeur du Musée colonial seront signalés chaque année en fin
de volume dans les Annales.
Le 3° fascicule de l'année 1916 (Recherches récentes sur les ressources
des Colonies françaises et étrangères et des autres Pays chauds), est
déjà paru.
Le 2° fascicule (Les bois utiles de la Guyane francaise, par M. H.
Stone) sera publié ultérieurement.
Le prochain catalogue descriptif du Musée Colonial sera consacré
aux Collections botaniques de l'Afrique Occidentale Française.
MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS.
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INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS
ANNALES
DU
MUSÉE COLONTAL
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 par Epouarp HECREL
DIRIGÉES PAR
M. Henrr JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille.
Qualrucne
Vingt-eïnquième année, 3° série, 4° volume (1916).
2e Fascicule.
{° Quelques graines oléagineuses africaines,
par M. J. Pirraerrs, Conservateur au Musée du Congo Belge.
2 Les Monocotylédones aquatiques de Madagascar,
par M. Henri JUMELLE.
3° Les Bois utiles de la Guyane Française,
par M. Herbert Stone, de Birmingham.
2c
MARSEILLE PARIS
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL
5, Rue Noires, 9 17, RUE JAcoB, 17
1917
Principaux Mémoires parus antérieurement dans les
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
Dr Hrcker : Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.)
D: Raxcox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. {Volume complètement épuisé.)
R. P. Düss: Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume
complètement épuisé.)
E. Grorrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane.
Année 1897.
D' Hrcker : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française.
Année 1897.
Dr Heckez : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises.
Année 1897.
Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises.
Année 1898.
H. Jumerze : Le Cacaoyer. Année 1899.
D' H. Jacos ne Conprmoy : Gommes, gommes-résines et résines des colonies
françaises. Année 1899.
L. Laurenr : Le Tabac. Année 1900.
D: H. Jacor pe Conpemoy : Les Soies dans l'Extrême-Orient et dans les colonies
françaises. Année 1901.
L. Laurexr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901.
À. Curvauien: Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance.
Année 1902.
Garrarez : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903.
Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises.
Année 1903.
Dr H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de la Réunion. (Géographie physique ; richesses
naturelles, cultures et industries.) Année 1904.
Capitaine Marne : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin.
Année 190%.
E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles de bois d'Indochine. Année 1905.
H. Juuezce : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de
Madagascar. Année 1907.
H. Jumezze et H. Perrier DE LA Barure : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de
Madagascar. Année 1907.
H. Juuerce et H. Perrier pe La Barure : Notes biologiques sur la végétation du
Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908.
ANNALES
« DU
MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
(Année 1917)
(MACON PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS
INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS
ACNENCANEETS
DU
MUSÉE COLONIAL
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 par Epouarp HECKEL
DIRIGÉES PAR
M. Henri JUMELLE
Professeur à la Facullé des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille,
- Vingt-cGinquième année, 3° série, 4° volume (1916).
2e Fascicule.
1° Quelques graines oléagineuses africaines,
par M. J. Pirrarrrs, Conservateur au Musée du Congo Belge.
2° Les Monocotylédones aquatiques de Madagascar,
.par M. Henri JUMELLE.
3° Les Bois utiles de la Guyane Française,
par M. Herbert SroxE, de Birmingham.
MARSEILLE PARIS
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL
5, RuE NoaiLres, 9 17, RUE Jacos, 17
1917
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PE
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4
»
JUN £ AS 1916
QUELQUES
GRAINES OLÉAGINEUSES
AFRICAINES
par M. J. PIERAERTS
CONSERVATEUR AU MUSÉE DU CONGO BELGE
Des trois graines que nous allons étudier ici, les deux
premières proviennent du Congo Belge et la troisième de
l'Afrique Britannique.
1° SÉLÉ
La plante oléagineuse désignée sous le nom vernaculaire de
sélé semble jouir en quelques parties du Congo Belge d'une
certaine vogue auprès des indigènes. Il en est ainsi notam-
ment dans la région de Mowbasa, district des Bengala, où la
quantité de graines de sélé récoltée en 1915 fut telle, selon
l'agronome de Giorgi!l, qu'en plus des notables quantités
consommées sur place, il en restait une disponibilité qui s'éle-
vait à {4 tonnes. x
L'échantillon d'huile que nous avons eu entre les mains
provenait de Mowbasa ; il a été préparé par un chef noir de
Bolende, sous la direction de l'agronome du district.
La méthode de préparation usitée n'offre rien de spécial;
c'est le procédé habituellement en usage, là-bas, en vue de
4. Bulletin agricole du Congo Belge, vol. VI, 1916, p. 169,
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4° vol. 1916, I
K
1 IFÇRARY
NEW YORE
"| F À N ICAL
Us RE,
2 J. PIERAERTS
l'extraction de toute huile : 1° torréfaction de la graine, décor-
tication et vannage ; 2° désagrégation de l’amande par pilon-
nage ; 3° sépdration de l'huile par l’eau bouillante ; 4° enlève-
ment de l'huile surnageante et clarification par repos et fil-
tration.
L'huile obtenue de la sorte était transparente, d'une cou-
leur jaune d'or et d'un goût agréable. Son emploi comme
huile de table donna des résultats tellement encourageants,
d’après de Giorgi, qu'elle fut préférée par les Européens à
n'importe quelle huile importée, qui, si souvent, arrive rance
et est de médiocre qualité. Par suite de la longueur du voyage,
l'échantillon que nous avons reçu était très trouble ; mais
après un repos de cinq jours, à la température du laboratoire,
la quasi totalité de la partie en suspension se liquéfia de nou-
veau. Le faible dépôt restant fut éliminé par filtration. On
obtint de la sorte un produit d'un beau jaune d’or, à odeur
empyreumatique, à saveur douce et agréable, avec arrière-
goût de brülé.
La composition et les caractéristiques auxquelles nous con-
duisit l'examen chimique de l'huile de sélé sont les suivantes :
A. Huile.
1° Constantes physiques :
159
Poids spécifique 455..................................... 0,9231
Port défsolidificatiônt#..L RARE ER TETE PRET limpide à + 1°
Pouvoirrotitone FR CREER ERA CRE EST sensiblement nul
Examen spectroscopique................ pas de bandes d’absorption.
Température critique de dissolution dans l'alcool absolu 819,9
Indice derétraction 21200 PE MC Med RU oi à € 3 1,4716
Indice: Maumené. = #19, PAR Re ENONCE ENPPER 80°
Température spécifique deréaction ie Thomsom et Ballantyne. 197
20 Constantes chimiques :
4. Pris un volume d’huileet deux volumes d'alcool absolu ; opération
effectuée en tube scellé.
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES s
ce de SDOnLReAIODN AR CE 2 Mat Ie NN 190,4
RS LE ns Se 119,5
Indice de Reïichert-Meissl: . ...................... dr RE 433
Pr ne AT Le 0,67 °/s
PTE LINE EE I OR ON PER RE PR 11,23 °Jo
Indice d’acétyle (selon Lewkowitsch)...................... 5,3
Indice de saponification de l'huile acétylée.....:........... 196,6
Acides gras insolubles et insaponifiable......... FENTE RE 93,97 2h
3° Essais qualitatifs :
Essai de: l'élaïdine. ........... masse butyreuse d’un brun rougeâtre-
Et lhexahromurer. RTE es JL 1 0 négatif
RE RUE 40 noce ET Le 50 négative
PE NE ENT ONS SPORE RTE NE ER ES TER ES —
— de Milliau-Becchi......... coloration d’un brun noirâtre avec
D° Essai de siccativite :
De l'huile étalée en couche mince sur une plaque de verre, puis ex-
posée à l'air durant un mois, n’accusa jamais la moindre augmentation
de poids et ne changea ni de consistance, ni d'aspect.
B. Acides gras insolubles mélangés.
LR LE 0 ENS EMPREITE PO IEEE ALES DE SE CPS NC ES 35° 1.à 369,5 2
amedesoldifeution (Hbre EME A RL TS re LUE 33°,2
ces denentralisalionre er I RE Re in Dee ne 180,9
(Poids moléculaire moyen correspondant —- 3101
PER GC /AADOnIRCalIOD EE A EN EL Re DT ce 193,7
(Poids moléculaire moyen correspondant — 294,7)
Re Le RS 7 GT 4 To M Re. 102,6
Essai de l’hexabromure. ......... A ST ee De négatif
ROC Dan AT ben re ee ME Am 2e . négative
pee 4 EU PE GENRE PARA ERNE EN Du ele AUS SORTE LAS —
00e Millau Become LOUE, a très légère réduction.
Proportion approximative d'acides solides, ,,........,...... 30 °/o
— —— — liquides.....,.... 5 SAT 70 °/,
1. Température de fusion commençante.
2. Température de fusion complète.
4 J. PIERAERTS
C. Acides gras liquides.
Indice deréfractionià 2000 06 08 PT RE PAPAS 1,4686
Indicé:d'iode 45 2, .7: ras NE TER RAC TI DER 126,4
En vue de caractériser les individualités chimiques existant
dans le mélange d’acides liquides, nous en avons soumis une
portion à la bromuration ; une autre fut traitée par le nitrate”
acide de mercure, et le reste fut oxydé par le permanganate
de potassium en solution alcaline.
1° Bromuration.
20 grammes d'acides liquides furent dissous dans 50 c. c.
d'acide acétique glacial et refroidis ensuite dans de la glace.
Lorsque le thermomètre marqua 2°, on ajouta goutte à goutte
la quantité voulue de brome, tout en agitant continuellement
la masse. Le produit bromé qui avait pris naissance fut lavé à
l’eau jusqu'à réaction neutre, puis séché dans le vide sulfu-
rique vers 50°. Repris par 50 c. c. d'éther, tout passa en dis-
solution, ce qui dénote l'absence des dérivés hexabromés et,
partant, la non-existence, dans l'huile de sélé, des acides lino-
lénique et isolinolénique.
Tout l’éther de pétrole étant actuellement réquisitionné par
les services militaires, il ne nous fut pas possible, faute de ce
réactif, d'isoler l'acide linoléique tétrabromé. Aussi avons-
nous identifié le C4, H;, O, par voie d'oxydation.
2° Orydation permanganique.
20 grammes d'acides liquides furent saponifiés par 15 e. c.
de Na OH, de densité 1,30. Le savon formé fut dissous dans
1200 c. c. d’eau, et la solution portée à la température de
55° à 60°. On y ajouta alors goutte à goutte, et tout en agi-
tant continuellement, un litre de KMn Of à 2°/,. Quandtout
le caméléon fut ajouté, on neutralisa l’alcali libre par de l'acide
sulfurique à 10 °/,. L’oxyde de manganèse précipité fut réso-
lubilisé au moyen d’un peu de bisulfite de soude. Par ce trai-
tement on obtint un liquide incolore, dans lequel nageait un
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES pl
volumineux précipité cristallin blane. Celui-e1 fut séparé par
essorage, puis lavé à l’eau froide, et finalement pressé pour en
éliminer les dernières traces d'eaux mères. Le gâteau restant
fut malaxé dans un mortier avec un peu d'éther, qui enleva les
acides gras originaux ayant échappé à l'oxydation.
Quand la désagrégation des grumeaux au sein de l'éther fut
parfaite, on essora la masse, et on soumit une seconde fois
l'insoluble à un nouveau malaxage avec une petite quantité
d'éther.
Le produit purifié de la façon décrite fut ensuite mis en
contact d'un grand volume d'éther anhydre (1 1/2 litre par
10 grammes de substance) et laissé en macération durant une
semaine, On eut soin d'agiter énergiquement de temps à autre.
Au bout du laps de temps indiqué, la solution éthérée fut fil-
trée, puis distillée au bain-marie à siccité. Il resta un dépôt
cristallin blanc qui, après deux recristallisations dans l'alcoo
à 95°, présentait les caractères suivants :
Pot de fusion (bloc de Maquenneé).:;..:.:.:......,4..,.. 1290
Hier ide SADOnAUAIOn ss 2200 Rs drame. vai te 176,9
— — après acétylation.................. 442
Ce sont là les caractéristiques de lacide dioxystéarique, pro-
venant de l'oxydation de l'acide oléique existant dans le mé-
lange d’acides liquides examiné.
Quant à l’insoluble laissé par l'éther, il fut épuisé à plusieurs
reprises par de grandes quantités d'eau bouillante. Les cris-
taux qui se déposèrent par le refroidissement au sein du fil-
trat aqueux furent recueillis et purifiés par cristalhsations
répétées dans de l'alcool à 80°. Convenablement séchés au
préalable, les cristaux récoltés fondaient à 170° (bloc de Ma-
quenne) ; de plus la forme cristalline correspondait nettement
à celle de l'acide sativique.
Du filtrat restant après l'élimination des acides dioxystéa-
rique et sativique, il ne nous fut point possible de retirer ni
de l'acide linusique, ni de l'acide isolhinusique.
3° Aloncidu nitrate acide de mercure.
Quelques grammes d'acides gras liquides, additionnés de
6 J. PIERAERTS
8 °/, de leur poids de nitrate acide de Hg, préparé selon
Archutt!, furent agités vigoureusement pendant deux minutes.
Le mélange émulsionné ne tarda pas à se prendre en uné
masse solide, qui fut lavée à l’eau chaude jusqu'à élimination
de toute trace d'acide minéral, et ensuite purifiée plusieurs
fois par voie de cristallisation dans de l'alcool fort. Les cristaux
recueillis, après dessiccation dans le vide sulfurique à 28°, accu-
saient un point de fusion de 44,2 (tube capillaire). Nous
avions donc bien affaire, en l'occurrence, à de l'acide élaïdique.
Les essais de caractérisation que nous venons de détailler
nous autorisent à admettre la présence, dans l'huile de sélé,
des acides oléique et linoléique, dans les proportions respec-
tives de 60,99 °/, et 39,01°/, environ ?. L’acide linolénique de
même que l'acide isolinolénique semblent absents dans la
matière oléagineuse qui nous occupe.
D. Acides gras solides.
Les sels plombiques insolubles dans l’éther furent décom-
posés par ébullition prolongée avec de l'acide chlorhydrique
dilué. Le gâteau d'acides gras, débarrassé de toute trace d'HCI
par lavage à l’eau, fut dissous dans de l’éther. La solution éthé-
rée, déshydratée sur du sulfate de sodium anhydre, fut filtrée et
abandonnée à l’évaporation spontanée, à la température du
laboratoire. Le résidu, après deux cristallisations dans de
l'alcool à 95°, se présentait sous forme de cristaux enchevé-
trés, d'abord d'un blanc pur, mais prenant une très légère
teinte brunâtre au bout d’un jour. Des purifications répétées
à l'alcool n'enlevèrent pas cette teinte. Les acides solides,
résultant des précédentes manipulations, accusaient les carac-
téristiques suivantes : ï
Point.de fusion {tubeteapillaite) #22 RER REEReRe 5805
— desohidfication/{(tube/capillaire) ere SM ER Re D 1050540
Inidiceé diode RME RME ETS AE ETES CE 2,18
=: de -SAPODtEALIONERS AT RES Ie et MI PUISE 229,7
1. Lewkowitsch traduit par Bontoux : Technologie et analyse chimiques
des huiles, graisses et cires. Paris, 1906, €. I, p. #05.
2, Chiffres déduits de l'indice d'iode trouvé,
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 7
Une série de fractionnements, effectués sur les acides
solides purifiés, nous révéla la nature des individualités chi-
miques dont ces acides formaient le mélange.
Première fraction :
LOT CRIE RS AR ee RSR TERRES RENE TRE RE 6705
DRM EN ER ARR Re UT, ne à RE 7 19,25
Ba en°/ - Ê
ER Wealonié pour Ba (GisHaO).2.2.: 7. 19,54
RCE RATER ASE. MU UL Li, NT 188,2
Ces caractères sont ceux de l'acide stéarique, mélangé d’une
faible proportion d'un acide à poids moléculaire plus élevé.
Deuxième fraction :
DOUAI ne ni men mb à Une A ve en 6898
D'ÉLDOUVÉ RE MR RTS M Le is er ALES En, 19,6
Ba en °} { É
D RON CA EN CISENOS À 2 EE AR ER OR A te 19,54
DES EADORIRER LION EMMA ET AT RE er te 195,1
Ces caractères correspondent à ceux de l'acide stéarique.
Troisième fraction :
ÉCRIS SION NE RD RARES RUE DE Re Re PA 6005
CLOUVÉ ERN MRT RAC ÉON TE ee DR ET a ROC 21,18
Ba en°|, $ (RBAAMIGIE AE OS) ET RE MU ve 19,5%
’ ] calculé pour : Ces ;
RS EE On MALE: 21,24
Indice de saponificalion, ,.... ARE MARS Pc CONTE EN RE L n RU 214,2
Ces caractères dénotent la présence des acides palmitique
et stéarique en proportions respectives de 95 °/, et de 5 °/,.
Quatrième fraction :
BOTH TE EUSION ESA EURE ERRET LA nee A AR 5602
LOUE NS LS TR RE ART RL nr 22,45
Ba en °) LL Ba (Ci6H3102)2 CAT Te rt. Sr PIRE F 21,24
calculé pour ere
| Ê F Ba (C19H5309}2 MAT ENER LA AM Os 222 29,70
Indice de saponification,.,............ LR A de Rest 236,3
Ces caractères correspondent à ceux d’un mélange de 75 °/,
d'acide palmitique et de 25 °/, d'acide laurique,
ÿ J. PIERAERTS
De l'ensemble des essais précédents nous concluons que
l'huile de selé est essentiellement formée d'un mélange de
glycérides des acides oléique, linoléique, stéarique, palmi-
tique et laurique.
Les pourcentages approximatifs de chacun des acides pré-
sents sont les suivants :
AGide-oléique:. der. RTE RER EAN t AE ETES RE 43 0/9
noléIQue in RES 2 ae Te SR RE IEE e CIEE 26 »
»." « SÉÉATIQUE SE 2 mer DEP ANR TTL NN PRE 15 »
D, DAIMIIQUES MES EE LRU 9 SR SR NE CT ET ER 12,5 »
ne MOriIqUe CRE TOR UNENE LA El ET ER PACE 2,9 »
On trouve, en outre, dans l'huile examinée une faible quan-
tité d'un acide à poids moléculaire plus élevé, dont l'identifi-
cation, faute d'un échantillon suffisant de matière première,
ne put être poursuivie.
L'huile de sélé constitue une excellente huile de table d'une
saveur douce et agréable, et qui, préparée d’une façon moderne
et soignée, ne présenterait aucune odeur de brülé. Sa résis-
tance au rancissement ! accroit encore davantage sa valeur.
L'huile de sélé conviendrait indubitablement à la fabrica-
ion du savon et il est probable que sa teneur relativement
élevée en glycérine la ferait prendre en sérieuse attention par
les fabricants de ce triol.
Pour la stéarinerie, l'huile de sélé est inutilisable : son taux
en acides solides est trop faible.
De par l'ensemble de ces caractères el par sa composition,
l'huile de sélé doit être considérée comme une huile demi-sie-
cative et est à classer dans le groupe dit de l'huile de coton.
À cause de sa grande ressemblance (pour ne pas dire son
identité) avec l'huile da cocorico étudiée dans ce même
mémoire, nous opinons que l'huile de sélé a été extraite d’une
Cucurbitacée appartenant à une espèce très voisine du Citrul-
lus vulgaris, sinon même à une variété de ce Citrullus.
1. Il se passa près de deux ans entre le moment de sa préparation
rudimentaire et son analyse, et cependant elle n’accusait qu'un indice
d’acidité insignifiant, moins élevé que celui de nos huiles alimentaires
les plus réputées,
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 9
2° COCORICO
Le cocorico est une variété du Cifrullus vulgaris.
Les Cucurbitacées à graines grasses sont abondamment
répandues en maintes régions du Congo belge. L'extension
que prend d'année en année leur culture est attribuable, non
seulement au peu d'exigence de ces plantes au point de vue de
la qualité du sol, mais en outre et surtout (car l'indigène
congolais est chaud partisan de la théorie du moindre
effort) au fait que leur culture ne réclame aucun travail
d'entretien. La végétalion de ces Cucurbitacées, en effet,
est tellement rapide et vigoureuse qu'elle empêche les mau-
vaises herbes de l'envahir.
Dans son intéressant mémoire sur l'agriculture indigène
dans la province orientale du Congo belge, Tharin ! relate
que, en 191%, on comptait plus de 200 hectares de Cucurbi-
lacées à graines oléagineuses parmi les seules plantations,
situées le long de la route de Lokandu à Schuka.
Il importe de faire remarquer qu'au Congo belge le terme
« Cocorico » ne possède pas une signification botanique des
-plus précises. C’est ainsi que dans le Haut-Tturi * on réserve
le nom de cocorico aux graines d’une variété de courge ou
melon appelée maboke, où encore n'du, en langue Kilendu,
alors que dans la province orientale* on désigne sous le
terme onosmatique de cocorico une variété distincte du
maboke plus lente à mürir et contenant, dit-on, moins de
malière oléagineuse.
L'huile sur laquelle ont porté nos investigations fut pré-
parée, le 25 avril 191%, à Yangambi (district de Stanleyville),
au moyen de la méthode dite « arabisée » qui n’est, somme
toute, qu'une variante du procédé indigène décrit à propos
de l'huile de sélé. La seule différence à mentionner pour
ces deux modi operandi, c'est que dans la méthode arabisée
1. Bullelin agricole du Congo belge, 1. VI, 1915, p. 147.
2. De Greef, L'agriculture indigène dans la région du haut Ituri, dans
le Bulletin agricole du Congo belge, VI, 1916, p. 3,
3. Tharin, loc, cit,
10 J. PIERAERTS
‘du moins d'après l'exposé que nous en reçûmes) la torréfac-
tion suit le décorticage.
Tout comme l'huile de sélé, au moment de son arrivée au
laboratoire (février 1916) l'huile de cocorico était très trouble
et accusait un abondant dépôt.
Après un séjour de six jours dans un local dont la tempé-
rature resta voisine de 16°, la quasi-totalité du magna solide
repassa en dissolution. L'insoluble restant fut alors séparé
par filtration. L'huile filtrée présentait une couleur d’un Jaune
d'or, moins accentuée toutefois que celle de l'huile d'olive
vierge. La saveur était douce et agréable, quoique à arrière-
goût de brûlé. L'odeur « sui generis » très peu marquée rap-
pelait celle que produisent les feuilles fraiches de Graminées
quand on les froisse.
Voici le résumé de nos opérations :
À. — Huile.
1° Constantes physiques.
PO dé BPÉGITQUE enr ennui eo ER 0,924
Température critique de dissolution dans l'alcool absolu {...... 8101
Indice de réfietion.2/2001 567 PUR EC SEP EEE 1,4710
2° Constantes chimiques.
Indice d’acidité. ::: 1. me ue PS PI TE ne € ETS LC EN EEE 3
(soit en acide oléique °/, = 1,5).
Indice de saponification.......... DER PRO ET PAS LE ISR PE RAS MT : 196,4
Indice d'iode.;:7.76 re ae PAM AT CCR RER 113,9
Indice de-Reichert=Meissli #25 120 2 En FAT
Glycérine ., 1/55 Nr PET PR AE ra CAC IMIENRRE 10,14,
Acides gras insolubles et insaponifiable..................... 94,449)
Insaponifiable "A4 RP ER ER er RENE TPE 0,76°/0
Indice de saponification de l'huile acétylée.................. 207,2
Indice réel d’acétyle (selon Lewkowitsch)................... 13,5
4. Pris un volume d'huile et deux volumes d’alcool absolu ; opération
effectuée en tube scellé,
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 11
* 3° Essais qualitatifs.
Essai de l’élaïdine. .... masse butyreuse d'un jaune orange légèrement
brunâtre
RE REA OMR RTL Ms. 2. OM CE RARES négatif
Réaction de Bauduin........... Aus : TROT ES négative
-—- HAINE PART OU RS Dee: . : PME ee re
légère réduction ; coloration d'un brur
noirâtre
4° Essai de siccativite.
Ni augmentation de poids, n1 changement de consistance ou
d'aspect après un mois d'exposition à l'air en couche mince
sur lame de verre.
B. — Acides gras insolubles mélangés.
ERRONÉE STONE RE AL TS At à mi MD ue dau 359 5.1 à 369 7.2
Pom Te so hCAtIOn "Es. NE Men Le Lens MER 33° 2
RC HO e BA UN SE RS EUR EEE ANA NE RTSe L négative
_ DAAIDROREE TA SRE ESRI Ne, a me RARE us R
— de Milliau-Becchi..... légère réduction ; coloration d’un brun
noirâtre
Essai de l’hexabromure
Indise déneniralsa One A PR En CRE An 7 Le 183,3
(Poids moléculaire moyen correspondant — 306
RUE SAMOA RON LE ER Te ee ns can Vans ra à 196,5
(Poids moléculaire correspondant — 285,4)
IR eB Id dei A RAT 0 0 TA MISE r'A LUS fe ma Le à 100,4
Proportion approximative d'acides liquides, ................ 60°/,
_ —— — SOAES AL FFT, 10
Indice de saponification des acides acétylés................. 249,4
Indice réel d'acétyle (Lewkowitsch} ...,...........,....... 49,1
C.— Acides gras liquides.
laoesde rétrACHOMA2 UMR ee PO ser Ÿ. 1,:4663
Indice d'iode 125,8
1. Température de fusion commençante.
2. Température de fusion complète.
3. En tube capillaire; je ne dis donc pas «titre ».
12 J. PIERAERTS
En appliquant aux acides liquides de l'huile de cocorico,
les moyens de caractérisation détaillés à propos de l'étude de
l'huile de sélé, nous avons constaté que le mélange de ces
acides liquides se résumait aux acides oléique et linoléique,
existant en des proportions sensiblement les mêmes que celles
données pour l'huile de sélé.
D. — Acides gras solides.
Les sels insolubles fournis par la méthode « Plomb-éther »,
décomposés par de l’acide chlorhydrique, laissèrent des acides
qui furent cristallisés par deux fois dans de lalcool à 95°.
Obtenus de la sorte, ces acides se présentaient sous forme de
masse blanche, cristalline, avec aiguilles enchevêtrées, dont
les constantes sont les suivantes :
Point de fusion {tube capillaire) ! 14989 TRAME
Point de solidification (tube capillaire).................
Indicedisde:- 2e al at nn RER Er OP CE e DTA 2,06
Faute de matière première, il ne nous fut point possible
de pousser plus loin la caractérisation des acides solides con-
tenus dans l'huile de cocorico. Les résultats acquis autorisent
à croire que ces acides sont identiques à ceux décelés dans
l'huile de sélé. Nous espérons d’ailleurs revenir sur cette
question dès que l’occasion s’en présentera.
Il ressort à l’évidence, de l'examen chimique que nous
venons de détailler, que l'huile de cocorico constitue une
denrée de valeur qui jouit de toutes les précieuses qualités de
l'huile précédente.
Nous avons examiné également les graines de cocorico,
provenant du même lot que celles d’où fut extraite l'huile
dont la composition vient d’être décrite.
5 7!
100 grammes de graines comportaient
8 8 P | 22°), de coques
(spermoderme)
Poids/de100/#raines saines PAR RES re 12 gr. 20
Poids minimum d’une graine saine,,..,............ Mise 0er e0AT
S8 0, d'amandes
# Rosie il se A VAS CAN
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 13
Poids maximum d’une graine saine...,................... 0 gr. 1854
7 Un spécimen exceptionnel... 1... Ogr. 2274
Longueur minima d'une graine ...,,..:..:..........:.. 142 mm
= maxima En Te eue Te DER 17 — 5
Eargeur minima". 4... CNRS «AS Paie T7 —
-—- maxima + 9 — 5
La graine de cocorico contenait 37,50 °/, de matière hui-
leuse qui, rapportée à l'amande, s'élevait à une teneur de
50,46 °/, sur matière sèche.
L'huile extraite à l’éther anhydre présentait les caractères
suivants :
Mhecderéfractionsà 2020/0800: Ma M, LRU IR ,#738
Température critique de dissolution dans l'alcool absolu... 8006
RTC CAC TALLIÉ AR MR PAL AS UE tn Len Net hr Ne 1,40
(soit en acide oléique ®/, — 0,70
ee Sa DORIRCAMHOR AIRE... nd e dome ete 194,2
RRCRCER CAT EAP SR Re RNA La RIRE Li eee NU 11157
ÉIMECRIDRNES RE ne Ne PP LAURE et AA 10,32 0/4
Acides gras insolubles et insaponifiable., .................. 95 °/0
ESA On MARIE PAT NUE dus oae : EUR MTS: 0,87 °/0
HESde Re AD EOMUATE AR AE ee LE ee ect T2. négatif
ROHEPOn ER IDRONS 228. Re NM RE ST sa négative
ROSE AQU UE AE Aa Ms En ten con MR auf. à dues —
— MIA BeCCS ME ER ON RNA TRE douteuse
Acides gras insolubles mélangés :
REDON GER ne Te PS NE ES EE POSE EC ET RIRE Er 340 4 à 360 6
MidheeAdeneEnubrANSAON NE RE LA ARRET RE ere 185,2
TE SADONICAHIONS Pre LE Ne M Le, 196
D ER Le en DEA À RM ei ed 102,1
Proportion approximative d'acides solides, .,....,......... 30°,
— _ liquides ee 10/6
Il résulte à l'évidence, de ces chiffres, que l'huile extraite
par l’éther présente la même composition que l'huile préparée
par la méthode arabisée.
1. Unique spécimen d'un lot de 300 graines.
2, Longueur = dimension suivant le grand axe.
3. Largeur — diamètre perpendiculaire au précédent pris au point de
son plus grand développement.
14 J. PIERAERTS
Le tourteau de l’amande, laissé après épuisement par
l'éther, nous donna :
Humidité A A0. AE ES k,129/0
Matière SÉGRE eee MEN RCE 95,28°/,
Matières minérales................. 3,83 sur 100 parties matière sèche
Azote total. ...... ioters units RS 6,18 — — —
Feuiosanés ana : UN HAE 2,31 _ — —
Matière amylacée.....%4...,::... néant
AlcalintérenKACOP RAR PR RE 11,10 sur 100 p. de cendres
Manpanpse Mn) PAL Rois 0,235 sur 100 p. de cendres:
Ce tourteau est donc riche en azote ; 1l constituerait évi-
demment un excellent engrais azoté.
Sous réserve de la présence de substances nuisibles ou
toxiques {ce qui est peu probable), le tourteau d'amande de
cocorico serait également une bonne denrée alimentaire pour
le bétail et la volaille, surtout si on y incorporait des matières
amylacées ou sucrées. La coque {tégument) de la graine de
cocorico contient une dose d'azote appréciable ; on pourrait
en faire d'excellents composts.
Cette coque renferme, notamment, en fait de matières sèches :
Matières minérales "eee ER eR Ana PRen 1,87 °/0
Azotedotalr "nr 20e der. In OM RENE 1,57/0
Pentosanes:t ES tu SE NCAA 3,940)
Alcalinité ne: Re ue 12,65 sur 100 p. de cendres
Menpanèse Mn) A PC Re 0,877 sur 100 p. de cendres
La teneur en humidité {à 100°) était de 8,69°/,.
Malgré son incontestable valeur, à titre de matière oléagi-
neuse, rien pour l'instant ne fait prévoir que le « cocorico »
soit susceptible d’un sérieux commerce d'exportation, et cela
quand bien même le procédé d’extraction en usage serait
modernisé et fournirait un rendement plus élevé en substance
utile. Le faible rapport du « cocorico » à l'hectare * et la
1. Le Mn fut déterminé parl'élégantetsiexact procédé de G. Bertrand.
2. Selon Tharin, les Cucurbitacées à graines grasses produisent à
l’hectare à peine 800 kilos de graines.
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 15
décortication lente et pénible de sa graine rendent impossible,
à notre avis, semblable commerce. En revanche, il y aurait
opportunité à stimuleret à favoriser au Congo belge lecommerce
intérieur, tant interrégional que local, de l’huile de « cocorico »
ou d’autres Cucurbitacées voisines, spécialement au voisinage
des villes et postes importants, où les colons, qui d'ores et déjà
préfèrent ces huiles à toutes celles importées d'Europe, leur
assureraient une vente certaine et très rémunératrice. La pre-
mière initiative à prendre dans cette voie consisterait à faire
l'éducation technique de l’indigène et à le familiariser à
l'emploi de la presse et des dispositifs perfectionnés de filtra-
tion. L'industrie fournit de nos jours, en fait d'appareils de
cette sorte, des modèles réduits aisément transportables et
n'exigeant aucune fondation. L'indigène, malgré qu'on le dise
récalcitrant et revêche à tout progrès, ne bouderait pas long-
temps sur un outillage dont il apprécierait bien vite l'indé-
niable utilité, surtout si au début on lui en laissait le libre
usage, sous la surveillance d’un agent blanc.
Après que le mode de préparation indiqué aurait été mis réso-
: lument en pratique, il serait sage de procéder, sans trop tarder,
à un essai d'extraction d'huile par pression de la graine entière,
c'est-à-dire non décortiquée, mais préalablement broyée ou
moulue. Il resterait enfin à vérifier si, obtenue de la sorte,
l'huile de « cocorico » aurait conservé ses précieuses
qualités.
3° XIMENIA AMERICANA
Le Ximenia americana est un arbuste appartenant à la
famille des Olacacées, et qui se rencontre dans la généralité
des régions tropicales de l'Ancien et du Nouveau Continent.
Le Ximenia a:nericana est particulièrement abondant en Amé-
rique et sur la côte occidentale d'Afrique. Le Dr. Ed. Heckel!
a décrit très en détail les variations botaniques que présente
cette plante «insi que ses qualités alimentaires et ses pro-
priétés toxiques.
1. Heckel: Les graines nouvelles ou peu connues des colonies françaises,
Paris, 1898, p. 27.
16 J. PIERAERTS
Les appellations vernaculaires sous lesquelles on désigne.
le Ximenia sont multiples et propres aux divers pays d’origine.
Alors qu'on le connaît sous les noms de prune de montagne
ou prune de mer à la Jamaïque, on l'appelle elozy ou zéqué
ou citron de mer au Gabon.
in Afrique Australe Britannique, d'où provient l’échantil-
lon qui a servi à nos recherches, et que nous devons à l'obli-
geance de M. le Directeur des Services botaniques à Prétoria
à qui nous réitérons ici tous nos remerciements — les gens
du pays réserverit au Nimenia le nom de « zuur pruim »,
autrement dit prune acide. À
La valeur du cifrôn de mer tient avant tout à la forte teneur
en huile qu accuse sa graine. Selon toute probabilité, cet oléa-
gineux sera appelé à un sérieux avenir commercial, sitôt qu'il
sera mieux connu et quon le cultivera avec plus de soin et
d’une manière intensive.
Heckel un des premiers attira l'attention sur la richesse en
huile des graines du Nimenia, ainsi que sur les avantages
que pourrait en retirer l'industrie, spécialement la savon-
nerie.
Suzzi | ensuite, puis Grimme ? se sont occupés également
de l'étude chimique de l'huile d’elozy, mais leurs travaux
sont incomplets et, en outre, peu concordants. Par cette
première communication, nous apportons quelques données
nouvelles à la question. Hâtons-nous d’ajouter, toutefois, que
notre œuvre reste fragmentaire, faute d'une quantité suffi-
sante de matière première. Nous espérons être en mesure sous
peu d'entreprendre l'examen chimique, systématique, tant
du fruit que de la graine du Ximenia. Les noix, c'est-à-dire
les graines recouvertes de l’endocarpe, comportent 25 °/, de
coque (endocarpe) et 75 °/, d'amande (graine proprement
dite).
Ces chiffres se rapportent à des noix, dont la paroi externe
fut, au préalable, complètement débarrassée des débris de pulpe
1. Lewkowitsch traduit par Bontoux : Technologie et analyse chimiques
des huiles, graisses et cires. Paris, 1909, t. IT, p. 861.
2. Chem., Revue der Felt und Iarzindustrie, 17 (1910), p. 137.
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 17
qui y restaient adhérents, 100 noix pèsent en moyenne 192
grammes. La longueur de l’amande oscille entre 18 et 22
millimètres. L'amande titre 63,2 °/, d'huilet, soit 44,7 2},
pour la noix entière. É
L'huile extraite était trouble et possédait une odeur rappe-
lant vaguement celle de l'oignon. Après filtration, l'huile
était devenue limpide, d'une couleur jaune pâle et extrêmement
visqueuse. Le passage de l'huile au travers du papier Chardin
était sensiblement lent et ne se trouvait guère acceléré lorsque
l'opération s'effectuait dans une étuve chauffée vers 50.
Après quelques jours d'exposition à l'air (en réalité, à la fin
de la laborieuse filtration) l'odeur alliacée avait fini par dispa-
raitre totalement, À ce moment la saveur de l'huile était
douce, mais très peu marquée.
À. — Caractéristiques de l'huile.
Poids spécifique = RTE re ee DR à DE UNS A mr 0,9218
J
RME dE ré fTaC tone AE RCE EE TE 1,4751
ET NCA TONER CL RTE eh SE NU PEU PAR : pul
Réaclion d'Halphen,..... SE AU AO NE NS ME tan» négative
— de Milliau-Becchi.,.... MAT RS Us très légère réduction
Essai de l’élaïdine, ,...., ....: masse consistante d’un jaune gutte
d'abord, prenant le lendemain une
très légère nuance brunâtre.
ESondeberabromunpes RM PAT Rens SNS 6,24 0,
DRE NIET GUERRE SEE STAR POSE AURA GUERRE RUES ) l
(soit en acide oléique en °/, = 0,5)
Rec saPOR CAIN 722.0 EAN MORE" LT 170,8
Indice d'iode,,...... re en PE A ENS TRE ne Len RON CNT 04,5
Acides gras insolubles et insaponifiable.,...,,............. 95,07 oo
LEO NE CESR NAS ARE LIT RER ns VESTE REUTERS 1,88 °/
ÉCRAN MORE RS re LE AR nR PTARE LR 2 8,61 ©},
Indice de saponification de l'huile acétylée, ................ 190,4
1. L'extraction fut faite au moyen d'éther anhydre.
2. Solution de 4,0276 d'huile dans 25 c. c. de chloroforme, examinée
dans un tube de 100 millimètres.
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4° vol, 1916. 2
- 24
28
ü
18 J. PIERAERTS
B.— Caractéristiques des acides insolubles mélangés.
Point de füsiGn ist ne MR ETS PNR 440,5 1 à 4702
Point de 60H c4Gon*, 20e CRE NE Pr .… 440,2 à° 430
Indice de-nettralisation A LCI NRA MS 173,9
(Poids moléculaire moyen correspondant — 322,6
Indice: de.saponification "25; 200242 ONE 184,2
(Poids moléculaire moyen correspondant = 304,5
Indice diode #4, RP Eee. ER RUE SUCER 88,8
Réaction dé-Milau-Becchi? sn een 70 très légère réduction
C. — Caractéristiques des acides liquides.
Indice de réfraction à: 4160. 4.402 SENTE RER 1,4676
Indice diodes. ue MAC MR ER LT CNE 100,06
D. — Caractéristiques des acides solides.
Pointide fusion. 725.2 4eme ent Et FN ARE 590,7 à 600,8
Pot de solidifcationet germe eme lise 0800 GIE
Indice dé 'saponificationt en er me Ee 147,2
(Poids moléculaire moyen correspondant = 381,1)
Ces acides solides, précipités partiellement par l’acétate de
baryum, fournirent un sel titrant 14,79 °/, de Ba; alors que
le calcul indique pour le Ba (C;,H,,0,); une teneur centési-
male en Ba de 14,717.
Nos chiffres relatifs à l'indice de réfraction, au poids spéci-
fique et à l'indice d’acidité de l'huile confirment ceux ren-
seignés par Grimme. Quant à l'indice de neutralisation des
acides insolubles mélangés, nos résultats coïncident sen-
siblement avec ceux donnés par Suzzi et par Grimme.
Nous avons trouvé un indice diode plus élevé que celui
cité par ces auteurs, et d’une valeur telle qu’il est évident qu’en
fait d'acides liquides l'huile de Ximenia compte d’autres
représentants que l'acide oléique.
L'indice de réfraction (20° ?) des acides mélangés que donne
Grimme a été vraisemblablement obtenu à l’aide d'un fac-
1. Température de fusion commençante.
2. Température de fusion complète.
3. En tube capillaire ; je ne dis donc pas «titre ».
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 19
teur de correction, car lesdits acides sont solides à la tempé-
rature indiquée.
Parmi les caractères nouveaux que nous relatons, nous
attirons particulièrement l'attention sur l'essai de l’hexabro-
mure !, et aussisur les propriétés spéciales des acides solides.
D'après son pourcentage de dérivés bromés insolubles dans
l'éther, l'huile de Xiémenia devrait suivre immédiatement les
huiles de lin et de bancoulier dans la classification des huiles
siccatives sous le rapport de leur teneur en acide hnolénique.
Cependant l'indice d'iode relativement faible, la non sic-
cativité et le degré Maumené peu élevé (40°,5 d'après Heckel,
69° suivant Suzzi ?) laissent présumer que le composé, inso-
luble dans l’éther, que nous eûmes entre les mains n'était
pas dû au glycéride linolénique hexabromé. D'ailleurs une
première indication (en attendant des preuves péremptoires,
déduites de recherches plus approfondies) qui nous ancra
davantage dans l'opinion émise, nous fut fournie par la bro-
muration des acides insolubles mélangés.
En effet, ces acides extraits de leur savon potassique,
débarrassé de l'insaponifiable avant sa décomposition par
HCI, n'abandonnèrent, après action du brôme, qu'une infime
quantité d'un composé solide, blanc, insoluble dans l’éther
ainsi que, tant à chaud qu’à froid, dans de l'alcool à 95°. En
revanche, ce composé se dissout dans le chloroforme avec une
extrême facilité et il se prend, par évaporation spontanée du
dissolvant, sous forme de gouttelettes huileuses. Chaulfées
dans une étuve vers 100°, ces gouttelettes brunissent rapide-
ment et se prennent en une pellicule translucide très flexible.
La quantité tellement minime de cette étrange substance ne
nous permit pas de pousser plus avant son identification. La
faible proportion de ,glycérine, l'indice de saponification de
4. L'huile de Ximenia, étalée en couche mince sur une lame de verre,
n’accusa pas la moindre augmentation de poids, ni ne changea de con-
sistance ni d'aspect, après un mois d'exposition à l'air.
2. L'examen de Suzzi porta sur de l'huile extraite de graines récoltées
à Seraé (Erythrée), alors qu'Heckel opéra sur de l'huile provenant du
Ximenia du Gabon.
20 J. PIERAERTS
l'huile, l'indice de neutralisation des acides mélangés et surtout
les caractères des acides solides obtenus après précipitation
par l'acétate de baryum, font supposer qu'il existe dans
l'huile de Ximenia un glycéride à acide gras de poids molé-
culaire très élevé (vraisemblablement du cérotate de glycéryle),
glycéride auquel cette matière grasse doit peut-être son excep-
tionnelle viscosité.
Le tourteau que laisse l'épuisement par l'éther renfermait
notamment :
Humidiiéra 10 PR RE ere An 6,19 0
Matière RéChemereie ) R neER Re 93,81 0,
Matièresmuineralest 205" 5,09 sur 100 p. de mat, sèche
AIZOLETO LA + MERE A NU TNT IAE 7,65 _ = Æ
Pentosines tas Arme A Eee re F110,08 — — —
Alcalinité en Ro CO me en 5,69 — de cendres
Mansanèse (Mn) ec re 2 0,112 sur 100 p. de cendres
Dans la coque (endocarpe) nous avons trouvé :
Humidié (amOU0) PARENT PREMIER en ce DPODMESS
Matière Seche rem er Literie, 90,04}
Matières minérales MORT EEE 1,75 sur 100 p. de mat. sèche
NZ O LOTO ARE Er PR rt MR CRe TE 0,75 — — —
PERLOSARESER NN EN CAN ER En 4,96 = area:
Alcalinité enloiCOs TR ER 04,64 — de cendres
Manpanese{Mn}# tes Res ere 0,075 sur 100 p. de cendres
Nous n'avons pu déceler la présence d’amidon soluble dans
la graine du Ximenia provenant de Prétoria, mais nous y avons
trouvé de la matière amylacée à structure organisée, se pré-
sentant sous forme de granules ordinairement isolés, excep-
tionnellement réunis par deux ou trois et plus rarement
davantage. Ces granules sont fort petits; les plus volumineux
sont ovoïdes, les autres discoïdes. Certains granules libres
affectent, en certaines portions de leur contour, des parties
rectilignes à angles arrondis, ce qui dénote et confirme l’exis-
tence de grains composés. Ni hile ni couches visibles. La croix
noire en lumière polarisée est nettement apparente. Le tour-
teau agité avec de l’eau iodée ou de la teinture d'iode très
diluée se colore en bleu foncé quasi instantanément.
GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 21
Schlagdenhauffen !, par contre, dit qu'il y a de l’amidon
soluble dans le Ximenia du Gabon et non de la matière amy-
lacée à texture organisée. Nous voilà doncen présence de deux
constatations contradictoires, Il serait intéressant de vérifier
si ce caractère nettement différentiel est constant ou acciden-
tel. Dans la première hypothèse, on aurait à sa disposition
un moyen infaillible pour diagnostiquer et différencier le
Ximenia du Gabon de celui de l'Union Africaine du Sud. Qui
sait si l’on ne constaterait pas une corrélation entre l'état
d’agrégation de la matière amylacée d'une part et les qualités
alimentaires ou les propriétés toxiques des variétés de Ximenia
d'autre part ?
Le tourteau produit par les graines de Ximenia reçues de
Prétoria, possède la même composition que celui fourni par
la variété du Gabon°?; aussi pourrait-il servir aux mêmes
usages que ce dermier. Notre distingué correspondant ne nous
a donné aucun renseignement quant à l'état édule de la graine
du Ximenia croissant en son pays, mais 1l nous a signalé que
l'huile extraite de cette plante est utilisée par les aborigènes
pour la fabrication des chandelles et pour oindre leur corps.
Le fruit sert, paraît-il, à préparer d'excellentes conserves.
1. Ed. Heckel, loc. cit.
2. Ed. Heckel, Loc, cit.
LES MONOCOTYLÉDONES
AQUATIQUES
DE MADAGASCAR
par M. Henri JUMELLE
Nous nous proposons de publier ultérieurement, au cours
d’un travail d'ensemble, une étude plus détaillée des Monocot v-
lédones aquatiques de Madagascar, mais nous croyons pouvoir
dès maintenant tenter une révision générale de ces Monocotylé-
dones, que nous présenterons sous la forme de tableaux synop-
tiques des genres et des espèces. Nous faisons suivre ces
tableaux d’une énumération rapide des localités pour les-
quelles nous avons pu relever la présence de chaque espèce,
soit d'après les échantillons que nous avons examinés dans
l'herbier du Muséum, soit d'après ceux que nous avons déter-
minés ! dans le riche herbier de notre «mi M. Perrier de la
Bâthie. Exceptionnellement nous avons aussi cité quelques
stats qui sont déjà signalés dans des mémoires antérieurs.
Toutes les espèces mentionnées ici ont été revues par nous,
sauf dans les rares cas que nous indiquerons.
Les familles étudiées sont les Lemnacées, les Naïadacées,
comprises au sens le plus large, les Alismacées et les Hydro-
charidacées,
1. Nous faisons suivre des lettres P.B. les localités où ont été recueil-
lis les échantillons de l’herbier Perrier dela Bâthie. Pour la plupart des
autres échantillons, la source sera indiquée dans le travail plus complet
qui paraîtra plus tard,
12
H. JUMELLE
I. — LEMNACÉES
Deux genres :
Une seule racine sur la face inférieure du cladode. Lemna
Plusieurs racines sur cette face inférieure. ...... Spirodela
Chacun de ces deux genres est représenté à Madagascar
par une seule espèce.
Lemna.
Lemna paucicostata Hegelmaier.
Eaux silico-calcaires du lac de Gnamby, près du mont
Tsitondraina, dans le Boina (P.B. 7202.
Eaux des sources thermales alcalino-sodiques et chargées
de chaux d’Ampasimbasimba, dans l’Itasy, vers 800 mètres
(P.B. 7202 bis).
Marais à Raphia, à eaux ferrugineuses et siliceuses, à
Stampika, sur la rive gauche de la Mahavavy (P.B. 1611).
Mares à eaux calcaires, avec Typha et Marsilia, dans la
vallée de la Sakandy, affluent de l'Onilahy, dans le Sud-Ouest
(P.B. 4397).
Spirodela.
Spirodela polyrhiza Linné.
Eaux séléniteuses des ruisseaux des environs d'Andrano-
mavo, dans l'Ambongo (P. B. 7205).
Petit lac près de Besavo, aux environs de Madirovalo,
dans le Boina (P. B. 988).
Eaux très calcaires de la Mahavavy, au Zony (P. B. 7199).
En mélange avec des Lemna dans la vallée de la Sakandy,
affluent de l’Onilahy (P. B. 4398).
Eaux des sources thermales d'Apasimbasimba, dans l'Itasy,
vers 800 mètres (P. P. 7201).
MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 25
Source dans le basalte, aux environs d'Antsirabé, vers
1500 mètres (P. B. 7198).
II: NAIADACÉES
Huit genres, dont trois marins et un des eaux saumâtres:
I. Plantes des eaux douces ou saumâtres :
A. Fleurs hermaphrodites.
a) Tige réduite à un tubercule: 1
à 3 bractées par fleur : ordinaire-
ment 6 étamineset 3 carpelles. 1 Aponogeton
b) Tige allongée.
{. Fleurs nombreuses en épi ;
pièces sépaloïdes par fleur ; 4
étamines et # carpelles..... 2 Potamogeton
2. Fleurs par 2: aucune pièce sépa-
loïde ; 2 étamines.......... 3 Ruppia
B. Fleurs unisexuées.
al Acarpellesr- Mn 7. 4 Zannichellia
DIR ARPATDOIlE ee HET ) Naias
II. Plantes marines.
A. Dioïques : fleurs mâles à 2 anthères
soudées sur un long filet commun ; fleurs
femelles à 2 carpelles.
a) 2 stigmates par carpelle....... 6 Cymodocea
b) 1 stigmate par carpelle........ 1 Diplanthera
B. Monoïques : fleurs mâles à 1 anthère
sessile ; fleurs femelles à 1 carpelle. 8 Zostera
I. Aponogeton.
Neuf espèces.
I. Feuilles fenêtrées.
A. Trabécules formées presque exclusi-
vement par les nervures.,....., | À. fenestralis.
12
CS
H. JUMELLE
B, Trabécules formées par
les nervures accompagnées
d'une certaine épaisseur
de‘isst mois air
IT. Fewlles pleines.
A. Limbe beaucoup plus long
que large, à base en coin,
ou arrondie, ou très légère-
ment cordée. >... 1.7
a. Deux épis par pédoncule.
a Feuilles gaufrées, limbe
arrondi à la base...
a Feuilles non gaufrées.
1. Limbe de moins de
15 mm. de largeur.
. Limbe de plus de 15
mm. de largeur.
1’. Long pétiole (20 à
25 cm.); pédoncule
floral élargi vers le
©
SOMMEL Er dr
2’. Court pétiole (10
em. ); pédoncule floral
rétréciverslesommet.
b. Plus de deux épis ordi-
nairement par pédon-
cule ; feuilles gaufrées.
h' Limbe ordinairement
arrondi à la base ;
cellules à tannin visi-
bles par transparence :
nervures transversales
descendantes........
b” Limbe en coin à la
base ; pas def cellu-
les à tannin visibles
2 A, Guillotu.
2 A. Boiviritana.
4 À. viridis.
5 À. ulvaceus.
4 À. ambongensis. .
7 A, Bernierianus.
MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 2
TT
par transparence
nervures transver-
sales non descendan-
DÉS RE Te ee S À, quadrangqularis.
B. Limbe au plus trois fois plus
long que large, fortement
Cordé Ha basers ter 9 À. cordatus.
1. Aponogeton fenestralis Hooker fils (Un des ovrrandra
des Hova).
Ranomena, près d'Ivohibo, chez les Bara.
2. Aponogeton Guillotii Hochreutiner (Ovirandra et
ovirandrana des Hova).
Dans les rivières aux eaux claires et vives, lorsque ces
rivières coulent sur les rochers. Manankaza, au nord-est
d'Ankazobé, à 1500 mètres (P.B. 7149).
Dans l'Ikopa, au-dessus de Mevatanana, dans le Boina
(P.B. 282 bis).
Rapides de la Mahavavy, sur les basaltes, dans le Boina
(P.B. 7144).
District de Vatomandry, dans les cascades (Guillot, d'après
Hochreutiner).
3. Aponogeton Boivinianus Baillon.
Nord-Ouest de Madagascar.
Nossi-Bé.
Rivières du flanc oriental de la montagne d’Ambre, sur les
basaltes (P.B. 7145).
k. Aponogelon viridis Jumelle {Ovirano des Sakalaves).
Ruisseaux de Morataitra, sur la rive droite de la Betsiboka,
près de Mevatanana (P.B. 393). à
Ruisseaux d'eaux vives, sur les grès liasiques, dans le
bassin du Bas-Maivarano, province d'Analalava (P.B. 7143).
5. Aponogeton ulvaceus Baker.
Dans les montagnes de l'Ankaratra (Kitching, d'après
Baker).
28 H. JUMELLE
Mars de l'Imerina,
Lac d'Ambahipo, dans l'Imerina.
6. Aponogeton ambongensis Jumelle.
Eaux calcaires de Namorokä, dans l'Ambongo (P.B. 1546).
7. Aponogelon Bernierianus Decaisne.
Rivières de Sainte-Marie de Madagascar.
Torrents de la Simiane, sur la côte Est (P.B. 7167).
8. Aponogeton quadrangularis Baker.
Chez les Tanala, dans l'Est (Baron, d'apres Krause et
Engler).
Rivière Rahinaimamy, dans le bassin du Matitana, à
100 mètres d'altitude (P.B. 7153).
9. Aponogeton cordatus Jumelle.
Marais de la forêt d'Analamazaotra, vers 800 mètres (P
B. 7160).
ID
— Potamogeton.
Huit espèces.
I. Stipules libres.
A. Feuilles non embrassantes à
la base. très rarement
semi-embrassantes.
a. Feuilles nettement pétio-
lées, jamais embrassan-
ES LS Re NO Tr LE
a. Feuilles submergées
linéaires.
1. Feuilles nageantes à
limbe de moins de
3 em. de longueur.. 1 P. javanicus.
2. Feuilles nageantes à
limbe de plus de 3
em. de longueur... 2 P. natans.
a. Feuilles submergées
ovalesoulancéolées,
MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DEF MADAGASCAR 29
1. Pétiole de plus de 3 cm.
1’. Pédoncule floral
aussi épais ou plus
épais que la tige...
2°. Pédonculeplusgréle
que latige........ 4 P. perfoliatus.
2, Pétiole de moins de
2 cm. ; pédoncule flo-
ral plus gros que la:
tige : imbe acuminé ou
mucroné DPALITR
d'un ete etat se
Ce
P. fluilans.
b. Feuilles sessiles ou subses-
siles, parfois semi-em-
brassantes mme Ps 6 P, lucens.
B. Feuilles nettement embras-
saintes la base. 1": 1 P. perfoliatus.
Il. Stipules soudées en gaine avec
le pétiole : feuilles toutes très
étroites; épi discontinu.... 8 P. pectinatus.
1. Potamogeton javanicus Hasskarl.
Andrangoalaka, près de Tananarive, dans l'Imerina.
Alixville (P.B. 187).
Marais des sources thermales d'Antsirabé, à 1.500 mètres
(P.B. 7152).
Mêmes marais à 1.600 mètres (P.B. 7142, 2248).
Lac d'Andranobé, près d’Antsirabé, à 1600 mètres (PER:
1150).
2. Potamogeton natans Linné.
Côte Sud-Ouest de Madagascar (Grandidier).
3. Potamogeton fluitans Roth.
Marais de Marovoay (P.B. 7164).
Environs de Mahevarano, près de Majunga (P.B. 7165).
- Lac de Kimadio, près de Mevatanana (P.B. 7166).
4. Potamogeton polygonifolius Pourret.
Près de Tananarive.
30 H,. JUMELLE
Nanisana (Herbier de Nanisana, 311).
Lac d'Ambohipo.
». Potamogeton Zizii Martens et Koch.
Rivières et marais des environs d'Ivodro.
6. Potamogeton lucens Linné.
Environs de Tananarive (sous-espèce vaginans Bojer).
District de Vatomandry, dans la lagune (sous-espèce vagi-
nans) (Guillot, d'après M. Hochreutiner).
1. Potamogeton perfoliatus Einné.
Ruisseaux de Marofandelia, près de Morondava (variété
ovatus) (P.B. 7151).
Centre et Ouest ; eaux courantes aux environs des sources
thermales d’Ampasimbasimba sur la Mazy (variété ovato-lan-
ceolatus) (P.B. 7148).
S. Potamogeton pectinatus Linné.
Eaux très calcaires, dans les ravins de Miaro, bassin du
Fiherena (P.B. 4383).
Antsirabé, fossés des sources thermales, à 1.500 mètres d'al-
titude (P.B. 7162 et 7168).
3. — Ruppia.
Une seule espèce.
Ruppia maritima Linné.
Dans les eaux saumâtres du lac HOME, dans le
Sud-Ouest (P.B. 8140).
Lagunes entre Sambava et Antalaha, dans le Nord-Est
(P.B. 2068).
4. — Zannichellia.
Une seule espèce.
Zannichellia palustris Linné.
Dans les eaux stagnantes d'Antsirabé.
ne ,
MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 31
D, — Naias.
Trois espèces dioïques.
I. Fleur femelle avec spathe... 1 N. madagascariensis.
IT. Fleur femelle sans spathe.
a. 12 à 18 petites dents sur
chaque bord du limbe.. 2 N. australis.
b. 4 à 8 fortes dents sur
chaque bord du limbe. 3 V horrida.
1{. Naias madagascariensis Rendle.
Près de Tananarive.
2. Naias australis Bory.
Aucune indication de localité.
3. Naias horrida À. Braun !.
District de Vatomandry, dans les lagunes (Goudot, d’après
Hochreutiner).
6. — Cymodocea.
Quatre espèces.
I. Feuilles à limbe rubané; fleurs isolées.
A. Rameaux dressés courts :
faisceaux fibreux sous-épi-
dermiques dans le limbe.
a. Limbe de 2 à 4 mm. de lar-
geur, à 7 à 13 nervures. 1 C. rotundata.
b. Limbe de 8 mm. de lar-
geur, à 15 à nervures. 2 C. serrulata.
B. Rameaux dressés plus al-
longés et très ramifiés ; pas
de faisceaux fibreux sous-épi-
dermiques ; limbe de 7 à 10
mm. de largeur, avec 17 à 25
tits ve SPP ITEN EE DRRURTS 3 C. ciliala.
1. Nous n'avons pas vu cette espèce, que nous citons d'après Hochreu-
tiner,
32 H, JUMELLE
IT. Feuilles à limbe cylindrique :
fleurs groupées ere 4 C, isoelifolia.
l. Cymodocea rotundata Aschers. et Schweinf.
Sur la côte Nord-Ouest : Noronsangana, 13° 52’ lat. S.
2. Cymodocea serrulata Aschers. et Magnus.
Noronsangana.
Nossi-Bé.
3. Cymodocea ciliata Ehrenberg.
Noronsangana.
Nossi-Bé, à marée basse.
Baie de Bombetoka (P. B. 1631).
4. Cymodocea isoetifolia Ascherson.
Beravi.
Nossi-Bé.
7. — Diplanthera.
Une espèce.
Diplanthera uninervis Ascherson.
Noronsangana, sur la côte Nord-Ouest.
Nossi-Bé.
8 = TZostera:
Une espèce.
Zostera nana Roth.
Nossi-Bé.
III — ALISMACÉES
Les quatre genres d’Alismacées actuellement connus à
Madagascar appartiennent à la tribu des Alismées.
I. Corolle bien visible, plus grande que les sépales.
MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 33
A. Carpelles sur un réceptacle plan.
a. Fleurs hermaphrodites ;
paroi du fruit non creusée |
HE CANIEN ET ESS LU { Caldesia.
b. Fleurs andromonoïques :
paroi du fruit creusée de
2 cavités latérales. ..... 2 Limnophyton.
B. Nombreux carpelles sur un
réceptacle bombé........ 3 Lophiocarpus.
IT. Corolle invisible, plus petite
queries Sépales. AMENER L Wiesneria.
FL = ECaldesia:
Une espèce.
Caldesia parnassifolia Parlatore.
Dans le Centre : marais d'Antsirabé, à 1.500 mètres d'alti-
* tude (P.B. 7235).
2.— Limnophyton.
Une espèce.
Limnophytum obtusifolium Miquel.
Morondava (Grandidier).
Dans les marais de l'Ambongo et du Boina, pendant la
saison des pluies : à Mahevarano, près de Majunga (P.B.
71238) ; à Marovoay (P.B. 7231) ; à Suberbieville (P.B. 217);
à Ankisihitra, près du mont Tsitondraina (P.B. 217 Bis).
3. — Lophiocarpus.
Une espèce.
Lophiocarpus quyanensis Smith. (Le voalefokamboa des
Hova).
Marais de Mahevarano, près de Majunga (P.B. 7239).
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4* vol, 1916, 3
34 H. JUMELLE
Etangs, près de Tsarasaotra (P.B. 417).
Environs du lac Kinkony, dans l'Ambongo, dans les fos-
sés (P.B. 417 Dis).
Eaux dormantes du Mampikeny, dans le Boina (P.B.
72140).
Mares de Maroantsetra, sur la côte Est (P.B. 7236).
Environs de Tananarive.
Analamahitsy, dans le Centre (Herbier de Nanisana, 110).
4. — Wiesneria.
Une espèce.
Wiesneria filifolia Hooker fils.
Dans les lacs du Centre de Madagascar (Parker gt Baron,
d’après Baker).
IV. — HYDROCHARIDACÉES
Six ou sept genres, dont deux marins.
I. Plantes d'eau douce.
A. Tiges allongées etramiliées.
a. Feuilles verticillées..... 1 Hydrilla.
b. Feuilles en spirale. ..... 2 Lagarosiphon.
B. Tiges courtes: feuilles en
rosette.
a. Toutes les feuilles ruba-
M ANS Ron 3 Blyxa.
ATOME: MR NEE
4. Fleurs dioïques ; spa-
thes non allées re. 4 Boetia.
2. Fleurs hermaphrodites;
spathes aubes-ris ti ta 5 Ottelia.
II. Plantes marines.
A. Un calice, mais pas de co-
MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR
Co
OC
rolle ; placentas peu sail-
lants dans l'ovaire ; feuil-
les à bords non épaissis. 6 Halophila.
B. Calice et corolle ; placentas
saillants ; feuilles à bords
CAISSES PRE le . : T Enhalugs.
1. — Hydrilla.
Nous ne sommes nullement sûr de la présence de l'Hy-
drilla à Madagascar, car nous n’avons vu dans aucun herbier
de l’île un échantillon qui puisse être rapporté certainement
à ce genre.
Le n° 3523 Hildebrandt, que Palacky considère comme
l'Hydrilla verticillata, est un Lagarosiphon.
2. — Lagarosiphon.
Deux espèces.
I. Feuilles espacées, avec 50 paires
,
de dents au minimum, assez rap-
) Ï
prochées, même à la partie inférieure
du limbe ,
ARE ANR ON ME RE EC 1 L. madagascariensis.
IT. Feuilles denses, avec 35 paires
de dents au maximum, rares et
espacées dans la partie inférieure
SU TT INR ARR PERS PSE densus
Î. Lagarosiphon madagascariensis Caspary.
Mahamba, sur le lac Alaotra.
Diego-Suarez.
Côte Sud-Ouest (Grandidier),
Environs de Mevatanana (P.B. 90).
Imaloto, bassin de l’'Onilahy (P.B. 7146).
2. Lagarosiphon densus Ridley,
Imerina.
Lac d'Ambohipo.
Analamahitsy (Herbier de Nanisana, 117).
DL 4
36 H. JUMELLF-
3. — Blyxa.
Une espèce.
Blyxa Auberti Richard.
Haut-Bera vi.
Eaux près de Marovoay.
Eaux des environs de Tananarive.
Mares et étangs de l’Ambongo et du Boina (P.B. 7142,
1115).
Mares d’Ambodiroka (P.B. 81).
Etangs de Moratatra, sur la rive droite de la Betsiboka
(P.B. 826). :
Eaux profondes, sous les berges ou dans les endroits
ombragés, à Mahevarano, près de Majunga (P.B. 7159).
Ruisseaux à eaux calmes du Haut-Bemarivo (P.B. 7180).
RO PE00UA
Ce genre doit être assez rare à Madagascar, car nous ne
connaissons ni l’un ni l'autre des deux espèces suivantes, que
nous ne citons que d'après M. Ridley, qui les a vues dans
l'herbier de Fordes, du British Museum.
I. Feuilles très nettement cordées
à la base; spathe non fendue latérale-
ment, à sommet denté...... RÉ NE Ne 1 B;Tcordata:
IT. Feuilles non ou très légère-
ment cordées ; spathe profondé-
ment fendue latéralement, à som-
méttriide see remet a Lierne 29 "DCS
Î. Bootia cordata Walhch.
Sans indication de localité.
2. Bootia exserta.
Sans indication de localité.
MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 37
», — Ottelia.
Une espèce.
Ottelia ulvaefolia Buchenau (Oftelia lancifolia Richard).
(Le fantangindrano et l'ivirandrana des Hova).
Marais de l’Imerina.
Andrangaloaka.
Marais temporaires du mont Belambony, vers 1.000 mètres
d'altitude (P.B. 7173).
Marais de l'Analamazaotra, vers 800 mètres (P.B. 7141).
Eaux dormantes de l’'Ambongo et du Boina (P.B. TIS1,.
Etangs de la vallée de la Menavava (P.B. 876).
Eaux courantes, bords du lac Kinkony, dans l'Ambongo
(P.B. 1436).
6. — Halophila.
Deux espèces.
I. Feuilles ovales ou oblongues,
assez longuement pétiolées. ....... | H. ovalis.
II. Feuilles étroites, brièvement
PRO nn ir me ia 2 H. slipulacaea.
1. Halophila ovalis Hooker fils.
Nossi-Bé.
2. Halophila stipulacaea Ascherson.,
Nossi-Bé.
Li
1. — Enhalus.
Une espèce, que nous n'avons vue dans aucun herbier de
Madagascar, et que nous citons d'apres Ridley.
Enhalus Koeniqu Richard.
Nossi-Bé, dans la mer, à 5 ou 6 mètres de profondeur.
LES BOIS UTILES
DE LA GUYANE FRANCAISE
par M. HERBERT STONE
DE BIRMINGHAM
Mon but, en écrivant cet ouvrage, a été de réunir tous les
renseignements que nous possédons actuellement sur les bois
de la Guyane française, de les comparer, d’éclaireir la syno-
nymie tant scientifique que populaire, enfin de fournir des
descriptions complémentaires de toutes les espèces représentées
soit au Musée Colonial de Marseille, soit dans les autres col-
lections que je citerai plus loin et que j'ai pu étudier.
J'ai voulu, en même temps, attirer de nouveau l’atten-
üon du public sur les richesses trop négligées des forêts de
la Guyane.
Ce délaissement était déjà déploré, il y a un siècle, par Du-
monteil, par de Malonet et par beaucoup d’autres ; il est plus
grand encore depuis que le fer a remplacé le bois dans les con-
structions navales. On ne peut que rarement trouver dans un
magasin de Paris un article fait avec un bois de la Guyane.
Et cependant, il est des essences qui peuvent servir aux
usages les plus divers.
Les auteurs que je viens de citér faisaient allusion aux
préjugés qu'il y avait contre ces bois ; je n'ai jamais rien pu
relever de tel dans la littérature. Peut-être ces préventions
étaient-elles propres au monde maritime. Aujourd'hui, en
tout cas, si ces bois ne sont pas employés, c'est plutôt parce
que l'industrie ignore la plupart de ces espèces et ne connaît
10 H. STONE
que les très beaux bois de couleur employés par l'ébénisterie
et la marqueterie. On se figure que tous sont lourds, durs,
difficiles à travailler, et surtout de prix élevés, alors que, au
contraire, il en est qui ne reviendraient pas plus cher que les
bois des États-Unis, qui nous arrivent en si grandes quantités
en Europe, malgré le coùt de la main-d'œuvre. Et le fret est
à peu près le même:
Si le Bois blanc du Nord peut être envoyé avec bénéfices
au Cap de Bonne-Espérance, si le Pitch-pin, le Noyer noir, le
Hickory, le Frêne d'Amérique, le Tulipier, les Chênes blanes
et rouges peuvent être reçus à bon marché de l'Amérique du
Nord, pourquoi des bois semblables ne pourraient-ils pas
provenir de l’Amérique du Sud ? Le Japon même expédie du
Chêne en Angleterre.
Cette absence de tout commerce des bois guyanais peut
évidemment s'expliquer.
En premier lieu, les exploitants ont été découragés par les
déboires subis. Beaucoup de cargaisons ont été envoyées avec
pertes. Or une espèce qui a été une première fois mal reçue
n'est plus expédiée et est perdue pour le marché.
En second lieu, les moyens employés pour faire connaître
ces bois n'ont jamais été ceux qui conviennent. Les échantil-
lons qui figurent aux Expositions ne sont pas présentés de
manière à attirer l'attention des acheteurs. Ce sont trop sou-
vent de mauvaises büches, préparées par des gens qui ne sont
pas du métier, qui ne connaissent pas les besoins du marché ;
et ce sont principalement des bois à meubles, dont la vente
est, somme toute, limitée.
L'énorme emploi de bois fait pendant la guerre rend cepen-
dant l'heure propice pour un essai d'utilisation des richesses
forestières coloniales ; et 1l faut espérer qu’on va s’efforcer de
tirer parti des essences d'un emploi général, convenant, par
exemple, pour traverses de chemin de fer, pavage, construc-
tion, crosses de fusils, canonnerie, architecture navale, pilotis,
merrains, rayons de roues d'automobiles, etc. On doit recher-
cher aussi les bois qui peuvent remplacer le Frêne, toujours
cher, et le Bois de lance.
DNS CD 2 DR, - Voré »” ” L
——
——
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
Ce n'est, certes, la faute ni des explorateurs, ni des auteurs,
si tous ces bois sont délaissés.
Beit, dès 1564, écrivait à ce sujet ; et plus tard encore ont
paru de nombreux ouvrages. Barrère en 1749, Préfontaine,
en 1752, décrivaient de nombreuses espèces.
En 1774, Michel Dumazet présentait un rapport sur des
échantillons de la Guyane.
J. Bagot (1777), un explorateur dont de Malonet a fait grand
éloge,; accomplissait un voyage dans le but précis de découvrir
des bois propres à la construction ; et de Malonet lui-même
engagea vivement le Gouvernement à accepter les offres avan-
lageuses qu'il avait obtenues des exploitants.
En 1785, Guisan écrivait un mémoire sur l'exploitation des
lorêts et décrivait diverses essences ; en 1788, Lescallier signa-
lait leur abondance.
Ce ne fut pourtant qu'en 1823 que fut publié un travail
vraiment scientifique, et qu'on ne saurait trop louer, celui de
Dumonteil, qui est un modèle de précision, témoignant d'une
grande connaissance non seulement des bois, mais encore de
leurs usages. Malheureusement l'ouvrage est rare, et, de tous
les auteurs qui l'ont cité, Sagot est le seul qui semble lavoir
connu, ou, en tout cas, apprécié à sa valeur. Et comme
Dumonteil, naturellement, n'employait que les noms indigènes,
l'identification est souvent difficile. Mais l’auteur défendait
vivement les bois de la Guyane. Il sut démontrer que, sur les
119 sortes qu'il trouva pendant ses deux ans de voyages, 1l y
a toute la gamme, depuis les bois aussi lourds, élastiques et
forts que l'Ebène, jusqu'à ceux qui flottent comme le hège. Ce ne
sont pas d'ailleurs ces extrêmes qui sont rares, mais ce qui
est intéressant c'est le fait de toute cette série d'intermé-
diaires.
En 1826, une Commission de Brest essayait certains de ces
bois de Dumonteil et en établissait la valeur en les employant
dans la construction des navires, Ces essais, ainsi que d’autres
sur la force et l'élasticité, ont été bien menés, avec, pour
terme de comparaison, Chêne — 1. Malheureusement la base
d'appréciation ne fut pas celle de Dumonteil; ce qui rend
42 H. STONE
impossible toute comparaison entre les deux séries de
chiffres.
En 1827, Noyer décrivit les forêts ; puis surtout en 1867
Sagot nous donna pour la première fois un ouvrage où se
trouvent réunies des connaissances techniques, appliquées sur
place, et des connaissances scientifiques. Aublet, qui s’inté-
ressa pourtant aussi au côté industriel de la question, ne peut,
comme compétence, être comparé à Sagot.
Depuis lors, aucune étude de quelque valeur ne peut être
citée. Les botanistes qui publient surle sujet décrivent plus ou
moins bien les écorces, mais ignorent les bois. Les praticiens
donnent, d'autre part, des renseignements pratiques, mais
accompagnés de descriptions trop vagues pour qu'une identi-
fleation spécifique sûre soit possible. Enfin, certains vulgari-
sateurs, ne connaissant ni la botanique ni les bois, copient
les uns sur les autres en mélangeant les synonymes systéma-
tiques et les termes vulgaires. Qu'on veuille bien jeter un coup
d'œil sur les chapitres consacrés plus loin au Bois de Licari,
ou Bois de rose de Cayenne (n° 6200) et à l’Ebène verte
(n° 5474), tous deux d'une importance industrielle considé-
rable, et on verra quelles difficultés sont accumulées au sujet
de l'identité de bois qu'un büûcheron reconnaïtrait au premier
coup d'œil.
Cette confusion me parait encore une des causes qui ont
fait négliger ces bois. On ne sait jamais ce qu'on va acheter
sous un nom quelconque. Un exemple suffira. Un auteur que Je
ne veux pas nommer, et qui, d’ailleurs, a fait en d’autres cir-
constances du bon travail, n’a pas seulement confondu deux
synonymes systématiques — erreur facile — mais, de deux
bois désignés sous un même nom indigène, a fait un seul bois
composé des caracteres de trois espèces différentes. Etil na
pès été le seul à décrire ainsi des « bois composés » ; d’autres
auteurs, en adoptant les chiffres de Dumonteil sans rechercher
s'ils se rapportaient vraiment aux bois qu'ils étudiaient, en
ont fait également. Nous avons des bois « légers » à 800 kilos
le mètre cube.
La détermination systématique d'un arbre présente d'énormes
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 43
difficultés, car il faut des fleurs, des feuilles et des fruits. Les
espèces de la Guyane sont clairsemées et ne constituent pas
des peuplements exclusifs, et les arbres sont souvent si serrés
qu'il faut en abattre un avant de pouvoir voir même les feuilles ;
mais, les saisons de floraison et de fructification n'étant pas
toujours connues, il faut savoir reconnaitre l'arbre sur pied,
par son écorce et par son port, ce qui n'est possible que pour
un bücheron expérimenté. Comme les noms indigènes ont
souvent une application générique, naturellement le bücheron
fait erreur.
C'est cependant un travail qui devrait être entrepris. Les
collections faites par les botanistes ne manquent pas de pré-
cision, mais un explorateur n'a pas le {temps d’abattre de
grands arbres et se contente des petits, dont le bois ne peut
guère être comparé avec les bois commerciaux de bonne qua-
lité de la même espèce. Pour réunir une collection de bois
bien déterminés, de valeur industrielle, 1l faut la collaboration
d'un forestier qui connaît ces bois sur pied, ainsi que leur
période de floraison, et d’un commerçant local. Le premier
choisiraït les arbres et de bons échantillons de fleurs, fruits
et feuilles, le second s’assurerait que le bois convient pour
l'exportation. Enfin, les échantillons de toutes sortes peuvent
être envoyés en France en vue d’une détermination. Tout
échantillon serait alors numéroté, avec des timbres en acier,
sur le bout du tronc (section transversale), car tout autre mode
de marquage est incertain.
De telles conditions sont évidemment de réalisation difficile ,
aussi je propose qu'on se borne à un petit nombre d'espèces
choisies parmi les plus abondantes, les meilleures connues,
localement appréciées et d’une utilité générale. On ne prendra
pas, par exemple, les bois à meubles. Les arbres choisis
devraient être débités en madriers de 6 em. d'épaisseur envi-
ron, qui, après avoir été mis à sécher dans des magasins,
seraient expédiés en France.
Une fois arrivés, on les débiterait en morceaux convenables,
destinés à tous les Musées, avec, pour chacun, une fiche don-
nant tous les renseignements nécessaires.
F
n
H. STONE
Un tel procédé coûterait moins cher qu'une collection de
cinquantemauvaises bûches vermoulues, fendues, malrécoltées,
telles qu'on en voit à toutes les Expositions, où elles ne sont
qu'une mauvaise réclame pour les essences qu'elles repré-
sentent. AS
Je recommande l'Angélique (n° 1927) pour remplacer le
Chêne. Il a à peu près la même densité, est deux fois plus
fort, el plus élastique ; en conséquence, les trois quarts de la
quantité suffiraient pour une même besogne.
Le Wapa huileur (n° 1948) convient pour les traverses,
pour le pavage, pour les constructions grossières exposées aux
intempéries.
L'Ehène verte (n° 5474) est une fois et demie (2,53 à 1)
plus forte que le chêne, et d'une force et d’une élasticité hors
pair pour rayons de roues d'automobiles, baguette de fusil,
etc:
Le Genipa (n° 3183 A) est très bon pour crosses de
fusils.
Sont encore intéressants les bois suivants, cités par
Dumonteil, s'il est possible de les reconnaitre d'après leurs
noms indigènes :
Le Bois crapaud (pt. Il), tres élastique et fort, mais
lourd :
Le Saint-Martin rouge (n° 1851 J), capable de rendre les
mêmes services que le Chêne, avec une économie de 40 p. 100
des dimensions et de 30 p.100 de poids, bon aussi —- si c'est
le même que le bois des collections de Marseille (Guyane,
n° 101} — pour les crosses de fusils, ainsi que le Chêne vert
(voir pt. IT);
Le Saint-Martin blanc (n° 1851 K.), inférieur au précédent,
bon néanmoins :
Le Saouari rouge (n° 664).
Je ne parle pas des bois mous, pouvant remplacer les Pins
et les Sapins, car il paraît peu probable qu'ils soient actuelle-
ment exportables, en raison de leurs prix inférieurs.
Dans ce volume, on trouvera énumérées toutes les espèces
d'arbres (non d’arbrisseaux) citées par Aublet, Sagot, Barrère,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 45
Préfontaine, Dumonteil, la Commission de Brest, de Lanessan,
Brousseaux, Bassières, Bell et Martin-Lavigne, qui se sont
occupés des bois de la Guyane ; on trouvera aussi toutes les
espèces mentionnées dans les ouvrages qui traitent des bois
en général, comme ceux de Roubo, Varenne-Fenille, Guibourt,
Laslett, Wiesner, Noerdlinger et Grisard.
Les descriptions de la plupart des auteurs laissent à désirer ;
il faut souvent deviner ce qu'ils veulent dire. Le premier qui
pour cette étude eut recours à la loupe fut Varenne-Fenille
en 1807 ; aussi ses descriptions sent-elles très exactes. Gui-
bourt plus tard adopta la même méthode ; puis, à une époque
plus récente, ce sont surtout les pharmaciens qui, comme
Planchon et Collin, G. Planchon et Boquillon, ont fait plus
encore en se servant du microscope. Il nous ont alors
donné une nomenclature méthodique et des descriptions
minutieuses.
Pour les bois de la Guyane, Martin-Lavigne est le seul
auteur qui se soit servi de cette méthode ; malheureusement
il n'eut à sa disposition qu'une pauvre collection, et il ne fut
pas plus heureux que ses prédécesseurs dans la détermination
des espèces.
Les collections que j'ai eues à ma disposition sont les sui-
vantes, auxquelles j'ajoute le mot « déterminé », lorsque les
échantillons sont accompagnés d’un matériel d'herbier, ou
étiquetés par des personnes compétentes. Il est regrettable
que ; les échantillons de bois des Musées soient si souvent
dépourvus d'une histoire documentaire.
1° Musée Colonial de Marseille :
a) Collection Jeanneney ; 25 échantillons.
b) Collection envoyée à l'Exposition de Marseille de
1906 : 45 échantillons,
c) Provenances diverses ; 97 échantillons.
d) Collection du Jardin Botanique, appartenant au Musée
Colonial de Marseille ; 12 échantillons.
2° Collection J. Laslett ; 4 échantillons,
3° Collection Berkhout; 8 échantillons.
4° Collection de l'Institut Impérial de Londres; 22 échantil-
lons,
46 H. STONE
5° Collection Bell ; 97 échantillons dont 32 déterminés.
6° Collection du Révérend J. Aiken ; 9 échantillons.
1° Collection du Parc de la Tête-d'Or, à Lyon ; 14 échantil-
lons, dont 4 déterminés.
8° Collection Noerdlinger (coupes déterminées) ; 4 échantil-
lons.
La synonymie adoptée est celle de l’?ndex Kewensis : mais
je ne cite que les synonymes qui se trouvent dans la littéra-
ture spéciale des bois.
L'ordre de classification adopté est celui de Durand ; et,
afin que les très nombreuses références données puissent rester
bonnes pour les additions futures, j'ai employé le numéro-
tage de Durand, ce qui a bien facilité ma tâche.
Puisqu'il est fort probable qu'Aublet a énuméré toutes les
espèces d'arbres dont les bois peuvent avoir un emploi indus-
triel et sont au nombre des plus connus, il en résulte que,
parmi les bois ici décrits, ceux qui ne sont pas déterminés
doivent être des doubles qui seront tôt ou tard rApPOr A à ces
arbres d'Aublet.
J'ai plaisir à dire la grande aide que j ai reçue du Directeur
du Musée Colonial de Marseille, M. le Professeur Jumelle :
J'ai été aussi secondé par MM. les Professeurs Gérard et
Chifflot, de la Faculté des Sciences de Lyon, et par M. Brune,
bibliothécaire du Musée Colonial de Marseille,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 47
INTRODUCTION
La place me manque pour tenter même d'aborder une étude
générale du bois qui seule nécessiterait un volume, mais, comme
on connait peu les moyens qui permettent de déterminer un
bois ou de le comparer avec les descriptions déjà faites,
j'insisterai davantage sur ce point. Et comme je désire y inté-
resser tout amateur, j'éviterai, autant que possible, la termi-
nologie botanique, au surplus inutile, puisque les histologistes
ne s'occupent guère du bois bien formé et se contentent de
l'examen de jeunes tiges à structure encore incomplète.
Houlbert, en 1893, a été, je crois, le premier à indiquer le
fait que la structure se développe lentement ; mais il saute
aux yeux de tous qu'il a regardé ses échantillons à la loupe.
Un tronc s'accroît par l'addition continuelle de nouvelles
couches se superposant aux couches antérieures. La petite
plante de la première année est cachée à l'intérieur d’une
couche ou d'un cône de bois de la deuxième année : elle peut
même parfois être retirée de sa gaine. Les couches des années
suivantes sont à leur tour superposées, chacune dépassant
toujours en hauteur la précédente.
Dans les pays froids, le cône eflilé ainsi produit, et qui
constitue le tronc, a, au sommet, une seule couche avec la
moelle, et, en bas, vers le pied, plusieurs couches dont le
nombre augmente avec l'âge.
Dans les régions tropicales, au contraire, où les saisons ne
correspondent pas avec les nôtres, et où beaucoup d’arbres
n'ont pas de période de repos bien marquée, il y a du bois
nouveau en hiver comme en élé, et formation de deux, trois,
quatre ou même cinq couches par an.
Je laisse, bien entendu, dans tout ceci, les exceptions, pour
ne considérer que le cas général.
Il est intéressant de rappeler que ce fut Léonard de Vinci
qui signala ce fait, approximativement vrai, qu'on peut con-
naître l’âge d’un arbre d'après le nombre de ses couches.
Le même de Vinci fit encore le premier des essais sur la
48 H. STONE
résistance des bois de construction (Codice atlantico, folio
82, recto, b).
Chez beaucoup d’espèces, le bois reste indéfiniment à l’état
d'aubier (Bouleau, Tulipier, Quassia) : mais, plus souvent,
après un nombre d'années variable suivant l'espèce, il se
transforme en cœur (2 à 4 ans chez le Robinia Pseudacacia et
le Cytisus Laburnum, #5 environ chez le Frêne, un siècle
peut-être dans le Bois de lettres). On entend par là que ce
bois se colore et devient plus lourd, plus dur, plus résis-
tant aux facteurs extérieurs. Et, à dater de ce moment,
au fur et à mesure de l'addition saisonnière de nouvelles
couches externes, une couche interne de l’aubier acquiert les
caractères du «cœur ».
Ce changement peut être brusque, et la ligne de sépara-
tion est alors nette (Laburnum, Wacapou, Robinia), mais 1l
peut être, quoique rarement, graduel avec une zone intermé-
diaire (Chène) ou régulièrement progressif (Sorbier, Pom-
mier, beaucoup de Sapotacées ; voir 4507 B à I).
Chaque couche a sa structure propre et devrait être étudiée
indépendamment de ses voisines, formées à un autre moment.
Elle a donc son individualité, à laquelle ne participent pas les
rayons qui, permettant la circulation radiale de la sève,
relient toutes ses couches. Ces rayons vont du centre de la
moelle à l'écorce ; ils remplissent les espaces que laissent,
sous forme de mailles, les fibres ligneuses qui forment le
massif du bois.
On peut observer une (Bouleau, Faux-Platane), deux
(Chêne) où même trois (Hêtre, d’après Hartig) sortes de
rayons dans le même bois ; il y en a toutefois rarement plus
d'une dans les bois de la Guyane (1823 A, Cacao). Que la
différence entre ces sortes de rayons soit réelle, j'en doute
fort (v. 1156 J), mais c'est la théorie admise.
En coupe transversale (ou horizontale si larbre est sur
pied) les rayons et les limites des couches dessinent une toile
d'araignée. En coupe radiale (ou longitudinale ou verticale),
prise sur la ligne de la moelle, les fragments de rayons que la
scie a épargnés forment des taches ou des mouchetures,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 49
qu'on appelle les « mailles », si belles sur le bois de Chêne,
où elles sont exceptionnellement grandes. En coupe tangen-
tielle (contre-mailles, bois de fil), ou vus de l'extérieur après
l'enlèvement de l'écorce, les rayons ont une forme de fuseau
étroit et sont beaucoup moins apparents. En définitive, ce
sont des lames à double fil, presque parallèles, mais qui
naissent en quelque sorte les unes des autres, car espacées à
la périphérie, elles convergent et se réunissent au centre.
On peut souvent observer des rayons qui se bifurquent,
chaque branche devenant un rayon nouveau, et toutes ses
branches s'écartant de plus en plus les unes des autres avec
la croissance de l'arbre. Parmi les bois de notre série, j'ai
observé de ces rayons qui se divisent simultanément en
quatre branches (1823, Cacao).
Dans la terminologie scientifique, ces rayons sont appelés
«rayons médullaires », mais comme ils ne sont médullaires
que dans la première couche autour de la moelle, nous
nous passerons de ce terme encombrant qui devrait disparaître.
Parmi les fibres ligneuses se trouvent ces petits tubes qui
traversent verticalement les couches et sont les « vaisseaux ».
En coupe verticale, ces vaisseaux se présentent comme de
petits sillons formant « grain » : en coupe transversale, ils
semblent des piqüres.
- La disposition des vaisseaux, variant avec l'espèce, est très
caractéristique et aide à reconnaître les familles, souvent le
genre. Les vaisseaux peuvent être serrés (Bouleau, Hêtre),
petits et nombreux, et jusqu'à 400 par millimètre (Buis), ou
isolés, grands et rares (la plupart des Légumineuses), au point
qu'il n'y ait plus que ! par 3% millimètres (n° 1856 A) ; ils
peuvent être disposés en lignes obliques ( Terminalia, n°2249),
radiales (Houx, Châtaignier), dendritiques (Chênes), ou en
groupes subdivisés radialement et par échelons (Wimusops, n°
4508, et beaucoup d'autres Sapotacées), ou sans ordre appa-
rent.
Les anneaux concentriques de gros vaisseaux, si apparents
et bien connus dans le Chêne, n'ont qu'une valeur spécifique
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 4° vol. 1916. 4
oÙ H. STONE
et ne se trouvent que rarement dans les bois exotiques
Melia Azedarach, n° 1171). On ne les constate même pas dans
beaucoup de chênes ; le Chêne vert en a à peine.
Enfin, il est une sorte de tissu moins vulgairement connu,
mais d'une importance capitale pour la détermination des
espèces : c'est le « parenchyme ». Terme, au reste, assez défec-
tueux, car il englobe beaucoup de tissus différents, comme le
tissu de la moelle et des rayons, et deux autres sortes qui
sont le «paratrachéal» et le « mésotrachéal ». On peut se
servir de ces deux dernières dénominations, si l’on veut; Je
les remplacerai, cependant plutôt par Pa et Pb, car je les
juge inutiles, n'étant pas assez précises pour nous, à notre
point de vue spécial.
La nature des cellules et des tissus ne nous intéresse pas
ici : c'est leur ensemble et surtout leur apparence qu'il nous
faut considérer. Et comme ces cellules de parenchyme sont
associées suivant quatre modes distinctes, j'admettrai les
quatre divisions suivantes :
Parenchyme a. Le tissu entoure plus ou moins complète-
ment les vaisseaux. Il est toujours plus mou que les fibres
ligneuses et, à de très rares exceptions près (dont aucune ne
se présente pour notre série), également plus clair. Le cas le
plus fréquent est celui où ce tissu forme gaine autour des
vaisseaux et, sur une section transversale, apparaît comme
une petite auréole autour de l'orifice. À un état de plus grand
développement, il peut s'étendre tangentiellement sous forme
de petites ailes, qui peuvent être de plus en plus longues,
jusqu'à unir des groupes de vaisseaux et à faire des lignes ou
couches concentriques continues. Il est des cas où ce tissu
peut constituer jusqu'aux deux tiers du massif du bois.
(Ormosia, n° 1876 A).
Parenchyme b. — C'est un tissu d'une nuance et d’une
nature différentes du précédent, mais ici nous rencontrons la
plus grande difficulté de notre tâche, car il ne faut absolu-
ment pas prendre les lignes concentriques de Pa pour celles
de Ph. Quand les deux types coexistent, il est toujours facile
de les distinguer, mais on a tendance à oublier les différences
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISF HA
qu'ils représentent lorsqu'on emploie une clef ou qu'on litune
description. Il faut toujours examiner si la couleur des lignes
est la même que celle du parenchyme qui entoure les vais-
seaux, car le Ph (qui est toujours des lignes) peut être à
proximité tout à fait immédiate des vaisseaux.
Parenchyme c. — Ce tissu peut être de même nature que
Pa, mais il n'est pas groupé en massifs de forme déterminée.
Il consiste en cellules isolées ou en fibres peu apparentes (sauf
au microscope), disséminées parmi les fibres hgneuses. Je le
néglige le plus souvent, car ilne nous fournit aucun aide sys-
tématique.
Parenchyme d. — Ce tissu ne se trouve que de temps en
temps et forme les limites des couches chez certaines espèces.
Sa nuance diffère encore de celles des précédents. Comme il
est possible que Pa et Ph suivent également les bords des
couches, 1l convient de faire bien attention à cette nuance. Ce
Pd toutefois avant peu d'importance pour la détermination
des espèces, on peut le regarder comme une variété de Ph.
En définitive, nous avons donc surtout à nous préoccuper
de deux sortes de parenchyme : celui qui entoure les vaisseaux
avec où sans expansions concentriques ; et celui qui n'a
aucun rapport avec les vaisseaux, et qui est toujours concen-
trique.
Le parenchyme ligneux est le plus capricieux des tissus. Il
peut être tellement abondant qu'ilest visible à l'œil nu, et il
peut aussi à peu près manquer dans du bois de la même
espèce.
Les fibres ligneuses, malgré leur quantité et leur importance
au point de vue de la couleur et de la force, ne nous servent
pas par elles-mêmes, sauf chez les Conifères, où la sculpture
et les perforations des parois aident à distinguer quelques
espèces. Mais il n'y a pas de Coniféres à la Guyane.
Étant donné que la couche est la base de nos détermina-
tions, 1l faut tout d’abord examiner la section transversale,
c'est-à-dire l'extrémité de la planche qu'on veut identifier.
L'interprétation des tissus sur les faces n'est possible qu'après
l'étude de l'extrémité. Le tronc d'un arbre étant un emboîte-
52 H. STONE
ment de longs cônes, la scie, en le traversant, rencontre toutes
les couches, dont les limites se dessinent en lignes ou en lacets
courbes suivant la plus ou moins grande obliquité de la sec-
tion. Une coupe radiale bien faite montre les limites sous
forme de lignes presque paraïlèles, entrecoupées à angle droit
par les mailles ou rayons. Une planche découpée vers la sur-
face de la bûche (bois de fil, section tangentielle) présente ces
mêmes limites comme des courbes ou lacets paraboliques
dirigés vers le sommet de l'arbre, tandis que les lignes sont à
peu près parallèles vers le pied. Tout se ramène à des sections
de cône. La coupe verticale radiale donne un triangle, la coupe
transversale horizontale un cercle, la coupe transversale
oblique une ellipse, et la coupe tangentielle une parabole.
Si l’on veut bien examiner avec attention un parquet en
bois de Chêne, une planche sur vingt montrera de jolis mail-
lettes claires entrecoupées de lignes parallèles ; c’est une
coupe radiale avec des rayons coupés par les limites des
couches. Sur quelques autres planchettes, on remarquera des
couches paraboliques plus ou moins irrégulières ; c'est une
coupe tangentielle. Il est aisé de comprendre que, même lors-
qu'une bûche de Chêne a été préalablement coupée en quar-
tiers, on ne peut avoir que quatre planches en coupe radiale ;
les autres sont forcément plus ou moins tangentielles, et les
mailles sont de moins en moins nettes au fur et à mesure
qu'on s'éloigne du centre de l'arbre. Finalement, elles sont à
peine visibles.
De ces coupes diverses, il résulte qu’un petit orifice, comme
un vaisseau, de la section transversale, devient un sillon en
section verticale : et sur une surface courbe on voit toutes les
transitions jusqu'au cercle, en passant par l’ellipse.
La planche I d’un cylindre de Bois serpent montre à l’extré-
mité supérieure les vaisseaux comme autant de points blancs,
sur les côtés comme des lignes blanches : et là où l'irrégula-
rité de la course des fibres a donné fortuitement une coupe un
peu oblique (comme dans la partie inférieure de la figure), ces
vaisseaux se présentent comme de petites ellipses allongées.
Lorsqu'on débite un tronc d'arbre en planches, on n'obtient
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE )3
jamais deux de ces planches absolument semblables ; et on
comprend aisément que c'est seulement aux extrémités de la
planche que la structure transversale peut donner des rensei-
gnements précis. Un charpentier reconnait bien ses bois en
planche, car c'est chez lui une question d'habitude et d'expé-
rience longuement acquise ; mais veut-on déterminer un bois
jusqu'alors inconnu, les sections radiales et tangentielles n'ont
qu une importance spécifique.
À mon avis, la meilleure façon de procéder est de bien
polir l'extrémité de la planche avec du papier de verre n° 00
ou avec un racloir. Le rabot convient bien pour les bois mous
européens, mais les bois exotiques importés sont générale-
ment trop durs, et le rabot écrase les fibres, au lieu de les
couper. Le papier de verre et le racloir, par contre, ravivent
pour ainsi dire le parenchyme ; ils le rendent même plutôt
exagérément visible, mais c'est un avantage et on peut tou-
jours contrôler en coupant avec un canif bien aiguisé un coin
de la planche.
Presque toujours la structure devient plus évidente quand
le bois a été immergé au moins pendant un moment dans
l'eau et s'est imbibé. Un autre avantage de cette imbibition
est que l'eau fait parfois réapparaitre l'odeur du bois, qui
peut être un bon caractère.
On doit toujours chercher la couche la plus large et, par
conséquent, la plus développée, et surtout fire attention aux
bandes de couleur anormale qui caractérisent beaucoup de bois
(Palissandre, Bois d'olive, Bois-serpent) dans lesquels elles
serpentent en tous sens sans aucun rapport avec la structure.
Les coupes transparentes ne peuvent être obtenues qu'avec
les bois mous. Elles sont surtout utiles quand elles sont em-
playées, avec ou sans inclusion au baume de Canada, comme
clichés de projection. L'emploi du baume est nécessaire quand
on veut photographier les coupes, mais la préparation enlève
les gommes et les résines qui se trouvent dans les tissus et
les rend moins caractéristiques. Il faut se livrer à un premier
examen des coupes avant qu elles soient préparées. Les sec-
tions des bois à comparer peuvent ensuite être projetées côte
à côte sur l'écran et être étudiées à loisir,
11 H, STONE
J'ai étudié ainsi à la lanterne les 1.100 sections de Noerd-
linger, et mon jeune fils, qui assista à toutes ces séances, se
familiarisa bientôt, à tel point, avec les caractères des struc-
tures de beaucoup de genres, qu'il en criait le nom aussitôt
que la figure apparaissait sur l'écran. Je ne cite pas seule-
ment ce fait en souvenir de mon petit collaborateur, mais aussi
pour montrer combien il est facile de reconnaître beaucoup
d'espèces et combien la structure peut venir en aide à la sys-
tématique.
Mais les coupes minces {transparentes ont, somme toute, une
importance secondaire ; le bois devrait être étudié avant tout sur
une surface lisse. Les rapports des tissus entre eux ressortent
ainsi beaucoup plus nettement que lorsqu'on examine séparé-
ment les coupes des troissens. J'emploie une loupe à grossis-
sement de 3 diamètres et un microscope à grossissement de
10. Ce dernier est un microscope d'étudiant dont le pied a été
supprimé, mais qui est muni d’un manche ou tube glissant à
la surface pour permettre de régler la distance focale. Une
partie du tube est coupée, pour permettre à la lumière d’arri-
ver au bois : l'extrémité inférieure est découpée en parabole,
en vue d'éviter la production d'une ombre, par l’interférence
des ravons lumineux.
Grâce à ce dispositif, on peut examiner le bois, non pas sur
une surface restreinte comme à l'ordinaire, mais beaucoup
plus largement : et les variations de structure, qui sont très
grandes, sont plus certainement observées. Une petite coupe
préparée pour le microscope ne peut jamais être typique,
même pour le fragment de bois sur lequel elle a été prélevée.
Un autre avantage de mon dispositif est qu'il permet d'exa-
miner des échantillons de Musée qu'on ne doit pas endomma-
ger, et le grand nombre des observations rendues ainsi pos-
sibles donne à l’étudiant l'expérience nécessaire pour recon-
naître rapidement des types de familles, tout comme l'ébéniste
reconnait ses bois à meubles.
Les dimensions de tous les tissus augmentent proportionnel-
lement. Je décris toujours les lignes de parenchyme comme
étant plus ou moins grandes que les rayons, les intervalles
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 55
entre les rayons comparativement au diamètre des vaisseaux,
etc. : et les visibilités à l'œil nu, à la loupe (+ 3) et au mi-
croscope (+ 10) servent comme des sortes de mesures qui, si
elles laissent à désirer au point de vue de l'exactitude, sont
bien pratiques, et en accord avec les faits.
Lorsqu'on compare deux bois, il faut toujours les placer
côte à côte afin de voir simultanément à la loupe des portions
des deux. |
M. Martin-Lavigne. en critiquant mon Timbers of Com-
merce, ne m'a pas compris. Je ne proscris pas l'emploi des
coupes microscopiques si on ne néglige pas, d'autre part,
l'étude du bois massif ; je dis seulement qu'il y a danger
d'erreur si l'on s'appuie exclusivement sur ces coupes. Le
parenchyme est souvent composé de ceHules tellement sem-
blables, en sections transversales, aux fibres ligneuses qu'il
est impossible de les distinguer (Simaruba, 1100 : Oranger,
1102 ; Noyer, etc.); nous avons, par suite, une description
d'un bois qui, à la loupe, « présente du parenchvme en petites
lignes concentriques » et une figure agrandie qui montre seu-
lement quelques cellules isolées (Hopkinson, Rhizophora
Mangle, p. 451, fig. 15, n° 2232). Martin-Lavigne lui-même
décrit très bien à la loupe l'Æbène verte, mais sa deseription
au microscope et ses figures ne correspondent guëre au bois,
que Je connais bien.
En raison, d'autre part, de la difficulté de couper les bois
durs avec le microtome, on est tenté de prendre des tiges
d'herbier ou de jardin botanique, en rapportant, d'ailleurs,
sans certitude suffisante, à une espèce connue, un bois mal
déterminé — comme ceci est plus d'une fois arrivé à M. Mar-
ün-Lavigne — et on a un bois « composé » nouveau.
L'inconvénient encore est qu'un tissu qui offre un caractère
bien visible à l'œil nu ou à la loupe peut le perdre entièrement
lorsqu'il est fortement grossi. Un bon exemple est celui de la
figure que nous donnerons pour le Xurahara. La disposition
des vaisseaux en lignes dendritiques, caractéristique du genre
Calophyllum, et bien visible à l'œil nu, disparaît avec Île
grossissement, pourtant faible, employé pour la figure.
56 H. STONE
M. Perrot dit que mes figures sont à une échelle trop petite.
Pour l'histologie, oui. Pour la détermination pratique du
bois, non.
Quant aux mensurations de cellules, de vaisseaux, de rayons,
de fibres, qui font le bonheur des histologistes, je n'exagère
pas en disant qu'elles sont fausses. Elles ne valent que pour
le fragment placé sous le microscope ; un autre morceau pris
sur le même arbre et également examiné le démontrerait. Un
coup d'œil, même sans loupe, jeté sur les vaisseaux et les
rayons d’une large planche de Chène coupée en section radiale
convaincra n'importe qui que les éléments s'accroissent tou-
jours jusqu au moment où l'arbre à atteint son optimum (com-
parer les fig. 17 et 18). J'ai vu des bois qui, à la première
couche, près de la moelle, avaient des vaisseaux à peine visibles
à la loupe, tandis que ces vaisseaux, dans la sixième couche à
partir du centre, étaient assez grands pour être comptés à l'œil
nu. Je donne des mesures chaque fois qu'il est possible, mais
il est bien entendu que, comme pour la densité et les
autres caractères du bois, elles peuvent être extrêmement
variables.
La résistance à la rupture est encore une donnée dont il
faut se mélier, et d'autant plus qu'il s’agit là de la sûreté de
la construction. En plus des variations individuelles, il y a des
« lignes de faiblesse » qui suivent, soit les cercles (Frêne,
Manguier, 1508), soit les rayons (bois de fente, merrain,
Chêne) ; et le résultat de l'essai dépend de la position de la
pièce à essayer. Si les lignes de faiblesse sont à angle droit
avec la ligne de force, le bois cède vite ; si, au contraire, il y
a parallélisme entre ces lignes, 1l résiste bien. Enfin, les petites
pièces ne valent rien pour l'essai. Les expériences de Léo-
nardo, de Buffon et de Duhamel de Monceau sont les seules à
retenir, car tous ces expérimentateurs possédaient les notions
que je rappelle, tandis que tous les auteurs plus modernes les
ont ignorées.
Le poids, ou plus exactement la densité, peut varier énor-
mément. Pour le Pin sylvestre, par exemple, les variations
vont de 0,310 à 0,840 ; pour l'If, de 0,470 à 1; et iln'y a
.
|
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE o1
aucune raison de croire que ces cas sont anormaux et spéciaux
à ces espèces. Ce sont des espèces bien étudiées et rien de
plus.
Il est réellement ridicule de citer des chiffres qui prennent
l'apparence d'une certitude scientifique lorsque les deux mor-
ceaux d'une pièce à essayer, et qu'on à divisée en deux moi-
liés, donnent deux densités différentes. Le chiffre donné est
donc bon pour l'échantillon essavé, mais n'a pas d'autre
valeur.
Il ne faut pas, au reste, accepter les chiffres qui sont basés
sur un procédé impliquant l'immersion dans l'eau. Ce genre
d'essai est bon pour se faire une idée approximative quand le
temps presse, mais le bois est tellement absorbant qu'il com-
mence immédiatement à s'imbiber d'eau. Qu'on mette, par
exemple, un petit tronçon transversal de Bouleau, de 1 centi-
mètre d'épaisseur, sur de l’encre rouge, et l'encre apparaîtra
sur la face supérieure avant qu'on ait pu tirer sa montre pour
calculer le temps nécessaire à la pénétration dans le bois. Ou
bien encore qu'on place sur l'eau une mince coupe transver-
sale de Saule, par exemple un copeau obtenu au rabot, et
cette coupe tombera immédiatement au fond.
En réalité, le bois a pour densité environ 1,540 : et c'est
l'air contenu dans ses pores qui le fait surnager et qui déter-
mine les différences de densité des diverses espèces. Si le
copeau de Saule est pris sur la planche de face, c'est-à-dire en
section verticale, l’air,ne pourra pas s'échapper, et le copeau
flottera. Il donnera une densité d’à peu près 0,280, soit une
différence de 1.260 kilos par mètre cube pour le même bois.
Le Gaïac, le plus lourd des bois connus, n'arrive jamais à
1,540 ; le chiffre le plus élevé que j'aie rencontré est 1,400.
Une curiosité est le bois de Cocotier cité par Beauverie
(Les Bois industriels, p. 30), qui est plus lourd que le Gaïac.
Curieuse aussi est la remarque de Moeller, qui « ne trouve pas
que le bois des Eucalyptlus est lourd ». Un bois de Grisard
sert en même temps pour faire flotter les filets et pour la
fabrication de moyeux (v. 762 A),
La dureté est, de tous les caractères, le plus difficile à
58 H. STONE
exprimer. J'ai Jadis expérimenté avec une machine qui était
certes très imparfaile et qui, néanmoins, était assez bonne
pour me mettre sur la trace d'un principe sur lequel je base
mes comparaisons. Quand je constate dans mes descriptions
que la dureté d’un bois quelconque est égale à celle du Buis,
mon appréciation se base sur une règle et n’est pas simple
devination, Mais comme il n'y a pas de série d'essais pour
chaque espèce, ces comparaisons restent essentiellement
modifiables.
Les noms indigènes sont utiles pour faciliter les recherches,
mais 1l ne faut les utiliser qu'avec prudence. Ils sont souvent
écrits de façons très diverses. Si les termes comme Caju,
Cautabally et Sapotle ne se trouvent pas à la table, on devra
les chercher à Acaju, Kaju, Kautabally, Zapateri, etc.
Les Caraïbes avaient parfois deux noms pour le même
arbre, l'un à l'usage des hommes et l’autre à l'usage des
femmes (1514 et 494); et les indigènes du Brésil font chan-
ger le nom en régime avec son adjectif, variante qui ne sim-
plifie pas notre tâche (v. 1880 A). Puis un nom indigène mal
compris par les colons subit des variations bizarres. Aouacate
devient Avocat, et le Minquar devient Lamencouard. Le mot
balli qui veut dire « arbre » est devenu Balata, Bulètre, et,
en anglais Bully, où même Bully-tree, ce qui signifie dès
lors « arbre-arbre ». Carapa signifie en galibi « mort aux
animaux », et il a été transformé en KXrapa, Crab-wood
(c'est-à-dire en anglais « bois de crabe »), et, selon Grisard,
aussi en Crapaud. Les termes les plus génants sont les termes
descriptifs, comme icica, ou « résine », jacaranda, qui est
un bois quelconque, de couleur foncée, coupi qui signifie
« dur », calaba « huile », acajou « bois », mapou « bois mou »,
_Saoua « piquant », simira, qui est tout bois donnant une
teinture violette, foura, ou « pleureur », fapiri « rouge »,
wapa, où « bois à charpente », para « bigarré », sapote, ou
« sabot », etc.
Le nom maho, d'après Préfontaine, signifie un arbre à
écorce filamenteuse, bonne pour la fabrication des cordages,
et 1l s applique surtout aux Malvacées arborescentes à fleurs
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 59
de mauve, comme les Hishicus. Il est fort probable que les
Galibis l'ont appris des Espagnols. Wahoe, en espagnol,
signifie « mauve ». Mais aujourd'hui il s'applique également
aux arbres du genre Lecythis, qui ont une écorce analogue
et des fleurs de Mvrtacées.
A relever encore, à propos de noms étranges, celui de
mango pichle, cité par Grisard (v. 1508), qui est la conserve
si appréciée des Anglo-Indiens, mais qui n'est ni un arbre ni
un bois.
Les descriptions de nos échantillons, dont le nombre atteint
147, ont été ainsi établies. Après les noms et synonymes, j'ai
donné tout d'abord un certain nombre de caractères généraux,
suffisants pour le lecteur qui veut avoir june simple idée du
bois sans l’étudier à fond. J'ai mentionné ensuite la densité et
les autres caractères physiques qui nécessitent un essai quel-
conque, puis l'écorce, la moelle et aubier. J'ai détaillé la struc-
ture du bois en plaçant toujours les tissus dans le même
ordre, pour mieux permettre les comparaisons entre espèces.
Suivent des renseignements sur l'emploi, indication des échan-
tillons-types, l'iconographie s'il y en a, et les références
d'auteurs.
Certains détails font parfois défaut, surtout quand un
échantillon de Musée ne présente pas de section verticale. Je
serais reconnaissant aux amateurs de bois qui pourraient
m'aider à combler ces lacunes, ainsi qu'à déterminer les trop
nombreuses espèces encore sans nom systématique.
Les échantillons du Musée Colonial de Marseille étaient
ou trop durs ou trop secs pour qu'il fût possible d'en faire
des coupes transparentes ; j'ai donc dù me contenter de repro-
duire les coupes de mon Timbers of Commerce et du Timbers
of British Guiana publié par le D' Freeman et moi. Lorsque
les vaisseaux sont représentés en blanc, la photographie à
été prise sur une coupe transparente; lorsqu'ils sont repré-
sentés en noir, ce sont des photographies directes du bois.
En tout cas, les rayons sont orientés de haut en bas; le côté
correspondant à la moelle est en bas, et celui correspondant à
l'écorce en haut. Le grossissement est de 3,
60 H. STONE
L'Zcones lignorum donne de très belles illustrations, colo-
riées à la main, de 96 bois de Surinam. Beaucoup sont des
doubles, et souvent le même bois est figuré sous des noms
divers: on peut néanmoins en reconnaître un assez grand
nombre. Je les ai toujours cités quand j'ai cru pouvoir m'assu-
rer de leur identité : les autres sont signalés dans le chapitre
des Bois Indéterminés, dans l’ordre alphabétique.
Ma Bibliographie est composée de livres dans lesquels j'ai
pu puiser quelques renseignements, à l'exception de quelques-
uns que je n'ai pu me procurer, et qui sont cependant néces-
saires pour compléter cette histoire des bois de la Guyane.
Pour qui n'’habite pas Paris, la recherche des livres est très
difficile. Il v a encore 37 ouvrages sur la Guyane que je n'ai
pu voir jusqu'alors. L'absence de toute organisation qui aide-
rait dans ces recherches le travailleur sérieux est ce que j'ai
le plus déploré en France.
Ces remarques faites, et avant d'aborder l'étude descriptive
des bois de la Guyane Française, je crois devoir rappeler com-
ment ont été établies les classifications des bois par
Dumonteil et par la Commission de Brest.
Dumonteil, p. 160, a réparti le bois en six classes:
le classe. Bois plus lourds que le Chêne ; propres pour la
construction des pièces de la partie inférieure de la carène
des navires, qui exigent une conservation de longue durée.
2 classe. Bois d'un poids équivalent à celui du Chêne ;
propres pour bonnes membrures et excellents bordages, pour
la construction de la coque en général, mais tout particulière-
ment pour celle de l'œuvre vive.
3° classe, Bois équivalents à ceux des Pins, Sapins, etc. ;
propres pour membrures, bordages et, particulièrement, pour
la construction de l’œuvre morte.
4° classe. Bois très abondants et jolis; bois à meubles ;
bois de couleur. |
Sous-classe. Bois jugés propres à faire des rouets de
poulies.
5° classe. Bois de qualité inférieure, Ces bois pourraient
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 61
être utilement employés pour planches, dont la qualité serait
au moins équivalente à celle des planches de Peuplier dont
on fait un si grand usage en France.
6° classe. Bois d’une très faible valeur en général : leur
emploi ne conviendrait pas pour nos arsenaux, excepté, peut-
être, pour faire quelques bouées ou autres objets d'une grande
légèreté.
La Commission de Brest, p. 190, admet quatre classes,
qu'elle divise en sous-classes :
{1 classe. Bois dont les dimensions, la configuration, la
force, l’élasticité et la pesanteur spécifique conviennent à
toutes, ou presque toutes les parties du navire; et aussi les
Bois que leur pesanteur exclut des hauts, lorsque leurs
dimensions et leur configuration permettent de les employer
comme pièces de membrures.
Sous-classe a. Bois plus forts, aussi élastiques, mais pas
plus lourds que le Chêne de France, pouvant le remplacer avec
avantage dans toutes les parties d'un navire.
Sous-classe h. Quoique légèrement inférieurs à ceux de la
sous-classe précédente. Bois susceptibles de faire à peu près
le même service.
Sous-classe c. Bois plus lourds que les précédents, mais
pouvant encore remplacer le bois de Chène avec avantage,
pour les membrures des vaisseaux, les bordages de fond, les
préceintes et pièces de liaison.
Sous-classe d. Bois lourds, très peu élastiques, ne pou-
vant être employés que pour la membrure de l’œuvre vive
des navires, pour quille et carlingue. Ils sont placés cepen-
dant dans la première classe, à cause de la longue durée qu'ils
assurent à cette partie des: navires dont la destruction entrai-
nerait soit la disparition du bâtiment, soit, tout au moins, une
réfection coûteuse.
2° classe. Sous-classe a. Bois inférieurs au Sapin du Nord;
pour border les ponts et les hauts des navires, mais compa-
rables pour cet emploi au Sapin du Canada.
Sous-classe b. Bois encore plus tendres et moins élas-
tiques que les précédents, ne pouvant être employés que
62 H. STONÉ
comme vaigrage des hauts ou bordages, d'entre-sabords et
pour la menuiserie,
3° classe. Sous-classe a. Bois supérieurs en apparence à
ceux de la classe précédente, mais jugés moins favorablement
à cause du peu de consistance de leur résine qui, en s’en
écoulant facilement, laisse leurs fibres sans appui ni adhérence,
ce qui doit déterminer une prompte détérioration.
Sous-classe D. Bois comparables par leurs qualités à
quelques-uns des Bois de la 1° classe, mais avec une odeur
fétide qui en restreint l'emploi.
4° classe. Bois propres seulement à faire des rouets de pou-
lies, mais inférieurs pour cet emploi à l'Ébène noire et à
l'Ébène verte qui, elles-mêmes, ne valent pas le Gaïac ordi-
naire,
Remarquons que les essais pour la force de résistance de
ces bois ont été effectués dans des conditions différentes par
Dumonteil et par la Commission de Brest. Les essais de
Dumonteil furent faits sur des cabrions (barrotins) de 12 dm.
de longueur sur 5 cm. d'équarrissage. Il est à présumer que
les pointes de support étaient à une distance d’un mètre,
quoique l'auteur ne dise rien à ce sujet. Le mot « force »
exprime le poids en kilogrammes supporté par ces cabrions
jusqu'à la rupture. Le mot « flexibilité » signifie l'augmenta-
tion, en millimètres, de la flexion produite par l'addition suc-
cessive d’un poids de 5 kilog. L'élasticité est le sinus moyen
de l'angle de la flexion au moment de la rupture.
Les essais de la Commission de Brest furent faits sur 11
espèces des bois de Dumonteil, conservés partie à couvert et
partie à découvert, et encore sur 7 autres espèces. Les cabrions
étaient de 11 dm. 5 de longueur sur 5 cm. -d'équarrissage
La force (ou effort supporté par les pièces) n’est pas exprimée
de la même manière par la Commission et par Dumonteil.
Le nombre donné, par exemple, par Dumonteil, pour la
force du Panacoco, est 400, tandis que celui de la Commis-
sion de Brest est de 1.480 à 1.700. Les nombres relatifs à
l'élasticité (ou flèche de l'arc) ne concordent pas non plus
dans les deux cas, car, pour le bois cité, Dumonteil donne
115 et la Commission de Brest de 15 à 20. ;
Ée ère
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 63
La Commission de Brest a pris le Chêne (du Bassin de la
ne) comme unité de force. Dans nos citations, nous adop-
ns la formule suivante : Panacoco, de 2,06 à 2,43, si le
êne — 1.
s chiffres donnés par Grisard et de Lanessan ne sont
#
à
F.
accompagnés d'aucune explication sur le procédé par lequel
_ont été obtenus les résultats.
ÉTUDE DESCRIPTIVE
DES BOIS DE LA GUYANE FRANÇAISE
PREMIÈRE PARTIE
PANIER TE PMDILLÉNIACÉES
TRIBU I. — DÉLIMÉES
Curatella americana, Loefl, n° 33 A.
Aublet, p. 519, écrit au sujet de cette espèce: « Ecorce roussätre,
épaisse, ridée, gercée ; elle tombe en plaques plus ou moins grandes. »
Pulle, p. 296 : Bosch-cachou, Wilde-cachou.
Grisard, 1891, [, p.31: Cajueiro bravo,|Caimbahiba (Brésil), Chaparro
colorado (Vénézuela), Acajou bâtard (Cayenne), Parica (Guyane fran-
çaise), Curatahie (Indiens). Bois rougeâtre, veiné ou jaspé, selon le
sens dans lequel on le travaille ; lourd et dense ; écorce pour tannage
et médecine.
Huber, p. 162 : Paimbé (Brésil).
Curatella alata, V., n° 33 B.
Synonyme : Davilla brasiliense DC.
Sagot : Catalogue, X, p. 382.
FAMILLE V. — ANONACÉES
TRIBU I. — UVARIEES
Guatteria Ouregou, Dunal, n° 75.
Synonyme: Cananga, Oureqou, Aubl.
Annales du Musée colonial de Marseille. 3* série, 4° vol, 1916,
66 H. STONE
Aublet, p. 608 : Ouregou (Galibis); écorce lisse cendrée, marquée de
taches roussâtres ; bois blanchâtre, compact et légèrement aromatique.
N'est pas le Cananga de Rumphius.
TRIBU IL. — UNONÉES
Duguetia quitarensis, Bth, n° 76 A.
Synonymes : Guatteria virgala Dunal ; Oxrandra virgata
Rich. (non Sw.) ; Anona lepidota Miq. (Sagot, Cat.).
Noms vulgaires : Bois de lance, Lancewood, pour deux varié-
tés de la Jamaïque et de Cuba : Beriba (Guyane, d’après
Miers); Yaya (Honduras, d’après Boulger) ; Yari yari (Wies-
ner).
Quoique ce bois soit connu depuis longtemps, il y a beau-
coup de confusion, tant dans la synonymie systématique que
dans les noms vulgaires.
Fawcett, II, p. 20 : « Black Lancewood (Bois de lance noir); grand,
fort et élastique, d'un grain fin, très dense et brillant, aussi dur que le
buis ; importé en Anglelerre comme Lancewood-spars (Vergues) ;
densité : 0,830 à 1,004. »
Il est évident qu'il s'agit de notre bois, mais sa synonymie
est compliquée : Oxandra virgata Baill.; Uvaria virgata
A. Rich.; Guatteria virgala Hook. Aucun de ces synonymes
ne s'accorde avec ceux de l'Index Kewensis. Fawcett cite
encore un White Lancewood {Bois de lance blanc), mais qui
estle Xylopia glabra ; c'est un bois qui a une saveur amère.
Grisard, 1891, p. #34, cite : Oxandra virgata À. Rich.; Guatteria vir-
gata Dunal ; Uvaria lanceolata SW. ; U. virgata Sw., comme bois de
lance, Sous le nom de Duguetia quitarensis, il signale un autre bois de
Cuba et de la Jamaïque employé pour gaulettes et qui ne peut être le
nôtre.
Nous avons done huit synonymes différents. Sagot cite
encore Lancewood, Yari yari (de Demerary) ou Jejerecou, qui
est un Xylopia sp.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 67
Swartz, IT, p. 999 : Lance sparwood (Jamaïque), Bocagea virgata, et
encore Lancewood, Uovaria virgala, U. lanceolala Prodr. qui a une
écorce d’une saveur amère, piquante et aromatique quand elle est fraîche,
un petit arbre.
Ce n'est pas le nôtre.
Bremer, p. 203: Pilri jari.
Caractères généraux. — Bois lourd et dur, compact, de cou-
leur blanche souvent jaunâtre ou grisätre uniforme. Surface
très unie, brillante, froide au toucher. Ne fonce que peu à l'air.
Caractères physiques. — Densité, 0,835 à 1,001. Dureté,
celle du Palissandre. Odeur : à sec, celle du miel ; à frais, celle
de l'huile de ricin, d’après Gardner. Saveur légèrement astrin-
gente. Solutions aqueuse et alcoolique incolores. Brüle bien,
mais en pétillant beaucoup ; la chaleur fait sortir un suc
rouge. Se fend suivant une surface droite et lisse. Se casse
en longs éclats. Très résistant et surtout élastique.
Caractères anatomiques de l'écorce. — L'écorce, de # mm.
d'épaisseur environ, est lisse, un peu écailleuse, avec des
rides dans lesquelles pénètrent les rayons, qui convergent en
pinceau. Chaque pinceau a, dans la variété de Cuba, 12
rayons, et, dans la variété de la Jamaïque, 100 rayons envi-
ron.
Structure du bois. — L’aubier n'est pas différent du cœur.
La structure du bois est à comparer avec celle de la figure [,
pl. IT, dans laquelle toutefois le parenchyme n'est pas sufti-
samment apparent.
Section transversale. — Couches mal délimitées ; les
limites ne sont constituées que par la différence de densité
entre les zones qui sont plus ou moins riches en vaisseaux.
Vaisseaux visibles à la loupe, grands (0 mm. 25), uniformes,
de distribution régulière, mais serrés par zones, et avec une
tendance à se disposer en quinconce ou en des lignes obliques ;
isolés ou par groupes de 2 à 8: nombreux (80 à 100 par
mm. al
Rayons juste visibles, fins, uniformes, réguliers, laissant
entre eux des intervalles droits, égaux au diamètre des gros
68 H. STONE
vaisseaux. 8 à 10 par millimètre, blancs. (La variété de la
Jamaïque a des rayons de deux rangées de cellules rectangu-
laires.)
Le parenchyme appartient à trois catégories : a, entourant
étroitement les vaisseaux ; b, en nombreuses lignes minces ou
en traits concentriques, plus fins, et unissant les rayons en
filets ; c, des cellules isolées, qui, dans la variété de Cuba,
font des taches composées de files radiales.
Parfois 1l y a dans ce bois un défaut qui est dû sans doute
à des piqûres d'insectes, mais le canal se remplit d’un cal
qui est noir et dur comme de l’ébène.
Section radiale. — Couches peu apparentes, quoique sou-
vent délimitables. Vaisseaux peu apparents, souvent brillants.
Les rayons sont de fines lignes blanchâtres, obscures. L’as-
pect d’ébène, quand on l’observe, dessine des raies noires très
nettes.
Section tangentielle. — Comme.la radiale, mais avec couches
un peu plus apparentes ; les rayons ne sont visibles qu'au
microscope.
Emplois. — Lances, brancards, vergues, bouts de canne à
pêche, baguette de fusils, tour, etc. D'après Sinclair, le bois
de Cuba est bien supérieur à celui de la Jamaïque ; il estplus
résistant et présente beaucoup moins de défauts intérieurs.
Les deux sortes se distinguent facilement par l'écorce ; elles
sont rarement de grandes dimensions.
L'échantillon-type, d’après lequel J'ai donné les caractères
précédents, correspond aux n% 7 et 8 de ma collection.
Duguetia (Aberemoa) guianensis Aubl. (DC.), n° 76 B.
N'est pas cité dans l'Index Kewensis.
C’est l’'Aberemou (Galibis) d’Aublet, p. 618, qui n'est pas celui de la
page 953 (voir Perebea 6633).
Duguetia longifolia Baill., n° 76 C.
Synonyme: Anona longifolia Aubl.
Aublet, p.615 : Pinaioua (Garipous et Galibis), Corossol Pinaioua.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 69
Clef des espèces de Duguetia et Anona :
A. Traits concentriques de pareuchyme abondants.
1. Bois blanchâtre. Vaisseaux, en section transversale,
visibles seulement à la loupe. Rayons juste visibles à l'œil
nu... Duquetia 76 A.
2. Bois brunâtre ou jaunâtre. Vaisseaux juste visibles à
l'œil nu. Rayons visibles seulement à la loupe... Howadanni,
108 G.
B. Traits concentriques rares et souvent absents. Bois res-
semblant au « Cœur vert »... Arrewerwa 108 F.
Références. — Sinclair, ms. ; Gardner, ms.; Stone, Timbers of Com-
merce, pl. I, fig. 2, et pl. XXII, fig. 79 et p. 2.
Waria zeylanica Aubl., n° 83.
La synonymie de cette espèce est curieuse. D'après l'Index
Kewensis, le Waria d'Aublet est l'Uvaria de Linné ; mais
Aublet a décrit et figuré deux espèces sous le mème nom, et
sa description de la page 604 se rapporte à l'Uvaria zeylanica,
tandis que la planche 243 représente l'Unona discolor Vahl.
(non Wall.). Or, dans l'Index, l’Uvaria zeylanica Aubl. (p.605,
t. 245) est synonyme de d'Unona concolor Willd., alors que
l’Uvaria zeylanica Linné (non Deless., Domb., Lamk.) estune
bonne espèce, sans que je puisse affirmer que c'est le Waria
zeylanica Aubl. Durand donne Waria comme étant un X7ylo-
pia.
Barrère, p. 2, dit : « Bois d’écorce, Poivre d’'Æthiopie, arbre de haute
futaie ; Acacia procera, genre de Cassie. »
Aublet, p. 605 : « Narum-panel de Rheed, avec deux variétés, le bois
blanc à grandes feuilles et le bois blanc à petites feuilles ; écorce cen-
drée, bois blanc et peu compact. »
TRIBU IV. — XYLOPIÉES
Rollinia multiflora Saint-Hilaire, n° 106 A.
N'est pas cité dans l’Index Kewensis. Est-ce celui de Splitz?
70 H. STONE
Grisard, 1891, I, p. #44: Lancewood ; bois souple et élastique, bran-
cards, carosserie.
Rollinia longifolia Saint-Hilaire, n° 106 B.
Grisard : mêmes détails que pour l'espèce précédente. Lancewood.
Rollinia muscosa Baill., n° 106 C.
Synonymie douteuse. Selon l'Index Kewensis, c'est l’An-
nona muscosa Aubl., le ARollinia muscosa Baill., et encore le
Rollinia Sieberi DC.
Aublet, p. 618: Cachiman sauvage.
Anona reticulata Lin., n° 108 A.
N'est pas celui de Sieber ni celui de Velloz.
Barrère, p. 58 : « Guanabanus, Pomme cannelle, Cachiman ».
Mais est-ce bien celte espèce ?
Préfontaine, p. 157: « Anona, Petit Corossol, Cœur de bœuf, Alaca-
lyoua (Carib) ».
Même doute que précédemment.
Aublet, p. 617: « Anona maram de Rheed ».
Baillon : Custard apple, Marie-Baise, Atte (voir 108 G).
Icones lignorum : fig. 2, pl. LXXII en couleur. « Mariabas ».
Grisard, 1891, I, p. 427: Bois mou et filandreux, de petites dimen-
sions, peu employé, cassure assez longue et fibreuse. Pour la construc-
tion. Densité 0,556 ; élasticité 871 ; rupture 970.
Rodrigues, 1893, p.8 : Coracào de boi, Milolo (Brésil, voir 762), Fructo
de Condessa, Fructo de Conde | Angola).
Heckel: Hobohobo en malgache.
Fawcett, III, p. 197: Custard apple.
Au Musée Colonial de Marseille, il y a un petit échantillon
de 15 centimètres de diamètre (n° 123, Guyane), de l'étude
duquel je tire les détails qui suivent :
Ecorce se présentant comme une pellicule brun foncé, lisse,
plus claire à l’intérieur ; elle porte encore des cicatrices de
feuilles.
Bois {aubier) de la couleur d'une toile écrue, très dur,
LÉ n
. Re
Lx
en
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 71
Structure du bois en section transversale,
Couches très vagues ; la nuance de la coupe est un peu plus
foncée que celle des autres sections.
Vaisseaux visibles à la loupe, petits, fortement AV régu-
lièrement distribués, avec une tendance à se disposer en lignes
obliques ; simples pour la plupart, mais quelques paires sub-
divisées.
Rayons très fins.
Parenchy me peu apparent. Entoure-t-il les vaisseaux ?
Je ne peux donner aucun autre détail,
Anona muricata Lin., n° 108 B.
Synonyme : À. sylvestris Burm. {non cité dans l'Index
Kewensis).
Aublet, p. 17 : Cachiman morveux.
Icones lignorum : PI. LXXXII, fig. 3 : Soorsack.
Pulle : Zuurzak (Surinam.
Rodrigues, 1893, p. 8 : Guanabano, Sapodille, Graveola (Brésil.
Grisard, 1891, I, p. 158 : Bois blanc très léger ; densité, 0,#00 ; de peu
de durée. ;
Diaz, p. 270: Guanabanus (Vénézuéla).
Bremer, p. 209 : Bousi soursakka (Surinam.
Anona paludosa Aubl., n° 108 C.
Synonyme : Annona paludosa Aubl.
Aublet, p. 611: Corossol sauvage, écorce lisse roussàätre, bois blan-
châtre, peu compact, aromatique.
Sagot, Cal., XI, p. 134: Guimauve.
Rodrigues, 1993, p. 9 ; Aralecu do brijo, Cortica, Maca do cobra (Bré-
sil}, Corkwood, Alligator apple (Jamaïque).
Fawcett, IT, p. 197: Anona paludosa Lin. Bois liège pour bou-
chons, flotteurs, filets, radeaux.
Anona punctata Aubl., n° 108 D.
Aublet, p. 614: Corossol pinaou, Pinaou (gal), bois blanc et fort dur,
bon pour lattes, à cause de la facilité à le fendre, charrons.
Anona Ambotay Aubl.. n° 108 E.
Aublet, p. 616: Ambotay (gal); l'écorce a un goût piquant {et aromas
tique,
72 H. STONE
Anona sp., n° 108 F.
Arrewewa de Bell.
L'échantillon a été déterminé d'après des fruits et des
feuilles par le D' Freeman. Ce n’est aucune des espèces déjà
citées. Provenance : Guyane.
Caractères généraux. — Bois très lourd et dur, d’une cou-
leur brun noisette foncé, rappelant le « Cœur vert », car il a
quelquefois une nuance verte. Surface à peine brillante, fon-
çant un peu à l'air, à grain fin et compact. Nuance de la coupe
transversale plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 1,112 environ. Dureté,
celle du Cœur vert. Odeur nulle quand il est sec; saveur
nulle.
Caractères de l'écorce. — Lisse comme celle du Faux-Pla-
tane ; 6 mm. d'épaisseur environ ; très dure et ligneuse; inté-
rieurement brun foncé. Au-dessous de cette écorce, la sur-
face de la büche est finement striée.
Structure du bois. — L'aubier n'est pas différent du cœur.
La structure est celle du Bois de lance (76 A). Couches
mal définies ; limites vagues, d’après seulement une différence
de densité entre les couches successives.
Vaisseaux visibles à cause de la couleur claire de leur bor-
dure de parenchyme et de leur contenu blanc ; grands, Jus-
qu'à 0 mm. 25 de diamètre, réguliers, mais çà et là, une zone
où ils sont moins serrés; simples ou subdivisés en groupes
radiaux de 2 à 8; peu nombreux, | à 10 par mm. q.
Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, réguliers, avec
des intervalles ayant la largeur d'un gros vaisseau, 6 à 10 par
mm. ; rouges quand ils sont humectés.
Parenchyme a entourant étroitement les vaisseaux, et, entre
les rayons, de rares petits traits correspondant au parenchyme
b.
Section radiale, — Nuance un peu plus claire que celle de
la section tangentielle. Couches peu marquées ; Vaisseaux peu
apparents ; rayons en fines lignes mates et blanchôâtres.
Section tangentielle. — Semblable à la radiale, mais avec
couches un peu plus apparentes et rayons visibles seulement
au microscope.
à Var p u
A4
F3
:
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 19
Emplois. — « Manches de haches ; madriers très durables :
peut être obtenu en büches de 2 à 3 cm. d'équarissage »
(Bell); très dur à travailler, se fend facilement et se prête
mal au clouage ; polissage médiocre.
Échantillon type, n° 2,2658 Bell.
Référence : Stone et Freeman, p. 2.
Anona sp., n° 108 G.
Probablement À. squamosa Lin. (non Vell ni Delile).
Synonyme : À. {uberculosa Rumph.
Saint-Hilaire cite A. muricata Vaud., mais cette espèce ne se trouve
pas dans l'Index Kewensis. L'échantillon 2694 de la collection de Bell
a été déterminé, autant que possible, d'après les feuilles et des fruils
parle D' Freeman.
Les diverses citations suivantes se rapportent en tous cas à
l'Anona squamosa, sauf le terme Howadanni (Bell) qui se rap-
porte à l'échantillon n° 2694 cité ci-dessous.
Noms populaires : Hattier, Pommier-cannelle, (Rumphius),
Cachimentier, Attier, Atocire, Ata, Pinha, Atas, Sweetsop,
Sugar-apple, Custard, apple, Chirimoya (Antilles, Urban).
Cachiman, Guanabanus, Anona (Préfontaine) ; est-ce cette
espèce ? Fructa de Conde, Araticutitaya (Brésil, Rodrigues),
Boewa-nona (Malais, Filet), Sirikaya (gén. v. 1102 A), Ate
(Guyane française, Sagot). Cay-mang-cau, Pü üên xù
(Cochinchine, Loureiro). Anon (terme général, mais, à Porto-
Rico, d'après Pittier, s'appliquant plus spécialement à la pré-
sente espèce), Fructo de Condessa (rarement) ; Atta (Brésil,
Pecholt). Attier (Maurice), Marie-baise, Pomme cannelle
(Cayenne), l'Atamaran de Rheed (Aublet). Baillon dit que le
vrai Custard apple, Cachiman ou Marie-baise est l'A. reticu-
lala (108 A). Kameelappel (Surinam, Pulle), Boeah nona :
Sirikaju (Sunda, Miquel). Peut-être le Conti hout de l'Icones
hign., pl. 82, fig. 7 ; mais non le Hatti de Rodway, qui est un
Hevea.
Caractères généraux du Horwvadanni. — Bois lourd et dur,
d'une couleur brun jaunâtre, qui fonce un peu à l'air; surface
Î
L H. STONE
froide au toucher, grain fin. La nuance de la coupe transver-
sale est un p u plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,942 environ. Dureté, |
celle du Bois de lance. Odeur nulle, quand il est sec ; saveur |
astringente.
Caractère de l'écorce. — % mm. d'épaisseur environ.
Formée de deux couches, au-dessous d’un épiderme mince et
cassant; la première de ces couches sous-épidermiques, brune,
pleine de fins sclérites blancs, et celle de l'intérieur présen-
tant en section transversale les rayons. Surface de la bûche
sillonnée par ces ravons.
Caractères du bois. — L'aubier a 1 em. 5 à 2 cm. 5 d'épais-
seur environ ; 1l est plus foncé que la région plus interne et
nettement distinct du cœur.
La structure du bois est celle du Duguetia ou Bois de lance
(76 A). La section transversale est à comparer avec la fig. 1,
pl. IT.
Couches mal définies, mais 1l y a des zones de couleurs
diverses.
Vaisseaux Juste visibles à cause de leur nombre et de leur
contenu un peu plus clair ; peu de variations, même dans les
groupes ; quelques-uns simples, mais la plupart en groupes
radiaux de 3 à 8, où même plus. À la loupe, ces groupes
paraissent comme de petits traits plus clairs ou des files de
piqüres situées entre les rayons.
Rayons visibles à la loupe, très fins mais bien apparents:
intervalles ayant le diamètre d’un gros vaisseau ; rayons uni-
formes, réguliers.
Parenchyme h en traits extrêmement fins entre les rayons.
Section radiale. — Couches peu marquées: vaisseaux très
fins, constituant des sillons disposés par deux ou plus, côte à
côte ; rayons Juste visibles ; parenchyme (au microscope) en
lignes très fines. À la loupe, cette section ressemble à la sec-
tion transversale, car les cloisons des vaisseaux peuvent être
prises pour les séries de piqüres et le parenchyme pour les
rayons.
Section tangentielle, — Comme la radiale, mais le paren-
LL ORÉ
Ps
ROIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 14
chyme b se présente en taches et non en lignes. Il est abon-
dant mais difficile à voir. Les vaisseaux sont simples, non dis-
posés par paires.
Emploi. — Construction ; de petites dimensions, jusqu'à
12 à 15 cm. d'équarrissage (Bell). Dur à travailler, se fend et
ne se prête pas au clouage ; polissage médiocre.
Echantillon type 38,2694, Bell.
Références : Baillon I, p. 274; Aublet, p. 617 ; Bell, p. 6; Stone et
Freeman, p. 38.
Xylopia frutescens Aubl., n° 3. (non Gaertn, nec Sie-
ber).
Aublet, p. 602. Embira, Pindaiba, Ibira (Brésil, Marcg.) Jéjérécou
(nègres), Couquerecou (Gal.) ; écorce lisse, cendrée, piquante, aroma-
tique ; bois blanchâtre.
Guibourt, III, p. 677, cite Embira, Pindaiba de Pison, et Pacova
comme étant le Xylopia grandiflora À. Saint-Hilaire.
Pulle, p. 177. Pegrekoe (Surinam).
De Lanessan, p. 358: « Bois un peu brunätre ; charpente ; densité
0,626 ».
FAMILLE XVI — VIOLARIACÉE
TRIBU II. — PAYPAYROLÉES
Paypayrola quianensis Aubl., n° 474.
Synonyme : Periclistia latifolia Bth.
Aublet, p. 249 : Un arbrisseau.
Martin-Lavigne, p. 70 : Faja hoedoe, Faja boedoe ; couleur blanche.
L'auteur donne une description et des figures, mais le bois est
sans importance commerciale. Il est cependant assez curieux
au point de vue de la structure, car 1l a deux sortes de
rayons, qui, avec les vaisseaux, forment environ la moitié du
bois.
TRIBU III. — ALSODÉIÉES
Alsodeia guianensis Eichl., n° 476.
Synonyme : Passoura quianensis Aubl., p. 21,
76 H, STONE
FAMILLE XVIII — BIXACÉES
TRIBU I. — BIXÉES
Bixa Orellana Lin., n° 494.
Pomet, p. 302; Roucou, Achiot (Indiens); Orleane (hol., pour la
fécule).
Barrière, p. 79 ; Urucu (Piso, v. 663) ; Roucou ; Müella ameri-
cana.
Préfontaine, p.205. « Roucou, Ematebi : appelés Cochene par les
hommes, Bichet par les femmes caraïbes. »
Aublet, p. 533. Roucouier, cultivé.
Grisard, 1891, I, p. 616 : Écorce pour cordage et liens.
Rodrigues, 1892, p. 18 : Uruku, Arnotto (Brésil) ; Bixa, Kisapu,
Diteque (Angola), pour en faire des poudres et le Wahaki des
Indiens.
Gaebelé, p. 57: Venay verai Cédy (Tamoul), bois peu utilisé; les Indi-
gènes s'en servent en guise d’amadou.
Il ne faut pas le confondre avec l’Urucurana (6434) ni le
Rookoorookoo (Pt, IT), ni l'Urucaru.
TRIBU IIL — FLACOURTIÉES
Lætia hirtella H. B. et K., n° 503 A.
Grisard, 1891, 1, p. 617 : Trompelli, Trompite (non le Trompetto de
Sagot, v. 6645 et 1178). Plus dur que le cèdre ; charpente, tables,
ébénisterie ordinaire.
Lætia procera Eichl., n° 503 B.
Lætia casearoides Sag., n° 503 C.
Sagot, p. 911. Coupy fou pour les deux espèces.
FAMILLE XXII — VOCHYSIACÉES
Qualea cœrulea Aubl., n° 559.
Grignon fou. Il y a plusieurs bois qui portent ce nom, mais
des renseignements précis manquent,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 17
Préfontaine, p. 169 : « Couaille, Couatta (Caraïbes) ».
Est-ce cette espèce ? |
Aublet, p.8: Quale (Galibis), écorce ridée et gercée, bois roussâtre
et compact.
Dumonteil, p. 156 : Grignon fou ; densité, 0.577; force, 146 ; élasti-
cité, 183 ; flexibilité, 2,79. Classe 3, qui est celle du Pin. Le même
auteur cite un Grignon fou rouge qui a pour caractères : densité, 0,411;
force, 96 ; élasticité, 136 ; flexibilité, 3,88. Classe 6 (de très faible
valeur).
La Commission de Brest, p. 174 : Grignon fou, 1/3 moins fort que le
Chêne, 1/3 plus léger, un peu moins élastique ; rouge pâle tirant sur
le rose ; le grain un peu gros, le bois plus mou que le sapin ; de belles
dimensions, cassant, se tourmente et diminue considérablement de
volume. Il a le défaut d'être très hygrométrique ; il peut remplacer le
Pin de basse qualité ; très commode à travailler: Essais faits sur le bois
de Dumonteil, conservé à couvert : force, 340 à 520 (0.64 à 0.67 si
Chêne — 1) ; élasticité, 25 à 33; à découvert: force, 470 à 630 (0.70 si
Chêne — 1) ; élasticité toujours 30 ; cassure à fibres longues; classe 2
(inférieur au Sapin du Nord). Essai sur un autre échantillon : densité,
0,413 à 0,513 ; force, 400 à 500 (0.67 si Chêne — 1) ; élasticité, 30 à 40.
Un des cabrions craque légèrement avant de se casser, el deux ont cassé
net sans la moindre déchirure des fibres ; retrait de 5 à 6 mm. sur
5 cm.
Sagot, p. 924, donne trois noms systématiques : 1° Qualea, ou Casearta
procera (qui n’est pas dans l’Index) et Byrsonima ; 2° p.913, Byrsonima
densa, qui est peut-être le Grignon fou des Chantiers, ou le Moureila
(voir 940), à bois rougeâtre, sans dureté et sans qualité; puis, 3°, p. 911,
Couai, ou Q. cœrulea Aubl., rougeàtre, presque tendre, se sciant assez
bien en planches ; et aussi, p. 232, Grignon fou ou Couaie, Q. cærulea,
extrêmement commun, bien inférieur au Grignon en force et en con-
servation.
Grisard, 4891, 1, 623 : Q. cœrulea, rougeûtre, léger, très liant, mais
inférieur au Grignon franc; densité, 0,798.
Il est évident que le bois de Grisard est un autre bois, car
le poids est bien plus élevé que celui des bois de Dumonteil
et de la Commission qui indiquent un bois plutôt faible que
liant, Le mot « léger » ne s'accorde pas très bien avec une
densité de 0,798.
Bassières, p. 101: Q. cœrulea, rougeñtre, presque tendre; densité,
0,800.
Peut-être est-ce le même bois que celui de Grisard.
78 H. STONE ;
Qualea rosea Aubl., n° 559 B.
Aublet, p. 6: Labalaba (Galibis) ; bois rougeätre, compact ; écorce
ridée et gercée.
Sagot, Cat., 1883, p. 314 : pas abondant.
Vochisia tetraphylla DC., n° 561 A.
Synonymes : Vochya., Vochy, Vochuysia.
2) ». (7 , VE t
Noms populaires : Bois Cruzeau (Lanessan), Etaballi (Bell), nom géné-
ral. (N'est pas l'Edaballi, 658 B, ni le [taballi}. Kwasi houdou (Bremer)
Kwalie (Surinam, Pulle) : Bois Cruseau (Dumonteil). Schomburg cite un
Itaballi, quiestle Vochisia quianensis Lamk. ; Brousseau, un Etaballi qui
estle Bocoa Bocoa Aubl., et Sagot un Etaballi qui est le Bocoa proua-
censis Aubl. (Voir 1856 A.)
Notre échantillon 2682 a été déterminé d’après les feuilles
et fruits par le D' Freeman, qui le considère comme étant
probablement le Vochisia tetraphylla.
Provenance. — Amérique tropicale, Guyane.
Caractères généraux. — Bois plutôt dur et pesant, d’une cou-
leur rosée ou brun-rougetre, uniforme, avec de jolies mailles.
Il ressemble aux acajous d'une qualité inférieure. Surface un
peu mate. Rougeâtre pâle, d'après Sagot.
Caractères physiques. — Densité, 0,611 à 0,764 ; force,
142 ; élasticité, 102 ; flexibilité, 2.51, d'après Dumonteil.
Dureté, celle du hêtre. Quand il est sec, odeur et saveur
nulles.
En le grattant, on soulève de nombreuses peluches qui
peuvent le faire reconnaitre (Sagot).
Caractères de l'écorce. — Brune, légèrement gercée, tom-
bant en plaques, qui laissent à découvert une couche lisse ;
couleur de terre cuite. Entre cette couche et l’épiderme se
trouve une mince couche presque blanche. Epaisseur, 6 à
12 mm. environ. Surface de la büche striée.
Structure du bois. — L'aubier n'est pas très différencié
du cœur; il est seulement un peu plus blanchàätre ou
grisâtre.
La moelle a 3 mm. de diamètre environ : elle est arron-
die, ligneuse et de la même couleur que le bois.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 719
Section transversale. — Couches bien définies, les limites
étant constituées par des anneaux de vaisseaux.
Vaisseaux très apparents, grands, peu variables, distribués
régulièrement, simples ou par groupes de 2, rarement 3 ou 4.
Rayons juste visibles, paraissant être de deux sortes ;
irréguliers, les intervalles entre les petits très inférieurs et
entre les grands très supérieurs au diamètre d'un gros vais-
seau ; les uns et les autres, ondulés, rouges.
Parenchyme a entourant les vaisseaux et parfois s'étendant
en de minces ailes qui unissent des groupes tangentiellement.
Section radiale. — Vaisseaux plutôt gros, pour la plupart
vides, mais laissant çà et là sortir de la gomme.
Rayons petits, mais très apparents, en lignes curieusement
ondulées et brisées. Cette forme est due à la course ondulée
des rayons en section transversale,
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
sont à peine visibles, ou à la loupe seulement; hauteur, Î mm.
environ.
Emplois. — Douvelles pour barriques à sucre ; ne résiste
pas aux intempéries (Lanessan). Peut être facilement obtenu
jusqu'à 20 m. sur 34 cm. d'équarrissage ; réputé comme se
conservant bien dans l'eau salée (Bell). Dur à travailler, il
peut servir à remplacer l’acajou de qualité inférieure.
Commun dans l'Intérieur de la Guyane (Sagot).
Echantillon-type : 26,2682 Bell.
Références : Bell, p. 5; de Lanessan, p. 1#1. Sagot (Richesses de la
Guyane), p. 12, et (Catalogue), 1883, p. 313. Dumonteil, pp. 156, 162.
Vochisia quianensis Aubl., n° 561 B.
Synonyme : Cucullarea excelsa Wild.
Aublet, p. 19: Bois dur, vert jaunâtre ; écorce lisse, vert grisätre.
Schomburgk : voir l'espèce précédente.
FAMILLE XXVIII. — HYPERICACEES
TRIBU II. — VISMIÉES
Vismia, n° 636.
Hypericum, selon Durand, n°631.
s0 H. STONE
Vismia guianensis (non Seem, ni Choisy DC., n° 635 A).
Synonyme : Hypericum quianense Aubl. (non Linné).
Aublet, p.784: Coaopia de Marcgraff, Caopia de Pison; Pao de lacra,
Millepertuis de la Guyane ; écorce raboteuse gercée.
Sagot, p. 912: Bois dartre (lerme général), rouge pâle.
Grisard, 1891, p.823: V. quianensis Pers, Bois sanglant, Bois cossais,
Bois d'accossais (terme général), arbre de la fièvre (Guyane, terme
général), Lacre blanco (Vénézuéla). Bois rouge pâle, parsemé de veines
fines et claires, assez léger; dureté régulière, grain fin, texture fibreuse;
assez joli, peu employé ; construction. Densité, 0,650.
Vismia latifolia H.B. et K., n° 635 B.
Synonyme : Aypericum latifolium Aubl., p. 787.
Vismia rufescens Pers., n° 635 C.
Synonyme: Hypericum sessilifolium Aubl.
Aublet, p. 787: Bois Baptiste, Bois dartre, Bois de sang, Bois d’acco-
sois, Bois de la fièvre (Créole).
Vismia cayennensis Pers., n° 635 D.
Lanessan, p. 148 : Bois de la fièvre, Bois à dartres ; rouge pâle ; pour
constructions.
Grisard : Bloodwood (Trinité). Bois Baptiste de la Guyane.
Vismia ferruginea H.B. et K., n° 635 E.
Synonyme: Æypericum cuspidatum Willd (Steud. ?)
Grisard, 1891, 1, p. 824 : Onotello {Vénézuéla), jaune rougeûtre, assez
compact; peu employé.
FAMILLE XXIX. — GUTTIFÈRES
TRIBU I. — CLUSIÉES
Clusia rosea Jacq., n° 638 A.
Synonyme: Clusia alba Kunth. (non Choisy, ni Jacq).
Clusia retusa Poir.
Aublet, p. 933: Coapoiba (Brésil, d’après Marcgraff)}, Paogamelo
(Portugais), Pérépéré (Galibis). Aublet cite encore C. alba Jacq.
D
MOSS 1 Las
LS .
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 81
Grisebach: Star-of-the-Night, Balsam fig. Scotch Attorney (lerme
général, Antilles Anglaises).
Grisard, 189,1, p. 834: Cupey (Trinité), Copey ou Cupay (Vénézuéla).
Ecorce lisse; bois rouge, assez pesant ; combustible.
Niederlein, p. 10: Figuier maudit, Bois Roi (terme général, voir
partie IT).
Clusia insignis Mart., n° 628 B.
Grisard, 1891, I, p. 832: Balsam tree (colonie anglaise en Guyane).
Bois de Parcouri (voir 662 et 651).
Bassières, p. 99: Parcouri, Coopa, Cowassa {voir 5495), Wild Mam-
mee (Demarary, voir 662). Grain assez fin et compact ; densité, 0,816 ;
fibres assez régulières et serrées.
Le chiffre de densité indique que l'auteur a pris pour cette
espèce le Parcouri noir de Dumonteil {voir 651). Il me semble
qu'il y a quelque part une erreur de Bassières.
Niederlein, 1902, p. 7: Parcoury franc, P. Soufré, P. rouge, Bois
Lemoine (Guyane).
Clusia venosa Lain., n° 638 C (non Jacq.).
Aublet, p. 934 : Votomite (Galibis, voir 6#7).
Grisard, 1891, I, 855 : Palétuvier de montagne {terme général).
Clusia sp., n° 638 D.
Espèce non déterminée.
Niederlein, p. 2 : Parcauri mani, Parcouri-Goupi, Bois serpent
(terme général, voir 198%). Le mème 1902, p. 7 : Parcoury-mani et
Pao Cora (Guyane).
Tomovita guianensis Aubl., n° 647.
Aublet, p. 947 : Votomite (Galibis, voir 638 C)\. Ecorce rougeûtre,
bois compact, dur ; aubier blanc, cœur rouge. On trouve sur l'écorce
des larmes d'une résine jaune et lransparente.
Sagot, Cat,, 1883, p. 334: Volomila quianensis Aublet, planche 35
seulement.
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3* série, 4* vol, 1916. 6
02 H. STONE
TRIBU II. — MORONOBÉES
Symphonia globulifera Lin. (non Arruda), n° 648.
Synonymes: Moronobea coccinea Aubl. : Moronobea escu-
lenta Arruda (partim).
Noms vulgaires : Moronoba, Coronobo (Galibis), Mani (Aubl.), Gulan-
dim, Gouandim (Amaz. R. negro, Peckolt). Ejale, Nkum, Une variété
s'appelle Arquane chez les Mbonoi, d’après Harms. Hog-gum tree,
Mawna tree (Jamaïque). Numgundo (Angola, d’après de Willemin).
Cerillo (Costa Rica, d'après Pittier). Oanany, Ounany (Brésil, d’après
Peckolt). Mangle blanc (Catalog. Exposit. Chicago). Anany (Amazones),
Manniballi (Guyane Anglaise, d'après Bell). Palétuvier jaune (Guade-
loupe, d’après Duss). Bois cochon (Saint-Domingue, d’après Baillon),
Bois cochon (Soudan), Karamani. Pour la gomme : Doctors'gum (Gui-
née Anglaise, d’après de Cordemoy).
Je me demande si cette espèce n’est pas le Maniballi, Can-
dlewood, Carmen, Caramen ou Buck-wax cité, p. 18, dans
le Catalogue Exposit. Paris, 1867, et p. 26, le Cari-mani. Ce
bois peut être obtenu de 9 à 16 m. sur 17 à 25 cm. d’équar-
rissage. La cire (wax) est employée pour fixer les pointes des
flèches et les hameçons pour la pêche.
Baillon donne Moronobea globulifera comme synonyme à
Symphonia globulifera, mais 11 met à part le Moronobea coc-
cinea, qui est le Mauna tree et l'Oanani du Brésil.
Il s'agit peut-être du Mani de Dumonteil, et je cite plus loin
les chiffres s'y rapportant. De Lanessan cite un Mauniballi
qui est un Amyris sp. (voir 1156, [), et Grisard en signale un
autre qui est un Platonia (voir 651).
Mon échantillon-type a été déterminé d’après des feuilles
et des fruits par le D' Freeman.
Provenance: Amérique tropicale.
Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une
dureté moyenne, d’une couleur brun verdâtre, « Jaunâtre »
(Aublet); jaune brun rappelant le Chlorophora (Chevalier,
voir 6609). La coupe transversale présente un amas de fines
lignes claires ; cependant la nuance est plus foncée que celle
RPC
ce ? à
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 83
des autres sections. Surface brillante, fonçant un peu à l'air ;
grain plutôt gros.
Caractères physiques. — Densité, 0,519 à 0,632 (0,888 Gri-
sard). Dureté du Noyer. Odeur, à sec, et saveur nulles. Cassure
longue et très fibreuse (Grisard).
Dumonteil, p. 15% : Densité, 0,714; force, 174; élasticité,
163 ; flexibilité, 2,19. Classe 3, celle du Pin.
Caractères de l'écorce. — Ecorce de 6 mm. d'épaisseur envi-
ron, formant une seule couche sous-épidermique, qui est rem-
plie de sclérites blancs et durs qui peuvent être écrasés en
miettes avec l'ongle. Lisse, cendrée (Aublet).
Grise, se détache par petites plaques minces ; exsude une
résine Jaune, qui devient ensuite rouge (Chevalier).
D'après un autre échantillon (Musée Colon. de Marseille,
n° 100 Guyane), épaisseur # mm. environ, épiderme jaune-
verdâtre, couche intérieure présentant des rayons ; couche
extérieure stratifiée, s'émiettant facilement : saveur amère.
Exsudant de la gomme rouge sang. Surface intérieure lisse.
Structure du bois. — Aubier gris, beaucoup plus foncé que le
cœur et bien distinct ; épaisseur, 12 mm. environ. Moelle ?
Section transversale. — Couches souvent mal définies ; la
limite en est au plus une interruption peu sensible dans la
succession régulière des lignes de parenchyme. Contour régu-
her.
Vaisseaux juste visibles comme des points blancs ; peu de
variations, sauf lorsqu'ils sont par paires, et, en ce cas, un des
vaisseaux beaucoup plus grand que l’autre. S'ils sont séparés,
distribution régulière, et alors fortement isolés, contenant
souvent de la gomme qui rend la coupe brillante.
Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, à intervalles
réguliers, plus étroits que le diamètre d'un gros vaisseau, et
restant droits malgré leur finesse. Même couleur que celle du
parenchyme.
Parenchyme a bien visible; une multitude de fines hgnes
claires très serrées, concentriques, continues, unissant les
Vaisseaux.
Taches médullaires de places en places, ovales,
S4 H, STONE
Section radiale, — Nuance plus claire que celle de la section
tangentielle. Couches rarement délimitables. Vaisseaux plu-
tôt gros, mais peu apparents, pour la plupart remplis de
perles gommeuses brillantes et aussi d'une matière blanche.
Section langentielle. Comme la radiale, mais moins bril-
lante. Le Pa se présente en lignes verticales serrées. Rayons
visibles au microscope seulement.
Emplois. —Facilement obtenu jusqu'à 13 m. sur 30 à 35 em.
d'équarrissage (Bell).
Il résiste aux vers et aux intempéries (Duss).
Un des plus mauvais bois de la Guyane (Sagot).
Cependant, à en juger par les chiffres de Dumonteil, et si
le bois se conserve bien, l'opinion de Sagot paraît trop
sévère. Le bois se travaille facilement.
Échantillon type : 62,2718 Bell ; Musée Colon. de Marseille, Guyane,
n° 100 {écorce seulement). ,
Références : Bell. 8 ; Duss p. 151 ; Chevalier (a), p. 167 ; Grisard, 1891,
p. 140; Sagot, p. 234; Aublet, p. 788; Dumonteil, pp. 154 et 160;
Baillon, VI, #15 ; de Lanessan, p. 140 ; Stone et Fr., p. 62,
, Les Parcouris, n° 651.
Plusieurs bois sont désignés sous ce nom, et notamment
lé Platonia insignis Mart., le Clusia insignis Mart. (638 B),
et le Mammea americana Lin. (662). Malheureusement, sur
sept auteurs qui s'en sont occupés, il n'y a que Grisard qui
parle de la couleur. Il dit de Mammea « Bois blanc ou rouge
pâle » ; de Platonia « Parcouri du Commerce, d'une belle
couleur jaunâtre » ; mais les deux échantillons de provenances
diverses qui se trouvent au Musée de Marseille sont d’une
belle couleur rouge foncé, tirant sur le brun, avec des stries
blanchätres.
Sagot a exprimé tour à tour des opinions diverses : p. 198,
il dit Parcouri, Platonia insignis Mart. ; p. 228, Parcouri
(Clusiacées). Puis p. 912 Parcouri parait un Calophyllum,
un Aheedia ou un Clusia.
En présence de renseignements tellement contradictoires,
je me borne à citer les auteurs, en donnant seulement la des-
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANUAISE 85
cripüion des bois du Musée de Marseille et du Pareouri de
Bell, sans risquer une opinion sur le nom systématique. Il
faut dire pourtant que les deux échantillons du Musée de
Marseille ont une structure de Légumineuse, voisine de celle
du Peltoqyne des Amherstiées ; ils devraient plus justement
être placés dans cette tribu.
Il ne faut pas confondre cette espèce avec le Pacourea de
Aublet.
Enfin Je signale les deux bois de Dumonteil pour lesquels
je n ai que des chiffres pour me guider :
1° Parcouri noir, p. 154. Densité, 0,816 ; force, 1T3 : élas-
ticité, 1,98 (198 ?) ; flexibilité, 2,65 ; p..160. Classe 2, qui est
celle du Chêne ;
2° Parcouri jaune. Densité, 0,748 ; force, 177 ; élasticité,
113; flexibilité, 2,47. Classe 3 (celle du Pin). ;
Platonia insignis Mart., n° 651 A.
Synonyme : Symphonia esculenta Steud. {non Arruda).
Sagot, p. 228 (Mais est-ce cetle espèce) : « Se place entre les bois
durs et les bois légers ; grain assez fin el compact, sans être cepen-
dant trop lourd et sans offrir une résistance trop grande aux outils.
Rodriguës : Bakury. P. insignis.
Grisard, 1891, IT, p. {#1 : Parcouri où Parcoury (Guyane française) ;
Parcury-guaza (Paraguay) ; Manniballi, Pakooru, Pakoort (Guyane
angl.) ; Pacari {Arg.); Uba Coupari (Brésil). Le Parcouri du commerce
est d'une belle teinte jaunätre, à grain fin ; fibres régulières el assez
serrées; compact, sans être trop dur ; passe pour incorruplible. Il donne
des planches de 6 à 15 m. de longueur.
Bassières, p. 99 : Parcouri. Clusia insignis (voir 63$S A).
Niederlein, p. #: Pacouri grand, Bacury (Guyane), et encore Bacury,
Rheedia virens Planch.
Bell, n° 70 : Pakoorie, Wild mammee-apple (voir 662), décrite par
Stone et Freeman p. 71, et cité ci-dessous.
Parcouri de Bell, n° 651 B.
Caractères généraux.— Bois d'un poids moyen et d'une
dureté moyenne, d'une couleur blanc-rougeâtre, veiné. La
structure, en section transversale, est exceptionnellement
86 HI. STONE
visible. Surface mate, quelquefois un peu luisante : fonce un
peu à l'air, Nuance de la section transversale un peu plus
foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,977; dureté, celle de l'If:
odeur et saveur nulles.
Caractères de l'écorce.
Écorce de 1 em. 3 à 2 em. 5 d'épais-
seur environ ; dure, formée de deux couches, une interne, de
{ em. environ, brune, ligneuse, et une externe en écailles,
qui, sur la section, sont bien tranchées ; sillonnée irrégulière-
ment et pleine de sclérites durs et blancs, en couches concen-
triques régulières. Surface externe de la büûche, striée ou
unie.
Caractères du bois. — Aubier blanchâtre ou de couleur écrue,
épais de 7 cm. environ ; nettement distinet du cœur.
Moelle ?
Section transversale. — Couches peu marquées, à limites
vagues ; contour à peu près régulier.
Vaisseaux bien visibles, se présentant comme des piqüres ;
grands, sans diminution de calibre sur toute la largeur d’une
même couche, mais augmentation en diamètre d’une couche
à l'autre.
Par ailleurs, peu de variations, sauf dans les groupes qui
présentent quelquefois jusqu’à 22 vaisseaux, distribution
uniforme et peu nombreux; bien isolés et pouvant être
comptés à l'œil nu sur le vieux bois ; contenu luisant.
Rayons juste visibles sans loupe, quand ils sont humectés ;
très fins, uniformes, réguliers, écartés les uns des autres d'une
distance inférieure à celle du diamètre d'un gros vaisseau, et
s’écartant un peu au niveau de ces vaisseaux. Couleur, celle
du Pa.
: Parenchyme à visible, même très apparent, en lignes con-
centriques continues, nombreuses, serrées, d’une couleur
claire et d'un contour régulier. Dans le jeune bois, les zones
ne sont pas développées, et le Pa ne fait que des ailes aux
Vaisseaux.
Section radiale. — Couches non marquées. Vaisseaux gros,
rouges, ayant des cloisons qui sont visibles à l'œil nu, Le Pa
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 87
se présente en lignes rouges, qui sont plus visibles quand le
bois est humide,
Parcouri du Musée Colonial de Marseille, n° 651 C.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d'une couleur
brun rougeâtre, rayée de lignes d’un rouge plus foncé, et avec
des stries claires. Surface luisante, qui prend déjà un polis-
sage naturel sous le fil des outils. Fonce un peu à l'air. Grain.
fortement à rebours. Nuance de la coupe transversale beau-
coup plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. Odeur et saveur nulles. Cassant. I]
brûle mal en pétillant beaucoup, peu de fumée, odeur agré-
able.
Écorce et moelle inconnues.
Structure du bois.
Aubier de couleur écrue ; épaisseur,
2 em. environ.
Section transversale. — Couches, en apparence, bien défi-
nies ; limites peut-être formées par les zones qui ont peu de
Valsseaux.
Vaisseaux très apparents à cause de leurs bords clurs,
plutôt grands (0 mm. 2), diminuant un peu et régulièrement
vers le bord externe de la couche ; fortement isolés, distri-
bués irréguliérement, peu nombreux (1 à # par mm. q.), pour
la plupart vides. Ils s'agrandissent beaucoup avec l'âge de
l'arbre.
Rayons juste visibles ou à peine, excessivement fins, uni-
formes, un peu sinueux, presque réguliers; intervalles égalant
le diamètre d'un gros vaisseau, mais sans écartement au
niveau des vaisseaux.
Parenchyme très apparent, 4, en fuseaux, ou en losanges,
ou ailé autour des vaisseaux : couleur brun clair ou rouge,
parfois unissant deux groupes de vaisseaux, surtout vers la
limite externe de la couche, là où le Pa est moins déve-
loppé.
Section radiale. — Couches délimitables. Vaisseaux fins,
sillons ouverts, parfois avec des perles gommeuses ou rési-
neuses, rouges ou noires. Rayons à peine visibles ou visibles
88 H, STONE
à la loupe, minuscules, rouges, translucides. Parenchyme en
lignes minces, blanchâtres, quelquefois très apparentes.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les vais-
seaux sont beaucoup plus apparents, montrant beaucoup de
parenchyme clair le: long des sillons. Rayons visibles seule-
ment au microscope. Ce sont de courtes lignes, hautes de 6
cellules environ.
Échantillons types : n° 15, Parcouri jaune. Guyane, au Musée de Mar-
seille, et n° 100, Parcouri étiqueté : « Mahot blanc ».
TRIBU IV. — CALOPHYLLÉES
Kurahara, Kurahura Bell., n° 658 A.
Ce bois a une telle ressemblance avec certaines espèces de
Calophyllum de ma collection, et sa structure est s1 caracté-
ristique que je le place ici, sans hésiter. Un caractère parti-
culier, et qui est très rare, se présente bien dans ma fig.
n° 21,pl. V ; c'est le parenchyme en lignes concentriques dis-
continues, ce qui arrive quelquefois dans d’autres genres, mais
jamais de la même manière. Un échantillon du Musée de Mar-
seille est bien semblable (n° 25 Guyane), et je crois que c'est
le même que celui de Bell.
Caractères généraux. — Bois plutôt dur et lourd, d'une
couleur rougeâtre ou brun rougeâtre uniforme ; grain forte-
ment à rebours; surface brillante qui fonce un peu à l'air.
Nuance de la coupe transversale un peu plus foncée que celle
des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,810 ; odeur et saveur
nulles.
Caractères de l'écorce. — KEcorce de 6 mm. d'épaisseur
environ, rugueuse, gercée, subéreuse, tombant en plaques qui
sont molles, rouges, et stratifiées sur la section. Couche
médiane, 3 mm. d'épaisseur environ, plutôt dure, brun foncé.
Couche interne, stratifiée, présentant les rayons surtout sur
la coupe radiale. Surface de la bûche ridée ou sillonnée.
Caractères du bois. — Aubier un peu plus clair que le cœur,
épais de 3 em, 5 environ,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 89
La structure du bois est à comparer avec la fig. n° 21, pl. V.
Section transversale.
Limites des couches douteuses.
Vaisseaux bien visibles à cause de leur disposition en lignes
radiales dendritiques. C'est la un des caractères spéciaux
des Calophyllum, dans la figure, à cause du trop fort gros-
sissement, mais qui paraît mieux à l'œil nu.
Rayons visibles à une forte loupe seulement, très fins ; uni-
formes, réguliers ; intervalles beaucoup moindres que le dia-
mètre d’un gros vaisseau, et s’écartant légèrement au niveau
de ces vaisseaux.
Parenchyme a entourant les vaisseaux et les unissant par-
fois en lignes radiales, et Parenchyme en lignes concen-
triques irrégulièrement courbées et interrompues, claires.
Elles paraissent foncées dans la figure, qui a été prise sur une
coupe transparente employée comme cliché.
Section radiale. — Vaisseaux plutôt fins, foncés, très
obliques. Rayons étroits, juste visibles.
Section tangentielle. — Rayons minuscules, de 0 mm. 2 de
hauteur.
Emplois. — Pour corials et pour planches pour bateaux :
peut être facilement obtenu jusqu'à 17m. sur 55 cm. d'équar-
rissage (Bell). Ce bois devrait servir à remplacer les qualités
inférieures d'Acajou ; très commode à débiter.
Échantillon type : 58,2713.
Références : Stone et Fr., p. 58.
Eda-balli, Wild Calabash (Bell ,fn° 658 B.
Calebassier sauvage. Encore un bois du genre des Calophyl-
lum. Pour le distinguer de Kurahara, on peut citer les différences
les plus importantes suivantes :
1° Parenchyme h en lignes concentriques beaucoup plus
larges que les rayons. Kurahara, 658 A.
2° Parenchyme b en lignes un peu plus larges seulement
que les rayons. Eda-balh, 658 B.
Il ne faut pas confondre cette dernière espece avec Eta-balli
ni avec Itaballi (voir 561 A et B). Le mot Ita ou Eta, en
90 H. STONE
langue indigène brésilienne veut dire (er; par conséquent
il est d'une application générale à tous les bois durs.
Caractères généraux de l'Eda-balli. — Bois d'une dureté
moyenne et d'un poids moyen, d'une couleur brun rougeâtre
uniforme à brun clair. Surface légèrement micacée, qui ne
fonce que peu à l'air. Nuance de la coupe transversale un
peu plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,752 ; dureté, celle du
Hêtre. Odeur et saveur nulles.
Caractères de l'écorce. — KÉcorce de 4 à 6 mm. d'épaisseur
environ, brune, lisse. Couche interne mince, fibreuse, brun
foncé ; couche externe plus claire, s'émiettant. Fortement
adhérente. Surface de la büche lisse.
Caractères du bois. — Aubier non différencié du cœur.
La structure du bois est celle du Kurahara, mises à part les
différences suivantes.
Section transversale. — Vaisseaux juste visibles, apparais-
sant comme des piqüres.
Parenchyfne h en lignes concentriques continues, nom-
breuses, légèrement ondulées, un peu plus larges que les
rayons, avec lesquels elles forment un filet.
Seclion radiale. — Brillante. Vaisseaux apparaissant par
paires, ou 3 côte à côte, ce qui donne au grain une apparence
grossière ; plus foncés que le fond. Rayons très étroits, lui-
sants, cristallins. Parenchyme en très fines stries parallèles.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais non bril-
lante ; les rayons ne sont visibles qu'au microscope,
Emplois. — Ce bois possède l'avantage de ne pas se fendre ;
crosses de fusils ; pas abondant ; peut être obtenu jusqu'à 20
à 27 cm. de côté (Bell). Commode à travailler.
Ech. type : 25,2681 Bell.
Références : Stone et Fr., p. 25.
Penoga, n° 658 C.
Berkhout, p. 25. Calophyllum sp. Surinam.
Mammea americana Lain., n° 662. (Voir 651.)
Préfontaine, p. 157: Mamie, Manchiboui, Abricotier,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 91
Aublet, p.917 : Abricotier d'Amérique.
Icones lignorum : pl. LXVII, fig. 1, Mamaavy.
Sagot, p. 912 : cultivé à la Guyane.
De Lanessan, p. 148: dimension considérable ; bois blanc, assez dur,
homogène et facile à fendre.
Rodriguès, 1893, p. 59 : Abrico do Parà, A. de $. Domingo, A. selva-
gina (Brésil).
Grisard, 1891, If, p. 135: Wild Mammee-apple, Pakoorie, Parcouri
soufré, Abricotier des Antilles, Mammee-tree (angl.). Bois blanc rose
ou rouge pale, gommeux, à fibres droites. Poids, 0,990. Lourd et assez
dur, se fendant. avec facilité ; pour merrains, bardeaux, aissantes,
planches, poulies, solives. Bonne conservation à l'air ou dans le sol.
TRIBU V. — QUIINÉES
Quiina guianensis Aubl. (non Crueg.), n° 663.
Synonyme: Touroulia quianensis Aubl]. : Touroulia solitaris
Stokes.
D'après l’Index Kewensis, Aublet à décrit la même plante
sous des noms différents.
Aublet, p..492: Touroulia guianensis. Ecorce épaisse, ridée ; bois
roussätre. À la page 19, Suppl. : Quiina guianensis, Quiina-rana.
FAMILLE XXX. — TERNSTROEMIACÉES
TRIBU I. — RHIZOBOLÉES
Caryocar butyrosum Aubl., n° 664.
Synonymes : Pekea butirosa Aubl.: P. lentiscos Aubl.
(non mentionné dans l'Index Kew.).
Noms vulgaires : Pekea (Galibis et noiragues à Ayapoco et
à Caienne : Aubl.). Pekia, Pequi, Piquy (Para, Rodrigués).
Schwari (Bassières). Chawari (Dupré). Saouary, Saouarou,
Soeri (Surinam, Berkhout). Schaouarouy (Caraïbes, Préfon-
taine).
Il règne une certaine confusion autour du nom Pekea, qui
s'applique encore à d'autres espèces, par exemple au C. hra-
siliensis Saint-Hilaire, qui, selon Rodrigues, est le véritable
Pequia. Pereira cite ce Caryocar brasiliensis en donnant les
92 H. STONE
noms additionnels de Pequia-bravo et Pequi. Da Gama parle
d'un Pequia qui serait l'Aspidosperma sessiliflorum Muell.,
de l'ile Trinité. Le nom Souari est commun, ou du moins est
attribué également aux autres espèces de Caryocar.
De Lanessan eite le C. fomentosum comme syn. de C. buty-
rosum, ce qui n'est pas juste d'après l'Index Kew.
Le bois que je décris ci-dessous parait être celui de Bas-
sières, de MeTurk et de da Gama. Il a été déterminé d'après
les fruits et les feuilles par le D' Freeman.
Prov.: Am. trop.
Caraclères généraux. — Bois dur et lourd extrêmement
compact, d'une couleur gris-brun clair. Surface lisse, devenant
mate. Roussâtre, dur, compact (d'après Aublet). Il ressemble
au Genipa (d'après la Com. de Brest). Nuance de la coupe
transversale plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,943 à 1000. Dureté,
celle du Buis. Odeur à sec, faible, même nulle.
Solutions aqueuse et alcoolique presque incolores.
Dumonteil. Essais : densité, 0,820 ; force, 211 ; élasticité,
162; flexibilité, 2,00. Classe 2, qui est celle du Chêne.
Commission de Brest. Essais avec le bois de Dumonteil :
lorsqu'il est consérvé à l'abri, force, 720 à 920, (1,11 à 1,28
si le Chêne — 1); élasticité, 20 à 28. Conservé à découvert :
force, 860 à 940 (1,16 si le Chêne — 1) ; élasticité, 22 à 25;
a cassé après craquement avertisseur.
Même Commission. Essais d’un autre échantillon : densité,
0,794 ; force, 620 à 880 (1,11 si le Chène — 1), élasticité,
20 à 30. Deux sur trois des cabrions ont cassé net, l'autre
fait entendre un craquement avertisseur ; fibres bien déchi-
rées. Il est intéressant de voir que le bois, conservé à décou-
vert, a gagné en force et en élasticité.
Caractères de l'écorce. — Kcorce grisätre, d’après Aublet.
Surface de la bûche rayée de petites côtes tortueuses.
Structure du bois. — Aubier blanc, mat, nettement dis-
ünct du cœur; épaisseur de 1 em. environ.
Moelle ?
Section transversale. — Couches mal définies, mais il y a
des zones plus ou moins denses,
bi:
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 93
Vaisseaux visibles quand ils sont humectés : uniformes,
sans diminution de diamètre vers l'extrémité de la couche;
peu variables ; distribution régulière, mais avee tendance à se
disposer en chapelets ; groupes radiaux par 2 à # vaisseaux ;
contenu souvent brillant, donnant à la coupe une apparence de
givre.
Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, réguliers,
laissant entre eux des intervalles moindres que le diamètre
d'un gros vaisseau et s'écartant au niveau de ces vaisseaux.
Ces rayons apparaissent comme des soies blanchätres.
Parenchyme 4 peu abondant, entourant étroitement les
vaisseaux.
Section radiale. — Vaisseaux moyens. Rayons peu appa-
rents, semi-translucides. Pa assez apparent le long des vais-
seaux, ce qui donne à la coupe un aspect glauque.
Section langentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
ne sont visibles qu'à la loupe et sont composés de cellules
plus grandes qu'elles ne le sont ordinairement.
Emplois. — Très bon pour la charpente (Bassières).
Très tenace, à grain entrelacé : peut être obtenu jusqu’à
60 em. d'équarrissage : peu employé (MeTurk).
Ech. type. 83,2739 Bell. 0104, Impr. Inst.
Références: Rodriguès, p. 18%; Bassières, p. 89; Pereira, p. 65 ;
MeTurk, p. 3 ; Bell, n°83; Dumonteil, 1823, IT, partie 2, pp. 156 et 158;
Comm. de Brest, 1826, IT, partie 2, pp. 170 et 188 ; da Gama, 1876,
p. 170 ; Préfontaine, p. 207 ; Aublet, p. 597.
Caryocar glabrum Pers., n° 664 B.
Synonymes : Saourari glabra Aubl. : Pekea ternata Poir.
Aublet, p. 599: Saourari (Cayenne) ; pour chaloupes, pirogues,
canots à rocou ; courbes dés jumelles, des madriers, des bardeaux.
Pulle, p. 300 : €, glabrum var. edule Cas. Ningre notto (Surinam).
Sagot, Catal., XII, p., 188 ; Schawari,
Grisard indique la densité 0,820 de Dum., cité pour l’espèce précé-
dente.
Huber, p. 192: Pequea rana (Amazone).
De Lanessan, p. 139: Schwari ; dur, compact ; jantes de roues de voi-
ture; de grandes dimensions.
94 H. STONE
Caryocar villosum Pers., n° 664 C.
Synonymes : Saourari villosa Aubl. ; Pekea tu bercalosa Poir.
(non Aubl.), et non cité dans l’Index Kewensis.
Garyocar tomentosum Willd., n° 664 D.
Synonymes : C. {uberosum H. Bn (Baillon) ; Pekea tuber-
colosa Aubl. (non Poir.).
Aublet, p. 587 : Tala-youba (Garipons); écorce roussâtre, ridée, ger-
cée ; bois roussâtre, dur, compact.
Dumonteil, p. 156 : Bois-Marie. Densité, 0,717 ; force, 159 ; élasticité,
154; flexibilité, 2,08, p. 163. Classe 5 (celle du Peuplier).
De Lanessan, p.139, cite comme synonymele Pekea bulyrosa Aubl.,
ce qui ne s'accorde pas avec l’Index Kewensis et crée une confusion
avec 664 A. « Dur, résistant »,
Grisard, 1891, IT, p. 301: Peki, Pekea, Pekeya (Guyane) ; Bois de
Tatayouba où Tatajuba ; pour charronnage, parquets, arbres à moulin à
sucre ou à eau.
Niederlein, p. 2: Bois Mary. C. {fomentosum.
Saourai rouge, n° 664 E.
Dumonteil, p. 158 : Densité, 0,410; force, 71; élasticité, 322 ; flexibi-
lité, 10,45, p. 63. Classe 6. De très faible valeur.
Je me demande si ce bois n’est pas le C. glabrum. Sa
densité indique un bois propre à faire des canots. C, villosum
n'est point cité comme bois industriel, et les autres sont
lourds.
TRIBU II. — MARCGRAVIÉES
Norantea guianensis Aubl., n° 667.
Aublet, p.55#: Conoro-antegri (Galibis. Ecorce inégale, gercée et
marquée de petites côtes lisses; bois blanc dur, à centre moelleux.
TRIBU I. — TERNSTROEMIÉES
Ternstræmia dentata Sw., n° 676 À (non Spreng.).
Synonyme : T'aonabo dentata Aubl. Durand conserve Dupi-
nia comme genre.
BOIS UTILES DÉ LA GUYANE FRANÇAISE 95
Aublet, p. 569: Palétuvier de montagne (terme général). Ecorce
‘ épaisse, cendrée en dehors et rougeàlre en dedans ; elle sert pour le
tannage des cuirs ; bois blanc qui devient roussâtre : pour bardeaux.
Ternstræmia punctata Sw., n° 676 B.
Synonyme : T'aonabo punctata Aubl.
Aublet, p. 571: Palétuvier de montagne (terme général}. Les mêmes
emplois que ceux de l'espèce précédente.
TRIBU VI. — BONNETIÉES
Caraipa parvifolia Aubl., n° 700 A.
Aublet, p. 561: Caraipe (Garipons, terme général). Manches-haches
(Créoles). Ecorce brune, lisse et gercée; bois à aubier, roussâtre et à
cœur rouge, dur et compact, considéré comme l'un des meilleurs bois
pour faire des manches de haches et de cognées, de serpe et d’autres
instruments propres à couper.
Caraipa latifolia Aubl., n° 700 B.
Synonyme : C. angustifolia Aubl.
Aublet, p.561 et 562: Caraipés.
Caraipas, n° 700 D. (espèces non déterminées).
Sagot, p. 924 : Pagelet, Caraipa sp.
Dumonteil, p. 154: Pagelet. Densité, 0,787; force, 196; élasticité ;
214 ; p. 160. Classe 3,
Mahurea palustris Aubl., n° 701.
Aublet, p. 558: Mahuri aquatique. Ecorce lisse, roussàtre ; bois blanc ;
peu compact.
Sagot, p. 908 : Mauria, Sans valeur (Est-ce bien cette espèce ?)
FAMILLE XXXIII — MALVACÉES
TRIBU Il. — URÉNÉES
Pavonia spinifex Cav.,n° 753.
Synonyme : Hibiscus spinifeæ Aublet (p. 706).
©
(er)
H. STONE
TRIBU IIL — HIBISCÉES
Hibiscus tiliaceus Lin., n° 762 A.
Synonyme : Paritium tiliaceum À. de Juss.
Loureiro, p. #19: Novella Daun (Rumph.) ; Ca tla làm chieo. Ecorce
pour faire de petites cordes, des filets, des stores, ete.
Aublet, p. 704: Pariti, Tali-Pariti (Rheed), Maou. On fait des cordes
avec.la seconde écorce dans l’île de France.
. Maiden, p.557. Cotton Tree : Talwalpin des indigènes d'Australie. Poids
35 à 38 livres par pied cube d’après Gamble.
Grisard, 1892, 1, p. 97: Bois de liègedes Antilles, Bourao, Milolo (Afr.
Portug.), Majugna (Am. cent.), Majagua (Ant.), Evonoue (Gabon), Liège
des Antilles (Guat.), Bala (Beng. Sanscrit), Belli-patta (Cyngalais), Bola
(Hindou) ; Waroe-lavet, Waroc-wombhong, Waroe-laut (Malaisie) ;
Waroe (Sandwich), Dawoenbaroe (Soudan), Varo, Baro (Malgache),
Hau (Marquises ; Sandwich), Peuh, Bois de flot, Grand Mahot, Bois de
liège (NIle-Calédonie), Bourao, Bourau, Pourau, Poureau, Fau (Tahiti),
Mahot du bord de la mer (frinité),Sea-side Mahaut (Angl. ?), Mahagua
del mar (Esp.), Bois de rose, d'une nuance plus foncée que celle
du Noyer ; tendre, léger, quoique de texture assez fine. Densité, 0,777 ;
pour flottes, pour filets de pêche, moyeux, moulins à riz. Ecorce pour
cordages qui sont assez résistants.
Huber, p. 216: Uacima da praia (Para),
Rodriguès, 1893 ; Maho (Brésil).
Cordemoy H., p. 331: Foulsapate (Réunion.
Bernardin, p.##: Balibago (Dominique).
La description de Grisard se rapporte évidemment à un
bois composé. Un bois d'une densité de 0,777 qui servirait en
même temps pour flottes et pour moyeux serait un bois
extraordinaire.
Je n'ai malheureusement pas actuellement de ce bois entre
les mains, mais il m'est bien connu, et c'est un bois très
léger, même l’un des plus légers qui existent. Il est extrême-
ment mou, et on peut le déchirer avec l'ongle. Grain très
lilandreux et gros. Il se déchire plutôt qu'il ne se coupe sous
la scie. La couleur est gris sale, souvent panachée de bleu,
ou, plus exactement, teintée, car je crois que cette couleur est
due à une réaction entre la sève et la rouille des scies, Ce
caractère devrait servir à le distinguer de tout autre, car la
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 97
réaction bleue est rare. Le seul autre cas que je connaisse est
celui du Mahot bleu, ou Hibiscus elatus Sw. ; et c'est proba-
blement cette autre espèce que Grisard a mélangée avec
l’Hibiscus tiliaceus DC. Cet H. elatus est, en effet, un bois
dur qui ressemble au Bois de lance et peut très bien servir
pour moyeux. Densité, de 0,700 à 0,790. (Voir Stone, T. of
Abd): j
Un échantillon d’écorce du Musée Colon. de Marseille éti-
queté « Poeping (Malaisie) » montre un liber en rubans
lisses, un peu cornés au toucher, d'une couleur brun cannelle.
Vu à la loupe par transparence, il présente une infinité de
petites perforations, dues aux rayons qui ont 1 mm. de hau-
teur environ. Entre ces petits orifices se dessinent des
lignes transversales très minces.
Hibiscus brasiliensis Lin., n° 762 B.
Cité par Aublet, p. 706.
Hibiscus mutabilis Lin., n° 762 C.
Aublet, p. 706: Rose changeant (Cayenne); la seconde écorce peut
servir pour faire des cordes.
Hibiscus esculentus Lin.. 762 D.
Barrère, p. 66 : Catalou, Karoulou, Ketmia brasiliensis.
Préfontaine, p. 158: Ouaouayama (Caraïbes) ; Citrouille, Poliron,
Giraumont. C'est le Quingombo Lusilanis de Marcg.
Aublet, p. 707 : H. esculentus Lin. Bois Calalou ou Caralou.
Sagot, XI, p. 150: Calalou, Gombo.
Bromer, p. 209 : Okro houdou (Surinam)
TRIBU IV. — BOMBACÉES
Bombax malabaricum DC., n° 771 A.
Synonyme : B. Ceiba Burm.
Préfontaine, p. 173 : Mapou, qui signifie « bois mou » ; Fromager ;
Ceiba (Plume. ); Zamaouna (Piso).
Aublet, p. 703 : Bombax Ceiba Lin., Moul-clauou (Rheed\.
Maiden, p. 390 : Malabar Silk cotton tree. Densité 0,320 à 0,488
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4* vol, 1916. 7
98 H. “TONE
Grisard, 4891, II, p. 552: Silk cotton tree (Angl.}, Ceibo (Am. esp),
Gou-rung (Annam), Gommier blanc (Guad.), Mullu buraga ({ndes,
Canara), Kanton-ka-semal (Dukin ?), Mul-elava, Moullou-eleven-marom
Télenga), Dangdoer, Dangdoer-allas (Indes Holl. ). La racine est nommée
Musla-Semul. Ecorce épaisse, fibreuse, d'un tissu lâche de couleur gris
rosé ; astringente; on en fait des cordes. Bois blanchâtre, très léger,
fibreux, à grain lâche et spongieux, peu solide et peu durable. Caisses
d'emballage, flotteurs pour filets, canots. Densité, 0,202. :
Gaebelé, p. 67 : Moullou elavan marom (Tamoul). Ce bois est utilisé
surtout dans les manufactures de l'Inde Anglaise, pour la confection de
boîtes à thé. ;
Ce bois n’est pas le Mapa de Dumonteil qui est trop lourd.
C'est le Mappoe boom de l’/cones lignorum et peut-être le
Cotoen boom. PI. LXVI, fig. I, et pl. LXXI, fig. 8.
Bombax globosum Aubl., n° 771 B.
Aublet, p. 701 : Fromager à fruit rond. Écorce lisse, cendrée. Bois
blanc mou el peu compact.
Sagot, Catal., XI, p. 153 : Cotonnier grand bois.
Eriodendron anfractuosum DC., n° 772. à
Synonyme : Bombar pentandrum Lin. non Jacq.
Je ne suis pas sûr que les bois cités par Sagot appar-
tiennent à une seule espèce et non à deux. Je cite donc cet
auteur sous réserve.
Sagot, p. 912: B. pentandrum. Bois coton, cotonnier grand bois;
puis Eriodendron anfractuosum : Fromager, Bois coton, Cotonnier grand
bois.
Grisard (tirage à part), p. 17: E. anfractuosum, Kapokier ; bois blanc
mou, léger; pour pirogues ; doublage de placage en Allemagne.
Cordemoy (H.), p. 771 : Ouatier (Réunion).
Gaebelé, p. 67: Capoquier, White Cotton tree (Angl.); Elavan marom
(Tamoul). Bois d’une qualité médiocre, il sert à la confection des jouets.
L'écorce donne des fibres qui servent à la confection des cordages
grossiers.
Le Bombax pentandrum Jacq. est le E. caribaeum.
Icones lignorum, pl. LXXXI, fig. 6 : gris, d’un grain grossier.
Quararibea guianensis Aubl., n° 778.
Aublet, p. 692: Écorce grisätre, gercée ; bois blanc, peu compact.
E 2750
dé
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 99
RANDÉEUNN NET EN STERCULIACEES
TRIBU I. — STERCULIÉES
Sterculia vira Sw. (non Pers.), n° 791 A.
Synonyme : luira pruriens Aublet.
Aublet, p. 693 : Tourou-tourou (Galibis) ; Ivira (Gar.) ; Mahot-cochon
(Saint-Domingue). Écorce roussâtre, épaisse, filandreuse. Bois blan-
châtre, peu compact.
Ce n'est pas l'Ibira puteana de Marcgraff (voir partie I), ni le Caca-
tier d’Aublet {voir 1067).
Bois de Caca divers.
Sterculia foetida Lain., n° 791 B.
Varenne-Fenille, p. 159: Fétide et nauséabond quand on le coupe ;
cette odeur s'évapore ensuite. Couleur rouge brun foncé, avec bandes
claires ; chacune de ces bandes alterne avec un trait ondoyant d'envi-
ron une ligne de largeur et de couleur de sang coagulé. Grain fin. Vais-
seaux et rayons presque imperceptibles. Poids, 826. Bois de caca de
Cayenne.
No 791. C
Dumonteil, p. 154: Bois caca. Densité, 0,674 ; force, 200 ; élasticité,
210 ; flexibilité, 1,99 ; p. 160. Classe 3 (celle du Pin). Mais est-ce bien
cette espèce ?
N° 191. D
Rousselet, p.271: Bois de Caca, Bois puant, Bois de corne fétide,
Bois de merde, Bois de Cavalone (Cayenne) ; rougeâtre ou blanc moiré
de jaune, très compact, très lourd, d'un grain fin, ne se gerçant jamais.
Les naturels du pays en font des vases.
TRIBU VIL. — BUETTNÉRIÉES
Theobroma Cacao Lin., n° 823.
Synonyme : Cacao sativa Aubl.
Aublet, p. 689 : Cacoier cultivé.
Grisard, 1892, I, p. 315 : Cacaoyer, cacaotier (Fr.), Cacaveiro (Afr,
100 H. STONE
Port.), Cacao, cacau (Brésil), Tjoklat (Java), Cocoa-tree (Ang.), Palo de
Cacoa (Esp.). Bois gris et quelque peu rougeêtre vers le centre, mou,
léger, assez flexible, mais d'une faible résistance ; couches annuelles
peu distinctes ; rayons assez larges, composés de cellules rarement
droites, quelque peu dilatées. Assez médiocre pour chauffage. Densité,
0,431.
Niederlein, p. 7 ; Mahot cacao.
Le nom indigène javanais me parait avoir beaucoup de
rapport avec le mot « chocolat ».
La description que je vais donner est faite d’après l’échan-
tillon n° 216, du Musée de Lyon, série IT ; c'est une petite
tige de 5 cm. de diam. toute en aubier jaune clair, très léger
et mou, un peu luisant sur la coupe radiale et présentant,
en coupe transversale, les rayons très apparents, clairs et
gracieusement courbes.
Caractères de l'écorce. — Écorce de 1 à 2 mm. d'épaisseur
environ, forte, adhérente, faiblement rugueuse, d'une couleur
brun foncé ; couche interne gris clair, ligneuse, fibreuse, tra-
versée par les rayons. Saveur nulle. |
Structure du bois. — En section transversale, couches très
bien marquées par l'anneau des vaisseaux qui y sont très
apparents. L'anneau est de 1 à trois rangées de ces vaisseaux
très grands, de Ü mm. 5 de diam. En dehors de l'anneau, ils
sont à peine visibles, et de 0 mm. 25 de diamètre. La diminu-
tion de largeur se fait brusquement à partir de l'anneau. Les
vaisseaux plus petits sont fortement isolés, 1 à 4 par mm.
q., simples ou par groupes de 2 à 6, radialement disposés,
avec quelques paires divisées tangentiellement.
Rayons très apparents de deux sortes : les uns larges, clairs,
courbés se divisent en 2 à # branches (caractère très rare);
les autres plus étroits sont visibles seulement au microscope
et écartés les uns des autres avec des intervalles égaux au
diamètre d'un petit vaisseau.
Parenchyme non apparent, tous les tissus étant très gros-
siers. à
Section radiale. — Vaisseaux peu apparents. Rayons grands,
incolores mais assez visibles par réflexion.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 101
À noter que l'anneau des vaisseaux, dans l'échantillon,
araît être dégénéré par une gommose,
D
Cacao guyanensis Aubl., n° 823 B.
Aublet, p. 683 : Cacao galibi (gal. et gar.), Cacao sauvage.
Guazuma ulmifolia Lamk. (non Wall.), n° 825 A.
Synonyme : Theobroma Guazuma Lin.
Aublet, p. 689 : Cacaoyer à feuille d'orme ; Orme d'Amérique.
Niederlein, p. 3 : Bois puant (Guadel.).
Saldanha da Gama, 1867, p. 83: Mutamba (Brésil).
Cordemoy H., p. 321 : Cèdre de la Jamaïque (Réunion).
Échantillon, n° 71 du Musée Col. de Marseille (Martinique) :
composé seulement de l'écorce. Épaisseur de cette écorce de
13 mm. environ, jaunâtre, faiblement gercée, intérieurement
dure, ligneuse, brun rougeätre. Formée de trois couches mal
définies : celle de l'intérieur rouge foncé, ligneuse, fibreuse
avec des rayons: celle du- milieu présentant beaucoup de
sclérites blancs, disposés radialement ; celle de l'extérieur for-
mée par des écailles. Un peu de liber. En section radiale,
les rayons rouges sont très apparents. Cassure grenue, Saveur
nulle.
Espèce douteuse, n° 825 B.
1° Aublet, p. 689: ŒGuazuma Aniba Aubl. (ne se trouve pas dans
l'Index .
2° Préfontaine, p. 166 : Cèdre, Anhuiba (Caraïbe).
3° Annales Maritimes, 1826, II, partie 2, p. 422: Cèdre jaune. G,
aniba ; pour meubles.
FAMILLE XXXV. — TILIACÉES
TRIBU IV. — APEIBÉES
Apeiba Tibourbou Aubl., n° 875 A.
Aublet, p. 538 : Tibourbou (Galibis, Écorce inégale, gercée, molle
épaisse, fibreuse, et propre à faire des cordes. Boiïs blanc, léger,
102 H. STONE
Sagot, p. 912 : Bois Calalou.
Saldanha da Gama, 1867, p. 83 : Pao de Jangada (Brésil), Cateza de
negro, Erizo (Vénézuéla) ; bois de peu de durée.
Rodriguès, p. 12 : Peignes macaques (Brésil).
Huber, p. 121 : Pente de Macaco (Amazones), Cortica |Para).
Apeiba glabra Aubl., n° 875 B.
Aublet, p. 541 : Ivouyra (Garipons), Bois de mèche (terme général
créole) ; écorce lisse, mince, verdâtre ; bois blanc, tendre, et tellement
léger que, d'une seule main, on peut porter un tronc de 10 à 12 pieds
sur 8 à 10 pouces de diamètre.
Huber, p. 161 : Pente de Macaco (Brésil).
Apeiba Petoumo Aubl., n° 875 C.
Aublet, p. 543: Petoumo (Galibis). Écorce brune, épaisse, filamen-
teuse, propre à faire des cordes. Bois blanc, léger.
Apeiba aspersa Aubl., n° 875 D.
Barrère, p. 10 : Patoumou, Epeiba de Marcgr.
Aublet, p. 545 : Pitoumo (Galibis). Écorce grisâtre, inégale, épaisse,
filamenteuse, propre à faire des cordes. Bois blane, léger.
Dumonteil cite deux sortes de « Bois grage », en plus du Bois-banane,
mais j'ignore si ces deux sortes appartiennent à cette espèce. L'auteur
indique, p.156 : 1° Bois grage blanc. Densité, 0,588 ; force, 152 ; élasti-
cité, 179 ; flexibilité, 2,40. p. 160; classe 3 (celle du Pin). 2° Bois grage
noir. Densité, 0,667 ; force, 158; élasticité, 198 ; flexibilité, 2,46 ; classe
5 (valeur très faible).
Sagot, p. 912 : Bois grage ; À. aspersa.
Grisard, 1892, I, 317 ; Bois grège, Mahot chardon.
Apeiba (espèce douteuse), n° 875 E.
1o Lescallier, p. 56: Bois banane, bois impropre à la construction
maritime.
2° Dumonteil, p. 156 : Bois banane. Densité, 0,548 ; force, 131 ; élas-
ticité, 158 ; flexibilité, 3,43, p. 163. Classe 5 (celle du peuplier).
3° Sagot, p. 924 : Bois banane, Apeiba sp.
TRIBU VI. — SLOANÉES
Sloanea sinemarensis Aubl., n° 882 A.
Synonyme : $. Aubleti Sw,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 103
Aublet, p. 534: Quapalier à petit fruit; Oulougua-palou (Galbis).
Écorce épaisse, roussâtre, ridée, gercée. Bois rouseûtre, dur, compact.
Grisard, 1892, I, p. 584: Châätaignier de la Martinique, pour planches,
pirogues. Écorce astringente.
Niederlein, p. 7: Châtaignier.
Sloanea dentata Lin., n° 882 B.
Synonyme : $. Plumerii Aubl.
Aublet, p. 536 : Quapalier à gros fruits.
Huber, p. 190: Urucurana (Brésil).
Sloanea guianensis Aubl., n° 882 C.
Aublet, p. 585 : Goulougou-Albani (Galibis). Ecorce lisse, roussatre,
Aubier blanchâtre ; cœur rougeâtre.
FAMILLE-XXXVII. — HUMIRIACÉES
Vantanea quianensis Aubl. (non Poir.), n° 906.
Aublet, p. 572 : Louantan (Noiragues . Ecorce brune, lisse ; bois blan-
châtre, compact.
Huber, p. 184: Uchirana (Brésil, terme gén.).
Humiria floribunda Mart., n° 907 A.
Noms vulgaires : Couramira, Nieri, Turamira, Tourameira
(da Gama, Brésil), Towarnero (Morris). Bastard Bully ou
Bastard Bullet-wood, Umuri (Amaz. et Prov. sept. du Brésil ;
Cat. des Colonies françaises) ; Arbre à brai (Dalton), Arbol a
brea (Descourtilz). Caramura (Peckolt). Cacao grand bois,
Mori (Galibis) ; Couranoura (Arrhouages, d'après Lanessan).
Toweroenierou (Icones lign.). Bois rouge tisane (Guy. fr.,
Huber, voir 907 C).
À noter que quelques-uns des noms précédents se rap-
portent aussi à l'espèce suivante.
De Lanessan dit que le bois résiste peu aux intempéries.
Densité, 0,496, chiffre qui est loin de correspondre à ceux plus
élevés que citent les autres auteurs. De Lanessan doit avoir
pris le Cacao Grand Bois de Dumonteil pour le nom vulgaire
de Æ. floribunda, ce qui n'est mentionné nulle part ailleurs,
104 H. STONE
Du reste, j'ai une confiance médiocre dans les citations de
Lanessan relatives aux bois.
Les chiffres de Dumonteil pour Cacao Grand Bois sont :
densité, 0,496 ; force, 102 ; élasticité, 223 ; flexibilité, 3,70.
Classe 6 (de très faible valeur).
Caractères généraur. — Bois dur et lourd, d'une couleur
rouge plus ou moins foncée, ou même avec une nuance
orange. Surface luisante, froide au toucher, d’un grain gros-
sier (sect. rad.\, ou fin (sect. tang.); fonce un peu à l'air. La
nuance de la coupe transversale est plus foncée que celle des
autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,950 à 1,187 (0,818, Pec-
kolt). Dureté, celle du Cœur vert. Odeur et saveur nulles. Il
brûle bien avec beaucoup de flamme, en pétillant. Se fend facile-
ment. D'après Hubert, le bois fraîchement coupé laisse exsuder
une huile assez abondante.
Caractères de l'écorce. — KÉcorce rouge, aromatique (Pec-
kolt).
Structure du bois. — Aubier blanc brunâtre, bien distinct
du cœur. Épaisseur : 2 à 5 cm. environ. ;
Moelle ?
Section transversale. — Couches mal délimitées, mais il y
a des zones plus ou moins denses.
Vaisseaux très apparents çà et là, à cause de leur bordure
blanche, larges de 0 mm. 22, peu variables, fortement isolés,
régulièrement distribués ; 0 à 6 par mm. q. ; pour la plupart
simples. Contenant des thylles.
Rayons à peine visibles à la loupe, fins, uniformes, à inter-
valles égaux, un peu plus petits que le diamètre d’un gros vais-
seau ; 8 à 13 par mm.
Parenchyme a abondant, entourant les vaisseaux en nom-
breuses fines lignes concentriques, continues, de même lar-
geur que les rayons, auxquels elles ressemblent par la cou-
leur et l’écartement, et constituant ensemble un beau tissu
formant un filet régulier ; contour dentelé ; 9 à 11 par mm.
Section radiale. — Vaisseaux plutôt gros, mais peu nom-
breux, remplis de thylles, Rayons juste visibles, minuscules,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 105
blanchâtres. Parenchyme b visible à la loupe comme de fines
hachures. |
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les limites
des couches se présentent comme des lignes et des lacets peu
apparents, avec des franges irrégulières blanchâtres.
Emplois. — Constructions, rayons de roues. Plus estimé
même que le Cœur vert ; peut être obtenu jusqu'à 30 m. sur
59 em, d'équarissage (McTurk).
Constructions, bardeaux (Aublet).
Éch. type : 2712. Dépt. agric. Guyane Angl.
Références : McTurk, n° 1#; de Lanessan, p. 140; Grisard, 1892,
p. 592; Dumonteil, 1823, IT, partie 2, loc. cit.; Stone, T. of C., p. 46,
pl. IV, fig. 48, Icones lignorum, pl. LXXII, fig. 4, en couleur.
Humiria balsamifera Jaume, n° 907 B.
Synonymes : 7. multiflora Mart. ; H. amplericaule Mart. :
Myrodendron amplexricaule Wild. ; Houmiribalsamifera Aubl.
Noms vulgaires : Houmiri baumier, Bois rouge (Créoles),
Houmiri (Garipons), Touri (Coussaris, d'après Aublet). Gom-
mier de montagne, Bois à flambeau (Moeller). Triane (Geof-
froy). Umiri balsamo (Peckolt). Bois d’encens (Grisard, voir
1156 C. D.). Omiry, Homiry, Umery (Rodriguëès), qu'il ne
faut pas confondre avec Umary amarello ou roxo (voir 1240).
Umiry de casca cheirosa (Amazone : Huber).
Grisard indique que le bois est assez léger, mais il donne
la densité de 0,700. Je pense donc qu'il a confondu deux bois
différents.
L'échantillon 2712 a été déterminé d'après les fruits et les
feuilles par le D' Freeman.
Provenance : Amérique tropicale.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d’une couleur
rougeâtre à rouge brun (Aublet), d'un grain fin et compact.
Surface luisante. Nuance de la coupe transversale beaucoup
plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,950. Dureté, celle du
Teck. Odeur et saveur faibles ou nulles.
Caractères de l'écorce, — Écorce, 4 à 6 mm. d'épaisseur
k.
106 H. STONE
environ, brune, légèrement gercée, tombant en plaques ; des
fibres très rudes intérieurement.
Épaisse, rougeàtre, ridée, gercée (Aublet).
Rougeûtre, résineuse, aromatique (Peckolt).
Caractères du bois. — Aubier et moelle inconnus.
Section transversale. — La même que celle de l'espèce pré-
cédente, sauf que le parenchyme est rare et entoure (?) les
vaisseaux.
Section radiale. — Vaisseaux plutôt fins, par rapport à
ceux de l’autre espèce, remplis d’une gomme ou résine rouge
ou d’une matière blanche. Rayons juste visibles, rougeûtres.
Sur la coupe fraiche, les vaisseaux laissent exsuder un suc
cramoisi qui, en se desséchant, forme des perles brillantes,
réfléchissant la lumière.
Ce bois diffère un peu de celui décrit par Moeller, qui
indique : Vaisseaux unis par le parenchyme; toutes les mem-
branes cellulaires colorées en jaune ; section transv. cornée.
Cette description conviendrait plutôt à 907 A.
Emplois. — Barriques à sucre (Moeller).
Plutôt dur à travailler, se fend et ne prend pas les clous.
Éch. type: 86,2712, Bell., Nordlinger; section transv. (synonyme :
Myrodendron).
Icones lignorum, pl. 72, fig. I.
Références : Bell., p. 10; McTurk, p. #4; Aublet, p. 564; Moeller,
p. 519.
Humiria guianensis Bth., n° 907 C.
Sagot, p. 115 ; Bois rouge tisane, selon Melinon. (Voir 907 A.)
Humiria sp. (non déterminé), n° 907 D.
Hoorihee (Bell.), Hoorihea (Hawtayne).
L'échantillon a été déterminé, d'après les feuilles et les
fruits, par le D' Freeman.
Caractères généraux. — Bois lourd et dur, d'une couleur
brun marron à brun chocolat, uniforme, à pores remplis d'une
matière blanche, bien visible sur toutes les sections. Surface
un peu luisante, fonçant un peu à l'air. Nuance de la coupe
transversale plus foncée que celle des autres sections.
n
1
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 107
Caractères physiques. — Densité, 0,886. Dureté, celle du
Charme. Odeur et saveur nulles.
Caractères de l'écorce. — Ecorce de 3 à # mm. d'épaisseur
environ, coriace, lisse, tombant en feuilles ; intérieurement
grenue, s'émiettant. Sur la surface intérieure on voit les em-
preintes des rayons.
Structure du bois. — L'aubier n'est pas différencié du
cœur, le bois externe étant presque aussi foncé.
Moelle ?
Section transversale. — Couches mal définies, les zones
claires et foncées ne les indiquant pas suffisamment.
Vaisseaux visibles par leur contenu blanc, petits, ne dimi-
nuant pas de grandeur vers le bord de la couche, mais aug-
mentant beaucoup avec l’âge de l'arbre ; distribués régulière-
ment ; en apparence serrés ; simples, ou quelquefois par paires.
Rayons à peine visibles à la loupe, tres fins, uniformes,
réguliers, à intervalles beaucoup plus grands que le diamètre
d'un gros vaisseau; sinueux. |
Parenchyme ? Un fragment d’échantillon présente vague-
ment des indications de lignes concentriques, mais que je n’ai
pas retrouvées ailleurs.
Section radiale. — Vaisseaux fins, striés blanc de chaux,
quelquefois assez abondants et très apparents. Rayons fins,
semi-transparents, juste visibles par réflexion.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
sont visibles seulement au microscope, car ils sont très petits.
Emploi. — Très facile à travailler et prend bien les clous.
Facilement obtenu jusqu’à 10 m. sur 30 em. d'équarissage
(Bell.).
Éch. type : 36,2962, Bell.
Références : Hawtayne, p. 388; Stone et Fr., p. 36.
Bois rouge tisane, n° 907 E.
Sagot, p. 226.
Clef des espèces d'Humiria.
l Densité, 0,818 ou même plus.
108 H. STONE
1,1 Parenchyme avec nombreuses lignes concentriques.
H. floribunda 907 A.
1,2 Lignes de Parenchyme quelquefois développées,
mais toujours obscures.
1,2,1 Les pores suintent quand le bois est fraichement
coupé. H. balsamifera 907 B.
1,2,2 Les pores ne suintent pas. Humiria sp. 907 D.
2 Bois léger, de densité 0,496 environ. Cacao grand
bois de Dumonteil., {Voir 907 A.)
FAMILLE XXXVIIT. — MALPIGHIACÉES
La
TRIBU I. — MALPIGHIÉES
LA
Byrsonima spicata Rich. (DC.), (non Poepp.), n° 910 A.
Synonyme : Malpighia altissima Jacq. (non Aublet).
Noms vulgaires : Bois tan (terme gén.), Merisier doré
(Schomburgk). Hitchia (Bell.). Pigeons-berry, Itchia(Rodway).
Surelte (Grisebach). Surette des grands bois, Cereza del monte
(Trinité), d'après Boulger. Moricypre (t. gén.), Shoemakers
bark (Catal. Kew.). Bois dysentérique, Bois de Tani(Gd. En-
cyc.), Maricao (Ant., Urban). Mauricif {t. gén., Duss). Pao
de cortume (Peckolt). Mauricie, Moureiller (Guatem., Luers-
sen). Mourresif {Catal. Exp. Chic.). Bois canne (Guad., Nie-
derlein).
L'échantillon 2690 a été déterminé d'après les feuilles et les
fruits par le D' Freeman.
Provenance : Am. trop. Antilles.
Caractères généraux. — Bois n1 trop lourd, n1 trop dur,
d'une couleur brun noisette, clair, uniforme. Surface un peu
mate ; fonce légèrement à l’air ; grain fin. Nuance de la sec-
tion transversale plus foncée que celle des autres coupes.
Caractères physiques. — Densité, 0,804. Dureté, celle du
Charme. Odeur, à sec, nulle. Saveur légèrement aromatique.
Caractères de l'écorce. — Écorce de 5 à 6 mm. d'épaisseur
environ, lisse, et d’une couleur de terre cuite là où l’épiderme
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 109
a été interrompu ; pleine de sclérites blancs. Surface de la
bûche finement ridée.
Structure du bois. — L'aubier n'est pas différencié du cœur,
Moelle ? î
Section transversale. — Couches assez bien délimitées, si
on les regarde à la loupe. Limites formées par des zones ayant
des vaisseaux de grandeurs diverses,
Vaisseaux à peines visibles, ressemblant à des piqüres :
moyens, diminuant quelque peu vers le bord extérieur ; régu-
lièrement distribués ; assez serrés ; simples, par paires ou par
groupes de 3 à #. Point de gomme ni de matière blanche.
Rayons plutôt grands, uniformes, réguliers, laissant entre
eux des intervalles égaux au diamètre d'un gros vaisseau et
s écartant légèrement au niveau des vaisseaux.
Parenchyme d en cellules isolées.
Section radiale. — Vaisseaux très fins (pas de gomme rouge).
Rayons très étroits et peu apparents.
Emplois. — Très bon pour constructions ; facilement obtenu
Jusqu'à 10 à 12 mètres sur 17 à 22 cm. d'équarrissage (Bell).
Facile à travailler ; se fend facilement, mais ne prend pas
les clous. Se prête mal au polissage.
Ech. type : 34.2690, Bell.
Références : Bell, p. 7 ; Stone et Fr., p. 34.
Byrsonima altissima DC., n° 910 B.
Synonymes : B. densa H. B. et K. (non DC. N'est pas cité
. dans l'index).
Malpighia altissima Aubl. (non Jacq.).
Aublet, p. #55 : Moureila (Galibis). Ecorce épaisse roussâtre, ridée
garcée. Bois rougeâtre, dur, compact.
Sagot, p. 913 : B. densa. Bois rougeàtre ayant peu de dureté, et sans
aucune qualité ; peut-être le Grignon fou des Chantiers; Moureila.
De Lanessan, p. 143: B. densa H, B. et K.; Synonyme; Malpighia
altissima Aubl. Rougeëtre, mou, sans valeur.
Il me semble que tous les synonymes ont dû amener une
certaine confusion, car Aublet indique « Bois dur et compact»,
110 H. STONE
tandis que Sagot et de Lanessan expriment une opinion con-
traire.
Byrsonima densa DC. (non H.B.et K.), n° 910 C.
Synonyme : Malpighia densa Por.
Byrsonima crassifolia DC. (non H.B.et K.), n° 910 D.
Synonymes: Malpighia Moureila Aubl. : Byrsonima Mou-
reila Loud.
Aublet, p. 457 : Moureila (Galibis). Ecorce roussâtre, ridée, gercée.
Bois rougeûtre.
Grisard, 4892, I, p. 593: Yaca, Nanci (Colombie) ; Peralejo (Cuba) ;
Moureiller de montagne. Bois quinquina des savanes (Guad.); Chaparro
manteco (Vénéz.). Bois assez dur et compact, peu employé ; l'écorce
fournit le Nance-bark des Pharmaciens ; astringente.
Pittier, p. 107: B. crassifolia H. B.et K., Nance, Merdiera (Esp.).
No 910 E. (Espèce non déterminée.)
Kokeeru (Bell). La structure du bois de cette espèce res-
semble à celle de Byrsonima spicata, n° 910 A.Caractère très
rare : la couleur de l’aubier est aussi foncée que celle du cœur.
Je crois que c'est bien ici que doit se placer la description de
ce bois.
L'arbre est de petites dimensions et rabougri (Bell).
Caractères généraux. — Bois lourd, dur, compact, d'une cou-
leur brun noisette, uniforme ; grain fin, surface luisante, Fonce
un peu à l'air.
Caractères physiques. — Densité, 0,897. Dureté, celle du
Bois de lance. Odeur et saveur nulles.
Caractères de l'écorce. — Inconnus. Surface de la büûche
ridée.
Structure du bois. — L'aubier n’est pas différencié du cœur,
tout le bois étant de la même couleur foncée.
Moelle ?
Section transversale. — Pareille à celle du B. spicata, sauf
les différences suivantes :
Couches non marquées. Vaisseaux à peine visibles, ceux
remplis de matière blanche étant plus distincts ; de grandeurs
2
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE i11
diverses. Distribués régulièrement, presque tous simples. Les
plus grands sont remplis de matière blanc de chaux ; les petits,
d'une gomme ou résine rouge.
Rayons visibles à la loupe, rouges.
Section radiale. — Vaisseaux fins, sillonnés de perles rouges
minuscules. Rayons très étroits, mais très apparents à cause
de leur couleur rouge.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais sans mailles.
Rayons visibles seulement au microscope; hauteur de Ü mm.28
environ.
Emplois, — Jantes de roues. Très dur à travailler, se fend
facilement.
Ech. type : 472.703 Bell.
Références : Stone et Fr., p. 49.
Clef des espèces précédentes.
1 Bois rougeûtre :
1,1 Bois dur : B. altissima (B), et B. crassifolia (D).
1, 2 Bois mou : les epèces de Sagot et de Lanessan.
2 Bois brun noisette :
2,1 Vaisseaux remplis de matières blanches et rouges.
Mailles très apparentes, rouges. Xokeeru, 910 E.
2, 2 Vaisseaux sans matière blanche ou rouge. Mailles peu
apparentes. B. spicata, 910 A.
Malpighia punicifolia L., n° 911.
Barrère, p. 72: Malpighia fructu cerasino suleato.
Préfontaine, p. 166 : Cerisier cannelé; Achvoulou (Caraïbes). L'Ibipi-
tanga de Marcgralf.
Ce n'est pas l'Ibiripitanga de Maregraff, qui, d'après Guibourt, IT,
p. 339, doit être le Bois de Brésil, Cæsalpinia echinata.
Aublet, p. 462 : Malpighia punicifolia ; Moureiller lisse,
Dans ce cas, l’auteur ne cite pas Barrère comme il en a l'habitude,
Miers, ms. : Ibipitanga, Moureiller des Antilles, Achyoulou des
Caraïbes ; bois blanc, léger et cassant,.
Lanessan, p. 461 : Cerisier (Martinique) ; bois de petites dimensions
bon pour la marqueterie. Le même, p. 450: Son écorce sert à tanner et
à teindre en rouge,
112 H, STONE
FAMILLE XLI == 'RUTACEÉES
TRIBU V. — ZANTHOXYLÉES
Zanthoxylum Clava-Herculis Lin. (non DC., ni Lam. ni
Lour). N° 1067 A.
Synonymie : Z. caribeum Lamk. (non Gaertn., d'après
Bth. et Hook).
Noms vulgaires : Clavalier des Antilles (Musée Col. Mars.).
Bois jaune des Antilles, Bois épineux jaune (Ant.), Cay-muong-
trouong (Coch.), Bois manche-houe (Guad.), Bois piquant
(Guy.), Prickly Yellow-wood (Jam.), Palo mulato hoja larga
(Mexiq.), Yellow Sanders (Trinité), Mapurito, Espin de bobo
(Esp.), d'après Grisard. Pini jaune, Epineux jaune, Bois
jaune (Guad., Niederlein). Geel Steckel boom (Icones ligno-
rum).
Provenance : Am. trop. Caraïbes.
Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une
dureté moyenne, d’une couleur de pain bis à jaune clair, qui
fonce jusqu’au brun doré. Surface légèrement satinée ; grain fin
etondulé. Ce bois ressemble beaucoup au Satiné jaune (Z. fla-
vum, 1067 D.), mais il n’a pas l'odeur de l'huile de coco.
Nuance de la coupe transversale beaucoup plus foncée que
celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,430 à 0,540. Dureté,
celle de l'Aune. Odeur faible et désagréable ; saveur nulle.
Solutions incolores.
Caractères de l'écorce (Ech. n° 84, Guy., Musée col.
Mars.).
externe grenue, fibreuse ; celle de la couche interne fibreuse.
Écorce d'une couleur jaune vif. Cassure de la couche
Surface intérieure incrustée d'une gomme jaune ; surface exté-
rieure munie de fortes épines plates et crochues, à base strati-
fiée. Jeune, l'écorce est unie, épaisse de 1 mm. environ, en
couches très minces, visibles à la loupe. Vieille, elle est com-
posée de trois couches: celle de l'intérieur fibreuse, brune ;
celle du milieu ligneuse, noire, et celle de l'extérieur formée
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 113
D'après Guibourt, cette écorce à plusieurs traits de ressem-
blance avec la véritable angusture ; elle est mince, pourvue
d’une odeur semblable, et elle offre une saveur amère très désa-
gréable, qui laisse une impression d'âcreté au bout de la
- langue et qui porte à la salivation. Elle s'en distingue facile-
- ment cependant parce qu'elle est d'un jaune serin et qu'elle
colore la salive en jaune ; enfin elle est formée à l'intérieur de
. lames fibreuses qui l’empêchent de casser net.
% Structure du bois. — L'aubier n'est pas différencié du
Ÿ cœur.
» 5 = : > ct
, Section transversale, — Couches bien marquées ; limites
. indiquées par un changement de densité.
4 Vaisseaux à peine visibles : diamètre de Ü mm. ! à Ü mm. 2,
très réguhèrement distribués, un peu plus nombreux cepen-
dant dans l'intérieur de la couche ; simples pour la plupart,
mais beaucoup de paires et quelques groupes de 3 ; vides; 6 à
20 par mm.q.
Rayons se voyant très bien à la loupe, et à peine à l'œil nu;
fins, irréguliers, à intervalles qui varient du diamètre d’un gros
vaisseau au double de cette largeur; 3 à 5 par mm.; rou-
geàâtres.
Parenchyme à en très petite quantité ; entoure les vais-
seaux.
Section radiale. — Couches à peine indiquées par des lignes
minces. Vaisseaux rougeâtres visibles à la loupe. Rayons très
visibles, surtout sur le bois qui a foncé à l'air.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
sont visibles seulement à la loupe.
Emploi. — Construction ; ébénisterie. L'écorce sert pour la
DL Le oi Rés eo di Ch io ti ns « vi
teinture en jaune, et, en médecine, comme tonique et fébri-
fuge, d'après Grisard.
Sagot : Peu abondant en Guyane française.
Ech. type : Musée Colonial de Marsseille, n° 84 de la Guyane; Musée
de Lyon, n° 1438, série IT.
Références : Icones lignorum, pl. LXXXII, fig, 1; Kraemer fig. 238
Le) [ Le)
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4: vol, 1916, S
$
à
J
,,
x,
114 H. STONF
(coupe de l'écorce) ; Planchon, p. 152 ; Grisard, 1892, II, p. 290; Sagot,
Catal., XII, p. 207; Guibourt, III, p. 557,
Zanthoxylum hermaphroditum Willd., n° 1067 B.
Synonyme : Fagara pentandra Aubl.
Aublet, p. 78: Cacatier (Galibis). Poivre des nègres, Ecorce grisâtre
chargée d’épines. Bois blanc, dur, compact.
Niederlein, p. 5 : Epineux blanc (Guad.),
Icones lignorum, pl. 68, fig. 8: Kaka. (Fig. en couleur fauve rayé).
Mais est-ce bien cette espèce ?
Zanthoxylum rhoïfolium Lamk., n° 1067 C.
Synonyme : Z. Perrotetü DC.
Sagot, Catal., XIT, p. 207 : Synonyme Z. caribaeum Herb. Juss.
L'Index Kewensis donne deux Z. caribaeum : un de Lamk., qui est la
bonne espèce, et l'autre de Gaertner, qui est synonyme de Z. ameri-
canum Mill.
Zanthoxylum flavum Vahl., n° 1067 D.
Satiné jaune ; Noyer de la Martinique (Musée de Lyon).
Je ne sais si ce bois est indigène, mais le Musée Colonial
de Marseille possède un échantillon qui proviendrait de la
Guyane.
Bois dur, lourd, légèrement huileux au toucher, d’une couleur
jaune uniforme et d'une odeur caractéristique, celle de l'huile
de coco. (Voir Stone, T. of C., p. 23, pl.11, fig. 16.) C'est le
West Indian Satin-wood des Anglais et peut-être le Clairem-
bourg de Roubo, p. 769, le Nover de la Guadeloupe d'après
Fenille, le Hispanille de Cayenned’après Guibourt, mais pro-
venant probablement des Antilles.
Ech, type: n° 84, Musée de Marseille (Guyane) ; Musée de Lyon, série
II, n°143.
No 1607 E.
Bois citron, Bois de rose, Bois Jaune aux Iles, d'après Pré-
fontaine : odeur légère de rose ; employé pour fourches et
poteaux fixés en terre. Peut-être est-ce un Zanthoxylum,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 115
mais ce n'est sûrement pas le Bois de rose n° 6200, qui est
impropre à de tels usages.
TRIBU VII — AURANTIÉES
Citrus Aurantium Lin., n° 1102 A.
Synonyme : €. vulgaris Risso.
Noms vulgaires: Bois d'oranger, Naranga, Narango, Na-
ranga dulce (Castell.), Taronges (catalan, Willkomm). Laran-
jeira (port. Coutinho). Larangeira doce (Brésil, Miers). Djeroeh,
Djeerook, Limon manie (N. Java, Miquel). China orange
(Barb.), Arancio, Cedro arancio(Petrocchi). Pomeranze (Nem-
nich). Anani (Tahiti, de Cordemoy). Feruk manis (Blum).Oran-
ger, Agrume (terme général, en Italie, pour tout arbre de ce-
genre d'après Rolland). Chinones (Duchesne).. Boenga tadjong
Malaisie), Sengkam (Chine), Sirikaya (termegén. Java M.R.
voir 108 G), Kam-se (Ch. Borneo), Kam-tjieh (Chine), Lemo
manis besaar, Lemo tjina (Malaisie, Filet). Cam-tien (Annam,
Narung (Arabie), Kranch poursat (Cambodge. Grisard).
Larangi (Malgache, Heckel). Orange-wood (Angl.). Iloshi
(Gabon: Jardin).
Provenance : Chine. Cultivé dans tous les pays tropicaux
et sous-tropicaux.
Caractères généraux. — Bois lourd, dur et compact, d'une
couleur citron ou jaune clair.
La couleur jaune devient blanche en peu de temps, d'après
Rousselet. |
D'après Fenille, la couleur ressemble à la teinte que produi-
rait de l'encre délayée dans beaucoup d’eau et répandue sur du
bois-blanc.
Surface unie, luisante, se salissant difficilement : fonce un
peu à l'air. Grain fin et dense comme celui du Buis. Nuance
de la coupe transversale beaucoup plus foncée que celle des
autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,764à 924. Dureté, celle
du Palissandre. Odeur à sec nulle.
Odorant, d'après Duchesne, Inodore d'après Lanessan,
" : Rs 5 7
116 H. STONE
Odeur suave quand il est fraîchement coupé, d'après Rous-
sillet.
Saveur nulle, Solutions incolores. Brülant bien avec beau-
coup de flamme.
Cassure longue et fibreuse d'après Grisard,
Caractères de l'écorce. — Kcorce très mince, de 1 mm.
d'épaisseur environ, fortement adhérente, lisse ou légèrement
ridée et gercée. Epiderme variant du brun doré au brun foncé,
tacheté de petits points jaunes. La couche jaune de l’intérieur
apparaità travers les gerçures. La coupe transversale présente
des rayons visibles à la loupe.
Structure du bois. L'aubier n’est pas différent du cœur.
Moelle. — Tri-lobée.
Section transversale, — La limite des couches est indiquée
par la différence de densite des zones. 4
Vaisseaux visibles à la loupe, plutôt petits, mais variables,
pouvant atteindre Jusqu'à 0 mm. O8 ; isolés ou par groupes
radiaux de 1 à 4 peu nombreux, 10 à 90 par mmq. D’après
Moeller, ils sont moins nombreux que dans le Citrus medica.
Rayons visibles à la loupe, uniformes, à intervallesréguliers
égaux au diamètre d’un vaisseau ;6 à 9 par mm. ; légèrement
ondulés: blancs.
Parenchyme a visible à la loupe, entourant les vaisseaux,
et les unissant çà et là ; et P. b visible à l'œil nu, en étroites
lignes blanches concentriques et continues, un peu plus larges
que les rayons; intervalles irréguliers ; # à 8 par mm. En coupe
transparente, d’après Moeller, le parenchyme est peu visible
au microscope à cause de la similitude entre les cellules et les
fibres ligneuses.
Section radiale. — Limites des couches visibles à la loupe.
Vaisseaux fins, sillons mats. Rayons blanes, à peine visibles,
mais ils donnent à la coupe une nuänce plus claire.
Section tangentielle, — Comme la radiale, mais les rayons
minuscules ont de 1 à 3 rangées de cellules, d’après Moeller.
Le parenchyme se présente en lacets ou en lignes formant
alternativement des angles saillants et rentrants; peu visible.
Emploi. — Très beau bois pour ébénisterie, marqueterie,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 117
. tabletterie, D'après Grisard, il est exporté d'Algérie sous le
nom de « Baguettes d'Algérie » pour faire des cannes et des
manches de parapluies.
Il perd vite son polissage, d'après Rousselet,
Ech. type: 1576 de Hough et sa section n° 103. Section de Noerdlinger.
Icon lignorum: PI. 27, 47 et 68, en couleur.
Références : Descourtilz, V, p. 160; Roussell, [, 309 ; de Lanessan,
p. 196 ; Grisard, 1891, p. 88; Moeller, p. 279 ; Aublet, p. 780.
Citrus limonum Risso et medica Lin., n°° 1102 B et C.
Noms vulgaires : Bois de citronnier; Cidreira (port. d'après
Coutinno). Toronja, Cedra, Ponciles, Limoniera, Limon agrio
(esp. d'après Arechavaleta). Cedro, Cedrero (castil.). Pon-
cerner, Ponciller (catalan, d’après Willkomm). Oesse ala
(Banda) ; Oessi wale (Ambon d'après Filet, Voamandina,
Voasary, Voasarimandina (malgache d'après Dandouau).
Limon de Florida {Costa-Rica d’après Pittier). Feruk assim
(Batavia, d’après Blume). Taporo .(Poroi), Tapora (Tahiti,
d’après Jouan). Cedro comune, Cedro limone (italien, d'après
Petrocchi). Lima (Van Eeden |. Citronnier des halles {Descour-
ülz). Limonier, Limao; Zitrone (Rolland). Lemmetje, Citroer,
Limo karbouw (Surinam, d'après Pulle). Citronnier vrai, Citr.
des juifs ; Cédratier (France) ; Citron ! (Angl.); Utrez (Arabie),
Béjoura, Bejouree (Hindou), Cedro (Italie), Turcre (Pers.),
Boeja poora (sanscrit) Trendj (Tunisie, d'après Grisard).
agha (Gabon d'après Jardin).
Ces noms doivent être acceptés sous réserves, car la syno-
nymie est très compliquée et les variétés cultivées sont très
nombreuses. Le nom italien Cedro est souvent appliqué au
Cèdre, surtout quand il s'agit du bois. Le citron, ou lignum
citrinum, des anciens est le Callitris quadrivalvis. Le citron
de la Guyane de Roubo qui ressemble au Santal est évidem-
ment une autre espèce : celui des Anglais est le Cédratier.
Caractères généraur. — Mêmes caractères que ceux de l'es-
pèce précédente quoique j'aie cru trouver quelques différences,
que je cite sous toutes réserves,
118 H. STONE
Caractères physiques. — Densité, 0,730 à 0,798. On dit sou-
vent « odeur agréable », mais c'est l'écorce fraîche qui est :
odorante, non le bois.
Caractères de l'écorce. Ecorce vert pâle (Descourtilz).
Section transversale du bois. — Nuance aussi claire, sinon
plus, que celle des autres coupes, à cause de l'abondance du
parenchyme blanc, dont les lignes isolées sont visibles seu-
lement à la loupe. Couches très nettes.
Section verticale. — En général, les vaisseaux sont plus
luisants que dans l'espèce précédente et contiennent de la
gomme brun Jaunâtre ; de même les limites des couches sont
plus visibles à cause de leurs anneaux de vaisseaux. Les rayons
donnent à la coupe une nuance plus foncée.
Emplois. — Comme l'espèce précédente.
Ech. type : 1592 el 0471 Hough et sa section, n° 105. La section de
Noerdlinger.
Références : Icones lignorum, pl. 27, 64, 67, 68, en couleur. Fogli,
p. 61 ; Descourtilz, V, p. 31 ; Moeller, p. 279 ; Aublet, p. 780.
FAMILLE XLII. — SIMARUBACÉES
TRIBU I. — SIMARUBÉES
Bois amers, n° 1106.
Quoiqu'il y ait trois arbres voisins quidonnent un bois amer,
je ne crois pas que, dans la pratique, ils soient confondus. Ce
sont :
Le Quassia amara des pharmaciens et de Linné, qui est un
arbrisseau ;
Le Simaruba, ou Simaruba amara Aubl. (non Hayne), qui
est aussi le Picræna officinalis Lindl., et qui est un grand
arbre avec une écorce médicinale amère, tandis que le bois n'a.
qu'une faible amertume etn'’est employé dans la médecine que
comme falsification du vrai bois :
Enfin le Picræna excelsa Tindl., qui est un arbre de taille
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 119
moyenne d'un bois extrêmement amer, aujourd'huiadmis dans
la pharmacopée et employé aussi comme insecticide.
La synonymie est très embrouillée et la plupart des syno-
nymes ne se trouvent pas dans l’Zndex Kewensis. Le Picræna
est regardé depuis 1809 comme le vrai Quassia en Angleterre
où il est ordinairement préféré au Quassia amara.
Clef des bois amers.
L Couleur blanchâtre fonçant un peu à l'air.
1,1. Saveur amère, persistante, intense, Ecorce adhé-
rente. Rayons de 2 à 5 rangées de cellules
(Krämer). Densité, 0,532 à 0,769. Picræna
excelsa, n° 1120,
1-2. Saveur amère, mais non intense, disparaissant
avec letemps. Densité, 0,403 à 0,480. Simaruba
amara, n° 1110.
2: Couleur blanchâtre un peu fauve, qui fonce à l'air,
et devient brun doréelair. Saveur intense. Ecorce
se détachant sous forme de gaines. Rayons de 1
à 2 rangées de cellules (Krämer). Densité, 0,450
environ, Quassia amara, n°1106.
Quassia amara Lin., n°1106.
Le véritable Quassie de Surinam.
Noms vulgaires: Lignum Quassiæ Surinamensis. Jamaica-
holz (Henkel). Surinam Quassia (Holmes). Fliegenholz (Wies-
ner). Hombre grande, Guabo {Costa-Rica, vernaculaire Chiri-
qui, d'après Pittier. Coachi (terme gén. Geoffroy). Bois de
Frêne : Bois d’absinthe ou du Petit Frêne (Antilles) ; Quina
de Cayenne (Guyane): Kwassi (Surinam, d'après Grisard).
Bois de Quassie. Bois amer, Bois de Surinam, Quassia verum
(Planchon).
Provenance : Amérique tropicale, Antilles, Guyane.
Caractères généraur. — Bois mou et léger, d'une grande
amertume ; couleur blanche un peu fauve, fonçant à l’air el
devenant d'un brun-clair doré très joli. Nuance de la coupe
120 1H, STONE
transversale un peu plus foncée que celle des autres sections.
Surface brillante.
Caractères physiques. — Densité, 0,450. Dureté, celle de
l’'Aune. Légère odeur d'huile de coco, surtout quand le bois
esthumide. Solution aqueuse couleur paille claire « légèrement
fluorescente », d'après Ballon. Pas de réaction avec le chlorure
de fer ‘Henkel),
Le bois brûle bien doucement, sans arome spécial ; 1] laisse
exsuder par la chaleur un suc rougeâtre ou brun. Ne se fend
pas et se coupe bien dans tous les sens.
Caractères de l'écorce. — Echantillon du Musée de Marseille,
n° 36, Antilles. Ecorce détachée en gaine, lisse, légèrement
ridée en dehors, et présentant une couche épaisse, très molle,
très fibreuse, argentée, en dedans; épaisseur de 4 à 6 mm. La
couleur de l'écorce est ordinairement très noire ; mais bien
lavée, elle devient d'un brun clair. Les fibres blanches prennent
souvent une couleur bleu gris caractéristique. La surface de la
bâche {ou tige) est finement striée, et elle présente à la loupe
un effet moiré dû aux rayons.
Planchon indique l'écorce comme recouverte d'une partie
scléreuse blanchâtre, tantôt mate, tantôt micacée. Quand cette
couche manque, on voit la couche sous-jacente qui forme des
taches de couleur gris noirâtre. La face interne grisâtre est
mélangée de taches longitudinales d'un bleu noirâtre, dues à
une Cryptogame. La cassure est grossièrement fibreuse dans
la partie interne. Epaisseur de 1 à 2 mm. La section transver-
sale présente une ligne jaune brun très évidente, formée d'une
série non interrompue decellules pierreuses, quisépare l'écorce
en deux parties égales : uneintérieure fibreuse, présentant les :
rayons ; et l’externe subéreuse est pleine de sclérites.
Structure du bois. — L'aubier n’est pas différent du cœur.
Moelle ?
Section transversale, — Couches en apparence limitées ;
voir Parenchyme.
Vaisseaux visibles comme de petites piqüres, grands,
diminuant en diamètre et en nombre vers l'extérieur de la
couche ; simples ou par groupes de 2 à 3, rarement #, radia-
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 121
lement subdivisés : quelquefois un anneau de vaisseaux for-
tementinterrompu. Vaisseaux peunombreux,2 à 10 parmm. q. ;
fortementisolés ; souvent remplis d'une gomme rouge ; parais-
sant être attachés aux rayons.
Rayons à peine visibles quand ils sont humectés ; fins, uni-
formes, 5 à 7 par mm., de 1 à 2 rangées de cellules, sinueux
et s'écartant légèrement quand ils rencontrent les vaisseaux
(Krämer).
Parenchyme à visible, même sur une coupe faite à la scie;
abondant, entourant les vaisseaux et s'étendant en forme
d'ailes qui, en s'unissant, forment des lignes et même des cer-
cles concentriques entiers ; intervalles irréguliers de 4 à 2 mm.
ou 8 par em. environ, avec, entre eux, des lignes fragmen-
taires ; une à quatre fois plus larges que les rayons; non blancs,
mais plus clairs que les fibres du fond.
Planchon dit que les lignes ne sont visibles qu'à la loupe.
Or le parenchyme est toujours très variable.
Section radiale. — Surface brillante, soyeuse. Couches peu
apparentes. Vaisseaux juste visibles, comme de fins sillons,
avec des perles çà et là. Rayons visibles par réflexion lorsque
le bois est fraîchement coupé ; s'il a foncé à l'air, ils sont bien
visibles à l'œil nu. Parenchyme visible à la loupe comme des
lignes blanchâtres.
Section fangentielle. — Moins brillante que la radiale, et
néanmoins luisante. Les ravons, étant radialement parallèles,
et, d'autre part, verlicalement superposés, produisent un effet
moiré, malgré leur minceur.
Emplois. — Médicinal, tonique, fébrifuge ; devenu rare et
remplacé dans la pharmacopée française par le Picræna. Peu
prescrit, sauf d'après Baïllon, sous forme de gobelets amers,
mais je pense qu'il s'agit plutôt du Picræna, le vrai Quassia
étant rarement assez gros pour qu'on puisse y tailler des
tasses.
Ech. {ype: N° 99, Musée Colonial de Marseille, vitr. Guyane ; don de
l'Ecole de Médecine de Marseille,
Icon: Krämer, p. 544. Sect. transv.(Surinam et Jamaïque) et fig. 239,
d'après Meyer, Boquillon, pl. IT,
122 H. STONE
Références : Descourtilz, I, p. 23, Planchon etC., II, p. 78; description
très complète. Boquillon,p. 37, descr. micros. mais copiée de Planchon
en grande partie, Sagot, Catal., XIT, p. 207, Vair aussi Références aux
n° 1110 et 1120,
Simaruba amara Aubl. (non Hayne), n° 1110.
Synonymes : $. quyanensis Rich.: S. officinalis DC. (non
Mac Fad) ; Picræna officinalis. Lindl.; Quassia Simaruba Lin.
fils (non Blanco).
Cette espèce a beaucoup d'analogie avec les n° 1106 et 1120.
Noms vulgaires : Simaruba (Bell). Acajou blanc (Guad.,
d'après VWiesner). Bitter-wood, Bitter Ash, Bitter Esche,
Mountain Damson, Stavewood Jamaïque, d'après Brown).
Marupauba (Brésil d'après Huber). Pao Pomba, Aruba, Maruba
(Guy. Angl. ; Amaz.), Gall-tree (Barb., d’après Lindley).
Walkara (Surinam, Brewer). Arbore de las camaras, Macre
(Brahman, d'après Descourtilz). Bois blanc (Martin, d’après
Duss). Chipiou ? (Préfontaine). Bois de Cayan (Grisard).
Simaruba de la Jamaïque, le Simaruba amara de Hayne
(Baïllon). Ce dernier est le Q. amara, mais comme Baillon
dit que l'écorce seule est employée en médecine, il est évident
qu'il s'agit de l'espèce présente.
L'écorce s'appelle écorce de Macre ou de Macer (Régis).
D'après la description de l'écorce par Aublet, il y a tout
lieu de croire que cet auteur veut parler du Picræna.
Le Chipou de Préfontaine doit être Bursera 1155 A.
Provenance. — Amérique tropicale, Antilles, Guyane.
L'échantillon 2936 a été déterminé d'après les feuilles et
les fruits par le D' Freeman.
Caractères généraux. — Bois léger et mou, d'une saveur
amère quand il n'est pas tropsec, et d'une couleur blanclaiteux.
Surface luisante, fonçant peut-être un peu à l'air, mais très
légèrement. Nuance de la coupe transversale plus foncée
(mais plus mate) que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,432 à 0,480 et 0,403,
d’après Dumonteil ; force, 96 ; élasticité, 156 : flexibilité, 3,74,
Dureté, celle du Cèdre à crayons.
Frais, très mauvaise odeur ; sec, sans odeur,
,
|
|
:
;
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 123
Saveur moins intense que celle du Picræna et du Quassia :
dans les vieux échantillons, la saveur est pour ainsi dire
nulle.
Solutions incolores.
Caractères de l'écorce. — Ecorce de 4 à 5 mm. environ ; exté-
rieur gris argenté, intérieur Jaune. Les rayons, convergeant en
pinceau et aussi durs que le bois, sont bien visibles en section
transversale.
Ecorce lisse, grisâtre, d'après Aublet.
Ecorce (d'après Planchon, cité par Boquillon ; mais est-ce
l'écorce des racines?) grisâtre, face externe fibreuse, couverte
d'une couche subéreuse de couleur blanc jaunâtre, légèrement
marquée de petits mamelons verruqueux et de lignes saiïllantes
transversales assez régulières, à intervalles de ! à2 em. Couche
sous-jacente de couleur fauve foncé. La face interne est com-
posée de fibres très plates, qui seséparent facilement et donnent
une surface fibreuse très grossière. Dans le sens dela longueur,
elle se déchire en fragments irréguliers, et il est impossible
de la couper transversalement. Une zone interne striée occupe
les trois quarts de l'écorce, parcourue par les rayons: les
couches externes sont granuleuses. Très amère, se pulvérise
difficilement.
Caractères du bois. L'aubier n’est pas différent du cœur.
Moelle ?
La structure du bois ressemble à celle de Quassia. (V. clef,
n° 1106.)
Section transversale. — Couches quelquefois délimitées ; un
anneau de petits vaisseaux très interrompus forme-t-il les
limites ?
Vaisseaux visibles, très grands, 0 mm. 36 ; peu de variation,
distribués régulièrement, en groupes de 2 pour la plupart, par-
fois 3, et pouvant aller jusqu'à 23; irrégulièrement subdivisés,
vides.
Rayonsblances, à peine visibles.
Parenchyme abondant: les lignes sont d'une plus grande
largeur que celle des rayons, mais elles sont absentes sur de
larges espaces. En coupe transparente, le parenchyme est im-
perceptible, quoique visible sur la surface du bois,
124 H. STONE
Section radiale, — Nuance plus claire que celle de la section
tangenlielle. Couches et parenchyme non marqués. Vaisseaux
très apparents, brunâtres, plutôt grossiers, mats. Rayons peu
apparents, mais bien visibles, étroits, brillants.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
sont à peine visibles, étant minuscules et étroits par rapport à
leur hauteur.
Emploi. — Construction (Brésil, d'après Miers) ; Tannage
(Saurellef}. Peut être obtenu jusqu'à 17 à 30 mètres sur 60cm.
d'équarrissage (Bell). Très bon pour cloisons ; se fend très
facilement en se desséchant (Laslett). Bon pour planches à
râper le manioc, (Aublet). Allumettes (Bull. Agr. Mart.).
D'après le père Labat, les viandes cuites avec ce bois sont
très amères. |
Quand on abat un arbre, Le suc (des racines ?) donne la gale
aux bûcherons (Préfontaine). À comparer le Cucuberanda,
Partie IT. |
Très commode à travailler, mais ne prend pas les clous
car il se fend très facilement ; polissage médiocre.
Éch. type: 80,2936 Bell. ; 0296 D, agric. Guy. Angl. ; 221, série I,
Lyon ; IT, Musée Colonial de Marseille (Guyane).
Icones lignorum: pl. 67 (pl. 65, fig. #, est-ce bien cette espèce ?)
Références : Bulletin agricole de la Martinique, janvier 1899. Préfon-
taine, p. 208 ; de Lanessan, p. 365 ; Baïllon, II, p. 873; Grisard, 1891,
IE, p. #33; Boquillon, IV, p. 59 ; descr. microsc. de l'écorce : Aublet,
p. 860 ; Dumonteil, 1823, IT, partie 2, p. 158 ; Laslett, p. 288; Miers M.
S. ; Stone et Fr., p. 81; Stone, T. of C., p. 27; Règne végétal, Il, 326.
Picræna excelsa Lindl., n° 1120.
Synonymes : Simaruba excelsa DC.; Picrasma excelsa
Planch.
Il y a beaucoup d'autres synonymes encore pour tous ces
bois amers, par exemple: Biftera febrifuga Bel. (Heckel) ;
Picrasma antillana Planc.; Picræna excelsa Gris. (Urban) ;
Quassia excelsa Sw. (Guibourt). Picræna excelsa R. Br. (Bail-
lon) et Simaruba (Sagot, Schwartz).
Noms vulgaires : Bitter Ash (terme général, îles danoises),
Peste à poux, Bois noyer, Graines vertes (Guad.); Bois amer
sr.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 125
(Martin.) ; Bitterwood (Barb. Urban). Quassia amara du
commerce mais non des pharmaciens ; Quassia amara R. Bn
(de Lanessan ; Mouillefert). Bois de Saint-Martin (Heckel).
Ecossier (Quassia excelsa Schw.); Bois de Suarinam Quassia
(Roussell). Bitteresche, Quinquina de Cayenne (Miers).
Kwassiehout, Gramman Kwassie (Berk.). Cassia lignea (Pe-
trocchi). Quassia (Fluckiger). Bois de Quassia de la Jamaïque ;
Bois de la Jamaïque, Lignum Quassiae novæ ; Lignum Quas-
sia jamaicense (Planc.). Coissi (nom ancien, Rodriguès).
Jamaica holz (Henkel). Quachi, Coache (Guyane française,
Bassières). Ligno de Surinam (Vargioni). Bois amer de Su-
rinam (Baillon). Simaobat (Guad., de Lanessan). Simarouba
mâle (Grisard).
Les échantillons types qui ont servi à la description sui-
vante ne sont pas déterminés systématiquement, mais se rap-
portent bien au bois qui est vendu pour insecticide. Ils pro-
viennent de grands arbres, non d'arbrisseaux, et je crois pou-
voir affirmer qu'ils sont de cette espèce. Il me semble que
c'est le même bois que celui de Schwartz « arbor trunco erec-
tissimum crassus », mais le bois de Dumonteil, dont la densité
est de 0,769, me parait trop lourd. Cependant, puisqu'il cite
le Simaruba à part, nous sommes forcés de l’accepter. Le bois
mentionné par Grisard, jaune, brillant et satiné, souvent par-
semé de tâches noirâtres sinueuses, d’une teinte obscure, était
probablement attaqué par un champignon. D'après Fluc-
kiger, le bois est souvent strié par un champignon en dessins
délicats.
Provenance. — Amérique tropicale, Antilles, Guyane.
Caractères yénéraur. — Bois léger et tendre, d'une cou-
leur blanc laiteux et d’une saveur très amère et très persis-
tante. La couleur peut varier du blanc jaunâtre à la couleur
citron. Surface satinée, très belle, fonçant un peu à l'air ;
grain plutôt fin, ouvert. La nuance des coupes est à peu près
la même,
Caractères physiques. — Densité, 0,532 à 556 ; 0,715 d'après
Lanessan,
Dumonteil donne comme densité de son bois amer 0,769 ;
126 H. STONE
comme force, 170 ; comme élasticité, 173 ; comme flexibilité,
2,63.
Dureté, celle de l'Aune. A sec, odeur nulle, Saveur beaucoup
plus amère que celle du Simaruba.
Solutions incolores. D'après Henkel, avec le perchlorure de
fer elle donne un précipité en flocons gris ou blancs.
La solution aqueuse a une belle fluorescence, d'après Fluc-
kiger.
Il brûle bien sans odeur spéciale.
Caractères de l'écorce. — Certains auteurs disent qu’elle est
fortement adhérente ; d'autres indiquent qu’elle se détache
facilement. À la vérité, elle est assez bien adhérente si on la
compare avec celle de vrais Quassia, qui se détache en fourreau,
mais elle n’est pas tenace comme celle de la plupart de nos
arbres indigènes. ;
D'après Baillon, l'écorce ressemble à celle du jeune tilleul ;
elle est presque lisse, de couleur gris terne, ou noirâtre ou
blanchâtre, fibreuse dans son épaisseur.
Striée longitudinalement, dit Grisard.
Gris cendré, tachetée de noir, fragile: se sépare facilement,
d’après Roussellet.
Fortement adhérente, dit Planchon.
Gris brun avec de larges bandes d'un noir brillant. La sec-
tion transversale présente une zone libreuse, blanche, qui
pénètre parfois presque dans l'intérieur de la tige lhigneuse.
Rayons très visibles à la loupe jusque près des couches péri-
phériques. Les cellules pierreuses si abondantes dans l'écorce
du Quassia de Surinam n'existent pas dans celle du Picræna,
(Planchon et Collin). |
Cendrée, blanc Jjaunâtre intérieurement, fibres tenaces
(Schwartz). Fortement adhérente, noir brunâtre d'après Henkel.
D'après un échantillon du Musée Colonial de Marseille, n°
de la Guyane :
Écorce épaisse de 2 à 4 mm. environ, gris jaunâtre,
presque lisse, fibreuse, tenace en dedans, mais non molle
comme dans le Quassia ; épiderme comme celui du Frêne.
Structure du bois. — L'aubier n'est pas différent du cœur.
es -
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 127
Moelle arrondie ou lobée, 2 à 4 mm. de diamètre, blanche
ou grisâtre ou brunâtre.
La structure du bois est la même que dans le Simaruba 1110,
à part quelques différences de faible importance :
Section transversale. —— Couches non délimitées, Voir
Parenchyme.
Vaisseaux bien apparents, plutôt petits, 0 mm. 13 de dia-
mètre, 4 à 24 par mm. q., par groupes de 3 à 11; ronds
quand ils sont simples.
Rayons, 6 à 8 par mm. ; plus denses que les fibres ligneuses
en coupe transparente ; la distance des intervalles est égale
au diamètre d’un gros vaisseau ; couleur blanche aussi claire
que celle du parenchyme. D'après Krämer, de 2 à 5 rangées
de cellules, et de 1 à 3, d'après Fluckiger.
Parenchyme bien visible en coupe transparente. D'après
Planchon, de 5 à 6 rangées de cellules de largeur. Notre figure
2, planche V, prise d'une coupe transparente, montre à peine
le parenchyme.
Section radiale. — Souvent couleur citron. Vaisseaux com-
posés de cloisons 3 à 4 fois plus longues que larges.
Section tangentielle. — Rayons larges, comparativement à
leur hauteur qui atteint jusqu'à 15 cellules, d’après Fluckiger.
Couches et parenchyme se présentant comme des lignes et
des lacets bien apparents, en formant alternativement des
angles saillants et rentrants.
Emplois. — Coupes amères inventées par Alibert Planché
(Descourtilz). D'après Fluckiger, l'usage du bois a été interdit
en Allemagne en 1872.
Un succédané du houblon en Angleterre, d'après Lindley ;
et on s'est servi aussi de l'écorce dans le même but, d'après
Duchesne, mais je n'ai jamais entendu parler de cet usage.
Insecticide contre les pucerons, et il parait même qu'une
décoction appliquée sur la peau vous protège des moustiques.
Ech, lype : Musée Colonial de Marseille, n° 5 de la Guyane, et n°*
0787 et 0045 de ma collection, provenant de sources commerciales.
Icon. : Baillon, IL, fig. 2565 ; Krämer, fig. 239 ; Stone, T. of C., pl. I,
fig. 18 ; Fuckiger et Hanbury, fig. 74 et p. 236,
128 H. STONE
Références : Henkel, p. 379-; Holmes, p. 19; Schwartz, IL p. 741 ; Gri-
sard, 4891, IT, p. #31 ; Urban, V,p. 378 ; Roussell, p. 323 ; Planchon, G.,
p. 80; Dumonteil, 1823, JT, partie2, p. 154,
LI
FAMILLE. XLIIL — OCHNACÉES
,
LTRIBUL "= OCANRES
Gomphia guianensis Rich., n° 1140.
Synonyme : Quralea quianensis Aublet.
Aublet, p. 397 : Oura-ara (Galibis); Avouou-yra (Garipons).
Note. Durand cite Ouratea au lieu de Gomphia.
FAMILLE XLIV. __ BURSÉRACÉES
Bursera gummifera Lin., n°1155 A.
Grisebach : West Indian Birch., Mastick-tree (Antilles anglaises.)
Guibourt, IT, p. #79: Chibou où Cachibou, bois blane (Voir 1120.)
Grisard, 4892, IT, p. 517: Bursera qummifera Jacq. (ne se trouve pas
dans l’Index}. Gommart des Antilles, Gommier, Gomard, Gommart de
l'Amérique, Gommur, Arbre à baume, Bois de gommier blane (Antilles),
Almacego (Cuba, N. Grenada). Palo ziote (Mexique), Carano (Trinité).
Amacéga, Almacega, Indio desnudo (Vénézuéla). Bois blanchâtre,
léger, mou et résineux ; se fend facilement grâce à ses fibres longues et
droites. Clôtures, palissades. L'écorce est astringente.
Pittier, p. 107: Almacego, Jiñote, Jiñnocuave. Écorce grisätre qui se
renouvelle régulièrement, Xioquauitl (Mex. Costa-Rica),.
Niederlein, p. 2: Gommier gris (Guadeloupe).
Bursera angustifolia Sagot (n'est pas dans l'Index), n°
1155 B.
Sagot : Voir Grignon 2249.
Protium Aracouchini Mart., n° 1156 A.
Synonymes : P. Aracouchini Mart. ; P. Aracouchi Marsh. ;
|
|
À
|
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 129
Îcica Aracouchi Aubl. : /. Acuchini Gmel. : Z heterophylla
A. D.C.; Amyris heterophylla Willd.
Noms vulgaires : Acouchini (Aublet). Breu-branco, [ssica-
tan (Brésil, Rodriguès). Acouchi (Heckel). Hiawa (terme
général, Bell).
L'échantillon 2688 a été déterminé d'après les fewlles et
les fruits par le D' Freeman.
Le bois Jaoua de Dumonteil peut être le Protium Aracouchini
ou P. quianensis, ou encore P. heptaphylla. Je le cite 1e1 sous
réserves. Voir aussi 1156 B.
Provenance. — Amérique tropicale, Guyane.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d'une couleur
rouge pâle (blanc, d'après Aublet). Surface brillante, soyeuse,
fonçant légèrement à l'air. Nuance de la section transversale
plus foncée que celle des autres coupes.
Caractères physiques. — Densité, 0,796 à 0,843. Dureté,
celle du Charme. A sec, odeur nulle. Saveur astringente.
Dumonteil, p. 154: Densité, 0,819 : force, 239 ; élasticité,
135, p. 160. Classe 2, qui est celle du chêne. Cassant, d'après
Aublet.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 2 à 3 mm. d'épaisseur,
presque lisse ; brune et fibreuse intérieurement et pleine de
sclérites clairs. Lisse et cendrée, d’après Aublet. Surface de
la bûche lisse.
Structure du bois. — L'aubier est couleur toile écrue. Epais-
seur : © à 7 cm. ». Bien distinct du cœur, mais sans déli-
mitation brusque.
Section transversale. — Couches en apparence délimitées,
les zones où ne se trouvent pas beaucoup de vaisseaux pou-
vant indiquer, semble-t-il, les limites.
Vaisseaux visibles en raison de leur grand nombre, mais
petits ; peu variables ; distribués régulièrement, plus ou moins
abondants par zones ; fortement isolés, simples pour la plupart,
mais parfois par groupes subdivisés de 2 à 9 vaisseaux.
Rayons à peine visibles à sec ; humectés, ils le sont mieux.
Fins, uniformes, irréguliers, écartés les uns des autres d'une
distance égale à celle du diamètre d'un gros vaisseau et ne
s’écartant pas au niveau de ces vaisseaux ; rouges.
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 4* vol. 1916. 9
130 H. STONE
Parenchyme d, se présentant en cellules dispersées.
Section radiale. — Vaisseaux visibles à la loupe en minces
sillons brillants. Rayons apparents comme de petits traits ou
des points d'hermine.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais moins
pointllée. Rayons visibles au microscope seulement.
Emplois. — Peut servir pour tiroirs de meubles, etc. Faci-
lement obtenu jusqu'à 17 m. sur 35 cm. d’équarrissage,
d'après Mc.Turk.
Conservation limitée, d’après Bell.
Très commode à travailler ; se fend facilement,
Ech. type : 32,2688 Bell.
Références : Bell, p. 5 ; Mc.Turk, p. 6; Laslett, p.19; Aublet, p.343;
Sagot, Catal,, XIII, p. 291 ; Stone ét Fr., p. 32.
Protium aitissimum Marsh., n° 1156 B.
Synonymes : P. altissima Marsh.; Amyris altissima Willd. ;
Icica altissima Aubl. ; I. cuspidata H. B. et K. ; Bursera
altissima Ballon. :
Noms vulgaires : Iciquier cèdre (Guad.); Cèdre blanc et
rouge, deux variétés. Les indigènes préfèrent la variété
rouge au point de vue de la durée, d'après Aublet. Cedar
(Laslett). Samaria-wood (Leman). Oelo (Icon. lign.). Oolu
(Bell). Caragne blanche (Geoffroy). Bois de rose femelle (de
Lanessan ; voir 6200 A). Cèdre bagasse (Musée Colonial de
Marseille ; voir 1156 H). Cedro (Brésil); Soly (Surinam, d'après
Martin-Lavigne).
L'échantillon 2725 a été déterminé d'après Les feuilles et les
fruits par le D' Freeman. Ce n'est ni le bois décrit par
Lavigne, ni l'Oulou de Préfontaine (voir 1514), ni le Bagasse
(voir 6608). Plusieurs auteurs confondent le Cèdre blanc et le
Bois de rose femelle avec cette espèce. (Voir 1698 A et 6200
A et D).
Provenance : Amérique tropicale, Guyane.
Caractères généraux. — Bois léger, mou, d'une couleur:
blanc brunâtre ou sale, d'après Bell ; couleur de cèdre pâle
|
3
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 131
(Me.Turk); couleur rougeâtre (Aublet ? Surface brillante,
satinée ; fonce légèrement à l'air : grain gros.
Caractères physiques. — Densité 0,496 (voir 1156 H);
dureté, celle de l’Aune ou le Tilleul. Odeur à sec nulle. D'après
Me.Turk, fortement aromatique (voir 1156 C). Saveur légère,
même nulle.
Caractères de l'écorce. — Ecorce roussâtre, ridée, gercée
(Aublet). Rouge (voir 1159), dure, ligneuse, ridée, épaisse de
9 mm. environ. Mince couche fibreuse à l'intérieur, mais en
général composée par couches de selérites durs et blanes bien
visibles. Surface de la bûche lisse.
Structure du bois. — Aubier brunâtre, bien distinet du
cœur ; épais de 13 cm. environ.
La structure du bois ne concorde pas bien avec celle de
l'espèce précédente. (Voir la clef, n° 6201.)
Section transversale. —— Couches non délimitées. Vaisseaux
visibles difficilement, même grands. Rayons à peine
visibles.
Section radiale. — Vaisseaux plus foncés que les fibres
ligneuses. Ravons bien visibles, apparaissant comme de petites
rayures brunâtres. Les autres détails manquent.
Emplois. — Bon pour charpente d'intérieur, mais se con-
serve mal et est sujet aux attaques d'insectes ; très abondant
et obtenu facilement jusqu à 17 m. sur 48 à 55 cm. d'équar-
rissage (Bell).
D'après Laslett, bon pour pirogues.
Polissage médiocre : commode à travailler, se fend facile-
ment et ne prend pas les clous.
Ech. types : 69,2725 de Bell. Musée Colonial de Marseille, n° 10, de
la Guyane, écorce et bois. (Ce bois diffère quelque peu du 2725,
Icones lignorum : pl. 62, fig. 8.
Références : Aublet, p. 342 ; Bell, p.8; Laslett, p. 381 ; Martin-Lavigne,
p. 86; Sagot, Catal., XIII, p. 291; Stone et Fr., p. 70.
Protium heptaphyllum Marsh., n° 1156 C.
Synonyme : /cica (Bursera) heptaphylla Aublet.
Aublet, p. 337 : Arouaou (terme général des Galibis. Encens des
132 H. STONE
Nègres). Ecorce roussâtre, ridée, gercée, inégale, raboteuse. Le boisest
blanc, mais rougeâtre au centre. S
Duss : Gommier blanc (Guad.); Bois gommier (Martin.).
Peckolt, 1898 : Protium heptaphyllum var. brasiliense Engl. Almace-
gueira vermelha ; Breo vermelha, |
Corrèa : Protium brasiliense. Almacegueira. Densité, 0,771. (Est-ce
bien cette espèce ?) |
Saldanha de Gama cite l'Almecegueira comme étant l’Jcica (Protium)
Icicaiba March.
Laslett, p. 1147: Hiawa (terme général). Bois ayant une forte odeur
aromatique (voir 1156 B) ; il produit le Hiawa ou résine de Couma.
Grisard, 1892, II, p. 524: Bois d'encens, Bois cochon {terme gén.,
Guyane ; Incense-tree (Trinité anglaise) ; Couroucay (Esp. ) ; Karun-phul
(Hindou) ; Tacomhaca, Tacamahaca (terme général au Vénézuéla). Les
intempéries font pourrir ce bois rapidement.
Guillaumin, 1909, p. 1##: Protium heplaphyllum ; fournit la résine
Couma et la gomme Hyowa.
Pulle : Tienjie monnie (Surinam). |
Jeanneney (ms.) cite un Arourou conime étant le Protium Schomburg
kianum Engl. du Brésil. Fe
Bremer. p. 24: Tingi moni (Surinam), Icicaleptaphylla.
Protium guianensis Marsh., n° 1156 D.
Synonyme : /cica quianensis Aubl.; Amyris quianensis
Aubl. (non Willd.).
Aublel, p. 336: Amyris quianensis; pas de détails.
Aublet, p. 340: Jcica quianensis ; Bois d'encens. Ecorce roussâtre,
ridée, gercée. Bois blanchätre et léger.
De Lanessan, p. 142 : Icica quianensis ; synonyme : Bursera quianen-
sis H. Bn. Encens grand bois ; Arouaoa (voir 1156 C): Hiawa (Arrou-
hages). Ce bois n'offre que peu d'intérêt.
J. de Cordemoy : Arouaou (Galibis).
Guillaumin, p. 156 : Hiawa. Le Hyowava ou Carâna est le Protium
Carana.
Grisard, 1832, Il, p. 523 : Copal (Cuba); Youcamoney (Guyane) ; Den-
sité, 0,662 ; force, 186 (voir 1156 F.). ; ÿ
Protium decandra Aubl., n° 1156 E.
Synonymes : /cica decandra Aublet : 7. enneandra Aubl.
Barrère, p. 197: Icicariba (Piso); Sipo ; Arbre d'encens ; Terebinthus
pistachiæ. (Est-ce bien cette espèce ?)
Aublet, p. 345 : Zcica enneandra, Arouaou (Galibis).
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 133
Le même, p. 346: Icica decandra, Chipa (Galibis). Ecorce rougeâtre,
ridée, gercée, d'où sort un suc à odeur de citron, qu'on trouve pär mor-
ceaux sur l'écorce et au bas du tronc. Le bois est blanchâtre, peu com-
pact etest employé pour encens.
Je me demande si ce n’est pas le Chipiou de Préfontaine,
p. 208. | ; is
Les espèces suivantes ne sont pas déterminées, mais sont
probablement des Protium. |
Bois Encens, n°1156 F.
Dumonteil, p. 154 : Densité, 0,662 ; force, 186 ; élasticité, 158 ; p.163.
Classe 5, qui est celle du nes
Jaowa, n° 1156 G.
Dumonteil, p. 154 : Densité, 0,819 ; force, 239; élasticité, 135 ; p. 160.
Classe 2, qui est celle du chêne.
La densité concorde assez bien avec celle du Protium Ara-
couchili 1156 A.
Cèdre Bagasse, n° 1156 H.
Dumonteil, p.154 : Densité 0,842 ; foree, 226 ; élasticité, 154 ; p. 164.
Classe 2, qui est celle du chêne.
Faute de renseignements plus précis, je ne puis placer ce
bois sous le nom de Protium altissimum 1156B, car la densité
de mon échantillon (0,496) est loin de concorder avec celle de
Dumonteil (0.842). Pour la même raison, j'ai placé son Cèdre
blanc (densité 0,331) au n° 6200 D.
De Lanessan, p. 140 : Amyris sp. Bois dur et serré. La résine dont il
est imprégné lui permet de brûler avec flamme. (Voir 648.)
D'après Durand, le genre Amyris est bon ; d'après l'Index
Kew., il est synonyme de Protium.
Icones lignorum, pl. LXXIV, fig. # : « Kandell boom » en couleur
134 H. STONE
(grise rayé de bleu). Mais évidemment le dessin a été fait d'après un
échantillon détérioré, (Est-ce bien cette espèce ?)
Barada-balli (Bell), n° 1156 J.
Ce bois est une Burséracée, selonle D' Freeman qui l’a déter-
miné d'après les feuilles et les fruits.
Caractères généraux. — Bois plutôt lourd, dur, d'une couleur
brun uniforme, fonçant légèrement à l'air. Nuance de la coupe
transversale un peu plus foncée que celle des autres sections.
Bell, qui envoya l'échantillon, dit que la couleur est blanche.
Caractères physiques. — Densité, 0,811 ; dureté, celle du
charme, Ni odeur, ni saveur.
Caractères de l'écorce. — Ecorce épaisse de 3 à 6 mm. envi-
ron, ridée, ligneuse et pleine de sclérites blancs ; intérieur
brun foncé. Surface de la bûche finement striée.
Structure du bois. — L'aubier n’est pas différent du cœur.
Section transversale, — Couches en apparence bien délimi-
tées, mais les limites exactessont douteuses ; contour régulier.
Vaisseaux visibles quand ils sont humectés ; peu variables,
distribués régulièrement ; simples pour la plupart, quelquefois
par paires.
Rayons à peine visibles, très fins, de deux sortes, coloriées
toutes les deux. Les grands rayons sont écartés les uns des
autres d'une distance beaucoup plus grande que le diamètre
d'un gros vaisseau, tandis que les petits, qui sont très nom-
breux, ont leurs intervalles à peu près égaux à ce diamètre.
Parenchyme a entourant les vaisseaux.
Section radiale. — Vaisseaux en fins sillons incolores.
Rayons enfines lignes, visibles par réflexion.
Section tangentielle. —Commela radiale, mais, sur une coupe
préparée pour le microscope, les grands rayons se présentent
comme des fuseaux de ! mm. de hauteur environ, terminés à
chaque extrémité par une cellule qui correspond au quart de la
hauteur totale: la partie intermédiaire se compose de plusieurs
rangées de cellules plus petites. Contrairement à ce que pré-
sentent d'ordinaire les cellules analogues de la plupart des
autres espèces, les grosses cellules sont iciremplies de matière
colorante. Les petits rayons sont aussi colorés et ressemblent
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE. 135
aux grosses cellules des grands rayons. Cette circonstance me
fait penser qu'il n'y a, en réalité, qu une seule sorte de rayon et
que les petits ne sont autre chose que les extrémités des grands.
Tous les cas intermédiaires peuvent, en effet, être observés.
Cette remarque s'applique d'ailleurs à beaucoup d'espèces, et
elle me fait supposer qu'il n y a jamais qu'une seule sorte de
rayons, même dans le Hêtre, où Hartig admet pourtant qu'il y
en trois.
Emplois. — Très utile comme bois pour meubles (Bell).
Commode à travailler. Se fend facilement.
Ech. types : 7,2633 Bell.
Références : Stone et Fr., p. 7.
Hedwigia balsamifera Sw.{non Engler|, n° 1159.
Synonymes: Bursera balsamifera Pers. ; Icica Edwigia,
A. Rich.
Barrère,p. 180 : « {cicariba balsamifera. Bois à flambeau, appelé aussi
Bois rouge à cause de la couleur de l'écorce ».
Est-ce bien cette espèce ? Voir 1156 B au sujet de l'écorce.
De Lanessan, p. 142: Gommier ; bon pour constructions de canots et
d’avirons.
Guibourt, IIf, p. #79: Sucrier de montagne ; Bois cochon; bois rou-
geâtre (Voir 1156 C.
Grisard, 4892, Il, p: 531 : Gommier de montagne ; Bois de gommier
rouge ; Bois à flambeau (term. gén.); Bois à barriques (Antilles, Créoles);
Palo cochin ; Azucarero de montagne (Cuba); Copal (Salvador) et la
gomme, Gomma azucarada (Cuba). Ecorce blanchâtre et brillante ; bois
de couleur rougeiïtre, à longues fibres, léger, flexible; dureté au-des-
sous de la moyenne, mais assez résistant pour ètre employé dans la
construction. On s’en sert aux Antilles pour canots, pour merrains des
tonneaux destinés à exporter les sucres en Europe, pour torches et
pour flambeaux.
(A suivre.)
MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS
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serpent.
ndron quiinense. Bois-
Stryplhnode
Piel
Section tangenticlle,
PI. II — Séryphnodendron quianense. — Bois-Serpent.
Section transversale.
dd
Principaux Mémoires parus antérieurement dans les
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
D° HreckeL : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues
des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908.
CLaverie : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles
exotiques. Année 1909,
ve Wizoemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en
Afrique tropicale. Année 1909.
Louis PLaxcnox et Juirver : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909.
Dr HeckeL : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910,
H. Juuezce et H. Perrier DE LA Barre : Fragments biologiques de la flore de
Madagascar. Année 1910.
GuicLaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et
dépendances. Année 1911.
Dusarp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912.
Bauvox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année
1912.
pe Wirpemax : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique
du genre Musa. Année 1912.
H. Juuecre et H, Perrier DE LA BATHiIE : Palmiers de Madagascar. Année 1913.
P. Cnoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année
1914.
H. Jumezce : Le D' Heckel. Année 1915.
R. Hamer et H, Perrier DE LA Baruie : Contribution à l'étude des Crassulacées
malgaches. Année 1915.
A. Fauvez: Le Cocotier de Mer, Lodoicea Sechellarum. Année 1915.
H. Juuezre : Les Recherches récentes sur les ressources des Colonies francaises
et étrangères et des autres Pays chauds. Année 1916.
H, Juuerre : Catalogue descriptif des Collections botaniques du Musée Colonial
de Marseille : Madagascar et Réunion. Année 1916.
fr
ÿ
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Ale
«
MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE
Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893,
paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.
Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance,
sont en vente chez M. CHaLLameL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer-
eial, doivent être adressées. ù
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Hem
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée
Colonial, 5, rue Noailles, à Marseille.
Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra-
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec
titre spécial sur la couverture.
Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au
Directeur du Musée Colonial seront signalés chaque année en fin
de volume dans les Annales.
Le 1% fascicule de l’année 1916 (Catalogue descriptif des Collections
Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et Réunion)
et le 3° fascicule de la même année (Recherches récentes sur les res-
sources des Colonies françaises et étrangères et des autres Pays
chauds) sont déjà parus, ainsi que le 1* fascicule de l’année 1917
(Catalogue descriptif des Collections Botaniques du Musée Colonial
de Marseille : Afrique Occidentale Française).
MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS.
ANNALES
DU
MUSÉE COLONIAL
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HECKEL
dirigées par
M. HENRI JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille.
Vingt-quatrième année, 3° série, 4° volume (1916)
A RasCcrerrie
Les Recherches récentes
sur les Ressources des Colonies françaises et étrangères
et des autres Pays chauds, par M. Hexrr JUMELLE.
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MARSEILLE PARIS
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL
5, RUE NOAILLES, 3 17, RUE JACOB, 17
1916
ANNALES
MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
(Année 1916)
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ANNALES
DU
MUSÉE COLONIAL
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HECKEL
dirigées par
M. Henri JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille.
Vingt-quatrième année, 3° série, clame (1916)
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Les Recherches récentes
sur les Ressources des Colonies françaises et étrangères
et des autres Pays chauds, par M. Hexrt JUMELLE.
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MARSEILLE PARIS
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LES RECHERCHES RÉCENTES
SUR LES
RESSOURCES.DES .COLONTES
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ALGÉRIE
L 1
Programme des Chemins de fer dans les Territoires
du Sud. — Ce titre est le titre même d’une brochure forte-
ment documentée, écrite avec clarté et méthode, que vient
de publier M. le lieutenant-colonel du génie P. Godefroy,
actuellement Chef du Service Technique des Travaux des
Territoires du Sud.
On sait que ces Territoires du Sud-Algérien, organisés en
colonie autonome par la loi du 24 Décembre 1902, et dont la
superficie représente environ 2.200.000 kilomètres carrés,
sont divisés en quatre commandements militaires : le Zerri-
toire d'Ain-Sefra, au sud du département d'Oran et à cheval
sur les Hauts-Plateaux et le Sahara; /e Territoire de Ghardaïa,
au sud du département d'Alger, s'étendant aussi, partie sur
les Hauts-Plateaux et partie vers le Sahara; Le Territoire de
Touggourt, au sud du département de Constantine, situé
presque entièrement dans la zone saharienne ; /e Territoire
des Oasis, au sud des précédents et, en totalité, au Sahara.
Tous ces Territoires, ainsi que le fait bien remarquer M. le
Colonel Godefroy, ne pourront être réellement mis en valeur
que le jour où des voies ferrées assureront des communica-
tions rapides et faciles entre leurs diverses régions, et aussi
et surtout entre ces régions et le littoral, puis de là au dehors.
M. Godefroy précise quelles sont les voies ferrées qu'il y
aurait lieu de construire, leur ordre d'importance, et dans
ÿ RESSOURCES DES COLONIES
quelles conditions et suivant quel plan elles pourraient être
installées.
Sur cette seconde partie du mémoire qui est celle intéres-
sant particulièrement l'ingénieur, nous n'avons pas à nous
arrêter ici, mais les chapitres où sont énumérées les
ressources naturelles ou culturales que peut offrir le Sud-
Algérien méritent de retenir l'attention du naturaliste, de
l'économiste et du colon.
Dans l'ensemble, la valeur économique actuelle de tous ces
territoires est la suivante
Population..." à RAS eo 500.000 habitants
Valeur en capital....... {r :--: 175.000.000 francs
Production 1427-40 4 54.000 000 »
Exportations. 1 42e. rer 18.500 000 »
Importations...... PORC * 22.500.000 »
TRAME 2 mesurée eneare 9.000 000 »
Commerce extérieur général... 50 000.000 »
Cormerce spécial: à. ". 41 .000. 000 »
GCapitalpar habitant: 7702 350 »
Production par habitant ....... 108 »
Commerce extérieur par habitant 82 »
A titre de comparaison, M. Godefroy rappelle que, pour
l'Algérie du Nord, le commerce spécial s'élève à environ
1.200.000.000 francs, soit 240 francs par habitant.
Les principales ressources des indigènes du Sud sont :
pour les nomades, les troupeaux et leurs produits ; pour les
sédentaires, les dattes et les céréales ; sur certaines parties
des Hauts-Plateaux, l’alfa.
En 1913, le nombre de dattiers en rapport, dans les Terri-
toires Militaires, était évalué approximativement :
Aïn-Sefra.. 1.620.000 produisant... 16.200 tonnes de dattes
Ghardaïa .. 240.000 » a". “A600 » »
Touggourt. 2.400.000 Die Tant AO: 00DE- EU »
Oasis ... . 1.240.000 » Paso A2 400 » ”
5.500.000 81.400
ALGÉRIE 9
On sait que la bonne datte d'exportation est la deglet-nour.
Elle provient du Territoire de Touggourt ; les autres
Territoires produisent surtout les dattes communes. A
Touggourt, la valeur d’un palmier peut être fixée à 15 francs
et celle de sa production à 5 francs, annuellement. L'ouver-
ture du chemin de fer de Biskra à Touggourt vient de donner
un nouvel essor aux plantations de la contrée ; preuve
nouvelle, s’il en était nécessaire, de l'influence qu'ont ces
voies ferrées sur le mouvement colonisateur. |
Pour le moment on peut estimer à 25.000 tonnes l'exploi-
tation des dattes du Sud-Algérien. À remarquer que, pour
les dattes communes que consomment les indigènes du Tell,
l'Algérie du Nord doit encore recourir à l'étranger et
importe annuellement de 2.000 à 3.000 tonnes de dattes
pressées provenant de Bassorah, à l'extrémité du golfe
Persique. D'où cette anomalie, que le Nord-Algérien manque
de dattes pendant que le Sud en a beaucoup trop pour son
alimentation et ne peut même pas utiliser l'excédent comme
monnaie d'échange pour d’autres productions. Tout cela par
suite de l'insuffisance des moyens de transport. « Ce grand
réservoir de dattes que constitue le groupe des oasis saha-
riennes est en partie inexploité, comme une mine trop
écartée de la voie ferrée, qui pourrait seule y apporter le
travail et la vie. Plus le rail s’avancera vers le Sud, plus la
datte verra développer sa valeur latente; et plus les habitants
verront s'améliorer leur situation matérielle grâce à la hausse
immédiate qui se manifestera dans leur pouvoir d'achat”.
La culture des céréales dans ces mêmes Territoires est peu
développée ; les superficies cultivées en 1913, en blé ou en
orge, étaient :
Aïn-Sefra : 2 809 hectares de blé, ayant produit 13.558 quintaux
4.839 » d'orge » 21.534 »
Ghardaïa : 7.372 » de blé » 17.862 »
12.759 » d'orge » 51.295 »
Touggourt : 3.790 » de blé » 11.090 »
6.890 » d'orge » 17.200 »
Oasis : 1,045 » de blé » 1,819 »
436 » d'orge » 1.082 »
10 RESSOURCES DES COLONIES
Le rendement moyen, très faible, est donc de 3 qx 3
à l'hectare. Au total, les Territoires du Sud cultivent
40.000 hectares de céréales diverses, d'une valeur de 6 millions
de francs, produisant 15.000 tonnes de graines valant
4.500.000 francs. Actuellement cette production est insuffi-
sante pour la consommation locale ; et 35.000 tonnes doivent
être importées de l'Algérie du Nord.
D'autres cultures qui seraient susceptibles d’une grande
extension sont celles des arbres fruitiers, des légumes, des
fourrages et aussi de quelques plantes industrielles, comme
le tabac, le coton et le ricin. L'olivier est recommandé dans
certaines régions comme celle des Ziban. Pour le tabac,
la région du Souf en produit d'assez grandes quantités
(100.000 kilos environ), d'excellente qualité, recherchée par les
indigènes comme tabac à priser. Au Touat, on a tenté la
culture du cotonnier ; à Biskra, on a introduit celle du ricin.
Comme produit naturel, le principal est lalfa, qui se
rencontre sur les hauts plateaux du Territoire d'Ain-Sefra, où
il occupe 1.300.000 hectares, et sur ceux du Territoire de
Ghardaïa, où il en couvre 300.000. Mais seule aujourd’hui la
zone du Territoire d’Aïn-Sefra est exploitée, dans la région
voisine du chemin de fer. En ces dernières années, la produc-
tion moyenne a été de 18.000 tonnes environ, représentant, à
la sortie du Territoire, à peu près 600.609 francs. Au point de
vue animal, la grande ressource des populations du Sud est
l'élevage, qui permet de tirer parti de terrains impropres
à la culture. Approximativement, les indigènes des quatre
territoires possèdent : 1.580.000 moutons, 480.000 chèvres,
20.000 bœufs, 140.000 chameaux, 35.000 chevaux, ânes ou
mulets, 165.000 animaux de basse-cour. Cela représente
un capital de 44.465.000 francs, donnant un produit de
22.315.000 francs. Depuis 1905, le nombre des moutons et des
chèvres a peu varié, celui des bœufs a, au contraire, beaucoup
augmenté. L'exportation porte sur les moutons ainsi que sur
les laines et les peaux. ‘* Le mouton est Ii monnaie d'échange
du nomade comme la datte est celle du sédentaire.”
Les quantités annuellement dirigées sur le Nord sont, en
. ALGÉRIE 11
moyenne, de 400.000 têtes, dont 200.000 pour l'Algérie et
200.000 pour la France. La valeur est de 15 francs par tête
environ; soit donc 6 millions de francs au total, auxquels il
faut ajouter 3 millions de francs provenant de la vente de
200 tonnes de laines, cuirs et peaux.
Quant à la production minérale, elle est nulle aujourd’hui,
au point de vue de l'exportation. Le sel gemme peut bien être
obtenu dans tout le Sud, et particulièrement dans tout le
Territoire de Ghardaïa, mais la faible valeur du produit
restreint son commerce aux limites des besoins de la popu-
lation du pays. On ne connaît, d'autre part, jusqu'alors,
aucun gisement important de minerai quelconque.
En résumé, la culture et l'élevage peuvent être les deux
grandes sources de revenus du Sud-Algérien : la culture,
surtout celle du dattier, dans le Territoire de Touggourt ;
l'élevage dans le Territoire d'Aïn-Sefra; de nouveau, la
culture dans celui de Ghardaïa ; et la culture aussi, notamment
dans la grande palmeraie d'Ouargla, dans le Territoire des
Oasis, le plus déshérité.
Et si alors, comme le fait M. Godefroy, on tient compte de
toutes les caractéristiques qui permettent d établir les degrés
de productivité, actuelle ou possible, de toutes ces régions,
on arrive à admettre que les quatre premières lignes ferrées
nouvelles les plus urgentes sont :
1° Celle de Bouktoub à Géryville, qui, dans le Territoire
d'’Aïn-Sefra, servirait tout d’abord au transport de l’alfa des
Hauts-Plateaux, puis, progressivement, provoquerait l'exten-
sion de l'élevage et l'accroissement du commerce des produits
de cet élevage, moutons, laines et peaux ;
2° Celle de Dieffa à Laghouat, qui, dans le Territoire de
Ghardaïa, aurait exactement les mêmes influences ;
3° Celle de Djamaa à Guémar, qui, dans le Territoire de
Touggourt, favoriserait l'exportation des dattes des oasis du
Souf, augmenterait peut-être l'importance de la culture du
tabac, assurerait le transport des moutons que vendent
les nomades, enfin donnerait certainement une impulsion
12 RESSOURCES DES COLONIES
nouvelle à l'industrie des tapis, qui font déjà l'objet d’un
certain commerce ;
4° La ligne de Touggourt à Ouargla, qui, dans le même
Territoire, et comme la précédente, indépendamment des
facilités qu'elle offrirait au tourisme dans ces contrées
pittoresques, faciliterait l'exportation des dattes et du bétail.
Les Territoires du Sud pourraient ainsi, comme le dit
M. le colonel Godefroy, en terminant sa très remarquable
‘
étude, ‘‘ si on leur en fournit les moyens, jouer un rôle utile
dans l’œuvre de régénération de demain, et, après la lutte
sur les champs de bataille donner, avec l'Algérie du Nord,
leur appoint pour la guerre économique qui se prépare. ”
Le Phœnix canariensis. Le Phœnix canariensis, qui
s'est bien acclimaté et est fréquemment planté sur le littoral
du Sud-Est de la France, a été aussi introduit sur le littoral
algérien. C’est le PAœnix dactylifera var. Jubae Webb. et
Berth., et aussi le Phœnix tenuis Hort., le Phæœnix Vigiert
Hort., le PhϾnix Jubae Christ. Le Bulletin of Miscellaneous
Informations de Kew de 1916, n° 4, donne les caractères qui
permettent de le distinguer du Phœnix dactylifera et du
Phænix sylvestris.
A — Corolle femelle deux fois plus longue que le calice.
a — Des rejets. Fruits cylindriques, à péricarpe charnu
et sucré.
Ph. dactylifera
b — Troncs solitaires. Fruits oblongs-elliptiques, à péri-
carpe à peine charnu.
Ph. sylvestris
B — Corolle femelle à peine plus longue que le calice.
Troncs solitaires, épais. Fruits globuleux ou ovoïdes,
à péricarpe à peine charnu.
. Ph. canariensis
L’orange Washington Navel. — L'orange Vavel, ombi-
liquée et sans pépins, a pris aujourd’hui en Californie, où elle
est très appréciée, une très grande importance. Dix millions
ALGÉRIE 13
de caisses étaient expédiées en 1914. La culture de cette
variété a été tentée en Algérie; il importe donc de connaître
- les origines et les caractères de l'arbre, et M. A. D. Shamel a
publié, à ce sujet, dans le /ournalof Heredity, de Washington,
plusieurs notes intéressantes.
L'oranger ‘‘ Navel”estoriginaire de Bahia, où il a été obtenu
vers 1822 par une mutation gemmaire d'une variété portu-
gaise, dite /aranja selecta, introduite au Brésil, aux premiers
temps de la colonisation. C’est encore à Bahia, où il y a
50.000 arbres en production, à raison de 270 pieds par hectare,
que sont les principales plantations brésiliennes. Les orange-
ries y sont situées dans ies terres des coteaux et ne reçoivent
aucune irrigation, la pluviosité annuelle étant de 1 m. 30
environ. La principale récolte a lieu en saison des pluies, de
Mai à Juillet; une autre récolte est faite de Décembre à
Février.
Aux Etats-Unis, la véritable introduction date de 1873.
Deux orangers, plantés à cette époque chez M. Tibetts, ont
été le point de départ de la plupart des pieds actuels, qui
couvrent plus de 40.000 hectares, en Californie. La multipli-
cation est faite comme à Bahia.: On greffe sur F ‘orange
douce des Missions”, ou sur cette variété de pamplemousse
qui est le grape-fruit, où sur bigaradier {Florida sour
Orange), ou sur le citronnier Æough Lemon.
Mais, les mutations gemmaires de la variété étant fréquentes,
il n’y a pas, en réalité, un seul type de ‘* Washington Navel”,
mais plutôt un mélange de types différents, dont plusieurs
sont sans valeur. Dans les meilleures orangeries de la Cali-
fornie méridionale, 25 pour cent des arbres sont improductifs
ou donnent des fruits inférieurs. Pour propager et améliorer
le meilleur type, M. Shamel recommande la méthode de
sélection par bourgeon. On choisit le greflon sur les arbres et
les branches qui ont produit nettement, pendant plusieurs
années, les récoltes les plus abondantes et les plus régulières,
et on grefle les bourgeons sur les arbres reconnus peu
productifs, en même temps qu'on élimine, par élagage, tous
les rameaux plus ou moins stériles. La plantation est ainsi
14 RESSOURCES DES COLONIES
uniformisée. (74e Journal of Heredity, Washington,
Octobre 1915 et Février 1916).
Le café de figues. — L'intérêt qui, depuis un certain
nombre d'années déjà, s’attachait à la question du commerce
‘
algérien des figues pour ‘‘ café de figues”, s’est trouvé accru
par le fait de la guerre. Avant l'ouverture des hostilités,
en effet, l'Algérie exportait annuellement 20.000 quintaux,
environ, de figues en Autriche-Hongrie, où l'industrie du
‘‘ Feigenkaffee” s'était localisée. Ce débouché a disparu, mais
l'occupation de la Belgique et du Nord de là France, où se
centralisait en grande partie la fabrication de la chicorée,
peut encourager d’autres contrées à reprendre l’industrie
autrichienne ; et la Suisse notamment, où la consommation
du café au lait est considérable, est en état de développer ce
commerce. Déjà des fabriques sont installées à Bâle, à
Lausanne, dans le canton de Berne et de Saint-Gall; ces
maisons emploient, en plus des figues d'Algérie, des figues
d'Espagne, d'Italie et de Turquie, mais elles ont déclaré que
les provenances algériennes donnaient le meilleur rendement
en qualité et pour la fabrication. Les prix de vente du café de
figues, en Suisse, sont de 1 fr. 10 le kilo en gros et 1 fr. 40 au
détail, alors que ceux de la chicôrée sont respectivement de
0 fr. 90 à 1 franc; mais la chicorée devenant rare, le moment
est favorable, à la fois, pour les exportations algériennes de
figues sur le marché helvétique et pour l’industrie du café de
figues dans notre colonie.
Pour la fabrication de ce café, on emploie indifféremment
la figue noire ou la figue blanche, et, de préférence, les figues
provenant des triages, la seule condition étant la présence de
nombreux grains dans les fruits traités. La torréfaction est
faite au moyen de séchoirs à tiroirs et à feu continu ; il faut
environ 10 heures pour sécher une figue sans la brûler. Ces
séchoirs sont les seuls appareils qui permettent d'obtenir un
bon résultat. |
Les figues torréfiées ont, comme caractéristique, un pouvoir
colorant intense, qui donne une teinte identique à celle du
ALGÉRIE 12
bon café, un goût neutre et une valeur nutritive supérieure à
celle de la chicorée.
En 1915, avec uñ matériel qui avait été acheté vers 1900 en
Autriche-Hongrie, on a produit en Algérie 30.000 kilos de café
de figues. {Rapport sur le fonctionnement de l'Office du
Gouvernement Général de l'Algérie en 1915. Supplément
au n°7; 1916).
L'utilisation de l’alfa pour la fabrication de la pâte à
papier. — Très employées en Angleterre, pour la fabrication
de la pâte à papier, les feuilles d’alfa le sont peu en France.
D'après M. A. Crolard, président intérimaire du Syndicat des
fabricants de papier de France, cet emploi limité tient chez
nous à plusieurs raisons :
1° Le prix de revient est très élevé, la pâte d’alfa blanchie
valant 10 francs de plus environ que les pâtes chimiques de
bois ou de paille. Cette pâte d’alfa ne peut donc en remplacer
d’autres qu'avec un renchérissement dans Île prix de la
composition du papier. La fibre d’alfa, d'autre part, étant
excessivement fine, ne peut être utilisée comme fibre de
remplissage, c'est-à-dire concourant, avec des pâtes à qualités
nettement caractérisées, à compléter la préparation de certains
papiers. Se dispersant sans profit à travers les autres fibres,
elle ne peut être employée en proportions réduites et il faut
atteindre des proportions de 75 à 80 pour cent, qui déterminent
tout de suite un prix plus élevé et des usages déterminés.
Quant aux causes du prix de revient élevé, ce sont : en
premier lieu, la sorte de monopolisation établie actuellement
par les maisons anglaises chez les concessionnaires des alfas
algériens ; en second lieu, le fret moins avantageux pour nous
que pour l'Angleterre, qui profite du retour de ses nombreux
bateaux fréquentant la Méditerranée ; et enfin les frais plus
élevés pour nous du traitement chimique, en raison des prix
du charbon et de la soude. Cette soude, en outre, dans
les grandes usines anglaises, est régénérée dans des fours
coûteux que ne peuvent pas installer des usines à petite
production ;
16 RESSOURCES DES COLONIES
2° Il y a en Angleterre un écoulement plus grand que chez
nous du papier supérieur, surtout pour l'illustration et le
papier à lettres ;
3° On emploie beaucoup en Angleterre des papiers épais et
légers ;
4° Les fabricants anglais ont acquis le tour de main qui
leur permet de tirer le meilleur parti d’une. fibre de travail
difficile ;
5° La teinte de la pâte d’alfa est toujours un peu jaunâtre,
alors qu'on préfère en France les teintes azurées.
Mais toutes ces raisons ne sont pas de celles qui créent des
difficultés insurmontables. Le prix de revient peut être
diminué ; l'impulsion donnée par la guerre à notre industrie
chimique peut avoir un retentissement sur le traitement de
l’alfa, en raison des usines créées pour la fabrication du chlore
et du développement des procédés électrolytiques ; les condi-
tions de fret peuvent être améliorées. Et nous pourrions alors,
avec les ressources que nous offrent les Hauts-Plateaux,
préparer une pâte dont la valeur pour la fabrication du papier
d'imprimerie — en raison de la souplesse avec laquelle ce
papier d’alfa reçoit la pression des caractères, en même temps
qu'il garde dans toute leur intensité et toute leur finesse les
encres grasses — est depuis longtemps bien reconnue.
M. Crolard pense que la pâte doit être livrée écrue, après
simple lavage à l’eau bouillante, et comprimée en blocs plats
qui permettent l’empilage, ces blocs étant d’un poids de
60 kilos environ, et recouverts de papier collé. {Office du
Gouvernement Général de l'Algérie ; 1-15 Juillet 1916).
TUNISIE 17
TUNISIE
La pomme de terre. - La culture de la pomme de
terre est encore très peu développée en Tunisie, où
cependant elle pourrait être rémunératrice comme elle l'est
en Algérie. Dans cette dernière colonie, les exportations
annuelles sont de plus de 300.000 quintaux, alors que la
Régence est obligée de recourir à des importations de plus de
60.000 quintaux. D’après M. Chenevard, la cause réelle de
certains insuccès constatés en Tunisie est la confusion
trop fréquente entre les pommes de terre dites //o/lande,
longues et à chair jaune, et qui sont de première qualité,
et diverses pommes de terre ordinaires ou de grande
culture. Or il y a là deux cultures absolument différentes,
avec des exigences diverses; et vouloir faire l’une avec les
méthodes de l'autre, c’est courir au-devant d'un échec
certain. La culture des Æ/ollande est possible toute l’année,
parce que, toute l’année, les prix de vente sont assez élevés
pour être rémunérateurs. Il n’en est pas de même pour les
ordinaires, qui nécessitent un plus grand emplacement et
qui, en dehors de la saison qui leur est favorable, ne fournissent
plus, pour un prix de vente inférieur, qu’un rendement qui
ne dépasse plus celui des //ollande. Dans une étude très
complète, M. Chenevard indique les procédés que doivent
suivre les cultivateurs tunisiens, selon qu'ils veulent obtenir
lune ou l’autre de ces deux catégories bien distinctes de
tubercules. (Bulletin de la Direction Générale de l'Agri-
culture de Tunisie ; Mars-Avril 1916.)
Dans la Æevue Horticole de l'Algérie de Janvier-Février
1916, on trouvera la traduction d’un article d’Z7 Colfivatore,
2
18 RESSOURCES DES COLONIES
dans lequel M. E. Voglino indique le procédé à employer
pour augmenter par sélection la production de la pomme
de terre.
D'autre part, dans le Bulletin de la Direction de l'Agricul-
ture de Tunisie de Janvier-Février 1916, M. Marès rappelle
que la pomme de terre est depuis longtemps cultivée à
Porto-Farina, dans beaucoup de jardins qui s’étagent entre
le rivage et le Djebel-Nadour. M. Marès donne les moyens
qui doivent assurer la réussite et le développement de cette
culture, sans le secours de l'irrigation, dans le Nord-Tunisien.
L’olivier. — D’après un article de la Revue Oléicole de
Janvier 1916, la meilleure variété d'olive en Oranie est la
Sigoise ou Olive du Tell;et la Revue préconise cette
variété pour ‘‘toutes les régions de l'Afrique du Nord favo-
rables à la culture de l'olivier, et pour le Maroc notamment.”
M. Marcille estime que cette généralisation est un peu hâtive.
La variété citée peut convenir aux conditions culturales de
l'Oranie, mais d’autres variétés peuvent être préférables
ailleurs. Ainsi, dans les régions sèches du Centre tunisien, à
Sousse, à Sfax, la meilleure variété, devenue dominante, est
la petite olive, du poids de 1 gramme, nommée Chemlali
de Sfax, alors que dans les oasis à climat maritime, comme
Gabès et ses environs, la variété à propager est la Zarazi
de Gabëés, du poids moyen de 4 grammes ; et, dans les oasis
intérieurs des plateaux, telles que Gafsa et Fériana, on a
choisi avec raison la Chemchali, où Chermnlali de Gafsa, du
poids de 3 grammes. La Chemlali de Sfax et la Zarazi de
Gabés contiennent plus de 28 pour cent d'huile et rendent
plus de 20 pour cent. La Tunisie possède aussi une excellente
olive de table, la Zarazi de Tunis, aussi fine que la Zucgue,
mais plus productive et de forme plus régulière. (Bulletin
de la Direction Générale de l'Agriculture ; Novembre-
Décembre 1915. — Sur les variétés d'olives tunisiennes et
leurs caractères respectifs, voir aussi la remarquable étude
de M. Ruby dans l'Agriculture Pratique des Pays chauds,
de Juillet 1913.)
TUNISIE e 19
L’abricotier. — L'abricotier est largement cultivé dans
les oasis du Sud-Tunisien, où il atteint une très grande
taille. Il y a donc utilité de savoir qu'aux Baléares et aux
Canaries, où il y a également de grandes cultures de cet
arbre fruitier, il s’est établi avec l'Angleterre un commerce
régulier des amandes extraites des noyaux.-Ces amandes sont
employées en pâtisserie, comme celles de lamandier.
Le quintal valait dans le premier semestre de 1916 145 francs
environ.
D'après M. Trabut (Revue Horticole de l'Algérie, Sep-
tembre-Octobre 1915), ces petits abricots des oasis convien-
draient parfaitement aussi pour la préparation de la pulpe
en boîte. Enfin, après avoir été passés à la soufreuse et
dénoyautés, ils peuvent également être facilement séchés
en 24 heures ; et on peut ainsi obtenir de très beaux fruits
secs, qui, paraît-il, ont été cotés à Paris, en 1905, 100 à 110 fr.
Leur belle couleur vive les rend très appétissants et
leur faible grosseur n’a aucun inconvénient pour la vente.
Sur Findustrie des pulpes de fruits, voir un article de
M. Blin, dans la Vie Agricole et Rurale du 26 Août 1916.
Les légumes secs. — Le commerce des légumes secs
avait acquis en France, avant la guerre, une certaine
importance. Nous recevions en 1913 892.285 quintaux de
légumes secs divers, 747.520 quintaux de fèves et 500.286
quintaux de pois pointus. Les légumes secs venaient surtout
de Roumanie (229.727 quintaux), de Russie (216.774 quin-
taux), d'Allemagne (213.500 quintaux), d’Autriche-Hongrie
(75.367 quintaux) et de Belgique (28.671 quintaux). Les
légumes achetés à l'Allemagne provenaient d'ailleurs, en
réalité, de Russie, d’où l'Allemagne les importait, pour nous
les réexpédier ensuite, entiers ou cassés. Il y a, en effet, peu
de casseries en Russie ; et c'est à Marseille, qu'étaient
cassés, d'autre part, les pois ronds, qui nous venaient
directement d'Odessa. Nous trouverions évidemment avan-
tage à augmenter le nombre de nos usines de cassage et, en
même temps, à étendre chez nous et dans nos possessions
20 RESSOURCES DES COLONIES
de l'Afrique du Nord la culture pour légumes secs. Dans le
Bulletin de la Direction du Service de l'Agriculture de
Tunisie de Mars-Avril 1916, M. Fleury du Sert préconise,
pour la Régence, une plus grande culture de la féverole.
Déjà cette féverole est traitée en grande quantité dans les
moulins marseillais pour la production de la févette, qui est
la féverole cassée, et de la farine de fève ; et certains de ces
moulins produisent, en moyenne, 100.000 quintaux de
févettes par an. La Tunisie trouverait donc là des débouchés
pour cet article d'exportation. La Régence pourrait aussi
entreprendre la culture pour pois à casser. Les variétés qui,
d'après M. Blin (Vie Agricole, 1915, p. 91), conviennent tout
spécialement dans ce but sont le pois bleu et ses sous-
variétés, dont il y eut jadis une certaine culture dans le Nord
de la France, puis le gros carré vert normand et le pois
nain vert ardennais. M. du Sert, dans l’article plus haut cité,
donne les indications culturales nécessaires pour la Tunisie.
D'après la Revue Horticole de l'Algérie de Septembre-
Octobre 1915, on peut obtenir, selon la variété, 20 à 45 hecto-
litres de pois secs et 20 à 40 quintaux de tiges et feuilles
desséchées par hectare. Comme féverole, la plus estimée
actuellement est celle d'Egypte, plus blanche que celle de
Tunisie.
Rappelons que le cassage des légumes secs consiste à passer
les graines entre deux meules convenablement réglées — le
réglage variant naturellement suivant les espèces, fèves ou
pois — pour éviter le broyage et obtenir seulement le bris du
tégument et la séparation des deux cotylédons. Tous ces
cotylédons détachés sont ensuite blutés; et, après avoir été
ainsi débarrassés des tigelles (vulgairement germes) et des
brisures, ils sont classés par grosseur.
La lignite. — Piusieurs mines de lignites sont déjà exploi-
tées en Algérie. La plus connue est celle de Condé-Smendou,
à 78 kilomètres de Philippeville. D’autres ont été signalées en
divers points.-En Oranie, par exemple, au sud-ouest de
Tlemcen, ainsi qu’à Eckmül, près d'Oran, il y a des bancs
TUNISIE 21
importants du combustible. La Tunisie, à son tour, se
préoccupe de cette exploitation, qui, d’après les /nformations
Algériennes, a été récemment entreprise au cap Bon.
Les phosphates. — La production des phosphates, qui
avait été de 946.587 tonnes en 1914, s'est élevée en 1915 à
983.601 tonnes, dont 859.879 pour Metlaoui et 393.722 pour
Redeyef.
RESSOURCES DES COLONIES
[En
be
MAROC
Le Maroc au 31 Juillet 1914. Après un retard qu'expli-
quent suffisamment les événements qui ont surgi au moment
où l'impression en était commencée, le Rapport Général sur
la situation du Protectorat du Maroc au 31 Juillet 1914 est
paru pendant le premier semestre de 1916; et c'est un.
remarquable résumé de la belle œuvre accomplie dans notre
nouveau Protectorat par M. le Général Lyautey. Nous n'avons
pas à analyser ici tout ce document de 500 pages ; nous
n’y relevons que quelques faits relatifs à la culture et au
commerce.
Sur une superficie totale du Maroc de 600.000 kilomètres
carrés, la superficie de la zone française est de 572.000 kilo-
mètres (la superficie réellement occupée au 1‘ Janvier 1914
étant de 205.000 kilomètres). La superficie totale de la zone
espagnole est, d’autre part, de 28.000 kilomètres carrés, le
territoire effectivement occupé couvrant 4.000 kilomètres.
Nos exportations en 1913 étaient les suivantes :
Amandes 2.100. 3.796.598 kilos 7.593.196 francs
laine en stint- 27.2. 32047:093 09 40370-21200
Œuts 752 RER 2:346.391 0 », 3:574:220 09
Peaux de chèvres..... 1:660:765 5. 3.504-92110%5
»e-de-bœuts.7. 1.554.264, 1.» 253-077-4490
»- de moutons:.-. 101-792-3495 12981-96200
Orge amet cree 6. 465 -900 » 12999: 739 »
Conandre:- 0e 1.447.100 >» 546.527 »
Graines de lin.---. 1.619.678 » 502.100 »
laine‘ Tavée.ft see 221-2580 0 486.725 »
Pois chiches 2547 1.610.800 » 483.240 »
Gomme sandaraque... 321.150 » 481.725 »
Fenugrec ecrire 3 981.700 » 219.974 000
COMITE ER EEE 436.882. » 192.228 »
MAROC 23
Dans la région de la Chaouïa, qui exporte principalement
par Casablanca, la surface des cultures et le rendement en
1911-1912, qui fut une très bonne année, étaient les suivants :
Oïrge.........,... 197.000 hectares 21 hectolitres par hectare
à RER ER .. ‘104.000 » 13 » »
|, FTCARAMENEPEAREE 24.000 » 90 » »
Pois chiches .., 13.000 » 8 » »
Graines de lin.. 7.000 » 9 » »
Fenugrec... ... 6 500 » 12 » »
Henesi ti, Let 6.000 » 34 » »
Coriandre . ..... 2.000 » 22 » »
SoÉgho::,. 7 2.000 » 100 » »
Au 1°" Janvier 1913, les propriétés possédées par les Euro-
péens dans cette Chaouïa représentaient une superficie de
28.769 hectares, dont 24.751 aux Français et 1905 à des
Allemands (au lieu de 6.310 au 1‘ Janvier 1912). Dans
l'ensemble des parties occupées du Protectorat français, on
admettait provisoirement en 1914 qu'il y avait 2.561.989 ovins,
368.525 bovins, 39.299 chevaux, 22.763 juments, 9.273 poulains,
150.353 ânes et 33.016 mulets. Dans tout le Protectorat, la
superficie des propriétés rurales européennes était, au
1* Janvier 1913, de 101.037 hectares, dont 95.857 à des
Français et 2.075 à des Allemands.
En 1913, le commerce extérieur a dépassé 225 millions de
francs, si l’on tient compte, à la fois, du mouvement maritime
et du trafic terrestre. Or, si l’on songe que le commerce
extérieur de la Tunisie, par terre et par mer, a été exactement
de la même somme en 1910 et de 265 millions en 1911, alors
que la Tunisie est occupée depuis 34 ans et que les exporta-
tions de minerais et de phosphates contribuent pour une
large part au développement de son commerce, on doit
évidemment augurer très favorablement de l'avenir du trafic
marocain.
Le principal facteur de la richesse publique reste d’ailleurs
l’agriculture. En 1912, sur un total de 66 millions de francs de
marchandises exportées, les produits agricoles représentent
61 millions.
24 RESSOURCES DES COLONIES
Il y à donc bien lieu de se préoccuper des améliorations
culturales, et c'est dans ce but qu'ont été créés les trois
Jardins d'Essais de Rabat, de Marrakech et de Meknès.
A Meknès est, en outre, entretenue l’autrucherie qui avait
été créée par le Makhzen, et où continue à être étudiée la
question de l'élevage au Maroc.
Dans le Maroc occidental, une des possibilités envisagées
est celle de la culture du cotonnier. Pour être fixé sur la
réalité des espoirs conçus à ce sujet, les Services de
l'Agriculture ont fourni aux agriculteurs, des semences
sélectionnées des variétés égyptiennes : Mit-Afifi, Nubari,
Yanowitch et Sakellaridès. Les essais en cours dans le
Haouz, en Chaouïa, dans les plaines des Beni-Hassen et du
Gharb et dans les Cherarda permettront de déterminer les
aptitudes régionales et la mesure dans laquelle lirrigation est
plus ou moins nécessaire.
Les forêts au Maroc.— Le Maroc présente trois zones
forestières bien distinctes.
1° Au Nord-Ouest, dans la région comprise entre Casa-
blanca, Mehdia et Meknès, s'étend la zone du chène-liège,
dont le principal massif est celui de la Mamora. Cette immense
forêt, qui n’a pas moins de 125.000 hectares de superficie, est
peuplée, soit exclusivement de chènes-lièges, soit, en certains
points, de ces chênes mélangés avec des poiriers sauvages(1).
La végétation est généralement vigoureuse.
La caractéristique est l'absence presque complète de ce
sous-bois brousailleux qui rend si difficile l’accès et l’exploita-
tion des forêts d'Algérie et de Tunisie. L'aspect est celui d’un
immense parc. C’est sur ce massif que le Service forestier a
porté ses premiers efforts, en arrêtant les dévastations des
charbonniers de Salé et des écorceurs. Ces derniers, pour
récolter les 10.000 quintaux de tannin nécessaires aux
tanneries locales, tuaient annuellement, en les décortiquant
(1) M. Pitard, dans son ouvrage sur la Flore du Maroc {Exploration Sciert-
tifique du Maroc; Masson, 1913), signale dans la Mamora le Pirus cordata
et le Pirus longipes,
MAROC 25
sur pied, 100.000 à 150.000 beaux arbres de 1 mètre à 1 m. 50
de circonférence. Le remède provisoire employé par l'Admi-
nistration à consisté à prendre en main la fabrication du
charbon et du tannin. Pour le charbon, on a substitué, aux
procédés anciens une exploitation régulière en régie des
arbres écorcés ou mutilés, impropres à la production du
liège. Pour le tannin, les quantités nécessaires aux besoins
locaux sont fournies par les chantiers de l'Etat ; et, comme la
destination de ces peuplements est, avant tout, la production
du liège, une partie du charbon et du tannin viendra
désormais de l'extérieur, et l’usage des extraits tanniques
sera vulgarisé chez les tanneurs.
D'autres forêts que la Mamora, en Chaouïa, chez les Zamer,
les Zemmour etc., représentent encore des boisements
importants de chèênes-lièges ; et la surface totale de ces
chènes, au Maroc, ne doit pas être inférieure à 200.000 ou
225.000 hectares exploitables. La valeur économique de
l'ensemble doit être, au moins, d’un revenu de 4 millions.
2° Dans le Moyen-Atlas, principalement sur le Territoire
des Beni-Mtir et des Beni-Mguild, c’est la zorze du cèdre.
Les premiers boisements que l’on rencontre au sud de
Meknès sont ceux de Jaba. Cette forêt, peuplée par le chêne-
liège et le chène zeen {/Quercus Mirbeckii), se relie insen-
siblement au grand massif des Beni-Mguild, qui s'étend
sur ies versants du Moyen-Atlas, entre 1.400 et 2.500 mètres.
D'abord mélangé avec le chêne vert et le zeen, le cèdre
devient, à partir de 1.800 à 2.000 mètres, l'essence principale.
La grande forêt de cèdres va de l'Est à l'Ouest, du pays des
Beni-Ouaraïn au delà de Khénifra, et, vers le Sud, jusqu’à
la Moulouya, soit sur 120 à 150 kilomètres de longueur et
50 à 60 kilomètres de largeur. La valeur économique de ce
massif, d'une superficie minima de 300.000 hectares, est
considérable. Malheureusement toutes ces forêts sont encore
mal exploitées, et les indigènes ne savent pas débiter le
cèdre, car ils ne tirent le plus souvent d'un arbre de 1235 à
250 ans qu'un madrier de 4 à 5 mètres de longueur et 7 à
8 centimètres d'épaisseur. La mesure eflicace à préconiser
26 RESSOURCES DES COLONIES
est de restreindre l'emploi du cèdre dans la charpente et la
menuiserie communes, en remplaçant cette essence par
d'autres. L'emploi de bois du Nord ne pourra toutefois se
généraliser qu'après la construction du chemin de fer de
Tanger à Fez. La difficulté d'exploitations méthodiques
réside dans le fait que les forêts de cèdre se trouvent encore
en dehors de la zone d'occupation.
3% Au sud de Tensift, sur le Territoire des Haha et
des Chiadma, est la troisième zone forestière, qui est la zone
de l'arganier. Cette Sapotacée à graines grasses, dont
l'huile est très employée dans l’alimentation indigène, et
qui croît sur les sols les plus ingrats, forme d'immenses
boisements dans la région de Mogador et dans le Sous,
et recouvre les versants des derniers contreforts de lAtlas.
A côté de l’arganier, ou en mélange avec lui, poussent le
thuya et le genévrier de Phénicie. Il faudra encore réprimer
dans cette zone les dévastations causées par les charbonniers
en vue de leur commerce sur Casablanca et sur Tanger.
(Général Lyautey : Rapport général sur la situation du
Protectorat du Maroc, au 31 Juillet 1914). Sur la végé-
tation du Maroc, voir Pitard : Exploration Scientifique du
Maroc; Botanique, 1912, Masson Paris.
Sur l’arganier, voir l'étude de M. Perrot, dans Les re.
Utiles de l'Afrique Occidentale Française, fascicule II.
Challamel, Paris, 1907.
Les gisements de pétrole. — Des gisements de pétrole
ont déjà été signalés en divers points de notre Afrique du
Nord. En Tunisie, on en connaît dans la vallée de l'Oued-
Cartonna, dans le Djebel-Bou-Debbout. En Aigérie, on a
constaté leur présence notamment en Oranie, sur les deux
flancs de la vallée du Chélif, dans la grande dépression
quaternaire qui commence à la Grande Sebkra, au sud
d'Oran, pour finir, vers l'Est, à Orléansville ; on la reconnu
également dans la région de Blida, à Boghar, au sud de
Médéa, sur le Territoire de Ferdjioua, à Aïn-Beidah, près de
Constantine, et enfin à Claire-Fontaine.
MAROC 27
Or le Maroc semble être beaucoup plus riche en pétrole
que l'Algérie, principalement dans la région de Fez;et les
recherches de M. Meunier ont déjà permis d'isoler de
nombreux points pétrolifères. Les travaux de forage com-
mencés par une Société Française se présentèrent dans des
conditions très favorables. Le pétrole se trouve dans des
calcaires bleus et on a pu l’obtenir, avec une venue d'eau, à
quelques mètres de profondeur.
Des analyses de ce pétrole marocain faites par M. Boyer
ont donné :
RER Un rase ne 5 o/o
init himpante. "arreter set SO
Paraffine ..... RU, Rues En D im
Huile de graissage......... ; 435
C'est un type d'huile lourde excessivement riche en
paraffine. (Georges Boyer : Les gisements de pétrole de la
province d'Oran et du Maroc, dans Les Matières Grasses,
15 Août 1916.)
28 RESSOURCES DES COLONIES
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
La Mauritanie en 1913. — La campagne de pêche, qui
en Mauritanie dure ordinairement de Novembre à Mai, a été
écourtée en 1913 par le départ, au début d'Avril, d’une partie
des pêcheurs bretons. En cette année 1913, il a été exporté
197.000 kilos de poisson salé et 34.000 kilos de poisson
séché. Au début de l’année, un droit de douane de 240 pesetas
par tonne, réduit ensuite à la moitié, a été établi aux Canaries
sur le poisson apporté par les pêcheurs bretons; c’est alors
que deux des Compagnies bretonnes sont rentrées en France.
La Société coopérative bretonne mauritanienne, qui continua
la pêche jusqu'en Juin, a cependant vendu son poisson dans
de bonnes conditions à des commerçants de la côte, soit pour
être consommé à Dakar, soit pour être expédié dans les
colonies du Sud. Il y a là un nouveau débouché à signaler. Si
les Bretons sont habiles pêcheurs, le travail du séchage du
poisson leur sourit peu ; il faudrait donc que des entreprises
industrielles, comme il y en a déjà quelques-unes à Port-
Etienne, achetâssent le produit brut de la pêche dans le but
de le préparer.
Les exportations de langoustes ont été au minimum, en 1913,
de 69.500 kilos, à destination surtout de France et un peu de
Dakar. Les langoustiers fréquentent de préférence le Cap
Blanc et Goreye, point situé à 40 milles environ au nord du
Cap Blanc. Les langoustes, y étant plus volumineuses, ont
une plus grande valeur, puisqu'elles sont vendues au poids.
Les principales lignes caravanières actuelles de la Mauri-
tanie sont celles qui relient au fleuve Sénégal le Tagant-Hodh
et surtout la région éloignée de lAdrar. En 1913, l’Adrar a
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 29
expédié 150.000 kilos de dattes et plus de 100.000 kilos de sel.
sur Boutilimit et Moudjéria. Ces deux centres paraissent être
les deux principaux lieux de croisement des caravanes
évoluant à l’est et à l’ouest de Ia Mauritanie.
Le sel provient des salines qui sont échelonnées le long du
littoral, dans le Trarza, entre Saint-Louis et Nouakchott. Ces
salines sont d'anciens étangs littoraux qui contiennent des
bancs de sel continus, suffisamment épais pour qu'il soit
possible d'y tailler des barres. Les plus importantes sont celles
de N’Térert, Tin Djemaran, Touidermit et Tin Niébérar, dont
l'exploitation indigène est en progression constante.
La vigne plantée à Atar pousse dans de bonnes conditions :
des plantations d'arbres fruitiers à Aleg, Kaédi, Boghé,
Lelibaby donnent aussi de bons résultats. Des essais d’intro-
duction de riz du Soudan ont été tentés à Boghé et à Kaédi.
(Rapport d'ensemble annuel du Gouverneur Général de
l'Afrigue Occidentale Francaise pour 1913. Paris 1916).
L’arachide au Sénégal. — [l'exportation des arachides
du Sénégal, en 1913, fut de 237.882.507 kilos. Dans les cercles
de Thiès et Sine-Saloum, du Cayor et du Baol, la récolte fut
supérieure à celle de 1912. Au contraire, elle fut inférieure
dans le cercle de Louga. Mais ce cercle est d’ailleurs le moins
favorable pour la culture de larachide, car il correspond à la
limite Nord de cette culture en Afrique occidentale, et la
production de cette zone ne dépasse guère 8.000 tonnes, alors
que celle du Sénégal est supérieure à 200.000 tonnes.
C’est aussi dans ce cercle de Louga que se sont principale-
ment manifestés les dégâts, dus à des ennemis ou parasites
divers, sur lesquels l'attention a été appelée en ces dernières
années. Les insectes sont surtout dangereux pour les gousses
des pieds encore en végétation, car ces gousses sont piquées ;
et la proportion de ces gousses piquées, dans les provinces
du cercle de Louga les plus voisines de Saint-Louis, est, en
moyenne, de 20 à 25 pour cent et peut atteindre 30 à 40.
Les perforations semblent dues à des termites et à d’autres
insectes, et la question qui se pose est de savoir si les termites
30 RESSOURCES DES COLONIES
.sont la cause première ou bien pénètrent dans les fruits à la
faveur des altérations provoquées par les autres insectes,
parmi lesquels serait principalement un Scydnoemus. On
trouve dans les mêmes conditions, c'est-à-dire surtout par
temps secs, une fourmi rousse, le /hogmus fascipennis.
Il n’est, au reste, jusqu'alors aucun moyen bien sûr de lutte
directe ; et il est heureux que la zone où sont constatés ces
dégâts soit très restreinte, ce qui n’amène pas une déprécia-
tion sensible pour l’ensemble de la colonie, d'autant plus que
les rendements normaux de la région (souvent moins de
200 kilos à l’hectare) sont assez faibles.
Un autre danger plus grand, parce que plus général, est
l'attaque des arachides récoltées, et mises en tas, par des
insectes parfaits ou larvaires. Un Ténébrionide notamment, le
Tribolium confusum, peut causer des avaries qui atteignent
parfois de 6 à 13 pour cent des lots. Le traitement par l’acide
cyanhydrique, sous l’action d’une dose de 12 à 24 grammes
de cyanure de potassium par mètre cube, a seulement réduit
cette proportion à 3 pour cent. Le sulfure de carbone
(200 grammes par mètre cube), non plus que le gaz Clayton,
n’ont eu d'action. En attendant qu’on ait perfectionné ces
moyens ou trouvé les ‘doses convenables, le mieux est
d'éliminer les coques piquées à demi-vides et les débris
mélangés aux arachides, par un vannage au tarare. On a
reconnu que ce nettoyage, même pratiqué tardivement,
diminue très notablement la proportion des avaries.
C’est en 1912 que la question des insectes nuisibles à
l’arachide fut brusquement soulevée au Sénégal ; et en 1913, un
Laboratoire de Recherches sur l’arachide fut créé à M'hbambey,
dans le Baol, avec mission de poursuivre, à la fois, des études
culturales et pathologiques.
Au point de vue cultural, il est résulté des premiers essais
que les variétés de Chine et de Birmanie sont inférieures,
pour le Sénégal, aux variétés locales. Pour celles-ci, le
rendement a été en fonction de la profondeur du labour, tout en
présentant des différences selon qu'il s'agissait de la paille ou
des fruits. Entre 2 et 30 centimètres, le rendement en paille
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 31
n'a été accru que de 50 pour cent, tandis que celui des fruits
a été de 300 pour cent. {Rapport d'ensemble annuel du
Gouverneur Général de l'Afrique Occidentale Française
pour 1913. Paris 1916.)
A propos de larachide, signalons qu'il est de plus en plus
reconnu que ses tourteaux conviennent parfaitement pour la
nourriture des chevaux en remplacement de lavoine. On peut,
par exemple, dans la ration journalière du cheval, remplacer
4 kilos d'avoine par un mélange formé de 2 kilogrammes de
gros son et de 2 kilogrammes de tourteau d’arachides. Le
tourteau est donné en morceaux de la grosseur d’une noix ou
d'une noisette. Après quelques jours d’hésitation, les chevaux
absorbent volontiers cet aliment. On peut les habituer en
leur donnant tout d’abord un mélange de tourteau et d'avoine.
Le déboisement au Sénégal. _ En raison des funestes
effets d’un déboisement intensif au Sénégal, effets qui se sont
particulièrement fait sentir dans les cercles de Louga, de
Tivaouane et de Thiès, le lieutenant-gouverneur du Sénégal,
par Circulaire du 10 Juillet 1916, a réglementé plus sévère-
ment les autorisations de coupes. Il a de nouveau défendu
l'abatage par la mise à feu, a fait surveiller plus rigoureuse-
ment les défrichements par les indigènes et a recommandé de
constituer des réserves d’un minimum de 2.006 à 3.000 hec-
tares chacune. {Journal Officiel du Sénégal, 13 Juillet 1916).
L'élevage au Sénégal. — Les avantages du Sénégal, au
point de vue de l'élevage des bovidés, sont sa proximité de la
métropole et la facilité et la rapidité des communications
intérieures. Aussi lexportation des bœufs est-elle en
progression constante.
Le bétail doit partir gras ; c'est donc après la saison des
pluies, lorsqu'il y a encore de Fleau, vers Novembre et
Décembre, que les troupeaux destinés à lexportation doivent
être rapprochés du port d'embarquement, Dakar.
Des études pour l'amélioration des conditions de transport
sont toujours poursuivies, et l'on se préoccupe d'aménager
SS)
[LS
RESSOURCES DES COLONIES
des points d’eau le long des routes que doivent suivre les
troupeaux.
Parmi les bœufs sans bosse, le 7'dama, venu du Fouta-
Djalon, représente un beau type de boucherie, mais sa taille
empêche l'exportation sur pied, et il faudrait des frigorifiques
pour expédier la viande abattue. Parmi les zébus, le gobra
des Peulhs est assez bon pour la boucherie ; le zébu du
Djoloff, d’engraissage facile, forme 75 pour cent des
96.000 bovidés de cette provenance.
Près de Kaolak, dans le Sine-Saloum, l'usine de Lyndiane
était, en 1913, en voie d'installation. {Rapport d'ensemble
annuel du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale
Française pour 1913. Paris, 1916).
Cette usine de Lyndiane, dont il est question dans ce
Rapport de 1913, a été fondée par la Société de Chanaud et Ci:
et installée par M. de Chessin ; et elle est aujourd’hui, en 1916,
en pleine activité. Elle fonctionne nuit et jour, avec une
main-d'œuvre purement indigène. Munie de frigorifères qui
peuvent abaisser la température jusqu'à —20 degrés, elle se livre
à deux opérations principales : 1° labatage, puis la frigorifi-
cation des bœufs de grande taille, qui sont ensuite transportés
en France, sur des navires frigorifiques spéciaux, appartenant
à la Société ; 2° l'abatage des bœufs de petite taille, qu’on
prépare en conserves (3.000 à 4.000 kilos de boîtes par jour).
L'usine traite ainsi journellement une moyenne de 180 bêtes,
dont les sous-produits, os, cornes, peaux, sang, etc., sont
également utilisés. Cette nouvelle industrie exerce sur tout le
Sine-Saloum une heureuse influence. {Dépéche Coloniale,
17 Août et 5 Septembre 1916).
L’arachide dans le Haut-Sénégal et Niger. — Le Haut-
Sénégal et Niger a exporté en 1913 8.677.134 kilos d’arachides,
d’une valeur de 2.078.512 francs. La culture de l’arachide dans
la colonie peut se développer non seulement dans la région
que traverse le chemin de fer de Kayes au Niger, mais encore
dans les cercles de Ségou, Mopti, Bandiagara, et surtout ceux
de Bougouni, Sikasso, Bobo-Dioulasso. Ces trois derniers
2
a
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
cercles, qui contiennent une population nombreuse et
essentiellement agricole, pourront, lorsqu'ils seront reliés à
la côte par les chemins de fer en projet, fournir 20.000 à
30.000 tonnes d'arachides à l'exportation, sans préjudice
d'autres produits, comme le coton. {Rapport d'ensemble
annuel pour 1913. Paris, 1916).
Le sésame dans le Haut-Sénégal et Niger. — En 1913
il a été exporté 50 tonnes de sésame, contre 16 en 1912. La
culture de la plante ne semble cependant pas destinée à un
grand avenir dans la région, car le sésame demande plus de
soins que l’arachide, un sol mieux préparé, et est de rende-
ment moins rémunérateur. Dans les essais faits de 1910 à 1912
à la Station agronomique de Koulikoro, les rendements ont
été, en moyenne, à l’hectare: 290 kilos pour le sésame de
Koulikoro, 199 kilos pour le sésame de Nioro, 387 kilos pour
celui de San, 305 kilos pour celui de Kayes et 356 kilos pour
celui de Banfora. En 1910 et 1911 les semis avaient été faits
en poquets distants de un mètre en tous sens ; en 1912 les
distances ont été réduites à 80 centimètres. {Rapport d'en-
semble annuel pour 1913. Paris, 1916).
Le karité dans le Haut-Sénégal et Niger. — Il à été
exporté en 1913 pour 160.000 francs environ d'amandes de
karité. L'exportation eût pu être plus forte, car le total des
achats de noix de karité pendant la campagne de 1913
atteignait de 8.000 à 9.000 tonnes, qui, desséchées, devaient
fournir 3.000 tonnes au moins. Mais les maisons de la place,
insuffisamment outillées pour traiter d'aussi grosses quantités,
semblèrent se désintéresser momentanément d'un produit
acheté à un cours trop élevé, et que l'élévation des frais de
transport, due aux difficultés de navigation sur le Niger ou le
Sénégal, ne rendait exportable qu'à perte.
La production des amandes de karité pourrait être élevée,
mais c’est toujours cette question de transport qui entrave le
commerce du produit. La faible valeur des amandes sèches
(300 à 325 francs la tonne en Europe), les manutentions
3
34 RESSOURCES DES COLONIES
nombreuses et les frais élevés qu'entraînent le séchage et la
décortication, le déchet de 65 à 70 pour cent du poids des noix
résultant de ces deux opérations, rendent presque impossible
l'exportation du karité sous cette forme, même avec une
amélioration des communications. Il y a donc lieu de tenter
une transformation en beurre sur place et c’est ce qu'ont déjà
essayé plusieurs maisons. La Société Devès et Chaumet,
notamment, a ainsi installé, en 1912, à Bénéni, près de San,
une fonderie de karité. Le produit est expédié en caisses
métalliques achevées à Bénéni même. D'après le rapport de
l’'Administrateur du cercle de San, ‘‘ces caisses arrivent sous
forme de feuilles de zinc découpées, et, par conséquent, sous
un très faible volume ; une machine spéciale, et de maniement
facile, assure le pliage de la caisse. Un seul ouvrier employé
au maniement de la machine et à la soudure des caisses arrive
à préparer 100 récipients à l'heure”. La tentative est
évidemment intéressante. Le beurre de karité, grossièrement
préparé, vaut, en effet, sur les marchés d'Europe, près de
trois fois son poids d'amandes séchées ; les frais de transport
sont, par conséquent, pour une valeur égale de beurre, trois
fois moins élevés que pour les amandes.
En ce qui concerne le rendement des karités, la Station
d'Essais de Koulikoro nous donne des renseignements
intéressants, car on y note chaque année la production de
20 arbres de dimensions très diverses, de facon à obtenir un
rendement moyen ; et la moyenne a été, en noix sèches, de
5 kil. 300 environ pour un arbre, d’après les récoltes faites
en 1911, 1912 et 1913. Naturellement, d’ailleurs, les variations
individuelles peuvent être très grandes ; en 1911, un arbre
de 2 m. 22 de circonférence à 1 mètre du sol a donné, à
lui seul, 38 kil. 700 de noix sèches. {Rapport d'ensemble
annuel pour 1913. Paris, 1916.)
Le coton dans le Haut-Sénégal et Niger. — Le Haut-
Sénégal et Niger a exporté en 1913, par la voie guinéenne
Kouroussa-Conakry, 75 tonnes environ de coton. En plus
d'essais de cultures irriguées tentés à Kayes, l'Association
,
di
!
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
Cotonnière a étendu son champ d’action dans les cercles de
Ségou, San et Koutiala. Les maisons de commerce établies
au Soudan commencent à acheter le coton brut, et ce fait est
de nature à encourager la culture du cotonnier chez les
indigènes. Inscrits à la cote du marché du Havre, les cotons
de notre Afrique occidentale ont obtenu des prix supérieurs
à ceux du coton américain #7iddling. (Rapport d'ensemble
annuel pour 1913. Paris, 1916.)
Le kapok dans le Haut-Sénégal et Niger. — Il a été
exporté du Haut-Sénégal et Niger, en 1913, 27.828 kilos de
kapok égrené ; et ce kapok a été coté aux mêmes prix que
celui de Java (1.600 à 1.900 francs la tonne). En raison de
l'importance des peuplements de kapokiers, et surtout du
développement dont ils sont susceptibles, il est permis
d'espérer que la colonie deviendra une exportatrice impor-
tante de ce produit, quoique les indigènes se livrent encore
peu volontiers à cette récolte. (Xapport d'ensemble annuel
pour 1915. Paris, 1916.)
Le sisal dans le Haut-Sénégal et Niger. — La culture
du chanvre de Sisal tend à augmenter d'importance dans le
Haut-Sénégal et Niger. Certaines concessions ont considéra-
blement accru leurs plantations et monté les appareils
mécaniques nécessaires au défibrage. Des plants ont été
aussi distribués aux indigènes. La production du sisal pourrait
prendre une grande extension dans le cercle de Kayes et
dans ceux traversés par la ligne du chemin de fer. En 1914
il a déjà été exporté pour 6.000 francs de sisal ; et l'installa-
tion d’une forte défibreuse à l’usine de Darsalam permet, dès
maintenant, l'exploitation rationnelle des champs de sisal
situés sur les deux rives du fleuve, l’un aux abords de Kaendi
et l’autre à Darsalam même.
A la station de Koulikoro, une maladie s'est déclarée sur
les feuilles ; une étude à ce sujet est nécessaire, car il y
aurait à redouter une dépréciation de la filasse.
Sur la culture et la préparation de ce chanvre de Sisal, dont
36 RESSOURCES DES COLONIES
nous reparlerons encore à propos des colonies allemandes, de
Maurice et du Mexique, mentionnons une étude parue dans
le Bulletin of the Imperial Institute de Juillet-Septembre 1915.
L'auteur rappelle que trois espèces donnent ce chanvre de
Sisal. La première, qui est à feuilles épineuses, est l’Agave
rigida var. elongata, où Agave rigida var. longifolia, ou
Agave fourcroydes Lem. On la trouve au Yucatan, à Cuba,
dans le Sud-Amérique, et elle a été introduite dans l'Est-
Africain. C’est l’espèce exploitée au Yucatan, et elle donne
90 pour cent du chanvre de Sisal du commerce.
La seconde espèce, à feuilles inermes, est l’Agave sisalana
cultivée, pour les usages locaux, par les indigènes du Centre-
Amérique et du Sud-Mexicain, et cultivée commercialement
aux Bahama, aux Antilles, dans l'Est-Africain, dans l'Inde,
un peu à Java.
Moins importante est la troisième espèce, qui est l’Agave
Cantala Roxb., le maguey des Philippines, cultivé sur une
petite échelle à Java et dans l'Inde.
Le chanvre de Sisal est apparu pour la première fois dans
le commerce en 1839 ;1il fut alors envoyé du Mexique à
New-York. En 1913, les exportations mexicaines étaient de
76 millions 1/2 de francs environ, dont les 9 dixièmes étaient
à destination des Etats-Unis. La même année, les Etats-Unis
recevaient, outre les 136.559 tonnes du Mexique, 13.295 tonnes
d'Allemagne (et originaires, sans doute, de lEst-Africain
Allemand) et 3.236 tonnes des Bahama.
Les Agave à sisal exigent un climat tropical, avec une
humidité atmosphérique modérée. Ils souffrent de pluies trop
abondantes. Ils réussissent sur des sols secs, pierreux et
rocailleux, mais vraisemblablement s’accommodent de bons
sols (voir plus loin le paragraphe relatif au chanvre de Sisal
dans FlEst-Africain Allemand). En général, le meilleur
terrain serait celui qui est silico-argileux, un peu sec,
perméable, avec une certaine proportion de calcaire. La
multiplication a lieu par les bulbilles des inflorescences ou
par les rejets. Les bulbilles sont mises en pépinière jusqu’à
ce que les plants aient 20 à 30 centimètres de hauteur ; on
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 37
repique ensuite. Les rejets peuvent être mis en place dès
qu'ils ont été détachés du pied-mère, au moment de la saison
pluvieuse ; ils sont mis sur des rangs distants de 2 m. 50,
et à 2 mètres environ d'intervalle par ligne. La première
récolte a lieu au bout de 3 à 5 ans. Au Mexique, on admet
que chaque touffe peut donner annuellement 25 feuilles ; la
durée de sa végétation, limitée par l'apparition de l'inflores-
cence, varie, là, de 15 à 25 ans. Elle peut être très différente
ailleurs, par exemple en Afrique, puisqu'elle dépend du sol
et du climat. On peut la prolonger en coupant l'inflorescence
qui commence à poindre.
Les feuilles doivent être défibrées aussi fraîches que
possible, car, en cas contraire, le suc, en se desséchant et en
devenant gommeux, rend l'extraction plus difficile. Les
machines employées sont construites sur le type de l’ancien
‘‘raspador”. Dans l’Est-Africain, les modèles couramment
usités sont le ‘New Corona”, le ‘‘Mola” et le ‘‘Finigan-
Zabriskie”. Le premier est un outillage allemand, le second
est construit à Mérida, au Mexique, et le troisième est une
machine des Etats-Unis. La maison Lincoln, en Angleterre,
construit le ‘‘Duodecor” pour les feuilles qui n’ont pas plus
de 1 m. 30 de longueur, le ‘‘Sixdecor” pour celles qui
dépassent plus ou moins cette dimension, et le ‘*Twendecor”
pour les feuilles d'extrème grandeur. D'autres constructeurs
anglais sont: MM. John Downham et Cie, à Bury :
MM. Greenwood et Batley, à Leeds ; les Alma Machine Works,
à Liversedge, dans le Yorkshire ; et MM. Lehmann, à
Manchester. La petite machine Lehmann permet de traiter
10.000 feuilles en 10 heures. Il importe de bien laver
les machines à grande eau dès qu'elles cessent de fonc-
tionner.
De 1907 à 1914, le prix moyen du meilleur sisal du Mexique,
dont les cours suivent les oscillations de ceux du chanvre de
Manille, a été de 25 livres sterling environ la tonne. La bonne
fibre de l'Est-Africain a, en général, réalisé 1 livre de plus
par tonne. Dans l'Est-Africain Allemand, on admettait,
comme profit net, entre 15 et 30 pour cent, suivant les prix du
38 RESSOURCES DES COLONIES
moment. {Bulletin of the Imperial Institute, vol. XWI, n° 3;
Juillet-Septembre 1915).
L'élevage dans le Haut-Sénégal et Niger. — Le Haut-
Sénégal et Niger est, depuis longtemps, le grand réservoir :
de bétail et de chevaux de l'Afrique Occidentale Française.
Mais la péripneumonie bovine cause’ de grands ravages,
qu'on commence heureusement à enrayer par la vaccination.
En 1913, il a été exporté par Kayes et par Kouroussa-
Conakry 660 tonnes de peaux et 325 tonnes de laine.
Les indigènes commencent à mieux préparer les laines et à
perfectionner leurs procédés de tonte. En 1912, à la bergerie
de Niafunké et à son annexe d'El-Oualadji, il a été procédé, à
titre d'essai, à une seule tonte annuelle, dans le but d’obtenir
une laine plus longue. Le résultat a été mauvais, 835 bêtes
fournirent 435 kilos de laine, soit 0 k. 552 par mouton. Pour
les deux tontes suivantes, espacées de 6 mois, on a obtenu,
par tête, 0 k. 631 après la saison des pluies, puis 0 k. 325 six
mois après ; soit un total de 0 k. 956. {Rapport d'ensemble
annuel pour 1915. Paris 1916.)
La lutte contre la peste bovine. — Le Journal Officiel
de l'Afrique Occidentale Française du 26 Août 1916 a publié
en supplément une notice sur la peste bovine, rédigée par
M. Davanelle, vétérinaire aide-major de réserve.
Cette peste, ou typhus contagieux, que les Peulhs désignent
sous le nom de sanoa, est caractérisée par un état typhoïde
général très grave et par des accidents spécifiques sur les
muqueuses. |
Le buffle, le mouton, la chèvre, le chameau peuvent en
être plus ou moins atteints, mais elle ne devient ordinaire-
ment grave que chez les bovidés. ;
Après avoir décrit les caractères et le mode de propagation,
M. Davanelle à indiqué les moyens à opposer à la maladie.
Le résultat peut être obtenu, soit en rendant les animaux
réfractaires, soit en encerclant les malades et les contaminés,
et en les surveillant pour qu'ils ne soient pas des agents de
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 39
propagation, soit en supprimant le foyer par l’abatage radical
des contagieux.
La première de ces trois méthodes, qui consiste en inocula-
tions, et nécessite donc un nombreux personnel technique,
n’est guère applicable actuellement en Afrique Occidentale
Française. La méthode de l'abatage serait, d'autre part, le
remède idéal, mais difficile à appliquer, car il ne faut guère
compter sur la déclaration spontanée des Peulhs. Et, en
définitive, les principales mesures possibles sont : l'isolement
et la surveillance, dont l'application nécessite la délimitation
de la zone infectée ; l'établissement, à la périphérie, de
cordons sanitaires, plus ou moins complexes suivant les
cas ; la visite et le recensement des troupeaux de la zone
infectée, quand l'abatage des malades ést antiéconomique ;
l'adoption à leur égard de mesures: de surveillance et de
quarantaine, qui permettent d'éliminer les indemnes ; enfin
l'isolement, la surveillance et le traitement, si possible, des
animaux malades. L'isolement terminal doit être de 50 à
60 jours. Pour le traitement, le sérum, qui, dans l’état actuel,
ne peut être employé que pour des animaux d’une valeur
exceptionnelle, doit être donné en injections sous-cutanées ou
intra-veineuses, à la dose de 100 à 300 centimètres cubes.
La conservation des peaux pour l’exportation. — Le
mode de conservation des peaux destinées à l'exportation
présentant un gros intérêt pour le commerce des cuirs, le
Service compétent du Sénégal a publié dans le Journal
Officiel du Sénégal du 24 Août 1916 les instructions permet-
tant d'assurer la bonne conservation de ces peaux jusqu’au
moment de leur envoi en France :
« Les peaux devront être détachées avec toutes les précau-
tions nécessaires pour éviter d'y faire des entailles.
« Le procédé de conservation généralement émployé au
Sénégal, le séchage au soleil, a l'inconvénient de rendre les
peaux dures et cassantes; de plus, si le dégraissage n’a pas
été parfait, les particules de graisses, en fondant, imbibent
le cuir et entraînent des défauts de tannage.
0 RESSOURCES DES COLONIES
« Le salage n'avant pas de semblables inconvénients, l'on
doit y recourir toutes les fois qu'il est possible.
« Ce procédé consiste, la peau étant étendue le poil en
dessous, à la couvrir d’une couche uniforme de sel concassé ;
on la replie ensuite de façon à n’en faire qu'un petit paquet
de 30-35 centimètres de côté. Les paquets, séparés par des
couches de sel, sont attachés ensemble pour former des
balles. »
L'or dans le Haut-Sénégal et Niger. — La quantité d’or
exportée annuellement de la colonie varie entre 200 et
250 kilos, d’une valeur de 500.000 à 600.000 francs. En réalité,
la quantité extraite du sous-sol par les procédés indigènes est
supérieure à ces chiffres, mais une quantité assez grande du
métal reste dans la colonie, pour la fabrication des bijoux.
Au chiffre indiqué s'ajoutent, pour 1913, 300.000 francs’
environ d'or extrait par dragage dans la Falémé par la
Compagnie des Mines de Sénégambie, or qui est expédié en
France par la voie postale. {Rapport d'ensemble annuel
pour 1913. Paris, 1916.)
Dans le Territoire Militaire du Niger. Le Territoire
Militaire du Niger, qui comprend les sept cercles de Niamey,
Madaoua, Zinder, Gouré, Mainé-Soroa, Agadez et Bilma, a
exporté en 1913 vers les autres colonies françaises ou vers
la Nigéria pour 128.995 francs de mil et riz (correspondant
à 1.696 tonnes), 459.105 francs de bœufs, 123.455 francs de
moutons, 161.000 francs de peaux brutes, 172.125 francs de
peaux de filali, 8.500 francs de plumes d’autruche, 20.300 francs
de sel et natron, 5.560 francs de natron raffiné. L'élevage de
l’autruche est commencé et est à encourager dans la région.
Dans le secteur de Maradi (cercle de Madaoua), la culture des
cotonniers américains a donné quelques résultats. (Rapport
d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916.)
L'enseignement agricole en Afrique Occidentale
Française, — À la date du 5 Août 1916, M. Angoulvant,
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 41
Gouverneur général par intérim de l'Afrique Occidentale
Française, adressait aux lieutenants-gouverneurs et commis-
saires de son Gouvernement Général des instructions qui ont
été insérées dans le Journal Officiel du 12 Août 1916; et ces
instructions méritent d'être relevées, car leur réalisation est
de celles qui peuvent avoir l'influence la plus heureuse et
peut-être la plus rapide sur nos progrès agricoles dans l'Ouest-
Africain. M. Angoulvant rappelle qu'un plan d’études publié
par le Gouvernement Général, le 1°" Mai 1914, prévoyait que
chaque école, sans exception, devrait avoir pour annexe un
jardin où tous les élèves seraient exercés à des travaux
pratiques sous la direction de l'instituteur. ‘Cette sage
prescription, ajoute toutefois M. Angoulvant, est malheureuse-
ment restée lettre morte dans certaines régions... elle est
pourtant d’une réalisation aisée et elle constitue la condition
indispensable de tout progrès agricole. J'entends qu’elle
reprenne toute sa force et que, pour la rentrée prochaine,
toutes les écoles, même et surtout les plus humbles, soient
pourvues d’un jardin ; je n’admettrai d’autres exceptions à
cette règle que celles qui seront fondées sur des raisons
sérieuses”. L'énergie même des termes prouve que le Gou-
verneur Général n'entend pas ajouter simplement une
circulaire à tant d’autres: on sent qu'il veut réellement,
comme i! le dit d’ailleurs lui-même, ‘‘aborder de front un des
problèmes qui intéressent le plus directement les destinées
de notre Afrique Occidentale”. Et, ne se contentant pas de
donner des ordres, il précise, avec l'autorité que lui donne sa
longue expérience personnelle, acquise en particulier à la
Côte d'Ivoire, dans quelles conditions devront être établis ces
jardins scolaires, les cultures qui y devront être faites, les
procédés qu'il y aura lieu d'employer; il indique aussi
comment seront recrutés et formés les moniteurs et institu-
teurs, européens ou indigènes, qui seront chargés de cet
enseignement. Des récompenses seront, d’ailleurs, décernées
à ceux qui, ayant assumé cette tâche, l'auront accomplie avec
le plus de zèle et de succès.
Voilà donc un effort sérieux en vue de substituer à l'exploi-
12 RESSOURCES DES COLONIES
tation routinière et insuffisante du sol de certaines de nos
colonies des méthodes rationnelles de culture susceptibles
d'assurer une plus large mise en valeur de pays qui vivent
essentiellement de l'agriculture. {Journal Officiel de l'Afrique
Occidentale Françaïse, 12 Août 1916).
Le caoutchouc et l’élevage en Guinée Française. —
Depuis plusieurs années le commerce d’exportation de la
Guinée Française est en déficit notable, par suite de l’abaisse-
ment des prix des caoutchoucs, qui a d'autant plus retenti
sur les sortes guinéennes qu'on se plaint depuis longtemps
de leur adultération par les indigènes. Si, en général, les
caoutchoucs du Nunez, de Kankan et des environs de Kindia
sont présentés en bon état, ceux de Bissikrima, de Dabola et
de Kouroussa sont presque toujours très défectueux et chargés
d'impuretés. Il fut un moment où la valeur des exportations
de caoutchouc représentait, environ, 60 pour cent de la valeur
des exportations totales de la colonie, mais, depuis la baïsse
des cours de ce produit, les indigènes se sont tournés
vers l'élevage, et il était exporté en 1913 12.539 bovidés,
7.852 moutons, 1.001.815 kilos (d'une valeur de 1.753.177 francs)
de peaux brutes de bœufs, 8.068 kilos de peaux brutes de
moutons et de chèvres. La colonie se préoccupe, non seule-
ment de développer l'élevage, mais de l'améliorer, et aussi de
lutter contre les épidémies qui, comme la péripneumonie,
éprouvent fortement les troupeaux. En 1912 il y avait en
Guinée Française 400.000 bovins, 150.000 ovins, 140.000 caprins
et 30.000 chevaux. Les deux grandes régions d'élevage sont le
Fouta-Djallon et la Haute-Guinée. Il y a une forte exportation
de ces animaux et des sous-produits vers Sierra-Leone.
(Rapport d'ensemble annuel pour1913. Paris, 1916.— Bulletin
de l'Office Colonial, Mars 1916).
L'arachide et le sésame en Guinée Française. — La
Guinée Française a exporté en 1913 3.541.106 kilos d’arachides
en coques et 762.313 kilos de sésames, en 1914 3.325.450 kilos
des premières (à destination de Marseille) et 889.321 kilos des
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 43
secondes. La culture de ces deux plantes annuelles peut être
pratiquée en Guinée Française depuis la côte jusque dans la
vallée du Niger.
En Basse-Guinée, la culture de larachide augmente tou-
jours ; et de grandes étendues de terrain sont encore utilisables
dans la Moyenne et la Haute-Guinée. Le développement de
cette culture sera facilité par l'introduction de variétés à
grand rendement, par la culture mécanique, et par la création,
pour la Moyenne-Guinée, d’un type d’arachide dont la qualité
sera supérieure à celle de la côte. A la Station de Kankan, on
a obtenu, à l'hectare, 1.000 kilos avec la variété le 7iga,tandis
que le 7iga nin Kourou a donné 722 kilos et le Sama tiga
690 kilos.
A la Station de Kindia, le sésame a donné un faible
rendement, par suite de son exigence au point de vue du sol
et des attaques de la rouille. À la Station de Kankan, le
sésame de Jaffa n’a donné aucun résultat ; la récoite a été de
145 kilos à l’hectare, alors que le sésame indigène à donné
216 kilos. ;
A la Station de Kindia, le sésame noir, dont la graine sert
à l'alimentation indigène, mais qui est une tout autre plante
que le sésame, puisque c’est l/Æ/yptis spicigera, a donné un
meilleur rendement que le vrai sésame ; malheureusement la
faible teneur en huile (18 pour cent) rend la culture de cette
plante peu rémunératrice. {apport d'ensemble annuel
pour 1913. Paris, 1916).
Le riz en Guinée Française. — Beaucoup d'indigènes, que
les bas prix du caoutchouc ont détournés de cette exploitation,
ont tourné leurs efforts vers la culture du riz ; et les exporta-
tions de la céréale, pour 1913, ont été de 14.688 kilos, d'une
valeur de 24.908 francs. A la Station d'Essais de Benty, les
essais de riziculture ont, du reste, donné d'excellents résultats.
Une variété Malalokitt Pyriontong a fourni 3.249 kilos de
paddy à l’hectare, la variété Maronké 2.550, tandis que la
variété Jaka n'a pas dépassé 1.300. À la Station de Kindia,
par contre, on à obtenu 1.900 kilos avec cette variété /aKa et
44 RESSOURCES DES COLONIES
1.679 kilos seulement avec le Maronké. À la même Station,
les rendements des riz de montagne ont été très inférieurs :
720 kilogrammes avec le Saliforé et 318 kilogrammes avec le
Zougué. A la Station de Kankan, le riz Fossa a donné 1.033
et 966 kilos. IT faut ajouter qu'à Benty et à Kindia on a
procédé par repiquage, tandis qu’à Kankan, où les rendements
ont été plus faibles, on à semé directement. (Au sujet des
avantages du repiquage, voir notre compte-rendu du Congrès
de riziculture de Valence, en 1914, dans le Bulletin n° 79
de l'£xpansion coloniale de Vinstitut Colonial Marseillais
de 1914).
Des études sur la culture du riz doivent être d'autant plus
activement poursuivies en Guinée que la céréale peut être
cultivée dans toute la colonie. (Rapport d'ensemble annuel
pour 1913. Paris, 1916).
Les bananes et les ananas en Guinée Française. — Une
culture intensive du bananier est à poursuivre en Guinée
Française, en raison de la consommation toujours croissante
des bananes en France. Le jour où la question des transports
serait résolue, notre colonie prendrait une place très impor-
tante parmi les pays producteurs de ces fruits. Elle pourrait
aussi fournir à l'exportation des ananas. Actuellement
bananiers et ananas sont déjà cultivés dans de nombreuses
concessions, là où l'irrigation est assurée, en Basse-Guinée et
en Moyenne-Guinée, notamment au voisinage de la voie
ferrée de Conakry au Niger. (Rapport d'ensemble annuel
pour 1913. Paris, 1916).
Le palmiste en Guinée Française. Ilétait exporté en
1913 164.261 kilos de beurre de palme et 35.172.165 kilos
d'amandes. Tandis que le beurre de palme était principa-
lement à destination de la France, c’étaient les marchés de
Brême et de Hambourg qui absorbaient la plus grande
partie de la production de palmistes ; d’où une diminution
sensible dans les expéditions de ces amandes en 1914. (Rapport
d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916).
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 45
La friabilité du tourteau de palmiste et les difficultés de
transport qui en résultent sont parmi les principales causes
qui, en nuisant au commerce de ce tourteau, ont fait plus
ou moins abandonner chez nous l'emploi des amandes de
palme en savonnerie. Il résulte cependant de nombreuses
expériences faites récemment dans divers Collèges agricul-
turaux d'Angleterre, sous la direction générale de Sir Owen
Philipps, président de la Section de lOuest-Africain de la
Chambre de Commerce de Londres, que le tourteau de
palmiste est un excellent aliment pour le bétail, valant, au
point de vue nutritif, pour l'engraissement et pour la produc-
tion du lait, les tourteaux de lin et de coton, et ayant
l'avantage de coûter moins cher.
Les animaux, en général, acceptent assez volontiers le
tourteau de palmiste s'ils y sont habitués de bonne heure, et
avant d’avoir été accoutumés à d’autres aliments concentrés.
Dans les cas individuels où il y a plus grande répugnance, on
mélange pendant quelque temps le tourteau avec une autre
ration à saveur agréable. Les bouchers anglais ont déclaré
de bonne qualité la viande des bœufs ainsi engraissés. Pour
les vaches laitières, le tourteau de palmiste, d’après Jes essais
faits à la Station Expérimentale de Garforth, augmenterait
légèrement la production du lait. Cette augmentation aurait
été de 5 livres 1/2 de lait par jour, sur 140 livres fournies par
quatre vaches. Au Collège Armstrong, à Newcastle-sur-Tyne,
on a constaté, d'autre part, que la teneur de lait en beurre a
été plus élevée avec le tourteau de palmiste qu'avec celui
de coton. Le beurre est un peu pâle, mais est de saveur
agréable.
L'inconvénient du tourteau de palmiste est qu'il se conserve
souvent assez difficilement et a tendance à rancir ; mais
encore cet inconvénient ne s'est-il pas manifesté au même
degré pour toutes les provenances. Lorsqu'il est destiné à
des moutons, le tourteau doit être humecté la veille ; il est,
au contraire, donné sec aux vaches laitières. (74e feeding
value of Palm kernel cake, dans le Bulletin of the Imperial
Institute de Juillet-Septembre 1915).
46 RESSOURCES DES COLONIES
Le cocotier en Guinée Française. - Les premières
plantations de cocotiers effectuées dans la Mellacorée vont
commencer à fructifier. En Basse-Guinée, les terrains
favorables à la culture de ce palmier représentent de grandes
surfaces, et le coprah peut devenir un des articles de com-
merce de la colonie. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913.
Paris, 1916).
Le touloucouna, le lamy et le mené. — Toutes ces
graines ont, en France, pour la stéarinerie, un écoulement
certain, mais il faudrait que les usines marseillaises fussent
assurées d’une alimentation régulière. Comme pour le karité
au Haut-Sénégal et Niger, il y a peut-être intérêt à traiter les
graines sur place et à expédier la substance grasse. C’est ce
qui a déjà été commencé en 1913 ; et on aurait reconnu que
c'est principalement sur le /ouloucoura que doivent porter
les efforts. (apport d'ensemble annuel pour 1913.
Paris, 1916).
L’or en Guinée Française. - La seule exploitation en
activité en Guinée Française est celle de la Compagnie des
Mines de Siguiri, sur le gisement de Fatoya. D'’août à fin
Décembre 1913, la production d’or a été de 16.811 grammes,
avec un rendement, par tonne, de O0 gr. 982. Dans le cercle
de Siguiri, les exploitations indigènes, d'autre part, auraient
produit plus de 400 kilos d’or, qui a été acheté par les commer-
çants de la région. (Lapport d'ensemble annuel pour 1913.
Paris, 1916).
* Le caoutchouc à la Côte d'Ivoire. — Comme pour
toute l'Afrique Occidentale Française, les exportations de
caoutchouc de la Côte d'Ivoire sont en diminution
(960.919 kilos en 1913). Il importe plus que jamais d’amé-
liorer le produit de cueillette. Dans la Haute-Côte d'Ivoire
surtout, les Zandolphia peuvent encore donner un bon
caoutchouc, mais à la condition essentielle qu’un mode uni-
forme de préparation soit imposé aux récolteurs. Une méthode
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 47
à préconiser est celle qui consiste à obtenir des plaquettes
minces fsheets), en soudant les unes aux autres, dans un
moule en bois, les bandelettes de caoutchouc obtenues par
coagulation -sur le tronc même, puis lavées et séchées.
(Voir plus loin la note sur le caoutchouc au Gabon).
Il faut aussi remplacer par ces sheets les cakes de
Funtumia elastica. D'excellents résultats ont déjà été
ainsi obtenus dans les Gouros (Zuénoula) et le N’zi-Comoe
(Ouelloé). (Rapport d'ensemble annuel pour 1913.
Paris, 1916.)
En 1914, les exportations de caoutchouc n'étaient plus
que de 153.720 kilos ; elles ont été en 1915 de 218.476 kilos.
Les bois de la Côte d'lvoire. — Les exportations de
bois de la Côte d'Ivoire, essentiellement constituées par
l'acajou du pays, étaient de 42.651.820 kilos en 1913, de
40.995.565 kilos en 1914 et de 17.867.300 kilos en 1915. Ces
exportations vont surtout vers l'Angleterre et vers la
France.
Les permis d'exploitation portent, pour la plupart, sur le
cercle des Lagunes, et principalement en bordure du chemin
de fer, ainsi que de la rivière Mé et du Comoé. Le cercle de
Lalou se place au second rang, avecles exploitations sur Île
Bandama et ses nombreux afiluents.
Pour tirer leurs billes, les exploitants emploient de plus
en plus le Decauville. La Compagnie Forestière a même
installé à Ono un petit chemin de fer qui a, actuellement,
une longueur de 10 kilomètres. (Lapport d'ensemble annuel
pour 1913. Paris, 1916.) Le fléchissement de 1915 tient au
manque de coupeurs et de moyens de transport.
Le palmiste à la Côte d‘Ivoire. — Comme pour
la Guinée Française, les amandes de palme en 1913
(6.166.105 kilos) étaient surtout expédiées à Hambourg et à
Brême ; la France recevait plutôt le beurre de palme. Les
exportations totales de la colonie en 1915 étaient de
4.983.447 kilos de beurre de palme et 6.112.611 de palmistes.
4 RESSOURCES DES COLONIES
Pour ces produits de l'Ælaeis guineensis, Ya Côte d'Ivoire, en
Afrique Occidentale Française, vient au second rang, après le
Dahomey. Et en 1913 des mesures étaient prises pour
provoquer une exploitation plus intense des palmiers. Les
arbres ont été dégagés de la haute brousse qui les entourait,
et des concasseurs à main ont été cédés aux indigènes. Dans
plusieurs provinces, des palmeraies jusqu'alors négligées ont
été exploitées pour la première fois, à Adzopé et Agboville,
dans le cercle des Lagunes, à Menlé, dans le Baoulé-Sud,
à Dida, dans le Grand-Lahou, et à Guidéko, dans le cercle
du Bas-Sassandra. La production actuelle est loin d’être ce
qu'il serait possible d'obtenir.
Des huileries ont été établies. Celle de Drewin, très
importante, a exporté plus de 460 tonnes d'huile et
autant d'amandes. L'huilerie de Bingerville extrait l'huile
par le système Fournier. Une nouvelle huilerie à Impérié,
dans le cercle de Bassam, avait adopté en 1913 l'outillage
Haake. Les Allemands eux-mêmes, cependant, au Togo,
avaient, en définitive, préféré la presse Fournier. (Lapport
d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916 ; et autres
articles.)
Le piassava à la Côte d'Ivoire. — Les indigènes du
littoral s'intéressent peu à la récolte de ces filaments de
Raphia (Raphia Hookeri sans doute), dont l'exportation a
été en 1913 de 3.695 kilos. (Rapport d'ensemble annuel
pour 1913. Paris, 1916.)
Le copal à la Côte d'Ivoire. — Les exportations de
copal étaient de 5.599 kilos en 1913, et de 1.745 kilos
seulement en 1915. Les indigènes ne récoltent pas la résine en
saignant les arbres, comme en Guinée et à Sierra-Leone ;
ils recueillent seulement les exsudations qui s'’écoulent des
blessures naturelles, ou celles qui sont à l’état de blocs
plus ou moins fossilisés dans les alluvions fluviales. (7/4.
Paris, 1916.
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 3 49
Le karité et autres arbres oléagineux à la Côte
d'Ivoire. — Le Bufyrospermum Parkii n'est abondant que
dans le Nord-Est de la Côte d'Ivoire, vers Tengrela, Korhogo,
Kong et Bouna. Les exportations de beurre étaient de
8.847 kilos en 1913.
Le fama (Pentadesma butyracea), le doumori (Dumoria
Heckelii), le koubi (Carapa Touloucouna) et le mana
{(Lophira alata), très communs dans diverses régions de la
colonie, ne sont exploités que pour le commerce local.
(Id. Paris, 1916.)
Le kolatier à la Côte d'Ivoire. — Le kolatier, à la Côte
d'Ivoire, n’est abondant qu’à proximité des villages, où il est
planté. Les principaux centres de production sont situés sur
la limite Nord de la forêt dense, notamment dans l'Ouest de
la colonie, vers Sinfra, Daloa, Vavoua et Man, où les cara-
vanes soudanaises viennent faire leurs provisions annuelles.
Dans la Basse-Côte, les noix sont moins bonnes, se conser-
vent plus difficilement et sont plus souvent piquées. Les
indigènes les préparent aussi moins bien.
Des pépinières ont été établies dans les cercles d'Odienné,
de Touba, d'Ouorodougou, du N’zi-Comoé, de l’'Indénié et du
Baoulé-Nord.
Les Européens ont fait des plantations dans les cercles
d’Odienné et du Haut-Sassandra et dans celui de Boudoukou.
(Id. Paris, 1916.)
Les exportations étaient de 18.282 kilos en 1913 et
32.740 kilos en 1915.
Le coton à la Côte d’Ivoire. — Nulles encore en 1912,
les exportations de coton égrené de la Côte d'Ivoire étaient
de 18 tonnes en 1913, et de 100 tonnes en 1915; on espère
400 ou 500 tonnes pour 1916. Le cotonnier tient une place
importante dans les cultures des cercles du Nord et surtout
du Nord-Ouest; et c'est dans le Baoulé-Nord que la produc-
tion est la plus élevée. La culture s'est développée, là, sous
l'influence de l'usine d’égrenage et de pressage de Bouaké, qui
1
50 RESSOURCES DES COLONIES
est exploitée par la colonie, avec le concours de l'Association
Cotonnière. Dans les régions dont l'éloignement ne permet
pas le transport du coton brut à cette usine, comme dans les
cercles de Korhogo, de Seguela et des Tagouanas, des
égreneuses à main pour confectionner des balles de 30 kilos
ont été envoyées. Un matériel semblable a été réparti dans
divers postes du Baoulé-Sud et du Comoé.
Les premiers cotons de la Côte d'Ivoire ont été payés au
Havre 1.806 francs la tonne avant la guerre. Ce prix, vraisem-
blablement, s’élèvera à mesure que la qualité s’améliorera et
sera mieux connue. {Rapport d'ensemble annuel pour 1915.
Paris, 1916.)
Le cacaoyer à la Côte d'Ivoire. — Selon toute appa-
rence, le cacaoyer fut introduit à la Côte d'Ivoire, vers 1870,
par des indigènes voisins de la Gold Coast, et les Européens
commencèrent vers 1880 à s'intéresser quelque peu à cette
culture. Cependant jusqu’en 1908 toutes ces plantations étaient
insignifiantes, et les exportations de cacaos n'étaient, en cette
année 1908, que de 2.733 kilos. C’est depuis lors qu’elles se
sont élevées progressivement à :
5.139 kilos en 1909
71289, 19) 140910
15-070 N° 0240914
20.954 > D 1912
47-190 D) 0204013
39-970 0 000 1014
113 6066. 2222 1919
On espère plus de 300 tonnes en 1916 et 3.000 tonnes aux
environs de 1921.
Il y a donc progression constante pour ce produit qu’exporte
aujourd'hui en si grande quantité, comme nous le verrons
dans un autre article, la Gold Coast.
C’est, en tous cas, à l’occasion de l'exportation des 100 tonnes
de 1915 que M. Angoulvant, alors Gouverneur de notre colonie
de la Côte d'Ivoire, a jugé, avec raison, opportun de retracer
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE au
dans une Notice imprimée en 1916 à Bingerville ‘les
déboires subis, les résultats obtenus et les perspectives
d'avenir qu'il est permis d’escompter. ”
D’après cette étude, on comptait en Décembre 1915, dans
les plantations indigènes, plus de 1.675.000 cacaoyers, dont
159.000 en rapport ; et le nombre de ces plantations, indivi-
duelles ou collectives, était de :
155 dans le cercle de l'Agnéby
FELPMES) » d’Assinie
730 » » du Bas-Cavally
47 0 » de Bassam
22 D) » du Bas-Sassandra
645 » » de l’Indénié
165 » » des Lagunes
77 » » de Lahou
25 » » du N’Zi-Comoé
A la même époque, la surface plantée en cacaoyers par les
13 exploitations européennes était de :
350 hectares dans le cercle d’Assimie
140 » » » d'Agnéby
10 » » » du Bas-Cavally
10 » » » du Bas-Sassandra
60 » » » de Bassam
30 » » » des Lagunes
La colonisation agricole européenne, encore à ses débuts,
n’a donc pas dès maintenant pris l'importance qu'elle devrait
avoir, mais les plantations indigènes s’accroissent rapidement,
et le cacaoyer est bien définitivement implanté dans toute la
zone forestière voisine du littoral et même dans l’arrière-pays.
Toutes les populations ne manifestent pas sans doute le
même goût pour la culture, mais, d’une part, parmi les
autochtones, les Agnis, et prochainement à leur suite,
certaines tribus Baoulès et les habitants du pays de Krou, et,
d'autre part, parmi les étrangers, beaucoup d'employés ou
artisans Sénégalais et Fantis montrent des aptitudes réelles.
52 RESSOURCES DES COLONIES
Et ce sont ces éléments qui ont créé les trois centres princi-
paux de production du cacao, qui sont, de l'Est à l'Ouest :
1° Tout le pays Agni, qui longe la frontière de la Gold
Coast, depuis l’Assikasso jusqu’au Sanwi ;
2° La région de Tiassalé et du Bandama, inférieur ;
3° Le pays de Krou, ou, mieux, les districts de Tabou et de
Grabo du cercle du Bas-Cavally.
De ces trois régions, c’est le Bas-Cavally qui a toujours
tenu le premier rang pour les exportations et qui le conser-
vera certainement pendant plusieurs années encore.
Les exportations de Tabou (58.235 kilos en 1915) sont
presque totalement alimentées par la production indigène.
Au contraire, celles d’Assinie (26.634 kilos en 1915) pro-
viennent pour près des deux tiers des plantations européennes
d’'Aboisso, de Noé et d’'Elima.
Le port de Bassam (8.185 kilos) n’est encore utilisé que
pour l’embarquement du cacao récolté dans le cercle des
Lagunes, et qui provient en majeure partie des plantations
de M’'Bato, d’Impérié et d'Ingrakon. Les fermes des aborigènes
n’ont donné en 1915 qu’un peu plus de deux tonnes, ce cercle
des Lagunes étant certainement celui de la colonie où les
efforts déployés pour implanter la culture du cacaoyer chez
les autochtones ont obtenu le moindre succès. Les races très
variées qui composent cette population opposent une force
d'inertie d'autant plus grande qu’elles trouvent dans la pêche
et dans l'exploitation du palmiste des ressources largement
suffisantes. Les Ebriès, en particulier, se montrent réfractaires
à toutes les tentatives, et ce n’est pas sans peine qu'on parvient
à leur faire récolter les cabosses produites par les quelques
arbres qui subsistent des introductions de 1908.
Le quatrième port d'embarquement des cacaos de la Côte
d'Ivoire est Lahou, dont les exportations (20.913 kilos en 1915)
sont surtout fournies par Tiassalé et ses environs, car le
cercle même ne donne guère qu’une tonne et demie à deux
tonnes. La production européenne n'entre même pas ici pour
la moitié du total.
Quant à la qualité de ces cacaos de notre colonie, elle est,-
3
Q\
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
d’après les appréciations des experts, au moins égale à celle
des produits. de la Gold Coast; nous pourrons donc dans
l'avenir nous procurer chez nous les quantités que nous
importons actuellement (11.762.232 kilos en 1914) de la
possession anglaise.
Mais il importe évidemment d'apporter à cette culture du
cacaoyer, telle que la pratiquent encore aujourd’hui les
indigènes, des améliorations qui ne pourront être introduites
que peu à peu, par des études nouvelles et surtout l’organi-
sation d’un Service Agricole. Décidé en principe avant les
hostilités, ce Service n’a pu être créé dans les circonstances
actuelles ; espérons qu'il le sera aussitôt que la situation le
permettra. ‘Conduite rationnellement, sans absorber toute
l'activité des planteurs, la culture du cacaoyer doit devenir un
des principaux éléments de la fortune à la Côte d'Ivoire, qui,
grâce à la variété et à l'abondance de ses productions, restera
toujours l’une des colonies les plus prospères de lAfrique
»
occidentale”. (Développement de la culture di cacaoyer au
31 Décembre 1915, à la Côte d'Ivoire. Bingerville, 1916).
Les produits animaux à la Côte d’Ivoire.— L'élevage ne
tient qu'une place secondaire à la Côte d'Ivoire. Le bétail,
dans le Nord-Ouest, a été très éprouvé par la péripneumonie
et le charbon symptomatique importés par les caravanes
soudanaises. Dans le Baoulé, le cheptel se reforme. Les
bœufs exportés proviennent, en réalité, pour la plus grande
partie, du Haut-Sénégal et Niger. Les peaux expédiées ont
une moindre valeur que celles de la Guinée ; et cela tient déjà
à ce qu'elles ne sont pas arseniquées avant leur expédition.
La cire d’abeilles ne figure aux exportations que pour
2.500 kilos ; elle pourrait être récoltée en grande quantité
dans le Nord de la colonie. (Rapport d'ensemble annuel
pour 1913. Paris, 1916).
Le palmiste au Dahomey. — Comme pour la Côte
d'Ivoire, les amandes de palme du Dahomey, avant la guerre,
D4 RESSOURCES DES COLONIES
étaient presque totalement envoyées à Hambourg ; l'huile de
palme, seule, était dirigée sur les ports français.
En 1913, la récolte des fruits a été défavorablement
influencée par la sécheresse des derniers mois de 1912 et des
premiers mois de 1913. L'ÆJaeis guineensis est, en effet,
tributaire des pluies de l’année précédente, et surtout de la
petite saison.
Les concasseurs d'amandes ont donné aux indigènes de
bons résultats ; mais le prix en est un peu élevé et il faudrait
donc que les habitants des villages achetassent à frais com-
muns des appareils qui serviraient à tous. (/4., Paris, 1916).
Le maïs au Dahomey.— L'augmentation des exportations
de maïs a compensé en partie, en 1913, la diminution des
exportations de palmistes. La culture de la Graminée est, en
effet, de plus en plus florissante dans toute la colonie. Il est
toutefois regrettable qu’elle entraîne la déforestation et toutes
ses conséquences. Il est sorti en 1913 13.256.163 kilos de
maïs. (/d., Paris, 1916).
Le cocotier au Dahomey. — II est actuellement, au
Dahomey, deux grands centres d’extension du cocotier : la
région de Grand-Popo ; 2° les environs de Ouidah. Dans la
région de Grand-Popo, tout le cordon littoral qui s'étend de
Grand-Popo à la frontière convient bien au palmier, sauf
l'étroite bande de terrain qui touche à la dune. Les plantations
nouvelles s’étagent tout le long de la route de Grand-Popo à
Agoué et près du village de Bedjin. Les propriétaires sont de
petits commerçants ou des traitants des maisons de commerce
de Grand-Popo, qui confient l'entretien de leurs terrains à
des indigènes du pays; mais cette culture nouvelle, actuelle-
ment entre les mains de gens inexpérimentés, doit être, dans
l'avenir, améliorée. A Ouidah, les plantations sont, au
contraire, l’objet de grands soins. Les plants sont régulière-
ment alignés sur des terrains bien préparés ; les distances
observées sont régulières et normales, et beaucoup d’indigènes
se livrent, en saison sèche, à des arrosages réguliers. Il ne
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 55
reste plus à l'Administration qu'à développer cette émulation
et, en prêchant d'exemple, à créer le même mouvement sur le
cordon littoral qui s'étend de Cotonou à Porto-Novo.
L'augmentation de l'exportation n’est nullement parallèle
à l'élévation de la production ; la raison en est l'accroissement
de la consommation locale des noix vertes et aussi la création
de pépinières. Les expéditions de coprah en 1913 étaient de
236.071 kilos. (Rapport d'ensemble annuel pour 1915.
Paris, 1916).
Le cotonnier au Dahomey. — La production de coton
pour l'exportation s’est surtout développée dans le Moyen-
Dahomey, et, en particulier, dans le cercle de Savalou.
Savalou fournit 70 pour cent de l'exportation générale,
Savé 15, Abomey 10 et Zagnanado 5. Dans le Haut-Dahomey,
la culture reste limitée à l'emploi sur place. Dans le Nord du
cercle du Mono, aux environs de Doncly, de nombreux
terrains ont été affectés à la culture du cotonnier, mais qui est
encore imparfaitement faite. Les plants notamment sont laissés
trop nombreux par touffe. En 1913, le Dahomey expédiait
171.193 kilos de coton égrené et 37.740 kilos de coton brut.
L'Association Cotonnière ne fait plus de culture personnelle,
mais se contente de distribuer des graines de semence et
d'entretenir ses ateliers d'égrenage. (/4., Paris, 1916).
Le karité au Dahomsy. — Il a été exporté du Dahomey,
en 1913, 136.850 kilos d'amandes de karité et 169.841 kilos de
beurre. C’est donc un commerce en sérieuse augmentation.
Mais, contrairement à ce qu'on admet aujourd’hui dans le
Haut-Sénégal et Niger, on ne pense pas, au Dahomey, que ce
soit le transport du beurre qui soit le mode d'expédition
préférable, probablement parce qu'on n'a pas encore su
trouver le moyen convenable d'expédition. Il est dit, en
tout cas, dans le Æapport d'ensemble annuel de 1913 :
‘Le beurre présente de graves inconvénients de transport
et accuse à l'arrivée en Europe un déchet assez considé-
rable, dû au rancissement de la couche superficielle. I]
56 RESSOURCES DES COLONIES
faudrait, pour en assurer une meilleure conservation, en
opérer la fusion sur la côte, de façon à le loger dans des
tonneaux ou des récipients étanches qui empêcheraient la
rancidité. C'est là une opération coûteuse et longue ; aussi le
commerce envisage-t-il plus favorablement l'expédition des
amandes, dont la dessiccation peut être facilement
assurée par un passage dans un four simple, de construction
facile. Bien que ce produit soit encombrant, et, par suite,
d'un transport malaisé, ce mode d'expédition apparaît comme
devant être moins aléatoire que l’expédition du beurre, tout
au moins pour les régions voisines de chemin de fer ou
celles traversées par les voies d'automobiles.
Le cacaoyer et le kolatier au Dahomey. — Le
cacaoyer et le kolatier sont assez généralement associés dans
les nouvelles plantations qui, au Dahomey, sont établies en
bordure des marigots ; et c’est dans les cercles du Mono,
d'Allada, de Zagnanado et de Porto-Novo (région de Sakété)
que les nouveaux essais sont le plus intéressants.
La culture du cacaoyer est d’ailleurs récente au Dahomey.
En 1910, il n’y avait qu'une plantation, celle des Pères des
Missions Africaines à Zagnanado ; puis un centre s’est
créé dans le Mono, mais plutôt dû aux étrangers qui
ont antérieurement habité la Gold Coast. Les autochtones ne
suivent que lentement cet exemple. La région réellement
propice dans le Mono doit se limiter au centre de Niavo et
aux terrains frais qui bordent la Sazaé et les nombreux
marigots qui en dépendent. On comptait en 1913 dans ce
cercle 21.210 cacaoyers, dont 2.260 de 6 à 7 ans, 6.550 de 3 à
5 ans et 9.550 de 1 à 2 ans.
Dans le cercle d'Allada, les progrès sont plus lents,quoi qu'il
y ait beaucoup d’endroits, sur les bords des rivières, favo-
rables à la culture. En 1912, la production du cacao au
Dahomey a été de 7.182 kilos.
Dans les Stations d’'Essais de Sakété-Boukoutou et de
Niaouli, on cultive le kolatier (sans doute le Cola nitida)
pour distribuer des graines aux indigènes, en vue de
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 57
remplacer par la bonne espèce l'espèce indigène. La produc-
tion des kolatiers de la Station de Niaouli est destinée à la
propagation de l'arbre dans les cercles d’Allada, de Ouidah
et du Mono. (Rapport d'ensemble annuel pour 1915.
Paris, 1916.)
58 RESSOURCES DES COLONIES
AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE
Le commerce au Gabon en 1914. — Les exportations
de noix de palme de la colonie vers l'Angleterre ont
augmenté en 1914. En huile de palme, la France a reçu
30.616 kilos et l'Angleterre 55.253 kilos.
Il est sorti 119.403 kilos de piassava, presque entièrement à
destination de l'Angleterre. Un peu de ce produit, avant la
guerre, était dirigé vers l'Allemagne.
Sur 180.274 kilos de caoutchouc, 159.888 kilos ont été pour
la France et 20.184 pour l'Angleterre. La France a reçu
16.603 tonnes de bois, l'Angleterre 12.325, l'Allemagne
30.276 et les autres pays 28.253. (Bulletin de l'Office
Colonial, Janvier-Février 1916.)
Le caoutchouc au Gabon. — L'énorme importance prise
par le caoutchouc de plantation diminue évidemment chaque
jour l’intérêt du caoutchouc de cueillette. On estime que, en
1916, sur une production mondiale de 165.000 tonnes de
caoutchouc, il y aura 125.000 tonnes de ce caoutchouc de
plantation contre 40.000 tonnes de caoutchouc de cueillette ;
et de ces 40.000 tonnes il n’y en aura guère que 9.000
provenant des pays autres que le Brésil. Nous avons, du
reste, vu plus haut, à propos de l'Afrique Occidentale
Française, quelle diminution ont subie dans leurs expor-
tations de caoutchouc nos colonies comme la Guinée
Française. Iln’empêche que, surtout en raison des besoins
qu'entraînera après la guerre la réorganisation des industries,
il y aura sans doute longtemps place encore, sur les marchés,
tout au moins pour les caoutchoucs sylvestres bien préparés ;
AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE 59
et c'est dans le but d'obtenir précisément des indigènes, non
seulement des récoltes plus importantes, mais surtout une
amélioration dans la qualité, que, en Avril 1916, M. le
Lieutenant-Gouverneur Guyon a adressé aux chefs de circons-
cription du Gabon une notice relative au mode d’exploi-
tation de ce caoutchouc. Les instructions ont été rédigées par
l’Inspecteur d'Agriculture Antonin Bories.
Le gouverneur recommandait :
1° L'organisation de chantiers de cueillette, dirigés et
surveillés, soit par de notables indigènes qui y seront
encouragés par les remises sur la perception d'impôts, soit
par des gardes régionaux choisis, et, de préférence, des
gradés.
2° La vulgarisation des procédés de récolte et d’amélio-
ration du caoutchouc, notamment sous la forme de plaquettes
minces, ou crépes, préférables aux formes en boules.
Pour favoriser ce procédé, une différence de 500 francs par
tonne a été prévue en 1916 dans les prix de rétrocession, au
bénéfice du caoutchouc en plaquettes minces.
Les plantes à caoutchouc du Gabon sont : l’zreh, ou
Funtumia elasfica, comme arbre, dans le Nord de la
colonie ; le ZLandolphia Klainei et le Landolphia
owariensis, comme lianes ; puis le Landolphia Thollenir,
comme producteur du caoutchouc des herbes.
Les meilleures époques de saignée sont le début des
saisons pluvieuses, Octobre et Novembre d'une part, et
Février et Mars de l’autre. On doit faire, de préférence, les
incisions dès le matin, avant 9 heures ; on peut encore les
pratiquer à la rigueur le soir après 16 heures. Un temps
couvert est le plus favorable ; et sur le tronc, le meilleur côté
est celui qui n’est pas exposé au soleil.
Avant l’incision, on racle l'écorce de ce tronc avec un fort
couteau et on lave. La coagulation sur le tronc peut être
conseillée, mais il faut faire perdre à l'indigène l'habitude de
provoquer cette coagulation avec l'urine, ou la sueur, ou le
sel marin. Le meilleur goagulat est une décoction de feuilles,
qu'on filtre et qu'on décante ensuite,
60 RESSOURCES DES COLONIES
Lorsque la coagulation s’est opérée sur le tronc, M. Bories
recommande de préparer le caoutchouc sous la forme de
sheefs, suivant la méthode que nous avons déjà indiquée plus
haut, à la Côte d'Ivoire. On fabrique un moule avec une
planchette de bois non raboté, qu’on borde de 4 petites lattes
formant côtés. La planchette a 20 à 25 centimètres de longueur
sur 10 à 15 centimètres de largeur, et les lattes ont 1 à 2 centi-
mètres de hauteur.
Toutes les larmes ou lanières du caoutchouc qui s’est
coagulé sur le tronc des Landolphia sont placées les unes à
côté des autres au fond de’ ce moule ; et, en les comprimant
légèrement avec le pouce, on les soude les unes aux autres.
Lorsque tout le fond du moule a été ainsi garni sur une seule
épaisseur, la feuille, ou sAeef, est enlevée; on la lave, on la
comprime entre deux surfaces planes, par exemple entre deux
grosses pierres, puis on la fait sécher à l'ombre, dans un
hangar peu éclairé et suffisamment aéré. Pour cette
dessiccation, tous les sheets sont enfilés, à 2 à 3 centimètres
d'intervalle, sur une ficelle ou une tige de liane. Ils sont
suffisamment secs, en général, au bout d’une semaine.
Il y a avantage, lorsqu'on le peut, à fumiger, en outre, ce
caoutchouc en allumant du feu sous le hangar.
Le mode précédent de récolte se rapporte plus spécialement
aux Landolphia. Pour le caoutchouc Funtumia elastica,
M. Bories préconise la méthode indiquée, il y a quelques
années, par M. Chevalier.
Pour le caoutchouc des herbes, le meilleur procédé semble
celui qu'avait choisi le Service d'Agriculture du Congo Belge.
Les rhizomes, déterrés et réunis en bottes de 1 à 2 mètres de
longueur, sont transportés à l'endroit où doit être opérée
l’extraction'du caoutchouc. Quelquefois les bottes sont plon-
gées pendant quelques jours dans l’eau, afin que l'écorce se
détache ensuite plus facilement que par le battage ; mais cette
sorte de rouissage paraît plutôt défavorable. Mieux vaut débiter
les rhizomes en fragments de 30 à 40 centimètres. Aux extré-
mités et sur les blessures se coagulent de petites larmes, qu’on
recueille. Les fragments sont ensuite tapotés sur toute leur
AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE 61
longueur avec un maillet, ce qui facilite la décortication,
qu’on opère avec un couteau. Les écorces détachées sont
alors séchées au soleil pendant deux à trois jours, et elles
sont prêtes maintenant pour le pilonnage. Les mortiers à
fond conique sont ceux qui conviennent le mieux. Après
qu’une certaine pulvérisation a été obtenue, on verse de l’eau
sur la masse, tout en continuant à pilonner ; le caoutchouc se
dégage plus rapidement. De temps en temps on le presse
entre les mains pour en éliminer le liquide chargé d’impu-
retés ; et, lorsqu'il ne reste plus guère que le magma élastique,
on le lave à grande eau et on le presse une dernière fois
fortement entre deux rouleaux ou deux pierres arrondies, de
façon à le rendre aussi compact que possible.
Le palmiste au Gabon. - À la suite de la Circulaire du
Lieutenant-Gouverneur du Gabon que nous venons déjà de
citer, M. Bories a donné également des conseils aux indigènes
sur les meilleurs moyens de bien préparer, puis de bien
conserver l'huile de palme. Après avoir rappelé les procédés
employés au Lagos et au Dahomey, d’où proviennent les
meilleures qualités de cette huile — procédés qui seront
d’ailleurs de plus en plus remplacés avantageusement par
l'outillage moderne des maisons européennes — M. Bories
ajoute les renseignements suivants, qu'il est intéressant de
reproduire :
« Il importe de faire ressortir aux indigènes que, en vertu
de la faible quantité d'huile récupérée en une journée, ils ont
tout intérêt à apporter le plus de soin possible aux diverses
manipulations, afin d'obtenir un produit qui, par ses qualités,
puisse être vendu à un prix rémunérateur. À ce sujet, il
convient de rappeler aux fabricants que les meilleures huiles
sont celles de coloration jaune rougeâtre, et qui, en outre,
sont limpides.
« Bon nombre d'huiles indigènes ont une couleur plus ou
moins foncée, provenant d’une mauvaise préparation. La
fermentation et la cuisson que subissent les fruits au début de
leur traitement (surtout la première de ces opérations), suivant
62 RESSOURCES DES COLONIES
qu'elles sont plus ou moins prolongées, ont pour conséquence
d'accentuer plus ou moins la coloration de l'huile et de lui
donner en même temps un mauvais goût. De même, l’ébulli-
tion finale augmente la couleur en proportion de l'élévation
de la température. Donc, si la fermentation et la cuisson sont
poussées trop loin, l'huile obtenue est de coloration noirâtre
et d’odeur désagréable.
« D'autre part, les huiles préparées avec des fruits tombés
sur le sol, parce que trop mûrs, et ramassés après un contact
prolongé avec la terre, ont une teinte noirâtre et un goût de
moisissure souvent très prononcé.
« Il y a lieu de veiller à ce que les indigènes n’essayent pas
de masquer la mauvaise qualité des huiles en ayant recours à
la fraude. Dans certaines régions, les fabricants, pour donner
une belle couleur rougeâtre à leurs produits, les additionnent
de terre rougeâtre finement pulvérisée ou d’une décoction
d'écorce de palétuviers. Ces falsifications ont pour consé-
quence de corrompre rapidement lhuile et nuisent à sa
conservation. »
Au sujet de cette conservation de l'huile, M. Bories écrit
encore : « L'huile de palme, même de bonne qualité, rancit
rapidement, mais cette défectuosité n'empêche pas une bonne
vente, pourvu que le produit soit de belle coloration, suffisam-
ment limpide et exempt d’impuretés. D'autre part, le contact
de l'air est nuisible à la bonne conservation de l'huile. Il
provoque des fermentations qui ont pour conséquence de
corrompre ou de décomposer le produit.
« Pour conserver, pendant au moins une année, une huile
de bonne qualité, il importe donc de loger celle-ci dans des
récipients bien étanches, fermés hermétiquement. C'est là
chose facile dans les régions où la fabrication de l'huile de
palme est, depuis de longues années, effectuée sur une vaste
échelle ; les indigènes y sont approvisionnés en récipients de
diverses natures, tels que ponchons, jarres, etc... bien
appropriés pour la circonstance. Mais au Gabon il n’en est
pas de même; les récipients sont plutôt rares, et le moment
n’est pas favorable pour s’en procurer. Cette question du
AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE 63
logement de l'huile est donc difficile à résoudre et, cependant,
il me semble que, grâce à de persévérantes recherches, on
doit arriver, dans cette voie, à de bons résultats. Il y a lieu
de conseiller aux fabricants embarrassés pour loger leurs
produits, l'emploi, par exemple, de fûts vides (barriques,
demi-barriques, etc....), de bidons ayant contenu du pétrole,
mais à la condition que ces récipients ne soient mis en service
qu'après avoir été, au préalable, lavés minutieusement à l’eau
bouillante. Cette précaution est indispensable, l'huile s'im-
prégnant rapidement de la moindre odeur qui pourrait encore
subsister dans les récipients. Enfin, pour obtenir la complète
étanchéité des fûts et un bouchage hermétique des récipients,
il est bon de faire des applications de mastic, à base de résine,
de suif et d'argile mélangés en proportions convenables.
« Cette question du logement des huiles, en vue de leur
conservation, est de grosse importance. Le fabricant qui
dispose de récipients capables de garder la récolte pendant
un certain temps, sans crainte de détérioration, a l'avantage
de pouvoir écouler cette récolte au moment opportun, c’'est-à-
dire quand le prix lui paraît plus rémunérateur. À cet égard,
il y a presque toujours intérêt à grouper les récoltes par
village, par tribu ou par famille; on réduit ainsi le nombre
de récipients à employer, et, comme les stocks présentés à la
vente sont plus importants et de qualité uniforme, l'acheteur
est amené à faire des offres plus avantageuses. Partant de là,
il convient de faire appel à la collaboration du commerce
local pour faciliter aux fabricants l'acquisition ou la mise à
leur disposition des récipients nécessaires. Les transactions
n’en seront ainsi que plus faciles et plus profitables pour le
marchand comme pour le vendeur. »
64 RESSOURCES DES COLONIES
MADAGASCAR
Le commerce général de Madagascar en 1915. — En
cette année 1913, le commerce global de la colonie s’est élevé
à 109.833.000 francs ; c’est une plus-value de 19.383.000 francs
environ sur 1914.
Les exportations de riz ont été de 19.323 tonnes ; l'Afrique
du Sud et les Mascareignes importent de plus en plus ces riz
malgaches, qui, aux Comores, remplacent également peu à
peu les sortes de l'Inde.
Il a été exporté 1.726 tonnes de fécule de manioc, 530 tonnes
de tapioca et 1.148 tonnes de maïs.
Les expéditions de bois ont été de 2.558 tonnes ; celles des
fruits et graines à huile de 1.625 tonnes. Cette dernière
augmentation est due à l'entrée en rapport des plantations
du Nord-Ouest de l'île.
En 1914, les exportations de graphite, qui n'étaient que de
1.200 tonnes en 1911, s’élevaient à 12.000 tonnes ; elles ont été,
par conséquent décuplées en trois ans.
La culture du riz dans la région centrale de Mada-
gascar. — En Juin 1914, M. H. Leroy, Vice-Président de la
Chambre d'Agriculture de Madagascar, faisait à la Chambre
d'Agriculture de Tananarive une conférence sur la nécessité,
et les possibilités de l'extension de la riziculture dans le
Centre de l’île.
Que l'étendue des rizières actuelles soit nettement insuffi-
sante pour répondre aux demandes toujours croissantes des
usines, de l’exportation et de la consommation locale, c’est ce
que démontre bien tout d’abord M. Leroy, en prenant pour
MADAGASCAR 65
exemple particulier la province Betsileo de Fianarantsoa, qui
est une des régions les plus rizicoles de l'île.
Les surfaces de cette province cultivées en riz étaient de
23.971 hectares en 1911, 24.119 hectares en 1912 et 24.674 hec-
tares en 1913. Soit une moyenne de 24.255 hectares, et, à
raison d’une tonne parhectare,une production de 24.255 tonnes.
Or la province a une population de 300.000 habitants dont la
nourriture principale est le riz. Si l'on admet 500 grammes
par jour et par individu — ce qui est un minimum — la
consommation est de 150 tonnes par jour et 54.250 tonnes par
an, et, par conséquent, notablement inférieure à la production,
avec un déficit approximatif de 30.000 tonnes pour une année
moyenne. Et très vraisemblablement on arriverait à des
résultats identiques, par des calcuis analogues, pour les
diverses provinces de l’île, exception faite pour celle de
Tananarive où, surtout dans le voisinage de la ville, et grâce
aux remarquables travaux du Service de Colonisation, la
production fa pu être fortement augmentée.
Mais il importerait donc d'étendre à toutes les provinces
cet accroissement de production et d'y encourager non seule-
ment l'indigène mais aussi, et plus encore, le colon. Car
M. Leroy s'élève énergiquement contre cette opinion, qui a
été érigée en dogme, que la culture du riz à Madagascar ne
pouvait être entreprise que par les Malgaches. Sans doute, le
colon qui voudrait faire cette culture selon la méthode
indigène éprouverait des déboires, mais il faut employer les
instruments aratoires modernes et réduire la main-d'œuvre
au strict minimum. Les résultats qu'a déjà obtenus dans ce
sens, avec une vingtaine d'hommes, M. Leroy sont des plus
encourageants.
Pour l'aménagement d’un marais encore vierge qu’on veut
transformer en rizière, M. Leroy recommande de faire tout
d’abord tous les travaux qui permettront de drainer ou
d'irriguer à volonté cette rizière. Contrairement à ce que
prétendent certains indigènes, il faut toujours pouvoir
assécher le champ après la récolte, de même qu'il faut pouvoir
l'irriguer aux moments voulus.
66 RESSOURCES DES COLONIES
Le marais convenablement desséché, les herbes seront
brûlées si c'est possible. Un premier gros labour sera alors
exécuté avec de robustes Brabant doubles, construites pour
exécuter des labours de 30 centimètres de profondeur, mais
qui, dans le cas présent, seront plutôt choisies en raison de
leur solidité, car des labours de 18 à 20 centimètres sont
suffisants. Un hersage énergique est ensuite nécessaire. Il
sera suivi d’un second labour fait en travers, au moment de la
plantation du riz ; et à ce second labour succèdera un second
hersage, complété par l’action du piocheur vibrateur. Dans
les terres feutrées comme celles des marais, ce piocheur
vibrateur, qui est un scarificateur à lames flexibles, effectue
un excellent travail; la vibration des lames empêche le
bourrage. Ainsi préparé, le terrain peut, dès cette première
année, donner une récolte passable, à la condition qu'il soit
deux fois sarclé à la méthode indigène.
Lorsque, plus tard, la récolte a été enlevée et que l’eau s’est
écoulée, on déchausse avec le piocheur vibrateur, et le sol
déchaussé reçoit, cette fois avec la Brabant double, un unique
labour, suivi de plusieurs hersages, puis d’un ou de plusieurs
passages du piocheur vibrateur. Le sol étant bien scarifié, un
sarclage ultérieur à la main, toujours onéreux, est inutile.
Mais autre question : faut-il semer directement ou repiquer ?
M. Leroy, contrairement à l'opinion courante, est pour le
semis direct, qui, selon lui, ne supprime pas seulement les
frais de la transplantation, mais donne aussi un rendement
supérieur. L'indigène, dit M. Leroy, repique : 1° parce que, en
général, à l’époque des semis, l’eau fait défaut, d’où la
nécessité d’une pépinière d'attente ; 2° parce que, avec
l’'angady, le labourage est grossier et la rizière mal nivelée ;
3° parce que cet indigène manque ordinairement de la
quantité de paddy indispensable pour ce mode de semis, qui
emploie presque le double de ce qu’exige la pépinière. Il faut
ajouter que, par la bonne préparation préliminaire de son
champ, M. Leroy a diminué la nécessité du sarclage, qui est
un des inconvénients du semis direct.
MADAGASCAR 67
Un mois après le semis ou la plantation, la rizière doit être
mise à sec, et hersée au moyen de la herse articulée.
La moisson est effectuée à la faucille, et le battage peut
être obtenu par la batteuse à pointe, actionnée par un manège
à quatre bœufs.
Quant à la fumure, elle est réalisée au moyen du fumier de
ferme, qu’on enterre avec la charrue. Chaque parcelle de
rizière n’est fumée que tous les deux ans.
Et M. Leroy évalue à 3 tonnes par hectare le rendement
qu'il peut obtenir avec son mode de culture.
Au point de vue de l'amélioration de la qualité, le distingué
Vice-Président de la Chambre d’Agricuiture de Madagascar a
aussi poursuivi quelques essais de sélection, qu'il a principale-
ment entrepris sur la variété vary lava. Nous aurons sans
doute l’occasion de revenir plus tard sur ces expériences, sur
lesquelles nous ne voulons pas insister aujourd’hui, la question
de l’hybridation des riz, qu'a abordée M. Leroy, étant une
question très discutée. En tout cas, M. Leroy émet l'opinion
formelle que ‘* Madagascar paraît être un pays absolument
propice à la culture du riz de luxe”.
La riziculture comparée à Madagascar et en Italie. —
Nous avons publié en 1914, dans un Bulletin de lÆ£xpansion
Coloniale (Le Congrès de riziculture de Vercelli), et comme
suite à une enquête que nous avions faite dans le Vercellèse,
une petite étude sur la culture et la récolte des riz dans cette
région du Nord de FlItalie. Ce rapport a servi de base à
M. Leroy pour une étude comparée des procédés employés en
Italie et de ceux employés ou employables à Madagascar ;
nous croyons bon de reproduire en partie cette étude :
« En Italie, la rizière est divisée en pièces, ou appezza-
menti, de 6 hectares environ, que bordent des saules ou
des peupliers.
La configuration du sol malgache ne permettrait que
rarement la détermination d'étendues aussi vastes. Sur nos
‘
rizières, la pièce, ou ‘‘vala”, a 3 hectares environ. Chaque
vala est séparée par une digue peu élevée formant route,
68 RESSOURCES DES COLONIES
Aucun arbre n'est planté autour de la rizière, mais Fidée
italienne est à retenir. Le riz craint, en effet, énormément le
vent, principalement au moment de la floraison. Il est donc
de toute évidence qu'une ligne d'arbres atténuerait la brise.
L'expérience est à tenter. Les arbres attirent les oiseaux, en
particulier les ‘‘fody”, disent les indigènes. En admettant que
cette indication soit exacte, il faudrait encore contrôler si les
dégâts causés par le vent ne sont pas supérieurs à ceux
causés par les oiseaux. J’ai vu des rizières ne donner qu’une
récolte à peu près nulle à la suite d’un coup de vent survenu
à l’époque de la floraison.
En Italie, la pièce est divisée par des digues qu’on établit
aux endroits où le niveau du terrain se modifie. Ici c’est le
Ca
bourrelet de terre, ou ‘‘talaka”, qui, comme la digue italienne,
est percé, coupé de distance en distance, pour permettre à
l'eau de s’écouler dans le plan inférieur. L'emplacement de
ces bourrelets est judicieusement choisi. Comme la digue
italienne, le talaka est fixe. Sa construction demande des
soins, et toute modification est onéreuse. D'autre part, il
ne faut pas perdre de vue que le talaka ne doit, en
aucune façon, entraver la marche des instruments aratoires.
Dans ce but, et ne perdant pas de vue qu'à Madagascar
les grandes surfaces planes sont une exception, il est à
recommander de faire des planches étroites, mais longues.
Il est, en effet, difficile de labourer avec un attelage de six
bœufs si les sillons sont très courts ; par contre, le labour
se fera très facilement sur une planche longue et étroite.
Le peu de largeur de l’espace compris entre deux talaka
ne gêne en rien la marche des herses et des piocheurs
vibrateurs.
Le riziculteur italien apporte sur la rizière, avant le
labour, du fumier, du superphosphate et de la corne torréfiée.
Pour nos rizières malgaches, le superphosphate ne me
paraît pas recommandable. J’ai indiqué à la Chambre
d'Agriculture que je fumais au fumier de ferme et que je
procédais en ce moment à des essais d'engrais à la poudre
d'os. Nos rizières sont généralement acides, dépouvues
MADAGASCAR 69
presque totalement de chaux et d’une très faible teneur en
acide phosphorique. En introduisant dans le sol de la poudre
d'os, nous neutralisons l'acidité naturelle du terrain. Le
phosphate de chaux devient, en outre, assimilable, grâce à
sa combinaison avec les acides contenus en abondance
dans la rizière. Ce double résultat a encore pour effet de
favoriser la nitrification. En milieu acide, la nitrification
est toujours ralentie, au point de devenir pratiquement
nulle. L'absence de chaux, l'énorme quantité de débris
végétaux accumulés dans les fonds des vallées, donnent
naissance à une forte quantité d'acide ; d’où la nécessité
d'introduire une base capable de la neutraliser. Le riz, et
principalement le vary lava, le plus beau de nos riz,
craint l'acidité du sol. Les indigènes savent reconnaître le
sol acide, qu'ils appellent, en pays Betsileo, ‘‘tany manara”,
ou terre froide. Dans ces rizières, la réaction est franche-
ment acide et lessai à la teinture de tournesol ne laisse
aucun doute à ce sujet. Pour amender ces terres, les indi-
gènes brûlent la tourbe, apportent des cendres et des
engrais très décomposés. Très vraisemblablement un apport
de chaux ou de poudre d'os donnerait à meilleur compte
un résultat supérieur. Les os sont abondants dans le pays ;
les fabriques de conserves pourraient très vraisembla-
blement en livrer à bon compte.
Les Italiens apportent encore sur la rizière des engrais
azotés. Cette dépense toujours considérable me paraît
inutile pour la rizière malgache, et il suffira, comme je
viens de le dire, de favoriser la production d’azote
assimilable par lintroduction d'une base calcaire.
Les engrais épandus, on laboure et on herse. Aucune
différence entre les deux pays. Mais, tandis qu'en Italie le
hersage est suivi d’un émottage à la houe, fait par des
femmes, j'emploie ici l'émottage mécanique. Le cultivateur
canadien, à lames flexibles, ou piocheur vibrateur, fait ce
travail mieux et surtout plus économiquement. Il me
semble qu'à ce point de vue le cultivateur italien est en
retard,
70 RESSOURCES DES COLONIES
En Italie, on sème sous l’eau. Ce travail réclame l'emploi
de semoirs spéciaux. J'ai indiqué à la Chambre d’Agri-
culture que je semais à sec et que, par ce procédé, j'obtenais
un rendement très supérieur à celui obtenu avec du riz
repiqué ; mais il est fortement possible que la production soit
encore augmentée en semant sous l’eau au semoir. D'ailleurs,
le rendement considérable de 5 tonnes 1/2 à 6 tonnes à
l'hectare indiqué par M. Jumelle, et obtenu dans le Vercellèse,
semble le démontrer.
C'est un essai à tenter, mais il n’est pas facilement
réalisable sans le semoir italien. A ce point de vue, on ne
peut que regretter qu'aucune aide ne soit donnée aux
riziculteurs de Madagascar.
La rizière italienne est mise à sec pour le sarclage. M. H.
Jumelle ne nous donne aucune indication précise sur les
instruments employés; c’est regrettable. Ici, je sarcle à la
herse articulée, mais cet instrument donne un travail
insuffisant dans les rizières nouvelles. La Station rizicole de
Vercelli a établi des instruments qui donnent de bons
résultats ; il serait intéressant de les essayer dans nos
rizières malgaches.
Huit jours avant la moisson, on laisse écouler l’eau, en
Italie. J’opère de même, mais ce n’est pas toujours possible
pour les riz de première saison, qui arrivent à maturité en
saison des pluies.
C’est quelques jours avant cet assèchement que, dans la
mince couche liquide qui reste encore, lon sème, en Italie,
le trèfle incarnat, qui sera enfoui plus tard comme engrais
vert. Ceci est intéressant au plus haut degré ; mais il ne faut
pas oublier que le trèfle incarnat, de même que la luzerne, ne
réussit bien qu’en terrain riche en acide phosphorique. Sur
nos rizières, cette culture à la dérobée ne sera possible que si
la rizière a reçu une bonne dose d'engrais à la poudre d'os.
Sous cette condition, il est certain que le trèfle incarnat
pourra donner une bonne récolte, non seulement comme
engrais vert, mais encore comme récolte de fourrage. Dans
les mêmes conditions, une culture de blé pourrait être inter-
MADAGASCAR 71
calée, et la rotation établie dans le Vercellèse devrait donner
ici de bons résultats. Cette rotation serait la suivante :
quatre années de rizières, une culture de blé et un ou deux
ans de prairies.
Succédant au riz cultivé dans les conditions que je
préconise, le blé trouvera un sol parfaitement ameubli,
débarrassé des mauvaises herbes, riche en acide phosphorique
et en azote assimilable. L'aspect de la récolte, son rendement
ne ressembleront alors en rien à ce que nous voyons dans les
environs d'Antsirabe, où nous semblons véritablement nous
être un peu trop mis à la remorque du cultivateur indigène ».
Le palmiste à Madagascar. — L'Æ/aeis qguineensis du
continent africain, dont une variété madagascariensis pousse
spontanément dans l'Ouest de Madagascar, a été importé vers
1903 dans la colonie, et planté à la Station de lIvoloina. Sa
végétation, sur les terrains alluvionnaires des plateaux qui
longent la rivière, paraît très normale. Les premiers fruits
sont apparus la 6° et la 7° année; et à dix ans il y avait
6 à 10 régimes par pied. Encouragés par ce résultat, de
nombreux planteurs ont commencé à multiplier le palmier
dans leurs concessions. D'après les analyses faites à Nanisana
par M. Gohier, des fruits frais se composaient de 32 pour cent
de pulpe et 68 de noyau, celui-ci correspondant à 45,5 pour
cent de coque et 22,5 pour cent de graine. La pulpe contenait
54 pour cent d’huile à l’état frais, et 65 pour cent à l’état sec,
l'humidité étant de 17 pour cent. Les graines, ou amandes,
contenaient 49,5 pour cent de substance grasse. Des fruits
récoltés depuis 6 mois se composaient de 29,33 pour cent de
pulpe et 70,66 de noyau ; et celui-ci correspondait à 51,66 de
coques et 19 d'amandes. La teneur de la pulpe en huile était
de 59 pour cent.
Après comparaison entre ces résultats et ceux des analyses
données pour certaines variétés africaines on peut reprocher
aux fruits récoltés à Madagascar une proportion relativement
faible de pulpe, et, inversement, une forte proportion de
coque. Mais, la pulpe étant très riche en substance grasse, il
72 RESSOURCES DES COLONIES
n'y aurait donc qu'à introduire, semble-t-il, dans la colonie,
des variétés choisies pour que cette culture du palmiste devint
très rémunératrice. (Supplément au Journal Officiel de
Madagascar du Samedi 18 Septembre 1915).
Les engrais à trouver sur place. — L'installation des
usines frigorifiques ou de conserves de viande a pour consé-
quence de permettre la préparation, sur place, du sang
desséché et de la poudre d’os.
De grandes quantités de sang sont chaque jour perdues
dans les abattoirs de la colonie. Un bœuf fournit, en moyenne,
10 à 15 litres de sang, contenant 80 pour cent d’eau et 3 pour
cent d'azote très rapidement assimilable. Ce sang peut être
conservé par dessiccation. Or un essai de fabrication de sang
desséché a été tenté au Laboratoire de Nanisana. 20 litres de
sang frais ont été mélangés avec 5 pour cent de chaux vive en
poudre. La coagulation s’est produite aussitôt et a donné un
bloc qu'on a réduit en menus fragments; le tout a été étalé
sur une aire de 1 mètre carré, au soleil. Au bout de 4 jours, le
produit, qui avait été remué deux ou trois fois par jour, était
suffisamment sec pour être mis en sac; et il dosait 28 pour
cent d’eau, 8,5 d’azote et 14 de chaux, plus 0,5 à 1 pour cent
environ d'acide phosphorique et de potasse. Par une plus
longue dessiccation, le degré d'humidité peut être amené
à 17 ou 18, avec 10 pour cent d’azote. Ce sang desséché est à
recommander comme fumure pour les terrains qui tendent
à s’appauvrir rapidement en azote, notamment pour les
caféiers en colline.
D'autre part, des os livrés par l'Usine frigorifique de
Tamatave, os qui ont été ébouillantés, et même passés dans
les autoclaves, pour lextraction de la matière grasse, conte-
naient 3,4 pour cent d'azote et 23,3 d'acide phosphorique.
Pulvérisés très finement, ces os seraient un très bon engrais
pour les terres tourbeuses. Les os, cornes et sabots livrés par
les abattoirs doivent être brûlés dans un four à briques
ordinaire ou à feu nu. Sur la propriété, le broyage peut être
effectué au moyen d’un cylindre en pierre se mouvant dans
MADAGASCAR 73
une auge circulaire, en pierre ou en maçonnerie. Le mouve-
ment peut être donné par un manège à bœufs ou au moyen
d’un moteur quelconque.
A Nanisana, M. Gohier a encore analysé les balles de riz et
a trouvé :
Pour des balles ordinaires, 0,39 pour cent d’azote,
6,14 d'acide phosphorique et 0,28 de potasse ;
Pour des balles brûlées, pas d'azote, 0,29 d'acide phospho-
rique et 0,60 de potasse.
Ces chiffres sont faibles ; ‘les résidus en question ne sont
donc guère utilisables que sur place, en mélange avec le
fumier de ferme. (/4., 18 Septembre 1915).
La Station de l’Ivoloina. — Le Service de Colonisation
de Madagascar a publié en 1916 un Guide ef Catalogue de la
Sfation de l'Ivoloina, comme ïl serait désirable qu’en
publiassent les autres Stations d'Essais de nos colonies.
Le Catalogue de la Station de l'Ivoloina a été très méthodi-
quement dressé par M. G. Carle, chef du Service de
Colonisation, et M. Eug. Jaeglé, chef de la Station ; et il sera
un excellent guide pour les visiteurs, planteurs ou simples
curieux qui passent à la Station. L'inventaire de tous les
végétaux qui y sont cultivés est accompagné d’un plan qui
doit permettre de retrouver aisément chaque plante.
L'opuscule relate en même temps lhistoire de ce Jardin, qui
a déjà rendu beaucoup de services à la colonie.
A 10. mètres environ d'altitude, à 3 heures à lest de
Tamatave, la Station, qui fut créée en 1898, se trouve sur la
route qui se dirige vers lelac Alaotra.C'est là que viennent se
terminer les derniers contreforts des falaises qui s’'étagent en
escaliers successifs jusqu'aux Hauts Plateaux.
Le climat est celui de la côte Est, c'est-à-dire caractérisé
par des pluies abondantes et presque continues. Il n'y a
qu'une période presque sèche, en Octobre. La température
est toujours assez élevée, surtout de Janvier à Avril, moindre
de Mai à Septembre.
En 1915, la Station a délivré 356.056 plants divers et
74 RESSOURCES DES COLONIES
2,022.593 graines. Beaucoup d'espèces ou variétés de caféiers
ontété ainsi distribuées. Une usine d'essais pour la prépa-
ration des produits récoltés dans le domaine a, en outre, été
installée. Un troupeau de bovins est aussi entretenu ; il sert
pour les travaux de préparation du sol et fournit du fumier,
Les minerais à Madagascar. — Un gisement de cuivre
a été découvert en Septembre 1915 à 15 kilomètres de
Vohémar : et les travaux effectués depuis lors ont mis à
découvert un filon de 3 mètres de largeur sur 2 mètres à
2 m. 50 de hauteur. Le cuivre s'y trouve à l’état de carbonate
de cuivre et d'oxyde cuivreux. D'une longueur supérieure à
1 kilomètre, le filon se suit très bien en affleurement sur un
parcours de 400 mètres ; et il donnerait sur ce parcours,
d’après les calculs, plus de 80.000 tonnes d'extraction facile.
D'autres gisements seront, sans doute, découverts dans la
région de Vohémar.
A signaler dans le Bulletin de l'Office Colonial de Janvier-
Février 1916 une étude de M. Pétri, directeur du Laboratoire
de Chimie de Tananarive, sur le traitement industriel des
minerais uranifères, en vue de l'extraction des matières
radioactives.
INDOCHINE 75
INDOCHINE
Les exportations en 1914. — L'Indochine a exporté en
1914 1.418.966.950 kilos de riz sous ses diverses formes,
1.473.904 kilos de fécules diverses, et surtout de manioc,
99.205.200 kilos de maïs, 2.612.602 kilos de haricots (dont
2.477.423 kilos vers Hong-Kong), 11.923.109 kilos de fruits et
graines à huile, 4.010.539 kilos de sucres divers, 3.249.141 kil.
de poivre, 1.416.299 kilos de rotins, 8.010.852 kilos de cunao
(dont 7.438.458 kilos vers Hong-Kong), 16.179 kilos de benjoin,
194.646 kilos de caoutchouc, 5.000 tonnes environ de bois à
construire (dont la moitié au moins vers Hong-Kong),
4.171.195 kilos de coton brut, 1.166.279 kilos de coton égrené,
14.113 kilos de jute brut, 70.153 kilos de kapok, 21.281 kilos
de chiendent, 53.603 kilos d'essence de badiane, 206.474 kilos
de gomme-laque, d’une valeur de 165.180 francs, etc. —
(Journal Officiel de l'Indochine Française, 20 Mai 1915.)
Les exportations par Saigon en 1915. — Les expor-
tations de riz par Saigon en 1915 ont été de 1.091.437.000 kil.,
dont 7.328.000 de riz cargo, 777.739.000 de riz blanc,
48.358.000 de paddy, 138.656.000 de brisures et 119.346.000 de
farine. Les expéditions de poivre ont été de 4.008.266 kilos,
dont 724.787 kilos de poivre blanc et 3.283.479 kilos de poivre
noir. Celles de maïs ont été de 36.614.734 kilos, dont
7:982.165 kilos de maïs blanc et 24.632.569 kilos de maïs rouge.
Ilest sorti encore, notamment : 6.536.634 kilos de coprah ;
2.623.281 kilos de coton, dont 455.775 kilos de coton égrené
et 2.067.507 kilos de coton non égrené ; 296.419 kilos de
caoutchouc,
76 RESSOURCES DES COLONIES
La gomme-laque et son traitement industriel. — [a
gomme-laque, ou stick-lac, qui est la sécrétion résineuse d’un
insecte, le Coccus Lacca, ou Carteria Lacca, ou Tachardia
Lacca, a, pour les contrées où elle est récoltée, et qui sont
l'Inde et lindochine, le double intérêt d’être un produit
d'utilisation locale et un article assez important d'exportation.
Dans l'Inde, au Siam, en Birmanie, on emploie la gomme-
laque dans la'fabrication d'objets très divers : filaments dorés
pour ornements, barattes à lait, navettes, bobines, meules,
poignées de sabre ou de poignards, bracelets. La plupart de
ces bracelets à bas prix que les indigènes portent aux pieds
et aux mains dans toute l'Inde, lorsqu'ils ne sont pas en verre
ou en métal, sont formés d’un déchet de la fabrication de ce que
nous allons appeler le s4e//-lac. En Indochine, c’est la gomme-
laque qui sert, entre autres usages, aux indigènes pour laquer
leurs dents, comme moyen de préservation contre la carie.
Industriellement, la gomme-laque, en Europe, entre depuis
longtemps, en proportions variables, dans la fabrication des
vernis pour meubles, quoique, du reste, cette fabrication des
meubles vernis ait beaucoup diminué, remplacée par les
meubles cirés ; mais on utilise aussi beaucoup la gomme-laque
comme isolant en machinerie électrique, ou encore pour la
pâte à disques de phonographe, ainsi que pour les pierres
lithographiques. Les sortes inférieures sont achetées pour
la coutellerie, ainsi que pour la préparation des cires à
cacheter, etc.
De tout temps, le grand pays exportateur a été l’Inde, qui
expédiait, pendant la campagne 1913-1914, 17.000 tonnes
environ de sortes diverses de cette gomme-laque, alors que
notre Indochine n’en expédiait que 206 tonnes en 1914.
D'ailleurs jusqu’en 1905 toute notre production indochinoise
n'était exportée qu'à l’état de matière première, qu'on déboi-
sait et nettoyait seulement plus ou moins; et ce n’est qu’en
cette année 1905 que l’‘ Union Commerciale Indochinoiïse”
chargeait l’un des colons les plus actifs et les plus au courant
de la culture et de l’industrie locales en Indochine Française,
M. Hautefeuille, de propager auprès des indigènes les
INDOCHINE 77
procédés depuis longtemps en usage dans l'Inde pour le
raffinage de la gomme-laque.
Sur les 17.000 tonnes de gommes-laques exportées de l'Inde
en 1913-1914, il n'y a, en eflet, que 60 tonnes au plus de
stick-lac, et il y en a près de 14.000 de shell-lac et 1.000 de
button-lac.
Et shell-lac et button-lac sont les deux grandes sortes de
stick-lac raffiné, le s/e//-lac se présentant en écailles ou en
paillettes, et le bufton-lac en boutons ou en macarons.
Grâce aux données qu'il avait pu se procurer au cours d’une
mission agricole dans l'Inde en 1904, M. Hautefeuille montait,
en 1905, à La Pho une modeste usine qui, depuis lors, s’est
progressivement développée, et où des ouvriers annamites,
aussi habiles et plus soigneux que les Indous, savent mainte-
nant préparer de la gomme-laque indochinoise raffinée.
Personne, dans ces conditions, n'était plus compétent que
M. Hautefeuille pour résumer, comme il vient de le faire,
dans le Bulletin Economique de l’Indochine de Novembre-
Décembre 1915, toute l'histoire de la production et des
procédés de récolte et de préparation de la gomme-laque.
Cette histoire, au point de vue du raffinage du produit, se
trouve complétée par un article antérieur de M. Pidance, paru
. dans le même Bulletin en Mai-Juin 1914.
L’aire de production de linsecte à laque s'étend depuis le
Tonkin jusqu’au Nord de lInde Anglaise; elle forme un
rectangle assez régulier qui, commençant à Van-Yen, au
Tonkin, et à Szémao, en Chine, pour se terminer aux confins
du Punjab, couvre le Haut-Tonkin, le Laos, le Siam, Ha
Birmanie, l’Assam Moyen, certains districts du Bengale et
des Provinces Unies, les Provinces Centrales, le Sind et
certains districts du Punjab.
Les arbres sur lesquels peuvent vivre les Zachardia sont
nombreux et de familles diverses ; ce sont des Légumineuses,
parmi lesquelles lAcacia arabica, le Butea frondosa, le
Cajanus indicus, etc., des Sapindacées, telles que le ScAlei-
chera trijuga, des Euphorbiacées, des Rhamnées, des Urtica-
cées, parmi lesquelles les Æicus, des Térébinthacées, etc.
78 RESSOURCES DES COLONIES
Mais les insectes ne donnent pas sur tous ces arbres la même
qualité de laque; et c'est sur le Schleichera trijuga, ou
kusam des indigènes, abondant notamment dans les Provin-
ces Centrales, qu’on récolte la meilleure de toutes les sortes,
‘
avec laquelle on obtient le ‘‘ Fine Orange” du commerce. Une
seconde qualité est recueillie sur le Putea frondosa, très
répandu dans l'Inde, où c’est le palas, ou dhak. On récolte
aussi beaucoup sur le Ficus religiosa, Y Acacia arabica (dans
les régions désertiques du Sind), l'A/bizzia Lebbek et le
jujubier.
Presque toujours, dans l’Inde comme en Indochine, ces
arbres exploités sont des arbres qui ont été semés et qui sont
entretenus en vue de l'élevage de l’insecte. Lorsque ces arbres
ont été préparés par une taille préalable, plus ou moins
nécessaire suivant l'espèce, mais qui, en tout cas, a pour but
de multiplier le nombre des branches tendres sur lesquelles
le 7Zachardia sera apporté, on pratique l’inoculation. Celle-ci
est faite avec le hroad-lac, qui est un fragment de stick-lac
dont les œufs sont près d’éclore. On le choisit dans les parties
saines des branches, exemptes de larves d’insectes. La
brindille de bois qui le porte est coupée, et ce tronçon de
20 centimètres environ de longueur est fixé, avec une attache
quelconque, sur le rameau où devront apparaître les colonies.
Souvent toutefois avant cette inoculation le broad-lac est
laissé pendant quelque temps sur un cadre en bambou, dans
un endroit frais et aéré ; et il n’est porté à sa place définitive
que lorsque commence l'émergence, qui se manifeste par le
rougeoiement des tronçons.
On ne peut souvent d’ailleurs inoculer un arbre qu'avec du
broad-lac provenant d’un rameau de la même espèce; ce qui
prouve bien qu'il est des races diverses de 7achardia Lacca,
chaque race vivant plus ou moins exclusivement sur un ou
quelques arbres déterminés.
L'insecte a deux évolutions par an. On peut donc, dans les
pays du moins où le climat le permet, faire deux récoltes
annuelles. Les conditions pour la production du stick-lac sont
une température moyenne, ni trop élevée ni trop basse, et
INDOCHINE 79
une pluviosité annuelle d'environ 750 millimètres. En général,
on ne trouve guère le 7achardia à moins de 350 ou 400 m.
ni à plus de 700 mètres. Et il ne suffit donc pas que les arbres
producteurs puissent croître dans une région pour que
l’insecte réussisse également à vivre. On comprend de même
que c’est suivant la plus ou moins grande rigueur de l'hiver
dans une localité que la récolte sera unique ou double.
Lorsqu'elle est double, — ce quiest le casle plus fréquent —
un même arbre, pour certaines espèces, peut à la rigueur
supporter deux inoculations annuelles ; cependant il paraît
préférable, la plupart du temps, de ne pratiquer sur un même
pied qu’un seul ensemencement; et on divise les arbres en
deux groupes. Dans le premier, les arbres sont taillés en
Février et inoculésen Juin suivant ; dans le second, les arbres
sont taillés de façon à être inoculés en Octobre. Les récoltes,
sur un même pied, seront plus ou moins espacées suivant
l'espèce ou la vigueur de ce pied.
D’après M. Maxwell-Lefroy, qui a surtout étudié l’insecte
sur le jujubier, dans le Béhar, un rendement annuel de
2 kilos de stick-lac par arbre est modéré, et un pied en bon
état doit pouvoir fournir jusqu'à 10 kilos.
Dans l'Inde, les opérations successives que subit ce stick-lac
brut sont le déboisage, le lavage, le triage, puis la filtration,
accompagnée d’une cuisson, et la mise en paillettes ou en
macarons.
Un produit intermédiaire entre le s/ick-lac, d'une part, et
le shelElac ou le bufton-lac, de l'autre, est le seed-lac. ou
laque en grains, qui est le stick-lac déboisé, lavé et criblé,
mais non raffiné.
Le déboisage consiste à détacher, avec un couteau ou à la
main, selon Flespèce d'arbre, la résine qui recouvre les
rameaux sectionnés. En certains cas, il faut achever l’enlè-
vement de la gomme-laque en écrasant les brins au moyen
d’un rouleau en pierre, ou dhenkli : c'est le concassage.
La laque recueillie est laissée dans l'eau pendant toute une
nuit ; c'est le lavage, que les Indous complètent parfois avec
du carbonate de soude monohydraté. On saupoudre alors
80 RESSOURCES DES COLONIES
avec ce carbonate, à la dose de 800 grammes pour 100 kilos,
la matière qui a subi deux ou trois lavages et on lave de
nouveau dans une petite quantité d’eau, en frottant aussi
vivement que possible.
Après tamisage dans une pièce de toile assez serrée, la
matière est séchée au soleil pendant 2 ou 3 heures, ou à
l'ombre pendant 24 ou 48 heures; et un bon nettoyage par
criblage donne enfin le seed-lac.
Ce seed lac est trié en:
Gros grain, qui est exclusivement employé pour la
meilleure qualité de shell-lac ;
Grain moyen où petit, pour la marque T N, qui est un bon
shell-lac moyen ;
Poudre, pour le button-lac.
Pour la cuisson et la filtration, qui sont deux opérations
menées simultanément, on ajoute au seed-lac 2 à 3 pour cent
d’orpiment (trisulfure d’arsenic), qui donne la teinte jaune,
et dont l'utilité est d’ailleurs contestable, et 4 à 5 pour cent
de résine de pin qui facilite la cuisson.
Ce mélange est versé dans des tubes en toile, de 9 à 11 m.
de longueur et de 7 à 8 centimètres de diamètre: et c’est
dans ces tubes que le stick-lac va être, à la fois, porté à
l’ébullition et filtré. 0
Une des extrémités du tube convenablement rempli est
fixée à un tourniquet en bois, ou phirki, qu’un ouvrier
tourne toujours dans le même sens, et qui tord ainsi cette
espèce de boudin ; l’autre extrémité est tenue par un ouvrier
à proximité d’un four chauffé avec du charbon de bois.
L'enveloppe qui constitue le tube diffère selon qu'on veut
préparer du shell-lac ou du button-lac. Pour le shell-lac,
elle est composée de deux toiles; pour le button-lac une
seule toile, au contraire, suffit, mais elle doit être fine et
très résistante.
D'autre part, les fours employés sont plus grands pour
le shell-lac que pour le button-lac.
On prépare, du reste, beaucoup plus du premier de ces
deux produits que du second, puisque nous avons déjà vu
INDOCHINÉE 81
que, sur 339.166 quintaux (de 50 k. 700) de laque que l'Inde à
exportés pendant la campagne 1913-1914, il y avait 275.357
quintaux de shell-lac et 21.865 quintaux seulement de
button-lac.
S'agit-il donc d’obtenir du shell-lac ? La masse qui a été
introduite dans le boudin entre en fusion sous l'influence de
la chaleur du four ; elle traverse alors les toiles, en formant
une sorte d’enduit qui s’agglutine autour du boudin et tourne
avec lui. Mais, se ramollissant de plus en plus, cet enduit
tombe en gouttes sur une dalle qui est devant le‘ fourneau.
L'ouvrier, avec une spatule, ramasse la masse fondue, la
malaxe sur une pierre de marbre, puis la replace sur le
boudin, où il la maintient avec le plat de sa lame jusqu'au
moment où elle a la consistance et la teinte voulues. Alors il
l’'enlève par raclage et la passe à un assistant qui l’étale sur
une bouteille en faïence, remplie d’eau chaude et disposée
horizontalement. La paroi de cette bouteille doit être à la
température de 60 degrés environ. La masse y est étalée sous
forme de peau, que l’ouvrier détache ensuite pour la présenter
à la flamme du fourneau, en même temps qu'il l'étire en tous
sens. Et finalement il obtient une feuille transparente qui
rappelle assez par son aspect une peau de vache très mince.
Elle est étendue sur une toile, et, lorsque le refroidissement
en est complet, on enlève à la main les parties défectueuses
des bords, parties restées épaisses, brunes ou plissées, qu'on
remet sur la matière en fusion, pour les traiter à nouveau.
Les pellicules tirées sont étendues en couches minces jusqu’au
moment de l'emballage.
La fabrication du bufton-lac est plus rapide que celle du
shell-lac, car, lorsque la matière, qui est à grain plus fin que
précédemment, est cuite, le chef de fourneau, au lieu de létaler
à la surface de la bouteille horizontale chauffée, la dépose
simplement, par petits macarons, sur le dos de la gaine foliaire
d’une espèce déterminée de Musa. Le choix de ce Musa n'est
pas indifférent, car les gaines de certaines espèces sont trop
aqueuses, et leurs gaines, en cuisant sous l’action de la
température de la gomme, se déformeraient. Lorsque chaque
6
82 RESSOURCES DES COLONIES
petit macaon est bien refroidi, on le décolle ; il garde la
forme d’un petit morceau de tuile creuse.
Telles sont donc les opérations pratiquées depuis longtemps
dans l'Inde et que, nous l'avons dit plus haut, M. Hautefeuille
s’est efforcé d'introduire au Tonkin.
Mais, en même temps, M. Hautefeuille s’est également
préoccupé, au cours de plusieurs tournées en Indochine —
tournées momentanément interrompues — d'établir la réparti-
tion exacte de la production de gomme-laque dans notre
colonie. Dès maintenant il est reconnu que les trois grandes
régions de cette production sont celles de Sonla, du Song-Ma
et du Nam-Hou, qui descend sur Luang-Prabang. Il reste
cependant encore à dresser une carte plus précise de ces
régions et de celles qui sont encore mal connues, de même
qu’à élucider différentes questions relatives à l'élevage du
Tachardia, au choix des arbres à cultiver, aux sortes de
gomme-laque produites et à la préparation rationnelle du
stick-lac raffiné, etc. Espérons”que, par des recherches sur
tous ces points, M. Hautefeuille pourra peu à peu compléter
la belle série d’études qu'il a commencée et qui doit être si
profitable à notre commerce indochinois.
Le produit de notre colonie n’est pas entièrement identique
à celui de l'Inde. Il a le défaut d’être plus coloré, mais il a,
par contre, l'avantage de se présenter en morceaux plus gros,
et plus facilement détachables de la brindille qui les porte, et
d'être aussi moins friables ; et ces caractères physiques, ainsi
que l’a reconnu M. Hautefeuille, rendent inutile, au moment
de la cuisson, l'addition de résine. C’est là une supériorité
réelle qui doit contribuer à faire apprécier le shell-lac du
Tonkin : et, en fait, l'article a déjà été bien accueilli sur les
marchés européens. Nous n’aurions donc plus, désormais, à
exporter à Calcutta, comme nous l'avons fait jusqu'alors, une
partie de notre stick-lac, en vue de le faire soumettre au
raffinage qu’exigent ordinairement les maisons d'Europe.
L'enseignement du raffinage de la gomme-laque est d’ailleurs
officiellement reconnu par notre Administration, car, dans le
Journal Ofiiciel de l’Indochine Française du 23 Septem-
INDOCHINE 83
bre 1915, on pouvait lire que cet enseignement pratique de la
transformation de la gomme-laque en shell-lac sera donné
par M. Hautefeuille à La Pho, du 1° Octobre au 1° Novembre,
et que des démonstrations d’une durée de cinq jours auront
lieu aussi éventuellement à Hanoï. Les inscriptions devaient
être prises à la Direction des Services agricoles et commer-
ciaux du Tonkin.
C’est la juste consécration de tous les efforts que fait,
depuis 1904, M. Hautefeuille, efforts qui, au reste, n’ont pas
empêché le distingué agronome de s'intéresser en même
temps, comme on va le voir, à d’autres branches de notre
culture et de notre industrie coloniales. |
La ramie en Indochine. — [a culture de la ramie en
Indochine est, en effet, encore une de ces questions qu'a bien
étudiées M. Hautefeuille ; et il l’a longuement traitée dans le
Bulletin Economique de Septembre-Octobre 1915.
M. Hautefeuille dit au reste lui-même que son travail est
surtout une compilation, mais à laquelle il a pu ajouter des
observations tirées d’une longue pratique, ou recueillies au
cours de voyages ou à la suite de ses expériences personnelles,
et de celles notamment faites au Tonkin, depuis 1907, à cette
même Station de La Pho, où ont été poursuivies les recherches
sur la gomme-laque.
Les quatre ramies qui ont été cultivées à La Pho sont la
ramie blanche, la ramie verte et deux espèces ou variétés qui
ont été trouvées au Laos et au Yunnam, l’une jaune et l’autre
rouge.
Les deux premières sont les plus intéressantes ; il ne semble
pas néanmoins jusqu'alors que leur culture puisse prendre
une grande extension au Tonkin. La ramre verte, persistante,
convient aux climats très chauds, mais ne supporte pas
l'hiver ; inversement la ramie blanche est l'espèce des climats
tempérés, mais souffre des rudes étés du Tonkin. Quant à la
ramie jaune et à la ramie rouge, elles sont acclimatées en
Indochine, mais sont moins vigoureuses que la blanche.
Le choix des emplacements convenables à la ramie étant
84 RESSOURCES DES COLONIES
très limité — car les terrains argileux et humides sont à
rejeter, tout autant que les terrains élevés, qu'ils soient durs,
pierreux ou sablonneux; et les terrains alluvionnaires nécessi-
teraient de grands travaux d'irrigation et de drainage — on
ne peut pas songer, au Tonkin, à une culture en grand des
Boehmeria.
On pourra seulement faire presque partout de la ramie près
des maisons, comme annexes du jardin, et avec de la terre
rapportée. C’est ainsi que le textile est déjà cultivé en haut
pays par les montagnards, qui pourraient faire beaucoup plus
s'ils étaient sollicités et guidés.
Telle est, du moins, l'impression que donnent ces premières
études, qui posent le problème et méritent d’être continuées.
(L. Hautefeuiile : Nofes et observations sur la culture de la
ramie, dans le Bulletin Economique de l’'Indochine, nouvelle
série, n° 113).
Le jute dans l’Inde et en Indochine. — On doit encore
à M. Hautefeuille une étude sur le jute, analogue à celle que
nous venons de résumer sur la ramie. M. Hautefeuille y
examine d’abord ionguement les conditions culturales du
textile dans l'Inde, ou, plus exactement au Bengale, puisque
c'est dans cette région qu'est récolté, sur un minimum d’un
million d'hectares, et principalement au voisinage des cours
d’eau, tout le jute exporté, manufacturé ou brut.
La répartition des pluies, dans cette contrée où les
Corchorus sont cultivés, indique bien que ces plantes
supportent mal la sécheresse. Ainsi que l’a écrit très juste-
ment M. Tromp de Haas, le jute exige un climat chaud, avec
des chutes de pluie de 50 à 75 centimètres, distribuées sur les
quatre sixièmes des jours pendant la période de semis, et
de 150 à 300 millimètres par mois pendant la végétation.
Et, en effet, on sème en général au Bengale, suivant les
localités, en Mai ou en Juin, plus rarement en Mars ou Avril.
Or, à Dacca, les moyennes de pluie de 40 années ont été
de 225 millimètres en Mai, 266 millimètres en Juin, 314 milli-
mètres en Juillet, 315 millimètres en Août, 242 millimètres en
INDOCHINE 85
Septembre; à Bardwan, elles ont été de 164 millimètres en
Mai, 214 millimètres en Juin, 312 millimètres en Juillet,
450 millimètres en Août, 345 millimètres en Septembre. Et ce
sont des indications analogues pour les autres postes du
Bengale. ‘‘ L'idéal pour le jute, dit en définitive M. Haute-
feuille, est un développement sans arrêt, assuré par une
alternance de pluie et de soleil.”
Le sol a une importance moindre que le climat. Cependant
les meilleurs terrains sont ceux qui sontalluvionnaires et argilo-
siliceux ; les plus mauvais sont ceux qui sont graveleux, et
aussi les latérites, les sables purs, les argiles compactes, et
tous les sols qui durcissent trop au soleil. Il n’est pas indis-
pensable que le sol soit très profond, ni que le sous-sol soit
humide; au contraire, une bonne moyenne de sol arable,
poreux, bien meuble, est ce qu'il y a de mieux. Il ne faut pas
que l’eau séjourne, mais il est toujours utile qu'une bonne
capillarité maintienne l'humidité.
Une excellente préparation de ces terrains est absolument
nécessaire. L'ensemencement est ensuite une opération
délicate, et qui doit être faite le jour même où le sol a été bien
ameubli. Le semis en lignes présenterait beaucoup d’avan-
tages, mais il nécessite trop de temps pour que les indigènes
le pratiquent ; ils sèment de préférence à la volée. Quant à la
quantité de semence, elle doit être, par hectare, d'après
M. Hautefeuille, de 12 à 14 kilos pour le semis en lignes, et
de 18 à 20 kilos à la volée. M. Hautefeuille a reconnu encore
que c’est le semis superficiel qui donne la levée la plus rapide,
en même temps que la plus abondante. On éclaircit et sarcle
en même temps ; ces deux opérations n’en font généralement
qu’une, qui est presque toujours suffisante et doit avoir lieu
quand la plante a 12 ou 15 centimètres, ou 20 centimètres au
plus.
On peut laisser la plantation très serrée, et les pieds rappro-
chés jusqu’à 10 à 15 centimètres les uns des autres. Ce qui
importe plus qu’une distance plus ou moins grande, c'est une
parfaite régularité.
Il importe beaucoup que le jute soit récolté et mis à l’eau
S6 RESSOURCES DES COLONIES
en temps voulu. Dès que la récolte est commencée, elle ne
doit pas être arrêtée.
Le moment de cette récolte est indiqué par la pleine
floraison, qui commence trois mois à trois mois et demi après
l'ensemencement. Au delà de cette époque, les fibres s’altè-
rent, et le jute perd de sa valeur. Avant la floraison, par
contre, la fibre est trop tendre. Il y a donc bien un moment
précis de la maturité de la filasse. |
On récolte par coupe ou par arrachage, généralement par
coupe. Dans l'Inde, ces tiges coupées sont étalées ou mises en
tas sur le sol pendant un ou deux jours. Selon M. Hautefeuille,
cette pratique n’est pas à recommander au Tonkin, où il vaut
mieux mettre immédiatement en bottes, qu’on laisse dressées
pendant 24 heures. Ces bottes sont faites avec des tiges qui
ont été triées suivant leur longueur et leur force; on les
immerge d’après les procédés souvent décrits. La durée du
‘rouissage est variable : elle est de 8 à 12 jours dans les mares,
par temps chaud, et de 12 à 20 jours en eau courante. À La
Pho, au Tonkin, il faut ordinairement de 10 à 12 jours,
exceptionnellement 8 à 15 jours.
Il ne faut défibrer ni trop tôt ni trop tard. Un bon ouvrier
peut obtenir de 35 à 45 kilos de filasse dans une journée bien
remplie. Dans l'Inde, les cultivateurs se servent de presses
pour la mise en balles, ces balles étant de 180. kilos environ.
Comme rendement, M. Hautefeuille a obtenu par hectare
de 1.056 à 1.420 kilos; mais il ajoute que la production du
jute est très capricieuse.
Les Corchorus sont assez épuisants. Les fumures organi-
ques sont plus avantageuses que les matières minérales; le
fumier de vache est favorable. La plante, d’ailleurs, ne doit
revenir sur le même sol qu'après 2 ou 3 ans d'interruption,
au cours desquels toutes les autres cultures sont possibles.
Au sujet des variétés, de leurs caractères distinctifs et de
leurs valeurs respectives, nous renvoyons au travail même
de M. Hautefeuille. On y trouve la base d’une classification :
qu'il y aura lieu, dans l'avenir, de compléter. Pour le jute
comme pour toutes les autres plantes cultivées des pays
INDOCHINE 87
chauds, l'étude des variétés reste à faire : et elle est, Ià comme
toujours, de première importance pour une amélioration
culturale méthodique.
I! ne faut pas perdre de vue que le jute, dont les premières
gxportations ont commencé vers 1828, est, après le coton et
le chanvre, le textile le plus important. La récolte annuelle
de l'Inde est estimée à près d'un million et demi de tonnes.
La valeur du jute brut exporté en ces dernières années
atteignait 200 millions de francs, et celle du jute manufacturé
dépassait 150 millions. Calcutta fabrique annuellement plus
de 250 millions de ces sacs dits ‘‘gunnies”.
De tout le jute brut indien, la Grande-Bretagne, avant la
guerre, employait environ la moitié, l'Allemagne 20 pour cent,
les Etats-Unis 14 pour cent et la France 12 à 13 pour cent.
Les prix de ce jute variaient de 30 à 45 francs les 100 kilos.
Et alors ia question qui finalement se pose — puisque c’est
dans le but d’y répondre que M. Hautefeuille, bien documenté
par ses études dans l'Inde, a poursuivi, depuis 1907, ses essais
à La Pho — est de savoir si le jute peut, en Indochine, et
particulièrement au Tonkin, prendre un certain déve-
loppement.
En printipe, conclut à cet égard le distingué agronome, la
culture des Corchorus ne rencontre pas dans notre colonie
un empêchement absolu, d'ordre climatique, cultural ou
économique. Il est possible et il peut être avantageux de
cultiver le jute au Tonkin. La moyenne de chaleur estivale
y est suffisante, les pluies sont assez abondantes, il y a des
terrains favorables, et des facilités se trouvent réunies pour
le rouissage. Cependant, au total, ces diverses conditions sont
toutes moins favorables au Tonkin qu'au Bengale ; et l'une
des moins bonnes conditions notamment est la répartition
des pluies, qui présente au Tonkin une inégalité susceptible
d'entraîner une production moins régulière et une moindre
certitude de récolte. La somme de chaleur est aussi plus faible
au Tonkin qu'au Bengale, avec également une moins bonne
répartition. Pour la plante coupée, les effets du soleil sont
plus nocifs chez nous que dans l'Inde. Nous avons aussi, au
fe RESSOURCES DES COLONIES
Tonkin, à craindre des inondations, et nous avons moins de
facilités pour le rouissage dans les mares, qui sont moins
nombreuses et moins vastes que dans la colonie anglaise.
La culture du jute ne pourrait donc certainement pas, en
tout cas, prendre en Indochine une importance qui nous
permettrait une concurrence, ou même un appoint sérieux à
la production indienne. Les étendues susceptibles d’être, chez
nous, consacrées au jute, ne représentent qu’un quarantième
de la surface que la plante occupe au Bengale. Puis, les
centres de production étant un peu dispersés, il faudrait une
organisation qui permettrait de centraliser les récoltes; et
cette organisation ne sera du reste créée que si l’on pressent
des chances de production croissante. ‘ C’est pourquoi, bien
que la culture du jute ne soit pas payante pour un colon
européen, la culture indirecte ou indigène ne sera probable-
ment possible que si elle est provoquée, encouragée et
soutenue pendant encore bien des années par des colons
européens qui s’en constitueront les banquiers et les exporta-
teurs”. (Léon Hautefeuille: La culture du jute dans l'Inde
et en Indochine, dans le Bulletin Economique de l’Indochine,
n° 113 et 114, Mai-Juin et Juillet-Août 1915).
La quinine japonaise. — Par arrêté du Gouverneur
Général de l'Indochine, en date du 10 Juin 1916, le médicament
dit quinine japonaise, et connu en annamite sous le nom de
KYy ninh nhut bôn, n'étant pas de la quinine, sa vente sous
cette dénomination de quinine japonaise est interdite en
Cochinchine. (Journal Officiel de l’'Indochine Française,
Juin 1916).
Le développement minier au Tonkin. — L'étude que
nous allons résumer est due à M. le lieutenant Sire, attaché
au Bureau Militaire du Gouvernement de l’Indochine.
L'auteur y passe en revue les principaux gisements métallur-
giques ou de combustibles du Tonkin, en indiquant l’activité
économique qui se concentre autour de chacun d’eux.
Le métal de beaucoup le plus abondant au Tonkin.est le
INDOCHINE 89
zinc, qui fournit 93 pour cent de l'exportation. Il se présente
sous forme de calamine et de blende, minerais déjà connus
autrefois des Chinois, qui en extrayaient le métal pour leurs
sapèques. La valeur marchande de ces minerais de zinc du
Tonkin est très supérieure à la moyenne, leurs teneurs
varient de 36 à 65 et 70 pour cent. Les calamines, générale-
ment plombeuses ou ferrugineuses, passent d’abord à la
laverie, puis sont calcinées dans des fours spéciaux, et elles
sont expédiées en Europe, où elles sont définitivement traitées
pour l'obtention du métal par distillation. Avant 1914, elles
étaient dirigées en partie sur Marseille, Bordeaux, Le Havre,
Dunkerque, l'Angleterre et le Japon, mais les plus grosses
quantités étaient envoyées à Anvers, Hambourg et Brême.
Elles contribuaient donc surtout à approvisionner, pour la
production du zinc métal, les usines allemandes et belges.
En 1910, la production mondiale de ce zinc métal étant :
PERS EniS ESeR. + +... 250.000 tonnes
AUEMRABREr TLC ERNST 5284600 ÿ
Beiquon RQ UE T2 000"! 15
Angleterre...... ste OS ADD -S
Framepy nest 5% PEER 51.000 »
Hollandei, 1... santé D TTL 20 00 2
Autriche... Pot dote 13 000 »
Russæ et Japon. ..,...:,1,. + 20-000 725
Soit un total de 817.000 tonnes ; et 71 concessions minières
participaient, au Tonkin, à la fourniture des minerais traités.
Après le zinc, les minerais les plus importants de notre
colonie sont ceux de wolfram et d’étain, surtout du premier.
Le wolfram se trouve dans le massif du Pia-Ouac, à l'ouest
de Cao-Bang. Les proportions relatives de tungstène et
d'étain sont variables ; il peut y avoir 65 pour cent d'acide
tungstique par exemple, et 1 pour cent d’étain, ou des propor-
tions égales. Le massif du Pia-Ouac comprenait, en 1914,
29 concessions. L'étain — qu'on extrait, au Yunnam, à
Ko-Kieou, près de Mongtzeu, dans la vallée du Fleuve Rouge,
90 RESSOURCES DES COLONIES
d'où les exportations annuelles vers Hong-Kong sont d'environ
8.000 tonnes — n'est qu'en petite quantité.
Le plomb est sous forme de galène ou de minerai mixte de
blende et de galène. Il y a deux principales mines tonkinoises.
Ce minerai de plomb est, en général, très argentifère. Au
sud-ouest de Cao-Bang et au sud du Pia-Ouac, la mine de
Ngan-Son est réputée pour sa teneur en argent ( 4 et 700 par
tonne de minerai.)
Dans la région de la Haute Rivière Noire, il y avait encore
en 1914 six exploitations cuprifères.
L’antimoine, si demandé en Europe pour la fabrication des
aciers durs et des enveloppes d’explosifs, est à l’état de sulfure
et d'oxyde dans les gisements situés au nerd de Port-Courbet,
dans la province de Quang-Yen. On extrait aussi du sulfure
dans la ‘province de Moncay et de l’oxyde et du sulfure
près de Vinh. f
Le fer est peu exploité. Il y a cependant beaucoup de
pyrites au Tonkin. ‘On peut regretter, dit M. Sire, qu'avec
le charbon à proximité il ne soit pas construit de hauts
fourneaux dans ce pays, surtout lorsqu'on songe que, par
suite de occupation allemande en Meurthe-et-Moselle, la
France se trouve actuellement privée des fameuses mines de
Briey, qui produisaient à elles seules les 9 dixièmes du fer
employé dans la métropole.” II y a, dans ces minerais, la
présence presque constante de manganèse.
Pour le mercure, il y a lieu de mentionner deux gisements
cinabrifères, ceux de Cao-Ma-Pe et de Khao-Loc, au nord de
la province de Ha-Giang, entre la Haute Rivière Claire et le
Song-Mieu.
Enfin il y a 12 concessions de gisements aurifères,
notamment près de Ninh-Binh, de Hoa-Binh, de Son-La et de
Cao-Bang. Mais il convient d’être très réservé à l'égard de la
valeur et de l'étendue de ces gisements, que leur degré
d’exploitabilité rendrait à peine payants.
Quant aux mines de combustibles, on sait depuis longtemps
l'importance qu'ont les gisements de la baie de Hongay, où la
Société Française des Charbonnages du Tonkin a une
INDOCHINE é 91
concession de 21.932 hectares, avec 50 kilomètres de côte.
Près de 10.000 coolies chinois et annamites y sont employés.
Au nord-est d'Hongay, les gisements de l'île de Kebao
acquièrent aussi de l'importance, de même que ceux de Port-
Courbet, à l’ouest d'Hongay et de Mao-Khé.
Dans la haute vallée du Fleuve Rouge, on a découvert des
affleurements de schistes bitumineux. (Sire: Le dévelop-
pement minier au Tonkin et la participation allemande,
dans le Bulletin Economique de l’Indochine de Septembre-
Octobre 1915.)
En 1915, le mouvement général des sorties du charbon
d'Indochine a été de 727.862 tonnes, chiffre le plus élevé qui
ait été atteint jusqu'alors. La Société Française que nous
venons de citer a produit 629.358 tonnes, soit 86 pour cent
des ventes totales. Ces ventes, qui comprennent 98.318 tonnes
de briquettes, 199.412 de criblé, et 430.132 de menu, se
répartissent ainsi, suivant les lieux de production : Hongay
629.358 tonnes, Kebao 15.600 tonnes, Mao-Khé 33.311 tonnes,
Port-Courbet 36.395 tonnes, divers 16.658 tonnes.
92
RESSOURCES DES COLONIES
NOUVELLE-CALÉDONIE
Les exportations en 1915. — Le montant des expor-
tations de la colonie en 1915 a été de 16.020.278 francs, dont
5.431.690 francs à destination de la France. Il a été expédié
notamment :
4.322
742
Q1 à
U1 SI © D
.464. L
.529.167/mattes de nickel.
127
122
820
193
769
909
112
668
000
000
.-896 kilos de coprah.
1331
439.
88.
.526
69.
4.
856.
398.
989.
.800.
.576.
— de graines de coton.
— de café.
— de CAca0.
— de bois communs.
— de bois de santal.
— d'essence de niaouli.
— de conserves de viande.
— de peaux brutes.
kilos de trocas, ou nacre en coquilles brutes.
— de phosphates.
— de minerai de nickel.
203 — de minerai de chrome.
Pos
La culture du caféier en Nouvelle-Calédonie est toujours
précaire, les plantations ravagées par l’Æemileia n'étant pas
encore reconstituées, malgré l'emploi des bouillies cupriques
et des pulvérisations sulfureuses. Le Coffea robusta a été,
d'autre part, introduit. Dans le total des exportations de
café indiquées plus haut, la Nouvelle-Calédonie n'intervient
d’ailleurs que pour 177 tonnes; 262 tonnes proviennent des
Nouvelles-Hébrides.
Ce sont également les Etablissements français de l'archipel
qui ont produit tout le cacao.
NOUVELLE-CALÉDONIE 93
Une bonne partie du coton est due aussi aux Nouvelles-
Hébrides, dont le climat est plus favorable au cotonnier
que celui de la Nouvelle-Calédonie. Le produit a été très
estimé au Havre.
Une forte augmentation est à constater sur la fabrication
de l'essence de niaouli, connue en France sous le nom de
goménol.
Les phosphates, que la ‘* Société Austral Guano” a exportés
en Nouvelle-Zélande, ont été extraits de l'île Surprise.
Quoique la Société persiste à donner à ce produit le nom de
guano, il s’agit bien, en réalité, de phosphates minéralisés,
qui proviennent de la décomposition des guanos et de la
combinaison de leurs éléments constitutifs avec les couches
de corail sous-jacentes.
Les sorties de minerai de nickel ont presque diminué de
moitié par rapport à 1914 (94.154.036 kilos); la cause en est
que l'Allemagne absorbait avant la guerre une grosse partie
de cette production (15 pour cent environ).
La diminution a été relativement moindre pour les minerais
de chrome, le métal étant très demandé par les nations alliées
et par les États-Unis ; elle a pour seules causes l'insuffisance
de transports et l’augmentation du fret.
L'usine de conserves de viandes de Ouaco a travaillé avec
activité, et surtout pour l'Angleterre. Elle a abattu plus
de 6.000 têtes de bétail.
Nouméa possède deux usines pour l’égrenage du coton, qui
provient de Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides.
Un de ces établissements se livre en outre à la décortication
du café.
Le coprah est fourni par un million environ de cocotiers,
dont la culture s'est développée en ces dernières années.
(Bulletin de l'Office Colonial, Juin-Juillet 1916).
94 RESSOURCES DES COLONIES
GUYANE FRANÇAISE
Les exportations en 1915. - La Guyane Française a
exporté en 1915 :
22.424 kilos de cacao
159 . » de café
522 » de fécules
390 055 » de gomme de balata
24.668 » d’essence de bois de rose
2.852 » de vessies natatoires
63 » de plumes de parure
4 » d’écailles de tortue
2.530 » de cornes de bétail
3:279 0 MIrId'or-natif
Il faut encore ajouter 1.049 litres de rhum et tafia, dont
829 litres pour la France et ses colonies et 220 litres pour
l'étranger. Les exportations de cacao, de café et de fécules
ont été entièrement à destination de la France ; mais il a été
expédié 204.550 kilos de gomme de balata et 1.642 kilos
d'essence de bois de rose à l'étranger. Les cornes de bétail
ont été dirigées au total vers l'étranger.
Les 3.339 kilos d’or natif représentaient une valeur de
10.022.114 francs.
MARTINIQUE ET GUADELOUPE 95
MARTINIQUE ET GUADELOUPE
Les exportations de la Martinique en 1915. — Ces
exportations ont été de:
2
11 632 » de sucre brut
30 » de mélasse
791 litres de rhum et tafia
.299 kilos de café
.307 » de cacaos
17.124 » de casse
1.645 » de vanille
La plus grosse partie de ces exportations a été à destination
de la France.
Le commerce de la Guadeloupe en 1914 — Le com-
merce général de la Guadeloupe en 1914 s'est augmenté,
par rapport à l’année précédente, de plus de 5 millions de
francs; et cette augmentation est due surtout à l'essor de
l’industrie rhumière et au relèvement soudain, par le fait
de la guerre, des cours du sucre et du rhum sur le marché
français. Les expéditions de sucre d'usine ont été de
39.617.280 kilos, au lieu de 26.636.053 kilos-en 1913; celles
de rhum ont été de 15.840.523 litres (7.405.596 francs) au
lieu de 9.540.485 litres (3.971.333 francs) en 1915.
Presque toute la vanille (11.499 kilos au total) a été envoyée
aux États-Unis. (Pulletin de l'Office Colonial, Mars 1916.)
96 RESSOURCES DES COLONIES
ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS
DE L'OCÉANIE
Les exportations en 1915. — I] à été exporté de l'Océanie
Française en 1915 :
10.620.486 kilos de coprah
1.322.545 cocos en coques
4 015.650 oranges
292.883 kilos de nacres
163.880 » de vanille
8 046 » de champignons (fungus)
8.485 » de coton égrené
3.241 » de cire d’abeilles
2
.103 » de biches de mer
SJ
EN
I
D =
hR
.160 » de phosphates naturels
Le total de ces exportations représente, en valeur,
7.707.539 francs, soit 810,413 francs de moins qu’en 1914.
Mais cette diminution de 1915 est essentiellement due à
l'infériorité des prix atteints sur les marchés par les trois
principaux produits qui sont le coprab, la vanilleet les nacres,
car, au point de vue de la quantité, la production, dans
l'ensemble, a plutôt augmenté (82.853.284 kilos au lieu de
81.061.468 kilos) et l’augmentation a été particulièrement
forte (3.079.881 kilos) pour le coprah. Il y a eu, par contre,
affaiblissement sensible pour les nacres; mais encore cet
_affaiblissement est-il plus apparent que réel, car il restait
au 1° Janvier 1916 de forts stocks de ces nacres dont l’expé-
dition a été retardée par suite du fléchissement des cours.
(Journal Officiel des Etablissements Français de l'Océanie,
1° Juin 1916.)
ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L'OCÉANIE 97
Au sujet de ces Etablissements de l'Océanie, signalons que,
dans le but de protéger la colonie contre les maladies des
végétaux, un arrêté a été pris en 1916 par M. le Gouverneur
Julien pour prohiber l'entrée de tous palmiers, des caféiers,
des bananiers, etc., ainsi que des terres ou composts qui
pourraient contenir les parasites redoutés. Des certificats
d'origine sont désormais nécessaires pour l'introduction de
tous les végétaux vivants ou de toutes les portions de végé-
taux, y compris les graines.
Les vanilleries de Tahiti et Moorea. — La Chambre
d'Agriculture de Tahiti et Moorea chargeait en 1906 M. Mei-
necke d’une étude sur les maladies de la vanille à Tahiti, et
sur les remèdes à y apporter. En remettant son rapport au
gouverneur des Etablissements Français de l'Océanie,
M. Meinecke a résumé dans une lettre ses principales obser-
vations.
A son avis, les vanilleries de Tahiti et Moorea sont, pour la
plupart, dégénérées par suite d’un épuisement continu et d’un
manque presque complet des soins les plus élémentaires. 1]
faudrait donc améliorer la culture. Mais il importe aussi de
débarrasser les plants de toute trace de maladie et de détruire
tous les foyers d'infection, en brûlant toutes les lianes ou
parties de lianes attaquées ou mortes. On doit aussi faire
disparaître entièrement toutes les vanilleries abandonnées.
L'un des abus actuels, à Tahiti, est aussi de cueillir beaucoup
de gousses avant maturité. La préparation de la vanille est
presque complètement entre les mains des Chinois ; or les
planteurs indigènes, se préoccupant plus du poids que de la
qualité, et cherchant à vendre les plus grandes quantités
possibles avec le minimum de travail, récoltent bien à la date
fixée officiellement, mais détachent les grappes entières, au
lieu de choisir les gousses isolément. Et on peut dire que
20 à 40 pour cent des fruits d'une grappe ainsi cueillie ne
sont pas au degré voulu de maturité. Cela importe assez peu
aux planteurs, qui sont payés pour le nombre total des
]
98 RESSOURCES DES COLONIES
gousses et qui donc provoquent une trop abondante féconda-
tion, d'où résulte l'épuisement des pieds.
Un autre inconvénient qui résulte de cette façon de pro-
céder, c'est que les gousses vertes, une fois préparées, ont
bien l’aspect des gousses mûres, mais, en réalité, contiennent
peu de vanilline. Et cela contribue à déprécier le produit de
Tahiti. Le bas prix qui en résulte ainsi pousse, en retour, les
planteurs à féconder beaucoup trop de fleurs. Il y a là un
véritable cercle vicieux.
Une autre question fort intéressante est soulevée par
M. Meinecke. Alors que l'Europe, et surtout la France,
emploie plutôt la vanille sous forme de gousses, le marché
américain réclame de préférence la vanille destinée à la
fabrication des extraits. Dans ce dernier cas, la valeur de la
gousse dépend uniquement de la teneur en vanilline, indépen-
damment de laspect ou de la longueur, qui entrent, au
contraire, largement en ligne de compte dans les cours
européens. Il y aurait lieu, dès lors, de remplacer l'unique
classification actuelle par deux classifications correspondant à
ces deux exigences différentes.
En terminant sa lettre, M. Meinecke fait remarquer que les.
vanilleries ne sont pas, dans la colonie, la seule culture qu’il
soit nécessaire de surveiller et pour laquelle il est urgent
d’enrayer les dégâts causés par les maladies cryptogamiques
et les insectes. Il importe aussi d'empêcher l'introduction de
plantes infestées ; ce que, du reste, M. le gouverneur Julien a
cherché à obtenir par l'arrêté cité plus haut. Mais cette
première mesure ne suffit pas, et, comme le dit M. Meinecke,
une inspection stricte et éclairée peut seule écarter tous ces
dangers.
« Pour tous ces travaux touchant de si près aux intérêts
agricoles de la Colonie, il faudrait un Service de phytopatho-
logie. Le temps est passé depuis longtemps où ce Service
aurait pu être confié à d’autres que des spécialistes possédant
une expérience étendue. Je me permets donc de proposer la
création d’un Service d'Agriculture, qui se composerait d’un
botaniste ayant fait des études spéciales en pathologie végétale
ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L'OCÉANIE 99
sous les tropiques, et de lui associer comme aides, choisis par
lui, un entomologiste pour l'étude des insectes et un chimiste
pour les questions d'engrais, chimie du sol et chimie des
produits agricoles. Un laboratoire bien‘installé, comprenant
une bibliothèque scientifique et disposant d’un terrain destiné
aux expériences nécessaires, complèterait le Service. »
(Journal Officiel des Etablissements Français de l'Océanie,
15 Juillet 1916.)
100 RESSOURCES DES COLONIES
SIERRA-LEONE
Le piassava. — C'est surtout à Sierra-Leone qu'est récolté
le piassava de l’Ouest-Africain Anglais, fourni par les
faisceaux libero-ligneux des gaines foliaires du Æaphia
Hookeri; et les exportations de cette fibre à brosse étaient
en 1914 de 983 tonnes, d’une valeur de 48.750 francs. Aucune
exportation n'est indiquée, la même année, de la Gambie ni
de la Gold Coast, mais 403 tonnes sortaient de la Nigéria.
La préparation du piassava laisse comme résidu une masse
de fibres entremèêlées, rouge brunâtre, longues ordinairement
de 50 à 75 centimètres, et qui ont l'apparence d’un coir
inférieur. Ce déchet est resté jusqu'alors inutilisé, mais les
expertises faites à Londres laissent penser qu'il pourrait
peut-être être vendu comme une sorte de coir ; il a été estimé
150 à 200 francs la tonne. Des essais sur de plus grandes
quantités sont en cours. {Bulletin of the Imperial Institute,
Octobre-Décembre 1915).
Le £roo de Sierra-Leone
Graines de Légumineuses.
est le Vigna Catjang. D'après les analyses de l’Imperial
Institute, les graines, qui ont une teneur de 55,2 pour cent
d'amidon et de 24,3 d’albuminoïdes, pour 11,3 d’eau, ne
contiennent ni alcaloïde, ni glucoside cyanogénique.
Le fowe de la même contrée est le Phaseolus lunatus. Les
graines examinées à Londres étaient, les unes blanches avec
des taches noires ou rouge brun, et les autres brun rosé avec
des taches grises et noires. Les premières (55,7 d’amidon et
22,9 d’albuminoïides) contenaient 0,025 pour cent de glucoside
cyanogénique, et les secondes (55,8 d’amidon et 23,4 d’albu-
minoïdes) 0,03. Aucune ne contient d’alcaloïde. (Bulletin of
the Imperial Institute, Octobre-Décembre 1914).
SIERRA-LEONE 101
Une graine oléagineuse. — Le gor/i, ou Oncoba echinatfa,
de la famille des Bixacées, croît en abondance dans le district
de Yorney et à Gbatema, mais seulement dans ce qui reste de
la forêt vierge ; et il est très difficile de se procurer de grandes
quantités de graines.
Ces graines, qui pèsent en moyenne 46 milligrammes, et
dont l’amande a une saveur douce et oléagineuse, avec
toutefois un arrière goût particulier quand on la mâche,
contiennent 46,6 pour cent d'huile, 17,5 à 18,1 d’albuminoïdes,
11,8 à 12,1 d’amidon.
L'huile est ferme, blanche et cristalline, avec une odeur
spéciale caractéristique. Elle fond graduellement au-dessus
de 35 degrés et est complètement liquide à 45 degrés. Les
autres caractéristiques sont :
Poids spécifique...... LE 0,896 à 0,898
lhocesdacide 4... -2. ADN A2.
Indice de saponification... 192, à 193,9
Indice diode 1: EE 10968 11997 1: pour cent
Indice de Hehner....... 47 96,5
Indice de Reichert-Meisl... nul
Matières insaponifiables.... 13% 240 14,0, ,pour:cent
L'acidité de 22,4 a été constatée avec l'huile de graines
sentant le moisi ; 4,5 se rapprocherait donc plutôt de l'indice
normal.
Les acides gras ont pour indice d'iode 105,1 et sont un
mélange approximatif de 87,5 pour cent d’un acide solide
cristallin et de 12,5 pour cent d’un acide liquide. L’'acide
solide a été identifié avec l'acide chaulmoogrique de l'huile
de chaulmoogra de l'Inde. L'indice d’iode de l’acide liquide
est122:
À priori, la substance grasse pourrait servir en stéarinerie-
et en savonnerie. La présence de l'acide chaulmoogrique
indique qu’elle ne peut être alimentaire. {Bulletin of the
Imperial Institute, Juillet-Septembre 1913).
102 RESSOURCES DES COLONIES
GOLD COAST
Le cacao. — D'après les renseignements donnés par le
‘ Colonial Office”, les exportations de cacao de la Gold Coast,
en ces dernières années, ont été de :
50.554 tonnes en 1913
2.888 — en 1914
77.218 — en 1915
La valeur des exportations de 1915 était de 91.284.000 francs
environ. La très rapide extension des plantations de cacaoyers
dans la colonie anglaise n’a pas d’ailleurs été sans quelques
inconvénients. En raison même des larges surfaces cultivées,
la culture n’a généralement pas été faite avec un soin suffisant ;
de mauvaises habitudes dans le mode de préparation se sont
implantées, qu'il devient difficile aujourd'hui de faire
disparaître, et la main-d'œuvre n’est pas en rapport avec les
besoins que nécessitent ces grosses récoltes. La quantité nuit
finalement à la qualité. Comme conséquence de cette culture
mal conduite, les rendements s’affaiblissent plus rapidement
qu'il est normal, et les derniers rapports des fonctionnaires
de la colonie notent la diminution rapide de production des
plus vieux arbres.
. Tous ces rapports insistent donc sur l’urgence de mesures
destinées à améliorer les méthodes de culture et de
préparation.
Et c’est en constatant ce qui s’est passé à la Gold Coast, et
en y trouvant ainsi une leçon et un enseignement, que le
gouverneur de notre Côte d'Ivoire, M. Angoulvant, a cherché,
en ces dernières années, tout en poussant au développement
GOLD COAST 103
des cacaoyères dans notre colonie, à éviter les errements qui
se sont produits dans la possession anglaise.
Le divi-divi. —- Des gousses de Caesalpinia coriaria
récoltées à la Gold Coast ont donné, à l'analyse faite par
l'Imperial Institute, 14,22 pour cent d’eau, 33,10 de tannin, et
14,63 de matières extractives. La teneur en tannin était donc
faible, comparativement à celle du divi-divi ordinaire du
commerce, où elle est de 40 à 45 pour cent. Ces gousses ont
été manifestement mal préparées, comme l'indique, au reste,
déjà l'aspect du lot. Pour que la proportion de tannin soit
maxima, il faut d'abord que les fruits soient cueillis juste à
maturité ; ils doivent ensuite être ouverts longitudinalement,
débarrassés de leurs graines et rapidement séchés au soleil. Une
dessiccation lente permet un début de fermentation qui nuit
évidemment à la valeur du produit. (Bulletin of the Imperial
Institute, Juillet-Septembre 1913.)
Le Monodora Myristica. — Cette Anonacée, qui est
l'owere de la Gold Coast, et est un arbre de 15 à 20 mètres de
hauteur, bien connu dans l'Ouest-Africain, donne, on le sait,
des graines aromatiques utilisées sur place comme condi-
ment. Par distillation à la vapeur, un lot de ces graines a
donné, à lImperial Institute, 5,9 pour cent d’une huile essen-
tielle incolore, ayant l'odeur et le goût de l'essence de citron.
Sa densité était de 0,849, son indice d'iode 1,2, son indice
d'éther avant acétylation 1,9, et après acétylation 52,9. Elle
était soluble dans six volumes, ou plus, d'alcool à 90 degrés.
Elle semblait surtout constituée par des terpènes. Le résidu
après distillation a donné, d'autre part, dans la proportion
de 36 pour cent de la graine, une huile fixe liquide, brun-
rougeâtre, un peu visqueuse, légèrement odorante, ayant
pour indice d’acide 20,2, pour indice de saponitfication 186,7,
et pour indice d’iode 118,4 pour cent.
Un second lot, qui se présentait dans de moins bonnes
conditions, n’a fourni que 2,2 pour cent d'essence jaune pâle,
d'odeur moins agréable que la précédente. L'huile fixe, qui
104 RESSOURCES DES COLONIES
était dans la graine encore dans la proportion de 35 pour cent,
avait pour caractéristiques :
Densité à 15 degrés...
PNR PE | RER T 0,917
Indice d'acides is eme er ee 2 Dee 56,7
Indice de saponGationss PR ire 180,6
Indice diOde EEE EE TR SORTE 110,6
Indice de Hehner ........ RARE HE PRE 94,4
Acides volatils SOl0bIES SRE ne ef. 1,0
» »* insolublés PME SORE EE REITUTE 0,23
Le tourteau, qui contient 2,8 pour cent d'huile, 17,6 d’albu-
minoïdes, 29,1 d'hydrates de carbone, 47,4 de cellulose, n’a
pas de goût prononcé, et semble dépourvu d’alcaloïdes ou de
glucoside cyanogénique, mais n’est pas d’aspect agréable et
contient trop de substance cellulosique ; il ne pourrait guère,
sans doute, servir que comme engrais.
L'essence examinée par des experts ne paraît pas avoir été
très appréciée; on lui reproche l'absence d’odeur caractéris-
tique, qui fera donc, pour la savonnerie ou en parfumerie,
préférer d’autres essences déjà connues.
L'huile ne serait pas davantage recherchée des savonniers,
en raison notamment de sa saponification difficile. Elle a
donné des savons de faible couleur et elle ne serait utilisable
que pour des articles à bon marché. (Bulletin of the Imperial
Institute, Juillet-Septembre 1915.)
Les Canavalia. Les graines de deux espèces de
Canavalia, le Canavalia ensiformis et le Canavalia
obtusifolia, ont été examinées à FImperial Institute. Ni l’une
ni l’autre ne semblaient contenir d’alcaloïdes ou de glucoside
cyanogénique, quoïqu'elles passent souvent pour suspectes.
Des essais préalables, au point de vue de l’alimentation, sont
donc à recommander, en dépit des résultats de l’analyse.
(M. J. de Cordemoy signale de graves accidents dus aux
graines de la seconde espèce.)
Les graines de Canavalia ensiformis de la Gold Coast
étaient plus riches en albuminoïdes (27,4) que celles du
GOLD COAST 105
Canavalia obtusifolia (22 pour cent), mais plus pauvres en
amidon (45,7 au lieu de 54,5). Les premières renfermaient
1,3 d'huile et 14,7 de cellulose et les secondes respectivement
1,9 et 8,1.
106 RESSOURCES DES COLONIES
NIGÉRIE
Le cacao de la Nigérie du Sud. — Après le palmiste —
qui fournissait, en 1915, aux exportations 72.907 tonnes de
beurre de palme, 153.900 tonnes de palmistes et 13 tonnes
d'huile de palmiste — le cacao est le produit le plus important
de la Nigérie du Sud. Les exportations en étaient, en 1911, de
45.000 kilos environ.
Ces cacaos de la Nigérie, examinés à Londres, ont été
considérés comme de même valeur que les sortes de la Gold
Coast. Deux échantillons de fèves débarrassées des coques,
mais dont l’un avait été séché au soleil et l’autre avec un
dessiccateur rotatif, ont donné, pour cent :
Dessiccation au soleil Dessiccation artificielle
Eau eee Dos ne eee 9,2
SubStance:grasses "51224 "NS a nee 50,5
Alcaloïdes totaux... 1 OZ RNE R oid tee je Do
Le pourcentage des alcaloïdes totaux est ici un peu au-dessus
de la normale, mais il est d’autres fois plus faible, 1,58 à 1,80
par exemple.
Il y a peu de différences entre le cacao séché au soleil et
celui séché artificiellement, pourvu que, dans les deux cas, la
dessiccation soit bien conduite ; l'avantage serait plutôt
cependant pour le produit séché au soleil.
Le caoutchoutier de Céara dans la Nigérie du Nord.
— Du caoutchouc de Céara examiné à l’Imperial Institute de
Londres provenait d'arbres de 6 ans cultivés à Bida, et qui
NIGÉRIE 107
croissaient assez lentement en raison de la pauvreté du sol.
Il était sous forme de bal{s et de sfrips et avait été obtenu
par la méthode Lewa, entre 6 et 7 heures du matin. Après
lavage à l’eau, il contenait 82,3 pour cent de caoutchouc,
7,6 de résines, 8,4 de substances albuminoïdes et 1,7 de
cendres. Il était de bonne qualité ; la forme er strips a été
jugée supérieure à celle ex balls. (Bulletin of the Imperial
Institute, Juillet-Septembre 1913).
Le cotonnier dans la Nigérie du Nord. — Le cotonnier
est depuis longtemps cultivé par les indigènes en Nigérie
septentrionale. Jusqu'à présent pourtant les efforts faits par
l'Association Cotonnière Britannique ont été à peu près
localisés aux vallées du Niger et du Bénué. Une usine a été
installée à Lokoja, au confluent des deux rivières ; une autre
a été montée aussi plus au Nord, à Zaria. Les statistiques
d'exportation sont incomplètes ; on sait seulement que les
quantités de coton brut achetées par l'Association Cotonnière
et par les commerçants étaient de 375 tonnes en 1909 et
230 tonnes en 1911. On cultive un peu, outre de nombreuses
variétés indigènes, le Nyasaland Upland; et les échantillons
de cette variété américaine ont été regardés à Londres comme
d'assez bonne qualité pour justifier la continuation des essais
d’acclimatation. (/4., Janvier-Mars 1913).
108 RESSOURCES DES COLONIES
OUGANDA
Le cotonnier. — Le développement de l’industrie coton-
nière dans l'Ouganda date de 1904, année où le Gouvernement
importa des graines de trois variétés égyptiennes de coton-
niers. Un peu plus tard, la ‘Compagnie de l'Ouganda”
introduisait des Upland, des Péruviens, des Sea-1sland, etc.
La culture ayant été faite tout d’abord sans méthode, il y eut
pendant plusieurs années des mélanges, dans lesquels
dominait seulement l'Upland. Cependant en 1908, après
intervention du Gouvernement, il y eut une réglementation
qui prescrivait la propagation de l'Upland Black Rattler et
l'élimination, autant que possible, de toutes les autres variétés,
en particulier celles d'Egypte. En 1911-1912, les exportations
étaient de 3.007 tonnes de coton égrené et 2,319 tonnes de
coton brut. Ce coton brut est égrené à Kisumu, dans le
Protectorat Est-Africain, sur le bord du Victoria-Nyanza. Le
coton égrené l’est dans des usines de la colonie, qui étaient au
nombre de 5 en 1912.
En 1911-1912, les surfaces cultivées en cotonniers étaient de
27.380 acres dans le district de Boganda, 19.720 dans celui de
Bukedi, 10.000 dans celui de Busoga, 3.700 dans celui de
Bungoro, 120 et 100 dans ceux de Toro et d'Ankolé. Soit un
total de 61.020 acres, c’est-à-dire environ 24.410 hectares.
Quelques essais sur le Caravonica ont donné un assez bon
produit, mais la culture de ce cotonnier, comme de diverses
autres espèces ou variétés, ne peut être recommandée, en
raison des insectes ou des champignons qui s’y installent trop
facilement et deviennent un danger pour les autres plantes
de la région. (/4., Juillet-Septembre 1913).
OUGANDA 109
Le cacaoyer. — Les premières plantations de cacaoyers
dans l'Ouganda remontent à 1901; elles furent faites au
Jardin Botanique d'Entebbe, avec de jeunes plants envoyés
de Kew. Les cacaos obtenus furent reconnus en 1907 de très
bonne qualité; et il paraît établi aujourd'hui que le cacaoyer
peut constituer en certains points de la colonie une culture
rémunératrice. Une Station expérimentale a été établie à
Kampala. Il n'y a pas de statistiques de culture bien complètes ;
on indiquait cependant en 1913-1914 que, sur 86 plantations,
500 acres étaient plantés en cacaoyers de moins de cinq ans,
111 acres en arbres plus âgés; et de petites surfaces portaient
encore des plantations mixtes de cacaoyers et d’Æ/evea.(1d.,
Juillet-Septembre 1915.)
Le caféier. — La culture du caféier progresse rapidement
dans l'Ouganda. Dans les concessions européennes, il y avait
en 1914-1915 3.825 acres de Coffea arabica de moins de deux
ans, 5.726 acres de la même espèce au-dessus de deux ans, et
respectivement, 74 et 293 acres de Co/ffea robusta; il y avait,
en outre, quelques plantations mixtes avec //evea. D'autre
part, et surtout dans le district de Bugana, 8.692 acres appar-
tenaient aux indigènes. En 1914-1915 il était exporté 965.098 kil.
de café en parche et 106.832 kilos de café décortiqué. Encore
peu connu à Londres, ce café de FOuganda gagnera en valeur.
(/d., Janvier-Mars 1916.)
110 RESSOURCES DES COLONIES
NYASSALAND
Le cotonnier. — De grands efforts ont été faits au
Nyassaland pour protéger l’agriculture contre l'introduction
des insectes ou des champignons que pouvaient apporter des
plants ou des graines d’origine étrangère; et une très sérieuse
surveillance s'exerce, en particulier, sur les cotonniers. Il
est prescrit aussi de brûler les vieux bois de cotonniers. Les
plants doivent être arrachés et incinérés avant les derniers
jours d'Octobre, sauf dans les districts de Lower Shire, de
Ruo et de West Shire, où la date est la fin de Décembre. En
cas d'infraction au règlement, des pénalités sont prévues,
et les plants sont déracinés et brûlés aux frais du contre-
venant.
Tous les cotons que les indigènes récoltent sur les terres de
la Couronne, avec des graines fournies par le Gouvernement,
sont travaillés dans le Protectorat, et les graines provenant
de l’égrenage appartiennent à l'Administration. La distri-
bution de semences doit être approuvée par le Directeur de
l'Agriculture. Il faut aussi une licence pour acheter le coton
obtenu par les indigènes sur les terres de la Couronne avec
les graines qu’ils ont reçues. La licence est accordée par le
résident du district, après paiement d’un droit, et n’est
valable que sur place et jusqu’au 31 Mars. (/d., Juillet-
Septembre 1913.)
Le tabac. — Le tabac est devenu le principal produit
d'exportation du Nyassaland, qui en expédiait 25.775 kilos
en 1904-1905 et 1.501.039 en 1914-1915. À cette dernière
époque, la culture était de 3.851 hectares. Par suite du
NYASSALAND 111
manque de fumure, le rendement est inférieur à celui des
Etats-Unis; il était de 236 kilos par acre en 1910-1911 et
l'appauvrissement du sol l'a amené à 138 kilos seulement en
1912-1913. Les variétés préférées sont le Go/d leaf, le Warne,
le Congueror, le White Stem Orinoco. Depuis 1908, la presque
totalité des exportations va aux Etats-Unis. (/4., Janvier-
Mars 1916.)
_
w
RESSOURCES DES COLONIES
AFRIQUE AUSTRALE ANGLAISE
Huiles essentielles. — Plusieurs huiles essentielles de
l'Afrique du Sud ont été examinées à l’Imperial Institute.
L'une provient des feuilles du Barosma venusta (Rutacées);
elle diffère considérablement de l'essence du PBarosma
betulina, et les feuilles ne peuvent donc pas être employées
en médecine à la place de celles de ce dernier Barosira.
Une autre essence a été extraite des tubercules du sherun-
gulu, qui est le Xaermpferia Ethelae (Zingibéracées). Il en a
été retiré 1,5 pour cent des tubercules humides (avec 25 pour
cent d’eau) et 2 pour cent des tubercules secs. L’essence,
jaune brunâtre, a un peu l'odeur de la fleur d'oranger, avec
cependant une autre odeur moins agréable. Elle est très
intéressante scientifiquement et a une valeur commerciale.
Une communication à son sujet a été faite à laSociété Chimi-
que de Londres par MM. Goulding et Roberts.
Le Madia sativa au Cap. — Cette Composée, originaire
du Chili et de Californie, a été introduite en beaucoup de
régions; en ces dernières années, la culture en a été tentée
au Cap. Les grains reçus du Jardin Botanique de Kirsten-
bosch contenaient 5,1 pour cent d’eau et fournissaient
36,5 pour cent d’une huile liquide, brun jaunâtre, qui avait
pour caractéristiques :
Point de solidification des acides gras.... 21° 7
Indice d'acide" 0.222: ET Pc 2,2
Indice de saponification........ AE 194,5
Indice d'i0de xs: 252 ee ter ess | 428,0 DONCICERE
Indice de Hlehnes- Re mere ee 95,8
Acides volatils solubles............. AE 0,1
» » INSOIUDIEST, 5-50 ets _ 0,7
AFRIQUE AUSTRALE ANGLAISE 113
C'est une huile semi-siccative, utilisable pour l'éclairage et
en savonnerie ; elle est comestible. Le tourteau obtenu après
broyage contient environ 28,2 d’albuminoïdes, 27 d'amidon,
7 d'huile, 24,4 de cellulose et 5,8 de cendres. La teneur en
albuminoïdes est plus élevée que dans les tourteaux de soleil
et de coton. L'inconvénient peut être, pour lalimentation, la
présence des enveloppes des grains, qui sont très fermes. Il
n'y a ni alcaloïde, ni glucoside cyanogénique. {Bulletin of the
{mperial Institute, Juillet-Septembre 1915.)
En Rhodésie en 1914-1915. — Dans la Rhodésie du Sud,
la surface cultivée, du 1° Avril 1914 au 31 Mars 1915, par les
fermiers européens, était de 73.076 hectares, dont un peu plus
des trois quarts dans le Mashonaland et le reste dans le
Matabeleland. La culture du maïs a été de 66.600 hectares, avec
une production de 326.353 sacs, soit environ 29.668 tonnes, à
destination surtout du Royaume-Uni et de l'Australie. L’éle-
vage se développe ; le nombre des bêtes à corne des Européens
et des indigènes, en 1914, était de 748.058 contre 463.923
en 1911. On élève de plus en plus le mouton pour la viande
et pour la laine. Il n’y a pas de maladie contagieuse grave.
La récolte du tabac en 1915-1916 a été, d'autre part, de
450.000 livres. L'or extrait dans cette Rhodésie du Sud,
en 19135, a été de 3.823.167 livres sterling, soit 95.579.175 francs.
Dans la Rhodésie du Nord, la surface cultivée par les
Européens en 1914-1915 a été de 11.490 hectares, dont un peu
plus de moitié en maïs, le huitième en cotonniers et environ
360 hectares en tabac. De fin Mars 1914 à fin Février 1915 la
production du cuivre a été de 813 tonnes, d'une valeur de
31.618 livres sterling. L'extraction du minerai de bismuth
(à 60 à 70 pour cent de rendement) s'accroît. {Bulletin of the
Imperial Institute, Avril-Juin 1916.)
Produits divers. — Le buis du Cap, où Buxus Macowant
Oliv., est un petit arbre des forêts de la Province du Cap. Son
bois, d’après les premières études faites à Fimperial Institute,
semble pouvoiy être utilisé comme celui du buis d'Europe.
Ss
114 RESSOURCES DES COLONIES
Jusqu'alors le buis exporté du Cap provenait du Gonioma
Kamassi (Apocynacées); il est surtout connu, commerciale-
ment sous le nom de buis de Knysna, d'après le port
d'embarquement.
L'Imperial Institute a encore étudié, au point de vue de
leur teneur en tannin (Bulletin de Juillet-Septembre 1913),
les gousses de la variété Xraussiana de V Acacia arabica. Ces
gousses complètes ont donné 11,6 pour cent d’eau, 19,6 de
tannin, 20,8 de matières extractives et 3,7 de cendres. Des
gousses également complètes, mais de lespèce-type, et pro-
venant de la Nigérie du Nord, contenaient 26,69 pour cent de
tannin.
L'or. — L'Afrique Australe a fourni en 1915 pour
46.381.785 livres sterling, soit 1.159.544.625 francs, d'or,
dont 38.627.461 livres représentent la part du Transvaal, et
4 millions environ celle de la Rhodésie.
En cette même année, la production mondiale a été de
97.869.870 livres, soit 2.446.736.750 francs, dont les deux tiers
environ proviennent des possessions britanniques. (Dépéche
Coloniale, 28 Avril 1916.)
ZANZIBAR 119
ZANZIBAR
Zanzibar est située entre 5°42 et 6°28 de latitude Sud; l'île de
Pemba est à 64 kilomètres environ au Nord, entre 4°50 et 5°30
de latitude Sud. A Zanzibar même, la pluviosité moyenne est
de 1 m. 525. Pemba a une moyenne plus élevée, surtout dans
le centre ; à Banani, il est tombé, en 1913, 2 m. 172 d'eau. Les
saisons pluvieuses sont bien délimitées ; les grosses pluies se
produisent en Avril et Mai, avant le commencement de la
mousson Sud-Ouest, et les petites pluies en Novembre et
Décembre, avant le début de la mousson Nord-Est.
La superficie totale de Zanzibar est de 160.000 hectares, sur
une grande partie desquels le sol est coralliaire, couvert
d'une végétation buissonnante ou herbacée. La superficie de
Pemba est d'environ 98.000 hectares. En 1910, il y avait
114.669 habitants à Zanzibar et 85.000 à Pemba.
La principale source de richesse du Protectorat est
aujourd'hui le giroflier, dont les premières graines, en
provenance de la Réunion, furent introduites en 1818. Un
ouragan ayant détruit toutes les plantations de Zanzibar en
1872, les girofliers actuels de File datent, au plus, de cette
année-là ; à Pemba, qui ne fut pas atteint, il y a des arbres de
80 à 90 ans. Le commerce annuel des clous est de plus de
400.000 frasilas, soit 8.242.000 kilos, la frasila étant de 55 livres
anglaises. En 1913, il a été exporté 8.068.383 kilos ; et pour
1913-1914, les récoltes ont été de 135.399 frasilas à Zanzibar et
° 591.222 à Pemba. Pemba représente, avec 14.000 à 20.000 hec-
tares, plus des deux tiers de la culture du giroflier ; et il y a
probablement dans les deux îles réunies 5 à 6 millions d'arbres
en rapport. Les Arabes, d'ailleurs, qui s'occupent spéciale-
116 RESSOURCES DES COLONIES
ment de cette culture ont depuis longtemps cessé d'établir de
nouvelles plantations.
Ce serait entre 30 et 40 ans que Îe giroflier donnerait son
maximum de rapport. Les récoltes, on le sait, sont très
variables ; il y en a une bonne tous les 3 à 5 ans. En bonne
année, de gros arbres donneront 60 à 70 livres de clous secs,
d’autres donneront beaucoup moins. La moyenne annuelle
générale dans les plantations arabes peut être évaluée à
3 livres 1/2 à 4 livres de clous secs par pied. 100 livres de clous
frais fournissent environ 47 livres 1/2 de clous desséchés.
Après le giroflier, l’arbre le plus important du Protectorat
est le cocotier, dont l'importation est aussi cependant récente.
On admet qu'il y a environ aujourd’hui 2.500.000 arbres,
couvrant environ 18.000 hectares. Ces arbres correspondent
à cinq variétés, dont deux de Pemba. Une variété rouge de
Zanzibar est considérée comine la meilleure; lune des deux
variétés de Pemba est surtout appréciée pour son lait, l’autre
pour le coprah. D'une façon générale, le coprah de Zanzibar
n'est pas de bonne qualité. Il est, soit séché au soleil, soit
enfumé, mais, en ce dernier cas, est tout à fait inférieur.
En 1913 les exportations des deux îles réunies ont été de
7.412 tonnes. Une certaine quantité d'huile est préparée dans
les îles mêmes ; et les exportations réunies d'huile de coprah
et d'huile de sésame ont représenté en 1913 35.918 roupies.
Il n’y à pas de fabrication de coir.
Le caoutchouc indigène provient surtout du Zandolphia
Kirkii, qui se trouve en forêt à Pemba; un peu aussf est
donné par le Mascarenhasia elastica. En 1913, il a été
exporté une tonne environ de caoutchouc. De grandes planta-
tions de caoutchoutiers de Céara avaient été faites en 1907
dans ie Nord de Pémba, mais les difficultés de main-d'œuvre
et de communications Îies ont fait abandonner.
À Zanzibar imnême on ne récolte plus aujourd’hui de copal.
Les exportations (164.159 livres en 1915) étaient alimentées en
ces dernières années par lEst Africain Allemand, mais la
diminution des récoltes dans la coionie allemande, puis la
ZANZIBAR 117
concurrence du kaori de Nouvelle-Zélande les ont fait
décliner. 5
En déclin aussi l’industrie des piments, que cultivèrent un
moment en grand, sur la bande coralliaire de la côte Est de
Zanzibar, les indigènes de l'île, les Wahadima. La diminution
de ce commerce est due à la fois au manque de soin des indi-
gènes dans la récolte et dans la préparation et aux procédés
déshonnêtes ou défectueux des maisons d'achat des villes.
Puis les cultivateurs donnent de plus en plus la préférence au
giroflier. Les exportations, en 1905, étaient de 500.309 livres ;
en 1912, elles étaient de 104.720, et, en 1913, de 76.513, d’une
valeur de 1.042 livres sterling.
L'industrie sucrière, qui fut prospère à l’époque de Fescla-
vage, est aujourd'hui presque abandonnée. Quant à la
vanille, dont le Gouvernement en 1897 encouragea la culture,
et dont une plantation fut établie à Dunga, ni les Arabes ni
les indigènes n’ont consenti à s’y intéresser, et sa production
reste localisée aux Seychelles.
Parmi les cultures accessoires, il faut encore citer celle
des Légumineuses, notamment de larachide et du voandzou,
puis celle du sésame, du Jafropha Curcas, du Telfairia
pedata— qui est principalement une culture des Wahadimu,—
du ricin, du Sapindus Saponaria, du tabac — que les
Wahadimu et surtout les Wapemba, aborigènes de Pemba,
cultivent avec l’arec et le bétel pour le chiquer —des agrumes
et autres arbres fruitiers, etc. Le palmiste est indigène; le
kapokier est commun. (Pulletin of the Imperial Institute,
Juillet-Septembre 1914.)
Les noix de Canarium. — L'Imperial Institute a analysé
des graines du Canarium Colophania de Maurice, en compa-
raison avec des graines de Canarium commune de Malaisie
et de Canarium rufum des Straits Settlements.
Les noix de Canarium Colophania se composent de 96
pour cent de noyau et 4 pour cent de graine; celles de
Canarium rufum de 95,3 pour cent de noyau et 4,7 pour cent
118 RESSOURCES DES COLONIES
de graine; et celles de Canarium commune de 87,1 pour cent
de noyau et 12,9 pour cent de graine.
Toutes ces graines ont comme composition entésimale :
C. commune C. rufum C. Colophania
Eau:ss ee tere > A MER EURS Dire flo See 4,2
Albuminoides.55.. 01153) 00r:-s 1104 Er ULEE 15,9
Amidonr 2e 21 - TA Ce APRES et 9
Substances grasses 072,300. 7000 ec re 64,6
Cellulose sm RARE Re an Re Te PEN 2,1
Cendres 72 DOTE Sn ne de 4,2
Ily a donc, dans les deux premières espèces surtout, un
très haut pourcentage d'huile, mais la forte proportion de
noyau et la difficulté qu'on éprouve pour le casser en
diminuent l'intérêt, soit pour l'extraction de cette huile, soit
pour l’utilisation de lamande en confiserie. Cette amande n’a
d’ailleurs pas de saveur qui puisse la faire préférer aux autres
sortes actuellement employées. (Bulletin of the Imperial
Institute, Octobre-Décembre 1914.)
SEYCHELLES 119
SEYCHELLES
Le commerce des Seychelles en 1914. — Les Seychelles
ont exporté en 1914 3.683 tonnes de coprah, 18.905 tonnes de
guano, 10.668 kilos de vanille, 600 tonnes d’écorce de can-
nelle, 15.906 gallons (4 lit. 45) de beurre de coco, 1.870 gallons
d’essences, 609 kilos d'écailles de tortue, 173.102 noix de
coco, 2.746 cocos de mer, ces derniers à destination de l'Inde
et de Maurice. La plus grande diminution par rapport à 1913
a surtout porté sur le guano, qui a pour provenance les
dépôts des îles Aldabra. Les exportations d’écorces de
cannelle sont toujours en décroissance, alors que au contraire
le commerce des essences se développe. Une nouvelle
industrie de !la colonie est celle de l'huile de baleine.
(Bulletin of the Imperial Institute; Juillet-Septembre 1914,
et Juillet-Septembre 1915.)
120 RESSOURCES DES COLONIES
MAURICE
M. Stockdale, directeur du Département de l'Agriculture à
l’île Maurice a repris sous une forme un peu différente la
publication du Pullefin que dirigeait depuis de longues
années son prédécesseur au Réduit, M. Bonâme.
Le Bulletin, rédigé en anglais et en français, comprend
aujourd’hui une Série Générale, une Série Scientifique et une
Série Statistique.
Ont paru jusqu'alors les Bulletins suivants :
SÉRIE GÉNÉRALE !:
N° 1. — /nstructions pour l'expédition des échantillons.
N° 2, partie I. — 7he Manufacture of Sugar in Cuba and
Porto-Rico, par J. F. Clarenc.
N° 2, partie Il. — Précis des règlements contre les mala-
dies ef les ennerris des plantes. :
N° 3. — Fssais de différentes vartétés de pistaches, de
maïs et de riz en 1914.
Maurice reçoit annuellement 500.060 kilos environ d’huile
d’arachide ; il y aurait donc intérêt à développer dans liîle la
culture de la Légumineuse, Le maïs est cultivé sur 3.000 arpents
(3.112 acres anglais) environ, et principalement dans les
districts de la Rivière Noire et du Grand Port, mais la culture
laisse beaucoup à désirer. Le Département a introduit diverses
variétés, parmi lesquelles une variété blanche à gros grains,
le Marlboro prolific, donnerait le rendement le plus élevé.
Quant au riz, c’est la principale denrée alimentaire de la
colonie, qui en importe annuellement plus de 60.000 tonnes.
Maurice est donc sous la dépendance des récoltes de l'Inde,
MAURICE 121
-
et la riziculture devrait être étendue dans certaines zones
marécageuses et sur quelques terrains bas, aux embouchures
des rivières.
N° 4, partie I. — 7he Manufacture of Sugar in Louïisiana,
par J. F. Clarenc.
N° 4, partie Il. — 7he Manufacture of Sugar in Java,
par J. F. Clarenc.
N° 5. — L'industrie des fibres à Maurice, par Stockdale.
N. 6. — L'irrigation de la canne à sucre à Maurice, par
Stockdale.
SÉRIE SCIENTIFIQUE :
N° 1. — Pouvoir absorbant des sols de Maurice, par
P. de Sornay.
N° 2. — /nsectes nuisibles aux grains, à Maurice, par
d'Emmerey.
N° 3. — La composition des laits de Maurice, par
Auchinleck.
Les laits de Maurice contiennent 3,65 à 3,84 de matière
grasse, 3,20 à 3,27 d'albuminoïdes et 4,03 à 4,12 de lactose. Au
point de vue de la teneur en lactose, en albuminoïdes et en
cendres, ils sont au-dessous des laits anglais et français. En
matières grasses, la teneur est plus élevée que la moyenne
des laits français (3,50), mais moindre que celle des laits
anglais (3,90). Le minimum légal de la richesse en beurre du
lait frais mis en vente est de 3 en Angleterre ; il est fixé
à 2,5 pour cent à Maurice. Dans la colonie anglaise, où les
traites sont, en général, également espacées, la différence
dans les teneurs en matière grasse des laits du matin et des
laits du soir n'est pas aussi marquée qu'en Europe, où le lait
du matin est plus pauvre que celui de l'après-midi, parce
qu'il vient après une longue période de nuit.
SÉRIE STATISTIQUE :
N° 1. — Animaux de ferme du pays, par Henri Robert.
Il y avait à Maurice, en 1914, 13.288 vaches laitières, ce qui
représentait 18 vaches par 500 habitants. La moyenne est
122 RESSOURCES DES COLONIES
basse, puisqu'elle était, avant la guerre, de 67 en Belgique,
89 en Allemagne, 107 aux Etats-Unis et 222 en Australie. A
Maurice, la production totale annuelle du lait était, en 1914,
de 17.654.500 litres, soit 1.328 litres 6 par vache et par an,
alors qu'on admet 1.166 litres en Italie et 2.797 au Danemark.
L'auteur a établi des statistiques comparées analogues pour
le beurre, la viande, les oiseaux de basse-cour et les œufs.
N° 2. — Sugar-Cane. Varieties of Mauritius, 1915, par
Henri Robert, Mai 1916.
A la fin de 1914 la superficie totale des champs de canne à
sucre à Maurice était de 159.172 arpents, soit 66.056 hectares.
La variété la plus cultivée est la Big Tanna blanche.
La canne à sucre à Maurice. — A Maurice, ce sont les
terres rouges qui conviennent le mieux à la culture de la
canne, à l'inverse de ce qui a lieu pour le maïs, qui préfère
les terres noires. Ce sont, en outre, les sols rocheux qui
donnent les plus belles récoltes dans les districts chauds et
secs, mais la culture y est coûteuse, et on préfère ordinaire-
ment pour cette raison les terres franches. Il n’est pas rare
d'obtenir des rendements de 40 à 60 tonnes à l’arpent
(80 arpents mauriciens correspondent à 83 acres anglais) pour
les cannes vierges de grande saison. On a même atteint
60 à 70 tonnes en saisons très favorables. Les plantations ‘‘de
grande saison” sont celles d'Avril; les plantations ‘‘ de petite
saison ” sont celles d’Août.
D'après M. Harriott, il faut à la canne, à Maurice, par an et
par arpent, 1.875 millimètres d’eau au maximum. Le maxi-
muim des arrosages par mois doit être de 3, et le maximum
d’eau, par arrosage, de 65 millimètres. (Stockdale, Bulletin
de Maurice, n° 6).
L'industrie des fibres à Maurice.— L'étude de M. Stock-
dale ainsi intitulée, et que nous avons déjà citée plus haut
(n° 5 du Bulletin), fut rédigée à l’occasion du Congrès Inter-
national d'Agriculture Tropicale qui se réunit à Londres
MAURICE 123
en 1914. Après l'industrie sucrière, l'industrie des fibres est à
Maurice l’entreprise agricole la plus importante.
Les fibres sont extraites de plusieurs variétés de Fourcroya
gigantea qui végètent dans la plupart des districts de File,
mais prospèrent surtout sur les terres fertiles, entre 100 et
350 mètres. Sur les plateaux plus élevés, humides et froids, le
Fourcroya se développe moins bien; et, sur le littoral, où les
pluies ne sont pas fréquentes, la végétation est lente.
Il y a à Maurice deux variétés de Fourcroya gigantea : le
Fourcroya gigantea proprement dit, ou aloës malgache ; et
le Fourcroya gigantea var. Willementiana, où aloës créole,
qui est une variété locale plus épineuse. Cet aloës créole est
celui qui pousse le plus vite et rend le plus, mais il pousse
moins bien que Flautre variété dans les hautes régions. Pour
les deux variétés, il faut une température élevée et uniforme
et une pluviosité suffisante. Les deux viennent bien sur tous
les sols de la colonie, qui, en général, sont fertiles et ont pour
principales caractéristiques leur richesse en sels de fer et
leur pauvreté en carbonate de calcium. Ils contiennent
souvent très peu de potasse et de phosphates assimilables.
On estime à 20.000 arpents (1 arpent — 1 acre 043) la super-
ficie couverte par les aloès, dont la plupart viennent aujour-
d’hui à l’état spontané. Cepeñdant, depuis 10 ans, on en a
entrepris la culture; et les plantations couvrent actuellement
environ 1.500 arpents.
Depuis 1905, on a fait aussi des plantations de l’Agave
rigida var. sisalara ; la superficie en était en 1915 de 60 à
75 arpents.
Ces plantations de sisal se sont bien développées, quoique,
dans certains cas, la pousse ait été irrégulière. Elles nécessi-
tent au début plus de soins que celles de Fourcroya. La
filasse préparée a été bonne et vendue à un prix satisfaisant.
Sur quelques propriétés il y aurait des plantations annuelles
d'aloës créole, et Von obtiemdrait ainsi de meilleurs résultats
qu'avec les pieds sauvages. Certains planteurs préconisent la
culture à l'ombre ; les feuilles sont moins rigides et plus
facilement manipulées.
124 RESSOURCES DES COLONIES
On multiplie par bulbilles ou par drageons de taille
moyenne. Ces drageons sont généralement préférés; on
transplante ceux qui ont des feuilles de 30 à 45 centimètres et
sont alors âgés de 18 mois. On récolte au bout de 3 ou 4 ans.
D'après M. Carcenac, il faut mettre en terre à la fin de la
saison sèche, et on plante en quinconce à 1 m. 30 de distance.
Un nettoyage du terrain est nécessaire au bout d’un an. Après
la première récolte, au bout de 4 ou 5 ans, on cueille aux
intervalles de deux saisons pluvieuses. Un plant doit donner
chaque fois 30 feuilles. Soit, pour 2.500 plants à larpent,
75.000 feuilles, donnant à peu près une tonne de fibres sèches,
et par conséquent une demi-tonne par an.
Des chiffres recueillis dans les différentes usines à fibres de la
colonie il ressort qu’il faudrait plus exactement 65.000 feuilles
d’aloës créole pour lobtention d’une tonne de fibres sèches.
C’est donc un rendement de 2,3 pour cent. Ces chiffres peuvent
toutefois beaucoup varier avec la localité et la saison. La fibre
sèche représente 16 à 18 pour cent de la fibre verte.
Les usines à fibres de Maurice sont petites. Leur production
annuelle est, en général, de 50 à 100 tonnes de fibres sèches,
avec une moyenne de 55 tonnes. Il y avait en 1913 42 usines,
dont 25 étaient situées sur la Rivière Noire. Les défibreuses
sont des ‘‘grattes”, qui donnent journellement 100 kilos de
fibre sèche. Lorsque les fibres vertes ont été désagrégées,
elles sont lavées en eau propre, puis trempées pendant
36 à 48 heures dans une solution qui contient de 5 à 10 kilos
de savon ordinaire pour une tonne de fibres vertes, et de
nouveau lavées. Elles sont ensuite séchées et blanchies au
soleil sur des tringles en bois, et enfin nettoyées à la batteuse.
Elles sont pressées en ballots de 200 à 250 kilos.
En 1913 il était exporté de Maurice 2.912 tonnes 7 de
filasse, d’une valeur de 56.905 livres sterling, soit environ
2 livres sterling la tonne.
INDE 125
INDE
Matières tinctoriales. — Depuis que nous avons cessé de
recevoir les colorants artificiels que l'Allemagne nous
fournissait, l'attention s’est reportée sur les colorants végétaux
naturels, qui étaient de plus en plus abandonnés depuis
longtemps. Ces colorants sont particulièrement nombreux
dans Finde, où ils ont toujours été très employés par les
natifs; et M. Srivastava, chimiste technologique à Cawnpore,
en cite une vingtaine dont il a recherché la valeur industrielle
en les essayant sur la laine et sur le coton.
‘Pour la laine, les essais ont consisté dans l'emploi d’une
infusion de la matière colorante, avec ou sans action d’autres
substances ; et les substances employées, soit dans le bain de
teinture, soit au préalable, ont été : l'acide acétique (4 pour
cent dans le bain de teinture) le bichromate de potassium
ajouté, dans la proportion de 2 pour cent, au bain précédent,
après une première immersion dans ce bain); le bichromate
et l'acide oxalique, utilisés comme mordant préalable, et le
sulfate d’alumine et de tartre, utilisés de même.
Le coton a été plongé pendant une nuit dans une décoction
de myrobalam, puis retiré le lendemain, pressé, et reporté,
sans lavage, dans des bains frais contenant du tartre émétique,
du chlorure d’étain, de l’alun et du sulfate ferreux.
D'une façon générale, tous les colorants ont donné les
meilleurs résultats avec le chlorure d’étain. Viennent ensuite
le tartre émétique et lalun. Le sulfate ferreux donne des
teintes variant du gris au noir.
Voici maintenant les colorants essavés.
Les fleurs du Nyctanthes Arbor-fristis, où rarsinghar, qui
est un arbre croissant en abondance dans les Provinces-Unies,
126 RESSOURCES DES COLONIES
donnent une couleur jaune, soluble dans l’eau, ainsi que dans
l'alcool. On fait donc facilement un extrait avec des fleurs
sèches. Sur la laine mordancée avec le bichromate et l'acide
oxalique on obtient un beau brun, résistant bien au savon et
aux alcalis.
Les fleurs du Cedrela Toona, où fun, des forêts du pied de
l'Himalaya, teignent égalementen jaune. La meilleure teintede
la laine est donnée par l'acide acétique, mais est peu résistante.
Jaunes également les fleurs du Putea frondosa, ou fesa, ou
dhak, des Provinces-Unies. Leur colorant est très employé
par les villageois pour s'en asperger le corps comme marque
de réjouissance au festival de Holi. Suivant le mordant, les
teintes sur laine varient du brun au cramoisi sombre : elles
sont résistantes.
Le Aaldi est bien connu, puisque c’est le rhizome desséché
du Curcuma longa, où safran des Indes ; et on sait qu'il
contient un principe colorant, ou curcumine, faiblement
soluble dans l’eau froide, plus soluble dans l’eau chaude, et
complètement dissous dans lalcoo!. On sait encore que le
papier qui est imprégné de ce colorant change en brun
rougeûtre par les alcalis. Si ce papier, en outre, a été imbibé
d'acide borique, il est rouge brunâtre, mais, en présence de
la soude caustique, il devient bleu ou vert. Sur la laine, le
meilleur mordant est un mordant chromé ; la résistance de la
teinture est alors très grande.
Fournissent encore une couleur jaune les feuilles de l’arusa,
qui est FAdhatoda Vasica. Le colorant est soluble dans l’eau
et dans l'alcool. La présence de chlorophylle dans l'extrait
alcoolique des feuilles lassombrit, mais on se débarrasse de la
matière verte par une addition d’eau, qui la précipite. Sur la
laine mordancée par le chrome, la teinte du pigment ainsi
isolé tient bien.
Le zaspal est le grenadier. Outre le tannin, le péricarpe du
fruit contient une couleur résistante variant du jaune au brun.
Le 7angli nil, ou indigotier sauvage, abondant dans les
Provinces-Unies, est le Zephrosia purpurea, qui ne doit son
nom vulgaire qu'à son aspect, car ses feuilles ne contiennent
INDE 127
pas d’indigo, mais un principe colorant voisin de la quercitine.
La séparation de la chlorophylle et de ce principe est assez
difficile. On traite les feuilles sèches par l'alcool, on dilue
l'extrait avec l'eau et on lave avec le pétrole. Le colorant
purifié donne avec divers mordants de bonnes teintes très
fixes, surtout briilantes avec le chlorure d'étain.
Le £usum est le carthame, le sa/fflower des Anglais. Le
colorant que fournissent les fleurs est depuis longtemps
réputé partout. Il donne sur le coton des teintes rouges,
variant du cramoisi sombre au rose le plus délicat. La fleur
contient deux pigments différents : un jaune, soluble dans
l’eau, et qui est le plus abondant; et un rouge, qui est en bien
moindre quantité, mais est le plus intéressant. Pourles séparer,
on fait macérer dans l'eau les capitules floraux; et la subs-
tance jaune et dissoute. Quand cette dissolution est complète,
les capitules sont traités par une solution diluée de carbonate
de sodium, qui entraîne Îe colorant rouge. On teint le coton
en acidulant le bain avec de Facide tartrique. Les indigènes
emploient le jus de citron.
Dans le majith, ou Rubia cordifolia — qui appartient au
même genre que la garance — ce sont les racines et les
rameaux qui donnent le bon colorant rouge usité depuis si
longtemps dans l'Inde pour la laine et pour le coton, et qui
est la base d’un grand nombre de teintes recherchées par les
imprimeurs sur calicot.
Le cutch, ou katha, est VAcacia Catechu; on sait que le
cachou est obtenu en faisant bouillir le bois dans Feau. Pour
teindre le coton, on fait bouillir le tissu avec l'extrait de
cachou additionné de sulfate de cuivre dans la proportion, en
poids, de 10 parties de sel de cuivre pour 100 parties d'extrait.
Le tissu est pressé, laissé un moment en cet état, puis bouilli
dans un bain frais et chaud, contenant 2 pour cent de bichro-
mate de potasse; on lave et on sèche. C’est un des tinctoriaux
les plus résistants.
Le patang est le bois de sappan, où Caesalpinia Sappan.
L'arbre est une variété de l'espèce brésilienne. Le pigment, ou
braziléine, est à Vétat incolore dans le bois fraîchement
128 RESSOURCES DES COLONIES
coupé; c'est par oxydation qu'il se colore. Rouge, cramoisi ou
pourpre, il est excellent pour l'impression sur calicot.
Le £achnar est le Bauhinia racemosa. L'écorce donne un
colorant rouge qui est largement associé avec du tannin et
qui se fixe facilement sur le coton, même sans laide d’un
mordant. Mais les bons résultats sont obtenus avec les
mordants d’étain et d’alumine.
Dans le Pferocarpus santalinus, ou bois de santal, c’est
ce bois qui est utilisé, et l'était énormément avant la décou-
verte des couleurs d’aniline. Le pigment est la santfaline.
Pour l'obtenir, on prépare une solution éthérée du bois. Les
cristaux qui s'en séparent sont bien lavés à l’eau, redissous
dans l'alcool et précipités par lacétate de plomb; le précipité
est de nouveau lavé par l'alcool bouillant, puis décomposé par
l'acide sulfurique en présence de l'alcool. On élimine le sulfate
de plomb, et, par concentration de la solution, on a la santa-
line, qui fond à 103 degrés à 105 degrés. La laine se teint
même sans mordant. Sur le coton les bons mordants sont
encore ceux d'étain et d’alumine. Le colorant ne se dissout
pas dans l’eau, mais est bien soluble dans lalcool, l'éther et
l'acide acétique. ;
Le Mallotus philippinensis, qui donne la poudre de roli, ou
de £amela, est un petit arbre du pied de l'Himalaya et du Sud
de l'Inde. Le pigment, qui est jaune, se trouve dans les poils
elanduleux de la surface des capsules. Il est très employé dans
l'Inde pour la teinture de la soie (roli ou kamela powder),
qu'on mordance avec le sulfate d'aluminium. Les teintes
sont aussi belles que celles que donne la chrysophéine.
L'akhrot de l'Inde est le /uglans regia. Le grand intérêt
du tinctorial extrait de l'écorce est qu’il donne sur la laine une
couleur résistante qu’on peut amener à la teinte khaki. Par
divers essais on a constaté que la nuance la plus foncée.
est obtenue par addition de 3 pour cent d’acide acétique dans
le bain; mais la résistance à la lumière est faible, et il est
préférable d’avoir recours à l'acide chromo-oxalique. L'emploi
de 15 pour cent de sel de Glauber n’est pas satisfaisant.
Enfin sont encore utilisables :
Pour la teinture en jaune, le bois du £afhal, ou Arfocarpus
INDE 129
integrifolia, et Yécorce, ou les racines, ou la tige de lépine-
vinette (raswat) des Kumaun Hills, dont le principe tincto-
rial est un alcaloïde azoté, la berbérine; et, pour les teintes
jaune orange ou rouge orange, le bois du ÆAAus Cofinus.
Avec ce bois de RAus Cotinus, le coton est jaune orange si
le mordant est de l’alumine, et rouge orange si c'est un
mordant d’étain. Mais la couleur résiste mal aux alcalis et aux
savons.
Quant au /ac dye, il est d’origine animale, puisque c'est la
matière colorante qui accompagne la résine de la laque. Cette
matière est dissoute par l’eau ou par un alcali faible ; elle est
précipitée de la solution au moyen de l'alun et pressée en
gâteaux. Elle teint en écarlate et cramoisi la laine mordancée
par le chlorure d’étain. (Srivastava : 7he dyeing values of
some indigenous dye-stuffs, dans The Agricultural Journal of
India, 1916, Indian Science Congress number).
Les oléagineux en 1914-1915. — Pendant la campagne
1913-1914, c’est-à-dire du 31 Mars 1913 au 31 Mars 1914, l'Inde
avait exporté au total 1.582.600 tonnes de graines oléagineuses,
d'une valeur de 17 millions de livres sterling ; en 1914-1915,
les exportations n’ont été que de 953.900 tonnes, d’une valeur
de 9.750.000 livres.
La diminution a surtout porté sur les ricins (83.000 tonnes,
au lieu de 135.000), les arachides (138.000 tonnes, au lieu de
278.000), les colzas (97.000 au lieu de 249.000), les sésames
(47.000 au lieu de 112.000) et les mowrahs (7.000 au lieu de
33.000).
Elle a été beaucoup moindre pour les graines de coton
(208.000, au lieu de 284.000), les coprahs (32.000 au lieu de
38.000) et les graines de lin (322.000 au lieu de 414.000).
Le fléchissement dans le commerce des arachides tient à ce
que les exportations de l'Inde avaient surtout lieu vers la
France (80 pour cent de l'exportation totale en 1913-1914). Or
nous n'avons reçu de cette provenance, cn 1914-1913, que
109.108 tonnes, au lieu de 228.380 tonnes l’année précédente ;
,
x
le fret de Madras à Madagascar, qui était de 22 sh. 6 d. la
€
9
130 RESSOURCES DES COLONIES
tonne en Avril 1914, s'était élevé à 87 shilling à la fin de
Mars 1915.
Les expéditions de coprah auraient pu être plus faibles
qu'elles ne l'ont été en réalité, puisque l'Allemagne était le
grand client pour les coprahs du Malabar ; mais, si les
embarquements à destination de l'Empire Allemand, de la
Russie et de la Belgique, ont diminué, ceux à destination de
l'Angleterre, de la France et des Pays-Bas ont augmenté.
L’Angleterre, qui n’importait que 352 tonnes-en 1913-1914, en
a reçu 8.523 en 1914-1915.
C'est l'Angleterre encore qui a contribué au commerce des
lins et empêché un plus grand abaissement de celui des
colzas, car elle à importé en 1914-1915 50.000 tonnes de graines
de lin de plus (206.110 tonnes) qu'en 1913-1914, et 10.000 tonnes
de plus (soit 24.681 tonnes) de graines de colza.
Enfin le commerce des graines de coton a relativement peu
varié parce qu'il a toujours eu lieu surtout de l'Inde vers sa
métropole. (Les Matières Grasses, n° 96).
Le jute.
En 1914-1915 la récolte totale du jute de l'Inde a
été de 7.428.733 balles, au lieu de 10.531.505 balles en 1913-
1914 ; soit un déficit de 29,4 pour cent.
Cette diminution est due aux bas prix payés après la
déclaration de guerre et aux inondations survenues dans les
terres basses après les semis.
Les surfaces cultivées ont été, en acres :
1913-1914 1914-1919
Bengale occidental........ 467-4090 are 325.858
— septentrional ..... Cols RER 601.614
— +5 OTIENTAIS 7.7.2 4.349: 094 LE ME ASS TO
Cooch Bihar........... AA AA RTE 2 27.556
Bihariet/Oriss a ere SIDA 2O MERS 188.090
ASSAI RE era nue aide 141-600 4-0 ; 75.400
3.358737 2377-9310
{Bulletin Economique de l'Indochine, Janvier-Février 1916).
2
INDE 1951
Le coton. - La superficie plantée en cotonniers dans
l'Inde angiaise pendant la campagne 1915-1916 a été de
7.270.885 hectares, soit 2.682.219 hectäres de moins qu’en
1914-1915. Le rendement total a été de 3.819.000 balles de
180 kilos, soit 27 pour cent de moins que pendant la campagne
précédente. Le rendement moyen général a été le même que
celui de la récolte précédente, soit 96 kilos par hectare.
(Board of Trade Journal, d'après le Bulletin Officiel du
Gouvernement Général de l'Algérie, 1° Maï 1916).
Le riz au point de vue de l’alimentation. — ans une
étude intitulée Æice as prepared for food in Bengal,
M. Jitendra Nath Rakshit décrit diverses préparations culi-
naires du riz au Bengale et cherche à établir les valeurs
alimentaires respectives de chacune.
Le riz décortiqué est le czal. Mais la décortication peut être
faite de plusieurs manières.
Le riz mécaniquement décortiqué est l’alo-chal.
Le riz étuvé, séché, puis mécaniquement décortiqué est le
siddha-chal, où bhater chal, et le boïled rice des Anglais.
Le riz deux fois étuvé, puis mécaniquement décortiqué
est le r7uri chal.
Le riz macéré, légèrement grillé et comprimé, est le chinre
payes et le chinre bhaja.
Le riz saccharifié et fermenté est le panchui et le handia.
Le bhat est du chal cuit avec 4 ou 5 fois son poids d’eau
pendant 20 à 30 minutes. A l'analyse, les différences entre le
chal et le bhat sont les suivantes :
Chal Bhat
Albuminoïdes ............. DA CENALE PT PR LES QE SE 72
Re RE es S de o e m eine On Ne 0,1
Hydrates de carbone...... ET AO TEEN NE re SD
CeloSe en re en TR OA deteste actes 0,4
Cendres ei SR are 0,7 Le
132 RESSOURCES DES COLONIES
Il ya donc pendant la cuisson perte de 7,2 pour cent d'hy-
drates de carbone.
Pour préparer le s/ddah-chal, où riz étuvé, où boïled
rice, on fait macérer pendant deux ou trois jours dans de
grands vases le paddy qui a été nettoyé, puis on le transporte
dans un pot en terre ou un vase en fer-blanc qui contient une
petite quantité d’eau; et on chauffe jusqu'à ce que la vapeur
semble avoir bien pénétré dans le paddy. Les balles alors
s'ouvrent. Le paddy étuvé est séché au soleil. pendant un
certain temps, dont on détermine la durée en pressant Île
grain entre les dents. Il est ensuite décortiqué par les moyens
ordinaires. Finalement, on le met dans des sacs en jute pour
le livrer au commerce. ;
Ce riz étuvé a un aspect translucide blanc-grisâtre, qui le
différencie bien de lalo-chal. West moins cassant. Pendant
j’'étuvage et avant ia décortication, presque tous les grains sont
gonflés, mais ils se contractent en séchant. Le bhaf fait avec
ce riz étuvé est la principale nourriture à bon marché de
beaucoup de Bengalais. Il passe pour plus digestible que
lorsqu'il est préparé avec l’alo-chal.
De décortication facile, le s/ddha-chal donne une perte
moindre que l’alo-chal, mais il est plus gris; et il passe pour
moins nutritif parce qu’il y aurait pendant l'étuvage une perte
de substances azotées. (7he Agricultural Journal of India.
Calcutta, Avril 1916.)
Le teff. — À Cawnpore, on a cultivé deux variétés de feff,
ou Æragrostis abyssinica :Vun, ou feff Tseddia, venant du
Sud-Africain ; l’autre, ou /e/f Hagaïz, provenant de Kew. La
première variété a été la meilleure. Le Département du Sud-
Africain recommande de semer au semoir, à raison de cinq à
sept livres par acre. À Cawnpore, sur terrain irrigable, on
ensemence à raison de sept livres, et on herse légèrement
ensuite. Ïl est recomimandé de mélanger les grains avec
du sable.
INDE 133
La composition de ces grains est, pour 100 :
Cawnpore Transvaal
PR AU 2 Aron Abd eut = ee 8,88
Albuminoïdes ....... HAE NE: LEE 6,21
HUE NN PAPETT 2 Lab PORT TC NE LAN 1,25
Hydrates de carbone ..... DRAM OI ru 39,08 (solubles)
Cellniose, 7. -Hatray ri En | 29 ROC CE 39,97
Cendres:..::.:.... AT PEN Ç MAT ARLES 5,55
(Zhe Agricultural Journal of India. Calcutta, Avril 1916.)
Une maladie du bananier. — Les fruits de bananier, ainsi
que leurs pédoncules, sont attaqués pendant les pluies par le
Gloeosporium Musarum, qui forme des taches noires
s'étendant progressivement.
Comme remède, M. Jehangiv Fardunji Dastur recommande
la bouillie bourguignonne, avec laquelle on asperge les fruits
tous les quinze jours pendant deux mois jusqu'à maturité. On
peut aussi employer ie carbonate de cuivre ammoniacal. (74.
Avril 1916.)
Les plantes à thymol. — La seule source de thymol a été
jusqu'alors l'essence d'anjowan de l'Inde, extraite des graines
du Carum copticum; et, avant la guerre, la totalité des
graines exportées de la colonie anglaise était expédiée en
Allemagne, où le thymol était préparé. La graine contient
3 à 4 pour cent d'essence, qui renferme 40 à 55 pour cent
de thymol.
Le Pulletin de l'Imperial Institute d'Octobre-Décem-
bre 1914 fait remarquer que l'obtention de l'essence par distil-
lation de ces graines broyées, et en présence de la vapeur
d'eau, est facile, et que, d'autre part, il est d’autres plantes
qui peuvent également, dans différentes contrées, fournir
ce thymol.
Dans lPAmérique du Nord, la plante sèche de Cunila
Mariana (Labiées), qui fournit l'essence de dictame, contient
0,7 pour cent d'une essence qui renferme 40 pour cent de
1354 RESSOURCES DES COLONIES
thymol. Le Monarda punctata (Labiées) donne 1 à 3 pour
cent d'essence à 61 pour cent de thymol.
Au Japon, le Mosla japonica (Labiées) fournit, sec, 2,13
pour cent d'essence avec 44 pour cent de thymol.
En Afrique, les Ocimum offrent le même intérêt. Ainsi
l'Ocimum viride, qui est le mosquito plant des Anglais,
contient dans ses feuilles sèches de 0,35 à 1,2 pour cent
d'essence avec 32 à 65 pour cent de thymol.
L'Origanum hirtum de Dalmatie, le 7hymus vulgaris
peuvent aussi être exploités. La teneur du thym en essence
est assez variable (de 20 à 42 pour cent) ; de même varient les
caractères du phénol, qui est ordinairement du thymol, mais
peut être aussi du carvacrol.
Ce carvacrol, qui est isomère du thymol, a d’ailleurs égale-
ment des propriétés antiseptiques et est donc utilisable. On
peut l'obtenir du Monarda fistulosa, de divers Origanum et
Satureïa, et, d’une manière. générale, d’un certain nombre de
Labiées.
Voir aussi sur ce sujet Les Matières Grasses, 15 Mai et
15 Juin 1915.
Les forêts de l’Inde. — La Revue quinquennale de FAdmi-
nistration forestière de liInde Anglaise résume les progrès
qui ont été réalisés de 1909 à 1914 dans le développement
commercial des forêts de lInde. En 1914, ces forêts, qui se
divisent en forêts réservées, forêts protégées et forêts non
classées, couvraient 631.222 kilomètres carrés, dont 362.177
non classés.
En ces dernières années, la demande des produits forestiers
s’est accrue. On utilise notamment de plus en plus, pour la
fabrication de la pâte à papier, les bambous, les herbes de
savane et les arbres tels que les épicéas et les sapins. On
envisage une plus large utilisation des matières tannantes.
Dans l’Assam, on s'occupe tout spécialement de la fabrication
des boîtes à thé. Le bois qui semble ie mieux convenir pour
cette fabrication est le s/mal, où Bombax malabaricum ; et
des plantations de l'espèce ont été entreprises,
INDE 135
Le Sorea robusta, où sal, et le Cedrus Deodara sont
déjà employés pour les traverses de chemin de fer, mais en
raison des besoins croissants, auxquels ces deux essences ne
sufisent plus, on a expérimenté l'usage de bois moins
durables, mais soumis à un traitement antiseptique, par
exemple, le chir, ou Pinus longifolia, des Provinces-Unies,
et le gurgum, où Diprerocarpus tfurbinatus, des îles
Andaman.
De gros progrès ont encore été faits dans la récolte de
l'essence de térébenthine et de la colophane des pins de
l'Himalaya ; de nouvelles distilleries ont été montées dans le
Punjab et les Provinces-Unies. {Quinguennal Review of
Forest Administration in British India for the period
1909-1910 10 1913-1914).
Le blé en 1913. — La superficie de l'Inde cultivée en blé
en. 19131était de .12.207.120 .hectares:.: Le Punjab et. les
Provinces-Unies sont les principales provinces productrices.
Sur une production moyenne quinquennale de 9.269.000
tonnes en 1912-1913, la production a été de 3.485.000 tonnes
dans le Punjab et 2.762.000 dans les Provinces-Unies. Les
principaux clients de l’Inde sont la Grande-Bretagne (1.161.000
tonnes en 1912-1913) la Belgique (183.000) et la France (129.000).
Le thé en 1914. — L'industrie du thé dans l'Inde à été
particulièrement prospère en 1914. La superficie cultivée en
arbres à thé a été de 2 pour cent supérieure à celle de 1913,
l'accroissement étant de 6.400 hectares. L'augmentation de
production a été de 2.718.000 kilos, soit 2 pour cent, et a porté
exclusivement sur le thé noir. Le total des exportations par
mer s'est élevé de 4.983.000 kilos, soit environ 4 pour cent.
(Report on the progress of agriculture in India for 1914-1915.
Calcutta, 1916).
Le coton en 1915. [après le 7zimes of India Mail, Va
surface cultivée en cotonniers dans Flinde en 19135 était de
9.852.800 hectares, et la production était estimée par avance à
136 RESSOURCES DES COLONIES
5.232.000 balles de 181 kilos. Les deux principales provinces
productrices devaient fournir : celle de Bombay, 1.495.000 ;
les Provinces du Centre et Bérar 1.097.000. Les surfaces
cultivées dans ces deux contrées étaient respectivement de
2.680.000 et 1.880.000 hectares. Viennent ensuite les provinces
de Madras (953.000 hectares), de Punjab (740.000) et les
Provinces-Unies (618.000).
Le riz en 1915. — D'après la même publication, la surface
couverte en rizières dans l'Inde en 1915 était de 30.472.000 hec-
tares, dont 8.166.400 au Bengale, 6.464.000 au Bihar et Orissa,
la province de Madras, la Birmanie, puis les Provinces-Unies
venant ensuite. La récolte était évaluée, par avance, à
27.964.000 tonnes de riz blanc.
La soie en 1914. — [La production mondiale de la soie,
pour 1914, a été de 22.200.000 kilos de soie grège, dont
9.490.000 kilos du Japon et 6.055.600 kilos de Chine. Le
Bengale et le Kashmire ont exporté 34.000 kilos. (Bulletin
Econoniique de l’Indochine, Mars-Avril 1916).
Les insectes de l’Inde. — M. Bainnbrigge Fletcher a publié
dans le Bulletin de l'Agricultural Research Institute de
Pursa un mémoire sur une centaine d'insectes de l'Inde, dont
il décrit les caractères, les mœurs ou l'habitat (Calcutta, 1916).
GUYANE ANGLAISE 13
CS |
GUYANE ANGLAISE
La Guyane Anglaise est située entre 0°41 latitude Nord
(source de l'Essequibo)et 8°33 22”{Punta Playa); sa superficie
est à peu près celle de la Grande-Bretagne. On peut la diviser
en trois régions : une région côtière basse, alluvionnaire et
marécageuse ; une région intermédiaire, à sol sablonneux et
argileux, avec dunes de sable; et une région intérieure plus
haute, avec des chaînes montagneuses vers le Sud-Ouest et,
çà et là, des monts isolés dans l'Est. La superficie totale est de
223.000 kilomètres carrés ; la population était en 1914 de
304.149 habitants, dont 14.000 Européens, 130.000 Indiens de
l'Inde Anglaise, 115.000 Noirs, 7.000 aborigènes. Les Indiens
se livrent surtout à la culture; les Noirs s’adonnent plutôt à
l'exploitation des forêts et des richesses minières.
Sur la côte, où la période la plus sèche est d’Août à
Novembre, la chute d’eau moyenne annuelle est de 2.350 milli-
mètres ; à l’intérieur elle est de 2.625.
La saison la plus sèche de la savane va de Novembre à Mars.
Sur la côte, la moyenne de la température annuelle est
de :26° 6:
Au point de vue agricole, la principale richesse de la colonie
est la canne à sucre, dont les champs correspondent à environ
28.800 hectares, soit 44,7 pour cent de la surface cultivée. Et
la production totale actuelle pourrait être plus grande encore,
car on estime qu'elle serait, si on utilisait tous les sols favo-
rables, de 1 million de tonnes de sucre-dans l'Est, récolte qui,
avec la culture dans le Nord-Ouest, s'élèverait à 2 millions
et demi. Le rendement annuel par hectare est de 3.250 à
5.500 kilos.
138 RESSOURCES DES COLONIES
En 1914 il était exporté 107.138 tonnes de sucre, 3.489.729
gallons, soit 15.843 hectolitres, de rhum, 83.197 gallons,
soit 3.778 hectolitres, de mélasse, 2.427 tonnes de molascuit.
C'est la Guyane Anglaise qui, de toutes les colonies des
Indes Occidentales, exporte les plus grandes quantités de
rhum. Ce rhum est obtenu par la fermentation, pendant 36 à
18 heures, de mélasse diluée à la densité d'environ 1.060. Le
rhum de Demerara est obtenu avec des levures pures et n’a
donc pas le goût fort des rhums de fermentation lente,
obtenus avec des levures sauvages mélangées de bactéries.
Quant au molascuit, c'est depuis une douzaine d'années que
M. George Hughes a indiqué le mode de préparation de ce
sous-produit, qui est un bon aliment pour le bétail, et, en
particulier, au point de vue de la rapidité d’engraissement. Ce
mélange de mélasse et de bagasse se présente sous l'aspect
d’une poudre grossière sèche et brune, à odeur agréable, et a
pour composition centésimale :
Pau ee eee RE OR ES RTE AE OE ES
SUDSTANCESIPTASSES T4 ere meet Cie 0,6
AIDIMINMOITES SRE ONE Re Ra ete 1,9
SACChATOSE 2 LL EN ARE CE PNR ES AD
Glicose FLE eee SATA NC ROIEETS ARE 20,2
Autres hydrates de carbone solubles............ 7,3
Cellulose digestible .. ....... HENRUdE SRE 7,0
Ligneuxs: 2e SRE EN LS RÉTReT eneE 2,9
CENdreS PLAN PERRET TR OP © ST ve 6,3
Il y a donc bien un haut pourcentage (72 pour cent) de
constituants digestibles. Pour lalimentation, on mélange le
molascuit avec une autre nourriture plus riche en substances
grasses et en albuminoïdes, comme le tourteau de coton.
Une autre importante culture de la Guyane Anglaise, surtout
depuis quelques années, est celle du riz, qui couvrait en 1914
11.250 hectares et peut encore énormément s'étendre. Le
rendement moyen, de 1911 à 1914, a été de 21 qx. 8 de
paddy à l’acre, soit 2.773 kilos à l'hectare. Le paddy donne de
60 à 65 pour cent de son poids de riz décortiqué; on ne polit
GUYANE ANGLAISE 159
pas. Il y a un riz brun qu'on étuve avant de le passer aux
meules, et un riz blanc qui est considéré comme moins
nutritif.
Sur la côte, et surtout quand cette côte est plus ou moins
sablonneuse, la culture du cocotier donne de bons résultats ;
elle correspondait en 1914-1915 à 6.104 hectares, et les expor-
tations, à destination des Etats-Unis, étaient de 1.400.000 noix
environ ; on prépare peu de coprah (1.690 quintaux anglais
en 1914.)
Jadis très cultivé, le caféier est aujourd’hui presque aban-
donné; il n’occupe guère que 1.520 hectares. C’est du Co//ea
arabica et du C. liberica. La récolte est, en grande partie,
consommée sur place; il n'était exporté, en 1914, que
108.305 kilos.
Le cacaovyer réussit bien, mais le manque de capitaux des
planteurs restreint les plantations, qui étaient de 926 hectares
en 1914-1919.
Il y a quelques années, la diminution de ces cacaoyers a été
surtout sensible parce que certains planteurs se sont, depuis
1907, tournés de préférence vers la culture des //evea, qui
était, en 1914, de 1.616 hectares.
Ces arbres, tous jeunes, n’ont d’ailleurs pas encore été
saignés.
Le caoutchouc exporté de la colonie sous le nom d’‘Oré-
noque scraps ” provient des Sapium indigènes et sauvages,
notamment du Sapium Jemmani. L'Hevea confusa, et peut-
être d’autres espèces du genre, donneraient aussi un peu de
caoutchouc mou inférieur.
Le citronnier et ses divers produits sont encore une des
ressources de la colonie.
Comme textile, on a tenté en ces derniers temps la culture
de l'Æedychium coronarium, mais sans grand avantage
semble-t-il.
Parmi les produits de cueillette, le plus important est le
balata, dont il était expédié en 1913 599.600 kilos. Les
Mimusops Balata croissent en grand nombre dans les forêts
de la Guyane Anglaise.
140 RESSOURCES DES COLONIES
Ces forêts recouvrent 200.460 kilomètres carrés, donc au
moins les six-septièmes de la superficie totale. Elles s'étendent
à travers toute la colonie, mais avec des interruptions occupées
par la savane. La partie actuellement exploitée est réduite à
1.280 hectares, au voisinage de la côte. Les arbres sont
toujours en mélange. Les principaux sont : le greenhart, ou
cœur vert, qui est l'essence la plus connue de la colonie; le
crabwood, où Carapa guyanensis, dont il y a deux variétés,
la rouge et la blanche; le wallaba, qui correspond à plusieurs
variétés d’Eperua, dont l’'Eperua falcata et VÆEperua
Jemmani; Ve Dimorbhandra Mora ; le bullet free, ou
Mimusops globosa ; le suradanni, où Hieronyma alchor-
neoïdes; le Copaifera pubiflora ; YHymenea Courbaril, etc.
La gomme animé du courbaril est exportée; on en trouve
dans le sol d’assez gros blocs fossilisés. La Aiawa gum, ou
résine de conima, usitée comme encens, est obtenue sur le
Protium heptaphyllum.
L'arbre à fève Tonka croît avec vigueur au-dessus des
rapides et dans les îles du Haut-Essequibo et de ses affluents ;
ses fèves sont ramassées et exportées. On récolte aussi les
noix oléagineuses de souari, où Caryocar tomentosum. Les
graines du crabwood donnent l’Auïile de crabwood, qui est
surtout préparée pour la vente par les Indiens. (Harrisson et
Bancroft : 7he field and forest resources of British Guiana.
Bulletin of the Imperial Institute, Avril-Juin 1915.)
Le cokerite palm. — Ce cokerite palm des Anglais, qui est
un Maximiliana, et peut-être le Maximiliana regia, croît.
dans presque toute la Guyane Anglaise, sauf au voisinage
immédiat de la côte ; et les indigènes utilisent les parties les
plus diverses de la plante. Ils en mangent notamment le
péricarpe et extraient l'huile des graines, qu'ils appellent
mareepa. |
Les fruits détachés des inflorescences, arrondis à la base et
pointus au sommet, se composent de 12,4 pour cent de
bractées, 17 de péricarpe charnu, 53,6 de noyau et 17 de
graine, Les noix mêmes, débarrassées du péricarpe, com-
GUYANE ANGLAISE
141
prennent 76 pour cent de coque et 24 de graine. Le poids
moyen d’un fruit est de 10 gr. 6, celui des noyaux 7 gr. 5, et
celui des graines 1 gr. 3.
Le péricarpe, à 12 pour cent d'humidité, fournit 15 pour
cent d’une huile semi-concrète, rouge orangé, représentant
2,6 pour cent du fruit complet. Cette huile a pour caracté-
ristiques, comparées à celles de l'huile de palme :
Huile de cokerite Huile de palme
Solidification des acides gras... 2995 ..... 3508 à 46°4
Mdrce d'acide. NAT ALMA AIS 28,6
Indice de saponification...... CE NONAL OUR EM UE l4n96,3 à 205,5
ideid'indesss ur For eu re 51,4 p. 100 536:41597,4
Les amandes, ‘pour 11,3 pour cent d'humidité, ont fourni
56,9 pour cent d’une huile concrète, de couleur crème, avec
odeur de coprah, représentant 64,1 pour cent de la graiñe
sèche. Cette huile avait pour caractéristiques, comparées à
celles d’autres huiles :
Huile
préparée en Huile Huile Huile
Guyane préparée à de de
Anglaise Londres palmiste coprah
IDÉES USERS ARE Abe DEEE MENE 0,8668 0,711 70 0,8736
ÉUSON eue and istrret 2705 270 23048300 182300 4270
Solidification desacidesgras ..,. ..... 2402,,-,. 200 à 2505.., 2102 à 2502
Indice d'arides. 2-2. 4,6 3,1
Indice de saponification.... 252,3 ...... 253 51242 4 AL20A0: 0 + 249) À 208
Inée diodes. rer EU ADERS 13, POIDS ART 728 S à 10
Indice’de Hehner..... .. 88,0 HR roue 88,6 à 90,5
Acides gras insolubles 0/5... -........... 88,6
Insaponifiables. ........ SORT ETS PTE 0,3
Acides volatils solubles ........,.... SERRE HEAR OR 600 14
Acides volatils insolubles..... LEOREEAR 7e 10 442.202 15 à 20
Le tourteau des graines est brun pâle, à saveur douce et
non déplaisante, rappelant celle du coprah. Sa composition,
142 RESSOURCES DES COLONIES
comparée à celles des tourteaux de palmiste et de coprah, est
la suivante :
Cokerite Palmiste Coprah
Éau ER RON he Sr re SIOMSERELE 1255 MR TR 8,5
Albuminoïdes......... LOTO EE LS TERTE 24,5
5 LE SR OR PE ET en Fuite 55 ere 8,3
Hydrates de carbone.... PINOT ES 50 455 0000
Celltlose 777" RAT 12 6 EPS AO RATE UE 12,8
Cendrés.-:2.. seraemracs ALMA DT SANS 4 PRE
Ce serait un tourteau valant celui de palmiste, mais
inférieur à celui de coprah. (Cokerite fruits and oïl from
British Guiana, dans le Bulletin of the Imperial Institute,
Janvier-Mars 1916).
ANTILLES ANGLAISES 143
ANTILLES ANGLAISES
Le coton. — Le n° 4 du West Indian Bulletin de 1915 est
consacré au compte-rendu de la Réunion cotonnière tenue à
Saint-Kitts en Mars 1916, et dans laquelle ont été traitées les
questions relatives à la culture et au commerce du coton dans
les Antilles Anglaises.
L'exportation des cotons Sea-/sland de ces Antilles dans
les cinq dernières années a été, au total, de :
Barbade ete 2.180.032 livres
Saint-Vincent..." .2.110.0613::—
Montserrat #0 JL 1.713.773 —
Antiean ss Pers ere _587.665 —
Saint-Kitts-Nevis....... 3-542:197 0—
Iés Vierges.” Mer 184.511 —
ù
Les exportations de Saint-Kitts-Nevis se répartissent en
1.806.284 livres pour Saint-Kitts, 1.249.875 livres pour Nevis,
485.997 livres pour Anguilla.
Pendant la période 1912-1914 les exportations de coton ont
représenté en valeur, comparativement aux exportations
totales de chaque colonie :
EPA Le 10 COSTA RE TE . 2,2 pour cent
Sant-Vincent ...,...4... 28,1
MONTRE ee ee 45,6
Ja NE EN POP TEE 2
Saint-Kitts-Nevis ........ 24,3
144 RESSOURCES DES COLONIES
Du 1° Octobre 1914 au 31 Septembre 1915 il a été exporté :
Barbade. 2 290.347 livres
Saint-Vincent..." “ss 201-620
MOntserrati;2.,..7.29e 380.923 —
Antena. 2. 7.L 32%, re: 80.750 —
SANTE PATES Faute ere En 57 007
Nevis 225 mrtoerarre eu 305.154 —
Anguilla ere ee 33.750 —
Hes Vierges. cames 31.361 | —
En 1914-1915 il était planté en acres :
SALES RIÉES: Dan 07 eee Un
Nevis? ee ER RE SE en" 2.500 : 5.500
Anouilla =: -+-corcce 50e)
Antigua ..... MATE TO DCE 770 } 840
Barbade nee peer 70 \
Montsenat 0 ter 2.350
\ 4.266 en Sea-/sland
Saimt-Vincent:s cree
| 1.260 en Marie-Galante
Le cotonnier Marie-Galante, exclusivement cultivé dans les
Grenadines du Sud, est vivace. Son exportation en 1914-1915
a été d'environ 150 balles de 360 livres. La sorte est vendue à
des prix assez satisfaisants.
Les rendements de coton égrené, par acre, en 1914-1915, ont
été de :
73 livres à Saint-Vincent
162 — à Montserrat
180 — à Saint-Kitts
120 = à Nevis
106 — à Antigua
Au sujet des caractères employés comme termes de compa-
raison entre les divers cotons, la Réunion cotonnière a surtout
insisté sur la valeur du /inf index, qui est le poids total de
poils fourni par 100 grammes de graines. L'indice est déter-
miné sur un nombre de graines supérieur à 100, mais ramené
ANTILLES ANGLAISES 149
à 100. Le haut pourcentage des poils n'implique pas d'ailleurs
un faible poids des graines, car il peut être donné par des
graines qui sont elles-mêmes de poids relativement élevé.
(West /ndian Bulletin, vol. XV, n° 4, 1916.)
Le citronnier à la Dominique. — L'industrie citronnière,
avec ses dérivés divers, tient de beaucoup la plus grande
place dans les exportations de la Dominique. En 1914, sur une
exportation totale de 210.087 livres sterling, ily avait pour
20.024 livres sterling de cacao (correspondant à 8.874 quintaux
anglais) et 185.895 livres de citrons et de leurs produits.
Ces 183.895 livres sterling se décomposaient, en effet, en
42.237 livres de citrons verts, 25.753 livres de jus brut,
68.754 livres de jus concentré, 38.013 livres de citrate et
10.138 livres d'essence. Et ces valeurs correspondent à
45.283 barils de citrons verts, 379.875 gallons de jus brut,
148.179 gallons de jus concentré, 5.191 quintaux de citrate de
chaux et 5.603 gallons d'essence.
On admet approximativement qu'un baril de citrons fournit
7 gallons 1/2 de jus brut, que 75 barils donnent 50 gallons de
jus concentré, et 366 barils une tonne de citrate de chaux.
Le cocotier et la vanille sont deux autres cultures possibles
à la Dominique, et qu'il y aurait lieu de développer. (Francis
Watts : 7he development of Dominica, dans le West Indian
Bulletin, vol. XV, n° 3, 1915.)
Le Pimenta acris. — Les feuilles de cette Mryrtacée,
voisine du Primenta officinalis dont les fruits sont les out-
épices où guatre épices, fournissent l'essence de laurier, ou
bay oil, avec laquelle on prépare le bay rum, où rhum de
laurier, des parfumeurs. Antigua, Saint-Thomas, Montserrat
se préoccupent de la culture de l'arbre et de la préparation de
l'essence; et MM. Tempany et Robson rendent compte des
expériences qui ont été poursuivies à la Station Botanique
de Montserrat.
Les premiers essais de culture rationnelle du Prmentfa acris
à la Station Expérimentale d'Harris, à Montserrat, ont été faits
10
146 RESSOURCES DES COLONIES
en 1903 et ont consisté à planter de très jeunes pieds recueillis
à l'état sauvage dans les montagnes. Une première récolte de
feuilles a pu être faite en 1905 et a fourni alors 2.660 livres à
l'acre; en 1911, le rendement, pour la même surface, était de
6.380 livres.
Mais il est préférable de semer les graines. L'arbre fructifie
de Juin à Août. On cueille alors les fruits, ou bien, si les
pieds sont très hauts, on nettoie le sol alentour et on ramasse
les fruits qui sont tombés. Chacun contient de 2 à 8 graines,
qu'on extrait en écrasant les baies dans un baquet d’eau ; les
graines tombent au fond et la pulpe surnage.
Les graines perdent rapidement leur faculté germinative et
doivent être vite semées. On les met sur couche ou dans des
caisses ; elles lèvent en 15 jours. Au bout de 5 à 6 mois, on les
apporte en pépinières, en rangées distantes de 20 centimètres
et à intervalles de 15 centimètres par rang. Sur le terrain
définitif, les plants, dont on a au préalable sectionné le pivot,
sont aux distances de 3 mètres sur 2; soit 800 plantes à l’acre,
2.000 à l’hectare. Pour faciliter la cueillette des feuilles, on
maintient les pieds, en les taillant, à une hauteur maxima de
2 m. 30. La récolte consiste à couper un certain nombre de
branches, dont on détache ensuite les feuilles. En 1914, à la
Station de Montserrat, il était recueilli 3.256 livres de feuilles
vertes, qui ont fourni 631 onces, soit 17.687 centimètres cubes.
Le rendement a donc été de 19 onces 5 par 100 livres de feuilles.
Antérieurement, à Saint-Thomas, M. Fishlok a calculé
qu’une bouteille d'essence était obtenue avec 130 à 140 livres
de feuilles vertes. Or la bouteille, aux Antilles Anglaises,
contient un sixième de gallon impérial (4 lit. 54) soit 76 centi-
litres. 100 livres donneraient donc 54 centilitres, qui
correspondent à peu près à 19 onces.
L’essence de laurier se compose essentiellement d’eugénol
et de myrcine, avec de plus petites quantités de chavicol, de
méthyl-eugénol, de méthyl-chavicol, de phellandrène et de
citral.
Mais les expériences poursuivies à la Station de Montserrat,
et dans lesquelles on a, pendant plusieurs années, récolté et
+
ANTILLES ANGLAISES 147
distillé des feuilles tous les mois, établissent qu'au cours de
l'année le rendement en essence et la composition de cette
essence sont assez largement variables, sans qu'aucune règle
puisse pour le moment être encore bien établie dans l'influence
qu'à la saison sur ces variations. Il semblerait seulement que,
de Mars à Août, l'essence a une plus haute teneur en phénol.
Au cours de la distillation, la fraction qui passe pendant la
première heure, et qui représente le plus fort volume, est de
densité moindre et plus pauvre en phéno!l que les petites
fractions qui passent pendant les heures suivantes. La valeur
de l'essence dépendant de sa teneur en phénol, il y a donc
intérêt à prolonger l'opération. Le mélange des six premières
fractions contient 54 pour cent de phénol; le mélange des
7 à8 fractions, correspondant à 7 à 8 heures, en contient 58.
(Bay oil and the cultivation of the Bay tree as a crop plant,
dans le West Indian Bulletin, vol. XV, n° 3, 1915).
Le sucre à la Trinidad.— La culture sucrière donne de
bons résultats à la Trinidad. Les exportations ont été de
32.655 tonnes de sucre en 1913-1914, et 48.087 tonnes en 1914-
1915. 54 pour cent des expéditions de 1914-1913 ont été à
destination du Canada, et 45 pour cent à destination des Etats-
Unis. fAgricoltura coloniale, Juin 1916).
148 RESSOURCES DES COLONIES
TOGO!"
C’est le 13 Octobre 1884 que le Gouvernement Allemand
faisait connaître officiellement qu'il établissait son protectorat
sur le Togoland ; et la délimitation de [A nouvelle possession
avec les possessions anglaises et françaises était fixée en 1885.
Bordé au Sud par le golfe de Guinée, le Togoland, dont la
superficie totale est de 82.300 kilomètres carrés, est limité à
l'Ouest par la Gold Coast, au Nord par le Haut-Sénégal et
Niger, et à l'Est par le Dahomey. La zone littorale, que borde
une série de lagunes, est sablonneuse. Le centre est traversé
par une chaîne de montagnes, dirigée du Sud-Ouest au Nord-
Est, d’une altitude moyenne de 650 à 800 mètres, et qui atteint
ses plus grandes hauteurs dans le Sud; le pic le plus élevé est
le mont Agu (1.020 mètres). Cette région centrale, qui est la
partie la plus boisée, est la plus humide. La pluviosité, qui
est de 700 à 800 millimètres sur la côte, atteint 1.500 milli-
mètres environ au pied des montagnes, s'élève un peu plus
encore dans la vraie zone montagneuse et redescend à 1 mètre
environ dans les steppes de la partie septentrionale.
Sur la côte sont Anécho, l’ancienne capitale, que la fièvre
jaune a fait abandonner, Lomé, la capitale nouvelle, Bagida,
Poro-Seguro, et Kpémé. A l'intérieur, les principaux centres
sont Atakpamé, Misahôhe (586 mètres), Kété-Kratschi,
Bismarckburg, Sakodé, Bassari et Sansane-Mangu.
Trois voies ferrées relient respectivement Lomé à Anécho,
à Atakpamé et à Palimé. Palimé étant à une petite distance
(1) Cette étude des colonies allemandes a été surtout faite d’après des articles
parus avant 1914 dans la Quinzaine Colontale et depuis 1914 dans le Bulletin
of the Imperial Institute.
TOGO 149
de Misahôhe, cette troisième voie ferrée est donc celle de la
région du cacaover. En 1914, deux nouvelles lignes étaient en
projet : celle dite ‘‘de lhuile” dans le district d'Anécho, et la
ligne de l'Ouest.
En 1913, la population indigène était évaluée à 1.030.000 habi-
tants, et il y avait 368 Européens, dont 320 Allemands. Le
Protectorat ne recevait aucune subvention de l'Etat Allemand
et les recettes et les dépenses s'équilibraient à 4.174.341 marks.
Les principales exportations, cette même année, étaient :
7-025 tonnes de palmistes
1 Li He » d'huile de palme
493 » de coton brut
? 45 À
330 » de cacao
3.526 » de maïs
89 » de caoutchouc
129 » de coprah
9 » de kapok
e RE A
3 » d'ivoire
Il était encore expédié pour 538.000 francs environ de bétail
vivant ; il y avait également quelques expéditions de bois, de
noix de kola, d’arachides et de graines de karité, ainsi que
d'ignames et de fécule de manioc.
Mais, à tous égards, en valeur comme en quantité, le grand
produit d'exportation du Togo est donc lamande de palme, à
laquelle vient s'ajouter le beurre de palme. Comme dans la
plupart des autres colonies du golfe de Guinée, le palmiste est,
dans le Protectorat Allemand, larbre utile par excellence ; et
son exploitation s’est surtout développée depuis l'introduction
d'un outillage perfectionné, notamment dans les districts de
Misahôhe, de Lomé et d'Anécho.
Le second produit indigène, par ordre de valeur, est le
caoutchouc, principalement récolté dans les districts de
Misahôhe, d'Atakpamé et de Kété-Kratschi, et dont les meil-
leures sortes sont fournies par le Zandalphia owartensis,
pendant que le Ficus Vogelii donne les qualités inférieures,
dites Sayi rubber, où Zogo lumps.
120 RESSOURCES DES COLONIES
Parmi les cultures introduites, celles du cotonnier et du
cacaoyer sont aujourd'hui les plus importantes. L'un et
l'autre, suivant le principe toujours suivi par les Allemands
au Togo, sont entièrement entre les mains des Noirs.
La culture du cotonnier à commencé en 1902, et il fut alors
exporté 14 tonnes 1/2 de coton ; en 1912, il en sortait 542 tonnes.
Les districts qui paraissent le plus favorables sont, à l'intérieur,
ceux de Sagada, d’Atakpamé et de Nuatja, où lon a introduit
un $Sea-/sland. En 1911, une Station cotonnière a été ajoutée
à l'Etablissement agricole de Nuatja.
Les plantations de cacaoyers sont presque entièrement
confinées dans le district de Misahôhe:; il y en a beaucoup
moins dans les districts d'Atakpamé et de Kété-Kratschi.
Comme pour notre Dahomey, c'est, avant tout, l'exemple de
la Gold Coast qui a encouragé les Noirs à cette culture.
En ces dernières années, des graines de kapok avaient été
distribuées aux habitants des districts de Sokodé-Bassari, de
Kété-Kratschi et de Mangu; et le produit, qui est de bonne
qualité, peut devenir une bonne source de revenus pour ces
régions de l'intérieur, où est déjà, d'autre part, cultivée avec
succès Farachide.
Sur la côte, les cocoteries, encore peu nombreuses, sont en
voie d'extension.
Dans l'ensemble, d’ailieurs, le Togo, en raison de la nature
de son sol et aussi de son climat très variable, semble peu
propre à un grand développement de l’agriculture.
Au point de vue minéral, on signale au Togo la présence de
minerais de fer, d’or, de chrome, de la bauxite et des pierres
à chaux. Les minerais de fer sont de la variété hématite: ils
contiennent 89,51 pour cent d'oxyde de fer et 9,47 de silice. On
les trouve dans le district de Sokodé-Bassari, dans la vallée
de Banyeli; et les gisements représenteraient environ 20 mil-
lions de tonnes anglaises, contenant au moins 50 pour cent de
fer métallique.
On trouve des quartz aurifères dans les gneiss de la partie
orientale, dans les districts d’Atakpamé et de Sokodé, et de
l'or naturel dans les dépôts d’alluvions de la rivière Monu.
TOGO 151
On rencontre les chromites, avec un peu de nickel, dans les
serpentins du Sud-Sud-Ouest d'Atakpamé, la bauxite au sud-
est de Misahôhe, la pierre à chaux, qui est de bonne qualité,
à Tokpli, sur le Monu.
122 RESSOURCES DES COLONIES
CAMEROUN
L'annexion du Cameroun par l'Allemagne date encore de
1884. À la suite de l'accord franco-allemand du 4 Novem-
bre 1911, les 495.000 kilomètres carrés de superficie que repré-
sentait alors la colonie s’accroissaïent, en outre, de près de
300.000 kilomètres prélevés sur notre Afrique Equatoriale.
Nous cédions, le 1° Octobre 1912, une large bande s'étendant
à l’ouest de la Likouala aux herbes, de la Sangha, du Manam-
béré et du Logone oriental, plus une partie située au sud de
l'ancien Cameroun et de la Guinée Espagnole. Les districts du
Nouveau-Cameroun étaient ceux du Rio Muni, de Woleu-
Ntem, d'Ivindo, d'Eta, de Ju-Kaduma, de la Basse-Sangha,
de Moyenne-Sangha-Lobaye, de Haute-Sangha-Ouham et du
Haut-Logone.
La colonie est bordée au Nord-Ouest par la Nigérie, au
Nord-Est par le Territoire Militaire du Tchad, à l'Est par
lOubangui-Chari et le Moyen-Congo, au Sud par le Gabon.
La contrée, dans l’ensemble, est montagneuse: c’est la limite
Nord-Ouest du plateau central africain. Dans l'Ouest, près de
la frontière nigérienne, et en face de Fernando-Po, se dresse,
sur la côte, le massif du Cameroun, dont le plus haut pic, celui
de Fako, le plus élevé de l'Afrique occidentale, a 4.659 mètres
de hauteur.
Sur la côte sont Victoria, Duala, Kribi et Ukoko. Bouéa
est construit sur les pentes orientales du Cameroun. A
l’intérieur sont Edea, Bare, Baïñi, Bamenda, Ossidinge,
Banyo, Ngaundéré, Garua, Dume, Carnot, Bania, Lomié,
Molundu, etc.
CAMEROUN 153
En 1913, la population indigène était de 2.650.000 habitants ;
il vavait 1.871 Européens, dont 1.463 Allemands. La longueur
des voies ferrées, qui n’est que de 250 kilomètres, est moindre
qu'au Togo (340 kil.), et bien inférieure à celle des lignes de
l'Afrique Orientale (1.400 kil.) et du Sud-Ouest (2.100 kil.). La
‘ Nordbahn” s'arrête à 160 kilomètres de la côte, au pied des
monts Manenguba, en deçà de la savane proprement dite et
de la région des plateaux; la ‘* Mittellandbahn”, qui, d’après le
projet de 1908, devait être achevée en 1913, sur une longueur
de 360 kilomètres, n'était exploitée, à l'époque prévue, que
sur, 80 kilomètres. L'exécution d'une ‘‘Sudbahn” est restée
toujours en suspens.
En 1914 le budget ordinaire de la colonie était de 17.260.409
marks; les recettes prévues étaient de 14.094.091 marks. Le
budget extraordinaire s'élevait à 15.230.000 marks, dont 13 mi!-
lions devaient servir à l'achèvement du chemin de fer de
Duala au Moven-Njong.
Les exportations de 1912 étaient :
2 766 tennes de caoutchouc
13,742 » de palmistes
4.479 » de cacao
ST » de beurre de palme
11.109 » de bois
34 » d'ivoire
23H E A de noix de kola
139 » de graines de njavé
105 » de noix et beurre de karité
104 » de bananes et farine de barares
Il a été expédié aussi pour 32.000 francs environ de bétail
vivant dans les pays voisins.
Le grand produit d'exportation est resté jusqu'alors le
caoutchouc, dont les 2.766 tonnes de 1912 représentaient plus
de 14 millions de francs. Presque tout ce caoutchouc est
syivestre et donné surtout par le Funtumia elastica, dans les
districts de Yoko, Dengdeng, Dume, Lomie et Molundu;
bien moindre est la quantité de caoutchouc récoltée dans
124 RESSOURCES DES COLONIES
les savanes sur le ZLandolphia Daiweï. Tous ces districts se
sont fortement ressentis en ces dernières années de la crise
caoutchoutière.
La production du caoutchouc de plantation ne dépasse
guère 20.000 à 25.000 kilos. La surface des cultures, en 1911,
était de 7.181 hectares, occupés de plus en plus par l'Æ#evea,
en remplacement du Funtfuniia, dont le rendement ne paraît
pas toujours satisfaisant.
Le cacao, dont les exportations étaient en 1912 de 5.300.000
francs environ, est principalement obtenu par les indigènes
dans les parties basses du Mungo, du Wuri etdu Sanaga,
dans les districts de Duala, Yabassi et Edea, et aussi sur les
pentes du Cameroun. Les cacaovers réussissent surtout bien
dans les terres et sous le climat du district d'Yabassi. Au total,
en 1911, il y avait dans la colonie 10.674 hectares de ces plan-
tations de cacaoyers.
Vers la même époque, il y avait 1.700 hectares plantés en
bananiers, et les Allemands se préoccupaient d'assurer le
transport rapide des bananes fraîches en Allemagne, car, au
début de 1914, ils lançaient à Geestemünde %e premier grand
vapeur destiné à ce transport. Le navire avait 124 mètres de
longueur, 15 mètres de largeur et 10 mètres de profondeur ;
et sa capacité de transport était de 4.600 tonnes. Les cales,
subdivisées par des cloisons, étaient rafraîchiès à 10 et
12 degrés par des ventilateurs et des serpentins à gaz
| carbonique.
Enfin, une cûlture qui tendait aussi à se développer au
Cameroun était celle du tabac, dont il était planté 155 hectares
en 1912; et c'est en cette année 1912 que le Cameroun obtenait
le prix de 6.000 marks qui avait été fondé par un Brêmois,
pour être décerné à la colonie allemande où seraient obtenus
les 100 premiers quintaux de tabacs propres à la fabrication
des capes de cigares.
Parmi les produits de cueiilette, des exportations intéres-
santes à constater sont celles des graines de Mimusops Djave,
principalement récoltées dans les districts occidentaux,
Q\
CAMEROUN 19:
d'Ossidinge à Kribi. Les noix de karité arrivent à la côte
par Garua.
L'exploitation des forêts est encore une des ressources du
Cameroun, qui expédiait ses bois, et principalement Facajou
et l'ébène du pays, vers l'Allemagne et les Etats-Unis. Des
réserves forestières ont été établies à Yabassi, Yaunde, Edea
et Dschang. Sur un million de marks de bois coloniaux qu'ont
fourni, en 1912, les possessions allemandes, 700.000 sont
provenus du Cameroun.
A Dschaneg, d'autre part, avait été fondée en 1909 une Ecole
d'Agriculture semblable à celle de Victoria, avec, pour but,
l'élevage du bœuf à bosse, du cheval, du mouton et aussi de
l'autruche.
Au point de vue géologique, aucune découverte minérale
importante n'a encore été faite au Cameroun. Cependant une
exploitation systématique pourrait donner des résultats, car
on-connaît des minerais de fer, pouvant contenir 42,25 pour
cent de fer métallique, dans le voisinage de Bali et de
Bamenda ; on trouve aussi des minerais plus riches, du type
magnétique. Il y a de la galène dans le crétacé d'Ossidinge :
on signale aussi, dans ce district d'Ossidinge, de lasphalte,
ainsi que des bancs de sel qui titrent de 5 à 8 pour cent de
chlorure de sodium. À Manfé, il y aurait de lasphalte et du
charbon. L'argile à briques est abondante ; la pierre à chaux,
au contraire, semble rare.
126 RESSOURCES DES COLONIES
SUD-OUEST AFRICAIN ALLEMAND
C'est en 1884 également que l'Allemagne prenait vraiment
pied dans le Sud-Ouest Africain. Une convention de délimi-
tation était passée le 30 Décembre 1886 avec le Portugal, pour
la frontière Nord; le traité du 1° Juillet 1890 avec l'Angleterre
délimitait les frontières orientale et méridionale.
La colonie, bordée à l'Ouest par l'Atlantique, au Nord par
lAngola Portugais, à F'Est par la Rhodésie et le Béchuanaland,
au Sud par la Province du Cap, a pour superficie totale
832.100 kilomètres carrés.
La côte, d’une longueur approximative de 1.300 kilomètres,
est basse et sablonneuse, mais la région littorale est ceinturée
vers l'intérieur par une chaîne montagneuse dont les plus
hauts somimets sont le mont Omatako (2.680 mètres), au
nord-est d'Omaruru, et, dans le Sud-Est, les monts du Grand
Karar. L'extrème Nord-Est est occupé par le désert d'Oma-
heke; dans l'Est est la région aride de Kalahari.
Les principaux ports sont Swakopmund, au nord de la Baie
de la Baleine, et Luderitzbucht, plus au Sud, dans la Baie de
Luderitz. Dans lintérieur, les principaux centres sont
Windhuk, la capitale, à 1.670 mètres environ, Okahanjo,
Karibib, Omaruru, Otawi, Grootfontein, Rehoboth, Maïlta-
hô5h:, Gibéon, Bethanien, Keetmanshop et Warmbad.
La population indigène est d'environ 300.000 habitants; en
1913 il vavait, en outre, 14.830 Européens, dont 12.292 Alle-
mands et 1.799 sujets anglais, pour la plupart des Boers
établis dans le Sud-Est.
Les voies ferrées. d’une longueur totale de 2.100 kilomètres,
sont assez nombreuses. L'une va vers le Nord-Est, de
SUD-OUEST AFRICAIN ALLEMAND 127
Swakopmund à Grootfontein, par Omaruru et Otawi, et
présente un tout petit embranchement vers Khan et un autre
embranchement d'Otawi à Fsumeb.
La seconde, qui se confond d’abord avec la précédente,
mais redescend à partir de Karibib vers le Sud, va de
Swakopmund à Mariental par Karibib et Windhuk.
La troisième, qui se dirige de l'Ouest à l'Est, puis du Sud
au Nord, va de Lüderitzbucht à Mariental par Keetmanshoop,
qur est le point où elle se recourbe vers le Nord. Elle présente
sur le littoral un premier petit embranchement, qui est la
‘ligne du diamant”, allant jusqu'à Bogenfels, puis, dans
l'intérieur, un second embranchement plus long, de Seeheim
à Kalkfontein.
En 1914 le budget ordinaire du Protectorat était
de 41.423.150 marks. Le budget des recettes était de
27.799.450 marks.
Le commerce total, qui était de 6.134.000 mar!:s en 1897,
était de 73.875.000 marks en 1911.
En 1912 les exportations étaient d'environ 49 millions de
francs, et les principales étaient, par ordre de valeur :
202.834 grammes de diamants non taillés
42.088 tonnes de minerais de cuivre
234 » de cuirs et peaux de chèvres et de moutons
184 » de laines
547 kilos de plumes d’'autruche
1.468 tonnes de guano
Les autres sorties ont porté sur le bétail vivant, le poil de
chèvre, les cornes, la gomme arabique, le bois (77 tonnes), les
grains, le minerai d'étain, le plomb, le marbre, etc.
Le Sud-Ouest Africain Allemand doit donc essentiellement
sa valeur, en premier lieu, à son sous-sol, et, en second lieu,
à l'élevage.
Les 202.834 grammes de diamants exportés en 1912 repré-
sentaient une valeur de plus de 38 millions de francs.
L'exploitation de la pierre précieuse, qui occupait en 1912
128 RESSOURCES DES COLONIES
600 Blancs et 3.000 indigènes, a lieu sur le littoral sablonneux,
au nord et au sud de Lüderitzbucht, et surtout dans la région
que traverse le chemin de fer, déjà cité, de Lüderitzbucht à
Bogenfels. Les plus gros diamants sont recueilis entre cette
dernière station et Pomona ; on en a trouvé un de 17 carats 1/2
à Bogenfels et un de plus de 34 carats à Pomona. C'est en
1908 que le diamant fut découvert dans le Sud-Ouest Africain
Allemand ; et en 1914 le budget de la colonie prévoyait une
recette fiscale de 135 millions de marks provenant de ce
commerce.
Les minerais de cuivre sont principalement extraits dans le
district d'Otawi, où la mine la plus importante est celle de
TFsumeb ; mais on en trouve aussi dansle district de Windhuk,
dans ceux de Swakopmund et de Lüderitzbucht. Leur
extraction, comme celle de tous les autres minerais, serait
déjà devenue encore plus importante s’il n’y avait pas une si
grande rareté de main-d'œuvre.
Le district de Karibib fournit des marbres.
Pour l'élevage, et, en particulier, celui du mouton, les
régions qui conviennent le mieux sont la partie méridionale,
au sud de Windhuk, et la partie Nord-Ouest. Au 1‘ Avril 1912,
les statistiques évaluaient à 47.000 le nombre des moutons à
laine ; et le gouvernement local se préoccupait de pratiquer
un élevage rationnel, d'améliorer la race par sélection et de
lutter contre les maladies. Il songeait aussi à multiplier par
des travaux d'irrigation les prairies et les pâturages.
Un de ses autres projets — quoique le Sud-Ouest Allemand
ne puisse jamais être vraisemblablement un pays agricole —
était d'étendre la culture de manière à assurer tout au moins
au Protectorat les produits alimentaires nécessaires à la
consommation sur place. Et, dans ce but, deux stations
d'Essais pour le dry farming avaient été créées à Neudamm
et à Grootfontein. Si ce dry farming, en effet, ne peut guère
donner de résultats au sud et à l’ouest d'Omaruru, de Reho-
both et d'Hoachanas, parce que dans cette partie du Sud-Ouest
la pluviosité annuelle est trop faible (moins de 25 millimètres
à Lüderitzbucht et à Swakopmund) et inférieure aux 250 milli-
SUD-OUEST AFRICAIN ALLEMAND 129
mètres d'eau indispensables pour la culture des sols secs,
l'application de la méthode américaine devient & priori
possible, au point de vue du sol comme au point de vue du
climat, à Gobabis (471 millimètres d'eau), à Otawi (591 milli-
mètres), à Waterberg (564 millimètres), à Grootfontein
(619 millimètres), etc., dans la partie Nord-Est.
A Gobabis, à Windhuk et à Grootfontein, des Ecoles
d'arboriculture ont été créées. A Okahandja, la Station
d'Essais s'occupait du tabac, dont le Protectorat a déjà récolté
de bonnes sortes, soit pour la pipe, soit pour la confection des
cigarettes turques.
Quelques tentatives de culture du cotonnier n'ont pas
encore fourni de données bien sûres.
160 RESSOURCES DES COLONIES
AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE
D'après les diverses conventions ‘successives conclues de
1886 à 1891 entre FAllemagne et les autres puissances
européennesauxquelles appartiennentles possessions voisines,
l'Afrique Orientale Allemande, dont la surface totale repré-
sente environ 995.000 kilomètres carrés, est comprise entre
le premier et le douzième degrés de latitude Sud et 29 degrés
et 41 degrés de longitude Est. Elle est bordée : à l'Est, par
l'Océan Indien : au Nord, par l'Est Africain Britannique ; au
Nord-Ouest, par lOuganda : à l'Ouest, par le Congo Belge ;
au Sud-Ouest, par la Rhodésie et le Nyassaland ; au Sud, par
l'Est Africain Portugais. Le lac Victoria-Nyanza, au Nord, les
lacs Kiva et Tanganvka, à l'Ouest, le lac Nyassa, au Sud-
Ouest, contribuent à établir ses frontières naturelles.
Dans l’ensemble, c'est une contrée montagneuse, puisqu'elle
est traversée par la longue chaîne qui, en Afrique Orientale,
s'étend de l'Abyssinie au Natal. Du Nord vers le Sud, cette
chaîne, dans le Protectorat Allemand, s'éloigne de plus en plus
de la côte ; elle laisse donc sur le littoral une partie basse qui,
très étroite vers le Nord, où elle peut ne pas dépasser 15 ou
16 kilomètres, s'élargit vers le Sud. C’est dans le Nord-Est,
près de la frontière de l'Est Africain Anglais, que sont le Kili-
manjaro (plus de 6.000 mètres d'altitude) et le mont Méru (près
de 5.000 mètres). Sur la côte, les ports, du Nord au Sud, sont
Tanga (en face de l'île anglaise de Pemba), Bagamoyo (au
niveau du sud de l’île de Zanzibar), Dar-es-Salam, qui est le
siège du gouvernement, Kilwa et Lindi. Dans l'intérieur, les
principaux centres sont Tabora, Dodoma, Langenbure,
AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 161
Bismarckburg, Ujiji, Urundi, Ruanda, Bukoba, Muansa et
Moschi.
Une grande voie ferrée centrale, celle du Tanganyka, va de
Dar-es-Salam au Tanganyka en traversant tout le pays de
l'Ouest à l'Est ; elle passe à Morogoro, Kilosa, Dodoma et
Tabora. Une voie plus courte, dans le Nord-Est, celle de
l'Usambara, relie Tanga à Moschi, au pied du Kilimanjaro.
C'est non loin de cette voie ferrée, au Nord, que se trouve
l'Institut de Biologie Agricole d'Amani.
Administrativement, l'Est Africain Allemand est divisé en
24 districts. En 1913 la population indigène était de
7.600.000 habitants, et la population blanche de 5.336, dont
4.107 Allemands et 90 Anglais. Le budget ordinaire de 1914
était de 23.749.568 marks. Le budget extraordinaire com-
portait 36.800.000 marks de dépenses, qui devaient être
consacrées aux voies ferrées, et notamment à celle, en projet,
de Tabora à la Kagera, dans le Nord-Ouest.
Les exportations totales, en 1912, représentaient
31.418.000 marks ; et les principaux produits expédiés, par
ordre de valeur, étaient :
16.738 tonnes de chanvre de Sisal
998 » de caoutchouc de plantation.
2,885 » de peaux.
1 S44 » de coton brut.
1.544 » de café.
4 173 » de coprah.
5.957 » d'arachides.
181 » de caoutchouc de cueillette.
341 » de cire.
530.624 marks d'or.
1.844 tonnes de sésame.
181 » de mica.
17 » d'ivoire.
324 » de produits de laiterie.
3.893 » de bois.
902 » de riz
1 187 » de sorgho.
11
162 * RESSOURCES DES COLONIES
106 tonnes de copal.
2.445 » d'écorces tannantes.
52 » de kapok.
723 » de maïs.
2
36 » de tabac.
C'est donc le chanvre de Sisal qui était devenu en ces
dernières années le grand article d'exportation de la colonie.
La valeur des 16.738 tonnes de 1912 était approximativement
de 9.200.000 francs. La culture de la plante textile dans FEst
Africain remonte à 1893, époque où elle fut introduite par la
Compagnie de FEst Africain Allemand; en 1912-1913, elle
couvrait environ 25.000 hectares. Elle réussissait d’ailleurs
dans des conditions de climat et de sol très diverses, et aussi
bien dans les terres riches et argileuses de lUsambara que
dans les terrains calcaires du littoral, dans le Nord comme
dans le Sud. Les régions côtières de Tanga, de Pangani, de
Lindi et de Mikindani semblent particulièrement convenir,
mais, dans l'intérieur, le long de la voie ferrée du Tanganyka,
par exemple à Kilosa, les essais faits dans la terre des steppes
ont aussi donné de bons résultats, d’après M. Bruck. (Die
Sisalkultur in Deutsch-Ostafrica, in Verhandlungen des
Vorstandes des Kolonial-Wirthschaftlichen Komitees, Décem-
bre 1912). On observe, cependant, suivant les sols, certaines
différences. Dans les terrains très riches, comme ceux de
l'Usambara, la végétation est rapide, et les rejets plantés
donnent une première récolte au bout d’un an et demi; mais
la plante est épuisée à trois ans. Dans les terrains très
pauvres, comme les terrains calcaires du littoral, la première
récolte doit être attendue 4 ou 5 ans et la plante dure
longtemps, car la floraison est tardive. Dans les terrains
moyens, la première coupe a lieu à trois ans et on peut récolter
pendant 5 à 7 ans. Ce sont ces dernières terres qui sont
évidemment les meilleures, celles qui viennent ensuite étant
les terres pauvres, de préférence aux terres trop riches. En
ces sols de richesse moyenne, un pied de sisal, qui duré
environ 10 ans, donne, au total, 200 feuilles, avec 3,5 à 4 peur
cent de filasse. La croissance de la plante est surtout rapide
AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 163
si la plantation a été faite avec de vieux rejets, avant jusqu'à
59 centimètres de longueur. Il faut, en général, éviter
plusieurs cultures successives de la plante sur la même terre.
En sol convenable, et sans culture intermédiaire, les
meilleurs intervalles entre les pieds seraient de 2 m. 25
{
sur 1 m. 25.
Le second textile important pour l'Est Africain Allemand
serait le coton; en tout cas, c'est dans cette colonie que les
Allemands s'étaient activement attachés à la culture du
cotonnier, qui occupait en 1913 22.000 hectares. Les 1844 tonnes
de coton brut de 1912 représentaient plus de 2 millions et demi
de francs, et en 1913-1914 les exportations étaient de
11.000 balles de 250 kilos, équivalant à 5 millions de francs.
Sur les 22.060 hectares de 1913, 15.600 appartenaient aux
indigènes et 6.400 aux Européens. Cette culture du cotonnier
a surtout progressé dans les districts de Bagamoyo, Mohoro,
Kilwa et Lindi, sur la côte, dans celui de Morogoro, sur le
chemin de fer du Tanganyka, puis, plus au Nord, dans celui
de Muansa, près du Victoria-Nyanza. Les meilleurs rende-
ments ont été obtenus à Mohoro, Lindi et Kilwa. Dans le
district de Morogoro, les insectes ont causé de grands
dommages. Une des plus importantes plantations est la
plantation Otto, créée en 1907 par un Wurtembourgeois à
Kilosa, sur la voie ferrée du Tanganvka. Au moment des
hostilités, quatre Stations cotonnières étaient déjà organisées
dans le Protectorat. La sorte qui paraissait le mieux réussir
était le ‘*Nyassaland Upland”, les variétés américaines
semblant préférables aux variétés égyptiennes.
Enfin, une troisième culture textile qui était recommandée
dans le Protectorat était celle du kapokier, qui était, en 1912,
de plus de 2.500 hectares ; et nous avons vu, par le tableau
donné plus haut, que les exportations étaient en 1912
de 52 tonnes (d'une valeur de plus de 78.000 francs.)
Par ce même tableau, on a pu se rendre compte aussi de
l'extension qu'avait prise dans l'Est Africain la culture des
caoutchoutiers, puisque le caoutchouc de plantation était
devenu en valeur le second article d'exportation (9.050.000 fr.),
164 RESSOURCES DES COLONIES
bien autrement important que le caoutchouc sylvestre donné
par le Landolphia Stolzii de Langenburg, ou le Zandolphia
dondeensis du Sud, ou encoreles Landolbhia Kirkii et lucida,
le Mascarenhasia arborescens et le Clitandra kilimand-
Jarica. Le principal caoutchoutier cultivé était le Manihot
Glaziovii, ou caoutchoutier de Céara, sur le mode d’exploi-
tation duquel M. Zimmermann, le directeur de la Station
d'Amani, avait fait de si nombreuses expériences. Bien plus
réduites étaient les cultures de Funtumia elastica, d'Hevea
brasiliensis et de Ficus elasfica, qui ne représentaient au
total, en 1912-1913, que 414 hectares, alors que le caout-
choutier de Céara en couvrait 45.000 environ. Ce serait
surtout dans les districts de Tanga et de Morogoro que
cette culture s'était étendue.
Une tout autre culture, mais encore intéressante à citer,
dans le Protectorat, est celle du caféier. Celle-ci s'est
principalement développée dans le Nord-Ouest, vers la
frontière de l'Ouganda, dans le district de Bukoba, près du
Victoria-Nyanza, puis, dans le Nord-Est, dans les districts de
Wilhelmstal, de Moschi et d’Arusha, ces deux derniers au
sud-est du Kilimandjaro et du Méru. Dans toute cette région
que dessert la voie ferrée de Tanga à Moschi, la zone des
plantations s'élève jusque vers 1.500 mètres. La variété
principale de caféier cultivée serait le Co//ea robusfa.
On sait que, d'autre part, lorsque, dans le Kilimandjaro-
Méru, on s'élève en altitude et dans la direction du Nord-Ouest,
la zone des plantations fait place à la zone des steppes ; et ces
steppes Masai, moins humides et plus habitables à l'Européen
que la zone plus basse, où règne la malaria et où l'indigène
seul peut vivre, sont une région d'élevage, comme l'est encore,
plus à l'Ouest, vers le Congo Belge, la contrée des Watussi
(Ruanda, Urundi et Ujiji). Au total, on comptait en 1912 dans
le Protectorat 2.500.000 bovidés ; et on relevait aux exporta-
tions, outre les 2.885 tonnes de peaux plus haut mentionnées,
324 tonnes de produits de laiterie (beurre, lait, fromage,
œufs), consommés en divers points de la colonie, ou expédiés
à Zanzibar ou dansl'Inde. Malheureusement la présence de la
AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 165
tsétsé rend une grande partie du territoire impropre à
l'élevage.
Comme minéraux, nous avons eu surtout à citer plus haut
le mica et l'or.
Le mica, qui était entièrement exporté en Allemagne, est
de la variété z1uscov1fe et est principalement exploité dans les
districts de Bagamoyo, de Morogoro et de Mahenge, le grand
centre étant dans les monts Uluguru, du district de Morogoro.
L'or est à l’état de dépôts alluvionnaires en divers points
de la colonie, notamment dans le district de Muansa, sur le
bord méridional du Victoria-N yanza et sur le plateau d'Iramba,
au sud-est de Muansa.
Il faut encore signaler les grenats du district de Lindi, le
charbon de la partie au nord du Nyassa, qui contient 60,60
pour cent de carbone et 18,50 de cendres, des minerais
de fer, les minerais uranifères des pegmatites des monts
Uluguru, etc.
Dans la région littorale et sur les plateaux avoisinants de
Noto, Makondé et Muera les indigènes récoltent le copal,
qu'ils extraient du sable d’une profondeur d'à peine C0 centi-
mètres, et qui est exporté par Lindi et les autres ports vers
Zanzibar.
166 RESSOURCES DES COLONIES
NOUVELLE-GUINEE ALLEMANDE
»
La Nouvelle-Guinée Allemande, composée d'îles ou de
parties d'îles disséminées dans FOuest du Pacifique,
comprend :
la portion Nord-Est de la Nouvelle-Guinée désignée sous
le nom de Kaiser-Wilhelmsland, ou Terre de FEmpereur
Guillaume (180.000 kilomètres carrés ;
l'archipel de Bismarck (peut-être 50.000 kilomètres carrés);
lies îles Bougainville et Buka, du groupe des Salomon
{10.000 kilomètres carrés environ);
les îles Carolines, les îles Palaos et les îles Mariannes
(1.600 à 2.000 kilomètres carrés) ;
les îles Marshall (415 kilomètres carrés).
Tout cet ensemble se trouve compris entre environ 21 degrés
latitude Nord et 10 degrés latitude Sud et 130 degrés et
170 degrés longitude Est.
La prise de possession du Kaiser- Wilhelmsland par
l'Allemagne date de 1884 et les frontières furent établies en
1885. L'Archipel Bismarck fut également acquis en 1884. Le
Protectorat des Salomon date du 14 Octobre 1885, celui des
Marshall de 1885 et 1886.
L'annexion des Carolines, des Palaos et des Mariannes est
plus récente, puisque ces îles n’ont été achetées à l'Espagne
qu'en 1899.
Dans le Kaiser-Wilhelmsland, dont la superficie représente
environ 28 pour cent de la superficie totale de la Nouvelle-
Guinée, la principale ville, qui est le siège du Gouvernement
de la Nouvelle-Guinée, est Rabaul. Les principaux refuges
sont Friedrich-Wilhelmshafen et Konstantinhafen. La contrée
NOUVELLE-GUINÉE ALLEMANDE 167
est à climat très tropical, avec une température moyenne de
26 degrés ; d'Avril à Septembre elle reçoit les vents du Sud-
Est, et d'Octobre à Mars la mousson Nord-Ouest. La population
était en 1914 de 531.000 indigènes et 283 Blancs.
L'archipel Bismarck, d'origine volcanique, a pour principale
île New-Pomerania (25.000 kilomètres carrés), dont les refuges
sont Herbertshôhe et Simpsonhafen.
Bougainville, également volcanique, dont le mont Balbi a
plus de 3.000 mètres de hauteur, est la principale île des
Salomon.
Les Carolines se composent d'environ 500 îlots ‘d'origine
coralliaire, dont quelques-uns assez élevés.
Les Palaos sont les unes, (dans le Nord) volcaniques, et les
autres (dans le Sud) coralliaires. Il en est de même des
Mariannes.
Les Marshall sont toutes des atolls. La principale île, et le
siège du Gouvernement, est Jaluit ; l'île la plus peuplée est
Majera. L'île Nauru est intéressante par ses cocotiers et ses
gisements de phosphates.
En 1912 les exportations du Protectorat Allemand, par ordre
de valeur, étaient les suivantes, réparties en trois groupes :
1° De Kaiser-Wilhelmsland, de lArchipel Bismarck et des
iles Salomon :
11.190 tonnes de coprah
9.837 peaux d'oiseaux du paradis
21 tonnes de caoutchouc
315 » d'écailles perlières
DE
Ta 1018, dE: Cacao
SS » de trépangs
116 » d'ivoire végétal
540 kilos d'écailles de tortue
21 tonnes de chanvre de Sisal
2% Des Carolines Orientales et des îles Marshall (+ compris
Nauru) :
136.496 tonnes de phosphates
# 747 » de coprah
168 RESSOURCES DES COLONIES
3° Des Carolines Occidentales, des Palaoset des Mariannes :
53.525 tonnes de phosphates
1.085 » de coprah
70 » d'écailles perlières
Dans l'ensemble, le grand produit d'exportation de la
Nouvelle-Guinée Allemande est donc le coprah, qui représente
pour les trois groupements une valeur globale d'au moins
7.600.000 francs. En plus des plantations indigènes, il y avait
en 1912, sur 32.320 hectares environ cultivés par les étrangers,
Chinois ou Européens, plus de 29.000 hectares de cocoteries,
surtout étendues dans lArchipel Bismarck et les îles Salomon.
La préparation du coprah a été grandement facilitée par
l'installation de séchoirs.
Le cacaoyer, avec les Æevea, les Castilloa et les Ficus —
ces derniers arbres à caoutchouc étant aussi quelquefois
cultivés avec les cocotiers — constituent le reste des planta-
tions. On peut remarquer, par les exportations, qu'il y a aussi
quelques champs de sisal.
Les phosphates, qui sont, en valeur, le second produit
commercial du Protectorat, et presque aussi important que le
coprah (6.240.060 francs en 1912), proviennent de Nauru, dans
le groupe des Marshall, ainsi que nous l'avons dit plus haut,
et aussi d’Angaur, dans les Palaos. Ces gisements de
phosphates sont de même nature que ceux de lAssomption,
aux Seychelles. Un échantillon de Nauru a donné à Fanalvse
37,35 pour cent d'acide phosphorique, 49,72 de chaux, 6,04
d'eau et de matières organiques, 6,89 d’autres constituants.
Sur Îes 190.021 tonnes de 1912, 54.756 tonnes seulement étaient
à destination de l'Allemagne.
Enfin un autre commerce intéressant des possessions
océaniennes allemandes est celui des plumes d'oiseaux de
paradis. Ces oiseaux sont chassés exclusivement dans le
Wilhelmsland, où l'industrie est lucrative, par suite des prix
élevés de l'article. Les 9.837 peaux exportées en 1912 avaient
été estimées à plus de 560.000 francs. Chaque peau payait
alors un droit de sortie de 5 marks, mais qui avait été élevé à
NOUVELLE-GUINÉE ALLEMANDE 169
20 marks depuis le 1° Janvier 1913. Les colons chassaient
rarement eux-mêmes ; ils accompagnaient dans la brousse les
tireurs indigènes. Mais, dans la crainte d’une destruction, le
Gouvernement Allemand avait pris èn ces dernières années
des mesures de préservation. Il avait tout d’abord fait
constituer trois grandes réserves dans la région de Flîle
fréquentée par les colons ; puis la chasse avait été interdite
endant six mois. On l'avait même, à titre d'essai, défendue
une année entière. Les oiseaux mâles devaient, en outre, être
seuls tirés ; enfin il fallait des permis spéciaux, qui coûtaient
assez cher. Avec six tireurs indigènes, la dépense revenait
annuellement à 700 marks.
1770 RESSOURCES DES COLONIES
SAMOA
L'Allemagne possède depuis 1899 dans l'archipel des
Samoa— à mi-chemin à peu près entre la Nouvelle-Calédonie
et Tahiti —les deux îles de Sawaï (1.691 kilomètres carrés) et
d'Upolu (868 kilomètres carrés), plus les deux îlots de Manono
(S kil. 5) et d’Apolina (4 kil. 7). Soit, au total, 2.572 kilomètres
carrés d'îles montagneuses et volcaniques, à climat tropical,
mais sain, avec une température moyenne de 27 degrés et une
pluviosité annuelle de près de 3 mètres. La population
indigène y était en 1912 de 32.612 habitants.
Les exportations de 1912 étaient de :
11.021 tonnes de coprah
722 0 de cacao
12 0 de caoutchouc
17 LS de racines de kawa
Comme pour la Nouvelle-Guinée, le coprah est aux Samoa
le grand produit d'exportation. Le cocotier pousse un peu
partout dans les îles, sauf dans l'Ouest de Sawaï, où le sol
n'est pas favorable. En seconde ligne se place le cacao. En
1912 la surface des cacaoyères était de 3.613 hectares. Les
dégâts causés par le chancre dû au PAytophthora Faberti ont
beaucoup nui à l'extension de la culture, qui réussit mieux
dans les districts où, comme celui de la côte Nord-Ouest
d'Upolu, les pluies sont moyennes, que dans ceux où, comme
au voisinage d’Apia, ces pluies sont très abondantes. Les
plantations de caoutchoutiers sont presque exclusivement des
LE
SAMOA 171
plantations d’Æevea (205 hectares en 1912), qui appartiennent
surtout à une Compagnie.
Les racines de kawa (Piper methysticum) étaient, depuis
1911, exportées en totalité en Allemagne.
1772 RESSOURCES DES COLONIES
INDES NÉERLANDAISES
Le sucre et le thé à Java en 1915. _— Java à pro-
duit en 1915 21.800.000 piculs, soit approximativement
1.308.000.000 kilos, de sucre, en diminution de 950.000 piculs
sur l'année précédente. Toutefois, le prix ayant augmenté,
les usines ont réalisé de gros bénéfices.
La production dethé s'est élevée à 85 millions de livres,
soit 38.503.000 kilos, contre 63 millions de livres en 1914.
Une grande partie de la production vendue à Batavia est allée
en Russie, en Australie et en Amérique. (Dépéche Coloïiiale,
15 Avril 1916.)
L'industrie sucrière, à Java, est surtout développée dans le
Centre et dans l'Est. En 1911, la surface plantée était de
135.760 hectares ; et c'est cette surface qui donne la production
annuelle approximative de ces dernières années, c’est-à-dire
1.400.000 à 1.500.000 tonnes de sucre. Il y a dans Pile
198 factoreries ; la saison de broyage dure du milieu de Mai à
la fin d'Octobre. (Bulletin of Mauritius, n° 4, partie HI.)
Le caoutchouc en 1915. -- Les exportations de caoutchouc
de Java et de Madura en 1915 ont été de 7.454 tonnes, soit :
63 tonnes de caoutchouc de f7cus.
7 302 » » d'Aevea.
35 » : » de Céara.
54 » » de Castilloa.
3.336 tonnes de caoutchouc d’Æevea ont été expédiées
directement aux Etats-Unis. (Le Caoutchouc et la Gutfa-
Percha, 15 Septembre 1916.)
INDES NÉERLANDAISES 173
Les textiles à Java. — La culture du chanvre de Sisal a
bien diminué à Java. En Janvier 1911 elle occupait 6.123 hec-
tares ; en Janvier 1915, elle était tombée à 2.571 hectares.
Beaucoup de propriétaires ayant toutefois coupé toutes les
feuilles de leurs Agave pour supprimer leurs plantations,
l'exportation de 1914 a été exceptionnellement très forte et a
été de 13.304 tonnes de filasse, contre 8.741 en 1913.
La culture du Æourcroya gigantea Se maintient ; l'expor-
tation était de 233 tonnes en 1914.
La culture de lArbiscus cannabinus serait abandonnée, le
produit n'obtenant pas sur les marchés européens des prix
rémunérateurs. La production par hectare ne dépasse pas
500 kilos de filasse, vendue 420 francs la tonne. (Æulletin
Economique de l’Indochire ; Maï-Juin, 1915.)
La riziculture à Sumatra, — exportation des riz de
Sumatra est actuellement de 6.000 tonnes environ. La culture
n'est pas absolument faite dans l'île selon les méthodes de
Java. Les pépinières sont toujours sans irrigation. En
repiquant, on met 10 à 20 plantules dans chacun des poquets,
qui sont espacés de 40 à 50 centimètres, alors que, à Java, on
met rarement plus de 5 plantules dans des poquets espacés
seulement de 12 à 15 centimètres. Après le repiquage, on
inonde ; mais, dès l'apparition des tiges secondaires, on fait
écouler l’eau, qu'on ne ramène que lors de l'apparition des
premiers épis, pour la supprimer encore dès que les épis
jaunissent. On admet que la maturation est ainsi plus régu-
lière que par Firrigation permanente de Java ; et l'on peut
moissonner tout le champ à la faux, en une seule fois, au lieu
de procéder à plusieurs récoltes en choisissant les épis. (Smits,
dans Zeysmannia, 26° année, fasc. 10. Batavia, 1915.)
Maladie des jeunes quinquinas. — Cette maladie, étudiée
par le Docteur Rant, est le 710po0, ou hamapopo, connu
d’ailleurs depuis longtemps, et qui est une maladie des pépi-
nières de quinquinas produite sous l'influence des gouttes
d’eau tombant sur les feuilles. Mopo: est le terme sundanais ;
1741 RESSOURCES DES COLONIES
dans l'Est de Java, c'est le schimmeldraadijees et le mycelium-
zickte des Hollandais et le /oujo des Javanais.
On l'observe sur d'autres plantules d'espèces très diverses,
peut-être les arbres à thé.
On peut songer à la z17aladie de la toile, bien connue sur
les tabacs, et qui a pour cause, suivant les auteurs, le Bofrytis
cinerea, où le Mortierella arachnoïides, où le Monrliopsis
Aderholdii. En réalité sur les quinquinas, ce serait, d’après
M. Rant, la dernière de ces trois espèces.
Sur d'aussi larges espaces de culture, la stérilisation
de la térre par cuisson n'est pas possible, mais on
pourrait peut-être désinfecter avec le lait de chaux, qui
neutralise l'acidité, ou employer la méthode de Raciborski
contre le PAytophthora Nicotianae. On mélange de la chaux
à la terre et on arrose avec du sulfate d'ammnoniaque. L'am-
moniaque mise en liberté tue le champignon. M. Rant
recommande encore des essais avec le paraformol ou le
chinosol. Il indique également qu'il y aurait peut-être lieu de
se méfier de la propagation de la maladie par l'eau d'arrosage,
et, par conséquent, n'employer que de l’eau bien fraîche,
qui n’a pas séjourné dans des vases en bois ou en fer.(Pulletini
du Jardin Botanique de Buitenzorg, 1915.)
Les galles, — Le Bulletin du Jardin Botanique de
Buitenzorg (2° série n° XXI) contient deux études, lune sur
les galles de Sumatra et de Sinaloer, l’autre sur les galles de
Célèbes et des îles au sud de Célèbes, par MM. W. et J. van
Leeuwen-Reijnvaan.
A
GUINÉE PORTUGAISE lp
GUINÉE PORTUGAISE
A la suite d'un voyage dont il fut chargé par le Gouverne-
ment Portugais, en vue d'organiser des services agricoles en
Guinée Portugaise, M. Machado da Fonseca a rédigé un
rapport très documenté sur la situation actuelle de cette
colonie.
En général, les terres cultivables sont argilo-humo-calcaires ;
très fertiles, elles ne nécessitent pas pour le moment beaucoup
d'engrais.
On cultive en grand le riz et le maïs, et il y a beaucoup de
rizières de montagne. On récolte de Décembre à Mars; le
rendement est de 40 à 42 hectolitres à l’hectare. On cultive
aussi d’autres céréales, ainsi que les maniocs et la patate
douce. ù
Le cotonnier est un peu cultivé dans les régions de Farim,
Bolama, Bafata et Cacine, et semble donner de bons résultats.
Il y à de grandes cultures d’arachides par les Européens.
On sème après les premières pluies, de fin Mai à Juillet ; les
semis sont faits en lignes. On récolte de Décembre à Mars, et
environ 1.300 à 1.800 kilos à l’hectare.
Le palmiste est abondant, mais peu productif (6 kilos
d'amandes et 3 litres d'huile par pied); il est affaibli par les
récoltes de vin de palme.
Des Landolphia, tels que le Z. Heudelofii (\'auteur ajoute,
mais évidemment à tort, le Z. senegalensis) donnent du
caoutchouc dans les régions de Farim et de Batafa, où on les
incise ou les abat de Novembre à Mai. On coagule avec le sel
ou avec le suc du fruit de tamarinier, puis on sèche au soleil
et on faconne en boules.
176 RESSOURCES DES COLONIES
Il n'y a que de très petites cultures de caféier et de cacaoyer.
La canne à sucre est surtout cultivée par les colons, et sur
une très petite surface, dans les régions de Farim et de
Batafa, où la température moyenne annuelle est de 25 degrés
à 26 degrés, la saison des pluies durant de Mai à Octobre. On
plante de Mars à Mai: les boutures sont mises à 50 centi-
mètres de distance, dans des sillons de 40 à 60 centimètres de
largeur et de 30 à 50 centimètres de profondeur, espacés de
1 mètre à 1 m. 50. On récolte huit mois après, de Décembre
à Mai. La plantation est renouvelée tous les trois ans, après
trois coupes. On ne fabrique pas de sucre ; toute la canne est
destinée à la fabrication de l'alcool. 14 colons seulement se
livrent à cette culture, sur une superficie totale de 34 hectares.
(Revista agronomica, 11° année, 2° série, vol. 2).
ANGOLA 177
ANGOLA
L’Euphorbia Tirucalli. — Cette Euphorbiacée xérophile
croît spontanément en beaucoup de sols arides ou sablonneux
de l'Afrique, dans l’Angola, au Natal et en Afrique Orientale
Allemande. Elle est tout particulièrement exploitée dans
l'Angola, où elle fournit la substance commercialement
connue sous les noms d’a/méidine, de potato gum, d'euphor-
bia-gum, où encore de caoutchouc de tirucalii.
Le latex que laissent écouler les diverses parties de la
plante, après incision, est composé de 64 à 67 pour cent d’eau
et 33 à 36 pour cent de coagulat. M. Scassellati-Sforzolini, qui
juge cette euphorbe intéressante pour la Somalie italienne
méridionale, indique comme composition centésimale moyenne
du coagulat :
Caontchonc nsc 14,03
Résine rt tu s 7014
RrOtÉIneS 2eme 1,46
Substances insolubles..... 5,40 }
EEE TOM PTE ME Rte: 00
C'est, selon l'auteur, une substance qui est de valeur
commerciale secondaire, mais qui ne doit pas être exagérément
dédaignée. Elle pourrait avoir, par exemple, Fintérêt du
jelutong de Malaisie et entrer en mélange dans la préparation
de certains caoutchoucs ou de certaines guttas, En fait, il v a
depuis longtemps des exportations d'alméidine de lAngola en
Angleterre ; et des essais sur le produit ont déjà été faits à
Londres par l’Imperial Institute. En 1911-1912 12.000 kilos
étaient exportés du Natal en Angleterre. (Agricol{ura
Coloniale ; Florence, 1916).
12
179 RESSOURCES DES COLONIES
AFRIQUE ORIENTALE PORTUGAISE
Le territoire portugais du Mozambique, situé au sud de
l'Afrique Orientale Allemande, s'étend, vers le Sud, au delà
du tropique du Capricorne. Sa partie méridionale est donc
extra-tropicale ; c’est le cas de la région de Lourenço-
Marquès.
L'industrie sucrière est parmi les plus importantes de la
colonie ; les exportations de sucre, qui étaient déjà de plus de
30.000 tonnes en 1910, ont peut-être doublé depuis lors. Les
vallées de lInkomati, du Buzi et du Zambèze sont particu-
lièrement favorables à la culture de la canne.
Dans les forêts, les Landolphia donnent du caoutchouc,
qu'on retire également du Mascarenhasia elastica. Dans le
district de Quilimane, où les pluies atteignentannueilement
1 m: 950, en se répartissant à peu près régulièrement sur tous
les mois, il y a des cultures de caoutchoutier de Céara. Au
sud du Zambèze, la période de sécheresse est trop longue
pour que ces mêmes cultures soient possibles.
Comme plantes oléagineuses, on connaît bien le 77afou-
raire, où 7richilia emetica, et le Telfairea pedatfa, où jikungu,
ou nkwèrme. Le mafouraire est abondant dans la région
d'Inhambané et s'étend sur une vaste zone, mais les trop
faibles prix offerts et le manque de moyens de transport
restreignent l'exportation annuelle des graines, qui ne
dépasse guère.1.000 tonnes.
Les arachides ne sont cultivées que par les indigènes, qui,
dans la région de Quilimane, s’en servent comme paiement
de taxe en nature, auprès des Compagnies Prazo.
AFRIQUE ORIENTALE PORTUGAISE 179
Parmi les textiles, le chanvre de Sisal semble particuliè-
rement convenir au Mozambique, et, en fait, v est cultivé au
voisinage des cours d’eau, notamment sur le territoire de la
Compagnie du Mozambique et dans le district de Quilimane.
La proximité de la rivière facilite l'extraction du chanvre. Le
Fourcroya gigantea, qui peut croître à plus haute latitude
que le chanvre de Sisal, est cultivé dans le district d'Inham-
bané; une plantation a été aussi établie près de Lourenço-
Marquès. Mais le plus faible rendement de cette espèce,
comparativement à celui du sisal, ne laisse guère prévoir une
grande extension de la culture. On pourrait essayer le
Phormium tenax, qui, comme lAgave sisalana, est sans
épines et fournit 12 pour cent de filasse.
Quant au cotonnier, les variétés égyptiennes n'ont pas
jusqu'alors donné de bons résultats ; peut-être le Nyassaland-
Uplandconviendrait-il mieux, mais sans qu'il soit actuellement
possible de se prononcer.
Enfin une culture qui pourrait offrir de l'intérêt est celle du
tabac, puisqu'elle est satisfaisante dans le Nyassaland et en
Rhodésie. Elle est déjà faite à Inharrimé, au sud d’Inhambané,
où elle est principalement entre les mains des Grecs ; elle est
entreprise également par la Compagnie du Zambèze à
Bompona, sur les bords du Shire, où on a introduit des types
américains, et fait aussi des essais sur les sortes de Turquie,
de Sumatra et de Cuba. (Lyne : 7he Agriculture of Mozanm-
bique Province, Portuguese East Africa, dans le Bulletin of
the Imperial Institute, Janvier-Mars 1913. — Zobaccos from
Portuguese East Africa, dans ie même Bulletin.
180 RESSOURCES DES COLONIES
ETATS UNIS
Le coton et la laine aux Etats-Unis. — En 1913-1914,
sur une production totale de 14.614.000 balles de coton de
227 kilos, 9.522.000 balles, soit 65,2 pour cent, ont été exportées,
et 5.092.000 kilos ont été employés dans les filatures améri-
caines. Sur les 9.522.000 balles exportées, 3.582.000, soit
37,7 pour cent, ont été importées en Grande-Bretagne,
1.139.000, soit 12 pour cent, en France, 2.884.000, soit 30,2 pour
cent,en Allemagne. Le reste a été expédié en Belgique, en
Autriche-Hongrie et en Hollande. Au total, 5.390.000 balles,
correspondant à 56,5 pour cent de l'exportation totale, ont été
à destination du continent européen. 500.000 balles (5,8 pour
cent) ont été envoyées au Japon, au Canada et au Mexique.
La consommation des Etats-Unis a peu varié depuis 1904.
La production de la laine brute en 1915 s’est élevée, aux
Etats-Unis, à 130.815.981 kilos, contre 131.456.976 en 1914.
Les amandes en Californie, — La Californie fournit, en
moyenne, chaque année, 2.722 tonnes d'amandes. La consom-
mation américaine est de 14.515 tonnes. 80 pour cent des
amandes importées sont sans coque; le produit indigène est
vendu avec coques, de Décembre à Février. On espère dans
l'avenir une production de 13.600 tonnes, et la consommation
augmentera. (Bulletin du Gouvernement Général de
l'Algérie, 1° Mai 1916.)
Le sucre à La Louisiane. Il y a à la Louisiane
210 sucreries, qui sont divisées en deux groupes, correspondant
à 15 districts, Les deux groupes sont celui du Mississipi et
ÉTATS-UNIS 181
celui de la Louisiane du Sud. Le travail dans les usines
est, suivant l'importance de Fusine, de 300 à 2.400 tonnes en
24 heures. 58 pour cent de la canne sont récoltés sur des
champs qui appartiennent aux factoreries mêmes; le reste
est acheté aux planteurs. (Bulletin of Mauritius, n° 4,
partie [.)
192 RESSOURCES DES COLONIES
PORTO-RICO
Le sucre à Porto-Rico. — 20 pour cent de la surface totale
de Porto-Rico (160.000 hectares) sont en culture, et la moitié
de la superficie cultivée est occupée par la canne, principale-
ment dans les sols alluvionnaires de Ia côte. Dans le Sud, la
culture serait plus étendue si on pratiquait lirrigation en
faisant venir les eaux du Nord, où les pluies sont plus
abondantes. La récolte en 1913 a été de 398.000 tonnes. Le
travail de la canne est le même qu'à Cuba, mais suivant des
méthodes peut-être moins modernes. {Bulletin of Mauritius ;
n°22, p.01);
PHILIPPINES 183
PHILIPPINES
Le riz. — M. John Runcles à publié dans le n° 6 (Novem-
-bre 1915) du 7he Philippine Journal of Science (Botany) une
étude sur les riz des Philippines, leurs caractères, les
méthodes de sélection et l'influence qu'ont sur la récolte les
espacements des touffes, ainsi que le nombre des plants par
touffe. Les résultats ne sont pas d’ailleurs les mêmes avec
toutes les variétés.
Les bananiers.— Lans le même numéro du 7he Philippine
Journal of Science, M. Nicanor Gregorio Teodoro a donné
un long mémoire sur les bananiers, et, en particulier, sur les
espèces ou variétés cultivées aux Philippines {A preliminary
study of Philippine Bananas). L'auteur, qui mentionne un
certain nombre de travaux antérieurs sur la question, semble
ignorer la belle étude publiée en 1913 par M. de Wildeman
dans les Annales du Musée Colonial de Marseille.
Dans le Syzopsis provisoire des bananiers actuellement
connus aux Philippines, M. Teodoro cite neuf espèces. Deux
sont à tiges non stolonifères : le Musa Ensete et le Musa
glauca. Les sept autres sont à stolons, mais non renflés à la
base : ce sont le Musa coccinea, le Musa textilis, le Musa
errans (dont une variété nouvelle, la variété Botoan), le
Musa humilis, le Musa sapientum, le Musa paradisiaca et
le Musa Cavendishir.
Le Musa ÆEnsete, d'Abyssinie, qui s'est bien adapté aux
contrées subtropicales, et est aujourd’hui répandu dans les
cultures ornementales européennes, est cultivé aux Philippines
au Collège of Agricultur, mais n'v a pas atteint une grande
taille.
184 RESSOURCES DES COLONIES
Le Musa glauca, espèce encore très ornementale, et qu’on
trouve çà et là à Luçon, est certainement indigène.
Le‘Musa coccinea, à bractées rouges, du Sud de la Chine
et de lIndochine fcAuoï fau), n'existe qu’accidentellement
dans les jardins des Philippines. |
Le Musa textilis, dont chaque tronc donne 10 à 15 rejets
qui fleurissent, est labaca bien connu.
Le Musa errans Blanco, ou saguing machin, qui donne
23 rejets et davantage, est commun, à l’état sauvage, dans les
forêts de Luçon. L’agofay d'Albay appartient peut-être à cette
espèce. La variété Bofoan (botoan ou butuhan) s'en distingue
par ses bractées plus persistantes et ses fruits subovoïdes, au
lieu d’être subcylindriques. L'espèce et sa variété sont utilisées
pour la fabrication de vinaigre. Les fibres du type sont utilisées
comme celles de Fabaca. On fait des liens avec la variété, qui
est aussi utilisée {nous ne savons comment) en médecine.
Le Musa utfilis, où pitogo, où eneflog, voisin du Musa
sapientuin (et considéré par M. de Wildeman comme
synonyme du Musa Cavendishit) a un tronc de 3 m. 30 à
3 m. 90, avec un diamètre, à la base, de 19 à 23 centiniètres,
et des fruits petits, subovoïdes, longuement pédonculés,
comestibles, bons pour la préparation de la banane sèche.
Pour l'espèce Musa sapientum, M. Teodoro cite aux
Philippines vingt variétés, dont il donne encore le Syropsts.
Le /atundan, où {ordan, ou letondal, ou rétundol, est le
Musa sapientum var. cinerea. Ses fruits cylindriques, de 10
à 12 centimètres de longueur, à pulpe blanche, sont de qualité
inoyenne pour être mangés Crus.
L'apple banana, où manzana de Cuba, est le Musa
sabientuim Var. cubensis, très voisin du précédent. Il a été
introduit de Cuba à Los Banos. |
Le Cuban red estle Musa sapientumm Var. americana, à
fruits presque oblongs, d’un poids moyen de 69 gr. 92.
Le r7crado est le Musa Sapienturr var. violacea, à fruits
de 10 à 14 centimètres sur 5 à 6.
Le durogo est la variété glaberrima, appelée encore
dinuguan.
PHILIPPINES 189
Le bongolan, où bungulan, est le Musa sapientuntr var.
suaveolens. Les fruits, longs et anguleux, sont parmi Îles
meilleurs à manger crus.
Le binutig est le M. sapientum var. Binutig, dont les fruits
ont la saveur de ceux de saba.
Le garangao est le M. sapientum var. Garangao, dont les
gros fruits ont un poids moyen de 170 gr. 51.
Le {udlong dato est le M. sapientum var. Tudlong, qui est
encore le gonyod, le Kinamay dalaga, le tudlo dalaga, le
tudlug dato et le galamay senora. Ses fruits valent ceux du
bungulan. Les fibres sont employées; et le tronc est utilisé
pour la nourriture des porcs.
Le vernte cohol, ou finalong, est le M. sapientum var.
glauca. Ses petits fruits sont excellents comme les précédents.
Le daryao, où dalia, est le M. sapientum var. Daryao. Ses
fruits sont mangés frais ou secs.
Le 7ernate, ou Gloria, est le M. sapientumt Var. ferna-
tensis. Les fruits, consommés crus, sont de qualité moyenne,
mais conviennent pour la banane sèche.
Bien meilleurs sont ceux du /acatan, où Musa sapientunt
var. Lacatarn.
Le canara est ie M. sapientum Var. Canard.
L'inarnrbhal est la variété /narnibal, dont les fruits valent
ceux du /acatan et du bungulan.
Le fuldoc, à fruits un peu plus gros, est le M. sapientum
var. 7Zuldoc.
Le qguinanayan est le M. sapientum var. longa, à fruit
médiocre.
Le finumbaya, où goyoran, est le AM. sapientumr var.
Zombak.
Le sabang tloco est le M. sapientum Var. grandis, dont le
fruit müûr pèse en moyenne 262 gr. 4. Peut-être, du reste,
ce bananier, à fruits fortement anguléux, non entièrement
aspermes, et convenant pour la cuisson, pourrait-il constituer
une espèce à part.
Et la remarque est la même pour le Musa sapientum var.
compressa, qui se rapproche à divers égards de ce sabang
1S06 RESSOURCES DES COLONIES
loco et est le saba des indigènes. Les fruits de ce saba, ou
Disco, assez gros, ne sont guère mangeables crus, mais sont
excellents cuits. Is conviennent aussi pour la préparation de
la farine de banane. Les fleurs, d'autre part, seraient cuites
comme légumes; les feuilles servent pour lemballage; la
filasse est employée comme celle d’abaca.
L'espèce Musa Cavendishii est représentée aux Philippines
par plusieurs variétés, dont deux sont : le pefif bananier des
Hawaï, où var. Aawaensis, dont les fruits sont à pulpe
agréable ; et le /ampohin, où Musa Cavendishit var. pumila,
dont le fruit ressemble à celui du hburgulan, mais est
inférieur.
Enfin, comme Musa paradisiaca, où plantain, M. Teodoro
cite quatre variétés. La principale est le fundoc, où boracho,
ou {agalog, qui est le Musa paradisiaca variété magira. Les
fruits, qui ont parfois plus de 30 centimètres de longueur, sont
mangés cuits et sont aussi employés pour la préparation de la
farine. Le Batavia, où matavia, où langai, où anuang, qui
est le Musa paradisiaca variété maxima, est à fruit très
médiocres, ne convenant que pour la farine. On mange cuits
les fruits du Musa paradisiaca variété ulnaris. W en est de
même des fruits du Aanatuco morado, où Musa paradisiaca
variété subrubea.
BRÉSIL 197
BRÉSIL
Les exportations en 1915. — Les exportations du Brésil,
en 1915, ont été de 447.923.000 francs, contre 507.823.000 francs
en 1913. Elles se sont réparties en :
BNP PET RS SU AE Se 303.723.000 francs
Caantchout:. 172 69.175.000 »
CACADS ER ele ete ed 17 825.000 »
RL ne PAS MD nm me ne necde 14/9323 000 0
en Co CE A RE T2 NE TEE à 10.125 000 »
Vabacss ARMES Penn ACL 5.275.000 »
OO TES MP ee LOT de 3239000". . »
LETTRE PM SP SC ETEN SE 2 19 325.000 »
PAUL 1:07, tete she 0 ee Pat 4.650.000 »
Viandes frigorifiées ............ 275.000 »
La Wileman's Brazilian Rewiew calcule que, pendant les
onze premiers mois de la guerre, d'Août 1914 à Juin 1915, le
Brésil a exporté 31.551 tonnes de cacao, tandis qu'il en avait
exporté 39.453 tonnes pendant les onze mois correspondants
de la période précédente (Août 1913 à Juin 1914).
Le même calcul a été fait pour les cafés brésiliens, dont il
est sorti 12.700.170 sacs de 60 kilos d'Août 1914 à Juin 1915,
tandis qu'il en était sorti 13.853.422 d'Août 1913 à Juin 1914.
En 1913-1914 les sorties à destination de l'Allemagne, de
l'Autriche et de la Belgique avaient été de 3.285.128 sacs, alors
qu'elles ont été nulles en 1914-1915. (Bulletin Officiel du
188 RESSOURCES DES COLONIES
Bureau de Renseignements du Brésil à Paris, 15 Octo-
bre 1913).
Le pitanga. — Le prifanga est VEugenia uniflora, qu'on
cultive au Brésil en arbre, en buisson ou en haie. Son fruit
ressemble à la cerise, mais est profondément bilobé. La
composition centésimale suivante a été trouvée aux Hawaï :
at Pme et TER A ee er 90,7
Substances insolubles dans l'eau .. 1,93
Aides sieste res EM rune ages ! 1,44
Albumimboiïdes, . :..:...8 LE 1,02
SUCrÉ nat onde een one tee 5555 00706
Matières erasses: Le he de ae 0,60
Ces fruits sont consommés tels quels, ou bien on en fait
des gelées, des sorbets, des liqueurs, des sirops, des vins
considérés comme médicinaux et apéritifs.
La culture de l'arbre paraît possible partout où les agrumes
réussissent. (Shamel et Popenoe Wilson, dans 7e Journal
of Heredity ; Washington, Avril 1916.)
Plantes fourragères. — La Direction de l'Agriculture à
publié dans le Boletin de Agricoltura de VEtat de Sao-Paulo
(Mars 1916} une étude sur le aida, où capim de Rhodes, qui
est le Àhodes grass d'Australie et le CAloris Gayana Kunth,
de l'Afrique tropicale. Introduite dans FlEtat de Sao-Paulo,
cette Graminée fourragère vit dans les terrains divers, même
secs, mais préfère naturellement les sols un peu frais, dans
les endroits non trop exposés aux vents. La culture est celle
de beaucoup de Graminées. On sème en lignes ou à la volée,
d'Août à Novembre ou de Février à Mars, à raison de 150 à
200 litres de graines par hectare. Pendant trois ans on peut
faire cinq coupes par an, avec un rendement de plus de
300 tonnes de foin vert et 100 tonnes de foin sec par hectare.
On coupe un peu avant la floraison.
Dans le numéro de Février 1916 du même Bulletin est un
BRÉSIL 189
autre article sur le grama de Macafhé, qui serait aussi une
bonne plante fourragère, contenant, à l'état sec, pour cent:
12,90 de matières azotées.
1,87 de matières grasses.
4,84 de substances non azotées.
EE .
30,72 de substances ligneuses.
9,07 de substances minérales.
Le grama de Macahé serait la même Graminée que le
grama de Pernambuco, qui est le Paspalum mandiocanumt
Trinius ; ce serait la variété ellipticum de cette espèce. En
Campinas, on a obtenu 7 coupes annuelles, correspondant
chacune à 32.600 kilos de fourrage vert par hectare. D'autres
agronomes indiquent pour chacune de ces 7 coupes 26.500 kil.
d'abord, puis, l'année suivante, 33.000 kilos en 4 coupes.
Au Matto Grosso, la ‘Brazil Land Cattle and Packing C°”,
entreprise affiliée à la ‘‘ Brazil Railway Company”, et qui a
été fondée en vue de l'élevage et de la production de viandes
à frigorilier, a planté 30.000 acres de sa fazenda en capim
gordura, qui donne les meilleurs résultats pour lengrais-
sement du bétail. Est-ce le Melinis minutiflora ?
Les viandes frigorifiées. — Pendant les 5 premiers mois
de 1916, le Brésil a exporté 10.919.289 kilos de viandes frigo-
rifiées, au lieu de 381.085 kilos seulement pendant les cinq
premiers mois de 1915.
L'or. — Depuis l'arrivée des Portugais au Brésil jusqu'à nos
jours, il a été extrait au Brésil 700.000 kilos d’or. Cet or est
connu et exploité dans presque tous les Etats, mais c'est l'Etat
de Minas-Geraes qui en fournit la plus grande quantité. Les
mines principales sont celles de la chaîne d'Espinhaçao, qui
occupent une étendue de 1.200 kilomètres depuis la ville de
Barbacena, dans l'Etat de Minas, jusqu'à la ville de Jacobina,
dans l'Etat de Bahia. Il à été exporté, comme oren barres,
4.026.775 grammes en 1912 et 2.126.231 grammes pendant les
190 RESSOURCES DES COLONIES
six premiers mois de 1914. (Bulletin Officiel du Brésil à
Paris, 15 Octobre 1915.)
Le fer. — Le Brésil est très riche en minerais de fer. De la
ville de Quéluz à celle de Sabara, le Chemin de fer Central,
qui unit l'Etat de Rio à celui de Minas-Geraes, traverse une
vaste étendue de terrains dont les couches superficielles sont
des minerais de fer. Le mont Itabira, qui a donné son nom à
l'{abirite, n'est tout entier qu’une masse énorme de minerai,
donnant à l'analyse 75 pour cent de fer métallique. Dans le
voisinage de cette montagne, ce ne sont partout que des
gisements compacts renfermant 66 à 70 pour cent de fer
métallique. {/d.).
CUBA 191
CUBA
Le sucre. — Il y avait en 1912 à Cuba 172 factoreries de
canne à sucre, qui étaient réparties dans toutes les provinces,
mais plus spécialement dans celles de Santa Clara (62), de
Matanzas (41) et d'Oriente (30). Il y en avait 19 à La Havane,
8 dans la Province de Pinar del Rio et 6 dans celle de
Camaguey.
Ces 172 factoreries ont produit en 1912 1.912.875 tonnes de
sucre. Elles broient de 500 à 6.000 tonnes de canne par heure ;
mais les rendements ne sont pas aussi élevés qu'à Java et aux
Hawaï.
La récolte de canne commence dans la seconde moitié de
Décembre ; et, vers le milieu de Janvier, toutes les factoreries
sont à l'ouvrage. Le travail continue jusqu'en Mai dans
certaines provinces, jusqu'en Août dans d’autres. Dans les
provinces de Pinar del Rio, de Havane, de Matanzas, les
moulins broient de la fin de Décembre à Mai; plus au Sud,
notamment dans l’Oriente, la saison de broyage dure de
Janvier à Août. Toutes ces dates dépendent de la saison
pluvieuse, qui varie beaucoup dans les diverses parties de
l'île.
: Les factoreries travaillent nuit et jour, et il y a ordinaire-
ment deux équipes d'ouvriers, qui travaillent chacune 6, 8 ou
12 heures. {Bulletin of Mauritius, n 2, partie I.).
192 RESSOURCES DES COLONIES
MEXIQUE
Le chanvre de Sisal au Yucatan. — Le Yucatan, dont la
superficie représente approximativement la moitié de celle de
la Louisiane, a une population de 315.000 habitants: sa
capitale, Mérida, a 60.000 habitants. Un service direct, celui
de la Compagnie ‘Caribbean and Southern” met son port
Progreso en relations rapides avec la Nouvelle-Orléans. Le
heneguen, où chanvre de Sisal, constitue les sept-huitièmes
des exportations totales, l’autre huitième étant composé de
chicle (pour le chewing-gum), d'acajou, de bois de teinture et
de peaux. Les trois-quarts de la population sont occupés à
l'industrie du sisal.
En 1915, les exportations de la filasse par Progreso ont été :
en Janvier, de 34.342 balles de 170 kilos environ, soit
6.015.720 kilos; de Janvier à fin Juin, de 432.096 balles, soit
73.877.411 kilos. En 1914, les Etats-Unis ont reçu du Yucatan
957.107 balles ; ils avaient reçu, d’autre part, des Philippines,
en chanvre de Manille, 402.918 balles, également de 375 livres.
(EI Heneqguen ; n°1, Janvier 1916. Mérida).
30 Septembre 1916.
HENRI JUMELLE,
Professeur à la Faculté des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille.
MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE. VENTE
Les Annales du Musée colonial de Marseille, fondées en 1893,
paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.
Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance,
sont en vente chez M. CHALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer-
cial, doivent être adressées.
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. HER
JuMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée
colonial, 5, rue Noailles, à Marseille.
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Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gratui-
tement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec
titre spécial sur la couverture.
Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au
Directeur du Musée colonial seront signalés chaque année en fin
de volume dans les Arnales.
Le 1° Fascicule de l’année 1916 (Catalogue descriptif des Collec-
tions botaniques du Musée colonial de Marseille : Madagascar et
La Réunion), paraîtra très prochainement.
Le 2° Fascicule (Les Bois utiles de la Guyane Francaise, par
M. H. Stone), sera publié ultérieurement.
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