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Full text of "Annales du Muse colonial de Marseille"

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ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par 


M. ze PRoresseur 1)' EbDouARD HECK EL 


el publiées sous sa direction. 


Vingt-troisième année, 3° série. ee" volume (1915) 


1° Les Sapotacées du groupe des Sideroxylinées-Mimusopées, par M. Marcel DUBARD. 


2° Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches, par MM. RAYMOND-HAMET 
ET PERRIER pe La BATHIE. 


. 3° Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache, par M. R.-HAMET. 


4° Le Cocotier de Mer, « Lodoicea Sechellarum », par M. A. FAUVEL. 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 


5, Rue Noaizzes, 5 17, rue Jacos, 17 


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Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


D: Hrcke : Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.) 
D' Rançox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. (Volume complètement épuisé.) 


R. P. Düss : Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume 
complètement épuisé.) 


E. Georrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane. 
Année 1897. 


D' Hecxez : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française. 
Année 1897. 


Dr HecxeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1897. 


D' Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1898. 


H. Jumezze : Le cacaoyer. Année 1899. 


D' H. Jacos ne Corpemoy : Gommes, gommes-résines et résines des colonies 
françaises. Année 1899. 


L. Laurenr : Le Tabac. Année 1900. 


D: H. Jacos pe Corpemoy : Les Soies dans l’'Extrême-Orient et dans les colonies 
françaises. Année 1901. 


L. Laurenr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901. 


A. Cnevazier : Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance. 
Année 1902. 


GarrareL : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903. 


Dr HeckeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1903. 


Dr H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de La Réunion. (Géographie physique ; richesses 
naturelles, cultures et industries.) Année 1904. 


Capitaine Marre : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin. 
Année 1904. 


E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles d’Indochine. Année 1905. 


H. Jumeze : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H. Jumezze et H. Perrier DE LA BaTuie : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H. Jumezce et H. Perrier DE LA BaTute : Notes biologiques sur la végétation du : 
Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908. 


ANNALES 
MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 
; PRE Re (Année 1915) 
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MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par 


M. ce Pproresseur D' EDOUARD HECKEL 


el publiées sous sa direction. 


6 
Vingt-troisième année, 3° série volume (1915) 


1° Les Sapotacées du groupe des Sideroxylinées-Mimusopées, par M. Marcel DUBARD. 


._ 2° Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches, par MM. RAYMOND-HAMET 
ET PERRIER pe La BATHIE, 


3° Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache, par M. R.-HAMET. 


4° Le Cocotier de Mer, « Lodoicea Sechellarum », par M. A. FAUVEL. 


: 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 


5, Rue Noaiczes, 5 17, RUE JACOB, 17 


Le 


Dr 


Edouard 


Heckel. 


LE Dr HECKEL 


Le directeur de ces Annales, qui les fonda en 18%, 
et, depuis lors, y consacra toujours, et jusqu'à la fin, 
le meilleur de ses efforts — puisque l'impression de 
ce volume était à peu près terminée lorsque nous 
avons pris la charge d’en assurer la publication — 
le D' Edouard Heckel est mort le 20 février 1916, après 
une courte maladie. 

Fils d'un médecin de la marine, Ed. Heckel était né 
le 24 mars 1843 à Toulon. À 16 ans, en 1859, il sortait 
de l'École de Médecine navale de cette ville comme 
Pharmacien aide-major de 2° classe, et il effectuait, en 
cette qualité, sur le navire-hôpital La Cérés, son 
premier voyage dans nos colonies. Il séjourna pendant 
trois ans dans nos Antilles, et c'est là que, tout en s'oc- 
cupant de ses fonctions officielles, 1l commença à se fami- 
liariser, dans ses heures de loisirs, avec la flore tropicale 
et se rendit compte de toutes les ressources que celte 
flore peut offrir à la thérapeutique et à l’industrie. Peut- 
être même dès ce moment le jeune botaniste entrevit- 
al sa véritable voie, celle qui, après quelques autres 
séjours en Guyane française, en Nouvelle-Calédonie et 
à Sidney, devait le détourner de la carrière de marin 
qu'il avait tout d’abord choisie, et l’entrainer vers l'Uni- 
versité, qui pouvait mieux lui fournir les moyens de 


satisfaire ses goûts de chercheur, et aussi le plaisir, qu'il 
éprouva toujours très vif, d'exposer ses théories et ses 
idées. 

En 1875, Heckel, qui était déja docteur en médecine 
depuis 1869, soutenait à Montpellier deux thèses de Doc- 
torat ès Sciences naturelles, l’une sur Le Mouvement 
Végélal, l'autre sur Quelques phénomènes de localisa- 
lion minérale et organique dans les tissus animaux, et 
leur importance au point de vue biologique. Et, la 
même année, 1l débutait comme professeur à l'École 
supérieure de Pharmacie de Nancy. Il passa de là, peu 
après, à la Faculté des Sciences de Grenoble; et enfin 
_en 1877 il était nommé à Marseille, qu'il ne devait plus 
quitter. Il y trouvait son milieu de prédilection. | 

Ses études personnelles ne furent cependant pas tout 
de suite d'ordre colonial; pendant assez longtemps, aussi 
bien en zoologie qu'en botanique, elles relevèrent de la 
science pure bien plus que de la science appliquée. Ce 
ne fut qu'en 1885 que, par un premier travail sur le 
doundaké, fait en collaboration avec le professeur Schlag- 
denhauffen, de Nancy, dont il devait, dans la suite, asso- 
cler si souvent le nom au sien, Heckel s’orientait plus 
neltemént vers la botanique coloniale. Et les plantes qui 
immédiatement sollicitèrent plus particulièrement son 
allention furent presque simultanément celles qui 
devaient toujours principalement le préoccuper, les 
plantes médicinales et les végélaux oléagineux. De par 
son passé, Heckel s’intéressait tout naturellement aux: 
premières; dans les seconds il voyait avec raison les pro- 
ducteurs de l’une des matières premières dont l’étude 
était de la plus haute importance pour les progrès de 
l'industrie marseillaise, 


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Ainsi parurent successivement, de 1885 à 1893, entre 
autres mémoires : 

Du Doundaké (Sarcocephalus esculentus) ef de son 
écorce, dite Quinquina d'Afrique e{ Quinquina du Rio- 
Nunez (Journal de Pharmacie et de Chimie, 1885). 

Des graines de Chaulmoogra (Gynocardia odorata) et 
sur leur composition chimique (Xd., 1885). 

Recherches sur les graines d'Hydnocarpus Wightiana, 
succédané de celles de chaulmoogra (Xd., 1885). 

Des écorces de Morinda citrifolia, subs{iluées ou 
méêlées à celles de doundaké, et des moyens de les recon- 
naître chimiquement (Id., 1885). 

Sur le Karité, nouvel arbre à qutta-percha (La 
Nature, 1885). 


Du Téli (Erythrophloeum guineense), poison d'épreuve 


des nègres de la Côte Occidentale d'Afrique (Diction- 


naire des Sciences médicales, 1885). 

Le Maloukang, ou Polygala butyracea (Bulletin de 
la Société de Géographie de Marseille, 1885). 

Nouvelles Recherches sur le Bondnce ef ses graines 
(Les Nouveaux Remèdes, 1886). 

Nouvelles Recherches sur le vrai el le faux jéquirity 
(Fortschritt de Genève, 1887). 

Sur le Mhentamaré, ou fedegosa (Cassia occidentalis), 
au point de vue botanique, chimique el thérapeutique. 
(Archives de Médecine navale, 1887). 

Du café du Soudan, ou Parkia biglobosa (Journal de 
Pharmacie et de Chimie, 1887). 

Recherches sur le Thapsia villosa (Les Nouveaux 
Remèdes, 1887). 

Sur la Sécrélion gommo-résineuse des Araucarta 
(Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1887). 


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Sur le Baliatjor (Vernonia nigritiana), nouveau poi- 
son du cœur (Archives de Physiologie, 1888). 

Un faux Kola nouveau. Recherches sur les graines 
de Pentadesma butyracea, qui fournissent le beurre de 
Kanya etc. (Répertoire de Pharmacie, 1888). 

Recherches sur les Guttas-perchas fournies par les 
Mimusops el les Payena (Journal de Pharmacie de 
Lorraine, 1888). 

Sur le Balancoufa, ou Dadigogo, nouveau lénifuge 
de la Côte Occidentale d'Afrique (Revue Horticole de 
Provence, 1890.) 

Sur le Gaertnera vaginata ef sur ses graines considé- 
rées comme vrai café (Répertoire de Pharmacie, 1890). 

Un médicament nouveau. De l'emploi des feuilles de 
Kinkélibah contre la fièvre bilieuse hématurique des 
pays chauds (Nouveaux Remèdes, 1891). 

Sur la graine d'Owala, ou Pentaclethra macrophylla ; 
son ulilisalion comme aliment el comme source de 
malière grasse concrète (Répertoire de Pharmacie, août 
1892). 

Sur le Copaifera Salikounda de l'Afrique tropicale et 
sur ses graines à coumarine (Annales de la Faculté des 
Sciences de Marseille, 1892). 

Sur le pain et le beurre d'Odika et sur le beurre de 
Cay-Cay (Revue des Sciences naturelles appliquées, 
1893). 

Etudes de nouvelles plantes néo-calédoniennes. Résine 
de Gardenia ; gomme-résine de Garcinia; produits des 
Spermolepis (Annales de la Faculté des Sciences de 


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Marseille, 1893). 
Mais, en 1893, Heckel, qui, jusqu'alors, s’était confiné 
presque exclusivement dans ses travaux de laboratoire, 


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— tout en faisant créer vers 1880, par la ville un Jardin 
Botanique au Parc Borély — pressentait que le moment 
était venu de « s’extérioriser » davantage, selon l’expres- 
sion qu'il employait volontiers. Il importait de prendre 
plus directement contact avec le public, en mettant 
sous les yeux mêmes de ce public, — qui, à cette 
époque, il faut bien le dire, restait encore assez 
indifférent aux richesses de notre domaine colonial — 
les preuves matérielles de ces richesses trop ignorées. 
De cette idée naissait le Musée colonial de Marseille. 

Grâce à une souscription locale, dont une parte des 
fonds fut mise à sa disposition par l'Université, grâce 
aussi à une subvention permanente du Ministère 
des Colonies, qui, sachant reconnaître immédiatement 
l'importance de l'œuvre entreprise, lui apporta un 
concours qui, dans la suite, n'a jamais fait défaut, 
Heckel put installer dans les locaux du Service colonial 
de Marseille les collections que depuis une vingtaine 
d'années 1l amassait patiemment, et que les apports con- 
ünuels de nos colonies, puis diverses Expositions ont 
aujourd'hui si considérablement accrues. 

Tous ces matériaux pouvaient d’ailleurs fournir le 
sujet de nombreuses recherches, et ce fut pour s'assurer 
les moyens d’en publier les résultats qu'Heckel fonda en 
même temps ces Annales. Le premier volume assura 
tout de suite le succès du nouveau recueil : le directeur 
y réunissait en un travail d'ensemble toutes les observa- 
tions et expériences qu'il poursuivait depuis une dizaine 
d'années sur les kolatiers et les kolas. Ce volume fait 
époque, puisqu'il marque l'entrée dans la thérapeutique 
d'un produit aujourd'hui universellement connu et quo- 
tidiennement employé. 


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Heckel, vers le même moment, provoquait au Sous- 
Secrétariat des Colonies l’organisation de diverses mis- 
sions scientifiques, et notamment celles du D' Rançon, 
puis du Pharmacien Geoffroy. La relation de l'explora- 
ion Rançon en Haute-Gambie fournit la matère du 
second volume. Geoffroy, qui avait été chargé d'aller en 
Guyane française, étudier la question des arbres à 
balata, revint en France très gravement atteint de la 
maladie contractée là-bas, et qui'devait bientôt l’'empor- 
ter, mais il eut encore le temps et le courage de rédiger 
son rapport, qui fut inséré dans le quatrième volume. 
Du même auteur avait paru auparavant dans le second 
volume un mémoire sur le Aobinia Nicou. 

N'oublions pas, non plus, que c'est grâce à ces 
Annales que le P. Düss put publier en 1896 sa belle 
Flore phanérogamique des Antilles françaises. 

Heckel, au reste, tout en faisant appel, dans les 
années qui suivirent, à divers collaborateurs, donna lui- 
même l'exemple. Sous son nom parurent successive- 
ment : 

Sur le Bakis et le Sangol (1855). 

Les Plantes médicinales el toxiques de la Guyane 
française (1897). 

Sur les graines grasses nouvelles ou peu connues des 
Colonies francaises (1897). 

Du bois piquant de la Guyane française, fournit par 
le Zanthoxylum Perrotetn (1897). 

Une seconde étude Sur les graines grasses nouvelles 
ou peu connues des Colonies françaises (1898). 

Sur l'Ousounifing du Soudan (1901). 

Sur le processus germinatif des Onguekoa ef des 
Strombosia (1901). 


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Sur l'Igname plate ud Japon (1901). 

Une troisième étude Sur les graines grasses nouvelles 
ou peu connues des Colonies françaises (1903). 

Catalogue alphabétique raisonné des Plantes médici- 
nales et toxiques de Madagascar (1903). 

Sur un nouveau copal el sur un nouveau kino (1904). 

Une quatrième étude Sur les graines grasses nou- 
velles ou peu connues des Colonies françaises, el, en 
particulier, de Madagascar (1908.). 

Les Plantes utiles de Madagascar (1910). 

Nouvelles observations sur les plantes de Nouvelle- 
Calédonie (1912). 

Et cette longue jiste ne nous donne pas encore une 
idée complète de l’activité scientifique d’'Heckel, qui, 
dans la Revue des Cultures coloniales, dans les Comptes 
rendus de l’Académie des Sciences dans les Comptes- 
rendus des Congrès de l'Associalion française pour 
l’Avancement des Sciences, dans le Répertoire de Phar- 
macie, dans la Revue générale de Botanique, dans les 
Comptes rendus de l'Académie d'Agriculture, dans le 
Journal d'Agriculture tropicale, dans le Bulletin de la 
Sociélé d'Acclimatalion, faisait paraître d’autres articles, 
notes ou mémoires sur les Araucaria, les Ouvirandra, 
l'Allanblackia floribunda, le Ximenia americana, les 
Sterculia (omentosa, les Dioscorea, le Brucea sumatrana, 
les Psathurea, le Menabea venenata, le Daniella thuri- 
fera, VErylhrophloeum Couminga, le Telfairea pedata, 


le Lychnophora van Isschoti, l'Heisteria Trillesiana, les 


Coelocaryum, les Myristica, les Dumoria, les Dasillipe 
et les Symphonta. 

Ceux qui n’ont pas intimement connu Heckel et n'ont 
pas été les témoins de ses méthodes de travail ne compren- 


— XI — 


dront jamais comment il lui fut possible, au milieu de 
cette accumulation de recherches personnelles, de pour- 
suivre la réalisation du rêve qui, depuis la fondation du 
Musée colonial, ne cessait de le hanter, et qui était l'or- 
gamsation d'un « cycle de créations didactiques capables 
d'assurer à Marseille le titre de Métropole coloniale ». 
Nous reprenons la phrase même qu'il prononçait le jour 
où, en 1907, fses,amis lui remettaient en une séance 
solennelle une médaille d’or commémorative. Mais déjà, 
au reste, ce jour-là, les vastes projets d’Heckel avaient 
abouti. Sur son initiative, la Chambre de Commerce de 
Marseille avait, comme complément du Musée colomal, 
créé en 1900 six chaires d'enseignement colomial; un 
peuplus tard la Municipalité marseillaise avait subven- 
tionné à l’École de Médecine trois chaires également 
coloniales. La brillante Exposition de 1906, dont il fut 
l’incontestable promoteur, avait été le couronnement de 
toute cette organisation, qui aboutissait finalement 
à la création de l'Institut colonial marseillais, dans les 
locaux duquel le Musée colonial était transféré. 

Il n’est plus, à l'heure actuelle, de sacrifice que Mar- 
seille ne soit disposée à faire pour notre expansion colo- 
niale. Sans les événements qui ont si soudainement 
surgi on en aurait une preuve nouvelle dans la seconde 
Exposition qui devrait être sur le point de s'ouvrir au 
moment où nous écrivons ces lignes. Ce n’est que jus- 
ce de rappeler ici qu’à l’origine de tout ce mouvement 
il y eut surtout un homme: celui qui pendant vingt-trois 
ans dirigea ces Annales fondées par lui, et dont nous 
ne reprenons pas sans quelque appréhension la lourde 


succession. 
Commandeur de la Légion d'Honneur depuis 1907, 


ps 


LES SAPOTACÉES 
DU GROUPE 
DES S/DEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 


Par M. Marcel DUBARD, 


On pourrait s'étonner qu'avant publié précédemment dans 
ce recueil ! la classification du groupe des Sideroxylinées, J'y 
apporte aujourd'hui mes observations sur les Wimusopées, sans 
avoir traité auparavant des Chrysophyllinées. 

C'est que l’on considère généralement les Mimusopées 
comme une sous-famille s’opposant à toutes les autres Sapo- 
tacées, qui constituent dans leur ensemble la sous-famille des 
Palaquiées. Les Palaquiées ont été presque toujours réparties 
par les auteurs en {llipinées, Sidéroxylinées, Chrysophyllinées 
et, comme j'ai déjà exposé les résultats de mes études sur les 
deux premiers de ces groupes, on pourrait s'attendre aujour- 
d'hui à me voir présenter un tableau d'ensemble du troisième. 

Si j'aborde d'abord l'étude des Wimusopées, ee n'est pont 
par manque de méthode, mais parce qu'au contraire ce groupe 
ne me parait pas pouvoir être écarté des Siderorylinées. Les 
grandes lignes de la classification des Sapotacées sont en elfet 
basées sur des caractères fournis par l'androcée. Chez les 
Illipinées, celui-ci est constitué par au moins deux cycles d'éta- 
mines fertiles, l’un épipétale, l'autre alternipétale : chez les 
Sideroæylinées les étamines alternipétales se trouvent rem- 
placées par des staminodes ; chez les Chrysophyllinées le eyele 
épipétale subsiste seul. 

_ Il est donc logique de se préoccuper de la constitution de 
l'androcée chez les Mimusopées, pour saisir dès l’abord leurs 


1. Marcer Dogaun, Les Sapotacées du groupe des Sideroæylinées, 
Annales du Musée Colonial de Marseille, 2° série, vol. X, 1912. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915. 1 


2 M. DUBARD 


relations avec les groupes précédents et l’on ne peut qu'être 
frappé à ce point de vue de l'analogie étroite qui existe entre 
ce groupe et celui des Sidéroxæylinées ; de part et d'autre, nous 
trouvons en effet une série d’étamines fertiles épipétales et une 
série de staminodes alternes. On doit alors se demander 
pourquoi, lorsqu'il s'agit des Mimusopées, les auteurs ont cru 
devoir mettre en vedette un autre caractère et baser cette sous- 
famille sur la présence d'appendices dorsaux aux lobes de la 
corolle, véritables pièces stipulaires des feuilles qui constituent 
cette enveloppe florale. 

On peut s'étonner à Juste titre qu'on ait attribué à ce carac- 
tère une telle importance, alors que certains genres de la même 
famille, tels que les Bumelia et les Dipholis, sont rangés par 
tous les botanistes parmi les Siderorylinées, quoique les pétales 
y présentent aussi des appendices, de valeur stipulaire, mais 
disposés latéralement. Peut-on d'autre part tirer argument de 
caractères spéciaux bien tranchés, qui viendraient en quelque 
sorte souligner la constitution de la corolle, pour classer ainsi 
à part les Mimusopées ? Nous n'en avons trouvé aucun et 
l'étude de l'ensemble des formes de ce groupe nous a, au con- 
traire, mis en présence d’affinités extrêmement étroites avec 
les Sideroxylinées et nous a fait concevoir un parallélisme 
frappant des genres de ces deux groupes. 

Il est donc bien naturel de faire état en première ligne pour 
les Mimusopées comme pour les autres groupes de la même 
famille de la constitution de l’androcée, ce qui nous conduit 
à une classification assez nouvelle de l'ensemble des Sapo- 


tacées. 


I. Androcée formé de 2 séries au moins 


d'étamunes fertiles ins: One, Palaquiinées. 
IT. Androcée formé Lobes pétalaires 
d'une série sans appendices 
d'étamines fertiles dorsaus.-. 2% Sideroxylées. 
épipétales et { 
d'une série de Lobes pétalaires 
staminodes alternes avec appendices 
(Sideroxylinées) doOrsaux Mimusopées. 


IT. Androcée formé d’une seule série d’éta- 
mines épipétales, sans staminodes...  Chrysophyllinées. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 3 


Ce n'est pas ici le lieu d'insister sur le parallélisme des deux 
subdivisions du groupe des Sideroxylinées ; une connaissance 
approfondie des genres est d'abord nécessaire pour en com- 
prendre les affinités ; Je tenais seulement au commencement 
de ce travail à me justifier d’une critique possible à prévoir. 


DONNÉES GÉNÉRALES SUR LA CLASSIFICATION 
DES MIMUSOPÉES 


Les Mimusopées sont donc caractérisées dans leur ensemble 
par l’adjonction à chaque lobe pétalaire de deux appendices 
dorsaux, ce qui triple en apparence le nombre des pièces de 
la corolle. 

La plupart du temps ces pièces supplémentaires sont aussi 
développées que les pétales proprement dits; le plus souvent 
entières, 1l arrive cependant que leur limbe soit très profon- 
dément divisé; mais on ne peut guère tirer de ces variations 
que des caractères spécifiques : rarement les appendices se dis- 
tinguent des lobes principaux par une taille excessivement 


réduite (Northea). 

En somme, les caractères fournis par la corolle sont d'assez 
minime importance et peut-être paraîtra-t-1l excessif d’opposer 
à ce titre le genre Northea à l'ensemble des autres Mimusopées 
groupées en un genre très hétérogène Mimusops, comme on l'a 
fait presque universellement jusqu à présent. Il semble au con- 
traire beaucoup plus logique de mettre au premier plan les 
caractères qui nous ont donné satisfaction dans la classifica- 
tion des Sideroæylées : 11s sont tirés de la position de l'ovule 
et de la structure de la graine. 

Nous rangerons donc, d'un côté, toutes les formes chez les- 
quelles le hile et le micropyle sont rapprochés (anatropie 
absolue) et où la cicatrice typique de la graine des Sapotacées 
est basilaire et relativement de peu d’étendue (ce sera le type 
eumimusopé correspondant au type eusiderorylé, parmi les 
Siderorylées), et, d'autre part, les formes chez lesquelles le 
hile et le micropyle sont assez éloignés ou occupent même les 
pôles opposés de la graine (hémianatropie ou atropie) et sont 


4 M. DUBARD 


réunis par une cicatrice latérale allongée: ce sera le type manil- 
karé correspondant au type lucumé, parmi les Siderorylées. 

Dans ce deuxième type, tantôt l’ensemble de la tigelle et 
de la radicule (caudicule) forme un organe fortement saillant 
en dehors de la commissure des cotylédons, tantôt un simple 
organe punctiforme: il faut remarquer en outre que, si les 
embryons à caudicule punctiforme correspondent toujours à 
des graines exalbuminées, on peut trouver au contraire des 
Manilkarées à caudicule sallante avec ou sans albumen et 
que ces dernières forment: transition vers les types à caudi- 
cule courte. 

Chez les Æumimusopées, nous n'avons pas rencontré 
d'exemple où la graine fût dépourvue d'albumen ou à caudi- 
cule punctiforme ; de telle sorte que les caractères de l’ovule 
et de la graine nous permettent déjà d'établir les subdivisions 
suivantes : 


Graines à Graine fortement albuminée, 


à caudicule \ 


cicatrice allongée é 
allongée 


Graine sans albumen ou 


tovule hémitrope) faiblement albuminée. 


ou atrope 
Manilkarées 


pe —— 


à caudicule punctiforme, 


Graines à cicatrice !/ s 
acdlare redoute \ Caudicule allongée ; graine fortement 
albuminée. 


em 


Eumimusopées 


Les caractères les plus importants, après ceux que fourmt 
la graine, sont tirés du type floral; chez la plupart des Manil- 
karées, le type floral est 3, le calice étant formé de deux ver- 
ticilles trimères et la corolle de six pétales en une seule série ; 
chez la plupart des Eumimusopées, il est au contraire #4, le 
calice comprenant deux verticilles tétramères et la corolle 8 
pétales en une seule série. 

Les autres caractères génériques peuvent être tirés soit de 
l’androcée qui, dans quelques cas exceptionnels, peut com- 
prendre deux verticilles fertiles (Muriea) ou au contraire se 
réduire à un seul cycle épipétale (Northea), soit de la nerva- 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 5 


on de la feuille qui, dans le seul genre Baillonella, est trans- 
versale par rapport aux costules, alors que, chez toutes les 
autres Mimusopées, on observe une ou plusieurs nervures des- 
cendantes entre celles-er. 

Quant aux caractères tirés de la forme et de la subdivision 
des appendices pétalaires, de la forme et de la grandeur des 
staminodes, du nombre des carpelles, de l'isomérie de l'ovaire 
avec les verticilles externes, caractères qui ont souvent été 
invoqués par les auteurs, ils sont tellement sujets à varia- 
tions, parfois dans une espèce définie, parfois même et pour 
certains dans une fleur unique, qu'on ne doit en user qu'avec 
une extrême prudence, même s'il s'agit de définir des espèces. 


En résumé : 1° Le groupe des Mimusopées ne mérite nulle- 
ment l'autonomie qu'on lui a conférée jusqu'ici ; il doit être 
logiquement ramené au rang de sous-tribu et mis sur le même 
plan que les Siderorylées. 

2° Les caractères dominants sur lesquels on doit baser les 
grandes lignes de leur classification sont fournis par l’ovule et 
la graine comme chez les Sideroxylées. 

3° Des caractères génériques importants peuvent être tirés 
du type floral, de l’androcée, du degré de développement des 
appendices pétalaires, de la nervation de la feuille. 

4° Les caractères résultant de la forme des appendices et des 
staminodes et du nombre des carpelles sont d’une importance 
très discutable et peuvent tout au plus servir à définir les 
espèces. 

Enfin, comme à propos des Siderorylées, nous devons 
remarquer que les caractères fondamentaux fournis par l’ovule 
et par la graine, tout en donnant une base solide à la elassifi- 
cation, n'empèchent pas de reconnaître entre les divers groupes 
secondaires des convergences indéniables, qui assurent une 
continuité remarquable dans la famille des Sapotacées. 


6 M. DUBARD 


A. — MaANILKARÉES 


Ce groupe correspond identiquemeut aux Lucumées parmi 
les Sidero.rylées et se définit de la même manière : 

Graine à cicatrice allongée, provenant d’un ovule atrope ou 
hémitrope, inséré, plutôt vers le haut de la loge carpellare; 
le hile occupe l'extrémité supérieure de la cicatrice et le micro- 
pyle l'extrémité inférieure. 

Une première série de genres comprendra ceux chez lesquels 
les cotylédons sont minces, foliacés et où les réserves de la 
graine sont formées par l’albumen ; dans ce cas, la caudicule 
est toujours allongée. 

Cette série est parallèle à celle des Planchonella, Micropho- 
lis, Achras, parmi les Lucumées. 

Le genre fondamental de ce groupe est le genre Manil- 
kara. 


Manilkara Rheede !. 


Cet ancien genre de Rheede (in Adanson) fut toujours con- 
sidéré comme rentrant dans le genre Mimusops de Linné, où 
l'on range encore actuellement à peu près toutes les Mimuso- 
pées. Les considérations générales qui précèdent nous ont 
montré que, si l'on veut tenir compte des caractères de la 
graine, 1] est absolument nécessaire de démembrer ce genre 
Mimusops où se côtoient les types les plus disparates du 
groupe; nous avons donc rétabli le genre Manilkara que nous 
opposons aux vrais Mimusops, caractérisés par l’anatropie de 
leur ovule, c'est-à-dire pour les mêmes raisons qui nous 
avaient fait rétablir le genre Planchonella pour l'opposer aux 
vrais Siderorylon. 

En agissant ainsi, nous ne faisons d'ailleurs que nous con- 
former à l'opinion de L. Pierre, maintes fois exprimée dans 
les notes manuscrites qui accompagnent ses herbiers ; cette 
opinion, il hésita cependant à lui donner toute sa valeur, 


1. Adans, Fam. 1Il,1763. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 7 


puisque dans les Symbolæ Anlillanæ!, 11 ne mentionne les 
Manilkara que sous forme de section du genre Mimusops, 
bien qu'en y faisant valoir les excellentes raisons qui militent 
à 4 

en faveur de l’autonomie de ce groupe et en souhaitant de le 
voir restituer comme un véritable genre. 

Le genre Manilkara, tel que nous le comprenons, corres- 

) Ù I Ï 

pond aux Ternariade de Candolle, aux Æumimusops d'Eichler 
et Miquel, aux Euternaria d'Engler pour la plus grande part ; 
nous y faisons également rentrer le genre Mahea de Pierre, 
à titre de section. 


Caractères généraux des Manilkara. — Calice à 6 sépales 
bisériés ; corolle isomère unisériée, à segments dorsaux équi- 
valents aux lobes, le plus souvent entiers ; staminodes ovales, 
acuminés, le plus ordinairement dentés ou lobés. Étamines 
épipétales, insérées au même niveau que les staminodes. 

Ovaire de 6 à 14 loges ; ovule avec hile placé vers le milieu 
de la face interne, par conséquent hémitrope ; cicatrice 
oblongue, souvent linéaire, s'étendant depuis le hile jusqu'au 
micropyle qui est basilaire. Nervation fortement descendante 
entre les costules ; dans chaque intervalle de 2 costules consé- 
cutives, on compte plusieurs nervures parallèles à celles-c1, très 
fines. 

Obs. : Engler, dans les Sapotacées africaines”, attache une 
importance peut-être excessive au nombre des loges ova- 
riennes, en classant dans une subdivision (/sogynæ) des Euter- 
naria, les espèces où l'ovaire est isomère avec la corolle et 
dans une autre section (Pleiogynæ) celles où il est formé de 
plus de 6 carpelles. 

L'étude générale de la famille nous a montré combien sont 
peu constants les caractères tirés du nombre des pièces flo- 
rales ; à notre avis, la quantité des échantillons examinés est 
à l'heure actuelle trop restreinte pour pouvoir affirmer qu'une 
espèce déterminée présente, d’une manière invariable, 6 car- 


pelles. 


EUNOIE NV fasc;T;-p.:4162. 
2. ENGLER, Sapotaceæ africanæ, p. 52. 


8 M. DUBARD 


Dans le groupe même que nous étudions on a, d'ailleurs, 
signalé déja des variations ; à supposer enfin qu'il y ait con- 
stance, 11 paraïtrait aussi nécessaire d'établir des subdivisions 
spéciales pour un nombre quelconque de carpelles, diffèrent 
de 6, que pour ce nombre 6. 

Dans la nomenclature des espèces, nous nous bornerons 
done à indiquer, pour chaque forme, le nombre de carpelles 
admis d'après les observations antérieures, 


Répartiion géographique. — Les Manilkara présentent 
une sure considérable d'extension, car ils se trouvent à la fois 
aux Antilles, sur la côte Est de l'Amérique du Sud, dans 
PAsie méridionale, en Malaisie, en Australie, sur les côtes 
occidentale et orientale d'Afrique, à Madagascar, ete. 

Ce genre correspond donc, au point de vue de la réparti- 
ton géographique, à la fois aux Planchonella qui sont indo- 
malais et australiens, et aux Wicropholis et Achras qui sont 
américains; mais 1l donne, en outre, un groupe africain très 
important et renfermant des espèces très variées réparties dans 
presque toute la zone tropicale. 

Obs. : Parmi les trois genres de Lucumées qui correspondent 
aux Manilkara, c'est le genre Achras qui, par son organisa- 
ion générale, s'en rapproche le plus: alors, par exemple, que 
la cicatrice de la graine est allongée d’un pôle à l’autre chez 
les Planchonella et les Micropholis, elle n’atteint guère que la 
moitié de la hauteur de la graine chez les Achras comme chez 
les Manilkara ; les autres caractères concordent d’ailleurs par- 
faitement: cette remarque permet de supposer, avec quelque 
vraisemblance, que les Achras et les Manilkara dérivent 
assez directement d'une souche commune américaine et qu'on: 
doit, par conséquent, regarder les Manilkara américains 
comme représentant les types fondamentaux du genre. 


1° Section Eumanilkara. 


Cette section est caractérisée par des appendices pétalaires 
bien développés et par des fleurs hermaphrodites. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINEES-MIMUSOPEES y 


l° Manilkara Kauki. | | 
Syn. : Mimusops KaukiL.; M. Manilkara G. Don. ; M. dis- 


secta Hook. : M. Hookeri À. DC. ; M. Bojeri À. DC.; 
M. Balata BL. non Gærtn., non Aublet; M. Browniana Benth.: 
M. Elengi Boj. non L. 


Fig. 1. — Corolle étalée de Manilkara Kauki, montrant les étamines 
et les staminodes, 5 gr. 


Noms vern. : Phlé-mut (annamite); Pohon (Javanais). 

Exs. : Cochinchine, cultivé à la base du Mont Diai, prov. de 
Chaudoc [Pierre 3260]; iter javanicum [Zollinger 2887); 
Java, dans les cultures [Zippel] ; cultivé à Buytenzorg ; 
Jamaïque | Hart. 1109): Guyane, cultivé | Voisin). 

Obs. : Cette espèce présente un ovaire de 6 à 8 loges ; le 
nombre le plus fréquent parait être de 6; elle se rangerait 


donc plutôt parmi les /sogynæ. 


2° Manilkara hexandra. 

Syn. : Mimusops herandra Roxb.:; M. indica A. DC. 

Noms vern. : Cay-viêt ; Cay-gang (annamite). 

Exs. : Indes orientales, Malabar, Concan [Coll. Stocks 
Law., ex. herb. Hook. f. et Thomson |: cultivé au Jard. bot. 
de Calcutta [3261 H. P.]; [Wallich. 4149 E]; Indore [éch. 


10 M. DUBARD 


transmis par M. Holmes}: Cochinchine!Thorel ; Monts Dinh, 
près Baria |Pierre 3261): Monts Mu-xoai, Binh-Dinh, prov. 
Baria | Pierre 3261]: Cho-ben, prov. de Baria | Pierre 3261]; 
httoral de la prov. de Baria | Pierre 3261 |; Thu-duc, prov. de 
Saïgon [Pierre 3261]; Tri-Huyen, prov. de Bien-hoa !Pierre 
3261}; littoral de l'ile de Phu-quoc [Pierre 3261); Ile Condor 


ll 
\V \ VI 
Fig. 2. — Aspect comparatif de la graine de M. Kauki (1-IIT) et de celle 


de M. hexandra (IV-VI), 2 gr. 


[Harmand 742]; Cambodge, au mont Sruoi [Pierre 3261 |; 
littoral de la péninsule malaise, à Caulai (Siam) [Pierre 
3261. 

Obs. : Cette espèce est proche de la précédente et a été 


souvent confondue avec elle; cependant, les graines sont 
dans l’une et l’autre bien distinctes ;: celles du M. hexandra 
sont plus petites et non bosselées vers le haut comme celles 
du M. Kauki. 


3° Manilkara Roxburghiana. 
Syn. : Mimusops Roxburghiana Wight; M. Conteshiana 
Pierre mss. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 1 


Nom vern. : Nakeliquian (tamoul). 

Exs. : Indes orientales, Annamallays hills [King |: Pondi- 
chéry |Contest-Latour (5553 H. P.)|. | 

Obs. : Espèce pleiogyne, dont le nombre habituel des car- 
pelles est de 9. 

L'échantillon de Contest-Latour présente certains caractères 
particuliers qui avaient poussé Pierre à en faire une espèce 
distincte ; les pétioles y sont plus allongés que dans le type, 
le fruit y est sphérique et non ovoïde, les pédoncules sont 
moins nombreux aux axes; en l'absence de fleurs, nous 
n'avons pas cru devoir maintenir le M. Contestiana qui doit 
plutôt être regardé comme une variété, à notre avis. 


Fig. 3. — Corolle étalée de M; Roxburghiana montrant les étamines 
et les staminodes, 5 gr. 


1° Manilkara littoralis. 

Syn. : Mimusops liftoralis Kurz. 

Exs. : Tenasserim et Andamans.! Helfer 36131. 

Obs. : Cette espèce est extrêmement voisine du M. heran- 
dra et possède aussi un ovaire généralement à 9 loges : 
d'après Kurz, la fleur renfermerait deux fois autant d'éta- 
mines et de staminodes qu'il y a de pièces au calice; c’est 
pour cette raison qu'Engler fit pour cette forme, dans le 


Pflanzenfamilien !, un sous-genre spécial qu'il baptisa Pleio- 
g I 


1. Pflansenfamilien, IV Th., Abt.1, p. 152. 


12 M. DUBARD 


mimusops ; mais la description de Kurzest certainement erro- 
née, la fleur renferme seulement 6 étamines et 6 stami- 


nodes. 


»° Manilkara Pancheri. 

Syn. : Mimusops Pancheri Bal. :; M. Vieillardi Pierre. 

Exs. : Nouvelle-Calédonie | Petit 63, ex. herb. Exp. col. |: 
:Sébert et Fournier 63, ex. herb. Exp. col.|; Ile des Pins 
{Vieillard 904}. 

Obs. : Cette espèce se rapproche assez du M. Kauki; l'ovare 
y est généralement à 6 loges, La dénomination de M. Vieil- 
lardi est plus ancienne que celle de Baillon !, mais elle se 
trouve dans une simple nomenclature, sans aucune indication 
de caractères, sans que L. Pierre ait même indiqué qu'il s'agis- 
sait d’une espèce nouvelle; ce n'est que grâce aux notes 
manuscrites renfermées dans son herbier que jai pu faire 
l'identification du M. Vieillardi avec le M. Pancheri décrit 
par Baillon, dans le même recueil, en février 1891, et je 
pense que dans ces conditions c'est le nom spécifique de cet 
auteur qui doit prévaloir. 


6° Manilkara Teysmanni. 

Syn.: Mimusops Teysmanni Pierre mss. 

Exs. : Échantillon reçu du Jard. bot. de Buytenzorg ! Treub. 
(4188 H. P.)]. 

Obs. : Cette espèce n'est connue que par ses feuilles et sa 
graine ; l'analyse de celle-ci à été figurée par Pierre dans ses 
planches autographiées ; nous en indiquons ci-contre les traits 
principaux d'après ses dessins. 

Les feuilles sont oblongues elliptiques, obtuses aux deux 
extrémités, munies d’un assez long pétiole. Dim. moy. : 
Limbe, 13 em. >< 6 em.: pétiole, 2 cm. 1/2. Limbe subco- 
riace, plus clair sur sur sa face inférieure, portant des costules 
très fines, formant environ 24 paires, avec nervures intermé- 
diaires surtout descendantes, nombreuses, d'un relief aussi 


4. Bull. Soc. Linn. Par., p. 504. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 143 


accentué que les costules, ce qui donne à la feuille un aspect 
finement strié dans le sens des nervures secondaires (carac- 
tère rappelant les Micropholis). La graine présente tous les 
caractères des semences de Manilkara: la figure # précise 
mieux ceux-ci qu'une description. 


Il 


[V 


Il 


Fig. 4. — Structure de la graine de M. Teysmanni: I, aspect général du fruit, 


gr. nat.; IL, graine vue de profil, gr. nat., If, graine coupée en long, mon- 
trant l'embryon, 2? gr.; IV, graine coupée transversalement montrant la 
disposition des cotylédons et de l'albumen, 2 &r.: V, embryon isolé, 2 gr. 


VW T° Manilkara dissecta. 
Syn. : Mimusops dissecta R. Br. 


14 M. DUBARD 


Exs. : Tonga-Tabu | Forster 77}. 

Obs. : Cette espèce se rapproche, à certains égards, d'une 
espèce américaine, le M. Jaimiqui; elle a, en particulier, 
comme celle-ci, des appendices pétalaires notablement plus 
courts que les lobes principaux. Elle se reconnait facilement 
par ses étamines dont le connectif dépasse les loges en un 
appendice élargi, par son ovaire velu surmonté d’un long style 


exsert,. 


8° Manilkara duplicata. 

Syn. : Mimusops duplicata Urb. ; M. Pleeana Pierre ; 
M. globosa Griseb. ? Achras duplicata Sessé et Moc.; Sapota 
Sideroxylon Bello. 

Nom vern. : Zipote, Sapote, Mamequelo (Porto-Rico). 

Exs. : Porto-Rico, près Manati | Sintenis 6669 (5550 H. P.)]; 
près Vega Baja |Stahl 466]: près Penuelas [Sintenis 4765] ; 
près Rincon, in Bario-Punta [Sintenis 5767]; [Plee 237); 
(Sintenis 3829); Ile de Vieques (Crabb-Island) |Duchas- 


saing |. 


Fig. 5. — Corolle étalée de M. duplicala, 5.gr. 


Obs. : L'ovaire présente un nombre de loges variant entre 
6 et 10. Dans l'échantillon de Duchassaing, les appendices 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 15 


pétalaires sont notablement plus courts que les lobes princi- 
paux de la corolle, tandis que dans les formes de Porto-Rico 
il y a sensiblement égalité. 


9 Manilkara Sideroxylon. 

Syn. : Mimusops Sideroxylon Pierre; Sapota Siderorylon 
Griseb.; Achras Sapota var. 6. L. : A. Siderozylon Hook. 

Nom vern. : Bully, Bullet Tree (Jamaïque). 

Exs. : Jamaïque, in Blue Mountains | Harris 5379); March 
1887]; [ex. herb. Hook.|. 

Obs. : L'ovaire comprend de 6 à 9 loges. 


Fig. 6. — Corolle étalée de M. Sideroxzylon, 5 gr. 


10° Manilkara Grisebachii. 

Syn.: Mimusops Grisebachii Pierre: M. dissecta Griseb., 
non R. Brown. 

Exs. : Cuba, Las Remales, La Grifa ! Wright 2927 (5548 
HP AI: 

Obs. : Cette espèce se rapproche beaucoup du M. Siderory- 
lon, mais s'en distingue facilement par ses feuilles à faces 
concolores et par le nombre des loges de l'ovaire qui est le 
plus souvent de 12. 

Parmi les formes du genre Manilkara, ces deux dernières 
espèces paraissent être les termes les plus proches du type 
Achras. 


16 M. DUBARD 


[l 


Fig. 7. —Ovaire entaillé de M. Sideroxæylon, montrant la disposition 
des ovules, 5 gr. 


11° Manilkara Jaimiqui. 

Syn. : Mimusops Jaimiqui GC. Wright, 

Nom vern. : Jaimiqui, Sapotillo (Cuba). 

Exs. : Cuba, près Chacco de Toro | Wright 2918. 
Obs. : L’ovaire présente de 7 à 8 loges. 


12° Manilkara Wrightiana. 

Syn. : Mimusops Wrightiana Pierre ; Sapota Achras 
Griseb. 

Exs. : Cuba [Wright 2917]. 

Obs. : Espèce très voisine de la précédente et qui pourrait 
bien n'en être qu'une simple variété; ses feuilles et ses fleurs 
sont plus grandes, ses staminodes plus nettement dentés, son 
style est velu jusque vers le milieu et le nombre des carpelles 
atteint 9 à 10. 


13° Manilkara parvifolia. 

Syn.: Mimusops parvifolia Radl.; M. dissecta Griseb. (pro 
parte); M. floridana Engl.; M. bahamensis Pierre; M. de- 
pressa Pierre: Sapota Achras, var. depressa À. DC.: Achras 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 17 


Zapotilla var. parvifolia Natt.: A. bahamensis J. G. Baker. 

Nom vern. : Wild Düilly (île de Key); Wild Sapodilla 
(Bahamas). 

Exs. : Iles Bahamas, Fortune Island |Eggers 3837 (5549 
1 ANNE 

Obs. : Cette espèce se distingue bien par ses nervures 
secondaires qui confluent assez loin de la marge, par le grou- 
pement sub-ombellé de ses fleurs, par le développement du 
tube de la corolle. 


L'ovaire est généralement à 6 loges. 


Fig. 8. — Corolle étalée de M. parvifolia, 5 gr. 


14° Manilkara Riedleana. 

Syn. : Mimusops Riedleana Pierre; ? M. dissecta Griseb. ; 
M. martinicensis Pierre mss. 

Nom vern. : Sapotillier marron, Sapotillier noir, bois noir 
(Guadeloupe); Balata (Martinique). 

Exs. : Guadeloupe, morne de Houelmont, morne Hirondelle 
{Duss}; Martinique | Duss 252}, Hahn 1365}. 

Obs. : Cette espèce est voisine du M. Balala, que nous 
relatons ci-après, mais elle s'en distingue par ses feuilles 
presque toujours émarginées, des pédicelles moins nombreux 
à l’aisselle des feuilles, un fruit plus allongé. 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. 2 


18 M. DUBARD 


Fig. 9. — Corolle de M. Riedleana vue de l'extérieur: les appendices pétalaires 
ont été rabattus de manière à montrer les staminodes, 5 gr. 


15° Manilkara nitida. 

Syn. : Mimusops nitida Urb.; M. Riedleana Pierre (pro 
parte); Achras nitida Sessé et Moc.; Sapota Siderorylon Bello. 

Nom vern. : Ausubo, Acana (Porto-Rico). 


| [l 


Fig. 10. — T, Corolle de M. nitida vue de l'extérieur, les appendices pétalaires 
ont été rabattus de manière à montrer les staminodes, 5 gr.; II, ovaire, 


Das 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 19 


Exs. : Porto-Rico, près Bayamon fSintenis 971]; près 
Manati |Sintenis 6753]: près Yabucoa |Sintenis 5174, 5308 |: 
sierra de Luquillo, dans les forêts du Mont Jimenes [Sintenis 
1422]; [Stahl 715]; | Riedlé (in herb. de Juss. 7260)|. 

Obs. : Cette espèce se rapproche aussi berucoup du M. Ba- 
lala. Elle s'en distingue par ses feuilles velues et rougeàtres 
dans le jeune âge; par ses appendices pétalaires le plus souvent 
entiers; d'autre part, elle diffère du M. Riedleana par ses 
feuilles plus grandes, ses sépales adultes non gibbeux et son 
fruit plus petit. L'ovaire est formé assez constamment de six 
carpelles. 


16° Manilkara Balata. 

Syn. : Mimusops Balata Pierre; M. bidentata À. DC.; M. 
Balata Miq. (pro parte); M. Pierreana Bal.:;°? M. globosa 
Gærtn. f.; Achras Balata Aublet: Sapota Mülleri BI. 

Noms vern. : Bolletrie (Surinam); Balala rouge (Guyane 
française). : 

Exs. : Guyane française |Richard, ex herb. Delessert|; 
Cayenne [de Montjoly n° 1!. 

Obs. : Cette espèce a été divisée par Pierre en un certain 
nombre de variétés, dont les unes ont été publiées dans le 
Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, les autres dans les 
Symbolæ Antillanæ d'Urban. Ces variétés ne nous paraissent 
pas également légitimes ; en effet, les caractères tirés de la 
forme des feuilles, de la subdivision des appendices pétalaires, 
de la forme des staminodes, sur lesquels elles sont basées, 
présentent un haut degré de variabilité et ne peuvent souvent 
permettre une attribution bien certaine d’une forme donnée à 
l’une des variétés de Pierre. | 

Pour pouvoir diseuter ces variétés, 1l faudrait disposer de 
nombreux échantillons bien complets, portant des fleurs 
adultes, des fruits et des graines, ce qui n’a pas été notre cas: 
certaines variétés n'ont pu être examinées par nous que sur 
un seul échantillon, en mauvais état; aussi nous bornerons- 
nous à donner ici une liste des variétés, en indiquant d'après 


leur auteur leurs caractères particuliers ainsi que Îles eXSsIC- 


20 M, DUBARD 


cata qui peuvent y être rapportés. Ajoutons enfin qu'Engler 
considère plutôt les variétés Siebert et Melinonis comme des 
espèces distinctes el que cette manière de voir est partagée 


par Urban en ce qui concerne la première. 


Var. a : Cruegeri Pierre. 

Syn. : Mimusops globosa Griseb.:? M. Balata Crueger mss. 

Caractères : Rameaux épais avec lenticelles grisâtres; 
feuilles obovales-oblongues, obtuses ou arrondies, coriaces, 
glabres, concolores; plus de 10 pédicelles par groupe, un peu 
plus courts que le pétiole: sépales intérieurs, membraneux, 
ciliés; appendices pétalaires 2-3 partits, plus longs que les 
lobes principaux; staminodes, vers leur milieu brusquement 
lancéolés, subulés; ovaire lancéolé à 6-9 loges. 

Exs. : Trinidad |Crueger 158 |. 


Var. b: Schomburgkü Pierre. 

Caractères : Feuilles oblongues, atténuées ou en coin à la 
base, arrondies à l'extrémité ou brièvement acuminées, glabres 
ou à peine pubescentes; plus de 10 fleurs par groupe, longue- 
ment pédicellées, pédicelles à peu près égaux au pétiole; 
appendices pétalaires entiers ou rarement 1-3 fides: ovaire 
avec 6-10 loges. 

Exs. : Guyane française [Melinon 14]; | Aublet|: 

Guyane anglaise, près du fleuve Barama [Schomburgk 
1509; monts Canuku |Schomburgk 1238 |; Roraima |Schom- 
burgk 780 |; Barbades |Schomburgk}|; in New Castle |Eggers 
1260 |. 


Var. c: Sieberi Pierre. 

Syn. : Mimusops Sieberi A. DC.; M. dissecta Griseb. (pro 
parte); Achras mammosa Sieb, non L. 

Caractères : Rameaux légèrement pubescents, ainsi que la 
face inférieure des feuilles de teinte grisâtre; feuilles obovales 
émarginées, plus courtes que dans l'espèce précédente; fleurs 
axillaires par groupes de 6-8 : appendices pétalaires bifides ou 
bipartits; ovaire avec 6 à 8 loges. 


Exs. : Trinidad [Sieber 33]. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 21 


Var. d : Hartü Pierre. 

Caractères : Feuilles obovales acuminées, à apiculum sou- 
vent abrégé, en coin à la base, à limbe légèrement coriace, 
brillantes en dessus: pédicelles groupés par 6, plus courts ou 
plus longs que le pétiole; sépales obtusément acuminés; 
-appendices pétalaires, le plus souvent bifides: staminodes 
oblongs lancéolés, entiers; ovaire le plus souvent à 6 loges. 

Exs. : Trinidad Hart 4784, 5378 |. 


Var. e : domingensis Pierre. 

Caractères : Feuilles elliptiques, arrondies aux deux extré- 
mités ou obtuses à la base, presque glabres: fleurs axillaires 
en groupes de 6 à 8, réfléchies; appendices pétalaires rarement 
entiers, souvent 2-3 partits ou fides ; anthères émarginées à 
l'extrémité: staminodes 1-3 fides ; ovaire 6-loculaire. 

Exs. : Saint-Domingue |Herb. Ventenat |. 


Var. f: Gutta Pierre. 

Caractères : Feuilles oblongues, obtuses à la base, légère- 
ment acuminées à l'extrémité, pubérulentes en dessous ou 
glabres; appendices pétalaires 2-3 fides ou partits; staminodes 
bifides; ovaire à 8-10 loges. 

Exs. : Guyane française | Mélinon 37|. 


Var. g : Melinonis Pierre. 

Caractères : Rameaux épais à lenticelles rougeätres ou 
blanches: feuilles larges, oblongues ou obovales, brièvement 
acuminées, arrondies ou émarginées, glabres: fleurs briève- 
ment pédicellées; appendices pétalaires 2-3 partits ou fides 
denticulés ou en partie entiers. 

Exs. : Guyane française | Mélinon 1841}. 

Les caractères les plus simples permettant de reconnaitre 
ces variétés sont groupées dans le tableau suivant : 


22 M. DUBARD 
Appendices pélalaires le plus souvent entiers. .... V. Schomburgkü. 
Feuilles elliptiques arrondies 
aux extrémités. Ovaire 6-loc. V. domingensis. 
{ émarginées.Ov.6- 


Feuilles \ S'IOCSerRnERe V. Sieheri. 
obovales | acuminées. Ov. 6, 
loc ses Va Hart: 


Appendices péla- J ë . 
Slaminodes bifi- 


laires plus ou 
des. Ov. 8-10 


moins profon- 


AL LOC RU RSEEN V. Gulla. 
dément divi- +14 ; ; 
2e Feuilles Slaminodes brus- 
| oblongues }  quement  lan- 
ou obovales- céolés-subulés. 
oblongues Ov. 6-9:loc,>.. Vi "Cruegere 


Staminodes étalés 
| et denticulés au 
sommel ne. 4 V. Melinonis. 


17 Manilkara surinamensis. 

Syn. : Mimusops surinamensis Miq. 

Nom vern. : Balata rouge. 

Exs. : Guyane, à Karouany [Sagot 836]; près du fleuve 
Casiquari |Spruce 3351); Surinam |Coll. du D" Hostmann 
139a |. 

Obs. : Cette espèce ne parait différer que fort peu de la 
précédente et pourrait vraisemblablement y être rattachée 
comme variété, s'il était possible de la discuter sur des docu- 
ments plus complets. 


18° Manilkara floribunda. | 

Syn.: Mimusops floribunda Mart.:;: M. Glaziowii Raunk. 

Nom. vern.: Wassaranduba do Taboleiro (Brésil). 

ëxs. : Brésil, Rio de Janeiro [Glaziou 11158]; Cabo Trio 
[Herb. Mart. n° 27 ,;.| Sellow 572]. 


Obs. : Ovaire assez régulièrement à 6 loges. 


19° Manilkara longifolia. 
Syn. : Mimusops longifolia A. DC. 
Exs. : Brésil, Iheos, prov. de Bahia [herb. Mart. |. 


20° Manilkara subsericea. 
Syn. : Mimusops subsericea Mart. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 23 


Nom vern.: Massaranduba (Brésil). 

Exs. : Brésil, Rio de Janeiro {Glaziou 12071 |; |Gaudichaud 
197]; [Weddell 114]; [Galeotti, ex herb. Mart.}; [Richard |; 
sans désignation de localité [Glaziou 18357, 18357a, 1547); 
[Sellow 108, 391, 603); [herb. Mart. 487/; | Clausen 8 |. 


Obs. : Ovaire généralement à 6 loges. 


21° Manilkara costata. 
Syn. : Mimusops costata Pierre mss. 
Exs. : Madagascar | Chapelier, éch. comprenant seulement 


feuilles et fruit |; | Richard, in herb. Franqueville (5944 FH, P.)1. 


22° Manilkara cuneifolia. 

Syn. : Mimusops cuneifolia Bak.:; M. angolensis Engl. 

Exs. : [ter angolense | Welwitsch 4836]; Mayomba |Dy- 
bowski 30}. 
… Obs. : Cette espèce est voisine du M. subsericea du Brésil 
et du M. lacera d'Afrique. Engler range le W. cuneifolia dans 
les Pleiogynæ, le M. angolensis dans les Zsogynæ ; c'est d’ail- 
leurs à peu près la seule différence qui résulte de ses descrip- 
tions: en comparant les échantillons ci-dessus mentionnés, 
j observe que le nombre des loges doit varier au moins de 6 à 
9, ce qui n’est pas surprenant d'après ce que nous avons vu 
dans beaucoup des formes précédentes. [n'y a nul doute à 
ce quil faille fusionner ces deux espèces et nous trouvons 
ainsi un nouvel argument contre la distinction illusoire en 
isogynes el pleiogynes. 


24 M. DUBARD 


Je rapporte également, d'une manière provisoire à cette 
espèce un échantillon du Congo, recueilli par Mgr Carrie, 
sous le n°102, et baptisé par Pierre Mimusops qabonensis. 
L'échantillon est dépourvu de fleurs; les feuilles rappellent 
beaucoup celles du M. cuneifolia, mais avec quelques diffé- 
rences : péliole plus épais, limbe plus développé, terminé 
par un acumen court et arrondi, Jamais émarginé. Ces diffé- 
rences, en somme peu accentuées, peuvent fort bien tenir à 
l’âge plus jeune du rameau mis en herbier; d’ailleurs l’échan- 
tillon de Dybowski présente aussi des formes de feuilles assez 


analogues. 


23° Manilkara lacera. 

Syn. : Mimusops lacera Bak. 

Nom vern. : M'Bimo (Gabon). 

Exs. : Nun River :Mann 489, 14270}; Gabon, région de 
Libreville [Jolly 991: [Klaine 26]; [Chalot 16/; région du 


J (8 J 


Te ae UN (Bar 
Niger près de Nupe |Barter|. 
Obs. : Espèce très nettement pleiogyne. 


24° Manilkara multinervis. 

Syn.: Minusops multinervis Bak.:; ? M. densiflora Bak. 

Exs. : Région du Niger, près Nupe | Barter in Baikie's Nig. 
expéd. 1123: Dahomey, près Badagba, le long du fleuve Zou 
[E. Poisson 104, 144}. 


Fig. 12. — M. Mullinervis, var. Poissoni, Corolle étalée et'ovaire, 5 gr. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 29 


Obs. : Ovaire ne comptant pas moins de 1# à 15 loges : 
nous indiquons iei le M. densiflora Bak. comme synonyme, 
mais avec doute, car nous n'avons pas vu celte espèce: c'est 
la manière de voir d'Engler, dans les Sapotacées africaines : 
mais, d'après Baker, les feuilles du M. densiflora seraient éga- 
lement vertes sur les deux faces et d'autre part celles du 
M. mullinervis ne peuvent pas être considérées comme con- 


colores. 
Var. : Poissont. + 
Syn. + Manilkara Poissont Pierre mss. 


Exs. : Dahomey, dans la forêt Zomou, près de Zaguanado 
[E. Poisson 96 |; à Dogba, bords de l'Ouémé [Le Testu 2171. 

Obs. : Les feuilles sont moins coriaces que chez le {ype, de 
teinte plus claire en dessous, plus foncée en dessus: les sta- 
minodes sont moins profondément subdivisés, l'ovaire parait 
présenter moins de loges. 


25° Manilkara Schweinfurthü. 

Syn. : Mimusops Schweinfurthü Engl. 

Exs. : Djurland à Seriba Ghattas, [Schweinfurth 1378; 
Addaï, pays des Bongo, [Schweinfurth 1529 |. 

Obs. : Espèce très voisine de la précédente, à ovare nette- 
ment pleiomère. 


Var. : Chevalieri. 

Syn. : Mimusops Chevalieri Pierre; Manilkara  Maclaudi 
Pierre mss. 

Nom vern. : Jensa (Gouin). 

Exs. : Soudan, Kouroussa |Chevalier!|: Dassoulami, cercle 
de Bobo-Dioulasso | Vuillet 518}: Manambougou entre Kouli- 
koro et Bammako !Vuillet 452]: Guinée à Dindiena et à 
Sineia, dans la région de Kouroussa | Pobéguin 193): !D° Ma- 
claud |. 

Obs. : Cette forme tient à peu près le milieu entre les deux 
espèces précédentes qu'il serait peut-être légitime de réunir: 
elle diffère du M. Schweinfurthii type par ses feuilles un peu 
plus étroites, moins pubescentes, caractère assez net au lou- 


26 M. DUBARD 


cher, ses fleurs un peu plus petites, ses staininodes plus 
larges, souvent trilobés (au lieu de 1-2 lobés); ces différences 
sont d'ailleurs très minimes et ne peuvent justifier une espèce 


autonome. 


26° Manilkara Mochisia. 

Syn. : Mimusops Mochisia Baker. 

Exs. : Zanzibar | Boivin |: Zambèze, Liwingstone’s Zambezi 
Expédition | Kirk |. 


27° Manilkara sulcata. 
Syn.: Mimusops sulcala Engl. 
ëxs. : Mombaza, côte orientale d'Afrique | Boivin |. 


Var. : Sacleurtii Pierre. 

Nom vern. : Mzinzi (Zanzibar). 

Exs. : Zanzibar à Mondera | P. Sacleur 993]. 

Caractères : Diffère du tvpe par ses feuilles plus petites, ses 
sépales plus obtus, plus elliptiques, sa corolle à lobes plus 
courts, ses staminodes entiers et non 1-3 lobés, son style 
moins long. 

Obs. : L'ovaire semble régulièrement du type isogyne dans 
l'espèce et la variété. 


28° Manilkara Welwitschii. 

Svn.: Mimusops Welwitschii Engl. 

Exs. : Iter angolense, Queta | Welwitsch 481%}. 
Obs. : Dans cette espèce, l'ovaire est à 12 loges. 


29° Manilkara zanzibarensis. 

Syn.: Mimusops zanzibarensis Engl. 

Exs. : Zanzibar (Boivin); [P. Sacleux 443]. 

Obs. : Dans cette espèce l'ovaire est à 9-12 loges. 


30° Manilkara remotifolia Pierre. 
Exs. : Dahomey à Baseila [E. Poisson 95}. 


31° Manilkara argentea Pierre. 
Syn.: Manilkara dahomeyensis Pierre. 
E. Poisson 145]; Niger 


Exs. : Dahomey Barter|. 


L 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 27 


32° Manilkara Pobeguini Pierre. 
Nom vern. : Xo-acé (Guinée). 
Exs. : Guinée française, Sankaran [Pobéguin 843. 


20 Section Mahea. 


Le genre Mahea, que nous ramenons au rang de section, 
fut créé par Pierre !, qui le caractérise de la manière sui- 
vante : 

La fleur possède 6 sépales disposés en deux séries et une 
corolle partagée en 6 lobes, plus longs que le tube et à peu 
près égaux aux sépales. Au dos et à l'extrême base de chacun 
des lobes, on voit quelquefois une sorte de glande ou point 
placé de chaque côté des lobes, mais si peu apparent que, 
sans un examen attentif, on peut en nier existence. Ces points 
indiquent vraisemblablement l'initiale des divisions externes 
des pétales, caractéristiques des Mimusopées, ici à peine indi- 
_quées, mais qui le sont un peu plus dans les Vorthea et les 
Semicipium. N'ayant analvsé qu'une fleur, il se peut que ces 
divisions externes des lobes de la corolle soient plus appa- 
rentes dans d’autres fleurs. Entre chaque lobe de la corolle, il 
y à un staminode subulé ou terminé par une petite anthère 
difforme. En face de chaque pétale et toujours au sommet du 
tube, 1l y à une autre rangée des mêmes staminodes que nous 
venons de décrire, avec cette différence que l'extrémité de 
chaque filet porte une anthère stérile un peu plus grosse. Les 
deux séries, situées à peu près sur le même plan, sont à peu 
près aussi de même longueur, la série épipétale étant un peu 
plus longue à cause du volume de l’anthère avortée. L'ovaire, 
sphérique et velu, contient sir loges, accentuées au dehors: le 
style glabre est deux fois plus long que l'ovaire et un peu plus 
long que la corolle. L'ovule dans chaque loge est attaché au 
sommet de l'axe; le fruit est inconnu: les feuilles sont celles 
des Manilkara, particulièrement en ce qui concerne la nerva- 
ion. 


1. Notes botaniques, p.S8. 


28 M, DUBARD 


Cette description nous montre que les Mahea ont les carac- 
tères essentiels des Manilkara (feuille, type floral trimère, 
position de l'ovule). Ce dernier caractère laisse supposer que 
la graine inconnue peut avoir la même constitution que dans 
ce genre. Je propose donc de faire des Mahea une simple 
section des Manilkara, suivant en somme ainsi l'opinion d'En- 
gler qui les fait rentrer dans son genre Mimusops en une 
section voisine des Ternaria. Nous définirons donc les Mahea 
comme des Manilkara à fleurs unisexuées et à appendices 
pétalaires rudimentaires. 


33° Manilkara natalensis. 
Syn. : Mahea natalensis Pierre. 


Exs. : Natal | Wood|. 


Muriea Hartog !. 


Syn.: Æichleria Hartog:; Murieanthe Bail (Sect. des Mimu- 
sops). Ce genre possède les caractères essentiels des Manil- 
kara ; mais les staminodes y sont remplacés par des étamines 
fertiles. Engler l’a considéré comme une simple subdivision 
de la section Æutfernaria du genre Mimusops, pris au sens le 
plus large, tandis que Pierre en fait un sous-genre des Mimu- 
sops, envisagé dans un sens plus restreint, c'est-à-dire corres- 
pondant en somme aux Manilkara et Muriea. 

Nous croyons que la clarté de la classification exige d’en 
faire un genre indépendant. Est-il logique de faire des Wahea 
une simple section du genre Manilkara et de mettre comple- 
tement à part les Muriea? Il nous semble pouvoir admettre 
l’affirmative, parce que dans la fleur femelle des Mahea, que 
nous connaissons seule, les staminodes des deux cycles ne 
sont pas absolument comparables, ceux qui correspondent 
aux étamines fertiles des Manilkara sont plus grands et rap- 
pellent davantage les organes normaux, ce qui nous permet de 
supposer logiquement que dans la fleur mâle il doit y avoir 6 


1. In Journ. of Bot., XVI, 1878. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 29 


étamines fertiles épipétales et 6 staminodes alternes, organi- 
sation typique des Manilkara ; la section Wahea est donc 
caractérisée uniquement par ses fleurs diclines ou polygames. 
Chez les Muriea, au contraire, nous avons bien un androcée à 
2 cycles staminaux fertiles; c'est là une organisation bien 
distincte de celle des Manilkara et nous devons ajouter d’au- 
tant plus d'importance à ce caractère que c'est sur la fertilité 
ou la stérilité, la présence ou l'absence de certains cycles de 
-l’androcée que sont constamment basées les grandes subdi- 
visions de la famille. 


1° Muriea albescens Hartog. 

Syn. : Mimusops albescens Hartog; Bassia albescens Griseb.: 
Labourdonnaisia albescens Benth ; Eichleria albescens Hartog ; 
Sapota Acana Morales ; S. Marta Morales. 

Exs. : Cuba occidental, près Retiro | Wright 2919). 

Obs.: Dans cette espèce les deux cycles staminaux sont 
insérés au même niveau et l'ovaire présente 9-10 loges. 


2° Muriea discolor Hartog. 

Syn.: Mimusops discolor Sond.: Æichleria discolor Har- 
tog ; Labourdonnaisia discolor Sond.: L. sericea Benth. et 
Hook. 

Nom vern. : Umpumbulu (Natal). 

Exs. : Inanda, Natal !: Wood 13549!. 

Obs. : Les étamines du cycle alternipétale ont une tendance 
à s'insérer plus bas que celles du cycle épipétale. L'ovaire 
est formé de 6 carpelles. 


Une deuxième série de genres comprendra ceux chez les- 
quels les cotylédons sont épais et charnus et renferment la 
plus grande partie ou toutes les réserves de la graine ; l'albu- 
men est mince ou manque d'une manière complète ; mais la 
caudicule de l'embryon y est assez proéminente. 


30 M. DUBARD 


Fig. 13. — I, corolle étalée de Murieà discolor ; IT, IIT, ovaire en perspective 
et en coupe; IV, position de T'ovule par rapport au placenta, 5 gr. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 91 


Lecomtedoxa Pierre mss. 


Ce genre a été créé par L. Pierre pour une espèce du Gabon, 
mais il n'en a point publié la diagnose. Engler l’a rattaché 
comme sous-genre aux Mimusops au même titre que les 
Ternaria et les Quaternaria 1. 


Fig. 14. — Lecomtedoxæa Klaineana. Graine, I, vue de côté: II, vue par la face 
ventrale: IT[, albumen: IV, embryon vu de côté: V, embryon en perspec- 
tive: gr. nat 


Ce groupe peut être caractérisé de la manière suivante 
leurs du type # ou du type 5 ; appendices de la corolle tou- 
Jours entiers, sensiblement égaux aux lobes principaux : an- 
drocée formé d'étamines épipétales alternant avec autant de 


{. Engler, in Pflanzenfamilien, Nachträge 1900, p. 289, el Sapolaceæ 


africanæ, p. 55, 


32 M. DUBARD 


staminodes, Pistilisomère : ovules complètement atropes. Baïe 
obovoïde, allongée, fortement atténuée à la base, à péricarpe 
mince, uniséminée ; graine oblongue, avec longue cicatrice, 
s'étendant d'un bout à l’autre du côté ventral. Albumen mince. 
Embryon avec cotylédons épais, plan-convexes, à caudicule 
saillante, courbée. Feuilles portant de fines costules, avec ner- 
vation intermédiaire fortement descendante, comme chez les 
Manulkara. 

De telle sorte que le genre Lecomtedora correspond à un 
type dégradé de Mimusopées, où le nombre des pièces du ca- 
lice et de la corolle s'abaisse à 5 et même à 4; en particulier, 
le calice, au lieu d'être formé de deux verticilles trimères, n’est 
plus constitué que par une seule série de pièces à disposition 
imbriquée. 


1° Lecomtedoxa Klaineana Pierre. 

Syn.: Wimusops Klaineana Pierre. 

Nom vern. : Ouquembé (Gabon). 

Exs. : Gabon au cap Estirias | Klaine 408, 507 (5382 H. P.)| 


2° Lecomtedoxa Ogouensis. 

Syn.: Mimusops Ogouensis Pierre. 

Exs. : Gabon (Ogoué), à Samkita | Thollon 146}. 

3° Lecomtedoxa Vazii. 

Syn. : Mimusops Vazi Pierre mss. 

Nom vern.: Noumaqou. 

Exs.: Gabon, Fernan-Vaz | Klaine 5. 

Obs. : Cet échantillon ne porte que des feuilles ; celles-ci 
sont à pétiole assez allongé, à limbe obové, arrondi ou obtus 
à l'extrémité, atténué en coin à la base, sinueux sur les bords. 
Les costules sont très nombreuses, peu distinctes reliées par 
des arcs vasculaires très rapprochés de la marge, avec ner- 
vation intermédiaire descendante. 

Dim. moyennes : Pétiole 20 mm., limbe 8 c. X4 c. 

Les feuilles sont groupées à l'extrémité des rameaux, qui 
sont noueux et recouverts d'un liège épais et grisâtre. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 93 


Dumoria À. Chev. !. 


Dans l’'herbier de L. Pierre conservé au Muséum, se trou- 
vait une Sapotacée de la Côte d'Ivoire, désignée sous le nom 
indigène de Makerou et étiquetée Tieghemella ? Heckeliana : 
la plante n'était représentée que par quelques graines. Au 
cours de sa mission forestière à la Côte d'Ivoire, A. Chevalier 
put étudier complètement l'essence correspondante, la décrire 
et fut conduit à en faire le type d’un genre nouveau. Cette 
plante a été rapprochée d'une façon beaucoup trop étroite des 
Baillonella ; elle présente des caractères extrèmement distincts, 
qui justifient pleinement son autonomie générique ; ses affini- 
tés seraient beaucoup plutôt du côté des Lecomtedora, quoi- 
qu'elle en diffère par le type floral. 

Les caractères les plus saillants de Dumoria sont les sui- 
vants : 

Feuilles non stipulées, à costules très fines, presque paral- 
lèles, distantes de 5 à 7 mm., au nombre de 15-à 20 paires, 
avec une nervure parallèle, intercalée entre deux costules 
consécutives, en un mot nervation ordinaire de Manilkara. 

Fleurs du type # correspondant à la formule : 


LSLXS LIS(2A,-EP}+ 8:.:9+8E]+80C 


Le calice est cadue après la floraison ; il se déchire en lais- 
sant une cicatrice circulaire et la base seule du tube calicinal 
persiste en formant une sorte de réceptacle au-dessous du 
jeune ovaire ; c’est là, d’après Chevalier, un caractère dilté- 
rentiel par rapport à toutes les Sapotacées africaines connues 
et c'est sur lui principalement que cet auteur fonde la légiti- 
mité de son genre Dumoria. 

La corolle présente un tube égalant les lobes et ceux-ci sont 


flanqués dorsalement chacun de deux segments stipulaires Ap. 


1. À. Cuevazier, Sur un genre nouveau de Sapotacées de l'Afrique occt- 
dentale, à graines fournissant une matière grasse comestible. Comptes 
rendus Acad, Sce., 22 juillet 1907. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol, 1915. 3 


34 M, DUBARD 


L'androcée se compose de 8 staminodes triangulaires, épais 
et de 8 élamines fertiles épipétales. 

L'ovaire est à 8 loges : la graine présente un tégument ex- 
terne ligneux très épais, portant une très large cicatrice qui 
s'étend sur toute la longueur de sa face ventrale ; elle est 
dépourvue d'albumen et renferme un embryon à cotylédons 


épais, charnus, dépassés par une caudicule de 5 à 6 mm. 


[l 


Fig. 15. — Graine de Dumoria, 1, vue par sa face ventrale: IL, de profil : 
ITT., embryon isolé : gr. nat. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 35 


Alors que les caractères foliaires rapprochent les Dumoria 
de toutes les autres Mimusopées, ils l'éloignent au contraire 
des Baillonella. Les caractères particuliers du calice, l’orga- 
nisation tétramère de la fleur, la structure de la graine en font 
un genre bien distinct se rat{achant d'une manière évidente 
aux Manilkarées. 


Dumoria Heckeli A. Chev. 

Nom vern. : Dumori (agni) : Mako, Makoré, Makerou 
(appollonien), Mhabu (attié); Butusu (néouolé) ; Garesu (bété). 

Répartition géographique : Côte d'Ivoire, Gold Coast, 
République de Libéria ; vit dans la grande forèt vierge, tou- 
jours en individus dispersés. 

Exs. : Côte d'Ivoire, Grand Bassam; serait très abondant à 
Assinie | Comm. Heckel (6024 H. P.)|; [Lecomte|. 


Baïllonella Pierre !. 


Ce genre fut créé par Pierre pour une graine du Gabon, 
désignée sous le nom de Noumgou et dont les cotylédons con- 
üennent une forte proportion d'un beurre analogue à celui du 
Vitellaria paradoxa et pas trace d'amidon. Pierre, ne connais- 
sant ni les fleurs ni les fruits de la plante, avait rapporté Le 
nouveau genre aux Lucumées: il avait baptisé l'espèce Bassia 
torisperma, dont il décrivait ainsi la graine : 

« La graine est longue de 6 em. ; son plus grand diamètre 
(36 mm.) est au-dessous du milieu de la face ventrale à la face 
dorsale et ce diamètre n’est plus que de 15 mm. près du som- 
met ; 1l est de 25 mm. transversalement. Elliptique, un peu 
comprimée, subgibbeuse dans la partie confinant au micropyle, 
arrondie aux deux bouts, même à la face dorsale, elle a une 
cicatrice ventrale longue de 56 mm., recouvrant un peu moins 
dé la moitié de sa superficie. Là, l'épaisseur de son tégument 
(environ mm.) un peu rugueux, d'aspect terne, est à peu près 
la même que dans les autres régions. La partie vernissée a 


1. Prerre, Notes botaniques, p. 13. 


30 M. DUBARD 


une teinte brun foncé ou chocolat. L’omphalodium (4 mm. sur 
4 mm.) est situé à l'extrémité supérieure de la cicatrice, qui 
est aussi le sommet organique de la graine ; la marche de son 
raphé à travers le test est par conséquent presque rectiligne. 
Le deuxième tégument est intimement adhérent à l’externe et 
s'en détache difficilement. Le système vasculaire quoique bien 
développé est sans relief. L'embryon se présente entouré du 
nucelle et d'une mince couche d’albumen. Les cotylédons ellip- 
tiques, entièrement libres, bien appliqués l'un contre l’autre 
malgré leur épaisseur, ne sont pas bombés. Ils se terminent 
en bas en une tigelle courte, recourbée en forme d’hameçon 
et dirigée vers le micropyle. » 

Engler, après avoir fait des Baïllonella, suivant examen de 
documents complets, une section des WMimusops (Pflanzenf. 
Nacht., 1897), donne, dans les Sapotacées africaines, une 
description de ce groupe qui forme la section VIII du genre 
(sous-wenre Quarternaria). Les fleurs ont en effet une structure 
fort analogue à ce qu'on voit chez les « Euquaternaria. 
integræ », principalement en ce qui concerne le calice et la 
corolle qui sont tétramères ; les étamines ont des filets égalant 
les anthères, qui sont subovales, légèrement apiculées ; les 
staminodes, plus étroits dans leur tiers inférieur, se dilatent 
au-dessus en une lame lancéolée et dépassent les étamines 
fertiles ; l'ovaire est à 8 loges. É 

Ces caractères n'ont rien de particulier et si, par l'organi- 
sation florale, les Baillonella ont plus d’affinités avec les £u- 
mimusopées, la structure de leur graine en fait indéniablement 
des Manilkarées. Mais ce qui caractérise le mieux le genre, 
c'est la nervation très particulière de la feuille, bien différente 
de ce qu'elle est chez toutes les autres Mimusopées. Les cos- 
tules sont nombreuses, très saillantes sur la face inférieure du 
limbe, d'un parallélisme très net, tandis que les nervures in- 
termédiaires sont fines, un peu obliques par rapport aux cos- 
tules, mais non descendantes : d’autre part la feuille possède 
des stipules persistantes. 

Convaincu par nos études antérieures de l'importance des 
caractères foliaires et en particulier de la nervation pour déli- 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 37 


miter les groupes d'espèces chez les Sapotacées, nous n'hési- 
tons pas, à cause des particularités de la feuille des Baïllo- 
nella, à restaurer ce groupe comme genre autonome: si nous 
y ajoutons les ‘caractères morphologiques de la graine, nous 
pensons même’qu'il est un des mieux définis dans l’ensemble 
des Mimusopées. Nous définissons donc le genre Baillonella 
de la manière suivante : 

Feuilles à costules saillantes, à nervation intermédiaire 
transversale, à stipules persistantes. Ovule atrope ; graine à 
cicatrice allongée d'un pôle à l’autre, très large ; albumen très 
réduit ; embryon à caudicule courbe et relativement peu suil- 


lante. 


1° Baïllonella Djave Pierre. 

Syn.: Bassia Djave de Lanessan ; B. {orisperma Raoul : 
Baillonella torisperma Pierre ; Mimusops Djave Engl. 

Nom vern. : Dave (nom du fruit et de la graisse des graines 
en pongoué); Madi Djave (nom de la plante et de la graisse 
chez les Adoumas de l'Ogoué) : Agalin-javi (nom de la plante 
et de la graisse chez les Acotas et les Apingis, dans l’'Ogoué) ; 
Oréré (nom de l'arbre en pongoué) ; Noumyou (Cameroun. 

Exs. : Gabon, environs de Libreville [E. Pierre, comm. 
Heckel (6381 H. P.)}; [Autran, comm. Heckel|; !Klaine 106, 
117, 1735 (6381, 6650 I. P.)|; cultivé au Jardin des missions 
à Libreville [Jolly 124 (6381 H. P.)]; [Aubry le Comte: 


P. Duparquet |; Jolly (6649 H. P.)|; !Ech. de graines comm. 


par Holmes, Soc. pharm. de Londres {South african poison), 
a servi à faire la première description de la graine |. 


2° Baillonella obovata Pierre. 


Syn. : Mimusops obovata Pierre (in Engler et Prantl) : 
M. Pierreana Engl. 
Noms vern. : Moabi (nom de l'arbre au Gabon): Maniki 


(nom du fruit au Cameroun). 
Exs. : Région de Loango | Lecomte 66. 
Obs. : Cette espèce n’est connue que par ses feuilles et sa 


graine, 


39 M. DUBARD 


Al 


Fig. 16. — Graine de Baillonella Djave, I, de profil; IT, du côté ventral: 
IT, embryon isolé ; gr. nat. 


Tieghemella Pierre !. 


L'étude de ce genre paraïîtrait devoir plus logiquement venir 
après celle du genre Dumoria auquel nous le rattachons pro- 
visoirement ; cependant, la connaissance du genre Baillonella 
était nécessaire, pour comprendre la discussion suivante, parce 
que certains auteurs ont rattaché les Tieghemella à ce groupe, 
sans d’ailleurs en fournir de raisons. 

Pierre décrit, dans ses Notes botaniques, sous le nom de 
Tieghemella africana, une graine du Gabon rapportée pour la 
première fois par Aubry le Comte en 1853 et à laquelle on 
avait attribué au Musée de l'Exposition coloniale à Paris le 
nom d'Ouréré et au Muséum le nom de Djave. Pierre range 
ce genre mal défini parmi les Lucumées. 

La description de la graine diffère en somme assez peu de 


1. Prerre, Not. bot., p. 18. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 99 
celle qui est donnée au sujet des Barllonella ; les principales 
différences portent : 1° sur la longueur de la cicatrice ventrale 
qui n'atteint pas toute la hauteur de la graine mais est séparée 
du sommet de celle-ci par un intervalle de 20 mm. environ 
(la graine a 8 cm. de longueur) ; 2° sur le plus grand déve- 
loppement de l'omphalodium très bombé, très épais et qui 
atteint une longueur de 25 à 28 mm. ; 3° sur l'épaisseur plus 
considérable du tégument ligneux. L'albumen, très appauvri 
autour des parties supérieures de lembrvon, est réduit souvent 
au nucelle et forme une calotte épaisse, rostrée autour de la 
caudicule. Celle-c1, qui a 7-8 mm. de longueur, notablement 
plus longue, par conséquent, que chez le Baillonella Djave est 
légèrement incurvée. 

Il semble bien diflicile devant de semblables différences 
d'identifier purement et simplement le 7. africana avec le 
B. Djave, comme l’a fait Perrot f. 

D'autre part, la constitution de la graine rappelle de trop 
près ce que nous avons vu chez les Baillonella pour oser 
affirmer à priori que l'on ait affaire à un genre différent. 

La question peut être rendue plus claire par l'examen d'un 
échantillon de l'herbier du Muséum, envoyé par le P. Klaine 
sous le n° 1343 his et portant le nom indigène Noumgou : ce 
document est constitué par de jeunes plants d'une Sapotacée 
accompagnés de fragments de graines. Dans une note manu- 
serite de L. Pierre, on peut lire l'identification probable avec 
une espèce du genre Tieghemella, basée sur ce fait que la 
cicatrice de la graine n'atteint pas toute la longueur de la face 
ventrale. Cette graine offre d'ailleurs des analogies très étroites 
avec celle du T. africana, quoique le tégument ligneux y soit 
notablement moins épais, et l’on est bien fondé à conclure à 
une identité générique. 

Si l’on remarque d'autre part que les jeunes plants ont des 
feuilles privées de stipules et de poils, et que, bien que les 
costules soient assez largement espacées, la nervation inter- 


1. Perrot, Le Karilé, l'Argan et quelques autres Sapotacées à graines 
grasses de l'Afrique (in Végét. ut. de l'Afrique trop. française. 


10 M, DUBARD 


médiaire est assez nettement descendante, on ne peut admettre 
qu'on ait affaire à un Baïllonella et c'est ainsi que Pierre 
conclut : « Par l'absence de stipules, par la nervation tertiaire 
subparallèle aux nervures secondaires, cette plante représente 
un genre bien distinct du Baillonella et plus voisin des Mimu- 
sops et des Manilkara. » C'est là un fait mdéniable, lorsqu'on 
vient de parcourir tout l'ensemble du groupe. 

Donc, des caractères de la graine (chez T. africana) et de 
ceux de la feuille, dans l'échantillon du P. Klaine qui semble 
devoir être rapporté au même genre, on peut déduire, d'une 
façon presque certaine, que le genre Tieghemella est bien dis- 
tinct du genre Baillonella. La question se pose alors de savoir 
s'il pourrait être rattaché au genre Dumoria. 

Il possède des feuilles glabres, non stipulées, à nervures 
secondaires assez fines, nervures tertiaires en partie parallèles 
aux costules ; l'omphalodium de la graine est très développé, 
l'embryon présente une caudicule relativement longue ; tous 
ces caractères peuvent convenir au genre Dumoria. 

[l'est vrai qu'ici la cicatrice de la graine s'étend d’un pôle 
à l’autre, ce qui dénote une atropie absolue de l’ovule, tandis 
que chez Tieghemella, 1 Y a un commencement d'anatropie. 
Mais tout démontre dans notre étude générale des Mimuso- 
pées que l’anatropie complète doit être opposée à l'atropie ou 
à la subatropie ; il n’y a donc pas de ce côté obstacle à l'iden- 
tification générique de deux formes voisines dont l'ovule se 
comporte d'une façon légèrement différente. 

Faute de pouvoir observer les fleurs, il nous est impossible 
de rechercher si les Tieghemella présentent pour leur calice 
le caractère si particulier invoqué par Chevalier pour définir 
les Dumoria. 

En résumé, il nous semble logique d'admettre pour le 
moment que le genre Tieghemella peut être rapporté au 
genre Dumoria ; ce n'est pas une certitude mais une hypothèse 
très vraisemblable, dont la connaissance de documents plus 
complets peut seule démontrer la valeur ; dans tous les cas, 
une telle conclusion est plus en harmonie avec les faits obser- 
vés que l'identification certainement erronée du T. africana 
avec le B. Djave. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 41 


Quoique le nom de Tieghemella soit le plus ancien, 1l nous 
semble préférable pour le moment de lui substituer celui de 
Dumoria qui correspond à un type complètement défini ; mius 
si, plus tard, l'identification des deux genres devenait certaine, 
la dénomination ancienne devrait conserver la priorité. 

Nous baptiserons done Dumoria avec doute l'espèce suivante. 


Dumoria aîricana. 

Syn. : Tieghemella africana Pierre; T. Jollyana Pierre. 

Noms vern. : Acola, Noumgou. 

Gabon, Fernan Vaz, à 50 lieues de Libreville |Klaine 
(6646 H. P.)}; [Klaine 1348 Dis, 1468 (6652 IH. P.)); [E. Pierre 
97] ; [Aubry le Comte 3604 (5633 H. P.)]|; [Jolly (6025 H. P.)|. 

Obs. : Pierre a cru devoir faire une espèce spéciale pour 
ce dernier échantillon, espèce correspondant également au 
n° 1348 bis du P. Klaine, parce que la graine y est plus petite 
que dans les autres échantillons et porte une cicatrice plus 
longue. Mais l'examen de l’ensemble des documents précé- 
dents nous a montré des variations assez importantes dans la 
taille, la forme et l'aspect des graines, suivant leur nombre 
dans le fruit ; plus celles-ci sont nombreuses, plus forte est 
la compression qu'elles subissent et c'est à cette seule cause, 
croyons-nous, qu'il faut attribuer les variations sur lesquelles 
Pierre a tenté de baser son T. Jollyana. 

Une graine provenant du Cameroun, communiquée par Engler 
est conservée dans l’herbier du Muséum et rappelle au premier 
examen celle du Tieghemella. Par la forme de sa cicatrice, 
par l'épaisseur de son test elle fait penser au T. africana, 
mais par son albumen assez abondant, plus épais même que 
les cotylédons, elle s'éloigne de ce genre et des Baillonella. 
Cet albumen assez développé et la courbure des cotylédons 
rappellent les Lecomtedora, mais la forme de la cicatrice est 
bien différente, non linéaire, ovale, suboblongue avec un hile 
médian indiquant un certain degré d'anatropie. Cette graine 
correspond donc probablement à un genre spécial f. 


1. D'après des renseignements communiqués par le professeur Heckel, 
cette graine appartiendrait au Mimusops congolensis de Wild.; inutile 


12 M. DUBARD 


Le peu que nous en connaissons Jusqu'à présent, permet de 
supposer que la flore des Sapotacées de ces régions équatoriales 
de l'Afrique réserve encore bien des surprises, et que la con- 
naissance plus approfondie des genres qui la composent entrai- 
nera probablement un remaniement assez profond de la 
classification que nous essayons d'ébaucher; malheureusement, 
les documents sont d'autant plus difficiles à réunir, qu'il s'agit 
presque toujours d'arbres gigantesques dont les floraisons 
sont inaccessibles et dont on se contente de ramasser les 


vraines. 
Inhambanella Engler !. 


Ce groupe à été considéré par son auteur comme une simple 
section du genre Mimusops au sens large et rangée par lui 
dans le sous-genre Quaternaria, par conséquent au voisinage 
même des vrais Mimusops. 

Il est ainsi défini : Fleurs du type #4, ignorées quant au 
reste : fruit formé d'une grosse baie riche en latex, oblongue, 
monosperme. Graine oblongue, légèrement comprimée, munie 
d'une cicatrice large et allongée, dépourvue d’albumen ; embryon 
avec cotylédons épais, plan-convexes, oléagineux. 

D'après la figure donnée par Engler, dans les Sapotacées 
africaines (FT. XXV), la graine proviendrait d'un ovule à peu 
près atrope et la caudicule, quoique courte, ne serait pas véri- 
tablement punctiforme. Les feuilles ont entre les costules de 
fines nervures disposées en réseau, mais ce type de nervation 
ne s'éloigne pas sensiblement de ce que nous avons vu chez 
les Manilkara. D'après l'ensemble de ces caractères, nous 
voyons que les Znhambanella, malgré leur type floral tétra- 
mère, se rapprochent plus, et surtout par la disposition de 
leurs ovules et la conformation de leurs graines, des Manil- 
kara que des vrais Mimusops. 


d'ajouter qu'une pareille désignation générique ne saurait être mainte- 
nue, La déhiscence de ces semences se fait d’une façon très curieuse 
par une sorte de panneau ventral, comme l’a mis en évidence le profes- 
seur Heckel, 


1. ExGLer ET PranrL, Pflanzsenfamilien. Nacht., 1900. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 49 

Ce genre rentre donc dans la série des Manilkarées à ovules 

atropes, à caudicule non punctiforme, et vient se ranger près 

des Dumoria, qui ont aussi des fleurs tétramères et une graine 
à large cicatrice !. 


1° Inhambanella Henriquezi. 
Syn. : Mimusops Henriquezit Engl. et Warb. 
Obs. : Je n'ai pu examiner aucun échantillon de cette espèce. 


2° Inhambanella natalensis. 

Syn. : Mimusops Schinzii Engler ; M. nafalensis Schinz. 

Exs. : Natal, forêts près de Korugha [Schlechter 6220}. 

Obs. : C'est la disposition des ovules chez cette espèce, 
disposition presque atrope, qui laisse supposer que la graine 
doit avoir une cicatrice très allongée ; dès lors ce ne peut être 
un Mimusops véritable et, comme le type floral est tétramère, 
il est logique de ranger l'espèce dans le genre /7nhambhanella. 

De plus, Engler, dans la description qu'il en donne, indique 
que les fleurs sont quelquefois trimères ; c'est une raison de 
plus pour l’éloigner des Mimusops et pour souligner les affi- 
nités des Znhambanella et des Manilkara. 


Une troisième série de genres comprendra ceux chez les- 
quels les cotylédons sont épais et charnus et renferment toutes 
les réserves de la graine qui est dépourvue d'albumen et où, 
en outre, la caudicule est punctiforme et ne fait pour ainsi dire 
pas saillie en dehors de la commissure des cotylédons. 

Cette série correspond aux Lucumées proprement diles parmi 
les Sideroxylées, c'est-à-dire aux genres Calocarpum, Lucuma, 
Bakeriella, Pouteria, Labalia, Sarcaulus, Butyrospermum. 
L'ovule dans cette série est constamment atrope et par consé- 
quent la graine a toujours une cicatrice allongée d'un pôle à 
l'autre, vers les extrémités de laquelle on trouve d'une part 
le hile, d'autre part le micropyle. | 


1. Les Inhambanella diffèrent des Dumoria par leur graine compri- 
mée, à cicatrice moins large, n’atteignant pas toute la hauteur de la 
graine, la structure de leur calice, etc. 


_— 
_— 


M, DUBARD 


Northea Hook f. !. 


Ce genre est ainsi caractérisé : 

Fleurs du type trimère ; appendices pétalaires très réduits, 
beaucoup plus courts que les lobes principaux : androcée formé 
d'un seul cyele staminal superposé aux pétales, pas de stami- 
nodes. Pistil isomère. Ovule complètement atrope ; graine à 
cicatrice s'étendant d'un pôle à l’autre, très large, dépourvue 
d'albumen. Embryon à cotylédons épais, à caudicule presque 
punctiforme. 

C'est done là un genre bien distinet, se rapprochant des 
Manilkara par son type trimère, formant transition vers les 
Mahea par la réduction des appendices dorsaux des pétales, 
rappelant enfin les Dumoria et les Baïllonella par l'atropie de 
son ovule, le développement de la cicatrice séminale, l'absence 
d'albumen et l'aspect de l'embryon. 

Parmi les Siderorylées, c'est surtout du genre Lucuma que 
semble se rapprocher le Norfhea. 


Northea Seychellana Hook f. 

Syn. : Mimusops Hornei Hartog. - 

Nom vern. : Capucin (Seychelles). 

Exs. : Seychelles ; [Graine communiquée par M. Holmes 
HP 

Obs. : L'organisation de la graine rappelle de très près ce 
qu'on trouve chez les Lucuma. 


Vitellariopsis Bail. *. 


Ce groupe a été considéré par son auteur comme une section 
du genre WMimusops et c'est à titre de section des Quaternaria 
qu'il figure dans la classification d'Engler. Il mérite cependant, 
à notre avis, d'être considéré comme un genre distinct, car 
on peut fort bien le caractériser de la manière suivante : 


1. In Hook, lc. PL., 1884. 
2. Bul. Soc. Lin. Par:, p. 942. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 45 


Fleurs tétramères ; corolle avec 8 lobes principaux accom- 
pagnésde petits lobes accessoires ; androcée normal, formé de 
8 étamines fertiles épipétales et de 8 staminodes alternes : 
fruit de petite taille, subglobuleux, 1-2 sperme ; graine pré- 
sentant une cicatrice allongée d'un pôle à l’autre, très large, 
recouvrant la moitié de sa surface, dépourvue d’albumen, con- 
tenant un embryon à cotylédons épais et à caudicule puncti- 
forme. Le tégument séminal est coriace, mais peu épais el 
fragile. 


Vitellariopsis Kirku. 

Syn. : Mimusops Kirkiü Bail: M. Bakeri Engl.; Butyros- 
permum ? Kirki Baker. 

Exs. : Mombasa [J. Kirk]; Zanzibar, le long du fleuve 
Wamé, près Mandera | F. Alexandre, in herb. Sacleux 852. 

Obs. : Ce deuxième échantillon a été considéré comme une 
espèce distincte par Pierre ; mais l’aspect de la graine parait 
bien identique à l'échantillon de Kirk et les documents sont 
trop incomplets pour permettre une affirmation de l'opinion 
de Pierre. 

L'organisation florale, la structure de la graine montrent 
des affinités très étroites entre le Vifellariopsis et les Butyros- 
permum, parmi les Sideroxylées. 


B. — EumImusopPées. 


Ce groupe correspond aux Æusiderorylées et se définit de 
la même manière. 
__ Graine à cicatrice réduite basilaire, provenant d'un ovule 

complètement anatrope, inséré vers la base de la loge carpel- 
laire ; le hile et le micropyle sont rapprochés à la partie infé- 
rieure de la graine. 

Chez les Eumimusopées, toutes les formes connues ont une 
graine albuminée, des cotylédons minces et une caudicule 
saillante ; nous ne trouvons done pas ici l'équivalent des 
Bumelia et des Sarcosperma parmi les Sideroxylées. 


== 
——. 
_—. 


M. DUBARD 


Mimusops L. !. 


Ce genre, tel que nous le comprenons, à un sens infini- 
ment plus restreint que celui qu'on lui prête généralement, 
puisque toutes les Manilkarées, à l'exception des Northea, en 
ont été extraites et que nous aurons encore à en retirer un 
senre secondaire. Il correspond ainsi à toute la section Qua- 
lernaria À. DC. du sous-genre Æumimusops Miq. et Eichl 
ainsi qu'au sous-genre /Zmbricaria Comm., en suivant la elas- 
sification d'Engler donnée dans le Pflanzenfamulien ; d’après 
celle, plus récente, que cet auteur expose dans les Sapotaceæ 
africanæ, 11 correspond aux sections Æuquatlernaria Eng. et 
Imbricaria Comm. du sous-genre Quaternaria À. DC. 


Caractères généraux des Mimusops. — Calice à 8 sépales 
bisériés ; corolle isomère, unisériée, à segments dorsaux équi- 
valents aux lobes, entiers ou laciniés ;: staminodes bien déve- 
loppés comme chez les Manilkara ; étamines épipétales insé- 
rées au même niveau que les staminodes : ovaire presque cons- 
tamment à 8 loges *. Ovule complètement anatrope ; graine 
présentant une cicatrice assez réduite, où le hile et le micro- 
pyle sont rapprochés. 


iéparlition géographique. — Les Mimusops, comme les 
Manilkara, présentent une grande aire d'extension et se 
trouvent sensiblement dans les mêmes régions, sauf en Amé- 
rique. 

Obs. : Le genre Wimusops joue parmi les Mimusopées le 
même rôle que les Sideroæylon parmi les Sideroxylées et l’on 
peut schématiser d’une manière simple Les principales relations 


. 


des deux groupes par une sorte de proportion : 


Mimusops Sideroryion 


Manilkara  Planchonella 


1: Nov: pl.Mgen:,/ 1141: 

2. Il est à remarquer que chez les Mimusops le nombre des carpelles 
varie beaucoup moins que chez les Manilkara. La formule florale des 
Mimusops peut s’écrire 4 S + 4#S' +18 (2 Ap + P)+H8 cs+s +8 E)] 
+ 8 C. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 4 


1 


1° Section Euminusops. 


Cette section est caractérisée par une graine à cicatrice 
basilaire, non profondément excavée, et à tégument non pourvu 
de De sallantes. 

2. Sous-section. /ntegræ. — Appendices dorsaux des pétales 
entiers. 

a. Groupe indo-malais. 


1° Mimusops Elengi L. 


Fig. 17. — Corolle étalée de Mimusops Elengi, 5 gr. 


Exs. : Archipel indien [ex Herb. Hort. Bot. Bog.]; Kei- 
Koteil [Beccari, plantes de l'ile Kei!; Expédition du Mékong 
| D' Thorel 1866-68 |; Siam, Bangkok | Zimmerman 47, 161; 
Birmanie, Ava, MF Circars [cultivé au Jardin botanique de 
Calcutta. Pierre 3264}; Bengale {Pierre 3264}; Réunion, cul- 
üvé au Jardin botanique de Saint-Denis ! Pierre 3259! ; cultivé 
au Jardin botanique de Saïgon | Pierre 3259]; Dahomey sur 
les rives du fleuve Oueiné, près Djebé, vraisemblablement 
cultivé LE. Poisson 71}; cultivé dans les jardins botaniques 
du Dahomey | Lemierre| ; Martinique, cultivé [P. Duss}. 


Var. : longepedunculata BI. 
Diffère surtout du type par ses feuilles plus longuement 


LS M. DUBARD 


pétiolées 3-5 ce. au lieu de 1,5-2,5 c. et par ses fleurs à pédi- 
celles plus longs, 16 mm. au lieu de 7 mm. 
Exs. : Java, cultivé au Jard. bot, de Buytenzorg. (5101 H.P.). 


Var. : Javensis. 

Syn. : Mimusops javensis Burck ; M. parvifolia R. Br. 

Cette variété diffère du type par ses feuilles plus étroites, à 
pétiole plus court, par le tomentum plus rouge des organes 
jeunes, par les dimensions moindres des diverses parties de 
la fleur. 

Les lobes principaux de la corolle y sont un peu plus longs 
que les appendices, tandis que, dans le type et dans la variété 
longepedunculata, les lobes sont notablement plus courts que 
les appendices. 

Exs. : Java, cultivé au Jard. bot. de Buytenzorg [5551 H. 
P.); Célèbes, péninsule SE de Kandari | Beccari| ; province 
de Minahassa | Koorders 18855 £ ,; province de Ménado | Koor- 
ders}; Pulo Babi | Plantes de l'ile Ara, Beccari] ; Kulo Kadi 
| Piante papuane Béccari |; Nouvelle-Guinée, Kaiserwilhelms- 
land |Hollrung  ; Australie [R. Brown! ; Nouvelle-Calédonie : 
 Balansa 1306. 

Obs. : Les feuilles sont plus petites et les staminodes plus 


=“ 


aigus dans les formes de Nouvelle-Calédonie et d'Australie ; 
mais 1] nous semble difficile de bien définir même une simple 
variété parvifolia. 


Var. : phillipensis. 

Feuilles beaucoup plus petites que dans le type, comparables 
aux formes les plus petites de la variété Javensis, mais moins 
allongées comparativement à la largeur. Les étamines sont ici 
glabres sur le connectif ! et les staminodes sont relativement 
larges ; enfin les lobes de la corolle sont un peu plus courts 
que leurs appendices. 

Exs. : Philippines | Vidal 4}. 

Obs, : Cette forme se rencontrerait aussi aux Moluques. 


1. Les formes à petites feuilles de la var. javensis ont parfois les 
étamines glabres sur le connectif ; peut-être, serait-ce un caractère 
permettant de définir une variété parvifolia. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 49 


Var. : {imorensis. 

Syn. : Mimusops timorensis Burck. 

Cette forme est très voisine de la précédente et tient à peu 
près le milieu entre celle-ci et le type ; en effet, les feuilles 
sont plus étroites que dans le type, mais presque aussi lon- 
guement pétiolées, le tomentum des parties jeunes est rou- 
ceâtre. Les dimensions de la fleur sont sensiblement les mêmes 
que dans le type. On observe de très légères différences dans 
la forme des staminodes ; quant aux lobes principaux de la 
corolle, ils sont sensiblement égaux aux appendices. 

Exs. : Timor [Teysmann (5552 H. P.)|. 

2° Mimusops gracilis Eichl. 

Syn. : Mimusops lucida Waill., non Poir (pro parte). Imbri- 
caria lucida Pierre. 

Exs. : Penang [ Wallich|. 

Obs. : Le Wimusops lucida Wall est généralement considéré 
comme une synonymie du Payena lucida; mais le n° 4147 
de Wallich correspondant au type comprend deux plantes, l'une 
qui est le Payena lucida et l’autre qui est un Mimusops. Cette 
plante, étant vraisemblablement différente du M. lucida Poir, 
doit changer de nom; c’est pourquoi nous lui appliquons le 
nomen nudum inscrit par Eichler dans l'herbier de Berlin. 


b. Groupe africain. 


3° Mimusops fruticosa Bo]. 

Noms vern. : Mafarruma (Zanzibar); Mnié-ou (Bagamoyo); 
M'kana, M'tanda (Dar es Salam). 

Exs. : Zanzibar [John Kirk}; [P. Sacleux 548]; Bagamoyo 
{Stuhlmann|. 


4° Mimusops Kirkii Bak. 
Exs. : Rivière Shine à Shamo, Zambèze ! Kirk |. 


5° Mimusops Zeyheri Sond. 
Exs. : Afrique du Sud [Zeyher 1130]. 


Obs. : Espèce très proche du M. Elengi. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915. i 


)0 M, DUBARD 


Fig. 18. — Corolle étalée de Mimusops frulicosa, 5 gr. 


6° Mimusops obovata N. ab. Es. 
Syn.: /Zmbricaria obovata N. a. Es. 
Exs. : Afrique australe [Mac Owan|. 


1° Mimusops caffra E. Meyer. 
Exs. : Cap de Bonne Espérance | Dreges-Ecklon|. 


5. Sous-section Lacinialæ. Appendices dorsiux des pétales 


lacimiés. 


S° Mimusops longipes Bak. 
Exs : Lagos [Rowland|. 


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Fig. 19. — Corolle étalée de Mimusops longipes, 5 gr. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSCPÉES 31 


9° Mimusops Schimperi Hochst. 

Noms vern. : Baora (Tigré); Lebbach, Daragh (Yemen). 

Exs. : Abyssinie | Schimper 697]; Arabie, Yemen |Schwein 
furth |. 


10° Mimusops Kummel Bruce. 

Nom vern. : Xummel (Tigré). 

Exs. : Abyssinie, Montagnes près Amba-Sea |Schimper 
869]; à Aman-Eski [Schimper #73}; montagnes Scholoda 


[Schimper (4956 H. P.)]. 


11° Mimusops djurensis Engler. 
Exs. : Pays de Djur, Seriba Ghattas |Schweinfurth 2428 |. 
Obs. : Espèce extrêmement voisine de la précédente. 


12° Mimusops fragrans Engler. 
Syn. : IZmbricaria fragrans Baker. 
Exs. : Niger à Yomba (Barter, Bakies. Nig. Exp. 12171. 


Fig. 20. — Corolle étalée de Mimusops fragrans, 9 gr. 


13° Mimusops comorensis Engler. 

Syn. : Mimusops Humblotiana Pierre. 

Exs. : Comores | Humblot 32 (5545 H. P.)|. 

Obs. : Cette espèce a des appendices pétalaires tantôt 
entiers, tantôt profondément subdivisés dans la même fleur, 
et peut être considérée comme formant transition entre les 
deux sous-sections précédentes, 


M. DUBARD 


[24 
LEO] 


2° Section Zmbricaria. 


Ce groupe est un ancien genre de Commerson ! que Baillon ? 
a ramené au rang de section des Wimusops, en le définissant 
de la manière suivante : 

« Les Zmbricaria sont des Mimusops a double calice tétra- 
mère, dont les pétales accessoires sont, dans l'intervalle de 
deux lobes principaux, au nombre de deux, entiers ou bi- 
trifides ; les étamines fertiles et les staminodes, au nombre 
de 8 et les loges ovariennes au nombre de 8. Leur fruit, 
parfois très gros, renferme une ou quelques graines, compri- 
mées, lisses ou ternes, irrégulièrement triangulaires, à bords 
entiers ou parfois crénelés, à hile basilaire intérieur, concave, 
souvent protégé en dedans par une sorte de processus obtus 
des téguments. Leur embryon albuminé a des cotylédons 
foliacés et latéraux. » 

On voit, par cette description, que les Zmbricaria diffèrent 
bien peu des Æumimusops, dont ils possèdent tous les carac- 
tères essentiels; les particularités externes de la graine per- 
mettent seules de les classer à part. 

Engler, dans les Pflanzenfamilien, en fait un sous-genre de 
Mimusops, qu'il caractérise par la subdivision des appendices 
pétalaires en nombreux segments étroits et linéaires et par 
leurs staminodes linéaires; on ne voit pas bien ainsi en quoi 
les Zmbricaria diffèrent des Fumimusops laciniés, surtout si 
l’on remarque que les staminodes ont sensiblement le même 
aspect dans les deux groupes et ne sont pas toujours linéaires. 

Dans les Sapotacées africaines, les Imbricaria ne sont plus 
pour Engler qu'une simple section du sous-genre Quaternaria, 
mais ils sont mieux définis cette fois par les caractères de la 
graine de la façon suivante : graine comprimée, lisse ou terne, 
quelquefois crénelée sur le bord dorsal, présentant trois 
bandes saillantes s'étendant de la base jusque vers le milieu 
du côté ventral, à tégument épais et albumen abondant entou- 


rant les cotylédons. 


{. Commersox ex Juss. Gen. (1789). 
2. Histoire des plantes, XI, p. 268. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES Le: 


Nous considérerons ici les Zmbricaria comme formant une 
simple section des Mimusops et nous les définirons par les 
caractères extérieurs de la graine, précédemment indiqués. 

Les {mbricaria appartiennent aux Mascareignes et à Mada- 
gascar. 


Fig. 21, — Corolle étalée de Mimusops Imbricaria, 5 gr. 


1° Mimusops Imbricaria Willd. 

Syn. : Zmbricaria maxima Poir.; 1. borbonica Gærtn. f. 

Noms vern. : Grand natte; Natte à grandes feuilles (Réu- 
nion). 


Fig, 22, — Graine de M. Imbricaria, 1, vue de côté: IT, par la face ventrale : 
III, par la face dorsale. 


D4 M. DUBARD 


Ï 


Fig. 23. — TI, section transversale de la graine de M. Imbricaria: II, section 
longitudinale. 


_ 


Exs. : Réunion | Turpin : | Commerson |: | Boivin |: | Bernier 
pe WA ” L 
1271); | Dupetit-Thouars!: Ile de France | Commerson |, 
Js LUUT [ 


2° Mimusops macrocarpa. 
Svn. : {mbricaria macrocarpa Gærtn. f. 
Analyse de graines (H. P.). 


3° Mimusops petiolaris. 

Syn.: /mbricaria petiolaris A. DC. 

Exs. : [le Maurice, bois de la montagne du Pouce | Boivin |; 
sans localité | Commerson). 


Obs. : Dans cette espèce, les appendices pétalaires sont très 
divisés et présentent de # à 9 franges. 


‘D \ L.\_4 {| LT 
MIVMT À | } h | 
Il f 
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2 
Ur, 


Fig. 24, — Corolle de Mimusops Commersonit, 5 gr. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES DD 


4° Mimusops Commersonii Engl. 
Syn. : Imbricaria coriacea À. DC. ; I. Commersonii G. Don. : 


Fig. 25. — Mimusops gigantea: 1, corolle: IT, fragment de corolle montrant 
les staminodes: IT, ovaire, 5 gr. 


Mimusops Imbricaria Wall.: M. Balata Gærtn f.; M. coriacea 
Miq. 


Exs. : Madagascar; cultivé un peu partout, principalement 


56 M. DUBARD 


dans les montagnes de Java, de l’île Maurice et de La Réunion, 
ainsi qu'au Jardin botanique de Calcutta, à la Guyane, aux 
Anülles. [Comm. Dybovwski 8}; {Forbes}; [Ph. Voisin]; [P. 
Duss |. 


o° Mimusops gigantea Pierre. 

Exs. : Ile de La Réunion, depuis le littoral jusqu'à une alti- 
tude de 400 à 500 mètres [Pothier (5559 H. P.)}; [Richard 
117]; [Boivin]. 


Fig. 26. — Fruit d'Imbricaria gigantea, 1/2 gr. nat. 


6° Mimusops Pierrei Bail. 
Exs. : Maurice, Montagne du Pouce | Boivin |. 


7° Mimusops oblongifolia. 

Exs.: Ile Bourbon, cultivé au Jardin botanique de Saint- 
Denis [H. P. 3259!. 

Obs. : Cette espèce est représentée dans l'herbier Pierre 
seulement par deux rameaux fewillés. Les rameaux sont cylin- 
driques et recouverts d'un liège rougeâtre; les feuilles, lui- 
santes à la surface supérieure, sont ovales oblongues, mais se 
distinguent surtout par leur acumen, et la désignation spéci- 


PAU 


fique acuminata conviendrait bien ici, si elle n'avait déjà été 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 57 


employée pour une forme de Java. Dim. moy.:pétole, 1,5 c.: 
limbe, 9e. >< 4 e.; acumen 6 mm. 


C’est également à cette section qu'il convient de rattacher 
la Sapotacée décrite sous le nom générique de Semicipium 
par L. Pierre !. Engler dans les suppléments aux Pflanzenfa- 
milien (1897) la rattache déjà aux /mbricarta. 

Pierre définit ainsi son Semicipium : 

Son calice est celui d'un Zmbricaria, de même son facies:; 
sa corolle également formée de huit parties subit dorsalement 
et au sommet du tube un bourgeonnement. On compte en 
effet 5-6 lanières subulées, inégales en longueur de chaque 
côté dorsal de chacun des pétales. Ces pièces adventives sont 
libres jusqu'à la base du pétale et tout à fait indépendantes 
l’une de l'autre. Elles sont minces, étroites, subulées et rap- 
prochées en petits faisceaux comme dans les Northea. Une 
seule de chaque côté du pétale (dans le bouton) devient aussi 
longue que ce même pétale. Les staminodes sont de petits 
mamelons arrondis ou nains (dans le bouton). Les étamines 
fertiles sont elliptiques, acuminées. L'ovaire, surmonté d'un 
style glabre comme lui, aussi long que les pétales, contient 


14 loges. 


Fig. 27. — Corolle étalée de Semicipium, 5 gr. 


L'ovule du très jeune ovaire est horizontal. » 

Ces caractères peuvent permettre le rattachement du Semi- 
cipium soit à la série des Northea et Vitellariopsis, soit au 
contraire aux Zmbricaria. La connaissance du fruit et de la 


1. Notes botaniques, 10 p. 


DS M, DUBARD 


graine permettrait seule de trancher la question d'une manière 
certaine. Cependant l'observation de l'ovaire permet de sup- 
poser que l'’ovule est anatrope: dans ce cas, on peut prévoir 
ce que doit être la graine, et les aflinités pour les Zmbricaria 
doivent être admises d’une façon plus vraisemblable ; nous 
ferons done simplement rentrer le Semicipium dans la section 
Imbricaria de notre genre Mimusops. 


S° Mimusops Boivini Hartog. 

Svn. : Jmbricaria Boiwint Hartog: Semicipium Boivini 
Pierre. 

Exs. : Madagascar | Boivin]. 


Labramia A. DC. !. 


Syn. : Delastrea À. DC. 

A ce genre doivent être rattachés également les ZLabra- 
miopsis d'Hartog, considérés par Engler, dans les Pflanzen- 
familien, comme un sous-genre distinct des Labramia à l'in- 
térieur du genre Wimusops. 

Les Labramia se distinguent surtout par leurs fleurs tri- 
mères; les appendices pétalaires sont bien développés et sub- 
divisés; le pistil est pleiogvne. L'ovule anatrope donne une 
graine à cicatrice restreinte et basilaire: l'embryon a des 
cotylédons minces et est entouré d'un albumen abondant. Ce 
sont bien là des caractères de Mimusops, à part le type floral ; 
les Labramia peuvent donc être définis comme des Mimusops 
trimères. 


1° Labramia Bojeri A. DC. 

Syn.: Mimusops Thouarsiüi Hartog: M. Chapelieri Hartog : 
M. connectens Bal. 

Noms vern. : Voa-sohihi | Madagascar |. 

xs. : Madagascar | Helsenberg |; [Humblot 353]; | Dupetit- 
Thouars ; :Chapelier |; Sainte-Marie de Madagascar | Boivin |; 
téunion, cultivé dans le jardin botanique de Saint-Denis 
[Pothier|. 


1. Prodrome VIII, p. 672. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 39 


Labourdonnaisia Bo). {. 


Ce genre fut d'abord rattaché aux Zllipéées par Eichler, 
parce que toutes les étamines y sont généralement fertiles et 
que la véritable organisation de la corolle avait été mécon- 
nue. 

C'est l'opinion qu'avait adoptée Engler, dans ie Pflanzen- 
familien, où Le genre est ainsi défini : 

Calice 3 + 3 ou # + 4: corolle aussi longue que le calice, 
constituée de pétales unis seulement à la base, en nombre 
double des pièces du calice, et disposés en deux verticilles 
alternes; étamines en même nombre que les pétales, appar- 
tenant à deux séries, mais insérées au même niveau; ovaire 
de 6 à 8 carpelles. Baie avec une seule grosse graine munie 
d'un tégument brillant et d'un albumen corné. 

Dans les suppléments aux Pflanzenfamilien (1897), les La- 
bourdonnaisia sont placés à côté des Mimusops, mais sans 
que les raisons de cette modification soient exposées. 

C'est la sans doute le reflet de l'opinion de Baillon, formulée 
dès 1892, dans l'Aistoire des plantes : « Les Labourdonnaisia, 
rangés d'ordinaire bien loin des Mimusops, sont cependant 
des plantes de ce genre à anthères toutes fertiles, comme 
celles du Murieanthe. Leurs six pétales sont bisériés. Les 
lobes de leur corolle, principaux et accessoires, sont le plus 
souvent au nombre de 18 et il y a un même nombre d'éta- 
mines fertiles, avec un ovaire ordinairement à six loges. La 
graine a un ombilic tricaréné qui remonte plus où moins le 
long de son bord interne. » 

En somme, on peut se représenter les Labourdonnuisia 
comme des types mal fixés de Mimusopées. Imaginons, par 
exemple, une Mimusopée du type 3 ou du type #, dont le 
calice correspondrait à peu près régulièrement à l’organisation 
3 + 3 ou # + # et où la corolle serait constituée respective- 
ment par 6 ou 8 lobes principaux avec lesquels alterneraient 
des lobes dorsaux en même nombre, chaque lobe dorsal 


1. Mém. Soc. phys. Genève, IX, 18%1. 


60 M. DUBAR 


correspondant alors à la soudure des deux appendices inter- 
pétalaires habituels, c'est-à-dire appartenant à la fois aux deux 
pétales adjacents. Supposons de plus que le nombre de ces 
lobes dorsaux ne soit pas très constant et que certains d’entre 
eux soient susceptibles d'avorter. Enfin, imaginons un androcée 
formé d'un cycle épipétale et d’un cycle alternipétale tous 
deux fertiles, mais où les étamines typiques se dédoublent 
quelquefois et fort irrégulièrement, et un pistil isomère avec 
les lobes principaux de la corolle. 

Tel serait le type très fluctuant des Labourdonnaisia. 

La constitution même de la graine montre qu'une telle sup- 
position n'est pas gratuite, car nous y retrouvons tous les 
traits principaux des graines de Mimusops, avec une excava- 
tion basilaire très prononcée, entamant latéralement la graine, 
comme une exagération de ce que nous avons observé précé- 
demment dans la section Zmbricaria. 

Les Lahourdonnaisia se distinguent donc surtout des Mimu- 
sops par une organisation très inconstante de la fleur et aussi 
par leur andrpcée formé généralement d’étamines toutes fer- 
tiles, ce qui rappelle les Muriea, et l'on serait véritablement 
très embarrassé pour fixer leur place dans la classification des 
Sapotacées, si la structure de leur graine ne venait, à notre 
avis, lever toute hésitation. 


1° Labourdonnaisia calophylloides Boj. 
Nom vern. : Bois de natte à petites feuilles (Réunion). 
Exs. : Maurice | Bojer|; [Bouton|; 
Réunion |Pothier|; {Richard |. 
Obs. : Calice de (3 + 3) sépales, corolle à 10-14 lobes en 


deux séries, androcée de 10-14 étamines ; ovaire de 6 à 8 loges 
entouré d'un disque en coussin assez net Le 


2° Labourdonnaisia revoluta Bo). 
Exs. : Maurice (Mus. bot. Hauniense). 
Obs. : Calice de (4 + #) sépales ; corolle à 14-17 lobes très 


1. L'existence d'un pareil disque semble d’ailleurs générale dans le 
senre et on doit lui attribuer la situation apparente très élevée des loges 
ovariennes. 


SAPOTACÉES DU GROUPE DES SIDEROXYLINÉES-MIMUSOPÉES 61 


irrégulièrement bisériés; androcée de 14-17 étamines; ovaire 


à 8 loges ? 


3° Labourdonnaisia Thouarsii Pierre mss. 

Exs. : Madagascar | Dupetit-Thouars |. 

Obs. : Calice de (3 + 3) sépales; corolle à 12 lobes; andro- 
cée à 12 étamines ; ovaire à 7-8 loges. 


4° Labourdonnaïisia ? Boivini Pierre mss. 
Exs. : Sainte-Marie de Madagascar | Boivin 1823 |. 
Obs. : Espèce très mal connue et douteuse. 


5° Labourdonnaisia madagascariensis Pierre mss. 

Nom vern.: Nanto (Madagascar). 

Exs. : Madagascar, côte est [Chapelier|. 

Obs. : Pierre propose dans ses notes manuscrites de faire 
de cette espèce une section spéciale (Nanfoua), parce que, 
entre les étamines, on trouve de petites dents insérées vers la 
base des lobes de la corolle, formations qu’on pourrait consi- 
dérer comme des staminode. Cette particularité se retrouve 
dans le L. glauca Bo]. 


Nous pouvons résumer la classification des Mimusopées 


dans le tableau suivant : 
(Voir page 62). 


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PERTE ES ‘tt tt" "sapourwue]s 9p 21049 un ‘saurwue)9,p a uf) » 
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‘(SHAHVM'IINVNK) 9098UOI[R 2JRI9JUT 20H1VIID E AUBIN) *] 


Il 


TROISIÈME CONTRIBUTION 
À L'ÉTUDE | 


DES CRASSULACÉES MALGACHES 


Par MM. RAYMOND-HAMET & H. PERRIER DE LA BATHIE 


AVANT-PROPOS 


N'ayant eu à ma disposition, lors de la rédaction de ma 
Monographie du genre Kalanchoe!, que les échantillons 
incomplets et peu nombreux conservés dans les collections 
botaniques du Museum national d'Histoire naturelle de Paris, 
J'avais dü, dans cet ouvrage, me résoudre, non seulement à 
ne point étudier toutes les espèces alors connues, mais encore 
à limiter mes diagnoses à une description sommaire des 
caractères foliaires et floraux. 

Fort heureusement les abondants matériaux que M. Perrier 
de la Bâthie a récoltés à Madagascar, et dont il a accru la 
valeur par des notes descriptives souvent fort complètes, 
m'ont permis, d'une part, de compléter un grand nombre de 
mes diagnoses primitives tant au point de vue des caractères 
floraux qu'à celui des caractères végétatifs, d'autre part, de 
préciser la répartition géographique de plusieurs espèces qui 
n'étaient connues jusqu'alors que par les échantillons récoltés 
sans indication par le Révérend Baron, enfin de créer vingt- 
deux espèces nouvelles dont l'étude apporte, à la connaissance 


1. Monographie du genre Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, 
t. VII, p. 869-900, ett. VIII, p. 17-48 (1907-1908. 


64 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


de la classification naturelle du genre Aalanchoe, la plus utile 
et la plus fructueuse des contributions. 

Ces différents résultats ont fait l’objet de quatre mémoires 
publiés de 1912 à 1916. Le premier !, qui, sur la demande de 
mon vénéré maitre, M. le Professeur Philippe van Tieghem, 
fut rédigé pour les Annales des Sciences naturelles, donne la 
description de six Æalanchoe nouveaux. Le second?, publié 
dans les Annales du Musée colonial de Marseille, fait con- 
naître, en même lemps que onze Xalanchoe inédits, quatorze 
Kalanchoe et deux Crassula déja connus. Le troisième ?, 
inséré dans le Bulletin de Géographie Botanique, est relatif 
à la création du ÆXalanchoe Poincarei. Enfin le quatrième, 
‘qu'on trouvera ci-après, est consacré à l'étude de quatre 
Kalanchoe nouveaux et de six Xalanchoe imparfaitement con- 
nus. Ce travail étant le dernier de ceux que j'ai consacrés à 
l'étude des plantes recueillies par M. Perrier de la Bâthie, J'ai 
cru devoir y ajouter un index bibliographique indiquant, pour 
chaque espèce, la page du mémoire où Je l’ai décrite. 

RAyYMoNp-Hauer. 


Kalanchoe Chapototi Raymond-Hamet et Perrier de la 
Bâthie. 


Le Xalanchoe Chapototi est une plante vivace. Haute de 28 
à #4 centimètres, couverte de poils glanduleux longuement 
pédiculés, érigée mais un peu couchée dans sa partie infé- 
rieure, la tige, dont le diamètre varie de #.50 à.7 millimètres 
à la base et de 2 à 2.50 millimètres au milieu, ne se ramifie 
point mais émet, à la base, des rameaux stériles qui fleuriront 
ultérieurement. 


1. Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches, in Ann, Sc. 
nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 361-376 (1912). 

2. Sur un nouveau Kalanchoe malgache, in Bull. Géogr. Bot. 
t. XXIII, p. 148-151 (1913). | 

3. Nouvelle contribution à l’étude des Crassulacées malgaches, in 
Ann. du Mus. col. de Marseille, sér. 3, t. II, p. 113-207 (1914). 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 63 


Les tiges, qui, dans leur Jeunesse, portent des feuilles sur 
toute leur longueur, se dénudent bientôt presque entièrement. 
Opposées, décussées, pétiolées, couvertes de poils glanduleux 
longuement pédiculés, les feuilles, assez distantes les unes 
des autres, sont assez régulièrement espacées. Le premier 
le 
second, de 48 à 78 millimètres ; le troisième, de 22 à 65 mil- 


entrenæud supérieur est long de 40 à 70 millimètres ; 
limètres ; le quatrième, de 17 à 55 millimètres ; le cinquième, 
de 10 à 38 nullimètres ; le sixième, de 10 à 40 millimètres ; 
le septième, de 15 à 17 millimètres; le huitième, de 10 à 
30 millimètres ; le neuvième, de 10 à 15 millimètres. Un peu 
plus bref que le limbe, grêle mais légèrement dilaté à la base, 
le pétiole est haut de 8 à 92 millimètres et large de 2 à 4.50 
millimètres à la base et de 1 à 2.25 millimètres au milieu. 
Haut de 10 à 75 millimètres, large de 7 à 140 millimètres, 
tripartit, rarement 5-partit, le limbe se compose d’un seg- 
ment terminal et de deux, rarement de quatre, segments laté- 
raux, opposés deux par deux et un peu plus petits que le 
segment terminal. Le plus souvent ces segments, qui ont des 
bords garnis de lobes irréguliers pourvus à leur tour de créne- 
lures obtuses séparées par des sinus arrondis, sont oblongs, 
subaigus au sommet, longs de 25 à 70 millimètres et larges 
de 6.50 à 25 millimètres. Quelquefois ces segments sont 
linéaires, subobtus, longs de 10 à 20 millimètres, larges de 
1.25 à 2.60 millimètres, rarement simples, le plus souvent 
prolongés eux-mêmes en un petit nombre de segments secon- 
daires latéraux, linéaires et subobtus. Les cicatrices foliaires, 
en forme de croissant, ne se rejoignent point par leurs extré- 
mités latérales. 

À son sommet, la tige se termine par une inflorescence 
corymbiforme, haute de # à 7 centimètres, large de 4.5 à 
9.5 centimètres, formée d'une cyme bipare régulière, une fois 
ramifiée, dont les rameaux terminaux portent un assez grand 
nombre de pédicelles. 

Assez grêles, non dilatés au sommet, hauts de 6 à 10 nul- 
limètres, couverts de poils glanduleux longuement pédiculés, 
les pédicelles portent des fleurs érigées. 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. 5 


66 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


Couvert extérieurement de poils glanduleux longuement 
pédiculés, le calice se compose d'un tube un peu plus bref que 
les segments, haut de 0.80 à 1.05 millimètre, et de quatre 
segments un peu plus hauts que larges, deltoïdes, longs de 
1.90 à 3.60 millimètres et larges de 1.60 à 2 millimètres ; 
ces segments, dont les bords sont entiers, se rétrécissent 
depuis la base jusqu'au sommet aigu et légèrement sub- 
acuminé. 

Beaucoup plus longue que le calice, couverte extérieure- 
ment de quelques poils glanduleux longuement pédiculés, la 
corolle, d'un beau jaune d'or, à son plus grand diamètre un peu 
au-dessus de la base : au-dessous de ce niveau, elle se rétrécit 
peu à peu jusqu à la base : au-dessus elle s'atténue peu à peu 
Jusqu'au tiers inférieur, puis s'évase très lentement et presque 
insensiblement jusqu'à la base des segments étalés. Plus long 
que les segments, haut de 19.50 à 21.75 millimètres, son 
tube est pourvu, dans sa partie inférieure, de quatre côtes ver- 
ticales peu sællantes, disposées en face des filets oppositipé- 
tales. Largement ovés, un peu plus hauts que larges, longs 
de 6.60 à 8 millimètres et larges de 5 à 5.60 millimètres, 
ces segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grande 
largeur au-dessous du milieu; au-dessous de ce niveau, ils 
s'atténuent peu à peu jusqu'à la base; au-dessus, ils se 
rétrécissent peu à peu Jusqu'au sommet aigu où ils se pro- 
longent en une longue ariste grêle et haute de 3.40 à 4.50 
millimètres. 

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. 
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous de la 
base des segments corollins, dépasse à peine leur point d'inser- 
tion; très brefs, subdeltoïdes, ces filets s'élargissent insensi- 
blement depuis le sommet jusqu'à la base qui n'est, elle- 
même, n1 élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée, qui fait à 
peine saillie à l'intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la 
base de celui-ci, est haute de 16.25 à 18.50 millimètres ; leur 
partie libre, longue de 0.25 à 0.30 millimètre, est large de 
0.20 millimètre à la base et de 0.12 millimètre au milieu. 
Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus 


CONTRIBUTION A L' ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 67 


haut que les filets alternipétales et à très peu de distance de 
la base des segments corollins, dépasse un peu le sommet du 
tube de la corolle; linéaires-subdeltoides, ces filets s’élar- 
gissent peu à peu depuis le sommet jusqu'à la base qui n'est 
elle-même ni élargie ni rétrécie ; leur partie soudée, qui ne 
fait pas saillie à l'intérieur du tube de la corolle, est haute de 
19.30 à 21.15 millimètres ; leur partie libre, longue de 1.10 
à 1.40 millimètre, est large de 0.35 à 0.45 millimètre à la 
base et de 0.25 à 0.30 millimètre au millieu. Un peu plus 
hautes que larges, jaunes, ovées, émarginées à la base, les 
anthères, qui sont longues de 2.20 millimètres et larges de 
1.30 millimètre, portent, au sommet oblus, un petit globule 
subsphérique. 

Soudés entre eux sur un sixième ou un septième de leur 
longueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les 
autres ; assez étroitement oblongs, ces carpelles s’atténuent 
peu à peu à partir du milieu, d’une part jusqu'a la base, 
d'autre part jusqu'au sommet, où ils portent un style grêle, 
vert, beaucoup plus long qu'eux et terminé au sommet par 
un stigmate jaune légèrement dilaté ; la partie soudée des 
carpelles est haute de 1.40 à 1.60 millimètre ; leur partie 
libre, longue de 6.50 à 9.75 millimètres, est large de 1.75 
à 1.90 millimètre; les styles sont hauts de 15.60 à 18 mulli- 
mètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent sur 
toute leur longueur des funicules assez écartés, sont réduits 
à deux grêles cordons verticaux parallèles à chacun des deux 
bords internes des carpelles. 

Beaucoup plus hautes que larges, linéaires, élargies à la 
base, obtuses au sommet, les écailles sont longues de 2.50 à 
2.90 millimètres et larges de 0.40 à 0.45 millimètre, 

Près de deux fois plus hautes que larges, obovées, obtuses 
au sommet et à la base, les graines, au nombre de trente 
environ dans chaque follicule, sont longues de 0.90 à ? milli- 
mètre et larges de 0.55 à 0.60 millimètre. Leur test, couvert 
de rides longitudinales nombreuses et peu saillantes, 
s'applique exactement sur l'amande. 

Cette espèce, qui est dédiée à M. le Docteur Chapotot, méde- 


68 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


cin-chef de l'Hôpital 189 bis à Lyon, a été récoltée par 
M. Perrier de la Bâthie, en juillet 1903 et en octobre 1905, 
sur les rochers calcaires et boisés de Namoroka (Ambongo). 

Elle appartient au groupe 13 proposé par M. Raymond-Hamet 
et se rapproche beaucoup du Xalanchoe Briqueti Raymond- 
Hamet et du Xalanchoe Boisi Raymond-Hamet et Perrier de 
la Bâthie. 

Du premier elle se distingue : 1° par le tube de la corolle 
proportionnellement beaucoup plus long ; 2° par les sépales 
un peu plus hauts que larges, deltoïdes, rétrécis depuis 
la base jusqu'au sommet aigu et légèrement acuminé, et non 
beaucoup plus longs que larges, très longuement deltoïdes, 
rétrécis depuis la base Jusqu'au sommet aigu ; 3° par les 
pétales ovés, aigus, non point suboblongs, rétus ; 4° par les 
filets proportionnellement beaucoup plus brefs ; 5° par les 
styles plus longs, et non plus brefs que les carpelles. 

Du second, elle diffère : 1° par les feuilles à limbe tri- ou 
5-partit, non point ové, entier ; 2° par les styles plus longs, et 


non plus brefs que les carpelles. 


Kalanchoe Stapfi Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie. 

Le Xalanchoe Stapfi est une plante vivace, glabre, haute 
de 0.50 à 1 mètre. Assez grêle, érigée et ligneuse, sa tige, 
dont le diamètre médian est de 8 millimètres, parait être 
primitivement simple, mais, au moment de la floraison, elle 
donne naissance à des bourgeons qui apparaissent au voisi- 
nage immédiat des cicatrices foliaires et se développent bientôt 
en rameaux stériles qui fleuriront l’année suivante. 

Au moment de la floraison, les tiges florifères, feuillues 
dans leur jeunesse, sont complètement dénudées, mais les 
rameaux stériles portent encore, à leur sommet, deux ou trois 
paires de feuilles opposées, décussées, pétiolées, peltées et 
assez espacées. Le premier entrenœud supérieur de la tige 
florifère est haut de 11 centimètres ; le second, de 3 centi- 
mètres. Haut de 3.50 à 4 centimètres, large de 1.50 à 2 mul- 
limètres, assez grêle mais élargi à la base, le pétiole s’insère 
à une distance de 6 à 8 millimètres de la base du limbe ; 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 69 


autant qu'on en peut juger par le contour des cicatrices foliaires, 
il forme une lame légèrement canaliculée sur sa face supé- 
rieure et portant, au milieu de sa face inférieure, une carène 
correspondant à la nervure médiane. Un peu plus haut que 
large, ové, arrondi ou quelquefois légèrement émarginé à la 
base, haut de 5 à 7 centimètres, large de 3.50 à 5.50 centi- 
mètres, obtus au sommet, le limbe est bordé de larges créne- 
lures assez irrégulières, obtuses et séparées par de larges sinus 
anguleux ou arrondis, Les cicatrices foliares ont à peu près 
la forme d’un triangle dont la base serait tournée vers le som- 
met de la plante ; les extrémités latérales de ces cicatrices 
sont très proches mais, cependant, ne se rejoignent point, 

La tige se termine, au sommet, par une inflorescence lâche, 
subcorymbiforme, haute de 13 centimètres et large de 16 cen- 
timètres ; cette inflorescence se compose de deux pédoncules 
primaires latéraux divisés presque dès la base en trois pédon- 
cules secondaires terminés par des cymes bipares et pauci- 
flores, et d’un pédoncule primaire terminal se confondant, 
d'ailleurs, avec l'axe de l'inflorescence, pédoncule divisé lui 
aussi en trois pédoncules secondaires terminés par des cymes 
bipares et pauciflores. 

Grêles, longs de 16 à 22 millimètres, les pédicelles sup- 
portent des fleurs pendantes. 

Subcampanulé, brusquement rétréei à la base, le calice se 
compose d'un tube plus bref que les segments, haut de 2.25 
à 3 millimètres, et de quatre segments appliqués contre le 
tube de la corolle mais légèrement récurvés dans leur partie 
supérieure ; ovés, plus hauts que larges, longs de # à 5 mil- 
limètres, larges de 3 à 3.50 millimètres, ces segments, dont 
les bords sont entiers, ont leur plus grande largeur au-dessous 
du milieu; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent assez 
brusquement jusqu'à la base ; au-dessus, ils s'atténuent jus- 
qu'au sommet aigu. 

Beaucoup plus longue que le calice, la corolle suburcéolée 
a son plus grand diamètre au-dessous du milieu ; au-dessous 
de ce niveau, elle s'atténue progressivement jusqu'à une faible 
distance de la base puis s'atténue plus lentement jusqu'à la 


70 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE 


base elle-même ; au-dessus, elle se rétrécit lentement jusqu’à 
la base des segments dressés. Beaucoup plus long que les 
segments, son tube est haut de 26 à 26.50 millimètres. Un 
peu plus hauts que larges, largement ovés, longs de 5.25 
millimètres, larges de 5 millimètres, ces segments, dont les 
bords sont entiers, ont leur plus grande largeur un peu au 
dessous du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent 
jusqu'à la base ; au-dessus, ils s’atténuent jusqu'au sommet 
aigu et légèrement acuminé. 

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. 
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessus du 
milieu du tube de la corolle, dépasse un peu le milieu des 
segments corollins ; grèles, très longuement linéaires-subdel- 
toïdes, ces filets s'élargissent insensiblement depuis le sommet 
jusqu'à la base, qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie-: 
leur partie soudée, qui fait à peine saillie à l'intérieur du tube 
de la corolle, est haute de 24.50 à 25 millimètres ; leur partie 
libre, longue de 4.75 millimètres, est large de 0.15 milli- 
mètre à la base et de 0,12 millimètre au milieu. Le sommet 
des filets oppositipétales, insérés plus haut que les filets alter- 
nipétales, et un peu au-dessous de la base des segments de 
la corolle, dépasse un peu le sommet des filets alternipétales ; 
grèles, très longuement linéaires-subdeltoides, ces filets 
s'élargissent insensiblement depuis le sommet jusqu'à la base, 
qui nest, elle-même, ni élargie, n1 rétrécie ; leur partie soudée 
est haute de 23.50 à 24 millimètres : leur partie libre, longue 
de 2.50 millimètres, est large de 0.15 millimètre à la base 
et de 0.12 millimètre au milieu. Un peu plus larges que 
hautes, suborbiculaires-subréniformes, émarginées à la base, 
très obtuses au sommet, les anthères sont longues de 1 mil- 
limètre et larges de 1.40 millimètre. 

Soudés entre eux sur un quart environ de leur longueur 
totale, nettement divergents, oblongs, rétrécis assez brusque- 
ment dans leur partie inférieure Jusqu'à la base insensiblement 
atténuée, les carpelles se rétrécissent dans leur partie supé- 
rieure, puis s’atténuent insensiblement en styles plus longs 
qu'eux, grêles et terminés par des stigmates légèrement 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 71 


dilatés ; la partie soudée des carpelles est haute de 3 milli- 
mètres ; leur partie libre longue de 13 millimètres, est large 
de 3.80 millimètres ; les styles sont hauts de 20 millimètres. 
Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules 
sur toute leur longueur, sont réduits à deux grêles cordons 
subverticaux parallèles à chacun des deux bords internes des 
carpelles. 

Plus larges que hautes, obovées-subquadrangulaires, non 
dilatées à la base, portant au milieu de leur partie supérieure 
une très large cuspide très obtuse dont la largeur atteint un 
tiers de leur largeur totale, les écailles sont longues de 1.25 
millimètre et larges de 2.25 millimètres. 

Cette espèce qui est dédiée à M. le Docteur Stapf!, cura- 
teur des Jardins Royaux de Kew, a été récoltée, en 
décembre 1912, par M. Perrier de la Bâthie, à une altitude 
d'environ 2.500 mètres, sur les cimes à lichens du Mont 
Tsaratanana. 

Elle appartient au groupe 1 proposé par M. Raymond- 
Hamet et se rapproche beaucoup du Xalanchoe peltata Baillon, 
dont elle se distingue : 1° par ses sépales plus hauts que 
larges, aigus au sommet, et non plus larges que hauts, large- 
ment émarginés au sommet; 2° par ses sépales un peu plus 
hauts que larges, aigus et légèrement acuminés au sommet, 
non point plus larges que hauts, obtus et largement émar- 
ginés au sommet. 


Kalanchoe Waldheimi Raymond-Hamet et Perrier de la 
Bâthie. 

Le Kalanchoe Waldheimi est une plante glabre et vivace. 
Assez grêle, haute de 22 à 30 centimètres, sa tige, dont le 
diamètre varie de #4 à 7 millimètres à la base et de 2.50 à 
k millimètres au milieu, est primitivement simple et érigée ; 
après la floraison, les parties médiane et supérieure de la tige 
se dessèchent et disparaissent ; la portion inférieure, qui sub- 

1. La bienveillance de M. le D' Stapf nous a permis de comparer, avec les 


originaux du Kalanchoe peltala, l'échantillon authentique du Kalanchoe Slapfi. 
Nous sommes heureux de lui exprimer ici notre vive et cordiale gratitude. 


72 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE 


siste seule, s'étale sur le sol, s'y enracine et émet des rejets 
stériles qui, l’année suivante, se développeront en tiges flori- 
fères. Les plantes âgées forment donc des touffes de tiges 
stériles et florifères, issues du caudex rameux et rampant en 
quoi se sont transformées les portions basilaires des anciennes 
tiges florifères. 

Dans leur jeunesse, les tiges portent des feuilles sur toute 
leur longueur, mais leurs régions basilaire, moyenne et supé- 
rieure se dénudent bientôt, de telle sorte que persistent seules 
les quelques paires de feuilles de la région inférieure. 
Opposées, décussées, planes mais charnues, subsessiles, 
longues de 42 à 68 millimètres, larges de 22 à 35 millimètres 
dans leur plus grand diamètre et de 4 à 5 millimètres à la 
base, obovées, ces feuilles, dont les bords sont entiers dans 
leurs deux tiers inférieurs mais garnies dans le tiers supérieur 
de larges crénelures obtuses, séparées par des sinus étroits et 
anguleux, ont leur plus grand diamètre au-dessus du milieu ; 
au-dessus de ce niveau, elles se rétrécissent jusqu'au sommet 
très obtus ; au-dessous, elles s’atténuent peu à peu jusqu'à la 
base où elles se prolongent en un très bref pseudo-pétiole à 
peine distinct du limbe. Les feuilles inférieures et infra- 
médianes sont assez régulièrement espacées et assez rap- 
prochées les unes des autres; les feuilles médianes et supé- 
rieures sont irrégulièrement espacées et plus ou moins dis- 
tantes les unes des autres. La longueur du premier entrenœud 
supérieur varie de-2.50 à 6 centimètres ; celle du second, de 
2.80 à 7 centimètres ; celle du troisième, de 3 à à centimètres ; 
celle du quatrième, de 0.80 à 2.50 centimètres ; celle du cin- 
quième, de 0.70 à À centimètre : celle du sixième, de 0.50 à 
0.80 centimètre ; celle du septième, de 0.80 à 1 centimètre ; 
celle du huitième, de 0.60 à 1.30 centimètre ; celle du neu- 
vième, de 0.40 à 1.50 centimètre ; celle du dixième, de 0.60 
à 0.80 millimètre. Les cicatrices foliaires ont la forme d’un 
croissant ; leurs extrémités latérales arrondies ne se rejoignent 
point. 

L'inflorescence, assez lâche et corymbiforme, qui termine la 
tige, se compose d'un pédoncule terminal et d'une paire de 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 13 


pédoncules primaires latéraux qui, tous trois, se terminent par 
des cymes bipares une fois ramifiées et assez peu florifères, 

Grèles, longs de 6 à 17 millimètres, légèrement dilatés au 
sommet, les pédicelles supportent des fleurs pendantes. 

Le calice subcampanulé-suburcéolé se compose d'un tube 
haut de 14 à 16 millimètres et de quatre segments plus brefs 
que le tube. Deltoïdes, un peu plus hauts que larges, atténués 
depuis la base, non dilatée ni rétrécie, jusqu'au sommet, aigu 
et subacuminé, les segments, qui ont des bords entiers, sont 
longs de 5.40 à 5.80 millimètres et larges de 3.50 à 3.60 
millimètres. 

Plus longue que le calice, colorée en rose, la corolle est 
nettement étranglée au-dessous du milieu ; au-dessous de cet 
étranglement, elle se dilate peu à peu puis se rétrécit jusqu à 
une faible distance de la base ; à partir de ce niveau elle garde 
un diamètre identique jusqu'à la base elle-même et forme ainsi 
une sorte de petit tube basilaire qui lui donne une apparence 
stipitée ; au-dessus de l’étranglement, elle se dilate peu à peu 
puis se rétrécit légèrement au-dessous des segments dressés. 
Un peu plus long que les segments, son tube est haut de 16 
à 17 millimètres. Longuement obovés, plus hauts que larges, 
longs de 11 à 11.25 millimètres et larges de 5 à 5.25 muli- 
mètres, les segments, dont les bords sont entiers, ont leur plus 
grand diamètre au-dessus du milieu ; au-dessus de ce niveau, 
ils se rétrécissent assez brusquement jusqu'au sommet angu- 
leux et subaigu ; au-dessous ils s'atténuent peu à peu jusqu’à 
la base qui n’est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie. 

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. 
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du 
milieu du tube corollin, atteint presque le milieu des seg- 
ments de la corolle ; grêles, très longuement et très étroite- 
ment linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait légèrement 
saillie à l’intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de 
celui-ci, gardent un diamètre identique sur la presque totalité 
de leur longueur, mais, dans leur partie inférieure, s élargissent 
peu à peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni 
rétrécie ; leur partie soudée est haute de 6.75 à 7 millimètres ; 


74 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATRIE 


leur partie libre, longue de 14 à 15 millimètres, est large de 
0.70 millimètre à la base et de 0.50 millimètre au milieu. Le 
sommet des filets oppositipétales, insérés au même niveau que 
les filets alternipétales où un peu plus haut que ces derniers, 
dépasse légèrement l'extrémité supérieure des filets alterni- 
pétales mais n'atteint pas le milieu des segments corollins ; 
crèles, très longuement linéaires, ces filets conservent un 
diamètre identique sur presque toute leur longueur, mais, dans 
leur partie inférieure, s’élargissent peu à peu jusqu'à la base 
qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée 
est haute de 7 à 7.25 millimètres ; leur partie libre, longue de 
14.50 à 15 millimètres, est large de 0.70 millimètre à la base 
et de 0.50 millimètre au milieu. Ovées-subréniformes, un 
peu plus hautes que larges, émarginées à la base et. obtuses 
au sommet, les anthères sont longues de 1.25 à 1.60 milli- 
mètre et larges de 1.20 à 1.50 millimètre. 

Soudés entre eux sur près d’untiers de leur longueur totale, 
les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; ovés- 
oblongs, rétrécis dans leur partie inférieure, ils sont atténués 
en styles grêles, beaucoup plus longs qu'eux et terminés par 
des stigmates légèrement dilatés ; leur partie soudée est haute 
de 2 à 2.25 millimètres ; leur partie libre, longue de 5 à 5.25 
millimètres, est large de 2.25 millimètres; les styles sont 
hauts de 17 à 18 millimètres. Dans chaque carpelle, les pla- 
centes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont 
constitués par de nombreuses petites lames subsemicirculaires 
sur lesquelles s'insèrent les funicules ; ces lames sont dispo- 
sées le long de deux cordons grêles verticaux et presque 
parallèles, quoique très légèrement incurvés en dedans, à cha- 
cun des deux bords internes des carpelles. | 

Un peu plus larges que hautes, subsemiorbiculaires, obtuses 
au sommet, élargies à la base, les écailles sont longues de 
0.60 à 0.75 millimètre et larges de 0.80 à 1.25 millimètre. 

Cette plante, qui est dédiée à S. E. le Docteur Fischer de 
Waldheim, directeur des Jardins botaniques Impériaux de 
Petrograd, a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie, en juin 
1912, à une altitude d'environ 1.200 mètres, sur les rocailles 
granitiques des environs de Betafo. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CTASSULACÉES MALGACHES 19 


Elle appartient au groupe 9 proposé par M. Raymond-Hamet 
et se rapproche beaucoup du Xalanchoe Tieghemi Raymond- 
Hamet, dont elle se distingue pourtant fort aisément : 1° par 
ses feuilles obovées, contractées à la base en un très bref 
pseudo-pétiole, et non longuement pétiolées, à limbe ové et 
pourvu à la base de deux oreillettes obtuses et crénelées qui 
se replient sur le limbe : 2° par ses pétales un peu plus brefs 
que le tube corollin, longuement obovés, anguleux au sommet, 
non point beaucoup plus brefs que le tube de la corolle, obo- 
vés-subquadrangulaires, très obtus au sommet. 


Kalanchoe Fedtschenkoi Raymond-Hamet et Perrier de 
la Bâthie. 

Le Kalanchoe Fedtschenkoiest une plante glabre et vivace. 
Assez grèle, haute de 25 à 27 centimètres, la tige, dont le 
diamètre varie de 3 à 4 millimètres à la base et de 2.60 à 3 
millimètres au milieu, est primitivement simple et érigée. 
Après la floraison la tige émet, dans sa partie inférieure, un 
ou deux rameaux latéraux d’une longueur de 8 à 10 centi- 
mètres et d'un diamètre variant de 1.50 à 2 millimètres à 
la base et de 1 à 1.25 millimètre au milieu, cependant que les 
portions basilaires de la tige se courbent, s'étalent sur le sol 
et s'y enracinent. Les plantes âgées sont done pourvues d’une 
longue tige nue, rampante, enracinée de loin en loin et ter- 
minée à son extrémité par une tige florifère érigée, à la base 
de laquelle se développent des rameaux stériles. Quand le stat 
est particulièment favorable, la portion rampante de la tige se 
ramifie et se prolonge, à l'extrémité de chacune de ses rami- 
fications, par une tige florifère érigée pourvue à sa base de 
rameaux stériles : la plante forme alors une grosse toulfe. 

Les tiges, qui, dans leur jeunesse, portent des feuilles sur 
toute leur longueur, se dénudent bientôt, de telle sorte qu'au 
moment de la fructification, les tiges florifères sont complète- 
ment nues et que quelques paires de feuilles persistent seule- 
ment à l'extrémité des rameaux stériles. Opposées, décussées, 
planes mais assez charnues, obovées-suborbiculaires, obovées 
ou obovées-oblongues, les feuilles, dont les bords sont garnis 


76 RAYMOND-TIAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE 


de dents aiguës assez peu nombreuses et séparées par de larges 
sinus arrondis ou anguleux, sont rétrécis brusquement à la 
base en un très court pétiole grêle, très étroitement linéaire, 
long de À à 5 millimètres, large de 0.75 à 1.75 millimètre, 
ni élargi ni rétréci à la base ; la hauteur du limbe varie de 
9 à 37 millimètres, sa largeur, de 6 à 16 millimètres. Les 
feuilles des tiges florifères sont assez régulièrement espacées, 
mais les entrenœuds inférieurs sont un peu plus brefs que les : 
entrenœuds supérieurs. La hauteur du premier entrenœud des 
ges florifères varie de 2 à 2.50 centimètres ; celle du second, 
de 2 à 2.30 millimètres: celle du troisième est de 2 centi- 
mètres; celle du quatrième, de 2.50 centimètres ; celle du cin- 
quième varie de 2.50 à 2.60 centimètres ; celle du sixième, de 
3.29 à 4.50 centimètres ; celle du septième est de 1.50 centi- 
mètre ; celle du huitième, de 1 centimètre ; celle du neuvième, 
de 1 centimètre; celle du dixième, de 0.7 centimètre ; celle 
du onzième, de 0.7 centimètre ; celle du douzième, de 0.7 
centimètre; celle du treizième, de 0.9 centimètre; celle du 
quatorzième, de 0.7 centimètre; celle du quinzième, de 0.4 
centimètre : celle du seizième, de 0.5 centimètre: celle du 
dix-septième, de 0.6 centimètre; celle du dix-huitième, de 
0.3 centimètre: celle. du dix-neuvième, de 0.40 centimètre ; 
celle du vingtième, de 0.50 centimètre; celle du vingt et 
unième, de 0.40 centimètre; celle du vingt-deuxième, de 
0.30 centimètre; celle du vingt-troisième, de 0.40 centimètre ; 
celle du vingt-quatrième, de 0.30 centimètre ; celle du vingt- 
cinquième de 0.40 centimètre. Les feuilles des tiges stériles 
sont semblables à celles des tiges florifères mais un peu plus 
épaisses et plus fortement dentées. Les feuilles des tiges 
stériles sont, elles aussi, assez régulièrement espacées, mais 
les entrenœuds inférieurs sont un peu plus longs que les entre- 
nœuds supérieurs. La longueur du premier entrenœud infé- 
rieur des tiges stériles est de 3 centimètres ; celle du second, 
de # centimètres ; celle du troisième, de 5 centimètres ; celle 
du quatrième, de # centimètres ; celle du cinquième, de6 cen- 
timètres ; celle du sixième, de 4 centimètres ; celle du septième, 
de 4 centimètres ; celle du huitième, de # centimètres ; celle 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 77 


du neuvième, de 3 centimètres; celle du dixième, de 2? centi- 
mètres ; celle du onzième, de 3 centimètres: celle du 
douzième, de 5 centimètres: celle du treizième, de 6.50 centi- 
mètres ; celle du quatorzième, de 8 centimètres: celle du 
quinzième, de 8 centimètres ; celle du seizième, de 10 centi- 
mètres ; celle du dix-septième, de 7 centimètres ; celle du 
dix-huitième, de à centimètres. Les cicatrices foliaires subse- 
micirculaires ne se rejoignent point par leurs extrémités laté- 
rales. 

L'inflorescence, lâche et corymbiforme, qui termine la tige 
se compose d'un pédoneule terminal et de deux pédoncules 
primaures latéraux et opposés, terminés, tous trois, par des 
cymes bipares pauciflores et une fois ramifiées. 

Grêles, légèrement rétrécis au sommet, longs de T à 
10 millimètres, les pédicelles supportent des fleurs pendantes. 

Le calice, campanulé-suburcéolé, se compose d’un tube haut 
de 12.25 à 13.25 millimètres et de quatre segments plus brefs 
que le tube. Deltoïdes, plus hauts que larges, atténués depuis 
la base non élargie ni rétrécie jusqu'au sommet aigu et suba- 
cuminé, les sépales, qui ont des bords entiers, sont longs de 
6 à 6.60 millimètres et larges de 4.40 à 4.80 millimètres. 

Plus longue que le calice, pourpre, la corolle à son plus grand 
diamètre un peu au-dessus de la base; au-dessous de ce 
niveau elle se rétrécit assez brusquement jusqu’à une très 
fuble distance de la base, puis, à partir de ce point, conserve 
un diamètre identique jusqu'à la base elle-même, formant ainsi 
un tube grêle et court qui lui donne une apparence stipitée; au- 
dessus de ce niveau, elle se rétréeit peu à peu jusqu'au-dessous 
du milieu, puis, à partir de ce point, conserve un diamètre iden- 
tique jusqu’à la base des segments légèrement récurvés, for- 
mant ainsi un long tube dont le diamètre, un peu plus faible 
que celui de la partie inférieure de la corolle, est cependant 
beaucoup plus grand que celui du petit tube qu'on observe à 
la base même de la corolle. Plus long que les segments, le 
tube est haut de 17.50 à 18.25 millimètres. Subobovés, un 
peu plus hauts que larges, longs de 6.25 à 6.50 millimètres, 
larges de 4,25 à 4.60 millimètres, les segments, dont les bords 


18 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 

sont entiers ou quelquefois légèrement érodés-sinueux à leur 
extrémilé supérieure, ont leur plus grande largeur au-dessus 
du milieu: au-dessus de ce niveau, ils se rétrécissent assez 
brusquement jusqu'au sommet arrondi et très obtus: au- 
dessous, ils se rétrécissent assez rapidement jusqu'à un niveau 
voisin du milieu, puis, à partir de ce point, ils s’atténuent peu à 
peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie. 

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. 
Le sommet des filets alternipétales, insérés un peu au-dessous 
ou un peu au-dessus du milieu du tube de la corolle, atteint 
presque ou mème dépasse légèrement le milieu des segments 
corollins: grèles, très longuement linéaires, ces filets, dont la 
partie soudée fait très légèrement saillie à l'intérieur du tube 
de la corolle et jusqu'à la base de celui-ci, gardent un dia- 
mètre identique jusqu à une distance voisine de la base: à 
partir de ce niveau, ils s'élargissent légèrement jusqu’à la 
base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie 
soudée est haute de 8.25 à 9.25 millimètres ; leur partie libre, 
longue de 10.75 à 12.75 millimètres, est large de 0.60 milli- 
mètre à la base et de 0.30 millimètre au milieu. Le sommet 
des filets oppositipétales, insérés un peu au-dessous du niveau 
d'insertion des filets alternipétales, dépasse un peu le som- 
met de ces derniers; grêles, très longuement linéaires, ces 
filets gardent un diamètre identique jusqu à une faible dis- 
tance de la base; à partir de ce niveau, ils s’élargissent très 
légèrement jusqu à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, mi 
rétrécie; leur partie soudée est haute de 7:25 à 8.25 mulh- 
mètres; leur partie libre, longue de 12.25 à 14 millimètres, 
est large de 0.50 millimètre à la base et de 0.25 millimètre au 
milieu. Subréniformes, un peu plus hautes que larges, large- 
ment émarginées à la base, légèrement émarginées au som- 
met, les anthères sont longues de 1 à 1.10 millimètre et 
larges de 0.60 à 0.70 millimètres. 

Soudés entre eux sur près d'un tiers de leur longueur totale, 
les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; ovés- 
oblongs, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s'atténuent, 
dans leur partie supérieure, en styles grêles, plus longs 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 79 


qu'eux et terminés par des stigmates légèrement dilatés; leur 
partie soudée est haute de 3.90 à 4 millimètres; leur partie 
libre, longue de 5.25 à 5.60 millimètres, est large de 2.40 
millimètres ; les styles sont hauts de 13.25 à 14.50 milli- 
mètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des 
ovules sur toute leur longueur, sont constitués par de nom- 
breuses petites lames subsemicirculaires sur laquelle s'insèrent 
les funicules; ces lames sont disposées le long de deux cor- 
dons grèles, verticaux et presque parallèles, quoique très légè- 
rement ineurvés en dedans, à chacun des deux bords internes 
des carpelles. 

Un peu plus hautes que larges, subtrapéziformes-subsemi- 
orbiculaires ou longuement subtrapéziformes, non élargies ou 
légèrement dilatées à la base, émarginées au sommet, les 
écailles sont longues de 0.80 à { millimètre et larges de 0.60 
0.70 millimètre. 

Obovées, légèrement arquées, très obtuses au sommet et 
arrondies à la base, les graines, très nombreuses dans chaque 
follicule, sont hautes de 0.60 millimètres et larges de 0,20 
millimètre. Leur test, couvert de rides longitudinales assez 
nombreuses et peu saillantes, s'applique exactement sur 
l'amande. 

Cette espèce, qui est dédiée à M. le docteur Boris de 
Fedtschenko, le savant et aimable curateur du Jardin Impe- 
rial botanique de Pétrograd, a été récoltée par M. Perrier de 
la Bâthie, en septembre 1911, à une altitude d'environ 1.000 
mètres, sur la rocaille du Mont Tsitongabalaa, près d'Ihosy 
{Bassin du Mangoky). 

Elle appartient au groupe 9 proposé par M. Raymond-Hamel 
et se rapproche du KXalanchoe Tieghemi Raymond-Hamet et du 
Kalanchoe Waldheimi Raymond-Hamet et Perrier de la 
Bâthie. 

Du Kalanchoe Tieghemi, elle se distingue : 1° par ses feuilles 
subsessiles à limbe obové-suborbiculaire, obové ou obové- 
oblong, bordé de dents aiguës, brusquement rétréei à la base 
en un très court et très étroit péliole, et non longuement 


pétiolées, à limbe ové, erénelé et pourvu à la base de 


S0 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


deux oreillettes obtuses et crénelées qui se replient sur le 
limbe ; 2° par ses écailles un peu plus hautes que larges, non 
point un peu plus larges que hautes. 

Du Xalanchoe Waldheimi elle diffère : 1° par ses feuilles à 
limbe obové-suborbiculaire, obové, ou obové-oblong, bordé de 
dents aiguës, brusquement rétrécies à la base en un très court 
et très étroit pétiole, et non à limbe obové, crénelé seulement 
dans son tiers supérieur et contracté à la base en un très bref 
pseudo-pétiole à peine distinct du limbe ; 2° par ses pétales 
proportionnellement plus brefs, très obtus au sommet, non 
point anguleux-subaigus au sommet; 3° par ses écailles un peu 
plus hautes que larges, et non un peu plus larges que hautes. 


Kalanchoe miniata Hilsembach et Bojer, ex Tulasne. — 
Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. hb. 
Boissier, sér. 2,t. VIIL, t. 21 (1908). 

Le Xalanchoe miniata est une plante glabre et vivace. Assez 
grêle, érigée, mais couchée et radicante dans sa partie infé- 
rieure, la tige, dont le diamètre est de 5 millimètres à la base 
et de 2 à 3 millimètres au milieu, à une hauteur variant de 30 
à 60 centimètres. 

La tige porte des feuilles opposées, décussées, planes mais 
charnues, assez régulièrement espacées. La longueur du 
premier entrenœud supérieur varie de 5 à 5.50 centimètres ; 
celle du second, de 2.50 à 7 centimètres ; celle du troisième, 
de 2.50 à 8.50 centimètres; celle du quatrième, de 2.50 à 
6.70 centimètres; celle du cinquième, de 1.50 à 3 centi- 
mètres; celle du sixième, de 0.80 à 2.80 centimètres; celle 
du septième, de 1 à 2 centimètres; celle du huitième, de 0.90 
à À centimètre; celle du neuvième est de 2.50 centimètres ; 
celle du dixième, de 3 centimètres. Les feuilles, à l'exception 
de celles qui sont situées à l'aisselle des pédoncules latéraux 
de l'inflorescence, sont pétiolées. Le pétiole subcylindrique, 
légèrement aplati sur sa face supérieure, est nettement élargi 
dans sa partie inférieure où il forme une sorte de plate-forme 
ovée-subsemicireulaire, amplexicaule, haute de 5 à 9 milli- 
mètres, large de 6 à 13 millimètres ; cette plate-forme, qui a son 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES  S1 


plus grand diamètre au-dessous du milieu, d'une part se rétré- 
cit à partir de ce niveau jusqu'à la base, d'autre part s'atténue 
jusqu'à son extrémité supérieure où elle se continue par la 
partie cylindrique du pétiole ; dans les feuilles inférieures, le 
péliole, qui s'insère à la base du limbe, a une ds cylindrique 
haute de 6 à 9 millimètres, large de 2.50 à 3.25 millimètres 
et, par conséquent, très Brève et à peine plus haute que la 
plate-forme pétiolaire ; dans les feuilles médianes, le pétiole, 
qui s'insère également à la base du limbe, a une portion cylin- 
drique haute de 15 à 20 millimètres et large de 2.50 à 3.50 
millimètres, et, par conséquent, beaucoup plus longue que la 
plate-forme pétiolaire ; dans les feuilles supérieures, le pétiole, 
qui s'insère non pas à la base du limbe mais à une faible dis- 
tance (2 à 5 millimètres) au-dessus de celle-ci, a une portion 
cylindrique haute de 16 à 22 millimètres, large de 2 à 2.75 
millimètres, et par conséquent beaucoup plus longue que la 
plate-forme pétiolaire. Ové, obtus, subobtus ou même subaigu 
au sommet, le limbe, dont les bords sont, tantôt très légère- 
ment sinueux, tantôt bordés de crénelures obtuses et séparées 
par des sinus étroits et anguleux, est arrondi à la base dans 
les feuilles inférieures et médianes, mais émarginé dans les 
feuilles supérieures qui sont ainsi subcordiformes ; sa longueur 
varie de 25 à 80 millimètres ; sa largeur, de 11.50 à 39 mil- 
limètres. Sessiles, subdeltoides-subsemilancéolées, les feuilles 
supérieures, dont les bords sont entiers, sont légèrement étran- 
glées dans leur tiers inférieur ; au-dessus de ce niveau, elles 
s'élargissent peu à peu, puis s’atténuent lentement jusqu'au 
sommet aigu ; au-dessous de.ce niveau, elles s'élargissent peu 
à peu, puis se rétrécissent assez brusquement jusqu'à la base 
amplexicaule ; leur:hauteur varie de 1% à 23 millimètres ; leur 
largeur de 3.50 à 8.50 millimètres. Les cicatrices rhiaites 
forment un anneau légèrement évidé qui entoure complète- 
ment la tige. 

L'inflorescence, qui termine la tige, est une panicule subco- 
rymbiforme, très lâche, haute de 6.50 à 20 centimètres, large 
de 6 à 26 centimètres, composée d'une cyme bipare terminale 
pauciflore et une fois ramifiée et de deux à quatre pédoncules 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1919, (ni 


82 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE 


primaires latéraux opposés et terminés au sommet par une 
cyme bipare pauciflore simple ou une fois ramifiée. Quelque- 
fois l'inflorescence avorte partiellement et se réduit à une 
cyme bipare une fois ramifiée et très pauciflore ; dans ce cas, 
on observe, à l’aisselle des ramifications de l'inflorescence et à 
l'extrémité de certains pédicelles stériles, des subglomérules 
de pseudo-bulbilles constitués par deux paires de feuilles extrèé- 
mement rapprochées et presque contiguës ; obovées, aiguës, 
les feuilles de la paire supérieure ont des bords entiers et sont 
hautes de 3.80 millimètres et larges de 2.70 millimètres ; 
obovées, aiguës et légerement subcuspidées au sommet, les 
feuilles de la paire inférieure ont des bords entiers et sont 
longues de 1 millimètre et larges de 0.65 nullimètre. 

Assez grêles, un peu dilatés au sommet, les pédicelles, 
longs de 7 à 20 millimètres, supportent des fleurs dressées. 

Linéaires-subdeltoïdes-subsemilancéolées, aiguës au som- 
met, légèrement dilatées à la base, les bractées, dont les bords 
sont entiers, sont hautes de 3.70 à 7-10 millimètres et larges 
de 1.20 et 1.85 millimètre. 

Le calice, subcampanulé, se compose d'un tube un peu plus 
bref que les segments, haut de 5.10 à 7.20 millimètres, et de 
quatre segments non appliqués contre le tube de la corolle; 
deltoïdes-subsemiorbiculaires, un peu plus hauts que larges, 
aussi hauts que larges, ou même un peu plus larges que hauts, 
longs de 6 à 8.40 millimètres, larges de 7 à 8 millimètres, ces 
segments, qui ont des bords entiers, se rétrécissent peu à peu 
depuis la base jusqu'au sommet aigu et acuminé. 

Plus longue que le calice, la corolle, qui est extérieurement 
d'un beau rouge vif avec de fines macules Jaunes, intérieure- 
ment d'un rouge jaunâtre avec des stries d’un rouge foncé, est 
nettement étranglée au-dessous du milieu : au-dessus de cet 
étranglement elle se dilate assez brusquement, puis s'élargit 
insensiblement jusqu'au dessus du milieu, enfin se rétréait 
peu à peu, à partir de ce niveau, Jusqu'à la base des segments 
dressés et légèrement récurvés ; au-dessous de l’étranglement, 
elle se dilate presque insensiblement, puis se rétrécit jusqu'à 
la base. Dans le fruit, la corolle, marcescente et subtubuleuse, 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 83 


a son plus grand diamètre à une faible distance de la base du 
tube ; au-dessous de ce niveau, elle se rétrécit assez brusque- 
ment jusqu'à la base ; au-dessus, elle se rétrécit peu à peu 
jusqu'au tiers inférieur et, à partir de ce niveau, conserve un 
diamètre identique jusqu'à la base des segments corollins. 
Plus long que les segments, haut de 24 à 31 millimètres, son 
tube est pourvu extérieurement de quatre côtes verticales, peu 
saillantes, disposées en face des filets oppositipétales. Un peu 
plus larges que hauts ou aussi hauts que larges, longs de 4.40 
à 6 millimètres, larges de 6 à 6.80 millimètres, subdeltoïdes- 
subsemiorbiculaires, les segments, qui ont des bords entiers, 
s'atténuent insensiblement depuis la base non élargie mi 
dilatée jusqu'au sommet aigu et légèrement cuspidé. 
L'androcée se compose de huit étamines libres entreelles. Le 
sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du milieu 
du tube de la corolle, atteint presque ou dépasse légèrement 
la base des segments corollins ; gréles, colorés de rouge, ces 
filets, dont la partie soudée fait à peine saillie à l'intérieur 
du tube de la corolle, sont linéaires et gardent une largeur 
identique sur toute leur longueur sauf dans leur partie infé- 
rieure où ils s'élargissent peu à peu jusqu'à la base qui n'est, 
elle-même, ni élargie, ni rétrécie ; leur partie soudée est haute 
de 6.40 à 8 millimètres; leur partie libre, longue de 17.25 
à 24 millimètres, est large de 0.50 à 0.60 nullimètre au 
milieu et de 1 à 1.20 millimètre à la base. Le sommet des 
filets oppositipétales, insérés un peu plus haut que les filets 
alternipétales, dépasse un peu l'extrémité supérieure de ceux- 
ci, et, comme eux, atteint presque ou dépasse légèrement la 
base des segments corollins; grèles, colorés en rouge, ces 
filets sont linéaires et gardent une largeur identique sur toute 
leur longueur sauf dans leur partie inférieure où ils s'élar- 
gissent peu à peu jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, 
ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 7 à 9 millimètres ; 
leur partie libre, longue de 17.10 à 24 millimètres, est large 
de 0.50 à 0.55 millimètre au milieu et de 1.20 à 1.30 milhi- 
mètre à la base. Noires, un peu plus hautes que larges, ovées, 
émarginées à la base, obtuses au sommet, les anthères sont 


84 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


longues de 1.60 millimètre et larges de 1.20 à 1.30 milh- 
mètre. 

Soudés entre eux sur un cinquième environ de leur lon- 
gueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les 
autres ; ovés-oblongs, ils ont leur plus grand diamètre 
au-dessus du milieu; au-dessous. de ce niveau, ils se 
rétrécissent jusqu'à la base ; au-dessus, ils s'atténuent peu à 
peu jusqu à leur extrémité supérieure où ils se prolongent en 
styles grêles, rouges, plus longs qu'eux et à peine dilatés au 
sommet ; la partie soudée des carpelles est haute de 1.75 à 
2.25 millimètres; leur partie libre, longue de 6.20 à 
8.60 millimètres, est large de 2.90 à 3 millimètres ; les styles 
sont hauts de 18 à 24.25 millimètres. Dans chaque carpelle, 
les placentes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, 
sont constitués par deux cordons grèles, verticaux, et presque 
parallèles, quoiqu'un peu incurvés en dedans, à chacun des 
deux bords internes des carpelles. 

Un peu plus hautes que larges, rarement un peu plus larges 
que hautes, subtrapéziformes-subsemioblongues, subquadran- 
gulaires, ou sublinéaires, toujours émarginées au sommet, non 
élargies ou légèrement élargies à la base, les écailles sont 
hautes de 0.90 à 1.40 millimètre et larges de 0.60 à 1.60 
millimètre. 

Presque trois fois plus hautes que larges, obovées, légère- 
ment arquées, obtuses au sommet et à la base, les graines, 
très nombreuses dans chaque follicule, sont longues de 
0,85 millimètre et larges de 0,32 millimètre. Leur test, cou- 
vert de rides longitudinales nombreuses et peu saillantes, 
s’applique exactement sur l’amande. 

Cette plante aétérécoltée, en septembre 1911, par M. Perrier 
de la Bâthie, à une altitude d'environ 1.100 mètres, sur les 
gneiss humides du sommet du mont Ivohibe (Bassin du Man- 


goky). 


Kalanchoe pinnata Persoon. — Raymond-Hamet, Monogr. 
du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIIT, p. 21 
(1908). 


APE « 


* LE 7 a à ; 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 835 


Var. genuina Raymond-Hamet. — Le Xalanchoe pinnata, 
var. genuina, est une plante glabre et vivace. Verte mais 
maculée de petites taches blanchâtres, subeylindrique ou plus 
ou moins anguleux, haute de 1 à 2 mètres, érigée mais un 
peu couchée dans sa partie inférieure, la tige ne se ramifie 
point, mais émet, à la base, des rejets stériles qui fleuriront 
ultérieurement. 

Les tiges portent des feuilles sur toute leur longueur sauf 
à la base où elles sont généralement dénudées. Opposées, 
décussées, pétiolées, simples, 3- ou même 5-foliolées, les 
feuilles, assez distantes les unes des autres, sont assez régu- 
lièrement espacées dans la partie inférieure de la tige, mais, 
dans sa partie médiane et dans sa partie supérieure, elles 
sont séparées par des entrenœuds plus allongés. Subeylin- 
drique, légèrement canaliculé sur sa face supérieure, haut de 
2.50 à 7.50 centimètres, large de 1.75 à 2.25 mullimètres 
dans sa partie médiane, le pétiole s’élargit à la base en une 
sorte de plate-forme haute de 3 à 5 millimètres, large de 3.50 
à 6 millimètres, subsemicireulaire, amplexicaule, dont les 
extrémités latérales se rejoignent à celles de la plate-forme du 
pétiole opposé. Lorsque la feuille est simple, le pétiole porte, 
à son extrémité supérieure, un limbe oblong, très obtus à la 
base et au sommet, haut de 6 à 18 centimètres, large de 4 à 
11 centimètres, bordé de larges crénelures obtuses séparées 
par de larges sinus arrondis; le limbe, vert sur les deux 
faces, est strié de violet sur sa face supérieure et coloré en 
brun à sa périphérie. Lorsque les feuilles sont 3- ou 5- 
fohiolées, le pétiole porte au sommet une foliole terminale et, 
un peu au-dessous de celle-ci, deux ou quatre folioles laté- 
rales opposées et un peu plus petites que la foliole ter- 
minale ; les folioles, semblables au limbe des feuilles simples, 
s'insèrent sur le pétiole commun par un bref pétiolule dont 
la longueur varie de 3 à 5 millimètres pour les folioles laté- 
rales et de 5 à 12 millimètres pour la foliole terminale et dont 
la largeur oscille entre 2 et 2.50 millimètres; la foliole ter- 
minale atteint parfois une longueur de 20 centimètres et une 
largeur de 12 centimètres, les folioles latérales une hauteur 


sb RAYMOND-HAMET ET II, PERRIER DE LA BATHIE 


de 12 centimètres et une largeur de 8 centimètres. Les 
feuilles conservent la même forme pendant la saison des 
pluies et pendant la saison sèche, mais, pendant cette der- 
nière, elles sont un peu plus épaisses et plus petites. 

La tige se termine, au sommet, par une inflorescence pani- 
culiforme composée d'un petit nombre de pédoncules latéraux 
terminés par des cymes hbipares et pauciflores. 

Grêles, hauts de 10 à 12 millimètres, non dilatés au som- 
met, les pédicelles supportent des fleurs pendantes. 

Oblongues-subovées, subaiguës au sommet, légèrement 
contractées dans leur partie inférieure en un large pseudo- 
pétiole, les bractées, dont les bords sont entiers, sont longues 
de 5.90 à 18.50 millimètres et larges de 2.40 à 8.25 milli- 
mètres. 

Coloré en vert franc ou en blanc verdâtre, subcampanulé, 
le calice se compose d'un tube plus haut que les segments, 
long de 21 à 31 millimètres et de quatre segments non appli- 
qués contre le tube de la corolle ; subdeltoïdes-subsemiorbi- 
culaires ou subdeltoïdes, un peu plus hauts que larges ou un 
peu plus larges que hauts, longs de 6.80 à 10.40 millimètres, 
larges de 7 à 11.25 millimètres, les segments, dont les bords 
sont entiers, ont leur plus grande largeur à la base, et, à 
partir de ce niveau, se rétrécissent peu à peu jusqu’au som- 
met aigu et acuminé. 

À peine plus longue que le calice, la corolle est nettement 
étranglée au-dessous du milieu ; au-dessous de cet étrangle- 
ment, elle se dilate peu à peu, puis se rétrécit jusqu'à une faible 
distance de la base, et, enfin, à partir de ce niveau, conserve un 
diamètre identique jusqu'à la base elle-même, formant ainsi 
une sorte de tube grêle qui lui donne une apparence stipitée ; 
au-dessus de l'étranglement, elle se dilate assez brusquement, 
puis conserve un diamètre presque identique jusqu'à la base 
des segments dressés-récurvés. Plus long que les segments, 
rougeâtre ou décoloré, le tube, qui porte, dans sa partie infé- 
rieure, quatre côtes assez saillantes situées en face des filets, 
oppositipétales, est haut de 30 à 40 millimètres. Subovés, 
plus larges que hauts, colorés en rouge brique, longs de 9 à 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 87 


14 millimètres, larges de 4.30 à 6.60 millimètres, les segments, 
dont les bords sont entiers, ont leur plus grand diamètre à 
une faible distance de la base ; au-dessous de ce niveau, ils se 
rétrécissent jusqu à la base : au-dessus, ils s'atténuent peu à 
peu jusqu’au sommet aigu et subacuminé. 

L'androcée se compose de huit étamines hbres entreelles. Le 
sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du milieu 
du tube de la corolle, dépasse un peu la base des segments 
corollins, mais n'atteint pas leur milieu; grêles, très longue- 
ment linéaires, ces filets, dont la partie soudée fait légèrement: 
saillie à l’intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la base de 
celui-ci, conservent un diamètre presque identique depuis le 
sommet jusqu'à la base qui n'est, elle-même, ni élargie, ni 
rétrécie; leur partie soudée est haute de 10.40 à 12.20 
millimètres; leur partie libre, longue de 2% à 30.75 milli- 
mètres, est large de 0.85 à 1.05 millimètre à la base et de 
0.65 à 0.85 millimètre au mulieu. Le sommet des filets 
oppositipétales, insérés un peu plus bas que les filets alter- 
nipétales, atteint à peu près le même niveau que ces der- 
niers ; grêles, très longuement linéaires, ces filets conservent 
un diamètre presque identique depuis le sommet jusqu'à la 
base qui n’est, elle-même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie 
soudée est haute de 9 à 10 millimètre ; leur partie libre, longue 
de 25 à 31.75 millimètres, est large de 0.90 à 1.05 milli- 
mètre à la base et de 0.80 à 0.90 millimètre au milieu. 
Un peu plus hautes que larges, ovées, obtuses au sommet et 
émarginées à la base, les anthères sont longues de 2.65 à 
3 millimètres et larges de 1.60 à 2.20 millimètres. 

Soudés entre eux sur un cinquième environ de leur longueur 
totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres; 
ovés, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s’atténuent, dans 
leur partie supérieure, en styles grèles, plus longs qu'eux et 


terminés par des stigmates à peine dilatés ; leur partie soudée 


est haute de 2,20 à 3.50 millimètres; leur partie libre, 
longue de 7.80 à 13 millimètres, est large de 3.40 mill- 
mètres; les styles sont hauts de 22.50 à 25 millimètres. 
Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules 


"y C 


ten RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


sur toute leur longueur, sont constitués par deux cordons 
grêles verticaux et presque parallèles, quoique très légère- 
ment incurvés en dedans, à chacun des deux bords internes 
des carpelles. 

Un peu plus hautes que larges, subquadrangulaires, légère- 
ment contractées ou même non contractées à la base, obtuses 
ou émarginées au sommet, les écailles sont longues de 1,80 à 
2,60 millimètres etlarges de 1.40 à 1.80 millimètre. 

Deux fois plus hautes que larges, obovées, obtuses au 
sommet et à la base, les graines, très nombreuses dans chaque 
follicule, sont hautes de 0.80 millimètre et larges de 0.35 
millimètre. Leur test, qui s'applique exactement sur l'amande, 
est couvert de rides longitudinales peu saillantes et assez 
nombreuses. 

Le Xalanchoe pinnata, var. genuina, qui jusqu'alors n'avait 
été récolté à Madagascar qu’à Port-Leven | Boivin n° 2551] et 
aux environs de Fort-Dauphin | Paroisse n° 44 et Scott Elliot 
n° 2930] a été recueil par M. Perrier de la Bâthie en août 
1905, sur les bords d'un ruisseau à Ampasimentera (Boïna) ; 
en mai 1908, sur les confins d’un bois à Ankarafantsika, près 
de Marovay ; enfin, plus récemment, sur les dunes de l'Est. 

Le Kalanchoe pinnata, var. genuina, est souvent cultivé par 
les indigènes qui le désignent sous le nom de sodifafana et 
attribuent à ses feuilles des propriétés thérapeutiques. Les 
uns les emploient in nafura pour le pansement des plaies, ce 
qui ne semble point illogique, car ces feuilles de grande taille, 
souples et charnues, doivent constituer un excellent panse- 
ment humide. D’autres en font une infusion qu'ils absorbent 
dans les cas de céphalée, de cystite et d’affections rénales. 
Cette médication n’est peut-être qu'illusoire, mais il serait 
intéressant cependant de rechercher si les feuilles du Xalan- 
choe pinnata, var. genuina, ne renferment point un principe 
actif utilisable par la thérapeutique. 


Var. brevicalyx Raymond-Hamet et Perrier de la 
Bâthie. — La tige, haute de 0.60 à 1 mètre, est, comme dans 
la variété genuina, maculée de petites taches blanchâtres. 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES S9 


Les feuilles inférieures, généralement détruites au moment 
de la floraison, sont simples et pétiolées ; assez grêle, haut de 
3 à 7 centimètres, le pétiole est, comme dans la var. genuina, 
subeylindrique, légèrement canaliculé sur sa face supérieure 
et élargi à la base en une sorte de plate-forme subsemicireu- 
laire et amplexicaule ; longuement ové, bordé de petites 
crénelures rougeâtres arrondies et séparées par des sinus 
étroits et anguleux, haut de 9 à 20 centimètres et large de 
4.50 à 11 centimètres, subobtus au sommet, le limbe est 
émarginé à la base, ce qui donne à la feuille un aspect cordi- 
forme. Les feuilles médianes et supérieures sont 3-, 5- et 
même T7-foliolées ; haute de 6 à 12 centimètres, large de 2 à 
5 centimètres, presque identique au limbe des feuilles simples 
mais un peu plus étroite que celui-ci, la foliole terminale, qui 
n'est point émarginée à la base, est supportée par un grêle 
pétiolule haut de 1.50 à 3 centimètres et large de 1 à 2.50 
millimètres ; subsessiles, opposées deux par deux, hautes de 
4.50 à 10 centimètres, larges de 1 à 2.50 centimètres, les 
folioles latérales, qui,elles non plus, ne sont pas émarginées à 
la base, sont supportées, à la base, par un très bref pétiolule 
haut de 2 à 3 millimètres et large de 1.50 à 2.20 millimètres. 

Haute de 12.50 centimètres et large de 14 centimètres, 
subcorymbiforme ou subpaniculiforme, l'inflorescence émet, 
après la floraison, un grand nombre de bulbilles. 

Le calice rougeàtre se compose d’un tube haut de 10.20 
millimètres, et de quatre segments à peine plus brefs que le 
tube, hauts de 6 à 7.25 millimètres et larges de 5.80 à 6 mul- 
limètres, de même forme que dans la var. genuina. 

La corolle, semblable à celle de la var. genuina, se 
compose d'un tube haut de 24.50 millimètres et de quatre seg- 
ments hauts de 7.60 à 10.60 millimètres et larges de 4.70 à 
6.30 millimètres. 

L'androcée est identique à celui de la var. genuina. La partie 
soudée des filets alternipétales est haute de 9 millimètres ; 
leur partie libre, longue de 18.25 millimètres, est large de 
0.52 millimètre. La partie soudée des filets oppositipétales 
est haute de 8.25 millimètres ; leur partie libre, longue de 20 


90 RAYMOND-IHAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


millimètres, est large de 0.62 millimètre. Les anthères sont 
hautes de 2.80 millimètres et larges de 1.60 millimètre. 

Les carpelles, semblables à ceux de la var. genuina, sont 
soudés sur une longueur de 1.50 millimètre et libres sur une 
hauteur de 7.25 millimètres ; les styles sont longs de 24 à 
24.75 millimètres. 

Oblongues, un peu plus hautes que larges, émarginées au 
sommet, les écailles sont longues de 1.75 à 1.90 millimètre 
et larges de 1.40 à 1.55 millimètre. 

Cette variété a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie sur 
les bords ombragés et rocailleux du Haut-Bemarivo. 


Kalanchoé porphyrocalyx Baillon. — Raymond-Hamet, 
Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hh. Boissier, sér. 2, 
t:MITLI,;p. 41, (1908): 

Le Kalanchoe porphyrocalyx est une plante épidendre et 
vivace. Assez grêle, haute de 15 à 74 centimètres, sa tige, 
dont le diamètre varie de 4 à 6 millimètres à la base et de 
2 à 2.50 millimètres au milieu, est érigée mais couchée dans 
sa partie inférieure. Simple, très rarement divisée vers le 
milieu en deux rameaux florifères, la tige donne naissance, 
dans sa partie inférieure et couchée, à des rameaux stériles 
longs d'environ 14 centimètres et dont le diamètre est de 3 mil- 
limètres à la base, de 1.75 millimètre au milieu. Ces rameaux 
stériles se développent et fleurissent l’année suivante, de 
telle sorte que les plantes âgées possèdent une longue tige 
rampante et ramifiée, émettant, à l'extrémité de chacune de 
ses ramifications, une tige florifère à la base de laquelle 
naissent des rameaux stériles. 

Les tiges portent, sur presque toute leur longueur, des 
feuilles opposées, décussées, assez distantes les unes des 
autres et assez régulièrement espacées. Le premier entrenœud 
supérieur des rameaux stériles est de 0.5 centimètre ; le 
second, de 0.8 centimètre ; le troisième, de 1 centimètre ; le 
quatrième, de 1.70 centimètre; le cinquième, de 3 centi- 
mètres. Le premier entrenœud supérieur des tiges florifères 
varie de 2.40 à 6.20 centimètres ; le second, de 1.30 à 4.20 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES af 


centimètres ; le troisième, de 0.50 à 3.50 centimètres: le 
quatrième, de 1 à 2.50 centimètres ; le cinquième, de 1.50 à 
2.90 centimètres ; le sixième, de 1.50 à 3 centimètres ; le 
septième, de 1.50 à 4 centimètres ; le huitième, de 1.30 à 
3.50 centimètres ; le neuvième, de 1.50 à 2 millimètres ; le 
dixième est de Î millimètre. Orbiculaire, orbiculaire-oblong, 
oblong-obové, toujours obtus au sommet, haut de 23 à 50 
millimètres, large de 7 à 17 millimètres, le limbe, dont les 
bords sont ornés de larges crénelures irrégulières plus ou 
moins profondes et séparées par des sinus anguleux ou rare- 
ment arrondis, est atténué à la base en un large et bref pétiole, 
souvent à peine distinct du limbe, haut de 2 à 6 milli- 
mètres, large de 1.75 à 2.25 nullimètres au milieu et de 2 à 
2.50 millimètres à la base. Les cicatrices foliaires, en forme 
d'étroit croissant, ne se rejoignent point par leurs extrémités 
latérales. 

Haute de 3 à 11 centimètres, large de 3 à 9 centimètres, 
paniculiforme ou subcorymbiforme mais toujours lâche et 
pauciflore, l'inflorescence, qui termine la tige, se compose 
d'un pédoncule primaire terminal et de deux à quatre pédon- 
cules primaires latéraux, opposés deux par deux et terminés, 
de même que le pédoncule terminal, par une cyme bipare 
simple ou une fois ramifiée. Quelquefois même l’inflorescence 
est réduite à une simple cyme bipare une fois ramifiée. 

Grèles, très légèrement renflés au sommet, longs de 7 à 20 
millimètres, les pédicelles portent des fleurs érigées. 

Obovées, subaiguës au sommet, légèrement contractées à la 
base en un bref pseudo-pétiole très peu distinct du limbe, les 
bractées, dont les bords sont entiers, ont une longueur de 
3.60 à 6.60 millimètres et une largeur de 1.20 à 3 milli- 
mètres. 

Le calice, campanulé, ne s'applique point contre la corolle. 
Plus bref que les segments, son tube est haut de 1.50 à 4 
millimètres. Un peu plus hauts que larges ou un peu plus 
larges que hauts, longs de 3 à 7 millimètres et larges de 3 à 
5.90 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers, 
sont tantôt subdeltoïdes-subsemilancéolés, tantôt largement 


92 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


ovés-subdeltoides ; dans le premier cas, ils s’atténuent peu à 
peu depuis la base jusqu'au sommet aigu et subacuminé ; 
dans le second cas, leur plus grande largeur se trouve au-des- 
sous du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent 
jusqu à la base ; au-dessus, ils s'atténuent peu à peu jusqu’au 
sommet aigu et subacuminé. 

Colorée tantôt en Jaune citron, tantôt en rouge pourpre, 
plus longue que le calice, urcéolée-subcampanulée, la corolle 
a son plus grand diamètre au quart inférieur ; à partir de ce 
niveau, d'une part elle se rétrécit peu à peu jusqu’à la base, 
d'autre part elle s’atténue jusqu’au sommet du tube où elle se 
prolonge en quatre segments dressés. Beaucoup plus long 
que les segments, haut de 12 à 31 millimètres, le tube porte 
extérieurement quatre côtes verticales peu saillantes disposées 
en face des filets oppositipétales. Un peu plus hauts que 
larges ou un peu plus larges que hauts, longs de 3 à 5.50 
millimètres, larges de 2.80 à 7.40 millimètres, les segments, 
qui ont des bords entiers, sont tantôt subdeltoïdes-subsemi- 
oblongs, tantôt plus ou moins largement ovés; dans le 
premier cas, ils se rétrécissent peu à peu depuis la base 
jusqu'au sommet obtus au milieu duquel ils portent une cus- 
pide aiguë; dans le second cas, leur plus grand diamètre se 
trouve au-dessus du milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se 
rétrécissent assez brusquement jusqu'à la base ; au-dessus, ils 
s'atténuent peu à peu jusqu'au sommet obtus où émarginé 
au milieu duquel ils portent une cuspide aiguë. 

L'androcée se compose de huit étamines confluentes dans 
leur partie inférieure. Le sommet des filets alternipétales, 
insérés au-dessous du milieu du tube de la corolle, atteint la 
base des segments corollins, ou même dépasse un peu ce 
niveau sans atteindre toutefois le milieu desdits segments ; 
longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre 
presque identique jusqu'au tiers inférieur, et, à partir de ce 
niveau, s'élargissent peu à peu jusqu'à la base, ni élargie, ni 
rétrécie, de leur partie libre, base où ils sont contigus à 
l'extrémité inférieure de la partie libre des filets oppositi- 
pétales: dans la portion supérieure de leur partie non libre 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 93 


haute de 2.80 à 6 millimètres, ces filets ne sont soudés au 
tube de la corolle que par leurs bords, mais la largeur de leur 
partie soudée croît peu à peu, et, dans la portion inférieure, ils 
sont soudés sur toute la largeur de leur surface, de telle sorte 
que le filet laisse, entre le tube de la corolle et lui, une assez 
profonde cavité en forme de cône, cavité dont le diamètre, 
presque aussi large au sommet que le filet lui-même, se rétrécit 
peu à peu jusqu'à une faible distance de la base, niveau où la 
cavité elle-même disparait ; la partie hibre des filets alterni- 
pétales, longue de 8 à 25 millimètres, est large de 0.45 à 
0.60 millimètre au milieu et de ! à 2 millimètres à la base. 
Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus haut 
que les filets alternipétales mais encore bien au-dessous du 
milieu du tube de la corolle, dépasse le sommet des filets 
alternipétales et atteint parfois le milieu des segments corol- 
hins ; longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre 
Rréeque identique jusqu'au tiers inférieur et, à par tir .deïce 
niveau, s'élargissent peu à peu jusqu'à la base, ni élargie, ni 
rétrécie, de leur partie libre, base où ils sont contigus à l’extré- 
mité inférieure de la partie libre des filets alternipétales ; dans 
la portion supérieure de leur partie non libre haute de 3.40 à 
7 millimètres, ces filets ne sont soudés au tube de la corolle 
que par leurs bords, mais la largeur de leur partie soudée croit 
peu à peu et, dans la portion inférieure, ils sont soudés sur 
toute la largeur de leur surface, de telle sorte que le filet 
laisse, entre le tube de la corolle et lui, une assez profonde 
cavité en forme de cône, cavité dont le diamètre, presque 
aussi large au sommet que le filet lui-même, se rétrécit peu à 
peu jusqu’à une faible distance de la base, niveau où la cavité 
elle-même disparait ; la partie libre des filets oppositipétales, 
longue de 10 à 25 millimètres, est large de 0.40 à 0.65 mil- 
limètre au milieu et de 1.50 à 2 millimètres à la base. Un peu 


plus hautes que larges, ovées, obtuses au sommet et émar- 


ginées à la base, les anthères sont longues de 1.20 à 1.90 
millimètre et larges de 0,80 à 1.30 millimètre. 

Soudés entre eux sur un tiers ou même sur presque la moitié 
de leur longueur totale, appliqués les uns contre les autres, 


94 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


les carpelles, oblongs, ont leur plus grand diamètre vers le 
milieu ; au-dessous de ce niveau, ils se rétrécissent peu à peu 
jusqu'à la base ; au-dessus, ils s’atténuent peu à peu jusqu'au 
sommet où ils portent de longs styles grêles un peu plus brefs, 
de mème longueur, ou un peu plus longs qu'eux ; leur partie 
soudée est haute de 2.90 à 7 millimètres ; leur partie libre, 
longue de 5 à 9 millimètres, est large de 1.80 à 2.60 milli- 
mètres; les styles sont hauts de T à 16 millimètres. Dans 
chaque carpelle, les placentes, qui portent des ovules sur toute 
leur longueur, sont constitués par deux cordons grêles subver- 
ticaux presque parallèles, quoique très légèrement incurvés 
en dedans, à chacun des deux bords internes des carpelles. 

Plus hautes que larges, toujours émarginées au sommet, 
longues de 1.90 à 2.80 millimètres et larges de 0.70 à 1.30 
millimètre, les écailles sont tantôt linéaires, tantôt subtrapé- 
ziformes, tantôt longuement ovés-sublinéaires ; dans le pre- 
mier cas, elles ont une largeur identique sur toute leur lon- 
gueur ; dans le second cas, elles ont leur plus grande largeur 
à la base et se rétrécissent peu à peu depuis ce niveau Jus- 
qu'au sommet; dans le troisième cas, à partir du niveau de 
leur plus grande largeur qui se trouve au-dessus du milieu et 
à peu de distance de la base, d’une part elles se rétrécissent 
assez brusquement jusqu'à la base elle-même, et, d'autre part, 
s’atténuent peu à peu jusqu'au sommet. 

Les graines, très nombreuses dans chaque follicule, se 
composent d'une amande haute de 0.70 à 0.80 millimètre et 
large de 0.32 millimètre, pourvue à l’une de ses extrémités 
d'une longue aile diaphane longuement subdeltoïde aiguë et 
haute de 1 à 1.15 millimètre, à l’autre extrémité d’une longue 
aile diaphane assez étroitement sublinéaire obtuse et haute 
de {à 1.10 millimètre. 

Cette espèce n'était connue jusqu'ici que par l'échantillon 
authentique recueilli dans la région centrale de Madagascar 
par le Révérend Baron et conservé dans l'herbier de Kew 
sous le n° 1708. Elle a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie, 
une première fois en mai 1909 à une altitude d'environ 
1.500 mètres dans le massif du Manongarivo, une seconde fois 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 95 


en novembre 4911 à une altitude d'environ 1.400 mètres dans 
la Forêt d'Andasibe (Bassin de l’Onive), enfin une troisième 
fois en octobre 1912 à une altitude d’environ 500 mètres sur 
le versant d'Antalaha dans la presqu'ile Masoala. Dans ces 
différentes localités, le Xalanchoe porphyrocalyx croissait dans 
la mousse recouvrant de gros arbres. 


Kalanchoe Bouveti Raymond-Hamet et Perrier de la Bâthie, 
Nouv. Contrib, à l'étude des Crassulacées malgaches, in 
Ann. du Mus. colon. de Marseille, 3° sér., € IF, p. 192-195 
(1914). 

En août 1912, M. Perrier de la Bâthie a récolté de nou- 
veaux échantillons de cette espèce, à une altitude d'environ 
800 mètres, sur les gneiss et les basaltes de la Mazy, à l'ouest 
de Miarinarivo. 


Kalanchoe beharensis Drake del Castillo. — Raymond- 
Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hh. Boissier, sér. 
2,t. VII, p. 29 (1908); Kalanchoe Aliciæ et K. beharensis, 
in Bull. Soc. bot. France, t. LVII, p. 193 et 194 (1910). 

Le Kalanchoe beharensis est une plante frutescente et poly- 
carpienne !. D'une hauteur atteignant souvent 2 et même 
3 mètres, et d'un diamètre oscillant entre 2 et 12 centimètres, 
la tige reste généralement simple mais émet parfois quelques 
rameaux latéraux dont le diamètre varie entre 8 et 13 milli- 
mètres à la base, 6 et 10 millimètres au milieu, Dans ses 


1. Ainsi que l’a fait connaitre M. E. Heckel dans une note à l’Acadé- 
mie des Sciences (Comptes rendus 1909, 146, p. 1073-1075), les écorces 
de ce Kalanchoe beharensis, comme celle de X, Grandidieri Baillon 
et K. Delescurei Hamet, présentent dans leur liège une résine qui a 
quelque rappports avec celles des Sarcocaulon du Cap et qui permet à 
ces écorces de brûler même à l'état frais. L'odeur qu'elles dégagent en 


brûlant ainsi se rapproche sensiblement de celle que répand le benjoin 


en ignition dans le Papier d'Arménie ou mieux de l'encens, L'étude de 
ces trois espèces à écorces résinifères a fait l'objet d'un mémoire 
anatomique de MM. Jadin et Juillet qui a paru dans les Annales du Musée 
Colonial de Marseille (20° année, 2° série, 10° vol., 1912, pp. 136-156), 
[Note de la Direction.! 


96 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


parties Jeunes, elle est nettement crassulante, mais sa couche 
corticale se dessèche et se transforme bientôt en un revête- 
ment résineux Jaunâtre et assez mince qui brûle en produisant 
une flamme fuligineuse.et en dégageant une odeur rappelant 
un peu celle de l'encens. Les tiges et les rameaux qui n'ont 
pas encore produit d'inflorescence sont couverts d’une épaisse 
pubescence blanchâtre dont l'aspect rappelle celui du velours 
et dont les éléments, déjà décrits par nous dans un mémoire 
anatomique ! publié en collaboration avec M. Dauphiné, sont 
des poils stellés composés « d'un pédicule bref, pluricellulaire, 
supportant trois longues branches aiguës constituées par les 
ramifications d'une cellule unique ». Cette pubescence ne sub- 
siste que dans les parties supérieures de la tige et des rameaux 


et disparait bientôt par plaques, de telle sorte que, dans leur 


région inférieure, ces organes sont complètement glabres. 
Quant aux tiges et rameaux qui ont fleuri, ils sont toujours 
complètement glabres. 
La tige et les rameaux, dénudés sur presque toute leur lon- 
gueur, portent, au sommet, un petit nombre de feuilles oppo- 
sées, décussées, assez rapprochées les unes des autres pour 
paraitre rosulées. Les tiges et les rameaux qui n’ont pas encore 
fleuri portent des feuilles pétiolées, peltées et couvertes d’un 
épais indument, roux sur la face supérieure, blanchâtre sur la 
face inférieure, indument formé de poils stellés à pédicule bref 
supportant trois longues branches aiguës. Très charnu, subey- 


lindrique, prismatique, légèrement aplati sur sa face supé- 


rieure, comprimé sur ses faces latérales, rétréci dans sa 
moitié inférieure en une large carène prismatique, le pétiole, 
qui conserve un diamètre presque identique sur toute sa lon- 
gœueur mais est nettement élargi à la base, s'insère à 10-25 mil- 
limètres au-dessus de la base du limbe: sa hauteur varie de 
4 à 10 centimètres: son diamètre oscille entre 7 et 24 milli- 
mètres à la base, 4.50 et 18 millimètres au milieu. Aigu ou 
subaigu au sommet, légèrement émarginé à la base, subdel- 


1. Raymond-Hamet et A. Dauphiné, Contribut. à l'étude anatomique du 
g. Kalanchoe, in Ann. Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 217, fig. 19 (1912). 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 97 


# 


RACE A | 
ANT 4 TEL LE | 
A VE RAR RQ ORX 


Kalanchoe beharensis Drake del Castillo 
Spécimen cultivé au Jardin Botanique de Marseill 


Annales du Musée colonial de Marseille. 3° série, 3° vol, 1915. : 


98 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


toïde ou trilobé-subhasté, le limbe, nettement concave, forme 
une cavité que l’on trouve souvent remplie d'eau pendant la 
saison des pluies; ses bords sont ornés de larges dents aiguës 
elirrégulières séparées par de larges sinus arrondis; sa hau- 
teur varie de 7.50 à 35 centimètres, sa largeur, de 8 à 25 cen- 
timètres. Presque entièrement glabres, portant seulement, sur 
la base des pélioles et sur le pourtour du limbe, quelques rares 
poils stellés à court pédicule supportant trois longues 
branches aiguës, les feuilles, qui se développent sur les tiges 
ou rameaux ayant déjà fleuri ou même sur les rameaux 
n'ayant pas encore produit d'inflorescence mais situés à plus 
d'un mètre du sol, sont plus grandes et plus nettement lobées 
que celles que nous avons déjà décrités. Lorsque les feuilles 
tombent, elles laissent, sur la tige, d'énormes cicatrices sail- 
lantes, subtriangulaires, prolongées à chacun de leurs angles 
en une pointe dure et épaisse qui affecte à peu près la forme 
d'une pyramide à trois faces. 

À l’isselle des feuilles moyennes de la rosette qui les ter- 
mine, les rameaux et la tige émettent deux, trois ou quatre 
hampes hautes de 40 à 50 centimètres. Ces hampes, dont le 
diamètre est d'environ 12 millimètres à la base et de 5.50 mil- 
limètres au milieu, sont couvertes primitivement d’un épais 
indument composé de poils stellés dont le bref pédicule sup- 
porte trois longues branches aiguës ; cet indument disparait 
bientôt par plaques et ne persiste que dans les parties supé- 
rieures de la hampe. Généralement nues, les hampes portent 
parfois deux paires de feuilles, la première paire distante 
d'environ 10 centimètres des premiers rameaux de l'inflores- 
cence, la seconde distante de 11 centimètres de la partie supé- 
rieure. Couvertes d’un épais indument composé de poils 
stellés à court pédicule supportant trois longues branches 
aiguës, ces feuilles sont pétiolées mais ne sont pas peltées ; 
haut de 7 à 8 centimètres, le pétiole a un diamètre de 12 mil- 


limètres à la base et de 6 millimètres au milieu; plié en. 


forme de gouttière, oblong-lancéolé, aigu au sommet, nette- 
ment émarginé à la base, le limbe, dont les bords sont garnis 
de larges dents aiguës séparées par de larges sinus arrondis, 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 99 


atteint une longueur de 1# centimètres et une largeur de 
8 centimètres. 

Au sommet, la hampe se termine par une large panicule 
haute de 20 à 30 centimètres, large de 12 à 30 centimètres, 
composée d'un pédoncule terminal et de 6 à 10 pédoncules 
primaires latéraux opposés deux par deux. Les pédoncules 
latéraux supérieurs, de même que le pédoncule terminal, sont 
toujours simples mais les pédoncules médians et inférieurs 
émettent le plus souvent une ou deux paires de pédoncules 
secondaires. Les pédoncules primaires simples et les pédon- 
cules secondaires sont terminés par des cymes bipares. 

A la base des pédoncules primaires supérieurs, des pédon- 
cules secondaires et des pédicelles, on observe des bractées 
ovées, à bords entiers, aiguës ou subaiguës, d'autant plus 
petites qu'elles se rapprochent davantage de l'extrémité des 
rameaux de l'inflorescence; toujours couvertes d'un épais 
indument composé de poils stellés à bref pédicule supportant 
trois longues branches aiguës, longues de 2.20 à 15 nulhi- 
mètres et larges de 0.85 à 7.80. millimètres, ces bractées 
sont précocement caduques. 

Assez grêies mais nettement dilatés au sommet, longs de 4 
à 13 millimètres, les pédicelles, qui supportent des fleurs 
érigées, sont couverts d'un épais indument composé de poils 
stellés dont le bref pédicule supporte trois longues branches 
aiguës. 

Couvert sur les deux faces de poils stellés dont le bref pédi- 
cule supporte trois longues branches aiguës, le calice subcam- 
panulé se compose d'un tube plus bref que les segments, haut 
de 1.10 à 3 millimètres, et de quatre segments subérigés ; 
deltoïdes et légèrement élargis à la base ou ovés et atténués 
dans leur partie inférieure, aigus et mucronés au sommet, 
plus hauts que larges, les segments, qui ont des bords entiers, 
sont longs de 5.50 à 13 nullimètres et larges de 2.50 à 
6.40 millimètres. 

Plus longue que le calice, couverte extérieurement de poils 
stellés à pédicule bref supportant trois longues branches 
aiguës et de poils glanduleux brièvement pédiculés, intérieu- 


L és. 


100 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


rement de poils glanduleux brièvement pédiculés, très rares à 
la base du tube, assez nombreux dans sa partie supérieure, 
nombreux sur les segments, la corolle suburcéolée a son plus 
grand diamètre un peu au-dessous du milieu du tube; au- 
dessous de ce niveau, elle se rétrécit jusqu’à la base large ; au- 
dessus, elle s'atténue peu à peu jusqu'à la base des segments 
légèrement récurvés. Un peu plus long, rarement un peu plus 
bref que les segments, le tube, d’un jaune verdâtre, est haut 
de 6.50 à 9.20 millimètres. Plus hauts que larges, longs de 
9.90 à 9 millimètres, larges de 2.50 à 5 millimètres, colorés en 
jaune verdâätre mais marqués à l’intérieur de linéoles violettes, 
longuement obovés, très obtus ou émarginés au sommet, les 
pétales portent souvent au milieu de leur sommet une petite 
cuspide ; si le sommet du pétale est très obtus, cette cuspide 
le dépasse légèrement ; s'il est émarginé, elle reste à peu près 
sur le même niveau que l'extrémité supérieur des deux larges 
obtus de l’émargination. 

L'androcée se compose de huit étamines hbres entre elles. 
Le sommet des filets alternipétales, insérés un peu au-dessous 
du sommet du tube corollin, dépasse le milieu des segments 
corollins et parfois atteint presque le sommet de ces derniers ; 
grèles et étroitement linéaires, ces filets, dont la partie soudée 
fait, du moins dans sa portion supérieure, saillie à l’intérieur, 
du tube de la corolle, conservent une largeur presque sem- 
blable depuis leur sommet jusqu'à leur base qui n’est elle- 
même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 
5.170 à 7.80 millimètre ; leur partie libre, longue de #.20 à 
8.50 millimètres, est large de 0.25 à 0.35 millimètre à la 
base et de 0.15 à 0.20 millimètres au milieu. Le sommet des 
filets oppositipétales, insérés un peu plus haut que les filets 
alternipétales et presque au sommet du tube de la corolle, 
dépassent le milieu des segments corollins et parfois même 
atteignent presque le sommet de ces derniers ; grêles et étroi- 
tement linéaires, ces filets conservent une largeur presque 
identique depuis le sommet jusqu à la base qui n'est, elle- 
même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est haute de 
6.10 à 8.60 millimètres; leur partie libre, longue de #.20 à 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 101 


9.50 millimètres, est large de 0.30 à 0.35 millimètre à la 
base et de 0.18 à 0.20 millimètre au milieu. Un peu plus 
larges que hautes ou un peu plus hautes que larges, ovées- 
subréniformes ou subréniformes, émarginées à la base et très 
obtuses au sommet, les anthères sont longues de 0.60 à 1.50 
millimètre et larges de 0.80 à 1.80 millimètre. 

Soudés entre eux sur un cinquième environ de leur lon- 
gueur totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les 
autres; assez largement ovés, rétrécis assez brusquement dans 
leur partie inférieure, ils s'atténuent, dans leur partie supé- 
rieure, en un appendice grêle plus ou moins long qui se con- 
fondrait avec le style s'il n'en était pas séparé par un léger 
renflement qui indique la séparation des deux organes et qui, 
d'ailleurs, se trouve souvent dans une même fleur à des 
niveaux variables: la partie soudée des carpelles est haute de 
0.90 à 2.20 millimètres ; leur partie libre, longue de 4.40 à 
10 millimètres, est large de 2.80 à 4.10 millimètres ; grêles, 
un peu plus longs ou un peu plus brefs que les carpelles, ter- 
minés au sommet par des stigmates dilatés, les styles sont 
hauts de 5.25 à 10.40 millimètres. Dans chaque carpelle, les 
placentes, qui portent des ovules sur toutes leur longueur, 
sont constitués par deux grêles cordons subverticaux, presque 
parallèles, quoique incurvés en dedans, à chacun des deux 
bords internes des carpelles. 

Plus larges que hautes, les quatre écailles sont soudées entre 
elles sur la moitié de leur longueur totale ; leur partie soudée 
est haute de 0.40 à 0.60 millimètre ; très largement subsemi- 
orbiculaire, leur partie libre est haute de 0.40 à 0.60 milli- 
mètre et large de 1.50 à 3.40 millimètre ; leur sommet tou- 
jours très obtus est, tantôt émarginé et pourvu de deux larges 
lobes obtus séparés par un large sinus arrondi, tantôt muni 
de trois lobes assez larges oblus et séparés par de larges 
sinus arrondis, tantôt garni de nombreuses crénelures obtuses 
étroites et peu profondes, tantôt enfin orné de cinq crénelures 
obtuses : deux situées aux extrémités latérales du sommet de 
l'écaille et séparées par un large sinus arrondi des trois autres 
disposées au milieu de ce sommet. 


102 RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA BATHIE 


Très nombreuses dans chaque follicule, plus hautes que 
larges, obovées, le plus souvent arquées, obtuses au sommet 
et arrondies à la base, les graines sont longues de 0.60 à 0.75 
millimètre et larges de 0.25 à 0.40 millimètre. Leur test, 
qui s'applique exactement sur l’amande, est couvert de rides 
longitudinales nombreuses et assez peu saillantes. 

Cette espèce, qui n'était connue jusqu'ici que par l'échan- 
tillon authentique très incomplet recueilli à Behara, le 8 
juillet 1901, par M. Guillaume Grandidier et par un spécimen 
stérile cultivé au Jardin Botanique de Marseille, a été 
observée en fleurs, entre juin et août, par M. Perrier de la 
Bäthie sur les rocailles calcaires du plateau Mahafaly, dans 
les sables, sur les gneiss et les grès de l’Androy, dans tout 
le bassin de l'Onilahy, sur les grès de l'Isalo et du Makay 
(Bassin du Mangoky), sur les gneiss de la rive droite de la 
Menamaty (Bassin du Mangokv), enfin sur la Sakenv. 

Kalanchoe tomentosa Baker. — Raymond-Hamet, Monogr. 
du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIII, p. 31 
(1908). 


Le Kalanchoe tomentosa est une plante vivace atteignant 
près d’un mètre de hauteur. Sa tige, dont le diamètre varie 
de 12 à 14 millimètres, est divisée, dès la base, en de nombreux 
rameaux subérigés, les uns stériles, les autres florifères. Les 
rameaux stériles, hauts d'environ 10 centimètres, presque 
toujours simples mais émettant quelquefois une ou deux 
branches latérales, portent au sommet un petit nombre de 
feuilles nettement alternes, si peu distantes les unes des 
autres qu'elles constituent de véritables rosettes. Quand ces 
rameaux fleurissent, les entrenœuds de la rosette, très brefs 
primitivement, s'accroissent rapidement et atteignent une 
longueur d'autant plus grande que les feuilles qu'ils séparaient 
étaient plus proches du centre. En même temps, ces feuilles, 
qui étaient de taille très réduite, se développent, cependant 
que du centre de la rosette s'élève une hampe bien distincte 
de la tige par son diamètre réduit. Quand cette hampe aura 
donné naissance aux fleurs et que celles-ci auront été 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 103 


fécondées, les feuilles qui formaient à sa base une rosette plus 
ou moins lâche se dessécheront et tomberont ; à l’aisselle de 
leurs cicatrices, quelques bourgeons apparaîtront, dont un petit 
nombre se développera en rejets stériles. Stériles ou florifères, 
les rameaux, ainsi que la hampe, sont couverts primitivement 
d'une pubescence extrèmement dense dont l'aspect rappelle 
celui d'un velours rougeâtre et dont les éléments sont des 
petits poils stellés composés d'un court pédicule supportant 
trois longues branches inégales et aiguës. Cette pubescence 
que les hampes conservent jusqu à leur disparition, les tiges 
la perdent peu à peu et deviennent complètement glabres, 
sauf à leur sommet. Toujours alternes, sessiles, très épaisses, 
canaliculées sur leur face supérieure, obtuses au sommet, 
légèrement rétrécies à la base, les feuilles sont couvertes 
d'une pubescence blanchâtre extrêmement dense dont l'aspect 
rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils 
stellés composés d'un court pédicule supportant trois longues 
branches inégales et aiguës. Leurs bords, quelquefois entiers, 
sont le plus souvent pourvus, dans la partie supérieure 
de la feuille, de larges crénelures rougeàtres, arrondies 
et inégales, séparées par de larges sinus arrondis ou angu- 
leux. Les feuilles présentent des formes assez variables 
souvent même sur un unique échantillon : tantôt petites, 
ovées ou ovées-orbiculaires, un peu plus hautes que larges, 
longues de 23 à 26 millimètres et larges de 16 à 17 milli- 
mètres, tantôt de taille moyenne, oblongues ou subobovées- 
oblongues, environ deux fois plus hautes que larges, longues 
de 40 à 45 millimètres et larges de 16 à 22 millimètres, elles 
sont le plus souvent grandes, oblongues-linéaires ou subo- 
bovées-oblongues-linéaires, environ quatre fois plus hautes 
que larges, longues de 70 à 75 millimètres et larges de 16 à 
17 millimètres ; ces différentes formes de feuilles présentent, 
d’alleurs, entre elles, de nombreux intermédiaires. 

Nue, simple, érigée, haute de 48 à 80 centimètres, la hampe 
florifère, dont le diamètre est de 7.50 millimètres à la base et 
de 5 à 6 millimètres au milieu est, elle aussi, poilue. Le plus 
souvent elle est couverte, sur toute sa longueur, d'une pubes- 


104 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


cence rougeâtre très dense dont l'aspect rappelle celui du 
velours et dont les éléments sont des poils stellés composés 
d'un court pédicule supportant trois longues branches inégales 
et aiguës, mais, quelquefois, elle porte, dans sa partie supé- 
rieure, à la place de cet indument, un revêtement de petits 
poils glanduleux simples, rougeâtres, visqueux et brièvement 
pédiculés. 

Paniculiforme ou très rarement subcorymbiforme, haute de 
8 à 32 centimètres, large de 2.75 à 11 centimètres, l'inflo- 
rescence, qui termine la tige, se compose de trois à douze 
Déloeee primaires alternes, terminés chacun par une cyme 
bipare, dense, régulière, pauciflore et une fois ramifiée. 

Assez charnus, légèrement renflés au sommet, couverts, 
tantôt d'une pubescence rougeñtre très dense dont l'aspect 
rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils 
stellés composés d’un court pédicule supportant trois longues 
branches inégales et aiguës, tantôt d’un indument rougeâtre 
et visqueux constitué par de petits poils glanduleux, simples, 
brièvement pédiculés, les pédicelles sont longs de 4 à 10 milli- 
mètres. 

Longuement ovées, hautes de 2.80 millimètres et larges de 
1 millimètre, les bractées ont leur plus grande largeur au- 
dessus du milieu ; au-dessous de ce niveau, elles se rétrécissent 
jusqu'à la base, ni élargie, ni rétrécie; au-dessus, elles 
s'atténuent Jusqu'au sommet subaigu. Elles sont couvertes, 
tantôt d’une pubescence rougeâtre très dense dont l'aspect 
rappelle celui du velours et dont les éléments sont des poils 
stellés composés d’un court pédicule supportant trois longues 
branches inégales et aiguës, tantôt d’un indument rougeñtre 
et visqueux constitué par de petits poils glanduleux, simples, 
brièvement pédiculés. 

Couvert extérieurement, tantôt d'une pubescence rougeâtre 
très dense dont l'aspect rappelle celui du velours et dont les 
éléments sont des poils stellés composés d’un court pédicule 
supportant trois longues branches inégales et aiguës, tantôt 
d'un indument rougeâtre et visqueux constitué par de petits 
poils glanduleux simples et brièvement pédiculés, le calice se 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 105 


compose d’un tube beaucoup plus bref que les segments, haut 
de 0.40 à 0.80 millimètre, et de quatre segments appliqués 
contre le tube corollin ou étalés ; deltoïdes ou linéaires-subdel- 
toïdes, légèrement élargis à la base, un peu plus hauts que 
larges, longs de 3.20 à 5.20 millimètres et larges de 2 
à 3 millimètres, ces segments, qui ont des bords entiers, 
sont atténués depuis la base Jusqu'au sommet plus où moins 
obtus. 

Plus longue que le calice, campanulée au moment de 
l'anthèse, la corolle devient bientôt urcéolée ; elle a alors son 
plus grand diamètre, non plus au sommet, mais au-dessous du 
milieu ; au-dessous de ce niveau, elle se rétrécit peu à peu 
jusqu'à la base ; au-dessus, elle s'atténue jusqu'à la base des 
segments qui sont à peine récurvés. Elle est parfois recouverte 
d'un indument composé exclusivement de poils glanduleux, 
simples, rougeûtres, visqueux et brièvement pédiculés, mais 
porte le plus souvent deux sortes de poils : les uns, dont le 
nombre est à peu près constant sur toute la hauteur de la 
corolle, sont rougeâtres, stellés, à court pédicule supportant 
trois branches inégales et aiguës ; les autres, dont le nombre 
va en augmentant depuis le sommet de la corolle jusqu'à sa 
base où il atteint son maximum, sont simples, glanduleux, 
rougeâtres, visqueux et brièvement pédiculés. D'une couleur 
jaunâtre, plus long que les segments, haut de 10.50 à 12 
millimètres, le tube de la corolle est orné, extérieurement, de 
quatre côtes verticales peu saillantes, disposées en face des 
filets oppositipétales. Colorés en violet, subsemiorbiculaires, 
très obtus, ou subsemiorbiculaires-subdeltoides, obtus, les 
segments, toujours plus larges que hauts, sont longs de 
2.40 à 3.30 millimètres et larges de 4.10 à 5.40 millimètres. 

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. 
Le sommet des filets alternitipétales, insérés un peu au- 
dessous du milieu du tube de la corolle, dépasse nettement ce 
niveau, mais n'atteint pas la base des segments corollins ; 
très longuement linéaires-subdeltoïdes, ces filets s'élargissent 
insensiblement depuis le sommet jusqu'à une faible distance 
de la base et, à partir de ce niveau, se dilatent plus rapide- 


106 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


ment jusqu à la base ; leur partie soudée, qui fait très légère- 
ment saillie à l'intérieur du tube de la corolle et jusqu'à la 
base de celui-ci, est haute de # à 5.70 millimètres ; leur partie 
libre, longue de 3.25 à 3.80 millimètres, est large de 0.25 à 
0.45 millimètres au milieu et de 0.80 à 1 millimètre à la base. 
Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu plus haut 
que les filets alternipétales, dépasse le milieu du tube de la 
corolle et, parfois même, atteint la base des segments corollhins ; 
très longuement linéaires-subdeltoïdes, ces filets s’élargissent 
insensiblement depuis le sommet jusqu'à une très faible dis- 
tance de la base et, à partir de ce niveau, s’élargissent plus 
rapidement jusqu'à la base ; leur partie soudée est haute de 
4.20 à 5.90 millimètres ; leur partie libre, longue de 3.70 à 
6.10 millimètres, est large de 0.25 à 0.35 millimètre au 
milieu et de 0.70 à 0.80 millimètre à la base. Un peu plus 
larges que hautes, subréniformes, émarginées au sommet et 
à la base, les anthères sont longues de ? millimètre et larges 
de 1.25 millimètre. 

Soudés entre eux sur près d’un tiers de leur longueur totale, 
les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; oblongs, 
rétrécis dans leur partie inférieure jusqu'à la base, ils 
s'atténuent, dans leur partie supérieure, en styles assez grèles, 
plus brefs qu'eux et terminés par des stigmates légèrement 
dilatés ; leur partie soudée est haute de 1.60 à 3 millimètres ; 
leur partie libre, longue de 5.20 à 7 millimètres, est large 
de 2.20 à 3.10 millimètres ; les styles sont hauts de 1.40 à 
2.40 millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui 
portent des ovules sur toute leur longueur, sont constitués 
par deux cordons grêles subverticaux et presque parallèles, 
quoiqu'un peu incurvés en dedans, à chacun des deux bords 
internes des carpelles. 

Un peu plus larges que hautes, subquadrangulaires non 
élargies à la base, ou subtrapéziformes-subsemiorbiculaires 
élargies à la base, émarginées ou parfois obtuses au sommet, 
les écailles sont longues de 0.85 à 1.20 millimètre et larges 
de 1.10 à 1.40 millimètre. 

Un peu plus de deux fois plus hautes que larges, obovées, 


CONTRIBUTION À L' ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 407 


légèrement arquées, obtuses au sommet et à la base, les 
graines, dont le nombre varie de 30 à 40 dans chaque follicule, 
sont longues de 1.70 à 2 millimètres et larges de 0.65 à 
0.85 millimètre. Leur test couvert de rides longitudinales 
nombreuses et peu saillantes s'applique exactement sur 
l’amande. 

En septembre 1911, M. Perrier de la Bâthie a récolté de 
beaux échantillons de cette espèce, à une altitude d'environ 
800 mètres, sur les gneiss dénudés situés entre la Menamaty 
et le Zamandao, dans le Bassin du Mangoky. 


Kalanchoe prolifera Raymond-Hamet, Monogr. du g. 
Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, sér. 2, t. VIII, p. 19-20 
(1908). 

Le Kalanchoe prolifera est une plante glabre et vivace. 
Verte, mais maculée de nombreuses taches blanches, 
quadrangulaire sauf dans sa partie inférieure où elle est 
cylindrique, haute de 0.80 à 1.50 mètre, érigée mais sou- 
vent couchée dans sa région basilaire, la tige ne se ramifie 
point, mais émet à la base des rejets stériles qui fleuriront 
ultérieurement. 

Les tiges portent des feuilles sur toute leur longueur, sauf 
à la base où elles sont généralement dénudées au inoment de 
la floraison. Opposées, décussées, pétiolées, vertes mais 
rougeâtres pendant la saison sèche, les feuilles, assez dis- 
tantes les unes des autres, sont assez régulièrement espacées. 
Charnu, haut de 6 à 12 centimètres et large de 4 à 7.50 mil- 
limètres au milieu, subcylindrique mais caréné sur sa face 
inférieure et canaliculé sur sa face supérieure, le pétiole, qui 
s'élargit à la base en une sorte de plate-forme large de 14 à 
20 millimètres subsemicirculaire et! amplexicaule, se continue 
par le rachis qui n'en diffère aucunement, mais qui porte sur 
ses côtés quatre à six folioles opposées deux par deux et qui 
se termine par un groupe de trois folioles, l'une terminale, 
les deux autres latérales et opposées. Sessiles, inéquilatères, 
étroitement oblongues, obtuses au sommet, longues de 7 à 
15 centimètres et larges de 1.50 à 5 centimètres, les folioles 


108 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


latérales, dont les bords sont garnis de larges crénelures 
obtuses, séparées par d'’étroits sinus anguleux, s’insèrent 
directement sur le rachis ; celui de leurs côtés qui est tourné 
vers les trois folioles terminales forme, à la jonction de sa 
base et du rachis, un large sinus arrondi ; par contre, celui de 
leurs côtés qui regarde le pétiole forme à sa base une large 
oreillette arrondie, d'autant plus décurrente sur le rachis que 
la foliole qui la porte est plus proche du sommet de la feuille. 
Quant aux trois folioles supérieures, elles ne diffèrent presque 
point des folioles latérales, mais sont si rapprochées que la 
foliole terminale semble plutôt former la division médiane 
d'une foliole supérieure trifoliolée, que s’insérer, elle-même, 
sur le rachis commun. 

Paniculiforme, haute de #0 à 80 centimètres, large de 20 à 
40 centimètres, l'inflorescence, qui termine la tige, se compose 
d'un petit nombre de pédoncules latéraux, opposés deux par 
deux et émettant latéralement quelques pédoncules secon- 
daires également opposés deux par deux et, comme ceux-ci, 
terminés par des cymes bipares pauciflores et peu rami- 
fiées. Les fleurs avortent souvent et l'on voit se développer 
à leur place de petits pseudo-bulbilles analogues à ceux que 
nous avons signalés chez le À. miniata. 

Grêles, hauts de 8 à 15 millimètres, non dilatés au sommet, 
couverts de papilles subconiques, mais obtusiuscules au 
sommet, les pédicelles supportent des fleurs pendantes. 

Quadrangulaire, subcampanulé, couvert en dedans et en 
dehors de papilles subconiques, mais obtusiuscules au 
sommet, le calice se compose d'un tube plus haut que les 
segments, long de 15 à 16 millimètres, et de quatre segments 
non appliqués contre le tube de la corolle ; largement sub- 
semiorbiculaires, plus larges que hauts, longs de 3.25 à 
k millimètres et larges de 5.50 à 7.70 millimètres, les seg- 
ments, dont les bords sont entiers, ont leur plus grande 
largeur à la base et, à partir de ce niveau, se rétrécissent 
assez rapidement jusqu'au sommet anguleux et brusquement 
acuminé. 

Un peu plus longue que le calice, cylindrique mais nette- 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 109 


ment quadrangulaire dans sa partie inférieure, la corolle est 
nettement étranglée au-dessous du milieu ; au-dessous de cet 
étranglement, elle se dilate peu à peu, puis se rétrécit jusqu'à 
une très faible distance de la base, et, enfin, à partir de ce 
niveau, conserve un diamètre presque identique jusqu'à la 
base elle-même, formant ainsi une sorte de tube large et 
court qui lui donne une apparence stipitée; au-dessus de 
l'étranglement, elle se dilate peu à peu jusqu'à la jonction du 
tiers médian et du tiers supérieur, puis, à partir de ce niveau, 
se rétrécit lentement jusqu'à la base des segments dressés- 
récurvés. Plus long que les segments, le tube, qui porte, 
dans sa partie inférieure, quatre côtes assez saillantes situées 
en face des filets oppositipétales, est haut de 18 à 24 muilhi- 
mètres. Très largement subovés, un peu plus larges que 
hauts, longs de 2.75 à 3.30 millimètres et larges de 3 à 
4 millimètres, les segments, dont les bords sont entiers, ont 
leur plus grand diamètre au-dessous du milieu ; au-dessous 
de ce niveau, ils se rétrécissent jusqu'à la base; au-dessus, 
ils s'atténuent peu à peu jusqu’au sommet arrondi et brus- 
quement subacuminé. 

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. 
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du 
milieu du tube de la corolle, dépasse le sommet des segments 
corollins ; très longuement linéaires, ces filets, dont la partie 
soudée fait légèrement saillie à l'intérieur du tube de la 
corolle et jusqu'à la base de celui-ci, conservent un diamètre 
presque identique depuis le sommet jusqu'à une faible dis- 
tante de la base, où ils s’élargissent très légèrement ; leur 
partie soudée est haute de 5.50 à 8.60 millimètres ; leur 
partie libre, longue de 16.50 à 20.50 millimètres, est large 
de 0.55 millimètre. Le sommet des filets oppositipétales, 
insérés un peu plus bas que les filets alternipétales, dépasse 
un peu le sommet de ces derniers ; grêles, très longuement 
linéaires, ces filets conservent un diamètre presque identique 
jusqu’à une faible distance de la base où ils s'élargissent un 
peu ; leur partie soudée est haute de 4.25 à 7.20 millimètres ; 
leur partie libre, longue de 18 à 26 millimètres, est large de 


110 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


0.60 à 0.90 millimètre. Un peu plus hautes que larges, 
ovées, obtuses au sommet et émarginées à la base, les 
anthères sont longues de 2 à 2.60 millimètres et larges de 
1.30 à 1.45 millimètre. 

Soudés entre eux sur un quart environ de leur longueur 
totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres ; 
ovés, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s'atténuent, dans 
leur partie supérieure, en styles grêles, plus longs qu'eux et 
terminés par des stigmates à peine dilatés ; leur partie soudée 
est haute de 2 millimètres; leur partie libre, longue de 5 
à 6.20 nullimètres, est large de 3 millimètres ; les styles sont 
hauts de 17 à 20 millimètres. Dans chaque carpelle, les pla- 
centes, qui portent des ovules sur toute leur longueur, sont 
constitués par deux cordons grèles, subverticaux et presque 
parallèles, quoique très légèrement incurvés en dedans, à 
chacun des deux bords internes des carpelles. 

Un peu plus larges que hautes, subtrapéziformes-subsemi- 
orbiculaires, légèrement dilatées à la base, largement et peu 
profondément émarginées au sommet, les écailles sont 
longues de 1.30 à 1.60 millimètre et larges de 2 à 2.40 mil- 
limètres. 

Cette plante a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie sur 
les rocailles basaltiques et humides de l’Analamahitso, à une 
altitude d'environ 800 mètres. 


Obs. — C'est Bowie! qui, sous le nom de Bryophyllum 
proliferum, décrivit pour la première fois, d'après un spécimen 
cultivé au Jardin de Kew et qu'il crut originaire de l'Afrique 
australe, la plante dont nous venons de donner les caractères. 
Mais, en 1883, Baker ayant étudié deux Crassulacées récoltées 
par le Révérend Baron dans la région centrale de Madagasear 
et distribuées par ce collecteur sous les n° 1270 et 1465, les 
considéra ? comme identiques au Bryophyllum proliferum et 


1. Bowie ms. ex Botanical Magazine, tab. 5147. 
2. J. G. Baker, Contrib. to the F1. of Madagascar, in The Journ. of the 
Linn, Soc., Bot.,t. XX, p. 139 (1883). 


CONTRIBUTION A L ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALAGCHES 111 


infirma ainsi l'hypothèse émise par Bowie sur l'origine géo- 
graphique de cette espèce. 

Un long séjour à Kew ayant permis à l'un de nous de com- 
parer ces spécimens avec l'échantillon original du Br. proli- 
ferum, il a pu constater, tout d'abord, que la plante, distribuée 
-par Baron sous le n° 1465 possédait des folioles nettement 
pétiolées et ne pouvait, par conséquent, être confondue avec 
le Br. proliferum, mais qu'elle ne portait aucune fleur et ne 
pouvait ainsi être déterminée avec certitude. Il à constaté, 
ensuite, que le spécimen récolté par Baron sous le n° 1270 
différait un peu de l'échantillon authentique du Br. proliferum 
par ses sépales proportionnellement plus larges, mais que 
cette différence était sans intérêt parce que les fleurs du 
premier étaient pleinement épanouies, tandis que celles du 
second n'étaient encore qu'en boutons. 

Quant aux échantillons récoltés par l’un de nous, ils ne 
diffèrent aucunement de celui qu'a recueilli Baron et, comme 
lui, appartiennent à l'espèce qui, par suite de la réunion! du 
genre Bryophyllum au genre Kalanchoe, doit être désignée 
sous le nom de Xalanchoe prolifera. 


Kalanchoe rubella Raymond-Hamet, nom. nov. 

Le Xalanchoe rubella est une plante glabre et vivace, dont 
la tige colorée en vert brunâtre et maculée de taches blan- 
châtres, porte, sur toute sa longueur, des feuilles opposées, 
décussées, assez distantes les unes des autres. 

Les feuilles inférieures, presque toujours détruites au 
moment de la floraison, sont simples et pétiolées ; assez grèle, 
subcylindrique mais légèrement canaliculé sur sa face supé- 
rieure, le pétiole s'élargit, à la base, en une sorte de plate- 
forme subsemicirculaire et amplexicaule ; ové, subobtus au 
sommet, coloré en blanc argenté mais parcouru par des ner- 
vures d'un beau vert sombre, le limbe est bordé de larges 
crénelures obtuses et arrondies séparées par des sinus étroits 


1. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, 
sér, 2,t. VII, p. 871-872 (1907). 


112 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


et anguleux. Les feuilles médianes et supérieures sont 3-, 5-, 
1-, et même 9-foliolées ; haute de 6 à 12 centimètres, large de 
2.50 à 5 centimètres, presque identique au limbe des feuilles 
simples mais un peu plus étroite que celui-ci, la foliole ter- 
minale est supportée par un grêle pétiolule haut de 12 à 
15 millimètres et large de 1.25 à 2 millimètres ; oppo- 


4 à 12 centimètres et 


sées deux par deux, hautes de 
larges de 1.80 à 3 centimètres, toujours obtuses au som- 
met, colorées en vert sombre, mais maculées de taches 
blanches, les folioles latérales, qui ont des bords garnis de 
larges crénelures arrondies séparées par d'étroits sinus angu- 
leux, sont supportées, à la base, par un bref pétiolule grêle 
haut de 2 à 8 millimètres et large de 1 à 2.25 millimètres ; 
assez largement ovées sur les ‘feuilles de petite taille, elles 
deviennent d'autant plus étroites que la feuille qui les sup- 
porte est plus amplement développée et arrivent ainsi, sur les 
plus grandes feuilles, à affecter une forme si longuement et 
si étroitement ovée qu'on les croirait presque sublinéaires ; 
quant au pétiole assez grêle, subcylindrique mais légèrement 
canaliculé sur sa face supérieure, il s’élargit, à la base, en une 
sorte de plate-forme subsemicireulaire et amplexicaule large 
de 5 à 6 millimètres. 

L'inflorescence paniculiforme, qui termine la tige, se com- 
pose de pédoncules latéraux portant un petit nombre de 
pédoncules secondaires opposés deux par deux et terminés 
par des cymes bipares simples, très pauciflores et très lâches. 

Grêles, non dilatés au sommet, les pédicelles sont longs de 
12 à 23 millimètres. 

Longuement oblongues-sublinéaires, subaiguës au sommet, 
légèrement contractées à la base en un large pseudo-pétiole à 
peine distinct du limbe, les bractées, dont les bords sont 
entiers, sont larges de 3.20 à 7.40 millimètres et larges de 
0.60 à 1 millimètre. 

Le calice, subcampanulé, se compose d'un tube plus haut 
que les segments, long de 14à 16 millimètres, et de quatre 
segments non appliqués contre le tube de la corolle; deltoïdes, 
un peu plus larges que hauts, longs de 6.20 à 7.40 milli- 


+170 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 113 


mètres et larges de 7.20 à 8.50 millimètres, les segments, 
dont les bords sont entiers, se rétrécissent peu à peu depuis 
la base jusqu'au sommet aigu et acuminé. 

Un peu plus longue que le calice, la corolle est nettement 
étranglée au-dessous du milieu; au-dessous de cet étrangle- 
ment, elle se dilate peu à peu, puis se rétrécit jusqu'à une 
très faible distance de la base, et enfin, à partir de ce niveau, 
conserve un diamètre presque identique jusqu’à la base elle- 
même, formant ainsi une sorte de tube large et court qui lui 
donne une apparence stipitée; au-dessus de l’étranglement, 
elle se dilate peu à peu jusqu'à la jonction du tiers médian et 
du tiers supérieur, puis, à partir de ce niveau, se rétrécit len- 
tement jusqu’à la base des segments dressés-récurvés. Plus 
long que les segments, le tube est haut de 22,50 à 23 milli- 
mètres. Subsemiorbiculaires-subsemioblongs, un peu plus 
larges que hauts, long de 5 à 5.70 millimètres et larges de 
5.40 à 5.80 millimètres, les segments, dont les bords sont 
entiers dans leur moitié inférieure et nettement rongés dans 
leur moitié supérieure, ont leur plus grand diamètre à la 
base ; au-dessus de ce niveau, ils s’atténuent presque insen- 
siblement jusqu’au milieu, puis, à partir de ce niveau, se 
rétrécissent assez rapidement jusqu'au sommet anguleux et 
brusquement subacuminé. 

L'androcée se compose de huit étamines libres entre elles. 
Le sommet des filets alternipétales, insérés au-dessous du 
. milieu du tube de la corolle, dépasse un peu la base des seg- 
ments corollins sans atteindreleur milieu ; grêles, très longue- 
ment et très étroitement linéaires, ces filets, dont la partie 
soudée fait légèrement saillie à l'intérieur du tube de la 
corolle et jusqu’à la base de celui-ci, conservent un diamètre 
presque identique depuis le sommet jusqu’à la buse, qui n'est, 
elle-même, ni élargie, ni rétrécie: leur partie soudée est 
haute de 4.80 à 5.70 millimètres; leur partie libre, longue 
de 18.50 à 19.50 millimètres, est large de 0.55 à 0.60 mil- 
limètre. Le sommet des filets oppositipétales, insérés un peu 
plus bas que les filets alternipétales, dépasse légèrement le 
sommet de ces derniers et tantôt n'atteint pas le milieu des 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol, 1915, 8 


114 RAYMOND-HAMET ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


segments corollins, tantôt le dépasse un peu; grêles, très 
longuement linéaires, ces filets conservent un diamètre 
presque identique depuis le sommet jusqu à la base qui n’est, 
elle-même, ni élargie, ni rétrécie; leur partie soudée est 
haute de 3.80 à 4.20 millimètres ; leur partie libre, longue 
de 20 à 22 millimètres, est large de 0.55 à 0.65 mill- 
mètre. Un peu plus hautes que larges, ovées, obtuses au 
sommet et émarginées à la base, les anthères sont longues de 
2.50 à 2.70 millimètres et larges de 1.85 à 2.20 mulh- 
mètres. 

Soudés entre eux sur un quart environ de leur longueur 
totale, les carpelles sont appliqués les uns contre les autres; 
ovés, rétrécis dans leur partie inférieure, ils s’atténuent, dans 
leur partie supérieure, en styles grêles, plus longs qu'eux et 
terminés par des stigmates à peine dilatés ; leur partie soudée 
est haute de 4.10 à 1.20 millimètre; leur partie libre, de 
3.10 à 4.50 millimètres ; les styles sont longs de 15 à 17.75 
millimètres. Dans chaque carpelle, les placentes, qui portent 
des ovules sur toute leur longueur, sont constitués par deux 
cordons grêles verticaux et presque parallèles, quoique très 


légèrement incurvés en dedans, à chacun des deux bords. 


internes des carpelles. 

Environ trois fois plus hautes que larges, suboblongues- 
sublinéaires, longues de 2.30 à 2.60 millimètres et larges 
de 0.70 à 0.80 millimètre, les écailles ont leur plus grande 
largeur vers le milieu et, à partir de ce niveau, se rétrécissent, 
d'une part vers le sommet émarginé, d'autre part vers la base 
ni élargie, ni rétrécie. 

Cette plante a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie dans 
le bassin de l'Ankisompobe. 


Obs. Quoique, lors de la rédaction de sa monographie du 
genre Xalanchoe, lun de nous n'ait connu le Bryophyllum 
rubellum que par sa diagnose originale !, il avait cru pouvoir 


1. J. G. Baker, Furth. Contrib. to the FI. of Madagascar, in Journ, 
of the Linn. Soc., Bot., t. XXV, p. 314 (1890). 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 115 


indiquer ! que cette espèce était probablement identique au 
Bryophyllum proliferum. Fort heureusement ayant pu, depuis 
lors, étudier, non seulement les échantillons authentiques de 
ces deux espèces, mais encore les spécimens récoltés par 
Baron et Perrier de la Bâthie qui doivent être rapportés à 
ces deux Crassulacées, 1l a pu acquérir sur cette question une 
opinion mieux fondée. Certes, la comparaison des échan- 
üllons authentiques de ces deux plantes eût dû suflire à baser 
sa conviction, mais cette comparaison était fort diflicile. En 
effet, on sait déjà que, le spécimen original du Br. proliferum 
ne portant que des boutons, nous avons dû, pour rédiger une 
description complète de cette plante, faire appel aux spéci- 
mens de cette espèce qu'ont récoltés Baron et Perrier de la 
Bâthie. D'autre part, l'échantillon authentique du Br. 
rubellum étant extrêmement incomplet, il eût été presque 
impossible, sans les spécimens récoltés par M. Perrier de 
la Bâthie, de décrire tous les caractères de cette intéressante 
Crassulacée. On pourrait, il est vrai, nous objecter que ces 
spécimens sont peut-être distincts de léchantillon authen- 
tique, mais il suflirait, pour réfuter cette assertion, de faire 
remarquer qu'ils sont absolument identiques à ce dernier, 
non seulement au point de vue de la forme des différents 
organes, mails même 


ainsi que l’établit le tableau suivant 
(voir page 116) — sous le rapport de leurs dimensions : 
L'identité des échantillons récoltés par M. Perrier de la 
Bâthie et des spécimens originaux des Br. proliferum el 
Br. rubellum étant ainsi démontrée, nous disposions d'un 
matériel suflisant pour constater que le Br. rubellum 
diffère du Pr. proliferum: 1° par les feuilles à folioles 
pétiolées, non point sessiles et décurrentes sur le rachis; 
2° par les sépales deltoides, et non subsemiorbiculaires : 
3° par les pétales subsemiorbiculaires-subsemioblongs à bords 
rongés, non point largement subovés à bords entiers ; 4° par 
les écailles suboblongues-sublinéaires près de trois fois plus 


1. Raymond-Hamet, Monogr. du g Kalanchoe, in Bull. Ib. Boissier, 
sér. 2,t. VIII, p. 20 (1908). 


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_laires, plus larges que hautes. 


hautes que larges, et non subtrapéziformes-subsemiorbicu- 


Le Br. rubellum doit donc être considéré comme une espèce 
distincte du Br. proliferum, espèce qui, par suite de la réu- 
nion! du genre Bryophyllum au genre Kalanchoe, devra 
porter le nom de Kalanchoe rubella. 


1. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, 


_ sér. 2,t. VII, p. 871-872 (1907). 


2 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


DES CRASSULACÉES RÉCOLTÉES 


Par M. PERRIER DE LA Barure 


Crassula cordifolia Baker; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3 


p. 205-207. 


» nummulariæfolia Baker ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 


t. II, p. 203-205. 


Kalanchoe Aliciæ Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3 


t. II, p. 482-187. 


» antanosiana Drake del Castillo ; Ann. Mus. Col. Marseille, 


sér. 3, t. II, p. 167-170. 
» beharensis Drake del Castillo: Ann. Mus. Col. 
ser 35t. HE p; «05: 


à) Bergeri Raymond-Hamet & Perrier de la Bàthie; Ann. Mus. 


Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 199-202. 


Un Bitteri Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus. 


Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 120-124. 


» Boisi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus. 


Col. Marseille, sér. 3, t. Il, p. 149-153. 


» Bouveti Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus. 


Col. Marseille, sér. 3, t. I, p. 192-195. 


» Bouvieri Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Se. 


Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 366-368. 


» Chapototi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. 


Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p.64. 


» Daigremontiana Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie 
Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 128-132. 
» Fedtschenkoi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. 


Mus. Col. Marseille, sér, 3, €. II, p. 73. 


n Gastonis-Bonnieri Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; 


Ann, Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 364-366. 
» Gentyi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; 
Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 157-1614. 


» gracilipes Baillon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 


p. 173-176. 


120 


RAYMOND-HAMET ET H, PERRIER DE LA PBATHIE 


Kalanchoe Grandidieri Baillon; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3, t, I, 


» 


» 


» 


p. 464-166. 
Guignardi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. 
Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 368-370. 
Heckeli Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus. 
Col. Marseille, sér. 3, t. IL, p. 117-120. 
Hildebrandtii Baillon; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, ‘3, 
t. II, p. 461-164. 
integrifolia Baker ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, 
p. 113-117. 
Jongmansi Raymond-Hamet & Perrier de la Bäthie; Ann. 
Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 195-199. 
Jueli Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus. 
Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 135-139. 
lanceolata Persoon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. [, 
p. 146-149. 
linearifolia Drake del Castillo; Ann. Mus. Col. Marseille, 
sér. 3, t. Il, p. 170-173. 
Mangini Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Sc. 
Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 370-373. 
Milloti Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Sc. 
Nat., Bot., sér. 9,t. XVI, p. 374-376. 
miniata Hilsembach & Bojer; Ann. Mus, Col. Marseille, 
sér. 3, t. III, p. 80. 
parviflora Baïllon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3,t, II, 
p. 179-182. 
peltata Baillon ;? Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, 
p. 176-179. 
pinnata Persoon, var. genuina Raymond-Hamet; Ann. Mus. 
Col. Marseille, sér. 3, t. IT, p. 84. 
» » var. brevicalyx Raymond-Hamet & Perrier 
de la Bâthie; Ann. Mus. Col. Marseille, 
sér. 3, t. IT, p. 88. 
Poincarei Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Bull. 
Géogr. Bot., t. XXIIT, p. 148-151. 
porphyrocalyx Baïllon ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, 
t’ TTL, pp. 90° 
prolifera Raymond-Hamet ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér, 3, 
HILL, p: 2407: 
Rolandi-Bonapartei Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; 
Ann. Sc. Nat., Bot., sér. 9, t. XVI, p. 361-363. 
Rosei Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus. 
Col. Marseille, sér, 3, t. II, p. 132-135. 
rubella Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, 
t. LD: 411: 


à 
Li 
À : 
; 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CRASSULACÉES MALGACHES 121 


Kalanchoe Stapfi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann. Mus. 


» 


Col. Marseille, sér. 3, t. III, p. 68. 
streptantha Baker ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t, H, 
p. 139-143. 
synsepala Baker; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, 
p. 153-156. 
Tieghemi Raymond-Hamet; Ann. Mus. Col. Marseille, 
sér.3, t. II, p. 143-145. 
tomentosa Baker; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. IT, 
p. 102. 
tubiflora Raymond-Hamet ; Ann. Mus. Col. Marseille, sér. 3, 
t. IT, p. 125-128. 
Viguieri Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie ; Ann. Mus. 
Col. Marseille, sér. 3, t. II, p. 187-189, 
» » var, genuina Raymond-Hamet & Perrier 
dela Bâthie ; Ann, Mus. Col, Marseille, 
sén> 3,6. Il p..189-190: 
» » var, latisepala Raymond-Hamet & Perrier 
de la Bâthie ; Ann. Mus. Col. Marseille, 
sér, 3, t. II, p. 190-192. 


Waldheimi Raymond-Hamet & Perrier de la Bâthie; Ann, 


Mus. Col. Marseille, sér. 3, t. III, p. 71. 


SUR QUELQUES KALANCHOE 
DE LA FLORE MALGACHE 


Par M. RAYMOND-HAMET, 


I. Bryophyllum crenatum Baker, Kalanchoe laxiflora 
Baker, Kalanchoe Tieghemi Raymond-Hamet et Kalanchoe 
crenata Raymond-FHamet. 


C'est en 1883 que Baker ! créa, pour quelques échantillons 
récoltés à Madagascar par Lyall (n° 38) et par Baron (n° 608, 
956, 1121 et 1411), le binôme nouveau de Bryophyllum cre- 
nalum qu'il caractérisa comme suit : « Perennis, erecta, glabra, 
foliis oppositis oblongis conspicue crenatis, inferioribus majo- 
ribus crenalis superioribus sensim minoribus cymis pauciflo- 
ris laxifloris terminalibus, calyce oblongo inflato dentibus del- 
loideis corollae tubo ampullaeformi quam calyx  paulo lon- 
giore limbi segmentis parvis rubris orbiculari-cunealis, 
slaminibus supra medium corollae tubi insertis antheris minu- 
lis, stylo ovaria aequilongo vel paulo longiore. — À glabrous 
succulent perennial, with slender terete stems 2-3 feel 
long, erect or decumbent towards the base. Leaves distant, 
opposite, oblong, green, fleshy, deeply crenate, obtuse, the 
lower 2-3 in. long, with a petiole 1 1} long, the upper 


growing gradually smaller and more remote. Flowers in a lax 


terminal compound corymbose cyme, on slender erect pedi- 


1.J. G. Baker, Contribut. to the F1. of Madagascar, in the Journ. of 
the Linn. Soc., Bot., t. XX, p. 139 (1883). 


ne 
== 


RAYMOND-HAMET 


cels 441 in. long. Calyx oblong, inflated, membranous, 
reddish !-? in. long, in. diam. with # deltoid segments about 
a third as long as the tube. Corolla with an ampulliform tube 
rather longer than the calyx and # orbicular deltoid crimson 


segments lin. long and broad. Filaments ? in. long, inserted 


above the middle of the corolla tube: anthers minute, orbi- 
cular. Fruit-carpels with narrowly ampulliform contiguous 
ovaries + in. long and slender styles about in. long ». 

Quatre ans plus tard, Baker ! donnait le nom de Xalanchoe 
lariflora à une Crassulacée malgaché récoltée par Baron et 
conservée dans l’herbier de Kew sousle n° 4306, Crassulacée 
à laquelle il attribuait les caractères suivants : «. Perennis 
glabra, foliis oblongis, obtusis carnosis crenatis caule elon- 
galo, floribus in paniculam laxam corymbhosam dispositis, 
panicula ramis primarüs elongatis ascendentibus pedicellis 
flexuosis elongatis cernuis, calyce laro membranaceo rubello 
tu bo campanulato dentibus deltoideis corollæ luteae tubo medio 
constricto, segmentis parvis ovalis, stylis elongatis. — À peren- 
nial, glabrous in all its parts, with flovering-stems 2-3 
feet long. Petiole slender, an inch long; blade 15-2 in. 
long, conspicuously crenate. Panicle a foot long, with 3 main 
branches, each several times dichotomously forked; pedicels 
very slender,!-?in. long. Calyx £ in. long. Corolla pale 
yellow, twice as long as the calyx, ampullaeform at the base 
and the tube dilated again above the middle ; segments as 
broad as long. Stamens as long as the corolla tube. Styles? in. 
long. » 

Si l’on s’en tient à la comparaison des descriptions que je 
viens de transcrire, les caractères différentiels du Bryophyl- 
lum crenatum et du Kalanchoe laviflora seraient les suivants: 


4. J. G. Baker, Contrib. to the F1. of Madagascar, in Journ. of the 
Linn. Soc., Bot.,t. XXII, p. 473 (1887). 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 125 


Bryophyllum crenatum. Kalanchoe laxiflora. 
Cymis paucifloris (compound Floribus in paniculam corymbo- 
corymbose cyme), sam, panicula ramis primariis 


elongatis ascendentibus (panicle a 
foot long, with 3 main branches, 
each several times dichotomously 


forked). 
Calyce tubo campanulato, Calyce oblongo, 
5-+ in. Sin. 
Corollae tubo ampullaeformi ; Corollae tubo medio constricto 


Campullaeform at the base and the 
tube dilated again above the 


middle) 
tubo quam calyx paulo longiore ; Corolla twice as long as the 
calyx 
segmentis rubris Corollae luteae 
obiculari-cuneatis. segmentis ovalis. 
Styles about ? in. long Styles + in. long. 


Lors de la rédaction de ma monographie du genre Xalan- 
choe, je m'étais rendu compte de l’insigmifiance systématique 
de ces caractères différentiels; mais, n'ayant pu obtenir com- 
munication de l'échantillon authentique du Xalanchoe laxi- 
flora, je n'avais point osé réunir cette espèce au Bryophyllum 
crenatum et avais été contraint de le ranger parmi les Species 
non salis notae |. 

D'autre part, m'étant convaincu de l'impossibilité de consi- 
dérer le genre Bryophyllum autrement que comme une sec- 
tion du genre Xalanchoe, j'avais transporté, dans ce dernier 
genre, le Bryophyllum crenatum, d'abord sous le nom de 
Kalanchoe  Tieghemi Raymond-Hamet?, puis sous celui de 
Kalanchoe crenata Raymond-Hamet*®. Mais l'étude de nou- 
veaux matériaux m'ayant contraint de reconnaitre, au Malan- 


4. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, 
sér. 2, t. VIII, p, 40 (1908). 

2. Raymond-Hamet, loco cil., L. VIT, p. 876, 878 et 881 (1907). 

3. Raymond-Hamet, loco cit., t, VII, p. 19 (1908). 


126 RAYMOND-HAMET 


choe crenata d'Haworth, l'autonomie spécifique que je lui 
avais déniée dans ma monographie, je dus, dans un récent 
mémoire !, restituer à la plante de Baker le binôme que je lui 
avais primitivement imposé. 

Quelques années auparavant, la Direction de l'herbier de 
Kew m'ayant fait parvenir un dessin exécuté, par M. Smith, 
d'après l'échantillon authentique du ÆXalanchoe laxiflora, 
javais signalé? la similitude probable de cette espèce et 
du Xalanchoe crenata R. H.. Mais c'est seulement au cours de 
l'an dernier que l'étude des spécimens originaux du Æalan- 
choe laxiflora et du Bryophyllum crenatum me convainquit 
de l'identité de ces deux plantes. 

En effet, parmi les caractères que la comparaison des diag- 
noses originales permettrait de considérer comme différentiels 
de ces deux Crassulacées, la couleur de la corolle, rouge dans 
le Bryophyllum crenalum, jaune dans le Xalanchoe laxiflora, 
et la forme des pétales, orbiculaire-cunéiforme dans le 
premier, ovée dans le second, pourraient seuls être prises en 
considération ; mais l'étude des spécimens authentiques m'a 
permis de constater que ces prétendues différences n'’exis- 
tient que dans les descriptions. Cette étude m'a permis en 
outre de me convaincre de l'identité du Bryophyllum crena- 
tum et du KXalanchoe laxiflora, non seulement au point de 
vue de la forme des organes, mais même à celui de leurs 
dimensions. Ces deux espèces doivent done être réunies en 
une seule qui portera le nom de Xalanchoe lariflora. En effet, 
s'il est exact que le nom le plus ancien qui ait été attribué à 
cette espèce soit celui de Bryophyllum crenatum, 11 est évident 
qu'on ne peut, dans le transfert reconnu obligatoire de cette 
plante dans le genre Xalanchoe, lui conserver son épithète spéci- 
fique princeps, puisqu'il existe déjà un Xalanchoe crenata créé 
valablement par Haworth. Quant au nom de Xalanchoe Tieq- 


{. Raymond-Hamet (en collaboration avec Perrier de la Bäthie), Nouv. 
Contrib. à l'étude des Crassulacées malgaches, in Ann. du Mus. Colon. 
de Marseille, sér. 3, t. II, p. 31-33 (1914). 

2. Raymond-Hamet, Sur quelques Kalanchoe peu connus, in Bull. Soc. 
bot. France, t. LVII, p. 24 (1910), 


ae 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 127 


hemi, il est postérieur à celui de Xalanchoe lariflora et doit 
donc s'’effacer devant lui depuis la constatation de l'identité 
de ce dernier et du Bryophyllum crenatum. 


II. Kalanchoe orgyalis Baker et Kalanchoe antanosiana 
Drake del Castillo. 


Sous le nom nouveau de ÆXalanchoe orgyalis, Baker a 
décrit !, en 1882, deux échantillons récoltés par Baron dans 
la région de Betsiléo et conservés dans l’herbier de Kew sous 
les n% 105 et 279, échantillons auxquels il a attribué les 
caractères suivants : « An erect glabrous succulent perennial, 
with stems 6-7 feet long. Lower leaves oblong-spathulate, 
entire, 3-5 in. long. Flowers in dense corymbose cymes: 
bracts minute ; pedicels as long or shorter than the flowers. 
Sepals #, deltoid, glabrous! in. long, connate only at the very 
base. Corolla vellow, urceolate, lin. long, with four sprea- 
ding deltoid cuspidate segments not morethan ? as long as the 
ovoid tube, which is 5-7 in. diam. Stamens 8, inserted 
biseriately near the throat of the corolla-tube; filaments very 
short : anthers minute, ovate. Fruit-carpels #, ? in. diam., as 
long as the corolla, narrowed gradually into the short 
styles. » 

En 1903, Drake del Castillo?, ayant étudié un intéressant 
Kalanchoe récolté dans le Sud de Madagascar par M. G. 
Grandidier, le considérait comme une espèce nouvelle que, 
sous le nom de Xalanchoe antanosiana, 11 décrivait ainsi 
« Sulfrutex (?) foliis oratis (0 m. 010 >< 0 m. 009) vix acutis 
basi in petrolum brevem constrictis. Panicula ampla (pedalis 
etultra), laxa, ramis ascendentibus, ramulis brevibus puberulis, 
podicellis longiusculis (ad. 1 centim.) ad apicem ramulorum 


subconfertis. Calyx campanulatus, lobis deltoideis reflexis. 


1. J. G. Baker, Contrib. to the F1. of Madagascar, in Trimen's Journ. 
of Bot., N. sér., t. XI, p. 110 (1882). 

2. Drake del Castillo, Note s. les pl. rec. par M. G. Grandidier dans 
le S. de Madagascar, in Bull. Mus, Iisl, natur. de Paris, p. #1 (1903. 


128 RAYMOND-HAMET 


Corolla urceolata (8-10 millim.) extus superne puberula. Car- 
pella conniventia. » 

À ne considérer que les descriptions originales que je viens 
de transerire, le Xalanchoe antanosiana devrait être considéré 
comme une espèce distincte du Xalanchoe orgyalis, puisqu'il 
posséderait des feuilles toutes « ovatis! », et non « lower 
leaves oblong-spathulate », des fleurs disposées en « pami- 
cula ampla (pedalis et ultra), laxa, ramis ascendentibus ramu- 
lis brevibus puberulis, pedicellis ? longiusculis (ad. 1 centim.) 
ad apicem ramulorum subconfertis » et non point « in dense 
corymbose cymas ». De plus, alors que le Xalanchoe orqyalis 
serait complètement glabre, le Xaianchoe antanosiana aurait 
des « ramulis.. puberulis » et une corolle « extus superne 
puberula ». 

Ces caractères n'ont point, il est vrai, une extrême impor- 
tance, mais ils présentent cependant une valeur systématique 
suffisante pour autoriser la distinction spécifique des Æalan- 
choe antanosiana et K. orgyalis. C’est pourquoi, ayant eu à 
ma disposition, lors de la rédaction de ma monographie du 
genre Kalanchoe, non point les échantillons authentiques du 
K. orgyalis, mais seulement quelques fragments incomplets de 
ces spécimens, je n'avais point osé m’autoriser de la compa- 
raison de ce matériel rudimentaire avec l'original du Æ. 
antanosiana, pour réunir cette espèce au À. orgyalis, et, provi- 
soirement du moins, j'avais tenu pour distinctes ces deux 
Crassulacées. 

Certes, cette distinction était basée principalement, ainsi 
que le prouve mon tableau analytique”, sur la forme des 
feuilles que je n'avais pu malheureusement vérifier que dans 
une seule des deux prétendues espèces, mais elle reposait 
aussi sur quelques caractères différentiels de très minime 
valeur, il est vrai, mais qui, par suite de la défection de celui 
que Drake del Castillo avait cru pouvoir tirer de l'inflores- 


1. Le texte porte : oratis. 
2. Le texte porte : podicellis. 
3. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Herb. Boissier, 


sér. 2, t. VII, p. 880 (1907). 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 129 


cence et que l'examen des échantillons m'avait fait rejeter, 
me paraissaient fort utiles pour consolider une séparation que 
seule la pauvreté du matériel mis à ma disposition m'avait 
contraint d'admettre et de justifier. C'est ainsi que, si l'inflo- 
rescence m'avait paru « corymbiformis » aussi bien dans le 
K. antanosiana que dans le À. orgyalis, J'avais cru pouvoir 
attribuer au premier! : des pédicelles « quam corollae tubus 
breviores », une corolle « segmentis late ovato-orbiculatis, 
leviter mucronatis », des anthères « superiores corollae seg- 
mentorum basim attingentes », des carpelles « ovato-lanceo- 
lata » ; au second? : des pédicelles « quam corollae tubus lon- 
giores », une corolle « segmentis ovato-suborbicularibus, 
abrupte cuspidatis », des anthères « superiores corollae seg- 
mentorum medium attingentes », des carpelles « oblonga ». 

Fort heureusement un séjour en Angleterre mayant per- 
mis d'étudier les échantillons authentiques du ÆXalanchoe 
orgyalis, je puis reviser aujourd’hui mon assertion première et 
discuter, en pleine connaissance de cause, la création propo- 
sée par Drake del Castillo. Ces échantillons, qui sont au 
nombre de deux et qui, comme Je l'ai déjà dit plus haut, ont 
été récoltés l’un et l’autre dans la province de Betsiléo par le 
Révérend Baron, sont conservés dans les collections bota- 
niques des jardins de Kew sousles n°105 et 249. Ils sont 
tous deux dépourvus de feuilles, mais le n° 105 porte une 
étiquette où le collecteur supplée à cette absence en attri- 
buant à la plante « leaves opposite spoon-shaped 3-5 in. 
long ». C'est par une interprétation abusive et erronée que 
Baker a, dans sa description, transcrit cette mention par 
« Lower leaves oblong-spathulate », car le mot « spoon- 
shaped », qui est l'équivalent de notre mot « trulliforme », ne 
peut nullement être pris dans l'acception de « oblong-spa- 
thulate », mais doit être considéré comme synonyme d'ové ou 
d'ové-oblong. Le caractère différentiel primordial des A. 
orgyalis et À. antanosiana disparait donc, et seuls demeurent, 


{, Raymond-Hamet, loco cilalo, p. 891 (1907). 
2. Raymond-Hamet, loco citalo, p. 890 et 891 (1907). 


Annales du Musée colonial de Marseille. 3° série, 3° vol, 1915. 9 


L AN "TE A 


130 RAYMOND-HAMET 


pour distinguer ces deux espèces, les caractères secondaires 
que j ai indiqués dans ma monographie. Ces caractères sont- 
ils bien constants et l'étude des échantillons originaux aboutit- 
elle à confirmer ou à infirmer leur existence ? C'est ce que je 
vais maintenant examiner. 

Un problème se pose tout d'abord : L'inflorescence est-elle 
corymbiforme dans le Æ, orgyalis et paniculiforme dans le X. 
antanosiana, ainsi que l'affirment les diagnoses originales de 
ces deux plantes, ou est-elle corymbiforme dans l’un comme 
dans l'autre, ainsi que je l'ai admis dans ma monographie ? 
En réalité les échantillons originaux du X. orgyalis, tout 
comme ceux du X. antanosiana, sont réduits à des fragments 
qui interdisent de se prononcer, sur ce point, d'une façon 
définitive; si le n° 249 de Baron montre, en effet, des fleurs 
disposées en une cyme incontestablement corymbiforme, le 
n° 105 du même collecteur, ainsi que le spécimen authentique 
du X, antanosiana, laissent voir, au contraire, des axes flo- 
raux émettant des rameaux secondaires opposés et terminés 
par des cymes corymbiformes, ce qui donne à l’ensemble de 
chacun des fragments conservés l'aspect d'une véritable pani- 
cule. L'échantillon récolté par M. Perrier de la Bâthie m'a per- 
mis de comprendre la raison de cet apparent dimorphisme. 
En réalité les fragments examinés sont, non point des axes, 
mas des pédoncules primaires : les uns, simples, proviennent 
du sommet de l'inflorescence; les autres, ramifiés, sont 
extraits de la base de cette dernière. 

Mais si les feuilles et l'inflorescence, sur la forme desquelles 
était basée la distinction originelle des Æ. orgyalis et X. 
antanosiana, sont absolument identiques dans ces deux 
plantes, n'en est-il point de même des caractères secondaires 
dont J'avais jadis admis l'existence ? 

La mensuration d'un certain nombre de pédicelles montre 
que leur longueur est tantôt supérieure, tantôt inférieure, à 
celle du tube corollin, non seulement dans chacune des deux 
prétendues espèces, mais encore sur un même fragment. 

Les segments corollins, aussi bien dans le À. orgyalis que 
dans le À, anlanosiana, sont plus ou moins largement ovés 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 131 


et se rétrécissent peu à peu, à partir du niveau de leur plus 
grande largeur, niveau qui se trouve toujours au-dessous du 
milieu, jusqu'au sommet aigu et légèrement cuspidé. 

Dans les deux plantes, le sommet des anthères oppositipé- 
tales, qui dépasse l'extrémité supérieure des anthères alterni- 
pétales, atteint environ le milieu des segments de la corolle. 

Quant aux carpelles, ils sont absolument identiques dans les 
deux prétendues espèces. 

On peut donc conclure à l'inexistence de tous les carac- 
tères distinctifs invoqués pour séparer le X, antanosiana du 
K. orgyalis, et il nous suflira, pour justifier la réunion de ces 
deux espèces, de faire remarquer que chaque organe est pra- 
tiquement identique dans l'une et dans l’autre, non seulement 
au point de vue de la forme mais même sous le rapport de la 
dimension. 

C'est ce qui résulte du tableau comparatif suivant : 

Voir p. 132. 

On pourrait peut-être nous opposer que les sépales et les 
pétales sont un peu plus grands dans le X, antanosiana que 
dans le À. orgyalis, mais les échantillons récoltés par M. 
Perrier de la Bâthie m'ont montré, non seulement que les 
chiffres, exprimant la longueur de ces organes dans les spé- 
cimens originaux, étaient reliés par de nombreux intermé- 
diaires, mais encore qu'ils ne représentaient même point les 
extrêmes de la série que la mensuration de nombreuses fleurs 
m'a permis de constituer. La longueur des sépales varie, en 
effet, de 1.60 à 4.80 mm. en passant par 1.75-2.20-2.40- 
2.80-2.90-3.20-4: leur largeur, de 1.40 à 2.85 mm. avec 
5 chiffres intermédiaires : 2-2.40-2.50-2.70 et 2.75. La lon- 
gueur des pétales varie de 2.25 à 3.90 mm. en passant par 
2.50-2.80-3 et 3.20 ; leur largeur va de 1.75 à 5.80 mm., 
avec # chiffres intermédiaires : 2.50-3.05-3.10 et 3.20. 

On pourrait aussi arguer contre nous de ce que les sépales 
sont un peu plus larges que hauts dans le X, orgyalis, alors 
que dans le X. antanosiana, ils sont un peu plus hauts que 
larges. Mais cette différence tient à l’âge dissemblable des 
échantillons considérés. Les sépales, un peu plus hauts que 


=, 


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132 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 133 


larges dans leur jeunesse, s'élargissent peu à peu en vieillis- 
sant et parviennent à être plus larges que hauts. 


IT. Kitchingia porphyrocalyx Baker, Kalanchoe porphy- 
rocalyx Baillon et Kalanchoe sulphurea Baker. 


C’est pour une plante récoltée par Baron dans la région 
centrale de Madagascar, et conservée dans l'herbier de Kew 
sous le n° 1708, que Baker créa, en 1883, le binôme de Ait- 
chingia porphyrocalyx qu'il caractérisa ! comme suit 
« Perennis, qlabra, caulibus decumentibus, foliis oppositis obo- 
obtusis serralis sessilibus, floribus in paniculam lerminalem 
paucifloram ramis corymbhosis dispositis, pedicellis calyce 
longioribus, calycis laxi {ubo brevissimo segmentis orbicu- 
laribus mucronatis, corollae rubrae tubo  infundibulari 
segmentis deltoideis, staminibus supra medium fubi insertis 
filamentis brevibus, antheris orbicularibus minultis, stylis 
carpellis aequilongis. — A fleshy perennial, glabrous in all 
its parts, with stout simple decumbent stems above a foot 
long. Leaves opposite, sessile, decussate, 1-15 in. long, 
very obtuse deltoid at the base, thick in texture, distinctly 
inciso-crenate green and glabrous on both surfaces. Flowers 
in à lax terminal panicle with corymbose branches ; pedicels 
slender, under ? in. long ; bracts minute, falling before the 


flowers expand. Calyx fin. long & in. in diam. ; tube very 


3 
short, segments orbicular, with a distinct mucro. Corolla ?-7 in 
long with a funnel-shaped tube 5-5 in. in diam. and #4 


deltoid segments. Stamens inserted above the middle of 
the corolla-tube ; filaments rather flattened, under { in. long ; 
anthers minute, orbicular, just protruded from the corolla- 
tube. Fruit-carpels subcylindrical, £ in. long, narrowed gra- 
dually into filform styles of the same length. » 

Deux ans plus tard, Baillon * ayant, comme on sait, réuni 


1. J. G. Baker, Contribut. Lo the FI. of Madagascar, in Journ. of the 
Linn. Soc., Bot.,t. XX, p. 142 (1883). 

2. H. Baillon, Liste pl. Madag., in Bull, mens. Soc. linn. de Paris, 
n. 69, p. 469 (1885). 


134 RAYMOND-HAMET 


le genre Xifchingia au genre Kalanchoe, substitua au nom 
de Xitchinqia porphyrocalyr celui de Kalanchoe porphyro- 
calyr, mais, n'ayant pu examiner l'échantillon authentique 
de cette espèce, il dut se borner à la faire figurer, sans aucune 
observation, dans son énumération des Crassulacées mal- 
gaches. 

En 1887, le créateur du Xüchingqia porphyrocalyx, consi- 
dérant, comme un Âalanchoe nouveau, l'échantillon récolté 
par Baron sous le n° 4180, lui attribuait le nom spécifique de 
sulphurea et le décrivait ainsi! : « Perennis, glabra, foliis 
caulinis sessilibus oblongis obtusis carnosis, floribus paucis 
lare cymosis pedicellis elongatis cernuis, calyce laro tubo cam- 
panulalo dentibus deltoideis tubo aequilongis, corollae luteae 
tubo cylindrico, seymentis latis brevibus stylis elongatis. — 
À perennial, glabrous in all its parts. Leaves thick, fleshy, 
sessile, oblong, entire. Cymes lax-few-flowered : pedicels 
very slender, cernous 5 in. long. Calyx in. long. Corolla 
an inch long, with a cylindrical tube { in. in diam., and 4 
short segments as broad as long. Stamens reaching halfway 
up the corolla segments. Ovaries cylindrical, narrowed gra- 
dually in a style ? in. long. » 

N'ayant pu étudier, lors de la rédaction de ma monographie 
du genre ÆXalanchoe, les échantillons authentiques des 
K. porphyrocalyx et K. sulphurea, je dus alors me résigner à 
considérer ces deux espèces comme « non satis notae » et me 
résoudre à n’en publier qu'une incomplète description ? extraite 
de la diagnose originale. 

Mais, en 1910, la direction de l'Herbier de Kew ayant, 
sur mes instances pressantes, consenti à mettre à ma dispo- 
sition, sinon les spécimens originaux des X. porphyrocalyæ 
et Æ. sulphurea, du moins des dessins exécutés d'après eux 
par M. Smith, j'ai pu, dès lors, non seulement affirmer que 
ces deux plantes appartenaient à mon groupe 9, mais 


1. J. G. Baker, Contribut. to the F1. of Madagascar, in Journ. of the 
Linn. Soc., Bot., t. XXII, p. #71 et 472 (1887). 

2. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe in Bull. Hb. Boissier, 
sér.2,t. VII, p. #1 (K. porphyrocalyæ) et 42 (K. sulphurea) (1908). 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORÉ MALGACHE 135 


encore décrire leurs caractères ! aussi fidèlement du moins 
que le permettaient de simples dessins d’une exactitude tou- 
jours contestable. Pourtant, quoique les affinités des Æ. por- 
phyrocalyx et K. sulphureä m'aient alors paru fort étroites 
je n'avais point osé réunir ces deux plantes, car il eût fallu 
pour cela faire abstraction des caractères différentiels révélés 
par les dessins de M. Snuth, dessins que, jusqu'à preuve 
contraire, J'étais contraint de considérer comme exacts. 

Fort heureusement un séjour à Kew m'ayant permis d'étu- 
dier les échantillons authentiques des X. porphyrocalyx et K. 
sulphurea, je puis émettre, enfin, sur les affinités de ces deux 
plantes, une opinion que la simple comparaison de leurs 
diagnoses originales eûùt été impuissante à édifier. En effet, si 
l’on se borne à rapprocher l’un de l’autre les deux textes de 
Baker, on est conduit à admettre l'existence d'un certain 
nombre de caractères différentiels qui permettraient de séparer 
le X. sulphurea du X. porphyrocalyx, caractères dont voici 
l’énumération : 


K. sulphurea. K. porphyrocalyz. 

Foliis oblongis, entire. Foliis obovatis, deltoid at the 
base, serratis (distinctly inciso- 
crenate). 

Floribus laxe cymosis (cymes Floribus in paniculam pauci- 

few-flowered). floram ramis corymbosis (lax ter- 
minal panicle). 
Pedicels + in. long. Pedicels under + in. long. 
Calyx + in. long, Calyx £in. long, 
dentibus deltoideis segmentlis orbicularibus mucrona- 
tis, 
tubo aequilongis. tubo brevissimo. 
Corollae luteae Corollae rubrae 
an inch long, 2 in. long, 
tubo cylindrico tubo infundibulari 
£ in. in diam. 5-5 in. in diam. 

Stamens reaching halfway up the Anthers just protruded from the 

corolla segments. corolla-tube. 


1. Raymond-Hamet, Sur quelques Kalanchoe peu connus, in Bull. 
Soc. Bot. France,t. LVII, p. 49 (Æ. porphyrocalyæ) et 51-52 (K, sul- 
phurea) (1910), 


136 RAYMOND-HAMET 


Ces prétendus caractères distinctifs sont, les uns inexis- 
tants, les autres sans valeur systématique. 

En réalité, les feuilles sont, dans les deux plantes, 
oblongues et rétrécies à la base en un très court et assez large 
pétiole. Il est vrai que celles du Æ, porphyrocalyæ sont un 
peu plus larges que celles du X. sulphurea et ont des bords 
sinués et non largement crénelés: mais ces caractères ne 
peuvent être pris en considération, car les nombreux échan- 
tillons de X. porphyrocalyx récoltés récemment m’ont permis 
de constater la présence fréquente, sur un même individu, de 
feuilles plus ou moins larges et plus ou moins crénelées. 

L'inflorescence est subcorymbiforme, pauciflore et lâche 
dans le À. sulphurea comme dans le X. porphyrocalyæ. 

Les pédicelles ont une longueur de 10 millimètres dans le 
K. porphyrocalyx, de T à 16 millimètres dans le X. sul- 
phurea. 

Le calice se compose, dans le X. porphyrocalyx, d'un 
tube haut de 2.50 à 3.75 mm. et de quatre segments longs de 
4.75 à 5.50 mm. et larges de 5.50 à 6 mm. Dans le X. 
sulphurea, le tube du calice est haut de 3 mm., les segments 
sont longs de 5 mm. et larges de 4.50 mm. Dans les deux 
plantes, les segments calycinaux sont ovés et mucronés au 
sommet; ils sont seulement un peu plus étroits dans le 
K. porphyrocalyx que dans le X. sulphurea, mais les échan- 
üllons recueillis récemment montrent, non seulement l’insi- 
- gnifiance d’un tel caractère distinctif, mais encore la présence, 
sur un même individu, de sépales un peu plus hauts que 
larges et un peu plus larges que hauts. 

La différence observée dans la couleur de la corolle 
peut d'autant moins être prise en considération qu'elle 
repose sur l'examen d'échantillons d’herbier dont les nuances 
varient suivant les circonstances de la dessiccation. La lon- 
gueur du tube corollin est assez nettement différente dans les 
deux espèces puisqu'elle atteint 31 mm. dans le A. sulphurea 
alors qu’elle ne dépasse pas 22 mm. dans le X. porphyroca- 
lyx, mais les échantillons récoltés récemment ont montré 
non seulement que le hiatus entre ces chiffres était comblé par 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 137 


de nombreuses valeurs intermédiaires, mais encore que ces 
chiffres ne représentaient même point les extrêmes de la 
série exprimant la longueur du tube corollin dans les diffé- 
rents individus examinés, série qui va de 12 à 32 millimètres, 
en passant par 14, 15, 17.60, 21.50, 22, 23.50, 24.60, 25, 
26.25 et 31. Quant à la forme du tube corollin et à son dia- 
mètre, les deux plantes sont identiques. 

Les étamines dépassent le sommet du tube de la corolle 
aussi bien dans le X, porphyrocalyx que dans le Æ. sulphu- 
rea. Bien plus, à l'encontre de l’assertion de Baker, elles le 
dépassent même davantage dans le premier que dans le 
second. 

D'ailleurs une étude approfondie des échantillons authen- 
tiques des À. porphyrocalyx et K. sulphurea m'a permis de 
me convaincre que tous les organes de ces deux plantes 
étaient absolument identiques et qu'il était impossible de 
trouver la moindre différence, non seulement dans la forme 
de leurs pétales, de leurs étamines, de leurs carpelles, de 
leurs styles, de leurs écailles et de leurs graines, mais 
encore dans les dimensions de ces différentes parties. On en 
trouvera la preuve dans le tableau suivant : 


A 


JU ‘WU F ‘JUI ‘e ) 
‘ju ‘UU 02° 0 ‘We ) 
‘ju ‘ui y ‘dus ‘v \ 
"SL ‘LU 06° T-1 X< ‘JU ‘WI 09° €-0%°& ‘0H 
‘JU ‘tu 8-6 So[ÂJS 
‘14 ‘ut 6-c ‘Id ) 


‘J4 ‘WU (T° LE 2ANOHOJUI 9JrE 
‘JU “UU 080 2pUELUE Ÿ :‘°" souris) 
‘qu ‘UU O1 24nomodns ofre 
"ST “UUUU OT E X ‘94 ‘UUU 08'G SO]IIC0H 
‘U ‘WU GET SoJÂYS 
‘4 ‘I 6 aq orjaed 


‘due | +... sapçodue 
‘qu “utu €L°y-€ ‘sd À 9 ‘Ju ‘LU 0° 9 o9puos orjaed | if 9 
EPS D NT PSS ‘JU ‘UU 0%-C7 ‘Id ) RE PE us 990 1 ‘JU ‘LU CG 4qiy o174ed ) soçejodnisoddo 
A ‘SP PJ E ‘WU QC'E À \ “ddo :} ‘2SP EI P ‘SI ‘LU % 5 \ a 
= TAUUUII GLACES UN) ‘JU ‘Uuu L 99pnos otaed | Le 
< 2 > + : ne “Sr : 0) 
TR D EPS RL X ‘JU ‘WU 08-CL ‘I d | AL CE Of X ‘JU ‘WU CG 24q1 o17aed ) * sopeodtuaoye 
a eSeq eJ & ‘Wu 09° 4 À ‘91e ‘A “eseq 8] & ‘4 ‘uw 5 À Eure Re ne 
A ‘J4 ‘ur 0G'€ ‘sd ) ‘J4 ‘WU 9 29pnos atJaed DCE 
Æ ‘SL ‘uuu cz CMUAUUU Cr id } 107 "ST ‘UF X ‘JU ‘Uutu G aaqiy arqued DRE RES [0107 
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1: 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 139 


IV. Kitchingia campanulata Baker, Kitchingia parviflora 
Baker, Kitchingia panduriformis Baker, Kitchingia amplexi- 
caulis Baker, Kalanchoe campanulata Baillon, Kalanchoë 
parviflora Baillon, Kalanchoe panduriformis Baillon et 
Kalanchoe amplexicaulis Ballon. 


C'est en 1881 que le binôme de Xifchingia campanulata 
fut créé par Baker ! pour une Crassulacée malgache présentant, 
d'après cet auteur, les caractères suivants: « Stems stouter 
than in the other species, terete, flexuose. Leaves sessile, 
linear-oblong, obtuse, cuneate at the base, conspicuously 
crenate, 2-3 in. long. Flowers 12-20, in a lax globose com- 
pound terminal cyme ; bracts minute, linear ; pedicels 5-* in. 
long. Calyx { in. long : segments deltoid, subacute, rather lon- 
ger than the tube. Corolla bright red * in.long, the tube 
broadest at the throat, where it is ? in. diam. ; segments 
deltoid orbicular, half as long as the tube. Stamens inserted 
about the middle of the corolla tube ; filaments filiform, 5-5 in. 
long; anthers minute, globose, Ovaries oblong ? in. long ; 
style rather longer than the ovary; stigma minute, capi- 
tate. » 

En 1883, Baker fit connaître trois Aifchingia nouveaux 
récoltés dans la région centrale de Madagascar par le Révé- 
rend Baron. 

Le premier fut, sous le nom de ÆXïchingia parviflora, 
décrit ? comme suit : « Perennis, erecta, glabra, foliis caulinis 
sessilibus oblongo-lanceolatis obtusis crenatis, floribus in 
cymam compositam terminalem dispositis, pedicellis bresibus, 
calycis tubo  campanulato segmentis  semiorbicularibus, 
corollae luteae tubo oblongo segmentis ovalis, staminibus infra 
tubi medium insertis antheris orbicularibus, stylo quam 
ovarium longiore. — An erect perennial terete, glabrous in 
all its parts, with stilf simple stems a foot long. Leaves in 


1.J.G. Baker, Not. on a collect. of flow. pl. made by L. Kitching 
in Madagascar, in The Journ. of the Linn. Soc., Bot., t. XVIII, p. 269 
(1881). 

2. J. G. Baker, Contrib, to the F1, of Madagascar, in The Journ. of 
the Linn. Soc., Bot.,t. XX,p. 1#1 (1853). 


140 RAYMOND-HAMET 

pairs 5-1 in. apart along the lower half of the stem, decus- 
sale, erecto-patent, fleshy, obtuse, distinctly crenate, the 
lower 2-3 in.long, the upper growing gradually smaller and 
more remote. Flowers numerous, in a corymbose terminal 
compound eyme 15-2 in. in diam.; pedicels 5-5 in. Calyx 
campanulate, ? in.long, with a short tube and # semiorbi- 
cular segments. Corolla yellow, under ? in. long, with an 
oblong tube and # obtuse segments one third as long as the 
tube. Stamens 8, inserted below the middle of the corolla- 
tube, with filiform filaments À in. long and small orbicular 
anthers. Ovaries #, ovoid, Lin. long: styles divergent, longer 
than the ovary ; stigma capitate. » 

Au second, Baker imposa le nom de Xifchingia panduri- 
formis et attribua ! les caractères suivants : « Perennis, erecta, 
glabra, foliis caulinis sessilibus panduriformibus obtusis 
crenalis, floribus in paniculam terminalem ramis densifloris 
corymbosis dispositis, pedicellis flori subaequilongis, calycis 
parvi tubo campanulato segmentis suborbicularibus stamini- 
bus ad tubi corollae medium insertis, stylo quam ovarium paulo 
longiore. — À glabrous perennial herb, with stiff simple 
erect stems. Leaves numerous along the lower part of the 
stem, in pairs 1-1 ? in. apart, sessile, ascending, oblong-pan- 
duriform, obtuse, fleshy, 4-5 in. long, crenate, subamplexi- 
caul. Flowers very numerous, arranged in a broad terminal 
paniele with dense-flowered corymbose branches and a long 
g, with 


a short tube and 4 suborbicular segments. Corolla reddish, 
under fin. long, with an oblong tube ? in. in diam. and 4 
suborbicular spreading segments. Stamens inserted at the 
middle of the corolla-tube, with filiform filaments £ in. long 
and small reniform anthers. Carpels as long as the corolla 
in the fruitingstage, diverding ; style ? in. long. » 

Quant au troisième, il reçut le nom de Æitchinqia amplexi- 


caulis et fut caractérisé? comme suit : « Perennis, glabra, 


naked peduncle. Calyx campanulate, glabrous Lin. lon 


4.3. G. Baker, loco cit., p. 1#1 et 142. 
2. J. G. Baker, loco cit., p. 142 et 143. 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 141 


caulibus erectis simplicibus, foliis oppositis oblanceolatis obtu- 
sis crenalis cordato-amplexicaulibus floribus in paniculas 
amplas terminales ramis corymbosis dispositis, pedicellis 
calyce longioribus, bracteis minutis lanceolatis, calycis tubo 
brevissimo segmentis ovalis, corollae rubrae seygmentis orbicu- 
laribus quam tubus infundibularis quadruplo brevioribus 
staminibus infra medium tubi insertis, filamentis elongatis, 
antheris orbicularibus minutis, stylis quam carpella longio- 
ribus. — À glabrous succulent perennial, with stiffly erect 
unbranched stems 1 1-2 ft. long. Leaves erecto-patent in dis- 
tant decussate pairs, the longer ones 5-6 in. long, f-15 in. 
broad, those near the panicle much smaller. Flowers in a 
dense corymbose panicle 3-4 in. broad ; pedicels slender, 
about ? in. long. Calyx ? in. long, with # segments reaching 
down nearly to the base. Corolla above À? in. long with a 
funnel-shaped tube £-£ in. in diam. and #4 orbicular segments. 
Stamens 8, inserted below the middle of the corolla-tube : 
filaments ? in. long ; anthers minute, orbicular, Just protruded 
from the corolla tube. Fruit-carpels ? in. long, filiform styles 
a little longer. » 

En 1885, Ballon‘ ayant, comme on sait, réuni le genre 
Kilchingia au genre Kalanchoe, transporta, dans ce dernier 
genre, en leur conservant leurs épithètes spécifiques princeps, 
les quatre espèces dont les diagnoses ont été ci-dessus trans- 
crites. 

Lors de la rédaction de ma monographie du genre Ka/an- 
choe, je me ralliai à l'opinion de Baillon et, n'ayant eu à ma 
disposition que des matériaux très incomplets, je dus 
admettre, comme lui, l'autonomie des quatre espèces décrites 
par Baker. Certes, quoi qu'ayant réussi à distinguer ces 
espèces dans ma clef analytique, j'avais, dès cette époque, 
constaté la faiblesse des caractères différentiels que j'avais été 
contraint d'employer ; mais ce n’est qu'après avoir pu étudier 
minutieusement, non seulement les échantillons authentiques 


1. H. Baillon, Liste d. pl. de Madagascar, in Bull, mens. de la Soc. 
Linn. de Paris, 1.1, p. 468 (1885). 


142 RAYMOND-HAMET 


des espèces de Baker, mais encore les matériaux récoltés plus 

récemment par M. Perrier de la Bâthie, que J'ai été con- 

vaincu de la nécessité de réunir en un seul les quatre 
alanchoe créés par le botaniste anglais. 

Pourtant, à en croire les descriptions originales, ces 
espèces seraient assez nettement distinctes. Le Xalanchoe 
parviflora se distinguerait, en effet, du À. campanulala par les 
caractères suivants : 


K. campanulata. K, parvi/flora. 
Stems flexuose. Erecta. 
Leaves linear-oblong... cuneate Foliis oblongo-laceolatis. 
at the base. 
Flowers 12-20 in a lax globose Flowers numerous, in a corym- 
compound terminal cyme. bose terminal compound cyme. 
Pedicels ii in. Pedicels £-£ in. 
Calyx £ in. long, Calyx £ in. long, 
segments deltoid, subacute. semiorbicular segments 
Corolla bright red Corolla yellow 
£in.long. under 5 in. long, 
the tube broadest at the base ; with an oblong tube, 
segments deltoid-orbicular segmentis ovatis, obtuse, 
half as long as the tube. one third as long as the tube. 
Stamens inserted about the Stamens inserted below the 
middle of the corolla-tube ; middle of the corolla-tube ; 
filaments £-{ in. long ; filaments + in. long; 
anthers globose. anthers orbicular. 
Ovaries oblong Ovaries ovoid 
< in. long; sin. long ; 
styles rather longer than the styles longer than the ovary. 


ovary. 


Quelle qu'ait été la pauvreté du matériel mis à ma dispo- 
sition lors de la rédaction de ma monographie, j'avais cru 
pouvoir rectifier sur certains points les diagnoses originales, 
de telle sorte que les caractères différentiels des X. campanu- 
lata! et X. parviflora? devenaient les suivants : 


1. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb, Boissier, 
sér. 2, t. VII, p. 884 (1907), 
2, Raymond-Hamet, loco cit., p. 885 (1907), 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE 


K,. campanulala. 


Lamina lineari-oblonga. 
Inflorescentia subcorymbiformis, 
Flores magni. 
Calyx segmentis quam tubus 
paulum longioribus 
deltoideis 
subacutis 
paulum longioribus quam latio- 
ribus. 
Corolla campanulata, 
segmentis ovato-orbiculatis 


oblusis 
tam longis quam latis. 
Antherae  superiores  paulum 


supra corollae segmentorum basim 
attingentes. 
Carpella oblongo-lanceolala, 
stylis carpellis æqualibus. 
Squamae subquadratae 
integrae obtusae 
tam longae quam latae 


143 


LA FLORE MALGACHE 


K. parviflora. 


Lamina ovato-oblonga, 

Inflorescentia corymbiformis. 
Flores parvi. 

Calyx segmentis tubo æqualibus 


semiorbicularibus 
abrupte cuspidatis 
lalioribus quam longioribus. 


Corolla urceolata, 
segmentis suborbicularibus 
abrupte cuspidatis 
longioribus quam latioribus. 
Antherae superiores corollae 
sesmentorum 
gentes. 
Carpella oblongo-ovata, 


medium  attin- 


stylis quam carpella longioribus. 
Squamae semiorbiculares 
leviter emarginatae 

paulum longiores quam latiores. 


A l'exception de la couleur des fleurs qui m'a toujours 
paru sans valeur surtout lorsqu'on l'observe sur des échantil- 


lons d’herbier, à l'exception aussi du rapport 


corolle 
corolle 


segments de la 
tube de la 


qui m'avait paru identique dans les deux plantes, 


les caractères différentiels auxquels j'avais eu recours, notam- 
ment la forme des sépales sur laquelle j'avais, dans ma clef 
analytique, basé la distinction des deux plantes, la grandeur 
des fleurs et la forme du tube corollin, sont les mêmes que 
ceux qu'avait employés Baker dans ses diagnoses originales. 

Quelle était la réalité et la valeur systématique de ces 
caractères? c'est ce que l'étude minutieuse des échantillons 
authentiques des XÀ. campanulala et K. parviflora m'a, seule, 
permis de savoir. 


144 RAYMOND-HAMET 


J'ai pu constater, tout d'abord, que, dans les deux plantes, 
les feuilles ne sont nullement distinctes. Dans l’une comme 
dans l’autre, elles sont sessiles, oblongues, légèrement 
étranglées à la jonction du tiers médian et du tiers inférieur, 
obtuses au sommet, crénelées dans les deux tiers supérieurs 
mais entières dans le tiers inférieur. Dans le À. parviflora, 
de même que dans le X. campanulata, elles ont leur plus 
grand diamètre vers le milieu et, à partir de ce niveau, se 
rétrécissent peu à peu jusqu'à la jonction du tiers médian et 
du tiers inférieur, puis, à partir de ce point, s’élargissent peu à 
peu jusqu'au milieu du tiers inférieur, et enfin se rétrécissent 
légèrement à partir dudit milieu jusqu'à la base amplexicaule. 
L'identité des feuilles est même telle que leurs dimensions 
sont presque semblables dans les deux plantes. En effet, 
longues de 87 millimètres dans le À. campanulata et de 80 
millimètres dans le X. parviflora, les feuilles sont larges de 
23 millimètres dans le premier et de 23.50 millimètres dans 
le second. ; 

J'ai constaté ensuite que les deux échantillons authentiques 
n'avaient point été récoltés à la même phase de leur dévelop- 
pement. Tandis que les fleurs du Æ. campanulata sont pleine- 
ment épanouies, celles du X. parviflora sont encore en bou- 
tons. C’est à cette dissemblance dans le stade végétatif des 
spécimens originaux que sont dues les différences constatées 
dans la grandeur de leurs fleurs, dans la forme de leur tube 
corollin et dans celle de leurs écailles, enfin dans la longueur 
relative des carpelles et des styles. En ce qui concerne la 
dimension des fleurs, il est presque inutile de faire remarquer 
que les différents organes doivent être plus grands dans la 
fleur épanouie que dans le bouton. Pour la forme du tube 
corollin, les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie 
m'ont prouvé que ce tube avait primitivement son plus grand 
diamètre au-dessus du milieu et, à partir de ce niveau, d'une 
part se rétrécissait jusqu'à sa base, d'autre part s'atténuait 
peu à peu jusqu'à l'extrémité inférieure des segments ; mais 
que, après l’anthèse, il devenait souvent campanulé s’élar- 
gissant alors peu à peu depuis son extrémité inférieure jus- 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 145 


qu'à la base des segments. Quant aux écailles nous savons 
depuis longtemps que, dans les Xalanchoe, elles sont indiffé- 
remment obtuses ou émarginées et s'élargissent progressive- 
ment au fur et à mesure de la transformation de la fleur en 
fruit. Aussi ne faut-il point s'étonner de trouver, dans les 
fleurs jeunes du À. parviflora, des écailles un peu plus hautes 
que larges, alors que, dans les fleurs plus âgées du X. campa- 
nulata, elles sont aussi hautes que larges ou même un peu plus 
larges que hautes. Leur forme est d’ailleurs identique dans 
les deux espèces qui présentent l’une et l’autre des écailles 
subquadrangulares ou  subquadrangulaires-subobtrapézi - 
formes, très obtuses. IL est vrai qu'elles portent au sommet, 
dans le À. campanulata une crénelure centrale, dans le X. 
parviflora quatre crénelures situées une à chaque extrémité 
latérale de l'organe, les deux autres en son milieu; mais 
l'étude des matériaux récoltés par M. Perrier de la Bâthie 
m'a prouvé que la désinence des écailles était assez variable 
dans cette espèce et qu'il n’y avait pas lieu de tenir compte 
d'un tel caractère. Enfin s'il est vrai que, dans le X. parviflora, 
les styles sont un peu plus longs que les carpelles, alors que, 
dans le X. campanulata, ils sont un peu plus brefs que 
ceux-ci, ce n'est point parce que leur longueur est réellement 
différente dans ces deux espèces, mais seulement parce que 
les carpelles sont complètement développés dans le second, 
alors que, dans le premier, ils n'ont point encore dépassé 
les stades initiaux de leur évolution. 

Une troisième constatation a été celle de l’inexistence de 
certains caractères distinctifs, de très minime importance 
d'ailleurs, que les fragments mis jadis à ma disposition 
m'avaient paru présenter. C'est ainsi qu'à l'encontre de ce 
que J'avais signalé, les anthères oppositipétales atteignent 
dans les deux plantes un niveau identique, puisque, dans l’une 
comme dans l'autre, leur base dépasse très légèrement Île 
sommet du tube de la corolle sans que leur extrémité supé- 
rieure atteigne le milieu des segments corollins. C'est ainsi 
également qu'il n'y a aucune différence dans la forme des 
carpelles et que les inflorescences sont pratiquement iden- 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. 10 


146 RAYMOND-HAMET 


tiques. C'est ainsi, enfin, que les segments corollins ne pré- 
sentent pas la moindre différence de forme dans les deux 
plantes, et sont, dans l'une comme dans l’autre, un peu plus 
larges que hauts, largement ovés, oblus au sommet au milieu 
duquel ils portent une petite cuspide. 

Un seul caractère distinctif nous reste donc à examiner, celui 
que j'ai, après Baker, tiré de la forme des sépales et sur 
lequel, comme je l’ai déja indiqué plus haut, j'ai, dans ma clef 
analytique, basé la distinction des X. campanulata et K. par- 
viflora. À dire vrai, les échantillons récoltés par M. Perrier 
de la Bâthie m'avaient déja démontré que l'on trouvait quel- 
quefois, sur un même individu, des sépales subdeltoïdes et 
d’autres largement ovés ; mais il n’était point inutile de cons- 
tater, comme j'ai pu le faire, l'existence, sur l'échantillon ori- 
ginal même du À. campanulala, de ces deux formes de 
sépales. Il faut d'ailleurs remarquer qne les sépales ovés ne 
diffèrent des sépales deltoïdes que parce qu'ils sont rétréceis 
dans leur partie inférieure ; qu'ils affectent, en effet, l’une ou 
l'autre de ces deux formes, ils s'atténuent toujours depuis le 
niveau de leur plus grande largeur jusqu’au sommet subobtus 
au milieu duquel ils portent une brève cuspide. Il faut pourtant 
reconnaître que les sépales sont proportionnellement plus 
larges dans le X, parviflora que dans le ÆK. campanulata ; 
mais, outre que cette différence est en elle-même assez faible, 
les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie m'ont 
révélé la présence fréquente, sur un même échantillon, de 
sépales un peu plus hauts que larges ou un peu plus larges 
que hauts. Bien plus, l'échantillon original du X. parviflora 
m'a montré, lui aussi, des sépales qui, quoique proportionnel- 
lement un peu moins larges que ceux du À. campanulata, 
étaient quelquefois un peu plus hauts que larges. 

Enfin si l’on remarque qu'il existe une absolue simillitude 
entre tous les organes du X, parviflora et ceux du A. cam- 
panülata, non seulement sous le rapport de la forme, mais 
même, à condition toutefois de tenir compte de la différence 
d'âge des deux spécimens originaux, et ainsi qu'on pourra 
s'en rendre compte par l'examen de tableau comparatif qui 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 147 


termine cet article, au point de vue de leurs dimensions, on 
peut conclure avec certitude que le À. parviflora doit être 
réuni au À. campanulala. 

Cette première réunion effectuée, nous devons étudier main- 
tenant s'il convient de réunir aussi, en une seule espèce, le X. 
campanulata et le X. panduriformis : et, afin d'éclairer notre 
religion surce point, nous allons comparer les descriptions 
originales pour en extraire les caractères que Baker a consi- 
dérés comme distinctifs de ces deux espèces, caractères qui 
sont les suivants: 


K. campanulata. K. panduriformis. 


Stems flexuose. Erecta. 
Leaves linear-oblong Leaves oblong-panduriform.., 
subamplexicaul, 


2-3 in. long. 
Flowers 12-20, in a lax globose 
compound terminal cyme. 


4-5 in. long. 

Flowers very numerous,arranged 
in a broad terminal panicle with 
dense-flowered corymbose bran- 
ches and a long naked peduncle. 


PAT REMP TE 
Calvx + in. long, Calyx : in. long, 


segments deltoid subacute. 


Corolla ? in.long ; 
the tube broadest at the base 
where il is ? in. diam., 
segments deltoid-orbicular. 
4 


= Tade: : : 
Filaments ;-? in. long ; 


anthers globose. 


suborbicular (semiorbicularibus) 
sewments. 
Corolla under ? in. long, 

with an oblong tube, 

+in. in diam., 
and suborbicular segments. 

Filaments £ in. long ; 

anthers reniform. 


Style rather longer than the 
ovary (ovaries £ in. long. 


Style * in.long. 


Quoique ces caractères distinctifs n'aient point une valeur 
Systématique bien grande, je n'avais point voulu m'autoriser, 
de l'étude d'échantillons incomplets, pour contester, dans ma 
monographie, l'autonomie des deux espèces qu'ils permettent 
de séparer. Me basant surtout, ainsi qu'il appert de ma clef 
analytique, sur la différence de forme des feuilles, différence 


148 RAYMOND-HAMET 


que Je n'avais pu malheureusement vérifier, j'avais tenu pour 
distinctes ces deux espèces et en avais donné! une description 
complétant sur certains points les diagnoses originales et 
admettant l'existence des caractères différentiels suivants : 


K, campanulata. K, panduriformis. 
Lamina lineari-oblonga. Lamina  oblongo - panduriformis, 


Inflorescentia subcorymbiformis, Inflorescentia corymbiformis. 
Pedicelli quam corollae tubus | Pedicelli corollae tubo aequales. 


longiores. 

Flores magni (corollae tubus 12- Flore parvi (Corollae tubus 8- 
14 mm. lg.; segmenta 5,75-6,25 | 10 mm. lg. ; segmenta 3,75-4 mm. 
mm. lo.) lg.). 

Calyx campanulatus, Calyx subcampanulatus, 

segmenlis deltoideis segmentis semiorbicularibus 
subacutis abrupte cuspidatis 

paulum longioribus quam latio- latioribus quam longioribus. 

ribus. 

Corolla campanulata, Corolla urceolata, 

segmentis ovato-orbiculatis segmentis semiorbicularibus 
obtusis abrupte cuspidatis 

tam longis quam latis. latioribus quam longioribus. 

Antherae superiores  paulum Antherae superiores corollae 
supra corollae segmentorum basim tubi medium attingentes. 
attingentes. 

Carpella oblongo-lanceolata. Carpella ovata. 

Squamae subquadratae Squamae semiorbiculares 
integrae obtusae leviter emarginatae 
tam longae quam latae. latiores quam longiores. 


Ainsi, si l'on excepte, d’une part ceux que Baker avait tirés 
; pte, 

de la forme de l'inflorescence et des anthères qui m'avait 
paru semblable dans le X. campanulata et le K. panduri- 
formis, d'autre part ceux que j'ai été le premier à signaler et 
qui sont basés sur la longueur proportionnelle des pédicelles 


4. Raymond-Hamet, Monogr. du g. Kalanchoe, in Bull. Hb. Boissier, 
sér. 2,t. VII, p. 883 (K, panduriformis) et 885 (K. campanulala), 
(1907). 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 149 


des tubes corollins, sur le niveau d’émergence des anthères 
et sur la forme des carpelles et des écailles, les carac- 
tères différentiels que Jai employés sont ceux-là même 
qu'avait utilisés le botaniste anglais. 

Quelle est la valeur de ces caractères ? C'est ce que m'a 
montré l'étude des échantillons authentiques et des spécimens 
récoltés par M. Perrier de la Bâthie. 

En premier lieu, la longueur proportionnelle des pédicelles 
et des tubes corollins est semblable dans les deux plantes. 
Aussi bien chez le X. campanulata que chez le X. panduri- 
formis, les pédicelles sont indifféremment un peu plus brefs 
ou un peu plus longs que les tubes corollins. 

Comme je l'avais déjà fait remarquer dans ma monographie, 
l’inflorescence du À. panduriformis n'est pas paniculiforme 
mais subcorymbiforme, donc pratiquement identique à celle 
du À. campanulala. Peut-être est-elle cependant un peu 
plus florifère que dans ce dernier, mais c'est là un caractère 
sans sigmification systématique. 

Si l’on veut bien se rappeler que l’étude du spécimen ori- 
ginal du À. campanulata nous à appris que les sépales de 
cette prétendue espèce étaient tantôt subdeltoïdes tantôt lar- 
gement ovés, et si l’on sait, d'autre part, que les segments 
calycinaux des échantillons authentiques du A. pandurifor- 
mis sont en réalité largement ovés, il suffira de constater que, 
dans l’un comme dans l’autre, ces segments s’atténuent peu 
à peu jusqu'au sommet subobtus et pourvu en son milieu 
d'une brève cuspide, pour pouvoir affirmer que, sur ce point 
encore, les deux prétendues espèces sont pratiquement iden- 
tiques. On pourrait cependant nous opposer que les sépales 
du À. campanulata sont un peu plus hauts que larges, alors 
que, dans le X, panduriformis, 1s sont aussi hauts que 
larges ou même un peu plus larges que hauts, mais, pour 
rétorquer une telle objection, il suffirait de rappeler ce que nous 
avons dit à propos du X. parviflora, à savoir que les échan- 
tillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie montrent souvent 
sur un même individu des sépales plus hauts que larges et 
d’autres plus larges que hauts. On pourrait d'ailleurs faire 


150 RAYMOND-HAMET 


encore remarquer que les sépales aussi hauts que larges, que 
l'on observe sur l'échantillon authentique du X. pandurifor- 
mis, constituent un incontestable intermédiaire entre les 
sépales plus larges que hauts dont on constate la présence 
sur le même spécimen et les segments calycinaux plus hauts 
que larges du Æ.campanulata. 

En ce qui concerne le caractère différentiel tiré de la forme 
du tube corollin, il paraîtrait logique de se borner à rappeler 
ce que J'ai dit plus haut à propos du X, parviflora, et cela sem- 
blerait d'autant plus admissible que la petitesse des fleurs du 
K. panduriformis, par rapport à celle du X. campanulata, inci- 
terait à induire que, comme la constriction de la partie supé- 
rieure du tube de la corolle, cette relative exiguité florale 
lient à ce que les fleurs du À. panduriformis ne sont pas 
encore épanoules. Il n’en est rien pourtant, car il résulte de 
l'examen de l'échantillon authentique de cette espèce que ses 
fleurs ont été récoltées longtemps après l'anthèse. La 
vérité est qu'en se desséchant, la fleur diminue de grandeur, 
en même temps que la partie supérieure du tube corollin {se 
resserre légèrement. La corolle, urcéolée avant l’anthère, le 
redevient donc après celle-ci. 

Quant à la forme des segments corollins, elle est absolu- 
ment identique dans les deux espèces. Dans le X. panduri- 
formis, comme dansle X. campanulata, on observe des pétales 
plus larges que hauts, très largement ovés, très obtus et 
brusquement cuspidés au sommet. 

Dans les deux plantes, les anthères oppositipétales, subor- 
biculaires-subréniformes, dépassent un peu la base des seg- 
ments corollins, mais n'atteignent point leur milieu ; dans les 
deux plantes, les carpelles, eux aussi, ont une forme identique. 

Dans le X. panduriformis, comme dans le X. campanulata, 
les écailles un peu plus larges que hautes, sont subquadran- 
gulaires et portent, au milieu de leur sommet très obtus, une 
large crénelure obtuse. 

Il ne me reste plus qu'à discuter la valeur du caractère sur 
lequel sont basés à la fois le nom même du X. panduriformis 
et sa distinction dans notre clef analytique ; je veux parler de 


\ 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 151 


la forme des feuilles que, comme je l'ai dit plus haut, je 
n'avais pu vérifier, lors de la rédaction de ma monographie, ni 
dans le X. campanulata ni dans le K. panduriformis. Or 
l'examen des échantillons authentiques m'a permis de consta- 
ter que les feuilles du À, campanulala sont, en réalité, sessiles, 
oblongues, légèrement étranglées à la jonction du tiers médian 
et du tiers inférieur, obtuses au sommet, crénelées dans les 
deux tiers supérieurs mais entières dans le tiers inférieur où, 
au-dessous de l’étranglement, le limbe se dilate un peu puis 
se rétrécit jusqu'à la base amplexicaule; dans cette espèce, 
les feuilles sont donc légèrement panduriformes : elles le sont 
à peine plus nettement dans le À. panduriformis où, à la 
jonction du quart inférieur et du quart médian, elles s’étran- 
glent un peu, puis, au-dessous de ce niveau, se dilatent 
légèrement et, enfin, se rétrécissent peu à peu jusqu'à la base 
large et amplexicaule. Si l’on ajoute que, comme celles du 
K. campanulata, les feuilles du À. panduriformis sont ses- 
siles, suboblongues, obtuses et légèrement crénelées sur leurs 
bords, il deviendra évident que le caractère différentiel fonda- 
mental de cette espèce est absolument inexistant. 

Pour conclure à la nécessité de réunir ces deux espèces en 
une seule, il suflira de faire remarquer que le plus scrupuleux 
examen de leurs échantillons authentiques ne m'a point per- 
mis de découvrir le plus léger caractère différentiel qui per- 
mette de les séparer. Ainsi que l'établit le tableau compara- 
tif qui termine cette étude, la grandeur même de chaque 
organe est pratiquement identique dans le A. campanulata et 
le À. panduriformuis. 

Ayant démontré la nécessité de réunir, au X. campanulafa, 
les À. parviflora et X. panduriformis,il ne me reste plus qu'à 
faire une étude critique des caractères différentiels du X. 
ampleæicaulis, caractères qui, si l’on en croit les diagnoses 
authentiques, seraient les suivants : 


RAYMOND-HAMET 


K. campanulata. 


Leaves linear-oblong, 


2-3 in. long. 
Flowers 12-20, in a lax globose 
compound terminal cyme. 


Pedicels 5? in. long. 


Bracts linear. 
Talux 1: pe 
Calyx + in. long, 
segments rather longer than the 


tube 


K. amplexicaulis. 


Foliis oblanceolatis cordato- 
amplexicaulibus, 

the longer ones 

5-6 in. long. 

Flowers in dense corymbose 
panicle (floribus in  paniculas 
amplas terminales ramis corymbo- 
sis dispositis). 

Pedicels about £in. long. 
Bracteis lanceolatis. 
Calyx £in. long 

wilh segments reaching down 

nearly the base 


deltoid,. 
Corolla ? in.'long; 
the tube broadest at the throat 


ovatis. 
Corolla above + in. long ; 
with a funnel-shaped (infundibu- 
laris) tube 
5-5 in. diam. ; 

orbicular segments 
quam tubus quadruplo brevioribus. 
Stamens inserted below the middle 
of the corolla-tube ; 

anthers orbicular 


where it is £ in. lin diam. ; 
segments deltoid-orbicular 
half as long as the tube. 
Stamens inserted about the 
middle of the corolla-tube ; 
anthers globose. 


Quoique je n’aie jamais pu douter de l’insignifiance de ces 
caractères différentiels, l'insuffisance du matériel mis à ma 
disposition ne m'autorisait point à les tenir pour inexistants 
et à réunir les deux espèces qu'ils permettaient de séparer. 
C'est pourquoi j'ai dû, dans ma monographie du genre 
Kalanchoe, admettre l'autonomie du X. ampleæicaulis et en 
donner une diagnose nouvelle ! basée sur l'étude de fragments 
des échantillons authentiques. Cette diagnose, qui précise et 
augmente la description originale, fixe, comme suit, les carac- 
tères distinctifs des À. campanulata et K. amplericaulis : 


1. Raymond-Hamet, Monosr, du g. 
Boissier, sér.2,t. VII, p. 885 (1907). 


Kalanchoe, in Bull. Hb. 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 


153 


K, campanulata, 


Lamina lineari-oblonga 
6-9 cm. longa. 
Inflorescentisaubcorymbiformis. 
Pedicelli quam corollae tubus 
:ongiores 


K. amplexicaulis. 


Lamina ovata 
14-15 cm. longa, 
Inflorescentia corymbiformis. 
Pedicelli quam corollae tubus 
breviores 


15-20 mm. longi. 
Calyx 8.75-9.50 mm. le. ; 
segmentis deltoideis 
subacutis 
tam longis quam latis. 
Carpella.. oblongo-lanceolota 
stylis carpellis aequalibus. 


10-11 mm. longi. 
Calyx 5.25-5,75 mm. Ig.; 
segmentis suborbicularibus 
abrupte mucronatis 
latioribus quam longioribus. 
Carpella..…. ovato-lanceolata 
stylis quam carpella paulum 
longioribus. 
Squamae semiorbiculares, 
leviter emarginatae, 
paulum longiores quam latiores. 


Squamae subquadratae, 
integrae, obtusae, 
tam longae quam latae. 


La comparaison de ce tableau et du précédent permet de 
se rendre compte que, si l'on excepte, en même temps que les 
différences de forme des bractées et des anthères, différences 
que je n'ai pas prises en considération, les particularités que 
Baker avait cru pouvoir tirer de la longueur proportionnelle 
du tube et des segments de la corolle, de la grandeur de cette 
dernière ainsi que de la forme de son tube, enfin du niveau 
d'insertion des étamines, particularités qui m'avaient paru 
inexistantes, et si, d'autre part, on ajoute aux caractères dif- 
férentiels signalés par le botaniste anglais ceux qu'il m'avait 
paru possible de tirer de la forme des carpelles et des écailles 
ainsi que de la longueur proportionnelle des carpelles et des 
styles, les caractères différentiels sur lesquels j'avais basé la 
Séparation des À. campanulata et X, amplexicaulis sont prati- 
quement identiques à ceux que Baker avait utilisés dans le 
même but. Ce sont tous ces caractères que l'étude minutieuse 
des échantillons authentiques me permet de critiquer aujour- 


d'hui. 


154 RAYMOND-HAMET 


Les feuilles, qui ont une forme identique dans les deux 
plantes, sont, dans l’une et dans l’autre, sessiles, oblongues, 
légèrement étranglées à la jonction du tiers médian et du tiers 
inférieur, obtuses au sommet, crénelées dans les deux tiers 
supérieurs, mais entières dans le tiers inférieur. Dans le X. 
ampleæicaulis comme dans le À. campanulata, elles ont leur 
plus grand diamètre vers le milieu et, à partir de ce niveau, se 
rétrécissent peu à peu jusqu’à la jonction du tiers médian et 
du tiers inférieur, puis, à partir de ce point, s’élargissent peu à 
peu jusqu'au milieu du tiers inférieur, et, enfin, se rétrécissent 
légèrement à partir dudit milieu jusqu’à la base amplexicaule. 
Si, sur un des échantillons authentiques du À. ampleæicaulis, 
elles sont un peu plus grandes que celles du spécimen original 
du À, campanulata, elles sont, sur un autre, non seulement 
de même taille mais même un peu plus petites que ces der- 
nières. 

Dans le À. ampleæicaulis, comme dans le À. campanulata, 
l'inflorescence est nettement corymbiforme ; dans l'un comme 
dans l’autre, les pédicelles sont indifféremment un peu plus 
longs ou un peu plus brefs que le tube corollin. 

Les bractées, absolument identiques dans les deux pré- 
tendues espèces, sont, dans l’une et l’autre, oblongues, subob- 
tuses au sommet, un peu dilatées à la base, pourvues de bords 
entiers et plus hautes que larges. 

La longueur du calice varie en réalité de 4 à 5.75 milh- 
mètres dans le À. ampleæicaulis et de 7.25 à 8.25 milh- 
mètres dans le À. campanulata ; mais, outre que ce hiatus est 
peu profond, ilest comblé par de nombreux intermédiaires qui 
révèlent l'existence d’une série continue dont les extrêmes 
sont occupés non point par les chiffres ci-dessus, mais, d’une 
part, par ceux qui représentent la longueur du calice du Æ. 
panduriformis que nous savons identique au À. campanulata 
et, d'autre part, par ceux exprimant la longueur calycimale 
des échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie, échan- 
tillons qui appartiennent incontestablement à la même espèce. 
Cette série est la suivante: 


EU 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE J9 


= 
£ 
£ 
1 
3 
L= 
= 
z 
=" 
= 


K. amplexicaulis Echantillons de M. Perrier 
| PERTE RE IDR CSS 


3.75-4-4.30-4.79-9-9.10-5.20-5.35-5.60-5,75-5.80-6.20-6.25-6,410-6,.70-7.25-7.40-8.25-8.30 mm. 
COR HHRSOR VERORE GE RE 


K. parviflora K. amplexi- 
caulis 


Quant à la différence tirée de la forme des sépales, 1l me 
suffit de reproduire à ce sujet les observations que j'ai déjà 
faites à propos du X. parviflora, et de rappeler que dans le 
spécimen original du X. campanulala, de même que dans 
les échantillons récoltés par M. Perrier de la Bâthie, on 
observe souvent, sur un même individu, à côté des sépales 
subdeltoïdes, des segments calveinaux largement ovés qui se 
rétrécissent peu à peu, à partir du niveau de leur plus grand 
diamètre, situé un peu au-dessous de leur partie médiane, 
jusqu'au sommet subobtus et pourvu en son milieu d'une 
brève ceuspide. Ces segments calycinaux sont absolument 
identiques à ceux du X. amplericaulis, non seulement par leur 
forme mais encore par leurs dimensions relatives, car si ces 
derniers sont parfois aussi hauts que larges, ils sont le plus 
souvent un peu plus hauts que larges, absolument comme 
dans le À, campanulata. 

La corolle est identique dans les deux plantes. Dans l'une 
comme dans l’autre, le tube corollin est généralement campa- 
nulé, mais nous avons constaté que quelques-uns des spéci- 
mens authentiques du À. amplericaulis présentaient parfois, 
sur un même individu, des fleurs dont la corolle s'évasait 
depuis la base jusqu'au sommet et d'autres chez lesquelles elle 
se rétrécissait un peu dans sa partie supérieure. Comme je 
l'ai fait remarquer plus haut il faut voir dans ce dimorphisme 
l'influence de l’âge de la plante et peut-être aussi du degré 
de compression exercé sur ses fleurs au cours de la dessicea- 
tion. En tous cas, la présence, sur une même plante, de corolles 


156 RAYMOND-HAMET 


campanulées et urcéolées démontre irréfutablement l'insigni- 
fiance systématique de ce prétendu caractère distinctif. 

Quant aux segments corollins, peu importe qu'ils soient 
quelquefois émarginés dans le À. amplexicaulis, alors qu'ils 
sont toujours très obtus et brusquement cuspidés dans le X. 
campanulata ; peu importe, puisque les spécimens originaux 
du Æ. amplericaulis présentent souvent, sur un même indi- 
vidu, ces deux modes de désinences ; peu importe puisque, 
par leur forme générale, les pétales sont semblables dans les 
deux plantes où ils sont toujours largement ovés et plus hauts 
que larges. La hauteur de la corolle peut d’ailleurs être con- 
sidérée comme pratiquement identique dans les deux pré- 
tendues espèces ; elle varie en effet de 17.75 à 20.25 mil- 
limètres dans le À. campanulata et de 16.75 à 18.60 milli- 
mètres dans le X. amplexicaulis. Enfin la longueur propor- 
tionnelle du tube et des segments de la corolle est la même 

tube corollin 
dans les deux plantes ; le rapport ——— varie 
segments corollins 
en effet de 2.07 à 2.60 dans le À. ampleæicaulis et de 2.19 
à 3.16 dans le X. campanulata. 

Le niveau d'insertion des étamines ne diffère nullement 
dans les échantillons authentiques du X. amplexicaulis et 
dans ceux du À. campanulata. Dans les uns comme dans les 
autres, les filets staminaux oppositipétales sont soudés au 
tube de la corolle jusqu'à un niveau dépassant un peu le 
milieu de ce dernier. 

Les anthères, absolument identiques dans les deux plantes, 
sont, dans l'une comme dans l’autre, suborbiculaires-subré- 
niformes. 

Les carpelles, eux aussi, sont semblables dans les deux 
plantes, et, s'il est vrai que chez le X. campanulata ils sontun 
peu plus brefs ou de même longueur que les styles, alors que 
dans le À. amplexicaulis ils sont un peu plus longs que ces 
derniers, 1l est évident qu'on ne peut attribuer aucune valeur 
systématique à ce caractère qui est incontestablement arti- 
ficiel. 

Quant aux écailles, elles semblent un peu différentes dans 


SUR QUELQUES KALANCHOE DE LA FLORE MALGACHE 157 


les deux plantes. En effet, alors que, dans le X. amplexicaulis, 
elles sont un peu plus hautes que larges, subsemioblongues, 
légèrement émarginées au sommet, elles sont dans le K. cam- 
panulata, un peu plus larges que hautes, subquadrangulaires- 
subtrapéziformes, pourvues au mieu de leur sommet très 
obtus d'une petite crénelure obtuse; mais J'ai déjà fait 
remarquer plus haut, d'une part que, chez de nombreux 
Kalanchoe, les écailles étaient indifféremment obluses ou 
émarginées et s’élargissaient en même temps que s'épanouis- 
sait la fleur, d'autre part que les matériaux récoltés par 
M. Perrier de la Bâthie m'avaient montré la variabilité de la 
désinence dans les écailles de notre plante. On ne peut donc 
prendre en considération la très légère différence que présente 
cet organe dans les échantillons authentiques du X. campa- 
nulata et du À. ampleæicaulis. 

D'ailleurs une étude minutieuse de ces échantillons m'a 
démontré que tous leurs autres caractères étaient absolument 
identiques, non seulement au point de vue de la forme de 
leurs organes, mais même sous le rapport de la dimension de 
ces derniers. On pourra de plus se convaincre par la lecture 
du tableau suivant : d’une part, que les chiffres exprimant les 
dimensions absolues de chaque organe, dans les quatre pré- 
tendues espèces qui viennent d'être étudiées, forment une 
série continue et dépourvue de hiatus ; d'autre part, que 
chacune des séries, constituées par les chiffres représentant les 
différentes mensurations de chacun des organes d’une de ces 
espèces, ne forme point une entité autonome et caractéristique, 
mais que le plus souvent un ou plusieurs des chiffres qui la 
composent sont communs avec la série appartenant à l’une 
des trois autres espèces. 


158 RAYMONLD-HAMET 


Ech. Perrier 


K. amplexicaulis K. amplexicaulis 


[=] 
Ll 
— 
© 
! 
t 
t2 
1 
[EU 


PAUILLES 4 CURE 6-7.40-8-8.7-10.60-11-12.,40 cm. ht. X -27-29-35 mm. lg. 


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MALGACHE 159 


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Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3* vol. 1915. 11 


162 RAYMOND-HAMET 


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164 RAYMOND-HAMET 


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GRAINES 


NOTICE 


SUR 


A.-A. FAUVEL 


Albert-Auguste Fauvel naquit à Cherbourg en 1851. 
Dès son enfance, il montra un goût très vif pour l'his- 
toire naturelle. Fils d'un officier de marine distingué, il 
hérita, en outre, de son père de l'amour de la mer et des 
voyages. En 1872, à peine âgé de 21 ans, il entrait dans 
l'Administration des Douanes Maritimes Chinoises et 
partait pour la Chine où il devait résider de longues 
années. Il y dressa une carte détaillée de la Province 
du Shantung!, puis il eut la bonne fortune de découvrir 
et de décrire l’Alligator sinensis Fauvel, la seule espèce 
asiatique de ce genre que l’on croyait alors spécial à 
l'Amérique. 

Chargé, en 1880, d'organiser la section chinoise de 
l'Exposition Internationale des Pêches de Berlin, il fit 
une fructueuse croisière dans l'archipel des Chusan et 
eut ainsi l’occasion de réunir de précieuses collections 
de Poissons, Mollusques et Crustacés, dont plusieurs 
espèces étaient nouvelles, et un matériel de pêche indi- 
gène important. 

Revenu en France en congé, 1l épousa, en 1882, 
Mie M. de La Vaulx qui l'accompagna ensuite en Chine. 


1. Carte de la Province du Shantung. Paris, Lanée, 1877. 


166 NOTICE SUR A.-A. FAUVEL 


Mais, au moment du bombardement de Fou-Tchéou 
par l'amiral Courbet, il quitta le service de la Chine et 
rentra en France où 1l ne larda pas à être nommé 
Inspecteur des Messageries Maritimes, ce qui lui procura 
l’occasion de retourner plusieurs fois en Chine et de 
faire de nombreux et longs séjours en Orient, dans 
l'Inde, à Java, en Argentine, au Brésil, à Madagascar, 
à la Réunion et aux Seychelles. 

Les nombreuses collections de Zoologie, de Botanique, 
de Pétrographie, récoltées au cours de ses voyages, lui 
valurent le titre de Correspondant du Muséum de Paris. 

Sinologue distingué, 1l s'était fait, en outre, une spé- 
cialité des questions coloniales sur lesquelles il publia 
de très nombreux articles. 

Ayant enfin pris sa retraite, A.-A. Fauvel était revenu 
se fixer à Cherbourg, son pays natal. Il n'eut hélas! 
guère le temps d'en jouir ; quelques mois plus tard, en 
novembre 1909, une mort prématurée l’enlevait à l’affec- 
tion des siens alors qu'il semblait avoir encore devant 
lui un long avenir scientifique. 

Indépendamment de nombreux articles dans les 
revues françaises et étrangères, les principaux ouvrages 
d'A.-A. Fauvel, relatifs à l'histoire naturelle, sont les 
suivants : 

Alligators in China. Royal Asialic Society, North 
China Branch, 13 déc. 1878. 

Chinese plants in Normandy.Xbid., Hong-Kong, 1884. 

Promenades d'un Naturaliste dans l'archipel des 
Chusan. Mém. Soc. Nat. Sciences Natur. Cherbourg, 
t. XXII-XXIV, 1880. 

Cataloque des plantes recueillies aux environs de 


Tché-Fou par M. A.-A. Fauvel déterminées par 


NOTICE SUR A.-A. FAUVEL 167 


M. A. Franchet. In-8°, 216 p., ibid., Cherbourg, 1884. 

La Province chinoise du Chan-Toung. Géographie et 
Histoire Naturelle. Rev. Quest. Scient. de Bruxelles, 
1890-91-92. 

Les Séricigènes sauvages de la Chine. Paris, Leroux, 
1895. 

Le mémoire sur le Cocotier de Mer devait faire partie 
d’un ouvrage considérable sur les Iles Seychelles, dont 
le premier volume, relatif à la cartographie!, édité par 
ordre du Gouvernement des Seychelles, a seul paru, la 
publication ayant été interrompue par la mort de 
l'auteur. 

Je suis très reconnaissant au regretté D' Heckel d'avoir 
bien voulu faire paraître dans les Annales du Musée 
Colonial cette Monographie du Cocotier des Seychelles 
à laquelle mon frère aîné avait consacré tant d'années 
de patientes recherches et dont il avait tant désiré voir 
la publication. 


Pierre FAUVEL. 
1. Unpublished Documents on the History of the Seychelles Islands 


anterior to 1810, together with a Cartography (in-8°, 417 p. avec Atlas 
de 38 cartes. Mahé, Seychelles, 1909). 


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LE COCOTIER DE MER 
DES’ ILES SEYCHELLES 


(Lodoicea Sechellarum) 


par A.-A. FAUVEL. 


CHAPITRE I 


Nomset histoire du fruit : 

fo d'après les anciens navigateurs : Ant. Pigafetta, 1519: 
Joäo de Barros, 1553; Garcia de Orta, 1560 ; Jan Huygen 
van Linschoten 1579; 

2° d’après les naturalistes, poètes, voyageurs : Dalechamps, 
1587; Camoëns, 1572; Christophorus Acosta, 1593; 
Carolus Clusius, 1593-1605; Pyrard de Laval, 1602; Jean 
Bauhin 1619; Nieremberg, 1635 ; John Johnston, 1662: 
D. Chabreus 1677; François Redi, 1685; John Ray, 1686: 
Pomet, 1694 et 1735: L. Plukenet, 1696; Valentin, 1732 ; 
Wormius, 1655; Samuel Dale, 1739; Weinmann, 1745: 
G. E. Rumphius, 1750 ; etc. 

Description et usages du fruit d’après ces auteurs. 


Le Cocotier de Mer des Iles Seychelles est un des arbres 
les plus rares et les plus curieux qui existent. En effet, on 
ne l’a jamais trouvé que dans une île et deuxilots de ce mer- 
veilleux archipel des Seychelles, situé au milieu de l'Océan 
Indien, à quatre degrés et demi au sud de l'Équateur, entre 
l'Afrique et les îles de Sumatra et de Java, l'Inde et Mada- 
gascar, et séparé de la côte la plus proche (celle de l'ile de 
Madagascar) par 275 lieues de mer et des profondeurs attei- 
gnant plus de 3.600 mètres. Il n’y fut découvert, dans l'île 
Praslin, qu'en 1769, soit 27 ans seulement après la première 
visite de ces îles par Lazare Picault en 1742. La forme et les 


170 A.-A. FAUVEL 


dimensions extraordinaires de ses fruits; les nombreuses 
années qu'il leur faut pour arriver à maturité, la germination 
originale de ses graines; les dimensions de ses feuilles, dont 
il ne pousse qu'une par an; la taille du tronc, sa longévité 
étonnante, la forme curieuse de ses racines; la structure et 
le nombre extrêmement considérable de ses fleurs mâles ; 
tout, sans parler des légendes relatives à son habitat et des 
propriétés médicinales, longtemps attribuées à ses noix; 
qu'on payait autrefois au poids de l'or, contribue à faire de 
l'histoire et de la description détaillée de ce végétal un sujet 
aussi instructif qu'intéressant. Plusieurs de ces particularités 
uniques dans la connaissance des végétaux, sont encore peu 
connues même parmi les botanistes. Aussi, après avoir eu 
l'occasion d'admirer plusieurs fois, aux Seychelles mêmes, ce 
magnifique palmier et ses fruits, nous n'avons pu résister au 
désir d'en connaître à fond l'histoire et la description. Nous 
les avons trouvées tellement curieuses qu’elles nous ont 
entrainé à condenser en un mémoire le résultat de nos nom- 
breuses et patientes recherches dans les bibliothèques et 
musées d'histoire naturelle. Ce travail, commencé en 18891 et 
achevé seulement cette année, grâce à la complaisance du 
gouverneur des Seychelles M. W. E. Davidson, et de nos 
correspondants dans ces îles, aussi bien qu’à Maurice, Ceylan 
et au Jardin Botanique de Kew, nous l’offrons aujourd'hui 
aux lecteurs et amateurs d'histoire naturelle coloniale. 

Nous commencerons par donner l'histoire et la description 
du fruit, d'après les anciens auteurs, qui ne connurent que la 
noix dépouillée de son enveloppe fibreuse, nous rapporterons 
les légendes curieuses au sujet de l'arbre que l'on supposait 
la produire. Nous raconterons ensuite la découverte du pal- 
mier de l’île Praslin sur lequel pousse ce fruit extraordinaire 
et y ajouterons les descriptions scientifiques qui en furent 
faites à l'Académie des Sciences, en les complétant par des 
travaux plus récents, dus à plusieurs voyageurs et naturalistes. 


1. Ce mémoire a été achevé en 1906 et représente donc 17 années de 
echerches. (Note de la Direction.) 


2.7 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 171 


Nous éluciderons, d’après nos propres observations et celles 
de nos correspondants scientifiques aux Seychelles et ailleurs, 
certains points restés obscurs jusqu'ici. Le tout sera terminé 
par une liste bibliographique aussi complète que possible des 
sources auxquelles nous avons pu puiser, tant imprimées que 
manuscrites. Enfin, un certain nombre d'illustrations permet- 
tront au lecteur de comprendre plus facilement les descrip- 
tions un peu obscures des anciens écrivains. 

Ceci dit, entrons dans le corps du sujet. 

La noix double du Cocotier de Mer fut certainement connue 
des populations des îles Maldives, de Sumatra et de Java 
bien avant la date de la découverte de ces terres insulaires de 
l'Asie orientale. Leurs habitants, qui, de loin en loin, les 
trouvèrent portées sur leurs rivages par les courants de 
l'Océan Indien, frappés par leur forme singulière et leur 
grande rareté, leur attribuèrent, comme à tout objet rare, une 
valeur d'autant plus grande qu'on les trouvait plus rarement. 
Puis, considérant leur forme, ils s'imaginèrent, comme cela 
avait lieu en Europe au moyen-âge, que, suivant la théorie 
de Porta, dite des signatures, ces fruits devaient posséder 
des vertus médicinales en rapport avec leur forme, et leur 
valeur s’en accrut d'autant. Comme nous le verrons plus loin, 
les fragments de ces noix devaient guérir toutes sortes de 
maladies. 

Les nations d'Europe ne connurent ces noix qu'après la 
découverte du Cap de Bonne-Espérance, lorsque les naviga- 
teurs portugais entrèrent en relation avec les habitants des 
îles de Java, Sumatra et les Maldives. 

La première mention que nous en ayons se trouve consi- 
gnée, sous une forme quelque peu mythologique, dans l'his- 
toire manuscrite du premier voyage de Magellan, allant, par 
le détroit qui porte encore son nom,à la découverte des 
Indes, Cette histoire, écrite en italien par un compagnon de 
voyage du grand navigateur, le patricien de Venise Antonio 
Pigafetta!, se trouve aussi dans un manuscrit français de la 


1. Anthoine Pigaphete, patrice vincentin et chevalier de Rhodes, à 
l'illustrissime et très excellent seigneur de Villers de l'Isle Aden, inclite 


17 


12 A.-A. FAUVEL 


Bibliothèque Nationale, dédié à Philippe de Villiers de l'Ile 
Adam, par le traducteur anonyme français. 


Voici ce qu'on y lit : « Aussi nous dirent les pilotz que au 
dessoubs de Java, la grande, vers la tramontain au goulfe 
de China (que les anciens appellent Sino Magno) se trouve 
ung arbre tres grand ouquel habitent oyseaulx dits Garuda, 
tant grandz quils emportent ung beuf et un elephant au 
lieu où est l'arbre. Lequel lieu est appelé Puzzathar, 
l'arbre Caiu paugganghi. Le fruit Bua paugqanghi qui 
est plus grand queung concombre. Les Mores de Burne que 
avions en noz navires nous dirent qu'ilz en avoyent veu 
pour ce qu'on en avoit envoyé deux à leur Roy du 
Royaulme de Siam. Aucun junche ny aultre barque ne 
peult de troys ou quatre lieues approucher du lieu de 
l'arbre, pour les grandz oraiges deaux qui sont la autour. 
Et la premiere fois que fut sceu de cest arbre fut ung junche 
que par violance des ventz se gecta en cest endroit, ou fut 
tout rompu et pery, et tous les hommes se noyerent 
excepte ung petit garson. Lequel si estant pris sur ung ais 
de boys fut par miracle transporté auprès de cest arbre, et 
estant monté dessus se mist sans s’en appercevoir soubz 
une aille de lun de ces oyseaulx, et le lendemain alla en 
terre, et avant pris ung beuf ce garson sortit et s’eschappa 
de dessoubz laille le mieulx qu'il peut. Et par cestuy on 
sceut le tout. Et alhours les peuples voisins congneurent 
les fruictz qu'ilz trouverent par mer estre venus de cest 
arbre. » 

Il était intéressant de chercher la signification des noms 


étranges donnés par Pigafetta à l’arbre et au fruit, et aussi la 
situation de l’endroit où il pousse. Nous avons donc, dans ce 
but, consulté le texte italien imprimé en 1800 à Milan pour la 
première fois sur un manuserit de la Bibliothèque Ambro- 


orand maitre de Rhodes, son seigneur excellentissime. Navigation et 
descouvrement de la Indie supérieure, faicte par moy Anthoine Pigha- 
phate Vincentin chevalier de Rhodes (Bibliothèque Nationale. Manu- 
scrits, Fonds français n°5650, p. 90-91). 


6j 
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 173 


sienne !. L'orthographe des noms propres diffère quelque peu 
de celle du manuscrit français, le texte étant presque exacte- 
ment le même quant au récit et à la description. L'arbre y est 
appelé Campauganghi (sans doute une erreur de l'écrivain 
ou plutôt de l'éditeur de 1800, Cam étant mis pour Caiu). 
Le fruit y est appelé Buapauganghi; c'est, à une lettre près, 
le nom du texte français qui a redoublé le g comme il a 
redoublé le 3 de l'italien Puzathaer pour le nom de lieu. 

La traduction anglaise, faite en 1894 par Lord Stanley? 
reproduit exactement les noms propres du texte imprimé ita- 
lien mais elle donne wafer-melon comme signification de an- 
quria (pastèque) ce qui est plus exact que le mot concombre, 
employé plus haut. 

Il est assez difficile d'identifierle pays appelé Puzzathar ou 
Puzathaer. Peut-être est-ce là un nom indigène ancien dési- 
gnant soit Sumatra, soit les Maldives, où furent trouvées 
pour la première fois les noix du Cocotier de Mer. En tout 
cas, les noms de l'arbre et de son fruit sont reconnaissables, 
en partie au moins, comme appartenant à la langue malaise 
dans laquelle Caiu (prononcez Caiou) signifié bois ou arbre, 
et Bua (Boua) veut dire fruit. Quant à pauganghi, il faut lire 
sans doute Pau jangqi, que certains orthographient Pauh 
Jangqi, Po Jangai, ou Pau sengi (d’après M. Sheat). Or, Pau, 
Pauh ou Po en bon malais est le nom d'une espèce de mangue 
sauvage. 

Pour ce qui est de ganghi— janggi—senqi, il est peut-être 


1. Primo Viaggio intorno al Globo Terracqueo, ossia Ragguaglio della 
Navigazione alle Indie Orientali per la via d'Occidente fatta dal Cavaliere 
Antonio Pigafetta, Patrizio Vicentino Sulla Squadra del Capit. Maga- 
glianes negli anni 1519-1522. Ora pubblicato per la prima volta, tratlo da 
un Codice Ms. della Biblioteca Ambrosiana di Milano e corredato di 
note da Carlo Amaretti Dottore del Collegio Ambrosiano, con un Tran- 

sunto del Trattato di Navigazione dello stesso Autore. In Milano MDCCC 
(1800), in-4°, pp. 11-237, p. 174, Bibliothèque Nationale G. 6513. 

2. The first voyage round the world by Magellan, translated from the 
account of Pigafetta... by Lord Stanley of Alderley, Hackluyt Society, 
1874,p. 155, et cité par le colonel Yule dans : Glossary of indian words 
and phrases. London. Au mot Coco de Mer, p. 227. 


174 A.-A. FAUVEL 


d'origine arabe, s'il faut en croire le naturaliste Rumphius 
qui dit ceci en parlant du Coco de Mer : 

« Fructus itaque hic marinus duplex est major et minor. 
« Major est geminus, est Cocus Maldivicus..... Malayensibus 
« (dictus) Calappa laut, Boa Pausengi et Boa sengi quod illi 
« pronuntiant Bootjungi..….…. », et un peu plus loin: 

« Flamines Aethiopes..…... arbor ipsa is dicitur Pauseng1.… 
« Fructus vero hujus arboris vocant Boa pausengi vel Boa 
« sengi suntque nuces celebris istius Calappi marinae quae 
« contra undas sese elevantes aliquando in Javae et Solorae 
« littore projiciuntur..... Sic quoque credo hosce flamines 
« verbum Pausengi audivisse ab Arabibus, atque arborem esse 
« crescentem in magno Indico mari, quod Africanam oram 
« Orientalem insulasque Majottos irriguat quarum incolae 
« vulgo Zangi seu Zengi. h. e. tosti Aethiopes vocantur, ubi 
« minor horum fructuum species reperitur quam postea des- 
« cribemus!. » 

Buapausenghi signifierait donc: Fruit du manguier sauvage 
du pays des Zengi ou éthiopiens brülés (noirs), et Rumphius 
était bien près de la vérité en plaçant dans la partie africaine 
de l'Océan Indien la patrie du Calappa laut où Coco de Mer 
des Malais et Javanais. 

Par contre, nous n'avons pu trouver nulle part dans 
Rumphius le passage où, suivant l'anglais Skeat cité par 
Yule, il aurait correctement traduit Zangi par magie malaise ?? 
D’après ce même Skeat, Pauh Jangqi ou Pau sengi est, 
jusqu'à ce jour, le nom donné dans tout l'archipel malais à 
l'arbre qui pousse dans le tourbillon central des océans, dit 
aussi le nombril des mers, suivant la mythologie de ces pays. 

Rumphius nous apprend encore que les Chinois appellent 
ce fruit Hayja (Haï-ya) — Mer noix ou coco de mer, traduc- 
üon littérale du malais Calappa laut, coco marin, aussi connu 


1. Georgi Everhardi Rumphiü. Med. Doct. Hanavensis..... Herba- 
rium Amboinense (MDCCL), Liber XII, cap. 8, p. 210-241. 

2. « Janggi, according to Rumphius, and he is quite correct, means 
Zangi, malay magic ». Yule, À Glossary of Indian Words and phrases, 
in-8°, London, 1893, au mot Coco de Mer, p. 227. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 175 


dans l'Inde, nous dit Yule, sous le nom de « Daryas Nariyal 
or cocoa nut of the seal ». 

Après Pigafetta, les premiers auteurs européens qui ont 
parlé du Coco de Mer sont naturellement les voyageurs por- 
tugais. Dès 1553, une allusion y est faite par Barros, qui, sans 
le nommer, fait pousser au fond de la mer ce fruit plus gros 
que le coco ordinaire, et dont les propriétés médicales 
sont supérieures à la pierre de*Bezoar. En effet, après avoir 
parlé du cocotier ordinaire aux îles Maldives il ajoute : « A 
« fra estas arvores, que se eriam naquellas Ilhas sobre a 
« terra, parece que e tam viva a semente dellas, que a natureza 
« alli repositon; que em alguas, pärtes debaixo da agua sal- 
« gada nasce outro genero d’ellas, as quaes dam hum pomo 
« maior que o coco; e tem experiencia que à segunda casca 
« delle à muito mais efficaz contra a peçonha, que a pedra 
«UBeZOATE: : 5%: » 

C'est du reste ce que chantait le Camoëns, dès 1572, 
dans les vers suivants, où il ne nomme pas plus le fruit que 
Barros : 

Nas ilhas de Maldivas nasce a planta 

No profundo das aguas soberana 

Cujo pomo contra o veneno urgente 

He tido por antidoto excellente (Lusiades, X, 136). 


Un autre auteur portugais, Garcia de Orta, dans ses Dia- 
logues sur la pharmacopée de l'Inde, imprimés à Goa en 1563, 
nous entretient avec plus de détails du Coco des Maldives. 

Les passages du Livre de Garcia de Orta* que nous allons 


1. Nous avons cherché en vain dans nombre d'ouvrages de botanique 
et de médecine chinois sans réussir à y découvrirla moindre mention 
du Haï-ya. 

2. Barros(Joao de), Decadas da Asia... decada terceira, livro terceiro, 
capit. vi, p. 311-312. Lisboa, Regia officina typografica, 1777. 

3. Garcia de Orta, Colloquios dos Simples e drogas e couzas medici- 
naes da India e assi de algunas fructas achadas nella (varias cullividas 
no Brazil) compostos pelo Doutor Garcia de Orta Physico del Rei D, Joño 
3° : Feita moscimamente pagina per pagina pela primeira impressa em 
Goa por Joäo de Endem no anno 1563. Lisboa na impresa nacional, 
1872. 


176 A.-A. FAUVEL 


analyser nous apprennent, qu'à son époqué le Coco de Mer 
s'appelait Coco des Maldives en Portugal, où on en avait reçu 
des noix rapportées des Indes par les navigateurs. D’après le 
témoignage de personnes dignes de foi, les noix et surtout 
l'amande étaient fort réputées dans ces pays comme un excel- 
lent remède contre les poisons, la colique, la paralysie, l’épi- 
lepsie et denombreuses maladies nerveuses, contre celles des 
entrailles qui causent des vomissements. Elle prévient d’autres 
maladies quand on boit de l'eau conservée quelque temps 
dans la noix avec un peu de l’amande. Garcia n'ose affirmer 
que tout cela soit exact, car il n’en a pas fait l'expérience et il 
ne sait si le mieux ressenti par ceux qui s’en sont servis est 
dû à l’action du médicament ou à l'effet de l'imagination. 

Il décrit la noix comme plus noire et plus brillante que 
celle du coco ordinaire. Elle est aussi plus grande et ovale 
au lieu de ronde. L'amande intérieure est très dure, d'un 
blanc tirant un peu sur le jaune; vers la partie centrale elle 
est fendillée et très poreuse. Elle n’a aucun goût marqué. En 
médecine, on en mélange un poids de dix grains de blé avec 
du vin ou de l’eau. 

Il ne donne pas les dimensions de cette noix mais il dit qu'il 
en a une de la contenance de sept chopines (sete quartillios). 
On en trouve d'ailleurs de très grandes et de petites rejetées 
toutes par la mer sur le rivage. Garcia continue en disant 
que : d'après la croyance populaire, les îles Maldives faisaient 
autrefois partie du continent (de l'Asie), mais elles en 
furent séparées par une inondation marine. Dans ce cata- 
clysme les palmiers porteurs de ees noix furent ensevelis sous 
la terre et les eaux, et c’est pour cela qu’elles sont devenues 
aussi grandes et aussi dures que nous les voyons. 

Comme personne n'a encore pu voir les troncs ou les feuilles 
de ces palmiers, il n’est pas facile de dire s'ils appartiennent 
ou non au même genre que ceux que l'on connaît. D'après ce 
que l'on sait de la structure des noix et de leurs propriétés 
diverses, ces arbres doivent appartenir à une autre espèce que 
le cocotier commun. Les noix sont généralement réunies deux 
à deux, ce qui leur donne l'apparence de fesses d'animaux 


Gr 
4 
1 


LE COCOTIER DE MER DES ÎLES SÉYCHÈLLES { 11 


(arcos de bésta), mais on les trouve aussi quelquefois séparées. 
On en tire l’amande comme on tire celle des cocos ordinaires 
pour la sécher et faire le copra, mais (au contraire de celle-ci) 
elle devient très dure et la partie interne prend l'apparence 
de très bons fromages debrebis. Un Portugais qui connaissait 
fort bien les Maldives et lui a donné ces informations a ajouté 
que toute personne qui trouve ces noix sur le rivage doit, 
sous peine de mort, les apporter au roi. C'est pour cela qu'elles 
ont une si grande renommée. 

Le roi des Maldives gardait ces précieuses noix pour en 
faire des présents aux grands du pays ou aux souverains 
étrangers, ainsi qu'on le trouve consigné dans le livre des 
voyages du navigateur hollandais Jan Huygen von Linschoten 
aux Indes Orientales, fait en 1579. Parlant des noix bonnes 
contre les venins qu'il vità Ceylan il dit : 

« De ces noix y en a aucunes fort estimées entre toutes les 
« noix d'Inde pour la vertu qu'on tient qu’elles ont contre les 
« venins, lesquelles sont fort grosses et belles et de couleur 
« noire. J'en ai vu présenter au viceroy de l'Inde qui estoient 
« chacune de la grandeur d’un pot de mesure, estimées de la 
« valeur de trois cents pardauves! quiestoyent gardées pour en 
« faire un présent au Roy d'Espagne. De cet arbre et de ses 
« fruits sera parlé plus amplement cy-après?. » 

Cette promesse ne semble pas avoir été tenue, car malgré 
toutes nos recherches, il nous a été impossible de trouver les 
informations complémentaires annoncées. 

Les Dialogues de Garcia de Orta furent promptement tra- 
duits. Ce fut d’abord en latin par Charles de l'Écluse, plus 


1. Pardauves — Pardaw ou Pardawes ou Pardaus. Xeraphius — Pardao 
d'Ouro. Cette monnaie portugaise valait du temps d’Albuquerque 
trois testons de Portugal, soit 370 Reis actuels ou environ 1 shilling 6 
pence 1/2 de monnaie anglaise actuelle. C'était une pièce d'or de l'Inde 
Occidentale, changée plus tard à Goa en monnaie d’argent (Yule, Glos- 


Say; fc. . 5 au mot Pardauve). 

2. Histoire de la navigation de Jean Hugues de Linscot Hollandais, et 
de ses voyages aux Indes Orientales, ..., à Amsterdam MDCX (1610), 
des iles dénommées Maldives, chap. XIII, page 30. (Il était parti du Texel 
en 1579.) 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915, 12 


178 A.-A. FAUVEL 


connu sous son nom latinisé de Carolus Clusius ou Clutius. La 
date de la première édition de son livre doit être antérieure 
à 4587 puisque Dalechamp le cite dans son Historia genera- 
lis plantarum, parue cette même année 15871, comme ayant 
vu à Lisbonne et en autres lieux des vases faits du Coco des 
Maldives. Nous avons retrouvé ce passage en note au bas de 
la page 110 de la 4° édition de Clusius imprimée à Anvers en 
1593°?, parlant du Coco des Maldives ildit: d. « Vidimus vas- 
« cula ex hoe cocco de Maldiva confecta Ulyssipone (Lis- 
« bonne) tum aliis locis, oblongiora plerumque 1is quam quae 
« ex vulgari cocco parantur, et nigriora nitidioraque. Sed et 
«ipsam medullam siccatam Ulyssipone venalem reperias, 
« cujus facultates mirifice extollunt, atque omnibus fere alex1- 
« pharmis praeferunt : eamque ob causam magnum eJjus 
« pretium. Quäm verd parum fidei sit adhibendum hujusmodi 
« fabulosis et commenticiis facultatibus, Auctor noster satis 
« declarat. » 

On voit par cette note que la vertu médicinale de lamande 
de ce coco était connue même au Portugal. Dans l'édition de 
1605, une belle gravure (Planche Ï) nous montre une aiguière 
en argent ayant la forme d'un oiseau à queue de serpent dont 
le corps est formé par une moitié de coco des Maldives. 

C'est la première représentation du Coco de Mer que nous 
ayons encore pu trouver; malheureusement on ne peut guère 
se faire une idée de la forme exacte de ce fruit, la gravure ne 
laissant voir à travers les ornements d'argent qu'une bien 
faible partie d'une moitié du coco. A côté, le graveur a repré- 
senté un petit fragment de l’amande à une échelle légèrement 


1. Dalechamp, Historia generalis plantarum, ? vol. in-folio, Lugduni, 
MDLXXXVII (1587), vol. 2, p. 1762 — De nuce indica. 

2. Aromatum et simplicium aliquot medicamentorum apud Indos 
nascentium Historia primum quidem lusitanica lingua ôtæhoytx@s cons- 
cripta a D. Garcia ab Horto proregis Indiae medico; deinde latino ser- 
mone in Epitomen contraclus et iconibus ad vivum expressis locuple- 
tioribusque annotationibus illustrata a Carolo Clusio Atrebate. Quarta 
editio. Castigatior et aliquot locis auctior. Antwerpiae, ex Officina Plan- 
tiniana apud viduam et Joannem Moretum, MDXCIII (1593). Liber I, p. 
102, De nuce indica, p. 107-110 note d. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 179 


réduite, mais qui n'est pas plus indiquée que celle de 
l'aiguière. On peut déduire du texte, qui lui donne comme 
dimensions 14 pouces de longueur sur 7 de largeur, qu’elle 
état faite d'un petit échantillon de noix des Maldives dont 
les beaux spécimens atteignent jusqu'a 50 centimètres de 
longueur sur 24 de largeur pour la demi-noix. 

La note d de l'édition de 1593 est complétée par ces mots 
dans celle de 1605 : 

« Longè autem reliqua vascula ex simili cocco confecta 
« magnitudine superabat illud quod argento inclusum in 
« prætoria illa navi MDXCIT ab anglis occupata repertum 
« est, longum enim erat quatuor et decem, latum septem, 
« ovalis infernà parte figurae superne paullo planioris, latere 
« dextro magis rotundum et tumens, externae parti calcei pedi 
« inducti paenè instar, color qualis in cocco vulgari laevi- 
« gato et expolito. Ilius iconem qualem Jacobus Garetus ad 
« 1psius vasculi normam expressam ad me mittebat huc intu- 
« limus . » 

Ce texte nous éclaire, un peu plus que la gravure qu'il 
accompagne, sur la forme de la moitié seulement de la noix 
des Maldives. On s'en rend cependant encore difficilement 
compte. Quant aux qualités de l'amande, Dalechamps ajoute 
ce qu'aucun auteur ne nous a encore appris : 

« Medulla sive nucleo recenti cum carne et piscibus ves- 
cuntur non aliter quam nos pane nec amygdali duleis sapori 
cedit. » C'est d’ailleurs une erreur. En effet, à cette époque 
on ne connaissait encore que le fruit flotté, c'est-à-dire déjà 
vieux et à demi décomposé par l’eau de mer à la suite de son 
long séjour dans l’onde amère. L'auteur le confond évidem- 
ment avec le fruit frais du cocotier ordinaire dont la jeune 
amande constitue un mets très agréable. D'ailleurs, celle du 
Jeune coco de mer est absolument insipide, comme nous 


1. Caroli Clulii Atrebatis aulae Caesareae quondam familiaris Exotica- 
rum libri decem quibus Animalium, Plantarum, Aromatum Aliorumque 
peregrinorum Fructuum historiae describuntur item Petri Belloni 
observationes. Ex officina Plantinianä, Raphelengi, 1605. { vol. in-foho. 
Liber I, Aromatum hisloriae, pp. 190-193. 


180 A.-A. FAUVEL 


l'avons constaté nous-même, et elle ne peut être consommée 
que sur place, car elle se gâte très rapidement 

Mais d'où venaient ces noix mystérieuses, c’est ce qu'on 
ne savait pas encore à l’époque des historiens et naturalistes 
que nous venons de citer. Un voyageur français, Pyrard de 
Laval, qui partit le 20 mai 1601 de Saint-Malo pour les 
Indes Orientales et fit naufrage l’année suivante (juillet) sur 
l'île Pouladon de l'archipel des Maldives, va nous renseigner 
à sa façon sur cette question!. Ayant passé plusieurs mois 
dans ces îles, il y apprit quantité de choses intéressantes, 
consignées dans la relation de son voyage, parue en 1615 à 
Paris. Voici ce que nous y trouvons concernant le Coco dit des 
Maldives : « Isle étrange à découvrir. Quelque temps après 
« le Roy envoya par deux fois un très expert pilote pour 
« aller découvrir une certaine isle nommée Poulloys, qui 
« leur est encore presque inconnüe... Ils ont opinion que ces 
« gros cocos médicinaux, qui sont si chers là, en viennent. 
« D'autres pensent que c’est du fond de la mer. » 

Pour ce qui est du coco des Maldives, voici ce qu'il en dit: 

« L'ambre gris appartient au Roy et nul n'oserait le retenir 
« qu'il n’eût le poing couppé. Il en est ainsi d’une certaine 
« noix que la mer jette quelquefois à bord, qui est grosse 
« comme la teste d’un homme, qu'on pourrait comparer à 
« deux gros melons joints ensemble. Ils la nomment 
« Täâvarcarré et ils tiennent que cela vient de quelques arbres 
« qui sont sous la mer. Les Portugais la nomment Cocos des 
« Maldives : c’est une chose fort médicinale et de grand prix. 
« Souvent à l’occasion de ce Tavarcarré ou bien de l’ambre 
« gris et noir (qu'ils appellent gomen ou meunare quand il 
« est préparé) comme il s’en trouve aussi, les gens et les 
« officiers du Roy maltraitent de pauvres gens quand ils 
« les soupçonnent d’en avoir trouvé et même quand on veut 
« faire déplaisir à un homme, on luy impute et on l’accuse de 


1. Voyage de (François) Pyrard de Laval, contenant sa navigation aux 
Indes Orientales, Maldives, Moluques, etc., divisé en trois parties par le 
Sieur Du Val, géographe ordinaire du Roi. Nouvelle édition. Paris, 
M. DC;LXXIX (1679), 4 vol. in-4°, 1e partie, chap. XXI, p. 212. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 181 


« cela, comme on fait ici de la fausse monnoye, afin qu'il en 
« soit recherché : et quand quelqu'un devient riche tout à 
« coup et en peu de temps on dit communément qu'il a 
« trouvé du Tavarcarré ou de l’ambre comme si c'était un 
« thrésor.....» 

L'île Poulloys serait-elle les Seychelles ? C'est ce que le 
colonel Yule incline à croire. À notre avis, la position de dix 
degrés au sud de l'Equateur, qu'elle occupe d’après le pilote 
des Maldives, et les tourmentes qui la désolent, ainsi que les 
maladies qui firent périr ses hommes, sans parler des maléfices 
des diables qui l’habitent, tout cela se rapporterait beaucoup 
mieux aux Comores. Celles-ci sont en effet par 11° Sud dans 
la zone des cyclones et leur climat est des plus insalubres, et 
l'une d'elles au moins possède un volcan en activité, aussi 
sont-elles souvent bouleversées par les tremblements de 
terre, d'où les craintes superstitieuses des habitants des 
Maldives à leur endroit. 

Pour ce qui est du nom donné aux Maldives au coco de 
mer ef que nous trouvons mentionné pour la première fois 
par Pyrard, voici comment Yule, ayant cité en partie ce pas- 
sage, l'explique : 

Tavarcarré — Tava-karhi : karhi means Coco-nut. Properly 
it is Tava’karhi — the hard shelled nut!. 

Continuant nos recherches dans les ouvrages scientifiques 
du commencement du xvu* siècle, nous trouvons pour la pre- 
mière fois dans l’histoire générale des plantes de Jean Bauhin 
et de J. H. Cherler, imprimée en 1619, un dessin des deux moi- 
tés séparées d'un coco des Maldives, on dirait deux gros 
haricots et l’on ne se rend pas encore bien compte de la forme 
du fruit entier. La description qui accompagne la gravure 
est empruntée pour une partie au texte de Garcia de Orta, 


1. Yule, Glossary of.... etc., citant Gray ou Pyrard de Laval, Hack- 
luyt Society, au mot Coco de Mer. On trouve encore à Ceylan le 
noms suivants pour ce fruit: Dyria kanaril; Kadil tagingai; Sumatrapoo 
tainkaya. (Vide Le Naturaliste, Revue illustrée des Sciences naturelles, 
XIII: année, 2° série, 1 janvier 1894, p. 14-15, le Lodoicea Seychel- 
larum.) 


182 A.-A.' FAUVEL 


aussi nous ne citerons que celle qui nous renseigne un peu 
te) 


plus que cet auteur. 


« Hujus cocci medullae fragmento nos donavit Illustr. 
noster Princeps : fungosum est, eà consistencià quam 
videmus in fungis nucum, colore foris in luteo cinereo, 
intus pallido, fibris variatum subinde ferrugineis et eroceis, 
gustu insipido. Integras autem duas nuces apud eumdem, 
Il. nostrum principem vidimus Stutgardiae, nuce seu 
Cocco indico majores, longiores, admodum capaces ; pedem 
sunt longae, rotunditatem vix duabus. manibus amplecti 
poteramus ; pars compressa erat sex uncias lata, in quâ 
amplum foramen apparebat ab alio fructu separatum, ita 
ut gemellus fuerit fructus, conjunctorum fructuum ingen- 
tem fuisse magnitudine apparebat. Utriusque capacitas erat 
insignis : cortex durus et spissus, qualis aliis nucibus, 
externè strus obliquis, longis, excavatis, colore nigro : 
pulsatus ollae modo resonans. Sic corticem etiam villosum 
habet, ut aliae nuces Indicae, praegrandem fructum esse 
oportet capiteque humano majorem multà : foramen 
tantum est, ut pugnus‘inde possit. Dicuntur CC (ducentis) 
aureis gallicis emptae. Ejus ieonem geminam damus 
utramque faciem ostendentem. » 

« Acosta testatur hanc nigriorem, nitidiorem, longiorem, 
majoremque esse quam vulgata Nux Indica, Coccum de 
Maldiva vocat idem ex Vers. Clus. Garcias verd Cocecum de 
Maldiva. Item Coccus de Maldiva Hist. Lugd. Et rursus in 
append. (ne ei deesset numerus) Coccus de Nalediva eidem. 
Grana maldivana : Nuces Maldivanae : Cocci di Maldiva. 
Aein frombde purgiriende Frucht Catal. Francofurt. 

« Sed cur purgantem fructum Germania vocet nescimus. 
Nec placet tam magnum fructum grani nomine vocari!. 


4. Joh. Bauhini. D. ill. Cels. Wirtemb. archiatri et Joh. Hen. Cher- 


leri Basil D. Phil. et Med. Historiae Plantarum nove et absolutiss.... 
Prodomus qui velut in Sciagraphia quadam.. Ebroduniex Typographia 
Societatis Caldorianae. Anno M.DC.XIX. (1619), 1 vol. in-4°, Liber IN, 


P: 


11, Nux indica ad venena celebrata sive Coccus Maladiva,, 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 183 


« Vires et usus. » Il cite ici intégralement le texte de 
Garcia puis il ajoute : 

« Fiunt in eam gratiam ex illo pocula quae auro vel 
« argento excipiuntur et in navium triremiumque figuram 
« efformantur, ad aquam bibendam in quam ex catenula 
« medullae ipsius cocci fragmentum pendere sinunt : sibique 
« certo persuadent 1llis qui aquam ex his poculis hauriunt 
« nullum venenum nocere posse futurosque immunes a nullis 
« [multis] morbis in quos sanè memini multos incidere qui ex 
« ls poculis bibere soliti erant. Et licet omnem diligentiam 
« adhibuisset Costa, nunquam tamen observare potuit similia 
« pocula aliquem ex morbis curare ad quos utilia esse 
« creduntur. Potius igitur arbitratur et is tantam laudem 
« obtinuisse a vulgi opinione. 

« Nonnullos ex hujus modi vasculis bibere solitos sibi 
« affirmasse ait seu experientia didicisse jecur incendi, renes 
« noxam contrahere et calculum generari : nihilominus 
« tamen magnum esse eorum pretium longè que pluris 
« aestimari lis locis ubi inveniuntur, quäm als procul inde 
« dissitis : nam interdum ejusmodi nuces nudas, neque auro 
« aut argento exornatas L (quinquaginta) aut amplius aureis 
« nummis aestimari..... RENE 

« Paludanus quoque a se tentatum, an contra venena 
« aliquid posset tradit sed nullo successu !. » 

Comme on le voit, on ne se rendait pas encore bien compte 
de la forme du fruit entier. Quant aux vertus et aux défauts 
dudit coco et de son amande au point de vue médicinal, on 
commençait à n y plus croire, Paludanus les ayant essayés 
en vain. Gaspar Bauhin, en 1623, cite Garcia, Acosta et 
Linschot, sans nous apprendre rien de neuf?. Il en est de 


1. Historia Plantarum universalis auctoribus Johanne Bauhino 
archiatro, Joh. Henrico Cherlero Doctore Basiliensibus quam recensuit 
et auxit Dominicus Chabraeus D. Genevensis, juris vero publici fecit Fr. 
Lud. À Graffenried Düs in Gertzensee. Ebroduni els. 19. cL. (1650), 
4 vol. in-folio, t. I, Liber IT, cap. CLXXIX, p. 38#. 

2. Pinax Theatri Botanici Caspari Bauhini sive Index in Theophrasti 
Dioscoridis Plinii et Botanicorum qui a seculo scripserunt opera 
M.DC.XXIIT Basileae Helvet. sumptibuset Typis Ludovici Regis, { vol, 
in-4°, Liber XIT, sect, VI, p. 509, col, I. 


184 A,-A. FAUVEL 


même du père Eusèbe Nieremberg en 16351. IL semble 
ignorer la monographie aussi complète qu'on pouvait alors 
l'écrire sur ce fruit curieux et qui avait paru l’année précé- 
dente à Amsterdam, sous forme d'un petit opuscule in-4°, 
de 57 pages illustrées de 10 gravures sur bois et due à la 
plume du médecin hollandais Augerius Clutius ??. 

L'une de ces gravures (PI. IT, fig. 1) représente pour la 
première fois en grandeur naturelle (33 centimètres de long 
sur 27 de large), et hors texte, une noix de coco des Maldives 
ou plutôt une coupe bilobée et polie formée d’un fruit de cet 
arbre. Cinq autres gravures également sur bois et à petite 
échelle sont intercalées dans le texte du chapitre IX et repré- 
sentent aussi pour la première fois la noix entière ou section- 
née de façon à bien faire comprendre sa forme à l’état naturel, 
tant à l’intérieur qu'à l'extérieur. L'échelle n'étant pas indi- 
quée on ne peut se rendre compte des dimensions de la noix 
qu'en consultant le texte où elles sont données. A la fin de 
l'ouvrage, l’auteur donne en annexe (Paralipom seu praeter- 
missum) deux gravures montrant un fragment de l’amande et 
un de l'écorce interne placée entre cette amande et la noix. 
Il figure aussi, sans doute en grandeur naturelle, le germe 
du coco ordinaire et celui du coco des Maldives, d’après des 
échantillons à lui donnés par D. Samuel Blommert, probable- 
ment quelque navigateur. La noix ouverte est dessinée en 
grandeur naturelle d'après la coupe en possession de l’amiral 


Wolphard (Harmansen). 


4. Johannis Eusebii Nierembergi, Madritensis ex Societate Jesu in 
academià regia madritensi Physiologiae professoris Historia Naturae 
maxime peregrinae Libris XVI distincta(1 vol. in-folio). Antwerpiae, ex 
Officinà Plantinianä, Balthasari Moreti, M.DC.XXXV Liber XIV, cap. IX, 
pag. 298. De Cocco Maldivensi. 

2. Augeri Clutii M. D. Opusculum. De Nuce Medica. Amstelodami, 
typis Jacobi Charpentier, anno 1634, 1 vol. petit in-4° avec figures. 

Se trouve aussi imprimé avec un second opuscule sur l'Ephémère sous 
le titre : 

3. Augeri Clutii M.D. Opuscula duo singularia. 1° De Nuce Medica. 
2° de Hemerobio sive Ephemero insecto. { vol. petit in-4° avec figures. 
Amsterodami, Typis Jacobi Charpentier, anno 1634. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 155 


L'ouvrage est aussi complet que possible puisqu'il prétend 
contenir tout ce qu'on connaissait alors sur ce sujet: 
« Opusculum in quo Medici, Physici, Historici, Politici, Critici 
exercitium suum invenient », comme l'annonce le titre. Il n’a 
pas moins de trois pages de préface, trois d'avis au lecteur. 
Douze sont consacrées à l'index ; une à ce que nous appelons 
aujourd'hui la Bibliographie : « Nomina eorum quorum opera in 
utroque opusculo adjuti fuimus ». Nous y relevons, pour ce 
qui a trait au Coco des Maldives, non seulement les noms 
des écrivains qui en ont parlé, mais aussi ceux des personnes 
qui possèdent des échantillons de cette noix ou qui lui ont 
procuré des renseignements ; 


? 


ce sont : Laurentius Realius 
Eques et Senator ; Jacobus Speccius Ind. Or. generalis quon- 
dam ; Godefridus à Clermont, civis Harlemensis possessor 
geminali coceci ; D. Bontius P. M. Indicarum Plantarum 
quarundam et autor [sic] ; Johannes van Maerle, jocularius 
Amsterodamensis, scyphi in India argento excepti ex Coco 
Medico possessor ; Samuel de Bendana, Lusitanus mercator 
duos Antwerpiae quondam argento munitos usuique aptatos 
habet : Johannes Tradescantius Regiae Majestatis Angliae 
Botanicus, dimidiam nucem habet. 

L'ouvrage intitulé : Catagraphus Cocci Maldivensis Tavar- 
care 20 est dédié comme suit: D. Wolfardo Harmans 
Thalassiarcho... dati et consecrati anno cl. I. cL. (1650). 
Une page de compliments adressés à « Gothofredo Clermontio » 
est datée «23 sept" 1634» et signée «T. Augerius Clutius ». 

Les pages 1 à 60 comprennent XV chapitres que nous 
allons analyser. Le chap. I, au-dessus duquel on lit: Historiae 
Cocci de Maldiva seu Nucis Medicæ Maldivensium, n’est, 
suivant les habitudes de l’époque, qu'un long discours sur 
l'invention des médicaments « immensum beneficium Dei ». 
« Pharmaca exotica a Nautu nostro orbi illata sunt et Nucis 
Medicae primatus. » 

Le chap. Il contient une longue description des Maldives 
sur les rivages desquelles les flots rejettent l'ambre et la 
Nux Medica qu'on ne trouve que là. Il cite Barros et Acosta, 

Au chap. IIL, il rapporte les fables concernant l'origine de 


186 A.-A. FAUVEL 


la noix et ce que nous a appris Pyrard de Laval sur l'Ile 
Palloys (sic pour Poulloys). 

Au chap. IV, il décrit la noix : « Nux Medica gemina semper 
« qualfiguraet dividi nequit propter vincula. Medulla N. Med: 
« tegit interiora utriusque putaminis, ejus forma rotunda seu 
« fabacea.. .. Nucleum N. Med. tunicae quaedam tutantur.… 
« Totus nucleus non excernitur, ubi seyphus inde fabricatur, 
«_ pars relicta in duritiem ipsius Cocei vertitur..... N. Med. 
« adaperta exprimit cymbia duo et usüs interno et externo 
« applicatur, medulla ex catenulà aureà appenditur..... 
« Poculi gemini ex Nuce Medicà extremitates nisi auro con- 
« jungantur ad usum inhabiles Pixidis vicem aliquando 
« supplet — Scyphus ex N. Med. remedia plurima contra 
« morbos habet., — Nucis expolitae putamen naturali caela- 


Magnitudo 


«_tura dotatum, color cujus ex nigrosaturatus. 
« a melonum majorum specie et magnitudine non recedit. 
« Modus poliendae nucis oleum in poliendâ nuce noxium. » 
Il faut employer pour la polir du tripoli et de l’eau, car 
l'huile lui fait contracter une mauvaise odeur. Nous n'avions 
encore trouvé cette donnée nulle part. 

Dans le chap. V, l'auteur, qui l'intitule Catagraphus Nucis 
Medicae, nous raconte comment, vers la fin de son règne, 
l'Empereur des Romains Rodolphe IT offrit à la famille de 
l'amiral Wolfert Hermanssen! de lui céder pour une somme 
de 4.000 florins d'or (environ 80.000 francs) la noix de coco 
des Maldives que celui-ci avait reçue en présent du roi de la 
ville de Bantam (à Java) comme remerciement pour le cou- 
rage qu'il avait montré en 1602 lorsqu'il délivra cette ville 
assiégée par les Portugais. Cette noix était cependant incom- 
plète, comme le montre la gravure. Clutius explique, en effet, 
que le roi de Bantam en avait fait enlever au préalable la 
partie supérieure pour ne point offenser la pudeur du noble 
amiral. 


1. Wolphard Harmans ou Wolfart Hermanzen, suivant Yule, loc, cit, 
On le trouve ailleurs écrit Wolfart Harmenz, 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 187 


Il décrit ensuite les diverses formes de noix, tant entières 
que coupées par le milieu dans le sens de la longueur. 

Le chap. VI est une série de considérations d’après Cl. 
D. Realius, surtout au point de vue médicinal et au sujet de 
son origine probable. En somme, un tissu d'erreurs et de 
fables attribuant à ce coco une origine sous-marine, et à 
l'amande et au germe transformés en pierre des propriétés 
curatives. | 

Le chap. VII ne nous apprend pas grand'chose d’intéres- 
sant sinon qu'en 1614 Speccius ! et Coenius virent ce coco à 
la cour du rajah de Bantam. Coenius essa ya en vain de s’appro- 
prier quelques parcelles de l’amande que ledit roi était en 
train de retirer d’une noix pour s’en servir comme d'un médi- 
cament précieux contre les poisons, la fièvre, etc. Il fabriquait 
avec les fragments de la coque diverses sortes de vases et 
cuillers, « caliculis, scyphulis, cochlearibus », en somme ce 
qu'on appelle aux Seychelles la vaisselle de Praslin. Speccius 
finit par obtenir un petit coco : « Speccius.... minutulum 
« Coccum Maldivensem conquisivit, sed a nostro differen- 
« tem. Specciani cocci ovi anserini magni testa scabra, crassa, 
« color saturatus, odor fragrans (?) sapor amaricans ossea 
« durities. Speccius proprio satu Plantarium vulgarium Coc- 
« corum adornavit. » Cette description nous fait supposer 
qu'il s'agit là d’une autre espèce de noix. 

Le chap. VIII ne contient rien d’intéressant, c'est une 
série de digressions à la mode du temps qui n'ont rien à 
faire avec notre étude. 

Le chap. IX, par contre, est le plus curieux de l'ouvrage 
parce qu'il est orné des cinq figures déjà citées qui nous per- 
mettent de nous former, pour la première fois, une idée assez 
exacte de la noix vidée de son amande. Le texte complète les 
figures et les explique. La figure À représente une noix 
ouverte par une section à travers les deux lobes, dans le sens 
de sa longueur ; en B, on voit le dos de cette même coquille, 


1. Jacob Spex et Jean-Pierre Koen, deux chefs nobles envoyés par le 
préfet Pierre Booth, 


#} 


a 


Û A.-A. FAUVEL 


”. 


un trait ponctué indiquant la partie enlevée : « Sessilem et 
« summam partem exhibet, quae sensim declinat in modum 
« interfeminei, facie oculis pudicis aspicienti horrida.... » 

Il n'a fait représenter, n1 dans cette figure n1 dans la précé- 
dente, l'ouverture qui donne passage au germe et 1l semble 
attribuer à la noix deux autres trous comme dans le coco 
ordinaire : « Dein spiracula duo consideranda esse lateraliter 
« in parte hac punctulis annotatae et suprema regione locata 
« quae ceteris paribus magnitudine etiam non superant vul- 
« gariorum coccorum spiracula. Ea ad scyphum consoli- 
« dandum obturantur, quod videre est in minore Cymbio mal 
« divensi honestissimi mercatoris Samuelis de Bendana qui 
« duo possidet ab artifice quondam Antwerpiensi argento 
« affabre investita. Tertium verd non est praetereundum, 
«in integra Maldivensi nuce colliculum quasi Veneris, 
« foemineae pubis faciem dextrè aemulari quae serrae moli- 
« mine transadacta deperditur. » 

La fig. C montre l’autre face de la noix entière. 

De la fig. D, il dit: « Dimidiatum Coccum ad schyphi (sic) 
usum omnibus numeris concinnum ostendit parte sinistra 
cui si jungatur dextra apprime referunt par Calceorum 
rusticorum e faginà materie id est een paer Hulften of 
Clompen. » 

Pour E, il ajoute qu'elle montre le dos de la coquille vue 
en D par l'intérieur. 

Dans le chap. X, Clusius rapporte ce que Garcia de Orta et 
les médecins portugais ont dit. Parlant de l’amande, qu'on 
fait sécher comme celle du coco ordinaire ou copra, il dit 
qu’elle devient dure comme de la corne et qu'on la vend fort 
cher à Lisbonne ainsi que la noix entière. 

Du chap. XI, qui est fort long, nous ne citerons que ce 
qui n'a pas été encore dit ailleurs et qui intéresse notre sujet : 
« Putaminis rasura insipida est, sine odore sine ullà quali- 
« tatis repugnantia.... Nucis Med. putaminis instar ebeni 
« ater ut vulgaris aetate et tinctura ater redditur.... Nux 
« est frigida ‘temperamento.... Nucis M. integumentum 
« internum non minorem Leptomeriae gustuve gratiam habet 


17 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 189 


« quam Thamariscus. Medulla solitaria atque aliis simplicibus 
« mixta ad effectum valens est. Medulla ob corneam duritiem 
« lima radi nequit, sed cultro et malei percussu adacta 
« finditur. Medulla mortario aeneo et pistillo ferreo in pol- 
« linem redigitur qui inodorus et insipidus est ut Lapis Bezoar 
« occidentalis cui strus et colore affinis est. Medulla ovilli 
« casei crustae veteri assimulanda, cujus pars interna rimosa, 
« externa soliditatis firmae et spani coloris. Integumentum 
« internum tenellum est, coloris ferruginei, crassitudine coru 
« hircini ex quo calcamenta formantur. Cortex fibris quibus- 
« dam varie distinctis praeditus est. Cortex seu integumentum 
« internum crassiorum partium ignave seu subastringit. 
« Cortex non se colligit inter mandendum sed per universam 
« linguam se spargit. » 

Le chap. XII est une longue digression médicale. 

En tout douze cas de maladies diverses et de couches 
difficiles, dans lesquelles ce remède fut souverain. 

Le chap. XV est entièrement consacré à ce coco. L'auteur 
cherche la signification de T'avarcarré : « Carè fruitus seu coccos 
insularibus Mald. est nuncupatus; quid Tavar significat 
ignoratur. » Il pense que le nom de Tofocke donné par CI. de 
Laet à un coco dont l'enveloppe très dure et ligneuse contient 
deux noix se rapporte au fruit d'un palmier des Maldives, 
sans doute celui qui produit le coco de ces îles. 

Suivent quelques formules médicales à employer contre la 
dysenterie, les accouchements difficiles, la peste et les fièvres 
malignes. 

On sait depuis longtemps déjà que la noix de Coco de Mer, 
aussi bien que son amande, ne possède aucune vertu médi- 
cinale, Dalechamp dans son Hisloria generalis plantarum, 
parue en 1587, se moquait déjà, comme nous l'avons vu, des 
croyances des Portugais à ce sujet et il est encore plus expli- 
cite dans l'édition française parue en 16531. Elle ne fait 


1. Dalechamp, Histoire générale des Plantes contenant XVIII livres 
également départis en 2 tomes. Tirée de l'exemplaire latin de la biblio- 
thèque de M. Jacques Dalechamp, puis faite par M° Jean des Molins, 


190 A.-A. FAUVEL 


d'ailleurs que reproduire en français le texte de Garcia déjà 
até en latin dans l'édition de 1587. 

En 1658, le médecin hollandais Guillaume Pison consacre 
23 pages in-quarto à l'histoire du Tavarcare « seu Nuce 
Medicà Maldivensium » dans le chap. XIX de son livre sur 
les productions naturelles et médicinales des deux Indes‘. 
Suivant l'usage du temps, il cite les auteurs précédents, mais 
précise la profondeur à laquelle ont été ensevelies sous la mer 
les îles qui portaient autrefois les palmiers fournissant les 
cocos des Maldives. Il la fixe, on ne sait sur quelles preuves, 
à un minimum de «sedecim orgyarum »? (soit environ 
120 mètres). « Unde est quod nonnisi singulari fortuna a 
« supernavigantibus et linum demittentibus, nux capiatur. » 

Il décrit la situation des Iles Maldives, leur richesse en 
fruits de toutes sortes, puis revient au fameux coco dont le 
lieu d'origine est inconnu {anceps et incerta), car on ne connaît 
pas la situation géographique exacte de l'ile Palloys où cer- 
tains le font encore croître. Le nom de l'amiral Wolfert 
Hermanssen y est latinisé Wolfredius Harmanides (!). Compa- 
rant le coco des Maldives au coco ordinaire des Indes, qui a 
tant d'emplois utiles, il estime évidemment beaucoup moins 
celui des Maldives qui ne sert que d'amulette, « Nux Maldi- 
vensis amuleta in se continet ». 

Il donne cinq figures, dont trois montrant la noix ouverte, 
un morceau de l’amande et le germe comparé à celui du coco 


médecin très fameux de leur siècle. A Lyon, chez Philippe-Borde, Louis 
Armand et CI. Rigaud, M. DC. LIII, 2 vol. in-folio, t. II, ch. XXXIII, 
p. 654. 

1. Gulielmi Pisonis Medici Amstelodamensis, De Indiae utriusque re 
naturaliet medica, libri 14mquarum contentu pagina sequens exhibet.…. 
Amstelodami apud Ludovicum et Danielem Elzevirios A°. clo. lo. czvirr. 
1658, 1 vol. in-4°, caput XIX, De Tavarcare seu Nuce Medicà Maldiven- 
sium, pp. 203-226, et non pas dans Mantissa aromalica.…. relatio nova, 
comme l'indique Yule. (Cette dissertation formant le chapitre VI du 
même ouvrage) qui indique l’année 1650 comme date de l'ouvrage de 
Pison. 

2. Orgya, mesure grecque valant environ 2 mètres (peut-être la brasse 
ancienne 1 ® 82). 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 191 


ordinaire sont des copies des figures de Clusius. La cinquième 
seule, montrant une noix entière, a été évidemment dessinée 
d'après nature sur un échantillon en sa possession et qui 
diffère sensiblement comme forme de celui de Clusius. Il en 
compare la forme aux vases antiques dits Cymbia dont on se 
servait autrefois dans les sacrifices ou encore aux barques 
(accouplées ?), dites Sambuques, et dépourvues de leurs agrès, 
dont Marcellus se servit au siège de Syracuse. Il explique 
que les chainettes d’or qu'on y fixe servent à les plonger dans 
les liquides destinés à la boisson. Pour plus de détails, il 
renvoie au livre de Bontius : « Descriptio plantarum Indiae 
orientalis », où 1l nous a été impossible de rien trouver à ce 
sujet. 

Il est à remarquer que plusieurs auteurs de la fin du 
xvii* siècle, par suite postérieurs à ceux que nous venons de 
citer, voulant illustrer de figures leurs informations sur le 
coco des Maldives en donnent des dessins beaucoup moins 
exacts, quelquefois, même entièrement faux. 

C'est ainsi que, par exemple, John Johnston dans son His- 
toire naturelle des arbres et des fruits, parue en 16621, repré- 
sente la noix des Maldives avec une forme différant entière- 
ment de toutes celles données par les auteurs précédents. Il 
lui donne la forme ovale avec un mamelon à l’une des extré- 
mités, ce qui le ferait prendre pour un gigantesque citron 
dont il diffère cependant par les longs poils frisés représentés 
à sa surface, On pourrait supposer qu'il a représenté un coco 
de mer encore en partie revêtu de son enveloppe fibreuse à 
demi détruite par son long séjour dans la mer. Nous pensons 
cependant que le dessin a été fait d'après un vulgaire fruit du 
Cocos nucifera remarquable par des dimensions plus qu'ordi- 
naires et qu on aura pris pour un petit coco des Maldives. En 


1. Historia naturalis de arboribus et fruticibus Johannis Jonsloni, 
medicinae doctoris. Libri X cum aeneis figuris Johannes Jonstonus. 
Med. Doctor concinnavit Francforti ad Moenum Impensis haeredum 
Math. Meriani. La 3° page du titre porte : Dendrographias sive Historia 
naturalis de arboribus etc. Anno MDCLXIT, 1 vol. in-folio, p. 147, col. 2. 
Palma Naldivensis (sic). 


192 A.-A. FAUVEL 


effet, l'enveloppe de ce dernier résiste beaucoup mieux que 
celle du coco de mer, à demi charnue, et par suite pourrissant 
très facilement et très promptement. Il est done plus que 
certain qu'avant la découverte des Seychelles on n'avait 
jamais vu un coco de mer avec son écorce. 

La description qu'il en donne est copiée presque textuelle- 
ment sur celle de Clusius dont il explique la description du 
fruit. 

Quelques années plus tard, en 1677, Chabreus ne consacre 
qu'une douzaine de lignes à ce sujet et 1l se contente de 
reproduire le dessin déjà donné (sans doute par lui) en 1650 
dans l'Histoire universelle des plantes de Bauhin, et avec la 
même légende : Coccus de Maladiva seu Indica !. 

On trouvait cependant déjà un certain nombre de cocos des 
Maldives, tant en Hollande qu’en Portugal, où ils étaient con- 
sidérés comme des trésors de haute valeur, généralement 
montés en aiguières ou coupes avec des ornements d'or et 
d'argent. Tous les princes désiraient en posséder, témoin la 
Reine de Portugal, comme nous l'avons déjà vu dans Barros, 
et cette lettre écrite de Dacca en 1678 et citée par Yule : 
« Pray remember y° Coquer nutt shells (Doubtless coco de 
mer) and long nutts formerly desired for y° Prince?. » 

Dans l'ouvrage de François Redi, imprimé en 1685 à 
Amsterdam, on trouve la meilleure représentation qui ait 
encore été faite d’une de ces noix entières. Dans cette gravure, 
de 11 centimètres 1/2 de longueur sur 11 de largeur, on peut 
remarquer, pour la première fois, un rudiment d'attache qui 
indique que c'était par l'extrémité opposée aux deux lobes 
que la noix était fixée à l'arbre. L'auteur ne paraît pas y avoir 
attaché d'importance, car il n’en parle pas dans le texte. 

Par contre, il s'étend longuement sur diverses expériences 


1. Stirpium icones cum omnibus quae de plantarum natura natalibus 
synonymis, usu et virtutibus scitu necessaria quibus accessit scriptorum 
circa eas consensus et dissensus authore Dominico Chabraeo. Med. 
Doctore apud Joannem Anthonium Choüet. Genevae, MDCLXX VIT. 1 vol. 
in-folio, p. 28. 

2, Yule, Glossary, etc..., loc. cit. Coco de mer. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 193 


plus qu'enfantines qu'il a effectuées avec cette noix et qu'il 
raconte dans une lettre écrite au savant naturaliste Jésuite 
Athanase Kircher. 

Une première édition de cet ouvrage imprimé en italien à 
Florence en 1671 est pareille à celle de 1685 quant à la 
teneur du texte, mais elle ne possède pas de figure f ?. 

L'écrivain anglais John Ray consacre près d'une page de 
son histoire des plantes, imprimée à Londres en latin en 1686, 
à l'étude de notre coco, mais il n'ajoute rien de nouveau à ce 
que nous savons déjà par les auteurs précités auxquels 
d'ailleurs il renvoie ses lecteurs. Il doute fort des vertus cura- 
tives qu'on lui attribue *. 

Malgré cette opinion, la noix des Maldives se trouvait 
encore en 169% chez tous les grands apothicaires, s'il faut 
en croire Pomet, marchand épicier et droguiste à Paris, 
auteur d'une Histoire générale des drogues, imprimée en un 
bel in-folio orné de 400 figures en taille-douce exécutées 
d’après nature {. Il ne semble pas très au courant cependant 
de la forme exacte dudit coco, car la figure qu'il en donne est 
fort petite et représente plutôt un coco ordinaire, garni de son 
enveloppe fibreuse, qu'une véritable noix de coco de mer. Il 
ajoute pourtant, à la fin du volume, qu'il possède dans son 


1. Esperienze intorno a diverse cose naturali e particolarmente a 
quelle che ci son portate dall Indie, fatte da Francesco Redi e scritte in 
una lettera al reverendissimo padre Atanasio Chircher della Compagnia 
di Giesù; in Firenze all'insegna della Nave, MDCLXXI, 1 vol. in-40, 
p. 27-29. 

2. Franciscus Redi Opusculorum. Francisei Redi nobilis Aretini 
Experimenta circa varias res naturales speciatim illas quae ex Indiis 
afferuntur ut et alia ejusdem opuscula quae pagina sequenti narrantur. 
Amstelodami apud Hen. Wetstenium, clo In CLXXXV (1685), { vol. 
in-12, p. 30. 

3. Historia plantarum species hactenus......... autore Joanne Raio, 
Londini, cl9. 15. CLXXXVI (1686), 3 vol. in-folio, vol. IT, p. 1359. 

4. Histoire générale des drogues traitant des plantes, des animaux el 
des minéraux, Ouvrage enrichi de plus de 400 figures en taille-douce 
tirées d'après nature par le Sieur Pomet, marchand épicier et droguiste 
à Paris, MDCXCIV (1694), 1 vol. in-folio, p. 215. 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol, 1915. 13 


194 A.-A. FAUVEL 


magasin toutes les drogues qu'il a décrites. Or la description 
qu'il en donne confirme ce que nous avançons au sujet de sa 
connaissance imparfaite du sujet. En effet, au chapitre XXIV, 
intitulé des Cocos il dit : « Outre ces cocos il y en a encore 
« une autre sorte mais beaucoup plus rare qui est ce que 
« Jean Bauhin appellé Nux indica ad venena celebrata sive 
« Coccus Maladiva. J'en ai un qui ne diffère des autres cocos 
« qu'en ce qu'il est plus long, plus pointu et que sa coque est 
« plus brune. Ses propriétés sont cause qu'il est extrêmement 
« rare et cher. » Dans la seconde édition, parue en in-#4° en 
17351, il cite en plus les qualités médicinales d’après 
Dalechamp. Il ne semble pas, d’après texte et planche, avoir 
eu entre les mains un véritable coco de mer. 

Leonard Plukenet y attache encore moins d'importance, car 
dans son Almagestum Botanicum publié à Londres en 1696? 
il ne consacre que tout juste cinq lignes à ce sujet, dont deux 
pour la synonymie. Il partage l'erreur de plusieurs auteurs 
qui croyaient à tort que cette noix était quelquefois simple *. 

L'ouvrage consacré par les Valentin père et fils, en 1732, à 
l'histoire des simples, et qui n’est que la mise au point d'un 
travail analogue de Jean Conrad Becker, traitant du Coco des 
Maldives, lui attribue la forme d’un cœur. 

Puis 1l ajoute ce renseignement complètement nouveau et 
fort intéressant : « Difficulter comparatur, quod Sinenses 
« istum tanquam idolum, domibus suis custodiunt, istum 
« que ubique conquirunt teste Rumphio in Epist. XII. Indiae 
« orientalis in Appendice hujus tractus legenda » (p. 59). 
Nous n’en avons jamais entendu parler en Chine, pendant 
un séjour effectif de dix années que nous y avons fait, et nous 
n'en avons trouvé aucune trace dans les livres si documentés 


1. Même ouvrage, 1 vol. in-40, 1735, p. 226. 

2. Phytographia sive Séirpium illustriorum et minus cognitarum 
Icones, in-40, Londini, Davis, 1691, # tomes en 5 volumes, vol. 2, Alma- 
gestum Botanicum, p. 277. 

3. Almagestum Botanicum sive Phytographiæ Plukenetianae Onomas- 
ticon..... a Leonardo Plukeneto. Londini, MDCXCVI (1696), 2 vol. in- 
20 "LE NT "D. 219: 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 195 


des lettrés chinois touchant la religion ou la médecine. 
D'après ce que nous savons des mœurs si spéciales des Japo- 
nas et de leur culte impur du phallus, nous inclinons 
à penser qu'il est beaucoup plus probable que c’est eux et 
non les Chinois qui ont fait de ce fruit une amulette (comme 
le disait G. Pison) ou une idole, comme l'avance Rumphius, 
cité par Valentin. 

Il cite ensuite Wormius. Comme nous n'avons pu trouver 
le livre de cet auteur, on nous permettra de renvoyer à la 
citation de Valentin qui est intéressante parce qu'elle attribue 
au germe dudit coco une valeur curative en quelque sorte 
spéciale et plus importante que celle de l’amande!, 

Dans l'ouvrage de Samuel Dale paru à Leyde en 1739, on 
ne trouve en fait d'indications sur ce sujet, dans huit lignes 
de synonymie, que les suivantes dont nous n'avions pas 
encore trouvé trace ailleurs et que nous n'avons pu vérifier : 

« Coccus de Maldiva Office. Park. Theat. 1598 (?) The Mal- 
diva nut. Gal. Noix de coco des îles Maldives. G. Maldivische 
Coccus Nuss. B. Maldivise Cocos-Noot. In India orientali 
repéritur ?, » 

L'Allemand Weinmann résume ce que nous connaissons 
déjà dans le quatrième volume de sa description de milliers 
de plantes tant indigènes qu'exotiques, publiée à Ratisbonne 
(de 1737 à 1745), moitié en latin, moitié en allemand et illus- 
trée de planches en couleur. Le texte allemand, qui 
forme la seconde colonne de chaque page, est plus explicite 
que la partie latine. Sa citation de la lettre XII des Indes 
orientales de Rumphius, déjà mentionnée par Valentin, semble 


1. Michaelis Bernhardi Valentini, archiatri Harriaci et Prof. Medici 
Gesseni Historia simplicium reformata sub Musei Museorum titulo, 
D. Joh. Conrado Beckero,.... a Christophoro Bernhardino Valen- 
tini M.B.filio, 1 vol. in-folio, MDCCXXXII (1732), Liber IT, Caput 
XVII, pag. 224. | 

2. Samuelis Dalei M. L. Pharmacologia seu Manuduclio ad Materiam 
Medicam,..... Quarta Editio, Lugduni Batavorum, MDCCXXXIX (1739), 
1 vol. in-4°, p. 295. 


196 A.-A. FAUVEL 


plus complète. C'est pourquoi nous la reproduisons ici n'ayant 
pu la trouver dans Rumphius !. 

« Die Maldiviseche Coccus-Nuss ist sehr raar und schreibet 
« Rumphius in dem zwolfsten Ost-Indianischen Send- 
« Schreiben, p. 59. Es soll wohl Mühe haben den Coco de 
« Maldiva oder Calappa Lauüoet (Läut) bei die Hand zu 
« bringen, die weil ich hôre dass die Sinesen uberall auf der 
« Hut stehen, solchen in ihre Klauen zu bekommen, nicht 
« zwar, dass sie damit artzeneyen, sondern denselben als 
« einen Abgott in 1hren Häusern zu bewahren ; weswegen 
« man denselben auf der West-Küste, da sie frisch ankom- 
« men, und von denen davor liegenden Insuln gebracht 
« werden suchen müsse. » 

Il se trompe évidemment quand il suppose que ces noix 
peuvent être apportées fraiches de la côte occidentale ou des 
iles des environs. Il fait une nouvelle erreur en attribuant à 
cette noix la grosseur d’une poire (le coco ordinaire, déjà plus 
d'un tiers moins gros que celui des Maldives, étant toujours 
plus gros qu'une poire) et trois côtes ou carènes dans le sens 
de la longueur. « Wenn von dieser Nuss der Bast abgeson- 
dert worden, so ist die Nuss gemeinlich so gross wie eine 
Birne, oval-rund an beiden Enden zugespitzet, hart, schwartz 
und gleissend, glatt und poliert und hat nach der Länge 
hin drey erhabene Rippen. » 

Il confond avec les 3 carènes dont sont munies les noix du 
coco commun. 

Dans la planche en couleur n° 781, il représente sous cette 
légende : « a, Palmae fructu de Maldiva sive Coccus Maldi- 
vensium, Maldivische Coccus-Nuss », un coco ordinaire garni 
de son écorce fibreuse de couleur brun clair et un autre décor- 
tiqué, dont les trois yeux montrent aussi bien que la couleur 
brune dont il est peint, qu'il s’agit là d'un fruit du Cocos 
nucifera et non d’une noix des Maldives. 


1. Phytanthoza Iconographia sive conspectus...... a Johanne Gui- 
lielmo Weinmanno... Ratisbonae. MDCCXLV (1737-1745), 4 vol. in- 
folio avec planches en couleur; vol. IV, p. 11 et 12, pl. 781 a. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 197 


Comme c'est la première fois que nous trouvons un 
ouvrage illustré en couleurs, il est à regretter que ce perfec- 
tionnement tombe justement à faux. Cela montre d'ailleurs 
avec quelle légèreté travaillait l’auteur, qui n’a pas pris garde 
au fait que ses gravures ne cadraient nullement avec les des- 
criptions et les dessins de ses prédécesseurs. 

Si nous n'avons pu trouver la lettre citée par Rumphius 
antérieurement à 1736, nous avons lu, par contre, sa longue 
étude sur le Coco des Maldives dans son Herbier d’'Amboine 
paru en 1750. Tout en essayant de faire la lumière sur des 
faits qu'il qualifie avec raison de fabuleux, en ne citant que 
ce qu'il a pu apprendre de personnes dignes de foi, il n’en con- 
tinue pas moins de propager l'erreur commune que c'est un 
fruit de la mer. 

Il parle cependant de deux cocos marins, l’un gros et 
l’autre petit, dont le gros, géminé, serait le Coco des Maldives 
(Coccus Maldivicus, vulgo Coccos de Maldiva, Lusitanicè 
Coquo de Maldiva, Coccos Maldivica [de Bontius|. Nux 
Medica Maldivensis — Malayensibus Calappa Laut, Boa pau- 
sengi et Boa sengi quod illi pronuntiant Bootjungi. Tavarcare 
et Tavarcarze apud incolas Maldivensium, quae nomina mihi 
videntur esse corrupta. Sinice Hayja h. e. Calappa marina). 
Le petit serait le « Cocus Melindanus vulgo ex Lusitanica 
Hingua Coquinto. dictus ». 

Pour ce qui est des lieux d’origine du végétal, 1l cite 
les fables dont nous avons déjà trouvé la teneur dans Clusius, 
d'après Pigafetta et autres. Nous n’en citerons que les parties 
complétant ces premiers textes. D’après lui, les navigateurs 
malais, chinois et autres indigènes croient que l’on aperçoit 
quelquefois le feuillage du cocotier de mer sous les eaux. 

Il reprend ensuite l’histoire racontée par Pigafetta, qu'il 
commente en appelant Pausengi l'arbre dont les feuilles 
dépassent le niveau de la mer. Il le dit habité par l'oiseau 
Geruda qui est le Gryps et dont le Javanais etautres insulaires 


1. Yule met en note : « Kalappa or Klapa is the Javanese word for 
« Coconut palm and is that commonly used by the Dutch. Glos- 
« sary..., etc., loc. cit. Voir plus haut p. 5, » 


177 PAT 


198 A.-A. FAUVEL 


de ces mers ont une telle peur « anxïi sunt sese conferre 
« ulterius tribus milliaribus, vel extra conspectum terrae, 
« comperientes enim per undam ulterius et ad Zephyream 
« magis plagam propelli, in cymbam sese conjiciunt relin- 
« quentes navem ac remis in cymba petunt terram, timentes 
« coeterum in abyssum Pausengi devolvi ex quà nemo redit 
« ut putant. » Ils croient, en effet, que la Geruda se nourrit 
non seulement d'éléphants, de tigres et de rhinocéros mais 
aussi des cadavres des hommes dont les tourbillons ont jeté 
les navires près de l’arbre et qui y sont morts de faim, car ils 
ne peuvent plus sortir de ce lieu. 

« Adfirmant porro Javanos quosdam hoc expertos fuisse 
atque Javae pro vero narravisse, qui navibus nempe eo deve- 
nerant, sed qui pennas avis Gerudae tenentes ab ipsa Javam 
feliciter translati fuere. » 

Les fruits de cet arbre (Boa pausengi ou Boa Singi ne sont 
que les noix de ce célèbre cocotier de mer (Calappi marinae) 
qui s’élevant sur leseaux sont quelquefoisjetés sur les rivages 
de Java et de Solo : « Ubi talem etiam exercent reluctantem 
« vim, utin ipsa regione usque in ipsas prorepant silvas ubi 
« homines eas non invenirent nisi a canibus detegerentur 
« prius, qui contra hasce latrant. » 

Rumphius essaya en vain de démontrer aux indigènes (de 
Java et Amboine) que l’abyme du Pausengi ne pouvait 
exister sur la côte occidentale (in Zephyrea plaga) de Java, 
bien connue des navigateurs hollandais que le préfet Abel 
Takmann y avaitenvoyés en exploration et qui n’avaient pu y 
trouver l’arbre en question. Ils ne purent que lui répondre que 
cet arbre devait y être puisque l’on en trouvait les fruits jetés 
sur ces rivages. Alors il en conclut ceci : 

« Quod facile concedi potest quum inter Javam et itam (sic) 
« Zephyream plagam ultra centum milliaria amplum est mare 
« ubi multae arbores esse possunt, licet non vero simile, sit 
« talem arboremin Abysso vel maris profundo provenire sed 
« quidem in fundo ducentarum vel trecentarum orchiarum !, » 


1. Orchiarum, de Orchia ou Orgya, mesure grecque ancienne valant 
environ ? mètres, sans doute l’origine de la brasse marine (1 82). 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 199 


Il discute ensuite sur le nom et le lieu d’origine qu'il croit être, 
d'après le nom Boa pausengi, le pays des Zengi ou Ethiopiens 
noirs. 

Il décrit ensuite le fruit du Calappus marinus : « Externe 
« nihil alhiud habet quam tenuem rugosam seu muscosam 
« pelliculam cum crassis venis putamini ineumbentibus uti in 
« vulgari Calappi putamine quae abstrahitur, sub ea putamen 
« seu Tampoerong ! locatur oblongum, ad unam partem acute 
« desinens, unaque ora magis protuberat altera, quaedam vero 
« nuces simplices sunt, quaedam geminae acsi binae simul 
« concretae essent quales plurimae sunt. » 

Au texte est jointe une grande gravure d’une noix double 
qui semble avoir été dessinée plutôt de souvenir que d’après 
nature, car, bien qu'il la dise de grandeur naturelle. elle 
ressemble peu aux noix des Maldives dessinées par Clusius, 
Redi et d’autres auteurs déjà cités, et plus anciens d’un siècle. 
Il y a donc fort peu de progrès de ce côté. 

Il ne semble avoir vu qu'un fruit défectueux, ressemblant 
pour la taille et la forme à deux cocos ordinaires accolés, et 
ne parait pas connaître l'excellente figure de François Redi, 
car 1l se trompe évidemment sur le côté par lequel son fruit 
tenait à l'arbre. 

Son échantillon était fort petit : « Totus fructus octo pollices 
« longus erat et novem latus in diametro, sed majores etiam 
« sunt, ab uno nempe pede usque ad sesquipedem sique 
« externe conspiciantur duplices haud melius comparari pos- 
« sunt quam cum scrotum tauri, inveniuntur enim quidam 
« haud multo majores. » Il avait d'ailleurs été travaillé et avait 
perdu sa surfacé naturelle, Dans le passage suivant, il nous 
paraît être le premier à avoir soupçonné l'existence de l’enve- 
loppe fibreuse 

« Figura in medio rotundum exhibet formam, quod ab 
« hominibus in eo perforatum est ut interna medulla seu 
« nucleus extrahi posset et ut elegans res domestica seu sup- 
« pellex ex putamine formetur. Hoc putamen a vulgari 


1. Tampoerong : la noix du coco ordinaire en malais et javanais. 


200 A.-A. FAUVEL 


quoque differt Tampoerong quod substantiam, durius enim 
est, mixtam que videtur häbere naturam ex ligno et saxo 
instar aliarum plantarum marinarum. Interior nucleus pre- 
tiosissima hujus fructus pars, undique putamini adhaeret 
uti in vulgaribus Calappi nucibus, non albus sed flavescens 
fere instar casei ovilli dissecti ac tam durus siccatur ut 
corneus quasi fit, qui eximendus, in frusta dissecandus, sic- 
candus et ad usum medicum servandus est, nullum pecu- 
liarem praebet odorem vel saporem nisi supra porphyritim 
cum aqua contritus saporem quodammodo praebet corneum 
et quasi marinum, sine alus notabilibus qualitatibus, nisi 
quod refrigeret. 

« An vero quidam liquor in interno reperiatur cavo, in hoc 
detegere non potui, dicitur autem quemdam in eo contineri 
si recens e mari deferatur!. Lympha tum mox ebibitur, 
nucleus eximitur et tanquam pretiosum medicamentum 
servatur, quum nunquam mucidus vel nidorosus sit star 
alius Calappi nucleï.» 

Quant à la provenance connue, voici ce qu'il en dit après 


avoir parlé des Maldives et des usages dont ce fruit est l’objet 
dans ces iles : 


« In Javae ora septentrionali et Zephyrea praesertim 
prope sinum occidentalem Sampanthau? uti et in Zephyreae. 
Sumatrae plaga ac porro per totam occidentalem plagam et 
a Sinensibus nautis Kuynsay (Kinsay) dicitur et circa insu- 
las ante oram occidentalem sitas apud incolas vulgo Nyas* 
vocatur et a sylvestribus incolis 1ibi saepe inveniunt et 
venalis 'defertur Padangam, Priamangam et ad alias Metro- 
poles, qui omnes fructus gemini sünt quales etiam obser- 
vantur qui in Javae ora Zephyrea inveniuntur a pugni 
magnitudine usque ad minorem Astam seu ulnam in lati- 


1. Sans doute de l’eau de mer, qui a pu y pénétrer en plus ou moins 


grande quantité, après un long flottage, par l'ouverture du germe, et s’y 
modifier légèrement au contact de l’amande, car ce fruit n’a jamais de 
liquide ou lait comme le coco ordinaire. 


2. Pour Sam-pan-tao, l’île de la barque, en chinois. 
3. Poulo Nyas (Ile Nyas), sur la côte ouest de Sumatra. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 201 


« tudine. Hi ultimi vendentur singuli nempe a 60% ad 100" et 
« viginti imperiales qui vero aequalis sunt longitudinis et 
« latitudinis, optimi censentur, quorum quivis pedem latus 
« pro centum et quinquaginta imperialibus venditus est. 
« Immo notum est, quosdam reges harum nucum adeo cupi- 
« dos esse, ut navem onustam pro unica dederint nuce. 

« An jam Poa pausengi de quo Solorenses jactant per 
« mare Zéphyreum in suam projectum fuisse terram et per 
« canes latrantes in sylva detectum fuisse unum idemque sit 
« cum vero Calappa laut, nondum indagare potui, tot enim 
« fabulas addunt sine vera descriptione ut alicui taediosum sit 
« eas audire. » 

S'occupant ensuite des divers usages de ce fruit, il dit 
qu'on n’a pu en faire aucun essai sérieux en Europe parce que 
cela aurait coûté beaucoup trop cher et qu’il est même impos- 
sible de l'avoir entier à cause des pénalités terribles (sen- 
tence de mort) qu'encourent ceux qui ne le remettent pas aux 
mains du roi ou des grands dans le pays où on le trouve; or, 
ceux-ci ne veulent le vendre à aucun prix (à l'état complet), 
puis : « Quis etiam centum et quinquaginta imperiales vellet 
« hic in India dare pro isto fructu eumque in Hollandiam 
« demittere quum nesciat an decima nummorum pars resti- 
« tueretur. » 

Il se contente donc de citer Garcia de Orta en ajoutant un 
peu de son cru çà et là. Il raconte comment les grands ne 
permettent pas qu'on casse la coquille mais ils la font scier 
de façon à en former des boites à couvercle dans lesquelles ils 
conservent les éléments de leur masticatoire (la noix d’arec et 
le bétel qu'il appelle siri (betel) pinang (arec), la chaux, le 
tabac et autres ingrédients qu’ils mâchent continuellement). 
Ils croient en effet que, conservées dans cette coquille, ces 
matières acquièrent la vertu de neutraliser toutes sortes de 
poisons et de guérir quantité de maladies. L'eau de boisson 
qu'on y conserve acquiert les mêmes vertus. 

Il cite ensuite et commente ce qu'en ont dit Wilhelm Pison, 
d’après Clusius et Pyrard de Laval, qu'il appelle Pyrardus de 
La Valla. Il raconte à nouveau l’histoire de Rodolphe IT qui ne 


202 A.-A. FAUVEL 


put réussir à acheter pour 4.000 florins le seul exemplaire qui 
se trouvait alors en Belgique dans les mains des héritiers de 
l'amiral « Wolferus Hermanides ». Il complète l’histoire de 
celui-ei en disant que ce coco lui avait été donné en reconnais- 
sance par le sultan ou Pangoram de Bantam dont l'amiral 
hollandais avait en 1602 délivré la capitale depuis longtemps 
assiégée, en battant avec quelques navires la flotte immense 
des Portugais sous les ordres d'Andrea Fortado de Mendoza. 
Ce sultan n'avait pu rien trouver de plus précieux dans son 
trésor, pour l’offrir à son libérateur, que le vase (Cymbium) 
monté avec la double noix d'un coco des Maldives. Ce fut le 
premier que l’on ait vu en Hollande. Il raconte l'histoire que 
nous avons déjà lue dans le chapitre VII de l’Opuscule de 
Clusius concernant Speccius et Coenius que Rumphius appelle 
Jean-Pierre Koen et Jacob Spex envoyés par le préfet 
Pierre Both au Pangoram (sorte de sultan) de Bantam vers 
1614. 

Il cite la lettre écrite à Clusius en 1615 par Laurent Reaal! 
qui fut le troisième préfet des Indes. Dans cette lettre, se 
trouvent divers aphorismes qui ne prouvent rien autre que la 
similitude entre le coco des Maldives et le coco vulgaire : 
« Quam praeterimus, quum multae in ea obcurrant res quae 
« divinationes modo videntur esse. » 

Il accorde l'honneur au Docteur Pison d'avoir été le 
premier à prouver par de nombreuses expériences le peu de 
vertu qu'il fallait attacher à cette noix pour la guérison des 
maladies. 

Un renseignement nouveau et plus intéressant est celui que 
nous trouvons consigné dans Rumphius concernant une petite 
espèce de Coco de mer que l’on trouve à Java : 

« Praeter majorem nucem Calappae laut, alia minor in Java 
reperitur species ex eorum relatu per mare Zephyreum pro- 
« jecta a priore quam maxime diversa, non enim ultra dimidüi 


= 
= 


« pedis magnitudinem obtinet, interne paucam vel nullam 
« fere gerens medullam quae pro novem vel decem imperia- 
« libus venalis est. Talisque fructus anno 1678 a pueris meis 


41. Laurentius Realius, Eques et Senator. (Vide supra in Clusius, p. 
18.) 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 203 


« repertus fuit in mari fluctuans, circa insulas Xulanenses, 
« cujus diameter erat quatuor pollices in longitudine et tres 
« in latitudine, duplex quoque acsi duo mangii (mangue ?) 
« fructus sibi adcreti essent..... 

@ Una dimidia pars ad sinistrum latus paulo planior 
« etiam erat acsi compressa esset, externe nux glabra erat acsi 
« saepius tractata fuisset coloris obscure fusci fere instar puta- 
« minis Calappi cum vestigiis quibusdam venularum acsi 
« gluma obducta fuisset. 

« Aperta haec nux interne vacua erat sine lympha vel 
« medulla sed in interiore parte variae protuberantes detege- 
« bantur costae vel dorsa ejusdem substantiae et duritiei cum 
« putamine sed odoratus quidam gratusque odor cum quadam 
« pinguedine exhalabat instar olei odorati Minjac mony dicti 
« velinstar floris Pandani qui tertio demum anno evanes- 
« cebat » !. 

Il est difficile de dire quelle peut être cette noix. Elle 
appartenait peut-être à l'espèce que Spex avait rapportée de 
Bantam et que Clusius mentionne dans le chapitre VII de 
sa monographie sous le nom de Minutulum coccum Maldi- 
vensem. D’après ce qu'ils en disent l’un et l’autre, on peut 
comprendre qu'il s’agit d'un autre fruit que celui du Coco 
des Maldives, le Coco de Mer moderne, dont il n'existe 
qu'une seule et unique espèce, aujourd'hui bien connue dans 
sa nature et dans ses origines. 

L'on voit par ces différents extraits d'auteurs anciens dont 
plusieurs ont cependant une réputation scientifique bien 
assise, qu'il existait encore beaucoup d'erreurs touchant la 
forme exacte et les dimensions de la noix du Coco de Mer, 
dont le fruit entier n'avait encore Jamais été vu avec son 
enveloppe fibreuse. Quant à l'endroit exact d’où il provenait 
et l’arbre qui le portait, ils étaient encore complètement 
inconnus en 1742, date de la découverte des Iles Seychelles. 


1. Georgii Everhardi Rumphii Med. Doct. Hanavensis..... Herba- 
rium Amboinense...cura et studio Joannis Burmanni, MDCCL (1750), 
in-folio, t. VI, Liber XII, Cap. VIII, p. 210-217. 


RATE |, Aie: 


CHAPITRE II 


Découverte du Cocotier de Mer aux Seychelles. — Histoire et 
descriptions diverses par les navigateurs et les voyageurs. 
— Lazare Picault découvre en 1744 l'île de la Palme, depuis 
l'ile Praslin. — Barré la visite, en rapporte des Cocos de 
Mer, 1768. — Poivre les reconnait pour des Cocos de Mer. 
— Duchemin en porte le premier chargement dans l'Inde, 
1768. — L'abbé Rochon rapporte un coco et une palme à 
Paris, 1770, — Sonnerat, 1776. — Degrandpré, 1789-1790. 
— Bory de Saint-Vincent, 1801-1802. — Quéau de Quincy, 
1803.— J.Prior, 1810-1811.— Leidenfrost, 1811.— Frappas, 
1818. — D'Unienville, Dumont-d'Urville, 1825-1829. — 
Laplace et Päris, 1830-1832. — Harrison, 1837. — Pike, 
1871. 


Le capitaine de la Compagnie des Indes Lazare Picault 
ayant, en 1742, découvert la plus grande île du groupe des 
Seychelles (l’île d'Abondance, aujourd'hui Mahé) fut renvoyé 
dans ces îles en 1744, pour en prendre une connaissance plus 
approfondie. Ce fut alors qu'il découvrit une seconde île 
presque aussi importante, qu'il nomma sur sa carte manuscrite 
Ile de Palme. Ce nom très suggestif nous porte à croire qu'il 
y avait remarqué les superbes cocotiers de mer qui y for- 
maient alors de véritables forêts et dont les palmes plus 
grandes que celles de tous les autres palmiers durent le frap- 
per d’admiration. Autrement il aurait sans doute donné ce 
nom à la première île sur les rivages de. laquelle son plan 
cavalier, dressé le 21 novembre 1742, montre quantité de 
cocotiers. Comme les magnifiques Cocotiers de Mer ne poussent 
que dans la dernière île (sauf quelques-uns dans sa voisine, 
l'Ile Curieuse) il eût été juste de lui conserver le nom imposé 
par Picault. Malheureusement pour la science et l’histoire, 
Nicolas de Morphey, chargé en 1756 de prendre régulièrement 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYŸCIELLES 205 


possession des Seychelles au nom du Roi de France, sacrilia 
à la politique du jour, en rebaptisant l’île d'Abondance : île 
Mahé de la Bourdonnais, et l'ile de Palme : île Praslin, en 
l'honneur, pour la première, du gouverneur des Iles de 
France et de Bourbon, et, pour la seconde, du ministre de la 
Marine à cette époque. 

En tout cas, si, comme nous en sommes persuadé, par la 
lecture de son journal de bord, Lazare Picault a eu le pre- 
mier l'heureuse chance de contempler, sur le seul lieu du 
monde où ils croissent, les merveilleux cocotiers de mer, il ne 
semble pas s'être rendu compte qu'il venait de faire une 
découverte botanique importante. Il ne parait pas avoir 
poussé la curiosité jusqu'à ouvrir les gros fruits en forme de 
cœur qu'il vit sur la cime de ces arbres. L’eût-il fait que son 
instruction scientifique, probablement incomplète, ne lui eût 
pas sans doute permis de reconnaître dans la noix géminée, 
cachée sous l'enveloppe fibreusé, le fameux et très précieux 
coco des Maldives. Voici tout ce que nous avons pu trouver 
à ce sujet dans son journal de bord !: 

« 12 et 13 juin 1744. Visité l'isle de Palme et l'ile Rouge. 

« L'Isle de Palme ainsi nommée parce qu'elle porte beau- 
« coup de palmistes et lataniers portant coton. » Ces derniers 
sont évidemment les cocotiers de mer que les naturalistes 
ont longtemps classés parmi les lataniers. Le coton en ques- 
tion est la bourre abondante que l’on trouve à la base des 
feuilles et dont on remplit des coussins. 

S'il faut en croire Alexis Rochon, c’est l'ingénieur Barré 
qui aurait le premier découvert le cocotier de mer, alors 
qu'accompagnant une mission d'exploration des Seychelles 
sous les ordres de Marion Dufresne il dressait le plan de ces 
iles en 1768?. 


4. Extrait d'un journal d'un voyage de l'Isle de France aux Ami- 
rantes par le sieur Lazare Picot (Picault) dans la tartanne de la Compa- 
gnie des Indes de France l’Elisabeth. — Manuscrit de 17 pages, Archives 
du dépôt hydrographique de la marine, Paris. 

2. Il s'y serait rendu sur la frégate la Curieuse commandée par 
M. Lampérière d'où le nom de l'ile Curieuse donné à l'ile voisine et 


206 A.-A. FAUVEL 


« Il trouva à l'ile de Palme, sur les bords du rivage, un 
« fruit qu'il prit d’abord pour un coco de mer. Il le cacha 
« soigneusement, mais s'étant enfoncé dans le bois il vit avec 
« peine que la terre était couverte de ces fruits et des arbres 
« qui les portaient. Ces arbres s'élèvent à la hauteur de cin- 
« quante pieds, leur tête est couronnée de dix à douze palmes 
« de vingt pieds de longueur en forme d'éventail ; chacune de 
« ces grandes palmes est portée sur un pédicule de six pieds 
« de longueur et ce pédicule est échancré dans son contour. 
« De l’aisselle des feuilles sort un panicule raméfié dont les 
« rameaux sont terminés par des fleurs femelles ; le pistil des 
« fleurs donne, en mürissant, un fruit qui, avec son brou, peut 
« peser cinquante livres. 

En examinant attentivement cette forêt, Barré se per- 
« suada que le coco de cette île ne pouvait être le vrai coco 
« de mer. Il se borna à recueillir, par pure curiosité, une 
« trentaine de noix que le célèbre Poivre déclara formelle- 
« ment être ce fruit si recherché aux Indes et dans toute 
« l'Asie; et dès lors il accéléra notre départ dans la vue d'ob- 
« tenir à ce sujet de prompts renseignements. » 

Nous supposons que ce Barré est le même que celui dont 
nous avons trouvé le nom, orthographié Baré, signant comme 
témoin au bas du procès-verbal de la prise de possession des 
iles Seychelles exécutée le 1° novembre 1751 au nom du Roi 
par Nicolas de Morphey capitaine de la frégate de la Compa- 
gnie des Indes le Cerf et qui était officier de la marine. 

L'abbé Rochon qui résida un mois aux Seychelles en 1769 
(13 juin au 14 juillet), et visita l'île de Palme, dit en parlant 
de notre cocotier : 

Cette île est couverte d’une espèce de latanier qui porte un 


_ 
R 


fruit fort recherché des Indiens, connu sous le nom de Coco 
« de mer ; c'est un gros coco, d’une forme bizarre, l'enveloppe 
du fruit est épaisse et fibreuse, l’intérieur de la noix est 
«rempli d'une substance laiteuse d'un goût amer. Les 


= 
= 


= 


sur laquelle poussent aussi les Cocotiers de Mer. C'est sans doute l’île 
Rouge de Lazare Picault. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 207 


Indiens attribuent à l’'amande de grandes vertus médici- 
nales. Ces cocos étaient d'un prix excessif avant l'année 
1769, époque où l'ingénieur Brayer reconnut ce fruit dans 
les forêts qui couvrent l'ile de Palme.On divisait alors 
l’amande en petits morceaux et on les vendait au poids de 
l'or dans les marchés de l'Inde et de la Chine. (Ce fait est 
connu de tous les voyageurs.) 
« L'intendant Poivre, ravi de la découverte du lieu où 
croissait actuellement ce fruit si renommé, nous chargea 
de visiter l'ile de Palme et de rapporter de jeunes plants 
de cette espèce de latanier afin de les transplanter à l'île de 
France. Nous remplimes avec zèle cette commission ; nous 
fimes plus, nous apportâmes pour le Cabinet d'Histoire 
naturelle de Paris une grande palme de 20 pieds de long 
et divers renseignement qui sont été accueillis avec intérêt. 
J'apportai à mon retour en Europe à  l'académicien 
Le Monnier, le médecin, un beau coco de mer (car c'est 
ainsi qu'on le nomme) qui avait germé dans ma malle par 
la chaleur de la calle (sic). Le germe fut sans doute altéré, 
car 1l cessa sa germination malgré les soins que ce savant 
botaniste prit pour le faire réussir. La forme de ce fruit et 
de son germe représentait des objets que la pudeur oblige 
à voiler, et cette singularité n'a peut-être pas peu contribué 
à la célébrité de cette noix désignée par les botanistes sous 
la dénomination de Nur Medica. Les Indiens le regardent 
non seulement comme un puissant contrepoison mais encore 
comme unexcellent remède pour les maladies vénériennes, 
On aurait pu tirer un parti avantageux de cette décou- 
verte, mais les Anglais ont sceu seuls profiter de cette nou- 
velle branche de richesse. .... 
« En quittant l'ile de Palme, j'observai que les courants 
doivent se diriger sur les Maldives; en effet les noix dont 
nous venons de parler sont encore connues sous la déno- 
mination de Cocos des Maldives, parce qu'on en trouve fré- 
quemment dans ces parages!. » 


1. Alexis Rochon.., Voyages à Madagascar, à Maroc et aux Indes 


Orientales..... 3 vol. in-8°, Paris, an X de la République (1802), vol, f. 
Di scours préliminaire, p. xuiv et xzv, et vol. E, p. 146. 


208 A.-A, FAUVEL 


Nous avons cité tout au long ces passages du livre d’A. 
Rochon parce qu'il fut le premier à décrire sommairement 
l'arbre et le fruit et à nous renseigner sur leur découverte in 
suu. 

En novembre 1769, le sieur Du Chemin {ou Duchemin), 
parti du Bengale sur la palle l'Heureuse Marie, alla à l’île 
Praslin prendre un chargement de cocos de mér qu'il porta 
dans l'Inde. Il en ruina par ce fait le commerce. En 1771, 
une corvette anglaise l’Aigle, expédiée de Bombay, fut mouil- 
lée à Praslin pour y prendre des cocos de mer et mit le feu 
sur l’île Curieuse !, ce qui fit périr un grand nombre de ces 
précieux palmiers. C’est sans doute à cause de ces deux faits 
que Rochon disait, en 1802, que les Anglais avaient seuls su 
tirer parti de ce commerce. 

La première description du grand palmier de l’île Praslin, 
vulgairement appelé Cocotier de Mer, lue à l’Académie le 13 
décembre 1773, parut sous ce titre en 1776 dans le Voyage à 
la Nouvelle-Guinée par le botaniste Sonnerat. On la trouvera 
au chapitre suivant. Notons seulement ce passage, au point 
de vue historique que nous traitons plus spécialement 1c1: 
« Parmi les îles de cet archipel, il y en a une que M. de la 
« Bourdonnais désigna sous le nom d'Isle des Palmiers lors- 
quilen fit la découverte en 1743 ou 1744. » Nous avons vu 
qu'elle avait été découverte en 1744 par Lazare Picault et 
appelée par lui isle de Palme ou de la Palme : « Cette isle, 
« examinée de plus près en 1767, a été nommée L'Isle Praslin, 
« nom que l'usage qui prévaut en tout a changé depuis en 
« celui d’Isle des Palmiers (pour reprendre peu après celui 
« du ministre de la Marine de Louis XV). C'est sur cette isle 
« qu'on trouve le palmier qui produit ce fruit si recherché 
« qu'on n'avait connu jusqu'alors que sous le nom de Coco de 
« mer, Coco de Salomon (c’est la première fois que nous trou- 
« vons ce nom), Coco des Maldives. L'Isle Praslin ou l'Isle des 
« Palmiers est jusqu’à présent le seul endroit où l’on ait trouvé 


1. Mémoire sur les Iles Seychelles, par M. M. Maillard et Ternay, 
administrateurs des Iles de France et de Bourbon, 1775, Manuscrits; 
Carton des Seychelles, Bibliothèque du Ministère des Colonies, Paris. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 209 


« l'arbre qui produit ce coco. »1Il explique comment les coco- 
tiers s'élevant en beaucoup d’endroits de l'ile sur le rivage de la 
mer, la plus grande partie de leurs fruits tombant dans les 
eaux et flottant à la surface étaient poussés par le vent et les 
courants vers Ll'Est-Nord-Est jusque sur les rivages des Mal- 
dives, seule partie du monde où l'on avait trouvé ce fruit 
avant la découverte de l'Ile Praslin, et qu'il y était appelé 
Travarcarne (sic), ce qui veut dire trésor. « I] futappelé ensuite 
« Coco de Salomon pour lui donner apparemment un nom 
« qui répondit au merveilleux qu'on attachait à son origine. 
« Les grands seigneurs de l'Indostan achètent encore ce 
« fruit à très haut prix, ils font faire de sa coque des tasses 
« qu'ils enrichissent d'or et de diamans: ils ne boivent 
« Jamais que dans ces tasses, persuadés que le poison qu'ils 
« craignent beaucoup, parce qu'ils s’en servent trop eux- 
« mêmes, ne saurait leur nuire quelqu'actif qu'il soit, quand 
« leur boisson a été versée et purifiée dans ces coques salu- 
ealres. L'ie » Il continue sur ce ton, racontant ce que nous 
savons déjà de l'usage qu'en faisaient les gens des Maldives. 

Il se demande comment il se fait qu'on n'a trouvé le coco- 
tier de mer Jusqu'ici que dans la seule île Praslin. Comment 
ne croît-il pas dans les îles voisines? Il semble donc qu'à cette 
époque on ne l'avait pas encore trouvé à l’île Curieuse et à 
l’île Ronde où on le mentionna depuis. 

Après avoir donné une description de l'arbre et du fruit, 1l 
ajoute : « I serait à souhaiter qn'on pût savoir, par différens 
« essais, si l'opinion des Indiens sur les propriétés de cette 
« noix est fondée!, » 

Quelques années plus tard, nous trouvons dans le Voyage 
de L. Degrandpré dans l'Inde et au Bengale, une nouvelle 
désignation pour notre coco : « Ces iles (Seychelles) pro- 
« duisent une espèce de cocotier qui leur est particulier, c'est 
« ce qu'on appelle le Coco de Mer ou Coco Jumeau : ce fruit 


1. Voyage à la Nouvelle-Guinée, par M. Sonnerat, in-4° enrichi de 125 
figures en taille-douce. Paris, MDCCLXXVI (1776), chap. I, p. 1-2. 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. Li 


210 A.-A. FAUVEL 


« représente parfaitement les parties postérieures humaines ; 
« on le recherche dans toute l'Asie à cause de sa rareté !. » 

Les Anglais essayèrent sans doute de bonne heure d’accli- 
mater dans l'Inde un arbre aussi précieux. La frégate l’Aigle, 
que nous avons vue partir de Bombay en 1771 pour l'Ile 
Praslin, leur en rapporta des noix fraîches, sinon de Jeunes 
plants. C’est peut-être aussi pour imiter les Hollandais 
qu'ils détruisirent par le feu les forêts de l'Ile Curieuse afin 
de rendre ces fruits plus rares. 

On sait, en effet, qu'aux Moluques les Hollandais détrui- 
saient les arbres à girofle, canelle et muscade, partout où ils 
ne pouvaient en surveiller la récolte. Toujours est-il que 
Thunberg, allant au Japon, en 1777, eut l’occasion d'admirer, 
dans le jardin du gouverneur de l’île Ceylan à Pass, un 
Cocotier de Mer dont il parle ainsi : 

«Il y avait aussi un palmier maritime dont on avait 
« apporté l’amande des Maldives (?). Elle ne produisit sa 
« première feuille qu'après être restée huit mois sous terre 
« et n'avait que trois feuilles la troisième année ?. » 

Il est plus que certain que cette noix avait été rapportée 
des Seychelles par les Anglais ou même les Français com- 
merçant avec Bombay. En effet, les noix flottées qu'on trou- 
vait aux Maldives devaient avoir perdu toutes leurs facultés 
germinatives par un long séjour dans l’eau salée. Autrement 
elles auraient sans doute poussé sur les rivages où elles étaient 
Jetées. Or, on n’a Jusqu'à ce jour jamais trouvé un Cocotier 
de Mer poussé spontanément ailleurs qu'aux Seychelles. La 
citation suivante, que nous trouvons dans le Glossaire de 
Yule, après celle de Thunberg, ne peut donc s'appliquer à 
des noix fraiches : « Cocoa-nuts from the Maldive Islands, or 


1. Voyage dans l'Inde et au Bengale fait dans les années 1789- 
1790, contenant la description des Séchelles.... par L. Degrandpré, offi- 
cier de la Marine française, avec de belles gravures... A Paris, chez 
Dentu, an IX (1801), 2 vol. in-8, p. 2. 

2. Voyages de C. P. Thunberg au Japon. Paris an IV (1796), 2 vol. 
in 4°, — Vol. Il, p. #13. — Description des arbres et plantes du jardin du 
gouverneur de Ceylan... 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 211 


« as they are called Zee Calappus are said to be annually 
« brought hither (Colombo) by certain messengers and pre- 
« sented among other things to the governor. The kernel 
« of the fruit.... is looked upon here as a very efficacious 
« antidote..... they call it Tavarcare !, » 

Bory de Saint-Vincent, qui, de 1801 à 1802, fit par ordre 
du gouvernement un voyage dans les quatre principales îles 
des mers d'Afrique, ne put aller aux Seychelles, mais il 
n'oublie pas dans la relation de ce voyage, parue en 1804, de 
parler du « Cocotier géant dont le fruit est improprement 
« nommé Coco des Maldives ». Comme tant d’autres il se 
pose la question suivante : 

« Ces cocos venus des Séchelles, enveloppés d’une coque 
« si impénétrable à l’eau et abordés sur les plages de l'Inde 
« ou de ses archipels y ont-ils jamais produit un cocotier de 
« mer? Et l'arbre qui donne ces fruits errants connus par 
« tout le monde a-t-il jamais cru ailleurs qu'à Praslin ?? » Il 
laisse malheureusement la question sans réponse. Nous 
savons déjà cependant, par le voyage de Duchemin sur la 
Dique, accompagné du capitaine Lempérière sur la 
Curieuse, que l’on trouvait aussi des cocotiers de mer sur 
l'île, voisine de Praslin, qu'il baptisa du nom de son navire : 
Ile Curieuse, en 1768. 

À peu près à la même époque que le voyage de Bory de 
Saint-Vincent (vers 1802), un ancien capitaine d'artillerie de 
marine français, attaché à l'état-major du Lieutenant-Général 
Decaen, gouverneur des Iles de France et de Bourbon (récem- 
ment renommées Maurice et La Réunion), et qui resta à 
Maurice jusqu'en 1826, occupait ses loisirs à mouler en cire 


1. Yule, Glossary of Indian words and Phrases, citant l'édition 
anglaise de Travels of Charles Peter Thunberg M. D. (ET.) IV, 209, au 
mot Coco de Mer. 

2. Bory de Saint-Vincent, Voyage dans les quatre principales iles 
des mers d'Afrique fait par ordre du gouvernement pendant les années 
9 et 10 de la République (1801-1802),.... par J.-B.-G.-M. Bory de Saint- 
Vincent, officier d'état-major, naturaliste en chef sur la corvette le 
Naturaliste, dans l'expédition commandée par le Capitaine Baudin. 
Paris, an XIII (4804), 3 vol. in-8°; vol. III, p. 156-157 el 245. 


212 A.-A. FAUVEL 


coloriée d'après nature tous les fruits tropicaux cultivés dans 
l'ile. 11 n'eut garde d'oublier cette merveille végétale qui a 
nom Coco de Mer et il en exécuta une série d'une dizaine de 
moulages qui furent acquis il y a quelques années, de ses 
héritiers, par le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Nous 
en donnerons la description à la. partie technique. Cette 
collection, réunie sous le nom de Carporama, avait, après la 
mort de son auteur, fait, pendant plusieurs années, le fond 
d'un musée d'histoire naturelle que l’on montrait au public, 
2, rue Grange-Batelière, à Paris. Un catalogue raisonné 
donnait les noms et la description des objets et se vendait 
0 fr. 50 centimes. 

Le Commandant administrateur civil aux îles Seychelles, 
Quéau de Quincy, était tout désigné pour donner aux savants 
et aux amateurs d'histoire naturelle des renseignements de 
visu sur l'arbre extraordinaire qui poussait dans ses îles. Ce 
fut sans doute à l’instigation de Sonnerat qu'il écrivit en 1801 
ce qu'il savait de l'histoire et de la nature de ce qu’il appelle 
l'arbre cocotier de mer des îles Seychelles, et c'est sans doute 
ce mémoire qui forma la base d'une communication lue par 
Labillardière à l’Académie des Sciences le 14 octobre 1801. 

Il est probable qu'il en avait écrit un autre antérieurement 
et quil servit à une première communication faite à l'Aca- 
démie des Sciences sur ce sujet le 13 décembre 1773, ainsi 
qu'il résulte de la note suivante que nous avons trouvée à la 
page Î du Voyage à la Nouvelle-Guinée, de Sonnerat (édition 
17176), parlant de l’île Praslin : « La description de ce palmier 
« (de l’isle des Palmiers) a été lue à la séance de l’Académie 
« le 13 décembre 1773. » Peut-être avait-elle été transmise 
par Commerson, qui se trouvait à cette époque à l’île de 
France et y étudia le cocotier de mer ainsi qu'en témoignent 
ses manuscrits et les dessins qui les accompagnent. Nous en 
reparlerons, 

Ayant relevé dans une collection bibliographique récente 
l’annonce de la publication d'une « Monographie sur l’arbre 
cocotier de mer des Isles Seychelles », publiée à l’île Maurice 
en 1905 par Quincy, nous résolûmes de nous procurer à tout 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 213 


prix ce travail et nous fümes extrêmement surpris, en le 
recevant, de constater que ce n’est autre chose qu'une réim- 
pression du mémoire de 1801 de Quéau de Quincy lui-même, 
qui avait sacrilié à la politique démocratique de l'époque en 
se contentant de le signer Quéau Quincy. Dans la copie que 
nous possédons, datée cette fois de 1803, la signature est 
réduite à Quincy tout court, ce qui, sur le vu de la fiche 
bibliographique du Jusfs Botanischer Jahreshericht, nous fit 
croire tout d’abord à un travail nouveau écrit par un descen- 
dant du dernier commandant français des Iles Seychelles et 
habitant Maurice, bien qu'aux Seychelles même nous n’ayons 
pu réussir à trouver aucune personne portant encore ce nom. 
En le comparant avec le mémoire annexé à la communication 
de Labillardière nous pûmes nous convaincre que nous pos- 
sédions là le document original dont le savant académicien 
a retranché quelques passages qu'il n’a sans doute pas 
trouvés assez scientifiques. N'ayant pu retrouver au Muséum 
le manuscrit original, nous donnerons le travail de Quincy in 
exætenso dans le chapitre suivant. 

Dans le récit du voyage dans les mers de l'Inde sur la 
frégate anglaise le MNisus, l'officier de la marine royale 
britannique James Prior donne une longue description des 
Iles Seychelles, où il arriva le # avril 1811. Il ne manque pas 
de nous décrire le Coco de Mer: «a curious production 
« unknown in any other part of the habitable globe; the 
« shape is somewhat oval.... If you can conceive two, three, 
« or four enormous eggs united in a circular manner, by 
« having the surface of union slighthly flattened some idea 
« may be formed of the Coco de Mer. The Indians value it 
« highly from being supposed to stimulate the worship of 
« the Paphian Goddess.... The cabbage, which though more 
« bitter than that of the common palm, forms an excellent 


-« pickle. À hundred leaves make a good house f, » 


1. James Prior, Narrative of a Voyage in the Indian seas in the Nisus 
frigate to the Cape of Good Hope, Isles of Bourbon, France and 
Seychelles,.,. during the years 1810-1811, by James Prior Esq. R. N., 


» 


in-8°, London, 1812, p. 55. 


214 A.-A. FAUVEL 


À. Rochon avait le premier mentionné les vertus anti- 
syphilitiques de l’amande, ce dont nous n'avions trouvé 
aucune mention dans les auteurs antérieurement cités. Prior 
nous apprend pour la première fois qu'elle était également 
aphrodisiaque et que le cœur (bourgeon terminal) peut se 
manger comme le chou palmiste. Cet ouvrage de Prior a été 
trouvé assez intéressant pour être traduit en allemand 
quelques années plus tard (1819) par Leidenfrost. 

Un enseigne de vaisseau de la marine française, qui passa 
quelque temps aux Seychelles en 1818-1819, M. Frappas, 
publia en 1820, dans les Annales Maritimes et Coloniales, 
un récit très détaillé de son voyage. On y trouve plusieurs 
pages consacrées au Lodoicea, le nouveau nom du Cocotier de 
Mer, qu'il dit «avoir été assez mal décrit par les botanistes 
« Linscot, Garzias, Acosta, Clusius, Gaspard Baubhin, ete.., 
« par Valmont de Bomare même, qui ensuite a le plus appro- 
« ché de la vérité, mais n’est pas exempt de grandes erreurs ». 

Aussi se donne-t-il la peine d'en faire une description assez 
longue et minutieuse qui ne nous apprend guère plus que 
celles de Jussieu, Commerson, Sonnerat, Thunberg et 
Lamarck, Labillardière, Quéau de Quincy, toutes antérieures 
à celles de Frappas qui semble n’en pas avoir eu connais- 
sance ou à négligé, on ne sait pourquoi, de les citer, se con 
tentant de critiquer Valmont-Bomare, qui d'ailleurs n'a fait 
que résumer les travaux de plusieurs de ces savants. Il nous 
apprend cependant que le chaton mâle s'appelle baba, terme 
que nous n'avions pas trouvé encore dans les auteurs con- 
sultés. 

Dans sa notice sur l'état présent de toutes les dépendances 
de l’île Maurice, parue en 1818, le Baron d'Unienville, parlant 
de l'île Praslin dont les montagnes pleines de roches et 
presque impraticables sont en grande partie couvertes de 
Cocotiers de Mer, dit qu'aucune plante ne pousse à leur 


1. C. FT. Leidenfrost, Beschreibung einer Reise in das Indische 
meer...und den Seychellen in 1810-1841,,,.. Berlin (?), 1819. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 215 


ombre !. C'est la première et la dernière fois que nous aurons 
à relever cette particularité (d'ailleurs eroyons-nous inexacte) 
et qui n'a été mentionnée depuis par aucun autre observateur 
ou écrivain. Il ajoute que les Cocos de Mer se trouvent aussi 
sur l'île Curieuse qui n’a qu'une lieue de long sur une demi- 
lieue de large et 5 à 600 arpents cultivés. 

Lorsque la Corvette la Favorite, sous les ordres de Laplace, 
visita les Seychelles en 1830-1832, ses officiers, dont était le 
Capitaine Paris (depuis Amural), qui illustra de son crayon 
le récit de ce voyage, trouvèrent que le Cocotier de Mer avait 
donné naissance à une industrie nouvelle. 

« Un commerce tout récent a été trouvé par les dames de 
« Mahé. C'est le tissage des feuilles de cet arbre singulier 
« que l’on nomme le Cocotier des Seychelles, ou Cocotier de 
« Mer (Lodoicea Sechellarum). Elles font avec ses feuilles, 
« larges et pointues, fortes et lisses, des ouvrages gracieux et 
« délicats, des éventails et des chapeaux qui imitent ceux de 
« paille d'Italie. Le Cocotier dit des Seychelles n'a été 
« trouvé jusqu'ici indigène qu'à Praslin.... Sonnerat l’a trans- 
« porté depuis à l'Ile de France, les Anglais l'ont aussi natu- 
« ralisé dans l'Inde; mais nulle part il ne s’est reproduit 
« aussi beau que dans le sol originaire..... Lee 

« .. Le cocotier des Seychelles est plus petit que le coco- 
tier ordinaire. (Ceci, soit dit en passant, est une erreur) … » 

L'auteur de ce récit, consigné aussi dans le livre de Dumont- 
d'Urville? résumant le voyage de la Favorite, n'est pas 


1. Laplace (Le Capitaine de frégate), Voyage autour du monde, par 
les mers de l'Inde et de la Chine exécuté par la Corvette d'Etat La 
Favorite pendant les années 1830-1832. 5 vol. grand in-8° et Atlas. 
Paris, 1835, vol. I, p. 134-138 et 155 (article par le Capitaine Paris). 

2. Dumont-d'Urville, Voyage pittoresque autour du monde. Résumé 
général des voyages de découvertes de Magellan, Tasman, Dampier, 
Laplace, etc... Publié sous la direction de Dumont-d'Urville, capitaine 
de vaisseau, avec cartes et gravures par Sainson. 2? vol. in-#°,2 col. Paris, 
1834-1835, vol. 1, p. 83-85. L'archipel des Seychelles, pl. X, fig. #, cocotier 
des Seychelles. Cette figure est mauvaise car elle donne à l'arbre les 
feuilles du cocotier ordinaire, les cocos entiers et ouverts sont 
empruntés de Sonnerat, 


EMEA 


216 \.-A; FAUVEL 


nommé. On voit, seulement par la suite, qu'il était sur le 
brick anglais le Victory, capitaine Lewis, et qu'il fut reçu 
par le gouverneur Harrison. Comme celui-ci administrait les 
Seychelles en 1826 cela donne la date de cette visite. 

Le grand navigateur anglais Owen!, dans le récit de ses 
voyages exécutés de 1820 à 1826 sur les côtes d'Afrique, 
d'Arabie et de Madagascar, n'oublie pas les Seychelles et leur 
merveilleux coco appelé Coco do mar par les Portugais, et 
qu'il fait pousser dans les interstices des rochers des iles 
Praslin et Curieuse. I se trompe en donnant l'année 1789 
comme date de la découverte de l'archipel seychellois. Il dit 
que tout les efforts faits pour cultiver le Cocotier de Mer sur 
les autres îles du groupe sont restés vains. On sait que, par 
la suite, les gouverneurs réussirent à en transplanter ou 
même à en faire pousser de semence sur l’île Mahé ainsi qu'à 
Maurice et à La Réunion. Il dit que l'écorce du fruit fournit 
une fibre ressemblant à celle du coco et avec laquelle on fait 
des cordages. Il ne parle pas de l'industrie des pailles du 
Cocotier de Mer qui y battait alors son plein, ayant été intro- 
duite dans l'île Mahé en 1815 par un soldat des armées de la 
République nommé Antoine Benezet. Né à Bordeaux en 1789, 
fait prisonnier par les Anglais, il resta pendant bien des 
années sur les pontons de Plymouth. Il y apprit à travailler 
la paille et à la teindre. Il arriva aux Seychelles en 1815 après 
les traités, y devint clerc de notaire, puis greffier du tribunal 
de paix en 1829 et mourut en 1842 après avoir doté le pays 
de l’industrie des pailles dites des Seychelles. 

Nous avons eu la bonne fortune de retrouver cette histoire 
dans la Revue historique et littéraire de l'Ile Maurice en 1890. 
A la petite notice biographique ci-dessus était jointe la lettre 
suivante : 


1. Narrative of Voyages to the shores of Arabia and Madagascar, 
performed in H. M. Ships Leven and Barraconta, 1820-1826, under the 
direction of Captain W. F. W. Owen R N... 2 vol. New-York, 
MDCCCXXXIL (1832); vol. IT, chap. XV, p. 96 à 102 et 110 à 112, 


‘[RJU2AQ HA] ‘SAN 0P jonbnoq jo QUUOINOD ‘SAJIOU ‘JOIULA ‘(AMIJOIEUY ) MOV 9pP 9 biruejog urpar 


SOHID[LS SO[ SUBP JUPANOIJ 9S 79 SO[[OUD ADS XNE soubriqe] ‘V9910p0TT 9P ofpred uo sJofqo] 01991107) II 


XX XX XX x X x X x X X X x X X XX X X XX 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 217 


« Port-Louis (Ile Maurice), 5 décembre 1889. 


« Cher Monsieur Pitot, 


« Depuis plus de 80 ans, l'île Mahé (Port Victoria depuis 
1842) est en possession de nous munir des pailles dites des 
Seychelles : ce sont des chapeaux frais et légers à tresses 
plates ou pointues, quelquefois à jour ; ces corbeilles de la 
mariée garnies de houppes et de pompons ; ces éventails à 
double ou triple évolutions ; ces étuis en mosaique pour 
lunettes, ces petits paniers en mousse et en zigs (sic). 
Enfants gâtés par l'habitude, à peine faisons-nous cas de 
ces petites merveilles : à peine les voit-on dans les salons 
et encore faut-il que la dame soit des Seychelles, ou 
quelque dilettante. Et pourtant je les ai retrouvés dans le 
musée botanique du jardin de Kew près de Londres, où on 
les apprécie, et à Paris le faubourg Saint-Germain, Je le 
sais, n'en fait pas peu de cas. 

« C’est assez dire le prix que les connaisseurs y attachent, 
non pas seulement comme objets de l'art exotique, mais 
aussi comme produits d'une curiosité naturelle. En effet, les 
formes gracieuses dont ces palmes sont revêtues surpassent 
en teint, en moelleux, en fraicheur, toutes les beautés de 
leurs concurrentes connues ; et elles ont de plus, comme 
vous le savez, l’avantage de provenir des jeunes palmes 
du plus noble des palmiers : du Zodoicea Sechellarum, de 
ce cocotier de mer si merveilleux parmi les végétaux de la 
mer des Indes et que naguère encore le vainqueur des 
Taïpings, l'infortuné général Gordon, exaltait dans ses 
élucubrations bibliques, comme l'arbre du paradis terrestre, 
à l'exclusion de l'arbre à pain qu'il abandonna. 

« Oui, cher Monsieur, depuis plus de 80 ans, cette char- 
mante industrie est exclusive aux Seychelles ; elle y est des 
plus récréatives ; les machines modernes n'y ont que faire, 
Aux Seychelles, les dames, les jeunes demoiselles, les 
jeunes gens, presque tout le monde, on peut laffirmer, sait 


218 A.-A. FAUVEL 


« 


« 


plus ou moins tresser la paille et la transformer en 
surprises. 

« Pendant l'inertie, en 1838, alors que les terres étaient 
privées de bras pour la culture, que les propriétaires lan- 
çaient sur Maurice des cargaisons de laboureurs africains, 
sur des navires de quelques centaines de tonnes, dans 
l'espérance d'être mieux payés en indemnité, que le com- 
merce du tabac, de l'huile de coco, de la caouenne (écaille 
de tortue de mer) qui avait relevé l'ancien commerce du 
coton, languissait ; seuls les ouvrages en paille de Coco de 
Mer prirent de l'extension et bien des familles appauvries 
vécurent de cette industrie. Au point que, vers 1841, un 
règlement administratif fut mis en vigueur pour protéger 
les palmiers de coco-de-mer ; de pauvres gens les abat- 
taient pour en recueillir et vendre les jeunes palmes. 

« Enfin depuis ces cinq dernières années, l’année 1889 non 
comprise, et d'après un relevé de la douane, que je dois à 
l'obligeance de M. Lavers, et des recherches de M. Méyépa, 
le commerce de cette industrie se chiffre comme suit, à 
l'article Hats and Straws, sans compter les corbeilles, les 
éventails qui sont mêlés à l’Haberdashery : 


Hats and Straws. | 


Année. Valeur. Année. Valeur. 
1883 22.45 Roupies! 1886 20.00 Roupies 
1884 3,258» 1887 64.50  » 
1885 264.94 » 1888 171.50  » 


« Les trois dernières années (1886-1888), droits et changes 
non compris. Voilà, me direz-vous, une industrie qui court 
sûrement à son centenaire. Oui, j'en suis persuadé. Vous me 
demanderez sans doute quel est l’heureux mortel qui intro- 
duisit cette précieuse ressource à Mahé. » 

Il raconte qu'on la doit à Antoine Benezet, fils d'un Jardi- 


4. La valeur de la Roupie à cette époque était d'environ 2 francs. En 


1906 elle ne vaut plus que 1 fr. 66. 


à 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 219 


nier des environs de Bordeaux, devenu soldat de la Répu- 
blique, prisonnier des pontons anglais, qui arriva à Mahé en 
1815, âgé de 29 ans, ayant pour toute ressource le talent de 
travailler et teindre la paille. Il fut accueilli par M. Jean 
Remy d'Argent, ancien chouan de l’armée de Charette, 
devenu notaire à cause de sa belle écriture, et en devint le 
jeune clerc ; mais pendant les heures de récréation, Benezet 
et ses élèves travaillaient la paille: «Je ne vous dirai pas 
« avec quelle joie il prit dans ses bras la première palme du 
« cocotier de mer qu'il vit ; ce fut une exultation, d'après ce 
« quil disait lui-même. Il fit le passage en bateau de Mahé 
« à Praslin, lieu originaire du cocotier de mer, pour y 
« prendre des fleurs mâles et féconder un palmier de ce 
« genre qui se trouvait stérile chez son hôte. Et c’est, dit-on, 
« le premier qui réussit ainsi dans l’île. » 

Cette citation fixe donc à peu près l'époque (pas avant 1815) 
où l'on put obtenir à Mahé les premiers fruits d’un Cocotier 
de Mer qui devait être âgé d'une trentaine d'années au moins, 
d'après ce que nous verrons plus loin, dans la description 
scientifique de cet arbre. Son introduction sur l'île Mahé 
devait donc remonter au plus tôt à 1795! et était due sans 
doute au Commandant lui-même, M. Quéau de Quincy. 

Celui-ci mourut en 1828, après avoir conservé sous le 
gouvernement anglais la direction de la colonie, puis en être 
devenu juge et greffier. Sa succession officieile se partagea 
alors entre MM. G. A. A. Fressange, attaché au service du 
greffe à Maurice, qui accepta de venir présider le tribunal 
des Seychelles et on prit sur les lieux le clerc de notaire 
A. Benezet pour en faire le greffier. Il resta garçon et 
mourut le 15 décembre 1842 dans les bras de M. R. Young, 
percepteur, qui l'avait recueilli. Il avait 56 ans, dont 27 
passés à Mahé. La reconnaissance publique donna son nom 


1. D'après Hooker, Quéau de Quincy en planta un chez lui en 1787; 
voir chap. III, article de J. Hooker dans le Curtis Bolanical magazine 
de 1827, 


220 A.-A. FAUVEL 


à une ruelle de Port-Victoria dans laquelle se trouvait sa 
maison !, 

Quoi qu'en aient dit plusieurs des auteurs déjà cités, on ne 
paraissait pas encore absolument certain, en 1832, que le 
Cocotier de Mer ne poussait qu'aux Seychelles. En effet, le 
navigateur anglais Owen, qui était pourtant aussi un natu- 
ralhiste, parlant des îles Maldives dans un mémoire lu par lui 
devant la Aoyal Geographical Society de Londres le 9 avril 
1832, disait en citant J. de Barros : « Their productions he 
« also enumerates minutely especially the Cocoa nut both of 
« the ordinary kind and of that called «Coco de Mer », 
« almost peculiar to the Seychelles, the seed of which 
« appears to have been borne thence to the Maldives, by the 
« currents of the ocean, thus showing them to flow princi- 
« pally from west to east as T found them. » Cela ne prouve 
pas, loin de là, que ces fruits aient pu germer et y pousser 
avant d'y avoir été apportés à l’état frais, après la découverte 
de leur pays d’origine, c'est-à-dire postérieurement à 1744. 

C'est ce passage d'Owen qui beaucoup plus tard a induit 
E. Reclus en erreur quand il dit : 

« D'après Owen, la flore des Maldives comprendrait aussi 
« le Lodoicea des Seychelles, le palmier qui donne les cocos 
« de mer à double noix qui se conservent si longtemps sur 
« les flots et qui dans l'Inde, où les apportent les courants, 
« sont tenus pour des fruits sacrés guérissant toutes les 
« maladies, » 

Or, cinq ans seulement après la communication d'Owen, 
M. G. Harrison, Gouverneur des Seychelles, indiquant au 
capitaine Barrow, du navire de Sa Majesté Britannique Rose, 
en visite dans l'archipel, les productions du pays, citait les 
Cocos de Mer et ajoutait qu'ils ne poussaient que là au 
monde *, 


1. Revue historique et littéraire de l'Ile Maurice, 3° année, janvier 
1890, n° 31, pp. 338 à 340, l'Industrie des pailles de Lodoïcea aux 
Seychelles, par Fressanges (Docteur). 

2. The Nautical Magazine and naval chronicle for 1839, 2° sér. S., 
1839, The Seychelles communicated by G. Harrison Esq. to the Com- 
mander of H. M. S. Rose on his visits to these islands in March 1837, 
p. 443-446. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCIELLES 221 


Depuis cette époque, un certain nombre de voyageurs, ou 
simplement d'écrivains, ont mentionné le Cocotier de Mer 
dans leurs travaux, se contentant, la plupart du temps, de 
rapporter sans le vérifier ce qu'en ont dit les auteurs déjà 
cités et analysés. Ce sont entre autres : Charlier et E. de 
Froberville en 1848 ; Pridham en 1849; le colonel Pelly en 
1865. On trouvera dans le prochain chapitre ce qu'ils ont pu 
dire d'intéressant et de nouveau en ce qui concerne la des- 
cription de l'arbre et du fruit. 

Le seul auteur que nous puissions encore citer au point de 
vue historique et commercial est H. C. Ball, qui, dans un 
rapport sur les îles Maldives, nous apprend qu'en 1882 on 
expédiait encore dans les Indes des noix de Cocotier de Mer. 
On voit par sa note que les courants marins porteraient encore 
de nos jours les noix de coco de mer aux Maldives où elles 
s'appellent encore du même nom que nous ont révélé les plus 
anciens auteurs, entre autres Pyrard de Laval; à savoir: 
Tavakarhi pour l’ancienne transposition Tavarcaré. 


Le a. 
AT 


CHAPITRE III 


Descriptions scientifiques des naturalistes : 


Sonnerat, 1776: Commerson et Jossigny, premiers des- 
sins d’après nature, 1769-1773. — Labillardière, 1781; 
Quéau de Quincy, 1803, mémoires ; Robillard d'Argentelle, 
moulages, 1802-1826; Hooker, 1827, première figure à peu 
près exacte de l'arbre ; Martius, 1840, diagnose latine et 
figures. — Planchon, 1849; Seemann, 1856, l’amande 
comme aliment; Owen, Miss North; Swinburne Ward, 
mémoire, 1863, « the bowl » ; Ch. Naudin, 1864. — Gar- 
dner’s chronicle, 1864, théorie du socle ou bowl ; Ch. 
Dupont, 1906. — D' Perceval Wright, 1867; détails ana- 
tomiques ; essais d'introduction en Angleterre, À. Roussin, 
1868-1870, description comparative et figures; John 
Horne, 1875, plaidoyer en faveur de la conservation 
de l'arbre ; H. Gordon Pacha, 1881, théories mystiques 
et dessins; citations diverses, 1883-1887 ; D' Trimen, le 
Lodoicea à Ceylan, 1892; Ch. Anastas, 1897, le Zodoicea 
au Dahomey, erreur. — Carl. Chun, 1899, excellentes 
photogravures prises aux Seychelles. — A.-A. Fauvel, 
1906, détails structuraux des fleurs mâles et femelles, du 
fruit, appareil de germination, parasites, etc. 


Le premier savant qui put observer le fruit frais et 
complet, c’est-à-dire pourvu de son brouet de son calice, 
fut le botaniste Poivre, qui, comme nous l’avons vu, se 
trouvait à l’Ile de France, en 1769, époque à laquelle 
l'ingénieur Baré lui en rapporta de l'île Praslin une trentaine 
de fruits, après s'être rendu compte de l'arbre qui les portait 
et qu'il avait hésité à reconnaître pour le Cocotier de Mer, 
tant il avait été surpris par sa découverte. Poivre en fit venir 
de jeunes plants {qu'il eultiva à l'ile Maurice) par l'abbé 


D 27 MS 
C'EN 
7 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 223 


Rochon qui visita l'île de Palme et en apporta en France un 
fruit mûr entré en germination dans sa malle, ainsi qu'une 
grande palme de 20 pieds de long. Il remit, comme nous 
l'avons vu, ces deux échantillons, avec divers renseignements, 
au Docteur Le Monnier, qui en entretint sans doute l’Aca- 
démie en 1770. Les deux savants botanistes avaient reconnu 
dans l'arbre comme une espèce de Latanier. La description 
en fut lue, nous ne savons par qui, à la séance de l’Académie 
des Sciences du 13 décembre 1773!. C’est sans doute celle 
que l’on trouve dans le Voyage à la Nouvelle-Guinée, de Son- 
nerat, paru en 1776. Sonnerat qui, lui aussi, fut un remar- 
quable botaniste, dont le nom fut donné à un certain nombre 
de plantes tropicales, visita les Seychelles en juillet 1771. Il 
était embarqué sur la Flûte du Roi l’Zle de France, comman- 
dée par M. de Coëtivy. Nous avons déjà cité la partie histo- 
rique de son récit concernant l'île Praslin et le Cocotier de 
Mer. Voici maintenant la partie scientifique : « L'Isle Praslin 
« ou l'Isle des Palmiers a tout au plus 6 à 7 lieues de tour... 
« C'est dans cette Isle d’une étendue si bornée et dans 
« cette isle seule, qu’on a découvert jusqu’à présent ce coco 
« si précieux dans l'Inde. 

« Cet arbre observé attentivement a été reconnu pour une 
« espèce de latanier ou de lontard des Indes ; il s'élève jus- 
« qu’à 42 pieds de hauteur; sa tête se couronne de 10 à 12 
« feuilles en éventail, de 22 pieds de haut sur 15 pieds de 
« large, portées sur des pédicules longs de 6 à T pieds; elles 
« sont échancrées assez profondément dans leur contour et 
« chaque lobe est lui-même subdivisé en deux portions par le 
« haut ;leur consistance est ferme et coriace, ce qui les rend 
« préférables aux feuilles des cocotiers ordinaires pour faire 
« des couvertures de maison à la façon indienne. De l’aisselle 
« des feuilles s'élève une panicule considérable et très ramifiée 
« de 6 pieds de longueur; sa base est charnue, épaisse, ses 
« rameaux sont terminés par des amas de fleurs femelles, 


1. Ainsi que nous l’apprend une note du Voyage à la Nouvelle- 
Guinée, par Sonnerat, ch. [, p. 1-2. 


224 A.-A. FAUVEL 


« qui paraissent avoir {outes un calice composé de plusieurs 
« pièces à 5, 6 et quelquefois 7 divisions ; leur pistil en müris- 
« sant devient un fruit sphérique d'un pied et demi de dia- 
« mètre, dont l'enveloppe est très épaisse et fibreuse, comme 
« celle du coco; elle renferme trois coques dont une avorte le 
« plus souvent. Ces coques sont très grosses, presque sphé- 
« riques, comprimées sur un de leurs côtés et divisées 
« jusque dans le milieu de leur longueur en deux portions, 
« ce qui leur donne une figure très bizarre. Leur intérieur se 
« remplit d’abord d'une eau blanche d'un goût amer et assez 
« désagréable; à mesure que le fruit mürit, cette eau se 
« change, comme dans les cocos ordinaires, en une substance 
« solde, blanche, huileuse (?) qui s'attache aux parois inté- 
« rieures du fruit. Clusius donne une légère description 
« de ce coco sous le nom de Nux Medica..……. 

« Ces fruits ont, chacun à leur base, le calice dont j'ai parlé 
« ei-dessus, qui ne les quitte point, même après leur parfaite 
« maturité. 

« Le tronc de l'arbre, semblable à celui du cocotier pour 
« la forme, est en général plus gros, plus dur et d'une cou- 
« leur plus noire. 

« On a transporté à l'Isle de France des plans et des noix 
« de cet arbre qui ont très bien réussi. L'arbre que je viens de 
« décrire est, à ce qu'il paraît, un individu femelle. Je n'en 
« ai point rencontré d’autres, ainsi que ceux qui ont voyagé 
« comme moi dans ces isles où j'étais en juillet, qui était 
« sans doute le temps de la parfaite maturité de leur fruit, 
« mais depuis, j'ai reçu de M. Cosdé!, qui avait relâché dans 
« cet archipel en octobre, une portion d'un régime de fleurs 
« mâles de cet arbre, qui semble fixer le temps de sa florai- 
« son au mois de septembre qui répond au printemps de 
« l'Europe, et le temps de sa maturité aux mois de juin et 
« de Juillet qui répondent à notre hiver. Cette portion de 
« régime avait environ deux pieds et demi de longueur sans 


1. Le Capitaine Cosdé {d'autres écrivent Cordé) commandait la Cor- 
velte Le Nécessaire qui vint aux Seychelles en juin 1772. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEŸCHELLES 225 


« aucune ramification ; elle était d’une forme cylindrique, 
« de quatre pouces de diamètre, couverte entièrement d'un 
« nombre infini de fleurs mâles, composées d’un calice à 6 
« divisions et de 6 étamines opposées à chacune de ces divi- 
« sions. Les régimes de fleurs mâles n'ayant point encore été 
« rencontrées sur les pieds qui produisent les fruits, 1l est 
« probable que cet arbre les porte sur des individus diffé- 
« rents, de sorte que l’on peut regarder ce palmier comme 
« une espèce de latanier, ainsi qu'il a déjà été dit, c'est-à-dire 
« de lontard des Indes auquel il ressemble d’ailleurs par 
« toutes ses autres parties!. » 

Les figures de ce travail au nombre de six représentent 
d'abord PI. IT : « Le grand palmier de l'Isle Praslin vulgai- 
rement appelé Cocotier de Mer. » Il est chargé de quatre 
fruits presque aussi gros que le tronc, de forme ovoiïde, 
égaux entre eux et disposés en couronne à la base des feuilles, 
sans qu'il y ait trace de régime (ce qui est une erreur évi- 
dente du dessinateur et ne répond nullement à la description 
du texte). Ce dessin est encore erroné, en ce qui concerne la 
forme des feuilles, qui ne répond pas mieux à celle indiquée 
par l’auteur, puisqu'elles sont représentées ovales. La forme 
trop grêle, tortueuse et inclinée du tronc n'est pas conforme 
à celle de l’arbre décrit, qui est toujours droit, vertical et assez 
gros. On l’a trop fait ressembler à celui du cocotier ordinaire. 
Le dessinateur a évidemment travaillé de mémoire ou d'ins- 
piration, et non d'après nature. Il a sans doute pris son modèle 
sur les dessins de cocotiers, dits de mer, que nous avons 
trouvé figurés au lavis au coin de quelques cartes manuscrites 
des Seychelles. C’est ainsi que, dans celle de Laflite de 
Brasier, datée 1777, cet arbre est représenté avec des 
feuilles de bananier et des fruits bilobés, par conséquent 
décortiqués ! 

Dans la superbe gravure servant de frontispice à l'ouvrage 
on voit l’auteur dessinant à l'ombre d’un Cocotier de Mer 


1. Voyage à la Nouvelle-Guinée, par M. Sonneral, in-4, enrichi de 
120 figures en taille-douce, Paris, MDCCLXXVI (1776), chap, I, p. 1-2, 
pl. IT et frontispice. ; 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915. 19 


226 A.-A. FAUVEL 


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pareil à celui de la planche IT. La planche IV, p. 3, donne 
une assez bonne représentation du fruit avec son enveloppe 
et son calice, mais le pédoncule trop grêle et trop long 
paraît avoir été dessiné d'inspiration. Le fruit est peut-être 
aussi un peu trop ovoïde, et on ne se rend pas compte de sa 
forme exacte qui est le plus souvent celle d’un cœur aplati. 
C’est la première fois qu’on le voit représenté en entier. 

La planche V représente le même fruit décortiqué mais 1l 
ne vaut pas, comme exactitude, celui que nous avons trouvé 
dans l'ouvrage de F. Redi paru près d’un siècle auparavant 
(1685). 

La planche VI donne deux sections dè la noix intitulées : 
1° Coupe perpendiculaire du coco de l'Isle Praslin; 2° Coupe 
horizontale du même fruit. On ne s’y rend pas compte’ des 
épaisseurs respectives de la coque et de l’'amande figurées 
ensemble. Ce dessin, fait sans doute d’après un fruit sec, est 
insuffisant comme renseignement scientifique. 

La planche VII figure un chaton entier ainsi désigné: 
« Portion de fleur mâle de Coco de l'Isle Praslin »; à côté, 
on a figuré à part une fleur avec au moins 1# étamines et 
2 pétales seulement, ce qui ne correspond nullement au texte. 
Aucune des planches n'indique l'échelle des grandeurs pro- 
portionnelles, c'était d’ailleurs l'habitude peu scientifique de 
l’époque. 

C’est sans doute d'après les informations de Le Monnier, 
Rochon, Poivre et Sonnerat que A.-L. de Jussieu donna la 
première diagnose latine du Cocotier de Mer, en 1785, dans 
son Genera Plantarum. 

« Lontarus Rumph. — Borassus L. — Rondier, Lontar — 
« Dioica. — Spatha polyphylla. Mas. Spadix amentaceus..……. 
« Huc retulit D. Sonnerat speciem novam. (ZLodoicea Com- 
« mers. absque descript.) folis distinguendam  pinnato- 
« palmatis spadice et fructu majori et praecipuè seminibus 
« semididymis maximis rotundatis 4 aut 2 saepè abortivis, 
« Gallis dictam Cocotier de Mer : an genus diversum!. » 


1. Antonii Laurentii de Jussieu, Genera plantarum secundum ordines 
naturales disposita, juxta methodum in horto regio Parisiensi exaratam 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES PPY 


On voit quil cite Commerson, qui l’a décrit et nommé 
Lodoicea. Nous n'avons pu réussir à retrouver de cet auteur 
le texte manuscrit, qui ne semble pas d’ailleurs avoir été 
imprimé; en tout cas il nous a échappé. Nous avons eu 
l’heureuse chance de pouvoir consulter à la Bibliothèque du 
Muséum d'Histoire naturelle de Paris les grands cartons con- 
tenant les dessins à la plume et au crayon faits par ce grand 
botaniste et P. Jossigny. Nous y avons trouvé un cahier in- 
folio intitulé : « Liste des dessins originaux des Plantes de la 
« famille des Palmiers, » et au-dessous: « Palmarium volu- 
« men in quo usque desiderata palmarum arborum seu bul- 
« borum arboreorum historia methodice ad iconographia 
« illustratum curis et observationibus Philiberti Commerson 
CLDTME 

« 1° Monographie du Coco Maritime, 12 planches, de 1 à 
« 12, dont une triple. 

« 2° Lodoicea callipyge. Coco Royal ou Coco de Mer des 
« îles Séchelles, 3 planches, 13 à 15, dont une double, ceci 
« de la main même de Commerson., » 

Quant aux dessins ils sont au crayon noir et de grandeur 
naturelle, sauf le premier, représentant le Cocotier, naturelle- 
ment à petite échelle, 0"22, et qui est à la plume. Tous sont 
signés P. Jossigny et ont été faits, sauf ce dernier, d’après 
nature, sans doute à l'ile de France, où Commerson quitta 
Bougainville vers 1766, et où il mourut en 1773 sans être 
rentré en France. Il ne paraît pas avoir même été aux Sey- 
chelles, où l’expédition de Bougainville ne toucha pas. C'est 
ce qui explique sans doute pourquoi il accepta comme repré- 
sentation exacte du palmier, qu'il baptisa en l'honneur du Roi 
Lodoicea, une figure absolument inexacte et qui paraît avoir 
été inspirée par celle de l'ouvrage de Sonnerat, à moins tou- 
tefois que ce ne soit l'inverse. La seule différence est que les 
feuilles sont ici beaucoup plus allongées, plus étroites à la 
base et en nombre double. Elles paraissent avoir été dessinées 


anno M.DCC.LXXIV (1774), Parisiis, 1789, in-8°, p, 39, Ordo Palmae. Il 
n'y a pas de figures. 


228 Â.-A. FAUVEL 


d'après une jeune feuille qui forme en grandeur naturelle la 
planche n° 1. Or, on sait que les premières feuilles sont, 
comme celle du cocotier ordinaire d’ailleurs, entièrement 
différentes de celles qui leur succèdent après un an ou deux. 
Jossigny n’a donc pas vu la grande palme rapportée en 
France par l'abbé Rochon, et il n'a eu sous les yeux que celles 
de très jeunes plants (1 an ou 2) rapportés de Praslin à Poivre 
par le même auteur. 

Au dos de la planche n° 1, de format in-4°, on lit écrit à 
l'encre, de la main et avec la signature de Commerson : « Je 
« ne doute nullement que le Cocotier de Mer (qui rentre dans 
« l'ordre des palmiers à feuilles en éventail) ne soit 
« comme tous les genres de cet ordre, à pieds mâles et femelles 
« séparés. 

« Des gens qui ont été sur l'ile Curieuse, qui les produit, 
« ayant été interrogés s'ils n'avaient pas vu parmi les coco- 
« tiers de mer, qu'ils y ont trouvés, plusieurs pieds qui 
« quoique aussi grands que les autres ne portaient pas de 
« fruits, m'ont répondu très affirmativement que oui ». (Ceci 
prouve bien qu'il n'y a pas été lui-même.) 

Il semble bien être le premier naturaliste qui ait signalé 
que le Lodoicée est dioique. 

La planche n° 2, formée de trois feuilles collées bout à bout, 
représente trois rameaux fructifères avec les fleurs femelles, 
deux fruits très jeunes, un adulte (dessiné à demi), et les 
calices après la chute du fruit mür. 

Les planches 3 et 4, presque exactement pareilles, mon- 
trent un morceau du tronc vu extérieurement et en coupe 
longitudinale (diamètre 0"22 1/2). 

Le n° 5 est le dessin d’une jeune palme longue de 0"60, 
large de 0"34. Elle fut sans doute copiée sur l’une des 
premières feuilles sorties du coco après sa germination ; elle 
a, en effet, la forme ovale très allongée qui les caractérise à 
ce moment. 

Le n° 6 est une noix décortiquée avec un champignon pous- 
sant à la jonction des lobes et croissant évidemment sur le 
germe sans doute pourri. À première vue, on croit que l’au- 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 229 


teur a dessiné une noix germant. À côté, ce champignon est 
figuré en entier et dégagé de la noix. Il semble appartenir 
au genre Auricularia ! (dimension de la noix, 0 "20><0 "17, 
du champignon, 0"14). 

Le n° 7 montre une noix coupée longitudinalement à tra- 
vers les deux lobes : longueur 0" 32, largeur 0 "30, épaisseur 
de la coque 0"005, de l’amande 2 à # centimètres, ce qui 
indique un fruit âgé. Dans le fruit jeune, l’amande remplit 
entièrement la noix. 

Le n° 8 représente une noix vue de trois quarts et coupée 
dans le sens de la longueur à travers l’un des lobes; à gauche, 
le demi-lobe enlevé (dimensions : longueur 0"27, largeur 
020). 

Le n°9 donne la figure de deux noix coupées en travers 
par le milieu : Pune de 0 "295 de largeur sur 0"145 d’épais- 
seur (coque et amande). 

Le n° 10 est une noix entière, avec son brou et son calice ; 
elle est de forme arrondie (dimensions : 0 "43 >< 0 "32), 

Le n° 11 montre de profil la même noix (0"42 x<0"26 
d'épaisseur). 

Le n° 12 est une autre grosse noix entière vue de face, 
ovale (0mM43 x 0"315). 

Le n° 13 en est une autre encore avec brou et calice 
(0m425< 040). 

Le n° 1% est une noix décortiquée vue du côté plat 
(0m 90 x 0 » 33). 

Le n° 15 est une noix ouverte du haut en bas entre les deux 
lobes (dans le sens de l'épaisseur). Elle montre bien le trou 
de communication entre les deux lobes et le germe placé contre 
la coquille juste à l’orifice du trou qui doit laisser passage à 
l'axe cotylédonaire (dimensions : longueur 0"25, largeur 
024, épaisseur 0" 15). 

Il manque à cette collection pour être complète le dessin 
d'une noix décortiquée montrant la face supérieure avant et 


1. Un champignon pareil ayant poussé sur une noix que nous possé- 
dons, nous avons cru y reconnaître le Lentinus flabelliformis (tribu des 
Agaricinées). 


230 A.-A, FAUVEL 


après la germination. Ces dessins ne sont pas datés. Ils ont 
été sans doute exécutés pendant le séjour de Commerson à 
l'Ile de France, soit de 1766 à 1773. Ils sont très heureuse- 
ment complétés par la collection des moulages de Robillard 
d'Argentelle, dont nous reparlerons plus loin. Malheureusement 
ni l'un ni l'autre n'ont donné un dessin ou un moulage de 
la fleur, sur la structure exacte de laquelle nous ne serons ren- 
seignés que plus tard (1800). Il est étonnant que Commerson 
se soit contenté du dessin très imparfait que donne Sonnerat 
du chaton mâle et d’une fleur séparée. 

Labillardière en avait sans doute reçu, ce qui lui permit le 14 
octobre 1801 de lire à une séance de l'Académie des Sciences le 
premier mémoire décrivant complètement le Cocotier de Mer 
avec ses fruits et ses fleurs. Nous l'avons rétrouvé dans les 
Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, où nous 
avons pu examiner, dans la galerie de botanique, les échantil- 
lons de fleurs, fruits et feuilles provenant sans doute de l’abbé 
Rochon ou des envois faits ensuite et qui ont évidemment 
servi à Labillardière, aidé aussi par les dessins de Commerson 
et des renseignements fournis par Quéau de Quincy, dont la 
description légèrement abrégée se trouve à la suite du 
mémoire à l'Académie, Vu l'importance historique de ces 
deux documents nous les citerons ici in extenso. 

Voici d'abord ce que dit Labillardière : 

« Le palmier connu vulgairement sous le nom de Cocotier 
« des Maldives croît, comme on sait, aux Iles Séchelles. Il 
« avait été pour Commerson le sujet d’un nouveau genre qu'il 
« avait appelé Lodoicea, nom que je conserverai, mais sa des- 
« cription ne nous est pas parvenue. Sonnerat l'a depuis rap- 
« porté au genre Borassus (sans doute en 1773). 

« Il ne restera, je le présume, aucun doute, d’après la des- 
« cription que je vais donner, qu'il ne forme vraiment un 
« genre à part. 

« Le Lodoicea porte ses fleurs mâles sur des pieds diffé- 
« rents de ceux qui en produisent les fleurs femelles. Elles 
« sortent les unes et les autres de spathes formées de plu- 
« sieurs feuilles oblongues, aiguës. 


Pages 230-231. 


Annales du Musée colonial de Marseille, 
3° série, l'® volume 1915, 


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PI. IV. — Labillardière, 1801. Annales du Muséum, Fig, a. Le palmier femelle. Fig. b. 
Le fruit. Fig. ce. Rameau de jeunes fruits. Fig. d. Portion de régime mâle. Fig. e. Ecaille 
de régime mâle avec bouquet floral, Fig. f. Faisceau de fleurs mâles vu en dessus. 
Fig. g. Le même vu de côté. Fig. h. Petite écaille qui sépare chaque fleur. Fig. i. Fleur 
mâle ouverte. Fig. 1. Etamines vues en diverses positions. De e à 1 légère réduclion. 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 231 


« Le régime des fleurs mâles est composé d'un très petit 
nombre de chatons cylindriques d'environ 2 pieds 17/2 
(8,1210 décimètres) de longueur sur 3 à # pouces (8,1210 à 
10,8280 centimètres) de diamètre, dont les larges écailles 
imbriquées se divisent en dessus et vers le quart de leur 
longueur en 2 lames à peu près verticales qui enveloppent 
presque en entier un faisceau de fleurs dirigé dans sa plus 
grande longueur vers l'intérieur du chaton. Chaque fais- 
ceau est à peu près réniforme et composé de 30 à 40 fleurs, 
disposées sur deux rangs se croisant alternativement dans 
la moitié de leur épaisseur et séparées chacune par une 
petite écaille oblongue, renflée du côté externe, attachée 
comme les fleurs à un réceptacle presque demi-circulaire 
dont la partie supérieure et postérieure est mobile, ce 
réceptacle étant divisé postérieurement par une fissure 
oblique dans les deux tiers de son étendue. 

« Les fleurs ont pour calice 6 folioles étroites, creusées en 
forme de gouttière dans leur longueur; les folioles exté- 
rieures, échancrées d'un côté vers l'extrémité, l’autre côté 
présentant une pointe oblique, sont plus longues et un peu 
plus coriaces que les intérieures alternes dont la sommité 
est obtuse, et sont attachées à 2 millimètres au-dessous 
d'elles, sur le même pédicelle, qui s'amincit par le bas. Les 
étamines, au nombre de 20 à 36, sont portées sur un récep- 
tacle central de 2 millimètres environ d'élévation et qui 
semble être le prolongement du pédicelle dont nous venons 
de parler. Elles onten outre un petit filament pour chaque 
anthère vacillante, oblongue, obtuse, à 2 loges s'ouvrant 
par le côté et un peu à l'intérieur, en répandant une pous- 
sière globuleuse et jaunâtre. 

« Il est remarquable que le faisceau de fleurs porté par 
chaque écaille est en grande partie couvert par l'écaille 
supérieure, de sorte qu'il ne reste à la partie inférieure et 
externe entre les deux lames mentionnées ci-dessus, qu'une 
petite ouverture par où il ne peut sortir à la fois qu'une 
seule fleur. Leur développement successif s'exécute par un 
mécanisme facile à concevoir à la première inspection de 


232 A.-A. FAUVEL 


la figure g. Les fleurs les plus avancées se trouvent toujours 
en d. et leur épanouissement n'a lieu qu'après avoir quitté 
le réceptacle pour sortir par la petite ouverture dont il vient 
d'être fait mention et faire place à la fleur qui sort à son 
tour, et ainsi de suite jusqu'à ce que par l’évolution de ce 
même réceptacle, les fleurs les plus éloignées en o. aient 
aussi été amenées vers d. pour trouver passage par la même 
ouverture, ce qui prolonge irrégulièrement, comme on voit, 
le temps que mettent ces fleurs à répandre leur poussière 
fécondante, en assurant d'autant plus la réussité des indi- 
vidus femelles. Alors les petites écailles intermédiaires se 
sont rapprochées les unes des autres et n'occupent plus que 
fort peu d'espace. 

« Le régime des fleurs femelles, assez divisé, porte vers 
l'extrémité ses fleurs qui sont sessiles. Le calice est formé 
de 5 à 7 folioles ovales et très larges. L'ovaire, presque 
sphérique, est surmonté de 3 ou # stigmates sessiles, aigus. 
Il devient une baie ovale d'environ 1 pied 1/2 (4,8726 déci- 
mètres) de long, quelquefois terminé par une sorte de 
mamelonet renfermant dans son enveloppe fibreuse 3 à 4 
noyaux qui rarement viennent tous à bien. Ces noyaux, 
d'une dureté extrême, sont de forme ovale, aplatie, ayant 
au milieu une dépression répondant à une saillie intérieure 
qui représente assez bien une demi-cloison. Ils sont séparés 
en deux lobes supérieurement, c’est-à-dire à leur extrémité 
la plus éloignée du calice, rarement en 3 à # lobes. On en a 
vu plus rarement qui avaient jusqu’à 5 lobes. C'est entre 
ces mêmes lobes qu’on remarque dans le noyau une ouver- 
ture oblongue garnie de fibres sur ses bords et donnant 
issue à la radicule et à la plantule lors de la germination. 

« L'amande, qui ne laisse pas d'acquérir une grande consis- 
tance, a la forme du noyau. On voit différentes coupes de 
l’un et l’autre dans le Voyage à la Nouvelle-Guinée, pl. VI. 
« L'embryon est enfoncé dans une cavité de l’amande abou- 
tissant à sa superficie entre les lobes, vis-à-vis de l’ouver- 
ture oblongue du noyau mentionnée ci-dessus, aussi doit-on 
le regarder comme supérieur. Je n’en donnerai pas la figure, 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 233 


le fruit sur lequel je l'ai observé n'ayant pas acquis le 
degré de maturité nécessaire pour être bien conservé. Je 
dirai cependant que la plumule dirigée vers l'intérieur se 
termine en pointe recourbée, la radicule étant ovale, tuber- 
culeuse à l'intérieur, où l'on remarque une dépression lon- 
gitudinale. 

« Les caractères énoncés ci-dessus, la position surtout de 
l'embryon et la forme des noyaux de la baie fibreuse, le 
nombre des étamines, leur disposition et celle des fleurs 
mâles suffisent bien pour l'établissement du nouveau genre 
qui vient d'être proposé. Il ne peut être confondu avec le 
genre Borassus quoique d’ailleurs il ait avec lui beaucoup 
d’affinités. 

« J’ai appelé ZLodoicea Sechellarum  (Lodoïcée des 
Seychelles) le palmier qui fait le sujet de ce mémoire, 
dénomination tirée comme on voit du groupe d’iles dont il 
est originaire. Mais on doit présumer qu'à l'exemple de Son- 
nerat, qui l’a transporté à l’île de France, il se trouvera 
des navigateurs jaloux d'enrichir quelque autre terre de cette 
belle production de la nature. 

« Le Lodoïcée des Seychelles s'élève assez droit à 15 ou 
18 mètres (46 à 55 pieds), quelquefois même beaucoup au 
delà. Son tronc fibreux, assez semblable à celui du cocotier, 
est marqué, dans toute sa longueur, par l'empreinte des 
feuilles qui se détachent à mesure qu'il croit; d’autres 
feuilles se développent en nombre à peu près égal chaque 
année, de sorte qu'il se trouve assez constamment couronné 
du même nombre de feuilles (15 à 20). On ne les a pas 
représentées toutes dans la figure ci-jointe, afin de faire 
mieux sentir leur forme. Elles sont d'une texture assez 
ferme et, comme on voit, en éventail, ovales, échancrées à 
la base, divisées inégalement dans leur pourtour, les divi- 
sions inférieures étant les plus courbes. Les pétioles longs 
de T à 8 pieds (227 à 259) sont élargis à la base où ils 
se déchirent quelquefois en deux parties, à mesure que les 
feuilles supérieures se développent. 

« L'amande de ces gros fruits est un aliment assez mé- 


234 A.-A. FAUVEL 


« diocre. Je ne dirai rien des vertus imaginaires que lui avaient 
« attribué quelques botanistes et voyageurs des xvi° et xvi* 
« siècles, et l'on doit bien présumer que je ne répéterai pas 
« non plus les fables qu'ils racontent sur l’origine de ce pal- 
« mier, On trouvera ces matières traitées au long dans l’Her- 
« barium Amboinense du célèbre Rumphius, livre x11, cha- 
« pitre 8. Il ya même la figure d'un noyau de cet arbre inté- 
« ressant. On y verra encore cités la plupart des auteurs qui 
« en ont parlé avant lui. 

« Les feuilles servent à couvrir les toits : leur consistance 
« les rend encore plus durables que celles du Corypha 
« umbraculifera. 

« Le tronc peut être employé avantageusement à tous les 
« usages auxquels on fait servir celui du cocotier. Quoique 
« Sonnerat ait donné dans son Voyage à la Nouvelle-Guinée, 
« planche III, une figure du Lodoïcée des Séchelles, j'ai 
« pensé qu'on verrait encore avec plaisir celle-ci faite aux 
« Seychelles par M. Lilet, correspondant de l’Institut; mais 
«il était indispensable de donner les détails de la fructifica- 
« tion. Je les ai dessinés d’après des échantillons conservés 
« dans l'esprit de vin, qu'il a bien voulu me communiquer. » 

Cette planche est fort bonne, sauf pour la forme des feuilles 
qui semble inspirée par celle de la planche de Sonnerat, avec 
cette différence qu’elles sont plus ovales, plus profondément 
et plus largement échancrées. C'est la troisième manière de 
les représenter, mais elle n’est guère plus exacte que les deux 
autres. 

Par contre, nous y voyons pour la première fois une 
approche de la vérité en ce qui concerne le pétiole fendu en 
triangle à la base, comme on l'observe sur l'arbre. Les fleurs 
femelles sont représentées pour la première fois, ainsi que 
l'anatomie des fleurs mâles et la position des fruits sur leur 
régime. Labillardière aurait pu mieux figurer les feuilles s'il 
les avait dessinées d’après la palme rapportée par Rochon, au 
lieu de $’en rapporter au dessin de Lilet, qui, bien que Corres- 
pondant de l'Institut aux Seychelles et les ayant soi-disant 
faites d'après nature, nous paraît un observateur aussi peu 


LE LS À DE MER DES ILES SEYCHELLES 235 


exact que peu scientifique. On peut se demander s'il n’y a pas 
eu aussi une interprétation du graveur. 

A la suite de ce mémoire, on trouve, dans le vol. IX des 
Annales du Muséum, un extrait du mémoire envoyé par 
M. Quéau-Quincy. Labillardière s’est borné à ne citer que les 
parties ne faisant pas double emploi avec ce qu'il avait com- 
muniqué à l'Académie. Ainsi que nous l'avons dit dans le 
chapitre précédent, il a été publié in ertenso en 1905 à l'île 
Maurice et nous avons pu en obtenir une copie. 

Nous allons citer tout ce qui nous paraît compléter les infor- 
mations déjà fournies et que l'auteur n'a fait que répéter 
d’après les anciens écrivains : 

« Cet arbre vient dans toutes les parties de l'Isle de Praslin 
« et de l'Isle Curieuse ; l'on en trouve partout dans les pleines 
« (sic) de sable, au bord de la mer, dans les mares, parmi les 
« rochers les plus arides, où il ne paraît point de terre, et 
« une très grande partie sur le sommet des plus hautes mon- 
« tagnes qui n’est formé que de tuf. 

« L'Isle Praslin et l'Isle Curieuse ! ayant un sol très mau- 
« vais, neseraient point habitables s'il n'y avait pas de mares, 
« aussi le coco de mer vient-il très bien partout où on le 
« plante, dans toutes les autres isles de l'archipel et même 
« aux isles de France et de La Réunion (Bourbon) où il y en a, 
« mais qui ne sont pas encore en rapport, cet arbre étant très 
« long à venir. 

« Le tronc de cet arbre s'élève communément de 50 à 60 
« pieds; l’on en trouve cependant beaucoup qui ont 80 et 
« 100 pieds de hauteur, il est droit comme un mât? | parfaite- 
« ment cylindrique}, sa grosseur varie très peu aïant à peu 
« près 12 pouces de diamètre, sans diminution sensible jus- 


? 


« qu'à son sommet qui est couronné par une toulle d'environ 


\ 


« 12 à 20 feuilles, ce qui forme sa tête. 


1. Ces deux isles sont séparées l’une de l’autre par un étroit canal 
d'environ 300 toises et de la distance de 6 lieues de Mahé. 

2. Le rapport cité par les Annales ajoute « parfaitement cylindrique », 
les parties entre [| | sont celles qui sont en plus dans la rédaction des 
Annales dues à Deleuze, l'éditeur, 


36 A.-A. FAUVEL 


« Cet arbre ne produit point de branches mais seulement 
de grandes feuilles dont les anciennes tombent à mesure 
qu'il sélève. La feuille de cet arbre est très grande, for- 
mant l'éventail; j'en ai mesuré qui avaient 20 pieds de 
long, sur 10 à 12 de largeur, leurs queues sont quelquefois 
aussi longues que la feuille; elles ne sont cependant pas 
toutes de cette largeur, leur dimension la plus commune 
est de 8 à 10 pieds de longueur sur 5 à 6 pieds de largeur, 
les vieux arbres produisent ordinairement de ces dernières. 
« La tête de l'arbre d'où partent les feuilles qui les cou- 
ronnent (sic) s'appelle choux ; il se mange comme le choux 
palmiste, le choux du latanier des Indes et celui du coco- 
tier ordinaire, mais cependant il n’est pas aussi délicat ayant 
un petit goût d’amertume; confit au vinaigre, l’on en fait 
d'assé bons achards. 

« Le bois de cet arbre est assez dur, mais il diminue de soli- 
dité en approchant de son centre, n'étant dans cette partie 
qu'un composé molasse de longues fibres que l’on sépare 
facilement du reste de l'arbre lorsqu'il a été coupé et fendu 
dans sa longueur. Son écorce est extrêmement mince, l’on 
pourrait dire même qu'il en est à peu près dépourvu. 

« Les feuilles de cet arbre sont d’un gros verd tirant sur le 
Jaune; elles deviennent même toutes jaunes en séchant, 
leur tissu est croisé et chaque feuille sort du milieu de la 
touffe du sommet. Elle est fermée, lisse, longue de 6 à 
8 pieds, en diminuant comme un jet : chaque branche de cet 
arbre n'est done exactement qu'une longue queue d’une 
très grande feuille, qui dans le commencement ressemble à 
un évantail fermé, mais qu'en se développant ensuite forme 
un grand évantail ouvert, dont les plis sont exactement 
marqués ; sur les côtes qui forment les plis des vieilles 
feuilles on y trouve attaché un duvet assez épais qui est 
semblable à celui qu’on trouve sur les feuilles des lataniers 
des colonies. 

« Le cocotier de mer mâle produit des fleurs qui fertilisent 
les fleurs du cocotier de mer femelle. Cette fleur du coco- 
tier de mer mäle sort à l’origine des feuilles. Elle est 


LE COCOTIEÉR DE MER DES ÎLES SEYCHÈLLES 231 


oblongue, de couleur pourpre ou violet, elle est parsemée 
dans toute sa longueur à des distances égales de jolies petites 
fleurs jaunes qui en ressortent et qui font le plus bel effet. 
La longueur de cetté fleur est de 2 pieds à 2 pieds 1/2, 
même trois pieds, et sa grosseur, à la partie la plus forte, 
est d'environ 6 pouces de circonférence. 

« Il sort à l’origine des feuilles du cocotier de mer femelle 
un régime appelé communément dans le pays, ainsi qu'au 
bananier et au cocotier ordinaire, un Baba ! ; les fleurs 
femelles ont un ovaire qui produit un fruit d’une forme 
toute particulière qui mérite bien, par toutes ses singularités, 
d'être décrit, ne l’ayant pas encore été par aucun naturaliste, 
à ce que Je crois. 

« Le fruit qui succède aux fleurs femelles est très gros, 
comme le plus gros melon de France, au nombre de #, 5 
et 6 quelquefois à chaque régime, 1l est recouvert par une 
enveloppe extérieure en peau, qui a beaucoup de rapport à 
l'enveloppe ou peau qui couvre les noix de France et ayant 
même en grand à peu près la forme, la même couleur, c'est- 
à-dire d’un verd foncé, mais en considérant en détail ce sin- 
gulier coco lorsqu'il est dépouillé de sa première peau, et 
de son enveloppe filandreuse, l’on voit d’un côté, qu'il res- 
semble parfaitement à des fesses, l’entre-deux qui les 
sépare représente la partie naturelle de la femme, on y 
remarque même une protubérance ressemblant absolument 
à l'une des parties extérieures de la génération de la femme, 
autour de laquelle plusieurs petits filaments qui y existent 
représentent des poils parfaitement imités; c’est aussi de 
ces entre-deux que sort le germe, qui, dans les premiers 
jours, lorsqu'il ne passe pas la longueur de 6 à 8 pouces, 
ressemble parfaitement au membre viril. C'est cet instant 
qu'il faut saisir pour avoir un coco de mer qui soit on ne 
peut plus curieux par sa singularité et ses formes *, 


1. Baba (ou Bava ?), nom indien. 
2. Ce sont évidemment ces singularités qui ont suggéré aux indigènes 


de l'Inde et autres pays d’en faire un remède antisyphilitique et aphro- 
disiaque, et à Gordon Pacha le fruit défendu du paradis terrestre. 


D 


38 A.-A. FAUVEL 


« Quand l’amande du coco de mer n'est pas encore dans sa 
parfaite maturité, l’intérieur du coco, dans la partie supé- 
rieure par laquelle il est attaché au régime, est divisé en 
deux parties, il contient une substance en forme de gelée 
blanche, ferme, transparente, excellente et agréable au 
goût, un seul coco peut en contenir deux bonnes assiettes à 
soupe; pour peu qu’il y ait quelques jours que le coco ait 
été cueilli ou coupésur l'arbre, cette gelée s’aigrit, ellen’est 
plus mangeable ayant alors l’odeur, la couleur et la 
consistance réelle de la semence humaine. 

« L'intérieur de la noix de coco de mer est partagé en deux 
par une cloison assez forte qui communique par le trou 
d'où sort le germe ; au lieu de gelée il est rempli, lorsqu'il 
est en maturité, d'une amande fort dure, très coriace, qu'on 
a de la peine à couper, et qui peut se rapper, c'est de ces 
deux amandes que sort le germe, elles semblent lui servir 
de testicules. 

« L'arbre cocotier de mer est très long dans sa croissance, 
un coco de mer planté est environ un an avant de pousser, 
il est 20 à 30 années avant que de rapporter des fruits, et 
ce fruit, du moment qu'il commence à paraître sur l’arbre, 
est plus d’un an à acquérir sa parfaite maturité. J'en ai vu 
qui ont resté 3 ans sur pied avant que de tomber à terre. 

« Chaque arbre porte environ 20 à 30 cocos qui font un 
poids considérable au sommet de cet arbre, car l’on peut 
compter que l'un dans l’autre, chaquecoco peutbien peser 20 
à 25 livres, il y a ordinairement 2 cocos dans une même 
enveloppe et quelquefois trois ; l’on en trouve aussi de fort 
curieux qui, au lieu de ne former que deux parties, setrou- 
vait (trouvent) en former 3 et 4. Et j'en ai possédé un 
seul (en ayant) jusqu’à 5; ces derniers sont extrêmement 
rares et fort recherchés des curieux ; ils ne peuvent être 
considérés que comme des jeux ou bizarreries de la nature 


Usages et propriétés du coco de mer. 


« Le tronc de l'arbre après avoir été fendu et netoyé de sa 
partie mole et fibreuse, sert à faire de longues jumelles 


« 


« 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 239 


pour recevoir l'eau, l'on en fait des palissades pour entourer 
les cazes ou maisons, les jardins, etc. 

« Les feuilles servent à faire de très bonnes couvertures aux 
cazes, aux maisons, même à les entourer, car avec cent 
feuilles l’on peut faire une maison commode, la couvrir, l’en- 
tourer, même faire les cloizons pour séparer les chambres 
ainsi que les portes et fenêtres; à l'Isle Praslin, la plus 
grande partie des maisons des habitants et les magasins 
sont ainsi construits. 

« Le duvet qui est attaché aux feuilles sert à faire des mate- 
las et des oreillers comme la ouate. 

« Les côtes des feuilles et le cotton de la queue servent à 
faire des paniers et des balais. 

« Les feuilles tendres, ou pour mieux m’exprimer, les cœurs 
des feuilles, quand elles ne sont point encore épanouies en 
éventail, séchées au soleil, coupées dans leurs longueurs 
par petites bandes de deux à trois lignes de largeur, et 
pressées, servent à faire des chapeaux bons pour hommes 
et pour femmes, l'on ne s’en sert pour ainsi dire pas d’autres 
aux Isles Seychelles. 

« La noix, que l’on appelle communément le Coco de mer, 
sert de vases à différents usages, en le conservant entier, 
et lui faisant un ou deux petits trous à son sommet, l’on 
s’en sert pour porter de l’eau ; les noirs en portent ainsi 
plusieurs qu'ils attachent aux deux bouts d’un bâton, il y a 
de ces cocos qui contiennent 6 à 8 pintes, quand on lés scie 
en deux, droit par la moitié ils servent à faire des plats, 
des assiettes, suivant leurs grandeurs, et quand l’on en 
trouve de petites, ils servent à faire des vases pour boire, à 
peu près comme l’on se sert des tasses du coco de terre ; 
mais celui du coco de mer est préférable étant beaucoup plus 
fort et plus épais. Voilà pourquoi on l'appelle aux Isles 
Seychelles, la vaisselle de l'Isle Praslin, Les cocos de mer 
sont vraiment d'une grande utilité et économie pour les 
pauvres gens et pour les nègres; aussi les vaisseaux qui 
passent aux Seychelles tâchent de s'en procurer le plus 
qu'ils peuvent étant très commode pour les matelots, car 


240 Â.-A, FAUVEL 


« les cocos de mer sont très forts, et ne cassent point en tom- 
« bant, l’on en fait aussi de jolis plats à barbe, que l’on fait 
« graver et garnir en argent. Ils se gravent facilement; ils 
« prennent un très beau poli et une couleur fort noire. 

« Les Indiens avaient attribué aux premiers cocos de mer, 
« que l’on avait trouvé sur la mer près des Isles Maldives, 
« plusieurs vertus chimériques qui les avaient fait rechercher 
« avec le plus grand empressement, ce qui ne paraîtra pas 
« étonnant quand l’on saura que l’on a vendu dans l'Inde 
«jusqu'à 2 et 300 Roupies (750 livres) un seul coco de mer; 
« en raison de ce que les Indiens prétendent. à cette époque 
« que l’amande qui était dans l’un des côtés du coco de mer 
« était un poison très violent, tandis que celle qui était du 
« côté opposé était un contrepoison ; ils lui attribuaient éga- 
« lement une vertu propre à exciter l'amour, aujourd’hui que 
« le coco de mer est parfaitement connu, tout le merveilleux 
« est évanoui et sa valeur tombée aux Indes en raison de ses 
« vertus supposées et de ce quil est devenu commun. 

« L'amande du coco de mer, lorsqu'il est en maturité, est, 
« comme je l'ai déjà dit, très compacte, elle a de la ressem- 
« blance avec de la corne blanche, elle n’est employée à aucun 
« usage ; jusqu'à présent, elle n'a aucune qualité encore par- 
« faitement connue ; cependant l'on la croit propre à être 
‘« employée comme astringent, dans les dissenteries et les flux 
« de sang. L'on ne peut en tirer de l'huile et elle ne peut que 
« faire beaucoup de mal si l’on en mange pendant quelque 
« temps ou une trop grande quantité, étant très indigeste, 
« l’on a même vu des matelots indiens mourir pour en avoir 
« fait un usage immodéré à la mer. La gelée de coco de mer 
«_ est très froide, la quantité en serait très indigeste. 

«A Mahé, Iles Seychelles, Le 1° Thermidor an II [le 20 juil- 
« let 1803 v. s. (vieux style)]. 
« Le Commandant administrateur civil, aux Iles Seychelles, 


« QUINCY. » 


M. Deleuze en terminant dans les Annales du Muséum la 
citation d'une petite partie du travail de Quéau de Quincy, 


&) SUNAJ 9p 19 (T) SOf[OWE SNA] 9p USA ‘A PM 


[ ‘9419 U9 95P[NOIN ‘TOSI ‘OP JU9SAV p pa 


+ à femme" à C6] Fa 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 241 


remercie l'auteur et ajoute: « Le nom ZLodoicea Sechellarum 
« proposé par M. La Billardière sera sans doute adopté par 
« les Botanistes, mais s'il ne passait pas dans le langage ordi- 
« naire, il faudrait du moins, pour éviter une erreur, substi- 
« tuer à cette dénomination de Cocotier des Maldives celle-là : 
« Cocotier des Séchelles f, » 

Revenons maintenant à la collection des moulages en eire 
de Robillard d'Argentelle, dont nous avons raconté l'histoire 
dans le chapitre précédent. Ces moulages, admirablement exé- 
cutés d'après nature et ayant conservé les couleurs qui ont 
forcément disparu sur les échantillons conservés à sec ou dans 
l'alcool, nous permettent de comprendre les descriptions ei- 
dessus données, et les complètent d’ailleurs. 

Is sont d'autant plus exacts qu'ils ont été faits sur des objets 
encore frais provenant des Seychelles, et que l’auteur a utilisé 
pour certains d'entre eux la coque même du Coco de Mer. Un 
seul nous paraît insuffisant, c'est celui qui représente un 
chaton mâle couvert de fleurs. Ces dernières y sont simple- 
ment imitées et on n'y peut distinguer la forme exacte des 
anthères et pétales. Les pièces, au nombre de dix, sont dispo- 
sées dans deux vitrines. Dans la première, on voit marqué A 
un chaton mâle entier couvert de ses fleurs épanouies, puis en 
B un régime femelle chargé de deux fleurs, dont l'une parait 
déja fécondée, et de deux cocos, l’un jeune, l’autre adulte. 

Dans la seconde vitrine se trouvent huit pièces, à savoir : 
C. Un coco coupé transversalement un peu au-dessous de la 
réunion des deux lobes, soit au tiers de la partie supérieure 
(du côté opposé au pédoncule *). On y distingue parfaitement : 
le brou charnu et fibreux ; la coque ayant à peu près la même 


1. Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, 1807, in-#°, 
vol. IX, p. 146. — Sur le Cocolier des Maldives. Extrait d'un mémoire lu 
à l'Académie des Sciences le 14 octobre 1801 par M. Labillardière, et 
Extrait d'un mémoire envoyé au Muséum par M. Quéau-Quincy, com- 
mandant et administrateur général des [les Séchelles, sur le palmier 
qui produit les fruits appelés Cocos des Maldives. 

2. L'auteur doit vouloir dire du côté du pédoncule, il semble avoir pris 
une extrémité pour l’autre. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1919, 16 


242 A.-A. FAUVEL 


épaisseur, ce qui indique que le fruit est encore jeune et que 
cette coque est encore à l'état mou; l’amande remplissant 
entièrement chacun des lobes. E. L'amande entière dépourvue 
de son revêtement brun (épisperme). D. F. Deux moitiés supé- 
rieures de la coquille (côté opposé au pédoncule) : l'une F 
vide, l’autre D contenant encore dans le lobe gauche l’amande 
müre et desséchée, avec un léger vide central, indiquant que 
le coco est arrivé à maturité complète et est prêt à germer. La 
nature fibreuse et radiée de l'amande est fort bien imitée. Dans 
cette section, l'ouverture qui doit laisser passer le germe 
montre bien le coussin fibreux élastique qui la ferme presque 
complètement, mais qui, grâce à son élasticité, permet à l'axe 
cotylédonaire d'en écarter les bords. Cette organisation origi- 
nale rappelle au naturaliste l'ouverture élastique de certains 
cocons soyeux du genre Affacus. De même que dans ceux-ci, 
les poils élastiques garnissant intérieurement et extérieure- 
ment l'ouverture du coco semblent destinés à en défendre 
l'entrée contre les insectes rongeurs, tout en permettant la 
sortie du germe!. G représente l’amande entière (revêtue de 
son enveloppe brune) arrivée à maturité et germant. H nous 
montre la noix müre dépourvue de son brou avec un germe 
déjà bien développé. Enfin, deux pièces aujourd’hui séparées, 
K, L, mais qui devaient sans doute n’en faire qu'une autrefois 
(sans doute cassées) montrent l'amande flétrie, considérable- 
ment diminuée de volume, sa substance avant été absorbée par 
le germe en forme de massue allongée que l’on voit à côté, K, 
et dont la base est encore adhérente à l’amande. Il est probable 
que, comme cela arrive dans toutes les graines, la germination 
produit des ferments qui ramollissent lamande et la font ser- 
vir à la nourriture de la jeune plante tant que celle-ci n’a pas 
encore poussé de racines. C’est ce qui explique, sans doute, 
comment l'on peut transformer en gourdes les coques du 


1. L'auteur dans ce moulage a exagéré la grandeur et l’a entourée de 
beaucoup trop de poils libres et trop longs. Il en a beaucoup figuré aussi 
autour du germe dans le moulage H. On croit y reconnaitre l'intention 
d'exagérer d’une façon obscène, sans doute en vue de l'exposition en 
public. 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 243 


Lodoicea. On sait en effet, par Quéau de Quiney, qu’à l'état 
de maturité l’amande a la dureté de la corne et qu'il est par 
suite impossible de l'extraire de la noix en conservant la forme 
de celle-ci!. 

Le catalogue accompagnant la collection de moulages men- 
tionne aussi cette particularité, citant en plus quelques lignes 
du mémoire du Commandant des Iles Seychelles. Parlant de 
l'amande, il change les mots de semence humaine, de ce 
mémoire, en substance humaine. 

Il nous faut attendre jusqu'à l'année 1827 pour avoir de 
nouveaux renseignements concernant le Zodoicea. Nous les 
trouvons consignés dans le Botanical Magazine de Curtis sous 
la signature du célèbre botaniste anglais Hooker. C'est une 
description botanique complète du Cocotier des Seychelles 
soigneusement illustrée de cinq planches en couleurs d'après 
nature. 

Après avoir indiqué la synonymie, il passe à la description 
de l'arbre, auquel il donne un tronc droit, ce qui jure avee la 
planche où sont représentés ensemble, pour la première fois, 
les deux sexes, mais portés par des troncs trop minces pour 
leur élévation et surtout beaucoup trop tortueux. Par contre, 
nous pouvons enfin y reconnaitre les feuilles exactement des- 
sinées, ce que n'avaient encore fait aucun des auteurs ayant 
traité de cet arbre. Hooker, n'ayant pas été lui-même aux 
Seychelles, a dû s'adresser à un artiste qui fit ce dessin sur 
place d’une façon plus consciencieuse que Lilet Geoffroy. Les 
planches du Botanical Magazine ne sont pas signées, mais, 
d'après le texte, il est probable que le dessin représentant les 
deux arbres est dû à Charles Telfair de Maurice, ami et corres- 
pondant de Hooker. 

Il décrit de plus le tronc comme « apparently destitute of 
bark », fait que n'a pas mentionné Labillardière, tandis que 
Quéau de Quincy dit que «cette écorce est extrèmement 


1. Cela explique aussi comment ces noix peuvent flolter jusqu'aux 
Maldives. En effet, avant la germination, elles sont d'une densité bien 
supérieure à celle de l’eau de mer. 


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Le, “4 
da 


241 A.-A. FAUVEL 
mince, l'on pourrait dire même qu'il en est à peu près dépourvu». 
Hooker n'en aurait done pas vu d'échantillon parfait. | 

Parlant des feuilles il dit : « The colour is a bright vellow 
« green, the texture thin and dry, and, when viewed under the 
« microscope, is seen to be composed of a beautiful tissue of 
« fine network, having quadrangular aureolae or meshes. 
« The old leaves when withered hang down upon the stem, 
« previously to falling off... The male and female flowers are 
« produced upon different trees each constituting a Spadix, 
« which bas a small sheathing Spatha at the base. » 

IL décrit minutieusement le Spadice mâle, dont il ne men- 
tionne qu'une pièce, la gravure, par contre, en figure quatre 
partant de la base des feuilles du palmier mâle. Nous ne cite- 
rons que les informations complétant celles données par 
Labillardière, Une bonne gravure (2735 B) montre le chaton 
entier très réduit; une section en travers de grandeur natu- 
relle (pl. 2735, fig. 2) ainsi que les fleurs (2735, fig. 5 et 6) 
dont une étamine (2735, fig. 8) est figurée avec un grossis- 
sement d'au moins 5 longueurs. La figure T est l’ensemble des 
étamines en grandeur naturelle, comme les fleurs. 

Il décrit mieux le chaton que le botaniste français : 

« The Spadir (male) is... amentaceous, ... cylindrical, ta- 
« pering however towards the extremity, closely covered on 
« all sides with a densely imbricated, semi circular, slightly 
« convex scales, which so completely form a continuation of 
« the substance of the spadix as not to be separated but by 
« force (et, nous pouvons ajouter, en déchirant les tissus dont 
« il font partie intime). 

« The aperture ... from which the sfamens issue, though 
« near the base (of these scales) is not in the centre of each 
« scale, but constantly on one and the same side ; and as the 
« scale laps over, with that side, the one next above it, so 
« the aperture and the stamens will be found to pass through 
« both (pl. 2735, fig. 2)». 

La figure 3 de la même planche 2735 fait parfaitement com- 
prendre (en grandeur naturelle) la position des faisceaux de 
fleurs disposés sous forme rayonnée dans le plan diamétral et 


Annales du Musée colonial de Marseille, 
volume 1915. 


3°série, 4°: 


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PI. VII. — Hooker, 1827. Curtis Botanical Magazine. PI. 2734 A. Lodoicea Seychellarum 
arbres mâle et femelle. PI, 2735 B. Fig. 1. Chaton de fleurs mâles. Fig. 2. Fleur mâle 
sur le chaton, Fig, 3. Coupe du chaton mâle. Fig, 4 
Une fleur mâle fermée, Fig 


Faisceau de fleurs mâles, Fig, 5. 
6. Une fleur mâle ouverte. Fig. 7. Faisceau d'élamines 
Fig. 8. Une étamine fortement grossie. 
PI. 2736 c. Fig. 1. Rameau de fleurs femelles, Fig, 2, Pistil. Fig. 
: 5 
Pétale. Fig, 5. Une fleur femelle. 
PI. 2737 D. Fig. 1. Coupe transversale de l'ovaire. Fig 
Fig. 3. Coupe transversale d'un jeune fruit. 
ñ J 
PI. 2738 E. Fig. 1. Noix avec son brou, Fig 
o 


3. Sépale. Fig. 4. 
>, Coupe longitudinale de l'ovaire 


2, Noix à trois lobes, Fig. 3, Noix germée. 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 245 


sans doute en ligne spirale suivant l'axe du chaton comme les 
écailles elles-mêmes, bien qu'il ne parle pas, dans le texte, de 
ces positions géométriques des faisceaux. La figure 2 (2735, 
fig. 2) montre le bouquet d’étamines sortant de l'ouverture à 
l'intersection de deux écailles. L'auteur explique comment les 
faisceaux de fleurs sont coupés en portions plus ou moins 
grandes, suivant que la section a passé par le plus grand dia- 
mètre de l'alvéole ovoïde qui les contient et qui correspond à 
l'ouverture, au-dessus ou au-dessous, à différentes hauteurs. 
La figure montre ainsi dix alvéoles. L'axe du chaton est 
élastique : « tough (between fleshy and fibrous) ». 

La figure # montre, aussi grand que nature, un des fais- 
ceaux de fleurs avec en a le point d'attache, beaucoup mieux 
dessiné que celui figuré sur la planche de Labillardière. Ilen 
est de même du reste de la fleur (fig. 5 et6) dont la masse des 
étamines est montrée à part fig. T avec celle qui est grossie 
fig. 8. Il donne 50 à 60 comme nombre moyen de fleurs de 
chaque faisceau, dont la forme spirale rappelle les inflores- 
cences scorpioïdes du myosotis et de l'héliotrope : « After 
« they have withered they still remain within the cavity a 
« mere mass of husky scales, 1f possible more closelv com- 
« pacted than before. Each flower is composed of 6 pieces, of 
« which the 3 outer ones have been generally considered a 
« calyæ, and the 3 inner a corolla : they are oblong, membra- 
« naceous, yellowish brown, the outer ones are rather 
« larger and more regular than the inner. Stamens 15 to 20 
« (L. met 20 à 36) anthers … terminating in 2 globular heads. 

« The spadix has a short compressed footstalk with a groove 
« on one side. » Cette gouttière est cachée par les spathes 
dans la figure de Labillardière qui du reste n'en parle pas. 

« Spadix of the female plant (planche 2736, fig. 1) also 
« springing from the axil of the leaves, pendent, 2 to 3 feet 
« long, thick and woolly, tortuose, clothed with large shea- 
« thing 


œ, red brown scales, which are singularly fimbriated or 
« more generally erose at the margin, and support several 
« more or less distantly placed female flowers, of different 


« ages, at the same time and of various sizes : for along with 


12 
_ 


6 A.-A. FAUVEL | 


« the fully formed ripe fruit is often seen the still unfertilized 
« germen in itself about the size of a hen's egg, but eave- 
« loped in the six leaves of the perianth, of so thick a nature 
« as to render the whole of the dimensions and form of a 
« moderate sized apple (pl. 2736, fig. 5 natural size). The 
« 3 outer and 3 inner leaves (or Calyx and Corolla) are all- 
« most hemispherical and one inch thick at the base ; the 
« outer ones the largest, their margins crenated ; but 
« both remain and increase in size prodigiously with 
« the fruit, so as then to be 5 or 6 inches in diameter. 
« (ermen almost concealed by the perianth, broadly ovate, 
« narrow at the base above the insertion of the perianth, and, 
«in that lower part only, exhibiting an appearance of three 
« cells (pl. 2737, fig. 1). The whole upper part, a little above 
« the letter à offig. 2, pl. 2736, is a pulpy mass, traversed by 
« longitudinal vessels. In other germens there is no trace of 
« cells. The Sfigma is sessile (unless the great mass above 
« the insertion of the ovules may be considered as a Style) 
« having a minute three lobed aperture. As the fruit advances 
« to maturity, 1 or 2 of the cells become abortive and the 
« germen rounded before then appears depressed on one side 
« (A vertical section of an unripe fruit is given at fig. 2, pl. 
« 2737 and a transverse section at fig. 3 of pl. 2737 in both 
« of which there appears to be but a single seed or nut). 
« Many, mdeed, ofthe germens are wholly abortive. A single 
« spadix ripens from 5 to 6 fruits each as large as the largest 
« melon often 1 foot 1/2 inlength, weighing 20 or 25 pounds, 
«_ oval, rounded or compressed on one side, and more or less 
« acuminated, the base surrounded by the greatly enlarged 
« perianth, (pl. 2738, fig. 1). The external coat or Pericarp 
« 1s formed by a thick envelope, or husk... of a deep green. » 

Comme Labillardière et Q. de Quiney, il dit qu'avant sa 
complète maturité la noix est remplie d’une gelée blanche 
ferme et transparente, mais seul il lui donne un goût sucré 
(sweet to the taste), devenant sure, épaisse et immangeable 
si on la garde quelques jours, et prenant en même temps une 
odeur très désagréable, 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 247 


Il décrit alors la noix, dont on trouve, dit-il, quelquefois 2, 
3 et rarement # dans le même péricarpe ; cette description con- 
corde avec les précédentes. La figure 2 de la planche 2738 en 
montre une à 3 lobes et une germant avec un axe cotylédo- 
naire très long (3 fois la longueur de la noix), renflé considé- 
rablement à l'extrémité où l’on voit la plumule et les racines 
(pl. 2738, fig. 3). Il faut, dit-1l, un an pour que le fruit atteigne 
sa grosseur normale, puis il reste 3 ans sur l'arbre avant de 
tomber. La germination se fait dès que le péricarpe a disparu 
et avant que la noix ne pourrisse. Nous pouvons ajouter que 
la noix met sans doute de nombreuses années à pourrir tant 
elle est dure. En général, il s'écoule une année entre le 
moment où le fruit tombe et celui où il commence à germer. 
On compte d'ordinaire de 20 à 30 cocos mürs en même temps 
sur l'arbre, qui ne porte fruit qu'à l’âge de 20 à 30 ans. 

Hooker donne ensuite l'histoire du Cocotier de Mer telle que 
nous la connaissons, et d'après les mêmes auteurs. Il ajoute 
qu'il a fait son travail sur des spécimens reçus par lui et par 
M. Barclay, et qui avaient été envoyés par son ami et cor- 
respondant Charles Telfair, habitant de l'Ile Maurice !, Il 
ajoute qu'un autre de ses amis, plus tard gouverneur, M. Har- 
rison, visita les Seychelles. Il décrit l'aspect offert par les 
forêts de Cocotiers de Mer poussant par milliers proche les 
uns des autres, les sexes mélangés et avec de nombreux jeunes 
plants croissant de tous côtés à l'ombre de leurs parents, dont 
les plus vieux n'ayant plus que des feuilles Jaunes et dessé- 
chées tombent rapidement en poussière. 

« À new leaf is formed upon the tree annually and on fal- 


_ 


« ing away, at the end of the year, it leaves a scar or ring ; 
« by this it is estimated that 130 years are required before 


= 


« the tree attains its full developement. The foliage is the lar- 


_ 


« gest and most beautiful in young plants... » Ilrépète ici ce 
que nous savons de leur forme et de leur couleur d'abord Jaune 
clair, puis verte. » There is a space of about # inches (10 cen- 


1. Ch, Telfair fut même un peu plus tard, 1855 à 1858, acting civil 
commissionner, c'est-à-dire gouverneur civil par intérim de ces iles, 


(TEE 
ñ 


2LS A.-A, FAUVEL 


« timètres) between the rings of the trunk. À Coco de Mer 
« planted on M. de Quincey's estate on the Isle of Mahé is 13 
« feet 1/2 high, has 39 marks or rings, and was planted 40 
« years ago (1787) itis a female plant, but there being no male 
« plant in the island the fruit never comes to maturity !. » 

Il nous faut maintenant attendre jusqu'à l'année 1840 pour 
entendre de nouveau parler du Cocotier des Seychelles. Cette 
fois c'est un botaniste allemand, Martius, qui donne une 
excellente diagnose et un peu d'histoire du Zodoicea dans son 
histoire naturelle des Palmiers publiée en latin à Munich. 
Nous ne eiterons ici que les parties de ce travail pouvant 
nous donner des informations complémentaires sur ce que nous 
connaissons déjà. 

Le texte est très clair et montre, aidé d’excellentes 
planches, comment les fleurs mâles sont disposées dans l'inflo- 
rescence scorpioïde, à savoir sur deux rangs alternés : « emer- 
gentes alternatim distichi (eincinnati) bracteis biseriatis 


summis vacuis... Rudimentum pistilli nullum. Stamina 
numerosa (24-36)... ». 


Pour la fleur femelle, il compte quelquefois jusqu’à 4 loges 
dans l'ovaire, et avec autant naturellement de stigmates, plus 
exact en ceci que Hooker qui ne donne au maximum que trois 
stigmates et trois loges ovariennes. La noix, soudée intime- 
ment au sarcocarpe par des fibres, est quelquefois trilobée par 
suite de l'avortement ou de la coalescence des carpelles. Les 
feuilles sont plus exactement décrites que dans Hooker qui 
les donne comme largement ovales, tandis qu’elles sont ici 
« palmato-flabelliformes ». Il fait remarquer que les spadices 
sont bruns et persistants. « Spadices inter frondes emergentes, 
maximi, fusci, perennantes. » 

Ses descriptions des fleurs et des fruits sont faites d'après 
les spécimens pris aux Seychellés par J. Harrison, et transmis 
par son ami Charles Telfair à Hooker, qui voulut bien les 
communiquer à Martius. 


1. Curtis Botanical Magazine or flower garden displayed, conducted 
by Samuel Curtis F. L. S. The description of the Lodoïicea Sechellarum 
by Jackson Hooker L. L. D. In-8, London, 1827. Vol. I of the New Series. 


PI. n°5 2734 à 2738. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 249 


Il décrit minutieusement le pétiole et les feuilles : 

« Petiolus fere dimidiam totius longitudinis æquans, vagina 
ampla, tandem longitudinaliter findenda amplexicaulis, antice 
ultra pollicem crassus, superne sulco longitudinali exaratus, 
subtus convexus. Lamina e rachi media longe praemissa facie 
cristae linearis extenditur ampla, obovato-subrhombea, basi 
cuneata, obtusa 6 ped. lata, flabellato-fissa, lacinns per 1 [5 
longitudinis connatis, linearibus, apice bifidis, lacinia postica 
plerumque minore ; versus rachin arcte et eleganter plicata, 
dum junior tomento dense ferrugineo obsessa ; textura tenui 
sicca, sub microscopio venarum areolas elegantes subquadran- 
gulares monstrante. » 

Il déclare quele spadice mâle sortant à la base des feuilles 


où ilest garnide plusieurs spathes : « oblique truncatis ligneo- 


coriaceis ad basin, aliisque secundi ordinis ad ramos parvos 


vestitur », porte des chatons (amenta) rameux (in ramis), peut- 


être les plus grands du règne végétal, puisqu'ils atteignent 


jusqu'à 2 pieds et plus de longueur sur # à 5 pouces de diamètre 


au milieu, car ils s’effilent aux deux extrémités : « apice brevi- 


obtusiusculo ». Les écailles sont décrites d’après deux spéci- 
mens de chatons, et cela plus minutieusement que dans 


Hooker : 


« Squamae... phyllotaxi 18/47 dispositae, peltatae ita est 
in quavis singula partem interiorem, quasi petiolarem, et 
exteriorem, sive laminarum, distinguere queas. Pars squa- 
marum interior cuneiformis cum axi spadicis arctissime 
connata, colore testaceo ; pars peripherica transverse linear 
oblonga et applanata, vicinis anterioribus dense imbricata, 
utroque latere cum lateralibus connata, lineas 15 et 18 lon- 
ga, 6 circiter lata, in uno latere, quam in altero nonnihil 
latior, fusca, ipso in margine fere nigricans, versus margi- 
nem anticum extenuata, leviter crenulata et medio emargi- 
nata ; postice quaevis squama uno latere (in nostro speci- 
mine latere sinistro) excavatur sinu profundo usque ad axin 
spadicis producto, quocum concavitas vicinae  squamae 
impressa ita conspirat ut fovea s. cella ampla formetur, 
cui funiculus multiflorus immersus haeret : flores promit- 
tens lenta successione deorsum efflorentes. » 


23 


250 A.-A. FAUVEL 


Il donne une description si nette de l'inflorescence et des 
fleurs elles-mêmes qu'il y a lieu de la transcrire ici in extenso, 
d'autant qu'elle complète celle de Hooker : 

« Constituitur autem talis fasciculus s. cincinnus duplhiei 
« serie bracteolarum sub- 30, alternatim positarum sibique 
« partim imbricatarum praecedente una majore in 1mo fundo 
« foveae, quae bracteae omnem fasciculum parienti stat ex 
« adverso. Bracteolae interiores (in quavis serie circiter 10) 
« vacuae, reliquae floriferae (cfr. Tab. Z. V f. VIII. Introd., 
« p. exv. B I et CXXVIIT !) omnes lineari-lanceolatae, acu- 
« tae, longitudinaliter nervosae planiusculae, basi plus minus 
« oblique adnatae, indeque, ob mutuam tam ipsarum quam 
« florum pressionem, arcuatae s. falcatae, 4-5 lin. longae, 1- 
« 1 1/2 latae, castaneae, margine pallidiores. In pluribus quos 
« examinavi, racemis flores defuerunt, quasi elastica squama- 
« rum pressione expressae fuerint. 

« For. Mas. 4-5 lin. longi. Calyx triphyllus. Foliola oblan- 
« ceolata, versus basin cunealo-attenuata et fundo plus minus 
« connexa, apice obtusa et rotundata vel cristula aucta, lon- 
« gitudinaliter nervosa, colore carneo fuscidulo. Petala rubella. 
« Stamina 24 aut 25 (Hooker dit 15-20 ; Labill., 20 à 36\e 
« basi perigonu. Filamenta calyce inclusa tenuiora, lineari et 
« angusto oblonga apice rotundata perbrevia compressa, ima 
« basi in corpus carnosum coalita, alba. Antherae subbasi 
« fixae, lineares truncatae, locellis binis interioribus paullo 
« altius promissis, non solum omni longitudine sed et vertice 
« aperiundae flavae. Pollen globoso-ellipticum rima longitudi- 
« nali hians, flavidum, membranam exteriorem exhibens e 
«_pluribus cellis densis factam. » C’est la première description 
que nous ayons du pollen qui est aussi montré fortement grossi 
dans la figure 13 de la planche 122. Celle-ci donne également, 


parfaitement dessinées, deux vues (2 et 3) des écailles du cha- 


\ 


ton en grandeur naturelle : l'une représente la partie supérieure 


1. C’est la planche ZV, fig. VIII de l'Introduction. Le faisceau floral 
vu par la partie supérieure et fortement grossi montre parfaitement la 
disposition des fleurs et la forme crénelée du bord des pétales, ainsi 
que l'écaille séparant les fleurs, 


Annales du Musée colonial de Marseille, Page 250. 


3° série, 1% volume 1915. 


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PI. VIII. — A.A.Fauvel, 1906. Fig. 1-2. Deux sections d'un chalon de fleurs 


mâles montrant les fleurs à divers états. Fig.3,4,5, 6. Fragments de chaton mon- 
trant les fleurs à divers états. 

Fig. 7. Fleur mâle ouverte (Fig. 1 à 7 en grandeur naturelle), 

Fig. 8. Diagramme schématique d'une fleur mâle grossie. 

Fig. 9. Grain de pollen fortement grossi. 

Fig. 10. Diagramme schématique d'une fleur femelle réduite. 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 251 


a dorso de trois écailles ; l'autre, la face intérieure de deux 


; 
autres avec la loge du groupe floral. Celui-ci est dessiné fermé: 
« a fovea depromtus eum bracteis fertilibus et sibi appressis 
« sterilibus a verlice visus », fig. #. La figure 5 montre vues 
de côté les fleurs de l'extrémité du faisceau Cincinnus avec 
les bractées stériles ; le n° 6 est un autre faisceau plus 
petit vu de côté ; T est une fleur entière fermée : 8 la corolle 
avec les étamines, entr'ouverte ; 9 le bouquet d’étamines (an- 
droecium) ; 10 une étamine (face ventrale) ; 11 une autre (face 
dorsale); 12 la même vue de côté. Dans toutes ces figures, 
plus grandes que nature et d'échelles différentes, le grossisse- 
ment n'est pas indiqué. 14 le pistil avant son développement, 
en grandeur naturelle. 

Cette même planche montre : I le chaton de fleurs mâles, 
choisi parmi les moindres et de grandeur naturelle, avec, à 
côté, | une section horizontale laissant voir 12 alvéoles de 
fleurs et la façon dont celles-ci (deux sont figurées) sont fixées 
à l’axe du chaton, grandeur naturelle. [T est aussi en grandeur 
naturelle, l'extrémité d'un spadice femelle avec deux fleurs 
dont l'une est déjà fécondée et double de grosseur de la pre- 
mière. Enfin III, une drupe entière : « in perigonio nucem 
simplicem fovens, magnitudine dimidio imminuta. » Elle est 
allongée et terminée en pointe arrondie. La description du 
spadice femelle, étant aussi parfaite que possible et beaucoup 
plus complète que celle de Hooker, mérite aussi d'être citée en 
entier. 

« Sranix Foëx. 4-5 ped. longus, suffultus pedunceulo pedem 
« et quod excedit longo, inter frondes erumpente teretiusculo 
« antice, incrassato, robusto, pendulus, ramosus, ramis e spa- 
« this alternis. Rachis flexuosa, dense obvoluta spathis cras- 
« so-coriaceis rufo-fuscis cylindricis, orificio truncato vel 
« emarginato, margine extenuatis et irregulariter crenatis. 
« Hisce spathis flores foeminei nonnulli breviter pedunculati 
« distiche immersi sunt diversae aetatis et magnitudinis et aucto 
« volumine inde emergunt, tune spathas suas cristarum specie 
« revolventes. Tomentum rufum per juniores spadices spar- 
« sum mox deciduum. Passim inter flores fructusque semi- 


252 A.-A. FAUVEL 


maturos apparent processus conici 4-6 poll. longi, pariter 
ac rhachis primaria spathis vaginati, qui verisimiliter pro 
ramis spadicis sunt habendi cum floribus nonnullis abortienti- 
bus et legitimam molem inter reliquos non adipiscentibus. 
Flos foemineus depresso-globosus, virgineus magnitudine 
ovi gallinacei mox capitis infantis, affert calycem et corol- 
lam triphyllam foliolis crasso-coriaceis, versus marginem 
extenuatam flexuosis, concavis sibique arctissime imbrica- 
us. 

« Pistillum lato-ovatum, ima basi subpedicillatum 1bique, 
auctore cl. Hooker callis tribus transversis linearibus (forsan 
rudimentis petalorum interiorum ?) instructum exhibens in 
parte inferiore loculos tres compressos, in als vero, tan- 
quam abortivis, locullum nullum rite evolutum. Stigma ses- 
sile, apertura parva triloba pertusum. Ovulum plerumque 
unicum evolutum, rare 2 aut 3. Spadix singulus, 4-6 fructus 
trium annorum spatium maturare dicitur. Fructus ingentis 
molis forsan omnium Monocotyledonearum maximus, est 
drupa lato-ovata, elliptica aut obovata, obtusa rariusve acu- 
tiuscula, aequalis aut hinc compressa, imo pedem cum 
dimidio longa, sessilis in perigonio amplicato spithamam 
lato, cujus foliola lato-transverse oblonga, basi sunt incras- 
sata et gibba, versus marginem attenuata et inaequaliter 
incisa. Epidermis laevigata glabra, nitida, olivaceo-viridis. 
Cortex nonnullos pollices crassus, spissus, griseo-fuces- 
cens, fibris longitudinalibus ramosis, percursus atque earum 
ope eum nucleo arete connatus. Pyrenae plerumque solita- 
riae, raro 2, rarissime 3 evolvuntur, fructu tunc in molem 
praegrandem aucto ; substantia ossea, colore nigricante ; 
singula pedem longa, lato-ovata vel elliptica, basi rotundata, 
superne profunde biloba, in latere exteriore convexa, in 
interiore compressiuscula, in commissura loborum crassior, 
extus sulculis tenuibus exculpta, intus laevigata atque 
repleta albumine, priusquam maturavit gelatinoso, pellu- 
cido lacteo dulci, demum indurescente atque substantiam 
corneam duram albam sistente. Embryo intra commissuram 
loborum in fovea albuminis, ellipticus, lacteus, quam albu- 


LE COCOTIER DE MER DES ÎLES SEYCHELLES 253 


« men tenerior, magnitudine fabae minoris. Interdum fit, ut 
« duae pyrenae in unum corpus coalescant, aut utroque cujus- 
« vis lobo evoluto, aut uno alterove abortiente qua quidam 
« ratione fructus quadrilobus aut trilobus formatur nunc duos 
« embryones, nunce unum solummodo ferens. Rarissimo exem- 
« plo pyrenae quadrilobae obventunt. » 

I le fait encore pousser spontanément : « in duabus solum- 
« modo parvis insulis 15 stadia distantibus ; quae Curiosa 
« aut Praslin et Rotunda appellantur ». Ici il se trompe il s'agit 
bien des 3 îles Praslin, Curieuse et Ronde, et non de deux seu- 
lement, car il confond Praslin avec Curieuse, prenant ces deux 
noms pour ceux d'une même ile. 

Sur la foi d'anciens auteurs, il attribue encore, par erreur, 
la découverte de Praslin à Mahé de la Bourdonnais en 1743, 
qui l'aurait baptisée Ile des Palmiers, à cause du grand nombre 
de cocotiers ordinaires et de Lodoïcées dont il l'aurait trouvée 
couverte. Cette histoire n’a d’exact que ceci: c’est que Lazare 
Picault avait été envoyé en 1742 à la découverte de cet archi- 
pel par Mahé de la Bourdonnais qui l'y renvoya en 1743 et 
1744, puis en fit prendre possession par M. Morphey en 1756. 

La planche 109 montre en couleurs un paysage de |l'île 
Curieuse avec, au premier plan, deux Cocotiers de Mer, l’un 
mâle en fleurs et l’autre plus grand, femelle, avec 3 régimes 
de fleurs et fruits. Ils sont un peu plus petits et un peu moins 
finement dessinés que ceux de Ja planche de Hooker dans le 
Botanical Magazine, mais comme ceux-ci ils ont un tronc 
grêle et légèrement tortueux, s'accordant d’ailleurs avec la 
description de Martius, mais un peu moins avec la nature réelle 
de l'arbre, telle que nous la révéleront plus tard les photo- 
graphies. Ce dessin est dû au crayon de Edme Fraser qui l'a 
fait sur place. 

Dans la planche X, on trouve, fig. 1, une noix coupée ver- 
ticalement pour montrer la position de l'embryon à la jonction 
des deux lobes. Il est peint en bleu clair se détachant sur le 
blanc pur de l’amande durcie, tandis que le centre (encore mou ?} 
de celle-ci est gris jaune. La noix est d'un noir violacé exté- 
rieurement et jaune brun clair dans la partie sectionnée. Cette 


254 A.-A. FAUVEL 


figure est au tiers de la grandeur naturelle, 0 "125 >< 0759. 
La fig. 2 est, comme la précédente, une reproduction également 
au tiers des dessins de P. Jossigny que nous avons trouvés 
dans les manuscrits de Commerson et qui représentent : un 
champignon « forsan agarici species (Cfr. Introd. Cap. I, 
« S 147) qualis e nuce maldivica enascitur, a facie inferiore. 
« m. n., etfig. 3: Ejusdem caespes integere putamine pro- 
« pullulanst. » 

La synonymie est fort bien indiquée ainsi que les noms des 
auteurs ayant parlé du Coco de Mer et de l'arbre qui le pro- 
duit. Nous les avons déjà tous cités à leur place respective, 
d'après les dates de leurs publications. Notons seulement cette 
remarque de Martius : 

« Auctores nonnulli hane saepè cum Cocoë nucifera con- 
« fundebant (Cfr : Dalechamp, Il, p. 1762; Nieremberg, 
« Hist., p. 297 et inter recentiores : Veinm., Phytanth. 
« Iconogra., IV, p. 11 et t. 781.) » 

Parmi ceux que nous n'avons pu trouver il cite: Gmelin, 
Syst. natur., Il, p. 569; Wildenow, Spec. Plant, IV, p. 402, n. 
6 ; Gieseke, Lin. Prael. in ord. nat., p.86; Linné, Gen. Plant., 
edit. Spreng., p. 448, n. 2213; Lamarck, Encycl. Suppl., I. 

Après Martius, Endlicher et Kunth, en 1843, se contenteront 
de résumer en une vingtaine de lignes les diagnoses de Labil- 
lardière, Hooker et Martius. Ils ne nous appennent rien de nou- 
veau sur le sujet ? 5. 

Charlier, décrivant dans l'Univers pittoresque, en 1848, l’île 


1. C. F. de Martius, Historia naturalis palmarum a Carolo Fried. 
Phil. de Martius (La date de l'achèvement du manuscrit est ainsi fixée 
à la fin de l'introduction : Dabam Monachii ex Museo Regio Botanico die 
XVII m, Aprilis a. MDCCCL (1850) natali LVI, 3 vol. in-folio, Munich, 
1843. Vol. Ill, p. 221. Tab. 109-122. Tab. X, fig. I, I, Il et Tab7° 
V. fig. VIII. Lodoicea Seychellarum. 

2, Endlicher, Genera Plantarum, 1843, Lodoïcea Seychellarum. 

3. C.-S. Kunth., Enumeratio plantarum omnium hucusque cognita- 
rum secundum familias naturales disposita, adjectis characteribus, 
differentiis et synonymis, auctore Carolo Sigismundo Kunth. Stutgardiae 
et Tubingae sumtibus J. G. Cottae M.DCCC.XLIII (1843). In-8°, vol. 
IT. Palmae, p. 225, Lodoicea, 


Aunales du Musée colonial de Marseille. 
3° série, 1° volume 1915. 


\Moche de Mablance 1891, Lodoicea Sechellaruin. Arbre mâle 


«4 \ahé. Sey chelles. 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLE 255 


Bourbon, parle du cocotier marin ou des Seychelles comme 
s'il existait dans l'ile, où il est possible qu'il ait été apporté 
de Prashin ou de Maurice, mais il est trop imprécis pour que 
nous puissions trouver là une indication sérieuse, car il se 
contente de dire : « En attendant il nous faut constater une 
espèce particulière du Cocotier appelé marin ou des Seychelles 
dont il est originaire », puis il décrit en latin le fruit dépouillé 
de sa bourre !. 

En 1848 également E. de Froberville décrivant dans l'Uni- 
vers les Seychelles et Amirantes cite naturellement ce que 
nous connaissons déjà du Cocotier de Mer. Son texte varie à 
peine de celui de Quéau de Quiney. Pour l’amande vieillie, il 
lui donne une odeur d'urine et une amertume détestable. 

I se trompe en disant : « On a essayé en vain de trans- 
planter le cocotier de mer dansles autres iles des Seychelles 


_ 
= 


« quoique le solet le climat de l'archipel soient partout sem- 
« blables, cet arbre végète mal et reste toujours stérile ailleurs 
« qu'à Praslin et à La Curieuse. » 

Nous avons vu, en effet, que Quéau de Quincy et Benezet 
avaient réussi à le faire fructifier à Mahé etqu'il végète bien à 
Maurice. 

Dans son histoire de Maurice et de ses dépendances, parue 
en 1849, l'Anglais Ch. Pridham n'oublie pas de raconter tout 
ce qu'il sait, par les auteurs que nous connaissons, sur le 
Cocotier des Seychelles. Malheureusement il ne cite pas ses 
sources et n'y ajoute que fort peu de renseignements nou- 
veaux. Il dit cependant le premier avec de Froberville que le 
poids énorme formé au haut de l'arbre par les régimes de fruits 
pesant chacun environ 50 livres est la cause du balancement 
continuel que le moindre vent leur imprime?. 

L'article si intéressant de Sir W. Hooker dans le Botanical 
Magazine de 1827 est reproduit in extenso, avec les 5 planches 


4. Victor Charlier, L'Univers, Histoire et description .,... Îles 
Madagascar, Bourbon et Maurice, par M. Victor Charlier, Paris, in-8°, 
MDCCCXLVIII (1848), p. 34-35, 

2. Charles Pridham, Mauritius and its dependencies, by Ch. Pridham 
Appendix, p. 398-399, 


RE PA er L * ( 


256 A.-A. FAUVEL 


réduites, dans la Flore des Serres el Jardins de l Europe de Van 
Houtte en 1849. L'auteur de la traduction, J.-E. Planchon, 
y ajoute quelques détails sur les industries utilisant la noix 
avec laquelle « on fait encore des boîtes à savonnettes noires 
admirablement polies montées en argent et ciselées »!, 

Il signale que, dans les planches de Martius, le pied mâle 
du Zodoicea est représenté avec des spadices rameux parais- 
sant plus gros et plus courts que ceux des planches de Hooker. 
Il se demande si ces différences tiennent à une erreur de la 
part des dessinateurs ou si elles se retrouvent dans la nature. 

Nous savons aujourd'hui, d’après les observations sur place 
et de nombreuses photographies rigoureusement exécutées par 
des naturalistes compétents, que les chatons mâles ne sont pas 
ramifiés bien qu'un ou deux puissent sortir de la même spathe, 
ce qui a causé sans doute l'erreur. 

Les opinions diffèrent au sujet de la valeur de l’amande à 
l'état frais (et Jeune), comme aliment. Sonnerat, le premier qui 
en parle, est d’ailleurs le seul à signaler au début « l'existence 
à l'intérieur de la noix d’une eau blanche d'un goût amer et 
assez désagréable », se changeant plus tard en une amande 
« solide blanche huileuse », mais 1l ne la donne pas comme 
comestible, même à l’état mucilagineux qu'il oublie de men- 
tionner. 

Labillardière (d’après ses correspondants) en fait un aliment 
assez médiocre, tandis que Quéau de Quincy, l'appréciant sur 
place, la considère comme excellente et agréable au goût quand 
elle est encore à l'état de gelée blanche, ferme et transparente, 
et venant d'être retirée de la noix encore jeune, car elle se cor- 
rompt très vite. Robillard d’Argentelle, qui n'a sans doute 
goûté à Maurice que des noix venant des Seychelles, et par 
conséquent peu fraiches, vu la longueur du voyage à cette 
époque, la déclare seulement assez bonne. Frappas qui en a 
mangé aux Seychelles, à l'état frais, la trouve agréable au 
goût « mais provoquant souvent des indigestions par sa froi- 
deur sur l'estomac ». Nous avons appris par Quéau de Quincy 


1. Flore des Serres et Jardins de l'Europe. Publiée à Gand sous la 
direction de Louis Van Houtte,in-8°, vol. IV, 1849, pp. 523-526, n° 294, 
Le Cocotier des Séchelles, par J.-E. Planchon. 


LP tte math 2e 7 AR LOTS LS se Ed 
LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 257 


qu'elle avait causé la mort de nègres qui en avaient trop 
mangé sur les navires où ils avaient embarqué des provisions 
de Cocos de Mer. Sans doute là elle s'était altérée. Owen, qui 
parle par expérience, ayant été aux Seychelles en 1823, dit : 
« The shell... containing a light coloured jelly, which, 
« although brought to table, is without any flavour and as 
« a fruit valueless ». 

En 1856, Seemann disait : « The immature fruit called Coco 
tendre . . is easily cut with a knife andthen affordsa sweet and 
melting aliment of agreable taste ». Roussin, dans son A/hum 
de la Réunion, 1868-1870, dit : « Avant la maturité complète 
« du fruit, le noyau renferme deux à 5 litres d'un liquide 
« analogue par la nature, le goût à celui du fruit du cocotier 
« ordinaire ; ce liquide lui-même occupe la partie centrale 
« d'une amande remplissant toute la cavité de la coque, d’abord 
« gélatineuse, blanche, d'une saveur fade, douceitre, assez 
« estimée cependant par bon nombre de personnes. .... » 

Miss North, qui en 1873 goûta sous l'arbre de jeunes fruits 
cueillis à son intention, déclare : « I ate some of the jelly from 
« inside, there must have been any to fill a soup tureen, of 
« the purest white and not bad!. » 

Pour notre part, nous en avons goûté durant l'été 1906, à 
Paris, dans un fruit arrivé encore frais des Seychelles et nous 
avons trouvé cette gelée absolument insipide. On voit donc 
que pour cette question il faut admettre l’adage « de gustibus 
non est disputandum ». 

Mais revenons aux renseignements plus scientifiques des 
botanistes. 

Seemann, dans son histoire populaire des palmiers, nous 
documente comme suit sur la maturité, la germination et la 
floraison : 


4. Citation de Yule dans son Glossary. Dans l'édition de 1893 de 
Recollection of happy life, par Miss North, vol. 2, p. 289, nous remar- 
quons qu'elle ne parle plus du goût, et la phrase ci-dessus est remplacée 
par : « The inner shell was double and full of while jelly, enough to 
fill the largest soup tureen ,., » 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 3° vol. 1915. 17 


ae 
A À 
nu 


258 A.-A. FAUVEL 


« When the fruit is ripe it drops to the ground and is no 
« longer fit for food. In a few months, 1f not buried in the 
« earth or exposed to the rays ofthe sun, the fallen nut begins 
« to germinate and a new plant is formed... It bears only 
« one spadice in each year (ce que nous n'avions vu indiqué 
« encore nulle part) and yet has often above ten in blossom 
« at once. It has flowers and fruits of all ages at one time; 
« grows on all kinds of soil, the best is in deep gorges and 
« on damp platforms. » 

IT regrette qu’on les coupe, car ils finiront par disparaître 
rapidement. Une bonne planche en couleurs accompagne cet 
article’. Elle représente les deux sexes de ce palmier d’une 
façon assez exacte. M. Swinburne Ward, qui fut de 1862 à 
1868 Commissaire civil (autrement dit Gouverneur) des Iles 
Seychelles, s'intéressa (comme le firent ses prédécesseurs 
Quéau de Quincy, Charles Telfair (1856-1858) et G. Har- 
rison), au fameux Cocotier. Il envoya à Sir W.J. Hooker, 
membre de la Société Linnéenne de Londres, un mémoire 
dont ce dernier donna lecture en séance de cette Société le 3 
mars 1864, et que nous trouvons publié en 1864-65 dans la 
partie botanique de son journal (1865). Vu son importance, 
nous en citerons les passages qui complètent les renseigne- 
ments déjà donnés. 

Il nous met d'abord en garde contre les informations trans- 
mises au sujet de ce palmier, dont on ne connaît encore que 
fort imparfaitement les conditions de croissance, à cause du 
long espace de temps qu'il met pour arriver à maturité et de 
la difficulté qu’on éprouve à obtenir les données exactes en ce 
qui concerne son développement. Les détails fournis par les 
habitants du pays n'ont pas grande valeur, parce que. ces 
personnes n'ont pas l'esprit d'observation et que la sincérité 
de leurs réponses à toutes les questions qu'on peut leur poser : 
est loin d’être parfaite. 


1. Berthold Séemann; Popular history of the palms and their allies, 
by Berthold Séemann Ph, D. — M. A. — F.L. S. — Petit in-4°, Lon- 
don, 1856, p. 230. Genus XXXVIT. Lodoicea Labill. Planche en couleur 
n°43. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 259 


On admet en général qu'il ne fleurit qu'après 30 ans et 
qu'il n'atteint guère son entier développement qu'au bout 
d’un siècle. Personne ne peut dire jusqu'à quel âge 1l peut 
vivre, ni quel est celui des pieds les plus grands,qui sont vrai- 
ment gigantesques. Aucun de ceux que les Anglais ont semés 
depuis qu'ils ont pris possession des Seychelles (1815) n'est 
encore arrivé à toute sa taille. Celui planté en 1848 
dans le jardin de la maison du Gouverneur (Government 
House) est encore dans l'enfance. Bien qu'âgé de 15 ans, 
il mesure seulement 16 pieds de haut et cette dimension est 
réalisée avec les feuilles seules, car il n’a pas encore de tronc 
visible. Ces feuilles partent encore du sol, comme celle du 
Palmier du Voyageur Ravenala Madagascariensis! et leur 
ressemblent. Svwinburne Ward se trompe ici évidemment, 
car les feuilles même jeunes du Æavenala ressemblent beau- 
coup plus à celles du bananier qu'à celles d'un Latanier ou d'un 
Lodoicea. I continue comme suit : 

« Nine months after the nut has been planted, supposing 
« germination to have begun at once, the leaf sprouts at an 
« angle of 45° from the root; it is very closely folded, with à 
« smooth hard surface terminating in a sharp point. When 
« about two feet above the surface it expands, and in nine 
« months after another leaf follows, coming up the grooved 
« surface of the midrib of that which preceded it, and so on 
« at intervals of nine months, each succeeding leaf becoming 
« larger in size. All these leaves cluster together and support 
« each other, no stem appearing above the ground. From the 
« age of 15 to 25, the tree is in its greatest beauty and the 
« leaves at this period much larger than they are subse- 
« quently. They consist of two layers of fibres crossing each 
« other at right angles imbedded ina thick stratum of paren- 
« chyma enclosed in a tough skin. The stem of the full- 
« grown tree, like that of all palms, consists of hard fibres 
« imbedded in medullary substance enclosed in a hard sheath 


1. Au moins quand cet arbre est jeune, car il a plus tard un tronc 
très élancé. 


200 A.-A, FAUVEL 


« lavec alternance de blanc ou jaune clair et de noir) so that 
« a good axe is required to cut it (en travers, car en long ce 
« bois se fend très facilement). It splits readily but 1s extre- 
« mely durable. Unlike the eocoa-nut trees, which bend to 
« every gentle gale (flecti sed non frangi (sic)) and are never 
« quite straight, the Coco de mer trees are upright as 1ron 
« pillars (frangi sed non flecti (sic) undisturbed in their posi- 
« tion by the heavy gales and violent storms so often occur- 
« ring in tropical regions. 

« At the age of 30, the tree puts forth its blossoms. — The 
« female tree is 20 feet shorter than the male tree which fre- 
« quently attain a height of 100 feet. » Ceci nous montre 
combien peu exacts sont les dessins publiés jusqu'alors et qui, 
tout particulièrement dans le Botanical Magazine et dans le 
livre de Martius, nous montrent juste le contraire : à savoir le 
Lodoicea femelle plus élevé que le mâle, et tous deux avec des 
troncs tortueux et inclinés. 

Il décrit ensuiteles chatons de fleurs mâles dont les écailles 
sont disposées en spirale. Il assigne une durée de 8 à 10 ans à 
la floraison mâle. Ces chatons, d'un brun rouge, émettent une 
odeur huileuse des plus désagréables. Si, après les avoir cou- 
pés, on les met dans un endroit accessible aux fourmis, 
celles-ci les dévorent rapidement. Les arbres mâles en ont 
toujours un certain nombre à tous les degrés de développe- 
ment, en pleine fleur, fanés, ou complètement pourris. 

Il est encore le premier à mentionner que les fleurs femelles 
laissent couler de leur sommet une sécrétion gommeuse qui 
sans doute arrête et fixe le pollen, et assure ainsi leur fécon- 
dation : 

« The fruit stalk is supported by 3 very strong bracts; the 
« outer one of these, the top of which is wedge shaped, 
« penetrates the stalk of the leaf immediately above it, in the 
« underside of which nature has left a fissure accessible to it: 
« By this provision the stalk is enabled to support the 
« weight of thefruit which hangs upon it, sometimes exceeding 
« four hundred weight (203 kilos). Eleven nuts have been seen 
« on one stalk, the probable weight of each being about 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 261 


forty pounds (18 kilos). Such clusters are however very rare, 
and # or 5 maybe taken as the average number on one stalk. 
« From the fructfication to full maturity a period of nearly 
10 years elapse. The fruit attains its full size in about 4 
years and is then soft, and full of semi-transparent jelly- 
like substance of an insipid sweetish taste. The mesocarp 
is a leathery substance of a brownish green colour adhe- 
ring to the shell. As the nut ripens, this gradually dries 
up into a white horny kernel, about 1/2 an inch {1 centi- 
mètre) in thickness and of no use whatever, supposed to be 
poisonous, but, probably only quite indigestible. The nut in 
its perfect state is about 18 inches (45 centimètres) long 
and of the same breadth, something in the shape of a heart 
with two separate compartments. It is enveloped like the 
cocoa-nut in a fibrous husk:; but its texture is not nearly 
so thick or so strong, and it drops off soon after the nut 
falls from the tree. The nuts sawn in half and divested of 
the kernel form excellent calabashes, and are universally 
used for baling btoas. The entire nut is frequently used as 
a water-keg and holds 3 or # gallons (13 1/2 à 18 litres) of 
water. It has however to be « caulked » in the centre, 
where germination takes place, before it becomes com- 
pletely water-tight. 

« The arrangements provided by nature for the roots of 
both male and female trees are of a most peculiar nature, 
quite distinct from those provided for any other known 
tree. The base of the trunk is of a bulbous form and this 
bulb fits into a natural bowl or socket, about 2 and 1/2 
feet in diameter (0"755) and 18 inches (0"45) in depth, 
narrowing towards the bottom. This bowl is pierced with 
hundreds of small oval holes about the size ofa thimble 
(0%015) with hollow tubes corresponding on the outside 
through which the roots penetrate the ground on all sides, 
never, however, becoming attached to the bowl: their par- 
tial elasticity affording an almost imperceptible but very 
necessary « play » to the parent stem when struggling 
against the force of violent gales. This bowlis of the same 


262 A.-A; FAUVEL 


substance as the shell of the nut, only much thicker. As 
far as can be ascertained, it never rots or wears out. It has 
been found quite perfect and entire in every respect 60 
years after the tree has been cut down. At Curieuse, many 
sockets are still remaining which are known to have 
belonged to trees cut down by the first settlers on this 
island. 

« This curious arrangement renders it impossible that the 
trunk could grow in a slanting position ; and there 1s no 
known instance of its doing 50, either on the flat or on the: 
steep sides of the mountains in both of which situations 
the tree thrives equally well. The high price still fetched 
by the nuts will ultimately be the cause of their complete 
extinction on these islands. The growth of the palm is so very 
slow that no one can expect to reap where he has sowed 
and the people consequently never take the trouble to 
plant any for the benefit of posterity. Not content too with 
dgging up the nuts that have fallen and taken root, they 
ruthlessly destroy whole trees by cutting them down for 
the sake of the nuts and the heart leaves, which later are 
used for making hats, fans and baskets. Many of the trees 
still standing are quite spoilt by the practice of cutting out 
these centre or heart leaves, leaving the tree shorn of its 
beauty and with an untidy ragged appearance. Besides the 
ravages of man, fire is a terrible enemy to these forests, a 
year seldom elapsing, without their being sufferers by acci- 
dental conflagrations, especially those forests situated at 
the north-west end of Praslin on which are now found only 
such male trees that from their height overtopped the 
flames that destroyed the females. At the south-east end. of 
Praslin, they are more plentiful, the dry season, being in 
the south-east monsoon and as the forests are to windward, 
they are not exposed to much danger from spreading fire. 
« No suggestion will induce proprietors to abandon their 
present habit of wilfully destroying the trees for the sake 
of the nuts and leaves, or to take some pains for the culti- 
vation and reproduction of this magnificent Palm. Not 


FA 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 263 


« many years will elapse before the Coco de mer becomes in 
« reality as rare as it was supposed to be when first picked 
« up at sea by the wondering mariners, and the only relics 
« left of its former magnificence will be the decaying blacke- 
« ned stumps of the trees so wantonly destroyed and the 
« curious sockets in which they stood for so many years. — 


« Seychelles, April 16, 1863. » 
A ce rapport Sir W.J. Hooker a ajouté 


« In a letter received from M" Ward, he requests me to 
« accompany this communication with a statement that seve- 
« ral of the facts here described were also noticed by 
« D" Barnard and published in a volume of the Asiafic Socie- 
« tys Journal, and that these have all been verified by 
« himself !.» 


_ 


Le rapport ci-dessus de M. Swinburne Ward attira l’atten- 
tion d'un naturaliste français, M. Ch. Naudin, qui en publia, 
cette même année 1862, une analyse résumée dans la Revue 
Horticole, et il ajouta : « Le mémoire de M. Ward a eu certai- 
« nement pour objet d'éveiller l'attention de la Société Lin - 
« néenne de Londres sur le danger que court cet arbre et de 
« l'intéresser à sa conservation. Son vœu a été entendu, et la 
« Société Linnéenne, sur la proposition du D' Hooker, a décidé 
« à l'unanimité qu'une requête serait adressée au gouvernement 
« de l'Ile Maurice (dont dépendent les Seychelles), pour l'invi- 
« ter, au nom de la science, à prendre les mesures nécessaires à 
« la conservation d'un végétal aussi remarquable par son orga- 
« nisation qu'utile par ses produits, et qui à ce double titre 


1. Journal of the proceedings of the Linnean Society. Botany, vol. 
VII, 7,8, 1864-1865, p. 155. On (he, Double Cocoa-nut of the Seychelles 
{ Lodoicea  Sechellarum). Sea Cocoa-nut, Double Cocoa-nut, Coco de 
mer, by Swinburne Ward Esq'® Civil Commissionner. Communicated by 
Sir W, J. Hooker F, R. S, and L, S., etc, Read March 3, 1854. 

DT Barnard, Asiatic Society’s Journal (1862-63?) 'on the Lodoicea 
Seychellarum. 


264 A.-A, FAUVEL 


« Joint celui d'être un des derniers survivants de l'antique 
« végétation du globe, » 

Le Gardner's Chronicle reproduisit en 1864 la partie du rap- 
port de M. Ward concernant le bowl, en l'accompagnant 
d'une gravure ? : ilen fut de même de la Flore des serres et 
Jardins au cours d'un nouvel article sur le Cocotier des Sey- 
chelles. Après avoir rappelé le premier article publié 15 ans 
auparavant par M. J.-E. Planchon, et cité la partie de l’article 
de Naudin rectifiant les erreurs commises au sujet de l’âge de 
maturation du fruit, maintenant fixé par Ward à 9 à 10 
années au lieu de 3 à # données par Quiney, ete., il ajoute : 
« La pulpe à ce moment est devenue tellement résistante 
« que le ciseau peut difficilement l’entamer... Nous ne con- 
« nalssons pas dans la nature d'exemple d’une parturition 
« aussi patiente, aussi longue. » Au sujet du bowl, ou socle, il 
demande en terminant : « D'où vient ce socle et est-il le col- 
let de la racine primitive? » 

Dans le vol. XVI de sa Flore, Van Houtte‘revient en 1865- 
67 sur ce sujet, reproduisant, avec la gravure du bowl, celle 
d'une noix de Coco de mer germant, parce qu'il a trouvé dans 
le Gardner's Chronicle des renseignements sur ce point com- 
plétant ceux qu'il a déjà donnés. Voici la traduction de ces 
derniers détails : 

« Une des pièces les plus curieuses qui font partie de la 
« collection des bois du Musée de Kew (Botanical Gardens) 
« est bien certainement une grosse masse ayant la forme 
« d’un chaudron percé d'une multitude de trous correspon- 
« dant à autant de tubes ouverts à leur extrémité inférieure. 


= 


_ 


= 


1. Ch. Naudin, Revue horticole, journal d’horticulture pratique... 
publié sous la direction de J.-A. Barral, in-8°, Paris, 1864, p. 147, col, 2, 
Le Lodoicea Sechellarum, par M. Ch. Naudin. 

2. Gardner's Chronicle, 1864. Lodoicea Sechellarum. The bowl, with 
2 fig., n° 132, ibid. 

3. Flore des Serres et Jardins de l'Europe, Annales générales d’hor- 
ticulture, Gand, t, XV, 1862-65,. p. 168, n°, 1427, Le Cocotier des Sey- 
chelles, avec 2 figures par Louis Van Houtte. 

#. Ibid., Louis Van Houtte, vol. XVI, p. 114 et figure. 


« 


« 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 265 


Les trous assez larges pour y introduire le doigt servent 
de passage aux racines du palmier... » 
Ce n'est en somme qu'une traduction, variant à peine du 


texte de S. Ward et appliquée à un échantillon de la collec- 


tion de Kew. Mais il ajoute le renseignement suivant : 


« 


« 


Lors de la germination, le cotylédon (voir la figure) est ter- 
miné inférieurement par une gaine épaisse qui entoure la 
semmule et dont la base livre passage à plusieurs racines. 
Les feuilles qui se développent ensuite sont également 
engainantes et se succèdent durant 15 à 25 ans sans qu'il se 
forme à leur centre une tige apparente. Pendant ce temps 
les racines se multiplient en se pressant les unes contre les 
autres, leur tissu extérieur se durcit vers leur base, les 
intervalles qui les séparent se remplissent d'une matière 
extrêmement dure et le sommet de leur masse entoure la 
base épaissie et tendre de la partie aérienne de l'arbre. Il 
paraïîtrait, mais cela demande confirmation, que l'arbre, 
quand plus tard son tronc s’est développé, peut, sous l’ef- 
fort des vents, jouer librement dans le socle qui le sup- 
porte. » L'auteur de la Flore critique ce passage comme 


suit : « On ne peut faire que des suppositions. Si les tubes 


étroitement réunis et soudés l’un contre l’autre ne sont pas 
constitués par la partie extérieure des racines dont la por- 
tion centrale ou médullaire aurait disparu, il faut alors y 
voir autant de coléorhizes fournies par les gaines du cotylé- 
don et des feuilles radicales qui lui succèdent, coléorhizes 
qui.se prolongent jusqu'à une certaine distance autour de 
chaque racine. Nous ne pensons pas que ces tubes aient 
pu être formés par une excrétion corticale des racines. 
L'examen anatomique peut immédiatement dévoiler quelle 
est la nature morphologique de cette étrange production. 
De même que le rédacteur du Gardner's Chronicle 11 nous 
est difficile de croire que les racines si nombreuses de ce 
palmier puissent jouer dans leurs gaines quand le trone et la 
cyme sont battus par les vents. — F. C.f. 


1. Flore des Serres et Jardins, Annales générales d'horticulture, 


Gand (Belgique), Louis Van Houtte, 1865-1867, vol. XVI, p. 1f#et 2 
figures. Le Cocotier des Seychelles, par FC: 


266 A.-A. FAUVEL 


Nous pouvons ajouter que nous ne voyons pas pourquoi la 
nature aurait pourvu le Lodoicea d’une sorte de condyle dans 
lequel la base du tronc et les racines pourraient jouer au 
moment des coups de vents pour la bonne raison que, les 
Seychelles étant situées dans la zone des calmes équato- 
riaux, les vents violents y sont si rares que les premiers 
navigateurs qui y abordèrent y ont trouvé de grands arbres 
morts depuis des années et pourrissant sur pied. Ils n’ont pas 
manqué d'en déduire avec raison que les cyclones de l'Océan 
Indien n’atteignaient pas la latitude de cet archipel. 

Cet appareil bizarre se rapproche beaucoup de la formation 
curieuse découverte dans les racines d’une Graminée fossile 
croissant hors de terre comme le Verschaffeltia splendida, un 
autre palmier spécial aux Seychelles, qui, comme les beaux 
Pandanus de ces îles, paraît monté sur des échasses obliques. 
M. Dupont, directeur du jardin botanique de l’île Mahé, qui 
a bien voulu se donner la peine de nous envoyer un superbe 
échantillon du fameux how! déterré à l’île Praslin, par l’inter- 
médiaire du gouverneur Sir E. W. Davidson, écrivait à ce 
dernier : 

« In Lindley's Treasury of botany, p. 962, a reference is 
« made to the bowl which is mentioned by M. Fauvel. The 
« note in question is however erroneous and if the bowl 
« (which is simply the cavity left by the base of the stem at 
« the point ofjunction with the roots)is an interesting feature, 
« it is not particular to the Coco de mer. Ï have seen it in 
« the common aloe (Fourcroya gigantea) and it is probably 
« common toother plants which are provided with soft stems 
« and a mass of convergent roots. » 

Parlant ensuite des fruits du Coco de mer il ajoute : 

« One very strange fact or story is the case of dimorphism 
« which is found in the fruits. If a collection of fruits is exa- 
« mined, a certain number of them are found to be different 
« in shape from the others. Those that have the two lobes 
« provided with a deep sinus in the middle in such a way as 
« to give them such a nasty appearance are called by the Sey- 
« chellois female fruits, and those that have the two lobes 


Î 


Page 267. 


Annales du Musée colonial de Marseille, 


l°* volume 1915. 


3° série, 


Noix mâle décortiquée vue de face. 


. Noix femelle 


Collection A .-A 


Pl: 


indication de l'enveloppe fibreuse qui la contenait) vue de face. 


avec 


.Fauvel). 


5) 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 267 


« parallel and forming nearly two straight lines from top to 
« bottom are called male fruits. The female fruits are suppo- 
« sed to produce female plants and the same with male 
« fruits. [ was struck lately in visiting Curieuse and Praslin 
« to find a very greater number of male trees than of female 
« trees, whilst the proportion of male fruits in a given heap 
«is generally very small. However at Anse aux Courbes 
« there are two lines of Coco de mer trees planted by 
« M. Despilly one of which is entirely composed of male 
« trees and the other entirely of female trees... thus lea- 
« ving one to believe that there is a certain amount of 
« probability in the selection of nuts according to shape!. » 

Le howl envoyé par M. Dupont et qui nous est parvenu à 
Paris, en août 1906, nous a permis de constater que 
les pertuis laissés par les racines sont du diamètre moyen de 
un centimètre et qu'ils sont cylindriques, comme les racines 
d’ailleurs, et non point ovales comme l'a écrit par erreur 
Swinburne Ward à la Société Linnéenne. La gravure accom- 
pagnant l’article du Gardner's Chronicle, et qui a été faite 
d'après un dessin, les montre ovales, il est vrai, mais c'est 
là un effet de la perspective?. La photographie que nous 
avons prise avec soin les montre bien circulaires dans la 
partie vue de face. Ces trous sont, sur notre spécimen, parti- 
culièrement abondants sur les bords supérieurs de l'alvéole, 
(bowl), tandis qu'au fond ils ont disparu. On remarque aussi 
au milieu du fond une masse rayonnée qui semble avoir fait 
corps avec le tronc de l'arbre, ce qui semble prouver qu'ainsi 
soudé avec cet appareil 11 lui était impossible d'y remuer 
sous la poussée. des vents, comme le croyait probable le rédac- 
teur du Gardner's Chronicle. 


1. Lettre de M. R, Dupont, Curator of the Botanical Garden, Port 
Victoria, Mahé, Seychelles, à son Excellence W, E, Davidson, Gouver- 
neur des Iles Seychelles, le 22 mai 1906, et communiquée par ce dernier 
à l’auteur... 26 juin 1906, 

2. Ou plutôt de l'intersection du tube cylindrique par la surface sphé- 
rique du bowl, Leur section perpendiculaire à l'axe est en effet circu- 
laire comme celles des racines elles-mêmes, — A,F, 


268 A.-A. FAUVEL 


Le Journal de la Société de Géographie de Londres publia, 
en 1865, un article sur les Seychelles par le Lieutenant-Colo- 
nel Lewis Pelly. Parlant du Cocotier de mer, qui ne pousse 
qu'une feuille par an, il dit qu'on peut facilement par ce fait 
connaître son âge en ajoutant au nombre des anneaux laissés 
sur son tronc par les feuilles disparues, celui de celles de sa 
couronne. Il ajoute : « The shell of the fruit you may find 
«-turned into the scallop of some Fukeer in Northern Indiaf. » 
Nous avons trouvé, en effet, dans plus d’un musée, des tasses 
de mendiants fakirs de l'Inde et de la Perse taillés dans une 
demi-noix de Coco de mer, ornées de fines gravures et 
d'inscriptions arabes ou persanes, et portant aux deux extré- 
mités des chaînettes permettant de les suspendre au cou. 

L'un des plus beaux échantillons de ces sébilles polies et 
gravées est représenté sur ses trois faces par une bonne gra- 
vure que nous avons trouvée un jour par hasard en feuilletant 
une vieille collection du Magasin Pittoresque. 

Ce demi-coco, que l’auteur anonyme de l’article qui accom- 
pagne la gravure appelle, par erreur, Gourde d'un derviche, 
est un superbe échantillon de l'art persan moderne facilément 
reconnaissable par le fait que les inscriptions en caractères 
arabes qui y sont gravées sont accompagnées d'une scène 
formée de trois personnages, tous trois coiffés du grand bon- 
net persan. D'ailleurs les Arabes et les Turcs n'étaient 
pas, comme on le sait, les représentations de la figure humaine. 

L'article explique que ce vase s'appelle en persan 
ketchkoull, de ketch cintré, courbé et de koull épaule, à cause 
de la convexité de sa surface. C'est une espèce d’écuelle 
gourde que le cherletdar ou échanson porte suspendue à 
l'épaule au moyen d’une chaînette fixée aux deux extrémités. 
Les dimensions de l'objet sont : 0"26 de longueur, sur 
0%15 de largeur et 0"13 de profondeur. Le contenu des 
versets du Coran gravés à la surface n'offre aucune allusion 


1. Journal of the Geographical Society, vol. XXXV. London, 1865, 
On the Island of Mahé Seychelles, by Lieutenant-Colonel. Lewis Pelly, 
p. 231-237. 


Annales du Musée colonial de Marseille, Page 268. 


3e série, 1°" volume 1915. 


> 


PI. XI. — Magasin Pilloresque, 1S54, La Gourde du Derviche. 
Demi-noix de Coco de Mer gravée en Perse. 


LE COCOTIÈR DE MER DES ÎLES SEYCHELLES 269 


soit au vase sur lequel on les a inscrits, soit aux personnes 
qui s’en serviraient. Ils ne sont là que pour porter bonheur à 
celui qui les a écrits, lus ou gardés près de lui, suivant la 
croyance des musulmans qui attribuent une vertu magique à 
la lettre morte. 

Noùs avons eu l'occasion de voir plusieurs fois dans l'Inde 
ces moitiés de Cocos des Seychelles pendues au cou des fakirs 
mendiants qui bien certainement n'en connaissaient pas 
l'origine. 

Un autre naturaliste, le Docteur Ed. Perceval Wright, 
résidant aux Seychelles, accompagna en juin 1867 le gouver- 
neur civil Swinburne Ward dans son voyage d'inspection 
autour de l'île Praslin, M. P. Wright explorait alors les forêts 
des Seychelles. Il a fait paraître plus tard dans ses Spicileqia 
biologica le résultat de ses études sur place du ZLodoicea. 

Nous en citerons seulement les passages complétant les 
renseignements déjà fournis par S. Ward. Notons dès le 
début qu'il observa un bouquet de # à 5 de ces arbres sur la 
côte Est de Praslin : «growing erect to a height of about 40 
« feet, from between a mass of granite boulders quite close to 
« the sea-shore. » Cette citation est importante en ce qu'elle 
permet de comprendre comment les noix des Cocotiers de Mer, 
qui, avant leur destruction par les premiers colons, poussaient 
jusqu’au bord même de la mer, pouvaient soit tomber directe- 
ment dans les flots, soit y être portées par les pluies toujours 
fort abondantes dans ces îles. Cependant il y a heu de remarquer 
que, vu le poids très considérable de ces fruits, ils ne pouvaient 
flotter qu'après que l’amande était complètement desséchée à 
l'intérieur ou détruite par les ferments de la germination. 
Dans ce dernier cas surtout, la noix, allégée de son brou, qui 
comme nous l'avons vu tombe en peu de jours, devait flotter 
comme un tonnelet vide. 

. En débarquant sur la côte orientale de Praslin, P. Wright 
remarqua que « the double cocoa-nut trees were all male 


1. Magasin Pilloresque, vol. 22, 1854, pp. 54-56, La Gourde du 
Derviche. 


270 A.-A. FAUVEL 


« plants ; the ground at their feet was covered with the 
« remains of the long catkins, erumbling into dust when 
« touched. The trees appeared to grow almost out of the 
« rock, and the little earth seen near the roots was a tena- 
« cious yellow clay. Two, and sometimes, three leaves hung 
« suspended from the stem. In the distance, along the coast 
« and up the mountains side, I saw other specimens ; but 
« they were but slightly scattered along this eastern side of 
« Praslin. » 

Le cri d'alarme jeté par M. Swinburne Ward et par Sir 
W. T. Hooker dans sa conférence sur le Lodoïcea à la Société 
Linnéenne en mars 1864, au sujet de la disparition pro- 
chaine de cette merveille du monde végétal, avait ému l'opi- 
nion des botanistes, et la visite de MM. Ward et P. Wright 
à l'île Praslin avait pour but d'étudier la question en vue des 
mesures à prendre pour la conservation de ces palmiers. Ils 
purent constater que si beaucoup de centaines de Cocotiers 
de Mer avaient été détruits dans le Nord-Ouest de Praslin, 1l 
en restait encore quelques grandes forêts dans le reste de 
l'île et que l'arbre ne risquait en rien de disparaître. Ils en 
trouvèrent encore sur l'ile Curieuse et l'île Ronde. Cette toute 
petite île est située à l’entrée d'une grande baie profonde qui 
s'ouvre sur la côte Nord-Ouest de Praslin. Il parait bien que 
les Lodoicea sont spontanés dans ces trois îles tandis que 
partout dans les autres îles du groupe des Seychelles ils ont 
été plantés par la main de l’homme. Sur l'île Ronde, 1l n’en 
restait plus que deux ou trois. Sur l'île Curieuse, qui est pro- 
priété de l'État, ils ont été plus respectés et on en trouve 
encore en grand nombre, particulièrement sur la côte Nord. 
Sur la côte Sud, le sol est très pauvre et la plus grande partie 
de la terre végétale a été enlevée par les pluies parce qu'elle 
n'était plus protégée par les broussailles arrachées par les 
colons. Aussi les Cocotiers de Mer, qu'on y trouve d’ailleurs 
en petit nombre, ne s’élèvent-ils pas à plus de 10 à 12 pieds, 
tandis qu’au Nord ils deviennent fort grands. 

Il explique alors que la conservation de ces arbres sur l’île 
Curieuse est surtout due au fait de l'établissement d’un lazaret 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 271 


pour les lépreux qui y fut fondé en octobre 1829 sous la 
direction de M. Georges Forbes. Le Gouverneur d'alors 
(G. Harrison?) s'étant, bien avant MM. Swinburne Ward et 
Hooker, préoccupé de la conservation des Cocotiers de Mer, 
avait donné des ordres écrits au directeur pour qu'il fût 
défendu de couper les feuilles et de manger les fruits. Il 
exprimait même le désir que, une fois par mois, l’on plantät 
à une distance de dix pas l’une de l’autre, toutes les noix 
müres trouvées sous les arbres. Aucune embarcation ne pou- 
vait aborder dans l'île à moins d'être en charge de quelque 
officier du gouvernement. Il est curieux de remarquer, ajoute 
M. P. Wright, que, les lettres de Sir W. Hooker sur ce sujet 
étant arrivées aux Seychelles juste au moment où l'on donnait 
ces instructions, on ne risque guère de se tromper en les 
attribuant dans une grande mesure au désir de remplir ses 
vœux. fl ajoute, pour être juste, que, d'après le témoignage 
de plusieurs gouverneurs et d'après ce qu'il a pu constater 
lui-même (en sa qualité de médecin du gouvernement chargé 
de l'Ile Curieuse), M. Forbes a depuis 1829 jusqu'en juin 
1867, soit pendant près de #0 ans, rempli fidèlement son 
mandat tant pour l'esprit que pour la lettre, tant pour les 
merveilleux palmiers que pour les malheureux malades habi- 
tant l'ile. 

Mais c’est à Praslin même qu'il faut voir le Zodoicea dans 
toute sa gloire. La forêt de ces arbres, la plus facile à visiter, 
se trouve dans la propriété de M. Campbell, sur la côte Nord- 
Est. Là ils poussent en grand nombre jusqu'au bord même de 
la mer. Les plus élevés se trouvent dans la vallée et atteignent 
de 100 à 130 pieds de haut. On y trouve les deux sexes en 
nombre à peu près égal. Sur cette propriété, un certain 
nombre sont dépouillés de leurs feuilles qui sont envoyées à 
Mahé où on en demande beaucoup pour la fabrication des 
chapeaux, paniers et éventails. On laisse un certain nombre 
de noix germer sur le terrain ; en plus de celles-là, un grand 
nombre de celles qui tombent ne sont jamais trouvées et un 
bon nombre sont envoyées à Mahé et à Maurice pour y être 
vendues. Mais, à moins que quelque catastrophe soudaine ne 


272 A.-A. FAUVEL 


vienne détruire cette forêt qui contient plusieurs mulhers 
d'arbres, de toutes dimensions et de tous âges, elle restera 
pour longtemps un objet bien digne d'être visité par les 
curieux de la nature. 

Une autre forêt de ces palmiers, plus belle encore selon 
M. P. Wright, est celle qui se trouve dans une grande vallée 
située dans les montagnes entre la plantation de cocotiers 
ordinaires, dont M. Osucree est l'agent sur la côte orientale, 
et l'école et église protestantes sur la côte Ouest. Une pro- 
menade d'environ deux heures au delà de la maison de l'agent 
hospitalier vous amène au sommet de la montagne et alors 
on voit s'ouvrir devant soi la vue de la noble vallée que ces 
notes sont trop restreintes pour décrire comme elle le mérite. 
Dans sa partie la plus étroite, elle peut mesurer environ un 
mille de largeur et 500 pieds de profondeur. Au centre prend 
naissance un petit ruisseau dont les méandres se dirigent vers 
le Nord-Ouest à travers une vallée plus étroite. Là on pouvait 
admirer des centaines de Verschaffellia grandiflora et un 
Stevensonia atteignant de 30 à 40 pieds de hauteur; dans des 
coins ombragés se trouvaient des bosquets de fougères arbo- 
rescentes avec des troncs de 50 pieds de hauteur; mais 
dominant le tout comme des géants au milieu de pygmées, se 
trouvaient des Zodoicea Sechellarum, en si grand nombre 
qu'il était impossible de les compter. Ils poussaient souvent 
par groupes de trois, à savoir deux arbres femelles avec au 
milieu, les dépassant quelque peu, un arbre mâle. Ils 
mesuraient de 100 à 150 pieds (30 " 50 à 46 mètres) et avaient 
des fleurs et des fruits de tout âge. La spathe du spadice mâle 
est plus grande que celle du spadice femelle ; et cette dernière, 
au moment où le fruit mürit. devient très dure et élancée 
(spike-like). C'est cette partie de l'arbre dont parlent les 
créoles quand ils vous racontent que « le régime des fruits est 
« porté par trois fortes bractées, dont la plus externe traverse 
« le pétiole immédiatement supérieur et dans le dessous duquel 
« la nature a laissé une fissure accessible audit régime », ce qui 
permet à celui-ci de soutenir le poids des fruits qui y sont 
attachés. M. Perceval Wright, tout en citant ce passage du 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 213 


“rapport de M. Ward, se défend de lui attribuer cette théorie, 
En examinant soigneusement les Cocotiers de Mer, notre 
auteur découvrit qu’ils avaient une sorte d'écorce, fait d'autant 


plus intéressant que, comme nous l'avons vu plus haut, ils 


avaient passé jusqu'alors pour n'en pas avoir. Vu l'importance 


de cette constatation, nous citons ici les propres termes du 


D: P. Wright : 


« I found on all the trees that I examined, a paren- 
chymatous barky layer that in trees that had fallen 
was easily peeled off. This barky layer ‘was curiously 
pitted; this pitting was caused by the intrusion into the 
parenchymatous layer, and piercing through it, of the 
woody fibres of the stem; but without illustrations, it 
would not be easy to explain this structure, and I must 
therefore reserve it for another occasion. Some of the so 
called « bowls » were met with on the mountain-slopes : 
here I need only add that section made through both young 
and old trees revealed no peculiarity of structure in this 
portion of the stem other than what is met with in almost 
all palms. 

« From an examination of all these forests, I arrived at 
the conclusion that the growth of the stem depended very 
much on the soil in which it grew ; and I was pleased at 
being able to determine this by the following facts. Many 
nuts have been planted on Isle S'° Anne, in different parts 
of Mahé, and at Silhouette, and the date of the plantation 
of these nuts is in many cases known with great accuracy. 
Thus M. Charles Savi planted some seven or eight at 
Silhouette in one long row, some twenty feet apart, on the 
side of a mountain, but only some two or three feet above 
high water mark; the nuts were planted at the same time, 
in the year 1812. Of these, some six germinated, and for 
the first year or two grew without one showing any great 
advantage over the other; now after the lapse of fifty six 
years, three of these trees (two females and one male) 
measure four feet in diameter at the base of their stem, 
which is twenty six feet in height, and they bore their first 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 3° vol. 1915. 18 


274 A.-A. FAUVEL 


« fruit and flowers in the year 1851, when they were, ar 
« nearly as possible, forty years old ; the other three are to 
« this day without stems, and have borne neither fruit nos 
« flowers..……. [found that the thriving Cocos de mer had 
« fallen upon good ground, where they could grow abun- 
« dantly, and that the others had fallen upon poor, stony 
« soil, where the puzzle was to find from what they did get 
« suflicient food to keep them alive now these fifty five years. 

M. P. Wright raconte ensuite comment il essaya d'intro- 
duire en Angleterre des spécimens vivants du Cocotier de 
Mer : 

« I brought with me in December 1867 to Alexandria three 
« young trees, about three years old of this palm. The wea- 
« ther was too cold at this period of the year to permit their 
« being brought either to Paris or Kew ; and I left them in 
« the care of my good friend M. Calvert H. B. M. Vice-con- 
« sul at Alexandria, well known as an excellent botanist, 
« who gave them to that excellent horticulturist Herr: Win- 
« terstein to keep during the winter. Unfortunately these 
« trees did notsurvive {. » 

Au commencement de cet article, M. P. Wright dit qu'il 
était en train de préparer un petit volume dans lequel il don- 
nerait une histoire détaillée du Zodoicea, laquelle serait 
accompagnée des photographies de l'arbre, de ses fruits mûrs 
et de sections des troncs d'arbres jeunes et vieux. Malheu- 
reusement ce travail n'a pas encore été publié et c’est ce qui 
nous à donné l'idée d'écrire cette monographie. ; 

Dans une lettre écrite le 9 octobre 1868 par le même auteur 
à À. Searle Hart? et intitulée « Six months at the Seychelles », 


1. £. Perceval Wright, Spicilegia biologica or papers on zoological 
and botanical subjects written by E. Perceval Wright M. D.— F. L.S. 
F. R. C.S. L. etc... professor of Botany, Dublin University, in-8°, Part. I, 
January 1870 (only 75 copies printed), p. 4. Notes on the Lodoicea Sechel- 
larum Labill, [from the Annals and Magazine of Natural history for 
November 1868]. 

2. E. Perceval Wright, Spicilegia biologica. Six Months in the 
Seychelles, in-8°, London, p. 68-71. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 279 


il raconte son voyage dans cet archipel et sa visite aux îles 
Praslin et Curieuse dont nous venons de prendre connais- 
sance. Il ajoute ceci au sujet de l'âge que peut atteindre le 
Lodoicea : 

« One tree of the known age of 25 vears, was found to 
« have a stem of but six inches in height and hence it was 
« asserted and generally believed that a stem of 100 feet was 
« at least 5000 years old. The large male catkins were said 
« to last in flower for five or six years, and the fruit was 
« supposed to take twice as many years to come to perfection. 
« Some mysterious relation was supposed to exist between 
« the upright stem and that portion near the ground called 
« the « bowl» by which the stem of this palm tree could 
« grow only straight ; but the language of science failed to 
« describe in what this relation differed from that met with 
« in other palms. Many of these strange statements had been 
« explained away prior to my visit; some of them still remain 
« unexplained ; but I trust that my investigations will in some 
« measure settle those points that have been hitherto unsett- 
« led, and that in my work on the Seychelles I! may be 
« enabled to clear up whatever is still indistinet in the history 
« of the Lodoicea. 1 have presented to the College Herbarium 
« (of Trinity College Dublin) the fruit in all its stages, a com- 
« plete specimen of the young palm, and a section from the 
« summit through the centre of the stem, to the termination 
« of the roots, of a full grown, though dwarfed specimen, 
« from the Island of Curieuse. » 

Le livre sur les Seychelles que préparait le D' Perceval 
Wright n'a pas encore paru à notre grand regret. 

Avec le cours des années et surtout avec les relations régu- 
lières établies avec les Seychelles, grâce aux progrès de la 
navigation à vapeur, la connaissance de leur Cocotier de Mer 
se répand peu à peu dans le monde et se précise sur certains 
points. Dans l'Album de La Réunion, publication faite en 
5 volumes, édités de 1868 à 1870, à Saint-Denis (Réunion), 
par M. A. Roussin, nous trouvons une longue description du 
Lodoicea annotée et illustrée par les soins de M. J. Potier, 


276 A.-A. FAUVEL 


alors directeur du Jardin botanique de Saint-Denis. Ce dernier 
est plus versé dans l'histoire naturelle que dans l'histoire de 
France, car 1l écrit qu'« en 1768 Bougainville, dans le cours 
« de son voyage autour du monde, visita les Seychelles et 
« vint dans l'île Praslin avec Commerson... qui créa le genre 
« Lodoicea ». À notre connaissance ni l'un ni l’autre n’ont 
été aux Seychelles. M. Potier n'y a probablement pas été 
non plus et il emprunte aux auteurs que nous connaissons sa 
description du Cocotier de Mer qui, d’après lui, atteint 25 à 
32 mètres de haut sur 30 à 40 centimètres de diamètre. Il fixe à 
12 centimètres l’écartement entre les cicatrices laissées par 
les feuilles sur le tronc ; ceci est le seul renseignement nou- 
veau et il nous permettrait, en comptant une feuille par neut 
mois, de donner près de 300 ans à un Cocotier de Mer de 
32 mètres d'élévation, à la condition toutefois qu'il ait poussé 
en bonterrain et régulièrement en formant son tronc de bonne 
heure. 

La description des feuilles, auxquelles il donne 7 mètres de 
long sur # à 5 de large pour les plus grandes, est accom- 
pagnée d'une bonne photographie montrant deux per- 
sonnes debout devant une feuille étalée, ce qui donne une 
bonne idée de leur grandeur. Comme il donne la même lon- 
gueur au pétiole cela montre que du tronc à l'extrémité les 
grandes feuilles peuvent atteindre 14 mètres de longueur. 
Nous n'en connaissons pas de dimensions supérieures dans 
les plantes actuelles. Il y a d’ailleurs lieu de noter que la 
palme figurée dans l’Alhbum de Roussin a poussé à Bour- 
bon dans des conditions différentes de celles du sol 
natal du Zodoicea et que par suite on peut sans doute en 
trouver de plus belles encore aux Seychelles qui sont plus 
chaudes et plus humides. Elle a été fournie par un Lodoicea 
de # mètres de haut seulement, âgé de 32 ans 1/2, poussé en 
bon terrain, à 100 mètres du bord de la mer et à 60 mètres 
d'altitude, dans la propriété des dames Vendriès. Il n’a pas 
encore fleuri. D'après des renseignements fournis par d'anciens 
habitants de l'ile Praslin, qui ont fait à ce sujet les plus 
patientes observations, 1l ne faut pas au fruit moins de 12 ans 


A'EPLATS 


DA 07 
FE 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES ART 


pour accomplir entièrement son évolution physiologique, à 
partür du moment où la fleur a noué jusqu'à celui où, parfaite- 
ment mûr, 1l se détache lui-même de l'arbre. 

Deux autres photographies faites sur des fruits venus de 
Praslin donnent une excellente idée de leurs formes et de 
leurs dimensions en les montrant tant entiers que décortiqués 
à côté de noix du cocotier ordinaire dans les mêmes condi- 
tions. 

Parlant des essais d’acclimatation de ce palmier tentés dans 
l'Inde, dans les îles de la Sonde, pourtant à la même latitude 
que les Seychelles, il dit que nulle part ils ne sont aussi beaux 
et aussi productifs que dans leur pays d'origine : « Ce palmier 
« remarquable entre tous paraît donc devoir être rangé par- 
« mi ces espèces végétales sur lesquelles, pour des causes 
« que nous n'avons pas à étudier ici, l'acclimatation complète 
« ne semble avoir que peu de prise!. » 

Au point de vue esthétique, les opinions diffèrent comme 
au point de vue gastronomique. Si certains voyageurs ou 
naturalistes sont pleins d’admiration pour le Zodoicea 
d'autres le trouvent beaucoup moins gracieux que quantité 
d’autres palmiers. Voici comment en juge le colonel améri- 
cain Pike, Consul des États-Unis à Port-Louis, Ile Maurice, 
qui fit un voyage aux Seychelles en 1871 : 

« À première vue, le Cocotier de mer cause un désappoin- 
« tement, le cocotier ordinaire étant décidément plus gracieux. 
« En effet, les plus vieux ZLodoicea ont un tronc mince s'éle- 
« vant à plus de cent pieds, avec une tête échevelée formée 
« d'un bouquet de feuilles moitié vertes, moitié desséchées. 
« Les arbres femelles dépassent rarement 60 à 70 pieds. 
« Étant moins élevés, ils sont moins battus par les vents que 
« les mâles. Cependant en vieillissant ils deviennent aussi 


1. A. Roussin, Album de l'Ile de la Réunion, 5 vol. in-4°, Saint-Denis- 
de-la-Réunion, 1868-1870. Collection de vues, paysages, plantes et 
insectes de Bourbon, en lithographie et photographie, par A. Roussin, 
vol. V, p. 124-130. Description du Lodoicea Seychellarum avec photo- 
graphies d'une feuille et de 2 cocos entiers et décortiqués. Article signé 
A. JT. 


278 A.-A. FAUVEL 


« laids que ces derniers. Ce ne sont que les jeunes, ceux dont 
« la tige ne fait que commencer à s'élever, qui sont véritable- 
« ment «one of the loveliest vegetable productions », les 
« feuilles ayant sans doute leur plus grande dimension et leur 
« plus grande vigueur juste avant qu'ils commencent à pro- 
« duire. Il faut 9 à 10 mois pour que le coco germe une fois 
« en terre. Le germe une fois sorti court souvent à près de 
« 20 pieds de la noix avant de pousser la première feuille. 
« Si la noix tombant de l'arbre vient reposer sur le plus 
« mauvais côté, c'est-à-dire si le germe ne se trouve pas 
« dessous, il s’allonge en vain de quelques pieds en dehors, 
« et, ayant épuisé les sucs de la noix, il se dessèche et meurt 
« faute d'humidité !. » 

Ces singularités concernant la germination n'avaient pas 
été observées ou mentionnées par les auteurs déjà cités. Elles 
sont d'autant plus importantes que, faute de les connaitre, 
nombre de personnes ayant voulu cultiver cet arbre ont perdu 
leur temps. Cette année même, au Muséum d'Histoire Natu- 
relle de Paris, deux noix fraîches envoyées par le directeur 
du jardin colonial de Nogent-sur-Marne étant entrées en 
germination, on décida de les placer dans la serre chaude et 
d'essayer d’en obtenir de jeunes plants. Les jardiniers ne 
sachant comment les traiter et ne trouvant pas de vase assez 
grand pour les placer, imaginèrent de les mettre sens dessus 
dessous au-dessus d'un pot rempli de terreau. Au fur et à 
mesure que l'axe cotylédonaire s’allongeait on était obligé 
de relever les cocos pour éviter que la pointe du germe 
ne s'écrase contre le fond du vase. Les supports, faits d'abord 
de pots de fleurs devenant insuflisants, on imagina de sus- 
pendre les cocos au moyen de cordes passant sur une poulie 
et l’on hissait le tout de temps en temps. Quand nous visi- 
tâmes les serres en Juillet 1906, les cocos étaient déjà à 


4. Colonel L. Pike, Transactions of the Royal Society of Arts and 
Sciences of Mauritius, in-8°, vol. VI. New Series, 1872. À visit to the 
Seychelles Islands by Colonel L. Pike, p. 83-112, antérieurement paru 
dans The Commercial Gazette of Port Louis, 1871. 


Li 


Anuales du Musée colonial de Marseille, Page 279 


3° scrie, 1* volume 1915, 


PLENLI Dr Moche de Mablanc, 1S91. Lodoicea Sechellarum, arbre femelle en fruits. 


Jardin du Gouverneur des Seychelles à Port-Victoria, Ie Mahé 


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LE COCOTIER DÉ MER DES ILES SEYCHELLES 279 


plus d’un mètre au-dessus de la terre et ils menaçaient les 
jardiniers d'aller jusqu'au vitrage. Nous conseillâmes à ceux- 
ci de disposer le tout horizontalement dans le plus long 
compartiment de la serre, mais il était déjà trop tard, les noix 
ayant manqué d'humidité suffisante, l'axe cotylédonaire 
commençait à se dessécher. 

John Horne, directeur des Jardins Botaniques royaux de 
l’île Maurice, chargé d’une mission aux Seychelles, fit en mai 
1875 un rapport sur les différents plants pouvant être cultivés 
dans ces îles. Au cours de ce voyage, exécuté en 1874, 1l 
visita Praslin et Curieuse, et constata que «dans sa pre- 
mière jeunesse le Cocotier de Mer est de beaucoup au- 
« dessus de toute comparaison avec les autres palmiers. Plus 
« avancé, il semble inférieur au palmier talipot (Corypha 
« umbraculifera) de Ceylan. La vue du ravin de Praslin, où 
« ilcroît dans toute sa beauté, rappelle vivement une des 
« descriptions et des tableaux de la végétation du Monde 
«avant le déluge, de Louis Figuier..…. L'âge que doivent 
« avoir les arbres avant de fructifier a été, je crois, exagéré. 
« Celui qui croit au Gouvernement de Port-Victoria, et qui 
« est un type en tous points, fleurit vers sa 34° année. IT fut 
« fécondé en juillet 1874 et les ovules étaient considérable- 
« ment gonflés en septembre. S'il a été fécondé avec succès 
« on pourra aisément s'assurer du temps que le fruit met à 
« mürir». 

Nous avons eu l'heureuse chance au cours de plusieurs 
voyages aux Seychelles de voir cet arbre et d'en faire exé- 
cuter une photographie par notre ami le D' Moche de Mablane, 
médecin de la Compagnie des Messageries Maritimes. IL était 
couvert de fruits lors de notre première visite, le 16 juin 1889. 
La photographie fut faite en 1891. On voit qu'il avait alors 
au moins quatre régimes chargés de beaux fruits. 

C'est à J. Horne que l'on doit la mesure prise par le gou- 
vernement anglais pour assurer la conservation des forèts de 
Cocotiers de Mer de l’île Praslin. Il disait en effet en termi- 
nant son rapport : 

« Une chose que je voudrais porter à la connaissance de 


280 A.-A. FAUVEL 


« son Excellence (le Gouverneur), c’est l'achat de la Ravine 
« aux Cocotiers de mer à Praslin, qui devrait être conservée 
«_et entretenue par le gouvernement. Je n'imagine pas qu'il 
« existe dans le monde un lieu à l'aspect plus antédiluvien 
« que cette ravine. La destruction des arbres qui s’y trouvent 
« serait un outrage à la science et un déshonneur pour la 
« civilisation. » 

De plus sa conservation ne serait pas en même temps sans 
« valeur , car les noix valent chacune 2 à 4 shillings (3 à 5 
« francs)! On en demande tellement qu'elles sont enlevées 
« des arbres et vendues avant d’être müres. Même comme 
« futur article de commerce, ces arbres devraient être plan- 
« tés sur toutes les réserves du gouvernement à Mahé, à 
« Praslinet à Félicité. Si la ravine ne pouvait s'acheter, je 
« suggérerais qu'elle soit échangée contre quelque autre por- 
« tion de la Couronne. » 

Ce cri d'alarme et ce vœu, répétés en Angleterre à la Société 
Linnéenne par le savant botaniste Hooker, ont été entendus 
par le gouvernement qui donna les ordres et crédits néces- 
saires au gouverneur des Seychelles pour l'acquisition de la 
fameuse ravine, Des mesures furent ensuite prises pour la 
conservation des arbres et leur reproduction?. 

Les auteurs qui de 1876 à 1881 ont parlé du ro 
n'ont rien ajouté d'intéressant à ce que nous connaissions ; le 
botaniste Baker, dans sa Flore de Mauriceetdes Seychelles, parue 
en 1877, ne lui consacre qu'une vingtaine de lignes. Sa diag- 
nose est basée sur celle de Labillardière corrigée sur Martius 
mais elle leur est inférieure, vu le manque de figures. Nous 
le mentionnons cependant parce que cette Flore est le premier 
ouvrage de ce genre concernant les Seychelles. 


1. En 1906, ayant voulu en acheter une à Paris chez un importateur 
de produits coloniaux on nous en a demandé 25 fr. 

2. John Horne, Rapport sur les différents plants pouvant être cul- 
tivés aux Seychelles. \ 

3. J. G. Baker, Flora of Mauritius and the Seychelles, a description 
of the flowering plants and ferns o1 those islands by J. G. Baker, 
F. L.S,in-8°, London, 1877, Lodoicea. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 281 


En 1881, le fameux général anglais Gordon Pacha, se trou- 
vant aux Seychelles, s’enthousiasma tellement pour ces îles 
qu'il crut y retrouver le Paradis terrestre. Il écrivit un article 
mystique et scientifique sur le Cocotier de Mer qu'il regardait 
comme l'arbre de la science du bien et du mal, et le fruit 
comme celui qui causa dans l’'Éden la perte de nos premiers 
parents. Ce sont les particularités de sa forme et de sa ger- 
mination qui lui ont inspiré cette idée plus originale encore 
que le coco lui-même qu'il appelle avec les indigènes du pays: 
Coco indécent ou Cul de négresse. Le reste de son travail n’est 
qu'unecompilation sans intérêt pour nous, mais les dessins 
dont il l’a accompagné sont si curieux que nous avons cru 
utile de nous les procurer et de les reproduire ici. Le D Prain, 
du Musée de Kew, a pu nous en envoyer deux photographies. 
Quant au manuscrit qui devait les accompagner et dont nous 
avons vu une copie aux Seychelles même, en juin 1889, il nous 
a été jusqu'ici, à notre grand regret, impossible d'en obtenir 
un double. Il n’en existe ni à Kew, ni au Jardin Botanique des 
Pamplemousses à l’île Maurice où l’on nous avait ditqu'il s’en 
trouvait un. À Kew, on possède les dessins ainsi que des 
spécimens desséchés de bractées de spadice mâle; une sec- 
tion du tronc ; un socle de pendule et une canne faits avec le 
bois, ainsi qu'un modèle du fruit. Tous ces objets, collection- 
nés aux Seychelles en 1881, furent donnés au Musée Bota- 
nique de Kew (en 1883), sans doute après la mort du général, 
par sa sœur Miss Gordon. 

Les deux planches dessinées par Gordon au lavis, à l'encre 
de Chine, sous le titre Lodoicea Sechellarum, sont annotées de 
sa main, mais non signées. La première comprend à dessins et 
la seconde 11. C’est d'abord le fruit entier vu de profil avec 
son calice. 

Au-dessus du titre on lit : « Found only on Isles Praslin 
« and Curieuse 20 miles North of Mahé Seychelles discovered 
« in 4743 named by Laballadière {sic) after Louis XV Lodoicus 
«1.e. Lodovicus. » 

A droite du fruit : « Ripe nut in husk. Weight 30 to 40 Ibs. 
« Length 15” cireumference 210”. Takes 7 years to ripen. 


» When ripeit falls. » 


CNRS 


282 A.-A. FAUVEL 


Au-dessous, trois sections du fruit, dont la première montre 
l'axe cotylédonaire sortant de l’amande indiqué par ces mots: 
« Radicle 1” diam”, smooth white and round. » La seconde sec- 
tion est celle du fruit mür faite aussi en longueur à travers les 
deux lobes"; la troisième section, faite en travers au-dessous 
des deux lobes, montre le trou par où sort le germe. 

Au-dessous, la base fendue des feuilles de l'arbre femelle 
avec un spadice femelle fermé par ses trois spathes veinées 
sortant d'une de ces fentes et un régime femelle déjà sorti du 
spadice et couvert de fleurs. Le premier est indiqué : « Female 
Baba, » et le second: « Female fruit branch. Immature, 10 nuts 
will be on one branch, weight 300 Ibs. This has flowers, buds 
and fruit of all ages of maturity. » Ce dernier dessin est à lui 
seul le plus important de la planche parce qu'il nous montre 
pour la première fois d'une façon exacte et détaillée les premiers 
stades et la position exacte de la floraison femelle. Sur la 
seconde planche, on voit également bien représentée pour 
la première fois l'inflorescence mâle, sortant comme la femelle 
d’une fente à la base des feuilles et protégée par deux spathes. 
A côté on lit: « Male tree : male Baba 3° long 3 1/2” diam. » A 
gauche on voit un fragment du chaton (male Baba) couvert 
de fleurs dont l’une est représentée au-dessus. A droite, un 
régime femelle : « Fruit Branch » : une fleur femelle : « Immature 
nut with artichoke leaves » (les pétales) et une fleur femelle 
sans calice : « Immature nut without d°. In this stage it is full 
of fibre and the double nuts are not developed. Fecundation 
takes place by bees or byplacing male flowers from baba on 
apex of immature nut. » 

Un très petit dessin représente ensuite un arbre entier, avec 
sa racine bulbeuse, couronné de huit feuilles en losange 
autour du tronc duquel s’enroule le serpent tentateur, puis 
une noix germée encore reliée à la jeune plante garnie de trois 
feuilles ovales par l'axe cotylédonaire On lit au-dessous : 
«The tree grows to 120 to 130 ft. (12”to 15 diam.) in about 
« as many years; it bears in its 40-50 year, the fruit takes 7 
« years to ripen. Nutis placed on surface, the radicle descends 
« some 3 ft, or more in form of stout tap rootwhenitsplits and 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 283 


« allows plumule to ascend. The radiele is 1” diameter white, 
« smooth and round. When germ leaves nut, the latter is not 
«injured, the ivory like substance is like pith. » Ceci confirme 
bien ce que nous pensions, à savoir que la noix se 
vide sans éclater, l’'amande se ramollissant au furet à mesure 
qu'elle est absorbée par le germe, l'axe cotylédonaire et le 
cotylédon. 

Plus bas, on voit la section d'une noix verte en longueur 
à travers les deux lobes : « Unripe nut (Coco tendre) can be 
cut with knife. » Des tirets aboutissant aux diverses couches 
montrent : « Skin of outer husk ; white sago like substance 
« which forms the hard shell and fibre. Skin between the jelly 
« and sago like substance. Jelly which when ripe becomes 
« hard and white. » 

Enfin deux feuilles sont figurées avec leur pétiole. L'une, vue 
de face, est en forme de losange ; l’autre, vue de profil, est 
pliée par le milieu en gouttière et a la forme d'un croissant. 
L'inscription porte entre les deux : « Leaf 25° long 14° wide. » 

La note suivante termine la planche : « This tree has a 
« fibrous rope which runs through male and female Babas 
« through fruit branches, buds etc. and grips them strongly 
« together; the fruit branches even when the fruit is ripe do 
not hang down as might be expected, but stick out as if the 
« tree rejoiced in its strength. » Cette dernière remarque 
montre bien la tendance plus philosophique que scientifique 
du mystique général Gordon. 

Le docteur Coppinger nous apprend en 1882 que le pied 
femelle quipoussait chez le Gouverneur à Port-Victoria étant 
isolé avait dû être fécondé artificiellement par les soins de 
M. Brodie, secrétaire du Conseil, qui fit venir de Praslin un 
régime de fleurs mâles et le plaça sur le régime femelle’, 


AR 


« L'arbre avait 30 ans alors. » 


1. Dr R. W. Coppinger, The Cruize ofthe Alert, Four years in Patago- 
nian, Polynesian and Mascarene waters 1878-1882, by DR. W. Coppin- 
ger M. D. with 16 fullpage woodeut illustrations from photographs by 
F. North R. N. from sketches bytheauthor. London, in-4°, 1883, chap. 
XI, p.206-219, Seychelles and Amirante Islands, 


x T'ON 


281 A.-A. FAUVEL 


Dans le Genera Plantarum de Bentham et J.-D. Hooker, 
paru à Londres en 18831, la diagnose du Zodoicea est réduite 
à21 lignes qui ne nous apprennent de nouveau que ceci : 

« Genus Zodoicea non nisi staminibus et fructu magno 
Borasso distinguendum » ; il n'ya donc rien d'étonnant à ce 
que les premiers botanistes l’aient confondu avec le Latanier 
ou Lontar des Indes qui appartient au genre Borassus. 

Malgré les informations données par les derniers observa- 
teurs, entre autres par Gordon, Wright, ete., on n'en continue 
pas moins en 1886 à commettre des erreurs sur la durée de la 
fructification. C’est ainsi que Watson, dans une courte descrip- 
tion de quatre principales espèces de palmiers, parlant du 
Lodoicea dit : « Nach der Reife hängt die Frucht bisweilen + 2-3 
« Jahre auf dem Baume. Ein Jahr nach dem Abfallen keimen 
« die Samen (Nüsse). » Puis il nous apprend que les noix n'ont 
pu donner de jeunes plants en Europe «: Zu Kew, Hanover 
« und andern Orten, ist es noch nicht gelungen, aus keimen- 
« den importirten Samen Palmen zu erziehen”. » 

Un autre naturaliste allemand, Carl Salomon, dans son 
ouvrage Die Palmen paru à Berlin en 188T *, se contente éga- 
lement d'un article de 20 lignes sur le Lodoicea. Il donne par 
contre une bonne gravure représentant exactement l'arbre 
femelle et à côté un fruit décortiqué vu de face. D’après lui, 
les feuilles ont de # à 6 mètres de long etun pétiole de 6 à 


1. G. Bentham and J. D. Hooker, Genera plantarum, ad exemplaria 
imprimis in herbariis Kewensibus servata, definita auctoribus G. Ben- 
tham et J. D. Hooker, 5 vol, in-4°, Londini, M. DCCC.LXXXIII (1883), 
vol. IT, part. 2, p. 92. Tribus V, Borassae. Lodoicea. 

2. L. Just’s Botanischer Jahresbericht. 1° Th., p. 717, n° 346. 
W. Watson (#17), Kurze Beschreibung von# Palmen v° Lodoiceae, 
1886. 

W. Watson, The Gardner’s chronicle. Garden Palms by 
W. Watson, t. XXV, New Series, January to June 1886, p. 557. col. 
1-2, Lodoicea, with, fig., n° 122 (Germinating nut and cup like base 
of stem...) 

3. Carl Salomon, Die Palmen nebst ihren Gattungen und'Arten für 
Gewächshaus und Zimmer-Kultur von Carl Salomon, Künigliches Gar- 
ten Inspeektor in Wurzburg, in-8°, Berlin, 1887, p. 44-46. Lodoiceae. 


LE COCOTIER DE MER DES ÎLES SEYCHELLES 285 


8. Les étamines sont au nombre de 34-36. Le fruit pèse de 
10 à 25 kilos, décortiqué. 

Pour la culture récente de ce palmier dans les serres euro- 
péennes nous trouvons quelques renseignements dans le 
Gardner's Chronicle: « Hitherto all attempts to obtaina plant 
« from imported seeds have failed both at Kew, Hanover and 
« elsewhere, although they have been got to germinate and 
« leaves grown to the height of a yard or so. 

« The nearest approach to success was made in Liverpool 
« Botanical Garden where a plant was raised from seeds and 
« grew vigorously for about two years after which it died. 
« À plant with leaves 41/2 feet long and established in a 
« tub, the whole weighing 10 cwt. (508 kilos) was received 
« at Kew from the Seychelles in 1853 but it did not long 
« survive the change. » 

Il ajoute qu'on y attend un nouvel échantillon parfaitement 
emballé (c'est sans doute celui qui s’y trouve encore aujour- 
d'hui). Il nous apprend encore que le Musée de Kew possède 
une série de spécimens de paniers et boîtes faits de feuilles et 
fruits du Lodoicea : « There is also a photograph of a healthy 
« young plant established in the botanical gardens in Ceylan. 
« In the « North » (Miss North)picture gallery may be seen 
« beautiful pictures ofthis palm in various aspects. » 

Il s'agit ici de la galerie construite pour loger les remar- 
quables collections de peintures faites au cours de ses nom- 
breux voyages par Miss North qui, comme nous l'avons vu, 
visita les Seychelles en 1883. — Malheureusement, les règle- 
ments du Musée, conformément aux désirs de la donatrice, 
s'opposent à ce qu'il soit fait des copies de ses œuvres, 
c'est pourquoi nous ne pouvons offrir à nos lecteurs une repro- 
duction photographique du ZLodoicea peint par cette artiste. 
Les directeurs nous ont envoyé avec la liste des collections 
concernant notre Cocotier des photographies des dessins de 
Gordon et des objets fabriqués avec les feuilles. 

D'un autre côté, avant écrit au D' Trimen, directeur du 
Jardin Botanique de Peradenya à Ceylan, pour avoir des ren- 
seignements sur les Lodoicea cullivés par ses soins, nous en 


286 A.-A. FAUVEL 


avons reçu une excellente photographie, montrant un jeune 
pied âgé de 32 ans, et qui doit être celle-là même dont le 
Musée de Kew a un double. Voici ce qu'a bien voulu nous 
écrire le D' Trimen en janvier 1892 : 

« Lam glad to afford you what information I possess as to 
« the Lodoicea plants growing in Ceylon. The large plant in 
« these gardens (Peradenya) was obtained in 1850 and is 
« therefore now 42 years old. It is a male tree, as was shown 
« from the first time in 1890 when it put out its first inflores- 
cence which was however unfortunately cut off by some mis- 
« chievous person before it fully expanded. Last year however 
« (1894)it put out in September another spike which has gone 
« on expanding flowers a few at a time till the end of the 
« year and still continues. The flower spike is nothing to look 
« atand has not been photographed asfar as I know; so [am 
« unable to send you a picture, but I forward one of the 
« plant taken before it wasin flower. We had a finer specimen 
« of the same age, in the garden, but this was unfortunately 
« uprooted and killed by a cyclonic gale in August 1885. At 
« the branch garden at Heneratgoda near Columbo, I have 
« however another plant which sprung from a nut received 
« in 1884. Ten seeds were sent me direct from Seychelles in 
« that year, but this one alone germinated. It is nowa 
« healthy young tree with seven leaves (one for each year) 
« and I hope may prove to be a female. » 

Le 16 novembre 1891 il nous écrivait déjà : « Ï am not 
« aware that the Zodoicea has ever fruited except in the 
« Seychelles. The plant at Peradenya is a male. » 

Il semble résulter de cette communication qu'à Ceylan au 
moins la végétation du Lodoicea est moins rapide que dans le 
sol de Praslin et Curieuse, puisque le spécimen en question 
au bout de 32 ans n’a pas encore de tronc et qu'il ne pousse 
qu'une feuille par an, tandis qu'aux Seychelles, en bonne terre 


= 


au moins, il donne une nouvelle feuille tous les 9 mois. 

M. Trimen ajoutait en effet : « Peradenya being 1550 feet 
« above the sea level with chilly nights at this time of the 
« year (November) I do not expect the Lodoicea to attain to 


Annales du Musée colonial de Marseille, Page 286. 


3° série, 1° volume 1915. 


PI. XIII. — D: Trimen. 1892. Jeune Lodoicea de 3? ans au Jardin botanique 


de Peradenya à Ceylan, en 1892 


D gate <Agmtrtt 


+] 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 287 


« a great size here : there is a much better chance at Hene- 
« ratgoda which is nearly at sea-level. As you will see from 
« the photograph sent, our tree has yet scarcely any trunk 
« showing; the height to top of topmost leaf is about 35 feet 
« and the plant is very healthy but grows slowly forming 
« but a single leaf each year. The photograph I send you 
« is a very poor one ; it was taken in 1882. (ten years 
« ago)!. » 

En 1892, M. Charles Alluaud, Correspondant du Muséum 
d'Histoire naturelle de Paris, chargé d'une mission scienti- 
fique aux Seychelles, visita les forêts de Cocotiers de Mer de 
l'Ile Praslin et en rapporta des échantillons des fruits, une 
section d’un tronc et des photographies. L'une d'elles, repro- 
duite en gravure dans le Tour du Monde, est particulièrement 
intéressante en ce qu’elle est la première représentation exacte 
que nous possédions de l'ensemble des Cocotiers croissant à 
l’état spontané. Elle montre le port de l'arbre parfaitement 
vertical. Au cours de l’article relatant sa visite à l'Ile Praslin, 
M. Ch. Alluaud résume tout ce que nous savons déjà du 
Cocotier de Mer mais il se trompe ‘en disant : 

« On a pu en faire pousser à Ceylan, dans l'Inde, voire 
« même dans les serres de ÆXew en Angleterre où l'on à 
« obtenu un fruit en 1891. I y en a aussi un exemplaire 
« vivant au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Le Zodoi- 
« cea est probablement l'exemple le plus extraordinaire que 
« l'on puisse citer de la localisation d'une espèce gigantesque 
« sur une très petite île »..…... L'appel de M. Horne pour la 
« conservation de ces arbres a été entendu et le gouvernement 
« anglais est aujourd'hui propriétaire et conservateur de 
« la portion de Praslin où sont les plus beaux Zodoicea. On 
« peut aisément se procurer des cocos doubles sur les pro- 
« priétés particulières, mais il est formellement interdit de 
« prendre une noix sur les crown lands; ainsi se trouve assu- 
« rée la conservation de cette intéressante espèce. » 


1. Henry Trimen, Director of Botanical Garden at Peradenya, Ceylon, 
Lettres à M. A.A, Fauvel, en date du 16 Novembre 1890 et 19 Janvier 
1892. 


285 À.+A. FAUVEL 


Il raconte ainsi l'impression qu'il ressentit à la vue de la 
ravine aux Cocotiers de Mer après une marche d'environ deux 
heures en forêt à travers une broussaille impénétrable faute 
de sentier : 

« Mais tout à coup l'on fait halte, et l’on relève la tête, on 
«_est alors saisi par la majesté unique du site. Les Zodoicea 
« aux troncs puissants montent d'un seul jet à une vingtaine 
« de mètres et là étalent 7 ou 8 feuilles d’une forme et d'une 
« ampleur inconnues. Les pieds les plus élevés ne sont pas 
« les plus beaux. Rien ne rappelle mieux le poteau télé- 
« graphique qu'un tronc de palmier qui n'en finit plus et les 
« feuilles, trop exposées là haut aux fortes brises, se déve- 
« loppent mal et sont déchiquetées. Le silence le plus absolu 
« règne en cet endroitet, malgré soi, on parle à voix basse 
« comme en un lieu sacré ; 1l semble que l’on soit transporté 
« à une autre époque géologique à la vue de ces arbres si 
« différents de ceux auxquels nous sommes accoutumés » et 
il cite la comparaison de Horne avec un paysage antédi- 
luvien. 

ne trouva plus de Cocotiers de Mer à l'Ile Ronde où les der- 
mers ont disparu. Il nous montre encore dans une gravure un 
fruit décortiqué, un seau, une gourde, un bol et un plat à riz 
faits avec la noix privée de son amande, 

La mention faite par M. Alluaud d’un Zodoicea ayant porté 
fruit à Kew en 1891, ayant été depuis répétée par M. Charles 
Anastas dans sa brochure intitulée : Histoire et Description 
des Iles Seychelles, paru à Maurice en 1897? et même ampli- 
fiée par ce dernier qui ajoutait : « Au Dahomé le Zodoicea 
« forme à une heure de Whydah, vers Savi et vers Godomé, 
« de vastes forêts où il croît presque seul ». Nous écrivimes 
au Directeur du Jardin Botanique de Kew pour savoir si ce 
fait dont nous doutions fort était exact. Le 28 mars 1906, 


1. Charles Alluaud, Le Tour du Monde, périodique illustré, in-4°, Paris, 
3 février 1894, p. 74-76. Voyage aux Iles Seychelles, par Ch.Alluaud. 

2, Charles Anastas, Histoire et description des Iles Séchelles, in-8°, 
77 pp. Maurice, 1897, p. 18-21. Ile Praslin. 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 289 


M. Prain nous répondait : « In reply to your letter of 21 
March I have to inform you that the statement that an 
example of Lodoicea Seychellarum has born fruit at Kew in 
« 1891 is, as you had suspected, quite incorrect. [ cannot, 
« imagine how the erroneous belief could have originated 1,» 

Nous ne savons où M. Anastas a pu apprendre que le 
Lodoicea formait de vastes forêts au Dahomey : il ya là une 
erreur évidente et l'on a pris pour ce palmier les Rôniers, 
Borassus  flabelliformis, qui y sont nombreux comme au 
Sénégal et qui étant de la famille des Lataniers, peuvent 
être confondus par des observateurs peu compétents avec 
des Lodoicea sans leurs fruits. 

Au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, on ne possède 
pas actuellement de jeunes plants de Cocotier de Mer, mais à 
l’époque où écrivait M. Ch. Alluaud nous avons pu en voir 
un jeune plant avec les feuilles encore ovales dans les serres 
de M. Emmanuel Liais, maire de Cherbourg, serres qui, à sa 
mort, ont été léguées à la ville. 

Nousavons lu aussi quelque part que des Cocotiers de Mer 
poussèrent avec succès dans l’Ile de la Trinidad ou sur la côte 
orientale de l'Amérique Sud. Nous n’avons pu encore obtenir 
confirmation de cette citation. 

Le dernier ouvrage que nous ayons pu consulter donnant 
des détails scientifiques sur le Cocotier de Mer est le livre 
magnifiquement illustré de nombreuses photogravures de 
Carl Chun qui en 1898-99 accompagna sur la Valdivia 
l'expédition d'océanographie allemande. Dans ce beau volume 
in-4° nous trouvons tout un chapitre consacré aux Seychelles 
où l'expédition passa quelque temps. On n'a pas oublié le 
glorieux Lodoicea dont l’auteur résume l'histoire et la deserip- 
tion. Il nous raconte sa visite aux Cocotiers de Mer de l'Ile 
Praslin, en compagnie de l'inspecteur des forêts M. Baty, le 
8 mars 1899. Il cite comme ses devanciers les anciens auteurs, 


= 
= 


= 


= 


oravures fort 


mais ne nous donne de nouveau que plusieurs g 


1. Dr Prain, Director ofthe Royal Gardens Kew, Letter to M, A, A, 
Fauvel, 28 March 1906. 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 4° vol, 1915. 19 


290 A.-A. FAUVEL 


bien réussies d'après d'excellentes photographies. C'est là en 
somme la partie la plus intéressante et la plus nouvelle, 
Citons celles qui concernent notre sujet. Ce sont, p. 434: 
« Urwald auf Praslin mit Lodoicea »; p. #36, « Stamm 
einer jungeren weiblichen Lodoicea mit Fruchten » ; p. 438, 
« Lodoicea Seychellarum auf Praslin », qui nous montre deux 
Cocotiers chargés de fruits; p. #39, « Urwald auf Praslin » ; 
à gauche, un Lodoicea femelle, et à droite, un jeune Cocotier 
de Mer avec les pétioles des feuilles ; p. 440. Très bonne gra- 
vure hors texte in-4° : « Lodoicea Seychellarum » auf Praslin !, 

Il ne nous reste plus pour terminer cette longue monogra- 
phie du Cocotier de Mer qu'à parler des détails que nous avons 
pu observer nous même, tant sur place aux Seychelles qu'à 
Paris sur les échantillons conservés au Muséum ou sur ceux 
que nous avons reçus du Gouverneur des Seychelles, Son 
Excellence W. E. Davidson, et du directeur du Jardin Bota- 
nique de Port-Victoria, île Mahé, M. Dupont, et enfin de 
M. Laurier père, correspondant de la Compagnie des Messa- 
geries Maritimes dans cette ile. 

Nous avons tout particulièrement étudié un point qui nous 
a paru imparfaitement élucidé jusqu'ici, à savoir le mécanisme 
de la germination qui diffère beaucoup de celui du cocotier 
ordinaire. L'ouverture ménagée par la nature dans la noix 
du Cocotier de Mer pour permettre la sortie du germe se 
trouve (comme nous l'avons vu consigné dans les auteurs pré- 
cités) entre les deux lobes, elle n'est que fort difficilement 
visible de l'extérieur, l’espace, d’ailleurs très restreint (envi- 
ron # centimètres sur nos # échantillons), entre ses lobes 
étant à demi rempli par des fibres noires, assez fortes, 
prenant naissance, avec d’autres plus fines situées au-dessous, 
sur la noix même. En ouvrant la noix, on s'aperçoit que son 
ouverture ovale (0"045 >x 0004) a son grand axe 
dirigé d'arrière en avant du coco, c’est-à-dire parallèle au 


4. Carl Chun, Auf den Tiefen des Weltmeeres, Schilderungen von 
der deutschen Tiefsee-Expédition mit6 Chromolithographièen, 8 Helio- 
gravüren, 32 als Tafeln gedruckten Volbildern, 2 Karten und 390 Abbil- 
dungen in Text.In-4°, Verlag von Gustav Fischer in Jena, 1900. 


Annales du Musée colonial de Marseille, Pages 290-291. 
3° série, 1° volume 1915. 


FALL TE 


PI. XV.— A.-A.Fauvel,1906. Appareil de la germination du Coco des Seychelles. 
Fig. 1. Section transversale de la noix au-dessus des deux lobes montrant l'ouverture 
du hile après enlèvement de l’amande ou albumen. Fig. 2. La même ouverture après 
enlèvement de l'appareil fibreux de la fermeture. Fig. 3. L'appareil fibreux élastique 
vu de côté. Fig. 4. Section en travers de cet appareil dans le sens de la longueur (de 
haut en bas). Fig. 5. Section de la noix à travers l'appareil de fermeture du hile dans 
le sens de son grand diamètre (de la face supérieure à la face inférieure de la noix). 
Fig. 6. Aspect de la noix par la face supérieure (bombée) après enlèvement de l'appareil 
du hile. Fig. 7. Coupe à travers l'embryon, l’amande et l'appareil fibreux de la face 
supérieure à la face inférieure en grandeur naturelle. Fig. 8. Portion de la coque en gran- 
deur naturelle montrant les impressions qu'y laissent les fibres du péricarpe ou brou. 
Grandeur naturelle. Fig. 9. Fragment de l'écorce externe du fruit (épisperme) montrant 
sa structure fibreuse, des Coccus hémisphériques et les traces laissées par eux. Gran- 
deur naturelle. 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 291 


petit diamètre et allant de la face inférieure (la plus plane) à 
la face supérieure (la plus bombée). Un appareil élastique, 
formé de fibres ondulées (PI, XV, fig. 3, #, 5), réunies à la sur- 
face par une sorte de cellulose brune, ayant la forme d'un 
entonnoir ovale en haut, à ouverture inférieure linéaire de 
2 centimètres de longueur, lui sert de fermeture. Par sa con- 
struction et sa disposition, cette sorte d'entrée de nasse per- 
met au germe de sortir, tout en écartant, de chaque côté, la 
paroi fibreuse, mais s'oppose à l'entrée de tout animal ron- 
geur ou de tout insecte destructeur qui voudrait s'attaquer à 
l’amande et à l'embryon. Celui-ci, qui au début ne dépasse pas 
la grosseur d’une noisette, est encastré solidement dans l'albu- 
men corné, sur le fond blanc duquel il se détache en jaune 
clair. La pointe est séparée de l'appareil de sortie par une 
mince écaille d’un brun noir recouverte elle-même, comme 
l’amande tout entière, d'une sorte de seconde coque qui 
adhère intimement à l’amande et est séparée de la coque 
externe par une petite épaisseur de tissu brun spongieux. 
C'est ce qui permet d'enlever l’amande sans briser la coque. 
L'amande en vieillissant prend la dureté de l’ivoire, elle est 
formée de fibres disposées normalement à la coque donnant à 
la cassure dans ce sens un aspect soyeux. La cassure en 
travers est au contraire lisse. Le tout séché rapidement après 
ouverture de la noix se crevasse fortement, ce qui rend inutili- 
sable pour l'industrie cette matière qui, ressemblant de très 
près à l'ivoire végétal ou corozo, pourrait rendre les mêmes 
services si elle était plus homogène et moins chère. 

Dans un des spécimens très anciens conservés dans les gale- 
ries de botanique du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, 
l'intérieur de la noix, ayant sans doute séché très lentement, 
ou après avoir été, peut-être, conservé dans l'alcool, offre une 
amande d'apparence homogène (non radiée), de couleur jaune 
crème et d'une dureté analogue à celle de l'ivoire animal, 
Dans ce cas, on pourrait l'utiliser dans l'industrie, Nous 
n'avons pas connaissance que cela ajt été jamais tenté, Il 
nous a été impossible de constater, tant sur les sections de 
troncs que nous avons vues que sur les troncs eux-mêmes 


292 A.-A. FAUVEL 


des Cocotiers de Mer examinés à l'île Mahé, la curieuse dispo- 
sition dont parlele D' Perceval Wright. Il est probable que 
cela n'est visible que sur certains arbres et dans des condi- 
tions spéciales de culture. 

Personne n'a remarqué que la surface extérieure de la noix 
(PI. XV, fig. 8) est marquée de deux sortes de sculptures, 
l'une {la seule mentionnée par les auteurs précités) consiste en 
des sillons peu profonds formés par les plus grosses fibres 
dans le sens de la longueur du coco. Ces fibres, très dures et 
cassantes, d'un demi-millimètre de diamètre environ, 
prennent naissance sur la coque même, dans laquelle elles 
s'impriment pendant la croissance et le durcissement de celle- 
ci. Mais la coque est’ encore marquée d’une sorte de vermi- 
culature très fine qui lui donneun aspect chagriné tout parti- 
culier et qui est sans doute causée par l'impression de la 
pointe des fibres plus fines de l'enveloppe. Celles-ci sont, à 
l'inverse des premières, très longues car elles ont pour la plu- 
part la longueur même du fruit entier. Elles sont légères, d’un 
brun clair et peuvent servir à la confection des cordages, 
comme les fibres du coco ordinaire connues dans l'Inde sous 
le nom de Coïr. Elles sont séparées par un parenchyme 
aqueux qui pourrit après la chute du fruit, ce qui permet à 
l'enveloppe de se détacher facilement, au contraire de ce qui 
se passe pour le brou du coco commun. Ces fibres et leur 
parenchyme sont enfin recouverts par l'enveloppe externe qui 
est très cassante à cause même de sa constitution. Elle est 
formée en effet (fig. 9) de fibres très courtes (1 à 1 1/2 milli- 
mètre), disposées normalement à un épiderme de l'épaisseur 
d'une feuille de papier ordinaire, et très serrées les unes contre 
les autres; le tout se déchire avec unegrande facilité mon- 
trant à l'intérieur l'apparence d'une brosse ou d'un tapis à 
poils très serrés. L'extérieur est luisant, vert olive à l'état 
frais, brun clair à l’état sec. Sur cette écorce on remarque sou- 
vent une multitude de petits Kermès ou Coccus hémisphé- 
riques de 1 millimètre de diamètre sur 1/2 "" d'épaisseur, 
d'un noir brillant à l’état sec, laissant après leur chute des 
marques blanches circulaires en O ou en fer à cheval. Nous 


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LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 293 


n'avons pu les identifier encore. On les voit représentés en 
grandeur naturelle sur la figure 9. 

La coque elle-même semble composée de fibres brun noi- 
râtre entrecroisées, devenant noires en vieillissant, Sa surface 
interne est semée de ces fibres qui serpentent entre la coque et 
l'écorce intérieure de l’amande. L'épaisseur de la coque ne 
dépasse guère # à 5 millimètres, la partie la plus épaisse se 
trouvant entre les deux lobes vers la queue de la noix. 

Nous avons reçu des Seychelles un fruit anormal ayant la 
forme d’un énorme concombre légèrement courbé. M. Dupont, 
le Directeur du Jardin botanique de Port-Victoria, auquel nous 
devons cet envoi, nous signale qu'on en rencontre 
souvent de semblables, Il les croit non fécondés, et s'étonne de 
les voir cependant atteindre ces dimensions. Le nôtre a 50 
centim. de long sur 15 centim. de diamètre. En l’ouvrant, 
nous y avons trouvé une noix réduite à un lobe. Il avait donc 
bien été fécondé, mais il était attaqué par une végétation 
cryptogamique de la consistance et de la couleur de l’amadou. 
L'amande avait disparu, entièrement absorbée par ce parasite 
qui avait également détruit les 3/4 de la coque et envahi le 
brou. Placé dans une cave, 1l nous a donné à la surface du 
brou des champignons blancs absolument pareils à celui des- 
siné par Jossigny. 

A la surface d’un échantillon entier, arrivé en bon état, nous 
avons remarqué de petites vermiculatures blanches en forme 
de fer à cheval, d'un millimètre à peine de diamètre et qui 
paraissent dues à un parasite animal, sans doute quelque 
Coccus que nous n'avons pu trouver et qui sera tombé pen- 
dant le voyage, au fur et à mesure de la dessiccation de 
l'écorce. 

Mentionnons enfin que M. Alluaud a remarqué à Prashn, 
sur les troncs des Cocotiers de Mer, la rare et superbe /Zelir 
Studeriana, escargot spécial aux Seychelles. Il est encore pos- 
sible que le cœur de ces arbres soit attaqué comme celui des 
Cocotiers ordinaires par l'Oryctes Rhinoceros, un énorme 
coléoptère, mais nous n'en avons entendu parler nulle part. 


r 7 1. ‘9.0 FETE 


LIST OF SPECIMENS AND ILLUSTRATIONS OF COCO-DE-MER 
LODOICEA SEYCHELLARUM LAB.) IN THE MUSEUM 
AT THE ROYAL BOTANICAL GARDENS, KEW 


. Fruit with husk from Seychelles, presented by Ce Button, 1883. 


1 

2, »  3lobed » » » » H. Nillet, 1891. 

3 » 4 ]lobed » » » » Swinburne Ward, 
1871. 

&. _» 5 lobed » » » » C. Button, 1888. 

5. »  Globed » » » » Marquis of Ripon, 
1388. 


6. »  shewing mode of germination. 
7 


» » » ») » 


8. » Model from Seychelles presented by Major General Gordon, 
1883. 
9. »  2lobed presented by the Linnean Society. 
10. » Section containing # imperfect seeds, presented by Linnean 
Society, 1873. 
11.5) » (longitudinal) collected by Major General Gordon 
presented by Miss Gordon. 
42. »  Absorptive organ of cotyledon from a nut, about 7 years 


after germination. Royal Gardens Kew, 1896, 
143. » Section of nut shewing cotyledon after absorption of endos- 
perm, about 7 years after germination. 


1%.  » Section (longitudinal) shewing position of the cotyledon in 
the endosperm. 
15. » Section shewing endosperm and cavity left by embryo. 


16. » Kernel or endosperm as sold in the bazaars at Bombay. 
17. Bract, Seychelles. Collected by Major General Gordon. Presented 
_ by Miss Gordon. 
18. Bract, Seychelles, presented by C. Button, 1884. 
19. Male Spadix. Botanic garden Peradeniya, D' Trimen, 1893. 
20. » » Seychelles. Presented by General Gordon, 1882. 
21. Section of the base of the trunk, Seychelles, General Gordon. 
Presented by Miss Gordon, 1887. 
22. Section of the base of the trunk, Seychelles Islands, 
23. Bowl-like base of the stem. 
24. Clock-case made of the wood. Collected by General Gordon. Pre- 
sented by Miss Gordon, 1887. 


ge dr a VE RP ref der le” sf DE ee OR ESC OS CE ES 2 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 295 


25. Drinking cup of an Indian Fakeer, made of the carved shell, Pre- 
sented by N. S. Frere. 

26. « Tazzas », made of the shells of a small fruit, mounted in silver, 

Seychelles. M. Swinburne Ward. 

7. Walking stick of the wood, Seychelles, C. Button, 1883, 

8. » » ES) » ») , General Gordon. 

29. Split petiole, Seychelles. M. Swinburne Ward. 

30. Leaves prepared for splitting. Seychelles, 1873. 

31. Basket made of the finely split petiole of the leaves, Seychelles, 
Mrs Morris, 1873. 

32. Basket made of the split petiole of the leaves, Seychelles, 
Mrs Morris, 1873. 

33. Hat made of the plaited leaves. 

34. Specimens of Plait from the split leaves. Seychelles, presented by 
M. Swinburne Ward. 

35. Various articles ; Basket, Fans, made in the Seychelles, presented 
by the Royal Society of Arts and Sciences of Mauritius, 1859. 

36. Photograph of a Female tree. 

37. Photograph of a Male tree. 


NN 1 


38. Photograph of Male and Female trees, Seychelles, presented by 
M. Sweet Escott. C.M.G., 1902. 

39. Photograph of tree in Botanical garden Trinidad, presented by M. 
J. H. Hart, 1904. 

40. Sketch showing germination by General Gordon, presented by 
Miss Gordon, 1887. 

41. Drawings (2 plates) by General Gordon, presented by Miss Gordon, 
1887. 

42, Dräwings showing germination by John Allen, 1890. 


LISTE D'OBJETS CONCERNANT LE LODOICEA SE TROUVANT 
DANS LES GALERIES DE BOTANIQUE DU MUSÉUM 
D'HISTOIRE NATURELLE A PARIS 


Sept noix décortiquées dontune très grande (0M50><0%40), une 
offerte par M. A. Grandidier en 1882, une par M. Ch. Alluaud, 1892. 

Une noix entière avec le brou dans l'alcool, offerte par M. A. Gran- 
didier en 1880. 

Deux noix entières avec le brou desséché et entr'ouvert, 

Deux noix décortiquées à trois lobes. 

Quatre noix décortiquées à quatre lobes. 

Une noix sectionnée verticalement à travers les deux lobes, montrant 
l'amande peu épaisse jaune clair. Echantillon très ancien. 


296 A.-A. FAUVEL 


Une noix coupée entre les deux lobes, amande peu épaisse, très dure, 
jaune clair, Echantillon très ancien. 

Une noix à quatre lobes, sectionnée en longueur à travers les lobes. 

Trois spadices mäles et deux spadices femelles desséchés, provenant 
de l'Exposition universelle de Paris 1878. 

Une fleur femelle avec fruit naissant. Même origine. 

Une section transversale d’un tronc de Lodoicea, 0 " 10 de hauteur sur 
0®35 de diamètre, Offert par M. Ch. Alluaud en 1892. 

Un petit échantillon de bois poli. Mème origine. 

Une grande feuille. Sans doute celle envoyée par l’abbé Rochon. 

Une collection d'objets en paille de feuille de Cocotier. 

Fleurs dans l'alcool. 

Socle des racines (The bowl) offert en 1906 par M. A.-A, Fauvel, 


a 


BIBLIOGRAPHIE CONCERNANT LE LODOICEA SEYCHELLARUM 
PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE 


MANUSCRITS 


4. Anthoine Pigaphete (1519-1522), patricien vincentin et chevalier de 
Rhodes... Navigation et descouvrement de la Indie supérieure. Biblio- 
thèque Nationale, Paris, Fonds français n° 5650, 


IMPRIMÉS 


2, Antonio Pigafetta (1519-1522), patrizio vicentino. Primo Viaggio 
intorno al Globo Terracqueo...…. fatta dal cavaliere Antonio Pigafetta…. 
Sulla Squadra del Capit. Magaglianes negli anni 1519-1522, In-#°, Milano, 
MDCCC., Bibl. Nat. Paris, G. 6513. 

3. Antonio Pigafetta (1519-1522). Premier Voyage autour du monde 
par le Chevalier Pigafetta, sur l’escadre de Magellan. .... In-8°, Paris, 
an IX (4800). 

4. Ant. Pigafetta (1519-1522). The first voyage round the world by 


Magellan, translated from the accounts of Pigafetta....., by Lord 
Stanley of Alderley. Hackluyt Society, London, 1874. 
5. Joäo de Barros (1563). Decadas da Asia..... decada tercera, livro 


terceiro, caput vij, p. 7#, Em Lisboa, MDLXIIT, in-fol., Bibl. Nat. 
Oy 72, et de d°, Lisboa, Regia officina typographica, 1777, caput vij, 
p. 311-312. | 

6. Garcia de Orta (1563). Colloquios dos simples e drogas e couzas 
medicinaes da India e assi de algumas fructas achadas nella (varias 
cultividas no Brazil) compostos pelo Doutor Garcia de Orta physico 
del Rey D. Joäo 3°. Feita moscimamente pagina per pagina pela primeira 
impressa em Goa por Joäo de Endem no anno 1563. Lisboa, na impresa 
nacional, 1872. 

7. Camoëns (1572). Lusiades, X, 136, cité par Yule. 

8. Jan Huygen van'Linschoten (1610). Histoire de la Navigation de 
Jean Hugues de Linscot Hollandais et de ses voyages aux Indes Orien- 
tnlés 0. A Amsterdam, MDCX., Des îles Maldives, ch. XIIT, p. 50. 

9. Dalechamps (1587). Historia generalis plantarum, 2? vol. in-fol. 
Lugduni, MDLXXX VII, vol. If, cap. VIT, p. 1762. De Nuce Indica. 

10. Dalechamps (1653). Histoire générale des plantes, contenant 
XVII livres, également départis en 2 tomes, tirée de l’exemplaire latin 
de la bibliothèque de M. Jacques Dalechamp, puis faite par M. Jean des 
Molins, médecin très fameux de leur siècle. À Lyon, MDCLIIT, 2 vol. 
in-folio, t. I, ch. XXXIIT, p. 654. 


298 A.-A. FAUVEL 


11. Christophorus Acosta (1593). Aromaltum et Medicamentorum ex 
Orientali India nascentium Liber, plurimum lucis adferens iis quae a 
Doctore Garcia de Orta in hoc genere scripta sunt. 

12. Carolus Clusius (1593) (Charles de l'Ecluse), Aromatum et simpli- 
cium aliquot Medicamentorum apud Indos nascentium Historia primum 
quidem lusitanica lingua ôtæhoytx@s conscripta a D. Garcia ab Horto, 
proregis Indiae medico; deinde latino sermone in Epitomen contractus 
et iconibus ad vivum expressis locupletioribusque annotalionibus 
illustrata a Carolo Clusio Atrebate ; quarta editio, Castigatior et aliquot 
locis auctior. Antwerpiae ex Officina Plantiniana apud viduam et 
Joannem Moretum, MDXCII. Liber I, p. 102; De Nuce Medica, p. 107. 

13. Carolus Clutius (1605). Caroli Clutii Atrebatis, Aulae Caesareae 
quondam familiaris Exoticarum libri decem, quibus Animalium, Plan- 
tarum, Aromatum aliorumque peregrinorum fructuum historiae des- 
cribuntur item Petri Belloni observationes. Ex Officinà Plantinianà 
Raphelengi, 1605, 4 vol. in-fol. Liber I, Aromatum historiae, pp. 190- 
193. 

14. F. Pyrard de Laval (1679). Voyage de François Pyrard de Laval, 
contenant sa navigation aux Indes Orientales, Maldives, Moluques, etc., 
divisé en trois parties par le sieur Du Val géographe ordinaire du Roi, 
Nouvelle édition, 4 vol. in-4°, Paris, MDCLXXIX, 1° partie, chap. XXI, 
p. 212. 

15. Jean Bauhin (1619). Joh. Bauhini. D. illus. Cels. Wirtemb, et 
archiatri et Joh. Hen. Cherler. Basil. D. Phil. et Med. Historiae Planta- 
rum generalis novae et absolutiss...….. Prodromus quo velut in Sciagra- 
phia quadam Ebroduni ex Typographia Societatis Caldorianae anno 
MDCXIX, 1 vol. in-4°, Liber II, p. 11, Nux Indica ad venena celebrata 
seu Coccus Maladiva. 

46. Gaspar Bauhin (1623). Pinax Theatri Botanici Caspari Bauhini sive 
Index in Theophrasti Dioscoridis, Plinii, et Botanicorum qui & seculo 
scripserunt opera MDCXXIIL Basileae, Helvet. Sumptibus et typis 
Ludovici Regis, 1 vol. in-4°, Lib. XII, sect. VI, p. 509, col. I. 

47. Jean Bauhin (1650). Historia Plantarum universalis, auctoribus 
Johanne Bauhino archiatro,Joh. Henrico Cherlero Doctore Basiliensibus, 
quam recensuit et auxit Dominicus Chabraeus D. Genevensis, juris vero 
publice fecit. Fer. et Lud, A. Graffenried Dñs in Gertzensee. Ebroduni, 
cl 1 cL (4650), 3 vol. in-fol., t. I, Lib. III, cap. CLXXIX, p. 384. 

18. Wormius (1655). Museum Wormianum, 1 vol. in-folio, fig. 
Amstelodami, 1655, p. 203. 

19. G. Pison (1658). Gulielmi Pisonis Medici Amstelodamensis, de 
Indiae utriusque re naturali etmedica libri 14" quorum contentum pagina 
sequens exhibet..... Amstelodami, apud Ludovicum et Danielem 
Elzevirios A° clo. [5. CL VIII. (1658), 1 vol. in-4°, caput XIX, De Tavar- 
care seu Nuce Medica Maldivensium, p. 203-226. 

20. Bontius, Descriptio plantarum indiae orientalis. 


. 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 299 


21. John. Johnston (1662). Historia naturalis de arboribus et fruti- 
cibus Johannis Jonhstoni medicinae doctoris. Libri X cum aeneis 
figuris Johannes Johnstonus Med. Doctor concinnavit Franeforti ad 
Moenum, Impensis haeredum Math. Meriani. La 3° page du titre porte : 
Dendrographia sive Historia naturalis de arboribus. .... 4 vol. in-folio, 
anno MDCLXIT, p. 147, col. 2. Palma Naldivensis. 

22. Dom. Chabreus (1677). Stirpium icones et sciagraphia cum 
omnibus quae de plantarum natura natalibus Synonymis usu et virtu- 
tibus scitu necessaria quibus accessit scriptorum circa eas consensus et 
dissensus authore Dominico Chabraeo. Med. Doctor apud Joannem 
Anthonium Choüet, Genevae, MDCLXX VII. 

23, Franc. Redi (1681). Esperienze intorno a diverse cose Naturali e 
particolarmente a quelle che ci son portate dall’Indie, fatte da Francesco 
Redi e scritte in una lettera al reverendissimo padre Atanasio Chircher 
della Compagnia di Giesù, in Firenze all’ insegna della nave. 1 vol. in-4e, 
MDCLXXI, p. 27-29. 

24. Franc. Redi (1685). Franciscus Redi Opusculorum. Francisci 
Redi nobilis Aretini Experimenta circa varias res naturales speciatim 
illas quae ex Indiis afferuntur ut et alia ejusdem Opuscula quae pagina 
‘sequenti narrantur. Amstelodami, apud Hen. Welstenium, 
clo 15 CLXXXV. (1685), 1 vol. in-12, p. 30. 

25. John Ray (1686). Historia plantarum species hactenus... autore 
Johanne Raio. Londini, cl. 19. CLXXXVI. (1686), 3 vol. in-folio, vol. II, 
p. 1359. 

26. Pomet (1694). Histoire générale des drogues, traitant des plantes, 
des animaux et des minéraux. Ouvrage enrichi de plus de 400 figures 
en taille-douce, tirées d’après nature, par le sieur Pomet, marchand 
épicier et droguiste à Paris. 1 vol. in-folio, MDCXCIV, p. 215. 

27. Pomet (1694). 2° édition en 1735, in-#°, Paris, p. 226. 

28. Leonard Plukenet (1696). Almagestum Botanicum sive Phyto- 
graphiae Plukenetianae Onomasticon..... 2 vol. in-#, Londini, 
MDCXCVI, t. II, p. 275. 

29. Leonard Plukenet (1691). Phytographia sive stirpium illustriorum 
et minus cognitarum Icones. In-4°, Londini, Davis, 4691, # tomes en 
5 volumes ; vol. 2, Almagestum Botanicum..... Dre 

30. Valentin (1732). Michaelis Bernhardi Valentini archiatri Harriaci 
et Prof. Medici Gesseni Historia simplicium reformata sub Musei Museo- 
rum titulo..... autoris D. Joh. Conrado Beckero,.... a Christophoro 
Bernhardino Valentini M. B. filio,{ vol. in-folio, M.D.CUXXXIT. LiberlIl, 
caput XVII, p. 224. 

31. Samuel Dale (1739). Samuelis Dalei M. L. Pharmacologia seu 
Manuductio ad Materiam Medicam..,.... , quarta editio. Lugduni 
Batavorum, MDCCXXXIX, 1 vol. in-4°, p. 295. 

32. Johann. Weinmann (1737-1745). Phytanthoza Iconographia, sive 
Conspectus aliquot millium tam indigenarum quam exoticarum ex 


300 A.-A. FAUVEL 


quatuor mundi partibus, longa annorum serie indefessoque studio à 
Joanne Guilielmo Weinmanno dicasterii Ratisbonensis assessore et 
Pharmacopola seniore collectarum, Plantarum, Arborum fruticulum, 
forum, fructuum, fungorum, etc. Ratisbonae per Henricum Georgium 
Neubaverum, 1737 à 1745, # vol. in-folio avec planches en couleurs, 
vol. IV, p. 11, col. 2, et p. 12, col. 1, et planche 781 à. 

33. G. E. Rumphius (1750). Georgii Everhardi Rumphii Med. Doct, 
Hanavensis... Herbarium Amboinense,..,... Curà et studio Joannis 
Burmanni, MDCCL (1750), in-fol.,t. VI, Lib. XII, cap. VIN, p. 210-217. 

34. Alexis Rochon (1768). Voyages à Madagascar, à Maroc et aux Indes 
Orientales. :... 3 vol. in-8°, Paris, an X de la République (1802), vol. I. 
Discours préliminaire, p. xziv et xLv, el t. II, p. 146. 

35. Maillard et Ternay (1775). Mémoire sur les Iles Seychelles, adressé 
au Ministre de la Marine en 1775. Manuscrits du ministère des Colonies, 
à Paris, carton des Seychelles. 

36. Ph. Commerson et Jossigny (1766-1769). Manuscrits et dessins 
par P. Jossigny, 15 planches. Bibliothèque du Muséum d'Histoire natu- 
relle de Paris. 

37. Sonnerat (1769). Voyage à la Nouvelle-Guinée, par M. Sonnerat, 
in-4°, enrichi de 120 figures en taille-douce, Paris, MDCCLXXVI (1776), 
chap p-142; pl'AR EF: 

38. À. L. de Jussieu (1774). Antonii Laurentii de Jussieu, Genera 
Plantarum secundum ordines naturales disposita, juxta methodum in 
horto regio Parisiensi exaratam, anno MDCCLXXIV. Parisiis, 1789, 
in-8°, p. 39, Ordo. Palmae. 

39. C. P. Thunberg (1777). Voyages de C. P. Thunberg au Japon. 
2 vol. in-4°, Paris, an IV (1796), vol. IL, p. 143. 

Travels of Charles Peter Thunberg. M. D. (ET.). London, IV, 209, 
cité par Yule. : 

40. Lamarck (1785). Diclionnaire botanique de l'Encyclopédie métho- 
dique, ïin-4°, Paris, 1785. Supplément, t. III, p. 493, Paris, 1815. 
Lodoïce des Maldives. 

#. L. Degrandpré (1789-90). Voyage dans l'Inde et au Bengale, fait 
dans les années 1789-1790, contenant la Description des Séchelles, 
etc..., par L. Degrandpré, officier de la Marine française, avec de 
belles gravures... A Paris, chez Dentu, an IX (1801), 2 vol. in-8°, 
p. 2et seq. 

42. Valmont Bomare (1791). Dictionnaire raisonné universel 
d'Histoire naturelle, 4° éd., in-8°, Lyon, MDCCXCI. (1791), t. IL, p. 641, 
Cocotier de Mer. 

43. Labillardière (1801). Annales du Muséum d'Histoire naturelle de 
Paris, in-4°, vol. IX, p. 140, Paris, 1807. Sur le Cocotier des Maldives, 
extrait d’un mémoire lu à l'Académie des Sciences le 14 octobre 1804 
par M. Labillardière, pl. XIII. 

#4. Quéau de Quincy et Deleuze (1804). Annales du Muséum 


3 na 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 301 


d'Histoire naturelle de Paris, in-#°, vol. IX, p. 125, Paris, 4807, Extrait 
d'un mémoire envoyé au Muséum par M. Quéau-Quincy, commandant 
et administrateur général des Iles Séchelles, sur le Palmier qui produit 
les fruits appelés Cocos des Maldives et Note signée Deleuze P. 

45. Bory de Saint-Vincent [1801-4802). Voyage dans les quatre prin- 
cipales îles des Mers d'Afrique, fait par ordre du gouvernement pen- 
dant les années 9 et 10 de la République (1801-1802), avec l'histoire de 
la traversée du Capitaine Baudin jusqu'au Port-Louis de l'Ile Maurice, 
par J. B. G. M. Bory de Saint-Vincent, officier d'Etat-major, natura- 
liste en chef sur la Corvette Le Naluraliste dans l'expédition commandée 
par le Capitaine Baudin, 3 vol. in-8°, Paris, an XIII (1804), vol. III, 
p. 156-157 et 245. 

46. Robillard d’Argentelle (1802-1826). Catalogue des fruits et plantes 
modelés composant le Carporama. Rue Grange-Batelière, n° 2, petit in- 
12, Paris, 1826 (?). Prix Ofr. 50. 

#7. James Prior (1810-1811). Narrative of a Voyage in the Indian 
seas in the Nisus frigate, to the Cape of Good Hope, Isles of Bourbon, 
France, and Seychelles towards Madras and the Isles of Java, St 
Paul and Amsterdam, during the years 1810-1811, by James Prior Esq. 
R. N., in-8°, London, 1812, p. 55. The Seychelles group. 

48. James Prior (1810-1811). Beschreibung einer Reise in das Indische 
Meer..…. und den Seychelles in 1810-1811. C. Fh. Leidenfrost, Berlin? 
1819 (cité par Yule). Traduction allemande du Voyage de J, Prior. 

49. Th. Frappas (1818-1819). Extrait d'une relation d'un voyage fait 
à Madagascar, à Anjouan et aux Seychelles pendant les années 1818- 
1819, par M. Frappas, enseigne de vaisseau, dans Annales Maritimes et 
Coloniales, par M. Bajot, in-8°, Paris, 1820, 1"° série, 2° partie, p. 229 
et 258-259. 

50. Th. Frappas (1818-1819). Souvenirs d’un jeune marin ou récit de 
plusieurs voyages faits de 1816 à 1822 à la côte de Coromandel et au 
Bengale, aux Iles de France et de Bourbon, et aux Seychelles, Mada- 
gascar, etc., par M. Théophile Frappaz (sic), dans Journal des Voyages, 
découvertes et navigations modernes ou Archives géographiques et 
statistiques du xixe siècle. In-8°, Paris, 1821, vol. XXI, p. 268, chap. V. 
Les îles Seychelles. 

54. Lamarck (1813). Dictionnaire botanique de l'Encyclopédie métho- 

dique, in-4°, 1785. Supplément, Paris, 1813, t. II, p. #93. Lodoicée des 
Maldives. 
- 52. D'Unienville (1818). Statistiques de l'Ile Maurice et de ses 
dépendances, par M. le Baron d'Unienville, archiviste de l'Ile Maurice, 
1818, 3 vol, in-8, typographie de The Merchants and Planters Gazelle, 
Maurice, 1886, vol. III, p. 131. Note sur l'état présent de toutes les 
dépendances de l'ile Maurice : les Seychelles. 

53. Owen (W.F. W.) (1820-1826). Narrative of voyages Lo the shores 
of Africa, Arabia and Madagascar, performed in H. M. Ships Leven and 


302 A.-A. FAUVEL 


Barraconta, 1820-1826, under thedirection of Captain W, F, W. Owen, 
R. N, by command of the Lords of the Admiralty, 2 vol. New-York, 
MDCCCXXXII (1832). vol. II, chap. XV p. 96-102 et 112, 

54. Deleuze (1823), Histoire et description du Muséum Royal d'His- 
toire naturelle..., par Deleuze, avec 3 plans et 1#vues, 2 vol. in-8°, Paris, 
1823, vol. I, chap. IT, Galerie de Botanique, p. 322-323. 

55 W. J. Hooker (1827). Description of the Lodoicea Seychellarum 
by W. J. Hooker in Curtis's Botanical Magazine or flower garden dis- 
played, conducted by Samuel Curtis F. L. S., vol. I, new series. In-8°, 
London, 1827, n°5 2734 et 2736: 5 plates and 8 figures, 

56. E. Pâris (1830-1832). Album du Voyage de la Favorite, 1830-1832, 
In-folio, Paris. Lithographies d’après les dessins du capitaine Pâris… 
Vue de la Rade de Mahé, d’une habitation près Mahé, d’un moulin à 
huile à Agalega. 

57. Laplace et Pàris (1830-1832) (Le Capitaine de Frégate La Place). 
Voyage autour du Monde parles mers de l'Inde et de la Chine, exécuté 
par la corvette d'État La Favorite pendant les années 1830-1832... 5 vol. 
grand in-8° et Atlas, Paris, 1833, vol. I, p.13#et 138 à 155. Article sur Les 
Seychelles par le Capitaine Pâris. 

58. Owen(W. F. W.) (1832). Geography of the Maldives Islands by 


Owen (W, F, W.), R. N. Read April 9-1832 in The Journal of the Royal 


Geographical Society of London, in-8°, London, 1832, vol. 2, p. 82. 

59. Dumont d’Urville (J. S. C.) (4834-1835). Voyage pittoresque autour 
du monde, Résumé général des voyages de découvertes de Magellan, 
Tasman, Dampier, Laplace, etc..…, publié sous la direction de 
M. Dumont d'Urville, capitaine de vaisseau, accompagné de cartes et 
de nombreuses gravures en taille-douce sur acier, d’après les dessins 
de M. Sainson, dessinateur du voyage de l’Astrolabe (1826-1829), 2 vol. 
in-4° à 2 colonnes, Paris, 1834-1835, vol. I, p. 83-85, l’Archipel des Sey- 
chelles; pl. X, fig. #. Cocotier des Seychelles; détails du Coco. 

60. Meisner (1836-1843). Plantarum Vascularium Genera secundum 
ordines naturales digesta cumque differentiae et affinilates Tabulis 
diagnosticis expositae auctore Carolo Frederico Meisner. Lipsiae, 
1836-1843, in-fol., p. 357. Lodoicea. 

61. G. Harrison (1839). The Nautical Magazine and naval Chronicle 
for 1839, 2° série, in-8°, London, The Seychelles, communicated by G. Har- 
rison, Esq. to the Coinmander of H.M.S. Rose on his visit to these 
islands in March 1837, p. 443-446. 

62. Martius (C. F. Ph. de) (1840). Historia naturalis palmarum 
a Carol. Fried. Phil. de Martius, Munich, 1843, 3 vol. in-folio, vol. HI, 
p- 221, Tab. 109-122. Tab. X, fig. [, Il et III, et Tab. Z. V., fig. VIII, 
Lodoicea Seychellarum. 

63. Endlicher (1843). Genera plantarum, 1843. Lodoicea Seychellarum. 

64. Kunth (C. S.)(1843). Enumeratio plantarum (omnium hucusque 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 303 


cognitarum secundum familias nalurales disposita adjectis characteribus 
differentiis et synonymis) auctore Carolo Sigismundo Kunth Stutgar- 
diae et Tubingae sumtibus{sic) J.G, Coltae, MDCCCXLIIT (1843), in-8?, 
vol. III. Palmae, p. 225, Lodoicea. 

65. Victor Charlier (1848), L'Univers. Histoire et Description de tous 
les peuples. Vol. IV : Iles d'Afrique, par M. d’Avezac ; Iles Madagascar, 
Bourbon et Maurice, par M. Victor Charlier, p. 34-35. Paris, in-8°, 
MDCCCXLVIIT (1848). 

66. Eug. de Froberville (1848), L'Univers. Histoire et Description de 
tous les peuples. Vol. IV. Iles d'Afrique, introduction par M. d'Avezac. 
Iles Africaines de la mer des Indes... Les Seychelles et Amirantes, par 
M. Eugène de Froberville. Les Seychelles, vol. IV, p. 89 à 110. In-8°, 
Paris, Firmin-Didot, 1848. 

67. Charles Pridham (1849). Mauritius and its Dependencies by 
Charles Pridham. Appendix, p. 395-399. 

68. J.-E. Planchon (1849). Flore des Serres et Jardins. Publiée à 
Gand sous la direction de Louis Van Houtte, in-8°, vol. V, 1849, p. 
523-526, n° 291, le Cocotier des Séchelles. 

69. L. Charton, (1854). Magasin pittoresque, vol. 22, 1854, pp. 54-56. 
La Gourde. du Derviche. Paris, in-4°, Directeur L. Charton. 

70. B. Seemann, (1856). Popular History of Palms and their allies.…. 
by Berthold Seemann Ph. D.— M. A. — F.L. S. Petit in-4°, London, 
1856, p. 230, Genus XXXVII. Lodoicea Labill. Planche en couleur n° 
13. 

71. Swinburne Ward (1863). Journal of the proceedings of the Lin- 
nean Society of London, Botany, vol. VII, 7-8, 1864-1865, p. 155. On 
the double Cocoa-nut of the Seychelles (Lodoicea Sechellarum) « Sea 
Cocoa-nut » « Double Cocoa-nut » « Coco de Mer », by Swinburne 
Ward Esqre, Civil Commissioner, Communicated by Sir W. J. Hooker 
F.R. S. — L. S. etc. Read March. 3, 186%, in-8°, London, 1865, 
et Gardner’s Chronicle, 1864, Lodoicea Sechellarum. The bowl, with, 2? 
figures. 

72. Sw. Ward (1864), Gardner's Chronicle, 1864. Lodoicea Seyclel- 
larum the Bowl, note by Swinburne Ward, with 2 figures, n° 422, Lon- 
don, in-8°, 186%, 

72. Sw. Ward, novembre (1863), Ultima Thule. Manuscrit commu 
niqué par le D' P. Wright en 1908. 

13. Dr Barnard (1863)(?). Transactions of the Royal Asiatic Sociely 
(Journal),in-8°, London, 1863? Description of the Lodoicea Seychellarum ? 

74. Ch. Naudin (1864). Revue horticole, Journal d'horticulture pra- 
tique fondé en 1829, publié sous la direction de M. J, A. Barral, in-8?, 
Paris, 1864, p. 447, col. 2. Le Lodoicea Sechellarum, par M. Ch. Naudin. 

75. L. van Houtte. Flore des Serres et Jardins. Journal général 
d'horticulture, Gand, T, XV. 1862-1865, p. 168, n° 1427: Le Cocotier 
des Seychelles, avec 2? fig. Reproduction de la note et de Ia gravure du 


304 A.-A. FAUVEL 


Gardner's Chronicle, par Swinburne Ward; et vol. XVI, 1865-1867, P. 
11#, avec 2 fig. : Le Cocotier des Seychelles par F, C. 

16. D' Perceval Wright (1868-1870). Annals and Magazine of Natural 
History, voir p. 110; Spicilegia, Biologica p. 118. 

77. Lewis Pelly (1865). Journal of the Geographical Society, London, 
1865, in-8°, p. 231-237, On the Island of Mahé Seychelles, by Lieutenant- 
Colonel Lewis Pelly. 

78. E. Perceval Wright (1868). Spicilegia biologica or Papers on 
zoological and botanical subjects written by E. Perceval Wright M. D. 
F.L. S.,F.R. C. S. I., etc., professor of Botany Dublin Univer- 
sity, in-8°, Part I, 1870 (January) (only 75 copies printed), p. 1. Notes on 
the Lodoicea Sechellarum Labill., by Edward Perceval Wright, etc... 
from the Annals and Magazine of Natural History for November 1868. 

79. E. Perceval Wright (1868). Spicilegia biologica, etc..…., part I, 4870. 
Six months in the Seychelles, p. 68-71. (A letter to Searle Hart, 90ctober 
1868.) Contributions towards a flora of the Seychelles, Dublin, 1869. 

80. H. Jouan (1870). Notes sur les archipels des Comores et des 
Séchelles. Extraits des Mémoires de la Société Impériale des 
Sciences naturelles de Cherbourg. Cherbourg, in-8°, 1870, p. 72. Lodoi- 
cea Seychellarum. 

81. A. Roussin (1868-1870), Album de l'Ile de la Réunion, 5 vol.in-4°, 
Saint-Denis-de-la-Réunion, 1868-1870. Collection de vues, de paysages, 
plantes et insectes de Bourbon, lithographies et photographies par 
A. Roussin, vol. V, p. 124-130. Description du Lodoicea Seychellarum 
et photographies d'une feuille et de deux fruits entiers et décortiqués 
comparés avecceux du cocotier ordinaire (3 planches). 

82. L. Pike (1871-1872). Transactions of the Royal Society of Arts and 
Sciences of Mauritius, in-8°, vol. VI, new series. A visit to the 
Seychelles Islands, by Colonel Pike, pp. 53-142, déjà paru dans The 
Commercial Gazette of Port Louis Mauritius, 1871. 

83. John Horne (1875). Rapport sur les différents plants pouvant être 
cultivés aux Seychelles, par John Horne, sous-directeur des Jardins 
botaniques royaux, Ile Maurice, 20 mai 1875,in-4°, imprimé en 1881. 
Lodoicea. 

84. John Horne (1875). Letter to D' Hooker relating his voyage to 
the Seychelles Islands, 12 november 1874, dans Journal of the Linnean 
Society, vol. XV, # octobre 1875. 

85. John Horne (1876). Le Rapport est reproduit par Mac Nab dans 
Nature, in-4°, London, 14876, vol. XIV, n° 344, et dans Transactions of 
the Royal Society of arts and Sciences of Mauritius, vol. IX, 1876, pp. 
52 à 77. 

86. Elie Pajot (1876). L'Exploration, journal géographique et com- 
mercial, in-#°, Paris, vol. III, 1876, p. 523-526. Les Seychelles, par 
Elie Pajot, de l’ile Bourbon. 

87. J. G. Baker (1877). Flora of Mauritius and the Seychelles a des- 


ER :” 
RS: 
L 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 305 


cription of the flowering plants and ferns of these Islands, by 
J. G. Baker, F. L.S., in-8°, London, 1877. Lodoicea. 

88. Nemo (1877). Souvenirs des Seychelles. Louise, par Nemo, dans 
The commercial Gazette. Suppléments littéraires et historiques, in-8°, 
Maurice, 1877, p. 235. Le Cocotier de Mer. 

89. H. Wendland (1878). Botanische Zeitung, in-4°, 36 Jahrgang, n° 8, 
22 Feb. 1878. Leipzig, Beiträge zur Kentniss der Palmen von Herm. 
Wendland. Lodoicea. 

90. O. de Kerchove (1878). Les Palmiers : Histoire iconographique 
par Oswald de Kerchove de Denterghem, in-4#°, Paris, 4878. Lodoicea, 
pl. 17, p. #1. 

91. Schroeter (1880). Ueber die Seychellen Nuss (Lodoicea Seychel- 
larum) in Vierteljahrschrift der Naturforscher Gesellschaft in Zurich 
1880, 13 Jahrg. xxv s., 112-115, cité par Just's Botanischer Jahresbe- 
richt, 1880, 2te, p. 69, et 1880, 2te, p. 528. 

92. Général Gordon (1881). Dessins manuscrits avec notes du Coco- 
tier de Mer. Collection du Jardin Botanique de Kew, Angleterre, 3 
planches. 

93. H. C. Ball (1882). Report on the Maldive Islands, by H. C. Ball 
of the Ceylon. Civil Service. Cité par Yule, Glossary, etc. q. v. Coco de 
Mer, 1882. 

94. D' R. W. Coppinger (1883). The Cruize of the Alert. Four years in 
Patagonian, Polynesian and Mascarene waters, 1878-1882, by Dr R. W. 
Coppinger M. D. with 16 full page woodeut illustrations from photo- 
graphs by F. North, R. N. and from sketches by the author. In-4°, Lon- 
don, chap. XI, p. 209-216. Seychelles and Amirante Islands. 

95. Bentham et Hooker (1883). Genera Plantarum ad exemplaria 
imprimis in herbariis Kewensibus servata definita auctoribus G. Bentham, 
et J. D. Hooker, 5 vol. in-4, Londini, 1883; vol. IL, part. 2, p. 939. 
Lodoicea. 

96. Miss North (1883). Recollection of a happy life. Pall Mal 
Gazette, January 21, 1883. The SeychellesIslands. 

97. H. W. Estridge (1885. Six years in the Seychelles with 30 pho- 
tographs .from original drawings, London, in-8°. Privately printed. 
(Rare.) 

98. W. Watson (1886), Gardner's Chronicle, New Series, January to 
June, 1886, p. 557, col. 1-2, May 15, col. 2, Lodoicea with fig. n° 122. 
Germinating seed of double cocoa-nut and bowl. Cité dans Just's 
Botäanischer Jahresbericht, 47 Th., p. 719, n° 346. W. Watson (417 
Kurze Beschreibung von # Palmen. Lodoicea. 

99. B. Hartmann (1886), Madagascar und die Inseln Seychellen, in- 
8°, 1886, p. 151. Das Wissen der Gegenwart Bd LVIT. 

400. Carl Salomon (1887). Die Palmen nebst ihren Gattungen und 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° sé£e, 3° vol, 1915. 20 


306 A.-A, FAUVEL 


Arten für Gewachshaus und Zimmer-Kullur von Carl Salomon. Konig- 
licher Garten Inspektor in Wurzburg, in-8°, Berlin, 1887, p. 44-46. 
Lodoicea, fig. 6. 

101. D''Fressanges (1887). L'industrie des pailles de Lodoicea aux 
Seychelles, par le Docteur Fressanges, dans Revue Historique et Litté- 
raire de l'Ile Maurice, 3° année, 16 janvier 1890, p. 328-340. 

102. E. Reclus (1888). Nouvelle géographie universelle, la terre et les 
hommes, par Elisée Reclus, t. XIV : Océan et terres océaniques, p. 
435; chap. IV. Amirantes et Seychelles, p. 136. 

103. Henri Joret (1891). Le Cocotier des Séchelles. Lodoïicea Sechel- 
larum, par H. Joret, dans Le Naturaliste, revue illustrée des Sciences 
naturelles. In-4°, Paris, XIII® année, 2° série, n° 92, 1°" janvier 1895, 
avec 1 figure. 

104. Ed. André (1891). Le Cocotier des Seychelles, par Ed. André, 
dans Revue Horticole, journal d'Agriculture pratique, 63° année, 1891, 
in-8°, Paris, 4 col., p. 295 à 298, et une figure (n° 71) d'un jeune Cocotier 
des Seychelles à Peradenya, d'après photographie rapportée de Ceylan 
par M. le Comte Horace de Choiseul. 

105. H. Baillon (1891), Dictionnaire de Botanique, 4 vol. in-#4°, Paris, 
4891, vol. III, p. 269. Lodoicea Seychellarum. 

106. H. Baillon (1890). Dictionnaire encyclopédique des Sciences 
médicales, Paris, 1890, série 2, IT, 2. 

107. W. Thiselton Dyer (1891). Lettre de M. Th. Dyer, directeur du 
Jardin Botanique de Kew à M. A. Fauvel, 16 nov. 1891. Lodoicea. 

108. Dr Trimen (1892). Lettre [du D' Trimen, directeur du Jardin 
Botanique de Peradenya (Ceylan), à M. A. Fauvel, 19 janvier 1892, 
Lodoicea. 

109 Anonyme (1892) (?). Royal Gardens Kew. Official Guide of the 
Museum of economic Botany, n° 2. Monocotylédons. In-8°, London. 

110. Ch. Alluaud (1892-1894). Voyage aux Îles Seychelles, par 
Ch. Alluaud, dans Le Tour du Monde, périodique illustré, in-4°, Paris, 3 
février 1894. 

1141. Miss M. North (1895). Recollections of a happy life .… edited by his 
sister Mrs J, A. Symonds, 2 vol. in-8°, London, 4895, vol. IT, chap. XV, 
p. 285. The Seychelles Islands. 

112. S. Quincy (1893). Description de l'arbre Cocotier de Mer des Iles 
Seychelles, par S. Quincy. Réimpression par Le Cernéen, journal 
de Maurice (8, rue du Vieux-Conseil, Maurice, décembre 1893), du 
mémoire de Quéau de Quiney envoyé en 1808 au Jardin du Roi et lu à 
l'Académie des Sciences par Labillardière, imprimé à la suite du 
mémoire de celui-ci dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle 
de Paris, q. v. 

Une seule édition de cinquante copies ; 232 X158mm, Prix 0.50 cent. 
de Roupie, éditée en décembre 1893 à Port-Louis, Ile Maurice, par le 
Cernéen (Journal de l'Ile Maurice). 


LE COCOTIER DE MER DES ILES SEYCHELLES 307 


113. Ch. Anastas (1897). Histoire et Description des Iles Sechelles. 
In-8°, 77 p., Maurice ; 14897, p. 18-21, l'Ile Praslin. 

114. F.-A. Barkly (1897). From the tropics to the North Sea, in-8, 
Westminster, 1897, p. 252. Seychelles. 

115. D" Keller (1898). Die Ostafrikanischen Inseln, in-8°, 1898, dans 
Bibliothek der Ländeskunde. B£ 2. Seychellen Inseln. 

116. Carl Chun (1899-1900). Auf der Tiefen des Weltmeeres von Carl 
Chun. Schilderungen von der Tiefsee. Expedition mit 6 chromolitho- 
graphieen ; 8 heliogravüren; 32 als Tafeln gedruckten Volbildern ; 2 
Karten und 390 Abbildungen im text. In-4° von Gustav Fischer in Jens, 
1900. 

117. Albert K. (1900-1901). Pflanzenwunder in Natur, Berlin, 4900, 1 
vol., p. 243-245. Die Wundernuss Lodoicea Seychellarum. Cité par Just's 
Botanischer Jahresbericht, t. XXIX, 1901, 2te abth. 

118. Col! Yule (1903). Hobson-Johnston. À Glossary of Colloquial 
anglo-indian words and phrases and of kindred terms etymological, 
historical and geographical, by Colonel Henry Yule, C. I. E. New 
Edition, in-8°, London, 1903, Coco de Mer, p. 229, et Seychelles, p.814. 
La 1re édition a paru en 1893. 

119. A.-A. Fauvel (1906). Notes sur quelques points nouveaux de 
l’anatomie du Cocotier de Mer. Lodoicea Seychellarum. Extraits du 
Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, Paris, 1906, n° 7, p. 585. 


120. Augeri Clutii M. D. (1634). Opusculum. De Nuce medica. Amste- 
lodami typis Jacobi Charpentier, anno 1634. 1 vol. petit in-4#° avec 
figures. 

121. Johannis Eusebii Nierembergi (1635), Madritensis ex Societate 
Jesu in academiäregia Madritensi Physiologiae professoris, Historia Natu- 
rae maxime peregrinae Libris XVI distincta ({ vol. in-folio). Antwerpiae, 
ex Officinà Plantinianà, Balthasari Moreti, MDCXXXV. Liber XIV, cap. 
IX, p. 298. De Cocco Maldivensi. 

122. F. E. Guérin (1836). Dictionnaire Pitloresque d'Histoire Natu- 
relle. 9 vol. in-40, Paris, rue Saint-Germain-des-Prés, no 4, T. IV, p, 
481. Lodoicée. Article de Thiébaut de Berneaud. 


TABLE DES MATIÈRES 


AND EN LT CO RSR RE PRE RE RER ed 
Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées-Mimusopées... 
Contribution à l'étude des Crassulacées malgaches......... 
Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache... .... nt 
Le cocotier de mer Lodoicea Sechellarum................ 


TABLE DES PLANCHES 


Kalanchoe hbeharensis Drake del Castillo............. NES 
Carte des Iles Praslin, Curieuse et Rond................., 
Collection d'objets en paille de Lodoicea................. 
Normale etinoix femelle dé-Lodoicea..:...........,.1%. 
Lodoicea Sechellarum femelle et portions d’inflorescence 

Ne ee cons ne Re 
Moulages en cire d'inflorescences de Zodoicea........... Ye 
Moulages en cire des fruits......:..... D Sr CE ANCCITONES 
Inflorescences et fruit de Lodoicea........... LÉ AENE 
Sections d'inflorescences et fleurs de Zodoicea............ 
Lodoicea Sechellarum mâle à Mahé................... de 
le EP non femielens. Ne Eu. se. don 
Demi-noix de coco de mer gravée en Perse................ 
Lodoicea Sechellarum femelle à Mahé.................... 
donne Lonoiced4iCeylan 225. 4, ue denis eee s à » + Le. 
La région des cocotiers de mer à l'ile Praslin.............. 
Gérmination du! coco des Seychelles. .,................... 
Deux noix de Lodoicea décortiquées...................... 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS 


à 
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Des À 2 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


Dr Hecxez : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues 
_des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908. 


CLaverie : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles 
exotiques. Année 1909. 


pe Wicnemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en 
Afrique tropicale. Année 1909. 


Louis PLanxcmox et Jurzer : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909. 
D' Hecxez : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910. 


H. Juuerze et H. Perrier DE LA Baruie : Fragments biologiques de la flore de 
Madagascar. Année 1910. 


GuizLaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et 
dépendances. Année 1911. 


Dusanp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912. 


Baupox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année 
1912. 


DE WiLpemax : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique 
du genre Musa. Année 1912. 


H. Juuezce et H. Perrier DE LA Battre : Palmiers de Madagascar. Année 1913. 


P. Cuoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année 
1914. 


MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE 


Les Annales du Musée colonial de Marseille, fondées en 1893, 


paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules. 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, 
sont en vente chez M. CHALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à 
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- 
cial, doivent être adressées. 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri 
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
colonial, 5, rue Noailles, à Marseille. 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- 
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à 
leur frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec 
titre spécial sur la couverture. 


Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au 


Directeur du Musée colonial seront signalés chaque année en fin 


de volume dans les Annales. 


Le prochain volume (année 1916) contiendra : 
Aer FASCICULE. Catalogue descriptif des Collections botaniques du 
Musée Colonial de Marseille : Madagascar et Réunion. 


2e rascICULE. 1° Etude sur les bois de la Guyane Française, par . 


M. Stone. 
2° Les progrès accomplis dans les colonies françaises et étrangères ; 
informations et bibliographie. 


Le 1+ fascicule paraîtra prochainement. 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS. 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONTAL 
DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par Epouarn HECkEL 


DIRIGÉES PAR 


M. Henri JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences. 
Directeur du Musée Colonial de Marseille, 


Vingt-quatrième année, 3° série, 4° volume (1916, 


1 Fascicule. 


Catalogue descriptif des Collections Botaniques 
du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et ia Réunion, 
par M. Hexrt JUMELLE. ; 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
9, Rue NoaiLzes, 9 17, rue Jacop, 17 
1916 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


Dr Hrcker: Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.) 
Dr Rancox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. ! Volume complètement épuisé.) 


R. P. Düss: Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume 
complètement épuisé.) 


E. Georrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane. 
Année 1897. 


D: Heckec : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française. 
Année 1897. 


Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1897. 


D' HrckeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1898. 


H. Juuerzr : Le cacaoyer. Année 1899. 


D' H. Jacos pe Conpemoy : Gommes, go mmes-résines et résines des colonies 
françaises. Année 1899. 


L. Laurexr : Le Tabac. Année 1900. 


Dr H. Jacoe pe Conpemoy : Les Soies dans l'Extrême-Orient et dans les colonies 
françaises. Année 1901. 


L. Laurenr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901. 


À. Cnevacier : Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance. 
Année 1902. 


GarrareL : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903. 


Dr HeckeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1903. 


D' H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de la Réunion. (Géographie physique ; richesses 
naturelles, cultures et industries.) Année 1904. 


Capitaine Marre : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin. 
Année 1904. 


E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles de bois d’'Indochine. Année 1905. 


H. Juuerce : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H. Jumezce et H. Perrier pe LA Barre : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H. Juuerre et H. Perrier pe La Barute : Notes biologiques sur la végétation du 
Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908. 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


# 


(Année 1916) 


PRIMEURS 


ES, 1M 


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MACON, PROT 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 
DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par Epouarn HECKkEL 


DIRIGÉES PAR 


M. Henr: JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille, 


Vingt-quatrième Poe 3° série, 4° volume (1916, 


1% Fascicule. 


Catalogue descriptif des Collections Botaniques 
du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et la Réunion, 
par M. Henri JUMELLE. 


— 
MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, Rue NoarLies, 9 17, nue Jacon, 17 


1946 


MADAGASCAR ET COMORES 


I. — PLANTES FÉCULENTES 
ET CÉRÉALES 


1. Farine de Medemia nobilis. — Palmiers. 
2. Fruits de Medemia nobilis. 


Le Medemia nobilis est un palmier de l'Ouest de Mada- 
gascar nommé satranabé et satrafotsy. C'est le latanier des 
colons. Les Sakalaves, après l'avoir abattu, retirent du tronc 
les 2 à 5 kilos de moelle qu'il contient, et, en pulvérisant 
cette moelle, obtiennent une farine jaunâtre alimentaire. 
Cette farine a pour composition : 


Le RL tes A751$ 
RÉCOE ES R nE en 66,833 
Par Gellülosernt rares 12,939 
Substances albuminoïdes. 10,538 
Substances grasses...... 1,037 
Substances minérales.... 8,200 


La farine de Medemia est donc particulièrement riche 
en substances albuminoïdes. 


H. Gallerand : Une farine de Palmier de Madagascar.C.R. de l'Aca- 
démie des Sciences, mai 1904. — IH. Jumelle: Les ressources agricoles 
el forestières des colonies françaises. Barlatier, Marseille, 1907.) 


3. Fécule de Manihot utilissima. — Æuphorbiacées. 


4. Racines de Manihot utilissima . 


Annales du Musée colonial de Marseille.— 3° série, 4° vol, 1916. 1 


2 


4 
y. 


li, JUMELLE 


Rondelles de Manihot utilissima. 


Les variétés de Manihot utilissima, ou manioc, introduites 
et cultivées à Madagascar sont surtout des variétés douces » 
La culture du manioc s’est beaucoup étendue depuis une 
dizaine d'années dans la colonie, où elle réussit dans 
toutes les terres saines un peu fertiles et dont l'humidité 
n'est pas trop grande. Les exportations de manioc brut 
ou desséché étaient en 1912 de 22.000 tonnes environ. 
Les débouchés de la fécule sont nombreux ; et des usines 
de tapioca sont déjà installées ou en voie d'installation dans 
le Centre, le Nord-Ouest et l'Est. 


(A. Fauchère : La culture du manioc à Madagascar. L’Agriculture 


pratique des pays chauds, novembre et décembre 1913.) 


6. Fécule de Tacca pinnatifida. — T'accacées. 


Le Tacca pinnatifida, de la famille des Taccacées, voi- 
sine des Amaryllidacées, est une plante à tubercule, indi- 
gène à Madagascar, mais qu'on retrouve sur le continent 
africain et en Polynésie, où c’est le pia. À Madagascar, 
c'est le kabitsa, ou kabija, des Sakalaves, le favolo des 
Betsimisaraka. Les Säkalaves pilent les tubercules, puis les 
ràpent sur une pierre, et ils jettent la pulpe ainsi désagré- 
gée sur un tamis, dans lequel ils font couler de l'eau jusqu’à 
ce que le liquide passe clair. Ils laissent ensuite la fécule 
se déposer, décantent et font sécher. Cette fécule est con- 
sommée cuite, à l'eau ou au lait. 


(H. Jumelle : Les plantes à tubercules alimentaires. Doin, Paris, 1910.) 


7. Tubercules de Tacca sp. 


8. Tubercules de Tacca sp. 


Le Tacca pinnatifida n'est pas à Madagascar la seule 
espèce du genre. On y connait encore d’autres favolo (Taëca 
umbrarum Jum. et Perr. dans le Nord; Tacca artocarpi- 
folia Seem. dans l'Est), les uns à tubercule entier, les 
autres, au contraire, à tubercule très divisé. Peut-être est-ce 


MADAGASCAR ET COMORES 4 


le Tacca arlocarpifolia qui est de plus en plus exploité 
dans la province de Mananjary, où les indigènes ont vendu 
en 1913 plus de 700 tonnes de cette fécule de tavolo. 


9. Tubercules de Maranta arundinacea., — Cannacées. 


10. Fécule d arrow-root. 


Le Maranta arundinacea, surtout cultivé à la Barbade et 
à Saint-Vincent, et d'origine américaine, donne le véritable 
arrow-root, ou arrow-root de la Barbade, Introduit à Mada- 
gascar, il n'y est pas exploité, quoiqu'il y réussisse fort bien. 


11. Tubercules d'Aponogeton Guillotii. — Aponogétonacées. 


Les Aponogeton sont des plantes aquatiques submergées 
dont les feuilles, dans deux espèces (Aponogeton fenestralis 
et Aponogeton Guillotii), sont fenêtrées. Tous ces Aponoge- 
ton sont les ovirandra des indigènes, qui en consomment 
les tubercules. 


12. Igname (Dioscorea sp.). — Dioscoréacées. 


Il y à à Madagascar de nombreuses espèces sauvages de 
Dioscorea, ou ignames, dont les tubercules sont consommés 
de diverses manières, crus ou cuits, par les indigènes. 


(H, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Fragments biologiques de la 
Flore de Madagascar. Annales du Musée colonial de Marseille, 4910.) 


13. Farine de Banane. -- Musacées. 


13 bis. Fruits de Musa paradisiaca. — Wusacees. 


La farine de banane a été l'objet d’appréciations très 
diverses ; les uns lui attribuent une haute valeur nutritive, 
d’autres lui reprochent la couleur grise qu'elle prend après 
cuisson et qui restreindrait ses emplois à certaines spécia- 
lités, telles que la biscuiterie. En fait, c’est une farine qui 
n'a pas encore été réellement utilisée industriellement en 
France, Madagascar pourrait exporter aussi soit la. farine 


à: 


4 H. JUMELLE 


même, soit, mieux, des tranches longitudinales sèches de 
bananes non müres, débarrassées de la partie fibreuse cen- 
trale, et qui seraient réduites en farine en France. Ces 
tranches de bananes à fécule (Musa paradisiaca) ne doivent 
d'ailleurs pas être confondues avec les bananes sèches dont 
on a déjà tenté l'exportation, et qui sont des tranches de 
bananes mûres (Musa sapientum), consommables comme 
fruits. 


(H. Jumelle : Les cultures coloniales, fase. I. Baillière, éditeur, 1912.) 


14. Graines de Typhonodorum madagascariense. — Aracces. 


15. Fruits de Typhonodorum madagascariense. 


Le Typhonodorum madagascariense, où viha, est une 
Aracée qui vit au voisinage de la mer, dans les marais et 
sur le bord des cours d'eaux boueux. Les graines en sont 
consommées par les Sakalaves, cuites dans le lait. Ces 
mêmes Sakalaves préparent une fécule avec la souche de la 
plante. Après que ces souches ont été râpées, la farine 
obtenue est desséchée à feu doux; puis la fécule en est 
séparée selon le procédé ordinaire, par lavage, tamisage et 
décantation. Malgré l'action du feu, cette fécule conserve 
d'ailleurs une certaine quantité de ces principes caustiques 
que contiennent tous les tubercules d'Aracées, et elle cause 
dans la bouche, et même dans l'æsophage, une sensation 
spéciale. 

(H. Jumelle : Les ressources agricoles el forestières des colonies fran- 
caises. Barlatier, Marseille, 1907.) j 


16. Fruits et graines de Ravenala madagascariensis. — 
Musacées. 


Le ravinala, ou arbre du voyageur, caractérise dans l'Est 
de Madagascar le premier gradin de la chaîne montagneuse 
de l’île. Dans le Nord, on le retrouve sur le versant Ouest. 
Ses graines pulvérisées sont consommées dans le lait. 
L'arille bleu qui les enveloppe contient une substance grasse 


MADAGASCAR ET COMORES La 


concrète qui serait intéressante pour la stéarinerie, s'il était 
possible de l'obtenir en quantité suffisante. 


19. Oryza sativa; variétés diverses. — (rraminées. 


Le riz, ou vary, cultivé de si longue date à Madagascar, et 
dont la culture, un moment délaissée au début de l'occupa- 
tion française, a largement repris en ces dernières années, 
est et doit de plus en plus devenir pour notre colonie un 
de ses grands produits d'exportation. Les variétés de riz 
malgaches sont excessivement nombreuses et feront l’objet 
d'u catalogue spécial ultérieur. 

(H. Jumelle : L'agriculture à Madagascar. Rapport au Congrès de 
l'Afrique orientale, 1911.) 


20. Hordeum vulgare. — Graminées. 


L'orge peut, comme le blé, donner lieu à une petite cul- 
ture dans les parties élevées de l’île, principalement dans 
l’'Ankaratra, dans la région de Bétalo. 


II. — GRAINES ALIMENTAIRES 


21. Fruits de Voandzeia subterranea. — Zéqumineuxes. 


Les fruits de voanjo mürissent en terre comme ceux de 
l’arachide. Les graines, moins riches en huile que celles de 
cette arachide, et consommées cuites, sont surtout bonnes 
avant maturité complète. Elles ne contiennent pas de glu- 
coside cyanogénique. Des graines de la Nigérie anglaise 
analysées à l'Imperial Institute de Londres contenaient, 


pour 106 : 
EN RUN dE dE mL PRE PU 13,1 
Substances azotées...,....... 16 
2 CHANSON JANET 0,8 
AMIAON NE... LR NSE TRUE NE 08,4 
OLIS RP a à hs 3,9 
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(er 


H. JUMELLE 


22. Noix d'Anacardium occidentale. — 7'éréhinthacées. 


D'origine américaine, l'acajou à pomme est à Madagascar 
un arbre introduit. 

La « pomme » est le pédoncule fortement épaissi et charnu 
qui porte le fruit proprement dit. Ce pédoncule, qui est 
rouge, blanc ou jaune selon les variétés, contient un suc 
abondant, astringent et acide; il est consommé cru ou cuit 
et est d'ailleurs médiocre. On en fait aussi des conserves et 
il sert également, en certains pays, comme au Brésil, à 
préparer, par fermentation, un vin et, par distillation, une 
eau-de-vie. 

La « noix » est le fruit même, plus petit que le pédoncule, 
et rémiforme ; le péricarpe, coriace, contient une substance 
huileuse, très caustique et âcre, qui sert à marquer le linge 
ou avec laquelle on enduit les planches et les bois pour les 
préserver de l'attaque des insectes. 

La graine qui est à l'intérieur de cette noix est de saveur 
douce, comestible, et utilisable en confiserie comme les 
amandes douces. Elle représente 30 °/, environ du fruit 
tout entier. Elle à pour composition, comparée à celle 
d'amande douce : | 


Amande d’acajou. Amande douce. 
DEV EE DNS LM RS EE 16, OA SEE RER EEE 6 
Albüminoides #10 LOS ER EN CAT PRIT RS TETE PEN ER 24 
QUE PER AE Le 91380 46 PE none NS TRES D4 
Hydrates de carbone. .... EN TR PR SA I DA AE À - 10 
Celiinses serre ces DD no PR SAR 3 
GERS TES CARE RAD) LL EL 2 RE NASSEES S 


L'huile de l'amande d’acajou n'est pas siccative ; elle est 
jaune pâle et de saveur douce. Ses caractères, comparés à 
ceux de l'huile d'amande, sont : 


Huile d’acajou. Huile d'amande. 


Densité sente DOMISDI GE ES EE RE ee 0,917-0,919 
Indice de saponification. 12108 EE PR Re 189-195 


Indice “diotle 225" HE SO MR: MEGA R EEE re 93-102,2 


Le 


MADAGASCAR ET COMORES 7 


Pour extraire plus facilement la graine de la noix, on tor- 
réfie légèrement celle-ci. Pendant la torréfaction il faut 
d’ailleurs se préserver le visage et les yeux contre les 
vapeurs caustiques qui se dégagent de l'huile du péricarpe. 
Le rôtissage assure une plus longue conservation des 
amandes, mais en brunit un peu la chair, qui normalement 
est très blanche. 


23. Graines de Phaseolus lunatus. — Zéqumineuses. 


Le haricot du Cap, ou pois du Cap, qui, à Madagascar, est 
surtout cultivé pour l'exportation dans la région de Tuléar, 
où c'est le kabaro des Sakalaves, serait la variété inamoe- 
nus du Phaseolus lunatus. Les graines de certaines de ces 
variétés de Phaseolus lunatus sont très dangereuses, en rai- 
son du glucoside cyanogénique, la phaséolunatine, qu'elles 
contiennent; mais les haricots du Cap provenant de Tuléar 
sont l’une des sortes où la teneur en ce glucoside est minima. 
D'après les analyses faites à l'Imperial Institute de Londres, 
cette teneur ne serait, en effet, que de 0,0025 à 0,007 °/, 
d'acide cyanhydrique, alors que celle des pe-qya de Bir- 
manie est de 0,015 à 0,040 et celle des kawl-be de 0,040 
à 0,055. C’est la raison pour laquelle on songe en Birmanie 
à introduire la variété malgache. 

‘La composition centésimale de ces pois du Cap de Mada- 
gascar est la suivante, comparée à celle des haricots de 
Rangoon (autre variété de Phaseolus lunatus) et des hari- 
cots ordinaires (Phaseolus vulgaris). 


Haricots du Cap 
de Madagascar. Haricots de Rangoon. Haricots ordinaires. 


(LEO ER ER E LAON ER ER. ges RCE PE 14 
mubstancas azotées:,:: 25,10 ....1.12,.,. 4, A ER RR PE RTE 23 
PLDSISnCes, grassps::1. 0,900. sde... Pnau ce 2,3 
MoidR 2 6.0. DR D UE Diet 7 ue TN GPA 52,3 
OEM 47 ee DA EN RE ve Aie LA CÉSAR 5,5 
CEDAPEST, 52 272,0 SAT a ÉTER 5! 4 CRM RNA 2,9 


Les haricots du Cap sont exportés de Madagascar à la 


8 H. JUMELLE 


Réunion, dans les colonies anglaises, au Mozambique et en 
Angleterre. Sur une exportation totale de près de 4 millions 
de francs de ces haricots en 1914. il en a été expédié pour 
359.000 francs dans les colonies anglaises et 2.815.000 francs 
en Angleterre. En 1914, le quintal anglais valait, sur le 
marché de Londres, de 16 à 20 shellings. 


(A. Fauchère : Le pois du Cap à Madagascar, dans l'Agriculture pra- 
tique des pays chauds, avril 1914. — Beans of Burma, dans le Bulletin 
of the Imperial Institute, juillet-septembre 1944 et avril-juin 1945.) 


24. Graines rouges de Dolichos Lablab. — Zéqumineuses. 


Les graines de dolic, ainsi que les gousses jeunes, sont 
couramment consommées dans les pays chauds. 


25. Graines d'Entada scandens var. discosperma. — ZLéqu- 
mineuses. 


Cette Légumineuse grimpante est, dans l'Ouest de l’île, 
le vaheabe et le vaheakarabo des Sakalaves. Ses énormes 
gousses sont les voan-karabo. Les grosses graines qu'elles 
contiennent sont consommées par les Sakalaves, qui, après 
les avoir épluchées et fait tremper dans l’eau courante pen- 
dant deux jours, les soumettent à une ébullition prolongée, 
en renouvelant l’eau plusieurs fois. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Fragments biologiques de la 
flore de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1910.) 


26. Gousses de Mucuna utilis. — Zégqumineuses. 
27. Graines de Mucuna utilis. 


Le Mucuna utilis est voisin du Mucuna pruriens, mais 
les poils qui couvrent les fruits sont soyeux et couchés, au 
lieu d'être rigides. L'espèce est aujourd'hui cultivée un peu 
partout dans la zone tropicale. Les graines sont surtout 
connues dans nos colonies sous le nom de pois Mascate ; 
elles sont blanches, jaspées ou noires selon les variétés. Les 
graines noires sont encore appelées pois noir. Toutes servent 


MADAGASCAR ET COMORES ) 


principalement pour l'alimentation du bétail. Elles con- 
tiennent, à raison de 10 °/, d’eau, 2,91 de matières grasses, 
93,98 de matières non azotées et 24,25 de substances azo- 
tées. Mais la plante, qui est de culture facile, est principa- 
lement cultivée comme améliorante, pour l’enfouissement 
en vert, notamment dans la culture de la canne à sucre. 


(P. de Sornay : Etude sur les Léqumineuses, dans le Bulletin de la 
Station Agronomique de Maurice, n° 24, 1910.) 


HI: — FRUITS ALIMENTAIRES 


41. Fruits de Citrus decumana. — Aufacées. 


Les pamplemousses sont de gros fruits globuleux dont on 
confit l'écorce comme celle du cédrat. Les grape-fruits des 
Américains sont une variété de pamplemousse. 


42. Fruits de Citrus Aurantium (Oranges). — /iufacées. 
43. Fruits de Citrus Limonum (Citrons) — liutacées. 


44.-Fruits de vangasay. — liutacées. 


Le vangasay a été tour à tour rapporté, comme variété, 
au Citrus Limonum, au mandarinier, au Citrus japonica et 
au Citrus madurensis. Cette dernière espèce est souvent 
considérée comme identique au Cifrus japonica, qui, lui- 
même, offre beaucoup de caractères du mandarinier. En tous 
cas, les vagansay, par leur forme déprimée, rappellent les 
mandarines. 


45. Fruits de Psidium Guajava (Goyaves). — Wyrtacces. 
46. Fruits de Carica Papaya (Papayes). — Biracées. 


47. Fruits de Mangifera indica. (Mangues). — 7érébintha- 
cées. 


10 H. JUMELLE 


48. Fruits de Passiflora quadrangularis (Barbadines). Passi- 
floracées. 


49. Fruits de Nephelium Litchi (Letchis). — Sapindacées. 


50. Fruits d'Ananassa sativa (Ananas). — Broméliacées. 


51. Fruits de Persea gratissima (Avocats). — ZLauracées. 
52. Fruits d'Anona squamosa (Pommes-cannelles). — Ano- 


naceées. 


Tous ces arbres fruitiers, originaires de pays divers, ont 
été introduits à Madagascar. 


(H. Jumelle : Légumes et fruits. Baillière, Paris, 1913.) 
53. Fruits de Jacquier. — Artocarpées. 


L'Artocarpus integrifolia, voisin de l’arbre à pain, qui est 
l’Artocarpus incisa var. non seminifera, est originaire de 
l'Inde. On en consomme la pulpe, quiest d’ailleurs d'odeur 
désagréable et indigeste, et les graines, qu'on fait cuire 
comme les châtaignes. 


54. Rhizomes et fleurs d'Hydnora esculenta. — Aa/fflésiacées. 
L’Hydnora esculenta, dans le Sud-Ouest de Madagascar, 
dans les bassins de la Menarana et de la Linta, croît sur 
les racines d'Acacia et d’autres Légumineuses. Son fruit, 
qui est le voantany, ou fruit de terre, des Mahafaly, assez 
gros et de forme turbinée, contient, sous une mince enve- 
loppe ferme et rougeâtre, une pulpe blanchâtre, juteuse et 
acidulée, remplie d'innombrables petites graines noires; 
et cette pulpe a un goût délicieux de pomme-reinette. Le 
voantany est donc un très bon fruit. Pour le récolter, il faut 
creuser dans le sable à quelques centimètres de profondeur, 
car, lorsqu'en mai ou juin les baies nées sur les rhizomes 
souterrains sont müres, les restes seuls du périanthe qui les 
surmontent affleurent au niveau du sol. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Quelques Phanérogames 
parasites de Madagascar. Revue générale de Botanique, 1912.) 


MADAGASCAR ET COMORES 11 


J 


IV. — SUCRES ET ALCOOLS 


61, Sucre de canne de 4er Jet (Saccharum officinarum). — 
Gramineées. 


62. Sucre canne debrun. 


63. Sucre blanc brut. 


La culture de la canne à sucre a depuis longtemps perdu 
toute importance à Madagascar. Il n'y a plus dans l'ile 
d'industrie sucrière; et les quelques champs de canne qui 
restent encore dans l'Est ne servent plus guère qu'à la 
fabrication de la betsabetsa. La réinstallation de nouvelles 
sucreries serait cependant une question à étudier dans 
notre colonie. La canne à sucre y pousse bien sur toutes 
lès terres qu'on peut irriguer en saison sèche, sans engrais 
sur les sols alluvionnaires, avec engrais sur les terrains 
moins fertiles. 


64. Rhum de Toaka. 
65. Eau-de-vie de papaye. 


66. Eau-de-vie de fruits d'Opuntia. — Cactées. 
Dite eau-de-vie de Cactus. 


67. Alcool de fruits d'Hyphaene Shatan. — Palmiers. 
L'Hyphaene Shatan est le satrana viehy (?) ou satrana 
mira des Sakalaves. 


- 68. Alcool de fruits de Flacourtia Ramontchi. — Bixracées. 


Le Flacourtia Ramontchi, dit prunier malgache, est indi- 
gène à Madagascar. 


69. Alcool de tubercules de manioc. — Æuphorbiacées. 


12 


70 


81 


H. JUMELLE 


. Alcool de pulpe des fruits de tamarinier. — ZLéqumi- 
neuses,. 


V.— CAFÉIQUES 


. Fruits de Coffea liberica. — /?uhiacces. 


82. Café en grains de Coffea liberica. 


Le caféier de Libéria, qui semble avoir été introduit à 
Madagascar vers 1882, dans la région de Fort-Dauphin, est 
le principal caféier de la côte Est. Les plantations en sont 
surtout nombreuses dans la province de Mananjary, dans la 
basse vallée du fleuve, entre son embouchure et les 
premiers rapides. D'autres ont été aussi établies dans les 
provinces de Vatomandry, d'Andevorante et de Tamatave. 
Il y a également quelques cultures à Nossi-Bé. 


83. Fruits de Coffea canephora. — Rubiacées. 


84. Graines de Coffea canephora. 


La croissance assez lente du caféier de Libéria, les diffi- 
cultés de préparation de ses graines, puis aussi sa valeur 
relative ont incité les colons de l'Est de Madagascar à ten- 
ter l'introduction de nouvelles espèces de caféiers. Leurs 
essais ont ainsi porté sur le Coffea canephora, ou caféier 
du Kouilou, et sur l'espèce suivante. Il y a déjà dans lîle 
une petite production de ces deux sortes de cafés, qui sont 
l'une et l’autre à petits grains. k 

Les grains de café du Kouilou sont assez souvent un peu 
plus allongés et de contour moins arrondi que ceux du 
café suivant, dit plus spécialement du Congo. Ce café du 
Kouilou, expertisé à Marseille d’après les échantillons en 
collection, est en partie caractérisé par son goût rioté, 
qu'on ne constate guère, ordinairement, que dans les cafés 
brésiliens de la région de Rio de Janeiro et dans certains 


MADAGASCAR ET COMORES 13 


cafés venézuéliens. Il manque aussi, aujourd'hui, d'un peu 
de force à la tasse. 

Le Coffea robusta, très cultivé actuellement à Java, n’est 
peut-être qu'une variété de ce Coffea canephora. 


85. Graines de Coffea congensis. — /{ubiacées. 


Le Coffea congensis est le caféier du Congo, également 
introduit dans l'Est de Madagascar. Son café, d'après les 
échantillons en collection, n’a pas le goût rioté du précé- 
dent ; il serait plutôt caractérisé par son goût légèrement 
aromatisé et un peu àpre. L'espèce, comme la précédente, 


peut être améliorée par la culture. 
86. Fruits de Coffea sp. — /iubiacées. 


87. Café sauvage de Coffea Perrieri. 


Diverses espèces de Coffea, telles que le Co/ffea Perrieri, 
le Coffea madagascariensis, le Coffea tetragona, etc., 
croissent à l’état sauvage à Madagascar. Certains de ces 
cafés de Madagascar, tels que le C. Gallienti, le C. Bonnierti 
et le C. Mogeneti, de la montagne d’Ambre, ne contiennent 
pas de caféine, d'après les recherches de M. G. Bertrand. 
Le Coffea Perrieri, dont les grains n'ont pas été encore 
analysés, est un arbre qui peut atteindre une dizaine de 
mètres de hauteur, avec un tronc de 20 à 30 centimètres de 
diamètre. Il habite, dans le Boina, les ravins frais et abrités 
et les bords des torrents ; 1l est commun notamment vers 
le confluent de l'Ikopa et de la Betsiboka. On le retrouve 
encore dans le Haut Bemarivo, vers 400 mètres d'altitude. 
Dans l'Ambongo, il croît sur les bords rocailleux et cal- 
caires du Kapiloza. La fructification a lieu en décembre et 
janvier. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bäthie : Fragments biologiques de la 
flore de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1910, 


88 Fèves de Theobroma Cacao. — S/erculiacées. 


La "als ve + 


44 H, JUMELLÉ 
89. Fleurs de Theobroma Cacao. 


Le cacaoyer a été introduit dans l'Est de Madagascar, 
depuis le sud de la province de Vohémar jusqu’au nord de 
celle de Mananjary. 


90. Fruits et graines de Thea viridis. — Ternstroemiacées. 


91. Fleurs de Thea viridis. 


L'arbre à thé n'est guère cultivé à Madagascar, 


VI. — CONDIMENTS ET AROMATES 


101. Piments ; Capsicum sp. — Solanacées. 
102. Poivre noir. — Pipeéracées. 


Le poivrier noir, où Piper nigrum, est peu cultivé à 
Madagascar, qui n’exporte pas de poivre. 
le) 


103. Poivre long ; Piper longum. — Pipéracées. 


104. Clous de girofle. — Myrtacces. 


La culture du giroflier(Caryophyllus aromaticus) est loca- 
lisée dans l’île de Sainte-Marie et dans les provinces de Tama- 
tave et de Maroantsetra. Les plantations en rapport sont 
surtout celles de Sainte-Marie et de Fénérive. 


105. Griftes de girofle. 


105 bis. Essence de griffes de girofle. 


Ces griffes, qui contiennent une petite quantité d'essence, 
moins fine que celle des clous, sont les bouquets de pédi- 
celles floraux du giroflier dont on a détaché les boutons, ou 
clous. 


MADAGASCAR ET COMORES 15 
106. Anthoîles, ou mères de girofle. 


Fruits de giroflier incomplètement mûrs, qu'on consomme 
confits. 


107. Graines de muscade. — Myristicacees. 


108. Noix de muscade. 


Ces graines avec leur tégument ligneux, et les noix, ou 
amandes, roulées dans de la poudre calcaire qui provient de 
la pulvérisation des coraux de Sainte-Marie, ont été récol- 
tées à la Station d’Essais de lIvoloina. Le Myristica 
fragrans, où muscadier, n'est pas assez cultivé à Madagas- 
car pour que ces produits donnent lieu à des exportations. 


109. Noix et rameaux de Ravensara aromatica. — Lauracées. 


110. Feuilles de Ravensara aromatica. 


111. Écorces de Ravensara aromatica. 


La graine de ARavensara aromalica, où Agatophyllum 
aromaticum, est dite noir de ravensara, où muscade de 
Madagascar, ou même aussi noir de girofle de Madagascar. 
Elle est à goût de piment giroflé et peut donc être employée 
comme condiment. Les feuilles et l'écorce ont aussi une 
forte odeur. de girofle. 


112. Écorces de cannelle. — ZLauracées. 


Les canneliers de Madagascar, qui appartiennent à une 
espèce introduite, mais indéterminée, forment de petits 
peuplements presque naturels en quelques points de la côte 
Est. Ce sont évidemment les restes d'anciennes plantations. 
En plus de la cannelle rouge, qui est la plus appréciée, on 
connaît aussi à Madagascar une cannelle blanche. L'échan- 
tillon en collection a été considéré par les experts comme 
se rapprochant de la cannelle du Tonkin, mais avec une 
écorce plus grosse et un parfum moins prononcé. 


16 H. JUMELLE 
113. Graines d'Aframomum angustifolium. — Zingibéracées. 


L'Aframomum angustifolium est le longoza de Mada- 
gascar. Les graines sont aromatiques, mais ne sont pas 
employées. La plante est surtout abondante dans le Sambi- 

F L 


rano. 
114. Rhizomes de Curcuma longa. — Zingibéracées. 


115. Poudre de Curcuma longa. 


La plante, dite safran de l'Inde, est, en effet, originaire 
de l'Inde et de la Malaisie. Les rhizomes contiennent une 
matière colorante jaune ; pulvérisés, ils servent comme con- 
diment. 


1 


116. Gousses de Vanilla planifolia. — Orchidacées. 
117. Gousses de vanille de Nossi-Bé. 


118. Gousses de vanille de Mayotte. 


La vanille est cultivée depuis longtemps à Madagascar. 
Sa culture est très rémunératrice en diverses localités de la 
côte Est, notamment à Antalaha, ainsi qu'à Nossi-Bé, dans 
le Nord-Ouest. Les exportations étaient en 1912 de 
113.662 kilos, d'une valeur de 3.941.521 francs. Aux 
Comores, Mayotte est également un centre important de 
culture. 


(H. Lecomte : Formation de la vanilline dans la vanille. L'Agriculture 
pratique des pays chauds, juillet-août 1913.) 


119. Gousses de Vanilla Phalaenopsis (?) de Nossi-Bé. 


120. Fleurs de Vanilla Phalaenopsis (?) de Nossi-Bé. 


La Vanilla Phalaenopsis est une espèce aphylle, indigène 
aux Seychelles. À Madagascar, il est une autre espèce sau- 
vage, la Vanilla madagascariensis, également sans feuilles. 


a 


MADAGASCAR ET COMORES 17 


VII. — PLANTES MÉDICINALES 
ET TOXIQUES 


431. Feuilles d'Eupatorium Ayapana. — Composées. 


Originaire du Brésil et des Guyanes, l'Eupalorium Aya- 
pana, ou Eupatorium triplinerve, à été introduit en beau- 
coup de pays chauds. Ses feuilles, employées en infusion 
théiforme, et dont on a souvent exagéré les propriétés, sont 
digestives et sudorifiques. 


(Düss : Flore phanérogamique des Antilles françaises. Annales du 
Musée Colonial de Marseille, 1896.) 


132: Gousses de Cassia occidentalis. — Zéqumineuses. 


Le Cassia occidentalis est une espèce tropicale ubiquiste. 
Sa graine, qui est le m'hentamaré ou fedegosa de l'Afrique 
occidentale, est appelée parfois café nègre parce qu'elle a été 
souvent employée, après torréfaction, pour remplacer ou 

_ falsifier le café. 


133. Fruits de Cinnamosma fragrans var. Perrieri. — 
Canellacées. 


Toutes les Canellacées sont des végétaux aromatiques, 
dont les écorces, en particulier, ont une saveur chaude et 
piquante et servent comme stimulantes et toniques. Le 
genre Cinnamosma a été créé par Baillon en 1867 pour 
l'espèce Cinnamosma fragrans, mais dans laquelle M. Cour- 
chet a distingué deux variétés : la variété Baillont, spéciale 
au Nord de Madagascar et la variété Perrieri, du Boina et 
de l'Ambongo. 


(Courchet : Contribution à l'étude du genre Cinnamosma. Annales du 
Musée Colonial de Marseille, 1906.) 


Annales du Musée colonial de Marseille. 3 série, 4° vol. 1916. 2 


18 Hi. JUMELLE 
134. Feuilles d'Erythroxylum laurifolium. — Zinacees. 


Ces feuilles sont astringentes et diurétiques. 
135. Inflorescences de Cedrelopsis Grevei. — Méliacées. 
136 bis. Fruits secs de Cedrelopsis Grevei. 
137. Écorces de Cedrelopsis Grevei. 


Le Cedrelopsis Grevei est le katafa ou le katrafay des 
Sakalaves. Son écorce est employée pour bonifier le rhum 
et usitée aussi en médecine indigène comme vermifuge et 
fébrifuge. 

(Courchet : Recherches morphologiques et anatomiques sur le katafa 


ou katrafay de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 
1906.) 


138. Fruits de Cola nitida. — Sferculiacées. 


Le Cola nitida de l'Afrique occidentale est l'espèce du 
genre Cola qui donne les meilleures noix de kola. Ses 
graines, de couleurs différentes selon les variétés, sont à 2 
cotylédons, tandis qu'il y a plus de deux cotylédons dans 
les autres espèces employées. 


139. Racines de Menabea venenata. — Asclépiadacées. 


Le Menabea venenata, de la tribu des Sécamonées, est le 
langena sakalava ou le kita, et aussi le kisompa des Saka- 
laves, et un des kimanga des Hova. L'espèce croît dans le 
Nord-Ouest de l'ile. Sa racine, purgative et émétocathar- 
tique à petites doses, est très toxique et sert aux Sakalaves 
comme poison d'épreuve. 


(Baillon : Sur le langhin du Ménabé. Bulletin de la Société Lin- 
néenne de Paris, 5 février, 1890. — Perrot : Sur le ksopo ou tanghin de 
Ménabé. C. R. de l’Académie des Sciences, 3 février 1902. — E. Heckel : 
Sur le Menabea venenala, qui fournit par ses racines le tanghin de 
Ménabé ou des Sakalaves. C. R. de l’Académie des Sciences, 10 février 
1902. — H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Notes biologiques sur 


PT Fe 
* 


MADAGASCAR ET COMORES 19 


les Asclépiadacées de Madagascar, Annales du Musée Colonial de Mar- 
seille, 1908.) 


140. Noyaux secs de Tanghinia venenifera. — Apocynacées. 
141. Noyaux frais de Tanghinia venenifera. 
142. Écorces de Tanghinia venenifera. 


143. Rameaux et fruits de Tanghinia venenifera. 


Les graines de cet arbuste constituent le vrai fanghin, le 
fameux poison d’épreuve de Madagascar. 


144. Feuilles d'Aphloia theaeformis. — Biracées. 


Les feuilles de ce petit arbuste, qui est le voafotsy et le 
fandramanana des Hova, sont employées en infusion théi- 
forme et seraient, comme les feuilles de kinkélibah, un 
remède contre la fièvre bihieuse hématurique. 


145. Feuilles d'Adansonia Grandidieri. — WMalvacées. 


Ces feuilles, comme celles de l’Adansonia digitata, sont 
émollientes. 


146. Fruits frais de Perriera madagascariensis. — Simaru- 
bacées. 


147. Fruits secs de Perriera madagascariensis. 


Le Perriera madagascariensis, ou kirondro, est un arbre 
des collines sablonneuses de l’'Ambongo, mais qu'on retrouve 
encore plus au Sud, au moins jusque dans la vallée de la 
Sakeny. Toutes ses parties, et principalement ses fruits, 
sont très toxiques. Dans la Sakeny, les écorces sont 
employées à petites doses comme amer et comme tonique. 


(Courchet : Le Kirondro de Madagascar. Annales du Musée Colonial 
de Marseille, 1905. — H,. Jumelle et Perrier de la Bâthie : Les plantes à 
caoulchouc de l'Ouest el du Sud-Ouest de Madagascar. L'Agriculture pra- 
tique des pays chauds, 1914. 


20 H. JUMELLE 
148. Écorces d'Erythrophloeum Couminga. — Zéqumineuses. 


C'est le kominga des Sakalaves et le kimanga des Hova; 
et c'est le plus violent poison des Sakalaves. Toutes les 
parties de la plante sont vénéneuses, mais c’est surtout 
l'écorce qui est employée. À très petites doses, elle sert 
comme médicament. Elle renferme, d'après MM. Planchon 
et Laborde, 0,653 °/, d’érythrophléine. 

L'Erythrophloeum Couminga est un arbre de haute taille 
qui, dans l'Ouest de Madagascar, apparaît au sud de la 
Mahavavy et, vers l'intérieur, ne s'éloigne pas à plus de 
30 kilomètres de la mer. Il semble calcifuge. En dehors de 
Madagascar, on le retrouverait aux Seychelles. 


149. Rameaux et fruits d'Eugenia sp. — Myrtacées. 


Les Eugenia sont appelés rotra à Madagascar. Les feuilles 
et les écorces de l'Eugenia Parkerii, ou vavarotra, ou maro- 
lampona, seraient un remède contre les diarrhées et les 
dysenteries des pays chauds. 


150. Écorces de Rourea orientalis. — Connaracées. 


C'est le kitsongo du Boina et de l'Ambongo, et, plus par- 
üculièrement, le kitsongo lahy dans la région où croît un 
autre ki{songo, le kitsongo vavy. Le terme de kifsongo paraît 
d'ailleurs s'appliquer à diverses plantes qui sont toutes très 
toxiques. La partie employée est l'écorce. 


(L. Courchet : Le kilsongo vrai de Madagascar. Annales du Musée 
Colonial de Marseille, 14907.) 


151. Écorces de Laurus Sassafras. — Lauracées. 


Le Laurus Sassafras est de l'Amérique du Nord. Ses 
racines sont utilisées en pharmacie pour leur bois et leur 
écorce, qui contiennent une essence. 


- MADAGASCAR ET COMORES 21 


MILI-"OLÉAGINPEX 


161. Fruits et graines de Jatropha Curcas. — Æuphorbia- 
cées. 
162. Fruits frais de Jatropha Curcas. — Æuphorbiacées. 


Le pulghère, ou pignon d'Inde, est un arbrisseau aujour- 
d'hui très répandu dans presque toutes les contrées tropi- 
cales. Les graines comprennent 66 °/, environ d'amande: et 
les amandes rendent en fabrique 40 °/, environ de leur 

I — 
poids d'huile. Celle-ci, qui a pour densité 0,919 à 0,925, se 
solidifie vers - 8°. On indique comme caractéristiques : 


Acides gras libres (en acide oléique).... 0,36 à 11,8 0, 
Indice d'acide des acides gras libres. ... 4,47 
Indice de saponification.: "..2; TX 192 à 240 


FAC TETE CO RS ON AE EC ACER 98 à 110 

Les acides liquides de cette huile sont les acides oléique 
et linoléique. L'huile de pulghère est très purgative et 
d'emploi dangereux (huile infernale); ses propriétés toxiques 
semblent dues à une globuline, la curcasine. Au point de 
vue industriel, elle est assez difficilement saponifiable et 
donne un savon de soude blanc et moussant bien. 

Ce sont surtout les iles du Cap Vert qui cultivent le 
Jatropha Curcas pour l'exportation des graines; et la fabri- 
cation de l'huile et son utilisation en savonnerie sont sur- 
tout importantes au Portugal, très rares à Marseille. 


(E. Bontoux : Les matières premières utilisées ou utilisables en savon- 
nerie. Les Matières grasses, 25 juillet 1910.) 


163. Péricarpe des fruits de Raphia Ruffia. — Pamiers. 
164. Fruits de Raphia Ruffia. — Palmiers. 


ne 


I 


2 H. JUMÈLLE 
64 bis. Corps gras et dérivés des fruits de Raphia Ruffia. 


La pulpe des fruits de ARaphia Ruffia, appelée voampiso 
et morandra par les Sakalaves, est comestible et contient, 
d'après Schlagdenhauffen, 14,2 °/, d'un beurre formé par 
3,13 d'acide palmitique et 10,59 d'acide stéarique. Il y a, 
d'autre part, dans la pulpe, 4,20 °/, de glucose, 1,20 de 
saccharose, 4,17 de matières extractives non déterminées, 
0,60 de résine, 12,154 de gomme et matière colorante, 
2,596 de substances minérales. 


(Decrock et Schlagdenhauffen : Étude du péricarpe du Raphia Ruffia. 


Annales du Musée Colonial de Marseille, 1905.) 


65. Cire de Raphia Ruffia. 


La cire de raphia, qui donne lieu à quelques exporta- 
tions, provient de l'épiderme inférieur des segments foliares, 
dont elle recouvre la surface. Pour l'obtenir, on bat dans 
une grande toile ces segments desséchés; la poussière 
cireuse qui se détache est, après tamisage, jetée dans l’eau 
bouillante, où elle s’agglutine en masse. 

C’est une substance un peu grasse au toucher, assez facr- 
lement cassante, et qui, par plusieurs caractères, se rap- 
proche de la cire de Carnauba. Elle a le même point de 
fusion (entre 83° et 84°) que cette cire. Sa densité est 
de 0,954. Comme dans la cire de Carnauba et dans la cire 
d'abeilles, l'acide libre le plus abondant èst l’acide céro- 
tique, et l'acide combiné le plus important est l'acide pal- 
mitique. D'après Descudé, si on mélangeait la cire de raphia 
en certaines proportions avec la cire du Japon, on aurait un 
produit qui rappellerait à peu près la cire d’abeilles. 


(H. Jumelle : Les ressources agricoles el forestières des colonies fran- 


çaises. Barlatier, Marseille, 1907. — M. Descudé : Une nouvelle cire végé- 


tale. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, mars 1907.) 


1 


66. Graines de Jatropha mahafalensis. — Æuphorbiacées. 


Le Jatropha mahafalensis, ou betatatra,'est un arbre de 


4 


MADAGASCAR ET COMORES 23 


> à 6 mètres de hautéur, du Sud-Ouest de Madagascar, et 
commun surtout sur le plateau calcaire mahafaly. Ses 
graines se composent de 75 °/, d'amande et 25 °/, de tégu- 
ment ; et l’'amande donne, par le sulfure de carbone, 60 °/, 
de substance grasse. Par pression, on en retire 44,5°/,. 
C'est une huile bien liquide, ambrée, légèrement fluores- 
cente. 


Indieerdiode rs est Re Sa ES 
Indice de saponification...... 184,6 à 194 
Acidité en acide oléique...... 15,79 
Fusion des acides gras, ..,., 2308 


Proportion d’insaponifiables.. 7,16 °/, 


D'après M. Bimar, cette huile ne contient pas d'acide de 
poids moléculaire inférieur à celui de l'acide palmitique, et 
elle renferme une assez forte proportion d'acide linolénique. 
Elle prendrait donc place, parmi les huiles siccatives, à côté 

1 , 
de l'huile de pulghère, et elle pourrait sans doute servir 
aux mêmes usages que cette huile. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Un pulghère de Madagascar. 


Les Matières grasses ; décembre 1910.) 
167. Fruits de Dilobeia Thouarsii. — Protéacées. 


168. Graines de Dilobeia Thouarsii. 


Ce Dilobeia Thouarsii, ou vivaona, ou mankaleo, a été 
souvent signalé sur le versant oriental de Madagascar ; et la 
substance grasse de ses graines est depuis longtemps uti- 
lisée par les Tanala. 

C'est une huile jaune foncé, qui laisse déposer vers 15° 
la moitié de son volume de matière concrète blanchâtre. 


Indice: d'inde ras y: 84,4 à 84,0 
Indice de saponification,  196,%à 196,7 
Acidité en oléique....... 54,14 


Fusion des acides gras, 36° 


Les amandes contiennent 63,4 à 63,9 de substance grasse 
L'inconvénient, au point de vue industriel, est que la graine 
est incluse dans un épais noyau qu'il fut briser. 


24 II, JUMELLE 


169. Fruits d'Elaeis madagascariensis. — Palmiers. 


Le palmiste croît à l’état sauvage à Madagascar sur la 
côte Ouest, entre 17° et 21° de latitude Sud. C'est le ésin- 
qilo des Sakalaves, qui, dans la région de la Tsiribihina, 
extraient parfois l'huile de ses fruits. La productivité de 
cette variété est. malheureusement très faible ; les fruits 
sont petits et la pulpe mince. On ne peut songer à une 
exploitation. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Palmiers de Madagascar. 


Annales du Musée Colonial de Marseille, 1943.) 


170. Graines de Symphonia Louveli. — Clusiacées. 


Le Symphonia Louveli est le kizavavy d'Analamazaotra, 
dans l'Est de Madagascar C’est un arbre de 20 à 25 mètres 
de hauteur, à gros fruits coniques. Les graines donnent 
40 °/, d'une substance grasse de consistance pâteuse, jaune 
foncé, fondant entre 15° et 16°. 


Indices: dinder PRES ANNE ARE NT EE 67,6 
Indice de saponification................. 189 
Indice d'acdité Mere EE Enr 2 8,4 
Indice de Reichert (acides gras volatils). 1,65 
Fusion des acides gras. 4.1.4... 43° 


Ces acides gras sont composés de 35 °/, d'acides saturés 
et de 65 °/, d'acides non saturés. Les acides saturés fondent 
à 55°: les non saturés sont liquides, jaunâtres et doivent 
ètre surtout composés d'acide oléique. Les acides saturés 
seraient des acides margarique, arachidique, laurique et 
caprique. 

Cette graisse serait donc utilisable en savonnerie, à cause 
de sa petite proportion d'acides liquides, et aussi en stéari- 
nerie, en raison du point de fusion assez élevé de ses acides 
gras solides. | 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie: Quelques Symphonia à graines 
grasses de l'Esl de Madagascar. L'Agriculture des pays chauds, 1913. 
— À, Hébert: Composition des graines grasses de deux espèces de Sym- 


s 


MADAGASCAR ET COMORES 25 


phonia de l'Est de Madagascar. Bulletin de la Société chimique de 
France, 20 novembre 1913.) 


171. Graines de Symphonia laevis. — Clusiacées. 


Cet autre Symphonia est à Amalamazaotra le kizalahy. 
Il a 10 à 15 mètres de hauteur, avec des fruits en poire 
plus petits que les précédents. 
Les graines donnent 35 °/, d'une substance grasse ana- 
logue à la précédente et utilisable de la même manière: 


Les points de fusion de la substance, les indices d'acidité 
et de saponification sont les mêmes que pour le kizavauy. 
Les acides gras sont composés de 40 °/, d'acides saturés et 

5 Ï 
60 °/, d'acides non saturés, et ces acides semblent les mêmes 
? 
que dans l’autre espèce. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.— A. Hébert : Loc. cit.) 


172. Graines et fruits de Symphonia fasciculata. — Clu- 
siacées. 


C'est un des hazina des Hova. Ses très gros fruits con- 
tiennent de nombreuses graines qui ont les dimensions et la 
couleur d'un marron ; et ces graines donnent par le sulfure 
de carbone 65 °/, d'une matière grasse semi-solide dont le 
rendement en acides gras de saponification est de 95 °/,,et 
en stéarine de saponification 34,39. Le point de solidifica- 
tion de la stéarine est de 64° et le rendement en glycérine 
est de 10,26 °/,. C'est donc une bonne matière première 
pour la stéarinerie et peut-être la savonnerie. 


(E. Heckel : Quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu 


connues des colonies françaises el en particulier de Madagascar. Annales 
du Musée Colonial de Marseille, 1908.) 


473. Graines de Sterculia foetida. — Sferculiacées. 


26 H. JUMELLE 
174. Huile des graines de Sterculia foetidà et ses dérivés. 


Le Sterculia foetida, de l'Inde, est répandu dans les pays 
tropicaux les plus divers. Ses graines contiennent 25 °/o 
environ d'une huile propre à la savonnerie. 


175. Fruits de Calophyllum Inophyllum. — Clusiacées. 


176. Noyaux de Calophyllum Inophyllum. 


Cette espèce de Calophyllum, qui est le famanou de 
Nouvelle-Calédonie, le ndilo des Fidji, le panang de l'Inde 
Anglaise, le foraha de Madagascar, est encore un arbre lar- 
gement distribué entre les tropiques. En beäucoup de 
contrées l'huile est employée pour l'éclairage. Cette huile 
est jaune verdâtre, résineuse, un peu visqueuse, amère. Les 
graines en contiennent 70 °/, environ et elle a pour caracté- 
ristiques, d'après des échantillons analysés dans l'Inde 
en 1942 


Poïds SPÉCIQUE 24 AR Laine 0,880 
Point de solidification des acides gras. 369,3 
Indice d'acide nn CR Re 77,5 

Indice de saponification............... 194,9 
fadice diode ne RTL Re 93,1 

Indice de Hehner te". Here 94,3 
Acides gras insolubles °/,.:........... 92,9 
Insaponifiables: ar AS RR ENTREE 1,4 

Acides volatils solubles.............. 0,50 
Acides volatils insolubles............. 0,45 


Cette huile ne vaudrait évidemment rien pour l’alimen- 
tation, mais est bonne pour la savonnerie. Le tourteau con- 
viendrait comme engrais. 


177. Fruits de Calophyllum Tacamahaca. — Clusiacées. 
178. Huile de Calophyllum Tacamahaca. 


179. Tourteau de Calophyllum Tacamahaca. 


Le Calophyllum Tacamahaca Willd. est une espèce très 


4 A 


“MADAGASCAR ET COMORES 27 


voisine du Calophyllum Inophyllum, mais spéciale à Mada- 
gascar et à la Réunion. Ses feuilles sont plus longuement 
pétiolées et à sommet plus aigu que celles de l'espèce pré- 
cédente ; les fleurs sont plus petites et les fruits sont plus 
piriformes . 


180. Fruits de Calophyllum parviflorum Bojer. — Clusiacées. 


Cette espèce malgache est le vinfanina des Hova. Ses 
graines, comme toutes celles du genre, donnent une huile 
résineuse. 


. e- . . Li . n L4 
181. Fruits de Quisqualis madagascariensis. — Combre- 
tacées. 


C'est un des {amenaka des Hova. 
182. Fruits de Quisqualis indica. — Combrétacées. 
183. Graines de Brochoneura Vouri. — Myristicacées. 
184, Fruits et rameaux de Brochoneura Vouri. 
185. Huile des graines de Brochoneura Vouri. 
186. Tourteau des graines de Brochoneura Vouri. 


Ce muscadier malgache est un arbre de 15 mètres envi- 
ron de hauteur, de la région de Farafangana. C’est le vory 
et le rarabé des Betsimisaraka. Sa graine est très parfumée 
et fournit aux indigènes une graisse dont ils se servent 
comme pommade pour la chevelure et contre la gale. La 
richesse des beurres de Brochoneura en myristine semble 
les rendre peu propres à la stéarinerie, mais ils pourraient 
peut-être être utilisés en savonnerie. 


(H. Jumelle : Les ressources agricoles et forestières des colonies fran- 
çaises. Marseille, 1907. — E. Heckel : Sur quelques plantes à graines 
grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises el en particulier 
de Madagascar, Annales du Musée Colonial de Marseille, 1908.) 


187. Graines de Brochoneura Dardaini. — Myrislicacées. 


Cette autre Myristicacée de l'Est de Madagascar est le 


28 H. JUMELLE 


molotrandrongo et le molotsandrongo des Betsimisaraka, 
qui extraient la substance de ses graines par les mêmes 
procédés et pour les mêmes usages que ceux de l'espèce 


précédente. 
188. Fruits et rameaux de Brochoneura sp. 
189. Graines de Brochoneura Freneei. 
190. Huile de Brochoneura Freneei. 


191. Tourteau de Brochoneura Freneei. 


Cet arbre de la région de Fort-Dauphin est le mafotra 
des indigènes. Ses fruits sont de la grosseur, à peu près, 
d'une mandarine. L'huile des graines sert encore pour la 
chevelure et contre la gale. La graine comprend 70 °/, 
d'amande. Celle-ci abandonne au sulfure de carbone 71,50 
°/, d'une substance grasse semi-fluide en été, solide en 
hiver, de couleur isabelle foncé et sans odeur aromatique. 
Cette graisse a pour densité 0,9439; elle est composée de 
40 °/, environ de myristine et d’oléine. Cette dernière est en 
plus forte quantité que dans le beurre de muscade: 


Acides gras de saponification. ......./:........ 93,30 °, 
MINES Ne Eee AR RE RS 339 49 
Solidification des acides gras de saponification..  36°80 
Neides seras dedistillation#., 1%) 69 ° 


I y a 13,50 °/, d'insaponifiables. La substance ne paraît 
convenir ni en stéarinerie, ni en savonnerie; mais a des 
propriétés siccatives. 


192. Fruit d'Adansonia madagascariensis. — Malvacées. 


Les baobabs du versant occidental de Madagascar appar- 
tiennent à diverses espèces d'Adansonia, différemment ré- 
parties sur tout ce versant. On trouve surtout l’Adansonia 
madagascariensis dans le Boina. Les fruits de ce baobab 
sont généralement un peu plus larges que hauts. Les graines, 


MADAGASCAR ET COMORES 29 


d’un poids moyen de Ü gr. 250, donnent une huile senu- 
liquide à la température ordinaire. 


193. Fruit d'Adansonia Za. 


Le za est l'espèce de baobab qui a l’aire de distribution 
la plus large dans l'Ouest de Madagascar, car cette aire 
semble comprise entre la Sofia et le Menarandra. Ses fruits 
sont toujours beaucoup plus longs que larges, et à surface 
sillonnée. Les graines pèsent en moyenne 0 gr. 870 et 
donnent une huile qui paraît plus fluide que les huiles des 
autres espèces malgaches actuellement connues. 


194. Fruit d'Adansonia Bozy. 


Le bozy est le baobab du Sambirano. Les fruits ont en 
moyenne 10 centimètres de longueur sur 7 à 8 cm. 5 de 
largeur. Les graines ont un poids moyen de O0 gr. 610 et 
donnent une huile de consistance analogue à celle de l'A. 
madagascariensis. 


195. Fruit d'Adansonia rubrostipa. 


C’est le samena, ou ringy, de l'Ambongo, et c'est un petit 
baobab à folioles elliptiques dentées, à écorce rougeûtre, se 
détachant par plaques. Les fruits sont généralement un peu 
plus hauts (10 cm.) que larges (9 cm.). Les graines ont 
pour poids moyen Ü gr. 180, et donnent une huile de même 
consistance que la précédente. 


196. Fruit d'Adansonia alba. 


C'est le baobab de l’Andranomalaza. Les fruits, beaucoup 
plus longs (20 cm. par exemple) que larges (10 cm.), sont 
elliptiques, en séction longitudinale, et la coupe du péri- 
carpe est blanche. Les graines pèsent en moyenne 0 gr. 610. 
Leur substance grasse est moins fluide et se solidifie plus 
rapidement que dans les espèces précédentes. 


30 H. JUMELLE 


197. Fruit d'Adansonia Fony. 


Le fony a un large habitat entre le cap Saint-André et 
Fort-Dauphin. Ses folioles sont dentées comme celles de 
l'A. rubroslipa, mais ovales. Ses fruits sont turbinés, ou 
ovoides, ou arrondis, et côtelés ou non, généralement plus 
longs (10 cm. par exemple) que larges (8 em.), et pointus 
ou mamelonnés, ou arrondis au sommet, Nous n'avons 
aucun renseignement sur la substance grasse de ses 


graines, 
198. Fruit d'Adansonia Grandidieri. 


199. Tourteau d'Adansonia Grandidieri. 


C'est le reniala de la région de Morondava. Ses fruits 
sont de forme un peu variable, mais, le plus souvent, 
oblongs, à extrémité comme tronquée, avec péricarpe très 
mince et très fragile. Les graines, dont les Sakalaves sont 
friands, sont plus grosses que celles de toutes les autres 
espèces, et donnent une substance grasse plus concrète. De 
toutes les huiles de baobab, c’est celle qui a été le mieux 
étudiée jusqu'alors. D'après M. Balland, les graines de 
reniala se composent de 63,3°/, d'amande et de 36,7 d’en- 
veloppe ; et les amandes contiennent 63,20°/, d’un beurre 
qui, à la température ordinaire, est blanchâtre et grumeleux, 
de rancissement difficile, commençant à se liquéfier vers 
25°, entièrement fluide à 34°, employable pour l’alimenta- 
tion, et propice à la fabrication des savons de luxe. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les baobabs de Madagascar. 
L’Agriculture des pays chauds, Challamel, 1914. — Id. : Nouvelles notes 
biologiques sur la flore malgache. Annales de la Faculté des Sciences 
de Marseille, 1915.) 


200. Fruit d'Adansonia digitata. 


Cette espèce de baobab est originaire du continent afri- 
cain et a été introduite à Madagascar, où on la trouve autour 
des habitations, ou sur les emplacements des anciens 


MADAGASCAR ET COMORES 31 


villages, dans l'Ambongo et dans le Boina. C'est le sefo 
des Sakalaves. Nous ne connaissons pas de façon cer- 
taine la composition de ses graines et de son huile, car 
les analyses rapportées aux graines d’Adansonia digitata 
ont, en réalité, été faites, pour la plupart, avec des graines 
de baobabs malgaches, et particulièrement de l'Adansonia 
Grandidierr. 


201. Graines d'Ampelosicyos scandens. — Cucurbitacées. 


Cette Cucurbitacée grimpante est le voanono d'Analama- 
zaotra. Ses gros fruits, vaguement obpiriformes, con- 
tiennent de nombreuses graines qui ont un peu la forme de 
haricots. Le tégument de ces graines représente 23°/, et 
l'amande 717°/,. Le rendement de l’amande en huile, par le 
sulfure de carbone, est de 49,50°/,, et cette huile, analy- 
sée à Marseille à l'usine Fournier, a donné les caractéris- 
tiques suivantes : 


Poids spéciique.à159:,: et 0,940 
Pointede fusion Er Re 40 
Indice de saponification............ 181 
Epdice d'en er ie Men Tee 152 
Desré Maument er mere rec 88 
Bromures insolubles dans l’éther... Néant, 


Pour les acides gras, les caractéristiques sont : 


Acides gras insolubles, plusinsaponi- 


DA DES 67 ent a ar AERSEREREERS 94,40 ©, 
Pont ue URiOnt nr) nn Eee: 280 
Point de solidification.............. 26° 
Indice/dersatfuration 71% 185 
ie diodes Ter CR Ent 161 
Poids moléculaire moyen...,....... 302 


Cette huile a une odeur âcre et s'oxyde spontanément à 
l'air. Son indice d'iode et son degré Maumené sont parti- 
culièrement élevés. Toutefois, l'absence de dérivés bromés 
insolubles dans l'éther excluant la présence de glycérides 


32 H. JUMELLE 


linoléniques, elle ne peut être comprise dans le groupe de 
l'huile de lin et doit être classée parmi les huiles moyenne- 
ment siccalives. 

D'autre part, le faible point de fusion de ces acides gras 
indique une teneur en acides concrets insuffisante pour jus- 
üilier son emploi en stéarinerie. Par contre, son utilisation 
en savonnerie parait indiquée, particulièrement dans la 
fabrication des savons mous. 

Il est encore dans l'Est de Madagascar un autre Ampelo- 
sicyos, l'Ampelosicyos major, dont les graines, un peu plus 
grosses, n'ont pas été jusqu'alors étudiées. 

Toutes ces graines de voanono sont consommées crues par 
les indigènes, elles ont le goût de noisette. Grillées comme 
les arachides, elles sont délicieuses. La pulpe du fruit est 
farineuse, très odorante, de saveur également parfumée, 
mais laisse dans la bouche une sensation brülante. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Nouvelles notes biologiques 
sur la flore malgache. Annales de la Faculté des Sciences de Marseille, 


1945.) 


202. Huile de Sapindus Saponaria. — Sapindacées. 


Les Sapindus sont surtout intéressants pour leurs fruits, 
dont le péricarpe contient de la saponine et, par suite, est 
utilisable comme le bois de Panama. Mais les graines sont 
en outre oléagineuses. Celles du Sapindus trifoliatus de 
l'Inde contiennent, par exemple, une substance grasse dont 
l'indice d'acide est 42,75, l'indice de saponification 191,8, 
l'indice de Reichert 1,61, l'indice d'iode 58,58, et qui 
compte en insaponifiables 1,1 et en acides gras insolubles 
93,9 °/,. Le point de fusion de ces acides est de 54°4 et leur 
indice d'iode 57 °/,. D'après les analyses faites au Jardin 
colonial de Nogent, la matière grasse de Sapindus Sapo- 
naria représente 4,70 °/, du poids du fruit et 10,15°/, du 
poids de la graine. L'élasticité du péricarpe empêche d'em- 
ployer le concasseur centrifuge pour le cassage des fruits. 


203. Fruit et graines d'Amoora Rohituka. — Méliacées. 


MADAGASCAR ET COMORES SK. 


Cette espèce indienne a été introduite à la Station 
d'Essais de l'Ivoloina. C’est le raina du Nord et de l'Est 
du Bengale et de l'Annam; ce serait aussi le /o/ goi du 
Tonkin. Les graines ontété étudiées en ces dernières années 
à Londres, à l'Imperial Institute, à Paris par MM. Weitz et 
Lecoq, et à Marseille à l'usine Tassy, Rocca et de Roux. 

Pour les graines du Musée Colonial de Marseille, prove- 
nant de l’Ivoloina, le rendement a été de 34,08 à 34,20 °/, 
d'une huile ainsi caractérisée : 


Acidité en oléique............ 0,6% 
Indice:digde 5502 e 122,74 à 125,40 
Indice de saponification.,,..... 18% 


Insaponifiables............... 1,44 9/0 
Indice d’iode des acides gras... 132,44 
Indice de saponification de ces 

ACIER SES 134,61 


A l'Imperial Institute, avec des échantillons de l'Inde, les 
graines ont donné, à raison de 7,5°/, d'humidité, 43,5 °/, 
d'une huile visqueuse, claire, brun jaune, d’une odeur désa- 
gréable et de saveur amère. 

Ses caractéristiques étaient : 


Poids spécifique. .:.:....:, 0,931 
Point de solidification des 

ACTES ETS. PR RNA EEE 3204 
mice d'acides MER TER 24,7 
Indice de saponification ...... 192,3 
Indice d’iode pour 100,.,..... 1547 
Indice de Hehner............. 92,4 
Indice de Reichert ........... 1775 
Acides gras insolubles........ 1 
Acides gras insaponifiables.... 1,4 


Dans l'Inde, l'huile d’Amoora serait employée comme lini- 
ment stimulant contre les rhumatismes. Elle est prinei- 
palement utilisée comme huile à brûler. Elle ne peut être 
alimentaire, mais conviendrait en savonnerie. Le tourteau 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4° vol. 1916, 3 


34 Hi, JUMELLE 


en raison de son goût amer, ne peut être donné au bétail; 
il est d’ailleurs pauvre en azote. 


(R. Weitz et R. Lecoq : Contribution à l'étude des semences huileuses 
d'Amoora Rohiluka. Bulletin des Sciences pharmacologiques, mars-avril 
1915:) 


204. Graines de kapok. — Walvacées. 


Le Ceiba pentandra, ou kapokier, introduit à Madagas- 
car — et qui sera cité de nouveau plus loin, à propos des 
textiles — est surtout intéressant pour la bourre de ses 
fruits, qui est le kapok du commerce; mais les graines, 
d'autre part, contiennent 21 à 24°/, d’une substance grasse, 
qui est une huile comestible, limpide, de couleur blond 
clar, et dont le goût assez prononcé rappelle celui de 


l'arachide, La densité de cette huile (0,914 à 0,923) est vor- 


sine de celle de l'huile de coton épurée, que l’huile de kapok 
pourrait remplacer avantageusement dans ses applications, 
puisqu'elle est immédiatement limpide. L'indice d'acide est 
de 26, celui diode 101,5 et celui de saponitication 194,2. 
Le tourteau est riche en matière azotée, et blanc; il peut 
être employé comme alimentation et comme engrais. 


(Grisard : Note sur le kapokier ou fromager des colonies françaises. 
Bulletin de l'Office Colonial, janvier-février 1916. — Economic Pro- 
ducts from the Zansibar Protectorate, dans le Bulletin of the Imperial 
Institute, juillet-septembre 1914.) 


205. Fruits frais de Pentadesma butyracea. — Clusiacées. 


Cet arbre à graines grasses a été introduit à la Station de 
l'Ivoloina. C’est une espèce de l'Afrique occidentale, où les 
indigènes utilisent la substance grasse de ces graines pour 
l'alimentation. Cette graisse, ou beurre de {ama, ou beurre 
de lamy, est jaunâtre, assez consistante à la température 
ordinaire ; elle se solidifie, après fusion, à 20° environ. Elle 
sera étudiée dans le Catalogue de l'Afrique Occidentale 


française. 


Co à ER ÉRIC , + 
0 + in. "x, 


MADAGASCAR ET COMORES 35 
206. Cire de Cynanchum Messeri. — Asclépiadacées. 


Le Cynanchum Messeri est une Asclépiadacée sans 
feuilles qui, dans la région de l’'Ihosy (affluent du Man- 
goky), sur le mont Bekinoly, où la cire a été recueillie, 
pousse dans les bois secs, sur les rocalles gneissiques, vers 
600 à 800 mètres d'altitude. La cire obtenue forme un revé- 
tement sur les tiges. Pour la récolter, il est deux méthodes 
possibles. La première consiste à débiter la plante en petits 
tronçons, qu'on fait sécher, puis qu'on bat sur un drap. La 
poussière quise détache est jetée dans l'eau bouillante et on 
recueille l’écume. L'inconvénient de ce premier procédé est 
sa lenteur ; par la seconde méthode, on opère plus rapide- 
ment. Les rameaux sont alors trempés directement dans 
l’eau bouillante. La cire s’en sépare en se liquéfiant et monte 
à la surface de l’eau où elle est encore recueillie par écumage. 
La quantité ainsi obtenue est toutefois moindre que par le 
premier procédé. Six pieds de Cynanchum Messert ont 
fourni 200 grammes. . 

Cette cire et les deux suivantes ont été étudiées au point 
de vue chimique par MM. Hébert et Heim, qui ont déter- 
miné leurs constantes. Toutes trois sont très voisines et se 
rapprochent des autres cires végétales connues, notamment 
des cires de Chine et du Japon, bien qu'elles contiennent 
une certaine quantité d'hydrocarbures, comme la cire 
d’abeilles. Toutes trois fondent à 88°, alors que la cire du 
Japon fond entre 43° et 54°et celle de Chine à 539,5, la cire 
d'abeilles jaune pure fondant à 63° ou 64°. L'iode fixé, 
pour 100 de cire, est de 3,2 pour la cire de Cynanchum 
Messeri, 5,3 pour celle d'Euphorbia æylophylloides, et 5,9 
pour celle d'Euphorbia stenoclada. 

MM. Hébert et Heim ont reconnu que les méthodes 
“ordinaires de blanchiment ne donnent pour ces cires que 
des résultats peu satisfaisants: ils ont mieux réussi avec 
les méthodes basées sur l’action des solvants neutres. 

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Trois plantes à cire de Mada- 
gascar. Journal d'Agriculture tropicale, avril 4912. — Hébert et Heim : 


36 H. JUMELLE 


Sur trois nouvelles cires de Madagascar. Bulletin de l'Office Colonial, 
février 1915. — Id.: Blanchiment des cires de Madagascar. I., mars 
1915.) 


206. Cire d'Euphorbia xylophylloides. — ÆEuphorbiacées. 


Cette euphorbe est à port arborescent, avec des rameaux 
verts très aplatis, sans feuilles. Dans la région de l'Ihosy, 
elle se trouve, comme le Cynanchum Messeri, sur le mont 
Ambohipanana, sur les rocailles gneissiques, vers 800 mètres 
d'altitude. La cire est obtenue comme précédemment. Un 
pied donne au minimum #70 grammes de produit. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit. — Hébert et Heim : 
loc. cit.) 


207. Cire d'Euphorbia stenoclada. — ÆEuphorbiacées. 


Cette seconde euphorbe aphylle, qui croît dans la même 
région que la précédente, est exploitée de même; mais son 
rendement est un peu moindre, car, après passage à 
l’eau bouillante, il reste sur les rameaux un enduit plus 
persistant que dans les deux autres plantes, et que l’eau 
bouillante n’entraîne pas ou entraine difficilement. Un pied 
de petite taille donne cependant encore 500 grammes. On 
admet qu'un indigène pourrait aisément préparer journel- 
lement # à 5 kilos de ces cires par les procédés que nous 
venons d'indiquer. 

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit. — Hébert et Heim : 
loc. cit.) 


208. Cire de Chrysalidocarpus. — Palnuers. 


Cette cire provient des feuilles d'un Chrysalidocarpus de 
Marambo encore indéterminé. 


209. Cendres de sambiky. 


210. Savon préparé avec des cendres de sambiky. 


MADAGASCAR ET COMORES Ed 


IX. — TEXTILES ET PAILLES 


221. Coton non égrené de Gossypium sp. — Malvacces. 


222. Coton de Géorgie (Mayotte). 


Le cotonnier a été jadis cultivé à Madagascar; et sa 
culture pourrait peut-être être reprise, notamment dans 
le Nord-Ouest. 


223. Bourre de Ceiba pentandra. — WMalvacées. 


Le kapok provient surtout de Malaisie où l'arbre — déjà 
cité dans la section des Corps gras — est cultivé ; mais nos 
colonies françaises, où le Ceiba pentandra a été introduit et 
s'est acclimaté, pourraient en fournir. Quelques essais de 
plantation ont été faits à un moment donné dans le Nord- 
Ouest de Madagascar. 


224. Aigrettes de Marsdenia verrucosa. — Asclépiadacées. 


Cette espèce et la suivante seront citées plus loin comme 
lianes à caoutchouc. 


225. Aigrettes de Cryptostegia madagascariensis. — Ascle- 
piadacées. 


226. Aigrettes d'Orchipeda Thouarsii. — Apocynacées. 


Les aigrettes des graines de ces Asclépiadacées et Apocy- 
nacées pourraient peut-être être employées comme le kapok. 


227. Fruits de Toxocarpus tomentosus. — Asclépiadacées. 


Cette liane, nommée à tort par Decaisne Pervillea 
tomentosa, est le voansifitra des Sakalaves. C'est une 
espèce silicicole du Boina et de l’'Ambongo. L'épais duvet 


30 H. JUMELLE 
de ses fruits est employé comme amadou par les indigènes. 


H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Notes sur la flore du Nord- 
Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.) 


228. Filasse d'aloès de Madagascar. — Armnaryllidacées. 


228 bis. Objets divers en aloës. 


L'aloès de Madagascar est donné par la variété malgache 
du Fourcroya gigantea, dont une autre variété, la variété 
créole, donne à Maurice et à la Réunion l'aloès vert de 
Maurice, bien connu dans le commerce. Le Fourcroya 
gigantea s'est naturalisé dans le Centre de notre colonie, 
Les indigènes utilisent sa filasse, qui n'est guère exportée ; 
ils en font, entre autres, les tissus et objets exposés. 


229. Filasse et cordes d'Urena lobata. — WMalvacées. 


L'Urena lobata est un arbrisseau qui croît à l'état spon- 
tané dans beaucoup de pays chauds. C'est le kirijy, le 
tsikilenjy et le paka de Madagascar, le carrapicho du 
Brésil, le bun-ochra du Bengale, le pat{a appele de Ceylan. 
D'après des recherches faites au Brésil par M. Silva Telles, 
professeur à Sao Paulo, sa filasse, qu'on a appelée l’ara- 
mina, et qui est ligneuse, serait supérieure au jute pour la 
fabrication des cordes et des sacs. Elle peut servir aussi 
pour la fabrication de pâte à papier. Les Sakalaves la 
préparent en battant les écorces, qu'ils ont fait tremper 
dans l'eau pendant quelques jours. Cette filasse, par dessic- 
cation, perd 10,43 °/, d’eau; incinérée, elle laisse 8,03 °L 
de cendres, qui contiennent des cristaux d'oxalate de cal- 
cium. Au peignage, 520 grammes de filasse ont laissé sur 
le peigne 350 grammes d'étoupe, soit 67 °/, environ. Des 
170 grammes restés dans la main de l’ouvrier, la moitié a 
fourni 26 mètres de ficelle à 2 fils, de 2 mm. de diamètre, 
et l’autre moitié 18 m. 30 de corde à 3 fils, de 3 mm. Les 
350 grammes restés sur le peigne ont donné 18 m. 65 de 
corde à 4 fils, de 7 mm. de diamètre. La résistance des 


MADAGASCAR ET COMORES 39 


ficelles à 2 fils est à peu près trois fois moindre que celle 
de ficelles de chanvre analogues et de même grosseur. 


(H. Jumelle : Sur une filasse appelée ramie indigène à Madagascar. 


Annales coloniales, 15 février 1903.) 


230. Filasse et cordes de Cryptostegia madagascariensis. — 


Asclépiadacées. 


Le lombiro est une plante à caoutchouc de l'Ouest de 
Madagascar, mais ses tiges fournissent, en outre, une bonne 
filasse cellulosique. Les Sakalaves décortiquent les tiges à 
la main, puis, sans faire rouir ni battre ces écorces, comme 
celles de l'Urena lobata, dégagent avec les ongles les fila- 
ments fibreux, que leur blancheur et leur espacement 
rendent bien visibles. Desséchée, cette filasse perd 8,58 °/, 
d’eau ; incinérée, elle donne 1,83 de cendres °/,. 210 grammes 
laissent sur le peigne 92 grammes d’étoupe, soit 43 °/, 
environ. Avec la filasse restée dans la main de l’ouvrier, il 
a été fait 15 mètres de corde à 3 fils, de 2 mm. de diamètre, 
pesant 72 grammes, et 14 mètres de ficelle à 2 fils, de 2 mm., 
pesant 35 grammes. Les 92 grammes d'étoupe restés sur le 
peigne ont donné 5 m. 45 de corde à 4 fils, de 6 mm. de 
diamètre. Tous ces cordages sont d'une grande blancheur. 
Leur résistance, tout en étant inférieure de moitié à peu 
près à celle du chanvre, est sensiblement supérieure à celle 
de l'Urena lobata. 


H. Jumelle : Trois plantes à corderie de Madagascar. Revue des 


cultures coloniales, 20 juillet 1903.) 


2 


31. Filasse et écorces de Typhonodorum madagascariense. 


— Aracées. 


Le viha, où mangibo, où mangoka, vit sur le littoral de 
Madagascar, dans les endroits humides. Sa filasse, qui est 
jaunâtre et que les Sakalaves utilisent beaucoup pour la 
fabrication de leurs filets de pêche, est extraite des gaines 
des feuilles. Pour l'obtenir, les Sakalaves brisent ces feuilles 


10 H, JUMELLE 


en deux d’un coup sec; il suflit ensuite de tirer doucement 
les filaments fibreux qui apparaissent au niveau de la 
cassure. L'opération est parfois facilitée par un battage 
préalable, Cette filasse est très extensible après dégommage, 
mais est ligneuse et de résistance seulement moyenne. 


(P. Claverie : Etude du Typhonodorum madagascariense, textile de 
Madagascar. Revue générale de Botanique, Paris, 1906. — H. Jumelle : 
Les ressources agricoles et forestières des colonies françaises. Barlatier, 
Marseille, 1907.) ; 


232. Écorce, filasse et cordes de Pachypodium Rutenbergia- 
num. — Apocynacées. 


Cette plante est un des hontaka ou vontaka des Sakalaves. 
La filasse se présente en longues lanières, blanc jaunâtre 
ou jaunes, auxquelles une matière gommeuse desséchée 
donne une certaine raideur. Elle est de travail assez diffi- 
cile et les Sakalaves ne l’emploient que pour confectionner 
des cordages. Sa résistance est moindre que celle de 
l'Urena lobata. 


(H. Jumelle : Trois plantes à corderie de Madagascar. Revue des 


\ 


cultures coloniales, 20 juillet 1903.) 


233. Filasse de sisal. — Amaryllidacées. 


L'Agave rigida, dont les deux variétés longifolia et 
sisalana donnent le henequen ou chanvre de Sisal du 
Yucatan, à déja été introduit avec succès en diverses 
contrées tropicales, à Porto-Rico, aux Hawaï, en Afrique 
orientale, à Maurice. Sa culture serait peut-être intéressante 
et rémunératrice en certains points de Madagascar. 


(H. Jumelle : Les cultures coloniales, vol. VI. Baillière, Paris, 19145. 


— Slockdale : L'industrie des fibres à Maurice, in Bulletin of Department 
of Agriculture, Mauritius, 1915, n° 5.) 


234. Filasse d'abaca. — Musacces. 


Le Musa textilis des Philippines, qui donne l'abaca ou 


MADAGASCAR ET COMORES a 


chanvre de Manille, n'est cultivé jusqu'alors à Madagascar 
qu'à titre d'essai, notamment à la Station de l'Ivoloina. 


(Guide et catalogue de la Station de l'Ivoloina. Tananarive, 1916.) 


235. Filasse de sansevière. — Ziliacees. 


Le Sansevieria zeylanica, qui, avec d'autres espèces du 
genre, indiennes ou africaines, donne la filasse de sanse- 
vière, est cultivé à Madagascar dans les mêmes conditions 
que le Musa tertilis. 


236. Filasse de Paritium tiliaceum. — Walvacces. 


Le Paritium tiliaceum, voisin des Hibiscus, est vraisem- 
blablement originaire des iles océaniennes, mais a été 
introduit aujourd'hui en beaucoup d'autres contrées. C'est 
le bourao de Nouvelle-Calédonie, où sa filasse, qui est 
ligneuse comme toutes les filasses de Malvacées, est cou- 
ramment utilisée par les indigènes. La plante n'a aucune 
importance à Madagascar. 


2371. Régime de Raphia Ruffia. — Palmiers. 


2371 his. Lanières, rabanes et objets divers en raphia. 


Le Raphia Ruffia se plait à Madagascar dans les endroits 
humides, même marécageux. Sur le versant vccidental, le 
palmier est rare au-dessus de la Sofia, très commun dans le 
Boina et l'Ambongo, puis disparait plus au Sud, vers le 
Ranobé et le Mananbaho. Dans l'Est, il cesse d'être spon- 
tané au-dessous de Mananjary, où il est seulement planté 
par les Tanala et les Antaimoro. Ses lanières sont les épi- 
dermes supérieurs des segments des jeunes feuilles. Ces 
épidermes doivent toutefois leur résistance à ce qu'ils 
entrainent sur leur face interne, lorsqu'on les détache, les 
faisceaux fibreux qui, dans les feuilles, leur sont intime- 
ment accolés. Il y à d’ailleurs plusieurs qualités de raphia, 
suivant les provenances. Pour obtenir la /ilasse de raphia, 


12 


H. JUMELLE 


on divise les lanières en fils au moyen d'une aiguille ou 
d'une petite broche en os, puis on réunit ces fils et on les 
tord comme des fils de soie. Les lanières servent en cha- 
pellerie et en vannerie; c'est le raphia du Japon de nos 
jardiniers. Avec la filasse, seule ou en mélange avec d’autres 
textiles tels que la soie, les Malgaches font leurs rabanes. 

Les exportations de raphia de Madagascar sont de 
7.000 tonnes environ par an. 


(H. Jumelle : Les ressources agricoles et forestières des colonies fran- 
caises. Marseille, 1907. — H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Pal- 
miers de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1913.) 


238. Crin végétal du Vonitra Thouarsiana. — Palmiers. 


Le Vonitra Thouarsiana, tout d’abord appelé à tort 
Dictyosperma fibrosum, est le vonitra de l'Est de Mada- 
gascar. Le crin végétal qu'il fournit, et qui est formé de 
gros et longs filaments bruns employés en brosserie, est 
récolté sur le tronc du palmier, où 1l représente ce qui reste 
après la décomposition des vieilles gaines foliaires. Les 
exportations annuelles de crin végétal de Madagascar étaient 
en 1912 de 129.728 kilos. On connaît dans le Nord-Ouest de 
l'ile, dans le Manongarivo, un autre vonitra, le Vonitra 
crinita, qui actuellement n’est pas exploité. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.) 


239. Paille de dara. — Palmiers. 


Le dara des Tanala et des Antaimoro est encore un Pal- 
mier, le Phoenix reclinata var. madagascariensis. Sur le 
versant occidental, c’est le faratra et le faratsy des Saka- 
laves. Avec la paille fournie par ses feuilles on fait des 
chapeaux solides, de teinte vert pâle, mais ne changeant 
ni au soleil, ni à la pluie. 


(E, Perrot et A. Goris : Recherches sur les pailles à chapeaux de Mada- 
gascar. L'Agriculture pratique des pays chauds. Challamel, Paris, 1907.) 


240. Paille de satranamira. — Palmiers, 


MADAGASCAR ET COMORES 43 
241. Régime d'Hyphaene Shatan. 


L'Hyphaene Shatan est le satranamira ou le satrana 
viehy (?),ouencore le hanty de l'Ouest de Madagascar. Avec 
ses segments foliaires, les Sakalaves confectionnent des 
paniers à riz, des nattes, etc. Ils se servent aussi des fais- 
ceaux isolés pour la confection de cordages. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.) 


242. Paille de latanier. — Palmiers. 


Le latanier, où satranabé des Sakalaves, est le Medemia 
nobilis, qui forme sur tous les terrains du versant occidental 
de Madagascar des peuplements étendus. On le retrouve 
vers le Nord sur le versañnt oriental. Les segments foliaires 
servent comme les précédents pour la confection d'objets 
de vannerie. 


243. Paille et filasse de lafa. — Palmiers. 


Les Tanala, dans l'Est de Madagascar, désignent sous le 
nom de lafa plusieurs palmiers, et notamment le Neodypsis 
tanalensis, qui est aussi le matitana, et le Chrysalidocärpus 
mananjarensis. Il n’a jamais été bien établi quel est celui 
de ces deux palmiers qui donne la filasse de lafa. 


244. Paille et chapeaux de manarana. — lalmuers. 


Le manarana de la région d'Antalaha est un palmier 
encore indéterminé, presque acaule, et qui n’est pas le 
manarana d'Analamazaotra, où Beccariophoenir madagasca- 
r'iensis. 

La paille du vrai manarana d'Antalaha est très fine ; on 
en fait de très beaux chapeaux. Malheureusement, le pal- 
mier devient de plus en plus rare, et la paille est trop sou- 
vent remplacée par celle de quelques-uns des manarana 
suivants, qui est pelucheuse, et de bien moindre valeur. 


245. Paille de manarampotsy. — l’almiers. 


(a. H. JUMELLE 


Cette paille a été récoltée dans la région de Mandihizana, 
dans le district de Maroantsetra. La plante croit un peu 
partout, mais plutôt en dehors de la forêt. La paille sert pour 
la fabrication de nattes et de paniers. 


216. Paille de manaramalemy. — Palmiers. 


La plante croit dans la province de Maroantsetra et est 
particulièrement abondante dans le haut d'Antsampirano : 
elle se plait dans les sols élevés et humides. 


247. Paille de manarambato ou manaramena. — Palmiers. 


La plante croît également dans la province de Maroant- 
setra. Les échantillons ont été récoltés, comme les précé- 
dents, dans la forêt, aux environs d'Analambola et de Fihi- 
trosy (canton d'Andratambé). 

Les pailles de ces divers manarana autres que le vrai 
manarana ne semblent pas toutes également appréciées par 
la chapellerie européenne ; certaines conviendraient plutôt 
chez nous pour la fabrication de la pâte à papier. 


248. Paille et chapeaux d'ahibano. — Cypéracées. 


L'ahibano est le Cyperus nudicaulis des terrains tour- 
beux de l’Imerina, et que l’on retrouve dans l'Ouest Jusque 
dans l'Ambongo. La paille qui sert en chapellerie provient 
de la tige, qui est dépourvue de feuilles, 


(H. Jumelle : Loc. cit. — Perrot et Goris : Loc. cit.) 
249, Paille et chapeaux de penjy. — Cypéracées. 


Le penjy, ou mahampy, ou rambo, est le Lepironia mu- 
cronata des régions occidentale et centrale. Les tiges aplaties 
ou découpées en lanières sont employées en chapellerie et 
en vannerie. 

’ 
250. Paille de tsindrodrotra. — Graminées. 


Le fsindrodrotra des Hova et le fsiana des Betsileo est le 


L © 


MADAGASCAR ET COMORES 49 


Sporobolus indicus, qui abonde dans les terres humides des 
environs de Tananarive. Sa paille est utilisée en chapel- 
lerie. 


251. Paille de zozoro ou isatra. — C‘ypéracces. 


Le z0z:0r0 des Hova, qui est l'isatra de l'Ouest, est le 
Cyperus madagascariensis où Cyperus imerinensis. Les 
tiges servent pour la fabrication de nattes et de paillassons, 
et pour les cloisons des cases. 


252, Paille d'herana. — Cypéracées. 


L'herana est le Cyperus latifolius. Sa paille est utilisée 
pour la fabrication de nattes et pour les toitures. 


253. Paille de vinda. — Cypéracces. 


Le vinda des Sakalaves est le Cyperus alternifolius. Sa 
paille sert encore pour la fabrication de nattes et de pail- 
lassons. 

254. Paille d'haravola. — Graminées. 

L'haravola des Hova est le hozaka des Betsileo (qui n’est 

pas le bozaka des Hova) ; et ce serait l’Arundinella stipoides. 


Sa feuille serait utilisée pour la fabrication de paniers indi- 
gènes et de chapeaux. 


(Perrot et Goris : loc. cit. 
255. Paille d'harefo. — Cypéracées. 

Les harefo des Hova sont diverses espèces d'Eleocharis, 
telles que l'Eleocharis plantaginea et V'Eleocharis limosa. 
La paille, qui a une structure presque analogue à celle de 
penjy, sert pour la confection de chapeaux ordinaires, de 
nattes et de sacs, 


256. Paille de telorirana. 


Paille indéterminée, peut-être de Graminée, 


46 Hi. JUMELLÉ 
257. Paille de mangarana. 


Paille indéterminée, n'appartenant pas au Lepironia mu- 


cronatla. 
M DOIS 


Nous ne citons ici que quelques bois de Madagascar. Un 
catalogue spécial plus complet de notre collection de ces bois 
sera publié ultérieurement. 


271. Ébène de Madagascar. — Æhénacces. 


L'ébène du Nord-Ouest de Madagascar, qui est le lopingo, 
et un des hazomainty des Sakalaves, est le Diospyros Per- 
rieri. C'est un arbre de 15 à 25 mètres de hauteur, dont le 
tronc a une écorce noirâtre ou blanchâtre qui se détache par 
plaques comme celle du bouleau. Il croît principalement 
dans les bosquets forestiers à sol rocailleux et sur le bord 


des torrents. 


(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest 
de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.) 


272. Acajou de Madagascar. — Méliacces. 


L’acajou du Nord-Ouest de Madagascar, qui est le hazo- 
mena des Sakalaves, est le Khaya madagascariensis. C’est 
un arbre de 20 à 30 mètres de hauteur, à tronc très droit 
et cylindrique, dont l'écorce est brunâtre, maculée de gris. 
Dans l’Ambongo et le Boina, 1l pousse dans toutes les allu- 
vions calcaires et humides des bords des rivières. Il ne 
manque que sur les sols siliceux, où il est remplacé par des 
Canarium. Son bois, qui est un bon bois de sciage, est par- 
fois exporté au Havre, où il a été rapproché de celui de 
l’aucoumé (Aucoumea Klaineana) du Gabon et vendu aux 


mêmes prix. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Notes sur la flore du Nord- 
Ouest dé Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.) 


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MADAGASCAR ET COMORES 17 
273. Bois de manipika. — Zéqumineuses. 


Le manipika des Sakalaves est le Dalberqia Perriert 
Drake (Dalberqgia boinensis Jum.). C’est un arbre de 10 à 
25 mètres de hauteur, mais dont le tronc ne dépasse pas 
40 cm. de diamètre. C’est le principal arbre à palissandre 
du Boina, où il est plus commun que l'espèce suivante. 


« 
(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest 
de Madagascar. Annales du Musée Colonial, 1907.) 


274. Bois de manary. — Zéqumineuses. 


Le manary des Sakalaves est le Dalbergia 1kopensis 
Jum. (Dalberqia Perrieri Jum.). C'est un arbre de 10 à 
20 mètres de hauteur, mais dont le tronc peut attemdre 
60 em. de diamètre. Il se plait surtout dans les bois secs; 
on le rencontre notamment sur le terrain siliceux du haut 
bassin de la Betsiboka et de l'Ikopa. C’est encore un arbre 
à palissandre, mais moins fréquent que le précédent, et, par 
conséquent, moins exploité. 


(H. Jumelle : loc. cit.) 
275. Bois de kominga. — Zéqumineuses. 


Le kominga est l'Erythrophloeum Couminga, déjà cité 
dans la section des Plantes médicinales et toxiques. 


276. Bois d'hazomalanga. — //ernandiacces. 


L'hazomalanga est une Hernandiacée encore mal connue, 
mais qui semble devoir constituer un genre nouveau. 
L'arbre, qui est de très haute taille, est très rare dans l'Am- 
bongo. Il ne devient plus commun qu'au sud du Cap Saint- 
André, dans les forêts à sol rocailleux calcaire ; mais encore 
ne croit-il que par pieds isolés, et on ne trouve guère plus 
d’un individu par hectare. Son bois, inattaquable par les 
insectes, est excellent à tous égards et a été, de tout temps, 
exporté dans l'Inde, Les Indiens en font, paraît-il, des 
galoches. Les Chinois s'en serviraient pour la fabrication 


LS I. JUMELLE 


des cercueils. C’est objet d'un commerce assez considérable 
à Majunga; on en fait des caisses, des meubles, et, en 
général, tous les objets en bois destinés à préserver des 
malières quelconques contre les attaques des insectes. 


2771. Bois de torotoro. — T'éréhintlhacces. 


Le {orotoroestle Giluta Turlur, qu se trouve à Nossi-Bé 
et, au nord du Boina, dans les massifs forestiers de la vallée 
de l’'Ambamalandy. Il y a d'ailleurs été, sans doute, intro- 
duit, puisque tous les Gluta sont des espèces de l'Archipel 
Indien. Il donne un bois brun orangé; sa résine passe pour 
vésicante. 

H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Landolphia et les Masca- 
renhasia à caoutchouc du Nord de l’Analalava. L'Agriculture des pays 
chauds, 1910.) 


218. Fruits de teck. — Verbénacées. 


Le {eck, où Tectona grandis, bien connu pour le bois 
qu'il fournit, est un arbre de l'Inde. Les drupes exposées, 
et dont quelques-unes sont encore enveloppées par le calice 
accru, proviennent de la Station d’Essais de l'Ivoloina. 


XI. — ESSENCES 


291. Graines, feuilles et essences de Pelea madagascarica. 
— Rutacées. 


Cet arbrisseau de l'Est de Madagascar et de Sainte-Marie 
comprendrait deux variétés : une variété {olongoala, à 
feuilles étroites; et une variété {olongoala manilra-anisette, 
à feuilles larges. [1 donne une essence à forte odeur d'amis, 
ou plutôt de badiane. Cette essence est contenue, dans la 
proportion de # à 5°/, dans toutes les parties de la plante, 
mais plus particulièrement dans le fruit. Elle a pour pou- 
voir rotatoire + 32° 22, et son indice de réfraction est de 


MADAGASCAR ET COMORES 49 


1,51469, Elle est soluble dans 4 volumes d'alcool à 80°, La 
teneur en anéthol est minime, mais 1l y a une forte propor- 
tion d'aldéhydes probablement anisiques. La plante existe- 
ait également à Mayotte. 


(E. Heckel : Sur une plante nouvelle à essence anisée de Madagascar. 


Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, 6 mars 1941. — Juillet : 
Recherches anatomiques et morphologiques sur le Pelea madagascarica. 
Annales du Musée Colonial de Marseille, 1912.) 


292. Fruits d'hazomalanga. — Æernandiacées. 


LE 


L'hazomalanga, déja cité dans la section précédente, 
donne des fruits qui contiennent, en même temps qu'un 
principe rubéfiant, une huile et une essence. Cette essence 
donne aux fruits et à l'huile qu'on en extrait une très forte 
odeur aromatique. Le principe rubéfiant est également 
entrainé par l'huile retirée du fruit. 


293. Essence d'Eucalyptus globulus. — Myrtacces. 


L'Eucalyptus globulus, introduit aujourd'hui non seule- 
ment en beaucoup de pays chauds, mais même dans la 
partie chaude de la zone tempérée, notamment sur le litto- 
ral provençal, est originaire d'Australie. L’essence de ses 
feuilles, aromatique et antiseptique, est employée en parfu- 
merie, surtout pour les eaux, poudres et pâtes dentifrices, 
et aussi en thérapeutique. Elle entre également dans la 
composition des mélanges qui servent à parfumer les 
appartements et à en éloigner les mouches. Beaucoup 
d'autres espèces d'Eucalyptus donnent des essences plus ou 
moins analogues, mais qui, en général, sont inférieures à 
celle d'Eucalyptus globulus, dont la valeur est essentielle- 
ment due à sa teneur (jusqu’à 85°/,) en cinéol ou eucalyp- 
tol. Les essences d’autres espèces contiennent du citronétol, 
ou du citrol, ou sentent la menthe poivrée, ou n'ont pas 
d'odeur bien définie. L'essence d'£. globulus est jaune 
clair, d'odeur rafraichissante ; la teneur exigible en cinéol 
est de 78 à 80°/,. Une partie d'essence doit se dissoudre 
sans trouble dans trois parties d'alcool à 70°, Les sortes 


Annales du Musée colonial de Marseille. 3° série, {+ vol. 1916. i 


50 H. JUMELLE 


qui proviennent d'arbres ayant poussé sous des climats 
tempérés semblent supérieures à celles de provenance tro- 
picale. Les feuilles même de l'E. globulus ont la réputation 
d'être toniques, astringentes et fébrifuges. M. Faulds, dans 
le British Medical Journal de 1902, prétend que leur infu- 
sion a aussi, dans les cas de diabète, une action curative 


énergique. 


294 à 300. Essences diverses de Mayotte. 


Toutes ces essences (essence de menthe, essence et 
camphre d'Ocimum canum, essence de sauge, essence de 
verveine, essence d'ayapana, essence de patchouli) ont été 
préparées à Mayotte par M. Touchais. A Madagascar, ces 
essences sont surtout fabriquées dans le Nord de l'ile. 


XII. — GOMMES ET RÉSINES 


311. — Gomme de Khaya madagascariensis. — Wéliacées. 


Le Xhaya madagascariensis, où hazomena, a déjà été cité 
dans la section des Bois. La gomme que donne son tronc 
se concrète sur l'écorce sous l'aspect de petites stalactites, 
dont les unes sont jaune clair, les autres plus brunes et 
d'autres verdâtres. Cette gomme, lorsqu'elle est récoltée 
depuis quelque temps, contient 21°/, d'eau. Complètement 
desséchée, elle se compose de 85 parties solubles dans 
l’eau chaude et de 15 parties gonflables, mais insolubles. 
La portion soluble dans l’eau chaude reste dissoute après 
refroidissement et donne des solutions épaisses, mais encore 
parfaitement liquides, en présence de 12 fois son poids 
d'eau. Ces solutions plus ou moins colorées ont l'aspect 
de solutions de gomme arabique ordinaires. Etendues en 
couche mince sur le papier, elles lui donnent une certaine 


oué de, bi 


MADAGASCAR ET COMORES 5 


adhésivité. C'est une gomme sans tannin, sans saveur ni 
odeur. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bàthie : Notes sur la flore du Nord- 
Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.) 


912. Gomme d’'Anacardium occidentale. — 7éréhinthacées. 


La gomme de cet acajou à pomme si répandu dans la 
plupart des contrées tropicales, et qui est le mahabiba et 
l’ahiba des Sakalaves, se présente en masses parfois volumi- 
neuses, dont la couleur varie du jaune pâle au brun foncé, à 
cassure vitreuse et transparente, du moins quand la colora- 
tion de la substance est päle. Elle n'est que partiellement 


soluble dans l'eau, et la partie soluble constitue un mélange 
peu adhésif. 


(H. Jacob de Cordemoy : Les plantes à gommes el à résines. Doin, 
Paris, 1911. 


313. Gomme d'Albizzia Lebbek. — Zéqumineuses. 


313 bis. Gousses d'Albizzia Lebbek. 


L'Albizzia Lebbek, originaire du Bengale, s'est naturalisé 
en beaucoup de pays chauds ; c’est le bois noir de nos colo- 
nies, le honara des Sakalaves. Tronc et grosses branches 
fournissent en abondance une gomme tantôt rougeâtre et 
tantôt Jaunâtre, en gros morceaux mamelonnés. En contact 
avec l’eau froide, elle ne se dissout qu'en faible proportion ; 
la partie insoluble se gonfle énormément et se transforme 
en une masse gélatineuse, rougeâtre et translucide, d'aspect 
grumeleux. Cependant, par la chaleur et sous pression, 
cette gomme devient soluble dans l’eau en donnant un 
mucilage adhésif. 


(H. Jacob de Cordemoy : Loc. cit. 
314. Gomme de Tamarindus indica. — /équmineuses. 


315, Gousses de Tamarindus indica. 


EE 


DZ Il. JUMELLE 


Comme les deux espèces précédentes, le {amarinier, qui 
est le madiro et le kily de Madagascar, et qui est vraisem- 
blablement originaire de l'Inde, se trouve aujourd’hui en 
beaucoup de pays chauds. Il est commun dans l'Ouest de 
Madagascar, et jusque dans l'extrême Sud. Il est de préfé- 
rence calcicole. Pour le reboisement, c’est une meilleure 
essence que le bois noir, qui est de croissance plus rapide, 
mais est plus facilement détruit par les incendies. La 
gomme de madiro, assez claire, se présente souvent en 
morceaux volumineux. Elle est complètement insoluble 
dans l’eau; elle se gonfle seulement en formant une gelée 


compacte. 


(H. Jacob de Cordemoy : Gommes el résines d'origine exotique. 
Annales du Musée Colonial de Marseille, 1900. — Louvel : Les forêts de 
l'Ouest de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds. 
Challamel, Paris, 1914.) 


316. Fruits et gomme de Sclerocarya Caîffra. — Térébin- 


thaceées. 


Le Sclerocarya Caffra est le sakoa des Sakalaves. 
Comme le famarinier et le sakoa, on le trouve un peu par- 
tout dans l'Ouest, en plus ou moins grande abondance. Son 
écorce épaisse et riche en tannin le rend particulièrement 
résistant aux feux de brousse. Il donne d’ailleurs un bois 
qui brüle mal. La pulpe des fruits contient de l'acide 
atrique, et les graines, que consomment les Sakalaves, 
renferment une huile alimentaire quelquefois utilisée 
aussi par ces Sakalaves et par les Mahafaly. Un pied 
femelle peut fournir plusieurs centaines de kilos de fruits, 
qu'il suffit de ramasser sous l'arbre en saison sèche. La 
gomme du tronc est brun clair, assez transparente, à cas- 
sure lisse et brillante. Elle est entièrement soluble dans 
l'eau, mais la solution est à peu près sans adhésivité. Le 
perchlorure de fer n’y détermine pas de précipité et ne 
modifie pas la coloration ; c'est donc une gomme sans tannin. 


(Louvel : loc. cit. — H. Jumelle : Quelques latex el quelques gommes et 


MADAGASCAR ET COMORES 53 


résines de l'Ouest de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 


mars et avril 1911. 


317. Fruits de Stereospermum euphorioides. — igno- 


niacees. 
318. Gomme de Stereospermum euphorioides. 


Le mangarahara des Sakalaves est spécial, dans l'Ouest, 
aux forêts sèches des terrains siliceux. Le grattage super- 
ficiel de son tronc provoque une sécrétion gommeuse. La 
substance ainsi obtenue est d'ailleurs de nature assez spé- 
ciale ; elle se rapproche des gommes sans avoir exactement 
les caractères de ces gommes. C'est une matière brunâtre, 
assez dure, terne à la surface, mais à cassure brillante. Elle 
est inodore et sans saveur. Après qu'elle a été laissée pen- 
dant quelque temps au contact de l’eau, elle colle au doigt, 
mais très légèrement. Elle se dissout dans l'eau bouillante, 
l'alcool à 959, l’'acétone et le terpinéol. Elle se précipite en 
partie pendant le refroidissement de l’eau chaude, et est 
donc très imparfaitement soluble dans l’eau froide. C'est 
une substance sans intérêt pratique. 


(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest 
de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.) 


319. Gomme d'hazongia. — Biracées. 


L'hazongia est une espèce indéterminée, et vraisemblable- 
ment nouvelle d'Jomalium. La gomme n’a pas encore été 
étudiée. 


320. Gomme de talio. — Combhrétacées. 


Le /alio est une espèce de Terminalia ; la gomme n'a pas 
encore été étudiée. 


321. Latex de Jatropha mahañfalensis. — Æuphorbiacées. 
322, Tanno-gomme de Jatropha mahafalensis. 


Le betatatra a déjà été cité dans la section des Graines 


4 H, JUMELLE 


grasses; mais la tige de ce Jatfropha donne en outre un 
liquide brun noirâtre, limpide, et qui, après évaporation, 
abandonne une sorte de kino. La substance ainsi obtenue 
est, en effet, brune, sèche et friable, insoluble dans l’acétone 
et le chloroforme, mais soluble dans l'alcool absolu et dans 
l'eau. Dans la solution aqueuse le sous-acétate de plomb 
détermine un précipité grumeleux, pendant que le perchlo- 
rure de fer provoque un précipité bleu noirâtre. Cette 
tanno-gomme est parfois désignée sous le nom de sefo. 


(H. Jumelle : Quelques latex et quelques gommes et résines de l'Ouest 
de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 1911.) 


323. Excrétat de Rhizophora mucronata. — /hizophoracées. 


Le Rhizophora mucronata est un des principaux arbres 
de la mangrove. Le produit exposé 


et qui est de nature 
encore indéterminée — est excrété en saison sèche par les 
souches qui proviennent de l'abatage des arbres. 


324. Résine copal de Trachylobium verrucosum. — Zéqumi- 
neuses. 


325, Fruits de Trachylobium verrucosum. 
326. Bois et rameaux de Trachylobium verrucosum. 


Le Trachylobium verrucosum est l'arbre dont la résine 
fossile, récoltée surtout sur la côte orientale d'Afrique, 
en Afrique Orientale Allemande, constitue le meilleur 
des ‘copals, dit copal de Zanzibar. C'est le fandro- 
roho de Madagascar, où on ne le trouve que dans l'Est, 
dans les terres sablonneuses de la région des lagunes. Il est 
obtenu surtout par l'incision des grosses branches et du 
tronc : on en récolte aussi un peu dans le sol. Le copal de 
Madagascar, un peu moins dur que celui de Zanzibar, et 
qui donne lieu à quelques faibles exportations (15 à 20 
tonnes par an), est donc en partie récent et en partie fos- 
sile. 


(Prudhomme : L'agriculture de la côte Est de Madagascar. Paris, 
1901. — H. Jacob de Cordemoy : loc. cit.) 


EU 


MADAGASCAR ET COMORES 1) 


327. Résine fossile de kominga. — Zéqumineuses. 


Cette résine, qui provient de l'Erythrophloeum Cou- 
minga déjà cité dans la section des Plantes toxiques, est 
rouge. Elle nest pas emplovée et n'a pas encore été 
étudiée. 


328. Résine de Genipa Rutenbergiana. — /uhiacées. 


Cet arbrisseau de l'Ambongo et du Boina est le kari- 
pedahy des Sakalaves, surtout commun sur les gneiss et les 
micaschistes. Sa sécrétion résineuse recouvre les bourgeons 
et les jeunes fleurs. À ces niveaux, la résine exsudée se 
concrète sous la forme de petites perles irrégulièrement 
globuleuses. La substance est de couleur jaune clair ; pul- 
vérisée, elle est jaune soufre et exhale, lorsqu'on la frotte 
entre les doigts, une légère odeur assez agréable qui rap- 
pelle un peu celle de certaines résines de Burséracées. 
Elle est entièrement soluble dans le chloroforme, le sul- 
fure de carbone, l’éther et l'essence de térébenthine ; elle 
se dissout partiellement dans l'alcool à 95°, le toluène et 
la benzine. Les Sakalaves la récoltent peu et ne l'utilisent 
qu'exceptionnellement pour confectionner, en la mélangeant, 
après pulvérisation, avec de la graisse de bœuf, une pommade 
qui, prétendent-ils, fait repousser les cheveux. 


(H. Jumelle : Quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest 


de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.) 


329. Résine d'Ophiocaulon firingalavense. — Passifloracées. 


La liane est un des ola-boay des Sakalaves. Sa base est 
fortement renflée en forme de pain de sucre : et c’est la 
cuticule de l'épiderme de ce tubercule qui est recouverte 
de la substance résineuse. Pour obtenir cette résine, on 
frappe et râcle l'écorce, puis on met le tout dans un linge, 
que l’on plonge dans l’eau bouillante. On obtient ainsi un 
pain d'une matière vert brunâtre, terne extérieurement, bril- 
lante, au contraire, sur la cassure. L'ensemble paraît formé 
de nombreuses lames brillantes, incluses dans une petite 


56 H, JUMELLE 


quantité de poussière vert pâle qui dessine des veines sur 
les brisures. Le toucher un peu gras indique que la résine 
est accompagnée d'un peu de cire. Le produit est très 
facilement pulvérisable, et il se dissout en fortes propor- 
tions dans le chloroforme, le sulfure de carbone, l’éther, 
la benzine, l'alcool froid, le toluène et l’acétone. La quan- 
tité d'iode fixée par 100 parties de la portion soluble dans 
le chloroforme est de 34,7, titre beaucoup plus fort qu'il ne 
l’est pour les cires. Dans l’eau chaude, la substance com- 
mence à se ramollir vers 65°, et est complètement pâteuse 
entre 85 et 900. 

(H. Jumelle : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord- 

ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.) 


330. Résine de Canarium multiflorum. — Purséracées. 
331. Graines de Canarium multiflorum. 


332. Résine fossile de ramy. 


Les Canarium de Madagascar donnent les oléo-résines 
dites ramy, que les indigènes emploient comme encens, 
comme colophane ou pour faire des soudures. La substance 
est récoltée comme exsudat spontané, à la base du tronc et 
sur les grosses racines ; on provoque aussi sa sécrétion par 
des entailles sur le tronc. Il y a également une sorte de 
ramy demi-fossilisé. Commercialement, les ramy sont de 
la catégorie des élémis et pourraient donc peut-être être 
utilisés pour la préparation de certains vernis à l'essence ou 
à l'alcool. Ce sont des résines à odeur de citron, solubles 
dans les alcools éthylique et amylique, le chloroforme, la 
benzine, l’éther et l'essence de térébenthine. Avec ce der- 
nier dissolvant elles donnent, comme le galipot d'Amérique, 
d'après M. Coflignier, des vernis qui, ne durcissant pas les 
couleurs au plomb, permettent de les étendre. Ces propriétés 
varient d’ailleurs peut-être selon l'origine botanique, car 
on connaît, entre autres espèces malgaches, le Canarium 
multiflorum de l'Ouest, le Canarium madagascariense de 


VF #PT 


MADAGASCAR ET COMORES 57 

Morondava, le Canarium oblusifolium, qui serait à la fois à 
Fort-Dauphin et à Nossi-Bé, le Canarium Boivini du Nord 
et de l'Est, le Canarium pulchro-bracteatum de Farafan- 
gana. Or le Canarium multiflorum produit une résine jaune 
verdâtre, la résine du Canarium Boivini, ou ramy fotsy, 
est jaune citron, non transparente et à cassure vitreuse, 
celle du ramy mainty, d'espèce indéterminée, est verdâtre, 
presque transparente et reste longtemps assez tendre pour 
être coupée au couteau. Le ramy semi-fossilisé est rou- 
geûtre. 

(H. Jacob de Cordemoy: Les plantes à gommes el à résines. Doin, 
Paris, 4911. — Guillaumin: Les ramy de Madagascar. Bulletin écono- 
mique de Madagascar, 2° semestre, 1909. — Id. : Les produits utiles des 
Burséracées. L'Agriculture pratique des pays chauds, mai-août 1909.) 


333. Oléo-résine de Calophyllum parviflorum. — Clusiacées. 


334. Oléo-résine de Calophyllum laxiflorum. 


Ces oléo-résines des Calophyllum passent en divers pays 
pour être des topiques efficaces contre les ulcères. 


333. Écorces de Kalanchoe Grandidieri. — Crassulacées. 


Le Kalanchoe Grandidieri est un des mongy de Mada- 
gascar, Ses écorces, remplies de résines diverses, brülent 
. facilement, avec une odeur de benjoin ou d'encens d'Arménie, 


336. Gomme-résine d'haronga. — //ypericacées. 


L'Haronga madagascariensis donne une substance qui, 
comme la gomme-quitte, forme avec l'eau une émulsion 
jaune. Cette gomme-résine contient 8 °/, de gomme soluble 
et 85 °/, d'une résine très foncée. 


(HI. Jacob de Cordemoy : loc. cit.) 
337. Gomme-résine de manipika. — /équmineuses. 


Le manipika est le Dalbergia Perrieri Drake, du Boina, 
déjà mentionné dans la section des Bois. Dans le bassin du 


DS H. JUMELLE 


Bemarivo, un coléoptère longicorne, en attaquant l'écorce, 
provoque la sécrétion d’une sorte de gomme-résine à forte 
odeur de cannelle. Cette substance est complètement soluble 
dans le terpinéol, avec lequel elle donne des solutions d’un 
rouge vif, mais il s'en dissout aussi une petite quantité 
(3°/, environ) dans'l’eau froide, qui prend une teinte jaune 
paille. La solubilité complète dans l'alcool permettrait 
d'obtenir, avec la substance, des vernis rouges, tels que ces 
vernis pour métaux qu'on prépare avec les accroïdes ou le 
sang-dragon. 
(H. Jumelle : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord- 
Ouest de Madagascar. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1907.) 


338. Gomme-résine de tsimatimanonta. — Clusiacees: 


Le fsimatimanonta des Sakalaves est le Tsimalimia Per- 
villei de l'Ambongo et du Boina. La sécrétion de son tronc 
est tout d'abord jaune d'or, mais brunit peu à peu à l'air. 
Fraiche, la substance a un peu la couleur de l’encaustique, 
qu’elle conserve intérieurement: elle est sans odeur, un peu 
adhésive au doigt et est cassante et friable, mais ne se pul- 
vérise pas facilement à cause de sa consistance légèrement 
visqueuse. L'eau en dissout 13°/, environ et l’acétone 
62°/,. La gomme, au sortir de l’étuve, est sèche et très 
friable, jaune rougeâtre ; sa solution aqueuse est jaunâtre. 
La résine, dans les mêmes conditions, est liquide et ne se 
solidifie que par refroidissement ; elle est rouge foncé, et 
ses solutions dans l’acétone, le chloroforme, la benzine, le 
toluène, l'alcool absolu, sont d’un rouge sang. 


(H, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Clusiacées du Nord-Ouest 
de Madagascar. Annales des Sciences naturelles, Botanique, 1910.) 


339. Résine de famata. — Æuphorbiacées. 


Les famata sont des Euphorbia aphylles, de la sous-sec- 
tion Laro. La résine qui semble sans emploi possible est le 
coagulat friable qui reste après l’évaporation du latex. 


(H. Jumelle: Quelques latex et quelques gommes et résines de l'Ouest 
de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 15 avril 1911.) 


… 


MADAGASCAR ET COMORES 59 
340. Latex de fiamy. 


Le /iamy est peut-être un Ficus. Le coagulat obtenu par 
évaporation à chaud de son latex est de couleur brun foncé ; 
il est tout d’abord un peu élastique et légèrement visqueux, 
mais, en se refroidissant, il durcit et devient cassant en 
perdant toute élasticité. Le produit semble encore sans 
emploi possible. 


HT. Jumelle : loc. cit.) 


341. Latex résineux d'adabo. — Arfocarpées. 


L'adabo est le Ficus Sakalavarum. La substance rési- 
neuse qu'abandonne son latex est inutilisable. 


342. Latex concrété de Sideroxylon rubrocostatum. — 
Sapotacees. 


Ce Sideroxylon est un des nombreux nato de Madagascar. 
Il est commun dans le Boina, dans le bassin du Bemarivo, 
parmi les rocailles des bords des torrents. Le latex donne un 
coagulat gris brun, qui, d'abord poisseux, devient, en se 
desséchant, cassant et assez facilement pulvérisable. Jeté 
dans l’eau bouillante, ce produit redevient visqueux et se 
désagrège ; 1l ne peut donc même pas être considéré comme 
matière guttoïde et est dénué de tout intérêt, 


H. Jumelle: La flore du Nord-Ouest de Madagascar, Annales du 
Musée Colonial de Marseille, 1907.) 


XII, — CAOUTCHOUCS ET GUTTAS 


391. Fruits de Landolphia Perrieri. — Apocynacées. 
352. Liane de Landolphia Perrieri. 


353. Latex de Landolphia Perrieri. 


60 H. JUMELLE 


394. Caoutchouc de Landolphia Perrieri. 


C'est le Landolphia Perrieri qui donne la plus grande 
partie du « caoutchouc rouge de Majunga », où « Majunga 
rouge ». Cette liane se plait dans les sols secs jusqu’à 
T00 mètres d'altitude. Elle est plus ou moins commune : dans 
le Nord, où on la trouve sur les deux versants ; dans le Nord- 
Ouest, où c'est le piralahy où vahealahy ; dans l'Ouest, où 
c'est le rehea et le voahena, et où elle descend jusqu'au 
bassin de la Tsiribihina, les derniers pieds disparaissant 
vers les sources de la Sakeny. Après avoir recueilli le latex 
qui s'écoule des tronçons de la liane, les indigènes le laissent 
se coaguler spontanément ou bien provoquent la coagulation 
par le jus de citron. Dans le Sambrano, on trouve la variété 
ambatensis, qu est le dify vahea des indigènes. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie: Les plantes à caoutchouc du 
Nord de Madagascar. L’'Agriculture pratique des pays chauds, 1911. — 
Id. : Les plantes à caoutchouc de l'Ouest et du Sud-Ouest de Madagascar. 
Id., 1911. — H. Jumelle : Les plantes à caoutchouc et à quitta. Challamel, 
Paris, 1903. — Id.: La flore caoutchoutière de Madagascar. Congrès du 
Caoutchouc de Batavia, 1914.) 


359. Fruits frais de Landolphia sphaerocarpa. — Apocry- 


nacces. 
396. Fruits secs de Landolphia sphaerocarpa. 


391. Caoutchouc de Landolphia sphaerocarpa. 


Le Landolphia sphaerocarpa est encore une liane à 
caoutchouc de l'Ouest, mais qui ne recherche plus, comme 
l'espèce précédente, les sols secs; elle préfère les endroits 
humides, tels que les alluvions des bords des cours d’eau. 
Son aire de répartition est plus restreinte que celle du Lan- 
dolphia Perrieri, car elle ne commence, vers le Nord, qu’au- 
dessous de la Sofia. Elle descend, par contre, plus bas vers 
le Sud, car elle a pour limite l'Onilahy. C’est le reiabo ou 
l’ariabo des Sakalaves. Son caoutchouc est encore rouge, 
mais la rareté de la liane le rend moins important, 


‘H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.) 


MADAGASCAR ET COMORES 61 
358. Fruit de Landolphia Boivini. — Apocynacées. 


Cette espèce est de Nossi-Bé, où elle est d'ailleurs rare. 
On ne la trouve plus guère qu'en quelques endroits comme 
sur les bords de l'Ankarankely. Son caoutchouc est de 
médiocre ténacité. 

(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les plantes à caoutchouc du 


Nord de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 1910. — 
Id. : Les Landolphia du Nord et de l'Est de Madagascar. Id., 191%. 


359. Caoutchouc de Mascarenhasia arborescens coagulé par 
l'acide sulfurique. — Apocynacées. 


360. Caoutchouc de Mascarenhasia arborescens coagulé par 
l'alcool. 


361. Tiges de Mascarenhasia arborescens. 


362. Écorces de Mascarenhasia arborescens. 


C'est le Mascarenhasia arborescens qui donne la plus 
grande partie du « caoutchouc noir de Majunga », ou 
« Majunga noir ». Ce Mascarenhasia arborescens à pour 
habitat, sur le versant occidental, le Nord, le Sambirano, et 
le Nord-Ouest ; 1l s'arrête au cap Suint-André. L'arbre se 
plait dans les endroits un peu humides ; en forêt, il est élevé 
et à tronc simple (forme longifolia), tandis que dans les 
endroits découverts il est plus bas et à plusieurs troncs 
(forme anceps). C'est, suivant les régions, un barabanja, 
un gidroa où le gidroandrano. Pour l’exploiter, les Saka- 
laves abattent l'arbre, puis incisent les troncs annulure- 
ment ; ils laissent ensuite le latex se coaguler spontanément 
sur le tronc, ou bien ils font bouillir le latex. 

Dans l'Est on trouve le Mascarahenasia arborescens var. 
coriacea cité plus loin (n° 353). 


363. Caoutchouc de Mascarenhasia lisianthiflora. — Apocy- 


nacées. 


6 


3 


2 H. JUMELLE 
64. Latex coagulé de Mascarenhasia lisianthiflora. 


Cet autre gyidroa donne dans l'Ouest un caoutchouc 
analogue au précédent, mais 1l croît dans les endroits secs 
et est beaucoup moins fréquent que le M. arborescens. I] 
est inconnu dans le Nord et dans le Sambirano : 1l ne com- 
mence qu'au-dessous du Maivarano, pour se continuer de là, 
à travers le Boina et l’Ambongo, puis le Menabé, jusque 
vers la Linta. Il descend donc plus loin vers le Sud que 
l’autre espèce, C’est le gidroanosy des Bara. Dans le Boina, 
il est exploité comme le M. arborescens. Au nord de Ja 
Linta, les Bara pilonnent les écorces des tiges et des racines. 
Ces écorces, arrachées par martelage entre deux pierres, 
sont desséchées au soleil et emportées au village, où le 
pilonnage est effectué par les femmes et les enfants dans les 
mortiers à riz. Le caoutchouc ainsi préparé, et assez défec- 
tueux, est en petites plaques minces de 7 à 10 cm. de côté, 
d’un rouge noirâtre. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cut.) 


365. Caoutchouc de Secamonopsis madagascariensis. — A sc/é- 


piadacées. 


366. Tiges de Secamonopsis madagascariensis. 


Le Secamonopsis madagascariensis donne avec le Gono- 
crypla Grevei une grande partie de caoutchouc de Tuléar. 
Ce Secamonopsis madagascariensis, ou vahimainty, ou lan- 
galora, apparaît au niveau du Manambolo, mais ne devient 
commun qu'au-dessous de la Tsiribihina, où 1l est très fré- 
quent sur les dunes, entre cette Tsiribihina et l'Onilahy ; 1l 
redescend dans le Menanrandra, puis, vers l'Est, jusqu'à 
Tsivory. Dans les bassins du Mangoky et de l’Onilahy, les 
Bara l’exploitent à la façon du bokabé; ils sectionnent les 
fruits. Chaque follicule abandenne environ 75 milligrammes 
de caoutchouc, et, un pied pouvant porter 100 à 500 de ces 
follicules, le rendement d’une souche est de 8 à 40 grammes. 


MADAGASCAR ET COMORES 63 


Le caoutchouc n'est bon que si-les fruits sont bien mürs. 
A Tsivory, les indigènes incisent le bas des tiges. 


(H. Jumelle : Deux nouvelles plantes à caoutchouc de Madagascar. Le 
Caoutchouc et la Gutta-Percha, juin-juillet 14905. — H. Jumelle et HI. 
Perrier de la Bâthie: Les plantes à caoutchouc de l'Ouest et du Sud-Ouest 
de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 1911.) 


367. Caoutchouc de Gonocrypta Grevei. — .{sclépiadacces. 


Le Gonocrypta Grevei, ou kompitso, a à peu près le même 
habitat que le Secamonopsis madagascariensis, quil accom- 
pagne ; il commence cependant un peu plus bas, sur la côte, 
que ce langalora, car on ne le rencontre pas au nord du 
bassin du Mangoky. Dans ce bassin du Mangoky et dans 
celui de l'Onilahy, les Bara exploitent le £ompitso comme 
le langalora, en sectionnant les fruits. À Tsivory, on saigne 
le bas des tiges. Le caoutchouc est sensiblement de même 
valeur que le précédent. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.) 


368. Fruits et tiges de Cryptostegia grandiflora. — Asc/é- 


piadacées . 


Le Cryptosteqia grandiflora est, avec l'espèce suivante, 
le lombiro de l'Ouest; mas cette forme grandiflora, qui n’est 
peut-être qu'une variété du C. madagascariensis, est plus 
particulièrement localisée dans la partie méridionale et ne 
semble pas, vers le Nord, dépasser beaucoup Tuléar. Son 
caoutchouc est le même que celui de l'autre lombiro. 


H. Jumelle: Le Cryplostegia grandiflora dans le Sud-Ouest de Mada- 
gascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, novembre 1908. — NH, 
Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit. — Id. : Nouvelles notes bio- 
logiques sur la flore malgache. Annales de la Faculté des Sciences, 
1915.) 


369. Fruits et tiges de Cryptostegia madagascariensis. — 
Asclépiadacées . 


370. Caoutchouc de Cryptostegia madagascariensis. 


64 H. JUMELLE 


Tout en accompagnant dans le Sud l'autre espèce du 
senre, le Cryplostegia madagascariensis remonte sur le ver- 
sant occidental de l'ile jusque dans le Nord. C'est le seul 
lombiro de l'Ambongo et du Boina. Ce caoutchouc de lom- 
biro a, à plusieurs reprises, attiré l'attention des industriels ; 
et quelques cultures de ja liane ont été tentées à un moment 
donné dans le Nord. Le produit ne parait cependant que de 
qualité moyenne et n'est intéressant que pour certaines 
industries qui ne recherchent pas des sortes d'une grande 
nervosité. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bäthie : loc. cit.) 
371. Caoutchouc de Marsdenia verrucosa. — Asclépiadacées. 
372. Fruits frais de Marsdenia verrucosa. 


373. Fruits secs de Marsdenia verrucosa. 


Le Marsdenia verrucosa est le bokabé où bokalahy du 
versant occidental de Madagascar. Délaissé dans le Boina 
et dans l'Ambongo, ce Marsdenia, qui s'étend de la Sofia à 
l'Extrême-Sud, est exploité, dans l'Ouest proprement dit, 
par les Bara, qui incisent ses fruits. Chaque liane peut 
fournir 20 à 40 follicules, qui donnent chacun, en moyenne, 
60 centigrammes de caoutchouc. Cueillis un peu avant 
maturité complète, ces fruits sont apportés au village voisin; 
où les femmes et les enfants en coupent successivement les 
deux extrémités, qu'ils font égoutter, après sectionnement, 
au-dessus d'un treillis sous lequel est placé un récipient. La 
décoction est effectuée avec une décoction de fruits de tama- 
rinier. Le caoutchouc ainsi obtenu est d’abord assez tendre 
et d'un bon aspect, mais il devient rapidement poisseux ; et 
c'est le mélange du latex de bokabé avec les latex du lan- 
galora (Secamonopsis madagascariensis) et du kompitso 
(Gonocrypta Grevei) qui a été souvent une des principales 
causes de la dépréciation de certains caoutchoues de Tuléar 
ou de Morondava. 


I. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : loc. cit.) 


MADAGASCAR ET COMORES 65 


314. Caoutchouc de Plectaneia elastica. — Apocynacées. 


315. Bois de Plectaneia elastica. 


Le Plectaneia elastica est, dans le Haut-Bemarivo, sur 
l’'Analamahitso, le piravaovao des Sakalaves et, dans le Sud, 
à l’ouest de Tsivory, entre le Mandraré et le Menarandra, 
le vahivanda. C'est partout une espèce des altitudes supé- 
rieures à 800 mètres. Sur l’Analamahitso, la liane acquiert 
d'assez grandes dimensions ; il est des troncs qui peuvent 
avoir jusqu'à 20 centimètres de diamètre. Dans le Sud, au 
contraire, ces troncs ne dépassent guère 3 ou 4 centimètres. 
Il en résulte une différence dans le mode d'exploitation. Les 
pieds du Nord-Ouest peuvent être incisés et donnent jusqu'à 
deux litres de latex, d'où l’on retire 32 grammes de caout- 
chouc, pendant qu'on récolte, en outre, sur la même tige 
30 grammes de {songone fitra, c'est-à-dire de petits fragments 
de caoutchouc qui se sont coagulés sur l'écorce. A Tsivory, le 
pilonnage des écorces est le seul procédé possible et le ren- 
dement par pied ne dépasse pas 15 grammes. Le caoutchouc 
de Plectaneia elastica est blanc noirâtre ou brun ambré, 
assez tenace, mais aussi assez fortement résineux. En tout 
cas, la rareté relative de la plante et son faible rendement 
(4 à 2 °/, de caoutchouc dans le latex) l’empêéchent d’avoir 
un grand intérêt. 


H, Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Une nouvelle plante à caout- 


chouc de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, 15 février 1908. 
— [d.: Le genre Pleclaneia. Annales du Musée Colonial de Marseille, 
1908. — H. Jumelle : Le Pleictaneia elastica et le Mascarenhasia lisianthi- 


flora dans le Sud-Ouest de Madagascar. Le Caoutchouc et la Gutta- 
Percha, juin 1908.) : 


376. Caoutchouc d'Euphorbia Intisy. — Æuphorbiacées. 
317, Rameaux et fleurs d'Euphorbia Intisy. 


L'Euphorbia Intisy fut découvert, comme plante à caout- 
chouc, en 1890 dans le Sud-Ouest de Madagascar. Le pro- 
duit est blanc et de bonne qualité, et son intérêt serait 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4° vol. 1916. 5 


66 H. JUMELLÉ 


d'autant plus grand que la région où croît la plante est cette 
partie méridionale de l’île caractérisée, au-dessous de l'Oni- 
laby, par la brousse à xérophytes qui recouvre son sol 
aride. La contrée est donc à peu près dépourvué de toute 
autre plante ayant une valeur économique. Malheureusement 
aussi l'intisy, soumis à un traitement barbare, puisque les 
indigènes incisent même ses racines, devient de jour en 
jour plus rare. Dès aujourd’hui, il n'en reste plus que des 
individus tout jeunes, encore incapables de fructifier ; la 
multiplication par graines est donc, par là même, supprimée. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.) 


318. Caoutchouc d'Euphorbia Pirahazo. — Æuphorbhiacées. 


Cette autre espèce d'Euphorbia est, dans l'Ambongo, dans 
la région d'Andranomavo, le pirahazo des Sakalaves. On en 
retrouve quelques pieds, mais de plus en plus rares, sur les 
contreforts du plateau central, sur la Mahajamba, le Bema- 
rivo et la Sofia. La saignée donne par pied de 400 à 
800 grammes d'un caoutchouc de bonne valeur moyenne. 


(H. Jumelle : Deux nouvelles plantes à caoutchouc de Madagascar. Le 
Caoutchouc et la Gutta-Percha, juin-juillet 1905.) 


319. Fruits de Landolphia Mandrianambo. — Apocynacces. 


380. Tiges de Landolphia Mandrianambo. 


Les espèces de Landolphia du versant oriental de Mada- 
gascar sont nombreuses mais de valeurs très inégales. La 
meilleure, et l’une des plus productives, qui donne le caout- 
chouc rouge de l'Est, serait le Landolphia corticata, ou fin- 
gibahea. Le Landolphia Mandrianambo, qui est le man- 
drianambo de Masoala, le voahena d'Analamazaotra et un 
herotravahy du Sud-Est, est très inférieur. Non seulement 
ce mandrianambo ne contient qu'une substance visqueuse 
dans ses parties toutes jeunes, mais même dans ses parties 
voisines du sol il fournit plutôt une matière à toucher gras 
que du véritable caoutchouc; et ce n'est qu'à une certaine 


… -disiiitt at 


PES : td 


MADAGASCAR ET COMORES 67 


distance au-dessus de terre qu'il donne parfois (/ingikahazo) 
du caoutchouc. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Quelques Landolphia à caout- 
chouc de l'Est de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 
— Id. : Les Landolphia du Nord et de l'Est de Madagascar. 1., 1914. — 
Id.: La diversité et les variations des latex dans une liane à caoutchouc. 


Id., 1914.) 
381. Tiges de Landolphia madagascariensis. Apocynacées. 


Le Landolphia madagascariensis, ou Landolphia Richar- 
diana, est un mamolava, un robanga et un falandoha de 
l'Est. Son produit est sans valeur. 


(H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Loc. cit.) 


382. Fruit de Landolphia Mamolava. Apocynacées. 


Le Landolphia Mamolava, comme le Landolphia Mamavo, 
le ZLandolphia compressa et quelques autres espèces, 
est une liane à produit sans valeur; son latex ne donne 
qu'un coagulat poisseux et très élastique. En général, 
toutes ces lianes nommées sur la côte Est mamolava, ro- 
banga où falandoha ne sont pas exploitables ; et l’utilisa- 
tion de leurs latex a toujours pour résultat de déprécier les 
bons caoutchoucs avec lesquels on les mélange. 


(Costantin et Poisson : Notes sur les plantes à caoutchouc et à latex du 
Sud et du Sud-Est de Madagascar. Revue générale de Botanique, 1909. 
— H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Landolphia « mamolava » 
de l'Est de Madagascar. L'Agriculture pratique des pays chauds, 1913.) 


383. Fruits de Mascarenhasia arborescens var. coriacea. — 
Apocynacées. 


L'arbre qui donne le principal « caoutchouc noir » de l'Est 
est une variété à gros fruits du Mascarenhasia arborescens 
de l'Ouest. Ce M. arborescens var. coriacea est, suivant les 
régions, le babo, ou, en tanala, un herofrahazo, ou encore, 
à Mananara, le gidroafotsy ; c’est aussi à Analamazaotra 


6S I. JUMELLE 


l'hazondrano des bas. L'arbre est à peu près exploité comme 
dans l'Ouest. 


I. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie: Les Mascarenhasia de l'Est de 
Madagascar. L'Agricullure pratique des pays chauds, 1912. — Id.: Nou- 
velles observations sur les Mascarenhasia de l'Est de Madagascar. W., 
1914.) 


384. Gutta de vatodinga. — Sapotacées. 


Le valodinga de l'Est est le Mimusops costata, où Manil- 
kara costata. Son produit, comme la gutta-percha, est plas- 
tique à chaud (65° à 70°) et est capable de recevoir des 
empreintes. Il contient moins de résines que la balata, 
mais ne présente pas la même imperméabilité n1 la même 
stabilité chimique que la gutta-percha; il ne pourrait donc 
être utilisé qu'après une amélioration obtenue par l'incor- 
poration de substances chimiques appropriées, de même que 
le caoutchouc du commerce est bien meilleur isolant que le 


caoutchouc pur. 


(Marcel Dubard : Note sur la qutta de Madagascar. Bulletin écono- 
mique de Madagascar, 2° semestre, 1909.) 


XIII — TANNINS ET COLORANTS 


401. Écorces de nato. — Sapotacées. 


402. Fruits de natondriaka. 


On désigne sous le nom de nato diverses espèces de Sapo- 
tacées, notamment le Mimupsos Commersonti (ou Imbri- 
caria coriacea),le Labramia Bojeri (ou Mimusops C'hapeliert, 
ou M. Thouarsii), le Labourdonaisia madagascariensis et le 
Sideroxylon rubrocostatum. Le nalolahy est même une Clu- 
siacée, le Calophyllum laxiflorum. Il n’est pas bien établi 


quelle est, de toutes ces espèces, celle dont l’écorce donne 


MADAGASCAR ET COMORES 69 


la couleur rouge employée par les indigènes pour la teinture 
des filaments de raphia et des rabanes. 


(M. Dubard: Les Sapotacées du groupe des Sidéroxæylinées. Annales du 
Musée Colonial de Marseille, 1915. 


403. Écorces de Rhizophora Mangle. — /#hi=ophoracces. 


Les écorces de palétuvier sont très employées aujourd'hui 
pour la tannerie, surtout à l'étranger. Des écorces sèches 
contiennent environ 25 °/, de tannin. Les palétuviers sont 
au nombre des principaux représentants de cette flore arbo- 
rescente spéciale qu'on nomme la mangrove. Madagascar 
exporte annuellement 40 à 50 mille tonnes d'écorces tan- 


nantes. 
404. Tronc jeune d'Avicennia officinalis. — Verhénacées. 


L’Avicennia officinalis est un autre arbre de la mangroye, 
mais dont l'écorce n'offre pas pour la tannerie l'intérêt des 
écorces de palétuvier. 


105. Feuilles d'indigotier. — Zéqumineuses. 


IL y a à Madagascar de nombreuses espèces sauvages 
d'Indigofera, mais on trouve en outre dans beaucoup de 
régions, à l’état subspontané ou cultivé, l’Zndigofera tinc- 
toria et l'Indigofera Anil. L'Indigofera tinctoria, importé 
de l'Inde, à été cultivé jadis par Laborde dans l'Imerina. 
C’est une culture qui est aujourd’hui à peu près abandonnée. 
Avant l'introduction de l'espèce indienne, l'espèce indigène 
employée par les Malgaches était surtout l’Zndigofera hir- 
suta. On sait que dans l'Indé, comme à Java, le principal 
indigo actuel devient l’Zndigofera arrecta du Cap. 


_ (Drake del Castillo : Histoire naturelle des plantes. Histoire physique, 
naturelle et politique de Madagascar, par Grandidier, 1902, vol. XXX, 
EX; partie) 


406. Orseille de Nossi-Bé. — Zichens. 


L'orseille de Nossi-Bé, emplovée pour la teinture, serait 
, yeée , 


70 H. JUMELLE 


surtout, semble-t-il, le Roccella Montagnei, qu'on retrouve 
dans le Sud-Ouest et le Sud. 


107. Graines de rocou. — Pixacées. 


Ces graines proviennent de la Station d'Essais de l’Ivo- 
loina, où la plante a été introduite. Le Bixa Orellana est 
encore aujourd'hui plus ou moins cultivé aux Antilles Fran- 
çaises, à la Jamaïque et dans le Nord du Brésil. Quoique 
les couleurs d’aniline aient fortement restreint l'intérêt du 
rocou, la substance est encore usitée comme colorant par 
quelques industries, notamment pour la fabrication des fro- 
mages de Hollande et dans la préparation de certains vernis 
ou de tissus et de peaux. 


(H. Jumelle : Les cultures coloniales, vol, VIII. Baillière, Paris, 1916.) 


XIV. — PLANTES DIVERSES 


421, Fruits de Pandanus sp. — Pandanacées. 

422. Graines de Pandanus sylvestris. — Pandanacées. 

123. Casuarina equisetifolia, ou filao. — Casuarinacées. 
124, Bois de Solanum erythracanthum. — Solanacées. 


125. Fruits et écorces de landemy, ou Anthocleista rhizo- 
phoroides. —— Loganiacées. 


426. Inflorescence de Buddleia madagascariensis. — Zoga 
niacées. 


497. Fruits de Mussaenda arcuata. — /iubiacées. 


128. Rameaux et fruits d'Homalium scleroxylon. — Bixa- 


cees. 


| #4F3sË - Êr NE 


MADAGASCAR ET COMORES 71 
429. Fruits de Barringtonia racemosa. — Myrfacées. 
430. Écorces de Phylloxylum ensifolium. — Zéqumineuses. 


431. Écorces de Samadera madagascariensis. — Simaru- 
bacées. 


432. Fruits d'Omphalea biglandulosa. — Æuphorbiacées. 
433. Fruits d'Elaeocarpus sericeus. — 7'iliacées. 
134. Fruits d'Elaeocarpus quercifolius. — Tiliacées. 


435. Fruits de Carpodiptera Boivini. — Tiliacées. 


INDEX DES COLLECTIONS BOTANIQUES 
DE MADAGASCAR ! 


A 


Abaca, 234. 
Ababa, 272,312. 
Acajou, 272. 
Acajou à pomme, 22, 312. 
Adabo, 341. 
Adansontia alba, 196. 
— Bozy, 194. 
— digitata, 200. 
— Fony, 197. 
— Grandidierti, 20,198, 


199. 
— madagascariensis, 
192, 
— rubrostipa, 195. 
— Za, 193. 
Aframomum angustifolium, 
113. 
Agalophyllum aromalicum, 
MIE: 


Agave rigida, 233. 

Ahibano, 248. 

Albizzia Lehhek, 313. 

Aloës, 298 et 228 bis. 

Amoora Rohiluka, 203. 

Ampelosicyos scandens, 201. 

Anacardium occidentale, 22, 
Si: 

Ananas, 90. 

Ananassa saliva, 50. 

Anona squamosa, 52. 

Anthocleista  rhizophoroides, 
495. 


Anthofles, 106. 

Aphloia theaeformis, 144. 
Aponogelon Guillotit, 11. 
Arrow-root, 9, 10. 
Arlocarpus integrifolia, 53. 
Ariabo 355-357. 
Arundinella  slipoides, 254. 
Avicennia officinalis, 404. 
Avocat, 1. 

Ayapana, 131, 299. 


B 


Babo, 383. 

Banane, 13. 

Banty, 241. 

Baobabs, 20,192-200. 

Barabanja, 359-362. 

Barbadine, 48. 

Barringlonia racemosa, 4929. 

Beccariophoenix madagasca- 
riensis, 244. 

Betatatra, 166, 321, 322. 

Bixa Orellana, 407. 

Bokabe, 224, 371-373. 

Bokalahy, 224, 371-373. 

Bois noir, 313. 

Bonara, 313. 

Bontaka, 232. 

Bourao, 236. 

Bozaka, 254. 

Brochoneura Dardaint, 187. 

— Freneei, 189-191. 
sp., 188. 


4. Les numéros indiqués sont ceux du Catalogue. 


_- 


H. 


83-186. 
madagascariensis, 


Brochoneura Vouri, 1 
Buddleia 
426. 


Bun-ochra, 229, 


C 


Cacao, 88, 89. 
Cafés, 81-87. 
Café nègre, 132. 
Calophyllum Inophyllum, 175, 
176. 
laxiflorum , 
402, 
parviflorum, 
389: 
T'acamahaca, 177- 
179: 
Canarium Boivini, 


334 


180, 


DO 
madagascariense, 
332. 
mu lliflorum, 
02. 
pulchro-bracteatum, 
392: 
obtusifolium, 
Cannelle, 112 
Capsicum sp., 101. 
Carica Papaya, 46. 
Carpodiplera Boivini, 
:Carrapicho, 229. 
Caryophyllus aromaticus, 104- 
106. 
Cassta occidentalis, 131. 
Casuarina equisetifoliæ, 423. 
Cedrelopsis Grevei, 135-137. 
Ceuba pentandra, 204, 223. 
Chrysalidocarpus mananjaren- 
sis, 243. 
sp., 208. 


33 0 


332. 


435. 


JUMELLE 


Cinnamomum sp., 


112; 


Cinnamosma fragrans, 133. 


Citrus Aurantium, 


Citror 


42. 
41. 
43. 


decumana, 
Limonum, 


1, 43. 


Coprs canephora, 83, 84. 


Cola 


congensis, 85. 
liberica, 81, 82. 
Perriert, 87. 
sp., 86. 


nilida, 138. 


Coton, 221. 
Coton de Géorgie, 222. 


Crin végétal, 
Cryptosteqia 


' D9DE 


238. 
grandiflora, 368. 


madagascariensts, 


225,:250,:309:4910: 
Curcuma longa, 114, 115. 
Cynanchum Messert, 205. 
Cyperus alternifolius, 253. 


Dalbe 


imerinensis, 291. 
latifolius, 252. 
madagascartiensis, 251. 
nudicaulis, 248. 


D 


rqta boinensis, 273. 


Dalberqia 1kopensis, 274. 


Dara, 


Perrieri, 21378010 


239. 


Diloheia Thouarsti, 167, 168. 


Diospyros Perriert, 


27Le 


Dioscorea sp., 12. 


Dolie, 


24. 


Dolichos Lablab, 24. 


E 


Ebène, 271. 


MADAGASCAR ET 


Elaeis madagascariensis, 169. 
Elaeocarpus quercifolius, 434. 
— sericeus, 433. 
Eleocharis sp, 255. 
Entada scandens, 25. 


Erythrophloeum  Couminga, 
148, 275, 327. 
Erythroxzylum laurifolium, 


134. 

Eucalyptus globulus, 293. 
Eugenia sp., 149. 
Eupalorium Ayapana, 131. 
Euphorbia Inlisy, 376, 377. 

— Laro, 339. 

— Pirahazo, 378. 

Z- stenoclada, 207. 


— æylophylloides, 206. 


F 


Famata, 339. 

Fandramanana, 144. 

Fedegosa, 132. 

Fiamy, 340. 

Ficus Sakalavarum, 341. 

Filao, 423. 

Fingibahea, 380. 

Flacourlia Ramontchi, 68. 

Fony, 197. 

Fourcroya 
228 bus. 


gigantea, 228, 


G 


Genipa Rulenberqiana, 328. 
Girofle, 104-106. 

Gluta Turtur, 277. 
Gonocrypla Grever, 367. 
Gossypium sp. 221, 222, 


COMORES 19 


Goyave, 45. 

Gidroa, 359-362. 
Gidroafotsy, 383. 
Gidroandrano, 359-362, 364. 
Gidroanosy, 363, 364. 


H 


94. 


Haravola, 2 
Harefo, 255 
Haricot du Cap, 23. 

Haronga, 336. 

Haronga madagascartiensis, 336. 
Hazina, 172. 
Hazomalanga, 
Hazomainty, 271. 
Hazomeéna, 272, 311. 
Hazondrano des bas, 383. 
Hazongia, 319. 

Herana, 292. 

Herotrahazo, 383. 

Herotravahy, 380. 

Homalium scleroxylon, 428. 
Hordeum vulqare, 20. 
Hydnora esculenta, 54. 
Hyphaene Shalan, 67, 240, 241. 


I 


Igname, 12. 
Imbricaria coriacea, 402. 
Indigofera Anil, 405. 
—— hirsuta, 405. 
— tincloria, 403. 
Intisy, 376, 377. 


Isatra201. 
J 


Jatropha Curcas, 161, 162, 
—  maha/falensis, 
9219322; 


166, 


70 H. 


Jacquier, 53. 


Kabaro, 23. 

Kabija, 6. 

Kaboka, 226. 

Kalanchoe Grandidierti, 335. 

Kapok, 204, 223. 

Karipedahy, 328. 

Katafa, 137: 

Katrafay, 137. 

Khaya madagascariensis, 272, 
À M Le 

Kily, 70, 314, 315. 

Kimanga, 139, 148, 275. 

Kirijy, 229. 

Kirondro, 146, 147. 

Kisompa, 139. 

Kita, 139. 

Kiltsongo, 150. 

Kizalahy, 171. 

Kizavavy, 170. 

Kola, 138. 

Kominga, 139, 148, 275, 327. 

Kompitso, 367. 

Ksopo, 139. 


L 


Labourdonaisia madagascarien- 
sis, 402, 
Labramia Bojeri, 402. 
== coriacea, 402. 
Lafa, 243. 
Lamy, 205. 
Landemy, 425. 
Landolphia Boivini, 358. 
_ corlicata, 380. 


JUMELLE 


Landolphia madagascariensis, 
381. 
— Mamolava, 382. 
= Mandrianambo, 379 
380. 
— Perrieri, 351-354. 
— sphaerocarpa, 355 
7913 
Langalora, 365, 366. 
Latanier, 1, 2, 242, 
Laurus Sassafras, 151. 
Lepironia mucronala, 249. 
Letchi, 49. 
Lombiro, 225, 230, 368-370. 
Longoza, 113. 
Lopingo, 271. 
Lot goi, 203. 


M 


Madiro, 70, 314, 315. 
Mafotra, 191. 
Mahabiba, 272, 3192. 
Mahampy, 249. 
Mamolava, 381, 382. 
Manaramalemy, 246. 
Manarambato, 247. 
Manaramena, 247. 
Manarana, 244. 
Manarampotsy, 245. 
Manary, 274. 
Mandrianambo, 380. 
Mangarahara, 317, 318. 
Mangarana, 257. 
Mangibo, 231. 
Mangifera indica, 47. 
Mangoka, 231. 
Mangue, 47. 
Manihol utilissima, 3, 4, 5, 69 
Mantilkara costala, 384. 
Manioc, 3, 4, 5, 69. 


MADAGASCAR ET COMORES KT 


Manipika, 273, 337. 
Mankaleo, 167, 168. 
Marantla arundinacea, 9, 10. 
Marotampona, 149. | 
Marsdenia verrucosa, 224, 371- 
373. 
Mascarenhasia arborescens, 359- 
362. 
—  _ coriacea, 383. 
—- listanthiflora,363, 
304. 

M'hentamaré, 132. 
Medemia nobilis, 1, 2, 242. 
Menabea venenala, 139. 
Menthe (essence), 294. 
Mimusops Chapeliert, 402. 

— coslala, 384. 

si Commersonti, 

=? T'houarsti, 402. 
Mongy, 339. 
Molotrandrongo, 187. 
Molotsandrongo, 187. 
Morandra, 164. 
Mucuna ulilis, 26, 27. 
Musa paradisiaca, 13 bis. 
Muscade, 107, 108. 
Mussaenda arcuala, 427. 
Myrislica fragrans, 107, 108. 


402. 


N 


Nato, 342, 401. 

Natolahy, 401. 
Natondriaka, 401. 

Ndilo, 176. 

Neodypsis lanalensis, 213. 
Nephelium Litchi, 49. 


[e) 


Ocimum canum, 295, 296. 


Ola-boay, 329. 

Omphalea biglandulosa, 432. 
Ophiocaulon firingalavense,329. 
Opuntia sp., 66. 

Orange, 42. 

Orchipeda Thouarsii, 226. 
Orge, 20. 

Oryza saliva, 19. 

Orseille, 406. 

Ovirandra, 11. 


P 


Pachypodium Rutenbergianum, 
Dr Ps 

Paka, 229. 

Palétuvier, 403. 

Palissandre, 273. 

Palmiste, 169. 

Pamplemousse, 41. 

Panang, 176. 

Pandanus sp., 421. 

Pandanus sylvestris, 422, 

Papaye, 46, 65. 

Parilium liliaceum, 236. 

Passiflora quadrangularis, 48. 

Patchouli, 300. 

Patta appele, 229. 

Pelea madagascarica, 291. 

Penjy, 249. 

Pentadesma bulyracea, 205. 

Perriera madagascariensis, 146, 
147. 

Persea gralissima, 51. 

Phaseolus lunalus, 23. 

Phoenix reclinata, 239. 

Phylloxylum ensifolium, 430. 

Pignon d'Inde, 161, 162, 

Piments, 101. 


_ 


| 
(D 


Piper lonqum, 103. 

—  nigrum, 102. 
Pirahazo, 378, 
Piralahy, 351-354. 
Piravaovao, 374, 375. 
Plectaneta elastica, 374, 375. 
Pois du Cap, 23. 

Pois Mascate, 26, 27. 
=="moir, 26, 27, 
Poivre noir, 102. 

— long, 103. 
Pomme-cannelle, 52. 
Prunier malgache, 68. 
Psidium Guayava, 45. 
Pulghère, 161, 162. 


Q 


Quisqualis indica, 182. 
= madaqgascariensis, 
181. 


R 


Raina, 203. 

Rambo, 249. 

Ramy, 330-332. 

Ramy fotsy, 332. 

Ramy mainty, 332. 

Raphia Ruffia, 163-165, 237, 
237 his. 

Ravenala madagascariensis, 16. 

Rarabé, 186. 

Ravensara aromatica, 109-111. 

Ravinala, 16. 

Rehea, 351-354. 

Reiïabo, 355-357. 

Reniala, 199, 

Rhizophora Mangle, 403. 


— mucronala, 323. 


1. JUMELLE 


Ringy, 195. 

Riz, 19. 

Robanga, 381, 382. 
Bioccella Montagnei, 406. 
Rocou, 407. 

Rotra, 149. 

Rourea ortentalis, 150. 


S 


Saccharum officinarum, 61, 62, 
63. 

Safran de l'Inde, 114, 115. 

Sakoa, 316. 

Samadera 
431. 

Sambiky, 209, 210. 

Sansevière, 239. 

Sapindus Saponarta, 202. 

Satrafotsy, 1. 

Satranabe, 1, 242, 

Satranamira, 67, 240, 241. 

Satrana viehy, 67, 240, 241. 

Sauge (essence), 297. 

Savon de sambiky, 209, 210. 

Sclerocarya Caffra, 316. 

Secamonopsis  madagascarten- 
sis, 365, 366. 

Sefo, 200, 322. 

Sideroxylon 
342. 

Sisal 233; 

Solanum erythracanthum, 424. 

Sporobolus indicus, 250. 

Sterculia foetida, 173-174. 

Slereospermum  euphorioides, 
317,918 

Sucre, 61, 62, 63. 


madagascartensis, 


rubrocostalum, 


.Symphonia fasciculata, 172. 


= laevis, 171. 
— Louveli, 170. 


(FAR E 
4 4 


MADAGASCAR ET COMORES 19 


Æ 


T'acca pinnatifida, 6. 
SET TRACE 

Talandoha, 381, 382. 

Talio, 320. 

Tama, 204. 

T'amarindus 
mt 

Tamarinier, 70, 314, 315. 

Tamenaka, 181. 

Tandroroho, 324-326. 

Tanghin, 139-143. 

Tanghinia venenifera, 140-143. 

Taratra, 239. 

Taratsy, 239. 

Tavolo, 6-8. 

Teck, 278. 

T'ectona grandis, 278. 

Telorirana, 256. 

.Terminalia, 320. 

Fhé, 90, 91. 

T'hea viridis, 90, 91. 

Theobroma Cacao, 88, 89. 

Toaka, 61. 

Tolongoala, 291. 

Torotoro, 277. 

Toxocarpus lomentosus, 227. 

Trachylobiumverrucosum, 324- 
326. 

Tsiana, 250. 

Tsikilenjy, 229. 

Tsimatimanonta, 338. 

Tsimatimia Pervillei, 338. 

Tsindrodrotra, 250. 

Tsingilo, 169. 


Épe à TA 


indica, 70 


T'yphonodorum madagasca- 
riense, 14, 15, 231. 
U 


Urena lobata, 229. 


V 


Vaheabe, 25. 

Vaheakarabo, 25. 

Vahealahy, 351-354. 

Vahimainty, 365-366. 

Vahivanda, 374, 375. 

Vangasay, 44, 

Vanilla Phalaenopsis, 119, 120. 
—  planifolia, 116-118. 

Vanille, 116-118. 

Vary, 19. 

Vatodinga, 384. 

Vavarotra, 149. 

Verveine essence), 298. 

Viha, 14, 15, 231. 

Vindaz953;: 

Vintanina, 180. 

Vivaona, 167, 168. 

Voalotsy, 144. 

Voahena, 351-354, 380. 

Voandzeia subterranea, 21 

Voanjo, 21. 

Voan-karabo, 25. 

Voanono, 201. 

Voampiso, 164. 

Voansifitra, 227, 

Voantany, 94. 

Vonitra Thouarsiana, 238. 

Vontaka, 232. 

Vory, 186. 


Las 198: 
Zamena, 195. 
Zozoro, 251. 


RÉUNION 


RUN BE ÆENTESS FÉCULENTES 


1. Moelle féculente de Cyathea excelsa. — Fougères. 


La moelle de diverses Fougères arborescentes est riche 
en fécule, que les indigènes de certains pays extraient 
parfois, en cas de besoin. 


. Amidon des graines de Cycas circinalis. — Cycadacées. 


Le Cycas circinalis, comme plusieurs autres espèces du 
genre, est à moelle très amylacée. La fécule extraite de cette 
moelle est un faux sagou et peut être utilisée comme le 
vrai sagou des Metrorylon de Malaisie. Mais les graines, en 
outre, sont riches également en amidon, et M. Pothier 
autrefois, à la Réunion, a proposé l'extraction de cet amidon, 
qui pourrait être employé comme la fécule du tronc. Cette 
extraction aurait sur celle de la fécule l'avantage de per- 
mettre la conservation de l'arbre. M. Pothier a calculé 
qu'un Cycas femelle peut rapporter annuellement 550 
graines environ; et l'amande, qui pèse à peu près 25 
grammes, donne 22°/, d'un amidon qui, d’après les chimistes 
Chatel et Lapeyrère, serait de première qualité. Le Cycas 
circinalis, qu'on trouve ça et là à la Réunion, surtout dans 
les localités humides, y a été introduit. 


. Amidon des graines de Dioon edule. — Cycadacées. 


Cette Cycadacée est originaire du Mexique, où on extrait 
parfois l’amidon de ses graines. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4* vol. 1916. 6 


82 H. JUMELLE 


4. Feuilles carpellaires fraîches de Cycas revoluta. — Cyca- 
dacées. 


(21 


. Feuilles carpellaires sèches de Cycas revoluta. 


6. Graines de Cycas revoluta. 


Le Cycas revoluta est du Japon. Les graines pourraient 
fournir de l’amidon comme celles du Cycas circinalis. 


7. Fécule de Manihot utilissima. — Æuphorhiacées. 
8. Tapioca de manioc en grumeaux. 
9. Tapioca petits grains. 


10. Racine de Manihot utilissima. 


La Réunion exporte annuellement un peu plus de 2 mil- 
lions de kilos de tapioca et un demi-million de kilos de 
fécule de manioc. Les féculeries de la colonie possèdent 
aujourd'hui un outillage très perfectionné. 


(H. Jacob de Cordemoy : Etude sur l'ile de la Réunion. Annales du 
Musée Colonial de Marseille, 1904.) 


41. Arrow-root de Maranta arundinacea. — Cannacées. 


C'est l'arrow-root de la Barbade, et, par conséquent, le 
véritable arrow-root. Il ne donne lieu à aucun commerce 
à la Réumon. 


12. Bulbilles de Discorea Hoffa. — Droscoréacées. 


Le Dioscorea Ho/ffa, ou hoffe noire, ou hoffe marronne, est 
la seule espèce de Dioscorea indigène à la Réunion. Ses 
grosses bulbilles, aux aisselles des feuilles, rappellent celles 
du Dioscorea sativa. Elles ne sont pas toxiques et sont 
consommées couramment par les indigènes. Fraïîches, elles 
contiennent, d’après les analyses de M. Schlagdenhauffen, 
6,4 °/, de fécule et 4°/, d'albuminoïdes, et elles seraient 


RÉUNION 83 


donc plus riches en ces deux principes que les bulbilles 
de Dioscorea sativa. Elles contiennent, en outre, 0,141°/, 
d'un mucilage qui n'a pas été signalé dans l’autre espèce. 


19. Maïs. — Graminées. 


Le maïs peut être cultivé à la Réunion depuis le littoral 
jusqu'aux altitudes moyennes; mais il est surtout destiné à 
la nourriture des animaux, et il entre fort peu dans l’ali- 
mentation de la population indigène, qui préfère de beau- 
coup le riz. 


\ 


(H, Jacob de Cordemoy : Loc, cit.) 


HA ALEGUMES 


21. Fruits de Psophocarpus tetragonolobus. — Zéguimi- 
neuses. 


Originaire probablement de l'Inde, le pois carré est cul- 
tivé à la Réunion. On consomme les gousses comme des 
haricots verts, lorsqu'elles ont atteint la moitié de leur 
développement. Les graines sont aussi comestibles, mais 
sont de cuisson difficile lorsqu'elles sont sèches. 


(De Sornay : Etude sur les Léqumineuses. Slation agronomique de 
Maurice, bulletin n° 24, 1910.) 


22. Graines de Cajanus indicus. — /“qumineuses. 
23. Rameaux et feuilles de Cajanus indicus. 


L'ambrevade, ou cytise de l'Inde, est sans doute encore 
originaire de l'Inde, mais a été connu de tout temps à la 
Réunion et à Madagascar. C'est un arbuste vivace. Ses 
graines encore vertes peuvent servir à l'alimentation de 
l’homme. Elles servent aussi à la nourriture des animaux. 


S4 H. JUMELLE 


Elles contiennent, d'après des analyses faites à l'Imperial 
Institute de Londres sur une sorte du Soudan : 


LAURE MMS EE 1,490 
Substances azotées... 20,11 
Substances grasses... 1,66 
AALCION ES PR N ’, 60,58 
CEUIOBE Sen ee 6,21 
Gendres 26528. 20 3,95 


Elles contiendraient un principe actif stimulant. Les 
feuilles fraiches écrasées avec un peu de sel sont employées 
contre les maux de dents et les petits abcès des gencives: 
leur décoction chaude produit les mêmes elfets. 


(De Sornay : loc. cil. — P. Advisse-Desruisseaux : Quelques pro- 
priétés médicinales de l'ambrevade, L'Agricullure pratique des pays 
chauds, juillet 1913. Challamel éditeur. — IH. Jumelle: Les cultures 


coloniales ; fase. IT. Baillière éditeur, Paris.) 
24. Pois Mascate blanc. — /équmineuses. 
25. Pois Mascate noir. 


Le Mucuna utilis a déja été cité, comme le Cajanus indicus, 
dans le Catalogue de Madagascar. Les graines sont souvent 
employées pour l’alimentation du bétail, mais doivent être 
mélangées avec des substances moins riches. La plante est 
très cultivée comme plante améliorante. 


(De Sornay : loc. cit.) 


26. Pois-manioc. — Zéqumineuses. 


Le pois-manioc,ou pois cochon, est le Pachyrhizus anqu- 
latus, ou Dolichos bulbosus, originaire d'Océanie et cultivé 
en beaucoup de pays chauds. Les graines ne sont pas ali- 
mentaires et sont peut-être même dangereuses, mais, en 
diverses contrées, les tubercules jeunes et non encore trop 
fibreux sont consommés par les indigènes. Ce sont les cam- 
bares chinois de Maurice. C'est d'ailleurs un médiocre ali- 


RÉUNION 85 


ment, de cuisson difficile. La composition est la suivante 
d'après M. Bonâme : 


DETTE AVES ENT 84,50 0/, 
Substances minérales. 0,56 
Gélluisse Reese 0,78 
Matières grasses ..... 0,08 
Matières sucrées ..... 5,03 
Matières non azotées.. 7,40 
Matières azotées...... 1,65 


Pour l'alimentation du bétail, ces tuberéules peuvent être 
récoltés plus tard que pour la nourriture de l’homme. La 
plante est de grand rendement. 


27. Pois-dragée. — Zéqumineuses. 


Le pois-dragée est une variété à graines blanches et ordi- 
nairement inoffensives du Phaseolus lunatus, auquel appar- 
tient aussi le pois du Cap (Phaseolus inamoenus) de Mada- 
gascar, déjà cité dans le Catalogue de cette autre colonie. 

Les graines mûres du pois-dragée contiennent, d'après 
M. Bonàäme : 


Orne Le en ue 11,100), 
Gendrés vtr 3,10 
Gellaloser: 1221210 6,25 
Matières grasses..... 0,94 
Matières non azotées, 53,29 
Matières azotées .... 24,12 


Même pour l'alimentation du bétail il est toujours pru- 
dent de faire euire ces graines. 


‘De Sornay : loc. cit.) 


28. Ambériques. — /cqumineuses. 


L'ambérique, déjà citée dans le Catalogue de Madagascar, 
serait peut-être le Phaseolus helvolus. La graine, d'après 
M. de Sornay, a un goût sauvage très prononcé, et sert sur- 


PANNES 
‘ * 


86 H. JUMELLE 


tout à Maurice à l'alimentation de la basse classe. Sa com- 
position est la suivante d'après M. Bonâme : 


PEU NP Ad LU 11,63 °) 
Matières minérales... 2.27 
Gelllose ss MOSS 5,05 
Matières grasses, .., 0,75 
Matières sucrées ..., 7,80 
Matières non azotées, 47,75 
Matières azotées ,,... 23,15 


L'ambérique. jaune, lorsqu'elle croît dans de bonnes con- 
ditions, donne une forte récolte de matière verte. 


(De Sornay : loc. cit.) 
29. Antaques. — Zéqumineuses, 


L'antaque est le Dolichos Lablab, sans doute originaire 
de l'Inde, mais très cultivé aujourd'hui dans beaucoup de 
1 
pays chauds. On consomme les graines, qui sont de cou- 
leur variable, et les gousses jeunes. 


30 à 37. Variétés diverses du haricot ordinaire. — Zéqumi- 
rneuses. 


Ces diverses variétés du haricot ordinaire, ou Phaseolus 
vulgaris (mange-tout, haricot-bœuf, haricot blanc Bour- 
bon, haricot noir, rouge, Soissons, haricot Perdrix, haricot 
sang de bœuf) sont cultivées, à la Réunion, dans la 
zone d'altitude moyenne et à climat tempéré, comprise 
entre 800 et 2.000 mètres. 


(H. Jacob de Cordemoy : Etude sur l'ile de la Réunion. Annales du 
Musée Colonial de Marseille, 1904.) 


38. Lentilles vertes. — Zéqumineuses. 


39. Lentilles de Cilaos. 


La lentille, ou Ærvum Lens, est cultivée à la Réunion dans 
la même région que le haricot ordinaire, 


D 4 


RÉUNION 87 


40. Graines de Trichosanthes Anguina. — Cucurbitacées. 


Le Trichosanthes Anguina est le patole de la Réunion. On 
mange les fruits jeunes, lorsqu'ils ont de 15 à 20 jours. 


(H. Jumelle : loc. cit.) 


{ 


DÉS UCRES =CAFÉS.-  CACGAOS 


. Sucre ordinaire. — Graminees. 
. Cassonade. 

Sucre 1er jet. 

. Sucre 2e jet. 

. Sucre 3e jet. 


L'industrie sucrière reste toujours la grande industrie de 
la Réunion, qui exporte normalement 40.000 à 50,000 tonnes 
de sucre, lorsque les conditions climatiques et économiques 
sont favorables. La culture de la canne à sucre ne dépasse 
guère, d’ailleurs, à la Réunion une certaine altitude. Dans la 
Partie du Vent, ou mieux dans toute la partie humide et la 
plus fraiche de l'ile, elle ne s'élève pas au-dessus de 
400 mètres : dans la région Nord-Ouest, au contraire, où la 
chaleur est plus forte et la sécheresse habituelle sur le litto- 
ral, elle croît jusqu'à 1.000 à 1.200 mètres. 


H. Jacob de Cordemoy : Etude sur l'ile de la Réunion. Annales du 


Musée Colonial de Marseille, 1904.) 


. Café Bourbon. — /{uhiacées. 
. Café d'Aden. 


. Café en grains. 


88 H. JUMELLE 
59. Café du pays, ou café rond. 

60. Café Leroy, ou café pointu. 

61. Coque des fruits de caféier. 

62. Fleurs et fruits de Coffea arabica 
63. Fleurs sèches de Coffea arabica. 


64. Feuilles de Coffea arabica. 


La culture du ca/féier d'Arabie a été jadis une des grandes 
sources de revenu de la Réunion, qui cultivait surtout 
deux variétés : le café du pays, ou café rond, à graine 
ovale, avec extrémités arrondies, et le café Leroy, ou café 
pointu, à graine plus allongée, avec extrémités aiguës. Le 
cauféier d'Arabie croît, à la Réunion, aussi bien dans la zone 
basse que jusqu'à 1.000 à 1.100 mètres. Mais l’Hemileia 
vastatrir à considérablement réduit cette culture. 


(H. Jacob de Cordemoy : Loc. cit.) 
65. Café en coques de Cofîfea liberica. — ARubiacées. 
66. Café hybride de Coffea arabico-liberica. 


C'est la disparition partielle du caféier d'Arabie, à la suite 
des attaques de l’Hemileia vaslatrir, qui a amené les plan- 
teurs de Bourbon à introduire dans l'île la culture du 
caféier de Liberia. 


67. Café marron en grains. — Aiubiacées. 


Le caféier marron est le Coffea mauriliana, très commun 
dans les forêts de l'ile, entre 200 et 1.200 mètres d'altitude. 
Les graines servent aux mêmes usages que celles du 
caféier d'Arabie, auxquelles on les mélange parfois, mais 
les effets physiologiques en sont plus prononcés. 


(H. Jacob de Cordemoy : Flore de l'ile de la Réunion. 4895.) 


RÉUNION 89 


68. Café du Kouïlou. 


Le Coffea canephora n'est jusqu'alors cultivé que très 
exceptionnellement à la Réunion. 


69. Fruits de cacaoyer. — S'erculiacées. 
10. Fleurs et fruits de cacaoyer. 

71. Graines torréfiées de cacao. 

12. Coque des fruits de Theobroma Cacao. 
13. Extrait sec des coques de cacao. 

14 Beurre de cacao. 


Le cacaoyer a été jadis beaucoup cultivé dans la zone 
littorale de l'ile, mais sa cullure a été peu à peu abandonnée 
et il n'y a plus, depuis longtemps, aucune exportation de 
cacao de la Réunion. É 


IV. — CONDIMENTS ET AROMATES 


81. Vanille de première qualité. — Orchidacées. 


82. Fruits de vanille dans l'alcool. 


La culture de la vanille est, après celle de la canne à 
sucre, la culture la plus importante de la Réunion. La 
vanille de Bourbon a toujours été hautement estimée. Le 
tuteur aujourd'hui préféré par les planteurs de la 
colonie est le vaquois, où Pandanus utilis, aux racines 
aériennes duquel la base se fixe solidement. Les exporta- 
ions annuelles sont de 50.000 à 60.000 kilos, représentant 
un peu plus d'un million et demi de francs. 


(H. Jacob de Cordemoy : loc, cit.) 


90 H, JUMELLE 
S3. Feuilles d'Angraecum fragrans. — Orchidacées. 


84. Fleurs d'Angraecum fragrans. 


L'Angraecum fragrans est le faham de la Réunion, où il 
vit en épiphyte sur les arbres des forêts. La plante exhale 
un parfum agréable de coumarine. Ses feuilles, qui consti- 
tuent le {hé de Bourbon, sont employées en infusion théi- 
forme. 


(E. Jacob de Cordemoy : loc. cit.) 
85. Clous de girofle. — Myrtacées. 


La culture du giroflier est aujourd'hui délaissée à la 
Réunion. L'espèce est devenue subspontanée, 


86. Fruits de Myristica fragrans. — Myristicacées. 


S7. Fruits de Myristica fragrans. 


Le ynuscadier, devenu subspontané au voisinage des 
plantations, dans les localités humides de la Partie du Vent, 
est aujourd'hui délaissé comme le giroflier. 


88-89, Noix de Ravensara aromatica. — Lauracées. 


90. Feuilles de Ravensara aromatica. 


Le ravensara, apporté de Madagascar, est devenu sub- 
spontané à la Réunion, mais sans se naturaliser. La graine 
est très usitée dans l’île comme épice ; les feuilles sont aussi 
employées comme celles de notre laurier. 


91. Rhizomes de Curcuma longa. — Zingibéracées. 


Le Curcuma longa, que nous avons déjà signalé à Mada- 
gascar, et qui est aussi appelé safran à la Réunion, est 
cultivé ou subspontané, 


92. Feuilles de Pimenta acris. — Myrtacées. 


RÉUNION 91 


Le Pimenta acris, du Centre-Amérique et des Antilles, 
est encore cultivé ou subspontané à la Réunion. Ses feuilles 
sont employées dans l'art culinaire comme celles de notre 
laurier. L'essence est riche en eugénol. 


93-94. Écorces de cannelle. — Zauracées. 


Le Cinnamomum zeylanicum, ou cannelier de Ceylan, et 
d'autres espèces de Cinnamomum, ont été introduits à la 
Réunion dans les mêmes conditions que les plantes précé- 
dentes. 


95. Gros piments. — Solanacées. 


Diverses espèces de Capsicum sont cultivées à la Réunion. 
Le Capsicum minimum, où piment enragé, est même sub- 
spontané. 


V. — PLANTES MÉDICINALES 
ET TOXIQUES 
Nous mentionnons seulement la plupart de ces plantes, 
qui n'ont qu'intérêt local et dont les propriétés sont indi- 


quées dans la Flore de la Réunion de M. E. Jacob de 
Cordemoy. 


101. Polypodium lanceolatum. — Fougères. 

102. Racines de Cynodon Dactylon. — Graminées, 
103. Feuilles d'Andropogon elegans. — Graminées. 
104, Racines de Smilax anceps. — Ziliacées. 

105. Racines d'Obetia ficifolia. — l’rticacées. 


106. Bois et rameaux de Maillardia borbonica. — WMorées. 


92 H. JUMELLE 
107. Écorces de Trema Commersonii. — Celtidacées. 


108. Charbon de bois de Trema Commersonii. 


Ce charbon en poudre est utilisé comme la poudre de 


charbon du Codex. 
109. Rameaux et feuilles de Piper borboneuse. — Pipéracées. 


110. Feuilles de Chenopodium ambrosioides. — Chénopo- 


diacees. 


Le Chenopodium ambrosioides, espèce cosmopolite, est 
le thé du Mexique, qu'on prend, en effet, en infusion théi- 
forme. 


111. Feuilles de Clematis ee — Renonculacées. 
112. Pâte de feuilles de Clematis mauritiana. 

113. Fruits et galles de Clematis mauritiana. 

114. Feuilles d'Anona muricata. — Anonacées. 

115. Pâte des feuilles d'Anona muricata. 

116. Racines de Triumfetta glandulosa. — Tiliacées. 
117. Fruits de Guazuma tomentosa. — Sferculiacées. 
118. Pulpe d'Adansonia digitata. — WMalvacées. 

119. Graines d'Adansonia digitata. 

120. Écorces d'Adansonia digitata. 


Le hbaobab est cultivé et se reproduit spontanément dans 
quelques localités de la Réunion. L'écorce et les feuilles 
servent à préparer des décoctions émollientes. La pulpe 
donne une boisson acidulée: tamisée, c'est la ferre de 


RÉUNION 93 


Lemnos des anciens médecins, qu'on emploie délayée dans 
de l’eau contre les hémoptysies et la dysenterie. 


(E. Jacob de Cordemoy : Flore de la Réunion, 1895.) 


121. 


Fleurs d'Hypericum lanceolatum. — Æypéricacces. 


. Feuilles d Hypericum angustifolium. 

. Euphorbia pilulifera. — Æuphorbiacées. 
. Euphorbia indica. — Æuphorbiacees. 

. Latex de Carica Papaya. — Biracées. 

. Fleurs de Carica Papaya. 


. Racine de Carica Papaya. 


Toutes les parties du papayer contiennent un latex dont 


le principé actif, la papaïne, dédouble à la façon de la 
pepsine les albuminoïdes. 


128. 


Le latex de papayer contient, d'après Peckolt : 


LD Re PR ER RTS LE 14,974 
Substance analogue au caoutchouc. . 4,929 
CAISSE CIFOHR ON NE RAP res 2,494 
Résme-hlonde pete eee L 0,110 
RÉSDE DEURERr RP LT ee 2,116 
Substances albuminoïdes ..,........ 0,006 
Papayotine (papaïne de Wurtz) ,.... 1,059 
Mabières exiraCtrvest 7008 Ant dus 5,303 
Reidemalique ts 7, 20 ne ae 0,443 
Substances pectiques ............. 7,100 


Bois et écorces d'Aphloia theaeformis. — Biracées. 
L'Aphloia (heaeformis, déjà mentionné dans le Catalogue 


de Madagascar, est un arbuste très commun à la Réunion 
dans les zones basse et moyenne. 


129. 


Feuilles de Passiflora alata. — l’assifloracces. 


Cette espèce a été appelée Passiflora mauriliana par du 


P 


S & 


H. JUMELLE 


etit-Thouars, qui la considéra comme indigène, alors qu'il 
igissait de l'espèce américaine naturalisée. Les feuilles 


seraient vomitives. 

(E. Jacob de Cordemoy: loc. eit.) 
130. Écorces de Moringa pterygosrerma. — Morinyacées. 
151. Fumaria officinalis. — umariacces. 
152. Rameaux d'Erythroxylon hypericifolium. — Zinacées. 
133. Racines et bois de Toddalia aculeata. — /?utacées. 
154. Feuilles de Triphasia trifoliata. — Æutacces. 
135. Écorces de Quivisia heterophylla. — Méliacces. 
136. Écorces de Cupania alternifolia. — Sapindacées. 
137. Tronc de Cupania alternifolia. 


138. Écorces d'Hippobromus apetalus. — Sapindacées. 
159. Feuilles de Cardiospermum Halicacabum. — Sapin- 
dacées. 


140. Écorces et racines de Caesalpinia Bonducella. — Légu- 
mineuses. 


141 


. Graines de Caesalpinia Bonducella. — Zéqumineuses. 


Cet arbuste sarmenteux de l'Inde est aujourdhui sub- 


spontané çà et là à la Réunion, comme en beaucoup d’autres 
pays chauds. Les graines, aux Indes, ont la réputation 
d'être un fébrifuge de premier ordre. Le principe actif 
serait une substance amère, la bonducine, qui, d’après Isnard, 
agirait comme la quinine, On administre la poudre de graine 
de bonduc comme cette quinine. 


142 


. Gousses de Tamarindus indica. — Léqumineuses. 


(Je 
[+4 


RÉUNION 
143. Écorces de Tamarindus indica. 


Le famarinier, indigène en Afrique tropicale, est depuis 
longtemps naturalisé à la Réunion comme en beaucoup 
d'autres pays chauds. 


144. Graines de Cassia occidentalis. — Zéyumineuses. 


Le Cassia occidentalis est le gros indigo sauvage de la 
Réunion, où il est très commun dans la zone basse. 


145. Graines d'Abrus precatorius. —— Zéqumineuses. 


146. Racines d'Abrus precatorius. 


Le jéquirity, qui est la réglisse marronne de la Réunion, 
est surtout commun dans les localités sèches de l'ile. 


147. Teramnus labialis. — Zéqumineuses. 


148. Graines de Tephrosia candida. — Zéqumineuses. 


Ces graines de l’indigo blanc sont vénéneuses. 
149. Rameaux d'Elaeodendron orientale. — Célastracées. 


150. Écorces des tiges de Terminalia Benzoin. — Combre- 
lacées. 


Le Terminalia Benzoin Lan. f. est le Terminalia mauri- 

liana Lamk. Son écorce, riche en tannin, comme celle de la 
? 
plupart des autres badamiers, laisse exsuder, d’après M. E. 
Jacob de Cordemoy, une résine qui rappelle le bentoin. 
Y; Ï J 
M. Magenc n'a pas trouvé dans la plante de canaux sécré- 
8 Ï 

teurs. 


(Magenc : Les Badamiers. Annales du Musée Colonial de Marseille, 
1914.) 


151. Écorces et graines de Terminalia Catappa. — Combré- 
lacces. 


96 H. JUMELLE 


Ce badamier proprement dit, originaire de l'Inde, est 
naturalisé à la Réunion et est devenu très commun. Ses 
feuilles et ses écorces sont astringentes. L’écorce contient 
12 0/, de tannin. Le péricarpe du fruit en contiendrait 20 °/5. 
La graine, qui est comestible, renferme 50 °/, environ d’une 
huile, dite huile de badamier, qui se compose de 54 °}, 
d'oléine et 46 °/, de palmitine. 


(Magenc : loc. cit.) 
152. Écorces de Punica Granatum. — Myrtacées. 


Le grenadier est encore une plante cultivée et subspon- 
tanée à la Réunion. 


153. Écorces d'Eugenia Jambos. — Myrtacées. 


Le jamrosa, originaire de l'Inde et de la Péninsule Ma- 
laise, est naturalisé dans la colonie, où 1l est surtout 


commun sur le bord des ravines. 


154. Écorces de Psidium pomiferum. — Wyrlacées. 


Le goyavier-pomme, où goyavier rouge, est originaire 
d'Amérique. 


155. Bois et feuilles d'Icacorea borbonica. — Primulacées. 


156. Graines en coque de Gaertnera vaginata. — ZLoga- 


niacées. 
157. Graines décortiquées de Gaertnera vaginata. 
158. Graines torréfiées de Gaertnera vaginata. 
Le Gaertnera vaginata est le bois-café de la Réunion. 
159. Bois d'Arduina xylopicron. — Apocynacées. 
160. Poudre du bois d'Arduina xylopicron. 


Ce bois très amer est tonique et stomachique. 


PL AE LS Liré Mal mé. 
Ats ee » 
FLO À AE - 
AA 
+. 
Le. » 
Ÿ - 


RÉUNION 97 
161. Écorces d'Ochrosia borbonica. — Apocynacées. 
162. Tiges de Sarcostemma viminale. — Asc/épradacées. 


Le Sarcostemma viminale, qu'on retrouve à Madagascar 
et sur le continent africain, est une liane sans feuilles, uti- 
lisée comme astringente. 


163. Feuilles de Tylophora asthmatica. — Asclépiadacées. 


C'est l’ipéca du pays, et qui sert, en effet, aux mêmes 
usages que le véritable ipéca. 


164. Racines de Danais fragrans. — iubiacées. 
165. Feuilles de Mussaenda arcuata. — /ubiacées. 


166. Écorces d'Ixora borbonica. — Aubiacées. 


167. Rameaux et feuilles de Psathura angustifolia. — /u- 
biacées. 


Les feuilles de tous les Psathura, ou bois cassants, de 
la Réunion, sont très usitées en infusion théiforme, mais les 
meilleures sont celles du Psathura angustifolia. 


168. Bois de Guettarda verticillata. — /?ubiacées. 


169. Écorces de Cinchona succirubra. — Æubiacées. 


Le Cinchona succirubra, originaire des Andes, est le 
quinquina rouge. 


170. Fleurs de Morinda citrifolia. — /ubiacées. 


Le Morinda citrifolia est originaire de l'Inde. Ses feuilles 
sont toniques et fébrifuges ; l'écorce fournit une matière 
colorante rouge. 


171. Ageratum conyzoides. — Composées. 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3" série, 4* vol. 1916, ç: 


Y8 H. JUMELLE 
172. Feuilles de Psiadia trinervia. — Composées. 


Get arbuste serait originaire de Maurice et est seulement 
cultivé à la Réunion. 


E. Jacob de Cordemoy : loc. cit.) 


173. Tiges de Spilanthes Acmella. — Composées. 


174. Tiges et feuilles de Siegesbeckia orientalis. — Com- 
posées. 


175. Feuilles de Senecio Ambavilla. — Composées. 


176. Feuilles de Pyrethrum indicum. — Composées. 


C'est l'herbe de Saint-André, subspontanée au voisinage 
des habitations. 


177. Feuilles d'Eupatorium Ayapana. — Composées. 


L'ayapana, déja mentionné dans le Catalogue de Mada 
gascar, a été introduit à la Réunion comme en beaucoup 
d’autres contrées. 


178. Feuilles d'Eupatorium odoratum. — Composées. 


Cette autre espèce d’Eupatorium est usitée comme la 
précédente et est également d’origine américaine. Elle est 
indigène notamment aux Antilles. 


179. Feuilles d'Artemisia Absinthium. — Composées. 


L'absinthe n’est pas citée à la Réunion par M. E. Jacob 
de Cordemoy, mais y est sans doute plus ou moins cultivée, 
comme en beaucoup d’autres pays. 


RÉUNION 99 


VI. — BOIS 


Un catalogue spécial des Bois de la Réunion, dont le Musée 
Colonial possède une riche collection, paraîtra ultérieurement, 
lorsque les déterminations botaniques de ces bois, qui ne sont 
pas accompagnés d'échantillons botaniques, auront été tout 
au moins contrôlées par l'examen anatomique. 


LR OLÉAGINEUX 


192. Fruits de Raphia Ruifia. — Pamiers. 
193. Cire des feuilles de Raphia Ruffia. 


Ce palmier de Madagascar, qui est le mouffia de la Réu- 
nion, est naturalisé dans certaines localités de l'ile, au bord 
des cours d’eau. 


19%. Fruits de Litsea laurifolia. — ZLauracées. 


Cette Lauracée asiatique est naturalisée partout dans la 
région basse de l'ile. 


(E. Jacob de Cordemoy : loc. cil.) 
195. Corps gras d'Ocotea cupularis. — Zauracées, 
196. Tourteau d'Ocotea cupularis. 
197. Fruits d'Ocotea cupularis. 


198. Feuilles d'Ocotea cupularis. 


L'huile d'Ocotea cupularis est aromatique et brûle en 


100 H. JUMELLE 


donnant une belle lumière, Elle paraît un produit intéres- 


sant. 


E. Jacob de Cordemoy : Loc. ci.) 
199. Graines de Ricinus communis. — Æuphorbiacées. 


Le ricin ne donne pas lieu, à la Réunion, à une culture 


industrielle. 
200. Fruits de Jatropha Çurcas. — Æuphorbiacées. 


201. Graines de Jatropha Curcas. 


Le pignon d'Inde est à la Réunion un des supports de la 
vanille, quoique le Pandanus utilis lui soit de plus en plus 
préféré depuis quelque temps. Il est subspontané dans l’île. 
L'huile des graines sert dans les classes pauvres comme 
huile à brûler. Mêlée à l'huile de ricin, elle est employée 
comme purgalif, à des doses variant de 12 gouttes à 
4 grammes. Deux à quatre graines broyées produisent le 
même résultat. Mais les empoisonnements par ces graines 


ne sont pas rares. 


(E. Jacob de Cordemoy : Loc. cit. 
202. Noix d'Aleurites triloba. — Æuphorbiacées. 


203. Huile des graines d’Aleurites triloba. 


Le bancoulier, originaire des îles de l'Océanie, est natu- 
ralisé à la Réunion. Les noix se composent de 64 °/, environ 
de coque et 56 °/, d'amande, et celle-ci contient de 60 à 
68 °/, d’une huile brun jaunâtre, qui est/siccalive et peut 
servir d'huile à brüler. L'indice d’iode est 151 et l'indice 
de saponification 193,7. 


204. Graines de Moringa pterygosperma. — WMoringacées. 


Le mourounque, qui passe pour être originaire de l'Inde, 
est naturalisé à la Réunion comme en beaucoup d’autres 


RÉUNION 101 


pays chauds. Il peut fournir, comme le Moringa aptera 
d'Afrique, l'huile de ben, qui est une huile inodore, claire, 
presque incolore, de rancissement difficile et contenant les 
glycérides des acides margarique, oléique et béhénique (ou 
bénique). A l’Imperial Institute de Londres, des graines 
de Moringa pterygosperma provenant de la Nigérie ont 
donné 38°/, d'une huile pâle dans laquelle on a séparé la par- 
tie solide de la partie liquide. Pour la partie solide, l'indice 
de saponification a été de 194,4 et l'indice d'iode 68,3. Pour 
la partie liquide, on a trouvé : 


MO ELLS DATE ER er Ne rt 0,914 
ahice d'acides 5er ie 15,3 
Acides gras libres {en acide oléique).. 7,7 o 
Indice de saponification............. . 189,2 
mdicehéthen ee TUE ioireh ee 173.9 
Indice diode PME MT TES IN S 70,7 


Dans de l'huile de graines de la Jamaique, on a séparé 
60°/, de partie liquide et 40 °/, de partie solide. Les cons- 


tantes étaient : 


Partie liquide. Partie solide, 


HIPRRTÉE RARE AR ete TE 1e 0,9124 à 15° 0,8650 à 1000 
Indice d'acier, Lors en. 8,1 Te 

Acide gras libres.....,.... 4,40/9 3,6 °/ 

Indice de saponification... 196,3 193,6 
Hiheedéthers: #1. CAT 187,6 186,4 

nee ile Me URTRR 10,1 65,2 


L'huile de ben est une bonne huile d'éclairage. Démarga- 
rinée, elle est très fine et a été employée en horlogerie 
comme huile de graissage. En parfumerie, elle à la pro- 
priété de fixer énergiquement les odeurs sans en diminuer 


la suavité. 


{The nature and commercial uses of Ben Oil. Bulletin of the Impe- 


rial Institute, juin 1904.) 


205. Beurre d'Adenanthera pavonina. — Zéqumineuses. 


206. Graines d'Adenanthera pavonina. 


102 H. JUMELLE 


207. Fruits d'Adenanthera pavonina. 


208. Fleurs et feuilles d'Adenanthera pavonina. 


Cet arbre de l'Inde, subspontané et cultivé à la Réunion, 
donne de belles graines rouges qui sont de poids constant 
et servent dans l'Inde à la pesée des pierres précieuses. 


209. Fruits d'arachides. — Zéqumineuses. 


L'arachide, ou pistache de terre, est cultivée et subspon- 
tanée à la Réunion. 


210. Huile des graines de Momordica Charantia. — Cucurbi- 
tacées. 


La margose, d'origine asiatique, est cultivée et subspon- 
tanée à la Réunion. Le fruit est consommé non mûr de 
diverses manières, mais est très amer et doit être soumis à 
une ébullition prolongée dans l’eau. On peut le manger 
comme hors-d'œuvre, à la façon des concombres, après 
l'avoir laissé dégorger pendant quelque temps dans du gros 
sel. Les graines sont très oléagineuses. 


211. Corps gras et dérivés de Momordica Balsamina. — 
Cucurbitacées. 


212. Fruits de Momordica Balsamina. 


213. Fleurs de Momordica Balsamina. 


Les fruits du Momordica Balsamina seraient toxiques à 
haute dose, mais à petites doses seraient hydragogues. 
Les graines sont, comme les précédentes, très oléagi- 
neuses, 


F2 Ve T . À 


RÉUNION 103 


VIII. — TEXTILES ET PAILLES 


221. Graines et bourre de Ceiba pentandra. — Malvacées. 


L'ouatier, où kapokier, est cultivé et même subspontané 
à la Réunion. 


222. Coton cardé de Gossypium sp. — Walvacées. 


L'espèce de cotonnier qui s'est naturalisée à la Réunion 
est le Gossypium barbadense. 


223. Fibres textiles de Celtis. — Celtidacées. ; 


Planchon a signalé à la Réunion le Celtis mauriliana, 
que M. J. Cordemoy dit n'avoir jamais rencontré. 


224, Feuilles de Pandanus utilis. — Pandanacées. 


225. Bretelles en feuilles de vaquois. 


Le Pandanus utilis, ou vaquois, est très cultivé à la 
Réunion comme support de la vanille, et aussi pour ses 
feuilles. Avec les larges feuilles souples de l’arbre jeune, 
on fait des sacs et des nattes, 


226. Paille brute et paille préparée de Sechium edule. — 
Cucurbitacées. 


227. Porte-montre en paille de chouchou. 


D'origine américaine, le Sechium edule, où chouchou, 
s'est abondamment naturalisé dans la zone moyenne de 
l'île. La paille que fournit la partie fibreuse du péricycle de 
ses tiges est blanc argenté et brillante; sa ténacité permet 
de l'utiliser en chapellerie et pour la confection d'objets de 
fantaisie, On la prépare en fendant les tiges longitudinale- 


104 IH. JUMELLE 


ment et en grattant tous les tissus qui recouvrent de part 
et d'autre la lamelle péricyclique; puis on lave et on des- 
sèche. Le produit, il y a quelques années, était exporté en 
France pour la chapellerie ; il ne semble pas, cependant, 
avoir réalisé les espérances des fabricants européens, et son 
prix de vénte (2 francs le kilo) en France était devenu, 
en 1911, inférieur aux prix de revient sur place. L'industrie 
de la paille de chouchou dans la colonie est en décroissance 
très marquée. 


IX. — PLANTES A ESSENCES 


231. Racines de Vetiveria zizanioides. — Graminées, 
232, Essence de vétiver. 


Originaire de Ceylan et de l'Inde, le vétiver s’est natura- 
lisé et est cultivé à la Réunion, qui distille sur place les 
racines fraiches et exporte l’essence (866 kilos en 1911, 


1.170 kilos en 1912 et 1.893 kilos en 1913). 
233. Essence de géranium. — (éraniacées. 


Le géranium rosat est le Pelargonium roseum Willd., 
qui est soit une variété du Pelargonium Radula Lhéritier, 
soit un hybride du Pelargonium Radula et du Pelargonium 
graveolens. En tout cas, ce Pelargonium roseum Willd. a 
pour synonymes le Pelargonium Radula Lhérit. var. 
roseum Willd. et le Pelargonium Radula var. rosodorum 
Hoffmgg. 

La plante est cultivée à la Réunion depuis 1880. Les 
plantations sont établies dans la zone moyenne entre 400 
et 1.200 mètres. Les exportations d'essence étaient de 
43.138 kilos en 1912 et 37.614 kilos en 1913. Cette 
essence de géranium de la Réunion sert principalement pour 
parfumer les savons de toilette. 


(H. Jumelle : Les cultures coloniales, fase. VIII. Baillière, Paris, 1916.) 


0 È 
À ] 


RÉUNION 105 
234. Essence d'ylang-ylang. — Anonacées. 


235. Essence de Cananga odorata. 


L'introduction du Cananga odorata, où ylang-ylang, à 
la Réunion est très ancienne. La colonie exportait 1.225 litres 
d'essence en 1911 et 2.527 en 1912. 


236. Essence de citronnelle. — Graminées. 


+ Les Cymbôpogon dont on distille l'essence sont deve- 
nus subspontanés à la Réunion, mais une nouvelle déter- 
mination botanique de ces Cymbhopogon serait nécessaire, 
car divers échantillons d’ « essence de citronnelle » de la 
Réunion n'ont pas, à l'analyse, présenté trace de géramiol 
et, au contraire, étaient très riches en citral. Ce serait donc 
plutôt, en réalité, une essence de lemon-grass. 


237. Essence de patchouli. — Zabices. 


238. Essence de basilic. — Zabices. 


X. — GOMMES 


241. Gomme d Acacia dealbata. — Zequmineuses. 
L'acacia Bernier est naturalisé dans l'île et cultivé sur 


les hauteurs. 


242. Gomme et fruits de Sterculia foetida. Sterculiacées. 


243. Bois de Sterculia foetida. 


Originaire de l'Inde, le Sferculia foetida est aujourd'hui 
répandu dans les pays tropicaux les plus divers, Ses graines, 
connues quelquefois sous le nom d'olives de Java où de 
graines de beliquo, contiennent environ 25 pour 100 de leur 
poids en huile. Cette huile est jaune clair, épaisse à 20° et 


* Ti CU 
17 


| 
106 I. JUMELLE 


se solidifie à 0°, Elle rancit facilement. On peut l'employer 
en savonnerie:; certains la considèrent comme comestible. 
À 240° elle se transformerait en une substance solide et 
élastique, par suite d’une polymérisation. Le produit ainsi 
obtenu par simple chauffage ou bien encore par chauffage en 
présence de chlorure de soufre ou de soufre, et qui ressemble 
au caoutchouc, est jaune clair s'il a été uniquement chauffé, 
et brun s'il a été sulfuré. Dans ce dernier cas, 1l convien- 
drait plus particulièrement pour la fabrication des factices. 
Par contre, les essais d'oxydation de l'huile n’ont conduit 
qu'à des résultats insuffisants ou négatifs, et les produits 
obtenus ne semblent pas utilisables pour la préparation des 
vernis. 

(Heim : Utilisation de l'huile de Sterculia foetida. Bulle- 
tin de l'Office colonial ; août-septembre 1916.) 


244. Feuilles d'Eucalyptus resinifera. — Myrtacées. 


L'Eucalyptus resinifera est originaire d'Australie, où 
c'est, dans la région de Sydney, le red mahoyany, ou forest 
mahogany. C'est aussi, à cause de son kino, le Botany Bay 
gum tree, le red-qum et le grey-qum. 


XI. — TANNINS 


251. Ecorces d’Albizzia Lebbek. — Zéqumineuses. 
252. Graines d’Albizzia Lebbek. 


Le bois noir est naturalisé et commun partout à la Réu- 


nion. 
253. Gousses d'Acacia Farnesiana. — Zéqumineuses. 
La cassie est encore un arbre naturalisé dans la colonie. 


254. Ecorces d'Eugenia cymosa. — Myrtacées. 


C'est le bois de pomme, commun dans les forêts. 


LA ral 


dr Ce RS 


RÉUNION 


XII — TABAC 


_ 261. Graines de tabac et tabac en carotte. — Solanacées. 


+ 
x 


Le Nicotiana Tabacum pousse, à la Réunion, aussi bien 
dans la zone basse que sur les hauteurs de moyenne alti- 
tude. La culture en est libre et est faite un peu au hasard et 

sans méthode. Elle pourrait être améliorée et devenir une 
#s source de revenu pour la colonie si la France importait, 

comme il en a été question, les tabacs de ses colonies. 
Pour les essais faits en France à ce sujet en 1912 avec nos 
4 tabacs coloniaux, la Réunion a exporté dans la métropole 
È 368 kilos de tabacs en feuilles et 300 kilos de tabac en 
| poudre. Les exportations de tabacs de la Réunion étaient 
de 100.000 kilos environ en 1911 et en 1912, à destination 
principalément de Maurice. 


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7.4 
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INDEX DES COLLECTIONS BOTANIQUES 


DE LA 


A 


Abrus precatorius, 145, 146. 
Absinthe, 179. 
Acacia dealbatla, 241. 

—  Farnesiana, 253. 
Adansonia digitata, 119, 120. 
Adenanthera pavonina, 205-208. 
Agatophyllum aromalicum, S8- 

90. 

Ageralum conyzoides, 171. 
Albizzia Lebbek, 251, 252. 
Aleurites triloba, 202, 203. 
Ambérique, 28. 

Ambrevade, 22, 23. 
Andrepogon elegans, 103. 
Angraecum fragrans, 83, 84. 
Anona muricala, 114, 115. 
Antaques, 29. 

Aphloia theaeformis, 128. 
Arachide, 209. 

Arduina æylopicron, 159, 160. 
Arrow-root, 11. 

Arlemisia Absinthium, 179. 
Ayapana, 177. 


B 


Badamier, 150, 151. 
Bancoulier, 202, 203. 


REUNION: 


Baobab, 119, 120. 
Basilic, 238. 

Ben, 204. 

Bois-café, 136-158 
Bois cassant, 167. 
Bois noir, 251, 252. 
Bois de pomme, 254. 


C 


Cacao, 69-74. 

Caesalpinia  Bonducella 
141. 

Cafés, 56-68. 

Cajanus indicus, % 

Cambare chinois, 26. 

Cananga odorala, 234, 235. 

Cannelle, 93, 94. 

Capsicum minimum, 95. 

Cassonade, 52, 

Cardiospermum  Halicacabum, 
139. 

Carica Papaya, 125-127. 

Cassia occidentalis, 144. 


140, 


Cassie, 253. 

Ceiba pentandra, 221. 
Cellis mauritiana, 223. 
Chenopodium ambrosioides, 


110. 


1. Pour l’Index des collections botaniques de Madagascar, voir. p. 73. 


110 H. 


Chouchou, 226, 227. 
Cinchona succirubra, 169. 
Cinnamomum zeylanicum, 93, 
94. 
Citronnelle, 236. 
Clematlis mauriliana, 111-113. 
E lé arabica, 56-63, 
arabico-liberica, 66. 
—  canephora, 68. 
—  liberica, 65. 
mauriliana, 67. 
Ce allernifolia, 136, 137. 
Curcuma longa, 91 À 
Cyathea excelsa, 1. 
Cycas cireinalis, 2. 
—  revoluta, 4-6. 
Cymbopogon, 236. 
Cynodon Dactylon, 102. 
Cytise de l’Inde, 22, 23. 


D 


Danais fragrans, 164. 
Dioon edule, 3. 
Dioscorea Hoffa 12. 
Dolichos bulbosus, 26. 
—  Lablab, 29. 


E 


Elaeodendron orientale, 149. 
Ervum Lens, 38, 39. 
Erythroxylon  hypericifolium, 

132: 

Eucalyptus resinifera, 244. 
Eugenia cymosa, 254. 

— _ Jambos, 153. 
Eupalorium Ayapana, 177. 
— odoratum, 178. 
Euphorbia indica, 124. 

— pilulifera, 123, 


JUMELLE 


F 


Faham, 83, 84. 
Forest-mahogany, 244. 
Fumaria officinalis, 131. 


G 


Gaerlnera vaginala, 156-158. 
Géranium, 233. 

Girofle, 85. 

Gossypium sp., 222. 
Goyavier, 154. 

Grenadier, 152. 

Grey-gum, 244. 

Guazuma tomentosa, 117. 
Guettarda verticillata, 168. 


ET 


Haricots, 30-37. 

Herbe de Saint-André, 176. 

Hippobromus apelalus, 138. 

Hoffe marronne, 12. 

Hypericum lanceolatum, 191. 
— anguslifolium, 122. 


I 


Icacorea borbonica, 155. 
Indigo (gros), 144. 
Indigo blanc, 148. 

Ipéca du pays, 163. 
Ixora borbonica, 166. 


J 


Jamrosa, 153. 
Jalropha Curcäs, 200, 201. 
Jéquirity, 146. 


RÉUNION 411 


L 


Lemon-grass, 236. 
Lentilles, 38, 39. 
Litsea laurifolia, 194. 


M 


Maillardia borbonica, 106. 
Maïs, 19. 

Manihot utilissima, 7-10. 
Manioc, 7-10. 

Maranta arundinacea, 11, 
Margose, 210. 


Momordica Balsamina, 211-213. 


— Charantia, 210. 
Morinda citrifolia, 170. 


Moringa plerygosperma, 204. 


Mouffia, 192, 193. 
Mouroungue, 204. 

Mucuna utilis, 24, 25. 
Muscadier, 86, 87. 
Mussaenda arcuata, 165. 
Myristica fragrans, 86, 87. 


N 
Nicotiana Tabacum, 261. 
O 
Obecta ficifolia, 105. 
Ochrosia borbonica, 161. 
Ocotea cupularis, 195-198, 


> 


Pachyrrhizus anqulalus, 26. 
Pandanus ulilis, 224, 295. 


Papayer, 123-127. 
Passiflora alata, 129. 
Patchouli, 237. 

Patole, 40. 

Pelargonium Radula, 233. 
Phaseolus helvolus, 28. 

—  inamoenus, 27. 

—  lunatus, 27. 

— vulgaris, 30-37. 
Pignon d'Inde, 200, 201. 
Piment, 95. 

Pimenta acris, 92, 
Piper borbonense, 109. 
Pois du Cap, 27. 

- carré, 21. 

— cochon, 26. 

— dragée, 27. 

— manioc, 26. 

— Mascate, 24, 95, 
Polypodium lanceolatum, 101 
Psathura angustifolia, 167. 
Psiadia lrinervia, 172, 
Psidium pomiferum, 154. 
Psophocarpus  letragonolobus, 

21e 
Punica Granalum, 152. 
Pyrethrum indicum, 176. 


Q 


Quinquina rouge, 169. 
Quivisia helerophylla, 135. 


R 


Raphia Ruffia, 192, 193. 
Ravensara, 88-90. 
Red-gum, 244. 
Red-mahogany, 244. 
Réglisse marronne, 146. 
Bicinus communis, 199, 


112 H. 


S 


Saccharum officinarum, 
Safran, 91. 

Sagou (faux), 2. 
Sarcostemma viminale, 162. 
Sechium edule, 226, 227. 
Senecio Ambavilla, 173. 
Siegeshbechkra ortentalis, 174. 
Smilax anceps, 104. 
Spilanthes Acmella, 173. 
Sterculia foetida, 242, 243. 


Sucre, 21-55. 


Tabac, 261. 


T'amarindus indica, 142, 143. 


Tamarinier, 142, 143. 

Tapioca, 8, 9. 

T'ephrosia candida, 148. 

Teramnus labialis, 147. 

Terminalia Benzoin, 150. 
— Catappa, 151. 


JUMELLE 


T'erminalia mauriliana, 150 
Thé de Bourbon, 83, 84. 
Thé du Mexique, 110. 
Theobroma Cacao, 69-74. 
Toddalia aculeala, 133. 
Trema Commersonit, 107, 108. 
T'richosanthes Anquina, 40. 
T'riphasta (rifoliala, 134. 
T'riumfetla glandulosa, 116. 
T'ylophora asthmatica, 163. 


V 


Vanille, 81-82. 

Vaquois, 224-225. 

Vétiver, 231-232. 

Vetiveria zizanioides, 231, 232. 


Y 
Ylang-ylang, 234, 235. 


Z 


Zea Mays, 19. 


ERRATA 


Page 21, n° 62 : A la dernière ligne, au lieu de : « très rares à 
Marseille », lire : « peu à Marseille, où les importations annuelles de 
craines sont de 500 tonnes en moyenne ». 

Page 65, 13° ligne du n° 375, lire : (songonefitra, en un seul mot. 


s 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


D: HeckeL : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues 
des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908. 


CLavene : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles 
exotiques. Année 1909. 


pe Wicoemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en 
Afrique tropicale. Année 1909. 


Louis PLaxcnox el Jurrer : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909. 
Dr Heckez : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910. 


H. Juuezze et H. Perrier DE LA Baruie : Fragments biologiques de la flore de 
Madagascar. Année 1910. 


GuniLaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et 
dépendances. Année 1911. 


Duganp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912. 


Baupox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année 
1912. 


pe WiLpemaAx : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique 
du genre Musa. Année 1912. 


H. Jumecce et H. Perrier DE LA Baruie : Palmiers de Madagascar Année 1913. 


P. Cuoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année 
1914. 


H. Juuezce : Le Dr Heckel. Année 1915. 


R. Hauer et H. Perrier DE LA Baruie : Contribution à l'étude des Crassulacées 
malgaches. Année 1915. 


À. Fauver: Le Cocotier de Mer. Lodoicea Sechellarum. Année 1915. 


I. Jumezze : Les Recherches récentes sur les ressources des Colonies françaises 
et étrangères et des autres Pays chauds. Année 1916. 


MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE 


Les Annales du Musée colonial de Marseille, fondées en 1893, 


paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules. 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, 
sont en vente chez M. CnaLLamez, libraire, 17 rue Jacob, à Paris, à 


qui toutes les démandes de renseignements, au point de vue commer- 
cial, doivent être adressées. 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri 
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
colonial, 5 rue Noxlles, à Marseille. 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- 
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à 
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avee 
titre spécial sur la couverture. 


Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au 
Directeur du Musée colonial seront signalés chaque année en fin 
de volume dans les Annales. 


Le 3° fascicule de l'année 1916 (Recherches récentes sur les ressources 


des Colonies françaises et étrangères et des autres Pays chauds), est 
déjà paru. 


Le 2° fascicule (Les bois utiles de la Guyane francaise, par M. H. 
Stone) sera publié ultérieurement. 


Le prochain catalogue descriptif du Musée Colonial sera consacré 
aux Collections botaniques de l'Afrique Occidentale Française. 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS. 


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pt - 


INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONTAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par Epouarp HECREL 


DIRIGÉES PAR 


M. Henrr JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Qualrucne 
Vingt-eïnquième année, 3° série, 4° volume (1916). 
2e Fascicule. 


{° Quelques graines oléagineuses africaines, 
par M. J. Pirraerrs, Conservateur au Musée du Congo Belge. 


2 Les Monocotylédones aquatiques de Madagascar, 
par M. Henri JUMELLE. 


3° Les Bois utiles de la Guyane Française, 
par M. Herbert Stone, de Birmingham. 


2c 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, Rue Noires, 9 17, RUE JAcoB, 17 


1917 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


Dr Hrcker : Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.) 
D: Raxcox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. {Volume complètement épuisé.) 


R. P. Düss: Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume 
complètement épuisé.) 


E. Grorrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane. 
Année 1897. 


D' Hrcker : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française. 
Année 1897. 


Dr Heckez : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1897. 


Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1898. 


H. Jumerze : Le Cacaoyer. Année 1899. 


D' H. Jacos ne Conprmoy : Gommes, gommes-résines et résines des colonies 
françaises. Année 1899. 


L. Laurenr : Le Tabac. Année 1900. 


D: H. Jacor pe Conpemoy : Les Soies dans l'Extrême-Orient et dans les colonies 
françaises. Année 1901. 


L. Laurexr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901. 


À. Curvauien: Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance. 
Année 1902. 


Garrarez : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903. 


Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1903. 


Dr H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de la Réunion. (Géographie physique ; richesses 
naturelles, cultures et industries.) Année 1904. 


Capitaine Marne : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin. 
Année 190%. 


E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles de bois d'Indochine. Année 1905. 


H. Juuezce : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H. Jumezze et H. Perrier DE LA Barure : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H. Juuerce et H. Perrier pe La Barure : Notes biologiques sur la végétation du 
Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908. 


ANNALES 


« DU 


MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


(Année 1917) 


(MACON PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS 


INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ACNENCANEETS 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par Epouarp HECKEL 


DIRIGÉES PAR 


M. Henri JUMELLE 


Professeur à la Facullé des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille, 


- Vingt-cGinquième année, 3° série, 4° volume (1916). 
2e Fascicule. 


1° Quelques graines oléagineuses africaines, 
par M. J. Pirrarrrs, Conservateur au Musée du Congo Belge. 


2° Les Monocotylédones aquatiques de Madagascar, 
.par M. Henri JUMELLE. 


3° Les Bois utiles de la Guyane Française, 
par M. Herbert SroxE, de Birmingham. 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, RuE NoaiLres, 9 17, RUE Jacos, 17 
1917 


€ 
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4 


» 


JUN £ AS 1916 


QUELQUES 
GRAINES OLÉAGINEUSES 
AFRICAINES 


par M. J. PIERAERTS 


CONSERVATEUR AU MUSÉE DU CONGO BELGE 


Des trois graines que nous allons étudier ici, les deux 
premières proviennent du Congo Belge et la troisième de 
l'Afrique Britannique. 


1° SÉLÉ 


La plante oléagineuse désignée sous le nom vernaculaire de 
sélé semble jouir en quelques parties du Congo Belge d'une 
certaine vogue auprès des indigènes. Il en est ainsi notam- 
ment dans la région de Mowbasa, district des Bengala, où la 
quantité de graines de sélé récoltée en 1915 fut telle, selon 
l'agronome de Giorgi!l, qu'en plus des notables quantités 
consommées sur place, il en restait une disponibilité qui s'éle- 
vait à {4 tonnes. x 

L'échantillon d'huile que nous avons eu entre les mains 
provenait de Mowbasa ; il a été préparé par un chef noir de 
Bolende, sous la direction de l'agronome du district. 

La méthode de préparation usitée n'offre rien de spécial; 
c'est le procédé habituellement en usage, là-bas, en vue de 


4. Bulletin agricole du Congo Belge, vol. VI, 1916, p. 169, 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4° vol. 1916, I 


K 


1 IFÇRARY 


NEW YORE 
"| F À N ICAL 
Us RE, 


2 J. PIERAERTS 


l'extraction de toute huile : 1° torréfaction de la graine, décor- 
tication et vannage ; 2° désagrégation de l’amande par pilon- 
nage ; 3° sépdration de l'huile par l’eau bouillante ; 4° enlève- 
ment de l'huile surnageante et clarification par repos et fil- 
tration. 

L'huile obtenue de la sorte était transparente, d'une cou- 
leur jaune d'or et d'un goût agréable. Son emploi comme 
huile de table donna des résultats tellement encourageants, 
d’après de Giorgi, qu'elle fut préférée par les Européens à 
n'importe quelle huile importée, qui, si souvent, arrive rance 
et est de médiocre qualité. Par suite de la longueur du voyage, 
l'échantillon que nous avons reçu était très trouble ; mais 
après un repos de cinq jours, à la température du laboratoire, 
la quasi totalité de la partie en suspension se liquéfia de nou- 
veau. Le faible dépôt restant fut éliminé par filtration. On 
obtint de la sorte un produit d'un beau jaune d’or, à odeur 
empyreumatique, à saveur douce et agréable, avec arrière- 
goût de brülé. 

La composition et les caractéristiques auxquelles nous con- 
duisit l'examen chimique de l'huile de sélé sont les suivantes : 


A. Huile. 


1° Constantes physiques : 


159 
Poids spécifique 455..................................... 0,9231 
Port défsolidificatiônt#..L RARE ER TETE PRET limpide à + 1° 
Pouvoirrotitone FR CREER ERA CRE EST sensiblement nul 
Examen spectroscopique................ pas de bandes d’absorption. 
Température critique de dissolution dans l'alcool absolu 819,9 
Indice derétraction 21200 PE MC Med RU oi à € 3 1,4716 
Indice: Maumené. = #19, PAR Re ENONCE ENPPER 80° 
Température spécifique deréaction ie Thomsom et Ballantyne. 197 


20 Constantes chimiques : 


4. Pris un volume d’huileet deux volumes d'alcool absolu ; opération 


effectuée en tube scellé. 


GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES s 
ce de SDOnLReAIODN AR CE 2 Mat Ie NN 190,4 
RS LE ns Se 119,5 
Indice de Reïichert-Meissl: . ...................... dr RE 433 
Pr ne AT Le 0,67 °/s 
PTE LINE EE I OR ON PER RE PR 11,23 °Jo 
Indice d’acétyle (selon Lewkowitsch)...................... 5,3 
Indice de saponification de l'huile acétylée.....:........... 196,6 
Acides gras insolubles et insaponifiable......... FENTE RE 93,97 2h 


3° Essais qualitatifs : 


Essai de: l'élaïdine. ........... masse butyreuse d’un brun rougeâtre- 
Et lhexahromurer. RTE es JL 1 0 négatif 
RE RUE 40 noce ET Le 50 négative 
PE NE ENT ONS SPORE RTE NE ER ES TER ES — 
— de Milliau-Becchi......... coloration d’un brun noirâtre avec 


D° Essai de siccativite : 


De l'huile étalée en couche mince sur une plaque de verre, puis ex- 
posée à l'air durant un mois, n’accusa jamais la moindre augmentation 
de poids et ne changea ni de consistance, ni d'aspect. 


B. Acides gras insolubles mélangés. 


LR LE 0 ENS EMPREITE PO IEEE ALES DE SE CPS NC ES 35° 1.à 369,5 2 
amedesoldifeution (Hbre EME A RL TS re LUE 33°,2 
ces denentralisalionre er I RE Re in Dee ne 180,9 
(Poids moléculaire moyen correspondant —- 3101 
PER GC /AADOnIRCalIOD EE A EN EL Re DT ce 193,7 
(Poids moléculaire moyen correspondant — 294,7) 
Re Le RS 7 GT 4 To M Re. 102,6 
Essai de l’hexabromure. ......... A ST ee De négatif 
ROC Dan AT ben re ee ME Am 2e . négative 
pee 4 EU PE GENRE PARA ERNE EN Du ele AUS SORTE LAS — 
00e Millau Become LOUE, a très légère réduction. 
Proportion approximative d'acides solides, ,,........,...... 30 °/o 
— —— — liquides.....,.... 5 SAT 70 °/, 


1. Température de fusion commençante. 
2. Température de fusion complète. 


4 J. PIERAERTS 
C. Acides gras liquides. 


Indice deréfractionià 2000 06 08 PT RE PAPAS 1,4686 
Indicé:d'iode 45 2, .7: ras NE TER RAC TI DER 126,4 


En vue de caractériser les individualités chimiques existant 
dans le mélange d’acides liquides, nous en avons soumis une 
portion à la bromuration ; une autre fut traitée par le nitrate” 
acide de mercure, et le reste fut oxydé par le permanganate 
de potassium en solution alcaline. 


1° Bromuration. 


20 grammes d'acides liquides furent dissous dans 50 c. c. 
d'acide acétique glacial et refroidis ensuite dans de la glace. 
Lorsque le thermomètre marqua 2°, on ajouta goutte à goutte 
la quantité voulue de brome, tout en agitant continuellement 
la masse. Le produit bromé qui avait pris naissance fut lavé à 
l’eau jusqu'à réaction neutre, puis séché dans le vide sulfu- 
rique vers 50°. Repris par 50 c. c. d'éther, tout passa en dis- 
solution, ce qui dénote l'absence des dérivés hexabromés et, 
partant, la non-existence, dans l'huile de sélé, des acides lino- 
lénique et isolinolénique. 

Tout l’éther de pétrole étant actuellement réquisitionné par 
les services militaires, il ne nous fut pas possible, faute de ce 
réactif, d'isoler l'acide linoléique tétrabromé. Aussi avons- 
nous identifié le C4, H;, O, par voie d'oxydation. 


2° Orydation permanganique. 


20 grammes d'acides liquides furent saponifiés par 15 e. c. 
de Na OH, de densité 1,30. Le savon formé fut dissous dans 
1200 c. c. d’eau, et la solution portée à la température de 
55° à 60°. On y ajouta alors goutte à goutte, et tout en agi- 
tant continuellement, un litre de KMn Of à 2°/,. Quandtout 
le caméléon fut ajouté, on neutralisa l’alcali libre par de l'acide 
sulfurique à 10 °/,. L’oxyde de manganèse précipité fut réso- 
lubilisé au moyen d’un peu de bisulfite de soude. Par ce trai- 
tement on obtint un liquide incolore, dans lequel nageait un 


GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES pl 
volumineux précipité cristallin blane. Celui-e1 fut séparé par 
essorage, puis lavé à l’eau froide, et finalement pressé pour en 
éliminer les dernières traces d'eaux mères. Le gâteau restant 
fut malaxé dans un mortier avec un peu d'éther, qui enleva les 
acides gras originaux ayant échappé à l'oxydation. 

Quand la désagrégation des grumeaux au sein de l'éther fut 
parfaite, on essora la masse, et on soumit une seconde fois 
l'insoluble à un nouveau malaxage avec une petite quantité 
d'éther. 

Le produit purifié de la façon décrite fut ensuite mis en 
contact d'un grand volume d'éther anhydre (1 1/2 litre par 
10 grammes de substance) et laissé en macération durant une 
semaine, On eut soin d'agiter énergiquement de temps à autre. 
Au bout du laps de temps indiqué, la solution éthérée fut fil- 
trée, puis distillée au bain-marie à siccité. Il resta un dépôt 
cristallin blanc qui, après deux recristallisations dans l'alcoo 
à 95°, présentait les caractères suivants : 


Pot de fusion (bloc de Maquenneé).:;..:.:.:......,4..,.. 1290 
Hier ide SADOnAUAIOn ss 2200 Rs drame. vai te 176,9 
— — après acétylation.................. 442 


Ce sont là les caractéristiques de lacide dioxystéarique, pro- 
venant de l'oxydation de l'acide oléique existant dans le mé- 
lange d’acides liquides examiné. 

Quant à l’insoluble laissé par l'éther, il fut épuisé à plusieurs 
reprises par de grandes quantités d'eau bouillante. Les cris- 
taux qui se déposèrent par le refroidissement au sein du fil- 
trat aqueux furent recueillis et purifiés par cristalhsations 
répétées dans de l'alcool à 80°. Convenablement séchés au 
préalable, les cristaux récoltés fondaient à 170° (bloc de Ma- 
quenne) ; de plus la forme cristalline correspondait nettement 
à celle de l'acide sativique. 

Du filtrat restant après l'élimination des acides dioxystéa- 
rique et sativique, il ne nous fut point possible de retirer ni 
de l'acide linusique, ni de l'acide isolhinusique. 


3° Aloncidu nitrate acide de mercure. 


Quelques grammes d'acides gras liquides, additionnés de 


6 J. PIERAERTS 


8 °/, de leur poids de nitrate acide de Hg, préparé selon 
Archutt!, furent agités vigoureusement pendant deux minutes. 
Le mélange émulsionné ne tarda pas à se prendre en uné 
masse solide, qui fut lavée à l’eau chaude jusqu'à élimination 
de toute trace d'acide minéral, et ensuite purifiée plusieurs 
fois par voie de cristallisation dans de l'alcool fort. Les cristaux 
recueillis, après dessiccation dans le vide sulfurique à 28°, accu- 
saient un point de fusion de 44,2 (tube capillaire). Nous 
avions donc bien affaire, en l'occurrence, à de l'acide élaïdique. 
Les essais de caractérisation que nous venons de détailler 
nous autorisent à admettre la présence, dans l'huile de sélé, 
des acides oléique et linoléique, dans les proportions respec- 
tives de 60,99 °/, et 39,01°/, environ ?. L’acide linolénique de 
même que l'acide isolinolénique semblent absents dans la 
matière oléagineuse qui nous occupe. 


D. Acides gras solides. 


Les sels plombiques insolubles dans l’éther furent décom- 
posés par ébullition prolongée avec de l'acide chlorhydrique 
dilué. Le gâteau d'acides gras, débarrassé de toute trace d'HCI 
par lavage à l’eau, fut dissous dans de l’éther. La solution éthé- 
rée, déshydratée sur du sulfate de sodium anhydre, fut filtrée et 
abandonnée à l’évaporation spontanée, à la température du 
laboratoire. Le résidu, après deux cristallisations dans de 
l'alcool à 95°, se présentait sous forme de cristaux enchevé- 
trés, d'abord d'un blanc pur, mais prenant une très légère 
teinte brunâtre au bout d’un jour. Des purifications répétées 
à l'alcool n'enlevèrent pas cette teinte. Les acides solides, 
résultant des précédentes manipulations, accusaient les carac- 
téristiques suivantes : ï 


Point.de fusion {tubeteapillaite) #22 RER REEReRe 5805 
— desohidfication/{(tube/capillaire) ere SM ER Re D 1050540 
Inidiceé diode RME RME ETS AE ETES CE 2,18 
=: de -SAPODtEALIONERS AT RES Ie et MI PUISE 229,7 


1. Lewkowitsch traduit par Bontoux : Technologie et analyse chimiques 
des huiles, graisses et cires. Paris, 1906, €. I, p. #05. 
2, Chiffres déduits de l'indice d'iode trouvé, 


GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 7 


Une série de fractionnements, effectués sur les acides 
solides purifiés, nous révéla la nature des individualités chi- 
miques dont ces acides formaient le mélange. 


Première fraction : 


LOT CRIE RS AR ee RSR TERRES RENE TRE RE 6705 
DRM EN ER ARR Re UT, ne à RE 7 19,25 

Ba en°/ - Ê 
ER Wealonié pour Ba (GisHaO).2.2.: 7. 19,54 
RCE RATER ASE. MU UL Li, NT 188,2 


Ces caractères sont ceux de l'acide stéarique, mélangé d’une 
faible proportion d'un acide à poids moléculaire plus élevé. 


Deuxième fraction : 


DOUAI ne ni men mb à Une A ve en 6898 
D'ÉLDOUVÉ RE MR RTS M Le is er ALES En, 19,6 

Ba en °} { É 
D RON CA EN CISENOS À 2 EE AR ER OR A te 19,54 
DES EADORIRER LION EMMA ET AT RE er te 195,1 


Ces caractères correspondent à ceux de l'acide stéarique. 


Troisième fraction : 


ÉCRIS SION NE RD RARES RUE DE Re Re PA 6005 
CLOUVÉ ERN MRT RAC ÉON TE ee DR ET a ROC 21,18 

Ba en°|, $ (RBAAMIGIE AE OS) ET RE MU ve 19,5% 
’ ] calculé pour : Ces ; 

RS EE On MALE: 21,24 

Indice de saponificalion, ,.... ARE MARS Pc CONTE EN RE L n  RU 214,2 


Ces caractères dénotent la présence des acides palmitique 
et stéarique en proportions respectives de 95 °/, et de 5 °/,. 


Quatrième fraction : 


BOTH TE EUSION ESA EURE ERRET LA nee A AR 5602 

LOUE NS LS TR RE ART RL nr 22,45 

Ba en °) LL Ba (Ci6H3102)2 CAT Te rt. Sr PIRE F 21,24 
calculé pour ere 

| Ê F Ba (C19H5309}2 MAT ENER LA AM Os 222 29,70 

Indice de saponification,.,............ LR A de Rest 236,3 


Ces caractères correspondent à ceux d’un mélange de 75 °/, 
d'acide palmitique et de 25 °/, d'acide laurique, 


ÿ J. PIERAERTS 


De l'ensemble des essais précédents nous concluons que 
l'huile de selé est essentiellement formée d'un mélange de 
glycérides des acides oléique, linoléique, stéarique, palmi- 
tique et laurique. 

Les pourcentages approximatifs de chacun des acides pré- 
sents sont les suivants : 


AGide-oléique:. der. RTE RER EAN t  AE ETES RE 43 0/9 
noléIQue in RES 2 ae Te SR RE IEE e CIEE 26 » 

»." « SÉÉATIQUE SE 2 mer DEP ANR TTL NN PRE 15 » 

D, DAIMIIQUES MES EE LRU 9 SR SR NE CT ET ER 12,5 » 

ne MOriIqUe CRE TOR UNENE LA El ET ER PACE 2,9 » 


On trouve, en outre, dans l'huile examinée une faible quan- 
tité d'un acide à poids moléculaire plus élevé, dont l'identifi- 
cation, faute d'un échantillon suffisant de matière première, 
ne put être poursuivie. 

L'huile de sélé constitue une excellente huile de table d'une 
saveur douce et agréable, et qui, préparée d’une façon moderne 
et soignée, ne présenterait aucune odeur de brülé. Sa résis- 
tance au rancissement ! accroit encore davantage sa valeur. 

L'huile de sélé conviendrait indubitablement à la fabrica- 
ion du savon et il est probable que sa teneur relativement 
élevée en glycérine la ferait prendre en sérieuse attention par 
les fabricants de ce triol. 

Pour la stéarinerie, l'huile de sélé est inutilisable : son taux 
en acides solides est trop faible. 


De par l'ensemble de ces caractères el par sa composition, 


l'huile de sélé doit être considérée comme une huile demi-sie- 


cative et est à classer dans le groupe dit de l'huile de coton. 

À cause de sa grande ressemblance (pour ne pas dire son 
identité) avec l'huile da cocorico étudiée dans ce même 
mémoire, nous opinons que l'huile de sélé a été extraite d’une 
Cucurbitacée appartenant à une espèce très voisine du Citrul- 
lus vulgaris, sinon même à une variété de ce Citrullus. 


1. Il se passa près de deux ans entre le moment de sa préparation 
rudimentaire et son analyse, et cependant elle n’accusait qu'un indice 
d’acidité insignifiant, moins élevé que celui de nos huiles alimentaires 
les plus réputées, 


GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 9 


2° COCORICO 


Le cocorico est une variété du Cifrullus vulgaris. 

Les Cucurbitacées à graines grasses sont abondamment 
répandues en maintes régions du Congo belge. L'extension 
que prend d'année en année leur culture est attribuable, non 
seulement au peu d'exigence de ces plantes au point de vue de 
la qualité du sol, mais en outre et surtout (car l'indigène 
congolais est chaud partisan de la théorie du moindre 
effort) au fait que leur culture ne réclame aucun travail 
d'entretien. La végétalion de ces Cucurbitacées, en effet, 
est tellement rapide et vigoureuse qu'elle empêche les mau- 
vaises herbes de l'envahir. 

Dans son intéressant mémoire sur l'agriculture indigène 
dans la province orientale du Congo belge, Tharin ! relate 
que, en 191%, on comptait plus de 200 hectares de Cucurbi- 
lacées à graines oléagineuses parmi les seules plantations, 
situées le long de la route de Lokandu à Schuka. 

Il importe de faire remarquer qu'au Congo belge le terme 
« Cocorico » ne possède pas une signification botanique des 
-plus précises. C’est ainsi que dans le Haut-Tturi * on réserve 
le nom de cocorico aux graines d’une variété de courge ou 
melon appelée maboke, où encore n'du, en langue Kilendu, 
alors que dans la province orientale* on désigne sous le 
terme onosmatique de cocorico une variété distincte du 
maboke plus lente à mürir et contenant, dit-on, moins de 
malière oléagineuse. 

L'huile sur laquelle ont porté nos investigations fut pré- 
parée, le 25 avril 191%, à Yangambi (district de Stanleyville), 
au moyen de la méthode dite « arabisée » qui n’est, somme 
toute, qu'une variante du procédé indigène décrit à propos 
de l'huile de sélé. La seule différence à mentionner pour 
ces deux modi operandi, c'est que dans la méthode arabisée 


1. Bullelin agricole du Congo belge, 1. VI, 1915, p. 147. 

2. De Greef, L'agriculture indigène dans la région du haut Ituri, dans 
le Bulletin agricole du Congo belge, VI, 1916, p. 3, 

3. Tharin, loc, cit, 


10 J. PIERAERTS 


‘du moins d'après l'exposé que nous en reçûmes) la torréfac- 
tion suit le décorticage. 

Tout comme l'huile de sélé, au moment de son arrivée au 
laboratoire (février 1916) l'huile de cocorico était très trouble 
et accusait un abondant dépôt. 

Après un séjour de six jours dans un local dont la tempé- 
rature resta voisine de 16°, la quasi-totalité du magna solide 
repassa en dissolution. L'insoluble restant fut alors séparé 
par filtration. L'huile filtrée présentait une couleur d’un Jaune 
d'or, moins accentuée toutefois que celle de l'huile d'olive 
vierge. La saveur était douce et agréable, quoique à arrière- 
goût de brûlé. L'odeur « sui generis » très peu marquée rap- 
pelait celle que produisent les feuilles fraiches de Graminées 
quand on les froisse. 


Voici le résumé de nos opérations : 
À. — Huile. 


1° Constantes physiques. 


PO dé BPÉGITQUE enr ennui eo ER 0,924 
Température critique de dissolution dans l'alcool absolu {...... 8101 
Indice de réfietion.2/2001 567 PUR EC SEP EEE 1,4710 
2° Constantes chimiques. 
Indice d’acidité. ::: 1. me ue PS PI TE ne € ETS LC EN EEE 3 
(soit en acide oléique °/, = 1,5). 
Indice de saponification.......... DER PRO ET PAS LE ISR PE RAS MT : 196,4 
Indice d'iode.;:7.76 re ae PAM AT CCR RER 113,9 
Indice de-Reichert=Meissli #25 120 2 En FAT 
Glycérine ., 1/55 Nr PET PR AE ra CAC IMIENRRE 10,14, 
Acides gras insolubles et insaponifiable..................... 94,449) 
Insaponifiable "A4 RP ER ER er RENE TPE 0,76°/0 
Indice de saponification de l'huile acétylée.................. 207,2 
Indice réel d’acétyle (selon Lewkowitsch)................... 13,5 


4. Pris un volume d'huile et deux volumes d’alcool absolu ; opération 
effectuée en tube scellé, 


GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 11 


* 3° Essais qualitatifs. 


Essai de l’élaïdine. .... masse butyreuse d'un jaune orange légèrement 
brunâtre 

RE REA OMR RTL Ms. 2. OM CE RARES négatif 
Réaction de Bauduin........... Aus : TROT ES négative 
-—- HAINE PART OU RS Dee: . : PME ee re 


légère réduction ; coloration d'un brur 


noirâtre 
4° Essai de siccativite. 


Ni augmentation de poids, n1 changement de consistance ou 
d'aspect après un mois d'exposition à l'air en couche mince 
sur lame de verre. 


B. — Acides gras insolubles mélangés. 


ERRONÉE STONE RE AL TS At à mi MD ue dau 359 5.1 à 369 7.2 
Pom Te so hCAtIOn "Es. NE Men Le Lens MER 33° 2 
RC HO e BA UN SE RS EUR EEE ANA NE RTSe L négative 
_ DAAIDROREE TA SRE ESRI Ne, a me RARE us R 
— de Milliau-Becchi..... légère réduction ; coloration d’un brun 
noirâtre 
Essai de l’hexabromure 
Indise déneniralsa One A PR En CRE An 7 Le 183,3 
(Poids moléculaire moyen correspondant — 306 
RUE SAMOA RON LE ER Te ee ns can Vans ra à 196,5 
(Poids moléculaire correspondant — 285,4) 
IR eB Id dei A RAT 0 0 TA MISE r'A LUS fe ma Le à 100,4 
Proportion approximative d'acides liquides, ................ 60°/, 
_ —— — SOAES AL FFT, 10 
Indice de saponification des acides acétylés................. 249,4 
Indice réel d'acétyle (Lewkowitsch} ...,...........,....... 49,1 


C.— Acides gras liquides. 


laoesde rétrACHOMA2 UMR ee PO ser Ÿ. 1,:4663 
Indice d'iode 125,8 


1. Température de fusion commençante. 
2. Température de fusion complète. 
3. En tube capillaire; je ne dis donc pas «titre ». 


12 J. PIERAERTS 


En appliquant aux acides liquides de l'huile de cocorico, 
les moyens de caractérisation détaillés à propos de l'étude de 
l'huile de sélé, nous avons constaté que le mélange de ces 
acides liquides se résumait aux acides oléique et linoléique, 
existant en des proportions sensiblement les mêmes que celles 
données pour l'huile de sélé. 


D. — Acides gras solides. 


Les sels insolubles fournis par la méthode « Plomb-éther », 
décomposés par de l’acide chlorhydrique, laissèrent des acides 
qui furent cristallisés par deux fois dans de lalcool à 95°. 
Obtenus de la sorte, ces acides se présentaient sous forme de 
masse blanche, cristalline, avec aiguilles enchevêtrées, dont 
les constantes sont les suivantes : 


Point de fusion {tube capillaire) ! 14989 TRAME 
Point de solidification (tube capillaire)................. 
Indicedisde:- 2e al at nn RER Er OP CE e DTA 2,06 


Faute de matière première, il ne nous fut point possible 
de pousser plus loin la caractérisation des acides solides con- 
tenus dans l'huile de cocorico. Les résultats acquis autorisent 
à croire que ces acides sont identiques à ceux décelés dans 
l'huile de sélé. Nous espérons d’ailleurs revenir sur cette 
question dès que l’occasion s’en présentera. 

Il ressort à l’évidence, de l'examen chimique que nous 
venons de détailler, que l'huile de cocorico constitue une 
denrée de valeur qui jouit de toutes les précieuses qualités de 
l'huile précédente. 

Nous avons examiné également les graines de cocorico, 
provenant du même lot que celles d’où fut extraite l'huile 
dont la composition vient d’être décrite. 


5 7! 
100 grammes de graines comportaient 
8 8 P | 22°), de coques 


(spermoderme) 
Poids/de100/#raines saines PAR RES re 12 gr. 20 
Poids minimum d’une graine saine,,..,............ Mise 0er e0AT 


S8 0, d'amandes 


# Rosie il se A VAS CAN 

GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 13 

Poids maximum d’une graine saine...,................... 0 gr. 1854 

7 Un spécimen exceptionnel... 1... Ogr. 2274 
Longueur minima d'une graine ...,,..:..:..........:.. 142 mm 

= maxima En Te eue Te DER 17 — 5 
Eargeur minima". 4... CNRS «AS Paie T7 — 

-—- maxima + 9 — 5 


La graine de cocorico contenait 37,50 °/, de matière hui- 
leuse qui, rapportée à l'amande, s'élevait à une teneur de 
50,46 °/, sur matière sèche. 

L'huile extraite à l’éther anhydre présentait les caractères 
suivants : 


Mhecderéfractionsà 2020/0800: Ma M, LRU IR ,#738 
Température critique de dissolution dans l'alcool absolu... 8006 


RTC CAC TALLIÉ AR MR PAL AS UE tn Len Net hr Ne 1,40 
(soit en acide oléique ®/, — 0,70 


ee Sa DORIRCAMHOR AIRE... nd e dome ete 194,2 
RRCRCER CAT EAP SR Re RNA La RIRE Li eee NU 11157 
ÉIMECRIDRNES RE ne Ne PP LAURE et AA 10,32 0/4 
Acides gras insolubles et insaponifiable., .................. 95 °/0 
ESA On MARIE PAT NUE dus oae : EUR MTS: 0,87 °/0 
HESde Re AD EOMUATE AR AE ee LE ee ect T2. négatif 
ROHEPOn ER IDRONS 228. Re NM RE ST sa négative 
ROSE AQU UE AE Aa Ms En ten con MR auf. à dues — 
— MIA BeCCS ME ER ON RNA TRE douteuse 
Acides gras insolubles mélangés : 
REDON GER ne Te PS NE ES EE POSE EC ET RIRE Er 340 4 à 360 6 
MidheeAdeneEnubrANSAON NE RE LA ARRET RE ere 185,2 
TE SADONICAHIONS Pre LE Ne M Le, 196 
D ER Le en DEA À RM ei ed 102,1 
Proportion approximative d'acides solides, .,....,......... 30°, 
— _ liquides ee 10/6 


Il résulte à l'évidence, de ces chiffres, que l'huile extraite 
par l’éther présente la même composition que l'huile préparée 
par la méthode arabisée. 


1. Unique spécimen d'un lot de 300 graines. 

2, Longueur = dimension suivant le grand axe. 

3. Largeur — diamètre perpendiculaire au précédent pris au point de 
son plus grand développement. 


14 J. PIERAERTS 


Le tourteau de l’amande, laissé après épuisement par 
l'éther, nous donna : 


Humidité A A0. AE ES k,129/0 

Matière SÉGRE eee MEN RCE 95,28°/, 

Matières minérales................. 3,83 sur 100 parties matière sèche 
Azote total. ...... ioters units RS 6,18 — — — 
Feuiosanés ana : UN HAE 2,31 _ — — 
Matière amylacée.....%4...,::... néant 

AlcalintérenKACOP RAR PR RE 11,10 sur 100 p. de cendres 
Manpanpse Mn) PAL Rois 0,235 sur 100 p. de cendres: 


Ce tourteau est donc riche en azote ; 1l constituerait évi- 
demment un excellent engrais azoté. 

Sous réserve de la présence de substances nuisibles ou 
toxiques {ce qui est peu probable), le tourteau d'amande de 
cocorico serait également une bonne denrée alimentaire pour 
le bétail et la volaille, surtout si on y incorporait des matières 
amylacées ou sucrées. La coque {tégument) de la graine de 
cocorico contient une dose d'azote appréciable ; on pourrait 
en faire d'excellents composts. 

Cette coque renferme, notamment, en fait de matières sèches : 


Matières minérales "eee ER eR Ana PRen 1,87 °/0 

Azotedotalr "nr 20e der. In OM RENE 1,57/0 

Pentosanes:t ES tu SE NCAA 3,940) 
Alcalinité ne: Re ue 12,65 sur 100 p. de cendres 
Menpanèse Mn) A PC Re 0,877 sur 100 p. de cendres 


La teneur en humidité {à 100°) était de 8,69°/,. 


Malgré son incontestable valeur, à titre de matière oléagi- 
neuse, rien pour l'instant ne fait prévoir que le « cocorico » 
soit susceptible d’un sérieux commerce d'exportation, et cela 
quand bien même le procédé d’extraction en usage serait 
modernisé et fournirait un rendement plus élevé en substance 


utile. Le faible rapport du « cocorico » à l'hectare * et la 


1. Le Mn fut déterminé parl'élégantetsiexact procédé de G. Bertrand. 
2. Selon Tharin, les Cucurbitacées à graines grasses produisent à 
l’hectare à peine 800 kilos de graines. 


GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 15 


décortication lente et pénible de sa graine rendent impossible, 
à notre avis, semblable commerce. En revanche, il y aurait 
opportunité à stimuleret à favoriser au Congo belge lecommerce 
intérieur, tant interrégional que local, de l’huile de « cocorico » 
ou d’autres Cucurbitacées voisines, spécialement au voisinage 
des villes et postes importants, où les colons, qui d'ores et déjà 
préfèrent ces huiles à toutes celles importées d'Europe, leur 
assureraient une vente certaine et très rémunératrice. La pre- 
mière initiative à prendre dans cette voie consisterait à faire 
l'éducation technique de l’indigène et à le familiariser à 
l'emploi de la presse et des dispositifs perfectionnés de filtra- 
tion. L'industrie fournit de nos jours, en fait d'appareils de 
cette sorte, des modèles réduits aisément transportables et 
n'exigeant aucune fondation. L'indigène, malgré qu'on le dise 
récalcitrant et revêche à tout progrès, ne bouderait pas long- 
temps sur un outillage dont il apprécierait bien vite l'indé- 
niable utilité, surtout si au début on lui en laissait le libre 
usage, sous la surveillance d’un agent blanc. 

Après que le mode de préparation indiqué aurait été mis réso- 
: lument en pratique, il serait sage de procéder, sans trop tarder, 
à un essai d'extraction d'huile par pression de la graine entière, 
c'est-à-dire non décortiquée, mais préalablement broyée ou 
moulue. Il resterait enfin à vérifier si, obtenue de la sorte, 
l'huile de « cocorico » aurait conservé ses précieuses 
qualités. 


3° XIMENIA AMERICANA 


Le Ximenia americana est un arbuste appartenant à la 
famille des Olacacées, et qui se rencontre dans la généralité 
des régions tropicales de l'Ancien et du Nouveau Continent. 
Le Ximenia a:nericana est particulièrement abondant en Amé- 
rique et sur la côte occidentale d'Afrique. Le Dr. Ed. Heckel! 
a décrit très en détail les variations botaniques que présente 
cette plante «insi que ses qualités alimentaires et ses pro- 
priétés toxiques. 


1. Heckel: Les graines nouvelles ou peu connues des colonies françaises, 


Paris, 1898, p. 27. 


16 J. PIERAERTS 


Les appellations vernaculaires sous lesquelles on désigne. 
le Ximenia sont multiples et propres aux divers pays d’origine. 
Alors qu'on le connaît sous les noms de prune de montagne 
ou prune de mer à la Jamaïque, on l'appelle elozy ou zéqué 
ou citron de mer au Gabon. 

in Afrique Australe Britannique, d'où provient l’échantil- 
lon qui a servi à nos recherches, et que nous devons à l'obli- 
geance de M. le Directeur des Services botaniques à Prétoria 


à qui nous réitérons ici tous nos remerciements — les gens 
du pays réserverit au Nimenia le nom de « zuur pruim », 
autrement dit prune acide. À 

La valeur du cifrôn de mer tient avant tout à la forte teneur 
en huile qu accuse sa graine. Selon toute probabilité, cet oléa- 
gineux sera appelé à un sérieux avenir commercial, sitôt qu'il 
sera mieux connu et quon le cultivera avec plus de soin et 
d’une manière intensive. 

Heckel un des premiers attira l'attention sur la richesse en 
huile des graines du Nimenia, ainsi que sur les avantages 
que pourrait en retirer l'industrie, spécialement la savon- 
nerie. 

Suzzi | ensuite, puis Grimme ? se sont occupés également 
de l'étude chimique de l'huile d’elozy, mais leurs travaux 
sont incomplets et, en outre, peu concordants. Par cette 
première communication, nous apportons quelques données 
nouvelles à la question. Hâtons-nous d’ajouter, toutefois, que 
notre œuvre reste fragmentaire, faute d'une quantité suffi- 
sante de matière première. Nous espérons être en mesure sous 
peu d'entreprendre l'examen chimique, systématique, tant 
du fruit que de la graine du Ximenia. Les noix, c'est-à-dire 
les graines recouvertes de l’endocarpe, comportent 25 °/, de 
coque (endocarpe) et 75 °/, d'amande (graine proprement 
dite). 

Ces chiffres se rapportent à des noix, dont la paroi externe 
fut, au préalable, complètement débarrassée des débris de pulpe 


1. Lewkowitsch traduit par Bontoux : Technologie et analyse chimiques 
des huiles, graisses et cires. Paris, 1909, t. IT, p. 861. 
2. Chem., Revue der Felt und Iarzindustrie, 17 (1910), p. 137. 


GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 17 


qui y restaient adhérents, 100 noix pèsent en moyenne 192 
grammes. La longueur de l’amande oscille entre 18 et 22 
millimètres. L'amande titre 63,2 °/, d'huilet, soit 44,7 2}, 
pour la noix entière. É 

L'huile extraite était trouble et possédait une odeur rappe- 
lant vaguement celle de l'oignon. Après filtration, l'huile 
était devenue limpide, d'une couleur jaune pâle et extrêmement 
visqueuse. Le passage de l'huile au travers du papier Chardin 
était sensiblement lent et ne se trouvait guère acceléré lorsque 
l'opération s'effectuait dans une étuve chauffée vers 50. 
Après quelques jours d'exposition à l'air (en réalité, à la fin 
de la laborieuse filtration) l'odeur alliacée avait fini par dispa- 
raitre totalement, À ce moment la saveur de l'huile était 
douce, mais très peu marquée. 


À. — Caractéristiques de l'huile. 


Poids spécifique = RTE re ee DR à DE UNS A mr 0,9218 
J 

RME dE ré fTaC tone AE RCE EE TE 1,4751 

ET NCA TONER CL RTE eh SE NU PEU PAR : pul 

Réaclion d'Halphen,..... SE AU AO NE NS ME tan» négative 

— de Milliau-Becchi.,.... MAT RS Us très légère réduction 

Essai de l’élaïdine, ,...., ....: masse consistante d’un jaune gutte 


d'abord, prenant le lendemain une 
très légère nuance brunâtre. 


ESondeberabromunpes RM PAT Rens SNS 6,24 0, 
DRE NIET GUERRE SEE STAR POSE AURA GUERRE RUES ) l 

(soit en acide oléique en °/, = 0,5) 

Rec saPOR CAIN 722.0 EAN MORE" LT 170,8 
Indice d'iode,,...... re en PE A ENS TRE ne Len RON CNT 04,5 
Acides gras insolubles et insaponifiable.,...,,............. 95,07 oo 
LEO NE CESR NAS ARE LIT RER ns VESTE REUTERS 1,88 °/ 
ÉCRAN MORE RS re LE AR nR  PTARE LR 2 8,61 ©}, 
Indice de saponification de l'huile acétylée, ................ 190,4 


1. L'extraction fut faite au moyen d'éther anhydre. 
2. Solution de 4,0276 d'huile dans 25 c. c. de chloroforme, examinée 
dans un tube de 100 millimètres. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4° vol, 1916. 2 


- 24 
28 
ü 


18 J. PIERAERTS 
B.— Caractéristiques des acides insolubles mélangés. 
Point de füsiGn ist ne MR ETS PNR 440,5 1 à 4702 
Point de 60H c4Gon*, 20e CRE NE Pr .… 440,2 à° 430 
Indice de-nettralisation A LCI NRA MS 173,9 
(Poids moléculaire moyen correspondant — 322,6 
Indice: de.saponification "25; 200242 ONE 184,2 
(Poids moléculaire moyen correspondant = 304,5 
Indice diode #4, RP Eee. ER RUE SUCER 88,8 
Réaction dé-Milau-Becchi? sn een 70 très légère réduction 
C. — Caractéristiques des acides liquides. 
Indice de réfraction à: 4160. 4.402 SENTE RER 1,4676 
Indice diodes. ue MAC MR ER LT CNE 100,06 
D. — Caractéristiques des acides solides. 
Pointide fusion. 725.2 4eme ent Et FN ARE 590,7 à 600,8 
Pot de solidifcationet germe eme lise 0800 GIE 
Indice dé 'saponificationt en er me Ee 147,2 


(Poids moléculaire moyen correspondant = 381,1) 


Ces acides solides, précipités partiellement par l’acétate de 
baryum, fournirent un sel titrant 14,79 °/, de Ba; alors que 
le calcul indique pour le Ba (C;,H,,0,); une teneur centési- 
male en Ba de 14,717. 

Nos chiffres relatifs à l'indice de réfraction, au poids spéci- 
fique et à l'indice d’acidité de l'huile confirment ceux ren- 
seignés par Grimme. Quant à l'indice de neutralisation des 
acides insolubles mélangés, nos résultats coïncident sen- 
siblement avec ceux donnés par Suzzi et par Grimme. 

Nous avons trouvé un indice diode plus élevé que celui 
cité par ces auteurs, et d’une valeur telle qu’il est évident qu’en 
fait d'acides liquides l'huile de Ximenia compte d’autres 
représentants que l'acide oléique. 

L'indice de réfraction (20° ?) des acides mélangés que donne 
Grimme a été vraisemblablement obtenu à l’aide d'un fac- 


1. Température de fusion commençante. 
2. Température de fusion complète. 
3. En tube capillaire ; je ne dis donc pas «titre ». 


GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 19 


teur de correction, car lesdits acides sont solides à la tempé- 
rature indiquée. 

Parmi les caractères nouveaux que nous relatons, nous 
attirons particulièrement l'attention sur l'essai de l’hexabro- 
mure !, et aussisur les propriétés spéciales des acides solides. 
D'après son pourcentage de dérivés bromés insolubles dans 
l'éther, l'huile de Xiémenia devrait suivre immédiatement les 
huiles de lin et de bancoulier dans la classification des huiles 
siccatives sous le rapport de leur teneur en acide hnolénique. 
Cependant l'indice d'iode relativement faible, la non sic- 
cativité et le degré Maumené peu élevé (40°,5 d'après Heckel, 
69° suivant Suzzi ?) laissent présumer que le composé, inso- 
luble dans l’éther, que nous eûmes entre les mains n'était 
pas dû au glycéride linolénique hexabromé. D'ailleurs une 
première indication (en attendant des preuves péremptoires, 
déduites de recherches plus approfondies) qui nous ancra 
davantage dans l'opinion émise, nous fut fournie par la bro- 
muration des acides insolubles mélangés. 

En effet, ces acides extraits de leur savon potassique, 
débarrassé de l'insaponifiable avant sa décomposition par 
HCI, n'abandonnèrent, après action du brôme, qu'une infime 
quantité d'un composé solide, blanc, insoluble dans l’éther 
ainsi que, tant à chaud qu’à froid, dans de l'alcool à 95°. En 
revanche, ce composé se dissout dans le chloroforme avec une 
extrême facilité et il se prend, par évaporation spontanée du 
dissolvant, sous forme de gouttelettes huileuses. Chaulfées 
dans une étuve vers 100°, ces gouttelettes brunissent rapide- 
ment et se prennent en une pellicule translucide très flexible. 
La quantité tellement minime de cette étrange substance ne 
nous permit pas de pousser plus avant son identification. La 
faible proportion de ,glycérine, l'indice de saponification de 


4. L'huile de Ximenia, étalée en couche mince sur une lame de verre, 
n’accusa pas la moindre augmentation de poids, ni ne changea de con- 
sistance ni d'aspect, après un mois d'exposition à l'air. 

2. L'examen de Suzzi porta sur de l'huile extraite de graines récoltées 
à Seraé (Erythrée), alors qu'Heckel opéra sur de l'huile provenant du 
Ximenia du Gabon. 


20 J. PIERAERTS 


l'huile, l'indice de neutralisation des acides mélangés et surtout 
les caractères des acides solides obtenus après précipitation 
par l'acétate de baryum, font supposer qu'il existe dans 
l'huile de Ximenia un glycéride à acide gras de poids molé- 
culaire très élevé (vraisemblablement du cérotate de glycéryle), 
glycéride auquel cette matière grasse doit peut-être son excep- 
tionnelle viscosité. 

Le tourteau que laisse l'épuisement par l'éther renfermait 


notamment : 

Humidiiéra 10 PR RE ere An 6,19 0 

Matière RéChemereie ) R neER Re 93,81 0, 

Matièresmuineralest 205" 5,09 sur 100 p. de mat, sèche 
AIZOLETO LA + MERE A NU TNT IAE 7,65 _ = Æ 
Pentosines tas Arme A Eee re F110,08 — — — 
Alcalinité en Ro CO me en 5,69 — de cendres 
Mansanèse (Mn) ec re 2 0,112 sur 100 p. de cendres 


Dans la coque (endocarpe) nous avons trouvé : 


Humidié (amOU0) PARENT PREMIER en ce DPODMESS 

Matière Seche rem er Literie, 90,04} 

Matières minérales MORT EEE 1,75 sur 100 p. de mat. sèche 
NZ O LOTO ARE Er PR rt MR CRe TE 0,75 — — — 
PERLOSARESER NN EN CAN ER En 4,96 = area: 
Alcalinité enloiCOs TR ER 04,64 — de cendres 
Manpanese{Mn}# tes Res ere 0,075 sur 100 p. de cendres 


Nous n'avons pu déceler la présence d’amidon soluble dans 
la graine du Ximenia provenant de Prétoria, mais nous y avons 
trouvé de la matière amylacée à structure organisée, se pré- 
sentant sous forme de granules ordinairement isolés, excep- 
tionnellement réunis par deux ou trois et plus rarement 
davantage. Ces granules sont fort petits; les plus volumineux 
sont ovoïdes, les autres discoïdes. Certains granules libres 
affectent, en certaines portions de leur contour, des parties 
rectilignes à angles arrondis, ce qui dénote et confirme l’exis- 
tence de grains composés. Ni hile ni couches visibles. La croix 
noire en lumière polarisée est nettement apparente. Le tour- 
teau agité avec de l’eau iodée ou de la teinture d'iode très 
diluée se colore en bleu foncé quasi instantanément. 


GRAINES OLÉAGINEUSES AFRICAINES 21 


Schlagdenhauffen !, par contre, dit qu'il y a de l’amidon 
soluble dans le Ximenia du Gabon et non de la matière amy- 
lacée à texture organisée. Nous voilà doncen présence de deux 
constatations contradictoires, Il serait intéressant de vérifier 
si ce caractère nettement différentiel est constant ou acciden- 
tel. Dans la première hypothèse, on aurait à sa disposition 
un moyen infaillible pour diagnostiquer et différencier le 
Ximenia du Gabon de celui de l'Union Africaine du Sud. Qui 
sait si l’on ne constaterait pas une corrélation entre l'état 
d’agrégation de la matière amylacée d'une part et les qualités 
alimentaires ou les propriétés toxiques des variétés de Ximenia 
d'autre part ? 

Le tourteau produit par les graines de Ximenia reçues de 
Prétoria, possède la même composition que celui fourni par 
la variété du Gabon°?; aussi pourrait-il servir aux mêmes 
usages que ce dermier. Notre distingué correspondant ne nous 
a donné aucun renseignement quant à l'état édule de la graine 
du Ximenia croissant en son pays, mais 1l nous a signalé que 
l'huile extraite de cette plante est utilisée par les aborigènes 
pour la fabrication des chandelles et pour oindre leur corps. 
Le fruit sert, paraît-il, à préparer d'excellentes conserves. 


1. Ed. Heckel, loc. cit. 
2. Ed. Heckel, Loc, cit. 


LES MONOCOTYLÉDONES 
AQUATIQUES 
DE MADAGASCAR 


par M. Henri JUMELLE 


Nous nous proposons de publier ultérieurement, au cours 
d’un travail d'ensemble, une étude plus détaillée des Monocot v- 
lédones aquatiques de Madagascar, mais nous croyons pouvoir 
dès maintenant tenter une révision générale de ces Monocotylé- 
dones, que nous présenterons sous la forme de tableaux synop- 
tiques des genres et des espèces. Nous faisons suivre ces 
tableaux d’une énumération rapide des localités pour les- 
quelles nous avons pu relever la présence de chaque espèce, 
soit d'après les échantillons que nous avons examinés dans 
l'herbier du Muséum, soit d'après ceux que nous avons déter- 
minés ! dans le riche herbier de notre «mi M. Perrier de la 
Bâthie. Exceptionnellement nous avons aussi cité quelques 
stats qui sont déjà signalés dans des mémoires antérieurs. 
Toutes les espèces mentionnées ici ont été revues par nous, 
sauf dans les rares cas que nous indiquerons. 

Les familles étudiées sont les Lemnacées, les Naïadacées, 
comprises au sens le plus large, les Alismacées et les Hydro- 
charidacées, 


1. Nous faisons suivre des lettres P.B. les localités où ont été recueil- 
lis les échantillons de l’herbier Perrier dela Bâthie. Pour la plupart des 
autres échantillons, la source sera indiquée dans le travail plus complet 
qui paraîtra plus tard, 


12 


H. JUMELLE 


I. — LEMNACÉES 


Deux genres : 


Une seule racine sur la face inférieure du cladode. Lemna 
Plusieurs racines sur cette face inférieure. ...... Spirodela 


Chacun de ces deux genres est représenté à Madagascar 
par une seule espèce. 


Lemna. 
Lemna paucicostata Hegelmaier. 


Eaux silico-calcaires du lac de Gnamby, près du mont 
Tsitondraina, dans le Boina (P.B. 7202. 

Eaux des sources thermales alcalino-sodiques et chargées 
de chaux d’Ampasimbasimba, dans l’Itasy, vers 800 mètres 
(P.B. 7202 bis). 

Marais à Raphia, à eaux ferrugineuses et siliceuses, à 
Stampika, sur la rive gauche de la Mahavavy (P.B. 1611). 

Mares à eaux calcaires, avec Typha et Marsilia, dans la 
vallée de la Sakandy, affluent de l'Onilahy, dans le Sud-Ouest 
(P.B. 4397). 


Spirodela. 


Spirodela polyrhiza Linné. 


Eaux séléniteuses des ruisseaux des environs d'Andrano- 
mavo, dans l'Ambongo (P. B. 7205). 

Petit lac près de Besavo, aux environs de Madirovalo, 
dans le Boina (P. B. 988). 

Eaux très calcaires de la Mahavavy, au Zony (P. B. 7199). 

En mélange avec des Lemna dans la vallée de la Sakandy, 
affluent de l’Onilahy (P. B. 4398). 

Eaux des sources thermales d'Apasimbasimba, dans l'Itasy, 


vers 800 mètres (P. P. 7201). 


MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 25 


Source dans le basalte, aux environs d'Antsirabé, vers 


1500 mètres (P. B. 7198). 
II: NAIADACÉES 


Huit genres, dont trois marins et un des eaux saumâtres: 


I. Plantes des eaux douces ou saumâtres : 
A. Fleurs hermaphrodites. 
a) Tige réduite à un tubercule: 1 
à 3 bractées par fleur : ordinaire- 
ment 6 étamineset 3 carpelles. 1 Aponogeton 
b) Tige allongée. 
{. Fleurs nombreuses en épi ; 
pièces sépaloïdes par fleur ; 4 


étamines et # carpelles..... 2 Potamogeton 
2. Fleurs par 2: aucune pièce sépa- 
loïde ; 2 étamines.......... 3 Ruppia 
B. Fleurs unisexuées. 
al Acarpellesr- Mn 7. 4 Zannichellia 
DIR ARPATDOIlE ee HET ) Naias 
II. Plantes marines. 
A. Dioïques : fleurs mâles à 2 anthères 
soudées sur un long filet commun ; fleurs 
femelles à 2 carpelles. 
a) 2 stigmates par carpelle....... 6 Cymodocea 
b) 1 stigmate par carpelle........ 1 Diplanthera 


B. Monoïques : fleurs mâles à 1 anthère 
sessile ; fleurs femelles à 1 carpelle. 8 Zostera 


I. Aponogeton. 
Neuf espèces. 


I. Feuilles fenêtrées. 
A. Trabécules formées presque exclusi- 
vement par les nervures.,....., | À. fenestralis. 


12 
CS 


H. JUMELLE 


B, Trabécules formées par 


les nervures accompagnées 
d'une certaine épaisseur 
de‘isst mois air 
IT. Fewlles pleines. 

A. Limbe beaucoup plus long 
que large, à base en coin, 
ou arrondie, ou très légère- 
ment cordée. >... 1.7 

a. Deux épis par pédoncule. 
a Feuilles gaufrées, limbe 
arrondi à la base... 

a Feuilles non gaufrées. 
1. Limbe de moins de 
15 mm. de largeur. 

. Limbe de plus de 15 

mm. de largeur. 

1’. Long pétiole (20 à 

25 cm.); pédoncule 

floral élargi vers le 


© 


SOMMEL Er dr 

2’. Court pétiole (10 
em. ); pédoncule floral 
rétréciverslesommet. 

b. Plus de deux épis ordi- 
nairement par pédon- 

cule ; feuilles gaufrées. 

h' Limbe ordinairement 
arrondi à la base ; 
cellules à tannin visi- 
bles par transparence : 
nervures transversales 
descendantes........ 

b” Limbe en coin à la 
base ; pas def cellu- 

les à tannin visibles 


2 A, Guillotu. 


2 A. Boiviritana. 


4 À. viridis. 


5 À. ulvaceus. 


4 À. ambongensis. . 


7 A, Bernierianus. 


MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 2 


TT 


par transparence 
nervures transver- 
sales non descendan- 
DÉS RE Te ee S À, quadrangqularis. 
B. Limbe au plus trois fois plus 
long que large, fortement 
Cordé Ha basers ter 9 À. cordatus. 


1. Aponogeton fenestralis Hooker fils (Un des ovrrandra 
des Hova). 


Ranomena, près d'Ivohibo, chez les Bara. 


2. Aponogeton Guillotii Hochreutiner (Ovirandra et 
ovirandrana des Hova). 

Dans les rivières aux eaux claires et vives, lorsque ces 
rivières coulent sur les rochers. Manankaza, au nord-est 
d'Ankazobé, à 1500 mètres (P.B. 7149). 

Dans l'Ikopa, au-dessus de Mevatanana, dans le Boina 
(P.B. 282 bis). 

Rapides de la Mahavavy, sur les basaltes, dans le Boina 
(P.B. 7144). 

District de Vatomandry, dans les cascades (Guillot, d'après 
Hochreutiner). 


3. Aponogeton Boivinianus Baillon. 

Nord-Ouest de Madagascar. 

Nossi-Bé. 

Rivières du flanc oriental de la montagne d’Ambre, sur les 
basaltes (P.B. 7145). 


k. Aponogelon viridis Jumelle {Ovirano des Sakalaves). 

Ruisseaux de Morataitra, sur la rive droite de la Betsiboka, 
près de Mevatanana (P.B. 393). à 

Ruisseaux d'eaux vives, sur les grès liasiques, dans le 
bassin du Bas-Maivarano, province d'Analalava (P.B. 7143). 


5. Aponogeton ulvaceus Baker. 
Dans les montagnes de l'Ankaratra (Kitching, d'après 


Baker). 


28 H. JUMELLE 


Mars de l'Imerina, 
Lac d'Ambahipo, dans l'Imerina. 


6. Aponogeton ambongensis Jumelle. 
Eaux calcaires de Namorokä, dans l'Ambongo (P.B. 1546). 


7. Aponogelon Bernierianus Decaisne. 
Rivières de Sainte-Marie de Madagascar. 
Torrents de la Simiane, sur la côte Est (P.B. 7167). 


8. Aponogeton quadrangularis Baker. 

Chez les Tanala, dans l'Est (Baron, d'apres Krause et 
Engler). 

Rivière Rahinaimamy, dans le bassin du Matitana, à 
100 mètres d'altitude (P.B. 7153). 


9. Aponogeton cordatus Jumelle. 
Marais de la forêt d'Analamazaotra, vers 800 mètres (P 
B. 7160). 


ID 


—  Potamogeton. 
Huit espèces. 


I. Stipules libres. 
A. Feuilles non embrassantes à 
la base. très rarement 
semi-embrassantes. 
a. Feuilles nettement pétio- 
lées, jamais embrassan- 
ES LS Re NO Tr LE 
a. Feuilles submergées 
linéaires. 
1. Feuilles nageantes à 
limbe de moins de 
3 em. de longueur.. 1 P. javanicus. 
2. Feuilles nageantes à 
limbe de plus de 3 
em. de longueur... 2 P. natans. 
a. Feuilles submergées 
ovalesoulancéolées, 


MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DEF MADAGASCAR 29 


1. Pétiole de plus de 3 cm. 
1’. Pédoncule floral 
aussi épais ou plus 
épais que la tige... 
2°. Pédonculeplusgréle 
que latige........ 4 P. perfoliatus. 
2, Pétiole de moins de 
2 cm. ; pédoncule flo- 
ral plus gros que la: 
tige : imbe acuminé ou 
mucroné DPALITR 


d'un ete etat se 


Ce 


P. fluilans. 


b. Feuilles sessiles ou subses- 
siles, parfois semi-em- 


brassantes mme Ps 6 P, lucens. 
B. Feuilles nettement embras- 
saintes la base. 1": 1 P. perfoliatus. 


Il. Stipules soudées en gaine avec 
le pétiole : feuilles toutes très 
étroites; épi discontinu.... 8 P. pectinatus. 


1. Potamogeton javanicus Hasskarl. 

Andrangoalaka, près de Tananarive, dans l'Imerina. 

Alixville (P.B. 187). 

Marais des sources thermales d'Antsirabé, à 1.500 mètres 
(P.B. 7152). 

Mêmes marais à 1.600 mètres (P.B. 7142, 2248). 

Lac d'Andranobé, près d’Antsirabé, à 1600 mètres (PER: 
1150). 


2. Potamogeton natans Linné. 
Côte Sud-Ouest de Madagascar (Grandidier). 


3. Potamogeton fluitans Roth. 

Marais de Marovoay (P.B. 7164). 

Environs de Mahevarano, près de Majunga (P.B. 7165). 
- Lac de Kimadio, près de Mevatanana (P.B. 7166). 


4. Potamogeton polygonifolius Pourret. 
Près de Tananarive. 


30 H,. JUMELLE 


Nanisana (Herbier de Nanisana, 311). 


Lac d'Ambohipo. 


». Potamogeton Zizii Martens et Koch. 
Rivières et marais des environs d'Ivodro. 


6. Potamogeton lucens Linné. 

Environs de Tananarive (sous-espèce vaginans Bojer). 

District de Vatomandry, dans la lagune (sous-espèce vagi- 
nans) (Guillot, d'après M. Hochreutiner). 


1. Potamogeton perfoliatus Einné. 

Ruisseaux de Marofandelia, près de Morondava (variété 
ovatus) (P.B. 7151). 

Centre et Ouest ; eaux courantes aux environs des sources 
thermales d’Ampasimbasimba sur la Mazy (variété ovato-lan- 


ceolatus) (P.B. 7148). 


S. Potamogeton pectinatus Linné. 

Eaux très calcaires, dans les ravins de Miaro, bassin du 
Fiherena (P.B. 4383). 

Antsirabé, fossés des sources thermales, à 1.500 mètres d'al- 


titude (P.B. 7162 et 7168). 


3. — Ruppia. 
Une seule espèce. 


Ruppia maritima Linné. 

Dans les eaux saumâtres du lac HOME, dans le 
Sud-Ouest (P.B. 8140). 

Lagunes entre Sambava et Antalaha, dans le Nord-Est 
(P.B. 2068). 


4. — Zannichellia. 
Une seule espèce. 


Zannichellia palustris Linné. 
Dans les eaux stagnantes d'Antsirabé. 


ne , 


MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 31 
D, — Naias. 
Trois espèces dioïques. 


I. Fleur femelle avec spathe... 1 N. madagascariensis. 
IT. Fleur femelle sans spathe. 
a. 12 à 18 petites dents sur 
chaque bord du limbe.. 2 N. australis. 
b. 4 à 8 fortes dents sur 
chaque bord du limbe. 3 V  horrida. 


1{. Naias madagascariensis Rendle. 
Près de Tananarive. 


2. Naias australis Bory. 
Aucune indication de localité. 


3. Naias horrida À. Braun !. 
District de Vatomandry, dans les lagunes (Goudot, d’après 
Hochreutiner). 


6. — Cymodocea. 
Quatre espèces. 


I. Feuilles à limbe rubané; fleurs isolées. 
A. Rameaux dressés courts : 
faisceaux fibreux sous-épi- 
dermiques dans le limbe. 
a. Limbe de 2 à 4 mm. de lar- 
geur, à 7 à 13 nervures. 1 C. rotundata. 
b. Limbe de 8 mm. de lar- 
geur, à 15 à nervures. 2 C. serrulata. 
B. Rameaux dressés plus al- 
longés et très ramifiés ; pas 
de faisceaux fibreux sous-épi- 
dermiques ; limbe de 7 à 10 
mm. de largeur, avec 17 à 25 
tits ve SPP ITEN EE DRRURTS 3 C. ciliala. 


1. Nous n'avons pas vu cette espèce, que nous citons d'après Hochreu- 
tiner, 


32 H, JUMELLE 


IT. Feuilles à limbe cylindrique : 
fleurs groupées ere 4 C, isoelifolia. 


l. Cymodocea rotundata Aschers. et Schweinf. 
Sur la côte Nord-Ouest : Noronsangana, 13° 52’ lat. S. 


2. Cymodocea serrulata Aschers. et Magnus. 
Noronsangana. 
Nossi-Bé. 


3. Cymodocea ciliata Ehrenberg. 
Noronsangana. 

Nossi-Bé, à marée basse. 

Baie de Bombetoka (P. B. 1631). 


4. Cymodocea isoetifolia Ascherson. 
Beravi. 
Nossi-Bé. 


7. — Diplanthera. 
Une espèce. 


Diplanthera uninervis Ascherson. 
Noronsangana, sur la côte Nord-Ouest. 


Nossi-Bé. 
8 = TZostera: 
Une espèce. 


Zostera nana Roth. 
Nossi-Bé. 


III — ALISMACÉES 


Les quatre genres d’Alismacées actuellement connus à 
Madagascar appartiennent à la tribu des Alismées. 


I. Corolle bien visible, plus grande que les sépales. 


MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 33 


A. Carpelles sur un réceptacle plan. 
a. Fleurs hermaphrodites ; 
paroi du fruit non creusée | 
HE CANIEN ET ESS LU { Caldesia. 
b. Fleurs andromonoïques : 
paroi du fruit creusée de 


2 cavités latérales. ..... 2 Limnophyton. 
B. Nombreux carpelles sur un 
réceptacle bombé........ 3 Lophiocarpus. 
IT. Corolle invisible, plus petite 
queries Sépales. AMENER L Wiesneria. 


FL = ECaldesia: 
Une espèce. 


Caldesia parnassifolia Parlatore. 
Dans le Centre : marais d'Antsirabé, à 1.500 mètres d'alti- 


* tude (P.B. 7235). 
2.— Limnophyton. 


Une espèce. 


Limnophytum obtusifolium Miquel. 

Morondava (Grandidier). 

Dans les marais de l'Ambongo et du Boina, pendant la 
saison des pluies : à Mahevarano, près de Majunga (P.B. 
71238) ; à Marovoay (P.B. 7231) ; à Suberbieville (P.B. 217); 
à Ankisihitra, près du mont Tsitondraina (P.B. 217 Bis). 


3. — Lophiocarpus. 


Une espèce. 


Lophiocarpus quyanensis Smith. (Le voalefokamboa des 
Hova). 


Marais de Mahevarano, près de Majunga (P.B. 7239). 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4* vol, 1916, 3 


34 H. JUMELLE 


Etangs, près de Tsarasaotra (P.B. 417). 

Environs du lac Kinkony, dans l'Ambongo, dans les fos- 
sés (P.B. 417 Dis). 

Eaux dormantes du Mampikeny, dans le Boina (P.B. 
72140). 

Mares de Maroantsetra, sur la côte Est (P.B. 7236). 

Environs de Tananarive. 

Analamahitsy, dans le Centre (Herbier de Nanisana, 110). 


4. — Wiesneria. 


Une espèce. 


Wiesneria filifolia Hooker fils. 
Dans les lacs du Centre de Madagascar (Parker gt Baron, 
d’après Baker). 


IV. — HYDROCHARIDACÉES 


Six ou sept genres, dont deux marins. 


I. Plantes d'eau douce. 
A. Tiges allongées etramiliées. 
a. Feuilles verticillées..... 1 Hydrilla. 
b. Feuilles en spirale. ..... 2 Lagarosiphon. 
B. Tiges courtes: feuilles en 
rosette. 
a. Toutes les feuilles ruba- 
M ANS Ron 3 Blyxa. 


ATOME: MR NEE 
4. Fleurs dioïques ; spa- 
thes non allées re. 4 Boetia. 
2. Fleurs hermaphrodites; 
spathes aubes-ris ti ta 5 Ottelia. 
II. Plantes marines. 
A. Un calice, mais pas de co- 


MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 


Co 
OC 


rolle ; placentas peu sail- 

lants dans l'ovaire ; feuil- 

les à bords non épaissis. 6 Halophila. 
B. Calice et corolle ; placentas 

saillants ; feuilles à bords 


CAISSES PRE le . : T Enhalugs. 
1. — Hydrilla. 


Nous ne sommes nullement sûr de la présence de l'Hy- 
drilla à Madagascar, car nous n’avons vu dans aucun herbier 
de l’île un échantillon qui puisse être rapporté certainement 
à ce genre. 

Le n° 3523 Hildebrandt, que Palacky considère comme 
l'Hydrilla verticillata, est un Lagarosiphon. 


2. — Lagarosiphon. 


Deux espèces. 


I. Feuilles espacées, avec 50 paires 
, 
de dents au minimum, assez rap- 
) Ï 
prochées, même à la partie inférieure 
du limbe , 


ARE ANR ON ME RE EC 1 L. madagascariensis. 
IT. Feuilles denses, avec 35 paires 

de dents au maximum, rares et 

espacées dans la partie inférieure 

SU TT INR ARR PERS PSE densus 


Î. Lagarosiphon madagascariensis Caspary. 
Mahamba, sur le lac Alaotra. 
Diego-Suarez. 

Côte Sud-Ouest (Grandidier), 

Environs de Mevatanana (P.B. 90). 

Imaloto, bassin de l’'Onilahy (P.B. 7146). 


2. Lagarosiphon densus Ridley, 
Imerina. 


Lac d'Ambohipo. 


Analamahitsy (Herbier de Nanisana, 117). 


DL 4 


36 H. JUMELLF- 
3. — Blyxa. 


Une espèce. 
Blyxa Auberti Richard. 


Haut-Bera vi. 

Eaux près de Marovoay. 

Eaux des environs de Tananarive. 

Mares et étangs de l’Ambongo et du Boina (P.B. 7142, 
1115). 

Mares d’Ambodiroka (P.B. 81). 

Etangs de Moratatra, sur la rive droite de la Betsiboka 
(P.B. 826). : 

Eaux profondes, sous les berges ou dans les endroits 
ombragés, à Mahevarano, près de Majunga (P.B. 7159). 

Ruisseaux à eaux calmes du Haut-Bemarivo (P.B. 7180). 


RO PE00UA 


Ce genre doit être assez rare à Madagascar, car nous ne 
connaissons ni l’un ni l'autre des deux espèces suivantes, que 
nous ne citons que d'après M. Ridley, qui les a vues dans 
l'herbier de Fordes, du British Museum. 


I. Feuilles très nettement cordées 
à la base; spathe non fendue latérale- 
ment, à sommet denté...... RÉ NE Ne 1 B;Tcordata: 


IT. Feuilles non ou très légère- 
ment cordées ; spathe  profondé- 
ment fendue latéralement, à som- 
méttriide see remet a Lierne 29 "DCS 


Î. Bootia cordata Walhch. 
Sans indication de localité. 


2. Bootia exserta. 
Sans indication de localité. 


MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES DE MADAGASCAR 37 


», — Ottelia. 
Une espèce. 


Ottelia ulvaefolia Buchenau (Oftelia lancifolia Richard). 
(Le fantangindrano et l'ivirandrana des Hova). 

Marais de l’Imerina. 

Andrangaloaka. 

Marais temporaires du mont Belambony, vers 1.000 mètres 
d'altitude (P.B. 7173). 

Marais de l'Analamazaotra, vers 800 mètres (P.B. 7141). 

Eaux dormantes de l’'Ambongo et du Boina (P.B. TIS1,. 

Etangs de la vallée de la Menavava (P.B. 876). 

Eaux courantes, bords du lac Kinkony, dans l'Ambongo 


(P.B. 1436). 
6. — Halophila. 


Deux espèces. 


I. Feuilles ovales ou oblongues, 


assez longuement pétiolées. ....... | H. ovalis. 
II. Feuilles étroites, brièvement 
PRO nn ir me ia 2 H. slipulacaea. 


1. Halophila ovalis Hooker fils. 
Nossi-Bé. 

2. Halophila stipulacaea Ascherson., 
Nossi-Bé. 


Li 


1. — Enhalus. 


Une espèce, que nous n'avons vue dans aucun herbier de 
Madagascar, et que nous citons d'apres Ridley. 


Enhalus Koeniqu Richard. 
Nossi-Bé, dans la mer, à 5 ou 6 mètres de profondeur. 


LES BOIS UTILES 


DE LA GUYANE FRANCAISE 


par M. HERBERT STONE 


DE BIRMINGHAM 


Mon but, en écrivant cet ouvrage, a été de réunir tous les 
renseignements que nous possédons actuellement sur les bois 
de la Guyane française, de les comparer, d’éclaireir la syno- 
nymie tant scientifique que populaire, enfin de fournir des 
descriptions complémentaires de toutes les espèces représentées 
soit au Musée Colonial de Marseille, soit dans les autres col- 
lections que je citerai plus loin et que j'ai pu étudier. 

J'ai voulu, en même temps, attirer de nouveau l’atten- 
üon du public sur les richesses trop négligées des forêts de 
la Guyane. 

Ce délaissement était déjà déploré, il y a un siècle, par Du- 
monteil, par de Malonet et par beaucoup d’autres ; il est plus 
grand encore depuis que le fer a remplacé le bois dans les con- 
structions navales. On ne peut que rarement trouver dans un 
magasin de Paris un article fait avec un bois de la Guyane. 
Et cependant, il est des essences qui peuvent servir aux 
usages les plus divers. 

Les auteurs que je viens de citér faisaient allusion aux 
préjugés qu'il y avait contre ces bois ; je n'ai jamais rien pu 
relever de tel dans la littérature. Peut-être ces préventions 
étaient-elles propres au monde maritime. Aujourd'hui, en 
tout cas, si ces bois ne sont pas employés, c'est plutôt parce 
que l'industrie ignore la plupart de ces espèces et ne connaît 


10 H. STONE 


que les très beaux bois de couleur employés par l'ébénisterie 
et la marqueterie. On se figure que tous sont lourds, durs, 
difficiles à travailler, et surtout de prix élevés, alors que, au 
contraire, il en est qui ne reviendraient pas plus cher que les 
bois des États-Unis, qui nous arrivent en si grandes quantités 
en Europe, malgré le coùt de la main-d'œuvre. Et le fret est 
à peu près le même: 

Si le Bois blanc du Nord peut être envoyé avec bénéfices 
au Cap de Bonne-Espérance, si le Pitch-pin, le Noyer noir, le 
Hickory, le Frêne d'Amérique, le Tulipier, les Chênes blanes 
et rouges peuvent être reçus à bon marché de l'Amérique du 
Nord, pourquoi des bois semblables ne pourraient-ils pas 
provenir de l’Amérique du Sud ? Le Japon même expédie du 
Chêne en Angleterre. 

Cette absence de tout commerce des bois guyanais peut 
évidemment s'expliquer. 

En premier lieu, les exploitants ont été découragés par les 
déboires subis. Beaucoup de cargaisons ont été envoyées avec 
pertes. Or une espèce qui a été une première fois mal reçue 
n'est plus expédiée et est perdue pour le marché. 

En second lieu, les moyens employés pour faire connaître 
ces bois n'ont jamais été ceux qui conviennent. Les échantil- 
lons qui figurent aux Expositions ne sont pas présentés de 
manière à attirer l'attention des acheteurs. Ce sont trop sou- 
vent de mauvaises büches, préparées par des gens qui ne sont 
pas du métier, qui ne connaissent pas les besoins du marché ; 
et ce sont principalement des bois à meubles, dont la vente 
est, somme toute, limitée. 

L'énorme emploi de bois fait pendant la guerre rend cepen- 
dant l'heure propice pour un essai d'utilisation des richesses 
forestières coloniales ; et 1l faut espérer qu’on va s’efforcer de 
tirer parti des essences d'un emploi général, convenant, par 
exemple, pour traverses de chemin de fer, pavage, construc- 
tion, crosses de fusils, canonnerie, architecture navale, pilotis, 
merrains, rayons de roues d'automobiles, etc. On doit recher- 
cher aussi les bois qui peuvent remplacer le Frêne, toujours 
cher, et le Bois de lance. 


DNS CD 2 DR, - Voré »” ” L 


—— 
—— 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 


Ce n'est, certes, la faute ni des explorateurs, ni des auteurs, 
si tous ces bois sont délaissés. 

Beit, dès 1564, écrivait à ce sujet ; et plus tard encore ont 
paru de nombreux ouvrages. Barrère en 1749, Préfontaine, 
en 1752, décrivaient de nombreuses espèces. 

En 1774, Michel Dumazet présentait un rapport sur des 
échantillons de la Guyane. 

J. Bagot (1777), un explorateur dont de Malonet a fait grand 
éloge,; accomplissait un voyage dans le but précis de découvrir 
des bois propres à la construction ; et de Malonet lui-même 
engagea vivement le Gouvernement à accepter les offres avan- 
lageuses qu'il avait obtenues des exploitants. 

En 1785, Guisan écrivait un mémoire sur l'exploitation des 
lorêts et décrivait diverses essences ; en 1788, Lescallier signa- 
lait leur abondance. 

Ce ne fut pourtant qu'en 1823 que fut publié un travail 
vraiment scientifique, et qu'on ne saurait trop louer, celui de 
Dumonteil, qui est un modèle de précision, témoignant d'une 
grande connaissance non seulement des bois, mais encore de 
leurs usages. Malheureusement l'ouvrage est rare, et, de tous 
les auteurs qui l'ont cité, Sagot est le seul qui semble lavoir 
connu, ou, en tout cas, apprécié à sa valeur. Et comme 
Dumonteil, naturellement, n'employait que les noms indigènes, 
l'identification est souvent difficile. Mais l’auteur défendait 
vivement les bois de la Guyane. Il sut démontrer que, sur les 
119 sortes qu'il trouva pendant ses deux ans de voyages, 1l y 
a toute la gamme, depuis les bois aussi lourds, élastiques et 
forts que l'Ebène, jusqu'à ceux qui flottent comme le hège. Ce ne 
sont pas d'ailleurs ces extrêmes qui sont rares, mais ce qui 
est intéressant c'est le fait de toute cette série d'intermé- 
diaires. 

En 1826, une Commission de Brest essayait certains de ces 
bois de Dumonteil et en établissait la valeur en les employant 
dans la construction des navires, Ces essais, ainsi que d’autres 
sur la force et l'élasticité, ont été bien menés, avec, pour 
terme de comparaison, Chêne — 1. Malheureusement la base 
d'appréciation ne fut pas celle de Dumonteil; ce qui rend 


42 H. STONE 


impossible toute comparaison entre les deux séries de 
chiffres. 

En 1827, Noyer décrivit les forêts ; puis surtout en 1867 
Sagot nous donna pour la première fois un ouvrage où se 
trouvent réunies des connaissances techniques, appliquées sur 
place, et des connaissances scientifiques. Aublet, qui s’inté- 
ressa pourtant aussi au côté industriel de la question, ne peut, 
comme compétence, être comparé à Sagot. 

Depuis lors, aucune étude de quelque valeur ne peut être 
citée. Les botanistes qui publient surle sujet décrivent plus ou 
moins bien les écorces, mais ignorent les bois. Les praticiens 
donnent, d'autre part, des renseignements pratiques, mais 
accompagnés de descriptions trop vagues pour qu'une identi- 
fleation spécifique sûre soit possible. Enfin, certains vulgari- 
sateurs, ne connaissant ni la botanique ni les bois, copient 
les uns sur les autres en mélangeant les synonymes systéma- 
tiques et les termes vulgaires. Qu'on veuille bien jeter un coup 
d'œil sur les chapitres consacrés plus loin au Bois de Licari, 
ou Bois de rose de Cayenne (n° 6200) et à l’Ebène verte 
(n° 5474), tous deux d'une importance industrielle considé- 
rable, et on verra quelles difficultés sont accumulées au sujet 
de l'identité de bois qu'un büûcheron reconnaïtrait au premier 
coup d'œil. 

Cette confusion me parait encore une des causes qui ont 
fait négliger ces bois. On ne sait jamais ce qu'on va acheter 
sous un nom quelconque. Un exemple suffira. Un auteur que Je 
ne veux pas nommer, et qui, d’ailleurs, a fait en d’autres cir- 
constances du bon travail, n’a pas seulement confondu deux 
synonymes systématiques — erreur facile — mais, de deux 
bois désignés sous un même nom indigène, a fait un seul bois 
composé des caracteres de trois espèces différentes. Etil na 
pès été le seul à décrire ainsi des « bois composés » ; d’autres 
auteurs, en adoptant les chiffres de Dumonteil sans rechercher 
s'ils se rapportaient vraiment aux bois qu'ils étudiaient, en 
ont fait également. Nous avons des bois « légers » à 800 kilos 
le mètre cube. 

La détermination systématique d'un arbre présente d'énormes 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 43 


difficultés, car il faut des fleurs, des feuilles et des fruits. Les 
espèces de la Guyane sont clairsemées et ne constituent pas 
des peuplements exclusifs, et les arbres sont souvent si serrés 
qu'il faut en abattre un avant de pouvoir voir même les feuilles ; 
mais, les saisons de floraison et de fructification n'étant pas 
toujours connues, il faut savoir reconnaitre l'arbre sur pied, 
par son écorce et par son port, ce qui n'est possible que pour 
un bücheron expérimenté. Comme les noms indigènes ont 
souvent une application générique, naturellement le bücheron 
fait erreur. 

C'est cependant un travail qui devrait être entrepris. Les 
collections faites par les botanistes ne manquent pas de pré- 
cision, mais un explorateur n'a pas le {temps d’abattre de 
grands arbres et se contente des petits, dont le bois ne peut 
guère être comparé avec les bois commerciaux de bonne qua- 
lité de la même espèce. Pour réunir une collection de bois 
bien déterminés, de valeur industrielle, 1l faut la collaboration 
d'un forestier qui connaît ces bois sur pied, ainsi que leur 
période de floraison, et d’un commerçant local. Le premier 
choisiraït les arbres et de bons échantillons de fleurs, fruits 
et feuilles, le second s’assurerait que le bois convient pour 
l'exportation. Enfin, les échantillons de toutes sortes peuvent 
être envoyés en France en vue d’une détermination. Tout 
échantillon serait alors numéroté, avec des timbres en acier, 
sur le bout du tronc (section transversale), car tout autre mode 
de marquage est incertain. 

De telles conditions sont évidemment de réalisation difficile , 
aussi je propose qu'on se borne à un petit nombre d'espèces 
choisies parmi les plus abondantes, les meilleures connues, 
localement appréciées et d’une utilité générale. On ne prendra 
pas, par exemple, les bois à meubles. Les arbres choisis 
devraient être débités en madriers de 6 em. d'épaisseur envi- 
ron, qui, après avoir été mis à sécher dans des magasins, 
seraient expédiés en France. 

Une fois arrivés, on les débiterait en morceaux convenables, 
destinés à tous les Musées, avec, pour chacun, une fiche don- 
nant tous les renseignements nécessaires. 


F 
n 


H. STONE 


Un tel procédé coûterait moins cher qu'une collection de 
cinquantemauvaises bûches vermoulues, fendues, malrécoltées, 
telles qu'on en voit à toutes les Expositions, où elles ne sont 
qu'une mauvaise réclame pour les essences qu'elles repré- 
sentent. AS 

Je recommande l'Angélique (n° 1927) pour remplacer le 
Chêne. Il a à peu près la même densité, est deux fois plus 
fort, el plus élastique ; en conséquence, les trois quarts de la 
quantité suffiraient pour une même besogne. 

Le Wapa huileur (n° 1948) convient pour les traverses, 
pour le pavage, pour les constructions grossières exposées aux 
intempéries. 

L'Ehène verte (n° 5474) est une fois et demie (2,53 à 1) 
plus forte que le chêne, et d'une force et d’une élasticité hors 
pair pour rayons de roues d'automobiles, baguette de fusil, 
etc: 

Le Genipa (n° 3183 A) est très bon pour crosses de 
fusils. 

Sont encore intéressants les bois suivants, cités par 
Dumonteil, s'il est possible de les reconnaitre d'après leurs 
noms indigènes : 

Le Bois crapaud (pt. Il), tres élastique et fort, mais 
lourd : 

Le Saint-Martin rouge (n° 1851 J), capable de rendre les 
mêmes services que le Chêne, avec une économie de 40 p. 100 
des dimensions et de 30 p.100 de poids, bon aussi —- si c'est 
le même que le bois des collections de Marseille (Guyane, 
n° 101} — pour les crosses de fusils, ainsi que le Chêne vert 
(voir pt. IT); 

Le Saint-Martin blanc (n° 1851 K.), inférieur au précédent, 
bon néanmoins : 

Le Saouari rouge (n° 664). 

Je ne parle pas des bois mous, pouvant remplacer les Pins 
et les Sapins, car il paraît peu probable qu'ils soient actuelle- 
ment exportables, en raison de leurs prix inférieurs. 


Dans ce volume, on trouvera énumérées toutes les espèces 
d'arbres (non d’arbrisseaux) citées par Aublet, Sagot, Barrère, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 45 


Préfontaine, Dumonteil, la Commission de Brest, de Lanessan, 
Brousseaux, Bassières, Bell et Martin-Lavigne, qui se sont 
occupés des bois de la Guyane ; on trouvera aussi toutes les 
espèces mentionnées dans les ouvrages qui traitent des bois 
en général, comme ceux de Roubo, Varenne-Fenille, Guibourt, 
Laslett, Wiesner, Noerdlinger et Grisard. 

Les descriptions de la plupart des auteurs laissent à désirer ; 
il faut souvent deviner ce qu'ils veulent dire. Le premier qui 
pour cette étude eut recours à la loupe fut Varenne-Fenille 
en 1807 ; aussi ses descriptions sent-elles très exactes. Gui- 
bourt plus tard adopta la même méthode ; puis, à une époque 
plus récente, ce sont surtout les pharmaciens qui, comme 
Planchon et Collin, G. Planchon et Boquillon, ont fait plus 
encore en se servant du microscope. Il nous ont alors 
donné une nomenclature méthodique et des descriptions 
minutieuses. 

Pour les bois de la Guyane, Martin-Lavigne est le seul 
auteur qui se soit servi de cette méthode ; malheureusement 
il n'eut à sa disposition qu'une pauvre collection, et il ne fut 
pas plus heureux que ses prédécesseurs dans la détermination 
des espèces. 

Les collections que j'ai eues à ma disposition sont les sui- 
vantes, auxquelles j'ajoute le mot « déterminé », lorsque les 
échantillons sont accompagnés d’un matériel d'herbier, ou 
étiquetés par des personnes compétentes. Il est regrettable 


que ; les échantillons de bois des Musées soient si souvent 


dépourvus d'une histoire documentaire. 
1° Musée Colonial de Marseille : 
a) Collection Jeanneney ; 25 échantillons. 
b) Collection envoyée à l'Exposition de Marseille de 
1906 : 45 échantillons, 
c) Provenances diverses ; 97 échantillons. 
d) Collection du Jardin Botanique, appartenant au Musée 
Colonial de Marseille ; 12 échantillons. 
2° Collection J. Laslett ; 4 échantillons, 
3° Collection Berkhout; 8 échantillons. 
4° Collection de l'Institut Impérial de Londres; 22 échantil- 
lons, 


46 H. STONE 


5° Collection Bell ; 97 échantillons dont 32 déterminés. 

6° Collection du Révérend J. Aiken ; 9 échantillons. 

1° Collection du Parc de la Tête-d'Or, à Lyon ; 14 échantil- 
lons, dont 4 déterminés. 

8° Collection Noerdlinger (coupes déterminées) ; 4 échantil- 
lons. 

La synonymie adoptée est celle de l’?ndex Kewensis : mais 
je ne cite que les synonymes qui se trouvent dans la littéra- 
ture spéciale des bois. 

L'ordre de classification adopté est celui de Durand ; et, 
afin que les très nombreuses références données puissent rester 
bonnes pour les additions futures, j'ai employé le numéro- 
tage de Durand, ce qui a bien facilité ma tâche. 

Puisqu'il est fort probable qu'Aublet a énuméré toutes les 
espèces d'arbres dont les bois peuvent avoir un emploi indus- 
triel et sont au nombre des plus connus, il en résulte que, 
parmi les bois ici décrits, ceux qui ne sont pas déterminés 
doivent être des doubles qui seront tôt ou tard rApPOr A à ces 
arbres d'Aublet. 

J'ai plaisir à dire la grande aide que j ai reçue du Directeur 
du Musée Colonial de Marseille, M. le Professeur Jumelle : 
J'ai été aussi secondé par MM. les Professeurs Gérard et 
Chifflot, de la Faculté des Sciences de Lyon, et par M. Brune, 
bibliothécaire du Musée Colonial de Marseille, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 47 


INTRODUCTION 


La place me manque pour tenter même d'aborder une étude 
générale du bois qui seule nécessiterait un volume, mais, comme 
on connait peu les moyens qui permettent de déterminer un 
bois ou de le comparer avec les descriptions déjà faites, 
j'insisterai davantage sur ce point. Et comme je désire y inté- 
resser tout amateur, j'éviterai, autant que possible, la termi- 
nologie botanique, au surplus inutile, puisque les histologistes 
ne s'occupent guère du bois bien formé et se contentent de 
l'examen de jeunes tiges à structure encore incomplète. 
Houlbert, en 1893, a été, je crois, le premier à indiquer le 
fait que la structure se développe lentement ; mais il saute 
aux yeux de tous qu'il a regardé ses échantillons à la loupe. 

Un tronc s'accroît par l'addition continuelle de nouvelles 
couches se superposant aux couches antérieures. La petite 
plante de la première année est cachée à l'intérieur d’une 
couche ou d'un cône de bois de la deuxième année : elle peut 
même parfois être retirée de sa gaine. Les couches des années 
suivantes sont à leur tour superposées, chacune dépassant 
toujours en hauteur la précédente. 

Dans les pays froids, le cône eflilé ainsi produit, et qui 
constitue le tronc, a, au sommet, une seule couche avec la 
moelle, et, en bas, vers le pied, plusieurs couches dont le 
nombre augmente avec l'âge. 

Dans les régions tropicales, au contraire, où les saisons ne 
correspondent pas avec les nôtres, et où beaucoup d’arbres 
n'ont pas de période de repos bien marquée, il y a du bois 
nouveau en hiver comme en élé, et formation de deux, trois, 
quatre ou même cinq couches par an. 

Je laisse, bien entendu, dans tout ceci, les exceptions, pour 
ne considérer que le cas général. 

Il est intéressant de rappeler que ce fut Léonard de Vinci 
qui signala ce fait, approximativement vrai, qu'on peut con- 
naître l’âge d’un arbre d'après le nombre de ses couches. 

Le même de Vinci fit encore le premier des essais sur la 


48 H. STONE 


résistance des bois de construction (Codice atlantico, folio 
82, recto, b). 

Chez beaucoup d’espèces, le bois reste indéfiniment à l’état 
d'aubier (Bouleau, Tulipier, Quassia) : mais, plus souvent, 
après un nombre d'années variable suivant l'espèce, il se 
transforme en cœur (2 à 4 ans chez le Robinia Pseudacacia et 
le Cytisus Laburnum, #5 environ chez le Frêne, un siècle 
peut-être dans le Bois de lettres). On entend par là que ce 
bois se colore et devient plus lourd, plus dur, plus résis- 
tant aux facteurs extérieurs. Et, à dater de ce moment, 
au fur et à mesure de l'addition saisonnière de nouvelles 
couches externes, une couche interne de l’aubier acquiert les 
caractères du «cœur ». 

Ce changement peut être brusque, et la ligne de sépara- 
tion est alors nette (Laburnum, Wacapou, Robinia), mais 1l 
peut être, quoique rarement, graduel avec une zone intermé- 
diaire (Chène) ou régulièrement progressif (Sorbier, Pom- 
mier, beaucoup de Sapotacées ; voir 4507 B à I). 

Chaque couche a sa structure propre et devrait être étudiée 
indépendamment de ses voisines, formées à un autre moment. 
Elle a donc son individualité, à laquelle ne participent pas les 
rayons qui, permettant la circulation radiale de la sève, 
relient toutes ses couches. Ces rayons vont du centre de la 
moelle à l'écorce ; ils remplissent les espaces que laissent, 
sous forme de mailles, les fibres ligneuses qui forment le 
massif du bois. 

On peut observer une (Bouleau, Faux-Platane), deux 
(Chêne) où même trois (Hêtre, d’après Hartig) sortes de 
rayons dans le même bois ; il y en a toutefois rarement plus 
d'une dans les bois de la Guyane (1823 A, Cacao). Que la 
différence entre ces sortes de rayons soit réelle, j'en doute 
fort (v. 1156 J), mais c'est la théorie admise. 

En coupe transversale (ou horizontale si larbre est sur 
pied) les rayons et les limites des couches dessinent une toile 
d'araignée. En coupe radiale (ou longitudinale ou verticale), 
prise sur la ligne de la moelle, les fragments de rayons que la 
scie a épargnés forment des taches ou des mouchetures, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 49 


qu'on appelle les « mailles », si belles sur le bois de Chêne, 
où elles sont exceptionnellement grandes. En coupe tangen- 
tielle (contre-mailles, bois de fil), ou vus de l'extérieur après 
l'enlèvement de l'écorce, les rayons ont une forme de fuseau 
étroit et sont beaucoup moins apparents. En définitive, ce 
sont des lames à double fil, presque parallèles, mais qui 
naissent en quelque sorte les unes des autres, car espacées à 
la périphérie, elles convergent et se réunissent au centre. 

On peut souvent observer des rayons qui se bifurquent, 
chaque branche devenant un rayon nouveau, et toutes ses 
branches s'écartant de plus en plus les unes des autres avec 
la croissance de l'arbre. Parmi les bois de notre série, j'ai 
observé de ces rayons qui se divisent simultanément en 
quatre branches (1823, Cacao). 

Dans la terminologie scientifique, ces rayons sont appelés 
«rayons médullaires », mais comme ils ne sont médullaires 
que dans la première couche autour de la moelle, nous 
nous passerons de ce terme encombrant qui devrait disparaître. 

Parmi les fibres ligneuses se trouvent ces petits tubes qui 
traversent verticalement les couches et sont les « vaisseaux ». 
En coupe verticale, ces vaisseaux se présentent comme de 
petits sillons formant « grain » : en coupe transversale, ils 
semblent des piqüres. 

- La disposition des vaisseaux, variant avec l'espèce, est très 

caractéristique et aide à reconnaître les familles, souvent le 
genre. Les vaisseaux peuvent être serrés (Bouleau, Hêtre), 
petits et nombreux, et jusqu'à 400 par millimètre (Buis), ou 
isolés, grands et rares (la plupart des Légumineuses), au point 
qu'il n'y ait plus que ! par 3% millimètres (n° 1856 A) ; ils 
peuvent être disposés en lignes obliques ( Terminalia, n°2249), 
radiales (Houx, Châtaignier), dendritiques (Chênes), ou en 
groupes subdivisés radialement et par échelons (Wimusops, n° 
4508, et beaucoup d'autres Sapotacées), ou sans ordre appa- 
rent. 

Les anneaux concentriques de gros vaisseaux, si apparents 
et bien connus dans le Chêne, n'ont qu'une valeur spécifique 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 4° vol. 1916. 4 


oÙ H. STONE 


et ne se trouvent que rarement dans les bois exotiques 
Melia Azedarach, n° 1171). On ne les constate même pas dans 
beaucoup de chênes ; le Chêne vert en a à peine. 

Enfin, il est une sorte de tissu moins vulgairement connu, 
mais d'une importance capitale pour la détermination des 
espèces : c'est le « parenchyme ». Terme, au reste, assez défec- 
tueux, car il englobe beaucoup de tissus différents, comme le 
tissu de la moelle et des rayons, et deux autres sortes qui 
sont le «paratrachéal» et le « mésotrachéal ». On peut se 
servir de ces deux dernières dénominations, si l’on veut; Je 
les remplacerai, cependant plutôt par Pa et Pb, car je les 
juge inutiles, n'étant pas assez précises pour nous, à notre 
point de vue spécial. 

La nature des cellules et des tissus ne nous intéresse pas 
ici : c'est leur ensemble et surtout leur apparence qu'il nous 
faut considérer. Et comme ces cellules de parenchyme sont 
associées suivant quatre modes distinctes, j'admettrai les 
quatre divisions suivantes : 

Parenchyme a. Le tissu entoure plus ou moins complète- 
ment les vaisseaux. Il est toujours plus mou que les fibres 
ligneuses et, à de très rares exceptions près (dont aucune ne 
se présente pour notre série), également plus clair. Le cas le 
plus fréquent est celui où ce tissu forme gaine autour des 
vaisseaux et, sur une section transversale, apparaît comme 
une petite auréole autour de l'orifice. À un état de plus grand 
développement, il peut s'étendre tangentiellement sous forme 
de petites ailes, qui peuvent être de plus en plus longues, 
jusqu'à unir des groupes de vaisseaux et à faire des lignes ou 
couches concentriques continues. Il est des cas où ce tissu 
peut constituer jusqu'aux deux tiers du massif du bois. 
(Ormosia, n° 1876 A). 

Parenchyme b. — C'est un tissu d'une nuance et d’une 
nature différentes du précédent, mais ici nous rencontrons la 
plus grande difficulté de notre tâche, car il ne faut absolu- 


ment pas prendre les lignes concentriques de Pa pour celles 


de Ph. Quand les deux types coexistent, il est toujours facile 
de les distinguer, mais on a tendance à oublier les différences 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISF HA 


qu'ils représentent lorsqu'on emploie une clef ou qu'on litune 
description. Il faut toujours examiner si la couleur des lignes 
est la même que celle du parenchyme qui entoure les vais- 
seaux, car le Ph (qui est toujours des lignes) peut être à 
proximité tout à fait immédiate des vaisseaux. 

Parenchyme c. — Ce tissu peut être de même nature que 
Pa, mais il n'est pas groupé en massifs de forme déterminée. 
Il consiste en cellules isolées ou en fibres peu apparentes (sauf 
au microscope), disséminées parmi les fibres hgneuses. Je le 
néglige le plus souvent, car ilne nous fournit aucun aide sys- 
tématique. 

Parenchyme d. — Ce tissu ne se trouve que de temps en 
temps et forme les limites des couches chez certaines espèces. 
Sa nuance diffère encore de celles des précédents. Comme il 
est possible que Pa et Ph suivent également les bords des 
couches, 1l convient de faire bien attention à cette nuance. Ce 
Pd toutefois avant peu d'importance pour la détermination 
des espèces, on peut le regarder comme une variété de Ph. 

En définitive, nous avons donc surtout à nous préoccuper 
de deux sortes de parenchyme : celui qui entoure les vaisseaux 
avec où sans expansions concentriques ; et celui qui n'a 
aucun rapport avec les vaisseaux, et qui est toujours concen- 
trique. 

Le parenchyme ligneux est le plus capricieux des tissus. Il 
peut être tellement abondant qu'ilest visible à l'œil nu, et il 
peut aussi à peu près manquer dans du bois de la même 
espèce. 

Les fibres ligneuses, malgré leur quantité et leur importance 
au point de vue de la couleur et de la force, ne nous servent 
pas par elles-mêmes, sauf chez les Conifères, où la sculpture 
et les perforations des parois aident à distinguer quelques 
espèces. Mais il n'y a pas de Coniféres à la Guyane. 

Étant donné que la couche est la base de nos détermina- 
tions, 1l faut tout d’abord examiner la section transversale, 
c'est-à-dire l'extrémité de la planche qu'on veut identifier. 
L'interprétation des tissus sur les faces n'est possible qu'après 
l'étude de l'extrémité. Le tronc d'un arbre étant un emboîte- 


52 H. STONE 


ment de longs cônes, la scie, en le traversant, rencontre toutes 
les couches, dont les limites se dessinent en lignes ou en lacets 
courbes suivant la plus ou moins grande obliquité de la sec- 
tion. Une coupe radiale bien faite montre les limites sous 
forme de lignes presque paraïlèles, entrecoupées à angle droit 
par les mailles ou rayons. Une planche découpée vers la sur- 
face de la bûche (bois de fil, section tangentielle) présente ces 
mêmes limites comme des courbes ou lacets paraboliques 
dirigés vers le sommet de l'arbre, tandis que les lignes sont à 
peu près parallèles vers le pied. Tout se ramène à des sections 
de cône. La coupe verticale radiale donne un triangle, la coupe 
transversale horizontale un cercle, la coupe transversale 
oblique une ellipse, et la coupe tangentielle une parabole. 

Si l’on veut bien examiner avec attention un parquet en 
bois de Chêne, une planche sur vingt montrera de jolis mail- 
lettes claires entrecoupées de lignes parallèles ; c’est une 
coupe radiale avec des rayons coupés par les limites des 
couches. Sur quelques autres planchettes, on remarquera des 
couches paraboliques plus ou moins irrégulières ; c'est une 
coupe tangentielle. Il est aisé de comprendre que, même lors- 
qu'une bûche de Chêne a été préalablement coupée en quar- 
tiers, on ne peut avoir que quatre planches en coupe radiale ; 
les autres sont forcément plus ou moins tangentielles, et les 
mailles sont de moins en moins nettes au fur et à mesure 
qu'on s'éloigne du centre de l'arbre. Finalement, elles sont à 


peine visibles. 

De ces coupes diverses, il résulte qu’un petit orifice, comme 
un vaisseau, de la section transversale, devient un sillon en 
section verticale : et sur une surface courbe on voit toutes les 
transitions jusqu'au cercle, en passant par l’ellipse. 

La planche I d’un cylindre de Bois serpent montre à l’extré- 
mité supérieure les vaisseaux comme autant de points blancs, 
sur les côtés comme des lignes blanches : et là où l'irrégula- 
rité de la course des fibres a donné fortuitement une coupe un 
peu oblique (comme dans la partie inférieure de la figure), ces 
vaisseaux se présentent comme de petites ellipses allongées. 

Lorsqu'on débite un tronc d'arbre en planches, on n'obtient 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE )3 


jamais deux de ces planches absolument semblables ; et on 
comprend aisément que c'est seulement aux extrémités de la 
planche que la structure transversale peut donner des rensei- 
gnements précis. Un charpentier reconnait bien ses bois en 
planche, car c'est chez lui une question d'habitude et d'expé- 
rience longuement acquise ; mais veut-on déterminer un bois 
jusqu'alors inconnu, les sections radiales et tangentielles n'ont 
qu une importance spécifique. 

À mon avis, la meilleure façon de procéder est de bien 
polir l'extrémité de la planche avec du papier de verre n° 00 
ou avec un racloir. Le rabot convient bien pour les bois mous 
européens, mais les bois exotiques importés sont générale- 
ment trop durs, et le rabot écrase les fibres, au lieu de les 
couper. Le papier de verre et le racloir, par contre, ravivent 
pour ainsi dire le parenchyme ; ils le rendent même plutôt 
exagérément visible, mais c'est un avantage et on peut tou- 
jours contrôler en coupant avec un canif bien aiguisé un coin 
de la planche. 

Presque toujours la structure devient plus évidente quand 
le bois a été immergé au moins pendant un moment dans 
l'eau et s'est imbibé. Un autre avantage de cette imbibition 
est que l'eau fait parfois réapparaitre l'odeur du bois, qui 
peut être un bon caractère. 

On doit toujours chercher la couche la plus large et, par 
conséquent, la plus développée, et surtout fire attention aux 
bandes de couleur anormale qui caractérisent beaucoup de bois 
(Palissandre, Bois d'olive, Bois-serpent) dans lesquels elles 
serpentent en tous sens sans aucun rapport avec la structure. 

Les coupes transparentes ne peuvent être obtenues qu'avec 
les bois mous. Elles sont surtout utiles quand elles sont em- 
playées, avec ou sans inclusion au baume de Canada, comme 
clichés de projection. L'emploi du baume est nécessaire quand 
on veut photographier les coupes, mais la préparation enlève 
les gommes et les résines qui se trouvent dans les tissus et 
les rend moins caractéristiques. Il faut se livrer à un premier 
examen des coupes avant qu elles soient préparées. Les sec- 
tions des bois à comparer peuvent ensuite être projetées côte 
à côte sur l'écran et être étudiées à loisir, 


11 H, STONE 


J'ai étudié ainsi à la lanterne les 1.100 sections de Noerd- 
linger, et mon jeune fils, qui assista à toutes ces séances, se 
familiarisa bientôt, à tel point, avec les caractères des struc- 
tures de beaucoup de genres, qu'il en criait le nom aussitôt 
que la figure apparaissait sur l'écran. Je ne cite pas seule- 
ment ce fait en souvenir de mon petit collaborateur, mais aussi 
pour montrer combien il est facile de reconnaître beaucoup 
d'espèces et combien la structure peut venir en aide à la sys- 
tématique. 

Mais les coupes minces {transparentes ont, somme toute, une 
importance secondaire ; le bois devrait être étudié avant tout sur 
une surface lisse. Les rapports des tissus entre eux ressortent 
ainsi beaucoup plus nettement que lorsqu'on examine séparé- 
ment les coupes des troissens. J'emploie une loupe à grossis- 
sement de 3 diamètres et un microscope à grossissement de 
10. Ce dernier est un microscope d'étudiant dont le pied a été 
supprimé, mais qui est muni d’un manche ou tube glissant à 
la surface pour permettre de régler la distance focale. Une 
partie du tube est coupée, pour permettre à la lumière d’arri- 
ver au bois : l'extrémité inférieure est découpée en parabole, 
en vue d'éviter la production d'une ombre, par l’interférence 
des ravons lumineux. 

Grâce à ce dispositif, on peut examiner le bois, non pas sur 
une surface restreinte comme à l'ordinaire, mais beaucoup 
plus largement : et les variations de structure, qui sont très 
grandes, sont plus certainement observées. Une petite coupe 
préparée pour le microscope ne peut jamais être typique, 
même pour le fragment de bois sur lequel elle a été prélevée. 

Un autre avantage de mon dispositif est qu'il permet d'exa- 
miner des échantillons de Musée qu'on ne doit pas endomma- 
ger, et le grand nombre des observations rendues ainsi pos- 
sibles donne à l’étudiant l'expérience nécessaire pour recon- 
naître rapidement des types de familles, tout comme l'ébéniste 
reconnait ses bois à meubles. 

Les dimensions de tous les tissus augmentent proportionnel- 
lement. Je décris toujours les lignes de parenchyme comme 
étant plus ou moins grandes que les rayons, les intervalles 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 55 


entre les rayons comparativement au diamètre des vaisseaux, 
etc. : et les visibilités à l'œil nu, à la loupe (+ 3) et au mi- 
croscope (+ 10) servent comme des sortes de mesures qui, si 
elles laissent à désirer au point de vue de l'exactitude, sont 
bien pratiques, et en accord avec les faits. 

Lorsqu'on compare deux bois, il faut toujours les placer 
côte à côte afin de voir simultanément à la loupe des portions 
des deux. | 

M. Martin-Lavigne. en critiquant mon Timbers of Com- 
merce, ne m'a pas compris. Je ne proscris pas l'emploi des 
coupes microscopiques si on ne néglige pas, d'autre part, 
l'étude du bois massif ; je dis seulement qu'il y a danger 
d'erreur si l'on s'appuie exclusivement sur ces coupes. Le 
parenchyme est souvent composé de ceHules tellement sem- 
blables, en sections transversales, aux fibres ligneuses qu'il 
est impossible de les distinguer (Simaruba, 1100 : Oranger, 
1102 ; Noyer, etc.); nous avons, par suite, une description 
d'un bois qui, à la loupe, « présente du parenchvme en petites 
lignes concentriques » et une figure agrandie qui montre seu- 
lement quelques cellules isolées (Hopkinson, Rhizophora 
Mangle, p. 451, fig. 15, n° 2232). Martin-Lavigne lui-même 
décrit très bien à la loupe l'Æbène verte, mais sa deseription 
au microscope et ses figures ne correspondent guëre au bois, 
que Je connais bien. 

En raison, d'autre part, de la difficulté de couper les bois 
durs avec le microtome, on est tenté de prendre des tiges 
d'herbier ou de jardin botanique, en rapportant, d'ailleurs, 
sans certitude suffisante, à une espèce connue, un bois mal 
déterminé — comme ceci est plus d'une fois arrivé à M. Mar- 
ün-Lavigne — et on a un bois « composé » nouveau. 

L'inconvénient encore est qu'un tissu qui offre un caractère 
bien visible à l'œil nu ou à la loupe peut le perdre entièrement 
lorsqu'il est fortement grossi. Un bon exemple est celui de la 
figure que nous donnerons pour le Xurahara. La disposition 
des vaisseaux en lignes dendritiques, caractéristique du genre 
Calophyllum, et bien visible à l'œil nu, disparaît avec Île 
grossissement, pourtant faible, employé pour la figure. 


56 H. STONE 


M. Perrot dit que mes figures sont à une échelle trop petite. 
Pour l'histologie, oui. Pour la détermination pratique du 
bois, non. 

Quant aux mensurations de cellules, de vaisseaux, de rayons, 
de fibres, qui font le bonheur des histologistes, je n'exagère 
pas en disant qu'elles sont fausses. Elles ne valent que pour 
le fragment placé sous le microscope ; un autre morceau pris 
sur le même arbre et également examiné le démontrerait. Un 
coup d'œil, même sans loupe, jeté sur les vaisseaux et les 
rayons d’une large planche de Chène coupée en section radiale 
convaincra n'importe qui que les éléments s'accroissent tou- 
jours jusqu au moment où l'arbre à atteint son optimum (com- 
parer les fig. 17 et 18). J'ai vu des bois qui, à la première 
couche, près de la moelle, avaient des vaisseaux à peine visibles 
à la loupe, tandis que ces vaisseaux, dans la sixième couche à 
partir du centre, étaient assez grands pour être comptés à l'œil 
nu. Je donne des mesures chaque fois qu'il est possible, mais 
il est bien entendu que, comme pour la densité et les 
autres caractères du bois, elles peuvent être extrêmement 
variables. 

La résistance à la rupture est encore une donnée dont il 
faut se mélier, et d'autant plus qu'il s’agit là de la sûreté de 
la construction. En plus des variations individuelles, il y a des 
« lignes de faiblesse » qui suivent, soit les cercles (Frêne, 
Manguier, 1508), soit les rayons (bois de fente, merrain, 
Chêne) ; et le résultat de l'essai dépend de la position de la 
pièce à essayer. Si les lignes de faiblesse sont à angle droit 


avec la ligne de force, le bois cède vite ; si, au contraire, il y 


a parallélisme entre ces lignes, 1l résiste bien. Enfin, les petites 
pièces ne valent rien pour l'essai. Les expériences de Léo- 
nardo, de Buffon et de Duhamel de Monceau sont les seules à 
retenir, car tous ces expérimentateurs possédaient les notions 
que je rappelle, tandis que tous les auteurs plus modernes les 
ont ignorées. 

Le poids, ou plus exactement la densité, peut varier énor- 
mément. Pour le Pin sylvestre, par exemple, les variations 


vont de 0,310 à 0,840 ; pour l'If, de 0,470 à 1; et iln'y a 


. 
| 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE o1 
aucune raison de croire que ces cas sont anormaux et spéciaux 
à ces espèces. Ce sont des espèces bien étudiées et rien de 
plus. 

Il est réellement ridicule de citer des chiffres qui prennent 
l'apparence d'une certitude scientifique lorsque les deux mor- 
ceaux d'une pièce à essayer, et qu'on à divisée en deux moi- 
liés, donnent deux densités différentes. Le chiffre donné est 
donc bon pour l'échantillon essavé, mais n'a pas d'autre 
valeur. 

Il ne faut pas, au reste, accepter les chiffres qui sont basés 
sur un procédé impliquant l'immersion dans l'eau. Ce genre 
d'essai est bon pour se faire une idée approximative quand le 
temps presse, mais le bois est tellement absorbant qu'il com- 
mence immédiatement à s'imbiber d'eau. Qu'on mette, par 
exemple, un petit tronçon transversal de Bouleau, de 1 centi- 
mètre d'épaisseur, sur de l’encre rouge, et l'encre apparaîtra 
sur la face supérieure avant qu'on ait pu tirer sa montre pour 
calculer le temps nécessaire à la pénétration dans le bois. Ou 
bien encore qu'on place sur l'eau une mince coupe transver- 
sale de Saule, par exemple un copeau obtenu au rabot, et 
cette coupe tombera immédiatement au fond. 

En réalité, le bois a pour densité environ 1,540 : et c'est 
l'air contenu dans ses pores qui le fait surnager et qui déter- 
mine les différences de densité des diverses espèces. Si le 
copeau de Saule est pris sur la planche de face, c'est-à-dire en 
section verticale, l’air,ne pourra pas s'échapper, et le copeau 
flottera. Il donnera une densité d’à peu près 0,280, soit une 
différence de 1.260 kilos par mètre cube pour le même bois. 

Le Gaïac, le plus lourd des bois connus, n'arrive jamais à 
1,540 ; le chiffre le plus élevé que j'aie rencontré est 1,400. 

Une curiosité est le bois de Cocotier cité par Beauverie 
(Les Bois industriels, p. 30), qui est plus lourd que le Gaïac. 
Curieuse aussi est la remarque de Moeller, qui « ne trouve pas 
que le bois des Eucalyptlus est lourd ». Un bois de Grisard 
sert en même temps pour faire flotter les filets et pour la 
fabrication de moyeux (v. 762 A), 

La dureté est, de tous les caractères, le plus difficile à 


58 H. STONE 


exprimer. J'ai Jadis expérimenté avec une machine qui était 
certes très imparfaile et qui, néanmoins, était assez bonne 
pour me mettre sur la trace d'un principe sur lequel je base 
mes comparaisons. Quand je constate dans mes descriptions 
que la dureté d’un bois quelconque est égale à celle du Buis, 
mon appréciation se base sur une règle et n’est pas simple 
devination, Mais comme il n'y a pas de série d'essais pour 
chaque espèce, ces comparaisons restent essentiellement 
modifiables. 

Les noms indigènes sont utiles pour faciliter les recherches, 
mais 1l ne faut les utiliser qu'avec prudence. Ils sont souvent 
écrits de façons très diverses. Si les termes comme Caju, 
Cautabally et Sapotle ne se trouvent pas à la table, on devra 
les chercher à Acaju, Kaju, Kautabally, Zapateri, etc. 

Les Caraïbes avaient parfois deux noms pour le même 
arbre, l'un à l'usage des hommes et l’autre à l'usage des 
femmes (1514 et 494); et les indigènes du Brésil font chan- 
ger le nom en régime avec son adjectif, variante qui ne sim- 
plifie pas notre tâche (v. 1880 A). Puis un nom indigène mal 
compris par les colons subit des variations bizarres. Aouacate 
devient Avocat, et le Minquar devient Lamencouard. Le mot 
balli qui veut dire « arbre » est devenu Balata, Bulètre, et, 
en anglais Bully, où même Bully-tree, ce qui signifie dès 
lors « arbre-arbre ». Carapa signifie en galibi « mort aux 
animaux », et il a été transformé en KXrapa, Crab-wood 
(c'est-à-dire en anglais « bois de crabe »), et, selon Grisard, 
aussi en Crapaud. Les termes les plus génants sont les termes 
descriptifs, comme icica, ou « résine », jacaranda, qui est 
un bois quelconque, de couleur foncée, coupi qui signifie 
« dur », calaba « huile », acajou « bois », mapou « bois mou », 
_Saoua « piquant », simira, qui est tout bois donnant une 
teinture violette, foura, ou « pleureur », fapiri « rouge », 
wapa, où « bois à charpente », para « bigarré », sapote, ou 
« sabot », etc. 

Le nom maho, d'après Préfontaine, signifie un arbre à 
écorce filamenteuse, bonne pour la fabrication des cordages, 
et 1l s applique surtout aux Malvacées arborescentes à fleurs 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 59 


de mauve, comme les Hishicus. Il est fort probable que les 
Galibis l'ont appris des Espagnols. Wahoe, en espagnol, 
signifie « mauve ». Mais aujourd'hui il s'applique également 
aux arbres du genre Lecythis, qui ont une écorce analogue 
et des fleurs de Mvrtacées. 

A relever encore, à propos de noms étranges, celui de 
mango pichle, cité par Grisard (v. 1508), qui est la conserve 
si appréciée des Anglo-Indiens, mais qui n'est ni un arbre ni 
un bois. 

Les descriptions de nos échantillons, dont le nombre atteint 
147, ont été ainsi établies. Après les noms et synonymes, j'ai 
donné tout d'abord un certain nombre de caractères généraux, 
suffisants pour le lecteur qui veut avoir june simple idée du 
bois sans l’étudier à fond. J'ai mentionné ensuite la densité et 
les autres caractères physiques qui nécessitent un essai quel- 
conque, puis l'écorce, la moelle et aubier. J'ai détaillé la struc- 
ture du bois en plaçant toujours les tissus dans le même 
ordre, pour mieux permettre les comparaisons entre espèces. 
Suivent des renseignements sur l'emploi, indication des échan- 
tillons-types, l'iconographie s'il y en a, et les références 
d'auteurs. 

Certains détails font parfois défaut, surtout quand un 
échantillon de Musée ne présente pas de section verticale. Je 
serais reconnaissant aux amateurs de bois qui pourraient 
m'aider à combler ces lacunes, ainsi qu'à déterminer les trop 
nombreuses espèces encore sans nom systématique. 

Les échantillons du Musée Colonial de Marseille étaient 
ou trop durs ou trop secs pour qu'il fût possible d'en faire 
des coupes transparentes ; j'ai donc dù me contenter de repro- 
duire les coupes de mon Timbers of Commerce et du Timbers 
of British Guiana publié par le D' Freeman et moi. Lorsque 
les vaisseaux sont représentés en blanc, la photographie à 
été prise sur une coupe transparente; lorsqu'ils sont repré- 
sentés en noir, ce sont des photographies directes du bois. 
En tout cas, les rayons sont orientés de haut en bas; le côté 
correspondant à la moelle est en bas, et celui correspondant à 
l'écorce en haut. Le grossissement est de 3, 


60 H. STONE 


L'Zcones lignorum donne de très belles illustrations, colo- 
riées à la main, de 96 bois de Surinam. Beaucoup sont des 
doubles, et souvent le même bois est figuré sous des noms 
divers: on peut néanmoins en reconnaître un assez grand 
nombre. Je les ai toujours cités quand j'ai cru pouvoir m'assu- 
rer de leur identité : les autres sont signalés dans le chapitre 
des Bois Indéterminés, dans l’ordre alphabétique. 

Ma Bibliographie est composée de livres dans lesquels j'ai 
pu puiser quelques renseignements, à l'exception de quelques- 
uns que je n'ai pu me procurer, et qui sont cependant néces- 
saires pour compléter cette histoire des bois de la Guyane. 
Pour qui n'’habite pas Paris, la recherche des livres est très 
difficile. Il v a encore 37 ouvrages sur la Guyane que je n'ai 
pu voir jusqu'alors. L'absence de toute organisation qui aide- 
rait dans ces recherches le travailleur sérieux est ce que j'ai 
le plus déploré en France. 


Ces remarques faites, et avant d'aborder l'étude descriptive 
des bois de la Guyane Française, je crois devoir rappeler com- 
ment ont été établies les classifications des bois par 
Dumonteil et par la Commission de Brest. 

Dumonteil, p. 160, a réparti le bois en six classes: 

le classe. Bois plus lourds que le Chêne ; propres pour la 
construction des pièces de la partie inférieure de la carène 
des navires, qui exigent une conservation de longue durée. 

2 classe. Bois d'un poids équivalent à celui du Chêne ; 
propres pour bonnes membrures et excellents bordages, pour 
la construction de la coque en général, mais tout particulière- 
ment pour celle de l'œuvre vive. 

3° classe, Bois équivalents à ceux des Pins, Sapins, etc. ; 
propres pour membrures, bordages et, particulièrement, pour 
la construction de l’œuvre morte. 

4° classe. Bois très abondants et jolis; bois à meubles ; 
bois de couleur. | 

Sous-classe. Bois jugés propres à faire des rouets de 
poulies. 

5° classe. Bois de qualité inférieure, Ces bois pourraient 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 61 


être utilement employés pour planches, dont la qualité serait 
au moins équivalente à celle des planches de Peuplier dont 
on fait un si grand usage en France. 

6° classe. Bois d’une très faible valeur en général : leur 
emploi ne conviendrait pas pour nos arsenaux, excepté, peut- 
être, pour faire quelques bouées ou autres objets d'une grande 
légèreté. 

La Commission de Brest, p. 190, admet quatre classes, 
qu'elle divise en sous-classes : 

{1 classe. Bois dont les dimensions, la configuration, la 
force, l’élasticité et la pesanteur spécifique conviennent à 
toutes, ou presque toutes les parties du navire; et aussi les 
Bois que leur pesanteur exclut des hauts, lorsque leurs 
dimensions et leur configuration permettent de les employer 
comme pièces de membrures. 

Sous-classe a. Bois plus forts, aussi élastiques, mais pas 
plus lourds que le Chêne de France, pouvant le remplacer avec 
avantage dans toutes les parties d'un navire. 

Sous-classe h. Quoique légèrement inférieurs à ceux de la 
sous-classe précédente. Bois susceptibles de faire à peu près 
le même service. 

Sous-classe c. Bois plus lourds que les précédents, mais 
pouvant encore remplacer le bois de Chène avec avantage, 
pour les membrures des vaisseaux, les bordages de fond, les 
préceintes et pièces de liaison. 

Sous-classe d. Bois lourds, très peu élastiques, ne pou- 
vant être employés que pour la membrure de l’œuvre vive 
des navires, pour quille et carlingue. Ils sont placés cepen- 
dant dans la première classe, à cause de la longue durée qu'ils 
assurent à cette partie des: navires dont la destruction entrai- 
nerait soit la disparition du bâtiment, soit, tout au moins, une 
réfection coûteuse. 

2° classe. Sous-classe a. Bois inférieurs au Sapin du Nord; 
pour border les ponts et les hauts des navires, mais compa- 
rables pour cet emploi au Sapin du Canada. 

Sous-classe b. Bois encore plus tendres et moins élas- 
tiques que les précédents, ne pouvant être employés que 


62 H. STONÉ 


comme vaigrage des hauts ou bordages, d'entre-sabords et 
pour la menuiserie, 

3° classe. Sous-classe a. Bois supérieurs en apparence à 
ceux de la classe précédente, mais jugés moins favorablement 
à cause du peu de consistance de leur résine qui, en s’en 
écoulant facilement, laisse leurs fibres sans appui ni adhérence, 
ce qui doit déterminer une prompte détérioration. 

Sous-classe D. Bois comparables par leurs qualités à 
quelques-uns des Bois de la 1° classe, mais avec une odeur 
fétide qui en restreint l'emploi. 

4° classe. Bois propres seulement à faire des rouets de pou- 
lies, mais inférieurs pour cet emploi à l'Ébène noire et à 
l'Ébène verte qui, elles-mêmes, ne valent pas le Gaïac ordi- 
naire, 

Remarquons que les essais pour la force de résistance de 
ces bois ont été effectués dans des conditions différentes par 
Dumonteil et par la Commission de Brest. Les essais de 
Dumonteil furent faits sur des cabrions (barrotins) de 12 dm. 
de longueur sur 5 cm. d'équarrissage. Il est à présumer que 
les pointes de support étaient à une distance d’un mètre, 
quoique l'auteur ne dise rien à ce sujet. Le mot « force » 
exprime le poids en kilogrammes supporté par ces cabrions 
jusqu'à la rupture. Le mot « flexibilité » signifie l'augmenta- 
tion, en millimètres, de la flexion produite par l'addition suc- 
cessive d’un poids de 5 kilog. L'élasticité est le sinus moyen 
de l'angle de la flexion au moment de la rupture. 

Les essais de la Commission de Brest furent faits sur 11 
espèces des bois de Dumonteil, conservés partie à couvert et 
partie à découvert, et encore sur 7 autres espèces. Les cabrions 
étaient de 11 dm. 5 de longueur sur 5 cm. -d'équarrissage 

La force (ou effort supporté par les pièces) n’est pas exprimée 
de la même manière par la Commission et par Dumonteil. 
Le nombre donné, par exemple, par Dumonteil, pour la 
force du Panacoco, est 400, tandis que celui de la Commis- 
sion de Brest est de 1.480 à 1.700. Les nombres relatifs à 
l'élasticité (ou flèche de l'arc) ne concordent pas non plus 
dans les deux cas, car, pour le bois cité, Dumonteil donne 
115 et la Commission de Brest de 15 à 20. ; 


Ée ère 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 63 
La Commission de Brest a pris le Chêne (du Bassin de la 
ne) comme unité de force. Dans nos citations, nous adop- 
ns la formule suivante : Panacoco, de 2,06 à 2,43, si le 

êne — 1. 
s chiffres donnés par Grisard et de Lanessan ne sont 


# 


à 
F. 


accompagnés d'aucune explication sur le procédé par lequel 
_ont été obtenus les résultats. 


ÉTUDE DESCRIPTIVE 
DES BOIS DE LA GUYANE FRANÇAISE 


PREMIÈRE PARTIE 


PANIER TE PMDILLÉNIACÉES 
TRIBU I. — DÉLIMÉES 


Curatella americana, Loefl, n° 33 A. 


Aublet, p. 519, écrit au sujet de cette espèce: « Ecorce roussätre, 
épaisse, ridée, gercée ; elle tombe en plaques plus ou moins grandes. » 

Pulle, p. 296 : Bosch-cachou, Wilde-cachou. 

Grisard, 1891, [, p.31: Cajueiro bravo,|Caimbahiba (Brésil), Chaparro 
colorado (Vénézuela), Acajou bâtard (Cayenne), Parica (Guyane fran- 
çaise), Curatahie (Indiens). Bois rougeâtre, veiné ou jaspé, selon le 
sens dans lequel on le travaille ; lourd et dense ; écorce pour tannage 
et médecine. 

Huber, p. 162 : Paimbé (Brésil). 


Curatella alata, V., n° 33 B. 
Synonyme : Davilla brasiliense DC. 
Sagot : Catalogue, X, p. 382. 


FAMILLE V. — ANONACÉES 


TRIBU I. — UVARIEES 
Guatteria Ouregou, Dunal, n° 75. 
Synonyme: Cananga, Oureqou, Aubl. 


Annales du Musée colonial de Marseille. 3* série, 4° vol, 1916, 


66 H. STONE 


Aublet, p. 608 : Ouregou (Galibis); écorce lisse cendrée, marquée de 
taches roussâtres ; bois blanchâtre, compact et légèrement aromatique. 
N'est pas le Cananga de Rumphius. 


TRIBU IL. — UNONÉES 
Duguetia quitarensis, Bth, n° 76 A. 


Synonymes : Guatteria virgala Dunal ; Oxrandra virgata 
Rich. (non Sw.) ; Anona lepidota Miq. (Sagot, Cat.). 

Noms vulgaires : Bois de lance, Lancewood, pour deux varié- 
tés de la Jamaïque et de Cuba : Beriba (Guyane, d’après 
Miers); Yaya (Honduras, d’après Boulger) ; Yari yari (Wies- 
ner). 

Quoique ce bois soit connu depuis longtemps, il y a beau- 
coup de confusion, tant dans la synonymie systématique que 
dans les noms vulgaires. 


Fawcett, II, p. 20 : « Black Lancewood (Bois de lance noir); grand, 
fort et élastique, d'un grain fin, très dense et brillant, aussi dur que le 
buis ; importé en Anglelerre comme Lancewood-spars (Vergues) ; 
densité : 0,830 à 1,004. » 


Il est évident qu'il s'agit de notre bois, mais sa synonymie 
est compliquée : Oxandra virgata Baill.; Uvaria virgata 
A. Rich.; Guatteria virgala Hook. Aucun de ces synonymes 
ne s'accorde avec ceux de l'Index Kewensis. Fawcett cite 
encore un White Lancewood {Bois de lance blanc), mais qui 
estle Xylopia glabra ; c'est un bois qui a une saveur amère. 


Grisard, 1891, p. #34, cite : Oxandra virgata À. Rich.; Guatteria vir- 
gata Dunal ; Uvaria lanceolata SW. ; U. virgata Sw., comme bois de 
lance, Sous le nom de Duguetia quitarensis, il signale un autre bois de 
Cuba et de la Jamaïque employé pour gaulettes et qui ne peut être le 
nôtre. 


Nous avons done huit synonymes différents. Sagot cite 
encore Lancewood, Yari yari (de Demerary) ou Jejerecou, qui 


est un Xylopia sp. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 67 


Swartz, IT, p. 999 : Lance sparwood (Jamaïque), Bocagea virgata, et 
encore Lancewood, Uovaria virgala, U. lanceolala Prodr. qui a une 
écorce d’une saveur amère, piquante et aromatique quand elle est fraîche, 
un petit arbre. 


Ce n'est pas le nôtre. 
Bremer, p. 203: Pilri jari. 


Caractères généraux. — Bois lourd et dur, compact, de cou- 
leur blanche souvent jaunâtre ou grisätre uniforme. Surface 
très unie, brillante, froide au toucher. Ne fonce que peu à l'air. 

Caractères physiques. — Densité, 0,835 à 1,001. Dureté, 
celle du Palissandre. Odeur : à sec, celle du miel ; à frais, celle 
de l'huile de ricin, d’après Gardner. Saveur légèrement astrin- 
gente. Solutions aqueuse et alcoolique incolores. Brüle bien, 
mais en pétillant beaucoup ; la chaleur fait sortir un suc 
rouge. Se fend suivant une surface droite et lisse. Se casse 
en longs éclats. Très résistant et surtout élastique. 

Caractères anatomiques de l'écorce. — L'écorce, de # mm. 
d'épaisseur environ, est lisse, un peu écailleuse, avec des 
rides dans lesquelles pénètrent les rayons, qui convergent en 
pinceau. Chaque pinceau a, dans la variété de Cuba, 12 
rayons, et, dans la variété de la Jamaïque, 100 rayons envi- 
ron. 

Structure du bois. — L’aubier n'est pas différent du cœur. 
La structure du bois est à comparer avec celle de la figure [, 
pl. IT, dans laquelle toutefois le parenchyme n'est pas sufti- 
samment apparent. 

Section transversale. — Couches mal délimitées ; les 
limites ne sont constituées que par la différence de densité 
entre les zones qui sont plus ou moins riches en vaisseaux. 

Vaisseaux visibles à la loupe, grands (0 mm. 25), uniformes, 
de distribution régulière, mais serrés par zones, et avec une 
tendance à se disposer en quinconce ou en des lignes obliques ; 
isolés ou par groupes de 2 à 8: nombreux (80 à 100 par 
mm. al 

Rayons juste visibles, fins, uniformes, réguliers, laissant 
entre eux des intervalles droits, égaux au diamètre des gros 


68 H. STONE 


vaisseaux. 8 à 10 par millimètre, blancs. (La variété de la 
Jamaïque a des rayons de deux rangées de cellules rectangu- 
laires.) 

Le parenchyme appartient à trois catégories : a, entourant 
étroitement les vaisseaux ; b, en nombreuses lignes minces ou 
en traits concentriques, plus fins, et unissant les rayons en 
filets ; c, des cellules isolées, qui, dans la variété de Cuba, 
font des taches composées de files radiales. 

Parfois 1l y a dans ce bois un défaut qui est dû sans doute 
à des piqûres d'insectes, mais le canal se remplit d’un cal 
qui est noir et dur comme de l’ébène. 

Section radiale. — Couches peu apparentes, quoique sou- 
vent délimitables. Vaisseaux peu apparents, souvent brillants. 
Les rayons sont de fines lignes blanchâtres, obscures. L’as- 
pect d’ébène, quand on l’observe, dessine des raies noires très 
nettes. 

Section tangentielle. — Comme.la radiale, mais avec couches 
un peu plus apparentes ; les rayons ne sont visibles qu'au 
microscope. 

Emplois. — Lances, brancards, vergues, bouts de canne à 
pêche, baguette de fusils, tour, etc. D'après Sinclair, le bois 
de Cuba est bien supérieur à celui de la Jamaïque ; il estplus 
résistant et présente beaucoup moins de défauts intérieurs. 
Les deux sortes se distinguent facilement par l'écorce ; elles 
sont rarement de grandes dimensions. 

L'échantillon-type, d’après lequel J'ai donné les caractères 
précédents, correspond aux n% 7 et 8 de ma collection. 


Duguetia (Aberemoa) guianensis Aubl. (DC.), n° 76 B. 


N'est pas cité dans l'Index Kewensis. 


C’est l’'Aberemou (Galibis) d’Aublet, p. 618, qui n'est pas celui de la 
page 953 (voir Perebea 6633). 


Duguetia longifolia Baill., n° 76 C. 
Synonyme: Anona longifolia Aubl. 


Aublet, p.615 : Pinaioua (Garipous et Galibis), Corossol Pinaioua. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 69 
Clef des espèces de Duguetia et Anona : 


A. Traits concentriques de pareuchyme abondants. 

1. Bois blanchâtre. Vaisseaux, en section transversale, 
visibles seulement à la loupe. Rayons juste visibles à l'œil 
nu... Duquetia 76 A. 

2. Bois brunâtre ou jaunâtre. Vaisseaux juste visibles à 
l'œil nu. Rayons visibles seulement à la loupe... Howadanni, 
108 G. 

B. Traits concentriques rares et souvent absents. Bois res- 
semblant au « Cœur vert »... Arrewerwa 108 F. 


Références. — Sinclair, ms. ; Gardner, ms.; Stone, Timbers of Com- 
merce, pl. I, fig. 2, et pl. XXII, fig. 79 et p. 2. 


Waria zeylanica Aubl., n° 83. 

La synonymie de cette espèce est curieuse. D'après l'Index 
Kewensis, le Waria d'Aublet est l'Uvaria de Linné ; mais 
Aublet a décrit et figuré deux espèces sous le mème nom, et 
sa description de la page 604 se rapporte à l'Uvaria zeylanica, 
tandis que la planche 243 représente l'Unona discolor Vahl. 
(non Wall.). Or, dans l'Index, l’Uvaria zeylanica Aubl. (p.605, 
t. 245) est synonyme de d'Unona concolor Willd., alors que 
l’Uvaria zeylanica Linné (non Deless., Domb., Lamk.) estune 
bonne espèce, sans que je puisse affirmer que c'est le Waria 
zeylanica Aubl. Durand donne Waria comme étant un X7ylo- 


pia. 


Barrère, p. 2, dit : « Bois d’écorce, Poivre d’'Æthiopie, arbre de haute 
futaie ; Acacia procera, genre de Cassie. » 

Aublet, p. 605 : « Narum-panel de Rheed, avec deux variétés, le bois 
blanc à grandes feuilles et le bois blanc à petites feuilles ; écorce cen- 
drée, bois blanc et peu compact. » 


TRIBU IV. — XYLOPIÉES 


Rollinia multiflora Saint-Hilaire, n° 106 A. 
N'est pas cité dans l’Index Kewensis. Est-ce celui de Splitz? 


70 H. STONE 


Grisard, 1891, I, p. #44: Lancewood ; bois souple et élastique, bran- 
cards, carosserie. 


Rollinia longifolia Saint-Hilaire, n° 106 B. 
Grisard : mêmes détails que pour l'espèce précédente. Lancewood. 


Rollinia muscosa Baill., n° 106 C. 

Synonymie douteuse. Selon l'Index Kewensis, c'est l’An- 
nona muscosa Aubl., le ARollinia muscosa Baill., et encore le 
Rollinia Sieberi DC. 


Aublet, p. 618: Cachiman sauvage. 


Anona reticulata Lin., n° 108 A. 
N'est pas celui de Sieber ni celui de Velloz. 


Barrère, p. 58 : « Guanabanus, Pomme cannelle, Cachiman ». 
Mais est-ce bien celte espèce ? 


Préfontaine, p. 157: « Anona, Petit Corossol, Cœur de bœuf, Alaca- 
lyoua (Carib) ». 


Même doute que précédemment. 


Aublet, p. 617: « Anona maram de Rheed ». 

Baillon : Custard apple, Marie-Baise, Atte (voir 108 G). 

Icones lignorum : fig. 2, pl. LXXII en couleur. « Mariabas ». 

Grisard, 1891, I, p. 427: Bois mou et filandreux, de petites dimen- 
sions, peu employé, cassure assez longue et fibreuse. Pour la construc- 
tion. Densité 0,556 ; élasticité 871 ; rupture 970. 

Rodrigues, 1893, p.8 : Coracào de boi, Milolo (Brésil, voir 762), Fructo 
de Condessa, Fructo de Conde | Angola). 

Heckel: Hobohobo en malgache. 

Fawcett, III, p. 197: Custard apple. 


Au Musée Colonial de Marseille, il y a un petit échantillon 
de 15 centimètres de diamètre (n° 123, Guyane), de l'étude 


duquel je tire les détails qui suivent : 


Ecorce se présentant comme une pellicule brun foncé, lisse, 


plus claire à l’intérieur ; elle porte encore des cicatrices de 
feuilles. 
Bois {aubier) de la couleur d'une toile écrue, très dur, 


LÉ n 
. Re 
Lx 
en 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 71 


Structure du bois en section transversale, 

Couches très vagues ; la nuance de la coupe est un peu plus 
foncée que celle des autres sections. 

Vaisseaux visibles à la loupe, petits, fortement AV régu- 
lièrement distribués, avec une tendance à se disposer en lignes 
obliques ; simples pour la plupart, mais quelques paires sub- 
divisées. 

Rayons très fins. 

Parenchy me peu apparent. Entoure-t-il les vaisseaux ? 

Je ne peux donner aucun autre détail, 


Anona muricata Lin., n° 108 B. 
Synonyme : À. sylvestris Burm. {non cité dans l'Index 
Kewensis). 


Aublet, p. 17 : Cachiman morveux. 

Icones lignorum : PI. LXXXII, fig. 3 : Soorsack. 

Pulle : Zuurzak (Surinam. 

Rodrigues, 1893, p. 8 : Guanabano, Sapodille, Graveola (Brésil. 

Grisard, 1891, I, p. 158 : Bois blanc très léger ; densité, 0,#00 ; de peu 
de durée. ; 

Diaz, p. 270: Guanabanus (Vénézuéla). 

Bremer, p. 209 : Bousi soursakka (Surinam. 


Anona paludosa Aubl., n° 108 C. 
Synonyme : Annona paludosa Aubl. 


Aublet, p. 611: Corossol sauvage, écorce lisse roussàätre, bois blan- 
châtre, peu compact, aromatique. 

Sagot, Cal., XI, p. 134: Guimauve. 

Rodrigues, 1993, p. 9 ; Aralecu do brijo, Cortica, Maca do cobra (Bré- 
sil}, Corkwood, Alligator apple (Jamaïque). 

Fawcett, IT, p. 197: Anona paludosa Lin. Bois liège pour bou- 
chons, flotteurs, filets, radeaux. 


Anona punctata Aubl., n° 108 D. 


Aublet, p. 614: Corossol pinaou, Pinaou (gal), bois blanc et fort dur, 
bon pour lattes, à cause de la facilité à le fendre, charrons. 


Anona Ambotay Aubl.. n° 108 E. 


Aublet, p. 616: Ambotay (gal); l'écorce a un goût piquant {et aromas 
tique, 


72 H. STONE 


Anona sp., n° 108 F. 

Arrewewa de Bell. 

L'échantillon a été déterminé d'après des fruits et des 
feuilles par le D' Freeman. Ce n’est aucune des espèces déjà 
citées. Provenance : Guyane. 

Caractères généraux. — Bois très lourd et dur, d’une cou- 
leur brun noisette foncé, rappelant le « Cœur vert », car il a 
quelquefois une nuance verte. Surface à peine brillante, fon- 
çant un peu à l'air, à grain fin et compact. Nuance de la coupe 
transversale plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 1,112 environ. Dureté, 
celle du Cœur vert. Odeur nulle quand il est sec; saveur 
nulle. 

Caractères de l'écorce. — Lisse comme celle du Faux-Pla- 
tane ; 6 mm. d'épaisseur environ ; très dure et ligneuse; inté- 
rieurement brun foncé. Au-dessous de cette écorce, la sur- 
face de la büche est finement striée. 

Structure du bois. — L'aubier n'est pas différent du cœur. 

La structure est celle du Bois de lance (76 A). Couches 
mal définies ; limites vagues, d’après seulement une différence 
de densité entre les couches successives. 

Vaisseaux visibles à cause de la couleur claire de leur bor- 
dure de parenchyme et de leur contenu blanc ; grands, Jus- 
qu'à 0 mm. 25 de diamètre, réguliers, mais çà et là, une zone 
où ils sont moins serrés; simples ou subdivisés en groupes 
radiaux de 2 à 8; peu nombreux, | à 10 par mm. q. 

Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, réguliers, avec 
des intervalles ayant la largeur d'un gros vaisseau, 6 à 10 par 
mm. ; rouges quand ils sont humectés. 

Parenchyme a entourant étroitement les vaisseaux, et, entre 
les rayons, de rares petits traits correspondant au parenchyme 
b. 

Section radiale, — Nuance un peu plus claire que celle de 
la section tangentielle. Couches peu marquées ; Vaisseaux peu 
apparents ; rayons en fines lignes mates et blanchôâtres. 

Section tangentielle. — Semblable à la radiale, mais avec 
couches un peu plus apparentes et rayons visibles seulement 
au microscope. 


à Var p u 
A4 
F3 
: 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 19 


Emplois. — « Manches de haches ; madriers très durables : 
peut être obtenu en büches de 2 à 3 cm. d'équarissage » 
(Bell); très dur à travailler, se fend facilement et se prête 
mal au clouage ; polissage médiocre. 


Échantillon type, n° 2,2658 Bell. 
Référence : Stone et Freeman, p. 2. 


Anona sp., n° 108 G. 
Probablement À. squamosa Lin. (non Vell ni Delile). 
Synonyme : À. {uberculosa Rumph. 


Saint-Hilaire cite A. muricata Vaud., mais cette espèce ne se trouve 
pas dans l'Index Kewensis. L'échantillon 2694 de la collection de Bell 
a été déterminé, autant que possible, d'après les feuilles et des fruils 
parle D' Freeman. 


Les diverses citations suivantes se rapportent en tous cas à 
l'Anona squamosa, sauf le terme Howadanni (Bell) qui se rap- 
porte à l'échantillon n° 2694 cité ci-dessous. 

Noms populaires : Hattier, Pommier-cannelle, (Rumphius), 
Cachimentier, Attier, Atocire, Ata, Pinha, Atas, Sweetsop, 
Sugar-apple, Custard, apple, Chirimoya (Antilles, Urban). 
Cachiman, Guanabanus, Anona (Préfontaine) ; est-ce cette 
espèce ? Fructa de Conde, Araticutitaya (Brésil, Rodrigues), 
Boewa-nona (Malais, Filet), Sirikaya (gén. v. 1102 A), Ate 
(Guyane française, Sagot). Cay-mang-cau, Pü üên xù 
(Cochinchine, Loureiro). Anon (terme général, mais, à Porto- 
Rico, d'après Pittier, s'appliquant plus spécialement à la pré- 
sente espèce), Fructo de Condessa (rarement) ; Atta (Brésil, 
Pecholt). Attier (Maurice), Marie-baise, Pomme cannelle 
(Cayenne), l'Atamaran de Rheed (Aublet). Baillon dit que le 
vrai Custard apple, Cachiman ou Marie-baise est l'A. reticu- 
lala (108 A). Kameelappel (Surinam, Pulle), Boeah nona : 
Sirikaju (Sunda, Miquel). Peut-être le Conti hout de l'Icones 
hign., pl. 82, fig. 7 ; mais non le Hatti de Rodway, qui est un 
Hevea. 

Caractères généraux du Horwvadanni. — Bois lourd et dur, 
d'une couleur brun jaunâtre, qui fonce un peu à l'air; surface 


Î 


L H. STONE 


froide au toucher, grain fin. La nuance de la coupe transver- 
sale est un p u plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,942 environ. Dureté, | 
celle du Bois de lance. Odeur nulle, quand il est sec ; saveur | 
astringente. 

Caractère de l'écorce. — % mm. d'épaisseur environ. 
Formée de deux couches, au-dessous d’un épiderme mince et 
cassant; la première de ces couches sous-épidermiques, brune, 
pleine de fins sclérites blancs, et celle de l'intérieur présen- 
tant en section transversale les rayons. Surface de la bûche 
sillonnée par ces ravons. 

Caractères du bois. — L'aubier a 1 em. 5 à 2 cm. 5 d'épais- 
seur environ ; 1l est plus foncé que la région plus interne et 
nettement distinct du cœur. 

La structure du bois est celle du Duguetia ou Bois de lance 
(76 A). La section transversale est à comparer avec la fig. 1, 
pl. IT. 

Couches mal définies, mais 1l y a des zones de couleurs 
diverses. 

Vaisseaux Juste visibles à cause de leur nombre et de leur 
contenu un peu plus clair ; peu de variations, même dans les 
groupes ; quelques-uns simples, mais la plupart en groupes 
radiaux de 3 à 8, où même plus. À la loupe, ces groupes 
paraissent comme de petits traits plus clairs ou des files de 
piqüres situées entre les rayons. 

Rayons visibles à la loupe, très fins mais bien apparents: 
intervalles ayant le diamètre d’un gros vaisseau ; rayons uni- 
formes, réguliers. 

Parenchyme h en traits extrêmement fins entre les rayons. 

Section radiale. — Couches peu marquées: vaisseaux très 
fins, constituant des sillons disposés par deux ou plus, côte à 
côte ; rayons Juste visibles ; parenchyme (au microscope) en 
lignes très fines. À la loupe, cette section ressemble à la sec- 
tion transversale, car les cloisons des vaisseaux peuvent être 
prises pour les séries de piqüres et le parenchyme pour les 
rayons. 

Section tangentielle, — Comme la radiale, mais le paren- 


LL ORÉ 
Ps 


ROIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 14 


chyme b se présente en taches et non en lignes. Il est abon- 
dant mais difficile à voir. Les vaisseaux sont simples, non dis- 
posés par paires. 

Emploi. — Construction ; de petites dimensions, jusqu'à 
12 à 15 cm. d'équarrissage (Bell). Dur à travailler, se fend et 
ne se prête pas au clouage ; polissage médiocre. 


Echantillon type 38,2694, Bell. 


Références : Baillon I, p. 274; Aublet, p. 617 ; Bell, p. 6; Stone et 
Freeman, p. 38. 


Xylopia frutescens Aubl., n° 3. (non Gaertn, nec Sie- 
ber). 


Aublet, p. 602. Embira, Pindaiba, Ibira (Brésil, Marcg.) Jéjérécou 
(nègres), Couquerecou (Gal.) ; écorce lisse, cendrée, piquante, aroma- 
tique ; bois blanchâtre. 

Guibourt, III, p. 677, cite Embira, Pindaiba de Pison, et Pacova 
comme étant le Xylopia grandiflora À. Saint-Hilaire. 

Pulle, p. 177. Pegrekoe (Surinam). 

De Lanessan, p. 358: « Bois un peu brunätre ; charpente ; densité 
0,626 ». 


FAMILLE XVI — VIOLARIACÉE 


TRIBU II. — PAYPAYROLÉES 


Paypayrola quianensis Aubl., n° 474. 
Synonyme : Periclistia latifolia Bth. 


Aublet, p. 249 : Un arbrisseau. 
Martin-Lavigne, p. 70 : Faja hoedoe, Faja boedoe ; couleur blanche. 


L'auteur donne une description et des figures, mais le bois est 
sans importance commerciale. Il est cependant assez curieux 
au point de vue de la structure, car 1l a deux sortes de 
rayons, qui, avec les vaisseaux, forment environ la moitié du 
bois. 


TRIBU III. — ALSODÉIÉES 


Alsodeia guianensis Eichl., n° 476. 
Synonyme : Passoura quianensis Aubl., p. 21, 


76 H, STONE 


FAMILLE XVIII — BIXACÉES 


TRIBU I. — BIXÉES 


Bixa Orellana Lin., n° 494. 


Pomet, p. 302; Roucou, Achiot (Indiens); Orleane (hol., pour la 
fécule). 

Barrière, p. 79 ; Urucu (Piso, v. 663) ; Roucou ; Müella ameri- 
cana. 

Préfontaine, p.205. « Roucou, Ematebi : appelés Cochene par les 
hommes, Bichet par les femmes caraïbes. » 

Aublet, p. 533. Roucouier, cultivé. 

Grisard, 1891, I, p. 616 : Écorce pour cordage et liens. 

Rodrigues, 1892, p. 18 : Uruku, Arnotto (Brésil) ; Bixa, Kisapu, 
Diteque (Angola), pour en faire des poudres et le Wahaki des 
Indiens. 

Gaebelé, p. 57: Venay verai Cédy (Tamoul), bois peu utilisé; les Indi- 
gènes s'en servent en guise d’amadou. 


Il ne faut pas le confondre avec l’Urucurana (6434) ni le 
Rookoorookoo (Pt, IT), ni l'Urucaru. 


TRIBU IIL — FLACOURTIÉES 
Lætia hirtella H. B. et K., n° 503 A. 


Grisard, 1891, 1, p. 617 : Trompelli, Trompite (non le Trompetto de 
Sagot, v. 6645 et 1178). Plus dur que le cèdre ; charpente, tables, 
ébénisterie ordinaire. 


Lætia procera Eichl., n° 503 B. 


Lætia casearoides Sag., n° 503 C. 


Sagot, p. 911. Coupy fou pour les deux espèces. 
FAMILLE XXII — VOCHYSIACÉES 


Qualea cœrulea Aubl., n° 559. 
Grignon fou. Il y a plusieurs bois qui portent ce nom, mais 
des renseignements précis manquent, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 17 


Préfontaine, p. 169 : « Couaille, Couatta (Caraïbes) ». 

Est-ce cette espèce ? | 

Aublet, p.8: Quale (Galibis), écorce ridée et gercée, bois roussâtre 
et compact. 

Dumonteil, p. 156 : Grignon fou ; densité, 0.577; force, 146 ; élasti- 
cité, 183 ; flexibilité, 2,79. Classe 3, qui est celle du Pin. Le même 
auteur cite un Grignon fou rouge qui a pour caractères : densité, 0,411; 
force, 96 ; élasticité, 136 ; flexibilité, 3,88. Classe 6 (de très faible 
valeur). 

La Commission de Brest, p. 174 : Grignon fou, 1/3 moins fort que le 
Chêne, 1/3 plus léger, un peu moins élastique ; rouge pâle tirant sur 
le rose ; le grain un peu gros, le bois plus mou que le sapin ; de belles 
dimensions, cassant, se tourmente et diminue considérablement de 
volume. Il a le défaut d'être très hygrométrique ; il peut remplacer le 
Pin de basse qualité ; très commode à travailler: Essais faits sur le bois 
de Dumonteil, conservé à couvert : force, 340 à 520 (0.64 à 0.67 si 
Chêne — 1) ; élasticité, 25 à 33; à découvert: force, 470 à 630 (0.70 si 
Chêne — 1) ; élasticité toujours 30 ; cassure à fibres longues; classe 2 
(inférieur au Sapin du Nord). Essai sur un autre échantillon : densité, 
0,413 à 0,513 ; force, 400 à 500 (0.67 si Chêne — 1) ; élasticité, 30 à 40. 
Un des cabrions craque légèrement avant de se casser, el deux ont cassé 
net sans la moindre déchirure des fibres ; retrait de 5 à 6 mm. sur 
5 cm. 

Sagot, p. 924, donne trois noms systématiques : 1° Qualea, ou Casearta 
procera (qui n’est pas dans l’Index) et Byrsonima ; 2° p.913, Byrsonima 
densa, qui est peut-être le Grignon fou des Chantiers, ou le Moureila 
(voir 940), à bois rougeâtre, sans dureté et sans qualité; puis, 3°, p. 911, 
Couai, ou Q. cœrulea Aubl., rougeàtre, presque tendre, se sciant assez 
bien en planches ; et aussi, p. 232, Grignon fou ou Couaie, Q. cærulea, 
extrêmement commun, bien inférieur au Grignon en force et en con- 
servation. 

Grisard, 4891, 1, 623 : Q. cœrulea, rougeûtre, léger, très liant, mais 
inférieur au Grignon franc; densité, 0,798. 


Il est évident que le bois de Grisard est un autre bois, car 
le poids est bien plus élevé que celui des bois de Dumonteil 
et de la Commission qui indiquent un bois plutôt faible que 
liant, Le mot « léger » ne s'accorde pas très bien avec une 


densité de 0,798. 


Bassières, p. 101: Q. cœrulea, rougeñtre, presque tendre; densité, 
0,800. 


Peut-être est-ce le même bois que celui de Grisard. 


78 H. STONE ; 


Qualea rosea Aubl., n° 559 B. 


Aublet, p. 6: Labalaba (Galibis) ; bois rougeätre, compact ; écorce 
ridée et gercée. 
Sagot, Cat., 1883, p. 314 : pas abondant. 


Vochisia tetraphylla DC., n° 561 A. 


Synonymes : Vochya., Vochy, Vochuysia. 
2) ». (7 , VE t 


Noms populaires : Bois Cruzeau (Lanessan), Etaballi (Bell), nom géné- 
ral. (N'est pas l'Edaballi, 658 B, ni le [taballi}. Kwasi houdou (Bremer) 
Kwalie (Surinam, Pulle) : Bois Cruseau (Dumonteil). Schomburg cite un 
Itaballi, quiestle Vochisia quianensis Lamk. ; Brousseau, un Etaballi qui 
estle Bocoa Bocoa Aubl., et Sagot un Etaballi qui est le Bocoa proua- 
censis Aubl. (Voir 1856 A.) 


Notre échantillon 2682 a été déterminé d’après les feuilles 
et fruits par le D' Freeman, qui le considère comme étant 
probablement le Vochisia tetraphylla. 

Provenance. — Amérique tropicale, Guyane. 

Caractères généraux. — Bois plutôt dur et pesant, d’une cou- 
leur rosée ou brun-rougetre, uniforme, avec de jolies mailles. 
Il ressemble aux acajous d'une qualité inférieure. Surface un 
peu mate. Rougeâtre pâle, d'après Sagot. 

Caractères physiques. — Densité, 0,611 à 0,764 ; force, 
142 ; élasticité, 102 ; flexibilité, 2.51, d'après Dumonteil. 
Dureté, celle du hêtre. Quand il est sec, odeur et saveur 
nulles. 

En le grattant, on soulève de nombreuses peluches qui 
peuvent le faire reconnaitre (Sagot). 

Caractères de l'écorce. — Brune, légèrement gercée, tom- 
bant en plaques, qui laissent à découvert une couche lisse ; 
couleur de terre cuite. Entre cette couche et l’épiderme se 
trouve une mince couche presque blanche. Epaisseur, 6 à 
12 mm. environ. Surface de la büche striée. 

Structure du bois. — L'aubier n'est pas très différencié 
du cœur; il est seulement un peu plus blanchàätre ou 
grisâtre. 

La moelle a 3 mm. de diamètre environ : elle est arron- 
die, ligneuse et de la même couleur que le bois. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 719 


Section transversale. — Couches bien définies, les limites 
étant constituées par des anneaux de vaisseaux. 

Vaisseaux très apparents, grands, peu variables, distribués 
régulièrement, simples ou par groupes de 2, rarement 3 ou 4. 

Rayons juste visibles, paraissant être de deux sortes ; 
irréguliers, les intervalles entre les petits très inférieurs et 
entre les grands très supérieurs au diamètre d'un gros vais- 
seau ; les uns et les autres, ondulés, rouges. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux et parfois s'étendant 
en de minces ailes qui unissent des groupes tangentiellement. 

Section radiale. — Vaisseaux plutôt gros, pour la plupart 
vides, mais laissant çà et là sortir de la gomme. 

Rayons petits, mais très apparents, en lignes curieusement 
ondulées et brisées. Cette forme est due à la course ondulée 
des rayons en section transversale, 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont à peine visibles, ou à la loupe seulement; hauteur, Î mm. 
environ. 

Emplois. — Douvelles pour barriques à sucre ; ne résiste 
pas aux intempéries (Lanessan). Peut être facilement obtenu 
jusqu'à 20 m. sur 34 cm. d'équarrissage ; réputé comme se 
conservant bien dans l'eau salée (Bell). Dur à travailler, il 
peut servir à remplacer l’acajou de qualité inférieure. 

Commun dans l'Intérieur de la Guyane (Sagot). 


Echantillon-type : 26,2682 Bell. 
Références : Bell, p. 5; de Lanessan, p. 1#1. Sagot (Richesses de la 
Guyane), p. 12, et (Catalogue), 1883, p. 313. Dumonteil, pp. 156, 162. 


Vochisia quianensis Aubl., n° 561 B. 
Synonyme : Cucullarea excelsa Wild. 


Aublet, p. 19: Bois dur, vert jaunâtre ; écorce lisse, vert grisätre. 
Schomburgk : voir l'espèce précédente. 
FAMILLE XXVIII. — HYPERICACEES 
TRIBU II. — VISMIÉES 


Vismia, n° 636. 
Hypericum, selon Durand, n°631. 


s0 H. STONE 


Vismia guianensis (non Seem, ni Choisy DC., n° 635 A). 
Synonyme : Hypericum quianense Aubl. (non Linné). 


Aublet, p.784: Coaopia de Marcgraff, Caopia de Pison; Pao de lacra, 
Millepertuis de la Guyane ; écorce raboteuse gercée. 

Sagot, p. 912: Bois dartre (lerme général), rouge pâle. 

Grisard, 1891, p.823: V. quianensis Pers, Bois sanglant, Bois cossais, 
Bois d'accossais (terme général), arbre de la fièvre (Guyane, terme 
général), Lacre blanco (Vénézuéla). Bois rouge pâle, parsemé de veines 
fines et claires, assez léger; dureté régulière, grain fin, texture fibreuse; 
assez joli, peu employé ; construction. Densité, 0,650. 


Vismia latifolia H.B. et K., n° 635 B. 
Synonyme : Aypericum latifolium Aubl., p. 787. 


Vismia rufescens Pers., n° 635 C. 
Synonyme: Hypericum sessilifolium Aubl. 


Aublet, p. 787: Bois Baptiste, Bois dartre, Bois de sang, Bois d’acco- 
sois, Bois de la fièvre (Créole). 


Vismia cayennensis Pers., n° 635 D. 


Lanessan, p. 148 : Bois de la fièvre, Bois à dartres ; rouge pâle ; pour 
constructions. 
Grisard : Bloodwood (Trinité). Bois Baptiste de la Guyane. 


Vismia ferruginea H.B. et K., n° 635 E. 
Synonyme: Æypericum cuspidatum Willd (Steud. ?) 


Grisard, 1891, 1, p. 824 : Onotello {Vénézuéla), jaune rougeûtre, assez 
compact; peu employé. 


FAMILLE XXIX. — GUTTIFÈRES 


TRIBU I. — CLUSIÉES 


Clusia rosea Jacq., n° 638 A. 
Synonyme: Clusia alba Kunth. (non Choisy, ni Jacq). 
Clusia retusa Poir. 


Aublet, p. 933: Coapoiba (Brésil, d’après Marcgraff)}, Paogamelo 
(Portugais), Pérépéré (Galibis). Aublet cite encore C. alba Jacq. 


D 


MOSS 1 Las 
LS . 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 81 


Grisebach: Star-of-the-Night, Balsam fig. Scotch Attorney (lerme 
général, Antilles Anglaises). 

Grisard, 189,1, p. 834: Cupey (Trinité), Copey ou Cupay (Vénézuéla). 
Ecorce lisse; bois rouge, assez pesant ; combustible. 

Niederlein, p. 10: Figuier maudit, Bois Roi (terme général, voir 
partie IT). 


Clusia insignis Mart., n° 628 B. 


Grisard, 1891, I, p. 832: Balsam tree (colonie anglaise en Guyane). 
Bois de Parcouri (voir 662 et 651). 

Bassières, p. 99: Parcouri, Coopa, Cowassa {voir 5495), Wild Mam- 
mee (Demarary, voir 662). Grain assez fin et compact ; densité, 0,816 ; 
fibres assez régulières et serrées. 


Le chiffre de densité indique que l'auteur a pris pour cette 
espèce le Parcouri noir de Dumonteil {voir 651). Il me semble 
qu'il y a quelque part une erreur de Bassières. 


Niederlein, 1902, p. 7: Parcoury franc, P. Soufré, P. rouge, Bois 
Lemoine (Guyane). 


Clusia venosa Lain., n° 638 C (non Jacq.). 


Aublet, p. 934 : Votomite (Galibis, voir 6#7). 
Grisard, 1891, I, 855 : Palétuvier de montagne {terme général). 


Clusia sp., n° 638 D. 
Espèce non déterminée. 


Niederlein, p. 2 : Parcauri mani, Parcouri-Goupi, Bois serpent 
(terme général, voir 198%). Le mème 1902, p. 7 : Parcoury-mani et 
Pao Cora (Guyane). 


Tomovita guianensis Aubl., n° 647. 


Aublet, p. 947 : Votomite (Galibis, voir 638 C)\. Ecorce rougeûtre, 
bois compact, dur ; aubier blanc, cœur rouge. On trouve sur l'écorce 
des larmes d'une résine jaune et lransparente. 

Sagot, Cat,, 1883, p. 334: Volomila quianensis Aublet, planche 35 
seulement. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3* série, 4* vol, 1916. 6 


02 H. STONE 


TRIBU II. — MORONOBÉES 


Symphonia globulifera Lin. (non Arruda), n° 648. 
Synonymes: Moronobea coccinea Aubl. : Moronobea escu- 
lenta Arruda (partim). 


Noms vulgaires : Moronoba, Coronobo (Galibis), Mani (Aubl.), Gulan- 
dim, Gouandim (Amaz. R. negro, Peckolt). Ejale, Nkum, Une variété 
s'appelle Arquane chez les Mbonoi, d’après Harms. Hog-gum tree, 
Mawna tree (Jamaïque). Numgundo (Angola, d’après de Willemin). 
Cerillo (Costa Rica, d'après Pittier). Oanany, Ounany (Brésil, d’après 
Peckolt). Mangle blanc (Catalog. Exposit. Chicago). Anany (Amazones), 
Manniballi (Guyane Anglaise, d'après Bell). Palétuvier jaune (Guade- 
loupe, d’après Duss). Bois cochon (Saint-Domingue, d’après Baillon), 
Bois cochon (Soudan), Karamani. Pour la gomme : Doctors'gum (Gui- 
née Anglaise, d’après de Cordemoy). 


Je me demande si cette espèce n’est pas le Maniballi, Can- 
dlewood, Carmen, Caramen ou Buck-wax cité, p. 18, dans 
le Catalogue Exposit. Paris, 1867, et p. 26, le Cari-mani. Ce 
bois peut être obtenu de 9 à 16 m. sur 17 à 25 cm. d’équar- 
rissage. La cire (wax) est employée pour fixer les pointes des 
flèches et les hameçons pour la pêche. 

Baillon donne Moronobea globulifera comme synonyme à 
Symphonia globulifera, mais 11 met à part le Moronobea coc- 
cinea, qui est le Mauna tree et l'Oanani du Brésil. 

Il s'agit peut-être du Mani de Dumonteil, et je cite plus loin 
les chiffres s'y rapportant. De Lanessan cite un Mauniballi 
qui est un Amyris sp. (voir 1156, [), et Grisard en signale un 
autre qui est un Platonia (voir 651). 

Mon échantillon-type a été déterminé d’après des feuilles 
et des fruits par le D' Freeman. 

Provenance: Amérique tropicale. 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, d’une couleur brun verdâtre, « Jaunâtre » 
(Aublet); jaune brun rappelant le Chlorophora (Chevalier, 
voir 6609). La coupe transversale présente un amas de fines 
lignes claires ; cependant la nuance est plus foncée que celle 


RPC 
ce ? à 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 83 


des autres sections. Surface brillante, fonçant un peu à l'air ; 
grain plutôt gros. 

Caractères physiques. — Densité, 0,519 à 0,632 (0,888 Gri- 
sard). Dureté du Noyer. Odeur, à sec, et saveur nulles. Cassure 
longue et très fibreuse (Grisard). 

Dumonteil, p. 15% : Densité, 0,714; force, 174; élasticité, 
163 ; flexibilité, 2,19. Classe 3, celle du Pin. 

Caractères de l'écorce. — Ecorce de 6 mm. d'épaisseur envi- 
ron, formant une seule couche sous-épidermique, qui est rem- 
plie de sclérites blancs et durs qui peuvent être écrasés en 
miettes avec l'ongle. Lisse, cendrée (Aublet). 

Grise, se détache par petites plaques minces ; exsude une 
résine Jaune, qui devient ensuite rouge (Chevalier). 

D'après un autre échantillon (Musée Colon. de Marseille, 
n° 100 Guyane), épaisseur # mm. environ, épiderme jaune- 
verdâtre, couche intérieure présentant des rayons ; couche 
extérieure stratifiée, s'émiettant facilement : saveur amère. 
Exsudant de la gomme rouge sang. Surface intérieure lisse. 

Structure du bois. — Aubier gris, beaucoup plus foncé que le 
cœur et bien distinct ; épaisseur, 12 mm. environ. Moelle ? 

Section transversale. — Couches souvent mal définies ; la 
limite en est au plus une interruption peu sensible dans la 
succession régulière des lignes de parenchyme. Contour régu- 
her. 

Vaisseaux juste visibles comme des points blancs ; peu de 
variations, sauf lorsqu'ils sont par paires, et, en ce cas, un des 
vaisseaux beaucoup plus grand que l’autre. S'ils sont séparés, 
distribution régulière, et alors fortement isolés, contenant 
souvent de la gomme qui rend la coupe brillante. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, à intervalles 
réguliers, plus étroits que le diamètre d'un gros vaisseau, et 
restant droits malgré leur finesse. Même couleur que celle du 
parenchyme. 

Parenchyme a bien visible; une multitude de fines hgnes 
claires très serrées, concentriques, continues, unissant les 
Vaisseaux. 


Taches médullaires de places en places, ovales, 


S4 H, STONE 


Section radiale, — Nuance plus claire que celle de la section 
tangentielle. Couches rarement délimitables. Vaisseaux plu- 
tôt gros, mais peu apparents, pour la plupart remplis de 
perles gommeuses brillantes et aussi d'une matière blanche. 

Section langentielle. Comme la radiale, mais moins bril- 
lante. Le Pa se présente en lignes verticales serrées. Rayons 
visibles au microscope seulement. 

Emplois. —Facilement obtenu jusqu'à 13 m. sur 30 à 35 em. 
d'équarrissage (Bell). 

Il résiste aux vers et aux intempéries (Duss). 

Un des plus mauvais bois de la Guyane (Sagot). 

Cependant, à en juger par les chiffres de Dumonteil, et si 
le bois se conserve bien, l'opinion de Sagot paraît trop 
sévère. Le bois se travaille facilement. 


Échantillon type : 62,2718 Bell ; Musée Colon. de Marseille, Guyane, 
n° 100 {écorce seulement). , 

Références : Bell. 8 ; Duss p. 151 ; Chevalier (a), p. 167 ; Grisard, 1891, 
p. 140; Sagot, p. 234; Aublet, p. 788; Dumonteil, pp. 154 et 160; 
Baillon, VI, #15 ; de Lanessan, p. 140 ; Stone et Fr., p. 62, 


, Les Parcouris, n° 651. 

Plusieurs bois sont désignés sous ce nom, et notamment 
lé Platonia insignis Mart., le Clusia insignis Mart. (638 B), 
et le Mammea americana Lin. (662). Malheureusement, sur 
sept auteurs qui s'en sont occupés, il n'y a que Grisard qui 
parle de la couleur. Il dit de Mammea « Bois blanc ou rouge 
pâle » ; de Platonia « Parcouri du Commerce, d'une belle 
couleur jaunâtre » ; mais les deux échantillons de provenances 
diverses qui se trouvent au Musée de Marseille sont d’une 
belle couleur rouge foncé, tirant sur le brun, avec des stries 
blanchätres. 

Sagot a exprimé tour à tour des opinions diverses : p. 198, 
il dit Parcouri, Platonia insignis Mart. ; p. 228, Parcouri 
(Clusiacées). Puis p. 912 Parcouri parait un Calophyllum, 
un Aheedia ou un Clusia. 

En présence de renseignements tellement contradictoires, 
je me borne à citer les auteurs, en donnant seulement la des- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANUAISE 85 


cripüion des bois du Musée de Marseille et du Pareouri de 
Bell, sans risquer une opinion sur le nom systématique. Il 
faut dire pourtant que les deux échantillons du Musée de 
Marseille ont une structure de Légumineuse, voisine de celle 
du Peltoqyne des Amherstiées ; ils devraient plus justement 
être placés dans cette tribu. 

Il ne faut pas confondre cette espèce avec le Pacourea de 
Aublet. 

Enfin Je signale les deux bois de Dumonteil pour lesquels 
je n ai que des chiffres pour me guider : 

1° Parcouri noir, p. 154. Densité, 0,816 ; force, 1T3 : élas- 
ticité, 1,98 (198 ?) ; flexibilité, 2,65 ; p..160. Classe 2, qui est 
celle du Chêne ; 

2° Parcouri jaune. Densité, 0,748 ; force, 177 ; élasticité, 
113; flexibilité, 2,47. Classe 3 (celle du Pin). ; 


Platonia insignis Mart., n° 651 A. 
Synonyme : Symphonia esculenta Steud. {non Arruda). 


Sagot, p. 228 (Mais est-ce cetle espèce) : « Se place entre les bois 
durs et les bois légers ; grain assez fin el compact, sans être cepen- 
dant trop lourd et sans offrir une résistance trop grande aux outils. 

Rodriguës : Bakury. P. insignis. 

Grisard, 1891, IT, p. {#1 : Parcouri où Parcoury (Guyane française) ; 
Parcury-guaza (Paraguay) ; Manniballi, Pakooru, Pakoort (Guyane 
angl.) ; Pacari {Arg.); Uba Coupari (Brésil). Le Parcouri du commerce 
est d'une belle teinte jaunätre, à grain fin ; fibres régulières el assez 
serrées; compact, sans être trop dur ; passe pour incorruplible. Il donne 
des planches de 6 à 15 m. de longueur. 

Bassières, p. 99 : Parcouri. Clusia insignis (voir 63$S A). 

Niederlein, p. #: Pacouri grand, Bacury (Guyane), et encore Bacury, 
Rheedia virens Planch. 

Bell, n° 70 : Pakoorie, Wild mammee-apple (voir 662), décrite par 
Stone et Freeman p. 71, et cité ci-dessous. 


Parcouri de Bell, n° 651 B. 

Caractères généraux.— Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, d'une couleur blanc-rougeâtre, veiné. La 
structure, en section transversale, est exceptionnellement 


86 HI. STONE 


visible. Surface mate, quelquefois un peu luisante : fonce un 
peu à l'air, Nuance de la section transversale un peu plus 
foncée que celle des autres sections. 
Caractères physiques. — Densité, 0,977; dureté, celle de l'If: 
odeur et saveur nulles. 
Caractères de l'écorce. 


Écorce de 1 em. 3 à 2 em. 5 d'épais- 
seur environ ; dure, formée de deux couches, une interne, de 
{ em. environ, brune, ligneuse, et une externe en écailles, 
qui, sur la section, sont bien tranchées ; sillonnée irrégulière- 
ment et pleine de sclérites durs et blancs, en couches concen- 
triques régulières. Surface externe de la büûche, striée ou 
unie. 

Caractères du bois. — Aubier blanchâtre ou de couleur écrue, 
épais de 7 cm. environ ; nettement distinet du cœur. 

Moelle ? 

Section transversale. — Couches peu marquées, à limites 
vagues ; contour à peu près régulier. 

Vaisseaux bien visibles, se présentant comme des piqüres ; 
grands, sans diminution de calibre sur toute la largeur d’une 
même couche, mais augmentation en diamètre d’une couche 
à l'autre. 

Par ailleurs, peu de variations, sauf dans les groupes qui 
présentent quelquefois jusqu’à 22 vaisseaux, distribution 
uniforme et peu nombreux; bien isolés et pouvant être 
comptés à l'œil nu sur le vieux bois ; contenu luisant. 

Rayons juste visibles sans loupe, quand ils sont humectés ; 
très fins, uniformes, réguliers, écartés les uns des autres d'une 
distance inférieure à celle du diamètre d'un gros vaisseau, et 
s’écartant un peu au niveau de ces vaisseaux. Couleur, celle 
du Pa. 

: Parenchyme à visible, même très apparent, en lignes con- 
centriques continues, nombreuses, serrées, d’une couleur 
claire et d'un contour régulier. Dans le jeune bois, les zones 
ne sont pas développées, et le Pa ne fait que des ailes aux 
Vaisseaux. 

Section radiale. — Couches non marquées. Vaisseaux gros, 
rouges, ayant des cloisons qui sont visibles à l'œil nu, Le Pa 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 87 


se présente en lignes rouges, qui sont plus visibles quand le 
bois est humide, 


Parcouri du Musée Colonial de Marseille, n° 651 C. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d'une couleur 
brun rougeâtre, rayée de lignes d’un rouge plus foncé, et avec 
des stries claires. Surface luisante, qui prend déjà un polis- 
sage naturel sous le fil des outils. Fonce un peu à l'air. Grain. 
fortement à rebours. Nuance de la coupe transversale beau- 
coup plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. Odeur et saveur nulles. Cassant. I] 
brûle mal en pétillant beaucoup, peu de fumée, odeur agré- 
able. 

Écorce et moelle inconnues. 

Structure du bois. 


Aubier de couleur écrue ; épaisseur, 
2 em. environ. 

Section transversale. — Couches, en apparence, bien défi- 
nies ; limites peut-être formées par les zones qui ont peu de 
Valsseaux. 

Vaisseaux très apparents à cause de leurs bords clurs, 
plutôt grands (0 mm. 2), diminuant un peu et régulièrement 
vers le bord externe de la couche ; fortement isolés, distri- 
bués irréguliérement, peu nombreux (1 à # par mm. q.), pour 
la plupart vides. Ils s'agrandissent beaucoup avec l'âge de 
l'arbre. 

Rayons juste visibles ou à peine, excessivement fins, uni- 
formes, un peu sinueux, presque réguliers; intervalles égalant 
le diamètre d'un gros vaisseau, mais sans écartement au 
niveau des vaisseaux. 

Parenchyme très apparent, 4, en fuseaux, ou en losanges, 
ou ailé autour des vaisseaux : couleur brun clair ou rouge, 
parfois unissant deux groupes de vaisseaux, surtout vers la 
limite externe de la couche, là où le Pa est moins déve- 
loppé. 

Section radiale. — Couches délimitables. Vaisseaux fins, 
sillons ouverts, parfois avec des perles gommeuses ou rési- 
neuses, rouges ou noires. Rayons à peine visibles ou visibles 


88 H, STONE 


à la loupe, minuscules, rouges, translucides. Parenchyme en 
lignes minces, blanchâtres, quelquefois très apparentes. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les vais- 
seaux sont beaucoup plus apparents, montrant beaucoup de 
parenchyme clair le: long des sillons. Rayons visibles seule- 
ment au microscope. Ce sont de courtes lignes, hautes de 6 
cellules environ. 


Échantillons types : n° 15, Parcouri jaune. Guyane, au Musée de Mar- 
seille, et n° 100, Parcouri étiqueté : « Mahot blanc ». 


TRIBU IV. — CALOPHYLLÉES 


Kurahara, Kurahura Bell., n° 658 A. 

Ce bois a une telle ressemblance avec certaines espèces de 
Calophyllum de ma collection, et sa structure est s1 caracté- 
ristique que je le place ici, sans hésiter. Un caractère parti- 
culier, et qui est très rare, se présente bien dans ma fig. 
n° 21,pl. V ; c'est le parenchyme en lignes concentriques dis- 
continues, ce qui arrive quelquefois dans d’autres genres, mais 
jamais de la même manière. Un échantillon du Musée de Mar- 
seille est bien semblable (n° 25 Guyane), et je crois que c'est 
le même que celui de Bell. 

Caractères généraux. — Bois plutôt dur et lourd, d'une 
couleur rougeâtre ou brun rougeâtre uniforme ; grain forte- 
ment à rebours; surface brillante qui fonce un peu à l'air. 
Nuance de la coupe transversale un peu plus foncée que celle 
des autres sections. 


Caractères physiques. — Densité, 0,810 ; odeur et saveur 
nulles. 
Caractères de l'écorce. — KEcorce de 6 mm. d'épaisseur 


environ, rugueuse, gercée, subéreuse, tombant en plaques qui 
sont molles, rouges, et stratifiées sur la section. Couche 
médiane, 3 mm. d'épaisseur environ, plutôt dure, brun foncé. 
Couche interne, stratifiée, présentant les rayons surtout sur 
la coupe radiale. Surface de la bûche ridée ou sillonnée. 

Caractères du bois. — Aubier un peu plus clair que le cœur, 
épais de 3 em, 5 environ, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 89 


La structure du bois est à comparer avec la fig. n° 21, pl. V. 

Section transversale. 

Limites des couches douteuses. 

Vaisseaux bien visibles à cause de leur disposition en lignes 
radiales dendritiques. C'est la un des caractères spéciaux 
des Calophyllum, dans la figure, à cause du trop fort gros- 
sissement, mais qui paraît mieux à l'œil nu. 

Rayons visibles à une forte loupe seulement, très fins ; uni- 
formes, réguliers ; intervalles beaucoup moindres que le dia- 
mètre d’un gros vaisseau, et s’écartant légèrement au niveau 
de ces vaisseaux. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux et les unissant par- 
fois en lignes radiales, et Parenchyme en lignes concen- 
triques irrégulièrement courbées et interrompues, claires. 
Elles paraissent foncées dans la figure, qui a été prise sur une 
coupe transparente employée comme cliché. 

Section radiale. — Vaisseaux plutôt fins, foncés, très 
obliques. Rayons étroits, juste visibles. 

Section tangentielle. — Rayons minuscules, de 0 mm. 2 de 
hauteur. 

Emplois. — Pour corials et pour planches pour bateaux : 
peut être facilement obtenu jusqu'à 17m. sur 55 cm. d'équar- 
rissage (Bell). Ce bois devrait servir à remplacer les qualités 
inférieures d'Acajou ; très commode à débiter. 


Échantillon type : 58,2713. 
Références : Stone et Fr., p. 58. 


Eda-balli, Wild Calabash (Bell ,fn° 658 B. 

Calebassier sauvage. Encore un bois du genre des Calophyl- 
lum. Pour le distinguer de Kurahara, on peut citer les différences 
les plus importantes suivantes : 

1° Parenchyme h en lignes concentriques beaucoup plus 
larges que les rayons. Kurahara, 658 A. 

2° Parenchyme b en lignes un peu plus larges seulement 
que les rayons. Eda-balh, 658 B. 

Il ne faut pas confondre cette dernière espece avec Eta-balli 
ni avec Itaballi (voir 561 A et B). Le mot Ita ou Eta, en 


90 H. STONE 


langue indigène brésilienne veut dire (er; par conséquent 
il est d'une application générale à tous les bois durs. 

Caractères généraux de l'Eda-balli. — Bois d'une dureté 
moyenne et d'un poids moyen, d'une couleur brun rougeâtre 
uniforme à brun clair. Surface légèrement micacée, qui ne 
fonce que peu à l'air. Nuance de la coupe transversale un 
peu plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,752 ; dureté, celle du 
Hêtre. Odeur et saveur nulles. 

Caractères de l'écorce. — KÉcorce de 4 à 6 mm. d'épaisseur 
environ, brune, lisse. Couche interne mince, fibreuse, brun 
foncé ; couche externe plus claire, s'émiettant. Fortement 
adhérente. Surface de la büche lisse. 

Caractères du bois. — Aubier non différencié du cœur. 

La structure du bois est celle du Kurahara, mises à part les 
différences suivantes. 

Section transversale. — Vaisseaux juste visibles, apparais- 
sant comme des piqüres. 

Parenchyfne h en lignes concentriques continues, nom- 
breuses, légèrement ondulées, un peu plus larges que les 
rayons, avec lesquels elles forment un filet. 

Seclion radiale. — Brillante. Vaisseaux apparaissant par 
paires, ou 3 côte à côte, ce qui donne au grain une apparence 
grossière ; plus foncés que le fond. Rayons très étroits, lui- 
sants, cristallins. Parenchyme en très fines stries parallèles. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais non bril- 
lante ; les rayons ne sont visibles qu'au microscope, 

Emplois. — Ce bois possède l'avantage de ne pas se fendre ; 
crosses de fusils ; pas abondant ; peut être obtenu jusqu'à 20 
à 27 cm. de côté (Bell). Commode à travailler. 


Ech. type : 25,2681 Bell. 
Références : Stone et Fr., p. 25. 


Penoga, n° 658 C. 
Berkhout, p. 25. Calophyllum sp. Surinam. 


Mammea americana Lain., n° 662. (Voir 651.) 


Préfontaine, p. 157: Mamie, Manchiboui, Abricotier, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 91 


Aublet, p.917 : Abricotier d'Amérique. 

Icones lignorum : pl. LXVII, fig. 1, Mamaavy. 

Sagot, p. 912 : cultivé à la Guyane. 

De Lanessan, p. 148: dimension considérable ; bois blanc, assez dur, 
homogène et facile à fendre. 

Rodriguès, 1893, p. 59 : Abrico do Parà, A. de $. Domingo, A. selva- 
gina (Brésil). 

Grisard, 1891, If, p. 135: Wild Mammee-apple, Pakoorie, Parcouri 
soufré, Abricotier des Antilles, Mammee-tree (angl.). Bois blanc rose 
ou rouge pale, gommeux, à fibres droites. Poids, 0,990. Lourd et assez 
dur, se fendant. avec facilité ; pour merrains, bardeaux, aissantes, 
planches, poulies, solives. Bonne conservation à l'air ou dans le sol. 


TRIBU V. — QUIINÉES 


Quiina guianensis Aubl. (non Crueg.), n° 663. 

Synonyme: Touroulia quianensis Aubl]. : Touroulia solitaris 
Stokes. 

D'après l’Index Kewensis, Aublet à décrit la même plante 
sous des noms différents. 


Aublet, p..492: Touroulia guianensis. Ecorce épaisse, ridée ; bois 
roussätre. À la page 19, Suppl. : Quiina guianensis, Quiina-rana. 


FAMILLE XXX. — TERNSTROEMIACÉES 


TRIBU I. — RHIZOBOLÉES 


Caryocar butyrosum Aubl., n° 664. 

Synonymes : Pekea butirosa Aubl.: P. lentiscos Aubl. 
(non mentionné dans l'Index Kew.). 

Noms vulgaires : Pekea (Galibis et noiragues à Ayapoco et 
à Caienne : Aubl.). Pekia, Pequi, Piquy (Para, Rodrigués). 
Schwari (Bassières). Chawari (Dupré). Saouary, Saouarou, 
Soeri (Surinam, Berkhout). Schaouarouy (Caraïbes, Préfon- 
taine). 

Il règne une certaine confusion autour du nom Pekea, qui 
s'applique encore à d'autres espèces, par exemple au C. hra- 
siliensis Saint-Hilaire, qui, selon Rodrigues, est le véritable 
Pequia. Pereira cite ce Caryocar brasiliensis en donnant les 


92 H. STONE 


noms additionnels de Pequia-bravo et Pequi. Da Gama parle 
d'un Pequia qui serait l'Aspidosperma sessiliflorum Muell., 
de l'ile Trinité. Le nom Souari est commun, ou du moins est 
attribué également aux autres espèces de Caryocar. 

De Lanessan eite le C. fomentosum comme syn. de C. buty- 
rosum, ce qui n'est pas juste d'après l'Index Kew. 

Le bois que je décris ci-dessous parait être celui de Bas- 
sières, de MeTurk et de da Gama. Il a été déterminé d'après 
les fruits et les feuilles par le D' Freeman. 

Prov.: Am. trop. 

Caraclères généraux. — Bois dur et lourd extrêmement 
compact, d'une couleur gris-brun clair. Surface lisse, devenant 
mate. Roussâtre, dur, compact (d'après Aublet). Il ressemble 
au Genipa (d'après la Com. de Brest). Nuance de la coupe 
transversale plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,943 à 1000. Dureté, 
celle du Buis. Odeur à sec, faible, même nulle. 

Solutions aqueuse et alcoolique presque incolores. 

Dumonteil. Essais : densité, 0,820 ; force, 211 ; élasticité, 
162; flexibilité, 2,00. Classe 2, qui est celle du Chêne. 

Commission de Brest. Essais avec le bois de Dumonteil : 
lorsqu'il est consérvé à l'abri, force, 720 à 920, (1,11 à 1,28 
si le Chêne — 1); élasticité, 20 à 28. Conservé à découvert : 
force, 860 à 940 (1,16 si le Chêne — 1) ; élasticité, 22 à 25; 
a cassé après craquement avertisseur. 

Même Commission. Essais d’un autre échantillon : densité, 
0,794 ; force, 620 à 880 (1,11 si le Chène — 1), élasticité, 
20 à 30. Deux sur trois des cabrions ont cassé net, l'autre 
fait entendre un craquement avertisseur ; fibres bien déchi- 
rées. Il est intéressant de voir que le bois, conservé à décou- 


vert, a gagné en force et en élasticité. 


Caractères de l'écorce. — Kcorce grisätre, d’après Aublet. 
Surface de la bûche rayée de petites côtes tortueuses. 

Structure du bois. — Aubier blanc, mat, nettement dis- 
ünct du cœur; épaisseur de 1 em. environ. 

Moelle ? 

Section transversale. — Couches mal définies, mais il y a 


des zones plus ou moins denses, 


bi: 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 93 


Vaisseaux visibles quand ils sont humectés : uniformes, 
sans diminution de diamètre vers l'extrémité de la couche; 
peu variables ; distribution régulière, mais avee tendance à se 
disposer en chapelets ; groupes radiaux par 2 à # vaisseaux ; 
contenu souvent brillant, donnant à la coupe une apparence de 
givre. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, réguliers, 
laissant entre eux des intervalles moindres que le diamètre 
d'un gros vaisseau et s'écartant au niveau de ces vaisseaux. 
Ces rayons apparaissent comme des soies blanchätres. 

Parenchyme 4 peu abondant, entourant étroitement les 
vaisseaux. 

Section radiale. — Vaisseaux moyens. Rayons peu appa- 
rents, semi-translucides. Pa assez apparent le long des vais- 
seaux, ce qui donne à la coupe un aspect glauque. 

Section langentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
ne sont visibles qu'à la loupe et sont composés de cellules 
plus grandes qu'elles ne le sont ordinairement. 

Emplois. — Très bon pour la charpente (Bassières). 

Très tenace, à grain entrelacé : peut être obtenu jusqu’à 
60 em. d'équarrissage : peu employé (MeTurk). 


Ech. type. 83,2739 Bell. 0104, Impr. Inst. 
Références: Rodriguès, p. 18%; Bassières, p. 89; Pereira, p. 65 ; 
MeTurk, p. 3 ; Bell, n°83; Dumonteil, 1823, IT, partie 2, pp. 156 et 158; 
Comm. de Brest, 1826, IT, partie 2, pp. 170 et 188 ; da Gama, 1876, 
p. 170 ; Préfontaine, p. 207 ; Aublet, p. 597. 


Caryocar glabrum Pers., n° 664 B. 
Synonymes : Saourari glabra Aubl. : Pekea ternata Poir. 


Aublet, p. 599: Saourari (Cayenne) ; pour chaloupes, pirogues, 
canots à rocou ; courbes dés jumelles, des madriers, des bardeaux. 

Pulle, p. 300 : €, glabrum var. edule Cas. Ningre notto (Surinam). 

Sagot, Catal., XII, p., 188 ; Schawari, 

Grisard indique la densité 0,820 de Dum., cité pour l’espèce précé- 
dente. 

Huber, p. 192: Pequea rana (Amazone). 

De Lanessan, p. 139: Schwari ; dur, compact ; jantes de roues de voi- 
ture; de grandes dimensions. 


94 H. STONE 


Caryocar villosum Pers., n° 664 C. 
Synonymes : Saourari villosa Aubl. ; Pekea tu bercalosa Poir. 
(non Aubl.), et non cité dans l’Index Kewensis. 


Garyocar tomentosum Willd., n° 664 D. 
Synonymes : C. {uberosum H. Bn (Baillon) ; Pekea tuber- 
colosa Aubl. (non Poir.). 


Aublet, p. 587 : Tala-youba (Garipons); écorce roussâtre, ridée, ger- 
cée ; bois roussâtre, dur, compact. 

Dumonteil, p. 156 : Bois-Marie. Densité, 0,717 ; force, 159 ; élasticité, 
154; flexibilité, 2,08, p. 163. Classe 5 (celle du Peuplier). 

De Lanessan, p.139, cite comme synonymele Pekea bulyrosa Aubl., 
ce qui ne s'accorde pas avec l’Index Kewensis et crée une confusion 
avec 664 A. « Dur, résistant », 

Grisard, 1891, IT, p. 301: Peki, Pekea, Pekeya (Guyane) ; Bois de 
Tatayouba où Tatajuba ; pour charronnage, parquets, arbres à moulin à 
sucre ou à eau. 

Niederlein, p. 2: Bois Mary. C. {fomentosum. 


Saourai rouge, n° 664 E. 
Dumonteil, p. 158 : Densité, 0,410; force, 71; élasticité, 322 ; flexibi- 


lité, 10,45, p. 63. Classe 6. De très faible valeur. 


Je me demande si ce bois n’est pas le C. glabrum. Sa 
densité indique un bois propre à faire des canots. C, villosum 
n'est point cité comme bois industriel, et les autres sont 
lourds. 


TRIBU II. — MARCGRAVIÉES 


Norantea guianensis Aubl., n° 667. 


Aublet, p.55#: Conoro-antegri (Galibis. Ecorce inégale, gercée et 
marquée de petites côtes lisses; bois blanc dur, à centre moelleux. 


TRIBU I. — TERNSTROEMIÉES 


Ternstræmia dentata Sw., n° 676 À (non Spreng.). 
Synonyme : T'aonabo dentata Aubl. Durand conserve Dupi- 
nia comme genre. 


BOIS UTILES DÉ LA GUYANE FRANÇAISE 95 


Aublet, p. 569: Palétuvier de montagne (terme général). Ecorce 
‘ épaisse, cendrée en dehors et rougeàlre en dedans ; elle sert pour le 
tannage des cuirs ; bois blanc qui devient roussâtre : pour bardeaux. 


Ternstræmia punctata Sw., n° 676 B. 
Synonyme : T'aonabo punctata Aubl. 


Aublet, p. 571: Palétuvier de montagne (terme général}. Les mêmes 
emplois que ceux de l'espèce précédente. 


TRIBU VI. — BONNETIÉES 
Caraipa parvifolia Aubl., n° 700 A. 


Aublet, p. 561: Caraipe (Garipons, terme général). Manches-haches 
(Créoles). Ecorce brune, lisse et gercée; bois à aubier, roussâtre et à 
cœur rouge, dur et compact, considéré comme l'un des meilleurs bois 
pour faire des manches de haches et de cognées, de serpe et d’autres 
instruments propres à couper. 


Caraipa latifolia Aubl., n° 700 B. 
Synonyme : C. angustifolia Aubl. 
Aublet, p.561 et 562: Caraipés. 


Caraipas, n° 700 D. (espèces non déterminées). 

Sagot, p. 924 : Pagelet, Caraipa sp. 

Dumonteil, p. 154: Pagelet. Densité, 0,787; force, 196; élasticité ; 
214 ; p. 160. Classe 3, 

Mahurea palustris Aubl., n° 701. 

Aublet, p. 558: Mahuri aquatique. Ecorce lisse, roussàtre ; bois blanc ; 


peu compact. 


Sagot, p. 908 : Mauria, Sans valeur (Est-ce bien cette espèce ?) 


FAMILLE XXXIII — MALVACÉES 


TRIBU Il. — URÉNÉES 


Pavonia spinifex Cav.,n° 753. 
Synonyme : Hibiscus spinifeæ Aublet (p. 706). 


© 
(er) 


H. STONE 


TRIBU IIL — HIBISCÉES 


Hibiscus tiliaceus Lin., n° 762 A. 
Synonyme : Paritium tiliaceum À. de Juss. 


Loureiro, p. #19: Novella Daun (Rumph.) ; Ca tla làm chieo. Ecorce 
pour faire de petites cordes, des filets, des stores, ete. 

Aublet, p. 704: Pariti, Tali-Pariti (Rheed), Maou. On fait des cordes 
avec.la seconde écorce dans l’île de France. 

. Maiden, p.557. Cotton Tree : Talwalpin des indigènes d'Australie. Poids 
35 à 38 livres par pied cube d’après Gamble. 

Grisard, 1892, 1, p. 97: Bois de liègedes Antilles, Bourao, Milolo (Afr. 
Portug.), Majugna (Am. cent.), Majagua (Ant.), Evonoue (Gabon), Liège 
des Antilles (Guat.), Bala (Beng. Sanscrit), Belli-patta (Cyngalais), Bola 
(Hindou) ; Waroe-lavet, Waroc-wombhong, Waroe-laut (Malaisie) ; 
Waroe (Sandwich), Dawoenbaroe (Soudan), Varo, Baro (Malgache), 
Hau (Marquises ; Sandwich), Peuh, Bois de flot, Grand Mahot, Bois de 
liège (NIle-Calédonie), Bourao, Bourau, Pourau, Poureau, Fau (Tahiti), 
Mahot du bord de la mer (frinité),Sea-side Mahaut (Angl. ?), Mahagua 
del mar (Esp.), Bois de rose, d'une nuance plus foncée que celle 
du Noyer ; tendre, léger, quoique de texture assez fine. Densité, 0,777 ; 
pour flottes, pour filets de pêche, moyeux, moulins à riz. Ecorce pour 
cordages qui sont assez résistants. 

Huber, p. 216: Uacima da praia (Para), 

Rodriguès, 1893 ; Maho (Brésil). 

Cordemoy H., p. 331: Foulsapate (Réunion. 

Bernardin, p.##: Balibago (Dominique). 


La description de Grisard se rapporte évidemment à un 
bois composé. Un bois d'une densité de 0,777 qui servirait en 
même temps pour flottes et pour moyeux serait un bois 
extraordinaire. 

Je n'ai malheureusement pas actuellement de ce bois entre 
les mains, mais il m'est bien connu, et c'est un bois très 
léger, même l’un des plus légers qui existent. Il est extrême- 
ment mou, et on peut le déchirer avec l'ongle. Grain très 
lilandreux et gros. Il se déchire plutôt qu'il ne se coupe sous 
la scie. La couleur est gris sale, souvent panachée de bleu, 
ou, plus exactement, teintée, car je crois que cette couleur est 
due à une réaction entre la sève et la rouille des scies, Ce 
caractère devrait servir à le distinguer de tout autre, car la 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 97 


réaction bleue est rare. Le seul autre cas que je connaisse est 
celui du Mahot bleu, ou Hibiscus elatus Sw. ; et c'est proba- 
blement cette autre espèce que Grisard a mélangée avec 
l’Hibiscus tiliaceus DC. Cet H. elatus est, en effet, un bois 
dur qui ressemble au Bois de lance et peut très bien servir 
pour moyeux. Densité, de 0,700 à 0,790. (Voir Stone, T. of 
Abd): j 

Un échantillon d’écorce du Musée Colon. de Marseille éti- 
queté « Poeping (Malaisie) » montre un liber en rubans 
lisses, un peu cornés au toucher, d'une couleur brun cannelle. 
Vu à la loupe par transparence, il présente une infinité de 
petites perforations, dues aux rayons qui ont 1 mm. de hau- 
teur environ. Entre ces petits orifices se dessinent des 
lignes transversales très minces. 


Hibiscus brasiliensis Lin., n° 762 B. 


Cité par Aublet, p. 706. 
Hibiscus mutabilis Lin., n° 762 C. 


Aublet, p. 706: Rose changeant (Cayenne); la seconde écorce peut 
servir pour faire des cordes. 


Hibiscus esculentus Lin.. 762 D. 


Barrère, p. 66 : Catalou, Karoulou, Ketmia brasiliensis. 

Préfontaine, p. 158: Ouaouayama (Caraïbes) ; Citrouille, Poliron, 
Giraumont. C'est le Quingombo Lusilanis de Marcg. 

Aublet, p. 707 : H. esculentus Lin. Bois Calalou ou Caralou. 

Sagot, XI, p. 150: Calalou, Gombo. 

Bromer, p. 209 : Okro houdou (Surinam) 


TRIBU IV. — BOMBACÉES 


Bombax malabaricum DC., n° 771 A. 
Synonyme : B. Ceiba Burm. 


Préfontaine, p. 173 : Mapou, qui signifie « bois mou » ; Fromager ; 
Ceiba (Plume. ); Zamaouna (Piso). 

Aublet, p. 703 : Bombax Ceiba Lin., Moul-clauou (Rheed\. 

Maiden, p. 390 : Malabar Silk cotton tree. Densité 0,320 à 0,488 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4* vol, 1916. 7 


98 H. “TONE 


Grisard, 4891, II, p. 552: Silk cotton tree (Angl.}, Ceibo (Am. esp), 
Gou-rung (Annam), Gommier blanc (Guad.), Mullu buraga ({ndes, 
Canara), Kanton-ka-semal (Dukin ?), Mul-elava, Moullou-eleven-marom 
Télenga), Dangdoer, Dangdoer-allas (Indes Holl. ). La racine est nommée 
Musla-Semul. Ecorce épaisse, fibreuse, d'un tissu lâche de couleur gris 
rosé ; astringente; on en fait des cordes. Bois blanchâtre, très léger, 
fibreux, à grain lâche et spongieux, peu solide et peu durable. Caisses 
d'emballage, flotteurs pour filets, canots. Densité, 0,202. : 

Gaebelé, p. 67 : Moullou elavan marom (Tamoul). Ce bois est utilisé 
surtout dans les manufactures de l'Inde Anglaise, pour la confection de 
boîtes à thé. ; 


Ce bois n’est pas le Mapa de Dumonteil qui est trop lourd. 
C'est le Mappoe boom de l’/cones lignorum et peut-être le 
Cotoen boom. PI. LXVI, fig. I, et pl. LXXI, fig. 8. 


Bombax globosum Aubl., n° 771 B. 


Aublet, p. 701 : Fromager à fruit rond. Écorce lisse, cendrée. Bois 
blanc mou el peu compact. 
Sagot, Catal., XI, p. 153 : Cotonnier grand bois. 


Eriodendron anfractuosum DC., n° 772. à 

Synonyme : Bombar pentandrum Lin. non Jacq. 

Je ne suis pas sûr que les bois cités par Sagot appar- 
tiennent à une seule espèce et non à deux. Je cite donc cet 
auteur sous réserve. 


Sagot, p. 912: B. pentandrum. Bois coton, cotonnier grand bois; 
puis Eriodendron anfractuosum : Fromager, Bois coton, Cotonnier grand 
bois. 

Grisard (tirage à part), p. 17: E. anfractuosum, Kapokier ; bois blanc 
mou, léger; pour pirogues ; doublage de placage en Allemagne. 

Cordemoy (H.), p. 771 : Ouatier (Réunion). 

Gaebelé, p. 67: Capoquier, White Cotton tree (Angl.); Elavan marom 
(Tamoul). Bois d’une qualité médiocre, il sert à la confection des jouets. 
L'écorce donne des fibres qui servent à la confection des cordages 
grossiers. 

Le Bombax pentandrum Jacq. est le E. caribaeum. 

Icones lignorum, pl. LXXXI, fig. 6 : gris, d’un grain grossier. 


Quararibea guianensis Aubl., n° 778. 


Aublet, p. 692: Écorce grisätre, gercée ; bois blanc, peu compact. 


E 2750 


dé 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 99 


RANDÉEUNN NET EN STERCULIACEES 


TRIBU I. — STERCULIÉES 


Sterculia vira Sw. (non Pers.), n° 791 A. 
Synonyme : luira pruriens Aublet. 


Aublet, p. 693 : Tourou-tourou (Galibis) ; Ivira (Gar.) ; Mahot-cochon 
(Saint-Domingue). Écorce roussâtre, épaisse, filandreuse. Bois blan- 
châtre, peu compact. 

Ce n'est pas l'Ibira puteana de Marcgraff (voir partie I), ni le Caca- 
tier d’Aublet {voir 1067). 


Bois de Caca divers. 


Sterculia foetida Lain., n° 791 B. 


Varenne-Fenille, p. 159: Fétide et nauséabond quand on le coupe ; 
cette odeur s'évapore ensuite. Couleur rouge brun foncé, avec bandes 
claires ; chacune de ces bandes alterne avec un trait ondoyant d'envi- 
ron une ligne de largeur et de couleur de sang coagulé. Grain fin. Vais- 
seaux et rayons presque imperceptibles. Poids, 826. Bois de caca de 
Cayenne. 


No 791. C 


Dumonteil, p. 154: Bois caca. Densité, 0,674 ; force, 200 ; élasticité, 
210 ; flexibilité, 1,99 ; p. 160. Classe 3 (celle du Pin). Mais est-ce bien 
cette espèce ? 


N° 191. D 


Rousselet, p.271: Bois de Caca, Bois puant, Bois de corne fétide, 
Bois de merde, Bois de Cavalone (Cayenne) ; rougeâtre ou blanc moiré 
de jaune, très compact, très lourd, d'un grain fin, ne se gerçant jamais. 
Les naturels du pays en font des vases. 


TRIBU VIL. — BUETTNÉRIÉES 
Theobroma Cacao Lin., n° 823. 
Synonyme : Cacao sativa Aubl. 


Aublet, p. 689 : Cacoier cultivé. 
Grisard, 1892, I, p. 315 : Cacaoyer, cacaotier (Fr.), Cacaveiro (Afr, 


100 H. STONE 


Port.), Cacao, cacau (Brésil), Tjoklat (Java), Cocoa-tree (Ang.), Palo de 
Cacoa (Esp.). Bois gris et quelque peu rougeêtre vers le centre, mou, 
léger, assez flexible, mais d'une faible résistance ; couches annuelles 
peu distinctes ; rayons assez larges, composés de cellules rarement 
droites, quelque peu dilatées. Assez médiocre pour chauffage. Densité, 


0,431. 


Niederlein, p. 7 ; Mahot cacao. 


Le nom indigène javanais me parait avoir beaucoup de 
rapport avec le mot « chocolat ». 

La description que je vais donner est faite d’après l’échan- 
tillon n° 216, du Musée de Lyon, série IT ; c'est une petite 
tige de 5 cm. de diam. toute en aubier jaune clair, très léger 
et mou, un peu luisant sur la coupe radiale et présentant, 
en coupe transversale, les rayons très apparents, clairs et 
gracieusement courbes. 

Caractères de l'écorce. — Écorce de 1 à 2 mm. d'épaisseur 
environ, forte, adhérente, faiblement rugueuse, d'une couleur 
brun foncé ; couche interne gris clair, ligneuse, fibreuse, tra- 
versée par les rayons. Saveur nulle. | 

Structure du bois. — En section transversale, couches très 
bien marquées par l'anneau des vaisseaux qui y sont très 
apparents. L'anneau est de 1 à trois rangées de ces vaisseaux 
très grands, de Ü mm. 5 de diam. En dehors de l'anneau, ils 
sont à peine visibles, et de 0 mm. 25 de diamètre. La diminu- 
tion de largeur se fait brusquement à partir de l'anneau. Les 
vaisseaux plus petits sont fortement isolés, 1 à 4 par mm. 
q., simples ou par groupes de 2 à 6, radialement disposés, 
avec quelques paires divisées tangentiellement. 

Rayons très apparents de deux sortes : les uns larges, clairs, 
courbés se divisent en 2 à # branches (caractère très rare); 
les autres plus étroits sont visibles seulement au microscope 
et écartés les uns des autres avec des intervalles égaux au 
diamètre d'un petit vaisseau. 

Parenchyme non apparent, tous les tissus étant très gros- 
siers. à 

Section radiale. — Vaisseaux peu apparents. Rayons grands, 
incolores mais assez visibles par réflexion. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 101 


À noter que l'anneau des vaisseaux, dans l'échantillon, 
araît être dégénéré par une gommose, 
D 


Cacao guyanensis Aubl., n° 823 B. 
Aublet, p. 683 : Cacao galibi (gal. et gar.), Cacao sauvage. 


Guazuma ulmifolia Lamk. (non Wall.), n° 825 A. 
Synonyme : Theobroma Guazuma Lin. 


Aublet, p. 689 : Cacaoyer à feuille d'orme ; Orme d'Amérique. 
Niederlein, p. 3 : Bois puant (Guadel.). 

Saldanha da Gama, 1867, p. 83: Mutamba (Brésil). 

Cordemoy H., p. 321 : Cèdre de la Jamaïque (Réunion). 


Échantillon, n° 71 du Musée Col. de Marseille (Martinique) : 
composé seulement de l'écorce. Épaisseur de cette écorce de 
13 mm. environ, jaunâtre, faiblement gercée, intérieurement 
dure, ligneuse, brun rougeätre. Formée de trois couches mal 
définies : celle de l'intérieur rouge foncé, ligneuse, fibreuse 
avec des rayons: celle du- milieu présentant beaucoup de 
sclérites blancs, disposés radialement ; celle de l'extérieur for- 
mée par des écailles. Un peu de liber. En section radiale, 
les rayons rouges sont très apparents. Cassure grenue, Saveur 
nulle. 


Espèce douteuse, n° 825 B. 


1° Aublet, p. 689: ŒGuazuma Aniba Aubl. (ne se trouve pas dans 
l'Index . 

2° Préfontaine, p. 166 : Cèdre, Anhuiba (Caraïbe). 

3° Annales Maritimes, 1826, II, partie 2, p. 422: Cèdre jaune. G, 
aniba ; pour meubles. 


FAMILLE XXXV. — TILIACÉES 


TRIBU IV. — APEIBÉES 
Apeiba Tibourbou Aubl., n° 875 A. 


Aublet, p. 538 : Tibourbou (Galibis, Écorce inégale, gercée, molle 
épaisse, fibreuse, et propre à faire des cordes. Boiïs blanc, léger, 


102 H. STONE 


Sagot, p. 912 : Bois Calalou. 

Saldanha da Gama, 1867, p. 83 : Pao de Jangada (Brésil), Cateza de 
negro, Erizo (Vénézuéla) ; bois de peu de durée. 

Rodriguès, p. 12 : Peignes macaques (Brésil). 


Huber, p. 121 : Pente de Macaco (Amazones), Cortica |Para). 
Apeiba glabra Aubl., n° 875 B. 


Aublet, p. 541 : Ivouyra (Garipons), Bois de mèche (terme général 
créole) ; écorce lisse, mince, verdâtre ; bois blanc, tendre, et tellement 
léger que, d'une seule main, on peut porter un tronc de 10 à 12 pieds 
sur 8 à 10 pouces de diamètre. 

Huber, p. 161 : Pente de Macaco (Brésil). 


Apeiba Petoumo Aubl., n° 875 C. 


Aublet, p. 543: Petoumo (Galibis). Écorce brune, épaisse, filamen- 
teuse, propre à faire des cordes. Bois blanc, léger. 


Apeiba aspersa Aubl., n° 875 D. 


Barrère, p. 10 : Patoumou, Epeiba de Marcgr. 

Aublet, p. 545 : Pitoumo (Galibis). Écorce grisâtre, inégale, épaisse, 
filamenteuse, propre à faire des cordes. Bois blane, léger. 

Dumonteil cite deux sortes de « Bois grage », en plus du Bois-banane, 
mais j'ignore si ces deux sortes appartiennent à cette espèce. L'auteur 
indique, p.156 : 1° Bois grage blanc. Densité, 0,588 ; force, 152 ; élasti- 
cité, 179 ; flexibilité, 2,40. p. 160; classe 3 (celle du Pin). 2° Bois grage 
noir. Densité, 0,667 ; force, 158; élasticité, 198 ; flexibilité, 2,46 ; classe 
5 (valeur très faible). 

Sagot, p. 912 : Bois grage ; À. aspersa. 

Grisard, 1892, I, 317 ; Bois grège, Mahot chardon. 


Apeiba (espèce douteuse), n° 875 E. 


1o Lescallier, p. 56: Bois banane, bois impropre à la construction 
maritime. 

2° Dumonteil, p. 156 : Bois banane. Densité, 0,548 ; force, 131 ; élas- 
ticité, 158 ; flexibilité, 3,43, p. 163. Classe 5 (celle du peuplier). 

3° Sagot, p. 924 : Bois banane, Apeiba sp. 


TRIBU VI. — SLOANÉES 


Sloanea sinemarensis Aubl., n° 882 A. 
Synonyme : $. Aubleti Sw, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 103 


Aublet, p. 534: Quapalier à petit fruit; Oulougua-palou (Galbis). 
Écorce épaisse, roussâtre, ridée, gercée. Bois rouseûtre, dur, compact. 

Grisard, 1892, I, p. 584: Châätaignier de la Martinique, pour planches, 
pirogues. Écorce astringente. 

Niederlein, p. 7: Châtaignier. 


Sloanea dentata Lin., n° 882 B. 
Synonyme : $. Plumerii Aubl. 


Aublet, p. 536 : Quapalier à gros fruits. 
Huber, p. 190: Urucurana (Brésil). 


Sloanea guianensis Aubl., n° 882 C. 


Aublet, p. 585 : Goulougou-Albani (Galibis). Ecorce lisse, roussatre, 
Aubier blanchâtre ; cœur rougeâtre. 


FAMILLE-XXXVII. — HUMIRIACÉES 


Vantanea quianensis Aubl. (non Poir.), n° 906. 


Aublet, p. 572 : Louantan (Noiragues . Ecorce brune, lisse ; bois blan- 
châtre, compact. 
Huber, p. 184: Uchirana (Brésil, terme gén.). 


Humiria floribunda Mart., n° 907 A. 

Noms vulgaires : Couramira, Nieri, Turamira, Tourameira 
(da Gama, Brésil), Towarnero (Morris). Bastard Bully ou 
Bastard Bullet-wood, Umuri (Amaz. et Prov. sept. du Brésil ; 
Cat. des Colonies françaises) ; Arbre à brai (Dalton), Arbol a 
brea (Descourtilz). Caramura (Peckolt). Cacao grand bois, 
Mori (Galibis) ; Couranoura (Arrhouages, d'après Lanessan). 
Toweroenierou (Icones lign.). Bois rouge tisane (Guy. fr., 
Huber, voir 907 C). 

À noter que quelques-uns des noms précédents se rap- 
portent aussi à l'espèce suivante. 

De Lanessan dit que le bois résiste peu aux intempéries. 
Densité, 0,496, chiffre qui est loin de correspondre à ceux plus 
élevés que citent les autres auteurs. De Lanessan doit avoir 
pris le Cacao Grand Bois de Dumonteil pour le nom vulgaire 
de Æ. floribunda, ce qui n'est mentionné nulle part ailleurs, 


104 H. STONE 


Du reste, j'ai une confiance médiocre dans les citations de 
Lanessan relatives aux bois. 

Les chiffres de Dumonteil pour Cacao Grand Bois sont : 
densité, 0,496 ; force, 102 ; élasticité, 223 ; flexibilité, 3,70. 
Classe 6 (de très faible valeur). 

Caractères généraur. — Bois dur et lourd, d'une couleur 
rouge plus ou moins foncée, ou même avec une nuance 
orange. Surface luisante, froide au toucher, d’un grain gros- 
sier (sect. rad.\, ou fin (sect. tang.); fonce un peu à l'air. La 
nuance de la coupe transversale est plus foncée que celle des 
autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,950 à 1,187 (0,818, Pec- 
kolt). Dureté, celle du Cœur vert. Odeur et saveur nulles. Il 
brûle bien avec beaucoup de flamme, en pétillant. Se fend facile- 
ment. D'après Hubert, le bois fraîchement coupé laisse exsuder 
une huile assez abondante. 


Caractères de l'écorce. — KÉcorce rouge, aromatique (Pec- 
kolt). 

Structure du bois. — Aubier blanc brunâtre, bien distinct 
du cœur. Épaisseur : 2 à 5 cm. environ. ; 

Moelle ? 

Section transversale. — Couches mal délimitées, mais il y 


a des zones plus ou moins denses. 

Vaisseaux très apparents çà et là, à cause de leur bordure 
blanche, larges de 0 mm. 22, peu variables, fortement isolés, 
régulièrement distribués ; 0 à 6 par mm. q. ; pour la plupart 
simples. Contenant des thylles. 

Rayons à peine visibles à la loupe, fins, uniformes, à inter- 
valles égaux, un peu plus petits que le diamètre d’un gros vais- 
seau ; 8 à 13 par mm. 

Parenchyme a abondant, entourant les vaisseaux en nom- 
breuses fines lignes concentriques, continues, de même lar- 
geur que les rayons, auxquels elles ressemblent par la cou- 
leur et l’écartement, et constituant ensemble un beau tissu 
formant un filet régulier ; contour dentelé ; 9 à 11 par mm. 

Section radiale. — Vaisseaux plutôt gros, mais peu nom- 
breux, remplis de thylles, Rayons juste visibles, minuscules, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 105 


blanchâtres. Parenchyme b visible à la loupe comme de fines 
hachures. | 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les limites 
des couches se présentent comme des lignes et des lacets peu 
apparents, avec des franges irrégulières blanchâtres. 

Emplois. — Constructions, rayons de roues. Plus estimé 
même que le Cœur vert ; peut être obtenu jusqu'à 30 m. sur 
59 em, d'équarissage (McTurk). 

Constructions, bardeaux (Aublet). 


Éch. type : 2712. Dépt. agric. Guyane Angl. 

Références : McTurk, n° 1#; de Lanessan, p. 140; Grisard, 1892, 
p. 592; Dumonteil, 1823, IT, partie 2, loc. cit.; Stone, T. of C., p. 46, 
pl. IV, fig. 48, Icones lignorum, pl. LXXII, fig. 4, en couleur. 


Humiria balsamifera Jaume, n° 907 B. 

Synonymes : 7. multiflora Mart. ; H. amplericaule Mart. : 
Myrodendron amplexricaule Wild. ; Houmiribalsamifera Aubl. 

Noms vulgaires : Houmiri baumier, Bois rouge (Créoles), 
Houmiri (Garipons), Touri (Coussaris, d'après Aublet). Gom- 
mier de montagne, Bois à flambeau (Moeller). Triane (Geof- 
froy). Umiri balsamo (Peckolt). Bois d’encens (Grisard, voir 
1156 C. D.). Omiry, Homiry, Umery (Rodriguëès), qu'il ne 
faut pas confondre avec Umary amarello ou roxo (voir 1240). 
Umiry de casca cheirosa (Amazone : Huber). 

Grisard indique que le bois est assez léger, mais il donne 
la densité de 0,700. Je pense donc qu'il a confondu deux bois 
différents. 

L'échantillon 2712 a été déterminé d'après les fruits et les 
feuilles par le D' Freeman. 

Provenance : Amérique tropicale. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d’une couleur 
rougeâtre à rouge brun (Aublet), d'un grain fin et compact. 
Surface luisante. Nuance de la coupe transversale beaucoup 
plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,950. Dureté, celle du 
Teck. Odeur et saveur faibles ou nulles. 

Caractères de l'écorce, — Écorce, 4 à 6 mm. d'épaisseur 


k. 


106 H. STONE 


environ, brune, légèrement gercée, tombant en plaques ; des 
fibres très rudes intérieurement. 

Épaisse, rougeàtre, ridée, gercée (Aublet). 

Rougeûtre, résineuse, aromatique (Peckolt). 

Caractères du bois. — Aubier et moelle inconnus. 

Section transversale. — La même que celle de l'espèce pré- 
cédente, sauf que le parenchyme est rare et entoure (?) les 
vaisseaux. 

Section radiale. — Vaisseaux plutôt fins, par rapport à 
ceux de l’autre espèce, remplis d’une gomme ou résine rouge 
ou d’une matière blanche. Rayons juste visibles, rougeûtres. 
Sur la coupe fraiche, les vaisseaux laissent exsuder un suc 
cramoisi qui, en se desséchant, forme des perles brillantes, 
réfléchissant la lumière. 

Ce bois diffère un peu de celui décrit par Moeller, qui 
indique : Vaisseaux unis par le parenchyme; toutes les mem- 
branes cellulaires colorées en jaune ; section transv. cornée. 
Cette description conviendrait plutôt à 907 A. 

Emplois. — Barriques à sucre (Moeller). 

Plutôt dur à travailler, se fend et ne prend pas les clous. 


Éch. type: 86,2712, Bell., Nordlinger; section transv. (synonyme : 
Myrodendron). 

Icones lignorum, pl. 72, fig. I. 

Références : Bell., p. 10; McTurk, p. #4; Aublet, p. 564; Moeller, 
p. 519. 


Humiria guianensis Bth., n° 907 C. 


Sagot, p. 115 ; Bois rouge tisane, selon Melinon. (Voir 907 A.) 


Humiria sp. (non déterminé), n° 907 D. 

Hoorihee (Bell.), Hoorihea (Hawtayne). 

L'échantillon a été déterminé, d'après les feuilles et les 
fruits, par le D' Freeman. 

Caractères généraux. — Bois lourd et dur, d'une couleur 
brun marron à brun chocolat, uniforme, à pores remplis d'une 
matière blanche, bien visible sur toutes les sections. Surface 
un peu luisante, fonçant un peu à l'air. Nuance de la coupe 


transversale plus foncée que celle des autres sections. 


n 
1 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 107 

Caractères physiques. — Densité, 0,886. Dureté, celle du 
Charme. Odeur et saveur nulles. 

Caractères de l'écorce. — Ecorce de 3 à # mm. d'épaisseur 


environ, coriace, lisse, tombant en feuilles ; intérieurement 


grenue, s'émiettant. Sur la surface intérieure on voit les em- 
preintes des rayons. 

Structure du bois. — L'aubier n'est pas différencié du 
cœur, le bois externe étant presque aussi foncé. 

Moelle ? 

Section transversale. — Couches mal définies, les zones 
claires et foncées ne les indiquant pas suffisamment. 

Vaisseaux visibles par leur contenu blanc, petits, ne dimi- 
nuant pas de grandeur vers le bord de la couche, mais aug- 
mentant beaucoup avec l’âge de l'arbre ; distribués régulière- 
ment ; en apparence serrés ; simples, ou quelquefois par paires. 

Rayons à peine visibles à la loupe, tres fins, uniformes, 
réguliers, à intervalles beaucoup plus grands que le diamètre 
d'un gros vaisseau; sinueux. | 

Parenchyme ? Un fragment d’échantillon présente vague- 
ment des indications de lignes concentriques, mais que je n’ai 
pas retrouvées ailleurs. 

Section radiale. — Vaisseaux fins, striés blanc de chaux, 
quelquefois assez abondants et très apparents. Rayons fins, 
semi-transparents, juste visibles par réflexion. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont visibles seulement au microscope, car ils sont très petits. 

Emploi. — Très facile à travailler et prend bien les clous. 
Facilement obtenu jusqu’à 10 m. sur 30 em. d'équarissage 
(Bell.). 


Éch. type : 36,2962, Bell. 
Références : Hawtayne, p. 388; Stone et Fr., p. 36. 


Bois rouge tisane, n° 907 E. 


Sagot, p. 226. 
Clef des espèces d'Humiria. 


l Densité, 0,818 ou même plus. 


108 H. STONE 


1,1  Parenchyme avec nombreuses lignes concentriques. 
H. floribunda 907 A. 

1,2 Lignes de Parenchyme quelquefois développées, 
mais toujours obscures. 

1,2,1 Les pores suintent quand le bois est fraichement 


coupé. H. balsamifera 907 B. 
1,2,2 Les pores ne suintent pas. Humiria sp. 907 D. 
2 Bois léger, de densité 0,496 environ. Cacao grand 


bois de Dumonteil., {Voir 907 A.) 


FAMILLE XXXVIIT. — MALPIGHIACÉES 


La 


TRIBU I. — MALPIGHIÉES 


LA 


Byrsonima spicata Rich. (DC.), (non Poepp.), n° 910 A. 

Synonyme : Malpighia altissima Jacq. (non Aublet). 

Noms vulgaires : Bois tan (terme gén.), Merisier doré 
(Schomburgk). Hitchia (Bell.). Pigeons-berry, Itchia(Rodway). 
Surelte (Grisebach). Surette des grands bois, Cereza del monte 
(Trinité), d'après Boulger. Moricypre (t. gén.), Shoemakers 
bark (Catal. Kew.). Bois dysentérique, Bois de Tani(Gd. En- 
cyc.), Maricao (Ant., Urban). Mauricif {t. gén., Duss). Pao 
de cortume (Peckolt). Mauricie, Moureiller (Guatem., Luers- 
sen). Mourresif {Catal. Exp. Chic.). Bois canne (Guad., Nie- 
derlein). 

L'échantillon 2690 a été déterminé d'après les feuilles et les 
fruits par le D' Freeman. 

Provenance : Am. trop. Antilles. 

Caractères généraux. — Bois n1 trop lourd, n1 trop dur, 
d'une couleur brun noisette, clair, uniforme. Surface un peu 
mate ; fonce légèrement à l’air ; grain fin. Nuance de la sec- 
tion transversale plus foncée que celle des autres coupes. 

Caractères physiques. — Densité, 0,804. Dureté, celle du 
Charme. Odeur, à sec, nulle. Saveur légèrement aromatique. 

Caractères de l'écorce. — Écorce de 5 à 6 mm. d'épaisseur 
environ, lisse, et d’une couleur de terre cuite là où l’épiderme 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 109 


a été interrompu ; pleine de sclérites blancs. Surface de la 
bûche finement ridée. 


Structure du bois. — L'aubier n'est pas différencié du cœur, 
Moelle ? î 
Section transversale. — Couches assez bien délimitées, si 


on les regarde à la loupe. Limites formées par des zones ayant 
des vaisseaux de grandeurs diverses, 

Vaisseaux à peines visibles, ressemblant à des piqüres : 
moyens, diminuant quelque peu vers le bord extérieur ; régu- 
lièrement distribués ; assez serrés ; simples, par paires ou par 
groupes de 3 à #. Point de gomme ni de matière blanche. 

Rayons plutôt grands, uniformes, réguliers, laissant entre 
eux des intervalles égaux au diamètre d'un gros vaisseau et 
s écartant légèrement au niveau des vaisseaux. 

Parenchyme d en cellules isolées. 

Section radiale. — Vaisseaux très fins (pas de gomme rouge). 
Rayons très étroits et peu apparents. 

Emplois. — Très bon pour constructions ; facilement obtenu 
Jusqu'à 10 à 12 mètres sur 17 à 22 cm. d'équarrissage (Bell). 
Facile à travailler ; se fend facilement, mais ne prend pas 
les clous. Se prête mal au polissage. 


Ech. type : 34.2690, Bell. 
Références : Bell, p. 7 ; Stone et Fr., p. 34. 


Byrsonima altissima DC., n° 910 B. 

Synonymes : B. densa H. B. et K. (non DC. N'est pas cité 
. dans l'index). 

Malpighia altissima Aubl. (non Jacq.). 


Aublet, p. #55 : Moureila (Galibis). Ecorce épaisse roussâtre, ridée 
garcée. Bois rougeâtre, dur, compact. 

Sagot, p. 913 : B. densa. Bois rougeàtre ayant peu de dureté, et sans 
aucune qualité ; peut-être le Grignon fou des Chantiers; Moureila. 

De Lanessan, p. 143: B. densa H, B. et K.; Synonyme; Malpighia 
altissima Aubl. Rougeëtre, mou, sans valeur. 


Il me semble que tous les synonymes ont dû amener une 
certaine confusion, car Aublet indique « Bois dur et compact», 


110 H. STONE 
tandis que Sagot et de Lanessan expriment une opinion con- 
traire. 


Byrsonima densa DC. (non H.B.et K.), n° 910 C. 


Synonyme : Malpighia densa Por. 


Byrsonima crassifolia DC. (non H.B.et K.), n° 910 D. 
Synonymes: Malpighia Moureila Aubl. : Byrsonima Mou- 
reila Loud. 


Aublet, p. 457 : Moureila (Galibis). Ecorce roussâtre, ridée, gercée. 
Bois rougeûtre. 

Grisard, 4892, I, p. 593: Yaca, Nanci (Colombie) ; Peralejo (Cuba) ; 
Moureiller de montagne. Bois quinquina des savanes (Guad.); Chaparro 
manteco (Vénéz.). Bois assez dur et compact, peu employé ; l'écorce 
fournit le Nance-bark des Pharmaciens ; astringente. 

Pittier, p. 107: B. crassifolia H. B.et K., Nance, Merdiera (Esp.). 


No 910 E. (Espèce non déterminée.) 

Kokeeru (Bell). La structure du bois de cette espèce res- 
semble à celle de Byrsonima spicata, n° 910 A.Caractère très 
rare : la couleur de l’aubier est aussi foncée que celle du cœur. 
Je crois que c'est bien ici que doit se placer la description de 


ce bois. 
L'arbre est de petites dimensions et rabougri (Bell). 
Caractères généraux. — Bois lourd, dur, compact, d'une cou- 


leur brun noisette, uniforme ; grain fin, surface luisante, Fonce 
un peu à l'air. 


Caractères physiques. — Densité, 0,897. Dureté, celle du 
Bois de lance. Odeur et saveur nulles. 

Caractères de l'écorce. — Inconnus. Surface de la büûche 
ridée. 

Structure du bois. — L'aubier n’est pas différencié du cœur, 
tout le bois étant de la même couleur foncée. 

Moelle ? 

Section transversale. — Pareille à celle du B. spicata, sauf 


les différences suivantes : 
Couches non marquées. Vaisseaux à peine visibles, ceux 
remplis de matière blanche étant plus distincts ; de grandeurs 


2 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE i11 


diverses. Distribués régulièrement, presque tous simples. Les 
plus grands sont remplis de matière blanc de chaux ; les petits, 
d'une gomme ou résine rouge. 

Rayons visibles à la loupe, rouges. 

Section radiale. — Vaisseaux fins, sillonnés de perles rouges 
minuscules. Rayons très étroits, mais très apparents à cause 
de leur couleur rouge. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais sans mailles. 
Rayons visibles seulement au microscope; hauteur de Ü mm.28 
environ. 

Emplois, — Jantes de roues. Très dur à travailler, se fend 
facilement. 


Ech. type : 472.703 Bell. 
Références : Stone et Fr., p. 49. 


Clef des espèces précédentes. 


1 Bois rougeûtre : 
1,1 Bois dur : B. altissima (B), et B. crassifolia (D). 
1, 2 Bois mou : les epèces de Sagot et de Lanessan. 
2 Bois brun noisette : 
2,1 Vaisseaux remplis de matières blanches et rouges. 
Mailles très apparentes, rouges. Xokeeru, 910 E. 
2, 2 Vaisseaux sans matière blanche ou rouge. Mailles peu 
apparentes. B. spicata, 910 A. 


Malpighia punicifolia L., n° 911. 


Barrère, p. 72: Malpighia fructu cerasino suleato. 

Préfontaine, p. 166 : Cerisier cannelé; Achvoulou (Caraïbes). L'Ibipi- 
tanga de Marcgralf. 

Ce n'est pas l'Ibiripitanga de Maregraff, qui, d'après Guibourt, IT, 
p. 339, doit être le Bois de Brésil, Cæsalpinia echinata. 

Aublet, p. 462 : Malpighia punicifolia ; Moureiller lisse, 

Dans ce cas, l’auteur ne cite pas Barrère comme il en a l'habitude, 

Miers, ms. : Ibipitanga, Moureiller des Antilles, Achyoulou des 
Caraïbes ; bois blanc, léger et cassant,. 

Lanessan, p. 461 : Cerisier (Martinique) ; bois de petites dimensions 
bon pour la marqueterie. Le même, p. 450: Son écorce sert à tanner et 
à teindre en rouge, 


112 H, STONE 


FAMILLE XLI == 'RUTACEÉES 


TRIBU V. — ZANTHOXYLÉES 


Zanthoxylum Clava-Herculis Lin. (non DC., ni Lam. ni 
Lour). N° 1067 A. 

Synonymie : Z. caribeum Lamk. (non Gaertn., d'après 
Bth. et Hook). 

Noms vulgaires : Clavalier des Antilles (Musée Col. Mars.). 
Bois jaune des Antilles, Bois épineux jaune (Ant.), Cay-muong- 
trouong (Coch.), Bois manche-houe (Guad.), Bois piquant 
(Guy.), Prickly Yellow-wood (Jam.), Palo mulato hoja larga 
(Mexiq.), Yellow Sanders (Trinité), Mapurito, Espin de bobo 
(Esp.), d'après Grisard. Pini jaune, Epineux jaune, Bois 
jaune (Guad., Niederlein). Geel Steckel boom (Icones ligno- 


rum). 
Provenance : Am. trop. Caraïbes. 
Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une 


dureté moyenne, d’une couleur de pain bis à jaune clair, qui 
fonce jusqu’au brun doré. Surface légèrement satinée ; grain fin 
etondulé. Ce bois ressemble beaucoup au Satiné jaune (Z. fla- 
vum, 1067 D.), mais il n’a pas l'odeur de l'huile de coco. 
Nuance de la coupe transversale beaucoup plus foncée que 
celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,430 à 0,540. Dureté, 
celle de l'Aune. Odeur faible et désagréable ; saveur nulle. 
Solutions incolores. 

Caractères de l'écorce (Ech. n° 84, Guy., Musée col. 
Mars.). 


externe grenue, fibreuse ; celle de la couche interne fibreuse. 


Écorce d'une couleur jaune vif. Cassure de la couche 


Surface intérieure incrustée d'une gomme jaune ; surface exté- 
rieure munie de fortes épines plates et crochues, à base strati- 
fiée. Jeune, l'écorce est unie, épaisse de 1 mm. environ, en 
couches très minces, visibles à la loupe. Vieille, elle est com- 
posée de trois couches: celle de l'intérieur fibreuse, brune ; 
celle du milieu ligneuse, noire, et celle de l'extérieur formée 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 113 


D'après Guibourt, cette écorce à plusieurs traits de ressem- 
blance avec la véritable angusture ; elle est mince, pourvue 
d’une odeur semblable, et elle offre une saveur amère très désa- 
gréable, qui laisse une impression d'âcreté au bout de la 
- langue et qui porte à la salivation. Elle s'en distingue facile- 
- ment cependant parce qu'elle est d'un jaune serin et qu'elle 
colore la salive en jaune ; enfin elle est formée à l'intérieur de 
. lames fibreuses qui l’empêchent de casser net. 


% Structure du bois. — L'aubier n'est pas différencié du 
Ÿ cœur. 

» 5 = : > ct 

, Section transversale, — Couches bien marquées ; limites 


. indiquées par un changement de densité. 

4 Vaisseaux à peine visibles : diamètre de Ü mm. ! à Ü mm. 2, 
très réguhèrement distribués, un peu plus nombreux cepen- 
dant dans l'intérieur de la couche ; simples pour la plupart, 
mais beaucoup de paires et quelques groupes de 3 ; vides; 6 à 
20 par mm.q. 

Rayons se voyant très bien à la loupe, et à peine à l'œil nu; 
fins, irréguliers, à intervalles qui varient du diamètre d’un gros 
vaisseau au double de cette largeur; 3 à 5 par mm.; rou- 
geàâtres. 

Parenchyme à en très petite quantité ; entoure les vais- 
seaux. 

Section radiale. — Couches à peine indiquées par des lignes 
minces. Vaisseaux rougeâtres visibles à la loupe. Rayons très 
visibles, surtout sur le bois qui a foncé à l'air. 


Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont visibles seulement à la loupe. 
Emploi. — Construction ; ébénisterie. L'écorce sert pour la 


DL Le oi Rés eo di Ch io ti ns « vi 


teinture en jaune, et, en médecine, comme tonique et fébri- 
fuge, d'après Grisard. 
Sagot : Peu abondant en Guyane française. 
Ech. type : Musée Colonial de Marsseille, n° 84 de la Guyane; Musée 
de Lyon, n° 1438, série IT. 
Références : Icones lignorum, pl. LXXXII, fig, 1; Kraemer fig. 238 
Le) [ Le) 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 4: vol, 1916, S 


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114 H. STONF 


(coupe de l'écorce) ; Planchon, p. 152 ; Grisard, 1892, II, p. 290; Sagot, 
Catal., XII, p. 207; Guibourt, III, p. 557, 


Zanthoxylum hermaphroditum Willd., n° 1067 B. 


Synonyme : Fagara pentandra Aubl. 


Aublet, p. 78: Cacatier (Galibis). Poivre des nègres, Ecorce grisâtre 
chargée d’épines. Bois blanc, dur, compact. 

Niederlein, p. 5 : Epineux blanc (Guad.), 

Icones lignorum, pl. 68, fig. 8: Kaka. (Fig. en couleur fauve rayé). 
Mais est-ce bien cette espèce ? 


Zanthoxylum rhoïfolium Lamk., n° 1067 C. 
Synonyme : Z. Perrotetü DC. 


Sagot, Catal., XIT, p. 207 : Synonyme Z. caribaeum Herb. Juss. 

L'Index Kewensis donne deux Z. caribaeum : un de Lamk., qui est la 
bonne espèce, et l'autre de Gaertner, qui est synonyme de Z. ameri- 
canum Mill. 


Zanthoxylum flavum Vahl., n° 1067 D. 

Satiné jaune ; Noyer de la Martinique (Musée de Lyon). 

Je ne sais si ce bois est indigène, mais le Musée Colonial 
de Marseille possède un échantillon qui proviendrait de la 
Guyane. 

Bois dur, lourd, légèrement huileux au toucher, d’une couleur 
jaune uniforme et d'une odeur caractéristique, celle de l'huile 
de coco. (Voir Stone, T. of C., p. 23, pl.11, fig. 16.) C'est le 
West Indian Satin-wood des Anglais et peut-être le Clairem- 
bourg de Roubo, p. 769, le Nover de la Guadeloupe d'après 
Fenille, le Hispanille de Cayenned’après Guibourt, mais pro- 
venant probablement des Antilles. 


Ech, type: n° 84, Musée de Marseille (Guyane) ; Musée de Lyon, série 
II, n°143. 


No 1607 E. 


Bois citron, Bois de rose, Bois Jaune aux Iles, d'après Pré- 
fontaine : odeur légère de rose ; employé pour fourches et 
poteaux fixés en terre. Peut-être est-ce un Zanthoxylum, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 115 


mais ce n'est sûrement pas le Bois de rose n° 6200, qui est 
impropre à de tels usages. 


TRIBU VII — AURANTIÉES 


Citrus Aurantium Lin., n° 1102 A. 

Synonyme : €. vulgaris Risso. 

Noms vulgaires: Bois d'oranger, Naranga, Narango, Na- 
ranga dulce (Castell.), Taronges (catalan, Willkomm). Laran- 
jeira (port. Coutinho). Larangeira doce (Brésil, Miers). Djeroeh, 
Djeerook, Limon manie (N. Java, Miquel). China orange 
(Barb.), Arancio, Cedro arancio(Petrocchi). Pomeranze (Nem- 
nich). Anani (Tahiti, de Cordemoy). Feruk manis (Blum).Oran- 
ger, Agrume (terme général, en Italie, pour tout arbre de ce- 
genre d'après Rolland). Chinones (Duchesne).. Boenga tadjong 
Malaisie), Sengkam (Chine), Sirikaya (termegén. Java M.R. 
voir 108 G), Kam-se (Ch. Borneo), Kam-tjieh (Chine), Lemo 
manis besaar, Lemo tjina (Malaisie, Filet). Cam-tien (Annam, 
Narung (Arabie), Kranch poursat (Cambodge. Grisard). 
Larangi (Malgache, Heckel). Orange-wood (Angl.). Iloshi 
(Gabon: Jardin). 

Provenance : Chine. Cultivé dans tous les pays tropicaux 
et sous-tropicaux. 

Caractères généraux. — Bois lourd, dur et compact, d'une 
couleur citron ou jaune clair. 

La couleur jaune devient blanche en peu de temps, d'après 
Rousselet. | 

D'après Fenille, la couleur ressemble à la teinte que produi- 
rait de l'encre délayée dans beaucoup d’eau et répandue sur du 
bois-blanc. 

Surface unie, luisante, se salissant difficilement : fonce un 
peu à l'air. Grain fin et dense comme celui du Buis. Nuance 
de la coupe transversale beaucoup plus foncée que celle des 
autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,764à 924. Dureté, celle 
du Palissandre. Odeur à sec nulle. 

Odorant, d'après Duchesne, Inodore d'après Lanessan, 


" : Rs 5 7 


116 H. STONE 


Odeur suave quand il est fraîchement coupé, d'après Rous- 
sillet. 

Saveur nulle, Solutions incolores. Brülant bien avec beau- 
coup de flamme. 

Cassure longue et fibreuse d'après Grisard, 

Caractères de l'écorce. — Kcorce très mince, de 1 mm. 
d'épaisseur environ, fortement adhérente, lisse ou légèrement 
ridée et gercée. Epiderme variant du brun doré au brun foncé, 
tacheté de petits points jaunes. La couche jaune de l’intérieur 
apparaità travers les gerçures. La coupe transversale présente 
des rayons visibles à la loupe. 

Structure du bois. L'aubier n’est pas différent du cœur. 

Moelle. — Tri-lobée. 

Section transversale, — La limite des couches est indiquée 
par la différence de densite des zones. 4 

Vaisseaux visibles à la loupe, plutôt petits, mais variables, 
pouvant atteindre Jusqu'à 0 mm. O8 ; isolés ou par groupes 
radiaux de 1 à 4 peu nombreux, 10 à 90 par mmq. D’après 
Moeller, ils sont moins nombreux que dans le Citrus medica. 

Rayons visibles à la loupe, uniformes, à intervallesréguliers 
égaux au diamètre d’un vaisseau ;6 à 9 par mm. ; légèrement 
ondulés: blancs. 

Parenchyme a visible à la loupe, entourant les vaisseaux, 
et les unissant çà et là ; et P. b visible à l'œil nu, en étroites 
lignes blanches concentriques et continues, un peu plus larges 
que les rayons; intervalles irréguliers ; # à 8 par mm. En coupe 
transparente, d’après Moeller, le parenchyme est peu visible 
au microscope à cause de la similitude entre les cellules et les 
fibres ligneuses. 

Section radiale. — Limites des couches visibles à la loupe. 
Vaisseaux fins, sillons mats. Rayons blanes, à peine visibles, 
mais ils donnent à la coupe une nuänce plus claire. 

Section tangentielle, — Comme la radiale, mais les rayons 
minuscules ont de 1 à 3 rangées de cellules, d’après Moeller. 
Le parenchyme se présente en lacets ou en lignes formant 
alternativement des angles saillants et rentrants; peu visible. 

Emploi. — Très beau bois pour ébénisterie, marqueterie, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 117 


. tabletterie, D'après Grisard, il est exporté d'Algérie sous le 


nom de « Baguettes d'Algérie » pour faire des cannes et des 
manches de parapluies. 
Il perd vite son polissage, d'après Rousselet, 


Ech. type: 1576 de Hough et sa section n° 103. Section de Noerdlinger. 

Icon lignorum: PI. 27, 47 et 68, en couleur. 

Références : Descourtilz, V, p. 160; Roussell, [, 309 ; de Lanessan, 
p. 196 ; Grisard, 1891, p. 88; Moeller, p. 279 ; Aublet, p. 780. 


Citrus limonum Risso et medica Lin., n°° 1102 B et C. 

Noms vulgaires : Bois de citronnier; Cidreira (port. d'après 
Coutinno). Toronja, Cedra, Ponciles, Limoniera, Limon agrio 
(esp. d'après Arechavaleta). Cedro, Cedrero (castil.). Pon- 
cerner, Ponciller (catalan, d’après Willkomm). Oesse ala 
(Banda) ; Oessi wale (Ambon d'après Filet, Voamandina, 
Voasary, Voasarimandina (malgache d'après  Dandouau). 
Limon de Florida {Costa-Rica d’après Pittier). Feruk assim 
(Batavia, d’après Blume). Taporo .(Poroi), Tapora (Tahiti, 
d’après Jouan). Cedro comune, Cedro limone (italien, d'après 
Petrocchi). Lima (Van Eeden |. Citronnier des halles {Descour- 
ülz). Limonier, Limao; Zitrone (Rolland). Lemmetje, Citroer, 
Limo karbouw (Surinam, d'après Pulle). Citronnier vrai, Citr. 
des juifs ; Cédratier (France) ; Citron ! (Angl.); Utrez (Arabie), 
Béjoura, Bejouree (Hindou), Cedro (Italie), Turcre (Pers.), 
Boeja poora (sanscrit) Trendj (Tunisie, d'après Grisard). 
agha (Gabon d'après Jardin). 

Ces noms doivent être acceptés sous réserves, car la syno- 
nymie est très compliquée et les variétés cultivées sont très 
nombreuses. Le nom italien Cedro est souvent appliqué au 
Cèdre, surtout quand il s'agit du bois. Le citron, ou lignum 
citrinum, des anciens est le Callitris quadrivalvis. Le citron 
de la Guyane de Roubo qui ressemble au Santal est évidem- 
ment une autre espèce : celui des Anglais est le Cédratier. 

Caractères généraur. — Mêmes caractères que ceux de l'es- 
pèce précédente quoique j'aie cru trouver quelques différences, 
que je cite sous toutes réserves, 


118 H. STONE 


Caractères physiques. — Densité, 0,730 à 0,798. On dit sou- 
vent « odeur agréable », mais c'est l'écorce fraîche qui est : 
odorante, non le bois. 

Caractères de l'écorce. Ecorce vert pâle (Descourtilz). 

Section transversale du bois. — Nuance aussi claire, sinon 
plus, que celle des autres coupes, à cause de l'abondance du 
parenchyme blanc, dont les lignes isolées sont visibles seu- 
lement à la loupe. Couches très nettes. 

Section verticale. — En général, les vaisseaux sont plus 
luisants que dans l'espèce précédente et contiennent de la 
gomme brun Jaunâtre ; de même les limites des couches sont 
plus visibles à cause de leurs anneaux de vaisseaux. Les rayons 
donnent à la coupe une nuance plus foncée. 

Emplois. — Comme l'espèce précédente. 


Ech. type : 1592 el 0471 Hough et sa section, n° 105. La section de 
Noerdlinger. 

Références : Icones lignorum, pl. 27, 64, 67, 68, en couleur. Fogli, 
p. 61 ; Descourtilz, V, p. 31 ; Moeller, p. 279 ; Aublet, p. 780. 


FAMILLE XLII. — SIMARUBACÉES 


TRIBU I. — SIMARUBÉES 


Bois amers, n° 1106. 

Quoiqu'il y ait trois arbres voisins quidonnent un bois amer, 
je ne crois pas que, dans la pratique, ils soient confondus. Ce 
sont : 


Le Quassia amara des pharmaciens et de Linné, qui est un 
arbrisseau ; 

Le Simaruba, ou Simaruba amara Aubl. (non Hayne), qui 
est aussi le Picræna officinalis Lindl., et qui est un grand 
arbre avec une écorce médicinale amère, tandis que le bois n'a. 
qu'une faible amertume etn'’est employé dans la médecine que 
comme falsification du vrai bois : 

Enfin le Picræna excelsa Tindl., qui est un arbre de taille 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 119 


moyenne d'un bois extrêmement amer, aujourd'huiadmis dans 
la pharmacopée et employé aussi comme insecticide. 

La synonymie est très embrouillée et la plupart des syno- 
nymes ne se trouvent pas dans l’Zndex Kewensis. Le Picræna 
est regardé depuis 1809 comme le vrai Quassia en Angleterre 
où il est ordinairement préféré au Quassia amara. 


Clef des bois amers. 


L Couleur blanchâtre fonçant un peu à l'air. 
1,1. Saveur amère, persistante, intense, Ecorce adhé- 
rente. Rayons de 2 à 5 rangées de cellules 
(Krämer). Densité, 0,532 à 0,769. Picræna 
excelsa, n° 1120, 
1-2. Saveur amère, mais non intense, disparaissant 
avec letemps. Densité, 0,403 à 0,480. Simaruba 
amara, n° 1110. 
2: Couleur blanchâtre un peu fauve, qui fonce à l'air, 
et devient brun doréelair. Saveur intense. Ecorce 
se détachant sous forme de gaines. Rayons de 1 
à 2 rangées de cellules (Krämer). Densité, 0,450 
environ, Quassia amara, n°1106. 


Quassia amara Lin., n°1106. 

Le véritable Quassie de Surinam. 

Noms vulgaires: Lignum Quassiæ Surinamensis. Jamaica- 
holz (Henkel). Surinam Quassia (Holmes). Fliegenholz (Wies- 
ner). Hombre grande, Guabo {Costa-Rica, vernaculaire Chiri- 
qui, d'après Pittier. Coachi (terme gén. Geoffroy). Bois de 
Frêne : Bois d’absinthe ou du Petit Frêne (Antilles) ; Quina 
de Cayenne (Guyane): Kwassi (Surinam, d'après Grisard). 
Bois de Quassie. Bois amer, Bois de Surinam, Quassia verum 
(Planchon). 

Provenance : Amérique tropicale, Antilles, Guyane. 

Caractères généraur. — Bois mou et léger, d'une grande 
amertume ; couleur blanche un peu fauve, fonçant à l’air el 
devenant d'un brun-clair doré très joli. Nuance de la coupe 


120 1H, STONE 


transversale un peu plus foncée que celle des autres sections. 
Surface brillante. 

Caractères physiques. — Densité, 0,450. Dureté, celle de 
l’'Aune. Légère odeur d'huile de coco, surtout quand le bois 
esthumide. Solution aqueuse couleur paille claire « légèrement 
fluorescente », d'après Ballon. Pas de réaction avec le chlorure 
de fer ‘Henkel), 

Le bois brûle bien doucement, sans arome spécial ; 1] laisse 
exsuder par la chaleur un suc rougeâtre ou brun. Ne se fend 
pas et se coupe bien dans tous les sens. 

Caractères de l'écorce. — Echantillon du Musée de Marseille, 
n° 36, Antilles. Ecorce détachée en gaine, lisse, légèrement 
ridée en dehors, et présentant une couche épaisse, très molle, 
très fibreuse, argentée, en dedans; épaisseur de 4 à 6 mm. La 
couleur de l'écorce est ordinairement très noire ; mais bien 
lavée, elle devient d'un brun clair. Les fibres blanches prennent 
souvent une couleur bleu gris caractéristique. La surface de la 
bâche {ou tige) est finement striée, et elle présente à la loupe 
un effet moiré dû aux rayons. 

Planchon indique l'écorce comme recouverte d'une partie 
scléreuse blanchâtre, tantôt mate, tantôt micacée. Quand cette 
couche manque, on voit la couche sous-jacente qui forme des 
taches de couleur gris noirâtre. La face interne grisâtre est 
mélangée de taches longitudinales d'un bleu noirâtre, dues à 
une Cryptogame. La cassure est grossièrement fibreuse dans 
la partie interne. Epaisseur de 1 à 2 mm. La section transver- 
sale présente une ligne jaune brun très évidente, formée d'une 
série non interrompue decellules pierreuses, quisépare l'écorce 


en deux parties égales : uneintérieure fibreuse, présentant les : 


rayons ; et l’externe subéreuse est pleine de sclérites. 


Structure du bois. — L'aubier n’est pas différent du cœur. 
Moelle ? 
Section transversale, — Couches en apparence limitées ; 


voir Parenchyme. 

Vaisseaux visibles comme de petites piqüres, grands, 
diminuant en diamètre et en nombre vers l'extérieur de la 
couche ; simples ou par groupes de 2 à 3, rarement #, radia- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 121 


lement subdivisés : quelquefois un anneau de vaisseaux for- 
tementinterrompu. Vaisseaux peunombreux,2 à 10 parmm. q. ; 
fortementisolés ; souvent remplis d'une gomme rouge ; parais- 
sant être attachés aux rayons. 

Rayons à peine visibles quand ils sont humectés ; fins, uni- 
formes, 5 à 7 par mm., de 1 à 2 rangées de cellules, sinueux 
et s'écartant légèrement quand ils rencontrent les vaisseaux 
(Krämer). 

Parenchyme à visible, même sur une coupe faite à la scie; 
abondant, entourant les vaisseaux et s'étendant en forme 
d'ailes qui, en s'unissant, forment des lignes et même des cer- 
cles concentriques entiers ; intervalles irréguliers de 4 à 2 mm. 
ou 8 par em. environ, avec, entre eux, des lignes fragmen- 
taires ; une à quatre fois plus larges que les rayons; non blancs, 
mais plus clairs que les fibres du fond. 

Planchon dit que les lignes ne sont visibles qu'à la loupe. 
Or le parenchyme est toujours très variable. 

Section radiale. — Surface brillante, soyeuse. Couches peu 
apparentes. Vaisseaux juste visibles, comme de fins sillons, 
avec des perles çà et là. Rayons visibles par réflexion lorsque 
le bois est fraîchement coupé ; s'il a foncé à l'air, ils sont bien 
visibles à l'œil nu. Parenchyme visible à la loupe comme des 
lignes blanchâtres. 

Section fangentielle. — Moins brillante que la radiale, et 
néanmoins luisante. Les ravons, étant radialement parallèles, 
et, d'autre part, verlicalement superposés, produisent un effet 
moiré, malgré leur minceur. 

Emplois. — Médicinal, tonique, fébrifuge ; devenu rare et 
remplacé dans la pharmacopée française par le Picræna. Peu 
prescrit, sauf d'après Baïllon, sous forme de gobelets amers, 
mais je pense qu'il s'agit plutôt du Picræna, le vrai Quassia 
étant rarement assez gros pour qu'on puisse y tailler des 
tasses. 


Ech. {ype: N° 99, Musée Colonial de Marseille, vitr. Guyane ; don de 
l'Ecole de Médecine de Marseille, 

Icon: Krämer, p. 544. Sect. transv.(Surinam et Jamaïque) et fig. 239, 
d'après Meyer, Boquillon, pl. IT, 


122 H. STONE 


Références : Descourtilz, I, p. 23, Planchon etC., II, p. 78; description 
très complète. Boquillon,p. 37, descr. micros. mais copiée de Planchon 
en grande partie, Sagot, Catal., XIT, p. 207, Vair aussi Références aux 
n° 1110 et 1120, 


Simaruba amara Aubl. (non Hayne), n° 1110. 

Synonymes : $. quyanensis Rich.: S. officinalis DC. (non 
Mac Fad) ; Picræna officinalis. Lindl.; Quassia Simaruba Lin. 
fils (non Blanco). 

Cette espèce a beaucoup d'analogie avec les n° 1106 et 1120. 

Noms vulgaires : Simaruba (Bell). Acajou blanc (Guad., 
d'après VWiesner). Bitter-wood, Bitter Ash, Bitter Esche, 
Mountain Damson, Stavewood Jamaïque, d'après Brown). 
Marupauba (Brésil d'après Huber). Pao Pomba, Aruba, Maruba 
(Guy. Angl. ; Amaz.), Gall-tree (Barb., d’après Lindley). 
Walkara (Surinam, Brewer). Arbore de las camaras, Macre 
(Brahman, d'après Descourtilz). Bois blanc (Martin, d’après 
Duss). Chipiou ? (Préfontaine). Bois de Cayan (Grisard). 
Simaruba de la Jamaïque, le Simaruba amara de Hayne 
(Baïllon). Ce dernier est le Q. amara, mais comme Baillon 
dit que l'écorce seule est employée en médecine, il est évident 
qu'il s'agit de l'espèce présente. 

L'écorce s'appelle écorce de Macre ou de Macer (Régis). 

D'après la description de l'écorce par Aublet, il y a tout 
lieu de croire que cet auteur veut parler du Picræna. 

Le Chipou de Préfontaine doit être Bursera 1155 A. 

Provenance. — Amérique tropicale, Antilles, Guyane. 

L'échantillon 2936 a été déterminé d'après les feuilles et 
les fruits par le D' Freeman. 

Caractères généraux. — Bois léger et mou, d'une saveur 
amère quand il n'est pas tropsec, et d'une couleur blanclaiteux. 
Surface luisante, fonçant peut-être un peu à l'air, mais très 
légèrement. Nuance de la coupe transversale plus foncée 
(mais plus mate) que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,432 à 0,480 et 0,403, 
d’après Dumonteil ; force, 96 ; élasticité, 156 : flexibilité, 3,74, 

Dureté, celle du Cèdre à crayons. 

Frais, très mauvaise odeur ; sec, sans odeur, 


, 
| 
| 
: 
; 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 123 


Saveur moins intense que celle du Picræna et du Quassia : 
dans les vieux échantillons, la saveur est pour ainsi dire 
nulle. 

Solutions incolores. 

Caractères de l'écorce. — Ecorce de 4 à 5 mm. environ ; exté- 
rieur gris argenté, intérieur Jaune. Les rayons, convergeant en 
pinceau et aussi durs que le bois, sont bien visibles en section 


transversale. 

Ecorce lisse, grisâtre, d'après Aublet. 

Ecorce (d'après Planchon, cité par Boquillon ; mais est-ce 
l'écorce des racines?) grisâtre, face externe fibreuse, couverte 
d'une couche subéreuse de couleur blanc jaunâtre, légèrement 
marquée de petits mamelons verruqueux et de lignes saiïllantes 
transversales assez régulières, à intervalles de ! à2 em. Couche 
sous-jacente de couleur fauve foncé. La face interne est com- 
posée de fibres très plates, qui seséparent facilement et donnent 
une surface fibreuse très grossière. Dans le sens dela longueur, 
elle se déchire en fragments irréguliers, et il est impossible 
de la couper transversalement. Une zone interne striée occupe 
les trois quarts de l'écorce, parcourue par les rayons: les 
couches externes sont granuleuses. Très amère, se pulvérise 
difficilement. 

Caractères du bois. L'aubier n’est pas différent du cœur. 

Moelle ? 

La structure du bois ressemble à celle de Quassia. (V. clef, 
n° 1106.) 

Section transversale. — Couches quelquefois délimitées ; un 
anneau de petits vaisseaux très interrompus forme-t-il les 
limites ? 

Vaisseaux visibles, très grands, 0 mm. 36 ; peu de variation, 
distribués régulièrement, en groupes de 2 pour la plupart, par- 
fois 3, et pouvant aller jusqu'à 23; irrégulièrement subdivisés, 
vides. 

Rayonsblances, à peine visibles. 

Parenchyme abondant: les lignes sont d'une plus grande 
largeur que celle des rayons, mais elles sont absentes sur de 
larges espaces. En coupe transparente, le parenchyme est im- 
perceptible, quoique visible sur la surface du bois, 


124 H. STONE 


Section radiale, — Nuance plus claire que celle de la section 
tangenlielle. Couches et parenchyme non marqués. Vaisseaux 
très apparents, brunâtres, plutôt grossiers, mats. Rayons peu 
apparents, mais bien visibles, étroits, brillants. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont à peine visibles, étant minuscules et étroits par rapport à 
leur hauteur. 

Emploi. — Construction (Brésil, d'après Miers) ; Tannage 
(Saurellef}. Peut être obtenu jusqu'à 17 à 30 mètres sur 60cm. 
d'équarrissage (Bell). Très bon pour cloisons ; se fend très 
facilement en se desséchant (Laslett). Bon pour planches à 
râper le manioc, (Aublet). Allumettes (Bull. Agr. Mart.). 

D'après le père Labat, les viandes cuites avec ce bois sont 
très amères. | 

Quand on abat un arbre, Le suc (des racines ?) donne la gale 
aux bûcherons (Préfontaine). À comparer le Cucuberanda, 
Partie IT. | 

Très commode à travailler, mais ne prend pas les clous 
car il se fend très facilement ; polissage médiocre. 


Éch. type: 80,2936 Bell. ; 0296 D, agric. Guy. Angl. ; 221, série I, 
Lyon ; IT, Musée Colonial de Marseille (Guyane). 

Icones lignorum: pl. 67 (pl. 65, fig. #, est-ce bien cette espèce ?) 

Références : Bulletin agricole de la Martinique, janvier 1899. Préfon- 
taine, p. 208 ; de Lanessan, p. 365 ; Baïllon, II, p. 873; Grisard, 1891, 
IE, p. #33; Boquillon, IV, p. 59 ; descr. microsc. de l'écorce : Aublet, 
p. 860 ; Dumonteil, 1823, IT, partie 2, p. 158 ; Laslett, p. 288; Miers M. 
S. ; Stone et Fr., p. 81; Stone, T. of C., p. 27; Règne végétal, Il, 326. 


Picræna excelsa Lindl., n° 1120. 

Synonymes : Simaruba excelsa DC.; Picrasma excelsa 
Planch. 

Il y a beaucoup d'autres synonymes encore pour tous ces 
bois amers, par exemple: Biftera febrifuga Bel. (Heckel) ; 
Picrasma antillana Planc.; Picræna excelsa Gris. (Urban) ; 
Quassia excelsa Sw. (Guibourt). Picræna excelsa R. Br. (Bail- 
lon) et Simaruba (Sagot, Schwartz). 

Noms vulgaires : Bitter Ash (terme général, îles danoises), 
Peste à poux, Bois noyer, Graines vertes (Guad.); Bois amer 


sr. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 125 


(Martin.) ; Bitterwood (Barb. Urban). Quassia amara du 
commerce mais non des pharmaciens ; Quassia amara R. Bn 
(de Lanessan ; Mouillefert). Bois de Saint-Martin (Heckel). 
Ecossier (Quassia excelsa Schw.); Bois de Suarinam Quassia 
(Roussell). Bitteresche, Quinquina de Cayenne (Miers). 
Kwassiehout, Gramman Kwassie (Berk.). Cassia lignea (Pe- 
trocchi). Quassia (Fluckiger). Bois de Quassia de la Jamaïque ; 
Bois de la Jamaïque, Lignum Quassiae novæ ; Lignum Quas- 
sia jamaicense (Planc.). Coissi (nom ancien, Rodriguès). 
Jamaica holz (Henkel). Quachi, Coache (Guyane française, 
Bassières). Ligno de Surinam (Vargioni). Bois amer de Su- 
rinam (Baillon). Simaobat (Guad., de Lanessan). Simarouba 
mâle (Grisard). 

Les échantillons types qui ont servi à la description sui- 
vante ne sont pas déterminés systématiquement, mais se rap- 
portent bien au bois qui est vendu pour insecticide. Ils pro- 
viennent de grands arbres, non d'arbrisseaux, et je crois pou- 
voir affirmer qu'ils sont de cette espèce. Il me semble que 
c'est le même bois que celui de Schwartz « arbor trunco erec- 
tissimum crassus », mais le bois de Dumonteil, dont la densité 
est de 0,769, me parait trop lourd. Cependant, puisqu'il cite 
le Simaruba à part, nous sommes forcés de l’accepter. Le bois 
mentionné par Grisard, jaune, brillant et satiné, souvent par- 
semé de tâches noirâtres sinueuses, d’une teinte obscure, était 
probablement attaqué par un champignon. D'après Fluc- 
kiger, le bois est souvent strié par un champignon en dessins 
délicats. 


Provenance. — Amérique tropicale, Antilles, Guyane. 
Caractères yénéraur. — Bois léger et tendre, d'une cou- 


leur blanc laiteux et d’une saveur très amère et très persis- 
tante. La couleur peut varier du blanc jaunâtre à la couleur 
citron. Surface satinée, très belle, fonçant un peu à l'air ; 
grain plutôt fin, ouvert. La nuance des coupes est à peu près 
la même, 

Caractères physiques. — Densité, 0,532 à 556 ; 0,715 d'après 
Lanessan, 

Dumonteil donne comme densité de son bois amer 0,769 ; 


126 H. STONE 


comme force, 170 ; comme élasticité, 173 ; comme flexibilité, 
2,63. 

Dureté, celle de l'Aune. A sec, odeur nulle, Saveur beaucoup 
plus amère que celle du Simaruba. 

Solutions incolores. D'après Henkel, avec le perchlorure de 
fer elle donne un précipité en flocons gris ou blancs. 

La solution aqueuse a une belle fluorescence, d'après Fluc- 


kiger. 
Il brûle bien sans odeur spéciale. 
Caractères de l'écorce. — Certains auteurs disent qu’elle est 


fortement adhérente ; d'autres indiquent qu’elle se détache 
facilement. À la vérité, elle est assez bien adhérente si on la 
compare avec celle de vrais Quassia, qui se détache en fourreau, 
mais elle n’est pas tenace comme celle de la plupart de nos 
arbres indigènes. ; 

D'après Baillon, l'écorce ressemble à celle du jeune tilleul ; 
elle est presque lisse, de couleur gris terne, ou noirâtre ou 
blanchâtre, fibreuse dans son épaisseur. 

Striée longitudinalement, dit Grisard. 

Gris cendré, tachetée de noir, fragile: se sépare facilement, 
d’après Roussellet. 

Fortement adhérente, dit Planchon. 

Gris brun avec de larges bandes d'un noir brillant. La sec- 
tion transversale présente une zone libreuse, blanche, qui 
pénètre parfois presque dans l'intérieur de la tige lhigneuse. 
Rayons très visibles à la loupe jusque près des couches péri- 
phériques. Les cellules pierreuses si abondantes dans l'écorce 
du Quassia de Surinam n'existent pas dans celle du Picræna, 
(Planchon et Collin). | 

Cendrée, blanc Jjaunâtre intérieurement, fibres tenaces 
(Schwartz). Fortement adhérente, noir brunâtre d'après Henkel. 

D'après un échantillon du Musée Colonial de Marseille, n° 
de la Guyane : 

Écorce épaisse de 2 à 4 mm. environ, gris jaunâtre, 
presque lisse, fibreuse, tenace en dedans, mais non molle 
comme dans le Quassia ; épiderme comme celui du Frêne. 

Structure du bois. — L'aubier n'est pas différent du cœur. 


es - 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 127 


Moelle arrondie ou lobée, 2 à 4 mm. de diamètre, blanche 
ou grisâtre ou brunâtre. 

La structure du bois est la même que dans le Simaruba 1110, 
à part quelques différences de faible importance : 

Section transversale. —— Couches non délimitées, Voir 
Parenchyme. 

Vaisseaux bien apparents, plutôt petits, 0 mm. 13 de dia- 
mètre, 4 à 24 par mm. q., par groupes de 3 à 11; ronds 
quand ils sont simples. 

Rayons, 6 à 8 par mm. ; plus denses que les fibres ligneuses 
en coupe transparente ; la distance des intervalles est égale 
au diamètre d’un gros vaisseau ; couleur blanche aussi claire 
que celle du parenchyme. D'après Krämer, de 2 à 5 rangées 
de cellules, et de 1 à 3, d'après Fluckiger. 

Parenchyme bien visible en coupe transparente. D'après 
Planchon, de 5 à 6 rangées de cellules de largeur. Notre figure 
2, planche V, prise d'une coupe transparente, montre à peine 
le parenchyme. 

Section radiale. — Souvent couleur citron. Vaisseaux com- 
posés de cloisons 3 à 4 fois plus longues que larges. 

Section tangentielle. — Rayons larges, comparativement à 
leur hauteur qui atteint jusqu'à 15 cellules, d’après Fluckiger. 
Couches et parenchyme se présentant comme des lignes et 
des lacets bien apparents, en formant alternativement des 
angles saillants et rentrants. 

Emplois. — Coupes amères inventées par Alibert Planché 
(Descourtilz). D'après Fluckiger, l'usage du bois a été interdit 
en Allemagne en 1872. 

Un succédané du houblon en Angleterre, d'après Lindley ; 
et on s'est servi aussi de l'écorce dans le même but, d'après 
Duchesne, mais je n'ai jamais entendu parler de cet usage. 

Insecticide contre les pucerons, et il parait même qu'une 
décoction appliquée sur la peau vous protège des moustiques. 


Ech, lype : Musée Colonial de Marseille, n° 5 de la Guyane, et n°* 
0787 et 0045 de ma collection, provenant de sources commerciales. 

Icon. : Baillon, IL, fig. 2565 ; Krämer, fig. 239 ; Stone, T. of C., pl. I, 
fig. 18 ; Fuckiger et Hanbury, fig. 74 et p. 236, 


128 H. STONE 


Références : Henkel, p. 379-; Holmes, p. 19; Schwartz, IL p. 741 ; Gri- 
sard, 4891, IT, p. #31 ; Urban, V,p. 378 ; Roussell, p. 323 ; Planchon, G., 
p. 80; Dumonteil, 1823, JT, partie2, p. 154, 


LI 


FAMILLE. XLIIL — OCHNACÉES 


, 


LTRIBUL "= OCANRES 


Gomphia guianensis Rich., n° 1140. 
Synonyme : Quralea quianensis Aublet. 


Aublet, p. 397 : Oura-ara (Galibis); Avouou-yra (Garipons). 
Note. Durand cite Ouratea au lieu de Gomphia. 


FAMILLE XLIV. __ BURSÉRACÉES 


Bursera gummifera Lin., n°1155 A. 


Grisebach : West Indian Birch., Mastick-tree (Antilles anglaises.) 

Guibourt, IT, p. #79: Chibou où Cachibou, bois blane (Voir 1120.) 

Grisard, 4892, IT, p. 517: Bursera qummifera Jacq. (ne se trouve pas 
dans l’Index}. Gommart des Antilles, Gommier, Gomard, Gommart de 
l'Amérique, Gommur, Arbre à baume, Bois de gommier blane (Antilles), 
Almacego (Cuba, N. Grenada). Palo ziote (Mexique), Carano (Trinité). 
Amacéga, Almacega, Indio desnudo (Vénézuéla). Bois blanchâtre, 
léger, mou et résineux ; se fend facilement grâce à ses fibres longues et 
droites. Clôtures, palissades. L'écorce est astringente. 

Pittier, p. 107: Almacego, Jiñote, Jiñnocuave. Écorce grisätre qui se 
renouvelle régulièrement, Xioquauitl (Mex. Costa-Rica),. 

Niederlein, p. 2: Gommier gris (Guadeloupe). 


Bursera angustifolia Sagot (n'est pas dans l'Index), n° 
1155 B. 


Sagot : Voir Grignon 2249. 


Protium Aracouchini Mart., n° 1156 A. 
Synonymes : P. Aracouchini Mart. ; P. Aracouchi Marsh. ; 


| 
| 
À 
| 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 129 


Îcica Aracouchi Aubl. : /. Acuchini Gmel. : Z heterophylla 


A. D.C.; Amyris heterophylla Willd. 

Noms vulgaires : Acouchini (Aublet). Breu-branco, [ssica- 
tan (Brésil, Rodriguès). Acouchi (Heckel). Hiawa (terme 
général, Bell). 

L'échantillon 2688 a été déterminé d'après les fewlles et 
les fruits par le D' Freeman. 

Le bois Jaoua de Dumonteil peut être le Protium Aracouchini 
ou P. quianensis, ou encore P. heptaphylla. Je le cite 1e1 sous 
réserves. Voir aussi 1156 B. 

Provenance. — Amérique tropicale, Guyane. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d'une couleur 
rouge pâle (blanc, d'après Aublet). Surface brillante, soyeuse, 
fonçant légèrement à l'air. Nuance de la section transversale 
plus foncée que celle des autres coupes. 

Caractères physiques. — Densité, 0,796 à 0,843. Dureté, 
celle du Charme. A sec, odeur nulle. Saveur astringente. 

Dumonteil, p. 154: Densité, 0,819 : force, 239 ; élasticité, 
135, p. 160. Classe 2, qui est celle du chêne. Cassant, d'après 
Aublet. 

Caractères de l'écorce. — Epaisse de 2 à 3 mm. d'épaisseur, 
presque lisse ; brune et fibreuse intérieurement et pleine de 
sclérites clairs. Lisse et cendrée, d’après Aublet. Surface de 
la bûche lisse. 

Structure du bois. — L'aubier est couleur toile écrue. Epais- 
seur : © à 7 cm. ». Bien distinct du cœur, mais sans déli- 
mitation brusque. 

Section transversale. — Couches en apparence délimitées, 
les zones où ne se trouvent pas beaucoup de vaisseaux pou- 
vant indiquer, semble-t-il, les limites. 

Vaisseaux visibles en raison de leur grand nombre, mais 
petits ; peu variables ; distribués régulièrement, plus ou moins 
abondants par zones ; fortement isolés, simples pour la plupart, 
mais parfois par groupes subdivisés de 2 à 9 vaisseaux. 

Rayons à peine visibles à sec ; humectés, ils le sont mieux. 
Fins, uniformes, irréguliers, écartés les uns des autres d'une 
distance égale à celle du diamètre d'un gros vaisseau et ne 
s’écartant pas au niveau de ces vaisseaux ; rouges. 

Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 4* vol. 1916. 9 


130 H. STONE 


Parenchyme d, se présentant en cellules dispersées. 

Section radiale. — Vaisseaux visibles à la loupe en minces 
sillons brillants. Rayons apparents comme de petits traits ou 
des points d'hermine. 


Section tangentielle. — Comme la radiale, mais moins 
pointllée. Rayons visibles au microscope seulement. 
Emplois. — Peut servir pour tiroirs de meubles, etc. Faci- 


lement obtenu jusqu'à 17 m. sur 35 cm. d’équarrissage, 
d'après Mc.Turk. 

Conservation limitée, d’après Bell. 

Très commode à travailler ; se fend facilement, 


Ech. type : 32,2688 Bell. 
Références : Bell, p. 5 ; Mc.Turk, p. 6; Laslett, p.19; Aublet, p.343; 
Sagot, Catal,, XIII, p. 291 ; Stone ét Fr., p. 32. 


Protium aitissimum Marsh., n° 1156 B. 

Synonymes : P. altissima Marsh.; Amyris altissima Willd. ; 
Icica altissima Aubl. ; I. cuspidata H. B. et K. ; Bursera 
altissima Ballon. : 

Noms vulgaires : Iciquier cèdre (Guad.); Cèdre blanc et 
rouge, deux variétés. Les indigènes préfèrent la variété 
rouge au point de vue de la durée, d'après Aublet. Cedar 
(Laslett). Samaria-wood (Leman). Oelo (Icon. lign.). Oolu 
(Bell). Caragne blanche (Geoffroy). Bois de rose femelle (de 


Lanessan ; voir 6200 A). Cèdre bagasse (Musée Colonial de 


Marseille ; voir 1156 H). Cedro (Brésil); Soly (Surinam, d'après 


Martin-Lavigne). 

L'échantillon 2725 a été déterminé d'après Les feuilles et les 
fruits par le D' Freeman. Ce n'est ni le bois décrit par 
Lavigne, ni l'Oulou de Préfontaine (voir 1514), ni le Bagasse 
(voir 6608). Plusieurs auteurs confondent le Cèdre blanc et le 
Bois de rose femelle avec cette espèce. (Voir 1698 A et 6200 
A et D). 

Provenance : Amérique tropicale, Guyane. 


Caractères généraux. — Bois léger, mou, d'une couleur: 


blanc brunâtre ou sale, d'après Bell ; couleur de cèdre pâle 


| 
3 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 131 


(Me.Turk); couleur rougeâtre (Aublet ? Surface brillante, 
satinée ; fonce légèrement à l'air : grain gros. 

Caractères physiques. — Densité 0,496 (voir 1156 H); 
dureté, celle de l’Aune ou le Tilleul. Odeur à sec nulle. D'après 
Me.Turk, fortement aromatique (voir 1156 C). Saveur légère, 
même nulle. 

Caractères de l'écorce. — Ecorce roussâtre, ridée, gercée 
(Aublet). Rouge (voir 1159), dure, ligneuse, ridée, épaisse de 
9 mm. environ. Mince couche fibreuse à l'intérieur, mais en 
général composée par couches de selérites durs et blanes bien 
visibles. Surface de la bûche lisse. 

Structure du bois. — Aubier brunâtre, bien distinet du 
cœur ; épais de 13 cm. environ. 

La structure du bois ne concorde pas bien avec celle de 
l'espèce précédente. (Voir la clef, n° 6201.) 

Section transversale. —— Couches non délimitées. Vaisseaux 
visibles difficilement, même grands. Rayons à peine 
visibles. 

Section radiale. — Vaisseaux plus foncés que les fibres 
ligneuses. Ravons bien visibles, apparaissant comme de petites 
rayures brunâtres. Les autres détails manquent. 

Emplois. — Bon pour charpente d'intérieur, mais se con- 
serve mal et est sujet aux attaques d'insectes ; très abondant 
et obtenu facilement jusqu à 17 m. sur 48 à 55 cm. d'équar- 
rissage (Bell). 

D'après Laslett, bon pour pirogues. 

Polissage médiocre : commode à travailler, se fend facile- 
ment et ne prend pas les clous. 


Ech. types : 69,2725 de Bell. Musée Colonial de Marseille, n° 10, de 
la Guyane, écorce et bois. (Ce bois diffère quelque peu du 2725, 

Icones lignorum : pl. 62, fig. 8. 

Références : Aublet, p. 342 ; Bell, p.8; Laslett, p. 381 ; Martin-Lavigne, 
p. 86; Sagot, Catal., XIII, p. 291; Stone et Fr., p. 70. 


Protium heptaphyllum Marsh., n° 1156 C. 
Synonyme : /cica (Bursera) heptaphylla Aublet. 


Aublet, p. 337 : Arouaou (terme général des Galibis. Encens des 


132 H. STONE 


Nègres). Ecorce roussâtre, ridée, gercée, inégale, raboteuse. Le boisest 
blanc, mais rougeâtre au centre. S 

Duss : Gommier blanc (Guad.); Bois gommier (Martin.). 

Peckolt, 1898 : Protium heptaphyllum var. brasiliense Engl. Almace- 
gueira vermelha ; Breo vermelha, | 

Corrèa : Protium brasiliense. Almacegueira. Densité, 0,771. (Est-ce 
bien cette espèce ?) | 

Saldanha de Gama cite l'Almecegueira comme étant l’Jcica (Protium) 
Icicaiba March. 

Laslett, p. 1147: Hiawa (terme général). Bois ayant une forte odeur 
aromatique (voir 1156 B) ; il produit le Hiawa ou résine de Couma. 

Grisard, 1892, II, p. 524: Bois d'encens, Bois cochon {terme gén., 
Guyane ; Incense-tree (Trinité anglaise) ; Couroucay (Esp. ) ; Karun-phul 
(Hindou) ; Tacomhaca, Tacamahaca (terme général au Vénézuéla). Les 
intempéries font pourrir ce bois rapidement. 

Guillaumin, 1909, p. 1##: Protium heplaphyllum ; fournit la résine 
Couma et la gomme Hyowa. 

Pulle : Tienjie monnie (Surinam). | 

Jeanneney (ms.) cite un Arourou conime étant le Protium Schomburg 
kianum Engl. du Brésil. Fe 

Bremer. p. 24: Tingi moni (Surinam), Icicaleptaphylla. 


Protium guianensis Marsh., n° 1156 D. 
Synonyme : /cica quianensis Aubl.; Amyris quianensis 


Aubl. (non Willd.). 


Aublel, p. 336: Amyris quianensis; pas de détails. 

Aublet, p. 340: Jcica quianensis ; Bois d'encens. Ecorce roussâtre, 
ridée, gercée. Bois blanchätre et léger. 

De Lanessan, p. 142 : Icica quianensis ; synonyme : Bursera quianen- 
sis H. Bn. Encens grand bois ; Arouaoa (voir 1156 C): Hiawa (Arrou- 
hages). Ce bois n'offre que peu d'intérêt. 

J. de Cordemoy : Arouaou (Galibis). 

Guillaumin, p. 156 : Hiawa. Le Hyowava ou Carâna est le Protium 
Carana. 

Grisard, 1832, Il, p. 523 : Copal (Cuba); Youcamoney (Guyane) ; Den- 
sité, 0,662 ; force, 186 (voir 1156 F.). ; ÿ 


Protium decandra Aubl., n° 1156 E. 
Synonymes : /cica decandra Aublet : 7. enneandra Aubl. 


Barrère, p. 197: Icicariba (Piso); Sipo ; Arbre d'encens ; Terebinthus 
pistachiæ. (Est-ce bien cette espèce ?) 
Aublet, p. 345 : Zcica enneandra, Arouaou (Galibis). 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 133 


Le même, p. 346: Icica decandra, Chipa (Galibis). Ecorce rougeâtre, 
ridée, gercée, d'où sort un suc à odeur de citron, qu'on trouve pär mor- 
ceaux sur l'écorce et au bas du tronc. Le bois est blanchâtre, peu com- 
pact etest employé pour encens. 


Je me demande si ce n’est pas le Chipiou de Préfontaine, 
p. 208. | ; is 

Les espèces suivantes ne sont pas déterminées, mais sont 
probablement des Protium. | 


Bois Encens, n°1156 F. 


Dumonteil, p. 154 : Densité, 0,662 ; force, 186 ; élasticité, 158 ; p.163. 
Classe 5, qui est celle du nes 


Jaowa, n° 1156 G. 


Dumonteil, p. 154 : Densité, 0,819 ; force, 239; élasticité, 135 ; p. 160. 
Classe 2, qui est celle du chêne. 


La densité concorde assez bien avec celle du Protium Ara- 
couchili 1156 A. 


Cèdre Bagasse, n° 1156 H. 


Dumonteil, p.154 : Densité 0,842 ; foree, 226 ; élasticité, 154 ; p. 164. 
Classe 2, qui est celle du chêne. 


Faute de renseignements plus précis, je ne puis placer ce 
bois sous le nom de Protium altissimum 1156B, car la densité 
de mon échantillon (0,496) est loin de concorder avec celle de 
Dumonteil (0.842). Pour la même raison, j'ai placé son Cèdre 


blanc (densité 0,331) au n° 6200 D. 


De Lanessan, p. 140 : Amyris sp. Bois dur et serré. La résine dont il 
est imprégné lui permet de brûler avec flamme. (Voir 648.) 


D'après Durand, le genre Amyris est bon ; d'après l'Index 
Kew., il est synonyme de Protium. 


Icones lignorum, pl. LXXIV, fig. # : « Kandell boom » en couleur 


134 H. STONE 


(grise rayé de bleu). Mais évidemment le dessin a été fait d'après un 
échantillon détérioré, (Est-ce bien cette espèce ?) 


Barada-balli (Bell), n° 1156 J. 

Ce bois est une Burséracée, selonle D' Freeman qui l’a déter- 
miné d'après les feuilles et les fruits. 

Caractères généraux. — Bois plutôt lourd, dur, d'une couleur 
brun uniforme, fonçant légèrement à l'air. Nuance de la coupe 
transversale un peu plus foncée que celle des autres sections. 
Bell, qui envoya l'échantillon, dit que la couleur est blanche. 

Caractères physiques. — Densité, 0,811 ; dureté, celle du 
charme, Ni odeur, ni saveur. 

Caractères de l'écorce. — Ecorce épaisse de 3 à 6 mm. envi- 
ron, ridée, ligneuse et pleine de sclérites blancs ; intérieur 
brun foncé. Surface de la bûche finement striée. 

Structure du bois. — L'aubier n’est pas différent du cœur. 

Section transversale, — Couches en apparence bien délimi- 
tées, mais les limites exactessont douteuses ; contour régulier. 

Vaisseaux visibles quand ils sont humectés ; peu variables, 
distribués régulièrement ; simples pour la plupart, quelquefois 
par paires. 

Rayons à peine visibles, très fins, de deux sortes, coloriées 
toutes les deux. Les grands rayons sont écartés les uns des 
autres d'une distance beaucoup plus grande que le diamètre 
d'un gros vaisseau, tandis que les petits, qui sont très nom- 
breux, ont leurs intervalles à peu près égaux à ce diamètre. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux. 

Section radiale. — Vaisseaux en fins sillons incolores. 
Rayons enfines lignes, visibles par réflexion. 

Section tangentielle. —Commela radiale, mais, sur une coupe 
préparée pour le microscope, les grands rayons se présentent 
comme des fuseaux de ! mm. de hauteur environ, terminés à 
chaque extrémité par une cellule qui correspond au quart de la 
hauteur totale: la partie intermédiaire se compose de plusieurs 
rangées de cellules plus petites. Contrairement à ce que pré- 
sentent d'ordinaire les cellules analogues de la plupart des 
autres espèces, les grosses cellules sont iciremplies de matière 
colorante. Les petits rayons sont aussi colorés et ressemblent 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE. 135 


aux grosses cellules des grands rayons. Cette circonstance me 
fait penser qu'il n'y a, en réalité, qu une seule sorte de rayon et 
que les petits ne sont autre chose que les extrémités des grands. 
Tous les cas intermédiaires peuvent, en effet, être observés. 
Cette remarque s'applique d'ailleurs à beaucoup d'espèces, et 
elle me fait supposer qu'il n y a jamais qu'une seule sorte de 
rayons, même dans le Hêtre, où Hartig admet pourtant qu'il y 
en trois. 


Emplois. — Très utile comme bois pour meubles (Bell). 
Commode à travailler. Se fend facilement. 


Ech. types : 7,2633 Bell. 
Références : Stone et Fr., p. 7. 


Hedwigia balsamifera Sw.{non Engler|, n° 1159. 
Synonymes: Bursera balsamifera Pers. ; Icica Edwigia, 


A. Rich. 


Barrère,p. 180 : « {cicariba balsamifera. Bois à flambeau, appelé aussi 
Bois rouge à cause de la couleur de l'écorce ». 


Est-ce bien cette espèce ? Voir 1156 B au sujet de l'écorce. 


De Lanessan, p. 142: Gommier ; bon pour constructions de canots et 
d’avirons. 

Guibourt, IIf, p. #79: Sucrier de montagne ; Bois cochon; bois rou- 
geâtre (Voir 1156 C. 

Grisard, 4892, Il, p: 531 : Gommier de montagne ; Bois de gommier 
rouge ; Bois à flambeau (term. gén.); Bois à barriques (Antilles, Créoles); 
Palo cochin ; Azucarero de montagne (Cuba); Copal (Salvador) et la 
gomme, Gomma azucarada (Cuba). Ecorce blanchâtre et brillante ; bois 
de couleur rougeiïtre, à longues fibres, léger, flexible; dureté au-des- 
sous de la moyenne, mais assez résistant pour ètre employé dans la 
construction. On s’en sert aux Antilles pour canots, pour merrains des 
tonneaux destinés à exporter les sucres en Europe, pour torches et 
pour flambeaux. 


(A suivre.) 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS 


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serpent. 


ndron quiinense. Bois- 


Stryplhnode 


Piel 


Section tangenticlle, 


PI. II — Séryphnodendron quianense. — Bois-Serpent. 


Section transversale. 


dd 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


D° HreckeL : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues 
des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908. 


CLaverie : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles 
exotiques. Année 1909, 


ve Wizoemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en 
Afrique tropicale. Année 1909. 


Louis PLaxcnox et Juirver : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909. 
Dr HeckeL : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910, 


H. Juuezce et H. Perrier DE LA Barre : Fragments biologiques de la flore de 
Madagascar. Année 1910. 


GuicLaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et 
dépendances. Année 1911. 


Dusarp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912. 


Bauvox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année 
1912. 


pe Wirpemax : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique 
du genre Musa. Année 1912. 


H. Juuecre et H, Perrier DE LA BATHiIE : Palmiers de Madagascar. Année 1913. 


P. Cnoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année 
1914. 


H. Jumezce : Le D' Heckel. Année 1915. 


R. Hamer et H, Perrier DE LA Baruie : Contribution à l'étude des Crassulacées 
malgaches. Année 1915. 


A. Fauvez: Le Cocotier de Mer, Lodoicea Sechellarum. Année 1915. 


H. Juuezre : Les Recherches récentes sur les ressources des Colonies francaises 
et étrangères et des autres Pays chauds. Année 1916. 


H, Juuerre : Catalogue descriptif des Collections botaniques du Musée Colonial 
de Marseille : Madagascar et Réunion. Année 1916. 


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MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE 


Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893, 


paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules. 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, 
sont en vente chez M. CHaLLameL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à 
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- 
eial, doivent être adressées. ù 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Hem 
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
Colonial, 5, rue Noailles, à Marseille. 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- 
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à 
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec 
titre spécial sur la couverture. 


Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au 
Directeur du Musée Colonial seront signalés chaque année en fin 
de volume dans les Annales. 

Le 1% fascicule de l’année 1916 (Catalogue descriptif des Collections 
Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et Réunion) 
et le 3° fascicule de la même année (Recherches récentes sur les res- 


sources des Colonies françaises et étrangères et des autres Pays 


chauds) sont déjà parus, ainsi que le 1* fascicule de l’année 1917 
(Catalogue descriptif des Collections Botaniques du Musée Colonial 
de Marseille : Afrique Occidentale Française). 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS. 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 
DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HECKEL 
dirigées par 


M. HENRI JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 


Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Vingt-quatrième année, 3° série, 4° volume (1916) 


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Les Recherches récentes 
sur les Ressources des Colonies françaises et étrangères 
et des autres Pays chauds, par M. Hexrr JUMELLE. 


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MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, RUE NOAILLES, 3 17, RUE JACOB, 17 


1916 


ANNALES 


MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


(Année 1916) 


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ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 
DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HECKEL 
dirigées par 


M. Henri JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 


Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Vingt-quatrième année, 3° série, clame (1916) 


A PDaSsSeICtrLle 


Les Recherches récentes 
sur les Ressources des Colonies françaises et étrangères 
et des autres Pays chauds, par M. Hexrt JUMELLE. 


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MARSEILLE PARIS 
. MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
D, RUE NOAILLES, 9 17, RUE JACOB, 17 


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LES RECHERCHES RÉCENTES 


SUR LES 


RESSOURCES.DES .COLONTES 


— 2, 0 D——— 


ALGÉRIE 


L 1 

Programme des Chemins de fer dans les Territoires 
du Sud. — Ce titre est le titre même d’une brochure forte- 
ment documentée, écrite avec clarté et méthode, que vient 
de publier M. le lieutenant-colonel du génie P. Godefroy, 
actuellement Chef du Service Technique des Travaux des 
Territoires du Sud. 

On sait que ces Territoires du Sud-Algérien, organisés en 
colonie autonome par la loi du 24 Décembre 1902, et dont la 
superficie représente environ 2.200.000 kilomètres carrés, 
sont divisés en quatre commandements militaires : le Zerri- 
toire d'Ain-Sefra, au sud du département d'Oran et à cheval 
sur les Hauts-Plateaux et le Sahara; /e Territoire de Ghardaïa, 
au sud du département d'Alger, s'étendant aussi, partie sur 
les Hauts-Plateaux et partie vers le Sahara; Le Territoire de 
Touggourt, au sud du département de Constantine, situé 
presque entièrement dans la zone saharienne ; /e Territoire 
des Oasis, au sud des précédents et, en totalité, au Sahara. 

Tous ces Territoires, ainsi que le fait bien remarquer M. le 
Colonel Godefroy, ne pourront être réellement mis en valeur 
que le jour où des voies ferrées assureront des communica- 
tions rapides et faciles entre leurs diverses régions, et aussi 
et surtout entre ces régions et le littoral, puis de là au dehors. 

M. Godefroy précise quelles sont les voies ferrées qu'il y 


aurait lieu de construire, leur ordre d'importance, et dans 


ÿ RESSOURCES DES COLONIES 


quelles conditions et suivant quel plan elles pourraient être 
installées. 

Sur cette seconde partie du mémoire qui est celle intéres- 
sant particulièrement l'ingénieur, nous n'avons pas à nous 
arrêter ici, mais les chapitres où sont énumérées les 
ressources naturelles ou culturales que peut offrir le Sud- 
Algérien méritent de retenir l'attention du naturaliste, de 
l'économiste et du colon. 

Dans l'ensemble, la valeur économique actuelle de tous ces 


territoires est la suivante 


Population..." à RAS eo 500.000 habitants 
Valeur en capital....... {r :--: 175.000.000 francs 
Production 1427-40 4 54.000 000 » 
Exportations. 1 42e. rer 18.500 000 » 
Importations...... PORC * 22.500.000 » 
TRAME 2 mesurée eneare 9.000 000 » 
Commerce extérieur général... 50 000.000 » 
Cormerce spécial: à. ". 41 .000. 000 » 
GCapitalpar habitant: 7702 350 » 
Production par habitant ....... 108 » 
Commerce extérieur par habitant 82 » 


A titre de comparaison, M. Godefroy rappelle que, pour 
l'Algérie du Nord, le commerce spécial s'élève à environ 
1.200.000.000 francs, soit 240 francs par habitant. 

Les principales ressources des indigènes du Sud sont : 
pour les nomades, les troupeaux et leurs produits ; pour les 
sédentaires, les dattes et les céréales ; sur certaines parties 
des Hauts-Plateaux, l’alfa. 

En 1913, le nombre de dattiers en rapport, dans les Terri- 
toires Militaires, était évalué approximativement : 


Aïn-Sefra.. 1.620.000 produisant... 16.200 tonnes de dattes 
Ghardaïa .. 240.000 » a". “A600 » » 
Touggourt. 2.400.000 Die Tant AO: 00DE- EU » 
Oasis ... . 1.240.000 » Paso A2 400 » ” 


5.500.000 81.400 


ALGÉRIE 9 


On sait que la bonne datte d'exportation est la deglet-nour. 

Elle provient du Territoire de Touggourt ; les autres 
Territoires produisent surtout les dattes communes. A 
Touggourt, la valeur d’un palmier peut être fixée à 15 francs 
et celle de sa production à 5 francs, annuellement. L'ouver- 
ture du chemin de fer de Biskra à Touggourt vient de donner 
un nouvel essor aux plantations de la contrée ; preuve 
nouvelle, s’il en était nécessaire, de l'influence qu'ont ces 
voies ferrées sur le mouvement colonisateur. | 

Pour le moment on peut estimer à 25.000 tonnes l'exploi- 
tation des dattes du Sud-Algérien. À remarquer que, pour 
les dattes communes que consomment les indigènes du Tell, 
l'Algérie du Nord doit encore recourir à l'étranger et 
importe annuellement de 2.000 à 3.000 tonnes de dattes 
pressées provenant de Bassorah, à l'extrémité du golfe 
Persique. D'où cette anomalie, que le Nord-Algérien manque 
de dattes pendant que le Sud en a beaucoup trop pour son 
alimentation et ne peut même pas utiliser l'excédent comme 
monnaie d'échange pour d’autres productions. Tout cela par 
suite de l'insuffisance des moyens de transport. « Ce grand 
réservoir de dattes que constitue le groupe des oasis saha- 
riennes est en partie inexploité, comme une mine trop 
écartée de la voie ferrée, qui pourrait seule y apporter le 
travail et la vie. Plus le rail s’avancera vers le Sud, plus la 
datte verra développer sa valeur latente; et plus les habitants 
verront s'améliorer leur situation matérielle grâce à la hausse 
immédiate qui se manifestera dans leur pouvoir d'achat”. 

La culture des céréales dans ces mêmes Territoires est peu 
développée ; les superficies cultivées en 1913, en blé ou en 
orge, étaient : 


Aïn-Sefra : 2 809 hectares de blé, ayant produit 13.558 quintaux 


4.839 » d'orge » 21.534 » 

Ghardaïa : 7.372 » de blé » 17.862 » 
12.759 » d'orge » 51.295 » 

Touggourt : 3.790 » de blé » 11.090 » 
6.890 » d'orge » 17.200 » 

Oasis : 1,045 » de blé » 1,819 » 


436 » d'orge » 1.082 » 


10 RESSOURCES DES COLONIES 


Le rendement moyen, très faible, est donc de 3 qx 3 
à l'hectare. Au total, les Territoires du Sud cultivent 
40.000 hectares de céréales diverses, d'une valeur de 6 millions 
de francs, produisant 15.000 tonnes de graines valant 
4.500.000 francs. Actuellement cette production est insuffi- 
sante pour la consommation locale ; et 35.000 tonnes doivent 
être importées de l'Algérie du Nord. 

D'autres cultures qui seraient susceptibles d’une grande 
extension sont celles des arbres fruitiers, des légumes, des 
fourrages et aussi de quelques plantes industrielles, comme 
le tabac, le coton et le ricin. L'olivier est recommandé dans 
certaines régions comme celle des Ziban. Pour le tabac, 
la région du Souf en produit d'assez grandes quantités 
(100.000 kilos environ), d'excellente qualité, recherchée par les 
indigènes comme tabac à priser. Au Touat, on a tenté la 
culture du cotonnier ; à Biskra, on a introduit celle du ricin. 

Comme produit naturel, le principal est lalfa, qui se 
rencontre sur les hauts plateaux du Territoire d'Ain-Sefra, où 
il occupe 1.300.000 hectares, et sur ceux du Territoire de 
Ghardaïa, où il en couvre 300.000. Mais seule aujourd’hui la 
zone du Territoire d’Aïn-Sefra est exploitée, dans la région 
voisine du chemin de fer. En ces dernières années, la produc- 
tion moyenne a été de 18.000 tonnes environ, représentant, à 
la sortie du Territoire, à peu près 600.609 francs. Au point de 
vue animal, la grande ressource des populations du Sud est 
l'élevage, qui permet de tirer parti de terrains impropres 
à la culture. Approximativement, les indigènes des quatre 
territoires possèdent : 1.580.000 moutons, 480.000 chèvres, 
20.000 bœufs, 140.000 chameaux, 35.000 chevaux, ânes ou 
mulets, 165.000 animaux de basse-cour. Cela représente 
un capital de 44.465.000 francs, donnant un produit de 
22.315.000 francs. Depuis 1905, le nombre des moutons et des 
chèvres a peu varié, celui des bœufs a, au contraire, beaucoup 
augmenté. L'exportation porte sur les moutons ainsi que sur 
les laines et les peaux. ‘* Le mouton est Ii monnaie d'échange 
du nomade comme la datte est celle du sédentaire.” 
Les quantités annuellement dirigées sur le Nord sont, en 


. ALGÉRIE 11 


moyenne, de 400.000 têtes, dont 200.000 pour l'Algérie et 
200.000 pour la France. La valeur est de 15 francs par tête 
environ; soit donc 6 millions de francs au total, auxquels il 
faut ajouter 3 millions de francs provenant de la vente de 
200 tonnes de laines, cuirs et peaux. 

Quant à la production minérale, elle est nulle aujourd’hui, 
au point de vue de l'exportation. Le sel gemme peut bien être 
obtenu dans tout le Sud, et particulièrement dans tout le 
Territoire de Ghardaïa, mais la faible valeur du produit 
restreint son commerce aux limites des besoins de la popu- 
lation du pays. On ne connaît, d'autre part, jusqu'alors, 
aucun gisement important de minerai quelconque. 

En résumé, la culture et l'élevage peuvent être les deux 
grandes sources de revenus du Sud-Algérien : la culture, 
surtout celle du dattier, dans le Territoire de Touggourt ; 
l'élevage dans le Territoire d'Aïn-Sefra; de nouveau, la 
culture dans celui de Ghardaïa ; et la culture aussi, notamment 
dans la grande palmeraie d'Ouargla, dans le Territoire des 
Oasis, le plus déshérité. 

Et si alors, comme le fait M. Godefroy, on tient compte de 
toutes les caractéristiques qui permettent d établir les degrés 
de productivité, actuelle ou possible, de toutes ces régions, 
on arrive à admettre que les quatre premières lignes ferrées 
nouvelles les plus urgentes sont : 

1° Celle de Bouktoub à Géryville, qui, dans le Territoire 
d'’Aïn-Sefra, servirait tout d’abord au transport de l’alfa des 
Hauts-Plateaux, puis, progressivement, provoquerait l'exten- 
sion de l'élevage et l'accroissement du commerce des produits 
de cet élevage, moutons, laines et peaux ; 

2° Celle de Dieffa à Laghouat, qui, dans le Territoire de 
Ghardaïa, aurait exactement les mêmes influences ; 

3° Celle de Djamaa à Guémar, qui, dans le Territoire de 
Touggourt, favoriserait l'exportation des dattes des oasis du 
Souf, augmenterait peut-être l'importance de la culture du 
tabac, assurerait le transport des moutons que vendent 
les nomades, enfin donnerait certainement une impulsion 


12 RESSOURCES DES COLONIES 


nouvelle à l'industrie des tapis, qui font déjà l'objet d’un 
certain commerce ; 

4° La ligne de Touggourt à Ouargla, qui, dans le même 
Territoire, et comme la précédente, indépendamment des 
facilités qu'elle offrirait au tourisme dans ces contrées 
pittoresques, faciliterait l'exportation des dattes et du bétail. 

Les Territoires du Sud pourraient ainsi, comme le dit 
M. le colonel Godefroy, en terminant sa très remarquable 


‘ 


étude, ‘‘ si on leur en fournit les moyens, jouer un rôle utile 
dans l’œuvre de régénération de demain, et, après la lutte 
sur les champs de bataille donner, avec l'Algérie du Nord, 


leur appoint pour la guerre économique qui se prépare. ” 


Le Phœnix canariensis. Le Phœnix canariensis, qui 
s'est bien acclimaté et est fréquemment planté sur le littoral 
du Sud-Est de la France, a été aussi introduit sur le littoral 
algérien. C’est le PAœnix dactylifera var. Jubae Webb. et 
Berth., et aussi le Phœnix tenuis Hort., le Phæœnix Vigiert 
Hort., le PhϾnix Jubae Christ. Le Bulletin of Miscellaneous 
Informations de Kew de 1916, n° 4, donne les caractères qui 
permettent de le distinguer du Phœnix dactylifera et du 
Phænix sylvestris. 


A — Corolle femelle deux fois plus longue que le calice. 
a — Des rejets. Fruits cylindriques, à péricarpe charnu 


et sucré. 


Ph. dactylifera 


b — Troncs solitaires. Fruits oblongs-elliptiques, à péri- 


carpe à peine charnu. 
Ph. sylvestris 


B — Corolle femelle à peine plus longue que le calice. 
Troncs solitaires, épais. Fruits globuleux ou ovoïdes, 


à péricarpe à peine charnu. 
. Ph. canariensis 


L’orange Washington Navel. — L'orange Vavel, ombi- 
liquée et sans pépins, a pris aujourd’hui en Californie, où elle 
est très appréciée, une très grande importance. Dix millions 


ALGÉRIE 13 
de caisses étaient expédiées en 1914. La culture de cette 
variété a été tentée en Algérie; il importe donc de connaître 
- les origines et les caractères de l'arbre, et M. A. D. Shamel a 
publié, à ce sujet, dans le /ournalof Heredity, de Washington, 
plusieurs notes intéressantes. 

L'oranger ‘‘ Navel”estoriginaire de Bahia, où il a été obtenu 
vers 1822 par une mutation gemmaire d'une variété portu- 
gaise, dite /aranja selecta, introduite au Brésil, aux premiers 
temps de la colonisation. C’est encore à Bahia, où il y a 
50.000 arbres en production, à raison de 270 pieds par hectare, 
que sont les principales plantations brésiliennes. Les orange- 
ries y sont situées dans ies terres des coteaux et ne reçoivent 
aucune irrigation, la pluviosité annuelle étant de 1 m. 30 
environ. La principale récolte a lieu en saison des pluies, de 
Mai à Juillet; une autre récolte est faite de Décembre à 
Février. 

Aux Etats-Unis, la véritable introduction date de 1873. 
Deux orangers, plantés à cette époque chez M. Tibetts, ont 
été le point de départ de la plupart des pieds actuels, qui 
couvrent plus de 40.000 hectares, en Californie. La multipli- 
cation est faite comme à Bahia.: On greffe sur F ‘orange 
douce des Missions”, ou sur cette variété de pamplemousse 
qui est le grape-fruit, où sur bigaradier {Florida sour 
Orange), ou sur le citronnier Æough Lemon. 

Mais, les mutations gemmaires de la variété étant fréquentes, 


il n’y a pas, en réalité, un seul type de ‘* Washington Navel”, 
mais plutôt un mélange de types différents, dont plusieurs 
sont sans valeur. Dans les meilleures orangeries de la Cali- 
fornie méridionale, 25 pour cent des arbres sont improductifs 
ou donnent des fruits inférieurs. Pour propager et améliorer 
le meilleur type, M. Shamel recommande la méthode de 
sélection par bourgeon. On choisit le greflon sur les arbres et 
les branches qui ont produit nettement, pendant plusieurs 
années, les récoltes les plus abondantes et les plus régulières, 
et on grefle les bourgeons sur les arbres reconnus peu 
productifs, en même temps qu'on élimine, par élagage, tous 


les rameaux plus ou moins stériles. La plantation est ainsi 


14 RESSOURCES DES COLONIES 


uniformisée. (74e Journal of Heredity, Washington, 
Octobre 1915 et Février 1916). 


Le café de figues. — L'intérêt qui, depuis un certain 
nombre d'années déjà, s’attachait à la question du commerce 


‘ 


algérien des figues pour ‘‘ café de figues”, s’est trouvé accru 
par le fait de la guerre. Avant l'ouverture des hostilités, 
en effet, l'Algérie exportait annuellement 20.000 quintaux, 
environ, de figues en Autriche-Hongrie, où l'industrie du 
‘‘ Feigenkaffee” s'était localisée. Ce débouché a disparu, mais 
l'occupation de la Belgique et du Nord de là France, où se 
centralisait en grande partie la fabrication de la chicorée, 
peut encourager d’autres contrées à reprendre l’industrie 
autrichienne ; et la Suisse notamment, où la consommation 
du café au lait est considérable, est en état de développer ce 
commerce. Déjà des fabriques sont installées à Bâle, à 
Lausanne, dans le canton de Berne et de Saint-Gall; ces 
maisons emploient, en plus des figues d'Algérie, des figues 
d'Espagne, d'Italie et de Turquie, mais elles ont déclaré que 
les provenances algériennes donnaient le meilleur rendement 
en qualité et pour la fabrication. Les prix de vente du café de 
figues, en Suisse, sont de 1 fr. 10 le kilo en gros et 1 fr. 40 au 
détail, alors que ceux de la chicôrée sont respectivement de 
0 fr. 90 à 1 franc; mais la chicorée devenant rare, le moment 
est favorable, à la fois, pour les exportations algériennes de 
figues sur le marché helvétique et pour l’industrie du café de 
figues dans notre colonie. 

Pour la fabrication de ce café, on emploie indifféremment 
la figue noire ou la figue blanche, et, de préférence, les figues 
provenant des triages, la seule condition étant la présence de 
nombreux grains dans les fruits traités. La torréfaction est 
faite au moyen de séchoirs à tiroirs et à feu continu ; il faut 
environ 10 heures pour sécher une figue sans la brûler. Ces 
séchoirs sont les seuls appareils qui permettent d'obtenir un 
bon résultat. | 

Les figues torréfiées ont, comme caractéristique, un pouvoir 
colorant intense, qui donne une teinte identique à celle du 


ALGÉRIE 12 


bon café, un goût neutre et une valeur nutritive supérieure à 
celle de la chicorée. 

En 1915, avec uñ matériel qui avait été acheté vers 1900 en 
Autriche-Hongrie, on a produit en Algérie 30.000 kilos de café 
de figues. {Rapport sur le fonctionnement de l'Office du 
Gouvernement Général de l'Algérie en 1915. Supplément 
au n°7; 1916). 


L'utilisation de l’alfa pour la fabrication de la pâte à 
papier. — Très employées en Angleterre, pour la fabrication 
de la pâte à papier, les feuilles d’alfa le sont peu en France. 
D'après M. A. Crolard, président intérimaire du Syndicat des 
fabricants de papier de France, cet emploi limité tient chez 
nous à plusieurs raisons : 

1° Le prix de revient est très élevé, la pâte d’alfa blanchie 
valant 10 francs de plus environ que les pâtes chimiques de 
bois ou de paille. Cette pâte d’alfa ne peut donc en remplacer 
d’autres qu'avec un renchérissement dans Île prix de la 
composition du papier. La fibre d’alfa, d'autre part, étant 
excessivement fine, ne peut être utilisée comme fibre de 
remplissage, c'est-à-dire concourant, avec des pâtes à qualités 
nettement caractérisées, à compléter la préparation de certains 
papiers. Se dispersant sans profit à travers les autres fibres, 
elle ne peut être employée en proportions réduites et il faut 
atteindre des proportions de 75 à 80 pour cent, qui déterminent 
tout de suite un prix plus élevé et des usages déterminés. 
Quant aux causes du prix de revient élevé, ce sont : en 
premier lieu, la sorte de monopolisation établie actuellement 
par les maisons anglaises chez les concessionnaires des alfas 
algériens ; en second lieu, le fret moins avantageux pour nous 
que pour l'Angleterre, qui profite du retour de ses nombreux 
bateaux fréquentant la Méditerranée ; et enfin les frais plus 
élevés pour nous du traitement chimique, en raison des prix 
du charbon et de la soude. Cette soude, en outre, dans 
les grandes usines anglaises, est régénérée dans des fours 
coûteux que ne peuvent pas installer des usines à petite 


production ; 


16 RESSOURCES DES COLONIES 


2° Il y a en Angleterre un écoulement plus grand que chez 
nous du papier supérieur, surtout pour l'illustration et le 
papier à lettres ; 

3° On emploie beaucoup en Angleterre des papiers épais et 
légers ; 

4° Les fabricants anglais ont acquis le tour de main qui 
leur permet de tirer le meilleur parti d’une. fibre de travail 
difficile ; 

5° La teinte de la pâte d’alfa est toujours un peu jaunâtre, 
alors qu'on préfère en France les teintes azurées. 

Mais toutes ces raisons ne sont pas de celles qui créent des 
difficultés insurmontables. Le prix de revient peut être 
diminué ; l'impulsion donnée par la guerre à notre industrie 
chimique peut avoir un retentissement sur le traitement de 
l’alfa, en raison des usines créées pour la fabrication du chlore 
et du développement des procédés électrolytiques ; les condi- 
tions de fret peuvent être améliorées. Et nous pourrions alors, 
avec les ressources que nous offrent les Hauts-Plateaux, 
préparer une pâte dont la valeur pour la fabrication du papier 
d'imprimerie — en raison de la souplesse avec laquelle ce 
papier d’alfa reçoit la pression des caractères, en même temps 
qu'il garde dans toute leur intensité et toute leur finesse les 
encres grasses — est depuis longtemps bien reconnue. 

M. Crolard pense que la pâte doit être livrée écrue, après 
simple lavage à l’eau bouillante, et comprimée en blocs plats 
qui permettent l’empilage, ces blocs étant d’un poids de 
60 kilos environ, et recouverts de papier collé. {Office du 
Gouvernement Général de l'Algérie ; 1-15 Juillet 1916). 


TUNISIE 17 


TUNISIE 


La pomme de terre. - La culture de la pomme de 
terre est encore très peu développée en Tunisie, où 
cependant elle pourrait être rémunératrice comme elle l'est 
en Algérie. Dans cette dernière colonie, les exportations 
annuelles sont de plus de 300.000 quintaux, alors que la 
Régence est obligée de recourir à des importations de plus de 
60.000 quintaux. D’après M. Chenevard, la cause réelle de 
certains insuccès constatés en Tunisie est la confusion 
trop fréquente entre les pommes de terre dites //o/lande, 
longues et à chair jaune, et qui sont de première qualité, 
et diverses pommes de terre ordinaires ou de grande 
culture. Or il y a là deux cultures absolument différentes, 
avec des exigences diverses; et vouloir faire l’une avec les 
méthodes de l'autre, c’est courir au-devant d'un échec 
certain. La culture des Æ/ollande est possible toute l’année, 
parce que, toute l’année, les prix de vente sont assez élevés 
pour être rémunérateurs. Il n’en est pas de même pour les 
ordinaires, qui nécessitent un plus grand emplacement et 
qui, en dehors de la saison qui leur est favorable, ne fournissent 
plus, pour un prix de vente inférieur, qu’un rendement qui 
ne dépasse plus celui des //ollande. Dans une étude très 
complète, M. Chenevard indique les procédés que doivent 
suivre les cultivateurs tunisiens, selon qu'ils veulent obtenir 
lune ou l’autre de ces deux catégories bien distinctes de 
tubercules. (Bulletin de la Direction Générale de l'Agri- 
culture de Tunisie ; Mars-Avril 1916.) 

Dans la Æevue Horticole de l'Algérie de Janvier-Février 
1916, on trouvera la traduction d’un article d’Z7 Colfivatore, 


2 


18 RESSOURCES DES COLONIES 


dans lequel M. E. Voglino indique le procédé à employer 
pour augmenter par sélection la production de la pomme 
de terre. 

D'autre part, dans le Bulletin de la Direction de l'Agricul- 
ture de Tunisie de Janvier-Février 1916, M. Marès rappelle 
que la pomme de terre est depuis longtemps cultivée à 
Porto-Farina, dans beaucoup de jardins qui s’étagent entre 
le rivage et le Djebel-Nadour. M. Marès donne les moyens 
qui doivent assurer la réussite et le développement de cette 
culture, sans le secours de l'irrigation, dans le Nord-Tunisien. 

L’olivier. — D’après un article de la Revue Oléicole de 
Janvier 1916, la meilleure variété d'olive en Oranie est la 
Sigoise ou Olive du Tell;et la Revue préconise cette 
variété pour ‘‘toutes les régions de l'Afrique du Nord favo- 
rables à la culture de l'olivier, et pour le Maroc notamment.” 
M. Marcille estime que cette généralisation est un peu hâtive. 
La variété citée peut convenir aux conditions culturales de 
l'Oranie, mais d’autres variétés peuvent être préférables 
ailleurs. Ainsi, dans les régions sèches du Centre tunisien, à 
Sousse, à Sfax, la meilleure variété, devenue dominante, est 
la petite olive, du poids de 1 gramme, nommée Chemlali 
de Sfax, alors que dans les oasis à climat maritime, comme 
Gabès et ses environs, la variété à propager est la Zarazi 
de Gabëés, du poids moyen de 4 grammes ; et, dans les oasis 
intérieurs des plateaux, telles que Gafsa et Fériana, on a 
choisi avec raison la Chemchali, où Chermnlali de Gafsa, du 
poids de 3 grammes. La Chemlali de Sfax et la Zarazi de 
Gabés contiennent plus de 28 pour cent d'huile et rendent 
plus de 20 pour cent. La Tunisie possède aussi une excellente 
olive de table, la Zarazi de Tunis, aussi fine que la Zucgue, 
mais plus productive et de forme plus régulière. (Bulletin 
de la Direction Générale de l'Agriculture ; Novembre- 
Décembre 1915. — Sur les variétés d'olives tunisiennes et 
leurs caractères respectifs, voir aussi la remarquable étude 
de M. Ruby dans l'Agriculture Pratique des Pays chauds, 
de Juillet 1913.) 


TUNISIE e 19 


L’abricotier. — L'abricotier est largement cultivé dans 
les oasis du Sud-Tunisien, où il atteint une très grande 
taille. Il y a donc utilité de savoir qu'aux Baléares et aux 
Canaries, où il y a également de grandes cultures de cet 
arbre fruitier, il s’est établi avec l'Angleterre un commerce 
régulier des amandes extraites des noyaux.-Ces amandes sont 
employées en pâtisserie, comme celles de lamandier. 
Le quintal valait dans le premier semestre de 1916 145 francs 
environ. 

D'après M. Trabut (Revue Horticole de l'Algérie, Sep- 
tembre-Octobre 1915), ces petits abricots des oasis convien- 
draient parfaitement aussi pour la préparation de la pulpe 
en boîte. Enfin, après avoir été passés à la soufreuse et 
dénoyautés, ils peuvent également être facilement séchés 
en 24 heures ; et on peut ainsi obtenir de très beaux fruits 
secs, qui, paraît-il, ont été cotés à Paris, en 1905, 100 à 110 fr. 
Leur belle couleur vive les rend très appétissants et 
leur faible grosseur n’a aucun inconvénient pour la vente. 

Sur Findustrie des pulpes de fruits, voir un article de 
M. Blin, dans la Vie Agricole et Rurale du 26 Août 1916. 


Les légumes secs. — Le commerce des légumes secs 
avait acquis en France, avant la guerre, une certaine 
importance. Nous recevions en 1913 892.285 quintaux de 
légumes secs divers, 747.520 quintaux de fèves et 500.286 
quintaux de pois pointus. Les légumes secs venaient surtout 
de Roumanie (229.727 quintaux), de Russie (216.774 quin- 
taux), d'Allemagne (213.500 quintaux), d’Autriche-Hongrie 
(75.367 quintaux) et de Belgique (28.671 quintaux). Les 
légumes achetés à l'Allemagne provenaient d'ailleurs, en 
réalité, de Russie, d’où l'Allemagne les importait, pour nous 
les réexpédier ensuite, entiers ou cassés. Il y a, en effet, peu 
de casseries en Russie ; et c'est à Marseille, qu'étaient 
cassés, d'autre part, les pois ronds, qui nous venaient 
directement d'Odessa. Nous trouverions évidemment avan- 
tage à augmenter le nombre de nos usines de cassage et, en 
même temps, à étendre chez nous et dans nos possessions 


20 RESSOURCES DES COLONIES 


de l'Afrique du Nord la culture pour légumes secs. Dans le 
Bulletin de la Direction du Service de l'Agriculture de 
Tunisie de Mars-Avril 1916, M. Fleury du Sert préconise, 
pour la Régence, une plus grande culture de la féverole. 
Déjà cette féverole est traitée en grande quantité dans les 
moulins marseillais pour la production de la févette, qui est 
la féverole cassée, et de la farine de fève ; et certains de ces 
moulins produisent, en moyenne, 100.000 quintaux de 
févettes par an. La Tunisie trouverait donc là des débouchés 
pour cet article d'exportation. La Régence pourrait aussi 
entreprendre la culture pour pois à casser. Les variétés qui, 
d'après M. Blin (Vie Agricole, 1915, p. 91), conviennent tout 
spécialement dans ce but sont le pois bleu et ses sous- 
variétés, dont il y eut jadis une certaine culture dans le Nord 
de la France, puis le gros carré vert normand et le pois 
nain vert ardennais. M. du Sert, dans l’article plus haut cité, 
donne les indications culturales nécessaires pour la Tunisie. 
D'après la Revue Horticole de l'Algérie de Septembre- 
Octobre 1915, on peut obtenir, selon la variété, 20 à 45 hecto- 
litres de pois secs et 20 à 40 quintaux de tiges et feuilles 
desséchées par hectare. Comme féverole, la plus estimée 
actuellement est celle d'Egypte, plus blanche que celle de 
Tunisie. 

Rappelons que le cassage des légumes secs consiste à passer 
les graines entre deux meules convenablement réglées — le 
réglage variant naturellement suivant les espèces, fèves ou 
pois — pour éviter le broyage et obtenir seulement le bris du 
tégument et la séparation des deux cotylédons. Tous ces 
cotylédons détachés sont ensuite blutés; et, après avoir été 
ainsi débarrassés des tigelles (vulgairement germes) et des 


brisures, ils sont classés par grosseur. 


La lignite. — Piusieurs mines de lignites sont déjà exploi- 
tées en Algérie. La plus connue est celle de Condé-Smendou, 
à 78 kilomètres de Philippeville. D’autres ont été signalées en 
divers points.-En Oranie, par exemple, au sud-ouest de 
Tlemcen, ainsi qu’à Eckmül, près d'Oran, il y a des bancs 


TUNISIE 21 


importants du combustible. La Tunisie, à son tour, se 
préoccupe de cette exploitation, qui, d’après les /nformations 
Algériennes, a été récemment entreprise au cap Bon. 


Les phosphates. — La production des phosphates, qui 
avait été de 946.587 tonnes en 1914, s'est élevée en 1915 à 
983.601 tonnes, dont 859.879 pour Metlaoui et 393.722 pour 
Redeyef. 


RESSOURCES DES COLONIES 


[En 
be 


MAROC 


Le Maroc au 31 Juillet 1914. Après un retard qu'expli- 
quent suffisamment les événements qui ont surgi au moment 
où l'impression en était commencée, le Rapport Général sur 
la situation du Protectorat du Maroc au 31 Juillet 1914 est 
paru pendant le premier semestre de 1916; et c'est un. 
remarquable résumé de la belle œuvre accomplie dans notre 
nouveau Protectorat par M. le Général Lyautey. Nous n'avons 
pas à analyser ici tout ce document de 500 pages ; nous 
n’y relevons que quelques faits relatifs à la culture et au 
commerce. 

Sur une superficie totale du Maroc de 600.000 kilomètres 
carrés, la superficie de la zone française est de 572.000 kilo- 
mètres (la superficie réellement occupée au 1‘ Janvier 1914 
étant de 205.000 kilomètres). La superficie totale de la zone 
espagnole est, d’autre part, de 28.000 kilomètres carrés, le 
territoire effectivement occupé couvrant 4.000 kilomètres. 

Nos exportations en 1913 étaient les suivantes : 


Amandes 2.100. 3.796.598 kilos 7.593.196 francs 
laine en stint- 27.2. 32047:093 09 40370-21200 
Œuts 752 RER 2:346.391 0 », 3:574:220 09 
Peaux de chèvres..... 1:660:765 5. 3.504-92110%5 
»e-de-bœuts.7. 1.554.264, 1.» 253-077-4490 
»- de moutons:.-. 101-792-3495 12981-96200 
Orge amet cree 6. 465 -900 » 12999: 739 » 
Conandre:- 0e 1.447.100 >» 546.527 » 
Graines de lin.---. 1.619.678  » 502.100  » 
laine‘ Tavée.ft see 221-2580 0 486.725 » 
Pois chiches 2547 1.610.800  » 483.240 » 
Gomme sandaraque... 321.150 » 481.725 » 
Fenugrec ecrire 3 981.700  » 219.974 000 


COMITE ER EEE 436.882. » 192.228 » 


MAROC 23 


Dans la région de la Chaouïa, qui exporte principalement 
par Casablanca, la surface des cultures et le rendement en 
1911-1912, qui fut une très bonne année, étaient les suivants : 


Oïrge.........,... 197.000 hectares 21 hectolitres par hectare 
à RER ER .. ‘104.000 » 13 » » 
|, FTCARAMENEPEAREE 24.000 » 90 » » 
Pois chiches .., 13.000 » 8 » » 
Graines de lin.. 7.000 » 9 » » 
Fenugrec... ... 6 500 » 12 » » 
Henesi ti, Let 6.000 » 34 » » 
Coriandre . ..... 2.000 » 22 » » 
SoÉgho::,. 7 2.000 » 100 » » 


Au 1°" Janvier 1913, les propriétés possédées par les Euro- 
péens dans cette Chaouïa représentaient une superficie de 
28.769 hectares, dont 24.751 aux Français et 1905 à des 
Allemands (au lieu de 6.310 au 1‘ Janvier 1912). Dans 
l'ensemble des parties occupées du Protectorat français, on 
admettait provisoirement en 1914 qu'il y avait 2.561.989 ovins, 
368.525 bovins, 39.299 chevaux, 22.763 juments, 9.273 poulains, 
150.353 ânes et 33.016 mulets. Dans tout le Protectorat, la 
superficie des propriétés rurales européennes était, au 
1* Janvier 1913, de 101.037 hectares, dont 95.857 à des 
Français et 2.075 à des Allemands. 

En 1913, le commerce extérieur a dépassé 225 millions de 
francs, si l’on tient compte, à la fois, du mouvement maritime 
et du trafic terrestre. Or, si l’on songe que le commerce 
extérieur de la Tunisie, par terre et par mer, a été exactement 
de la même somme en 1910 et de 265 millions en 1911, alors 
que la Tunisie est occupée depuis 34 ans et que les exporta- 
tions de minerais et de phosphates contribuent pour une 
large part au développement de son commerce, on doit 
évidemment augurer très favorablement de l'avenir du trafic 
marocain. 

Le principal facteur de la richesse publique reste d’ailleurs 
l’agriculture. En 1912, sur un total de 66 millions de francs de 
marchandises exportées, les produits agricoles représentent 
61 millions. 


24 RESSOURCES DES COLONIES 


Il y à donc bien lieu de se préoccuper des améliorations 
culturales, et c'est dans ce but qu'ont été créés les trois 
Jardins d'Essais de Rabat, de Marrakech et de Meknès. 

A Meknès est, en outre, entretenue l’autrucherie qui avait 
été créée par le Makhzen, et où continue à être étudiée la 
question de l'élevage au Maroc. 

Dans le Maroc occidental, une des possibilités envisagées 
est celle de la culture du cotonnier. Pour être fixé sur la 
réalité des espoirs conçus à ce sujet, les Services de 
l'Agriculture ont fourni aux agriculteurs, des semences 
sélectionnées des variétés égyptiennes : Mit-Afifi, Nubari, 
Yanowitch et Sakellaridès. Les essais en cours dans le 
Haouz, en Chaouïa, dans les plaines des Beni-Hassen et du 
Gharb et dans les Cherarda permettront de déterminer les 
aptitudes régionales et la mesure dans laquelle lirrigation est 


plus ou moins nécessaire. 


Les forêts au Maroc.— Le Maroc présente trois zones 
forestières bien distinctes. 

1° Au Nord-Ouest, dans la région comprise entre Casa- 
blanca, Mehdia et Meknès, s'étend la zone du chène-liège, 
dont le principal massif est celui de la Mamora. Cette immense 
forêt, qui n’a pas moins de 125.000 hectares de superficie, est 
peuplée, soit exclusivement de chènes-lièges, soit, en certains 
points, de ces chênes mélangés avec des poiriers sauvages(1). 
La végétation est généralement vigoureuse. 

La caractéristique est l'absence presque complète de ce 
sous-bois brousailleux qui rend si difficile l’accès et l’exploita- 
tion des forêts d'Algérie et de Tunisie. L'aspect est celui d’un 
immense parc. C’est sur ce massif que le Service forestier a 
porté ses premiers efforts, en arrêtant les dévastations des 
charbonniers de Salé et des écorceurs. Ces derniers, pour 
récolter les 10.000 quintaux de tannin nécessaires aux 
tanneries locales, tuaient annuellement, en les décortiquant 


(1) M. Pitard, dans son ouvrage sur la Flore du Maroc {Exploration Sciert- 
tifique du Maroc; Masson, 1913), signale dans la Mamora le Pirus cordata 
et le Pirus longipes, 


MAROC 25 


sur pied, 100.000 à 150.000 beaux arbres de 1 mètre à 1 m. 50 
de circonférence. Le remède provisoire employé par l'Admi- 
nistration à consisté à prendre en main la fabrication du 
charbon et du tannin. Pour le charbon, on a substitué, aux 
procédés anciens une exploitation régulière en régie des 
arbres écorcés ou mutilés, impropres à la production du 
liège. Pour le tannin, les quantités nécessaires aux besoins 
locaux sont fournies par les chantiers de l'Etat ; et, comme la 
destination de ces peuplements est, avant tout, la production 
du liège, une partie du charbon et du tannin viendra 
désormais de l'extérieur, et l’usage des extraits tanniques 
sera vulgarisé chez les tanneurs. 

D'autres forêts que la Mamora, en Chaouïa, chez les Zamer, 
les Zemmour etc., représentent encore des boisements 
importants de chèênes-lièges ; et la surface totale de ces 
chènes, au Maroc, ne doit pas être inférieure à 200.000 ou 
225.000 hectares exploitables. La valeur économique de 
l'ensemble doit être, au moins, d’un revenu de 4 millions. 

2° Dans le Moyen-Atlas, principalement sur le Territoire 
des Beni-Mtir et des Beni-Mguild, c’est la zorze du cèdre. 
Les premiers boisements que l’on rencontre au sud de 
Meknès sont ceux de Jaba. Cette forêt, peuplée par le chêne- 
liège et le chène zeen {/Quercus Mirbeckii), se relie insen- 
siblement au grand massif des Beni-Mguild, qui s'étend 
sur ies versants du Moyen-Atlas, entre 1.400 et 2.500 mètres. 
D'abord mélangé avec le chêne vert et le zeen, le cèdre 
devient, à partir de 1.800 à 2.000 mètres, l'essence principale. 
La grande forêt de cèdres va de l'Est à l'Ouest, du pays des 
Beni-Ouaraïn au delà de Khénifra, et, vers le Sud, jusqu’à 
la Moulouya, soit sur 120 à 150 kilomètres de longueur et 
50 à 60 kilomètres de largeur. La valeur économique de ce 
massif, d'une superficie minima de 300.000 hectares, est 
considérable. Malheureusement toutes ces forêts sont encore 
mal exploitées, et les indigènes ne savent pas débiter le 
cèdre, car ils ne tirent le plus souvent d'un arbre de 1235 à 
250 ans qu'un madrier de 4 à 5 mètres de longueur et 7 à 
8 centimètres d'épaisseur. La mesure eflicace à préconiser 


26 RESSOURCES DES COLONIES 


est de restreindre l'emploi du cèdre dans la charpente et la 
menuiserie communes, en remplaçant cette essence par 
d'autres. L'emploi de bois du Nord ne pourra toutefois se 
généraliser qu'après la construction du chemin de fer de 
Tanger à Fez. La difficulté d'exploitations méthodiques 
réside dans le fait que les forêts de cèdre se trouvent encore 
en dehors de la zone d'occupation. 

3% Au sud de Tensift, sur le Territoire des Haha et 
des Chiadma, est la troisième zone forestière, qui est la zone 
de l'arganier. Cette Sapotacée à graines grasses, dont 
l'huile est très employée dans l’alimentation indigène, et 
qui croît sur les sols les plus ingrats, forme d'immenses 
boisements dans la région de Mogador et dans le Sous, 
et recouvre les versants des derniers contreforts de lAtlas. 
A côté de l’arganier, ou en mélange avec lui, poussent le 
thuya et le genévrier de Phénicie. Il faudra encore réprimer 
dans cette zone les dévastations causées par les charbonniers 
en vue de leur commerce sur Casablanca et sur Tanger. 
(Général Lyautey : Rapport général sur la situation du 
Protectorat du Maroc, au 31 Juillet 1914). Sur la végé- 
tation du Maroc, voir Pitard : Exploration Scientifique du 
Maroc; Botanique, 1912, Masson Paris. 

Sur l’arganier, voir l'étude de M. Perrot, dans Les re. 
Utiles de l'Afrique Occidentale Française, fascicule II. 
Challamel, Paris, 1907. 


Les gisements de pétrole. — Des gisements de pétrole 
ont déjà été signalés en divers points de notre Afrique du 
Nord. En Tunisie, on en connaît dans la vallée de l'Oued- 
Cartonna, dans le Djebel-Bou-Debbout. En Aigérie, on a 
constaté leur présence notamment en Oranie, sur les deux 
flancs de la vallée du Chélif, dans la grande dépression 
quaternaire qui commence à la Grande Sebkra, au sud 
d'Oran, pour finir, vers l'Est, à Orléansville ; on la reconnu 
également dans la région de Blida, à Boghar, au sud de 
Médéa, sur le Territoire de Ferdjioua, à Aïn-Beidah, près de 


Constantine, et enfin à Claire-Fontaine. 


MAROC 27 


Or le Maroc semble être beaucoup plus riche en pétrole 
que l'Algérie, principalement dans la région de Fez;et les 
recherches de M. Meunier ont déjà permis d'isoler de 
nombreux points pétrolifères. Les travaux de forage com- 
mencés par une Société Française se présentèrent dans des 
conditions très favorables. Le pétrole se trouve dans des 
calcaires bleus et on a pu l’obtenir, avec une venue d'eau, à 
quelques mètres de profondeur. 

Des analyses de ce pétrole marocain faites par M. Boyer 
ont donné : 


RER Un rase ne 5 o/o 
init himpante. "arreter set SO 
Paraffine ..... RU, Rues En D im 
Huile de graissage......... ; 435 


C'est un type d'huile lourde excessivement riche en 
paraffine. (Georges Boyer : Les gisements de pétrole de la 
province d'Oran et du Maroc, dans Les Matières Grasses, 
15 Août 1916.) 


28 RESSOURCES DES COLONIES 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 


La Mauritanie en 1913. — La campagne de pêche, qui 
en Mauritanie dure ordinairement de Novembre à Mai, a été 
écourtée en 1913 par le départ, au début d'Avril, d’une partie 
des pêcheurs bretons. En cette année 1913, il a été exporté 
197.000 kilos de poisson salé et 34.000 kilos de poisson 
séché. Au début de l’année, un droit de douane de 240 pesetas 
par tonne, réduit ensuite à la moitié, a été établi aux Canaries 
sur le poisson apporté par les pêcheurs bretons; c’est alors 
que deux des Compagnies bretonnes sont rentrées en France. 
La Société coopérative bretonne mauritanienne, qui continua 
la pêche jusqu'en Juin, a cependant vendu son poisson dans 
de bonnes conditions à des commerçants de la côte, soit pour 
être consommé à Dakar, soit pour être expédié dans les 
colonies du Sud. Il y a là un nouveau débouché à signaler. Si 
les Bretons sont habiles pêcheurs, le travail du séchage du 
poisson leur sourit peu ; il faudrait donc que des entreprises 
industrielles, comme il y en a déjà quelques-unes à Port- 
Etienne, achetâssent le produit brut de la pêche dans le but 
de le préparer. 

Les exportations de langoustes ont été au minimum, en 1913, 
de 69.500 kilos, à destination surtout de France et un peu de 
Dakar. Les langoustiers fréquentent de préférence le Cap 
Blanc et Goreye, point situé à 40 milles environ au nord du 
Cap Blanc. Les langoustes, y étant plus volumineuses, ont 
une plus grande valeur, puisqu'elles sont vendues au poids. 

Les principales lignes caravanières actuelles de la Mauri- 
tanie sont celles qui relient au fleuve Sénégal le Tagant-Hodh 
et surtout la région éloignée de lAdrar. En 1913, l’Adrar a 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 29 


expédié 150.000 kilos de dattes et plus de 100.000 kilos de sel. 
sur Boutilimit et Moudjéria. Ces deux centres paraissent être 
les deux principaux lieux de croisement des caravanes 
évoluant à l’est et à l’ouest de Ia Mauritanie. 

Le sel provient des salines qui sont échelonnées le long du 
littoral, dans le Trarza, entre Saint-Louis et Nouakchott. Ces 
salines sont d'anciens étangs littoraux qui contiennent des 
bancs de sel continus, suffisamment épais pour qu'il soit 
possible d'y tailler des barres. Les plus importantes sont celles 
de N’Térert, Tin Djemaran, Touidermit et Tin Niébérar, dont 
l'exploitation indigène est en progression constante. 

La vigne plantée à Atar pousse dans de bonnes conditions : 
des plantations d'arbres fruitiers à Aleg, Kaédi, Boghé, 
Lelibaby donnent aussi de bons résultats. Des essais d’intro- 
duction de riz du Soudan ont été tentés à Boghé et à Kaédi. 
(Rapport d'ensemble annuel du Gouverneur Général de 
l'Afrigue Occidentale Francaise pour 1913. Paris 1916). 


L’arachide au Sénégal. — [l'exportation des arachides 
du Sénégal, en 1913, fut de 237.882.507 kilos. Dans les cercles 
de Thiès et Sine-Saloum, du Cayor et du Baol, la récolte fut 
supérieure à celle de 1912. Au contraire, elle fut inférieure 
dans le cercle de Louga. Mais ce cercle est d’ailleurs le moins 
favorable pour la culture de larachide, car il correspond à la 
limite Nord de cette culture en Afrique occidentale, et la 
production de cette zone ne dépasse guère 8.000 tonnes, alors 
que celle du Sénégal est supérieure à 200.000 tonnes. 

C’est aussi dans ce cercle de Louga que se sont principale- 
ment manifestés les dégâts, dus à des ennemis ou parasites 
divers, sur lesquels l'attention a été appelée en ces dernières 
années. Les insectes sont surtout dangereux pour les gousses 
des pieds encore en végétation, car ces gousses sont piquées ; 
et la proportion de ces gousses piquées, dans les provinces 
du cercle de Louga les plus voisines de Saint-Louis, est, en 
moyenne, de 20 à 25 pour cent et peut atteindre 30 à 40. 

Les perforations semblent dues à des termites et à d’autres 


insectes, et la question qui se pose est de savoir si les termites 


30 RESSOURCES DES COLONIES 


.sont la cause première ou bien pénètrent dans les fruits à la 

faveur des altérations provoquées par les autres insectes, 
parmi lesquels serait principalement un Scydnoemus. On 
trouve dans les mêmes conditions, c'est-à-dire surtout par 
temps secs, une fourmi rousse, le /hogmus fascipennis. 

Il n’est, au reste, jusqu'alors aucun moyen bien sûr de lutte 
directe ; et il est heureux que la zone où sont constatés ces 
dégâts soit très restreinte, ce qui n’amène pas une déprécia- 
tion sensible pour l’ensemble de la colonie, d'autant plus que 
les rendements normaux de la région (souvent moins de 
200 kilos à l’hectare) sont assez faibles. 

Un autre danger plus grand, parce que plus général, est 
l'attaque des arachides récoltées, et mises en tas, par des 
insectes parfaits ou larvaires. Un Ténébrionide notamment, le 
Tribolium confusum, peut causer des avaries qui atteignent 
parfois de 6 à 13 pour cent des lots. Le traitement par l’acide 
cyanhydrique, sous l’action d’une dose de 12 à 24 grammes 
de cyanure de potassium par mètre cube, a seulement réduit 
cette proportion à 3 pour cent. Le sulfure de carbone 
(200 grammes par mètre cube), non plus que le gaz Clayton, 
n’ont eu d'action. En attendant qu’on ait perfectionné ces 
moyens ou trouvé les ‘doses convenables, le mieux est 
d'éliminer les coques piquées à demi-vides et les débris 
mélangés aux arachides, par un vannage au tarare. On a 
reconnu que ce nettoyage, même pratiqué tardivement, 
diminue très notablement la proportion des avaries. 

C’est en 1912 que la question des insectes nuisibles à 
l’arachide fut brusquement soulevée au Sénégal ; et en 1913, un 
Laboratoire de Recherches sur l’arachide fut créé à M'hbambey, 
dans le Baol, avec mission de poursuivre, à la fois, des études 
culturales et pathologiques. 

Au point de vue cultural, il est résulté des premiers essais 
que les variétés de Chine et de Birmanie sont inférieures, 
pour le Sénégal, aux variétés locales. Pour celles-ci, le 
rendement a été en fonction de la profondeur du labour, tout en 
présentant des différences selon qu'il s'agissait de la paille ou 
des fruits. Entre 2 et 30 centimètres, le rendement en paille 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 31 


n'a été accru que de 50 pour cent, tandis que celui des fruits 
a été de 300 pour cent. {Rapport d'ensemble annuel du 
Gouverneur Général de l'Afrique Occidentale Française 
pour 1913. Paris 1916.) 

A propos de larachide, signalons qu'il est de plus en plus 
reconnu que ses tourteaux conviennent parfaitement pour la 
nourriture des chevaux en remplacement de lavoine. On peut, 
par exemple, dans la ration journalière du cheval, remplacer 
4 kilos d'avoine par un mélange formé de 2 kilogrammes de 
gros son et de 2 kilogrammes de tourteau d’arachides. Le 
tourteau est donné en morceaux de la grosseur d’une noix ou 
d'une noisette. Après quelques jours d’hésitation, les chevaux 
absorbent volontiers cet aliment. On peut les habituer en 
leur donnant tout d’abord un mélange de tourteau et d'avoine. 


Le déboisement au Sénégal. _ En raison des funestes 
effets d’un déboisement intensif au Sénégal, effets qui se sont 
particulièrement fait sentir dans les cercles de Louga, de 
Tivaouane et de Thiès, le lieutenant-gouverneur du Sénégal, 
par Circulaire du 10 Juillet 1916, a réglementé plus sévère- 
ment les autorisations de coupes. Il a de nouveau défendu 
l'abatage par la mise à feu, a fait surveiller plus rigoureuse- 
ment les défrichements par les indigènes et a recommandé de 
constituer des réserves d’un minimum de 2.006 à 3.000 hec- 
tares chacune. {Journal Officiel du Sénégal, 13 Juillet 1916). 


L'élevage au Sénégal. — Les avantages du Sénégal, au 
point de vue de l'élevage des bovidés, sont sa proximité de la 
métropole et la facilité et la rapidité des communications 
intérieures. Aussi lexportation des bœufs est-elle en 
progression constante. 

Le bétail doit partir gras ; c'est donc après la saison des 
pluies, lorsqu'il y a encore de Fleau, vers Novembre et 
Décembre, que les troupeaux destinés à lexportation doivent 
être rapprochés du port d'embarquement, Dakar. 

Des études pour l'amélioration des conditions de transport 


sont toujours poursuivies, et l'on se préoccupe d'aménager 


SS) 
[LS 


RESSOURCES DES COLONIES 


des points d’eau le long des routes que doivent suivre les 
troupeaux. 

Parmi les bœufs sans bosse, le 7'dama, venu du Fouta- 
Djalon, représente un beau type de boucherie, mais sa taille 
empêche l'exportation sur pied, et il faudrait des frigorifiques 
pour expédier la viande abattue. Parmi les zébus, le gobra 
des Peulhs est assez bon pour la boucherie ; le zébu du 
Djoloff, d’engraissage facile, forme 75 pour cent des 
96.000 bovidés de cette provenance. 

Près de Kaolak, dans le Sine-Saloum, l'usine de Lyndiane 
était, en 1913, en voie d'installation. {Rapport d'ensemble 
annuel du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale 
Française pour 1913. Paris, 1916). 

Cette usine de Lyndiane, dont il est question dans ce 
Rapport de 1913, a été fondée par la Société de Chanaud et Ci: 
et installée par M. de Chessin ; et elle est aujourd’hui, en 1916, 
en pleine activité. Elle fonctionne nuit et jour, avec une 
main-d'œuvre purement indigène. Munie de frigorifères qui 
peuvent abaisser la température jusqu'à —20 degrés, elle se livre 
à deux opérations principales : 1° labatage, puis la frigorifi- 
cation des bœufs de grande taille, qui sont ensuite transportés 
en France, sur des navires frigorifiques spéciaux, appartenant 
à la Société ; 2° l'abatage des bœufs de petite taille, qu’on 
prépare en conserves (3.000 à 4.000 kilos de boîtes par jour). 

L'usine traite ainsi journellement une moyenne de 180 bêtes, 
dont les sous-produits, os, cornes, peaux, sang, etc., sont 
également utilisés. Cette nouvelle industrie exerce sur tout le 
Sine-Saloum une heureuse influence. {Dépéche Coloniale, 
17 Août et 5 Septembre 1916). 


L’arachide dans le Haut-Sénégal et Niger. — Le Haut- 
Sénégal et Niger a exporté en 1913 8.677.134 kilos d’arachides, 
d’une valeur de 2.078.512 francs. La culture de l’arachide dans 
la colonie peut se développer non seulement dans la région 
que traverse le chemin de fer de Kayes au Niger, mais encore 
dans les cercles de Ségou, Mopti, Bandiagara, et surtout ceux 
de Bougouni, Sikasso, Bobo-Dioulasso. Ces trois derniers 


2 
a 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 


cercles, qui contiennent une population nombreuse et 
essentiellement agricole, pourront, lorsqu'ils seront reliés à 
la côte par les chemins de fer en projet, fournir 20.000 à 
30.000 tonnes d'arachides à l'exportation, sans préjudice 
d'autres produits, comme le coton. {Rapport d'ensemble 
annuel pour 1913. Paris, 1916). 


Le sésame dans le Haut-Sénégal et Niger. — En 1913 
il a été exporté 50 tonnes de sésame, contre 16 en 1912. La 
culture de la plante ne semble cependant pas destinée à un 
grand avenir dans la région, car le sésame demande plus de 
soins que l’arachide, un sol mieux préparé, et est de rende- 
ment moins rémunérateur. Dans les essais faits de 1910 à 1912 
à la Station agronomique de Koulikoro, les rendements ont 
été, en moyenne, à l’hectare: 290 kilos pour le sésame de 
Koulikoro, 199 kilos pour le sésame de Nioro, 387 kilos pour 
celui de San, 305 kilos pour celui de Kayes et 356 kilos pour 
celui de Banfora. En 1910 et 1911 les semis avaient été faits 
en poquets distants de un mètre en tous sens ; en 1912 les 
distances ont été réduites à 80 centimètres. {Rapport d'en- 
semble annuel pour 1913. Paris, 1916). 


Le karité dans le Haut-Sénégal et Niger. — Il à été 
exporté en 1913 pour 160.000 francs environ d'amandes de 
karité. L'exportation eût pu être plus forte, car le total des 
achats de noix de karité pendant la campagne de 1913 
atteignait de 8.000 à 9.000 tonnes, qui, desséchées, devaient 
fournir 3.000 tonnes au moins. Mais les maisons de la place, 
insuffisamment outillées pour traiter d'aussi grosses quantités, 
semblèrent se désintéresser momentanément d'un produit 
acheté à un cours trop élevé, et que l'élévation des frais de 
transport, due aux difficultés de navigation sur le Niger ou le 
Sénégal, ne rendait exportable qu'à perte. 

La production des amandes de karité pourrait être élevée, 
mais c’est toujours cette question de transport qui entrave le 
commerce du produit. La faible valeur des amandes sèches 


(300 à 325 francs la tonne en Europe), les manutentions 


3 


34 RESSOURCES DES COLONIES 


nombreuses et les frais élevés qu'entraînent le séchage et la 
décortication, le déchet de 65 à 70 pour cent du poids des noix 
résultant de ces deux opérations, rendent presque impossible 
l'exportation du karité sous cette forme, même avec une 
amélioration des communications. Il y a donc lieu de tenter 
une transformation en beurre sur place et c’est ce qu'ont déjà 
essayé plusieurs maisons. La Société Devès et Chaumet, 
notamment, a ainsi installé, en 1912, à Bénéni, près de San, 
une fonderie de karité. Le produit est expédié en caisses 
métalliques achevées à Bénéni même. D'après le rapport de 
l’'Administrateur du cercle de San, ‘‘ces caisses arrivent sous 
forme de feuilles de zinc découpées, et, par conséquent, sous 
un très faible volume ; une machine spéciale, et de maniement 
facile, assure le pliage de la caisse. Un seul ouvrier employé 
au maniement de la machine et à la soudure des caisses arrive 
à préparer 100 récipients à l'heure”. La tentative est 
évidemment intéressante. Le beurre de karité, grossièrement 
préparé, vaut, en effet, sur les marchés d'Europe, près de 
trois fois son poids d'amandes séchées ; les frais de transport 
sont, par conséquent, pour une valeur égale de beurre, trois 
fois moins élevés que pour les amandes. 

En ce qui concerne le rendement des karités, la Station 
d'Essais de Koulikoro nous donne des renseignements 
intéressants, car on y note chaque année la production de 
20 arbres de dimensions très diverses, de facon à obtenir un 
rendement moyen ; et la moyenne a été, en noix sèches, de 
5 kil. 300 environ pour un arbre, d’après les récoltes faites 
en 1911, 1912 et 1913. Naturellement, d’ailleurs, les variations 
individuelles peuvent être très grandes ; en 1911, un arbre 
de 2 m. 22 de circonférence à 1 mètre du sol a donné, à 
lui seul, 38 kil. 700 de noix sèches. {Rapport d'ensemble 
annuel pour 1913. Paris, 1916.) 


Le coton dans le Haut-Sénégal et Niger. — Le Haut- 
Sénégal et Niger a exporté en 1913, par la voie guinéenne 
Kouroussa-Conakry, 75 tonnes environ de coton. En plus 
d'essais de cultures irriguées tentés à Kayes, l'Association 


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di 
! 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 


Cotonnière a étendu son champ d’action dans les cercles de 
Ségou, San et Koutiala. Les maisons de commerce établies 
au Soudan commencent à acheter le coton brut, et ce fait est 
de nature à encourager la culture du cotonnier chez les 
indigènes. Inscrits à la cote du marché du Havre, les cotons 
de notre Afrique occidentale ont obtenu des prix supérieurs 
à ceux du coton américain #7iddling. (Rapport d'ensemble 
annuel pour 1913. Paris, 1916.) 


Le kapok dans le Haut-Sénégal et Niger. — Il a été 
exporté du Haut-Sénégal et Niger, en 1913, 27.828 kilos de 
kapok égrené ; et ce kapok a été coté aux mêmes prix que 
celui de Java (1.600 à 1.900 francs la tonne). En raison de 
l'importance des peuplements de kapokiers, et surtout du 
développement dont ils sont susceptibles, il est permis 
d'espérer que la colonie deviendra une exportatrice impor- 
tante de ce produit, quoique les indigènes se livrent encore 
peu volontiers à cette récolte. (Xapport d'ensemble annuel 


pour 1915. Paris, 1916.) 


Le sisal dans le Haut-Sénégal et Niger. — La culture 
du chanvre de Sisal tend à augmenter d'importance dans le 
Haut-Sénégal et Niger. Certaines concessions ont considéra- 
blement accru leurs plantations et monté les appareils 
mécaniques nécessaires au défibrage. Des plants ont été 
aussi distribués aux indigènes. La production du sisal pourrait 
prendre une grande extension dans le cercle de Kayes et 
dans ceux traversés par la ligne du chemin de fer. En 1914 
il a déjà été exporté pour 6.000 francs de sisal ; et l'installa- 
tion d’une forte défibreuse à l’usine de Darsalam permet, dès 
maintenant, l'exploitation rationnelle des champs de sisal 
situés sur les deux rives du fleuve, l’un aux abords de Kaendi 
et l’autre à Darsalam même. 

A la station de Koulikoro, une maladie s'est déclarée sur 
les feuilles ; une étude à ce sujet est nécessaire, car il y 
aurait à redouter une dépréciation de la filasse. 

Sur la culture et la préparation de ce chanvre de Sisal, dont 


36 RESSOURCES DES COLONIES 


nous reparlerons encore à propos des colonies allemandes, de 
Maurice et du Mexique, mentionnons une étude parue dans 
le Bulletin of the Imperial Institute de Juillet-Septembre 1915. 

L'auteur rappelle que trois espèces donnent ce chanvre de 
Sisal. La première, qui est à feuilles épineuses, est l’Agave 
rigida var. elongata, où Agave rigida var. longifolia, ou 
Agave fourcroydes Lem. On la trouve au Yucatan, à Cuba, 
dans le Sud-Amérique, et elle a été introduite dans l'Est- 
Africain. C’est l’espèce exploitée au Yucatan, et elle donne 
90 pour cent du chanvre de Sisal du commerce. 

La seconde espèce, à feuilles inermes, est l’Agave sisalana 
cultivée, pour les usages locaux, par les indigènes du Centre- 
Amérique et du Sud-Mexicain, et cultivée commercialement 
aux Bahama, aux Antilles, dans l'Est-Africain, dans l'Inde, 
un peu à Java. 

Moins importante est la troisième espèce, qui est l’Agave 
Cantala Roxb., le maguey des Philippines, cultivé sur une 
petite échelle à Java et dans l'Inde. 

Le chanvre de Sisal est apparu pour la première fois dans 
le commerce en 1839 ;1il fut alors envoyé du Mexique à 
New-York. En 1913, les exportations mexicaines étaient de 
76 millions 1/2 de francs environ, dont les 9 dixièmes étaient 
à destination des Etats-Unis. La même année, les Etats-Unis 
recevaient, outre les 136.559 tonnes du Mexique, 13.295 tonnes 
d'Allemagne (et originaires, sans doute, de lEst-Africain 
Allemand) et 3.236 tonnes des Bahama. 

Les Agave à sisal exigent un climat tropical, avec une 
humidité atmosphérique modérée. Ils souffrent de pluies trop 
abondantes. Ils réussissent sur des sols secs, pierreux et 
rocailleux, mais vraisemblablement s’accommodent de bons 
sols (voir plus loin le paragraphe relatif au chanvre de Sisal 
dans FlEst-Africain Allemand). En général, le meilleur 
terrain serait celui qui est silico-argileux, un peu sec, 
perméable, avec une certaine proportion de calcaire. La 
multiplication a lieu par les bulbilles des inflorescences ou 
par les rejets. Les bulbilles sont mises en pépinière jusqu’à 
ce que les plants aient 20 à 30 centimètres de hauteur ; on 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 37 


repique ensuite. Les rejets peuvent être mis en place dès 
qu'ils ont été détachés du pied-mère, au moment de la saison 
pluvieuse ; ils sont mis sur des rangs distants de 2 m. 50, 
et à 2 mètres environ d'intervalle par ligne. La première 
récolte a lieu au bout de 3 à 5 ans. Au Mexique, on admet 
que chaque touffe peut donner annuellement 25 feuilles ; la 
durée de sa végétation, limitée par l'apparition de l'inflores- 
cence, varie, là, de 15 à 25 ans. Elle peut être très différente 
ailleurs, par exemple en Afrique, puisqu'elle dépend du sol 
et du climat. On peut la prolonger en coupant l'inflorescence 
qui commence à poindre. 

Les feuilles doivent être défibrées aussi fraîches que 
possible, car, en cas contraire, le suc, en se desséchant et en 
devenant gommeux, rend l'extraction plus difficile. Les 
machines employées sont construites sur le type de l’ancien 
‘‘raspador”. Dans l’Est-Africain, les modèles couramment 
usités sont le ‘New Corona”, le ‘‘Mola” et le ‘‘Finigan- 
Zabriskie”. Le premier est un outillage allemand, le second 
est construit à Mérida, au Mexique, et le troisième est une 
machine des Etats-Unis. La maison Lincoln, en Angleterre, 
construit le ‘‘Duodecor” pour les feuilles qui n’ont pas plus 
de 1 m. 30 de longueur, le ‘‘Sixdecor” pour celles qui 
dépassent plus ou moins cette dimension, et le ‘*Twendecor” 
pour les feuilles d'extrème grandeur. D'autres constructeurs 
anglais sont: MM. John Downham et Cie, à Bury : 
MM. Greenwood et Batley, à Leeds ; les Alma Machine Works, 
à Liversedge, dans le Yorkshire ; et MM. Lehmann, à 
Manchester. La petite machine Lehmann permet de traiter 
10.000 feuilles en 10 heures. Il importe de bien laver 
les machines à grande eau dès qu'elles cessent de fonc- 
tionner. 

De 1907 à 1914, le prix moyen du meilleur sisal du Mexique, 
dont les cours suivent les oscillations de ceux du chanvre de 
Manille, a été de 25 livres sterling environ la tonne. La bonne 
fibre de l'Est-Africain a, en général, réalisé 1 livre de plus 
par tonne. Dans l'Est-Africain Allemand, on admettait, 
comme profit net, entre 15 et 30 pour cent, suivant les prix du 


38 RESSOURCES DES COLONIES 


moment. {Bulletin of the Imperial Institute, vol. XWI, n° 3; 
Juillet-Septembre 1915). 


L'élevage dans le Haut-Sénégal et Niger. — Le Haut- 
Sénégal et Niger est, depuis longtemps, le grand réservoir : 
de bétail et de chevaux de l'Afrique Occidentale Française. 

Mais la péripneumonie bovine cause’ de grands ravages, 
qu'on commence heureusement à enrayer par la vaccination. 

En 1913, il a été exporté par Kayes et par Kouroussa- 
Conakry 660 tonnes de peaux et 325 tonnes de laine. 

Les indigènes commencent à mieux préparer les laines et à 
perfectionner leurs procédés de tonte. En 1912, à la bergerie 
de Niafunké et à son annexe d'El-Oualadji, il a été procédé, à 
titre d'essai, à une seule tonte annuelle, dans le but d’obtenir 
une laine plus longue. Le résultat a été mauvais, 835 bêtes 
fournirent 435 kilos de laine, soit 0 k. 552 par mouton. Pour 
les deux tontes suivantes, espacées de 6 mois, on a obtenu, 
par tête, 0 k. 631 après la saison des pluies, puis 0 k. 325 six 
mois après ; soit un total de 0 k. 956. {Rapport d'ensemble 
annuel pour 1915. Paris 1916.) 


La lutte contre la peste bovine. — Le Journal Officiel 
de l'Afrique Occidentale Française du 26 Août 1916 a publié 
en supplément une notice sur la peste bovine, rédigée par 
M. Davanelle, vétérinaire aide-major de réserve. 

Cette peste, ou typhus contagieux, que les Peulhs désignent 
sous le nom de sanoa, est caractérisée par un état typhoïde 
général très grave et par des accidents spécifiques sur les 
muqueuses. | 

Le buffle, le mouton, la chèvre, le chameau peuvent en 
être plus ou moins atteints, mais elle ne devient ordinaire- 
ment grave que chez les bovidés. ; 

Après avoir décrit les caractères et le mode de propagation, 
M. Davanelle à indiqué les moyens à opposer à la maladie. 

Le résultat peut être obtenu, soit en rendant les animaux 
réfractaires, soit en encerclant les malades et les contaminés, 


et en les surveillant pour qu'ils ne soient pas des agents de 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 39 


propagation, soit en supprimant le foyer par l’abatage radical 
des contagieux. 

La première de ces trois méthodes, qui consiste en inocula- 
tions, et nécessite donc un nombreux personnel technique, 
n’est guère applicable actuellement en Afrique Occidentale 
Française. La méthode de l'abatage serait, d'autre part, le 
remède idéal, mais difficile à appliquer, car il ne faut guère 
compter sur la déclaration spontanée des Peulhs. Et, en 
définitive, les principales mesures possibles sont : l'isolement 
et la surveillance, dont l'application nécessite la délimitation 
de la zone infectée ; l'établissement, à la périphérie, de 
cordons sanitaires, plus ou moins complexes suivant les 
cas ; la visite et le recensement des troupeaux de la zone 
infectée, quand l'abatage des malades ést antiéconomique ; 
l'adoption à leur égard de mesures: de surveillance et de 
quarantaine, qui permettent d'éliminer les indemnes ; enfin 
l'isolement, la surveillance et le traitement, si possible, des 
animaux malades. L'isolement terminal doit être de 50 à 
60 jours. Pour le traitement, le sérum, qui, dans l’état actuel, 
ne peut être employé que pour des animaux d’une valeur 
exceptionnelle, doit être donné en injections sous-cutanées ou 
intra-veineuses, à la dose de 100 à 300 centimètres cubes. 


La conservation des peaux pour l’exportation. — Le 
mode de conservation des peaux destinées à l'exportation 
présentant un gros intérêt pour le commerce des cuirs, le 
Service compétent du Sénégal a publié dans le Journal 
Officiel du Sénégal du 24 Août 1916 les instructions permet- 
tant d'assurer la bonne conservation de ces peaux jusqu’au 
moment de leur envoi en France : 

« Les peaux devront être détachées avec toutes les précau- 
tions nécessaires pour éviter d'y faire des entailles. 

« Le procédé de conservation généralement émployé au 
Sénégal, le séchage au soleil, a l'inconvénient de rendre les 
peaux dures et cassantes; de plus, si le dégraissage n’a pas 
été parfait, les particules de graisses, en fondant, imbibent 


le cuir et entraînent des défauts de tannage. 


0 RESSOURCES DES COLONIES 


« Le salage n'avant pas de semblables inconvénients, l'on 
doit y recourir toutes les fois qu'il est possible. 

« Ce procédé consiste, la peau étant étendue le poil en 
dessous, à la couvrir d’une couche uniforme de sel concassé ; 
on la replie ensuite de façon à n’en faire qu'un petit paquet 
de 30-35 centimètres de côté. Les paquets, séparés par des 
couches de sel, sont attachés ensemble pour former des 
balles. » 


L'or dans le Haut-Sénégal et Niger. — La quantité d’or 
exportée annuellement de la colonie varie entre 200 et 
250 kilos, d’une valeur de 500.000 à 600.000 francs. En réalité, 
la quantité extraite du sous-sol par les procédés indigènes est 
supérieure à ces chiffres, mais une quantité assez grande du 
métal reste dans la colonie, pour la fabrication des bijoux. 

Au chiffre indiqué s'ajoutent, pour 1913, 300.000 francs’ 
environ d'or extrait par dragage dans la Falémé par la 
Compagnie des Mines de Sénégambie, or qui est expédié en 


France par la voie postale. {Rapport d'ensemble annuel 
pour 1913. Paris, 1916.) 


Dans le Territoire Militaire du Niger. Le Territoire 
Militaire du Niger, qui comprend les sept cercles de Niamey, 
Madaoua, Zinder, Gouré, Mainé-Soroa, Agadez et Bilma, a 
exporté en 1913 vers les autres colonies françaises ou vers 
la Nigéria pour 128.995 francs de mil et riz (correspondant 
à 1.696 tonnes), 459.105 francs de bœufs, 123.455 francs de 
moutons, 161.000 francs de peaux brutes, 172.125 francs de 
peaux de filali, 8.500 francs de plumes d’autruche, 20.300 francs 
de sel et natron, 5.560 francs de natron raffiné. L'élevage de 
l’autruche est commencé et est à encourager dans la région. 
Dans le secteur de Maradi (cercle de Madaoua), la culture des 
cotonniers américains a donné quelques résultats. (Rapport 
d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916.) 


L'enseignement agricole en Afrique Occidentale 
Française, — À la date du 5 Août 1916, M. Angoulvant, 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 41 


Gouverneur général par intérim de l'Afrique Occidentale 
Française, adressait aux lieutenants-gouverneurs et commis- 
saires de son Gouvernement Général des instructions qui ont 
été insérées dans le Journal Officiel du 12 Août 1916; et ces 
instructions méritent d'être relevées, car leur réalisation est 
de celles qui peuvent avoir l'influence la plus heureuse et 
peut-être la plus rapide sur nos progrès agricoles dans l'Ouest- 
Africain. M. Angoulvant rappelle qu'un plan d’études publié 
par le Gouvernement Général, le 1°" Mai 1914, prévoyait que 
chaque école, sans exception, devrait avoir pour annexe un 
jardin où tous les élèves seraient exercés à des travaux 
pratiques sous la direction de l'instituteur. ‘Cette sage 
prescription, ajoute toutefois M. Angoulvant, est malheureuse- 
ment restée lettre morte dans certaines régions... elle est 
pourtant d’une réalisation aisée et elle constitue la condition 
indispensable de tout progrès agricole. J'entends qu’elle 
reprenne toute sa force et que, pour la rentrée prochaine, 
toutes les écoles, même et surtout les plus humbles, soient 
pourvues d’un jardin ; je n’admettrai d’autres exceptions à 
cette règle que celles qui seront fondées sur des raisons 
sérieuses”. L'énergie même des termes prouve que le Gou- 
verneur Général n'entend pas ajouter simplement une 
circulaire à tant d’autres: on sent qu'il veut réellement, 
comme i! le dit d’ailleurs lui-même, ‘‘aborder de front un des 
problèmes qui intéressent le plus directement les destinées 
de notre Afrique Occidentale”. Et, ne se contentant pas de 
donner des ordres, il précise, avec l'autorité que lui donne sa 
longue expérience personnelle, acquise en particulier à la 
Côte d'Ivoire, dans quelles conditions devront être établis ces 
jardins scolaires, les cultures qui y devront être faites, les 
procédés qu'il y aura lieu d'employer; il indique aussi 
comment seront recrutés et formés les moniteurs et institu- 
teurs, européens ou indigènes, qui seront chargés de cet 
enseignement. Des récompenses seront, d’ailleurs, décernées 
à ceux qui, ayant assumé cette tâche, l'auront accomplie avec 
le plus de zèle et de succès. 


Voilà donc un effort sérieux en vue de substituer à l'exploi- 


12 RESSOURCES DES COLONIES 


tation routinière et insuffisante du sol de certaines de nos 
colonies des méthodes rationnelles de culture susceptibles 
d'assurer une plus large mise en valeur de pays qui vivent 
essentiellement de l'agriculture. {Journal Officiel de l'Afrique 
Occidentale Françaïse, 12 Août 1916). 


Le caoutchouc et l’élevage en Guinée Française. — 
Depuis plusieurs années le commerce d’exportation de la 
Guinée Française est en déficit notable, par suite de l’abaisse- 
ment des prix des caoutchoucs, qui a d'autant plus retenti 
sur les sortes guinéennes qu'on se plaint depuis longtemps 
de leur adultération par les indigènes. Si, en général, les 
caoutchoucs du Nunez, de Kankan et des environs de Kindia 
sont présentés en bon état, ceux de Bissikrima, de Dabola et 
de Kouroussa sont presque toujours très défectueux et chargés 
d'impuretés. Il fut un moment où la valeur des exportations 
de caoutchouc représentait, environ, 60 pour cent de la valeur 
des exportations totales de la colonie, mais, depuis la baïsse 
des cours de ce produit, les indigènes se sont tournés 
vers l'élevage, et il était exporté en 1913 12.539 bovidés, 
7.852 moutons, 1.001.815 kilos (d'une valeur de 1.753.177 francs) 
de peaux brutes de bœufs, 8.068 kilos de peaux brutes de 
moutons et de chèvres. La colonie se préoccupe, non seule- 
ment de développer l'élevage, mais de l'améliorer, et aussi de 
lutter contre les épidémies qui, comme la péripneumonie, 
éprouvent fortement les troupeaux. En 1912 il y avait en 
Guinée Française 400.000 bovins, 150.000 ovins, 140.000 caprins 
et 30.000 chevaux. Les deux grandes régions d'élevage sont le 
Fouta-Djallon et la Haute-Guinée. Il y a une forte exportation 
de ces animaux et des sous-produits vers Sierra-Leone. 
(Rapport d'ensemble annuel pour1913. Paris, 1916.— Bulletin 
de l'Office Colonial, Mars 1916). 


L'arachide et le sésame en Guinée Française. — La 
Guinée Française a exporté en 1913 3.541.106 kilos d’arachides 
en coques et 762.313 kilos de sésames, en 1914 3.325.450 kilos 
des premières (à destination de Marseille) et 889.321 kilos des 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 43 


secondes. La culture de ces deux plantes annuelles peut être 
pratiquée en Guinée Française depuis la côte jusque dans la 
vallée du Niger. 

En Basse-Guinée, la culture de larachide augmente tou- 
jours ; et de grandes étendues de terrain sont encore utilisables 
dans la Moyenne et la Haute-Guinée. Le développement de 
cette culture sera facilité par l'introduction de variétés à 
grand rendement, par la culture mécanique, et par la création, 
pour la Moyenne-Guinée, d’un type d’arachide dont la qualité 
sera supérieure à celle de la côte. A la Station de Kankan, on 
a obtenu, à l'hectare, 1.000 kilos avec la variété le 7iga,tandis 
que le 7iga nin Kourou a donné 722 kilos et le Sama tiga 
690 kilos. 

A la Station de Kindia, le sésame a donné un faible 
rendement, par suite de son exigence au point de vue du sol 
et des attaques de la rouille. À la Station de Kankan, le 
sésame de Jaffa n’a donné aucun résultat ; la récoite a été de 
145 kilos à l’hectare, alors que le sésame indigène à donné 
216 kilos. ; 

A la Station de Kindia, le sésame noir, dont la graine sert 
à l'alimentation indigène, mais qui est une tout autre plante 
que le sésame, puisque c’est l/Æ/yptis spicigera, a donné un 
meilleur rendement que le vrai sésame ; malheureusement la 
faible teneur en huile (18 pour cent) rend la culture de cette 
plante peu rémunératrice. {apport d'ensemble annuel 
pour 1913. Paris, 1916). 

Le riz en Guinée Française. — Beaucoup d'indigènes, que 
les bas prix du caoutchouc ont détournés de cette exploitation, 
ont tourné leurs efforts vers la culture du riz ; et les exporta- 
tions de la céréale, pour 1913, ont été de 14.688 kilos, d'une 
valeur de 24.908 francs. A la Station d'Essais de Benty, les 
essais de riziculture ont, du reste, donné d'excellents résultats. 
Une variété Malalokitt Pyriontong a fourni 3.249 kilos de 
paddy à l’hectare, la variété Maronké 2.550, tandis que la 
variété Jaka n'a pas dépassé 1.300. À la Station de Kindia, 


par contre, on à obtenu 1.900 kilos avec cette variété /aKa et 


44 RESSOURCES DES COLONIES 


1.679 kilos seulement avec le Maronké. À la même Station, 
les rendements des riz de montagne ont été très inférieurs : 
720 kilogrammes avec le Saliforé et 318 kilogrammes avec le 
Zougué. A la Station de Kankan, le riz Fossa a donné 1.033 
et 966 kilos. IT faut ajouter qu'à Benty et à Kindia on a 
procédé par repiquage, tandis qu’à Kankan, où les rendements 
ont été plus faibles, on à semé directement. (Au sujet des 
avantages du repiquage, voir notre compte-rendu du Congrès 
de riziculture de Valence, en 1914, dans le Bulletin n° 79 
de l'£xpansion coloniale de Vinstitut Colonial Marseillais 
de 1914). 

Des études sur la culture du riz doivent être d'autant plus 
activement poursuivies en Guinée que la céréale peut être 
cultivée dans toute la colonie. (Rapport d'ensemble annuel 
pour 1913. Paris, 1916). 


Les bananes et les ananas en Guinée Française. — Une 
culture intensive du bananier est à poursuivre en Guinée 
Française, en raison de la consommation toujours croissante 
des bananes en France. Le jour où la question des transports 
serait résolue, notre colonie prendrait une place très impor- 
tante parmi les pays producteurs de ces fruits. Elle pourrait 
aussi fournir à l'exportation des ananas. Actuellement 
bananiers et ananas sont déjà cultivés dans de nombreuses 
concessions, là où l'irrigation est assurée, en Basse-Guinée et 
en Moyenne-Guinée, notamment au voisinage de la voie 
ferrée de Conakry au Niger. (Rapport d'ensemble annuel 
pour 1913. Paris, 1916). 


Le palmiste en Guinée Française.  Ilétait exporté en 
1913 164.261 kilos de beurre de palme et 35.172.165 kilos 
d'amandes. Tandis que le beurre de palme était principa- 
lement à destination de la France, c’étaient les marchés de 
Brême et de Hambourg qui absorbaient la plus grande 
partie de la production de palmistes ; d’où une diminution 
sensible dans les expéditions de ces amandes en 1914. (Rapport 
d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916). 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 45 


La friabilité du tourteau de palmiste et les difficultés de 
transport qui en résultent sont parmi les principales causes 
qui, en nuisant au commerce de ce tourteau, ont fait plus 
ou moins abandonner chez nous l'emploi des amandes de 
palme en savonnerie. Il résulte cependant de nombreuses 
expériences faites récemment dans divers Collèges agricul- 
turaux d'Angleterre, sous la direction générale de Sir Owen 
Philipps, président de la Section de lOuest-Africain de la 
Chambre de Commerce de Londres, que le tourteau de 
palmiste est un excellent aliment pour le bétail, valant, au 
point de vue nutritif, pour l'engraissement et pour la produc- 
tion du lait, les tourteaux de lin et de coton, et ayant 
l'avantage de coûter moins cher. 

Les animaux, en général, acceptent assez volontiers le 
tourteau de palmiste s'ils y sont habitués de bonne heure, et 
avant d’avoir été accoutumés à d’autres aliments concentrés. 
Dans les cas individuels où il y a plus grande répugnance, on 
mélange pendant quelque temps le tourteau avec une autre 
ration à saveur agréable. Les bouchers anglais ont déclaré 
de bonne qualité la viande des bœufs ainsi engraissés. Pour 
les vaches laitières, le tourteau de palmiste, d’après Jes essais 
faits à la Station Expérimentale de Garforth, augmenterait 
légèrement la production du lait. Cette augmentation aurait 
été de 5 livres 1/2 de lait par jour, sur 140 livres fournies par 
quatre vaches. Au Collège Armstrong, à Newcastle-sur-Tyne, 
on a constaté, d'autre part, que la teneur de lait en beurre a 
été plus élevée avec le tourteau de palmiste qu'avec celui 
de coton. Le beurre est un peu pâle, mais est de saveur 
agréable. 

L'inconvénient du tourteau de palmiste est qu'il se conserve 
souvent assez difficilement et a tendance à rancir ; mais 
encore cet inconvénient ne s'est-il pas manifesté au même 
degré pour toutes les provenances. Lorsqu'il est destiné à 
des moutons, le tourteau doit être humecté la veille ; il est, 
au contraire, donné sec aux vaches laitières. (74e feeding 
value of Palm kernel cake, dans le Bulletin of the Imperial 
Institute de Juillet-Septembre 1915). 


46 RESSOURCES DES COLONIES 


Le cocotier en Guinée Française. - Les premières 
plantations de cocotiers effectuées dans la Mellacorée vont 
commencer à fructifier. En Basse-Guinée, les terrains 
favorables à la culture de ce palmier représentent de grandes 
surfaces, et le coprah peut devenir un des articles de com- 
merce de la colonie. (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. 
Paris, 1916). 


Le touloucouna, le lamy et le mené. — Toutes ces 
graines ont, en France, pour la stéarinerie, un écoulement 
certain, mais il faudrait que les usines marseillaises fussent 
assurées d’une alimentation régulière. Comme pour le karité 
au Haut-Sénégal et Niger, il y a peut-être intérêt à traiter les 
graines sur place et à expédier la substance grasse. C’est ce 
qui a déjà été commencé en 1913 ; et on aurait reconnu que 
c'est principalement sur le /ouloucoura que doivent porter 
les efforts. (apport d'ensemble annuel pour 1913. 
Paris, 1916). 


L’or en Guinée Française. - La seule exploitation en 
activité en Guinée Française est celle de la Compagnie des 
Mines de Siguiri, sur le gisement de Fatoya. D'’août à fin 
Décembre 1913, la production d’or a été de 16.811 grammes, 
avec un rendement, par tonne, de O0 gr. 982. Dans le cercle 
de Siguiri, les exploitations indigènes, d'autre part, auraient 
produit plus de 400 kilos d’or, qui a été acheté par les commer- 
çants de la région. (Lapport d'ensemble annuel pour 1913. 
Paris, 1916). 


* Le caoutchouc à la Côte d'Ivoire. — Comme pour 
toute l'Afrique Occidentale Française, les exportations de 
caoutchouc de la Côte d'Ivoire sont en diminution 
(960.919 kilos en 1913). Il importe plus que jamais d’amé- 
liorer le produit de cueillette. Dans la Haute-Côte d'Ivoire 
surtout, les Zandolphia peuvent encore donner un bon 
caoutchouc, mais à la condition essentielle qu’un mode uni- 
forme de préparation soit imposé aux récolteurs. Une méthode 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 47 


à préconiser est celle qui consiste à obtenir des plaquettes 
minces fsheets), en soudant les unes aux autres, dans un 
moule en bois, les bandelettes de caoutchouc obtenues par 
coagulation -sur le tronc même, puis lavées et séchées. 
(Voir plus loin la note sur le caoutchouc au Gabon). 

Il faut aussi remplacer par ces sheets les cakes de 
Funtumia elastica. D'excellents résultats ont déjà été 
ainsi obtenus dans les Gouros (Zuénoula) et le N’zi-Comoe 
(Ouelloé). (Rapport d'ensemble annuel pour 1913. 
Paris, 1916.) 

En 1914, les exportations de caoutchouc n'étaient plus 
que de 153.720 kilos ; elles ont été en 1915 de 218.476 kilos. 


Les bois de la Côte d'lvoire. — Les exportations de 
bois de la Côte d'Ivoire, essentiellement constituées par 
l'acajou du pays, étaient de 42.651.820 kilos en 1913, de 
40.995.565 kilos en 1914 et de 17.867.300 kilos en 1915. Ces 
exportations vont surtout vers l'Angleterre et vers la 
France. 

Les permis d'exploitation portent, pour la plupart, sur le 
cercle des Lagunes, et principalement en bordure du chemin 
de fer, ainsi que de la rivière Mé et du Comoé. Le cercle de 
Lalou se place au second rang, avecles exploitations sur Île 
Bandama et ses nombreux afiluents. 

Pour tirer leurs billes, les exploitants emploient de plus 
en plus le Decauville. La Compagnie Forestière a même 
installé à Ono un petit chemin de fer qui a, actuellement, 
une longueur de 10 kilomètres. (Lapport d'ensemble annuel 
pour 1913. Paris, 1916.) Le fléchissement de 1915 tient au 


manque de coupeurs et de moyens de transport. 


Le palmiste à la Côte d‘Ivoire. — Comme pour 
la Guinée Française, les amandes de palme en 1913 
(6.166.105 kilos) étaient surtout expédiées à Hambourg et à 
Brême ; la France recevait plutôt le beurre de palme. Les 
exportations totales de la colonie en 1915 étaient de 
4.983.447 kilos de beurre de palme et 6.112.611 de palmistes. 


4 RESSOURCES DES COLONIES 


Pour ces produits de l'Ælaeis guineensis, Ya Côte d'Ivoire, en 
Afrique Occidentale Française, vient au second rang, après le 
Dahomey. Et en 1913 des mesures étaient prises pour 
provoquer une exploitation plus intense des palmiers. Les 
arbres ont été dégagés de la haute brousse qui les entourait, 
et des concasseurs à main ont été cédés aux indigènes. Dans 
plusieurs provinces, des palmeraies jusqu'alors négligées ont 
été exploitées pour la première fois, à Adzopé et Agboville, 
dans le cercle des Lagunes, à Menlé, dans le Baoulé-Sud, 
à Dida, dans le Grand-Lahou, et à Guidéko, dans le cercle 
du Bas-Sassandra. La production actuelle est loin d’être ce 
qu'il serait possible d'obtenir. 

Des huileries ont été établies. Celle de Drewin, très 
importante, a exporté plus de 460 tonnes d'huile et 
autant d'amandes. L'huilerie de Bingerville extrait l'huile 
par le système Fournier. Une nouvelle huilerie à Impérié, 
dans le cercle de Bassam, avait adopté en 1913 l'outillage 
Haake. Les Allemands eux-mêmes, cependant, au Togo, 
avaient, en définitive, préféré la presse Fournier. (Lapport 
d'ensemble annuel pour 1913. Paris, 1916 ; et autres 
articles.) 


Le piassava à la Côte d'Ivoire. — Les indigènes du 
littoral s'intéressent peu à la récolte de ces filaments de 
Raphia (Raphia Hookeri sans doute), dont l'exportation a 
été en 1913 de 3.695 kilos. (Rapport d'ensemble annuel 
pour 1913. Paris, 1916.) 


Le copal à la Côte d'Ivoire. — Les exportations de 
copal étaient de 5.599 kilos en 1913, et de 1.745 kilos 
seulement en 1915. Les indigènes ne récoltent pas la résine en 
saignant les arbres, comme en Guinée et à Sierra-Leone ; 
ils recueillent seulement les exsudations qui s'’écoulent des 
blessures naturelles, ou celles qui sont à l’état de blocs 
plus ou moins fossilisés dans les alluvions fluviales. (7/4. 
Paris, 1916. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 3 49 


Le karité et autres arbres oléagineux à la Côte 
d'Ivoire. — Le Bufyrospermum Parkii n'est abondant que 
dans le Nord-Est de la Côte d'Ivoire, vers Tengrela, Korhogo, 
Kong et Bouna. Les exportations de beurre étaient de 
8.847 kilos en 1913. 

Le fama (Pentadesma butyracea), le doumori (Dumoria 
Heckelii), le koubi (Carapa Touloucouna) et le mana 
{(Lophira alata), très communs dans diverses régions de la 


colonie, ne sont exploités que pour le commerce local. 


(Id. Paris, 1916.) 


Le kolatier à la Côte d'Ivoire. — Le kolatier, à la Côte 
d'Ivoire, n’est abondant qu’à proximité des villages, où il est 
planté. Les principaux centres de production sont situés sur 
la limite Nord de la forêt dense, notamment dans l'Ouest de 
la colonie, vers Sinfra, Daloa, Vavoua et Man, où les cara- 
vanes soudanaises viennent faire leurs provisions annuelles. 

Dans la Basse-Côte, les noix sont moins bonnes, se conser- 
vent plus difficilement et sont plus souvent piquées. Les 
indigènes les préparent aussi moins bien. 

Des pépinières ont été établies dans les cercles d'Odienné, 
de Touba, d'Ouorodougou, du N’zi-Comoé, de l’'Indénié et du 
Baoulé-Nord. 

Les Européens ont fait des plantations dans les cercles 
d’Odienné et du Haut-Sassandra et dans celui de Boudoukou. 
(Id. Paris, 1916.) 

Les exportations étaient de 18.282 kilos en 1913 et 
32.740 kilos en 1915. 


Le coton à la Côte d’Ivoire. — Nulles encore en 1912, 
les exportations de coton égrené de la Côte d'Ivoire étaient 
de 18 tonnes en 1913, et de 100 tonnes en 1915; on espère 
400 ou 500 tonnes pour 1916. Le cotonnier tient une place 
importante dans les cultures des cercles du Nord et surtout 
du Nord-Ouest; et c'est dans le Baoulé-Nord que la produc- 
tion est la plus élevée. La culture s'est développée, là, sous 


l'influence de l'usine d’égrenage et de pressage de Bouaké, qui 


1 


50 RESSOURCES DES COLONIES 


est exploitée par la colonie, avec le concours de l'Association 
Cotonnière. Dans les régions dont l'éloignement ne permet 
pas le transport du coton brut à cette usine, comme dans les 
cercles de Korhogo, de Seguela et des Tagouanas, des 
égreneuses à main pour confectionner des balles de 30 kilos 
ont été envoyées. Un matériel semblable a été réparti dans 
divers postes du Baoulé-Sud et du Comoé. 

Les premiers cotons de la Côte d'Ivoire ont été payés au 
Havre 1.806 francs la tonne avant la guerre. Ce prix, vraisem- 
blablement, s’élèvera à mesure que la qualité s’améliorera et 
sera mieux connue. {Rapport d'ensemble annuel pour 1915. 
Paris, 1916.) 


Le cacaoyer à la Côte d'Ivoire. — Selon toute appa- 
rence, le cacaoyer fut introduit à la Côte d'Ivoire, vers 1870, 
par des indigènes voisins de la Gold Coast, et les Européens 
commencèrent vers 1880 à s'intéresser quelque peu à cette 
culture. Cependant jusqu’en 1908 toutes ces plantations étaient 
insignifiantes, et les exportations de cacaos n'étaient, en cette 
année 1908, que de 2.733 kilos. C’est depuis lors qu’elles se 
sont élevées progressivement à : 


5.139 kilos en 1909 
71289, 19) 140910 
15-070 N° 0240914 
20.954 > D 1912 
47-190 D) 0204013 
39-970 0 000 1014 
113 6066. 2222 1919 


On espère plus de 300 tonnes en 1916 et 3.000 tonnes aux 
environs de 1921. 

Il y a donc progression constante pour ce produit qu’exporte 
aujourd'hui en si grande quantité, comme nous le verrons 
dans un autre article, la Gold Coast. 

C’est, en tous cas, à l’occasion de l'exportation des 100 tonnes 
de 1915 que M. Angoulvant, alors Gouverneur de notre colonie 
de la Côte d'Ivoire, a jugé, avec raison, opportun de retracer 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE au 


dans une Notice imprimée en 1916 à Bingerville ‘les 
déboires subis, les résultats obtenus et les perspectives 
d'avenir qu'il est permis d’escompter. ” 

D’après cette étude, on comptait en Décembre 1915, dans 
les plantations indigènes, plus de 1.675.000 cacaoyers, dont 
159.000 en rapport ; et le nombre de ces plantations, indivi- 
duelles ou collectives, était de : 


155 dans le cercle de l'Agnéby 


FELPMES) » d’Assinie 
730 » » du Bas-Cavally 
47 0 » de Bassam 
22 D) » du Bas-Sassandra 
645 » » de l’Indénié 
165  » » des Lagunes 
77 » » de Lahou 
25 » » du N’Zi-Comoé 


A la même époque, la surface plantée en cacaoyers par les 
13 exploitations européennes était de : 


350 hectares dans le cercle d’Assimie 


140 » » »  d'Agnéby 

10 » » » du Bas-Cavally 
10 » » » du Bas-Sassandra 
60 » » » de Bassam 

30 » » » des Lagunes 


La colonisation agricole européenne, encore à ses débuts, 
n’a donc pas dès maintenant pris l'importance qu'elle devrait 
avoir, mais les plantations indigènes s’accroissent rapidement, 
et le cacaoyer est bien définitivement implanté dans toute la 
zone forestière voisine du littoral et même dans l’arrière-pays. 

Toutes les populations ne manifestent pas sans doute le 
même goût pour la culture, mais, d’une part, parmi les 
autochtones, les Agnis, et prochainement à leur suite, 
certaines tribus Baoulès et les habitants du pays de Krou, et, 
d'autre part, parmi les étrangers, beaucoup d'employés ou 
artisans Sénégalais et Fantis montrent des aptitudes réelles. 


52 RESSOURCES DES COLONIES 


Et ce sont ces éléments qui ont créé les trois centres princi- 
paux de production du cacao, qui sont, de l'Est à l'Ouest : 

1° Tout le pays Agni, qui longe la frontière de la Gold 
Coast, depuis l’Assikasso jusqu’au Sanwi ; 

2° La région de Tiassalé et du Bandama, inférieur ; 

3° Le pays de Krou, ou, mieux, les districts de Tabou et de 
Grabo du cercle du Bas-Cavally. 

De ces trois régions, c’est le Bas-Cavally qui a toujours 
tenu le premier rang pour les exportations et qui le conser- 
vera certainement pendant plusieurs années encore. 

Les exportations de Tabou (58.235 kilos en 1915) sont 
presque totalement alimentées par la production indigène. 

Au contraire, celles d’Assinie (26.634 kilos en 1915) pro- 
viennent pour près des deux tiers des plantations européennes 
d’'Aboisso, de Noé et d’'Elima. 

Le port de Bassam (8.185 kilos) n’est encore utilisé que 
pour l’embarquement du cacao récolté dans le cercle des 
Lagunes, et qui provient en majeure partie des plantations 
de M’'Bato, d’Impérié et d'Ingrakon. Les fermes des aborigènes 
n’ont donné en 1915 qu’un peu plus de deux tonnes, ce cercle 
des Lagunes étant certainement celui de la colonie où les 
efforts déployés pour implanter la culture du cacaoyer chez 
les autochtones ont obtenu le moindre succès. Les races très 
variées qui composent cette population opposent une force 
d'inertie d'autant plus grande qu’elles trouvent dans la pêche 
et dans l'exploitation du palmiste des ressources largement 
suffisantes. Les Ebriès, en particulier, se montrent réfractaires 
à toutes les tentatives, et ce n’est pas sans peine qu'on parvient 
à leur faire récolter les cabosses produites par les quelques 
arbres qui subsistent des introductions de 1908. 

Le quatrième port d'embarquement des cacaos de la Côte 
d'Ivoire est Lahou, dont les exportations (20.913 kilos en 1915) 
sont surtout fournies par Tiassalé et ses environs, car le 
cercle même ne donne guère qu’une tonne et demie à deux 
tonnes. La production européenne n'entre même pas ici pour 
la moitié du total. 

Quant à la qualité de ces cacaos de notre colonie, elle est,- 


3 


Q\ 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 


d’après les appréciations des experts, au moins égale à celle 
des produits. de la Gold Coast; nous pourrons donc dans 
l'avenir nous procurer chez nous les quantités que nous 
importons actuellement (11.762.232 kilos en 1914) de la 
possession anglaise. 

Mais il importe évidemment d'apporter à cette culture du 
cacaoyer, telle que la pratiquent encore aujourd’hui les 
indigènes, des améliorations qui ne pourront être introduites 
que peu à peu, par des études nouvelles et surtout l’organi- 
sation d’un Service Agricole. Décidé en principe avant les 
hostilités, ce Service n’a pu être créé dans les circonstances 
actuelles ; espérons qu'il le sera aussitôt que la situation le 
permettra. ‘Conduite rationnellement, sans absorber toute 
l'activité des planteurs, la culture du cacaoyer doit devenir un 
des principaux éléments de la fortune à la Côte d'Ivoire, qui, 
grâce à la variété et à l'abondance de ses productions, restera 
toujours l’une des colonies les plus prospères de lAfrique 


» 


occidentale”. (Développement de la culture di cacaoyer au 


31 Décembre 1915, à la Côte d'Ivoire. Bingerville, 1916). 


Les produits animaux à la Côte d’Ivoire.— L'élevage ne 
tient qu'une place secondaire à la Côte d'Ivoire. Le bétail, 
dans le Nord-Ouest, a été très éprouvé par la péripneumonie 
et le charbon symptomatique importés par les caravanes 
soudanaises. Dans le Baoulé, le cheptel se reforme. Les 
bœufs exportés proviennent, en réalité, pour la plus grande 
partie, du Haut-Sénégal et Niger. Les peaux expédiées ont 
une moindre valeur que celles de la Guinée ; et cela tient déjà 
à ce qu'elles ne sont pas arseniquées avant leur expédition. 

La cire d’abeilles ne figure aux exportations que pour 
2.500 kilos ; elle pourrait être récoltée en grande quantité 
dans le Nord de la colonie. (Rapport d'ensemble annuel 
pour 1913. Paris, 1916). 


Le palmiste au Dahomey. — Comme pour la Côte 


d'Ivoire, les amandes de palme du Dahomey, avant la guerre, 


D4 RESSOURCES DES COLONIES 


étaient presque totalement envoyées à Hambourg ; l'huile de 
palme, seule, était dirigée sur les ports français. 

En 1913, la récolte des fruits a été défavorablement 
influencée par la sécheresse des derniers mois de 1912 et des 
premiers mois de 1913. L'ÆJaeis guineensis est, en effet, 
tributaire des pluies de l’année précédente, et surtout de la 
petite saison. 

Les concasseurs d'amandes ont donné aux indigènes de 
bons résultats ; mais le prix en est un peu élevé et il faudrait 
donc que les habitants des villages achetassent à frais com- 
muns des appareils qui serviraient à tous. (/4., Paris, 1916). 


Le maïs au Dahomey.— L'augmentation des exportations 
de maïs a compensé en partie, en 1913, la diminution des 
exportations de palmistes. La culture de la Graminée est, en 
effet, de plus en plus florissante dans toute la colonie. Il est 
toutefois regrettable qu’elle entraîne la déforestation et toutes 
ses conséquences. Il est sorti en 1913 13.256.163 kilos de 


maïs. (/d., Paris, 1916). 


Le cocotier au Dahomey. — II est actuellement, au 
Dahomey, deux grands centres d’extension du cocotier : la 
région de Grand-Popo ; 2° les environs de Ouidah. Dans la 
région de Grand-Popo, tout le cordon littoral qui s'étend de 
Grand-Popo à la frontière convient bien au palmier, sauf 
l'étroite bande de terrain qui touche à la dune. Les plantations 
nouvelles s’étagent tout le long de la route de Grand-Popo à 
Agoué et près du village de Bedjin. Les propriétaires sont de 
petits commerçants ou des traitants des maisons de commerce 
de Grand-Popo, qui confient l'entretien de leurs terrains à 
des indigènes du pays; mais cette culture nouvelle, actuelle- 
ment entre les mains de gens inexpérimentés, doit être, dans 
l'avenir, améliorée. A Ouidah, les plantations sont, au 
contraire, l’objet de grands soins. Les plants sont régulière- 
ment alignés sur des terrains bien préparés ; les distances 
observées sont régulières et normales, et beaucoup d’indigènes 
se livrent, en saison sèche, à des arrosages réguliers. Il ne 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 55 


reste plus à l'Administration qu'à développer cette émulation 
et, en prêchant d'exemple, à créer le même mouvement sur le 
cordon littoral qui s'étend de Cotonou à Porto-Novo. 

L'augmentation de l'exportation n’est nullement parallèle 
à l'élévation de la production ; la raison en est l'accroissement 
de la consommation locale des noix vertes et aussi la création 
de pépinières. Les expéditions de coprah en 1913 étaient de 
236.071 kilos. (Rapport d'ensemble annuel pour 1915. 
Paris, 1916). 


Le cotonnier au Dahomey. — La production de coton 
pour l'exportation s’est surtout développée dans le Moyen- 
Dahomey, et, en particulier, dans le cercle de Savalou. 
Savalou fournit 70 pour cent de l'exportation générale, 
Savé 15, Abomey 10 et Zagnanado 5. Dans le Haut-Dahomey, 
la culture reste limitée à l'emploi sur place. Dans le Nord du 
cercle du Mono, aux environs de Doncly, de nombreux 
terrains ont été affectés à la culture du cotonnier, mais qui est 
encore imparfaitement faite. Les plants notamment sont laissés 
trop nombreux par touffe. En 1913, le Dahomey expédiait 
171.193 kilos de coton égrené et 37.740 kilos de coton brut. 
L'Association Cotonnière ne fait plus de culture personnelle, 
mais se contente de distribuer des graines de semence et 
d'entretenir ses ateliers d'égrenage. (/4., Paris, 1916). 


Le karité au Dahomsy. — Il a été exporté du Dahomey, 
en 1913, 136.850 kilos d'amandes de karité et 169.841 kilos de 
beurre. C’est donc un commerce en sérieuse augmentation. 
Mais, contrairement à ce qu'on admet aujourd’hui dans le 
Haut-Sénégal et Niger, on ne pense pas, au Dahomey, que ce 
soit le transport du beurre qui soit le mode d'expédition 
préférable, probablement parce qu'on n'a pas encore su 
trouver le moyen convenable d'expédition. Il est dit, en 
tout cas, dans le Æapport d'ensemble annuel de 1913 : 
‘Le beurre présente de graves inconvénients de transport 
et accuse à l'arrivée en Europe un déchet assez considé- 
rable, dû au rancissement de la couche superficielle. I] 


56 RESSOURCES DES COLONIES 


faudrait, pour en assurer une meilleure conservation, en 
opérer la fusion sur la côte, de façon à le loger dans des 
tonneaux ou des récipients étanches qui empêcheraient la 
rancidité. C'est là une opération coûteuse et longue ; aussi le 
commerce envisage-t-il plus favorablement l'expédition des 
amandes, dont la dessiccation peut être facilement 
assurée par un passage dans un four simple, de construction 
facile. Bien que ce produit soit encombrant, et, par suite, 
d'un transport malaisé, ce mode d'expédition apparaît comme 
devant être moins aléatoire que l’expédition du beurre, tout 
au moins pour les régions voisines de chemin de fer ou 
celles traversées par les voies d'automobiles. 


Le cacaoyer et le kolatier au Dahomey. — Le 
cacaoyer et le kolatier sont assez généralement associés dans 
les nouvelles plantations qui, au Dahomey, sont établies en 
bordure des marigots ; et c’est dans les cercles du Mono, 
d'Allada, de Zagnanado et de Porto-Novo (région de Sakété) 
que les nouveaux essais sont le plus intéressants. 

La culture du cacaoyer est d’ailleurs récente au Dahomey. 
En 1910, il n’y avait qu'une plantation, celle des Pères des 
Missions Africaines à Zagnanado ; puis un centre s’est 
créé dans le Mono, mais plutôt dû aux étrangers qui 
ont antérieurement habité la Gold Coast. Les autochtones ne 
suivent que lentement cet exemple. La région réellement 
propice dans le Mono doit se limiter au centre de Niavo et 
aux terrains frais qui bordent la Sazaé et les nombreux 
marigots qui en dépendent. On comptait en 1913 dans ce 
cercle 21.210 cacaoyers, dont 2.260 de 6 à 7 ans, 6.550 de 3 à 
5 ans et 9.550 de 1 à 2 ans. 

Dans le cercle d'Allada, les progrès sont plus lents,quoi qu'il 
y ait beaucoup d’endroits, sur les bords des rivières, favo- 
rables à la culture. En 1912, la production du cacao au 
Dahomey a été de 7.182 kilos. 

Dans les Stations d’'Essais de Sakété-Boukoutou et de 
Niaouli, on cultive le kolatier (sans doute le Cola nitida) 


pour distribuer des graines aux indigènes, en vue de 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 57 


remplacer par la bonne espèce l'espèce indigène. La produc- 
tion des kolatiers de la Station de Niaouli est destinée à la 
propagation de l'arbre dans les cercles d’Allada, de Ouidah 
et du Mono. (Rapport d'ensemble annuel pour 1915. 
Paris, 1916.) 


58 RESSOURCES DES COLONIES 


AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE 


Le commerce au Gabon en 1914. — Les exportations 
de noix de palme de la colonie vers l'Angleterre ont 
augmenté en 1914. En huile de palme, la France a reçu 
30.616 kilos et l'Angleterre 55.253 kilos. 

Il est sorti 119.403 kilos de piassava, presque entièrement à 
destination de l'Angleterre. Un peu de ce produit, avant la 
guerre, était dirigé vers l'Allemagne. 

Sur 180.274 kilos de caoutchouc, 159.888 kilos ont été pour 
la France et 20.184 pour l'Angleterre. La France a reçu 
16.603 tonnes de bois, l'Angleterre 12.325, l'Allemagne 
30.276 et les autres pays 28.253. (Bulletin de l'Office 
Colonial, Janvier-Février 1916.) 


Le caoutchouc au Gabon. — L'énorme importance prise 
par le caoutchouc de plantation diminue évidemment chaque 
jour l’intérêt du caoutchouc de cueillette. On estime que, en 
1916, sur une production mondiale de 165.000 tonnes de 
caoutchouc, il y aura 125.000 tonnes de ce caoutchouc de 
plantation contre 40.000 tonnes de caoutchouc de cueillette ; 
et de ces 40.000 tonnes il n’y en aura guère que 9.000 
provenant des pays autres que le Brésil. Nous avons, du 
reste, vu plus haut, à propos de l'Afrique Occidentale 
Française, quelle diminution ont subie dans leurs expor- 
tations de caoutchouc nos colonies comme la Guinée 
Française. Iln’empêche que, surtout en raison des besoins 
qu'entraînera après la guerre la réorganisation des industries, 
il y aura sans doute longtemps place encore, sur les marchés, 
tout au moins pour les caoutchoucs sylvestres bien préparés ; 


AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE 59 


et c'est dans le but d'obtenir précisément des indigènes, non 
seulement des récoltes plus importantes, mais surtout une 
amélioration dans la qualité, que, en Avril 1916, M. le 
Lieutenant-Gouverneur Guyon a adressé aux chefs de circons- 
cription du Gabon une notice relative au mode d’exploi- 
tation de ce caoutchouc. Les instructions ont été rédigées par 
l’Inspecteur d'Agriculture Antonin Bories. 

Le gouverneur recommandait : 

1° L'organisation de chantiers de cueillette, dirigés et 
surveillés, soit par de notables indigènes qui y seront 
encouragés par les remises sur la perception d'impôts, soit 
par des gardes régionaux choisis, et, de préférence, des 
gradés. 

2° La vulgarisation des procédés de récolte et d’amélio- 
ration du caoutchouc, notamment sous la forme de plaquettes 
minces, ou crépes, préférables aux formes en boules. 

Pour favoriser ce procédé, une différence de 500 francs par 
tonne a été prévue en 1916 dans les prix de rétrocession, au 
bénéfice du caoutchouc en plaquettes minces. 

Les plantes à caoutchouc du Gabon sont : l’zreh, ou 
Funtumia elasfica, comme arbre, dans le Nord de la 
colonie ; le ZLandolphia Klainei et le Landolphia 
owariensis, comme lianes ; puis le Landolphia Thollenir, 
comme producteur du caoutchouc des herbes. 

Les meilleures époques de saignée sont le début des 
saisons pluvieuses, Octobre et Novembre d'une part, et 
Février et Mars de l’autre. On doit faire, de préférence, les 
incisions dès le matin, avant 9 heures ; on peut encore les 
pratiquer à la rigueur le soir après 16 heures. Un temps 
couvert est le plus favorable ; et sur le tronc, le meilleur côté 
est celui qui n’est pas exposé au soleil. 

Avant l’incision, on racle l'écorce de ce tronc avec un fort 
couteau et on lave. La coagulation sur le tronc peut être 
conseillée, mais il faut faire perdre à l'indigène l'habitude de 
provoquer cette coagulation avec l'urine, ou la sueur, ou le 
sel marin. Le meilleur goagulat est une décoction de feuilles, 


qu'on filtre et qu'on décante ensuite, 


60 RESSOURCES DES COLONIES 


Lorsque la coagulation s’est opérée sur le tronc, M. Bories 
recommande de préparer le caoutchouc sous la forme de 
sheefs, suivant la méthode que nous avons déjà indiquée plus 
haut, à la Côte d'Ivoire. On fabrique un moule avec une 
planchette de bois non raboté, qu’on borde de 4 petites lattes 
formant côtés. La planchette a 20 à 25 centimètres de longueur 
sur 10 à 15 centimètres de largeur, et les lattes ont 1 à 2 centi- 
mètres de hauteur. 

Toutes les larmes ou lanières du caoutchouc qui s’est 
coagulé sur le tronc des Landolphia sont placées les unes à 
côté des autres au fond de’ ce moule ; et, en les comprimant 
légèrement avec le pouce, on les soude les unes aux autres. 
Lorsque tout le fond du moule a été ainsi garni sur une seule 
épaisseur, la feuille, ou sAeef, est enlevée; on la lave, on la 
comprime entre deux surfaces planes, par exemple entre deux 
grosses pierres, puis on la fait sécher à l'ombre, dans un 
hangar peu éclairé et suffisamment aéré. Pour cette 
dessiccation, tous les sheets sont enfilés, à 2 à 3 centimètres 
d'intervalle, sur une ficelle ou une tige de liane. Ils sont 
suffisamment secs, en général, au bout d’une semaine. 
Il y a avantage, lorsqu'on le peut, à fumiger, en outre, ce 
caoutchouc en allumant du feu sous le hangar. 

Le mode précédent de récolte se rapporte plus spécialement 
aux Landolphia. Pour le caoutchouc Funtumia elastica, 
M. Bories préconise la méthode indiquée, il y a quelques 
années, par M. Chevalier. 

Pour le caoutchouc des herbes, le meilleur procédé semble 
celui qu'avait choisi le Service d'Agriculture du Congo Belge. 
Les rhizomes, déterrés et réunis en bottes de 1 à 2 mètres de 
longueur, sont transportés à l'endroit où doit être opérée 
l’extraction'du caoutchouc. Quelquefois les bottes sont plon- 
gées pendant quelques jours dans l’eau, afin que l'écorce se 
détache ensuite plus facilement que par le battage ; mais cette 
sorte de rouissage paraît plutôt défavorable. Mieux vaut débiter 
les rhizomes en fragments de 30 à 40 centimètres. Aux extré- 
mités et sur les blessures se coagulent de petites larmes, qu’on 
recueille. Les fragments sont ensuite tapotés sur toute leur 


AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE 61 


longueur avec un maillet, ce qui facilite la décortication, 
qu’on opère avec un couteau. Les écorces détachées sont 
alors séchées au soleil pendant deux à trois jours, et elles 
sont prêtes maintenant pour le pilonnage. Les mortiers à 
fond conique sont ceux qui conviennent le mieux. Après 
qu’une certaine pulvérisation a été obtenue, on verse de l’eau 
sur la masse, tout en continuant à pilonner ; le caoutchouc se 
dégage plus rapidement. De temps en temps on le presse 
entre les mains pour en éliminer le liquide chargé d’impu- 
retés ; et, lorsqu'il ne reste plus guère que le magma élastique, 
on le lave à grande eau et on le presse une dernière fois 
fortement entre deux rouleaux ou deux pierres arrondies, de 
façon à le rendre aussi compact que possible. 


Le palmiste au Gabon. - À la suite de la Circulaire du 
Lieutenant-Gouverneur du Gabon que nous venons déjà de 
citer, M. Bories a donné également des conseils aux indigènes 
sur les meilleurs moyens de bien préparer, puis de bien 
conserver l'huile de palme. Après avoir rappelé les procédés 
employés au Lagos et au Dahomey, d’où proviennent les 
meilleures qualités de cette huile — procédés qui seront 
d’ailleurs de plus en plus remplacés avantageusement par 
l'outillage moderne des maisons européennes — M. Bories 
ajoute les renseignements suivants, qu'il est intéressant de 
reproduire : 

« Il importe de faire ressortir aux indigènes que, en vertu 
de la faible quantité d'huile récupérée en une journée, ils ont 
tout intérêt à apporter le plus de soin possible aux diverses 
manipulations, afin d'obtenir un produit qui, par ses qualités, 
puisse être vendu à un prix rémunérateur. À ce sujet, il 
convient de rappeler aux fabricants que les meilleures huiles 
sont celles de coloration jaune rougeâtre, et qui, en outre, 
sont limpides. 

« Bon nombre d'huiles indigènes ont une couleur plus ou 
moins foncée, provenant d’une mauvaise préparation. La 
fermentation et la cuisson que subissent les fruits au début de 
leur traitement (surtout la première de ces opérations), suivant 


62 RESSOURCES DES COLONIES 


qu'elles sont plus ou moins prolongées, ont pour conséquence 
d'accentuer plus ou moins la coloration de l'huile et de lui 
donner en même temps un mauvais goût. De même, l’ébulli- 
tion finale augmente la couleur en proportion de l'élévation 
de la température. Donc, si la fermentation et la cuisson sont 
poussées trop loin, l'huile obtenue est de coloration noirâtre 
et d’odeur désagréable. 

« D'autre part, les huiles préparées avec des fruits tombés 
sur le sol, parce que trop mûrs, et ramassés après un contact 
prolongé avec la terre, ont une teinte noirâtre et un goût de 
moisissure souvent très prononcé. 

« Il y a lieu de veiller à ce que les indigènes n’essayent pas 
de masquer la mauvaise qualité des huiles en ayant recours à 
la fraude. Dans certaines régions, les fabricants, pour donner 
une belle couleur rougeâtre à leurs produits, les additionnent 
de terre rougeâtre finement pulvérisée ou d’une décoction 
d'écorce de palétuviers. Ces falsifications ont pour consé- 
quence de corrompre rapidement lhuile et nuisent à sa 
conservation. » 

Au sujet de cette conservation de l'huile, M. Bories écrit 
encore : « L'huile de palme, même de bonne qualité, rancit 
rapidement, mais cette défectuosité n'empêche pas une bonne 
vente, pourvu que le produit soit de belle coloration, suffisam- 
ment limpide et exempt d’impuretés. D'autre part, le contact 
de l'air est nuisible à la bonne conservation de l'huile. Il 
provoque des fermentations qui ont pour conséquence de 
corrompre ou de décomposer le produit. 

« Pour conserver, pendant au moins une année, une huile 
de bonne qualité, il importe donc de loger celle-ci dans des 
récipients bien étanches, fermés hermétiquement. C'est là 
chose facile dans les régions où la fabrication de l'huile de 
palme est, depuis de longues années, effectuée sur une vaste 
échelle ; les indigènes y sont approvisionnés en récipients de 
diverses natures, tels que ponchons, jarres, etc... bien 
appropriés pour la circonstance. Mais au Gabon il n’en est 
pas de même; les récipients sont plutôt rares, et le moment 
n’est pas favorable pour s’en procurer. Cette question du 


AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE 63 


logement de l'huile est donc difficile à résoudre et, cependant, 
il me semble que, grâce à de persévérantes recherches, on 
doit arriver, dans cette voie, à de bons résultats. Il y a lieu 
de conseiller aux fabricants embarrassés pour loger leurs 
produits, l'emploi, par exemple, de fûts vides (barriques, 
demi-barriques, etc....), de bidons ayant contenu du pétrole, 
mais à la condition que ces récipients ne soient mis en service 
qu'après avoir été, au préalable, lavés minutieusement à l’eau 
bouillante. Cette précaution est indispensable, l'huile s'im- 
prégnant rapidement de la moindre odeur qui pourrait encore 
subsister dans les récipients. Enfin, pour obtenir la complète 
étanchéité des fûts et un bouchage hermétique des récipients, 
il est bon de faire des applications de mastic, à base de résine, 
de suif et d'argile mélangés en proportions convenables. 

« Cette question du logement des huiles, en vue de leur 
conservation, est de grosse importance. Le fabricant qui 
dispose de récipients capables de garder la récolte pendant 
un certain temps, sans crainte de détérioration, a l'avantage 
de pouvoir écouler cette récolte au moment opportun, c’'est-à- 
dire quand le prix lui paraît plus rémunérateur. À cet égard, 
il y a presque toujours intérêt à grouper les récoltes par 
village, par tribu ou par famille; on réduit ainsi le nombre 
de récipients à employer, et, comme les stocks présentés à la 
vente sont plus importants et de qualité uniforme, l'acheteur 
est amené à faire des offres plus avantageuses. Partant de là, 
il convient de faire appel à la collaboration du commerce 
local pour faciliter aux fabricants l'acquisition ou la mise à 
leur disposition des récipients nécessaires. Les transactions 
n’en seront ainsi que plus faciles et plus profitables pour le 
marchand comme pour le vendeur. » 


64 RESSOURCES DES COLONIES 


MADAGASCAR 


Le commerce général de Madagascar en 1915. — En 
cette année 1913, le commerce global de la colonie s’est élevé 
à 109.833.000 francs ; c’est une plus-value de 19.383.000 francs 
environ sur 1914. 

Les exportations de riz ont été de 19.323 tonnes ; l'Afrique 
du Sud et les Mascareignes importent de plus en plus ces riz 
malgaches, qui, aux Comores, remplacent également peu à 
peu les sortes de l'Inde. 

Il a été exporté 1.726 tonnes de fécule de manioc, 530 tonnes 
de tapioca et 1.148 tonnes de maïs. 

Les expéditions de bois ont été de 2.558 tonnes ; celles des 
fruits et graines à huile de 1.625 tonnes. Cette dernière 
augmentation est due à l'entrée en rapport des plantations 
du Nord-Ouest de l'île. 

En 1914, les exportations de graphite, qui n'étaient que de 
1.200 tonnes en 1911, s’élevaient à 12.000 tonnes ; elles ont été, 


par conséquent décuplées en trois ans. 


La culture du riz dans la région centrale de Mada- 
gascar. — En Juin 1914, M. H. Leroy, Vice-Président de la 
Chambre d'Agriculture de Madagascar, faisait à la Chambre 
d'Agriculture de Tananarive une conférence sur la nécessité, 
et les possibilités de l'extension de la riziculture dans le 
Centre de l’île. 

Que l'étendue des rizières actuelles soit nettement insuffi- 
sante pour répondre aux demandes toujours croissantes des 
usines, de l’exportation et de la consommation locale, c’est ce 
que démontre bien tout d’abord M. Leroy, en prenant pour 


MADAGASCAR 65 


exemple particulier la province Betsileo de Fianarantsoa, qui 
est une des régions les plus rizicoles de l'île. 

Les surfaces de cette province cultivées en riz étaient de 
23.971 hectares en 1911, 24.119 hectares en 1912 et 24.674 hec- 
tares en 1913. Soit une moyenne de 24.255 hectares, et, à 
raison d’une tonne parhectare,une production de 24.255 tonnes. 
Or la province a une population de 300.000 habitants dont la 
nourriture principale est le riz. Si l'on admet 500 grammes 
par jour et par individu — ce qui est un minimum — la 
consommation est de 150 tonnes par jour et 54.250 tonnes par 
an, et, par conséquent, notablement inférieure à la production, 
avec un déficit approximatif de 30.000 tonnes pour une année 
moyenne. Et très vraisemblablement on arriverait à des 
résultats identiques, par des calcuis analogues, pour les 
diverses provinces de l’île, exception faite pour celle de 
Tananarive où, surtout dans le voisinage de la ville, et grâce 
aux remarquables travaux du Service de Colonisation, la 
production fa pu être fortement augmentée. 

Mais il importerait donc d'étendre à toutes les provinces 
cet accroissement de production et d'y encourager non seule- 
ment l'indigène mais aussi, et plus encore, le colon. Car 
M. Leroy s'élève énergiquement contre cette opinion, qui a 
été érigée en dogme, que la culture du riz à Madagascar ne 
pouvait être entreprise que par les Malgaches. Sans doute, le 
colon qui voudrait faire cette culture selon la méthode 
indigène éprouverait des déboires, mais il faut employer les 
instruments aratoires modernes et réduire la main-d'œuvre 
au strict minimum. Les résultats qu'a déjà obtenus dans ce 
sens, avec une vingtaine d'hommes, M. Leroy sont des plus 
encourageants. 

Pour l'aménagement d’un marais encore vierge qu’on veut 
transformer en rizière, M. Leroy recommande de faire tout 
d’abord tous les travaux qui permettront de drainer ou 
d'irriguer à volonté cette rizière. Contrairement à ce que 
prétendent certains indigènes, il faut toujours pouvoir 
assécher le champ après la récolte, de même qu'il faut pouvoir 
l'irriguer aux moments voulus. 


66 RESSOURCES DES COLONIES 


Le marais convenablement desséché, les herbes seront 
brûlées si c'est possible. Un premier gros labour sera alors 
exécuté avec de robustes Brabant doubles, construites pour 
exécuter des labours de 30 centimètres de profondeur, mais 
qui, dans le cas présent, seront plutôt choisies en raison de 
leur solidité, car des labours de 18 à 20 centimètres sont 
suffisants. Un hersage énergique est ensuite nécessaire. Il 
sera suivi d’un second labour fait en travers, au moment de la 
plantation du riz ; et à ce second labour succèdera un second 
hersage, complété par l’action du piocheur vibrateur. Dans 
les terres feutrées comme celles des marais, ce piocheur 
vibrateur, qui est un scarificateur à lames flexibles, effectue 
un excellent travail; la vibration des lames empêche le 
bourrage. Ainsi préparé, le terrain peut, dès cette première 
année, donner une récolte passable, à la condition qu'il soit 
deux fois sarclé à la méthode indigène. 

Lorsque, plus tard, la récolte a été enlevée et que l’eau s’est 
écoulée, on déchausse avec le piocheur vibrateur, et le sol 
déchaussé reçoit, cette fois avec la Brabant double, un unique 
labour, suivi de plusieurs hersages, puis d’un ou de plusieurs 
passages du piocheur vibrateur. Le sol étant bien scarifié, un 
sarclage ultérieur à la main, toujours onéreux, est inutile. 

Mais autre question : faut-il semer directement ou repiquer ? 
M. Leroy, contrairement à l'opinion courante, est pour le 
semis direct, qui, selon lui, ne supprime pas seulement les 
frais de la transplantation, mais donne aussi un rendement 
supérieur. L'indigène, dit M. Leroy, repique : 1° parce que, en 
général, à l’époque des semis, l’eau fait défaut, d’où la 
nécessité d’une pépinière d'attente ; 2° parce que, avec 
l’'angady, le labourage est grossier et la rizière mal nivelée ; 
3° parce que cet indigène manque ordinairement de la 
quantité de paddy indispensable pour ce mode de semis, qui 
emploie presque le double de ce qu’exige la pépinière. Il faut 
ajouter que, par la bonne préparation préliminaire de son 
champ, M. Leroy a diminué la nécessité du sarclage, qui est 
un des inconvénients du semis direct. 


MADAGASCAR 67 


Un mois après le semis ou la plantation, la rizière doit être 
mise à sec, et hersée au moyen de la herse articulée. 

La moisson est effectuée à la faucille, et le battage peut 
être obtenu par la batteuse à pointe, actionnée par un manège 
à quatre bœufs. 

Quant à la fumure, elle est réalisée au moyen du fumier de 
ferme, qu’on enterre avec la charrue. Chaque parcelle de 
rizière n’est fumée que tous les deux ans. 

Et M. Leroy évalue à 3 tonnes par hectare le rendement 
qu'il peut obtenir avec son mode de culture. 

Au point de vue de l'amélioration de la qualité, le distingué 
Vice-Président de la Chambre d’Agricuiture de Madagascar a 
aussi poursuivi quelques essais de sélection, qu'il a principale- 
ment entrepris sur la variété vary lava. Nous aurons sans 
doute l’occasion de revenir plus tard sur ces expériences, sur 
lesquelles nous ne voulons pas insister aujourd’hui, la question 
de l’hybridation des riz, qu'a abordée M. Leroy, étant une 
question très discutée. En tout cas, M. Leroy émet l'opinion 
formelle que ‘* Madagascar paraît être un pays absolument 
propice à la culture du riz de luxe”. 


La riziculture comparée à Madagascar et en Italie. — 
Nous avons publié en 1914, dans un Bulletin de lÆ£xpansion 
Coloniale (Le Congrès de riziculture de Vercelli), et comme 
suite à une enquête que nous avions faite dans le Vercellèse, 
une petite étude sur la culture et la récolte des riz dans cette 
région du Nord de FlItalie. Ce rapport a servi de base à 
M. Leroy pour une étude comparée des procédés employés en 
Italie et de ceux employés ou employables à Madagascar ; 
nous croyons bon de reproduire en partie cette étude : 

« En Italie, la rizière est divisée en pièces, ou appezza- 
menti, de 6 hectares environ, que bordent des saules ou 
des peupliers. 

La configuration du sol malgache ne permettrait que 
rarement la détermination d'étendues aussi vastes. Sur nos 


‘ 


rizières, la pièce, ou ‘‘vala”, a 3 hectares environ. Chaque 


vala est séparée par une digue peu élevée formant route, 


68 RESSOURCES DES COLONIES 


Aucun arbre n'est planté autour de la rizière, mais Fidée 
italienne est à retenir. Le riz craint, en effet, énormément le 
vent, principalement au moment de la floraison. Il est donc 
de toute évidence qu'une ligne d'arbres atténuerait la brise. 
L'expérience est à tenter. Les arbres attirent les oiseaux, en 
particulier les ‘‘fody”, disent les indigènes. En admettant que 
cette indication soit exacte, il faudrait encore contrôler si les 
dégâts causés par le vent ne sont pas supérieurs à ceux 
causés par les oiseaux. J’ai vu des rizières ne donner qu’une 
récolte à peu près nulle à la suite d’un coup de vent survenu 
à l’époque de la floraison. 

En Italie, la pièce est divisée par des digues qu’on établit 
aux endroits où le niveau du terrain se modifie. Ici c’est le 


Ca 


bourrelet de terre, ou ‘‘talaka”, qui, comme la digue italienne, 
est percé, coupé de distance en distance, pour permettre à 
l'eau de s’écouler dans le plan inférieur. L'emplacement de 
ces bourrelets est judicieusement choisi. Comme la digue 
italienne, le talaka est fixe. Sa construction demande des 
soins, et toute modification est onéreuse. D'autre part, il 
ne faut pas perdre de vue que le talaka ne doit, en 
aucune façon, entraver la marche des instruments aratoires. 
Dans ce but, et ne perdant pas de vue qu'à Madagascar 
les grandes surfaces planes sont une exception, il est à 
recommander de faire des planches étroites, mais longues. 
Il est, en effet, difficile de labourer avec un attelage de six 
bœufs si les sillons sont très courts ; par contre, le labour 
se fera très facilement sur une planche longue et étroite. 
Le peu de largeur de l’espace compris entre deux talaka 
ne gêne en rien la marche des herses et des piocheurs 
vibrateurs. 

Le riziculteur italien apporte sur la rizière, avant le 
labour, du fumier, du superphosphate et de la corne torréfiée. 
Pour nos rizières malgaches, le superphosphate ne me 
paraît pas recommandable. J’ai indiqué à la Chambre 
d'Agriculture que je fumais au fumier de ferme et que je 
procédais en ce moment à des essais d'engrais à la poudre 
d'os. Nos rizières sont généralement acides, dépouvues 


MADAGASCAR 69 


presque totalement de chaux et d’une très faible teneur en 
acide phosphorique. En introduisant dans le sol de la poudre 
d'os, nous neutralisons l'acidité naturelle du terrain. Le 
phosphate de chaux devient, en outre, assimilable, grâce à 
sa combinaison avec les acides contenus en abondance 
dans la rizière. Ce double résultat a encore pour effet de 
favoriser la nitrification. En milieu acide, la nitrification 
est toujours ralentie, au point de devenir pratiquement 
nulle. L'absence de chaux, l'énorme quantité de débris 
végétaux accumulés dans les fonds des vallées, donnent 
naissance à une forte quantité d'acide ; d’où la nécessité 
d'introduire une base capable de la neutraliser. Le riz, et 
principalement le vary lava, le plus beau de nos riz, 
craint l'acidité du sol. Les indigènes savent reconnaître le 
sol acide, qu'ils appellent, en pays Betsileo, ‘‘tany manara”, 
ou terre froide. Dans ces rizières, la réaction est franche- 
ment acide et lessai à la teinture de tournesol ne laisse 
aucun doute à ce sujet. Pour amender ces terres, les indi- 
gènes brûlent la tourbe, apportent des cendres et des 
engrais très décomposés. Très vraisemblablement un apport 
de chaux ou de poudre d'os donnerait à meilleur compte 
un résultat supérieur. Les os sont abondants dans le pays ; 
les fabriques de conserves pourraient très vraisembla- 
blement en livrer à bon compte. 

Les Italiens apportent encore sur la rizière des engrais 
azotés. Cette dépense toujours considérable me paraît 
inutile pour la rizière malgache, et il suffira, comme je 
viens de le dire, de favoriser la production d’azote 
assimilable par lintroduction d'une base calcaire. 

Les engrais épandus, on laboure et on herse. Aucune 
différence entre les deux pays. Mais, tandis qu'en Italie le 
hersage est suivi d’un émottage à la houe, fait par des 
femmes, j'emploie ici l'émottage mécanique. Le cultivateur 
canadien, à lames flexibles, ou piocheur vibrateur, fait ce 
travail mieux et surtout plus économiquement. Il me 
semble qu'à ce point de vue le cultivateur italien est en 
retard, 


70 RESSOURCES DES COLONIES 


En Italie, on sème sous l’eau. Ce travail réclame l'emploi 
de semoirs spéciaux. J'ai indiqué à la Chambre d’Agri- 
culture que je semais à sec et que, par ce procédé, j'obtenais 
un rendement très supérieur à celui obtenu avec du riz 
repiqué ; mais il est fortement possible que la production soit 
encore augmentée en semant sous l’eau au semoir. D'ailleurs, 
le rendement considérable de 5 tonnes 1/2 à 6 tonnes à 
l'hectare indiqué par M. Jumelle, et obtenu dans le Vercellèse, 
semble le démontrer. 

C'est un essai à tenter, mais il n’est pas facilement 
réalisable sans le semoir italien. A ce point de vue, on ne 
peut que regretter qu'aucune aide ne soit donnée aux 
riziculteurs de Madagascar. 

La rizière italienne est mise à sec pour le sarclage. M. H. 
Jumelle ne nous donne aucune indication précise sur les 
instruments employés; c’est regrettable. Ici, je sarcle à la 
herse articulée, mais cet instrument donne un travail 
insuffisant dans les rizières nouvelles. La Station rizicole de 
Vercelli a établi des instruments qui donnent de bons 
résultats ; il serait intéressant de les essayer dans nos 
rizières malgaches. 

Huit jours avant la moisson, on laisse écouler l’eau, en 
Italie. J’opère de même, mais ce n’est pas toujours possible 
pour les riz de première saison, qui arrivent à maturité en 
saison des pluies. 

C’est quelques jours avant cet assèchement que, dans la 
mince couche liquide qui reste encore, lon sème, en Italie, 
le trèfle incarnat, qui sera enfoui plus tard comme engrais 
vert. Ceci est intéressant au plus haut degré ; mais il ne faut 
pas oublier que le trèfle incarnat, de même que la luzerne, ne 
réussit bien qu’en terrain riche en acide phosphorique. Sur 
nos rizières, cette culture à la dérobée ne sera possible que si 
la rizière a reçu une bonne dose d'engrais à la poudre d'os. 
Sous cette condition, il est certain que le trèfle incarnat 
pourra donner une bonne récolte, non seulement comme 
engrais vert, mais encore comme récolte de fourrage. Dans 
les mêmes conditions, une culture de blé pourrait être inter- 


MADAGASCAR 71 


calée, et la rotation établie dans le Vercellèse devrait donner 
ici de bons résultats. Cette rotation serait la suivante : 
quatre années de rizières, une culture de blé et un ou deux 
ans de prairies. 

Succédant au riz cultivé dans les conditions que je 
préconise, le blé trouvera un sol parfaitement ameubli, 
débarrassé des mauvaises herbes, riche en acide phosphorique 
et en azote assimilable. L'aspect de la récolte, son rendement 
ne ressembleront alors en rien à ce que nous voyons dans les 
environs d'Antsirabe, où nous semblons véritablement nous 


être un peu trop mis à la remorque du cultivateur indigène ». 


Le palmiste à Madagascar. — L'Æ/aeis qguineensis du 
continent africain, dont une variété madagascariensis pousse 
spontanément dans l'Ouest de Madagascar, a été importé vers 
1903 dans la colonie, et planté à la Station de lIvoloina. Sa 
végétation, sur les terrains alluvionnaires des plateaux qui 
longent la rivière, paraît très normale. Les premiers fruits 
sont apparus la 6° et la 7° année; et à dix ans il y avait 
6 à 10 régimes par pied. Encouragés par ce résultat, de 
nombreux planteurs ont commencé à multiplier le palmier 
dans leurs concessions. D'après les analyses faites à Nanisana 
par M. Gohier, des fruits frais se composaient de 32 pour cent 
de pulpe et 68 de noyau, celui-ci correspondant à 45,5 pour 
cent de coque et 22,5 pour cent de graine. La pulpe contenait 
54 pour cent d’huile à l’état frais, et 65 pour cent à l’état sec, 
l'humidité étant de 17 pour cent. Les graines, ou amandes, 
contenaient 49,5 pour cent de substance grasse. Des fruits 
récoltés depuis 6 mois se composaient de 29,33 pour cent de 
pulpe et 70,66 de noyau ; et celui-ci correspondait à 51,66 de 
coques et 19 d'amandes. La teneur de la pulpe en huile était 
de 59 pour cent. 

Après comparaison entre ces résultats et ceux des analyses 
données pour certaines variétés africaines on peut reprocher 
aux fruits récoltés à Madagascar une proportion relativement 
faible de pulpe, et, inversement, une forte proportion de 
coque. Mais, la pulpe étant très riche en substance grasse, il 


72 RESSOURCES DES COLONIES 


n'y aurait donc qu'à introduire, semble-t-il, dans la colonie, 
des variétés choisies pour que cette culture du palmiste devint 
très rémunératrice. (Supplément au Journal Officiel de 
Madagascar du Samedi 18 Septembre 1915). 


Les engrais à trouver sur place. — L'installation des 
usines frigorifiques ou de conserves de viande a pour consé- 
quence de permettre la préparation, sur place, du sang 
desséché et de la poudre d’os. 

De grandes quantités de sang sont chaque jour perdues 
dans les abattoirs de la colonie. Un bœuf fournit, en moyenne, 
10 à 15 litres de sang, contenant 80 pour cent d’eau et 3 pour 
cent d'azote très rapidement assimilable. Ce sang peut être 
conservé par dessiccation. Or un essai de fabrication de sang 
desséché a été tenté au Laboratoire de Nanisana. 20 litres de 
sang frais ont été mélangés avec 5 pour cent de chaux vive en 
poudre. La coagulation s’est produite aussitôt et a donné un 
bloc qu'on a réduit en menus fragments; le tout a été étalé 
sur une aire de 1 mètre carré, au soleil. Au bout de 4 jours, le 
produit, qui avait été remué deux ou trois fois par jour, était 
suffisamment sec pour être mis en sac; et il dosait 28 pour 
cent d’eau, 8,5 d’azote et 14 de chaux, plus 0,5 à 1 pour cent 
environ d'acide phosphorique et de potasse. Par une plus 
longue dessiccation, le degré d'humidité peut être amené 
à 17 ou 18, avec 10 pour cent d’azote. Ce sang desséché est à 
recommander comme fumure pour les terrains qui tendent 
à s’appauvrir rapidement en azote, notamment pour les 
caféiers en colline. 

D'autre part, des os livrés par l'Usine frigorifique de 
Tamatave, os qui ont été ébouillantés, et même passés dans 
les autoclaves, pour lextraction de la matière grasse, conte- 
naient 3,4 pour cent d'azote et 23,3 d'acide phosphorique. 
Pulvérisés très finement, ces os seraient un très bon engrais 
pour les terres tourbeuses. Les os, cornes et sabots livrés par 
les abattoirs doivent être brûlés dans un four à briques 
ordinaire ou à feu nu. Sur la propriété, le broyage peut être 
effectué au moyen d’un cylindre en pierre se mouvant dans 


MADAGASCAR 73 


une auge circulaire, en pierre ou en maçonnerie. Le mouve- 
ment peut être donné par un manège à bœufs ou au moyen 
d’un moteur quelconque. 

A Nanisana, M. Gohier a encore analysé les balles de riz et 
a trouvé : 

Pour des balles ordinaires, 0,39 pour cent d’azote, 
6,14 d'acide phosphorique et 0,28 de potasse ; 

Pour des balles brûlées, pas d'azote, 0,29 d'acide phospho- 
rique et 0,60 de potasse. 

Ces chiffres sont faibles ; ‘les résidus en question ne sont 
donc guère utilisables que sur place, en mélange avec le 
fumier de ferme. (/4., 18 Septembre 1915). 


La Station de l’Ivoloina. — Le Service de Colonisation 
de Madagascar a publié en 1916 un Guide ef Catalogue de la 
Sfation de l'Ivoloina, comme ïl serait désirable qu’en 
publiassent les autres Stations d'Essais de nos colonies. 

Le Catalogue de la Station de l'Ivoloina a été très méthodi- 
quement dressé par M. G. Carle, chef du Service de 
Colonisation, et M. Eug. Jaeglé, chef de la Station ; et il sera 
un excellent guide pour les visiteurs, planteurs ou simples 
curieux qui passent à la Station. L'inventaire de tous les 
végétaux qui y sont cultivés est accompagné d’un plan qui 
doit permettre de retrouver aisément chaque plante. 

L'opuscule relate en même temps lhistoire de ce Jardin, qui 
a déjà rendu beaucoup de services à la colonie. 

A 10. mètres environ d'altitude, à 3 heures à lest de 
Tamatave, la Station, qui fut créée en 1898, se trouve sur la 
route qui se dirige vers lelac Alaotra.C'est là que viennent se 
terminer les derniers contreforts des falaises qui s’'étagent en 
escaliers successifs jusqu'aux Hauts Plateaux. 

Le climat est celui de la côte Est, c'est-à-dire caractérisé 
par des pluies abondantes et presque continues. Il n'y a 
qu'une période presque sèche, en Octobre. La température 
est toujours assez élevée, surtout de Janvier à Avril, moindre 
de Mai à Septembre. 

En 1915, la Station a délivré 356.056 plants divers et 


74 RESSOURCES DES COLONIES 


2,022.593 graines. Beaucoup d'espèces ou variétés de caféiers 
ontété ainsi distribuées. Une usine d'essais pour la prépa- 
ration des produits récoltés dans le domaine a, en outre, été 
installée. Un troupeau de bovins est aussi entretenu ; il sert 
pour les travaux de préparation du sol et fournit du fumier, 


Les minerais à Madagascar. — Un gisement de cuivre 
a été découvert en Septembre 1915 à 15 kilomètres de 
Vohémar : et les travaux effectués depuis lors ont mis à 
découvert un filon de 3 mètres de largeur sur 2 mètres à 
2 m. 50 de hauteur. Le cuivre s'y trouve à l’état de carbonate 
de cuivre et d'oxyde cuivreux. D'une longueur supérieure à 
1 kilomètre, le filon se suit très bien en affleurement sur un 
parcours de 400 mètres ; et il donnerait sur ce parcours, 
d’après les calculs, plus de 80.000 tonnes d'extraction facile. 
D'autres gisements seront, sans doute, découverts dans la 
région de Vohémar. 

A signaler dans le Bulletin de l'Office Colonial de Janvier- 
Février 1916 une étude de M. Pétri, directeur du Laboratoire 
de Chimie de Tananarive, sur le traitement industriel des 
minerais uranifères, en vue de l'extraction des matières 
radioactives. 


INDOCHINE 75 


INDOCHINE 


Les exportations en 1914. — L'Indochine a exporté en 
1914 1.418.966.950 kilos de riz sous ses diverses formes, 
1.473.904 kilos de fécules diverses, et surtout de manioc, 
99.205.200 kilos de maïs, 2.612.602 kilos de haricots (dont 
2.477.423 kilos vers Hong-Kong), 11.923.109 kilos de fruits et 
graines à huile, 4.010.539 kilos de sucres divers, 3.249.141 kil. 
de poivre, 1.416.299 kilos de rotins, 8.010.852 kilos de cunao 
(dont 7.438.458 kilos vers Hong-Kong), 16.179 kilos de benjoin, 
194.646 kilos de caoutchouc, 5.000 tonnes environ de bois à 
construire (dont la moitié au moins vers Hong-Kong), 
4.171.195 kilos de coton brut, 1.166.279 kilos de coton égrené, 
14.113 kilos de jute brut, 70.153 kilos de kapok, 21.281 kilos 
de chiendent, 53.603 kilos d'essence de badiane, 206.474 kilos 
de gomme-laque, d’une valeur de 165.180 francs, etc. — 
(Journal Officiel de l'Indochine Française, 20 Mai 1915.) 


Les exportations par Saigon en 1915. — Les expor- 
tations de riz par Saigon en 1915 ont été de 1.091.437.000 kil., 
dont 7.328.000 de riz cargo, 777.739.000 de riz blanc, 
48.358.000 de paddy, 138.656.000 de brisures et 119.346.000 de 
farine. Les expéditions de poivre ont été de 4.008.266 kilos, 
dont 724.787 kilos de poivre blanc et 3.283.479 kilos de poivre 
noir. Celles de maïs ont été de 36.614.734 kilos, dont 
7:982.165 kilos de maïs blanc et 24.632.569 kilos de maïs rouge. 
Ilest sorti encore, notamment : 6.536.634 kilos de coprah ; 
2.623.281 kilos de coton, dont 455.775 kilos de coton égrené 
et 2.067.507 kilos de coton non égrené ; 296.419 kilos de 
caoutchouc, 


76 RESSOURCES DES COLONIES 


La gomme-laque et son traitement industriel. — [a 
gomme-laque, ou stick-lac, qui est la sécrétion résineuse d’un 
insecte, le Coccus Lacca, ou Carteria Lacca, ou Tachardia 
Lacca, a, pour les contrées où elle est récoltée, et qui sont 
l'Inde et lindochine, le double intérêt d’être un produit 
d'utilisation locale et un article assez important d'exportation. 

Dans l'Inde, au Siam, en Birmanie, on emploie la gomme- 
laque dans la'fabrication d'objets très divers : filaments dorés 
pour ornements, barattes à lait, navettes, bobines, meules, 
poignées de sabre ou de poignards, bracelets. La plupart de 
ces bracelets à bas prix que les indigènes portent aux pieds 
et aux mains dans toute l'Inde, lorsqu'ils ne sont pas en verre 
ou en métal, sont formés d’un déchet de la fabrication de ce que 
nous allons appeler le s4e//-lac. En Indochine, c’est la gomme- 
laque qui sert, entre autres usages, aux indigènes pour laquer 
leurs dents, comme moyen de préservation contre la carie. 

Industriellement, la gomme-laque, en Europe, entre depuis 
longtemps, en proportions variables, dans la fabrication des 
vernis pour meubles, quoique, du reste, cette fabrication des 
meubles vernis ait beaucoup diminué, remplacée par les 
meubles cirés ; mais on utilise aussi beaucoup la gomme-laque 
comme isolant en machinerie électrique, ou encore pour la 
pâte à disques de phonographe, ainsi que pour les pierres 
lithographiques. Les sortes inférieures sont achetées pour 
la coutellerie, ainsi que pour la préparation des cires à 
cacheter, etc. 

De tout temps, le grand pays exportateur a été l’Inde, qui 
expédiait, pendant la campagne 1913-1914, 17.000 tonnes 
environ de sortes diverses de cette gomme-laque, alors que 
notre Indochine n’en expédiait que 206 tonnes en 1914. 

D'ailleurs jusqu’en 1905 toute notre production indochinoise 
n'était exportée qu'à l’état de matière première, qu'on déboi- 
sait et nettoyait seulement plus ou moins; et ce n’est qu’en 
cette année 1905 que l’‘ Union Commerciale Indochinoiïse” 
chargeait l’un des colons les plus actifs et les plus au courant 
de la culture et de l’industrie locales en Indochine Française, 
M. Hautefeuille, de propager auprès des indigènes les 


INDOCHINE 77 


procédés depuis longtemps en usage dans l'Inde pour le 
raffinage de la gomme-laque. 

Sur les 17.000 tonnes de gommes-laques exportées de l'Inde 
en 1913-1914, il n'y a, en eflet, que 60 tonnes au plus de 
stick-lac, et il y en a près de 14.000 de shell-lac et 1.000 de 
button-lac. 

Et shell-lac et button-lac sont les deux grandes sortes de 
stick-lac raffiné, le s/e//-lac se présentant en écailles ou en 
paillettes, et le bufton-lac en boutons ou en macarons. 

Grâce aux données qu'il avait pu se procurer au cours d’une 
mission agricole dans l'Inde en 1904, M. Hautefeuille montait, 
en 1905, à La Pho une modeste usine qui, depuis lors, s’est 
progressivement développée, et où des ouvriers annamites, 
aussi habiles et plus soigneux que les Indous, savent mainte- 
nant préparer de la gomme-laque indochinoise raffinée. 

Personne, dans ces conditions, n'était plus compétent que 
M. Hautefeuille pour résumer, comme il vient de le faire, 
dans le Bulletin Economique de l’Indochine de Novembre- 
Décembre 1915, toute l'histoire de la production et des 
procédés de récolte et de préparation de la gomme-laque. 
Cette histoire, au point de vue du raffinage du produit, se 
trouve complétée par un article antérieur de M. Pidance, paru 
. dans le même Bulletin en Mai-Juin 1914. 

L’aire de production de linsecte à laque s'étend depuis le 
Tonkin jusqu’au Nord de lInde Anglaise; elle forme un 
rectangle assez régulier qui, commençant à Van-Yen, au 
Tonkin, et à Szémao, en Chine, pour se terminer aux confins 
du Punjab, couvre le Haut-Tonkin, le Laos, le Siam, Ha 
Birmanie, l’Assam Moyen, certains districts du Bengale et 
des Provinces Unies, les Provinces Centrales, le Sind et 
certains districts du Punjab. 

Les arbres sur lesquels peuvent vivre les Zachardia sont 
nombreux et de familles diverses ; ce sont des Légumineuses, 
parmi lesquelles lAcacia arabica, le Butea frondosa, le 
Cajanus indicus, etc., des Sapindacées, telles que le ScAlei- 
chera trijuga, des Euphorbiacées, des Rhamnées, des Urtica- 
cées, parmi lesquelles les Æicus, des Térébinthacées, etc. 


78 RESSOURCES DES COLONIES 


Mais les insectes ne donnent pas sur tous ces arbres la même 
qualité de laque; et c'est sur le Schleichera trijuga, ou 
kusam des indigènes, abondant notamment dans les Provin- 
ces Centrales, qu’on récolte la meilleure de toutes les sortes, 


‘ 


avec laquelle on obtient le ‘‘ Fine Orange” du commerce. Une 
seconde qualité est recueillie sur le Putea frondosa, très 
répandu dans l'Inde, où c’est le palas, ou dhak. On récolte 
aussi beaucoup sur le Ficus religiosa, Y Acacia arabica (dans 
les régions désertiques du Sind), l'A/bizzia Lebbek et le 
jujubier. 

Presque toujours, dans l’Inde comme en Indochine, ces 
arbres exploités sont des arbres qui ont été semés et qui sont 
entretenus en vue de l'élevage de l’insecte. Lorsque ces arbres 
ont été préparés par une taille préalable, plus ou moins 
nécessaire suivant l'espèce, mais qui, en tout cas, a pour but 
de multiplier le nombre des branches tendres sur lesquelles 
le 7Zachardia sera apporté, on pratique l’inoculation. Celle-ci 
est faite avec le hroad-lac, qui est un fragment de stick-lac 
dont les œufs sont près d’éclore. On le choisit dans les parties 
saines des branches, exemptes de larves d’insectes. La 
brindille de bois qui le porte est coupée, et ce tronçon de 
20 centimètres environ de longueur est fixé, avec une attache 
quelconque, sur le rameau où devront apparaître les colonies. 
Souvent toutefois avant cette inoculation le broad-lac est 
laissé pendant quelque temps sur un cadre en bambou, dans 
un endroit frais et aéré ; et il n’est porté à sa place définitive 
que lorsque commence l'émergence, qui se manifeste par le 
rougeoiement des tronçons. 

On ne peut souvent d’ailleurs inoculer un arbre qu'avec du 
broad-lac provenant d’un rameau de la même espèce; ce qui 
prouve bien qu'il est des races diverses de 7achardia Lacca, 
chaque race vivant plus ou moins exclusivement sur un ou 
quelques arbres déterminés. 

L'insecte a deux évolutions par an. On peut donc, dans les 
pays du moins où le climat le permet, faire deux récoltes 
annuelles. Les conditions pour la production du stick-lac sont 
une température moyenne, ni trop élevée ni trop basse, et 


INDOCHINE 79 


une pluviosité annuelle d'environ 750 millimètres. En général, 
on ne trouve guère le 7achardia à moins de 350 ou 400 m. 
ni à plus de 700 mètres. Et il ne suffit donc pas que les arbres 
producteurs puissent croître dans une région pour que 
l’insecte réussisse également à vivre. On comprend de même 
que c’est suivant la plus ou moins grande rigueur de l'hiver 
dans une localité que la récolte sera unique ou double. 

Lorsqu'elle est double, — ce quiest le casle plus fréquent — 
un même arbre, pour certaines espèces, peut à la rigueur 
supporter deux inoculations annuelles ; cependant il paraît 
préférable, la plupart du temps, de ne pratiquer sur un même 
pied qu’un seul ensemencement; et on divise les arbres en 
deux groupes. Dans le premier, les arbres sont taillés en 
Février et inoculésen Juin suivant ; dans le second, les arbres 
sont taillés de façon à être inoculés en Octobre. Les récoltes, 
sur un même pied, seront plus ou moins espacées suivant 
l'espèce ou la vigueur de ce pied. 

D’après M. Maxwell-Lefroy, qui a surtout étudié l’insecte 
sur le jujubier, dans le Béhar, un rendement annuel de 
2 kilos de stick-lac par arbre est modéré, et un pied en bon 
état doit pouvoir fournir jusqu'à 10 kilos. 

Dans l'Inde, les opérations successives que subit ce stick-lac 
brut sont le déboisage, le lavage, le triage, puis la filtration, 
accompagnée d’une cuisson, et la mise en paillettes ou en 
macarons. 

Un produit intermédiaire entre le s/ick-lac, d'une part, et 
le shelElac ou le bufton-lac, de l'autre, est le seed-lac. ou 
laque en grains, qui est le stick-lac déboisé, lavé et criblé, 
mais non raffiné. 

Le déboisage consiste à détacher, avec un couteau ou à la 
main, selon Flespèce d'arbre, la résine qui recouvre les 
rameaux sectionnés. En certains cas, il faut achever l’enlè- 
vement de la gomme-laque en écrasant les brins au moyen 
d’un rouleau en pierre, ou dhenkli : c'est le concassage. 

La laque recueillie est laissée dans l'eau pendant toute une 
nuit ; c'est le lavage, que les Indous complètent parfois avec 
du carbonate de soude monohydraté. On saupoudre alors 


80 RESSOURCES DES COLONIES 


avec ce carbonate, à la dose de 800 grammes pour 100 kilos, 
la matière qui a subi deux ou trois lavages et on lave de 
nouveau dans une petite quantité d’eau, en frottant aussi 
vivement que possible. 

Après tamisage dans une pièce de toile assez serrée, la 
matière est séchée au soleil pendant 2 ou 3 heures, ou à 
l'ombre pendant 24 ou 48 heures; et un bon nettoyage par 
criblage donne enfin le seed-lac. 

Ce seed lac est trié en: 

Gros grain, qui est exclusivement employé pour la 
meilleure qualité de shell-lac ; 

Grain moyen où petit, pour la marque T N, qui est un bon 
shell-lac moyen ; 

Poudre, pour le button-lac. 

Pour la cuisson et la filtration, qui sont deux opérations 
menées simultanément, on ajoute au seed-lac 2 à 3 pour cent 
d’orpiment (trisulfure d’arsenic), qui donne la teinte jaune, 
et dont l'utilité est d’ailleurs contestable, et 4 à 5 pour cent 
de résine de pin qui facilite la cuisson. 

Ce mélange est versé dans des tubes en toile, de 9 à 11 m. 
de longueur et de 7 à 8 centimètres de diamètre: et c’est 
dans ces tubes que le stick-lac va être, à la fois, porté à 
l’ébullition et filtré. 0 

Une des extrémités du tube convenablement rempli est 
fixée à un tourniquet en bois, ou phirki, qu’un ouvrier 
tourne toujours dans le même sens, et qui tord ainsi cette 
espèce de boudin ; l’autre extrémité est tenue par un ouvrier 
à proximité d’un four chauffé avec du charbon de bois. 

L'enveloppe qui constitue le tube diffère selon qu'on veut 
préparer du shell-lac ou du button-lac. Pour le shell-lac, 
elle est composée de deux toiles; pour le button-lac une 
seule toile, au contraire, suffit, mais elle doit être fine et 
très résistante. 

D'autre part, les fours employés sont plus grands pour 
le shell-lac que pour le button-lac. 

On prépare, du reste, beaucoup plus du premier de ces 
deux produits que du second, puisque nous avons déjà vu 


INDOCHINÉE 81 


que, sur 339.166 quintaux (de 50 k. 700) de laque que l'Inde à 
exportés pendant la campagne 1913-1914, il y avait 275.357 
quintaux de shell-lac et 21.865 quintaux seulement de 
button-lac. 

S'agit-il donc d’obtenir du shell-lac ? La masse qui a été 
introduite dans le boudin entre en fusion sous l'influence de 
la chaleur du four ; elle traverse alors les toiles, en formant 
une sorte d’enduit qui s’agglutine autour du boudin et tourne 
avec lui. Mais, se ramollissant de plus en plus, cet enduit 
tombe en gouttes sur une dalle qui est devant le‘ fourneau. 
L'ouvrier, avec une spatule, ramasse la masse fondue, la 
malaxe sur une pierre de marbre, puis la replace sur le 
boudin, où il la maintient avec le plat de sa lame jusqu'au 
moment où elle a la consistance et la teinte voulues. Alors il 
l’'enlève par raclage et la passe à un assistant qui l’étale sur 
une bouteille en faïence, remplie d’eau chaude et disposée 
horizontalement. La paroi de cette bouteille doit être à la 
température de 60 degrés environ. La masse y est étalée sous 
forme de peau, que l’ouvrier détache ensuite pour la présenter 
à la flamme du fourneau, en même temps qu'il l'étire en tous 
sens. Et finalement il obtient une feuille transparente qui 
rappelle assez par son aspect une peau de vache très mince. 
Elle est étendue sur une toile, et, lorsque le refroidissement 
en est complet, on enlève à la main les parties défectueuses 
des bords, parties restées épaisses, brunes ou plissées, qu'on 
remet sur la matière en fusion, pour les traiter à nouveau. 
Les pellicules tirées sont étendues en couches minces jusqu’au 
moment de l'emballage. 

La fabrication du bufton-lac est plus rapide que celle du 
shell-lac, car, lorsque la matière, qui est à grain plus fin que 
précédemment, est cuite, le chef de fourneau, au lieu de létaler 
à la surface de la bouteille horizontale chauffée, la dépose 
simplement, par petits macarons, sur le dos de la gaine foliaire 
d’une espèce déterminée de Musa. Le choix de ce Musa n'est 
pas indifférent, car les gaines de certaines espèces sont trop 
aqueuses, et leurs gaines, en cuisant sous l’action de la 
température de la gomme, se déformeraient. Lorsque chaque 


6 


82 RESSOURCES DES COLONIES 


petit macaon est bien refroidi, on le décolle ; il garde la 
forme d’un petit morceau de tuile creuse. 

Telles sont donc les opérations pratiquées depuis longtemps 
dans l'Inde et que, nous l'avons dit plus haut, M. Hautefeuille 
s’est efforcé d'introduire au Tonkin. 

Mais, en même temps, M. Hautefeuille s’est également 
préoccupé, au cours de plusieurs tournées en Indochine — 
tournées momentanément interrompues — d'établir la réparti- 
tion exacte de la production de gomme-laque dans notre 
colonie. Dès maintenant il est reconnu que les trois grandes 
régions de cette production sont celles de Sonla, du Song-Ma 
et du Nam-Hou, qui descend sur Luang-Prabang. Il reste 
cependant encore à dresser une carte plus précise de ces 
régions et de celles qui sont encore mal connues, de même 
qu’à élucider différentes questions relatives à l'élevage du 
Tachardia, au choix des arbres à cultiver, aux sortes de 
gomme-laque produites et à la préparation rationnelle du 
stick-lac raffiné, etc. Espérons”que, par des recherches sur 
tous ces points, M. Hautefeuille pourra peu à peu compléter 
la belle série d’études qu'il a commencée et qui doit être si 
profitable à notre commerce indochinois. 

Le produit de notre colonie n’est pas entièrement identique 
à celui de l'Inde. Il a le défaut d’être plus coloré, mais il a, 
par contre, l'avantage de se présenter en morceaux plus gros, 
et plus facilement détachables de la brindille qui les porte, et 
d'être aussi moins friables ; et ces caractères physiques, ainsi 
que l’a reconnu M. Hautefeuille, rendent inutile, au moment 
de la cuisson, l'addition de résine. C’est là une supériorité 
réelle qui doit contribuer à faire apprécier le shell-lac du 
Tonkin : et, en fait, l'article a déjà été bien accueilli sur les 
marchés européens. Nous n’aurions donc plus, désormais, à 
exporter à Calcutta, comme nous l'avons fait jusqu'alors, une 
partie de notre stick-lac, en vue de le faire soumettre au 
raffinage qu’exigent ordinairement les maisons d'Europe. 

L'enseignement du raffinage de la gomme-laque est d’ailleurs 
officiellement reconnu par notre Administration, car, dans le 
Journal Ofiiciel de l’Indochine Française du 23 Septem- 


INDOCHINE 83 


bre 1915, on pouvait lire que cet enseignement pratique de la 
transformation de la gomme-laque en shell-lac sera donné 
par M. Hautefeuille à La Pho, du 1° Octobre au 1° Novembre, 
et que des démonstrations d’une durée de cinq jours auront 
lieu aussi éventuellement à Hanoï. Les inscriptions devaient 
être prises à la Direction des Services agricoles et commer- 
ciaux du Tonkin. 

C’est la juste consécration de tous les efforts que fait, 
depuis 1904, M. Hautefeuille, efforts qui, au reste, n’ont pas 
empêché le distingué agronome de s'intéresser en même 
temps, comme on va le voir, à d’autres branches de notre 
culture et de notre industrie coloniales. | 


La ramie en Indochine. — [a culture de la ramie en 
Indochine est, en effet, encore une de ces questions qu'a bien 
étudiées M. Hautefeuille ; et il l’a longuement traitée dans le 
Bulletin Economique de Septembre-Octobre 1915. 

M. Hautefeuille dit au reste lui-même que son travail est 
surtout une compilation, mais à laquelle il a pu ajouter des 
observations tirées d’une longue pratique, ou recueillies au 
cours de voyages ou à la suite de ses expériences personnelles, 
et de celles notamment faites au Tonkin, depuis 1907, à cette 
même Station de La Pho, où ont été poursuivies les recherches 
sur la gomme-laque. 

Les quatre ramies qui ont été cultivées à La Pho sont la 
ramie blanche, la ramie verte et deux espèces ou variétés qui 
ont été trouvées au Laos et au Yunnam, l’une jaune et l’autre 
rouge. 

Les deux premières sont les plus intéressantes ; il ne semble 
pas néanmoins jusqu'alors que leur culture puisse prendre 
une grande extension au Tonkin. La ramre verte, persistante, 
convient aux climats très chauds, mais ne supporte pas 
l'hiver ; inversement la ramie blanche est l'espèce des climats 
tempérés, mais souffre des rudes étés du Tonkin. Quant à la 
ramie jaune et à la ramie rouge, elles sont acclimatées en 
Indochine, mais sont moins vigoureuses que la blanche. 

Le choix des emplacements convenables à la ramie étant 


84 RESSOURCES DES COLONIES 


très limité — car les terrains argileux et humides sont à 
rejeter, tout autant que les terrains élevés, qu'ils soient durs, 
pierreux ou sablonneux; et les terrains alluvionnaires nécessi- 
teraient de grands travaux d'irrigation et de drainage — on 
ne peut pas songer, au Tonkin, à une culture en grand des 
Boehmeria. 

On pourra seulement faire presque partout de la ramie près 
des maisons, comme annexes du jardin, et avec de la terre 
rapportée. C’est ainsi que le textile est déjà cultivé en haut 
pays par les montagnards, qui pourraient faire beaucoup plus 
s'ils étaient sollicités et guidés. 

Telle est, du moins, l'impression que donnent ces premières 
études, qui posent le problème et méritent d’être continuées. 
(L. Hautefeuiile : Nofes et observations sur la culture de la 
ramie, dans le Bulletin Economique de l’'Indochine, nouvelle 
série, n° 113). 


Le jute dans l’Inde et en Indochine. — On doit encore 
à M. Hautefeuille une étude sur le jute, analogue à celle que 
nous venons de résumer sur la ramie. M. Hautefeuille y 
examine d’abord ionguement les conditions culturales du 
textile dans l'Inde, ou, plus exactement au Bengale, puisque 
c'est dans cette région qu'est récolté, sur un minimum d’un 
million d'hectares, et principalement au voisinage des cours 
d’eau, tout le jute exporté, manufacturé ou brut. 

La répartition des pluies, dans cette contrée où les 
Corchorus sont cultivés, indique bien que ces plantes 
supportent mal la sécheresse. Ainsi que l’a écrit très juste- 
ment M. Tromp de Haas, le jute exige un climat chaud, avec 
des chutes de pluie de 50 à 75 centimètres, distribuées sur les 
quatre sixièmes des jours pendant la période de semis, et 
de 150 à 300 millimètres par mois pendant la végétation. 
Et, en effet, on sème en général au Bengale, suivant les 
localités, en Mai ou en Juin, plus rarement en Mars ou Avril. 
Or, à Dacca, les moyennes de pluie de 40 années ont été 
de 225 millimètres en Mai, 266 millimètres en Juin, 314 milli- 
mètres en Juillet, 315 millimètres en Août, 242 millimètres en 


INDOCHINE 85 


Septembre; à Bardwan, elles ont été de 164 millimètres en 
Mai, 214 millimètres en Juin, 312 millimètres en Juillet, 
450 millimètres en Août, 345 millimètres en Septembre. Et ce 
sont des indications analogues pour les autres postes du 
Bengale. ‘‘ L'idéal pour le jute, dit en définitive M. Haute- 
feuille, est un développement sans arrêt, assuré par une 
alternance de pluie et de soleil.” 

Le sol a une importance moindre que le climat. Cependant 
les meilleurs terrains sont ceux qui sontalluvionnaires et argilo- 
siliceux ; les plus mauvais sont ceux qui sont graveleux, et 
aussi les latérites, les sables purs, les argiles compactes, et 
tous les sols qui durcissent trop au soleil. Il n’est pas indis- 
pensable que le sol soit très profond, ni que le sous-sol soit 
humide; au contraire, une bonne moyenne de sol arable, 
poreux, bien meuble, est ce qu'il y a de mieux. Il ne faut pas 
que l’eau séjourne, mais il est toujours utile qu'une bonne 
capillarité maintienne l'humidité. 

Une excellente préparation de ces terrains est absolument 
nécessaire. L'ensemencement est ensuite une opération 
délicate, et qui doit être faite le jour même où le sol a été bien 
ameubli. Le semis en lignes présenterait beaucoup d’avan- 
tages, mais il nécessite trop de temps pour que les indigènes 
le pratiquent ; ils sèment de préférence à la volée. Quant à la 
quantité de semence, elle doit être, par hectare, d'après 
M. Hautefeuille, de 12 à 14 kilos pour le semis en lignes, et 
de 18 à 20 kilos à la volée. M. Hautefeuille a reconnu encore 
que c’est le semis superficiel qui donne la levée la plus rapide, 
en même temps que la plus abondante. On éclaircit et sarcle 
en même temps ; ces deux opérations n’en font généralement 
qu’une, qui est presque toujours suffisante et doit avoir lieu 
quand la plante a 12 ou 15 centimètres, ou 20 centimètres au 
plus. 

On peut laisser la plantation très serrée, et les pieds rappro- 
chés jusqu’à 10 à 15 centimètres les uns des autres. Ce qui 
importe plus qu’une distance plus ou moins grande, c'est une 
parfaite régularité. 

Il importe beaucoup que le jute soit récolté et mis à l’eau 


S6 RESSOURCES DES COLONIES 


en temps voulu. Dès que la récolte est commencée, elle ne 
doit pas être arrêtée. 

Le moment de cette récolte est indiqué par la pleine 
floraison, qui commence trois mois à trois mois et demi après 
l'ensemencement. Au delà de cette époque, les fibres s’altè- 
rent, et le jute perd de sa valeur. Avant la floraison, par 
contre, la fibre est trop tendre. Il y a donc bien un moment 
précis de la maturité de la filasse. | 

On récolte par coupe ou par arrachage, généralement par 
coupe. Dans l'Inde, ces tiges coupées sont étalées ou mises en 
tas sur le sol pendant un ou deux jours. Selon M. Hautefeuille, 
cette pratique n’est pas à recommander au Tonkin, où il vaut 
mieux mettre immédiatement en bottes, qu’on laisse dressées 
pendant 24 heures. Ces bottes sont faites avec des tiges qui 
ont été triées suivant leur longueur et leur force; on les 
immerge d’après les procédés souvent décrits. La durée du 
‘rouissage est variable : elle est de 8 à 12 jours dans les mares, 
par temps chaud, et de 12 à 20 jours en eau courante. À La 
Pho, au Tonkin, il faut ordinairement de 10 à 12 jours, 
exceptionnellement 8 à 15 jours. 

Il ne faut défibrer ni trop tôt ni trop tard. Un bon ouvrier 
peut obtenir de 35 à 45 kilos de filasse dans une journée bien 
remplie. Dans l'Inde, les cultivateurs se servent de presses 
pour la mise en balles, ces balles étant de 180. kilos environ. 

Comme rendement, M. Hautefeuille a obtenu par hectare 
de 1.056 à 1.420 kilos; mais il ajoute que la production du 
jute est très capricieuse. 

Les Corchorus sont assez épuisants. Les fumures organi- 
ques sont plus avantageuses que les matières minérales; le 
fumier de vache est favorable. La plante, d’ailleurs, ne doit 
revenir sur le même sol qu'après 2 ou 3 ans d'interruption, 
au cours desquels toutes les autres cultures sont possibles. 

Au sujet des variétés, de leurs caractères distinctifs et de 
leurs valeurs respectives, nous renvoyons au travail même 
de M. Hautefeuille. On y trouve la base d’une classification : 
qu'il y aura lieu, dans l'avenir, de compléter. Pour le jute 
comme pour toutes les autres plantes cultivées des pays 


INDOCHINE 87 


chauds, l'étude des variétés reste à faire : et elle est, Ià comme 
toujours, de première importance pour une amélioration 
culturale méthodique. 

I! ne faut pas perdre de vue que le jute, dont les premières 
gxportations ont commencé vers 1828, est, après le coton et 
le chanvre, le textile le plus important. La récolte annuelle 
de l'Inde est estimée à près d'un million et demi de tonnes. 
La valeur du jute brut exporté en ces dernières années 
atteignait 200 millions de francs, et celle du jute manufacturé 
dépassait 150 millions. Calcutta fabrique annuellement plus 
de 250 millions de ces sacs dits ‘‘gunnies”. 

De tout le jute brut indien, la Grande-Bretagne, avant la 
guerre, employait environ la moitié, l'Allemagne 20 pour cent, 
les Etats-Unis 14 pour cent et la France 12 à 13 pour cent. 

Les prix de ce jute variaient de 30 à 45 francs les 100 kilos. 

Et alors ia question qui finalement se pose — puisque c’est 
dans le but d’y répondre que M. Hautefeuille, bien documenté 
par ses études dans l'Inde, a poursuivi, depuis 1907, ses essais 
à La Pho — est de savoir si le jute peut, en Indochine, et 
particulièrement au Tonkin, prendre un certain déve- 
loppement. 

En printipe, conclut à cet égard le distingué agronome, la 
culture des Corchorus ne rencontre pas dans notre colonie 
un empêchement absolu, d'ordre climatique, cultural ou 
économique. Il est possible et il peut être avantageux de 
cultiver le jute au Tonkin. La moyenne de chaleur estivale 
y est suffisante, les pluies sont assez abondantes, il y a des 
terrains favorables, et des facilités se trouvent réunies pour 
le rouissage. Cependant, au total, ces diverses conditions sont 
toutes moins favorables au Tonkin qu'au Bengale ; et l'une 
des moins bonnes conditions notamment est la répartition 
des pluies, qui présente au Tonkin une inégalité susceptible 
d'entraîner une production moins régulière et une moindre 
certitude de récolte. La somme de chaleur est aussi plus faible 
au Tonkin qu'au Bengale, avec également une moins bonne 
répartition. Pour la plante coupée, les effets du soleil sont 


plus nocifs chez nous que dans l'Inde. Nous avons aussi, au 


fe RESSOURCES DES COLONIES 


Tonkin, à craindre des inondations, et nous avons moins de 
facilités pour le rouissage dans les mares, qui sont moins 
nombreuses et moins vastes que dans la colonie anglaise. 

La culture du jute ne pourrait donc certainement pas, en 
tout cas, prendre en Indochine une importance qui nous 
permettrait une concurrence, ou même un appoint sérieux à 
la production indienne. Les étendues susceptibles d’être, chez 
nous, consacrées au jute, ne représentent qu’un quarantième 
de la surface que la plante occupe au Bengale. Puis, les 
centres de production étant un peu dispersés, il faudrait une 
organisation qui permettrait de centraliser les récoltes; et 
cette organisation ne sera du reste créée que si l’on pressent 
des chances de production croissante. ‘ C’est pourquoi, bien 
que la culture du jute ne soit pas payante pour un colon 
européen, la culture indirecte ou indigène ne sera probable- 
ment possible que si elle est provoquée, encouragée et 
soutenue pendant encore bien des années par des colons 
européens qui s’en constitueront les banquiers et les exporta- 
teurs”. (Léon Hautefeuille: La culture du jute dans l'Inde 
et en Indochine, dans le Bulletin Economique de l’Indochine, 
n° 113 et 114, Mai-Juin et Juillet-Août 1915). 

La quinine japonaise. — Par arrêté du Gouverneur 
Général de l'Indochine, en date du 10 Juin 1916, le médicament 
dit quinine japonaise, et connu en annamite sous le nom de 
KYy ninh nhut bôn, n'étant pas de la quinine, sa vente sous 
cette dénomination de quinine japonaise est interdite en 
Cochinchine. (Journal Officiel de l’'Indochine Française, 
Juin 1916). 


Le développement minier au Tonkin. — L'étude que 
nous allons résumer est due à M. le lieutenant Sire, attaché 
au Bureau Militaire du Gouvernement de l’Indochine. 
L'auteur y passe en revue les principaux gisements métallur- 
giques ou de combustibles du Tonkin, en indiquant l’activité 
économique qui se concentre autour de chacun d’eux. 

Le métal de beaucoup le plus abondant au Tonkin.est le 


INDOCHINE 89 


zinc, qui fournit 93 pour cent de l'exportation. Il se présente 
sous forme de calamine et de blende, minerais déjà connus 
autrefois des Chinois, qui en extrayaient le métal pour leurs 
sapèques. La valeur marchande de ces minerais de zinc du 
Tonkin est très supérieure à la moyenne, leurs teneurs 
varient de 36 à 65 et 70 pour cent. Les calamines, générale- 
ment plombeuses ou ferrugineuses, passent d’abord à la 
laverie, puis sont calcinées dans des fours spéciaux, et elles 
sont expédiées en Europe, où elles sont définitivement traitées 
pour l'obtention du métal par distillation. Avant 1914, elles 
étaient dirigées en partie sur Marseille, Bordeaux, Le Havre, 
Dunkerque, l'Angleterre et le Japon, mais les plus grosses 
quantités étaient envoyées à Anvers, Hambourg et Brême. 
Elles contribuaient donc surtout à approvisionner, pour la 
production du zinc métal, les usines allemandes et belges. 


En 1910, la production mondiale de ce zinc métal étant : 


PERS EniS ESeR. + +... 250.000 tonnes 
AUEMRABREr TLC ERNST 5284600 ÿ 
Beiquon RQ UE T2 000"! 15 
Angleterre...... ste OS ADD -S 
Framepy nest 5% PEER 51.000 » 
Hollandei, 1... santé D TTL 20 00 2 
Autriche... Pot dote 13 000  » 
Russæ et Japon. ..,...:,1,. + 20-000 725 


Soit un total de 817.000 tonnes ; et 71 concessions minières 
participaient, au Tonkin, à la fourniture des minerais traités. 

Après le zinc, les minerais les plus importants de notre 
colonie sont ceux de wolfram et d’étain, surtout du premier. 
Le wolfram se trouve dans le massif du Pia-Ouac, à l'ouest 
de Cao-Bang. Les proportions relatives de tungstène et 
d'étain sont variables ; il peut y avoir 65 pour cent d'acide 
tungstique par exemple, et 1 pour cent d’étain, ou des propor- 
tions égales. Le massif du Pia-Ouac comprenait, en 1914, 
29 concessions. L'étain — qu'on extrait, au Yunnam, à 
Ko-Kieou, près de Mongtzeu, dans la vallée du Fleuve Rouge, 


90 RESSOURCES DES COLONIES 


d'où les exportations annuelles vers Hong-Kong sont d'environ 
8.000 tonnes — n'est qu'en petite quantité. 

Le plomb est sous forme de galène ou de minerai mixte de 
blende et de galène. Il y a deux principales mines tonkinoises. 
Ce minerai de plomb est, en général, très argentifère. Au 
sud-ouest de Cao-Bang et au sud du Pia-Ouac, la mine de 
Ngan-Son est réputée pour sa teneur en argent ( 4 et 700 par 
tonne de minerai.) 

Dans la région de la Haute Rivière Noire, il y avait encore 
en 1914 six exploitations cuprifères. 

L’antimoine, si demandé en Europe pour la fabrication des 
aciers durs et des enveloppes d’explosifs, est à l’état de sulfure 
et d'oxyde dans les gisements situés au nerd de Port-Courbet, 
dans la province de Quang-Yen. On extrait aussi du sulfure 
dans la ‘province de Moncay et de l’oxyde et du sulfure 
près de Vinh. f 

Le fer est peu exploité. Il y a cependant beaucoup de 
pyrites au Tonkin. ‘On peut regretter, dit M. Sire, qu'avec 
le charbon à proximité il ne soit pas construit de hauts 
fourneaux dans ce pays, surtout lorsqu'on songe que, par 
suite de occupation allemande en Meurthe-et-Moselle, la 
France se trouve actuellement privée des fameuses mines de 
Briey, qui produisaient à elles seules les 9 dixièmes du fer 
employé dans la métropole.” II y a, dans ces minerais, la 
présence presque constante de manganèse. 

Pour le mercure, il y a lieu de mentionner deux gisements 
cinabrifères, ceux de Cao-Ma-Pe et de Khao-Loc, au nord de 
la province de Ha-Giang, entre la Haute Rivière Claire et le 
Song-Mieu. 

Enfin il y a 12 concessions de gisements aurifères, 
notamment près de Ninh-Binh, de Hoa-Binh, de Son-La et de 
Cao-Bang. Mais il convient d’être très réservé à l'égard de la 
valeur et de l'étendue de ces gisements, que leur degré 
d’exploitabilité rendrait à peine payants. 

Quant aux mines de combustibles, on sait depuis longtemps 
l'importance qu'ont les gisements de la baie de Hongay, où la 
Société Française des Charbonnages du Tonkin a une 


INDOCHINE é 91 


concession de 21.932 hectares, avec 50 kilomètres de côte. 
Près de 10.000 coolies chinois et annamites y sont employés. 
Au nord-est d'Hongay, les gisements de l'île de Kebao 
acquièrent aussi de l'importance, de même que ceux de Port- 
Courbet, à l’ouest d'Hongay et de Mao-Khé. 

Dans la haute vallée du Fleuve Rouge, on a découvert des 
affleurements de schistes bitumineux. (Sire: Le dévelop- 
pement minier au Tonkin et la participation allemande, 
dans le Bulletin Economique de l’Indochine de Septembre- 
Octobre 1915.) 

En 1915, le mouvement général des sorties du charbon 
d'Indochine a été de 727.862 tonnes, chiffre le plus élevé qui 
ait été atteint jusqu'alors. La Société Française que nous 
venons de citer a produit 629.358 tonnes, soit 86 pour cent 
des ventes totales. Ces ventes, qui comprennent 98.318 tonnes 
de briquettes, 199.412 de criblé, et 430.132 de menu, se 
répartissent ainsi, suivant les lieux de production : Hongay 
629.358 tonnes, Kebao 15.600 tonnes, Mao-Khé 33.311 tonnes, 
Port-Courbet 36.395 tonnes, divers 16.658 tonnes. 


92 


RESSOURCES DES COLONIES 


NOUVELLE-CALÉDONIE 


Les exportations en 1915. — Le montant des expor- 


tations de la colonie en 1915 a été de 16.020.278 francs, dont 


5.431.690 francs à destination de la France. Il a été expédié 


notamment : 


4.322 


742 


Q1 à 
U1 SI © D 


.464. L 
.529.167/mattes de nickel. 


127 
122 
820 


193 
769 
909 
112 
668 
000 
000 


.-896 kilos de coprah. 
1331 
439. 
88. 
.526 
69. 
4. 
856. 
398. 
989. 
.800. 
.576. 


— de graines de coton. 

— de café. 

— de CAca0. 

— de bois communs. 

— de bois de santal. 

— d'essence de niaouli. 

— de conserves de viande. 

— de peaux brutes. 

kilos de trocas, ou nacre en coquilles brutes. 
— de phosphates. 


— de minerai de nickel. 


203 — de minerai de chrome. 


Pos 


La culture du caféier en Nouvelle-Calédonie est toujours 


précaire, les plantations ravagées par l’Æemileia n'étant pas 


encore reconstituées, malgré l'emploi des bouillies cupriques 


et des pulvérisations sulfureuses. Le Coffea robusta a été, 


d'autre part, introduit. Dans le total des exportations de 


café indiquées plus haut, la Nouvelle-Calédonie n'intervient 


d’ailleurs que pour 177 tonnes; 262 tonnes proviennent des 
Nouvelles-Hébrides. 


Ce sont également les Etablissements français de l'archipel 
qui ont produit tout le cacao. 


NOUVELLE-CALÉDONIE 93 


Une bonne partie du coton est due aussi aux Nouvelles- 
Hébrides, dont le climat est plus favorable au cotonnier 
que celui de la Nouvelle-Calédonie. Le produit a été très 
estimé au Havre. 

Une forte augmentation est à constater sur la fabrication 
de l'essence de niaouli, connue en France sous le nom de 
goménol. 

Les phosphates, que la ‘* Société Austral Guano” a exportés 
en Nouvelle-Zélande, ont été extraits de l'île Surprise. 
Quoique la Société persiste à donner à ce produit le nom de 
guano, il s’agit bien, en réalité, de phosphates minéralisés, 
qui proviennent de la décomposition des guanos et de la 
combinaison de leurs éléments constitutifs avec les couches 
de corail sous-jacentes. 

Les sorties de minerai de nickel ont presque diminué de 
moitié par rapport à 1914 (94.154.036 kilos); la cause en est 
que l'Allemagne absorbait avant la guerre une grosse partie 
de cette production (15 pour cent environ). 

La diminution a été relativement moindre pour les minerais 
de chrome, le métal étant très demandé par les nations alliées 
et par les États-Unis ; elle a pour seules causes l'insuffisance 
de transports et l’augmentation du fret. 

L'usine de conserves de viandes de Ouaco a travaillé avec 
activité, et surtout pour l'Angleterre. Elle a abattu plus 
de 6.000 têtes de bétail. 

Nouméa possède deux usines pour l’égrenage du coton, qui 
provient de Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides. 
Un de ces établissements se livre en outre à la décortication 
du café. 

Le coprah est fourni par un million environ de cocotiers, 
dont la culture s'est développée en ces dernières années. 


(Bulletin de l'Office Colonial, Juin-Juillet 1916). 


94 RESSOURCES DES COLONIES 


GUYANE FRANÇAISE 


Les exportations en 1915. - La Guyane Française a 
exporté en 1915 : 


22.424 kilos de cacao 
159 . » de café 


522 » de fécules 
390 055 » de gomme de balata 
24.668 » d’essence de bois de rose 
2.852 » de vessies natatoires 


63 » de plumes de parure 

4 » d’écailles de tortue 
2.530 » de cornes de bétail 
3:279 0 MIrId'or-natif 


Il faut encore ajouter 1.049 litres de rhum et tafia, dont 
829 litres pour la France et ses colonies et 220 litres pour 
l'étranger. Les exportations de cacao, de café et de fécules 
ont été entièrement à destination de la France ; mais il a été 
expédié 204.550 kilos de gomme de balata et 1.642 kilos 
d'essence de bois de rose à l'étranger. Les cornes de bétail 
ont été dirigées au total vers l'étranger. 


Les 3.339 kilos d’or natif représentaient une valeur de 
10.022.114 francs. 


MARTINIQUE ET GUADELOUPE 95 


MARTINIQUE ET GUADELOUPE 


Les exportations de la Martinique en 1915. — Ces 


exportations ont été de: 


2 
11 632 » de sucre brut 
30 » de mélasse 
791 litres de rhum et tafia 
.299 kilos de café 
.307 » de cacaos 
17.124 » de casse 
1.645 » de vanille 


La plus grosse partie de ces exportations a été à destination 
de la France. 


Le commerce de la Guadeloupe en 1914 — Le com- 
merce général de la Guadeloupe en 1914 s'est augmenté, 
par rapport à l’année précédente, de plus de 5 millions de 
francs; et cette augmentation est due surtout à l'essor de 
l’industrie rhumière et au relèvement soudain, par le fait 
de la guerre, des cours du sucre et du rhum sur le marché 
français. Les expéditions de sucre d'usine ont été de 
39.617.280 kilos, au lieu de 26.636.053 kilos-en 1913; celles 
de rhum ont été de 15.840.523 litres (7.405.596 francs) au 
lieu de 9.540.485 litres (3.971.333 francs) en 1915. 

Presque toute la vanille (11.499 kilos au total) a été envoyée 
aux États-Unis. (Pulletin de l'Office Colonial, Mars 1916.) 


96 RESSOURCES DES COLONIES 


ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS 
DE L'OCÉANIE 


Les exportations en 1915. — I] à été exporté de l'Océanie 
Française en 1915 : 


10.620.486 kilos de coprah 
1.322.545 cocos en coques 
4 015.650 oranges 


292.883 kilos de nacres 
163.880  » de vanille 
8 046 » de champignons (fungus) 
8.485 » de coton égrené 
3.241 » de cire d’abeilles 
2 


.103 » de biches de mer 


SJ 
EN 
I 
D = 
hR 


.160 » de phosphates naturels 


Le total de ces exportations représente, en valeur, 
7.707.539 francs, soit 810,413 francs de moins qu’en 1914. 
Mais cette diminution de 1915 est essentiellement due à 
l'infériorité des prix atteints sur les marchés par les trois 
principaux produits qui sont le coprab, la vanilleet les nacres, 
car, au point de vue de la quantité, la production, dans 
l'ensemble, a plutôt augmenté (82.853.284 kilos au lieu de 
81.061.468 kilos) et l’augmentation a été particulièrement 
forte (3.079.881 kilos) pour le coprah. Il y a eu, par contre, 
affaiblissement sensible pour les nacres; mais encore cet 
_affaiblissement est-il plus apparent que réel, car il restait 
au 1° Janvier 1916 de forts stocks de ces nacres dont l’expé- 
dition a été retardée par suite du fléchissement des cours. 
(Journal Officiel des Etablissements Français de l'Océanie, 
1° Juin 1916.) 


ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L'OCÉANIE 97 


Au sujet de ces Etablissements de l'Océanie, signalons que, 
dans le but de protéger la colonie contre les maladies des 
végétaux, un arrêté a été pris en 1916 par M. le Gouverneur 
Julien pour prohiber l'entrée de tous palmiers, des caféiers, 
des bananiers, etc., ainsi que des terres ou composts qui 
pourraient contenir les parasites redoutés. Des certificats 
d'origine sont désormais nécessaires pour l'introduction de 
tous les végétaux vivants ou de toutes les portions de végé- 
taux, y compris les graines. 


Les vanilleries de Tahiti et Moorea. — La Chambre 
d'Agriculture de Tahiti et Moorea chargeait en 1906 M. Mei- 
necke d’une étude sur les maladies de la vanille à Tahiti, et 
sur les remèdes à y apporter. En remettant son rapport au 
gouverneur des Etablissements Français de l'Océanie, 
M. Meinecke a résumé dans une lettre ses principales obser- 
vations. 

A son avis, les vanilleries de Tahiti et Moorea sont, pour la 
plupart, dégénérées par suite d’un épuisement continu et d’un 
manque presque complet des soins les plus élémentaires. 1] 
faudrait donc améliorer la culture. Mais il importe aussi de 
débarrasser les plants de toute trace de maladie et de détruire 
tous les foyers d'infection, en brûlant toutes les lianes ou 
parties de lianes attaquées ou mortes. On doit aussi faire 
disparaître entièrement toutes les vanilleries abandonnées. 

L'un des abus actuels, à Tahiti, est aussi de cueillir beaucoup 
de gousses avant maturité. La préparation de la vanille est 
presque complètement entre les mains des Chinois ; or les 
planteurs indigènes, se préoccupant plus du poids que de la 
qualité, et cherchant à vendre les plus grandes quantités 
possibles avec le minimum de travail, récoltent bien à la date 
fixée officiellement, mais détachent les grappes entières, au 
lieu de choisir les gousses isolément. Et on peut dire que 
20 à 40 pour cent des fruits d'une grappe ainsi cueillie ne 
sont pas au degré voulu de maturité. Cela importe assez peu 
aux planteurs, qui sont payés pour le nombre total des 


] 


98 RESSOURCES DES COLONIES 


gousses et qui donc provoquent une trop abondante féconda- 
tion, d'où résulte l'épuisement des pieds. 

Un autre inconvénient qui résulte de cette façon de pro- 
céder, c'est que les gousses vertes, une fois préparées, ont 
bien l’aspect des gousses mûres, mais, en réalité, contiennent 
peu de vanilline. Et cela contribue à déprécier le produit de 
Tahiti. Le bas prix qui en résulte ainsi pousse, en retour, les 
planteurs à féconder beaucoup trop de fleurs. Il y a là un 
véritable cercle vicieux. 

Une autre question fort intéressante est soulevée par 
M. Meinecke. Alors que l'Europe, et surtout la France, 
emploie plutôt la vanille sous forme de gousses, le marché 
américain réclame de préférence la vanille destinée à la 
fabrication des extraits. Dans ce dernier cas, la valeur de la 
gousse dépend uniquement de la teneur en vanilline, indépen- 
damment de laspect ou de la longueur, qui entrent, au 
contraire, largement en ligne de compte dans les cours 
européens. Il y aurait lieu, dès lors, de remplacer l'unique 
classification actuelle par deux classifications correspondant à 
ces deux exigences différentes. 

En terminant sa lettre, M. Meinecke fait remarquer que les. 
vanilleries ne sont pas, dans la colonie, la seule culture qu’il 
soit nécessaire de surveiller et pour laquelle il est urgent 
d’enrayer les dégâts causés par les maladies cryptogamiques 
et les insectes. Il importe aussi d'empêcher l'introduction de 
plantes infestées ; ce que, du reste, M. le gouverneur Julien a 
cherché à obtenir par l'arrêté cité plus haut. Mais cette 
première mesure ne suffit pas, et, comme le dit M. Meinecke, 
une inspection stricte et éclairée peut seule écarter tous ces 
dangers. 

« Pour tous ces travaux touchant de si près aux intérêts 
agricoles de la Colonie, il faudrait un Service de phytopatho- 
logie. Le temps est passé depuis longtemps où ce Service 
aurait pu être confié à d’autres que des spécialistes possédant 
une expérience étendue. Je me permets donc de proposer la 
création d’un Service d'Agriculture, qui se composerait d’un 
botaniste ayant fait des études spéciales en pathologie végétale 


ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L'OCÉANIE 99 


sous les tropiques, et de lui associer comme aides, choisis par 
lui, un entomologiste pour l'étude des insectes et un chimiste 
pour les questions d'engrais, chimie du sol et chimie des 
produits agricoles. Un laboratoire bien‘installé, comprenant 
une bibliothèque scientifique et disposant d’un terrain destiné 
aux expériences nécessaires, complèterait le Service. » 
(Journal Officiel des Etablissements Français de l'Océanie, 
15 Juillet 1916.) 


100 RESSOURCES DES COLONIES 


SIERRA-LEONE 


Le piassava. — C'est surtout à Sierra-Leone qu'est récolté 
le piassava de l’Ouest-Africain Anglais, fourni par les 
faisceaux libero-ligneux des gaines foliaires du Æaphia 
Hookeri; et les exportations de cette fibre à brosse étaient 
en 1914 de 983 tonnes, d’une valeur de 48.750 francs. Aucune 
exportation n'est indiquée, la même année, de la Gambie ni 
de la Gold Coast, mais 403 tonnes sortaient de la Nigéria. 

La préparation du piassava laisse comme résidu une masse 
de fibres entremèêlées, rouge brunâtre, longues ordinairement 
de 50 à 75 centimètres, et qui ont l'apparence d’un coir 
inférieur. Ce déchet est resté jusqu'alors inutilisé, mais les 
expertises faites à Londres laissent penser qu'il pourrait 
peut-être être vendu comme une sorte de coir ; il a été estimé 
150 à 200 francs la tonne. Des essais sur de plus grandes 
quantités sont en cours. {Bulletin of the Imperial Institute, 


Octobre-Décembre 1915). 


Le £roo de Sierra-Leone 


Graines de Légumineuses. 
est le Vigna Catjang. D'après les analyses de l’Imperial 
Institute, les graines, qui ont une teneur de 55,2 pour cent 
d'amidon et de 24,3 d’albuminoïdes, pour 11,3 d’eau, ne 
contiennent ni alcaloïde, ni glucoside cyanogénique. 

Le fowe de la même contrée est le Phaseolus lunatus. Les 
graines examinées à Londres étaient, les unes blanches avec 
des taches noires ou rouge brun, et les autres brun rosé avec 
des taches grises et noires. Les premières (55,7 d’amidon et 
22,9 d’albuminoïides) contenaient 0,025 pour cent de glucoside 
cyanogénique, et les secondes (55,8 d’amidon et 23,4 d’albu- 
minoïdes) 0,03. Aucune ne contient d’alcaloïde. (Bulletin of 
the Imperial Institute, Octobre-Décembre 1914). 


SIERRA-LEONE 101 


Une graine oléagineuse. — Le gor/i, ou Oncoba echinatfa, 
de la famille des Bixacées, croît en abondance dans le district 
de Yorney et à Gbatema, mais seulement dans ce qui reste de 
la forêt vierge ; et il est très difficile de se procurer de grandes 
quantités de graines. 

Ces graines, qui pèsent en moyenne 46 milligrammes, et 
dont l’amande a une saveur douce et oléagineuse, avec 
toutefois un arrière goût particulier quand on la mâche, 
contiennent 46,6 pour cent d'huile, 17,5 à 18,1 d’albuminoïdes, 
11,8 à 12,1 d’amidon. 

L'huile est ferme, blanche et cristalline, avec une odeur 
spéciale caractéristique. Elle fond graduellement au-dessus 
de 35 degrés et est complètement liquide à 45 degrés. Les 


autres caractéristiques sont : 


Poids spécifique...... LE 0,896 à 0,898 
lhocesdacide 4... -2. ADN A2. 

Indice de saponification... 192, à 193,9 

Indice diode 1: EE 10968 11997 1: pour cent 
Indice de Hehner....... 47 96,5 

Indice de Reichert-Meisl... nul 

Matières insaponifiables.... 13% 240 14,0, ,pour:cent 


L'acidité de 22,4 a été constatée avec l'huile de graines 
sentant le moisi ; 4,5 se rapprocherait donc plutôt de l'indice 
normal. 

Les acides gras ont pour indice d'iode 105,1 et sont un 
mélange approximatif de 87,5 pour cent d’un acide solide 
cristallin et de 12,5 pour cent d’un acide liquide. L’'acide 
solide a été identifié avec l'acide chaulmoogrique de l'huile 
de chaulmoogra de l'Inde. L'indice d’iode de l’acide liquide 
est122: 

À priori, la substance grasse pourrait servir en stéarinerie- 
et en savonnerie. La présence de l'acide chaulmoogrique 
indique qu’elle ne peut être alimentaire. {Bulletin of the 
Imperial Institute, Juillet-Septembre 1913). 


102 RESSOURCES DES COLONIES 


GOLD COAST 


Le cacao. — D'après les renseignements donnés par le 
‘ Colonial Office”, les exportations de cacao de la Gold Coast, 


en ces dernières années, ont été de : 


50.554 tonnes en 1913 
2.888 — en 1914 
77.218 — en 1915 


La valeur des exportations de 1915 était de 91.284.000 francs 
environ. La très rapide extension des plantations de cacaoyers 
dans la colonie anglaise n’a pas d’ailleurs été sans quelques 
inconvénients. En raison même des larges surfaces cultivées, 
la culture n’a généralement pas été faite avec un soin suffisant ; 
de mauvaises habitudes dans le mode de préparation se sont 
implantées, qu'il devient difficile aujourd'hui de faire 
disparaître, et la main-d'œuvre n’est pas en rapport avec les 
besoins que nécessitent ces grosses récoltes. La quantité nuit 
finalement à la qualité. Comme conséquence de cette culture 
mal conduite, les rendements s’affaiblissent plus rapidement 
qu'il est normal, et les derniers rapports des fonctionnaires 
de la colonie notent la diminution rapide de production des 
plus vieux arbres. 

. Tous ces rapports insistent donc sur l’urgence de mesures 
destinées à améliorer les méthodes de culture et de 
préparation. 

Et c’est en constatant ce qui s’est passé à la Gold Coast, et 
en y trouvant ainsi une leçon et un enseignement, que le 
gouverneur de notre Côte d'Ivoire, M. Angoulvant, a cherché, 
en ces dernières années, tout en poussant au développement 


GOLD COAST 103 


des cacaoyères dans notre colonie, à éviter les errements qui 


se sont produits dans la possession anglaise. 


Le divi-divi. —- Des gousses de Caesalpinia coriaria 
récoltées à la Gold Coast ont donné, à l'analyse faite par 
l'Imperial Institute, 14,22 pour cent d’eau, 33,10 de tannin, et 
14,63 de matières extractives. La teneur en tannin était donc 
faible, comparativement à celle du divi-divi ordinaire du 
commerce, où elle est de 40 à 45 pour cent. Ces gousses ont 
été manifestement mal préparées, comme l'indique, au reste, 
déjà l'aspect du lot. Pour que la proportion de tannin soit 
maxima, il faut d'abord que les fruits soient cueillis juste à 
maturité ; ils doivent ensuite être ouverts longitudinalement, 
débarrassés de leurs graines et rapidement séchés au soleil. Une 
dessiccation lente permet un début de fermentation qui nuit 
évidemment à la valeur du produit. (Bulletin of the Imperial 
Institute, Juillet-Septembre 1913.) 


Le Monodora Myristica. — Cette Anonacée, qui est 
l'owere de la Gold Coast, et est un arbre de 15 à 20 mètres de 
hauteur, bien connu dans l'Ouest-Africain, donne, on le sait, 
des graines aromatiques utilisées sur place comme condi- 
ment. Par distillation à la vapeur, un lot de ces graines a 
donné, à lImperial Institute, 5,9 pour cent d’une huile essen- 
tielle incolore, ayant l'odeur et le goût de l'essence de citron. 
Sa densité était de 0,849, son indice d'iode 1,2, son indice 
d'éther avant acétylation 1,9, et après acétylation 52,9. Elle 
était soluble dans six volumes, ou plus, d'alcool à 90 degrés. 
Elle semblait surtout constituée par des terpènes. Le résidu 
après distillation a donné, d'autre part, dans la proportion 
de 36 pour cent de la graine, une huile fixe liquide, brun- 
rougeâtre, un peu visqueuse, légèrement odorante, ayant 
pour indice d’acide 20,2, pour indice de saponitfication 186,7, 
et pour indice d’iode 118,4 pour cent. 

Un second lot, qui se présentait dans de moins bonnes 
conditions, n’a fourni que 2,2 pour cent d'essence jaune pâle, 
d'odeur moins agréable que la précédente. L'huile fixe, qui 


104 RESSOURCES DES COLONIES 


était dans la graine encore dans la proportion de 35 pour cent, 
avait pour caractéristiques : 


Densité à 15 degrés... 


PNR PE | RER T 0,917 
Indice d'acides is eme er ee 2 Dee 56,7 
Indice de saponGationss PR ire 180,6 
Indice diOde EEE EE TR SORTE 110,6 
Indice de Hehner ........ RARE HE PRE 94,4 
Acides volatils SOl0bIES SRE ne ef. 1,0 
» »* insolublés PME SORE EE REITUTE 0,23 


Le tourteau, qui contient 2,8 pour cent d'huile, 17,6 d’albu- 
minoïdes, 29,1 d'hydrates de carbone, 47,4 de cellulose, n’a 
pas de goût prononcé, et semble dépourvu d’alcaloïdes ou de 
glucoside cyanogénique, mais n’est pas d’aspect agréable et 
contient trop de substance cellulosique ; il ne pourrait guère, 
sans doute, servir que comme engrais. 

L'essence examinée par des experts ne paraît pas avoir été 
très appréciée; on lui reproche l'absence d’odeur caractéris- 
tique, qui fera donc, pour la savonnerie ou en parfumerie, 
préférer d’autres essences déjà connues. 

L'huile ne serait pas davantage recherchée des savonniers, 
en raison notamment de sa saponification difficile. Elle a 
donné des savons de faible couleur et elle ne serait utilisable 
que pour des articles à bon marché. (Bulletin of the Imperial 
Institute, Juillet-Septembre 1915.) 


Les Canavalia. Les graines de deux espèces de 
Canavalia, le Canavalia ensiformis et le Canavalia 
obtusifolia, ont été examinées à FImperial Institute. Ni l’une 
ni l’autre ne semblaient contenir d’alcaloïdes ou de glucoside 
cyanogénique, quoïqu'elles passent souvent pour suspectes. 
Des essais préalables, au point de vue de l’alimentation, sont 
donc à recommander, en dépit des résultats de l’analyse. 
(M. J. de Cordemoy signale de graves accidents dus aux 
graines de la seconde espèce.) 

Les graines de Canavalia ensiformis de la Gold Coast 
étaient plus riches en albuminoïdes (27,4) que celles du 


GOLD COAST 105 


Canavalia obtusifolia (22 pour cent), mais plus pauvres en 
amidon (45,7 au lieu de 54,5). Les premières renfermaient 
1,3 d'huile et 14,7 de cellulose et les secondes respectivement 
1,9 et 8,1. 


106 RESSOURCES DES COLONIES 


NIGÉRIE 


Le cacao de la Nigérie du Sud. — Après le palmiste — 
qui fournissait, en 1915, aux exportations 72.907 tonnes de 
beurre de palme, 153.900 tonnes de palmistes et 13 tonnes 
d'huile de palmiste — le cacao est le produit le plus important 
de la Nigérie du Sud. Les exportations en étaient, en 1911, de 
45.000 kilos environ. 

Ces cacaos de la Nigérie, examinés à Londres, ont été 
considérés comme de même valeur que les sortes de la Gold 
Coast. Deux échantillons de fèves débarrassées des coques, 
mais dont l’un avait été séché au soleil et l’autre avec un 
dessiccateur rotatif, ont donné, pour cent : 


Dessiccation au soleil Dessiccation artificielle 
Eau eee Dos ne eee 9,2 
SubStance:grasses "51224 "NS a nee 50,5 
Alcaloïdes totaux... 1 OZ RNE R oid tee je Do 


Le pourcentage des alcaloïdes totaux est ici un peu au-dessus 
de la normale, mais il est d’autres fois plus faible, 1,58 à 1,80 
par exemple. 

Il y a peu de différences entre le cacao séché au soleil et 
celui séché artificiellement, pourvu que, dans les deux cas, la 
dessiccation soit bien conduite ; l'avantage serait plutôt 
cependant pour le produit séché au soleil. 


Le caoutchoutier de Céara dans la Nigérie du Nord. 
— Du caoutchouc de Céara examiné à l’Imperial Institute de 
Londres provenait d'arbres de 6 ans cultivés à Bida, et qui 


NIGÉRIE 107 


croissaient assez lentement en raison de la pauvreté du sol. 
Il était sous forme de bal{s et de sfrips et avait été obtenu 
par la méthode Lewa, entre 6 et 7 heures du matin. Après 
lavage à l’eau, il contenait 82,3 pour cent de caoutchouc, 
7,6 de résines, 8,4 de substances albuminoïdes et 1,7 de 
cendres. Il était de bonne qualité ; la forme er strips a été 
jugée supérieure à celle ex balls. (Bulletin of the Imperial 
Institute, Juillet-Septembre 1913). 


Le cotonnier dans la Nigérie du Nord. — Le cotonnier 
est depuis longtemps cultivé par les indigènes en Nigérie 
septentrionale. Jusqu'à présent pourtant les efforts faits par 
l'Association Cotonnière Britannique ont été à peu près 
localisés aux vallées du Niger et du Bénué. Une usine a été 
installée à Lokoja, au confluent des deux rivières ; une autre 
a été montée aussi plus au Nord, à Zaria. Les statistiques 
d'exportation sont incomplètes ; on sait seulement que les 
quantités de coton brut achetées par l'Association Cotonnière 
et par les commerçants étaient de 375 tonnes en 1909 et 
230 tonnes en 1911. On cultive un peu, outre de nombreuses 
variétés indigènes, le Nyasaland Upland; et les échantillons 
de cette variété américaine ont été regardés à Londres comme 
d'assez bonne qualité pour justifier la continuation des essais 
d’acclimatation. (/4., Janvier-Mars 1913). 


108 RESSOURCES DES COLONIES 


OUGANDA 


Le cotonnier. — Le développement de l’industrie coton- 
nière dans l'Ouganda date de 1904, année où le Gouvernement 
importa des graines de trois variétés égyptiennes de coton- 
niers. Un peu plus tard, la ‘Compagnie de l'Ouganda” 
introduisait des Upland, des Péruviens, des Sea-1sland, etc. 
La culture ayant été faite tout d’abord sans méthode, il y eut 
pendant plusieurs années des mélanges, dans lesquels 
dominait seulement l'Upland. Cependant en 1908, après 
intervention du Gouvernement, il y eut une réglementation 
qui prescrivait la propagation de l'Upland Black Rattler et 
l'élimination, autant que possible, de toutes les autres variétés, 
en particulier celles d'Egypte. En 1911-1912, les exportations 
étaient de 3.007 tonnes de coton égrené et 2,319 tonnes de 
coton brut. Ce coton brut est égrené à Kisumu, dans le 
Protectorat Est-Africain, sur le bord du Victoria-Nyanza. Le 
coton égrené l’est dans des usines de la colonie, qui étaient au 
nombre de 5 en 1912. 

En 1911-1912, les surfaces cultivées en cotonniers étaient de 
27.380 acres dans le district de Boganda, 19.720 dans celui de 
Bukedi, 10.000 dans celui de Busoga, 3.700 dans celui de 
Bungoro, 120 et 100 dans ceux de Toro et d'Ankolé. Soit un 
total de 61.020 acres, c’est-à-dire environ 24.410 hectares. 

Quelques essais sur le Caravonica ont donné un assez bon 
produit, mais la culture de ce cotonnier, comme de diverses 
autres espèces ou variétés, ne peut être recommandée, en 
raison des insectes ou des champignons qui s’y installent trop 
facilement et deviennent un danger pour les autres plantes 
de la région. (/4., Juillet-Septembre 1913). 


OUGANDA 109 


Le cacaoyer. — Les premières plantations de cacaoyers 
dans l'Ouganda remontent à 1901; elles furent faites au 
Jardin Botanique d'Entebbe, avec de jeunes plants envoyés 
de Kew. Les cacaos obtenus furent reconnus en 1907 de très 
bonne qualité; et il paraît établi aujourd'hui que le cacaoyer 
peut constituer en certains points de la colonie une culture 
rémunératrice. Une Station expérimentale a été établie à 
Kampala. Il n'y a pas de statistiques de culture bien complètes ; 
on indiquait cependant en 1913-1914 que, sur 86 plantations, 
500 acres étaient plantés en cacaoyers de moins de cinq ans, 
111 acres en arbres plus âgés; et de petites surfaces portaient 
encore des plantations mixtes de cacaoyers et d’Æ/evea.(1d., 
Juillet-Septembre 1915.) 


Le caféier. — La culture du caféier progresse rapidement 
dans l'Ouganda. Dans les concessions européennes, il y avait 
en 1914-1915 3.825 acres de Coffea arabica de moins de deux 
ans, 5.726 acres de la même espèce au-dessus de deux ans, et 
respectivement, 74 et 293 acres de Co/ffea robusta; il y avait, 
en outre, quelques plantations mixtes avec //evea. D'autre 
part, et surtout dans le district de Bugana, 8.692 acres appar- 
tenaient aux indigènes. En 1914-1915 il était exporté 965.098 kil. 
de café en parche et 106.832 kilos de café décortiqué. Encore 
peu connu à Londres, ce café de FOuganda gagnera en valeur. 
(/d., Janvier-Mars 1916.) 


110 RESSOURCES DES COLONIES 


NYASSALAND 


Le cotonnier. — De grands efforts ont été faits au 
Nyassaland pour protéger l’agriculture contre l'introduction 
des insectes ou des champignons que pouvaient apporter des 
plants ou des graines d’origine étrangère; et une très sérieuse 
surveillance s'exerce, en particulier, sur les cotonniers. Il 
est prescrit aussi de brûler les vieux bois de cotonniers. Les 
plants doivent être arrachés et incinérés avant les derniers 
jours d'Octobre, sauf dans les districts de Lower Shire, de 
Ruo et de West Shire, où la date est la fin de Décembre. En 
cas d'infraction au règlement, des pénalités sont prévues, 
et les plants sont déracinés et brûlés aux frais du contre- 
venant. 

Tous les cotons que les indigènes récoltent sur les terres de 
la Couronne, avec des graines fournies par le Gouvernement, 
sont travaillés dans le Protectorat, et les graines provenant 
de l’égrenage appartiennent à l'Administration. La distri- 
bution de semences doit être approuvée par le Directeur de 
l'Agriculture. Il faut aussi une licence pour acheter le coton 
obtenu par les indigènes sur les terres de la Couronne avec 
les graines qu’ils ont reçues. La licence est accordée par le 
résident du district, après paiement d’un droit, et n’est 
valable que sur place et jusqu’au 31 Mars. (/d., Juillet- 
Septembre 1913.) 


Le tabac. — Le tabac est devenu le principal produit 
d'exportation du Nyassaland, qui en expédiait 25.775 kilos 
en 1904-1905 et 1.501.039 en 1914-1915. À cette dernière 
époque, la culture était de 3.851 hectares. Par suite du 


NYASSALAND 111 


manque de fumure, le rendement est inférieur à celui des 
Etats-Unis; il était de 236 kilos par acre en 1910-1911 et 
l'appauvrissement du sol l'a amené à 138 kilos seulement en 
1912-1913. Les variétés préférées sont le Go/d leaf, le Warne, 
le Congueror, le White Stem Orinoco. Depuis 1908, la presque 
totalité des exportations va aux Etats-Unis. (/4., Janvier- 


Mars 1916.) 


_ 
w 


RESSOURCES DES COLONIES 


AFRIQUE AUSTRALE ANGLAISE 


Huiles essentielles. — Plusieurs huiles essentielles de 
l'Afrique du Sud ont été examinées à l’Imperial Institute. 

L'une provient des feuilles du Barosma venusta (Rutacées); 
elle diffère considérablement de l'essence du PBarosma 
betulina, et les feuilles ne peuvent donc pas être employées 
en médecine à la place de celles de ce dernier Barosira. 

Une autre essence a été extraite des tubercules du sherun- 
gulu, qui est le Xaermpferia Ethelae (Zingibéracées). Il en a 
été retiré 1,5 pour cent des tubercules humides (avec 25 pour 
cent d’eau) et 2 pour cent des tubercules secs. L’essence, 
jaune brunâtre, a un peu l'odeur de la fleur d'oranger, avec 
cependant une autre odeur moins agréable. Elle est très 
intéressante scientifiquement et a une valeur commerciale. 
Une communication à son sujet a été faite à laSociété Chimi- 
que de Londres par MM. Goulding et Roberts. 


Le Madia sativa au Cap. — Cette Composée, originaire 
du Chili et de Californie, a été introduite en beaucoup de 
régions; en ces dernières années, la culture en a été tentée 
au Cap. Les grains reçus du Jardin Botanique de Kirsten- 
bosch contenaient 5,1 pour cent d’eau et fournissaient 
36,5 pour cent d’une huile liquide, brun jaunâtre, qui avait 
pour caractéristiques : 


Point de solidification des acides gras.... 21° 7 
Indice d'acide" 0.222: ET Pc 2,2 
Indice de saponification........ AE 194,5 
Indice d'i0de xs: 252 ee ter ess | 428,0 DONCICERE 
Indice de Hlehnes- Re mere ee 95,8 
Acides volatils solubles............. AE 0,1 


» » INSOIUDIEST, 5-50 ets _ 0,7 


AFRIQUE AUSTRALE ANGLAISE 113 


C'est une huile semi-siccative, utilisable pour l'éclairage et 
en savonnerie ; elle est comestible. Le tourteau obtenu après 
broyage contient environ 28,2 d’albuminoïdes, 27 d'amidon, 
7 d'huile, 24,4 de cellulose et 5,8 de cendres. La teneur en 
albuminoïdes est plus élevée que dans les tourteaux de soleil 
et de coton. L'inconvénient peut être, pour lalimentation, la 
présence des enveloppes des grains, qui sont très fermes. Il 
n'y a ni alcaloïde, ni glucoside cyanogénique. {Bulletin of the 
{mperial Institute, Juillet-Septembre 1915.) 


En Rhodésie en 1914-1915. — Dans la Rhodésie du Sud, 
la surface cultivée, du 1° Avril 1914 au 31 Mars 1915, par les 
fermiers européens, était de 73.076 hectares, dont un peu plus 
des trois quarts dans le Mashonaland et le reste dans le 
Matabeleland. La culture du maïs a été de 66.600 hectares, avec 
une production de 326.353 sacs, soit environ 29.668 tonnes, à 
destination surtout du Royaume-Uni et de l'Australie. L’éle- 
vage se développe ; le nombre des bêtes à corne des Européens 
et des indigènes, en 1914, était de 748.058 contre 463.923 
en 1911. On élève de plus en plus le mouton pour la viande 
et pour la laine. Il n’y a pas de maladie contagieuse grave. 
La récolte du tabac en 1915-1916 a été, d'autre part, de 
450.000 livres. L'or extrait dans cette Rhodésie du Sud, 
en 19135, a été de 3.823.167 livres sterling, soit 95.579.175 francs. 

Dans la Rhodésie du Nord, la surface cultivée par les 
Européens en 1914-1915 a été de 11.490 hectares, dont un peu 
plus de moitié en maïs, le huitième en cotonniers et environ 
360 hectares en tabac. De fin Mars 1914 à fin Février 1915 la 
production du cuivre a été de 813 tonnes, d'une valeur de 
31.618 livres sterling. L'extraction du minerai de bismuth 
(à 60 à 70 pour cent de rendement) s'accroît. {Bulletin of the 
Imperial Institute, Avril-Juin 1916.) 


Produits divers. — Le buis du Cap, où Buxus Macowant 
Oliv., est un petit arbre des forêts de la Province du Cap. Son 
bois, d’après les premières études faites à Fimperial Institute, 


semble pouvoiy être utilisé comme celui du buis d'Europe. 


Ss 


114 RESSOURCES DES COLONIES 


Jusqu'alors le buis exporté du Cap provenait du Gonioma 
Kamassi (Apocynacées); il est surtout connu, commerciale- 
ment sous le nom de buis de Knysna, d'après le port 
d'embarquement. 

L'Imperial Institute a encore étudié, au point de vue de 
leur teneur en tannin (Bulletin de Juillet-Septembre 1913), 
les gousses de la variété Xraussiana de V Acacia arabica. Ces 
gousses complètes ont donné 11,6 pour cent d’eau, 19,6 de 
tannin, 20,8 de matières extractives et 3,7 de cendres. Des 
gousses également complètes, mais de lespèce-type, et pro- 
venant de la Nigérie du Nord, contenaient 26,69 pour cent de 
tannin. 


L'or. — L'Afrique Australe a fourni en 1915 pour 
46.381.785 livres sterling, soit 1.159.544.625 francs, d'or, 
dont 38.627.461 livres représentent la part du Transvaal, et 
4 millions environ celle de la Rhodésie. 

En cette même année, la production mondiale a été de 
97.869.870 livres, soit 2.446.736.750 francs, dont les deux tiers 
environ proviennent des possessions britanniques. (Dépéche 
Coloniale, 28 Avril 1916.) 


ZANZIBAR 119 


ZANZIBAR 


Zanzibar est située entre 5°42 et 6°28 de latitude Sud; l'île de 
Pemba est à 64 kilomètres environ au Nord, entre 4°50 et 5°30 
de latitude Sud. A Zanzibar même, la pluviosité moyenne est 
de 1 m. 525. Pemba a une moyenne plus élevée, surtout dans 
le centre ; à Banani, il est tombé, en 1913, 2 m. 172 d'eau. Les 
saisons pluvieuses sont bien délimitées ; les grosses pluies se 
produisent en Avril et Mai, avant le commencement de la 
mousson Sud-Ouest, et les petites pluies en Novembre et 
Décembre, avant le début de la mousson Nord-Est. 

La superficie totale de Zanzibar est de 160.000 hectares, sur 
une grande partie desquels le sol est coralliaire, couvert 
d'une végétation buissonnante ou herbacée. La superficie de 
Pemba est d'environ 98.000 hectares. En 1910, il y avait 
114.669 habitants à Zanzibar et 85.000 à Pemba. 

La principale source de richesse du Protectorat est 
aujourd'hui le giroflier, dont les premières graines, en 
provenance de la Réunion, furent introduites en 1818. Un 
ouragan ayant détruit toutes les plantations de Zanzibar en 
1872, les girofliers actuels de File datent, au plus, de cette 
année-là ; à Pemba, qui ne fut pas atteint, il y a des arbres de 
80 à 90 ans. Le commerce annuel des clous est de plus de 
400.000 frasilas, soit 8.242.000 kilos, la frasila étant de 55 livres 
anglaises. En 1913, il a été exporté 8.068.383 kilos ; et pour 
1913-1914, les récoltes ont été de 135.399 frasilas à Zanzibar et 
° 591.222 à Pemba. Pemba représente, avec 14.000 à 20.000 hec- 
tares, plus des deux tiers de la culture du giroflier ; et il y a 
probablement dans les deux îles réunies 5 à 6 millions d'arbres 


en rapport. Les Arabes, d'ailleurs, qui s'occupent spéciale- 


116 RESSOURCES DES COLONIES 


ment de cette culture ont depuis longtemps cessé d'établir de 
nouvelles plantations. 

Ce serait entre 30 et 40 ans que Îe giroflier donnerait son 
maximum de rapport. Les récoltes, on le sait, sont très 
variables ; il y en a une bonne tous les 3 à 5 ans. En bonne 
année, de gros arbres donneront 60 à 70 livres de clous secs, 
d’autres donneront beaucoup moins. La moyenne annuelle 
générale dans les plantations arabes peut être évaluée à 
3 livres 1/2 à 4 livres de clous secs par pied. 100 livres de clous 
frais fournissent environ 47 livres 1/2 de clous desséchés. 

Après le giroflier, l’arbre le plus important du Protectorat 
est le cocotier, dont l'importation est aussi cependant récente. 
On admet qu'il y a environ aujourd’hui 2.500.000 arbres, 
couvrant environ 18.000 hectares. Ces arbres correspondent 
à cinq variétés, dont deux de Pemba. Une variété rouge de 
Zanzibar est considérée comine la meilleure; lune des deux 
variétés de Pemba est surtout appréciée pour son lait, l’autre 
pour le coprah. D'une façon générale, le coprah de Zanzibar 
n'est pas de bonne qualité. Il est, soit séché au soleil, soit 
enfumé, mais, en ce dernier cas, est tout à fait inférieur. 
En 1913 les exportations des deux îles réunies ont été de 
7.412 tonnes. Une certaine quantité d'huile est préparée dans 
les îles mêmes ; et les exportations réunies d'huile de coprah 
et d'huile de sésame ont représenté en 1913 35.918 roupies. 
Il n’y à pas de fabrication de coir. 

Le caoutchouc indigène provient surtout du Zandolphia 
Kirkii, qui se trouve en forêt à Pemba; un peu aussf est 
donné par le Mascarenhasia elastica. En 1913, il a été 
exporté une tonne environ de caoutchouc. De grandes planta- 
tions de caoutchoutiers de Céara avaient été faites en 1907 
dans ie Nord de Pémba, mais les difficultés de main-d'œuvre 
et de communications Îies ont fait abandonner. 

À Zanzibar imnême on ne récolte plus aujourd’hui de copal. 
Les exportations (164.159 livres en 1915) étaient alimentées en 
ces dernières années par lEst Africain Allemand, mais la 


diminution des récoltes dans la coionie allemande, puis la 


ZANZIBAR 117 


concurrence du kaori de Nouvelle-Zélande les ont fait 
décliner. 5 

En déclin aussi l’industrie des piments, que cultivèrent un 
moment en grand, sur la bande coralliaire de la côte Est de 
Zanzibar, les indigènes de l'île, les Wahadima. La diminution 
de ce commerce est due à la fois au manque de soin des indi- 
gènes dans la récolte et dans la préparation et aux procédés 
déshonnêtes ou défectueux des maisons d'achat des villes. 
Puis les cultivateurs donnent de plus en plus la préférence au 
giroflier. Les exportations, en 1905, étaient de 500.309 livres ; 
en 1912, elles étaient de 104.720, et, en 1913, de 76.513, d’une 
valeur de 1.042 livres sterling. 

L'industrie sucrière, qui fut prospère à l’époque de Fescla- 
vage, est aujourd'hui presque abandonnée. Quant à la 
vanille, dont le Gouvernement en 1897 encouragea la culture, 
et dont une plantation fut établie à Dunga, ni les Arabes ni 
les indigènes n’ont consenti à s’y intéresser, et sa production 
reste localisée aux Seychelles. 

Parmi les cultures accessoires, il faut encore citer celle 
des Légumineuses, notamment de larachide et du voandzou, 
puis celle du sésame, du Jafropha Curcas, du Telfairia 
pedata— qui est principalement une culture des Wahadimu,— 
du ricin, du Sapindus Saponaria, du tabac — que les 
Wahadimu et surtout les Wapemba, aborigènes de Pemba, 
cultivent avec l’arec et le bétel pour le chiquer —des agrumes 
et autres arbres fruitiers, etc. Le palmiste est indigène; le 
kapokier est commun. (Pulletin of the Imperial Institute, 
Juillet-Septembre 1914.) 


Les noix de Canarium. — L'Imperial Institute a analysé 
des graines du Canarium Colophania de Maurice, en compa- 
raison avec des graines de Canarium commune de Malaisie 
et de Canarium rufum des Straits Settlements. 

Les noix de Canarium Colophania se composent de 96 
pour cent de noyau et 4 pour cent de graine; celles de 
Canarium rufum de 95,3 pour cent de noyau et 4,7 pour cent 


118 RESSOURCES DES COLONIES 


de graine; et celles de Canarium commune de 87,1 pour cent 
de noyau et 12,9 pour cent de graine. 


Toutes ces graines ont comme composition entésimale : 


C. commune C. rufum C. Colophania 
Eau:ss ee tere > A MER EURS Dire flo See 4,2 
Albuminoides.55.. 01153) 00r:-s 1104 Er ULEE 15,9 
Amidonr 2e 21 - TA Ce APRES et 9 
Substances grasses 072,300. 7000 ec re 64,6 
Cellulose sm RARE Re an Re Te PEN 2,1 
Cendres 72 DOTE Sn ne de 4,2 


Ily a donc, dans les deux premières espèces surtout, un 
très haut pourcentage d'huile, mais la forte proportion de 
noyau et la difficulté qu'on éprouve pour le casser en 
diminuent l'intérêt, soit pour l'extraction de cette huile, soit 
pour l’utilisation de lamande en confiserie. Cette amande n’a 
d’ailleurs pas de saveur qui puisse la faire préférer aux autres 
sortes actuellement employées. (Bulletin of the Imperial 
Institute, Octobre-Décembre 1914.) 


SEYCHELLES 119 


SEYCHELLES 


Le commerce des Seychelles en 1914. — Les Seychelles 
ont exporté en 1914 3.683 tonnes de coprah, 18.905 tonnes de 
guano, 10.668 kilos de vanille, 600 tonnes d’écorce de can- 
nelle, 15.906 gallons (4 lit. 45) de beurre de coco, 1.870 gallons 
d’essences, 609 kilos d'écailles de tortue, 173.102 noix de 
coco, 2.746 cocos de mer, ces derniers à destination de l'Inde 
et de Maurice. La plus grande diminution par rapport à 1913 
a surtout porté sur le guano, qui a pour provenance les 
dépôts des îles Aldabra. Les exportations d’écorces de 
cannelle sont toujours en décroissance, alors que au contraire 
le commerce des essences se développe. Une nouvelle 
industrie de !la colonie est celle de l'huile de baleine. 
(Bulletin of the Imperial Institute; Juillet-Septembre 1914, 


et Juillet-Septembre 1915.) 


120 RESSOURCES DES COLONIES 


MAURICE 


M. Stockdale, directeur du Département de l'Agriculture à 
l’île Maurice a repris sous une forme un peu différente la 
publication du Pullefin que dirigeait depuis de longues 
années son prédécesseur au Réduit, M. Bonâme. 

Le Bulletin, rédigé en anglais et en français, comprend 
aujourd’hui une Série Générale, une Série Scientifique et une 
Série Statistique. 

Ont paru jusqu'alors les Bulletins suivants : 

SÉRIE GÉNÉRALE !: 

N° 1. — /nstructions pour l'expédition des échantillons. 

N° 2, partie I. — 7he Manufacture of Sugar in Cuba and 
Porto-Rico, par J. F. Clarenc. 

N° 2, partie Il. — Précis des règlements contre les mala- 
dies ef les ennerris des plantes. : 

N° 3. — Fssais de différentes vartétés de pistaches, de 
maïs et de riz en 1914. 

Maurice reçoit annuellement 500.060 kilos environ d’huile 
d’arachide ; il y aurait donc intérêt à développer dans liîle la 
culture de la Légumineuse, Le maïs est cultivé sur 3.000 arpents 
(3.112 acres anglais) environ, et principalement dans les 
districts de la Rivière Noire et du Grand Port, mais la culture 
laisse beaucoup à désirer. Le Département a introduit diverses 
variétés, parmi lesquelles une variété blanche à gros grains, 
le Marlboro prolific, donnerait le rendement le plus élevé. 
Quant au riz, c’est la principale denrée alimentaire de la 
colonie, qui en importe annuellement plus de 60.000 tonnes. 
Maurice est donc sous la dépendance des récoltes de l'Inde, 


MAURICE 121 


- 


et la riziculture devrait être étendue dans certaines zones 
marécageuses et sur quelques terrains bas, aux embouchures 
des rivières. 

N° 4, partie I. — 7he Manufacture of Sugar in Louïisiana, 
par J. F. Clarenc. 

N° 4, partie Il. — 7he Manufacture of Sugar in Java, 
par J. F. Clarenc. 

N° 5. — L'industrie des fibres à Maurice, par Stockdale. 

N. 6. — L'irrigation de la canne à sucre à Maurice, par 


Stockdale. 
SÉRIE SCIENTIFIQUE : 


N° 1. — Pouvoir absorbant des sols de Maurice, par 
P. de Sornay. 


N° 2. — /nsectes nuisibles aux grains, à Maurice, par 
d'Emmerey. 

N° 3. — La composition des laits de Maurice, par 
Auchinleck. 


Les laits de Maurice contiennent 3,65 à 3,84 de matière 
grasse, 3,20 à 3,27 d'albuminoïdes et 4,03 à 4,12 de lactose. Au 
point de vue de la teneur en lactose, en albuminoïdes et en 
cendres, ils sont au-dessous des laits anglais et français. En 
matières grasses, la teneur est plus élevée que la moyenne 
des laits français (3,50), mais moindre que celle des laits 
anglais (3,90). Le minimum légal de la richesse en beurre du 
lait frais mis en vente est de 3 en Angleterre ; il est fixé 
à 2,5 pour cent à Maurice. Dans la colonie anglaise, où les 
traites sont, en général, également espacées, la différence 
dans les teneurs en matière grasse des laits du matin et des 
laits du soir n'est pas aussi marquée qu'en Europe, où le lait 
du matin est plus pauvre que celui de l'après-midi, parce 
qu'il vient après une longue période de nuit. 


SÉRIE STATISTIQUE : 
N° 1. — Animaux de ferme du pays, par Henri Robert. 


Il y avait à Maurice, en 1914, 13.288 vaches laitières, ce qui 
représentait 18 vaches par 500 habitants. La moyenne est 


122 RESSOURCES DES COLONIES 


basse, puisqu'elle était, avant la guerre, de 67 en Belgique, 
89 en Allemagne, 107 aux Etats-Unis et 222 en Australie. A 
Maurice, la production totale annuelle du lait était, en 1914, 
de 17.654.500 litres, soit 1.328 litres 6 par vache et par an, 
alors qu'on admet 1.166 litres en Italie et 2.797 au Danemark. 

L'auteur a établi des statistiques comparées analogues pour 
le beurre, la viande, les oiseaux de basse-cour et les œufs. 

N° 2. — Sugar-Cane. Varieties of Mauritius, 1915, par 
Henri Robert, Mai 1916. 


A la fin de 1914 la superficie totale des champs de canne à 
sucre à Maurice était de 159.172 arpents, soit 66.056 hectares. 
La variété la plus cultivée est la Big Tanna blanche. 


La canne à sucre à Maurice. — A Maurice, ce sont les 
terres rouges qui conviennent le mieux à la culture de la 
canne, à l'inverse de ce qui a lieu pour le maïs, qui préfère 
les terres noires. Ce sont, en outre, les sols rocheux qui 
donnent les plus belles récoltes dans les districts chauds et 
secs, mais la culture y est coûteuse, et on préfère ordinaire- 
ment pour cette raison les terres franches. Il n’est pas rare 
d'obtenir des rendements de 40 à 60 tonnes à l’arpent 
(80 arpents mauriciens correspondent à 83 acres anglais) pour 
les cannes vierges de grande saison. On a même atteint 
60 à 70 tonnes en saisons très favorables. Les plantations ‘‘de 
grande saison” sont celles d'Avril; les plantations ‘‘ de petite 
saison ” sont celles d’Août. 

D'après M. Harriott, il faut à la canne, à Maurice, par an et 
par arpent, 1.875 millimètres d’eau au maximum. Le maxi- 
muim des arrosages par mois doit être de 3, et le maximum 
d’eau, par arrosage, de 65 millimètres. (Stockdale, Bulletin 
de Maurice, n° 6). 


L'industrie des fibres à Maurice.— L'étude de M. Stock- 
dale ainsi intitulée, et que nous avons déjà citée plus haut 
(n° 5 du Bulletin), fut rédigée à l’occasion du Congrès Inter- 
national d'Agriculture Tropicale qui se réunit à Londres 


MAURICE 123 


en 1914. Après l'industrie sucrière, l'industrie des fibres est à 
Maurice l’entreprise agricole la plus importante. 

Les fibres sont extraites de plusieurs variétés de Fourcroya 
gigantea qui végètent dans la plupart des districts de File, 
mais prospèrent surtout sur les terres fertiles, entre 100 et 
350 mètres. Sur les plateaux plus élevés, humides et froids, le 
Fourcroya se développe moins bien; et, sur le littoral, où les 
pluies ne sont pas fréquentes, la végétation est lente. 

Il y a à Maurice deux variétés de Fourcroya gigantea : le 
Fourcroya gigantea proprement dit, ou aloës malgache ; et 
le Fourcroya gigantea var. Willementiana, où aloës créole, 
qui est une variété locale plus épineuse. Cet aloës créole est 
celui qui pousse le plus vite et rend le plus, mais il pousse 
moins bien que Flautre variété dans les hautes régions. Pour 
les deux variétés, il faut une température élevée et uniforme 
et une pluviosité suffisante. Les deux viennent bien sur tous 
les sols de la colonie, qui, en général, sont fertiles et ont pour 
principales caractéristiques leur richesse en sels de fer et 
leur pauvreté en carbonate de calcium. Ils contiennent 
souvent très peu de potasse et de phosphates assimilables. 

On estime à 20.000 arpents (1 arpent — 1 acre 043) la super- 
ficie couverte par les aloès, dont la plupart viennent aujour- 
d’hui à l’état spontané. Cepeñdant, depuis 10 ans, on en a 
entrepris la culture; et les plantations couvrent actuellement 
environ 1.500 arpents. 

Depuis 1905, on a fait aussi des plantations de l’Agave 
rigida var. sisalara ; la superficie en était en 1915 de 60 à 
75 arpents. 

Ces plantations de sisal se sont bien développées, quoique, 
dans certains cas, la pousse ait été irrégulière. Elles nécessi- 
tent au début plus de soins que celles de Fourcroya. La 
filasse préparée a été bonne et vendue à un prix satisfaisant. 

Sur quelques propriétés il y aurait des plantations annuelles 
d'aloës créole, et Von obtiemdrait ainsi de meilleurs résultats 
qu'avec les pieds sauvages. Certains planteurs préconisent la 
culture à l'ombre ; les feuilles sont moins rigides et plus 


facilement manipulées. 


124 RESSOURCES DES COLONIES 


On multiplie par bulbilles ou par drageons de taille 
moyenne. Ces drageons sont généralement préférés; on 
transplante ceux qui ont des feuilles de 30 à 45 centimètres et 
sont alors âgés de 18 mois. On récolte au bout de 3 ou 4 ans. 

D'après M. Carcenac, il faut mettre en terre à la fin de la 
saison sèche, et on plante en quinconce à 1 m. 30 de distance. 
Un nettoyage du terrain est nécessaire au bout d’un an. Après 
la première récolte, au bout de 4 ou 5 ans, on cueille aux 
intervalles de deux saisons pluvieuses. Un plant doit donner 
chaque fois 30 feuilles. Soit, pour 2.500 plants à larpent, 
75.000 feuilles, donnant à peu près une tonne de fibres sèches, 
et par conséquent une demi-tonne par an. 

Des chiffres recueillis dans les différentes usines à fibres de la 
colonie il ressort qu’il faudrait plus exactement 65.000 feuilles 
d’aloës créole pour lobtention d’une tonne de fibres sèches. 
C’est donc un rendement de 2,3 pour cent. Ces chiffres peuvent 
toutefois beaucoup varier avec la localité et la saison. La fibre 
sèche représente 16 à 18 pour cent de la fibre verte. 

Les usines à fibres de Maurice sont petites. Leur production 
annuelle est, en général, de 50 à 100 tonnes de fibres sèches, 
avec une moyenne de 55 tonnes. Il y avait en 1913 42 usines, 
dont 25 étaient situées sur la Rivière Noire. Les défibreuses 
sont des ‘‘grattes”, qui donnent journellement 100 kilos de 
fibre sèche. Lorsque les fibres vertes ont été désagrégées, 
elles sont lavées en eau propre, puis trempées pendant 
36 à 48 heures dans une solution qui contient de 5 à 10 kilos 
de savon ordinaire pour une tonne de fibres vertes, et de 
nouveau lavées. Elles sont ensuite séchées et blanchies au 
soleil sur des tringles en bois, et enfin nettoyées à la batteuse. 
Elles sont pressées en ballots de 200 à 250 kilos. 

En 1913 il était exporté de Maurice 2.912 tonnes 7 de 
filasse, d’une valeur de 56.905 livres sterling, soit environ 
2 livres sterling la tonne. 


INDE 125 


INDE 


Matières tinctoriales. — Depuis que nous avons cessé de 
recevoir les colorants artificiels que l'Allemagne nous 
fournissait, l'attention s’est reportée sur les colorants végétaux 
naturels, qui étaient de plus en plus abandonnés depuis 
longtemps. Ces colorants sont particulièrement nombreux 
dans Finde, où ils ont toujours été très employés par les 
natifs; et M. Srivastava, chimiste technologique à Cawnpore, 
en cite une vingtaine dont il a recherché la valeur industrielle 
en les essayant sur la laine et sur le coton. 

‘Pour la laine, les essais ont consisté dans l'emploi d’une 
infusion de la matière colorante, avec ou sans action d’autres 
substances ; et les substances employées, soit dans le bain de 
teinture, soit au préalable, ont été : l'acide acétique (4 pour 
cent dans le bain de teinture) le bichromate de potassium 
ajouté, dans la proportion de 2 pour cent, au bain précédent, 
après une première immersion dans ce bain); le bichromate 
et l'acide oxalique, utilisés comme mordant préalable, et le 
sulfate d’alumine et de tartre, utilisés de même. 

Le coton a été plongé pendant une nuit dans une décoction 
de myrobalam, puis retiré le lendemain, pressé, et reporté, 
sans lavage, dans des bains frais contenant du tartre émétique, 
du chlorure d’étain, de l’alun et du sulfate ferreux. 

D'une façon générale, tous les colorants ont donné les 
meilleurs résultats avec le chlorure d’étain. Viennent ensuite 
le tartre émétique et lalun. Le sulfate ferreux donne des 
teintes variant du gris au noir. 

Voici maintenant les colorants essavés. 

Les fleurs du Nyctanthes Arbor-fristis, où rarsinghar, qui 


est un arbre croissant en abondance dans les Provinces-Unies, 


126 RESSOURCES DES COLONIES 


donnent une couleur jaune, soluble dans l’eau, ainsi que dans 
l'alcool. On fait donc facilement un extrait avec des fleurs 
sèches. Sur la laine mordancée avec le bichromate et l'acide 
oxalique on obtient un beau brun, résistant bien au savon et 
aux alcalis. 

Les fleurs du Cedrela Toona, où fun, des forêts du pied de 
l'Himalaya, teignent égalementen jaune. La meilleure teintede 
la laine est donnée par l'acide acétique, mais est peu résistante. 

Jaunes également les fleurs du Putea frondosa, ou fesa, ou 
dhak, des Provinces-Unies. Leur colorant est très employé 
par les villageois pour s'en asperger le corps comme marque 
de réjouissance au festival de Holi. Suivant le mordant, les 
teintes sur laine varient du brun au cramoisi sombre : elles 
sont résistantes. 

Le Aaldi est bien connu, puisque c’est le rhizome desséché 
du Curcuma longa, où safran des Indes ; et on sait qu'il 
contient un principe colorant, ou curcumine, faiblement 
soluble dans l’eau froide, plus soluble dans l’eau chaude, et 
complètement dissous dans lalcoo!. On sait encore que le 
papier qui est imprégné de ce colorant change en brun 
rougeûtre par les alcalis. Si ce papier, en outre, a été imbibé 
d'acide borique, il est rouge brunâtre, mais, en présence de 
la soude caustique, il devient bleu ou vert. Sur la laine, le 
meilleur mordant est un mordant chromé ; la résistance de la 
teinture est alors très grande. 

Fournissent encore une couleur jaune les feuilles de l’arusa, 
qui est FAdhatoda Vasica. Le colorant est soluble dans l’eau 
et dans l'alcool. La présence de chlorophylle dans l'extrait 
alcoolique des feuilles lassombrit, mais on se débarrasse de la 
matière verte par une addition d’eau, qui la précipite. Sur la 
laine mordancée par le chrome, la teinte du pigment ainsi 
isolé tient bien. 

Le zaspal est le grenadier. Outre le tannin, le péricarpe du 
fruit contient une couleur résistante variant du jaune au brun. 

Le 7angli nil, ou indigotier sauvage, abondant dans les 
Provinces-Unies, est le Zephrosia purpurea, qui ne doit son 
nom vulgaire qu'à son aspect, car ses feuilles ne contiennent 


INDE 127 


pas d’indigo, mais un principe colorant voisin de la quercitine. 
La séparation de la chlorophylle et de ce principe est assez 
difficile. On traite les feuilles sèches par l'alcool, on dilue 
l'extrait avec l'eau et on lave avec le pétrole. Le colorant 
purifié donne avec divers mordants de bonnes teintes très 
fixes, surtout briilantes avec le chlorure d'étain. 

Le £usum est le carthame, le sa/fflower des Anglais. Le 
colorant que fournissent les fleurs est depuis longtemps 
réputé partout. Il donne sur le coton des teintes rouges, 
variant du cramoisi sombre au rose le plus délicat. La fleur 
contient deux pigments différents : un jaune, soluble dans 
l’eau, et qui est le plus abondant; et un rouge, qui est en bien 
moindre quantité, mais est le plus intéressant. Pourles séparer, 
on fait macérer dans l'eau les capitules floraux; et la subs- 
tance jaune et dissoute. Quand cette dissolution est complète, 
les capitules sont traités par une solution diluée de carbonate 
de sodium, qui entraîne Îe colorant rouge. On teint le coton 
en acidulant le bain avec de Facide tartrique. Les indigènes 
emploient le jus de citron. 

Dans le majith, ou Rubia cordifolia — qui appartient au 
même genre que la garance — ce sont les racines et les 
rameaux qui donnent le bon colorant rouge usité depuis si 
longtemps dans l'Inde pour la laine et pour le coton, et qui 
est la base d’un grand nombre de teintes recherchées par les 
imprimeurs sur calicot. 

Le cutch, ou katha, est VAcacia Catechu; on sait que le 
cachou est obtenu en faisant bouillir le bois dans Feau. Pour 
teindre le coton, on fait bouillir le tissu avec l'extrait de 
cachou additionné de sulfate de cuivre dans la proportion, en 
poids, de 10 parties de sel de cuivre pour 100 parties d'extrait. 
Le tissu est pressé, laissé un moment en cet état, puis bouilli 
dans un bain frais et chaud, contenant 2 pour cent de bichro- 
mate de potasse; on lave et on sèche. C’est un des tinctoriaux 
les plus résistants. 

Le patang est le bois de sappan, où Caesalpinia Sappan. 
L'arbre est une variété de l'espèce brésilienne. Le pigment, ou 


braziléine, est à Vétat incolore dans le bois fraîchement 


128 RESSOURCES DES COLONIES 


coupé; c'est par oxydation qu'il se colore. Rouge, cramoisi ou 
pourpre, il est excellent pour l'impression sur calicot. 

Le £achnar est le Bauhinia racemosa. L'écorce donne un 
colorant rouge qui est largement associé avec du tannin et 
qui se fixe facilement sur le coton, même sans laide d’un 
mordant. Mais les bons résultats sont obtenus avec les 
mordants d’étain et d’alumine. 

Dans le Pferocarpus santalinus, ou bois de santal, c’est 
ce bois qui est utilisé, et l'était énormément avant la décou- 
verte des couleurs d’aniline. Le pigment est la santfaline. 
Pour l'obtenir, on prépare une solution éthérée du bois. Les 
cristaux qui s'en séparent sont bien lavés à l’eau, redissous 
dans l'alcool et précipités par lacétate de plomb; le précipité 
est de nouveau lavé par l'alcool bouillant, puis décomposé par 
l'acide sulfurique en présence de l'alcool. On élimine le sulfate 
de plomb, et, par concentration de la solution, on a la santa- 
line, qui fond à 103 degrés à 105 degrés. La laine se teint 
même sans mordant. Sur le coton les bons mordants sont 
encore ceux d'étain et d’alumine. Le colorant ne se dissout 
pas dans l’eau, mais est bien soluble dans lalcool, l'éther et 
l'acide acétique. ; 

Le Mallotus philippinensis, qui donne la poudre de roli, ou 
de £amela, est un petit arbre du pied de l'Himalaya et du Sud 
de l'Inde. Le pigment, qui est jaune, se trouve dans les poils 
elanduleux de la surface des capsules. Il est très employé dans 
l'Inde pour la teinture de la soie (roli ou kamela powder), 
qu'on mordance avec le sulfate d'aluminium. Les teintes 
sont aussi belles que celles que donne la chrysophéine. 

L'akhrot de l'Inde est le /uglans regia. Le grand intérêt 
du tinctorial extrait de l'écorce est qu’il donne sur la laine une 
couleur résistante qu’on peut amener à la teinte khaki. Par 
divers essais on a constaté que la nuance la plus foncée. 
est obtenue par addition de 3 pour cent d’acide acétique dans 
le bain; mais la résistance à la lumière est faible, et il est 
préférable d’avoir recours à l'acide chromo-oxalique. L'emploi 
de 15 pour cent de sel de Glauber n’est pas satisfaisant. 

Enfin sont encore utilisables : 

Pour la teinture en jaune, le bois du £afhal, ou Arfocarpus 


INDE 129 


integrifolia, et Yécorce, ou les racines, ou la tige de lépine- 
vinette (raswat) des Kumaun Hills, dont le principe tincto- 
rial est un alcaloïde azoté, la berbérine; et, pour les teintes 
jaune orange ou rouge orange, le bois du ÆAAus Cofinus. 

Avec ce bois de RAus Cotinus, le coton est jaune orange si 
le mordant est de l’alumine, et rouge orange si c'est un 
mordant d’étain. Mais la couleur résiste mal aux alcalis et aux 
savons. 

Quant au /ac dye, il est d’origine animale, puisque c'est la 
matière colorante qui accompagne la résine de la laque. Cette 
matière est dissoute par l’eau ou par un alcali faible ; elle est 
précipitée de la solution au moyen de l'alun et pressée en 
gâteaux. Elle teint en écarlate et cramoisi la laine mordancée 
par le chlorure d’étain. (Srivastava : 7he dyeing values of 
some indigenous dye-stuffs, dans The Agricultural Journal of 
India, 1916, Indian Science Congress number). 


Les oléagineux en 1914-1915. — Pendant la campagne 
1913-1914, c’est-à-dire du 31 Mars 1913 au 31 Mars 1914, l'Inde 
avait exporté au total 1.582.600 tonnes de graines oléagineuses, 
d'une valeur de 17 millions de livres sterling ; en 1914-1915, 
les exportations n’ont été que de 953.900 tonnes, d’une valeur 
de 9.750.000 livres. 

La diminution a surtout porté sur les ricins (83.000 tonnes, 
au lieu de 135.000), les arachides (138.000 tonnes, au lieu de 
278.000), les colzas (97.000 au lieu de 249.000), les sésames 
(47.000 au lieu de 112.000) et les mowrahs (7.000 au lieu de 
33.000). 

Elle a été beaucoup moindre pour les graines de coton 
(208.000, au lieu de 284.000), les coprahs (32.000 au lieu de 
38.000) et les graines de lin (322.000 au lieu de 414.000). 

Le fléchissement dans le commerce des arachides tient à ce 
que les exportations de l'Inde avaient surtout lieu vers la 
France (80 pour cent de l'exportation totale en 1913-1914). Or 
nous n'avons reçu de cette provenance, cn 1914-1913, que 


109.108 tonnes, au lieu de 228.380 tonnes l’année précédente ; 


, 


x 


le fret de Madras à Madagascar, qui était de 22 sh. 6 d. la 


€ 
9 


130 RESSOURCES DES COLONIES 


tonne en Avril 1914, s'était élevé à 87 shilling à la fin de 
Mars 1915. 

Les expéditions de coprah auraient pu être plus faibles 
qu'elles ne l'ont été en réalité, puisque l'Allemagne était le 
grand client pour les coprahs du Malabar ; mais, si les 
embarquements à destination de l'Empire Allemand, de la 
Russie et de la Belgique, ont diminué, ceux à destination de 
l'Angleterre, de la France et des Pays-Bas ont augmenté. 
L’Angleterre, qui n’importait que 352 tonnes-en 1913-1914, en 
a reçu 8.523 en 1914-1915. 

C'est l'Angleterre encore qui a contribué au commerce des 
lins et empêché un plus grand abaissement de celui des 
colzas, car elle à importé en 1914-1915 50.000 tonnes de graines 
de lin de plus (206.110 tonnes) qu'en 1913-1914, et 10.000 tonnes 
de plus (soit 24.681 tonnes) de graines de colza. 

Enfin le commerce des graines de coton a relativement peu 
varié parce qu'il a toujours eu lieu surtout de l'Inde vers sa 
métropole. (Les Matières Grasses, n° 96). 


Le jute. 


En 1914-1915 la récolte totale du jute de l'Inde a 
été de 7.428.733 balles, au lieu de 10.531.505 balles en 1913- 
1914 ; soit un déficit de 29,4 pour cent. 

Cette diminution est due aux bas prix payés après la 
déclaration de guerre et aux inondations survenues dans les 


terres basses après les semis. 


Les surfaces cultivées ont été, en acres : 


1913-1914 1914-1919 

Bengale occidental........ 467-4090 are 325.858 
—  septentrional ..... Cols RER 601.614 

— +5 OTIENTAIS 7.7.2 4.349: 094 LE ME ASS TO 
Cooch Bihar........... AA AA RTE 2 27.556 
Bihariet/Oriss a ere SIDA 2O MERS 188.090 
ASSAI RE era nue aide 141-600 4-0 ; 75.400 
3.358737 2377-9310 


{Bulletin Economique de l'Indochine, Janvier-Février 1916). 


2 
INDE 1951 


Le coton. - La superficie plantée en cotonniers dans 
l'Inde angiaise pendant la campagne 1915-1916 a été de 
7.270.885 hectares, soit 2.682.219 hectäres de moins qu’en 
1914-1915. Le rendement total a été de 3.819.000 balles de 
180 kilos, soit 27 pour cent de moins que pendant la campagne 
précédente. Le rendement moyen général a été le même que 
celui de la récolte précédente, soit 96 kilos par hectare. 
(Board of Trade Journal, d'après le Bulletin Officiel du 
Gouvernement Général de l'Algérie, 1° Maï 1916). 


Le riz au point de vue de l’alimentation. — ans une 
étude intitulée Æice as prepared for food in  Bengal, 
M. Jitendra Nath Rakshit décrit diverses préparations culi- 
naires du riz au Bengale et cherche à établir les valeurs 
alimentaires respectives de chacune. 

Le riz décortiqué est le czal. Mais la décortication peut être 
faite de plusieurs manières. 

Le riz mécaniquement décortiqué est l’alo-chal. 

Le riz étuvé, séché, puis mécaniquement décortiqué est le 
siddha-chal, où bhater chal, et le boïled rice des Anglais. 

Le riz deux fois étuvé, puis mécaniquement décortiqué 
est le r7uri chal. 

Le riz macéré, légèrement grillé et comprimé, est le chinre 
payes et le chinre bhaja. 

Le riz saccharifié et fermenté est le panchui et le handia. 
Le bhat est du chal cuit avec 4 ou 5 fois son poids d’eau 
pendant 20 à 30 minutes. A l'analyse, les différences entre le 


chal et le bhat sont les suivantes : 


Chal Bhat 
Albuminoïdes ............. DA CENALE PT PR LES QE SE 72 
Re RE es S de o e m eine On Ne 0,1 
Hydrates de carbone...... ET AO TEEN NE re SD 
CeloSe en re en TR OA deteste actes 0,4 


Cendres ei SR are 0,7 Le 


132 RESSOURCES DES COLONIES 


Il ya donc pendant la cuisson perte de 7,2 pour cent d'hy- 
drates de carbone. 

Pour préparer le s/ddah-chal, où riz étuvé, où boïled 
rice, on fait macérer pendant deux ou trois jours dans de 
grands vases le paddy qui a été nettoyé, puis on le transporte 
dans un pot en terre ou un vase en fer-blanc qui contient une 
petite quantité d’eau; et on chauffe jusqu'à ce que la vapeur 
semble avoir bien pénétré dans le paddy. Les balles alors 
s'ouvrent. Le paddy étuvé est séché au soleil. pendant un 
certain temps, dont on détermine la durée en pressant Île 
grain entre les dents. Il est ensuite décortiqué par les moyens 
ordinaires. Finalement, on le met dans des sacs en jute pour 
le livrer au commerce. ; 

Ce riz étuvé a un aspect translucide blanc-grisâtre, qui le 
différencie bien de lalo-chal. West moins cassant. Pendant 
j’'étuvage et avant ia décortication, presque tous les grains sont 
gonflés, mais ils se contractent en séchant. Le bhaf fait avec 
ce riz étuvé est la principale nourriture à bon marché de 
beaucoup de Bengalais. Il passe pour plus digestible que 
lorsqu'il est préparé avec l’alo-chal. 

De décortication facile, le s/ddha-chal donne une perte 
moindre que l’alo-chal, mais il est plus gris; et il passe pour 
moins nutritif parce qu’il y aurait pendant l'étuvage une perte 
de substances azotées. (7he Agricultural Journal of India. 
Calcutta, Avril 1916.) 


Le teff. — À Cawnpore, on a cultivé deux variétés de feff, 
ou Æragrostis abyssinica :Vun, ou feff Tseddia, venant du 
Sud-Africain ; l’autre, ou /e/f Hagaïz, provenant de Kew. La 
première variété a été la meilleure. Le Département du Sud- 
Africain recommande de semer au semoir, à raison de cinq à 
sept livres par acre. À Cawnpore, sur terrain irrigable, on 
ensemence à raison de sept livres, et on herse légèrement 
ensuite. Ïl est recomimandé de mélanger les grains avec 


du sable. 


INDE 133 


La composition de ces grains est, pour 100 : 


Cawnpore Transvaal 
PR AU 2 Aron Abd eut = ee 8,88 
Albuminoïdes ....... HAE NE: LEE 6,21 
HUE NN PAPETT 2 Lab PORT TC NE LAN 1,25 
Hydrates de carbone ..... DRAM OI ru 39,08 (solubles) 
Cellniose, 7. -Hatray ri En | 29 ROC CE 39,97 
Cendres:..::.:.... AT PEN Ç MAT ARLES 5,55 


(Zhe Agricultural Journal of India. Calcutta, Avril 1916.) 


Une maladie du bananier. — Les fruits de bananier, ainsi 
que leurs pédoncules, sont attaqués pendant les pluies par le 
Gloeosporium  Musarum, qui forme des taches noires 
s'étendant progressivement. 

Comme remède, M. Jehangiv Fardunji Dastur recommande 
la bouillie bourguignonne, avec laquelle on asperge les fruits 
tous les quinze jours pendant deux mois jusqu'à maturité. On 
peut aussi employer ie carbonate de cuivre ammoniacal. (74. 
Avril 1916.) 


Les plantes à thymol. — La seule source de thymol a été 
jusqu'alors l'essence d'anjowan de l'Inde, extraite des graines 
du Carum copticum; et, avant la guerre, la totalité des 
graines exportées de la colonie anglaise était expédiée en 
Allemagne, où le thymol était préparé. La graine contient 
3 à 4 pour cent d'essence, qui renferme 40 à 55 pour cent 
de thymol. 

Le Pulletin de l'Imperial Institute d'Octobre-Décem- 
bre 1914 fait remarquer que l'obtention de l'essence par distil- 
lation de ces graines broyées, et en présence de la vapeur 
d'eau, est facile, et que, d'autre part, il est d’autres plantes 
qui peuvent également, dans différentes contrées, fournir 
ce thymol. 

Dans lPAmérique du Nord, la plante sèche de Cunila 
Mariana (Labiées), qui fournit l'essence de dictame, contient 
0,7 pour cent d'une essence qui renferme 40 pour cent de 


1354 RESSOURCES DES COLONIES 


thymol. Le Monarda punctata (Labiées) donne 1 à 3 pour 
cent d'essence à 61 pour cent de thymol. 

Au Japon, le Mosla japonica (Labiées) fournit, sec, 2,13 
pour cent d'essence avec 44 pour cent de thymol. 

En Afrique, les Ocimum offrent le même intérêt. Ainsi 
l'Ocimum viride, qui est le mosquito plant des Anglais, 
contient dans ses feuilles sèches de 0,35 à 1,2 pour cent 
d'essence avec 32 à 65 pour cent de thymol. 

L'Origanum hirtum de Dalmatie, le 7hymus vulgaris 
peuvent aussi être exploités. La teneur du thym en essence 
est assez variable (de 20 à 42 pour cent) ; de même varient les 
caractères du phénol, qui est ordinairement du thymol, mais 
peut être aussi du carvacrol. 

Ce carvacrol, qui est isomère du thymol, a d’ailleurs égale- 
ment des propriétés antiseptiques et est donc utilisable. On 
peut l'obtenir du Monarda fistulosa, de divers Origanum et 
Satureïa, et, d’une manière. générale, d’un certain nombre de 
Labiées. 

Voir aussi sur ce sujet Les Matières Grasses, 15 Mai et 


15 Juin 1915. 


Les forêts de l’Inde. — La Revue quinquennale de FAdmi- 
nistration forestière de liInde Anglaise résume les progrès 
qui ont été réalisés de 1909 à 1914 dans le développement 
commercial des forêts de lInde. En 1914, ces forêts, qui se 
divisent en forêts réservées, forêts protégées et forêts non 
classées, couvraient 631.222 kilomètres carrés, dont 362.177 
non classés. 

En ces dernières années, la demande des produits forestiers 
s’est accrue. On utilise notamment de plus en plus, pour la 
fabrication de la pâte à papier, les bambous, les herbes de 
savane et les arbres tels que les épicéas et les sapins. On 
envisage une plus large utilisation des matières tannantes. 
Dans l’Assam, on s'occupe tout spécialement de la fabrication 
des boîtes à thé. Le bois qui semble ie mieux convenir pour 
cette fabrication est le s/mal, où Bombax malabaricum ; et 


des plantations de l'espèce ont été entreprises, 


INDE 135 


Le Sorea robusta, où sal, et le Cedrus Deodara sont 
déjà employés pour les traverses de chemin de fer, mais en 
raison des besoins croissants, auxquels ces deux essences ne 
sufisent plus, on a expérimenté l'usage de bois moins 
durables, mais soumis à un traitement antiseptique, par 
exemple, le chir, ou Pinus longifolia, des Provinces-Unies, 
et le gurgum, où Diprerocarpus tfurbinatus, des îles 
Andaman. 

De gros progrès ont encore été faits dans la récolte de 
l'essence de térébenthine et de la colophane des pins de 
l'Himalaya ; de nouvelles distilleries ont été montées dans le 
Punjab et les Provinces-Unies. {Quinguennal Review of 
Forest Administration in British India for the period 


1909-1910 10 1913-1914). 


Le blé en 1913. — La superficie de l'Inde cultivée en blé 
en. 19131était de .12.207.120 .hectares:.: Le Punjab et. les 
Provinces-Unies sont les principales provinces productrices. 
Sur une production moyenne quinquennale de 9.269.000 
tonnes en 1912-1913, la production a été de 3.485.000 tonnes 
dans le Punjab et 2.762.000 dans les Provinces-Unies. Les 
principaux clients de l’Inde sont la Grande-Bretagne (1.161.000 
tonnes en 1912-1913) la Belgique (183.000) et la France (129.000). 


Le thé en 1914. — L'industrie du thé dans l'Inde à été 
particulièrement prospère en 1914. La superficie cultivée en 
arbres à thé a été de 2 pour cent supérieure à celle de 1913, 
l'accroissement étant de 6.400 hectares. L'augmentation de 
production a été de 2.718.000 kilos, soit 2 pour cent, et a porté 
exclusivement sur le thé noir. Le total des exportations par 
mer s'est élevé de 4.983.000 kilos, soit environ 4 pour cent. 
(Report on the progress of agriculture in India for 1914-1915. 
Calcutta, 1916). 


Le coton en 1915. [après le 7zimes of India Mail, Va 
surface cultivée en cotonniers dans Flinde en 19135 était de 


9.852.800 hectares, et la production était estimée par avance à 


136 RESSOURCES DES COLONIES 


5.232.000 balles de 181 kilos. Les deux principales provinces 
productrices devaient fournir : celle de Bombay, 1.495.000 ; 
les Provinces du Centre et Bérar 1.097.000. Les surfaces 
cultivées dans ces deux contrées étaient respectivement de 
2.680.000 et 1.880.000 hectares. Viennent ensuite les provinces 
de Madras (953.000 hectares), de Punjab (740.000) et les 
Provinces-Unies (618.000). 


Le riz en 1915. — D'après la même publication, la surface 
couverte en rizières dans l'Inde en 1915 était de 30.472.000 hec- 
tares, dont 8.166.400 au Bengale, 6.464.000 au Bihar et Orissa, 
la province de Madras, la Birmanie, puis les Provinces-Unies 
venant ensuite. La récolte était évaluée, par avance, à 
27.964.000 tonnes de riz blanc. 


La soie en 1914. — [La production mondiale de la soie, 
pour 1914, a été de 22.200.000 kilos de soie grège, dont 
9.490.000 kilos du Japon et 6.055.600 kilos de Chine. Le 
Bengale et le Kashmire ont exporté 34.000 kilos. (Bulletin 
Econoniique de l’Indochine, Mars-Avril 1916). 


Les insectes de l’Inde. — M. Bainnbrigge Fletcher a publié 
dans le Bulletin de l'Agricultural Research Institute de 
Pursa un mémoire sur une centaine d'insectes de l'Inde, dont 
il décrit les caractères, les mœurs ou l'habitat (Calcutta, 1916). 


GUYANE ANGLAISE 13 


CS | 


GUYANE ANGLAISE 


La Guyane Anglaise est située entre 0°41 latitude Nord 
(source de l'Essequibo)et 8°33 22”{Punta Playa); sa superficie 
est à peu près celle de la Grande-Bretagne. On peut la diviser 
en trois régions : une région côtière basse, alluvionnaire et 
marécageuse ; une région intermédiaire, à sol sablonneux et 
argileux, avec dunes de sable; et une région intérieure plus 
haute, avec des chaînes montagneuses vers le Sud-Ouest et, 
çà et là, des monts isolés dans l'Est. La superficie totale est de 
223.000 kilomètres carrés ; la population était en 1914 de 
304.149 habitants, dont 14.000 Européens, 130.000 Indiens de 
l'Inde Anglaise, 115.000 Noirs, 7.000 aborigènes. Les Indiens 
se livrent surtout à la culture; les Noirs s’adonnent plutôt à 
l'exploitation des forêts et des richesses minières. 

Sur la côte, où la période la plus sèche est d’Août à 
Novembre, la chute d’eau moyenne annuelle est de 2.350 milli- 
mètres ; à l’intérieur elle est de 2.625. 

La saison la plus sèche de la savane va de Novembre à Mars. 
Sur la côte, la moyenne de la température annuelle est 
de :26° 6: 

Au point de vue agricole, la principale richesse de la colonie 
est la canne à sucre, dont les champs correspondent à environ 
28.800 hectares, soit 44,7 pour cent de la surface cultivée. Et 
la production totale actuelle pourrait être plus grande encore, 
car on estime qu'elle serait, si on utilisait tous les sols favo- 
rables, de 1 million de tonnes de sucre-dans l'Est, récolte qui, 
avec la culture dans le Nord-Ouest, s'élèverait à 2 millions 
et demi. Le rendement annuel par hectare est de 3.250 à 
5.500 kilos. 


138 RESSOURCES DES COLONIES 


En 1914 il était exporté 107.138 tonnes de sucre, 3.489.729 
gallons, soit 15.843 hectolitres, de rhum, 83.197 gallons, 
soit 3.778 hectolitres, de mélasse, 2.427 tonnes de molascuit. 

C'est la Guyane Anglaise qui, de toutes les colonies des 
Indes Occidentales, exporte les plus grandes quantités de 
rhum. Ce rhum est obtenu par la fermentation, pendant 36 à 
18 heures, de mélasse diluée à la densité d'environ 1.060. Le 
rhum de Demerara est obtenu avec des levures pures et n’a 
donc pas le goût fort des rhums de fermentation lente, 
obtenus avec des levures sauvages mélangées de bactéries. 

Quant au molascuit, c'est depuis une douzaine d'années que 
M. George Hughes a indiqué le mode de préparation de ce 
sous-produit, qui est un bon aliment pour le bétail, et, en 
particulier, au point de vue de la rapidité d’engraissement. Ce 
mélange de mélasse et de bagasse se présente sous l'aspect 
d’une poudre grossière sèche et brune, à odeur agréable, et a 


pour composition centésimale : 


Pau ee eee RE OR ES RTE AE OE ES 
SUDSTANCESIPTASSES T4 ere meet Cie 0,6 
AIDIMINMOITES SRE ONE Re Ra ete 1,9 
SACChATOSE 2 LL EN ARE CE PNR ES AD 
Glicose FLE eee SATA NC ROIEETS ARE 20,2 
Autres hydrates de carbone solubles............ 7,3 
Cellulose digestible .. ....... HENRUdE SRE 7,0 
Ligneuxs: 2e SRE EN LS RÉTReT eneE 2,9 
CENdreS PLAN PERRET TR OP © ST ve 6,3 


Il y a donc bien un haut pourcentage (72 pour cent) de 
constituants digestibles. Pour lalimentation, on mélange le 
molascuit avec une autre nourriture plus riche en substances 
grasses et en albuminoïdes, comme le tourteau de coton. 

Une autre importante culture de la Guyane Anglaise, surtout 
depuis quelques années, est celle du riz, qui couvrait en 1914 
11.250 hectares et peut encore énormément s'étendre. Le 
rendement moyen, de 1911 à 1914, a été de 21 qx. 8 de 
paddy à l’acre, soit 2.773 kilos à l'hectare. Le paddy donne de 


60 à 65 pour cent de son poids de riz décortiqué; on ne polit 


GUYANE ANGLAISE 159 


pas. Il y a un riz brun qu'on étuve avant de le passer aux 
meules, et un riz blanc qui est considéré comme moins 
nutritif. 

Sur la côte, et surtout quand cette côte est plus ou moins 
sablonneuse, la culture du cocotier donne de bons résultats ; 
elle correspondait en 1914-1915 à 6.104 hectares, et les expor- 
tations, à destination des Etats-Unis, étaient de 1.400.000 noix 
environ ; on prépare peu de coprah (1.690 quintaux anglais 
en 1914.) 

Jadis très cultivé, le caféier est aujourd’hui presque aban- 
donné; il n’occupe guère que 1.520 hectares. C’est du Co//ea 
arabica et du C. liberica. La récolte est, en grande partie, 
consommée sur place; il n'était exporté, en 1914, que 
108.305 kilos. 

Le cacaovyer réussit bien, mais le manque de capitaux des 
planteurs restreint les plantations, qui étaient de 926 hectares 
en 1914-1919. 

Il y a quelques années, la diminution de ces cacaoyers a été 
surtout sensible parce que certains planteurs se sont, depuis 
1907, tournés de préférence vers la culture des //evea, qui 
était, en 1914, de 1.616 hectares. 

Ces arbres, tous jeunes, n’ont d’ailleurs pas encore été 
saignés. 

Le caoutchouc exporté de la colonie sous le nom d’‘Oré- 
noque scraps ” provient des Sapium indigènes et sauvages, 
notamment du Sapium Jemmani. L'Hevea confusa, et peut- 
être d’autres espèces du genre, donneraient aussi un peu de 
caoutchouc mou inférieur. 

Le citronnier et ses divers produits sont encore une des 
ressources de la colonie. 

Comme textile, on a tenté en ces derniers temps la culture 
de l'Æedychium coronarium, mais sans grand avantage 
semble-t-il. 

Parmi les produits de cueillette, le plus important est le 
balata, dont il était expédié en 1913 599.600 kilos. Les 
Mimusops Balata croissent en grand nombre dans les forêts 


de la Guyane Anglaise. 


140 RESSOURCES DES COLONIES 


Ces forêts recouvrent 200.460 kilomètres carrés, donc au 
moins les six-septièmes de la superficie totale. Elles s'étendent 
à travers toute la colonie, mais avec des interruptions occupées 
par la savane. La partie actuellement exploitée est réduite à 
1.280 hectares, au voisinage de la côte. Les arbres sont 
toujours en mélange. Les principaux sont : le greenhart, ou 
cœur vert, qui est l'essence la plus connue de la colonie; le 
crabwood, où Carapa guyanensis, dont il y a deux variétés, 
la rouge et la blanche; le wallaba, qui correspond à plusieurs 
variétés d’Eperua, dont l’'Eperua falcata et VÆEperua 
Jemmani; Ve Dimorbhandra Mora ; le bullet free, ou 
Mimusops globosa ; le suradanni, où Hieronyma alchor- 
neoïdes; le Copaifera pubiflora ; YHymenea Courbaril, etc. 

La gomme animé du courbaril est exportée; on en trouve 
dans le sol d’assez gros blocs fossilisés. La Aiawa gum, ou 
résine de conima, usitée comme encens, est obtenue sur le 
Protium heptaphyllum. 

L'arbre à fève Tonka croît avec vigueur au-dessus des 
rapides et dans les îles du Haut-Essequibo et de ses affluents ; 
ses fèves sont ramassées et exportées. On récolte aussi les 
noix oléagineuses de souari, où Caryocar tomentosum. Les 
graines du crabwood donnent l’Auïile de crabwood, qui est 
surtout préparée pour la vente par les Indiens. (Harrisson et 
Bancroft : 7he field and forest resources of British Guiana. 
Bulletin of the Imperial Institute, Avril-Juin 1915.) 


Le cokerite palm. — Ce cokerite palm des Anglais, qui est 
un Maximiliana, et peut-être le Maximiliana regia, croît. 
dans presque toute la Guyane Anglaise, sauf au voisinage 
immédiat de la côte ; et les indigènes utilisent les parties les 
plus diverses de la plante. Ils en mangent notamment le 
péricarpe et extraient l'huile des graines, qu'ils appellent 
mareepa. | 

Les fruits détachés des inflorescences, arrondis à la base et 
pointus au sommet, se composent de 12,4 pour cent de 
bractées, 17 de péricarpe charnu, 53,6 de noyau et 17 de 
graine, Les noix mêmes, débarrassées du péricarpe, com- 


GUYANE ANGLAISE 


141 


prennent 76 pour cent de coque et 24 de graine. Le poids 
moyen d’un fruit est de 10 gr. 6, celui des noyaux 7 gr. 5, et 
celui des graines 1 gr. 3. 

Le péricarpe, à 12 pour cent d'humidité, fournit 15 pour 
cent d’une huile semi-concrète, rouge orangé, représentant 
2,6 pour cent du fruit complet. Cette huile a pour caracté- 
ristiques, comparées à celles de l'huile de palme : 


Huile de cokerite Huile de palme 


Solidification des acides gras... 2995 ..... 3508 à 46°4 
Mdrce d'acide. NAT ALMA AIS 28,6 

Indice de saponification...... CE NONAL OUR EM UE l4n96,3 à 205,5 
ideid'indesss ur For eu re 51,4 p. 100 536:41597,4 


Les amandes, ‘pour 11,3 pour cent d'humidité, ont fourni 
56,9 pour cent d’une huile concrète, de couleur crème, avec 
odeur de coprah, représentant 64,1 pour cent de la graiñe 
sèche. Cette huile avait pour caractéristiques, comparées à 
celles d’autres huiles : 


Huile 
préparée en Huile Huile Huile 

Guyane préparée à de de 

Anglaise Londres palmiste coprah 
IDÉES USERS ARE Abe DEEE MENE 0,8668 0,711 70 0,8736 
ÉUSON eue and istrret 2705 270 23048300 182300 4270 
Solidification desacidesgras ..,. ..... 2402,,-,. 200 à 2505.., 2102 à 2502 
Indice d'arides. 2-2. 4,6 3,1 
Indice de saponification.... 252,3 ...... 253 51242 4 AL20A0: 0 + 249) À 208 
Inée diodes. rer EU ADERS 13, POIDS ART 728 S à 10 
Indice’de Hehner..... .. 88,0 HR roue 88,6 à 90,5 
Acides gras insolubles 0/5... -........... 88,6 
Insaponifiables. ........ SORT ETS PTE 0,3 
Acides volatils solubles ........,.... SERRE HEAR OR 600 14 
Acides volatils insolubles..... LEOREEAR 7e 10 442.202 15 à 20 


Le tourteau des graines est brun pâle, à saveur douce et 


non déplaisante, rappelant celle du coprah. Sa composition, 


142 RESSOURCES DES COLONIES 


comparée à celles des tourteaux de palmiste et de coprah, est 


la suivante : 


Cokerite Palmiste Coprah 
Éau ER RON he Sr re SIOMSERELE 1255 MR TR 8,5 
Albuminoïdes......... LOTO EE LS TERTE 24,5 
5 LE SR OR PE ET en Fuite 55 ere 8,3 
Hydrates de carbone.... PINOT ES 50 455 0000 
Celltlose 777" RAT 12 6 EPS AO RATE UE 12,8 
Cendrés.-:2.. seraemracs ALMA DT SANS 4 PRE 


Ce serait un tourteau valant celui de palmiste, mais 
inférieur à celui de coprah. (Cokerite fruits and oïl from 
British Guiana, dans le Bulletin of the Imperial Institute, 
Janvier-Mars 1916). 


ANTILLES ANGLAISES 143 


ANTILLES ANGLAISES 


Le coton. — Le n° 4 du West Indian Bulletin de 1915 est 
consacré au compte-rendu de la Réunion cotonnière tenue à 
Saint-Kitts en Mars 1916, et dans laquelle ont été traitées les 
questions relatives à la culture et au commerce du coton dans 
les Antilles Anglaises. 


L'exportation des cotons Sea-/sland de ces Antilles dans 
les cinq dernières années a été, au total, de : 


Barbade ete 2.180.032 livres 
Saint-Vincent..." .2.110.0613::— 
Montserrat #0 JL 1.713.773 — 
Antiean ss Pers ere _587.665 — 
Saint-Kitts-Nevis....... 3-542:197 0— 
Iés Vierges.” Mer 184.511 — 


ù 


Les exportations de Saint-Kitts-Nevis se répartissent en 
1.806.284 livres pour Saint-Kitts, 1.249.875 livres pour Nevis, 
485.997 livres pour Anguilla. 

Pendant la période 1912-1914 les exportations de coton ont 
représenté en valeur, comparativement aux exportations 
totales de chaque colonie : 


EPA Le 10 COSTA RE TE . 2,2 pour cent 
Sant-Vincent ...,...4... 28,1 
MONTRE ee ee 45,6 
Ja NE EN POP TEE 2 
Saint-Kitts-Nevis ........ 24,3 


144 RESSOURCES DES COLONIES 


Du 1° Octobre 1914 au 31 Septembre 1915 il a été exporté : 


Barbade. 2 290.347 livres 
Saint-Vincent..." “ss 201-620 
MOntserrati;2.,..7.29e 380.923 — 
Antena. 2. 7.L 32%, re: 80.750 — 
SANTE PATES Faute ere En 57 007 
Nevis 225 mrtoerarre eu 305.154  — 
Anguilla ere ee 33.750 — 
Hes Vierges. cames 31.361 | — 


En 1914-1915 il était planté en acres : 


SALES RIÉES: Dan 07 eee Un 
Nevis? ee ER RE SE en" 2.500 : 5.500 
Anouilla =: -+-corcce 50e) 
Antigua ..... MATE TO DCE 770 } 840 
Barbade nee peer 70 \ 
Montsenat 0 ter 2.350 

\ 4.266 en Sea-/sland 


Saimt-Vincent:s cree 
| 1.260 en Marie-Galante 


Le cotonnier Marie-Galante, exclusivement cultivé dans les 
Grenadines du Sud, est vivace. Son exportation en 1914-1915 
a été d'environ 150 balles de 360 livres. La sorte est vendue à 
des prix assez satisfaisants. 

Les rendements de coton égrené, par acre, en 1914-1915, ont 


été de : 


73 livres à Saint-Vincent 
162 — à Montserrat 
180 — à Saint-Kitts 
120 = à Nevis 

106 — à Antigua 


Au sujet des caractères employés comme termes de compa- 
raison entre les divers cotons, la Réunion cotonnière a surtout 
insisté sur la valeur du /inf index, qui est le poids total de 
poils fourni par 100 grammes de graines. L'indice est déter- 
miné sur un nombre de graines supérieur à 100, mais ramené 


ANTILLES ANGLAISES 149 


à 100. Le haut pourcentage des poils n'implique pas d'ailleurs 
un faible poids des graines, car il peut être donné par des 
graines qui sont elles-mêmes de poids relativement élevé. 
(West /ndian Bulletin, vol. XV, n° 4, 1916.) 


Le citronnier à la Dominique. — L'industrie citronnière, 
avec ses dérivés divers, tient de beaucoup la plus grande 
place dans les exportations de la Dominique. En 1914, sur une 
exportation totale de 210.087 livres sterling, ily avait pour 
20.024 livres sterling de cacao (correspondant à 8.874 quintaux 
anglais) et 185.895 livres de citrons et de leurs produits. 

Ces 183.895 livres sterling se décomposaient, en effet, en 
42.237 livres de citrons verts, 25.753 livres de jus brut, 
68.754 livres de jus concentré, 38.013 livres de citrate et 
10.138 livres d'essence. Et ces valeurs correspondent à 
45.283 barils de citrons verts, 379.875 gallons de jus brut, 
148.179 gallons de jus concentré, 5.191 quintaux de citrate de 
chaux et 5.603 gallons d'essence. 

On admet approximativement qu'un baril de citrons fournit 
7 gallons 1/2 de jus brut, que 75 barils donnent 50 gallons de 
jus concentré, et 366 barils une tonne de citrate de chaux. 

Le cocotier et la vanille sont deux autres cultures possibles 
à la Dominique, et qu'il y aurait lieu de développer. (Francis 
Watts : 7he development of Dominica, dans le West Indian 
Bulletin, vol. XV, n° 3, 1915.) 


Le Pimenta acris. — Les feuilles de cette Mryrtacée, 
voisine du Primenta officinalis dont les fruits sont les out- 
épices où guatre épices, fournissent l'essence de laurier, ou 
bay oil, avec laquelle on prépare le bay rum, où rhum de 
laurier, des parfumeurs. Antigua, Saint-Thomas, Montserrat 
se préoccupent de la culture de l'arbre et de la préparation de 
l'essence; et MM. Tempany et Robson rendent compte des 
expériences qui ont été poursuivies à la Station Botanique 
de Montserrat. 

Les premiers essais de culture rationnelle du Prmentfa acris 


à la Station Expérimentale d'Harris, à Montserrat, ont été faits 


10 


146 RESSOURCES DES COLONIES 


en 1903 et ont consisté à planter de très jeunes pieds recueillis 
à l'état sauvage dans les montagnes. Une première récolte de 
feuilles a pu être faite en 1905 et a fourni alors 2.660 livres à 
l'acre; en 1911, le rendement, pour la même surface, était de 
6.380 livres. 

Mais il est préférable de semer les graines. L'arbre fructifie 
de Juin à Août. On cueille alors les fruits, ou bien, si les 
pieds sont très hauts, on nettoie le sol alentour et on ramasse 
les fruits qui sont tombés. Chacun contient de 2 à 8 graines, 
qu'on extrait en écrasant les baies dans un baquet d’eau ; les 
graines tombent au fond et la pulpe surnage. 

Les graines perdent rapidement leur faculté germinative et 
doivent être vite semées. On les met sur couche ou dans des 
caisses ; elles lèvent en 15 jours. Au bout de 5 à 6 mois, on les 
apporte en pépinières, en rangées distantes de 20 centimètres 
et à intervalles de 15 centimètres par rang. Sur le terrain 
définitif, les plants, dont on a au préalable sectionné le pivot, 
sont aux distances de 3 mètres sur 2; soit 800 plantes à l’acre, 
2.000 à l’hectare. Pour faciliter la cueillette des feuilles, on 
maintient les pieds, en les taillant, à une hauteur maxima de 
2 m. 30. La récolte consiste à couper un certain nombre de 
branches, dont on détache ensuite les feuilles. En 1914, à la 
Station de Montserrat, il était recueilli 3.256 livres de feuilles 
vertes, qui ont fourni 631 onces, soit 17.687 centimètres cubes. 
Le rendement a donc été de 19 onces 5 par 100 livres de feuilles. 

Antérieurement, à Saint-Thomas, M. Fishlok a calculé 
qu’une bouteille d'essence était obtenue avec 130 à 140 livres 
de feuilles vertes. Or la bouteille, aux Antilles Anglaises, 
contient un sixième de gallon impérial (4 lit. 54) soit 76 centi- 
litres. 100 livres donneraient donc 54 centilitres, qui 
correspondent à peu près à 19 onces. 

L’essence de laurier se compose essentiellement d’eugénol 
et de myrcine, avec de plus petites quantités de chavicol, de 
méthyl-eugénol, de méthyl-chavicol, de phellandrène et de 
citral. 

Mais les expériences poursuivies à la Station de Montserrat, 
et dans lesquelles on a, pendant plusieurs années, récolté et 


+ 


ANTILLES ANGLAISES 147 


distillé des feuilles tous les mois, établissent qu'au cours de 
l'année le rendement en essence et la composition de cette 
essence sont assez largement variables, sans qu'aucune règle 
puisse pour le moment être encore bien établie dans l'influence 
qu'à la saison sur ces variations. Il semblerait seulement que, 
de Mars à Août, l'essence a une plus haute teneur en phénol. 

Au cours de la distillation, la fraction qui passe pendant la 
première heure, et qui représente le plus fort volume, est de 
densité moindre et plus pauvre en phéno!l que les petites 
fractions qui passent pendant les heures suivantes. La valeur 
de l'essence dépendant de sa teneur en phénol, il y a donc 
intérêt à prolonger l'opération. Le mélange des six premières 
fractions contient 54 pour cent de phénol; le mélange des 
7 à8 fractions, correspondant à 7 à 8 heures, en contient 58. 
(Bay oil and the cultivation of the Bay tree as a crop plant, 
dans le West Indian Bulletin, vol. XV, n° 3, 1915). 


Le sucre à la Trinidad.— La culture sucrière donne de 
bons résultats à la Trinidad. Les exportations ont été de 
32.655 tonnes de sucre en 1913-1914, et 48.087 tonnes en 1914- 
1915. 54 pour cent des expéditions de 1914-1913 ont été à 
destination du Canada, et 45 pour cent à destination des Etats- 
Unis. fAgricoltura coloniale, Juin 1916). 


148 RESSOURCES DES COLONIES 


TOGO!" 


C’est le 13 Octobre 1884 que le Gouvernement Allemand 
faisait connaître officiellement qu'il établissait son protectorat 
sur le Togoland ; et la délimitation de [A nouvelle possession 
avec les possessions anglaises et françaises était fixée en 1885. 

Bordé au Sud par le golfe de Guinée, le Togoland, dont la 
superficie totale est de 82.300 kilomètres carrés, est limité à 
l'Ouest par la Gold Coast, au Nord par le Haut-Sénégal et 
Niger, et à l'Est par le Dahomey. La zone littorale, que borde 
une série de lagunes, est sablonneuse. Le centre est traversé 
par une chaîne de montagnes, dirigée du Sud-Ouest au Nord- 
Est, d’une altitude moyenne de 650 à 800 mètres, et qui atteint 
ses plus grandes hauteurs dans le Sud; le pic le plus élevé est 
le mont Agu (1.020 mètres). Cette région centrale, qui est la 
partie la plus boisée, est la plus humide. La pluviosité, qui 
est de 700 à 800 millimètres sur la côte, atteint 1.500 milli- 
mètres environ au pied des montagnes, s'élève un peu plus 
encore dans la vraie zone montagneuse et redescend à 1 mètre 
environ dans les steppes de la partie septentrionale. 

Sur la côte sont Anécho, l’ancienne capitale, que la fièvre 
jaune a fait abandonner, Lomé, la capitale nouvelle, Bagida, 
Poro-Seguro, et Kpémé. A l'intérieur, les principaux centres 
sont Atakpamé, Misahôhe (586 mètres), Kété-Kratschi, 
Bismarckburg, Sakodé, Bassari et Sansane-Mangu. 

Trois voies ferrées relient respectivement Lomé à Anécho, 
à Atakpamé et à Palimé. Palimé étant à une petite distance 


(1) Cette étude des colonies allemandes a été surtout faite d’après des articles 
parus avant 1914 dans la Quinzaine Colontale et depuis 1914 dans le Bulletin 
of the Imperial Institute. 


TOGO 149 


de Misahôhe, cette troisième voie ferrée est donc celle de la 
région du cacaover. En 1914, deux nouvelles lignes étaient en 
projet : celle dite ‘‘de lhuile” dans le district d'Anécho, et la 
ligne de l'Ouest. 

En 1913, la population indigène était évaluée à 1.030.000 habi- 
tants, et il y avait 368 Européens, dont 320 Allemands. Le 
Protectorat ne recevait aucune subvention de l'Etat Allemand 


et les recettes et les dépenses s'équilibraient à 4.174.341 marks. 


Les principales exportations, cette même année, étaient : 


7-025 tonnes de palmistes 


1 Li He » d'huile de palme 
493 » de coton brut 
? 45 À 
330 » de cacao 
3.526 » de maïs 
89 » de caoutchouc 
129 » de coprah 
9 » de kapok 
e RE A 
3 » d'ivoire 


Il était encore expédié pour 538.000 francs environ de bétail 
vivant ; il y avait également quelques expéditions de bois, de 
noix de kola, d’arachides et de graines de karité, ainsi que 
d'ignames et de fécule de manioc. 

Mais, à tous égards, en valeur comme en quantité, le grand 
produit d'exportation du Togo est donc lamande de palme, à 
laquelle vient s'ajouter le beurre de palme. Comme dans la 
plupart des autres colonies du golfe de Guinée, le palmiste est, 
dans le Protectorat Allemand, larbre utile par excellence ; et 
son exploitation s’est surtout développée depuis l'introduction 
d'un outillage perfectionné, notamment dans les districts de 
Misahôhe, de Lomé et d'Anécho. 

Le second produit indigène, par ordre de valeur, est le 
caoutchouc, principalement récolté dans les districts de 
Misahôhe, d'Atakpamé et de Kété-Kratschi, et dont les meil- 
leures sortes sont fournies par le Zandalphia owartensis, 
pendant que le Ficus Vogelii donne les qualités inférieures, 


dites Sayi rubber, où Zogo lumps. 


120 RESSOURCES DES COLONIES 


Parmi les cultures introduites, celles du cotonnier et du 
cacaoyer sont aujourd'hui les plus importantes. L'un et 
l'autre, suivant le principe toujours suivi par les Allemands 
au Togo, sont entièrement entre les mains des Noirs. 

La culture du cotonnier à commencé en 1902, et il fut alors 
exporté 14 tonnes 1/2 de coton ; en 1912, il en sortait 542 tonnes. 
Les districts qui paraissent le plus favorables sont, à l'intérieur, 
ceux de Sagada, d’Atakpamé et de Nuatja, où lon a introduit 
un $Sea-/sland. En 1911, une Station cotonnière a été ajoutée 
à l'Etablissement agricole de Nuatja. 

Les plantations de cacaoyers sont presque entièrement 
confinées dans le district de Misahôhe:; il y en a beaucoup 
moins dans les districts d'Atakpamé et de Kété-Kratschi. 
Comme pour notre Dahomey, c'est, avant tout, l'exemple de 
la Gold Coast qui a encouragé les Noirs à cette culture. 

En ces dernières années, des graines de kapok avaient été 
distribuées aux habitants des districts de Sokodé-Bassari, de 
Kété-Kratschi et de Mangu; et le produit, qui est de bonne 
qualité, peut devenir une bonne source de revenus pour ces 
régions de l'intérieur, où est déjà, d'autre part, cultivée avec 
succès Farachide. 

Sur la côte, les cocoteries, encore peu nombreuses, sont en 
voie d'extension. 

Dans l'ensemble, d’ailieurs, le Togo, en raison de la nature 
de son sol et aussi de son climat très variable, semble peu 
propre à un grand développement de l’agriculture. 

Au point de vue minéral, on signale au Togo la présence de 
minerais de fer, d’or, de chrome, de la bauxite et des pierres 
à chaux. Les minerais de fer sont de la variété hématite: ils 
contiennent 89,51 pour cent d'oxyde de fer et 9,47 de silice. On 
les trouve dans le district de Sokodé-Bassari, dans la vallée 
de Banyeli; et les gisements représenteraient environ 20 mil- 
lions de tonnes anglaises, contenant au moins 50 pour cent de 
fer métallique. 

On trouve des quartz aurifères dans les gneiss de la partie 
orientale, dans les districts d’Atakpamé et de Sokodé, et de 
l'or naturel dans les dépôts d’alluvions de la rivière Monu. 


TOGO 151 
On rencontre les chromites, avec un peu de nickel, dans les 
serpentins du Sud-Sud-Ouest d'Atakpamé, la bauxite au sud- 


est de Misahôhe, la pierre à chaux, qui est de bonne qualité, 
à Tokpli, sur le Monu. 


122 RESSOURCES DES COLONIES 


CAMEROUN 


L'annexion du Cameroun par l'Allemagne date encore de 
1884. À la suite de l'accord franco-allemand du 4 Novem- 
bre 1911, les 495.000 kilomètres carrés de superficie que repré- 
sentait alors la colonie s’accroissaïent, en outre, de près de 
300.000 kilomètres prélevés sur notre Afrique Equatoriale. 
Nous cédions, le 1° Octobre 1912, une large bande s'étendant 
à l’ouest de la Likouala aux herbes, de la Sangha, du Manam- 
béré et du Logone oriental, plus une partie située au sud de 
l'ancien Cameroun et de la Guinée Espagnole. Les districts du 
Nouveau-Cameroun étaient ceux du Rio Muni, de Woleu- 
Ntem, d'Ivindo, d'Eta, de Ju-Kaduma, de la Basse-Sangha, 
de Moyenne-Sangha-Lobaye, de Haute-Sangha-Ouham et du 
Haut-Logone. 

La colonie est bordée au Nord-Ouest par la Nigérie, au 
Nord-Est par le Territoire Militaire du Tchad, à l'Est par 
lOubangui-Chari et le Moyen-Congo, au Sud par le Gabon. 

La contrée, dans l’ensemble, est montagneuse: c’est la limite 
Nord-Ouest du plateau central africain. Dans l'Ouest, près de 
la frontière nigérienne, et en face de Fernando-Po, se dresse, 
sur la côte, le massif du Cameroun, dont le plus haut pic, celui 
de Fako, le plus élevé de l'Afrique occidentale, a 4.659 mètres 
de hauteur. 

Sur la côte sont Victoria, Duala, Kribi et Ukoko. Bouéa 
est construit sur les pentes orientales du Cameroun. A 
l’intérieur sont Edea, Bare, Baïñi, Bamenda, Ossidinge, 
Banyo, Ngaundéré, Garua, Dume, Carnot, Bania, Lomié, 
Molundu, etc. 


CAMEROUN 153 


En 1913, la population indigène était de 2.650.000 habitants ; 
il vavait 1.871 Européens, dont 1.463 Allemands. La longueur 
des voies ferrées, qui n’est que de 250 kilomètres, est moindre 
qu'au Togo (340 kil.), et bien inférieure à celle des lignes de 
l'Afrique Orientale (1.400 kil.) et du Sud-Ouest (2.100 kil.). La 
‘ Nordbahn” s'arrête à 160 kilomètres de la côte, au pied des 
monts Manenguba, en deçà de la savane proprement dite et 
de la région des plateaux; la ‘* Mittellandbahn”, qui, d’après le 
projet de 1908, devait être achevée en 1913, sur une longueur 
de 360 kilomètres, n'était exploitée, à l'époque prévue, que 
sur, 80 kilomètres. L'exécution d'une ‘‘Sudbahn” est restée 
toujours en suspens. 

En 1914 le budget ordinaire de la colonie était de 17.260.409 
marks; les recettes prévues étaient de 14.094.091 marks. Le 
budget extraordinaire s'élevait à 15.230.000 marks, dont 13 mi!- 
lions devaient servir à l'achèvement du chemin de fer de 


Duala au Moven-Njong. 


Les exportations de 1912 étaient : 


2 766 tennes de caoutchouc 


13,742 » de palmistes 
4.479 » de cacao 
ST » de beurre de palme 
11.109 » de bois 
34 » d'ivoire 
23H E A de noix de kola 
139 » de graines de njavé 
105 » de noix et beurre de karité 
104 » de bananes et farine de barares 


Il a été expédié aussi pour 32.000 francs environ de bétail 
vivant dans les pays voisins. 

Le grand produit d'exportation est resté jusqu'alors le 
caoutchouc, dont les 2.766 tonnes de 1912 représentaient plus 
de 14 millions de francs. Presque tout ce caoutchouc est 
syivestre et donné surtout par le Funtumia elastica, dans les 
districts de Yoko, Dengdeng, Dume, Lomie et Molundu; 


bien moindre est la quantité de caoutchouc récoltée dans 


124 RESSOURCES DES COLONIES 


les savanes sur le ZLandolphia Daiweï. Tous ces districts se 
sont fortement ressentis en ces dernières années de la crise 
caoutchoutière. 

La production du caoutchouc de plantation ne dépasse 
guère 20.000 à 25.000 kilos. La surface des cultures, en 1911, 
était de 7.181 hectares, occupés de plus en plus par l'Æ#evea, 
en remplacement du Funtfuniia, dont le rendement ne paraît 
pas toujours satisfaisant. 

Le cacao, dont les exportations étaient en 1912 de 5.300.000 
francs environ, est principalement obtenu par les indigènes 
dans les parties basses du Mungo, du Wuri etdu Sanaga, 
dans les districts de Duala, Yabassi et Edea, et aussi sur les 
pentes du Cameroun. Les cacaovers réussissent surtout bien 
dans les terres et sous le climat du district d'Yabassi. Au total, 
en 1911, il y avait dans la colonie 10.674 hectares de ces plan- 
tations de cacaoyers. 

Vers la même époque, il y avait 1.700 hectares plantés en 
bananiers, et les Allemands se préoccupaient d'assurer le 
transport rapide des bananes fraîches en Allemagne, car, au 
début de 1914, ils lançaient à Geestemünde %e premier grand 
vapeur destiné à ce transport. Le navire avait 124 mètres de 
longueur, 15 mètres de largeur et 10 mètres de profondeur ; 
et sa capacité de transport était de 4.600 tonnes. Les cales, 
subdivisées par des cloisons, étaient rafraîchiès à 10 et 
12 degrés par des ventilateurs et des serpentins à gaz 
| carbonique. 

Enfin, une cûlture qui tendait aussi à se développer au 
Cameroun était celle du tabac, dont il était planté 155 hectares 
en 1912; et c'est en cette année 1912 que le Cameroun obtenait 
le prix de 6.000 marks qui avait été fondé par un Brêmois, 
pour être décerné à la colonie allemande où seraient obtenus 
les 100 premiers quintaux de tabacs propres à la fabrication 
des capes de cigares. 

Parmi les produits de cueiilette, des exportations intéres- 
santes à constater sont celles des graines de Mimusops Djave, 


principalement récoltées dans les districts occidentaux, 


Q\ 


CAMEROUN 19: 


d'Ossidinge à Kribi. Les noix de karité arrivent à la côte 
par Garua. 

L'exploitation des forêts est encore une des ressources du 
Cameroun, qui expédiait ses bois, et principalement Facajou 
et l'ébène du pays, vers l'Allemagne et les Etats-Unis. Des 
réserves forestières ont été établies à Yabassi, Yaunde, Edea 
et Dschang. Sur un million de marks de bois coloniaux qu'ont 
fourni, en 1912, les possessions allemandes, 700.000 sont 
provenus du Cameroun. 

A Dschaneg, d'autre part, avait été fondée en 1909 une Ecole 
d'Agriculture semblable à celle de Victoria, avec, pour but, 
l'élevage du bœuf à bosse, du cheval, du mouton et aussi de 
l'autruche. 

Au point de vue géologique, aucune découverte minérale 
importante n'a encore été faite au Cameroun. Cependant une 
exploitation systématique pourrait donner des résultats, car 
on-connaît des minerais de fer, pouvant contenir 42,25 pour 
cent de fer métallique, dans le voisinage de Bali et de 
Bamenda ; on trouve aussi des minerais plus riches, du type 
magnétique. Il y a de la galène dans le crétacé d'Ossidinge : 
on signale aussi, dans ce district d'Ossidinge, de lasphalte, 
ainsi que des bancs de sel qui titrent de 5 à 8 pour cent de 
chlorure de sodium. À Manfé, il y aurait de lasphalte et du 
charbon. L'argile à briques est abondante ; la pierre à chaux, 


au contraire, semble rare. 


126 RESSOURCES DES COLONIES 


SUD-OUEST AFRICAIN ALLEMAND 


C'est en 1884 également que l'Allemagne prenait vraiment 
pied dans le Sud-Ouest Africain. Une convention de délimi- 
tation était passée le 30 Décembre 1886 avec le Portugal, pour 
la frontière Nord; le traité du 1° Juillet 1890 avec l'Angleterre 
délimitait les frontières orientale et méridionale. 

La colonie, bordée à l'Ouest par l'Atlantique, au Nord par 
lAngola Portugais, à F'Est par la Rhodésie et le Béchuanaland, 
au Sud par la Province du Cap, a pour superficie totale 
832.100 kilomètres carrés. 

La côte, d’une longueur approximative de 1.300 kilomètres, 
est basse et sablonneuse, mais la région littorale est ceinturée 
vers l'intérieur par une chaîne montagneuse dont les plus 
hauts somimets sont le mont Omatako (2.680 mètres), au 
nord-est d'Omaruru, et, dans le Sud-Est, les monts du Grand 
Karar. L'extrème Nord-Est est occupé par le désert d'Oma- 
heke; dans l'Est est la région aride de Kalahari. 

Les principaux ports sont Swakopmund, au nord de la Baie 
de la Baleine, et Luderitzbucht, plus au Sud, dans la Baie de 
Luderitz. Dans lintérieur, les principaux centres sont 
Windhuk, la capitale, à 1.670 mètres environ, Okahanjo, 
Karibib, Omaruru, Otawi, Grootfontein, Rehoboth, Maïlta- 
hô5h:, Gibéon, Bethanien, Keetmanshop et Warmbad. 

La population indigène est d'environ 300.000 habitants; en 
1913 il vavait, en outre, 14.830 Européens, dont 12.292 Alle- 
mands et 1.799 sujets anglais, pour la plupart des Boers 
établis dans le Sud-Est. 

Les voies ferrées. d’une longueur totale de 2.100 kilomètres, 


sont assez nombreuses. L'une va vers le Nord-Est, de 


SUD-OUEST AFRICAIN ALLEMAND 127 


Swakopmund à Grootfontein, par Omaruru et Otawi, et 
présente un tout petit embranchement vers Khan et un autre 
embranchement d'Otawi à Fsumeb. 

La seconde, qui se confond d’abord avec la précédente, 
mais redescend à partir de Karibib vers le Sud, va de 
Swakopmund à Mariental par Karibib et Windhuk. 

La troisième, qui se dirige de l'Ouest à l'Est, puis du Sud 
au Nord, va de Lüderitzbucht à Mariental par Keetmanshoop, 
qur est le point où elle se recourbe vers le Nord. Elle présente 
sur le littoral un premier petit embranchement, qui est la 
‘ligne du diamant”, allant jusqu'à Bogenfels, puis, dans 
l'intérieur, un second embranchement plus long, de Seeheim 
à Kalkfontein. 

En 1914 le budget ordinaire du  Protectorat était 
de 41.423.150 marks. Le budget des recettes était de 
27.799.450 marks. 

Le commerce total, qui était de 6.134.000 mar!:s en 1897, 
était de 73.875.000 marks en 1911. 


En 1912 les exportations étaient d'environ 49 millions de 


francs, et les principales étaient, par ordre de valeur : 


202.834 grammes de diamants non taillés 

42.088 tonnes de minerais de cuivre 
234 » de cuirs et peaux de chèvres et de moutons 
184 » de laines 
547 kilos de plumes d’'autruche 


1.468 tonnes de guano 


Les autres sorties ont porté sur le bétail vivant, le poil de 
chèvre, les cornes, la gomme arabique, le bois (77 tonnes), les 
grains, le minerai d'étain, le plomb, le marbre, etc. 

Le Sud-Ouest Africain Allemand doit donc essentiellement 
sa valeur, en premier lieu, à son sous-sol, et, en second lieu, 
à l'élevage. 

Les 202.834 grammes de diamants exportés en 1912 repré- 
sentaient une valeur de plus de 38 millions de francs. 


L'exploitation de la pierre précieuse, qui occupait en 1912 


128 RESSOURCES DES COLONIES 


600 Blancs et 3.000 indigènes, a lieu sur le littoral sablonneux, 
au nord et au sud de Lüderitzbucht, et surtout dans la région 
que traverse le chemin de fer, déjà cité, de Lüderitzbucht à 
Bogenfels. Les plus gros diamants sont recueilis entre cette 
dernière station et Pomona ; on en a trouvé un de 17 carats 1/2 
à Bogenfels et un de plus de 34 carats à Pomona. C'est en 
1908 que le diamant fut découvert dans le Sud-Ouest Africain 
Allemand ; et en 1914 le budget de la colonie prévoyait une 
recette fiscale de 135 millions de marks provenant de ce 
commerce. 

Les minerais de cuivre sont principalement extraits dans le 
district d'Otawi, où la mine la plus importante est celle de 
TFsumeb ; mais on en trouve aussi dansle district de Windhuk, 
dans ceux de Swakopmund et de Lüderitzbucht. Leur 
extraction, comme celle de tous les autres minerais, serait 
déjà devenue encore plus importante s’il n’y avait pas une si 
grande rareté de main-d'œuvre. 

Le district de Karibib fournit des marbres. 

Pour l'élevage, et, en particulier, celui du mouton, les 
régions qui conviennent le mieux sont la partie méridionale, 
au sud de Windhuk, et la partie Nord-Ouest. Au 1‘ Avril 1912, 
les statistiques évaluaient à 47.000 le nombre des moutons à 
laine ; et le gouvernement local se préoccupait de pratiquer 
un élevage rationnel, d'améliorer la race par sélection et de 
lutter contre les maladies. Il songeait aussi à multiplier par 
des travaux d'irrigation les prairies et les pâturages. 

Un de ses autres projets — quoique le Sud-Ouest Allemand 
ne puisse jamais être vraisemblablement un pays agricole — 
était d'étendre la culture de manière à assurer tout au moins 
au Protectorat les produits alimentaires nécessaires à la 
consommation sur place. Et, dans ce but, deux stations 
d'Essais pour le dry farming avaient été créées à Neudamm 
et à Grootfontein. Si ce dry farming, en effet, ne peut guère 
donner de résultats au sud et à l’ouest d'Omaruru, de Reho- 
both et d'Hoachanas, parce que dans cette partie du Sud-Ouest 
la pluviosité annuelle est trop faible (moins de 25 millimètres 


à Lüderitzbucht et à Swakopmund) et inférieure aux 250 milli- 


SUD-OUEST AFRICAIN ALLEMAND 129 


mètres d'eau indispensables pour la culture des sols secs, 
l'application de la méthode américaine devient & priori 
possible, au point de vue du sol comme au point de vue du 
climat, à Gobabis (471 millimètres d'eau), à Otawi (591 milli- 
mètres), à Waterberg (564 millimètres), à Grootfontein 
(619 millimètres), etc., dans la partie Nord-Est. 

A Gobabis, à Windhuk et à Grootfontein, des Ecoles 
d'arboriculture ont été créées. A Okahandja, la Station 
d'Essais s'occupait du tabac, dont le Protectorat a déjà récolté 
de bonnes sortes, soit pour la pipe, soit pour la confection des 
cigarettes turques. 

Quelques tentatives de culture du cotonnier n'ont pas 


encore fourni de données bien sûres. 


160 RESSOURCES DES COLONIES 


AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 


D'après les diverses conventions ‘successives conclues de 
1886 à 1891 entre FAllemagne et les autres puissances 
européennesauxquelles appartiennentles possessions voisines, 
l'Afrique Orientale Allemande, dont la surface totale repré- 
sente environ 995.000 kilomètres carrés, est comprise entre 
le premier et le douzième degrés de latitude Sud et 29 degrés 
et 41 degrés de longitude Est. Elle est bordée : à l'Est, par 
l'Océan Indien : au Nord, par l'Est Africain Britannique ; au 
Nord-Ouest, par lOuganda : à l'Ouest, par le Congo Belge ; 
au Sud-Ouest, par la Rhodésie et le Nyassaland ; au Sud, par 
l'Est Africain Portugais. Le lac Victoria-Nyanza, au Nord, les 
lacs Kiva et Tanganvka, à l'Ouest, le lac Nyassa, au Sud- 
Ouest, contribuent à établir ses frontières naturelles. 

Dans l’ensemble, c'est une contrée montagneuse, puisqu'elle 
est traversée par la longue chaîne qui, en Afrique Orientale, 
s'étend de l'Abyssinie au Natal. Du Nord vers le Sud, cette 
chaîne, dans le Protectorat Allemand, s'éloigne de plus en plus 
de la côte ; elle laisse donc sur le littoral une partie basse qui, 
très étroite vers le Nord, où elle peut ne pas dépasser 15 ou 
16 kilomètres, s'élargit vers le Sud. C’est dans le Nord-Est, 
près de la frontière de l'Est Africain Anglais, que sont le Kili- 
manjaro (plus de 6.000 mètres d'altitude) et le mont Méru (près 
de 5.000 mètres). Sur la côte, les ports, du Nord au Sud, sont 
Tanga (en face de l'île anglaise de Pemba), Bagamoyo (au 
niveau du sud de l’île de Zanzibar), Dar-es-Salam, qui est le 
siège du gouvernement, Kilwa et Lindi. Dans l'intérieur, les 


principaux centres sont Tabora, Dodoma, Langenbure, 


AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 161 


Bismarckburg, Ujiji, Urundi, Ruanda, Bukoba, Muansa et 
Moschi. 

Une grande voie ferrée centrale, celle du Tanganyka, va de 
Dar-es-Salam au Tanganyka en traversant tout le pays de 
l'Ouest à l'Est ; elle passe à Morogoro, Kilosa, Dodoma et 
Tabora. Une voie plus courte, dans le Nord-Est, celle de 
l'Usambara, relie Tanga à Moschi, au pied du Kilimanjaro. 
C'est non loin de cette voie ferrée, au Nord, que se trouve 
l'Institut de Biologie Agricole d'Amani. 

Administrativement, l'Est Africain Allemand est divisé en 
24 districts. En 1913 la population indigène était de 
7.600.000 habitants, et la population blanche de 5.336, dont 
4.107 Allemands et 90 Anglais. Le budget ordinaire de 1914 
était de 23.749.568 marks. Le budget extraordinaire com- 
portait 36.800.000 marks de dépenses, qui devaient être 
consacrées aux voies ferrées, et notamment à celle, en projet, 
de Tabora à la Kagera, dans le Nord-Ouest. 


Les exportations totales, en 1912, représentaient 
31.418.000 marks ; et les principaux produits expédiés, par 
ordre de valeur, étaient : 


16.738 tonnes de chanvre de Sisal 


998 » de caoutchouc de plantation. 
2,885 » de peaux. 
1 S44 » de coton brut. 
1.544 » de café. 
4 173 » de coprah. 
5.957 »  d'arachides. 
181 » de caoutchouc de cueillette. 
341 » de cire. 


530.624 marks d'or. 


1.844 tonnes de sésame. 


181 » de mica. 
17 » d'ivoire. 
324 » de produits de laiterie. 


3.893 » de bois. 
902 » de riz 


1 187 » de sorgho. 


11 


162 * RESSOURCES DES COLONIES 


106 tonnes de copal. 


2.445 »  d'écorces tannantes. 
52 » de kapok. 
723 » de maïs. 


2 
36 » de tabac. 


C'est donc le chanvre de Sisal qui était devenu en ces 
dernières années le grand article d'exportation de la colonie. 
La valeur des 16.738 tonnes de 1912 était approximativement 
de 9.200.000 francs. La culture de la plante textile dans FEst 
Africain remonte à 1893, époque où elle fut introduite par la 
Compagnie de FEst Africain Allemand; en 1912-1913, elle 
couvrait environ 25.000 hectares. Elle réussissait d’ailleurs 
dans des conditions de climat et de sol très diverses, et aussi 
bien dans les terres riches et argileuses de lUsambara que 
dans les terrains calcaires du littoral, dans le Nord comme 
dans le Sud. Les régions côtières de Tanga, de Pangani, de 
Lindi et de Mikindani semblent particulièrement convenir, 
mais, dans l'intérieur, le long de la voie ferrée du Tanganyka, 
par exemple à Kilosa, les essais faits dans la terre des steppes 
ont aussi donné de bons résultats, d’après M. Bruck. (Die 
Sisalkultur in Deutsch-Ostafrica, in Verhandlungen des 
Vorstandes des Kolonial-Wirthschaftlichen Komitees, Décem- 
bre 1912). On observe, cependant, suivant les sols, certaines 
différences. Dans les terrains très riches, comme ceux de 
l'Usambara, la végétation est rapide, et les rejets plantés 
donnent une première récolte au bout d’un an et demi; mais 
la plante est épuisée à trois ans. Dans les terrains très 
pauvres, comme les terrains calcaires du littoral, la première 
récolte doit être attendue 4 ou 5 ans et la plante dure 
longtemps, car la floraison est tardive. Dans les terrains 
moyens, la première coupe a lieu à trois ans et on peut récolter 
pendant 5 à 7 ans. Ce sont ces dernières terres qui sont 
évidemment les meilleures, celles qui viennent ensuite étant 
les terres pauvres, de préférence aux terres trop riches. En 
ces sols de richesse moyenne, un pied de sisal, qui duré 
environ 10 ans, donne, au total, 200 feuilles, avec 3,5 à 4 peur 
cent de filasse. La croissance de la plante est surtout rapide 


AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 163 


si la plantation a été faite avec de vieux rejets, avant jusqu'à 
59 centimètres de longueur. Il faut, en général, éviter 
plusieurs cultures successives de la plante sur la même terre. 
En sol convenable, et sans culture intermédiaire, les 


meilleurs intervalles entre les pieds seraient de 2 m. 25 


{ 


sur 1 m. 25. 

Le second textile important pour l'Est Africain Allemand 
serait le coton; en tout cas, c'est dans cette colonie que les 
Allemands s'étaient activement attachés à la culture du 
cotonnier, qui occupait en 1913 22.000 hectares. Les 1844 tonnes 
de coton brut de 1912 représentaient plus de 2 millions et demi 
de francs, et en 1913-1914 les exportations étaient de 
11.000 balles de 250 kilos, équivalant à 5 millions de francs. 
Sur les 22.060 hectares de 1913, 15.600 appartenaient aux 
indigènes et 6.400 aux Européens. Cette culture du cotonnier 
a surtout progressé dans les districts de Bagamoyo, Mohoro, 
Kilwa et Lindi, sur la côte, dans celui de Morogoro, sur le 
chemin de fer du Tanganyka, puis, plus au Nord, dans celui 
de Muansa, près du Victoria-Nyanza. Les meilleurs rende- 
ments ont été obtenus à Mohoro, Lindi et Kilwa. Dans le 
district de Morogoro, les insectes ont causé de grands 
dommages. Une des plus importantes plantations est la 
plantation Otto, créée en 1907 par un Wurtembourgeois à 
Kilosa, sur la voie ferrée du Tanganvka. Au moment des 
hostilités, quatre Stations cotonnières étaient déjà organisées 
dans le Protectorat. La sorte qui paraissait le mieux réussir 
était le ‘*Nyassaland Upland”, les variétés américaines 
semblant préférables aux variétés égyptiennes. 

Enfin, une troisième culture textile qui était recommandée 
dans le Protectorat était celle du kapokier, qui était, en 1912, 
de plus de 2.500 hectares ; et nous avons vu, par le tableau 
donné plus haut, que les exportations étaient en 1912 
de 52 tonnes (d'une valeur de plus de 78.000 francs.) 

Par ce même tableau, on a pu se rendre compte aussi de 
l'extension qu'avait prise dans l'Est Africain la culture des 
caoutchoutiers, puisque le caoutchouc de plantation était 


devenu en valeur le second article d'exportation (9.050.000 fr.), 


164 RESSOURCES DES COLONIES 


bien autrement important que le caoutchouc sylvestre donné 
par le Landolphia Stolzii de Langenburg, ou le Zandolphia 
dondeensis du Sud, ou encoreles Landolbhia Kirkii et lucida, 
le Mascarenhasia arborescens et le Clitandra kilimand- 
Jarica. Le principal caoutchoutier cultivé était le Manihot 
Glaziovii, ou caoutchoutier de Céara, sur le mode d’exploi- 
tation duquel M. Zimmermann, le directeur de la Station 
d'Amani, avait fait de si nombreuses expériences. Bien plus 
réduites étaient les cultures de Funtumia elastica, d'Hevea 
brasiliensis et de Ficus elasfica, qui ne représentaient au 
total, en 1912-1913, que 414 hectares, alors que le caout- 
choutier de Céara en couvrait 45.000 environ. Ce serait 
surtout dans les districts de Tanga et de Morogoro que 
cette culture s'était étendue. 

Une tout autre culture, mais encore intéressante à citer, 
dans le Protectorat, est celle du caféier. Celle-ci s'est 
principalement développée dans le Nord-Ouest, vers la 
frontière de l'Ouganda, dans le district de Bukoba, près du 
Victoria-Nyanza, puis, dans le Nord-Est, dans les districts de 
Wilhelmstal, de Moschi et d’Arusha, ces deux derniers au 
sud-est du Kilimandjaro et du Méru. Dans toute cette région 
que dessert la voie ferrée de Tanga à Moschi, la zone des 
plantations s'élève jusque vers 1.500 mètres. La variété 
principale de caféier cultivée serait le Co//ea robusfa. 

On sait que, d'autre part, lorsque, dans le Kilimandjaro- 
Méru, on s'élève en altitude et dans la direction du Nord-Ouest, 
la zone des plantations fait place à la zone des steppes ; et ces 
steppes Masai, moins humides et plus habitables à l'Européen 
que la zone plus basse, où règne la malaria et où l'indigène 
seul peut vivre, sont une région d'élevage, comme l'est encore, 
plus à l'Ouest, vers le Congo Belge, la contrée des Watussi 
(Ruanda, Urundi et Ujiji). Au total, on comptait en 1912 dans 
le Protectorat 2.500.000 bovidés ; et on relevait aux exporta- 
tions, outre les 2.885 tonnes de peaux plus haut mentionnées, 
324 tonnes de produits de laiterie (beurre, lait, fromage, 
œufs), consommés en divers points de la colonie, ou expédiés 
à Zanzibar ou dansl'Inde. Malheureusement la présence de la 


AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE 165 


tsétsé rend une grande partie du territoire impropre à 
l'élevage. 

Comme minéraux, nous avons eu surtout à citer plus haut 
le mica et l'or. 

Le mica, qui était entièrement exporté en Allemagne, est 
de la variété z1uscov1fe et est principalement exploité dans les 
districts de Bagamoyo, de Morogoro et de Mahenge, le grand 
centre étant dans les monts Uluguru, du district de Morogoro. 

L'or est à l’état de dépôts alluvionnaires en divers points 
de la colonie, notamment dans le district de Muansa, sur le 
bord méridional du Victoria-N yanza et sur le plateau d'Iramba, 
au sud-est de Muansa. 

Il faut encore signaler les grenats du district de Lindi, le 
charbon de la partie au nord du Nyassa, qui contient 60,60 
pour cent de carbone et 18,50 de cendres, des minerais 
de fer, les minerais uranifères des pegmatites des monts 
Uluguru, etc. 

Dans la région littorale et sur les plateaux avoisinants de 
Noto, Makondé et Muera les indigènes récoltent le copal, 
qu'ils extraient du sable d’une profondeur d'à peine C0 centi- 
mètres, et qui est exporté par Lindi et les autres ports vers 


Zanzibar. 


166 RESSOURCES DES COLONIES 


NOUVELLE-GUINEE ALLEMANDE 


» 


La Nouvelle-Guinée Allemande, composée d'îles ou de 
parties d'îles disséminées dans FOuest du Pacifique, 
comprend : 

la portion Nord-Est de la Nouvelle-Guinée désignée sous 
le nom de Kaiser-Wilhelmsland, ou Terre de FEmpereur 
Guillaume (180.000 kilomètres carrés ; 

l'archipel de Bismarck (peut-être 50.000 kilomètres carrés); 

lies îles Bougainville et Buka, du groupe des Salomon 
{10.000 kilomètres carrés environ); 

les îles Carolines, les îles Palaos et les îles Mariannes 
(1.600 à 2.000 kilomètres carrés) ; 

les îles Marshall (415 kilomètres carrés). 

Tout cet ensemble se trouve compris entre environ 21 degrés 
latitude Nord et 10 degrés latitude Sud et 130 degrés et 
170 degrés longitude Est. 

La prise de possession du Kaiser- Wilhelmsland par 
l'Allemagne date de 1884 et les frontières furent établies en 
1885. L'Archipel Bismarck fut également acquis en 1884. Le 
Protectorat des Salomon date du 14 Octobre 1885, celui des 
Marshall de 1885 et 1886. 

L'annexion des Carolines, des Palaos et des Mariannes est 
plus récente, puisque ces îles n’ont été achetées à l'Espagne 
qu'en 1899. 

Dans le Kaiser-Wilhelmsland, dont la superficie représente 
environ 28 pour cent de la superficie totale de la Nouvelle- 
Guinée, la principale ville, qui est le siège du Gouvernement 
de la Nouvelle-Guinée, est Rabaul. Les principaux refuges 
sont Friedrich-Wilhelmshafen et Konstantinhafen. La contrée 


NOUVELLE-GUINÉE ALLEMANDE 167 


est à climat très tropical, avec une température moyenne de 
26 degrés ; d'Avril à Septembre elle reçoit les vents du Sud- 
Est, et d'Octobre à Mars la mousson Nord-Ouest. La population 
était en 1914 de 531.000 indigènes et 283 Blancs. 

L'archipel Bismarck, d'origine volcanique, a pour principale 
île New-Pomerania (25.000 kilomètres carrés), dont les refuges 
sont Herbertshôhe et Simpsonhafen. 

Bougainville, également volcanique, dont le mont Balbi a 
plus de 3.000 mètres de hauteur, est la principale île des 


Salomon. 


Les Carolines se composent d'environ 500 îlots ‘d'origine 
coralliaire, dont quelques-uns assez élevés. 

Les Palaos sont les unes, (dans le Nord) volcaniques, et les 
autres (dans le Sud) coralliaires. Il en est de même des 
Mariannes. 

Les Marshall sont toutes des atolls. La principale île, et le 
siège du Gouvernement, est Jaluit ; l'île la plus peuplée est 
Majera. L'île Nauru est intéressante par ses cocotiers et ses 
gisements de phosphates. 

En 1912 les exportations du Protectorat Allemand, par ordre 
de valeur, étaient les suivantes, réparties en trois groupes : 

1° De Kaiser-Wilhelmsland, de lArchipel Bismarck et des 
iles Salomon : 

11.190 tonnes de coprah 


9.837 peaux d'oiseaux du paradis 


21 tonnes de caoutchouc 


315 »  d'écailles perlières 
DE 

Ta 1018, dE: Cacao 

SS » de trépangs 

116 » d'ivoire végétal 


540 kilos d'écailles de tortue 


21 tonnes de chanvre de Sisal 


2% Des Carolines Orientales et des îles Marshall (+ compris 
Nauru) : 
136.496 tonnes de phosphates 


# 747 » de coprah 


168 RESSOURCES DES COLONIES 


3° Des Carolines Occidentales, des Palaoset des Mariannes : 


53.525 tonnes de phosphates 
1.085 » de coprah 


70 »  d'écailles perlières 


Dans l'ensemble, le grand produit d'exportation de la 
Nouvelle-Guinée Allemande est donc le coprah, qui représente 
pour les trois groupements une valeur globale d'au moins 
7.600.000 francs. En plus des plantations indigènes, il y avait 
en 1912, sur 32.320 hectares environ cultivés par les étrangers, 
Chinois ou Européens, plus de 29.000 hectares de cocoteries, 
surtout étendues dans lArchipel Bismarck et les îles Salomon. 
La préparation du coprah a été grandement facilitée par 
l'installation de séchoirs. 

Le cacaoyer, avec les Æevea, les Castilloa et les Ficus — 
ces derniers arbres à caoutchouc étant aussi quelquefois 
cultivés avec les cocotiers — constituent le reste des planta- 
tions. On peut remarquer, par les exportations, qu'il y a aussi 
quelques champs de sisal. 

Les phosphates, qui sont, en valeur, le second produit 
commercial du Protectorat, et presque aussi important que le 
coprah (6.240.060 francs en 1912), proviennent de Nauru, dans 
le groupe des Marshall, ainsi que nous l'avons dit plus haut, 
et aussi d’Angaur, dans les Palaos. Ces gisements de 
phosphates sont de même nature que ceux de lAssomption, 
aux Seychelles. Un échantillon de Nauru a donné à Fanalvse 
37,35 pour cent d'acide phosphorique, 49,72 de chaux, 6,04 
d'eau et de matières organiques, 6,89 d’autres constituants. 
Sur Îes 190.021 tonnes de 1912, 54.756 tonnes seulement étaient 
à destination de l'Allemagne. 

Enfin un autre commerce intéressant des possessions 
océaniennes allemandes est celui des plumes d'oiseaux de 
paradis. Ces oiseaux sont chassés exclusivement dans le 
Wilhelmsland, où l'industrie est lucrative, par suite des prix 
élevés de l'article. Les 9.837 peaux exportées en 1912 avaient 
été estimées à plus de 560.000 francs. Chaque peau payait 
alors un droit de sortie de 5 marks, mais qui avait été élevé à 


NOUVELLE-GUINÉE ALLEMANDE 169 


20 marks depuis le 1° Janvier 1913. Les colons chassaient 
rarement eux-mêmes ; ils accompagnaient dans la brousse les 
tireurs indigènes. Mais, dans la crainte d’une destruction, le 
Gouvernement Allemand avait pris èn ces dernières années 
des mesures de préservation. Il avait tout d’abord fait 
constituer trois grandes réserves dans la région de Flîle 
fréquentée par les colons ; puis la chasse avait été interdite 

endant six mois. On l'avait même, à titre d'essai, défendue 
une année entière. Les oiseaux mâles devaient, en outre, être 
seuls tirés ; enfin il fallait des permis spéciaux, qui coûtaient 
assez cher. Avec six tireurs indigènes, la dépense revenait 


annuellement à 700 marks. 


1770 RESSOURCES DES COLONIES 


SAMOA 


L'Allemagne possède depuis 1899 dans l'archipel des 
Samoa— à mi-chemin à peu près entre la Nouvelle-Calédonie 
et Tahiti —les deux îles de Sawaï (1.691 kilomètres carrés) et 
d'Upolu (868 kilomètres carrés), plus les deux îlots de Manono 
(S kil. 5) et d’Apolina (4 kil. 7). Soit, au total, 2.572 kilomètres 
carrés d'îles montagneuses et volcaniques, à climat tropical, 
mais sain, avec une température moyenne de 27 degrés et une 
pluviosité annuelle de près de 3 mètres. La population 
indigène y était en 1912 de 32.612 habitants. 


Les exportations de 1912 étaient de : 


11.021 tonnes de coprah 


722 0 de cacao 
12 0 de caoutchouc 
17 LS de racines de kawa 


Comme pour la Nouvelle-Guinée, le coprah est aux Samoa 
le grand produit d'exportation. Le cocotier pousse un peu 
partout dans les îles, sauf dans l'Ouest de Sawaï, où le sol 
n'est pas favorable. En seconde ligne se place le cacao. En 
1912 la surface des cacaoyères était de 3.613 hectares. Les 
dégâts causés par le chancre dû au PAytophthora Faberti ont 
beaucoup nui à l'extension de la culture, qui réussit mieux 
dans les districts où, comme celui de la côte Nord-Ouest 
d'Upolu, les pluies sont moyennes, que dans ceux où, comme 
au voisinage d’Apia, ces pluies sont très abondantes. Les 
plantations de caoutchoutiers sont presque exclusivement des 


LE 


SAMOA 171 


plantations d’Æevea (205 hectares en 1912), qui appartiennent 
surtout à une Compagnie. 
Les racines de kawa (Piper methysticum) étaient, depuis 


1911, exportées en totalité en Allemagne. 


1772 RESSOURCES DES COLONIES 


INDES NÉERLANDAISES 


Le sucre et le thé à Java en 1915. _— Java à pro- 
duit en 1915 21.800.000 piculs, soit approximativement 
1.308.000.000 kilos, de sucre, en diminution de 950.000 piculs 
sur l'année précédente. Toutefois, le prix ayant augmenté, 
les usines ont réalisé de gros bénéfices. 

La production dethé s'est élevée à 85 millions de livres, 
soit 38.503.000 kilos, contre 63 millions de livres en 1914. 
Une grande partie de la production vendue à Batavia est allée 
en Russie, en Australie et en Amérique. (Dépéche Coloïiiale, 
15 Avril 1916.) 

L'industrie sucrière, à Java, est surtout développée dans le 
Centre et dans l'Est. En 1911, la surface plantée était de 
135.760 hectares ; et c'est cette surface qui donne la production 
annuelle approximative de ces dernières années, c’est-à-dire 
1.400.000 à 1.500.000 tonnes de sucre. Il y a dans Pile 
198 factoreries ; la saison de broyage dure du milieu de Mai à 
la fin d'Octobre. (Bulletin of Mauritius, n° 4, partie HI.) 


Le caoutchouc en 1915. -- Les exportations de caoutchouc 


de Java et de Madura en 1915 ont été de 7.454 tonnes, soit : 


63 tonnes de caoutchouc de f7cus. 


7 302 » » d'Aevea. 
35 » : » de Céara. 
54 » » de Castilloa. 


3.336 tonnes de caoutchouc d’Æevea ont été expédiées 
directement aux Etats-Unis. (Le Caoutchouc et la Gutfa- 


Percha, 15 Septembre 1916.) 


INDES NÉERLANDAISES 173 

Les textiles à Java. — La culture du chanvre de Sisal a 
bien diminué à Java. En Janvier 1911 elle occupait 6.123 hec- 
tares ; en Janvier 1915, elle était tombée à 2.571 hectares. 
Beaucoup de propriétaires ayant toutefois coupé toutes les 
feuilles de leurs Agave pour supprimer leurs plantations, 
l'exportation de 1914 a été exceptionnellement très forte et a 
été de 13.304 tonnes de filasse, contre 8.741 en 1913. 

La culture du Æourcroya gigantea Se maintient ; l'expor- 
tation était de 233 tonnes en 1914. 

La culture de lArbiscus cannabinus serait abandonnée, le 
produit n'obtenant pas sur les marchés européens des prix 
rémunérateurs. La production par hectare ne dépasse pas 
500 kilos de filasse, vendue 420 francs la tonne. (Æulletin 
Economique de l’Indochire ; Maï-Juin, 1915.) 


La riziculture à Sumatra, — exportation des riz de 
Sumatra est actuellement de 6.000 tonnes environ. La culture 
n'est pas absolument faite dans l'île selon les méthodes de 
Java. Les pépinières sont toujours sans irrigation. En 
repiquant, on met 10 à 20 plantules dans chacun des poquets, 
qui sont espacés de 40 à 50 centimètres, alors que, à Java, on 
met rarement plus de 5 plantules dans des poquets espacés 
seulement de 12 à 15 centimètres. Après le repiquage, on 
inonde ; mais, dès l'apparition des tiges secondaires, on fait 
écouler l’eau, qu'on ne ramène que lors de l'apparition des 
premiers épis, pour la supprimer encore dès que les épis 
jaunissent. On admet que la maturation est ainsi plus régu- 
lière que par Firrigation permanente de Java ; et l'on peut 
moissonner tout le champ à la faux, en une seule fois, au lieu 
de procéder à plusieurs récoltes en choisissant les épis. (Smits, 


dans Zeysmannia, 26° année, fasc. 10. Batavia, 1915.) 


Maladie des jeunes quinquinas. — Cette maladie, étudiée 
par le Docteur Rant, est le 710po0, ou hamapopo, connu 
d’ailleurs depuis longtemps, et qui est une maladie des pépi- 
nières de quinquinas produite sous l'influence des gouttes 
d’eau tombant sur les feuilles. Mopo: est le terme sundanais ; 


1741 RESSOURCES DES COLONIES 


dans l'Est de Java, c'est le schimmeldraadijees et le mycelium- 
zickte des Hollandais et le /oujo des Javanais. 

On l'observe sur d'autres plantules d'espèces très diverses, 
peut-être les arbres à thé. 

On peut songer à la z17aladie de la toile, bien connue sur 
les tabacs, et qui a pour cause, suivant les auteurs, le Bofrytis 
cinerea, où le Mortierella arachnoïides, où le Monrliopsis 
Aderholdii. En réalité sur les quinquinas, ce serait, d’après 
M. Rant, la dernière de ces trois espèces. 

Sur d'aussi larges espaces de culture, la stérilisation 
de la térre par cuisson n'est pas possible, mais on 
pourrait peut-être désinfecter avec le lait de chaux, qui 
neutralise l'acidité, ou employer la méthode de Raciborski 
contre le PAytophthora Nicotianae. On mélange de la chaux 
à la terre et on arrose avec du sulfate d'ammnoniaque. L'am- 
moniaque mise en liberté tue le champignon. M. Rant 
recommande encore des essais avec le paraformol ou le 
chinosol. Il indique également qu'il y aurait peut-être lieu de 
se méfier de la propagation de la maladie par l'eau d'arrosage, 
et, par conséquent, n'employer que de l’eau bien fraîche, 
qui n’a pas séjourné dans des vases en bois ou en fer.(Pulletini 
du Jardin Botanique de Buitenzorg, 1915.) 


Les galles, — Le Bulletin du Jardin Botanique de 
Buitenzorg (2° série n° XXI) contient deux études, lune sur 
les galles de Sumatra et de Sinaloer, l’autre sur les galles de 
Célèbes et des îles au sud de Célèbes, par MM. W. et J. van 
Leeuwen-Reijnvaan. 


A 


GUINÉE PORTUGAISE lp 


GUINÉE PORTUGAISE 


A la suite d'un voyage dont il fut chargé par le Gouverne- 
ment Portugais, en vue d'organiser des services agricoles en 
Guinée Portugaise, M. Machado da Fonseca a rédigé un 
rapport très documenté sur la situation actuelle de cette 
colonie. 

En général, les terres cultivables sont argilo-humo-calcaires ; 
très fertiles, elles ne nécessitent pas pour le moment beaucoup 
d'engrais. 

On cultive en grand le riz et le maïs, et il y a beaucoup de 
rizières de montagne. On récolte de Décembre à Mars; le 
rendement est de 40 à 42 hectolitres à l’hectare. On cultive 
aussi d’autres céréales, ainsi que les maniocs et la patate 
douce. ù 

Le cotonnier est un peu cultivé dans les régions de Farim, 
Bolama, Bafata et Cacine, et semble donner de bons résultats. 

Il y à de grandes cultures d’arachides par les Européens. 
On sème après les premières pluies, de fin Mai à Juillet ; les 
semis sont faits en lignes. On récolte de Décembre à Mars, et 
environ 1.300 à 1.800 kilos à l’hectare. 

Le palmiste est abondant, mais peu productif (6 kilos 
d'amandes et 3 litres d'huile par pied); il est affaibli par les 
récoltes de vin de palme. 

Des Landolphia, tels que le Z. Heudelofii (\'auteur ajoute, 
mais évidemment à tort, le Z. senegalensis) donnent du 
caoutchouc dans les régions de Farim et de Batafa, où on les 
incise ou les abat de Novembre à Mai. On coagule avec le sel 
ou avec le suc du fruit de tamarinier, puis on sèche au soleil 


et on faconne en boules. 


176 RESSOURCES DES COLONIES 


Il n'y a que de très petites cultures de caféier et de cacaoyer. 
La canne à sucre est surtout cultivée par les colons, et sur 
une très petite surface, dans les régions de Farim et de 
Batafa, où la température moyenne annuelle est de 25 degrés 
à 26 degrés, la saison des pluies durant de Mai à Octobre. On 
plante de Mars à Mai: les boutures sont mises à 50 centi- 
mètres de distance, dans des sillons de 40 à 60 centimètres de 
largeur et de 30 à 50 centimètres de profondeur, espacés de 
1 mètre à 1 m. 50. On récolte huit mois après, de Décembre 
à Mai. La plantation est renouvelée tous les trois ans, après 
trois coupes. On ne fabrique pas de sucre ; toute la canne est 
destinée à la fabrication de l'alcool. 14 colons seulement se 
livrent à cette culture, sur une superficie totale de 34 hectares. 
(Revista agronomica, 11° année, 2° série, vol. 2). 


ANGOLA 177 
ANGOLA 
L’Euphorbia Tirucalli. — Cette Euphorbiacée xérophile 


croît spontanément en beaucoup de sols arides ou sablonneux 
de l'Afrique, dans l’Angola, au Natal et en Afrique Orientale 
Allemande. Elle est tout particulièrement exploitée dans 
l'Angola, où elle fournit la substance commercialement 
connue sous les noms d’a/méidine, de potato gum, d'euphor- 
bia-gum, où encore de caoutchouc de tirucalii. 

Le latex que laissent écouler les diverses parties de la 
plante, après incision, est composé de 64 à 67 pour cent d’eau 
et 33 à 36 pour cent de coagulat. M. Scassellati-Sforzolini, qui 
juge cette euphorbe intéressante pour la Somalie italienne 
méridionale, indique comme composition centésimale moyenne 
du coagulat : 


Caontchonc nsc 14,03 
Résine rt tu s 7014 
RrOtÉIneS 2eme 1,46 
Substances insolubles..... 5,40 } 
EEE TOM PTE ME Rte: 00 


C'est, selon l'auteur, une substance qui est de valeur 
commerciale secondaire, mais qui ne doit pas être exagérément 
dédaignée. Elle pourrait avoir, par exemple, Fintérêt du 
jelutong de Malaisie et entrer en mélange dans la préparation 
de certains caoutchoucs ou de certaines guttas, En fait, il v a 
depuis longtemps des exportations d'alméidine de lAngola en 
Angleterre ; et des essais sur le produit ont déjà été faits à 
Londres par l’Imperial Institute. En 1911-1912 12.000 kilos 
étaient exportés du Natal en Angleterre. (Agricol{ura 
Coloniale ; Florence, 1916). 


12 


179 RESSOURCES DES COLONIES 


AFRIQUE ORIENTALE PORTUGAISE 


Le territoire portugais du Mozambique, situé au sud de 
l'Afrique Orientale Allemande, s'étend, vers le Sud, au delà 
du tropique du Capricorne. Sa partie méridionale est donc 
extra-tropicale ; c’est le cas de la région de Lourenço- 
Marquès. 

L'industrie sucrière est parmi les plus importantes de la 
colonie ; les exportations de sucre, qui étaient déjà de plus de 
30.000 tonnes en 1910, ont peut-être doublé depuis lors. Les 
vallées de lInkomati, du Buzi et du Zambèze sont particu- 
lièrement favorables à la culture de la canne. 

Dans les forêts, les Landolphia donnent du caoutchouc, 
qu'on retire également du Mascarenhasia elastica. Dans le 
district de Quilimane, où les pluies atteignentannueilement 
1 m: 950, en se répartissant à peu près régulièrement sur tous 
les mois, il y a des cultures de caoutchoutier de Céara. Au 
sud du Zambèze, la période de sécheresse est trop longue 
pour que ces mêmes cultures soient possibles. 

Comme plantes oléagineuses, on connaît bien le 77afou- 
raire, où 7richilia emetica, et le Telfairea pedatfa, où jikungu, 
ou nkwèrme. Le mafouraire est abondant dans la région 
d'Inhambané et s'étend sur une vaste zone, mais les trop 
faibles prix offerts et le manque de moyens de transport 
restreignent l'exportation annuelle des graines, qui ne 
dépasse guère.1.000 tonnes. 

Les arachides ne sont cultivées que par les indigènes, qui, 
dans la région de Quilimane, s’en servent comme paiement 
de taxe en nature, auprès des Compagnies Prazo. 


AFRIQUE ORIENTALE PORTUGAISE 179 


Parmi les textiles, le chanvre de Sisal semble particuliè- 
rement convenir au Mozambique, et, en fait, v est cultivé au 
voisinage des cours d’eau, notamment sur le territoire de la 
Compagnie du Mozambique et dans le district de Quilimane. 
La proximité de la rivière facilite l'extraction du chanvre. Le 
Fourcroya gigantea, qui peut croître à plus haute latitude 
que le chanvre de Sisal, est cultivé dans le district d'Inham- 
bané; une plantation a été aussi établie près de Lourenço- 
Marquès. Mais le plus faible rendement de cette espèce, 
comparativement à celui du sisal, ne laisse guère prévoir une 
grande extension de la culture. On pourrait essayer le 
Phormium tenax, qui, comme lAgave sisalana, est sans 
épines et fournit 12 pour cent de filasse. 

Quant au cotonnier, les variétés égyptiennes n'ont pas 
jusqu'alors donné de bons résultats ; peut-être le Nyassaland- 
Uplandconviendrait-il mieux, mais sans qu'il soit actuellement 
possible de se prononcer. 

Enfin une culture qui pourrait offrir de l'intérêt est celle du 
tabac, puisqu'elle est satisfaisante dans le Nyassaland et en 
Rhodésie. Elle est déjà faite à Inharrimé, au sud d’Inhambané, 
où elle est principalement entre les mains des Grecs ; elle est 
entreprise également par la Compagnie du Zambèze à 
Bompona, sur les bords du Shire, où on a introduit des types 
américains, et fait aussi des essais sur les sortes de Turquie, 
de Sumatra et de Cuba. (Lyne : 7he Agriculture of Mozanm- 
bique Province, Portuguese East Africa, dans le Bulletin of 
the Imperial Institute, Janvier-Mars 1913. — Zobaccos from 
Portuguese East Africa, dans ie même Bulletin. 


180 RESSOURCES DES COLONIES 


ETATS UNIS 


Le coton et la laine aux Etats-Unis. — En 1913-1914, 
sur une production totale de 14.614.000 balles de coton de 
227 kilos, 9.522.000 balles, soit 65,2 pour cent, ont été exportées, 
et 5.092.000 kilos ont été employés dans les filatures améri- 
caines. Sur les 9.522.000 balles exportées, 3.582.000, soit 
37,7 pour cent, ont été importées en Grande-Bretagne, 
1.139.000, soit 12 pour cent, en France, 2.884.000, soit 30,2 pour 
cent,en Allemagne. Le reste a été expédié en Belgique, en 
Autriche-Hongrie et en Hollande. Au total, 5.390.000 balles, 
correspondant à 56,5 pour cent de l'exportation totale, ont été 
à destination du continent européen. 500.000 balles (5,8 pour 
cent) ont été envoyées au Japon, au Canada et au Mexique. 
La consommation des Etats-Unis a peu varié depuis 1904. 

La production de la laine brute en 1915 s’est élevée, aux 
Etats-Unis, à 130.815.981 kilos, contre 131.456.976 en 1914. 


Les amandes en Californie, — La Californie fournit, en 
moyenne, chaque année, 2.722 tonnes d'amandes. La consom- 
mation américaine est de 14.515 tonnes. 80 pour cent des 
amandes importées sont sans coque; le produit indigène est 
vendu avec coques, de Décembre à Février. On espère dans 
l'avenir une production de 13.600 tonnes, et la consommation 
augmentera. (Bulletin du Gouvernement Général de 


l'Algérie, 1° Mai 1916.) 


Le sucre à La Louisiane. Il y a à la Louisiane 


210 sucreries, qui sont divisées en deux groupes, correspondant 
à 15 districts, Les deux groupes sont celui du Mississipi et 


ÉTATS-UNIS 181 


celui de la Louisiane du Sud. Le travail dans les usines 
est, suivant l'importance de Fusine, de 300 à 2.400 tonnes en 
24 heures. 58 pour cent de la canne sont récoltés sur des 
champs qui appartiennent aux factoreries mêmes; le reste 
est acheté aux planteurs. (Bulletin of Mauritius, n° 4, 
partie [.) 


192 RESSOURCES DES COLONIES 


PORTO-RICO 


Le sucre à Porto-Rico. — 20 pour cent de la surface totale 
de Porto-Rico (160.000 hectares) sont en culture, et la moitié 
de la superficie cultivée est occupée par la canne, principale- 
ment dans les sols alluvionnaires de Ia côte. Dans le Sud, la 
culture serait plus étendue si on pratiquait lirrigation en 
faisant venir les eaux du Nord, où les pluies sont plus 
abondantes. La récolte en 1913 a été de 398.000 tonnes. Le 
travail de la canne est le même qu'à Cuba, mais suivant des 
méthodes peut-être moins modernes. {Bulletin of Mauritius ; 
n°22, p.01); 


PHILIPPINES 183 


PHILIPPINES 


Le riz. — M. John Runcles à publié dans le n° 6 (Novem- 
-bre 1915) du 7he Philippine Journal of Science (Botany) une 
étude sur les riz des Philippines, leurs caractères, les 
méthodes de sélection et l'influence qu'ont sur la récolte les 
espacements des touffes, ainsi que le nombre des plants par 
touffe. Les résultats ne sont pas d’ailleurs les mêmes avec 


toutes les variétés. 


Les bananiers.— Lans le même numéro du 7he Philippine 
Journal of Science, M. Nicanor Gregorio Teodoro a donné 
un long mémoire sur les bananiers, et, en particulier, sur les 
espèces ou variétés cultivées aux Philippines {A preliminary 
study of Philippine Bananas). L'auteur, qui mentionne un 
certain nombre de travaux antérieurs sur la question, semble 
ignorer la belle étude publiée en 1913 par M. de Wildeman 
dans les Annales du Musée Colonial de Marseille. 

Dans le Syzopsis provisoire des bananiers actuellement 
connus aux Philippines, M. Teodoro cite neuf espèces. Deux 
sont à tiges non stolonifères : le Musa Ensete et le Musa 
glauca. Les sept autres sont à stolons, mais non renflés à la 
base : ce sont le Musa coccinea, le Musa textilis, le Musa 
errans (dont une variété nouvelle, la variété Botoan), le 
Musa humilis, le Musa sapientum, le Musa paradisiaca et 
le Musa Cavendishir. 

Le Musa ÆEnsete, d'Abyssinie, qui s'est bien adapté aux 
contrées subtropicales, et est aujourd’hui répandu dans les 
cultures ornementales européennes, est cultivé aux Philippines 
au Collège of Agricultur, mais n'v a pas atteint une grande 


taille. 


184 RESSOURCES DES COLONIES 


Le Musa glauca, espèce encore très ornementale, et qu’on 
trouve çà et là à Luçon, est certainement indigène. 

Le‘Musa coccinea, à bractées rouges, du Sud de la Chine 
et de lIndochine fcAuoï fau), n'existe qu’accidentellement 
dans les jardins des Philippines. | 

Le Musa textilis, dont chaque tronc donne 10 à 15 rejets 
qui fleurissent, est labaca bien connu. 

Le Musa errans Blanco, ou saguing machin, qui donne 
23 rejets et davantage, est commun, à l’état sauvage, dans les 
forêts de Luçon. L’agofay d'Albay appartient peut-être à cette 
espèce. La variété Bofoan (botoan ou butuhan) s'en distingue 
par ses bractées plus persistantes et ses fruits subovoïdes, au 
lieu d’être subcylindriques. L'espèce et sa variété sont utilisées 
pour la fabrication de vinaigre. Les fibres du type sont utilisées 
comme celles de Fabaca. On fait des liens avec la variété, qui 
est aussi utilisée {nous ne savons comment) en médecine. 

Le Musa utfilis, où pitogo, où eneflog, voisin du Musa 
sapientuin (et considéré par M. de Wildeman comme 
synonyme du Musa Cavendishit) a un tronc de 3 m. 30 à 
3 m. 90, avec un diamètre, à la base, de 19 à 23 centiniètres, 
et des fruits petits, subovoïdes, longuement pédonculés, 
comestibles, bons pour la préparation de la banane sèche. 

Pour l'espèce Musa sapientum, M. Teodoro cite aux 
Philippines vingt variétés, dont il donne encore le Syropsts. 

Le /atundan, où {ordan, ou letondal, ou rétundol, est le 
Musa sapientum var. cinerea. Ses fruits cylindriques, de 10 
à 12 centimètres de longueur, à pulpe blanche, sont de qualité 
inoyenne pour être mangés Crus. 

L'apple banana, où manzana de Cuba, est le Musa 
sabientuim Var. cubensis, très voisin du précédent. Il a été 
introduit de Cuba à Los Banos. | 

Le Cuban red estle Musa sapientumm Var. americana, à 
fruits presque oblongs, d’un poids moyen de 69 gr. 92. 

Le r7crado est le Musa Sapienturr var. violacea, à fruits 
de 10 à 14 centimètres sur 5 à 6. 

Le durogo est la variété glaberrima, appelée encore 
dinuguan. 


PHILIPPINES 189 


Le bongolan, où bungulan, est le Musa sapientuntr var. 
suaveolens. Les fruits, longs et anguleux, sont parmi Îles 
meilleurs à manger crus. 

Le binutig est le M. sapientum var. Binutig, dont les fruits 
ont la saveur de ceux de saba. 

Le garangao est le M. sapientum var. Garangao, dont les 
gros fruits ont un poids moyen de 170 gr. 51. 

Le {udlong dato est le M. sapientum var. Tudlong, qui est 
encore le gonyod, le Kinamay dalaga, le tudlo dalaga, le 
tudlug dato et le galamay senora. Ses fruits valent ceux du 
bungulan. Les fibres sont employées; et le tronc est utilisé 
pour la nourriture des porcs. 

Le vernte cohol, ou finalong, est le M. sapientum var. 
glauca. Ses petits fruits sont excellents comme les précédents. 

Le daryao, où dalia, est le M. sapientum var. Daryao. Ses 
fruits sont mangés frais ou secs. 

Le 7ernate, ou Gloria, est le M. sapientumt Var. ferna- 
tensis. Les fruits, consommés crus, sont de qualité moyenne, 
mais conviennent pour la banane sèche. 

Bien meilleurs sont ceux du /acatan, où Musa sapientunt 
var. Lacatarn. 

Le canara est ie M. sapientum Var. Canard. 

L'inarnrbhal est la variété /narnibal, dont les fruits valent 
ceux du /acatan et du bungulan. 

Le fuldoc, à fruits un peu plus gros, est le M. sapientum 
var. 7Zuldoc. 

Le qguinanayan est le M. sapientum var. longa, à fruit 
médiocre. 

Le finumbaya, où goyoran, est le AM. sapientumr var. 
Zombak. 

Le sabang tloco est le M. sapientum Var. grandis, dont le 
fruit müûr pèse en moyenne 262 gr. 4. Peut-être, du reste, 
ce bananier, à fruits fortement anguléux, non entièrement 
aspermes, et convenant pour la cuisson, pourrait-il constituer 
une espèce à part. 

Et la remarque est la même pour le Musa sapientum var. 


compressa, qui se rapproche à divers égards de ce sabang 


1S06 RESSOURCES DES COLONIES 


loco et est le saba des indigènes. Les fruits de ce saba, ou 
Disco, assez gros, ne sont guère mangeables crus, mais sont 
excellents cuits. Is conviennent aussi pour la préparation de 
la farine de banane. Les fleurs, d'autre part, seraient cuites 
comme légumes; les feuilles servent pour lemballage; la 
filasse est employée comme celle d’abaca. 

L'espèce Musa Cavendishii est représentée aux Philippines 
par plusieurs variétés, dont deux sont : le pefif bananier des 
Hawaï, où var. Aawaensis, dont les fruits sont à pulpe 
agréable ; et le /ampohin, où Musa Cavendishit var. pumila, 
dont le fruit ressemble à celui du hburgulan, mais est 
inférieur. 

Enfin, comme Musa paradisiaca, où plantain, M. Teodoro 
cite quatre variétés. La principale est le fundoc, où boracho, 
ou {agalog, qui est le Musa paradisiaca variété magira. Les 
fruits, qui ont parfois plus de 30 centimètres de longueur, sont 
mangés cuits et sont aussi employés pour la préparation de la 
farine. Le Batavia, où matavia, où langai, où anuang, qui 
est le Musa paradisiaca variété maxima, est à fruit très 
médiocres, ne convenant que pour la farine. On mange cuits 
les fruits du Musa paradisiaca variété ulnaris. W en est de 
même des fruits du Aanatuco morado, où Musa paradisiaca 
variété subrubea. 


BRÉSIL 197 


BRÉSIL 


Les exportations en 1915. — Les exportations du Brésil, 
en 1915, ont été de 447.923.000 francs, contre 507.823.000 francs 
en 1913. Elles se sont réparties en : 


BNP PET RS SU AE Se 303.723.000 francs 
Caantchout:. 172 69.175.000  » 
CACADS ER ele ete ed 17 825.000  » 
RL ne PAS MD nm me ne necde 14/9323 000 0 
en Co CE A RE T2 NE TEE à 10.125 000  » 
Vabacss ARMES Penn ACL 5.275.000 » 
OO TES MP ee LOT de 3239000". . » 
LETTRE PM SP SC ETEN SE 2 19 325.000  » 
PAUL 1:07, tete she 0 ee Pat 4.650.000  » 
Viandes frigorifiées ............ 275.000  » 


La Wileman's Brazilian Rewiew calcule que, pendant les 
onze premiers mois de la guerre, d'Août 1914 à Juin 1915, le 
Brésil a exporté 31.551 tonnes de cacao, tandis qu'il en avait 
exporté 39.453 tonnes pendant les onze mois correspondants 
de la période précédente (Août 1913 à Juin 1914). 

Le même calcul a été fait pour les cafés brésiliens, dont il 
est sorti 12.700.170 sacs de 60 kilos d'Août 1914 à Juin 1915, 
tandis qu'il en était sorti 13.853.422 d'Août 1913 à Juin 1914. 
En 1913-1914 les sorties à destination de l'Allemagne, de 
l'Autriche et de la Belgique avaient été de 3.285.128 sacs, alors 
qu'elles ont été nulles en 1914-1915. (Bulletin Officiel du 


188 RESSOURCES DES COLONIES 


Bureau de Renseignements du Brésil à Paris, 15 Octo- 


bre 1913). 


Le pitanga. — Le prifanga est VEugenia uniflora, qu'on 
cultive au Brésil en arbre, en buisson ou en haie. Son fruit 
ressemble à la cerise, mais est profondément bilobé. La 


composition centésimale suivante a été trouvée aux Hawaï : 


at Pme et TER A ee er 90,7 

Substances insolubles dans l'eau .. 1,93 
Aides sieste res EM rune ages ! 1,44 
Albumimboiïdes, . :..:...8 LE 1,02 
SUCrÉ nat onde een one tee 5555 00706 
Matières erasses: Le he de ae 0,60 


Ces fruits sont consommés tels quels, ou bien on en fait 
des gelées, des sorbets, des liqueurs, des sirops, des vins 
considérés comme médicinaux et apéritifs. 

La culture de l'arbre paraît possible partout où les agrumes 
réussissent. (Shamel et Popenoe Wilson, dans 7e Journal 
of Heredity ; Washington, Avril 1916.) 


Plantes fourragères. — La Direction de l'Agriculture à 
publié dans le Boletin de Agricoltura de VEtat de Sao-Paulo 
(Mars 1916} une étude sur le aida, où capim de Rhodes, qui 
est le Àhodes grass d'Australie et le CAloris Gayana Kunth, 
de l'Afrique tropicale. Introduite dans FlEtat de Sao-Paulo, 
cette Graminée fourragère vit dans les terrains divers, même 
secs, mais préfère naturellement les sols un peu frais, dans 
les endroits non trop exposés aux vents. La culture est celle 
de beaucoup de Graminées. On sème en lignes ou à la volée, 
d'Août à Novembre ou de Février à Mars, à raison de 150 à 
200 litres de graines par hectare. Pendant trois ans on peut 
faire cinq coupes par an, avec un rendement de plus de 
300 tonnes de foin vert et 100 tonnes de foin sec par hectare. 
On coupe un peu avant la floraison. 


Dans le numéro de Février 1916 du même Bulletin est un 


BRÉSIL 189 


autre article sur le grama de Macafhé, qui serait aussi une 


bonne plante fourragère, contenant, à l'état sec, pour cent: 


12,90 de matières azotées. 
1,87 de matières grasses. 
4,84 de substances non azotées. 
EE . 
30,72 de substances ligneuses. 


9,07 de substances minérales. 


Le grama de Macahé serait la même Graminée que le 
grama de Pernambuco, qui est le Paspalum mandiocanumt 
Trinius ; ce serait la variété ellipticum de cette espèce. En 
Campinas, on a obtenu 7 coupes annuelles, correspondant 
chacune à 32.600 kilos de fourrage vert par hectare. D'autres 
agronomes indiquent pour chacune de ces 7 coupes 26.500 kil. 
d'abord, puis, l'année suivante, 33.000 kilos en 4 coupes. 

Au Matto Grosso, la ‘Brazil Land Cattle and Packing C°”, 
entreprise affiliée à la ‘‘ Brazil Railway Company”, et qui a 
été fondée en vue de l'élevage et de la production de viandes 
à frigorilier, a planté 30.000 acres de sa fazenda en capim 
gordura, qui donne les meilleurs résultats pour lengrais- 
sement du bétail. Est-ce le Melinis minutiflora ? 


Les viandes frigorifiées. — Pendant les 5 premiers mois 
de 1916, le Brésil a exporté 10.919.289 kilos de viandes frigo- 
rifiées, au lieu de 381.085 kilos seulement pendant les cinq 


premiers mois de 1915. 


L'or. — Depuis l'arrivée des Portugais au Brésil jusqu'à nos 
jours, il a été extrait au Brésil 700.000 kilos d’or. Cet or est 
connu et exploité dans presque tous les Etats, mais c'est l'Etat 
de Minas-Geraes qui en fournit la plus grande quantité. Les 
mines principales sont celles de la chaîne d'Espinhaçao, qui 
occupent une étendue de 1.200 kilomètres depuis la ville de 
Barbacena, dans l'Etat de Minas, jusqu'à la ville de Jacobina, 
dans l'Etat de Bahia. Il à été exporté, comme oren barres, 
4.026.775 grammes en 1912 et 2.126.231 grammes pendant les 


190 RESSOURCES DES COLONIES 


six premiers mois de 1914. (Bulletin Officiel du Brésil à 
Paris, 15 Octobre 1915.) 


Le fer. — Le Brésil est très riche en minerais de fer. De la 
ville de Quéluz à celle de Sabara, le Chemin de fer Central, 
qui unit l'Etat de Rio à celui de Minas-Geraes, traverse une 
vaste étendue de terrains dont les couches superficielles sont 
des minerais de fer. Le mont Itabira, qui a donné son nom à 
l'{abirite, n'est tout entier qu’une masse énorme de minerai, 
donnant à l'analyse 75 pour cent de fer métallique. Dans le 
voisinage de cette montagne, ce ne sont partout que des 
gisements compacts renfermant 66 à 70 pour cent de fer 
métallique. {/d.). 


CUBA 191 


CUBA 


Le sucre. — Il y avait en 1912 à Cuba 172 factoreries de 
canne à sucre, qui étaient réparties dans toutes les provinces, 
mais plus spécialement dans celles de Santa Clara (62), de 
Matanzas (41) et d'Oriente (30). Il y en avait 19 à La Havane, 
8 dans la Province de Pinar del Rio et 6 dans celle de 
Camaguey. 

Ces 172 factoreries ont produit en 1912 1.912.875 tonnes de 
sucre. Elles broient de 500 à 6.000 tonnes de canne par heure ; 
mais les rendements ne sont pas aussi élevés qu'à Java et aux 
Hawaï. 

La récolte de canne commence dans la seconde moitié de 
Décembre ; et, vers le milieu de Janvier, toutes les factoreries 
sont à l'ouvrage. Le travail continue jusqu'en Mai dans 
certaines provinces, jusqu'en Août dans d’autres. Dans les 
provinces de Pinar del Rio, de Havane, de Matanzas, les 
moulins broient de la fin de Décembre à Mai; plus au Sud, 
notamment dans l’Oriente, la saison de broyage dure de 
Janvier à Août. Toutes ces dates dépendent de la saison 
pluvieuse, qui varie beaucoup dans les diverses parties de 
l'île. 

: Les factoreries travaillent nuit et jour, et il y a ordinaire- 
ment deux équipes d'ouvriers, qui travaillent chacune 6, 8 ou 
12 heures. {Bulletin of Mauritius, n 2, partie I.). 


192 RESSOURCES DES COLONIES 


MEXIQUE 


Le chanvre de Sisal au Yucatan. — Le Yucatan, dont la 
superficie représente approximativement la moitié de celle de 
la Louisiane, a une population de 315.000 habitants: sa 
capitale, Mérida, a 60.000 habitants. Un service direct, celui 
de la Compagnie ‘Caribbean and Southern” met son port 
Progreso en relations rapides avec la Nouvelle-Orléans. Le 
heneguen, où chanvre de Sisal, constitue les sept-huitièmes 
des exportations totales, l’autre huitième étant composé de 
chicle (pour le chewing-gum), d'acajou, de bois de teinture et 
de peaux. Les trois-quarts de la population sont occupés à 
l'industrie du sisal. 

En 1915, les exportations de la filasse par Progreso ont été : 
en Janvier, de 34.342 balles de 170 kilos environ, soit 
6.015.720 kilos; de Janvier à fin Juin, de 432.096 balles, soit 
73.877.411 kilos. En 1914, les Etats-Unis ont reçu du Yucatan 
957.107 balles ; ils avaient reçu, d’autre part, des Philippines, 
en chanvre de Manille, 402.918 balles, également de 375 livres. 
(EI Heneqguen ; n°1, Janvier 1916. Mérida). 


30 Septembre 1916. 


HENRI JUMELLE, 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE. VENTE 


Les Annales du Musée colonial de Marseille, fondées en 1893, 
paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules. 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, 
sont en vente chez M. CHALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à 
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- 
cial, doivent être adressées. 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. HER 
JuMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
colonial, 5, rue Noailles, à Marseille. 


dirt 
KT 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gratui- 
tement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à 
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec 


titre spécial sur la couverture. 


Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au 
Directeur du Musée colonial seront signalés chaque année en fin 


de volume dans les Arnales. 


Le 1° Fascicule de l’année 1916 (Catalogue descriptif des Collec- 
tions botaniques du Musée colonial de Marseille : Madagascar et 
La Réunion), paraîtra très prochainement. 


Le 2° Fascicule (Les Bois utiles de la Guyane Francaise, par 
M. H. Stone), sera publié ultérieurement. 


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