m
ANNALES
DU
MUSÉE COLONIAL
\
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HECKEL
DIRIGÉES PAR
M. Henri JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences
Directeur du Musée Colonial de Marseille
Vingt-huitième année, 3me série, 8me volume (1920)
teT Fascicule
Recherches sur la détermination des bois exotiques colorés
d’après les caractères chimiques et spectroscopiques
PAR M. A. Jauffret
f
MARSEILLE PARIS
MUSÉE COLONIAL ! LIBRAIRIE CHALLAMEL
5, Rue Noailles, 5 17, Rue Jacob, 17
1920
des plus récents volumes des Annales du Musée Colonial de Marseille
1916
l,r Fascicule. — H. Jumelle : Catalogue desoriptif des Collections Botaniques
du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et
Réunion.
2mc Fascicule. — Pieraerts : Quelques Graines oléagineuses africaines.
H. Jumelle : Les Monocotylédones aquatiques de Mada-
gascar.
Herbert Stone : Les Bois utiles de la Guyane française.
H. Jumelle : Les Recherches récentes sur les ressources
des Colonies françaises et étrangères et des autres
Pays chauds.
1 91 T5
1er Fascicule. — H. Jumelle : Catalogue descriptif des Collections Botaniques
du Musée Colonial de Marseille s Afrique Occidentale
Française.
2'ne Fascicule. — H. Jumelle : Notes statistiques sur les Plantations étran-
gères de Caoutchouc dans le Moyen-Orient.
Pieraehts : Contribution à l’étude chimique des Noix de
Sanga-Sanga.
H. Jumelle : Les Variétés du Palmier à huile.
fl. Jumelle : Quelques données sur l'état actuel de la
culture cotonnière.
3™ Fascicule. — Herbert Stone : Les Bois utiles de la Guyane Française
(suite).
3m* Fascicule. —
Digitized by the Internet Archive
in 2016 with funding from
BHL-SIL-FEDLINK
https://archive.org/details/annalesdumusecol389muse
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
D'APRÈS LEURS
CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES
par A. JAUFFRET
INTRODUCTION
Les auteurs qui se sont jusqu’alors occupés de la diaguose
des bois ont eu surtout recours à l'examen de la structure
anatomique, et l’étude des réactions colorées que ces bois
peuvent présenter au point de vue systématique semble avoir
été plus ou moins complètement délaissée. Or c’est précisément
fe bm que nous poursuivons ici : examiner les réactions et les
propriétés spectrales des matières colorantes des bois, voir
dans quelles limites les caractères observés sont constants pour
une espèce donnée et jusqu’à quel point ils peuvent dépendre
des conditions de l’expérience, puis, ces règles établies, les
utiliser pour des essais d’identification des espèces que nous
avons eues à notre disposition.
On voit tout de suite l’intérêt que peut offrir ce genre
d’étude, intérêt double, car il est à la fois scientifique et
pratique.
Pratiquement, il peut nous amener à reconnaître l’utili-
sation possible de certains colorants végétaux autres que ceux
toujours cités et employés. Et, en effet, il est à remarquer que,
malgré le nombre et la variété des couleurs fabriquées par
l’Industrie chimique, aucun colorant artificiel n’a pu jusqu’ici
rivaliser avec le Bois de Campêche, qui conserve encore
aujourd'hui l’importance d’autrefois, notamment dans la
teinture de la soie en noir. P)
Dans le domaine purement scientifique, la connaissance de
ces réactions colorées doit servir à l’identification des bois qui
bien souvent sont importés sous des noms indigènes vagues ou
inconnus, et cela sans être accompagnés d’échantillon de la
plante productrice. Nos Collections de Laboratoire, nos Musées,
(I) E. Noelting, La synthèse des Colorants. Moniteur Scientifique de Ques-
neville. série V, t. IV, p. 585-595.
4
INTRODUCTION
nos Expositions mêmes sont riches en ces bois dont nous
ignorons l’origine botanique. Si, au contraire, il nous était
possible de trouver des caractères constants, au point de vue
où nous nous plaçons ici, nous arriverions peu à peu, avec les
bois qui nous sont bien connus, à établir une classification qui
serait précieuse pour les reconnaissances ultérieures. D’ailleurs,
dans ce travail, profitant des matériaux que nous avions à notre
disposition, nous n'avons pas seulement fait porter nos
recherches sur des bois bien identifiés, nous avons aussi
examiné quelques bois seulement étiquetés sous leur nom
indigène, et peut-être que. dans la suite, d'autres investigations
analogues permettront de rattacher certains de ces échantillons
è des espèces parfaitement connues.
Par cette méthode il sera donc possible à la fois de
reconnaître l'espèce productrice et d’identifier les divers bois-
colorés.
.Vous diviserons notre Mémoire en six chapitres :
Dans le premier nous relaterons les principaux travaux qui
se rapportent à notre sujet.
Les détails de notre technique sont décrits dans le
deuxième chapitre. Le troisième est consacré à l’étude de
quelques bois de l'Inde. Nos recherches sur les bois de
Madagascar font l’objet du quatrième. Un cinquième chapitre
comprend les bois de la Guyane Française et du Tonkin.
Enfin, dans la sixième partie, qui termine notre travail,
nous avons tenté d’établir une classification en nous servant des
différences constatées dans la coloration des extraits aqueux ou
alcooliques ainsi que des déterminations fournies par le spectre
d'absorption.
I ous les échantillons de bois qui nous ont servi
proviennent e la ( ollection du Musée Colonial de Marseille-
CHAPITRE PREMIER
Historique
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^OTANJCAL
0a RükN
Chevreul W semble être un des premiers qui aient porté
leur attention sur les modifications provoquées par certains
réactifs agissant sur la matière colorante extraite des bois,
puisque c’est en 1808 qu’il examinait, à ce point de vue, les
bois de Brésil et de Campèche. Beaucoup plus tard, en 1844,
F. Preisser (2) entreprend des recherches analogues sur les bois
de teinture alors connus.
En 1858, J. Arnaudon (3) étudie le bois d’ Amarante ■ et ses
résultats l'amènent à faire remarquer qu’on doit être autorisé
à ramener à un même type tous les bois qui présentent des
caractères chimiques identiques.
Pans son ouvrage publié en 1861, M. I. Girardin G) passe
en revue les bois d teinture ; il donne pour chacun d’eux les
changements de teinte que manifeste la solution de la matière
colorante lorsqu’on la traite par certains agents chimiques.
H.-C. Sorby (5), quelques années plus tard, observe les
caractères de solubilité du principe colorant des bois de :
Caescdpinia crista Linn., Hnemaloxylon Campechicinum Linn.,
et Pterocctrpus santalinus Linn. ; il en décrit le spectre
d’absorption et note ses variations sous l’influence de quelques
réactifs.
L’année suivante, J.-E. Reynolds (6) fait paraître un travail
analogue.
p) Cnevreul, Expériences chimiques sur les bois de Brésil et de Campèche.
inn. de Chim., t. LXVI, 1808, p. 225-265.
(21 F. Preisser, Ueber den Ursprug und die Beschaffenheit der organischen
Farbstoffe und besonders iiber die Einwirkung des Sauersloffes auf
dieselben Journ. f. pract. Chem., t. XXXII, 1844, p. 129-164.
'.Il .1. Arnaudon, Recherches sur le bois d’Amarante, C. R. ,4e. Se., t. XL VII,
1858, p. 32-36.
.4) M. I. Girardin. Leçons de Chimie élémentaire applUfuée aux arts industriels.
Paris. 1861.
'?) H. C. Sorby, On a definite Method of qualitative Analysis of Animal and
\ egetable Colouring matters by means of the spectrum Microscope.
Proc. Roy. Soc., t. XV, 1867, p. 433-456
•6) .1. E. Reynolds, Notes on certain absorption spectra. The Chemical Xewsr
' Y VIH, 1868. p, 49-51.
6
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Dans une série de publications parues entre 1869 et 1876.
Guibourt G), Wiesner (3), Renault, Sagot (2), Planchon ('0
et B.-C. Niederstadt (5), font connaître les particularités-
chimiques des extraits aqueux et alcooliques de plusieurs bois-
Dans le même ordre d'idées, il faut encore ci'er le
mémoire de F.-V. Lepel (6), dans lequel l’auteur propose une-
classification basée sur les caractères fournis par le spectre-
d'absorption de l'extrait du bois, tandis que Th. Hartig G) et
MüUer (8) font plutôt servir à la détermination des espèces-
les caractères anatomiques.
En 1889. II. -W. Yogel (9) indique les variations du spectre-
d'absorption des matières colorantes des bois utilisés en
teinture lorsqu’on fait agir certains réactifs chimiques sur la
solution examinée.
Vers la même époque, Brick (10) et Charpentier G1)
étudient les caractères de coloration et de précipitation de la
solution du principe colorant de quelques bois.
Dans sa thèse, M. Houlbert (12), pour établir une classifi-
cation des bois appartenant aux principales familles d’Apétales,
tient compte de la structure anatomique du tissu ligneux.
("est de nouveau l’étude spectroscopique de la matière
colorante des bois (pii fait l'objet des recherches de M. J.
Formanek (13).
(11 N. J. B. G. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples. Paris, 1869.
(2) Renault et Sagot, Noie «tir la matière colorante de l’Ebène verte de la
Guyane. Bull. Soc. bot. Fr., t. XIX, 1872, p. 166.
(3) J. Y\ iesner, l)ie liohsloffe des P/lanzenreichcs. Leipzig, 1873.
(4) G. Planchon, Traité pratique de la détermination des drogues simples
d'origine végétale. Paris, t. II, 1875, p. 85-90.
(5) R. ( . Niederstadt. A Vegetable Colouring Matter. Journ. o/' the Chem. Soc.,
Londres, 1876, p. 206-207.
(6) F. \. Lepel, Ueber die Aenderungen (1er Absorptionspectra einiger
Farbstoffe in verschiedenen Losungmitteln. Ber. Chem. Gesellsch.. t. \IT
1878, p. 1140-1151.
(7) II). Hartig, Anatomie and Physiologie der llolzpflanzen , Berlin, 1878.
f8) h. J. i . Muller, Atlas der Holzstruetur dargeslelll in Micropholographiert ,
Halle, 18S8. F.rlaulern der Test zu déni Allas der Holzstruetur ,
Halle. 1888.
(9) IL W. Vogel, Practische Spectralanalyse , Berlin, l. I, 1889, p. 403-411.
(10) C. Brick, Jahrbuch der Hamburgishen wissenscha{tlichen Anstalten,
Vie Arbeiten des Bot. Muséums, Hambourg, 1889.
(111 P. ( harpenlier, Le Bois, encyclopédie Chimique de Frémy, Paris, t. X.1890.
12) Houlbert1, Recherches sur la structure comparée du bois secondaire dans les
Apétales. I hèse, Paris, 1893, et Ann. de Se. nat. 1893, 7* série Bot.,
:. xvn, p. 91
'13) J. Formanek, Die qualitative Spectralanalyse, Berlin, 1900.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
7
Eh 1907, M. Gérard (D a dressé, pour un certain nombre
de Légumineuses africaines, ries fiches d’identification qui
reposent sur tout un ensemble de caractères : aspect, couleur,
différenciation du cœur et de l’aubier, déterminations physi-
ques, particularités de l’écorce, examen microscopique, que
l’auteur met à profil en vue d’un groupement méthodique des
bois étudiés.
M. Martin-Lavigne (1 2 3b d’autre part, applique les données
fournies par l'anatomie a la' classification de quelques bois de
la Guyane- Mais dans leurs recherches, les deux auteurs
précités n’attribuent aux déterminations chimiques qu’une
importance toute secondaire. Dans son ouvrage : The Timbers
oj commerce and their identification , M. H. Stone G) fait une
■étude dés divers caractères qui sont susceptibles d’être utilisés
pour l'identification des bois, puis il décrit un très grand
nombre de ces bois, et, pour chacun d’eux, il donne la teinte de
l’extrait aqueux ou alcoolique ainsi que les modifications qui
se produisent' lorsqu’on fait agir divers réactifs, notamment la
potasse : mais il ne précise nullement les conditions de
l’expérience.
Or, pour avoir des résultats comparables et toujours
constants, il est absolument nécessaire de choisir une technique
bien déterminée et d’en fixer les détails.
D’ailleurs M. Stone lui-même reconnaît que les auteurs
sont loin de s’accorder sur les résultats auxquels conduisent les
caractères de coloration. C’est ainsi que la solution aqueuse
obtenue avec Y Haemaloxylon Campechianum Linn. est violette
puis rouge carmin d’après Wiesner, rouge suivant Descourtilz
et rouge de sang foncé d’après Girardin.
En effet, parmi les facteurs qui ont une influence prédo-
minante sur la coloration de l’extrait aqueux ou alcoolique, il
y a lieu de mentionner :
1°) La nature et la concentration du dissolvant.
2°) Les quantités respectives de dissolvant et de poudre du
bois traité.
(1) G. Gérard, Recherches sur les bois de différentes espèces de Légumineuses
africaines. Thèse Dort. Unie., Paris, 1907.
(2) lî. Martin-Lavigne, Recherches sur les bois de la Guyane, Thèse Dort.
Unie., Paris, 1909.
(3) H. Stone, The Timbers oi commerce and their identification, Londres
(William Riders’s son), 1904.
8
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
3 ) La durée de contact des deux substances, suivant que
l'opération est effectuée à chaud ou à froid.
Et c’est précisément pour avoir négligé ces conditions
d’expérience que les conclurions des auteurs sont confuses et
même contradictoires.
Au surplus, elles n’ont fourni que de médiocres éléments
d’appréciation qui. à eux seuls, sont parfaitement insuffisants
pour rendre possible la détermination des bois.
A cet égard, nous pensons, et c’est justement là le but de
cette étude, que la méthode plus rigoureuse que nous avons
adoptée, et que nous allons décrire plus loin, fournit des
résultats plus constants et, par suite, mieux utilisables en
classification.
Nous en aurions d’ailleurs une première vérification dans
les belles et toutes récentes observations de M. le Professeur
Perkin P). Pour différencier Y Haemaloxylon Campechianum
Linn.. le Caesalpinia brasiliensis Linn. et YHaemaioxylon
africanum W. Pearson., M. Perkin compare les colorations que
donne la solution aqueuse lorsqu’on la traite par la soude, le
perchlorure de fer et l’acétate de plomb : l’essai de teinture lui
fournit encore un moyen de diagnose-
Les recherches que M. Perkin — recherches que nous
ignorions au moment où nous avons entrepris notre travail —
a, du reste, limitées à trois espèces, sont déjà un peu, en
somme, celles que nous allons étendre, en faisant appel
également aux propriétés spectrales, à de nombreux bois. Mais
nous préciserons plus que M. Perkin ne l’a fait — 1 car. selon
nous, là e*t le point important — les conditions dans lesquelles
nos déterminations ont été effectuées.
^1) A. C>. Perkin el A. E. Ev'-re^t, The \alural organic colouring mallers.
Londrès, 1913, p. 332.
CHAPITRE DEUXIÈME
Plan général — Technique
Conformément au but que nous poursuivons ici et que nous
venons d'indiquer, nous nous contenterons de décrire briève-
ment les divers bois que nous étudierons, puisque ce n’est pas
là notre principale préoccupation ; mais nous insisterons,
au contraire, sur les caractères chimiques et spectroscopiques
des matières colorantes de ces bois. Pour un certain nombre
d'entre eux nous examinerons en outre leurs propriétés
tinctoriales.
Caractères chimiques. — Comme dissolvant de la matière
colorante nous avons utilisé : l’eau distillée, l’eau alcaline, l’eau
acidulée et l'alcool à 95°.
L’extrait aqueux est obtenu en faisant macérer 3 gr.
de la poudre de bois dans 30 cc. d’eau. Nous portons au
préalable à l'ébullition et nous laissons en contact pendant une
semaine. Au bout de ce temps, après avoir de nouveau porté à
l’ébullition, nous filtrons. Cette solution est répartie dans cinq
tubes à essai. L'un d’eux est gardé comme témoin et dans
chacun des autres nous ajoutons trois à quatre gouttes du
réactif indiqué. C’est ainsi que nous avons fait agir un certain
nombre d’acides, de bases et de sels : dans la plupart des cas, la
coloration primitive présente des modifications qui varient
entre d’assez larges limites, sauf avec les réactifs suivants :
acide sulfurique, soude caustique, perchlorure de fer et chlorure
de chaux. Dans nos recherches nous avons fait usage de
liqueurs normales : d’acide sulfurique, de soude caustique et
d'ammoniaque. Daufre part, l’extrait alcoolique est préparé en
faisant macérer pendant une semaine 0 gr. 90 de la poudre de
bois dans 30 ce. d’alcool à 95°. Après avoir réparti la
solution dans cinq tubes à essai, l’un d’eux est conservé comme
témoin et dans chacun des autres nous ajoutons trois à quatre
gouttes du réactif choisi. Les changements de teinte sont surtout
marqués avec l’acide sulfurique, l’ammoniaque, le perchlorure
de fer (en solution alcoolique) et le bisulfite de sodium.
10
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Dans le cas de l'eau alcaline et de l’eau acidulée, 0 gr- 30
de la poudre de bois sont traités par 30 cc. d’eau distillée,
additionnée soit de dix gouttes de soude, soit de dix gouttes
d’acide sulfurique. Après une semaine de contact nous filtrons-
Enfin nous avons examiné le pouvoir dissolvant de l’étherr
du chloroforme, du benzène et du sulfure de carbone. A cet
• effet, 0 gr. 30 de poudre sont laissés en contact pendant une
semaine avec 10 cc. de dissolvant ; après quoi nous agitons
et nous filtrons.
Afin d'éviter les confusions de teintes et de faciliter les
recherches — la description exacte d’une teinte étant chose
impossible et purement subjective — nous avons rapporté les
diverses colorations obtenues à celles que donne le Code des
Couleurs de Klincksieck et Valette.
Caractères spectroscopiques. — Nous avons déterminé-
ces caractères en trois séries d’expériences :
1° En poids déterminé, 0 gr. 90 de poudre, est traité par
30 cc. d'alcool à 95°. Après une semaine de contact, la solution
obtenue est filtrée et examinée.
Nous avons étudié le spectre d’absorption de la solution
alcoolique seule, puis de la solution alcoolique sur laquelle, au
préalable, nous avons fait réagir séparément dix gouttes
d'ammoniaque ou dix gouttes d’acide sulfurique.
2° Lorsque la matière colorante est plus soluble dans l’eau
distillée que dans l'alcool, nous préparons une solution aqueuse
que nous obtenons en traitant 3 gr. de la poudre de bois par
80 cc. d’eau distillée, nous portons à l’ébullition et nous
laissons en contact pendant une semaine. On porte de nouveau
à 1 ébullition, on filtre et on examine. Puis la solution aqueuse
est alors additionnée de dix gouttes de soude et on note de
nouveau les particularités du spectre d’absorption.
3° Pour chaque bois nous avons préparé deux solutions
alcalines, toutes deux avec 30 ce. d’eau distillée additionnée de
dix gouttes de soude, mais l’une est obtenue avec 0 gr. 50 de
poudre, tandis que l’autre est faite avec 0 gr. 30 de la même
poudre : on laisse une semaine, puis on filtre et on examine la
solution.
Nos observations ont été faites à l’aide d’un spectroscope à
vision obbque. à un seul prisme : une cuve à faces parallèles
(distantes de 10 m m) renfermait la solution à étudier.
D'APRÈS leurs caractères chimiques et spectroscopiques 1 i
Propriétés tinctoriai.es . — Nos essais ont été faits avec des
écheveaux de laine (0 gr. 30 et de soie (0 gr. 10) préalablement
décreusés- Les mordants utilisés ont été : les acétates d’alumi-
nium, de 1er, de chrome, et le chlorure stanneux avec le
bitartrate de potassium.
Dans nos expériences sur la laine, nous avons effectué le
mordançage en plongeant l’écheveau dans la solution du
mordant, qui est ensuite chauffé à l’ébullition6 pendant trois
quarts d’heure.
Avec la soie, après un séjour de vingt-quatre heures dans
la solution du mordant, on porte à une douce chaleur. On
achève en rinçant convenablement.
Laine et soie ainsi mordancéès sont alors mises en contact
avec un extrait obtenu en laissant macérer pendant vingt-quatre
heures, 3 grammes de la poudre de bois dans 130 cc. d’eau
distillée.
Pour la teinture, les deux extraits sont toutefois traités de
façon différente. Tandis que pour la laine on porte à l’ébullition
que l’on maintient pendant une heure, l'opération avec la soie
•est faite à tiède.
Dans les deux cas on rince soigneusement et on laisse
sécher. C’est seulement lorsque les teintes obtenues nous ont
paru susceptibles d’application que nous avons ensuite procédé
aux essais de résis'ance à la lumière et au lavage.
CHAPITRE TROISIEME
Bois de l’Inde
«
Nous avons pu appliquer à un certain nombre de bois de
l’Inde les méthodes que nous venons d'exposer. Pour deux de
ces bois, Artocarpus integrilolia Linn. et Morinda cilrilolia
Linn. nous verrons plus loin que depuis longtemps déjà on
s’était préocupé de l'étude de leur matière colorante, mais
cette étude purement chimique n’a pas été mise à profit pour
la détermination des espèces.
Nous allons suivre dans nos descriptions l’ordre systé-
matique.
Ainsi que nous l’avons déjà indiqué, nous considérerons
successivement les caractères extérieurs, les caractères chimi-
ques. les caractères spectroscopiques : et pour quelques espèces
nous examinerons les propriétés tinctoriales.
Borassus flabellifer Linn. (Palmiers)
Caractères extérieurs. - — Le bois possède une texture
fibreuse. La matière colorante est localisée dans le scléren-
chyme de telle sorte qu’à l’examen de la section transversale on
distingue de gros points noirs uniformément répartis sur un
fond plus clair.
Caractères -chimiques. Par le broyage ce bois fournit
une poudre qui, traitée par l’eau distillée, donne une solution
orangée ses réactions colorées sont les suivantes :
par... S04II2, précipité orangé ;
Na OU, rouge orangé brun :
Fe Cl 3, précipité orangé brun ;
CaOCl2, précipité orangé jaune.
Tandis que l’eau alcaline se colore en rouge orangé foncé,
l’eau acidulée reste incolore-
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
13
L'alcool employé comme dissolvant fournit une solution de
couieur jaune. Sous l'action des divers réactifs utilisés cette
.coloration se modifie ainsi :
avec... S04H2, jaune ;
i\H4OH, orangé jaune brun ;
FeCl-î, orangé jaune foncé ;
S03NaH, jaune clair.
L'ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. L’éther, le chloroforme, le sulfure de
carbone et le benzène ne dissolvent pas le principe colorant.
C aractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse :
a) L’examen de cette solution montre une absorption
unilatérale dont l'intensité croît depuis 575 nu jusqu’à
525 uu. A partir de 525 nn il y a extinction totale.
b) Par l'action de la soude on modifie le spectre précédent
et l’on observe une forte absorption jusqu’à 605 nn.
Au delà, elle devient totale.
2' Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Forte absorption jusqu’à 605 un, complète au delà.
6 Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Partielle jusqu’à 589 nn. l'absorption croît de 589 nn à
575 nn, puis elle devient totale.
Essais de teinture. — A l’exception de l’orangé brun
(sur Sn) donné par la soie, les autres teintes, ainsi que celles
fournies par la laine, sont faibles d’intensité et assez mal
caractérisées : elles nous paraissent d’un médiocre intérêt.
Artocarpus ïiirsuta Larn. (Urticacées)
Cette espèce est le jaquier sauvage ( Wild-Jack des
Anglais).
Caractères extérieurs. — De couleur orangé foncé, le
bois, assez compact, possède une texture homogène.
Sur la section transversale on distingue des zones saison-
nières assez bien délimitées, de fines stries radiales et de
nombreux points blancs correspondant aux vaisseaux et
-répartis sans ordre.
14
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Caractères chimiques. Traitée par l'eau distillée la
poudre du b o i - donne une solution orangé jaune clair, mais
avec les modifications suivantes :
par... S04I12, jaune clair ;
A a OU, orangé jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé brun clair ;
CaO Cl2, orangé foncé.
L'eau alcaline se colore en rouge orangé, l’eau acidulée
reste incolore. La matière colorante dissoute par l’alcool
fournit une solution jaune, et les réactifs suivants donnent :
S04H2, jaune ;
NH4 OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
S03Na H, jaune clair.
Sous l’action de l'ammoniaque, la solution alcoolique
présente une fluorescence verte-
Le principe colorant est insoluble dans l’éther, le
chloroforme, le sulfure de carbone et le benzène.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse :
a) Cette solution donne un spectre mal délimité, dans
lequel l'absorption, faible dans le vert, croît dans le
bleu et l’indigo, puis devient totale dans le violet ;
b) La solution précédente traitée par la soude et
examinée montre une absorption unilatérale dont
l’intensité croît depuis 560 pp jusqu'à 472 pp : elle
devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît à partir de 589 pp. Au delà de 560 pp,
il y a extinction totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 589 up à 560 pp l’absorption croît, puis elle devient
complète.
D’APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES
15
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr. Sn
Laine.
orangé brun
orangé brun
orangé ■ run
orangé brun orangé brun
foncé
Soie . .
• orangé
orangé
orangé brun
' foncé
orangé brun , orangé brun
Sans éclat les teintes que donne la laine sont peu intéres-
santes. Les nuances obtenues avec la soie, quoique assez bien
caractérisées, ne paraissent guère susceptibles d’application ;
à signaler néanmoins l’orangé brun (sur Cr. et sur Sn).
Artocarpus integrifolia Linn. (Urlicacees)
C'est le iaquier W i Jack-Wood des Anglais).
Caractères chimiques. — - La poudre du bois traitée par
l’eau distillée donne une solution de couleur orangé jaune, avec
les variations suivantes :
par... SCHH2, louche jaune ;
NaOH, orangé brun foncé avec fluorescence
verte ;
Fe Cl3, précipité rouge brun ;
CaO Cl1 2, précipité rouge orangé.
L’eau alcaline se colore en rouge orangé, l’eau acidulée
reste incolore. La solution alcoolique est jaune, mais après
traitement par divers réactifs on observe :
avec... S04H2, jaune :
NH4OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, orangé brun très foncé ;
S03NaH, jaune clair.
L’ammoniaque ajoutée à la solution alcoolique y provoque
une fluorescence verte.
(1) H. Stone, The Timbers of commerce, loc. cit., p. 205.
J.-L. de Lanessan, Les Plantes utiles des colonies françaises , Paris, 1887,,
p. 220.
16
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
L'éther, le chloroforme, le sulfure de carbone et le benzène-
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse :
a) Cette solution présente un louche qui rend impossible
l'examen spectroscopique.
b) Sous l'action de la soude, la solution précédente
devient parfaitement transparente et le spectre qu’elle
donne montre une absorption unilatérale croissant
depuis 575 uu jusqu'à 535 pp. Au delà, il y a
absorption complète.
2 Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Entre 589 un et 548 pu l'absorption croit, puis elle-
devient complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 575 uu à 548 nu l'absorption croît, au delà il y a
extinction complète.
Essais de telxture. — Perkin et Cope (!) ont fait l’essai de
teinture de ce bois : ils indiquent que 1 Artocarpus integrtfolia
Linn et le Chlorophorci tinctoria Gaudich., ancien Morus
tinctoria Linn.. fournissent des teintes très voisines. En outre,
le pouvoir tinctorial du jaquier serait notablement plus faible
que celui du Chlorophora tinctoria Gaudich.
D’ailleurs, aux Indes et à Java, les indigènes utilisent
encore aujourd'hui le Jaquier comme bois jaune de teinture.
Dillenia speciosa Thunb. (Dilléniacées;
Caractères extérieurs. — Le bois est dur, compact, à
grain assez fin et d’une texture homogène ; il possède une
teinte rouge orangé brun. La section transversale est finement
striée de lignes radiales claires, et de nombreux points blancs
correspondant aux vaisseaux sont irrégulièrement répartis sur
toute la surface de la coupe (-).
( aractères chimiques. — L’extrait aqueux du bois est
orangé jaune clair. Soumis à l’action de quelques réactifs, il
donne :
(1) The Saturai organie colouring matters , loc. cit.. p. 220.
(2) J. Grisard et Van den Bers'he, Les Rois industriels indigènes et exotiques
(S.DV Paris, p. 6.
J.-L. de Lanessan, loc. ci!., p. 282.
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
17
avec... S 04H2, précipité orangé jaune clair ;
XaOH, orangé jaune ;
FeCI3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité orangé jaune.
L'eau alcaline se colore en orangé, tandis que l’eau acidulée
reste incolore. L'alcool employé comme dissolvant fournit une
solution orangé jaune et cette coloration est modifiée ainsi :
par... S04H2, orangé jaune ;
MFOH, orangé brun ;
Fe Cl3, orangé jaune ;
S03XaH, orangé jaune clair.
Le principe colorant est insoluble dans l’éther, le chloro-
forme. le sulfure de carbone et le benzène.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique :
a) De 560 an à 480 an l’absorption croît, puis elle
devient totale.
b) Traitée par l'ammoniaque et examinée la solution
précédente fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît de 575 ai1 à 515 nm Au delà de 515 at1 elle
est complète.
c) Le spectre que donne la solution alcoolique traitée par
l'acide sulfurique est sensiblement le même que celui
de la solution alcoolique seule.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 575 ai1 à 525 n« l’absorption croît. Au delà il y a
extinction complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Depuis 575 a«- jusqu’à 525 ar- l'absorption est croissante
puis elle devient totale.
Essais de teinture. — La laine se teint mal : les nuances
obtenues sont faibles et d’un médiocre intérêt.
De même la soie se teint difficilement.
Le bois étudié n’est donc pas susceptible d’application en
teinture.
18
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Calophyllum tomentosum Wight. (Guttifères)
Celte espèce est le Paon Spar Tree des Anglais. (!)
Caractères extérieurs. — Le bois, de couleur rouge
orangé foncé, présente une texture homogène et fibreuse.
Sur la section transversale, finement striée de lignes
radiales, on observe des bandes concentriques étroites,
colorées, régulièrement espacées ; les points blancs formés par
les vaisseaux sont assez nombreux et répartis sur toute la
surface de la coupe.
Caractères chimiques. — La poudre du bois traitée par
l'eau distillée fournit une solution jaune très clair ; en faisant
réagir divers agents chimiques sur la solution colorée on
obtient :
avec... S04H2, jaune très clair ;
NaOH, orangé jaune :
Fe Cl3, jaune vert ;
CaO Cl2, très léger précipité jaune très clair.
L'eau alcaline se colore en orangé : au contraire l’eau
acidulée reste incolore. La solution alcoolique est jaune clair, et
les modifications que présente cette coloration peuvent se
résumer ainsi :
par... SCFH2, jaune clair ;
NH4OH, jaune ;
Fe Cl3. jaune vert foncé ;
S03NaH. décoloration.
La matière colorante est insoluble dans l’éther, le chloro-
forme, le sulfure de carbone et le benzène.
Ca ractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique :
a) L'absorption très faible dans le bleu, croît dans l’indigo
et devient totale dans le violet.
b) La solution précédente traitée par l’ammoniaque et
examinée fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît faiblement depuis. 548 un jusqu’à 455 nn.
Au delà, il y a extinction complète.
c) Le spectre que donne la solution alcoolique traitée par
l’acide sulfurique est sensiblement le même que celui
de la solution alcoolique seule.
(I) J.-L. de Lanessan, loc. cil. p. 228.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
19
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption unilatérale croissant depuis 575 gg jusqu’à
535 gg. Au delà, tout est absorbé.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 560 uu à 472 gu l’absorption croît, puis elle devient
totale.
Essais de teinture. — Dans l’ensemble, les nuances que
donne la laine sont ternes et d’ailleurs assez mal caractérisées.
A l’exception de l’orangé jaune (sur Cr, ) la soie ne fournit
que des teintes peu intéressantes.
C.u ! Balanocarpus utilis Bedd. (Diplérocarpacées)
Caractères extérieurs. — De couleur orangé brun, le
bois est dur, compact ; il possède une texture serrée et homo-
gène.
Finement striée de lignes radiales, la section transversa te
est piquetée de nombreux points correspondant aux vaisseaux
et disséminés sans ordre apparent.
Caractères chimiques. — Si l’on traite par divers agents
chimiques la solution aqueuse, qui est orangé jaune, on observe
les variations suivantes :
avec... S04H2, précipité orangé jaune ;
Na OH, rouge orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaOCF, précipité orangé jaune.
L’eau alcaline se colore en rouge, tandis que l’eau acidulée
rest incolore. Avec l’alcool on obtient une solution jaune, et
les modifications de teintes provoquées par les divers réactifs
choisis peuvent se résumer ainsi :
S04H% jaune ;
NH4OH, orangé :
Fe CI3, orangé jaune brun ;
S03NaTT. jaune très clair.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. La matière colorante est insoluble dan?
l’éther, le chloroforme, le sulfure de carbone et le benzèn
20
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse :
a) De 560 un à 505 nn l’absorption est croissante.
Au delà il y a extinction totale.
b) La solution précédente traitée par la soude et examinée
fournit un spectre dans lequel l’absorption croît depuis
589 m jusqu’à 560 nn ; elle devient complète au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption unilatérale est totale au delà de 605 nn-
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
' L’absorption croît à partir de 589 nn ; elle est complète
au delà de 560 nn-
Essais de teinture. - La laine se teint difficilement. Avec
la soie les divers tons obtenus sont les suivants :
Sans mordant
Al
Fe
Cr
Sn
orangé clair
orangé clair
orangé foncé
rouge orangé
rouge orangé-
brun
Parmi ces nuances l’orangé foncé (sur Fe), le rouge orangé
brun (sur Cr.) et le rouge orangé (sur Sn) sont d’une tonalité
assez bien caractérisée.
Berria ammonilla Roxb. (Tiliacées)
Le bois, de couleur orangé brun, est le Trincomali Wood
des Anglais : il a été décrit par M. Stone. (!)
Caractères chimiques. — L’extrait aqueux est jaune très
clair. Sous l’action des réactifs choisis on observe :
avec... SO4 H1 2, jaune très clair ;
Na OH, jaune :
Fe Cl3, jaune vert ;
CaO Cl2', léger précipité jaune très clair.
L’eau alcaline se colore en jaune, l’eau acidulée reste inco-
lore.
(1) H. Stone, loc. cit. p. 16.
J.-L. de Lanessan, loc. cit. p. 219.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
21
L’alcool employé comme dissolvant fournit une solution
jaune clair, et cette coloration présente les variations suivantes :
par... S04H2, léger louche jaune clair ;
MBGH, jaune ;
Fe Cl3, léger précipité jaune clair :
S03NaH, jaune très clair.
L'éther, le chloroforme, le sulfure de carbone et le benzène
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse :
ai Très faible dans le bleu et l’indigo, l’absorption devient
totale dans le violet.
b) Le spectre que donne la solution aqueuse traitée par la
soude présente une absorption dont l’intensité croît
faiblement depuis 560 pp jusqu’à 455 pu. Au delà
elle est complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Faible au début l’absorption croît depuis 560 pp jusqu’à
460 pu, puis elle devient totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption est très faiblement croissante à partir de
548 pp : au niveau de 445 pp il y a extinction complète.
Essais de teinture. — La laine se teint mal et les nuances
obtenues sont d’un médiocre intérêt. Il en est de même pour >a
soie qui donne des tons mai caractérisés.
En définitive le bois étudié possède des propriétés tincto-
riales très faibles qui ne semblent guère le rendre susceptible
d’application en teinture.
Xylia dolabriformis Benth. (Légumineuses'
Caractères extérieurs. — Le bois O) de couleur rouge
orangé brun est dur, compact et à grain serré.
La section transversale montre des bandes concentriques
claires alternant avec des bandes plus foncées ; de très fines
stries radiales sillonnent la surface colorée qui est piquetée en
blanc par les vaisseaux.
(1) J.-L. de Laneîsan, loc. cit. p. 215.
22
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est orangé
jaune ; celle coloration est modifiée ainsi :
par... SÜ4H2, jaune clair ;
A a OH, orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé jaune brun foncé ;
CaO Cl'2, précipité orangé brun.
L'eau alcaline se colore en rouge orangé, tandis que l'eau
acidulée reste incolore.
Avec l'alcool on obtient une solution orangé jaune. Les
réactifs suivants modifient cette coloration, et les résultats
obtenus peuvent se résumer ainsi :
S04H'2, orangé jaune ;
NH4OH. rouge ;
Fe Cl3, brun noir ;
SQ3NaH, orangé jaune clair.
Les autres dissolvants restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique
a) L'absorption est croissante de 560 un à 480 nu-
Au delà elle est totale.
b) Cette solution, traitée par l’ammoniaque et examinée,
fournit un spectre dans lequel l’absorption croît depuis
575 nn jusqu’à 515 ru. elle est complète au delà.
c) L'acide sulfurique ajouté à la solution primitive en
modifie le spectre, qui présente une absorption
croissante de 560 nn à 465 nn, puis elle devient totale.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L'absorption croît à partir de 605 nn jusqu’à 575 nn,
elle est totale au-delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 589 n« à 560 nn l'absorption croît. Au delà il y a
extinction complète.
Essais de teinture. — La laine et la soie se teignent assez
mal : les nuances obtenues sont ternes et n’offrent qu'un intérêt
médiocre. Aussi le bois que nous venons d’étudier nous paraît
inutilisable comme bois de teinture.
D’APRÈS leurs caractères chimiques et spectroscopiques
23
Albizzia Lebbeek Benth. (Légumineuses)
Caractères extérieurs. — Le bois (!) de couleur rouge
orangé brun est dur, à texture- serrée et susceptible de prendre
un beau poli.
Caractères chimiques. — Soumise à l’action de l’eau
distillée, la poudre du bois fournit une solution orangée, et les
changements de teintes provoqués par quelques réactifs peuvent
se résumer ainsi :
avec... S04H1 2, précipité orangé ;
Na OH, rouge brun ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge orangé brun.
L’eau acidulée reste incolore, tandis que l’eau alcaline
devient rouge brun. L’alcool employé comme dissolvant donne
une solution orangée, et cette coloration est modifiée ainsi :
par... S04H2, orangé ;
NfFOIl, rouge brun ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
S03NaH, orangé jaune ;
La matière colorante est insoluble dans l’éther, le chlo-
roforme, le sulfure de carbone et le benzène.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique :
a) L’absorption croît de 575 un à 505 pu. Au delà il y
a extinction totale.
b) La solution précédente traitée par l’ammoniaque et
examinée fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît depuis 589 nn jusqu’à 548 mir puis elle devient
complète.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique n’en
modifie pas sensiblement le spectre d’absorption.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Partielle iusqu’à 620 m, l’absorption est comnlèle
au delà.
(1) H. Stone, loc. cil. p. 74.
G. Gérard, loc. cil. p. 70.
J.-L. de Lanessan, loc. cit. p. 215.
24
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 605 un- à 589 un l'absorption croît, puis elle devient
totale.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine .
.
orange jaune
foncé
rouge orangé
foncé
orangé jaune
foncé
orangé brun
orangé brun
Soie . .
orangé jaune
brun
orangé jaune
orangé janne
foncé
orange
orangé
Les nuances que donne la laine sont ternes.
Parmi les tons obtenus avec la soie, l'orangé jaune (sur Al),
l’orangé jaune foncé (sur Fe) et l’orangé (sur Sn) sont assez
bien caractérisés. Néanmoins le pouvoir tinctorial de ce bois
assez faible le rend inutilisable comme bois de teinture.
Cynometra polyandra Roxb. (Légumineuses)
C aractères extérieurs. — Le bois (!) de couleur orangé,
dur et à grain assez fin, possède une texture homogène.
En section transversale, il présente des zones saisonnières
assez mal délimitées ; les stries radiales sont bien marquées,
et les vaisseaux forment de nombreux points blancs également
disséminés sur un fond plus coloré.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est jaune.
Traitée par quelques agents chimiques, on observe les varia-
tions suivantes :
avec... SO*H2, louche jaune ;
NaOH, orangé jaune ;
FeCl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO CR, rouge.
L’eau acidulée prend une teinte jaune très clair ; l’eau
alcaline se colore en rouge.
(]) J.-L. de Lanessan, loc. cit. p. 288.
D’APRÈS leurs caractères chimiques et spectroscopiques
25
L'alcool fournit une solution jaune. L’action des réactifs
suivants modifie cette coloration primitive, et les résultats
obtenus peuvent se résumer ainsi :
S04H2, jaune ;
NH4OH, orangé jaune brun :
Fe Cl3, jaune brun ;
S03NaH, jaune.
L’éther se colore en jaune, le chloroforme en jaune très
clair ; les autres dissolvants restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique :
a) L’absorption croît dès 560 pp ; elle devient totale au
niveau de 487 pu.
b) Traitée par l’ammoniaque et examinée, la solution
précédente montre une absorption croissante depuis
575 pu jusqu’à 495 pu ; elle est totale au delà.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique n’en
modifie pas sensiblement le spectre.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L'absorption croissante de 589 pp à 575 pp est totale
au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 589 pp à 560 pp l’absorption croît puis elle devient
complète.
Essais de teinture. La laine et la soie se teignent diffi-
cilement. Les diverses nuances obtenues sont faibles d’intensité
et d’ailleurs mal caractérisées.
Ce bois n’offre aucun intérêt au point de vue tinctorial.
Pterocarpus marsupium Roxb. (Légumineuses)
Caractères extérieurs. — C’est un bois W dont l’aubier
non coloré est bien séparé du duramen, celui-ci de couleur
orangé foncé possède une texture homogène.
En section transversale on observe des zones concentriques
colorées alternant, avec des zones claires plus étroites ; de très
fines stries radiales sont également bien visibles ainsi que les
(1) J.-L. de Lanessan, loc, cit. p. 216.
26
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
nombreux points blancs correspondant aux vaisseaux qui sont
disséminés sur toute la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — De couleur rouge orangé, la
solution aqueuse traitée par divers réactifs présente les modifi-
cations suivantes :
avec... SCFll2, précipité orangé :
Na 011, rouge ;
Fe Cl3, rouge très foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge brun.
La soude et le chlorure de chaux développent une fluores-
cence verte dans la solution aqueuse.
L'eau acidulée se colore en jaune et l'eau alcaline en rouge
orangé avec fluorescence bleue.
La solution alcoolique est orangé jaune ; l'action de quel-
ques réactifs modifie cette coloration, qui devient :
par... SCFH2, léger louche jaune ;
MDO H, louche orangé ;
Fe Cl3, orangé jaune.
S03\aH, jaune.
Les autres dissolvant restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse :
a) De 589 nu à 560 un l’absorption croît, puis elle
devient totale.
b) Traitée par la soude et examinée cette solution fournit
un spectre dans lequel l’absorption est complète au
niveau de 589 nm
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît depuis 589 nn jusqu’à 575 nn, elle
est totale au delà.
8° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
I. 'absorption croît à partir de 575 nn- elle est complète
au delà de 535 ni1-
Essais de teinture :
Non
mordancêe
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé jaune
orangé jaune
orangé foncé
rangé brun
orangé brun
Soie . .
•orangé clair
orangé clair
orangé fonce
orangé jaune
orangé jaune
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
27
La laine donne des teintes assez fortes. Parmi les nuances
obtenues avec la soie, l’orangé foncé (sur Fe) et l’orangé jaune
(sur Cr) sont bien caractérisés.
Dalbergia latifolia Roxb. (Légumineuses)
Cette espèce fournit le palissandre de l’Inde ; M. Stone en
a décrit les caractères extérieurs. (D.
Caractères chimiques. — La poudre du bois traitée par
l’eau distillée donne un louche rouge orangé brun ; si l’on fait
agir divers agents chimiques, on observe :
avec... S CRH2, précipité orangé ;
. Na OH, orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité orangé ;
L’eau acidulée prend une teinte jaune clair, tandis que
l’eau alcaline devient rouge foncé.
L'alcool fourni une solution rouge très foncé, et les modi-
fications que présente cette solution peuvent se résumer ainsi :
par... S CRH2, rouge foncé ;
NI RO H, rouge très foncé (opaque) ;
Fe Cl3, rouge très foncé (opaque) ;
S03NaH, rouge foncé.
L’éther et le chloroforme se colorent en orangé, le benzène
et le sulfure de carbone en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Partielle jusqu’à 640 pp l’absorption est complète
au delà.
b) Cette solution traitée par l’ammoniaque et examinée
fournit un spectre dans lequel l’absorption est forte
jusqu'au niveau de 660 pp, au delà elle est totale.
c) L’acide sulfurique modifie le spectre de la solution
alcoolique et l’absorption croît de 620 pu à 605 pp.
Au delà il y a extinction complète.
(i’i v Slonc, !oc. cit. p. 63.
•f.-L. de Lanessan, loc. cit. p. 216.
28
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption est totale au niveau de (520 rm
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 620 nn à 605 un l’absorption croît puis devient
complète.
Essais de teinture. — La soie se laisse teindre plus aisé-
ment que la laine, mais les diverses nuances obtenues, qui sont
d’une tonalité orangé brun, ne paraissent guère susceptibles
d’application.
Carallia integerrima U C. (Rhizophoracées)
Caractères Extérieurs. — Le bois est de couleur orangé
In un, à texture homogène, dur et compact .
Sur la section transversale on distingue des zones concen-
triques foncées qui alternent avec des zones claires plus étroites,
[.es vaisseaux apparaissent comme de gros points blancs,
disséminés sans ordre apparent sur toute la surface de la coupe,
qui est sillonnée de stries radiales régulièrement espacées.
Caractères chimiques. — Le broyage du bois donne une
poudre qui, traitée par l’eau distillée, fournit une solution
orangé jaune clair. L action de quelques réactifs sur cette
solution peut se résumer ainsi :
avec... S OII2, léger précipité jaune clair.
NaQH, orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune clair.
L’eau alcaline devient orangé, l’eau acidulée reste incolore.
La solution alcoolique est orangé jaune ; et les variations
de teinte que l’on obtient sont les suivantes :
avec... SO*M2, orangé jaune ;
\ 1UOH, orangé clair ;
Fe Cl3, jaune brun ;
SG3Na H. orangé jaune clair.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. L’éther, le chloroforme, le benzène et le
sulfure de carbone ne dissolvent pas le principe colorant.
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
29
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption faible dans le vert et le bleu, croît dans
l'indigo et devient totale dans le violet.
b) Cette solution traitée par la soude et examinée fournit
un spectre dans lequel l’absorption croît de 575 rr à
535 rr. Au delà il y a extinction totale.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 589 rr à 548 rr l’absorption croît, puis elle devient
complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L'absorption croît depuis 575 rr jusqu’à 495 rr.
Au delà elle est totale.
Essais de teinture. — A l’exception de l’orangé jaune
(sur Al) fournit par la laine les autres teintes sont faibles
d’intensité et d’ailleurs assez mal caractérisées.
Cedrela Toona Roxb, (Méliacées)
Cette espèce est le Cèdre rouge (Red Cedar des Anglais)
dont les caractères extérieurs du bois ont été décrits par
M. Stone. O)
Caractères chimiques. — 'L’extrait aqueux du bois est de
couleur orangée, mais les divers réactifs modifient cette teinte
de la façon suivante :
S CRH1 2, précipité orangé ;
Na OH. rouge ;
Fe Cl3, orangé brun très foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge ;
L’eau alcaline se colore en rouge, et l’eau acidulée en
jaune très clair. La solution alcoolique est orangé jaune ; elle
présente les variations suivantes :
a\ec... SO^H2, orangé jaune :
NfDOH, rouge ;
Fe Cl3, orangé jaune ;
S03NTaH. orangé jaune très clair.
(1) H. Stone, loc. cit. p. 37.
J. Grisard et Van den Berghe, loc. cit. p. 283.
30
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
L'éther; le chloroforme, le benzène et le sulfure de carbones
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. - — 1° Solution alcoolique.
a) Entre 575 ru et 505 rr l'absorption est partielle ; elle
croît de 505 rr à 495 rr. Au delà elle est complète.
b) Cette solution traitée par l’ammoniaque et examinée
fournit un spectre dans lequel l’absorption croît depuis
575 rr jusqu’à 535 rr. Au delà il y a extinction
totale.
c) L’acide sulfurique ajouté à cette solution alcoolique ne
modifie pas sensiblement le spectre d’absorption.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption unilatérale croissante de 620 rr à 605 rr :
elle est complète au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L'absorption croît de 605 rr à 589 rr. Au delà tout
est absorbé.
Essais dk teinture. — Parmi les nuances que donne la soie,
l’orangé brun (sur Sn) est d’une tonalité assez vive.
Quoique assez bien caractérisées, les teintes obtenues avec'
la laine n'ont pas la finesse de celles fournies par la soie.
Encore aujourd’hui, d'ailleurs, les fleurs de cette espèce sont
employées aux Indes comme matière tinctoriale. En outre il est
à remarquer que les graines donnent aussi une teinture rouge.
Swietenia macrophylla King (Méliacées)
•
Caractères extérieurs. — Le bois, de couleur orangé,
assez compact, possède une texture homogène.
Sur la section transversale on distingue de fines stries
radiales claires, bien visibles et régulièrement espacées : par
contre, les zones saisonnières sont peu marquées.
Caractères chimiques. — T. a solution aqueuse est orangé
jaune clair. Lorsqu’on la traite par divers réactifs on observe :
(1) A. G. Perkin et A. E. Everest, loc. cit. p. 616.
D’APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES 31
avec... S04H2, jaune clair :
NaOH, orangé ;
Fe Cl3, jaune bru.n :
CaO Cl2, précipité jaune clair.
Tandis que l'eau alcaline se colore en orangé, 1 eau acidulée
reste incolore, [.'alcool fournit une solution jaune clair, et les
changements de tciides que produisent quelques agents chimi-
ques peuvent se résumer ainsi :
par... SOIT2, jaune clair ;
NH4OH, orangé clair ;
Fe Cl3, jaune brun ;
S03NaH, décoloration. •
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. Le principe colorant est insoluble dans
l’éther, le chloroformé, le sulfure de carbone et le benzène.
Caractères spectroscopiques. - — 1° Solution aqueuse.
a) D’abord faible dans le bleu, l'absorption croît, puis
devient totale dans le violet.
b) Si l'on examine cette solution traitée par la soude, on
observe une absorption croissante depuis 575 rr
jusqu’à 548 ru ; elle devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît de 575 rr à 548 rr. Au delà il y a
extinction complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 575 rr et 535 rr l’absorption croît, puis elle
devient complète.
Essais df. teinture. — De faible intensité, les nuances que
donne la laine et la soie sont ternes et d’ailleurs assez mal carac-
térisées.
Ce bois nous paraît guère susceptible d'être employé comme
bois de teinture.
32
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Morinda citrifolia Lin (Kubiacées)
Ce bois (!) de couleur orangé est connu des Anglais sous le
nom de lndian Mulberry.
Aux Indes, l’écorce de la racine, qui est le Suranii des indi-
gènes, est très employé comme produit tinctorial.
D'ailleurs la matière colorante est plus abondante dans les
jeunes racines que dans les autres parties de la plante.
Caractères chimiques. — Traitée par l’eau distillée, la pou-
dre du bois fournit une solution orangé jaune dont les variations
de teintes peuvent se résumer ainsi :
S CDU2, précipité orangé ;
NaOH, orangé ;
Fe Cl3, précipité rouge orangé brun ;
CaO Cl2, précipité orangé clair.
L'eau alcaline se colore en orangé et l’eau acidulée en jaune
très clair. La solution alcoolique, qui est orangé jaune, présente
les changements de teinte suivants :
avec... S04H2, jaune ;
NH4OH, orangé ;
Fe Cl3 jaune ;
S03NaH, jaune.
Enfin l’éther, le chloroforme, le sulfure de carbone et le
benzène fournissent des solutions colorées en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) Faible au début, l’absorption croît à partir de 560 ru.
Au niveau de 472 ru elle est totale.
b) Traitée par la soude et examinée, la solution
précédente fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît depuis 575 rr jusqu’à 505 rr. Au delà i! y a
extinction complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption croissante de 575 rr à 548 rr, totale
au delà.
(1) J. ‘L. de Lanessan, loc. cil. p. 229.
d'après leurs caractères chimiques ET SPECTROSCOPIQUES 33
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L'absorption unilatérale croît de 575 rr à 515 rr.
Au delà elle est totale.
Essais du. teinture. — Le Dr J. Murray A), d’une part,
Hummel et Perkin (1 2), d’autre part, se sont déjà occupés des
propriétés tinctoriales de ce bois. Dans certaines conditions les
teintes obtenues sont bien caractérisées, mais leur trop faible
résistance à l'action des alcalis les reryl impropres à toute
application.
Tectona grandis Lin. (Verbénacées)
Cette espèce fournit le bois de teck.
Caractères chimiques. — L’extrait aqueux est coloré en
jaune. L’action clés divers réactifs choisis peut se résumer ainsi :
avec... SCHH2r précipité jaune ;
NaOH, orangé jaune ;
Fe Cl3 précipité orangé jaune ;
CaO Cl2, léger précipité jaune clair.
Tandis que l'eau acidulée reste incolore, l'eau alcaline se
colore en orangé jaune. La solution alcoolique est orangé
jaune. Lorsqu’on la traite par quelques agents chimiques, on
observe les colorations suivantes :
avec... S04H2, orangé jaune ;
NIDOH, orangé jaune ;
Fe Cl3, orangé jaune ;
S03NaH. jaune.
Les autres dissolvants se colorent en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption croît faiblement de 560 ru à 472 rr. Au
niveau de 472 rr elle est totale.
b) Cette solution traitée par l’ammoniaque donne un
spectre dans lequel l’absorption croît à partir de
560 rr. 'Au delà de 487 rr elle est complète.
(1) Diclionary of the Economie Products or India.
(2) J. Soc. Chem. Ind., 1894, 13, p. 340.
34
q après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
c L'acide sulfurique ne modifie pas sensiblement le-
spectre d'absorption de la solution alcoolique.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 560 nn à 480 rr l'absorption croit, puis elle devient
totale.
3° Solution alcaline a\ec 0 gr. 30 de poudre.
L'absorption croit à partir de 548 rr. Au delà de 460 nu
il y a extinction totale.
Essais de teinture. — La laine donne des nuances orangé
brun foncé, d’aspect peu agréable : quant à la soie, les teintes
obtenues sont assez faibles dans l’ensemble, et d’ailleurs mal
caractérisées.
D'après 4L Gaebelé d) les feuilles renfermeraient une ma-
tière tinctoriale dont se servent les indigènes pour teindre les-
soieries et le coton.
(1) H. Gaebolé. Somenclature raisonnée des différents produits de llnde
envoyés à l Exposition Coloniale de Marseille. Pondichéry, 1906. p. 51-52
CHAPITRE QUATRIEME
Bois de Madagascar
Parmi les bois de Madagascar que nous avons examinés
-quelques uns ne nous étaient connus que sous la dénomination
indigène ; nous les avons néanmoins étudiés. Nous ferons précé-
der leur étude de celle des bois dont l’espèce productrice est
déterminée (P.
Ocotea tricoplalebia Bak. (Lau racées)
Cette espèce est connue des Malgaches sous le nom de
Varongy.
Lieu d’origine. — Province de Farafangana.
Caractères extérieurs. — Le bois, de couleur rouge
orangé foncé, est dur, compact. La matière colorante envahit
l’aubier, de telle sorte qu’il n’y a pas de séparation bien nette
entre cette région et le duramen. La section transversale, fine-
ment striée de lignes radiales, laisse voir des zones concen-
triques alternativement claires et plus colorées, formant comme
une sorte de carrelage.
Caractères chimiques. — Quand on soumet la poudre du
bois à L'action de l’eau distillée, on obtient une solution orangé
jaune clair qui est modifiée ainsi :
par... SCPH2, orangé jaune clair ;
NaOH, orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge.
L’eau acidulée ne se colore pas ; au contraire l’eau alcaline
devient rouge.
La solution alcoolique est orangé jaune : cette teinte
présente les changements suivants :
(1) Ce travail était déjà à 'l'impression lorsque nous avons eu connaissance
d’une étude toute récente die M. A. Gérard sur la spécification histologique
de différents bois de Madagascar. L’auteur d’ailleurs, a, porté surtout son
attention sur la structure anatomique des bois et ne donne que très incidem-
ment quelques déterminations chimiques. Aucune de nois descriptions ne fait
double emploi avec les siennes. — A. Gérard, Travaux du Laboratoire de.
Matière médicale de l'Ecole supârieu rc de Pharmacie de Pari x ; Recherches
sur la spécification histologique de différent- Roi- de Madagascar, 1020.
36
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
avec... SOH2, orangé jaune ;
NIDOH, orangé et fluorescence verte ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
S03NaH, jaune.
L’éther, le chloroforme, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique,
a) L'absorption faible de 560 ug à 505 gg, croît depuis
505 nu jusqu'à 487 ni1- Au delà il y a extinction
totale.
li) La solution précédente traitée par l'ammoniaque et
examinée donne un spectre dans lequel l'absorption
croit depuis 560 un jusqu’à 535 gg ; elle est complète
au delà.
c) La solution alcoolique soumise à l'action de l’acide
sulfurique fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît de 560 gg à 505 un, puis devient totale.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Entre 605 ni1 et 589 ni1 l’absorption croît. Au delà elle
devient complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 605 gg à 589 ni1 l’absorption croît ; elle est totale
au delà.
Essais de teinture :
1
Won
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé
orangé
orangé brun
orangé
orangé
Soie . .
orangé
orangé vif
rouge brun
orangé vif
orangé
La laine donne des teintes assez fortes comme intensité.
Les nuances que fournit la soie sont bien caractérisées,
notamment l’orangé vif (sur Al), le rouge brun (sur Fe) et
l’orangé (sur Sn). Ces diverses teintes sont peu résistantes à la
lumière et au lavage.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
37
Thespesia populnea Corr- (Malvacées'i
Lieu d’origine. — Province de Majunga.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un aubier bien
délimité ; le cœur, de couleur orangé foncé, présente une
texture homogène.
Sur la section transversale on voit, de place en place, des
zones concentriques claires, assez distantes les unes des autres,
avec des stries radiales régulièrement espacées. Des ponctua-
tions bien visibles sont réparties sur toute la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — L’extrait aqueux est orangé
jaune. Sous l’action des réactifs choisis on obtient les change-
ments suivants :
avec... S CPH1 2, orangé jaune ;
NaOH, orangé ;
Fe Cl3, orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune clair.
L’eau alcaline se colore en orangé, l’eau acidulée en jaune
clair.
L’alcool fournit une solution de couleur rouge, avec les
modifications suivantes :
par... S CPH2, rouge ;
XTDOH, rouge foncé ;
Fe Cl3, orangé brun opaque :
S03XaH, orangé jaune.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans ia
solution alcoolique. Le chloroforme se colore en orangé jaune,
l’éther en orangé, le benzène et le sulfure de carbone en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption unilatérale croit depuis 589 mr ; elle
•devient totale à partir de 560 pp.
b) La solution précédente traitée par l’ammoniaque et
examinée fournit un spectre dans lequel l’absorption est
complète au delà de 620 pp.
(1) J. Grisard et Van den Berghe, loc. cit. p. 153.
H. Stone. loc. cit. p. 10.
38
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
c) Le spjectre que donne la solution alcoolique, soumise
à l’action de l'acide sulfurique, est caractérisé par une
absorption croissante de 589 pp à 575 pp ; à partir
de 575 pp il y a extinction complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 589 pp à 575 nu l’absorption croît ; elle est totale
au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croît depuis 575 pp jusqu’à 535 un- Au
delà elle est complète.
Essais de teinture. — La laine fournit des teintes orangé
brun foncé. Les nuances obtenues avec la soie sont assez mal
caractérisées ; elles ne paraissent pas susceptibles d’application.
D’ailleurs, indépendamment du bois, les capsules et les
fleurs de cette espèce donnent également une matière colorante
qui est jaune (L.
Psorospermum discolor Spach (Hypéricacées)
C’est l’ Harongampanihy des indigènes.
Lieu d’origine. — Province de Mandritsara.
Caractères extérieurs. — L'aubier (-gL-) (1 2) est bien séparé
du cœur ; celui-ci de couleur rouge orangé foncé est dur,
compact et à grain assez fin.
La section transversale, finement striée de lignes radiales,
présente des zones concentriques claires qui alternent avec des
zones foncées plus larges : les points blancs correspondant aux
vaisseaux forment comme fies traînées sinueuses dans le sens
radial.
Caractères chimiques. — De couleur orangé jaune clair, la
solution aqueuse présente les changements de teinte suivants :
avec... SO*H2, précipité jaune clair ;
A’aOH, orangé jaune et fort belle fluores-
cence verte :
Le CIV précipité orangé jaune brun foncé ;
CaO CP, précipité orangé brun.
(1) A. G. Perkin el A. E. Everest, loc . cit. p. 20?.
(2) Ce rapport est obtenu en mesurant, d’une part, le rayon du duramen et,
d’autre .part, l’épaisseur de l’aubier ; on a donc dan- le cas actuel :
- rayon du duramen 4
épaisseur de l'aubier 5,5
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
39
Tandis que l’eau acidulée reste incolore, l’eau alcaline
devient rouge orangé.
L’alcool fournit une solution jaune, sous l’action des divers
réactifs choisis on observe :
avec... S04H2, orangé jaune ;
NH4OH, orangé jaune ;
Fe CF, orangé jaune brun ;
S03NaH, orangé jaune clair.
La matière colorante est insoluble dans le chloroforme,
l’éther, le sulfure de carbone et le benzène.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Faible entre 560 aa et 495 an l’absorption croît de
495 an à 480 aa puis elle devient complète.
b) Traitée par l’ammoniaque la solution alcoolique donne
un spectre dans lequel l’absorption croît faiblement de
560 aa à 487 am elle est totale au delà.
b) Le spectre que donne la solution alcoolique traitée par
l’acide sulfurique présente une absorption dont
l’intensité croît de 548 ai* à 465 gg. Au delà il y a
* extinction complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption unilatérale croît à partir de 589 an-
Au delà de 560 aa tout est absorbé.
•3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 575 ap à 548 an l’absorption croît ; elle est totale
au delà.
Essais de teinture. — La laine ne donne aucune teinte
intéressante. Avec la soie on a les nuances suivantes :
Sans mordant
Al
Fe
Cr
Sn
orangé clair
orangé clair
orangé brun
jaune
orangé
foncé
Parmi ces diverses teintes, le jaune (sur Cr) et l’orangé
(sur Sn) sont assez bien caractérisés.
40
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Cedrelopsis G-revei Baill. (Méliacées)
C’est le Kalra\ahy ou Kalrcifay ou encore /va/afa des
Sakalaves.
Lieu d’origine. — Cercle de Maintirano.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un aubier (y)
bien séparé du duramen. Celui-ci de couleur rouge foncé, est
compact, à grain très fin et susceptible de prendre un beau poli.
Sur la section transversale on distingue des stries radiales
très rapprochées et régulièrement espacées, avec des points
clairs disséminés ça et là. La matière colorante est très abon-
dante et les zones concentriques sont mal délimitées.
Caractères chimiques. - - La solution aqueuse est de cou-
leur orangé jaune clair ; elle est modifiée ainsi :
par... SCMH2, jaune clair.
NaOH, orangé jaune ;
Fe Cl3, rouge brun foncé ;
CaO Cl2, précipité jaune.
L'eau acidulée reste incolore, tandis que l’eau alcaline se
colore en orangé jaune.
L'action des divers réactifs essayés sur la solution alcooli-
que, qui est orangée, peut se résumer ainsi :
avec... S CMH2, orangé jaune ;
X [FOU. orangé brun :
Fe Cl3, rouge brun foncé ;
S03NaH, orangé.
Le chloroforme se colore en orangé, l'éther en orangé jaune,
le benzène en orangé jaune clair et le sulfure de carbone en
jaune clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) De 560 M4l à 450 up l’absorption croît ; puis elle
devient totale.
(1) L. Gourchet, Annale* du Musée Colonial de Marseille ; Recherches morpho-
logiques el anatomique- sur le Kntafa ou Kalrafay de Madagascar,
190G, p. 30.
D'APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES
41
bï Cette solution traitée par l’ammoniaque donne un
spectre dans lequel l’absorption croit depuis 575 pp
jusqu’à 460 pp. Au delà il y a extinction complète.
c) L'acide sulfurique ne modifie pas sensiblement le
spectre d’absorption de la solution alcoolique.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croit de 575 pp à 495 pp. Au delà tout est
absorbé.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 560 uu et 480 pp l'absorption est croissante.
Au delà elle est totale.
Essais de teinture. — Les teintes que donne la laine sont
faibles d'intensité et d’un aspect mat. Avec la soie les diverses
nuances obtenues sont mal caractérisées. Ce bois est donc peu
intéressant au point, de vue tinctorial.
Hazomena
Sous le nom de Hazomena les Malgaches désignent divers
bois rouges. C'est ainsi que l’Acajou du Nord-Ouest de
Madagascar, qui est le Hazomena des Sakalaves, est le Khaya
madagascariensis Jum. et Péri ., appartenant à la famille des
Méliacées. O)
Un autre Hazomena ou faux natte serait le Weinmannia
Hutenbergii Engl., de la famille des Saxifragacées.
A la suite du Khaya Madagascariensis Jum et Perr. nous
étudierons deux Hazomena dont la détermination botanique ne
nous est pas connue avec certitude.
Kliaya madagascariensis Jum et Perr. (Méliacées)
Caractères extérieurs. — Le bois, de couleur rouge
orangé, est dur, il possède une texture homogène.
La section transversale, finement striée de lignes radiales,
est piquetée de nombreux points blancs disséminés çà et là sur
un fond plus coloré (2).
(1) H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie, Ann. du Musée Colonial de Marseille.
Notes sur la Flore du Nord-Ouest de Madagascar. 1907, p. 366-370.
(2) H. Jumelle. Les Ressources agricoles et lorestières des Colonies françaises ,
Marseille, 1907, p. 221-225.
42
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est de cou-
leur rouge orangé. Lorsqu'on la traite par divers réactils, on
obtient :
avec... S04H2, précipité orangé ;
A'aüH, rouge foncé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge brun.
L’eau alcaline se colore en rouge avec fluorescence verte,
l’eau acidulée en jaune.
La solution alcoolique, qui est rouge, donne les variations
de teintes suivantes :
par... S04H2, rouge orangé ;
NFPOH, rouge foncé ;
Fe Cl3, rouge foncé ;
S03.\aH, rouge orangé clair.
Sous l'action de l’ammoniaque la solution alcoolique déve-
loppe une fluorescence verte.
Quant aux autres dissolvants, ils restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Dès 605 nn il y a absorption totale.
b) Traitée par l’ammoniaque et examinée la solution
alcoolique fournit un spectre dans lequel l’absorption
est complète à partir de 605 mu
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre, dans lequel l’absorption, très forte
de 600 mi à 560 un, devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
A partir de 620 nu l'absorption est complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Absorption totale au delà de 605 nm
Essais de teinture. — La laine donne des nuances mates
et d’aspect peu agréable. Pareillement la soie se teint mal, et les
divers tons obtenus ne paraissent pas susceptibles d’application.
D’APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES F.T SPECTROSCOPIQUES
43
Hazomena N° 44
Lieu d’origine. — Cercle de .Mevatanana.
Caractères extérieurs. — De couleur orangée, le duramen
est bien séparé de l'aubier y) ; il est dur, compact et susceptible
d’un beau poli.
Sur la section transversale les zones saisonnières sont bien
différenciées ; on y distingue de fines stries radiales réguliè-
rement. espacées, avec des points blancs très nombreux et
répartis sur toute la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — La poudre du bois traitée par
l’eau distillée donne une solution orangée, et l’action des divers
réactifs essayés peut se résumer ainsi :
par... SCLH2, précipité orangé ;
XaOH, rouge ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité rouge.
L’eau alcaline se colore en rouge tandis que l’eau acidulée
reste incolore. Avec l’alcool on obtient une solution jaune qui
présente les modifications suivantes :
par... S04H'~, jaune ;
XFDOH, orangé clair ;
Fe Cl3, jaune ;
S03XaH, jaune clair.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. La matière colorante est insoluble dans les
autres dissolvants.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption croît depuis 575 nu jusqu’à 548 me
pour devenir totale au delà.
b) La solution précédente traitée par la soude et examinée
donne un spectre dans lequel l’absorption croît de 589 nn
à 575 ru. Au delà il y a extinction complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption unilatérale croissante de 605 uu à 589 ur.
Au delà tout est absorbé.
44
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 589 n,u à 575 «u l'absorption croît, puis devient
complète.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé
rouge orangé
orangé brun
rouge brun
orangé
Soie . .
orangé clair
rouge orangé
rouge brun
rouge orangé
orangé
La lame donne des teintes assez fortes, notamment le rouge
orangé (sur Al).
Les diverses nuances obtenues avec la soie sont bien
caractérisées et d'un bel aspect, mais leur faible résistance à la
lumière et au lavage ne permet guère d’utiliser ce bois en
teinture.
Hazomena N° 115
Caractères extérieurs. — Le bois, rouge orangé foncé,
est dur. compact et homogène. La matière colorante envahit
l'aubier, en sorte qu’il n’y a pas de ligne de démarcation entre
celui-ci et le cœur. Sur la section transversale, les zones
saisonnières sont mal différenciées : néanmoins on aperçoit
nettement de fines stries radiales et des points blancs très
nombreux disséminés sur toute la surface.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse, de couleur
rouge orangé, présente les modifications suivantes :
par... S04H2, précipité orangé ;
Na,OH, rouge foncé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge brun.
L’eau acidulée reste incolore, l’eau alcaline se colore
en rouge.
L’alcool fournit une solution orangée, et les variations de
teintes que donnent les divers réactifs utilisés peuvent se résumer
ainsi :
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
45
avec... S04112, orangé ;
N ir*0 H, rouge et fluorescence verte ;
Fe Cl3, orangé ;
S03NaH, orangé jaune.
Le principe colorant est insoluble clans le chloroforme,
l’éther, le benzène et le sulfure de carbone.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption croît depuis G05 iqi jusqu’à 589 ri ;
puis elle devient totale au delà.
b) La solution précédente traitée par la soude et examinée
donne un spectre dans lequel l’absorption est totale
dès 620 ji[i.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudré.
Absorption unilatérale croissante de 620 un- à 605 ri,
complète au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 605 ri à 589 ri l’absorption croît, au delà elle est
totale.
Essais de teinture :
Non
mordancee
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé brun
orangé brun
orangé brun
foncé
orangé’ brun
foncé
orangé brun
Soie . .
orangé clair
orangé clair
brun
brun rouge
rouge orangé
clair
Parmi les teintes que donne la soie, le rouge orangé clair
(sur Sn) est assez bien nuancé. La laine, au contraire, se teint
difficilement. Aussi, au point de vue tinctorial, le bois étudié ne
semble pas susceptible d’application.
Acacia Sassa Baill. (Légumineuses)
Cette espèce est le ’ ’Volomborona ’ des Malgaches.
Lieu d’origine : Province des Betsimisaraka du Nord.
Caractères extérieurs. — L’aubier (~) non coloré est
bien distinct du duramen ; celui-ci, rouge orangé est assez
compact, et possède une texture homogène.
40
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Sur la section transversale on aperçoit des zones
concentriques claires alternant avec des zones concentriques
sombres plus larges. Les points blancs, peu nombreux, sont
disséminés ça et là.
Caractères chimiques. — - La poudre du bois traitée par
l’eau distillée donne une solution orangé jaune clair. Si l’on fait
agir divers réactifs on observe :
avec... SCHH2, jaune.
_\aOH, orangé jaune ;
Fe Cl3, rouge orangé foncé ;
CaO Cl2, jaune.
Le chlorure de chaux produit une fluorescence verte dans
la solution aqueuse.
L’eau alcaline se colore en orangé et l’eau acidulée en jaune.
L’alcool fournit une solution de couleur rouge avec
fluorescence verte. Sous l’action des réactifs choisis on obtient
les variations suivantes :
SCHH2, orangé ; '
\H4OH, rouge foncé avec fluorescence verte :
Fe Cl3, rouge très foncé ;
S03NaH, orangé.
Le chloroforme se colore en orangé avec fluorescence verte,
l’éther et le benzène en jaune, le sulfure de carbone en jaune
clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L'absorption est très forte entre 605 rr et 575 an ;
elle devient complète au delà.
b) Traitée par l’ammoniaque et examinée, la solution
alcoolique fournit un spectre, dans lequel l’absorption
est totale à partir de 640 rr.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution primitive en
modifie le spectre, qui présente une absorption
croissante de 575 rr à 560 rr. Au delà il y a
extinction complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 605 u u à 589 rr l’absorpfion croît : elle est totale-
au delà.
fi' APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES
47
:j° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croît depuis 575 nu jusqu'à 548 gg, puis
elle devient complète.
Essais df. teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
rouge orangé
orangé
ronge orangé
orangé
orangé
brun
brun
Soie . .
rouge orangé
orangé vif
rou^e orangé
orangé vif
orangé vif
brun
Parmi les teintes que donne la laine, le rouge orangé brun
(sans mordant), l’orangé (sur Al) et le rouge orangé brun (sur Fe)
sont assez bien caractérisés.
Dans l’ensemble, les tons obtenus avec la soie sont bien
nuancés, mais ces diverses teintes sont peu résistantes à la
lumière et au lavage.
<
A.fzelia bijuga Gray (Légumineuses)
C’est du moins à cette espèce qu’on rapporte VHintsy.
Lieu d’origine. — Province des Betsimisaraka du Nord.
Caractères extérieurs. — - L’aubier non coloré est
nettement distinct du duramen.
Le cœur orangé brun est compact, à texture serrée.
Sur la section transversale on peut voir des stries radiales
claires régulièrement espacées. De fines lignes concentriques
sont bordées de nombreux points blancs ; ailleurs ceux-ci sont
également répartis sur la surface plus foncée de la coupe.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse présente
une teinte orangé jaune. Sous l’action des divers réactifs choisis
•on observe :
avec... SCBH2, précipité orangé jaune ;
NaOH. rouge orangé foncé ;
Fe C13, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité orangé brun.
48
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
L'eau acidulée se colore en jaune très clair et l’eau alcaline
en rouge orangé.
L’alcool fournit une solution orangé jaune, avec les
modifications suivantes :
avec... SO*H'~, orangé jaune ;
\H4OH, rouge orangé foncé ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ; .
S03NaH, jaune.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
Le chloroforme, l’éther, le sulfure de carbone et le benzène
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. - — 1° Solution alcoolique.
a) Entre 560 uu et 487 nn l’absorption croît, puis elle
devient totale.
b) La solution précédente traitée par l’ammoniaque et
examinée donne un spectre dans lequel l’absorption
croît de 575 nu à 515 un. Au delà il y a extinction
complète.
c) L'acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique ne
parait pas modifier sensiblement son spectre.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L'absorption croit de 589 nn à 560 un ; elle est totale
au delà .
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 589 nn à 548 nu l’absorption croît, puis il y a
extinction complète.
Essais de teinture :
Non mordancée
Al
Fe
Cr
Laine .
orangé jaune brun
orangé jaune
orangé brun
orangé brun
foncé
Parmi les teintes que donne la laine, l’orangé jaune (sur AI)
et l'orangé brun foncé (sur Fe) sont assez bien caractérisées.
A l’exception du brun noir (sur Fe), la soie fournit des
nuances ternes et d’un médiocre intérêt.
d’après leurs caractères chimiques ET SPECTROSCOPIQUES 49
Afzelia sp. (Légumineuses)
L’ Alcindranto des Malgaches serait un Alzelia.
Lieu d’origine. — Province de Mananjary.
\
Caractères extérieurs. — Le bois nettement différencié
présente un aubier (-LL) non coloré et un cœur rouge orangé
foncé ; il est dur, compact, homogène et à grain fin.
Sur la section transversale, de fines stries radiales claires
sont bien marquées ; les nombreux points blancs sont répartis
sur toute la surface, et des bandes concentriques colorées
alternent avec des bandes claires plus étroites.
Caractères chimiques. — La matière colorante du bois est
très soluble dans l’eau, et elle fournit une solution rouge
orangé. Sous l’action des réactifs essayés on observe :
avec... S 04H2, précipité orangé brun ;
NaOH, rouge foncé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge brun.
L’eau alcaline devient rouge et l’eau acidulée orangé jaune
clair.
De couleur orangée, la solution alcolique présente les
modifications suivantes :
par... SCMH2 orangé ;
NIDO H, rouge ;
Fe Cl3, orangé brun ;
S03NaH. orangé jaune.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
L’éther se colore en jaune, le sulfure de carbone en jaune
très clair ; les autres liquides restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption croît de 575 nu à 525 Elle est
complète au delà.
b) La solution précédente traitée par l’ammoniaque et
examinée fournit un spectre dans lequel l’absorption
50
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
croit de 589 mi* à 575 n,u. Au delà ii y a extinction
totale.
c) Le spectre que donne la solution alcoolique traitée
par l'acide sulfurique présente une absorption
croissante depuis 575 un jusqu’à 535 un ; elle est
totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption est complète à partir de 620 m»-
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Dès 620 nn l’absorption est totale.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé brun
orangé jaune
orangé brun
foncé
orangé
(brique)
orangé
Soie . .
orangé brun
orangé jaune
vif
brun noir
orangé jaune
orangé jaune
La laine donne des teintures d’une nuance assez forte.
Parmi les tons obtenus avec la soie, l’orangé jaune vif
(sur Al) et le brun noir (sur Fe) sont bien caràctérisés.
Ces diverses teintes sont assez résistantes à la lumière et.
au lavage.
Albizzia fastigiata Oliver (Légumineuses)
Les indigènes désignent cette espèce sous le nom
d ' Halomboro .
Lieu d’origine. — Province de Tuléar.
Caractères extérieurs. — Le bois est nettement
différencié : il présente un aubier(-ji-) non coloré et un cœur
■orange foncé. Il est fibreux et homogène.
Les zones saisonnières sont bien visibles sur la section
transversale, qui est piquetée de très nombreux points blancs,
disséminés sans ordre apparent.
d’après leurs caractères chimiques ET SPECTROSCOPIQUES 51
Caractères chimiques. — De couleur rouge, la solution
aqueuse est modifiée ainsi :
par... S04H2, précipité rouge brun ;
NaOH, rouge très foncé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge brun foncé.
L’eau acidulée reste incolore, tandis que l’eau alcaline
devient rouge orangé. Traitée par l'alcool, la poudre du bois
donne une solution orangé jaune ; et l’action des réactifs
essayés peut se résumer ainsi :
avec... SOH2, orangé jaune ;
NH4OH, précipité rouge brun ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
S03NaH, jaune.
L’ammoniaque provoque une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
La matière colorante est insoluble dans le chloroforme,
l’éther, le benzène et le sulfure de carbone.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption, partielle jusqu’à 605 nu, devient totale
au delà.
b) Cette solution traitée par la soude donne un spectre
dans lequel l’absorption est presque complète ; la
lumière fortement absorbée ne passe guère que dans
le rouge.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croit depuis 605 uu jusqu’à 589 ru. Au
delà il y a extinction totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 575 rr à 535 rr l’absorption croît, elle est totale
au delà.
Essais de teinture. — La laine donne des teintes assez
mal caractérisées.
Par contre avec la soie on obtient les tons suivants :
Sans mordant
Al
Fe
Cr
Sn
orangé jaune brun
orangé jaune
oraneé jaune
orangé jaune
orangé jaune
brun
foncé
brun
52
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
L’orangé jaune (sur Sn) est bien nuancé : il est moyenne-
ment résistant à la lumière et au lavage.
Dalbergia Baroni Bak (Légumineuses)
C'est à cette espèce qu’on rapporte ordinairement
Y Hazouola.
Lieu d’origine. — Province de Nossi-Bé.
Caractères extérieurs. — L'aubier (^-) non coloré
est bien distinct du cœur, qui est d’un beau rouge, à texture
serrée et homogène.
La section transversale, finement striée de lignes radiales,
laisse voir des zones concentriques foncées, alternant avec des
zones claires plus étroites ; les nombreux points blancs sont
répartis également sur toute la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse offre une
coloration jaune très clair : et les variations de teintes que
produisent quelques réactifs essayés sont :
avec... SCKH2, jaune très clair ;
NaOH. jaune ;
Fe Cl3, jaune très clair ;
CaO' Cl2, léger précipité jaune très clair.
Tandis que l'eau acidulée reste incolore, l’eau alcaline
devient orangé jaune.
Avec l’alcool employé comme dissolvant, on obtient une
solution rouge orangé, qui présente les modifications suivantes :
par... S04H2, orangé ;
NIDO H, rouge ;
Fe Cl3, orangé ;
S03NaH, orangé.
Le chloroforme se colore en violet rouge, l’éther en jaune
clair, le benzène en rouge faible et le sulfure de carbone en
rouge très faible.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique
a) De 589 nn à 575 nn. l’absorption croît, puis elle
devient totale.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
53
b) Cette solution traitée par l’ammoniaque fournit un
spectre dans lequel l'absorption est complète dès 615 mu-
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre, et l’absorption croit depuis 555 hr
jusqu’à 545 mu.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 575 ru à 472 mm l'absorption croît. Au delà elle est
complète.,
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Faible dans le vert l’absorption croît dans le bleu et
devient totale dans l'indigo.
Essais de teinture. — Les teintes que donne la laine sont
ternes et faibles d’intensité.
La soie fournit les nuances suivantes :
Sans mordant
Al
Fe
Cr
Sn
rouge orangé clair
orangé
orangé brun
orangé brun
orangé vif
Parmi ces divers tons, l’orangé vif (sur Sn) est bien
caractérisé.
Il est à remarquer que malgré la richesse du bois en matière
colorante ses propriétés tinctoriales sont assez médiocres.
Dalbergia ikopensis Jum. et Perr. (Légumineuses)
Ce Dalbergia est le Manary des Sakalaves (L. C’est un
arbre à palissandre.
Caractères extérieurs. — Le bois présente un aubier
non coloré, nettement distinct du cœur ; celui-ci de couleur
rouge orangé foncé est dur, compact, à texture homogène et à
grain fin.
On aperçoit des zones saisonnières bien différenciées et de
(1) H. Jumelle, loc. cit, 1907, p. 320.
54
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
fines striés radiales ; les points blancs sont répartis en plus
grand nombre suivant des zones concentriques.
Caractères chimiques. — Avec l’eau distillée on a une
solution orangé jaune ; et les changements provoqués par les
divers réactifs choisis sont :
avec... SO;H2, précipité orangé ;
NaOH, orangé jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune.
L’eau acidulée se colore en jaune très clair, l’eau alcaline
en orangé jaune. L’alcool employé comme dissolvant fournit
une solution orangée, et cette teinte primitive est modifiée
ainsi :
par... SCHH2, orangé ; '
\H4OH. orangé foncé ;
Fe Cl3, orangé ;
S03\aH, orangé jaune.
L’éther et le sulfure de carbone se colorent en jaune, le
chloroforme en orangé et le benzène en orangé jaune clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption croit depuis 575 nn jusqu’à 505 nn ; elle
est totale au delà.
b) Traitée par l’ammoniaque et examinée, cette solution
fournit un spectre dans lequel l’absorption croît à partir
de 575 un ; au niveau de 495 un il y a extinction
complète.
c) L’acide .sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre ; et l’absorption, croissante de
560 nn à 515 nn, devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre :
Entre 560 nn et 472 nn l’absorption croît puis elle
devient totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croît de 560 nn à 465 nn ; elle est
complète au delà.
Essais de teinture. — La laine donne des tons orangé
brun, d’apparence terne.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
55
Les diverses nuances obtenues avec ta soie soni les
suivantes :
Sans mordant
Al
Fe
Cr
Sn
orangé clair
orangé clair
orangé brun
orangé brun
orangé clair
Quoique bien caractérisées, ces différentes teintes^ n’offrent
qu'un médiocre intérêt pratique.
Dalbergia Perrieri Drake (Légumineuses)
Synonyme : Dalbergia boinensis Jum.
Cette espèce est le Mnnipika des Sakalaves (L. C’est le
principal arbre à palissandre du Boina.
Caractères extérieurs. — Le bois présente un aubier (M-J
à bords nets ; le cœur, rouge très foncé, est dur, compact, à
texture serrée et homogène, et il est tirés riche en matière
colorante.
Sur la section transversale, on distingue des zones
concentriques claires alternant avec des zones foncées plus
larges. Les points blancs sont disséminés ça et là sur toute la
surface colorée.
Caractères chimiques. — Lorsqu’on traite la poudre
du bois par l’eau distillée on obtient un louche orangé brun, qui
est modifié ainsi :
par... S04H2, précipité orangé brun ;
NaOH, orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
C’aO Cl2, précipité orangé brun.
L’eau alcaline devient rouge orangé ; au contraire l’eau
acidulée reste incolore.
La solution alcoolique, de couleur rouge foncé, présente
les changements de teintes suivants :
avec... S04H2, rouge orangé ;
NEBOH, rouge brun très foncé :
Fe Cl3, rouge foncé ;
S03NaH, orangé.
•,(1) H. Jumelle, loc. cit. 1907, p. 323.
56
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Le chloroforme se colore en orangé, l'éther en orangé
jaune, le benzène en jaune et le sulfure de carbone en jaune
clair.
Caractères spectroscopiques. - — 1° Solution alcoolique.
a) L'absorption est totale dès 615 nu.
b) Le spectre que donne la solution alcoolique traitée par
l'ammoniaque est caractérisé par une absorption
complète à partir de 620 ru.
c) L'acide sulfurique modifie le spectre de la solution
alcoolique, et l'absorption, croissante entre 589 nn et
560 liu, devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 589 un à 560 nn l’absorption croît, puis elle devient
complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 589 nn et 548 ni1 l’absorption croît. Au delà il y a
extinction totale.
Essais de teinture. —
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
1 Laine.
orangé brun
orangé brun
brun noir
orangé brun
rouge orangé
brun
Soie . .
orangé brun
orangé brun
orangé brun
orangé jaune
brun
rouge brun
La laine donne des teintes fortes, mais mal nuancées. Par
contre, l’orangé jaune brun (sur Cr) et le rouge brun (sur Sn)
fournis par la soie sont assez bien caractérisés.
Dalbergia sp. N° 5
Caractères extérieurs. — De couleur rouge, le duramen
est bien distinct de l’aubier (y) ; il est dur, compact, à texture
serrée.
Finement striée de lignes radiales, la section transversale
présente des zones concentriques colorées alternant avec des
zones claires plus étroites : de place en place, on distingue une
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
57
zone large plus fortement colorée et ça et là quelques points
clairs.
Ce bois à grain fin est susceptible d’un beau poli.
Caractères chimiques. — Traitée par l’eau distillée, la
poudre du bois donne un louche orangé jaune très clair.
L’action des réactifs essayés peut se résumer ainsi :
avec... S04H2, louche jaune très clair ;
NaOH, jaune ;
Fe Cl3, ' précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2 d’abord orangé, puis orangé jaune et
précipité orangé jaune.
L’eau alcaline se colore en orangé, l’eau acidulée reste
incolore.,
L’extrait alcoolique est rouge ; il offre les changements de
teintes suivants :
par... S04H2, orangé jaune ;
NH4OH, rouge foncé ;
Fe Cl3, orangé jaune ;
S03NaH, orangé jaune.
Le chloroforme et l’éther se colorent en jaune, tandis que
le benzène et le sulfure de carbone ne dissolvent pas le principe
colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption est très forte entre 589 rr et 548 rr. Au
delà elle est complète.
b) Cette solution traitée par l’ammoniaque et examinée
fournit un spectre dans lequel l’absorption est totale
à partir de 605 rr.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre, qui offre une absorption croissante
de 535 rr à 525 rr ; elle devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croit de 589 rr à 535 rr. Au delà il y a
extinction totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 575 rr à 515 rr l’absorption croît : elle est complète
au delà.
58
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Essais de teinture. — La teinte orangée (sur Al) que donne
la laine est bien caractérisée, de même encore l’orangé (sans
mordant et sur Al) obtenu avec la soie. Mais ces diverses nuances
résistent, mal au lavage et à la lumière.
Dans les conditions choisies ce bois ne parait pas
susceptible d être employé en teinture.
Dalbergia sp. N° 1828
Caractères extérieurs. — De couleur rouge orangé brun
foncé le bois est dur, compact et à grain fin.
Sur la section transversale finement striée de lignes radiales
oii'distingue des zones concentriques claires alternant avec des
zones foncées plus larges, avec ça et là des points blancs répartis
sans ordre apparent.
Caractères chimiques. — Sous l’action de l’eau distillée,
la poudre du bois donne un louche jaune très clair avec les
modifications suivantes :
par... SCDH2, louche jaune très clair ;
XaOH. orangé jaune ;
Fe Cl3, rouge foncé ; *
CaO Cl2, jaune clair.
L'eau alcaline se colore en orangé, l'eau acidulée en jaune.
La solution alcoolique est rouge orangé foncé avec fluorescence
verte, si on la traite par divers réactifs on observe :
avec... S04H~, orangé brun ;
XFDOIL rouge foncé ;
Fe Cl3, rouge orangé foncé ;
S03NaH, orangé.
L'ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. Le chloroforme prend une coloration
orangé jaune avec fluorescence verte : les autres dissolvants se
colorent en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Faible jusqu'à 660 nn, l'absorption croît entre fi05 ni*
et 575 uu. elle est totale au delà.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
59
b) La solution précédente traitée par l’ammoniaque
fournit un spectre dans lequel l’absorption, très forte
jusqu’à 640 nn, est complète au delà.
c) L'acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre, qui présente une faible absorption
jusqu’à 660 rr, croissante de 589 rr à 560 rr et
totale ensuite.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption croissante de 575 rr à 525 rr. Au delà il
y a extinction complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 575 rr à 515 rr l’absorption croît ; elle est totale
au delà.
Essais de teinture. — L’orangé brun foncé (sur Al et Fe)
que donne la laine est d’une nuance assez forte.
Par contre, les divers tons obtenus avec la soie sont mal
caractérisés.
Le bois étudié ne parait guère susceptible d’être employé
en teinture.
Voamboana
Les Voamboana, qui sont des arbres à palissandre, sont
généralement considérés comme étant des Dalbergia.
Nous avons étudié six de ces « Voamboana », mais, ne
pouvant avec certitude les rapporter tous au genre Dalbergia,
nous conserverons leurs dénominations indigènes.
Voamboana mainty
Caractères extérieurs. — Rien distinct de l’aubier (^-)
le duramen, de couleur rouge orangé foncé, est dur. compact
et à grain fin.
Sur la section transversale, finement striée de lignes
radiales, on distingue des zones concentriques alternativement
claires et sombres, avec des points blancs assez nombreux,
disséminés sans ordre sur toute la surface plus foncée de
la coupe.
60
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Caractères chimiques. — Par le broyage, ce bois fournit
une poudre qui, traitée par l’eau distillée, donne une solution
orangé jaune clair. Ses réactions colorées sont les suivantes :
par... SCHH2, précipité orangé jaune clair ;
NaOH, jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune.
L’eau alcaline devient orangé jaune, l’eau acidulée reste
incolore.
De couleur orangée, la solution alcoolique présente les
teintes suivantes :
avec... SOLH2, orangé jaune ;
AH7* O H, orangé jaune ;
Fe Cl3, orangé jaune ;
S03NaH, orangé jaune.
Le chloroforme se colore en orangé, le sulfure de carbone
en jaune très clair, l’éther et le benzène en orangé très clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) De 560 à 465 nn l’absorption croît ; elle devient
totale ensuite.
b) La solution précédente traitée par l’ammoniaque et
examinée donne un spectre dans lequel l’absorption
croît depuis 575 nn jusqu’à 472 mu. Au delà i! y a
extinction complète.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre, et celui-ci présente une absorption
' croissante de 560 uu à 487 ni». Au delà tout est
, absorbé.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 575 p fi à 480 wi l’absorption croît, puis elle devient
complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 560 nn et 472 nn l’absorption croit ; elle est
totale au delà.
Essais de teinture. — La laine et la soie se teignent
difficilement. Les diverses nuances obtenues sont d’une faible
intensité et d’ailleurs mal caractérisées. Au point de vue
tinctorial,' le bois étudié ne paraît pas susceptible d’être
employé.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
61
Voamboana mavo
Lieu d’origine. — Cercle de Mevatananc .
Caractères extérieurs. - — Le bois possède un duramen
rouge orangé foncé nettement séparé de l’aubier (y) ; il est
dur, compact et à grain fin.
Les zones saisonnières sont assez bien marquées sur la
section transversale, laquelle, finement striée de lignes radiales,
est piquetée de nombreux points blancs.
Caractères chimiques. — De couleur jaune très clair,
l’extrait aqueux présente les réactions colorées'suivantes :
avec... S04H2, jaune très clair ;
NaOH, jaune ;
Fe Cl3, orangé brun ;
CaO Cl2, léger précipité jaune très clair.
L’eau acidulée reste incolore, l'eau alcaline devient jaune.
La solution alcoolique est orangé jaune. Sous faction des
divers réactifs choisis on obtient :
avec... S04H2, orangé jaune ;
NH4OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, orangé jaune ;
S03NaH, orangé jaune clair.
Le chloroforme, l’éther, le benzène se colorent en orangé
jaune, le sulfure de carbone en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Faible au début, l’absorption croit de 500 à
460 u|a, puis elle devient totale.
b) Cette solution traitée par l’ammoniaque donne un
spectre dans lequel l’absorption croît depuis 560 nii
jusqu’à 472 wg Au delà il y a extinction complète.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre, et l’absorption, croissante de 560 hia
à 472 |x|x, devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 560 nn à 460 hja l’absorption croît ; elle est complète
au delà.
62
LA DÉTERMINATION' DES BOIS EXOTIQUES COLORES
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Absorption croissante de 560 nn à 460 totale au
delà.
Essais de teinture. — Les teintes que donne la laine sont
mal caractérisées.
Pareillement les nuances fournies par la soie sont de faible
intensité.
Au point de vue tinctorial, ce bois ne semble pas susceptible
d’application.
Voamboana mena
Lieu d’origine. — Cercle de Mevatanana.
Caractères extérieurs. — Bien distinct de l’aubier (L)
le duramen. de couleur rouge foncé, est dur, compact, d’une
texture serrée et susceptible de prendre un beau poli.
Finement striée de lignes radiales, la section transversale
présente des zones concentriques peu colorées alternant avec des
zones foncées plus étroites : la surface est piquetée de points
blancs disséminés sans ordre apparent.
Caractères chimiques. — Traitée par l’eau distillée, la
poudre du bois donne une solution jaune très clair, mais avec
les changements suivants :
par... S04H2, jaune très clair ;
NaOH, jaune ;
Fe 03, orangé brun ;
CaO Cl2, jaune vert.
Le chlorure de chaux développe une fluorescence verte dans
la solution aqueuse. L’eau acidulée reste incolore, tandis que
l’eau alcaline se colore en orangé jaune, avec fluorescence
bleue verdâtre.
La matière colorante dissoute par l’alcool fournit une
solution de couleur rouge : et les divers réactifs essayés
donnent :
SO'dT2, orangé :
N T BOIT, rouge foncé ;
Fe CF. orangé ;
SO^XaTT. orangé.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
63
L’ammoniaque produit une fluorescence bleue dans la
solution alcoolique. Le chloroforme se colore en rouge, l’éther
en orangé jaune, le benzène en rouge et le sulfure de carbone
en rouge clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Dès 605 rr l’absorption est totale.
b) Cette solution traitée par l’ammoniaque donne un
spectre dans lequel l’absorption est complète au
niveau de 620 ru.
c) Sous l’action de l’acide sulfurique, le spectre est
modifié et l’absorption croît de 565 rr à 555 rr. Au
delà il y a extinction complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît de 575 rr à 480 rr, puis elle devient
complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 560 rr à 472 rr l’absorption croît ; elle est totale
au delà.
• Essais de teinture. - — Parmi les divers tons que donne la
laine l’orangé brun foncé (sur Fe) et l’orangé jaune brun (sur
Cr) sont assez bien caractérisés.
Avec la soie on obtient les teintes suivantes :
Sans mordant
Al
Fe
Cr
Sn
rouge orangé clair
rouge orangé
orangé brun
orangé jaune
orangé clair
(rose)
clair
(rose)
foncé
brun
laine, l’orangé brun foncé (sur Fe) et l’orangé jaune brun
(sur Cr) sont assez bien caractérisés.
Voamboana N° 26
Lieu d’origine. — Cercle de Mevatanana.
Caractères extérieurs. — L’aubier ) est bien distinct
du duramen : celui-ci, de couleur rouge foncé, est dur, compact
et à texture serrée.
64 . LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Finement striée de lignes radiales la section transversale
présente des zones saisonnières assez bien délimitées.
Caractères chimiques. — La poudre du bois traitée par
l'eau distillée donne un louche orangé jaune brun. Si l’on fait
agir les divers réactifs choisis, on observe :
avec... SCFHC précipité orangé jaune ;
XaOH. orangé jaune
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune.
L'eau alcaline devient rouge orangé, l’eau acidulée jaune
très clair. De couleur rouge, la solution alcoolique est modifiée
ainsi :
par... S04H2, orangé ;
NfDOH, rouge brun foncé ;
Fe Cl3, rouge orangé ;
S03\aH, orangé.
Le chloroforme se colore en rouge, l'éther en orangé jaune,
le benzène en jaune, et le sulfure de carbone en jaune clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Très forte entre 605 nu et 560 ru, l'absorption est
totale au delà.
b) Traitée par l'ammoniaque, la solution précédente
donne un spectre dans lequel l’absorption est complète
à partir de 620 un.
c) L'acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre, dont l’absorption croît de 575 nn
à 548 np- Au delà il y a extinction totale.
£° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 605 un à 589 na l'absorption croît : elle est totale
au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 589 un et 548 nu 1 absorption est croissante ;
puis elle devient complète.
Essais de teint; re. — La laine donne des teintes orangé
brun foncé. Avec la soie on obtient les diver- tons suivants :
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
65
Sans mordant
Al
Fe
Cr
Sn
orangé brun
orangé brun
orangé brun
orangé jaune
rouge orangé
toncé
brun
brun
Parmi ces nuances, l'orangé brun foncé (sur Fe), l’orangé
jaune brun (sur Cr) et le rouge orangé brun (sur Sn) sont assez
bien caractérisés.
Voamboana N° 54
Lieu d'origine. — Diego-Suarez.
Caractères extérieurs. — Le duramen, de couleur rouge
orangé foncé, est bien séparé de l’aubier (y) , il est dur et
compact. Piquetée de nombreux points blancs, la section
transversale présente des zones concentriques claires alternant
avec des zones plus sombres . De fines stries radiales sont
egalement bien visibles.
Caractères chimiques. — Traitée par l’eau distillée, la
poudre du bois donne un louche orangé jaune. Les divers
réactifs choisis produisent les modifications suivantes :
avec... SCD H2, louche jaune;
Na OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, louche rouge brun ;
CaO Cl2, louche jaune.
L’eau acidulée se colore en jaune vert et l’eau alcaline en
orangé.
L’alcool employé comme dissolvant fournit une solution
•orangé foncé. Cette coloration est modifiée ainsi :
par... SO4 H2, orangé foncé ;
NH4 OH, orangé très foncé :
Fe Cl3, orangé foncé ;
S03NaH, orangé.
Le chloroforme se colore en orangé jaune, l’éther, le
benzène et le sulfure de carbone en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) De 589 un à 535 un l’absorption croît, puis elle
devient totale.
3
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Gô
bi Cette solution traitée par l’ammoniaque donne un
spectre qui présente une absorption croissante depuis
589 wi jusqu’à 548 nn ; elle est complète au delà.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique n’en
modifie pas sensiblement le spectre d’absorption.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption croissante entre 575 nn et 480 nm totale
au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croit de 575 hr à 480 rr. Au delà, il y a
extinction complète.
Essais ni: teinti re. — Parmi les teintes que donne la laine
le rouge orangé brun' foncé (sur Fe; et l’orangé brun foncé (sur
Cr) présentent seuls quelque intérêt.
Les divers tons fournis par la soie sont assez faibles
d'intensité et, d’ailleurs, mal caractérisés.
Toutes ces nuances sont peu résistantes à la lumière et
au lavage.
Le bois étudié est donc inutilisable en teinture.
Voamboana N° 228
Lieu d'origine. — Province des Betsimisaraka du Sud.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un aubier bien
distinct du duramen ; celui-ci, de couleur rouge orangé foncé,
est dur, compact et à grain fin.
De fines stries radiales régulièrement espacées sont bien
visibles sur la section transversale ; on distingue également des
zones concentriques colorées alternant avec des zones claires
plus étroites : la surface de la coupe est piquetée de points
blancs disséminés sans ordre apparent.
Caractères chimiques. — La poudre du bois traitée par
l’eau distillée donne une- solution orangé jaune. Si l’on fait agir
divers réactifs on observe :
avec... S CPU2, précipité orangé :
NaOH, orangé jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune.
d'après leurs CARACTÈRES CHIMIQUES et spectroscopiques
67
L’eau alcaline se colore en orangé jaune et 1 eau acidulée
•en jaune très clair.
La solution alcoolique, de couleur orangée, est modifiée
ainsi :
par... SO4 H2, orangé ;
XH4 OH, orangé foncé :
Fe Cl3, orangé ;
S03XaH, orangé jaune.
Le chloroforme prend une coloration orangée, le benzène
orangé jaune clair ; 1 éther et le sulfure de carbone se colorent
en jaune.
Caractères Spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Absorption unilatérale croissante de 575 rr à 505 rr,
elle est totale au delà.
b) La solution précédente traitée par l’ammoniaque et
examinée donne un spectre dans lequel l’absorption
croît depuis 575 rr jusqu’à 495 rr pour devenir
complète à partir de 495 rr.
■ c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre, et l’absortion croissante de 500rr à
515 rr devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr.50 de poudré :
L’absorption croît de 560 rr à 472 rr. Au delà' tout est
absorbé.
-9° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre :
Entre 560 rr et 465 rr l’absorption croît, elle devient
totale au delà.
Essais de teinture. — La laine et la soie se teignent
difficilement. Les diverses nuances obtenues sont faibles
d’intensité. Les propriétés tinctoriales de ce bois n’offrent donc
qu’un médiocre intérêt.
*
Erythrophleum Couminga Baill. (Légumineuses)
Les Sakalaves désignent celte espèce sous le nom de
Kominga, tandis que les Hova l’appellent Kimanga.
Caractères extérieurs. — Le bois, dont 1 aubier non
^coloré est très étroit, possède un cœur bien différencié, de
68
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
couleur rouge orangé foncé : il est dur, compact et à grain fin..
La section transversale montre une infinité cle points1
blancs, répartis uniformément sur toute la surface colorée, qui
est sillonnée de très fines stries radiales.
Caractères chimiques. — Lorsqu'on traite la poudre dir
bois par l'eau distillée, on obtient un louche jaune très clair ;
le> divers réactifs choisis donnent :
SG4 II2, louche jaune très clair ;
Xa OH, orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun très foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge orangé brun.
L'eau acidulée reste incolore, au contraire l’eau alcaline-
devient rouge orangé.
La solution alcoolique, qui est orangé jaune, présente les
modifications suivantes :
par... SO4 H2, louche orangé jaune ;
XII4 OH, louche rouge oranbé ;
Fe Cl3, orange jaune brun foncé ;
SO3 XaH, jaune clair.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Dès 560 rr l'absorption croit faiblement. Au niveau
de 455 rr elle est totale.
b) L’ammoniaque et l’acide sulfurique produisent un
louche dans la solution alcoolique.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 605 hr à 589 ni* l’absorption croît. Au delà elle est
totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption unilatérale croit de 589 rr à 560 rr elle
devient complète au delà.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé jaune
brun
orangé jaune
orangé jaune
brun foncé
orangé
orangé
1 Soie . .
1
orangé clair
orangé clair
orangé brun
foncé
orangé
oran aune
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
6»
A l’exception de l’orangé jaune brun foncé (sur Fe) et de
l'orangé (sur Cr), les tons que donne la laine sont assez mal
caractérisés.
Parmi les diverses teintes fournies par la soie, l’orangé
brun foncé (sur Fe), l’orangé (sur Cr) et l’orangé jaune (sur Sn)
sont bien nuancés.
Phylloxylon Perrieri Lraxe. (Légumineuse)
C'est, à cette espèce que l’on rapporte le Harahara des
Malgaches. Nous avons étudié trois échantillons, dont le
premier, qui est bien déterminé, nous permettra de vérifier si
les indigènes appliquent celle dénomination à une seule espèce
ou à nlusieurs.
Harahara, N° 4852
Caractères extérieurs. — De couleur orangé très foncé,
le cœur est bien séparé de l’aubier ; il est dur, à texture
homogène et à grain fin. Sur la section transversale, on
distingue des zones concentriques bien délimitées, de fines stries
radiales régulièrement espacées, et des points blancs très
nombreux distribués en bandes concentriques sur un fond plus
sombre.
Caractères chimiques. — La poudre du bois, traitée par
l’eau distillée, fournit une solution jaune clair ; les réactifs
suivants donnent :
SO4 H2, jaune clair ;
Na OH, jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune clair.
L’eau alcaline devient orangée, l’eau acidulée reste
incolore.
La solution alcoolique présente une teinte jaune clair ; elle
est modifiée ainsi :
par... SO4 H2, jaune clair ;
NH4 OH. orangé jaune ;
Fe Cl3, jaune clair :
SO3 NaH. jaune très clair.
'0
LA DETERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORES
La matière colorante esi insoluble dans l’éther, le
chloroforme, le benzène et le sulfure de carbone.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) Très faible dans le vert et le bleu, l’absorption croît
dans l’indigo, elle est complète dans le violet.
b) La solution aqueuse traitée par la soude et examinée
fournit un spectre, dont l'absorption croît de 560 gu à
480 gg, elle devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 575 nu à 525 gg l’absorption croît. An delà il y a
extinction complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croît depuis 560 nu jusqu’à 487 ru : puis
elle devient totale.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé jaune
brun
orangé jaune
orangé ’anne
brun foncé
orangé brun
(couleur
brique)
orangé brun
Soie . .
teintes faibles
orangé jaune
brun foncé
orangé jaune
oransé jaune
vif
Parmi les teintes que donne la laine, l'orangé jaune (sur
Al) est bien caractérisé. Avec la soie l'orangé jaune brun foncé
(sur Fe). l'orangé jaune (sur Cr) et surtout l'orangé jaune vif
(sur Sn; sont d'une nuance as-cz forte.
Harahara X° 1 1 0
Lieu, d'origine. — Cercle de Beforona.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un aubier très
•étroit, non coloré, et bien séparé du cœur, qui est de couleur
orangé îrès foncé, dur, compact et à grain fin.
Sur Ta section transversale, on observe de fines stries
radiales, ainsi que de très nombreux points blancs, formant, à
D'APRÈS leurs caractères chimiques et spectroscopiques
71
intervalles réguliers, des zones concentriques claires sur un
fond plus foncé.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est jaune
clair, les divers réactifs suivants la modifient ainsi :
S O4 H'2, jaune clair ;
Na OH, jaune ;
Fe CH, léger précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune clair.
L'eau alcaline est orangée, tandis que leau acidulée reste
incolore. Avec l'alcool comme dissolvant on obtient une solution
jaune clair qui devient :
par... SO4 H2, jaune clair ;
NH4 OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, jaune clair ;
S03NaH, jaune très clair.
Quant aux aîitres dissolvants ils restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption très faible dans le vert et le bleu, croît
dans l’indigo et devient complète dans le violet.
b) La solution précédente traitée par la soude et
examinée fournit un spectre dans lequel l'absorption
croît de 560 rr à 480 rr. Au delà, il y a extinction
totale.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 575 hr à 525 rr l’absorption croît, elle est totale
au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croît depuis 560 ru jusqu’à 487 rr, puis
elle devient complète.
Essais de teinture :
f
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé jaune
orange jaune
orangé jaune
orangé brun
orangé brun
brun
brun foncé
Soie . .
teintes
faibles
orangé jaune
orangé jaune
orangé jaune
brun foncé
72
LA DETERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORES
L'orangé jaune (sur Al) que donne la laine est assez bien
caractérisé. Parmi les teintes obtenues avec la soie, l'orangé
jaune brun foncé (sur Fe) et l’orangé jaune (sur Sn) sont bien
nuancés et d’assez bel aspect.
Harahara N° 140
Lieu d’origine. — Cercle de Mevatanana.
Caractères extérieurs. — L’aubier non coloré (~-i est
bien distinct du duramen ; celui-ci, orangé très foncé, est dur,
compact, à texture homogène et à grain fin.
Sur la section transversale, on distingue nettement de fines
stries radiales régulièrement espacées, et de nombreux points
blancs répartis sans ordre apparent sur un fond plus coloré.
Caractères chimiques. - — Soumise à ‘l’action de l’eau
distillée, . la poudre du bois donne un louche jaune très clair,
et les modifications que l’on obtient peuvent se résumer ainsi :
par... SO4 H2, louche jaune très clair ;
Na OH, orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO CF, précipité jaune clair.
L’eau alcaline prend une teinte rouge orangé foncé ; au
contraire l’eau acidulée reste incolore.
La solution alcoolique est jaune clair ; et les changements
que produisent les divers réactifs choisis sont :
avec... SO4 II2, jaune clair ;
NH4 OH, rouge orangé ;
Fe Cl3, jaune clair ;
SO3 NaH, jaune très clair.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) Faible dans le vert et le bleu, l’absorption croît dans
l’indigo et devient complète dans le violet.
b) La solution précédente, traitée par la soude et
examinée, fournit un spectre dont l’absorption croît
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
73
depuis 575 nn jusqu’à 515 m* ; elle devient totale au
delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît depuis 605 nn jusqu’à 589 nn. Au
delà, il y a extinction totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 589 hh et 560 nn l’absorption croît, puis elle est
complète.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine .
orangé jaune
brun
orangé jaune
orangé jaune
brun foncé
orangé brun
orangé brun
Soie . .
teintes faibles
orangé jaune
brun foncé
orangé bruD
orangé jaune
Parmi les teintes que donne la laine, l’orangé jaune (sur
Al), l’orangé jaune brun foncé (sur Fe) et l’orangé brun (sur Cr)
sont assez bien caractérisés.
D’autre part, l’orangé jaune brun foncé (sur Fe), l’orangé
brun (sur Cr) et l’orangé jaune (sur Sn) obtenus avec la soie
sont bien nuancés et d’assez bel aspect.
Trachylobium verrucosum Gaertn. (Légumineuses)
C’est le Mandrolo des Malgaches.
Lieu d’origine. — Province de Nossi-Bé.
Caractères extérieurs. — L’aubier (-gy) non coloré
est bien différencié du cœur, qui est de couleur rouge foncé,
compact, à grain fin et susceptible d’un beau poli.
La section transversale offre de place en place de fines
zones concentriques claires, des stries radiales régulièrement
espacées, et des points blancs très nombreux également
répartis sur toute la surface colorée.
Caractères chimiques. — Si l’on traite par divers réactifs
la solution aqueuse, qui est orangé jaune, on observe les
variations suivantes :
74
I,A DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
avec... SO4 H2, louche orangé jaune ;
Na OH, orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé jaune brun ;
CaO Cl2, précipité orangé brun.
La soude produit une fluorescence verte dans la solution
aqueuse. L’eau alcaline se colore en rouge orangé avec
fluorescence verte, l'eau acidulée reste incolore.
L’alcool fournit une solution orangée, et les modifications
que présente cette coloration peuvent se résumer ainsi •
par... SO4 112, orangé ;
NH4 OH, orangé jaune brun ;
Fe Cl3, orangé ;
S03NaH, orangé jaune.
L’ammoniaque développe dans la solution alcoolique une
fluorescence verte qui est très intense.
L’éther se colore en jaune très clair, les autres dissolvants
restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique,
a) Partielle de 575 rr à 495 ru l’absorption devient
plus forte entre 495 rr et 480 rr. Au delà il y a
extinction totale.
b) L’ammoniaque ajouté à la solution précédente en
modifie le spectre ; on observe une bande très faible
dont le milieu est à 620 rr. De 575 rr à 487 rr
l’absorption croît, puis elle devient complète.
c) La solution alcoolique traitée par l’acide sulfurique et
examinée, donne un spectre qui présente une forte
absortion entre 575rr et 472rr : elle est totale
au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît depuis 589 rr jusqu’à 575 rr ; elle
devient complète au delà.
8° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 589 rr à 560 rr l’absorption croît. Au delà il y a
extinction totale.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
75
Essais de teinture :
. Non
j mords ncée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé jaune
brun
orangé brun
orangé brun
foncé
orangé brun
orangé brun
Soie . .
teintes faibles et mal
caractérisées
orangé brun
foncé
orangé
orangé jaune
La laine donne des teintes foncées. Parmi les tons obtenus
avec la soie l'orangé brun foncé (sur Fe), l’orangé (sur Cr) et
l’orangé jaune (sur Sn) sont bien nuancés et d’une intensité
assez forte.
Weinmannia Bojeriana Tul. (Saxifragacées)
Les .Malgaches désignent cette espèce sous le nom de
L.alona.
Caractères extérieurs. — Le bois offre une coloration
rouge orangé foncé et sa texture est fibreuse. De nombreux
points sont uniformément répartis sur la section tranversale.
D’ailleurs la matière colorante envahit l’aubier, de sorte qu’il
n’y a pas de séparation bien nette entre celui-ci et le cœur.
Caractères chimiques. — De couleur rouge, la solution
aqueuse, traitée par quelques réactifs, présente les modifications
suivantes :
avec... SO4 H2, précipité rouge orangé ;
Na OH, rouge très foncé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge brun.
L'eau acidulée reste incolore, tandis que l’eau alcaline se
colore en rouge. L’alcool fournit une solution orangée ; sous
1 action des réactifs essayés on obtient des variations de la
teinte primitive que l'on peut résumer ainsi :
par... SO4 H2, orangé ;
NH4 OH, rouge ;
Fe Cl3. orangé brun très foncé ;
SO3 NaH. orangé jaune.
76 • LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORES
L’ammoniaque produit une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
La matière colorante est insoluble dans le chloroforme,
l’éther, le benzène et le sulfure de carbone.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Partielle de 589rr à 535rr, l’absortion est totale
au delà.
b) La solution précédente, traitée par l’ammoniaque et
examinée, montre une absorption unilatérale dont
l’intensité croît à partir de 605 ru. Au delà de 589 rr
tout est absorbé.
c) La solution alcoolique, soumise à l’action de l’acide
sulfurique, donne un spectre dans lequel l’absorption
est partielle depuis 589 rr jusqu’à 548 rr. Au delà
elle est complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption est totale à partir de 605 rr.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 605 rr et 589 rr l’absorption croît, puis elle
devient complète.
Essais de teinture. ■ — La laine et la soie se teignent diffici-
lement : et les nuances obtenues faibles d’intensité sont mal
caractérisées.
Au point de vue tinctorial, le bois étudié ne semble pas
susceptible d’application.
Mimusops Commersonii Engl.
Sideroxylon rubrocostatum Jum et Perr.
Le nom de Nota s’applique à différentes Sapotacées.
A Madagascar, un des Nato est le Mimusops Commer-
sonii Engl., mais l’espèce qui croît dans le bassin du Bemarivo
est rapportée au Sideroxylon rubrocostatum .Tum. et Perr A)
L’échantillon qne nous avons étudié provient du Cercle de
Maintirano.
(1) H. Jumelle el H. Perrier de la Bàthie, Ann. du Musée Colonial de MarseiUle.
Notes sur la Flore du Nord-Ouest de Madagascar, 1907, p. 370.
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
77
Caractères extérieurs. — De couleur rouge orangé foncé
le duramen est bien séparé de l'aubier (-|-)il est compact, à
texture homogène et à grain fin.
Sur la section transversale on distingue des points blancs
nombreux, répartis sur un fond plus coloré.
Caractères chimiques. — Traitée par l’eau distillée, la
poudre du bois donne un louche rouge l'action des divers
réactifs essayés peut se résumer ainsi :
avec... SO4 H2, précipité orangé ;
Na OH, louche rouge foncé ,
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité orangé.
L’eau alcaline donne un louche rouge, tandis que l’eau
acidulée reste incolore. Avec l’alcool on obtient une solution à
peine teintée en orangé jaune très clair, avec les modifications
suivantes :
avec... SO4 H2, louche blanchâtre ;
NH4 OH, louche rouge orangé clair (rose) ;
Fe Cl3, jaune clair ;
SO3 A'aH. décoloration.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) La solution aqueuse est louche, et ne permet pas
l'observation au «pectroscope.
b) Traitée par la soude cette solution donne un louche
presque opaque.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Cete solution est louche.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Comme précédement, la solution obtenue présente
un louche.
Essais de teinture. — Parmi les teintes que donne la laine,
le rouge orangé clair tsur Al), quoique faible d’intensité, est
assez bien caractérisé.
76 LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
A l’exception du rouge orangé clair (sur Sn), les diverses
nuances obtenues avec la soie n'offrent pas grand intérêt.
Ce bois, au point de vue tinctorial, n’est donc pas
susceptible d'application.
Diospyros Perrieri Juin. (Ebénacées)
Lieu d'origixf.. — Cercle de Mevatanana.
L'ébène du Xord-Ouest de Madagascar est le Lopingo et
l’un des Hazomainty , ou bois noir, des Sakalaves.
Par contre, l'arbre à ébène qui croît dans l’Est de l’île-
serait le Diospyros haplostylis Boiv. O
Caractères extérieurs. — L’aubier (-fj-), non coloré, est
bien distinct du duramen. Celui-ci, d’un beau noir, possède
une texture homogène : il est dur, très compact et à grain fin.
La matière colorante, très abondante, ne permet pas de
distinguer les détails de structure de la section transversale.
Caractères chimiques. - — La poudre du bois traitée par
l'eau distillée et par l'alcool ne cède pas son principe colorant
à ces deux dissolvants, au moins dans les conditions que nous
avons choisies.
L'eau alcaline' se colore en orangé brun clair, l’eau acidulée
reste incolore.
Caractères spectroscopiques. - — La matière colorante
étant insoluble dans l'eau et dans l’alcool, on ne peut étudier
les caractères spectroscopiques de ces solutions.
1 0 Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Dès 560 rr l'absorption, faible au début, croît, puis elle
devient totale au niveau de 460 rr.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 560 rr et 450 ur, faible d’abord, devient plus
forte. Au delà de 450 rr il y a extinction complète.
Essais de teinture, — La laine et la soie se teignent
difficilement. Le bois étudié, quoique très riche en matière
colorante, est inutilisable en teinture, du moins dans les
conditions que nous avons choisies.
(]) H. Jumelle, Ann. du Musée Colonial de Marseille : Sur Quelques plantes
utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de Madagascar, 1907. p. 315.
u’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
79
Stereospermum euphorioid.es D C. (Bignoniacée.')
C’est le Mangarahara des Sakalaves (H.
Lieu d’origine. • — Province de Tuléar.
Caractères extérieurs. — L’aubier (-^-) non coloré est
bien distinct. Le duramen, orangé très foncé, est compact ; il
possède une texture homogène.
Sur la section transversale, finement striée de lignes
radiales, on distingue des bandes concentriques claires,
alternant avec des bandes plus foncées : des points blancs peu
nombreux sont disséminés ça et là.
Caractères chimiques. — Par le broyage du bois, on
obtient une poudre qui, traitée par l’eau distillée, donne un
louche jaune très clair : les divers réactifs choisis produisent
les modifications suivantes :
SO4 H2, louche jaune très clair :
Na OH, jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé jaune brun foncé ;
CaO Cl2, louche orangé jaune brun.
Tandis que l’eau acidulée reste incolore, l'eau alcaline
devient orangé jaune.
De couleur orangé jaune, la solution alcoolique présente
les changements de teinte suivants :
par... SO4 II24 louche orangé jaune ;
NH4 OH, louche orangé ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
SO3 NaH, jaune.
Le chloroforme se colore en jaune, et les autres dissolvants
<en jaune clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) La solution aqueuse est louche et ne permet pas
l’observation au spèctroscope.
b) Cette solution, traitée oar la soude et examinée,
fournit un spectre dans lequel l’absorption, faible au
(fl) H. Jumelle, Ann. du Musée Colonial de Marseille , loc. cil. 1907, p. 333.
80
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
début, croit depuis 560 ufi jusqu à 465 hr. Au delà-
elle est complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L'absorption croît de 575 rr à 487 nu. Au delà il y a.
extinction totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 560 un à 472 un, l'absorption croît, puis elle devient
complète.
Essais l>e teinture. — Les nuances obtenues avec la laine
et la soie sont ternes et mal caractérisées.
Le pouvoir tinctorial de ce bois nous parait très faible.
Synchodendron ramiflorum D C. (Composées)
("est à cette espèce qu'on rapporte le Mananonlsa , qui,
cependant, pourrait être tout aussi bien un Vernonia.
Lieu d’origine. — Province de Fianarantsoa.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un duramen
de couleur orangé foncé, assez compact, à texture fibreuse et
nettement distinct de l'aubier. Sur la section transversale,
finement striée de lignes radiales, on distingue des zones
concentriques sombres, qui alternent régulièrement avec des
zones claires plus étroites.
Caractères chimiques. — Traitée par l’eau distillée, la
poudre du bois fournit un louche orangé jaune ; sous l’action
des réactifs choisis on observe : %
avec... SO H2, précipité orangé jaune ;
Na OH, orangé foncé ;
Fe Cl3, précipité brun noir ;
CaO 02, précipité orangé brun.
Tandis que 1 eau acidulée reste incolore, l’eau alcaline
devient orangé foncé. La solution alcoolique offre une coloration-
jaune : elle est modifiée ainsi :
par... FO* H2, jaune ;
\H4 OH. orangé jaune brun :
Fe Cl3, jaune :
SO3 NaH. jaune.
D’APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES
81
L'ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. Le principe colorant est insoluble dans les
autres dissolvants.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) La solution aqueuse est louche et ne permet pas
l’observation au speclroscope.
b) Cette solution, traitée par la soude, donne un louche
qui est opaque à la lumière.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Forte jusqu’à 605 hp, l’absorption est complète au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption est partielle jusqu’à 575 un, elle croît de
575 nu à 515 ni*- Au delà, il y a extinction totale.
Essais de teinture. — Dans leur ensemble, les nuances
que donnent la laine et la soie n’offrent qu’un intérêt médiocre.
Au point de vue tinctorial, le bois étudié ne semble guère
susceptible d’application.
Après l’étude précédente, qui a porté sur des bois auxquels
se rapportent des dénominations botaniques, nous examinerons
maintenant, en suivant l’ordre alphabétique, un certain nombre
de bois dont le nom indigène nous est seul connu.
De l’étude de leurs caractères chimiques et spectroscopiques
nous déduirons s’il existe des rapports d’analogie entre ces
bois et ceux précédemment étudiés.
Alambary
Lieu d’origine. — Province de Tuléar.
Caractères extérieurs. — L’aubier (-j-) est nettement
séparé du duramen. Celui-ci possède une coloration orange
foncé ; sa texture est fibreuse.
En section transversale, on distingue des zones concen-
triques très fines, alternant régulièrement avec des zones foncées
beaucoup plus larges ; des points blancs nombreux sont
répartis uniformément sur toute la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — Traitée par l’eau distillée, la
poudre du bois donne une solution rouge très foncé ; les divers
réactifs essayés produisent les modifications suivantes :
82
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
V
SÜ4 ] 1~, précipité rouge orangé foncé ;
X a OH, rouge brun opaque ,
Fe Cl3, précipité orangé brun très foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge orangé brun.
L'eau alcaline se colore en rouge orangé, et l’eau acidulée
en jaune très clair.
La solution alcoolique est orangé jaune. Traitée par les
réactifs, elle manifeste des variations de teinte que l'on peut
résumer ainsi :
par... SO4 H2, orangé jaune ;
XH4 OH, précipité rouge orangé foncé .
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
SO3 XaH. jaune.
L'ammoniaque provoque une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
Le principe colorant du bois est in-oluble dans le chloro-
forme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) Forte jusqu'à 620 uu, l'absorption devient totale au
delà.
b) La solution aqueuse traitée par la soude est opaque.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L'absorption est forte jusqu’à 620 fo». Au delà il y a
extinction complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Jusqu’à 580 uu l'absorption est partielle, elle est totale
au delà.
Essais de teinti re — La laine et la soie se teignent fort
mal. Les propriétés tinctoriales de ce bois sont extrêmement
faibles : il est donc impropre à toute application en teinture.
Anakaraka
Lieu d'origine. - — Cercle de Morondava.
Caractères extérieurs. — L’aubier non coloré est
bien séparé du cœur. Celui-ci, de couleur orangé foncé, possède
une texture homogène.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
83
Sur la section transversale on distingue des zones
concentriques sinueuses, alternativement claires et plus
sombres ; de fines stries radiales, régulièrement espacées, sont
bien visibles. Enfin, quelques points blancs sont disséminés
ça et là.
Caractères chimiques. — La poudre du bois, traitée par
l’eau distillée, donne un louche orangé jaune brun ; les divers
réactifs essayés produisent des modifications, que l’on peut
résumera insi :
par... SO4 H2, précipité orangé jaune brun ;
Na OH, orangé ;
Fe Cl3, précipité rouge brun foncé ; -
CaO Cl2, précipité orangé brun.
L'eau acidulée se colore en jaune très clair, l’eau alcaline
en orangé. La solution alcoolique présente une teinte orangé
jaune, avec les changements suivants :
par... SO4 H2, louche orangé jaune ;
N H4 OH, louche orangé jaune brun ;
Fe Cl3, orangé jaune ;
S O3 N a H, jaune.
Le chloroforme, le benzène et le sulfure de carbone se
colorent en jaune, l’éther en jaune clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Absorption croissante de 560 nr à 480 ur, totale au
delà.
b) Le spectre que donne la solution alcoolique traitée par
l’ammoniaque présente une absorption croissante
depuis 575 nr jusqu’à 505 rr- An delà elle est totale.
c) T. 'acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique n’en
modifie pas sensiblement le spectre d’absorption.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît depuis 589 rr jusqu’à 560 rr ; elle
devient totale au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 575 nu à 525 ru l’absorption croît. Au delà il y a
extinction complète.
84
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Essais de teinture. — Les diverses teintes que donne la
laine sont mal caractérisées.
La soie se teint aussi difficilement, et les nuances quelle
fournit ont un aspect mat peu agréable.
Andriavola (ou Andriavolo)
Lieu d’origine. — Province de Mananjary. ,
Caractères extérieurs. — Le duramen, de couleur orangé
foncé, est bien séparé de l’aubier il est compact, à texture
serrée et à grain très fin. La section transversale, piquetée de
très nombreux points blancs, présente des stries radiales très
rapprochées. Les zones concentriques sont peu visibles.
Caractères chimiques. — De couleur jaune très clair, la
solution aqueuse, sous l’action des divers réactifs choisis,
présente les changements de teinte suivants :
avec... SO4 H2, jaune très clair ;
Na OH, jaune :
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
CaO Cl2, précipité jaune très clair.
L'eau acidulée reste incolore, au contraire l’eau alcaline
devient orangé jaune.
La matière colorante que dissout l’alcool fournit une
solution jaune ; elle est modifiée ainsi :
par... SO4 IL2, jaune ;
NH4 OH, jaune ;
Fe Cl3, jaune brun ;
SO3 NaH, jaune clair.
Le chloroforme et l’éther se colorent en iaune, le benzène
et le sulfure de carbone en jaune clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Faible dan^ le vert, l’absorption croît dans le bleu et
devient totale dans l’indigo.
b) Cette solution, traitée par l’ammoniaque, donne un
spectre dans lequel l’absorption faible de 548 nu à
480 nn devient plus forte entre 480 un et 472 un. Au
delà il a extinction complète.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
85
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique n’en
modifie pas sensiblement le spectre d’absorption.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît à partir de 560 nu. ; elle devient
complète au delà de 495 nu.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 560 nn à 480 nu l’absorption croît, elle est totale
au delà.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine
jaune clair
jaune
orangé jaune
jaune
j aune
brun foncé
Soie . .
jaune clair
jaune
orangé jaune
jaune
jauue clai
brun
Parmi les teintes que donne la laine, le jaune (sur Al et Cr)
est assez bien caractérisé. Il en est de même pour le jaune
■(sur Al et. Cr) obtenu avec la soie. Mais ces diverses nuances
sont peu résistantes à la lumière et au lavage.
Andromena
Lieu d’origine. — Province de Farafangana.
Caractères extérieurs. — Bien distinct de l’aubier (LL-),
le duramen, de couleur orangé foncé, est dur, compact, à
texture serrée et homogène. Sur la section transversale, striée
de lignes radiales régulièrement espacées, on distingue, de
place en place, de fines zones concentriques claires ; de
nombreux points blancs sont uniformément répartis sur toute
la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — La poudre obtenue par le broyage
du bois et traitée par l’eau distillée fournit une solution rouge
orangé : les divers réactifs choisis produisent les modifications
suivantes :
avec... SO4 H2, précipité orangé ;
Na OH, rouge ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge orangé brun.
86
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
I/eau alcaline se colore en rouge orangé, l'eau acidulée
en jaune très clair.
La solution alcoolique est orangé jaune ; elle offre les
variations de teintes que l’on peut résumer ainsi :
avec... SO4 H2, orangé jaune ;
\H4 OH, rouge et fluorescence verte ;
Fe Cl3. orangé jaune brun ;
SO3 XaH. jaune.
Les autres dissolvants restent incolores.
Caractères spectroscopiques. - — 1° Solution aqueuse.
a) L'absorption croît depuis 589 pu jusqu’à 560 pp ; elle
devient totale au delà.
b) La solution précédente, traitée par la soude et
examinée, fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît de 605 pu à 589 pp. Au delà il y a extinction
complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption unilatérale croissante à partir de 589 pp. Au
delà de 575 pp tout est absorbé.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 589 pp à 560 up l’absorption croît, elle est complète
au delà.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé brun
orangé brun
orangé jaune
brun foncé
rouge orangé
foncé
orangé
Soie . .
orangé clair
orangé clair
orangé jaune
brun foncé
orangé
orangé jaune
Les diverses nuances que donne la laine sont assez fortes
d'intensité, notamment l’orangé brun (sur Al) et l’orangé jaune
brun foncé (sur Fe).
Avec la soie, l’orangé jaune brun foncé (sur Fe\ l’orangé
(sur Cr) et l’orangé jaune (sur Sn) sont bien caractérisés. Ces
teintes son! assez résistantes à la lumière et au lavage.
O APRÈS leurs caractères chimiques et spectroscopiques
87
Betrandraka
Lieu d’origine. — Province d’Analalava.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un duramen
de couleur orangé, nettement séparé de l’aubier (AL) • il est
dur, compact, à texture homogène et à grain fin.
Sur la section transversale, piquetée de très nombreux
points blancs, on distingue des zones saisonnières assez bien
différenciées ; de très fines stries radiales sont également bien
visibles.
Caractères chimiques. — L extrait aqueux est orangé ;
l’action des réactifs essayés peut se résumer ainsi •
par... SG4 H~, précipité orangé ;
A’ a 011, rouge orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun très foncé ;
CaO Ci2, précipité rouge brun.
L’eau alcaline se colore en rouge orangé, tandis que l’eau
acidulée reste incolore.
De couleur jaune la solution alcoolique présente les
modifications suivantes :
avec... SO4 H2, jaune ;
NH4 OH, orangé ;
Fe Cl3, jaune ;
SO3 NaH, jaune très clair.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. Le chloroforme, l’éther, le benzène et le
sulfure de carbone ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques-. — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption croît de 548 ru à 505 un ; puis elle
devient totale.
b) Le spectre que donne la solution aqueuse, traitée par
la soude, présente une absorption dont l’intensité croît
depuis 575 rr jusqu’à 548 un. Au delà il y a extinction
complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 589 rr à 575 un l’absorption croît, elle est totale
au delà.
88
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 575 nn et 560 ru l’absorption croît. Au delà, elle
est complète.
Essais de teinture. — Les teintes fournies par la laine
sont ternes et, d’ailleurs mal caractérisées.
Avec la soie on obtient les divers tons suivants w
Sans mordant
Al
Fe
Cr Sn
orangé
orangé
orangé brun
orangé
orangé
Quoique mieux nuancées, ces teintes sont faibles d’intensité
et par là même inutilisables en teinture.
Chotre
Lieu d’origine, — Cercle de Fort-Dauphin.
Caractères extérieurs. — L’aubier, très réduit, est bien
séparé du duramen. Celui-ci, de couleur rouge orangé foncé,
est dur, compact, et susceptible d'un beau poli.
Finement striée de lignes radiales, la section transversale
montre des points colorés très nombreux se détachant
nettement sur la surface plus foncée de la coupe ; par endroits,
ces points très rapprochés dessinent des zones concentriques
d’ailleurs assez mal délimitées.
Caractères chimiques. - — Soumise à l’action de l’eau
distillée, la poudre du bois donne une solution jaune qui offre
les changements suivants :
avec... S O* H2, louche jaune ;
Xa OH, orangé jaune brun ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, louche jaune.
L’eau distillée demeure incolore, tandis que l’eau alcaline
prend une teinte orangé brun.
La’ solution alcoolique est jaune; les divers agents
chimiques choisis la modifient ainsi :*
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
89
SO4 H2, louche jaune clair ;
XH4 OH, orangé jaune brun ;
Fe Cl3, jaune ;
SO3 NaH, jaune clair.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption est faible dans le vert, elle croît dans le
bleu, et devient totale dans le violet.
b) Si l'on traite cette solution par la soude, le spectre
est modifié, et l’on observe une absorption croissante
de 575 hr à 515 pu ; totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption unilatérale croît à partir de 589 pp. Au
delà de 560 pu tout est absorbé.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 575 pp à 525 pp l'absorption croît, puis elle devient
totale.
Essais de teinture. — Les diverses nuances que donne la
laine sont ternes et d’aspect peu agréable. La soie se teint mal.
Le pouvoir tinctorial de ce bois est très faible, et son utilisation
comme bois de teinture ne semble guère possible.
Farahotra
Lieu d’origine. — Province des Betsiinisaraka du Sud.
Caractères extérieurs. — Le bois, compact, à texture
■serrée et à grain fin, possède un aubier (4LL) nettement séparé
du cœur, qui est de couleur orangé.
Sur la section transversale on distingue des zones
concentriques bien délimitées et une fine striation radiale ; des
points clairs très nombreux sont également répartis sur toute
la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — - Sous l’action de l’eau distillée la
poudre du bois fournit une solution orangée, et cette coloration
est modifiée ainsi :
90
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
par... SO4 H2, précipité orangé ;
.\a OH, rouge ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
Ca() Cl2, précipité rouge brun.
L'eau aicaline prend une coloration rouge, tandis que l’eau
acidulée reste incolore.
La solution alcoolique est orangé jaune ; traitée par
quelques réactifs, elle donne les changements suivants :
S 0^ H2, orangé jaune ;
-\H4 OH, orangé ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
■SO3 NaH, jaune clair.
'Les autres dissolvants restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L'absorption croit de 575 rr à 548 ru. Au delà il y a
extinction totale.
b) La solution précédente, traitée par la soude et
examinée, fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît depuis 589 rr jusqu’à 575 rr ; elle est complète
au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 605 rr à 589 rr l'absorption croît, puis elle devient
totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 005 rr et 589 rr 1 al sorption croit, elle est totale
au delà.
Essais de teinture. — Le rouge orangé brun (sans mordant
et sur Cr) que fournit la laine est bien caractérisé.
Avec la soie on obtient les nuances suivantes :
Sans mordant
Al
Fe
Cr
&
orangé clair
orangé
brun noir
rouge orangé
rouge orangé
Ces diverses teintes sont assez peu résistantes à la lumière
et au lavage.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
9!
Faralantro
Caractères extérieurs. — Le bois possède un aubier - ).
nettement séparé du duramen ; celui-ci, de couleur orangé, est
dur, compact, à texture homogène et à grain fin.
En section transversale, les zones saisonnières sont assez
bien différenciées, et de nombreux points clairs sont disséminés
sans ordre apparent sur la surface plus foncée de la coupe.
Caractères chimiques. — Par l'eau distillée, on obtient une
solution orangée ; les divers réactifs choisis produisent des
variations de cette teinte. C’est ainsi qu’avec :
SO4 II2, précipité orangé clair ;
Xa OH, rouge ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge brun.
L’eau alcaline se colore en rouge ; au contraire l’eau
acidulée reste incolore.
La solution alcoolique présente une coloration jaune, avec
les modifications que l’on peut résumer de la façon suivante :
par... SO4 H2, jaune ;
N H4 OH, orangé ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
SO3 NaH, jaune clair.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. Quand aux autres dissolvants, ils restent
incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse,
a) L’absorption croît depuis 575 im jusqu’à 535 pu ;
elle devient totale au delà.
b) La solution précédente, soumise à l’action de la soude
et examinée, fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît à partir de 575 pp. Au delà de 548 pu il y a
extinction complète.
. 2 0 Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption unilatérale croissante de 605 pp à 589 pp
totale ensuite.
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 589 nn à 575 gg l’absorption croît, elle est
complète au delà.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
rouge orangé
brun
rouge orangé
brun
orangé brun
orangé fonce
or gé
Soie . .
rouge orangé
clair
rouge orangé
clair
orangé brun
forn-é
orangé
orangé jaune
Dans l'ensemble, les teintes que donne la laine sont bien
caractérisées. Parmi les divers tons obtenus avec la soie l'orangé
(sur Cr) et l'orangé jaune (sur Sn) sont assez bien nuancés.
Fasikaro
Lieu d'origine. — Cercle de Fort-Dauphin.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un aubier p-|-)>
nettement séparé du duramen ; celui-ci, de couleur rouge orangé
foncé, est dur, à grain assez fin et à texture homogène.
Finement striée de lignes radiales, la section transversale
est piquetée de très nombreux points blancs répartis sans ordre
apparent sur toute la surface plus foncée de la coupe.
Caractères chimiques. — Si l’on traite la poudre du bois
par l’eau distillée, on obtient une solution jaune très clair. Les
divers réactifs suivants modifient cette teinte et l’on a :
avec... SCP H2, précipité jaune très clair ;
Na OH, jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé jaune brun foncé ;
CaO Cl2, précipité jaune clair.
L’eau acidulée reste incolore ; au contraire l’eau alcaline se
colore en jaune.
L aïcool fournit une solution jaune très clair, avec 'es
variations suivantes :
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
93
par... SO4 H2, jaune très clair ;
NH4 OH, jaune ;
Fe Cl3, jaune clair ;
SO3 NaH, jaune très clair.
Quant aux autres dissolvants, ils ne prennent aucune
coloration.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) La solution est louche, ce qui rend impossible
l’observation au spectroscope.
b) Traitée par la soude cette solution devient parfaitement
transparente, et le spectre quelle donne présente une
faible absorption à partir de 560 rr ; elle croît ensuite
jusqu’à 465 rr. Au delà il y a extinction totale.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Faible absorption dès 560 rr, plus forte ensuite et totale
au niveau de 460 rr.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption, très faible à partir de 548 rr, devient plus
forte, et au delà de 450 rr tout est absorbé.
Essais de teinture. — Les teintes que donne la laine sont
ternes et mal caractérisées.
A l’exception de l’orangé jaune brun (sur Al et sur Cr), les
autres nuances obtenues avec la soie ne présentent qu’un
médiocre intérêt.
Hazoarina
Lieu d’origine. — Province des Betsimisaraka du Nord.
Caractères- extérieurs. — Bien séparé de l’aubier
le duramen, d’un beau noir, est très dur, homogène, à grain
fin et susceptible de prendre un beau poli.
La matière colorante, très abondante, envahit toutes les
parties du bois et ne laisse voir aucun détail de structure.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est orangé
jaune clair ; sous l’action des divers réactifs choisis, on observe
les changements suivants :
94
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
avec... SO4 H2, orangé jaune clair :
Na OH, orangé ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
CaO Cl2, précipité orangé jaune brun.
L’eau acidulée est incolore : l’eau alcaline offre une
coloration orangée. L’extrait alcoolique est orangé jaune clair ;
il présente les variations suivantes :
par... SO4 H2, orangé jaune clair ;
N H4 OH, orangé clair ;
Fe Cl3, orangé jaune brun clair ;
SO3 Na4, décoloration.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas la matière colorante.
Caractères spectroscopiques. - — 1° Solution alcoolique.
a) Faible dans le vert et le bleu, l’absorption croît dans
l’indigo, et devient totale dans le violet.
b) Celle solution, traitée par l’ammoniaque et examinée,
présente une absorption faiblement croissante à partir
de 560 rr. Au delà de 450 pu il y a extinction totale.
c) L'acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique ne
modifie pas sensiblement le spectre d’absorption.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 589 rr à 548 ru l’absorption croît, puis elle devient
complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croît depuis 575 rr jusqu’à 525 rr Au
delà elle est totale.
Fssais de teinture. — Les teintes que donne la laine sont
terne' et mal caractérisées. La soie se teint aussi difficilement
et les nuances qu’elle fournit sont très faibles d’intensité.
Quoique très riche en principe colorant, le bois étudié est
inutilisable en teinture, car la matière colorante est trop peu
soluble dans l’eau.
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
95
Hazofiara
Lieu d'origine. - — Province des Betsimisaraka du Centre.
Caractères extérieurs. — De couleur rouge orangé foncé,
le cœur est très compact, à grain fin et d’une texture serrée ;
il est bien différencié de l’aubier.
La section transversale est tachetée de points colorés, très
nombreux répartis uniformément : les zones concentriques sont
assez mal délimitées.
Caractères chimiques. — Lorsqu’on traite la poudre du
bois par l'eau distillée, on obtient une solution de couleur
orangé jaune très clair. Cette teinte est modifiée ainsi :
par... SCD II2, léger précipité jaune très clair ;
Xa OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, jaune brun ;
CaO Cl2, léger précipité jaune très clair.
L'eau alcaline devient rouge orangé ; au contraire, l’eau
acidulée reste incolore.
De couleur orangé jaune, la solution alcoolique présente
les changements suivants :
avec... S O 4 H2, orangé jaune ;
N H4 OH orangé ;
Fe Cl3. orangé jaune ;
SO3 XTaH, orangé jaune très clair.
L’éther, le chloroforme, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. ■ — 1° Solution alcoolique.
a) Absorption faiblement croissante de 560 h-h à 480 nn :
totale au delà.
b) Le spectre que donne la solution alcoolique, traitée
par l’ammoniaque, présente une bande d’absorption à
bords estompés dont le milieu est en 515 un. Au delà
de 465 ru, il y a extinction complète.
c) L’acide sulfurique ne modifie pas sensiblement le
spectre d’absorption de la solution alcoolique.
96
LA DÉTERMINATION' DES BOIS EXOTIQUES COLORES
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 589 nu à 5G0 un l’absorption croît, puis elle devient
totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Absorption unilatérale croissante depuis 575 nu jusqua
548 nu, totale au delà.
Essais ne teinture: — Les divers tons que donne la laine
sont mats et d’aspect peu agréable. La soie, qui se teint
difficilement, ne fournit aucune nuance qui soit susceptible
d'application.
Hazotsiariano
Lieu d'origine. — Province des Betsimisaraka du Centre.
Caractères extérieurs. — Le bois est compact, à grai.i
très fin et susceptible d'un beau poli. L’aubier (-f-), non coloré,
est nettement séparé du cœur, dont la teinte générale est rouge
orangé foncé.
La section transversale laisse voir des zones concentriques
étroites, alternant avec des zones plus larges : on aperçoit
également des stries radiales, très fines, régulièrement espacées,
et des trainées sinueuses peu colorées disposées en grand
nombre dans le sens radial.
Caractères chimiques. — Lorsqu’on traite la poudre du
bois par l’eau distillée, on obtient une solution orangé jaune,
qui est modifiée ainsi :
par... SO4 H'2, précipité orangé :
Na OH. rouge orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé :
CaO Cl2, précipité orangé.
L’eau alcaline offre une coloration rouge, tandis que l'eau
acidulée reste incolore.
L’extrait alcoolique est orangé. Sous l’action des divers
réactifs choisis il donne :
avec... SO4 H2, orangé ;
\H4 OH. rouge orangé :
Fe Cl3, orangé brun ;
SO3 XaH. orangé très clair.
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
97
L’ammoniaque provoque une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas la matière colorante.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L'absorption partielle depuis 589 rr jusqu'à 515 rr,
croît de 515 rr à 505 rr. Au delà elle est complète.
b) La solution précédente, traitée par l’ammoniaque et
examinée, fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît à partir de 575 ru pour devenir totale au delà
de 535 rr.
c) L’acide sulfurique ne modifie pas sensiblement le
spectre d’absorption de la solution alcoolique.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption est totale au delà de 605 rr.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Dès 589 rr l’absorption est complète.
Essais de teinture. — Les teintes d’aspect mat que donne
la laine sont peu intéressantes. Quoique mieux caractérisés, les
divers tons fournis par la soie sont de faible intensité et par là
même ne paraissent pas susceptibles d’application.
Hazovoantango
Lieu d’origine. — Province de Tuléar.
Caractères extérieurs. — Le bois est dur, compact, à
texture homogène ; il présente un aubier très étroit, non coloré
et bien séparé du cœur, qui offre une teinte orangé foncé.
Sur la section transversale, on distingue des zones
concentriques claires, alternant avec des zones plus sombres ;
on aperçoit également une fine striation radiale et des points
blancs très nombreux disséminés sans ordre apparent.
Caractères chimiques. — La poudre que donne le broyage
du bois est traitée par l’eau distillée ; on obtient ainsi une
solution orangé jaune avec fluorescence bleue, et qui offre les
modifications suivantes :
98
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
par... $04 H-, précipité orangé ;
Xa OH. orangé et fluorescence bleue ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl'2, précipité orangé et fluorescence verte..
Tandis que l’eau alcaline devient rouge orangé et manifeste
une fort belle fluorescence bleue, leau acidulée reste incolore.
L extrait alcoolique est jaune clair : les changements que
donnent divers réactifs peuvent se résumer ainsi :
avec... SO4 H2, louche jaune clair ;
\H4 OH, jaune et fluorescence bleue .
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
SO3 XaH. jaune clair.
La matière colorante est insoluble dans les autres
dissolvants.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) De 560 iui à 505 gg l’absorption croît. Au delà il y a
extinction complète.
h La solution précédente, traitée par la soude et
examinée, donne un spectre dans lequel l’absorption
croît depuis 575 gg jusqu à 535 gg. Au delà tout est
' absorbé.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption unilatérale croît de 589 uu à 560 un : puis
elle devient totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 575 gg et 548 gg l’absorption croît, elle est
complète au delà.
Essais de teinture :
-
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé brun
orangé brun
orangé jaune
rouge orangé
orangé
brun
• brun
Soie . .
orangé jaune
orangé jaune
brun noir
orangé brun
orangé jaune
brun
brun
La laine donne ces teintes foncées. Les nuances obtenues
avec la soie sont bien caractérisées, notamment : le brun noir
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
99
(sur Fe), l’orangé brun (sur Cr) et l'orangé jaune (sur Sn) qui,
avec l'orangé jaune brun (sur Fe) et le rouge orangé (sur Cr)
fournis par la laine se montrent assez résistants à la lumière et
au lavage.
Hirihitsika
Lieu d’origine. — Province des Betsimisaraka du Sud.
Caractères extérieurs. — Le bois, de couleur rouge
orangé foncé, possède une texture fibreuse. La matière
colorante envahit l’aubier, en sorte qu’il n’y a pas de ligne de
démarcation nette entre celui-ci et le duramen.
La section transversale présente des zones concentriques
larges et colorées, alternant avec des zones claires plus étroites ;
des ponctuations très nombreuses réparties uniformément sont
également bien visibles.
Caractères chimiques. — L’extrait aqueux offre une
coloration rouge, et cette teinte est modifiée ainsi :
par... SO4 H2, précipité rouge orangé ;
Xa OH. rouge très foncé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun très foncé ;
CaO Cl2, précipité rouge brun.
L'eau acidulée se colore en jaune très clair, l’eau alcaline
en rouge.
La matière colorante que dissout l’alcool fournit une
solution rouge orangé ; elle donne les variations suivantes :
avec... SO4 H2, irouge orangé ;
NH4 OH, rouge ;
Fe Cl3, rouge orangé foncé ;
SO3 NaH. orangé.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
■solution alcoolique.
Quant aux autres dissolvants ils restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Forte absorption entre 595 rr et 548 rr, totale au
delà.
b) La solution précédente, traitée par l’ammoniaque et
examinée, fournit un spectre dans lequel l'absorption
est complète dès 605 rr.
100
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique n’en>
modifie pas sensiblement le spectre d’absorption.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption est totale à partir de 605 ur.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 605 un à 589 nn l'absorption croît, puis elle devient
complète.
Essaïs du teinture. ■ — Les teintes que donne la laine sont,
assez, faibles et d’ailleurs mal caractérisées.
Parmi les nuances obtenues avec la soie, il n’y' a guère que
le rouge orangé clair (sur Sn) qui mérite d’être mentionné.
Hirinono
Lieu d’origine. — Province de Tuléar.
Caractères extérieurs. — Le bois présente un aubier (-53-)»
non coloré, à texture homogène et à grain fin.
La section transversale montre des zones saisonnières assez
bien différenciées, ainsi que de fines stries radiales ; des points
blancs forment comme des tramées sinueuses sur le fond coloré
de la coupe.
Caractères chimiques. — La poudre du bois traitée par
l'eau distillée donne un louche orangé, avec les modifications
suivantes :
S O4 H*, précipité orangé jaune ;
Na OH, louche rouge orangé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune.
Avec l'eau alcaline, on obtient un louche orangé ; l’eau
acidulée reste incolore.'
La solution alcoolique est orangé jaune clair ; sous-
l'action des divers réactifs essayés on observe :
SO4 H2, louche blanchâtre ;
MI4 OH, louche rouge orangé clair (rose) ;
Fe Cl3, jaune ;
SO3 NaH. décoloration.
D’APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES 101
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas la matière colorante.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) Cette solution est 'ouche, ce qui rend impossible
l'observation au spectroscope.
b) Traitée par la soude, la solution aqueuse donne un
louche.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Cette solution est louche.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Comme précédemment, ia solution ainsi obtenue
présente un louche.
Essais de teinture. - — La laine et la soie se teignent
difficilement : les nuances obtenues, très faibles d’intensité, sont
mal caractérisées. Ce bois ne présente pas des propriétés
tinctoriales capables de le rendre utilisable comme bois de
teinture.
/
Hitsika
Lieu d’origine. — Province des Betsimisaraka du Sud.
Caractères extérieurs. — L’aubier (-C), compact, non
coloré, est nettement séparé du cœur. Celui-ci, irouge très foncé,
à texture serrée et à grain fin, est susceptible d’un beau poli ;
il présente sur la section transversale des zones concentriques
claires, très étroites, alternant avec des zones foncées beaucoup
plus larges ; des ponctuations colorées sont disséminées ça
et là.
Caractères chimiques. - — Traitée par l’eau distillée, la
poudre obtenue par le broyage du bois fournit un louche orangé
clair ; les divers réactifs choisis donnent les changements
suivants :
avec... SO4 H2, louche orangé très clair ;
Xa OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune.
L’eau alcaline se colore en rouge très foncé, l’eau acidulée
en jaune très clair.
102
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
L’extrait alcoolique offre une coloration rouge, et les
modifications que subit cette teinte primitive peuvent se résumer
ainsi :
s I
par... SO4 H2, rouge foncé ;
NM4 OH, rouge très foncé (opaque) ;
Fe Cl3, rouge très foncé ;
SO3 NH, orangé.
Le benzène et le sulfure de carbone se colorent en jaune,
l’éther et le chloroforme en orangé ; en outre, ces deux derniers
dissolvants présentent une fluorescence verte.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Dès 605 mi l’absorption est complète.
b) La solution précédente, traitée par l’ammoniaque,
devient opaque.
c) La solution alcoolique, soumise à l’action de l’acide
sulfurique et examinée, fournit un spectre dans lequel
l’absorption est totale à partir de 660 nu.
\
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Cette solution est opaque à la lumière.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption est très forte, le rouge, très affaibli, apparait
seul.
Essais de teinture. — Parmi les teintes que donne la laine,
les deux noirs (sur Fe et sur Cr) sont bien caractérisés ; ils sont
d’ailleurs assez résistants à la lumière et au lavage.
A l’exception des deux rouges (sans mordant et sur Al)
fournis par la soie, les autres nuances, d’un aspect peu
agréable, n’offrent qu’un médiocre intérêt.
Mamaty
Caractères extérieurs. — Le bois, dont l’aubier (~j~) esf
blanchâtre, possède un cœur bien différencié, de couleur orangé
brun foncé et à texture fibreuse. Sur la section transversale,
les zones saisonnières sont mal délimitées.
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
103
Caractères chimiques. — L’extrait aqueux possède une
coloration orangé jaune clair ; il est modifié ainsi :
par... SO4 H2, très léger précipité jaune clair ;
Na OH, jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, précipité jaune clair.
L’eau alcaline se colore en jaune comme l’eau acidulée.
De couleur orangé jaune clair, la solution alcoolique
présente les variations de teintes suivantes :
avec... SO4 H2, jaune ;
NH4 OH, jaune ;
Fe Cl3, jaune brun très foncé ;
SO3 NaH, jaune clair.
L'ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
Quant aux autres dissolvants, ils sont à peine colorés en
jaune très clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption est faible dans le vert et le bleu, plus
foule dans l'indigo et totale dans le violet.
b) Le spectre que donne la solution alcoolique, traitée
par l’ammoniaque, présente une absorption faiblement
croissante de 560 m* à 487 nn ; elle est complète au
delà.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique n’en
modifie pas sensiblement le spectre d’absorption.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît de 560 nn à 460 n^. Au delà il y a
extinction totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Très faible au début, l’absorption croît depuis 548 nn
jusqu’à 450 ufi ; elle est totale au delà.
Essais de teinture. — Les teintes mates que donne la laine
sont ternes et d’aspect peu agréable.
La soie ne fournit, non plus, aucune nuance susceptible
d'intérêt. Ce bois n'est donc pas utilisable en teinture.
104 LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Mangalika
Lieu d'origine. — Province de Tuléar.
Caractères extérieurs. - — Le bois présente un aubier
nettement séparé du duramen. Celui-ci, de couleur rouge foncé,
est très compact, à grain fin, et susceptible d’un beau poli.
La section transversale laisse voir des zones concentriques
claires, alternant avec des zones foncées plus étroites, ça et là
on distingue des points blancs nombreux, répartis sans ordre
apparent.
Caractères chimiques. — Par le broyage du bois on obtient
une poudre qui, traitée par l’eau distillée, donne un louche
orangé jaune brun. L’action des divers réactifs choisis peut se
résumer ainsi :
avec... SO4 H2, précipité orangé jaune ;
NH4 OH. rouge foncé :
Fe Cl3, louche orangé brun foncé ;
CaO CP, précipité jaune.
L'eau alcaline se colore en orangé, et l’eau acidulée en
jaune très clair. Avec l’alcool on obtient une solution rouge ;
cette coloration offre les variations suivantes :
avec... SO4 H2. orangé ;
NH4 OH, rouge foncé ;
Fe Cl3, orangé brun ;
SO3 NaH, orangé.
Le chloroforme se colore en orangé, l’éther en orangé
jaune, le benzène en orangé jaune clair et le sulfure de carbone
en jaune clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L'absorption croît de 605 rr à 560 rr ; elle devient
totale ensuite.
b) La solution précédente, traitée par l’ammoniaque ei
. examinée, fournit un spectre dans lequel l’ahsorp'iO'i
est totale au delà de 620 rr.
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
105
c) Le spectre de la solution alcoolique, soumise à l’act’ou
de ! acide sulfurique, est caractérisé par une absorp-
tion dont l’intensité croît à partir de 575 ru. Au delà
île 548 nn il y a extinction complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption unilatérale croissante de 589 rr à 535 rr ;
totale ensuite.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 575 ur à 515 rr l'absorption croît, puis elle devient
complète.
Essais de teinture. — La laine donne des teintes assez
fortes, de couleur orangé brun foncé. Avec la soie, on obtient
les nuances suivantes :
Sans mordant
Al
Fe
Cr
Sn
orangé brun
orangé brun
brun noir
orangé jaune
orangé brun
brun
Quoique mieux caractérisées, ces diverses teintes ne sont
pas susceptibles d’application.
Maranitrafasina
Lieu d’origine. — Province d’Ambositra.
Caractères extérieurs. — Le duramen, de couleur
orangé, est bien distinct de l’aubier (-^-) ; il est compact et à
texture fibreuse. La section transversale, striée de lignes
radiales régulièrement espacées, est piquetée de très nombreux
points blancs ; les zones concentriques sont bien visibles.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est rouge ;
elle présente les modifications suivantes :
avec... S O* H2, précipité rouge orangé ;
\a OH. rouge brun très foncé ;
Fe Cl3. précipité rouge brun ;
CaO Cl2, précipité orangé brun foncé.
L’eau alcaline se colore en rouge brun, et l’eau acidulée
en orangé jaune.
106
LA DÉTERMINATION' DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
L’alcool fournit une solution orangée ; les divers réactifs
utilisés produisent des variations de teintes que l’on peut,
résumer ainsi :
avec... SCM H2, orangé ;
NH4 OH, rouge orangé ;
Fe Cl3, orangé ;
S O3 Na H, orangé jaune
Le chloroforme se colore en orangé jaune, l’éther en jaune
le benzène et le sulfure de carbone restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption croît depuis 575 rr jusqu’à 535 rr ; elle
devient totale au delà.
b) Le spectre que donne la solution précédente, traitée
par l’ammoniaque, montre une plage d’absorption,
dont l’intensité croît à partir de 575 rr. Au delà de
548 rr tout est absorbé.
c) Si l’on examine la solution primitive, préalablement
soumise à l'action de l’acide sulfurique, on observe
une absorption croissante depuis 575 rr, et qui devient
totale au delà de 535 rr.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît de 605 ru jusqu’à 589 rr ; à partir
de 589 rr il y a extinction complète.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 589 rr à 575 rr l’absorption croît, elle est totale au
delà.
Essais df. teinture. — La laine donne des nuances orangé
brun, d’une tonalité assez forte.
Par contre la soie se teint mal, et les diverses teintes quelle
fournit, d’aspect peu agréable, «ont d’un médiocre intérêt.
Mendoray
Lieu d’origine. — Province de Tuléar.
Caractères extérieurs. — L’aubier non coloré est bien
•distinct du duramen : celui-ci, de couleur orangé brun, est dur,
compact. De nombreux points blancs sont disséminés ça et là
sur la surface plus foncée de la section transversale.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
107
Caractères chimiques. — Par le broyage du bois, on
obtient une poudre qui, traitée par l’eau distillée, donne une
solution orangée ; les modifications que produisent les divers
réactifs choisis peuvent se résumer ainsi :
par... SO4 H2, précipité orangé ;
Na OH, rouge foncé ;
Fe Cl3, précipité brun noir ;
CaO Cl2, précipité rouge orangé foncé.
L'eau alcaline se colore en rouge foncé, l’eau acidulée en
jaune très clair. L’alcool fournit une solution de couleur orangé
jaune, avec les changements de teinte suivants :
SO4 H2, louche orangé jaune ;
NH4 OH, rouge orangé foncé ;
Fe Cl3, brun noir ;
SO3 NaH, jaune.
L'ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique. Le chloroforme, l’éther, le benzène et le
sulfure de carbone ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. - — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption croit de 560 gu à 505 nu. Au delà il y
a extinction totale:
b) La solution précédente, traitée par la soude et
examinée, fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît depuis 589 gg jusqu'à 575 gg : elle est complète
au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Forte jusqu'à 605 un l'absorption devient totale au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L'absorption est partielle jusqu'à 589 ni1 ; puis elle
devient complète.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé jaune
brun
orangé brun
orangé jaune
foncé
rouge brun
foncé
orangé
Soie . .
orangé jaune
brun clair
jaune brun
orangé jaune
foncé
orangé jaune
brun
orangé jaune
108
L . DÉTERMINATION REà LOIS EXOTICR ES COLORÉS
Les nuances que donne la laine sont d’un aspect moins
agréable que celles obtenues avec la soie, dont l'orangé jaune
(sui Sn) est bien caractérisé : cette dernière teinte est assez
résistante à la lumière et au lavage.
Rafenaomby
Lieu d’origine. — Cercle de Maintinaro.
Caractères extérieurs. - Xettemenl séparé de l'aubier
le duramen, de couleur rouge orangé foncé est compact
et à. grain fin
Sur la section transversale, on distingue des bandes
concentriques ondulées, alternativement claires et colorées ;
d'une manière générale, les bandes foncées sont plus larges
que les bandes claires, et celles-ci sont piquetées ça et là de
nombreux points colorés.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est de
couleur orangé jaune : traitée par quelques réactifs elle donne :
par... SO4 H2, précipité orangé jaune clair ;
Na OH, orangé jaune :
Fe Cl3, précipité rouge brun ;
CaO Cl2, louche orangé jaune
L’eau acidulée reste incolore, tandis que l’eau alcaline,
devient orangé jaune. La solution alcoolique, qui est jaune
clair, présente des modifications, que l’on peut résumer ainsi :
avec... SO4 H2, précipité jaune clair ;
NH4 OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, jaune ;
SO3 NaH, jaune très clair.
Le chloroforme se colore en jaune clair, les autres
dissolvants restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption croît depuis 575 uu jusqu’à 505 nu. Au
delà il y a extinction complète.
b) Traitée par la soude et examinée, la solution aqueuse
fournit un spectre dans lequel l’absorption croît à
partir de 575 nu ; elle devient totale au delà de 505 nu-
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopique» i 09
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 575 un à 495 un l’absorption croît, elle est complète
au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 560 nn et 465 nn 1 absorption est croissante, puis
elle devient totale.
Essais de teinture. — La laine de même que la soie se
teignent fort mal, et les nuances obtenues, d’apparence terne,
sont sans intérêt. Ce bois, au point de vue tinctorial, n’est donc
susceptible d’aucune application.
Sambalamanga
Lieu d’origine. — Cercle de Fort-Dauphin.
Caractères extérieurs. — De couleur orangé brun, le
cœur est bien différencié de l’aubier (A|) ; il possède une
texture homogène et fibreuse. La section transversale, finement
striée de lignes radiales, présente des zones concentriques assez
bien délimitées, avec des points blancs en assez grand nombre
répartis sur toute la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est de
couleur orangé ; les réactifs suivants donnent :
SCH H2, précipité rouge orange ;
Na OH, rouge orangé foncé ;
Fe Cl3, précipité orangé brun foncé :
CaO Cl2, précipité rouge orangé foncé ;
L’eau alcaline devient orangé jaune : l’eau acidulée reste
incolore. Avec l’alcool, on obtient une solution jaune clair, et
cette coloration est modifiée ainsi :
SO4 H2, jaune clair :
N H4 OH. jaune ;
Fe Cl3, jaune foncé-;
SO3 NaH, jaune très clair.
Les autres dissolvants restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse,
a) L’absorption croît depuis 575 uu jusqu’à 535 rr ; elle
est totale au delà.
110
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
b) La solution précédente, traitée par la soude et
examinée, fournit un spectre dans lequel l'absorption
croît à partir de 589 hr. Au delà de 575 un tout est
absorbé.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption unilatérale croît de 575. un à 505 ru. Au
delà il y a extinction totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 575 nn et 482 nn l’absorption croît, elle est complète
au delà.
Essais de teinture. — Les diverses nuances que donne la
laine sont ternes et d’un aspect mat.
Quoique mieux caractérisées les teintes obtenues avec la
soie n’offrent qu’un médiocre intérêt.
Au point de vue tinctorial le bois étudié n’est donc pas»
susceptible d’application.
Tainakanga
Lieu d’origine. — Province de Tuléar.
Caractères extérieurs. - — L’aubier (-|-) est bien distinct
du cœur : celui-ci, de couleur rouge foncé, est dur, compact,
à texture homogène et à grain fin, et est susceptible d’un beau
poli.
Sur la section transversale, finement striée de lignes
radiales régulièrement espacées, on distingue nettement des
zones concentriques alternativement claires et sombres, avec
des points blancs disséminés ça et là
Caractères chimiques. — Par le broyage du bois, on
obtient une poudre qui, traitée par l’eau distillée, fournit une-
solution orangé jaune clair, mais avec les modifications
suivantes :
•par... SCH H2,, précipité jaune clair;
Na OH, orangé jaune ;
Ee Cl3, précipité rouge brun foncé ;
CaO Cl2, précipité jaune clair.
L’eau alcaline présente une coloration orangé jaune; par-
contre, l’eau acidulée reste incolore.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
111
La matière - colorante dissoute par l'alcool donne une
solution orangée : et les changements de teinte que provoquent
les divers réactifs choisis peut se résumer ainsi .
par... SO4 H'2, orangé jaune ;
NH4 OH, orangé :
Fe Cl3, orangé ;
CaO Cl2, orangé jaune.
Le chloroforme se colore en orangé, l'éther et ie benzène
<en orangé jaune, le sulfure de carbone en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L'absorption unilatérale croît à partir de 560 rr : elle
devient complète au niveau de 472 rr.
b) La solution alcoolique, traitée par l'ammoniaque,
fournit un spectre dans lequel l'absorption croît depuis
575 rr jusqu’à 480 rr. Au delà, il y a extinction
totale.
c) L’examen de la solution alcoolique, traitée par l'acide
sulfurique, montre une absorption dont l’intensité
croît de 560 rr à 487 rr ; elle est complète au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 575 rr à 495 rr l’absorption croît, puis elle devient
totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 560 rr et 480 rr l’absorption croît, au delà tout
est absorbé.
Essais de teinture. - — Les diverses teintes que donne la
laine, comme celles fournies par la soie, d’ailleurs assez mal
■ caractérisées dans l’ensemble, n’offrent aucun intérêt au point
de vue tinctorial.
Tokandilana
Lieu d'origine. — Province de l’Imerina du Xord.
Caractères extérieurs. — De couleur orangé foncé, le
■duramen est bien différencié de l'aubier ; il est dur, compact et
texture fibreuse.
112
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Sur la section transversale, finement striée de lignes
radiales, on distingue des points blancs très nombreux,
uniformément répartis sur un fond plus coloré.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse, de couleur-
orangé jaune clair, présente les variations suivantes :
avec... SO4 H2, précipité jaune clair ;
\a OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé jaune brun ;
CaO Cl2, léger précipité jaune clair.
L'eau alcaline se colore en rouge orangé et l’eau acidulée-
en jaune très clair.
Avec l'alcool on obtient une solution orangé jaune ; les-
divers réactifs choisis produisent des modifications de cette
teinte primitive, que l’on peut résumer ainsi :
par... SO4 H2, jaune :
AH4 OH, rouge ;
Fe Cl3, orangé jaune ;
SO3 XaH, jaune.
Le chloroforme et le benzène se colorent en orangé jaune,,
l’éther et le sulfure de carbone en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Faible de 560 uu à 515 nu l’absorption croît depuis
515 nn jusqu’à 480 uu. Au delà elle est complète.
b) La solution alcoolique, traitée par l’ammoniaque,
fournit un spectre dans lequel l’absorption est totale
à partir de 595 nn-
c) L'acide sulfurique modifie le spectre de la solution
alcoolique ; l’absortion, faiblement croissante de
535nn à 465nj*, devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 589 un à 575 nn l’absorption croît. Au delà il y a
extinction complète.-
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 575 ni1 et 560 nn l’absorption est croissante. Au
delà elle est totale.
d’après leurs caractèrés CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES ll3
Essais de teinture. — Les tons obtenus avec la laine sont
ternes et mal caractérisés. D’une nuance faible, les diverses
teintes que fournit la soie ne sont guère susceptibles
d’application.
Tomboliso
Lieu d'origlne. — Cercle de Fort-Dauphin.
Caractères extérieurs. — Le bois est dur, compact, à
grain très fin et susceptible d’un beau poli. Il possède un aubier
(- 1 -) non coloré et bien distinct du duramen, qui offre une
coloration rouge très foncé.
La section transversale montre des zones concentriques
claires très fines, alternant avec des zones foncées plus larges ;
les ponctuations, d’ailleurs assez peu nombreuses, sont réparties
sur toute la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — L’extrait aqueux présente un
louche orangé très clair, mais avec les changements de teinte
suivants :
par... SO4 H2, louche orangé très clair ;
Na OH, orangé jaune :
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, louche jaune.
L’eau alcaline est rouge très foncé, l’eau acidulée jaune
très clair.
La matière colorante dissoute par l’alcool fournit une
solution rouge foncé, que les divers réactifs choisis modifient
ainsi :
avec... SO4 H2, violet rouge foncé ;
NH4 OH, rouge brun foncé ;
Fe Cl3, violet, rouge foncé ;
SO3 NaH, rouge orangé.
Le chloroforme donne une solution orangée avec
fluorescence verte, l’éther devient rouge orangé avec fluores-
cence verte, le benzène et le sulfure de carbone se colorent en
jaune très clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique,
a) Absorption complète au niveau de 620 hr.
114
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
b) Traitée par l'ammoniaque, la solution précédente
devient opaque.
c) Soumise à l’action de l’acide sulfurique, la solution
alcoolique donne un spectre qui présente une forte
absorption jusqu’à 660 gg. Au- delà il y a extinction
totale.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Cette solution est opaque à la lumière.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Comme précédemment la solution ainsi obtenue est
opaque.
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
rouge brun
très foncé
orangé brun
très foncé
brun noir
brun noir
orangé jaune
brun
Soie . .
rouge foncé
rouge foncé
brou noir
orangé brun
très foncé
noir
Les deux teintes brun noir (sur Le et sur Cr) que donn ' !<i
laine sont bien caractérisées, ainsi que le rouge foncé (sur Al et
sans mordant) et le noir (sur Sn) fournis par la soie : mais ces
diverses nuances sont peu résistantes à la lumière et au lavage.
i ~ .
Tsiandala
Lieu d’origine. — Province d’Analalàva.
C’est le bois de rose des Sakalaves.
Caractères extérieurs. — Le bois présente un aubier (-^-)
non coloré et à bords nets ; le cœur, d’un beau rouge, est dur,
compact, à texture serrée et à grain fin.
Sur la section transversale on distingue de fines stries
radiales régulièrement espacées, et de nombreux points blancs
également distribués sur la surface plus foncée : enfin, des
zones concentriques sombres alternent avec des zones claires
plus étroites.
D’APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES 115
Caractères chimiques. — Si l’on traite la poudre du bois
par l’eau distillée, on obtient une solution jaune très clair ; elle
est modifiée ainsi :
par... SO4 H2, jaune très clair ;
Na OH, jaune ;
Fe Cl3, précipité orangé brun ;
CaO Cl2, jaune.
La soude et le chlorure de chaux développent dans la
solution aqueuse une fluorescence verte.
L’eau alcaline devient orangée, avec fluoresence verte; l’eau
acidulée reste incolore.
La solution alcoolique présente une coloration rouge
orangé avec fluorescence verte, et les changements de teinte
que produisent les divers réactifs essayés peuvent se résumer
de .la façon suivante :
avec... S O4 H2, orangé ;
NH4 OH, rouge foncé ;
Fe Cl3, orangé ;
SO3 NaH, orangé.
Le chloroforme se colore en rouge orangé clair, l’éther en
orangé clair, le benzène et le sulfure de carbone en jaune clair.
Caractères spectroscopiques. - — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption croît depuis 589 rr jusqu’à 575 ru ; puis
elle devient complète.
b) Cette solution, traitée par l’ammoniaque, donne un
spectre, qui présente une absorption totale à partir
615 RR.
c) La solution alcoolique, traitée par l’acide sulfurique
et examinée, fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît de 552 rr à 540 rr. Au delà il y a extinction
totale.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption croît de 589 rr à 548 rr ; elle est totale-
au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 575 rr à 535 rr l’absorption croît. Au delà tout
est absorbé.
116
la détermination des bois exotiques colores
E?sais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
rouge orangé
clair
rouge orangé
clair
orangé brun
orangé brun
orangé
Soie . .
orangé
orangé
orangé
orangé brnn
orangé vif j
Les teintes que donne la laine sonl assez fortes comme
intensité. Avec la soie les divers tons sont bien nuancés,
notamment l'orangé (sur Al) et l'orangé vif (sur Sn), mais ils
sont peu résistants à la lumière et au lavage.
Tsimamotrabavy
Lieu d'origine. - — Cercle de Morondava.
Caractères extérieurs. — Le bois, dont l’aubier (-^-) est
blanc, possède un cœur de couleur rouge, bien différencié ; il
est homogène et susceptible de prendre un beau poli.
La section transversale montre des zones saisonnières asse.'
bien délimitées : de fines stries radiales claires très rapprochérs
sillonnent la surface plus colorée, qui est piquetée de nombreux
points blancs disséminés sans ordre apparent.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est orangé
jaune très clair : elle présente les changements de teinte
suivants :
avec... SO4 H2, jaune très clair ;
Na OH, jaune ;
Fe Cl3, orangé :
CaO Cl2, jaune.
La soude développe une fluorescence verte dans l’extrait
aqueux. L'eau acidulée reste incolore, tandis que l’eau alcaline
devient orangée.
L’alcool fournit une solution de couleur rouge : cette teinte
est modifiée ainsi :
par...
SO4 H2,
\H4 OH,
Fe Cl3.
SO3 XaH.
rouge orangé :
violet rouge foncé ;
rouge orangé ;
rouge orangé.
D’APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES 117
Le chloroforme prend une coloration rouge, l’éther orangé
jaune, le benzène et le sulfure de carbone jaune clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
Dès 620 hji l’absorption est totale.
b) Traitée par l’ammoniaque la solution précédente
fournit un spectre, dans lequel l’absorption est
complète à partir de 650 an.
c) L'acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre : de 575 aa à 560 aa l’absorption
croît. Au delà il y a extinction totale.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Entre 605 a^ et 575 an l’absorption croît, elle est
complète au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croît depuis 575 aa jusqu’à 525 an ; elle
devient totale au delà.
Essais de teinture. — Avec la laine, l’orangé brun foncé
est assez bien caractérisé.
La soie fournit les divers lotis suivants :
Sans mordant
Al
Fe
Cr
Sn
orangé
orangé
orangé brun
foncé
rouge orangé
clair
rouge orangé
clair
Les teintes ainsi obtenues, quoique bien nuancées, sont
peu résistantes à la lumière et au lavage.
Tsitialambaroa
Lieu d’origine. — Analamazaotra.
Caractères extérieurs. — La matière colorante est
répartie également dans l'aubier et dans le dura me n, de telle
sorte qu’il n’y a pas de ligne de démarcation nette entre ces
deux régions. Le bois, de couleur orangé très foncé, est dur,
compact, à texture homogène et à grain fin.
Sur la section transversale, on distingue des zones
alternativement claires et sombres, avec des points blancs
disséminés sans ordre sur la surface plus foncée de la coupe.
118
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
Caractères chimiques. — La poudre du bois traitée par
leau distillée donne une solution orangée : les divers réactifs
essayés produisent les variations suivantes :
avec... SO4 H2, précipité orangé ;
Na OH, rouge foncé ;
Fe Cl3, précipité brun noir ;
CaO Cl2, précipité orangé brun.
L'eau acidulée reste incolore, tandis que l’eau alcaline
devient orangé jaune.
Avec l'alcool comme dissolvant, on obtient une solution
orangé jaune, et l’action des réactifs choisis peut se résumer
ainsi :
par... SO4 H2, orangé jaune ;
\H4 OH, orangé jaune ;
Fe CR orangé jaune ;
SO3 XaH. décoloration.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L'absorption croît de 589 nn à 525 uu ; puis elle
devient complète.
b) Le spectre que donne la solution aqueuse, traitée
par la soude, présente une absorption dont l’intensité
croît depuis 589 nu jusqu’à 560 uu. Au delà il y a
absorption totale.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 575 nn à 525 un l’absorption croît, elle est complète
au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Entre 560 uu et 487 uu l’absorption croît. Au delà elle
est totale.
Essais df teinture. — La teinte jaune vert (sur Cr) que
donnent la laine ci la soie est assez bien caractérisée.
Par contre, les autres nuances, trop faibles d’intensité, ne
semblent pas susceptibles d'application.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
H9
Valela
Lieu d’origine. — Province des Betsimisaraka du Nord.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un aubier (-j-)
nettement séparé du duramen. Celui-ci, rouge orangé foncé,
est dur, compact et à grain assez tin.
En section transversale, on distingue des zones concen-
triques sombres, alternant avec des zones claires moins larges.
Dans le sens radial, le bois est coupé par des stries très fines
et régulièrement espacées.
Caractères chimiques. — Traitée par l’eau distillée, la
poudre du bois fournit une solution de couleur orangée ; elle
présente les modifications suivantes :
par... SO4 H2, précipité orangé :
Na OIJ, rouge orangé ;
Fe CR précipité orangé brun foncé ;
CaO Cl2, précipité orangé.
Tandis que l'eau alcaline devient rouge, l'eau acidulée reste
incolore.
L’extrait alcoolique est orangé-: il offre les variations de
teintes que l’on ‘peut résumer ainsi :
avec... S O4 H2, orangé :
NH4 OH, rouge orangé et fluorescence vente;
Fe Cl3, orangé ;
SO3 NaH. rouge orangé clair.
Le principe colorant est insoluble dans l’éther, le
chlor'oforme, le benzène et le sulfure de carbone.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Une bande d’absorption très faible s’étend de 589 rr
à 575 ru. puis l’absorption devient partielle depuis
575 ru jusqu’à 515 rr.
Au delà il y a extinction totale.
b) La solution précédente, traitée par l’ammoniaque et
examinée, fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît à partir de 589 rr. Au delà de 535 rr tout est
absorbé.
120
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORES
c) L acide sulfurique ajoute à la solution alcoolique en
modifie le spectre, et l’on observe une absorption
partielle de 589 kh à 515 uu, totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Dès 605 hk l'absorption est totale.
8° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 605 un à 589 kk l'absorption croît, puis elle devient
complète.
Essais de teinture. — Les nuances que donne la laine sont
ternes et faibles d’intensité.
Quoique mieux caractérisées, les diverses teintes obtenues
avec la soie n’offrent qu'un médiocre intérêt.
/
Voabasse
Lieu d’origine. — Cercle de Fort-Dauphin.
Caractères extérieurs. — Le bois, dont l’aubier (-L)n’est
pas coloré, présente un cœur brun noir, à grain très fin et
susceptible d’un beau poli.
Sur la section transversale, la matière colorante, très
abondante, ne laisse guère voir que des* points blancs
nombreux, répartis sans ordre apparent sur toute la surface
fortement colorée de la coupe.
Caractè res chimiques. — L'extrait aqueux présente un
louche jaune vert. Sous l’action de divers agents chimiques on
a les résultats suivants :
avec... SCD H2, louche jaune vert ;
\a OH, jaune et fluorescence verte ;
Fe Cl3, louche orangé jaune brun ;
CaO Cl2, louche jaune vert clair.
L’eau acidulée est à peine colorée en vert très clair ; l’eau
alcaline devient orangé jaune et manifeste une fort belle
fluorescence verte. Lorsqu'on traite la poudre du bois par
l’alcool, on a une solution de couleur orangé, avec fluorescence
verte. Les changements ’e teintes sont les suivants :
D’APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES 121
par... SO4 H2, orangé jaune brun et fluorescence
verte ;
\H4 OH. rouge orangé foncé et fluorescence
verte ;
Fe Cl3, orangé brun et fluorescence verte ;
SO3 NaH. orangé jaune et fluorescence verie.
Le chloroforme devient orangé, avec fluorescence verte :
l’éther se colore .en jaune, le benzène et le sulfure de carbone
en jaune clair.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption croît de 589 uu à 548 uu, puis elle
devient complète.
b) Cette solution, traitée par l’ammoniaque, donne un
spectre dans lequel l’absorption croît ' depuis 605 ru
jusqu’à 589 rr. Au delà il y a absorption totale.
c) Soumise à l'action de l'acide sulfurique la solution
alcoolique donne un spectre qui présente une absorp-
tion très forte jusqu’au niveau de 589 im ; elL est
complète au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption unilatérale croît de 575 un à 505 un . elle
devient totale au delà.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 560 nn à 487 nn l’absorption croît. Au delà elle est
• complète.
Essais de teinture. - — La laine se teint difficilement.
Pareillement, la soie fournit des nuances de faible intensité,
et d’ailleurs mal caractérisées.
Au point de vue tinctorial, ce bois n'offre donc qu’un
intérêt médiocre.
Voandrojana, N° 344
Lieu d’origine. — Province de Mananjary.
Caractères extérieurs. — Le duramen, nettement séparé
■de l'aubier, est noir, compact et susceptible d’un beau poli.
T. a matière colorante, très abondante, envahit toutes les
122
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
parties du tissu ligneux, de telle sorte qu’il n’est guère
possible d’en distinguer les détails de structure.
Caractères chimiques. — Lorsqu on soumet la poudre du
bois à l'action de l’eau distillée, on obtient une solution orangé
très clair, et les changements que produisent les réactifs choisis
sont :
avec... SO4 H?, précipité orangé clair ;
Xa OH, précipité rouge brun ;
Fe Cl3, orangé jaune brun ;
CaO Cl2, précipité orangé jaune brun ;
L'eau alcaline se colore en rouge orangé, l’eau acidulée
reste incolore.
Avec l'alcool, on a une solution orangé jaune ; cette
coloration est modifiée ainsi :
par... SO4 H2, orangé jaune ;
XII4 OH, rouge orangé ;
Fe Cl3, orangé jaune ;
SO3 XaH, orangé jaune clair.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. - — 1° Solution aqueuse.
a) La solution aqueuse, qui est louche, ne permet pas
l’observation au spectroscope.
b) Cette solution, traitée par la soude, donne un spectre
dans lequel l’absorption croît depuis 575 rr jusqu’à
487 rr, puis devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 589 rr à 575 ru l’absorption croît. Au delà il y a
extinction complète.
8° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L'absorption croît de 589 ru à 560 rr ; elle est totale
au delà.
Essais de teinture. — La laine et la soie se teignent fort
mal. D’ailleurs, la matière colorante étant extrêmement peu
soluble dans l’eau, le bois étudié, quoique très riche en principe
colorant, ne saurait être employé comme bois de teinture, au
moins dans les conditions d’expérience que nous avons choisies.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
123
Voandronjana N° 554
Lieu d’origine. — Province de Mananjarv.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un aubier non
coloré et bien distinct : le cœur, de couleur rouge orangé foncé,
présente une texture homogène et serrée.
Sur la section transversale, on distingue des points cla'rs
très nombreux, répartis uniformément sur la surface plus
foncée de la coupe.
Caractères chimiques. — La poudre obtenue par le
broyage du bois et traitée par l'eau distillée donne une solution
jaune, qui offre les variations suivantes :
avec... SO4 H2, précipité jaune clair ;
Xa OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, brun noir ;
CaO Cl2, précipité orangé brun.
Tandis que l’eau acidulée reste incolore, l'eau alcaline
devient orangé jaune.
La solution alcoolique est orangé jaune clair. Les réactifs
choisis produisent des modifications de la coloration primitive
que l’on peut résumer de la façon suivante :
par... SO4 H2, précipité blanchâtre ;
\H4 OH, précipité orangé brun ;
Fe Cl3, précipité orangé jaune brun ;
SO3 XaH. jaune très clair.
Les autres dissolvants restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L’absorption est faible dans le vert et le bleu ; elle est
totale dans le violet ;
b) La solution aqueuse, traitée par la soude, donne un
spectre dans lequel l'absorption croît de 560 nn à
480 nu. Au delà il y a extinction complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
L’absorption unilatérale croît de 575 uu à 487 nn ; elle
devient totale au delà.
124
la détermination des bois exotiques colorés
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 560 iui à 472 ru l'absorption croît, puis elle devient
complète.
Essus ne teinture. — La laine fournit les nuances
suivantes :
J Sans mordant
Al
Fe
Cr
jaune
jaune vert
orangé brun
jaune vert
foncé
Parmi les tons obtenus avec la soie, le jaune (sur Al) et le
jaune vert (sur Cr) sont bien caractérisés.
Ces diverses teintes sont, d'ailleurs, assez peu résistantes à
la lumière et au lavage.
Voasimbona
Lieu d’origine. — Province des Betsimisaraka du Centre.
Caractères extérieurs. - — Bien séparé de l’aubier (-|-) , le
duramen, de couleur rouge orangé foncé, est dur et à texture
serrée. La section transversale, sillonnée de fines lignes
radiales, présente des bandes concentriques foncées plus larges
que les bandes claires ; des points colorés assez nombreux sont
disséminés sans ordre apparent sur toute la surface de la coupe.
Caractères chimiques. — Par le broyage du bois, on
obtient une poudre qui, traitée par l’eau distillée, donne une
solution jaune très clair. L action des divers réactifs choisis
sur cette solution peut se résumer ainsi :
par... SO4 H2, jaune clair ;
\a OH, orangé jaune ;
Fe Cl3, rouge brun foncé ;
CaO Cl2, jaune très clair.
L eau acidulée se colore en jaune très clair, l’eau alcaline
en orangé. La solution alcoolique de couleur orangée est
modifiée ainsi :
par... SO4 H2, orangé ;
NH4 OH. orangé jaune brun ;
Fe Cl3, orangé ;
SO3 NaH, orangé clair.
—
D’APRÈS LEURS CARACTÈRES CHIMIQUES ET SPECTROSCOPIQUES 125
Le chloroforme se colore en orangé jaune et les autres
dissolvants en jaune.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L'absorption unilatérale croît de 575 un à 515 ru,
puis elle devient totale.
b) La solution alcoolique, traitée par l’ammoniaque,
fournit un spectre dans lequel l’absorption croît
progressivement depuis 575 rr jusqu'à 505 rr ; il y a
extinction totale au delà.
c) L'acide sulfurique modifie le spectre, et l’affaiblis-
sement de la lumière croît depuis 560 rr. Au delà de
515 rr tout est absorbé.
2° Solution alcaline avec 0" gr. 50 de poudre.
Le spectre que donne cette solution présente une
absorption croissante de 575 rr à 505 rr ; à partir
de 505 rr l’absorption est totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
De 560 rr à 480 rr l’absorption croît, puis elle devient
complète.
Essais de teinture. — La laine donne des nuances d’une
tonalité orangé brun. Avec la soie, on obtient des teintes assez
mal caractérisées. Les propriétés tinctoriales de ce bois sont
très médiocres et ne semblent pas le rendre susceptible
d’application en teinture.
0 Vontsonjo
Lieu d’origine. — Province de Farafangana.
Caractères extérieurs. — Le bois possède un duramen
de couleur orangé foncé, nettement séparé de l’aubier ; il est
compact, bien homogène et à grain assez fin.
Sur la section transversale, finement striée de lignes
radiales, on distingue des zones concentriques claires, alternant
régulièrement avec des zones plus sombres ; des points blancs
126
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
nombreux sont uniformément répartis sur toute la surface de
la coupe.
Caractères chimiques. — Si l’on traite par divers agents
chimiques la solution aqueuse, qui est orangée, on observe les
variations suivantes :
par... S O* H-, précipité orangé ;
Na OH, rouge foncé ;
Fe Cl3, précipité brun noir ;
CaO Cl2, précipité orangé brun.
L'eau alcaline se colore en rouge foncé avec fluorescence
verte, tandis que l’eau acidulée reste incolore.
L'alcool fournit une solution orangé jaune, avec les
modifications suivantes :
par... SO4 H2, orangé jaune :
NH4 OH, précipité orangé :
Fe Cl3, orangé brun très foncé ;
-SO3 NaH, jaune.
L'ammoniaque produit une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
L’éther, le chloroforme, le sulfure de carbone et le benzène
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution aqueuse.
a) L'absorption croît depuis 58 9 nn jusqu’à 548 ; elle
est totale au delà.
b) La solution précédente, traitée par la soude et
examinée, fournit un spectre dans lequel l’absorption
croît de 605 un à 589 nn- Au delà il y a absorption
complète.
2) Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Très forte jusqu'à 605 . l’absorption est totale au delà.
3) Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L'absorption est partielle jusqu’à 589 elle croit de 589 uu ,
à 575 u^., puis elle devient complète.
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
127
Essais de teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Cr
Sn
Laine.
orangé brun
orangé brun
orangé brun
foncé
orangé brun
orangé
Soie . .
orangé jaune
orangé jaune
orangé jaune
brun foncé
orangé jaune
brun
jaune
Les teintés que donne la laine sont assez fortes comme
intensité, notamment l'orangé brun (sur Cr).
Parmi les nuances obtenues avec la soie, l’orangé jaune
brun foncé (sur Fe), l’orangé jaune brun (sur Cr) et le jaune
(sur Sn) sont bien caractérisés.
Quoique assez peu altérables par la lumière, ces diverses
teintes ne résistent guère au lavage.
CHAPITRE CINQUIEME
Dans ce chapitre nous étudierons un bois de Conilère et
quelques bois de Légumineuses parfaitement déterminées dont
les échantillons proviennent du Tonkin ou de la Guyane
Française.
Cunninghamia sinensis R. Br. (Conifères)
Lieu d’origine. — Haut-Tonkin.
L’échantillon que nous avons examiné (bois de cercueil ) ,et
qui a été envoyé comme bois demi-fossile, est de couleur orangé
foncé.
Caractères chimiques. — Traitée par l’eau distillée, la
poudre de ce bois donne un louche jaune très clair, et l’action
des divers réactifs essayés peut se résumer ainsi :
avec... SO4 H3, louche jaune très clair ;
Na OH, jaune ;
Fe Cl3, orangé jaune brun foncé ;
CaO Cl2, précipité orangé.
L’eau alcaline prend une coloration orangé jaune avec
fluorescence verte ; l’eau acidulée reste incolore.
La solution alcoolique est orangé jaune : sous l’action des
réactifs choisis elle présente les modifications suivantes :
avec... S04H2, orangé jaune :
NH4OH, orangé ;
FeCl3, orangé jaune brun foncé ;
S03NaH, jaune.
L ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
Le chloroforme et l’éther se colorent en jaune, le benzène
et le sulfure de carbone en jaune c’air.
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
129
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Faible absorption de 5(30 rr à 495 rr, plus forte entre
495 hr et 487 rr; totale au delà.
b) Le spectre que donne la solution alcoolique, traitée
par l’ammoniaque, présente une absorption dont
l’intensité croit depuis 560 rr jusqu’à 495 rr. Au
delà il y a extinction complète.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique n en
modifie pas sensiblement le spectre d’absorption.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 575 rr à 487 rr l’absorption croît ; puis elle devient
totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croît de 560 rr à 472 rr elle est complète
au delà.
Essais de teinture. — Les divers tons que donne la laine
sont ternes et d’ailleurs mal caractérisés.
La soie se teint avec la même difficulté, et les nuances
obtenues sont très faibles d’intensité.
Au point de vue tinctorial, ce bois n’offre donc aucun
intérêt.
Caesalpinia Sappan Lin. (Légumineuses)
Lieu d’origine. — Tonkin.
C’est, le Brésillet des Indes , dont les. caractères extérieurs
ont été déjà décrits par de nombreux auteurs HL
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est rouge
orangé, avec fluorescence verte. Sous faction de quelques
réactifs, elle présente les changements suivants :
avec... SOH2. orangé ;
Na OH, rouge ;
Fe Cl3, précipité rouge brun ;
CaOCl3, précipité rouge.
Cl) H. Stone, The Timhers o/ commerce and lheir identification , 1914. p. 70.
J. L. de Lanessan, loc. cit. p. 286.
H. Gaebelé, loc. cit. p. 59.
130
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
L'eau alcaline se colore en rouge foncé, avec fluorescence
verte, l'eau acidulée en jaune.
Avec l’alcool on obtient une solution orangée avec
fluorescence verte : les divers réactifs choisis produisent les
modifications suivantes :
avec... SCFHL orangé :
\H4OH, rouge :
Fe Cl1 2 3. rouge très foncé (opaque) ;
S03XaH, orangé jaune.
L’ammoniaque développe une fluorescence verte dans la
solution alcoolique.
Le chloroforme se colore en jaune clair, l'éther en jaune ,
le benzène et le sulfure de carbone ne dissolvent pas le
principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique,
a) L absorption est partielle entre 560 un et- 525 nu,
plus forte de 525 un à 515 uu et totale au delà.
F La solution alcoolique, traitée par l'ammoniaque,
présente une absorption complète au delà 585 uu.
c) L’acide sulfurique ajouté à la solution alcoolique en
modifie le spectre, et l'absorption, croissante depuis
548 un jusqu'à 540 uu, devient totale au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Absorption complète à partir de 615 uu.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Au delà de 605 uu il y a extinction totale.
Propriétés tinctoriales. — Aux Indes ce bois est utilisé
dans la teinture de la laine et dans l’impression du calicot.
Les propriétés tinctoriales de ce bois ont déjà été
étudiées P).
Haematoxylon Campechianum Lin (Légumineuses)
Lieu d'origine. — Guyane Française.
Cette espèce fournit le bois de campêche ( Logwood de?
Anglais). M. Stone a fait connaître un procédé chimique
(1) A. G. Perkin, loc. cit. p. 369.
(2) H. Stone, Arm. du Musée Colonial de Marseille. Les Bois utiles de 1»
Guyane Française. 1917. p. 84-90.
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
131
permettant de distinguer le bois de campêche des bois du Brésil
et du bois de sanlal rouge , sans préciser, d’ailleurs, dans
quelles conditions l’essai chimique qu’il propose doit être
effectué. Ces trois bois, en effet, peuvent être confondus si
l’on n’examine que leurs caractères extérieurs.
A cet égard, M. Perkin- (3) différencie YHaematoxylon
Campechianum Lin de YHaematoxylon ap’icanum Pearson et
du bois de Brésil à l’aide des caractères donnés par l’extrait
aqueux du bois, lorsqu’on le traite par la soude caustique, le
perchlorure de fer et l’acétate de plomb ; mais l’auteur ne nous
indique pas la technique de son essai, et nous avons déjà montré
que, pour avoir des résultats toujours identiques, il importait
de bien fixer les conditions dans lesquelles on opère.
Caractères chimiques. — La solution aqueuse est rouge.
Traitée par les divers réactifs choisis, elle donne les modifi-
cations suivantes :
avec... S04H3, rouge orangé ;
Na OH, violet rouge foncé (opaque) ;
FeCl3, précipité brun noir :
Ca-OCl2, précipité rouge brun.
L’eau alcaline se colore en rouge foncé et l’eau acidulée en
jaune.
De couleur orangée la solution alcoolique présente les
changements de teintes suivants :
avec... S04H2, rouge orangé ;
XH4OH, rouge foncé :
FeCl3, précipité bleu violet ;
S03NaH, orangé jaune.
Le chloroforme se colore en jaune clair, l’éther en jaune :
le benzène et le sulfure de carbone restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique,
a) Faible absorption de 560 np à 535 pp, plus forte
entre 535 pp et 525 ru. Au delà il y a extinction
totale.
b) Cette solution, traitée par l’ammoniaque et examinée,
fournit un spectre dans lequel l’absorption est
brusquement totale dès 615 au.
(3) A. G. Perkin, loc. cit. p. 382.
132
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORES
c) L'acide sulfurique, ajouté à la solution alcoolique, en>
modifie le spectre et l’absorption, croissante de 575 pp.
à 560 uu, est complète au delà.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Très forte absorption jusqu’à 665 pp, totale au delà.
3° Solution alcaline avec 0*gr. 30 de poudre.
Partielle jusqu'à 620pp, l'absorption est complète au
delà.
Propriétés tinctoriales. — De nos jours encore le bois
de eampèche P est très employé dans la teinture, principa-
lement dans l'obtention des noirs sur soie, ainsi que dans la
composition de diverses teintures complexes.
Peltogyne paniculata Benth. (Légumineuses)
Lieu d’origine. — Guyane Française.
Cette espèce fournit un bois de couleur violette (2).
Caractères chimiques. — La solution aqueuse, qui est
orangé jaune très clair, est modifiée ainsi :
par... S04H1 2, orangé jaune très clair ;
Na OH, orangé jaune ;
FeCl3, orangé jaune brun ;
CaOCl2, précipité jaune clair.
La soude développe une fluorescence verte dans la solution
aqueuse.
L'eau alcaline se colore en rouge orangé avec fluorescence
verte : au contraire, l’eau acidulée reste incolore.
Avec l'alcool on obtient une solution rouge : et l’action des
divers réactifs choisis peut se résumer ainsi :
avec... S04H2, rouge orangé ;
\H4OH, rouge foncé ; *
FeCl3, brun noir ;
S03XaH, rouge clair.
(1) A. G. Perkin, loc. cil. p. 379.
(V) H. Stone. I de 1 irnbers of Brilish Guiana. 1914, p. 74.
4nn. du Musée Colonial de Marseille, Les Bois utiles de la Guyane
Française, 1917. p. 113-114.
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
13a
La solution alcoolique, traitée par l’ammoniaque, présente
une fluorescence verte.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
ne dissolvent pas le principe colorant.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) L’absorption est complète à partir de 615 hr.
b) Traitée par l’ammoniaque et examinée, la solution
alcoolique fournit un spectre dans lequel l’absorption
est totale au delà de 650 hr-
c) L’acide sulfurique, ajouté à la solution alcoolique, en
modifie le spectre, et l’absorption est complète au
niveau de 589 rr.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 605 hh à 589 rr l’absorption croit, puis elle devient
totale.
8° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
L’absorption croit depuis 575 rr jusqu’à 535 rr : elle
est complète au delà.
Essais de teinture. — Parmi les teintes que donne la laine, 1
le jaune vert foncé (sur Al) et l’orangé jaune brun (sur Cri sont
assez bien caractérisés.
Les nuances obtenues avec la soie sont plus faibles
d’intensité, et le jaune vert (sur Cr) offre seul quelque intérêt.
Baphia pyrifolia Baill. (Légumineuses)
Lied d’origine. — Guyane Française.
Caractères extérieurs. — Le bois, rouge foncé, est dur,
compact, à grain fin ; il est susceptible de prendre un beau poli.
Sur la section transversale, on distingue nettement des
zones concentriques alternativement claires et colorées, avec,
ça et là, des points blancs assez nombreux ; de fines stries
radiales sillonnent la surface plus foncée de la coupe.
Caractères chimiques. - — La poudre du bois, traitée par
l’eau distillée, donne un louche orangé jaune clair ; les divers
réactifs essayés produisent les modifications suivantes :
134
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
avec... S04H2, louche jaune clair ;
Na OH, orangé jaune ;
FeCl3, précipité orangé brun ;
CaOCl2, louche jaune.
La soucie développe une fluorescence verte dans la solution
aqueuse.
Léau alcaline devient orangée avec fluorescence verte,
l'eau acidulée reste incolore.
De couleur rouge, la solution alcoolique présente des
variations de teintes, que l’on peut résumer ainsi :
avec... S04H2, orangé ;
NH4OH, rouge foncé et fluorescence verte ;
FeCl3, rouge orangé foncé ;
S03XaH, orangé.
La solution alcoolique elle-même manifeste une fluores-
cence verte.
Le chloroforme se colore en orangé clair, l'éther en orangé
jaune clair, le benzène et le sulfure de carbone restent incolores.
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Absorption complète à partir de 615 ru.
b) Le spectre que donne la solution alcoolique, traitée
par l’ammoniaque, présente une absorption totale au
delà de 640 rr ;
c) L’acide sulfurique, ajouté à la solution alcoolique, en
modifie le spectre, dans lequel l’absorption croît depuis
575 rr jusqu’à 560 rr ; puis elle devient complète.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
De 589 i-i r à 535 rr l’absorption croît ; au delà il y a
extinction totale.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Croissante à partir de 575 rr, l'absorption est complète
au delà de 505 rr.
Essais df. Teinture :
Non
mordancée
Al
Fe
Gr
Sn
i Laine.
orangé
orangé
orangé brun
orangé jaune
brun
orangé
Soie . .
rouge orangé
(rosé)
orangé clair
orangé brun
orangé brun
clair
orangé
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
13£>
L'orangé (sur Al) et l’orangé brun (sur Fe) que donne la
laine sont assez bien caractérisés. Parmi les divers tons obtenus
avec la soie le rouge orangé (sans mordant) et l’orangé (sur Snj
sont bien nuancés.
Remarque. — Le Barwood des Anglais provient du Baphia
nilida Lodd, tandis que le Camwood serait fourni par une
variété de la même espèce. L’essai de teinture a permis à
AL Perkin (L de comparer ces deux bois.
Vouacapoua americana Aubl. (Légumineuses)
Lieu d’origine. — Guyane Française.
Cette espèce donne un bois qui offre une certaine
ressemblance avec le bois des Palmiers (1 2L
Caractères chimiques. — De couleur orangé jaune c'air,
la solution aqueuse est modifiée ainsi :
Par... S04H2, jaune clair ;
NaOH, orangé foncé ;
FeCL3, précipité orangé brun très foncé ;
CaOCL2, précipité orangé foncé.
L’eau acidulée se colore en rouge orangé foncé, l’eau
acidulée reste incolore.
Avec l’alcool, on obtient une solution orangé jaune ; et
l’action des divers réactifs essayés peut se résumer ainsi
Avec... S04H2, orangé jaune ;
NH4OH, rouge orangé foncé ;
FeCl3, orangé brun foncé ;
So3NaH, jaune.
La solution alcoolique traitée par l’ammoniaque présente
une fluorescence verte.
Le chloroforme, l’éther, le benzène et le sulfure de carbone
prennent une coloration jaune clair.
(1) H. Perkin, loc. cit. p. 591.
(2) H. Stone, loc. cil. p. 49-51.
J. L. de Lanessan, loc. cit. p. 132.
E. Martin^Lavigne, loc. cit. p. 100.
136
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORES
Caractères spectroscopiques. — 1° Solution alcoolique.
a) Faible absorption de 560 m-k à 495 ru, plus forte
entre 495 rr et 480 ru, totale au delà.
b) Le spectre que donne la solution alcoolique, traitée
par l’ammoniaque, est caractérisé par une faible
absorption, qui s’étend depuis 560rr jusqu'à 525rr •
entre 525 rr et 480 rr l’absorption est plus forte.
Au delà il y a extinction complète.
c) L’acide sulfurique ne modifie pas sensiblement le
spectre d’absorption de la solution alcoolique.
2° Solution alcaline avec 0 gr. 50 de poudre.
Cette solution es! opaque à la lumière.
3° Solution alcaline avec 0 gr. 30 de poudre.
Forte absorption jusqu’à 589 rr, totale au delà.
Essais de teinture. — Les teintes que donne la laine son1
d’une nuance orangé brun,
Les divers tons obtenus avec la soie sont faibles d’intensité
et d’ailleurs mal caractérisés.
Le bois étudié ne présente pas des propriétés tinctoriales
qui puissent le rendre susceptible d’application en teinture.
CHAPITRE SIXIEME
Résumé Général
Classifications et Conclusions
Parmi les caractères chimiques que nous avons étudiés, il
en est qui, d'une espèce à l’autre, présentent des différences
telles que ces caractères peuvent fournir un moyen de diagnose;
ce sont :
1° La solution aqueuse traitée par la soude ;
2° La solution alcaline;
3° La solution alcoolique ;
4° La solution alcoolique traitée par l’acide sulfurique ;
5° La solution alcoolique traitée par l’ammoniaque.
Et nous croyons avoir démontré, par la présente étude,
que les résultats fournis par ces déterminations chimiques,
raprochés des caractères du spectre d’absorption, sont un
bon moyen d’identification de l’espèce à laquelle un bois
appartient.
C’est ainsi que si l’on compare le harahara N° 4852 de
Madagascar, qui est le Phylloxylon Perrieri Drake, et le
harahara. N° 110, également malgache, mais qui était, en
collection, un échantillon non déterminé on aura :
Solution
aqueuse
+ NaOH
Solution
alcaline
Solution
alcoolique
Solution
alcoolique
+ SO* H2
Solution
alcoolique
+ NH4 OH
Phylloxylon
Perrieri Drake.
jaune
orangé
jaune clair
jaune clair
t orangé
t jaune
Harahara, n° 1 10
jaune
orangé
jaune clair
jaune clair
f orangé
' jaune
Le harahara N° 110 a ainsi les mêmes caractères de
coloration que le Phylloxylon Perrieri Drake ; nous pensons
donc pouvoir affirmer qu’il appartient à la même espèce.
D’autre part, suivant l'espèce étudiée, et suivant que le7
138
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
principe colorant du bois est, pour une espèce donnée, plus ou
moins soluble dans l’eau distillée ou dans l’alcool, on aura
recours, pour l’étude du spectre d’absorption, soit à la solution
aqueuse traitée par la soude, soit à la solution alcoolique
traitée par l’ammoniaque. Dans l’un ou l’autre cas, d’ailleurs,
on examine également le spectre d’absorption que donne la
solution alcaline obtenue avec 0 gr. 50 de la poudre du bois
et le spectre fourni par la solution alcaline obtenue avec
0 gr. 30 de la poudre du même bois.
Pour le Phylloxylon Perrieri Drake c’est, à cet égard, la
solution aqueuse qui donne les meilleurs résultats.
Et si nous comparons de nouveau par cette méthode le
Phylloxylon Perrieri Drake et le harahara N° 110 nous
avons :
Solution aqueuse
-f- NaoH
Solution alcaline
avec Ogr. 50 de poudre
Solution alcaline
avec 0 gr. 30 de poudre
Philloxylon Per-
rieri Drake . . .
560s*i* absorp. crois.
480^ absorp. totale
575w* absorp. crois.
525m* absorp. totale
5ti0:*i* absorg. crois.
487m* absorp. totale
Harahara n° 1 10
56(0;* absorp. crois.
48(0“ absorp. totale
575m* absorp. crois.
525m* absorp. totale
560i*i* absorp. crois.
487:*i* absorp, totale
On voit que le harahara *V° 110 possède non seulement
les mêmes caractères chimiques, mais encore les mêmes
caractères spectroscopiques que le Phylloxylon Perrieri Drake.
L’identification déjà établie par le procédé chimique est
confirmée par le procédé spectroscopique.
Inversement, la même méthode peut nous permettre de
reconnaître que tous les hazomena de Madagascar n’appar-
tiennent pas à la même espèce. Les indigènes, en effet,
désignent sous le nom ù’hazàmena divers bois rouges, parmi
lesquels il en est un, tout au moins, qui est bien déterminé,
c’est le Khaya madagascariensis Jum. et Perr. qui est un des,
hazomena des Sakalaves*.
Comparons un échantillon bien authentique de ce Khaua
madagascariensis Jum et Perr, avec deux autres hazomena ;
nous avons :
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
139
1° Caractères chimiques :
Solution
aqueuse
+ NaOH
Solution
alcaline
Solution
alcoolique
Solution
alcoolique
SO4 H2
Solution
alcoolique
-f N H4 OH
Khaya madagas-
cariensis
Jum. et Perr.
rouge foncé
rouge et
fluorescen-
ce verte
rouge
rouge
orangé
rouge foncé
et fluores-
cence verte
Hazomena , n» 44
rouge
rouge
jaune
jaune
orangé
clair et
fluorescen-
ce verte
Hazomena , n° 1 15
rouge foncé
rouge
orangé
orangé
rouge et
fluorescen -
ce verte
2° Caractères spectroscopiques :
Solution alcoolique
+ NH4 OH
Solution alcaline
avec 0 gr. 50 de poudre
Solutiou alcaline
avec 0 gr. 30 de poudre
Khaya, madagas-
cariensis
Jum. et Perr.
absorption
complète au delà
de 605,,
absorption
complète au delà
de 620;*
absorption
complète au delà
de 605,,
Solution aqueuse
+ N au H
Hazomena n<> 44
589,, absorP- 575,,
crois.
605;-:* absorP- 589„
crois.
589,,abs0I'P’575„
Crois.
Hazomena n° 115
absorption com-
plète au delà
de 620:*:*
620,:- absorP' 605,,
crois.
605„absorP-589„
crois.
L' hazomena N°44 et 1 ’hazomena N° 115 diffèrent
nettement du Khaya madagascariensis Jum. et Perr., tant par
leurs caractères chimiques que par leurs caractères spectros-
copiques ; nous pouvons affirmer que ces deux hazomena sont,
de tout, autres espèces que le Khaya madagascariensis Jum
et Perr.
Une troisième série d’essais nous a donné des résultats
également intéressants. C’est ainsi qu’avec le Dalbergia
ikopensis Jum. et le Voamboana N° 228, qui proviennent de
Madagascar, nous obtenons :
140
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
1° Caractères chimiques :
Solution
aqueuse
+ NaOH
Solution
alcaline
Solution
alcoolique
Solution
alcoolique
-H SU* H*
Soluti <n •
alcoolique
+ N H* OH
Dalbergia ikopen-
sis Jum.
orangé
jaune
oraügé
jaune
orangé
orangé
orangé
foncé
Voamboana no 228
orangé
jaune
orangé
jaune
orangé
orangé
orangé
foucé
2° Caractères spectroscopiques :
Solution alcooliqne
+ N H4 OH
Solution alcaliee
avec Ogr. 30 de poudre
Solution aléaliee
avec 0 gr. 30 de poudre
Dalbergia ikopen-
sis Jum.
Voamboana n° 228
575w* *brs^p- 495:*;*
crois.
5? ahsorp. 495w
crois.
560a:* absorP- 472^
crois.
560*:* abs0rP' 472;*:*
crois.
560:*:* absorP' 465a:*
crois.
5 0^absorp.465
■ ‘ crois. w
Ces deux bois offrant absolument les mêmes caractères
chimiques et spectroscopiques, le Voamboana -\° 228 est le
Dalbergia ikopensis Jum.
Avec le Voamboana inainty , le Voamboana mavo pt le
Voamboana mena de .Madagascar, on observe les différences
suivantes :
1° Caractères chimiques :
Solution
aqueuse
4- NaOH
Solution
alcaline
Solution
alcoolique
Solution
alcoolique
-fSO4 H2
Solution
alcoolique
+ NH4 OH
Voamboana mainty.
jaune
orangé
jaune
orangé
orangé
jaune
orangé
jaune
Voamboana mavo
jaune
jaune
orangé
jaune
orangé
jaune
orangé
jaune
Voamboanamena
jaune
orangé
jaune et
fluorescen.
bleu-
verdâtre
rouge
orangé
rouge
foncé et
fluorescen.
bleue
d’après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
141
2° Caractères spectroscopiques :
Solution oléoolique
+NH< OH
Solution alcaline
avec 0 gr. 50 de poudre
Solution alcaline
avec 0 gr. 30 de poudre!
Voamboana inainty.
? abs°rp. 4
crois.
75^ absorp. go,*, *
crois.
560:*;* absorP' 472:*i*
crois.
Voamboana mavo
560:^ absorP- 472:*:*
crois.
560:*:* absorP- 460:*:*
crois.
560i*s* absorp’ 460:*i*
crois.
Voamboana mena
absorption
complète au delà
de *iâ0s*:*
575:*s*absorp- 480:*:*
crois.
560:*:* absorP- 472,*i*
crois.
Le V oamboana mainty et le V oamboana mavo paraissent
provenir de deux espèces voisines, mais non identiques.
Quant au V oamboana mena , il est, au contraire, complè-
tement différent de ces deux bois.
Nous ne saurions dire, au reste, dans quelles limites
varient, dans l'étendue d’un genre donné, les caractères dont
nous nous servons. Mais ceci a relativement peu d’importance,
puisque botaniquement, les limites d'un genre ne sont pas
toujours tellement nettes quelles soient les mômes pour tous
les botanistes.
Autre remarque nécessaire : un même nom indigène comme
celui d ’hazamena, pourra très bien être appliqué à des arbres
appartenant à des groupements très éloignés. Le Weinmannia
Rutenbergii Engl., par exemple, serait encore un hazomena.
Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si nos caractères peuvent
eux-mêmes apparaître parfois différents entre bois désignés
sous la même dénomination vernaculaire.
Parmi les autres conclusions auxquelles nous amène encore
notre travail, relevons celle-ci : que beaucoup de bois renferment
des substances susceptibles de donner en solution aqueuse, et
sous l’action de la soude, ou encore en solution alcoolique, et
sous l’action de l’ammoniaque, des fluorescences qui. dans
quelques cas, sont particulièrement intenses. Ainsi nous avons
constaté.
142
LA DÉTERMINATION DES BOIS EXOTIQUES COLORÉS
I. - BOIS DE L’INDE
Couleur de la fluorescence
•
Solution
aqueuse
+ NaOH
Solution
alcaline
Solution
alcoolique
+ NH4 OH
Borassus flabelliformis Murr
verte
Artocarpus hirsuta Linn
—
—
verte
Artocarpus integrifolia Linu
verte
—
verte
Balanocarpus utilis Bedd
—
—
verte
Pterocarpus Marsupium Roxb
verte
bleue
—
Cedrela Toona Roxb
—
—
verte
Swietenia macrophylla King
—
—
verte
Carallia integerrima D.C
—
verte
II. — BOIS DE MADAGASCAR
Couleur de la fluorescence
Ocotea tricoplilebia Bak
Thespesia populnea Coir .
Psorospermum discolor Spach
Khaya madagascariensis Jum. etPerr
Hazomena n° 44
Hazomena n° 1 15
Acacia Sassa Baill
Afzelia bijuga Gray
Afzelia sp
Albizzia fastigiata Oliver
Dalbergia sp. n° 1828
Voamboana mena
1 Trachylobium verrucosum Gaertn.. .
Weinmannia Bojeriana Tul
Synchodendron ramiflorum Boyer.. .
Alambary
Andromena
Betrandraka
Faralantro
Hazotsiariano
Hazovoantango
Hirihitsika
Mamaty
Mendoray
Tsiandala
Tsimamotrabavv
Valela
Voabasse
Vontsonjo
Solutton
aqueuse
+ NaOH
Solution
alcaline
Solution
alcoolique
H- NH4 OH
verte
—
—
verte
verte
—
—
verte
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
bleu verdâtre
bleue
verte
verte
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
—
verte
—
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bleue
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verte
—
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verte
verte
verte
—
verte
—
—
—
—
verte
verte
verte
verte
—
verte
verte
d'après leurs caractères chimiques et spectroscopiques
143
III. - BOIS DIVERS
Couleur de la fluorescence
Solution
aquense
+ NaOH
,
Solution
alcaline
Solution
alcoolique
-f N H4 OH
Cunninghamia sinensis R. Br
verte
verte
Caesalpinia sappan Linii
—
verte
verte
Peltogyne paniculata Benth.
verte
verte
verte
Baohia pvrifolia Baill
verte
verte
verte
Vouacapoua americana Aubl
—
—
verte
On voit, par ce tableau, que c’est la solution alcoolique
traitée par l’ammoniaque qui, le plus souvent, est fluorescente.
Et à l’exception du Pterocarpus Marsupium Roxb., du
Voamboana mena et de Yllazovaantango , pour lesquels on
observe une fluorescence bleue, dans tous les autres cas on
obtient une fluorescence verte.
La netteté de ce caractère et sa facile obtention rendent
son utilisation dans la diagnose des bois.
C’est en nous basant sur ces caractères que nous avons
tenté d’établir une classification des divers bois étudiés.
Nous avons également mis à profit les différences que
présentent les spectres d’absorption des extraits de bois que
nous avons examinés, et nous avons dressé un tableau qui
pourra servir, dans les mêmes conditions, à l’identification d’un
bois coloré et à la détermination de son origine botanique.
Tels sont les avantages de la méthode que nous avons
employée, et qui. malgré ses imperfections, pourra être de
quelque utilité à ceux qui s’occupent des bois.
Evidemment cette méthode n’est applicable qu'aux bois
colorés, et pour lesquels son utilisation est d’autant plus aisée
que le bois est plus riche en matière colorante et que celle-ci
est plus soluble dans les dissolvants essayés, mais, si l’on
considère que, surtout pour les bois tropicaux, la coloration est
très fréquente, notre méthode apparaît comme déjà susceptible
d' larges applications.
Essai de Classification des Bois Colorés
d’après leurs Caractères Chimiques
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( orangé Dalbergia latifolia Roxb.
Solation aqueuse + NaOH \ orftngé jaune< Hitsika.
J 46
ESSAI DE CLASSIFICATION DES BOIS COLORES
GROUPE III : SOLUTION ALCOOLIQUE ORANGÉE
d’aprês leurs caractères CHIMIQUES
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ESSAI DE CLASSIFICATION DES BOIS COLORES
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Solution alcoolique + NH40H rouge
( Solutioa alcoolique +
avec fluorescenceN S04H2 orangé jaune
verte \ Solution aqueuse +
( NaOH rouge Andromena.
d’après leurs caractères chimiques
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150
ESSAI DE CLASSIFICATION DBS BOIS COLORES
d’après leurs caractères chimiques
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aqueuse + NaOH jaune Voamboana mavo.
E) Solution alcoolique jaune et fluorescence vorte
Solution alcaline jaune Mcimcity.
GROUPE V. : SOLUTION ALCOOLIQUE JAUNE
152
ESSAI DE CLASSIFICATION DES BOIS COLORÉS
C) Solution alcoolique + NH4OH orangé jaune avec fluorescence verts
( orangé brun foncé et fluorescence verte. Arlocarpus integrifolia Linn.
Solution aqueuse + NaOH | orangé jaune : Arlocarpus hirsula Linn.
D APRÈS LEURS CARACTERES CHIMIQUES
1S3
e) Solution alcoalique + NH3OH jaune
1) Avec fluorescence bleue
Solution alcaline rouge orangé avec fluorescence bleue. . Hazovoàntango.
2) Sans fluorescence :
154
ESSAI DE CLASSIFICATION DES BOIS COLORÉS
GROUPE VI : SOLUTION ALCOOLIQUE incolore
ESSAI
DE
CLASSIFICATION DES BOIS COLORÉS
d’après leurs Caractères spectroscopiques-
( Solution alcoolique + NH4OH Groupe I.
) Solution aqueuse + NaOH Groupe II.
Dans les deux cas on examine également les caractère? de
la solution alcaline obtenue avec 0 gr. 50 de la poudre du bois
et ceux de la solution alcaline obtenue avec 0 gr. 30 de la
poudre du même bois.
156
ESSAI DE CLASS1FIFICATI0N DES BOIS COLORES
.
GROUPE 1. — Solution alcoolique + NH4OH
1. Opaque. Solution \ Absorption totale au delà de 620pu .
alcoolique : j Absorption totale au delà de 605 yp .
2. a) Forte absorption 660pp totale au delà
Solution alcoolique : absorption partielle 640, j_p totale
b) Très forte absorption 640 ,jp complète au delà
Solution alcoolique :
Faible absorp. 660pp, de 605pp à 575 croît, totale
au delà
3. a) Absorption complète au delà de 650pp
Solution alcoolique
absorption :
Totale au delà de 620pix
Totale au delà de 615pp
b) Absorption complète au delà de 640,jjx
Solution alcoolique ^ 605U,A très forte 575 pp totale.
absorption : / Totale au delà de 610pp
a) Absorption complète à partir de 620 pp
605pp croît 560ap totale.
Solution alcoolique
\ 589 pp — 560u, ,j.
absorption :
< Complète au delà de 615pp
I 605pp très forte 560pp totale.
Totale au delà de 605pp
b) Absorption complète dès 615pp
Solution alcoolique
absorption :
560., ,,
faible
535 p ^
589 Up
croît
575Up
589,, ,j
—
575pp
c) Absorption totale dès 605pp
Totale au delà de 605pp
589pp très forte 548pp totale
595, tp partielle »i forte 548pp totale....
a) Absorption complète à partir de 595pp
Solution alcoolique
absorption :
SOabs^püon°:hqUe { 56(V faible 5154u croît 480pp tot>°.
absorption
b) Absorption
605 pp croît 589, j. u, totale
up
Solution alcoolique
absorption :
589pp partielle 535pp totale.
589pp croît 548 pp totale
6. a) Absorption : 589pp croît 575^^ totale
Solution alcoolique
absorption :
b) Absorption : 589
Solution alcoolique
absorption
c) Absorption
575u u, cr°îf 525pp totale
Totale dès (
croît 548pp totale
589|tp croît 535pp totale
575,,, j. croît 480
575np — 505pp —
Partielle 620p,
x croît 535pp totale
Solution alcoolique ) 589,. u 575pp partIle 515pp.
absorption : f ,AU faible
d) Absorption complète à partir de 582 jm
ab s o r p t! o n °! * q U 6 I 560'^ Part"e 525 o. P croît 515àP tot««
a) Absorption : 575pp croît 548pp totale
Solution alcoolique j
absorption ;
| 575Up croît û35pp totale.
Solution alca
avec 0 gr. 50 de
Opaque
Opaque
Complète
au delà de 6
575pp croit 525m
605pp — 575, j
605
au
— 589,
605 p M
589pp
589,
— 535,
589pp croît 535y
589 pp
589pp
605 pp
575pp
OtOy
— 560L
— 589j
— 480,
Très forte 660,
589pp croît 548j
575
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— 472,
Totale dès 6
589 pp croît 535|
Totale dès 6
589pp croît 575
Totale dès (
575pp croît 505
Totale dès
605 yp croît 58fj
DAPRÈS LEURS CARACTERES SPECTROSCOPIQUES
157
ion alcaline
30 de poudre
Noms des Espèces
Opaque
lie très faible
jpparaît
6ît 605^,, totale
Tomboliso.
Hitsika.
Dalbergia latifolia Roxb.
h —
Dalbergia sp N° 1828.
j
|
- 525^ —
- 535^ —
Tsimamotrabavy.
Peltogyne paniculata Benth.
r- 548|x!a —
- 50b u(i —
Acacia Sassa Baill.
Baphia pyrifolia Baill.
oit olônM totale
— 535^,^ —
— 548 —
— 548^ —
~ —
Mangalika.
Thespesia populnea Coir.
Dalbergia Perrieri Drake.
Voamboana, n° 26.
Voamboana mena.
; 620 jyx. totale
oit 530jxy, totale
ble, bleu croît,
)let totale
Haematoxylon Campechianum Linn.
Tsiandala.
Dalbergia Baroni Bak.
le dès 605 ,j u
oît 515mj, totale
1 — 589jxa —
Khaya Madagascariensis Jum. et Perr.
Dalbergia sp. N° 5.
Hirihitsika.
— 560^jx _
Tokandilana.
- 589^ _
- 487u„ _
Weinmannia Bojeriana Tul.
Voabasse.
lète dès 620(x^
Afzelia sp.
•oit 480 .jl u totale
— 589fX(jL —
Voamboana n~ 54
Albizzia Lebbeck Benth.
roît 589 u,j totale
Valela.
t |
de dès 605|xjx
Caesalpinia Sappan Lirm.
roît 5ï5n,, totale
Maranitrafasina.
158
ESSAI DE CI ASSIFICATION DES BOIS COLORÉS
GROUPE I. — Eolution alcoolique + NtUOH
Solution aie
avec 0 gr. 50 de
b) Absorption : 575 pp croît 535pp totale
Solution alcoolique l 589,,p part,le 515p,p croît 505pp totle. Totale dès;
absorption : f 575ua partlle 505pp croît 495pp totle 620 pp croît 6C
c) Absorption : 575pp croît 515pp totale
560uu croît 4S7pp totale 5S9pp
480p^ —
605up
5<5pa
Solution alcoolique *) croi1:
absorption : , ?bd'-G‘ ~
( 560pp 4SUpp -
d) Absorption : 575pp croît 505 pp totale
Solution alcoolique ( 575pp croît 515pp totale 575Up
absorption : | 560ap — A80ufl — 589pp
e) Absorption : 575pp croît 495ap totale
Solution alcoolique \ îlïllV croît totale 56°>>-u
” ' R7R-" — aOoua — 560uu
absorption :
0< °uu
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— 487^ —
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560,, a ■ croît 450pp. totale 575pp croît 49'
8.
f) 1. Absorption : 575pp croît 480pp totale
Solution alcoolique * *. ^ , ,
absorption : ) obdL,H croit 4,Lpp totale 575pp
2. Absorption : 572pp croit 4?2Ma totale
Solution alcoolique t r£!r. .. ,
absorption : | 560 ,,p croit 46opp totale 575pp
3. Absorption : 575pp croît 450pp totale
Solution alcoolique
absorption :
4. Faible bande dont le milieu est en 620wp.
Absorption : 575 croît 487 totale
Solution alcoolique
absorption :
a) Absorption : 560 pp croît 535pp totale.
Solution alcoolique ( r .. ,
absorption : J o60»u. faible 505Ud croit 48, pp tot>« 60ouu
b) Absorption : 560pp croît 495pp totale
Solution alcoolique t
absorption : i o60n'~>- faib,e 49oMP croît 48, u» totk 575^
c) Absorption : 560pM croît 487pp totale.
49c I
4S(
| 575Up partUe 495ap croît 480pp totle 589pp
58
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560,, p faible 495, ip croît 4SÛpp totk' 589,,,,
Solution alcoolique ' } eî^-‘ b^eu : ^.dbe ^
absorption : ■ llldlg0 : -n,us fort
560,
I Violet : totale \
560„p faible au début 472pp totale.. 560pp
d) Absorption : 560p„ faible 525pp croît 480p.p totale.
'««•» faible 4»W croit 480, ,M
e) Absorption : croît 560,. u 472pp totale.
S°absoiq)tion:0ll4Ut I 560 uu faible au début 46°uu totale..
f) Absorption : 560pp faible au début 450pp totale.
Solution alcoolique \ WeU = S*16
, .. 1 Indigo : croit
absorption . , Violet : totale
56*
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Opaqi;
• i;
560, ,,, croît 46'
5S9
’JL'JL
— 54
g) Bande dont le milieu est en : 515pp au delà
de 465pp totale
SOàbsoiüption°:llqUe ( 56°lt'J- faible au début 480|iu totale..
5S9pp croît 56
d'après leurs caractères spectroscopiques 159
Ion alcaline
1 . 30 de poudre
Noms des Espèces
dès 589 y |x
it 589 ix a totale
Hazotsiariano.
Cedrela Toona Roxb.
• 548yu —
- 560aL) —
■ 525,j.a —
Afzelia bijuga Gray.
Xylia dolabriformis Benth.
Dillenia Speciosa Thumb.
■ —
525au —
Voasimbona.
Anakaraka.
.
r 465uix —
- -165|x|x —
- 560uu —
Dalbergia ikopensis Jum.
Voamboana, n 228
Cynometra ramiflora Miq.
- 480|xix —
Tainakanga.
“ —
Voamboana Mainty.
ît 480lt,a totale
j- 560uu — |
[■ 589JXU —
r —
- 548uu —
~ 4-50[j tu —
~ 160nu —
389ix|x totale
Cedrelopsis Greveii Baill.
Trachylobium verrucosum Gaertn.
Ocotea tricophlebia Bak.
Cunninghamia sinensis R. Br.
Psorospermum discolor Spach.
Mamaty.
Tectona grandis Linn.
V ouacapoua Americana Aubl.
>ît 460, totale
Voamboana mavo..
— o25u u
Hazoarina.
ât 5-iSu^ totale
I
Hazofiara.
160
ESSAI DE CLASSIFICATION DES BOIS COLORÉS
GROUPE I. — Solution alcoolique NH4OH
9. a) Absorption : 548 up faible 480p,( croît totale .
Solution alcoolique i Y,el * ' ^a^Je
, .. ^ < Bleu : croit
absorption :
( Indigo : totale
b) Absorption : 548pu 'luiébul , croît 455pp totale.
c , ,. , ( Vert : très faible
Solution alcoolique Indi . croît
absorption : Viol|t ; totale
Solution alca
avec 0 gr. 50 de
560
— 495i
575
u, P
535|j
GROUPE II. — Solution aqueuse + NaOH
Solution alca
avec 0 gr. 50 de
1. a) Louche
b) Opaque
c) Presque opaque, un peu de rouge apparaît.
Louche
Forte 605pp ’*
Forte 620pu J
805 pp croît 589jj
2. a) Totale au delà de 620pp
b) Forte absorption 605pp totale au delà.
620pp -
605,
c) 605ujx croît 589 totale ....
3. a) Complète au delà de 589pp.
b)
5S9pp
croît
573U.'X
totale
c)
589 p, j.
croît
560uf,
totale
4. a)
575!JLp
croît
548p,t
totale
b)
5"5pp
—
535 u p
—
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575pu
—
515pp
—
d)
575,j.y:
—
505yp
—
e)
575 »u
—
487 pp
—
5. a)
560|([(
—
480 p p
—
b)
560p„
—
4"2pM
—
Forte 605 pp
(Très forte 605p
r589pp croît 575,
: 589 au — 5/5t
f605pp — 589|
Forte 605(xu
c) 560u,iiaufa^J)eut puis croît 465pp totale.
d) 560,Ap — — 455up —
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589,
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croît
589,
575i
545
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< 589 pp
(589 ,pp
—
560,
548
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(605pp
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—
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5*5,pp
575pp
—
548
495
—
575
\575,pp
—
525
525
4S7
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—
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—
560
I575pp
fseopp
faible
au début
487
46C
560pp
—
46Ô»
APRÈS LEURS CARACTERES SPECTROSCOPIQUES 161
Noms des Espèces
Andriavola.
Calophyllum tomentosum Wight.
[îtion alcaline
igr. 30 de poudre
Noms des Espèces
Louche
Hirinono.
Nat o.
Partielle
roît 5 15 u, j totale
Synchodendron ramiflorum Boyer.
le 589 ,,„ totale
Alavibanj.
■roît 53ouu totale
Albizzia fastigiata Oliver.
— 589.,), —
Hazomena, n° 115.
Partielle
Borassus flabelliformis Murr.
roît 575 u u totale
Partielle
V ontsonjo.
roît 575t,,i totale
■roît 560 .j , j total».
Andromena.
— 535,, ,, —
Pterocarpus marsupium Roxb.
- 589llu —
Farahotra.
le 589. ,,, totale
Mendoray.
:roît 487||,, totale
Sambalamang a.
— 575m, —
Hazomena, n° 44.
:roît 487uu totale
T sitialambaroa.
— 560,, u —
Balaocarpus utilis Bedd.
— 57oa(i —
Faralantro.
— 560 —
Betrandraka.
53outl —
Swie'enia macrophylla King.
548,,,, —
Hazovoantango.
— 548,.., —
Artocarpus integrifolia Linn.
~ 495 m, —
Carallia integerrivia D C.
— 560m, —
Harahara, n° 140.
— 525),,, —
Chotre.
— 515j,„ —
Morinda citrifolia Linn.
— 465m, —
Rafenaomby.
— • 560m, —
Voandrojana, n° 344.
— 48fU,i —
Phylloxylon Perrieri Drake.
— 487 m, —
Harahara, n° 110.
472),, j, —
Voandronjana, n° 554.
— 560,, u —
Artocarpus hirsuta Linn.
— 472,,,, —
Stereospermum euphorioïdes D. C.
rés faible ,
u début 4°uPli —
Fasikaro.
— 445,,), —
Berria ammonilla Roxb.
BOIS TINCTORIAUX
163
Il serait donc possible, au moins dans les conditions d’emploi que nous avons choisies, d’utiliser ces derniers bois en teinture
1C4
BOIS TINCTORIAUX
En définitive nous avons, dans ce travail, recherché
quelles sont les réactions colorées que présente l’extrait du
bois, puis nous avons relevé les particularités du spectre
d'absorption que donne le même extrait, et c’est en nous basant
sur ces caractères que nous avons tenté d’établir une
classification des bois colorés étudiés.
Nous pensons avoir suffisamment démontré que l’emploi de
notre méthode permettra l’identification d’un échantillon ou la
détermination de l espèce productrice, et cela dans de nombreux
cas où l’on ne possède aucun organe de la plante.
Parmi les bois examinés, il en était un certain nombre qui
renfermaient des substances fluorescentes ; et nous avons
encore pu utiliser ce caractère comme moyen de diagnose.
Enfin les propriétés tinctoriales de quelques-uns de ces bois
nous ont paru susceptibles d’intérêt pratique, et nous en avons
fixé les conditions d'application.
Notre travail a été entrepris à la Faculté des Sciences de
Marseille, dans le Laboratoire de Botanique de M. le Professeur
Jumelle.
Ou’il nous permettre de lui présenter ici l’hommage de
notre profonde et bien vive gratitude pour les excellents conseils
qu’il nous a donnés et la bienveillance toute particulière avec
laquelle il s’est intéressé à nos recherches.
Nous adressons également nos remerciements respectueux
à M. le Doyen Rivais, qui nous a toujours réservé le meilleur
accueil.
Enfin il nous est très agréable de remercier M. H. Stone
dont, la connaissance parfaite des bois nous a été si précieuse.
' BIBLIOGRAPHIE
1808 CHEVREUL, Expériences chimiques sur les bois de Brésil et de
Campêche. Ann. de Chirn., t. LXVI, p. 225-265.
1812 CHEVREUL, Recherches chimiques sur les bois de Campêche
et sur la nature de son principe colorant. Ann. de Chim .,.
t. LXXXI, p. 128-129.
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Bull, de Pharm., t. VI, p. 484.
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p. 129-164.
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t. XLVII, p. 32-36.
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Sonnenspectrum. Pogg. Ann., t. CXVIII, p. 70-78.
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Animal and Vegetable colouring matters by means of the
Spectrum Microscope. Proc. Boy. Soc., t. XV, p. 433-456.
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Chemical News, t. XVIII, p. 49-51.
1869 N. -J. -B. -G. GUIBOURT, Histoire naturelle des drogues simples,
Paris,
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par quelques matières colorantes. Bull. Soc. Chim. Paris,
t. XI, p. 177-178.
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166
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einiger Farbstoffe in vershiedenen Losuugsmitteln. Ber.
chem. ges., t. XI, p. 1140-1151.
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magnesiumsalze. Ber. chem. Ges., t. XIII, p. 763-76S.
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du vin et des matières colorantes rouges des végétaux.
Bull. Soc. Chim., Paris, t. XLIV, p. 2-6.
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1889 H.-W. YOGEL, Practische Speclralanahjse, Berlin, t. I.
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der Hamburgishen wissenschaftlichen Anstalten.
1890 P. CHARPENTIER. Le bois. Encyclopédie chimique de Frémy,
Paris, t. X.
1891 J. GRISARD & VAN DEN BERGHE, Les bois industriels
indigènes et exotiques. Rev. Sc. Nat. appl., Paris.
1894 J.-J. HUMMEL & A.-G. PERKIN, The tinctorial properties of
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t. XIII, p. 346-354.
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1900 J. FORMANEK Die qualitative Spectranahjse, Berlin, p. 95.
1902 A. GRANDIDIER, Histoire physique, naturelle et politique de
Madagascar, Paris.
1905 H. .JUMELLE, Deux Dalbergia à palissandre de Madagascar.
C. R. Ac. Sc., t. CXL, p. 451-453
1905 J. BEAUVERIE, Les bois industriels. Encyclopédie scientifique,
Paris.
1905 H. KAYSER. Handhuch der Spectroscopie, Leipzig.
1906 H. GAEBELE. Nomenclature raisonnée des différents produits
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1906 H. JUMELLE & PERRIER DE LA BATHIE, Le Khava de
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Légumineuses africaines. Thèse Doct. Univ., Paris.
1909 E. MARTIN-LAVIGNE, Recherches sur les bois de la Guyane.
Thèse Doct. Univ., Paris.
1914 H. STONE, The Timbers of Commerce and their identification,
Londres. — The Timbers of British Guiana., Londres.
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1919 A. .JAUFFRET, La détermination des bois de deux Dalbergia
de Madagascar d’après les caractères de leurs matières
colorantes. C. R. Ac. Sc., t. CLXVIII, p. 693.
TABLE DES MATIERES
Introduction
Pages
3
CHAPITRE PREMIER
5
Plan général —
CHAPITRE II
Technique
9
Palmiers
CHAPITRE IH
Bois de l’Inde
12
Urtioacées
13
Artocarpus integrifolia Linn
15
T)tt,t,f,nta r.v.vin
Dillenia speciosa Thumb. ...» . . . .
16
GuttieÈres
Calophyllum tomentosum Wight....
48
Dipterocabpacébs Balanocarpus utilis Bedd
19
Tiliacées
20
Légumineuses. . .
Xvlia dolabriformis Benth
21
Albizzia Lebbeck Benth
23
Cyno.metra polyandra Roxb
24
Plerocarpus marsupium Roxb
25
Dalbergia latifolia Roxb
27
Rhizophoracébs.
Carallia integerrima DC
28
Méliacées
Cedrela Toona Roxb
29
Swietenia macrophylla King
30
Rubiacées
32
Verbénacées . . . .
33
CHAPITRE IV
Bois de Madagascar
Lauracées Ocotea trioophlebia Bak
Malvaoées Thespesia popuünea Gorr
Ht péricacées Psorospermum discolor Spach
Méliacées Cedrelppsis Grevei Baill
Khaya madagascariensis Jum. et Perr. . .
Hazomena, n° 44 (non déterminé)
Hazomena, n* 115 (non déterminé)
Légumineuses Acacia Sassa Baill
* Afzelia bijuga Gray
35
37
38
40
41
43
44
45
47
170
XAHLE DES MATIERES
Légumineuses
Saxifr agacées
Sapotacées . .
Ebenacées . . .
Bignoniacés..
/
Composés
Afzelia sp
Albizzia fastigiata Oliver........
Dalbergia Baroni Bak
Dalbergia ikopensis Jum et Perr
Dalbergia Perrieri Drake
Dalbergia sp. n" 5
Dalbergia sp. n’ 1.828
Voamboana mainty
Voamboana mavo
Voamboana mena
Voamboana. n' 26
Voamboana, n" 54
Voamboana, n° 2-28
Erythnophleum! couminga Baill
Phylloxylon Perrieri Drake
Harahara, n' 110
Harahara. n° 140
Traehylobium verrucosum Gaertn.
Weinmannia Bojeriana Tul
« Nato »
Diospyros Perrieri Jum
Stereospernum e.npkorioïdes D C..
Synchodendron ramiflorum D C...
49
50
52
53
55
56
58
59
61
62
63
65
66
67
69
70
72
73
75
78
79
80
Alambary ....
Anakaraka . . .
Andriiavoia
Andromena . . .
Betrandraka ..
Chotre
Farahotra ....
Faralantro ....
Fasikaro
Hazoarina ....
Hazofiara
Hazotsiariano
Hazovoantango
Hirihitsika
Hirinono
Hitsika
Mamaty
Mangalika
Maranitrafasina
Mendoray
Rafenaomby ...
Sambalamanga
Tainakanga . . .
Tokandilana ...
Tomboliso
81
82
84
85
87
88
89
91
92
93
95
96
97
99
100
101
102
104
105
106
108
109
110
111
113
TABLE DES MATIÈRES
171
Tsiandala 114
• Tsimamotraba vy 14 6
Tsitialambaroa 117
Yalela 119
Yoabasse 120
Voandrojana, n' 344 121
Yoandronjana, n” 544 123
Voasimbona 124
Vontsonjo 125
CHAPITRE Y
Conifères punningihamia sirensis R. Br 128
Légumineuses Caesalpinia Sappan Linn 129
Haematoxylon eampecliianum Linn 130
Peltogyne paniculata Benth 132
Baphia pyrifolia Baill 133
Youacapoua americana Aubl 135
CHAPITRE VI
Résumé général, Classifications et Conclu- 137
sions
Bibliographie 165
Table des Matières 169
ERRATA
Au tableau de la page 141, au lieu de : solution oléoolique, lire: sohition alcoolique
A la 4e ligne de la page 143, au lieu de : 1 ’Hazovaantango, lire : YHazovoanlanyo
À la 7e ligne de la même page, au lieu de : rendent son utilisation, lire : ren
dent possible son utilisation .
Avant le tableau de la page 145, au lieu de : Rouge orangé. ... I
Rouge II
Lire : Rouge. I
Rouge orangé. ... II
Au tableau de la page 146, au lieu de :
avec fluorescence verte Baphia pyrifolis Baill.
Lire: avec fluorescence verte Baphia py ri folia Baill.
A la même page, après la 3e accolade, au lieu de :
CHCI orangé
Lire : CHCI3 orangé
Au tableau de la page 154 (lre ligne), au lieu de :
e) Solution alcoalique + NH3OH jaune
Lire : e) Solution alcoolique + R'HiOH jaune
Au tableau de la page 158 (lre ligne), au lieu de :
GROUPE I. — Eolution alcoolique + NH4OH
Lire : GROUPE I. — Solution alcoolique 4- NH^OH.
Après le premier tableau de la page 163 (2« ligne), au lieu de : leur leur résis-
tance, lire : leur résistance.
A la page 170 (Table des matières), au lieu de :
Bignoniacés Stereospernum enphorioïdes D C.
Lire : Bignoniacés Stereospermum euphorioïdes D C.
ï '
.
.
l>r Fascicule. — Douron et Vidal : Essais de fabrication de papier avec la
Passerine hirsute et d’autres Thyméléacées.
Douron et Vidal : Essais de fabrication de papier avec le
Bois-bouohon de la Guyane Française.
H. Jumelle et Perrier de la Bathie : Nouvelles observa-
tions sur les Mascarenhasia de l’Est de Madagascar.
H. Jumelle : Les Dypsis de Madagascar.
G. Carle : L’Elevage à Madagascar.
H. Jumelle : L’Elevage et le Commerce des Viandes dans
nos Colonies et quelques autres Pays.
Louis Racine Palmistes et Noix de Bancoul de
Madagascar.
2mc Fascicule : Herbert Stone : Les Bois utiles de la Guyane Française (suite).
1919
* l,r Fascicule : Félix Gérard : Etude systématique, morphologique et anato-
mique des Chlaenacées.
G. Verset : Notes et Expériences sur la coagulation du
latex d’hévéa.
R. Cf.righelli : La farine des graines et la fécule des
I tubercules de l’Icaoina senegalensis.
H. Jumelle : Les A racées de Madagascar.
2»e Fascicule. — De Wildeman : Quelques Palmiers congolais.
H. Chermezon : Révision des Cypéracées de Madagascar.
Denier et Verset Etude bactériologique de la coagulation
naturelle du latex d’hévéa.
G. Clôt : Analyse de pois du Cap provenant de Ma-
dagascar.
G. Clôt : La composition chimique de deux graines ds
Palmiers de Madagascar.
+ '
MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE
Les Annales du Musée fa olonial de Marseille, fondées en 1893,
paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.
Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance,
sont en vente chez M. Challamel, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer-
cial, doivent être adressées.
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri
Jumelle, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Mtisé©
Colonial, 5, rue Xoailles, à Marseille.
Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit
gratuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent,
à leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec
titre spécial sur la couverture
Les prochains fascicules contiendront la fin du mémoire de M. H.
Stone sur Les Buis ailles de la Guyane Française et un mémoire de
M. H. Perrier de la Bâlhie sur La Végétation malgache.
Chez Baillière, éditeur, 19, rue Hautefeuille, Paris.
^ LES HUILES VÉGÉTALES
Origines; procédés de préparation; caractères et usages
par Henri JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences de Marseille
Impriin. Nouv. Réunies G. MATHIEU, 14, rue Chauvain - NICE
ANNALES
DU
MUSÉE COLONIAL
DE MARSEILLE
FONDÉES F.N 1893 PAH EDOUARD HeCKEL
DIRIGÉES PAR
M. Henri JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille.
Vingt-huitième année. 3e série, 8e volume (1920).
Second Fascicule
LES BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
(Troisième et dernière partie)
par M. Herbert Stone.
FACULTÉ DES SCIENCES DE MARSEILLE
MUSÉE COLONIAL
PLACE VICTOR-HUGO
1922
SOMMAIRES
des plus récents Volumes des Annales du Musée Colonial de Marseille
1915
H. Jumelle : Le Dr Heckel.
Marcel Aubard : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées Mimu-
sopées.
R. Hamet el Perrier de la Batiue : Contribution à l'étude des Cras-
sulacées malgaches.
R. Hamet : Sur quelques Kalanchoe delà flore malgache.
A. Fauvel: Le Cocotier de Mer, “ Lodoicea Sechellarum ”.
1916
1er Fascicule. — H. Jumelle : Catalogue descriptif des Collections
Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Mada-
gascar et Réunion.
2 me Fascicule. — Pieraerts : Quelques Graines oléagineuses afri-
caines.
H. Jumelle : Les Monocotylédones aquatiques de
Madagascar.
Herbert Stoxe : Les Bois utiles delà Guyane fran-
çaise.
3 me Fascicule. — H. Jumelle: Les Recherches récentes sur les res-
sources des Colonies françaises et étrangères et
des autres Pays chauds.
1917
H. Jumelle: Catalogue descriptif des Collections
Botaniques du Musée Colonial de Marseille :
Afrique Occidentale Française.
H. J umelle : Notes statistiques sur les Plantations
étrangères de Caoutchouc dans le Moyen-Orient.
Pieraerts : Contribution à l’étude chimique des Noix
de Sanga-Sanga.
H. Jumelle: Les Variétés du Palmier à huile.
1er Fascicule. —
2me Fascicule. —
ANNALES
D U
MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
(Année 1920)
MACON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS
ANNALES
COLONIAL
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HeCKEL
DIRIGÉES PAR
M. Henri JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille.
Vingt-huitième année, 3e série, 8e volume (1920 .
Second Fascicule
LES BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
(Troisième et dernière partie)
par M. Herbert Stone.
FACULTÉ DES SCIENCES DE MARSEILLE
MUSÉE COLONIAL
PLACE VICTOR-HUGO
1922
ÉTUDE DESCRIPTIVE
DES BOIS DE LA GUYANE FRANÇAISE
TROISIÈME PARTIE
FAMILLE CL. MYRISTICACÉES
Myristica surinamensis Roi. n° 6151 A.
Synonymes: Virola surinamensis Roi.? (N’est pas dans
l'Index Kew.)
Myristica fatua Sw. (non Houtt, ni Blume).
Deux autres synonymes cités par Martin-Lavigne, le Myris-
tica anyustifolia Lamk. et M. scbifera var. lonyifolia ne sont
pas cités non plus dans l lndex Kew.
Préfontaine (v. espèce suivante) : Ouarouchi ou arbre à suif. Proba-
blement notre espèce.
Sagot, p. 919 : Guingamadou, arbre à suif ; ’Bali ou Dan, Myristica
surinamensis ; bois mou, rougeâtre et sans valeur. On peut s'en servir
pour caisses et barriques.
Lanessan, p. 133 : Guingamadou de montagne, arbre à suif, M. suri-
namensis Roi. ; bois peu résistant, mou, rougeâtre et légèrement odo-
rant.
Harrisson et Bancroft, p. 230 : M. surinamensis, Dalli (v. 3489 A .
Martin-La vigne, p. 61 : Virola sebifera, Baboenhout, Baboenhoedoe,
Baboentrie, Moschatboon (Schwartz), Babun hudu (Surinam ; Wullschla-
gel), Jea oujeamadou (Richard), Guingamadou de montagne (Guyane,
Créoles ; Bâillon) ; Ucuiba (Prov. Para ; Martens) ; Muscade du Para,
Cova longa (Esp. Leblond), Stone et Fr., p. 19 ; Dalli, non déterminé.
Sagot, p. 917 : Babœn, non déterminé ; pour fondations en terres
basses.
Huber p. 173. Ucuiba branca (Amazones).
Bremer, p. 204 Baboun houdou ; Myristica fatua (Surinam).
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3* série, 8e vol. 1920.
1
2
H. STOIXE
Myristica sebifera Sw., n° 6151 B.
Synonyme : Virola sebifera Seem = Myristica panamcnsis
Hemsl.
Virola sebifera Aubl. (N’est pas dans l'Index Kew.)
Je n’ai pas de preuves suffisantes, mais je suis porté à croire
que le bois décrit par Martin-Lavigne est l’espèce précédente
et que le Dalli de Bell est l’espèce présente.
Préfontaine, p. 174 : Les Indiens prétendent que le Gaijamadou est
différent de l’Arbre à suif et de l'Ouarouchi.
Aublet, p. 904: Virola sebifera , Yoirouchi (Oyapoc) ; Jea-jeaamadou
(Créoles) ; Davapa, Virola (Galibis) ; écorce épaisse, gercée et ridée ;
bois blanchâtre, peu compact.
Dumonteil, p. 158 : Guingamadou ; densité, 0,364; force, 73; élast.,
98 ; flexib., 3,97. Le même p. 163 : Classe 6, de faible valeur. (Est-ce
cette espèce ?)
Sagot, p. 919: Myristica sebifera Aubl. Yayamadou, Muscadier à
suif, Guingamadou, Ouarouchi aux fleurs mâles odorantes.
Lanessan, p. 362 : Virola sebifera Aubl. Toutes les parties de l’arbre
sont aromatiques ; l’écorce laisse exsuder par incision un suc rougeâtre,
âcre et gluant, qui devient résineux à l'air.
Iluber, p. 173. Ucuiba vermelha (Amazones).
Dalli (Bell), n° 6151 G.
Caractères généraux. — Bois mou et léger, de couleur gris
rougeâtre ou blanc sale ; brillant sur une surface fendue. La
nuance de la coupe transversale est à peine plus foncée que
celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,465 ; dureté, celle du
Pin. Odeur nulle, saveur insipide.
Travaillé au rabot sur la coupe radiale, le bois se déchire
en petits fragments qui présentent des mailles très particu-
lières. Se fend très facilement.
Structure du bois. — La structure concorde assez bien avec
la description de Martin-Lavigne sur Virola se.bifera , n° 6151 A.
L'aubier est à peine différent du cœur.
Section transversale. — Couches non délimitées.
Vaisseaux à peine visibles, plutôt grands, peu variables,
sauf dans les groupes ; simples ou par paires subdivisées. Ils
BOIS UTILES DÊ LA GUYANE FRANÇAISE
3
sont peu nombreux, distribués également et fortement isolés ;
remplis parfois d’une matière noire.
Rayons visibles à la loupe, luisants, petits, uniformes, équi-
distants, à intervalles d’une distance un peu moindre que le
diamètre d'un gros vaisseau et s’écartant légèrement au niveau
de ces vaisseaux.
Parenchyme nul ou du moins tout invisible au microscope
sur la surface du bois.
Section radiale. — Vaisseaux très apparents, un peu plus
foncés que le fond. Rayons se présentant en stries qui, à l’œil
nu, ressemblent aux vaisseaux. Les fibres du fond sont excep-
tionnellement brillantes.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais plus terne,
quoique légèrement micacée. Rayons visibles à la loupe, très
petits, de 1 mm. environ de hauteur; vus au microscope, ils
paraissent être remplis d’une matière brune.
Emplois. — Bon pour charpente ordinaire, cercueils et
boîtes d’allumettes (Bell). Se travaille facilement à la scie
mais ne convient ni pour le rabot, ni pour le tour.
Ech. types : 19,2675 Bell; 3034, Aiken.
Références : Bell, p. 2 ; Aiken, ms. ; Stone et Fr., p. 19.
Myristica Mouchico (non dans l’Index Kew.), n°6151 D.
Dumonteil, p. 136 : Mouchigo ; densité, 0,730 ; force, 178 ;
élast., 166. Le même p. 163 : Classe 5. (Est-ce cette espèce ?)
Lanessan, p. 139 : Moussigo, Mouchigo rouge.
Cat. Exp. Univ. 1867, p. 43: Salie de Surinam.
Description des échantillons nos 132 et 133 ? Guyane (Mus.
Col. Mars.), Mouchigot.
Caractères généraux. — Bois d’un poids moyen et d'une
dureté moyenne, grain plutôt gros et non à rebours. Couleur
brun clair légèrement rose, striée de blanc. Mailles petites
mais bien évidentes. Surface mate. La section transversale est
plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité : 0,787 ; dureté, celle du
Hêtre. Sans odeur ni saveur.
H. STON li
4
Caractères de l' écorce. — Couleur rouge brun. Surface lisse
quoique un peu rugueuse. Epaisseur de 2 à 5 mm. La section
présente deux couches : l'interne, finement stratifiée de
petites sclérites alternant avec de minces feuilles rouges qui
se séparent facilement en fibres plates et libreuses ; l'externe
consiste en minces écailles se détachant plus ou moins irrégu-
lièrement. Surface intérieure jaune ou brune striée. Flexible,
cassure grossièrement fibreuse. Faiblement adhérente ; inodore,
sans saveur.
Structure du bois. — Aubier plus clair que le cœur, mais
non brusquement délimité.
Section transversale . — Couches en apparence bien dis-
tinctes. (Voir P b.)
Vaisseaux petits mais bien visibles, peu de variations, dispo-
sés sans ordre bien apparent, en lignes obliques ou en
arcs ; peu nombreux, simples ou par groupes radiaux de 2
ou 3.
Rayons visibles à la loupe, très fins, à peu près réguliers en
largeur et à intervalles d’une distance égale au diamètre d'un
gros vaisseau, tout en ne s’écartant pas au niveau de ces vais-
seaux ; bruns.
Parenchyme a peu abondant près des vaisseaux ; de cou-
leur blanchâtre ; b visible à l’œil nu, en très minces lignes
continues légèrement ondulées, variant en largeur de 1 à 5
fois celle des rayons, aux intervalles irréguliers. Ces lignes
paraissent être les limites des couches, mais elles sont souvent
très rapprochées, étant de 2 à 5 par mm. Couleur jaune.
Section radiale. — Couches non délimitées. Vaisseaux très
apparents en sillons d'un brun foncé. Rayons bien marqués
malgré leur transparence. P h à peine visible à la loupe.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais lescouches
sont bien indiquées. Les rayons sont en très minces lignes
d'une hauteur jusqu'à 1 mm., présentant, dans les bois plus
foncés, des cellules jaunes et noires.
Emplois. — Bois d'une utilité générale, facile à débiter.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
FAMILLE CLI. MON1MIACÉES
TRIBU II. ATHEROSPERMÉES
Siparuna guianensis Aubl., n° 6168.
Aublet, p. 865 : Petit arbre à écorce verte, lisse ; bois blanc, cassant.
Sagot, p. 921 : Cilrosoma sp., Baume.
D'après l'Index Kew. : Siparuna est synonyme de Citro-
soma.
FAMILLE CLII. LAURACÉES
TRIBU I. PERSÉACÉES
Cryptocarya moschata Nees., n° 617o.
Niederlein, p. 3 : Sassafras (terme gén.).
Aiouea guianensis Aubl. (non Xees, ni Griseb), n° 6184.
Synonyme : Ajouea, d'après Durand.
Aublet, p. 31 1 : Aiouve (Galibis ; écorce verte, ridée, sillonnée ; bois
blanc, compact.
Ce n’est pas l’Aiaoua de Sagot (v. loTl F).
Acrodiclidium chrysophyllum Meisn., n° 6190.
Sagot, p. 232 : Bois cannelle, odeur vive. Plus dur que le Sassafras
bois excellent. (Voir 6200 A.)
Dumonteil, p. 154 : Bois cannelle; densité, o. 801 ; force, 184; élast.
146 ; p. 160. Classe 3, celle du Pin. (Est-ce cette espèce?).
Ginnaraomum zeylanicura Xees, n°6193 A.
Svnonvme : Laurus Cinnamomum Lin. ; Cinnamomum
verum I. S. Presl.
Aublet, p. 362 : Laurier cannelier, bois de cannelle. Le bois sert pour
lambris, planches, meubles et menuiseries. Lorsqu’on l’emploie, il
exhale une odeur forte, désagréable. Il a beaucoup de rapport, par sa
couleur, avec le noyer.
Gæbele, p. 99 : Cannelier; Cinnamon angl.\ Karmva 'tamoul).
6
H. STONE
D’après un échantillon n° 133, série II, Lvon.
Caractères généraux. — Bois mou et léger, de couleur brun
foncé ; grain fin, pores très apparents et fibres « à rebours ».
Surface brillante et soyeuse, fonçant légèrement à l'air. La
nuance de la coupe transversale est beaucoup plus foncée que
celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,550 environ (l’échan-
tillon était en partie de l’aubier) ; dureté, celle du Cèdre à
crayons. Odeur, à sec, nulle ; humectée, très légèrement aro-
matique. Saveur astringente.
Structure du bois. — Aubier brun clair, nettement délimité
du cœur.
Section transversale. — Couches délimitées à cause du
changement dans l’orientation des lignes obliques de vaisseaux .
Vaisseaux bien apparents par suite des bords clairs du
parenchyme ; moyens, de 0 mm. 15 de diamètre ; la plupart
simples et fortement isolés. Ils sont remplis de thylles qui
proéminent lorsque le bois est humecté, mais se rétractent
immédiatement ensuite. Cette particularité est très répandue
parmi les Lauracées, mais dans la plupart, une fois l’eau
absorbée, les thylles restent saillants, et, de ce fait, la sur-
face devient rude au toucher comme celle d’une lime.
Rayons irréguliers en apparence à la loupe, mais sur la sur-
face humectée, vue au microscope, ils sont réguliers, car on
voit les plus petits. Ils sont très nombreux ; 15 par mm. et 3
au moins, même 4, dans un intervalle égal au diamètre d’un
gros vaisseau, mais ils ne s’écartent pas, étant coupés par les
vaisseaux. Rayons de couleur brun clair. Leur apparition,
pendant les quelques secondes que dure l’absorption de l’eau,
est un caractère très spécial, et de même que les thylles, ils
proéminent légèrement à la surface pour se rétrécir ensuite.
Parenchyme a clair, abondant et entourant les vaisseaux.
Section radiale. — Vaisseaux en sillons remplis de thylles
et de perles de gomme foncée. Rayons très obscurs, d’une cou-
leur laiteuse; leur hauteur est de 0 mm. 5 environ.
Section tangentielle . — Vaisseaux très inclinés, formant des
t
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
7
raies poreuses et alternativement unies. Rayons se présentant
en tout petits fuseaux pointus d’une hauteur de 0 mm. 5
environ.
Persea gratissima Gaertn., n° 6195.
Synonyme : Laurus Persea Lin. (non Willd).
Préfontaine, p. 144 : Avocat, Ahuaca, Quahuitl, Aouacate (Caraïbes) ;
Avocado ou Alligator-pear tree. Bois d’anis.
Aublet, p. 364 : Laurus Persea Lin. Laurier avocat.
Saldanha da Gaina : Lauro abacate (Brésil).
Caractères généraux. — Bois d’un poids moyen et d’une
dureté moyenne, de couleur brun rougeâtre, avec raies noi-
râtres ; surface très mate. La nuance de la coupe transversale
est légèrement plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,640 environ ; dureté,
celle du Bouleau.
Structure du bois. — Section transversale. Couches non
délimitées. Les zones de bois où les vaisseaux sont moins
nombreux pourraient indiquer les limites. Les bandes noi-
râtres sont excentriques.
Vaisseaux à peine visibles, malgré leur couleur légèrement
plus claire que le fond ; ils occupent une grande partie de la
surface delà coupe. De grandeur moyenne ; 0 mm. 1 de dia-
mètre ; peu nombreux, de 5 à 10 par mm.q. Ils sont disposés
en lignes obliques très nettes qui s’unissent parfois en for-
mant des festons plutôt serrés.
Rayons à peine visibles, fins, de 3 à 5 par mm., écartés les
uns des autres d’une distance légèrement plus grande que le
diamètre d’un gros vaisseau. Ils sont de couleur brune.
Parenchyme abondant a, entourant les vaisseaux et les
unissant souvent aux lignes obliques ; sa couleur est un peu
plus claire que celle des rayons.
Section radiale. — Vaisseaux visibles, mais non très appa-
rents ; grain fortement « à rebours ». Bien qu’elles soient
étroites, les bandes noirâtres ressortent bien. Rayons très
petits, mais, humectés, ils sont très apparents ; de couleur
brune .
8
H. STONE
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
sont à peine visibles à la loupe et les bandes noirâtres
deviennent des taches obscures.
Ech. type : N° 15 de la Réunion, Musée Colonial de Mar-
seille.
Icônes lignorum. La figure 4, pl. 68, en couleur, ne res-
semble pas trop à notre échantillon ; elle représente un mor-
ceau du cœur qui est noir sur l’aubier isabelle, avec de grosses
stries.
Ocotea caudata Nees (non Miq.), n° 6198 A.
Synonyme : Oreodaphne caudata Nees. (non Miq.).
Cette espèce se confond beaucoup avec les Cèdres blancs
(V. 1156 B et 6200 A et D) et Licaria guianensis (6200).
Gildemeister, d'après Mœller : Linaloe de Cayenne, Likari ;
bois dur et lourd, se fendant facilement ; cassure récente
jaune ; ancienne, rougeâtre.
L’échantillon n° 54 de la Guyane, Musée Colonial de Mar-
seille, correspond, comme beaucoup d'autres bois, à cette
description ; je doute fort de sa bonne détermination.
Ocotea cymbarum H, B. et K, n° 6108 B.
Voir Nectandra cymbarum, n° 6201 D.
Ocotea guianensis AubL, n° 6198 C.
Aublet, p. 781 : Ajou-liou-ha (Garipons) ; écorce grisâtre, ridée et
gercée ; bois blanc peu compact.
Sagol, p. 232 : Cèdre blanc, Cèdre à feuille d’argent. Le même',
p. 918 ; bois blanc, mou, sans valeur. (V. 6200 D.)
Huber, p,176:Lauro tamanco (Brésil, Amazone), Lauro branco (Para).
Tamanqueira (terme gén. : Para).
Pulle, 1907, p. 83 : Basuba pisie.
Ocotea commutata Nees. n° 6198 D.
Synonyme: Aniba guianensis AubL
Préfontaine, p. 166 ; Cèdras, Anhuiba (Caraïbes).
Aublet, p. 327 : Bois de Cèdre (Comté de Gênes) ; écorce épaisse,
inégale, ridée et gercée ; bois jaunâtre, aromatique, lourd et devenant
léger en se desséchant. Employé pour pirogues.
BOIS L'TILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
9
Guibourt, III, p. 531: Résine Caragne, nonle Caranna (Ind. et Espagn.) ;
Arbor insaniæ, le Caragna nuncupatad'Hernandez qui provient de Y lcica
Carana H. B. K.
Annales Maritimes, 1826, II, partie 2, p. 422: Cèdre jaune, Guazuma
aniba ; bon pour meubles. (Est-ce cette espèce?)
Niederlein, p. 4 : Cèdre cannelle.
Ocotea splendens Meissn., n° 6198 E. (Ne se trouve pas
dans l'Index Kew.)
Niederlein, p. 4: Cèdre gris.
Taoub, n°6!98 F.
Sagot, p. 233 : Une Laurinée ; bois très estimé à Para ; léger et de
bonne conservation. On n'est pas certain de sa présence à la Guyane.
Roussellet, p. 127 : Le Taoub se trouve surtout au Contesté, où il sert
à la construction des tapouyes.
Lanessan : Bois de Taoub jaune ou brun ; densité, 0,848.
Bassières, p. 102 : Propre aux constructions navales; densité deO, 848
à 1,130.
Vu le grand écart de poids, je me demande où Bassières a
puisé ses chilFres, surtout pour le second, car le premier,
0,848, paraît avoir été emprunté à Lanessan.
Niederlein, p. 4: Ocotea sp .
Cat. Expos. Univ. 1867, p. 38: Taoub. Laurussp. (Baleo ?) ; densité,
0,848.
Taoub grosse peau, n° 6198 G.
Ce bois n’est ni YOcotea, ni même une Lauracée ; je le
place ici à cause de son nom.
Echantillon n° 49, Guyane, Musée Colonial de Marseille.
Caractères généraux. — Bois mou et léger, de couleur aca-
jou ; grain très gros et très « à rebours ».
Caractères physiques. — Densité, 0,420 ; dureté, celle du
Saule. Sans odeur ni saveur.
Structure du bois. — Section transversale. Couches non
délimitées. (Voir parenchyme.)
Vaisseaux très apparents à cause de leurs bords clairs ;
grands, de 0 mm. 2 de diamètre ; peu nombreux, de 1 à 4 par
mm. q. Ils sont fortement isolés, simples pour la plupart.
H. STONE
10
Rayons visibles à la loupe, très fins comme de la soie et
légèrement plus clairs que le fond ; uniformes. Ils sont envi-
ron 10 par mm. et plus de -deux dans un intervalle égal au
diamètre d'un gros vaisseau. Ils s'écartent légèrement au
niveau de ces vaisseaux.
Parenchyme a abondant entourant les vaisseaux en larges
bords, qui sont parfois légèrement ailés. Ph en très minces
lignes concentriques continues, qui simulent les limites des
couches, mais sont seulement espacées de 1 à 2 mm. ; la cou-
leur est plus foncée que celle de Pa.
Section radiale. — Vaisseaux très gros. Rayons visibles
seulement à la loupe, obscurs, grisâtres. Parenchyme très
peu apparent.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
humectés paraissent en fuseaux très effilés de couleur rouge
foncé.
Bois de Licari ou Bois de Rose de Cayenne, n° 6200.
La confusion règne ici plus que partout ailleurs, car c’est
le bois qui a été le plus étudié, et sur lequel les discussions
sont très nombreuses. Pour ne pas augmenter cette confusion,
je me contente d indiquer que je vais décrire plus loin le seul
bois qui, parmi ceux que j'ai vus, a l’odeur réelle de l'essence
de Licari ou Linaloe de Cayenne. L échantillon était étiqueté
Ocotea caudata Nees.
Bassières, dans son article au sujet de ces bois, conclut que
le Licaria guianensis (synonyme de Dicypellium caryopliylla-
tum lide Nees (d'après l'Index Kew. ï ne peut plus être confondu
avec Dicypellium, et que ce Licaria se confond avec Ocotea cau-
data Nees, qui, d'après l'Index Kew., est une espèce différente.
Le Docteur Jos. Moeller est du même avis.
Ces bois devraient être étudiés sur place, par un botaniste
compétent, depuis la floraison de l’arbre jusqu'à son abatage
et à la distillation de l'essence de Licari, sans perdre de vue
le sujet d'études.
La description et la figure d'Aublet sont tout à fait insuffi-
santes.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE H
Dumonteil indique quatre sortes : le Bois de Rose mâle, de
densité, 1,108 ; le Bois de Rose femelle, 0,648 ; le Sassafras,
0,519 ; et le Cèdre blanc, 0,331. Si, commele prétend Aublet,
le Bois de Rose de Cayenne devient le Sassafras avec Page,
ces deux sortes pourraient être les mêmes, mais la différence
de densité entre le Bois de Rose mâle et le Cèdre blanc ne
nous laisse aucun doute sur la réalité de trois espèces diffé-
rentes.
Sans nous occuper des noms systématiques, nous pouvons
dire que le Bois de Rose de la Guyane est de couleur blanéhe,
tirant un peu sur le citron. Il flotte sur l’eau à demi sub-
mergé ; il a une forte odeur qui tient du citron et de la berga-
mote (c’est bien celle de l’essence du Licari de Cayenne).
Cette odeur passe assez vite, mais la moindre entaille la fait
réapparaître. Ce bois doit être le Bois de Rose femelle de
Dumonteil, de Guibourt, et celui du Musée Colonial de Mar-
seille, n° 92, Guyane. Au contraire, le bois dur, difficile à
fendre, d’une teinte brun foncé, avec ou sans odeur, ou légère
odeur de rose, ne flottant pas sur l’eau, serait le Bois de Rose
mâle de Dumonteil.
Malheureusement, de tous les échantillons que j’ai exa-
minés, aucun n’était bien déterminé.
Description de l’échantillon, n° 92, Guyane, du Musée Colo-
nial de Marseille, n° 6200 A, d’un jeune arbre.
Caractères généraux. — Bois léger et mou, de couleur
blanche ou citron pâle, tirant parfois sur le brun ; très bril-
lant, facile à fendre, cassant et peu compact ; grain moyen et
ouvert. La nuance de la coupe transversale est beaucoup plus
foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,451 environ ; dureté,
celle du Peuplier ou du Saule blanc, ou encore du Simaruba.
Odeur d’essence de Licari ou de Linaloe de Cayenne, forte et
pénétrante, passant assez vite. Saveur légèrement aromatique.
Le bois brûle assez bien, avec beaucoup de flamme, peu de
fumée, et donne un arôme légèrement résineux.
L'échantillon était sans écorce, mais avec un peu de liber
rouge foncé et stratifié.
12
H. STONE
Structure du Lois. — Comme celle de presque tous les Lau-
racées.
L'aubier n'est pas différent du cœur.
Section transversale. — Couches très apparentes ; les zones
de bois plus denses pourraient être les limites.
Vaisseaux très apparents, à cause de leurs bords clairs ;
moyens, de 0 mm. 12 de diamètre environ ; peu variables
entre les limites de chaque couche, mais augmentant beau-
coup de diamètre avec l'àge de l’arbre. Ils sont peu nombreux,
de 15 à 40 par mm. q., isolés et distribués irrégulièrement en
lignes obliques bien prononcées qui, parfois, changent d'orien-
tation. Ils sont simples pour la plupart, mais beaucoup par
paires et plus souvent par groupes de 3.
Rayons visibles à la loupe, tins, uniformes, faibles, irrégu-
liers, à intervalles variant entre une et deux fois le diamètre
d’un gros vaisseau, mais ne s'écartant pas au niveau de ces
vaisseaux. De couleur rose.
Section radiale. — Couches pouvant à peine être suivies.
Parenchyme plutôt obscur. Fibres inclinées et « à rebours ».
Rayons facilement visibles en étroites lignes brunes, mais peu
apparents lorsqu'ils ne sont pas humectés.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les vais-
seaux sont beaucoup plus apparents, en forme de franges
brunes. Rayons visibles par leur effet moiré ; à la loupe, ils
se présentent en fines lignes brunes. Au microscope, on les
voit étroits, linéaires et pointus. Leur hauteur est de 12 cel-
lules environ sur 1 de largeur.
Le n° 115, série II, Lyon, concorde avec notre échantillon.
Ecorce du Dicypellium caryophyllatum d'après G. Plan-
chon, II, p. 61 .
Cassia caryophyllata , Cortex caryophvllatus, Cannelle
giroflée.
° , V
Ecorce (v. 6200 E). Epaisse de 0 mm. 5 à 1 mm., de cou-
leur brun chocolat, parfois presque noirâtre ; face interne de
couleur brun rougeâtre, souvent finement striée, à cassure
nette. L'écorce est composée de deux couches : l’externe est
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
13
mince et pâle, et l'interne, de couleur brun froncé. Au micro-
scope, on voit cinq couches fibreuses avec les rayons, lorsque
l'écorce est en bon état. Odeur prononcée de girolle ; saveur
fortement aromatique.
D’après Huber, p. 174, cette écorce est réputée comme suc-
cédané de la cannelle et du Cravo d’india.
Ecorce de Licaria guianensis d’après Aublet, p. 313 ; ridée,
gercée et roussâtre.
Citations sur Licaria et Bois de Rose femelle :
Aublet, p. 312 : Licaria guianensis, bois de Rose de Cayenne; Licari
kanali (Galibis), bois jaune peu compact. Lorsqu’il est jeune, Rôdeur de
rose est moins prononcée que dans le vieux bois.
Durand place le Licaria dans ses genres douteux, et non comme syno-
nyme de Dicypellium.
Barrère, p. 10 : Arbor ligno citrino, Rosam spirante, ligno odorato
candido.
Moeller J., 1896, p. 34, dit que le bois est dur et lourd,
d’une couleur jaune qui devient rougeâtre sur les surfaces
qui ont été longuement exposées à l’air. Il se fend facilement.
Son odeur est agréable, rappelant celle de rose et de citron.
L’auteur donne une description microscopique très détaillée
avec plusieurs coupes. Il constate la présence des thylles
avec parois très épaisses et pierreuses. J ai trouvé des thylles
très curieux dans les bois de Rose mâle et femelle et aussi
dans ceux de Sassafras et des autres Lauracées qui seraient peut-
être ceux indiqués par Moeller. Ils ne sont pas désignés
dans la figure de Berteau.
Son poids, sa dureté très grande et sa couleur devenant
rougeâtre à l’air me portent à croire que Moeller a décrit
plutôt le Bois de Rose mâle, mais il est bien possible que ce
dernier puisse donner un extrait d essence de Licari en moindre
quantité que le Bois de Kose femelle.
Roubo, p. 171 : Bois de citron de la Guyane, Bois de chandelle, Bois
de coco, Bois de jasmin; de forte odeur tirant sur celle de citron,
ressemblant au Santal par la couleur, etc.
Cette description me semble se rapporter plutôt au Zan-
14
H. STON’Ë
tlioxylon flavum Vahl., d’autant que l’odeur rappelle celle de
la noix de coco. •
Dumonteil, p. 154: Bois de Rose femelle ; densité, 0,648; force, 184;
élast., 141 ; p. 160. Classe 3.
Guibourt, II, p. 397 : Bois de Rose femelle, très tendre et très léger,
d’un blanc un peu verdâtre, odeur prononcée de citron ou de berga-
mote. C’est peut-être ïlcica altissima (v. 1156 B) ou Aniba Guianensis
(6198).
Bassières, p. 50 : Bois de Rose femelle jaunâtre, très parfumé. La
description de Guibourt sur ce bois semble se rapporler au Cèdre blanc
[Protium [Icic a) altissimurn Mœnch.), tandis que celle qu’il donne sur
le Bois de Rose mâle paraît concorder avec celle du Bois de Rose
femelle. Sagol a confondu le Bois de Rose femelle et le Sassafras et les
a désignés sous le même nom A' Acrodiclidium qui n’appartient à aucun
des deux. Le Licaria donne l’essence de rose de Cayenne.
Sagot, p. 232 : Acrodiclidium, Sassafras ou Bois de Rose femelle;
jaune très odorant, de très longue durée, se travaillant bien, excellent
pour constructions navales, pirogues et menuiserie.
Bois de Rose mâle, n° 6200 B.
Préfonlaine, p. 50 : Bois de couleur citron avec légère odeur de
rose, bon pour poteaux.
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 1,108; force, 361 ; élast., 145. Classe 1
(plus lourd que le Chêne).
Sagot, p. 228 : De couleur jaune pâle ; sa dureté n’est pas excessive;
grain serré et compact. Le même, p. 232 : un Acrodiclidium non déter-
miné, beaucoup plus compact et plus dur que le Bois de Rose femelle
et d’une odeur plus légère.
Description des échantillons : nos 54 et 1 47 (Mus. Col. Mars.).
Caractères généraux. — Bois très dur et lourd, d’un grain
moyen très à rebours. Couleur d'un brun clair à brun foncé
uniforme qui fonce beaucoup à l'air. Surface mate ou luisante
par place et parsemée de cristaux minuscules qui produisent
un effet micacé. Structure bien apparente dans la section
transversale dont la nuance est beaucoup plus foncée que dans
celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité : 0,825 ; dureté, celle
du Chêne. Même odeur que celle du Bois de Rose femelle,
mais beaucoup plus faible. Saveur nulle.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 15
Nos échantillons n'ont pas d'écorce, mais sur l'extérieur
de la bûche se trouve encore beaucoup de liber brun .
Structure du bois. — L'aubier n'est pas différencié du
cœur. La couleur du cœur persiste jusqu'à l'écorce.
Section transversale. — Couches en apparence bien délimi-
tées, les zones denses en sont peut-être les limites. Contour
assez régulier.
Vaisseaux visibles à cause de leur couleur claire ; grands,
peu de variations, disposés en lignes obliques qui(changent, çà
et là, leur orientation dans la même couche et qui, parfois,
produisent des angles. Ils sont peu nombreux et fortement
isolés, simples ou plus souventparpaires, rarement en groupes
radiaux de 3 à 4.
Rayons visibles à la loupe, très fins, presque réguliers en
largeur et espacés d'une distance égale au diamètre d’un gros
vaisseau, ne s’écartant pas au niveau de ces vaisseaux ; cou-
leur brune.
Parenchyme a visible et abondant, entourant les vaisseaux
et les unissant, là où il est bien développé, en lignes obliques.
Couleur jaunâtre plus claire que celle des rayons.
Section radiale. — Couches non délimitées. Vaisseaux en
sillons incolores grossiers mais peu apparents, étant voilés par
le P a ; ils contiennent des cristaux et des thylles très curieux
que je n'ai jamais rencontrés dans aucune autre espèce, sauf
dans le Bois de Rose femelle. Ces thylles sont blancs et pré-
sentent sur leur paroi Line sculpture très délicate visible au
microscope (X 10). Cette particularité est peut-être celle dont
parle le Dr Joseph Mœller. Rayons à peine visibles, transpa-
rents, mais, par leur nombre, ils couvrent une grande partie
de la surface.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
se présentent en petits fuseaux bruns, effilés, d une hauteur de
1 mm. environ.
Sassafras, n° 6200 C.
Thomas, p. 157 : Bon pour bordages d'après la Commission de 1816.
H. STONE
io
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 0,577 ; force, 156 ; élast., 156; élast., 153.
Lanessan, p. 138 : Sassafras de l’Orénoque, Nectandra cymbarum.
(Voir 6201 D.)
Description d'un échantillon, n° 142, Guvane (Mus. Col.
Mars . ).
Ce bois ne peut pas être le Sassafras d’Aublet, car, d'après
cet auteur, il devrait avoir une odeur plus forte avec l’âge, ce
qui n'est pas le cas dans notre échantillon. Il correspond bien
au Bois de Rose femelle quant à la structure, mais le même
fait se produit dans beaucoup d'espèces de la famille des
Lauracées.
Caractères généraux. — Bois très léger et mou, grain assez
fin, un peu à rebours; couleur écrue ou légèrement jaunâtre
uniforme. Surface luisante soyeuse. Structure bien visible en
section transversale, où la nuance est un peu plus foncée que
dans celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,510 environ ; dureté,
celle du Saule ; presque inodore et saveur nulle.
Echantillon sans écorce, mais sur l’extérieur de la bûche se
trouve encore beaucoup de liber brun.
Structure du bois. — Voir Bois de Rose femelle, n° 6200 A.
Cèdre blanc, n° 6200 D.
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 0,331 ; force, 63 ; élast., 122; flex, 5,
10. Classe 6.
Icônes : Moeller, pl. II, fig. 24, section transversale. Berteau,
figures 1 et 3, sections radiale, transversale et tangentielle.
Références. — Bassières, dans Y Agriculture des pays
chauds, 1911, p. 1; Berteau dans le même Bulletin, 1911,
p. 265 ; Goldmeister, p. 596 ; Guillenrin, pp. 148 et 154 ;
Roussell, I, p. 321 ; Sagot dans la Revue Maritime et Colo-
niale, 1869, pp. 208, 231 et 918.
Bois de Crabe, n° 6200 E.
Pomel, p. 131 : Cannelle giroflée, Capelet.
Barrère : Cannelle giroflée, Myrtus caryophylli.
Saldanha da Gama, 1867, p. 82 : Palo Cravo, Dicypellium caryophyl-
lalurn.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
17
A comparer le nom de Bois de Crabe avec les noms de
Cravo de Huber et de Bois de Cannelle giroflée de Planchon.
(V. 6200 A, écorce.)
Nectandra, n° 6201.
La Guyane est tellement riche en espèces de ce genre et les
bois sont si difficiles à être distingués les uns des autres qu'il
me semble inulile de les décrire en détail. La structure est
presque uniforme et ne nous aide guère à la détermination.
La seule particularité, d’ailleurs très difficile à saisir, est la
distribution des vaisseaux, qui varient depuis la régularité
remarquable du Nectandra Rodioei, fîg. 12, pi. VI, où ils
sont disposés en quinconce, jusqu’aux lignes courbes
des autres espèces. Je décris la structure de Nectandra
Rodioei , qui est le Cœur vert, comme étant le bois le
mieux connu qui puisse servir de modèle, et qui peut être
obtenu le plus facilement pour la comparaison. J’ajoute la
description du Nectandra cuspidata, qui est bien déterminé
et le plus typique du genre.
Nectandra Rodioei Hook, n° 6201 A.
Synonymes: N. Rodier Schk. ; Ocotea Rodiei Miq.
Noms vulgaires: Bibiru, Black Greenheart (Bell). Geelhart
(Surinam), Itauba branca (Prov. sept. Brésil), Itauba vermelha
(Amaz. Miers). Tugui, Tugul (Kenworthy). Rora ek (dialecte
Accawoi. Morris. Est-ce cette espèce ?). Mainop (Laslett).
Beeberu (Surinam, Demerary ; Sagot). LipeerifSur. Lanessan
(Est-ce Lipeeri ou Sipeeri?). Biberoo (Surinam ; Icônes ligno-
rum). Groenherz (Wiesner). Cœur vert (Guyane Franç.);
Greenheart (Angl.). Pakouli (Surinam ; Fuente). Ce n’est
pas le Grœnhart ou Grœnhart Stugo de Martin Lavigne.
(V. 5474.)
La variété Sipiri (Bell), Sipiera, Yellow Greenheart (Mor-
ris) me semble due aux conditions de croissance.
Je me demande si le Tugui de Kenworthy n’est pas le Taigu
d’Arnaudon. (Voir l'Ebène verte, n° 5474).
Annules du Musée colonial de Marseille. — 3” série, 8e vol. 1920. 2
H. STONE
18 .
Le Cœur vert n'est pas indiqué par Sagot comme indigène
à la Guyane Française, mais je le cite, car le Musée Colonial
de Marseille possède un échantillon de cette provenance.
L’échantillon de Bell a été déterminé, d’après les feuilles
et les fruits, par le Dr. Freeman.
Caractères généraux. — Bois dur, très lourd, de couleur
verte, brun verdâtre ou brun. Surface luisante sans être bril-
lante, froide au toucher et fonçant légèrement à l'air ; grain
uni et compact, quoique gros. La nuance de la coupe trans-
versale est beaucoup plus foncée que celle des autres sections,
car elle est souvent presque noire.
Caractères physiques. — Densité, de 0,938 à 1,200 ; dureté,
celle du Balata ou du Quebracho. Odeur, à sec, nulle. Bassières
le place parmi les bois odorants ; peut-être a-t-il raison lorsque
le bois est à l'état frais. Saveur nulle. Solution aqueuse, de
couleur brun clair; alcoolique, incolore. Il brûle bien, et laisse
exsuder à la chaleur des gouttes de gomme jaune. Beauverie
dit qu'il brûle comme un flambeau, avec odeur de soufre, mais
je n’ai jamais remarqué ce caractère. Il se fend facilement
mais est résistant.
Caractères de l’écorce. — Épaisse de 3 à 4 mm. environ,
dure et ligneuse; brune à l'intérieur, et couverte de petites
tubérosités à l’extérieur. « Unie et blanchâtre, d'après Gui-
bourt. » La surface de la bûche est finement striée. Le liber
d’un échantillon, n° 126, Guyane, Musée Colonial de Mar-
seille, se présente en minces feuilles comme du papier, de
couleur brun jaunâtre clair et tenace.
Structure du bois. — L’aubier, qui n'est pas très bien déli-
mité du cœur, est épais de 12 cm. environ.
Section transversale. — • A comparer avec la figure 12,
pl. VI. Couches très rarement délimitées ; la coupe est très uni-
forme.
Vaisseaux très apparents par leurs bords verts ; grands,
de 22 mm. de diamètre, presque uniformes et distribués très
régulièrement en quinconce. Ils sont ovales, simples, et plus
souvent par groupes subdivisés de 3 à 4 vaisseaux; de 4 à
13 par mm. et contenant des thylles.
BOIS UTILES DE UA GUYANE FRANÇAISE 19
Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, assez équidis-
tants, à intervalles d'une distance moindre que le diamètre d’un
gros vaisseau, mais s’écartant à peine au niveau de ces vais-
seaux. Ils sont de 4 à 6 par mm.
Parenchyme visible et même très apparent : a entoure les
vaisseaux ou, d’autres fois, se présente en petites lignes ou
en taches qui ne les entourent pas complètement.
Section radiale. — Vaisseaux très apparents, quoique se
présentant en petits sillons le long des bords blanchâtres du
parenchyme. Ces sillons sont remplis de thylles et de perles
de gomme foncées. Rayons petits, obscurs, mats.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
sont visibles seulement à la loupe.
Emplois. — Bon pour constructions navales, pour travaux
sous l'eau, en général, quais, pilotis, etc. Il éclate s'il est
exposé au soleil. Le cœur a souvent des défauts, mais non
l’extérieur (Laslett). Il résiste au Limnora tcrebrans et aux
tarets, et, après le Teck, c’est le bois qui résiste le mieux aux
termites (Oldriéve). Il est attaqué de temps en temps par un
ver (Catal. Kew.). 11 était attaqué par les tarets à Boulogne
(Beauverie). On dit qu'il devient plus rare (Morris en 1888).
La qualité du bois varie beaucoup.
Ecli. types : 29, 2685 Bibiru, 30, 2686 Sipiri ; Bell. 2312
et 2354 Laslett. N° 81 , Guyane, Musée Colonial de Marseille.
La section de Nœrdlinger.
Icônes : Planchon et Collin, fig. 300, section transversale
de l’écorce de Beberu. Icônes Lignorum, pl. 64, fig. 4 ; en
couleur. Stone, T. of C., pl. IX, lig. 99.
Références : Laslett, p. 270 ; Bell, p. 5 ; McTurk, n° 27 ;
Oldriéve, p. 17; Stone et Freeman, p. 29 ; Stone, lmp. Inst.
Journal, VII, p. 254 ; Bulletin de Kew., 1893, p. 183 ; Beau-
verie, p. 369; Bassières, 1911, p. 1 ; Wiesner, II, p. 951.
Nectandra cuspidata Nees et Mart., n° 6201 B.
Synonyme : Ocotea cuspidata Mart.
Noms vulgaires : Burada, Buradeah, Bastard Cirouaballi
20
II. STONE
(Bell). Siruabally bâtard. Non le Boohoorada (2011 G), ni
Barada-balli (1150 J), ni Barata-balli (4194 A).
L’échantillon type a été déterminé, d après les feuilles
et les fruits, par le Dr. Freeman.
Caractères généraux. — Bois très léger et mou, de couleur
verdâtre ou jaunâtre uniforme, et d'un brillant soyeux remar-
quable ; grain gros.
Caractères physiques. — Densité, 0,420 environ; dureté,
celle du Simaruba, et moindre que celle du Sapin. Sans odeur
ni saveur.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 2 mm. environ, lisse,
de couleur brun rougeâtre, remplie de petits sclérites
blancs et s'émiettant facilement. La surface de la bûche est
striée.
Structure du Lois. — Comme celle de l’espèce précédente,
à part les différences suivantes.
L'échantillon pris sur un arbre de 30 cm. de diamètre était
tout en aubier.
Section transversale. — Les rayons sont visibles.
Section radiale. — Les vaisseaux sont plus foncés que le
fond, et les rayons sont facilement visibles, quoique petits ;
bruns.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais plus bril-
lante, si c’est possible.
Emplois. — Bon pour charpente d’intérieur ; peut être
obtenu facilement jusqu'à 1 0 m. sur 20 à 22 cm. d’équarrissage
(Bell). Très beau, facile à travailler, mais d'une résistance
douteuse. 11 ne tient pas les clous.
Ecli. type : 13, 26G9 Bell.
Références : Bell, p. 4 ; Stone et Fr., p. 13.
Nectandra Pisi Miq., n° 6201 C.
Sagot, p. 918 : Pisi, Bisi, Cèdre noir. (V. 6201 M.)
Lanessan, p. 138 : N. Pisi Miq.; synonyme, N. leucantha Nees (D'a-
près l’Index Kew., ce dernier est une bonne espèce). Cèdre noir ; bois
incorruptible et de grandes dimensions ; liant, ferme, léger et propre à
faire des bordages de navires, à la condition, toutefois, de le clouer en
cuivre, car il attaque rapidement le fer.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
21
Niederlein, p. 4, et Bassières, 1911, p. 1 : N. Pisi, Cèdre noir.
Cat. Expos., 1867, p. 38. N. Pisi. Cèdre noir. Densité, 0,648 : le bois
ronge très promptement le fer.
Martin-Lavigne, p. 66 : Description et figures, mais d’une détermina-
tion douteuse.
P tille cite Pisie pour Nec faudra glohosa (Aubl.) Mey. et
N. Pichurim (H. B. K.) Mey.
Nectandra cymbarum Nees (nonSpr., ni Poepp.), n° 6201 D.
Synonyme : Ocotea cymbarum H. B. et K.
Guibourt, II, p. 344 : Bois très dur; densité, 1,094, de couleur brun
noirâtre; aubier jaune fauve, presque aussi dur que le bois. La section
transversale présente un pointillé blanc très serré. Odeur et saveur très
prononcées de Sassafras. Le même (II, p. 393), à propos de l’écorce de
Pichurium : Epiderme gris, blanchâtre, brunâtre ou jaunâtre; liber de
couleur rouille terne, devenant brunâtre avec le temps. Texture assez
compacte, fine, fibreuse et feuilletée. Odeur et saveur du Sassafras,
mais plus faibles et plus suaves. La surface intérieure offre souvent une
sorte d’exsudation blanche, opaque et cristalline.
Lanessan, p. 138 : Sassafras de l’Orénoque, gris verdâtre, compact et
lourd. Lorsqu’on le râpe, il développe une odeur de Sassafras et d’anis ;
bois incorruptible, bon pour construction navale et travaux de ballast.
Nectandra leucantha Nees, n° 6201 E.
Grisebach : Long-leaved Sweet-wood, Shingle-wood.
Lanessan : Voir 6201 C.
Niederlein, p. 4 : Cèdre gris.
Nectandra sp., n° 6201 F.
Noms vulgaires : Siruaballi (Petsch ; Brown Cirouaballi,
Silverbally (Bell) ; Subilereballi (Hawtayné) ; Cirouaballi brun
(Dark Cirouaballi).
L’échantillon type a été déterminé, d’après les feuilles et
les fruits, par le Dr. Freeman, comme voisin du Nectandra
Pisi et du N. Wana. Ce n’est pas le bois décrit par Martin-
Lavigne sous le nom de Pisi.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de la couleur
brun de Cèdre à la teinte brun foncé, parfois rayé de noir.
Surface luisante, fonçant beaucoup à l’air; grain plutôt gros,
dense et ouvert. La nuance de la coupe transversale est plus
claire que celle des autres sections.
22
H. STONE
Caractères physiques. — Densité, de 0,783 à 0,905 ; dureté,
celle du Charme. Odeur nulle, sauf lorsqu’on le travaille ; en
ce cas, son odeur rappelle celle du Santal, mais n’est pas
agréable. Saveur légèrement astringente. Solution aqueuse,
incolore ; alcoolique, brun clair. Il brûle bien et laisse exsuder
un suc brun à la chaleur.
Caractères de V écorce. — Epaisse de 5 mm. environ, dure et
fortement adhérente, remplie de sclérites durs ; gerçures peu
profondes.
Structure du bois. — Comme celle du n° 6201 A, à part les
différences suivantes.
Aubier épais de 7 cm. environ, brun clair, bien délimité du
cœur.
Moelle. Diamètre de 2 mm. environ ; brune, plutôt dure.
Section transversale. — Couches non délimitées ; les zones de
couleur claire et foncée pourraient en être les limites.
Vaisseaux très apparents (non verts) ; beaucoup par groupes
qui en contiennent jusqu’à 10, tendant à se disposer en lignes
obliques ; leur contenu est parfois foncé.
Rayons à peine visibles ; de 4 à 6 par mm.
Section radiale. Nuance plus foncée que celle des autres
sections. Vaisseaux très apparents, parfois noirâtres. Rayons
petits, mais plutôt apparents.
Emplois. — Très bon pour bateaux (Hawtayne). Peut être
obtenu jusqu'à 16 à 19 m. sur 43 à 47 cm. d’équarrissage;
l’are (Bell). Bois d’une utilité générale, mais pas joli ; il se
fend facilement et ne prend pas les clous.
Ech. types : 17, 2673 Bell ; 0232, lmp. Inst.
Références : Hawtayne, p. 388 ; Bell. p. 4 ; Stone et Fr.,
p. 17. Icônes lignorum, pl. 67, fxg. 5, Sire Babolie, en cou-
leur. (Pourrait être cette espèce.)
Nectandra sp. n° 6201 G.
Cirouaballi jaune. Yellow Cirouaballi, Silverballi, Yakoora
(Bell). Yakura, Yakooro (Laslett). Yakoro, Cirouaballi (Haw-
tayne). Pisié (Berkhout).
Cette espèce devrait se rapporter au Nectandra Pisi, mais
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
23
il n’y a rien de certain, car, si Sagot ne fait pas erreui
(v. 6201 C), c'est lé Cèdre noir qui a droit à ce nom systéma-
tique. L’échantillon de Bell a été déterminé pour Nectandra
sp., d’après les feuilles et les fruits par le Dr Freeman.
Caractères généraux. — Bois d’un poids moyen et d’une
dureté moyenne, de couleur brun clair et parfois de nuance
verdâtre. Surface à peine brillante, fonçant beaucoup à l’air ;
grain fin et ouvert. La nuance de la coupe transversale est
beaucoup plus foncée que celle des autres sections.
Caractères phgsigues. — Densité, de 0,592 à 0,832 ; dureté,
celle du Bois de Lance. Odeur légère à sec ; mais lorsqu’il
est travaillé, son odeur est plutôt aromatique, rappelant celle
du Cèdre du Liban et du Callitris. Saveur d’épices, tirant un
peu sur celle de Cèdre à boîtes à cigares. Il brûle médiocre-
ment et sans exsudation ; il se fend facilement.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 à i mm. environ,
lisse, rougeâtre, avec de grosses fibres à lintérieur. Odeur de
camphre lorsqu’on le rompt.
Structure du bois. — Comme celle du n° 6201 A, à parties
différences suivantes.
L’aubier est de couleur blanc sale, épais de 2 à 3 cm. envi-
ron. Il passe graduellement au cœur.
Section transversale. — Couches non délimitées ; les zones
régulières de bois plus ou moins foncées pourraient en être
les limites.
Vaisseaux visibles, mais pas très apparents, tendant à se
disposer en lignes obliques irrégulières ; ils sont peu nombreux,
de 9 à 13 par mm. Leur contenu se compose de perles luisantes
ou de thvlles qui se gonflent lorsque la coupe est humectée ;
et, de ce fait, celle-ci a l’apparence d’une fine lime au tou-
cher.
Rayons de 7 à 9 par mm. s’écartant légèrement au niveau
des vaisseaux.
Section radiale. — Surface brillanteayant parfois une nuance
verdâtre. Vaisseaux plutôt apparents, contenant des perles de
gomme argentées.
24
H. STO.NE
Section tangenticlle. — Comme la radiale, mais moins bril-
lante et plus foncée.
Emplois. — Bon pour bordages, de très longue durée (Mc
Turki. Assez joli, très commode à travailler, mais ne prend pas
les clous, car il se fend facilement.
Ech. types : 18, 2674 Bell ; 2623 et 2627 Berkhout (Pisié) ;
0233, lmp. Inst.
Icônes lignorum : PI. 6o et 70, en couleur (probablement
cette espèce).
Références : McTurk, n° 60 ; Stone et Fr., p. 18.
Nectandra sp. n° 6201 H.
Noms vulgaires : Kretty (Bell). Keritee, Bastard Silver-
balli (Dalton). Iverati, Bucksnuff (Aiken). Ciretti, Gieretje
(Fogli). Cretti (Catal. Exposition, Paris, 1867).
Le genre de l’échantillon de Bell a été déterminé, d'après
les feuilles et les fruits, par le Dr Freeman.
Ce bois ressemble beaucoup à l’espèce précédente, le Pisié
de Berkhout.
Caractères généraux. — Bois plutôt mou et léger, de couleur
brun uniforme, avec surface brillante ; grain moyen et ouvert ;
il fonce beaucoup à Pair.
Caractères physiques. — Densité, de 0,434 à 0,ol2; dureté,
celle du Saule ou du Simaruba. Odeur et saveur, celles du Cèdre
à boite à cigares. Solution aqueuse, cramoisie; alcoolique,
rouge brunâtre. Le bois brûle bien, laissant exsuder un suc
brun à la chaleur; il se fend facilement.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 7 mm. environ, res-
semblant à celle du Faux Platane (Sycomore), mais de couleur
rouge. L'écorce est composée de deux couches fibreuses et de
l’épiderme ; la couche intérieure est foncée, et l’autre plus
claire et plus molle. La surface de la bûche est finement striée.
Structure du bois. — Comme celle du n° 6201 A, à part les
différences suivantes.
L’aubier est épais de 2 à 12 cm., de couleur blanc grisâtre ;
il passe graduellement au cœur.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
25
Moelle de 3 mm. de diamètre environ, de couleur brun
clair.
Section transversale. (Voir figure 13, pi. VI. 1 — Couches
indéterminées ; les zones de nuance variable pourraient en
être les limites.
Vaisseaux par groupes pouvant en contenir jusqu'à 7, con-
tenu luisant.
Section radiale. — Vaisseaux plutôt apparents, mais ne
ressortant pas sur le fond ; ils contiennent des perles argen-
tées. Rayons facilement visibles, mais non très apparents ;
rougeâtres, luisants.
Emplois. — Bon pour bordages des parties supérieures des
bateaux, cloisons, etc. ; peut s'obtenir jusqu’à 13m. sur 37 cm.
d’équarrissage (McTurk).
Très commode à travailler ; se fend facilement et ne se
prête pas au clouage.
Ech. types : 50, 2706 Bell ; 023i lmp. Inst. ; 3033 Aiken.
Icônes : Stone, T. of C., fîg. 101 ; Icônes lignorum , fig. 3,
pl. 61, en couleur. (Probablement cette espèce?)
Références : McTurk, n° 56 ; Stone et Fr., p. 51.
Waibaima, n° 6201 .
Deux variétés de bois portent ce nom. La première n’est
pas déterminée, mais sa structure me fait supposer que c’est
un Nectandra ; la deuxième a été déterminée, d'après les
feuilles et les fruits, comme Nectandra s p.
Var. I. — Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de
couleur brun verdâtre ; pouvant être confondu avec le Cœur
vert (6201 A). Surface à peine brillante, fonçant à l’air, et
devenant plus brune ; grain gros et ouvert. La section trans-
versale présente des bandes de couleur qui ne sont pas con-
centriques avec les couches.
Caractères physiques. — Densité, 0,912 ; dureté, celle du
Kakeralli. Odeur nulle. Saveur légèrement astringente. Solu-
tion aqueuse, de couleur verte. Le bois brûle bien.
Structure du bois. — Comme celle du n° 6201 A, à part
les différences suivantes.
26
H. STONE
Aubier épais de 2 cm. b environ, de couleur blanc rougeâtre,
assez bien délimité du cœur.
Section transversale. — Vaisseaux tendant à se disposer en
lignes obliques ; leur contenu se gonfle lorsqu ils sont humec-
tés.
Section radiale. — Vaisseaux gros, mais sans couleur et
peu apparents. Rayons blanchâtres, petits, mats et peu appa-
rents.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les vaisseaux
se présentent en stries blanchâtres. Fibres très obliques.
Emplois. — Bon pour constructions navales et pour les
mêmes usages que le Cœur vert ; il est même réputé supérieur.
C'est le meilleur bois de la Guyane Anglaise pour bordages ;
abondant McTurk .
Il se travaille plus facilement que le Cœur vert, mais le
grain est « à rebours ».
Ech. type : 0231 lmp. Inst.
Références : McTurk, p. 5; Stone, T. of C p. 181, pl. XI,
fig. 99.
Var. II. — Waibaima (Bell).
Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une
dureté moyenne, du. brun clair au jaune soufre et même au
vert. Surface légèrement brillante.
Caractères physiques. — Densité, 0,782 : dureté, celle du
Teck ou du Hêtre.
Caractères de l écorce. — Epaisse de 7 mm. environ ; compo-
sée de petites écailles arrondies qui se détachent facilement.
D'autres alors apparaissent, qui sont de couleurs diverses,
blanches ou brunes ; c’est un cas très rare. Lorsqu'on la scie,
elle répand une odeur aromatique. C’est de cette écorce que
parle probablement McTurk, car le bois est inodore.
Structure du bois. — Comme celle delà variété précédente ;
les différences importantes ne se trouvent que dans l'écorce et
l’aubier.
L aubier n’est pas différent du cœur, vers lequel il passe
graduellement.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
27
Ech. types : 89, 2745 Bell.
Références : Bell, p. 10 ; Stone et Fr., p. 90.
Wyaballi (Bell), n° 6201 J.
Rien ne me prouve que cette espèce soit un Nectandra,
mais sa structure ressemble tellement à celle du Cœur vert
(6201 A) que je crois bien faire en la plaçant ici.
Caractères généraux. — • Bois d’un poids moyen et d’une
dureté moyenne, passant du blanc verdâtre à la couleur jaune ;
surface compacte, légèrement luisante, et fonçant légèrement
à l’air. La nuance de la coupe transversale est à peu près la
même que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,786 ; dureté, celle du
Teck. Sans odeur ni saveur.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 2 à 4 mm. environ, se
détachant en petites écailles arrondies, remplies de sclérites
blancs. La couche interne est grise et fibreuse en section trans-
versale. La surface de la bûche est finement ridée.
Structure du bois. — Comme celle du n° 6201 A, à part
les différences suivantes.
L’aubier est épais de 2 cm. 5 environ et n’est pas très bien
distinct du cœur.
Section transversale. — Couches en apparence délimitées ;
les zones plus ou moins pourvues de vaisseaux pourraient
indiquer les limites.
Vaisseaux se disposant en lignes obliques.
Parenchyme a entourant les vaisseaux et s’étendant en
courtes ailes qui ont la longueur du diamètre d’un vaisseau.
Section radiale. — Vaisseaux parfois remplis de perles de
gomme luisantes.
Emplois. — Bon pour constructions ; ne s'obtient pas faci-
lement (Bell). Se fend aisément et ne se travaille pas très bien.
Ech. type : 96, 2752 Bell.
Références : Bell, p. 10 ; Stone et Fr., p. 98.
Waranana (Bell), n° 6201 K (non Warananaballi 2337).
Ce bois n’est pas déterminé, mais sa structure ressemble
beaucoup à celle des Nectandra ; je le place ici sous réserves.
28
H. STO.NE
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur jaune
tirant sur le vert. Surface compacte, luisante, fonçant légère-
ment à l'air. La nuance de toutes les coupes est à peu près sem-
blable. 11 ressemble au Cœur vert de qualité inférieure.
Caractères physiques. — Densité, 0,918 ; dureté, celle du
Cœur vert. Sans odeur ni saveur ; se fend facilement.
Structure du bois. — Comme celle du n° 6201 A, à part
les différences suivantes.
L'aubier n'est pas différent du cœur. La surface de la bûche
est striée.
Section transversale. — Couches parfois délimitées par une
zone de bois plus dense.
Vaisseaux blancs. Rayons visibles.
Section radiale. — Vaisseaux très apparents. Rayons semi-
translucides, visibles par réflexion.
Emplois. — Employé par les Indiens pour les constructions ;
de dimensions étroites, mais hautes ( Bell . Se travaille médio-
crement.
Ech. type : 93, 2749 Bell.
Références : Bell, p. 10; Stone et Fr., p. 96.
Les Cèdres (Lauracées), n° 6201 L.
La distinction des « Cèdres » est très difficile, car ils ont une
structure très uniforme qui rappelle parfois celle des Nectan-
dra et celle des Ocotea , deux genres qui présentent de grandes
difficultés pour la détermination, même si on a le matériel
voulu. Quant aux bois de Dumonteil et de la Comm. de Brest,
les détails sont insuffisants pour me permettre d'affirmer à
quelle espèce ils appartiennent, mais il est bien probable que
ces bois appartiennent à des espèces que nous avons déjà
citées.
Cèdre noir voir 6201 Ci, n° 6201 M.
Echantillon n° 131, série II. Lyon, de la Guyane Française.
Quoique ce bois ait peu de rapport avec les Nectandra , je
crois bien que le nom de Cèdre noir lui est applicable, c’est
pourquoi je le place ici.
nuis UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
29
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, brun foncé rayé
de noir et strié de pores de couleur brun clair. Surface plu-
tôt mate, qui présente en coupe tangentielle, lorsqu’elle est
humectée ou polie, un effet légèrement moiré. La nuance de
la coupe transversale est beaucoup plus foncée que celle des
autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,680 ; dureté, celle du
Cerisier. Sans odeur ni saveur. La densité est à peu près la
même que celle citée, Cat. Expos. Univ. , 1 867, p. 38, pour Cèdre
noir, Nectandra Pisi.
Structure du bois. — Section transversale. Couches souvent
bien délimitées ; les zones de bois plus denses et presque
dépourvues de vaisseaux forment les limites.
Vaisseaux visibles et même très apparents à cause de leur
parenchyme brun ; grands, de 0 mm. 2 de diamètre. Ils sont
distribués très irrégulièrement en lignes obliques ou même
courbes, laissant de grands vides ; peu nombreux, depuis
1 par 2 mm. q. jusqu’à 10 par mm.q.
Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, écartés les uns
des autres, d’une distance égale environ au diamètre d'un gros
vaisseau. Ils sont de 4 à 5 mm., presque réguliers et de cou-
leur brune.
Parenchyme abondant, visible et même très apparent, a,
entourant les vaisseaux en de larges bords, et parfois s'éten-
dant en de très courtes ailes qui sont visibles lorsqu’elles sont
humectées ; brun mais plus clair que les rayons.
Section radiale. — Couches à peine délimitées. Vaisseaux
bien visibles en sillons bruns, vides ou remplis d’une gomme
de couleur brun clair.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les couches
sont faiblement indiquées par des lignes ou des lacets. Rayons
visibles à la loupe, de couleur brun foncé ; leur hauteur est de
1 mm. 5 environ.
Cèdre noir marécage, n° 6201 N.
Dumonteil, p. 154 : Densité, 0,531 ; force. 130; élast., 142; p. 160.
Classe 3, celle des Pins.
Sagot, p. 918 : Cèdre marécage ; médiocre.
30
H. STONE
Cèdre noir montagne, n° 6201 O.
Dumonteil, loc. cit. Densité, 8,6 iS ; force, 159 ; élast., 129 ; flexib.
2,18. Classe 3.
Cèdre jaune. n° 6201 Q.
Dumonteil, loc. cit : Densité, 0,489; force, 145; élast., 235; flexib.,
2,68. Classe 3.
Commission de Brest, p. 157 : Densité, de 0,614 à 0,719; force, de
620 à 880 ou 1,12 si le Chêne égale 1 ; élast., de 14 à 22.
La même, p. 165 : Se rompt d’un seul éclat sans avertissement. Dans
a moitié de la section de rupture, les fibres sont comme tranchées net.
La même, p. 188 : Conservé à couvert ; force, de 920 à 950 ou de 1,12 à
1,40 si le Chêne — 1 : élasticité, de 22 à 30. Conservé à découvert ; force,
de 860 à 916 ou 1,14 si le Chêne = 1 ; élast., de 25 à 27. Le bois se
rompt net. La même, p. 197. Classe Ib.
Le bois paraît être celui de Dumonteil.
Cèdre savane, n° 6201 P.
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 0,431 ; force, 103 ; élasticité, 130; flexi-
bilité, 4,42. Classe 3.
TRIBU II. — L1TSÉAGÉES
Laurus (espèces non déterminées), n° 6213.
Sagot, p.908: Aiouea, Laurus sp. (V. 6184 et 1571 F.)
Lanessan, p. 138 : Laurus sp. Bois cannelle, en raison de son odeur
Densité, 0,801 ; inattaquable par les insectes ; bon pour construction
navale et traverses de chemin de fer.
Dumonteil, p. 154 : Bois cannelle. Densité, 0,801 ; force, 184 ; élast.,
146, flexib., 1,97. (Est-ce bien ce genre ?) Cependant de Lanessan adopte
la densité de Dumonteil. (V. aussi 6190. 6193 A et 6200 C, E et I.)
TRIBU IV. — HERNANDIÉES
Hernandia guianensis Aubl., n° 2615 A.
Aublet, p. 846 : Mirobolan (fruit) ; écorce lisse, blanchâtre ; bois blanc,
peu compact, fort léger et aromatique ; il peut être employé comme
amadou, car il prend facilement feu sous le briquet.
Bremer, p. 203 : Foungou (Surinam).
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 31
Hernandia sonora Lin. (non Miq., ni Zoll), n° 6215 B.
Aublet, p. 852 : Mirobolan.
Icônes lignorum : pl. XXX, fig. 5, en couleur ; Myrobolan.
FAMILLE CLX. - EUPHORBIACÉES
TRIBU IV. — PHYLLANTHÉES
Amanoa guianensis Aubl., n° 6293.
Ce bois est souvent confondu avec les Bois de lettres (6333)
et les Satinés (2011), qu’il faut étudier ensemble. Peut-être
une des sortes de Satinés peut-elle se rapporter à cette
espèce, surtout d’après le témoignage de Sagot, mais je n’ai
jamais rencontré, parmi les Euphorbiacées, aucun bois qui
puisse leur ressembler en structure et en caractères généraux.
Cependant je dois avouer que je ne connais pas Y Amanoa.
Aublet, p. 256 : Amanoua (Galibis) ; écorce épaisse et blanchâtre ;
bois blanc, très compact ; exposé à l'air, il roussit.
Saldanha da Gama, p. 256 : Amanoa guianensis, Bowwood, Washiba,
Bois de lettres.
Berkhout, pp. 25 et 31 : Ongespikkled Letterhout ; Ongevlamde ou
Manletterhout (Surinam).
Sagot, 1869, p. 922 : A. guianensis ; le Bois de lettres rouge « d’après
M. Louis, colonisateur expérimenté qui me désigna l'arbre ». Le même,
p. 913. Ce n’est pas le même arbre que le Satiné rubané.
Bassières, p. 3 : A. guianensis. Bois de lettres, de couleur brun rou-
geâtre avec des veines noires, mais il est plus clair que le Brosimum ;
densité, 1 ,049.
L'auteur prend ce chiffre de Dumonteil (Bois de lettres
moucheté) sans justification apparente.
Niederlein, p. 2 : Bois de lettres à grandes feuilles ; bois de lettres
rouge ; Amanoa guianensis.
Pour les autres citations, voir nos 2011 et 6623.
Antidesma, n° 6433.
Voir Minquartia, partie III, n° 4.
32
11. STONE
Hyeronyma alchornioides Fr. Allem., u° 6434.
Synonyme : H. clusioides Tul.
Noms vulgaires : Dalima (Honduras Angl. ; Debrot). Il y
a deux variétés : Urucurana ou Urucurana de leite et Urucu-
rana, mirim ou Urucurana de prego. Arocurana appliqué à
plusieurs espèces du même genre et aussi à Urena et Croton
(Brésil; d'après Rodriguès). Gedro macho (Antilles; Urban).
Suradanni (Guyane Angl. ; Bell), nom cité aussi pour Hye-
ronyma laxiflora Muel par Rodway. Tapana (Trinité ; lmp.
Inst.).
Il ne faut pas le confondre avec le Urucurana ( Sloania den-
tata), n° 882 B.
L’échantillon de Bell a été déterminé, d'après les feuilles et
les fruits, par le Dr Freeman.
Caractères généraux . — Bois plutôt dur et lourd, ressem-
blant à l’Acajou. D'après da Gama, de couleur rouge clair.
Surface plutôt mate. La nuance de la coupe transversale est
légèrement plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, de 708 à 940 ; dureté,
celle du Charme. Sans odeur ni saveur.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de o à 6 mm., brun rou-
geâtre, liégeuse, gercée, et se détachant en minces plaques.
La couche interne est fibreuse, brun foncé et pleine de sclérites
clairs en forme d'aiguilles. D'après da Gama, écorce toujours
unie ; grosse et légèrement gercée ; lactescente. La surface de
la bûche est lisse ou striée.
Structure du bois. — Aubier brun, épais de o cm. environ
et bien délimité du cœur. D'après da Gama, de couleur légère-
ment rouge clair.
Section transversale. — Couches en apparence délimitées ;
les zones du bois où il y a le moins de vaisseaux semblent
former les limites.
Vaisseaux facilement visibles comme des piqûres, diminuant
beaucoup vers le bord extérieur de la couche ; ils sont distri-
bués inégalement, et serrés ou rares suivant les zones.
Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, s’écartant légè-
rement au niveau des vaisseaux ; de couleur laiteuse.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
33
Parenchyme a entourant étroitement les vaisseaux.
Section radiale. — Vaisseaux gros et tout à fait creux, ce
qui donne à la section une apparence filandreuse. Rayons à
peine visibles à cause du manque de couleur, mais ils sont
très apparents dans l’aubier humecté.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais rayée par
des zones plus ou moins poreuses ; les fibres sont très « à
rebours », car elles sont fortement inclinées de couche en
couche.
Emplois. — Rais de roues (Brésil ; Silva). Bordages, planches
pour bateaux ; peut s'obtenir facilement jusqu’à 11 m. sur
30 à 31 cm. d'équarrissage (Bell). Carrosserie, ébénisterie,
ponts, poutres, pour travaux exposés à l'eau de mer et dans
les endroits humides. L Urucurana de leite est supérieur à
rUrucurana-mirim, il fournit des traverses qui durent 12 ans;
il donne une teinture jaune et une résine médicinale (Brésil ;
Pereira). Allemao dit que l’Urucurana du Brésil du Sud est
très différent du bois de la Guyane.
Ech. type : 8 i , 2740 Bell ; 2740, lmp. Inst. Icônes ligno-
rum, pl. 63, fig. 4, et pl. 67, fig. 1, en couleur. (Probablement
cette espèce, mais l’échantillon qui avait servi pour ces figures
devait être atteint d’un champignon.)
Références : Silva, ms. ; Bell, p. 9 ; Rodriguès, p. 132 ;
Pareira, p. 76; « Brazil », p. 311 ; Allemao, p. 31 ; Saldhana
da Gama, 1863, p. 132 ; Stone et Fr., p. 83.
TRIBU VI. — CROTONÉES
Hevea guianensis Aubl., n° 6453 A.
Synonyme : Siphonia elastica Pers.
Préfontaine, p. 135 : Bois seringue, Paô de Xiringa (Portug.); Hhéve
(Prov. Esméraldas), levé (Espag.) ; Caoulchouc chez les Mainas.
Aublet, p. 871 : Ecorce grisâtre, -légèrement épaisse ; bois blanc et
peu compact ; Seringa (Gai ipons) ; Hévé (Esméraldas) ; Caoutchouc
(Mainas); Paô seringa (Portug. Para).
Lanessan, p. 47 : Bois de seringue ; bois blanc, grain peu serré ; sans
utilité.
Huber, p. 189 : Seringueira vermelha (Brésil).
Annules du Musée colonial de Marseille. — 3' série, 8' vol. 1920.
3
34
H. STONE
Koolaballi (Bell), n° 6453 B.
Probablement Hevea sp. d'après le D1’ Freeman.
Caractères généraux. — Bois d’un poids moyen et d'une
dureté moyenne, de couleur gris sale. Surface brillante, fon-
çant très légèrement à l'air. Grain gros en apparence. La
nuance de la coupe transversale est un peu plus foncée que
celle des autres sections.
Densité, 0,593 à 0,830 ; dureté, celle du Faux Platane.
Odeur à sec nulle ; un peu spéciale lorsqu’on scie le bois.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 5 à 6 mm., lisse, com-
pacte, ligneuse à l'extérieur ; fibreuse. La surface de la bûche
est lisse ou striée.
Structure du bois. — L'aubier n’est pas différent du cœur,
du moins dans un arbre de 37 cm. de diamètre.
Section transversale . — Couches non délimitées, les zones
de bois plus denses pourraient être les limites.
Vaisseaux à peine visibles, comme des piqûres, très
variables, mais irrégulièrement avec tendance à se disposer
en files radiales.
Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, exceptionnelle-
ment nombreux et serrés, écartés les uns les autres d’une
distance bien moindre que le diamètre d'un gros vaisseau et
se trouvant parfois 4 dans cet intervalle ; ils sont souvent
interrompus par les lignes du parenchyme.
Le parenchyme a entoure les vaisseaux ; b se présente en
lignes minces, serrées, nombreuses, concentriques, légère-
ment ondulées et d une largeur un peu moindre que celle des
rayons avec lesquels elles forment un filet.
Section radiale. — Brillante. Vaisseaux disposés par 2 et
parfois par 3, formant un gros grain ; ils sont plus foncés que
le fond. Rayons fins, étroits, luisants et cristallins.
Section tangcntielle . — Comme la radiale, mais non brillante,
à peine luisante seulement. Rayons très petits.
Emploi. — Abondant, mais peu de valeur (Bell).
Ech. typ : 53, 2709 Bell.
Référence : Stone et Fr., p. 54.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
35
Joannesia Princeps Vell, n° 6454.
Barrère, p. 27 : Calaba, Anda brasiliensibns de MaregrafT. (Est-ce
cette espèce?)
Pereira 5e édition, p.9. Andâ-assû : cœur blanc avec de légères mou-
chetures. Densité, 0,494 ; pour ouvrage d’intérieur, fibres beaucoup à
rebours.
Jatropha multifida Lin., n° 6455.
Aublet, p. 884.
Croton matourense Aubl., n° 6460 A.
Aublet, p. 879 : écorce lisse, cendrée ; bois blanc, léger.
Croton guianense Aubl., n° 6460, B.
Aublet, p. 892: Moelleux à l’intérieur.
Manihot utilissima Pohl., n° 6488.
Synonyme : Jatropha Manihot Lin. (non Vell.).
Bâillon, V, p. 180 : Donne le Manioc, Cassave, Moussache, Couac,
Tapioca.
Conceveiba guianensis Aubl., n° 6514.
Aublet, p. 92t : Conceveibo (Galibis) ; Aubarouna (Brésil) ; écorce
grise ; bois blanc.
Sagot, p. 922 : Bois mou.
Chætocarpus sp., n° 6538.
Boobooraballi (Bell.). Le genre de l'échantillon a été déter-
miné, d’après les feuilles et les fruits, par le L)r Freeman.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur brun
rougeâtre uniforme ; grain serré, surface brillante et satinée.
Il ressemble à l’Érable à sucre.
Caractères physiques. — Densité, 0,840 ; dureté, celle du
Charme. Odeur à sec nulle. Saveur insipide.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 à 4 mm. Elle se
détache en plaques étroites découvrant la couche sous-jacente
de couleur rouge. Surface intérieure ridée de côtes en fuseaux.
La surface de la bûche est sillonnée, et scintillante de
toutes petites perles de gomme.
36
H. STONE
Structure du bois. — Gomme celle du Lecylhis, à part les
différences suivantes.
L’aubier n’est pas différent du cœur, du moins dans un
arbre de 29 cm. de diamètre.
Section transversale. — Vaisseaux à peine visibles comme
des piqûres, ne diminuant pas vers l'extérieur de la couche,
mais augmentant beaucoup avec l’âge de l’arbre. Ils sont
distribués inégalement et forment, en apparence, des groupes
en lignes obliques ; peu nombreux, simples ou par groupes
de 2 à 5 ; de couleur foncée, sauf lorsqu’ils sont remplis de
matière blanche.
Parenchyme b se présente en lignes de la largeur environ
de celle des rayons.
Emplois. — Meubles ; peut s’obtenir jusqu’à 17 mm. sur
30 cm. d’équarrissage (Bell).
Plutôt dur à travailler ; joli bois.
Ech. type : 10, 1666 Bell.
Références : Stone et Fr., p. 10.
Omphalea triandra Lin. (non Tussac), n° 6561.
Aublet, p. 846.
Hippomane mancinella Lin., n° 6563.
Sloane, p. 219 : Ecorce imitant celle du Poirier, mais plus épaisse et
remplie de lait blanchâtre, visqueux et corrosif. Sous l'aubier, le bois
est grisâtre, avec de grandes et petites ondulations de teintes diffé-
rentes. Il est parsemé d’yeux de perdrix, est plus beau, et sa nuance
est plus jolie que le noyer et que le cœur et les racines de l'Olivier.
Si I on se frotte les mains avec son bois vert, il vous occasionne des
ampoules.
Aublet, p. 885 : Cet arbre est connu à Cayenne sous le nom de
Figuier.
Varenne-Fenille, p. 143 : Mancenillier . Bois brun mêlé de jaune
obscur. Couches étroites. Les rayons ne se distinguent pas. La section
longitudinale présente les vaisseaux remplis d'une matière noirâtre.
Densité, 1,192.
Icônes lignorum : Manzenillerbaum, pl. XVI, fîg. 1, en couleur.
Le Règne végétal, II: Bois léger, se corrompant facilement et répan-
dant en brûlant des fumées dangereuses. On l’emploie, dit-on, pour
guérir une sorte de tumeur que les nègres ont parfois aux pieds et que
l’on nomme -< Crabe ».
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
37
Description d'après l’échantillon du Musée Colonial de Mar-
seille, n° 73 bis, Guadeloupe; petite tige de 9 cm. 5 de dia-
mètre, tout en aubier.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 1 à 3 mm., lisse ; épi-
derme gris ; par ses gerçures, il laisse voir la couche sous-
jacente de couleur jaune vif et rouge. L'écorce est de struc-
ture uniforme, dure et ligneuse, et d’une cassure filandreuse.
Un peu de liber. Saveur légèrement aromatique.
Structure du bois. — L’aubier a une couleur de pain bis.
Moelle arrondie, de 1 à 2 mm. de diamètre.
Section transversale. — Couches en apparence délimitées,
indiquées par le changement dans les intervalles et le nombre
de lignes du parenchyme.
Vaisseaux grands, simples ou par groupes de 2 à 6, beau-
coup par groupes de 3. Les groupes de plus de 3 ont à chaque
extrémité un vaisseau plus gros que celui du milieu. Ils sont
peu nombreux ; de 1 à 6 par mm. q.
Rayons plutôt fins, mais visibles à la loupe ; très irréguliers
en largeur ; dans la longueur, ils ont l'apparence d’être tor-
tueux lorsque le bois se rétrécit. Ils sont de 13 à 20 par mm.
ou de 3 à i dans le diamètre d'un gros vaisseau.
Parenchyme visible à la loupe ; a entourant les vaisseaux,
s’étendant aux lignes concentriques continues. Ces lignes sont
à intervalles et de contour irréguliers ; de 5 à 7 par mm. ; elles
forment, avec les rayons, un filet lâche et irrégulier.
L'échantillon ne montrait pas les sections radiale et tan-
gentielle.
Maprounea guianensis Aubl., n°6365.
Aublet, p. 894 : écorce lisse, grisâtre ; bois blanchâtre et peu compact.
Sapium aucuparium Jacq. (non Willd.), n°63G7.
Synonyme : Hippomane biglandulosa Lin. (non Sw.).
Aublet, p. 885.
Hura crepitans Lin., n° 6377.
Aublet, p. 885: Maman Cacao. Pour les fruits: Sablier, Amandes à
purger (Nègres).
Grisebach : Sandbox-trec (Antill. Angl.).
Rulle : Postentree (Surinam).
38
H. STOVE
FAMILLE CLXII. — URTICAGÉES
TRIBU IV. — MORÉES
Bagassa guianensis Aubl., n° G608.
Préfontaine, p. 145: Bagasse. Bois léger, ne coule pas et n'enfonce
jamais. Le mot Bagasse est employé pour la canne à sucre sortant du
moulin.
Aublet, Suppl. , p. 15 : Bagasse Galibis). Écorce lisse, cendrée ; bois
blanc, bon pour pirogues, courbes et madriers pour navires. On pré-
tend que le bois des montagnes est plusléger,et qu’il flotte, tandis que
le bois des marécages et de la plaine est plus lourd, au point que la
pirogue construite avec ce bois s'immerge lorsqu'elle est remplie d'eau.
Dumonteil, p. 156 : Bagasse. Est-ce celui des montagnes?) Densité,
0,745 ; force, 215; élast., 151. Classe 3, celle des Pins. Le même, p. 162 :
Classe 4, celle des Meubles ; joli bois très abondant. Bagasse terre
basse ; densité 0,719 ; force, 210 ; élast., 181 ; flexib.. 2,38. Classe 3.
Sagot, p. 920 : Kubbes Zwarte ; bois facile à travailler, liant, pas trop
lourd et assez dur.
Guibourt, II, p. 325 : Bois Bagasse ; d'un jaune foncé devenant brun
foncé à l'air. Sa structure est semblable à celle du Bois jaune du Para.
Je crois que le Bois jaune du Para pourrait être l’espèce
suivante (n° G608 .
Lanessan, p. 144 : Sa structure est grossière; il renferme une matière
colorante jaune. On s'en sert pour la teinture.
Brousseau, p. 135 : Bois se conservant très bien, convient pour coques
de pirogues, car. pour cet usage, il a fait preuve d une durée exception-
nelle. Il présente de belles courbes et pourrait donner des madriers
d’une grande valeur ; bon pour lames de parquet. Il se travaille bien
dans tous les sens ; très bon bois pour constructions navales.
Huber, p. 171 : Tatajuba (terme gén., Brésil), Cœur jaune foncé ou
noirâtre.
Chlorophora tinctoria Gaudich., n° 6609 A.
Synonymes : Maclura tinctoria D. Don.; Maclura Xantlio-
xylon Endl. ; Morus tinctoria W.
Noms vulgaires : Bois jaune, Bois de Cuba, Bois jaune de
Cuba, Fusteque, Bois à pian (v. 2330), Bois cuba, Bois satiné,
Bois satiné rouge Guy. Fr. ; Catal. des Colon. Françaises).
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
39
Dvers Mulberry (Barbade) ; Morris). Fustick-wood, Palo
Narango (terme gén., Trinité) ; Fustete (Cuba ; Harlev). Tata-
juba, Tataiba, Tatajiba, Tatavaba, Tatajuba, Tatareuia (Dia-
lecte indigène, Brésil ; ces noms sont employés tour à tour
suivant l'adjectif qui les accompagne) ; Limao-rana (Para) ;
Nariuva (Amaz. ; Rodriguès). Tatacajuba (Amaz. et Prov.
sept.) ; Palo naranga Brésil : Miers). Cajuba (B. of E ; ms.)
Taijewa, Moreta (Schomburgk). Tajuba, Tajuva, Amoreira-
amarella (Bahia) ; Tatajuba da tincta (Brésil) ; Futeiba, Gelbes
Brazilholz, Fisetholz, Gelbholz, Liganum citrinum (Wiesner).
Gewohnliches Cuba Holz, Yellow-wood (Tolhausen). Mora,
Palo de Mora (terme gén., Ant. ; Urban). Legnogiallo (Ital.),
Fustan, Palo de Brésil amarello (Esp.) ; Geelhout, Stockfish-
hout (terme gén., Holl. ; Schwartzkopf). Hollandisches Gel-
bholz (terme gén.) ; Kaleb (Siam) ; Kadarang (Malaisie) ;
Lechers, Dinde (Colombie) ; Amora de arvore (Brésil ; Bâil-
lon). Tsu-kra, Palo de Mora (Costa-Rica ; Pittier). Mûrier des
teinturiers, Bois de Brésil jaune, Vieux Fustic (Schutzenber-
ger). Fustic, Old Fustic, Savonnette jaune (Musée Colon.
Marseille) ; Bimas (Holl. ; Icônes lignorum). Pour la variété
Xanthoxylon : Amoreira de espinho branco, Palo narango,
Bois d’orange (Wiesner terme général).
Ce n’est pas le Tatajuba de Grisard ni le Tata-youba d'Au-
blet (v. 6641).
Quoique ce bois ne soit pas signalé par Sagot, je donne sa
description ici, le Musée Colon, de Marseille en possédant un
échantillon de la Guyane.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur jaune
vif, jaune doré ou verdâtre. D'après Schultz, de couleur citron
pâle. D’après Guibourt, d'un jaune vif, avec des filets rouge
orange. Ce bois prend, lorsqu'il est exposé à l’air, une couleur
mordorée qui, d ailleurs, n’est pas désagréable. D après Pen-
netier, la présence de ces filets rouges est une preuve.de bonne
qualité et on dit que le bois est garancé.
Surface brillante, satinée, chatoyante, produisant à la
lumière un effet changeant. La nuance de la coupe transver-
sale est plus foncée que celle des autres sections.
40
H. STONE
Caractères physiques. — Densité, de 0,023 à 0, 988 ; dureté,
celle du Charme. Odeur à sec et saveur milles. Solution
aqueuse d'un jaune vif. D'après Schutzenberger : précipité
jaune, avec l'alun ; ppt. jaune floconneux avec la gélatine ;
léger ppt. avec les acides sulfhydrique, azotique et oxalique ;
ppt. jaune ou jaune brun, avec le chlorure d’étain, l'acétate de
plomb et de cuivre ; avec les alcalis, pas de précipité. D’après
Fol : solution aqueuse incolore, devenant jaune à l’air ; préci-
pité noir olive avec les sels de fer ; jaune serin avec lalun ;
jaune avec l’étain ; jaune plus pâle avec les acides et ramené
au jaune orange par les alcalis.
D’après Gopp, l’extrait alcoolique, vu par transparence,
est rouge grenat ; par réflexion, de couleur vert foncé.
Lorsque l'extrait est dilué dans une solution d'alun, il se pro-
duit une fluorescence de couleur verre d'uranium.
Structure du bois. — Aubier pâle.
Section transversale. — Fig. 14, pl. VI. Couches très appa-
rentes si les limites sont indiquées par les festons.
Vaisseaux très apparents à cause de leur nombre et de
leur disposition en lignes claires, ondulées comme des fes-
tons ; movens.de 10 mm. 13 de diamètre; peu variables, sauf
dans les groupes. Ils ne forment pas d’anneau, comme dans
le Mûrier, sur le bord intérieur de la couche, mais les groupes
sont parfois unis par le parenchyme et composés de 2 rangées
de vaisseaux, cas assez rare. Ces groupes sont disposés
radialement et peuvent contenir jusqu’à 11 vaisseaux. Les
vaisseaux sont peu nombreux, de 10 à 20 par mm. q. ; il
contiennent des thylles.
Rayons très fins, mais visibles à la loupe, uniformes, équi-
distants, à intervalles d une distance égale au diamètre d'un
gros vaisseau et s’écartant seulement au niveau des gros
groupes de vaisseaux. Les rayons sont presque droits, un
peu plus denses et plus clairs que le fond ; de 7 à 10 par
mm.
Parenchyme abondant, a, entourant les vaisseaux et les
unissant parfois en festons. Il est très apparent, mais les
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
41
lignes sont interrompues, irrégulières dans leur largeur, et
souvent s’anastomosent. Les lignes sont composées de ran-
gées de cellules radiales.
Les taches médullaires, ou trous d’insectes qui sont rem-
plis de cal, interrompent parfois les tissus ; leur grandeur est
de 12 mm. de longueur sur 3 de largeur.
Section radiale. — Les lignes blanchâtres du parenchyme
pourraient être les limites des couches.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les lignes
du parenchyme se présentent en lacets formant zigzags. Les
vaisseaux sont obscurcis par les bords du parenchyme, qui
sont très apparents.
Emplois. — Rouleaux de moulins à sucre, jantes de roues
(Jamaïque ; Fawcett). Teinture en vert et en jaune, ébénis-
terie, tour, marquetterie, tabletterie (Royle). La variété Xan-
thoxylon est la plus foncée et la mieux estimée (Wiesner).
D’après Schutzenberger, les principales variétés commer-
ciales sont : 1° le bois de Cuba, qui est le meilleur, et est
expédié en petit morceaux arrondis, bruns à l'extérieur ; 2°
le bois de Tampico, un peu plus clair ; 3° le bois de Brésil,
très clair, de mauvaise qualité, ordinairement piqué ; 4° le
bois de Porto-Rico, ressemblant à la variété 2, mais à mor-
ceaux plus irréguliers ; 5° le bois de la Jamaïque, en mor-
ceaux inégaux ; 6° le bois Sandgut, de très mauvaise qualité.
Rousselet distingue : 1° le bois de Cuba, jaune garancé
mélangé de petites veines jaune et orangé, sans aubier et scié
aux deux bouts ; 2° le bois de Tampico, scié à un seul bout
(l'autre étant oblique ou en coin), de deuxième qualité,
quoique l’extérieur de la bûche ait un reflet jaune qui donne
une bonne impression ; 3° le bois de la Côte Ferme des
Antilles, ordinairement de formes diverses, d'un bon rende-
ment et de bonne qualité, de couleur jaune vif ; 4° le bois des
Indes Orientales, filandreux, moins compact et plus léger,
jaune verdâtre, avec peu de matière colorante, et bon pour
l’ébénisterie. Toutes ces variétés perdent vite leur couleur
lorsque le bois est débité en éclats. Simmonds cite quatre
42
H. STONE
variétés : Tampico, Puerto Cabello, Cuba, et l’Espagnol, qui
est un bois commun. Pennetier cite 15 variétés. Pittier dit
qu'on n’en exporte plus de Porto-Rico.
Ech. types : Musée Colon, de Marseille, n° 82. Guyane ;
Section de Noerdlinger.
Références : Royle, p. 85 ; Wiesner, p. 904 ; Volkens (ex
Engler), p. 52 ; Schwartzkopf, p. 83 ; Pennetier, p. 506 ;
Pittier, p. 78 ; Roussell, p. 300 ; Fawcett, III, p. 43 ; Schut-
zenberger, p. 457 ; Fol, p. 307 ; Simmonds, p. 445 ; Guibourt,
II, p. 309 ; Goppelsroeder (ex Husemann), I, p. 502; Stone,
T. ofC.,p. 202, pl. XIII, fig. il, section transversale. Icônes
lignorum, pl. VIII, fig. 2, et pl. LXXV, fig. 2, « Geel » etpl.
XXXVII, fig. 7, « Bimas ».
Caraba-Balli (Bell), n° 6609 B.
Ce bois n’est pas déterminé, et sa détermination présente
beaucoup de difficultés en raison de sa structure, qui ressemble
à celle de beaucoup d'autres genres ; mais il a le plan ligneux
du Chlorophora , et je crois bon de le placer ici.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur rouge
clair ou brun rayé ; grain plutôt gros ; surface un peu luisante,
fonçant légèrement k l’air. La nuance de toutes les coupes est
semblable. Le bois ressemble au Caraba blanc (v. 1192 B).
Caractères physiques. — Densité, 0,943 ; dureté, celle du
Bois de lance. Odeur nulle ; saveur insipide.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 mm. environ, lisse
ou légèrement ridée et gercée, molle et fibreuse, avec une
mince couche de liber à l’intérieur. La surface de la bûche
est finement ridée.
Structure du bois. — Comme celle de l’espèce précédente,
à part les différences suivantes.
L’aubier, qui est de couleur écrue, passe graduellement au
cœur ; il est épais de 5 à 7 cm. 5.
Section transversale. — Couches bien délimitées, les zones
plus ou moins poreuses formant les limites ; de contour régu-
lier.
BOIS UTILES DE LA. GUYANE FRANÇAISE
43
Vaisseaux en groupes, qui en contiennent jusqu’à 7.
Parenchyme : les. festons sont souvent rompus et ne forment
plus que des ailes à côté des vaisseaux.
Section radiale. — Vaisseaux gros, mais peu nombreux,
vides et souvent par groupes de 2. Peu de temps après être
coupés, ils laissent exsuder une gomme qui tache la surface.
L'apparence grossière de la surface est due plutôt au paren-
chyme qu’aux vaisseaux.
Emploi. — Le même que celui du Caraba blanc ; peut faci-
lement être observé jusqu’à 10 à 13 m. sur 33 cm. d'équar-
rissage (Bell).
Le bois se travaille assez bien et se fend facilement.
Ech. type: 16, 2672 Bell.
Références : Stone et Fr., p. 16 ; Icônes lignorum,
pi. LXV, fîg. 8, en couleur.
Manniriballi (Bell) non Manniballi (v. 648), n° 6609 C.
Ce bois présente aussi la structure du Chlorophora. Je le
place ici sous réserves.
Caractères généraux. — Bois d’un poids moyen et d'une
dureté moyenne, de couleur brun clair grisâtre, striée de lignes
blanchâtres. D’après Bell, comme le Cœur vert.
Surface un peu brillante, fonçant légèrement à l'air. La
nuance de toutes les sections est à peu près semblable.
Caractères physiques. — Densité, 0,664 ; dureté, celle du
Cerisier. Sans odeur ni saveur.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 2 à 3 mm. environ,
lisse et cassante. Sur la surface interne, on voit, à la loupe,
des impressions de rayons. La surface de la bûche est lisse
ou striée.
Structure du bois. — Comme celle du n°660 9 A, à part les
différences suivantes.
L’aubier est de couleur écrue, nettement délimité du cœur ;
épais de 6 cm. environ.
Section transversale. — Couches très apparentes ; leurs
limites sont formées par les zones de bois denses, qui sont
bien distinctes des zones moins épaisses ; de contour régulier.
44
H. STONE
â aisseaux bien visibles comme des piqûres ; parfois les
plus grands sont au milieu de la couche. Avec l àge de l'arbre,
les vaisseaux augmentent beaucoup en grandeur.
Parenchyme visible, après avoir été humecté, mais très
légèrement.
Section radiale. — D'après la coupe, les vaisseaux sont gros
ou peu apparents. Les rayons donnent l'apparence de hachures.
Couches à peine indiquées.
Emplois. — Bon pour meubles; peut facilement être obtenu
jusqu à 7 à 8 m. sur 20 à 00 cm. d équarrissage i Bell). Com-
mode à travailler.
Ech. types : 63, 2710 Bell.
Références : Stone et Fr., p. 65.
Clef pour les espèces se rapportant au Chlorophora :
1 . En coupe longitudinale, les vaisseaux exsudent une
gomme qui tache la surface. Bois de couleur rougeâtre clair.
Caraha-balli, 6609 B.
2. En coupe longitudinale, les vaisseaux n exsudent pas.
2.1. En section transversale, les vaisseaux sont visibles
comme des piqûres, ainsi que les rayons lorsqu’ils sont humec-
tés. Bois de couleur rougeâtre ou brun clair rayé. Manniri-
balli. 6609 C.
2.2. Les vaisseaux sont visibles à cause de leur nombre et
de leur couleur claire, mais les rayons ne le sont qu'à la loupe.
Bois de couleur jaune doré. Chlorophora tincloria, 6609 A.
TRIBU V. — ARTOCARPÉES
Ficus Carica Lin., n° 9621 A.
Aublet, p. 951 : Ficus indica Lin. ; Ifîelia (Rheed) ; cultivé.
Ficus Urostigma. n° 6621 B. (N’est pas dans l'Index).
Sagot, p. 924: Figuier.
Ficus sp., n° 6621 C.
Dukalaballi (Belli. Doekoelia, Doukaliebalie (Surinam.
Icônes lignor.).
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
45
L’échantillon a été déterminé, d'après les feuilles et les
fruits, par le Dv Freeman.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur
brun foncé ; grain assez fin et compact ; surface légèrement
luisante. La nuance de la coupe transversale est plus foncée
que celle des suter sections.
Rodway cite un Dukaballi qui est un Sideroxylon sp.
Caractères physiques. — Densité, 0,748 à 0,892; dureté,
celle du Charme. Sans odeur ni saveur.
Caractères de l’écorce. — Epaisse de 5 à 10 mm. ; semblable
à celle du Hêtre, mais avec des rides saillantes horizontales
très apparentes (lenticelles) ; dure, ligneuse ; de couleur brune
à l’intérieur. La surface de la bûche est striée ou finement
ridée.
Structure du bois. — Elle ressemble un peu à celle du
Peltogyne (voir PI. V, fig. 5), à part les différences sui-
vantes.
Aubier blanc jaunâtre, nettement délimité du cœur ; épais
de 9 à 10 cm. environ.
Section transversale. — Couches mal délimitées ; les zones
varient en densité.
Vaisseaux visibles lorsqu’ils sont remplis de matière blanche.
Rayons à peines visibles ; de largeur égale à celle des
parois des vaisseaux ; rouges.
Parenchyme comme celui du Peltogyne et du Brosimum ,
mais très peu développé ; il n’est visible qu'à la loupe, et
lorsqu'on le cherche avec attention. Les petites ailes sont
rouges et ressortent à peine sur le fond, qui est de même
couleur.
Section radiale. — Légèrement plus claire que les autres
coupes. Les vaisseaux sont plus souvent remplis de matière
blanche. Rayons étroits, peu apparents. Parenchyme visible à
la loupe.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
ne sont visibles qu'à la loupe. Ils produisent un effet moiré ;
leur hauteur est de 0 mm. 7a à 1 mm.
46
H. STONE
Je dois, ici, faire remarquer que la structure superficielle
de beaucoup d'Urticacées ressemble beaucoup à celle des
Légumineuses, ce qui occasionne de grandes difficultés pour la
détermination de ces bois.
Emplois. — De grandes dimensions, mais très rare ;
employé autrefois pour bois de lits (Bell). Peut être obtenu
jusqu'à oo cm. d'équarrissage (McTurk). Beau bois, qui se
travaille et se polit bien ; se fend facilement.
Ech. types : 26, 2679 Bell.
Références : McTurk, p. o; Stone et Fr. p. 13. Icônes
lignorum, pl. IX, lig. 7 ; pl. LXXXI, fig. 3 (peut être cette
espèce).
Figuier grand bois, n° 6621 D.
Dumonteil, p. 157: Densité, 0,45 ; force, 130; élast., 158 ; flexib.,
3,68. Le même, p. 160 : Classe 5, celle du Peuplier.
Bois de lettres, n° 6623.
Le véritable Bois de lettres moucheté ne peut être confondu
avec n'importe quel autre bois, à cause de son grand poids,
qui n'est dépassé que par le Gaïac ( Gaiacum ), mais, dans le
commerce, d'autres bois sont confondus et portent le nom de
Bois de lettres. Ce sont les Bois satinés (v. 2011) et YAmanoa
yuianensis (v. 6392). Ce dernier est peut-être un Satiné, mais
les renseignements précis manquent. Lanessan cite un Bois de
lettres marbré, Machaerium Sehomburyhii (v. 1832). Le
Tibicushi (6623 B) étant un Brosimum et très semblable au
Bois de lettres moucheté, il est très probable que, dans le
commerce, il passe pour une variété inférieure. Aublet cite
un Bois de lettres blanc qu'il croit être un jeune arbre de
bois de Brosimum ( Piratinera ).
Brosimum Aubleti Sw., n° 6623 A.
Synonyme; Piratinera yuianensis Aubl. D'après Hubert,
p. 168, il devrait s'appeler Brosimum yuianense.
Noms vulgaires : Bois de lettres moucheté, Letter-wood,
Buro-koro, Burracurra (non Barracara, v. 1876 A), Paira,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
47
Leopard-wood (da Gama). Cangica (Royle). Paô Rainha delis-
tras (Amazone), Gamelleira prêta (Pernambouc, Miers). Bois
lézard (Iles sous le Vent ; Henkel). Gatia, Gateado, Muirape-
nima, Paô Tartarugo (Brésil ; da Gama). Bois de lettres à
grandes feuilles, Bois de lettres de la Chine (Gatal. des
Colonies Françaises) (v. 6392). Piratiner (Guy. Fr. ;Laslett).
Brazil-wood (terme gén. ; Dalton),Bois de lettres gris (Nie-
derlein). Letternholz (Icônes lignorum). Buchstabenholz,
Tigerholz (Wiesner). Muskatholz (Martin-Lavigne). Bois
marbré (terme gén. Grande Encyclopédie). Schlangenholz
(lmp. Inst.), Smooth Iron-wood, Spotted-wood (Tolhausen).
Carapenima (Rodriguès). Bois d’amourette moucheté, Letter-
hout, Bois de Chine, Serpentin, Lignum sinense (Roubo).
Baira (Préfontaine). Lignum litteratum pseudo-santalum-cro-
ceum de Sloane, Piratinère (Barrère). Gespikkeld letterhout,
Wijve Letterhout, Gevlamde letterhout (Surinam ; Berkhout).
Le bois décrit par Martin-Lavigne concorde parfaitement
avec le nôtre, à part la solution aqueuse qui est différente.
Martin-Lavigne paraît ignorer la description ancienne de Wil-
helm, au sujet des thylles qui sont vraiment curieux.
Notre bois est le même que celui de Dumonteilet de Brous-
seau, peut-être aussi celui de Roubo.
L’échantillon de Bell a été déterminé, d’après les feuilles et
les fruits, par le D1' Freeman.
Caractères généraux. — Excessivement lourd et dur,
couleur brun chocolat, tacheté d’une manière curieuse par de
petites mouchetures d'un brun noisette foncé ou noires.
Surface légèrement luisante, fonçant beaucoup à l’air ; froide
au toucher ; grain moyen et uni. La nuance de la coupe
transversale est beaucoup plus foncée que celle des autres sec-
tions.
Caractères physiques. — Densité, 1,325; d’après Dumon-
teil : 1.049 ; d’après Fenille : 1.340. Dureté, plus grande que
n'importe quel autre bois, sauf le Gaïac ; cette dureté,
cependant, n'est pas celle de la pierre. Odeur nulle ;
saveur insipide.
48
H. STONE
Solution d’un brun rougeâtre foncé. D’après Martin-Lavigne,
limpide. D'après Schacht, le bois brûle très mal, laissant un
squelette de carbonate de calcium. Martin-Lavigne dit qu’il
donne peu de fumée et qu'il pétille légèrement. Roubo dit
qu il se fend facilement sur le « bois de fil », ce qui le rend
difficile à travailler. D’après Dumonteil : force, 340 ; élast.,
148 ; flexib., 1,33, Classe 4, celle des Meubles.
Caractères de l'écorce. — Bleuâtre (Miers). Grisâtre, lisse,
lactescente (Aublet).Son adhérence n’est pas très forte (Mar-
tin-Lavigne).
Structure du bois. — Aubier d'un jaune brunâtre, ressem-
blant au Buis, nettement délimité du cœur. Son épaisseur
est de 9 à 17 cm. Dans l’eau il coule à pic comme une
pierre.
Section transversale. — Couches non délimitées ; çà et là se
trouvent des zones du bois plus denses, mais aucune limite
n'est distincte. Les zones noires sont excentriques.
Vaisseaux à peine apparents, de 0,14 mm. de diamètre;
peu variables, sauf dans les groupes. Ils sont peu nombreux,
de 10 à 17 par mm. q. ; fortement isolés ou par groupes sub-
divisés de 2 à 13. D'après Wiesner, ils sont remplis de résine
rouge ou de thylles à parois épaisses.
Bayons visibles à la loupe, fins, uniformes, équidistants,
s’écartant légèrement au niveau des vaisseaux. Us sont de 9
à 11 par mm. et plus denses que les fibres ligneuses ; leur
couleur est brune ou rouge (non noire).
Parenchyme a entourant les vaisseaux et s’étendant latéra-
lement en petites ailes, de la même largeur que celle des
rayons.
Section radiale. — C’est sur cette coupe que les mouche-
tures sont le plus apparentes ; elles sont produites par les
rayons bruns, qui, par leur abondance, obscurcissent le fond
foncé ou noir. Ce fond correspond aux zones excentriques
en couleur de la section transversale.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais naturel-
lement l’effet moucheté ne se produit pas sur cette section.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
49
Emplois. — Tabletterie, marqueterie, petits objets de luxe,
cannes, pilons; très joli bois, mais de petites dimensions. Je
crois que l’aubier, qui est très épais et élastique, pourrait
être employé pour rouleaux et servir aux mêmes usages que
le Gaïac. D’après Lanessan, bois très commun dans l’intérieur
de la Guyane Française. D’après Bassières, très noueux, beau-
coup de défauts et rempli de crevasses.
Ech. type : 0420, lmp. Inst. ; 60, 2716 Bell; Musée Colon,
de Marseille, n°112, Guyane.
Icônes : Wiesner, fig. 2, p. 11, section II (thylles) ; Stone,
T. of C., pl. XIII, fig. 112 (section transversale) ; Martin-
Lavigne, de la fig. 4 à la fig. 12; Icônes lignorum, pl. 4,
fig. 2, en. couleur.
Réferences : Miers, ms.; Devenish, p. 423; Aublet,
p. 888; Roubo, p. 771; Schaclit (Les Arbres), p. 238; de
Lanessan, p. 60 ; Bassières, p. 103 ; Sagot, p. 920; Berkhout,
pp. 31 et 39 ; Stone et Fr., p. 60.
Brosimum sp., n° 6623 B.
Ce bois pourrait être le Muirapiranga, qui, d’après Huber,
p. 169, est une variété inférieure du Bois de lettres
L’échantillon de Bell a été déterminé, d’après les feuilles
et les fruits, par le D1' Freeman.
Les différences entre cette espèce et la précédente sont
très difficiles à constater. Si c’est le même bois, il paraît être
de qualité inférieure, car il est plus léger et plus mou.
Noms vulgaires : Tibicuschi, Bastard Letter-wood (Bell).
Tibicusi ( Hawtayne). False letterwood, faux bois de lettres,
Tibekossie (Surinam; Icônes lignorum).
Caractères physiques. — Densité, de 1,006 à 1,071 ; dureté,
celle du Buis.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 2 à 4 mm. environ, de
couleur grise ou jaune clair, presque lisse et d'une légère
blancheur dans la section transversale. La surface de la bûche
est finement striée.
Structure du bois. — Comme l’espèce précédente, à part
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3' série, 8e vol. 1920. 4
50
H. STONE
l’aubier, qui est blanc rougeâtre, épais de 12 à 13 mm. env
ron, nettement délimité du cœur, qui est de petites dimension;
Il présente des vaisseaux rouges.
Le bois sert pour les mêmes usages que l espèce précédente
Ech. types : 88, 2713 Bell; Musée Colon, de Marseille
n° 106. Guyane.
Références : Berkhout, p. 12; Stone et Fr., p. 89. Icône;
lignorum, pl. 60, fig. 8, l'aubier seulement (peut-être cettt
espèce).
]a
m
Helicostylis Maquira) guianensis Aubl., n° 6632.
Aublet, Suppl., p. 36 ; écorce lisse, cendrée, bois blanchâtre.
Perebea guianensis Aubl., n° 6633.
Aublet, p. 933 ; Aberemou v. 76 A). Vive éperou (Galibis) ; l’écorce
sert à faire des liens.
Artocapus integrifolia Lin., n° 6639 A.
Synonymes: A. heteropliylla Lamk. ; A. Jaca Lin.; A.
maxima Blanco; A. pubescens Willd. ; Polyphema Jaca Lour.
Noms vulgaires : Jacquier Guyane Française), Jacueira,
Jaca (Brésil, Catal. des Colonies Françaises). Jak-wood,
Jaack-wood, Jaca-tree, Orange-wood (t. 8 Angl.). Kuthal
Royle . Kos Ceylan; Gamble). Tat-Avel Bali). Polomit-sjoe
(Chinese de Bornéo' ; Pussar A-ariété Sumatra). Rappotsjidoe
(Mad?) Ambi (Ternate) Nanka Sünda, Malasce) ; Nanka
beurriot Sünda, Filet Cay-mit (Cochinch . Lanessan). Nanka
buhriet Timor); Nanksa (Malacca), Mongko JaATt); Tjoe-
laadok kampong(Malaya, SumbaA\ra), Roppo tjedo (Java sept. ;
Van Eeden). Mit (Indoch., BeauAerie). Jacqueira amarella
Bahia), Jacqueira vermelha Silva), plus trois Arariétés, Jaca-
dura, Jaca-molle et Jaca-manteiga Brésil : Rodriguès). Punusa
Sanok), Tjampada Miq.V Finesv, Ampalibe, Voanampalibe
(Madag. ; Dandouau). Boerat (Indes Néerl. Pulle). Jaca da
Bahia (Para ; Iluber). Pelamaron (Tamoul; Gaebelé).
Cet arbre est cultivé à la Guyane.
Caractères généraux. — Bois plutôt dur et lourd, de couleur
(
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 51
jaunâtre ou d’un beau brunâtre. D’après Gaebelé : fraîche-
ment scié, le bois est jaune; il brunit en se desséchant.
D'après Brandis : le bois des vieux arbres ressemble à l’Aca-
jou.
La surface, parfois d'un brillant métallique et chatoyant,
se présente en bandes alternativement luisantes et mates, à
cause du grain « à rebours ». Le bois fonce beaucoup à l’air.
Les extrémités des bûches sciées et exposées aux intempéries
deviennent d’un jaune vif. Grain très gros ; l’entrecroisement
des fibres rend le bois dur ou mou tour à tour.
Caractères physiques. — Densité, de 0,559 à 0,700 ; dureté,
celle du Noyer. Odeur à sec et saveur nulles. Solution aqueuse
légèrement brune ou jaune; alcoolique, de même couleur
mais plus foncée. D’après Léman, le bois donne à l’eau une
belle teinte jaune qui sert à teindre le coton.
Caractères de l'écorce. — De couleur marron verdâtre ;
marquée de grosses cicatrices de stipules (Griffiths). Profon-
dément gercée (Gamble). D’après un échantillon du Musée
Colon, de Marseille, n° 250, Indes : écorce épaisse de 4 à
6 mm. ; noire extérieurement, avec parfois de grosses lenti-
celles rouges ; intérieurement molle ; de couleur jaune clair.
Saveur nulle.
Structure du bois. — Comme celle de l’espèce suivante.
Les différences qui suivent peuvent être variables, mais, tou-
tefois, n’ont pas grande valeur.
Aubier blanc (Brandis).
Moelle de 3 mm. de diamètre environ, brune, molle et arron.
die.
Section transversale. — PL V, fig. 9. Vaisseaux gros, de
0 mm. 25 de diamètre; peu nombreux, de 3 à 8 par mm. q. ;
la plupart simples ou par paires, rarement par groupes ; légè-
rement ovales. Les lignes obliques sont plutôt fréquentes.
Rayons à peine visibles, légèrement plus foncés que le
parenchyme ; écartés les uns des autres d’une distance égale
au diamètre d’un gros vaisseau.
Parenchyme a très abondant, se présentant en taches très
H. STONK
32
apparentes, près des vaisseaux. Ces taches sont irrégulières,
souvent en forme de losange ou arrondies lorsqu’elles sont
isolées ; elles entourent les vaisseaux entièrement ou en par-
tie, s’étendent en ailes ou en petits arcs, et unissent parfois
deux groupes de vaisseaux. Les cellules sont très grosses ;
et des rangées de cellules se trouvent dispersées parmi les
libres du fond.
Section radiale. — Gros vaisseaux, avec cloisons plus
courtes que le diamètre d'un vaisseau, souvent remplis de
matière blanche. Rayons bien apparents, à cause de leur cou-
leur claire. Fibres très inclinées.
Section tangenticlle. — Comme la radiale, mais les rayons
ne sont visibles qu'à la loupe, comme de très petites lignes de
0 mm. o de hauteur, dont les extrémités sont émoussées.
Emplois. — Dans l'Inde, on s'en sert pour charpente,
meubles et boîtes; en Europe, pour marqueterie, ébénisterie
et brosses de luxe (Gamble). Mou, cassant, impropre pour
constructions (Jamaïque; Léman). Il se rétrécit et se fendille
s'il n’est pas bien sec ; bon pour charpente, menuiserie et
traverses de chemin de fer (Brésil; Silva). Lorsqu’il est vieux,
bon bois d’œuvre, fort utile surtout à la charronnerie ; on en
fait des moyeux et des jantes de bonne qualité (Réunion;
E.-J. de Cordemov).
Je dois faire remarquer qu'il y a quelques différences entre
le bois du Jacquier cultivé et celui du Jacquier sauvage.
Ech. types : lmp. Inst., n° 0014, Ceylan. Bureau de Ren-
seignements du Brésil, n° 27. Brésil ; Musée Colon, de Mar-
seille, n° Go, Réunion, et n° 321 , Jacquier cultivé, et n°339,
Jacquer sauvage, Pondichéry. La section de Noerdlinger.
Références : Gamble, p. 329; Griffiths, p. Soi; Brandis,
p. 425 ; Silvams; Miquel, Flore de Sumatra, p. 101 ; Gaebelé,
p. oi;Stone, T. of C., p. 105, pi. XIII, fig. 113.
Artocarpus incisa Lin., n° 6639 B.
Synonymes : A. commuais Forst. ; A. Rima Blanco.
Noms vulgaires : Arbre à pain, Rima (Duchesne). Ani-
BOIS UTILES DE IA GUYANE FRANÇAISE
o 3
polo ' Philippines ; Yaldez). Arbol de pan (Costa Rica; Pittier
Bread-fruit tree (Angl.); Sukun (Malaisie; Ridley). Brood-
booni, Timboel Sokoen (Indes Néerl. ; Pulle). Pana, Palo de
pan (Antilles; Urban). Maiore (Uru, Taïti; Poroi). Trois
variétés : I. Sœkoen Kapas, Taroe, ou Broodboom ; 2.
Sœkoen Bidje ; 3. Kalœi (Miquel). Oemare (Ambon) ;
Kalœwie (Sumatra et Riouw), Kœllœr (Malaisie et Riouw,
terme gén.) ; Gomassi, Mak, Gomo (Ternate); Sœkhoen
(Sumatra et Riouw, terme gén.); Tiemboel (Mal. Riouw et
Java; Filet). Amakir (Ambon); Uru-maiore-rima (Taïti;
Lanessan). Senambo, Voankoromanga, Yoankotra (Madag. ;
Dandouau). Jacquot (Guyane Française ; Niederlein). Belefout
des Pahouins (Congo Français; Guillemot).
Cultivé à la Guyane.
Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une
dureté moyenne, d'un beau brun strié, avec lignes laiteuses
très apparentes. D’après Yaldez, de couleur jaune et assez
spongieux.
Grain très à rebours. La nuance des coupes est à peu près
semblable.
Caractères physiques. — Densité, 0,Gi0 (d’après Yaldez,
0,659) ; dureté, celle du Cerisier. Odeur, à sec, nulle; humec-
té, faiblement aromatique. Saveur légèrement astringente.
D'après Yaldez, il se rompt avec de courtes fibres.
Structure du bois. — Section transversale. A comparer
avec la figure 9, pi. V.
Couches non délimitées.
Yaisseaux grands, très apparents, de 0 mm. 2 de diamètre;
ils sont distribués également, tendant à se disposer en lignes
obliques; peu nombreux, de 1 à 9 par mm. q.
Rayons à peine visibles à l’œil nu, mais facilement à la
loupe, fins, uniformes ; très irréguliers en largeur et dans
leurs intervalles; écartés les uns des autres d'une distance
égale environ au diamètre d'un gros vaisseau; ils sont de
couleur légèrement plus foncée que celle du parenchyme. Ils
proéminent au-dessus de la surface lorsqu'ils sont humectés,
caractère peu commun.
54
H. STOXE
Parenchyme a très apparent, se présentant en larges
taches entourant les vaisseaux : de couleur brun clair.
Section radiale. — Vaisseaux gros, très apparents, de cou-
leur brun clair ou jaune, voilés par le parenchyme. Rayons à
peine visibles, comme de fines hachures.
Section tangentielle. — Gomme la radiale, mais les grains
« à rebours » se présentent en bandes qui sont très bien dis-
tinctes. Rayons visibles à la loupe, brillants.
Emplois. — Bon pour pirogues; durant 12 à 15 ans ; résis-
tant aux insectes. Les indigènes se servent de l'écorce pour
le tannage des tissus Nouvelle-Calédonie ; Sébert). Bois non
employé à Costa-Rica (Pittier . Inférieur au Jak en Malaisie
(Ridley).
Ech. type : Musée de Lyon, n° 134, série IL
Références : Duchesne, p. 313; Sébert, p. 562; Yaldez,
ms. ; Ridley, p. 100.
TRIBU VI. — COXOCÉPHALÉES.
Cecropia sp., n° 6645.
Jussieu : Cecropia, Coulekin, Ambaita, Bois Trompette.
Sagot, p. 920 : Bois canon (v. partie II, n° 9), Bois Trompette (Antilles).
Est-ce le Cecropia peltata , le Trumpettree, ou Snake-wood
des Antilles Anglaises, de Grisebach?
Huber, p. 172, cite Imbauba, terme général au Brésil pour les arbres
du genre Cecropia.
Icônes lignorum, pl. 68, fig. 1 : Trompetter, en couleur, fauve rayé;
couches bien apparentes. (Est-ce cette espèce?;
Coussapoa latifolia Aubl., n° 6648 A.
Aublet, p. 955 : Coussapoui terme général Galibis ; écorce grisâtre,
gercée ; bois roussâtre et peu compact.
Sagot, p. 920 : Coassapoua ; bois rougeâtre.
Coussapoa angustifolia Aubl., n° 6648 B.
Aublet, p. 956 : Coussapoui terme général Galibis).
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
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Pourouma guianensis Aubl., n° 6650.
Aublet, p. 892: Pourouma; écorce cendrée, lisse; bois blanchâtre,
peu compact et cassant.
Sagot, p. 920 : bois mou.
Ce n’est pas le Pourouma Pouteri. (Voir 4494 C.)
ADDENDA
Moronobea coccinea, n° 650. Mani de montagne.
Caractères de l'écorce. — De couleur presque noire, laissant
apercevoir la couche interne d’un brun foncé. Surface unie,
mais un peu rugueuse. Epaisseur de 1 cm. environ. En sec-
tion, elle présente deux couches : 1 interne est épaisse et tra-
versée par des rayons corticaux ; l'externe se compose
d’écoilles qui sont nettement délimitées et qui se détachent
facilement. Texture dure, ligneuse ; cassure grenue. La surface
interne est presque lisse, de couleur brune, et présente des
fentes opposées aux rayons du bois. Sans saveur ni odeur.
Vouacapoua americana, n° 1851.
Janssonius, 1914, p. 30, fîg. 9 et 10, donne une descrip-
tion très détaillée qui, par rapport à la structure, concorde
avec nos échantillons.
Andira coriacea Pulle, 1851 M, n’est pas encore dans
l’Index Kew.
■0f
Cette nouvelle espèce est décrite avec de très grands
détails par Janssonius, p. 21, fig. 5 et 6. Elle se rapporte,
par rapport à la structure, à mes échantillons de Vouaca-
poua, mais l’auteur indique que l’aubier est d’un blanc rou-
geâtre et le cœur rouge brunâtre, ce qui me porte à croire
que ce n’est pas un des Wacapous déjà décrits.
Diplotropis guianensis, n° 1879.
Janssonius, p. 26, fig. 7 et 8, donne une description des
échantillons déterminés d'après les fleurs et les fruits conser-
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H. STONE
vés dans l'alcool, et d'après les feuilles. Elle ne s'accorde pas
avec celle de Martin-Lavigne, ni avec mes échantillons de
« Cœur dehors ».
Cette description peut se résumer ainsi :
Aubier de 1 cm. o de largeur environ, de couleur blanche
ou blanc brunâtre. Cœur d'un brun rougeâtre. Couches non
délimitées.
Vaisseaux très grands, souvent disposés concentriquement
et par couches; de 3 à 6 par mmq., simples ou par groupes
de 2 ou 3.
Parenchyme entourant les vaisseaux en taches irrégulières
qui unissent parfois 2 à 3 groupes de vaisseaux. Plus ces
derniers sont nombreux, plus le parenchyme est abondant.
Platonia insignis, n° 651.
Cette espèce décrite par Janssonius, p. 10. fig. 1 et 2. avec un
échantillon déterminé d'après des fleurs conservées dans
l'alcool et d'après des feuilles, concorde assez bien avec le
Parcouri de Bell qui. à mon avis, serait le véritable Par-
couru Les autres variétés décrites, malgré qu elles portent le
nom indigène, ne concordent nullement avec aucune des deux
descriptions de Janssonius et de Bell.
Un des échantillons de Janssonius a un aubier d'une lar-
geur de 6 cm. environ, de couleur jaune.
INCERTÆ SEDIS
I. — Les espèces suivantes, qui sont toutes d Aublet.ont été
nommées, mais sont trop incomplètement décrites pour qu'il soit
possible de préciser à quelles familles elles appartiennent.
I. — Guapira guianensis Aubl.
Aublet, p. 308 : Loyala ; écorce lisse, verte; bois blanc, léger et cas-
sant.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
S7
II. — Managa guianensis Aubl.
Aublet, Suppl., p. 1 : Managa (Galibis) ; écorce blanchâtre ; bois blanc,
cassant et peu compact.
III. — Tampoa guianensis Aubl.
Aublet, Suppl., p. 35 : Bois portugais (nègres) ; écorce lisse, cendrée,
suc épais, jaunâtre ; bois dur, jaunâtre et compact ; construction.
IV. — Minquartia guianensis Aubl.
Berkhout prétend que cette espèce appartient à la famille
des Bignoniacées.
Préfontaine, p. 179 : Lamincouard ; son bois est parfois percé à jour.
Aublet, Suppl., p. 4 : Minquar (Créoles) ; écorce cendrée ; bois blan-
châtre, dur et fort compact. Les copeaux bouillis dans l’eau donnent
une teinture noire qui prend très bien sur le coton. Le bois est estimé
incorruptible ; de vieux habitants ont assuré qu’ils n’en avaient jamais
vu pourrir.
Sagot, p. 921 : Menecoa ( Anticlesmacées ) ; le tronc est tout à fait irré-
gulier, cannelé, lacuneux et même percé à jour. Le bois est très dur
mais l'irrégularité du tronc empêche de l’employer. Le même, p. 924 :
Mencoa, des Antidesmacées.
Dumonteil, p. 152 : Le Mencouar ; bois incorruptible etde qualité supé-
rieure, mais, malheureusement, les trous dont il est percé transversa-
lement ne permettent par de l’employer à la construction des vaisseaux .
Densité, 0,957 ; forcé, 283 ; élast., 171.
Berkhout, p. 29 : Konthout, Aratta, Minquarlia guianensis. L’arbre
a, naturellement, de nombreuses perforations et des trous qui ont jus-
qu'à 5 cm. de diamètre. Le bois est de longue durée et exceptionnelle-
ment dur ; il pourrait faire de bonnes traverses de chemin de fer. A
Paramaribo, il est employé pour les madriers qui reposent à terre.
Iluber, p. 172 : Acaricuâra (Amazones) ; de couleur jaune foncé et
très dense. L’un des bois les plus estimés pour son incorruptibilité;
bon pour constructions rustiques.
Cat. Expos. Univ., p. 42 : Jawalidanie des Arrouagues. Densité, 0,952.
Martin-Lavigne, dans sa table de noms indigènes, cite Aratta comme
étant le Minquartia guianensis, mais dans son schéma il ne donne que
le nom indigène. Comme il ne mentionne ni les trous, ni la solution
noire, je suis porté à croire que son bois n’est pas l’Aratta de Berkhout,
ni le Minquar d’Aublet. Je donne cependant les détails suivants qui
proviennent de son schéma.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur cha-
o 8
H. STO.NE
taigne clair, rigide, homogène ; d'une légère porosité ; grain
fin.
Caractères physiques. — Densité, 1.079. Odeur nulle.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 1 à 2 mm. ; adhérence
moyenne, de couleur jaune blanchâtre à l'extérieur ; en section,
jaune brun. Liber peu épais.
Structure du bois. — L’aubier n’est pas différent du cœur.
Section transversale. — Couches non délimitées.
Vaisseaux groupés en massifs plus ou moins importants ;
de 20 à 30 par mm. q. ; les vaisseaux sont de forme irrégu-
lière.
Rayons au nombre de 20 par mm. et leur largeur est de 1 à
2 rangées de cellules.
Le parenchyme se présente en cellules isolées.
Section tanyentielle. — Rayons ayant la hauteur de plus de
1 mm. o sur 0 mm. 1 jusqu'à 0 mm. 2 de largeur.
V. — Macoubea guianensis Aubl.
Aublet, Suppl., p. 18: écorce lisse, grisâtre; bois jaune verdâtre,
exhalant une odeur désagréable en se desséchant.
VI. - Voyara montana Aubl.
Aublet, Suppl., p. 26: Youayara-ovayara-iouva-ayssou (Garipons) ;
écorce ridée, gercée, brune; bois jaunâtre très dur.
VIL — Couriraari guianensis Aubl.
Barrère, p. 84: Oulemary ; écorce brune, épaisse d'un pouce; la
couche intérieure se sépare en feuillets roussàtres, unis comme les
feuilles du Balisier, et sur lesquelles on peut écrire comme sur du
papier.
Préfontaine, p. 197 : Oulemary. C'est sur un feuillet de l'écorce de
cet arbre qu'un Indien avait envoyé à Cayenne la nouvelle de la prise
du fort de Oyapock en 1745.
Aublet, Suppl., p. 27 : Oulemari Barrère', Courimari (Noiragues) ;
arbre avec desarcabas ; écorce gercée, ridée, épaisse, brune ; bois blanc,
tendre et léger. Les Galibis tirent de l'écorce de cet arbre de minces
feuilles avec lesquelles ils enveloppent le tabac pour fumer ; avec les
arcabas, ils font des pagayes, des gouvernails, etc.
Sagot, 1569, p. 908, cite Courimari comme étant le Curât ari guianen-
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
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sis (v. 2335), mais je crois qu’il a tort; sa description de l’écorce,
comme semblable à celle de Melaleuca, se rapporte bien à la fois aux deux
espèces, mais sa description du bois., « blanc, demi-dur », concorde assez
bien avec le Courimari d'Aublet, mais non avec son Couratari qui est
rouge.
II. — Bois complètement indéterminés classés par ordre
alphabétique.
Il est probable que la plupart des bois suivants se rap-
portent aux espèces déjà citées
Abricotier.
Dumonteil, p . 154 : Densité, 0, 800 ; force, 83 ; élast., 1 16 ; üexib., 5, 98.
Le même, p. 162: Classe 4, celle des Meubles.
Acajou (Wild) ; Hoe bodie. Icônes lignorum, pl. LXI, cou-
leur noire et rouge. (Ce n’est ni VAnacardium, ni aucun des
Cedrela.)
Akaways note hout, ou Hora. Icon. lign., pl. LXI, fîg.
6, en couleur pain bis uniforme.
Alapari.
Dumonteil, p. 154. Densité, 0,532; force, 117; élast., 356; flexib.,
4,14. Classe 3, celle des Pins.
Arabontan. — Icon. lign., pl. XXIV, fîg. 5, en couleur
brune avec des stries foncées ; en coupe transversale, les vais-
seaux sont très apparents.
Aras.
Dumonteil, toc. cil. : Densité, 0,687 ; force, 167 ; élast., 170 ; Classe 5,
celle du Peuplier.
Assakoola de Bell. — La structure de ce bois rappelle un
peu celle de beaucoup d'espèces à' Acacia, mais ne présente
pas des caractères assez saillants pour que je puisse le placer
dans la famille des Légumineuses.
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur brun
60
H. STONE
rougeâtre. Surface légèrement luisante fonçant un peu à l’air.
La nuance de toutes les coupes est semblable.
Caractères de l'écorce. — Ecorce presque lisse, se compo-
sant de deux couches : l'externe stratifiée tangentiellement ;
l'interne radialement par les rayons. La surface de la bûche
est striée profondément.
Caractères physiques. — Densité, 0.940; dureté, celle de
l'Oranger.
Structure du bois. — L aubier n'est pas différent du cœur,
du moins dans un tronc de 22 cm. de diamètre.
Section transversale. — Couches non délimitées ; les zones
plus ou moins denses pourraient indiquer les limites ; de con-
tour régulier.
Vaisseaux facilement visibles à cause de leur couleur claire ;
grands, peu variables; simples pour la plupart, quelquefois
par paires. Ils sont distribués également, et. parfois, leur con-
tenu est blanc.
Rayons de deux sortes en apparence : les petits microsco-
piques ; les grands, à peine visibles à l'œil nu. ondulés, à inter-
valles irréguliers, mais ne s'écartant pas au niveau des vais-
seaux ; rouges.
Parenchyme a entoure les vaisseaux.
Section radiale. — Vaisseaux en fins sillons luisants, mais
peu apparents. Les rayons humectés se présentent en taches
rouges très visibles.
Section tanqentielle. — Comme la radiale, mais les mou-
chetures rouges produites par les rayons sont bien faciles à
voir lorsqu'elles sont humectées, malgré leur petitesse. Les
rayons se composent de grosses cellules et ont la hauteur de
3 mm.
Emplois. — Constructions ; peut facilement être obtenu
jusqu’à 8 m. sur 40 à 45 cm. d'équarrissage (Bell).
Ech types : 4, 2669 Bell ; 0.370 lmp. Inst.
Référence : Stone et Fr., p. 4.
Baleo.
Dumonteil. loc. cit. : Densité, 0, 848 ; force, 199 ; élast., 180 ; flexib.,
1,88. Classe 2.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FKANÇALSE
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Bamatea.
Préfontaine, p. 202 : Poirier.
Barklak (Ouman).
Bremer, p. 203 : Bignonia inæqualis.
Benoit (Boisj.
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 1,124 ; force, 324; élast., 121. Classes
1,4.
Betterave de Cayenne (Bois de).
Guibourt, III, p. 349 : Ainsi nommé à cause de ses larges veines
concentriques, passant alternativement d'un rouge pâle à un rouge vif :
inodore. Convient plutôt à la teinture qu’à l’ébénisterie .
Bon. — Icon. lign., pl. LXXVI, fig. 8 ; de couleur pain bis
rayée de nuances plus foncées.
Borahovâ. — Catal. Expos. Paris, 1867, p. 2o.
Bousi papaya. Grandhousi papaya. Bremer, p. 20i ; Carica
papaya.
Bouchon (Bois).
Caractères généraux. — Bois excessivement mou et léger,
grain gros et très à rebours. Couleur blanche ou écru clair.
Surface mate, sauf sur la section radiale, où elle est brillante
seulement lorsque le bois est fendu. Structure assez visible.
La nuance de la section transversale est à peine plus foncée
que celle des autres sections.
Caractères physic/ues. — Densité : 0,380 ; dureté bien
moindre que même celle du Pin du Lord (Pin blanc d’Amé-
rique) ; sans odeur ni saveur.
Caractères de l’écorce. — Surface presque lisse, de couleur
brun foncé ; mais où l’écorce est rompue, la couche sous-ja-
cente est brun oranger. Texture molle, flexible, se séparant
facilement des fibres. Adhérence faible.* Surface intérieure d’un
jaune clair, luisante, présentant un effet moiré produit par les
impressions des rayons. Epaisseur de 1 à 2 mm. Section stra-
tifiée.
62
H. STONE
Structure du bois. — L’aubier n’est pas différencié du cœur.
Section transversale. — Couches délimitées par un anneau
de vaisseaux.
Vaisseaux visibles à l'œil nu comme des piqûres ; très grands,
peu de variations, disposés en quinconce irrégulièrement, sauf
ceux se trouvant dans l’anneau ; peu nombreux, fortement
isolés ; simples ou en groupes radiaux de 2 ou 3 ; vides.
Rayons visibles à la loupe, très fins, presque réguliers en
largeur et espacés régulièrement d'une distance égale au dia-
mètre d’un gros vaisseau, s'écartant à peine au niveau de ces
vaisseaux ; couleur blanche.
Parenchyme a non visible à la loupe.
Section radiale. — Parfois très brillante ; couches bien déli-
mitées, mais souvent obscures. Vaisseaux en gros sillons bru-
nâtres. Rayons jaunes transparents et très étroits.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
ne sont visibles qu’à la loupe, très nombreux, hauteur d en-
viron 0 mm. 2.
Emplois. — Ce bois, étant un des plus légers et des plus
mous qui existent, conviendrait probablement pour la pâte
à papier.
Cajatenhout. Icon. lignor., pl. LXX, fig. 1 : de couleur
brun terne.
Canon Grand Bois.
Dumonteil, loc. cit. : densité, 0,472 ; force, 136 ; élast., 178 ; flexib
3,76. Classe 6. (Est-ce le Cecropia 6645 ?)
Carpat Oly. Icon. lignor., pl. LXXXI, fig. 2 : en couleur
brune pour le cœur et grise pour l’aubier.
Cashou Hout. Icon. lignor., pl. LXIV, fig. 3 : en couleur
brune, d'après un échantillon probablement détérioré. Le
même : Kaschoe boom , pl. LXXXI, fig. 1, en couleur pain
bis avec de fines stries. Ce n'est pas Y Anacardium.
Cassia Hout. Icon. lignor., pl. LXVIII, fig. 1 : en couleur
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
63
rouge brunâtre pour le cœur et même couleur plus pâle pour
l’aubier avec de fines stries noires. Ce n’est pas le Stryphno-
dendron, 1984.
Cayenne commun (Bois de).
Varenne-Fenille, p. 143 : Ressemblant au satiné ; de couleur rouge
brun un peu terne ; pores remplis de matière blanche. Couches con-
fuses, picotées de petits points blanchâtres. Rayons non visibles.
Cayenne fin Bois de).
Varenne-Fenille, p. 152: D'un beau mordoré veiné de rouge ; grain Fin.
Pores peu apparents. Sans être délimitées d'une manière bien distincte,
les couches sont néanmoins visibles et régulières. La section transver-
sale présente une quantité innombrable- de petits points. Rayons
visibles à la loupe.
Cayenne gris (Bois de) .
Varenne-Fenille, p. 156 : Il ressemble au Rois satiné par sa surface
chatoyante, mais les fibres sont plus grosses et les couleurs plus ternes.
La couleur n’est nullement d'un ton gris, mais a un fond jaune abricot
tacheté de noir. Densité, 0,939.
Cereda. Serada.
Catal. Exposit. Paris 1867, p. 25: Rois dure et de couleur claire.
Coco.
Varenne-Fenille, p. 144 : De couleur pourpre, tirant fortement sur le
brun, rayée de veines étroites d’un violet clair. Couches très confuses,
sans pores apparents ; densité, 1,178.
Ce n’est pas le Coco-wood 2005 C, ni le Cocus des Anglais ;
Br y a. ehenus.
Coco de Cayenne (Bois de).
De couleur brune, plus claire et moins pourpre que celle de l’espèce
précédente ; veines ondoyantes et couches confuses. Densité, 0,560.
Coemare ; Marmelade bout. Icon. lignor., pl. LX1I, fig. 5:
de couleur pain bis rayée de brun jaunâtre. Ce n’est pas le
Dipterix , à moins que la figure ne représente l aubier (v. 1853).
Coemarremara. Icon. lignor., pl. LXIX, fig. 5 : de couleur
64
H. STOXE
brune, sur fond fauve rougeâtre clair. Ce n'est pas le Dïple-
njx.
Coton Siam.
Dumonteil, toc. cit. : Densité, 0,529 ; force, 99; élast., 233 ; flexib., 4,32.
Classe 6.
Couarie. Echantillon du Musée de Lyon, n° ilo, série II.
Ce bois ressemble aux Lecythis sous tous les rapports.
Caractères généraux. — Bois assez lourd et dur; de couleur
brun clair très uniforme, fonçant à peine à l’air ; grain assez
fin et peu apparent. La nuance de la coupe transversale est
beaucoup plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,700 ; dureté, celle de
l’Erable. Odeur à sec et saveur nulles. Solution aqueuse inco-
lore; sol. alcoolique de couleur brun clair, limpide, très rapide.
Structure du bois. — Section transversale. A comparer
avec la figure 10, pi. VI. Couches non délimitées.
Vaisseaux bien visibles à cause de leurs bords clairs et de
leur grandeur ; de 0 mm. 1 6o de diamètre. Ils sont distribués
assez régulièrement, fortement isolés, de 1 à 6 par mm. q. ;
ils contiennent des thylles et parfois un peu de matière
blanche.
Rayons visibles à la loupe, bruns, très irréguliers ; de 7 à
10 par mm. ; écartés les uns des autres d'une distance légère-
ment supérieure au diamètre d’un gros vaisseau. Au micro-
scope (X 10), on voit, entre les rayons, des rangées de cellules
excessivement minces qui paraissent être de petits rayons, au
nombre de 20 par mm. environ. Leurs cellules sont beaucoup
plus grandes que celles des grands rayons.
Parenchyme abondant et visible, a , entoure étroitement les
vaisseaux et s'étend en ailes qui composent des lignes concen-
triques sub-continues, assez régulières et un peu plus espa-
cées que les rayons ; elles ont à peu près la même largeur
que ces rayons, entre lesquels elles forment un filet assez régu-
lier. C'est un des cas où il est très difficile de savoir si l'on est
en face du Pa ou du P b. Le parenchyme paraît rempli de gros
cristaux.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
65
Section tangenlielle. Les vaisseaux se présentent en de très
fins sillons ouverts ; la plupart vides, mais parfois contenant
un peu de matière blanche ou des thylles. Rayons très obs-
curs, de l mm. 5 environ de hauteur, soit jusqu’à 25 cellules
sur 1 rangée de largeur ; de couleur brun foncé sur brun clair.
Cracra (Bois).
Dumonleil, toc. cit. : Densité, 0,592; force, 122; élast., 143; flexib.,
3,35. Classe 5.
Crapaud (Bois).
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 1,120; force, 340 ; élast., 286; flexib.,
1,55. Classe 1. Ce n’-est pas le Bois Crapaud ou Bougoni de Niederlein
(2005 A), ni le Carapa cité par Grisard (v. 1192 A).
Le Bois Crapaud est cité dans le Cat. Expos. Univ. 1867,
p. 42, comme un Swartzia.
Cucuberanda ; Bitter-wood.
Catal. Exposit. Paris 1867, p. 27 : Bois amer, de couleur claire ; peut
être obtenu jusqu'à 35 à 50 cm. d’équarrissage.
Je me demande si ce n’est pas le Simaruba arnara, car le
Gurub dans le dialecte brésilien veut dire «-ale ' voir n° 1110
D v
Emploi).
Curaki ; Kurakai.
Cat. Exp. Paris 1867, p. 26 : Le meilleur des bois de la colonie pour
madriers. Il résiste au champignon Merulius lacrymans et est de longue
durée, lorsqu’il esL à l’abri des intempéries ; il est abondant, employé
pour corials et donne une résine semblable à celle du Hyavva ; il est
léger, fortement odorant ; grain ouvert.
Daouinti.
Dumonteil, loc. cil. : Densité, 0,677 ; force, 204 ; élast., 133 ; flexib.,
1,75. Classe 3.
Daventi.
Cat. Expos. Univ. 1867, p. 42. On le dit très bon pour les construc-
tions navales.
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3e série, 8e vol. 1920.
66
II. STONE
Determa. Icon lignor. , pl. LX, fig. 6 : de couleur brune,
avec stries plus foncées. Ce n’est pas le Grignon 22 19 A ou B.
Divin (Bois).
Dumonteil, loc. cil. : Densité, i,140 ; force, 288 ; élast., 137 ; flexib.,
1.43. Classe 1.
Djedoe ; San Kwawama. Martin-Lavigne, fîg. 67 et 68 et
p. 158. d'où proviennent les détails suivants :
Caractères généraux. ■ — Bois plutôt léger, très tendre ; de couleur
blanchâtre légèrement gris violacé, non différenciée ; assez peu homo-
gène, à fibres droites et à gros grain.
Caractères physiques. — Densité, 0.515 ; dureté, celle du Peuplier.
Odeur nulle. Très facile à fendre et peu tenace. Le bois brûle avec une
flamme claire et peu de fumée.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 à 4 mm., dure et fibreuse, blan-
châtre ou gris rougeâtre par places. De couleur brun marron, en section.
Non adhérente au bois. Elle est intérieurement sillonnée de nombreuses
excavations séparées par des côtes saillanles.
Structure du bois. — L'aubier est de couleur gris argenté.
Section transversale. — Couches : sur le bord externe, les fibres se
présentent en lignes ondulées, qui, vers l'intérieur, forment des arcs con-
vexes donnant à la section un aspect très particulier.
Vaisseaux : de 0 mm. 4 à 0 mm. 26 de diamètre, arrondis, isolés ou
parfois par groupes de 2 à 3. Ils sont au nombre de 3 à 5 par mm. q. et
disposés en lignes ondulées, qui forment des arcs. A l’œil nu, ils
paraissent comme des points jaunes.
Rayons peu visibles, de 8 à 10 par mm.
Parenchyme nul.
Section radiale. — Couches et rayons peu apparents. Les vaisseaux
se présentent en larges sillons.
Section tangentielle. — Rayons de 0 mm. 1 à 0 mm. 45 de hauteur, sur
une cellule de largeur 0 mm. 01. Ils sont légèrement en pointe.
Doukouria. Icon. lignor., pl. LXXV, fig. 8 : de couleur fauve
grisâtre faiblement striée. Ce n’est pas le Dukuria 4508 I.
Euraballi (de Bell).
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur rou-
geâtre ou orange rougeâtre, ressemblant à l'Acajou ; il fonce
légèrement à l’air. La nuance de la coupe transversale est à
peine plus foncée que celle des autres sections.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
67
Caractères physiques. — Densité, de 0,792 à 0,841 ; dureté,
celle du Charme. Sans odeur ni saveur.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 4 à 5 mm. environ,
presque lisse comme celle du Hêtre, mais avec un épiderme
blanchâtre. Intérieurement brune et fibreuse, devenant granu-
leuse vers l’extérieur. Il y a une mince couche de liber. A sec,
l’écorce est sans odeur, mais Bell prétend qu’elle a l’odeur de
Balsam de Capivi, ce qui est possible à l’état frais. La surface
de la bûche est striée ou lisse.
Structure du bois. — L’aubier est de couleur écrue, épais
de 4 à 6 mm. environ ; bien délimité du cœur.
Section transversale. — Couches bien délimitées.
Vaisseaux à peine visibles, moyens, un peu variables, mais
sans régularité ; ils sont distribués également, isolés, simples
ou par groupes radiaux de 2 à o entre les rayons.
Rayons visibles à la loupe ; fins, uniformes, réguliers et
légèrement ondulés ; à intervalles d'une distance moindre que
le diamètre d'un gros vaisseau et s’écartant légèrement au
niveau de ces vaisseaux.
Parenchyme nul, du moins non visible à la loupe.
Section radiale. — Vaisseaux plutôt fins, ouverts. Rayons
petits et très peu apparents.
Section tangentielle. — Rayons excessivement petits, de la
hauteur de 0 mm. 2 environ.
Emploi. — Bon pour meubles ; peut être facilement obtenu
jusqu’à 10 m. sur 4 à 5 cm. d’équarrissage (Bell).
Beau bois pour meubles, mais assez dur et difficile à tra-
vailler.
Ech. type : 27, 2683 Bell.
Référence : Stone et Fr., p. 7.
Fackelboom Roode. Icon. lign., pi. LXXX, fig. S, brun
foncé rayé.
Fackelboom Witte. Icon. lign., pl. LXXX, fig. 7, fauve
verdâtre.
Fer Bois de). Cette désignation comprend de très nombreux
bois qui se rapportent à plusieurs espèces. (V. Tables des
Matières : Ironwood, Eisenholz, Izerhout, Ligno ferro, Paô
ferreo, etc.)
Préfontaine, p. 152: Ibera puteana, Ibira Obi (Marcgr.).
Ce n'est pas un Slerculia (791), ni un Xylopia (1 1 1).
Varenne-Fenille, p 139 : Boisde Ferde Cayenne, ressemblant au Noyer
de Virginie ; densité, 1,285. Le même, p. 141 : Autre espèce de Bois de
Fer de Cayenne, Robinia Panacoco, d’un rouge brun fonçant jusqu’au
noir ; densité, 1,240.
Ce n’est pas un Ormosia (1876). Je me demande si ce n’est
pas le Cæsalpinia ferrea. Le description et le poids concordent
aussi bien avec Panacoco, Swartzia tomentosa (1896), mais
le synonyme appartient à Ormosia.
Dumonteil 78, p. 154: Bois de Fer. Densité, 0, 803 ; force, 382; élast.,
167. Classe 2.
Comm.de Brest, p. 190 : Densité. ;1, 274 ; force, de 11005 1200 ou 1,73
si le Chêne m 1. Classe Id.
C'est évidemment un bois différent de celui de Dumonteil.
Sagot : Bois de Fer, Sideroxylon et B. de Fer, Mouriria (v. 2884).
Guibourt, II, p. 539 : Bois de Fer de Cayenne (v. 4503), Sideroxylon
inenne.
Du Tertre, p 229 : Boisde Fer, non le Iaua ; écorce presque semblable
à celle de l’Erable, mais plus dure et légèrement plus grise. Aubier
jaune; le cœur est de couleur fer rouillé.
Du Tertre rapporte qu’ayant coupé des grands arbres pour
construire une case, il les trouva presque détruits par les vers
après une absence de deux mois.
Fonoredjo.
Martin-Lavigne : Bois de couleur blanc rougeâtre, compact; l’aubier
n’est pas différent du cœur ; grain fin, très légère porosité ; très homo-
gène. Odeur nulle.
Couches non délimitées.
Vaisseaux isolés, quelquefois par groupes de 2 à 3, ils sont au nombre
de 8 à 10 par mm. q., et ont de 60 à 140 microns de diamètre.
Rayons de 100 à 350 microns de hauteur sur 10 à 20, ou une rangée
de cellules, de largeur; ils sont de 10 à 12 par mm.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
69
Gagon.
Préfontaine, p. 174 : La couleur de ce bois ressemble à celle de la
pierre à fusil. Les canots qu’on en fait sont très légers.
Groen. Icon. lignor., pl. LXXIX, fig. 4, de couleur brun
foncé rayé. Ce n’est pas le cœur vert (Groenhart, 1984).
Groenhart (Water).
Bremer, p. 203. Vouapa chrysostachya.
Gllite-Toroba. Barrère, p. 26 : Tonke, voisin du Calaba.
Ce n’est pas le Dipteryx (Tonka, 1853 A.)
Hakia. Icon. lignor., pl. LX, lig. 6 : d’un brun rayé, clair
et foncé. Ce n’est pas le Tabebuia, 5467 A, ni aucun des Hac-
kia que je connais.
Hoe Bodie. Voir Acajou Wild.
Homme (Bois).
Dumonteil, loc.cit. : Densité, 0,500; force, 136; élast., 170; flexib.,
2,83. Classe 5.
Horoway ; Huruway.
Cat. Exp. Paris 1867, p. 27 : Bois dur ; peut être obtenu jusqu’à 30
à 40 cm. d’équarrissage.
Icaque. Prune coton.
Sagot, p. 906 : Chnjsobalanées .
Jaroera ; Scheppers hout ; Icon. lignor., pl. LXI, fîg. 8: de
couleur fauve.
Kabbes noir.
Bremer, p. 204 : Andira retusa .
Kabbes rond ou blanc.
Geoffroy a surinaniensis .
70
II. STONE
Kakaraballi. Icon. lignor., pl. LX. fig. 3.
Kakataraballi de Bell. Kookerite Balli (Hawtayne). Ce n est
ni le Kakaraballi, ni le Kakatiere.
Caractères généraux. — Bois plutôt mou et léger, de cou-
leur blanc sale ou jaune blanchâtre, qui fait ressortir les
rayons ; il fonce légèrement à l'air. La nuance des trois coupes
est à peu près semblable.
Caractères physiques. — Densité, 0,660 ; dureté, celle du
Cerisier. Odeur et saveur légères, même nulles.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 2 à 3 mm. ; unie
comme une peau lisse; granuleuse et peu compacte à l'inté-
rieur. La surface de la bûche est finement striée, même lisse.
Structure du bois. — L’aubier n'est pas différent du cœur,
du moins dans un tronc de 27 cm. de diamètre.
Section transversale. — Couches non délimitées.
Vaisseaux petits, mais visibles ; diminuant en apparence de
diamètre, vers l'extérieur de la couche. Ils sont très peu
nombreux, distribués également, étant placés entre les rayons;
simples pour la plupart, quelquefois par paires avec cloisons
radiales.
Rayons visibles, même très apparents, grands, uniformes,
irréguliers ; à intervalles d'une distance égale au diamètre d’un
gros vaisseau. Il est très difficile de voir si on est en présence
de I ou 2 sortes de rayons, car il y en a de toutes dimensions ;
s il n'existe qu'une seule sorte, les extrémités sont très effi-
lées.
Parenchyme non visible à la loupe.
Section radiale. — Vaisseaux comme de fines stries presque
imperceptibles. Les rayons se présentent en larges mailles de
couleur blanc jaunâtre, mais, faute de couleur, ils ne sont pas
très apparents.
Section tangentielle . — Comme la radiale, mais sans mailles.
Rayons petits, mais visibles à 1 œil nu.
Emploi. — Se prête bien au polissage ; bon pour tiroirs ;
peut facilement être obtenu jusqu'à 10 m. sur 40 cm. d'équar-
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
71
Commode à débiter.
Ecli. type : 46, 2702 Bell.
Référence : Stone et Fr., p. 48.
Kakatiere. — Icon. lignor., pl. LXVI.
Ce n'est aucune des deux espèces précédentes.
Hamakura. Park., p. 9. Brun jaunâtre clair. Densité,
1,162.
Kaneel Bastardr — Icon. lignor., pl. LXXXI, fig. 1 : de
couleur brun foncé, finement striée. C’est peut-être une des
sortes de Bois Cannelle.
Kanooka et Kanookaballi.
Laslett, p. 452 : Deux espèces différentes. Ces deux bois durs et forts
sont d’une couleur foncée.
Park. , p. 1 1 . Brun foncé rayé de noir. Densité, 1 ,029. Ecorce
très astringente.
Très foncé : il ressemble au Noyer noir d’Amérique. Den-
sité, 0,940.
Karkarwa Park, p. 11.
Kokatarra de Bell.
Caractères généraux. — Bois plutôt léger et mou, avec des
mailles jaunes, de couleur blanche fonçant légèrement à l’air.
En coupe radiale, la surface est brillante. La nuance de la
coupe transversale est un peu plus foncée que celle des autres
sections. Il a quelques rapports avec Caraba. (V. 1 192.)
Caractères physiques . — Densité, 0,614 ; dureté, celle du
Bouleau. Odeur nulle et saveur astringente.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 à 4 mm., brune,
composée d’une seule couche granuleuse, peu compacte. L’ex-
térieur présente de petites dépressions et deslenticelles tuber-
culeuses. La surface de la bûche est lisse ou striée.
H. STONE
i
2
Structure du bois. — L aubier n'est pas différent du cœur,
du moins dans un arbre ayant 40 cm. de diamètre.
Moelle molle, rouge, de 4 mm. de diamètre environ.
Section transversale. — Couches bien délimitées ; les fines
lignes du parenchyme à peine visibles en forment les limites.
Vaisseaux visibles, simples pour la plupart, quelquefois par
groupes radiaux de 2 à S vaisseaux ; vides.
Rayons tellement serrés que les intervalles sont à peine
égaux à la largeur de ces rayons qui sont écartés les uns des
autres d'une distance moindre que le diamètre d'un gros vais-
seau.
Parenchyme du même genre que celui de Carapa , mais les
vaisseaux ne sont pas ailés.
Section radiale. — Vaisseaux vides, rougeâtres. Rayons
très peu apparents.
Section tangentielle. — Rayons d'une hauteur de 5 à 20
cellules sur 1 de largeur.
Emploi. — Bon pour meubles ; peut facilement être obtenu
jusqu’à 7 m. sur 15 à 22 cm. d’équarrissage (Bell).
Commode à débiter, se polit bien et se prête au clouage ;
il peut remplacer les qualités ordinaires de l’Acajou.
Ecli. type : 52, 2710 Bell.
Référence : Stone et Fr., p. 55.
Kommaramarre Hout. — Icon. lignor., pl. LXXII, %. 3 :
couleur fauve. Ce n’est pas le Dipteryx.
Kyiarimma.
Park. : p. 8, Brun clair. Densité, 0,960.
Lallifer.
Laslett, p. 452: Bois jaunâtre, dur, compact, fort et aromatique.
Lamoussé.
Dumonteil, loc. cil. Densité, 0,454 ; force, 116 ; élast., 130 ; flexib.,
3,48. Classe 5, celle du Peuplier.
Cat. Expos. Univ. 1867, p. 43. Bois bon pour radeaux : se fend avec
facilité.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
73
Lamoussé rouge.
Dumonteil, toc. cil. : Densité, 0,551 ; force, 135 ; élast., 120 ; flexib.,
2,34. Classe 5.
Lanaballi de Bell. Il ne faut pas confondre cette espèce
avec le Lana, .qui est, d'après Aiken, le Genipa americana.
(V. 3183.)
Caractères généraux. — Bois léger et mou, de couleur
écrue ou brunâtre. Surface brillante, fonçant légèrement à
l’air. La nuance de la coupe transversale est un peu plus fon-
cée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,611 ; dureté, celle du
Bouleau. Odeur et saveur nulles.
Caractère de l'écorce. — Epaisse de 3 à 6 mm., brune, rem-
plie de sclérites blancs. La surface de la bûche est striée.
Structure du bois. — L'aubier n'est pas different du cœur.
Section transversale . — Couches délimitées en apparence,
à la loupe ; de fines lignes du parenchyme pourraient être
les limites.
Vaisseaux à peine visibles comme des piqûres, grands ;
peu variables sauf dans les groupes. Ils sont également dis-
tribués, peu nombreux, fortement isolés, simples, ou par
paires à cloisons souvent radiales.
Rayons visibles à la loupe, uniformes, irréguliers, écartés les
uns des autres d’une distance beaucoup plus grande que le
diamètre d'un vaisseau. Ils sont peu nombreux, jaunâtres.
Parenchyme h se présentant en une ligne qui simule la
limite de la couche ; de contour régulier.
Section radiale. — Les vaisseaux se présentent en gros sil-
lons bruns, plus foncés que le fond. Rayons petits, mais très
apparents. Couches non délimitées.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons
sont excessivement petits, hauteur de 1 mm. environ.
Emplois . — Bon pour avirons ; peut facilement être obtenu,
mais de petites dimensions ( Bell .
74
H. STONE
Très commode à débiter ; se fend facilement ; il ne se prête
pas au clouage, ni au polissage,
La figure 5, pl. LXI de l’Icones lignor. , concorde mieux
avec cette espèce qu’avec le Gerxipa.
Ecli. types : 59, 2715 Bell.
Références : Aiken, ms. ; Stone et Fr., p. 59.
Lemoine (Bois) .
Cat. Expos. Univ. 1867, p. 42 : Densité ; 0,659 ; bon pour construc-
tion, charpente et charronnage.
Lokus Boom. — Icon. lignor.. pl. LXXV, tîg. 1 : couleur
jaune rougeâtre avec de grosses stries d'un rouge clair. Ce
n'est pas le Dipteryx.
Lokus groot. — Icon. lignor., pl.LXXXIII, fig. 7 : couleur
brune, striée de sillons foncés.
Louys.
Barrère, p. 81 : Myrtus resinifera, qui n’a probablement pas de rap-
port avec le genre Myrtus de Linné (non cité dans l’Index Kew.).
Mahogny, Wild. Icon. lignor., pl. LXXIV, fig. 2 : couleur
rouge clair. A comparer avec l’Acajou, wild. Ce n’est ni un
Anacardium , ni un Cedrela.
Mamaaji. — Icon. lignor., pl. LXVI, fig. 8 : d’un brun foncé
moucheté. A compai’er avec le Mammea n° 6G2. Ce n'est pas
le Mamaay dont la figure se trouve pl. LXVII, fig. 1.
Mapa.
Cowdamine, p. 324; Amapa au Para. Ecorce lisse. Les feuilles res-
semblent à celles du Tilleul de Hollande, mais elles sont un peu plus
larges.
Préfontaine, p. 189 : Cet arbre, à défaut d’autres, peut servir à faire
des planches ; mais elles ne sont bonnes qu'à être employées à des
couvercles pour les vases, ou «canots •>, qui servent au Roucou ou aux
différentes boissons.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
75
Manitiemapoue. — Icon. lignor., pl. LXXV, fig. 8 : de cou-
leur pain bis, avec de grosses stries brunes et noires.
Maria Congo.
Dumonteil, toc. cit Densité, 1,049; force, 339 ; élast., 153. Classe 2,
celle du Chêne.
Sagot, p. 924 : Lecythis sp .
Échantillon du Musée Colon, de Mars., n° 50, Guyane :
Masacongo, de couleur brun foncé, rayé de noir, dur et lourd,
mais d'une densité inférieure à 0,900. Structure du Pterocar-
pus. Le parenchyme h est bien visible à l’œil nu, en coupe
transversale. Ce n’est pas un Lecythis , mais il pourrait être
ce bois de Dumonteil.
Vaisseaux visibles à cause de leur couleur claire, plutôt
grands, de 0,25 mm. de diamètre ; ils sont simples, isolés,
rarement par paires. En apparence, ils semblent attachés aux
rayons ; ils sont peu nombreux, de 1 à 4 par mm.q. ; leur
contenu se compose de thylles.
Rayons visibles, même très apparents lorsqu ils sont
humectés ; ils sont droits entre les limites de chaque couche,
mais courbés dans la coupe ; irréguliers, plutôt larges, et de
deux sortes en apparence ; les plus grands sont de 2 à 3 par
mm. ; les petits, de 3 à G, visibles seulement au microscope.
Parenchyme a entourant les vaisseaux .
Vaisseaux fins, mais visibles et blancs. Rayons très appa-
rents, clairs, courbés et ondulés en apparence.
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons,
seulement visibles à la loupe, sont en fuseaux pointus aux
deux extrémités. Leur hauteur est de 1 mm. 5 sur une rangée
de cellules.
Ech. type'. Musée Colon, de Marseille, n° 68, Guyane.
Bookoorookoo de Bell. Ce n’est pas le Roucou (494), ni
l’Urucurana (6434 et 882 B), ni l’Urucary (663).
Caractères généraux. — Bois léger et mou, de couleur
blanche à blanc jaunâtre, fonçant légèrement à l'air ; surface
76
H. STONE
brillante. La nuance de la coupe transversale est un peu plus
claire que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,495 ; dureté, celle du
Tilleul. Odeur et saveur nulles.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 6 à 12 mm., brune,
se détachant en feuilles ; la feuille externe est légèrement
gercée verticalement, l’interne, dure et ligneuse, est lisse, avec
de très grandes lenticelles avant 6 mm. de diamètre environ.
La surface de la bûche est lisse.
Structure du bois. — L'aubier n’est pas différent du cœur.
Section transversale. — Couches mal délimitées ; les zones
du bois plus denses pourraient être les limites.
Vaisseaux à peine visibles, sans trop de variations en gran-
deur, peu nombreux, distribués également. Ilssont simplesou
par groupes radiaux de 2 à 4.
Rayons à peine visibles, uniformes, réguliers, serrés, à inter-
valles d'une distance moindre que le diamètre d’un gros vais-
seau, et s'écartant au niveau de ces vaisseaux. Ils occupent
la moitié de la coupe.
Marmer. — Icon. lignor.,pl. LXXIY, fig. 5: de couleur pain
bis avec des raies plus foncées. Ce n'est aucun des Bois
marbrés que je connais.
Mœra. — Icon. lignor., pi. LXIV, fig. 7 : de couleur rouge
avec des lignes d'un brun clair et d’un brun foncé. Ce n’est
pas le Mora (195), ni le Morabucquia (1975 B), ni le Mora-
balli (4508 E).
Note Boom de Surinam. — Icon. lignor., pi. LXXIX, fig. 3 :
de couleur brun panaché .
Noir (Bois).
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 0,838 ; force, 1 59 ; élast.,123. Classe 5.
Paarde Vleech. — Icon. lignor., pl. LXXVI, fig. 6: de cou-
leur brune avec des raies plus foncées. Ce n'est pas le Humi-
ria n° 907.
150IS UTILES DE LA GU VAN E FRANÇAISE
77
Panapi.
Dumonteil, loc. cil. : Densité, 0,835 ; force, 208; élast., 284. Classe 2.
Patagai ; Patagay.
Barrère, p. 92: Les feuilles de cet arbre sont roussâtres et comme
satinées en dessous ; ses tleurs sont roses et disposées en épis comme
la « Verge dorée ».
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 1,051 ; force, 115; élast., 125;flex.,
1,95. Classe 1.
Perroquet (Bois).
Dumonteil, loc. cit. : Densité. 1,009 ; force, 316 ; élast., 121. Classe 1.
Poipo.
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 0,829; force, 220; élast., 141 ; flexib.,
2,08. Classe 2, celle du Chêne.
Rameaux (Bois).
Dumonteil, loc. cit. : Densité, 0,904; force, 262; élast., 150; flexib.,
1,53. Classe 2.
Rivière (Bois de). — Niederlein cite un bois de Rivière ou
Résolu de Rivière (Martinique), Résolu (Guadel . ), Chimar-
rhis sp.
Le bois que je vais décrire est, sous beaucoup de rapports,
très différent des Chimarrhis que je connais ; je n’ose l’attri-
buer à ce genre.
Caractères généraux. — Bois plutôt dur et lourd, de cou-
leur brune, uniforme avec des mailles très apparentes. Grain
fin ; surface mate. La nuance de la coupe transversale est
légèrement plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,718 ; dureté, celle du
Teck. Odeur légère de cuir; saveur astringente.
Structure du bois. — Section transversale. Couches en
apparence délimitées, mais aucune limite n’est visible à la
loupe.
78
H. STONE
Parenchyme h se présentant, de rayon à rayon, en très
petits traits nombreux et réguliers, visibles seulement au
microscope.
Section radiale. — Dans cette section, le bois ressemble à
celui de l'Epicea. Vaisseaux en fins sillons, vides et peu
nombreux. Rayons à peine visibles, étroits, semi-translucides,
plus apparents lorsqu'ils sont humectés.
Section tangenticlle. — Gomme la radiale, mais les rayons
sont excessivement petits ; leur hauteur est deO mm. 5 environ.
Emplois. — Bon pour revêtement d'intérieur, pour allu-
mettes ; peut être facilement obtenu jusqu’à 10 m. sur 4 cm.
d’équarrissage (Bell).
Très commode à débiter ; se fend facilement et ne se prête
ni au clouage ni au polissage.
Ech. type : 74, 2731 Bell.
Référence : Stone et Fr., p. 76.
Rose (Bois de). — Varenne-Fenille, p. 135, décrit un bois
sous le nom de Licaria yuianensis (6200) ; c'est évidemment
une erreur, car il donne un poids de densité 1,004. Ce Bois,
dit-il, fut fort à la mode autrefois. Je crois que c'est le Bois-
tulipe des Anglais, Physocallyma scaberrimum Pohl, non
indigène à la Guyane.
Rouge (Bois).
Dumonteil, p. 152 : Variété de Bois rouge, Densité, 0,984 ;force, 335 ;
élast., 171. Classe 2, celle du Chêne.
Annales Marit., 1826, II, partie 2,p. 422: Bois rouge, Rubentia. Bon
pour Meubles.
Royal (Bois).
Guibourt, III, p. 330: King-wood des Anglais ; provenant de Cayenne.
En Angleterre, deux bois portent ce nom, le Cocus, Brya
Ehenus DC., et’une espèce d 'Acacia du Brésil qui est très bien
reproduite en couleurs danslTcon. lignor., pl. VIII, fig. 1 et 3,
sous le nom de Konings hout et aussi sur la pl. LXIII, fig. 7,
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
79
Begt Konings hout ou Cœrebœljé. Le bois de Guibourt peut
être un Acacia, mais ce n’est aucun des Kingwood que je con-
nais, ni le Bois-roi (638 A), ni le Kônigsholz (2011 A).
Seebadanni de Bell. Sebadanni de McTurk.
Ce n’est pas le Siribidanni (1896 G), ni le Sibbidanni
(4494 D).
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, jaune ou brun
rayé. Surface brillante et micacée fonçant légèrement à l'air.
La nuance de la section transversale est mate, mais à peu
près aussi claire que celle des autres sections.
Je possède un échantillon où les couches intérieures sont
remplacées par une matière pierreuse, et je me demande si
ce n'est pas le Couipo de Préfontaine, « qui porte dans son
cœur de petites pierres ». (Voir 2013 C.) Cependant l’espèce
présente serait un peu trop lourde pour construction de
pirogues.
Caractères physiques. — Densité, 0,838 ; dureté, celle du
Charme. Odeur nulle; saveur plutôt astringente.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 7 à 14 mm., brune à
l’extérieur, rugueuse ou légèrement gercée ; ligneuse, mais
un peu fibreuse à l’intérieur ; remplie de sclérites durs et
blancs.
Structure du bois. — Aubier épais de 2 à 4 cm., de couleur
pain bis, bien délimité du cœur.
Section transversale. — Couches parfois délimitées ; les
zones du bois plus denses pourraient être les limites ; de con-
tour régulier.
Vaisseaux très apparents, grands, jaunes, peu variables, dis-
tribués plutôt irrégulièrement, serrés en apparence. Dans les
zones claires, leur contenu se compose de gomme jaune ; dans
les zones foncées, gomme rouge.
Rayons à peine visibles, fins, uniformes, plutôt irréguliers,
à intervalles moindres que le diamètre d’un gros vaisseau et
s’écartant légèrement au niveau de ces vaisseaux ; de couleur
jaune.
Parenchyme a entourant les vaisseaux ; jaune.
80
II. STONE
Section radiale. — Vaisseaux très tins, à peine visibles,
contenant des perles de gomme scintillantes. Rayons visibles
seulement à la loupe. Les couches ne sont pas souvent déli-
mitées, mais le coupe est fortement rayée.
Emplois. — Souvent vendu pour le Cœur Vert, dont il a
les mêmes usages ; peut être facilement obtenu jusqu’à 13 et
18 m. sur 25 à 35 cm. d’équarrissage (Bell).
Assez facile à débiter, mais inférieur au Cœur Vert.
Ech. type : 76, 2732 Bell.
Référence : Stone et Fr., p. 77 ;
Icon. lignor., pi. LX, fîg. 5. Pourrait être cette espèce, mais
non le Sibbidanni.
Siponaou rouge.
Préfon laine, p. 209 : Celle variété a la propriété de causer des déman-
geaisons à celui qui s’y coucherait nu lorsqu’il est nouvellement employé.
Dumonteil, p. 154 : Spanao rouge. Densité, 0,861 ; force, 235; élast.,
144; flexib., 1,83. Classe 2.
Siponaou blanc.
Préfontaine, p. 209.
Dumonteil, loc.cit . : Spanao blanc. Densité, 0,946 ; force, 206 ; élast.,
116. Classe 2.
siange. — Icon. lignor., pl. LXVII, lig. 7 (ce n’est pas le
Brosimum ), et pl. LXXIX, fîg. 7. Cette dernière ressemble
un peu au Stryphonodendron guianensis , mais elle ne montre
pas les bandes caractéristiques. Peut-être ne se compose-t-elle
que de l'aubier.
Stink. — Icon. lignor., pl. LXVIII, fig. 1 ; de couleur rouge
fauve brunâtre ; aubier de couleur claire finement striée de
noir, avec des couches très apparentes. Le même, pl. LXX1V,
fîg. 3, de couleur pain bis ; l’échantillon était sûrement atta-
qué par un champignon qui lui donne une nuance bleuâtre.
Le même, pl. LXXV.II, fîg. 6 : d'un brun clair largement rayé
de brun foncé.
BT» I S UTILES UE LA GUYANE FRANÇAISE
81
Taouin.
Dumonteil, loc. cil. : Densité, 0,483; force, 125 ; élast., 143; flexib.,
3,15 . Classe 5.
Je me demande si cette espèce peut être le Taouia (Caraïbes)
ou Kispanille. (Voir 10670.)
Valaba. — Icon. lignor., pl. LX, tig. i: de très belle couleur
marron clair, finement striée de noir. Couches bien présen-
tées. Il correspond à peine au Wallaba, Eperua falcata (1918).
Walabalie. — Icon. lignor., pl. LXV : de couleur grise légère-
ment violacée. Ce n’est pas le Wallaba,
Yaruri.
Cat. Exp. Univ. 1867, p. 38. Aspidospermum excelsum :
Paddle-wood (Angl.) : bon pour avirons.
Parelhout (Surinam) : à comparer Yaruri.
Yawarridanni de Bell.
Caractères généraux. — Bois plutôt lourd et dur, d'un blanc
brunâtre, parfois strié de brun. En coupe radiale, surface bril-
lante fonçant légèrement à l’air. La nuance de la coupe trans-
versale est beaucoup plus foncée que celle des autres sections.
Caractères physiques. — Densité, 0,660; dureté, celle du
Cerisier. Odeur et saveur légères, même nulles.
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 6 mm. environ, etcou-
verte de petits tubercules ; l’intérieur est d’un brun foncé,
fibreux, avec des sclérites durs et clairs. La surface de la
bûche est cannelée.
Structure du bois. — Elle a quelques rapports avec le
Cèdre du Mexique et le Caraba. (V. 1192.) L’aubier, d’un blanc
sale, n’est pas très bien différent du cœur.
Section transversale. — A comparer avec lafig. n° 3, pl. V.
Couches parfois délimitées par une zone de bois plus dense.
Vaisseaux visibles comme des piqûres, légèrement variables.
Comme les couches ne sont pas nettement délimitées, les
Annales du Musée colonial de Marseille. — 3” série, 8” vol. 1920. 6
82
II. STONE
plus petits vaisseaux paraissent être dans la partie intérieure
de la couche : cas assez rare. Ils sont peu nombreux, fortement
isolés, distribués également, simples ou par groupes de 2 à 4.
Rayons à peine visibles, fins, réguliers, à intervalles d'une
distance moindre que le diamètre d'un gros vaisseau et s’écar-
tant légèrement au niveau de ces vaisseaux ; de couleur rouge.
Parenchyme non visible à la loupe.
Section radiale. — Très brillante et jolie. Les vaisseaux se
présentent en gros sillons vides ; ils sont souvent par 2. Rayons
étroits paraissant être des hachures.
Section tangentielle. — Rayons de 0 mm. 25 de hauteur.
Emplois. — Meubles ; on le dit bon aussi pour pavage et
traverses de chemin de fer : peut être facilement obtenu jusqu'à
13 m. sur 30 à 40 cm. d’équarrissage (Bell).
Commode à débiter, se prête bien au clouage, mais de polis-
sage médiocre. Il pourrait servir pour boîtes à cigares et à
sucre.
Yzerboom. — Icon. lignor., pl. LXXXI. fig. I : d’un brun
foncé finement strié.
Yzerhout. — Icon. lignor., pl. LXXXI, fig. 8: ressemblant à
l'espèce précédente, mais de couleur plus claire ; la plus
grande partie est évidemment de l’aubier. Aucune des deux
figures précédentes ne ressemble aux Hackia, ou Bois de Fer.
Zoldat Boom. — Icon. lignor., pl. LXXIY, fig. 5 : de couleur
pain bis rayée. Ce n'est pas le Jasmin Soldado (L171).
VOCABULAIRE DES NOMS INDIGÈNES
Abréviations : Guy. = Guyane ; Guy. Angl. = Guyane
Anglaise; Guy. Fr. = Guyane Française; Gai. = Galibis ; Gar.
= Garipons ; Alt. = Arrouhages ; Noir. = Noii'agues ; Cr. =
ci’éoles ; Br. = Indigènes du Brésil ; C. R. — ceux de Costa-Rica ;
Mex. = Mexicain.
A (Br. ; Pereira) : fruit.
Acapu (Br. ; Miers): écorce.
Acaya (Br. ; Pereii'a) : caja, un fruit à noyaux du Brésil.
Aiaca (Br. ; Peckolt) : œufs.
Anda (Br. ; Pereira) : calebasse.
Andira (Br. ; Huber) : chauve-souris.
Andiroba (voir Jandy, Groba et Roba).
Antan (Br. ; Saldanha) : fort.
Ara (Gai. ; Préfontaine) : perroquet (Br. ; Pereira) : agent ou qui
tient.
Arcabas (Gai. ; Aublet) : côtes saillantes des arbres (v. 1896).
Assu (Br. ; Pereira) : gi'and.
Azotli (Mex. ; Hernandez) : calebasse.
Balli (Ai'awak, Guy. Angl.) : cœur, bois.
Beb (Guy. Angl.) : plat.
Bimiti (Arawak, Guy. Angl. ; McTurk) : colibri; oiseau-mouche.
Boca (Br. ; Pereira) : trou, fente.
Boutou (Gai. ; Barrère) : massue.
Bu (Br. ; Pereira) : grand, haut.
Ça (Br. ; Pereira) : yeux.
Cabiuna (Gai. ; Préfontaine) ; suc du manioc.
Cahy (Br. ; Pereira) : guérir.
Calaba (Gai. ; Barrère) : huile.
Caoba (C. R. ; Piltier) : acajou.
Carapa (Gai. ; Préfontaine) : mort aux animaux.
84
H. STONE
Carijo (Br. ; Pereira) : panaché, moucheté, bigarré.
Catu (Br. ; Pereira) : bien.
Chiri (G. R. ; Pittier) : froid.
Couipo (Gai. ; Préfontaine) : cœur lourd ; cœur de roche.
Coumata (Gai. ; Barrère) : pois comestible.
Coupi (Gai. ; Préfontaine) : lourd.
Courimari (Gai. ; Préfontaine) : bois propre à faire des flèches.
Courou (Gai. ; Préfontaine) : flèche.
Cravo (Port.) : rose, rosâtre.
Cui (Br. ; Pereira) : poudre.
Cura (Br. du Para) : gercé, lézardé.
Curub (Br. ; Pereira) : gale.
D. (Br. ; Pereira) : fruit.
Eperu (Gai. ; Sagot) : sabre d’abatis.
Eta (Br. ; Préfontaine) : fer.
Grigri (Gai. ; Barrère) : scie.
Groba (Br. ; Rodriguès) : amer.
Gua (Br. ; Pereira) : bois.
Guaba (Br. ; Pereira) : nourriture.
Guantl (Mex. ; Hernandez) : arbre.
Gui (Br. ; Pereira) : beaucoup (comparaison).
Hazo (Malgache) : bois.
Hoedoe (Indes Hollandaises) : bois.
Iba, Ibe (Br. ; Rodriguès) : arbre.
Icica, Issica (Gai. ; Barrère) : résine.
Imbir (Br. ; Pereira) : écorce.
lta(Br. ; Rodriguès) : fer (Pereira) ; pierre.
Itika (Caraïbe; Rochefort) : excrément.
Itoori (Guy. Angl. ; McTurck) : babouin (grand singe).
Iub (Br. ; Pereira) : jaune ; à comparer avec Tatayouba.
Jacaranda (Br. ; Préfontaine) : terme gén. pour tout bois de couleur
foncée.
Jandy (Br. ; Barrère) : bois de construction ; à comparer avec Andi-
roba.
Jete (Br. ; Pereira) : blessure.
Kaâ (Gai. ; Barrère) : bois de construction. •
Kapoer (Java ; Petsch) : chaux ; camphre.
Kara (Guy. Angl. ; McTurck) : rouge ; à comparer avec Kara-bimiti
Walaba.
/
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
85
Ki (Malaisie) : bois.
Landy(Bi\ ; Rodriguès) : graisse.
Listra (Portugais) : raie en couleur.
Louro (Portugais) : laurier, terme gén. au Brésil pour désigner
les arbres des genres Corclia el Neclandra, et même pour de nom-
breuses Laurinées (Huber).
Maho (Gai. ; Préfontaine) : arbre donnant du liber pour faire des
cordes (à comparer avec Mahot et Mahault).
Maoua (Roucouyenne, Guy. Fr. ; Coudreau) : crapaud.
Mapou (Caraïbes ; Préfontaine) : bois mou.
Mara (Br. ; Pereira) : triste.
Mari (Gai. ; Préfontaine) : bois.
Mirim (Br. ; Pereira) : petit.
Mombin (Gai. ; Préfontaine) : espèce de prune.
Moya (C. R. ; Pittier) : semence, graine ; à comparer avec Chiri
moya, semence ailée comme une chauve-souris.
Muira, Muyra (Br. ; Rodriguès) : bois ; à comparer avec Muirapi-
ranga, bois rouge.
Na (Br. ; Rodriguès) : semblable.
Nispero (C. R. ; Pittier) : néflier.
Ob (Br.) : feuille ; à comparer avec Caroba.
Ouapa (Gai. ; Préfontaine) : tout bois bon pour la charpente.
Ouaté (Gai. ; Préfonlaine) : excréments.
Pa (Br. ; Rodriguès) : partout.
Pagaie, Pagaye (Caraïbes) : aviron, mais canot d’après Préfontaine.
Pâo (Portugais) : bois.
Para (Caraïbes ; Préfontaine) : bigarré.
Paralou (Gai. ; Barrère ): crapaud.
Parana (Gai. ; Barrère) : mer.
Pareira (Caraïbes ; Guibourt) : vigne.
Patli (Mex.) : médecine.
Pau (voir Pâo). .
Pe (Br. ; Rodriguès) : écorce; à comparer avec Peroba, écorce
amère.
Péva (Br. ; Pereira): plat.
Pia (Br. ; Pereira) : moucheture, tache.
Pian (Français) : maladie cutanée qui affecte les nègres.
Pii (C. R. ; Pittier) : un suffixe diminutif ; à comparer avecYpil,
petit tronc.
86
H. STONE
Pipa (Espagnol et d'après Barrère, Gai.) : tonneau; en Portugais
lilas.
Piranga(Br. ; Rodriguès) ; rouge.
Pu (Br. ; Pereira) ; éclat.
Quahuatl i^Mex. ; Hernandez) ; arbre.
Quarutt (Mex. ; Bernardin) ; bois;
Quienbiendent (Créoles; Aublet) : qui tient bien aux dents1"; se dit
du fruit d Amhelania.
Quir (Br. ; Pereira) : peu.
Raua (Br. ; Pereira) : faux.
Ri (Gai. ; Préfontaine : graine.
Roba (Br. ; Rodriguès) : amer; à comparer avec Andiroha.
Robi Gai. ; Préfonlaine) : fer.
Sacopemba Br. ; Saldanha) ; Sapopemba ( Huber) ; voir arcabas.
Sapota, Sapote Gai. ; Barrère) : sabot.
Sapucaya Br. ; Huber) : poule.
Saoua (Gai. ; Préfontaine) : piquant.
Siberali Gai. ; Barrère : fer.
Simiri Gai. ; Aublet) : tout bois donnant une teinture violette ou
rouge.
Sopia Br. ; PeckoltJ : corbeille, nid ; à comparer avec Sapucaia et
Aiaca.
Ta (Br. ; Rodriguès) : mot renforçant le terme qu'il accompagne;
à comparer avec Jacaranda-ta, bois très foncé.
Ta Br. ; Pereira) : épi ; à comparer Tayuva, bois à épi jaune.
Tacouba (Caraïbes ; Grisard) : cœur.
Tambang (Bornéo septentr.) : cœur.
Tamoné (Gai. ; Barrère : blanc.
Taonaba (Caraïbe; Rochefort) : étang.
Tapuri (Gai. ; Barrère) : rouge.
Taupau Gai. ; Barrère : rocher.
Ti (Br.; Pereira) : blanc.
Tibourbou Gai. ; Barrère) : brun.
Tiguré (Gai. ; Barrère) : rouge brun; à comparer avec le Bois tigré
ou Tiger-wood.
Timao, Timo (Br. ; Rodriguès) ; astringent.
Tiny Br. ; Pereira) ; sec.
Toura (Gai.) : pleurer.
Tuba (Br. ; Pereira : beaucoup quantité;.
BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE
Vera (Br. ; Pereira) : fort.
Uiztle (Mex.) : épine.
IJna (Br. ; Pereira) : noir.
Vouapa, voir Ouapa.
Vué vué (Gai. ; Barrère) : bois.
Wapa, voir Ouapa.
Warong (Bornéo septentr.) : citron.
Y Br. ; Rodriguès) : tige, tronc; (Pereira) : eau.
Yb, Yba (Br.; Rodr.) : arbre.
Ybe (Br. ; Rodr.) : un tronc droit.
Ybira (Br.; Pereira) : écorce.
Yig (Br. ; Pereira) : dur, rigide.
Yu (Br. ; Pereira) : épine.
Yuba (Br. ; Pereira) : jaune.
BIBLIOGRAPHIE
Les bibliothèques où se trouvent les ouvrages rares et importants
sont désignées par les abréviations suivantes :
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Bibliothèque Saint-Jean, Lyon = B. S. J.
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Annal, des Soc. Nat. , série 6, tomes de 10 à 20 et 25.
Saldanha da Gama (José de). — Configuracâo des principaes madeiras,
etc., da Prov. do Rio de Janeiro, 1865. (Bonnes descriptions . )
— Sur les Bois du Brésil qui ont figuré h l'Expos. Univ. de Paris,
1867, Bull. Soc. Bot. de France, t. XIV, p. 79.
Schacht II . — Les arbres étudiés d’après leur structure, 1865.
Schomburgh Sir R. II. — Hist. of Barbadoes, 1847.
Sciiutzenberger . — Traité des matières colorantes. Paris, 1867
(C. C.M.).
Si.m.monds P.L. — The Commercial Products of the Vegetable King-
dom, 1854 (M. C. M.).
Steudel E. T. — Nomenclator Botanicus, 1841.
SwAivrz O. — Flora Indiæ occidentalis (F.S.L.).
96
H. STONE
Schwartz ko pf PM. — Lehrbuch der Col. und Spezerei-Waaren
kunde. Iena, 1858.
Smith John. — A Dictionary of tlie popular Dames of Plants, etc. Lon-
don, 1882.
Stone Herbert. — The Timbers of Commerce and their Identification .
London, 1904 (M. C. M.).
— Reports upon the results of Technical Testes applied to a collec-
tion of woods from Britisli Guiana. Imp. Inst. Journal, vol. VII,
p. 264.
Stone H. et Freeman W. G. — The Timbers of British Guiana. Lon-
don, 1914 (M. C. M.).
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Annales Marit. et Colon., 1816, partie II, p. 154.)
Tolhansen. — Tech, Worterbuch.
Tussac (de F. R.). — Flora Antillarum, 1808.
Urban I. — Symbolæ Antillanæ, 1904-1908.
Valdes Nicolas. — Descripcion y resistencia de las Maderasde las Islas
Filipinas. Revista de los progresos de la Ciencias . Madrid, vol. XII,
1851 .
Van Eeden F. W. — Iloofscorten van Ned. Oost Indie, 1906.
Varenne-Fenille P.-C. — Mémoires sur les qualités individuelles des
bois indigènes et exotiques. Paris (C.C.M.).
Vargioni. — Dizionario botanico Italiano. Florence, 1858.
Vogl. A. — Ueber den Bau des Ilolzesvon Ferreirea spectabilis . Prings-
heims Jahrb., t. IX, 1873-1874, p. 277.
Wiesner J. — Die Robstolîe des Pflauzenreiches, 2e édit., 1902. Article
Bois, par Wilhelm K.
TABLE DES PLANCHES
du 3e fascicule des Annales du Musée Colonial , 1917.
Planche I. — Bois Serpent. Strgphnodendron guianense .
Cylindre de bois fait au tour, de grandeur naturelle, montrant la coupe
radiale.
Les larges raies foncées se trouvant du haut en bas correspondent
aux zones excentriques de couleur dans la coupe transversale. Ces zones
se produisent par l’accumulation locale de matière colorante, et il faut
bien noter qu’elles ne concordent pas avec les couches saisonnières. Les
stries blanches sont les vaisseaux avec leur bords blancs du parenchyme .
A l’extrémité supérieure du cylindre, ces vaisseaux se présentent en
petits points blancs, et, vers l’extrémité inférieure, où la sinuosité des
fibres rend la coupe oblique, ils paraissent en petites ellipses allongées.
En se servant de la loupe pour cette figure, on aperçoit les cloisons
des vaisseaux, ainsi que les rayons en fines lignes blanchâtres horizon-
tales.
Au bas et à gauche de la figure, se trouve une crevasse renfermant
une matière blanche; probablement l’apatite.
Voir aussi description, N° 1984.
Planche II. — Bois Serpent. Section transversale de l'extrémité d’un
cylindre fait au tour. Grandeur réduite d’un quart.
Les zones excentriques de couleur ressortent à peine à cause de
leur couleur rougeâtre.
Planche III. — Wacapou. Vouacapoua americana Aubl.
Cylindre de bois fait au tour, de grandeur naturelle.
Les stries foncées correspondent aux fibres ligneuses et les stries
claires au parenchyme qui allonge les vaisseaux en les voilant.
Voir descriptions N° 1851, p. 49.
Planche IV. — Wacapou. Section transversale d’un tronc dépourvu
de l’écorce. Grandeur réduite d’un quart.
La zone extérieure blanchâtre est l’aubier, de 7 à 10 couches saison-
naires d’épaisseur. La partie interne foncée est le cœur, qui, dans
ce cas, n’est ni régulier de forme, ni concentrique avec les couches. La
matière colorante s’est plus développée dans certains endroits que
98
H. S TON E
dans d autres. Les côtes saillantes, « arcabas ou sacopenibas ■), qui carac-
térisent cet arbre correspondent aux lobes ou bavures du cœur.
La forme lobée des couches devient plus accentuée au fur et à mesure
qu'elles se rapprochent de la moelle qui se trouve au milieu.
Les vaisseaux sont bien apparents dans l’aubier, et même çà et là
dans le cœur, à cause du parenchyme blanchâtre qui les entoure. Ces
vaisseaux se présentent en lignes obliques, qui changent parfois leur
orientation d une couche à 1 autre. Les rayons, qui passent radialement
de la moelle à l'extérieur du tronc, sont trop petits pour être visibles.
Planche V. — Coupes transversales de bois vues à la loupe (X 3).
La plupart sont reproduites par des coupes transparentes employées
comme clichés, et les vaisseaux se présentent en blanc ; les
figures 6 et 7 sont prises directement sur le bois, et les vaisseaux
paraissent noirs lorsqu’ils sont vides, et blancs lorsqu’ils sont remplis
de matière blanche.
Dans toutes les figures, le côté de l'écorce est en haut, celui de la
moelle en bas, et les rayons traversent de haut en bas.
Dans la figure 9, les rayons, moins denses que les fibres ligneuses qui
les entourent, sont transparents et se présentent en blanc.
Fig. 1. Bois de lance.
2. Quassia de la Jamaïque.
3. Acajou femelle.
4. Caraba rouge,
b. Bois pourpre.
Fig. 6. Bois de perdrix.
7. Mora.
8. Hoobooballi.
9. Jacquier.
Planche VI. — Coupes transversales de bois vues à la loupe (X 3).
La figure 14 est prise directement sur le bois ; les autres par trans-
parence.
Fig. 10. Lecythis.
11. Mimusops.
12. Cœur vert.
13. Kretti.
14. Bois jaune.
Fig. 15. Lilas de l’Inde.
16. Kapokier.
17. Chêne (vieux).
18. Chêne (jeune).
Planche VII. — Coupes transversales de bois vues à la loupe (X 3)
Les figures 20 et 25 sont prises directement sur le bois ; les autres par
transparence.
Fig. 19. Hyari-Ball .
20. Hymarikuschi .
21. Kurahara.
22. Tataboo.
23. Waibaima.
Fig. 24. Wallaba, var. A.
25. Sicartzia.
26. Caraba blanc.
27. Euraballi.
MACON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS
ISY^cbuŸ teJUU Jlsvxl J J JL ,10
H. Jumelle : Quelques données sur l'état actuel de
la culture cotonnière.
3 '"'Fascicule. — Herbert Stone : Les Bois utiles de la Guyane Fran-
çaise (suite).
1918
1er Fascicule. — Dochon et Vidal : Essais de fabrication de papier
avec la Passerine hirsute et d'autres Thyméléa-
cées.
Dochon et Vidal: Essais de fabrication de papier
avec le Bois-bouchon de la Guyane Française.
H. Jumelle et Pehrier de la Bathie : Nouvelles
observations sur les Mascarenhasia de l’Est de
Madagascar.
H. Jumelle: Les Dypsis de Madagascar.
G. Cakle : L’Élevage à Madagascar.
II. Jumelle : L’Élevage et le Commerce des Viandes
dans nos Colonies et quelques autres Pays.
Louis Racine : Palmistes et Noix de Bancoul de
Madagascar.
2 me Fascicule. — Herbert Stone : Les Bois utiles delà Guyane fran-
çaise (suite).
1919
1er Fascicule. — Félix Gérard : Étude systématique, morphologique
et anatomique des Chlaenacées.
G. Vernet : Notes et Expériences sur la coagula-
tion du latex d’hévéa.
R. Cerighelli : La farine des graines et la fécule
des tubercules de l’Icacina senegalensis.
H. Jumelle: Les Aracées de Madagascar.
1920
Aimé Jauffbet : Recherches sur la détermination des bois exo-
tiques colorés d’après les caractères chimiques et spectrosco-
piques
MODE DE P i EL ICA T 10 X ET COXDITIOXS DE VEXTE
Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893,
paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.
Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance,
sont en vente chez M. Challamel, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer-
cial, doivent être adressées.
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri
Jumelle, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée
Colonial de Marseille, Faculté des Sciences, place Victor-Hugo, à
Marseille.
Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra-
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à
leurs frais, demander des exemplaires supplémentaires, avec titre
spécial sur la couverture.
A paraître ultérieurement l'Index complet des noms botaniques et
indigènes mentionnés dans le volume de M. Stone sur Les Bois
utiles de la Guyane Française.
MACON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.
ANNALES
Dl
r
DE MARSEILLE
fon défis en 1893 par Edouard Heckel
SUBVENTIONNÉES PAR LE MINISTÈRE DES COLONIES
DIRIGÉES PAR
M. Henri JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille.
Vingt-neuvième année, 3'' série, 9° volume 11921).
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Par M. H. PERIMER DE LA BÂTHIE
MARSEILLE
MUSÉE COLONIAL
Faculté des Sciences
PLACE VICTOR HUGO
PARIS
LIBRAIRIE CHALLAMEL
17, rue Jacob, 17
1921
SOMMAIRES
des plus récents Volumes des Annales du Musée Colonial de Marseille
1915
H. Jumelle: Le Dr Heckel.
Marcel Aubard : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées Mimu-
sopées.
R. Hamet et Perrier de la Bathie : Contribution à l'étude des Cras-
sulacées malgaches.
R. Hamet : Sur quelques Kalanchoe delà flore malgache.
A. Fauvel: Le Cocotier de Mer, “ Lodoicea Sechellarum
1er Fascicule.
2me Fascicule.
3me Fascicule.
1er Fascicule.
2me Fascicule.
1916
H. Jumelle: Catalogue descriptif des Collections
Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Mada-
gascar et Réunion .
Pieraerts : Quelques Graines oléagineuses afri-
caines.
H. Jumelle : Les Monocotylédones aquatiques de
Madagascar.
Herbert Stone : Les Bois utiles delà Guyane fran-
çaise.
H. Jumelle: Les Recherches récentes sur les res-
sources des Colonies françaises et étrangères et
des autres Pays chauds.
1917
H. Jumelle: Catalogue descriptif des Collections
Botaniques du Musée Colonial de Marseille :
Afrique Occidentale Française.
H. Jumelle: Notes statistiques sur les Plantations
étrangères de Caoutchouc dans le Moyen-Orient.
Pieraerts : Contribution à l’étude chimique des Noix
de Sanga-Sanga.
H. Jumelle: Les Variétés du Palmier à huile.
ANNALES
MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE
(Année J 921)
MACON, P ROTA T FRERES, IMPRIMEURS.
ANNALES
DU
r
DE MARSEILLE
FONDÉES EN 1893 FAR EDOUARD HeCKEL
SUBVENTIONNÉES PAR LE MINISTÈRE DES COLONIES
DIRIGÉES PAR
M. Henri JUMELLE
Professeur à la Faculté des Sciences,
Directeur du Musée Colonial de Marseille.
Vingt-neuvième année, 3" série, 91" volume (1921 .
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Par M. H. PERRIER DE LA BÂTHIE
: * ' -JUX
vptAj.
MARSEILLE
MUSÉE COLONIAL
Faculté des Sciences
PARIS
LIBRAIRIE CHALLAMEL
17, rle Jacob, 17
PLACE VICTOR HUGO
1921
AVANT-PROPOS
Les difficultés actuelles de V impression et surtout les frais
élevés qu'entraîne aujourd' hui la publication d’un mémoire
copieusement illustré ont retardé de plusieurs années l'appa-
rition de ce volume. Au moment où nous pouvons enfin abou-
tir, il nous est agréable de constater que nous devons ce résul-
tat à V initiative privée et au généreux concours de personnes
et de Sociétés qui savent reconnaître l importance et l'in-
térêt qu'ont pour la mise en valeur de nos colonies des études
d'ordre scientifique. Nous remercions donc bien vivement ici
M. le sénateur Chauveau , M. Carie , ancien chef du Service
de Colonisation de Madagascar , la Compagnie Nosybéenne
d Industries agricoles , M. Jamet , de Tananarive, M. Orsini,
administrateur de la Compagnie de Batelage de la Côte Ouest
de Madagascar , et cette Compagnie . Merci aussi à M. Perrier
de la Bâthie.
Nous adressons également nos remerciements au Gouverne-
ment général de Madagascar, qui nous a fourni les exemplaires
de la carte annexée à cet ouvrage.
H. J.
i
LA
*-♦*** A«»
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•'* * fri Ai,
V É G ÉTAT I O N M AL G A G II E
INTRODUCTION
L'homme a sur les ilores des pays qu'il habite, et surtout
peut-être dans les régions tropicales, une influence beaucoup
plus grande qu’on ne le croit généralement.
On lui doit notamment, dans certaines îles, la destruction
presque totale de la flore autochtone, destruction parfois si
complète qu'on serait tenté, faute de témoins pouvant servir
de termes de comparaison, de nier cette influence, ou tout au
moins de n en pas saisir toute l importance. Ainsi, aux Sey-
chelles, «à la Réunion, à Maurice1, presque rien n'a subsisté
de l’ancienne flore, et il faut de pénibles recherches pour
retrouver quelques spécimens de la végétation primitive et
des luxuriantes forêts qui pourtant, jadis, recouvraient ces
îles.
Il n’en est heureusement pas encore de même à Madagas-
car. La végétation autochtone y a bien été détruite sur près
des neuf dixièmes de sa superficie, mais le versant Est con-
serve encore de vastes forêts, le Sud est presque intact et
çàet là on trouve encore, dans l'Ouest et le Centre, des témoins
suffisants pour étudier la flore primitive et faire comprendre
toute l'ampleur des modifications causées par l'intervention
de l'homme sur cette partie du globe.
En fait, l île malgache nous montre actuellement, avec une
netteté admirable, une des phases de la lutte de l'homme
contre la nature, lutte toute brutale où la raison n intervient
t. Baker: Flora of Mauritius and the Seychelles. fntrod., p. 15.
LA VEGETATION MALGACIIK
pas. L’étude de cette phase et la reconstitution de celles qui
l'ont précédée peuvent nous fournir d utiles indications, non
seulement sur l'ensemble des conditions biologiques de notre
île, mais aussi sur celles d’autres pays tropicaux où des explo-
rateurs ont signalé des formations de savanes, des parcs, des
bosquets, qui nous semblent ne pas avoir de causes pre-
mières naturelles et nêtre simplement, comme ici, qu'une
conséquence des feux.
Mais, sans nous occuper de ce qui peut se passer, ou non,
dans les régions à climats plus ou moins similaires, jetons un
coup d’œil d’ensemble sur les conditions actuelles de la végé-
tation malgache.
Dans le Centre et l'Ouest s'étendent d'immenses prairies
constituées par des Graminées dont les chaumes, hauts, sui-
vant les régions, de 40 centimètres à 2 mètres, se dessèchent
chaque hiver. Les Malgaches, soit pour se frayer un passage
à travers ces hautes herbes, soit pour nourrir leur bétail, soit
par simple habitude et sans raison aucune, brûlent annuel-
lement ces herbes sèches. Une mince ligne de feu s’étend,
des flammes plus ou moins violentes, selon la force du vent,
s’élèvent, et le feu passe et s'éteint, semblant n’avoir causé
aucun autre dégât que la destruction des parties aériennes
de quelques Aragues arbustes qui croissent dans la prairie, ou
la disparition de l’extrême lisière de quelques bosquets isolés.
Dans l'Est, pour faire des cultures toutes temporaires de
riz, ces mêmes Malgaches abattent les forêts que l'on observe
encore sur ce versant, attendent que le bois soit sec, puis
profitent d’un beau jour pour y mettre le feu. Sur l’emplace-
ment de la forêt ainsi détruite se développe une végétation
particulière, mode transitoire entre la forêt et la prairie que
nous appellerons la « brousse des tavy », ou « savoka ». Cette
brousse des tavy, à la longue, brûle et disparaît à son tour et
est remplacée par une prairie toute semblable à celles du
Centre et de l'Ouest, et, comme elles, soumise au même régime
de feux annuels.
Ces causes, agissant de date immémoriale, depuis la venue
de l’homme dans l'ile, lentement, mais d’une façon continue,
IMRODl’CTIO.N
comme la goutte d'eau qui sculpte des montagnes et les fait
disparaître ensuite, ont profondément modifié la végétation
primitive qui couvrait l'ile. Elles donnent à la’ végétation
actuelle malgache, en dehors de toute considération d'alti-
tude et de climat, deux aspects si différents qu’un observa-
teur, même superficiel, y distingue immédiatement deux
flores, deux végétations, entre lesquelles il n'est aucun carac-
tère commun.
Une étude approfondie confirme et accentue cette impres-
sion première. En fait, ces deux végétations sont totalement
différentes.
La première, que nous appellerons végétation modifiée , est
très pauvre en espèces, et ces espèces sont ou cosmopolites, ou
introduites, ou tout au moins très répandues dans l'ile ; elle
est constituée par des prairies ou par de la brousse des tavy,
c’est-à-dire par des formations d'origine toute artificielle.
Sauf dans les « savoka », les espèces sont presque toutes à
tiges annuelles. Cette végétation varie peu dans les différentes
régions de l'ile et paraît être indifférente aux changements de
climat et d'altitude ; elle semble, enfin dévorer l'autre et
s'étendre de plus en plus à ses dépens.
La seconde, que nous appellerons végétation autochtone ,
est, au contraire, excessivement riche en espèces, et ces espèces
sont toutes essentiellement malgaches. Elle est représentée
par des forêts, des broussailles, des associations végétales
toujours très complexes, et par des formations toujours plus
ou moins vierges. Ses espèces sont toutes arborescentes, ou
sylvicoles ou encore crassulescentes et vivaces. Elle varie
énormément selon l'altitude et les degrés de longitude ;
enfin, elle semble être en voie d'extinction rapide et n’existe
déjà plus qu'à l'état de témoins isolés, plus ou moins éten-
dus.
L'origine de ces deux flores est totalement différente. L'une
est une résultante toute artificielle de l’action de l'homme et
du feu. L'autre résulte des seules forces de la nature, qui a
été livrée à elle-même sur une ile isolée pendant de longues
périodes géologiques.
6
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Ceci une fois bien compris, on voit combien toutes les
études sur les subdivisions de la flore malgache, sur sa com-
position et ses affinités avec les flores des pays voisins, sont
entachées forcément d’erreur, si l'on n'a pas tenu compte, au
préalable, de ces deux manières d'être, si distinctes, de la
végétation de l’ile. Aussi, dans cette étude, qui a surtout
pour objet la forêt malgache et les conditions d'ensemble qui
lui ont permis de se former et d'acquérir ses caractères biolo-
giques si spéciaux, et de celles qui la font maintenant dispa-
raître, étudierons-nous séparément la végétation modifiée par
l'homme et le feu, et la végétation autochtone vierge, telle
que ses restes, malheureusement de plus en plus réduits,
nous ont permis de l'observer.
PREMIERE PARTIE
LA VÉGÉTATION MODIFIÉE
CHAPITRE I
Généralités.
La végétation modifiée est de beaucoup celle cjui occupe
à Madagascar la plus grande surface, puisque sur les
58.200.000 hectares de superficie totale de l'ile, la végé-
tation autochtone ne recouvre qu’un peu plus du huitième
(7.000.000 d'hectares). Les caractères les plus frappants de
cette végétation modifiée sont son extrême pauvreté en
espèces et la distribution très large, dans l ile ou le reste du
monde, des quelques espèces qui la constituent.
La raison de ces caractères est facile à comprendre. Cette
végétation avant des causes originelles qui sont toutes arti-
ficielles, les espèces qui la constituent sont les seules qui ont
pu vivre dans les nouvelles conditions créées par l’homme et
le feu. Or, il existe, dans la nature, peu d'espèces capables
de résister à des feux annuels ou à un changement brusque
et violent de la plupart des conditions de milieu, et ces rares
espèces sont souvent cosmopolites, car, la plupart du temps,
elles ont acquis ailleurs, au voisinage de l’homme, les qua-
lités qui leur permettent de s’accommoder d'un tel régime.
La végétation modifiée prend d’ailleurs deux aspects très
différents et constitue deux Formations très distinctes. Sou-
mise au régime des feux annuels, c'est la Prairie. Non sou-
mise à ce régime, mais couvrant des surfaces rendues vacantes
par la destruction de l’antique forêt autochtone, c'est la
Brousse des tavy , ou le Savoka. Nous étudierons successive-
ment ces deux Formations, leurs conditions biologiques, leur
s
l.A VfcfilîTATlON MAUiAt IIK
composition, l'étendue qu elles recouvrent ; puis nous ajoute-
rons quelques mots sur la Formation des plantes rudéralcs et
des champs cultives. Fn effet, cette dernière flore fait éga-
lement partie de la végétation modifiée et sera peut-être
Appelée un jour, h la suite de l'extension des cultures et de
la suppression des feux qui en sera probablement la consé-
quence. à remplacer la Prairie ou tout au moins h la modifier
considérablement .
CHAPITRE II
La Prairie.
La Prairie est une conséquence directe des incendies périodiques.
Elle n’est constituée, en effet, que d'espèces aptes â subir annuellement
ces feux. Ces espèces, communes à toutes les régions de l’ile, et cosmo-
polites sous les tropiques, semblent indifférentes aux changements de
sol et de climat. Parmi elles se trouvent quelques espèces accessoires,
restes de l’ancienne végétation, que des particularité-) biologiques ou la
plus grande violence des feux laissent subsister çà et la. La Prairie,
grâce au feu, s étend chaque jour davantage et recouvrir bientôt I lie
entière, sauf l’Extrème-Sud, où elle ne peut s'établir par suite d une
sécheresse trop intense. Elle ne constitue que des pâturages très
médiocres, que les feux, à la longue, rendent de plui en pl s mauvais.
Pour les améliorer il faudra en changer la composition botanique et les
soustraire à l’action des feux.
Décrire laction d'un feu de brousse, c est décrire le mode
de végétation des espèces qui constituent la Prairie malgache.
En effet, ce feu détruit annuellement, et d une façon a peu
près constante, toutes les parties aériennes des végétaux et
leurs graines. Par suite, au bout de quelques ann-ies. le feu
nécessairement ne laisse plus subsister, sur les surfaces - u-
mises à son action, que les plantes qui sont aptes a supporter
sans souffrir la destruction de toutes leurs parties aérienne^,
et qui peuvent se multiplier sans graines ou qui sont, du
moins, capables de vivre et de se reproduire en ne se re-emant
qu à de longs intervalles.
Il n v a guère, pour satisfaire à ces conditions, que les
espèces vivaces à tiges annuelles et dont souches ^mettent
des rejets. Or. toutes les espèces de la Prairie, sans excepti n.
sauf quelques plantes apparaissant accidentellement et bien-
tôt détruites, ont ce mode tout particulier de végétation.
C est là une preuve formelle, absolue, que cette formation
de- prairies est bien toute artificielle et quelle a uniquem-nt
10
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Prairie sur calcaire marneux (jurassique supérieur) et bois des terrains
arénacés 'crétacé inférieur , aux environs de Stampikv, sur la Mahavavy de
l'Ouest.
Çà et là, dans la prairie, au 1er plan, des pieds d Hyphaene Hilde}>randtii.
Les sables crétacés du flanc de la colline plus stériles n’ont pas permis au feu
et aux Graminées d'y détruire toutes les plantes autochtones, et quelques
arbres ou arbustes ont persisté. Vers le sommet, une couche de sable plus
stérile encore a protégé la forêt du plateau, qui est restée intacte.
Région de l'Ouest. Prairie dans l’Ouest, avec des îlots déplantés autochtones,
protégée par de gros blocs de granit. Phot. Reynier.
LA PRAIRIE
11
le feu pour cause première. Et nous n’oserions pas insister
sur ce fait si manifeste, si logique et si simple, si l'on n’avait
Prairie aux environs du lac Alaotra.
La prairie à Aristidea , qui remplace les savoka , aux environs de Mananjary
(Région Est).
Bois des terrains arénacés, que les feux transforment progressivement en savane à Ilyph&ene S ha tan. A droite, Ad&nson ta
LA l’RAI Kl L
13
pas prétendu que la prairie, la « steppe » malgache, était une
formation naturelle, ayant existé de toute antiquité.
Les espèces de la prairie ont donc été sélectionnées, ou,
plus exactement, choisies et triées par le feu. L'incendie a
éliminé toutes les espèces non capables de s’accommoder de
son action. Lette sélection d espèces a encore été rendue plus
sévère par la stérilisation du sol. la destruction de l’humus,
1 affleurement de la latérite, en un mot par l’érosion plus
Bois des terrains arénacés détruits et brûlés sur la lisière d’une route,
près de Morondava (Ouest .
rapide, conséquence forcée de feux qui dénudent le sol juste
avant les grandes pluies de l’hivernage. Aussi cette Formation
est-elle excessivement pauvre en espèces, et les faits, en ce
sens, dépassent même tout ce que l’on pourrait imaginer.
^ oici. en effet, la liste des espèces de cette Formation, par
région, et avec les indications de stat et distribution géogra-
phique de chacune de ces espèces. Les espèces marquées d'un
astérisque sont des Graminées k chaumes annuels, avec
souches vivaces émettant des rejets ; ce sont les plantes qui
constituent k elles seules presque toute la Prairie. Les autres
sont plus rares et occasionnelles.
li
LA YÉGÉTATIC» MALGACHE
VERSANT EST
NOMS
DISTRIBUTION
VERNACULAIRES GEOGRAPHIQUE
STAT
ET OBSERVATIONS
Imperata arundi- Tena Cosmopolite
nacea Cyr.
* Andropogon inter - Verofehaiia
médius R. Br.
'Andropogon cym - Verobe —
harius L.
'Andropogon rufus Verofotsy —
Kiinth.
* Aristida Adscen- Kifafa
sionis L.
* Aristida multicau- Kifafa. Lefona Autochtone
lis Bak.
C.C.C.C. partout.
C . G. C.C. sur les
collines.
A. R. Localisé sur
l’emplacement des
savoka nouvel-
lement détruits par
les feux.
Collines. C.C.C.
Collines sèches.
C.C.C.
Collines sèches.
C.C.
Race de A. Ads-
' Chrysopogon Gryl- Bozaka
lus T rin.
* Pennisetum seto- Rambonamboa
num Ricli.
Pycnoneurum jun- Kifoko
ciforme Dcne.
Cassia mimosoides L.
Desmodium inauri- Tsila vondrivotra
tianuin DC.
Cosmopolite
Autochtone
Cosmopolite
Maurice et Afri-
que tropicale
censionis .
Collines sèches. C.
Assez rare.
Collines sèches.
T uberculeux- vi-
vace. N’existe que
dans les endroits à
herbes rares, à feux
peu violents.
Plusieurs sous-
espèces à étudier,
les unes annuelles,
les autres à souche
vivace. Résistant
d'ailleurs peu au feu.
Ne résiste pas au
feu, mais se dissé-
mine abondam-
ment. Plante an-
nuelle ou b i sa n-
nuelle.
LA PRAIRIE
15
VE BS A NI
r OUEST
DISTRIBUTION
STAT
NOMS
vernaculaires
GÉOGRAPHIQUES
ET OBSERVATIONS
' Heleropogon con-
tortus R. et S.
Danga
Cosmopolite
C.C.C. Stat inter-
médiaire entre les
endroits humides et
les collines sèches.
* Andropogon inler-
medius R. Br.
Mafiloha.
C. C. Endroits
plus humides. Sur-
tout abondant dans
les plaines calcai-
res.
* Andropogon cym-
barius Lin.
Ve robe
C. Abondant dans
les endroits fertiles
et sur l’emplace-
ment des forêts
récemment détrui-
tes par le feu .
* Adropogon ru fus
Kunth.
Vero
C.C.C. Surtout
dans les plaines et
plateaux.
* Andropogon hirtus
L.
—
C. C. Collines
sèches.
* A ristida A d s ce n-
sionis L.
Pepeka
—
C.C.C. Sur les
collines sèches.
* Imperata arundi-
nacea L.
Manevika
—
C.C.C. Dans les
plaines et plateaux.
‘ Sporoholus indi-
Tsindrodrotra
—
Assez rare.
eus R. Br.
* C hrysopogon s p.
(indéterminé).
Ahitrombilahy
•>
C.C.C. Collines
sèches, surtout en
pays calcaires.
* Chrysopogon Gryl-
lus T rin .
Bozaka
Cosmopolite
C. C.C.C. Collines
sèches.
* Pennisetum selo-
Assez rare.
s uni Rich.
Wallheria a me ri-
cana L.
Se trouve parfois
sur les collines
sèches à herbe rare,
c’est-à-dire à feu
peu violent; parfois
vivace.
Cass /a inimosoides
L.
Surtout près des
marais. Forme an-
nuelle .
Mi
LA VÉGÉTATION MA LG Al. HL
VERNACULAIRES
Pycnoneuruni sessi-
li/lorum Dcne.
DISTRIBUTION
GÉOGRAPHIQUE
Au loch ton e
Polygala sp. indé-
terminé).
II elichrysum sp. Tsalsainbailra
(indéterminé).
Cyperus sp. (indé-
terminé).
Fimbristylis dicho-
toma Vahl
Sclerocarya caffra Sakoa
Sond .
Cosmopolite
Madagascar
Afrique
Australie
Medemia nubilis Satrana Madagascar
Hild. et W.
Ilyphaene Shatan. Satramira
Boj. Mavoravina
Acridocarpus eæcel-
sus A. Juss.
Celastrus linearis Tsingilofilo
Lin. f. var. tnada-
yascariensis.
STAT
IiT OBSERVATIONS
Hare. Dans les
endroits secs. Vivace
et tuberculeux .
Annuel. Rare.
Dans les endroits
secs e t à feux peu
violents.
Rare. Vivace. Ré-
siste peu aux feux.
Dans les endroits
très secs et à feu
peu violent.
Rare. Vivace et à
chaumes annuels.
Annuel.
C. Résiste au feu,
par suite de son
écorce épaisse et de
son ombrage qui
empêche les Gra-
minées de croître
à ses pieds.
C. C. Résiste au
feu par suite des
caractères physi-
ques et anatomiques
de son stipe.
kl.
C. Ecorce épaisse.
Sur les collines
sèches à feux peu
violents.
Id.
PLATEAU CENTRAL
NOMS
DISTRIBUTION
VERNACULAIRES GÉOGRAPHIQUE
* Sporobolus indiens
R. Br.
Cosmopolite
STAT
ET OBSERVATIONS
C.
Tsindrodrotra
LA
PRAIRIE
MSTRIBUTION
17
STAT
NOMS
VERNACULAIRES
GÉOGRAPHIQUE
ET OBSERVATIONS
’ Pennisetuin triti-
coides Bak.
Ilorompotsy
Autochtone
C. C. C. Surtout
près des ruisseaux.
'Pennisetuin selo-
suni Rich .
Cosmopolite
A . R. Surtout près
des ruisseaux.
* Jmperata arund i-
nacea Cyr.
Tsevoka
Assez rare. Ne
s'observe que dans
les endroits fertiles.
'AndropogonSchoe-
nanthus L.
Fiahina
Cosmopolite
C.C.C. Manque
vers 1.800 m. alti-
tude.
‘ Andropogon cym-
barius L.
Verobe
—
A. R. Dans les
endroits fertiles.
'Andropogon ru fus
Kunth.
Veromanga
—
C . C . Manque au-
dessus de 1.800 m.
* Chrysopogon Gryl-
Bozaka
—
C.C.C. Collines.
lus Tria.
* Arislida Adscensio-
Horombavy
—
C.C.C. Collines.
nis L .
'Arislida multicau-
lis Bak.
Autochtone
C . C. C. Collines.
Race d’A. Adscen-
sionis.
' Oplismenus Bu r-
Cosmopolite
C . C . C . Collines.
inani P. B.
* Andropogon hirtus
L.
Cassia miniosoides L.
9
9
C. C. C. Collines.
Cosmopolite
C. Forme vivace
estivale, à ti^es éta-
lées sur le sol,elqui
est peut-être bien
une mutation due
aux feux.
Vinca lancea Boj.
Autochtone
C. Collines sèches.
Vivace, à tiges an-
nuelles dans les
prairies, mais viva-
ces lorsque la plante
croît hors d’atteinte
des feux.
Vigna arigivensis
Bak.
Avoko
Autochtone
C. Collines. Tu-
berculeuse. Vivace,
tiges annuelles.
Tachiadenus longi-
florus Griseb.
Tapabatana
—
C. Collines. Vi-
vace. Disparaîtd’ail-
18
LA VÉGÉTATION MALGACHE
.NOMS
VERNACULAIRES
DISTRIBUTION
GÉOGRAPHIQUE
STAT
ET OBSERVATIONS
Pycnoneurum jun-
ci/'orine Dcne.
Ptcris aquilina L.
Cyperus sp.
leurs dans les feux
trop violents. Loca-
lisé, par suite, sur
les collines arides.
Rare et localisé
dans les endroits
arides.
Cosmopolite A perdu dans la
prairie la faculté de
produire des sores.
Disparaît à la longue
devant les feux.
Vivace.
Il faut ajoutera ces listes, pour chaque région, une centaine
d'espèces environ que l'on trouve de temps à autre dans les
prairies, où elles tentent de s'établir, mais d'où le feu les
déloge toujours après quelques années. Ces espèces, que nous
nommerons accessoires, sont, ou des espèces rudérales et des
champs cultivés, ou des espèces de la flore autochtone. Elles
s introduisent temporairement dans la prairie dans les endroits
où, pour une raison ou pour une autre (abri temporaire,
canaux, chemin, collines, stérilité trop grande, épuisement
du sol, éboulements, etc.), les feux de brousse ont cessé et
sont devenus moins violents. Les secondes sont surtout abon-
dantes dans les lieux qui ont été déboisés plus récemment.
Elles y persistent longtemps, surtout les espèces pouvant
repousser de souche, mais elles finissent toujours par dispa-
raître, les feux les empêchant de se reproduire, sinon de
végéter .
Ceci explique les ports divers sous lesquels se montre
souvent une même plante malgache. Beaucoup d'espèces
présentent, en effet, deux formes très différentes : une forme
sylvestre et une forme de dénudation.
Un exemple typique de cette catégorie d'espèces est fourni
par Pteris aquilina , qui, malgré sa large distribution, fait
bien partie de la flore autochtone. Cette Fougère persiste
LA PRÀIRIK
iy
très longtemps dans la prairie grâce à ses rhizomes presque
éternels, mais elle n'y produit jamais de sores; et les rhizomes
finissent par périr lorsque le sol est devenu trop compact.
Quelques espèces de la Prairie, surtout les espèces
autochtones faisant partie de cette formation, paraissent s’èlre
adaptées au régime des feux à l’aide de mutations légères
dont l’étude détaillée serait d’un grand intérêt. Mais, à ce
Savane à Meclemïa dans l'Ouest. A la base des stipes sont des cicatrices, et
les troncs sont rongés aux trois quarts, ce qui n’empêche pas ces arbres de
continuer à végéter.
point de vue, chacune de ces espèces a ses moyens particu-
liers, son histoire propre, que nous pourrons peut-être un
jour raconter en détail. Trop de données nous manquent
encore pour qu’il en puisse être question ici.
Les espèces accessoires sont beaucoup plus nombreuses dans
la prairie du Centre que dans celle de l’Est ou de l’Ouest,
où l’uniformité de la végétation est désolante. Cela tient, pour
nous, à deux causes :
1° A l’antiquité plus grande de la Prairie dans le Centre ;
2° A la végétation moins luxuriante et à la stérilité plus
20
LA yEGÉTATION MALGACHE
grande de cette région, circonstances qui rendent les feux de
prairie moins violents, moins destructeurs, et en préservent
même certaines collines très dénudées, où quelques plantes
autochtones peuvent à nouveau s'installer et prospérer.
Dans l'Ouest, on trouve quelques arbres qui semblent
s'accommoder parfaitement du régime des feux et se multi-
plier malgré eux. Gomme les Graminées ordinaires de la
Collet d'une liane (Rouren orientalis) déformée par les feux de brousse.
Face inférieure. Au milieu, racine pivotante primitive.
prairie, ce sont des espèces sélectionnées, triées, choisies par
les feux. Ces arbres (arbres, arbustes ou Palmiers) sont, dans
les plaines à prairie épaisse et, par suite, à feux particu-
lièrement violents, Sclerocarya Caffra, Medemia no bi lis et
Hyphaene Shalan, et, sur les collines à feux moins destruc-
teurs, Acridocarpus excelsus et Celastrus linearis. Sclerocanja
Caffra semble résister au feu par suite de son écorce
épaisse, et surtout parce que son ombrage est funeste aux Gra-
minées, qui restent chétives tout autour de son tronc. Acrido-
I.A PRAIRIE
■1 1
carpus e.rcelsus et Celastrus linearis résistent aussi à cause
de leur écorce épaisse et du stat qu’ils affectionnent, et où les
feux sont moins violents. Hyphoene et Medemia enfin
doivent leur résistance aux caractères anatomiques et phy-
siques de leurs stipes.
Très abondantes parfois, ces plantes arborescentes donnent
Le même collet que celui de la figure précédente, mais vu par la face supé-
rieure. Il n’y a de rameaux que sur les bords et aux extrémités des lobes, et
les feux, en les détruisant, forcent la souche à s’accroître horizontalement.
à la prairie de certaines régions de l'Ouest de faux aspects de
savane. Sclerocarya Caffra et Medemia nohilis semblent
s'étendre vers l'Est en même temps que la prairie, mais cela
n’est vrai que pour Sclerocarya, dont les graines sont rapi-
dement disséminées au loin par les sangliers, car Medemia a
existé de tout temps dans la forêt de l'Est. Ces cinq espèces,
arbres, arbustes ou Palmiers de l’Ouest, sont les seules plantes
arborescentes malgaches qui puissent se multiplier par graines
dans la prairie. Cela est dû certainement à ce que ces graines,
et les jeunes plants qui en proviennent, peuvent échapper à
22 LA VÉGÉTATION MALGACHE
l'action des feux, grâce à leurs longues racines pivotantes et
aussi au collet de leurs jeunes plantules profondément
enfoui dans le sol.
Comme on peut le voir par la liste ci-dessus, les espèces
marquées d'une astérisque, dont les innombrables individus
constituent presque seuls la Prairie malgache, sont presque
identiques dans l'Est, l'Ouest et le Centre. Rien ne subsiste
Prairie de l'Ouest, et vestiges de bois, avec Bathiea rubri/lora Drake, protégés
par des rocailles.
plus, dans cette Formation, des divisions si nettes (ainsi que
nous le verrons plus loin de la végétation autochtone. C'est
à peine si l'altitude donne à la prairie au-dessus de 1.400 m.
non pas un aspect différent, mais une composition botanique
qui n'est pas tout à fait identique.
Le climat, la position, la composition physique du substra-
tum semblent laisser indifférentes les espèces habituelles de
la Prairie. Pourtant, suivant la région, lestât préféré de telle
ou telle de ces espèces changera parfois légèrement. C'est
ainsi, par exemple, qu' Andrnpogon ru fus, presque localisé,
f.A PRAIRIE
23
dans l’Ouest, dans les plaines basses et humides, croît
surtout au contraire, dans l’Est et le Centre, sur les collines.
La pauvreté en espèces de la Formation des prairies
pourrait laisser croire que cette formation n’occupe, dans l’île,
que des surfaces insignifiantes. Il n en est rien pourtant, et
c est de beaucoup, au contraire, celle des Formations de la flore
malgache qui couvre les surfaces les plus étendues, puisque,
Restes de bois des terrains arénacés, détruits par les feux de prairie, sur
les lianes stériles de la chaîne basique du Makay, près de Reroroha (Région
de l’Ouest).
sur les 58 millions d'hectares de la superficie totale de l 'île,
elle en recouvre plus de 47 millions. Bien plus, quelques
signes inquiétants, que nous espérons encore avoir mal vus
ou mal interprétés, nous font craindre que cette Formation ne
soit destinée à couvrir, dans quelques siècles, 1 île tout
entière, sauf l’Extrême-Sud, que sa sécheresse, si paradoxal
que cela puisse paraître, protégera toujours de la prairie et
des feux.
Conséquence l un de l’autre, étroitement alliés dans leur
lutte commune contre la forêt et la sylve autochtone, le feu
24 T. A VÉGÉTATION MALGACHE
et lp prairie dévorent sous nos yeux les derniers vestiges de
1 ancienne flore malgache. La prairie fournit le combustible,
l'aliment qui propagera le feu au loin ; le feu. à son tour,
attaque la forêt, la détruit plus ou moins vite et livre à la
prairie les surfaces jadis ombragées. La prairie, qui propage
le feu, et le feu, qui crée la prairie, étendent ainsi leur action
de jour en jour et multiplient tellement leurs points d'attaque
Prairie aux environs de Besalampy (Région Ouest), sur arènes crétacés. La
colline, graveleuse et plus stérile, a conservé des traces de végétation arbo-
resçente. Les bas fonds, plus fertiles, ne sont uniformément recouverts que
de prairies à Andropogon hirtus.
qu'il devient douteux que l'homme puisse arrêter mainte-
nant leur œuvre dévastatrice.
Dans l'Ouest, la Prairie couvre maintenant les plaines, les
collines et les vallées. Elle et son allié y détruisent les der-
niers bosquets, les derniers restes de bois que l'on y observe
encore, et ceci lentement, d’une manière insensible, en un
point donné, mais avec une rapidité inouïe si l’on tient compte
de la multiplicité des points d attaque, et si 1 on fait le
LA PR Al Kl K
2 O
total des surfaces déboisées annuellement. Dans cette région
occidentale, quelques bois protégés par des obstacles naturels,
rocailles ou rivières, semblent bien résister quelque temps à
leur action, mais le feu finit par tourner l'obstacle, et vient
créer bientôt au milieu des arbres une clairière, qui désormais
s’étendra et s’emparera peu à peu de toute la surface boisée.
Dans le Centre, l'action a été plus brutale et plus rapide.
Prairie brûlée et lisière d’un bois attaqué par les flammes, aux environs du
Cap Saint-André (Région Ouest).
Les forêts, laborieux édifice construit par les siècles sur ces
sols stériles, sont les seules à Madagascar qui ont été détruites
et sont détruites par de vrais incendies de forêt, c’est-à-dire
par centaines et milliers d’hectares à la fois. Un de ces
incendies de forêt, suivi de deux ou trois feux de brousse,
suffit ici pour changer un bois sombre et verdoyant en cette
pauvre prairie, si triste et si monotone, qui recouvre mainte-
nant presque entièrement le Centre.
Sur le versant Est, la Prairie déborde déjà dans le Nord et
dans le Sud. Elle s’v étend de plus en plus, en même temps
qu'un climat plus sec qui semble en être la conséquence.
26
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Même dans les parties les plus humides de cette région, des
clairières, des taches de prairies déjà vastes s'observent dans
maints endroits ; et ces taches, une fois créées, vont chaque
jour s'agrandissant, non aux dépens de la forêt, contre
laquelle le feu et la prairie ne peuvent rien sous ce climat,
mais aux dépens de la brousse des tavv, c’est-à-dire des
espaces où l'homme a préparé leùrs voies en détruisant la
Forêt et prairie à Aristide a sur un même sol, à Vohipeno (Matitana; S.-E.).
L’herbe sèche vient d'être brûlée. Quelques touffes de Graminées seules sub-
sistent. Ici se manifestent bien les différences qu’il y a entre la flore modifiée
(prairie) et la flore autochtone (forêt).
forêt. La prairie se comporte en effet, dans ces régions plus
humides, tout à fait comme sous d'autres climats plus secs. Il
suffit d'un beau jour pour que les chaumes mûrs des Grami-
nées se dessèchent; et, ces chaumes une fois secs, le feu,
comme de lui-même, jaillit, et, plus violent peut-être
qu'ailleurs, accomplit rapidement son œuvre par les mêmes
processus, avec les mêmes résultats.
La seule région de l ile où la végétation autochtone résis-
tera toujours au feu et à la prairie est l'Extrême-Sud. Là, en
LA PRAIRIE
27
effet, par suite du climat trop sec. les Graminées ordinaires
de la prairie ne peuvent s'étendre et prospérer; et le feu, faute
d’aliments, ne peut causer aux plantes crassulantes et peu
combustibles de la flore du Sud que d'insignifiants dégâts,
vite réparés par la nature.
Cette Prairie si vaste n'a pas une bien grande valeur au
point de vue économique. C’est même aux immenses étendues
Mont Yatovavy, près de Mananjary. Savoka à Ravenala envahi et détruit
par la prairie. Au pied des rocs on remarque quelques arbres, seuls restes de
la forêt. La végétation du sommet du pic et des crêtes est constituée par des
savoka à Harong a.
qu elle recouvre, aux feux dont elle est la conséquence et la
cause, que l'on doit la stérilité si grande, la pauvreté si réelle
des trois quarts au moins de l'ile. En effet, presque annuel-
lement, le feu dénude d’immenses surfaces ; une partie des
matières fertilisantes fixées par la végétation s’évapore en
fumée; l’autre est emportée par les pluies diluviennes qui
suivent bientôt les feux ; l’érosion enlève rapidement les
parties bumifères et superficielles du sol dénudé, et la latérite,
aussi infertile que le roc, apparaît enfin partout, rouge,
ingrate et décourageante.
28
LA VÉGÉTATION MALGACHE
La prairie malgache, il est vrai, nourrit un nombre assez
considérable de bœufs, mais elle les nourrit mal. car les
bœufs malgaches sont souvent maigres et la plus grande
maladie qui les décime est certainement l'inanition. Pourtant
le nombre de ces bœufs, en regard de l'étendue de la prairie
6 millions de bœufs pour 47 millions d'hectares), n'est, en
somme, pas encore bien considérable. En fait, la Prairie
Mont Vatovavy, près de Mananjary, vu du N.-E. Phase plus avancée de
dénudation. Il ne reste plus de savoka que dans le fond des vallons. Les
quelques arbres qui subsistent à la base des rochers résistent parfaitement
aux feux de prairie, qui détruisent pourtant les savoka d’alentour.
malgache n'a réellement les caractères d’une vraie prairie,
c est-à-dire d une prairie pouvant produire du fourrage et
nourrir des bœufs en toute saison, que dans les plaines de
l’Ouest ou aux alentours, et sur les emplacements des forêts
nouvellement détruites. Partout ailleurs la prairie s appauvrit
de plus en plus à chaque feu. Les espèces fourragères y sont
d'abord remplacées par des espèces plus coriaces ; puis, la
stérilité s'accentuant, elle devient semblable à la prairie du
Centre, qui n'a déjà presque plus rien d’un pâturage; puis,
LA PRAIRIE
29
finalement, les Graminées coriaces elles-mêmes ne poussent
plus, et la latérite reste nue.
Il faudra donc, le jour où nos bœufs deviendront plus
nombreux, chercher à utiliser la prairie malgache et essayer
d'en faire une prairie réelle. Et pour cela, il faudra la modi-
fier, c’est-à-dire remplacer les espèces actuelles, dures et
coriaces, par d'autres réellement fourragères. Dans l'Est et
l’Ouest, sous les climats tropicaux, ce sera chose facile. 11
suffira d’y détruire les mauvaises espèces, d’v supprimer les
feux et d'entretenir ensuite la prairie en la fauchant et en la
faisant brouter régulièrement. La suppression des feux per-
mettra aux Graminées rudérales ou des champs cultivés
( Panicum , Digitaria, Paspalum), espèces donnant de bons
fourrages, de s’installer dans la prairie et d v prospérer à
nouveau, tant que le feu n’v fera pas sentir son action. Dans
le Centre, la modification de la prairie sera bien plus difficile
à obtenir. Il y faudra, en plus de l’abandon du système des
feux et de la destruction des plantes actuelles, introduire de
nouvelles espèces fourragères, car ces espèces manquent
encore sous ce climat très spécial. Cynodon Dactylon est, en
en effet, la seule plante à assez bon fourrage qui s’empare
actuellement des espaces soustraits par la culture au
régime des feux.
CHAPITRE III
La Brousse des tavy, ou Savoka.
Le Tavy est une méthode culturale très simple. L'indigène abat la
forêt, la brûle et sème sur les cendres. Jamais deux cultures ne se
succèdent sur un terrain ainsi préparé. Les surfaces dénudées par ce
moyen se recouvrent, après la culture, d’une végétation spéciale,
le Savoka, presque aussi pauvre en espèces que la Prairie. Cette pau-
vreté en espèces, si singulière en regard de la richesse de la forêt
voisine, est due à des causes très complexes. Les Savoka sont souvent
constitués par une seule espècé sociale ou dominante. C’est une
végétation transitoire qui ferait retour à la Forêt au bout de quelques
siècles si les feux 11e la détruisaient pas et ne la changeaient pas aupa-
ravant en Prairie. Son utilité économique est nulle. O11 a fait quelques
efforts, sans grands résultats, pour interdire la méthode culturale des
tavy. Elle a de déplorables effets au point de vue social et a causé, en
moins de vingt ans, la destruction de plus de 4 millions d’hectares de
belles forêts.
Le Tavy correspond à un mode tout particulier de culture
du riz. Il n’a rien de bien compliqué. L'indigène qui veut
faire un tavy cherche un endroit de la forêt riche en humus,
c'est-à-dire généralement vierge. Il abat la forêt, écorce les
gros arbres qu'il ne peut abattre, laisse sécher le tout, puis y
met le feu en profitant d'un beau jour et d’un grand vent.
Gela brûle admirablement. A la fin de l’opération, quelques
souches et quelques troncs restent seuls debout, noirs et
carbonisés. Sur les cendres, à la première pluie, à l’aide d'un
long bâton pour tout outil, il sème, par poquets assez
espacés, des graines diverses, mais surtout du riz, du maïs
et des haricots. Il se bâtit une case près du tavy et attend
patiemment la récolte, en jouant de l’accordéon. Après 4 à 5
mois de cette existence idyllique, le riz est mûr. L indigène
convie ses parents et ses amis à la récolte ; avec leur aide,
épis par épis, il la range soigneusement dans sa case, puis se
I.A UROUSSE DES TAVY, OU SAVOKA
31
repose deux à trois mois. Ce temps écoulé, il recherche une
nouvelle partie vierge delà forêt et recommence un autre tavy
pour l'année suivante. Jamais deux cultures consécutives ne
sont faites sur le même emplacement *.
La récolte une fois enlevée, le tavy une fois abandonné, il
ne croit d'abord sur son emplacement que de simples
mauvaises herbes, espèces rudérales ou des champs cultivés,
qui disparaissent bientôt. Puis une végétation spéciale, ayant
à la fois des caractères de jungle et de jeune taillis, apparaît
et s’empare du terrain. Cette brousse peut acquérir, avec
l'âge, une assez grande taille, et prendre même l’aspect d'une
petite forêt en miniature, mais, à n’importe quel moment, elle
diffère toujours de la végétation autochtone par son aspect,
sa composition homogène où domine toujours une essence de
beaucoup prépondérante, et par le petit nombre de ses espèces,
infiniment moindre, à surface égale, que dans les forêts
voisines. Les indigènes appellent cette brousse « Antaka » ou
« Savoka à baronga », ou « à dingadinga », « à bambou »,
« à ravenala », « à longozo », suivant le nom de l’espèce
dominante. C'est elle que nous appellerons « Brousse des
tavy », ou « Savoka ».
Comme la Prairie, le Savoka se distingue immédiatement,
ainsi que nous venons de le dire, des Formations de la tlore
autochtone par sa pauvreté en espèces. Voici la liste des
espèces principales que l’on y observe le plus habituellement.
1. Ce mode de culture n'est pas particulier aux peuplades et aux
régions de l'Est, mais il n’est plus pratiqué en grand que dans cette
région de l'ile, car partout ailleurs les forêts manquent. Toutes les
autres peuplades de l’ile le pratiquent encore à l’occasion, c’est-à-dire
toutes les fois qu'elles ont à leur disposition un bois encore vierge sur
un terrain frais, circonstances qui se reproduisent de plus en plus
rarement. Le tavy est une coutume ancestrale chez tous les malgaches
et n'a cessé et ne cessera que faute de forêts. C’est la première phase
de la culture, et ce n’est qu’après la destruction complète de la forêt
que le malgache, poussé par la faim, se résout à labourer et à cultiver
un vrai champ.
I.A VÉGÉTATION MALGACHL
SAVOKA, OU BROUSSE DES TAVY
DISTRIBUTION
STAT
NOMS
VERNACULAIRES
GÉOOR AFRIQUE
F.r OBSERVATIONS 1
* Naslus capilatus
Kunth.
Yolotsangana
Madagascar
C.C.C. entre 100
et GOO m. d’altitude.
* Ravenala m a d a-
Fojitsy, Rave-
Autochtone
C.C.C. entreOct
gascariensisGmel.
nala.
et GOO m. d’alt.
* A framom i m an-
gustifolium Soim.
Longoza
C.C.C. dans les
endroits fertiles
entre* 0 et 600 ml
d'altitude.
* Haronga tnadagas-
cariensix Clioisy.
Harongana
, —
C.C.C. entre 5(
et 800 m. d'altitude
’ l>siadia dodonaeae-
folia Steel/..
Dingadingana
—
C.C.C. entre 50(
et 800 m. d'alt.
* Solarium auricu-
latuin Ait.
Sévabé
Cosmopolite
C.C.C. Importe
récemment ; entre
400 et 1.400 m.
'Arundo madagas-
riensis Kunth.
Fantaka
Autochtone
C . partout.
Dianella ensi folia
Yoamasonomby
Seychelles
C.C. entre 200 e
Red .
Asie tropicale
Polynésie
1 .000 m. d'altitude
lluljtis rosaefolius
San .
Yoaroimbazaha
Cosmopolite
C.C. entre 200 e
1.000 m.
E mil i a amplexicau-
lis Bak.
9
Autochtone
C.C. entre .'100 e
1 .000 m.
Pleris aquilina Lin.
Cosmopolite
C.C. entre 50
1.400 m .
Tristemma virusa-
Voatrotroka
Madagascar
C.C. entre 0 e
nuin Juss.
Comores
Maurice
1.400 m. Subrude
raie dans File.
Cassia laevigala
Will.
Tainakoho
Cosmopolite
C.C. entre 400 e
1 . 400 m.
Psidium Guajava
Goavy
cultivé
C.C. partout.
Mussaenda arcuala
Poir.
Clitoria lasciva Bojer
Tsikirity
Autochtone
A. r. au-dessu
de 200 m.
A. r.
Cil rus divers
Voangy
cultives
C.
/ Pteris, 2 Dombeya,
1 Psiadia, î Maca-
Autochtones
A. r. et exce|
tionnels.
ranga Lèn 1(
I,A HROUSSE DES TAVV, 01 SAVOKA
33
Les espèces marquées d'un astérique sont celles qui prédo-
minent, à certaines altitudes, sur certains terrains celles
dont les noms servent à désigner, parmi les indigènes, les
diverses variétés de savoka. Elles forment le fond de cette
Formation ; et les autres espèces sont perdues et à peine
visibles au milieu d innombrables individus de ces espèces
dominantes. A cette liste nous pourrions joindre encore une
Savoka à liaveiiula , disparaissant devant la prairie et les leux.
Environs de Mananjary (Est).
centaine d’espèces plus ou moins passagères, plus ou moins
accessoires, provenant les unes de la forêt voisine, les autres
de la Formation des plantes rudérales et des champs cultivés.
C’est encore peu pour les surfaces, plus de i millions d’hec-
tares de superficie, que recouvre la brousse des tavv.
La pauvreté en espèces de cette Formation est singulière.
Les causes en sont bien plus complexes que dans la Formation
précédente, où la rareté des types n’est qu’une conséquence
manifeste des feux. Ces causes sont générales pour
l’ensemble de la Formation, ou particulières et spéciales à
34
LA VEGETATION MALGACHE
chacune des espèces de savoka. Les causes générales sont :
1° La destruction brutale et soudaine de l’association si
complexe, si délicate, qu’est la forêt malgache, et l’impossi-
bilité, pour la grande majorité des espèces silvestres, de vivre
dans les conditions nouvelles ;
2° L absence d ombrage et d'humus (vite brûlé par le soleil
et enlevé par les pluies) qui empêche les graines restées dans
le sol, et qui ont échappé au feu. de germer et de croître ;
Un tavy dans l'Ouest, sur foret des sols alluvionnaires.
Namoroka (Ambongo).
3° L’étoutl’ement rapide des rares espèces silvestres qui
ont pu germer malgré tout par les espèces prépondérantes
des savoka, plus aptes à vivre dans les conditions nouvelles.
Les causes particulières sont très variées, mais, pour bien
les exposer, il est nécessaire d'esquisser, à grands traits,
l'histoire particulière de chacune des espèces dominantes de
la Formation.
Nastus capitatus Kunth. — Ce léger bambou, qui seul agré-
mente un peu cette brousse monotone des tavy, n'existe guère
LA BROUSSE DES TAVY, Ol SAVOKA
dans la forêt. Ün ne l’y voit que dans les éclaircies acciden-
telles, les ravins et les bois très clairs, c'est-à-dire dans les
seuls endroits où les espèces concurrentes, momentanément
détruites ou gênées dans leur croissance par une cause qu el
conque, 1 ont laissé se développer. Il résiste au feu grâce à ses
longs rhizomes souterrains. Aussi, lorsque les flammes l’ont
débarrassé des espèces gênantes, lorsque la forêt a été détruite,
on le voit s'emparer rapidement de tous les espaces vacants
Un tavy dans la région Est.
et s'y multiplier avec une telle abondance que peu de plantes
peuvent y vivre en même temps que lui.
Ravenala madagascariensis Gmel. — Estégalementraredans
la forêt autochtone. Pour fructifier, il est forcé d'amener sa tète
jusqu'au faîte de la futaie, et sa croissance est plutôt lente.
Ses graines ont besoin de lumière pour germer. Très sensibles
à l'action de l’air, qui leur fait perdre rapidement leurs facultés
germinatives, elles se conservent, au contraire, presque indé-
finiment, et sans germer, dans l'humus, tant que cet humus
est placé sous l’ombre épaisse de la futaie. Mais qu un acci-
LA VÉGÉTATION MALGACHE
3 G
dent quelconque, la chute d'un arbre, un éboulement ou la
destruction de la forêt, viennent détruire cet ombrage, et
toutes les graines enfouies dans le sol lèveront à la fois en
quantité prodigieuse, même dans les endroits où le Ravenala
ne paraissait pas exister. 11 forme ainsi, sur l'emplacement
Un tavy dans la région Est.
des tavy. des peuplements aussi denses, aussi exclusifs que
ceux du Xastus capitatus. Le Iiavenala, en outre, fructifie
beaucoup plus vite dans les lieux découverts que dans les
bois : et ces circonstances diverses en font une des espèces
prépondérantes des savoka de 1 Est. Gomme cette plante est
monumentale, tous les voyageurs qui ont passé sur la côte
Est ont remarqué son abondance et ont décrit une « zone à
Ravenala » qui n’est en réalité qu'une zone de forêts
détruites.
I, A BROUSSE DES TAVV. 01 SAVOKA
Aframomurn angustifoliurn Sonn. et Dianella ensi folia Red.
— Ont beaucoup de points communs aA^ec le Ravenala. Comme
cette Musacée, ils sont assez rares dans les bois, et localisés
dans les endroits un peu découverts, ravins ou bords des ruis-
seaux. Leursgraines se comportent de même. En outre, ces deux
plantes se propagent abondamment par leurs rhizomes, comme
Naslus capitatus. Aussi ces deux espèces sont-elles très
Un tavy sur les concessions forestières de la Compagnie de la Grande Ile,
près de Périnet, sur le chemin de fer de Tananarive à Tamatave.
abondantes et très communes dans toute la Formation des
tavy.
Haronga maclagascariensis Choisv. — Cet arbuste ou petit
arbre, dans les conditions naturelles, est localisé près des
marais, qui sont rarement boisés à Madagascar. Il produit
d’énormes quantités de graines, et cela dès la troisième année.
Sa prédilection pour les lieux découverts, 1 abondance de ses
graines et sa rapidité de croissance suffisent amplement à
expliquer l’abondance de cette espèce dans le savoka.
Psiadia dodonaeae folia Steetz. — Devait être localisé,
avant la destruction des bois, sur les collines arides ou dans les
LA VÉGÉTATION MALGACHE
38
rocailles. Comme il produit des graines en quantité immense,
que sa croissance est très rapide, et que ses graines sont
emportées partout par les vents, il s'empare naturellement
très vite de tous les espaces libres qu il peut trouver dans sa
zone de prédilection, c'est-à-dire entre 300 et 1.400 mètres
d'altitude. Il y est souvent remplacé, au bout de quelques
années, par Haronga madagascaricnsis et Solanum auricu-
la/um, espèces plus durables.
Tavy. sur les concessions forestières de la Compagnie de la Grande Ile. aux
environs de Périnet, sur le chemin de Tananarive à Tamatave. Cette photo-
graphie, comme la précédente, montre comment les Compagnies possédant
des concessions forestières détruisent les forêts les mieux placées pour être
exploitées.
Solanum auriculatum Ait. et Rubus rosaefolius Sm. —
Espèces naturalisées, envahissantes au premier chef, qui n'au-
raient pourtant pas pu trouver place parmi les Formations
autochtones, mais auxquelles les tavy ont peimisde se multi-
plier énormément. Leurs graines sont surtout disséminées
par les oiseaux.
Cassia laeoigata Willd. — De même origine, est surtout
disséminé par l'homme.
LA BROUSSE DES TAVY, 01 SAVOKA
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Psidium Guajava Lèn. — Le goyavier vulgaire, si abondant
parfois, s est multiplié dans le savoka grâce à l’homme, aux
oiseaux et aux sangliers. Les Ci/rus ont une histoire identique.
Les autres espèces des tavy sont toutes des espèces indigènes,
très localisées dans les Formations autochtones, mais
auxquelles la suppression de la concurrence vitale a permis
de se multiplier énormément, après la destruction des bois.
Pleris aquilina Lèn. — Mérite une mention spéciale. Cette
Savoka à dingadinga ( Psiadia dodonaeae folia) à Ambatovola (Est).
plante, pas plus que dans la prairie, ne produit de sores dans
la brousse des tavy. bile n'en produit qu'en forêt. Mais ses
spores sont emportées par les vents à des distances énormes,
et, trouvant, dans le savoka, un terrain qui lui convient, elle
s’y multiplie beaucoup, grâce à ses tiges souterraines.
En résumé, la brousse des tavy est constituée entièrement
par des espèces d'origines diverses, mais toutes aptes à vivre
et à se multiplier dans les endroits découverts. La dénudation,
l érosion de l humus, la suppression de la concurrence vitale,
le déboisement en un mot, remplissent ici le même rôle que
le feu dans la prairie. Ces causes ont sélectionné, c’est-à-dire
40
I.A VÉGÉTATION MALGACHK
choisi, parmi les plantes autochtones ou naturalisées, les
quelques espèces aptes à vivre dans les nouvelles conditions,
et elles n'ont permis qu’à ces espèces, à l'exclusion de toute
autre, de s emparer des surfaces déboisées. Ces circonstances
expliquent le petit nombre de ces espèces, en regard de la
multitude des individus qui les représentent, caractère qui
permet, ainsi que nous 1 avons dit, de distinguer immédia-
tement les Formations de la végétation modifiée de celles de
la végétation autochtone.
Savoka à sévabé ( Solanvm auriculaium aux environs d’Analaruazaotra
vers 800 m. ait.
C’est encore ce même caractère qui nous a permis de distin-
guer entre elles deux sortes de brousse érieoide que leur
aspect similaire nous avait fait jadis confondre. L’une, que
nous appellerons « savoka à Pbilippia », remplace subitement
la forêt incendiée dans certains endroits où les bois et
broussailles autochtones brûlent par grandes surfaces à la
fois, notamment dans le Sud-Est. près de la mer, et dans le
Centre, au-dessus de 1.200 m. d’altitude. Ces « savoka à
Pbilippia » durent peu d’ailleurs, flambent vite et sont
l.A lî HOUSSE DES TAYV, OU SAVOKA
bientôt remplacés par la prairie habituelle. Comme les autres
Formations de la végétation modifiée, celle-ci n'est constituée
que par quelques espèces, Philippin ou Helichrysum. La
brousse éricoïde des altitudes supérieures à 2.000 m.. Forma-
tion dont il sera question plus loin, et qui lui ressemble
beaucoup d'aspect, est au contraire très riche en espèces et a
tous les caractères des autres Formations autochtones,
La brousse des tavv couvre environ dans l île quatre
Savoka à Philippia, aux environs de Moramanga, vers sou m. ait.
millions d’hectares. Sauf quelques milliers d'hectares dans le
Sambirano, tous les savoka se trouvent dans l'Est. Cette
Formation, en effet, n'existe que sous les climats humides, où
le feu et la prairie ne peuvent s’emparer immédiatement des
surlaces déboisées par les tavv. Aussi est-ce un mode de
végétation transitoire ', qu’aucune action durable et répétée
1. Les espèces autochtones des savoka ont, dans la forêt vierge, un
rôle analogue à celui du bouleau dans nos forêts de hêtres. Lorsqu’un
vide se produit dans la futaie, soit par suite de la mort d'un arbre, soit
pour toute autre cause, elles s’en emparent immédiatement, au point
d’empêcher toute autre végétation. Puis elles grandissent, et, sous leur
i2
LA VÉGÉTATION MALGACHE
ne maintient dans une forme constante, et qui devrait faire
retour à la forêt au bout de quelques siècles si le feu, qui
respecte la forêt dans ces régions, n’attaquait pas ces savoka,
et si toutes les surfaces occupées par cette Formation n’étaient
pas, par suite, destinées fatalement à devenir un jour des
prairies.
En fait, il y a peu d'exemples de savoka redevenant forêt.
Nous en avons pourtant observé quelques cas dans le
Sambirano et dans le massif de Masoala, près de Marambo.
Les forêts ainsi reformées sont facilement distinguées des
parties vierges par le petit nombre des espèces qui les consti-
tuent ', nombre beaucoup plus grand que dans la brousse des
tavy, mais bien moindre que dans les Formations vierges. Au
reste, quelques espèces naturalisées durables, telles que les
Citrus et les goyaviers, permettent de reconnaître au premier
coup d'œil toute forêt anciennement « tavée ». Mais ces
exemples sont si rares que I on peut dire qu en règle géné-
rale jamais les savoka ne font retour à la forêt.
Les exemples de savoka se changeant en prairie sont, au
contraire, excessivement nombreux. La prairie et le feu
détruisent, en effet, cette Formation de la même manière
qu'ils détruisent les bois dans l'Ouest, mais plus rapidement
encore, car les Pteris et quelques Graminées rendent la
brousse des tavv bien plus inflammable.
L utilité économique de cette brousse est nulle. Peut-être
pourrait-on y exploiter les graines de longoza, analogues à
celles des autres Amomes. Cependant les savoka valent mieux
ombrage de plus en plus clair, se développent peu à peu les arbres qui
reconstitueront la forêt. Le cycle de reconstitution est très lent et
équivaut à un véritable assolement, rendu peut-être nécessaire par la
stérilité des latérites. Les plantes des savoka sont donc précieuses au
point de vue forestier; et certaines d’entre elles permettront peut-être
de reconstituer la forêt sur des latérites dénudées.
1. Ce fait semble indiquer que l’exploitation détruira l'hétérogénéité
de la futaie, ce grave défaut de la forêt malgache au point de vue
forestier. Il permet d'entrevoir la possibilité de changer la futaie
actuelle en futaie homogène, constituée par une ou plusieurs essences
déterminées.
f.A liltOl SSE DES TAVY. ül SAVOKA
43
au point de vue cultural que la prairie. Les arbres y poussent,
ce qui est précieux pour les cultures tropicales qui demandent
de l’ombrage ; et les feux annuels n'en ont pas encore stéri-
lisé complètement le sol. La meilleure manière d'utiliser la
brousse des tavy serait de la reboiser, mais ce reboisement,
bien que moins problématique ici que sur la prairie, exigera
une somme autrement grande d’efforts, d'argent et de temps
Savoka à Philippia sur la lisière d’une forêt brûlée, aux environs
de Mananjary.
que celle qui a été nécessaire pour priver ces surfaces des
belles forêts qui les couvraient jadis.
L’Administration fait en ce moment-ci quelques efforts pour
arriver à la suppression des tavy. Elle n'a pas pu encore
obtenir ce résultat, et les Tanala, dans le Sud-Est, ainsi que
les Tsimihety, dans le Nord, continuent toujours à détruire
ce qui reste de la forêt. Espérons qu’on arrivera pourtant
bientôt à des résultats plus complets, car il est temps d’arrêter
cette dévastation. Plus de 4 millions d hectares de forêts ont
été détruits ainsi depuis 20 ans et ont été changés en prairies
LA VÉGÉTATION MALGACHK
ou en savoka. Et ces forêts, que les indigènes ont fait dispa-
raître surtout dans les vallées, étaient naturellement les plus
belles et les plus accessibles.
Le seul tort des tavy n'est pas seulement la destruction des
bois et l’appauvrissement du sol qui en est la conséquence
forcée, dans un pays constitué physiquement comme l'est
Madagascar. Au point de vue social, ce mode de culture a,
en outre, les plus déplorables effets. Chaque année, l indigène
qui s’y livre abandonne son champ et sa hutte pour aller
au loin en refaire d'autres. Lorsque la forêt est devenue trop
lointaine, il change même l'emplacement de son village.
Ce village n'est d'ailleurs qu'un endroit où l'Administration
l'a forcé de construire une case toute représentative, et qu il
n'habite, pour ainsi dire, jamais. Aucun progrès, ni cultural
ni moral, n'est possible dans ces conditions. Le tavy est un
mode cultural qui détruit au lieu de créer, et ne laisse après
lui. partout où il a été pratiqué, que ruine, abandon, brousse
impénétrable et inutile.
CHAPITRE IV
Les Plantes rudérales et des Champs cultivés.
Les lieux en culture permanente et les alentours des villages, non
soumis au régime des feux, sont, par suite, bien plus riches en espèces
que les prairies et les savoka. La plupart de ces espèces ont été intro-
duites, volontairement ou non, par l'homme ; quelques-unes cependant
sont des espèces autochtones qui se sont réfugiées sur ces stations et
s’y sont adaptées à des conditions nouvelles. Lorsque le feu cessera son
action sur la Prairie, toutes ces espèces l’envahiront et constitueront
une flore nouvelle n'ayant presque plus rien de commun avec l’an-
cienne. Quelques rares espèces introduites pénètrent parmi les forma-
tions autochtones non vierges, mais ne s’y maintiendraient sans doute
pas si l’homme venait à disparaître de l'île. Moins ubiquistes que les
espèces de la Prairie, celles de celte Formation ne sont pas communes
à toutes les régions de File ; chacune de ces régions possède en propre
quelques espèces.
Les décombres, les alentours des habitations et des villages,
les jardins et les champs cultivés, les vieux murs, les haies
et les routes constituent un ensemble de localités placé dans des
conditions tout autres que les surfaces que couvrent les savoka
et la prairie. En effet, en tous ces endroits, les feux de
brousse ne font pas sentir leur action, et la végétation autoch-
tone a été détruite depuis longtemps. En d’autres termes, le
feu n’y limite plus fatalement le nombre des espèces, et ce
stat constitue un terrain très propice pour l'introduction de
plantes nouvelles, un espace vide qui ne demande qu’à se
peupler.
Aussi cette Formation est-elle la plus riche en espèces de
toutes les Formations de la végétation modifiée, malgré sa
localisation très restreinte ? La grande ma jorité de ces espèces
sont des plantes introduites, volontairement ou involontaire-
ment, par l’homme, puis naturalisées. Leur nombre s'accroît
même de jour en jour ; et nombreuses sont les acquisitions
16
LA VÉGÉTATION MALGACHE
que nous avons vues faites ainsi par la flore malgache, depuis
les quelque vingt ans que nous essayons de l’étudier. Ces
nouvelles recrues sont d'origines très diverses ; elles viennent
de tous les points du globe : les unes se sont échappées des
cultures et des jardins, et les autres, qui sont, pour la plu-
part, de mauvaises herbes tropicales, ont été apportées par
hasard dans un sac de graines alimentaires, ou dans une balle
de foin, ou sur un ballot de marchandises.
Psiadia dodonaeaefolia et rosier, dans une haie, près d'Antsirabe, à
1.500 m. d altitude (Centre). Exemple d'espèce autochtone conservée par les
indigènes.
Les autres espèces de la Formation sont des autochtones,
qui ont échappé à la destruction complète en se réfugiant sur
ces stations. Les différents moyens qu elles ont alors employés
pour se plier aux conditions nouvelles sont intéressants à
étudier. Les unes, généralement utiles par quelques-uns de
leur caractère, ont été directement conservées par 1 homme ;
d autres ont envahi les haies, les vieux murs et les talus des
routes, comme le font parfois en France les espèces des bois
LES PLANTES RL' DERA LES ET DES CHAMPS CULTIVES T/
et des rocailles. D'autres, surtout annuelles, se répandent dans
les champs cultivés, et s'y multiplient énormément, parais-
sant mieux s’y plaire que dans leur station d’origine. D’autres
enfin mutent légèrement et s'adaptent franchement aux condi-
tions nouvelles.
Toutes ces espèces, sauf celles qui sont essentiellement
rudérales, semblent n'être localisées dans cette Formation que
d'une manière toute provisoire. Elles y sont comme mainte-
nues, refoulées par les feux. Mais que le feu. pour une cause
ou une autre, vienne à cesser son action sur une parcelle de
prairie, et toutes ces plantes l’envahissent k l'envie. Les
espèces de la Prairie, lorsqu'elles ne sont plus protégées par
les feux, disparaissent, en effet, lentement devant elles. Dans
l'ensemble, en un mot, cette Formation, où la nature a repris
une partie de ses droits, semble être un champ d’essai, un
laboratoire où s’élabore lentement une flore nouvelle, destinée
k s'emparer des espaces que couvre actuellement la Prairie,
le jour où cette Formation échappera au régime des feux.
Et lorsque, dans quelques siècles, toutes les Formations
autochtones auront été détruites, quand la suppression des
feux, suite probable de l’extension des cultures et de l'éle-
vage, aura rendu k la vie normale toutes les surfaces occu-
pées parla prairie actuelle, cette nouvelle flore, accrue encore
d'éléments nouveaux, régnera probablement sur tout le terri-
toire malgache. 11 sera difficile alors de retrouver les affinités
de la flore malgache ainsi modifiée, ou les causes d’ordre géo-
logique qui ont pu influer sur sa constitution. Et pourtant
ne sera-t-elle pas alors dans un état identique à celui sous
lequel se montrent à nos veux les flores de Maurice, de la
Réunion, des Seychelles, et, en général, de tous les pays tro-
picaux surpeuplés ?
Nous avons cité plus haut quelques exemples de plantes
récemment naturalisées ( Solarium auriculaturn, liubus rosae-
folius, goyavier) envahissant la brousse des tavy. La plupart
des espèces de la Prairie n'ont probablement pas une autre
origine. Sonchus oleraceus , sur les plateaux calcaires de
1 Ouest, Cynodon Daclylon et Setaria ylauca, dans le Centre,
LA VÉGÉTATION MALGACHE
pénètrent aussi maintenant dans la prairie, malgré les feux.
Quelques-unes de ces espèces étrangères s’introduisent même
dans les Formations autochtones plus ou moins modifiées, où
elles luttent avantageusement contre les anciennes espèces.
Ce sont surtout le manguier, le citronnier, diverses variétés
d eCitrus medica, d’ailleurs peut-être indigènes, Opuntia Dille-
nii Ilaw., Jalropha Curcas , Scrjania curassavica Radlk., et
Dodomiea madagascariensis. Exemple d'espèce autochtone utile conservée
par les indigènes Antsirabe, 1.500 m. ait. Centre). Utilisation : Les feuilles
servent à nourrir le ver à soie malgache.
Argemone mexicana. Le manguier ne se reproduit guère, dans les
bois de l'Ouest, que près des routes et des endroits peuplés,
mais le citronnier, dans la même région, existe dans des forêts
presque vierges. Il y a été vraisemblablement introduit par les
chercheurs de caoutchouc, qui emploient son fruit pour coaguler
le latex des Landolphia; et, comme il croit, sous ce climat, sur-
tout aubord des ruisseaux, les crues, en emportant son fruit au
loin, en ont répandu abondamment l espèce. Opuntia Dillenii
s’est emparé des alluvions riveraines des fleuves de l’Extrême-
LES PLANTES KUDÉRALES ET DES CHAMPS CULTIVÉS
49
Sud, où il dispute à la brousse autochtone des surfaces modi-
fiées par les crues ou de très anciennes cultures. Jatropha
Curcas et Serjania curassavica envahissent, dans l'Ouest, tous
les bois frais du même stat, où les grandes crues de l'hivernage
surtout disséminent leurs graines. Quant à Arc/ernone mexi-
cana, elle semble avoir trouvé une seconde patrie sur les
Henonia scoparia, dans un jardin à Tananarive. Exemple d’espèce autoch-
tone utile en voie de disparition, conservée par les indigènes. L'Henonia est
utilisé en pharmacopée indigène et planté aussi comme plante d’agrément.
dunes de presque toutes les côtes de l île. Ces espèces seules,
et peut-être aussi Psidium Guajava et Acacia Lebbeck ,
persisteraient probablement si l'homme venait à disparaître
de l'ile. Les autres espèces introduites, qui semblent mainte-
nant appelées à s’emparer de Madagascar tout entier, ne se
LA VEGETATION MALGACHE
oO
multiplient pas, en somme, en dehors de la protection directe
ou indirecte de l'homme ; et si la cause qui les rend prépon-
dérantes venait à disparaître, elles disparaîtraient sans doute
totalement avec elle. Ce retour à la végétation primitive serait
toutefois très lent. Il faudrait des siècles aux latérites de l'Est
pour qu’elles se recouvrent à nouveau d'humus et de foret,
et bien plus de temps encore à celles soumises à une saison
sèche. Le reboisement naturel de ces dernières restera d’ail-
leurs toujours problématique, même sous la condition radi-
cale de la suppression de l'homme.
Malgré le très grand nombre d espèces étrangères, mainte-
nant naturalisées à Madagascar, aucune n'a jamais pu péné-
trer dans les formations autochtones vierges, absolument
intactes. De telles formations sont en équilibre biologique
parfait ; et, dans leurs associations végétales très fermées,
aucune espèce étrangère ne peut trouver place. Pour que l'in-
troduction d'une nouvelle espèce y soit possible, il faut que
cet équilibre soit détruit, que cette végétation autochtone
soit plus ou moins modifiée par les feux, les défrichements,
les cultures; et c'est seulement à la place des espèces natives
détruites que peuvent croître et prospérer des espèces étran-
gères. Aussi à l'encontre de Darwin dirons-nous volontiers
que, à l’état de nature, en dehors de l'action de l'homme et
de certains phénomènes géologiques, causes qui peuvent créer
des associations ouvertes, aucune nouvelle espèce ne peut
être introduite dans une contrée ayant conservé intacte sa
végétation native. Pour nous, un grand nombre d'espèces
naturalisées dans un pays est une preuve formelle que la végé-
tation native y a été détruite sur de vastes surfaces.
t. Darwin, en etTet, dit Origines des espèces chap. 3, XYI que le
nombre des espèces que peut acquérir une contrée est illimité, et il
cite, à l'appui de sa thèse, l'introduction d'une foule d’espèces étran-
gères dans l'Afrique du Sud, dont la flore est déjà excessivement riche.
C’est peut-être exact au point de vue statistique, les espèces natives
avant pu persister dans certaines localités, mais il n'en est pas moins
vrai que les espèces étrangères n'ont envahi que les surfaces où les
espèces natives avaient été détruites, et, sur ces surfaces , appelées par
le fait de l'homme à s'étendre de plus en plus, le nombre des espèces
ne s'est pas accru, bien au contraire.
LES PLANTES Rl’DÉRALES ET DES CHAMPS CULTIVÉS 51
Bien que la caractéristique générale de toutes les espèces
de la Formation des plantes rudérales et des champs cultivés
soit une grande souplesse vis-à-vis des conditions de milieu,
on observe néanmoins, dans l’ensemble de cette formation,
une plus grande sensibilité aux changements des conditions
climatiques que dans le reste de la flore modifiée. Les espèces
de ce stat ne sont pas toujours communes aux trois régions
principales de l'ile. Beaucoup d’espèces de l’Est ne se retrouvent
pas dans l’Ouest, et chaque région possède des espèces en
propre. Mais ceci n’est probablement qu’une simple consé-
quence de la plus grande richesse en espèces.
Il eût été intéressant de dresser la liste complète de toutes
les espèces de cette Formation, en ajoutant à chacune d’elles
ce que l'on sait de son histoire, de son origine probable et
de ses moyens de lutte et de dissémination. Malheureusement
beaucoup de données nous manquent encore sur la question,
et le sujet nous parait assez important pour devoir être
traité avec quelques détails. Par suite, il sortirait des cadres de
cette étude L
1. Baron a d’ailleurs publié une liste des plantes introduites à Mada-
gascar.
CHAPITRE V
La Mangrove et les Plantes maritimes.
Ces Formations sont bien autochtones, mais îles conditions de milieu
très spéciales y limitent le nombre des espèces, comme dans les For-
mations modifiées par l'homme. Elles sont très nettement délimitées. La
Formation des plantes maritimes ne comprend que des espèces littorales
halophiles, communes à toutes les côtes de File ; celle de la Mangrove
ne comprend que des espèces adaptées par des moyens divers aux
inondations périodiques de la marée. La Mangrove a quelque impor-
tance économique, grâce surtout à ses arbres à tanin.
Avant de passer à l'étude de la flore autochtone, nous
étudierons à part la Formation des plantes littorales mari-
times et la Mangrove, qui sont, pour ainsi dire, inter-
médiaires entre la végétation autochtone et la végétation
modifiée. Elles appartiennent bien à la première, en ce sens
que la nature seule a contribué à leur création et qu'on ne
peut guère refuser l indigénat à la plupart des espèces qui
les constituent, mais elles ont aussi de grandes analogies
biologiques avec la seconde, puisque ces espèces ont été néan-
moins importées par les flots et que le sel, jouant ici le rôle
du feu dans la Prairie, y limite encore le nombre des espèces,
en empêchant toutes plantes non adaptées d’y prospérer. Aussi
retrouverons-nous dans ces formations le caractère typique de
la Prairie, c’est-à-dire un petit nombre d'espèces représentées
par un nombre relativement très grand d'individus.
Les limites de ces Formations, par rapport au reste de la flore
malgache, sont d'ailleurs excessivement nettes. On ne trouve
pas dans l’île, en effet, au voisinage de la mer, les nombreuses
mutations ou variations maritimes que l’on observe, par
exemple, aux abords des rivages méditerranéens h Les espèces
1. Nous n’avons observé que deux espèces présentant des formes
maritimes : un Vernonia et Asyslasia yangelica. Toutes deux sont peu
constantes et très répandues dans l ile.
GA MANGROVE ET LES PLANTES MARITIMES
maritimes malgaches, communes à presque tous les rivages
du canal de Mozambique et de l'Océan Indien, disparaissent
brusquement du côté de la terre, et l'on ne trouve nulle part
la moindre trace d’adaptation des espèces terrestres à un
Viscum sp., parasite sur un arbre de la mangrove.
milieu plus ou moins salé, ou vice versa. Ce fait, que nous ne
sommes pas parvenu à nous expliquer d'une manière satis-
laisante, est d autant plus frappant que de grands espaces,
qui sont trop salés pour que les espèces terrestres puissent
s y développer, mais qui ne le sont pas assez pour convenir
aux espèces maritimes, restent souvent totalement dénudés
entre les sols franchement salés et ceux qui ne le sont pas
du tout.
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Les plantes maritimes semblent être indifférentes aux
A’ariations climatiques ; et ce sont, en somme, les mêmes
espèces que I on retrouve au Nord comme au Sud, à l'Est
comme à l'Ouest. Elles poussent, les unes sur des terrains
salés, non inondés par les marées, les autres sur des sols
recouverts au contraire à chaque flux par des eaux salées ou
plus ou moins saumâtres. Nous diviserons en conséquence ces
plantes en deux Formations, très nettement limitées entre elles
et n'ayant presque aucun caractère botanique de commun. La
première de ces Formations sera celle « des bords de la mer »
et la deuxième celle « de la Mangrove ».
Nous ne comprenons dans la Formation des bords de la mer
que les espèces nettement halophiles, les autres plantes lit-
torales devant prendre place parmi les Formationsautochtones.
Voici une liste des espèces les plus habituelles :
Suriana maritima L.
Coluhrina asiatica Brongn.
Canavalia oblusifolia DG.
Sophora tomentosa L.
Terminalia Catappa L.
Barringtonia Butonica Forst.
Scaevola Koenigii Yahl.
Scaevola Lohelia Murr.
Microstephanus cornu us
N. R. Br.
Cressa cretica L.
Salicornia polystachys Range
— fruticosa L.
Salsola littoralis Moq.
Arthrocnemum indicum Moq.
Cyperus maritimus Poir.
Casuarina equisetifolia Lèn.
Ipomea Pes-caprae Roth.
Atriplex sp.
Toutes ces espèces sont répandues sur tous les rh’ages des
mers qui baignent l'ile. Aucune n'est essentiellement mal-
gache. Cressa cretica et Ipomea Pes-caprae se trouvent parfois
dans l'intérieur, dans les endroits où existe du sel pour une
cause quelconque. Elles sont un indice très sûr de la présence
de chlorure de sodium dans le sol.
Les espèces de la Mangrove sont bien connues. En
voici la liste presque complète :
* Bkizopliora mucronata Lamk.
* Ceriops Boiviniana Tul.
LA MANC.ROVK LT LES PLANTES MARITIMES
* Bruguiera gymnorliiza Lam.
* Sonneratia alita Sm.
* Avicennia nfficinalis L.
* Carapa ohovata Bl.
Fimbristylis sp.
Viscum sp. (sur Sonneratia)
Avicennia officinalis et ses racines à géotropisme négatif (pnenmatoplores).
Mangrove, près de Soalala, Ouest.
Thespesia populnea Con.
Heritiera littoralis Ait.
Derris uliginosa Benth.
Lumnitzera racemosa Willd.
Les espèces marquées d'un astérisque sont celles qui con-
stituent seules la vraie Mangrove ; les autres croissent plutôt
sur ses lisières. Ceriops Boiviniana est la seule espèce autoch-
tone ; les autres se retrouvent sur tous les rivages du Canal
de Mozambique ou de l’Océan Indien.
Les condilions biologiques dans lesquelles vivent les espèces
:;r>
I.A VÉGÉTATION MALGACHE
de la Mangrove sont très particulières et d’ailleurs bien
connues. Le feuillage de ces arbres ou arbustes est coriace et
persistant. Us vivent dans une boue bleuâtre, exhalant, à
l'état frais, une forte odeur de bitume, très compacte, et
imperméable, submergée à chaque marée. Leurs racines,
pour pouvoir respirer dans ces milieux, ont adopté des dis-
positions toutes particulières, variant suivant les espèces. Les
unes ( Avicennia , Sonneratia , Carapa), dont les troncs restent
cylindriques jusqu’au niveau du sol, émettent sur toutes leurs
racines traçantes une quantité prodigieuse de pneuma-
tophores, radicelles simples, à géotropisme négatif, dépassant
le sol de S à 20 centimètres. Les autres émettent de longues
racines adventives ( Bhizopkùra ) ou dilatent la base de leur
tronc en une grosse masse plus ou moins anguleuse ou ailée
(. Bruguiera , Ceriops ). On pourrait croire à première vue que
ces derniers appareils ont pour but de consolider simplement
la plante ; mais ces espèces vivent toujours dans des eaux
relativement tranquilles, où la nécessité de tels moyens de
consolidation ne se fait nullement sentir. Il suffit d’ailleurs
d'empêcher l’air d’arriver à ces appareils, pour faire mourir la
plante aussitôt L
Les moyens de dissémination de ces espèces sont aussi
variés. Les unes ( Bruguiera , Ceriops , Bhizophora ) ont des
fruits qui germent sur les branches qui les portent. Leur
grosse radicule se développe, atteint une certaine grosseur,
puis la jeune plantule se détache et vient se piquer, telle une
flèche, dans la boue au pied de l'arbre. Les autres ( Sonneratia ,
Avicennia , Carapa) laissent tomber leur graines mûres dans
1. Des appareils respiratoires tout semblables existent aussi sur cer-
taines plantes vivant dans les marais de l’intérieur. Raphia Rufjia, Orchi-
peda Thouarsii et beaucoup d’espèces de Ludwigia ont des pneumato-
phores constitués par des radicelles à géotropisme négatif. Les racines
adventives des Pandanus et de certains Uapaca sont même, selon nous,
des appareils de signification analogue, chez celles de leurs espèces qui
sont palustres tout au moins. Chez les espèces humicoles de ces genres,
cette disposition permet à la plante de n’avoir de racines que dans la
couche très mince d’humus qui recouvre la latérite.
I
LA MANGROVE ET LES PLANTES MARITIMES
o 7
les eaux, où elles flottent, et le flux et le reflux les promènent
jusqu'à ce qu elles aient trouvé un coin favorable pour germer.
Le mode de dissémination n'est donc pas le même chez les
espèces à radicelles à géotropisme négatif et chez les espèces
à racines adventives, et ce fait nous semble digne de
remarque.
Autre coin de la Mangrove, avec les mêmes racines à géotropisme négatif.
Les espèces de la Mangrove ne se développent bien que
sur les boues des estuaires, où les marées se font sentir avec
de grandes amplitudes. Aussi cette Formation couvre-t-elle des
espaces bien plus étendus sur la côte Ouest que sur la côte
Est. En effet, les rivages sont bien plus découpés, les marées
beaucoup plus fortes, les côtes en général plus basses sur les
rives du canal de Mozambique que sur celles de l'Océan
Indien. Sur la côte orientale de l'ile, les lagunes, pourtant si
développées, sont toujours séparées de la mer par une dune
littorale continue, que franchissent rarement les eaux salées.
Aussi les eaux des lagunes sont-elles généralement douces,
ou à peine saumâtres, et les espèces de la Mangrove, par
LA VÉGÉTATION MALGACHE
o 8
suite, ne s'y développent pas. Leur végétation est d’ailleurs
nettement dulcaquicole.
La formation de la Mangrove, qui couvre environ 400.000
hectares dans l'ile, est intéressante au point de vue écono-
mique. C’est d’abord une réserve importante de bois à brûler,
précieux dans un pays où le bois manque souvent, et admi-
rablement placée pour être exploitée. En outre, les écorces de
Rhizophora mucronata ont fait l'objet d'un grand commerce
d'exportation en ces dernières années, en tant que matière
tannante. Les peuplements de cette essence sont à peu près
maintenant détruits en totalité, mais cette espèce a une crois-
sance rapide, sa dissémination est abondante, et ces peuple-
ments se reformeront bien vite, si l'on prend soin de garder
de loin en loin quelques pieds adultes pour la reproduction.
Ceriops Boiviniana et Bruguiera gymnorhiza sontégalement
riches en tannin.
Une autre production économique de la Mangrove est la soie
du landibé ( Borocera madagascariensis) dont la chenille se
développe sur les Avicennia. Cette soie fait l'objet d’un
commerce assez important entre les indigènes. On trouve
aussi sur les Avicennia, en assez grande quantité, une laque
de Gascardia ( lokombitsika ), substance peut-être susceptible
d'être employée par l'industrie.
DEUXIEME
PARTIE
LA VÉGÉTATION AUTOCHTONE
CHAPITRE VI
Généralités.
Si la végétation modifiée a pour cause directe l'action de l'homme,
quelle était donc la végétation primitive qui couvrait jadis les immenses
surfaces que les Savoka et la Prairie recouvrent maintenant ? Les
savoka, de toute évidence, sont d’anciennes forêts détruites. Des
espèces disjointes, des témoins isolés, la très grande richesse en espèces
de ces terrains, des exemples actuels, très nombreux, de leur transfor-
mation et de leur destruction rapide, prouvent tout aussi nettement que
les surfaces recouvertes aujourd'hui par la Prairie l'étaient jadis par
une végétation silvestre. Les caractéristiques de cette végétation autoch-
tone sont surtout une très grande richesse en espèces, la grande fixité
de ces espèces et des associations toujours excessivement complexes.
Elle a deux faciès très différents, un faciès à feuillages persistant et un
faciès à feuillage caduc, correspondant chacun à deux flores très diffé-
rentes : la Flore du Vent et la Flore sous le Vent. La première couvrait
toutes les surfaces balayées par l'alizé humide; l'autre, toutes celles
où ce vent est nul et desséché. Très peu d'espèces sont communes à
ces deux flores.
Nous avons montré successivement comment la Prairie ne
devait son existence qu’à l’action répétée des feux, et com-
ment les Savoka, ce mode de végétation transitoire entre la
prairie et la forêt, étaient plus directement encore une consé-
quence de Faction humaine. Mais, si les savoka et la prairie
ne sont dus qu'à ces causes, quelle végétation couvrait donc,
avant l’arrivée de l’homme dans l île, les immenses surfaces
qu’occupent aujourd’hui ces deux Formations ?
Pour les savoka, la réponse à cette question ne saurait
1)0
LA VÉGÉTATION MALGACHE
être douteuse. Les phases de la destruction des bois et
leur transformation en tavy, puis en savoka, que l’on peut
voir encore s'accomplir sous nos yeux, les caractères bota-
niques de la végétation, les troncs carbonisés encore debout,
tout prouve de la façon la plus évidente, que les surfaces
occupées aujourd'hui par la brousse des tavy étaient recou-
vertes, à une date récente, par la même forêt que l'on observe
encore aux environs en lambeaux disjoints.
Sur le versant Est, la même certitude s’impose tout aussi
bien pour la Prairie. Il est encore facile de trouver, dans les
parties les plus riches de cette région, des exemples de prai-
ries s'emparant directement des surfaces boisées et succédant
sans transition à une forêt qu’un tavy vient de détruire.
Ailleurs, pour peu que l'on puisse observer pendant quelque
temps les rapports mutuels des savoka, de la prairie et des
feux, l'on voit d une manière aussi manifeste la prairie s’é-
tendre petit à petit aux dépens des savoka, qui ne sont eux-
mêmes que d'anciennes forêts détruites. Tout ceci est d’ail-
leurs corroboré par de nombreuses espèces disjointes, appar-
tenant à la flore forestière, que l’on retrouve çà et là au
milieu des prairies, dans les endroits (ravins ou rocailles)
qu’un obstacle naturel a soustraits plus ou moins à l'action des
feux. Dans toute la région orientale, les prairies 1 aussi bien
que les savoka occupent donc, très sûrement, l’emplacement
de forêts plus ou moins récemment détruites.
Il est plus difficile au premier abord de se faire une idée
exacte de l'ancienne végétation qui devait recouvrir primitive-
ment le Centre et l Ouest. Cette flore ancienne y a été presque
totalement détruite, et il faut aller très loin des régions habi-
tées pour en retrouver des vestiges quelque peu étendus et
i. On observe pourtant sur le littoral quelques prairies naturelles,
c’est-à-dire ne devant rien à l'action des feux. Elles ont pour cause l’ac-
tion des vents du large et du voisinage de la mer, action dont les effets
sont analogues à ceux du sel dans les formations maritimes. En règle
générale, la Prairie, dans l'île, n’existe jamais sans une cause extérieure
perturbant les conditions normales de la vie.
«I
GÉNÉRALITÉS
pouvoir observer, encore en action, les causes qui 1 ont fait
disparaître. Il existe heureusement, dans des conditions plus
accessibles, disséminés un peu partout dans ces régions, des
ilôts de plantes autochtones, ayant persisté grâce à des abris
naturels qui les ont protégés des feux.
Ces îlots témoins, encore assez fréquents mais de plus en
plus restreints, sont uniquement constitués, comme on pou-
vait le prévoir, d’espèces disjointes. Ce sont ces espèces dis-
jointes qui nous ont servi de points de repère, et l'étude atten-
tive de ces restes de la végétation primitive nous a permis d'en-
trevoir d'abord, puis de reconstituer lentement, parcelle par
parcelle — avec l’âpre jouissance d’un géologue retrouvant
des êtres disparus — la flore merveilleuse, si intéressante et
si riche, qui couvrait jadis ces espaces aujourd'hui arides et
monotones.
La première constatation que cette étude nous amena à
faire fut que cette ancienne flore était totalement silvestre.
Par ces mots nous ne voulons pas dire que l’île tout entière
était jadis couverte de sombres forêts. Non, ces forêts étaient
localisées dans les plaines, dans les vallées, sur les plateaux et
dans certaines régions seulement. Ailleurs, c’étaient de hautes
broussailles, des arbres tortueux, avec, dans les régions plus
sèches, des îlots de plantes xérophiles. Les plantes herbacées
ou annuelles étaient nombreuses, mais toutes silvicoles, et ne
croissaient qu’à l’ombre des arbres et des arbustes. Enfin, il
n’v avait place nulle part, dans cet ensemble, pour la Prairie
ou pour des Formations analogues, sauf sur quelques vastes
marécages.
Ainsi, partout dans Pile, les prairies et les savoka ont pris
la place d une végétation plus ancienne et totalement silvestre.
aujourd'hui en grande partie disparue. C'est cette végétation
primitive, telle du moins que nous avons pu la reconstituer,
que nous appelons la « végétation autochtone ». C'est d'elle
seule dont il sera question dans les études suivantes. Com-
prises ainsi, débarrassées des éléments étrangers ou modifiées
par l’action de l'homme, la flore et la végétation malgaches
apparaissent sous un jour tout nouveau, avec des caractères
r»2
LA VÉGÉTATION MALGACHE
plus nets et des divisions un peu différentes de celles que l'on
avait admises jusqu’à présent.
Nous avons dit plus haut que le caractère le plus saillant
des Formations autochtones était leur grande richesse en
espèces, et que ce caractère permettait de distinguer immédia-
tement le moindre ilôt de plantes autochtones des Formations
modifiées environnantes. Les données suivantes permettront
de faire mieux comprendre la haute valeur de ce caractère. La
prairie, avec 125 espèces, couvre dix-sept millions d hectares ;
les savoka, avec 280 espèces, quatre millions, les plantes
rudérales ou des champs cultivés, avec 250 espèces, cent
mille. Au total, pour l’ensemble de ces Formations, G55
espèces seulement, pour 51 millions d'hectares de superficie.
Or, les Formations autochtones, qui ne recouvrent en tout que
sept millions d’hectares, possèdent en propre tout le reste de
la flore malgache, c'est-à-dire plus de 5.000 espèces.
Cette grande richesse en espèces, surtout si Ion tient
compte que les 7 8 de l’ancienne végétation ont été détruits,
est remarquable. C’est l’un des caractères les plus intéres-
sants de la flore autochtone. La végétation malgache, ainsi
que l a fait déjà remarquer Baron, varie peu dans le sens de
la longueur de l'île, c’est-à-dire du Nord au Sud. Elle varie
bien davantage de lEst à l Ouest ; et les flores des deux ver-
sants sont même si totalement différentes que nous n’hésite-
rons pas, ainsi qu’on le A’erra plus loin, à en faire deux flores
distinctes. Les climats de ces deux versants, sans doute, ne
sont guère semblables, mais la richesse en espèces, aussi
grande dans l’Ouest que dans l’Est, ne nous paraît pas être
uniquement une conséquence de la diversité des climats et de
la multiplicité des stations intermédiaires. Elle doit avoir ses
causes dans les origines mêmes de la végétation autochtone,
et c’est, pour ainsi dire, un de ses caractères constitutifs. En
effet, cette richesse est générale et peut s’observer aussi bien
dans la moindre parcelle d'une formation quelconque que dans
l’ensemble de la flore. Partout le nombre d’espèces, en pro-
portion du nombre des plantes qui constituent le tapis végé-
tal, est très grand. Le pourcentage descend rarement au-des-
G3
GÉNÉRALITÉS
sous de 30 et dépasse souvent ce chiffre 1 . Les essences
sociales ou dominantes manquent absolument, et les associa-
tions végétales y sont toujours d’une complexité extraordi-
naire.
La grande richesse en espèces de la flore autochtone et la
complexité de ces associations végétales semblent avoir une
cause commune, en dehors des variations climatiques actuelles.
Nous ne rechercherons pas ici, faute d’éléments suffisants,
quelle pourrait être cette cause, mais nous pouvons néanmoins
indiquer que ces faits nous paraissent être une conséquence de
l'antiquité de la flore et de l'ancienne étendue du continent
malgache, dont une partie a disparu sous les flots, à une
époque peut-être récente. Si cette hypothèse a quelque fonde-
ment, la flore autochtone ne serait elle-même qu’un reste,
un résumé des flores qui couvraient jadis ce continent dis-
paru.
Quoi qu'il en soit, le caractère hétérogène des Formations
natives est surtout frappant pour un botaniste herborisant
• dans l’île, car ce botaniste est souvent forcé de parcourir de
grandes étendues avant de retrouver un exemplaire d'une
espèce dont il n’a pu observer qu’un spécimen. Ce même
caractère n’est pas sans gêner aussi beaucoup les forestiers,
car la grande diversité des essences est un obstacle à l'exploi-
tation des forêts et rend impossible la livraison au commerce
d’une quantité quelque peu considérable de bois ayant des
qualités homogènes ou répondant à un type donné.
Un autre caractère moins visible, mais peut-être plus intéres-
sant encore, de la flore autochtone, est la fixité de ses espèces.
Sans doute, il y a, dans ses Formations, des espèces affines,
mais ces sous-espèces sont très fixes, distinctes par une multi-
tude de caractères, et nettement localisées sur des territoires
définis. Cette fixité des formes est évidemment une consé-
quence de l’invariabilité des conditions de milieu. Dans la
flore modifiée, où l’équilibre naturel a été rompu, les espèces
1. En d’autres termes, sur 100 plantes poussant côte à côte, il y a
toujours 30 à 40 espèces de représentées, et parfois davantage.
Ci
LA VÉGÉTATION MALGACHL
indigènes ou naturalisées sont, au contraire, souvent en voie
de variation diffuse, et cet état est poussé parfois à un point
tel que le nombre des formes différentes par quelques carac-
tères égale le nombre des individus de l'espèce considérée.
Cette différence dans l'intensité de la mutabilité des espèces,
différence résultant uniquement de la perturbation des condi-
tions de milieu, est peu visible chez les espèces indigènes des
régions de l Est et du Centre, où les formations autochtones
sont brusquement et radicalement détruites. Au contraire,
dans la région Ouest, où ces formations périssent lentement,
où l’intensité des actions combinées du vent, de la radiation,
de la sécheresse et de l'humidité, varient suivant les phases
successives du la destruction des bois, elle devient excessi-
vement nette, surtout chez les espèces très rustiques, plus ou
moins aptes à résister à l'action des feux et à ses conséquences.
Un exemple typique de ces faits est surtout fourni par les
genres Plectaneia, Mascarenhasia et Tsimatimia\ qui sont
représentés dans chaque formation vierge par une espèce
aftine spéciale, et dont toutes ces espèces affines, mais con-
stantes, entrent en voie de variation diffuse toutes les fois que
les progrès de la dénudation amènent ces plantes à la lisière
d’un bois ou les isolent dans la prairie. Les variations diffuses
de ces stats ne peuvent devenir héréditaires pour la raison
très simple qu elles ne se reproduisent plus par voie de semis,
mais l’on comprend, dès lors, combien il devient difficile de
délimiter les espèces de tels genres, surtout quand on ne peut
disposer que d’échantillons récoltés par hasard au cours d une
exploration.
Baron - a, le premier, divisé la flore malgache en trois
régions, l'Est, le Centre et l'Ouest ; et cette division, qui a le
grand mérite d être simple, a été ensuite adoptée par tous les
botanistes qui se sont occupés de la Grande Ile. Nous ne la
1. II. Jumelle et tl. Perrier de la Bathie: Les Clusiacées du Nord-
Ouest de Madagascar (Ann. Sc. Nat., 1010).
2. Baron : The Flora of Madagascar (J. L. S. Bot. London, XV,
171, 1889).
GÉNÉRALITÉS
I i O
conserverons pourtant pas, car, comprise comme nous venons
de le dire, létude de la flore autochtone nous montre de bien
plus grandes différences entre la région Ouest et les deux
autres régions que ces dernières entre elles, et ceci nous
amène à scinder en deux la flore native malgache.
Nous divisons donc l'ensemble de la flore autochtone en
deux flores, si distinctes entre elles que nous ne pouvons pas
donner d’autre nom à ces divisions. La première de ces deux
flores, que nous appelons Flore du Vent, occupe à peu près les
régions de l’Est et du Centre de Baron. La seconde, que nous
nommerons Flore sous le Vent, occupe à peu près aussi la
région Ouest. Leur limite respective passe un peu à l’ouest de
Fort-Dauphin, suit de là les contreforts occidentaux du pla-
teau central, aux environs de la cote 800, et aboutit au canal
de Mozambique, près de Maromandia, au sud de la presqu’île
d’Ampasimena. Elle reprend au nord de la presqu'île d’Am-
bato, à l’embouchure de l’Ifasy, traverse la Mahavavy (du
Nord), au nord du Mont Tsaratanana, et aboutit à l'Océan
Indien, près de Vohémar. Les territoires occupés par la Flore
sous le Vent sont donc scindés en deux portions très inégales
par la région du Sambirano et de Nossi-Bé, car nous ratta-
chons la végétation de ces régions à la Flore du Vent pour
des raisons que nous exposerons plus loin. Quelques îlots iso-
lés, sur les rares montagnes que l’on observe à l Üuest ou au
Nord de ces lignes, îlots dont le plus considérable est la Mon-
tagne d’Ambre, appartiennent en outre à la même flore. Les
limites respectives de ces deux flores ne sont nettes que dans
les endroits où s’est maintenue la végétation primitive, mais
alors elles le sont admirablement, et on est surpris du chan-
gement brusque et total de toutes les espèces.
Ces deux flores sont aussi distinctes au point de vue bota-
nique qu au point de vue végétation.
Nous les caractérisons ainsi :
FLORE DU VENT FLORE SOUS LE VENT
Futaie variable de hauteur, mais Futaie plutôt claire, à arbres,
toujours dense. Type de forêt quand il en existe, espacés.
LA VEGETATION MALGACHE
66
tropicale ou subtropicale hu-
mide.
Feuilles persistantes.
Sous-bois épais, avec plantes her-
bacées.
Mousses très abondantes.
Epiphytes très nombreux.
Fougères très abondantes.
Palmiers et Pandanus abondants.
Orchidées très abondantes, la
plupart epiphytes.
Xérophytes rares et localisés sur
rocailles dénudées.
Graminées à port de bambou.
Presque totalité des Chlaenacées.
Prédominance des Rubiacées, des
Fougères, des Palmiers, des
Mousses, des Composées, des
Mélastomacées, des Araliacées,
des Myrsinaeées, des Orchida-
cées, des Ericacées el des Pipé-
racées.
Genres spéciaux : 122.
dominant des arbustes de 4 à
10 ra.
Type de forêt tropicale sèche.
Feuilles caduques, sauf dans les
endroits humides.
Sous-bois nul, ou arbustes.
Mousses rares.
Pas d’épiphytes, ou très rares.
Fougères très rares.
Palmiers 1 el Pandanus rares.
Orchidées peu communes et ter-
restres.
Xérophytes très abondants.
Pas de Graminées à port de bam-
bou.
Quatre Chlaenacées, seulement lo-
calisées sur les contreforts de la
région centrale.
Prédominance des Légumineuses,
des Euphorbiacées, des Acan-
thacées, des Asclépiadacées,
des Méliacées, des Anonacées et
des Crassulacées.
Genres spéciaux : 98.
Comme on peut le voir par le tableau ci-dessus, les diffé-
rences énumérées sont surtout dues à la plus ou moins grande
humidité des deux climats différents. La première flore, à
faciès hvgrophvte, habite un climat plus humide; la seconde,
à faciès xérophvte, un climat plus sec. Mais il ne faut pas
croire que les territoires respectifs qu'occupaient ces flores
pourraient être déterminés par la quantité annuelle des pluies
qui les arrosent. Il n’en est rien, ou du moins il n'en est plus
1. Nous ne notons pas comme caractéristiques de la Flore sous le
Vent l’abondance des Palmiers à feuilles en éventail, remarquable pour-
tant dans certaines plaines de l’Ouest, car ces Palmiers, qui existent
aussi dans l’Est, n’y doivent évidemment leur grande dissémination
qu’aux feux et font partie, comme tels, des espèces de la flore mo-
difiée. Dans la flore autochtone, ces Palmiers passent inaperçus.
GÉNÉRALITÉS fi 7
ainsi. Mais les régions qu elles occupaient respectivement
peuvent être définies, mieux que par des limites géogra-
phiques, en quelques mots. La Flore du Vent couvrait toutes
les surfaces où l'alizé arrive encore chargé d'humidité ; et la
Flore sous le Vent couvrait toutes celles où ce vent est nul ou
arrive desséché
Mais la principale différence, celle qui nous a engagé à
séparer nettement ces flores, est surtout le très petit nombre
d'espèces qui leur sont communes 1 2. Baron a dressé une liste
assez considérable d'espèces qu’on retrouve dans ces trois
régions, ou seulement h l'Est et à l Ouest ; mais la plupart des
espèces qu’il cite sont des rudérales ou des plantes de la prai-
rie — appartenant comme telles à la flore modifiée — ou des
littorales ou des palustres — que la mer et les eaux répandent
partout — ou encore des espèces de la région du Sambirano,
qui a, comme nous le verrons, beaucoup d’affinités avec celles
de l’Est. Voici la liste des seules espèces, appartenant aux
formations autochtones non marécageuses, qui sont sûrement
communes à nos deux flores :
Albizzia fastigiata Oliv. Pentopetia androsae-
rnifolia Dcne.
Mimosa latispinosa Lamk. * Ravcnala madagasca-
riensis Gmel.
* Leva guineensis Don. * Raphia Ruffia Mart.
1. Dans le Nord, l’alizé est humide ou sec pour des raisons qu’il n’est
pas toujours facile de comprendre. Passe encore pour le Sambirano et
Nossi-Bé, ou l’humidité des vents est certainement une conséquence de
voisinage des grands massifs du Manongarivo et du Tsaratanana. Mais
pourquoi donc l’alizé, à la même altitude, est-il humide sur la mon-
tagne d’Ambre, où il a créé une belle forêt verte, et très sec, au con-
traire, sur les montagnes de l’extrême N.-E., que couvrent des bois à
feuilles caduques ?
2. Les Champignons eux-mêmes, dont les espèces sont si unifor-
mément répandues, sont très différents dans l’une et l’autre de ces
flores. Il y a aussi très peu d’animaux ou d'insectes, à part les espèces
cosmopolites, qui soient répandus dans l’ile entière. Lorsqu'un type est
réparti à travers tout Madagascar, il se subdivise souvent en un certain
nombre de races locales, correspondant à nos divisions floristiques.
68 LA VÉGÉTATION MALGACHE
Flagellaria indica Lin. * Ncodypsis Lastellea-
na Baill.
Arundo madagascariensis Kunth. * Medemia nobilis
Olyra latifolia Lin. * Mascarenhasia arbo-
rescens 1 DG.
Et encore sur ces douze espèces, Arundo madagascariensis
est une de ces plantes particulièrement souples cpie l'inter-
vention humaine a énormément disséminées en multipliant les
stations qu elles affectionnent. Cet Arundo , en effet, ne croît
guère que dans les ravins découverts, stations plutôt rares
dans la forêt primitive, mais que l’érosion, suite de la dénu-
dation, a depuis creusés partout. Quand aux onze autres, elles
ne sont pas répandues sur la totalité du territoire des deux
flores. Elles ont simplement une distribution géographique
un peu différente de celle des autres espèces et sont localisées
plutôt dans la moitié Nord de l'Ile.
Quelques-unes de ces espèces communes aux deux flores,
Leea guineensis , Flagellaria indica , Olgra latifolia , sont cos-
mopolites ou très répandues sous les tropiques. La grande
dispersion de la plupart des grands genres communs aux
deux flores est encore plus marquée. En effet, sur les 7o
grands genres répandus dans toutes les régions de 1 île , 2
seulement (Phylloxylon, Plectaneia) sont endémiques ; 2
( Cynosorcliis , Thylachium ) ne se retrouvent que dans les
Mascareignes; 1 ( Tristellateia ) seulement dans l'Océanie ;
1 ( Hydrostachys ') dans l'Amérique et dans l'Asie ; 3 ( Psoros -
permum , Mascarenhasia, Landolphia ) dans l’Afrique. Tous
les autres ont des représentants aussi bien à l'orient qu'à
l'occident de l’ile et sont, en général, largement répandus
dans tous les pays tropicaux.
Les grandes différences qui existent, d'une part, entre ces
deux flores et, d'autre part, entre leurs différentes régions, ne
pourront être mises pleinement en lumière qu'en établissant
des listes complètes des espèces spéciales à chaque flore ou à
1. Les espèces marquées d'un astérisque manquent dans la région
centrale.
(>9
UÉNÉRALITÉS
chaque région. Les documents existants ne nous permettent
malheureusement encore de dresser ces listes, mais voici
néanmoins, pour montrer l’ampleur de ces différences, la
distribution de quelques familles sur lesquelles nous possé-
dons les données les plus complètes 1 :
O
Flore du Vent.
y.
Centre.
Sambirano.
Flore
sous le Veut.
<*)
<U
c r.
<v
Communes
aux deux flores.
Fougères
324
310
27
1 1 1
12
£
4
0
5 palustres).
Orchidées
250
198
26
127
15
37
35
2
0.
Palmiers
56
46
32
5
4
6
6
0
4 (1 littorale). j
Asclépiadacées .
144
47
15
24
4
83
46
32
6 (3 rudérales.
2 littorales).
Mélastomacces. .
99
91
40
42
9
7
7
0
1 ( palustre et
sub rudérale).
Chlaenacées ....
38
34
14
10
6
4
4
0
0
1. La première colonne indique le nombre tolal des espèces de la
famille observées jusqu’à ce jour à Madagascar, les 7 suivantes, le
nombre d'espèces spéciales à chaque llore et à chaque région, et la
dernière, celui des espèces communes aux deux flores. Ces dernières,
comme nous l’avons dit, sont surtout des rudérales, des palustres ou
des littorales.
CHAPITRE VII
La Flore du Vent.
Végétation à fouilles persistantes.
La végétation à feuilles persistantes doit son principal caractère à
l’humidité que lui apporte l’alizé, mais cette humidité varie selon l’alti-
tude et la distance de l’Océan Indien. Par suite, les territoires qu’elle
recouvre se divisent en trois régions : la région orientale, caractérisée
par un feuillage opulent et son faciès nettement tropical humide ; la
région centrale par son feuillage plus réduit et la présence de nombreux
types des climats tempérés ; la région du Sambirâno par ses types et sa
position sur le versant occidental.
Ainsi que nous venons de le dire, la végétation à feuilles
persistantes doit son principal caractère à l'humidité que lui
apporte l'alizé en saison sèche. Cette humidité, la nébulosité
plus grande, la radiation moins intense suffisent à expliquer
ses caractères de forêt tropicale ou subtropicale humide. Mais
l'action de 1 alizé se traduit, suivant l'altitude et la distance de
la mer, par des pluies persistantes ou par de simples bruines
ou brouillards. En outre, transmise et relayée par le grand
massif de montagnes qui avoisine Nossi-Bé et la vallée du Sam-
birano, massif encore boisé que domine le mont Tsaratanana,
le pic le plus élevé de l île, cette action se fait sentir jusque
sur la côte Ouest. L humidité plus ou moins grande, l’altitude
plus ou moins haute, les différences de température et les
conséquences habituelles nous permettent par suite de dis-
tinguer, sur les surfaces que recouvre cette flore, trois régions
différentes, les régions de l'Est, du Centre et du Sambirano.
La première qui correspond, moins l’Extrême-Nord, à la
région de l’Est de Baron, est caractériséee par- son feuillage
opulent et son faciès nettement tropical. Le climat de cette
région est très humide, et il y pleut presque toute l’année ;
LA FLOUE IM VENT
71
elle est peu nettement limitée, vers le Centre, par la cote
800, et, au Nord, par une ligne dirigée E. -O., partant de
Vohémar et aboutissant à l’arête centrale de l’Ile.
La seconde, qui comprend toutes les parties de 1 I le situées
au-dessus de l'altitude 800 m., est caractérisée par un
feuillage plus fin, quoique aussi coriace, et par sa végétation,
en général, de faciès plus tempéré ; la saison sèche y est très
marquée, mais des brouillards et des pluies fines, que l’on
observe surtout dans les endroits boisés, en tempèrent beau-
coup les effets.
La troisième, qui se rapproche beaucoup de la première,
doit surtout ses caractères spéciaux à une température plus
grande et à sa position excentrique sur le versant occidental.
Les régions de l Est et du Centre ont, entre elles, des
limites fort indécises, car les changements dus à l’altitude
sont insensibles, ; néanmoins la région du Centre peut être
caractérisée, ainsi que l’a dit Baron, par le grand nombre de
ses Composées et les quelques types de région tempérée que
l’on peut encore y observer. Mais ces derniers, si l’on ne
considère que les îlots témoins de l’ancienne flore, sont
comme perdus au milieu des types d’origine nettement tro-
picale. En effet, Pandanus, Palmiers et Bambous existent
jusqu’à 2.100 m. altitude. Au total, la flore de la région
centrale n’est autre que celle de l’Est légèrement modifiée par
l’altitude, avec, en plus, quelques restes de types des régions
tempérées.
La région du Sambirano, malgré sa position sur le versant
occidental, a de plus grandes analogies avec celles de l’Est
qu’avec la région de l’Ouest, mais elle est néanmoins très
particulière et ses types sont spéciaux. Elle se confond aussi
insensiblement avec la région centrale aux alentours de
l'altitude 800 m.
Voici, pour caractériser au point de vue botanique la Flore
du Vent, l’énumération des 252 genres spéciaux à cette flore
ou à ses régions.
Sur ces 252 genres spéciaux, 1 19 sont communs à toute la
flore, 47 caractérisent la région orientale, 75 la région cen-
trale et I 1 la région du Sambirano.
l.A VÉGÉTATION UALGACHK
Parmi les 1 I 9 communs à toute la flore, 24 sont endémiques :
Burassaia , Sarcochlaena, Leptochlaena , Schizochlaena,
Rhodoclilaena , Cheirolena, Bliodoclada , Trimorphopetalum ,
Brexia , Yeprecella , Schismatoclada, Apodocephala, Bocho-
nia , Tetraclis, Taehiadenus, Forsytliiopsis , Phloga, Dp p sis,
Vonitra , Xeop/doga , Geosiris, Actiniopteris, Cartopodium,
Mystacidium.
Quatorze ne sont représentés que dans les pays à l’occident
de l'ile africains): Symphonia, Cassinopsis, Gravesia, Philip-
pia, Anlhocleista, Chironia , Thunbergia , Cytinus , Peddiea ,
Uapaca , Drymia , Lonchitis, Mohria, Holothrix).
Vingt-six ne sont représentés qu'à l'orient de l’ile (asia-
tiques ou océaniens) : Hibbertia , Elaeocarpus, Evudia, Elaeo-
dendron, Giuta, Stronyylodon , Danais, Canscora, Ampalis,
Podocarpus , Dianella , Ceplialostachyum , Schizotachyum ,
Xastus, Lophate/'um, Ocliropleris , Blechnum , Didymoch-
laena, Oberonia , Cirrhopetalum , Phajus, Calanthe, Olonia,
Corymbis, Arnottia, Cheirostylis).
Les 53 autres sont cosmopolites ou l’eprésentés tout aussi
bien en Asie ou en Océanie qu’en Afrique :
Ochrocarpus, Mcdochia, Impatiens , Toddalia, Ouratea ,
Pyrenacantha, Ilex, C nés lis, Parinarium , Bubus, Weinman-
nia, Medinilla, Memecylon, Urophyllum, 'SYalhenhergia ,
Yaceinium , Ardisia. Maesa , Orthosiphon, Peperomia, Ocotea ,
Macaranga , Suregada, Pilea, Myrica, Carex, Stenotaphrum ,
Centliotheea, Bulbophyllum , Liparis, Cymbidium, Zeuxine,
Brownleea, Gleichenia , Cyathea, Hemilelia, Alsophila, Dick-
sonia , Hymenophyllum, Trichomanes , Davalia, Lindsaya,
Hypolepis, Pteris, Aspidium , Asplénium, Oleandra, Polypo-
dium, Gymnogramme, Antrophyum, Vittaria, Platycerium,
Osmunda, Schizea.
Des 47 genres propres à la région orientale, 25 sont endé-
miques : Spirospermum, Leioclusia, Sphaerosepalum, Nesogo-
rodonia, Eremochlaena , Didymeles, Phornothamnus , Tridiani-
sia, Ptelidium, Eriandrostachys, Pseudopteris, Ampelosicyos,
Delagnaea , Melanophylla, Flagenium, Chapeliera, Ochrone-
riurn, Humbertia, Bonamia, Monacochlamys , Barbenia ,
LA FLORE DU VENT
73
Dilobeia, Louve lia, Poecilostachys, Beccariophoenix . Cinq,
Ludia, Turnera, Imbricaria, Baseonetna, Coelocarpus , ne
sont représentés qn’en Afrique. Huit, Wormia, Samadera,
Harpulia, Gastonia, Stephanotis, Adenoplea, Nepenthes,
Angiopteris sont plutôt d’origine orientale. Neuf enfin, Zan-
Ihoxylon, Jodes , Afzelia, Anisophyllea, Morinda , Lahramia,
Crossandra, Myristica , Cycas, sont répandus sous les tropiques
ou tout au moins représentés en Afrique et en Asie.
Sur les 7o genres caractéristiques de la région centrale, 16
sont endémiques : Microsteira, Calodryum , Rhodosepala,
Ansipoda , Pheleolophium, Kaliphora, Nematostylis , Otiopho-
ra , Holocarpa, Syncephalum, Dialy pelalum ,Crapidospermum ,
Tetraspidium , Telradenia, Actiniopteris, Bicornella. Trente-
deux sont des genres des climats tempérés : Ranunculus, Nas-
turtium , Cardamine, Viola , Hypericum, Stellaria, Linum,
Géranium , Pélargonium, Alchemilla, Argyrolobium, Crassula
Gunnera, Epilobium, Hydrocotyle, Sanicula, Pimpinella, Peu-
cedanum, Caucalis, Gerbera, Hieracium , Vaccinium, Lysima-
chia, Anagallis , Pleurogyne, Sivertia, Cynoglossum, Agros-
tis, Anthoxanthum, Bromus, Salix, Planta go. Quinze sont
des genres de l'Afrique australe ou des montagnes d'Afrique :
Phylica, Lebeckia, Anthospermum, Stoebe, Bojeria, Lightfoo-
ca, Ericinella, Diclis, Halleria, Harveya, Disa, Platycoryne.
Huit sont répandus sous les tropiques : Pavonia, Drymaria,
Smithia, Cotula, Dichondra , Geniosporum, Satyrium, Alectra.
Quatre seulement sont des genres des pays situés à 1 orient de
1 île : Rulingia (Australie), Acrocephalus , Ampliorchis ,
Kosteletzkya.
Des 1 1 genres qui caractérisent la petite région du Sam-
birano, six sont endémiques : Prokiopsis, Xylochlaena,
Crossonophelis, Pseudocalyx, Bernieria, Carlephyton '. Cinq
sont africains : Tcclea , Deinbollia, üactylopetalum, Oncinotis,
Bosguiea.
Comme on le voit, dans l'ensemble de la Clore du Vent,
1. H. Jumelle : Les Aracées de M.uhir/ascar (Annales du Musée Colo-
nial de Marseille, 1919).
I.A VEGETATION MALGACHE
les types seulement africains sont moins nombreux que les
types asiatiques ou océaniens. En outre, la région centrale *,
est .remarquablement riche en genres des régions tempérés et
de l'Afrique australe.
Nous allons maintenant étudier successivement les carac-
téristiques de chacune de ces trois régions, en décrire les
Formations principales, et relater pour chacune de ces der-
nières les causes qui les ont détruites ou les font lentement
disparaître, ou qui, au contraire, leur ont permis de se con-
server jusqu'à nos jours. Nous ajouterons ce que nous savons
sur leurs particularités intéressantes au point de vue écono-
mique, et ce que nous avons pu observer sur les différentes
associations végétales qui les constituent.
Comme la seule caractéristique, au point de vue climat,
de l'ensemble de la Flore du Vent, à feuilles persistantes, est
l’humidité de l’alizé, et que toutes les autres conditions cli-
matiques varient plus ou moins suivant les régions, il ne sera
question de ces conditions, et des phénomènes phénologiques
qui en dépendent étroitement, qu'au fur et à mesure de l'étude
particulière de chacune des trois régions que nous distin-
guons dans cette flore. En effet, ce sont naturellement ces
variations de climat qui donnent à chacune de ces régions leurs
caractères particuliers et qui y régissent les phases de la végé-
tation.
1. Le grand nombre des genres caractéristiques de la région centrale
ne provient pas, comme on pourrait le croire, d'une plus grande richesse
de la flore, mais simplement de ce que cette région a été la mieux
explorée.
CHAPITRE VIII
La Région orientale.
Le climat de la région orientale est surtout caractérisé par sa très
grande humidité, un peu variable du Nord au Sud de l’ile. Les deux sai-
sons y sont peu tranchées; néanmoins un arrêt net de la végétation a
lieu en saison fraîche. La végétation est assez homogène et ne varie
guère qu’avec l'altitude. Nous y distinguons pourtant les quatre Forma-
tions suivantes : 1° Bois littoraux ; 2° Marais et lagunes ; 3° Grande
forêt orientale ; 4° Forêt des cimes, plus locale et moins étendue
que les précédentes.
Le climat de la région orientale telle que nous la compre-
nons, c’est-à-dire entre Fort-Dauphin et les environs de Vohé-
mar, est assez uniforme.
De mars à octobre ce sont des pluies fines, souvent conti-
nues, des journées sombres et relativement froides. D'octobre
à mars, au contraire, la température s’élève, le soleil brille
ordinairement pendant le jour, et c’est seulement vers le soir
ou pendant la nuit qu’éclatent des orages brefs et fréquents,
accompagnés d'averses assez fortes. En somme, deux saisons y
sont bien tranchées : l’hiver, c'est-à-dire une saison froide et
de pluies fines, et l'hivernage, une saison chaude et ora-
geuse.
Malgré cette apparente uniformité des conditions d’ensemble,
la quantité d’eau tombée est loin d’être partout la même, sur
toute la Côte Est. L'endroit où il pleut le plus est Maroant-
setra ; et, de ce point, les pluies vont en diminuant très brus-
quement vers le Nord et insensiblement au contraire vers
le Sud. Voici d'ailleurs, résumées ci-dessous, les données cli-
matiques recueillies en trois points différents de la côte, Fara-
fangana, Tamatave et Maroantsetra. Ces chiffres sont les
moyennes des mois ou saisons, calculées sur une série de
I.A VEGETATION MALGACHE
76
plus de cinq années d’observations. La saison chaude com-
prend les mois de novembre, décembre, janvier, février,
mars et avril ; la saison fraîche comprend tous les autres
mois 1 .
Les différences que l’on relève entre les trois stations où ces
données ont été recueillies n influent guère sur la végétation,
car des pluies plus abondantes tempèrent les chaleurs plus
grandes ; et, en définitive, les caractéristiques des deux sai-
sons varient peu entre Farafangana et Maroantsetra. Aussi
les phases de la végétation sont-elles les mêmes du Nord au
Sud.
En saison fraîche, l'arrêt de la végétation n’est général que
pour les arbres de la futaie et les lianes dont ils sont les sup-
ports. Beaucoup de plantes du sous-bois, des épiphytes et
certains arbres ou arbustes portant leurs fleurs sur le tronc,
fleurissent en cette saison. Quelques espèces restent même en
végétation toute l’année. Pourtant, dans l'ensemble, la reprise
de la végétation a lieu surtout avec les premières chaleurs,
avec les premiers orages, c’est-à-dire vers le mois d’octobre.
Mais ce renouveau n’a rien de brusque, rien de comparable
avec le printemps des climats tempérés ou avec celui de
l'Ouest que nous décrirons plus loin. La plupart des espèces
commencent bien à végéter vers cette époque, mais ce phéno-
mène est peu marqué et elles entrent successivement en florai-
son pendant tout le cours des mois chauds. Plusieurs d'entre
elles ne montrent même leurs fleurs qu'à la fin de 1 hivernage,
en avril, et leurs fruits passent la saison fraîche en s'accrois-
sant lentement pour mûrir au commencement de 1 hivernage
suivant. De ce nombre, sont les Landolphia, genre commun
aux deux versants, et dont les phases de végétation font bien
ressortir les différences qui existent entre les climats orien-
1. N oir : Température..., Pluies à Madagascar, B. P. Colin, Bull. Acad,
malgache, 1912. 1. Ces pages étaient déjà écrites lorsqu’ont paru 1914
les deux articles du savant météréologiste. Les chiffres que nous don-
nons ont é±é puisés aux mêmes sources, mais nos moyennes ont été
calculées sur une série moins longue d'années que celles du R . Collin,
et, partant, sont moins exactes.
LA REGION ORIENTALE / J
LA VÉGÉTATION MALGACHE
78
taux et occidentaux. En ell'et. dans 1 Ouest, les espèces de ce
genre fleurissent en octobre et mûrissent leurs fruits en
septembre de l’année suivante.
A latitude égale, les phénomènes phénologiques de la région
orientale sont toujours en retard de quelques mois sur ceux de
l'Ouest 4. Les mangues et les avocats, par exemple, mûrissent
en septembre-octobre à Nossi-Bé et à Majunga, et seulement
en janvier-février à Tamatave. Nous relèverons plus loin des
différences analogues entre le Centre et l’Ouest, à propos du
raisin ; et ces particularités climatiques auront plus tard
pour Tananarive — lorsque cette ville sera reliée aux deux
côtes par des voies rapides — des conséquences heureuses :
elles lui permettront, en ell’et, de s'approvisionner en toute
saison des productions et des fruits les plus variés.
Les cultures, jusqu’à un certain point, peuvent servir à
caractériser un climat. A ce point de vue, celles de la région
Est sont les cultures ordinairement pratiquées dans les pays
tropicaux et humides. Seule, la stérilité trop fréquente du sol
en exclut quelques-unes.
Sauf une étroite bande littorale constituée par des sables, ce
sol est, presque en totalité, constitué par îles argiles latéri-
tiques provenant de la décomposition de gneiss, de schistes
cristallins et souvent aussi de diabases. Ces argiles, quelle que
soit leur origine, sont en général peu fertiles, compactes et
presque imperméables 1 2. Aussi la presque totalité des plantes
de cette région ont-elles des racines traçantes, pénétrant peu
profondément dans le sol. ce fait étant d’ailleurs aussi bien la
1. Celait est d’autant plus curieux que le maximum thermique de la
région Diego-Maintirano est, au contraire, en retard sur celui des
autres parties de l île. (V. R. P. Collin, B. A. M., 1912, I, p. 219.)
2. En fait, ces sols, lorsqu'ils sont recouverts de végétation, ne sont
pas imperméables. Au contraire, ils sont le siège d’une circulation d’eau
lente, mais continue, agent très probable de la décomposition des
roches sous-jacentes. Mais, justement, par suite de la lenteur de cette
circulation, ils sont toujours saturés d'eau sous le climat du vent, et
c’est sans doute pour cette cause que les racines semblent les fuir,
comme celles des espèces des marais ou de la mangrove fuient le sol
situé au-dessous du niveau constant des eaux.
LA RÉGION ORIENTALE
79
conséquence de l'humidité très grande que de l’imperméabilité
relative de ces terres.
Lorsqu'on aborde sur un point quelconque de la côte Est,
entre Vohémar et Fort-Dauphin, et que l’on se dirige vers l'in-
térieur, on trouve successivement :
1° Un cordon de dunes littorales séparant de la mer une
zone de marais et lagunes d'eaux douces ou à peine saumâtres;
2° Un chaos de petites collines arrondies, ordinairement
couvertes de savoka et de prairies, parfois munies encore,
vers leur sommet, de quelques vagues restes de forêt, ou plus
rarement boisées encore totalement ;
3° Enfin, aux environs de la cote 800, une bande plus ou
moins étroite de forêt, réduite à rien dans maints endroits,
mais qui, tout récemment encore, s’étendait *sans disconti-
nuité du Nord au Sud de l ile.
Jadis, lorsque la végétation de ce versant était encore tota-
lement vierge, on trouvait bien, avec le même aspect qu’elles
ont encore maintenant, les deux premières zones des dunes
et des lagunes, mais, au-delà, la forêt recouvrait seule tout
l’espace entre les lagunes et le rebord abrupt des hauts pla-
teaux. Cette forêt n offrait, avec l'altitude de plus en plus
grande, que des changements insensibles ; et l’aspect, homo-
gène dans l'ensemble, des restes que nous avons pu encore
étudier, comme la conformité des conditions de milieu, nous
ont contraint à n’y voir qu’une seule et même Formation L
Nous distinguerons donc dans la végétation du versant orien-
tal les trois formations suivantes :
1° Bois et bosquets littoraux ;
2° Marais et lagunes de l’Est ;
3° Forêt orientale.
Nous en ajouterons une quatrième, la Forêt des cimes , non
parallèle à la côte comme les précédentes, moins distincte, et
1. Les subdivisions que nous appelons Formations pourraient tout
aussi bien être appelées Domaines, car elles recouvrent chacune des
territoires bien définis physiquement. Nous avons préféré Formation
simplement parce qu’à chacun de ces territoires correspond un faciès de
végétation spécial.
80
I.A VÉGÉTATION -MALGACHE
disposée en ilôts épars, localisés sur les crêtes arides, où ils
sont exposés aux vents de 1 Est.
I. — Bois et bosquets littoraux.
Cette Formation recouvre une bande assez étroite de dunes récentes.
Elle a souvent, surtout dans le Sud, un aspect de parc. Les espèces
sont, les unes, d'origine orientale, les autres de l'intérieur de l'ile. La
plupart des espèces malgaches citées pour leurs affinités avec celles
des flores orientales croissent dans cette zone.
Euphorbe des dunes littorales, au\ environs de Loholoka Est;.
La Formation littorale est toujours étroite. Elle n’a jamais
plus de 2 à 3 kilomètres de large, mais elle existe, en revanche,
presque sans discontinuité, de Yohémar à Fort-Dauphin. Le
LA RÉGION OUI EN TA LU
81
sol qu’elle recouvre est uniquement constitué par des sables
marins, que les vents ont amenés petit à petit bien au-dessus
du niveau des plus hautes marées. Elle est quelquefois repré-
sentée par de belles forêts, surtout au nord de Fénérive, mais
plus souvent par des bosquets plus ou moins étendus, que
séparent des plages d’un gazon court et très particulier. Le
feuillage opulent et sombre des arbres et des arbustes, celui
Cycas Thounrsii. Dunes littorales, près de Mananjary.
plus élégant et plus frêle des Pandanus. des Cycas et des
Palmiers , le gazon vert tendre qui leur sert de fond, donnent
alors à cette Formation l’aspect d’un parc idéalement beau.
Trop près de la mer pour que I on y puisse faire des cul-
tures, les forêts et les bosquets de cette Formation ont, par
suite, échappé aux tavy ; et la végétation y est encore
presque totalement vierge. Le fin et court gazon que l'on
voit entre les bosquets n’a aucun rapport avec la prairie sou-
mise au régime des feux périodiques. Les espèces de Grami-
nées qui le composent en sont toutes différentes et spéciales.
Ce sont des espèces sub-halophiles qui ont toujours des rhi-
6
82
LA VÉGÉTATION MALGACHE
zomes traçants et des chaumes très courts. Cette sorte de
prairie, qui est constituée par des Graminées sélectionnées
non par les feux, mais par le vent chargé de sel, représente
le premier stade de la fixation des sables des dunes par la
végétation. En effet, les sables amenés par la mer et soulevés
par les vents, restent d abord nus et mobiles puis le gazon
Pandanus sur la dune littorale, à Ampasimeloka, sur le Matitana (Est .
les fixe sous le fin réseau de ses rhizomes, et enfin, lorsque
l'endroit n'est pas exposé à des vents très violents, les piaules
arborescentes apparaissent et s’emparent du terrain.
Les espèces caractéristiques que 1 on retrouve du Nord au
Sud, et qui donnent au paysage un aspect spécial, sont plus
nombreuses ici que dans n’importe quelle autre partie de la
région orientale. Ce sont des espèces ubiquistes, apportées
sûrement par les flots, ou des formes spéciales appartenant à
des genres largement représentés à 1 intérieur. Beaucoup d es-
pèces malgaches citées pour leurs affinités avec celles des
flores orientales ne se trouvent que dans cette zone. Au total,
cette Formation est manifestement de création récente, géolo-
I,A REGION ORIENTAI. E
83
giquement parlant : les espèces végétales qui la constituent
sont venues* les unes de l'intérieur, les autres de l’extérieur,
apportées par les vents et les flots.
Les plus communes de ces espèces, celles qu’on retrouve
partout, sont les suivantes :
Calophyllum Inophyllum L. ^Forahai.
Hibiscus tiliaceus L. (Varo).
Agelaea Lamarckii Planch.
Loniatophyllum sur la dune littorale à Loholoka (S.-E. .
Afzelia hijuga A. Gray (Hintsv)
Trachylobium verrucosum Gaertner, Copalier (Mandrorofo).
Labramia Bojeri A. DG. (Nato .
Stephanotis floribuncla A. Brongn.
Cycas Thouarsii R. Br.
Chrysalidocarpus lutescens Becc.
Les Alyristica sont presque localisés dans cette zone. Les
Diospyros et les Pandanus y sont abondants et représentés
SL
LA V ÉGEIATION MA L( \ A 0 1 1 K
par des espèces particulières. Les Melastomacées , les Pipéra-
cées et les Urticacées, si abondantes dans la foret orientale
voisine, manquent ici absolument. Les Landolphia sont peut-
être plus nombreux sur la zone littorale que partout ailleurs,
mais les espèces, spéciales k la Formation, présentent cette
curieuse particularité de ne pas donner de caoutchouc, alors
qu'à l’intérieur, les espèces, toutes voisines, du même genre
en produisent généralement. Ces Landolphia du littoral sont,
en somme, différents de ceux de l'intérieur et l'on ne peut pas
dire qu il n'v ait là qu'une variation individuelle produite par
le voisinage de la mer. Pourtant une autre Apocvnacée, caout-
choutifère dans toute l'ile, le Mascarenhasia arhoi'escens, ne
produit également pas de caoutchouc lorsqu’elle pousse par
hasard sur la zone des dunes, et cette influence du voisinage
de la mer sur les espèces caoutchoutifères est utile à retenir.
Les forêts de cette Formation, bien que placées pour être
exploitées, produisent de bons bois de construction (nato,
hintsy, copalier, etc. et aussi des bois d ébénisterie (ébène)
dans le Nord de cette zone. Comme on vient de le dire, elles
ne produisent pas de caoutchouc, mais la gomme copal
exportée par 1 Ile en provient en totalité.
IL MaKAIS ET LAGUNES.
On peut distinguer dans cette Formation les marais littoraux et les
marais de l'intérieur. Les marais littoraux, qui couvrent les alentours
des lagunes, ont quelques espèces particulières. Ils sont surtout inté-
ressants en tant que tourbières. La tourbe s’v forme de deux manières
différentes, soit par la décomposition sur place des végétaux, soit par
dissolution et dépôt des matières humiques. Les marais de l'intérieur
aussi sont parfois tourbeux, mais la formation delà tourbe va été arrê-
tée par le déboisement et la culture. Quelques observations de marais
vierges montrent néanmoins que la tourbe y a été constituée par des
sphaignes et des Fougères, selon le mode habituel.
Les Formations de marais de 111e tout entière, par suite de
leur uniformité, de leur petit nombre d'espèces, de la large
répartition de la plupart de ces espèces, et du peu d'influence
T, A RÉGION ORIENTAI, F.
o K
o 5
que les variations de climat paraissent avoir sur leur végéta-
tion, auraient pu être groupées en une Formation unique.
Pourtant, quelques espèces spéciales à chacune des régions —
surtout nombreuses dans les marécages dont le déboisement
n’a pas encore modifié la végétation — et quelques dill'érences
d’ensemble, particulières à l’une ou l'autre flore, nousengagent
à les étudier séparément par région.
Végétation des bords des lagunes avec zozoro f Ci/perus imerinensis) etviha
( Tifphonodorum Lindleyanum ). En arrière-plan, la Prairie.
La Formation des marais et lagunes de la région orientale
est surtout représentée sur les bords des lagunes qui forment
un cordon presque interrompu entre Fort-Dauphin et Féné-
rive. Ailleurs, au nord de Fénérive et vers l’intérieur, elle
n’occupe plus que quelque marais de peu d étendue, très ordi-
nairement plus ou moins modifiés par la culture et le déboi-
sement. On peut donc distinguer, dans cette Formation, les
lagunes, ou marais littoraux, et les marais de l’intérieur.
Les marais littoraux ne possèdent en propre que cinq
LA VÉGÉTATION M M .GACHE
86
espèces spéciales: deux Orchidées, un Pandanus, Tachiadenus
carinatus Griseb. et IVepenthes madarjascariensis Poir. Mais,
saut le Pandanus, très remarquable, ces espèces spéciales
sont peu remarquées, et les caractéristiques du paysage si
particulier de cette zone sont surtout dues à l’abondance
d ' Acrostichum aureum, répandu dans tous les marais litto-
Formation des lagunes aux environs de Loholoka (côte Est), avec
Pandanus, Typhonodorum et Cyperus.
raux de 111e, de Cyperus madagascaricnsis P», et Sch., plus
abondant ici que dans le Centre ; de Typha angusti folia
Lin., commun partout ; et surtout de Typhonodorum Lind-
leyanum Schott, que l'on trouve dans tous les marécages de
l’Ile, sauf dans la région centrale.
Ces marais sont surtout intéressants parce qu ils repré-
sentent un type particulièrement net de tourbière tropicale.
Suivant les conditions de milieu, la tourbe s’y forme de deux
manières bien différentes : dans les marais peu profonds ou
sur les bords des lacunes, ce sont les rhizomes et les tig'es —
très rameux, épais et entrelacés — des Nephrodium unitum
T. A H KG ION OIIIKNTALK
87
ot .V. cuciillatum et de nombreuses Cvpéracées qui forment
la tourbe, en accumulant leurs parties mortes suivant le mode
ordinaire des tourbières à Sphagnum. Ailleurs, dans les par-
ties les plus profondes des lagunes, les tiges et rhizomes
enchevêtrés des mêmes plantes forment un plateau mouvant,
posé à la surface de l’eau, souvent assez solide pour qu’un
Formation des lagunes, avec Pandanus caractéristique (Esty
homme puisse s’v risquer. Comme la plupart des lagunes
sont assez larges pour que les vents puissent en agiter plus
ou moins violemment la surface, cette curieuse végétation flot-
tante se meut parfois étrangement. Les matières humiques ou
végétales qui en proviennent, soit par suite de cette agita-
tion. soit comme conséquence du processus ordinaire de la
décomposition des végétaux dans 1 eau. sont dissoutes ou
réduites en infimes particules. L'eau prend alors une teinte
brunâtre et ce goût singulier qui la rend non potable, et
dépose lentement au fond des lagunes un dépôt végétal très
fin, où nulle particule de végétaux n'est reconnaissable.
Ce second mode de formation de la tourbe est intéressant
88
I.A VÉGÉTATION MALGACHE
parce qu'il aide à comprendre la constitution de certaines
houilles et surtout celle des grès et des schistes charbonneux
sans restes de végétaux discernables. En effet — et il se
forme actuellement des dépôts analogues sur la côte Est —
réduites en cet état, les matières végétales sont aptes à se
Tourbière à Aephrodium. vers S00 m. ait. Forêt orientale sur les limites
du Centre.
mêler intimement aux sables et aux argiles qui peuvent être
appelés à former plus tard des grès et des schistes.
Les marais de l'intérieur, tels du moins qu’ils sont à pré-
sent. sont loin d'offrir autant d'intérêt. Le déboisement et ses
suites, l insolation et l alluvionnement plus intense, en ont
complètement changé la végétation et les conditions biolo-
giques. Dans leur état actuel, ils sont à peine distincts de
LA RÉGION ORIENTALE
89
ceux du Centre et, bien que souvent tourbeux, la tourbe ne
s v forme plus actuellement. Les très rares spécimens des
marais de cette région que nous avons pu observer encore
dans leur état primitif ont, à ce point de vue, un tout autre
intérêt. Très pauvre en espèces, la végétation de ces maré-
cages est uniquement constituée par des sphaignes, quelques
Graminées, le Nephrodiutn Thclypteris et des Pandanus. La
tourbe y est souvent formée par les sphaignes, et les autres
espèces ne sont qu’accessoires. Un rien, la venue d’eaux
troubles, l’abatage des arbres des bords, suffit à faire périr
les sphaignes et à interrompre la production de la tourbe.
Ces tourbières sont remarquables par le manque absolu d’es-
pèces saprophytes spéciales ; on dirait que, sauf les espèces
de fond, c’est-à-dire qui contribuent à la formation de la
tourbe, il n v a pas, à Madagascar, d’espèces adaptées à vivre
sur ce sol.
III. — La Forêt orientale.
Peu variable du Nord au Sud, la forêt orientale l’est un peu plus de
l’Est à l'Ouest. Néanmoins son faciès est partout le même, et ses varia-
tions sont insensibles. Dans l'ensemble, c'est une belle forêt à feuillage
large et sombre, très hétérogène, sans essence dominante, avec trois
étages très marqués. Elle ne forme qu'une seule et immense association,
excessivement complexe, où le nombre des espèces représentées,
parmi 100 plantes poussant côte à côte, dépasse souvent ”>0. Le nombre
d’épiphvtes s'accroît avec l’altitude. Beaucoup de ces végétaux sont
organisés pour utiliser les débris végétaux qui tombent du dôme supé-
rieur. Les fougères épiphytes ont une préférence marquée pour les
stipes des fougères arborescentes. Vers Ê00 m. d’altitude, cette forêt
passe insensiblement à la forêt à sous-bois herbacé de la région cen-
trale.
Si nous n avons fait qu’une seule et même Formation de toute
la forêt de 1 Est comprise entre les lagunes et l’altitude 800,
c’est que les mêmes conditions de milieu ont eu partout, sur
cette immense surface, les mêmes conséquences au point de
vue végétation. Le faciès de cette formation varie, en ell’et,
très peu du Nord au Sud, et vice versa , mais des espèces de
90
LA VEGETATION MALGACHE
port analogue, appartenant presque toujours au même genre,
remplacent ces espèces absentes, et l’aspect de l'ensemble
reste le même. Des variations un peu plus tranchées se
montrent bien de l’Est à l’Ouest, c’est-à-dire entre les lagunes
et la région du Centre, mais elles sont insensibles et ne per-
mettent nulle part une subdivision. A peine peut-on remar-
quer une plus grande abondance des Palmiers sur les sols
placés au-dessous de l’altitude 200.
Au reste, il nous faut bien avouer que ce n’est pas sans
peine que nous sommes arrivé à nous faire une idée de la
forêt qui couvrait les basses altitudes. Aux environs de
Maroantsetra et du massif de Masoala, la forêt orientale, sur
toute sa largeur, est bien encore intacte, mais, à peu de dis-
tance du rivage, l’altitude s’y élève brusquement jusqu'à
b 00 mètres, sans laisser assez d’espace aux bois inférieurs
pour qu’ils puissent s'y montrer avec tous leurs caractères.
Partout ailleurs, nous avons été réduit à étudier quelques
bosquets isolés, échappés par hasard aux tavy ou protégés par
un fady (tabou) quelconque. Néanmoins, comme ces restes sont
heureusement disséminés à toutes les altitudes et sous les
latitudes les plus diverses, nous croyons quand même avoir
acquis une idée exacte et lidèle de ce qu’était l’ensemble de la
forêt orientale avant l’arrivée de l’homme ; et c'est cette forêt
encore totalement vierge (pie nous voulons tenter de décrire
ici.
C'était et c est encore une belle forêt. La futaie, haute de
2b à 30 m., n'est pas composée de ces arbres immenses à troncs
énormes, qui sont la caractéristique des autres forêts tropi-
cales ; les arbres qui la constituent sont des arbres moyens à
troncs droits, de diamètres irréguliers, formant un peuple-
ment serré, parsemé de loin en loin, surtout dans les bas-
fonds, de géants isolés, Canarimn ou Ocotca à ramures puis-
santes. Rien, au premier abord, si ce n'est les écorces d'as-
pect divers, ne trahit, vu par-dessous, l'hétérogénéité remar-
quable de cette haute futaie. Il faut, pour s'en rendre compte,
pouvoir contempler d’une cime la partie supérieure du dôme
de la forêt. Alors la diversité de forme et de couleur des difTé-
LA ItÉGlON ORIENTALE
91
rents feuillages la révèle d'une façon saisissante. Seules,
quelques espèces à port particulier, Ravenala et Palmiers,
tranchent assez, sur le fond de cette mosaïque de tons verts,
pour être reconnues de loin, et lisolement, l’éloignement de
leurs individus, rendent sensible immédiatement le manque
absolu, dans cet ensemble, de tout groupement d'espèces, de
Bambou-liane sur Pandanus. Bords d’un torrent de la région orientale,
vers 500 m. ait.
tout peuplement d’essences sociales. Et c’est là une impres-
sion première vite confirmée par une étude plus appro-
fondie.
Les arbres qui composent cette futaie sont des Symphonia
à (leurs pourpres, des Canarium à hase du tronc dilatée en
ailes, des Uapaca à nombreuses racines adventives qui les
91
LA VÉGÉTATION MALGACHE
rendent semblables à de grands Rhizophora . des Ravensara ,
des Ocotea. de nombreuses essences à port analogue, encore
indéterminées1, des Ravenala et de grands Palmiers à feuilles
pennées. Aucune essence n'a les feuilles caduques, sauf aux
abords de la région centrale Les Ficus sont peu communs.
Plati/cerinm sur un tronc Forêt orientale .
1. Beaucoup d'arbres des futaies malgaches sont encore indéterminés
botaniquement. Il faut, pour se procurer des échantillons complets, les
abattre ou les faire escalader, opérations dil'liciles qu'ont pu rarement
pratiquer les botanistes de passage dans l'Ile. De là provient l'absence
ou la rareté de ces espèces dans les herbiers.
2. Acacia Sassa, Sij nehodenrlron ramiflorum et quelques autres espèces
à feuilles irrégulièrement et très tardivement caduques. La date de
foliaison de ces arbres, à Analamazaotra par exemple, est aussi irrégu-
lière que possible. Certains individus de ces espèces portent des feuilles
nouvelles des la fin d'octobre et d autres en sont encore dépourvus
à la fin janvier.
LA REGION ORIENTAL!':
93
saut dans les endroits humides ; ceux k port de banian
manquent absolument, mais les Ficus épiphytes se substi-
tuant lentement à leur hôte se rencontrent néanmoins çk et
lh.
Syncarpe de Tambourissa éclaté sur le tronc qui le porte. Le réceptacle et
les graines sont d’un rouge intense (Forêt orientale).
Les lianes sont assez rares, et leurs tiges, souvent uniques
ou peu nombreuses, s'élèvent d’un seul jet jusqu’au laite des
arbres, sans former cette inextricable fouillis que nous avons
l occasion de décrire dans quelques Formations de l Ouest et
du Centre. Ce sont surtout des Apocynacées, des Ménisperma-
cées ou des Chailletia. Leurs ramifications et leurs feuillages
s'unissent k ceux des arbres pour former l'étage supérieur de
la forêt, dôme sombre de feuilles presque toujours épaisses et
coriaces .
F.A VÉGÉTATION MALGACHE
94
Au-dessous, constituant le second étage, croissent degrands
arbustes ou de petits arbres à feuillage peut-être plus opulent
et .plus coriace encore, souvent groupé en couronne au som-
met des rameaux. Ce sont des Rubiacées, des Mvrsinacées,
des Ochnacées, des Dracæna, ainsi que des Vonitra , ces élé-
gants Palmiers, dont le stipe, souvent ramifié à la base, est
enfoui, dans le haut, sous une longue crinière de fibres fauves
Au-dessous encore, tout à fait sur l’humus, nu et sans
mousse, l'étage le plus inférieur de cette végétation est
constituée par des Graminées, des Cypéracées, des Fougères,
des Bégonia , des Impatiens , et surtout par ces innombrables
Palmiers nains ou acaules, Dypsis et Neophloga , qui sont une
des caractéristiques des plus nettes de la forêt orientale.
Toutes ces plantes, rares et clairsemées sous les futaies très
sombres, deviennent plusabondanf.es aux abords des ruisseaux
et dans les bas-fonds, mais ne forment nulle part un sous-bois
impénétrable.
Sous cette futaie, les Pandanus, à port si particulier,
manquent presque absolument. Les nombreuses espèces de ce
genre recherchent des stats plus éclairés, les unes sur les
cimes, où nous les retrouverons dans la Formation suivante,
les autres sur les bords de cours d'eau, où elles croissent
mêlées avec certains Ficus et Palmiers de port moyen, qui
affectionnent aussi ce stat. Les Fougères arborescentes sont
rares aussi aux basses altitudes, mais leur nombre s'accroît
beaucoup aux abords des montagnes de la région centrale.
Les épiphytes sont abondants, bien moins pourtant que dans
la forêt du Centre, sauf sur certains arbres ombrageant le
cours des torrents. Dans la futaie, ils sont cachés dans les
ramures, tout au faite des arbres ; et seules, quelques Fougères,
Platycerium, Asplénium Nidus , ornent les grands troncs nus.
Voici, pour donner une idée de la composition très hété-
rogène de cette forêt, le dénombrement détaillé des végétaux
poussant côte à côte dans deux endroits différents de la région
orientale :
1° Bassin du Fandrarazana, au sud de Maroantsetra.
Colline. Latérite de gneiss. 220 m. d’altitude.
LA RÉGION ORIENTALE
Plantes
superficie,
vasculaires croissant sur cent
individus non adultes compris.
mètres carrés de
Fuphorbiacées 4 espèces o arbustes
Myrtacées 2 >• 2 »
Ochnacées 1 » 2 »
Clusiacées 6 » 8 » ou petits arbres
7 jeunes plants.
Forêt orientale vers 600 ni. ait.
Logauiacées 3 » 3 arbustes
Bignoniacées 2 .. 2 » et 1 arbre
Apocynacées 6 >. 2 »> et 13 arbres
Rubiacées 20 ■■ 48 » ou jeunes plants
Ebénacées 3 .. 13 » » »
Sapindacées 3 » 7 » » »
Myrsinacées 3 » 4 » » »
6
I.A VÉGÉTATION
MALGACHE
Cou na racées .
2
espèces
12 lianes ou jeunes plants
Célastracacées . . .
3
»
(i arbustes » >i
Composées
!
»
1 » )) ))
Fougères
»
1 1 épiphytes, .‘i terrestres,
dont 2 arborescentes
Lauracéès
1
»
1 arbre et 1 jeune plant
Asclépiadacées. .
i
1 liane
Liliacées
0
»
3 arbustes
Pandanacées
1
»
1
Palmiers
»
t), dont 7 Palmiers nains
Musacées
1
»>
1 ravenala
Térébinthacées . .
2
»
1 arbuste et 1 arbre
I.inacées
i
»
3 arbusles
Acanthacées ....
i
»
2 »
Tiliacées
t
»
1 »
A racées
i
»»
2 plantes grimpantes
Auonacées
i
»
1 liane
Guttifères
i
»
2 arbustes
Mélastomacées . .
i
»
1 épipliyte
Légumineuses. . .
i
»
1 arbuste
Graminées
t
»
23 herbes
Labiées
i
»
4 »
Divers
.... 14
»
20 arbustes et 2 lianes
Au total, 239 individus, appartenant à 1 02 espèces dille-
rentes, et représentant 32 familles; 19 plantes à port de
Pandanus ou de Palmiers ; 13 épiphytes ; 29 plantes her-
bacées: 3 arbres et 6 lianes adultes ; et 169 arbustes, petits
arbres ou jeunes plants. La haute futaie est constituée par
3 arbres, 6 lianes, 1 Ravenala et 2 Palmiers. Le sous-bois est
surtout ici composé de Rubiacées.
2° Bassin du Matitanana, près de Vohipeno. Vallonne-
ment. Latérite de diabase. 70 m. d'altitude. Dénombrement
de 100 plantes poussant côte h côte, individus non adultes
compris.
Fougères 6 espèces 7 épiphytes, 2 herbacées
terrestres et 2 arbores-
centes
Pandanacées 1 » 1 Pandanus
Palmiers 6 » 6 Palmiers nains Xeophlo-
ga), et 2 grands ( Chri /-
salidocarpus et Vonitra)
I.A RÉGION OKIlîNTALU
!I7
Liliacées 2 espèces 3 arbustes ( Dracaenu )
Graminées 1 » 2 bambous-lianes
Pipéracées 1 » 2 lianes (Piper)
Cypéracées 1 » 2 herbes
Urticacées 1 » 1 arbuste (Ficus)
Eupborbiacées 1 » 3 arbustes
Apocynacées 2 » 1 liane et 1 arbuste
Acanlhacées ... I » 3 arbustes
Ebénacées 1 » 2 »
Forêt orientale sur la limite du Centre.
Sapindacées
1
»
2 arbres
Térébinthacées
1
»
2 »
Myrsinacées
. . . 3
>)
4 arbustes
Rubiacées
. . . 11
»
1 arbre et 18 arbustes
Mélastomacées
1
»
6 arbustes
Composées
1
»
1 »
Araliacées
1
»
2 »
Clusiacées
1
»
1 arbre et 1 arbuste
Myrtacées
1
»
2 arbres et 1 arbuste
Légumineuses
1
»
1 arbre ( Dalbrryia)
Connaracées
1
»
1 liane
Tiliacées
1
»
1 arbre
o
)>
2 arbres et 1 1 arbuste
98
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Soit, sur ces 100 plantes: >3 espèces appartenant k 24
familles différentes; 12 arbres, dont 5 seulement paraissent
adultes: 6 lianes; 13 plantes k port de Pandanus, Palmiers,
Dracæna ou Fougères arborescentes; 5 plantes herbacées;
7 Fougères épiphytes, localisées sur les troncs des Fougères
arborescentes ; et 50 arbustes.
Dans cet ensemble si hétérogène, comme d'ailleurs dans
toutes les Formations autochtones malgaches, c’est en vain
qu'on chercherait à distinguer des associations végétales
simples, réduites comme en Europe à une espèce dominante,
suivie de son cortège d'espèces compagnes. Toute la Formation
n’en forme qu’une, celle de la forêt. L’absence d’essences
sociales, la dissémination des espèces dans la futaie, où les
individus d'une même espèce sont toujours séparés entre eux
par des espèces différentes ; la mort totale de toutes les
espèces, même des plantes annuelles, après un tavy : tout
démontre que la forêt forme un tout complexe, un ensemble
biologique qui n’a de limites que celles de la Formation.
Chaque végétal a sa place marquée dans cet ensemble, soit
par les toxines que sécrètent les racines de ses semblables,
soit par l’intensité variable de lumière que laisse k sa dispo-
sition tel ou tel de ses voisins, soit par les conditions qu’exigent
sa fleur pour fleurir, son fruit pour mûrir, sa graine pour
germer, soit enfin par suite de multiples causes que nous ne
connaissons pas. La complexité infinie de cette association si
vaste laisse entrevoir les temps immenses qui lui ont été
nécessaires pour se constituer. Elle explique la destruction
rapide, la fragilité singulière de la forêt orientale et permet
de comprendre pourquoi sa reconstitution restera toujours
problématique, lorsque sa destruction aura été complète.
Mais l'ensemble biologique que constitue la forêt n’est pas
seulement une association végétale. Il est plus complexe
encore, car il comprend tous les êtres qui vivent sur la
Formation. Chaque plante a sa faune particulière, des êtres
qui fécondent sa fleur ou qui en vivent, d’autres encore qui la
font disparaître, ou, au contraire, la rendent à la vie lorsqu’elle
doit mourir. A chaque étage de la futaie correspond aussi une
LA HICOION OKIUNTALK
99
faune spéciale. A 1 étage inférieur les carnassiers de foules
espèces : petits fauves, cloportes, sangsues, moustiques,
carabiques, cicindélides, scorpions et staphylins. A l'étage
moyen, les oiseaux, les papillons, les lémurs nocturnes ou
crépusculaires. Au dôme supérieur, les grands lémurs, les
oiseaux diurnes et la multitude ailée des insectes tropicaux.
La torêt tout entière ne semble former qu'un seul être,
Pandanus nain des bords des torrents, vers 400 m. ait., environs de Masolambo
(Forêt orientale).
dont les manifestations vitales sont soumises aux même lois,
aux mêmes rythmes. Si c est l'hiver, la forêt dort et tout son
peuple sommeille, la pluie tombe doucement, lentement,
tout semble mort; seuls, les gémissements plaintifs* des
Indris s’appelant de colline à colline troublent le silence qui
tombe de la voûte pesante des feuilles raides. Si c est l 'été ,
la forêt s'éveille, et avec elle tout s'anime ; de rapides tornades
et la grande lumière se succèdent au ciel, les rameaux fleuris
frémissent de chants et de battements d’ailes, et la vie est
alors si intense que les bois deviennent impénétrables.
Les épiphvtes et leurs hôtes sont bien une forme d’associa-
100
LA VÉGÉTATION MALGACHE
tion végétale, mais cette association est incomplète, puisque
le végétal-support ne joue qu’un rôle passif, analogue à celui
du. sol dans la forêt. En effet, un arbre chargé d épiphytes, en
admettant qu'il ne souffre pas de leur surabondance, ne retire
du moins aucun avantage de leur présence. Cette règle
pourtant — mise à part la possibilité de la symbiose par les
mycorhizes — n’est pas absolue, car il est des cas, rares il
est vrai, où ces sortes de plantes semblent bien contribuer à
la vie du végétal qui les porte. Ainsi certaines Fougères
arborescentes ont leur stipe couvert presque en entier d'un
amas de racines adventives, groupées en un cône qui s'élargit
vers la base ; d’autres plantes, certains Pandanus ou Palmiers,
émettent au niveau de leurs cicatrices foliaires un anneau de
racines à géotropisme négatif, courtes et épaisses. Or, tant
que ces sortes de racines ne sont pas recouvertes d’épiphytes.
elles sont lavées par l'eau des pluies et ne retiennent presque
rien des débris végétaux de toutes sortes, qui tombent sans
cesse des grands arbres. Mais qu'un épiphyte s’y fixe, et. au
contraire, les matières humiques, arrêtées dans leur chute
par ses feuilles et ses rameaux, se concentreront à sa base et
ne tarderont pas à former autour du tronc de la plante-
support un épais bourrelet de terre végétale, où puiseront à
la fois les racines des deux plantes.
Chez beaucoup d'épiphytes, le rôle des feuilles, en tant que
pourvoyeuses d'humus, est remarquable. La plante la mieux
organisée en ce sens est sans doute 1 Asplénium Xidus, dont
la couronne de grandes frondes entières forme, autour du
tronc qui la porte, comme un vaste entonnoir où vient
s'entasser toute la matière humique qui tombe incessamment
du dôme de la forêt. Guidées par les feuilles, arrêtées par les
racines, ces matières viennent s'entasser entre la base des
frondes et le tronc porteur, et forment bien vite une vraie
terrasse suspendue, où non seulement Y Asplénium trouve son
aliment, mais où viennent encore se lixer d’autres épiphytes,
et parfois même des arbustes 1 .
1. L’accumulation de l'humus à l’aisselle des feuilles est un fait
constant chez toutes les espèces à rosette terminale du sous-bois. Ces
I.A RÉGION ORIENTAI, K
101
Ce rôle des feuilles est moins net chez d’autres espèces, et
il devient nul chez les espèces pendantes. Mais, chez la plupart
des épiphvtes, les racines très développées remplissent un
office analogue en filtrant les courants d’eau qui coulent sur
le tronc en temps de pluie. L’humus et les débris végétaux
que cette eau entraîne sont ainsi arrêtés au passage par ces
racines. La perfection, dans cette sorte de disposition, est
Platycenum sp.
atteinte chez les Platycerium , dont le fin chevelu spongieux
est enveloppé par les frondes stériles, qui sont étroitement
appliquées sur le tronc par tous leurs bords, sauf par leurs
bords supérieurs, qui, légèrement repliés, laissent pénétrer
l’eau et l humus.
Les caractères physiques de l’écorce du tronc-support sont
amas, sauf chez les espèces à racines axillaires citées plus haut, ne
sont ordinairement utilisés que par des épiphytes, dont les frondes ou
les tiges pendent au-dessous de la rosette de l’hôte. Asplénium Nidus
et Vittaria elongata, A. Nidus et Oleandra articulata, Pandanus et
Xephrolepis, par exemple, sont presque toujours ainsi associés.
LA VÉC.ÉTATION .MALLAC H K
102
sans doute une cause de la plus ou moins grande abondance
des épiphytes. Mais cela ne suffit pas à expliquer la préférence
marquée qu'ont ces plantes pour telle ou telle essence. Ainsi,
aux bords des torrents de la Formation que nous étudions,
un Xuxia à écorce écailleuse et un Ficus à écorce lisse sont
également couverts d'épidendres, tandis qu’un grand nombre
des arbres A oisins, à écorce plus ou moins semblable, en sont
totalement dépourvus. Les caractères chimiques de l humus
que fournit l’hôte aux plantes qu’il porte nous semblent avoir
une bien plus grande intluence. C'est du moins ce que paraît
établir la prédilection des Fougères épiphytes pour les stipes
des Fougères arborescentes. Les épiphytes semblent aussi fuir
les arbres à résine, ou tout au moins certains d'entre eux.
En général, ils sont surtout abondants sur les essences à
ramifications étalées.
Nous aA’ons dit plus haut que cette Formation n'était pas
très riche en épiphytes. Cela est vrai aux basses altitudes et
dans la futaie. Mais leur nombre s accroît beaucoup aux
abords des montagnes, et il est déjà très grand sur les rives de
quelques torrents encaissés de la région orientale. Voici, à
titre d’indication, le dénombrement détaillé des épiphytes qui
couvraient les troncs d'un Ficus et d'une Fougère arbores-
O
centes qui croissaient sur les bords du Marambo, à 500 m.
d'altitude, dans le massif de Masoala :
1° Epiphytes d'un Ficus à larges feuilles, sans racines
adventives, haut de 6-10 m., à rameaux étalés au-dessus du
cours d’eau et couvrant environ 50 m c. de superficie :
1 Composée herbacée, Senccio sp. ( Kleinoidea )
2 Mélastomacées ( I Medinilla tuberculeux)
4 Aeanthacées (1 espèce herbacée)
2 Labiées ( 1 espèce herbacée )
11 Pipéracées (2 espèces de Peperomia, représentées
respectivement par 6 et 8 individus)
1 Cactacée 1 Bhipsalis)
18 Aracées 1 espèce herbacée et tuberculeuse]
28 Orclndacées (8 espèces, représentées respectivement
I.A UEO l( IN ORIENTALE
103
par 13, 4, 2, 1, 2, 1, 4, 1 individus; 5 espèces
munies de pseudo-bulbes)
I l Selaginellacées (2 espèces de Selaginella , représen-
tées respectivement par 10 et 1 individus)
Asplénium nidus L. et Oleandra arliculala. LesSfrondes de l’ Asplénium sont
dressées ; celles de l'Oleandra sont pendantes.
Soit 91 plantes et 18 espèces, appartenant à 11 genres
différents : 27 de ces plantes sont pendantes ( Bhipsalis ,
Peperomia et 1 Fougère) ; les autres sont plus ou moins
dressées; 24 sont tuberculeuses ( Medinilla , Aracée,
Orchidacées) ; o sont annuelles, les autres sont vivaces. En
plus, il v a 12 espèces de Mousses et 3 espèces de Lichens,
cachés parmi les autres épiphytes.
104
l.A VÉGÉTATION MALGACHE
2° Epiphytes d'une Fougère arborescente [Cyathea de 3 à
4 m. de hauteur, à racines adventives en cône) :
1 Peperomia
7 espèces de Fougères, dont 2 à souche grimpante et
2 espèces d'Hymcnophyllum, dont les très nombreux individus
couvrent entièrement la base dustipe, l une localisée exclusi-
vement sur la face Nord, l’autre sur la face Sud.
0 espèces de Mousses
1 espèce d’Hépatiques
L'observation n° 2 est surtout intéressante parce qu elle
indique la préférence marquée des Fougères épiphytes pour
les troncs des Fougères arborescentes. Cette préférence, dont
les exemples so^t plus nombreux encore dans la région
centrale, est surtout nette chez les Hymenopliyllum et les
Trichomanes, dont beaucoup d'espèces ne poussent que sur ce
stat très spécial. L'association si fréquente d’ Asplénium Nidus
avec Olcandra articulata ou certains Vittaria, qui croissent
sur ses rhizomes au-dessous de sa couronne de frondes, est
sans doute due à une préférence analogue.
Les lianes se rapprochent des épiphytes en ce sens que leur
v ie dépend beaucoup plus qu'on ne le croit généralement de
la vie de leur support. Celles de la forêt orientale, et même
celles de l ile tout entière, peuvent se diviser en deux
groupes. Les unes, peu nombreuses, se développent entiè-
rement à l'ombre et devinssent au-dessous du dôme de la
futaie. Ce sont surtout des Mélastomacées, des Pipéracées et
Pothos Chapelieri , toutes plantes remarquables par leurs
crampons, analogues à ceux du lierre. Les autres, bien plus
fréquentes, ne peuvent, au contraire, se développer et fleurir
qu'en pleine lumière. Aussi, sous forme de graines enfouies
dans l’humus ou de jeunes plantules à vie ralentie, attendent-
elles parfois très longtemps que les circonstances nécessaires
à leur développement se produisent. C'est ordinairement la
chute d’un arbre, abattu par la vieillesse, ou un orage qui
leur permet d obtenir la lumière nécessaire. Elles grandissent
alors en même temps que les jeunes arbres qui vont combler
cette éclaircie fortuite, et leur vie sera désormais fatalement
LA RÉGION ORIENTALE
105
liée k celle de leur tuteur, dont une liane a toujours ï âge.
Ce mode de développement explique pourquoi la culture des
lianes à caoutchouc n'a pas donné de bons résultats sous bois,
et pourquoi ces lianes ne rejettent plus ou rejettent diffici-
lement lorsqu'elles ont été coupées au-dessous d'une sombre
futaie.
Les plantes parasites sont surtout représentées dans la
forêt orientale par des Loranthus et des guis, qui se substi-
tuent quelquefois si totalement k leur hôte que rien n’appa-
raît plus de son feuillage, et par quelques rares espèces sans
chlorophylle, parasites des racines1.
Les caractères généraux de la forêt orientale changent
insensiblement avec l’altitude croissante. Vers 800 m., les
Landolphia, les Mascarenhasia, les Ravenala disparaissent ;
les Ocotea, les Ravensara , les Calophyllum et les Palmiers
nains se raréfient ; les Fougères arborescentes, les épiphvtes,
les Composées, les bambous grimpants deviennent plus
nombreux ; le feuillage toujours aussi coriace diminue de
grandeur; le sous-bois s'épaissit ; les deux étages inférieurs
de la végétation se confondent. Puis, brusquement, l'altitude
s’élève et les Cardarnine , Viola et Ranunculus apparaissent
aux bords des ruisseaux. C’est désormais la région centrale,
avec tous ces caractères.
Mais avant de passer k l'étude de cette région dn Centre, il
reste encore k étudier, dans celle de l’Est, la Formation de la
forêt des cimes, peu distincte de la précédente, mais que cer-
tains caractères spéciaux nous forcent pourtant de distinguer.
IV. — La forêt des cimes.
Cette Formation n’est autre que la forêt orientale, modifiée sur les
crêtes stériles par les vents violents de l’Est ou du Sud-Est. Elle est
caractérisée par un assez grand nombre d’espèces spéciales, par la dispa-
rition de l’étage moyen et par ses arbres tortueux et bas, à ramification
dense.
1. V. II. Jumelle et Perrier de la Bàlhie : Quelques Phanérogames
parasites de Madagascar (Rev. Gén. Bot. XXIV, 1912, p. 321).
i or»
LA VÉGÉTATION MALGACHE
La Formation précédente, même aux basses altitudes, en
approchant des crêtes et des cimes exposées aux vents de l’Est
et du Sud-Est, prend soudain des caractères spéciaux. La futaie
s abaisse beaucoup et ne dépasse pas 10 à 15 mètres de hau-
teur. Les arbres ramifiés dès la base ont des troncs tortueux
et bas; ils se couvrent davantage d'épiphvtes. L'étage moyen
de la végétation disparaît, et le sous-bois s'épaissit ; un grand
nombre d’espèces nouvelles se montrent, pendant qued’autres,
au contraire, disparaissent. G est cet ensemble que nous appe-
lons la « Forêt des cimes ».
G est au vent parfois violent, toujours humide, et à la sté-
rilité plus grande de ces sommités, que paraissent être dus
les caractères principaux de cette Formation, c est-à-dire le
raccourcissement de la futaie, la ramification exagérée des
arbres, l’épaississement du sous-bois et le grand nombre
d'espèces spéciales. Les principales formes de végétation qui la
caractérisent sont des Palmiers à stipe court et trapu, des
Pandanus à racines adventh’es frêles et espacées, remplaçant
si bien le stipe initial qu'il disparaît totalement sur les vieux
pieds, des Impatiens arborescents, et surtout des arbres à
troncs tortueux et bas. couArerts d'épiphvtes.
En somme, cette Formation n'est autre cjue la Formation
précédente, modifiée par l'action exagérée de l'alizé, ce Arent
dont l'influence est si grande sur la climatologie de 1 île. En
plus de son faciès, ses espèces spéciales la distinguent nette-
ment delà Forêt orientale, et plus encore de la Forêt du Centre
avec laquelle elle offre une certaine analogie d'aspect. On
observe d'ailleurs, dans la région centrale, une Formation ana-
logue et due aux mêmes causes dont il sera question plus
loin.
V. — Faciès de déni dation
et régénération de la forêt orientale.
La Forêt orientale n'a jamais été détruite que par les tavv, que les
indigènes font de préférence dans les vallées et le long des cours d’eau.
Aussi le paysage montre-t-il partout des vallées dénudées ou couvertesde
I.A IlÉGION OIUKNTALE
107
savoka et des restes de bois sur les hauteurs. Lorsque la Forêt orientale
a été détruite par une cause naturelle, elle se régénère par un processus
excessivement complexe, phénomène qui devra être étudié de près par
les forestiers, qui ignorent encore les moyens de reconstituer une forêt
détruite, à Madagascar.
La forêt, dans les deux dernières Formations, résiste par-
faitement aux feux ; et il n'v a jamais eu d exemple de forêt
incendiée sur la côte Est tout entière. Pour la détruire, il
faut un tavy, c’est-à-dire un abatage préalable ; et tous les
bois détruits dans l'Est l'ont été par ce moyen. La forêt orien-
tale est d'ailleurs souvent protégée par une zone de savoka,
qui ne flambent qu’aux abords de la prairie. C'est seulement
lorsque cette zone protectrice est détruite, lorsque la prairie
est entrée en contact avec la forêt, que les feux de brousse la
détruisent, comme dans l'Ouest, par attaques répétées et suc-
cessives. On voit déjà au Sud-Est, au Nord-Est, et dans
l'Onkay, lieux où la dénudation est plus avancée, d’assez
nombreux exemples de massifs ainsi lentement détruits.
Dans toutes les régions de l’île, le paysage des endroits en
voie de dénudation a un faciès particulier, résultant du mode
de destruction des bois. Dans l’Est, et partout où la forêt a
été détruite par les tavy, c'est sur les sommets des collines ou
les crêtes des montagnes que des arbres persistent le plus
longtemps. Les bords des rivières, les vallées, les vallonne-
ments sont, au contraire, toujours si dénudés que l'on pour-
rait croire, de prime abord, à une localisation de la forêt sur
les cimes. Cet aspect caractéristique résulte pourtant, simple-
ment, de ce que les indigènes ont toujours recherché et recher-
chent encore, pour faire leurs tavy, les endroits les plus frais,
les plus fertiles, et. en même temps, les plus accessibles. Les
voies naturelles de pénétration dans la forêt sont les cours des
rivières et des ruisseaux, et c’est toujours sur leurs bords
que les indigènes commencent à la détruire.
Les savoka, avons-nous dit plus haut, seraient fatalement
destinés, si l’homme et le feu n’intervenaient pas, à redevenir
tôt ou tard des forêts. En effet, ces savoka ne sont autres
qu’un premier cycle de régénération qui ne va ordinairement
108
LA VÉGÉTATION MALGACHE
pas plus avant, parce que les feux des tavv ont détruit non
seulement les graines enfouies dans l'humus, mais aussi tous
les porte-graines des alentours. Dans la région du Sambirano
et sur la presqu île Masoala. où nous avons observé des exemples
d une régénération plus complète, la végétation uniforme des
Savoka est peu à peu remplacée par une futaie d'essences à bois
blanc et à croissance rapide, tels que Ficus. Dombeya, Maca-
ranya. etc. Puis ces arbres disparaissent à leur tour pour faire
place à une forêt dont l'hétérogénéité croîtra en même temps
que 1 âge.
Ce mode de régénération est en somme assimilable à celui
des forêts de hêtres, mais il ne faut pas oublier que nous
l’avons observé sur l’emplacement d’anciens tavv. c’est-à-dire
sur des sols prh’és d’humus et de graines. Dans les conditions
naturelles, il doit être tout autre et bien plus actif. Observons
donc ce phénomène en pleine forêt, sur l'emplacement d'un
ou plusieurs arbres que la vieillesse ou la tempête viennent
de faire tomber. La chute de ces géants a créé dans la futaie,
en écrasant les arbres ou arbustes voisins, un large vide par
lequel Pair et la lumière pénètrent largement jusqu'au sol.
Air et lumière font rapidement périr le sous-bois, sauf les
plantules de certaines espèces dont il sera question plus loin :
et l’amas de débris ligneux. Aite pourri ou dévoré par les
insectes, disparait bientôt sous une multitude de plantes, qui
s'emparent de l'emplacement vacant.
Toutes ces plantes constituent alors un hallier inextricable
qui rend impossible toute autre végétation. Elles appartiennent
à un assez grand nombre d'espèces que nous grouperons, d’après
certains détails biologiques, en trois catégories différentes. Les
unes, que nous appellerons plantes alternantes , sont herbacées
ou ligueuses et ne se voient jamais dans les futaies des alen-
u v
tours. Leurs graines ne peuvent germer qu'à la lumière et,
par suite, attendent, indéfiniment enfouies dans l’humus, l'acci-
dent fortuit qui leur permettra de pousser. Parmi ces espèces
alternantes, dont quelques-unes se retrouvent dans les savoka.
on remarque surtout Arnomuni angusti folium, Ampelosicyos
scandens. des Macaranga , Croton. des bambous et quelques
LA RÉGION ORIENTALE
109
Graminées ou Cvpéracées. La vie de ces plantes est relative-
ment courte et elles n'apparaissent jamais que dans les clai-
rières temporaires, les vides accidentels ou naturels de la
forêt.
D'autres, parmi lesquels on peut citer le Ravenala, certains
Palmiers et plusieurs lianes, arbres et arbustes, sont plus
Forêts détruites par les tavy et remplacées immédiatement par la prairie, sans
la phase intermédiaire des savoka. Environs de Vohipeno (S.-E.).
durables et persisteront dans la futaie nouvelle, mais leurs
graines, comme celles des premières, ne peuvent germer que
dans les éclaircies. Aussi n’en voit-on jamais que des indi-
vidus adultes dans la futaie voisine.
Enfin, les espèces de la 3° catégorie germent à l'ombre
dès la chute du fruit, mais ne peuvent ensuite se développer
qu’à la lumière. Sous la voûte sombre de la futaie, elles
attendent indéfiniment, à l’état de jeune plantule à vie ralentie,
que la mort frappe un des géants qui les ombragent. Dans la
forêt normale, on ne trouve ces espèces qu'en cet état ou sous
celui d individus adultes, mais jamais dans le stade intermé-
110
LA VKGÉTATIO.N MALGACHE
diaire. Ce sont surtout des lianes, qui attendent ainsi l'arbre-
tuteur. le compagnon de toute leur vie, qui doit croître et
mourir avec elles.
Les plantes de ce hallier grandissent et se ramifient de plus
en plus. Beaucoup disparaissent, et, sous 1 ombrage devenu
plus clair, apparaît enfin la quatrième catégorie que nous
distinguons parmi les plantes de la forêt : celle des espèces
qui germent et se développent à l'ombre. C'est un semis épais
d'arbres et d'arbustes. Ce semis grandit. Les arbustes du sous-
bois croissent sous les jeunes arbres de la futaie future. Ceux-
ci, en montant, cueillent les lianes qui doivent s associer à eux.
Et la forêt, tout aussi hétérogène qu une vieille futaie, se
trouve ainsi bientôt reconstituée.
Au cours de ce phénomène de régénération, dont la durée
peut être évaluée à lo ou 30 ans, deux choses nous semblent
surtout dignes de remarque. La première, c'est que I on trouve
très rarement sous l'emplacement d'un arbre mort des jeunes
plants de son espèce, ce qui revient à dire que le cycle de
reconstitution que nous venons de décrire peut être considéré
comme un véritable cycle d assolement. La seconde est que
les conditions nécessaires au développement de chacune des
espèces de la forêt sont complexes et multiples, et que chacune
d'elles attend très longtemps, peut-être pendant des siècles,
sous forme soit de graines enfouies dans l'humus, soit de
jeunes plantules à vie ralentie, que ces conditions se soient
réalisées.
VI. — Produis forestiers.
Nous avons dit encore, plus haut, que les forêts malgaches,
en général, étaient trop hétérogènes pour permettre une
exploitation régulière en vue d'en exporter les bois. Cela est
surtout vrai de la forêt orientale, plus hétérogène encore que
les autres, mais la merveilleuse diversité des essences ne 1 en
rend pas moins, en raison même de cette diversité, fort pré-
cieuse pour les besoins locaux. Aucune variété de bois, en etfet,
LA RÉGION OUI KM ALE
n’v est inconnue. Les Dorn/teya, Grewia , Bavensara, Cryj>/o-
carya, Ocotea, Macaranga , Dilobeia, etc. y fournissent des
bois blancs et tendres ; les Canarium, Symphonia, et Calop/u/l-
lum des bois tendres et résineux ; les Casearia et Homalium
de bons bois de charronnage : les Weimannia, Sarcolaena, Pro-
torhus, Eugenia, Imhricaria , Labrarnia, etc. des bois durs
Paysage des régions où la forêt a été détruite par les tavy (Région Est .
et colorés ; les Dalbergia , Diospyros , Tina et Colea des bois
d’ébénisterie. Des études, à ce point de vue spécial, ont été
entreprises et sont poursuivies à la station forestière d’Anala-
mazaotra L Les résultats ont été publiés par H. Louvel dans
le Bulletin économique de Madagascar et nous ne pouvons ici
qu’indiquer ces études à ceux qui désireraient avoir de plus
amples détails à ce sujet1 2.
Les autres produits de la forêt orientale sont surtout le
caoutchouc, la cire, le raphia, le crin végétal et le manara.
1. Les forêts d’Analamazaotra sont siluées dans la zone où la forêt
orientale passe insensiblement à la forêt du Centre.
2. Louvel : La forêt d' Analumazaulra, 1 909, 2, p. 313 ; La forêt de lu
presqu'île de Masoula, 1910, ï, p. 30 ; Station Forestière d' Analama-
zaotra, 1910, 2, p. 233 ; Travaux forestiers en 191 I et 1912, I, p. 73.
112
I.A VÉGÉTATION MAI.GAC1IK
Le caoutchouc est produit par d espèces de Mascarenhasia
et 9 espèces de Landolphia. Les Mascarenhasia sont de grands
arbres dans leur stat naturel, lorsqu'ils n’ont pas encore été
recépés. mais ne sont plus que des arbustes lorsqu'ils ont
repoussé de souches dans un endroit dénudé. Lorsqu’ils ont
leur port naturel, ce sont des producteurs de caoutchouc de
tout premier ordre, donnant 500 grammes de gomme, et parfois
davantage, en une seule saignée. Ils n'ont, au contraire, que
peu d’intérêt sous leur port d'arbuste provenant d’une ancienne
souche recépée. Les indigènes ont malheureusement l'habitude
d'abattre ces arbres avant de les saigner, et les grands exem-
plaires de ces trois espèces sont maintenant devenus introu-
vables. L'une d'elles, le M. arborescens, très robuste et résis-
tant à tout, est encore assez commune sous sa forme arbuste,
mais les deux autres ne sont plus que des raretés botaniques,
des espèces en voie d'extinction totale. Aucune mesure effi-
cace n'a été prise par l'Administration pour conserver ces
précieuses essences, qui auraient pu produire annuellement
autant de caoutchouc qu'on en a retiré en les abattant et en
les sacrifiant.
Les Mascarenhasia sont d'autant plus intéressants qu'ils
donnent, en outre, du caoutchouc dans toutes leurs parties,
aussi bien dans les feuilles et les jeunes pousses que dans le
tronc et les rameaux. Cette circonstance, rare dans les essences
caoutchoutifères, et la facilité avec laquelle ils repoussent de
souche, leur donne un grand intérêt aux points de vue cultu-
ral et industriel.
Les Landolphia sont, au contraire, toutes des lianes, attei-
gnant de très grandes dimensions. Les espèces de ce genre
sont très nombreuses dans la forêt de l'Est, mais la moitié au
moins de ces espèces ne produisent qu’un coagulât résineux
et sans valeur. Les autres donnent des gommes de valeurs très
diverses, généralement mélangées dans les caoutchoucs du
commerce. Toutes n'ont que du latex résineux dans leurs
parties jeunes, et l'une d'elles, le L. Mandrianamho , espèce
à caractères botaniques pourtant très constants, ne donne
même du caoutchouc dans ses parties âgées que dans
LA REGION ORIE.VI ALE
113
certaines conditions d'àge et de stat, difficilement détermi-
nables
Comme les Mascarenhasia , les lianes à caoutchouc, tout au
moins les meilleures, ont été détruites avec acharnement par
les indigènes, qui en tronçonnent les tiges pour en extraire
le latex. Les Landolphia de l'Est ne repoussant pas de souche,
Savoka jeune se développant sur forêt détruite par les tavy. I.es troncs
carbonisés qui subsistent encore de I ancienne forêt sont appelés « zeza » par
les colons et les indigènes de la Côte Est.
les plus intéressantes n’existent plus, à l’état adulte ; et ces
espèces vont s’éteindre avant qu’on soit fixé d'une manière cer-
taine sur leur valeur et leur productivité.
A l'état pur, les caoutchoucs de Mascarenhasia sont de
belles gommes très tenaces, cornées et résistant bien à
l'étuve, ceux des Landolphia sont des sortes plus ou moins
rosées et d une bonne élasticité. Mais les caoutchoucs com-
merciaux sont un mélange de toutes ces gommes plus ou moins
pures, plus ou moins mal préparées, auquel on ajoute encore
1. H. Jumelle et II. Perrier delà Bâthie : La diversité et les variations
des latex dans une liane à caoutchouc (L'Agriculture pratique des pays
chauds, janvier 1914).
8
LA VEGETATION MALGACHE
souvent des coagulats sans valeur. Aussi, dans le commerce,
l'usage a-t-il prévalu de désigner toutes les meilleures sortes,
quelle qu’en soit la provenance réelle, sous le nom de « Mada-
gascar rose », ou « Madagascar liane » et les inférieures sous les
noms de « Madagascar noir », « Barabanja » et « Gidroa » (noms
indigènes de Mascarenhasia, mais les unes et les autres pouvant
indifféremment provenir de Landolphiae t de Mascarenhasia *).
Les fibres de raphia qui font l’objet d'un grand commerce
d'exportation, sont produits par le Raphia Ruffia, Palmier
surtout commun dans la moitié Nord de la région orientale,
région où il est pourtant bien moins abondant que dans le
Nord-Ouest.
Les gaines et les rachis du Vonitra Thouarsiana . en se décom-
posant sur le stipe même, forment cette longue crinière de
fibres brunes qui constituent le crin végétal, que l'on expor-
portait jadis en grande quantité, mais que l'on ne récolte,
pour ainsi dire, plus maintenant. La forêt orientale pourrait
pourtant fournir encore de très grandes quantités de ces
fibres.
Le manara est un palmier, Beccariophenix madayasca-
riensis dont les jeunes segments sont employés dans l'Imerina
à la fabrication de chapeaux. Ces segments font l'objet d’un
commerce peu considérable entre indigènes.
La cire est surtout produite parles abeilles très nombreuses
dans la forêt. Elle pourrait l'être aussi par un Chrysalido-
carpus , Palmier très commun dans les environs d'Antalaha.
Tous ces produits, d ailleurs, au fur et à mesure des progrès
de la dénudation, sont appelés à prendre de moins en moins
d'importance, non seulement par suite des surfaces de plus en
plus réduites qui les produisent, mais aussi de l'éloignement
de plus en plus grand des massifs forestiers de la côte ôu des
voies qui v aboutissent.
1. II. Jumelle et Perrier de la Bàtliie : Les plantes à caoutchouc de
l'Est de Madagascar. Cliallamel, 1913.
2. II. Jumelle et H. Perrier delà Bàtliie : Nouvelles notes biologiques
sur la flore malgache (Annales de la Faculté des Sciences de Marseille,
1913).
CHAPITRE IX
La région centrale.
Cette région comprend toutes les parties de 1 ' Ile situées au-dessus
de 800 mètres d'altitude. Ses limites avec les régions de l'Est et du
Sambirano sont peu nettes ; la netteté est très grande, au contraire,
vers l’Ouest, où la végétation à feuilles caduques entre en contact
avec la végétation à feuilles persistantes. Le climat diffère surtout de
celui de la région orientale par un abaissement très sensible de la
température et par des pluies bien moindres en saison froide, où l'hu-
midité reste néanmoins très grande. Pendant cette saison froide, la
végétation subit un temps d’arrêt très marqué. La flore est surtout
constituée par des types orientaux modifiés par l’altitude, mais avec de
très nombreux types des climats tempérés et de l’Afrique Australe.
Elle est en outre caractérisée par l’abondance des Orchidacées, des Com-
posées, des Ericacées et des Fougères. On y distingue six Formations dif-
férentes : la forêt à sous-bois herbacé, la silve à Lichens des cimes, les
broussailles éricoïdes des hautes altitudes, les bois des pentes occiden-
tales, les marais et les rocailles à xérophytes. Toutes ces Formations,
sauf celles des marais, sont remarquables par leur richesse en espèces.
Délinie sommairement, la Région centrale comprend toutes
les parties de Elle situées au-dessus de 800 mètres d’altitude,
du moins quand ces parties sont soumises à l'action de l'alizé
humide. Mais cette dernière restriction est d'ailleurs à peine
nécessaire, car presque toutes les altitudes supérieures à
800 mètres sont soumises plus ou moins à l’alizé. Il y a pour-
tant quelques exceptions. Ainsi, sur l’extrémité Nord de
barète cristalline de 1 île, la végétation du Centre ne se
montre qu’au-dessus de 1.200 mètres; et, sur quelques cimes
du Sud-Ouest isolées dans un climat très sec, on ne l’observe
pas du tout, même à cette dernière altitude.
Les changements de la végétation sont plus ou moins nets
et brusques sur les différentes limites de la région. Sur les
116
LA VÉGÉTATION MALGACHE
limites Est, ainsi que nous l'avons dit plus haut, les régions
orientale et centrale se confondent et se pénètrent intimement.
Seules, la disparition de certains types tropicaux ( Landolphia ,
Mascarenhasia , Bavenala , Vonitra, etc.) et l’apparition
d’autres types des climats tempérés ( Ranunculus , Viola . Epi-
lobiurn , Ombellifères, etc.), coïncidant avec un changement
d’aspect de lenseinble, nous ont engagé à placer leur limite
respective aux alentours de l’altitude de 800 mètres. Cette
limite, ainsi comprise, suit d'ailleurs presque partout la base
du ressaut brusque qui borne, vers l'Est, le plateau central,
et cet accident orogénique, à partir duquel l’altitude s'élève
brusquement, la rend très nette au point de vue physique.
Baron, qui ne connaissait guère de la région centrale que ce
que nous appelons la Prairie du Centre, plaçait cette limite à
la partie supérieure de ce ressaut, c’est-à-dire vers 1 .200 mètres
d'altitude. Si nous ne nous rangeons pas à cette manière de
voir, c est simplement parce que nous avons retrouvé, dans
les parties les moins peuplées et les plus occidentales du
Centre, que Baron n'avait pu visiter, des bois et des forêts
absolument semblables, tant au point de vue physique que
botanique, aux bois qui recouvrent les flancs du rebord orien-
tal des hauts plateaux.
Dans la région du Sambirano, on observe le même mélange
entre la végétation du Centre et celle de ce petit territoire,
où tant de formes de 1 Est se retrouvent. Au Nord, à l'Ouest
et au Sud, c'est-à-dire partout où la Flore du Vent entre en
contact avec la Flore sous le Vent, les limites de la région
centrale sont, au contraire, excessivement nettes, du moins
lorsque les formations autochtones n’ont pas été totalement
détruites. Lorsque la prairie subsiste seule, il est naturelle-
ment plus difficile de reconnaître l’endroit précis où l'on
quitte le Centre pour pénétrer sur le territoire que recouvrait
jadis la végétation à feuilles caduques, mais l’apparition de
certaines espèces autochtones, très communes dans l'Ouest et
résistant plus ou moins aux feux, telles que Ficus Sakalava-
rum Bak. dans les bas-fonds, et Mascarenhasia lisiantluflora
DC., Acridocarpus excelsus Juss. ou Celastrus lincaris sur
LA RÉGION CENTRALE
117
les collines dénudées, suffit alors pour lever tous les
doutes.
Les limites occidentales de la région du Centre sont d’ail-
leurs indiquées physiquement par un ressaut presque aussi
constant, presque aussi accusé que du côté de l'Est. Pourtant
l'altitude y croît moins brusquement, les espèces du Centre
Un chêne ((J. pediinculata) âgé de plus de 30 ans, à Tananarive, vers 1.200 m.
d'alt. Hauteur totale, 8 m. Exemple d'espèce introduite ayant pris le port des
arbres de la forêt du Centre.
ne dépassent pas sa cime, et cet accident orogénique, au lieu
d’être rectiligne, constitue plutôt une suite de lignes irrégu-
lièrement courbes, dont la convexité est tournée vers la mer.
Cette dénivellation brusque, qui limite presque partout la
région du Centre, n’est qu’une conséquence des failles qui
bordent le plateau central de tous côtés. Ces failles sont en
118
LA VÉGÉTATION MALGACHE
effet droites sur le versant oriental et grossièrement curvi-
lignes sur le versant occidental.
L altitude de la région du Centre varie de 800 à 2.868 mètres,
cette dernière altitude étant celle du mont Tsaratanana, le
point culminant de 1 île. Ces grandes différences d’altitude
pourraient laisser supposer, de prime abord, de très grandes
variations climatiques, mais comme la hauteur moyenne du
plateau central est de 1.400 mètres, et que les altitudes supé-
rieures et inférieures n'y sont, en somme, qu'une exception,
le climat du Centre est beaucoup plus homogène qu'on ne le
croirait. Les extrêmes de température sont d'ailleurs tempérés,
sur les Formations autochtones, par des brouillards persistants,
et la constance des autres conditions, humidité et régime des
venls, donnent à la végétation, tille du climat, une homogé-
néité bien marquée.
Voici, résumées en un tableau, les principales caractéris-
tiques de ce climat, recueillies en trois points différents de la
région centrale L
Il résulte clairement de ces chiffres que le climat de la
région centrale diffère surtout de la région orientale : 1° par
un abaissement sensible de la température ; 2° par des pluies
bien moindres en saison froide. Les pluies sont même si raré-
fiées en celte dernière saison qu elle mériterait parfaitement
le nom de saison sèche si l’état hygrométrique de l'air ne se
maintenait toute l'année à un degré élevé, plus élevé parfois
en saison froide qu'en saison chaude, en saison soi-disant
sèche qu’en saison des pluies. Cette humidité de l'hiver est
d’ailleurs la conséquence de brouillards persistants qui rendent
la radiation bien moins intense dans cette saison 1 2.
L’humidité atmosphérique constante et la nébulosité plus
forte sont-elles les seules raisons du feuillage persistant et
du faciès subtropical humide de la llore autochtone du Centre
1. Moyennes sur cinq années. Les données incomplètes de la station
météorologique d’Antsirabé ont été complétées par celles d’Ambositra,
station voisine et d’altitude sensiblement la même. V. B. P. Colin,
Bull. Ac. Malg., 1912, t. et la note p. 47.
2. V. B. P. Colin, Bull. Ac. malg., 1912, t., p. 224.
LA RÉGION CENTRALE
I 10
120
LA VÉGÉTATION MALGACHE
et de ses profondes dissemblances avec celle de l'Ouest, où
les pluies, en saison sèche, sont à peine moins abondantes ?
Nous ne le croyons pas, car les caractères de cette végétation
nous paraissent avoir été acquis sous un climat plus humide
et moins froid, en un mot plus forestier, que celui qui règne
actuellement sur les parties dénudées du plateau central.
Dans une certaine mesure, ces changements récents du cli-
mat du Centre auraient pu être prouvés en comparant les
chiffres du tableau ci-dessus, recueillis en régions dénudées,
avec d'autres obtenus dans les derniers massifs forestiers de
haute altitude. Malheureusement nous ne possédons aucune
donnée de ce genre, et, voulant nous borner ici à un strict
exposé des faits, nous nous contenterons de signaler que ce
changement récent dans les conditions climatiques 1 pourrait
par ailleurs être encore établi par l'histoire détaillée de cer-
taines mutations ou accommodations d'espèces silvestres qui
ont persisté dans les endroits dénudés, et par l'étude des
effets des gelées sur les plantes autochtones. Ces espèces ne
paraissent, en effet, nullement adaptées à ce phénomène,
comme s'il était nouveau venu dans l’ensemble des conditions
de milieu qui ont donné à ces plantes leurs ports et leurs
caractères végétatifs.
Dans le tableau ci-dessus, la saison chaude comprend les
mois d'octobre, novembre, décembre, janvier, février, mars
1. D’expériences faites en Amérique, on a récemment conclu que le
déboisement n'avait aucune influence sur la quantité d’eau tombée dans
une région donnée. Nous croyons ces expériences discutables, mais, au
surplus, ce n’est pas de cela qu’il est question ici. Nous voulons sim-
plement dire que le lierika, ce brouillard et ces pluies fines d'hiver, est
un phénomène d'origine essentiellement forestière, causé par les vents
du Sud-Est venant frapper une masse très dense de végétation admira-
blement organisée pour emmagasiner l'humidité et la rendre, sous
l'influence des vents dominants, d’ailleurs humides, et de l'abaisse-
ment de la température. L'alizé crée ainsi, en saison froide, autour
des massifs forestiers du Centre, de véritables auréoles d’humidité.
Il est facile de se rendre compte in vitro de ce phénomène très simple
en faisant passer un courant d'air sur une éponge humide. C’est la
suppression plus ou moins totale de ce lierika qui a perturbé le climat
du Centre.
LA RÉGION CENTRALE
121
et avril, et la saison froide les cinq autres mois ; mais, comme
cette division un peu arbitraire de l’année en deux périodes
inégales pourrait surprendre, nous nous empressons d'ajouter
qu elle est uniquement fondée sur les phases de la végétation
autochtone, que, seule, nous étudions ici. En effet, durant
les mois de mai, juin, juillet, août et septembre, on observe
Manguier adulte à Tananarive, vers 1.200 m. d’alt. Hauteur 7 m. Exemple
d’espèce introduite ayant pris le port des arbres de la forêt du Centre. A
comparer avec la photo précédente.
un arrêt très marqué et presque général de cette végétation.
Sans doute, ce repos est moins absolu que celui de la saison
sèche dans la région occidentale, car quelques plantes du
sous-bois, bien abritées sous d'épais couverts, continuent à
fleurir et d’autres à végéter, mais il est néanmoins infiniment
plus net et bien mieux limité que dans la région orientale.
122
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Par suite, il nous a paru nécessaire de distinguer cette période
en ne comptant dans les mois de saison froide ni avril ni
octobre, où la végétation est encore ou déjà en pleine acti-
vité.
Comme dans les autres parties de l'île, les premiers orages
d'octobre sont le signal du printemps. Les vents humides et
froids de l’Est viennent à peine d'être remplacés par les
vents chauds de l'Ouest, précurseurs des orages, et déjà la
forêt s'est couverte de tleurs et de feuilles nouvelles. La plu-
part des arbres de la futaie, un grand nombre des arbustes et
des herbes des sous-bois ou des broussailles des cimes, fleu-
rissent, en effet, en octobre-novembre, et beaucoup fructifient
déjà dans cette première période. Au contraire, pendant les
grandes pluies de décembre, janvier et février, aucune espèce,
sauf quelques Orchidacées épiphytes, n'épanouit ses fleurs,
et c'est seulement après ces pluies, en mars et avril, que les
espèces tardives, Aloe, Kalanchoe, beaucoup de Composées
et certaines Ombellifères, entrent à leur tour en floraison.
Ces deux périodes de floraison, séparées par les mois de
grandes pluies, évidemment peu propices à la fécondation,
sont remarquables ; et ce fait est à rapprocher de cet autre,
fort analogue : l'épanouissement et 1 anthèse de la plupart
des fleurs avant midi. Tous deux résultent évidemment de
l'adaptation séculaire des espèces autochtones aux grandes
pluies de l’hivernage et aux orages des époques de floraison,
orages qui ne se produisent guère que dans la seconde moitié
du jour 1 .
1. Nous ne parlons ici que de la végétation autochtone. Les plantes
cultivées ou importées se comportent tout différemment, et avec des
anomalies singulières qu’expliquent les hautes températures diurnes,
le peu de rigueur de la saison froide et le manque d’adaptation au cli-
mat de ces plantes, pour la plupart récemment importées. Ainsi l’abri-
cotier, le pêcher, la vigne, le pommier fleurissent en juillet-août, et les
fruits du premier mûrissent à peine un mois avant ceux des autres.
Les mangues sont mûres en février, peu après celles de l'Est, mais trois
mois après celles de l’Ouest ; etc.
Les conditions climatiques du Centre ont d’assez curieuses consé-
quences au point de vue acclimatation de nos plantes cultivées d’Eu-
rope. Les plantes annuelles s’en accommodent aisément. Il y est, par
LA RÉGION CENTRALE
123
Il y a, ici, peu de fruits qui passent la saison froide en
s’accroissant lentement, comme dans les autres régions de
l'ile. La plupart mûrissent avant et pendant les grandes pluies
de la saison chaude, et les graines germent aussitôt. Les
exemple, très facile d’obtenir des légumes pendant toute l'année, et,
au-dessus de 1.500 mètres, le froment, l’avoine, la pomme de terre
viennent bien. Mais il n’en est pas de même pour les plantes vivaces,
surtout pour nos arbres fruitiers d’Europe, dont l’introduction n'a pas
donné jusqu’à présent des résultats bien positifs. Le pêcher et l’abri-
cotier semblent être ceux qui viennent le mieux. Ils perdent leurs
feuilles pendant l’hiver, et, même après plusieurs générations, donnent
des fruits assez bons. Le cerisier, au contraire, réussit mal. Il ne pro-
duit guère et prend le port habituel des espèces arborescentes du
Centre, c'est-à-dire une ramification courte et serrée, qui le rend
méconnaissable. Les pommiers, les poiriers, les pruniers, tout en pre-
nant le même port déroutant, y acquièrent un feuillage coriace, tardi-
vement caduc. Toutes ces espèces, sauf les deux premières, s’abâtar-
dissent très vite, non pas seulement à la suite d’une ou deux généra-
tions, mais sur l'individu lui-même. Un pied greffé, par exemple, don-
nera une première récolte de bons fruits, mais ensuite ne produira
plus que quelques fruits rares et peu mangeables. En outre, presque
tous ces fruitiers gèlent souvent, fait qui peut sembler paradoxal pour
des arbres importés de pays froids dans des régions où la température
descend rarement au-dessous de zéro, mais qu’expliquent aisément la
douceur de l’hiver, les hautes températures diurnes et l'inversion des
saisons.
La vigne vient très mal dans le Centre. Seule, une variété américaine,
1’ « Isabelle », fructifie abondamment, et c’est avec les raisins de cetle
forme que l'on fait le vin de l'Imerina. Les autres variétés ne produisent
rien et viennent mal, par suite de maladies cryptogamiques, dit-on,
mais plus probablement par suite du sol compact et sans calcaire, et
aussi parce que la floraison et la fructification ne peuvent s'effectuer
d'une façon normale. La vigne perd ses feuilles et se repose pendant
trois à quatre mois. Le framboisier et le rosier, au contraire, restent
en végétation toute l’année. Il semble résulter de ces faits, et de
quelques autres analogues que nous ne pouvons citer ici, (pie les
arbres fruitiers de la mère-patrie, introduits jusqu’à présent avec une
obstination touchante et digne de plus de succès, n'ont pas grand
avenir dans l'ile. Il vaudrait peut-être mieux aller chercher dans les
régions méridionales des variétés s'accommodant de climat analogue,
ou mieux encore créer sur place des formes nouvelles réellement adap-
tées aux conditions si particulières de milieu qui caractérisent le
Centre. Tôt ou tard, et quoi que l’on fasse, c’est à ce dernier résultat
qu'on aboutira.
124
[.A VEGETATION' MALGACHE
espèces tardives seules, dont les fruits sont rarement charnus,
attendent la saison suivante pour germer.
Les feuilles, qui sont persistantes, finissent cependant, au
bout d'un temps plus ou moins long suivant les espèces, par
mourir et par tomber ; et cette chute, tout en n’ayant pas lieu
à une époque déterminée, est néanmoins surtout abondante
aux moments de forte végétation, c’est-à-dire vers les pre-
mières chaleurs et pendant les grandes pluies de la saison
chaude. Quelques rares essences, à peine plus abondantes ici
que dans la région orientale, perdent bien leurs feuilles
chaque année, mais elles ne les perdent qu’à l’apparition des
feuilles nouvelles. Çe ne sont pas strictement des essences à
feuilles caduques, car des individus et même certaines de
leurs branches sont encore couverts de l'ancien feuillage,
alors que d’autres pieds ou d’autres rameaux portent déjà des
feuilles nouvelles. Aussi appellerons-nous désormais de
telles essences, pour les distinguer de celles qui restent
dépouillées un certain nombre de mois, essences à feuilles tar-
divement caduques.
Nous avons dit plus haut que, malgré de très grandes dif-
férences d’altitude, le Centre jouissait, en somme, d'un cli-
mat assez homogène. En effet, au point de vue climat, l’in-
fluence de l’altitude ne se traduit guère que par une diminu-
tion de la température ', et les saisons restent à peu près les
mêmes jusque sur les plus hautes cimes. Mais cela ne veut
pas dire que cette influence soit nulle au point de vue de la
végétation. Bien au contraire, elle est très grande, et les carac-
téristiques de la végétation native du Centre, ramification
plus intense, réduction du feuillage et de la taille, qui s’exa-
gèrent avec l’altitude croissante, n’en sont évidemment que
des conséquences. Au point de vue faciès, la végétation du
Centre n’est même rien autre que celle de l’Est modifiée par
l’altitude 2.
1. Diminution de 1° par 2'to mètres, d’après R. P. Colin, B. A. M.,
1912, I, p. 212.
2. Voici, à titre de document, les limites extrêmes d'altitude qu at-
teignent les plantes cultivées : Pomme de terre 2.400 mètres depuis
I. A REGION CENTRALE
125
Au point de vue botanique, nous arrivons à la même con-
statation. En effet, si la flore du Centre est très nettement
caractérisée par l'abondance des Orchidacées, des Composées,
des Ericacées et des types de climats tempérés, il n'en est
pas moins vrai que beaucoup de types orientaux se retrouvent
jusqu'aux plus hautes altitudes. Ainsi, le type Bambou est
représenté jusqu’à 2.300 mètres mont Ibity et 2.000 mètres
Albizzia Lebbeck adulte, à Tananarive, vers 1 .200m. d'ail. Hauteur totale. 7 m.
Exemple d'espèce ayant pris le port des arbres de la forêt du Centre.
1.600 ; tabac 2.200 mètres ; patate, chanvre, sonjo ( Colocasia anliquo-
rum ) et maïs 2.000 mètres ; riz. néflier du Japon, pêcher 1.800 mètres ;
manioc 1.500 mètres. Le manioc, la patate et le sonjo gèlent au-dessus
de 1.400 mètres, mais cela ne parait pas nuire à leurs tubercules. La
pomme de terre, le chanvre et le tabac peuvent pousser sans doute
à des altitudes supérieures, mais nous ne les y avons pas observés.
126
LA VÉGÉTATION MALGACHE
mont Tsaratanana), le. type Pnndamus jusqu'à 2.400 mètres
(mont Tsaratanana), le type Palmier jusqu'à 2.000 mètres
(mont Andringitra, à Yavavato) et 2.400 mètres (mont Tsara-
tanana), le type Dracæna à 2.200 mètres (mont Tsaratanana),
et il n'y a guère d'arbres des hautes altitudes qui n'appar-
tiennent pas à des genres représentés sur la côte. Les types
des climats tempérés, Ranunculus , Viola , Géranium , Epilo-
bium , Garer, Ombellifères, sont peu visibles dans les for-
mations autochtones ; la dénudation, au lieu de leur nuire,
leur a permis de se multiplier davantage, et cette circon-
stance, jointe à l'étrangeté de leur présence, leur a fait donner
une importance exagérée. Leur nombre ne s'accroît pas d'ail-
leurs avec l'altitude, et l’un d’eux, le genre Garer , est repré-
senté jusque sur les bords de la mer.
L’orientation par rapport à l'alizé, dont l'influence est si
grande sur la végétation malgache tout entière, produit,
plus encore que l'altitude, de profonds changements dans la
végétation et la flore de la région centrale ; et c'est surtout
à ces deux causes, orientation et altitude, que sont dues la
plupart des Formations *jue nous avons pu y distinguer. Le
sol, au contraire, pourtant moins homogène ici que dans la
région orientale, ne semble pas avoir une influence bien mar-
quée. C'est encore, en somme, partout des argiles latéri-
tiques, produites, il est vrai, aux dépens de roches métamor-
phiques ou volcaniques, siliceuses ou calcaires, mais leurs
caractères physiques restent les mêmes, et leur diversité d'ori-
gine ne paraît avoir, en somme, que peu d’effets sur la
végétation. Néanmoins la richesse en espèces s’accroît sur
les basaltes récents, et il devait en être de même sur les cipo-
lins ; malheureusement ces derniers sont aujourd'hui totale-
ment dénudés et nous n'avons pu y observer aucun reste de
la végétation native qui les recouvrait jadis .
Lorsque la végétation native recouvrait encore le Centre
tout entier ', on rencontrait successivement, en traversant
1. Les descriptions qui suivent surprendront certainement ceux
qui ne connaissent, de la région du Centre, que les parties habitées,
aujourd'hui totalement dénudées. Aussi indiquerons-nous, à titre de
LA RÉGION CENTRALE
127
cette région de l'Est à l'Ouest : 1°, sur les surfaces balayées
par l'alizé saturé d'humidité, quels que soient d’ailleurs leur
exposition et leur éloignement du rebord oriental, une forêt
très dense à futaie de 13 à 20 mètres, recouvrant un sous-bois
extraordinairement épais, souvent constitué de plantes her-
bacées ; 2°, sur les crêtes et les cimes placées dans les mêmes
conditions, une forêt basse, de 6 à 8 mètres, très dense du
sol à la cime, à troncs et à rameaux couverts à profusion
de Mousses et de Lichens ; 3°, sur les plus hautes cimes, une
végétation d arbustes éricoïdes groupés en un seul étage ;
i°, sur les pentes occidentales, plus ou moins soustraites à
l'action directe de 1 alizé humide, des bois à futaie de 10 à
13 mètres, recouvrant un sous-bois assez clair d’arbustes sur-
tout éricoïdes. Telles sont les quatre Formations que nous
distinguerons sous les noms de : 1° Forêts à sous-bois her-
bacé ; 3° Silve à Lichens des cimes ; 3° Broussailles éricoïdes
des hautes altitudes ; i° Bois des pentes occidentales. A ces
quatre Formations principales, qui existent du nord au
sud de la région, nous ajouterons deux autres plus locali-
sées : la Formation des marais et celle des rocailles à xéro-
phytes .
Comme dans l'Est, toutes ces Formations, sauf celles des
marais, sont remarquables par leur richesse en espèces. A
peine aurons-nous plus loin à signaler un léger appauvrisse-
ment corrélatif à 1 altitude. Comme dans l'Est encore, les
associations végétales sont ici excessivement complexes et
embrassent toute la Formation. Pourtant nous distinguerons,
dans la Formation des pentes occidentales, l'association végé-
tale des tapia , qui a bien tous les caractères de celles obser-
vées en Europe, mais qui nous parait néanmoins, ainsi que
nous l'expliquerons, n’être qu'une conséquence directe de
Faction de 1 homme et des feux.
référence, pour chacune des Formations dont il sera question plus loin,
la liste des localités où nous les avons observées.
128
LA VEGETATION MALGACHE
I. — Formation des marais1.
Les marais de la région centrale sont presque tous actuellement
modifiés par la culture et les suites habituelles de la dénudation. Ils
sont, en général, tourbeux, mais la formation de la tourbe ne s'y con-
tinue plus de nos jours. L’examen des rares témoins encore vierges de
cette Formation et des tourbes subfossiles indique néanmoins que les
espèces de ces tourbières étaient des spliaignes, des Fougères et des
Cypéracées. Les espèces de cette Formation sont peu nombreuses et
très répandues, caractères habituels des formations palustres dans le
monde entier.
Aujourd'hui, les marais de la région centrale sont presque
tous modifiés par la culture, les feux (marais temporaires)
ou les conséquences habituelles de la dénudation, c'est-à-dire
Férosion plus intense, et, comme suite, les eaux troubles et
les apports alluvionnaires, qui, comme on sait, suffisent à
changer du tout au tout la végétation d'un marécage. Et la
meilleure preuve que la végétation et les conditions de vie
des marais actuels sont tout autres qu elles étaient ancienne-
ment, c’est que le sous-sol y est presque toujours constitué
de tourbe recouverte d'une couche plus ou moins épaisse
d alluvions et de terre végétale, tourbe dont la formation,
par conséquent, ne se poursuit plus de nos jours. Quels étaient
les végétaux qui ont contribué à la formation de cette tourbe,
dont la majeure partie semble contemporaine des dépôts à
Epvornis et Hippopotame 2 ? Sans doute, l'examen des couches
les moins altérées pourra fournir d utiles indications à cet
t. Localités des marais vierges observés : Andringilra, au sud d'.Vnua-
balavo, à 2.200 mètres ; Andasibe, sur FOnive, à 1.400 mètres ; flaucs du
Tsiafajavona, vers 2.200 mètres ; Ambohitantely, à l'est d Ankazobe,
1.600 mètres ; Analamahitso, entre le Bemarivo et l'Anjombona,
1.000 mètres; Manongarivo, entre le Maevarano et le Sambirano, 1.500-
1.700 mètres; sources du Sambirano, sur le mont Tsaratanana, vers
2.600 mètres.
2. C’est-à-dire d’âge très récent, simplement préhistorique, ce qui
n’a aucun caractère d’antiquité à Madagascar.
LA RÉGION CENTRALE
129
égard mais cet examen n'a pas encore é Lé fait, et, pour
1 instant, nous sommes réduit, sur ce point, à faire de simples
hypothèses basées sur la végétation palustre actuelle et les
rares témoins de la Formation subsistant encore avec tous
leurs caractères primitifs.
La végétation des marais à eau plus ou moins profonde est
Lac Alaotra, avec zozoro, Cyperus unerinensis Centre).
sans doute la moins modifiée. Elle est surtout constituée par
de nombreuses espèces de Cyperus, de Scirpus et d ' Eleocharis ;
et la tourbe, dans ce stat, a dû se former un peu comme dans
1. Ces lignes étaient écrites au moment de la découverte, à Betafo,
au milieu d'une région aujourd'hui totalement dénudée à 100 kilomètres
à la ronde, des restes d’une forêt ensevelie sur les bords d'une tour-
bière. Cette forêt était composée des mêmes essences que Ton observe
encore dans les endroits humides sur les limites orientales du Centre.
Bien que gisant à peine à 1 mètre au-dessous de la surface du sol,
ces restes végétaux englobaient des ossements subfossiles, ce qui éta-
blit bien que les Epgornis, et les animaux contemporains, ont disparu
avec la forêt native et tout récemment Y. Bull. Académie malgache,
XII, I, 199).
9
130
LA VÉGÉTATION MALGACHE
les lagunes de 1 Est, c'est-à-dire par dépôt lent de matières
lipidiques provenant de la décomposition de plantes surna-
geantes. Dans les autres marécages, quelques espèces des
mêmes genres, une Graminée et Nej)hrodiuni Thelipteris ont
dû certainement contribuer à la formation de la tourbe
ancienne, car ces plantes présentent toutes les caractéris-
tiques des espèces des tourbières. Elles existent d'ailleurs
dans les marais où la tourbe continue à se former, c’est-à-dire
dans ceux qui se sont conservés avec tous leurs caractères
originels. Au surplus, l'étude seule de ces tourbières non
modifiées pourra nous donner une idée approximative de ce
que pouvait être jadis la végétation de cette Formation, et,
comme toujours, puisque nous cherchons surtout à reconsti-
tuer la flore native, il ne sera uniquement question ici que de
ces marais encore vierges. La présence de la tourbe, à
quelques centimètres au-dessous de la surface du sol. dans
tous les marécages de la région centrale, indique nettement
d’ailleurs que la végétation ancienne de ces stats était bien
analogue à celle que nous allons décrire, et, incidemment,
nous ferons remarquer que l’existence presque générale de
tourbières anciennes dans tout le Centre, et l'arrêt actuel de
leur formation, démontrent, d'une façon très claire, l'ampleur
des modifications récentes du tapis végétal de cette région.
Les quelques marais à végétation native encore intacte
que nous avons pu observer subissent d’assez grandes modi-
fications avec l’altitude. De 800 à 1.700 mètres, ceux qui n’oc-
cupent qu’une superficie restreinte ne diffèrent guère de ceux
de la région orientale que par une plus grande abondance des
Fougères. Ce sont toujours les mêmes marais à sphaignes,
remplacés souvent ici par une Mousse de port semblable,
parsemés de Pandanus élancés. Deux Fougères, Osmunda
regalis et une espèce arborescente à gros stipe couché et
ramifié, Alsophila Baroni, leur donnent pourtant un aspect
tout autre. Par ordre d importance, les plantes contribuant
ici à la formation de la tourbe sont surtout les Fougères, les
sphaignes, les Mousses et quelques Cvpéracées. Dans les
marais de plus grande étendue, dont, à vrai dire, nous no
LA RÉGION CENTRALE
131
connaissons pas d exemple absolument vierge, les sphaignes
et les Mousses paraissent avoir joué un rôle bien plus modeste.
Ces plantes étaient sans doute localisées à la base des tiges
des Cypéracées et du Nephrodium Thelipteris , qui semblent
bien avoir été prépondérants sur les anciennes tourbières de
quelque étendue, comme ils le sont encore sur les marais
actuels. Une Papilionacée arborescente, le Smithia chamae -
Bords d’un torrent, avec Impatiens salicifolia. Environs'de Betafo,
vers 1.600 m. ait.
crista Benth., aujourd'hui localisée dans quelques marais du
versant occidental du Centre, était probablement jadis bien
plus répandue et devait couvrir d’immenses surfaces. Cette
plante, qui forme d'épais fourrés de 1 à o mètres de hauteur,
abritant une végétation épaisse de Graminées à tiges grêles et
très ramifiées, a certainement contribué, pour une grande part,
à la constitution de ces tourbières, auxquelles elle donnait
alors un aspect tout spécial.
Plus haut, au-dessus de 1.700 mètres, les tourbières res-
semblent bien davantage à celles de nos pays tempérés.
132
LA VÉGÉTATION MALGACHE
C'est un épais tapis de sp baignes et de Mousses, abrité par
une dense végétation de 50 à GO centimètres de hauteur, con-
stituée. suivant les lieux, par des arbustes éricoïdes, Agauria,
Philippia , Vaccinium, Helichrysum, ou par une Graminée
spéciale, ou par des Cypéracées remarquables par les dômes
que constituent leurs feuilles et leurs souches accumulées.
11 y existe aussi parfois des Fougères, mais leur nombre dimi-
nue avec l'altitude croissante, tandis qu'augmente, au con-
traire, un peu celui des espèces accessoires h
La végétation des lacs et des étangs profonds ne diffère en
rien, en tant que faciès, de celle qu’on trouve partout sur ces
stats. Au-dessous de 1 .400 mètres, le Cyperus imerinensis
Bokeler, à port de Papyrus, donne au bord des eaux pro-
fondes un aspect analogue à celui des lagunes de la côte
orientale. Plus haut, la végétation lacustre devient de plus
en plus pauvre.
On aurait pu distinguer, comme Sous-Formation spéciale,
les bords des torrents et des ruisseaux, surtout remarquables
parce que les types malgaches des climats tempérés y sont
presque exclusivement localisés. Mais ces types, Ranunculus,
Viola, Géranium , Epilobium, Salix , et la plupart des Carex
et des Ombellifères se retrouvent souvent dans les marais
vierges ; et les autres espèces, parmi lesquelles abondent les
Impatiens , existent aussi souvent ailleurs, soit près des maré-
cages ombragés, soit sur les rocailles humides des forêts voi-
sines.
En résumé, si l'on met à part la Sous-Formation des ruis-
seaux et des torrents, qui participe plus ou moins à la
richesse des bois que ces cours d'eau arrosent, cette Forma-
tion est la plus pauvre en espèces de la région, et certaines
plantes y dominent sur de vastes surfaces, à l'exclusion de
i. A toutes les altitudes, ces espèces accessoires sont surtout des
Orchidées terrestres. Ces plantes, si abondantes dans le Centre, sont,
en elTet, presque toutes des espèces palustres. Elles fructifient abon-
damment dans les marais, tandis que les capsules des espèces voi-
sines, localisées dans la vraie Prairie, avortent, au contraire, presque
toujours, indice certain d‘un changement dans les conditions de milieu.
LA RÉGION CENTRALE
133
toute autre. Dans le monde entier, ces caractères sont très
habituels aux Formations analogues, mais ici ils étonnent
davantage à côté de la végétation environnante, si riche et
si complexe.
II. — Forêt a sols-bois herbacé '.
Cette Formation recouvre les endroits les plus humides, à sol pro-
fond, de la région centrale, entre 800 et 2.000 mètres d’altitude. Elle
est caractérisée par un sous-bois très épais de plantes herbacées ou
sous-frutescentes et une futaie d’environ 25 mètres d’arbres très
ramifiés, rarement droits, toujours surchargés d’épiphytes. Cette végé-
tation forme un ensemble très dense, véritable régulateur d’humidité.
Au point de vue botanique, cette forêt est constituée par beaucoup de
types orientaux modifiés par l’altitude et un grand nombre de types
spéciaux.
Vers 800 à 000 mètres d altitude, suivant les régions, la
forêt de l'Est se transforme, insensiblement d’abord, puis de
plus en plus avec l’altitude croissante, et, vers 1.000 mètres,
acquiert un aspect totalement différent. Un des étages de la
végétation a disparu et la futaie plus basse n abrite plus
qu'un sous-bois impénétrable, où dominent les plantes her-
bacées ou sous-ligneuses ; le feuillage a diminué de grandeur;
la ramification des arbres s'est exagérée, et leurs rameaux
chenus se sont couverts d’une prodigieuse quantité d’épi-
phytes, où dominent les Lichens pendants. Telle est la forêt
1. Localités observées : Falaise orientale de l'Andringitra (Iratsv)
au lac Alaotra, et de Mandritsara aux sources du Bemarivo Province de
Vohémar), de 800 à 2.000 mètres d’altitude ; Mont Tsaratanana, île 1.200 à
2.500 mètres ; Montagne d’Ambre, de 900 à 1.200 mètres; Massif de
Manongarivo, de 800 à 1900 mètres ; Massif d’Analamabitso entre Bema-
rivo (Ouest) et Sofia, de 800 à 1.400 mètres; Petits bois du Tampo-
ketsa, entre le Bemarivo Ouest) et le Mahajamba, de 900 à 1.200 mètres ;
Petits bois sur le mont Tsiafajavona, entre 1.700 et 2 400 mètres; Reste
de bois sur le Vavavato (Province d’Antsirabé), aux environs d’Am-
batofongena (Province d'Ambositra), sur le mont Belambanana, au sud
d'Ambalavao (Province de Fianarantsoa), sur le mont Ivohibé, sur l’Ihosy,
entre 1.000 et 2.000 mètres d’altitude.
134
LA VÉGÉTATION MALGACHE
à sous-bois herbacé dont les caractères végétatifs se main-
tiennent constants, quelle que soit l'altitude, sur toutes les
surfaces à sol profond de la région centrale soumises à l’ac-
tion directe de l'alizé.
L humidité apportée en saison froide par les vents de l’Est
Graminée du sous-bois de la forêt du Centre ayant envahi une haie d'Opuntiu
et d' Agave. Antsirabe, vers 1.500 m. ait. Exemple d’espèce native de port,
tout spécial, s’étant adaptée à une Formation articielle.
et du Sud-Est est bien la cause dominante des caractères
végétatifs de la région du Centre tout entière, mais cette humi-
dité, d’ailleurs plus ou moins grande suivant les expositions,
a des effets plus ou moins marqués selon la nature du sol.
Ce sont ces différences qui nous ont permis de distinguer
les autres Formations principales de la région; et celle des
LA RÉGION CENTRALE
135
forêts à sous-bois herbacé recouvre ou recouvrait exactement
toutes les surfaces qui sont aptes à porter une haute futaie,
lorsque ces surfaces sont balayées par l’alizé encore sursaturé
d humidité. Par suite, cette Formation est surtout fréquente
sur les pentes exposées à 1 Est, mais elle n’y est pas loca-
Forêt à sous-bois herbacé, vers 1.000 m. ait., région du Centre.
Usée, et on l'observe même à toutes les expositions sur les
massifs d’Ambre, du Tsaratanana et du Manongarivo, où les
vents de saison fraîche subissent des déviations locales que
nous essaierons d'expliquer plus loin.
C'est donc à ces deux conditions, sols relativement profonds
et vents humides, que cette Formation doit ses principaux
caractères. Aux vents, et aux brouillards qu'ils amènent ou
qu'ils créent, sont dus l'abondance des épiphytes et des
LA VÉGÉTATION MALGACHE
136
hy grophvtes, la ramification intense et le feuillage réduit de
la fut a ie ; au sol compact, peu perméable et toujours humide,
sont dues les racines traçantes et toutes superficielles des
espèces qui la constituent. Et tous ces facteurs ou leurs con-
séquences créent le sous-bois épais et herbacé où plongent
Forêt à sous-bois herbacé, vers 1.000 m. d’altitude,
environs de Tsinjoarivo.
les troncs des arbres. Dans l’ensemble, c’est une masse très
dense, impénétrable, comme simplement posée sur la laté-
rite, constituant une véritable éponge, un merveilleux régu-
lateur d'humidité. L'on comprend combien la disparition
presque totale d'un tel appareil a dû modifier le climat du
Centre, et encore plus peut-être celui de l’Ouest. La destruc-
tion de la plus grande partie de cette Formation explique par-
LA RÉGION CENTRALE
137
faitement les effets des gelées du Centre, des sécheresses
printanières de l’Ouest et de l'érosion exagérée, tous phéno-
mènes, non pas nouveaux, mais dont l’action s’est singuliè-
rement accrue depuis une date relativement récente.
Les caractères végétatifs de cette Formation varient très
Forêt à sous-bois herbacé, vers 1.200 m. d'altitude,
environs de Tsinjoarivo (Centre .
peu avec l’altitude croissante, et nous ne connaissons pas,
sur les plus hautes cimes de l'ile, de sols aptes à nourrir
une forêt qui n’en soient recouverts ou qui ne l’aient été.
Ainsi, sur l’Andringitra, où on l’observe à 2.400 mètres, et
sur le Tsaratanana où elle atteint 2.300 mètres, les alti-
tudes supérieures sont ou privées de leur végétation native
ou rocailleuses, et physiquement impropres à porter une
telle futaie.
1 38
LA VEGETATION MALGACHE
Somme toute, il n'existe plus maintenant à Madagascar
de points où, seule, l'altitude trop grande empêche le déve-
loppement d'une forêt. Néanmoins, quand la végétation des
hauteurs était totalement vierge, il est infiniment probable
que. vers 2.000 mètres, l'on devait observer une futaie de plus
en plus basse, un feuillage de plus en plus réduit, une ramifica-
tion de plus en plus intense, en un mot. un passage insensible
de la forêt à sous-bois herbacé à la Formation toute différente
de la brousse éricoïde, qui recouvre les plus hautes cimes de
l’ile. Ces cimes, il est vrai, sont physiquement inaptes à
nourrir une forêt, mais leur végétation n en l’eprésente pas
moins le terme ultime des transformations de port et de feuil-
lage que nous avons observés en montant de la côte à ces
points culminants.
Au point de vue botanique, les modifications dues à l'alti-
tude sont tout aussi insensibles. Sans doute, les espèces
changent avec l'altitude, mais elles appartiennent aux mêmes
g-enres ; et ces changements sont en somme analogues à ceux
que nous avons observés dans la forêt de l'Est, entre la côte
et la région centrale. Le caractère le plus frappant de cette
Formation est même la persistance des formes tropicales
jusque sur les points les plus élevés, et cette forêt — plus
que les autres Formations de la flore du Centre — semble
uniquement constituée par des types de l'Est modifiés par
l'altitude. Ainsi les types Palmiers, Bambous, Pandanus.
Dracana, Symphonia, Canarium , Ficus y persistent jus-
qu'aux plus hautes altitudes où nous l avons pu observer :
seuls, les Podoearpus y représentent une flore moins chaude.
Mais les familles et les genres que nous venons de citer
ont ici bien moins de représentants que dans la forêt de l'Est,
et la futaie est surtout composée de 1 Veinmannia, d Eleocar-
pus , de Bhus. de 1 crnonia et de nombreuses espèces k port
analogue. Ces arbres, dont la hauteur moyenne ne dépasse
pas 2o mètres, ont des troncs rarement droits, vite ramifiés
dans le haut en multiples rameaux, souvent dilatés dans le
bas en ailes, ou munis de racines adventices. Les lianes, k
peine ici moins nombreuses que sur la côte orientale, sont
LA RÉGION CENTRALE
1 39
surtout des Aselépiadacées, des Composées, des Rubiacées ;
les arbustes du sous-bois, des Rubiacées et des Myrsinées ;
les plantes herbacées ou sous-frutescentes, des Graminées,
des Acanthacées, des Labiées et des Fougères ; les épiphytes,
des Lichens, des Orchidacées, des Fougères, et, sur le bas des
Forêt à sous-bois herbacé, vers 1.000 m. d'alt., aux environs d'Analamazaotra
(Phot. Louvel).
troncs, les souches et le sol, des Mousses en épais tapis. Au
total, cette forêt est aussi riche en espèces que la forêt orien-
tale, et ce n’est qu'au-dessus de2.U0ü mètres que nous avons
remarqué une légère diminution de leur nombre, appau-
vrissement qui devient à peine plus net dans les deux Forma-
tions suivantes.
Voici, pour donner une idée de cette végétation, le dénom-
140
LA VÉGÉTATION MALGACHE
brement des végétaux adultes croissant sur cent mètres car-
rés, relevé en deux points différents, sur des témoins relati-
vement viennes de cette Formation :
O
I. — Sur le mont Tsiafajavona (Ankaratra) ; à 2.100 mètres
d'altitude ; vallonnement exposé à l'Est ; sur latérite de
basalte ; futaie de 15-20 mètres ; à rameaux des arbres sur-
chargés dépiphytes ; sol et base des troncs couverts de mousse ;
feuillage totalement persistant :
Sols-bois. — Plantes herbacées ou sous-frutescentes :
6 Impatiens 2 espèces)
6 Labiées (2 espèces
4 Acanthacées 1 espèce t
60 Fougères (8 espèces,
4 Graminées (3 espèces)
7 Euphorbiacées (1 espèce)
1 Liliacée.
Sous-bois. — Arbustes :
2 Fougères arborescentes ( 1 espèce)
1 Tambourissa
1 Méliacée
8 Rubiacées (3 espèces i
7 M yrsinacées (1 espèce)
Futaie. — Arbres :
4 Weinmannia (1 espèce
2 Myrsinées I espèce)
Lianes :
3 Rubiacées Danais, 1 espèce ,
1 Co m posée 1 ern on ia ) .
Epiphytes :
6 Kalanchoe 1 espèce)
5 Medinilla 1 espèce .
A citer encore d innombrables touffes de b ougères (5 espèces),
d'Orchidacées (5 espèces), de Peperomia 2 espèces) et de
LA RÉGION CENTRALE
141
Lichens. Soit, au total, 43 espèces, appartenant à 17 familles
différentes, ou, en négligeant les épiphvtes, 30 espèces,
appartenant à lo familles, pour 117 individus.
II. — Environs du mont Tsaratanana ; vers 2.000 mètres
d’altitude; plateau; latérite des gneiss ; futaie de 20-22 mètres;
Passage de la forêt orientale à la forêt à sous-bois herbacé.
Montagne d’ Ambre, vers 800 m. d’alt.
rameaux des arbres surchargés d’épiphvtes ; sous-bois impéné-
trable ; sol nu ; Mousses recouvrant les troncs des .arbres et
des arbustes.
Sous-bois. — Plantes herbacées ou sous-frutescentes :
1 7 Graminées (2 espèces)
3o Acanthacées (1 espèce)
10 Fougères (4 espèces)
1 42
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Arbustes :
2 Pandanus 1 espèce)
2 Dracana (I espèce)
4 Araliacées (1 espèce)
3 Erylhroxylon [ 1 espèce)
10 Rubiacées (1 espèce)
2 F^docarpus (1 espèce).
Futaie. — Arbres :
1 Palmier
1 Elcocarpus
1 Rubiacée
1 Ficus
1 1 Veinmannia
Lianes :
2 Piper (1 espèce)
3 Danais ( 1 espèce)
2 Verbénacées (1 espèce)
1 Graminée (bambou-liane).
Epiphytes — 1 0 Orchidées (3 espèces)
13 Fougères (6 espèces)
1 Rhipsalis
3 Medinilla (2 espèces).
Soit, au total, 12G individus, appartenant à 40 espèces et à
19 familles différentes.
Voici, ci-dessous, pour compléter ces données, le dénom-
brement des épiphvtes portés par un seul arbre, sur les flancs
du mont Tsiafajavona, à 2.300 mètres d'altitude. Dans cette
liste, les Lichens et les Mousses ne sont pas compris :
35 touffes d Orchidées, appartenant à 7 espèces, dont
\ Bulbophyllum
5 pieds de Medinilla , 2 espèces à rameaux pendants,
dont l une à racines tuberculeuses
3 touffes d'un Peperomia, à tiges crassulantes
LA RÉGION CENTRALE
143
3 toulles d'un Kalanchoe , à tiges crassulantes
9 toulïes de Fougères appartenant à 4 espèces à frondes
pendantes, qui se dessèchent et reverdissent à chaque
période sèche ou humide
Foret à sous-bois herbacé, avec Dracaena géants 30 m. . vers 1.500 m. ait.,
aux environs de Tsinjoarivo.
Soit 1 o espèces pour 34 individus. Presque tous ces épiphytes
croissaient sur les grosses branches: mais quelques-uns d’entre
eux, généralement des espèces spéciales, étaient portés parles
plus petits rameaux, et l’on observait des Mousses jusque sur
les limites des feuilles âgées de l'hôte.
On remarquera, dans l énumération ci-dessus, qu'un grand
nombre de ces épiphytes sont crassulants, munis de pseudo-
bulbes ou de racines tuberculeuses et que les Fougères possèdent
LA VÉGÉTATION MALGACHE
des frondes aptes à se dessécher complètement pendant les
jours secs, et à reverdir à nouveau dès la moindre humidité.
Ces caractères sont très habituels aux épiphvtes du Centre; et
ce sont évidemment des modes différents d'adaptation à ce stat
si particulier, tour h tour si sec et si humide, sous le climat de
cette région. Nous en citerons d’autres exemples analogues,
chez les plantes terrestres cette fois, en étudiant la Formation
Forêt à sous-bois herbacé, à 2400 m. ait., sur les flancs du Mont
Triafazavona Région du Centre).
des rocailles à xérophvtes, mais il faut ici remarquer, en outre,
que les nombreuses espèces de Fougères et de Selaginella épi-
phytes de la région centrale, dont les frondes se dessèchent et
reverdissent tour à tour selon le degré hvgométrique de l'air,
ne semblent pas avoir acquis ces moyens de lutte depuis fort
longtemps, car on retrouve, dans les parties plus humides, ces
mêmes espèces avec des frondes perpétuellement vertes.
Les bambous-lianes, que l’on voit aussi dans la forêt orien-
tale et dans celle du Sambirano, ne sont nulle part plus abon-
dants que dans cette Formation. On appelle ainsi une sorte de
LA RÉGION CENTRALE
145
bambou dont les chaumes flexibles s'allongent indéfiniment,
c’est-à-dire jusqu’à la fructification, par un rameau latéral qui
se développe à l’extrémité du chaume de l’année précédente.
Comme ces plantes ont en outre de nombreuses ramifications
secondaires et qu’elles se ramifient de plus en plus avec l’àge,
elles finissent par recouvrir entièrement les arbres et arbustes
avoisinants. Ces bambous, comme Nastus capitatus, se déve-
loppent souvent dans les clairières naturellement ou artificiel-
lement créées. Lorsqu’ils croissent en pleine forêt, sur l’empla-
cement d'un ou plusieurs arbres abattus par la vieillesse ou par
la tempête, ils forment tout d’abord un hallier si épais qu'ils
empêchent toute autre végétation, Mais ils vieillissent, se
ramifient de plus en plus, en même temps que leurs feuilles
deviennent de plus en plus étroites, et, à leur ombre de plus
en plus claire, se développe un semis serré de lianes, d’arbres
et d’arbustes, qui remplacent les bambous, lorsque ceux-ci,
arrivés tous ensemble au terme de leur vie, ont fructifié et
sont morts. En un mot, ces Graminées ', dont la vie peut avoir
de 15 à 20 ans de durée, constituent, dans les forêts où elles
croissent, un cycle de régénération et d’assolement analogue
à celui que nous avons observé dans la région orientale.
1. Ces bambous-lianes, et probablement tous les bambous en géné-
ral, sont monocarpiques ; et, dans les conditions naturelles, tous leurs
chaumes fructifient et meurent en même temps. Mais, dans d’autres
conditions, lorsque les bambous, au lieu d'un espace limité, ont à peu-
pler une surface plus vaste, telle que l'emplacement d'un tavy ou d’une
coupe, il arrive souvent qu’une seule plante, déjà morte d'un côté, con-
tinue encore à s’étendre par rejets du côté opposé ; elle est alors poly-
carpique et immortelle. Il semble même que certains bambous, qu’on
observe parfois dans les lieux découverts, aient perdu la faculté de se
reproduire par graines et qu’ils soient devenus véritablement apocar-
piques.
10
LA VEGETATION MALGACHE
I 46
III. — Silye des Lichens1.
Cette Formation est l'analogue de la forêt des cimes de la région
orientale. La futaie est beaucoup plusbasse que la précédente, les arbres
plus ramifiés, le feuillage plus réduit, le nombre des épiphytes encore
plus grand, le sous-bois nul ou très réduit, le sol couvert de Mousses
et de plantes ordinairement épidendres. Elle passe insensiblement
vers le bas à la forêt des cimes et vers le haut aux broussailles éricoïdes
des hautes altitudes. L’abondance des Mousses, des Lichens et des épi-
phyteslui donne un aspect tout particulier. Elle est très riche en espèces
spéciales .
Dans la région centrale, cette Formation est analogue à
celle des cimes de la forêt orientale. Les mêmes causes, expo-
sition aux vents dominants, sols moins humifères et moins
profonds, y produisent les mêmes effets : abaissement de la
futaie, exagération de la ramification, réduction du feuillage,
changement des espèces et surabondance des épiphytes. Tous
ces effets sont encore accrus ici par la nébulosité plus grande,
l'augmentation de l'altitude et la diminution de la tempéra-
ture.
Comme la forêt h sous-bois herbacé, cette Formation est
surtout localisée sur les terrains balayés par l'alizé, mais avec
néanmoins plus de tendance, au-dessus d'une certaine altitude,
à recouvrir toutes les crêtes, tous les sommets, quelle qu’en soit
l'orientation. Comme elle encore, elle subit de nombreuses
modifications avec l'altitude, se confondant insensiblement,
en bas, avec la Formation des cimes de la région orientale, et,
en haut, avec la brousse éricoïde des hauts sommets.
Ce n'est ni une vraie forêt, car la futaie en est trop basse,
ni un vrai « bush », car on y peut encore distinguer deux
1. Localités observées : Massif d’Ambre, entre 1000 mètres et la cime;
Massif duTsaratanana, entre 800 et 2.400 mètres; Massif de Manongarivo,
entre 800 et 2. 000 mètres; Massif d’Analama h i tso. entre 900 et 1.500 mètres;
Massif du mont Tsiafajavona, à 2.400 mètres ; Tsinjoarivo et mont Ambohi-
trakolahy, à l’est d’Antsirabe, entre 1.000 et 1.900 mètres; Massif de l’An-
dringilra (Irasty), entre 900 et 1.800 mètres. C’est cette Formation qui
couvrait jadis les collines de l’Imerina, si dénudées maintenant, et celle
d’.Ylamanga, la forêt bleue, sur laquelle est bâtie Tananarive.
LA RÉGION CENTRALE
147
étages. C’est une végétation intermédiaire, plus proche pour-
tant de la forêt que des broussailles. Les arbres sont tortueux
et bas; leurs rameaux s’étendent sur de grandes surfaces et
recouvrent un sous-bois d’arbustes à feuilles étroites, sou-
vent éricoïdes. Le tout émerge d’un épais tapis de Mousses qui
recouvre les racines, escalade les troncs et monte jusqu’aux
rameaux, qui ploient sous des guirlandes d’épiphytes et dont
les sommités disparaissent au milieu des Lichens blancs, vraie
chevelure de ces arbres chenus. Rien n’est plus étrange, plus
féerique que cet ensemble, vu par temps de brouillard, si fré-
quent sur ces hauteurs. Paysage merveilleux que peu d’hommes
ont pu contempler, et que peu connaîtront, puisque cette For-
mation si curieuse aura bientôt disparu tout entière.
Peu nombreuses, les espèces de la futaie appartiennent aux
mêmes genres que celles de la forêt voisine. Ce sont surtout
des Weinmannia , des Araliacées, des Composées et la seule
vraie Protéacée de 1 Ile, le Faurea forficuliflora Bak., qui est
spéciale à ce stat. Les lianes manquent, ou à peu près. Dans
le sous-bois dominent des Composées, des Rubiacés, desEri-
cacées. Les plantes herbacées du sol sont rares. La plupart ne
sont autres que des épiphytes, dont beaucoup, dans cette For-
mation, croissent aussi bien sur le sol que sur les troncs ou
les branches. Le nombre de ces derniers est prodigieux ; c’est
la plus riche, en ces sortes de plantes, de toutes les Formations
delà flore malgache. Ce sont surtout des Fougères, des Orchi-
dacées ( Bulbophyllum ), des Selaginella , des Medinilla, des
Peperomia , mais on y observe aussi un Kalanchoe , des Impa-
tiens et quelques Urticacées et Labiées. Toutes ces plantes,
arbres, arbusles et épiphytes, ont des fleurs peu brillantes,
sauf quelques Composées. L'éclat et la grandeur de la corolle,
contrairement à ce que l’on voit sur les Alpes, semblent dimi-
nuer ici avec l’altitude; et ce caractère va s’accentuer encore
dans la Formation suivante.
Ci-dessous nous donnons, comme exemple de la composition
de cette Formation, le dénombrement des plantes qui crois-
saient sur 100 mètres carrés de superficie, à 2.200 mètres d'al-
titude, sur les flancs du Tsiafajavona et sur latérite de basalte.
148
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Sol. — Mousses et 6 Fougères (3 espèces), seulement ter-
restres.
Presque toutes les espèces épiphytes s’y retrouvent
en outre.
Sous-uois. — Arbustes :
5 Erythroxylon (2 espèces)
1 Aphloia
2 Labiées (1 espèce)
2 Vacciniacées (1 espèce)
4 Composées (3 espèces)
2 Euphorbiacées (2 espèces)
14 Rubiacées ( 2 espèces)
2 Impatiens (1 espèce).
Futaie. — Petits arbres:
1 Weinmannia
1 Pittosporum
2 Araliacées (1 espèce).
Epiphytes. — Innombrables individus de Fougères
(9 espèces), d'Orchidacées (6 espèces), de Peperomia
(1 espèce), et quelques pieds d'une espèce de
Kalanchoe.
Le sol est couvert d'un épais tapis de Mousses, sur lequel
croissent bon nombre d'épiphytes tombés des rameaux ; le sous-
bois est très épais, presque impénétrable. Les feuilles des
arbres et des arbustes sont étroites, souvent glauques ou
blanchâtres et totalement persistantes. Les troncs et les
rameaux disparaissent sous les épiphytes, et leurs sommités,
jusqu’aux feuilles, sont surchargées de Lichens. L'ensemble ne
dépasse pas 12 mètres de hauteur.
T rente-cinq espèces, appartenant à quinze familles différentes,
étaient représentées sur cette petite superficie. On voit donc
que la richesse eu espèce et la complexité des associations
végétales, ces deux caractères habituels de toutes les Forma-
tions autochtones, n'ont pas encore diminué sensiblement à
l’altitude où a été faite cette observation.
LA RÉGION CENTRALE
i 49
IV. — Broussailles éricoïdes des hautes altitudes1
Un seul étage, ni sous-bois ni futaie distincte, végétation dense d'ar-
bustes éricoïdes, absence presque totale d’épiphytes autres que Lichens
et Mousses, telles sont les caractéristiques de celte Formation qu’on
ne voit que sur les plus hautes cimes de lile. Malgré leur port semblable,
les végétaux qui la constituent appartiennent aux familles les plus
diverses, et la richesse est presque aussi grande que dans les autres
Formations natives. Rubiacées, Composées, Ericacées sont les familles
dominantes. Les types tempérés n’y sont pas plus abondants que dans
les autres Formations de la région centrale. Ils y semblent faire l'ombre,
comme s’ils étaient les restes d'une végétation herbacée qui couvrait
jadis, lorsqu’il en existait encore, les altitudes supérieures à 3.000
mètres.
Ainsi que nous l’avons dit plus haut, cette Formation est
le terme ultime des transformations que nous avons observées
jusqu'ici entre la mer et les cimes culminantes de F I le . En
effet, elle ne diffère de la Formation précédente que par le
feuillage encore plus réduit, la végétation toujours plus basse,
plus ramifiée et groupée en un seul étage, sans sous-bois ni
futaie désormais distincts. Tous effets causés ici par l’augmen-
tation de l’altitude.
Cette brousse ne dépasse jamais G mètres de hauteur et
reste encore plus basse sur les cimes et dans les endroits
plus arides. C est un fourré souvent impénétrable, mais par-
fois aussi plus clair, et abritant alors un tapis de Mousses, où
croissent des Fougères et des Cypéracées. Les petits arbres
et les arbustes qui la composent, à troncs tortueux et bas,
ont presque en totalité un port de Conifère ou de grande
bruyère. Malgré leur ressemblance singulière, ces arbustes et
ces arbres appartiennent aux familles les plus diverses. Ce
sont surtout des Ericacées, des Composées, des Rubiacées, des
Vacciniacées, mais à ces familles, chez lesquelles le port éri-
1. Localités observées: Mont Tsaratanana, où la Formation n’existe
plus que sur l’éperon Ouest, de 2.400 mètres à la cime ; Mont Ibity,
où il n’en subsiste que quelques restes ; Massif de l’Andringitra, de 1.800
à 2.300 mètres, où elle n’est vierge que sur le versant Est. Il en existe
encore pourtant quelques témoins, mi-brulés, sur le versant Ouest.
i :;o
LA VEGETATION MALGACHE
eoïde n'est pas rare, se joignent des Gentianacées. des Lal)iées.
des’ Mélastomacées. des Thesium. voire une Graminée, toutes
familles chez lesquelles ce port est plutôt déroulant. Les
rameaux de ces plantes ne portent plus guère d’épi phytes autres
que des Lichens, dont le nombre augmente avec l’altitude
croissante. Leurs feuilles, toujours persistantes et très nom-
breuses, ont rarement un limbe de quelque largeur : et leurs
fleurs, plus encore que dans la Formation précédente, sont, le
plus souvent, de très petite taille et sans coloris.
On trouve parfois, parmi les herbes qui vivent sous ce cou-
vert. quelques espèces à faciès alpin. Viola abyssinica Steudel,
et quelques Carex . mais la grande majorité des plantes de ce
type, Géranium, Epilobium, Galium, Cardamine , Ombelli-
fères, semblent fuir, comme dans les autres Formations de
la région centrale, le voisinage de la végétation arborescente.
Elles ne se trouvent que sur les rocailles et les bords des ruis-
seaux, dans les lieux découverts, au grand soleil, comme si
elles étaient bien les restes de la Formation herbacée qui
devait recouvrir les cimes, au-dessus de la brousse éricoïde.
quand ces cimes atteignaient encore et dépassaient 3.000 mètres,
alors que l'érosion ne les avait pas réduites à leur altitude
actuelle.
En tout cas. l’extrême cime du mont Tsaratanana. ce point
culminant de Madagascar, comme les autres sommets où la
végétation native a été plus ou moins conservée, ne sont recou-
verts que de brousse éricoïde. et il faut bien reconnaître que
les plantes de cette Formation n'offrent aucune ailinité avec
celles dont nous venons de parler. Au contraire, même aux
plus hautes altitudes, on observe encore des types tropicaux,
un bambou, une liane Asclépiadacée , une Dioscoréacée, une
Fougère arborescente; et beaucoup de genres de la Formation,
qu'on retrouve dans toute la flore centrale, ont encore des
représentants jusque sur la côte elle-même. La brousse éri-
coïde, comme l’ensemble de toute la flore à feuilles persistantes,
semble bien avoir la même origine orientale. Ce n est encore
et toujours que la flore de l'Est modifiée par l'altitude et cer-
tains changements des conditions de milieu.
LA RÉGION CENTRALE
loi
Sur ces hauteurs, la richesse en espèces et la complexité
des associations végétales, ces deux caractères dominants de
toutes les Formations autochtones malgaches, restent presque
toujours aussi grandes. Les deux listes suivantes, où sont
dénombrés les végétaux croissant côte à côte sur 100 mètres
carrés de superficie, listes dressées sur les deux seules cimes
de l' Ile qui possèdent encore quelques témoins vierges de cette
végétation, permettront de s'en rendre compte.
I. — Mont Tsaratanana , à 2.660 mètres d'altitude ,
sur trachyte phonolitique .
Sol. — Plantes herbacées :
1 Impatiens (1 espèce)
9 Fougères (2 espèces)
5 Viola ahyssiniea
5 Ombelliffères (1 espèce
7 Cypéracées (1 espèce)
Brousse. — Port éricoïde :
7 Ericacées (3 espèces)
2 Podocarpus (1 espèce)
3 Vaccinium (I espèce)
3 Composées (2 espèces)
1 Rubiacées (2 espèces)
2 Thesium (1 espèce)
1 Labiée
10 Graminées (bambou dressé, à feuilles très étroites
et raides)
Brousse. — Arbustes à feuilles plus larges :
1 Araliacée
3 Pittosporum (1 espèce)
3 Tiliacées ( 1 espèce)
1 Fougère arborescente
Epiphytes :
2 Fougères (I espèce)
2 Orchidacées (2 espèces)
Lichens
LA VÉGÉTATION MALGACHE
•ri
Soit 17 familles et 2o espèces. Ensemble de 6 à 8 mètres de
hauteur. Troncs tortueux, assezgros, assez espacés. Epiph}'tes
presque absents, remplacés par des Lichens. Le sol, un peu
humide par endroits, explique l'abondance des plantes herba-
cées, plus rares que dans les endroits secs.
IL — Massif de F Andringitra, à 2-200 mètres d'altitude
sur gneiss et granit.
Sol. — Plantes herbacées:
Mousses courtes
3 Fougères (1 espèce)
0 Cladium (1 espèce)
Brousse. — Port éricoïde :
12 Ericacées 3 espèces)
1 i Composées (3 espèces)
2 Daphnéaeées ( 1 espèce)
12 Vacciniacées ( 1 espèce)
1 Ombellifère
1 Labiées (1 espèce)
10 Rubiacées 3 espèces)
Brousse. — Arbustes à feuilles plus larges :
10 Composées (1 espèce)
3 V accinium 1 espèce)
3 Malvacées (2 espèces)
1 Araliacée (1 espèce).
Soit 1 1 familles, 20 espèces. Ensemble de 5 à 6 mètres de
hauteur, à plantes assez espacées. Sol couvert d un mince
tapis de mousse et parsemé de grosses touffes de Cladium ,
dont les feuilles sèches s'accumulent en dôme autour de la
rosette des feuilles vertes. Absence totale d épiphytes autres
que des Lichens et des Mousses.
LA RÉGION CENTRALE
133
V. — Bois des pentes occidentales l.
Cette Formation était constituée par une futaie assez claire d'arbres
tortueux recouvrant un sous-bois d’arbustes éricoïdes ou à feuillage de
myrte. Très inflammable, elle a été presque toujours détruite ou pro-
fondément modifiée par les feux. Les bois de tapia ( Uapaca clusiacea )
n'en sont qu'un reste, où toutes les autres essences ont été détruites.
Ces tapia, que protège une écorce épaisse, ont été protégés par les
indigènes pour l’élevage d’un ver à soie indigène. Ces bois de tapia sont
Bois de tapia et prairie. Les tapia ont persisté surtout à l abri des rocailles
et des vents de l'Est. Environs d’Antsirabé. 1.800 m. (Région du Centre).
le seul exemple, dans l’ile, d'une association végétale réduite à une
seule espèce dominante, et cette association est, comme on le voit,
d’origine toute artificielle.
Il ne reste plus actuellement, de cette Formation, que
quelques bois sur le versant occidental du Centre, isolés au
1. Localités observées : Manankazo et Ambohitantelo, de 1.500 à
1.700 mètres, au N. E. d'Antrazobé ; Est du lac Itasy, vers 1.300 mètres ;
entre la Mania et le Matsiatra, de 14 à 2.000 mètres ; entre la Mania et
l’Andrantsay, vers 1.600 mètres ; Ambohimanzatra, au sud d’Antsirabé
vers 1.300 mètres; Isalo, de 900 à 1.000 mètres.
LA VEGETATION MALGACHE
lO t
milieu de vastes régions totalement dénudées. Ces restes,
retrouvés par nous entre la Mahajamba et le Matsiatra. c est-
à-dire sur une distance de plus de 600 kilomètres, et les
espèces disjointes, échappées aux flammes grâce à un abri
naturel, que I on retrouve çà et là entre ces témoins, nous
ont permis de reconstituer les caractères généraux de cette
Formation et d entrevoir l'étendue des territoires qu elle
recouvrait jadis. Ces restes- témoins qui nous ont permis
cette reconstitution, sont les uns vierges ou à peu près, les
autres plus ou moins modifiés par les feux et l'homme, qui
les a conservés par suite de leur richesse en tapia [Vapaca clu-
siacea Baker .arbre utile qui nourrit le landibé (Borocera mada-
gascariensis . ce ver à soie des Malgaches. Fidèle à notre pro-
gramme d'essayer de fixer l aspect de la végétation autoch-
tone malgache avant quelle soit totalement éteinte, nous
décrivons d'abord cette Formation telle qu’elle devait être
lorsqu elle était encore vierge : puis nous étudierons ses
restes modifiés, surtout intéressants en ce qu ils sont le
seul exemple, dans la flore de l’ile, d une association végétale
bien définie, dans le sens qu'on lui donne en Europe, c est-
à-dire constituée par une espèce dominante accompagnée de
tout un cortège de plantes commensales.
Cette Formation recouvrait, entre 8f)0 et 2.000 mètres,
toutes les pentes de la région centrale qui étaient plus ou
moins préservées, par leur orientation, de 1 action des vents
dominants du Sud-Est. Elle était brusquement limitée,
du côté de l’Ouest, par les confins de la flore à feuilles per-
sistantes F Du côté de l'Est, au contraire, elle se confondait
insensiblement avec la forêt à sous-bois herbacé ou. sur les
hauteurs, avec la silve à lichens ou la brousse éricoïde.
1. Pourtant sur l’Isalo. massif isolé dans le Sud-Ouest, au milieu
de la flore à feuilles caduques, on retrouve des vestiges de bois qui
appartiennent bien à cette Formation. Ces petits bois, d'ailleurs modi-
fiés par les feux et les réeolteurs de landibé, ne se distinguent
guère de l’ensemble de la Formation que par quelques arbustes à
feuilles caduques, dans le sous-bois, et l'absence totale d’épiphx tes.
On les trouve entre 900 et 1.200 mètres d’altitude, à l'exposition Est.
LA REGION CENTRALE
i
C'est une iutaie assez claire ne dépassant jamais 12 mètres
de hauteur, plus basse encore dans les endroits arides. Les
arbres, tortueux et bas, à racines traçantes, à rameaux étalés
et nombreux ', ont des feuilles presque toujours persistantes
et coriaces, à limbe assez large, souvent de couleur terne ou
cendrée. Les lianes, assez nombreuses, ont des tiges grêles
et des feuilles étroites et persistantes. Le sous-bois, assez
Megadapis madagascariensis, disparu de l'ancienne forêt du Centre.
Reconstitution du B. Standiny (Académie malgache).
épais, est constitué par des arbustes qui sont le plus sou-
vent à port de myrte, parfois aussi à port éricoïde, toujours,
en tout cas, à feuilles persistantes. Le sol est dénudé, avec,
de loin en loin, quelques plantes herbacées. Sur les rameaux
1. Il y a une certaine relation entre le port de ces arbres et la con-
formation des grands Lémuriens, Megadapis et Paleopropithecus, qui
vivaient jadis dans ces bois. Ces animaux avaient, en effet, des membres
antérieurs grêles et allongés, et les postérieurs, au contraire, robustes
et beaucoup plus courts, comme s'ils étaient adaptés à cueillir, en se
dressant sur leur arrière-train, les fruits ou tes feuilles des basses
branches de ces arbres.
156
LA VÉGÉTATION MALGACHE
des arbres, les épiphytes sont rares, et l'on ne voit plus sur
leurs sommités les grands Lichens pendants, si communs dans
les Formations précédentes.
La futaie est surtout composée d 'Uapaca, d’ Eugema, de
Weinmannia , de Chlaenacées, qui abondent, dans cette For-
mation, dans la futaie comme dans le sous-bois. Les lianes
sont des Asclépiadacées ( Secainone ), des Rubiacées ( Danais )
et des Composées. Parmi les arbustes du sous-bois, on voit
des Erytliroxylon , des Philippia , des Vaccinium, quelques
Araliacées, des Légumineuses et beaucoup de Composées et
de Rubiacées. Sur le sol, les Fougères sont rares et sont
remplacées par des Cvpéracées ou des plantes tuberculeuses
ou à souche vivace, telles que Dioscorea, Asparagus, Orchi-
dacées, etc. Les épiphytes sont représentés par quelques rares
Fougères et quelques Orchidacées qui, presque toujours, sont
des Bulbophyllum. La caractéristique la plus frappante de
ces bois est l'absence totale des bambous, des Pamlanus et
des Fougères arborescentes.
Voici, comme exemple de cette végétation, le dénombre-
ment des végétaux observés sur 100 mètres carrés de super-
ficie à Manankazo, au Nord-Est d'Ankazobé, à 1.600 mètres
d'allitude, sur colline sèche de latérite des gneiss :
Futaie. — Arbres :
3 Uapaca (1 espèce)
6 Chlænacées (3 espèces)
Lianes :
8 Secarnone (2 espèces)
2 Composées (1 espèce)
1 Danais.
Sous-bois. — Arbustes :
2 Weinmannia (I espèce)
9 Dracæna 1 espèce)
3 Composées 1 2 espèces)
2 Apocynacées ( 1 espèce)
3 Celastracacées (1 espèce)
3 Araliacées (1 espèce)
LA REGION CENTRALE
1 57
i Vaccinium (1 espèce)
3 Erythroxylon { 1 espèce)
t Papilionacée
1 E uge nia
1 Ochna
li Rubiacées ^5 espèces).
Sol. — Plantes herbacées :
1 1 Asparagus ( 1 espèce)
I’aleopropithecus maximus , autre grand lémurien disparu de l'ancienne forêt
du Centre. Reconstitution de B. Standiny (Ac. malgache).
9 Fougères (1 espèce)
2 Carex (1 espèce)
3 Orchidacées (1 espèce).
Épiphytes
o Fougères (1 espèce)
13 Orchidacées (1 Angræcum et o Bulbophyllum) .
Soit 36 espèces, appartenant à 19 familles, sur 1 I 1 indi-
vidus. Futaie de 8 à 12 mètres, à feuilles persistantes et
158
LA VÉGÉTATION MALGACHE
petites. Sous-bois clair. Sol avec quelques plantes herbacées.
Sur. les troncs, avec les épiphytes, quelques Mousses et
quelques Lichens.
Les bois de cette Formation situés près des parties les plus
peuplées du Centre ont tous été détruits, mais ceux placés
dans les régions plus désertes ont parfois résisté partielle-
ment aux flammes, tout en subissant de profondes modifica-
tions qui les rendent méconnaissables. Les feux en ont
détruit lentement presque tous les arbustes du sous-bois et
la plupart des arbres de la futaie, sauf le tapia Uapaca clu-
siacea , plus résistant, grâce à son écorce épaisse. Puis les
indigènes, attirés dans ces bois par les fruits du tapia et les
cocons du landibe. ont ensuite parachevé l'œuvre des flammes
en enlevant pour leur usage les arbres et les arbustes qui ne
leur semblaient pas utiles. De cette action commune de
l'homme et des feux sont nés les bois de tapia, ensemble
d’ailleurs tout transitoire, destiné à disparaitre bientôt devant
la Prairie ’, mais qui diffère notamment de la Formation dont
il n’est qu’un reste et de toutes les Formations autochtones
malgaches par la futaie constituée d une seule essence et la
pauvreté en espèces du sous-bois. Ces bois constituent ainsi
une association végétale en tout comparable à celle du châ-
taignier : le tapia en est l’espèce dominante et les espèces
commensales y sont représentées par les rejets des anciennes
plantes arborescentes détruites, les restes du sous-bois et les
plantes herbacées du sol.
Le seul exemple d’une association végétale nette 1 2 qu’il nous
ait été donné d’observer dans toute la flore autochtone mal-
gache est donc une conséquence directe de Faction de
l’homme et des feux. Partout ailleurs, dans les Formations
vraiment vierges, il existe bien des associations végétales,
mais elles sont alors d'une complexité telle qu elles ne sont
1. Les sous-bois de tapia actuels disparaissent en effet lentement
devant les feux. Les graines de cet arbre ne germent pas dans les
endroits découverts, ce qui revient à dire que le tapia est en voie
d’extinction.
2. Dans le sens qu'on lui donne en Europe.
LA KELION CENTRALE
159
plus comparables en rien à celles qu'on a observées en
Europe.
VI. — Pelouses a xérophytes L
Les espèces assez nombreuses de celte Formation, qui est localisée
sur les rocs dénudés, sont toutes adaptées d'une manière remarquable
aux alternatives d'humidité et de sécheresse particulières à ce stat. Les
unes paraissent des types de la région centrale adaptés à ce milieu, les
autres des types de la Flore sous le Vent ayant essaimé vers les hau-
teurs. Ces dernières sont les seules qui relient la Flore du Vent à la
Flore sous le Vent.
C'est une joie, pour un botaniste qui vient de parcourir,
pendant de longues journées, d’immenses étendues sans
autre plante que les espèces éternelles et lassantes de la
Prairie, de trouver soudain, au milieu des rocailles nues,
barrière infranchissable au feu, toute une flore étrange et
belle, dont la richesse en espèces 1 2 contraste violemment avec
la pauvreté de la végétation modifiée d’alentour. Sur un épais
tapis de Lichens et de Mousses — écrin de ces joyaux de la
flore malgache — croît là toute une légion d’espèces au
1. Localités observées : Tampoketsa, au nord-est d’Ankazobé, vers
1.600 mètres; Mont Xamakia, entre la Mahajamba et la Betsiboka, vers
1.000 mètres; Angavobé, à l’est de Tananarive ; Mont Vavato de l’Anka-
ratra, de 1.600 à 2.000 mètres; Cimes de quartzite, entre Betafo et le
Matsiatra,de 1.600 à 2.000 mètres ; Ambalofangena, vers 1.700 mètres ;
coulées récentes des volcans de Betafo, à 1.300 mètres; Mont Andringi-
tra, vers 2.400 mètres ; Isalo, de 1.200 à 1.500 mètres ; Mont Bekinoly et
mont Belambana, au sud d'Ambalavao, de 800 à 1.500 mètres.
2. Cette richesse en espèces resterait inexplicable pour ceux qui ont
prétendu que la Prairie était une conséquence naturelle de climat et du
sol. Comment expliquer, en effet, que, sous un même climat, des sols
secs, arides, possèdent, lorsqu'ils sont protégés des feux, une flore si
riche, alors que, tout à côté, les mêmes sols, placés dans des conditions
bien meilleures d'humidité et de fertilité, ne sont uniformément
recouverts que, de quelques espèces cosmopolites ou ubiquistes ? La
seule réponse à cette question est celle-ci : là, la flore autochtone a per-
sisté avec toute sa richesse native ; ici, elle a été détruite en totalité
par les feux.
160
LA VÉGÉTATION MALGACHE
port étrangement divers, souvent pourvues d éclatantes
corolles, toujours merveilleusement adaptées à ce stat si sec
et parfois si humide que sont les rocs dénudés. C'est cette
végétation, à la fois bizarre, élégante et gracieuse, que nous
avons appelée Pelouses h xérophytes.
Cette Formation est la seule, de toutes celles de la flore h
feuilles persistantes, qui présente de réelles affinités avec
Végétation xéropliile des coulées basaltiques de Javoka,
près Betafo, en mai.
celles de la flore à feuilles caduques. En effet, beaucoup de
ces espèces ne sont manifestement que des plantes de l'Ouest,
avant essaimé vers ces hauteurs, en se mutant ou se modi-
fiant plus ou moins. A mesure que l'on descend sur le ver-
sant du canal de Mozambique, le nombre de ces formes occi-
dentales augmente de plus en plus, et l'on passe ainsi gra-
duellement, vers la cote 800. aux formations similaires de la
flore à feuilles caduques. Aussi décrirons-nous cette Forma-
tion en commençant par les plus hautes cimes, pour en suivre
ensuite pas à pas les modifications successives jusqu'aux
limites Ouest de la région du Centre.
LA RÉGION CENTRALE
I 6 I
L'endroit le plus élevé, et, en même temps, le plus orien-
tal, où nous avons commencé à apercevoir des traces de cette
Formation est la cime de l'Andringitra, vers 2.400 mètres
d'altitude. Là, les xérophvtes ne dépassent guère 40 centi-
mètres de hauteur ; c’est un mélange curieux d'espèces du
faciès alpin ( Bromus , Galium), Ombellifères tuberculeuses,
Euphorbe aphylle des pelouses à xérophyles du Centre, planté dans un jardin
à Tananarive.
de formes du Centre ( Helichrysum , Philippia ) et de types de
l’Ouest ( Vellosia et Dioscorea . Toutes ces plantes sont
vivaces, naines et rabougries. Trois ont des tiges annuelles
et des racines tuberculeuses. Le Vellozia seul appartient
nettement à un type qui restera désormais uniquement can-
tonné dans cette Formation. Encore a-t-il un port tout par-
n
LA VÉGÉTATION MALGACHE
162
ticulier, sur ces hauteurs où l'humidité est constante. Il con-
serve, en effet, pendant toute Tannée ses feuilles vertes et
étalées, tandis que, chez toutes les autres formes du même
genre que nous trouverons plus bas, les feuilles, pendant la
période de sécheresse, sont sèches, repliées et paraissent
mortes, quoique prêtes k s'étaler et k redevenir presque instan-
tanément vertes, dès la première pluie.
Plus bas, vers 2,000 mètres (Vavavato de l'Ankaratra,
cimes de quartzite du Betsileo) cette végétation devient un
peu plus haute. Les types de faciès alpin ont disparu, et la
Formation n’est plus constituée que par des formes alliées
aux espèces des autres Formations du Centre et par quelques
représentants des genres qui, plus bas, deviendront prépon-
dérants. Parmi ces derniers, on remarque déjà un Pacln/ po-
dium P. brevicaule Baker k tige monstrueuse, deux ou trois
Aloe et Vellozia, et quelques Kalanchoe remarquablement
velus. Les types provenant de la flore du Centre sont surtout
de petits arbustes k port éricoïde Composées. Ericacées,
Bubiacées ou des Senrcio Kleinoidea k feuilles grasses, les
unes k port de Sempervivurn, les autres imitant k s'y méprendre
certaines Crassulacées subarborescentes.
Sur Tlsalo. k 1.500 mètres, malgré l’isolement de ce mas-
sif au milieu de la flore k feuilles caduques, on observe encore
dans les Pelouses k xérophvtes une remarquable abondance
des espèces du Centre, mélangées, il est vrai, k des Acan-
thacées et des Légumineuses, familles surtout occidentales.
Sur le mont Tsitongambalala, une des cimes culminantes
de Tlsalo, par exemple, cette Formation était ainsi com-
posée 1 :
12 Composées 3 espèces^, dont 2 arbuscules k feuilles cras-
sulantes et 10 arbustes éricoïdes.
1 1 Euphorbia I espèce), à tige cactée et épineuse.
3 Ischnolepis tuberosa, arbustes k feuilles caduques et k
racines tuberculeuses.
1. Dénombrement des plantes poussant côte à côte sur 100 mètres
carrés de superficie.
LA REGION CENTRALE
163
7 Kalanchoe (1 espèce), herbes vivaces crassulentes.
10 Philippia (2 espèces), arbuscules éricoïdes.
10 Rubiacées (2 espèces) » »
i Acanthacées (1 espèce) » à feuilles caduques,
o Légumineuses ( 1 espèce) » » »
Senecio [ Kleinoidea ). Composée à feuilles grasses, des pelouses à xérophvtes
de la région centrale. Cultivé à Tananarive.
20 Vellozia (4 espèces), herbes arborescentes ne dépassant
pas 1 mètre de haut.
3 Angræcum (1 espèce), épiphvtes sur les rocs.
2 Aloe (1 espèce).
o Cypéracées (1 espèce), herbe vivace.
Ces 19 espèces croissaient sur un tapis assez épais de
Mousses (1 espèce), de Lichens (2 espèces) et de Selaginella
LA VÉGÉTATION MALGACHE
161
(1 espèce). L’ensemble était nettement éricoïde. Les Vellozia,
les .Cypéracées, les Lichens, les Mousses et les Selaginella
avaient des organes végétatifs qui étaient secs et blanchâtres
en temps ordinaire, mais se gorgaient d'eau et redevenaient
verts à la moindre humidité.
Sur les cimes granitiques du plateau central (Tampoketsa
d’Ankazobé, Angavohé, mont Belambana, environs d'Ambo-
sitra, etc.), aune altitude un peu inférieure (1.000 à 1.400
mètres) le port éricoïde disparaît, et les Kalanchoe à feuilles
glabres, les -1/oe, les Vellozia deviennent plus nombreux. En
même temps apparaissent deux types nouveaux, Ci/nanchum et
Euphorbes aphylles, types ici rabougris et rares encore, mais
qui augmenteront désormais en nombre et en taille à mesure
que nous nous rapprochons de l'Ouest et du Sud. A ces formes
déjà franchement occidentales se joignent encore des Angræ-
cum et des Composées à feuilles grasses *, qui ne disparaîtront
totalement que vers les limites du Centre.
Sur ces limites, vers 8 à 900 mètres d'altitude (Masakoa-
mena, sur le Bemarivo; mont Bekinoly, au sud d'Ambalavao)
les pelouses à xérophytes existent encore avec tous leurs
caractères, mais déjà les espèces y atteignent une taille plus
grande, et la Formation est envahie parles grandes Euphorbes
du port d'E. Larn et des arbustes à feuilles caduques. Bientôt
rien ne distinguera plus cette végétation des autres Forma-
tions xérophytes de l'Ouest et du Sud.
Voici, pour donner un exemple du passage graduel de cette
Formation à celles de l'Ouest et du Sud, l’énumération des
formes observées sur la cime granitique du mont Bekinoly,
près Zazafotsy, à 800 mètres d'altitude.
2 espèces de P ac h y podium, à tiges monstrueuses, épineuses
et aplaties sur les rocs.
1 espèces d’Asclépiadacées, dont Isclinolepis tuberosa et
3 Cynanchum , lianes aphylles.
7 espèces d ’Euphorbia, dont deux cactiformes et épineuses,
4 arborescentes et aphylles et l une à feuilles caduques.
I. Senecio de la section Kleinoidea.
LA RÉGION CENTRALE
165
3 espèces de Composées, 3 plantes subarborescentes à
feuilles grasses et à port de Kalanchoe Scnecio de la
section Kleinoidea).
1 espèce d'Obetia , arbuste à feuilles crassulantes, aroma-
tiques et caduques.
3 espèces de Labiées, arbustes aromatiques à feuilles
épaisses.
Tapia ( Uapaca clusiacea) ayant persisté grâce à la protection de rochers.
Environs d’Ambositra.
7 espèces de Kalanchoe , toutes à feuilles crassulantes,
2 arborescentes et à feuilles caduques, 2 acaules ou sub-
acaules, 3 à tiges herbacées.
4 espèces d'Aloe, dont 2 naines et acaules, les 2 autres
arborescentes.
4 espèces de Vellozia, dont 2 acaules et 2 arborescentes.
3 espèces d’ Angræcum, épiphvtes xérophiles, Mi/osuran-
dra moschata, arbuste éricoïde, à feuilles réviviscentes.
1 Cvpéracée, herbe h feuilles fines s'accumulant en dôme
au-dessous de la rosette des feuilles vertes.
3 espèces de Fougères à frondes réviviscentes.
LA VÉGÉTATION MALGACHE
166
Toutes ees plantes croissaient encore au milieu d’un épais
tapis constitué par une Mousse, un Lichen et un Selaginella.
On remarquera, en étudiant le détail des exemples pré-
cédemment cités, que l'adaptation à la sécheresse, d'ailleurs
inconstante, du stat et aux effets des vents dominants, vents
encore humides sur les hauteurs, mais de plus en plus secs
à mesure que l'on descend sur le versant occidental, est
acquise par des moyens infiniment divers. Néanmoins ces
moyens peuvent être groupés en 6 séries différentes, corres-
pondant chacune à un port particulier ou h un groupe de ports
analogues :
1° Ramification exagérée et feuillage réduit. Port éri-
coïde. — Ce port n'est observé que sur les rocailles de haute
altitude, c'est-à-dire exposées à l'alizé encore humide. Il dif-
fère du port des arbustes à feuillage réduit du Sud, dont il
sera question plus loin, par les rameaux plus longs, moins
épais, plus fragiles, et les feuilles persistantes, plus étroites
et beaucoup plus nombreuses.
2° Tiges cactées et épineuses. Feuilles membraneuses et
très caduques. — Port des Pachy podium voisins du P. brevi-
caule Baker et de certaines euphorbes.
3° Rameaux aphylles, verts et charnus, avec revêtement
cireux disparaissant en saison des pluies. — Port des euphorbes
du groupe d /:'. Laro et des Cynanchum. Ces plantes n'ont,
en général, que des écailles foliaires très fugaces, mais on
observe néanmoins chez Y Euphorhia orthoclada des feuilles
membraneuses et très caduques, analogues à celles du groupe
précédent, insérées sur les rameaux verts et charnus.
i° Feuilles bien développées , charnues, souvent recouvertes
d'un enduit cireux temporaire, lorsqu'elles sont glabres. —
Plusieurs ports sont a signaler dans ce groupe :
A. — Port d'aloës, représenté par des Aloe et Angræcum
xérophiles dont la rosette des feuilles se resserre vers le
centre pendant la saison sèche.
B. — Port de Kalanchoe, à tiges et feuilles charnues et
velues /type uniquement localisé sur les Pelouses à xéro-
ph vtes des hautes altitudes, où l’air est plus humide.
LA ItÉfilON CENTRALE
I ()7
C. — Planton grasses subarborescentes et à feuilles char-
nues et glabres ; beaucoup de Kalanchoe et de Composées.
D. — Pla nies grasses vivaces et acaules ‘ quelques Compo-
sées et Kalanchoe .
E. — Plantes grasses vivaces à tiges annuelles. Port de
quelques Kalanchoe dans le Centre, bien plus fréquent sur
les territoires de la flore à feuilles caduques.
Forêt à sous-bois herbacé, détruite sur les pentes exposées à l'Est. On dis-
tingue des parties plus récemment détruites par les feux. Andozobato, vers
1500 m. ait. Région du Centre).
F. — Feuilles charnues, velues , aromatiques et caduques,
représentées dans le Centre par un Obetia et quelques Labiées.
G. — Feuilles dimorphes, les unes membraneuses et
minces (saison des pluies), les autres petites et charnues
( saison sèche). Les deux derniers ports, dont on ne voit ici
des exemples que sur les limites Ouest de la Formation, sont
bien plus fréquents dans les régions de l’Ouest et du Sud.
5° Organes végétatifs secs et blanchâtres, paraissant morts
en temps de sécheresse, se gonflant d'eau et reverdissant à la
première pluie. Groupe comprenant les ports les plus divers :
1158
T.A VÉGÉTATION MALGACHE
Lichens, Mousses, Pellca , Cheilanthes , Selaginella. Vellozia,
une. Cypéracée, et Myosurandra moschata. Cette dernière
plante est. en outre, éricoïde et aromatique.
6° Plantes bulbueuses ou tuberculeuses , à tiges annuelles,
grimpantes ou arborescentes.
Tous ces groupes, sauf le premier, dont nous n'observerons
plus d’exemple, sont d'autant mieux représentés que l'on
descend davantage sur le versant occidental. Les plantes de
ces ports abondent dans l'Ouest, et surtout dans le Sud,
région qu elles recouvrent presque en entier.
Les espèces des Pelouses à xérophytes ont souvent des
fleurs grandes et brillantes, quelle que soit l'altitude du lieu
où elles croissent. C'est d'ailleurs un caractère qui, dans l'Ile,
est commun à beaucoup des espèces des formations xéro-
phytes. Les plantes des Formations forestières, au contraire,
ont le plus souvent des fleurs ternes et sans éclat.
En résumé, la Formation des pelouses à xérophytes est le
seul lien qui relie insensiblement la llore à feuilles caduques
à la flore à feuilles persistantes. La plupart de ses espèces
sont manifestement des formes occidentales ou méridionales
qui se sont avancées jusqu'aux cimes de Pile, grâce à la
sécheresse des rocs dénudés, stat où ces plantes retrouvent des
conditions analogues à celles de leur région d’origine. Les
autres sont, au contraire, des formes de la région centrale
adaptées à ce stat si particulier. Toutes sont admirablement
organisées pour résister à des alternatives de forte humidité et
d'intense sécheresse.
VIL — Faciès de déni dation.
Toutes les Formations de la région centrale, surtout la silve à lichens
et les broussailles éricoïdes, sont très inflammables. Aussi sont- elles
très rapidement détruites par les incendies. La dénudation commence
toujours parles cimes. Quelques bois persistent quelque temps dans les
replis de terrain, mais, en général, 4 ou il incendies successifs suffisent
pour changer une verdoyante forêt en maigre prairie à Aristidea.
LA RÉGION CENTRALE
169
Les formations autochtones de la région centrale n ont pas
été détruites comme dans l'Est. Point n’est besoin ici d'un
abatage préalable de la plupart des arbres pour préparer
l'incendie de la forêt. Toute cette végétation a brûlé et brûle
encore avec une très grande facilité. L'homme est bien encore
ici la cause première de la destruction de la flore autochtone,
mais il l’est d’une façon moins directe, avec plus de passivité.
Lac Andranomena dans le bassin de la Tsiribihina, région Ouest. Les
touffes de roseaux des bords et des îles sont des bararata Phragmiles
communis, var.).
La forêt à sous-bois herbacé, pourtant si humide parfois,
devient facilement la proie des flammes après quelques jours
de sécheresse ou de vent persistant. La silve à lichens et la
brousse éricoïde sont presque en tout temps excessivement
inflammables. Les bois occidentaux, grâce à leur sous-bois
moins dense, résistent davantage aux vrais incendies de forêts,
mais les feux de prairie, que favorisent dans ces régions une
sécheresse plus grande et des vents plus violents, ne les
détruisent pas moins, dune manière peut-être plus lente,
mais tout aussi sûre, aussi totale. Quant aux Pelouses à xéro-
170
I.A VEGETATION MALGACHE
pintes, la moindre étincelle qui tombe dans leur tapis de
Mousses et de Lichens suffit à les faire flamber '.
Sur les terrains occupés par les trois premières Forma-
tions, le sol, après l'incendie, se couvre presque instantané-
ment de ce que nous avons appelé les Savoka à Philippin ,
végétation épaisse de Fougères et de bruyères, avec, çà et là.
quelques rejets de souches non totalement carbonisées. Ces
Savoka à Philippin , bien plus inflammables encore que la For-
mation détruite, flambent dès la première occasion, c’est-à-
dire dès qu'un indigène passe dans ces parages. Ils ne
résistent pas à 2 ou 3 feux consécutifs et sont vite remplacés
à leur tour par une prairie qui est d'abord luxuriante, mais
devient bientôt, à la suite des feux toujours répétés, aussi
pauvre, aussi maigre que celle des espaces dénudés d’alen-
tour .
Dans les bois des pentes occidentales, la Prairie remplace
directement la forêt détruite, sans l'intermédiaire des Savoka
à Philippin. Elle est seulement beaucoup plus dense, plus
épaisse sur l'emplacement des futaies nouvellement brûlées,
ce qui permet aux flammes, l’année suivante, d'attaquer avec
plus de violence, grâce aux chaumes entassés, les restes de
la forêt. Les Pelouses à xérophytes atteintes par les feux
périssent totalement dès le premier incendie. Quelques Vello-
zin et plantes bulbeuses persistent néanmoins, mais ces
espèces sont tôt ou tard étouffées par les Graminées de la
prairie, qui, tenaces, insensibles à tous changements de sol.
d’humidité, de lumière, envahissent ce stat comme ceux des
autres Formations, dès qu'il est soumis au régime des feux.
Dans le Centre, la transformation d'une belle futaie en
maigre prairie se fait d'une manière très rapide, bien plus
rapide que dans les autres régions de l'île. Il ne faut pas plus
d'une dizaine d’années ou, plus exactement, d'une dizaine de
feux consécutifs pour détruire dans un endroit donné la végé-
tation autochtone tout entière, sauf les quelques espèces à
1. La moindre atteinte des llarmnes fait mourir les plantes crassu-
lantes.
f.A RKIÜON CENTRALE
171
tige annuelle et à souche vivace et souterraine qui persistent
souvent dans la prairie.
Malgré la rapidité de cette transformation, le processus de
la dénudation comporte néanmoins plusieurs phases, qui don-
nent chacune au paysage des traits particuliers et caractéris-
tiques. Ces phases sont les suivantes 1 :
Marais à Raphia, avec Pandanus (Ambongo, région Ouest .
1° Phase des crêtes dénudées. Les cimes, les crêtes et les
dos d'âne seuls sont dénudés dans cette première phase. La
forêt ou la broussaille autochtone persistent encore partout
ailleurs.
1. Dans toute l'Ile (même sur la côte Est, dans les savoka se trans-
formant en prairies), la dénudation commençant par les crêtes ou les
cimes est caractéristique des feux de brousse ou de forêts qui détruisent
la végétation, sans l'intervention directe de l'homme. Lorsque cette
végétation ne flambe pas naturellement, lorsqu'il est nécessaire d'abattre
la forêt avant de la brûler, la dénudation commence par les bas-fonds
et par les vallées. Dans le premier cas, des restes de la végétation per-
sistent longtemps dans les replis de terrain ou sur les bords des cours
d’eau, dans le second, au contraire, sur les cimes et les endroits arides.
172
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Le caractère très inflammable île la Silve à Lichens et de la
Brou'ssaille éricoïde. explique pourquoi la dénudation commence
toujours ici par les lignes de partage des eaux, par les crêtes
des collines et des montagnes. On voit encore de beaux
exemples de ce stade dans les massifs d’ Ambre, de Tsarata-
nnna et dans les forêts situées à Lest de l'Imerina et du Betsi-
léo.
2° Phase des boqueteaux. Il n'y a plus que de petits bois
isolés dans les replis du terrain, dans les endroits rocailleux ,
aux bords des rivières, partout en /in où un obstacle naturel a
empêché les feux de détruire les derniers restes de la véqé ta-
lion autochtone. L'érosion , rendue plus active par la dénuda-
tion, commence à creuser d'énormes ravins sur le pane des col-
lines et des montagnes.
Ces boqueteaux résisteraient longtemps au feu, qui souvent
ne peut les atteindre, mais ils sont alors généralement détruits
directement par l'homme, soit qu'ils ne suffisent plus à la
consommation locale, soit qu'ils soient défrichés parla méthode
des tavy, très employée jadis par les indigènes du Centre. Les
boqueteaux du Tsiafajavona et des environs de Mandritsara
sont des exemples de cette seconde phase.
3° Phase de la prairie. Les végétaux ligneux ont totalement
disparu , et le sol est uniformément couvert d'une prairie
d'abord dense, mais qui s' appauvrit de plus en plus et laisse
en/in apparaître partout la latérite rouge cl compacte. De pro-
fondes a lavaka » multicolores éventrent les flancs des collines
et des montagnes. La vie et la culture se concentrent dans les
fonds <les vallées, et le paysage prend un aspect aride et
désolé, presque lunaire.
C'est la phase actuelle de l'Imerina et du Betsiléo.
Ces phases, dont la durée dépend de facteurs éminemment
variables selon le temps et le lieu, orientation, sécheresse,
intensité des vents, caractères végétatifs des Formations,
densité de la population 1 , etc., ne peuvent nous fournir aucune
1. Dans toute l’Ile, quand l'homme (ou le choute) pénètre clans une
région boisée, la clairière et la prairie le suivent.
LA RÉGION CENTRALE
173
donnée sur la date de la destruction de la foret dans les par-
ties les plus peuplées du Centre. Des données géologiques
nous permettent heureusement de combler en partie cette
lacune. La disparition de la forêt y est certainement contem-
poraine de l’arrivée de l'homme et de l’extinction des Epyornis,
des Hippopotames et des grands animaux contemporains, que
l’homme a détruits vraisemblablement en même temps que
la végétation primitive. On trouve, en ell'et, dans les parties
supérieures des couches à subfossiles du Centre, des bois
brûlés et des traces humaines, qui ne peuvent laisser aucun
doute à cet égard. En outre, ces dépôts à subfossiles sont eux-
mêmes postérieurs aux dernières coulées des derniers volcans
de l lle, coulées d’ailleurs d une remarquable fraîcheur. Ür si,
d une part, on songe au certain nombre de siècles qui ont dû
s'écouler entre les dernières coulées et l’extinction des Epyor-
nis, et que, d’autre part, on considère le temps qu'il a fallu aux
denses populations du Centre pour se constituer, on peut
conclure de tous ces faits, que la destruction de la forêt y
date au moins de cinq siècles et au plus de 4.000 ans *. 11
sera toujours probablement impossible, faute de documents
historiques, de préciser davantage cette date.
E. F. Gautier, dans son beau livre sur la Géographie Phy-
sique de Madagascar, prétend (p. 233 et suivantes) que les
argiles latéritiques du Centre n'ont jamais pu nourrir une
1. Gautier (Madagascar. Essai de Géographie physique) a essayé de
prouver que l’Imerina n'a jamais été boisée, en s’appuyant sur ce fait
que Mayeur n’y aurait pas vu de forêts, en parcourant cette région, il
y a un peu plus de cent ans. La densité de la population du Centre,
l’étendue des cultures et leur degré de perfection, tout prouve (pie les
indigènes y sont installés depuis de longs siècles. Or, ces indigènes,
par suite de leurs habitudes et des caractères de la forêt du Centre, ne
pouvaient pas coexister avec la forêt. Elle a disparu devant eux, au fur
et à mesure qu’ils s’accroissaient en nombre et qu’ils étendaient leurs
cultures et leurs pâturages. Au surplus, Mayeur, s'il relate bien que les
pays d'IIancove et d’Andrantsaie étaient dénudés lors de son voyage,
parle néanmoins cl'Antankaratra, ceux qui vivent dans les bois donL
cette montagne (l’Ankaratra) est couverte. V. p. 25, Voyage au pays
d'IIancove, 1777 ; réd. revue du Baron de Froberville.
LA VÉGÉTATION MALGACHE
/ A
végétation autre que la maigre prairie qui les couvre actuel-
lement et accable de ses sarcasmes Girod-Genêt, un inspec-
teur des forêts qui voulait tenter de reboiser ces terres. Gau-
tier s’est trompé: des faits innombrables l'établissent, et des
bois nouveaux, créés par l'homme sur les latérites de cette
région, se montrent maintenant en maints endroits dans le
Centre. Mais là n’est pas la question. Il peut arriver que la
latéritisation, dans un pays peu érosé, soit poussée à un point
tel qu’il se forme à la surface une cuirasse ferrugineuse (V.
Lacroix, Latérite de Guinée. Arch. Muséum, 1913). Une telle
cuirasse est alors bien impropre à porter une végétation
forestière. Il existe des exemples de ces cuirasses ferrugineuses
dans le Centre, mais, lorsque le feu n'y a pas encore exercé
son action, elles sont recouvertes de Pelouses à xérop/ujtes,
Formation autochtone qui n’a pas plus de rapport avec la préten-
due steppe de l'Imerina que la forêt malgache n’en a avec
nos forêts d’Europe. Si elles étaient impropres à porter une
végétation forestière, les argiles latéritiques du Centre
devraient donc être couvertes d’espèces xérophiles essentiel-
lement malgaches, et non pas d’espèces cosmopolites et ubi-
quistes, toutes aptes à résister aux feux.
CHAPITHE X
La région du Sambirano
Certaines circonstances de relief et d’exposition viennent créer, sur
un point du versant N. -O., cette petite région. Au point de vue climat,
elle diffère de la région orientale par une chaleur plus forte, et de la
région occidentale par une humidité plus grande. Au point de vue bota-
nique, elle est caractérisée par ses espèces et formes spéciales, un grand
nombre d’espèces communes avec la région orientale, l’absence de
types asiatiques et quelques genres de la région occidentale. Le faciès
delà végétation est celui de la région orientale. On y observe trois For-
mations : la forêt des sols alluvionnaires, la forêt des pentes, et les bois
des collines gréseuses. Ces Formations ont été détruites en grande
partie par les feux ou les tavy et sont remplacés maintenant par des
prairies ou des savoka.
En regardant une carte de l'ILe, on voit que la côte Est,
rectiligne et tournée face au S.-E., de l’extrémité Sud à la baie
d’Antongil, est, au contraire, orientée face au Nord-Est, au
nord de la presqu'île de Masoala. Du point où s'opère ce chan-
gement de direction se détache le massif de Masoala qui
atteint brusquement 300 à 600 mètres au-dessus de la mer et
tourne ensuite vers le Nord-Ouest, en s’élevant constamment,
pour aller s'unir, par une chaîne continue et boisée, au grand
massif du Tsaratanana, lui-même prolongé jusqu’au canal de
Mozambique par les montagnes du Sambirano et du Manon-
garivo. Au sud de celte ligne de cimes boisées qui coupe obli-
quement Elle, le massif central s’abaisse considérablement
pour former le seuil de EAndrona, le point le plus bas que
I on puisse trouver en traversant Madagascar de l'Est à l'Ou-
est. Par suite de cette disposition du relief, les vents domi-
LA VÉGÉTATION MALGACHE
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liants du Sud-Est ne rencontrent
rien avant cette barrière de hauts
sommets et viennent se décharger
de leur humidité sur ces mon-
tagnes et leurs abords1, en créant
ainsi, au milieu des régions des-
séchées de l'Ouest, un climat
tout particulier, bien plus humide
que celui des régions environnantes.
Telles sont les causes auxquelles
nous attribuons le climat si spécial
de la région du Sambirano et de
Nossi-Bé.
Nous résumons ci-contre les
principales caractéristiques de ce
climat, telles qu elles résultent des
moyennes de six années d'observa-
tions laites à Nossi-Bé. Dans ce
tableau, la saison chaude comprend
les mois de novembre, décembre,
i. Lorsque les massifs du Manonga-
rivo el du Tsaratanana, actuellement
recouverts de forêts (région du Centre)
qui brûlent par grandes surfaces à la fois,
seront totalement déboisés, on pourra
se rendre compte de l’influence que peut
avoir le déboisementt sur un climat. Je
doute que la région du Sambirano, dont
le climat est régi par des causes si par-
ticulières, conserve alors ses pluies et
son humidité de saison fraîche. En tous
cas, si l'expérience se fait (eL notre négli-
gence le permettra sans doute), elle sera
absolument probante. Si le déboisement
n'a pas ici d'influence sur le climat, il
n’en a nulle part au monde. S'il en a, au
contraire, cette influence sera tangible,
puisqu’elle se traduira par un désastre
économique : l’abandon des cultures tro-
picales,à Nossi-Bé et dans le Sambirano.
LA RÉGION DL' SAMBIRANO
janvier, février, mars et avril, et la saison sèche les six autres
mois
Ce climat est, en somme, intermédiaire entre le climat
oriental, dont il diffère par une chaleur plus forte et des
pluies moins abondantes en saison fraîche, et celui du ver-
sant occidental, bien moinshumide en toute saison. Si la végé-
tation était ici uniquement une conséquence du climat, on
devrait trouver dans la région du Sambirano un curieux
mélange de types de la Flore h feuilles persistantes et de la
Flore à feuilles caduques. Or, il n’en est pas tout à fait ainsi.
Cette région a bien plus de rapports avec la région orientale
qu’avec toute autre, et sa végétation appartient nettement à
la Flore à feuilles persistantes.
Elle n'occupe d’ailleurs qu’une superficie relativement res-
treinte, comprenant la presqu’île d’Ampasimena, les îles de
Nossi-Bé et Nossi-Komba, le bassin du Sambirano et une par-
tie du bassin de l’Ifasy. C’est, en somme, une simple zone
entourant la base des grands massifs du Tsaratanana et du
Manongarivo, limitée vers l'intérieur par la cote 800, au
Nord par le bassin de la Mahavavy, et au Sud par les bassins
inférieurs du Manongarivo et de l’Andranomalaza.
La végétation de cette petite région n’a presque rien de
commun avec celle de la région occidentale, dans laquelle elle
est pourtant enclavée1 2. Comme celle de la région orientale,
elle se confond bien avec celle du Centre, vers 800 ou 900 mètres
d'altitude, mais c’est surtout avec celle de la côte Est qu elle
offre le plus d’affinité. C'est la même végétation du type tro-
pical humide, peut-être plus belle encore, constituée souvent
par des espèces identiques ou par des formes très semblables,
simples races ou mutations dues au changement de climat.
1. Plus exactement la saison fraîche commence le 15 avril pour se
terminer le 15 octobre.
2. La végétation de la région occidentale se retrouve, en effet, avec
tous ses caractères habituels, sur l'Extrème-Nord de l'Ile, qui est placé,
par rapport à l’alizé, derrière les massifs montagneux dont il vient
d’être question, comme l est le reste de l'Ouest, derrière l’arête cen-
trale.
12
178
LA VÉGÉTATION MALGACH E
Comme la forêt de l'Est, la forêt de la région du Sambiran
résiste au feu. mais, comme cette forêt orientale encore, elle
n’en a pas moins été détruite presque totalement par les tavv,
métho le de culture que l’humidité du climat permet encore ici
d’employer partout, même sur les pentes très raides des col-
lines et des montagnes. Par suite, on ne voit guère plus de
témoins de la végétation autochtone vierge que dans quelques
massifs isolés et déserts sur les crêtes gréseuses et trop
rocailleuses pour être cultivées; et ce n'a pas été sans peine
que nous avons retrouvé des traces des formations primitives.
La végétation de la région tout entière n’était évidemment
qu’une seule forêt s’étendant sans discontinuité des bords de
la mer aux montagnes de l'intérieur. Mais cette forêt était
loin d’être uniforme ; les espèces et l’aspect d'ensemble chan-
geaient avec le relief et la nature du sol, et ces différences
nous permettent d'y distinguer trois Formations:
1° Forêt des alluvions et des bords des cours d’eau ;
2° Forêt des pentes à sol profond ;
3° Bois des collines gréseuses.
De la forêt qui recouvrait jadis les alluvions riveraines ou
avoisinait le bord des cours d'eau, il ne reste rien maintenant.
Gomme toujours, c'est par les vallons, les vallées, en remon-
tant le cours des rivières, que les indigènes ont commencé le*
défrichement des massifs forestiers, et dans la région du
Sambirano, ces localités sont si anciennement cultivées, si
totalement dénudées que nous ne connaissons rien de la For-
mation qui y existait jadis. Seuls quelques grands arbres iso-
lés, que nous avons pu observer çà et là, nous permettent de
dire que ce devait être une très haute futaie, composée d'espèces
à feuilles persistantes, toutes spéciales à la région ( Gluta
Turtur March ; un Canarium , deux Ficus, etc., avec quelques
espèces à feuilles caduques, telles que Ailansonia Bozij Jum. et
Perr. ', Hymenodyction sp., d’affinités occidentales, d’ailleurs,
peut-être introduites après la dénudation.
1. H. Jumelle el II. Perrier delà Bâthie : Les Baobas de Madagascar
Agriculture pratique des Pays chauds, août 1913).
LA RÉGION DU SAMB1UANO
179
Des forêts croissant sur les sols profonds, les vallonnements
et les pentes des collines et des montagnes, bien peu aussi ont
subsisté. Ces localités convenaient trop bien à l'établissement
des tavy ; et, en conséquence, la plupart ne sont plus main-
tenant recouvertes que de savoka à bambous, à Haronga , à
longoza, à Ravenala, identiques à ceux de l’Est. Pourtant,
nous en avons pu observer encore quelques témoins, dont
trois assez vastes et presque vierges : la forêt d Ambalamena,
située entre le Ramena et Antsahabé, sur latérite métamor-
phique ; celle deBejofo, entre le pic d’Antsatrotro et l’Andra-
nomalaza, sur grès traversés de dykes éruptifs ; celle de
Lokobé, sur syémte.
C’est une superbe futaie de 25 à 30 mètres de hauteur, à
feuillage totalement persistant, large et coriace, composée
d’essences excessivement variées, parsemée de grands Rave-
nala et de grands Palmiers. Elle recouvre trois étages succes-
sifs de végétation: le sol avec des plantes herbacées, un sous-
bois d’arbustes à feuilles de myrtes, et un étage moyen de
grands arbustes ou de petits arbres à feuilles très larges et
très coriaces. Les lianes sont abondantes et parfois gigantesques.
L’ensemble est plutôt clair et facilement pénétrable. Rien, en
somme, en tant que faciès, ne distingue ces forêts de celles
de la côte orientale, et cette ressemblance persiste même au
point de vue botanique, car, si les espèces des deux régions
ne sont pas les mêmes, elles sont parfois extrêmement voisines
et leurs ports sont toujours très semblables. La seule espèce
qui vienne rappeler dans ces bois la proximité de l’Ouest est
Grangeria maclagascariensis, mais c’est ici un grand arbre à
feuilles persistantes, tandis que ce n’est plus qu’un pauvre
arbuste, k feuilles souvent caduques, dans la région occiden-
tale.
Les bois des collines gréseuses, ou des pentes trop rocail-
leuses pour que l’on puisse y cultiver du riz, sont au contraire
assez étendus. On en trouve encore quelques massifs assez
importants entre Bejofo et le Manongarivo, sur quelques col-
lines de la vallée du Sambirano et sur la chaine du Kalabenono,
au nord-ouest d’ Antsahabé. Les bois ressemblent un peu k la
LA VÉGÉTATION MALGACHE
180
forêt des cimes de la région orientale et aux bois des pentes
occidentales de la région du Centre. Ils diffèrent des premiers
par un feuillage plus grisâtre, leur sous-bois peu fourni et
mélangé de plantes herbacées, l'absence de Palmiers, de
Mousses et de Fougères. Ils diffèrent des seconds par la pré-
sence d’épiphytes et de Panclanus, et l'absence d'Uapaca, de
Composées et d'arbustes éricoïdes. Ils s'éloignent des uns et
des autres par des espèces toutes différentes et le port le plus
élancé, moins ramifié des arbres de la futaie.
Ces bois sont surtout remarquables par leur feuillage clair
et grisâtre et leurs épiphytes, parmi lesquels on observe des
Medinilla et des Bulbopliyllum , à tubercules ou pseudo-bulbes
aplatis, comme écrasés contre le tronc qui les porte, et
quelques Fougères à frondes reviviscentes. Toutes les espèces
de la futaie ou du sous-bois appartiennent à des genres spé-
ciaux ou représentés ailleurs dans la Flore à feuilles persistantes.
Un Genipa seul possède une forme correspondante dans la Flore
à feuilles caduques.
Dans l’ensemble, la végétation de la région tout entière est,
au point de vue botanique, comme au point de vue faciès,
étroitement alliée à celle des autres régions de la Flore à feuilles
persistantes. Pourtant elle diffère notamment de celle du
Centre par ses nombreux Palmiers, l’abondance moins grande
des Orchidacées et des Fougères et l'absence des Composées et
Ericacées, et de celle de l Est par ses types spéciaux et ses
quelques espèces manifestement originaires de l Ouest. Dans
toutes les Formations, la richesse en espèces est toujours très
grande. Il n'y a jamais d'essence dominante dans les futaies,
et les associations végétales sont aussi complexes que dans les
régions précédemment étudiées.
La forêt est détruite ici comme dans la région orientale.
C'est dire que le paysage montre les mêmes faciès de dénuda-
tion. Des débris de futaie couronnent les hauteurs ; il y a des
pentes et des vallonnements couverts de savoka impénétrables ;
et, plus bas, partant des bords des rivières sans arbres, les
prairies semblent dévorer ces savoka et s étendre chaque
jour à leurs dépens.
LA RÉGION DU SAMBIRANO
181
Cette région produisait jadis du caoutchouc, de l'ébène et
du crin végétal. Ce dernier était produit par Vonitra crinita
Juin, et Perr., plante qui est devenue rare et qui n’a d'ailleurs
jamais été exploitée que par les indigènes. Les ébéniersont été
si radicalement détruits qu'il nous a été impossible d’identifier
le Diospyros qui fournissait l’ébène dit de Nossi-Bé dont on a
exporté anciennement une certaine quantité. Quant au caout-
chouc, il était produit par trois Mascarenhasia (il/, arborescens
DC., lanceolata, DC., angustifolia UC.), deux Lanclolphia
[L. Perrieri Jum. var. ambatensis et L. crassipes) et un Plec-
taneia (P. microphylla Jum. et Perr.). Toutes ces plantes
ont naturellement disparu avec les forêts qui les abritaient et
l’on n'en trouve plus maintenant que quelques exemplaires
isolés L
1. V. H. Jumelle et Perrier : Les Lanclolphia e,t les Mascarenhasia du
Nord de l'Analava, Challamel, 1910 ; et Les plantes à caoulehoucdu Nord
de Madagascar, Challamel, 1911.
CHAPITRE XI
La Flore sous le Vent. — Végétation à feuilles caduques.
Cette flore recouvre toutes les régions de l’Ile où l'alizé arrive privé
de toute humidité. Le climat, du type tropical sec, est la cause princi-
pale du faciès de la végétation. En tant que flore, elle est distincte par
ses espèces presque toutes spéciales, d’origine plutôt occidentale. Les
surfaces qu'elle recouvre constituent deux régions, dont les limites res-
pectives sont d’ailleurs très indécises: la région occidentale, où les xéro-
phytes ne forment que des ilôts restreints, et la région méridionale, où
ces plantes existent presque seules.
Les vents dominants du S.-E., en franchissant les grands
marais du Nord ou de l'arête centrale, s'v débarrassent de leur
humidité et arrivent complètement desséchés sur les régions
basses, situées à l'ouest et au nord de ces massifs. Dans ces
régions, la saison fraîche, pendant laquelle soufflent ces vents,
est. en conséquence, excessivement sèche, si sèche que les
arbres se dépouillent de leurs feuilles, que toute végétation
s'arrête et que les forêts prennent alors, malgré des chaleurs
encore très grandes, l'aspect de nos bois d’Europe en hiver.
C'est donc encore ici l'action de 1 alizé, mais de l’alizé cette
fois dépourvu de toute humidité, et exagérant la sécheresse au
lieu de la diminuer, qui est la cause déterminante des limites
de la Flore sous le Vent et du faciès de sa végétation.
En effet, cette flore, au-dessous de l'altitude 800, s’étend
sur toutes les régions de l' Ile qui sont abritées du côté du S.-
E. par une barrière des hautes montagnes. Et cette région
correspond à tout le versant occidental, entre le canal de Mozam-
bique et la cote 800, de Fort-Dauphin à Maromandia, et à
l Extrême-Nord de 1 Ile , c'est-à-dire à la partie placée derrière
la chaîne Masoala-Manongarivo, comme l est le reste de l'Ouest
derrière l’arête centrale.
LA FLORE SOIS LE VENT
183
Quant au faciès de la flore, c’est évidemment la séche-
resse, exagérée par les vents, qui cause l'arrêt complet de la
végétation, la caducité des feuilles et les moyens si divers
qu'emploient les plantes de l’Ouest pour résister au manque
d'humidité. Néanmoins, ces caractères de la végétation sont
loin d’être absolus. La caducité des feuilles, par exemple,
n’est pas générale. Un dixième environ des espèces de la flore,
surtout celles des stats humides, conservent leurs feuilles en
toutes saisons. D'autres les perdent tardivement, ou très irré-
gulièrement, à des époques qui changent suivant les espèces
et les lieux. D'autres enfin ont ici des feuilles persistantes et
là des feuilles caduques. Il est de même pour l'arrêt de la
végétation, qui varie d’époque et de durée, non seulement
entre chaque espèce, mais aussi, pour des causes locales ou
temporaires, chez les individus d’une même espèce. Au total,
ces moyens d’adaptation à la sécheresse ne semblent pas
être encore fixés, encore héréditaires, comme s’ils dataient
d’une époque récente, moins sèche qu’à l’époque actuelle.
Aussi bien, nous n’aurions pas songé à diviser en deux la
flore malgache si cette division n’avait dû être fondée que sur
les caractères de la végétation. Les caractères botaniques,
qui sont bien d’ailleurs une conséquence du climat, puisque
les espèces de l’Ouest réapparaissent dans l’Extrême
Nord en même temps que le climat occidental, sont autre-
ment nets. Nous avons déjà dit que la presque totalité
des espèces de la Flore du Vent ne se retrouvaient pas
dans la Flore sous le Vent. Les familles suivantes n'y sont pas
représentées : Lycopodiacées, Iridacées, Népenthéacées, Myri-
cacées, Phytolaccacées, Myristicacées, Ericacées, Ombelli-
fères, Protéacées, Vacciniacées, Plantaginacées. On n’y voit
aucun représentant des grands genres Impatiens, Symphonia,
Dicoryphe, Weinmannia, Ocotea, Elaeocarpus, Dypsis, Neo-
phloga, etc. Les Composées, les Chlaenacées, les Araliacées,
les Mélastomacées, les Palmiers, les Fougères, les Mousses,
et même les Orchidacées y sont rares. Les Euphorbiacées, les
Asclépiadacées, les Légumineuses, les Anonacées sont, au
contraire, plus abondantes que dans la Flore du Vent. Enfin
184
LA VÉGÉTATION MALGACHE
les Aristolochiacées et les Didiéréacées y sont exclusivement
localisées. '
Pour établir pleinement les caractères botaniques de la
Flore sous le Vent et ceux de ses deux régions, il aurait
fallu dresser des listes complètes de toutes leurs espèces carac-
téristiques. Faute de ces listes, que nous ne pouvons établir
encore, nous donnons ici l'énumération des 108 genres spé-
ciaux de cette flore, dont nous possédons la distribution géo-
graphique.
Sur ces 108 genres, 45 sont endémiques :AnisocycIa, Megis-
totegium 1 , Perrierophytum, Perrieranthus , Speirostyla,
Tsimatimia, Perriera, Cinnamosma , Cedrelopsis, Brandzeia,
Xantliocercis , Chadsia, Aprevalia, Colvillea Bathiea. Apa-
loxylon , Grangeria, Alluaudia *, Didicrca *, Grevea. Myosuran-
dra, Hyalocalix. Paracephaelis, Santalina, Gomphocalix , Cul-
lumiopsisi , Gonocrypta, Acustelma, Symphytonema, Menabea ,
Secamonopsis , Decanemopsis l, Prosopostelma *, Ischnolepis,
Cryptostegia, Geayia *, Lasiocladus , Mahafalia ', Decanema,
Voharanga ', Folotsia, Pleurostelma, Kigelianthe , Brachyste-
phanuSy Aulotandra.
Vingt-deux ne se retrouvent qu'en Afrique : Monodora,
Adansonia. Poupartia , Sclerocarya, Khaya , Erytrophleum ,
Ophiocaulon, Adenia. Carphalea, Pachy podium, Pergularia ,
Ceropegia . Toxocarpus, Micros tephanus, Telosma. Kigelia,
Harpagophytum, Euphorbia de la section Tirucalli, Eulophi-
dium , Xervilia , Musa (section Ensete ;, Medemia, Hyphaene,
Jatropha *, Hydnora b
Quatre, Trichilia, Bertiera, Yellozia , Piptaaenia , ont des
représentants en Amérique et en Afrique ; un, Hirtella , en
Amérique seulement ; et deux, Gynocarpus et Remusalia, dans
les pays situés dans l'Orient de bile.
Tous les autres. Popowia, Bocagea , Moerua , Polycarpea ,
Acridocarpus. Commiphora, Cadaba. Stylosanthcs, Mezoneu-
rum , Pithecolobiurn, Quisgualis, ]Voodfordia, Modecca,
Trianthema. Pharnaceum, Sideroxylon, Cephalanthus, Hyme-
1. Genres spéciaux à la région méridionale.
LA FLORE SOLS LE VENT
1 85
nodyclion, Marsdenia, Lepladenia , Pentalropis , Sarcostemma,
Cryptolepis , Mostuea, Stereospermum, Barleria, Aristolochia,
Gloriosa , Boerhavia , Acarnpe, Orrnocarpum, Tamarindus,
Triglochin *, sont répandus dans tous les pays tropicaux, ou
tout au moins communs à l’Afrique et à l’Asie.
On voit, par cette énumération, que les types africains sont
beaucoup plus nombreux dans la Flore sous le Vent que dans
celle du Vent, et que, par contre, les types asiatiques y font
presque défaut.
Sur les immenses territoires que recouvre cette flore, le
climat n’est pas d’une uniformité constante. L'Extrême-Nord,
le Nord-Ouest, et l’Ouest jusqu’à l'embouchure du Mangoky
ont bien un climat très analogue, caractérisé par S mois de
pluie et 7 mois de sécheresse presque absolue ; mais, à partir
de Tuléar, la quantité d'eau tombée de novembre à avril
diminue progressivement, en allant vers le Sud, pendant
qu'augmente au contraire, très légèrement, l’humidité de la
saison sèche et que diminue sa température.
La végétation change naturellement au fur et à mesure de ces
changements progressifs et insensibles du climat. A mesure que
les pluies diminuent, les arbres s’abaissent de hauteur ; et les for-
mations xérophiles, d'abord localisées, comme dans le Centre,
dans les endroits exceptionnellement secs, sur les rocailles ou
les dunes de sable, s’étendent petit à petit et finissent par
envahir la région tout entière. En même temps, la sécheresse
un peu moindre de la saison fraîche rend moins absolu le
repos de la végétation, malgré la température plus basse. On
passe ainsi graduellement de la végétation ordinaire de
YOuest à celle si curieuse du Sud-Ouest , les deux régions
que nous distinguerons sur les territoires recouverts par la
végétation à feuilles caduques.
Ces régions ont, par suite, des limites fort indécises et se
pénètrent mutuellement. Dans la région méridionale, nous
n’avons compris que les bas-bassins du Mandrere, du Manan-
bovo, du Menarandra, de la Linta et de l’Onilahy, avec une
1. Genres spéciaux à la région méridionale.
186
LA VÉGÉTATION’ MALGACHE
étroite bande littorale remontant jusqu'à Morondava, la région
Ouest comprenant tout le reste des territoires recouverts par
la Flore à feuilles caduques. Nous nous empressons d’ailleurs
d’ajouter que ces divisions sont tout arbitraires et que nous les
avons adoptées surtout parce que leur limite respective devient
ainsi facile à suivre sur le terrain. En effet, la région Sud-Ouest
ainsi délimitée comprend toutes les parties des versants Ouest
et Sud où la sécheresse est trop grande pour permettre à la
prairie de se constituer, où par conséquent la végétation autoch-
tone, non ou peu détruite par les feux, s’est conservée avec
tous ses caractères.
Mais, si l'on ne considérait que la végétation autochtone, il
deviendrait dflicile de limiter cette région du Sud-Ouest. Sans
doute, la flore méridionale, dans le bassin du Menarandra
par exemple, a un faciès particulier et un grand nombre
d’espèces spéciales, mais il n’y a aucune démarcation nette,
et, au contraire, une transition insensible entre cette flore et
les formations xérophiles du Nord-Ouest, et même de l’Extrême
Nord. Toutes les espèces de l'Ouest réapparaissent en outre
dans l’Extrême-Sud, dès qu'un peu d’humidité leur permet de
végéter. Pour être exact, il faudrait donc joindre à la région
méridionale, telle que nous la comprenons, toutes les enclaves
à xéroplivtes du reste de la Flore sous le Vent, c’est-à-dire
une série d îlots de plus en plus réduits en nombre et en super-
ficie en allant vers le Nord. En définitive, ainsi (pie nous
l’avons déjà dit, la région méridionale n'est rien autre
qu’une région où la sécheresse est devenue telle que les for-
mations xérophiles de l'Ouest, au lieu d’être localisées dans
des stats très spéciaux, la recouvrent presque totalement 1 .
1. D’après Colcanap ( Géologie du Cercle M ah a f a.h y ; Bull. Ec. 1910),
cette région était en voie de dessèchement progressif et de date récente.
La persistance de la flore occidenlale dans tous les lieux humides de
la région méridionale corrobore bien celte observation. On peut se
demander, en conséquence, si la cause de ce dessèchement récent et
progressif n’est pas la dénudation complète et déjà ancienne de la partie
Sud du versant Est de Elle. Le Sud-Ouest, dans ce cas, serait un
exemple de ce que sera la région occidentale tout entière, lorsque le
versant Est sera totalement dénudé.
CHAPITRE XII
La région occidentale.
Cette région est scindée en deux territoires très inégaux, l'un au Nord,
très petit, l’autre, très vaste, au sud de la région du Sambirano. Son
climat est caractérisé par deux saisons très tranchées : S mois d’orages
et de fortes chaleurs, 7 mois de sécheresse intense. Sa végétation varie
peu du Nord au Sud, beaucoup, au contraire, de l’Est à l’Ouest, par
suite de la constitution géologique de ce versant. Des G Formations que
nous distinguons, 3 recouvrent des zones géologiques déterminées. Les
trois autres constituent plutôt des ilôts disséminés sur toute la région.
La région Ouest comprend donc un petit territoire isolé
dans l’extrémité de Plie, et d’immenses surfaces entre Maro-
mandia et Fort-Dauphin. Le petit territoire du Nord, qui
entoure le massif d’Ambre que nous avons rattaché à la dore
du Centre, est limité aux bassins de la Manankolala et de la
Loky, aux environs de Diego-Suarez, et aux bassins inférieurs
de la Mahavavy et de l’Ifasy1. La seconde partie, infiniment
1. Ce rattachement de l’Extrême Nord de l’Ile à la région Ouest sur-
prendra peut-être. Nous avons, en effet, été très surpris de retrou-
ver au nord de Vohémar, par exemple, avec une végétation identique,
en tant que faciès, à celle de l’Ouest, les espèces suivantes caractéris-
tiques de la région occidentale: Hyphaene Ilildebrandtii, Chrysalido-
carpus oleraccus, Tamarindus indica, Ophiocaulon fîringalavense,
Adenia olaboensis, Landolpliia Perrieri, Cxjnanchum Messeri, Sarcos-
temma virninale Prosopostelma graridi/lorum, Euphorhia Laro, Adanso-
nia madagascariensis, Sclerocarya Cafjfra, Stereospermum euphorioides
etc. Ce petit territoire n’est d’ailleurs isolé du reste de la flore occiden-
tale que depuis l’affaissement récent (Voir : Lemoine , Etudes géologujues
sur le Nord de Madagascar, p. 334), qui a modifié les côtes dans le Nord-
Ouest de Elle. Avant ce mouvement positif, il devait exister à l’ouest et
au nord de la région du Sambirano des terres basses, recouvertes de
végétation à feuilles caduques, qui reliaient l’Extrême Nord au reste de
l’Ouest.
188
LA VÉGÉTATION MALGACHE
plus vaste, comprend tous les versants Ouest et Sud, sauf la
région méridionale, telle que nous venons de la délimiter.
Cette vaste région jouit d'un climat très uniforme, bien
qu’elle s’étende sur plus de 13 degrés de latitude. En voici
les principales caractéristiques observées sur trois points
différents de la côte : Diégo, Majunga et Morondava.
Comme on le voit par ce tableau, les pluies seules dimi-
nuent légèrement en descendant vers le Sud. Mais ces données
ont toutes été recueillies sur des points de la côte et nous
avons tout lieu de penser, sans pouvoir malheureusement
nous appuyer sur des observations sûres, que la température
et la quantité d’eau doivent augmenter un peu, sous une
même latitude, de la côte vers l'intérieur des terres. Il est
tout au moins certain que sur la côte, jusqu’à Betroka, point
situé dans le bassin de l’Onilaby, elles atteignent encore
614 mm. en saison des pluies et 63 mm. en saison sèche.
Dans le tableau ci-joint, nous avons compris, comme mois
de saison sèche, les mois de mai à novembre, mais il serait
infiniment plus juste, en ne considérant que le point de vue
climat, de dire que la saison des pluies commence en novembre
pour se terminer à la fin mars, et que la saison sèche dure
pendant les sept autres mois. Au point de vue strictement
phénologique, au contraire, la saison de repos de la A^égétation
ne dure que 5 mois, de mai à octobre. Quoi qu'il en soit, la
division en deux saisons est partout très nette.
Dès que les vents du Sud-Est ont cessé, avant toute pluie,
au commencement d octobre, et parfois même dès la fin de
septembre, quelques arbres ou arbustes ( Ad&nsonia , Pachy-
podium, Chadsia, Dalbcrgia , etc.), encore privés de feuilles,
se couvrent de fleurs. Ces fleurs nouent, se transforment en
fruits, et c'est seulement à la fin d'octobre ou au commence-
ment de novembre, avec les premiers orages, qu’apparaissent
les feuilles de ces espèces précoces, en même temps que celles
des autres espèces à feuilles caduques. Dès ces premières pluies,
les bois se couvrent, comme par enchantement, de fleurs et
de feuilles nouvelles. Rien n’est soudain, merveilleusement
rapide, comme ce réveil de la végétation ; et la grande majo-
rité des espèces de l'Ouest fleurissent à cette époque.
LA RÉGION OCCIDENTALE 189
100
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Cptte floraison se continue pendant le cours de décembre,
date de l'apparition des fleurs chez les quelques espèces à
feuilles persistantes. Pendant les grandes pluies de janvier,
février et mars, peu d'espèces au contraire fleurissent, mais
beaucoup fructifient ou mûrissent leurs fruits, et tout l'effort
de la végétation se porte en ce moment sur les rameaux et
les feuilles. Les bois, avec les feuilles larges, molles et d'un
vert clair des arbres de la futaie, prennent alors un aspect
tout nouveau dans la flore malgache.
Après les grandes pluies de l’hivernage, quelques espèces
entrent à leur tour en floraison. Ce sont surtout des plantes à
inflorescence terminale, dont la fleur représente l'apogée de
la période végétative. Cette absence de fleurs pendant les
grandes pluies est ici plus nette encore que dans le Centre ;
et toutes les fleurs de l’Ouest, aussi bien celles des espèces
vernales que celles des espèces tardives, n éclosent que le
matin ou pendant la nuit et sont très généralement fanées dès
les grandes chaleurs du milieu du jour. Cette fugacité des
fleurs résulte évidemment, ainsi que nous avons déjà eu l’occa-
sion de le dire, d'une adaptation remarquable au climat de
l'Ouest, car les fortes chaleurs et les orages de l’après-midi
rendraient impossibles leur an thèse et leur fécondation. Les
insectes aériens qui fécondent si souvent les fleurs ont d'ail-
leurs despériodes d’apparition ou de repos absolument concor-
dantes. Ils abondent au printemps, manquent pendant les
grandes pluies, réapparaissent après elles, bourdonnent inten-
sément jusqu'à midi, et dorment ou restent cachés pendant
les grandes chaleurs ou les orages du soir.
Dès avril, quelques feuilles commencent à tomber. Cette
chute des feuilles s'accentue en mai, et s’échelonne ensuite,
suivant les espèces, pendant tout le cours des mois secs. Rien
d'ailleurs n'est irrégulier comme la caducité des feuilles chez
les espèces de l'Ouest. Non seulement chaque espèce se
dépouille à une date différente, mais encore les individus d'une
même espèce conservent ou perdent leurs feuilles à des
moments très variables, pour des causes diverses : âge de l’in-
dividu, rapidité plus ou moins grande de sa croissance, milieu,
LA RÉGION OCCIDENTALE
lül
etc., qu'il n'est pas toujours facile de déterminer. Certaines
espèces ne restent feuillées que pendant un temps très court,
4 mois à peine. Ce sont celles dont les fleurs apparaissent
avant les feuilles, à la fin de la saison sèche. D'autres, au con-
traire, celles que nous appelons « à feuilles tardivement
caduques » ne les perdent qu'à l’apparition des feuilles nou-
velles et portent souvent les deux feuillages sur des rameaux
Le manguier dans la région Ouest. Hauteur totale, ls m. ; diamètre, 1 m. 70.
Pied adulte. Majunga.
différents d’un même pied. Entre les types à feuilles très fugaces
et ceux à feuilles persistantes dont on voit encore quelques
exemples dans l’Ouest il y a d'ailleurs tous les intermédiaires
possibles.
Pendant les mois de mai, juin, juillet août, septembre, toutes
les tiges herhacées se dessèchent, et les bois prennent peu a peu
l'aspect de nos bois d’Europe en hiver. Le repos de la végé-
tation est alors absolu, mais beaucoup d espècesont des formes
de repos toutes particulières. Ainsi, certaines plantes (. Kalan -
choe, Plectranthus, etc.) perdent les feuilles grandes et
192
LA VÉGÉTATION MALGACHE
membraneuses qu'elles portaient pendant la saison des pluies
et les remplacent par des feuilles crassulantes et plus petites.
D'autres, des arbres ou des arbustes à feuilles caduques ( Syn -
chodendron Perrieri Baill., Vernonia Merana Bak. , etc.)
se couvrent, à la fin d'avril, de boutons floraux prêts à s’épa-
nouir, mais qui restent néanmoins ainsi jusqu'à la fin de la saison
sèche. Chez quelques espèces, généralement des lianes à feuilles
persistantes ou caduques [Landolphia, Marsdenia , Secamone ,
etc.), les fruits déjà formés en avril passent, sans s’accroître,
les mois de sécheresse et ne mûrissent qu’à l’approche de la
saison des pluies1.
Ces fruits et ces boutons floraux presque stationnaires pen-
dant toute la saison sèche, ces feuilles irrégulièrement caduques
semblent indiquer quelque perturbation récente dans les
conditions de milieu. On dirait que la végétation de l'Ouest
est comme en voie de s'adapter à un climat plus sec, qui ne
le serait devenu qu'à la suite de causes fortuites et récentes.
D’autres faits semblent confirmer cette manière de voir. Sou-
vent, en effet, après quelques légères pluies, des arbres et
des arbustes, surtout ceux situés à la lisière des bois, entrent
prématurément en végétation et se couvrent de fleurs. Puis
les vents du Sud-Est se remettent à souffler, la sécheresse
redevient plus intense, et les jeunes feuilles et les fleurs
tombent et se dessèchent, tant et si bien que ces plantes ont
perdu la faculté de se reproduire. Ces sécheresses printanières,
1. Les plantes cultivées supportent mal ce climat. Cependant, quel-
ques espèces tropicales peuvent y prospérer dans les endroits irrigués.
Le manioc seul, parmi les plantes vivaces, peut en supporter sans souf-
frir la sécheresse intense. Voici néanmoins quelques remarques sur les
phases delà végétation de quelques plantes cultivées, pour faire mieux
comprendre combien dilfère le climat occidental de ceux des autres
régions. Le manguier, qui croît et fructifie mieux dans l'Ouest que dans
n’importe quelle autre partie de l’Ile, fleurit en août-septembre et fruc-
tifie en novembre-décembre. La vigne peut donner deux récoltes,
une en mai, l’autre en janvier. Elle se repose 3 à 4 mois. Le riz, dont
les deux récoltes, dans le Centre et dans l'Est, ont lieu en février et en
avril-mai, est récolté, dans l'Ouest, en mars-avril et en octobre-novem-
bre.
LA KÉGION OCCIDENTALE
193
dont les eil'ets sont tout à fait comparables à ceux des gelées
que nous avons observées dans le Centre, comme les faits
relatés ci-dessus, ne sont pour nous que des conséquences de
modilications du climat occidental, que le déboisement de l’Est
et du Centre aurait rendu plus sec. L’alizé, dont l'action rend
actuellement si intense la sécheresse de ce climat, devait en
effet, jadis, lorsque ces régions n'étaient pas déboisées, arriver
plus humide sur le versant occidental et en tempérer la séche-
resse au lieu de l’exagérer.
Les racines de presque toutes les espèces de la région occi-
dentale pénètrent beaucoup plus profondément dans le sol
que celles de la flore à feuilles persistantes. Les plantes à
racines pivotantes ou tuberculeuses abondent dans toutes les
Formations, sauf dans les marécages où les racines sont tra-
çantes. Ceci prouve bien que la disposition des racines est
plus une conséquence de l’humidité plus ou moins grande du
stat ou du climat que de la nature du sol, qui peut être ici,
comme dans l Est et le Centre, de la latérite très compacte.
Comme on sait, le versant occidental de Madagascar est
constitué par des terrains sédimentaires s'étageant du trias
inférieur à l'éocène et reposant surdes terrains métamorphiques.
Sur cet ensemble s’est déversé un déluge de laves basaltiques,
provenant soit de cimes volcaniques bien définies, soit plus
souvent de fissures parallèles ou subparallèles à la côte Ces
terrains sédimentaires se divisent en trois régions géologiques :
la première, la région de l'Ouest, très vaste, s'étend du cap
Sainte-Marie au cap Saint-André ; la deuxième, celle du Xord-
Ouest, moins grande, du Cap Saint-André à la presqu ile
d' Ampasimena ; et la troisième, celle du Nord , très limitée,
de cette presqu ile à l’embouchure de la Manankolala. Ces
trois régions paraissent avoir eu chacune une histoire géolo-
gique distincte depuis le trias. Aussi, abstraction faite de
la région du Sambirano qu elles englobent, n'est-il pas sur-
prenant de trouver entre elles quelques différences dans la végé-
tation qui les couvre, mais ces différences sont minimes.
Cinq à six espèces au plus sont spéciales à chaque région ;
et, comme la nature des sols et leur succession de la côte vers
I.A VÉGÉTATION MAl.GACHK
LA RKUION OCCIDKM AL K
1 intérieur sont les mêmes partout, nous nous contenterons de
signaler ces différences intéressantes sans distinguer comme
sous-régions floristiques ces divisions géologiques.
En traversant le versant occidental, du Centre à la cote,
on rencontre, en effet, presque toujours la même succession de
terrains. Ce sont d’abord des terrains métamorphiques
profondément décomposés en latérite, puis successivement :
des grès triasiques, érosés en une longue dépression presque
discontinue, du Nord au Sud de Elle ; de vastes plateaux de
calcaire jurassique légèrement inclinés vers la mer; des col-
lines arénacées ou gréseuses du crétacé ; des plateaux de cal-
caire aturien ou éocène ; enfin un mince cordon de dunes litto-
rales. Les basaltes, que l'on voit un peu partout, sont surtout
abondants dans la zone des sédiments crétacés. Ils sont aussi
profondément décomposés en latérite.
Par suite, les sols de notre région occidentale sont bien plus
variés que ceux des autres régions de l'Ile. Malgré celte diver-
sité, leurs caractères physiques ou chimiques et l’influence
qu ils ont sur la végétation permettent néanmoins de les grou-
per en 4 catégories, qui sont les suivantes : 1° Latérites pro-
venant de la décomposition de roches basaltiques ou méta-
morphiques; 2° Grès et sables, secondaires et récents; 3° Cal-
caires jurassiques, crétacés et tertiaires ; 1° Alluvions con-
stituées d’éléments provenant en général de l’érosion des trois
premiers groupes.
A ces quatre catégories de sols correspondent quatre des
Formations que nous distinguons dans la région occidentale,
c’est-à-dire : 1° les bois des collines latéritiques ; 2° les bois des
collines arénacées ; 3° les bois des plateaux calcaires ; 4° les
forêts des alluvions et des bords des cours d'eau. A ces quatre
Formations, qui se retrouvent sur toute la longueur du ver-
sant occidental, nous ajouterons encore les marais à Raphia
et les buissons à xérophytes.
1. La localisation de V Elaeis, dans la région géologique de l'Ouest, est
le plus frappant île ces faits. Il n’est d’ailleurs pas certain que ces diffé-
rences ne soient pas simplement analogues à celles qu'on observe sur
la côte Est, en allant du Nord au Sud.
LA VÉGÉTATION MALGACHE
I 9fi
Pour l’étude de ces Formations, nous commencerons par
celles qui occupent lesstats les plus humides, pour continuer
ensuite par celles qui recouvrent des stats de plus en plus
secs, en observant pas à pas les modifications causées par une
sécheresse de plus en plus intense, de même que nous avons
observé les modifications dues à l'altitude en montant de la
côte Est aux cimes culminantes de l'I le. Nous passerons ainsi
graduellement de la Formation des marais à celle des buissons
à xérophytes qui, elle-même, ainsi que nous l'avons vu, relie
étroitement la région de l’Ouest h la région méridionale.
Dans toutes ces Formations, sauf celle des marais, les asso-
ciations végétales sont toujours aussi complexes que dans
celle de la Flore à feuilles persistantes. Sur les alluvions,
comme sur les latérites, les calcaires ou les sables, nous avons
toujours trouvé en moyenne, sur 100 plantes poussant côte à
côte, 38 espèces appartenant à 18 familles différentes. C’est
dire qu’il n'y a jamais d’espèce dominante et que la végétation
y conserve toute son hétérogénéité.
I. MAUAIS A RAPHIA.
On peut distinguer trois types dans les marais de la région occiden-
tale : les marais temporaires des terrains cristallins et des sols alluvion-
naires ; les marais à Typha des terrains calcaires ; les marais des terrains
arénacés, surtout intéressants parce qu’ils sont souvent tourbeux. La
tourbe y est actuellement constituée par des Fougères et des Cypéracées;
elle l’était jadis par un Sphagnutn devenu rare par suite de la dénudation;
Ce dernier type est l’habitat préféré du Raphia ; au sud du cap Saint-
André, c’est l'habitat de l'Elaeis.
Les marais de la région Ouest ont des caractères variables
suivant la nature des terrains au milieu desquels on les trouve ;
et, par suite, on peut distinguer parmi eux trois types diffé-
rents : 1° les marais des terrains cristallins et des sols allu-
vionnaires ; 2° ceux des terrains calcaires; 3° ceux des
terrains arénacés. Les premiers, temporaires et très souvent
modifiés par les feux’, sont presque uniquement couverts de
r.A RÉGION OCCIDENTALE
1 9
Ravenala madagascariensix clans une tourbière, près de Besalampy
Région Ouest:.
Marais à Raphia, avec Fieux et Mascarenhasia à troncs recouverts de
Fougères grimpantes (Ambongo, région Ouest).
198
I.A VÉGÉTATION MALGACHE
bararata *, grands roseaux du genre Phragmitcs, au milieu des-
quels on observe pourtant, çà et là, quelques adabo ( Ficus
Sakalavarum). Ces roseaux, qui couvrent parfois d’immenses
étendues aux abords de toutes les parties basses des fleuves
de la côte Ouest, donnent au paysage un aspect tout spécial,
sans analogue dans les autres régions de l' Ile.
Les seconds, plus souvent temporaires2 encore que les pre-
Marais à Raphia, avec Pandanus et Typhonodorum Ambongo, Ouest).
1. Ce Phragmites diffère du P. commuais par son port d'Anmdo Donax
et par ses feuilles dimorphes, longues, glabres et molles en saison des
pluies, et courtes, raides et velues en saison sèche.
2. Quelques plantes des marais temporaires sont remarquables par
leur dimorphisme. En saison des pluies, les tiges en sont grandes,
simples, molles, les feuilles larges et minces. En saison sèche, au con-
traire, les tiges en sont courtes, très ramifiées, et les feuilles petites et
I.A RÉGION OCCIDENTALE
199
miers, sont remarquables parleur végétation seulement com-
posée d un Typha (T. angus/ifolia ) et d’une grande Fougère
Acrostichurn aureurn). Ils se confondent vers la côte avec
les marais salants, avec lesquels ils ont beaucoup de ressem-
blance.
Les troisièmes sont, au contraire, permanents, et, par
suite, ont souvent conservé intacte leur végétation native. Ils
Tourbière à Cyperus, Nephroclium et Ti/phonodorum (Ambongo, Ouest .
occupent toujours des dépressions qu’a rendues un peu imper-
méables l’argile dont on voit des intercalations assez puissantes
dans les séries arénacées du trias, du lias, du crétacé et des
terrains récents. Ils sont surtout intéressants parce qu’il s’v
forme de la tourbe, qu’on ne rencontre jamais dans les marais
épaisses. Sous ce dernier port, elles sont à l’état de vie ralentie et ne
fleurissent ni ne fructifient. Ce port de saison sèche est, en somme,
physiologiquement comparable aux bulbes de tant d’autres plantes.
M. Choux (H. G. B . 1913, p. 153)a étudié anatomiquement deux de ces
espèces, Ipomoea replans et Xeplunia proslrata. On peut citer encore
un Jussiara, le Pliragmites et une autre Graminée.
200
LA VÉGÉTATION MALGACHE
des dpux premiers groupes. Pour ces raisons, nous étudierons
avec un peu plus de détails les marécages de ce troisième type.
Ce sont eux que nous distinguons sous le nom de marais à
Raphia.
Ainsi que leur nom l’indique, l'espèce la plus remarquable
de ces marais est le Rapjhia. Ce palmier y est parfois si abon-
dant qu'il en constitue presque seul la végétation, exclusive-
Forét an bord d’un lac (Région Ouest), en saison des pluies.
ment à toute autre espèce, sauf quelques Fougères qui vivent à
son ombre, ou sur les vieilles gaines de son stipe. Mais, le
plus souvent, il n’en est pas ainsi, et quand ces marais consti-
tuent de vraies tourbières, ce qui est le cas le plus habituel,
le Raphia descend alors au rang de simple espèce accessoire.
Les espèces de cette Formation sont d'ailleurs en petit
nombre. Les unes, les plus abondantes et les plus répandues,
celles qui constituent partout le fond, pour ainsi dire, de
cette végétation, ne sont au nombre que de quatre : deux
Fougères (Nephrodium uni! uni et A7, cucullaturn) et deux
Ci/ perus (C . æqualis Vahl et Cyperus sp.). Les frondes et
les chaumes de ces quatre espèces, serrés les uns contre les
LA RÉGION OCCIDENTALE
201
autres, constituent un ensemble très dense, de hauteur uni-
forme, reposant sur un épais feutrage de rhizomes entrelacés.
C’est l’accumulation des parties mortes de ces plantes qui
forme la majeure partie des tourbes de ces marais. A ces
espèces des tourbières on pourrait ajouter peut-être encore
un sphaigne, très rare maintenant, mais qui ne l’est sans
doute devenu qu’à la suite du déboisement et de l'alluvion-
nement plus intense qui en a été la conséquence.
Ile de la Belsiboka couverte de Panilanus .
Les autres, que nous nommerons accessoires, parce qu’elles
ne contribuent qu’occasionnellement à la formation de la
tourbe, sont un peu plus nombreuses. Ce sont, dans le
marais lui-même, le Raphia déjà cité, un grand Pandarws,
Typlionodorum Lindleyanum , un Ficus , et, sur les bords,
Mascarenhasia a rhorescens, une forme de Leea sambucina
Willd. et Elæis guineensis var. madagascariensis 1 , ce der-
nier bien localisé au sud du cap Saint-André. Une Fougère
grimpante croit en outre très souvent sur les stipes du Raphia.
1. II. Jumelle et H. Perrier de la Bàthie : Le Palmier a huile (le Mada-
gascar (Les Matières grasses, janv. 1910). — Id. : Palmiers de Mada-
gascar Annales du Musée Colonial de Marseille, 1913).
202
I-A VEGETATION MALGACHE
Les marais à eaux profondes de l'Ouest ne diffèrent guère
de ceux des autres régions que par deux caractères : l'absence
de Cyperus imerinensis, que remplace le Phragmiles. et la
présence de Neptunia prostrata. Comme on le voit, toutes
les formations palustres de l' Ile sont fort analogues et
toujours très pauvres en espèces.
II. — Forêt des alluvions et des rords des cours d'eau.
Cette forêt, dont il ne reste presque plus rien, est surtout remar-
quable par la hauteur de sa futaie, la beauté de ses arbres et l’absence
de sous-bois. L’abondance des lianes et des essences à feuilles per-
sistantes la distingue en outre des autres Formations de la région occi-
dentale.
Suivant les lieux, les sols de cette Formation sont consti-
tués par des alluvions où les éléments de tous les terrains sont
mélangés, ou par des alluvions uniquement formées aux dépens
du terrain qu'arrose le bassin d'amont du cours d’eau. Malgré
ces différences de sol, la végétation en est très homogène et ne
change légèrement que sur les bords rocailleux des torrents,
vers les sources des rivières, où elle se mélange insensible-
ment avec celle des Formations suivantes.
Sur les alluvions profondes des bassins inférieurs des fleuves
et des grandes rivières, c est une superbe forêt, la plus belle
peut-être de toutes les forêts malgaches. Les fûts très droits
des arbres parviennent à 2o et 30 mètres de hauteur, et
forment une futaie très dense, sur laquelle semble s'être
porté tout l'effort de la végétation. Son couvert n'abrite, en
effet, qu'un sous-bois très clairsemé d'arbustes à feuilles
vertes et quelques plantes herbacées qui croissent sur le sol
Dans cette forêt les lianes sont parfois rares, parfois aussi
plus abondantes. Ce sont surtout : Serjania curassavica , Lan-
dolphia sphæroearpa Jumelle, Flagellaria indica , des Quis-
i. L’absence ou la rareté du sous-bois de cette forêt est une suite,
sans doute, des inondations annuelles que subit ce stat.
LA RÉGION OCCIDENTALE
203
qualis et des Asclépiadacées. Les grands arbres de la futaie
sont, les uns, à feuilles persistantes ( Cephalanthus spathelli-
ferus Bak., Protorlius Heckelii Dub. et Dop., Etigenia sp.,
Ravensara sp. ; deux Sapindacées , etc.), les autres à feuilles
caduques ( Canarium multiflorum Engl., Kliaya madagasca-
riensis Jum. et Perr. !, Acacia sp., Gracia, Terminalia, etc.).
Bas du tronc d'un ramy ( Canarium multiflorum), Maningoza (Ouest).
Dans cette futaie, on remarque souvent deux grands Pal-
miers, Medemia nobilis et Borassus madagascariensis Jum. et
Perr., maintenant plus communs dans la prairie. Les arbustes
du sous-bois à feuilles toujours vertes sont des Erylhroxylon,
Alyxia , Cipadessa, etc., et les plantes herbacées du sol tou-
jours des Acanthacées.
Gomme cette forêt recouvrait les sols les plus fertiles de
I.A VÉGÉTATION MALGACHE
20 l
la région, elle a été presque partout détruite, mais on en voit
très souvent des traces le long des rivières. De grands arbres
mi-brûlés, protégés plus ou moins des feux par le cours d'eau
ou ses bords escarpés, attestent, en effet, encore sa présence
ancienne sur ces points. Ces arbres riverains sont presque
toujours Cephalanthus spathelliferus, Protorhus Heckelii et
Eugenia sp., mais on trouve aussi, çà et là, des restes des
autres espèces de la Formation.
En remontant les cours d’eau vers leurs sources, lorsqu’ils
deviennent torrentueux, cette végétation change légèrement.
Comme les torrents sont souvent encaissés dans de profondes
gorges, l'humidité plus grande et l’absence des vents font
apparaître aussitôt un grand nombre d'espèces nouvelles,
dont beaucoup à feuilles persistantes. Un Dracaena, des Ficus
à larges feuilles et quelques Fougères donnent alors à la forêt
un faciès plus tropical. Les gorges de ces torrents sont l’ha-
bitat préféré des Coffea [C. Perrieri Drake 1 et C. madagas-
cariensis Drake). Enfin, les quelques rares épiphytes qu’on
observe dans l’Ouest ne se trouvent guère que dans cette
localité.
La forêt des alluvions et des bords du cours d’eau constitue
un type spécial dans la flore malgache. L'abondance de ses
essences à feuilles persistantes la rend bien différente des
autres Formations de la région occidentale, et la hauteur de
de sa futaie, la pauvreté du sous-bois, la nudité du sol, la
distinguent nettement de toutes les forêts de 111e.
III. — Bois des collines latéritiqles
Ces bois couvrent des argiles latéritiques de gneiss et de basalte. Ils
sont caractérisés par une futaie de 15 à 20 mètres d’arbres à feuilles
caduques, un sous-bois clair d'arbustes, dont quelques-uns sont à
feuilles persistantes, l’abondance assez grande de lianes et quelques
rares types du faciès tropical humide.
1. H. Jumelle et. II. Perrier de la Bàthie : Fragmenta biologiques de
la flore de Madagascar (Annales du Musée Colonial de Marseille, 1910).
LA RÉGION OCCIDENTALE
205
Les sols que recouvre cette Formation sont localisés, d’une
part, sur les terrains métamorphiques qui forment le soubas-
sement des terrains sédimentaires et qui affleurent surtout à
l'est de ces terrains, entre 80 et 800 mètres d’altitude, et,
d'autre part, sur les coulées de basalte que l'on observe au-
dessus des sédiments, dans toute l’étendue de la région Ouest.
Les unes et les autres de ces roches sont profondément
décomposées en argiles latéritiques rouges qui ne se dis-
tinguent pas, par leurs caractères physiques, de celles de l'Est
ou des hauts plateaux. Ces sols, si durs et si compacts lors-
qu’ils sont dénudés, sont, au contraire, beaucoup plus meubles
et perméables lorsqu ils sont recouverts d’une couche épaisse
d’humus. Or l’humus, pour des raisons que nous ignorons1,
atteint une épaisseur bien plus grande dans les forêts de
l’Ouest que dans celles de l’Est et du Centre. Aussi presque
toutes les espèces de cette Formation ont-elles des racines
qui pénètrent profondément dans le sol. Beaucoup d’entre
elles, surtout celles qui ont des racines tuberculeuses, semblent
même préférer la latérite inférieure à la couche humifère,
dans laquelle elles ne développent que de rares radicelles.
Cette profondeur des racines est évidemment une simple
conséquence de la sécheresse, et, si nous insistons sur ce
sujet, c’est simplement pour bien établir encore que les laté-
rites de l’Ile ne sont pas naturellement un sol stérile et
qu'elles peuvent constituer, sous certains climats, lorsque
les feux et leurs suites ne les ont pas encore rendues dures,
compactes et imperméables, un support forestier de premier
ordre.
Et, en effet, les bois de cette Formation sont les plus beaux
que l’on puisse voir sur terrains secs, dans la région occi-
dentale. C’est une futaie assez claire, remarquable par l’abon-
dance des lianes, ne dépassant pas, en moyenne, une hau-
teur de 12 à 15 mètres, mais avec, de loin en loin, quelques
1. Peut-être est-ce simplement par suite de la nitrification plus rapide
et plus continue des couches supérieures du sol dans les régions plus
humides.
206
LA VEGETATION MALGACHE
beaux arbres de 20 à 25 mètres de hauteur. Elle abrite un
sous-bois d'arbustes peu serrés, mais que les tiges inférieures
des lianes rendent peu praticable. Le sol est nu, avec pour-
tant, çk et là, quelques Acanthacées sulfrutescentes.
Les troncs des arbres et des arbustes ne portent ni Mousses
ni épiphytes, et très peu de Lichens. Leurs rameaux sont
souvent épais et peu nombreux. Tous les arbres de la futaie
ont des feuilles caduques, et quelques lianes ont des feuilles
persistantes, étroites, coriaces, vert sombre ou grisâtres. Les
feuilles caduques, au contraire, sont souvent minces, d'un
vert clair, assez brillantes, surtout celles des arbres de la
futaie qui fleurissent avant l'apparition des feuilles.
Les arbres sont surtout des Légumineuses (Acacia, Dalber-
yia), des Stereospermum. des Homalium, des Grewia, etc.
Dans le sous-bois dominent les Rubiacées, les Euphorbiacées
et les Légumineuses. Les lianes sont le plus souvent des
Asclépiadacées, des Salacia, des Chailletia ou des Combretum.
On ne voit plus dans ces bois ni Eougères, ni Palmiers.
Quelques Ficus à port de banian, un Dracaena , un bambou
(encore ce dernier a-t-il les feuilles caduques) rappellent
encore la flore à feuilles persistantes. Mais ces types vont
disparaître avec cette Formation et nous ne les retrouverons
plus désormais.
Ces bois ne changent guère avec l'altitude décroissante,
et ceux que l'on rencontre sur les basaltes de la côte rap-
pellent à s’y méprendre ceux des terrains métamorphiques de
l'intérieur. Il y a bien quelques petites différences, telles que
l’apparition des Adansonia sur les basaltes, mais l'aspect de
l’ensemble reste le même et les espèces sont bien souvent
identiques.
La végétation est moins dense que dans les Formations de
la flore à feuilles persistantes ; et, sur une même surface, on
trouve, en général, moins d'espèces dans l’Ouest que dans
l'Est et dans le Centre. Mais les associations végétales n’en
sont pas moins aussi complexes ; et il n’y a jamais ici encore
d’espèces dominantes. Voici, pour donner un exemple de cette
végétation, le dénombrement des plantes adultes croissant»
LA REGION OCCIDENTALE
207
sur 100 mètres carrés de superficie, dans un bois, à Morataitra,
aux environs de Maevatanana, vers 1 OU mètres d'altitude, sur
latérite de métamorphique.
Sol. — Nu.
Sous-bois. — Arbustes à feuilles caduques :
4 Légumineuses 2 espèces)
6 Apocynacées (1 espèce, Mascarenhasia lisianthi-
flora
8 Burséracées (1 espèce, Commiphora sp.)
o Célastracées (1 espèce ,
3 Mal vacées (1 espèce)
3 Méliacées (1 espèce)
8 Euphorbiacées 2 espèces)
15 Rubiacées (3 espèces)
6 Samydacées 1 espèce)
3 Tiliacées (1 espèce, Grewia).
Arbustes à feuilles persistantes :
2 Erythroxylon (1 espèce).
Futaie. — Lianes à feuilles caduques :
0 Dioscorea (1 espèce à racine tuberculeuse et à tiges
annuelles)
7 Chailletia (1 espèce)
4 Menispermacées
1 Conibretum.
Futaie. — Lianes à feuilles persistantes :
1 Landolphia
2 Salacia
1 Tetracera.
Arbres
Futaie à feuilles caduques :
3 Dalhergia (2 espèces)
I Stereospermum euphorioides DC.
1 Ravensara.
Soit, sur 90 plantes, 23 espèces et 18 familles, 2 arbustes
et 4 lianes à feuilles persistantes, étroites, coriaces, tout le
208
LA VEGETATION -MALGACHE
reste à feuilles caduques, larges, minces, souvent velues. Pas
une plante n'est épineuse. Ce bois est surtout remarquable
par l'abondance des lianes.
Les Podostémonacées qu'on observe un peu partout dans
l'Ile, mais toujours sur des roches siliceuses, sont plus abon-
dantes dans les torrents de ce district que partout ailleurs.
Elles recouvrent les roches dans les courants les plus violents,
et fructifient et meurent au fur et à mesure que la baisse des
eaux les fait émerger.
IV. — Bois des Plateaux calcaires.
Ces bois couvraient jadis les grands plateaux calcaires de l’Ouest.
Ils sont réduits maintenant à de rares témoins de peu d étendue. Leurs
caractéristiques sont : futaie irrégulière de 12 à 15 mètres, avec quelques
arbres plus grands de loin en loin, tous à feuilles caduques, ainsi que
les arbustes du sous-bois ; beaucoup d’arbres à port d'Adansonia ;
quelque lianes ou arbustes épineux. Dans les endroits rocailleux, ils
passent insensiblement au bush à xérophytes.
Les séries calcaires de la région Ouest, quel que soit d’ail-
leurs leur âge géologique, constituent de vastes plateaux
toujours plus ou moins inclinés vers la mer. Les sols de ces
plateaux sont de deux sortes : les uns sont plus ou moins
profonds, non ou à peine rocailleux ; les autres, au contraire,
constitués par ces amoncellements de calcaires bizarrement
dissous par l’érosion que les Sakalaves appellent tsingy et
qui ne sont autres que les « lapiar » de nos causses. Les pre-
miers, assez fertiles 1 , sont, par suite, aujourd'hui presque
totalement déboisés, mais nous avons pu néanmoins observer
encore quelques témoins de la végétation qui les recouvrait
jadis. Les seconds, où l'action des feux ne s’est pas fait sen-
tir, sont encore, au contraire, recouverts de leur végétation
1 . Dans l’Ouest, plus un sol est fertile et plus il est déboisé, parce
que la violence des feux est fonction de la densité de la prairie, qui,
elle-même, dépend de la fertilité du sol.
I.A KEGIO.N OCCI IJ EX TALE
20!)
native. Entre ces deux stats, comme entre les végétations qui
les couvrent, il y a d ailleurs de nombreux intermédiaires.
Aussi étudierons-nous d'abord les bois des sols profonds, pour
passer ensuite à ceux du tsingy, qui, à mesure que le stat
devient plus sec et plus rocailleux, se confondent de plus en
plus avec le Bush à xérophvtes,
Les bois des sols profonds diffèrent peu, en tant que faciès,
Isingy du Bemaraha au milieu d un bois des terrains calcaires (Ouest .
de ceux de la Formation précédente. On y voit pourtant
moins de lianes, et moins encore d'essences à feuilles persis-
tantes. Ces dernières n'y forment plus que le vingtième de la
végétation. Par contre, les arbres au port d 'Adansonia y sont
un peu plus nombreux. Mais la principale différence, celle qui
distingue nettement cette Formation de la précédente, est le
grand nombre d’espèces spéciales, dont peu se retrouvent dans
les autres Formations de la région.
Ces bois atteignent une hauteur moyenne de 12 à 15 mètres,
mais ils sont dominés de loin en loin par des arbres plus
hauts. Ces grands arbres sont ordinairement des Adansonia ,
14
210
LA VÉGÉTATION MALGACHE
des Diospyros à feuilles caduques, des Acacia. La futaie est
surtout constituée par des Légumineuses, des Térébinthacées,
des Méliacées, des Sapindacées. Les arbustes du sous-bois
sont surtout des Euphorbiacées, des Légumineuses, des Acan-
thacées et des Rubiacées. Parmi les lianes, on remarque
beaucoup d'Asclépiadacées. des Passifloracées, et encore des
Légumineuses. Les plantes épineuses manquent ou sont très
Tsiugy privés de leur végétation native par les feux de prairie.
Au loin, sont des tsingy encore boisés.
rares. Quelques arbres et quelques arbustes Adansonia,
Khaya, Ilarpayophylum ont des tiges et des troncs plus
ou moins renflés. 11 va sans dire qu’on n’y voit ni Mousses,
ni Fougères, ni Palmiers, ni épiphvtes. Les plantes herbacées
du sol Acanthacées, quelques Orchidacées ou Liliacées) sont
peu abondantes, et les Dioscorea , si communs dans la For-
mation précédente ou dans la suivante, manquent ici presque
absolument.
Voici un exemple de cette végétation :
Plateau d'Ankara Boina . Calcaire jurassique, 100 mètres
LA K KG 10 N OCCIDKM'ALK
d altitude. Sol profond, rocailleux. Dénombrement des végé-
taux adultes croissant sur 100 mètres carrés de superficie.
Sol. — Nu.
Sous-bois — Arbustes à feuilles caduques :
20 Légumineuses (5 espèces)
o Liliacées (1 espèce]
Bois tics plateaux calcaires dans] les tsingy du Bcmaraha, détruits sur leur
lisière par les feux de prairie.
1 Anonacée
o Capparidacées (1 espèce)
2 Harpagophytum (1 espèce)
3 Bignoniacées (1 espèce)
15 Euphorbiacées (i espèces)
7 Acanthacées (2 espèces)
5 Méliacées (1 espèce)
3 Térébinthacées (1 espèce).
Sous-bois. — Arbustes à feuilles persistantes :
2 Buettnériacées (1 espèce)
3 Asclépiadacées (1 espèce).
212 LA VÉGÉTATION MALGACHE
Lianes à feuilles persistantes :
H Landolphia L. tennis.
Arbres à feuilles caduques :
2 Adansonia (A. Za)
t biospyros
lîois des plateaux calcaires dans les tsingy calcaire corallien corrode
de Namoroka.
2 Légumineuses [Bathiea ruhriflora Drake et Dal-
hergia sp.).
Soit, au total, 81 plantes appartenant à 28 espèces et
16 familles; 6 plantes à feuilles persistantes et toutes les
autres à feuilles caduques ; pas de plantes épineuses ; trois
arbres ( Adansonia , Bathiea) et deux arbustes [Harpagopliy t um)
LA RÉGION OCCIDENTALE 213
à troncs renflés ; huit lianes. Futaie de 12 a 13 mètres domi-
née par les Adansonia.
Sur la rive gauche du Mangokv, près de l'embouchure de la
Malio, à la même altitude, sur des calcaires gréseux, la com-
position est absolument la même. On y voit, sur cent mètres
Adansonia ruhroslipa, à Namoroka (Amboiigo, région Ouest).
Hauteur 12 ni.
carrés de superficie, 7 arbres et 7 lianes à feuilles caduques
5 arbustes à feuilles persistantes, 49 arbustes à feuilles
caduques, 3 arbustes à feuilles persistantes, 49 arbustes à
feuilles caduques, 2 plantes herbacées. Les familles les mieux
représentées sont les Acanthacées (1 8 individus, 4 espèces),
les Légumineuses (6 individus, o espèces), les Euphorbiacées
(16 individus, 2 espèces), et les Rubiacées (11 individus,
3 espèces).
214
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Les bois du tsingy constituent un mélange très curieux des
bois que nous venons de décrire et des buissons à xérophytes.
Dans les interstices des rocailles, la végétation ne diffère pas
de la précédente. Les arbres des crevasses de ces calcaires,
qui sont fissurés comme des glaciers, sont parfois très grands,
et c'est l’habitat préféré du Diospyros Perrieri Jum., qui
fournit l’ébène de la côte Ouest. Mais, sur les rocailles elles-
mêmes, la taille diminue très vite, le sous-bois e tla futaie se
confondent, des lianes et des arbustes épineux apparaissent,
les plantes crassulantes ou à tiges renflées se multiplient
de plus en plus, et l’on passe ainsi, presque sans transition,
de cette Formation à celle des Buissons à xérophytes.
V. Bois ÜLS COLLINES ARÉNACEES.
Ces bois, qui couvrent les sols sablonneux, sont encore moins hauts
que les précédents. Ils sont constitués surtout par de grands arbustes,
avec quelques petits arbres, l’ensemble ne dépassant pas 8 à 10 mètres
de hauteur. Le feuillage est bien plus réduit que dans la Formation
précédente, et, comme elle, ces bois passent insensiblement, dans les
lieux secs, au Bush à xérophytes.
Comme les précédents, ces bois sont d'aspect assez divers,
selon la profondeur et l’humidité des sols qu ils recouvrent.
Dans les vallons et sur les pentes un peu humides, ils ne
diffèrent guère, tant au point de vue faciès qu au point de vue
composition botanique, de ceux des terrains cristallins.
L'abondance d'un arbre, le tamarinier ', qui est presque
localisé dans les localités les moins sèches de cette Forma-
tion, et des plantes herbacées un peu plus nombreuses sur
1. Le Tamarindus indiea Lin. est un arbre qui joue un grand rôle
dans la vie des Sakaiaves. Les indigènes le plantent toujours près de
leurs villages et en transportent un peu partout les graines, qui leur
servent soit pour le jeu de katra, soit pour la devination (sikidy). Il
n’est réellement spontané que dans cette Formation et dans la région
méridionale.
I.A RÉGION OCCIDENTALE
21 5
le sol, leur donnent cependant alors une physionomie assez
spéciale. Mais, au fur et à mesure que le stat devient plus
sec, cette végétation se modifie peu à peu. De nouvelles
espèces apparaissent, les arbres deviennent rares, puis dis-
paraissent, la futaie et le sous-bois se confondent ; et, fina-
Pandanus xérophile dans les bois des terrains arénacés. près de Morondava
(Région Ouest).
lement, elle n'est plus qu'un véritable bush, que seule
l’absence des plantes aphylles, crassulantes ou cactiformes,
empêche de confondre avec le bush à xérophytes.
Pour montrer ces modifications successives, nous donnons
ci-dessous le dénombrement des plantes adultes que nous
avons observées poussant côte à côte sur 100 mètres carrés de
superficie, dans deux localités, 1 une sur les flancs d une
- 1 O LA VÉGÉTATION MALGACH K
colline de grès crétacés, l’autre sur la cime d'une petite
colline de grès triasiques.
I. I- lanc dune colline de grès et sables crétacés, à Manon-
garivo (Ambongo), vers 30 mètres d’altitude. Localité inter-
médiaire entre les bois à tamariniers dont il est question ci-
dessus et la suivante :
Arbres ( Perriera madagascariensis et Tamarindus indica ) ayant persisté
au milieu d une prairie sur sol aride des terrains arénacés. près de Soalala
Ambongo, région Ouest). Il y a une cicatrice à la base du tronc du Perriera.
Sol :
2 Orchidacées 1 espèce à tubercule souterrain .
7 Dioscorea 2 espèces
3 Tacca pinnatifida Forst à tubercule souterrain)
LA RÉGION OCCIDENTALE
217
Bois et prairies sur terrains arénacés, aux 'environs de Morondava.
Le plus grand arbre est un Tamarindus indien dépourvu de feuilles.
Bois des terrains arénacés. Sous-bois dans un endroit humide,
avec Mncnren ha sia abattus et exploités (Soalala, Ouest).
218
l.A VÉGÉTATION MALGACHE
Blsch. — Arbustes à feuilles caduques :
12 Légumineuses (2 espèces)
2 Bignoniacées (1 espèce )
5 Comhretum 1 espèce)
i Samydacées (1 espèce
3 Gracia (1 espèce )
3 Apocynacées (1 espèce)
Chrysalidocarpus oleraceus, sur la lisière d'un bois des collines arcnacées.
Ambongo, région Ouest).
2 Verbénacées (1 espèce)
2 Ochnacées i 1 espèce)
1 Anonacée
1 Euphorbiacées (2 espèces)
2 Acanthacées (1 espèce .
LA REGION OCCIDENTALE
219
Arbustes à feuilles persistantes :
3 Clusiacées i 1 espèce)
Lianes à feuilles persistantes :
1 Landolphia Perrieri.
Blsch. — Lianes à feuilles caduques :
6 Combrétacées (1 espèce
2 Dilléniacées (1 espèce
1 Asclépiadacées.
Bois des collines arénacées, avec Adansonia Grandidieri. près de Morondava.
Lianes aphylles :
2 Asclépiadacées 1 espèce)
2 Vanilla (1 espèce épiphyte et grimpante).
Arbres isolés à feuilles caduques :
1 Dalbergia
1 Stereospermum euphorioides DC.
Soit, sur 72 plantes, 23 espèces et 16 familles ; 4 lianes
aphylles ; 4 plantes à feuilles persistantes ; 14 plantes her-
bacées à tubercules. Ensemble uniforme de 10 mètres de
220
LA VEGETATION MALGACHE
hauteur environ, dominé de loin en loin par quelques arbres
isolés.
II. Sommet d'une colline de grès bigarrés (trias), sur la
Makambahv, allluent de gauche de la Ma h a va vv de l'Ouest,
vers 100 mètres d'altitude. Localité beaucoup plus sèche que
la précédente.
Savane à iledemia et Acridocarpus . au\ environs de Loulaba. région Ouest,
sur sols arénacés pauvres.
Sol : Plantes herbacées.
4 Acanthacées 1 espèce
Bush : Arbustes à feuilles caduques :
10 Erythroxylon 1 espèce
o Rubiacées 1 espèce
o Composées (2 espèces)
3 Célastracées (1 espèce)
I.A KÉGION OCCIDENTALE
221
i Acridocarpus (1 espèce
i Ebénaeées I espèce)
9 Dalborgia (i espèces)
3 Myrt accès ( 1 espèce)
D Apocynacées 2 espèces, dont 2 Pachypodium
Biitenbergianum )
1 Sapindacée
Hois des terrains arénacés en octobre, près de Morondova
(Région Ouest).
3 Ochnacées (1 espèce)
i Mélastomacées (1 espèce
i Solanacée
1 Samydacées (1 espèce .
Arbustes à feuilles persistantes :
3 llubiacées (1 espèce]
2 Ebénacées (1 espèce .
Lianes à feuilles caduques :
1 1 Asclépiadacées (2 espèces)
1 Anonacée
222 LA VÉGÉTATION MALGACHE
2 Gonnaracées ( 1 espèce).
Lianes aphylles :
3 Cassytha filiformis Lin.
I Vanilla , épiphyte et grimpante.
Soit, sur 87 plantes, 28 espèces et 20 familles ; 2 arbustes
épineux à troncs renflés ( Pachy podium Rutenbergianum
Bois des terrains àrénacés aux environs du cap Saint-André.
Vatke) ; 3 lianes aphylles ; 5 arbustes a feuilles persistantes ;
pas d'arbres. Ensemble broussailleux et dense, ne dépassant
pas 8 mètres de hauteur.
En même temps que s’abaisse la taille de l’ensemble et que
les arbres disparaissent, le feuillage, même celui des essences
à feuilles caduques, diminue aussi de grandeur. Dans le
dernier exemple cité, les feuilles de presque toutes les
LA REGION OCCIDENTALE
223
espèces étaient étroites et allongées. Ce caractère s’accentue
encore dans la Formation suivante et dans la région méri-
dionale.
La Formation des bois des terrains arénacés se retrouve
avec les mêmes caractères du Xord au Sud de la région. Rien,
par exemple, n'est plus semblable à la végétation des grès
jurassiques des bords du Mangokv que celle des grès basiques
du Tsaramborona, à l’Extrème-Xord ; et les bois qui couvrent
les sables crétacés de lAnkarafantsika sont identiques à ceux
que I on trouve sur les mêmes terrains aux environs de Besevo,
sur les deux rives de la Tsiribihina.
Tsingy (calcaire corrodé par les pluies) du Bemaraha.
avec broussailles à xérophytes Région Ouest .
VI. — Bush a xérophytes.
Réduction de la taille et du feuillage, épaississement des rameaux et
des Ironcs, abondance des plantes cactées, aphvlles ou épineuses, tels
sont les caractères généraux du Rush à xérophytes, d'ailleurs un peu
variable suivant les terrains. Cette Formation n'est distincte du Bush à
Dirlierea que par l'absence de certaines espèces.
224
LA YKEÉTATIO.N MALlMCHE
l u folotsy Fololsia sp.) dans les bois des terrains arénacés,
près de Morondava, région Ouest.
Fachy podium sur grès basiques du Sambao. A droite, un Dallieryia
(Broussailles à xérophytes, région Ouest .
I.A KKfifON OCCIDENTALE
Ores uniformes de I Isalo. avec plantes xerophiles , Région Sud-Ouest).
Broussailles à xérophytcs, sur les grès du Sambao (Région Ouest).
Aloe, Euphorbia, Pacliypocliurn et Selaginella.
1 à
22Q
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Pandanus xérophiles des grès du Sambao (Région Ouest .
Broussailles à xérophytes, avec Euphorbia Laro, sur une dune,
aux environs de Besalampy (Région Ouest).
I A RÉGION OCCIDENTALE
227
Buissons ù xérophytes sur calcaire jurassique, avec Pachypodium
Rulenherÿianuni en fleurs. Ambongo (Région Ouest).
Buissons à xérophytes sur sables récents, avec Aloe sp.
Ambongo (Région Ouest).
228
LA VÉGÉTATION MALGACHE
Ainsi que nous venons de le voir, les trois Formations pré-
cédentes tendent à passer, au fur et à mesure que le stat
devient plus sec, à celle des broussailles à xérophytes. On
observe, par suite, cette dernière Formation sur les trois ou
quatre sortes de sols que nous avons distingués dans la région,
Tsingy (calcaire corallien corrodé par les pluies) de Namoroka,
avec broussailles à xérophytes.
et, bien que ses caractères d'ensemble soient très nets, la nature
du sol n'est pas sans avoir quelque influence sur sa composi-
tion et son aspect. Il y a, en conséquence, quelques différences
entre le bush des rocailles cristallines et ceux des terrains
arénacés ou calcaires, qui diffèrent aussi légèrement entre
eux.
Sur les terrains cristallins (gneiss) de la rive droite du
t.A REGION OCCIDENTALE
229
Bemarivo, dans le Nord-Ouest, vers 400 mètres d’altitude,
les rocailles sèches sont couvertes de broussailles atteignant
2 à 3 mètres de hauteur, constituées par des arbustes à feuilles
promptement caduques et étroites, d euphorbes de même
port, mais à rameaux subcrassulants et épais, d'euphorbes à
tiges épineuses et cactées ’, d euphorbes à port de E. Laro ~
et de quelques lianes, dont les unes sont aphvlles ( Cynan -
Pachypodimn des broussailles à xérophytes des terrains calcaires de l'Ouest
(Dessin de Mn* L. Perrier de la Bâthie).
chum) et d'autres renflées à leur base en tubercule énorme
l Ophiocaulon , T itis, Adenia). Parmi ces broussailles appa-
raissent des Pachypodium, à tiges monstrueuses, de taille
plus haute que ceux du Centre, et des plantes grasses, Aloe et
kalanclioe . A l'ombre des arbustes ou dans les fentes des
rocailles croissent, en outre, quelques plantes herbacées
1. Section Spinosa de II. Poisson : Recherches sur la Flore méridio-
nale de Madagascar, p. 30, Challamel, 1912.
2. Section Eufamata de H. Poisson : Recherches sur la Flore méridio-
nale de Madagascar , p. 30, Challamel, 1912.
230
LA VEGETATION .MALGACHE
tuberculeuses, un Selaginélla et quelques Fougères xéro-
phytes.
Sur les mêmes terrains, mais beaucoup plus au Sud, aux
environs d'Ihosy, le Bush à xérophytes a à peu près le même
aspect et la même composition, mais on observe beaucoup
Vitis à tige renflée des broussailles à xérophytes des terrains calcaires de l'Ouest
(Dessin de Mlle L. Perrier de la Bâthie).
plus de Vellozia et d’euphorbes aphylles. Puis un type nouveau
apparaît : de grands Kalanchoe arborescents, à feuilles tou-
jours crassulantes, mais, suivant l’espèce, caduques et velues,
ou glabres et persistantes.
Sur les calcaires, au Nord comme au Sud, il y a moins
d’euphorbes et de lianes aphylles et davantage d’arbustes à
rameaux subcrassulants et feuillés. Quelques plantes grim-
LA RÉGION OCCIDENTALE
231
pantes sont épineuses ; les Pachypodium y ont le plus sou-
vent le port du P. Lamerei Drake. Les lianes à tiges renflées
y sont des Vitis, des Cucurbitacées, des Passitloracées ; et les
petits arbres à troncs monstrueux, au port d ' Adansonia rubro-
slipa Jum. et Perr., y abondent. Les Selayinella et les Fou-
Vitis el Acleniû sur les rocailles calcaires de Mahevarano.
gères manquent totalement. Les Aloe et les Kalanchoe y sont
rares. Pourtant quelques espèces de ce dernier genre sont
remarquables par le dimorphisme de leurs feuilles, larges et
membraneuses en saison des pluies, petites et erassulantes en
saison sèche.
Sur les grès, aussi bien dans l’Extrême-Nord que vers le
Sud-Ouest, les caractères du bush à xérophytes sont à peu
près les mêmes que sur les terrains cristallins ; mais, sur les
232
LA VÉGÉTATION MALGACHE
sables., on observe en outre des arbustes d'un port tout par-
ticulier, à rameaux assez épais, étalés sur le sol, des plantes
herbacées à souche pivotante et profonde, et des arbustes
aphvlles appartenant à d autres groupes que ceux précédem-
ment cités, des Légumineuses et des Capparidacées.
Musa Perrieri Claverie. Port de saison sèche. Planté dans mon jardin à
Tananarive. et provenant des broussailles à xérophytes de la région Ouest.
Dans l'ensemble, le Bush à xérophytes diffère surtout des
autres Formations de la région par la réduction de la taille et
du feuillage, l'épaississement des rameaux et des troncs et le
grand nombre des trophophvtes et des plantes grasses ou cac-
tiformes. Ses caractères varient peu de l Extrême-Nord au Sud-
Ouest, où cette Formation se confond avec le Bush de la région
méridionale, mais les surfaces qu elle recouvre sont d'autant
LA RÉGION OCC1DKNTAI.E
233
plus étendues que 1 on se rapproche davantage du Sud. Comme
nous retrouverons dans cette région la plupart des types xéro-
philes de lOuest, nous n'insisterons pas ici davantage sur les
caractères végétatifs si remarquables de ces plantes et sur les
moyens d’adaptation si variés qu’elles emploient pour lutter
contre la sécheresse. Il en sera question plus loin.
VII. — Faciès ue dénudation et Produits forestiers.
La végétation autochtone, dans l'Ouest, a été détruite uniquement par
les feux de prairie, c’est-à-dire par attaques répétées des lisières.
Plus la prairie est épaisse, plus les feux sont violents et destructeurs.
Zones fertiles dénudées, sols stériles ayant mieux conservé leur végé-
tation arborescente, telle est, par suite, une des caractéristiques les plus
constantes de la région occidentale. Tant que les feux y séviront,
aucune reconstitution de la forêt n'v sera possible. Les produits fores-
tiers étaient surtout du caoutchouc, de la cire, du raphia et de l’ébène.
Dans l’Ouest, la Forêt n’est pas détruite comme dans le
Centre, par centaines d hectares à la fois. Elle brûle plus len-
tement, parcelle par parcelle, attaquée sur les lisières par les
feux de prairie, que rendent plus violents à la fois les vents
du Sud Est et l’accumulation des herbes sèches, tou jours plus
grande aux abords des bois, surtout lorsque ces bois ont été
déjà entamés par un incendie antérieur h
L intensité des feux, qui détermine la destruction plus ou
moins rapide et plus ou moins totale du bois, est donc d’au-
tant plus grande que la prairie est plus épaisse et les vents
plus violents. En conséquence, si ce sont bien les feux qu1
ont anéanti la llore autochtone dans l’Ouest, ses restes doivent
manquer absolument dans les endroits fertiles, où la prairie
1. La prairie est, en efTet, plus dense sur la lisière des bois brûlés,
par suite des cendres et des restes d’humus qui en fertilisent le sol.
Aussi une forêt brùle-t-elle d’autant mieux qu’elle a été plus profondé-
ment attaquée lors de l'incendie précédent, et cette progression se
maintient constante jusqu’à l'anéantissement total du massif.
LA VÉGÉTATION MALGACHE
234
est plus dense, et ne subsister plus ou moins que dans les
endroits stériles ou à l’abri des vents.
Et il en est bien ainsi. Sur les grandes plaines fertiles
balayées par les vents, on ne voit qu'une prairie d'Anclropo-
t /on , où toutes les plantes ligneuses manquent absolument;
sur les plateaux et les plaines plus stériles, où la prairie est
moins dense, apparaissent des Medemia, seule plante ligneuse
Prairie dans l’Ouest. Les pentes, où les feux sont plus violents, sont privées
de toute végétation arborescente. Dans les parties plates (au premier plan)
sont encore quelques Sclerocarya CafJ’ra et Hyphaene Shatan.
capable de résister aux feux encore très violents de cette loca-
lité ; sur les collines plus arides, où les Graminées sont plus
espacées, ce sont de fausses savanes à Hyphaene , à Scleroea-
rya, à Acridoearpus, accompagnées d’autres espèces ligneuses,
d’autant plus abondantes que le sol plus sec est inapte à nour-
rir des Graminées. Enfin, les cours d’eau sont jalonnés de
grands arbres grillés par les feux, du côté de la prairie, mais
protégés ailleurs par les berges et la rivière. Les bois sont
localisés dans les replis de terrain ou à l’abri des rocailles, et
LA RÉGION OCCIDENTALE
235
les massifs forestiers quelque peu étendus n’existent que sur
les sols où le feu, poussé par le vent et propagé parla prairie,
n'a pu accomplir son œuvre de destruction.
Plaines fertiles dénudées, plateaux et collines plus stériles,
avec quelques vestiges de plantes arborescentes, ligne d’arbres
au bord des rivières, bois et forêts localisés à l'abri des vents
ou sur les sols trop secs pour nourrir une prairie dense, telles
Le feu dans un bois des plateaux calcaires. Au premier plan, la prairie brûlée
qui a amorcé l’incendie (Ouest).
sont les caractéristiques du faciès de dénudation dans la
région occidentale. La densité de la prairie est surtout la cause
dominante de la destruction des bois. Aussi n’en existe-t-il
presque plus sur les terrains cristallins et sur les terrains
calcaires, où ils n'ont persisté qu'à l’abri des rocailles ou
dans les ravins, et sur les sols alluvionnaires où les indigènes
ont achevé de les détruire en y pratiquant des tavy. La flore
autochtone a persisté davantage, au contraire, sur les sols
arénacés que la prairie recouvre difficilement ; et tous les mas-
sifs forestiers un peu importants de l'Ouest sont localisés sur
236
LA VÉGÉTATION MALGACHE
ces terrains1. Quant au bush à xérophvtes, bien protégé par
des rocailles ou la sécheresse du stat, il résiste parfaitement
au feu et à la prairie.
C’est au mode plus lent de la destruction des bois, à leur
incombustibilité relative, aux racines pivotantes et profondes
de la plupart des essences forestières, à leur aptitude à mieux
résister à la radiation et à la sécheresse, accrues par la dénuda-
tion, que sont dus la persistance de quelques arbres dans la
prairie occidentale et l'aspect de savanes de quelques-unes de
ces parties. Ces savanes à Medemia , à Sclerocarya , à Hy-
phaene , à Acridocarpus ne sont donc pas des Formations
naturelles, mais de simples conséquences de l'action des feux.
Dans la savane à Medemia nobilis , où la prairie est encore
très dense, nulle plante ligneuse autre que ce Palmier, dont
les qualités de résistance aux flammes sont extraordinaires 2,
ne pourrait subsister. Il s’y multiplie néanmoins avec une
grande abondance, malgré les feux et les suites de la dénuda-
tion. Il en est de même de Sclerocarya Ca/fra, d ' Hyphaene
Shatan et d’ Acridocarpus excelsus , qui ne croissent d’ailleurs
que dans les stats plus secs, à prairie plus claire, à
feux non fatalement annuels. Ces quatre plantes sont les ana-
logues, dans la Prairie occidentale, de certaines espèces du
Savoka de l'Est. La dénudation, au lieu de nuire, leur a per-
mis, au contraire, de se multiplier énormément dans certaines
conditions déterminées, grâce à la suppression des espèces
concurrentes.
1. Sur ces sols, dont ln prairie ne peut s’emparer, l’emplacement des
tavy se recouvre de broussailles assez hétérogènes que l’on pourrait
confondre avec une Formation native de buissons. Les changements
moins grands dans les conditions de milieu causées par l’incendie et la
profondeur des racines expliquent la persistance, dans ces sortes de
Savoka, d'un grand nombre d’espèces, dont la plupart ne sont repré-
sentées que par des rejets des anciennes souches. La disparition des
gros troncs, celle d'un grand nombre d’espèces natives et la présence
de plantes importées permettent facilement de reconnaître ces sortes
de broussailles.
2. La couronne de larges feuilles de ce Palmier végète souvent au
sommet d’un stipe dont la base est aux 3 4 rongée par les ilammes.
LA REGION OCCIDENTALE
237
Il n'en est pas de même des autres espèces ligneuses, que
I on trouve encore avec assez d’abondance dans les parties
les plus sèches et les plus stériles de la Prairie de l’Ouest.
Celles-ci ne sont manifestement que des restes des anciens
bois détruits ; elles ont résisté grâce à leurs racines pivo-
tantes et profondes, mais elles sont destinées à disparaître
bientôt, puisqu'elles ne se reproduisent plus dans les nou-
Prairie sur sol arénacé pauvre, avec pieds isolés d' Ery trophleum Courninya ,
dont les branches inférieures ont été tuées par les flammes.
velles conditions. Ce ne sont d’ailleurs le plus souvent que
des rejets d anciennes souches carbonisées, auxquelles les feux
répétés ont donné des formes toutes particulières et caracté-
ristiques *.
Nous avons dit plus haut que la prairie était toujours plus
dense sur les lisières des bois, et que cette circonstance en
1. Ces souches, au-dessus du collet, s’étalent en larges plateaux
diversement lobés, carbonisés au centre, et ne s'accroissent que sous le
sol et sur les bords, qui s'éloignent déplus en plus de la racine centrale
et pivotante. Les bords de ces souches, seuls, portent des rejets.
238
I.A VÉGÉTATION MALGACHE
accélérait la destruction. Mais il n'en est pas toujours ainsi,
car cette densité de la prairie, l'herbe plus longtemps verte,
quelques Légumineuses arborescentes attirent beaucoup le
bétail sur ces lisières ; et, lorsque les bœufs sont très nom-
breux, ils créent souvent, en broutant l’herbe autour des bois,
comme une zone protectrice où les flammes s'arrêtent d'elles-
mêmes. Le bétail, qui est considéré partout comme un ennemi
de la Forêt, semblerait au contraire, ici, en arrêter la destruc-
tion. Espérons donc, sans trop y compter, que l’élevage inten-
sif, pourtant cause principale des feux de prairie, nous con-
servera néanmoins quelques vestiges de la flore si intéressante
de l’Ouest.
Nous avons rarement eu l'occasion d’observer, dans l’Ouest,
des bois en voie de régénération naturelle. Presque toujours
la Forêt est irrémédiablement détruite et pour toujours. Pour-
tant on peut prendre peut-être pour tels les sortes de Savoka
qu’on observe sur les emplacements des bois détruits par les
Sakalaves pour cultiver du maïs ou du manioc. Ces Savoka
sont surtout constitués par des rejets d'anciennes souches,
mais on y voit aussi des Grewia , des Croton et d'autres
essences à bois blanc et à croissance rapide. Ces bois, en
voie de régénération, sont surtout remarquables par l'abon-
dance des lianes, qui, ici encore, ont besoin, pour germer ou
se développer, de beaucoup de lumière et croissent avec les
arbres qui les portent et dont elles ont l’âge. Au milieu des
forêts, la régénération se fait, comme dans la forêt orientale,
par l’intermédiaire d’espèces alternantes, dont la plus extra-
ordinaire est Musa Perrieri Claverie. Ce Musa, dont les
feuilles se dessèchent complètement pendant l'hiver austral ?
ne se trouve guère, en effet, que sur l'emplacement des vieux
arbres tombés.
Produits forestiers. — Les forêts des sols alluvionnaires,
seules, sont réellement exploitables au point de vue bois de
construction, mais les vestiges qui en subsistent sont peu de
chose et, comme dans l’Est, leur principale tare est le défaut
d'homogénéité des peuplements. Les bois des autres Forma-
tions peuvent fournir certes beaucoup de matériaux utiles,
LA RÉGION OCCIDENTALE
239
mais les beaux arbres sont rares, et ils n'ont, par suite, d inté-
rêt que pour les localités placées dans leur voisinage immédiat.
Us sont pourtant assez riches en essences précieuses, notam-
ment l'ébène, que fournit Diospyros Perrieri Jum., le palis-
sandre, que produisent Dalberyia Perrieri Drake et Dalherr/ia
ikopensis Jum. 1 2 et l hazomalana, ou Hernandia Voyroni Jum. -.
Les bois des terrains siliceux surtout étaient riches en
Un sakoa ( Sclerocàrga Caffra) isolé dans la prairie (Région Ouest).
plantes à caoutchouc, mais les exploitants et les feux ont
détruit ces essences presque partout ; les unes étaient des
arbres ou des arbustes : Euphorbia Pirahazo Jum. 3, dont il ne
reste que quelques exemplaires, et Mascarenhasia arhorescens
et M. lisianthiflora, encore assez communs, mais, presque tou-
1. H. Jumelle: Quelques Plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest
de Madagascar 'Annales du Musée Colonial de Marseille, 1908).
2. H. Jumelle : L’ Hazomalana de l'Ouest de Madagascar (L'Agrono-
mie coloniale, 1921).
3. H. Jumelle : Deux nouvelles Plantes à caoutchouc de Madagascar
(Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, juin et juillet 1905).
240
LA VÉGÉTATION MALGACHE
jours, réduits aux rejets des souches recépées et brûlées. Les
autres étaient des lianes : Landolphia sphaerocarpa Jum., loca-
lisée au bord des rivières et aujourd'hui presque éteinte ; Lan-
dolphia tenuis Jum.1 2, localisée sur les calcaires; Pentopetia
elastica Jum., plante rare; Landolphia Perrieri Jum., Crgp-
tostegia madagascariensis Boj., et Marsdenia verrucosa Dene.,
encore assez répandues, mais réduites par l'exploitation et les
flammes à de simples rejets de vieilles souches et. par suite,
presque inexploitables ’.
1. H. Jumelle : Le Landolphia tenuis, petite liane à caoutchouc de
Madagascar Revue des Cultures Coloniales, mai 1912 .
2. II. Jumelle et Perrier : Plantes à caoutchouc du Xord de Madagas-
car, Challamel, 1911. — Id. : Plantes à caoutchouc de l'Ouest et du Sud-
Ouest de Madagascar, Challamel, 1911.
CHAPITRE XIII
La région méridionale.
Pluies rares et irrégulières, à peine plus abondantes en saison chaude
qu'en saison fraîche; faciès de la végétation nettement xérophyle, sauf
dans les lieux humides où persiste la végétation ordinaire de l'Ouest;
feuillage réduit, mais moins complètement caduc (pie dans la région
occidentale; espèces et genres spéciaux assez nombreux ; limites assez
indécises aux points de vue botanique et végétatif, telles sont les prin-
cipales caractéristiques de celte région, qui occupe leSud-Ouest de l'île.
Nous n'y distinguerons qu'une seule Formation: la Brousse à euphorbes
et Diüiereu.
Nous avons vu plus haut que les limites de la région méri-
dionale sont fort indécises au point de vue de la végétation.
Elles le sont tout autant au point de vue climat. A partir de
l'embouchure du Mangoky, en descendant vers le Sud, les
pluies de la saison chaude diminuent de plus en plus, en même
temps que la sécheresse devient moins absolue en saison
fraîche. Ces modifications s’accentuent jusqu’aux environs du
cap Sainte-Marie, où les deux saisons ne diffèrent plus sous ce
rapport, étant toutes deux presque également dépourvues
d’eau. En allant vers l'Est, l'humidité augmente, au contraire,
pendant les deux saisons, et le climat passe petit à petit, en
approchant de Fort-Dauphin, à celui de l'Est, où il pleut toute
l année. En somme, pris dans l’ensemble, le climat du Sud-
Ouest est toujours beaucoup plus sec que celui de l'Ouest, et
la saison sèche y est bien moins nette.
Nous ne possédons pas malheureusement de données météo-
rologiques recueillies dans la région la plus sèche de l’île,
c’est-à-dire aux environs du cap Sainte-Marie ou du Faux-
Cap, mais nous donnons ci-dessous les moyennes de cinq
années d'observations faites à Tuléar, en un point où la dimi-
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LA VÉGÉTATION MALGACHE
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nution des pluies en saison chaude
et leur augmentation en saison
fraîche sont déjà bien marquées.
Sur les limites Est de la région,
à Ambovombé, où ont été faites
quelques observations incomplè-
tes, les pluies atteignent 364 mm.
en saison chaude et 12o mm. en
saison fraîche. A Fort-Dauphin,
déjà placé sous le climat oriental,
les deux saisons sont aussi plu-
vieuses (667 et 6oo mm.). Mais
entre Tuléar et Ambovombé les
pluies sont bien moins abondantes ;
elles n’adviennent qu'à des dates
fort irrégulières et peuvent même
manquer tout à fait d'un bout de
l'année à l'autre.
La rareté et l'irrégularité des
pluies et les différences moins
grandes qui existent entre les deux
saisons provoquent naturellement
des changements assez grands
dans la marche des phénomènes
phénologiques. A ce point de vue,
la région Sud-Ouest se sépare net-
tement de la région occidentale :
le repos de la végétation y est
moins net. et le feuillage, bien que
très réduit, y est moins régulière-
ment caduc.
En effet, malgré rabaissement
de la température en saison fraî-
che, beaucoup de plantes fleuris-
sent en mai, juin, juillet et août,
ou à des dates peu fixes, détermi-
nées par la chute d'une légère
LA REGION MERIDIONALE
243
pluie. Beaucoup d’autres montrent en même temps des
fruits et des fleurs, et l’ensemble du bush, malgré la réduction
du feuillage, n’est jamais aussi dégarni de feuilles que les bois
occidentaux.
Au point de vue du feuillage, on peut distinguer dans la
région Sud-Ouest plusieurs catégories de plantes se compor-
tant différemment. Les unes ont des feuilles larges, souvent
velues, promptement caduques et ne se montrent qu'au mo-
ment des orages, pendant la saison chaude. D’autres, plantes
aphvlles ou à feuillage réduit, portent seulement sur leurs
jeunes rameaux des écailles ou des feuilles fugaces, qui n'ap-
paraissent que lorsque ces rameaux végètent, c’est-à-dire à
des dates très irrégulières. Beaucoup d'arbustes possèdent un
feuillage grisâtre, étroit, peu dense, très tardivement caduc,
persistant encore sur les rameaux de certains individus, alors
que d autres sont déjà couverts de feuilles nouvelles. Enfin
quelques arbustes, d’ailleurs rares, ont des feuilles persis-
tantes, et alors ont un port éricoïde.
Dans l’ensemble, le feuillage de la région Sud-Ouest est
encore plus étroit que celui du Bush à xérophytes de la ré-
gion occidentale, et ce caractère s'accentue de plus en plus
vers le Sud. Cette transformation du feuillage est curieuse à
suivre, non seulement chez les espèces d'un même genre, mais
aussi chez les individus d’une même espèce. En etfet, cer-
taines espèces largement répandues, Secamonopsis madagas-
cariensis Jum, *, Strophanthus Boivini Baill. 1 2, Plectaneia Hil-
dehrandlii K. Sch. 3, etc., dont les feuilles sont assez larges
et très caduques au sud du Mangokv, ont des feuilles larges
ou étroites sur des stats différents, aux environs de Tuléar, et
très étroites et tardivement caduques au sud de l'Onilahy.
1. H. Jumelle : L'A ngalora et le Kompitso, deux lianes à caoutchouc
du Sud-Est de Madagascar (Le Caoutchouc et la Gutta-Percha, octobre
1908).
2. H. Jumelle et H. Perrier de la Bàthie : Fragments biologiques de la
flore de Madagascar (Annales du Musée Colonial de Marseille, 1910).
3. H. Jumelle et II. Perrier de la Bàthie : Le genre Plectaneia de
Madagascar (Annales du Musée Colonial de Marseille, 1908).
I. A VÉGÉTATION MALGACHE
Un Stereospcrmurn est plus intéressant encore. C'est d'abord
un petit arbre à feuilles toutes larges, puis un arbuste à feuilles
polymorphes, celles de la base, situées près du sol, étant
larges, et les supérieures de plus en plus étroites, et enfin un
arbrisseau chétif à feuilles toutes étroites et linéaires *.
Au point de vue botanique, les différences entre les deux
régions ne sont guère plus nettes. Sans doute, une famille
entière, les Didiéréacées, quelques genres, tels que Geayia,
Megistotegium , Jatropha , Mahafalia -, etc., et de nombreuses
espèces, y sont exclusivement localisées, mais ces formes
caractéristiques n’apparaissent en nombre que dans l’Extrême-
Sud, et quelques-unes d’entre elles remontent en suivant les
dunes de la côte jusqu'au cap Saint-André.
Les sols sont loin d’être aussi variés que dans la région
occidentale. On y voit bien des terrains métamorphiques
des plateaux calcaires et des collines arénacées, mais les pre-
miers sont riches en cipolins et les dernières sont presque tou-
jours situées au voisinage des calcaires. Par suite de ces cir-
constances, la flore, dans son ensemble, est plutôt calcicole,
sauf de rares exceptions. D’ailleurs, les différences dues à la
constitution du sous-sol s'atténuent dans les endroits secs.
Elles sont plus accentuées dans les stats plus humides, et la
végétation se confond alors avec les Formations que nous
avons distinguées dans la région occidentale. C’est ainsi que
l’on peut observer sur les plateaux Bara et Mahafaly des bois
en tout semblables à ceux des plateaux calcaires de l’Am-
bongo et du Ménabé,et même, çà et là, au bord des rivières
permanentes, de grands arbres à feuilles persistantes ( Euge -
1. On observe souvent à Madagascar des plantes se modifiant suivant
les différents climats de l'Ile. A chaque climat correspond une forme cai
une espèce différente. De là provient sans doute le grand nombre d'es-
pèces de certains types génériques malgaches. Dans le Sud, ces modifi-
cations sont plus faciles à suivre, à cause des modifications insensibles
du climat et du grand nombre des formes de passage qui en résultent.
2. 11. Jumelle et II. Perrier de la Bàthie : Les Asclépiadacées aphyllcs
de l'Ouest de Madagascar (Revue générale de Botanique, 1911).
3. Dans la région Sud-Ouest, les terrains cristallins ne se décom-
posent plus en argiles latéritiques.
LA REGION MÉRIDIONALE
245
nia, Ceplialanthus, Protorhus, etc.) qui rappellent tout à fait
la forêt des sols alluvionnaires.
Mais, pour éviter des redites, nous ne nous occuperons pas
ici des restes des Formations occidentales que l’on retrouve
dans le Sud-Ouest. Il ne sera question que de la végétation
xérophile, à laquelle se rattache d’ailleurs presque toute la
végétation autochtone actuelle de la région, celle des stats plus
humides ayant été presque toujours modifiée par les feux et
remplacée par la prairie. Comme le climat, cette végétation
des lieux secs subit des modifications graduelles du Nord au
Sud ; nous n'y distinguerons néanmoins qu'une Formation,
celle à Euphorbe et Diclierea, qui ne se montre vraiment avec
tous ses caractères qu’aux environs du cap Sainte-Marie.
I. — Le Bush a Didierea.
Cette Formation diffère surtout du Bush de l'Ouest par sa plus grande
richesse en formes xérophytes, son feuillage moins caduc, bien que plus
réduit, l'abondance plus grande des plantes épineuses et des euphorbes
à port de Famata, et surtout par ses types à ports irréguliers, tels que
les Didierea.. Les moyens par lesquels les plantes de cette Formation se
sont adaptées à la sécheresse sont extraordinairement variés.
Comme nous venons de le dire, cette Formation n’acquiert
que graduellement tous ses caractères. Sur les limites de la
région, les bois des terrains cristallins, des plateaux calcaires
et des collines arénacées se modifient insensiblement au fur et
à mesure de la sécheresse croissante. Les différences qui nous
ont permis de distinguer entre elles ces Formations s’atté-
nuent petit à petit, la taille s’abaisse, le feuillage se modifie,
et l'on passe ainsi graduellement à la Brousse à euphorbe et
à Didierea que, seule, l'abondance des types aphylles ou cac-
tés permet de distinguer du Bush à xérophytes ordinaire de
l’Ouest.
Les Formations transitoires entre celles de l’Ouest et les
Buissons à xérophytes ont été souvent détruites par le feu
246
LA VÉGÉTATION MALGACHE
et la pFairie. Nous avons pu néanmoins en observer de nom-
breux restes ; et, pour mieux nous rendre compte des elîets
de la sécheresse croissante et des modifications qui en ré-
sultent, nous donnerons quelques exemples de ces formes de
végétation intermédiaires, avant de passer à l'étude du Bush
à Euphorbe, résultat final de ces modifications.
Sur le Manankaralahy, vers les sources de la Linta, à
150 mètres d’altitude, les bois des terrains cristallins consti-
tuent encore un ensemble d'une dizaine de mètres, dominé par
quelques Adansonia. Parmi les essences constituant cette
végétation, 12°/0 sont aphylles, 23 ®/0 à feuilles tardivement
caduques, et le reste à feuilles caduques ; 25 °/0 sont des
lianes, le reste, des arbustes ou des petits arbres. Il n’v a ni
plantes herbacées, ni plantes grasses. On observe, çà et là,
quelques arbres, arbustes ou lianes à troncs renflés à la base
( Ophiocaulon et Adansonia). Les familles les mieux représen-
tées sont les Légumineuses (20 individus et 2 espèces %)j
les Asclépiadacées (6 individus et 3 espèces °/0), les Euphor-
biacées (19 individus et 3 espèces °/0). Ce bois ne diffère, en
somme, des bois occidentaux des terrains cristallins que par
sa taille réduite, le grand nombre des essences à feuilles per-
sistantes et la présence de quelques euphorbes aphylles.
Sur le plateau Mahafaly, rive gauche de l'Onilahv, à
80 mètres d’altitude, sur calcaire à sol profond, la végétation
diffère davantage de celle des sols similaires de la région
Ouest. La taille est moindre, il n’a pas d’arbres, les feuilles
sont bien moins caduques, et un grand nombre de types xéro-
philes y apparaissent déjà. Par 100 plantes, on trouve en
moyenne 1 0 plantes aphylles (7 lianes et 3 arbustes), 13 herbes
vivaces ( Aloe , Dioscorea, Kalanchoe), 42 lianes ou arbustes à
feuilles caduques, et 30 à feuilles semi-persistantes. Les feuilles
sont d’autant plus larges qu’elles sont plus promptement ca-
duques, et celles tardivement caduques sont, au contraire,
beaucoup plus étroites. On remarque environ 5 °/0 d'espèces
épineuses. L'ensemble ne dépasse pas 8 mètres de hauteur.
Les familles les mieux représentées sont les Asclépiadacées
(17 individus et 7 espèces °/0), les Euphorbiacées (6 individus
et 4 espèces °/0) et les Tiliacées (8 individus et 3 espèces °j 0).
LA RÉGION MÉRIDIONALE
217
Sur les collines arénacées du Manombo, au nord de Tuléar,
le Bush atteint 8 mètres de hauteur. C’est un fourré assez
épais d'arbustes parfois épineux, avec, de loin en loin, quelques
plantes cactées à port de Didierea et quelques petits arbres à
port d’ Adansonia. Dans les bas-fonds on voit quelques petits
tamariniers, à ramures très basses et presque étalées sur le
sol. Pour 100 plantes, on trouve en moyenne 3 lianes et S ar-
bustes aphylles, 0 arbustes à port de Didierea , 10 arbustes et
S lianes à feuilles tardivement caduques, 7 lianes et 63 ar-
bustes à feuilles caduques, dont 4 épineux et une plante her-
bacée. Les familles les mieux représentées sont les Légumi-
neuses (17 individus et 6 espèces °/0) et les Asclépiadacées
(10 individus et 4 espèces °/0). Ces dernières sont toutes des
lianes.
Plus au sud de ces localités, le Bush à euphorbes se montre
avec tous ses caractères. Son aspect est alors inliniment divers,
car l'adaptation à la sécheresse a donné presque à chaque
espèce un port particulier. La richesse en espèces, aussi grande
que dans les autres Formations autochtones de l’île, s’y révèle,
par suite, d'une façon saisissante L La composition moyenne
de cette végétation change d'ailleurs avec les lieux et les stats.
Elle n'est pas la même, par exemple, sur les calcaires éocènes
des environs du cap Sainte-Marie et sur les gneiss d’Ampa-
nihy. Aussi, pour montrer ces différences en même temps que
l’aspect ordinaire de ce bush, donnerons-nous ci-dessous le
dénombrement des plantes adultes observées sur une surface
de 100 mètres carrés, dans trois localités différentes.
I. — Sur gneiss, près d'Ampanihv, a 100 mètres d’altitude.
Sol :
Tapis de Sela'jinella (2 espèces) à frondes revivis-
centes
1. Il y a en moyenne, dans le Sud-Ouest, pour 100 végétaux poussant
côte à côte, 31 espèces appartenant à 17 familles différentes.
2 US
LA VÉGÉTATION MALGACHE
. 1 Labiée à feuilles crassulantes et dimorphes.
Bush. — Lianes aphvlles :
7 Asclépiadacées 2 espèces) .
Arbustes aphvlles :
li Euphorhia (17 à port de Laro)
1 Capparidacée.
Port céréiforme :
7 Didiéréacées 2 espèces).
Arbuste à feuilles crassulantes :
1 Kalanchoe.
Lianes à feuilles crassulantes :
1 Composée
1 Passifloracées (1 espèce).
Lianes à feuilles caduques :
2 Asclépiadacées 1 espèce
1 Rubiacée à racine tuberculeuse
1 Mimosée épineuse
3 Rhamnacées (1 espèce épineuse)
1 Asparagus.
Arbustes à feuilles caduques :
3 Tiliacées 1 espèce
7 Euphorbiacées 1 espèce)
1 Papilionacées ( 1 espèce épineuse)
2 Méliacées 2 espèces )
3 Térébinthacées (1 espèce).
Arbustes à feuilles semi-persistantes :
3 Tiliacées (1 espèce)
2 Papilionacées (1 espèce)
3 Célestracacées 1 espèce).
Ensemble de 8 mètres de hauteur : 22 lianes ou arbustes
aphylles; 7 plantes céréiformes ; 7 plantes à feuilles crassu-
lantes ; 27 essences à feuilles caduques ; 8 à feuilles semi-per-
sistantes ; 13 plantes épineuses.
LA RÉGION MÉRIDIONALE
249
II- Sur calcaire éocène. Rocailles du plateau Mahafalv,
PRÈS DU LAC fsi.MANAMPETSA, VERS 60 MÈTRES d' ALTITUDE.
Sol. — 2 Dioscorea (I espèce) à tige annuelle et racine
tuberculeuse.
Bush. — Lianes aphvlles :
I Cynanchu/n.
Arbustes aphvlles :
12 Euphorbes à port de Laro (2 espèces)
Plantes cactiformes et épineuses :
1 Pachy podium de 8 mètres
5 Euphorbes (1 espèce).
Arbustes à feuilles caduques :
7 Légumineuses (3 espèces) épineuses
2 Euphorbiacées (1 espèce)
3 Acanthacées (3 espèces), petits arbustes dont 1
épineux
3 Térébinthacées (1 espèce)
3 Verbénacées ( 1 espèce).
Lianes à feuilles caduques :
1 1 itis, à base renflée en énorme tubercule conique
4 Asclépiadacées (2 espèces]
3 Combrétacées fl espèce).
Arbustes à port d'hazontaha 1 ; feuilles semi-persis-
tantes :
o Légumineuses (2 espèces)
6 Ebénacées fl espèce)
3 Combrétacées (1 espèce)
3 Composées (1 espèce)
3 Célestracées ( I espèce^.
Herbes arborescentes :
2 Vellozia.
1. L hazon.ta.ha. est une Bignoniacée indéterminée, très ramifiée, à
rameaux courts, embrouillés, à feuilles rares semi-persistantes, à tronc
souvent tortueux et difforme.
250
LA VÉGÉTATION MALGACHE
L'ensemble ne dépasse pas 3 à 4 mètres de hauteur. Les
arbustes à port d'hazontaha ont des feuilles semi-persistantes
et très étroites. Les essences à feuilles caduques ont souvent
des feuilles larges et velues. Au total, 13 plantes aph viles ;
2 herbes grimpantes et tuberculeuses; 2 Yellozia ; 6 plantes
cactées; 28 essences à feuilles caduques ; 20 à feuillage réduit
et semi-persistant; 14 plantes épineuses.
III. — Sur gneiss, rive gauche du Menarandra, colline
ROCAILLEUSE A 100 MÈTRES d’ ALTITUDE.
Sol. — Tapis de Selaginella (2 espèces) à frondes revi-
viscentes.
Bush. — Essences aph viles :
2 Asclépiadacées (1 espèce! lianes
0 Euphorhia (3 espèces) arbustes.
Plantes céréiformes :
5 Didiéréacées (2 espèces)
3 Pachypodium 1 espèce).
Essences à feuilles crassulantes :
3 plantes grimpantes Kalanchoe)
1 arbuste [Kalanchoe).
Lianes à feuilles caduques :
1 Rhamnacée épineuse
3 Légumineuses (2 espèces) dont 2 épineuses
1 Asclépiadacée.
Arbustes à feuilles caduques :
3 euphorbes (1 espèce) à rameaux sub-crassulants
0 Térébinthacées 2 espèces) dont 3 épineux
4 Légumineuses (2 espèces), dont 2 arbustes et
2 petits arbres à troncs renflés
1 Rubiacée.
Arbustes à feuilles semi-persistantes (port d’hazontaha) :
b Tiliacées (1 espèce)
7 Bignoniacées (1 espèce)
LA KÉGION MÉIUDIOÎSALE
251
5 Méliacées (1 espèce)
2 Combrétacées (1 espèce)
2 Célastracacées (1 espèce)
Arbustes à feuilles persistantes (port éricoïde) :
8 Ebénacées (1 espèce).
Total : 7 essences aphylles ; 8 plantes céréiformes ; i plantes
à feuilles crassulantes ; 18 essences à feuilles caduques; 22 à
feuilles semi-persistantes; 8 à feuilles persistantes ; li plantes
munies d’épines; 2 petits arbres à troncs renllés (port d Adan-
sonia ). Ensemble de 6 mètres de hauteur, avec de loin en loin
un Pachy podium, un Didierea ou un petit arbre à port d'Adan-
sonia. Malgré le grand nombre des plantes à feuilles crassu-
lantes, tardivement caduques ou persistantes, le feuillage
est, en général, si réduit que l'ensemble paraît grisâtre en
toute saison.
En résumé, le Bush à euphorbes du Sud-Ouest diffère sur-
tout de celui de l’Ouest pour une plus grande abondance en
formes xérophytes et par un feuillage moins caduc, bien que
plus réduit *. C’est la transformation ultime de la végétation
occidentale sous l’influence d une sécheresse croissante. Néan-
moins nous ne voulons pas dire par là que la végétation du
Sud-Ouest est uniquement constituée par des types de l’Ouest
modifiés par un climat plus sec On v voit bien quelques-uns
de ces types, mais la grande majorité des genres xérophiles
semblent, au contraire, avoir une origine méridionale et s’être,
de là, répandus vers le Nord en se modifiant sous un climat
de plus en plus humide. La distribution des espèces des genres
Aloe, Vellozia, Pachypodium et Kalanchoe est typique à cet
égard. En effet, les représentants de ces genres diminuent en
nombre du Sud au Nord et de l’Ouest à l’Est. Ils ne dépassent
pas la crête de barète centrale, et aucun, sauf un Kalanchoe,
ne redescend sur le versant oriental.
Les formes caractéristiques qui résultent de l’adaptation des
1. En outre, les plantes épineuses sont bien plus abondantes dans le
Bush à euphorbes.
252
LA VÉGÉTATION MALGACHE
végétaux à la sécheresse1 ne sont pas particulières à la région
du Sud-Ouest, et existent aussi dans les stats secs de toute la
région occidentale. Aussi, en résumant les moyens qu em-
ploient ces plan tes pour résistera la sécheresse, tiendrons-nous
compte, non seulement des types xérophytes de la région
méridionale, mais aussi de ceux de l'Ouest. Ainsi que nous
l’avons dit, ces moyens d'adaptation sont très variés; mais
nous avons pu néanmoins les ramener à quatre types princi-
paux, pouvant d ailleurs se combiner entre eux et présenter
chacun de nombreuses modifications. En voici l'énumération :
I . — Accumulation de substances de héserve
DANS UNE RÉGION DE LA PLANTE .
A. — Dans les racines ou les rhizomes : Les plantes à
racines tuberculeuses sont très nombreuses dans l'Ouest et le
Sud-Ouest. Ce sont : des herbes à tiges annuelles ( Dioscorea ,
Yitis, I/tornoea, certaines Asclépiadacées) ; des lianes ( \~itis,
Ipomoca. une Légumineuse, quelques Rubiacées et Asclé-
piadacées), ou des arbustes ( Euphorhia et une Légu-
mineuse). Les plantes à tubercule-tige souterrain sont plus
rares. Ce sont surtout des Labiées et des Orchidacées.
B. — Dans les tiges aériennes : Ces tiges peuvent alors être
renflées et grasses dans toutes leurs parties ou seulement à la
base. Dans le premier cas, la tige sera épineuse et la plante
céréiforme. Les feuilles, chez ces plantes, peuvent être bien
développées et très caduques (certaines euphorbes cactiformes)
1. Voir sur cette question, II. Poisson : Recherches sur la flore méri-
dionale de Madagascar. Challamel, 1912. — Choux : Sur un revêtement
cireux de quelques plantes aphglles du S. -O. de Mailagascar But. Soc.
Lin. Provence, 1912, I, 203). — Choux : Éludes biologiques sur les Asclé-
piadacées de Madagascar 1914, Thèse, Paris ). — G. Puech : Etudes ana-
tomiques de quelques Asclépiadacées aphglles de l'Ouest de Madagascar
(Revue gén. Bot., I, XXIV, 1912). — II. Jumelle et H. Perrier de la
Bâthie : Les Asclépiadacées aphglles de l'Ouest de Madagascar Revuegén.
Bot., t. XXIII, 1911 .
I.A RÉGION MÉRIDIONALE
253
ou plus petites et plus persistantes (Didiéréacées). Les plantes
renflées à leur base seulement ont toutes des feuilles larges
et très caduques. Ce sont : des herbes non épineuses (. Euphor -
bia et quelques rares Ürchidacées à pseudo-bulbe) ; des arbustes
(Pachy podium, Euphor bia, Harpagophylum ) ; des lianes
( Vitis , Adenia, Ophiocaulon, Cucurbitacées] ; des arbres (Sler-
culia, Adansonia et plusieurs Légumineuses).
C. — Dans les feuilles : Les feuilles sont alors grasses et
persistantes. Ce sont : des herbes vivaces ( Aloe , Kalanchoe ) ;
des lianes {Kalanchoe, Composées, Passitloracées) ; des arbustes
(Aloe, Kalanchoe, Composées). Parfois les feuilles crassulantes
sont caduques, ce qui arrive chez quelques Kalanchoe arbo-
rescents, localisés dans le Sud-Ouest, dont les rameaux sont
d'ailleurs épais et sub-crassulants. D autres fois, la plante est
dimorphe et porte, en saison des pluies, des feuilles larges,
grasses ou membraneuses, et des feuilles bien plus petites et
plus épaisses en saison sèche. Ces feuilles de saison sèche
peuvent se développer sur de petits bourgeons axillaires, si
la tige est pérenne, ou sur des rejets près de la base, si la
tige est annuelle. On observe cette disposition surtout chez
les Kalanchoe et certaines Labiées de la région Ouest, où les
saisons sont plus tranchées. Un Pleclranthus de la même
région est intéressant parce que ses rameaux de saison sèche
sont hypogés et privés de chlorophylle, bien que les feuilles
soient bien développées. C'est un terme de passage entre les
rejets de saison sèche des espèces précédentes et les rameaux-
tubercules.
D. — Dans les rameaux qui restent verts et crassulants :
Les feuilles sont alors souvent réduites à des écailles (eu-
phorbes de la section Famata, Asclépiadacées aphylles, cer-
taines Célastracées et Papilionacées), ou larges et très caduques
(un Vitis). Ces rameaux toujours très nombreux sèchent et
tombent pour la plupart après avoir rempli leurs fonctions de
rameaux-feuilles. Les rameaux des euphorbes de la section
Famata, surtout, sont très nettement caducs.
254
LA VÉGÉTATION MALGACHE
2. — Ramification exagérée et feuillage réduit.
On peut distinguer dans ce groupe : a) les plantes aphylles, à
rameaux crassulants dontil vient d'être question ; b) les arbustes
et les lianes épineux, à feuilles caduques, plus abondants dans
le Sud-Ouest : c) les arbustes à port d'hazontaha, port caracté-
risé par des rameaux courts, épais, embrouillés, très nombreux,
des troncs difformes et feuilles rares, de petite taille et semi-
persistantes. très communs dans la région méridionale ; d)
les arbustes à rameaux minces, couverts de nombreuses
petites feuilles étroites, c'est-à-dire à port éricoïde, rares au
contraire vers le Sud et manquant presque totalement dans
l'Ouest.
3. — Revêtement cireux.
Ce revêtement se présente : a ) sur les feuilles, surtout
les feuilles grasses ; b) sur les tiges, généralement celles des
plantes aphylles 1 ou à feuillage très réduit ou très caduc ;
c) sur le renflement des tiges, ce que nous n'avons observé que
sur un Ophioeaulon et un Adenia ; d sur les bourgeons , ce
qui arrive chez beaucoup de Rubiacées.
4. — Organes végétatifs et réviviscents.
Nous voulons parler d'organes desséchés et paraissant
morts pendant les sécheresses, mais reverdissant à la pre-
mière pluie. Les plantes qui résistent par ce moyen à la séche-
resse sont, dans l’Ouest, quelques Fougères, des Selaginella
et un Streptocarpus, et, dans le Sud-Ouest, 2 Selaginella
et de nombreux Vellozia.
J. V. P. Choux: Sur le revêtement cireux de quelques plantes aphylles
du Sud-Ouest de Madagascar Bull. Soc. Lin. Provence, 1, 1912,
p. 203.
LA RÉGION MÉRIDIONALE
255
II. — Faciès de dénudation et produits forestiers.
La conservation presque totale de la flore autochtone dans le Sud-
Ouest est une conséquence assez inattendue de la sécheresse intense de
cette région. Les plantes grasses du Bush à Didierpa sont, en effet, incom-
bustibles, et la Prairie, qui pourrait les détruire comme elle détruit les
bois de l'Ouest, n’y peut vivre que dans les endroits humides. Aussi,
dans le Sud-Ouest, ces endroits humides sont-ilsles seuls dénudés. Lne
euphorbe du Bush à Didierpa , Vin lis y , a produit jadis du bon caout-
chouc.
La conservation presque complète de la flore autochtone
du Sud-Ouest, ou, plus exactement, de toute sa végétation xéro-
phile, est, avons-nous dit. une conséquence assez inattendue
de la sécheresse intense qui sévit dans cette région. En effet,
les buissons à Didierea sont encore moins combustibles que
les bois de l’Ouest, et cette incombustibilité est une consé-
quence de la réduction du feuillage et de la crassulance des
tiges, caractères bien dus à la sécheresse. Cette végétation
pourrait néanmoins être détruite comme les bois de l’Ouest,
c’est-à-dire par attaques répétées de ses lisières par les
feux de prairie. Mais toujours, par suite de la sécheresse
intense, les Graminées ne peuvent se développer sur les sols
où la végétation native a été détruite par une cause quelconque,
et ces sols restent en conséquence dénudés, jusqu'au moment
où ils sont envahis à nouveau par les espèces xérophiles,
seules capables de prospérer dans ce milieu.
Au reste, si la végétation native des endroits secs a persisté
presque en entier, il n’en est pas de même de celle des endroits
plus humides, qui a été détruite par les feux et remplacée par
la prairie. C’est pour cette raison que la presque totalité de
la végétation autochtone que l'on voit de nos jours dans le
Sud-Ouest appartient à la Formation xérophile. Les autres
Formations de l'Ouest y étaient sans doute représentées jadis,
mais aujourd'hui il n'en reste plus que quelques lambeaux.
Une autre cause qui a encore hâté la destruction des bois dans
les endroits humides a été aussi la culture, que les indigènes
256
LA VEGETATION MALGACHE
du Sud, comme tous les Malgaches, font de préférence sur
l'emplacement de bois récemment abattus et brûlés, et qu'ils
ne peuvent faire, dans cette région si sèche, que sur les sols
conservant un peu d'humidité.
Endroits humides, dénudés et envahis par la Prairie, et
lieux secs encore recouverts de leur végétation native, telles
sont, en résumé, les deux caractéristiques du faciès de dénu-
dation dans la région Sud-Ouest.
Produits forestiers. — L'utilité du Bush à Didierea, au
point de vue de b exploitation des bois, est nulle ou à peu
près. Il ne peut fournir que du bois de chauffage. Il était riche
jadis en plantes à caoutchouc, dont la plus précieuse, YEu-
/jhorbia Intisy , est aujourd'hui complètement détruite. La
région méridionale fournit toutefois encore un peu de caout-
chouc, qui est surtout produit par des lianes : Gonocrypta
Grevei et Cryptostegia ( C . madagascariensis \ L On a essayé
d'exploiter le revêtement cireux des plantes aphylles et les
graines oléifères d un Jatropha 2 indigène. Somme toute, le
Bush à euphorbes du Sud-Ouest n'a pas une bien grande
valeur économique.
1. II. Jumelle et Perrier de la Bâthie: Les plantes âcaoulchouc de l'Ou-
est et du Sud-Ouest de Madagascar. Challamel, 1911.
2. H. Jumelle: Un Jatropha dioïque de Madagascar (Revue générale
de Botanique, 1920).
CHAPITRE XIV
Résumé et conclusions
Parvenu au terme de notre longue course à travers la végé-
tation malgache, nous pouvons maintenant jeter un coup d’œil
d'ensemble sur les caractères physiques de l'Ile, sur la flore
qui recouvrait cette Ile lorsque 1 espèce humaine y étaitencore
inconnue et sur les perturbations profondes, tant physiques
que biologiques, que l'homme y a déterminées.
Comme on le sait, 111e malgache est orientée Nord-Est
Sud-Ouest. Elle est traversée, dans le sens de la longueur, par
un massif montagneux qui la divise en deux versants, le ver-
sant Est, taillé en falaises successives, de direction parallèle à
celle de Pile comme à celle du rivage, et le versant Ouest, qui
s’étale, au contraire, en larges plateaux, légèrement inclinés
vers le canal de Mozambique. Le massif montagneux médian
occupe environ lé tiers de la surface totale. Il atteint
2.800 mètres à son point culminant, mais son altitude
moyenne est d’un millier de mètres, et toutes les autres par-
ties de Pile sont situées à des altitudes beaucoup plus basses.
Toute l’ossature médiane, presque tout le versant oriental
et une grande partie du versant occidental sont constitués par
des terrains métamorphiques. Sur presque tout le pourtour de
ce massif cristallin, on trouve des terrains sédimentaires ; sur
le versant Est, ce sont des dépôts crétacés, disposés en
lambeaux rectilinéaires de même direction que la côte ; et sur
le versant Ouest, les sédiments s’étagent du trias à Péocène.
Ces dépôts ne manquent que dans le Sud, où les terrains méta-
morphiques ne sont séparés delà mer que par des formations
toutes récentes. Sur cet ensemble de terrains sédimentaires et
métamorphiques, on remarque, en outre, des épanchements
plus ou moins vastes de roches éruptives d’âges divers.
n
LA VÉGÉTATION MALGACHE
258
La gerçôse géologique de 1" 1 le peut se résumer d'un trait.
Elle dépend étroitement de l’histoire du géosynclinal de
Mozambique, géosynclinal qui diffère des autres géosynclinaux
connus par la lenteur de son évolution, qui a duré pendant des
périodes géologiques et qui se continue vraisemblablement
encore de nos jours. Madagascar n'est, en somme, qu’un
reste d’un massif plissé, d'âge probablement hercynien, effon-
dré et soumis ensuite à des mouvements positifs et négatifs,
à des transgressions et à des régressions successives, qui en
ont tour à tour augmenté ou diminué l'étendue. La mer semble
avoir isolé l’Ile du reste du monde, au Nord, à l’Est et à l'Ou-
est, dès la fin du crétacé, mais rien ne prouve qu'il en ait été
ainsi du côté du Sud. Tous les terrains sédimentaires s’éva-
nouissent en effet successivement vers le Sud, et Madagascar,
dans cette direction, était probablement, tout récemment
encore, beaucoup plus étendu qu il ne l'est de nos jours.
L’ensemble physique que nous venons de décrire est soumis
à deux régimes de vents très différents. D'avril à octobre,
c’est le régime des alizés : pendant cette saison, les vents du
Sud-Est, dont la direction est perpendiculaire à la direction
générale de Elle, la balayent de l'Est à l’Ouest, se débarrassent
de leur humidité sur le versant oriental et les montagnes du
Centre et arrivent totalement desséchés sur le versant occi-
dental. D'octobre à avril, c’est le régime des moussons. Les
vents soufflent, au contraire, de l'Ouest ou du Nord et amènent
des orages sur la surface entière de Elle, sauf sur l’Extrême-
Sud, où la saison des moussons et celle des alizés sont presque
également dépourvues d’eau. Ces vents subissent d’ailleurs de
nombreuses déviations locales, la quantité des pluies qu'ils
provoquent est excessivement variable, et. entre la région du
Sud, où il ne pleut presque jamais, et celle de l’Est, où il
pleut presque toujours, on trouve tous les intermédiaires pos-
sibles.
De ce régime des vents, de l’allure générale du relief
et de la position de Elle, sont résultés deux climats
très différents : un climat tropical humide sur les parties
balayées par l’alizé encore saturé d'humidité; et un cli-
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
259
mat tropical sec sur les régions où ce vent est nul ou
desséché. Ces deux climats se modifient suivant l'altitude ou
d'autres causes locales, mais, bien que Madagascar s’étende
sur près de douze degrés de latitude, ces modifications sont
peu sensibles du Nord au Sud, et beaucoup, au contraire, de
l'Est à l'Ouest. En d’autres termes, le facteur qui influe le
plus sur les conditions climatiques des différentes régions
de rile n’est pas leur position plus ou moins éloignée de
l'équateur, mais leur orientation par rapport à l’alizé.
Les caractères de la flore autochtone sont la conséquence,
non seulement de ces conditions physiques d’ensemble, mais
aussi d’une autre cause, qui semble d'ailleurs découler directe-
ment de la genèse géologique de 1 I le et des anciennes éten-
dues du continent malgache. Les types de végétaux dont les
modifications sans nombre, sous l’influence de facteurs si
divers, constituent cette flore semblent avoir, en effet, des
origines différentes. Les uns, dont les représentants sont plus
abondants dans la flore à feuilles persistantes, paraissent avoir
une origine plutôt orientale et s’être, de là, propagés vers
l’Ouest. Les autres, plus nombreux dans la flore à feuilles
caduques, semblent, au contraire, provenir de l'Ouest ou du
Sud-Ouest, et s'être répandus, de ces points, vers le Nord et
vers l’Est, jusque vers l’arête centrale, qu'ils ne dépassent
guère. En outre, on observe sur les cimes culminantes quelques
autres types de climat tempéré, qui sont peut-être des restes
d'une période antérieure plus froide 1 2 ou plus simplement
de la végétation qui couvrait jadis les hauts sommets avant
que l’érosion ne les eût réduits à leur altitude actuelle.
De cette diversité d'origine des types constituant la flore
autochtone, ainsi que des conditions physiques si diverses
sous l’influence desquelles ces types se sont modifiés à 1 infini,
proviennent les caractères généraux de cette flore, c’est-à-
dire sa merveilleuse richesse en espèces -, l'étonnante variété
1. V. Baker, in Baron, The Flora de Madagascar (J. L. S. Bot.
London, XXV, 171, 1889).
2. Les restes actuels de la flore autochtone, c’est-à-dire le sixième
environ de l'ancienne végétation, son! constitués par plus de cinq
mille espèces différentes de Phanérogames.
260
LA VÉGÉTATION MALGACHE
de leurs ports le grand nombre de ses formes endémiques ?,
la complexité de ses associations végétales, et ses divisions
en flores ou en régions telles que nous les avons établies au
cours de cette étude.
Quand l'homme était encore inconnu dans cette partie du
globe, 1 ’ I le tout entière disparaissait sous un épais couvert
de végétation arborescente1 2 3. Sous l'influence de l'alizé, cette
végétation prenait deux aspects très différents. Dans la Partie
du Veut, le feuillage était persistant : c'étaient de sombres
et belles forêts dans l'Est, dans le Sambirano et sur le ver-
sant oriental des montagnes du Centre, des bois à futaie plus
basse sur le versant occidental de ces mêmes montagnes, et
des broussailles éricoïdes sur leurs crêtes ou leurs cimes cul-
minantes. Dans la Partie sous le Vent , le feuillage était, au
contraire, caduc : c'étaient encore de belles futaies aux bords
des rivières, des bois plus clairs, à grands arbres espacés, sur
les collines et les plateaux ; et des broussailles, à plantes
bizarres et monstrueuses, dans les lieux secs ou sur les terri-
toires desséchés de l'Extrême-Sud. *
Sous cet épais couvert, les roches cristallines se décompo-
saient lentement en latérite, mais cette transformation, par
suite de l'irrégularité du relief, était rarement poussée jusqu'au
stade final, où la latérite, dont la cause première est une
1. Les grands genres malgaches sont, en effet, remarquables par la
diversité des ports de leurs ditl'érentes espèces. Comme exemple, nous
citerons ici le genre Euphorbia, dont les espèces, suivant les variations
des conditions de milieu, sont des arbres, des arbustes ou des lianes
aphylleSjà feuilles caduques ou persistantes, à troncs renflés, inermes
ou munis d’épines, des plantes tuberculeuses ou cactées, des herbes
vivaces ou annuelles.
2. Baron ( The Flora of Madagascar. J. S. S. Bot. London, XX\ ,171,
1889 estime ce nombre égal au 3 4 du total des espèces malgaches. Il
est beaucoup plus considérable si l'on n’envisage que les Formations
autochtones. Dans beaucoup de familles, à quelques unités près, toutes
les espèces sont essentiellement malgaches.
3. Les plantes annuelles sont, en effet, très rares dans les Formations
autochtones. Ce fait est d’ailleurs assez singulier, car les climats à sai-
sons tranchées, comme celui de l'Ouest, sembleraient, a priori, propices
au développement de telles espèces.
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
261
végétation forestière, devient impropre à nourrir une telle végé-
tation. Sous leur épais manteau d’humus et de forêts, ces sols
restaient alors meubles et perméables, et les phénomènes d’éro-
sion étaient, par suite, réduits au minimum. Le climat du Centre
était alors moins froid et celui de l'Ouest moins sec. L alizé,
en passant sur la végétation du Centre, admirablement orga-
nisée pour emmagasiner l’humidité et la restituer en période
sèche, provoquait alors, en effet, la formation d’abondants
brouillards. Ces brouillards recouvraient le Centre pendant
les froids, puis étaient entraînés par les vents du Sud-Est
jusque sur le versant occidental, dont ils tempéraient 1 intense
sécheresse.
Dans ces forêts, dans ces bois et dans ces broussailles,
toute une faune, aussi étrange, aussi archaïque que la flore
vivait et s’agitait. C’étaient des tortues géantes, des hippopo-
tames nains, de nombreux Lémuriens, dont la taille variait de
celle d’un ours à celle d’une souris, de grands oiseaux, Epyor-
nis et Mullerornis , plus nombreux dans les bois plus clairs de
l’Ouest et du Centre et dans les broussailles du Sud. Comme les
plantes, ces animaux appartenaient tons à des espèces essentiel-
lement malgaches. Comme elles encore, c’étaient tous des espèces
silvestres, merveilleusementadaptéesau milieu. L Ile présentait
alors un magnifique exemple d’ensemble biologique en équi-
libre parfait, où le temps avait définitivementréglé les rapports
multiples des êtres entre eux et de ces êtres avec le milieu.
Tout concourait à faire de cette terre un chef-d’œuvre de
vie harmonique et complexe, d'une étrange et merveilleuse
beauté.
L’homme vint; et ce merveilleux décor édifié par les
siècles s évanouit devant lui. Les forêts de l’Est tombèrent
peu à peu sous la hache ; celles du Centre flambèrent comme
un monceau de paille ; celles de l'Ouest disparurent plus len-
tement devant les feux. Lne végétation très homogène, inva-
riable sous tous les climats, une flore très pauvre, à espèces
presque toutes exotiques, s’emparèrent des espaces rendus
vacants par la destruction de la végétation et de la flore
autochtone. La faune subit des modifications parallèles. Le
262
LA VÉGÉTATION' MALGACHE
climat du Centre devint plus froid et plus sec. Les rosées et
les brouillards diminuèrent dans l'Ouest. L'érosion s'exagéra :
de profonds ravins se creusèrent dans les flancs des collines
et des montagnes, des fleuves s'ensablèrent et d'autres chan-
gèrent de lit. Les latérites dénudées devinrent de plus en plus
dures, compactes et imperméables, et Madagascar fut ce qu il est
de nos jours : une grande terre stérile, couverte d'une prairie
monotone, où nous voyons disparaître les derniers restes de
la faune et de la flore natives.
L'homme, le destructeur de la flore autochtone, a-t-il au
moins retiré quelque avantage, quelque bénéfice de cette des-
truction? Non, sûrement non. Et les perturbations profondes
qu il a causées ainsi à la vie d ensemble de 1" Ile ont et auront
des conséquences désastreuses pour l’avenir économique de
1 Ile . C est ce que nous allons essayer de montrer en déduisant
de cette étude, quelques conclusions d’ordre pratique.
Parmi les conditions physiques que nous venons d exposer,
il importe tout d abord, à ce point de vue. de retenir la grande
variété des climats malgaches. Ces climats sont reconnus
depuis longtemps. On ne le dirait pourtant pas. si l’on com-
pulse la liste déjà longue des essais de culture ou d’introduc-
tion de plantes utiles, tentées soit par les colons, soit par
l'administration. Les données météorologiques ne sont guère
entrées en ligne de compte dans les raisons qui ont déter-
miné la plupart de ces essais. Aussi ces essais ont-ils été
toujours négatifs. Sans vouloir ici nous appesantir sur cette
question, nous rappellerons seulement qu'aucune plante autre
que des espèces annuelles ne peut prospérer simultanément
dans l'Est, le Centre et l'Ouest, et qu'à chacune de ces régions
conviennent des cultures et des méthodes de culture spéciales.
Nous avons donné aussi, au cours de cette étude, quelques
preuves non équivoques des modifications récentes de ces
climats. Ces modifications se sont produites, sans aucun doute
possible, à la suite du déboisement des cinq sixièmes de 1 Ile.
A vrai dire, elles sont encore peu marquées, car les Savoka,
qui couvrent un de ces sixièmes, ont. au point de vue climat,
un rôle analogue à celui de l'ancienne forêt qu ils ont rem-
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
263
placée. Mais lorsque les dernières futaies de 1 lie auront été
détruites, lorsque ces Savoka auront été remplacés par la
Prairie, est-on certain que les conditions climatiques ne
changeront pas du tout au tout et que ces changements ne se
traduiront pas par des désastres économiques 1 ? Pour établir
sur des bases certaines la réalité de ces modifications possibles,
il faudrait des observations longues et précises -, des données
multiples que nous ne possédons pas. Aussi nous bornerons-
nous ici, pour montrer quelle importance insoupçonnée peut
avoir cette question, à citer simplement ces deux faits : 1° Toutes
les cultures tropicales, tentées avec succès par les Européens
dans l'Ile, sont toutes étroitement localisées aux abords des
grands massifs de forêt ou de savoka encore existants. 2° La
région Sud-Ouest, la plus riche de l’Ile, est située sous le vent
de la partie du versant Est, la plus complètement et la plus
anciennement déboisée.
Un autre point qui pourrait avoir des conséquences très
graves pour l'avenir économique de 1 I le est le peu d étendue,
relativement à la superficie totale, que recouvrent encore les
massifs forestiers susceptibles d’assurer à la colonie le maté-
riel ligneux dont elle a ou pourrait avoir besoin. Sur les
7 millions d'hectares qu’occupe encore la flore autochtone, la
moitié environ se compose de broussailles ou de bois peu
exploitables. Madagascar a ainsi un coefficient forestier bien
inférieur à celui qu il devrait avoir en regard de son étendue.
Aussi ses forêts ne suffisent déjà plus aux besoins actuels. On
importe déjà depuis 15 ans dans 1 I le des bois de Suède et de
Norvège ; et, toutes les contrées avoisinantes étant presque
t . « Quand la direction du vent est constante, il ne doit pas pleuvoir ou
il pleut très peu en l'absence de forêts. En l’absence du vent et par un
temps serein, après une longue période de pluies, le courant d'air qui
s’élève au-dessus des forêts est bien plus humide qu'au-dessus des con-
trées découvertes, où le sol est sec et la végétation fanée ». (Drude :
i Manuel de Gtoi/raphie Botanir/ue, traduction Poirault, p. 67).
-. Ces observations seraient d’ailleurs facilitées par les conditions
physiques toutes spéciales de l’île, et l'état de dénudation très avancé de
quelques-unes de ces régions.
LA VÉGÉTATION AJAI.GAC11K
204
aussi dépourvues de forêts, l’on peut se demander comment la
Golonie-résoudra ce grave problème, lorsque les besoins de ses
habitants se seront encore accrus.
Enfin, les effets des feux de prairie, bien que moins visibles,
moins frappants, moins immédiats que ceux de la destruction
des bois, sont bien plus désastreux encore. Nous avons
essayé de montrer comment ils modifiaient les caractères des
latérites, comment ils ôtaient petit à petit tout caractère de
pâturage à la Prairie malgache. La stérilité si frappante, si
absolue, si désastreuse des trois quarts de l'Ile n'a pas d'autre
cause, et Madagascar ne peut être mieux comparé, à ce point
de vue, qu’à un grand champ, dont on en enlèverait chaque année
la récolte, sans le labourer ni le fumer jamais. Ces feux, avec
le temps, ne peuvent avoir qu un résultat final: la création,
sur les trois quarts de l'Ile, de vastes déserts, où la vie et les
cultures se concentreront de plus en plus dans les vallons, dans
les vallées, sur les sols alluvionnaires, ou autour des points
d eau. L Ile ollre déjà maintenant de nombreux exemples de
ce stade final de dénudation. Puis, la coutume des feux annuels,
invétérée chez tous les indigènes de l’Ile, a encore d'autres
inconvénients. Elle est certainement la raison pour laquelle
la plupart des Malgaches se refusent à toute culture arbustive,
à toute culture durable ; et le nomadisme de certaines peu-
plades n'en est probablement aussi qu’une conséquence indi-
recte 1 .
Il faut donc de toute nécessité, pour les graves raisons que
nous venons de résumer, conserver à Madagascar le reste de
1. On a préconisé souvent les feux de brousse comme moyen de des-
truction des sauterelles et des tiques. En réalité, tous les laits d’obser-
vation, aussi bien à Madagascar qu’en Afrique du Sud, où ces faits ont
été examinés de très près, sont contraires à celte assertion. Les berbes
ne sont pas sècbes au moment où les criquets sont encore trop jeunes
pour pouvoir échapper aux flammes et où les tiques sont encore
surles chaumesde Graminées. Les sauterelles elles tiques sont d’ailleurs
surtout abondants à Madagascar dans les régions où les feux sévissent
plus régulièrement. Cela n’établit évidemment pas que les feux sont la
cause de l’abondance de ces insectes dans ces régions, mais semble bien
prouver «pie ces feux ne leur sont pas très nuisibles.
HÉSL'.MÉ El- C.O.NCI.l'SIONS
■21 >;>
ses forêts et y supprimer les feux de prairie. Pour conserver
les restes des forêts malgaches, il ne suffit pas d’interdire les
tavy, ce que vient enlin d’obtenir l’administration de l’Ile ; il
faut encore empêcher d’exploiter les bois par coupe rase, car
le résultat, dans ces deux cas, est identique. C’est la construc-
tion complète et definitive de la forêt. Jamais, en effet, sur
des latérites ainsi dénudées, une futaie ne se reformera. Le
reboisement de tels sols ne pourrait être ensuite obtenu que
par vraie plantation, dont le coût élevé enlèverait alors tout
intérêt économique aux bois ainsi créés. L'exploitation de la
forêt malgache ne devra donc être que partielle. Il faudra
l’exploiter sans lui enlever son caractère de futaie, ou, en
d’autres termes, en conservant les conditions d’ensemble qui
lui ont permis de se constituer. Peu à peu on arrivera ainsi,
en enlevant les essences inutiles ou médiocres, à la rendre
plus homogène et à donner à sa futaie la valeur qu elle doit
avoir. La détermination de méthodes d’exploitation de ce
genre n’est pas d’une difficulté bien grande. En tous cas,
c’est là œuvre très ordinaire de forestier. Il suffira donc à la
Colonie, pour conserver son domaine de forêts, tout en aug-
mentant sa valeur et son rendement, de faire ce que l’on a fait
partout au moude : avoir un service forestier disposant des
moyens nécessaires pour accomplir cette œuvre.
La suppression des feux de prairie sera bien plus difficile à
obtenir. On y parviendra peut-être par une lente éducation
non seulement des masses, mais aussi de la classe dirigeante,
qui semble parfois n’être pas tout à fait indemne de cette manie
étrange et contagieuse qui pousse tout Malgache à faire
flamber les herbes sèches. Il faut compter beaucoup aussi,
pour obtenir ce résultat, sur le développement économique de
1 Ile, surtout sur celui de l’élevage, car avant vingt ans, si des
épizooties n’ont pas réduit considérablement les troupeaux,
les indigènes se disputeront les pâturages les armes à la main
ou auront appris à faucher leurs prairies. Les Malgaches, peu
intelligents, très passifs, dénués au plus haut degré de toute
idée de prévoyance, et certains colons, dont le seul but est
une exploitation hâtive et temporaire, seront sans doute tou-
266
LA VÉGÉTATION MALGACHE
jours les ennemis de toute mesure interdisant les feux. 11
appartient donc à d'autres, à ceux qui ont la charge de ses
intérêts généraux, de vouloir et d'obtenir ce résultat. La con-
quête de File n'aurait aucune raison, aucune excuse, si nous
n’étions venus ici que pour continuer une destruction sans
but. sans souci de l avenir, en imitant les Malgaches et leurs
gestes enfantins.
ERRATA
Page 143, 9e ligne: limbes, au lieu de limites.
Page 153, en note : Ambohimanjaka, au lieu d'Ambohiman-
zatra.
Page 164, Ie ligne : Angavobé, au lieu d’ Angavohé ; et Lam-
boany, au lieu de Belambana.
Page 165, seconde ligne du bas : La Cvpéracée est YErios-
pora setiflora.
Page 165, cinquième ligne du bas : Myosurandra à la ligne.
Page 167, seconde ligne, ajouter : un Cynanchum.
Page 172, en note : une route, au lieu de « le chou te ».
Page 182, seconde ligne : massifs, au lieu de marais.
Page 186, seconde ligne de la note : serait , au lieu de était.
TABLE DES MATIERES
Pages.
Introduction 3
lre PARTIE. LA VÉGÉTATION MODIFIÉE
Chapitre I. Généralités 7
— II. La Prairie 9
— III. La brousse des Tavy, ou Savoka 30
— IV. Les plantes rudérales et messicoles 45
V. La Mangrove et les plantes maritimes 54
2e PARTIE. LA VÉGÉTATION AUTOCHTONE
Chapitre VI. Généralités 59
— VIL Flore du Vent (Végétation à feuilles persistantes !.. . 70
— VIII. La région orientale 75
1. Bois littoraux 80
2. Marais et lagunes 84
3. Forêt orientale 89
4. Forêt des cimes 105
5. Faciès de dénudation et régénération delà forêt. 100
6. Produits forestiers 110
Chapitre IX. La région centrale 115
1. Formation des marais 128
2. Forêt à sous-bois herbacé 133
3. Silve des cimes à Lichens 146
4. Broussailles éricoïdes des hautes altitudes 149
268
TABLE UES MATIÈRES
b. Bois des pentes occidentales ! 153
• 6. Pelouse à xérophytes 159
7. Faciès de dénudation 168
Chapitre X. La région du Sambirano 175
— XI. Flore sous le Vent (Végétation à feuilles caduques). 182
— XII. La région occidentale 187
1. Marais à Baphia 196
2. Forêt des alluvions et des bords des cours d'eau. 202
3. Bois des collines latéritiques 204
4. Bois des plateaux calcaires 208
5. Bois des collines arénacées 214
6. Bush à xérophytes 223
7. Faciès de dénudation et Produits forestiers 233
Chapitre XIII. La région méridionale 241
1. Bush à Didier ea. 245
2. Faciès de dénudation et Produits 255
Chapitre XIV. Résumé et conclusions 257
MACON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.
AIRES DE QUELQUES TYPES OCCIDENTAUX
PRINCIPAUX ITINÉRAIRES DE M. PERRIER DE LA BÂTIIIE
DE 1900 A 1915
AIRES DE QUELQUES TYPES ORIENTAUX
1
2 ...
à ...
4
5+.+.
+ •4
MADAGASCAR
CARTE DE LA VEGETATION
Echelle du 1:2.500.000
LEGENDE
V Flore du eenf Julien OifeuMe, perouUnUe)
d perla FUre ooneUtmH d* df cndugaruj
g Limite, de U rogna du. Sad-OieuttrégiO"' eJnd.erade
. Lui uLo Je la régna cordmlo I lÜuo.1 roU. ref.ee ed
Jolvndeo par tu Flore tour U uni
- Limitas Je lu légion- du Jamlie 'One
Lm région emaot-U e,t lernm - I Ouesl pas le
gum trrdraio - La rogna a
Jota Flore roue levant a
Ferai, à femlloe porsntordre
Forêio à JeuJlee cajuyuoe
BrouooaJUe du .lad t BmN ~ Dodiam, )
m foarloe Tnogj
H. Jumelle: Quelques données sur l'état actuel de
la culture cotonnière.
3 me Fascicule. — Herbert Stone : Les Bois utiles de la Guyane Fran-
çaise (suite).
1918
1er Fascicule. — Douron et Vidal : Essais de fabrication de papier
avec la Passerine hirsute et d'autres Thyméléa-
cées.
Douron et Vidal : Essais de fabrication de papier
avec le Bois-bouchon de la Guyane Française.
H. Jumelle et Perrier de la Bathie : Nouvelles
observations sur les Mascarenhasia de l’Est de
Madagascar.
H. Jumelle: Les Dypsis de Madagascar.
G. Carle : L’Élevage à Madagascar.
H. Jumelle : L’Élevage et le Commerce des Viandes
dans nos Colonies et quelques autres Pays.
Louis Racine : Palmistes et Noix de Bancoul de
Madagascar.
2me Fascicule. — Herbert Stone : Les Bois utiles de la Guyane fran-
çaise (suite).
1919
1er Fascicule. — Félix Gérard : Étude systématique, morphologique
et anatomique des Chlaenacées.
G. Vernet : Notes et Expériences sur la coagula-
tion du latex d'hévéa.
R. Cerighelli : La farine des graines et la fécule
des tubercules de l’Icacina senegalensis.
H. Jumelle : Les Aracées de Madagascar.
1920
Aimé Jauffret : Recherches sur la détermination des bois exo-
tiques colorés d'après les caractères chimiques et spectrosco-
piques
MODE DE PLBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE
Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893,
paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.
Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance,
sont en vente chez M. Challamel. libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer-
cial, doivent être adressées.
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri
Jumelle, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée
Colonial de Marseille. Faculté des Sciences, place Victor Hugo, à
Marseille.
Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra-
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec
titre spécial sur la couverture.
Le prochain fascicule contiendra la fin du mémoire de M. Stone
sur Les Bois utiles de la Guyane Française.
MACON. PROTAT FRERES. IMPRIMEURS.
<*
New York Botanical Garden Llbrary
3 5185
00276 9956