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Full text of "Annales du Musée colonial de Marseille"

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ANNALES 

DU 

MUSÉE  COLONIAL 

\ 

DE  MARSEILLE 

FONDÉES  EN  1893  PAR  EDOUARD  HECKEL 

DIRIGÉES  PAR 

M.  Henri  JUMELLE 

Professeur  à la  Faculté  des  Sciences 
Directeur  du  Musée  Colonial  de  Marseille 


Vingt-huitième  année,  3me  série,  8me  volume  (1920) 
teT  Fascicule 

Recherches  sur  la  détermination  des  bois  exotiques  colorés 
d’après  les  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 

PAR  M.  A.  Jauffret 


f 


MARSEILLE  PARIS 

MUSÉE  COLONIAL  ! LIBRAIRIE  CHALLAMEL 

5,  Rue  Noailles,  5 17,  Rue  Jacob,  17 


1920 


des  plus  récents  volumes  des  Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille 


1916 

l,r  Fascicule.  — H.  Jumelle  : Catalogue  desoriptif  des  Collections  Botaniques 
du  Musée  Colonial  de  Marseille  : Madagascar  et 

Réunion. 

2mc  Fascicule.  — Pieraerts  : Quelques  Graines  oléagineuses  africaines. 

H.  Jumelle  : Les  Monocotylédones  aquatiques  de  Mada- 
gascar. 

Herbert  Stone  : Les  Bois  utiles  de  la  Guyane  française. 

H.  Jumelle  : Les  Recherches  récentes  sur  les  ressources 
des  Colonies  françaises  et  étrangères  et  des  autres 
Pays  chauds. 

1 91  T5 

1er  Fascicule.  — H.  Jumelle  : Catalogue  descriptif  des  Collections  Botaniques 
du  Musée  Colonial  de  Marseille  s Afrique  Occidentale 
Française. 

2'ne  Fascicule.  — H.  Jumelle  : Notes  statistiques  sur  les  Plantations  étran- 
gères de  Caoutchouc  dans  le  Moyen-Orient. 

Pieraehts  : Contribution  à l’étude  chimique  des  Noix  de 
Sanga-Sanga. 

H.  Jumelle  : Les  Variétés  du  Palmier  à huile. 

fl.  Jumelle  : Quelques  données  sur  l'état  actuel  de  la 
culture  cotonnière. 

3™  Fascicule.  — Herbert  Stone  : Les  Bois  utiles  de  la  Guyane  Française 

(suite). 


3m*  Fascicule.  — 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2016  with  funding  from 
BHL-SIL-FEDLINK 


https://archive.org/details/annalesdumusecol389muse 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 

D'APRÈS  LEURS 

CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES 


par  A.  JAUFFRET 


INTRODUCTION 


Les  auteurs  qui  se  sont  jusqu’alors  occupés  de  la  diaguose 
des  bois  ont  eu  surtout  recours  à l'examen  de  la  structure 
anatomique,  et  l’étude  des  réactions  colorées  que  ces  bois 
peuvent  présenter  au  point  de  vue  systématique  semble  avoir 
été  plus  ou  moins  complètement  délaissée.  Or  c’est  précisément 
fe  bm  que  nous  poursuivons  ici  : examiner  les  réactions  et  les 
propriétés  spectrales  des  matières  colorantes  des  bois,  voir 
dans  quelles  limites  les  caractères  observés  sont  constants  pour 
une  espèce  donnée  et  jusqu’à  quel  point  ils  peuvent  dépendre 
des  conditions  de  l’expérience,  puis,  ces  règles  établies,  les 
utiliser  pour  des  essais  d’identification  des  espèces  que  nous 
avons  eues  à notre  disposition. 

On  voit  tout  de  suite  l’intérêt  que  peut  offrir  ce  genre 
d’étude,  intérêt  double,  car  il  est  à la  fois  scientifique  et 
pratique. 

Pratiquement,  il  peut  nous  amener  à reconnaître  l’utili- 
sation possible  de  certains  colorants  végétaux  autres  que  ceux 
toujours  cités  et  employés.  Et,  en  effet,  il  est  à remarquer  que, 
malgré  le  nombre  et  la  variété  des  couleurs  fabriquées  par 
l’Industrie  chimique,  aucun  colorant  artificiel  n’a  pu  jusqu’ici 
rivaliser  avec  le  Bois  de  Campêche,  qui  conserve  encore 
aujourd'hui  l’importance  d’autrefois,  notamment  dans  la 
teinture  de  la  soie  en  noir.  P) 

Dans  le  domaine  purement  scientifique,  la  connaissance  de 
ces  réactions  colorées  doit  servir  à l’identification  des  bois  qui 
bien  souvent  sont  importés  sous  des  noms  indigènes  vagues  ou 
inconnus,  et  cela  sans  être  accompagnés  d’échantillon  de  la 
plante  productrice.  Nos  Collections  de  Laboratoire,  nos  Musées, 

(I)  E.  Noelting,  La  synthèse  des  Colorants.  Moniteur  Scientifique  de  Ques- 

neville.  série  V,  t.  IV,  p.  585-595. 


4 


INTRODUCTION 


nos  Expositions  mêmes  sont  riches  en  ces  bois  dont  nous 
ignorons  l’origine  botanique.  Si,  au  contraire,  il  nous  était 
possible  de  trouver  des  caractères  constants,  au  point  de  vue 
où  nous  nous  plaçons  ici,  nous  arriverions  peu  à peu,  avec  les 
bois  qui  nous  sont  bien  connus,  à établir  une  classification  qui 
serait  précieuse  pour  les  reconnaissances  ultérieures.  D’ailleurs, 
dans  ce  travail,  profitant  des  matériaux  que  nous  avions  à notre 
disposition,  nous  n'avons  pas  seulement  fait  porter  nos 
recherches  sur  des  bois  bien  identifiés,  nous  avons  aussi 
examiné  quelques  bois  seulement  étiquetés  sous  leur  nom 
indigène,  et  peut-être  que.  dans  la  suite,  d'autres  investigations 
analogues  permettront  de  rattacher  certains  de  ces  échantillons 
è des  espèces  parfaitement  connues. 

Par  cette  méthode  il  sera  donc  possible  à la  fois  de 
reconnaître  l'espèce  productrice  et  d’identifier  les  divers  bois- 
colorés. 

.Vous  diviserons  notre  Mémoire  en  six  chapitres  : 

Dans  le  premier  nous  relaterons  les  principaux  travaux  qui 
se  rapportent  à notre  sujet. 

Les  détails  de  notre  technique  sont  décrits  dans  le 
deuxième  chapitre.  Le  troisième  est  consacré  à l’étude  de 
quelques  bois  de  l'Inde.  Nos  recherches  sur  les  bois  de 
Madagascar  font  l’objet  du  quatrième.  Un  cinquième  chapitre 
comprend  les  bois  de  la  Guyane  Française  et  du  Tonkin. 

Enfin,  dans  la  sixième  partie,  qui  termine  notre  travail, 
nous  avons  tenté  d’établir  une  classification  en  nous  servant  des 
différences  constatées  dans  la  coloration  des  extraits  aqueux  ou 
alcooliques  ainsi  que  des  déterminations  fournies  par  le  spectre 
d'absorption. 


I ous  les  échantillons  de  bois  qui  nous  ont  servi 
proviennent  e la  ( ollection  du  Musée  Colonial  de  Marseille- 


CHAPITRE  PREMIER 


Historique 


EfB»?  A*{Y 

NEW  yf!i<K 
^OTANJCAL 
0a RükN 


Chevreul  W semble  être  un  des  premiers  qui  aient  porté 
leur  attention  sur  les  modifications  provoquées  par  certains 
réactifs  agissant  sur  la  matière  colorante  extraite  des  bois, 
puisque  c’est  en  1808  qu’il  examinait,  à ce  point  de  vue,  les 
bois  de  Brésil  et  de  Campèche.  Beaucoup  plus  tard,  en  1844, 
F.  Preisser  (2)  entreprend  des  recherches  analogues  sur  les  bois 
de  teinture  alors  connus. 

En  1858,  J.  Arnaudon  (3)  étudie  le  bois  d’ Amarante  ■ et  ses 
résultats  l'amènent  à faire  remarquer  qu’on  doit  être  autorisé 
à ramener  à un  même  type  tous  les  bois  qui  présentent  des 
caractères  chimiques  identiques. 

Pans  son  ouvrage  publié  en  1861,  M.  I.  Girardin  G)  passe 
en  revue  les  bois  d teinture  ; il  donne  pour  chacun  d’eux  les 
changements  de  teinte  que  manifeste  la  solution  de  la  matière 
colorante  lorsqu’on  la  traite  par  certains  agents  chimiques. 

H.-C.  Sorby  (5),  quelques  années  plus  tard,  observe  les 
caractères  de  solubilité  du  principe  colorant  des  bois  de  : 
Caescdpinia  crista  Linn.,  Hnemaloxylon  Campechicinum  Linn., 
et  Pterocctrpus  santalinus  Linn.  ; il  en  décrit  le  spectre 
d’absorption  et  note  ses  variations  sous  l’influence  de  quelques 
réactifs. 

L’année  suivante,  J.-E.  Reynolds  (6)  fait  paraître  un  travail 
analogue. 


p)  Cnevreul,  Expériences  chimiques  sur  les  bois  de  Brésil  et  de  Campèche. 
inn.  de  Chim.,  t.  LXVI,  1808,  p.  225-265. 

(21  F.  Preisser,  Ueber  den  Ursprug  und  die  Beschaffenheit  der  organischen 
Farbstoffe  und  besonders  iiber  die  Einwirkung  des  Sauersloffes  auf 
dieselben  Journ.  f.  pract.  Chem.,  t.  XXXII,  1844,  p.  129-164. 

'.Il  .1.  Arnaudon,  Recherches  sur  le  bois  d’Amarante,  C.  R.  ,4e.  Se.,  t.  XL VII, 
1858,  p.  32-36. 

.4)  M.  I.  Girardin.  Leçons  de  Chimie  élémentaire  applUfuée  aux  arts  industriels. 
Paris.  1861. 

'?)  H.  C.  Sorby,  On  a definite  Method  of  qualitative  Analysis  of  Animal  and 
\ egetable  Colouring  matters  by  means  of  the  spectrum  Microscope. 
Proc.  Roy.  Soc.,  t.  XV,  1867,  p.  433-456 

•6)  .1.  E.  Reynolds,  Notes  on  certain  absorption  spectra.  The  Chemical  Xewsr 
' Y VIH,  1868.  p,  49-51. 


6 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Dans  une  série  de  publications  parues  entre  1869  et  1876. 
Guibourt  G),  Wiesner  (3),  Renault,  Sagot  (2),  Planchon  ('0 
et  B.-C.  Niederstadt  (5),  font  connaître  les  particularités- 
chimiques  des  extraits  aqueux  et  alcooliques  de  plusieurs  bois- 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  il  faut  encore  ci'er  le 
mémoire  de  F.-V.  Lepel  (6),  dans  lequel  l’auteur  propose  une- 
classification  basée  sur  les  caractères  fournis  par  le  spectre- 
d'absorption  de  l'extrait  du  bois,  tandis  que  Th.  Hartig  G)  et 
MüUer  (8)  font  plutôt  servir  à la  détermination  des  espèces- 
les  caractères  anatomiques. 

En  1889.  II. -W.  Yogel  (9)  indique  les  variations  du  spectre- 
d'absorption  des  matières  colorantes  des  bois  utilisés  en 
teinture  lorsqu’on  fait  agir  certains  réactifs  chimiques  sur  la 
solution  examinée. 

Vers  la  même  époque,  Brick  (10)  et  Charpentier  G1) 
étudient  les  caractères  de  coloration  et  de  précipitation  de  la 
solution  du  principe  colorant  de  quelques  bois. 

Dans  sa  thèse,  M.  Houlbert  (12),  pour  établir  une  classifi- 
cation des  bois  appartenant  aux  principales  familles  d’Apétales, 
tient  compte  de  la  structure  anatomique  du  tissu  ligneux. 

("est  de  nouveau  l’étude  spectroscopique  de  la  matière 
colorante  des  bois  (pii  fait  l'objet  des  recherches  de  M.  J. 
Formanek  (13). 


(11  N.  J.  B.  G.  Guibourt,  Histoire  naturelle  des  drogues  simples.  Paris,  1869. 

(2)  Renault  et  Sagot,  Noie  «tir  la  matière  colorante  de  l’Ebène  verte  de  la 

Guyane.  Bull.  Soc.  bot.  Fr.,  t.  XIX,  1872,  p.  166. 

(3)  J.  Y\  iesner,  l)ie  liohsloffe  des  P/lanzenreichcs.  Leipzig,  1873. 

(4)  G.  Planchon,  Traité  pratique  de  la  détermination  des  drogues  simples 

d'origine  végétale.  Paris,  t.  II,  1875,  p.  85-90. 

(5)  R.  ( . Niederstadt.  A Vegetable  Colouring  Matter.  Journ.  o/'  the  Chem.  Soc., 

Londres,  1876,  p.  206-207. 

(6)  F.  \.  Lepel,  Ueber  die  Aenderungen  (1er  Absorptionspectra  einiger 

Farbstoffe  in  verschiedenen  Losungmitteln.  Ber.  Chem.  Gesellsch..  t.  \IT 
1878,  p.  1140-1151. 

(7)  II).  Hartig,  Anatomie  and  Physiologie  der  llolzpflanzen , Berlin,  1878. 

f8)  h.  J.  i . Muller,  Atlas  der  Holzstruetur  dargeslelll  in  Micropholographiert , 
Halle,  18S8.  F.rlaulern  der  Test  zu  déni  Allas  der  Holzstruetur , 
Halle.  1888. 

(9)  IL  W.  Vogel,  Practische  Spectralanalyse , Berlin,  l.  I,  1889,  p.  403-411. 

(10)  C.  Brick,  Jahrbuch  der  Hamburgishen  wissenscha{tlichen  Anstalten, 

Vie  Arbeiten  des  Bot.  Muséums,  Hambourg,  1889. 

(111  P.  ( harpenlier,  Le  Bois,  encyclopédie  Chimique  de  Frémy,  Paris,  t.  X.1890. 
12)  Houlbert1,  Recherches  sur  la  structure  comparée  du  bois  secondaire  dans  les 
Apétales.  I hèse,  Paris,  1893,  et  Ann.  de  Se.  nat.  1893,  7*  série  Bot., 
:.  xvn,  p.  91 

'13)  J.  Formanek,  Die  qualitative  Spectralanalyse,  Berlin,  1900. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


7 


Eh  1907,  M.  Gérard  (D  a dressé,  pour  un  certain  nombre 
de  Légumineuses  africaines,  ries  fiches  d’identification  qui 
reposent  sur  tout  un  ensemble  de  caractères  : aspect,  couleur, 
différenciation  du  cœur  et  de  l’aubier,  déterminations  physi- 
ques, particularités  de  l’écorce,  examen  microscopique,  que 
l’auteur  met  à profil  en  vue  d’un  groupement  méthodique  des 
bois  étudiés. 

M.  Martin-Lavigne  (1 2 3b  d’autre  part,  applique  les  données 
fournies  par  l'anatomie  a la'  classification  de  quelques  bois  de 
la  Guyane-  Mais  dans  leurs  recherches,  les  deux  auteurs 
précités  n’attribuent  aux  déterminations  chimiques  qu’une 
importance  toute  secondaire.  Dans  son  ouvrage  : The  Timbers 
oj  commerce  and  their  identification , M.  H.  Stone  G)  fait  une 
■étude  dés  divers  caractères  qui  sont  susceptibles  d’être  utilisés 
pour  l'identification  des  bois,  puis  il  décrit  un  très  grand 
nombre  de  ces  bois,  et,  pour  chacun  d’eux,  il  donne  la  teinte  de 
l’extrait  aqueux  ou  alcoolique  ainsi  que  les  modifications  qui 
se  produisent' lorsqu’on  fait  agir  divers  réactifs,  notamment  la 
potasse  : mais  il  ne  précise  nullement  les  conditions  de 
l’expérience. 

Or,  pour  avoir  des  résultats  comparables  et  toujours 
constants,  il  est  absolument  nécessaire  de  choisir  une  technique 
bien  déterminée  et  d’en  fixer  les  détails. 

D’ailleurs  M.  Stone  lui-même  reconnaît  que  les  auteurs 
sont  loin  de  s’accorder  sur  les  résultats  auxquels  conduisent  les 
caractères  de  coloration.  C’est  ainsi  que  la  solution  aqueuse 
obtenue  avec  Y Haemaloxylon  Campechianum  Linn.  est  violette 
puis  rouge  carmin  d’après  Wiesner,  rouge  suivant  Descourtilz 
et  rouge  de  sang  foncé  d’après  Girardin. 

En  effet,  parmi  les  facteurs  qui  ont  une  influence  prédo- 
minante sur  la  coloration  de  l’extrait  aqueux  ou  alcoolique,  il 
y a lieu  de  mentionner  : 

1°)  La  nature  et  la  concentration  du  dissolvant. 

2°)  Les  quantités  respectives  de  dissolvant  et  de  poudre  du 
bois  traité. 


(1)  G.  Gérard,  Recherches  sur  les  bois  de  différentes  espèces  de  Légumineuses 

africaines.  Thèse  Dort.  Unie.,  Paris,  1907. 

(2)  lî.  Martin-Lavigne,  Recherches  sur  les  bois  de  la  Guyane,  Thèse  Dort. 

Unie.,  Paris,  1909. 

(3)  H.  Stone,  The  Timbers  oi  commerce  and  their  identification,  Londres 

(William  Riders’s  son),  1904. 


8 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


3 ) La  durée  de  contact  des  deux  substances,  suivant  que 
l'opération  est  effectuée  à chaud  ou  à froid. 

Et  c’est  précisément  pour  avoir  négligé  ces  conditions 
d’expérience  que  les  conclurions  des  auteurs  sont  confuses  et 
même  contradictoires. 

Au  surplus,  elles  n’ont  fourni  que  de  médiocres  éléments 
d’appréciation  qui.  à eux  seuls,  sont  parfaitement  insuffisants 
pour  rendre  possible  la  détermination  des  bois. 

A cet  égard,  nous  pensons,  et  c’est  justement  là  le  but  de 
cette  étude,  que  la  méthode  plus  rigoureuse  que  nous  avons 
adoptée,  et  que  nous  allons  décrire  plus  loin,  fournit  des 
résultats  plus  constants  et,  par  suite,  mieux  utilisables  en 
classification. 

Nous  en  aurions  d’ailleurs  une  première  vérification  dans 
les  belles  et  toutes  récentes  observations  de  M.  le  Professeur 
Perkin  P).  Pour  différencier  Y Haemaloxylon  Campechianum 
Linn..  le  Caesalpinia  brasiliensis  Linn.  et  YHaemaioxylon 
africanum  W.  Pearson.,  M.  Perkin  compare  les  colorations  que 
donne  la  solution  aqueuse  lorsqu’on  la  traite  par  la  soude,  le 
perchlorure  de  fer  et  l’acétate  de  plomb  : l’essai  de  teinture  lui 
fournit  encore  un  moyen  de  diagnose- 

Les  recherches  que  M.  Perkin  — recherches  que  nous 
ignorions  au  moment  où  nous  avons  entrepris  notre  travail  — 
a,  du  reste,  limitées  à trois  espèces,  sont  déjà  un  peu,  en 
somme,  celles  que  nous  allons  étendre,  en  faisant  appel 
également  aux  propriétés  spectrales,  à de  nombreux  bois.  Mais 
nous  préciserons  plus  que  M.  Perkin  ne  l’a  fait  — 1 car.  selon 
nous,  là  e*t  le  point  important  — les  conditions  dans  lesquelles 
nos  déterminations  ont  été  effectuées. 


^1)  A.  C>.  Perkin  el  A.  E.  Ev'-re^t,  The  \alural  organic  colouring  mallers. 
Londrès,  1913,  p.  332. 


CHAPITRE  DEUXIÈME 


Plan  général  — Technique 


Conformément  au  but  que  nous  poursuivons  ici  et  que  nous 
venons  d'indiquer,  nous  nous  contenterons  de  décrire  briève- 
ment les  divers  bois  que  nous  étudierons,  puisque  ce  n’est  pas 
là  notre  principale  préoccupation  ; mais  nous  insisterons, 
au  contraire,  sur  les  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 
des  matières  colorantes  de  ces  bois.  Pour  un  certain  nombre 
d'entre  eux  nous  examinerons  en  outre  leurs  propriétés 
tinctoriales. 

Caractères  chimiques.  — Comme  dissolvant  de  la  matière 
colorante  nous  avons  utilisé  : l’eau  distillée,  l’eau  alcaline,  l’eau 
acidulée  et  l'alcool  à 95°. 

L’extrait  aqueux  est  obtenu  en  faisant  macérer  3 gr. 
de  la  poudre  de  bois  dans  30  cc.  d’eau.  Nous  portons  au 
préalable  à l'ébullition  et  nous  laissons  en  contact  pendant  une 
semaine.  Au  bout  de  ce  temps,  après  avoir  de  nouveau  porté  à 
l’ébullition,  nous  filtrons.  Cette  solution  est  répartie  dans  cinq 
tubes  à essai.  L'un  d’eux  est  gardé  comme  témoin  et  dans 
chacun  des  autres  nous  ajoutons  trois  à quatre  gouttes  du 
réactif  indiqué.  C’est  ainsi  que  nous  avons  fait  agir  un  certain 
nombre  d’acides,  de  bases  et  de  sels  : dans  la  plupart  des  cas,  la 
coloration  primitive  présente  des  modifications  qui  varient 
entre  d’assez  larges  limites,  sauf  avec  les  réactifs  suivants  : 
acide  sulfurique,  soude  caustique,  perchlorure  de  fer  et  chlorure 
de  chaux.  Dans  nos  recherches  nous  avons  fait  usage  de 
liqueurs  normales  : d’acide  sulfurique,  de  soude  caustique  et 
d'ammoniaque.  Daufre  part,  l’extrait  alcoolique  est  préparé  en 
faisant  macérer  pendant  une  semaine  0 gr.  90  de  la  poudre  de 
bois  dans  30  ce.  d’alcool  à 95°.  Après  avoir  réparti  la 
solution  dans  cinq  tubes  à essai,  l’un  d’eux  est  conservé  comme 
témoin  et  dans  chacun  des  autres  nous  ajoutons  trois  à quatre 
gouttes  du  réactif  choisi.  Les  changements  de  teinte  sont  surtout 
marqués  avec  l’acide  sulfurique,  l’ammoniaque,  le  perchlorure 
de  fer  (en  solution  alcoolique)  et  le  bisulfite  de  sodium. 


10 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Dans  le  cas  de  l'eau  alcaline  et  de  l’eau  acidulée,  0 gr-  30 
de  la  poudre  de  bois  sont  traités  par  30  cc.  d’eau  distillée, 
additionnée  soit  de  dix  gouttes  de  soude,  soit  de  dix  gouttes 
d’acide  sulfurique.  Après  une  semaine  de  contact  nous  filtrons- 

Enfin  nous  avons  examiné  le  pouvoir  dissolvant  de  l’étherr 
du  chloroforme,  du  benzène  et  du  sulfure  de  carbone.  A cet 
• effet,  0 gr.  30  de  poudre  sont  laissés  en  contact  pendant  une 
semaine  avec  10  cc.  de  dissolvant  ; après  quoi  nous  agitons 
et  nous  filtrons. 

Afin  d'éviter  les  confusions  de  teintes  et  de  faciliter  les 
recherches  — la  description  exacte  d’une  teinte  étant  chose 
impossible  et  purement  subjective  — nous  avons  rapporté  les 
diverses  colorations  obtenues  à celles  que  donne  le  Code  des 
Couleurs  de  Klincksieck  et  Valette. 

Caractères  spectroscopiques.  — Nous  avons  déterminé- 
ces  caractères  en  trois  séries  d’expériences  : 

1°  En  poids  déterminé,  0 gr.  90  de  poudre,  est  traité  par 
30  cc.  d'alcool  à 95°.  Après  une  semaine  de  contact,  la  solution 
obtenue  est  filtrée  et  examinée. 

Nous  avons  étudié  le  spectre  d’absorption  de  la  solution 
alcoolique  seule,  puis  de  la  solution  alcoolique  sur  laquelle,  au 
préalable,  nous  avons  fait  réagir  séparément  dix  gouttes 
d'ammoniaque  ou  dix  gouttes  d’acide  sulfurique. 

2°  Lorsque  la  matière  colorante  est  plus  soluble  dans  l’eau 
distillée  que  dans  l'alcool,  nous  préparons  une  solution  aqueuse 
que  nous  obtenons  en  traitant  3 gr.  de  la  poudre  de  bois  par 
80  cc.  d’eau  distillée,  nous  portons  à l’ébullition  et  nous 
laissons  en  contact  pendant  une  semaine.  On  porte  de  nouveau 
à 1 ébullition,  on  filtre  et  on  examine.  Puis  la  solution  aqueuse 
est  alors  additionnée  de  dix  gouttes  de  soude  et  on  note  de 
nouveau  les  particularités  du  spectre  d’absorption. 

3°  Pour  chaque  bois  nous  avons  préparé  deux  solutions 
alcalines,  toutes  deux  avec  30  ce.  d’eau  distillée  additionnée  de 
dix  gouttes  de  soude,  mais  l’une  est  obtenue  avec  0 gr.  50  de 
poudre,  tandis  que  l’autre  est  faite  avec  0 gr.  30  de  la  même 
poudre  : on  laisse  une  semaine,  puis  on  filtre  et  on  examine  la 
solution. 

Nos  observations  ont  été  faites  à l’aide  d’un  spectroscope  à 
vision  obbque.  à un  seul  prisme  : une  cuve  à faces  parallèles 
(distantes  de  10  m m)  renfermait  la  solution  à étudier. 


D'APRÈS  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques  1 i 

Propriétés  tinctoriai.es . — Nos  essais  ont  été  faits  avec  des 
écheveaux  de  laine  (0  gr.  30  et  de  soie  (0  gr.  10)  préalablement 
décreusés-  Les  mordants  utilisés  ont  été  : les  acétates  d’alumi- 
nium, de  1er,  de  chrome,  et  le  chlorure  stanneux  avec  le 
bitartrate  de  potassium. 

Dans  nos  expériences  sur  la  laine,  nous  avons  effectué  le 
mordançage  en  plongeant  l’écheveau  dans  la  solution  du 
mordant,  qui  est  ensuite  chauffé  à l’ébullition6  pendant  trois 
quarts  d’heure. 

Avec  la  soie,  après  un  séjour  de  vingt-quatre  heures  dans 
la  solution  du  mordant,  on  porte  à une  douce  chaleur.  On 
achève  en  rinçant  convenablement. 

Laine  et  soie  ainsi  mordancéès  sont  alors  mises  en  contact 
avec  un  extrait  obtenu  en  laissant  macérer  pendant  vingt-quatre 
heures,  3 grammes  de  la  poudre  de  bois  dans  130  cc.  d’eau 
distillée. 

Pour  la  teinture,  les  deux  extraits  sont  toutefois  traités  de 
façon  différente.  Tandis  que  pour  la  laine  on  porte  à l’ébullition 
que  l’on  maintient  pendant  une  heure,  l'opération  avec  la  soie 
•est  faite  à tiède. 

Dans  les  deux  cas  on  rince  soigneusement  et  on  laisse 
sécher.  C’est  seulement  lorsque  les  teintes  obtenues  nous  ont 
paru  susceptibles  d’application  que  nous  avons  ensuite  procédé 
aux  essais  de  résis'ance  à la  lumière  et  au  lavage. 


CHAPITRE  TROISIEME 


Bois  de  l’Inde 

« 

Nous  avons  pu  appliquer  à un  certain  nombre  de  bois  de 
l’Inde  les  méthodes  que  nous  venons  d'exposer.  Pour  deux  de 
ces  bois,  Artocarpus  integrilolia  Linn.  et  Morinda  cilrilolia 
Linn.  nous  verrons  plus  loin  que  depuis  longtemps  déjà  on 
s’était  préocupé  de  l'étude  de  leur  matière  colorante,  mais 
cette  étude  purement  chimique  n’a  pas  été  mise  à profit  pour 
la  détermination  des  espèces. 

Nous  allons  suivre  dans  nos  descriptions  l’ordre  systé- 
matique. 

Ainsi  que  nous  l’avons  déjà  indiqué,  nous  considérerons 
successivement  les  caractères  extérieurs,  les  caractères  chimi- 
ques. les  caractères  spectroscopiques  : et  pour  quelques  espèces 
nous  examinerons  les  propriétés  tinctoriales. 


Borassus  flabellifer  Linn.  (Palmiers) 

Caractères  extérieurs.  - — Le  bois  possède  une  texture 
fibreuse.  La  matière  colorante  est  localisée  dans  le  scléren- 
chyme  de  telle  sorte  qu’à  l’examen  de  la  section  transversale  on 
distingue  de  gros  points  noirs  uniformément  répartis  sur  un 
fond  plus  clair. 

Caractères  -chimiques.  Par  le  broyage  ce  bois  fournit 
une  poudre  qui,  traitée  par  l’eau  distillée,  donne  une  solution 
orangée  ses  réactions  colorées  sont  les  suivantes  : 

par...  S04II2,  précipité  orangé  ; 

Na  OU,  rouge  orangé  brun  : 

Fe  Cl  3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaOCl2,  précipité  orangé  jaune. 

Tandis  que  l’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé  foncé, 
l’eau  acidulée  reste  incolore- 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


13 


L'alcool  employé  comme  dissolvant  fournit  une  solution  de 
couieur  jaune.  Sous  l'action  des  divers  réactifs  utilisés  cette 
.coloration  se  modifie  ainsi  : 

avec...  S04H2,  jaune  ; 

i\H4OH,  orangé  jaune  brun  ; 

FeCl-î,  orangé  jaune  foncé  ; 

S03NaH,  jaune  clair. 

L'ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  L’éther,  le  chloroforme,  le  sulfure  de 
carbone  et  le  benzène  ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

C aractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse  : 

a)  L’examen  de  cette  solution  montre  une  absorption 
unilatérale  dont  l'intensité  croît  depuis  575  nu  jusqu’à 
525  uu.  A partir  de  525  nn  il  y a extinction  totale. 

b)  Par  l'action  de  la  soude  on  modifie  le  spectre  précédent 
et  l’on  observe  une  forte  absorption  jusqu’à  605  nn. 
Au  delà,  elle  devient  totale. 

2'  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Forte  absorption  jusqu’à  605  un,  complète  au  delà. 

6 Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Partielle  jusqu’à  589  nn.  l'absorption  croît  de  589  nn  à 
575  nn,  puis  elle  devient  totale. 

Essais  de  teinture.  — A l’exception  de  l’orangé  brun 
(sur  Sn)  donné  par  la  soie,  les  autres  teintes,  ainsi  que  celles 
fournies  par  la  laine,  sont  faibles  d’intensité  et  assez  mal 
caractérisées  : elles  nous  paraissent  d’un  médiocre  intérêt. 

Artocarpus  ïiirsuta  Larn.  (Urticacées) 

Cette  espèce  est  le  jaquier  sauvage  ( Wild-Jack  des 
Anglais). 

Caractères  extérieurs.  — De  couleur  orangé  foncé,  le 
bois,  assez  compact,  possède  une  texture  homogène. 

Sur  la  section  transversale  on  distingue  des  zones  saison- 
nières assez  bien  délimitées,  de  fines  stries  radiales  et  de 
nombreux  points  blancs  correspondant  aux  vaisseaux  et 
-répartis  sans  ordre. 


14 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Caractères  chimiques.  Traitée  par  l'eau  distillée  la 
poudre  du  b o i - donne  une  solution  orangé  jaune  clair,  mais 
avec  les  modifications  suivantes  : 

par...  S04I12,  jaune  clair  ; 

A a OU,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  clair  ; 

CaO  Cl2,  orangé  foncé. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé,  l’eau  acidulée 
reste  incolore.  La  matière  colorante  dissoute  par  l’alcool 
fournit  une  solution  jaune,  et  les  réactifs  suivants  donnent  : 

S04H2,  jaune  ; 

NH4  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

S03Na  H,  jaune  clair. 

Sous  l’action  de  l'ammoniaque,  la  solution  alcoolique 
présente  une  fluorescence  verte- 

Le  principe  colorant  est  insoluble  dans  l’éther,  le 
chloroforme,  le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse  : 

a)  Cette  solution  donne  un  spectre  mal  délimité,  dans 
lequel  l'absorption,  faible  dans  le  vert,  croît  dans  le 
bleu  et  l’indigo,  puis  devient  totale  dans  le  violet  ; 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  la  soude  et 

examinée  montre  une  absorption  unilatérale  dont 
l’intensité  croît  depuis  560  pp  jusqu'à  472  pp  : elle 

devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  à partir  de  589  pp.  Au  delà  de  560  pp, 
il  y a extinction  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  589  up  à 560  pp  l’absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 


D’APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES 


15 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr.  Sn 

Laine. 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  ■ run 

orangé  brun  orangé  brun 
foncé 

Soie  . . 

• orangé 

orangé 

orangé  brun 

' foncé 

orangé  brun  , orangé  brun 

Sans  éclat  les  teintes  que  donne  la  laine  sont  peu  intéres- 
santes. Les  nuances  obtenues  avec  la  soie,  quoique  assez  bien 
caractérisées,  ne  paraissent  guère  susceptibles  d’application  ; 
à signaler  néanmoins  l’orangé  brun  (sur  Cr.  et  sur  Sn). 


Artocarpus  integrifolia  Linn.  (Urlicacees) 

C'est  le  iaquier  W i Jack-Wood  des  Anglais). 

Caractères  chimiques.  — - La  poudre  du  bois  traitée  par 
l’eau  distillée  donne  une  solution  de  couleur  orangé  jaune,  avec 
les  variations  suivantes  : 

par...  SCHH2,  louche  jaune  ; 

NaOH,  orangé  brun  foncé  avec  fluorescence 

verte  ; 

Fe  Cl3,  précipité  rouge  brun  ; 

CaO  Cl1 2,  précipité  rouge  orangé. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé,  l’eau  acidulée 
reste  incolore.  La  solution  alcoolique  est  jaune,  mais  après 
traitement  par  divers  réactifs  on  observe  : 

avec...  S04H2,  jaune  : 

NH4OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  orangé  brun  très  foncé  ; 

S03NaH,  jaune  clair. 

L’ammoniaque  ajoutée  à la  solution  alcoolique  y provoque 
une  fluorescence  verte. 

(1)  H.  Stone,  The  Timbers  of  commerce,  loc.  cit.,  p.  205. 

J.-L.  de  Lanessan,  Les  Plantes  utiles  des  colonies  françaises , Paris,  1887,, 

p.  220. 


16 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


L'éther,  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène- 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse  : 

a)  Cette  solution  présente  un  louche  qui  rend  impossible 
l'examen  spectroscopique. 

b)  Sous  l'action  de  la  soude,  la  solution  précédente 
devient  parfaitement  transparente  et  le  spectre  qu’elle 
donne  montre  une  absorption  unilatérale  croissant 
depuis  575  uu  jusqu'à  535  pp.  Au  delà,  il  y a 
absorption  complète. 

2 Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Entre  589  un  et  548  pu  l'absorption  croit,  puis  elle- 
devient  complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  575  uu  à 548  nu  l'absorption  croît,  au  delà  il  y a 
extinction  complète. 

Essais  de  telxture.  — Perkin  et  Cope  (!)  ont  fait  l’essai  de 
teinture  de  ce  bois  : ils  indiquent  que  1 Artocarpus  integrtfolia 
Linn  et  le  Chlorophorci  tinctoria  Gaudich.,  ancien  Morus 
tinctoria  Linn..  fournissent  des  teintes  très  voisines.  En  outre, 
le  pouvoir  tinctorial  du  jaquier  serait  notablement  plus  faible 
que  celui  du  Chlorophora  tinctoria  Gaudich. 

D’ailleurs,  aux  Indes  et  à Java,  les  indigènes  utilisent 
encore  aujourd'hui  le  Jaquier  comme  bois  jaune  de  teinture. 

Dillenia  speciosa  Thunb.  (Dilléniacées; 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  est  dur,  compact,  à 
grain  assez  fin  et  d’une  texture  homogène  ; il  possède  une 
teinte  rouge  orangé  brun.  La  section  transversale  est  finement 
striée  de  lignes  radiales  claires,  et  de  nombreux  points  blancs 
correspondant  aux  vaisseaux  sont  irrégulièrement  répartis  sur 
toute  la  surface  de  la  coupe  (-). 

( aractères  chimiques.  — L’extrait  aqueux  du  bois  est 
orangé  jaune  clair.  Soumis  à l’action  de  quelques  réactifs,  il 
donne  : 


(1)  The  Saturai  organie  colouring  matters , loc.  cit..  p.  220. 

(2)  J.  Grisard  et  Van  den  Bers'he,  Les  Rois  industriels  indigènes  et  exotiques 

(S.DV  Paris,  p.  6. 

J.-L.  de  Lanessan,  loc.  ci!.,  p.  282. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


17 


avec...  S 04H2,  précipité  orangé  jaune  clair  ; 

XaOH,  orangé  jaune  ; 

FeCI3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  jaune. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  orangé,  tandis  que  l’eau  acidulée 
reste  incolore.  L'alcool  employé  comme  dissolvant  fournit  une 
solution  orangé  jaune  et  cette  coloration  est  modifiée  ainsi  : 
par...  S04H2,  orangé  jaune  ; 

MFOH,  orangé  brun  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  ; 

S03XaH,  orangé  jaune  clair. 

Le  principe  colorant  est  insoluble  dans  l’éther,  le  chloro- 
forme. le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique  : 

a)  De  560  an  à 480  an  l’absorption  croît,  puis  elle 
devient  totale. 

b)  Traitée  par  l'ammoniaque  et  examinée  la  solution 
précédente  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  de  575  ai1  à 515  nm  Au  delà  de  515  at1  elle 
est  complète. 

c)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique  traitée  par 
l'acide  sulfurique  est  sensiblement  le  même  que  celui 
de  la  solution  alcoolique  seule. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  575  ai1  à 525  n«  l’absorption  croît.  Au  delà  il  y a 
extinction  complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Depuis  575  a«-  jusqu’à  525  ar-  l'absorption  est  croissante 
puis  elle  devient  totale. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  se  teint  mal  : les  nuances 
obtenues  sont  faibles  et  d’un  médiocre  intérêt. 

De  même  la  soie  se  teint  difficilement. 

Le  bois  étudié  n’est  donc  pas  susceptible  d’application  en 
teinture. 


18 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Calophyllum  tomentosum  Wight.  (Guttifères) 

Celte  espèce  est  le  Paon  Spar  Tree  des  Anglais.  (!) 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  de  couleur  rouge 
orangé  foncé,  présente  une  texture  homogène  et  fibreuse. 

Sur  la  section  transversale,  finement  striée  de  lignes 
radiales,  on  observe  des  bandes  concentriques  étroites, 
colorées,  régulièrement  espacées  ; les  points  blancs  formés  par 
les  vaisseaux  sont  assez  nombreux  et  répartis  sur  toute  la 
surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  du  bois  traitée  par 
l'eau  distillée  fournit  une  solution  jaune  très  clair  ; en  faisant 
réagir  divers  agents  chimiques  sur  la  solution  colorée  on 
obtient  : 

avec...  S04H2,  jaune  très  clair  ; 

NaOH,  orangé  jaune  : 

Fe  Cl3,  jaune  vert  ; 

CaO  Cl2,  très  léger  précipité  jaune  très  clair. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  orangé  : au  contraire  l’eau 
acidulée  reste  incolore.  La  solution  alcoolique  est  jaune  clair,  et 
les  modifications  que  présente  cette  coloration  peuvent  se 
résumer  ainsi  : 

par...  SCFH2,  jaune  clair  ; 

NH4OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3.  jaune  vert  foncé  ; 

S03NaH.  décoloration. 

La  matière  colorante  est  insoluble  dans  l’éther,  le  chloro- 
forme, le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène. 

Ca  ractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique  : 

a)  L'absorption  très  faible  dans  le  bleu,  croît  dans  l’indigo 
et  devient  totale  dans  le  violet. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  faiblement  depuis. 548  un  jusqu’à  455  nn. 

Au  delà,  il  y a extinction  complète. 

c)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique  traitée  par 
l’acide  sulfurique  est  sensiblement  le  même  que  celui 
de  la  solution  alcoolique  seule. 


(I)  J.-L.  de  Lanessan,  loc.  cil.  p.  228. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


19 


2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  unilatérale  croissant  depuis  575  gg  jusqu’à 
535  gg.  Au  delà,  tout  est  absorbé. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  560  uu  à 472  gu  l’absorption  croît,  puis  elle  devient 
totale. 

Essais  de  teinture.  — Dans  l’ensemble,  les  nuances  que 
donne  la  laine  sont  ternes  et  d’ailleurs  assez  mal  caractérisées. 

A l’exception  de  l’orangé  jaune  (sur  Cr, ) la  soie  ne  fournit 
que  des  teintes  peu  intéressantes. 


C.u ! Balanocarpus  utilis  Bedd.  (Diplérocarpacées) 

Caractères  extérieurs.  — De  couleur  orangé  brun,  le 
bois  est  dur,  compact  ; il  possède  une  texture  serrée  et  homo- 
gène. 

Finement  striée  de  lignes  radiales,  la  section  transversa  te 
est  piquetée  de  nombreux  points  correspondant  aux  vaisseaux 
et  disséminés  sans  ordre  apparent. 

Caractères  chimiques.  — Si  l’on  traite  par  divers  agents 
chimiques  la  solution  aqueuse,  qui  est  orangé  jaune,  on  observe 
les  variations  suivantes  : 

avec...  S04H2,  précipité  orangé  jaune  ; 

Na  OH,  rouge  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaOCF,  précipité  orangé  jaune. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge,  tandis  que  l’eau  acidulée 
rest  incolore.  Avec  l’alcool  on  obtient  une  solution  jaune,  et 
les  modifications  de  teintes  provoquées  par  les  divers  réactifs 
choisis  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

S04H%  jaune  ; 

NH4OH,  orangé  : 

Fe  CI3,  orangé  jaune  brun  ; 

S03NaTT.  jaune  très  clair. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  La  matière  colorante  est  insoluble  dan? 
l’éther,  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone  et  le  benzèn 


20 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse  : 

a)  De  560  un  à 505  nn  l’absorption  est  croissante. 

Au  delà  il  y a extinction  totale. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  la  soude  et  examinée 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  depuis 
589  m jusqu’à  560  nn  ; elle  devient  complète  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  unilatérale  est  totale  au  delà  de  605  nn- 
3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

' L’absorption  croît  à partir  de  589  nn  ; elle  est  complète 
au  delà  de  560  nn- 


Essais  de  teinture.  - La  laine  se  teint  difficilement.  Avec 
la  soie  les  divers  tons  obtenus  sont  les  suivants  : 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

orangé  clair 

orangé  clair 

orangé  foncé 

rouge  orangé 

rouge  orangé- 

brun 

Parmi  ces  nuances  l’orangé  foncé  (sur  Fe),  le  rouge  orangé 
brun  (sur  Cr.)  et  le  rouge  orangé  (sur  Sn)  sont  d’une  tonalité 
assez  bien  caractérisée. 


Berria  ammonilla  Roxb.  (Tiliacées) 

Le  bois,  de  couleur  orangé  brun,  est  le  Trincomali  Wood 

des  Anglais  : il  a été  décrit  par  M.  Stone.  (!) 

Caractères  chimiques.  — L’extrait  aqueux  est  jaune  très 
clair.  Sous  l’action  des  réactifs  choisis  on  observe  : 

avec...  SO4  H1 2,  jaune  très  clair  ; 

Na  OH,  jaune  : 

Fe  Cl3,  jaune  vert  ; 

CaO  Cl2',  léger  précipité  jaune  très  clair. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  jaune,  l’eau  acidulée  reste  inco- 
lore. 

(1)  H.  Stone,  loc.  cit.  p.  16. 

J.-L.  de  Lanessan,  loc.  cit.  p.  219. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


21 


L’alcool  employé  comme  dissolvant  fournit  une  solution 
jaune  clair,  et  cette  coloration  présente  les  variations  suivantes  : 

par...  S04H2,  léger  louche  jaune  clair  ; 

MBGH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  léger  précipité  jaune  clair  : 

S03NaH,  jaune  très  clair. 

L'éther,  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse  : 
ai  Très  faible  dans  le  bleu  et  l’indigo,  l’absorption  devient 
totale  dans  le  violet. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  aqueuse  traitée  par  la 
soude  présente  une  absorption  dont  l’intensité  croît 
faiblement  depuis  560  pp  jusqu’à  455  pu.  Au  delà 
elle  est  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Faible  au  début  l’absorption  croît  depuis  560  pp  jusqu’à 
460  pu,  puis  elle  devient  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  est  très  faiblement  croissante  à partir  de 
548  pp  : au  niveau  de  445  pp  il  y a extinction  complète. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  se  teint  mal  et  les  nuances 
obtenues  sont  d’un  médiocre  intérêt.  Il  en  est  de  même  pour  >a 
soie  qui  donne  des  tons  mai  caractérisés. 

En  définitive  le  bois  étudié  possède  des  propriétés  tincto- 
riales très  faibles  qui  ne  semblent  guère  le  rendre  susceptible 
d’application  en  teinture. 


Xylia  dolabriformis  Benth.  (Légumineuses' 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  O)  de  couleur  rouge 
orangé  brun  est  dur,  compact  et  à grain  serré. 

La  section  transversale  montre  des  bandes  concentriques 
claires  alternant  avec  des  bandes  plus  foncées  ; de  très  fines 
stries  radiales  sillonnent  la  surface  colorée  qui  est  piquetée  en 
blanc  par  les  vaisseaux. 


(1)  J.-L.  de  Laneîsan,  loc.  cit.  p.  215. 


22 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  orangé 
jaune  ; celle  coloration  est  modifiée  ainsi  : 

par...  SÜ4H2,  jaune  clair  ; 

A a OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  jaune  brun  foncé  ; 

CaO  Cl'2,  précipité  orangé  brun. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé,  tandis  que  l'eau 
acidulée  reste  incolore. 

Avec  l'alcool  on  obtient  une  solution  orangé  jaune.  Les 
réactifs  suivants  modifient  cette  coloration,  et  les  résultats 
obtenus  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

S04H'2,  orangé  jaune  ; 

NH4OH.  rouge  ; 

Fe  Cl3,  brun  noir  ; 

SQ3NaH,  orangé  jaune  clair. 

Les  autres  dissolvants  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique 

a)  L'absorption  est  croissante  de  560  un  à 480  nu- 
Au  delà  elle  est  totale. 

b)  Cette  solution,  traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée, 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  depuis 
575  nn  jusqu’à  515  ru.  elle  est  complète  au  delà. 

c)  L'acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  primitive  en 
modifie  le  spectre,  qui  présente  une  absorption 
croissante  de  560  nn  à 465  nn,  puis  elle  devient  totale. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L'absorption  croît  à partir  de  605  nn  jusqu’à  575  nn, 
elle  est  totale  au-delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  589  n«  à 560  nn  l'absorption  croît.  Au  delà  il  y a 
extinction  complète. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  et  la  soie  se  teignent  assez 
mal  : les  nuances  obtenues  sont  ternes  et  n’offrent  qu'un  intérêt 
médiocre.  Aussi  le  bois  que  nous  venons  d’étudier  nous  paraît 
inutilisable  comme  bois  de  teinture. 


D’APRÈS  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


23 


Albizzia  Lebbeek  Benth.  (Légumineuses) 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  (!)  de  couleur  rouge 
orangé  brun  est  dur,  à texture- serrée  et  susceptible  de  prendre 
un  beau  poli. 

Caractères  chimiques.  — Soumise  à l’action  de  l’eau 
distillée,  la  poudre  du  bois  fournit  une  solution  orangée,  et  les 
changements  de  teintes  provoqués  par  quelques  réactifs  peuvent 
se  résumer  ainsi  : 

avec...  S04H1 2,  précipité  orangé  ; 

Na  OH,  rouge  brun  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  orangé  brun. 

L’eau  acidulée  reste  incolore,  tandis  que  l’eau  alcaline 
devient  rouge  brun.  L’alcool  employé  comme  dissolvant  donne 
une  solution  orangée,  et  cette  coloration  est  modifiée  ainsi  : 
par...  S04H2,  orangé  ; 

NfFOIl,  rouge  brun  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

S03NaH,  orangé  jaune  ; 

La  matière  colorante  est  insoluble  dans  l’éther,  le  chlo- 
roforme, le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique  : 

a)  L’absorption  croît  de  575  un  à 505  pu.  Au  delà  il  y 
a extinction  totale. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  depuis  589  nn  jusqu’à  548  mir  puis  elle  devient 
complète. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  n’en 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre  d’absorption. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Partielle  iusqu’à  620  m,  l’absorption  est  comnlèle 
au  delà. 

(1)  H.  Stone,  loc.  cil.  p.  74. 

G.  Gérard,  loc.  cil.  p.  70. 

J.-L.  de  Lanessan,  loc.  cit.  p.  215. 


24 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  605  un-  à 589  un  l'absorption  croît,  puis  elle  devient 
totale. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine . 

. 

orange  jaune 
foncé 

rouge  orangé 
foncé 

orangé  jaune 
foncé 

orangé  brun 

orangé  brun 

Soie . . 

orangé  jaune 
brun 

orangé  jaune 

orangé  janne 
foncé 

orange 

orangé 

Les  nuances  que  donne  la  laine  sont  ternes. 

Parmi  les  tons  obtenus  avec  la  soie,  l'orangé  jaune  (sur  Al), 
l’orangé  jaune  foncé  (sur  Fe)  et  l’orangé  (sur  Sn)  sont  assez 
bien  caractérisés.  Néanmoins  le  pouvoir  tinctorial  de  ce  bois 
assez  faible  le  rend  inutilisable  comme  bois  de  teinture. 


Cynometra  polyandra  Roxb.  (Légumineuses) 

C aractères  extérieurs.  — Le  bois  (!)  de  couleur  orangé, 
dur  et  à grain  assez  fin,  possède  une  texture  homogène. 

En  section  transversale,  il  présente  des  zones  saisonnières 
assez  mal  délimitées  ; les  stries  radiales  sont  bien  marquées, 
et  les  vaisseaux  forment  de  nombreux  points  blancs  également 
disséminés  sur  un  fond  plus  coloré. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  jaune. 
Traitée  par  quelques  agents  chimiques,  on  observe  les  varia- 
tions suivantes  : 

avec...  SO*H2,  louche  jaune  ; 

NaOH,  orangé  jaune  ; 

FeCl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  CR,  rouge. 

L’eau  acidulée  prend  une  teinte  jaune  très  clair  ; l’eau 
alcaline  se  colore  en  rouge. 


(])  J.-L.  de  Lanessan,  loc.  cit.  p.  288. 


D’APRÈS  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


25 


L'alcool  fournit  une  solution  jaune.  L’action  des  réactifs 
suivants  modifie  cette  coloration  primitive,  et  les  résultats 
obtenus  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

S04H2,  jaune  ; 

NH4OH,  orangé  jaune  brun  : 

Fe  Cl3,  jaune  brun  ; 

S03NaH,  jaune. 

L’éther  se  colore  en  jaune,  le  chloroforme  en  jaune  très 
clair  ; les  autres  dissolvants  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique  : 

a)  L’absorption  croît  dès  560  pp  ; elle  devient  totale  au 
niveau  de  487  pu. 

b)  Traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée,  la  solution 
précédente  montre  une  absorption  croissante  depuis 
575  pu  jusqu’à  495  pu  ; elle  est  totale  au  delà. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  n’en 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L'absorption  croissante  de  589  pp  à 575  pp  est  totale 
au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  589  pp  à 560  pp  l’absorption  croît  puis  elle  devient 
complète. 

Essais  de  teinture.  La  laine  et  la  soie  se  teignent  diffi- 
cilement. Les  diverses  nuances  obtenues  sont  faibles  d’intensité 
et  d’ailleurs  mal  caractérisées. 

Ce  bois  n’offre  aucun  intérêt  au  point  de  vue  tinctorial. 

Pterocarpus  marsupium  Roxb.  (Légumineuses) 

Caractères  extérieurs.  — C’est  un  bois  W dont  l’aubier 
non  coloré  est  bien  séparé  du  duramen,  celui-ci  de  couleur 
orangé  foncé  possède  une  texture  homogène. 

En  section  transversale  on  observe  des  zones  concentriques 
colorées  alternant,  avec  des  zones  claires  plus  étroites  ; de  très 
fines  stries  radiales  sont  également  bien  visibles  ainsi  que  les 

(1)  J.-L.  de  Lanessan,  loc,  cit.  p.  216. 


26 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


nombreux  points  blancs  correspondant  aux  vaisseaux  qui  sont 
disséminés  sur  toute  la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — De  couleur  rouge  orangé,  la 
solution  aqueuse  traitée  par  divers  réactifs  présente  les  modifi- 
cations suivantes  : 

avec...  SCFll2,  précipité  orangé  : 

Na  011,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  rouge  très  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  brun. 

La  soude  et  le  chlorure  de  chaux  développent  une  fluores- 
cence verte  dans  la  solution  aqueuse. 

L'eau  acidulée  se  colore  en  jaune  et  l'eau  alcaline  en  rouge 
orangé  avec  fluorescence  bleue. 

La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune  ; l'action  de  quel- 
ques réactifs  modifie  cette  coloration,  qui  devient  : 
par...  SCFH2,  léger  louche  jaune  ; 

MDO H,  louche  orangé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune. 

S03\aH,  jaune. 

Les  autres  dissolvant  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse  : 

a)  De  589  nu  à 560  un  l’absorption  croît,  puis  elle 
devient  totale. 

b)  Traitée  par  la  soude  et  examinée  cette  solution  fournit 
un  spectre  dans  lequel  l’absorption  est  complète  au 
niveau  de  589  nm 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  589  nn  jusqu’à  575  nn,  elle 
est  totale  au  delà. 

8°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

I. 'absorption  croît  à partir  de  575  nn-  elle  est  complète 
au  delà  de  535  ni1- 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancêe 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  jaune 

orangé  jaune 

orangé  foncé 

rangé  brun 

orangé  brun 

Soie  . . 

•orangé  clair 

orangé  clair 

orangé  fonce 

orangé  jaune 

orangé  jaune 

d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


27 


La  laine  donne  des  teintes  assez  fortes.  Parmi  les  nuances 
obtenues  avec  la  soie,  l’orangé  foncé  (sur  Fe)  et  l’orangé  jaune 
(sur  Cr)  sont  bien  caractérisés. 


Dalbergia  latifolia  Roxb.  (Légumineuses) 

Cette  espèce  fournit  le  palissandre  de  l’Inde  ; M.  Stone  en 
a décrit  les  caractères  extérieurs.  (D. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  du  bois  traitée  par 
l’eau  distillée  donne  un  louche  rouge  orangé  brun  ; si  l’on  fait 
agir  divers  agents  chimiques,  on  observe  : 
avec...  S CRH2,  précipité  orangé  ; 

. Na  OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  ; 

L’eau  acidulée  prend  une  teinte  jaune  clair,  tandis  que 
l’eau  alcaline  devient  rouge  foncé. 

L'alcool  fourni  une  solution  rouge  très  foncé,  et  les  modi- 
fications que  présente  cette  solution  peuvent  se  résumer  ainsi  : 
par...  S CRH2,  rouge  foncé  ; 

NI  RO  H,  rouge  très  foncé  (opaque)  ; 

Fe  Cl3,  rouge  très  foncé  (opaque)  ; 

S03NaH,  rouge  foncé. 

L’éther  et  le  chloroforme  se  colorent  en  orangé,  le  benzène 
et  le  sulfure  de  carbone  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Partielle  jusqu’à  640  pp  l’absorption  est  complète 
au  delà. 

b)  Cette  solution  traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  est  forte 
jusqu'au  niveau  de  660  pp,  au  delà  elle  est  totale. 

c)  L’acide  sulfurique  modifie  le  spectre  de  la  solution 
alcoolique  et  l’absorption  croît  de  620  pu  à 605  pp. 
Au  delà  il  y a extinction  complète. 

(i’i  v Slonc,  !oc.  cit.  p.  63. 

•f.-L.  de  Lanessan,  loc.  cit.  p.  216. 


28 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  est  totale  au  niveau  de  (520  rm 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  620  nn  à 605  un  l’absorption  croît  puis  devient 
complète. 

Essais  de  teinture.  — La  soie  se  laisse  teindre  plus  aisé- 
ment que  la  laine,  mais  les  diverses  nuances  obtenues,  qui  sont 
d’une  tonalité  orangé  brun,  ne  paraissent  guère  susceptibles 
d’application. 

Carallia  integerrima  U C.  (Rhizophoracées) 

Caractères  Extérieurs.  — Le  bois  est  de  couleur  orangé 
In  un,  à texture  homogène,  dur  et  compact  . 

Sur  la  section  transversale  on  distingue  des  zones  concen- 
triques foncées  qui  alternent  avec  des  zones  claires  plus  étroites, 
[.es  vaisseaux  apparaissent  comme  de  gros  points  blancs, 
disséminés  sans  ordre  apparent  sur  toute  la  surface  de  la  coupe, 
qui  est  sillonnée  de  stries  radiales  régulièrement  espacées. 

Caractères  chimiques.  — Le  broyage  du  bois  donne  une 
poudre  qui,  traitée  par  l’eau  distillée,  fournit  une  solution 
orangé  jaune  clair.  L action  de  quelques  réactifs  sur  cette 
solution  peut  se  résumer  ainsi  : 

avec...  S OII2,  léger  précipité  jaune  clair. 

NaQH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune  clair. 

L’eau  alcaline  devient  orangé,  l’eau  acidulée  reste  incolore. 

La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune  ; et  les  variations 
de  teinte  que  l’on  obtient  sont  les  suivantes  : 
avec...  SO*M2,  orangé  jaune  ; 

\ 1UOH,  orangé  clair  ; 

Fe  Cl3,  jaune  brun  ; 

SG3Na  H.  orangé  jaune  clair. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  L’éther,  le  chloroforme,  le  benzène  et  le 
sulfure  de  carbone  ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


29 


Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption  faible  dans  le  vert  et  le  bleu,  croît  dans 
l'indigo  et  devient  totale  dans  le  violet. 

b)  Cette  solution  traitée  par  la  soude  et  examinée  fournit 
un  spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  de  575  rr  à 
535  rr.  Au  delà  il  y a extinction  totale. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  589  rr  à 548  rr  l’absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L'absorption  croît  depuis  575  rr  jusqu’à  495  rr. 

Au  delà  elle  est  totale. 

Essais  de  teinture.  — A l’exception  de  l’orangé  jaune 
(sur  Al)  fournit  par  la  laine  les  autres  teintes  sont  faibles 
d’intensité  et  d’ailleurs  assez  mal  caractérisées. 

Cedrela  Toona  Roxb,  (Méliacées) 

Cette  espèce  est  le  Cèdre  rouge  (Red  Cedar  des  Anglais) 
dont  les  caractères  extérieurs  du  bois  ont  été  décrits  par 
M.  Stone.  O) 

Caractères  chimiques.  — 'L’extrait  aqueux  du  bois  est  de 
couleur  orangée,  mais  les  divers  réactifs  modifient  cette  teinte 
de  la  façon  suivante  : 

S CRH1 2,  précipité  orangé  ; 

Na  OH.  rouge  ; 

Fe  Cl3,  orangé  brun  très  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  ; 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge,  et  l’eau  acidulée  en 
jaune  très  clair.  La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune  ; elle 
présente  les  variations  suivantes  : 

a\ec...  SO^H2,  orangé  jaune  : 

NfDOH,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  ; 

S03NTaH.  orangé  jaune  très  clair. 

(1)  H.  Stone,  loc.  cit.  p.  37. 

J.  Grisard  et  Van  den  Berghe,  loc.  cit.  p.  283. 


30 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

L'éther;  le  chloroforme,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbones 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  - — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Entre  575  ru  et  505  rr  l'absorption  est  partielle  ; elle 
croît  de  505  rr  à 495  rr.  Au  delà  elle  est  complète. 

b)  Cette  solution  traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  depuis 
575  rr  jusqu’à  535  rr.  Au  delà  il  y a extinction 
totale. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à cette  solution  alcoolique  ne 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre  d’absorption. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  unilatérale  croissante  de  620  rr  à 605  rr  : 
elle  est  complète  au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L'absorption  croît  de  605  rr  à 589  rr.  Au  delà  tout 
est  absorbé. 

Essais  dk  teinture.  — Parmi  les  nuances  que  donne  la  soie, 
l’orangé  brun  (sur  Sn)  est  d’une  tonalité  assez  vive. 

Quoique  assez  bien  caractérisées,  les  teintes  obtenues  avec' 
la  laine  n'ont  pas  la  finesse  de  celles  fournies  par  la  soie. 

Encore  aujourd’hui,  d'ailleurs,  les  fleurs  de  cette  espèce  sont 
employées  aux  Indes  comme  matière  tinctoriale.  En  outre  il  est 
à remarquer  que  les  graines  donnent  aussi  une  teinture  rouge. 

Swietenia  macrophylla  King  (Méliacées) 

• 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  de  couleur  orangé, 
assez  compact,  possède  une  texture  homogène. 

Sur  la  section  transversale  on  distingue  de  fines  stries 
radiales  claires,  bien  visibles  et  régulièrement  espacées  : par 
contre,  les  zones  saisonnières  sont  peu  marquées. 

Caractères  chimiques.  — T. a solution  aqueuse  est  orangé 
jaune  clair.  Lorsqu’on  la  traite  par  divers  réactifs  on  observe  : 

(1)  A.  G.  Perkin  et  A.  E.  Everest,  loc.  cit.  p.  616. 


D’APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES  31 


avec...  S04H2,  jaune  clair  : 

NaOH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  jaune  bru.n  : 

CaO  Cl2,  précipité  jaune  clair. 

Tandis  que  l'eau  alcaline  se  colore  en  orangé,  1 eau  acidulée 
reste  incolore,  [.'alcool  fournit  une  solution  jaune  clair,  et  les 
changements  de  tciides  que  produisent  quelques  agents  chimi- 
ques peuvent  se  résumer  ainsi  : 

par...  SOIT2,  jaune  clair  ; 

NH4OH,  orangé  clair  ; 

Fe  Cl3,  jaune  brun  ; 

S03NaH,  décoloration.  • 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  Le  principe  colorant  est  insoluble  dans 
l’éther,  le  chloroformé,  le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène. 

Caractères  spectroscopiques.  - — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  D’abord  faible  dans  le  bleu,  l'absorption  croît,  puis 
devient  totale  dans  le  violet. 

b)  Si  l'on  examine  cette  solution  traitée  par  la  soude,  on 
observe  une  absorption  croissante  depuis  575  rr 
jusqu’à  548  ru  ; elle  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  de  575  rr  à 548  rr.  Au  delà  il  y a 
extinction  complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  575  rr  et  535  rr  l’absorption  croît,  puis  elle 
devient  complète. 

Essais  df.  teinture.  — De  faible  intensité,  les  nuances  que 
donne  la  laine  et  la  soie  sont  ternes  et  d’ailleurs  assez  mal  carac- 
térisées. 

Ce  bois  nous  paraît  guère  susceptible  d'être  employé  comme 
bois  de  teinture. 


32 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Morinda  citrifolia  Lin  (Kubiacées) 

Ce  bois  (!)  de  couleur  orangé  est  connu  des  Anglais  sous  le 
nom  de  lndian  Mulberry. 

Aux  Indes,  l’écorce  de  la  racine,  qui  est  le  Suranii  des  indi- 
gènes, est  très  employé  comme  produit  tinctorial. 

D'ailleurs  la  matière  colorante  est  plus  abondante  dans  les 
jeunes  racines  que  dans  les  autres  parties  de  la  plante. 

Caractères  chimiques.  — Traitée  par  l’eau  distillée,  la  pou- 
dre du  bois  fournit  une  solution  orangé  jaune  dont  les  variations 
de  teintes  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

S CDU2,  précipité  orangé  ; 

NaOH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  rouge  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  clair. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  orangé  et  l’eau  acidulée  en  jaune 
très  clair.  La  solution  alcoolique,  qui  est  orangé  jaune,  présente 
les  changements  de  teinte  suivants  : 

avec...  S04H2,  jaune  ; 

NH4OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3  jaune  ; 

S03NaH,  jaune. 

Enfin  l’éther,  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone  et  le 
benzène  fournissent  des  solutions  colorées  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  Faible  au  début,  l’absorption  croît  à partir  de  560  ru. 

Au  niveau  de  472  ru  elle  est  totale. 

b)  Traitée  par  la  soude  et  examinée,  la  solution 
précédente  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  depuis  575  rr  jusqu’à  505  rr.  Au  delà  i!  y a 
extinction  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  croissante  de  575  rr  à 548  rr,  totale 
au  delà. 


(1)  J.  ‘L.  de  Lanessan,  loc.  cil.  p.  229. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  ET  SPECTROSCOPIQUES  33 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L'absorption  unilatérale  croît  de  575  rr  à 515  rr. 

Au  delà  elle  est  totale. 

Essais  du.  teinture.  — Le  Dr  J.  Murray  A),  d’une  part, 
Hummel  et  Perkin  (1 2),  d’autre  part,  se  sont  déjà  occupés  des 
propriétés  tinctoriales  de  ce  bois.  Dans  certaines  conditions  les 
teintes  obtenues  sont  bien  caractérisées,  mais  leur  trop  faible 
résistance  à l'action  des  alcalis  les  reryl  impropres  à toute 
application. 

Tectona  grandis  Lin.  (Verbénacées) 

Cette  espèce  fournit  le  bois  de  teck. 

Caractères  chimiques.  — L’extrait  aqueux  est  coloré  en 
jaune.  L’action  clés  divers  réactifs  choisis  peut  se  résumer  ainsi  : 

avec...  SCHH2r  précipité  jaune  ; 

NaOH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3  précipité  orangé  jaune  ; 

CaO  Cl2,  léger  précipité  jaune  clair. 

Tandis  que  l'eau  acidulée  reste  incolore,  l'eau  alcaline  se 
colore  en  orangé  jaune.  La  solution  alcoolique  est  orangé 
jaune.  Lorsqu’on  la  traite  par  quelques  agents  chimiques,  on 
observe  les  colorations  suivantes  : 

avec...  S04H2,  orangé  jaune  ; 

NIDOH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  ; 

S03NaH.  jaune. 

Les  autres  dissolvants  se  colorent  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  croît  faiblement  de  560  ru  à 472  rr.  Au 
niveau  de  472  rr  elle  est  totale. 

b)  Cette  solution  traitée  par  l’ammoniaque  donne  un 
spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  à partir  de 
560  rr.  'Au  delà  de  487  rr  elle  est  complète. 


(1)  Diclionary  of  the  Economie  Products  or  India. 

(2)  J.  Soc.  Chem.  Ind.,  1894,  13,  p.  340. 


34 


q après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


c L'acide  sulfurique  ne  modifie  pas  sensiblement  le- 
spectre  d'absorption  de  la  solution  alcoolique. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  560  nn  à 480  rr  l'absorption  croit,  puis  elle  devient 
totale. 

3°  Solution  alcaline  a\ec  0 gr.  30  de  poudre. 

L'absorption  croit  à partir  de  548  rr.  Au  delà  de  460  nu 
il  y a extinction  totale. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  donne  des  nuances  orangé 
brun  foncé,  d’aspect  peu  agréable  : quant  à la  soie,  les  teintes 
obtenues  sont  assez  faibles  dans  l’ensemble,  et  d’ailleurs  mal 
caractérisées. 

D'après  4L  Gaebelé  d)  les  feuilles  renfermeraient  une  ma- 
tière tinctoriale  dont  se  servent  les  indigènes  pour  teindre  les- 
soieries  et  le  coton. 


(1)  H.  Gaebolé.  Somenclature  raisonnée  des  différents  produits  de  llnde 
envoyés  à l Exposition  Coloniale  de  Marseille.  Pondichéry,  1906.  p.  51-52 


CHAPITRE  QUATRIEME 


Bois  de  Madagascar 

Parmi  les  bois  de  Madagascar  que  nous  avons  examinés 
-quelques  uns  ne  nous  étaient  connus  que  sous  la  dénomination 
indigène  ; nous  les  avons  néanmoins  étudiés.  Nous  ferons  précé- 
der leur  étude  de  celle  des  bois  dont  l’espèce  productrice  est 
déterminée  (P. 

Ocotea  tricoplalebia  Bak.  (Lau  racées) 

Cette  espèce  est  connue  des  Malgaches  sous  le  nom  de 
Varongy. 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Farafangana. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  de  couleur  rouge 
orangé  foncé,  est  dur,  compact.  La  matière  colorante  envahit 
l’aubier,  de  telle  sorte  qu’il  n’y  a pas  de  séparation  bien  nette 
entre  cette  région  et  le  duramen.  La  section  transversale,  fine- 
ment striée  de  lignes  radiales,  laisse  voir  des  zones  concen- 
triques alternativement  claires  et  plus  colorées,  formant  comme 
une  sorte  de  carrelage. 

Caractères  chimiques.  — Quand  on  soumet  la  poudre  du 
bois  à L'action  de  l’eau  distillée,  on  obtient  une  solution  orangé 
jaune  clair  qui  est  modifiée  ainsi  : 

par...  SCPH2,  orangé  jaune  clair  ; 

NaOH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge. 

L’eau  acidulée  ne  se  colore  pas  ; au  contraire  l’eau  alcaline 
devient  rouge. 

La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune  : cette  teinte 

présente  les  changements  suivants  : 

(1)  Ce  travail  était  déjà  à 'l'impression  lorsque  nous  avons  eu  connaissance 
d’une  étude  toute  récente  die  M.  A.  Gérard  sur  la  spécification  histologique 
de  différents  bois  de  Madagascar.  L’auteur  d’ailleurs,  a,  porté  surtout  son 
attention  sur  la  structure  anatomique  des  bois  et  ne  donne  que  très  incidem- 
ment quelques  déterminations  chimiques.  Aucune  de  nois  descriptions  ne  fait 
double  emploi  avec  les  siennes.  — A.  Gérard,  Travaux  du  Laboratoire  de. 
Matière  médicale  de  l'Ecole  supârieu  rc  de  Pharmacie  de  Pari x ; Recherches 
sur  la  spécification  histologique  de  différent-  Roi-  de  Madagascar,  1020. 


36 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


avec...  SOH2,  orangé  jaune  ; 

NIDOH,  orangé  et  fluorescence  verte  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

S03NaH,  jaune. 

L’éther,  le  chloroforme,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique, 
a)  L'absorption  faible  de  560  ug  à 505  gg,  croît  depuis 
505  nu  jusqu'à  487  ni1-  Au  delà  il  y a extinction 
totale. 

li)  La  solution  précédente  traitée  par  l'ammoniaque  et 
examinée  donne  un  spectre  dans  lequel  l'absorption 
croit  depuis  560  un  jusqu’à  535  gg  ; elle  est  complète 
au  delà. 

c)  La  solution  alcoolique  soumise  à l'action  de  l’acide 
sulfurique  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  de  560  gg  à 505  un,  puis  devient  totale. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Entre  605  ni1  et  589  ni1  l’absorption  croît.  Au  delà  elle 
devient  complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  605  gg  à 589  ni1  l’absorption  croît  ; elle  est  totale 
au  delà. 


Essais  de  teinture  : 


1 

Won 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé 

orangé 

orangé  brun 

orangé 

orangé 

Soie . . 

orangé 

orangé  vif 

rouge  brun 

orangé  vif 

orangé 

La  laine  donne  des  teintes  assez  fortes  comme  intensité. 

Les  nuances  que  fournit  la  soie  sont  bien  caractérisées, 
notamment  l’orangé  vif  (sur  Al),  le  rouge  brun  (sur  Fe)  et 
l’orangé  (sur  Sn).  Ces  diverses  teintes  sont  peu  résistantes  à la 
lumière  et  au  lavage. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


37 


Thespesia  populnea  Corr-  (Malvacées'i 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Majunga. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  aubier  bien 
délimité  ; le  cœur,  de  couleur  orangé  foncé,  présente  une 
texture  homogène. 

Sur  la  section  transversale  on  voit,  de  place  en  place,  des 
zones  concentriques  claires,  assez  distantes  les  unes  des  autres, 
avec  des  stries  radiales  régulièrement  espacées.  Des  ponctua- 
tions bien  visibles  sont  réparties  sur  toute  la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — L’extrait  aqueux  est  orangé 
jaune.  Sous  l’action  des  réactifs  choisis  on  obtient  les  change- 
ments suivants  : 

avec...  S CPH1 2,  orangé  jaune  ; 

NaOH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune  clair. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  orangé,  l’eau  acidulée  en  jaune 
clair. 

L’alcool  fournit  une  solution  de  couleur  rouge,  avec  les 
modifications  suivantes  : 

par...  S CPH2,  rouge  ; 

XTDOH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  brun  opaque  : 

S03XaH,  orangé  jaune. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  ia 
solution  alcoolique.  Le  chloroforme  se  colore  en  orangé  jaune, 
l’éther  en  orangé,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  unilatérale  croit  depuis  589  mr  ; elle 
•devient  totale  à partir  de  560  pp. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  est 
complète  au  delà  de  620  pp. 

(1)  J.  Grisard  et  Van  den  Berghe,  loc.  cit.  p.  153. 

H.  Stone.  loc.  cit.  p.  10. 


38 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 

c)  Le  spjectre  que  donne  la  solution  alcoolique,  soumise 
à l’action  de  l'acide  sulfurique,  est  caractérisé  par  une 
absorption  croissante  de  589  pp  à 575  pp  ; à partir 
de  575  pp  il  y a extinction  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  589  pp  à 575  nu  l’absorption  croît  ; elle  est  totale 
au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  575  pp  jusqu’à  535  un-  Au 
delà  elle  est  complète. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  fournit  des  teintes  orangé 
brun  foncé.  Les  nuances  obtenues  avec  la  soie  sont  assez  mal 
caractérisées  ; elles  ne  paraissent  pas  susceptibles  d’application. 

D’ailleurs,  indépendamment  du  bois,  les  capsules  et  les 
fleurs  de  cette  espèce  donnent  également  une  matière  colorante 
qui  est  jaune  (L. 

Psorospermum  discolor  Spach  (Hypéricacées) 

C’est  l’ Harongampanihy  des  indigènes. 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Mandritsara. 

Caractères  extérieurs.  — L'aubier  (-gL-)  (1 2)  est  bien  séparé 
du  cœur  ; celui-ci  de  couleur  rouge  orangé  foncé  est  dur, 
compact  et  à grain  assez  fin. 

La  section  transversale,  finement  striée  de  lignes  radiales, 
présente  des  zones  concentriques  claires  qui  alternent  avec  des 
zones  foncées  plus  larges  : les  points  blancs  correspondant  aux 
vaisseaux  forment  comme  fies  traînées  sinueuses  dans  le  sens 
radial. 

Caractères  chimiques.  — De  couleur  orangé  jaune  clair,  la 
solution  aqueuse  présente  les  changements  de  teinte  suivants  : 

avec...  SO*H2,  précipité  jaune  clair  ; 

A’aOH,  orangé  jaune  et  fort  belle  fluores- 
cence verte  : 

Le  CIV  précipité  orangé  jaune  brun  foncé  ; 

CaO  CP,  précipité  orangé  brun. 

(1)  A.  G.  Perkin  el  A.  E.  Everest,  loc . cit.  p.  20?. 

(2)  Ce  rapport  est  obtenu  en  mesurant,  d’une  part,  le  rayon  du  duramen  et, 

d’autre  .part,  l’épaisseur  de  l’aubier  ; on  a donc  dan-  le  cas  actuel  : 

- rayon  du  duramen  4 

épaisseur  de  l'aubier  5,5 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


39 


Tandis  que  l’eau  acidulée  reste  incolore,  l’eau  alcaline 
devient  rouge  orangé. 

L’alcool  fournit  une  solution  jaune,  sous  l’action  des  divers 
réactifs  choisis  on  observe  : 

avec...  S04H2,  orangé  jaune  ; 

NH4OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  CF,  orangé  jaune  brun  ; 

S03NaH,  orangé  jaune  clair. 

La  matière  colorante  est  insoluble  dans  le  chloroforme, 
l’éther,  le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Faible  entre  560  aa  et  495  an  l’absorption  croît  de 
495  an  à 480  aa  puis  elle  devient  complète. 

b)  Traitée  par  l’ammoniaque  la  solution  alcoolique  donne 
un  spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  faiblement  de 
560  aa  à 487  am  elle  est  totale  au  delà. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique  traitée  par 
l’acide  sulfurique  présente  une  absorption  dont 
l’intensité  croît  de  548  ai*  à 465  gg.  Au  delà  il  y a 
* extinction  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  unilatérale  croît  à partir  de  589  an- 
Au  delà  de  560  aa  tout  est  absorbé. 

•3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  575  ap  à 548  an  l’absorption  croît  ; elle  est  totale 
au  delà. 


Essais  de  teinture.  — La  laine  ne  donne  aucune  teinte 
intéressante.  Avec  la  soie  on  a les  nuances  suivantes  : 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

orangé  clair 

orangé  clair 

orangé  brun 

jaune 

orangé 

foncé 

Parmi  ces  diverses  teintes,  le  jaune  (sur  Cr)  et  l’orangé 
(sur  Sn)  sont  assez  bien  caractérisés. 


40 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Cedrelopsis  G-revei  Baill.  (Méliacées) 

C’est  le  Kalra\ahy  ou  Kalrcifay  ou  encore  /va/afa  des 
Sakalaves. 

Lieu  d’origine.  — Cercle  de  Maintirano. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  aubier  (y) 
bien  séparé  du  duramen.  Celui-ci  de  couleur  rouge  foncé,  est 
compact,  à grain  très  fin  et  susceptible  de  prendre  un  beau  poli. 

Sur  la  section  transversale  on  distingue  des  stries  radiales 
très  rapprochées  et  régulièrement  espacées,  avec  des  points 
clairs  disséminés  ça  et  là.  La  matière  colorante  est  très  abon- 
dante et  les  zones  concentriques  sont  mal  délimitées. 

Caractères  chimiques.  - - La  solution  aqueuse  est  de  cou- 
leur orangé  jaune  clair  ; elle  est  modifiée  ainsi  : 

par...  SCMH2,  jaune  clair. 

NaOH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  rouge  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune. 

L'eau  acidulée  reste  incolore,  tandis  que  l’eau  alcaline  se 
colore  en  orangé  jaune. 

L'action  des  divers  réactifs  essayés  sur  la  solution  alcooli- 
que, qui  est  orangée,  peut  se  résumer  ainsi  : 

avec...  S CMH2,  orangé  jaune  ; 

X [FOU.  orangé  brun  : 

Fe  Cl3,  rouge  brun  foncé  ; 

S03NaH,  orangé. 

Le  chloroforme  se  colore  en  orangé,  l'éther  en  orangé  jaune, 
le  benzène  en  orangé  jaune  clair  et  le  sulfure  de  carbone  en 
jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  De  560  M4l  à 450  up  l’absorption  croît  ; puis  elle 
devient  totale. 

(1)  L.  Gourchet,  Annale*  du  Musée  Colonial  de  Marseille  ; Recherches  morpho- 

logiques el  anatomique-  sur  le  Kntafa  ou  Kalrafay  de  Madagascar, 

190G,  p.  30. 


D'APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES 


41 


bï  Cette  solution  traitée  par  l’ammoniaque  donne  un 
spectre  dans  lequel  l’absorption  croit  depuis  575  pp 
jusqu’à  460  pp.  Au  delà  il  y a extinction  complète. 

c)  L'acide  sulfurique  ne  modifie  pas  sensiblement  le 
spectre  d’absorption  de  la  solution  alcoolique. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croit  de  575  pp  à 495  pp.  Au  delà  tout  est 
absorbé. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  560  uu  et  480  pp  l'absorption  est  croissante. 

Au  delà  elle  est  totale. 

Essais  de  teinture.  — Les  teintes  que  donne  la  laine  sont 
faibles  d'intensité  et  d’un  aspect  mat.  Avec  la  soie  les  diverses 
nuances  obtenues  sont  mal  caractérisées.  Ce  bois  est  donc  peu 
intéressant  au  point,  de  vue  tinctorial. 

Hazomena 

Sous  le  nom  de  Hazomena  les  Malgaches  désignent  divers 
bois  rouges.  C'est  ainsi  que  l’Acajou  du  Nord-Ouest  de 
Madagascar,  qui  est  le  Hazomena  des  Sakalaves,  est  le  Khaya 
madagascariensis  Jum.  et  Péri  .,  appartenant  à la  famille  des 
Méliacées.  O) 

Un  autre  Hazomena  ou  faux  natte  serait  le  Weinmannia 
Hutenbergii  Engl.,  de  la  famille  des  Saxifragacées. 

A la  suite  du  Khaya  Madagascariensis  Jum  et  Perr.  nous 
étudierons  deux  Hazomena  dont  la  détermination  botanique  ne 
nous  est  pas  connue  avec  certitude. 


Kliaya  madagascariensis  Jum  et  Perr.  (Méliacées) 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  de  couleur  rouge 
orangé,  est  dur,  il  possède  une  texture  homogène. 

La  section  transversale,  finement  striée  de  lignes  radiales, 
est  piquetée  de  nombreux  points  blancs  disséminés  çà  et  là  sur 
un  fond  plus  coloré  (2). 

(1)  H.  Jumelle  et  H.  Perrier  de  la  Bâthie,  Ann.  du  Musée  Colonial  de  Marseille. 

Notes  sur  la  Flore  du  Nord-Ouest  de  Madagascar.  1907,  p.  366-370. 

(2)  H.  Jumelle.  Les  Ressources  agricoles  et  lorestières  des  Colonies  françaises , 

Marseille,  1907,  p.  221-225. 


42 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  de  cou- 
leur rouge  orangé.  Lorsqu'on  la  traite  par  divers  réactils,  on 
obtient  : 

avec...  S04H2,  précipité  orangé  ; 

A'aüH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  brun. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  avec  fluorescence  verte, 
l’eau  acidulée  en  jaune. 

La  solution  alcoolique,  qui  est  rouge,  donne  les  variations 
de  teintes  suivantes  : 

par...  S04H2,  rouge  orangé  ; 

NFPOH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  rouge  foncé  ; 

S03.\aH,  rouge  orangé  clair. 

Sous  l'action  de  l’ammoniaque  la  solution  alcoolique  déve- 
loppe une  fluorescence  verte. 

Quant  aux  autres  dissolvants,  ils  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Dès  605  nn  il  y a absorption  totale. 

b)  Traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée  la  solution 
alcoolique  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
est  complète  à partir  de  605  mu 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  dans  lequel  l’absorption,  très  forte 
de  600  mi  à 560  un,  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

A partir  de  620  nu  l'absorption  est  complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Absorption  totale  au  delà  de  605  nm 

Essais  de  teinture.  — La  laine  donne  des  nuances  mates 
et  d’aspect  peu  agréable.  Pareillement  la  soie  se  teint  mal,  et  les 
divers  tons  obtenus  ne  paraissent  pas  susceptibles  d’application. 


D’APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  F.T  SPECTROSCOPIQUES 


43 


Hazomena  N°  44 

Lieu  d’origine.  — Cercle  de  .Mevatanana. 

Caractères  extérieurs. — De  couleur  orangée,  le  duramen 
est  bien  séparé  de  l'aubier  y)  ; il  est  dur,  compact  et  susceptible 
d’un  beau  poli. 

Sur  la  section  transversale  les  zones  saisonnières  sont  bien 
différenciées  ; on  y distingue  de  fines  stries  radiales  réguliè- 
rement. espacées,  avec  des  points  blancs  très  nombreux  et 
répartis  sur  toute  la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  du  bois  traitée  par 
l’eau  distillée  donne  une  solution  orangée,  et  l’action  des  divers 
réactifs  essayés  peut  se  résumer  ainsi  : 

par...  SCLH2,  précipité  orangé  ; 

XaOH,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  tandis  que  l’eau  acidulée 
reste  incolore.  Avec  l’alcool  on  obtient  une  solution  jaune  qui 
présente  les  modifications  suivantes  : 

par...  S04H'~,  jaune  ; 

XFDOH,  orangé  clair  ; 

Fe  Cl3,  jaune  ; 

S03XaH,  jaune  clair. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  La  matière  colorante  est  insoluble  dans  les 
autres  dissolvants. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption  croît  depuis  575  nu  jusqu’à  548  me 
pour  devenir  totale  au  delà. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  la  soude  et  examinée 
donne  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  de  589  nn 
à 575  ru.  Au  delà  il  y a extinction  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  unilatérale  croissante  de  605  uu  à 589  ur. 
Au  delà  tout  est  absorbé. 


44 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  589  n,u  à 575  «u  l'absorption  croît,  puis  devient 
complète. 

Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé 

rouge  orangé 

orangé  brun 

rouge  brun 

orangé 

Soie  . . 

orangé  clair 

rouge  orangé 

rouge  brun 

rouge  orangé 

orangé 

La  lame  donne  des  teintes  assez  fortes,  notamment  le  rouge 
orangé  (sur  Al). 

Les  diverses  nuances  obtenues  avec  la  soie  sont  bien 
caractérisées  et  d'un  bel  aspect,  mais  leur  faible  résistance  à la 
lumière  et  au  lavage  ne  permet  guère  d’utiliser  ce  bois  en 
teinture. 


Hazomena  N°  115 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  rouge  orangé  foncé, 
est  dur.  compact  et  homogène.  La  matière  colorante  envahit 
l'aubier,  en  sorte  qu’il  n’y  a pas  de  ligne  de  démarcation  entre 
celui-ci  et  le  cœur.  Sur  la  section  transversale,  les  zones 
saisonnières  sont  mal  différenciées  : néanmoins  on  aperçoit 

nettement  de  fines  stries  radiales  et  des  points  blancs  très 
nombreux  disséminés  sur  toute  la  surface. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse,  de  couleur 
rouge  orangé,  présente  les  modifications  suivantes  : 

par...  S04H2,  précipité  orangé  ; 

Na,OH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  brun. 

L’eau  acidulée  reste  incolore,  l’eau  alcaline  se  colore 
en  rouge. 

L’alcool  fournit  une  solution  orangée,  et  les  variations  de 
teintes  que  donnent  les  divers  réactifs  utilisés  peuvent  se  résumer 
ainsi  : 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


45 


avec...  S04112,  orangé  ; 

N ir*0 H,  rouge  et  fluorescence  verte  ; 

Fe  Cl3,  orangé  ; 

S03NaH,  orangé  jaune. 

Le  principe  colorant  est  insoluble  clans  le  chloroforme, 
l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption  croît  depuis  G05  iqi  jusqu’à  589  ri  ; 
puis  elle  devient  totale  au  delà. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  la  soude  et  examinée 
donne  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  est  totale 
dès  620  ji[i. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudré. 

Absorption  unilatérale  croissante  de  620  un-  à 605  ri, 
complète  au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  605  ri  à 589  ri  l’absorption  croît,  au  delà  elle  est 
totale. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancee 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  brun 
foncé 

orangé’ brun 
foncé 

orangé  brun 

Soie . . 

orangé  clair 

orangé  clair 

brun 

brun  rouge 

rouge  orangé 
clair 

Parmi  les  teintes  que  donne  la  soie,  le  rouge  orangé  clair 
(sur  Sn)  est  assez  bien  nuancé.  La  laine,  au  contraire,  se  teint 
difficilement.  Aussi,  au  point  de  vue  tinctorial,  le  bois  étudié  ne 
semble  pas  susceptible  d’application. 

Acacia  Sassa  Baill.  (Légumineuses) 

Cette  espèce  est  le  ’ ’Volomborona ’ des  Malgaches. 

Lieu  d’origine  : Province  des  Betsimisaraka  du  Nord. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  (~)  non  coloré  est 
bien  distinct  du  duramen  ; celui-ci,  rouge  orangé  est  assez 
compact,  et  possède  une  texture  homogène. 


40 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Sur  la  section  transversale  on  aperçoit  des  zones 
concentriques  claires  alternant  avec  des  zones  concentriques 
sombres  plus  larges.  Les  points  blancs,  peu  nombreux,  sont 
disséminés  ça  et  là. 

Caractères  chimiques.  — - La  poudre  du  bois  traitée  par 
l’eau  distillée  donne  une  solution  orangé  jaune  clair.  Si  l’on  fait 
agir  divers  réactifs  on  observe  : 

avec...  SCHH2,  jaune. 

_\aOH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  rouge  orangé  foncé  ; 

CaO  Cl2,  jaune. 

Le  chlorure  de  chaux  produit  une  fluorescence  verte  dans 
la  solution  aqueuse. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  orangé  et  l’eau  acidulée  en  jaune. 

L’alcool  fournit  une  solution  de  couleur  rouge  avec 
fluorescence  verte.  Sous  l’action  des  réactifs  choisis  on  obtient 
les  variations  suivantes  : 

SCHH2,  orangé  ; ' 

\H4OH,  rouge  foncé  avec  fluorescence  verte  : 

Fe  Cl3,  rouge  très  foncé  ; 

S03NaH,  orangé. 

Le  chloroforme  se  colore  en  orangé  avec  fluorescence  verte, 
l’éther  et  le  benzène  en  jaune,  le  sulfure  de  carbone  en  jaune 
clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L'absorption  est  très  forte  entre  605  rr  et  575  an  ; 
elle  devient  complète  au  delà. 

b)  Traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée,  la  solution 
alcoolique  fournit  un  spectre,  dans  lequel  l’absorption 
est  totale  à partir  de  640  rr. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  primitive  en 
modifie  le  spectre,  qui  présente  une  absorption 
croissante  de  575  rr  à 560  rr.  Au  delà  il  y a 
extinction  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  605  u u à 589  rr  l’absorpfion  croît  : elle  est  totale- 
au  delà. 


fi' APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES 


47 


:j°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  575  nu  jusqu'à  548  gg,  puis 
elle  devient  complète. 


Essais  df.  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

rouge  orangé 

orangé 

ronge  orangé 

orangé 

orangé 

brun 

brun 

Soie  . . 

rouge  orangé 

orangé  vif 

rou^e  orangé 

orangé  vif 

orangé  vif 

brun 

Parmi  les  teintes  que  donne  la  laine,  le  rouge  orangé  brun 
(sans  mordant),  l’orangé  (sur  Al)  et  le  rouge  orangé  brun  (sur  Fe) 
sont  assez  bien  caractérisés. 

Dans  l’ensemble,  les  tons  obtenus  avec  la  soie  sont  bien 
nuancés,  mais  ces  diverses  teintes  sont  peu  résistantes  à la 
lumière  et  au  lavage. 

< 

A.fzelia  bijuga  Gray  (Légumineuses) 

C’est  du  moins  à cette  espèce  qu’on  rapporte  VHintsy. 

Lieu  d’origine.  — Province  des  Betsimisaraka  du  Nord. 

Caractères  extérieurs.  — - L’aubier  non  coloré  est 

nettement  distinct  du  duramen. 

Le  cœur  orangé  brun  est  compact,  à texture  serrée. 

Sur  la  section  transversale  on  peut  voir  des  stries  radiales 
claires  régulièrement  espacées.  De  fines  lignes  concentriques 
sont  bordées  de  nombreux  points  blancs  ; ailleurs  ceux-ci  sont 
également  répartis  sur  la  surface  plus  foncée  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  présente 
une  teinte  orangé  jaune.  Sous  l’action  des  divers  réactifs  choisis 
•on  observe  : 

avec...  SCBH2,  précipité  orangé  jaune  ; 

NaOH.  rouge  orangé  foncé  ; 

Fe  C13,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  brun. 


48 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


L'eau  acidulée  se  colore  en  jaune  très  clair  et  l’eau  alcaline 
en  rouge  orangé. 

L’alcool  fournit  une  solution  orangé  jaune,  avec  les 
modifications  suivantes  : 

avec...  SO*H'~,  orangé  jaune  ; 

\H4OH,  rouge  orangé  foncé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; . 

S03NaH,  jaune. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  - — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Entre  560  uu  et  487  nn  l’absorption  croît,  puis  elle 
devient  totale. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée  donne  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  de  575  nu  à 515  un.  Au  delà  il  y a extinction 
complète. 

c)  L'acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  ne 
parait  pas  modifier  sensiblement  son  spectre. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L'absorption  croit  de  589  nn  à 560  un  ; elle  est  totale 
au  delà  . 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  589  nn  à 548  nu  l’absorption  croît,  puis  il  y a 
extinction  complète. 


Essais  de  teinture  : 


Non  mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Laine . 

orangé  jaune  brun 

orangé  jaune 

orangé  brun 

orangé  brun 

foncé 

Parmi  les  teintes  que  donne  la  laine,  l’orangé  jaune  (sur  AI) 
et  l'orangé  brun  foncé  (sur  Fe)  sont  assez  bien  caractérisées. 

A l’exception  du  brun  noir  (sur  Fe),  la  soie  fournit  des 
nuances  ternes  et  d’un  médiocre  intérêt. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  ET  SPECTROSCOPIQUES  49 


Afzelia  sp.  (Légumineuses) 

L’ Alcindranto  des  Malgaches  serait  un  Alzelia. 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Mananjary. 

\ 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  nettement  différencié 
présente  un  aubier  (-LL)  non  coloré  et  un  cœur  rouge  orangé 
foncé  ; il  est  dur,  compact,  homogène  et  à grain  fin. 

Sur  la  section  transversale,  de  fines  stries  radiales  claires 
sont  bien  marquées  ; les  nombreux  points  blancs  sont  répartis 
sur  toute  la  surface,  et  des  bandes  concentriques  colorées 
alternent  avec  des  bandes  claires  plus  étroites. 

Caractères  chimiques.  — La  matière  colorante  du  bois  est 
très  soluble  dans  l’eau,  et  elle  fournit  une  solution  rouge 
orangé.  Sous  l’action  des  réactifs  essayés  on  observe  : 

avec...  S 04H2,  précipité  orangé  brun  ; 

NaOH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  brun. 

L’eau  alcaline  devient  rouge  et  l’eau  acidulée  orangé  jaune 
clair. 

De  couleur  orangée,  la  solution  alcolique  présente  les 
modifications  suivantes  : 

par...  SCMH2  orangé  ; 

NIDO  H,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  orangé  brun  ; 

S03NaH.  orangé  jaune. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

L’éther  se  colore  en  jaune,  le  sulfure  de  carbone  en  jaune 
très  clair  ; les  autres  liquides  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  croît  de  575  nu  à 525  Elle  est 
complète  au  delà. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 


50 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


croit  de  589  mi*  à 575  n,u.  Au  delà  ii  y a extinction 
totale. 

c)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique  traitée 
par  l'acide  sulfurique  présente  une  absorption 
croissante  depuis  575  un  jusqu’à  535  un  ; elle  est 
totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  est  complète  à partir  de  620  m»- 
3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Dès  620  nn  l’absorption  est  totale. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  brun 

orangé  jaune 

orangé  brun 
foncé 

orangé 

(brique) 

orangé 

Soie  . . 

orangé  brun 

orangé  jaune 
vif 

brun  noir 

orangé  jaune 

orangé  jaune 

La  laine  donne  des  teintures  d’une  nuance  assez  forte. 
Parmi  les  tons  obtenus  avec  la  soie,  l’orangé  jaune  vif 
(sur  Al)  et  le  brun  noir  (sur  Fe)  sont  bien  caràctérisés. 

Ces  diverses  teintes  sont  assez  résistantes  à la  lumière  et. 
au  lavage. 


Albizzia  fastigiata  Oliver  (Légumineuses) 

Les  indigènes  désignent  cette  espèce  sous  le  nom 
d ' Halomboro . 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Tuléar. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  est  nettement 
différencié  : il  présente  un  aubier(-ji-)  non  coloré  et  un  cœur 
■orange  foncé.  Il  est  fibreux  et  homogène. 

Les  zones  saisonnières  sont  bien  visibles  sur  la  section 
transversale,  qui  est  piquetée  de  très  nombreux  points  blancs, 
disséminés  sans  ordre  apparent. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  ET  SPECTROSCOPIQUES  51 

Caractères  chimiques.  — De  couleur  rouge,  la  solution 
aqueuse  est  modifiée  ainsi  : 

par...  S04H2,  précipité  rouge  brun  ; 

NaOH,  rouge  très  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  brun  foncé. 

L’eau  acidulée  reste  incolore,  tandis  que  l’eau  alcaline 
devient  rouge  orangé.  Traitée  par  l'alcool,  la  poudre  du  bois 
donne  une  solution  orangé  jaune  ; et  l’action  des  réactifs 
essayés  peut  se  résumer  ainsi  : 

avec...  SOH2,  orangé  jaune  ; 

NH4OH,  précipité  rouge  brun  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

S03NaH,  jaune. 

L’ammoniaque  provoque  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

La  matière  colorante  est  insoluble  dans  le  chloroforme, 
l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption,  partielle  jusqu’à  605  nu,  devient  totale 
au  delà. 

b)  Cette  solution  traitée  par  la  soude  donne  un  spectre 
dans  lequel  l’absorption  est  presque  complète  ; la 
lumière  fortement  absorbée  ne  passe  guère  que  dans 
le  rouge. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croit  depuis  605  uu  jusqu’à  589  ru.  Au 
delà  il  y a extinction  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  575  rr  à 535  rr  l’absorption  croît,  elle  est  totale 
au  delà. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  donne  des  teintes  assez 
mal  caractérisées. 

Par  contre  avec  la  soie  on  obtient  les  tons  suivants  : 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

orangé  jaune  brun 

orangé  jaune 

oraneé  jaune 

orangé  jaune 

orangé  jaune 

brun 

foncé 

brun 

52 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


L’orangé  jaune  (sur  Sn)  est  bien  nuancé  : il  est  moyenne- 
ment résistant  à la  lumière  et  au  lavage. 


Dalbergia  Baroni  Bak  (Légumineuses) 

C'est  à cette  espèce  qu’on  rapporte  ordinairement 
Y Hazouola. 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Nossi-Bé. 

Caractères  extérieurs.  — L'aubier  (^-)  non  coloré 
est  bien  distinct  du  cœur,  qui  est  d’un  beau  rouge,  à texture 
serrée  et  homogène. 

La  section  transversale,  finement  striée  de  lignes  radiales, 
laisse  voir  des  zones  concentriques  foncées,  alternant  avec  des 
zones  claires  plus  étroites  ; les  nombreux  points  blancs  sont 
répartis  également  sur  toute  la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  offre  une 
coloration  jaune  très  clair  : et  les  variations  de  teintes  que 

produisent  quelques  réactifs  essayés  sont  : 

avec...  SCKH2,  jaune  très  clair  ; 

NaOH.  jaune  ; 

Fe  Cl3,  jaune  très  clair  ; 

CaO'  Cl2,  léger  précipité  jaune  très  clair. 

Tandis  que  l'eau  acidulée  reste  incolore,  l’eau  alcaline 
devient  orangé  jaune. 

Avec  l’alcool  employé  comme  dissolvant,  on  obtient  une 
solution  rouge  orangé,  qui  présente  les  modifications  suivantes  : 
par...  S04H2,  orangé  ; 

NIDO  H,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  orangé  ; 

S03NaH,  orangé. 

Le  chloroforme  se  colore  en  violet  rouge,  l’éther  en  jaune 
clair,  le  benzène  en  rouge  faible  et  le  sulfure  de  carbone  en 
rouge  très  faible. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique 

a)  De  589  nn  à 575  nn.  l’absorption  croît,  puis  elle 
devient  totale. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


53 


b)  Cette  solution  traitée  par  l’ammoniaque  fournit  un 
spectre  dans  lequel  l'absorption  est  complète  dès  615  mu- 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  et  l’absorption  croit  depuis  555  hr 
jusqu’à  545  mu. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  575  ru  à 472  mm  l'absorption  croît.  Au  delà  elle  est 
complète., 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Faible  dans  le  vert  l’absorption  croît  dans  le  bleu  et 
devient  totale  dans  l'indigo. 

Essais  de  teinture.  — Les  teintes  que  donne  la  laine  sont 
ternes  et  faibles  d’intensité. 

La  soie  fournit  les  nuances  suivantes  : 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

rouge  orangé  clair 

orangé 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  vif 

Parmi  ces  divers  tons,  l’orangé  vif  (sur  Sn)  est  bien 
caractérisé. 

Il  est  à remarquer  que  malgré  la  richesse  du  bois  en  matière 
colorante  ses  propriétés  tinctoriales  sont  assez  médiocres. 


Dalbergia  ikopensis  Jum.  et  Perr.  (Légumineuses) 

Ce  Dalbergia  est  le  Manary  des  Sakalaves  (L.  C’est  un 
arbre  à palissandre. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  présente  un  aubier 
non  coloré,  nettement  distinct  du  cœur  ; celui-ci  de  couleur 
rouge  orangé  foncé  est  dur,  compact,  à texture  homogène  et  à 
grain  fin. 

On  aperçoit  des  zones  saisonnières  bien  différenciées  et  de 


(1)  H.  Jumelle,  loc.  cit,  1907,  p.  320. 


54 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


fines  striés  radiales  ; les  points  blancs  sont  répartis  en  plus 
grand  nombre  suivant  des  zones  concentriques. 

Caractères  chimiques.  — Avec  l’eau  distillée  on  a une 
solution  orangé  jaune  ; et  les  changements  provoqués  par  les 
divers  réactifs  choisis  sont  : 

avec...  SO;H2,  précipité  orangé  ; 

NaOH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune. 

L’eau  acidulée  se  colore  en  jaune  très  clair,  l’eau  alcaline 
en  orangé  jaune.  L’alcool  employé  comme  dissolvant  fournit 
une  solution  orangée,  et  cette  teinte  primitive  est  modifiée 
ainsi  : 

par...  SCHH2,  orangé  ; ' 

\H4OH.  orangé  foncé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  ; 

S03\aH,  orangé  jaune. 

L’éther  et  le  sulfure  de  carbone  se  colorent  en  jaune,  le 
chloroforme  en  orangé  et  le  benzène  en  orangé  jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  croit  depuis  575  nn  jusqu’à  505  nn  ; elle 
est  totale  au  delà. 

b)  Traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée,  cette  solution 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  à partir 
de  575  un  ; au  niveau  de  495  un  il  y a extinction 
complète. 

c)  L’acide  .sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre  ; et  l’absorption,  croissante  de 
560  nn  à 515  nn,  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre  : 

Entre  560  nn  et  472  nn  l’absorption  croît  puis  elle 
devient  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croît  de  560  nn  à 465  nn  ; elle  est 
complète  au  delà. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  donne  des  tons  orangé 
brun,  d’apparence  terne. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


55 


Les  diverses  nuances  obtenues  avec  ta  soie  soni  les 
suivantes  : 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

orangé  clair 

orangé  clair 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  clair 

Quoique  bien  caractérisées,  ces  différentes  teintes^  n’offrent 
qu'un  médiocre  intérêt  pratique. 

Dalbergia  Perrieri  Drake  (Légumineuses) 

Synonyme  : Dalbergia  boinensis  Jum. 

Cette  espèce  est  le  Mnnipika  des  Sakalaves  (L.  C’est  le 
principal  arbre  à palissandre  du  Boina. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  présente  un  aubier (M-J 
à bords  nets  ; le  cœur,  rouge  très  foncé,  est  dur,  compact,  à 
texture  serrée  et  homogène,  et  il  est  tirés  riche  en  matière 
colorante. 

Sur  la  section  transversale,  on  distingue  des  zones 
concentriques  claires  alternant  avec  des  zones  foncées  plus 
larges.  Les  points  blancs  sont  disséminés  ça  et  là  sur  toute  la 
surface  colorée. 

Caractères  chimiques.  — Lorsqu’on  traite  la  poudre 
du  bois  par  l’eau  distillée  on  obtient  un  louche  orangé  brun,  qui 
est  modifié  ainsi  : 

par...  S04H2,  précipité  orangé  brun  ; 

NaOH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

C’aO  Cl2,  précipité  orangé  brun. 

L’eau  alcaline  devient  rouge  orangé  ; au  contraire  l’eau 
acidulée  reste  incolore. 

La  solution  alcoolique,  de  couleur  rouge  foncé,  présente 
les  changements  de  teintes  suivants  : 

avec...  S04H2,  rouge  orangé  ; 

NEBOH,  rouge  brun  très  foncé  : 

Fe  Cl3,  rouge  foncé  ; 

S03NaH,  orangé. 

•,(1)  H.  Jumelle,  loc.  cit.  1907,  p.  323. 


56 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Le  chloroforme  se  colore  en  orangé,  l'éther  en  orangé 
jaune,  le  benzène  en  jaune  et  le  sulfure  de  carbone  en  jaune 
clair. 

Caractères  spectroscopiques.  - — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L'absorption  est  totale  dès  615  nu. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique  traitée  par 
l'ammoniaque  est  caractérisé  par  une  absorption 
complète  à partir  de  620  ru. 

c)  L'acide  sulfurique  modifie  le  spectre  de  la  solution 
alcoolique,  et  l'absorption,  croissante  entre  589  nn  et 
560  liu,  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  589  un  à 560  nn  l’absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  589  nn  et  548  ni1  l’absorption  croît.  Au  delà  il  y a 
extinction  totale. 


Essais  de  teinture.  — 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

1 Laine. 

orangé  brun 

orangé  brun 

brun  noir 

orangé  brun 

rouge  orangé 
brun 

Soie  . . 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  jaune 
brun 

rouge  brun 

La  laine  donne  des  teintes  fortes,  mais  mal  nuancées.  Par 
contre,  l’orangé  jaune  brun  (sur  Cr)  et  le  rouge  brun  (sur  Sn) 
fournis  par  la  soie  sont  assez  bien  caractérisés. 


Dalbergia  sp.  N°  5 

Caractères  extérieurs.  — De  couleur  rouge,  le  duramen 
est  bien  distinct  de  l’aubier  (y)  ; il  est  dur,  compact,  à texture 
serrée. 

Finement  striée  de  lignes  radiales,  la  section  transversale 
présente  des  zones  concentriques  colorées  alternant  avec  des 
zones  claires  plus  étroites  : de  place  en  place,  on  distingue  une 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


57 


zone  large  plus  fortement  colorée  et  ça  et  là  quelques  points 
clairs. 

Ce  bois  à grain  fin  est  susceptible  d’un  beau  poli. 

Caractères  chimiques.  — Traitée  par  l’eau  distillée,  la 
poudre  du  bois  donne  un  louche  orangé  jaune  très  clair. 
L’action  des  réactifs  essayés  peut  se  résumer  ainsi  : 

avec...  S04H2,  louche  jaune  très  clair  ; 

NaOH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  ' précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2  d’abord  orangé,  puis  orangé  jaune  et 
précipité  orangé  jaune. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  orangé,  l’eau  acidulée  reste 
incolore., 

L’extrait  alcoolique  est  rouge  ; il  offre  les  changements  de 
teintes  suivants  : 

par...  S04H2,  orangé  jaune  ; 

NH4OH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  ; 

S03NaH,  orangé  jaune. 

Le  chloroforme  et  l’éther  se  colorent  en  jaune,  tandis  que 
le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  ne  dissolvent  pas  le  principe 
colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  est  très  forte  entre  589  rr  et  548  rr.  Au 
delà  elle  est  complète. 

b)  Cette  solution  traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  est  totale 
à partir  de  605  rr. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  qui  offre  une  absorption  croissante 
de  535  rr  à 525  rr  ; elle  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croit  de  589  rr  à 535  rr.  Au  delà  il  y a 
extinction  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  575  rr  à 515  rr  l’absorption  croît  : elle  est  complète 
au  delà. 


58 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Essais  de  teinture.  — La  teinte  orangée  (sur  Al)  que  donne 
la  laine  est  bien  caractérisée,  de  même  encore  l’orangé  (sans 
mordant  et  sur  Al)  obtenu  avec  la  soie.  Mais  ces  diverses  nuances 
résistent,  mal  au  lavage  et  à la  lumière. 

Dans  les  conditions  choisies  ce  bois  ne  parait  pas 
susceptible  d être  employé  en  teinture. 


Dalbergia  sp.  N°  1828 

Caractères  extérieurs.  — De  couleur  rouge  orangé  brun 
foncé  le  bois  est  dur,  compact  et  à grain  fin. 

Sur  la  section  transversale  finement  striée  de  lignes  radiales 
oii'distingue  des  zones  concentriques  claires  alternant  avec  des 
zones  foncées  plus  larges,  avec  ça  et  là  des  points  blancs  répartis 
sans  ordre  apparent. 

Caractères  chimiques.  — Sous  l’action  de  l’eau  distillée, 
la  poudre  du  bois  donne  un  louche  jaune  très  clair  avec  les 
modifications  suivantes  : 

par...  SCDH2,  louche  jaune  très  clair  ; 

XaOH.  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  rouge  foncé  ; * 

CaO  Cl2,  jaune  clair. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  orangé,  l'eau  acidulée  en  jaune. 
La  solution  alcoolique  est  rouge  orangé  foncé  avec  fluorescence 
verte,  si  on  la  traite  par  divers  réactifs  on  observe  : 

avec...  S04H~,  orangé  brun  ; 

XFDOIL  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  rouge  orangé  foncé  ; 

S03NaH,  orangé. 

L'ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  Le  chloroforme  prend  une  coloration 
orangé  jaune  avec  fluorescence  verte  : les  autres  dissolvants  se 
colorent  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Faible  jusqu'à  660  nn,  l'absorption  croît  entre  fi05  ni* 
et  575  uu.  elle  est  totale  au  delà. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


59 


b)  La  solution  précédente  traitée  par  l’ammoniaque 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption,  très  forte 
jusqu’à  640  nn,  est  complète  au  delà. 

c)  L'acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  qui  présente  une  faible  absorption 
jusqu’à  660  rr,  croissante  de  589  rr  à 560  rr  et 
totale  ensuite. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  croissante  de  575  rr  à 525  rr.  Au  delà  il 
y a extinction  complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  575  rr  à 515  rr  l’absorption  croît  ; elle  est  totale 
au  delà. 

Essais  de  teinture.  — L’orangé  brun  foncé  (sur  Al  et  Fe) 
que  donne  la  laine  est  d’une  nuance  assez  forte. 

Par  contre,  les  divers  tons  obtenus  avec  la  soie  sont  mal 
caractérisés. 

Le  bois  étudié  ne  parait  guère  susceptible  d’être  employé 
en  teinture. 


Voamboana 

Les  Voamboana,  qui  sont  des  arbres  à palissandre,  sont 
généralement  considérés  comme  étant  des  Dalbergia. 

Nous  avons  étudié  six  de  ces  « Voamboana  »,  mais,  ne 
pouvant  avec  certitude  les  rapporter  tous  au  genre  Dalbergia, 
nous  conserverons  leurs  dénominations  indigènes. 


Voamboana  mainty 


Caractères  extérieurs.  — Rien  distinct  de  l’aubier  (^-) 
le  duramen,  de  couleur  rouge  orangé  foncé,  est  dur.  compact 
et  à grain  fin. 


Sur  la  section  transversale,  finement  striée  de  lignes 
radiales,  on  distingue  des  zones  concentriques  alternativement 
claires  et  sombres,  avec  des  points  blancs  assez  nombreux, 
disséminés  sans  ordre  sur  toute  la  surface  plus  foncée  de 
la  coupe. 


60 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Caractères  chimiques.  — Par  le  broyage,  ce  bois  fournit 
une  poudre  qui,  traitée  par  l’eau  distillée,  donne  une  solution 
orangé  jaune  clair.  Ses  réactions  colorées  sont  les  suivantes  : 
par...  SCHH2,  précipité  orangé  jaune  clair  ; 

NaOH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune. 

L’eau  alcaline  devient  orangé  jaune,  l’eau  acidulée  reste 
incolore. 

De  couleur  orangée,  la  solution  alcoolique  présente  les 
teintes  suivantes  : 

avec...  SOLH2,  orangé  jaune  ; 

AH7*  O H,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  ; 

S03NaH,  orangé  jaune. 

Le  chloroforme  se  colore  en  orangé,  le  sulfure  de  carbone 
en  jaune  très  clair,  l’éther  et  le  benzène  en  orangé  très  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  De  560  à 465  nn  l’absorption  croît  ; elle  devient 
totale  ensuite. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée  donne  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  depuis  575  nn  jusqu’à  472  mu.  Au  delà  i!  y a 
extinction  complète. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  et  celui-ci  présente  une  absorption 

' croissante  de  560  uu  à 487  ni».  Au  delà  tout  est 
, absorbé. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  575  p fi  à 480  wi  l’absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  560  nn  et  472  nn  l’absorption  croit  ; elle  est 
totale  au  delà. 


Essais  de  teinture.  — La  laine  et  la  soie  se  teignent 
difficilement.  Les  diverses  nuances  obtenues  sont  d’une  faible 
intensité  et  d’ailleurs  mal  caractérisées.  Au  point  de  vue 
tinctorial,'  le  bois  étudié  ne  paraît  pas  susceptible  d’être 
employé. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


61 


Voamboana  mavo 

Lieu  d’origine.  — Cercle  de  Mevatananc . 

Caractères  extérieurs.  - — Le  bois  possède  un  duramen 
rouge  orangé  foncé  nettement  séparé  de  l’aubier  (y)  ; il  est 

dur,  compact  et  à grain  fin. 

Les  zones  saisonnières  sont  assez  bien  marquées  sur  la 
section  transversale,  laquelle,  finement  striée  de  lignes  radiales, 
est  piquetée  de  nombreux  points  blancs. 

Caractères  chimiques.  — De  couleur  jaune  très  clair, 
l’extrait  aqueux  présente  les  réactions  colorées'suivantes  : 

avec...  S04H2,  jaune  très  clair  ; 

NaOH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  léger  précipité  jaune  très  clair. 

L’eau  acidulée  reste  incolore,  l'eau  alcaline  devient  jaune. 
La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune.  Sous  faction  des 
divers  réactifs  choisis  on  obtient  : 

avec...  S04H2,  orangé  jaune  ; 

NH4OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  ; 

S03NaH,  orangé  jaune  clair. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  se  colorent  en  orangé 

jaune,  le  sulfure  de  carbone  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Faible  au  début,  l’absorption  croit  de  500  à 
460  u|a,  puis  elle  devient  totale. 

b)  Cette  solution  traitée  par  l’ammoniaque  donne  un 
spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  depuis  560  nii 
jusqu’à  472  wg  Au  delà  il  y a extinction  complète. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  et  l’absorption,  croissante  de  560  hia 
à 472  |x|x,  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  560  nn  à 460  hja  l’absorption  croît  ; elle  est  complète 
au  delà. 


62 


LA  DÉTERMINATION'  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORES 


3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Absorption  croissante  de  560  nn  à 460  totale  au 
delà. 


Essais  de  teinture.  — Les  teintes  que  donne  la  laine  sont 
mal  caractérisées. 

Pareillement  les  nuances  fournies  par  la  soie  sont  de  faible 
intensité. 

Au  point  de  vue  tinctorial,  ce  bois  ne  semble  pas  susceptible 
d’application. 


Voamboana  mena 

Lieu  d’origine.  — Cercle  de  Mevatanana. 

Caractères  extérieurs.  — Bien  distinct  de  l’aubier  (L) 
le  duramen.  de  couleur  rouge  foncé,  est  dur,  compact,  d’une 
texture  serrée  et  susceptible  de  prendre  un  beau  poli. 

Finement  striée  de  lignes  radiales,  la  section  transversale 
présente  des  zones  concentriques  peu  colorées  alternant  avec  des 
zones  foncées  plus  étroites  : la  surface  est  piquetée  de  points 
blancs  disséminés  sans  ordre  apparent. 

Caractères  chimiques.  — Traitée  par  l’eau  distillée,  la 
poudre  du  bois  donne  une  solution  jaune  très  clair,  mais  avec 
les  changements  suivants  : 

par...  S04H2,  jaune  très  clair  ; 

NaOH,  jaune  ; 

Fe  03,  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  jaune  vert. 

Le  chlorure  de  chaux  développe  une  fluorescence  verte  dans 
la  solution  aqueuse.  L’eau  acidulée  reste  incolore,  tandis  que 
l’eau  alcaline  se  colore  en  orangé  jaune,  avec  fluorescence 
bleue  verdâtre. 

La  matière  colorante  dissoute  par  l’alcool  fournit  une 
solution  de  couleur  rouge  : et  les  divers  réactifs  essayés 

donnent  : 

SO'dT2,  orangé  : 

N T BOIT,  rouge  foncé  ; 

Fe  CF.  orangé  ; 

SO^XaTT.  orangé. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


63 


L’ammoniaque  produit  une  fluorescence  bleue  dans  la 
solution  alcoolique.  Le  chloroforme  se  colore  en  rouge,  l’éther 
en  orangé  jaune,  le  benzène  en  rouge  et  le  sulfure  de  carbone 
en  rouge  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Dès  605  rr  l’absorption  est  totale. 

b)  Cette  solution  traitée  par  l’ammoniaque  donne  un 
spectre  dans  lequel  l’absorption  est  complète  au 
niveau  de  620  ru. 

c)  Sous  l’action  de  l’acide  sulfurique,  le  spectre  est 
modifié  et  l’absorption  croît  de  565  rr  à 555  rr.  Au 
delà  il  y a extinction  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  de  575  rr  à 480  rr,  puis  elle  devient 
complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  560  rr  à 472  rr  l’absorption  croît  ; elle  est  totale 
au  delà. 

• Essais  de  teinture.  - — Parmi  les  divers  tons  que  donne  la 
laine  l’orangé  brun  foncé  (sur  Fe)  et  l’orangé  jaune  brun  (sur 
Cr)  sont  assez  bien  caractérisés. 


Avec  la  soie  on  obtient  les  teintes  suivantes  : 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

rouge  orangé  clair 

rouge  orangé 

orangé  brun 

orangé  jaune 

orangé  clair 

(rose) 

clair 

(rose) 

foncé 

brun 

laine,  l’orangé  brun  foncé  (sur  Fe)  et  l’orangé  jaune  brun 
(sur  Cr)  sont  assez  bien  caractérisés. 


Voamboana  N°  26 

Lieu  d’origine.  — Cercle  de  Mevatanana. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  ) est  bien  distinct 
du  duramen  : celui-ci,  de  couleur  rouge  foncé,  est  dur,  compact 
et  à texture  serrée. 


64  . LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 

Finement  striée  de  lignes  radiales  la  section  transversale 
présente  des  zones  saisonnières  assez  bien  délimitées. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  du  bois  traitée  par 
l'eau  distillée  donne  un  louche  orangé  jaune  brun.  Si  l’on  fait 
agir  les  divers  réactifs  choisis,  on  observe  : 

avec...  SCFHC  précipité  orangé  jaune  ; 

XaOH.  orangé  jaune 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune. 

L'eau  alcaline  devient  rouge  orangé,  l’eau  acidulée  jaune 
très  clair.  De  couleur  rouge,  la  solution  alcoolique  est  modifiée 
ainsi  : 

par...  S04H2,  orangé  ; 

NfDOH,  rouge  brun  foncé  ; 

Fe  Cl3,  rouge  orangé  ; 

S03\aH,  orangé. 

Le  chloroforme  se  colore  en  rouge,  l'éther  en  orangé  jaune, 
le  benzène  en  jaune,  et  le  sulfure  de  carbone  en  jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Très  forte  entre  605  nu  et  560  ru,  l'absorption  est 
totale  au  delà. 

b)  Traitée  par  l'ammoniaque,  la  solution  précédente 
donne  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  est  complète 
à partir  de  620  un. 

c)  L'acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  dont  l’absorption  croît  de  575  nn 
à 548  np-  Au  delà  il  y a extinction  totale. 

£°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  605  un  à 589  na  l'absorption  croît  : elle  est  totale 
au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  589  un  et  548  nu  1 absorption  est  croissante  ; 
puis  elle  devient  complète. 

Essais  de  teint;  re.  — La  laine  donne  des  teintes  orangé 
brun  foncé.  Avec  la  soie  on  obtient  les  diver-  tons  suivants  : 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


65 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  jaune 

rouge  orangé 

toncé 

brun 

brun 

Parmi  ces  nuances,  l'orangé  brun  foncé  (sur  Fe),  l’orangé 
jaune  brun  (sur  Cr)  et  le  rouge  orangé  brun  (sur  Sn)  sont  assez 
bien  caractérisés. 


Voamboana  N°  54 

Lieu  d'origine.  — Diego-Suarez. 

Caractères  extérieurs.  — Le  duramen,  de  couleur  rouge 
orangé  foncé,  est  bien  séparé  de  l’aubier  (y)  , il  est  dur  et 
compact.  Piquetée  de  nombreux  points  blancs,  la  section 
transversale  présente  des  zones  concentriques  claires  alternant 
avec  des  zones  plus  sombres  . De  fines  stries  radiales  sont 
egalement  bien  visibles. 

Caractères  chimiques.  — Traitée  par  l’eau  distillée,  la 
poudre  du  bois  donne  un  louche  orangé  jaune.  Les  divers 
réactifs  choisis  produisent  les  modifications  suivantes  : 
avec...  SCD  H2,  louche  jaune; 

Na  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  louche  rouge  brun  ; 

CaO  Cl2,  louche  jaune. 

L’eau  acidulée  se  colore  en  jaune  vert  et  l’eau  alcaline  en 
orangé. 

L’alcool  employé  comme  dissolvant  fournit  une  solution 
•orangé  foncé.  Cette  coloration  est  modifiée  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  orangé  foncé  ; 

NH4  OH,  orangé  très  foncé  : 

Fe  Cl3,  orangé  foncé  ; 

S03NaH,  orangé. 

Le  chloroforme  se  colore  en  orangé  jaune,  l’éther,  le 
benzène  et  le  sulfure  de  carbone  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  De  589  un  à 535  un  l’absorption  croît,  puis  elle 
devient  totale. 


3 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Gô 


bi  Cette  solution  traitée  par  l’ammoniaque  donne  un 
spectre  qui  présente  une  absorption  croissante  depuis 
589  wi  jusqu’à  548  nn  ; elle  est  complète  au  delà. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  n’en 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre  d’absorption. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  croissante  entre  575  nn  et  480  nm  totale 
au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croit  de  575  hr  à 480  rr.  Au  delà,  il  y a 
extinction  complète. 

Essais  ni:  teinti  re.  — Parmi  les  teintes  que  donne  la  laine 
le  rouge  orangé  brun' foncé  (sur  Fe;  et  l’orangé  brun  foncé  (sur 
Cr)  présentent  seuls  quelque  intérêt. 

Les  divers  tons  fournis  par  la  soie  sont  assez  faibles 
d'intensité  et,  d’ailleurs,  mal  caractérisés. 

Toutes  ces  nuances  sont  peu  résistantes  à la  lumière  et 
au  lavage. 

Le  bois  étudié  est  donc  inutilisable  en  teinture. 


Voamboana  N°  228 

Lieu  d'origine.  — Province  des  Betsimisaraka  du  Sud. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  aubier  bien 
distinct  du  duramen  ; celui-ci,  de  couleur  rouge  orangé  foncé, 
est  dur,  compact  et  à grain  fin. 

De  fines  stries  radiales  régulièrement  espacées  sont  bien 
visibles  sur  la  section  transversale  ; on  distingue  également  des 
zones  concentriques  colorées  alternant  avec  des  zones  claires 
plus  étroites  : la  surface  de  la  coupe  est  piquetée  de  points 
blancs  disséminés  sans  ordre  apparent. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  du  bois  traitée  par 
l’eau  distillée  donne  une- solution  orangé  jaune.  Si  l’on  fait  agir 
divers  réactifs  on  observe  : 

avec...  S CPU2,  précipité  orangé  : 

NaOH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune. 


d'après  leurs  CARACTÈRES  CHIMIQUES  et  spectroscopiques 


67 


L’eau  alcaline  se  colore  en  orangé  jaune  et  1 eau  acidulée 
•en  jaune  très  clair. 

La  solution  alcoolique,  de  couleur  orangée,  est  modifiée 
ainsi  : 

par...  SO4  H2,  orangé  ; 

XH4  OH,  orangé  foncé  : 

Fe  Cl3,  orangé  ; 

S03XaH,  orangé  jaune. 

Le  chloroforme  prend  une  coloration  orangée,  le  benzène 
orangé  jaune  clair  ; 1 éther  et  le  sulfure  de  carbone  se  colorent 

en  jaune. 

Caractères  Spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Absorption  unilatérale  croissante  de  575  rr  à 505  rr, 
elle  est  totale  au  delà. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée  donne  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  depuis  575  rr  jusqu’à  495  rr  pour  devenir 
complète  à partir  de  495  rr. 

■ c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  et  l’absortion  croissante  de  500rr  à 
515  rr  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.50  de  poudré  : 

L’absorption  croît  de  560  rr  à 472  rr.  Au  delà'  tout  est 
absorbé. 

-9°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre  : 

Entre  560  rr  et  465  rr  l’absorption  croît,  elle  devient 
totale  au  delà. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  et  la  soie  se  teignent 
difficilement.  Les  diverses  nuances  obtenues  sont  faibles 
d’intensité.  Les  propriétés  tinctoriales  de  ce  bois  n’offrent  donc 
qu’un  médiocre  intérêt. 

* 

Erythrophleum  Couminga  Baill.  (Légumineuses) 

Les  Sakalaves  désignent  celte  espèce  sous  le  nom  de 
Kominga,  tandis  que  les  Hova  l’appellent  Kimanga. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  dont  1 aubier  non 
^coloré  est  très  étroit,  possède  un  cœur  bien  différencié,  de 


68 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


couleur  rouge  orangé  foncé  : il  est  dur,  compact  et  à grain  fin.. 

La  section  transversale  montre  une  infinité  cle  points1 
blancs,  répartis  uniformément  sur  toute  la  surface  colorée,  qui 
est  sillonnée  de  très  fines  stries  radiales. 

Caractères  chimiques.  — Lorsqu'on  traite  la  poudre  dir 
bois  par  l'eau  distillée,  on  obtient  un  louche  jaune  très  clair  ; 
le>  divers  réactifs  choisis  donnent  : 

SG4  II2,  louche  jaune  très  clair  ; 

Xa  OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  très  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  orangé  brun. 

L'eau  acidulée  reste  incolore,  au  contraire  l’eau  alcaline- 
devient  rouge  orangé. 

La  solution  alcoolique,  qui  est  orangé  jaune,  présente  les 
modifications  suivantes  : 

par...  SO4  H2,  louche  orangé  jaune  ; 

XII4  OH,  louche  rouge  oranbé  ; 

Fe  Cl3,  orange  jaune  brun  foncé  ; 

SO3  XaH,  jaune  clair. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Dès  560  rr  l'absorption  croit  faiblement.  Au  niveau 
de  455  rr  elle  est  totale. 

b)  L’ammoniaque  et  l’acide  sulfurique  produisent  un 
louche  dans  la  solution  alcoolique. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  605  hr  à 589  ni*  l’absorption  croît.  Au  delà  elle  est 
totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  unilatérale  croit  de  589  rr  à 560  rr  elle 
devient  complète  au  delà. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  jaune 
brun 

orangé  jaune 

orangé  jaune 
brun  foncé 

orangé 

orangé 

1 Soie . . 
1 

orangé  clair 

orangé  clair 

orangé  brun 
foncé 

orangé 

oran  aune 

d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


6» 


A l’exception  de  l’orangé  jaune  brun  foncé  (sur  Fe)  et  de 
l'orangé  (sur  Cr),  les  tons  que  donne  la  laine  sont  assez  mal 
caractérisés. 

Parmi  les  diverses  teintes  fournies  par  la  soie,  l’orangé 
brun  foncé  (sur  Fe),  l’orangé  (sur  Cr)  et  l’orangé  jaune  (sur  Sn) 
sont  bien  nuancés. 


Phylloxylon  Perrieri  Lraxe.  (Légumineuse) 

C'est,  à cette  espèce  que  l’on  rapporte  le  Harahara  des 
Malgaches.  Nous  avons  étudié  trois  échantillons,  dont  le 
premier,  qui  est  bien  déterminé,  nous  permettra  de  vérifier  si 
les  indigènes  appliquent  celle  dénomination  à une  seule  espèce 
ou  à nlusieurs. 


Harahara,  N°  4852 

Caractères  extérieurs.  — De  couleur  orangé  très  foncé, 
le  cœur  est  bien  séparé  de  l’aubier  ; il  est  dur,  à texture 
homogène  et  à grain  fin.  Sur  la  section  transversale,  on 
distingue  des  zones  concentriques  bien  délimitées,  de  fines  stries 
radiales  régulièrement  espacées,  et  des  points  blancs  très 
nombreux  distribués  en  bandes  concentriques  sur  un  fond  plus 
sombre. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  du  bois,  traitée  par 
l’eau  distillée,  fournit  une  solution  jaune  clair  ; les  réactifs 
suivants  donnent  : 

SO4  H2,  jaune  clair  ; 

Na  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune  clair. 

L’eau  alcaline  devient  orangée,  l’eau  acidulée  reste 
incolore. 

La  solution  alcoolique  présente  une  teinte  jaune  clair  ; elle 
est  modifiée  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  jaune  clair  ; 

NH4  OH.  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  jaune  clair  : 

SO3  NaH.  jaune  très  clair. 


'0 


LA  DETERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORES 


La  matière  colorante  esi  insoluble  dans  l’éther,  le 
chloroforme,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  Très  faible  dans  le  vert  et  le  bleu,  l’absorption  croît 
dans  l’indigo,  elle  est  complète  dans  le  violet. 

b)  La  solution  aqueuse  traitée  par  la  soude  et  examinée 
fournit  un  spectre,  dont  l'absorption  croît  de  560  gu  à 
480  gg,  elle  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  575  nu  à 525  gg  l’absorption  croît.  An  delà  il  y a 
extinction  complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  560  nu  jusqu’à  487  ru  : puis 
elle  devient  totale. 

Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  jaune 
brun 

orangé  jaune 

orangé  ’anne 
brun  foncé 

orangé  brun 
(couleur 
brique) 

orangé  brun 

Soie  . . 

teintes  faibles 

orangé  jaune 
brun  foncé 

orangé  jaune 

oransé  jaune 
vif 

Parmi  les  teintes  que  donne  la  laine,  l'orangé  jaune  (sur 
Al)  est  bien  caractérisé.  Avec  la  soie  l'orangé  jaune  brun  foncé 
(sur  Fe).  l'orangé  jaune  (sur  Cr)  et  surtout  l'orangé  jaune  vif 
(sur  Sn;  sont  d'une  nuance  as-cz  forte. 


Harahara  X°  1 1 0 

Lieu,  d'origine.  — Cercle  de  Beforona. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  aubier  très 
•étroit,  non  coloré,  et  bien  séparé  du  cœur,  qui  est  de  couleur 
orangé  îrès  foncé,  dur,  compact  et  à grain  fin. 

Sur  Ta  section  transversale,  on  observe  de  fines  stries 
radiales,  ainsi  que  de  très  nombreux  points  blancs,  formant,  à 


D'APRÈS  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


71 


intervalles  réguliers,  des  zones  concentriques  claires  sur  un 
fond  plus  foncé. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  jaune 
clair,  les  divers  réactifs  suivants  la  modifient  ainsi  : 

S O4  H'2,  jaune  clair  ; 

Na  OH,  jaune  ; 

Fe  CH,  léger  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune  clair. 

L'eau  alcaline  est  orangée,  tandis  que  leau  acidulée  reste 
incolore.  Avec  l'alcool  comme  dissolvant  on  obtient  une  solution 
jaune  clair  qui  devient  : 

par...  SO4  H2,  jaune  clair  ; 

NH4  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  jaune  clair  ; 

S03NaH,  jaune  très  clair. 

Quant  aux  aîitres  dissolvants  ils  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption  très  faible  dans  le  vert  et  le  bleu,  croît 
dans  l’indigo  et  devient  complète  dans  le  violet. 

b)  La  solution  précédente  traitée  par  la  soude  et 
examinée  fournit  un  spectre  dans  lequel  l'absorption 
croît  de  560  rr  à 480  rr.  Au  delà,  il  y a extinction 
totale. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  575  hr  à 525  rr  l’absorption  croît,  elle  est  totale 
au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  560  ru  jusqu’à  487  rr,  puis 
elle  devient  complète. 


Essais  de  teinture  : 


f 

Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  jaune 

orange  jaune 

orangé  jaune 

orangé  brun 

orangé  brun 

brun 

brun  foncé 

Soie  . . 

teintes 

faibles 

orangé  jaune 

orangé  jaune 

orangé  jaune 

brun  foncé 

72 


LA  DETERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORES 


L'orangé  jaune  (sur  Al)  que  donne  la  laine  est  assez  bien 
caractérisé.  Parmi  les  teintes  obtenues  avec  la  soie,  l'orangé 
jaune  brun  foncé  (sur  Fe)  et  l’orangé  jaune  (sur  Sn)  sont  bien 
nuancés  et  d’assez  bel  aspect. 


Harahara  N°  140 

Lieu  d’origine.  — Cercle  de  Mevatanana. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  non  coloré  (~-i  est 
bien  distinct  du  duramen  ; celui-ci,  orangé  très  foncé,  est  dur, 
compact,  à texture  homogène  et  à grain  fin. 

Sur  la  section  transversale,  on  distingue  nettement  de  fines 
stries  radiales  régulièrement  espacées,  et  de  nombreux  points 
blancs  répartis  sans  ordre  apparent  sur  un  fond  plus  coloré. 

Caractères  chimiques.  - — Soumise  à ‘l’action  de  l’eau 
distillée, . la  poudre  du  bois  donne  un  louche  jaune  très  clair, 
et  les  modifications  que  l’on  obtient  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  louche  jaune  très  clair  ; 

Na  OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  CF,  précipité  jaune  clair. 

L’eau  alcaline  prend  une  teinte  rouge  orangé  foncé  ; au 
contraire  l’eau  acidulée  reste  incolore. 

La  solution  alcoolique  est  jaune  clair  ; et  les  changements 
que  produisent  les  divers  réactifs  choisis  sont  : 

avec...  SO4  II2,  jaune  clair  ; 

NH4  OH,  rouge  orangé  ; 

Fe  Cl3,  jaune  clair  ; 

SO3  NaH,  jaune  très  clair. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  Faible  dans  le  vert  et  le  bleu,  l’absorption  croît  dans 
l’indigo  et  devient  complète  dans  le  violet. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  la  soude  et 
examinée,  fournit  un  spectre  dont  l’absorption  croît 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


73 


depuis  575  nn  jusqu’à  515  m*  ; elle  devient  totale  au 
delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  605  nn  jusqu’à  589  nn.  Au 
delà,  il  y a extinction  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  589  hh  et  560  nn  l’absorption  croît,  puis  elle  est 
complète. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine . 

orangé  jaune 
brun 

orangé  jaune 

orangé  jaune 
brun  foncé 

orangé  brun 

orangé  brun 

Soie . . 

teintes  faibles 

orangé  jaune 
brun  foncé 

orangé  bruD 

orangé  jaune 

Parmi  les  teintes  que  donne  la  laine,  l’orangé  jaune  (sur 
Al),  l’orangé  jaune  brun  foncé  (sur  Fe)  et  l’orangé  brun  (sur  Cr) 
sont  assez  bien  caractérisés. 

D’autre  part,  l’orangé  jaune  brun  foncé  (sur  Fe),  l’orangé 
brun  (sur  Cr)  et  l’orangé  jaune  (sur  Sn)  obtenus  avec  la  soie 
sont  bien  nuancés  et  d’assez  bel  aspect. 

Trachylobium  verrucosum  Gaertn.  (Légumineuses) 

C’est  le  Mandrolo  des  Malgaches. 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Nossi-Bé. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  (-gy)  non  coloré 
est  bien  différencié  du  cœur,  qui  est  de  couleur  rouge  foncé, 
compact,  à grain  fin  et  susceptible  d’un  beau  poli. 

La  section  transversale  offre  de  place  en  place  de  fines 
zones  concentriques  claires,  des  stries  radiales  régulièrement 
espacées,  et  des  points  blancs  très  nombreux  également 
répartis  sur  toute  la  surface  colorée. 

Caractères  chimiques.  — Si  l’on  traite  par  divers  réactifs 
la  solution  aqueuse,  qui  est  orangé  jaune,  on  observe  les 
variations  suivantes  : 


74 


I,A  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


avec...  SO4  H2,  louche  orangé  jaune  ; 

Na  OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  jaune  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  brun. 

La  soude  produit  une  fluorescence  verte  dans  la  solution 
aqueuse.  L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé  avec 
fluorescence  verte,  l'eau  acidulée  reste  incolore. 

L’alcool  fournit  une  solution  orangée,  et  les  modifications 
que  présente  cette  coloration  peuvent  se  résumer  ainsi  • 

par...  SO4  112,  orangé  ; 

NH4  OH,  orangé  jaune  brun  ; 

Fe  Cl3,  orangé  ; 

S03NaH,  orangé  jaune. 

L’ammoniaque  développe  dans  la  solution  alcoolique  une 
fluorescence  verte  qui  est  très  intense. 

L’éther  se  colore  en  jaune  très  clair,  les  autres  dissolvants 
restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique, 

a)  Partielle  de  575  rr  à 495  ru  l’absorption  devient 
plus  forte  entre  495  rr  et  480  rr.  Au  delà  il  y a 
extinction  totale. 

b)  L’ammoniaque  ajouté  à la  solution  précédente  en 
modifie  le  spectre  ; on  observe  une  bande  très  faible 
dont  le  milieu  est  à 620  rr.  De  575  rr  à 487  rr 
l’absorption  croît,  puis  elle  devient  complète. 

c)  La  solution  alcoolique  traitée  par  l’acide  sulfurique  et 
examinée,  donne  un  spectre  qui  présente  une  forte 
absortion  entre  575rr  et  472rr  : elle  est  totale 
au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  589  rr  jusqu’à  575  rr  ; elle 
devient  complète  au  delà. 

8°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  589  rr  à 560  rr  l’absorption  croît.  Au  delà  il  y a 
extinction  totale. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


75 


Essais  de  teinture  : 


. Non 

j mords  ncée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  jaune 
brun 

orangé  brun 

orangé  brun 
foncé 

orangé  brun 

orangé  brun 

Soie  . . 

teintes  faibles  et  mal 
caractérisées 

orangé  brun 
foncé 

orangé 

orangé  jaune 

La  laine  donne  des  teintes  foncées.  Parmi  les  tons  obtenus 
avec  la  soie  l'orangé  brun  foncé  (sur  Fe),  l’orangé  (sur  Cr)  et 
l’orangé  jaune  (sur  Sn)  sont  bien  nuancés  et  d’une  intensité 
assez  forte. 


Weinmannia  Bojeriana  Tul.  (Saxifragacées) 

Les  .Malgaches  désignent  cette  espèce  sous  le  nom  de 
L.alona. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  offre  une  coloration 
rouge  orangé  foncé  et  sa  texture  est  fibreuse.  De  nombreux 
points  sont  uniformément  répartis  sur  la  section  tranversale. 
D’ailleurs  la  matière  colorante  envahit  l’aubier,  de  sorte  qu’il 
n’y  a pas  de  séparation  bien  nette  entre  celui-ci  et  le  cœur. 

Caractères  chimiques.  — De  couleur  rouge,  la  solution 
aqueuse,  traitée  par  quelques  réactifs,  présente  les  modifications 
suivantes  : 

avec...  SO4  H2,  précipité  rouge  orangé  ; 

Na  OH,  rouge  très  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  brun. 

L'eau  acidulée  reste  incolore,  tandis  que  l’eau  alcaline  se 
colore  en  rouge.  L’alcool  fournit  une  solution  orangée  ; sous 
1 action  des  réactifs  essayés  on  obtient  des  variations  de  la 
teinte  primitive  que  l'on  peut  résumer  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  orangé  ; 

NH4  OH,  rouge  ; 

Fe  Cl3.  orangé  brun  très  foncé  ; 

SO3  NaH.  orangé  jaune. 


76  • LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORES 

L’ammoniaque  produit  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

La  matière  colorante  est  insoluble  dans  le  chloroforme, 
l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Partielle  de  589rr  à 535rr,  l’absortion  est  totale 
au  delà. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée,  montre  une  absorption  unilatérale  dont 
l’intensité  croît  à partir  de  605  ru.  Au  delà  de  589  rr 
tout  est  absorbé. 

c)  La  solution  alcoolique,  soumise  à l’action  de  l’acide 
sulfurique,  donne  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
est  partielle  depuis  589  rr  jusqu’à  548  rr.  Au  delà 
elle  est  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  est  totale  à partir  de  605  rr. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  605  rr  et  589  rr  l’absorption  croît,  puis  elle 
devient  complète. 

Essais  de  teinture.  ■ — La  laine  et  la  soie  se  teignent  diffici- 
lement : et  les  nuances  obtenues  faibles  d’intensité  sont  mal 
caractérisées. 

Au  point  de  vue  tinctorial,  le  bois  étudié  ne  semble  pas 
susceptible  d’application. 


Mimusops  Commersonii  Engl. 

Sideroxylon  rubrocostatum  Jum  et  Perr. 

Le  nom  de  Nota  s’applique  à différentes  Sapotacées. 

A Madagascar,  un  des  Nato  est  le  Mimusops  Commer- 
sonii Engl.,  mais  l’espèce  qui  croît  dans  le  bassin  du  Bemarivo 
est  rapportée  au  Sideroxylon  rubrocostatum  .Tum.  et  Perr  A) 
L’échantillon  qne  nous  avons  étudié  provient  du  Cercle  de 
Maintirano. 


(1)  H.  Jumelle  el  H.  Perrier  de  la  Bàthie,  Ann.  du  Musée  Colonial  de  MarseiUle. 
Notes  sur  la  Flore  du  Nord-Ouest  de  Madagascar,  1907,  p.  370. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


77 


Caractères  extérieurs.  — De  couleur  rouge  orangé  foncé 
le  duramen  est  bien  séparé  de  l'aubier  (-|-)il  est  compact,  à 
texture  homogène  et  à grain  fin. 

Sur  la  section  transversale  on  distingue  des  points  blancs 
nombreux,  répartis  sur  un  fond  plus  coloré. 

Caractères  chimiques.  — Traitée  par  l’eau  distillée,  la 
poudre  du  bois  donne  un  louche  rouge  l'action  des  divers 
réactifs  essayés  peut  se  résumer  ainsi  : 

avec...  SO4  H2,  précipité  orangé  ; 

Na  OH,  louche  rouge  foncé  , 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé. 

L’eau  alcaline  donne  un  louche  rouge,  tandis  que  l’eau 
acidulée  reste  incolore.  Avec  l’alcool  on  obtient  une  solution  à 
peine  teintée  en  orangé  jaune  très  clair,  avec  les  modifications 
suivantes  : 

avec...  SO4  H2,  louche  blanchâtre  ; 

NH4  OH,  louche  rouge  orangé  clair  (rose)  ; 

Fe  Cl3,  jaune  clair  ; 

SO3  A'aH.  décoloration. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  La  solution  aqueuse  est  louche,  et  ne  permet  pas 
l'observation  au  «pectroscope. 

b)  Traitée  par  la  soude  cette  solution  donne  un  louche 

presque  opaque. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Cete  solution  est  louche. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Comme  précédement,  la  solution  obtenue  présente 
un  louche. 

Essais  de  teinture.  — Parmi  les  teintes  que  donne  la  laine, 
le  rouge  orangé  clair  tsur  Al),  quoique  faible  d’intensité,  est 
assez  bien  caractérisé. 


76  LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 

A l’exception  du  rouge  orangé  clair  (sur  Sn),  les  diverses 
nuances  obtenues  avec  la  soie  n'offrent  pas  grand  intérêt. 

Ce  bois,  au  point  de  vue  tinctorial,  n’est  donc  pas 
susceptible  d'application. 


Diospyros  Perrieri  Juin.  (Ebénacées) 

Lieu  d'origixf..  — Cercle  de  Mevatanana. 

L'ébène  du  Xord-Ouest  de  Madagascar  est  le  Lopingo  et 
l’un  des  Hazomainty , ou  bois  noir,  des  Sakalaves. 

Par  contre,  l'arbre  à ébène  qui  croît  dans  l’Est  de  l’île- 
serait  le  Diospyros  haplostylis  Boiv.  O 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  (-fj-),  non  coloré,  est 
bien  distinct  du  duramen.  Celui-ci,  d’un  beau  noir,  possède 
une  texture  homogène  : il  est  dur,  très  compact  et  à grain  fin. 

La  matière  colorante,  très  abondante,  ne  permet  pas  de 
distinguer  les  détails  de  structure  de  la  section  transversale. 

Caractères  chimiques.  - — La  poudre  du  bois  traitée  par 
l'eau  distillée  et  par  l'alcool  ne  cède  pas  son  principe  colorant 
à ces  deux  dissolvants,  au  moins  dans  les  conditions  que  nous 
avons  choisies. 

L'eau  alcaline' se  colore  en  orangé  brun  clair,  l’eau  acidulée 
reste  incolore. 

Caractères  spectroscopiques.  - — La  matière  colorante 
étant  insoluble  dans  l'eau  et  dans  l’alcool,  on  ne  peut  étudier 
les  caractères  spectroscopiques  de  ces  solutions. 

1 0 Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Dès  560  rr  l'absorption,  faible  au  début,  croît,  puis  elle 
devient  totale  au  niveau  de  460  rr. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  560  rr  et  450  ur,  faible  d’abord,  devient  plus 
forte.  Au  delà  de  450  rr  il  y a extinction  complète. 

Essais  de  teinture,  — La  laine  et  la  soie  se  teignent 
difficilement.  Le  bois  étudié,  quoique  très  riche  en  matière 
colorante,  est  inutilisable  en  teinture,  du  moins  dans  les 
conditions  que  nous  avons  choisies. 


(])  H.  Jumelle,  Ann.  du  Musée  Colonial  de  Marseille  : Sur  Quelques  plantes 
utiles  ou  intéressantes  du  Nord-Ouest  de  Madagascar,  1907.  p.  315. 


u’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


79 


Stereospermum  euphorioid.es  D C.  (Bignoniacée.') 

C’est  le  Mangarahara  des  Sakalaves  (H. 

Lieu  d’origine.  • — Province  de  Tuléar. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  (-^-)  non  coloré  est 
bien  distinct.  Le  duramen,  orangé  très  foncé,  est  compact  ; il 
possède  une  texture  homogène. 

Sur  la  section  transversale,  finement  striée  de  lignes 
radiales,  on  distingue  des  bandes  concentriques  claires, 
alternant  avec  des  bandes  plus  foncées  : des  points  blancs  peu 
nombreux  sont  disséminés  ça  et  là. 

Caractères  chimiques.  — Par  le  broyage  du  bois,  on 
obtient  une  poudre  qui,  traitée  par  l’eau  distillée,  donne  un 
louche  jaune  très  clair  : les  divers  réactifs  choisis  produisent 
les  modifications  suivantes  : 

SO4  H2,  louche  jaune  très  clair  : 

Na  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  jaune  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  louche  orangé  jaune  brun. 

Tandis  que  l’eau  acidulée  reste  incolore,  l'eau  alcaline 
devient  orangé  jaune. 

De  couleur  orangé  jaune,  la  solution  alcoolique  présente 
les  changements  de  teinte  suivants  : 

par...  SO4  II24  louche  orangé  jaune  ; 

NH4  OH,  louche  orangé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

SO3  NaH,  jaune. 

Le  chloroforme  se  colore  en  jaune,  et  les  autres  dissolvants 
<en  jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  La  solution  aqueuse  est  louche  et  ne  permet  pas 
l’observation  au  spèctroscope. 

b)  Cette  solution,  traitée  oar  la  soude  et  examinée, 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption,  faible  au 

(fl)  H.  Jumelle,  Ann.  du  Musée  Colonial  de  Marseille , loc.  cil.  1907,  p.  333. 


80 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


début,  croit  depuis  560  ufi  jusqu  à 465  hr.  Au  delà- 
elle  est  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L'absorption  croît  de  575  rr  à 487  nu.  Au  delà  il  y a. 
extinction  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  560  un  à 472  un,  l'absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 

Essais  l>e  teinture.  — Les  nuances  obtenues  avec  la  laine 
et  la  soie  sont  ternes  et  mal  caractérisées. 

Le  pouvoir  tinctorial  de  ce  bois  nous  parait  très  faible. 


Synchodendron  ramiflorum  D C.  (Composées) 

("est  à cette  espèce  qu'on  rapporte  le  Mananonlsa , qui, 
cependant,  pourrait  être  tout  aussi  bien  un  Vernonia. 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Fianarantsoa. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  duramen 
de  couleur  orangé  foncé,  assez  compact,  à texture  fibreuse  et 
nettement  distinct  de  l'aubier.  Sur  la  section  transversale, 
finement  striée  de  lignes  radiales,  on  distingue  des  zones 
concentriques  sombres,  qui  alternent  régulièrement  avec  des 
zones  claires  plus  étroites. 

Caractères  chimiques.  — Traitée  par  l’eau  distillée,  la 
poudre  du  bois  fournit  un  louche  orangé  jaune  ; sous  l’action 
des  réactifs  choisis  on  observe  : % 

avec...  SO  H2,  précipité  orangé  jaune  ; 

Na  OH,  orangé  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  brun  noir  ; 

CaO  02,  précipité  orangé  brun. 

Tandis  que  1 eau  acidulée  reste  incolore,  l’eau  alcaline 
devient  orangé  foncé.  La  solution  alcoolique  offre  une  coloration- 
jaune  : elle  est  modifiée  ainsi  : 

par...  FO*  H2,  jaune  ; 

\H4  OH.  orangé  jaune  brun  : 

Fe  Cl3,  jaune  : 

SO3  NaH.  jaune. 


D’APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES 


81 


L'ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  Le  principe  colorant  est  insoluble  dans  les 
autres  dissolvants. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  La  solution  aqueuse  est  louche  et  ne  permet  pas 
l’observation  au  speclroscope. 

b)  Cette  solution,  traitée  par  la  soude,  donne  un  louche 

qui  est  opaque  à la  lumière. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Forte  jusqu’à  605  hp,  l’absorption  est  complète  au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  est  partielle  jusqu’à  575  un,  elle  croît  de 
575  nu  à 515  ni*-  Au  delà,  il  y a extinction  totale. 

Essais  de  teinture.  — Dans  leur  ensemble,  les  nuances 
que  donnent  la  laine  et  la  soie  n’offrent  qu’un  intérêt  médiocre. 

Au  point  de  vue  tinctorial,  le  bois  étudié  ne  semble  guère 
susceptible  d’application. 

Après  l’étude  précédente,  qui  a porté  sur  des  bois  auxquels 
se  rapportent  des  dénominations  botaniques,  nous  examinerons 
maintenant,  en  suivant  l’ordre  alphabétique,  un  certain  nombre 
de  bois  dont  le  nom  indigène  nous  est  seul  connu. 

De  l’étude  de  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 
nous  déduirons  s’il  existe  des  rapports  d’analogie  entre  ces 
bois  et  ceux  précédemment  étudiés. 

Alambary 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Tuléar. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  (-j-)  est  nettement 
séparé  du  duramen.  Celui-ci  possède  une  coloration  orange 
foncé  ; sa  texture  est  fibreuse. 

En  section  transversale,  on  distingue  des  zones  concen- 
triques très  fines,  alternant  régulièrement  avec  des  zones  foncées 
beaucoup  plus  larges  ; des  points  blancs  nombreux  sont 
répartis  uniformément  sur  toute  la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — Traitée  par  l’eau  distillée,  la 
poudre  du  bois  donne  une  solution  rouge  très  foncé  ; les  divers 
réactifs  essayés  produisent  les  modifications  suivantes  : 


82 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 

V 

SÜ4  ] 1~,  précipité  rouge  orangé  foncé  ; 

X a OH,  rouge  brun  opaque  , 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  très  foncé  ; 
CaO  Cl2,  précipité  rouge  orangé  brun. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé,  et  l’eau  acidulée 
en  jaune  très  clair. 

La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune.  Traitée  par  les 
réactifs,  elle  manifeste  des  variations  de  teinte  que  l'on  peut 
résumer  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  orangé  jaune  ; 

XH4  OH,  précipité  rouge  orangé  foncé  . 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

SO3  XaH.  jaune. 

L'ammoniaque  provoque  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

Le  principe  colorant  du  bois  est  in-oluble  dans  le  chloro- 
forme, l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  Forte  jusqu'à  620  uu,  l'absorption  devient  totale  au 
delà. 

b)  La  solution  aqueuse  traitée  par  la  soude  est  opaque. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L'absorption  est  forte  jusqu’à  620  fo».  Au  delà  il  y a 
extinction  complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Jusqu’à  580  uu  l'absorption  est  partielle,  elle  est  totale 
au  delà. 

Essais  de  teinti  re  — La  laine  et  la  soie  se  teignent  fort 
mal.  Les  propriétés  tinctoriales  de  ce  bois  sont  extrêmement 
faibles  : il  est  donc  impropre  à toute  application  en  teinture. 


Anakaraka 

Lieu  d'origine.  - — Cercle  de  Morondava. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  non  coloré  est 

bien  séparé  du  cœur.  Celui-ci,  de  couleur  orangé  foncé,  possède 
une  texture  homogène. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


83 


Sur  la  section  transversale  on  distingue  des  zones 
concentriques  sinueuses,  alternativement  claires  et  plus 
sombres  ; de  fines  stries  radiales,  régulièrement  espacées,  sont 
bien  visibles.  Enfin,  quelques  points  blancs  sont  disséminés 
ça  et  là. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  du  bois,  traitée  par 
l’eau  distillée,  donne  un  louche  orangé  jaune  brun  ; les  divers 
réactifs  essayés  produisent  des  modifications,  que  l’on  peut 
résumera insi  : 

par...  SO4  H2,  précipité  orangé  jaune  brun  ; 

Na  OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  rouge  brun  foncé  ; - 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  brun. 

L'eau  acidulée  se  colore  en  jaune  très  clair,  l’eau  alcaline 
en  orangé.  La  solution  alcoolique  présente  une  teinte  orangé 
jaune,  avec  les  changements  suivants  : 

par...  SO4  H2,  louche  orangé  jaune  ; 

N H4  OH,  louche  orangé  jaune  brun  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  ; 

S O3  N a H,  jaune. 

Le  chloroforme,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  se 
colorent  en  jaune,  l’éther  en  jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Absorption  croissante  de  560  nr  à 480  ur,  totale  au 

delà. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique  traitée  par 
l’ammoniaque  présente  une  absorption  croissante 
depuis  575  nr  jusqu’à  505  rr-  An  delà  elle  est  totale. 

c)  T. 'acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  n’en 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre  d’absorption. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  589  rr  jusqu’à  560  rr  ; elle 
devient  totale  au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  575  nu  à 525  ru  l’absorption  croît.  Au  delà  il  y a 
extinction  complète. 


84 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Essais  de  teinture.  — Les  diverses  teintes  que  donne  la 
laine  sont  mal  caractérisées. 

La  soie  se  teint  aussi  difficilement,  et  les  nuances  quelle 
fournit  ont  un  aspect  mat  peu  agréable. 


Andriavola  (ou  Andriavolo) 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Mananjary.  , 

Caractères  extérieurs.  — Le  duramen,  de  couleur  orangé 
foncé,  est  bien  séparé  de  l’aubier  il  est  compact,  à texture 

serrée  et  à grain  très  fin.  La  section  transversale,  piquetée  de 
très  nombreux  points  blancs,  présente  des  stries  radiales  très 
rapprochées.  Les  zones  concentriques  sont  peu  visibles. 

Caractères  chimiques.  — De  couleur  jaune  très  clair,  la 
solution  aqueuse,  sous  l’action  des  divers  réactifs  choisis, 
présente  les  changements  de  teinte  suivants  : 
avec...  SO4  H2,  jaune  très  clair  ; 

Na  OH,  jaune  : 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune  très  clair. 

L'eau  acidulée  reste  incolore,  au  contraire  l’eau  alcaline 
devient  orangé  jaune. 

La  matière  colorante  que  dissout  l’alcool  fournit  une 
solution  jaune  ; elle  est  modifiée  ainsi  : 

par...  SO4  IL2,  jaune  ; 

NH4  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  jaune  brun  ; 

SO3  NaH,  jaune  clair. 

Le  chloroforme  et  l’éther  se  colorent  en  iaune,  le  benzène 
et  le  sulfure  de  carbone  en  jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Faible  dan^  le  vert,  l’absorption  croît  dans  le  bleu  et 
devient  totale  dans  l’indigo. 

b)  Cette  solution,  traitée  par  l’ammoniaque,  donne  un 
spectre  dans  lequel  l’absorption  faible  de  548  nu  à 
480  nn  devient  plus  forte  entre  480  un  et  472  un.  Au 
delà  il  a extinction  complète. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


85 


c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  n’en 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre  d’absorption. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  à partir  de  560  nu.  ; elle  devient 
complète  au  delà  de  495  nu. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  560  nn  à 480  nu  l’absorption  croît,  elle  est  totale 
au  delà. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine 

jaune  clair 

jaune 

orangé  jaune 

jaune 

j aune 

brun  foncé 

Soie  . . 

jaune  clair 

jaune 

orangé  jaune 

jaune 

jauue  clai 

brun 

Parmi  les  teintes  que  donne  la  laine,  le  jaune  (sur  Al  et  Cr) 
est  assez  bien  caractérisé.  Il  en  est  de  même  pour  le  jaune 
■(sur  Al  et.  Cr)  obtenu  avec  la  soie.  Mais  ces  diverses  nuances 
sont  peu  résistantes  à la  lumière  et  au  lavage. 

Andromena 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Farafangana. 

Caractères  extérieurs.  — Bien  distinct  de  l’aubier  (LL-), 
le  duramen,  de  couleur  orangé  foncé,  est  dur,  compact,  à 
texture  serrée  et  homogène.  Sur  la  section  transversale,  striée 
de  lignes  radiales  régulièrement  espacées,  on  distingue,  de 
place  en  place,  de  fines  zones  concentriques  claires  ; de 
nombreux  points  blancs  sont  uniformément  répartis  sur  toute 
la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  obtenue  par  le  broyage 
du  bois  et  traitée  par  l’eau  distillée  fournit  une  solution  rouge 
orangé  : les  divers  réactifs  choisis  produisent  les  modifications 
suivantes  : 

avec...  SO4  H2,  précipité  orangé  ; 

Na  OH,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  orangé  brun. 


86 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


I/eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé,  l'eau  acidulée 
en  jaune  très  clair. 

La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune  ; elle  offre  les 
variations  de  teintes  que  l’on  peut  résumer  ainsi  : 

avec...  SO4  H2,  orangé  jaune  ; 

\H4  OH,  rouge  et  fluorescence  verte  ; 

Fe  Cl3.  orangé  jaune  brun  ; 

SO3  XaH.  jaune. 

Les  autres  dissolvants  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  - — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L'absorption  croît  depuis  589  pu  jusqu’à  560  pp  ; elle 
devient  totale  au  delà. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  la  soude  et 
examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  de  605  pu  à 589  pp.  Au  delà  il  y a extinction 
complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  unilatérale  croissante  à partir  de  589  pp.  Au 
delà  de  575  pp  tout  est  absorbé. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  589  pp  à 560  up  l’absorption  croît,  elle  est  complète 
au  delà. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  jaune 
brun  foncé 

rouge  orangé 
foncé 

orangé 

Soie . . 

orangé  clair 

orangé  clair 

orangé  jaune 
brun  foncé 

orangé 

orangé  jaune 

Les  diverses  nuances  que  donne  la  laine  sont  assez  fortes 
d'intensité,  notamment  l’orangé  brun  (sur  Al)  et  l’orangé  jaune 
brun  foncé  (sur  Fe). 

Avec  la  soie,  l’orangé  jaune  brun  foncé  (sur  Fe\  l’orangé 
(sur  Cr)  et  l’orangé  jaune  (sur  Sn)  sont  bien  caractérisés.  Ces 
teintes  son!  assez  résistantes  à la  lumière  et  au  lavage. 


O APRÈS  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


87 


Betrandraka 

Lieu  d’origine.  — Province  d’Analalava. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  duramen 
de  couleur  orangé,  nettement  séparé  de  l’aubier  (AL)  • il  est 
dur,  compact,  à texture  homogène  et  à grain  fin. 

Sur  la  section  transversale,  piquetée  de  très  nombreux 
points  blancs,  on  distingue  des  zones  saisonnières  assez  bien 
différenciées  ; de  très  fines  stries  radiales  sont  également  bien 
visibles. 

Caractères  chimiques.  — L extrait  aqueux  est  orangé  ; 
l’action  des  réactifs  essayés  peut  se  résumer  ainsi  • 

par...  SG4  H~,  précipité  orangé  ; 

A’ a 011,  rouge  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  très  foncé  ; 

CaO  Ci2,  précipité  rouge  brun. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé,  tandis  que  l’eau 
acidulée  reste  incolore. 

De  couleur  jaune  la  solution  alcoolique  présente  les 
modifications  suivantes  : 

avec...  SO4  H2,  jaune  ; 

NH4  OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  jaune  ; 

SO3  NaH,  jaune  très  clair. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le 
sulfure  de  carbone  ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques-.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption  croît  de  548  ru  à 505  un  ; puis  elle 
devient  totale. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  aqueuse,  traitée  par 
la  soude,  présente  une  absorption  dont  l’intensité  croît 
depuis  575  rr  jusqu’à  548  un.  Au  delà  il  y a extinction 
complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  589  rr  à 575  un  l’absorption  croît,  elle  est  totale 
au  delà. 


88 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  575  nn  et  560  ru  l’absorption  croît.  Au  delà,  elle 
est  complète. 


Essais  de  teinture.  — Les  teintes  fournies  par  la  laine 
sont  ternes  et,  d’ailleurs  mal  caractérisées. 

Avec  la  soie  on  obtient  les  divers  tons  suivants  w 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr  Sn 

orangé 

orangé 

orangé  brun 

orangé 

orangé 

Quoique  mieux  nuancées,  ces  teintes  sont  faibles  d’intensité 
et  par  là  même  inutilisables  en  teinture. 


Chotre 

Lieu  d’origine,  — Cercle  de  Fort-Dauphin. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier,  très  réduit,  est  bien 
séparé  du  duramen.  Celui-ci,  de  couleur  rouge  orangé  foncé, 
est  dur,  compact,  et  susceptible  d'un  beau  poli. 

Finement  striée  de  lignes  radiales,  la  section  transversale 
montre  des  points  colorés  très  nombreux  se  détachant 
nettement  sur  la  surface  plus  foncée  de  la  coupe  ; par  endroits, 
ces  points  très  rapprochés  dessinent  des  zones  concentriques 
d’ailleurs  assez  mal  délimitées. 

Caractères  chimiques.  - — Soumise  à l’action  de  l’eau 
distillée,  la  poudre  du  bois  donne  une  solution  jaune  qui  offre 
les  changements  suivants  : 

avec...  S O*  H2,  louche  jaune  ; 

Xa  OH,  orangé  jaune  brun  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  louche  jaune. 

L’eau  distillée  demeure  incolore,  tandis  que  l’eau  alcaline 
prend  une  teinte  orangé  brun. 

La’  solution  alcoolique  est  jaune;  les  divers  agents 
chimiques  choisis  la  modifient  ainsi  :* 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


89 


SO4  H2,  louche  jaune  clair  ; 

XH4  OH,  orangé  jaune  brun  ; 

Fe  Cl3,  jaune  ; 

SO3  NaH,  jaune  clair. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption  est  faible  dans  le  vert,  elle  croît  dans  le 
bleu,  et  devient  totale  dans  le  violet. 

b)  Si  l'on  traite  cette  solution  par  la  soude,  le  spectre 
est  modifié,  et  l’on  observe  une  absorption  croissante 
de  575  hr  à 515  pu  ; totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  unilatérale  croît  à partir  de  589  pp.  Au 
delà  de  560  pu  tout  est  absorbé. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  575  pp  à 525  pp  l'absorption  croît,  puis  elle  devient 
totale. 

Essais  de  teinture.  — Les  diverses  nuances  que  donne  la 
laine  sont  ternes  et  d’aspect  peu  agréable.  La  soie  se  teint  mal. 
Le  pouvoir  tinctorial  de  ce  bois  est  très  faible,  et  son  utilisation 
comme  bois  de  teinture  ne  semble  guère  possible. 


Farahotra 

Lieu  d’origine.  — Province  des  Betsiinisaraka  du  Sud. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  compact,  à texture 
■serrée  et  à grain  fin,  possède  un  aubier  (4LL)  nettement  séparé 
du  cœur,  qui  est  de  couleur  orangé. 

Sur  la  section  transversale  on  distingue  des  zones 
concentriques  bien  délimitées  et  une  fine  striation  radiale  ; des 
points  clairs  très  nombreux  sont  également  répartis  sur  toute 
la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — - Sous  l’action  de  l’eau  distillée  la 
poudre  du  bois  fournit  une  solution  orangée,  et  cette  coloration 
est  modifiée  ainsi  : 


90 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


par...  SO4  H2,  précipité  orangé  ; 

.\a  OH,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

Ca()  Cl2,  précipité  rouge  brun. 

L'eau  aicaline  prend  une  coloration  rouge,  tandis  que  l’eau 
acidulée  reste  incolore. 

La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune  ; traitée  par 
quelques  réactifs,  elle  donne  les  changements  suivants  : 

S 0^  H2,  orangé  jaune  ; 

-\H4  OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

■SO3  NaH,  jaune  clair. 

'Les  autres  dissolvants  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L'absorption  croit  de  575  rr  à 548  ru.  Au  delà  il  y a 
extinction  totale. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  la  soude  et 
examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  depuis  589  rr  jusqu’à  575  rr  ; elle  est  complète 
au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  605  rr  à 589  rr  l'absorption  croît,  puis  elle  devient 
totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  005  rr  et  589  rr  1 al  sorption  croit,  elle  est  totale 
au  delà. 


Essais  de  teinture.  — Le  rouge  orangé  brun  (sans  mordant 
et  sur  Cr)  que  fournit  la  laine  est  bien  caractérisé. 

Avec  la  soie  on  obtient  les  nuances  suivantes  : 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

& 

orangé  clair 

orangé 

brun  noir 

rouge  orangé 

rouge  orangé 

Ces  diverses  teintes  sont  assez  peu  résistantes  à la  lumière 
et  au  lavage. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


9! 


Faralantro 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  aubier  - ). 

nettement  séparé  du  duramen  ; celui-ci,  de  couleur  orangé,  est 
dur,  compact,  à texture  homogène  et  à grain  fin. 

En  section  transversale,  les  zones  saisonnières  sont  assez 
bien  différenciées,  et  de  nombreux  points  clairs  sont  disséminés 
sans  ordre  apparent  sur  la  surface  plus  foncée  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — Par  l'eau  distillée,  on  obtient  une 
solution  orangée  ; les  divers  réactifs  choisis  produisent  des 
variations  de  cette  teinte.  C’est  ainsi  qu’avec  : 

SO4  II2,  précipité  orangé  clair  ; 

Xa  OH,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  brun. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  ; au  contraire  l’eau 
acidulée  reste  incolore. 

La  solution  alcoolique  présente  une  coloration  jaune,  avec 
les  modifications  que  l’on  peut  résumer  de  la  façon  suivante  : 

par...  SO4  H2,  jaune  ; 

N H4  OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

SO3  NaH,  jaune  clair. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  Quand  aux  autres  dissolvants,  ils  restent 
incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse, 
a)  L’absorption  croît  depuis  575  im  jusqu’à  535  pu  ; 
elle  devient  totale  au  delà. 

b)  La  solution  précédente,  soumise  à l’action  de  la  soude 
et  examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  à partir  de  575  pp.  Au  delà  de  548  pu  il  y a 
extinction  complète. 

. 2 0 Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  unilatérale  croissante  de  605  pp  à 589  pp 
totale  ensuite. 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  589  nn  à 575  gg  l’absorption  croît,  elle  est 
complète  au  delà. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

rouge  orangé 
brun 

rouge  orangé 
brun 

orangé  brun 

orangé  fonce 

or  gé 

Soie . . 

rouge  orangé 
clair 

rouge  orangé 
clair 

orangé  brun 
forn-é 

orangé 

orangé  jaune 

Dans  l'ensemble,  les  teintes  que  donne  la  laine  sont  bien 
caractérisées.  Parmi  les  divers  tons  obtenus  avec  la  soie  l'orangé 
(sur  Cr)  et  l'orangé  jaune  (sur  Sn)  sont  assez  bien  nuancés. 


Fasikaro 

Lieu  d'origine.  — Cercle  de  Fort-Dauphin. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  aubier  p-|-)> 
nettement  séparé  du  duramen  ; celui-ci,  de  couleur  rouge  orangé 
foncé,  est  dur,  à grain  assez  fin  et  à texture  homogène. 

Finement  striée  de  lignes  radiales,  la  section  transversale 
est  piquetée  de  très  nombreux  points  blancs  répartis  sans  ordre 
apparent  sur  toute  la  surface  plus  foncée  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — Si  l’on  traite  la  poudre  du  bois 
par  l’eau  distillée,  on  obtient  une  solution  jaune  très  clair.  Les 
divers  réactifs  suivants  modifient  cette  teinte  et  l’on  a : 

avec...  SCP  H2,  précipité  jaune  très  clair  ; 

Na  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  jaune  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune  clair. 

L’eau  acidulée  reste  incolore  ; au  contraire  l’eau  alcaline  se 
colore  en  jaune. 

L aïcool  fournit  une  solution  jaune  très  clair,  avec  'es 
variations  suivantes  : 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


93 


par...  SO4  H2,  jaune  très  clair  ; 

NH4  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  jaune  clair  ; 

SO3  NaH,  jaune  très  clair. 

Quant  aux  autres  dissolvants,  ils  ne  prennent  aucune 
coloration. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  La  solution  est  louche,  ce  qui  rend  impossible 
l’observation  au  spectroscope. 

b)  Traitée  par  la  soude  cette  solution  devient  parfaitement 
transparente,  et  le  spectre  quelle  donne  présente  une 
faible  absorption  à partir  de  560  rr  ; elle  croît  ensuite 
jusqu’à  465  rr.  Au  delà  il  y a extinction  totale. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Faible  absorption  dès  560  rr,  plus  forte  ensuite  et  totale 
au  niveau  de  460  rr. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption,  très  faible  à partir  de  548  rr,  devient  plus 
forte,  et  au  delà  de  450  rr  tout  est  absorbé. 

Essais  de  teinture.  — Les  teintes  que  donne  la  laine  sont 
ternes  et  mal  caractérisées. 

A l’exception  de  l’orangé  jaune  brun  (sur  Al  et  sur  Cr),  les 
autres  nuances  obtenues  avec  la  soie  ne  présentent  qu’un 
médiocre  intérêt. 


Hazoarina 

Lieu  d’origine.  — Province  des  Betsimisaraka  du  Nord. 

Caractères- extérieurs.  — Bien  séparé  de  l’aubier 
le  duramen,  d’un  beau  noir,  est  très  dur,  homogène,  à grain 
fin  et  susceptible  de  prendre  un  beau  poli. 

La  matière  colorante,  très  abondante,  envahit  toutes  les 
parties  du  bois  et  ne  laisse  voir  aucun  détail  de  structure. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  orangé 
jaune  clair  ; sous  l’action  des  divers  réactifs  choisis,  on  observe 
les  changements  suivants  : 


94 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


avec...  SO4  H2,  orangé  jaune  clair  : 

Na  OH,  orangé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  jaune  brun. 

L’eau  acidulée  est  incolore  : l’eau  alcaline  offre  une 

coloration  orangée.  L’extrait  alcoolique  est  orangé  jaune  clair  ; 
il  présente  les  variations  suivantes  : 

par...  SO4  H2,  orangé  jaune  clair  ; 

N H4  OH,  orangé  clair  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  clair  ; 

SO3  Na4,  décoloration. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  la  matière  colorante. 

Caractères  spectroscopiques.  - — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Faible  dans  le  vert  et  le  bleu,  l’absorption  croît  dans 
l’indigo,  et  devient  totale  dans  le  violet. 

b)  Celle  solution,  traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée, 
présente  une  absorption  faiblement  croissante  à partir 
de  560  rr.  Au  delà  de  450  pu  il  y a extinction  totale. 

c)  L'acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  ne 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre  d’absorption. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  589  rr  à 548  ru  l’absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  575  rr  jusqu’à  525  rr  Au 
delà  elle  est  totale. 

Fssais  de  teinture.  — Les  teintes  que  donne  la  laine  sont 
terne'  et  mal  caractérisées.  La  soie  se  teint  aussi  difficilement 
et  les  nuances  qu’elle  fournit  sont  très  faibles  d’intensité. 

Quoique  très  riche  en  principe  colorant,  le  bois  étudié  est 
inutilisable  en  teinture,  car  la  matière  colorante  est  trop  peu 
soluble  dans  l’eau. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


95 


Hazofiara 

Lieu  d'origine.  - — Province  des  Betsimisaraka  du  Centre. 

Caractères  extérieurs.  — De  couleur  rouge  orangé  foncé, 
le  cœur  est  très  compact,  à grain  fin  et  d’une  texture  serrée  ; 
il  est  bien  différencié  de  l’aubier. 

La  section  transversale  est  tachetée  de  points  colorés,  très 
nombreux  répartis  uniformément  : les  zones  concentriques  sont 
assez  mal  délimitées. 

Caractères  chimiques.  — Lorsqu’on  traite  la  poudre  du 
bois  par  l'eau  distillée,  on  obtient  une  solution  de  couleur 
orangé  jaune  très  clair.  Cette  teinte  est  modifiée  ainsi  : 

par...  SCD  II2,  léger  précipité  jaune  très  clair  ; 

Xa  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  jaune  brun  ; 

CaO  Cl2,  léger  précipité  jaune  très  clair. 

L'eau  alcaline  devient  rouge  orangé  ; au  contraire,  l’eau 
acidulée  reste  incolore. 

De  couleur  orangé  jaune,  la  solution  alcoolique  présente 
les  changements  suivants  : 

avec...  S O 4 H2,  orangé  jaune  ; 

N H4  OH  orangé  ; 

Fe  Cl3.  orangé  jaune  ; 

SO3  XTaH,  orangé  jaune  très  clair. 

L’éther,  le  chloroforme,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  ■ — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Absorption  faiblement  croissante  de  560  h-h  à 480  nn  : 
totale  au  delà. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique,  traitée 
par  l’ammoniaque,  présente  une  bande  d’absorption  à 
bords  estompés  dont  le  milieu  est  en  515  un.  Au  delà 
de  465  ru,  il  y a extinction  complète. 

c)  L’acide  sulfurique  ne  modifie  pas  sensiblement  le 
spectre  d’absorption  de  la  solution  alcoolique. 


96 


LA  DÉTERMINATION'  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORES 


2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  589  nu  à 5G0  un  l’absorption  croît,  puis  elle  devient 
totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Absorption  unilatérale  croissante  depuis  575  nu  jusqua 
548  nu,  totale  au  delà. 

Essais  ne  teinture:  — Les  divers  tons  que  donne  la  laine 
sont  mats  et  d’aspect  peu  agréable.  La  soie,  qui  se  teint 
difficilement,  ne  fournit  aucune  nuance  qui  soit  susceptible 
d'application. 


Hazotsiariano 

Lieu  d'origine.  — Province  des  Betsimisaraka  du  Centre. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  est  compact,  à grai.i 
très  fin  et  susceptible  d'un  beau  poli.  L’aubier  (-f-),  non  coloré, 
est  nettement  séparé  du  cœur,  dont  la  teinte  générale  est  rouge 
orangé  foncé. 

La  section  transversale  laisse  voir  des  zones  concentriques 
étroites,  alternant  avec  des  zones  plus  larges  : on  aperçoit 

également  des  stries  radiales,  très  fines,  régulièrement  espacées, 
et  des  trainées  sinueuses  peu  colorées  disposées  en  grand 
nombre  dans  le  sens  radial. 

Caractères  chimiques.  — Lorsqu’on  traite  la  poudre  du 
bois  par  l’eau  distillée,  on  obtient  une  solution  orangé  jaune, 
qui  est  modifiée  ainsi  : 

par...  SO4  H'2,  précipité  orangé  : 

Na  OH.  rouge  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  : 

CaO  Cl2,  précipité  orangé. 

L’eau  alcaline  offre  une  coloration  rouge,  tandis  que  l'eau 
acidulée  reste  incolore. 

L’extrait  alcoolique  est  orangé.  Sous  l’action  des  divers 
réactifs  choisis  il  donne  : 

avec...  SO4  H2,  orangé  ; 

\H4  OH.  rouge  orangé  : 

Fe  Cl3,  orangé  brun  ; 

SO3  XaH.  orangé  très  clair. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


97 


L’ammoniaque  provoque  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  la  matière  colorante. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L'absorption  partielle  depuis  589  rr  jusqu'à  515  rr, 

croît  de  515  rr  à 505  rr.  Au  delà  elle  est  complète. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  à partir  de  575  ru  pour  devenir  totale  au  delà 
de  535  rr. 

c)  L’acide  sulfurique  ne  modifie  pas  sensiblement  le 
spectre  d’absorption  de  la  solution  alcoolique. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  est  totale  au  delà  de  605  rr. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Dès  589  rr  l’absorption  est  complète. 

Essais  de  teinture.  — Les  teintes  d’aspect  mat  que  donne 
la  laine  sont  peu  intéressantes.  Quoique  mieux  caractérisés,  les 
divers  tons  fournis  par  la  soie  sont  de  faible  intensité  et  par  là 
même  ne  paraissent  pas  susceptibles  d’application. 

Hazovoantango 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Tuléar. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  est  dur,  compact,  à 
texture  homogène  ; il  présente  un  aubier  très  étroit,  non  coloré 
et  bien  séparé  du  cœur,  qui  offre  une  teinte  orangé  foncé. 

Sur  la  section  transversale,  on  distingue  des  zones 
concentriques  claires,  alternant  avec  des  zones  plus  sombres  ; 
on  aperçoit  également  une  fine  striation  radiale  et  des  points 
blancs  très  nombreux  disséminés  sans  ordre  apparent. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  que  donne  le  broyage 
du  bois  est  traitée  par  l’eau  distillée  ; on  obtient  ainsi  une 
solution  orangé  jaune  avec  fluorescence  bleue,  et  qui  offre  les 
modifications  suivantes  : 


98 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


par...  $04  H-,  précipité  orangé  ; 

Xa  OH.  orangé  et  fluorescence  bleue  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl'2,  précipité  orangé  et  fluorescence  verte.. 

Tandis  que  l’eau  alcaline  devient  rouge  orangé  et  manifeste 
une  fort  belle  fluorescence  bleue,  leau  acidulée  reste  incolore. 
L extrait  alcoolique  est  jaune  clair  : les  changements  que 

donnent  divers  réactifs  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

avec...  SO4  H2,  louche  jaune  clair  ; 

\H4  OH,  jaune  et  fluorescence  bleue  . 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

SO3  XaH.  jaune  clair. 

La  matière  colorante  est  insoluble  dans  les  autres 
dissolvants. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  De  560  iui  à 505  gg  l’absorption  croît.  Au  delà  il  y a 
extinction  complète. 

h La  solution  précédente,  traitée  par  la  soude  et 
examinée,  donne  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  depuis  575  gg  jusqu  à 535  gg.  Au  delà  tout  est 
' absorbé. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  unilatérale  croît  de  589  uu  à 560  un  : puis 
elle  devient  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  575  gg  et  548  gg  l’absorption  croît,  elle  est 
complète  au  delà. 


Essais  de  teinture  : 


- 

Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  jaune 

rouge  orangé 

orangé 

brun 

• brun 

Soie . . 

orangé  jaune 

orangé  jaune 

brun  noir 

orangé  brun 

orangé  jaune 

brun 

brun 

La  laine  donne  ces  teintes  foncées.  Les  nuances  obtenues 
avec  la  soie  sont  bien  caractérisées,  notamment  : le  brun  noir 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


99 


(sur  Fe),  l’orangé  brun  (sur  Cr)  et  l'orangé  jaune  (sur  Sn)  qui, 
avec  l'orangé  jaune  brun  (sur  Fe)  et  le  rouge  orangé  (sur  Cr) 
fournis  par  la  laine  se  montrent  assez  résistants  à la  lumière  et 
au  lavage. 

Hirihitsika 

Lieu  d’origine.  — Province  des  Betsimisaraka  du  Sud. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  de  couleur  rouge 
orangé  foncé,  possède  une  texture  fibreuse.  La  matière 
colorante  envahit  l’aubier,  en  sorte  qu’il  n’y  a pas  de  ligne  de 
démarcation  nette  entre  celui-ci  et  le  duramen. 

La  section  transversale  présente  des  zones  concentriques 
larges  et  colorées,  alternant  avec  des  zones  claires  plus  étroites  ; 
des  ponctuations  très  nombreuses  réparties  uniformément  sont 
également  bien  visibles. 

Caractères  chimiques.  — L’extrait  aqueux  offre  une 
coloration  rouge,  et  cette  teinte  est  modifiée  ainsi  : 
par...  SO4  H2,  précipité  rouge  orangé  ; 

Xa  OH.  rouge  très  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  très  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  brun. 

L'eau  acidulée  se  colore  en  jaune  très  clair,  l’eau  alcaline 
en  rouge. 

La  matière  colorante  que  dissout  l’alcool  fournit  une 
solution  rouge  orangé  ; elle  donne  les  variations  suivantes  : 

avec...  SO4  H2,  irouge  orangé  ; 

NH4  OH,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  rouge  orangé  foncé  ; 

SO3  NaH.  orangé. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
■solution  alcoolique. 

Quant  aux  autres  dissolvants  ils  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Forte  absorption  entre  595  rr  et  548  rr,  totale  au 
delà. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l'absorption 
est  complète  dès  605  rr. 


100 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  n’en> 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre  d’absorption. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  est  totale  à partir  de  605  ur. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  605  un  à 589  nn  l'absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 

Essaïs  du  teinture.  ■ — Les  teintes  que  donne  la  laine  sont, 
assez,  faibles  et  d’ailleurs  mal  caractérisées. 

Parmi  les  nuances  obtenues  avec  la  soie,  il  n’y'  a guère  que 
le  rouge  orangé  clair  (sur  Sn)  qui  mérite  d’être  mentionné. 


Hirinono 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Tuléar. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  présente  un  aubier  (-53-)» 
non  coloré,  à texture  homogène  et  à grain  fin. 

La  section  transversale  montre  des  zones  saisonnières  assez 
bien  différenciées,  ainsi  que  de  fines  stries  radiales  ; des  points 
blancs  forment  comme  des  tramées  sinueuses  sur  le  fond  coloré 
de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  du  bois  traitée  par 
l'eau  distillée  donne  un  louche  orangé,  avec  les  modifications 
suivantes  : 

S O4  H*,  précipité  orangé  jaune  ; 

Na  OH,  louche  rouge  orangé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune. 

Avec  l'eau  alcaline,  on  obtient  un  louche  orangé  ; l’eau 
acidulée  reste  incolore.' 

La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune  clair  ; sous- 
l'action  des  divers  réactifs  essayés  on  observe  : 

SO4  H2,  louche  blanchâtre  ; 

MI4  OH,  louche  rouge  orangé  clair  (rose)  ; 

Fe  Cl3,  jaune  ; 

SO3  NaH.  décoloration. 


D’APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES  101 


Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  la  matière  colorante. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  Cette  solution  est  'ouche,  ce  qui  rend  impossible 
l'observation  au  spectroscope. 

b)  Traitée  par  la  soude,  la  solution  aqueuse  donne  un 
louche. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Cette  solution  est  louche. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Comme  précédemment,  ia  solution  ainsi  obtenue 
présente  un  louche. 

Essais  de  teinture.  - — La  laine  et  la  soie  se  teignent 
difficilement  : les  nuances  obtenues,  très  faibles  d’intensité,  sont 
mal  caractérisées.  Ce  bois  ne  présente  pas  des  propriétés 
tinctoriales  capables  de  le  rendre  utilisable  comme  bois  de 
teinture. 

/ 

Hitsika 

Lieu  d’origine.  — Province  des  Betsimisaraka  du  Sud. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  (-C),  compact,  non 
coloré,  est  nettement  séparé  du  cœur.  Celui-ci,  irouge  très  foncé, 
à texture  serrée  et  à grain  fin,  est  susceptible  d’un  beau  poli  ; 
il  présente  sur  la  section  transversale  des  zones  concentriques 
claires,  très  étroites,  alternant  avec  des  zones  foncées  beaucoup 
plus  larges  ; des  ponctuations  colorées  sont  disséminées  ça 
et  là. 

Caractères  chimiques.  - — Traitée  par  l’eau  distillée,  la 
poudre  obtenue  par  le  broyage  du  bois  fournit  un  louche  orangé 
clair  ; les  divers  réactifs  choisis  donnent  les  changements 
suivants  : 

avec...  SO4  H2,  louche  orangé  très  clair  ; 

Xa  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  très  foncé,  l’eau  acidulée 
en  jaune  très  clair. 


102 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


L’extrait  alcoolique  offre  une  coloration  rouge,  et  les 
modifications  que  subit  cette  teinte  primitive  peuvent  se  résumer 
ainsi  : 

s I 

par...  SO4  H2,  rouge  foncé  ; 

NM4  OH,  rouge  très  foncé  (opaque)  ; 

Fe  Cl3,  rouge  très  foncé  ; 

SO3  NH,  orangé. 

Le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  se  colorent  en  jaune, 
l’éther  et  le  chloroforme  en  orangé  ; en  outre,  ces  deux  derniers 
dissolvants  présentent  une  fluorescence  verte. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Dès  605  mi  l’absorption  est  complète. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  l’ammoniaque, 
devient  opaque. 

c)  La  solution  alcoolique,  soumise  à l’action  de  l’acide 
sulfurique  et  examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel 

l’absorption  est  totale  à partir  de  660  nu. 

\ 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Cette  solution  est  opaque  à la  lumière. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  est  très  forte,  le  rouge,  très  affaibli,  apparait 
seul. 

Essais  de  teinture.  — Parmi  les  teintes  que  donne  la  laine, 
les  deux  noirs  (sur  Fe  et  sur  Cr)  sont  bien  caractérisés  ; ils  sont 
d’ailleurs  assez  résistants  à la  lumière  et  au  lavage. 

A l’exception  des  deux  rouges  (sans  mordant  et  sur  Al) 
fournis  par  la  soie,  les  autres  nuances,  d’un  aspect  peu 
agréable,  n’offrent  qu’un  médiocre  intérêt. 


Mamaty 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  dont  l’aubier  (~j~)  esf 
blanchâtre,  possède  un  cœur  bien  différencié,  de  couleur  orangé 
brun  foncé  et  à texture  fibreuse.  Sur  la  section  transversale, 
les  zones  saisonnières  sont  mal  délimitées. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


103 

Caractères  chimiques.  — L’extrait  aqueux  possède  une 
coloration  orangé  jaune  clair  ; il  est  modifié  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  très  léger  précipité  jaune  clair  ; 

Na  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune  clair. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  jaune  comme  l’eau  acidulée. 

De  couleur  orangé  jaune  clair,  la  solution  alcoolique 
présente  les  variations  de  teintes  suivantes  : 

avec...  SO4  H2,  jaune  ; 

NH4  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  jaune  brun  très  foncé  ; 

SO3  NaH,  jaune  clair. 

L'ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

Quant  aux  autres  dissolvants,  ils  sont  à peine  colorés  en 
jaune  très  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  est  faible  dans  le  vert  et  le  bleu,  plus 
foule  dans  l'indigo  et  totale  dans  le  violet. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique,  traitée 
par  l’ammoniaque,  présente  une  absorption  faiblement 
croissante  de  560  m*  à 487  nn  ; elle  est  complète  au 
delà. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  n’en 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre  d’absorption. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  de  560  nn  à 460  n^.  Au  delà  il  y a 
extinction  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Très  faible  au  début,  l’absorption  croît  depuis  548  nn 
jusqu’à  450  ufi  ; elle  est  totale  au  delà. 

Essais  de  teinture.  — Les  teintes  mates  que  donne  la  laine 
sont  ternes  et  d’aspect  peu  agréable. 

La  soie  ne  fournit,  non  plus,  aucune  nuance  susceptible 
d'intérêt.  Ce  bois  n'est  donc  pas  utilisable  en  teinture. 


104  LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 

Mangalika 

Lieu  d'origine.  — Province  de  Tuléar. 

Caractères  extérieurs.  - — Le  bois  présente  un  aubier 
nettement  séparé  du  duramen.  Celui-ci,  de  couleur  rouge  foncé, 
est  très  compact,  à grain  fin,  et  susceptible  d’un  beau  poli. 

La  section  transversale  laisse  voir  des  zones  concentriques 
claires,  alternant  avec  des  zones  foncées  plus  étroites,  ça  et  là 
on  distingue  des  points  blancs  nombreux,  répartis  sans  ordre 
apparent. 


Caractères  chimiques.  — Par  le  broyage  du  bois  on  obtient 
une  poudre  qui,  traitée  par  l’eau  distillée,  donne  un  louche 
orangé  jaune  brun.  L’action  des  divers  réactifs  choisis  peut  se 
résumer  ainsi  : 

avec...  SO4  H2,  précipité  orangé  jaune  ; 

NH4  OH.  rouge  foncé  : 

Fe  Cl3,  louche  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  CP,  précipité  jaune. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  orangé,  et  l’eau  acidulée  en 
jaune  très  clair.  Avec  l’alcool  on  obtient  une  solution  rouge  ; 
cette  coloration  offre  les  variations  suivantes  : 

avec...  SO4  H2.  orangé  ; 

NH4  OH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  brun  ; 

SO3  NaH,  orangé. 

Le  chloroforme  se  colore  en  orangé,  l’éther  en  orangé 
jaune,  le  benzène  en  orangé  jaune  clair  et  le  sulfure  de  carbone 
en  jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L'absorption  croît  de  605  rr  à 560  rr  ; elle  devient 

totale  ensuite. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  l’ammoniaque  ei 
. examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’ahsorp'iO'i 

est  totale  au  delà  de  620  rr. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


105 


c)  Le  spectre  de  la  solution  alcoolique,  soumise  à l’act’ou 
de  ! acide  sulfurique,  est  caractérisé  par  une  absorp- 
tion dont  l’intensité  croît  à partir  de  575  ru.  Au  delà 
île  548  nn  il  y a extinction  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  unilatérale  croissante  de  589  rr  à 535  rr  ; 
totale  ensuite. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  575  ur  à 515  rr  l'absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 


Essais  de  teinture.  — La  laine  donne  des  teintes  assez 
fortes,  de  couleur  orangé  brun  foncé.  Avec  la  soie,  on  obtient 
les  nuances  suivantes  : 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

orangé  brun 

orangé  brun 

brun  noir 

orangé  jaune 

orangé  brun 

brun 

Quoique  mieux  caractérisées,  ces  diverses  teintes  ne  sont 
pas  susceptibles  d’application. 


Maranitrafasina 

Lieu  d’origine.  — Province  d’Ambositra. 

Caractères  extérieurs.  — Le  duramen,  de  couleur 
orangé,  est  bien  distinct  de  l’aubier  (-^-)  ; il  est  compact  et  à 
texture  fibreuse.  La  section  transversale,  striée  de  lignes 
radiales  régulièrement  espacées,  est  piquetée  de  très  nombreux 
points  blancs  ; les  zones  concentriques  sont  bien  visibles. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  rouge  ; 
elle  présente  les  modifications  suivantes  : 

avec...  S O*  H2,  précipité  rouge  orangé  ; 

\a  OH.  rouge  brun  très  foncé  ; 

Fe  Cl3.  précipité  rouge  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  brun  foncé. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  brun,  et  l’eau  acidulée 
en  orangé  jaune. 


106 


LA  DÉTERMINATION'  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


L’alcool  fournit  une  solution  orangée  ; les  divers  réactifs 
utilisés  produisent  des  variations  de  teintes  que  l’on  peut, 
résumer  ainsi  : 

avec...  SCM  H2,  orangé  ; 

NH4  OH,  rouge  orangé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  ; 

S O3  Na  H,  orangé  jaune 

Le  chloroforme  se  colore  en  orangé  jaune,  l’éther  en  jaune 
le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  croît  depuis  575  rr  jusqu’à  535  rr  ; elle 
devient  totale  au  delà. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  précédente,  traitée 
par  l’ammoniaque,  montre  une  plage  d’absorption, 
dont  l’intensité  croît  à partir  de  575  rr.  Au  delà  de 
548  rr  tout  est  absorbé. 

c)  Si  l’on  examine  la  solution  primitive,  préalablement 
soumise  à l'action  de  l’acide  sulfurique,  on  observe 
une  absorption  croissante  depuis  575  rr,  et  qui  devient 
totale  au  delà  de  535  rr. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  de  605  ru  jusqu’à  589  rr  ; à partir 
de  589  rr  il  y a extinction  complète. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  589  rr  à 575  rr  l’absorption  croît,  elle  est  totale  au 
delà. 

Essais  df.  teinture.  — La  laine  donne  des  nuances  orangé 
brun,  d’une  tonalité  assez  forte. 

Par  contre  la  soie  se  teint  mal,  et  les  diverses  teintes  quelle 
fournit,  d’aspect  peu  agréable,  «ont  d’un  médiocre  intérêt. 

Mendoray 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Tuléar. 

Caractères  extérieurs.  — L’aubier  non  coloré  est  bien 
•distinct  du  duramen  : celui-ci,  de  couleur  orangé  brun,  est  dur, 
compact.  De  nombreux  points  blancs  sont  disséminés  ça  et  là 
sur  la  surface  plus  foncée  de  la  section  transversale. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


107 


Caractères  chimiques.  — Par  le  broyage  du  bois,  on 
obtient  une  poudre  qui,  traitée  par  l’eau  distillée,  donne  une 
solution  orangée  ; les  modifications  que  produisent  les  divers 
réactifs  choisis  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  précipité  orangé  ; 

Na  OH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  brun  noir  ; 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  orangé  foncé. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  rouge  foncé,  l’eau  acidulée  en 
jaune  très  clair.  L’alcool  fournit  une  solution  de  couleur  orangé 
jaune,  avec  les  changements  de  teinte  suivants  : 

SO4  H2,  louche  orangé  jaune  ; 

NH4  OH,  rouge  orangé  foncé  ; 

Fe  Cl3,  brun  noir  ; 

SO3  NaH,  jaune. 

L'ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique.  Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le 
sulfure  de  carbone  ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  - — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption  croit  de  560  gu  à 505  nu.  Au  delà  il  y 
a extinction  totale: 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  la  soude  et 
examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  depuis  589  gg  jusqu'à  575  gg  : elle  est  complète 
au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Forte  jusqu'à  605  un  l'absorption  devient  totale  au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L'absorption  est  partielle  jusqu'à  589  ni1  ; puis  elle 
devient  complète. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  jaune 
brun 

orangé  brun 

orangé  jaune 
foncé 

rouge  brun 
foncé 

orangé 

Soie  . . 

orangé  jaune 
brun  clair 

jaune  brun 

orangé  jaune 
foncé 

orangé  jaune 
brun 

orangé  jaune 

108 


L . DÉTERMINATION  REà  LOIS  EXOTICR  ES  COLORÉS 

Les  nuances  que  donne  la  laine  sont  d’un  aspect  moins 
agréable  que  celles  obtenues  avec  la  soie,  dont  l'orangé  jaune 
(sui  Sn)  est  bien  caractérisé  : cette  dernière  teinte  est  assez 
résistante  à la  lumière  et  au  lavage. 

Rafenaomby 

Lieu  d’origine.  — Cercle  de  Maintinaro. 

Caractères  extérieurs.  - Xettemenl  séparé  de  l'aubier 
le  duramen,  de  couleur  rouge  orangé  foncé  est  compact 
et  à.  grain  fin 

Sur  la  section  transversale,  on  distingue  des  bandes 
concentriques  ondulées,  alternativement  claires  et  colorées  ; 
d'une  manière  générale,  les  bandes  foncées  sont  plus  larges 
que  les  bandes  claires,  et  celles-ci  sont  piquetées  ça  et  là  de 
nombreux  points  colorés. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  de 
couleur  orangé  jaune  : traitée  par  quelques  réactifs  elle  donne  : 

par...  SO4  H2,  précipité  orangé  jaune  clair  ; 

Na  OH,  orangé  jaune  : 

Fe  Cl3,  précipité  rouge  brun  ; 

CaO  Cl2,  louche  orangé  jaune 

L’eau  acidulée  reste  incolore,  tandis  que  l’eau  alcaline, 
devient  orangé  jaune.  La  solution  alcoolique,  qui  est  jaune 
clair,  présente  des  modifications,  que  l’on  peut  résumer  ainsi  : 

avec...  SO4  H2,  précipité  jaune  clair  ; 

NH4  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  jaune  ; 

SO3  NaH,  jaune  très  clair. 

Le  chloroforme  se  colore  en  jaune  clair,  les  autres 
dissolvants  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption  croît  depuis  575  uu  jusqu’à  505  nu.  Au 
delà  il  y a extinction  complète. 

b)  Traitée  par  la  soude  et  examinée,  la  solution  aqueuse 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  à 
partir  de  575  nu  ; elle  devient  totale  au  delà  de  505  nu- 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopique»  i 09 


2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  575  un  à 495  un  l’absorption  croît,  elle  est  complète 
au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  560  nn  et  465  nn  1 absorption  est  croissante,  puis 
elle  devient  totale. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  de  même  que  la  soie  se 
teignent  fort  mal,  et  les  nuances  obtenues,  d’apparence  terne, 
sont  sans  intérêt.  Ce  bois,  au  point  de  vue  tinctorial,  n’est  donc 
susceptible  d’aucune  application. 

Sambalamanga 

Lieu  d’origine.  — Cercle  de  Fort-Dauphin. 

Caractères  extérieurs.  — De  couleur  orangé  brun,  le 
cœur  est  bien  différencié  de  l’aubier  (A|)  ; il  possède  une 
texture  homogène  et  fibreuse.  La  section  transversale,  finement 
striée  de  lignes  radiales,  présente  des  zones  concentriques  assez 
bien  délimitées,  avec  des  points  blancs  en  assez  grand  nombre 
répartis  sur  toute  la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  de 
couleur  orangé  ; les  réactifs  suivants  donnent  : 

SCH  H2,  précipité  rouge  orange  ; 

Na  OH,  rouge  orangé  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  foncé  : 

CaO  Cl2,  précipité  rouge  orangé  foncé  ; 

L’eau  alcaline  devient  orangé  jaune  : l’eau  acidulée  reste 
incolore.  Avec  l’alcool,  on  obtient  une  solution  jaune  clair,  et 
cette  coloration  est  modifiée  ainsi  : 

SO4  H2,  jaune  clair  : 

N H4  OH.  jaune  ; 

Fe  Cl3,  jaune  foncé-; 

SO3  NaH,  jaune  très  clair. 

Les  autres  dissolvants  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse, 
a)  L’absorption  croît  depuis  575  uu  jusqu’à  535  rr  ; elle 
est  totale  au  delà. 


110 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


b)  La  solution  précédente,  traitée  par  la  soude  et 
examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l'absorption 
croît  à partir  de  589  hr.  Au  delà  de  575  un  tout  est 
absorbé. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  unilatérale  croît  de  575.  un  à 505  ru.  Au 
delà  il  y a extinction  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  575  nn  et  482  nn  l’absorption  croît,  elle  est  complète 
au  delà. 

Essais  de  teinture.  — Les  diverses  nuances  que  donne  la 
laine  sont  ternes  et  d’un  aspect  mat. 

Quoique  mieux  caractérisées  les  teintes  obtenues  avec  la 
soie  n’offrent  qu’un  médiocre  intérêt. 

Au  point  de  vue  tinctorial  le  bois  étudié  n’est  donc  pas» 
susceptible  d’application. 


Tainakanga 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Tuléar. 

Caractères  extérieurs.  - — L’aubier  (-|-)  est  bien  distinct 
du  cœur  : celui-ci,  de  couleur  rouge  foncé,  est  dur,  compact, 
à texture  homogène  et  à grain  fin,  et  est  susceptible  d’un  beau 
poli. 

Sur  la  section  transversale,  finement  striée  de  lignes 
radiales  régulièrement  espacées,  on  distingue  nettement  des 
zones  concentriques  alternativement  claires  et  sombres,  avec 
des  points  blancs  disséminés  ça  et  là 

Caractères  chimiques.  — Par  le  broyage  du  bois,  on 
obtient  une  poudre  qui,  traitée  par  l’eau  distillée,  fournit  une- 
solution  orangé  jaune  clair,  mais  avec  les  modifications 
suivantes  : 

•par...  SCH  H2,,  précipité  jaune  clair; 

Na  OH,  orangé  jaune  ; 

Ee  Cl3,  précipité  rouge  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  jaune  clair. 

L’eau  alcaline  présente  une  coloration  orangé  jaune;  par- 
contre,  l’eau  acidulée  reste  incolore. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


111 


La  matière  - colorante  dissoute  par  l'alcool  donne  une 
solution  orangée  : et  les  changements  de  teinte  que  provoquent 
les  divers  réactifs  choisis  peut  se  résumer  ainsi  . 

par...  SO4  H'2,  orangé  jaune  ; 

NH4  OH,  orangé  : 

Fe  Cl3,  orangé  ; 

CaO  Cl2,  orangé  jaune. 

Le  chloroforme  se  colore  en  orangé,  l'éther  et  ie  benzène 
<en  orangé  jaune,  le  sulfure  de  carbone  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L'absorption  unilatérale  croît  à partir  de  560  rr  : elle 
devient  complète  au  niveau  de  472  rr. 

b)  La  solution  alcoolique,  traitée  par  l'ammoniaque, 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l'absorption  croît  depuis 
575  rr  jusqu’à  480  rr.  Au  delà,  il  y a extinction 
totale. 

c)  L’examen  de  la  solution  alcoolique,  traitée  par  l'acide 
sulfurique,  montre  une  absorption  dont  l’intensité 
croît  de  560  rr  à 487  rr  ; elle  est  complète  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  575  rr  à 495  rr  l’absorption  croît,  puis  elle  devient 
totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  560  rr  et  480  rr  l’absorption  croît,  au  delà  tout 
est  absorbé. 


Essais  de  teinture.  - — Les  diverses  teintes  que  donne  la 
laine,  comme  celles  fournies  par  la  soie,  d’ailleurs  assez  mal 
■ caractérisées  dans  l’ensemble,  n’offrent  aucun  intérêt  au  point 
de  vue  tinctorial. 


Tokandilana 

Lieu  d'origine.  — Province  de  l’Imerina  du  Xord. 

Caractères  extérieurs.  — De  couleur  orangé  foncé,  le 
■duramen  est  bien  différencié  de  l'aubier  ; il  est  dur,  compact  et 
texture  fibreuse. 


112 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Sur  la  section  transversale,  finement  striée  de  lignes 
radiales,  on  distingue  des  points  blancs  très  nombreux, 
uniformément  répartis  sur  un  fond  plus  coloré. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse,  de  couleur- 
orangé  jaune  clair,  présente  les  variations  suivantes  : 

avec...  SO4  H2,  précipité  jaune  clair  ; 

\a  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  jaune  brun  ; 

CaO  Cl2,  léger  précipité  jaune  clair. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé  et  l’eau  acidulée- 
en  jaune  très  clair. 

Avec  l'alcool  on  obtient  une  solution  orangé  jaune  ; les- 
divers  réactifs  choisis  produisent  des  modifications  de  cette 
teinte  primitive,  que  l’on  peut  résumer  ainsi  : 
par...  SO4  H2,  jaune  : 

AH4  OH,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  ; 

SO3  XaH,  jaune. 

Le  chloroforme  et  le  benzène  se  colorent  en  orangé  jaune,, 
l’éther  et  le  sulfure  de  carbone  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Faible  de  560  uu  à 515  nu  l’absorption  croît  depuis 
515  nn  jusqu’à  480  uu.  Au  delà  elle  est  complète. 

b)  La  solution  alcoolique,  traitée  par  l’ammoniaque, 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  est  totale 
à partir  de  595  nn- 

c)  L'acide  sulfurique  modifie  le  spectre  de  la  solution 
alcoolique  ; l’absortion,  faiblement  croissante  de 
535nn  à 465nj*,  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  589  un  à 575  nn  l’absorption  croît.  Au  delà  il  y a 
extinction  complète.- 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  575  ni1  et  560  nn  l’absorption  est  croissante.  Au 
delà  elle  est  totale. 


d’après  leurs  caractèrés  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES  ll3 


Essais  de  teinture.  — Les  tons  obtenus  avec  la  laine  sont 
ternes  et  mal  caractérisés.  D’une  nuance  faible,  les  diverses 
teintes  que  fournit  la  soie  ne  sont  guère  susceptibles 
d’application. 

Tomboliso 

Lieu  d'origlne.  — Cercle  de  Fort-Dauphin. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  est  dur,  compact,  à 
grain  très  fin  et  susceptible  d’un  beau  poli.  Il  possède  un  aubier 
(- 1 -)  non  coloré  et  bien  distinct  du  duramen,  qui  offre  une 
coloration  rouge  très  foncé. 

La  section  transversale  montre  des  zones  concentriques 
claires  très  fines,  alternant  avec  des  zones  foncées  plus  larges  ; 
les  ponctuations,  d’ailleurs  assez  peu  nombreuses,  sont  réparties 
sur  toute  la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — L’extrait  aqueux  présente  un 
louche  orangé  très  clair,  mais  avec  les  changements  de  teinte 
suivants  : 

par...  SO4  H2,  louche  orangé  très  clair  ; 

Na  OH,  orangé  jaune  : 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  louche  jaune. 

L’eau  alcaline  est  rouge  très  foncé,  l’eau  acidulée  jaune 
très  clair. 

La  matière  colorante  dissoute  par  l’alcool  fournit  une 
solution  rouge  foncé,  que  les  divers  réactifs  choisis  modifient 
ainsi  : 

avec...  SO4  H2,  violet  rouge  foncé  ; 

NH4  OH,  rouge  brun  foncé  ; 

Fe  Cl3,  violet,  rouge  foncé  ; 

SO3  NaH,  rouge  orangé. 

Le  chloroforme  donne  une  solution  orangée  avec 
fluorescence  verte,  l’éther  devient  rouge  orangé  avec  fluores- 
cence verte,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  se  colorent  en 
jaune  très  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique, 
a)  Absorption  complète  au  niveau  de  620  hr. 


114 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


b)  Traitée  par  l'ammoniaque,  la  solution  précédente 
devient  opaque. 

c)  Soumise  à l’action  de  l’acide  sulfurique,  la  solution 
alcoolique  donne  un  spectre  qui  présente  une  forte 
absorption  jusqu’à  660  gg.  Au-  delà  il  y a extinction 
totale. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Cette  solution  est  opaque  à la  lumière. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Comme  précédemment  la  solution  ainsi  obtenue  est 
opaque. 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

rouge  brun 
très  foncé 

orangé  brun 
très  foncé 

brun  noir 

brun  noir 

orangé  jaune 
brun 

Soie . . 

rouge  foncé 

rouge  foncé 

brou  noir 

orangé  brun 
très  foncé 

noir 

Les  deux  teintes  brun  noir  (sur  Le  et  sur  Cr)  que  donn  ' !<i 
laine  sont  bien  caractérisées,  ainsi  que  le  rouge  foncé  (sur  Al  et 
sans  mordant)  et  le  noir  (sur  Sn)  fournis  par  la  soie  : mais  ces 
diverses  nuances  sont  peu  résistantes  à la  lumière  et  au  lavage. 

i ~ . 

Tsiandala 

Lieu  d’origine.  — Province  d’Analalàva. 

C’est  le  bois  de  rose  des  Sakalaves. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  présente  un  aubier  (-^-) 
non  coloré  et  à bords  nets  ; le  cœur,  d’un  beau  rouge,  est  dur, 
compact,  à texture  serrée  et  à grain  fin. 

Sur  la  section  transversale  on  distingue  de  fines  stries 
radiales  régulièrement  espacées,  et  de  nombreux  points  blancs 
également  distribués  sur  la  surface  plus  foncée  : enfin,  des 

zones  concentriques  sombres  alternent  avec  des  zones  claires 
plus  étroites. 


D’APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES  115 

Caractères  chimiques.  — Si  l’on  traite  la  poudre  du  bois 
par  l’eau  distillée,  on  obtient  une  solution  jaune  très  clair  ; elle 
est  modifiée  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  jaune  très  clair  ; 

Na  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaO  Cl2,  jaune. 

La  soude  et  le  chlorure  de  chaux  développent  dans  la 
solution  aqueuse  une  fluorescence  verte. 

L’eau  alcaline  devient  orangée,  avec  fluoresence  verte;  l’eau 
acidulée  reste  incolore. 

La  solution  alcoolique  présente  une  coloration  rouge 
orangé  avec  fluorescence  verte,  et  les  changements  de  teinte 
que  produisent  les  divers  réactifs  essayés  peuvent  se  résumer 
de  .la  façon  suivante  : 

avec...  S O4  H2,  orangé  ; 

NH4  OH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  ; 

SO3  NaH,  orangé. 

Le  chloroforme  se  colore  en  rouge  orangé  clair,  l’éther  en 
orangé  clair,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  en  jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  - — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  croît  depuis  589  rr  jusqu’à  575  ru  ; puis 
elle  devient  complète. 

b)  Cette  solution,  traitée  par  l’ammoniaque,  donne  un 
spectre,  qui  présente  une  absorption  totale  à partir 
615  RR. 

c)  La  solution  alcoolique,  traitée  par  l’acide  sulfurique 
et  examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  de  552  rr  à 540  rr.  Au  delà  il  y a extinction 
totale. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  croît  de  589  rr  à 548  rr  ; elle  est  totale- 
au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  575  rr  à 535  rr  l’absorption  croît.  Au  delà  tout 
est  absorbé. 


116 


la  détermination  des  bois  exotiques  colores 


E?sais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

rouge  orangé 
clair 

rouge  orangé 
clair 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé 

Soie . . 

orangé 

orangé 

orangé 

orangé  brnn 

orangé  vif  j 

Les  teintes  que  donne  la  laine  sonl  assez  fortes  comme 
intensité.  Avec  la  soie  les  divers  tons  sont  bien  nuancés, 
notamment  l'orangé  (sur  Al)  et  l'orangé  vif  (sur  Sn),  mais  ils 
sont  peu  résistants  à la  lumière  et  au  lavage. 


Tsimamotrabavy 


Lieu  d'origine.  - — Cercle  de  Morondava. 


Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  dont  l’aubier  (-^-)  est 
blanc,  possède  un  cœur  de  couleur  rouge,  bien  différencié  ; il 
est  homogène  et  susceptible  de  prendre  un  beau  poli. 

La  section  transversale  montre  des  zones  saisonnières  asse.' 
bien  délimitées  : de  fines  stries  radiales  claires  très  rapprochérs 
sillonnent  la  surface  plus  colorée,  qui  est  piquetée  de  nombreux 
points  blancs  disséminés  sans  ordre  apparent. 


Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  orangé 
jaune  très  clair  : elle  présente  les  changements  de  teinte 

suivants  : 

avec...  SO4  H2,  jaune  très  clair  ; 

Na  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  orangé  : 

CaO  Cl2,  jaune. 

La  soude  développe  une  fluorescence  verte  dans  l’extrait 
aqueux.  L'eau  acidulée  reste  incolore,  tandis  que  l’eau  alcaline 
devient  orangée. 

L’alcool  fournit  une  solution  de  couleur  rouge  : cette  teinte 
est  modifiée  ainsi  : 


par... 


SO4  H2, 
\H4  OH, 
Fe  Cl3. 
SO3  XaH. 


rouge  orangé  : 
violet  rouge  foncé  ; 
rouge  orangé  ; 
rouge  orangé. 


D’APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES  117 


Le  chloroforme  prend  une  coloration  rouge,  l’éther  orangé 
jaune,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

Dès  620  hji  l’absorption  est  totale. 

b)  Traitée  par  l’ammoniaque  la  solution  précédente 
fournit  un  spectre,  dans  lequel  l’absorption  est 
complète  à partir  de  650  an. 

c)  L'acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre  : de  575  aa  à 560  aa  l’absorption 
croît.  Au  delà  il  y a extinction  totale. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Entre  605  a^  et  575  an  l’absorption  croît,  elle  est 
complète  au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croît  depuis  575  aa  jusqu’à  525  an  ; elle 
devient  totale  au  delà. 


Essais  de  teinture.  — Avec  la  laine,  l’orangé  brun  foncé 
est  assez  bien  caractérisé. 

La  soie  fournit  les  divers  lotis  suivants  : 


Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

orangé 

orangé 

orangé  brun 
foncé 

rouge  orangé 
clair 

rouge  orangé 
clair 

Les  teintes  ainsi  obtenues,  quoique  bien  nuancées,  sont 
peu  résistantes  à la  lumière  et  au  lavage. 


Tsitialambaroa 

Lieu  d’origine.  — Analamazaotra. 

Caractères  extérieurs.  — La  matière  colorante  est 
répartie  également  dans  l'aubier  et  dans  le  dura  me  n,  de  telle 
sorte  qu’il  n’y  a pas  de  ligne  de  démarcation  nette  entre  ces 
deux  régions.  Le  bois,  de  couleur  orangé  très  foncé,  est  dur, 
compact,  à texture  homogène  et  à grain  fin. 

Sur  la  section  transversale,  on  distingue  des  zones 
alternativement  claires  et  sombres,  avec  des  points  blancs 
disséminés  sans  ordre  sur  la  surface  plus  foncée  de  la  coupe. 


118 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


Caractères  chimiques.  — La  poudre  du  bois  traitée  par 
leau  distillée  donne  une  solution  orangée  : les  divers  réactifs 
essayés  produisent  les  variations  suivantes  : 

avec...  SO4  H2,  précipité  orangé  ; 

Na  OH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  brun  noir  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  brun. 

L'eau  acidulée  reste  incolore,  tandis  que  l’eau  alcaline 
devient  orangé  jaune. 

Avec  l'alcool  comme  dissolvant,  on  obtient  une  solution 
orangé  jaune,  et  l’action  des  réactifs  choisis  peut  se  résumer 
ainsi  : 

par...  SO4  H2,  orangé  jaune  ; 

\H4  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  CR  orangé  jaune  ; 

SO3  XaH.  décoloration. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L'absorption  croît  de  589  nn  à 525  uu  ; puis  elle 
devient  complète. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  aqueuse,  traitée 
par  la  soude,  présente  une  absorption  dont  l’intensité 
croît  depuis  589  nu  jusqu’à  560  uu.  Au  delà  il  y a 
absorption  totale. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  575  nn  à 525  un  l’absorption  croît,  elle  est  complète 
au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Entre  560  uu  et  487  uu  l’absorption  croît.  Au  delà  elle 
est  totale. 

Essais  df  teinture.  — La  teinte  jaune  vert  (sur  Cr)  que 
donnent  la  laine  ci  la  soie  est  assez  bien  caractérisée. 

Par  contre,  les  autres  nuances,  trop  faibles  d’intensité,  ne 
semblent  pas  susceptibles  d'application. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


H9 


Valela 

Lieu  d’origine.  — Province  des  Betsimisaraka  du  Nord. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  aubier  (-j-) 
nettement  séparé  du  duramen.  Celui-ci,  rouge  orangé  foncé, 
est  dur,  compact  et  à grain  assez  tin. 

En  section  transversale,  on  distingue  des  zones  concen- 
triques sombres,  alternant  avec  des  zones  claires  moins  larges. 
Dans  le  sens  radial,  le  bois  est  coupé  par  des  stries  très  fines 
et  régulièrement  espacées. 

Caractères  chimiques.  — Traitée  par  l’eau  distillée,  la 
poudre  du  bois  fournit  une  solution  de  couleur  orangée  ; elle 
présente  les  modifications  suivantes  : 

par...  SO4  H2,  précipité  orangé  : 

Na  OIJ,  rouge  orangé  ; 

Fe  CR  précipité  orangé  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé. 

Tandis  que  l'eau  alcaline  devient  rouge,  l'eau  acidulée  reste 
incolore. 

L’extrait  alcoolique  est  orangé-:  il  offre  les  variations  de 
teintes  que  l’on ‘peut  résumer  ainsi  : 
avec...  S O4  H2,  orangé  : 

NH4  OH,  rouge  orangé  et  fluorescence  vente; 
Fe  Cl3,  orangé  ; 

SO3  NaH.  rouge  orangé  clair. 

Le  principe  colorant  est  insoluble  dans  l’éther,  le 
chlor'oforme,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Une  bande  d’absorption  très  faible  s’étend  de  589  rr 
à 575  ru.  puis  l’absorption  devient  partielle  depuis 
575  ru  jusqu’à  515  rr. 

Au  delà  il  y a extinction  totale. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  l’ammoniaque  et 
examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  à partir  de  589  rr.  Au  delà  de  535  rr  tout  est 
absorbé. 


120 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORES 


c)  L acide  sulfurique  ajoute  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  et  l’on  observe  une  absorption 
partielle  de  589  kh  à 515  uu,  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Dès  605  hk  l'absorption  est  totale. 

8°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  605  un  à 589  kk  l'absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 

Essais  de  teinture.  — Les  nuances  que  donne  la  laine  sont 
ternes  et  faibles  d’intensité. 

Quoique  mieux  caractérisées,  les  diverses  teintes  obtenues 
avec  la  soie  n’offrent  qu'un  médiocre  intérêt. 

/ 

Voabasse 

Lieu  d’origine.  — Cercle  de  Fort-Dauphin. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  dont  l’aubier  (-L)n’est 
pas  coloré,  présente  un  cœur  brun  noir,  à grain  très  fin  et 
susceptible  d’un  beau  poli. 

Sur  la  section  transversale,  la  matière  colorante,  très 
abondante,  ne  laisse  guère  voir  que  des*  points  blancs 
nombreux,  répartis  sans  ordre  apparent  sur  toute  la  surface 
fortement  colorée  de  la  coupe. 

Caractè  res  chimiques.  — L'extrait  aqueux  présente  un 
louche  jaune  vert.  Sous  l’action  de  divers  agents  chimiques  on 
a les  résultats  suivants  : 

avec...  SCD  H2,  louche  jaune  vert  ; 

\a  OH,  jaune  et  fluorescence  verte  ; 

Fe  Cl3,  louche  orangé  jaune  brun  ; 

CaO  Cl2,  louche  jaune  vert  clair. 

L’eau  acidulée  est  à peine  colorée  en  vert  très  clair  ; l’eau 
alcaline  devient  orangé  jaune  et  manifeste  une  fort  belle 
fluorescence  verte.  Lorsqu'on  traite  la  poudre  du  bois  par 
l’alcool,  on  a une  solution  de  couleur  orangé,  avec  fluorescence 
verte.  Les  changements  ’e  teintes  sont  les  suivants  : 


D’APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES  121 

par...  SO4  H2,  orangé  jaune  brun  et  fluorescence 

verte  ; 

\H4  OH.  rouge  orangé  foncé  et  fluorescence 
verte  ; 

Fe  Cl3,  orangé  brun  et  fluorescence  verte  ; 

SO3  NaH.  orangé  jaune  et  fluorescence  verie. 

Le  chloroforme  devient  orangé,  avec  fluorescence  verte  : 
l’éther  se  colore  .en  jaune,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
en  jaune  clair. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  croît  de  589  uu  à 548  uu,  puis  elle 
devient  complète. 

b)  Cette  solution,  traitée  par  l’ammoniaque,  donne  un 
spectre  dans  lequel  l’absorption  croît  ' depuis  605  ru 
jusqu’à  589  rr.  Au  delà  il  y a absorption  totale. 

c)  Soumise  à l'action  de  l'acide  sulfurique  la  solution 
alcoolique  donne  un  spectre  qui  présente  une  absorp- 
tion très  forte  jusqu’au  niveau  de  589  im  ; elL  est 
complète  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  unilatérale  croît  de  575  un  à 505  un  . elle 
devient  totale  au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  560  nn  à 487  nn  l’absorption  croît.  Au  delà  elle  est 

• complète. 

Essais  de  teinture.  - — La  laine  se  teint  difficilement. 
Pareillement,  la  soie  fournit  des  nuances  de  faible  intensité, 
et  d’ailleurs  mal  caractérisées. 

Au  point  de  vue  tinctorial,  ce  bois  n'offre  donc  qu’un 
intérêt  médiocre. 


Voandrojana,  N°  344 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Mananjary. 

Caractères  extérieurs.  — Le  duramen,  nettement  séparé 
■de  l'aubier,  est  noir,  compact  et  susceptible  d’un  beau  poli. 

T. a matière  colorante,  très  abondante,  envahit  toutes  les 


122 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


parties  du  tissu  ligneux,  de  telle  sorte  qu’il  n’est  guère 
possible  d’en  distinguer  les  détails  de  structure. 

Caractères  chimiques.  — Lorsqu  on  soumet  la  poudre  du 
bois  à l'action  de  l’eau  distillée,  on  obtient  une  solution  orangé 
très  clair,  et  les  changements  que  produisent  les  réactifs  choisis 
sont  : 

avec...  SO4  H?,  précipité  orangé  clair  ; 

Xa  OH,  précipité  rouge  brun  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  jaune  brun  ; 

L'eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé,  l’eau  acidulée 
reste  incolore. 

Avec  l'alcool,  on  a une  solution  orangé  jaune  ; cette 
coloration  est  modifiée  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  orangé  jaune  ; 

XII4  OH,  rouge  orangé  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  ; 

SO3  XaH,  orangé  jaune  clair. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  - — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  La  solution  aqueuse,  qui  est  louche,  ne  permet  pas 
l’observation  au  spectroscope. 

b)  Cette  solution,  traitée  par  la  soude,  donne  un  spectre 
dans  lequel  l’absorption  croît  depuis  575  rr  jusqu’à 
487  rr,  puis  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  589  rr  à 575  ru  l’absorption  croît.  Au  delà  il  y a 
extinction  complète. 

8°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L'absorption  croît  de  589  ru  à 560  rr  ; elle  est  totale 
au  delà. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  et  la  soie  se  teignent  fort 
mal.  D’ailleurs,  la  matière  colorante  étant  extrêmement  peu 
soluble  dans  l’eau,  le  bois  étudié,  quoique  très  riche  en  principe 
colorant,  ne  saurait  être  employé  comme  bois  de  teinture,  au 
moins  dans  les  conditions  d’expérience  que  nous  avons  choisies. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


123 


Voandronjana  N°  554 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Mananjarv. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  aubier  non 
coloré  et  bien  distinct  : le  cœur,  de  couleur  rouge  orangé  foncé, 
présente  une  texture  homogène  et  serrée. 

Sur  la  section  transversale,  on  distingue  des  points  cla'rs 
très  nombreux,  répartis  uniformément  sur  la  surface  plus 
foncée  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — La  poudre  obtenue  par  le 
broyage  du  bois  et  traitée  par  l'eau  distillée  donne  une  solution 
jaune,  qui  offre  les  variations  suivantes  : 

avec...  SO4  H2,  précipité  jaune  clair  ; 

Xa  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  brun  noir  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  brun. 

Tandis  que  l’eau  acidulée  reste  incolore,  l'eau  alcaline 
devient  orangé  jaune. 

La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune  clair.  Les  réactifs 
choisis  produisent  des  modifications  de  la  coloration  primitive 
que  l’on  peut  résumer  de  la  façon  suivante  : 

par...  SO4  H2,  précipité  blanchâtre  ; 

\H4  OH,  précipité  orangé  brun  ; 

Fe  Cl3,  précipité  orangé  jaune  brun  ; 

SO3  XaH.  jaune  très  clair. 

Les  autres  dissolvants  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L’absorption  est  faible  dans  le  vert  et  le  bleu  ; elle  est 
totale  dans  le  violet  ; 

b)  La  solution  aqueuse,  traitée  par  la  soude,  donne  un 
spectre  dans  lequel  l'absorption  croît  de  560  nn  à 
480  nu.  Au  delà  il  y a extinction  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

L’absorption  unilatérale  croît  de  575  uu  à 487  nn  ; elle 
devient  totale  au  delà. 


124 


la  détermination  des  bois  exotiques  colorés 


3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  560  iui  à 472  ru  l'absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 


Essus  ne  teinture.  — La  laine  fournit  les  nuances 
suivantes  : 


J Sans  mordant 

Al 

Fe 

Cr 

jaune 

jaune  vert 

orangé  brun 

jaune  vert 

foncé 

Parmi  les  tons  obtenus  avec  la  soie,  le  jaune  (sur  Al)  et  le 
jaune  vert  (sur  Cr)  sont  bien  caractérisés. 

Ces  diverses  teintes  sont,  d'ailleurs,  assez  peu  résistantes  à 
la  lumière  et  au  lavage. 

Voasimbona 

Lieu  d’origine.  — Province  des  Betsimisaraka  du  Centre. 

Caractères  extérieurs.  - — Bien  séparé  de  l’aubier  (-|-) , le 
duramen,  de  couleur  rouge  orangé  foncé,  est  dur  et  à texture 
serrée.  La  section  transversale,  sillonnée  de  fines  lignes 
radiales,  présente  des  bandes  concentriques  foncées  plus  larges 
que  les  bandes  claires  ; des  points  colorés  assez  nombreux  sont 
disséminés  sans  ordre  apparent  sur  toute  la  surface  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — Par  le  broyage  du  bois,  on 
obtient  une  poudre  qui,  traitée  par  l’eau  distillée,  donne  une 
solution  jaune  très  clair.  L action  des  divers  réactifs  choisis 
sur  cette  solution  peut  se  résumer  ainsi  : 
par...  SO4  H2,  jaune  clair  ; 

\a  OH,  orangé  jaune  ; 

Fe  Cl3,  rouge  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  jaune  très  clair. 

L eau  acidulée  se  colore  en  jaune  très  clair,  l’eau  alcaline 
en  orangé.  La  solution  alcoolique  de  couleur  orangée  est 
modifiée  ainsi  : 

par...  SO4  H2,  orangé  ; 

NH4  OH.  orangé  jaune  brun  ; 

Fe  Cl3,  orangé  ; 

SO3  NaH,  orangé  clair. 


— 


D’APRÈS  LEURS  CARACTÈRES  CHIMIQUES  ET  SPECTROSCOPIQUES  125 


Le  chloroforme  se  colore  en  orangé  jaune  et  les  autres 
dissolvants  en  jaune. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L'absorption  unilatérale  croît  de  575  un  à 515  ru, 
puis  elle  devient  totale. 

b)  La  solution  alcoolique,  traitée  par  l’ammoniaque, 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  croît 
progressivement  depuis  575  rr  jusqu'à  505  rr  ; il  y a 
extinction  totale  au  delà. 

c)  L'acide  sulfurique  modifie  le  spectre,  et  l’affaiblis- 
sement de  la  lumière  croît  depuis  560  rr.  Au  delà  de 
515  rr  tout  est  absorbé. 

2°  Solution  alcaline  avec  0"  gr.  50  de  poudre. 

Le  spectre  que  donne  cette  solution  présente  une 
absorption  croissante  de  575  rr  à 505  rr  ; à partir 
de  505  rr  l’absorption  est  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

De  560  rr  à 480  rr  l’absorption  croît,  puis  elle  devient 
complète. 

Essais  de  teinture.  — La  laine  donne  des  nuances  d’une 
tonalité  orangé  brun.  Avec  la  soie,  on  obtient  des  teintes  assez 
mal  caractérisées.  Les  propriétés  tinctoriales  de  ce  bois  sont 
très  médiocres  et  ne  semblent  pas  le  rendre  susceptible 
d’application  en  teinture. 


0 Vontsonjo 

Lieu  d’origine.  — Province  de  Farafangana. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois  possède  un  duramen 
de  couleur  orangé  foncé,  nettement  séparé  de  l’aubier  ; il  est 
compact,  bien  homogène  et  à grain  assez  fin. 

Sur  la  section  transversale,  finement  striée  de  lignes 
radiales,  on  distingue  des  zones  concentriques  claires,  alternant 
régulièrement  avec  des  zones  plus  sombres  ; des  points  blancs 


126 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


nombreux  sont  uniformément  répartis  sur  toute  la  surface  de 
la  coupe. 

Caractères  chimiques.  — Si  l’on  traite  par  divers  agents 
chimiques  la  solution  aqueuse,  qui  est  orangée,  on  observe  les 
variations  suivantes  : 

par...  S O*  H-,  précipité  orangé  ; 

Na  OH,  rouge  foncé  ; 

Fe  Cl3,  précipité  brun  noir  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé  brun. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  rouge  foncé  avec  fluorescence 
verte,  tandis  que  l’eau  acidulée  reste  incolore. 

L'alcool  fournit  une  solution  orangé  jaune,  avec  les 
modifications  suivantes  : 

par...  SO4  H2,  orangé  jaune  : 

NH4  OH,  précipité  orangé  : 

Fe  Cl3,  orangé  brun  très  foncé  ; 

-SO3  NaH,  jaune. 

L'ammoniaque  produit  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

L’éther,  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone  et  le  benzène 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  aqueuse. 

a)  L'absorption  croît  depuis  58 9 nn  jusqu’à  548  ; elle 

est  totale  au  delà. 

b)  La  solution  précédente,  traitée  par  la  soude  et 
examinée,  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
croît  de  605  un  à 589  nn-  Au  delà  il  y a absorption 
complète. 

2)  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Très  forte  jusqu'à  605  . l’absorption  est  totale  au  delà. 

3)  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L'absorption  est  partielle  jusqu’à 589  elle  croit  de  589 uu  , 

à 575  u^.,  puis  elle  devient  complète. 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


127 


Essais  de  teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Cr 

Sn 

Laine. 

orangé  brun 

orangé  brun 

orangé  brun 
foncé 

orangé  brun 

orangé 

Soie . . 

orangé  jaune 

orangé  jaune 

orangé  jaune 
brun  foncé 

orangé  jaune 
brun 

jaune 

Les  teintés  que  donne  la  laine  sont  assez  fortes  comme 
intensité,  notamment  l'orangé  brun  (sur  Cr). 

Parmi  les  nuances  obtenues  avec  la  soie,  l’orangé  jaune 
brun  foncé  (sur  Fe),  l’orangé  jaune  brun  (sur  Cr)  et  le  jaune 
(sur  Sn)  sont  bien  caractérisés. 

Quoique  assez  peu  altérables  par  la  lumière,  ces  diverses 
teintes  ne  résistent  guère  au  lavage. 


CHAPITRE  CINQUIEME 


Dans  ce  chapitre  nous  étudierons  un  bois  de  Conilère  et 
quelques  bois  de  Légumineuses  parfaitement  déterminées  dont 
les  échantillons  proviennent  du  Tonkin  ou  de  la  Guyane 
Française. 


Cunninghamia  sinensis  R.  Br.  (Conifères) 

Lieu  d’origine.  — Haut-Tonkin. 

L’échantillon  que  nous  avons  examiné  (bois  de  cercueil ) ,et 
qui  a été  envoyé  comme  bois  demi-fossile,  est  de  couleur  orangé 
foncé. 

Caractères  chimiques.  — Traitée  par  l’eau  distillée,  la 
poudre  de  ce  bois  donne  un  louche  jaune  très  clair,  et  l’action 
des  divers  réactifs  essayés  peut  se  résumer  ainsi  : 

avec...  SO4  H3,  louche  jaune  très  clair  ; 

Na  OH,  jaune  ; 

Fe  Cl3,  orangé  jaune  brun  foncé  ; 

CaO  Cl2,  précipité  orangé. 

L’eau  alcaline  prend  une  coloration  orangé  jaune  avec 
fluorescence  verte  ; l’eau  acidulée  reste  incolore. 

La  solution  alcoolique  est  orangé  jaune  : sous  l’action  des 
réactifs  choisis  elle  présente  les  modifications  suivantes  : 

avec...  S04H2,  orangé  jaune  : 

NH4OH,  orangé  ; 

FeCl3,  orangé  jaune  brun  foncé  ; 

S03NaH,  jaune. 

L ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

Le  chloroforme  et  l’éther  se  colorent  en  jaune,  le  benzène 
et  le  sulfure  de  carbone  en  jaune  c’air. 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


129 


Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Faible  absorption  de  5(30  rr  à 495  rr,  plus  forte  entre 
495  hr  et  487  rr;  totale  au  delà. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique,  traitée 
par  l’ammoniaque,  présente  une  absorption  dont 
l’intensité  croit  depuis  560  rr  jusqu’à  495  rr.  Au 
delà  il  y a extinction  complète. 

c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  n en 
modifie  pas  sensiblement  le  spectre  d’absorption. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  575  rr  à 487  rr  l’absorption  croît  ; puis  elle  devient 
totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croît  de  560  rr  à 472  rr  elle  est  complète 
au  delà. 

Essais  de  teinture.  — Les  divers  tons  que  donne  la  laine 
sont  ternes  et  d’ailleurs  mal  caractérisés. 

La  soie  se  teint  avec  la  même  difficulté,  et  les  nuances 
obtenues  sont  très  faibles  d’intensité. 

Au  point  de  vue  tinctorial,  ce  bois  n’offre  donc  aucun 
intérêt. 


Caesalpinia  Sappan  Lin.  (Légumineuses) 

Lieu  d’origine.  — Tonkin. 

C’est,  le  Brésillet  des  Indes , dont  les.  caractères  extérieurs 
ont  été  déjà  décrits  par  de  nombreux  auteurs  HL 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  rouge 
orangé,  avec  fluorescence  verte.  Sous  faction  de  quelques 
réactifs,  elle  présente  les  changements  suivants  : 

avec...  SOH2.  orangé  ; 

Na  OH,  rouge  ; 

Fe  Cl3,  précipité  rouge  brun  ; 

CaOCl3,  précipité  rouge. 

Cl)  H.  Stone,  The  Timhers  o/  commerce  and  lheir  identification , 1914.  p.  70. 

J.  L.  de  Lanessan,  loc.  cit.  p.  286. 

H.  Gaebelé,  loc.  cit.  p.  59. 


130 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


L'eau  alcaline  se  colore  en  rouge  foncé,  avec  fluorescence 
verte,  l'eau  acidulée  en  jaune. 

Avec  l’alcool  on  obtient  une  solution  orangée  avec 
fluorescence  verte  : les  divers  réactifs  choisis  produisent  les 
modifications  suivantes  : 

avec...  SCFHL  orangé  : 

\H4OH,  rouge  : 

Fe  Cl1 2 3.  rouge  très  foncé  (opaque)  ; 

S03XaH,  orangé  jaune. 

L’ammoniaque  développe  une  fluorescence  verte  dans  la 
solution  alcoolique. 

Le  chloroforme  se  colore  en  jaune  clair,  l'éther  en  jaune  , 
le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  ne  dissolvent  pas  le 
principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique, 
a)  L absorption  est  partielle  entre  560  un  et-  525  nu, 
plus  forte  de  525  un  à 515  uu  et  totale  au  delà. 

F La  solution  alcoolique,  traitée  par  l'ammoniaque, 
présente  une  absorption  complète  au  delà  585  uu. 
c)  L’acide  sulfurique  ajouté  à la  solution  alcoolique  en 
modifie  le  spectre,  et  l'absorption,  croissante  depuis 
548  un  jusqu'à  540  uu,  devient  totale  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Absorption  complète  à partir  de  615  uu. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Au  delà  de  605  uu  il  y a extinction  totale. 

Propriétés  tinctoriales.  — Aux  Indes  ce  bois  est  utilisé 
dans  la  teinture  de  la  laine  et  dans  l’impression  du  calicot. 

Les  propriétés  tinctoriales  de  ce  bois  ont  déjà  été 
étudiées  P). 

Haematoxylon  Campechianum  Lin  (Légumineuses) 

Lieu  d'origine.  — Guyane  Française. 

Cette  espèce  fournit  le  bois  de  campêche  ( Logwood  de? 
Anglais).  M.  Stone  a fait  connaître  un  procédé  chimique 

(1)  A.  G.  Perkin,  loc.  cit.  p.  369. 

(2)  H.  Stone,  Arm.  du  Musée  Colonial  de  Marseille.  Les  Bois  utiles  de  1» 

Guyane  Française.  1917.  p.  84-90. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


131 


permettant  de  distinguer  le  bois  de  campêche  des  bois  du  Brésil 
et  du  bois  de  sanlal  rouge , sans  préciser,  d’ailleurs,  dans 
quelles  conditions  l’essai  chimique  qu’il  propose  doit  être 
effectué.  Ces  trois  bois,  en  effet,  peuvent  être  confondus  si 
l’on  n’examine  que  leurs  caractères  extérieurs. 

A cet  égard,  M.  Perkin-  (3)  différencie  YHaematoxylon 
Campechianum  Lin  de  YHaematoxylon  ap’icanum  Pearson  et 
du  bois  de  Brésil  à l’aide  des  caractères  donnés  par  l’extrait 
aqueux  du  bois,  lorsqu’on  le  traite  par  la  soude  caustique,  le 
perchlorure  de  fer  et  l’acétate  de  plomb  ; mais  l’auteur  ne  nous 
indique  pas  la  technique  de  son  essai,  et  nous  avons  déjà  montré 
que,  pour  avoir  des  résultats  toujours  identiques,  il  importait 
de  bien  fixer  les  conditions  dans  lesquelles  on  opère. 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse  est  rouge. 
Traitée  par  les  divers  réactifs  choisis,  elle  donne  les  modifi- 
cations suivantes  : 

avec...  S04H3,  rouge  orangé  ; 

Na  OH,  violet  rouge  foncé  (opaque)  ; 

FeCl3,  précipité  brun  noir  : 

Ca-OCl2,  précipité  rouge  brun. 

L’eau  alcaline  se  colore  en  rouge  foncé  et  l’eau  acidulée  en 
jaune. 

De  couleur  orangée  la  solution  alcoolique  présente  les 
changements  de  teintes  suivants  : 

avec...  S04H2,  rouge  orangé  ; 

XH4OH,  rouge  foncé  : 

FeCl3,  précipité  bleu  violet  ; 

S03NaH,  orangé  jaune. 

Le  chloroforme  se  colore  en  jaune  clair,  l’éther  en  jaune  : 
le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique, 
a)  Faible  absorption  de  560  np  à 535  pp,  plus  forte 
entre  535  pp  et  525  ru.  Au  delà  il  y a extinction 

totale. 

b)  Cette  solution,  traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée, 
fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption  est 
brusquement  totale  dès  615  au. 


(3)  A.  G.  Perkin,  loc.  cit.  p.  382. 


132 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORES 


c)  L'acide  sulfurique,  ajouté  à la  solution  alcoolique,  en> 
modifie  le  spectre  et  l’absorption,  croissante  de  575  pp. 
à 560  uu,  est  complète  au  delà. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Très  forte  absorption  jusqu’à  665  pp,  totale  au  delà. 

3°  Solution  alcaline  avec  0*gr.  30  de  poudre. 

Partielle  jusqu'à  620pp,  l'absorption  est  complète  au 
delà. 

Propriétés  tinctoriales.  — De  nos  jours  encore  le  bois 
de  eampèche  P est  très  employé  dans  la  teinture,  principa- 
lement dans  l'obtention  des  noirs  sur  soie,  ainsi  que  dans  la 
composition  de  diverses  teintures  complexes. 


Peltogyne  paniculata  Benth.  (Légumineuses) 

Lieu  d’origine.  — Guyane  Française. 

Cette  espèce  fournit  un  bois  de  couleur  violette  (2). 

Caractères  chimiques.  — La  solution  aqueuse,  qui  est 
orangé  jaune  très  clair,  est  modifiée  ainsi  : 

par...  S04H1 2,  orangé  jaune  très  clair  ; 

Na  OH,  orangé  jaune  ; 

FeCl3,  orangé  jaune  brun  ; 

CaOCl2,  précipité  jaune  clair. 

La  soude  développe  une  fluorescence  verte  dans  la  solution 
aqueuse. 

L'eau  alcaline  se  colore  en  rouge  orangé  avec  fluorescence 
verte  : au  contraire,  l’eau  acidulée  reste  incolore. 

Avec  l'alcool  on  obtient  une  solution  rouge  : et  l’action  des 
divers  réactifs  choisis  peut  se  résumer  ainsi  : 

avec...  S04H2,  rouge  orangé  ; 

\H4OH,  rouge  foncé  ; * 

FeCl3,  brun  noir  ; 

S03XaH,  rouge  clair. 

(1)  A.  G.  Perkin,  loc.  cil.  p.  379. 

(V)  H.  Stone.  I de  1 irnbers  of  Brilish  Guiana.  1914,  p.  74. 

4nn.  du  Musée  Colonial  de  Marseille,  Les  Bois  utiles  de  la  Guyane 
Française,  1917.  p.  113-114. 


d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


13a 


La  solution  alcoolique,  traitée  par  l’ammoniaque,  présente 
une  fluorescence  verte. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
ne  dissolvent  pas  le  principe  colorant. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  L’absorption  est  complète  à partir  de  615  hr. 

b)  Traitée  par  l’ammoniaque  et  examinée,  la  solution 
alcoolique  fournit  un  spectre  dans  lequel  l’absorption 
est  totale  au  delà  de  650  hr- 

c)  L’acide  sulfurique,  ajouté  à la  solution  alcoolique,  en 
modifie  le  spectre,  et  l’absorption  est  complète  au 
niveau  de  589  rr. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  605  hh  à 589  rr  l’absorption  croit,  puis  elle  devient 
totale. 

8°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

L’absorption  croit  depuis  575  rr  jusqu’à  535  rr  : elle 

est  complète  au  delà. 

Essais  de  teinture.  — Parmi  les  teintes  que  donne  la  laine,  1 
le  jaune  vert  foncé  (sur  Al)  et  l’orangé  jaune  brun  (sur  Cri  sont 
assez  bien  caractérisés. 

Les  nuances  obtenues  avec  la  soie  sont  plus  faibles 
d’intensité,  et  le  jaune  vert  (sur  Cr)  offre  seul  quelque  intérêt. 

Baphia  pyrifolia  Baill.  (Légumineuses) 

Lied  d’origine.  — Guyane  Française. 

Caractères  extérieurs.  — Le  bois,  rouge  foncé,  est  dur, 
compact,  à grain  fin  ; il  est  susceptible  de  prendre  un  beau  poli. 

Sur  la  section  transversale,  on  distingue  nettement  des 
zones  concentriques  alternativement  claires  et  colorées,  avec, 
ça  et  là,  des  points  blancs  assez  nombreux  ; de  fines  stries 
radiales  sillonnent  la  surface  plus  foncée  de  la  coupe. 

Caractères  chimiques.  - — La  poudre  du  bois,  traitée  par 
l’eau  distillée,  donne  un  louche  orangé  jaune  clair  ; les  divers 
réactifs  essayés  produisent  les  modifications  suivantes  : 


134 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


avec...  S04H2,  louche  jaune  clair  ; 

Na  OH,  orangé  jaune  ; 

FeCl3,  précipité  orangé  brun  ; 

CaOCl2,  louche  jaune. 

La  soucie  développe  une  fluorescence  verte  dans  la  solution 
aqueuse. 

Léau  alcaline  devient  orangée  avec  fluorescence  verte, 
l'eau  acidulée  reste  incolore. 

De  couleur  rouge,  la  solution  alcoolique  présente  des 
variations  de  teintes,  que  l’on  peut  résumer  ainsi  : 
avec...  S04H2,  orangé  ; 

NH4OH,  rouge  foncé  et  fluorescence  verte  ; 
FeCl3,  rouge  orangé  foncé  ; 

S03XaH,  orangé. 

La  solution  alcoolique  elle-même  manifeste  une  fluores- 
cence verte. 

Le  chloroforme  se  colore  en  orangé  clair,  l'éther  en  orangé 
jaune  clair,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone  restent  incolores. 

Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Absorption  complète  à partir  de  615  ru. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique,  traitée 
par  l’ammoniaque,  présente  une  absorption  totale  au 
delà  de  640  rr  ; 

c)  L’acide  sulfurique,  ajouté  à la  solution  alcoolique,  en 
modifie  le  spectre,  dans  lequel  l’absorption  croît  depuis 

575  rr  jusqu’à  560  rr  ; puis  elle  devient  complète. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

De  589  i-i r à 535  rr  l’absorption  croît  ; au  delà  il  y a 
extinction  totale. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Croissante  à partir  de  575  rr,  l'absorption  est  complète 
au  delà  de  505  rr. 


Essais  df.  Teinture  : 


Non 

mordancée 

Al 

Fe 

Gr 

Sn 

i Laine. 

orangé 

orangé 

orangé  brun 

orangé  jaune 
brun 

orangé 

Soie . . 

rouge  orangé 
(rosé) 

orangé  clair 

orangé  brun 

orangé  brun 
clair 

orangé 

d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


13£> 


L'orangé  (sur  Al)  et  l’orangé  brun  (sur  Fe)  que  donne  la 
laine  sont  assez  bien  caractérisés.  Parmi  les  divers  tons  obtenus 
avec  la  soie  le  rouge  orangé  (sans  mordant)  et  l’orangé  (sur  Snj 
sont  bien  nuancés. 

Remarque.  — Le  Barwood  des  Anglais  provient  du  Baphia 
nilida  Lodd,  tandis  que  le  Camwood  serait  fourni  par  une 
variété  de  la  même  espèce.  L’essai  de  teinture  a permis  à 
AL  Perkin  (L  de  comparer  ces  deux  bois. 


Vouacapoua  americana  Aubl.  (Légumineuses) 

Lieu  d’origine.  — Guyane  Française. 

Cette  espèce  donne  un  bois  qui  offre  une  certaine 
ressemblance  avec  le  bois  des  Palmiers  (1 2L 

Caractères  chimiques.  — De  couleur  orangé  jaune  c'air, 
la  solution  aqueuse  est  modifiée  ainsi  : 

Par...  S04H2,  jaune  clair  ; 

NaOH,  orangé  foncé  ; 

FeCL3,  précipité  orangé  brun  très  foncé  ; 
CaOCL2,  précipité  orangé  foncé. 

L’eau  acidulée  se  colore  en  rouge  orangé  foncé,  l’eau 
acidulée  reste  incolore. 

Avec  l’alcool,  on  obtient  une  solution  orangé  jaune  ; et 
l’action  des  divers  réactifs  essayés  peut  se  résumer  ainsi 

Avec...  S04H2,  orangé  jaune  ; 

NH4OH,  rouge  orangé  foncé  ; 

FeCl3,  orangé  brun  foncé  ; 

So3NaH,  jaune. 

La  solution  alcoolique  traitée  par  l’ammoniaque  présente 
une  fluorescence  verte. 

Le  chloroforme,  l’éther,  le  benzène  et  le  sulfure  de  carbone 
prennent  une  coloration  jaune  clair. 

(1)  H.  Perkin,  loc.  cit.  p.  591. 

(2)  H.  Stone,  loc.  cil.  p.  49-51. 

J.  L.  de  Lanessan,  loc.  cit.  p.  132. 

E.  Martin^Lavigne,  loc.  cit.  p.  100. 


136 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORES 


Caractères  spectroscopiques.  — 1°  Solution  alcoolique. 

a)  Faible  absorption  de  560  m-k  à 495  ru,  plus  forte 
entre  495  rr  et  480  ru,  totale  au  delà. 

b)  Le  spectre  que  donne  la  solution  alcoolique,  traitée 
par  l’ammoniaque,  est  caractérisé  par  une  faible 
absorption,  qui  s’étend  depuis  560rr  jusqu'à  525rr  • 
entre  525  rr  et  480  rr  l’absorption  est  plus  forte. 
Au  delà  il  y a extinction  complète. 

c)  L’acide  sulfurique  ne  modifie  pas  sensiblement  le 
spectre  d’absorption  de  la  solution  alcoolique. 

2°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  50  de  poudre. 

Cette  solution  es!  opaque  à la  lumière. 

3°  Solution  alcaline  avec  0 gr.  30  de  poudre. 

Forte  absorption  jusqu’à  589  rr,  totale  au  delà. 

Essais  de  teinture.  — Les  teintes  que  donne  la  laine  son1 
d’une  nuance  orangé  brun, 

Les  divers  tons  obtenus  avec  la  soie  sont  faibles  d’intensité 
et  d’ailleurs  mal  caractérisés. 

Le  bois  étudié  ne  présente  pas  des  propriétés  tinctoriales 
qui  puissent  le  rendre  susceptible  d’application  en  teinture. 


CHAPITRE  SIXIEME 


Résumé  Général 
Classifications  et  Conclusions 

Parmi  les  caractères  chimiques  que  nous  avons  étudiés,  il 
en  est  qui,  d'une  espèce  à l’autre,  présentent  des  différences 
telles  que  ces  caractères  peuvent  fournir  un  moyen  de  diagnose; 
ce  sont  : 

1°  La  solution  aqueuse  traitée  par  la  soude  ; 

2°  La  solution  alcaline; 

3°  La  solution  alcoolique  ; 

4°  La  solution  alcoolique  traitée  par  l’acide  sulfurique  ; 

5°  La  solution  alcoolique  traitée  par  l’ammoniaque. 

Et  nous  croyons  avoir  démontré,  par  la  présente  étude, 
que  les  résultats  fournis  par  ces  déterminations  chimiques, 
raprochés  des  caractères  du  spectre  d’absorption,  sont  un 
bon  moyen  d’identification  de  l’espèce  à laquelle  un  bois 
appartient. 

C’est  ainsi  que  si  l’on  compare  le  harahara  N°  4852  de 
Madagascar,  qui  est  le  Phylloxylon  Perrieri  Drake,  et  le 
harahara.  N°  110,  également  malgache,  mais  qui  était,  en 
collection,  un  échantillon  non  déterminé  on  aura  : 


Solution 
aqueuse 
+ NaOH 

Solution 

alcaline 

Solution 

alcoolique 

Solution 

alcoolique 

+ SO*  H2 

Solution 
alcoolique 
+ NH4  OH 

Phylloxylon 
Perrieri  Drake. 

jaune 

orangé 

jaune  clair 

jaune  clair 

t orangé 
t jaune 

Harahara,  n°  1 10 

jaune 

orangé 

jaune  clair 

jaune  clair 

f orangé 
' jaune 

Le  harahara  N°  110  a ainsi  les  mêmes  caractères  de 
coloration  que  le  Phylloxylon  Perrieri  Drake  ; nous  pensons 
donc  pouvoir  affirmer  qu’il  appartient  à la  même  espèce. 

D’autre  part,  suivant  l'espèce  étudiée,  et  suivant  que  le7 


138 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


principe  colorant  du  bois  est,  pour  une  espèce  donnée,  plus  ou 
moins  soluble  dans  l’eau  distillée  ou  dans  l’alcool,  on  aura 
recours,  pour  l’étude  du  spectre  d’absorption,  soit  à la  solution 
aqueuse  traitée  par  la  soude,  soit  à la  solution  alcoolique 
traitée  par  l’ammoniaque.  Dans  l’un  ou  l’autre  cas,  d’ailleurs, 
on  examine  également  le  spectre  d’absorption  que  donne  la 
solution  alcaline  obtenue  avec  0 gr.  50  de  la  poudre  du  bois 
et  le  spectre  fourni  par  la  solution  alcaline  obtenue  avec 
0 gr.  30  de  la  poudre  du  même  bois. 

Pour  le  Phylloxylon  Perrieri  Drake  c’est,  à cet  égard,  la 
solution  aqueuse  qui  donne  les  meilleurs  résultats. 

Et  si  nous  comparons  de  nouveau  par  cette  méthode  le 
Phylloxylon  Perrieri  Drake  et  le  harahara  N°  110  nous 
avons  : 


Solution  aqueuse 
-f-  NaoH 

Solution  alcaline 
avec  Ogr.  50  de  poudre 

Solution  alcaline 
avec  0 gr.  30  de  poudre 

Philloxylon  Per- 
rieri Drake . . . 

560s*i*  absorp.  crois. 
480^ absorp.  totale 

575w*  absorp.  crois. 
525m*  absorp.  totale 

5ti0:*i*  absorg.  crois. 
487m*  absorp.  totale 

Harahara  n°  1 10 

56(0;*  absorp.  crois. 
48(0“  absorp.  totale 

575m*  absorp.  crois. 
525m*  absorp.  totale 

560i*i*  absorp.  crois. 
487:*i*  absorp,  totale 

On  voit  que  le  harahara  *V°  110  possède  non  seulement 
les  mêmes  caractères  chimiques,  mais  encore  les  mêmes 
caractères  spectroscopiques  que  le  Phylloxylon  Perrieri  Drake. 
L’identification  déjà  établie  par  le  procédé  chimique  est 
confirmée  par  le  procédé  spectroscopique. 

Inversement,  la  même  méthode  peut  nous  permettre  de 
reconnaître  que  tous  les  hazomena  de  Madagascar  n’appar- 
tiennent pas  à la  même  espèce.  Les  indigènes,  en  effet, 
désignent  sous  le  nom  ù’hazàmena  divers  bois  rouges,  parmi 
lesquels  il  en  est  un,  tout  au  moins,  qui  est  bien  déterminé, 
c’est  le  Khaya  madagascariensis  Jum.  et  Perr.  qui  est  un  des, 
hazomena  des  Sakalaves*. 

Comparons  un  échantillon  bien  authentique  de  ce  Khaua 
madagascariensis  Jum  et  Perr,  avec  deux  autres  hazomena  ; 
nous  avons  : 


d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


139 


1°  Caractères  chimiques  : 


Solution 
aqueuse 
+ NaOH 

Solution 

alcaline 

Solution 

alcoolique 

Solution 
alcoolique 
SO4  H2 

Solution 

alcoolique 

-f  N H4  OH 

Khaya  madagas- 

cariensis 
Jum.  et  Perr. 

rouge  foncé 

rouge  et 
fluorescen- 
ce verte 

rouge 

rouge 

orangé 

rouge foncé 
et  fluores- 
cence verte 

Hazomena , n»  44 

rouge 

rouge 

jaune 

jaune 

orangé 
clair  et 
fluorescen- 
ce verte 

Hazomena , n°  1 15 

rouge  foncé 

rouge 

orangé 

orangé 

rouge  et 
fluorescen  - 
ce  verte 

2°  Caractères  spectroscopiques  : 


Solution  alcoolique 

+ NH4  OH 

Solution  alcaline 
avec  0 gr.  50  de  poudre 

Solutiou  alcaline 
avec  0 gr.  30  de  poudre 

Khaya,  madagas- 
cariensis 
Jum.  et  Perr. 

absorption 
complète  au  delà 
de  605,, 

absorption 
complète  au  delà 
de  620;* 

absorption 
complète  au  delà 
de  605,, 

Solution  aqueuse 
+ N au  H 

Hazomena  n<>  44 

589,,  absorP-  575,, 
crois. 

605;-:*  absorP-  589„ 
crois. 

589,,abs0I'P’575„ 

Crois. 

Hazomena  n°  115 

absorption  com- 
plète au  delà 
de  620:*:* 

620,:-  absorP'  605,, 
crois. 

605„absorP-589„ 

crois. 

L' hazomena  N°44  et  1 ’hazomena  N°  115  diffèrent 
nettement  du  Khaya  madagascariensis  Jum.  et  Perr.,  tant  par 
leurs  caractères  chimiques  que  par  leurs  caractères  spectros- 
copiques ; nous  pouvons  affirmer  que  ces  deux  hazomena  sont, 
de  tout,  autres  espèces  que  le  Khaya  madagascariensis  Jum 
et  Perr. 

Une  troisième  série  d’essais  nous  a donné  des  résultats 
également  intéressants.  C’est  ainsi  qu’avec  le  Dalbergia 
ikopensis  Jum.  et  le  Voamboana  N°  228,  qui  proviennent  de 
Madagascar,  nous  obtenons  : 


140 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


1°  Caractères  chimiques  : 


Solution 
aqueuse 
+ NaOH 

Solution 

alcaline 

Solution 

alcoolique 

Solution 

alcoolique 

-H  SU*  H* 

Soluti  <n  • 
alcoolique 
+ N H*  OH 

Dalbergia  ikopen- 
sis Jum. 

orangé 

jaune 

oraügé 

jaune 

orangé 

orangé 

orangé 

foncé 

Voamboana  no  228 

orangé 

jaune 

orangé 

jaune 

orangé 

orangé 

orangé 

foucé 

2°  Caractères  spectroscopiques  : 


Solution  alcooliqne 

+ N H4  OH 

Solution  alcaliee 
avec  Ogr.  30  de  poudre 

Solution  aléaliee 
avec  0 gr.  30  de  poudre 

Dalbergia  ikopen- 
sis Jum. 

Voamboana  n°  228 

575w*  *brs^p-  495:*;* 
crois. 

5?  ahsorp.  495w 
crois. 

560a:*  absorP-  472^ 
crois. 

560*:*  abs0rP'  472;*:* 
crois. 

560:*:*  absorP'  465a:* 
crois. 

5 0^absorp.465 

■ ‘ crois.  w 

Ces  deux  bois  offrant  absolument  les  mêmes  caractères 
chimiques  et  spectroscopiques,  le  Voamboana  -\°  228  est  le 
Dalbergia  ikopensis  Jum. 

Avec  le  Voamboana  inainty , le  Voamboana  mavo  pt  le 
Voamboana  mena  de  .Madagascar,  on  observe  les  différences 
suivantes  : 


1°  Caractères  chimiques  : 


Solution 
aqueuse 
4-  NaOH 

Solution 

alcaline 

Solution 

alcoolique 

Solution 
alcoolique 
-fSO4  H2 

Solution 

alcoolique 

+ NH4  OH 

Voamboana  mainty. 

jaune 

orangé 

jaune 

orangé 

orangé 

jaune 

orangé 

jaune 

Voamboana  mavo 

jaune 

jaune 

orangé 

jaune 

orangé 

jaune 

orangé 

jaune 

Voamboanamena 

jaune 

orangé 
jaune  et 
fluorescen. 
bleu- 
verdâtre 

rouge 

orangé 

rouge 
foncé  et 
fluorescen. 
bleue 

d’après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


141 


2°  Caractères  spectroscopiques  : 


Solution  oléoolique 

+NH<  OH 

Solution  alcaline 
avec  0 gr.  50  de  poudre 

Solution  alcaline 
avec  0 gr.  30  de  poudre! 

Voamboana  inainty. 

? abs°rp.  4 

crois. 

75^  absorp.  go,*, * 

crois. 

560:*;*  absorP'  472:*i* 
crois. 

Voamboana  mavo 

560:^  absorP-  472:*:* 
crois. 

560:*:*  absorP-  460:*:* 
crois. 

560i*s*  absorp’  460:*i* 
crois. 

Voamboana  mena 

absorption 
complète  au  delà 
de  *iâ0s*:* 

575:*s*absorp-  480:*:* 
crois. 

560:*:*  absorP-  472,*i* 
crois. 

Le  V oamboana  mainty  et  le  V oamboana  mavo  paraissent 
provenir  de  deux  espèces  voisines,  mais  non  identiques. 

Quant  au  V oamboana  mena , il  est,  au  contraire,  complè- 
tement différent  de  ces  deux  bois. 

Nous  ne  saurions  dire,  au  reste,  dans  quelles  limites 
varient,  dans  l'étendue  d’un  genre  donné,  les  caractères  dont 
nous  nous  servons.  Mais  ceci  a relativement  peu  d’importance, 
puisque  botaniquement,  les  limites  d'un  genre  ne  sont  pas 
toujours  tellement  nettes  quelles  soient  les  mômes  pour  tous 
les  botanistes. 

Autre  remarque  nécessaire  : un  même  nom  indigène  comme 
celui  d ’hazamena,  pourra  très  bien  être  appliqué  à des  arbres 
appartenant  à des  groupements  très  éloignés.  Le  Weinmannia 
Rutenbergii  Engl.,  par  exemple,  serait  encore  un  hazomena. 
Il  n’y  a donc  pas  lieu  de  s’étonner  si  nos  caractères  peuvent 
eux-mêmes  apparaître  parfois  différents  entre  bois  désignés 
sous  la  même  dénomination  vernaculaire. 

Parmi  les  autres  conclusions  auxquelles  nous  amène  encore 
notre  travail, relevons  celle-ci  : que  beaucoup  de  bois  renferment 
des  substances  susceptibles  de  donner  en  solution  aqueuse,  et 
sous  l’action  de  la  soude,  ou  encore  en  solution  alcoolique,  et 
sous  l’action  de  l’ammoniaque,  des  fluorescences  qui.  dans 
quelques  cas,  sont  particulièrement  intenses.  Ainsi  nous  avons 
constaté. 


142 


LA  DÉTERMINATION  DES  BOIS  EXOTIQUES  COLORÉS 


I.  - BOIS  DE  L’INDE 
Couleur  de  la  fluorescence 


• 

Solution 

aqueuse 

+ NaOH 

Solution 

alcaline 

Solution 
alcoolique 
+ NH4  OH 

Borassus  flabelliformis  Murr 

verte 

Artocarpus  hirsuta  Linn 

— 

— 

verte 

Artocarpus  integrifolia  Linu 

verte 

— 

verte 

Balanocarpus  utilis  Bedd 

— 

— 

verte 

Pterocarpus  Marsupium  Roxb 

verte 

bleue 

— 

Cedrela  Toona  Roxb 

— 

— 

verte 

Swietenia  macrophylla  King 

— 

— 

verte 

Carallia  integerrima  D.C 

— 

verte 

II.  — BOIS  DE  MADAGASCAR 
Couleur  de  la  fluorescence 


Ocotea  tricoplilebia  Bak 

Thespesia  populnea  Coir  . 

Psorospermum  discolor  Spach 

Khaya  madagascariensis  Jum.  etPerr 

Hazomena  n°  44 

Hazomena  n°  1 15  

Acacia  Sassa  Baill 

Afzelia  bijuga  Gray 

Afzelia  sp 

Albizzia  fastigiata  Oliver 

Dalbergia  sp.  n°  1828 

Voamboana  mena 

1 Trachylobium  verrucosum  Gaertn.. . 

Weinmannia  Bojeriana  Tul 

Synchodendron  ramiflorum  Boyer.. . 

Alambary 

Andromena 

Betrandraka  

Faralantro 

Hazotsiariano 

Hazovoantango 

Hirihitsika 

Mamaty 

Mendoray 

Tsiandala 

Tsimamotrabavv 

Valela 

Voabasse  

Vontsonjo 


Solutton 

aqueuse 

+ NaOH 

Solution 

alcaline 

Solution 
alcoolique 
H-  NH4  OH 



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bleu  verdâtre 

bleue 

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verte 

— 

verte 

verte 

d'après  leurs  caractères  chimiques  et  spectroscopiques 


143 


III.  - BOIS  DIVERS 
Couleur  de  la  fluorescence 


Solution 

aquense 

+ NaOH 

, 

Solution 

alcaline 

Solution 

alcoolique 

-f  N H4  OH 

Cunninghamia  sinensis  R.  Br 

verte 

verte 

Caesalpinia  sappan  Linii 

— 

verte 

verte 

Peltogyne  paniculata  Benth. 

verte 

verte 

verte 

Baohia  pvrifolia  Baill 

verte 

verte 

verte 

Vouacapoua  americana  Aubl 

— 

— 

verte 

On  voit,  par  ce  tableau,  que  c’est  la  solution  alcoolique 
traitée  par  l’ammoniaque  qui,  le  plus  souvent,  est  fluorescente. 
Et  à l’exception  du  Pterocarpus  Marsupium  Roxb.,  du 
Voamboana  mena  et  de  Yllazovaantango , pour  lesquels  on 
observe  une  fluorescence  bleue,  dans  tous  les  autres  cas  on 
obtient  une  fluorescence  verte. 

La  netteté  de  ce  caractère  et  sa  facile  obtention  rendent 
son  utilisation  dans  la  diagnose  des  bois. 

C’est  en  nous  basant  sur  ces  caractères  que  nous  avons 
tenté  d’établir  une  classification  des  divers  bois  étudiés. 

Nous  avons  également  mis  à profit  les  différences  que 
présentent  les  spectres  d’absorption  des  extraits  de  bois  que 
nous  avons  examinés,  et  nous  avons  dressé  un  tableau  qui 
pourra  servir,  dans  les  mêmes  conditions,  à l’identification  d’un 
bois  coloré  et  à la  détermination  de  son  origine  botanique. 

Tels  sont  les  avantages  de  la  méthode  que  nous  avons 
employée,  et  qui.  malgré  ses  imperfections,  pourra  être  de 
quelque  utilité  à ceux  qui  s’occupent  des  bois. 

Evidemment  cette  méthode  n’est  applicable  qu'aux  bois 
colorés,  et  pour  lesquels  son  utilisation  est  d’autant  plus  aisée 
que  le  bois  est  plus  riche  en  matière  colorante  et  que  celle-ci 
est  plus  soluble  dans  les  dissolvants  essayés,  mais,  si  l’on 
considère  que,  surtout  pour  les  bois  tropicaux,  la  coloration  est 
très  fréquente,  notre  méthode  apparaît  comme  déjà  susceptible 
d'  larges  applications. 


Essai  de  Classification  des  Bois  Colorés 

d’après  leurs  Caractères  Chimiques 


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( orangé Dalbergia  latifolia  Roxb. 

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ESSAI  DE  CLASSIFICATION  DES  BOIS  COLORES 


GROUPE  III  : SOLUTION  ALCOOLIQUE  ORANGÉE 


d’aprês  leurs  caractères  CHIMIQUES 


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Solution  alcoolique  + NH40H rouge 

( Solutioa  alcoolique  + 

avec  fluorescenceN  S04H2 orangé  jaune 

verte  \ Solution  aqueuse  + 

( NaOH rouge Andromena. 


d’après  leurs  caractères  chimiques 


149 


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150 


ESSAI  DE  CLASSIFICATION  DBS  BOIS  COLORES 


d’après  leurs  caractères  chimiques 


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aqueuse  + NaOH  jaune Voamboana  mavo. 

E)  Solution  alcoolique jaune  et  fluorescence  vorte 

Solution  alcaline jaune Mcimcity. 


GROUPE  V.  : SOLUTION  ALCOOLIQUE  JAUNE 


152 


ESSAI  DE  CLASSIFICATION  DES  BOIS  COLORÉS 


C)  Solution  alcoolique  + NH4OH orangé  jaune  avec  fluorescence  verts 

( orangé  brun  foncé  et  fluorescence  verte.  Arlocarpus  integrifolia  Linn. 
Solution  aqueuse  + NaOH | orangé  jaune : Arlocarpus  hirsula  Linn. 


D APRÈS  LEURS  CARACTERES  CHIMIQUES 


1S3 


e)  Solution  alcoalique  + NH3OH jaune 

1)  Avec  fluorescence  bleue 

Solution  alcaline rouge  orangé  avec  fluorescence  bleue. . Hazovoàntango. 

2)  Sans  fluorescence  : 


154 


ESSAI  DE  CLASSIFICATION  DES  BOIS  COLORÉS 


GROUPE  VI  : SOLUTION  ALCOOLIQUE  incolore 


ESSAI 


DE 

CLASSIFICATION  DES  BOIS  COLORÉS 


d’après  leurs  Caractères  spectroscopiques- 


( Solution  alcoolique  + NH4OH Groupe  I. 

) Solution  aqueuse  + NaOH Groupe  II. 


Dans  les  deux  cas  on  examine  également  les  caractère?  de 
la  solution  alcaline  obtenue  avec  0 gr.  50  de  la  poudre  du  bois 
et  ceux  de  la  solution  alcaline  obtenue  avec  0 gr.  30  de  la 
poudre  du  même  bois. 


156 


ESSAI  DE  CLASS1FIFICATI0N  DES  BOIS  COLORES 


. 


GROUPE  1. — Solution  alcoolique  + NH4OH 


1.  Opaque.  Solution  \ Absorption  totale  au  delà  de  620pu . 


alcoolique  : j Absorption  totale  au  delà  de  605  yp . 


2.  a)  Forte  absorption  660pp  totale  au  delà 

Solution  alcoolique  : absorption  partielle  640, j_p  totale 


b)  Très  forte  absorption  640 ,jp  complète  au  delà 
Solution  alcoolique  : 

Faible  absorp.  660pp,  de  605pp  à 575 croît,  totale 
au  delà  

3.  a)  Absorption  complète  au  delà  de  650pp 


Solution  alcoolique 
absorption  : 


Totale  au  delà  de  620pix 

Totale  au  delà  de  615pp 

b)  Absorption  complète  au  delà  de  640,jjx 

Solution  alcoolique  ^ 605U,A  très  forte  575 pp  totale. 

absorption  : / Totale  au  delà  de  610pp 

a)  Absorption  complète  à partir  de  620 pp 

605pp  croît  560ap  totale. 

Solution  alcoolique 


\ 589 pp  — 560u,  ,j. 


absorption  : 


< Complète  au  delà  de  615pp 

I 605pp  très  forte  560pp  totale. 

Totale  au  delà  de  605pp 

b)  Absorption  complète  dès  615pp 


Solution  alcoolique 
absorption  : 


560., ,, 

faible 

535 p ^ 

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croît 

575Up 

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575pp 

c)  Absorption  totale  dès  605pp 

Totale  au  delà  de  605pp 

589pp  très  forte  548pp  totale 

595, tp  partielle  »i  forte  548pp  totale.... 
a)  Absorption  complète  à partir  de  595pp 


Solution  alcoolique 
absorption  : 


SOabs^püon°:hqUe  { 56(V  faible  5154u  croît  480pp  tot>°. 


absorption 
b)  Absorption 


605 pp  croît  589, j. u,  totale 


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Solution  alcoolique 
absorption  : 


589pp  partielle  535pp  totale. 


589pp  croît  548 pp  totale 


6.  a)  Absorption  : 589pp  croît  575^^  totale 

Solution  alcoolique 
absorption  : 

b)  Absorption  : 589 
Solution  alcoolique 


absorption 
c)  Absorption 


575u u,  cr°îf  525pp  totale 

Totale  dès  ( 

croît  548pp  totale 

589|tp  croît  535pp  totale 

575,,, j.  croît  480 

575np  — 505pp  — 

Partielle  620p, 

x croît  535pp  totale 

Solution  alcoolique  ) 589,.  u 575pp  partIle  515pp. 
absorption  : f ,AU  faible 

d)  Absorption  complète  à partir  de  582 jm 

ab s o r p t! o n °! * q U 6 I 560'^  Part"e  525 o.  P croît  515àP  tot«« 
a)  Absorption  : 575pp  croît  548pp  totale 


Solution  alcoolique  j 
absorption  ; 


| 575Up  croît  û35pp  totale. 


Solution  alca 
avec  0 gr.  50  de 


Opaque 

Opaque 


Complète 
au  delà  de  6 


575pp  croit  525m 


605pp  — 575, j 


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— 589, 


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589pp 


589, 


— 535, 


589pp  croît  535y 


589 pp 
589pp 
605 pp 
575pp 


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— 560L 

— 589j 

— 480, 


Très  forte  660, 


589pp  croît  548j 


575 


put 


— 472, 


Totale  dès  6 
589 pp  croît  535| 


Totale  dès  6 


589pp  croît  575 


Totale  dès  ( 
575pp  croît  505 


Totale  dès 


605 yp  croît  58fj 


DAPRÈS  LEURS  CARACTERES  SPECTROSCOPIQUES 

157 

ion  alcaline 
30  de  poudre 

Noms  des  Espèces 

Opaque 

lie  très  faible 
jpparaît 

6ît  605^,,  totale 

Tomboliso. 

Hitsika. 

Dalbergia  latifolia  Roxb. 

h — 

Dalbergia  sp  N°  1828. 

j 

| 

- 525^  — 

- 535^  — 

Tsimamotrabavy. 

Peltogyne  paniculata  Benth. 

r-  548|x!a  — 
- 50b  u(i  — 

Acacia  Sassa  Baill. 
Baphia  pyrifolia  Baill. 

oit  olônM  totale 

— 535^,^  — 

— 548 — 

— 548^  — 

~ — 

Mangalika. 

Thespesia  populnea  Coir. 
Dalbergia  Perrieri  Drake. 
Voamboana,  n°  26. 
Voamboana  mena. 

; 620 jyx.  totale 
oit  530jxy,  totale 
ble,  bleu  croît, 
)let  totale 

Haematoxylon  Campechianum  Linn. 
Tsiandala. 

Dalbergia  Baroni  Bak. 

le  dès  605 ,j  u 
oît  515mj,  totale 
1 — 589jxa  — 

Khaya  Madagascariensis  Jum.  et  Perr. 
Dalbergia  sp.  N°  5. 

Hirihitsika. 

— 560^jx  _ 

Tokandilana. 

- 589^  _ 

- 487u„  _ 

Weinmannia  Bojeriana  Tul. 
Voabasse. 

lète  dès  620(x^ 

Afzelia  sp. 

•oit  480 .jl u totale 
— 589fX(jL  — 

Voamboana  n~  54 
Albizzia  Lebbeck  Benth. 

roît  589 u,j  totale 

Valela. 

t | 

de  dès  605|xjx 

Caesalpinia  Sappan  Lirm. 

roît  5ï5n,,  totale 

Maranitrafasina. 

158 


ESSAI  DE  CI  ASSIFICATION  DES  BOIS  COLORÉS 


GROUPE  I. — Eolution  alcoolique  + NtUOH 


Solution  aie 
avec  0 gr.  50  de 


b)  Absorption  : 575 pp  croît  535pp  totale 
Solution  alcoolique  l 589,,p  part,le  515p,p  croît  505pp  totle.  Totale  dès; 

absorption  : f 575ua  partlle  505pp  croît  495pp  totle  620 pp  croît  6C 

c)  Absorption  : 575pp  croît  515pp  totale 

560uu  croît  4S7pp  totale 5S9pp 


480p^  — 


605up 

5<5pa 


Solution  alcoolique  *)  croi1: 

absorption  : , ?bd'-G‘  ~ 

( 560pp  4SUpp  - 

d)  Absorption  : 575pp  croît  505 pp  totale 

Solution  alcoolique  ( 575pp  croît  515pp  totale 575Up 

absorption  : | 560ap  — A80ufl  — 589pp 

e)  Absorption  : 575pp  croît  495ap  totale 

Solution  alcoolique  \ îlïllV  croît  totale  56°>>-u 

” ' R7R-"  — aOoua  — 560uu 


absorption  : 


0<  °uu 


560 


in 


— 487^  — 


539 


dp 


57  £ 


560,,  a ■ croît  450pp.  totale  575pp  croît  49' 


8. 


f)  1.  Absorption  : 575pp  croît  480pp  totale 

Solution  alcoolique  * *.  ^ , , 

absorption  : ) obdL,H  croit  4,Lpp  totale  575pp 

2.  Absorption  : 572pp  croit  4?2Ma  totale 

Solution  alcoolique  t r£!r.  ..  , 

absorption  : | 560 ,,p  croit  46opp  totale  575pp 

3.  Absorption  : 575pp  croît  450pp  totale 
Solution  alcoolique 

absorption  : 

4.  Faible  bande  dont  le  milieu  est  en  620wp. 

Absorption  : 575  croît  487  totale 
Solution  alcoolique 

absorption  : 

a)  Absorption  : 560 pp  croît  535pp  totale. 

Solution  alcoolique  ( r .. , 

absorption  : J o60»u.  faible  505Ud  croit  48,  pp  tot>«  60ouu 

b)  Absorption  : 560pp  croît  495pp  totale 
Solution  alcoolique  t 

absorption  : i o60n'~>-  faib,e  49oMP  croît  48,  u»  totk  575^ 

c)  Absorption  : 560pM  croît  487pp  totale. 


49c  I 


4S( 


| 575Up  partUe  495ap  croît  480pp  totle  589pp 


58 


48 


560,, p faible  495, ip  croît  4SÛpp  totk'  589,,,, 
Solution  alcoolique  ' } eî^-‘  b^eu  : ^.dbe  ^ 
absorption  : ■ llldlg0  : -n,us  fort 


560, 


I Violet  : totale  \ 

560„p  faible  au  début  472pp  totale..  560pp 

d)  Absorption  : 560p„  faible  525pp  croît  480p.p  totale. 

'««•»  faible  4»W  croit  480, ,M 

e)  Absorption  : croît  560,.  u 472pp  totale. 

S°absoiq)tion:0ll4Ut  I 560 uu  faible  au  début  46°uu  totale.. 

f)  Absorption  : 560pp  faible  au  début  450pp  totale. 

Solution  alcoolique  \ WeU  = S*16 

, ..  1 Indigo  : croit 

absorption  . , Violet  : totale 


56* 

46 

48 


Opaqi; 


• i; 


560, ,,,  croît  46' 


5S9 


’JL'JL 


— 54 


g)  Bande  dont  le  milieu  est  en  : 515pp  au  delà 
de  465pp  totale 

SOàbsoiüption°:llqUe  ( 56°lt'J-  faible  au  début  480|iu  totale.. 


5S9pp  croît  56 


d'après  leurs  caractères  spectroscopiques  159 


Ion  alcaline 
1 . 30  de  poudre 

Noms  des  Espèces 

dès  589 y |x 
it  589 ix  a totale 

Hazotsiariano. 
Cedrela  Toona  Roxb. 

• 548yu  — 

- 560aL)  — 
■ 525,j.a  — 

Afzelia  bijuga  Gray. 

Xylia  dolabriformis  Benth. 
Dillenia  Speciosa  Thumb. 

■ — 
525au  — 

Voasimbona. 

Anakaraka. 

. 

r 465uix  — 

- -165|x|x  — 

- 560uu  — 

Dalbergia  ikopensis  Jum. 
Voamboana,  n 228 
Cynometra  ramiflora  Miq. 

- 480|xix  — 

Tainakanga. 

“ — 

Voamboana  Mainty. 

ît  480lt,a  totale 

j-  560uu  — | 

[■  589JXU  — 

r — 

- 548uu  — 

~ 4-50[j tu  — 

~ 160nu  — 

389ix|x  totale 


Cedrelopsis  Greveii  Baill. 

Trachylobium  verrucosum  Gaertn. 
Ocotea  tricophlebia  Bak. 

Cunninghamia  sinensis  R.  Br. 

Psorospermum  discolor  Spach. 
Mamaty. 

Tectona  grandis  Linn. 

V ouacapoua  Americana  Aubl. 


>ît  460, totale 


Voamboana  mavo.. 


— o25u u 


Hazoarina. 


ât  5-iSu^  totale 


I 


Hazofiara. 


160 


ESSAI  DE  CLASSIFICATION  DES  BOIS  COLORÉS 


GROUPE  I. — Solution  alcoolique  NH4OH 


9.  a)  Absorption  : 548 up  faible  480p,(  croît  totale . 

Solution  alcoolique  i Y,el  * ' ^a^Je 

, ..  ^ < Bleu  : croit 

absorption  : 


( Indigo  : totale 

b)  Absorption  : 548pu  'luiébul  , croît  455pp  totale. 

c , ,.  , ( Vert  : très  faible 

Solution  alcoolique  Indi  . croît 

absorption  : Viol|t  ; totale 


Solution  alca 
avec  0 gr.  50  de 


560 


— 495i 


575 


u,  P 


535|j 


GROUPE  II. — Solution  aqueuse  + NaOH 


Solution  alca 
avec  0 gr.  50  de 


1.  a)  Louche 


b)  Opaque  

c)  Presque  opaque,  un  peu  de  rouge  apparaît. 


Louche 
Forte  605pp  ’* 

Forte  620pu  J 
805  pp  croît  589jj 


2.  a)  Totale  au  delà  de  620pp 

b)  Forte  absorption  605pp  totale  au  delà. 


620pp  - 


605, 


c)  605ujx  croît  589  totale  .... 
3.  a)  Complète  au  delà  de  589pp. 


b) 

5S9pp 

croît 

573U.'X 

totale 

c) 

589 p,  j. 

croît 

560uf, 

totale 

4.  a) 

575!JLp 

croît 

548p,t 

totale 

b) 

5"5pp 

— 

535 u p 

— 

c) 

575pu 

— 

515pp 

— 

d) 

575,j.y: 

— 

505yp 

— 

e) 

575 »u 

— 

487  pp 

— 

5.  a) 

560|([( 

— 

480 p p 

— 

b) 

560p„ 

— 

4"2pM 

— 

Forte  605 pp 

(Très  forte  605p 

r589pp  croît  575, 

: 589 au  — 5/5t 

f605pp  — 589| 

Forte  605(xu 


c)  560u,iiaufa^J)eut  puis  croît  465pp  totale. 

d)  560,Ap  — — 455up  — 


j373'j.  P 

f 605, pp 

croît 

50o( 

589, 

<5i  5pp 
(Totale 

croît  525t 
au  delà  ! 

(605pp 
,589 pp 
f575pp 

croît 

589, 

575i 

545 

[589 u ,x 
< 589 pp 
(589  ,pp 

— 

560, 

548 

548 

(605pp 

(589pp 

— 

589 

560, 

5*5,pp 

575pp 

— 

548 

495 

— 

575 

\575,pp 

— 

525 

525 

4S7 

’575pp 

— 

|589pp 

— 

560 

I575pp 

fseopp 

faible 
au  début 

487 

46C 

560pp 

— 

46Ô» 

APRÈS  LEURS  CARACTERES  SPECTROSCOPIQUES  161 


Noms  des  Espèces 


Andriavola. 


Calophyllum  tomentosum  Wight. 


[îtion  alcaline 
igr.  30  de  poudre 

Noms  des  Espèces 

Louche 

Hirinono. 

Nat  o. 

Partielle 

roît  5 15 u, j totale 

Synchodendron  ramiflorum  Boyer. 

le  589 ,,„  totale 

Alavibanj. 

■roît  53ouu  totale 

Albizzia  fastigiata  Oliver. 

— 589.,),  — 

Hazomena,  n°  115. 

Partielle 

Borassus  flabelliformis  Murr. 

roît  575 u u totale 

Partielle 

V ontsonjo. 

roît  575t,,i  totale 

■roît  560 .j , j total». 

Andromena. 

— 535,, ,,  — 

Pterocarpus  marsupium  Roxb. 

- 589llu  — 

Farahotra. 

le  589. ,,,  totale 

Mendoray. 

:roît  487||,,  totale 

Sambalamang  a. 

— 575m,  — 

Hazomena,  n°  44. 

:roît  487uu  totale 

T sitialambaroa. 

— 560,,  u — 

Balaocarpus  utilis  Bedd. 

— 57oa(i  — 

Faralantro. 

— 560 — 

Betrandraka. 

53outl  — 

Swie'enia  macrophylla  King. 

548,,,,  — 

Hazovoantango. 

— 548,..,  — 

Artocarpus  integrifolia  Linn. 

~ 495  m,  — 

Carallia  integerrivia  D C. 

— 560m,  — 

Harahara,  n°  140. 

— 525),,,  — 

Chotre. 

— 515j,„  — 

Morinda  citrifolia  Linn. 

— 465m,  — 

Rafenaomby. 

— • 560m,  — 

Voandrojana,  n°  344. 

— 48fU,i  — 

Phylloxylon  Perrieri  Drake. 

— 487 m,  — 

Harahara,  n°  110. 

472),, j,  — 

Voandronjana,  n°  554. 

— 560,, u — 

Artocarpus  hirsuta  Linn. 

— 472,,,,  — 

Stereospermum  euphorioïdes  D.  C. 

rés  faible  , 

u début  4°uPli  — 

Fasikaro. 

— 445,,),  — 

Berria  ammonilla  Roxb. 

BOIS  TINCTORIAUX 


163 


Il  serait  donc  possible,  au  moins  dans  les  conditions  d’emploi  que  nous  avons  choisies,  d’utiliser  ces  derniers  bois  en  teinture 


1C4 


BOIS  TINCTORIAUX 


En  définitive  nous  avons,  dans  ce  travail,  recherché 
quelles  sont  les  réactions  colorées  que  présente  l’extrait  du 
bois,  puis  nous  avons  relevé  les  particularités  du  spectre 
d'absorption  que  donne  le  même  extrait,  et  c’est  en  nous  basant 
sur  ces  caractères  que  nous  avons  tenté  d’établir  une 
classification  des  bois  colorés  étudiés. 

Nous  pensons  avoir  suffisamment  démontré  que  l’emploi  de 
notre  méthode  permettra  l’identification  d’un  échantillon  ou  la 
détermination  de  l espèce  productrice,  et  cela  dans  de  nombreux 
cas  où  l’on  ne  possède  aucun  organe  de  la  plante. 

Parmi  les  bois  examinés,  il  en  était  un  certain  nombre  qui 
renfermaient  des  substances  fluorescentes  ; et  nous  avons 
encore  pu  utiliser  ce  caractère  comme  moyen  de  diagnose. 

Enfin  les  propriétés  tinctoriales  de  quelques-uns  de  ces  bois 
nous  ont  paru  susceptibles  d’intérêt  pratique,  et  nous  en  avons 
fixé  les  conditions  d'application. 


Notre  travail  a été  entrepris  à la  Faculté  des  Sciences  de 
Marseille,  dans  le  Laboratoire  de  Botanique  de  M.  le  Professeur 
Jumelle. 

Ou’il  nous  permettre  de  lui  présenter  ici  l’hommage  de 
notre  profonde  et  bien  vive  gratitude  pour  les  excellents  conseils 
qu’il  nous  a donnés  et  la  bienveillance  toute  particulière  avec 
laquelle  il  s’est  intéressé  à nos  recherches. 

Nous  adressons  également  nos  remerciements  respectueux 
à M.  le  Doyen  Rivais,  qui  nous  a toujours  réservé  le  meilleur 
accueil. 

Enfin  il  nous  est  très  agréable  de  remercier  M.  H.  Stone 
dont,  la  connaissance  parfaite  des  bois  nous  a été  si  précieuse. 


' BIBLIOGRAPHIE 


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1918  A. -G.  PERKIN  & A.-E.  EVEREST,  The  Natural  Organic 

Colouring  Matters,  Londres. 

1919  A.  .JAUFFRET,  La  détermination  des  bois  de  deux  Dalbergia 

de  Madagascar  d’après  les  caractères  de  leurs  matières 
colorantes.  C.  R.  Ac.  Sc.,  t.  CLXVIII,  p.  693. 


TABLE  DES  MATIERES 


Introduction 


Pages 

3 


CHAPITRE  PREMIER 

5 

Plan  général  — 

CHAPITRE  II 

Technique 

9 

Palmiers 

CHAPITRE  IH 

Bois  de  l’Inde 

12 

Urtioacées 

13 

Artocarpus  integrifolia  Linn 

15 

T)tt,t,f,nta  r.v.vin 

Dillenia  speciosa  Thumb. ...»  . . . . 

16 

GuttieÈres 

Calophyllum  tomentosum  Wight.... 

48 

Dipterocabpacébs Balanocarpus  utilis  Bedd 

19 

Tiliacées 

20 

Légumineuses.  . . 

Xvlia  dolabriformis  Benth 

21 

Albizzia  Lebbeck  Benth 

23 

Cyno.metra  polyandra  Roxb 

24 

Plerocarpus  marsupium  Roxb 

25 

Dalbergia  latifolia  Roxb 

27 

Rhizophoracébs. 

Carallia  integerrima  DC 

28 

Méliacées 

Cedrela  Toona  Roxb 

29 

Swietenia  macrophylla  King 

30 

Rubiacées 

32 

Verbénacées . . . . 

33 

CHAPITRE  IV 


Bois  de  Madagascar 


Lauracées Ocotea  trioophlebia  Bak  

Malvaoées Thespesia  popuünea  Gorr 

Ht péricacées Psorospermum  discolor  Spach 

Méliacées Cedrelppsis  Grevei  Baill 

Khaya  madagascariensis  Jum.  et  Perr. . . 

Hazomena,  n°  44  (non  déterminé) 

Hazomena,  n*  115  (non  déterminé) 

Légumineuses Acacia  Sassa  Baill 

* Afzelia  bijuga  Gray 


35 

37 

38 

40 

41 

43 

44 

45 
47 


170 


XAHLE  DES  MATIERES 


Légumineuses 


Saxifr  agacées 
Sapotacées  . . 
Ebenacées  . . . 

Bignoniacés.. 

/ 

Composés 


Afzelia  sp 

Albizzia  fastigiata  Oliver........ 

Dalbergia  Baroni  Bak 

Dalbergia  ikopensis  Jum  et  Perr 

Dalbergia  Perrieri  Drake 

Dalbergia  sp.  n"  5 

Dalbergia  sp.  n’  1.828 

Voamboana  mainty 

Voamboana  mavo 

Voamboana  mena 

Voamboana.  n'  26 

Voamboana,  n"  54 

Voamboana,  n°  2-28 

Erythnophleum!  couminga  Baill 

Phylloxylon  Perrieri  Drake 

Harahara,  n'  110 

Harahara.  n°  140 

Traehylobium  verrucosum  Gaertn. 

Weinmannia  Bojeriana  Tul 

« Nato  » 

Diospyros  Perrieri  Jum 

Stereospernum  e.npkorioïdes  D C.. 
Synchodendron  ramiflorum  D C... 


49 

50 

52 

53 

55 

56 

58 

59 
61 
62 
63 

65 

66 
67 

69 

70 

72 

73 
75 


78 

79 

80 


Alambary  .... 
Anakaraka  . . . 

Andriiavoia  

Andromena  . . . 
Betrandraka  .. 

Chotre  

Farahotra  .... 
Faralantro  .... 

Fasikaro  

Hazoarina  .... 

Hazofiara  

Hazotsiariano 

Hazovoantango 

Hirihitsika 

Hirinono  

Hitsika  

Mamaty  

Mangalika  

Maranitrafasina 

Mendoray  

Rafenaomby  ... 
Sambalamanga 
Tainakanga  . . . 
Tokandilana  ... 
Tomboliso  


81 

82 

84 

85 

87 

88 
89 

91 

92 

93 

95 

96 

97 
99 

100 

101 

102 

104 

105 

106 
108 

109 

110 
111 
113 


TABLE  DES  MATIÈRES 


171 


Tsiandala  114 

• Tsimamotraba  vy  14  6 

Tsitialambaroa  117 

Yalela  119 

Yoabasse  120 

Voandrojana,  n'  344 121 

Yoandronjana,  n”  544 123 

Voasimbona  124 

Vontsonjo  125 

CHAPITRE  Y 

Conifères punningihamia  sirensis  R.  Br 128 

Légumineuses Caesalpinia  Sappan  Linn 129 

Haematoxylon  eampecliianum  Linn 130 

Peltogyne  paniculata  Benth 132 

Baphia  pyrifolia  Baill 133 

Youacapoua  americana  Aubl 135 

CHAPITRE  VI 

Résumé  général,  Classifications  et  Conclu-  137 

sions  

Bibliographie  165 

Table  des  Matières 169 


ERRATA 


Au  tableau  de  la  page  141,  au  lieu  de  : solution  oléoolique,  lire:  sohition  alcoolique 

A la  4e  ligne  de  la  page  143,  au  lieu  de  : 1 ’Hazovaantango,  lire  : YHazovoanlanyo 

À la  7e  ligne  de  la  même  page,  au  lieu  de  : rendent  son  utilisation,  lire  : ren 
dent  possible  son  utilisation . 


Avant  le  tableau  de  la  page  145,  au  lieu  de  : Rouge  orangé. ...  I 

Rouge II 

Lire  : Rouge.  I 

Rouge  orangé. ...  II 

Au  tableau  de  la  page  146,  au  lieu  de  : 

avec  fluorescence  verte Baphia  pyrifolis  Baill. 

Lire:  avec  fluorescence  verte Baphia  py  ri  folia  Baill. 


A la  même  page,  après  la  3e  accolade,  au  lieu  de  : 


CHCI orangé 

Lire  : CHCI3 orangé 


Au  tableau  de  la  page  154  (lre  ligne),  au  lieu  de  : 

e)  Solution  alcoalique  + NH3OH jaune 

Lire  : e)  Solution  alcoolique  + R'HiOH jaune 


Au  tableau  de  la  page  158  (lre  ligne),  au  lieu  de  : 

GROUPE  I. — Eolution  alcoolique  + NH4OH 
Lire  : GROUPE  I. — Solution  alcoolique  4-  NH^OH. 

Après  le  premier  tableau  de  la  page  163  (2«  ligne),  au  lieu  de  : leur  leur  résis- 
tance, lire  : leur  résistance. 


A la  page  170  (Table  des  matières),  au  lieu  de  : 


Bignoniacés Stereospernum  enphorioïdes  D C. 

Lire  : Bignoniacés Stereospermum  euphorioïdes  D C. 


ï ' 


. 

. 


l>r  Fascicule.  — Douron  et  Vidal  : Essais  de  fabrication  de  papier  avec  la 
Passerine  hirsute  et  d’autres  Thyméléacées. 

Douron  et  Vidal  : Essais  de  fabrication  de  papier  avec  le 
Bois-bouohon  de  la  Guyane  Française. 

H.  Jumelle  et  Perrier  de  la  Bathie  : Nouvelles  observa- 
tions sur  les  Mascarenhasia  de  l’Est  de  Madagascar. 

H.  Jumelle  : Les  Dypsis  de  Madagascar. 

G.  Carle  : L’Elevage  à Madagascar. 

H.  Jumelle  : L’Elevage  et  le  Commerce  des  Viandes  dans 
nos  Colonies  et  quelques  autres  Pays. 

Louis  Racine  Palmistes  et  Noix  de  Bancoul  de 
Madagascar. 

2mc  Fascicule  : Herbert  Stone  : Les  Bois  utiles  de  la  Guyane  Française  (suite). 


1919 


* l,r  Fascicule  : Félix  Gérard  : Etude  systématique,  morphologique  et  anato- 
mique des  Chlaenacées. 

G.  Verset  : Notes  et  Expériences  sur  la  coagulation  du 
latex  d’hévéa. 

R.  Cf.righelli  : La  farine  des  graines  et  la  fécule  des 

I tubercules  de  l’Icaoina  senegalensis. 

H.  Jumelle  : Les  A racées  de  Madagascar. 

2»e  Fascicule.  — De  Wildeman  : Quelques  Palmiers  congolais. 

H.  Chermezon  : Révision  des  Cypéracées  de  Madagascar. 
Denier  et  Verset  Etude  bactériologique  de  la  coagulation 
naturelle  du  latex  d’hévéa. 

G.  Clôt  : Analyse  de  pois  du  Cap  provenant  de  Ma- 
dagascar. 

G.  Clôt  : La  composition  chimique  de  deux  graines  ds 
Palmiers  de  Madagascar. 

+ ' 


MODE  DE  PUBLICATION  ET  CONDITIONS  DE  VENTE 


Les  Annales  du  Musée  fa olonial  de  Marseille,  fondées  en  1893, 
paraissent  annuellement  en  un  volume  ou  en  plusieurs  fascicules. 

Tous  ces  volumes,  dont  le  prix  est  variable  suivant  leur  importance, 
sont  en  vente  chez  M.  Challamel,  libraire,  17,  rue  Jacob,  à Paris,  à 
qui  toutes  les  demandes  de  renseignements,  au  point  de  vue  commer- 
cial, doivent  être  adressées. 

Tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  doit  être  adressé  à M.  Henri 
Jumelle,  professeur  à la  Faculté  des  Sciences,  directeur  du  Mtisé© 
Colonial,  5,  rue  Xoailles,  à Marseille. 

Les  auteurs  des  mémoires  insérés  dans  les  Annales  ont  droit 
gratuitement  à vingt-cinq  exemplaires  en  tirage  à part.  Ils  peuvent, 
à leurs  frais,  demander  vingt-cinq  exemplaires  supplémentaires,  avec 
titre  spécial  sur  la  couverture 

Les  prochains  fascicules  contiendront  la  fin  du  mémoire  de  M.  H. 
Stone  sur  Les  Buis  ailles  de  la  Guyane  Française  et  un  mémoire  de 
M.  H.  Perrier  de  la  Bâlhie  sur  La  Végétation  malgache. 


Chez  Baillière,  éditeur,  19,  rue  Hautefeuille,  Paris. 

^ LES  HUILES  VÉGÉTALES 

Origines;  procédés  de  préparation;  caractères  et  usages 

par  Henri  JUMELLE 
Professeur  à la  Faculté  des  Sciences  de  Marseille 


Impriin.  Nouv.  Réunies  G.  MATHIEU,  14,  rue  Chauvain  - NICE 


ANNALES 


DU 

MUSÉE  COLONIAL 

DE  MARSEILLE 

FONDÉES  F.N  1893  PAH  EDOUARD  HeCKEL 


DIRIGÉES  PAR 

M.  Henri  JUMELLE 

Professeur  à la  Faculté  des  Sciences, 
Directeur  du  Musée  Colonial  de  Marseille. 


Vingt-huitième  année.  3e  série,  8e  volume  (1920). 
Second  Fascicule 

LES  BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 

(Troisième  et  dernière  partie) 
par  M.  Herbert  Stone. 


FACULTÉ  DES  SCIENCES  DE  MARSEILLE 
MUSÉE  COLONIAL 

PLACE  VICTOR-HUGO 


1922 


SOMMAIRES 

des  plus  récents  Volumes  des  Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille 


1915 

H.  Jumelle  : Le  Dr  Heckel. 

Marcel  Aubard  : Les  Sapotacées  du  groupe  des  Sidéroxylinées  Mimu- 
sopées. 

R.  Hamet  el  Perrier  de  la  Batiue  : Contribution  à l'étude  des  Cras- 
sulacées  malgaches. 

R.  Hamet  : Sur  quelques  Kalanchoe  delà  flore  malgache. 

A.  Fauvel:  Le  Cocotier  de  Mer,  “ Lodoicea  Sechellarum  ”. 

1916 

1er  Fascicule.  — H.  Jumelle  : Catalogue  descriptif  des  Collections 
Botaniques  du  Musée  Colonial  de  Marseille  : Mada- 
gascar et  Réunion. 

2 me  Fascicule.  — Pieraerts  : Quelques  Graines  oléagineuses  afri- 
caines. 

H.  Jumelle  : Les  Monocotylédones  aquatiques  de 
Madagascar. 

Herbert  Stoxe  : Les  Bois  utiles  delà  Guyane  fran- 
çaise. 

3 me  Fascicule.  — H.  Jumelle:  Les  Recherches  récentes  sur  les  res- 
sources des  Colonies  françaises  et  étrangères  et 
des  autres  Pays  chauds. 

1917 

H.  Jumelle:  Catalogue  descriptif  des  Collections 
Botaniques  du  Musée  Colonial  de  Marseille  : 
Afrique  Occidentale  Française. 

H.  J umelle  : Notes  statistiques  sur  les  Plantations 
étrangères  de  Caoutchouc  dans  le  Moyen-Orient. 
Pieraerts  : Contribution  à l’étude  chimique  des  Noix 
de  Sanga-Sanga. 

H.  Jumelle:  Les  Variétés  du  Palmier  à huile. 


1er  Fascicule.  — 


2me  Fascicule.  — 


ANNALES 

D U 

MUSÉE  COLONIAL  DE  MARSEILLE 

(Année  1920) 


MACON,  PROTAT  FRERES,  IMPRIMEURS 


ANNALES 


COLONIAL 


DE  MARSEILLE 

FONDÉES  EN  1893  PAR  EDOUARD  HeCKEL 
DIRIGÉES  PAR 

M.  Henri  JUMELLE 

Professeur  à la  Faculté  des  Sciences, 
Directeur  du  Musée  Colonial  de  Marseille. 


Vingt-huitième  année,  3e  série,  8e  volume  (1920  . 
Second  Fascicule 

LES  BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 

(Troisième  et  dernière  partie) 
par  M.  Herbert  Stone. 


FACULTÉ  DES  SCIENCES  DE  MARSEILLE 
MUSÉE  COLONIAL 

PLACE  VICTOR-HUGO 


1922 


ÉTUDE  DESCRIPTIVE 

DES  BOIS  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


TROISIÈME  PARTIE 


FAMILLE  CL.  MYRISTICACÉES 

Myristica  surinamensis  Roi.  n°  6151  A. 

Synonymes:  Virola  surinamensis  Roi.?  (N’est  pas  dans 
l'Index  Kew.) 

Myristica  fatua  Sw.  (non  Houtt,  ni  Blume). 

Deux  autres  synonymes  cités  par  Martin-Lavigne,  le  Myris- 
tica anyustifolia  Lamk.  et  M.  scbifera  var.  lonyifolia  ne  sont 
pas  cités  non  plus  dans  l lndex  Kew. 

Préfontaine  (v.  espèce  suivante)  : Ouarouchi  ou  arbre  à suif.  Proba- 
blement notre  espèce. 

Sagot,  p.  919  : Guingamadou,  arbre  à suif  ; ’Bali  ou  Dan,  Myristica 
surinamensis  ; bois  mou,  rougeâtre  et  sans  valeur.  On  peut  s'en  servir 
pour  caisses  et  barriques. 

Lanessan,  p.  133  : Guingamadou  de  montagne,  arbre  à suif,  M.  suri- 
namensis  Roi.  ; bois  peu  résistant,  mou,  rougeâtre  et  légèrement  odo- 
rant. 

Harrisson  et  Bancroft,  p.  230  : M.  surinamensis,  Dalli  (v.  3489  A . 

Martin-La  vigne,  p.  61  : Virola  sebifera,  Baboenhout,  Baboenhoedoe, 
Baboentrie,  Moschatboon  (Schwartz),  Babun  hudu  (Surinam  ; Wullschla- 
gel),  Jea  oujeamadou  (Richard),  Guingamadou  de  montagne  (Guyane, 
Créoles  ; Bâillon)  ; Ucuiba  (Prov.  Para  ; Martens)  ; Muscade  du  Para, 
Cova  longa  (Esp.  Leblond),  Stone  et  Fr.,  p.  19  ; Dalli,  non  déterminé. 
Sagot,  p.  917  : Babœn,  non  déterminé  ; pour  fondations  en  terres 
basses. 

Huber  p.  173.  Ucuiba  branca  (Amazones). 

Bremer,  p.  204  Baboun  houdou  ; Myristica  fatua  (Surinam). 

Annales  du  Musée  colonial  de  Marseille.  — 3*  série,  8e  vol.  1920. 


1 


2 


H.  STOIXE 


Myristica  sebifera  Sw.,  n°  6151  B. 

Synonyme  : Virola  sebifera  Seem  = Myristica  panamcnsis 
Hemsl. 

Virola  sebifera  Aubl.  (N’est  pas  dans  l'Index  Kew.) 

Je  n’ai  pas  de  preuves  suffisantes,  mais  je  suis  porté  à croire 
que  le  bois  décrit  par  Martin-Lavigne  est  l’espèce  précédente 
et  que  le  Dalli  de  Bell  est  l’espèce  présente. 

Préfontaine,  p.  174  : Les  Indiens  prétendent  que  le  Gaijamadou  est 
différent  de  l’Arbre  à suif  et  de  l'Ouarouchi. 

Aublet,  p.  904:  Virola  sebifera , Yoirouchi  (Oyapoc)  ; Jea-jeaamadou 
(Créoles)  ; Davapa,  Virola  (Galibis)  ; écorce  épaisse,  gercée  et  ridée  ; 
bois  blanchâtre,  peu  compact. 

Dumonteil,  p.  158  : Guingamadou  ; densité,  0,364;  force,  73;  élast., 
98  ; flexib.,  3,97.  Le  même  p.  163  : Classe  6,  de  faible  valeur.  (Est-ce 
cette  espèce  ?) 

Sagot,  p.  919:  Myristica  sebifera  Aubl.  Yayamadou,  Muscadier  à 
suif,  Guingamadou,  Ouarouchi  aux  fleurs  mâles  odorantes. 

Lanessan,  p.  362  : Virola  sebifera  Aubl.  Toutes  les  parties  de  l’arbre 
sont  aromatiques  ; l’écorce  laisse  exsuder  par  incision  un  suc  rougeâtre, 
âcre  et  gluant,  qui  devient  résineux  à l'air. 

Iluber,  p.  173.  Ucuiba  vermelha  (Amazones). 

Dalli  (Bell),  n°  6151  G. 

Caractères  généraux.  — Bois  mou  et  léger,  de  couleur  gris 
rougeâtre  ou  blanc  sale  ; brillant  sur  une  surface  fendue.  La 
nuance  de  la  coupe  transversale  est  à peine  plus  foncée  que 
celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,465  ; dureté,  celle  du 
Pin.  Odeur  nulle,  saveur  insipide. 

Travaillé  au  rabot  sur  la  coupe  radiale,  le  bois  se  déchire 
en  petits  fragments  qui  présentent  des  mailles  très  particu- 
lières. Se  fend  très  facilement. 

Structure  du  bois.  — La  structure  concorde  assez  bien  avec 
la  description  de  Martin-Lavigne  sur  Virola  se.bifera , n°  6151  A. 

L'aubier  est  à peine  différent  du  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  non  délimitées. 

Vaisseaux  à peine  visibles,  plutôt  grands,  peu  variables, 
sauf  dans  les  groupes  ; simples  ou  par  paires  subdivisées.  Ils 


BOIS  UTILES  DÊ  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


3 


sont  peu  nombreux,  distribués  également  et  fortement  isolés  ; 
remplis  parfois  d’une  matière  noire. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  luisants,  petits,  uniformes,  équi- 
distants, à intervalles  d’une  distance  un  peu  moindre  que  le 
diamètre  d'un  gros  vaisseau  et  s’écartant  légèrement  au  niveau 
de  ces  vaisseaux. 

Parenchyme  nul  ou  du  moins  tout  invisible  au  microscope 
sur  la  surface  du  bois. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  très  apparents,  un  peu  plus 
foncés  que  le  fond.  Rayons  se  présentant  en  stries  qui,  à l’œil 
nu,  ressemblent  aux  vaisseaux.  Les  fibres  du  fond  sont  excep- 
tionnellement brillantes. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  plus  terne, 
quoique  légèrement  micacée.  Rayons  visibles  à la  loupe,  très 
petits,  de  1 mm.  environ  de  hauteur;  vus  au  microscope,  ils 
paraissent  être  remplis  d’une  matière  brune. 

Emplois.  — Bon  pour  charpente  ordinaire,  cercueils  et 
boîtes  d’allumettes  (Bell).  Se  travaille  facilement  à la  scie 
mais  ne  convient  ni  pour  le  rabot,  ni  pour  le  tour. 

Ech.  types : 19,2675  Bell;  3034,  Aiken. 

Références  : Bell,  p.  2 ; Aiken,  ms.  ; Stone  et  Fr.,  p.  19. 

Myristica  Mouchico  (non  dans  l’Index  Kew.),  n°6151  D. 

Dumonteil,  p.  136  : Mouchigo  ; densité,  0,730  ; force,  178  ; 
élast.,  166.  Le  même  p.  163  : Classe  5.  (Est-ce  cette  espèce  ?) 
Lanessan,  p.  139  : Moussigo,  Mouchigo  rouge. 

Cat.  Exp.  Univ.  1867,  p.  43:  Salie  de  Surinam. 

Description  des  échantillons  nos  132  et  133  ? Guyane  (Mus. 
Col.  Mars.),  Mouchigot. 

Caractères  généraux.  — Bois  d’un  poids  moyen  et  d'une 
dureté  moyenne,  grain  plutôt  gros  et  non  à rebours.  Couleur 
brun  clair  légèrement  rose,  striée  de  blanc.  Mailles  petites 
mais  bien  évidentes.  Surface  mate.  La  section  transversale  est 
plus  foncée  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité  : 0,787  ; dureté,  celle  du 
Hêtre.  Sans  odeur  ni  saveur. 


H.  STON  li 


4 

Caractères  de  l' écorce.  — Couleur  rouge  brun.  Surface  lisse 
quoique  un  peu  rugueuse.  Epaisseur  de  2 à 5 mm.  La  section 
présente  deux  couches  : l'interne,  finement  stratifiée  de 
petites  sclérites  alternant  avec  de  minces  feuilles  rouges  qui 
se  séparent  facilement  en  fibres  plates  et  libreuses  ; l'externe 
consiste  en  minces  écailles  se  détachant  plus  ou  moins  irrégu- 
lièrement. Surface  intérieure  jaune  ou  brune  striée.  Flexible, 
cassure  grossièrement  fibreuse.  Faiblement  adhérente  ; inodore, 
sans  saveur. 

Structure  du  bois.  — Aubier  plus  clair  que  le  cœur,  mais 
non  brusquement  délimité. 

Section  transversale . — Couches  en  apparence  bien  dis- 
tinctes. (Voir  P b.) 

Vaisseaux  petits  mais  bien  visibles,  peu  de  variations,  dispo- 
sés sans  ordre  bien  apparent,  en  lignes  obliques  ou  en 
arcs  ; peu  nombreux,  simples  ou  par  groupes  radiaux  de  2 
ou  3. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  très  fins,  à peu  près  réguliers  en 
largeur  et  à intervalles  d’une  distance  égale  au  diamètre  d'un 
gros  vaisseau,  tout  en  ne  s’écartant  pas  au  niveau  de  ces  vais- 
seaux ; bruns. 

Parenchyme  a peu  abondant  près  des  vaisseaux  ; de  cou- 
leur blanchâtre  ; b visible  à l’œil  nu,  en  très  minces  lignes 
continues  légèrement  ondulées,  variant  en  largeur  de  1 à 5 
fois  celle  des  rayons,  aux  intervalles  irréguliers.  Ces  lignes 
paraissent  être  les  limites  des  couches,  mais  elles  sont  souvent 
très  rapprochées,  étant  de  2 à 5 par  mm.  Couleur  jaune. 

Section  radiale.  — Couches  non  délimitées.  Vaisseaux  très 
apparents  en  sillons  d'un  brun  foncé.  Rayons  bien  marqués 
malgré  leur  transparence.  P h à peine  visible  à la  loupe. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  lescouches 
sont  bien  indiquées.  Les  rayons  sont  en  très  minces  lignes 
d'une  hauteur  jusqu'à  1 mm.,  présentant,  dans  les  bois  plus 
foncés,  des  cellules  jaunes  et  noires. 

Emplois.  — Bois  d'une  utilité  générale,  facile  à débiter. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


FAMILLE  CLI.  MON1MIACÉES 
TRIBU  II.  ATHEROSPERMÉES 
Siparuna  guianensis  Aubl.,  n°  6168. 

Aublet,  p.  865  : Petit  arbre  à écorce  verte,  lisse  ; bois  blanc,  cassant. 
Sagot,  p.  921  : Cilrosoma  sp.,  Baume. 

D'après  l'Index  Kew.  : Siparuna  est  synonyme  de  Citro- 
soma. 


FAMILLE  CLII.  LAURACÉES 

TRIBU  I.  PERSÉACÉES 

Cryptocarya  moschata  Nees.,  n°  617o. 

Niederlein,  p.  3 : Sassafras  (terme  gén.). 

Aiouea  guianensis  Aubl.  (non  Xees,  ni  Griseb),  n°  6184. 

Synonyme  : Ajouea,  d'après  Durand. 

Aublet,  p.  31 1 : Aiouve  (Galibis  ; écorce  verte,  ridée,  sillonnée  ; bois 
blanc,  compact. 

Ce  n’est  pas  l’Aiaoua  de  Sagot  (v.  loTl  F). 

Acrodiclidium  chrysophyllum  Meisn.,  n°  6190. 

Sagot,  p.  232  : Bois  cannelle,  odeur  vive.  Plus  dur  que  le  Sassafras 
bois  excellent.  (Voir  6200  A.) 

Dumonteil,  p.  154  : Bois  cannelle;  densité,  o.  801  ; force,  184;  élast. 
146  ; p.  160.  Classe  3,  celle  du  Pin.  (Est-ce  cette  espèce?). 

Ginnaraomum  zeylanicura  Xees,  n°6193  A. 

Svnonvme  : Laurus  Cinnamomum  Lin.  ; Cinnamomum 
verum  I.  S.  Presl. 

Aublet,  p.  362  : Laurier  cannelier,  bois  de  cannelle.  Le  bois  sert  pour 
lambris,  planches,  meubles  et  menuiseries.  Lorsqu’on  l’emploie,  il 
exhale  une  odeur  forte,  désagréable.  Il  a beaucoup  de  rapport,  par  sa 
couleur,  avec  le  noyer. 

Gæbele,  p.  99  : Cannelier;  Cinnamon  angl.\  Karmva  'tamoul). 


6 


H.  STONE 


D’après  un  échantillon  n°  133,  série  II,  Lvon. 

Caractères  généraux.  — Bois  mou  et  léger,  de  couleur  brun 
foncé  ; grain  fin,  pores  très  apparents  et  fibres  « à rebours  ». 
Surface  brillante  et  soyeuse,  fonçant  légèrement  à l'air.  La 
nuance  de  la  coupe  transversale  est  beaucoup  plus  foncée  que 
celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,550  environ  (l’échan- 
tillon était  en  partie  de  l’aubier)  ; dureté,  celle  du  Cèdre  à 
crayons.  Odeur,  à sec,  nulle  ; humectée,  très  légèrement  aro- 
matique. Saveur  astringente. 

Structure  du  bois.  — Aubier  brun  clair,  nettement  délimité 
du  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  délimitées  à cause  du 
changement  dans  l’orientation  des  lignes  obliques  de  vaisseaux . 

Vaisseaux  bien  apparents  par  suite  des  bords  clairs  du 
parenchyme  ; moyens,  de  0 mm.  15  de  diamètre  ; la  plupart 
simples  et  fortement  isolés.  Ils  sont  remplis  de  thylles  qui 
proéminent  lorsque  le  bois  est  humecté,  mais  se  rétractent 
immédiatement  ensuite.  Cette  particularité  est  très  répandue 
parmi  les  Lauracées,  mais  dans  la  plupart,  une  fois  l’eau 
absorbée,  les  thylles  restent  saillants,  et,  de  ce  fait,  la  sur- 
face devient  rude  au  toucher  comme  celle  d’une  lime. 

Rayons  irréguliers  en  apparence  à la  loupe,  mais  sur  la  sur- 
face humectée,  vue  au  microscope,  ils  sont  réguliers,  car  on 
voit  les  plus  petits.  Ils  sont  très  nombreux  ; 15  par  mm.  et  3 
au  moins,  même  4,  dans  un  intervalle  égal  au  diamètre  d’un 
gros  vaisseau,  mais  ils  ne  s’écartent  pas,  étant  coupés  par  les 
vaisseaux.  Rayons  de  couleur  brun  clair.  Leur  apparition, 
pendant  les  quelques  secondes  que  dure  l’absorption  de  l’eau, 
est  un  caractère  très  spécial,  et  de  même  que  les  thylles,  ils 
proéminent  légèrement  à la  surface  pour  se  rétrécir  ensuite. 

Parenchyme  a clair,  abondant  et  entourant  les  vaisseaux. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  en  sillons  remplis  de  thylles 
et  de  perles  de  gomme  foncée.  Rayons  très  obscurs,  d’une  cou- 
leur laiteuse;  leur  hauteur  est  de  0 mm.  5 environ. 

Section  tangentielle . — Vaisseaux  très  inclinés,  formant  des 


t 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


7 


raies  poreuses  et  alternativement  unies.  Rayons  se  présentant 
en  tout  petits  fuseaux  pointus  d’une  hauteur  de  0 mm.  5 
environ. 

Persea  gratissima  Gaertn.,  n°  6195. 

Synonyme  : Laurus  Persea  Lin.  (non  Willd). 

Préfontaine,  p.  144  : Avocat,  Ahuaca,  Quahuitl,  Aouacate  (Caraïbes)  ; 
Avocado  ou  Alligator-pear  tree.  Bois  d’anis. 

Aublet,  p.  364  : Laurus  Persea  Lin.  Laurier  avocat. 

Saldanha  da  Gaina  : Lauro  abacate  (Brésil). 

Caractères  généraux.  — Bois  d’un  poids  moyen  et  d’une 
dureté  moyenne,  de  couleur  brun  rougeâtre,  avec  raies  noi- 
râtres ; surface  très  mate.  La  nuance  de  la  coupe  transversale 
est  légèrement  plus  foncée  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,640  environ  ; dureté, 
celle  du  Bouleau. 

Structure  du  bois.  — Section  transversale.  Couches  non 
délimitées.  Les  zones  de  bois  où  les  vaisseaux  sont  moins 
nombreux  pourraient  indiquer  les  limites.  Les  bandes  noi- 
râtres sont  excentriques. 

Vaisseaux  à peine  visibles,  malgré  leur  couleur  légèrement 
plus  claire  que  le  fond  ; ils  occupent  une  grande  partie  de  la 
surface  delà  coupe.  De  grandeur  moyenne  ; 0 mm.  1 de  dia- 
mètre ; peu  nombreux,  de  5 à 10  par  mm.q.  Ils  sont  disposés 
en  lignes  obliques  très  nettes  qui  s’unissent  parfois  en  for- 
mant des  festons  plutôt  serrés. 

Rayons  à peine  visibles,  fins,  de  3 à 5 par  mm.,  écartés  les 
uns  des  autres  d’une  distance  légèrement  plus  grande  que  le 
diamètre  d’un  gros  vaisseau.  Ils  sont  de  couleur  brune. 

Parenchyme  abondant  a,  entourant  les  vaisseaux  et  les 
unissant  souvent  aux  lignes  obliques  ; sa  couleur  est  un  peu 
plus  claire  que  celle  des  rayons. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  visibles,  mais  non  très  appa- 
rents ; grain  fortement  « à rebours  ».  Bien  qu’elles  soient 
étroites,  les  bandes  noirâtres  ressortent  bien.  Rayons  très 
petits,  mais,  humectés,  ils  sont  très  apparents  ; de  couleur 
brune . 


8 


H.  STONE 


Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  rayons 
sont  à peine  visibles  à la  loupe  et  les  bandes  noirâtres 
deviennent  des  taches  obscures. 

Ech.  type  : N°  15  de  la  Réunion,  Musée  Colonial  de  Mar- 
seille. 

Icônes  lignorum.  La  figure  4,  pl.  68,  en  couleur,  ne  res- 
semble pas  trop  à notre  échantillon  ; elle  représente  un  mor- 
ceau du  cœur  qui  est  noir  sur  l’aubier  isabelle,  avec  de  grosses 
stries. 

Ocotea  caudata  Nees  (non  Miq.),  n°  6198  A. 

Synonyme  : Oreodaphne  caudata  Nees.  (non  Miq.). 

Cette  espèce  se  confond  beaucoup  avec  les  Cèdres  blancs 
(V.  1156  B et  6200  A et  D)  et  Licaria  guianensis  (6200). 

Gildemeister,  d'après  Mœller  : Linaloe  de  Cayenne,  Likari  ; 
bois  dur  et  lourd,  se  fendant  facilement  ; cassure  récente 
jaune  ; ancienne,  rougeâtre. 

L’échantillon  n°  54  de  la  Guyane,  Musée  Colonial  de  Mar- 
seille, correspond,  comme  beaucoup  d'autres  bois,  à cette 
description  ; je  doute  fort  de  sa  bonne  détermination. 

Ocotea  cymbarum  H, B.  et  K,  n°  6108  B. 

Voir  Nectandra  cymbarum,  n°  6201  D. 

Ocotea  guianensis  AubL,  n°  6198  C. 

Aublet,  p.  781  : Ajou-liou-ha  (Garipons)  ; écorce  grisâtre,  ridée  et 
gercée  ; bois  blanc  peu  compact. 

Sagol,  p.  232  : Cèdre  blanc,  Cèdre  à feuille  d’argent.  Le  même', 
p.  918  ; bois  blanc,  mou,  sans  valeur.  (V.  6200  D.) 

Huber,  p,176:Lauro  tamanco  (Brésil,  Amazone),  Lauro  branco  (Para). 
Tamanqueira  (terme  gén.  : Para). 

Pulle,  1907,  p.  83  : Basuba  pisie. 

Ocotea  commutata  Nees.  n°  6198  D. 

Synonyme:  Aniba  guianensis  AubL 

Préfontaine,  p.  166  ; Cèdras,  Anhuiba  (Caraïbes). 

Aublet,  p.  327  : Bois  de  Cèdre  (Comté  de  Gênes)  ; écorce  épaisse, 
inégale,  ridée  et  gercée  ; bois  jaunâtre,  aromatique,  lourd  et  devenant 
léger  en  se  desséchant.  Employé  pour  pirogues. 


BOIS  L'TILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


9 


Guibourt,  III,  p.  531:  Résine  Caragne,  nonle  Caranna  (Ind.  et  Espagn.)  ; 
Arbor  insaniæ,  le  Caragna  nuncupatad'Hernandez  qui  provient  de  Y lcica 
Carana  H. B. K. 

Annales  Maritimes,  1826,  II,  partie  2,  p.  422:  Cèdre  jaune,  Guazuma 
aniba  ; bon  pour  meubles.  (Est-ce  cette  espèce?) 

Niederlein,  p.  4 : Cèdre  cannelle. 

Ocotea  splendens  Meissn.,  n°  6198  E.  (Ne  se  trouve  pas 
dans  l'Index  Kew.) 

Niederlein,  p.  4:  Cèdre  gris. 

Taoub,  n°6!98  F. 

Sagot,  p.  233  : Une  Laurinée  ; bois  très  estimé  à Para  ; léger  et  de 
bonne  conservation.  On  n'est  pas  certain  de  sa  présence  à la  Guyane. 

Roussellet,  p.  127  : Le  Taoub  se  trouve  surtout  au  Contesté,  où  il  sert 
à la  construction  des  tapouyes. 

Lanessan  : Bois  de  Taoub  jaune  ou  brun  ; densité,  0,848. 

Bassières,  p.  102  : Propre  aux  constructions  navales;  densité  deO, 848 
à 1,130. 

Vu  le  grand  écart  de  poids,  je  me  demande  où  Bassières  a 
puisé  ses  chilFres,  surtout  pour  le  second,  car  le  premier, 
0,848,  paraît  avoir  été  emprunté  à Lanessan. 

Niederlein,  p.  4:  Ocotea  sp . 

Cat.  Expos.  Univ.  1867,  p.  38:  Taoub.  Laurussp.  (Baleo  ?)  ; densité, 
0,848. 

Taoub  grosse  peau,  n°  6198  G. 

Ce  bois  n’est  ni  YOcotea,  ni  même  une  Lauracée  ; je  le 
place  ici  à cause  de  son  nom. 

Echantillon  n°  49,  Guyane,  Musée  Colonial  de  Marseille. 

Caractères  généraux.  — Bois  mou  et  léger,  de  couleur  aca- 
jou ; grain  très  gros  et  très  « à rebours  ». 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,420  ; dureté,  celle  du 
Saule.  Sans  odeur  ni  saveur. 

Structure  du  bois.  — Section  transversale.  Couches  non 
délimitées.  (Voir  parenchyme.) 

Vaisseaux  très  apparents  à cause  de  leurs  bords  clairs  ; 
grands,  de  0 mm.  2 de  diamètre  ; peu  nombreux,  de  1 à 4 par 
mm.  q.  Ils  sont  fortement  isolés,  simples  pour  la  plupart. 


H.  STONE 


10 

Rayons  visibles  à la  loupe,  très  fins  comme  de  la  soie  et 
légèrement  plus  clairs  que  le  fond  ; uniformes.  Ils  sont  envi- 
ron 10  par  mm.  et  plus  de -deux  dans  un  intervalle  égal  au 
diamètre  d'un  gros  vaisseau.  Ils  s'écartent  légèrement  au 
niveau  de  ces  vaisseaux. 

Parenchyme  a abondant  entourant  les  vaisseaux  en  larges 
bords,  qui  sont  parfois  légèrement  ailés.  Ph  en  très  minces 
lignes  concentriques  continues,  qui  simulent  les  limites  des 
couches,  mais  sont  seulement  espacées  de  1 à 2 mm.  ; la  cou- 
leur est  plus  foncée  que  celle  de  Pa. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  très  gros.  Rayons  visibles 
seulement  à la  loupe,  obscurs,  grisâtres.  Parenchyme  très 
peu  apparent. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  rayons 
humectés  paraissent  en  fuseaux  très  effilés  de  couleur  rouge 
foncé. 

Bois  de  Licari  ou  Bois  de  Rose  de  Cayenne,  n°  6200. 

La  confusion  règne  ici  plus  que  partout  ailleurs,  car  c’est 
le  bois  qui  a été  le  plus  étudié,  et  sur  lequel  les  discussions 
sont  très  nombreuses.  Pour  ne  pas  augmenter  cette  confusion, 
je  me  contente  d indiquer  que  je  vais  décrire  plus  loin  le  seul 
bois  qui,  parmi  ceux  que  j'ai  vus,  a l’odeur  réelle  de  l'essence 
de  Licari  ou  Linaloe  de  Cayenne.  L échantillon  était  étiqueté 
Ocotea  caudata  Nees. 

Bassières,  dans  son  article  au  sujet  de  ces  bois,  conclut  que 
le  Licaria  guianensis  (synonyme  de  Dicypellium  caryopliylla- 
tum  lide  Nees  (d'après  l'Index  Kew.  ï ne  peut  plus  être  confondu 
avec  Dicypellium,  et  que  ce  Licaria  se  confond  avec  Ocotea  cau- 
data  Nees,  qui,  d'après  l'Index  Kew.,  est  une  espèce  différente. 
Le  Docteur  Jos.  Moeller  est  du  même  avis. 

Ces  bois  devraient  être  étudiés  sur  place,  par  un  botaniste 
compétent,  depuis  la  floraison  de  l’arbre  jusqu'à  son  abatage 
et  à la  distillation  de  l'essence  de  Licari,  sans  perdre  de  vue 
le  sujet  d'études. 

La  description  et  la  figure  d'Aublet  sont  tout  à fait  insuffi- 
santes. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE  H 

Dumonteil  indique  quatre  sortes  : le  Bois  de  Rose  mâle,  de 
densité,  1,108  ; le  Bois  de  Rose  femelle,  0,648  ; le  Sassafras, 
0,519  ; et  le  Cèdre  blanc,  0,331.  Si,  commele  prétend  Aublet, 
le  Bois  de  Rose  de  Cayenne  devient  le  Sassafras  avec  Page, 
ces  deux  sortes  pourraient  être  les  mêmes,  mais  la  différence 
de  densité  entre  le  Bois  de  Rose  mâle  et  le  Cèdre  blanc  ne 
nous  laisse  aucun  doute  sur  la  réalité  de  trois  espèces  diffé- 
rentes. 

Sans  nous  occuper  des  noms  systématiques,  nous  pouvons 
dire  que  le  Bois  de  Rose  de  la  Guyane  est  de  couleur  blanéhe, 
tirant  un  peu  sur  le  citron.  Il  flotte  sur  l’eau  à demi  sub- 
mergé ; il  a une  forte  odeur  qui  tient  du  citron  et  de  la  berga- 
mote (c’est  bien  celle  de  l’essence  du  Licari  de  Cayenne). 
Cette  odeur  passe  assez  vite,  mais  la  moindre  entaille  la  fait 
réapparaître.  Ce  bois  doit  être  le  Bois  de  Rose  femelle  de 
Dumonteil,  de  Guibourt,  et  celui  du  Musée  Colonial  de  Mar- 
seille, n°  92,  Guyane.  Au  contraire,  le  bois  dur,  difficile  à 
fendre,  d’une  teinte  brun  foncé,  avec  ou  sans  odeur,  ou  légère 
odeur  de  rose,  ne  flottant  pas  sur  l’eau,  serait  le  Bois  de  Rose 
mâle  de  Dumonteil. 

Malheureusement,  de  tous  les  échantillons  que  j’ai  exa- 
minés, aucun  n’était  bien  déterminé. 

Description  de  l’échantillon,  n°  92,  Guyane,  du  Musée  Colo- 
nial de  Marseille,  n°  6200  A,  d’un  jeune  arbre. 

Caractères  généraux.  — Bois  léger  et  mou,  de  couleur 
blanche  ou  citron  pâle,  tirant  parfois  sur  le  brun  ; très  bril- 
lant, facile  à fendre,  cassant  et  peu  compact  ; grain  moyen  et 
ouvert.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est  beaucoup  plus 
foncée  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,451  environ  ; dureté, 
celle  du  Peuplier  ou  du  Saule  blanc,  ou  encore  du  Simaruba. 
Odeur  d’essence  de  Licari  ou  de  Linaloe  de  Cayenne,  forte  et 
pénétrante,  passant  assez  vite.  Saveur  légèrement  aromatique. 
Le  bois  brûle  assez  bien,  avec  beaucoup  de  flamme,  peu  de 
fumée,  et  donne  un  arôme  légèrement  résineux. 

L'échantillon  était  sans  écorce,  mais  avec  un  peu  de  liber 
rouge  foncé  et  stratifié. 


12 


H.  STONE 


Structure  du  Lois.  — Comme  celle  de  presque  tous  les  Lau- 
racées. 

L'aubier  n'est  pas  différent  du  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  très  apparentes  ; les  zones 
de  bois  plus  denses  pourraient  être  les  limites. 

Vaisseaux  très  apparents,  à cause  de  leurs  bords  clairs  ; 
moyens,  de  0 mm.  12  de  diamètre  environ  ; peu  variables 
entre  les  limites  de  chaque  couche,  mais  augmentant  beau- 
coup de  diamètre  avec  l'àge  de  l’arbre.  Ils  sont  peu  nombreux, 
de  15  à 40  par  mm.  q.,  isolés  et  distribués  irrégulièrement  en 
lignes  obliques  bien  prononcées  qui,  parfois,  changent  d'orien- 
tation. Ils  sont  simples  pour  la  plupart,  mais  beaucoup  par 
paires  et  plus  souvent  par  groupes  de  3. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  tins,  uniformes,  faibles,  irrégu- 
liers, à intervalles  variant  entre  une  et  deux  fois  le  diamètre 
d’un  gros  vaisseau,  mais  ne  s'écartant  pas  au  niveau  de  ces 
vaisseaux.  De  couleur  rose. 

Section  radiale.  — Couches  pouvant  à peine  être  suivies. 
Parenchyme  plutôt  obscur.  Fibres  inclinées  et  « à rebours  ». 
Rayons  facilement  visibles  en  étroites  lignes  brunes,  mais  peu 
apparents  lorsqu'ils  ne  sont  pas  humectés. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  vais- 
seaux sont  beaucoup  plus  apparents,  en  forme  de  franges 
brunes.  Rayons  visibles  par  leur  effet  moiré  ; à la  loupe,  ils 
se  présentent  en  fines  lignes  brunes.  Au  microscope,  on  les 
voit  étroits,  linéaires  et  pointus.  Leur  hauteur  est  de  12  cel- 
lules environ  sur  1 de  largeur. 

Le  n°  115,  série  II,  Lyon,  concorde  avec  notre  échantillon. 

Ecorce  du  Dicypellium  caryophyllatum  d'après  G.  Plan- 
chon,  II,  p.  61 . 

Cassia  caryophyllata , Cortex  caryophvllatus,  Cannelle 

giroflée. 

° , V 

Ecorce  (v.  6200  E).  Epaisse  de  0 mm.  5 à 1 mm.,  de  cou- 
leur brun  chocolat,  parfois  presque  noirâtre  ; face  interne  de 
couleur  brun  rougeâtre,  souvent  finement  striée,  à cassure 
nette.  L'écorce  est  composée  de  deux  couches  : l’externe  est 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


13 

mince  et  pâle,  et  l'interne,  de  couleur  brun  froncé.  Au  micro- 
scope, on  voit  cinq  couches  fibreuses  avec  les  rayons,  lorsque 
l'écorce  est  en  bon  état.  Odeur  prononcée  de  girolle  ; saveur 
fortement  aromatique. 

D’après  Huber,  p.  174,  cette  écorce  est  réputée  comme  suc- 
cédané de  la  cannelle  et  du  Cravo  d’india. 

Ecorce  de  Licaria  guianensis  d’après  Aublet,  p.  313  ; ridée, 
gercée  et  roussâtre. 

Citations  sur  Licaria  et  Bois  de  Rose  femelle  : 

Aublet,  p.  312  : Licaria  guianensis,  bois  de  Rose  de  Cayenne;  Licari 
kanali  (Galibis),  bois  jaune  peu  compact.  Lorsqu’il  est  jeune,  Rôdeur  de 
rose  est  moins  prononcée  que  dans  le  vieux  bois. 

Durand  place  le  Licaria  dans  ses  genres  douteux,  et  non  comme  syno- 
nyme de  Dicypellium. 

Barrère,  p.  10  : Arbor  ligno  citrino,  Rosam  spirante,  ligno  odorato 
candido. 

Moeller  J.,  1896,  p.  34,  dit  que  le  bois  est  dur  et  lourd, 
d’une  couleur  jaune  qui  devient  rougeâtre  sur  les  surfaces 
qui  ont  été  longuement  exposées  à l’air.  Il  se  fend  facilement. 
Son  odeur  est  agréable,  rappelant  celle  de  rose  et  de  citron. 
L’auteur  donne  une  description  microscopique  très  détaillée 
avec  plusieurs  coupes.  Il  constate  la  présence  des  thylles 
avec  parois  très  épaisses  et  pierreuses.  J ai  trouvé  des  thylles 
très  curieux  dans  les  bois  de  Rose  mâle  et  femelle  et  aussi 
dans  ceux  de  Sassafras  et  des  autres  Lauracées  qui  seraient  peut- 
être  ceux  indiqués  par  Moeller.  Ils  ne  sont  pas  désignés 
dans  la  figure  de  Berteau. 

Son  poids,  sa  dureté  très  grande  et  sa  couleur  devenant 
rougeâtre  à l’air  me  portent  à croire  que  Moeller  a décrit 
plutôt  le  Bois  de  Rose  mâle,  mais  il  est  bien  possible  que  ce 
dernier  puisse  donner  un  extrait  d essence  de  Licari  en  moindre 
quantité  que  le  Bois  de  Kose  femelle. 

Roubo,  p.  171  : Bois  de  citron  de  la  Guyane,  Bois  de  chandelle,  Bois 
de  coco,  Bois  de  jasmin;  de  forte  odeur  tirant  sur  celle  de  citron, 
ressemblant  au  Santal  par  la  couleur,  etc. 

Cette  description  me  semble  se  rapporter  plutôt  au  Zan- 


14 


H.  STON’Ë 


tlioxylon  flavum  Vahl.,  d’autant  que  l’odeur  rappelle  celle  de 
la  noix  de  coco.  • 

Dumonteil,  p.  154:  Bois  de  Rose  femelle  ; densité,  0,648;  force,  184; 
élast.,  141  ; p.  160.  Classe  3. 

Guibourt,  II,  p.  397  : Bois  de  Rose  femelle,  très  tendre  et  très  léger, 
d’un  blanc  un  peu  verdâtre,  odeur  prononcée  de  citron  ou  de  berga- 
mote. C’est  peut-être  ïlcica  altissima  (v.  1156  B)  ou  Aniba  Guianensis 
(6198). 

Bassières,  p.  50  : Bois  de  Rose  femelle  jaunâtre,  très  parfumé.  La 
description  de  Guibourt  sur  ce  bois  semble  se  rapporler  au  Cèdre  blanc 
[Protium  [Icic a)  altissimurn  Mœnch.),  tandis  que  celle  qu’il  donne  sur 
le  Bois  de  Rose  mâle  paraît  concorder  avec  celle  du  Bois  de  Rose 
femelle.  Sagol  a confondu  le  Bois  de  Rose  femelle  et  le  Sassafras  et  les 
a désignés  sous  le  même  nom  A' Acrodiclidium  qui  n’appartient  à aucun 
des  deux.  Le  Licaria  donne  l’essence  de  rose  de  Cayenne. 

Sagot,  p.  232  : Acrodiclidium,  Sassafras  ou  Bois  de  Rose  femelle; 
jaune  très  odorant,  de  très  longue  durée,  se  travaillant  bien,  excellent 
pour  constructions  navales,  pirogues  et  menuiserie. 

Bois  de  Rose  mâle,  n°  6200  B. 

Préfonlaine,  p.  50  : Bois  de  couleur  citron  avec  légère  odeur  de 
rose,  bon  pour  poteaux. 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  1,108;  force,  361  ; élast.,  145.  Classe  1 
(plus  lourd  que  le  Chêne). 

Sagot,  p.  228  : De  couleur  jaune  pâle  ; sa  dureté  n’est  pas  excessive; 
grain  serré  et  compact.  Le  même,  p.  232  : un  Acrodiclidium  non  déter- 
miné, beaucoup  plus  compact  et  plus  dur  que  le  Bois  de  Rose  femelle 
et  d’une  odeur  plus  légère. 

Description  des  échantillons  : nos  54  et  1 47  (Mus.  Col.  Mars.). 

Caractères  généraux.  — Bois  très  dur  et  lourd,  d’un  grain 
moyen  très  à rebours.  Couleur  d'un  brun  clair  à brun  foncé 
uniforme  qui  fonce  beaucoup  à l'air.  Surface  mate  ou  luisante 
par  place  et  parsemée  de  cristaux  minuscules  qui  produisent 
un  effet  micacé.  Structure  bien  apparente  dans  la  section 
transversale  dont  la  nuance  est  beaucoup  plus  foncée  que  dans 
celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité  : 0,825  ; dureté,  celle 
du  Chêne.  Même  odeur  que  celle  du  Bois  de  Rose  femelle, 
mais  beaucoup  plus  faible.  Saveur  nulle. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE  15 

Nos  échantillons  n'ont  pas  d'écorce,  mais  sur  l'extérieur 
de  la  bûche  se  trouve  encore  beaucoup  de  liber  brun . 

Structure  du  bois.  — L'aubier  n'est  pas  différencié  du 
cœur.  La  couleur  du  cœur  persiste  jusqu'à  l'écorce. 

Section  transversale.  — Couches  en  apparence  bien  délimi- 
tées, les  zones  denses  en  sont  peut-être  les  limites.  Contour 
assez  régulier. 

Vaisseaux  visibles  à cause  de  leur  couleur  claire  ; grands, 
peu  de  variations,  disposés  en  lignes  obliques  qui(changent,  çà 
et  là,  leur  orientation  dans  la  même  couche  et  qui,  parfois, 
produisent  des  angles.  Ils  sont  peu  nombreux  et  fortement 
isolés,  simples  ou  plus  souventparpaires,  rarement  en  groupes 
radiaux  de  3 à 4. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  très  fins,  presque  réguliers  en 
largeur  et  espacés  d'une  distance  égale  au  diamètre  d’un  gros 
vaisseau,  ne  s’écartant  pas  au  niveau  de  ces  vaisseaux  ; cou- 
leur brune. 

Parenchyme  a visible  et  abondant,  entourant  les  vaisseaux 
et  les  unissant,  là  où  il  est  bien  développé,  en  lignes  obliques. 
Couleur  jaunâtre  plus  claire  que  celle  des  rayons. 

Section  radiale.  — Couches  non  délimitées.  Vaisseaux  en 
sillons  incolores  grossiers  mais  peu  apparents,  étant  voilés  par 
le  P a ; ils  contiennent  des  cristaux  et  des  thylles  très  curieux 
que  je  n'ai  jamais  rencontrés  dans  aucune  autre  espèce,  sauf 
dans  le  Bois  de  Rose  femelle.  Ces  thylles  sont  blancs  et  pré- 
sentent sur  leur  paroi  Line  sculpture  très  délicate  visible  au 
microscope  (X  10).  Cette  particularité  est  peut-être  celle  dont 
parle  le  Dr  Joseph  Mœller.  Rayons  à peine  visibles,  transpa- 
rents, mais,  par  leur  nombre,  ils  couvrent  une  grande  partie 
de  la  surface. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  rayons 
se  présentent  en  petits  fuseaux  bruns,  effilés,  d une  hauteur  de 
1 mm.  environ. 

Sassafras,  n°  6200  C. 

Thomas,  p.  157  : Bon  pour  bordages  d'après  la  Commission  de  1816. 


H.  STONE 


io 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  0,577  ; force,  156 ; élast.,  156;  élast.,  153. 

Lanessan,  p.  138  : Sassafras  de  l’Orénoque,  Nectandra  cymbarum. 

(Voir  6201  D.) 

Description  d'un  échantillon,  n°  142,  Guvane  (Mus.  Col. 
Mars . ). 

Ce  bois  ne  peut  pas  être  le  Sassafras  d’Aublet,  car,  d'après 
cet  auteur,  il  devrait  avoir  une  odeur  plus  forte  avec  l’âge,  ce 
qui  n'est  pas  le  cas  dans  notre  échantillon.  Il  correspond  bien 
au  Bois  de  Rose  femelle  quant  à la  structure,  mais  le  même 
fait  se  produit  dans  beaucoup  d'espèces  de  la  famille  des 
Lauracées. 

Caractères  généraux.  — Bois  très  léger  et  mou,  grain  assez 
fin,  un  peu  à rebours;  couleur  écrue  ou  légèrement  jaunâtre 
uniforme.  Surface  luisante  soyeuse.  Structure  bien  visible  en 
section  transversale,  où  la  nuance  est  un  peu  plus  foncée  que 
dans  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,510  environ  ; dureté, 
celle  du  Saule  ; presque  inodore  et  saveur  nulle. 

Echantillon  sans  écorce,  mais  sur  l’extérieur  de  la  bûche  se 
trouve  encore  beaucoup  de  liber  brun. 

Structure  du  bois.  — Voir  Bois  de  Rose  femelle,  n°  6200  A. 

Cèdre  blanc,  n°  6200  D. 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  0,331  ; force,  63  ; élast.,  122;  flex,  5, 
10.  Classe  6. 

Icônes : Moeller, pl.  II,  fig.  24,  section  transversale.  Berteau, 
figures  1 et  3,  sections  radiale,  transversale  et  tangentielle. 

Références.  — Bassières,  dans  Y Agriculture  des  pays 
chauds,  1911,  p.  1;  Berteau  dans  le  même  Bulletin,  1911, 
p.  265  ; Goldmeister,  p.  596  ; Guillenrin,  pp.  148  et  154  ; 
Roussell,  I,  p.  321  ; Sagot  dans  la  Revue  Maritime  et  Colo- 
niale, 1869,  pp.  208,  231  et  918. 

Bois  de  Crabe,  n°  6200  E. 

Pomel,  p.  131  : Cannelle  giroflée,  Capelet. 

Barrère  : Cannelle  giroflée,  Myrtus  caryophylli. 

Saldanha  da  Gama,  1867,  p.  82  : Palo  Cravo,  Dicypellium  caryophyl- 
lalurn. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


17 


A comparer  le  nom  de  Bois  de  Crabe  avec  les  noms  de 
Cravo  de  Huber  et  de  Bois  de  Cannelle  giroflée  de  Planchon. 
(V.  6200  A,  écorce.) 

Nectandra,  n°  6201. 

La  Guyane  est  tellement  riche  en  espèces  de  ce  genre  et  les 
bois  sont  si  difficiles  à être  distingués  les  uns  des  autres  qu'il 
me  semble  inulile  de  les  décrire  en  détail.  La  structure  est 
presque  uniforme  et  ne  nous  aide  guère  à la  détermination. 
La  seule  particularité,  d’ailleurs  très  difficile  à saisir,  est  la 
distribution  des  vaisseaux,  qui  varient  depuis  la  régularité 
remarquable  du  Nectandra  Rodioei,  fîg.  12,  pi.  VI,  où  ils 
sont  disposés  en  quinconce,  jusqu’aux  lignes  courbes 
des  autres  espèces.  Je  décris  la  structure  de  Nectandra 
Rodioei , qui  est  le  Cœur  vert,  comme  étant  le  bois  le 
mieux  connu  qui  puisse  servir  de  modèle,  et  qui  peut  être 
obtenu  le  plus  facilement  pour  la  comparaison.  J’ajoute  la 
description  du  Nectandra  cuspidata,  qui  est  bien  déterminé 
et  le  plus  typique  du  genre. 

Nectandra  Rodioei  Hook,  n°  6201  A. 

Synonymes:  N.  Rodier  Schk.  ; Ocotea  Rodiei  Miq. 

Noms  vulgaires:  Bibiru,  Black  Greenheart  (Bell).  Geelhart 
(Surinam),  Itauba  branca  (Prov.  sept.  Brésil),  Itauba  vermelha 
(Amaz.  Miers).  Tugui,  Tugul  (Kenworthy).  Rora  ek  (dialecte 
Accawoi.  Morris.  Est-ce  cette  espèce  ?).  Mainop  (Laslett). 
Beeberu  (Surinam,  Demerary  ; Sagot).  LipeerifSur.  Lanessan 
(Est-ce  Lipeeri  ou  Sipeeri?).  Biberoo  (Surinam  ; Icônes  ligno- 
rum).  Groenherz  (Wiesner).  Cœur  vert  (Guyane  Franç.); 
Greenheart  (Angl.).  Pakouli  (Surinam  ; Fuente).  Ce  n’est 
pas  le  Grœnhart  ou  Grœnhart  Stugo  de  Martin  Lavigne. 
(V.  5474.) 

La  variété  Sipiri  (Bell),  Sipiera,  Yellow  Greenheart  (Mor- 
ris) me  semble  due  aux  conditions  de  croissance. 

Je  me  demande  si  le  Tugui  de  Kenworthy  n’est  pas  le  Taigu 
d’Arnaudon.  (Voir  l'Ebène  verte,  n°  5474). 

Annules  du  Musée  colonial  de  Marseille.  — 3”  série,  8e  vol.  1920.  2 


H.  STONE 


18  . 

Le  Cœur  vert  n'est  pas  indiqué  par  Sagot  comme  indigène 
à la  Guyane  Française,  mais  je  le  cite,  car  le  Musée  Colonial 
de  Marseille  possède  un  échantillon  de  cette  provenance. 

L’échantillon  de  Bell  a été  déterminé,  d’après  les  feuilles 
et  les  fruits,  par  le  Dr.  Freeman. 

Caractères  généraux.  — Bois  dur,  très  lourd,  de  couleur 
verte,  brun  verdâtre  ou  brun.  Surface  luisante  sans  être  bril- 
lante, froide  au  toucher  et  fonçant  légèrement  à l'air  ; grain 
uni  et  compact,  quoique  gros.  La  nuance  de  la  coupe  trans- 
versale est  beaucoup  plus  foncée  que  celle  des  autres  sections, 
car  elle  est  souvent  presque  noire. 

Caractères  physiques.  — Densité,  de  0,938  à 1,200  ; dureté, 
celle  du  Balata  ou  du  Quebracho.  Odeur,  à sec,  nulle.  Bassières 
le  place  parmi  les  bois  odorants  ; peut-être  a-t-il  raison  lorsque 
le  bois  est  à l'état  frais.  Saveur  nulle.  Solution  aqueuse,  de 
couleur  brun  clair;  alcoolique,  incolore.  Il  brûle  bien,  et  laisse 
exsuder  à la  chaleur  des  gouttes  de  gomme  jaune.  Beauverie 
dit  qu'il  brûle  comme  un  flambeau,  avec  odeur  de  soufre,  mais 
je  n’ai  jamais  remarqué  ce  caractère.  Il  se  fend  facilement 
mais  est  résistant. 

Caractères  de  l’écorce.  — Épaisse  de  3 à 4 mm.  environ, 
dure  et  ligneuse;  brune  à l'intérieur,  et  couverte  de  petites 
tubérosités  à l’extérieur.  « Unie  et  blanchâtre,  d'après  Gui- 
bourt.  » La  surface  de  la  bûche  est  finement  striée.  Le  liber 
d’un  échantillon,  n°  126,  Guyane,  Musée  Colonial  de  Mar- 
seille, se  présente  en  minces  feuilles  comme  du  papier,  de 
couleur  brun  jaunâtre  clair  et  tenace. 

Structure  du  bois.  — L’aubier,  qui  n'est  pas  très  bien  déli- 
mité du  cœur,  est  épais  de  12  cm.  environ. 

Section  transversale.  — • A comparer  avec  la  figure  12, 
pl.  VI.  Couches  très  rarement  délimitées  ; la  coupe  est  très  uni- 
forme. 

Vaisseaux  très  apparents  par  leurs  bords  verts  ; grands, 
de  22  mm.  de  diamètre,  presque  uniformes  et  distribués  très 
régulièrement  en  quinconce.  Ils  sont  ovales,  simples,  et  plus 
souvent  par  groupes  subdivisés  de  3 à 4 vaisseaux;  de  4 à 
13  par  mm.  et  contenant  des  thylles. 


BOIS  UTILES  DE  UA  GUYANE  FRANÇAISE  19 

Rayons  visibles  à la  loupe,  fins,  uniformes,  assez  équidis- 
tants, à intervalles  d'une  distance  moindre  que  le  diamètre  d’un 
gros  vaisseau,  mais  s’écartant  à peine  au  niveau  de  ces  vais- 
seaux. Ils  sont  de  4 à 6 par  mm. 

Parenchyme  visible  et  même  très  apparent  : a entoure  les 
vaisseaux  ou,  d’autres  fois,  se  présente  en  petites  lignes  ou 
en  taches  qui  ne  les  entourent  pas  complètement. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  très  apparents,  quoique  se 
présentant  en  petits  sillons  le  long  des  bords  blanchâtres  du 
parenchyme.  Ces  sillons  sont  remplis  de  thylles  et  de  perles 
de  gomme  foncées.  Rayons  petits,  obscurs,  mats. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  rayons 
sont  visibles  seulement  à la  loupe. 

Emplois.  — Bon  pour  constructions  navales,  pour  travaux 
sous  l'eau,  en  général,  quais,  pilotis,  etc.  Il  éclate  s'il  est 
exposé  au  soleil.  Le  cœur  a souvent  des  défauts,  mais  non 
l’extérieur  (Laslett).  Il  résiste  au  Limnora  tcrebrans  et  aux 
tarets,  et,  après  le  Teck,  c’est  le  bois  qui  résiste  le  mieux  aux 
termites  (Oldriéve).  Il  est  attaqué  de  temps  en  temps  par  un 
ver  (Catal.  Kew.).  11  était  attaqué  par  les  tarets  à Boulogne 
(Beauverie).  On  dit  qu'il  devient  plus  rare  (Morris  en  1888). 

La  qualité  du  bois  varie  beaucoup. 

Ecli.  types  : 29,  2685  Bibiru,  30,  2686  Sipiri  ; Bell.  2312 
et  2354  Laslett.  N°  81 , Guyane,  Musée  Colonial  de  Marseille. 
La  section  de  Nœrdlinger. 

Icônes  : Planchon  et  Collin,  fig.  300,  section  transversale 
de  l’écorce  de  Beberu.  Icônes  Lignorum,  pl.  64,  fig.  4 ; en 
couleur.  Stone,  T.  of  C.,  pl.  IX,  lig.  99. 

Références  : Laslett,  p.  270  ; Bell,  p.  5 ; McTurk,  n°  27  ; 
Oldriéve,  p.  17;  Stone  et  Freeman,  p.  29  ; Stone,  lmp.  Inst. 
Journal,  VII,  p.  254  ; Bulletin  de  Kew.,  1893,  p.  183  ; Beau- 
verie, p.  369;  Bassières,  1911,  p.  1 ; Wiesner,  II,  p.  951. 

Nectandra  cuspidata  Nees  et  Mart.,  n°  6201  B. 

Synonyme  : Ocotea  cuspidata  Mart. 

Noms  vulgaires  : Burada,  Buradeah,  Bastard  Cirouaballi 


20 


II.  STONE 


(Bell).  Siruabally  bâtard.  Non  le  Boohoorada  (2011  G),  ni 
Barada-balli  (1150  J),  ni  Barata-balli  (4194  A). 

L’échantillon  type  a été  déterminé,  d après  les  feuilles 
et  les  fruits,  par  le  Dr.  Freeman. 

Caractères  généraux.  — Bois  très  léger  et  mou,  de  couleur 
verdâtre  ou  jaunâtre  uniforme,  et  d'un  brillant  soyeux  remar- 
quable ; grain  gros. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,420  environ;  dureté, 
celle  du  Simaruba,  et  moindre  que  celle  du  Sapin.  Sans  odeur 
ni  saveur. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  2 mm.  environ,  lisse, 
de  couleur  brun  rougeâtre,  remplie  de  petits  sclérites 
blancs  et  s'émiettant  facilement.  La  surface  de  la  bûche  est 
striée. 

Structure  du  Lois.  — Comme  celle  de  l’espèce  précédente, 
à part  les  différences  suivantes. 

L'échantillon  pris  sur  un  arbre  de  30  cm.  de  diamètre  était 
tout  en  aubier. 

Section  transversale.  — Les  rayons  sont  visibles. 

Section  radiale.  — Les  vaisseaux  sont  plus  foncés  que  le 
fond,  et  les  rayons  sont  facilement  visibles,  quoique  petits  ; 
bruns. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  plus  bril- 
lante, si  c’est  possible. 

Emplois.  — Bon  pour  charpente  d’intérieur  ; peut  être 
obtenu  facilement  jusqu'à  1 0 m.  sur  20  à 22  cm.  d’équarrissage 
(Bell).  Très  beau,  facile  à travailler,  mais  d'une  résistance 
douteuse.  11  ne  tient  pas  les  clous. 

Ecli.  type  : 13,  26G9  Bell. 

Références  : Bell,  p.  4 ; Stone  et  Fr.,  p.  13. 

Nectandra  Pisi  Miq.,  n°  6201  C. 

Sagot,  p.  918  : Pisi,  Bisi,  Cèdre  noir.  (V.  6201  M.) 

Lanessan,  p.  138  : N.  Pisi  Miq.;  synonyme,  N.  leucantha  Nees  (D'a- 
près l’Index  Kew.,  ce  dernier  est  une  bonne  espèce).  Cèdre  noir  ; bois 
incorruptible  et  de  grandes  dimensions  ; liant,  ferme,  léger  et  propre  à 
faire  des  bordages  de  navires,  à la  condition,  toutefois,  de  le  clouer  en 
cuivre,  car  il  attaque  rapidement  le  fer. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


21 


Niederlein,  p.  4,  et  Bassières,  1911,  p.  1 : N.  Pisi,  Cèdre  noir. 

Cat.  Expos.,  1867,  p.  38.  N.  Pisi.  Cèdre  noir.  Densité,  0,648  : le  bois 
ronge  très  promptement  le  fer. 

Martin-Lavigne,  p.  66  : Description  et  figures,  mais  d’une  détermina- 
tion douteuse. 

P tille  cite  Pisie  pour  Nec  faudra  glohosa  (Aubl.)  Mey.  et 
N.  Pichurim  (H.  B.  K.)  Mey. 

Nectandra  cymbarum  Nees  (nonSpr.,  ni  Poepp.),  n°  6201  D. 

Synonyme  : Ocotea  cymbarum  H.  B.  et  K. 

Guibourt,  II,  p.  344  : Bois  très  dur;  densité,  1,094,  de  couleur  brun 
noirâtre;  aubier  jaune  fauve,  presque  aussi  dur  que  le  bois.  La  section 
transversale  présente  un  pointillé  blanc  très  serré.  Odeur  et  saveur  très 
prononcées  de  Sassafras.  Le  même  (II,  p.  393),  à propos  de  l’écorce  de 
Pichurium  : Epiderme  gris,  blanchâtre,  brunâtre  ou  jaunâtre;  liber  de 
couleur  rouille  terne,  devenant  brunâtre  avec  le  temps.  Texture  assez 
compacte,  fine,  fibreuse  et  feuilletée.  Odeur  et  saveur  du  Sassafras, 
mais  plus  faibles  et  plus  suaves.  La  surface  intérieure  offre  souvent  une 
sorte  d’exsudation  blanche,  opaque  et  cristalline. 

Lanessan,  p.  138  : Sassafras  de  l’Orénoque,  gris  verdâtre,  compact  et 
lourd.  Lorsqu’on  le  râpe,  il  développe  une  odeur  de  Sassafras  et  d’anis  ; 
bois  incorruptible,  bon  pour  construction  navale  et  travaux  de  ballast. 

Nectandra  leucantha  Nees,  n°  6201  E. 

Grisebach  : Long-leaved  Sweet-wood,  Shingle-wood. 

Lanessan  : Voir  6201  C. 

Niederlein,  p.  4 : Cèdre  gris. 

Nectandra  sp.,  n°  6201  F. 

Noms  vulgaires  : Siruaballi  (Petsch  ; Brown  Cirouaballi, 
Silverbally  (Bell)  ; Subilereballi  (Hawtayné)  ; Cirouaballi  brun 
(Dark  Cirouaballi). 

L’échantillon  type  a été  déterminé,  d’après  les  feuilles  et 
les  fruits,  par  le  Dr.  Freeman,  comme  voisin  du  Nectandra 
Pisi  et  du  N.  Wana.  Ce  n’est  pas  le  bois  décrit  par  Martin- 
Lavigne  sous  le  nom  de  Pisi. 

Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  de  la  couleur 
brun  de  Cèdre  à la  teinte  brun  foncé,  parfois  rayé  de  noir. 
Surface  luisante,  fonçant  beaucoup  à l’air;  grain  plutôt  gros, 
dense  et  ouvert.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est  plus 
claire  que  celle  des  autres  sections. 


22 


H.  STONE 


Caractères  physiques.  — Densité,  de  0,783  à 0,905  ; dureté, 
celle  du  Charme.  Odeur  nulle,  sauf  lorsqu’on  le  travaille  ; en 
ce  cas,  son  odeur  rappelle  celle  du  Santal,  mais  n’est  pas 
agréable.  Saveur  légèrement  astringente.  Solution  aqueuse, 
incolore  ; alcoolique,  brun  clair.  Il  brûle  bien  et  laisse  exsuder 
un  suc  brun  à la  chaleur. 

Caractères  de  V écorce.  — Epaisse  de  5 mm.  environ,  dure  et 
fortement  adhérente,  remplie  de  sclérites  durs  ; gerçures  peu 
profondes. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  du  n°  6201  A,  à part  les 
différences  suivantes. 

Aubier  épais  de  7 cm.  environ,  brun  clair,  bien  délimité  du 
cœur. 

Moelle.  Diamètre  de  2 mm.  environ  ; brune,  plutôt  dure. 

Section  transversale.  — Couches  non  délimitées  ; les  zones  de 
couleur  claire  et  foncée  pourraient  en  être  les  limites. 

Vaisseaux  très  apparents  (non  verts)  ; beaucoup  par  groupes 
qui  en  contiennent  jusqu’à  10,  tendant  à se  disposer  en  lignes 
obliques  ; leur  contenu  est  parfois  foncé. 

Rayons  à peine  visibles  ; de  4 à 6 par  mm. 

Section  radiale.  Nuance  plus  foncée  que  celle  des  autres 
sections.  Vaisseaux  très  apparents,  parfois  noirâtres.  Rayons 
petits,  mais  plutôt  apparents. 

Emplois.  — Très  bon  pour  bateaux  (Hawtayne).  Peut  être 
obtenu  jusqu'à  16  à 19  m.  sur  43  à 47  cm.  d’équarrissage; 
l’are  (Bell).  Bois  d’une  utilité  générale,  mais  pas  joli  ; il  se 
fend  facilement  et  ne  prend  pas  les  clous. 

Ech.  types  : 17,  2673  Bell  ; 0232,  lmp.  Inst. 

Références  : Hawtayne,  p.  388  ; Bell.  p.  4 ; Stone  et  Fr., 
p.  17.  Icônes  lignorum,  pl.  67,  fxg.  5,  Sire  Babolie,  en  cou- 
leur. (Pourrait  être  cette  espèce.) 

Nectandra  sp.  n°  6201  G. 

Cirouaballi  jaune.  Yellow  Cirouaballi,  Silverballi,  Yakoora 
(Bell).  Yakura,  Yakooro  (Laslett).  Yakoro,  Cirouaballi  (Haw- 
tayne). Pisié  (Berkhout). 

Cette  espèce  devrait  se  rapporter  au  Nectandra  Pisi,  mais 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


23 


il  n’y  a rien  de  certain,  car,  si  Sagot  ne  fait  pas  erreui 
(v.  6201  C),  c'est  lé  Cèdre  noir  qui  a droit  à ce  nom  systéma- 
tique. L’échantillon  de  Bell  a été  déterminé  pour  Nectandra 
sp.,  d’après  les  feuilles  et  les  fruits  par  le  Dr  Freeman. 

Caractères  généraux.  — Bois  d’un  poids  moyen  et  d’une 
dureté  moyenne,  de  couleur  brun  clair  et  parfois  de  nuance 
verdâtre.  Surface  à peine  brillante,  fonçant  beaucoup  à l’air  ; 
grain  fin  et  ouvert.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est 
beaucoup  plus  foncée  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  phgsigues.  — Densité,  de  0,592  à 0,832  ; dureté, 
celle  du  Bois  de  Lance.  Odeur  légère  à sec  ; mais  lorsqu’il 
est  travaillé,  son  odeur  est  plutôt  aromatique,  rappelant  celle 
du  Cèdre  du  Liban  et  du  Callitris.  Saveur  d’épices,  tirant  un 
peu  sur  celle  de  Cèdre  à boîtes  à cigares.  Il  brûle  médiocre- 
ment et  sans  exsudation  ; il  se  fend  facilement. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  3 à i mm.  environ, 
lisse,  rougeâtre,  avec  de  grosses  fibres  à lintérieur.  Odeur  de 
camphre  lorsqu’on  le  rompt. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  du  n°  6201  A,  à parties 
différences  suivantes. 

L’aubier  est  de  couleur  blanc  sale,  épais  de  2 à 3 cm.  envi- 
ron. Il  passe  graduellement  au  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  non  délimitées  ; les  zones 
régulières  de  bois  plus  ou  moins  foncées  pourraient  en  être 
les  limites. 

Vaisseaux  visibles,  mais  pas  très  apparents,  tendant  à se 
disposer  en  lignes  obliques  irrégulières  ; ils  sont  peu  nombreux, 
de  9 à 13  par  mm.  Leur  contenu  se  compose  de  perles  luisantes 
ou  de  thvlles  qui  se  gonflent  lorsque  la  coupe  est  humectée  ; 
et,  de  ce  fait,  celle-ci  a l’apparence  d’une  fine  lime  au  tou- 
cher. 

Rayons  de  7 à 9 par  mm.  s’écartant  légèrement  au  niveau 
des  vaisseaux. 

Section  radiale. — Surface brillanteayant  parfois  une  nuance 
verdâtre.  Vaisseaux  plutôt  apparents,  contenant  des  perles  de 
gomme  argentées. 


24 


H.  STO.NE 


Section  tangenticlle.  — Comme  la  radiale,  mais  moins  bril- 
lante et  plus  foncée. 

Emplois.  — Bon  pour  bordages,  de  très  longue  durée  (Mc 
Turki.  Assez  joli,  très  commode  à travailler,  mais  ne  prend  pas 
les  clous,  car  il  se  fend  facilement. 

Ech.  types  : 18,  2674  Bell  ; 2623  et  2627  Berkhout  (Pisié)  ; 
0233,  lmp.  Inst. 

Icônes  lignorum  : PI.  6o  et  70,  en  couleur  (probablement 
cette  espèce). 

Références  : McTurk,  n°  60  ; Stone  et  Fr.,  p.  18. 

Nectandra  sp.  n°  6201  H. 

Noms  vulgaires  : Kretty  (Bell).  Keritee,  Bastard  Silver- 
balli  (Dalton).  Iverati,  Bucksnuff  (Aiken).  Ciretti,  Gieretje 
(Fogli).  Cretti  (Catal.  Exposition,  Paris,  1867). 

Le  genre  de  l’échantillon  de  Bell  a été  déterminé,  d'après 
les  feuilles  et  les  fruits,  par  le  Dr  Freeman. 

Ce  bois  ressemble  beaucoup  à l’espèce  précédente,  le  Pisié 
de  Berkhout. 

Caractères  généraux. — Bois  plutôt  mou  et  léger,  de  couleur 
brun  uniforme,  avec  surface  brillante  ; grain  moyen  et  ouvert  ; 
il  fonce  beaucoup  à Pair. 

Caractères  physiques.  — Densité,  de  0,434  à 0,ol2;  dureté, 
celle  du  Saule  ou  du  Simaruba.  Odeur  et  saveur,  celles  du  Cèdre 
à boite  à cigares.  Solution  aqueuse,  cramoisie;  alcoolique, 
rouge  brunâtre.  Le  bois  brûle  bien,  laissant  exsuder  un  suc 
brun  à la  chaleur;  il  se  fend  facilement. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  7 mm.  environ,  res- 
semblant à celle  du  Faux  Platane  (Sycomore),  mais  de  couleur 
rouge.  L'écorce  est  composée  de  deux  couches  fibreuses  et  de 
l’épiderme  ; la  couche  intérieure  est  foncée,  et  l’autre  plus 
claire  et  plus  molle.  La  surface  de  la  bûche  est  finement  striée. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  du  n°  6201  A,  à part  les 
différences  suivantes. 

L’aubier  est  épais  de  2 à 12  cm.,  de  couleur  blanc  grisâtre  ; 
il  passe  graduellement  au  cœur. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


25 


Moelle  de  3 mm.  de  diamètre  environ,  de  couleur  brun 
clair. 

Section  transversale.  (Voir  figure  13,  pi.  VI.  1 — Couches 
indéterminées  ; les  zones  de  nuance  variable  pourraient  en 
être  les  limites. 

Vaisseaux  par  groupes  pouvant  en  contenir  jusqu'à  7,  con- 
tenu luisant. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  plutôt  apparents,  mais  ne 
ressortant  pas  sur  le  fond  ; ils  contiennent  des  perles  argen- 
tées. Rayons  facilement  visibles,  mais  non  très  apparents  ; 
rougeâtres,  luisants. 

Emplois.  — Bon  pour  bordages  des  parties  supérieures  des 
bateaux,  cloisons,  etc.  ; peut  s'obtenir  jusqu’à  13m.  sur  37  cm. 
d’équarrissage  (McTurk). 

Très  commode  à travailler  ; se  fend  facilement  et  ne  se 
prête  pas  au  clouage. 

Ech.  types  : 50,  2706  Bell  ; 023i  lmp.  Inst.  ; 3033  Aiken. 

Icônes  : Stone,  T.  of  C.,  fîg.  101  ; Icônes  lignorum , fig.  3, 
pl.  61,  en  couleur.  (Probablement  cette  espèce?) 

Références  : McTurk,  n°  56  ; Stone  et  Fr.,  p.  51. 

Waibaima,  n°  6201 . 

Deux  variétés  de  bois  portent  ce  nom.  La  première  n’est 
pas  déterminée,  mais  sa  structure  me  fait  supposer  que  c’est 
un  Nectandra  ; la  deuxième  a été  déterminée,  d'après  les 
feuilles  et  les  fruits,  comme  Nectandra  s p. 

Var.  I.  — Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  de 
couleur  brun  verdâtre  ; pouvant  être  confondu  avec  le  Cœur 
vert  (6201  A).  Surface  à peine  brillante,  fonçant  à l’air,  et 
devenant  plus  brune  ; grain  gros  et  ouvert.  La  section  trans- 
versale présente  des  bandes  de  couleur  qui  ne  sont  pas  con- 
centriques avec  les  couches. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,912  ; dureté,  celle  du 
Kakeralli.  Odeur  nulle.  Saveur  légèrement  astringente.  Solu- 
tion aqueuse,  de  couleur  verte.  Le  bois  brûle  bien. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  du  n°  6201  A,  à part 
les  différences  suivantes. 


26 


H.  STONE 


Aubier  épais  de  2 cm. b environ,  de  couleur  blanc  rougeâtre, 
assez  bien  délimité  du  cœur. 

Section  transversale.  — Vaisseaux  tendant  à se  disposer  en 
lignes  obliques  ; leur  contenu  se  gonfle  lorsqu  ils  sont  humec- 
tés. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  gros,  mais  sans  couleur  et 
peu  apparents.  Rayons  blanchâtres,  petits,  mats  et  peu  appa- 
rents. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  vaisseaux 
se  présentent  en  stries  blanchâtres.  Fibres  très  obliques. 

Emplois.  — Bon  pour  constructions  navales  et  pour  les 
mêmes  usages  que  le  Cœur  vert  ; il  est  même  réputé  supérieur. 
C'est  le  meilleur  bois  de  la  Guyane  Anglaise  pour  bordages  ; 
abondant  McTurk  . 

Il  se  travaille  plus  facilement  que  le  Cœur  vert,  mais  le 
grain  est  « à rebours  ». 

Ech.  type  : 0231  lmp.  Inst. 

Références  : McTurk,  p.  5;  Stone,  T.  of  C p.  181,  pl.  XI, 
fig.  99. 

Var.  II.  — Waibaima  (Bell). 

Caractères  généraux.  — Bois  d'un  poids  moyen  et  d'une 
dureté  moyenne,  du.  brun  clair  au  jaune  soufre  et  même  au 
vert.  Surface  légèrement  brillante. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,782  : dureté,  celle  du 
Teck  ou  du  Hêtre. 

Caractères  de  l écorce.  — Epaisse  de  7 mm.  environ  ; compo- 
sée de  petites  écailles  arrondies  qui  se  détachent  facilement. 
D'autres  alors  apparaissent,  qui  sont  de  couleurs  diverses, 
blanches  ou  brunes  ; c’est  un  cas  très  rare.  Lorsqu'on  la  scie, 
elle  répand  une  odeur  aromatique.  C’est  de  cette  écorce  que 
parle  probablement  McTurk,  car  le  bois  est  inodore. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  delà  variété  précédente  ; 
les  différences  importantes  ne  se  trouvent  que  dans  l'écorce  et 
l’aubier. 

L aubier  n’est  pas  différent  du  cœur,  vers  lequel  il  passe 
graduellement. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


27 


Ech.  types  : 89,  2745  Bell. 

Références  : Bell,  p.  10  ; Stone  et  Fr.,  p.  90. 

Wyaballi  (Bell),  n°  6201  J. 

Rien  ne  me  prouve  que  cette  espèce  soit  un  Nectandra, 
mais  sa  structure  ressemble  tellement  à celle  du  Cœur  vert 
(6201  A)  que  je  crois  bien  faire  en  la  plaçant  ici. 

Caractères  généraux.  — • Bois  d’un  poids  moyen  et  d’une 
dureté  moyenne,  passant  du  blanc  verdâtre  à la  couleur  jaune  ; 
surface  compacte,  légèrement  luisante,  et  fonçant  légèrement 
à l’air.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est  à peu  près  la 
même  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,786  ; dureté,  celle  du 
Teck.  Sans  odeur  ni  saveur. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  2 à 4 mm.  environ,  se 
détachant  en  petites  écailles  arrondies,  remplies  de  sclérites 
blancs.  La  couche  interne  est  grise  et  fibreuse  en  section  trans- 
versale. La  surface  de  la  bûche  est  finement  ridée. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  du  n°  6201  A,  à part 
les  différences  suivantes. 

L’aubier  est  épais  de  2 cm. 5 environ  et  n’est  pas  très  bien 
distinct  du  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  en  apparence  délimitées  ; 
les  zones  plus  ou  moins  pourvues  de  vaisseaux  pourraient 
indiquer  les  limites. 

Vaisseaux  se  disposant  en  lignes  obliques. 

Parenchyme  a entourant  les  vaisseaux  et  s’étendant  en 
courtes  ailes  qui  ont  la  longueur  du  diamètre  d’un  vaisseau. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  parfois  remplis  de  perles  de 
gomme  luisantes. 

Emplois.  — Bon  pour  constructions  ; ne  s'obtient  pas  faci- 
lement (Bell).  Se  fend  aisément  et  ne  se  travaille  pas  très  bien. 

Ech.  type  : 96,  2752  Bell. 

Références  : Bell,  p.  10  ; Stone  et  Fr.,  p.  98. 

Waranana  (Bell),  n°  6201  K (non  Warananaballi  2337). 

Ce  bois  n’est  pas  déterminé,  mais  sa  structure  ressemble 
beaucoup  à celle  des  Nectandra  ; je  le  place  ici  sous  réserves. 


28 


H.  STO.NE 


Caractères  généraux. — Bois  dur  et  lourd,  de  couleur  jaune 
tirant  sur  le  vert.  Surface  compacte,  luisante,  fonçant  légère- 
ment à l'air.  La  nuance  de  toutes  les  coupes  est  à peu  près  sem- 
blable. 11  ressemble  au  Cœur  vert  de  qualité  inférieure. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,918  ; dureté,  celle  du 
Cœur  vert.  Sans  odeur  ni  saveur  ; se  fend  facilement. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  du  n°  6201  A,  à part 
les  différences  suivantes. 

L'aubier  n'est  pas  différent  du  cœur.  La  surface  de  la  bûche 
est  striée. 

Section  transversale.  — Couches  parfois  délimitées  par  une 
zone  de  bois  plus  dense. 

Vaisseaux  blancs.  Rayons  visibles. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  très  apparents.  Rayons  semi- 
translucides,  visibles  par  réflexion. 

Emplois.  — Employé  par  les  Indiens  pour  les  constructions  ; 
de  dimensions  étroites,  mais  hautes  ( Bell  . Se  travaille  médio- 
crement. 

Ech.  type  : 93,  2749  Bell. 

Références  : Bell,  p.  10;  Stone  et  Fr.,  p.  96. 

Les  Cèdres  (Lauracées),  n°  6201  L. 

La  distinction  des  « Cèdres  » est  très  difficile,  car  ils  ont  une 
structure  très  uniforme  qui  rappelle  parfois  celle  des  Nectan- 
dra  et  celle  des  Ocotea , deux  genres  qui  présentent  de  grandes 
difficultés  pour  la  détermination,  même  si  on  a le  matériel 
voulu.  Quant  aux  bois  de  Dumonteil  et  de  la  Comm.  de  Brest, 
les  détails  sont  insuffisants  pour  me  permettre  d'affirmer  à 
quelle  espèce  ils  appartiennent,  mais  il  est  bien  probable  que 
ces  bois  appartiennent  à des  espèces  que  nous  avons  déjà 
citées. 

Cèdre  noir  voir  6201  Ci,  n°  6201  M. 

Echantillon  n°  131,  série  II.  Lyon,  de  la  Guyane  Française. 
Quoique  ce  bois  ait  peu  de  rapport  avec  les  Nectandra , je 
crois  bien  que  le  nom  de  Cèdre  noir  lui  est  applicable,  c’est 
pourquoi  je  le  place  ici. 


nuis  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


29 


Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  brun  foncé  rayé 
de  noir  et  strié  de  pores  de  couleur  brun  clair.  Surface  plu- 
tôt mate,  qui  présente  en  coupe  tangentielle,  lorsqu’elle  est 
humectée  ou  polie,  un  effet  légèrement  moiré.  La  nuance  de 
la  coupe  transversale  est  beaucoup  plus  foncée  que  celle  des 
autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,680  ; dureté,  celle  du 
Cerisier.  Sans  odeur  ni  saveur.  La  densité  est  à peu  près  la 
même  que  celle  citée,  Cat.  Expos.  Univ. , 1 867,  p.  38,  pour  Cèdre 
noir,  Nectandra  Pisi. 

Structure  du  bois.  — Section  transversale.  Couches  souvent 
bien  délimitées  ; les  zones  de  bois  plus  denses  et  presque 
dépourvues  de  vaisseaux  forment  les  limites. 

Vaisseaux  visibles  et  même  très  apparents  à cause  de  leur 
parenchyme  brun  ; grands,  de  0 mm. 2 de  diamètre.  Ils  sont 
distribués  très  irrégulièrement  en  lignes  obliques  ou  même 
courbes,  laissant  de  grands  vides  ; peu  nombreux,  depuis 
1 par  2 mm.  q.  jusqu’à  10  par  mm.q. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  fins,  uniformes,  écartés  les  uns 
des  autres,  d’une  distance  égale  environ  au  diamètre  d'un  gros 
vaisseau.  Ils  sont  de  4 à 5 mm.,  presque  réguliers  et  de  cou- 
leur brune. 

Parenchyme  abondant,  visible  et  même  très  apparent,  a, 
entourant  les  vaisseaux  en  de  larges  bords,  et  parfois  s'éten- 
dant en  de  très  courtes  ailes  qui  sont  visibles  lorsqu’elles  sont 
humectées  ; brun  mais  plus  clair  que  les  rayons. 

Section  radiale.  — Couches  à peine  délimitées.  Vaisseaux 
bien  visibles  en  sillons  bruns,  vides  ou  remplis  d’une  gomme 
de  couleur  brun  clair. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  couches 
sont  faiblement  indiquées  par  des  lignes  ou  des  lacets.  Rayons 
visibles  à la  loupe,  de  couleur  brun  foncé  ; leur  hauteur  est  de 
1 mm. 5 environ. 

Cèdre  noir  marécage,  n°  6201  N. 

Dumonteil,  p.  154  : Densité,  0,531  ; force.  130;  élast.,  142;  p.  160. 
Classe  3,  celle  des  Pins. 

Sagot,  p.  918  : Cèdre  marécage  ; médiocre. 


30 


H.  STONE 


Cèdre  noir  montagne,  n°  6201  O. 

Dumonteil,  loc.  cit.  Densité,  8,6 iS  ; force,  159  ; élast.,  129  ; flexib. 
2,18.  Classe  3. 

Cèdre  jaune.  n°  6201  Q. 

Dumonteil,  loc.  cit  : Densité,  0,489;  force,  145;  élast.,  235;  flexib., 
2,68.  Classe  3. 

Commission  de  Brest,  p.  157  : Densité,  de  0,614  à 0,719;  force,  de 
620  à 880  ou  1,12  si  le  Chêne  égale  1 ; élast.,  de  14  à 22. 

La  même,  p.  165  : Se  rompt  d’un  seul  éclat  sans  avertissement.  Dans 
a moitié  de  la  section  de  rupture,  les  fibres  sont  comme  tranchées  net. 
La  même,  p.  188  : Conservé  à couvert  ; force,  de  920  à 950  ou  de  1,12  à 
1,40  si  le  Chêne  — 1 : élasticité,  de  22  à 30.  Conservé  à découvert  ; force, 
de  860  à 916  ou  1,14  si  le  Chêne  = 1 ; élast.,  de  25  à 27.  Le  bois  se 
rompt  net.  La  même,  p.  197.  Classe  Ib. 

Le  bois  paraît  être  celui  de  Dumonteil. 

Cèdre  savane,  n°  6201  P. 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  0,431  ; force,  103  ; élasticité,  130;  flexi- 
bilité, 4,42.  Classe  3. 

TRIBU  II.  — L1TSÉAGÉES 

Laurus  (espèces  non  déterminées),  n°  6213. 

Sagot,  p.908:  Aiouea,  Laurus  sp.  (V.  6184  et  1571  F.) 

Lanessan,  p.  138  : Laurus  sp.  Bois  cannelle,  en  raison  de  son  odeur 
Densité,  0,801  ; inattaquable  par  les  insectes  ; bon  pour  construction 
navale  et  traverses  de  chemin  de  fer. 

Dumonteil,  p.  154  : Bois  cannelle.  Densité,  0,801  ; force,  184  ; élast., 
146,  flexib.,  1,97.  (Est-ce  bien  ce  genre  ?)  Cependant  de  Lanessan  adopte 
la  densité  de  Dumonteil.  (V.  aussi  6190.  6193  A et  6200  C,  E et  I.) 

TRIBU  IV.  — HERNANDIÉES 
Hernandia  guianensis  Aubl.,  n°  2615  A. 

Aublet,  p.  846  : Mirobolan  (fruit)  ; écorce  lisse,  blanchâtre  ; bois  blanc, 
peu  compact,  fort  léger  et  aromatique  ; il  peut  être  employé  comme 
amadou,  car  il  prend  facilement  feu  sous  le  briquet. 

Bremer,  p.  203  : Foungou  (Surinam). 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE  31 

Hernandia  sonora  Lin.  (non  Miq.,  ni  Zoll),  n°  6215  B. 

Aublet,  p.  852  : Mirobolan. 

Icônes  lignorum  : pl.  XXX,  fig.  5,  en  couleur  ; Myrobolan. 


FAMILLE  CLX.  - EUPHORBIACÉES 

TRIBU  IV.  — PHYLLANTHÉES 
Amanoa  guianensis  Aubl.,  n°  6293. 

Ce  bois  est  souvent  confondu  avec  les  Bois  de  lettres  (6333) 
et  les  Satinés  (2011),  qu’il  faut  étudier  ensemble.  Peut-être 
une  des  sortes  de  Satinés  peut-elle  se  rapporter  à cette 
espèce,  surtout  d’après  le  témoignage  de  Sagot,  mais  je  n’ai 
jamais  rencontré,  parmi  les  Euphorbiacées,  aucun  bois  qui 
puisse  leur  ressembler  en  structure  et  en  caractères  généraux. 
Cependant  je  dois  avouer  que  je  ne  connais  pas  Y Amanoa. 

Aublet,  p.  256  : Amanoua  (Galibis)  ; écorce  épaisse  et  blanchâtre  ; 
bois  blanc,  très  compact  ; exposé  à l'air,  il  roussit. 

Saldanha  da  Gama,  p.  256  : Amanoa  guianensis,  Bowwood,  Washiba, 
Bois  de  lettres. 

Berkhout,  pp.  25  et  31  : Ongespikkled  Letterhout  ; Ongevlamde  ou 
Manletterhout  (Surinam). 

Sagot,  1869,  p.  922  : A.  guianensis  ; le  Bois  de  lettres  rouge  « d’après 
M.  Louis,  colonisateur  expérimenté  qui  me  désigna  l'arbre  ».  Le  même, 
p.  913.  Ce  n’est  pas  le  même  arbre  que  le  Satiné  rubané. 

Bassières,  p.  3 : A.  guianensis.  Bois  de  lettres,  de  couleur  brun  rou- 
geâtre avec  des  veines  noires,  mais  il  est  plus  clair  que  le  Brosimum  ; 
densité,  1 ,049. 

L'auteur  prend  ce  chiffre  de  Dumonteil  (Bois  de  lettres 
moucheté)  sans  justification  apparente. 

Niederlein,  p.  2 : Bois  de  lettres  à grandes  feuilles  ; bois  de  lettres 
rouge  ; Amanoa  guianensis. 

Pour  les  autres  citations,  voir  nos  2011  et  6623. 

Antidesma,  n°  6433. 

Voir  Minquartia,  partie  III,  n°  4. 


32 


11.  STONE 


Hyeronyma  alchornioides  Fr.  Allem.,  u°  6434. 

Synonyme  : H.  clusioides  Tul. 

Noms  vulgaires  : Dalima  (Honduras  Angl.  ; Debrot).  Il  y 
a deux  variétés  : Urucurana  ou  Urucurana  de  leite  et  Urucu- 
rana,  mirim  ou  Urucurana  de  prego.  Arocurana  appliqué  à 
plusieurs  espèces  du  même  genre  et  aussi  à Urena  et  Croton 
(Brésil;  d'après  Rodriguès).  Gedro  macho  (Antilles;  Urban). 
Suradanni  (Guyane  Angl.  ; Bell),  nom  cité  aussi  pour  Hye- 
ronyma  laxiflora  Muel  par  Rodway.  Tapana  (Trinité  ; lmp. 
Inst.). 

Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  le  Urucurana  ( Sloania  den- 
tata),  n°  882  B. 

L’échantillon  de  Bell  a été  déterminé,  d'après  les  feuilles  et 
les  fruits,  par  le  Dr  Freeman. 

Caractères  généraux . — Bois  plutôt  dur  et  lourd,  ressem- 
blant à l’Acajou.  D'après  da  Gama,  de  couleur  rouge  clair. 
Surface  plutôt  mate.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est 
légèrement  plus  foncée  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  de  708  à 940  ; dureté, 
celle  du  Charme.  Sans  odeur  ni  saveur. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  o à 6 mm.,  brun  rou- 
geâtre, liégeuse,  gercée,  et  se  détachant  en  minces  plaques. 
La  couche  interne  est  fibreuse,  brun  foncé  et  pleine  de  sclérites 
clairs  en  forme  d'aiguilles.  D'après  da  Gama,  écorce  toujours 
unie  ; grosse  et  légèrement  gercée  ; lactescente.  La  surface  de 
la  bûche  est  lisse  ou  striée. 

Structure  du  bois.  — Aubier  brun,  épais  de  o cm.  environ 
et  bien  délimité  du  cœur.  D'après  da  Gama,  de  couleur  légère- 
ment rouge  clair. 

Section  transversale.  — Couches  en  apparence  délimitées  ; 
les  zones  du  bois  où  il  y a le  moins  de  vaisseaux  semblent 
former  les  limites. 

Vaisseaux  facilement  visibles  comme  des  piqûres,  diminuant 
beaucoup  vers  le  bord  extérieur  de  la  couche  ; ils  sont  distri- 
bués inégalement,  et  serrés  ou  rares  suivant  les  zones. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  fins,  uniformes,  s’écartant  légè- 
rement au  niveau  des  vaisseaux  ; de  couleur  laiteuse. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


33 


Parenchyme  a entourant  étroitement  les  vaisseaux. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  gros  et  tout  à fait  creux,  ce 
qui  donne  à la  section  une  apparence  filandreuse.  Rayons  à 
peine  visibles  à cause  du  manque  de  couleur,  mais  ils  sont 
très  apparents  dans  l’aubier  humecté. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  rayée  par 
des  zones  plus  ou  moins  poreuses  ; les  fibres  sont  très  « à 
rebours  »,  car  elles  sont  fortement  inclinées  de  couche  en 
couche. 

Emplois.  — Rais  de  roues  (Brésil  ; Silva).  Bordages,  planches 
pour  bateaux  ; peut  s'obtenir  facilement  jusqu’à  11  m.  sur 
30  à 31  cm.  d'équarrissage  (Bell).  Carrosserie,  ébénisterie, 
ponts,  poutres,  pour  travaux  exposés  à l'eau  de  mer  et  dans 
les  endroits  humides.  L Urucurana  de  leite  est  supérieur  à 
rUrucurana-mirim,  il  fournit  des  traverses  qui  durent  12  ans; 
il  donne  une  teinture  jaune  et  une  résine  médicinale  (Brésil  ; 
Pereira).  Allemao  dit  que  l’Urucurana  du  Brésil  du  Sud  est 
très  différent  du  bois  de  la  Guyane. 

Ech.  type  : 8 i , 2740  Bell  ; 2740,  lmp.  Inst.  Icônes  ligno- 
rum,  pl.  63,  fig.  4,  et  pl.  67,  fig.  1,  en  couleur.  (Probablement 
cette  espèce,  mais  l’échantillon  qui  avait  servi  pour  ces  figures 
devait  être  atteint  d’un  champignon.) 

Références  : Silva,  ms.  ; Bell,  p.  9 ; Rodriguès,  p.  132  ; 
Pareira,  p.  76;  « Brazil  »,  p.  311  ; Allemao,  p.  31  ; Saldhana 
da  Gama,  1863,  p.  132  ; Stone  et  Fr.,  p.  83. 

TRIBU  VI.  — CROTONÉES 

Hevea  guianensis  Aubl.,  n°  6453  A. 

Synonyme  : Siphonia  elastica  Pers. 

Préfontaine,  p.  135  : Bois  seringue,  Paô  de  Xiringa  (Portug.);  Hhéve 
(Prov.  Esméraldas),  levé  (Espag.)  ; Caoulchouc  chez  les  Mainas. 

Aublet,  p.  871  : Ecorce  grisâtre,  -légèrement  épaisse  ; bois  blanc  et 
peu  compact  ; Seringa  (Gai  ipons)  ; Hévé  (Esméraldas)  ; Caoutchouc 
(Mainas);  Paô  seringa  (Portug.  Para). 

Lanessan,  p.  47  : Bois  de  seringue  ; bois  blanc,  grain  peu  serré  ; sans 
utilité. 

Huber,  p.  189  : Seringueira  vermelha  (Brésil). 

Annules  du  Musée  colonial  de  Marseille.  — 3'  série,  8' vol.  1920. 


3 


34 


H.  STONE 


Koolaballi  (Bell),  n°  6453  B. 

Probablement  Hevea  sp.  d'après  le  D1’  Freeman. 

Caractères  généraux.  — Bois  d’un  poids  moyen  et  d'une 
dureté  moyenne,  de  couleur  gris  sale.  Surface  brillante,  fon- 
çant très  légèrement  à l'air.  Grain  gros  en  apparence.  La 
nuance  de  la  coupe  transversale  est  un  peu  plus  foncée  que 
celle  des  autres  sections. 

Densité,  0,593  à 0,830  ; dureté,  celle  du  Faux  Platane. 
Odeur  à sec  nulle  ; un  peu  spéciale  lorsqu’on  scie  le  bois. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  5 à 6 mm.,  lisse,  com- 
pacte, ligneuse  à l'extérieur  ; fibreuse.  La  surface  de  la  bûche 
est  lisse  ou  striée. 

Structure  du  bois.  — L'aubier  n’est  pas  différent  du  cœur, 
du  moins  dans  un  arbre  de  37  cm.  de  diamètre. 

Section  transversale . — Couches  non  délimitées,  les  zones 
de  bois  plus  denses  pourraient  être  les  limites. 

Vaisseaux  à peine  visibles,  comme  des  piqûres,  très 
variables,  mais  irrégulièrement  avec  tendance  à se  disposer 
en  files  radiales. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  fins,  uniformes,  exceptionnelle- 
ment nombreux  et  serrés,  écartés  les  uns  les  autres  d’une 
distance  bien  moindre  que  le  diamètre  d'un  gros  vaisseau  et 
se  trouvant  parfois  4 dans  cet  intervalle  ; ils  sont  souvent 
interrompus  par  les  lignes  du  parenchyme. 

Le  parenchyme  a entoure  les  vaisseaux  ; b se  présente  en 
lignes  minces,  serrées,  nombreuses,  concentriques,  légère- 
ment ondulées  et  d une  largeur  un  peu  moindre  que  celle  des 
rayons  avec  lesquels  elles  forment  un  filet. 

Section  radiale.  — Brillante.  Vaisseaux  disposés  par  2 et 
parfois  par  3,  formant  un  gros  grain  ; ils  sont  plus  foncés  que 
le  fond.  Rayons  fins,  étroits,  luisants  et  cristallins. 

Section  tangcntielle . — Comme  la  radiale,  mais  non  brillante, 
à peine  luisante  seulement.  Rayons  très  petits. 

Emploi.  — Abondant,  mais  peu  de  valeur  (Bell). 

Ech.  typ  : 53,  2709  Bell. 

Référence  : Stone  et  Fr.,  p.  54. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


35 


Joannesia  Princeps  Vell,  n°  6454. 

Barrère,  p.  27  : Calaba,  Anda  brasiliensibns  de  MaregrafT.  (Est-ce 
cette  espèce?) 

Pereira  5e  édition,  p.9.  Andâ-assû  : cœur  blanc  avec  de  légères  mou- 
chetures. Densité,  0,494  ; pour  ouvrage  d’intérieur,  fibres  beaucoup  à 
rebours. 

Jatropha  multifida  Lin.,  n°  6455. 

Aublet,  p.  884. 

Croton  matourense  Aubl.,  n°  6460  A. 

Aublet,  p.  879  : écorce  lisse,  cendrée  ; bois  blanc,  léger. 

Croton  guianense  Aubl.,  n°  6460,  B. 

Aublet,  p.  892:  Moelleux  à l’intérieur. 

Manihot  utilissima  Pohl.,  n°  6488. 

Synonyme  : Jatropha  Manihot  Lin.  (non  Vell.). 

Bâillon,  V,  p.  180  : Donne  le  Manioc,  Cassave,  Moussache,  Couac, 
Tapioca. 

Conceveiba  guianensis  Aubl.,  n°  6514. 

Aublet,  p.  92t  : Conceveibo  (Galibis)  ; Aubarouna  (Brésil)  ; écorce 
grise  ; bois  blanc. 

Sagot,  p.  922  : Bois  mou. 

Chætocarpus  sp.,  n°  6538. 

Boobooraballi  (Bell.).  Le  genre  de  l'échantillon  a été  déter- 
miné, d’après  les  feuilles  et  les  fruits,  par  le  L)r  Freeman. 

Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  de  couleur  brun 
rougeâtre  uniforme  ; grain  serré,  surface  brillante  et  satinée. 
Il  ressemble  à l’Érable  à sucre. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,840  ; dureté,  celle  du 
Charme.  Odeur  à sec  nulle.  Saveur  insipide. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  3 à 4 mm.  Elle  se 
détache  en  plaques  étroites  découvrant  la  couche  sous-jacente 
de  couleur  rouge.  Surface  intérieure  ridée  de  côtes  en  fuseaux. 
La  surface  de  la  bûche  est  sillonnée,  et  scintillante  de 
toutes  petites  perles  de  gomme. 


36 


H.  STONE 


Structure  du  bois.  — Gomme  celle  du  Lecylhis,  à part  les 
différences  suivantes. 

L’aubier  n’est  pas  différent  du  cœur,  du  moins  dans  un 
arbre  de  29  cm.  de  diamètre. 

Section  transversale.  — Vaisseaux  à peine  visibles  comme 
des  piqûres,  ne  diminuant  pas  vers  l'extérieur  de  la  couche, 
mais  augmentant  beaucoup  avec  l’âge  de  l’arbre.  Ils  sont 
distribués  inégalement  et  forment,  en  apparence,  des  groupes 
en  lignes  obliques  ; peu  nombreux,  simples  ou  par  groupes 
de  2 à 5 ; de  couleur  foncée,  sauf  lorsqu’ils  sont  remplis  de 
matière  blanche. 

Parenchyme  b se  présente  en  lignes  de  la  largeur  environ 
de  celle  des  rayons. 

Emplois.  — Meubles  ; peut  s’obtenir  jusqu’à  17  mm.  sur 
30  cm.  d’équarrissage  (Bell). 

Plutôt  dur  à travailler  ; joli  bois. 

Ech.  type  : 10,  1666  Bell. 

Références  : Stone  et  Fr.,  p.  10. 

Omphalea  triandra  Lin.  (non  Tussac),  n°  6561. 

Aublet,  p.  846. 

Hippomane  mancinella  Lin.,  n°  6563. 

Sloane,  p.  219  : Ecorce  imitant  celle  du  Poirier,  mais  plus  épaisse  et 
remplie  de  lait  blanchâtre,  visqueux  et  corrosif.  Sous  l'aubier,  le  bois 
est  grisâtre,  avec  de  grandes  et  petites  ondulations  de  teintes  diffé- 
rentes. Il  est  parsemé  d’yeux  de  perdrix,  est  plus  beau,  et  sa  nuance 
est  plus  jolie  que  le  noyer  et  que  le  cœur  et  les  racines  de  l'Olivier. 
Si  I on  se  frotte  les  mains  avec  son  bois  vert,  il  vous  occasionne  des 
ampoules. 

Aublet,  p.  885  : Cet  arbre  est  connu  à Cayenne  sous  le  nom  de 
Figuier. 

Varenne-Fenille,  p.  143  : Mancenillier . Bois  brun  mêlé  de  jaune 
obscur.  Couches  étroites.  Les  rayons  ne  se  distinguent  pas.  La  section 
longitudinale  présente  les  vaisseaux  remplis  d'une  matière  noirâtre. 
Densité,  1,192. 

Icônes  lignorum  : Manzenillerbaum,  pl.  XVI,  fîg.  1,  en  couleur. 

Le  Règne  végétal,  II:  Bois  léger,  se  corrompant  facilement  et  répan- 
dant en  brûlant  des  fumées  dangereuses.  On  l’emploie,  dit-on,  pour 
guérir  une  sorte  de  tumeur  que  les  nègres  ont  parfois  aux  pieds  et  que 
l’on  nomme  -<  Crabe  ». 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


37 


Description  d'après  l’échantillon  du  Musée  Colonial  de  Mar- 
seille, n°  73  bis,  Guadeloupe;  petite  tige  de  9 cm.  5 de  dia- 
mètre, tout  en  aubier. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  1 à 3 mm.,  lisse  ; épi- 
derme gris  ; par  ses  gerçures,  il  laisse  voir  la  couche  sous- 
jacente  de  couleur  jaune  vif  et  rouge.  L'écorce  est  de  struc- 
ture uniforme,  dure  et  ligneuse,  et  d’une  cassure  filandreuse. 
Un  peu  de  liber.  Saveur  légèrement  aromatique. 

Structure  du  bois.  — L’aubier  a une  couleur  de  pain  bis. 

Moelle  arrondie,  de  1 à 2 mm.  de  diamètre. 

Section  transversale.  — Couches  en  apparence  délimitées, 
indiquées  par  le  changement  dans  les  intervalles  et  le  nombre 
de  lignes  du  parenchyme. 

Vaisseaux  grands,  simples  ou  par  groupes  de  2 à 6,  beau- 
coup par  groupes  de  3.  Les  groupes  de  plus  de  3 ont  à chaque 
extrémité  un  vaisseau  plus  gros  que  celui  du  milieu.  Ils  sont 
peu  nombreux  ; de  1 à 6 par  mm.  q. 

Rayons  plutôt  fins,  mais  visibles  à la  loupe  ; très  irréguliers 
en  largeur  ; dans  la  longueur,  ils  ont  l'apparence  d’être  tor- 
tueux lorsque  le  bois  se  rétrécit.  Ils  sont  de  13  à 20  par  mm. 
ou  de  3 à i dans  le  diamètre  d'un  gros  vaisseau. 

Parenchyme  visible  à la  loupe  ; a entourant  les  vaisseaux, 
s’étendant  aux  lignes  concentriques  continues.  Ces  lignes  sont 
à intervalles  et  de  contour  irréguliers  ; de  5 à 7 par  mm.  ; elles 
forment,  avec  les  rayons,  un  filet  lâche  et  irrégulier. 

L'échantillon  ne  montrait  pas  les  sections  radiale  et  tan- 
gentielle. 

Maprounea  guianensis  Aubl.,  n°6365. 

Aublet,  p.  894  : écorce  lisse,  grisâtre  ; bois  blanchâtre  et  peu  compact. 

Sapium  aucuparium  Jacq.  (non  Willd.),  n°63G7. 

Synonyme  : Hippomane  biglandulosa  Lin.  (non  Sw.). 

Aublet,  p.  885. 

Hura  crepitans  Lin.,  n°  6377. 

Aublet,  p.  885:  Maman  Cacao.  Pour  les  fruits:  Sablier,  Amandes  à 
purger  (Nègres). 

Grisebach  : Sandbox-trec  (Antill.  Angl.). 

Rulle  : Postentree  (Surinam). 


38 


H.  STOVE 


FAMILLE  CLXII.  — URTICAGÉES 

TRIBU  IV.  — MORÉES 

Bagassa  guianensis  Aubl.,  n°  G608. 

Préfontaine,  p.  145:  Bagasse.  Bois  léger,  ne  coule  pas  et  n'enfonce 
jamais.  Le  mot  Bagasse  est  employé  pour  la  canne  à sucre  sortant  du 
moulin. 

Aublet,  Suppl. , p.  15  : Bagasse  Galibis).  Écorce  lisse,  cendrée  ; bois 
blanc,  bon  pour  pirogues,  courbes  et  madriers  pour  navires.  On  pré- 
tend que  le  bois  des  montagnes  est  plusléger,et  qu’il  flotte,  tandis  que 
le  bois  des  marécages  et  de  la  plaine  est  plus  lourd,  au  point  que  la 
pirogue  construite  avec  ce  bois  s'immerge  lorsqu'elle  est  remplie  d'eau. 

Dumonteil,  p.  156  : Bagasse.  Est-ce  celui  des  montagnes?)  Densité, 
0,745  ; force,  215;  élast.,  151.  Classe  3,  celle  des  Pins.  Le  même,  p.  162  : 
Classe  4,  celle  des  Meubles  ; joli  bois  très  abondant.  Bagasse  terre 
basse  ; densité  0,719  ; force,  210  ; élast.,  181  ; flexib..  2,38.  Classe  3. 

Sagot,  p.  920  : Kubbes  Zwarte  ; bois  facile  à travailler,  liant,  pas  trop 
lourd  et  assez  dur. 

Guibourt,  II,  p.  325  : Bois  Bagasse  ; d'un  jaune  foncé  devenant  brun 
foncé  à l'air.  Sa  structure  est  semblable  à celle  du  Bois  jaune  du  Para. 

Je  crois  que  le  Bois  jaune  du  Para  pourrait  être  l’espèce 
suivante  (n°  G608  . 

Lanessan,  p.  144  : Sa  structure  est  grossière;  il  renferme  une  matière 
colorante  jaune.  On  s'en  sert  pour  la  teinture. 

Brousseau,  p.  135  : Bois  se  conservant  très  bien, convient  pour  coques 
de  pirogues,  car.  pour  cet  usage,  il  a fait  preuve  d une  durée  exception- 
nelle. Il  présente  de  belles  courbes  et  pourrait  donner  des  madriers 
d’une  grande  valeur  ; bon  pour  lames  de  parquet.  Il  se  travaille  bien 
dans  tous  les  sens  ; très  bon  bois  pour  constructions  navales. 

Huber,  p.  171  : Tatajuba  (terme  gén.,  Brésil),  Cœur  jaune  foncé  ou 
noirâtre. 

Chlorophora  tinctoria  Gaudich.,  n°  6609  A. 

Synonymes  : Maclura  tinctoria  D.  Don.;  Maclura  Xantlio- 
xylon  Endl.  ; Morus  tinctoria  W. 

Noms  vulgaires  : Bois  jaune,  Bois  de  Cuba,  Bois  jaune  de 
Cuba,  Fusteque,  Bois  à pian  (v.  2330),  Bois  cuba,  Bois  satiné, 
Bois  satiné  rouge  Guy.  Fr.  ; Catal.  des  Colon.  Françaises). 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


39 


Dvers  Mulberry  (Barbade)  ; Morris).  Fustick-wood,  Palo 
Narango  (terme  gén.,  Trinité)  ; Fustete  (Cuba  ; Harlev).  Tata- 
juba, Tataiba,  Tatajiba,  Tatavaba,  Tatajuba,  Tatareuia  (Dia- 
lecte indigène,  Brésil  ; ces  noms  sont  employés  tour  à tour 
suivant  l'adjectif  qui  les  accompagne)  ; Limao-rana  (Para)  ; 
Nariuva  (Amaz.  ; Rodriguès).  Tatacajuba  (Amaz.  et  Prov. 
sept.)  ; Palo  naranga  Brésil  : Miers).  Cajuba  (B.  of  E ; ms.) 
Taijewa,  Moreta  (Schomburgk).  Tajuba,  Tajuva,  Amoreira- 
amarella  (Bahia)  ; Tatajuba  da  tincta  (Brésil)  ; Futeiba,  Gelbes 
Brazilholz,  Fisetholz,  Gelbholz,  Liganum  citrinum  (Wiesner). 
Gewohnliches  Cuba  Holz,  Yellow-wood  (Tolhausen).  Mora, 
Palo  de  Mora  (terme  gén.,  Ant.  ; Urban).  Legnogiallo  (Ital.), 
Fustan,  Palo  de  Brésil  amarello  (Esp.)  ; Geelhout,  Stockfish- 
hout  (terme  gén.,  Holl.  ; Schwartzkopf).  Hollandisches  Gel- 
bholz (terme  gén.)  ; Kaleb  (Siam)  ; Kadarang  (Malaisie)  ; 
Lechers,  Dinde  (Colombie)  ; Amora  de  arvore  (Brésil  ; Bâil- 
lon). Tsu-kra,  Palo  de  Mora  (Costa-Rica  ; Pittier).  Mûrier  des 
teinturiers,  Bois  de  Brésil  jaune,  Vieux  Fustic  (Schutzenber- 
ger).  Fustic,  Old  Fustic,  Savonnette  jaune  (Musée  Colon. 
Marseille)  ; Bimas  (Holl.  ; Icônes  lignorum).  Pour  la  variété 
Xanthoxylon  : Amoreira  de  espinho  branco,  Palo  narango, 
Bois  d’orange  (Wiesner  terme  général). 

Ce  n’est  pas  le  Tatajuba  de  Grisard  ni  le  Tata-youba  d'Au- 
blet  (v.  6641). 

Quoique  ce  bois  ne  soit  pas  signalé  par  Sagot,  je  donne  sa 
description  ici,  le  Musée  Colon,  de  Marseille  en  possédant  un 
échantillon  de  la  Guyane. 

Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  de  couleur  jaune 
vif,  jaune  doré  ou  verdâtre.  D'après  Schultz,  de  couleur  citron 
pâle.  D’après  Guibourt,  d'un  jaune  vif,  avec  des  filets  rouge 
orange.  Ce  bois  prend,  lorsqu'il  est  exposé  à l’air,  une  couleur 
mordorée  qui,  d ailleurs,  n’est  pas  désagréable.  D après  Pen- 
netier,  la  présence  de  ces  filets  rouges  est  une  preuve.de  bonne 
qualité  et  on  dit  que  le  bois  est  garancé. 

Surface  brillante,  satinée,  chatoyante,  produisant  à la 
lumière  un  effet  changeant.  La  nuance  de  la  coupe  transver- 
sale est  plus  foncée  que  celle  des  autres  sections. 


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H.  STONE 


Caractères  physiques.  — Densité,  de  0,023  à 0,  988  ; dureté, 
celle  du  Charme.  Odeur  à sec  et  saveur  milles.  Solution 
aqueuse  d'un  jaune  vif.  D'après  Schutzenberger  : précipité 
jaune,  avec  l'alun  ; ppt.  jaune  floconneux  avec  la  gélatine  ; 
léger  ppt.  avec  les  acides  sulfhydrique,  azotique  et  oxalique  ; 
ppt.  jaune  ou  jaune  brun,  avec  le  chlorure  d’étain,  l'acétate  de 
plomb  et  de  cuivre  ; avec  les  alcalis,  pas  de  précipité.  D’après 
Fol  : solution  aqueuse  incolore,  devenant  jaune  à l’air  ; préci- 
pité noir  olive  avec  les  sels  de  fer  ; jaune  serin  avec  lalun  ; 
jaune  avec  l’étain  ; jaune  plus  pâle  avec  les  acides  et  ramené 
au  jaune  orange  par  les  alcalis. 

D’après  Gopp,  l’extrait  alcoolique,  vu  par  transparence, 
est  rouge  grenat  ; par  réflexion,  de  couleur  vert  foncé. 
Lorsque  l'extrait  est  dilué  dans  une  solution  d'alun,  il  se  pro- 
duit une  fluorescence  de  couleur  verre  d'uranium. 

Structure  du  bois.  — Aubier  pâle. 

Section  transversale.  — Fig.  14,  pl.  VI.  Couches  très  appa- 
rentes si  les  limites  sont  indiquées  par  les  festons. 

Vaisseaux  très  apparents  à cause  de  leur  nombre  et  de 
leur  disposition  en  lignes  claires,  ondulées  comme  des  fes- 
tons ; movens.de  10  mm.  13  de  diamètre;  peu  variables,  sauf 
dans  les  groupes.  Ils  ne  forment  pas  d’anneau,  comme  dans 
le  Mûrier,  sur  le  bord  intérieur  de  la  couche,  mais  les  groupes 
sont  parfois  unis  par  le  parenchyme  et  composés  de  2 rangées 
de  vaisseaux,  cas  assez  rare.  Ces  groupes  sont  disposés 
radialement  et  peuvent  contenir  jusqu’à  11  vaisseaux.  Les 
vaisseaux  sont  peu  nombreux,  de  10  à 20  par  mm.  q.  ; il 
contiennent  des  thylles. 

Rayons  très  fins,  mais  visibles  à la  loupe,  uniformes,  équi- 
distants, à intervalles  d une  distance  égale  au  diamètre  d'un 
gros  vaisseau  et  s’écartant  seulement  au  niveau  des  gros 
groupes  de  vaisseaux.  Les  rayons  sont  presque  droits,  un 
peu  plus  denses  et  plus  clairs  que  le  fond  ; de  7 à 10  par 
mm. 

Parenchyme  abondant,  a,  entourant  les  vaisseaux  et  les 
unissant  parfois  en  festons.  Il  est  très  apparent,  mais  les 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


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lignes  sont  interrompues,  irrégulières  dans  leur  largeur,  et 
souvent  s’anastomosent.  Les  lignes  sont  composées  de  ran- 
gées de  cellules  radiales. 

Les  taches  médullaires,  ou  trous  d’insectes  qui  sont  rem- 
plis de  cal,  interrompent  parfois  les  tissus  ; leur  grandeur  est 
de  12  mm.  de  longueur  sur  3 de  largeur. 

Section  radiale.  — Les  lignes  blanchâtres  du  parenchyme 
pourraient  être  les  limites  des  couches. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  lignes 
du  parenchyme  se  présentent  en  lacets  formant  zigzags.  Les 
vaisseaux  sont  obscurcis  par  les  bords  du  parenchyme,  qui 
sont  très  apparents. 

Emplois.  — Rouleaux  de  moulins  à sucre,  jantes  de  roues 
(Jamaïque  ; Fawcett).  Teinture  en  vert  et  en  jaune,  ébénis- 
terie,  tour,  marquetterie,  tabletterie  (Royle).  La  variété  Xan- 
thoxylon  est  la  plus  foncée  et  la  mieux  estimée  (Wiesner). 

D’après  Schutzenberger,  les  principales  variétés  commer- 
ciales sont  : 1°  le  bois  de  Cuba,  qui  est  le  meilleur,  et  est 
expédié  en  petit  morceaux  arrondis,  bruns  à l'extérieur  ; 2° 
le  bois  de  Tampico,  un  peu  plus  clair  ; 3°  le  bois  de  Brésil, 
très  clair,  de  mauvaise  qualité,  ordinairement  piqué  ; 4°  le 
bois  de  Porto-Rico,  ressemblant  à la  variété  2,  mais  à mor- 
ceaux plus  irréguliers  ; 5°  le  bois  de  la  Jamaïque,  en  mor- 
ceaux inégaux  ; 6°  le  bois  Sandgut,  de  très  mauvaise  qualité. 

Rousselet  distingue  : 1°  le  bois  de  Cuba,  jaune  garancé 
mélangé  de  petites  veines  jaune  et  orangé,  sans  aubier  et  scié 
aux  deux  bouts  ; 2°  le  bois  de  Tampico,  scié  à un  seul  bout 
(l'autre  étant  oblique  ou  en  coin),  de  deuxième  qualité, 
quoique  l’extérieur  de  la  bûche  ait  un  reflet  jaune  qui  donne 
une  bonne  impression  ; 3°  le  bois  de  la  Côte  Ferme  des 
Antilles,  ordinairement  de  formes  diverses,  d'un  bon  rende- 
ment et  de  bonne  qualité,  de  couleur  jaune  vif  ; 4°  le  bois  des 
Indes  Orientales,  filandreux,  moins  compact  et  plus  léger, 
jaune  verdâtre,  avec  peu  de  matière  colorante,  et  bon  pour 
l’ébénisterie.  Toutes  ces  variétés  perdent  vite  leur  couleur 
lorsque  le  bois  est  débité  en  éclats.  Simmonds  cite  quatre 


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H.  STONE 


variétés  : Tampico,  Puerto  Cabello,  Cuba,  et  l’Espagnol,  qui 
est  un  bois  commun.  Pennetier  cite  15  variétés.  Pittier  dit 
qu'on  n’en  exporte  plus  de  Porto-Rico. 

Ech.  types  : Musée  Colon,  de  Marseille,  n°  82.  Guyane  ; 
Section  de  Noerdlinger. 

Références  : Royle,  p.  85  ; Wiesner,  p.  904  ; Volkens  (ex 
Engler),  p.  52  ; Schwartzkopf,  p.  83  ; Pennetier,  p.  506  ; 
Pittier,  p.  78  ; Roussell,  p.  300  ; Fawcett,  III,  p.  43  ; Schut- 
zenberger,  p.  457  ; Fol,  p.  307  ; Simmonds,  p.  445  ; Guibourt, 
II,  p.  309  ; Goppelsroeder  (ex  Husemann),  I,  p.  502;  Stone, 
T.  ofC.,p.  202,  pl.  XIII,  fig.  il,  section  transversale.  Icônes 
lignorum,  pl.  VIII,  fig.  2,  et  pl.  LXXV,  fig.  2,  « Geel  » etpl. 
XXXVII,  fig.  7,  « Bimas  ». 

Caraba-Balli  (Bell),  n°  6609  B. 

Ce  bois  n’est  pas  déterminé,  et  sa  détermination  présente 
beaucoup  de  difficultés  en  raison  de  sa  structure,  qui  ressemble 
à celle  de  beaucoup  d'autres  genres  ; mais  il  a le  plan  ligneux 
du  Chlorophora , et  je  crois  bon  de  le  placer  ici. 

Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  de  couleur  rouge 
clair  ou  brun  rayé  ; grain  plutôt  gros  ; surface  un  peu  luisante, 
fonçant  légèrement  k l’air.  La  nuance  de  toutes  les  coupes  est 
semblable.  Le  bois  ressemble  au  Caraba  blanc  (v.  1192  B). 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,943  ; dureté,  celle  du 
Bois  de  lance.  Odeur  nulle  ; saveur  insipide. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  3 mm.  environ,  lisse 
ou  légèrement  ridée  et  gercée,  molle  et  fibreuse,  avec  une 
mince  couche  de  liber  à l’intérieur.  La  surface  de  la  bûche 
est  finement  ridée. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  de  l’espèce  précédente, 
à part  les  différences  suivantes. 

L’aubier,  qui  est  de  couleur  écrue,  passe  graduellement  au 
cœur  ; il  est  épais  de  5 à 7 cm.  5. 

Section  transversale.  — Couches  bien  délimitées,  les  zones 
plus  ou  moins  poreuses  formant  les  limites  ; de  contour  régu- 
lier. 


BOIS  UTILES  DE  LA.  GUYANE  FRANÇAISE 


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Vaisseaux  en  groupes,  qui  en  contiennent  jusqu’à  7. 

Parenchyme  : les.  festons  sont  souvent  rompus  et  ne  forment 
plus  que  des  ailes  à côté  des  vaisseaux. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  gros,  mais  peu  nombreux, 
vides  et  souvent  par  groupes  de  2.  Peu  de  temps  après  être 
coupés,  ils  laissent  exsuder  une  gomme  qui  tache  la  surface. 
L'apparence  grossière  de  la  surface  est  due  plutôt  au  paren- 
chyme qu’aux  vaisseaux. 

Emploi.  — Le  même  que  celui  du  Caraba  blanc  ; peut  faci- 
lement être  observé  jusqu’à  10  à 13  m.  sur  33  cm.  d'équar- 
rissage (Bell). 

Le  bois  se  travaille  assez  bien  et  se  fend  facilement. 

Ech.  type:  16,  2672  Bell. 

Références  : Stone  et  Fr.,  p.  16  ; Icônes  lignorum, 
pi.  LXV,  fîg.  8,  en  couleur. 

Manniriballi  (Bell)  non  Manniballi  (v.  648),  n°  6609  C. 

Ce  bois  présente  aussi  la  structure  du  Chlorophora.  Je  le 
place  ici  sous  réserves. 

Caractères  généraux.  — Bois  d’un  poids  moyen  et  d'une 
dureté  moyenne,  de  couleur  brun  clair  grisâtre,  striée  de  lignes 
blanchâtres.  D’après  Bell,  comme  le  Cœur  vert. 

Surface  un  peu  brillante,  fonçant  légèrement  à l'air.  La 
nuance  de  toutes  les  sections  est  à peu  près  semblable. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,664  ; dureté,  celle  du 
Cerisier.  Sans  odeur  ni  saveur. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  2 à 3 mm.  environ, 
lisse  et  cassante.  Sur  la  surface  interne,  on  voit,  à la  loupe, 
des  impressions  de  rayons.  La  surface  de  la  bûche  est  lisse 
ou  striée. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  du  n°660  9 A,  à part  les 
différences  suivantes. 

L’aubier  est  de  couleur  écrue,  nettement  délimité  du  cœur  ; 
épais  de  6 cm.  environ. 

Section  transversale.  — Couches  très  apparentes  ; leurs 
limites  sont  formées  par  les  zones  de  bois  denses,  qui  sont 
bien  distinctes  des  zones  moins  épaisses  ; de  contour  régulier. 


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H.  STONE 


â aisseaux  bien  visibles  comme  des  piqûres  ; parfois  les 
plus  grands  sont  au  milieu  de  la  couche.  Avec  l àge  de  l'arbre, 
les  vaisseaux  augmentent  beaucoup  en  grandeur. 

Parenchyme  visible,  après  avoir  été  humecté,  mais  très 
légèrement. 

Section  radiale.  — D'après  la  coupe,  les  vaisseaux  sont  gros 
ou  peu  apparents.  Les  rayons  donnent  l'apparence  de  hachures. 
Couches  à peine  indiquées. 

Emplois.  — Bon  pour  meubles;  peut  facilement  être  obtenu 
jusqu  à 7 à 8 m.  sur  20  à 00  cm.  d équarrissage  i Bell).  Com- 
mode à travailler. 

Ech.  types  : 63,  2710  Bell. 

Références  : Stone  et  Fr.,  p.  65. 

Clef  pour  les  espèces  se  rapportant  au  Chlorophora  : 

1 . En  coupe  longitudinale,  les  vaisseaux  exsudent  une 
gomme  qui  tache  la  surface.  Bois  de  couleur  rougeâtre  clair. 
Caraha-balli,  6609  B. 

2.  En  coupe  longitudinale,  les  vaisseaux  n exsudent  pas. 

2.1.  En  section  transversale,  les  vaisseaux  sont  visibles 
comme  des  piqûres,  ainsi  que  les  rayons  lorsqu’ils  sont  humec- 
tés. Bois  de  couleur  rougeâtre  ou  brun  clair  rayé.  Manniri- 
balli.  6609  C. 

2.2.  Les  vaisseaux  sont  visibles  à cause  de  leur  nombre  et 
de  leur  couleur  claire,  mais  les  rayons  ne  le  sont  qu'à  la  loupe. 
Bois  de  couleur  jaune  doré.  Chlorophora  tincloria,  6609  A. 

TRIBU  V.  — ARTOCARPÉES 
Ficus  Carica  Lin.,  n°  9621  A. 

Aublet,  p.  951  : Ficus  indica  Lin.  ; Ifîelia  (Rheed)  ; cultivé. 

Ficus  Urostigma.  n°  6621  B.  (N’est  pas  dans  l'Index). 

Sagot,  p.  924:  Figuier. 

Ficus  sp.,  n°  6621  C. 

Dukalaballi  (Belli.  Doekoelia,  Doukaliebalie  (Surinam. 
Icônes  lignor.). 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


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L’échantillon  a été  déterminé,  d'après  les  feuilles  et  les 
fruits,  par  le  Dv  Freeman. 

Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  de  couleur 
brun  foncé  ; grain  assez  fin  et  compact  ; surface  légèrement 
luisante.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est  plus  foncée 
que  celle  des  suter  sections. 

Rodway  cite  un  Dukaballi  qui  est  un  Sideroxylon  sp. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,748  à 0,892;  dureté, 
celle  du  Charme.  Sans  odeur  ni  saveur. 

Caractères  de  l’écorce.  — Epaisse  de  5 à 10  mm.  ; semblable 
à celle  du  Hêtre,  mais  avec  des  rides  saillantes  horizontales 
très  apparentes  (lenticelles)  ; dure,  ligneuse  ; de  couleur  brune 
à l’intérieur.  La  surface  de  la  bûche  est  striée  ou  finement 
ridée. 

Structure  du  bois.  — Elle  ressemble  un  peu  à celle  du 
Peltogyne  (voir  PI.  V,  fig.  5),  à part  les  différences  sui- 
vantes. 

Aubier  blanc  jaunâtre,  nettement  délimité  du  cœur  ; épais 
de  9 à 10  cm.  environ. 

Section  transversale.  — Couches  mal  délimitées  ; les  zones 
varient  en  densité. 

Vaisseaux  visibles  lorsqu’ils  sont  remplis  de  matière  blanche. 

Rayons  à peines  visibles  ; de  largeur  égale  à celle  des 
parois  des  vaisseaux  ; rouges. 

Parenchyme  comme  celui  du  Peltogyne  et  du  Brosimum , 
mais  très  peu  développé  ; il  n’est  visible  qu'à  la  loupe,  et 
lorsqu'on  le  cherche  avec  attention.  Les  petites  ailes  sont 
rouges  et  ressortent  à peine  sur  le  fond,  qui  est  de  même 
couleur. 

Section  radiale.  — Légèrement  plus  claire  que  les  autres 
coupes.  Les  vaisseaux  sont  plus  souvent  remplis  de  matière 
blanche.  Rayons  étroits,  peu  apparents.  Parenchyme  visible  à 
la  loupe. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  rayons 
ne  sont  visibles  qu'à  la  loupe.  Ils  produisent  un  effet  moiré  ; 
leur  hauteur  est  de  0 mm.  7a  à 1 mm. 


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H.  STONE 


Je  dois,  ici,  faire  remarquer  que  la  structure  superficielle 
de  beaucoup  d'Urticacées  ressemble  beaucoup  à celle  des 
Légumineuses,  ce  qui  occasionne  de  grandes  difficultés  pour  la 
détermination  de  ces  bois. 

Emplois.  — De  grandes  dimensions,  mais  très  rare  ; 
employé  autrefois  pour  bois  de  lits  (Bell).  Peut  être  obtenu 
jusqu'à  oo  cm.  d'équarrissage  (McTurk).  Beau  bois,  qui  se 
travaille  et  se  polit  bien  ; se  fend  facilement. 

Ech.  types  : 26,  2679  Bell. 

Références  : McTurk,  p.  o;  Stone  et  Fr.  p.  13.  Icônes 
lignorum,  pl.  IX,  lig.  7 ; pl.  LXXXI,  fig.  3 (peut  être  cette 
espèce). 

Figuier  grand  bois,  n°  6621  D. 

Dumonteil,  p.  157:  Densité,  0,45  ; force,  130;  élast.,  158  ; flexib., 
3,68.  Le  même,  p.  160  : Classe  5,  celle  du  Peuplier. 

Bois  de  lettres,  n°  6623. 

Le  véritable  Bois  de  lettres  moucheté  ne  peut  être  confondu 
avec  n'importe  quel  autre  bois,  à cause  de  son  grand  poids, 
qui  n'est  dépassé  que  par  le  Gaïac  ( Gaiacum ),  mais,  dans  le 
commerce,  d'autres  bois  sont  confondus  et  portent  le  nom  de 
Bois  de  lettres.  Ce  sont  les  Bois  satinés  (v.  2011)  et  YAmanoa 
yuianensis  (v.  6392).  Ce  dernier  est  peut-être  un  Satiné,  mais 
les  renseignements  précis  manquent.  Lanessan  cite  un  Bois  de 
lettres  marbré,  Machaerium  Sehomburyhii  (v.  1832).  Le 
Tibicushi  (6623  B)  étant  un  Brosimum  et  très  semblable  au 
Bois  de  lettres  moucheté,  il  est  très  probable  que,  dans  le 
commerce,  il  passe  pour  une  variété  inférieure.  Aublet  cite 
un  Bois  de  lettres  blanc  qu'il  croit  être  un  jeune  arbre  de 
bois  de  Brosimum  ( Piratinera ). 

Brosimum  Aubleti  Sw.,  n°  6623  A. 

Synonyme;  Piratinera  yuianensis  Aubl.  D'après  Hubert, 
p.  168,  il  devrait  s'appeler  Brosimum  yuianense. 

Noms  vulgaires  : Bois  de  lettres  moucheté,  Letter-wood, 
Buro-koro,  Burracurra  (non  Barracara,  v.  1876  A),  Paira, 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


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Leopard-wood  (da  Gama).  Cangica  (Royle).  Paô  Rainha  delis- 
tras  (Amazone),  Gamelleira  prêta  (Pernambouc,  Miers).  Bois 
lézard  (Iles  sous  le  Vent  ; Henkel).  Gatia,  Gateado,  Muirape- 
nima,  Paô  Tartarugo  (Brésil  ; da  Gama).  Bois  de  lettres  à 
grandes  feuilles,  Bois  de  lettres  de  la  Chine  (Gatal.  des 
Colonies  Françaises)  (v.  6392).  Piratiner  (Guy.  Fr.  ;Laslett). 
Brazil-wood  (terme  gén.  ; Dalton),Bois  de  lettres  gris  (Nie- 
derlein).  Letternholz  (Icônes  lignorum).  Buchstabenholz, 
Tigerholz  (Wiesner).  Muskatholz  (Martin-Lavigne).  Bois 
marbré  (terme  gén.  Grande  Encyclopédie).  Schlangenholz 
(lmp.  Inst.),  Smooth  Iron-wood,  Spotted-wood  (Tolhausen). 
Carapenima  (Rodriguès).  Bois  d’amourette  moucheté,  Letter- 
hout,  Bois  de  Chine,  Serpentin,  Lignum  sinense  (Roubo). 
Baira  (Préfontaine).  Lignum  litteratum  pseudo-santalum-cro- 
ceum  de  Sloane,  Piratinère  (Barrère).  Gespikkeld  letterhout, 
Wijve  Letterhout,  Gevlamde  letterhout  (Surinam  ; Berkhout). 

Le  bois  décrit  par  Martin-Lavigne  concorde  parfaitement 
avec  le  nôtre,  à part  la  solution  aqueuse  qui  est  différente. 
Martin-Lavigne  paraît  ignorer  la  description  ancienne  de  Wil- 
helm, au  sujet  des  thylles  qui  sont  vraiment  curieux. 

Notre  bois  est  le  même  que  celui  de  Dumonteilet  de  Brous- 
seau,  peut-être  aussi  celui  de  Roubo. 

L’échantillon  de  Bell  a été  déterminé,  d’après  les  feuilles  et 
les  fruits,  par  le  D1'  Freeman. 

Caractères  généraux.  — Excessivement  lourd  et  dur, 
couleur  brun  chocolat,  tacheté  d’une  manière  curieuse  par  de 
petites  mouchetures  d'un  brun  noisette  foncé  ou  noires. 
Surface  légèrement  luisante,  fonçant  beaucoup  à l’air  ; froide 
au  toucher  ; grain  moyen  et  uni.  La  nuance  de  la  coupe 
transversale  est  beaucoup  plus  foncée  que  celle  des  autres  sec- 
tions. 

Caractères  physiques.  — Densité,  1,325;  d’après  Dumon- 
teil  : 1.049  ; d’après  Fenille  : 1.340.  Dureté,  plus  grande  que 
n'importe  quel  autre  bois,  sauf  le  Gaïac  ; cette  dureté, 
cependant,  n'est  pas  celle  de  la  pierre.  Odeur  nulle  ; 
saveur  insipide. 


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H.  STONE 


Solution  d’un  brun  rougeâtre  foncé.  D’après  Martin-Lavigne, 
limpide.  D'après  Schacht,  le  bois  brûle  très  mal,  laissant  un 
squelette  de  carbonate  de  calcium.  Martin-Lavigne  dit  qu’il 
donne  peu  de  fumée  et  qu'il  pétille  légèrement.  Roubo  dit 
qu  il  se  fend  facilement  sur  le  « bois  de  fil  »,  ce  qui  le  rend 
difficile  à travailler.  D’après  Dumonteil  : force,  340  ; élast., 
148  ; flexib.,  1,33,  Classe  4,  celle  des  Meubles. 

Caractères  de  l'écorce.  — Bleuâtre  (Miers).  Grisâtre,  lisse, 
lactescente  (Aublet).Son  adhérence  n’est  pas  très  forte  (Mar- 
tin-Lavigne). 

Structure  du  bois.  — Aubier  d'un  jaune  brunâtre,  ressem- 
blant au  Buis,  nettement  délimité  du  cœur.  Son  épaisseur 
est  de  9 à 17  cm.  Dans  l’eau  il  coule  à pic  comme  une 
pierre. 

Section  transversale.  — Couches  non  délimitées  ; çà  et  là  se 
trouvent  des  zones  du  bois  plus  denses,  mais  aucune  limite 
n'est  distincte.  Les  zones  noires  sont  excentriques. 

Vaisseaux  à peine  apparents,  de  0,14  mm.  de  diamètre; 
peu  variables,  sauf  dans  les  groupes.  Ils  sont  peu  nombreux, 
de  10  à 17  par  mm.  q.  ; fortement  isolés  ou  par  groupes  sub- 
divisés de  2 à 13.  D'après  Wiesner,  ils  sont  remplis  de  résine 
rouge  ou  de  thylles  à parois  épaisses. 

Bayons  visibles  à la  loupe,  fins,  uniformes,  équidistants, 
s’écartant  légèrement  au  niveau  des  vaisseaux.  Us  sont  de  9 
à 11  par  mm.  et  plus  denses  que  les  fibres  ligneuses  ; leur 
couleur  est  brune  ou  rouge  (non  noire). 

Parenchyme  a entourant  les  vaisseaux  et  s’étendant  latéra- 
lement en  petites  ailes,  de  la  même  largeur  que  celle  des 
rayons. 

Section  radiale.  — C’est  sur  cette  coupe  que  les  mouche- 
tures sont  le  plus  apparentes  ; elles  sont  produites  par  les 
rayons  bruns,  qui,  par  leur  abondance,  obscurcissent  le  fond 
foncé  ou  noir.  Ce  fond  correspond  aux  zones  excentriques 
en  couleur  de  la  section  transversale. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  naturel- 
lement l’effet  moucheté  ne  se  produit  pas  sur  cette  section. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


49 


Emplois.  — Tabletterie,  marqueterie,  petits  objets  de  luxe, 
cannes,  pilons;  très  joli  bois,  mais  de  petites  dimensions.  Je 
crois  que  l’aubier,  qui  est  très  épais  et  élastique,  pourrait 
être  employé  pour  rouleaux  et  servir  aux  mêmes  usages  que 
le  Gaïac.  D’après  Lanessan,  bois  très  commun  dans  l’intérieur 
de  la  Guyane  Française.  D’après  Bassières,  très  noueux,  beau- 
coup de  défauts  et  rempli  de  crevasses. 

Ech.  type  : 0420,  lmp.  Inst.  ; 60,  2716  Bell;  Musée  Colon, 
de  Marseille,  n°112,  Guyane. 

Icônes  : Wiesner,  fig.  2,  p.  11,  section  II  (thylles)  ; Stone, 
T.  of  C.,  pl.  XIII,  fig.  112  (section  transversale)  ; Martin- 
Lavigne,  de  la  fig.  4 à la  fig.  12;  Icônes  lignorum,  pl.  4, 
fig.  2,  en. couleur. 

Réferences  : Miers,  ms.;  Devenish,  p.  423;  Aublet, 

p.  888;  Roubo,  p.  771;  Schaclit  (Les  Arbres),  p.  238;  de 
Lanessan,  p.  60  ; Bassières,  p.  103  ; Sagot,  p.  920;  Berkhout, 
pp.  31  et  39  ; Stone  et  Fr.,  p.  60. 

Brosimum  sp.,  n°  6623  B. 

Ce  bois  pourrait  être  le  Muirapiranga,  qui,  d’après  Huber, 
p.  169,  est  une  variété  inférieure  du  Bois  de  lettres 

L’échantillon  de  Bell  a été  déterminé,  d’après  les  feuilles 
et  les  fruits,  par  le  D1'  Freeman. 

Les  différences  entre  cette  espèce  et  la  précédente  sont 
très  difficiles  à constater.  Si  c’est  le  même  bois,  il  paraît  être 
de  qualité  inférieure,  car  il  est  plus  léger  et  plus  mou. 

Noms  vulgaires  : Tibicuschi,  Bastard  Letter-wood  (Bell). 
Tibicusi  ( Hawtayne).  False  letterwood,  faux  bois  de  lettres, 
Tibekossie  (Surinam;  Icônes  lignorum). 

Caractères  physiques.  — Densité,  de  1,006  à 1,071  ; dureté, 
celle  du  Buis. 

Caractères  de  l'écorce. — Epaisse  de  2 à 4 mm.  environ,  de 
couleur  grise  ou  jaune  clair,  presque  lisse  et  d'une  légère 
blancheur  dans  la  section  transversale.  La  surface  de  la  bûche 
est  finement  striée. 

Structure  du  bois.  — Comme  l’espèce  précédente,  à part 

Annales  du  Musée  colonial  de  Marseille.  — 3'  série,  8e  vol.  1920.  4 


50 


H.  STONE 


l’aubier,  qui  est  blanc  rougeâtre,  épais  de  12  à 13  mm.  env 
ron,  nettement  délimité  du  cœur,  qui  est  de  petites  dimension; 
Il  présente  des  vaisseaux  rouges. 

Le  bois  sert  pour  les  mêmes  usages  que  l espèce  précédente 
Ech.  types  : 88,  2713  Bell;  Musée  Colon,  de  Marseille 
n°  106.  Guyane. 

Références  : Berkhout,  p.  12;  Stone  et  Fr.,  p.  89.  Icône; 
lignorum,  pl.  60,  fig.  8,  l'aubier  seulement  (peut-être  cettt 

espèce). 


]a 

m 


Helicostylis  Maquira)  guianensis  Aubl.,  n°  6632. 


Aublet,  Suppl.,  p.  36  ; écorce  lisse,  cendrée,  bois  blanchâtre. 

Perebea  guianensis  Aubl.,  n°  6633. 

Aublet,  p.  933  ; Aberemou  v.  76  A).  Vive  éperou  (Galibis)  ; l’écorce 
sert  à faire  des  liens. 


Artocapus  integrifolia  Lin.,  n°  6639  A. 

Synonymes:  A.  heteropliylla  Lamk.  ; A.  Jaca  Lin.;  A. 
maxima  Blanco;  A.  pubescens  Willd.  ; Polyphema  Jaca  Lour. 

Noms  vulgaires  : Jacquier  Guyane  Française),  Jacueira, 
Jaca  (Brésil,  Catal.  des  Colonies  Françaises).  Jak-wood, 
Jaack-wood,  Jaca-tree,  Orange-wood  (t.  8 Angl.).  Kuthal 
Royle  . Kos  Ceylan;  Gamble).  Tat-Avel  Bali).  Polomit-sjoe 
(Chinese  de  Bornéo' ; Pussar  A-ariété  Sumatra).  Rappotsjidoe 
(Mad?)  Ambi  (Ternate)  Nanka  Sünda,  Malasce)  ; Nanka 
beurriot  Sünda,  Filet  Cay-mit (Cochinch . Lanessan).  Nanka 
buhriet  Timor);  Nanksa  (Malacca),  Mongko  JaATt);  Tjoe- 
laadok  kampong(Malaya,  SumbaA\ra),  Roppo  tjedo  (Java  sept.  ; 
Van  Eeden).  Mit  (Indoch.,  BeauAerie).  Jacqueira  amarella 
Bahia),  Jacqueira  vermelha  Silva),  plus  trois  Arariétés,  Jaca- 
dura,  Jaca-molle  et  Jaca-manteiga  Brésil  : Rodriguès).  Punusa 
Sanok),  Tjampada  Miq.V  Finesv,  Ampalibe,  Voanampalibe 
(Madag.  ; Dandouau).  Boerat  (Indes  Néerl.  Pulle).  Jaca  da 
Bahia  (Para  ; Iluber).  Pelamaron  (Tamoul;  Gaebelé). 

Cet  arbre  est  cultivé  à la  Guyane. 

Caractères  généraux.  — Bois  plutôt  dur  et  lourd,  de  couleur 


( 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE  51 

jaunâtre  ou  d’un  beau  brunâtre.  D’après  Gaebelé  : fraîche- 
ment scié,  le  bois  est  jaune;  il  brunit  en  se  desséchant. 
D'après  Brandis  : le  bois  des  vieux  arbres  ressemble  à l’Aca- 
jou. 

La  surface,  parfois  d'un  brillant  métallique  et  chatoyant, 
se  présente  en  bandes  alternativement  luisantes  et  mates,  à 
cause  du  grain  « à rebours  ».  Le  bois  fonce  beaucoup  à l’air. 
Les  extrémités  des  bûches  sciées  et  exposées  aux  intempéries 
deviennent  d’un  jaune  vif.  Grain  très  gros  ; l’entrecroisement 
des  fibres  rend  le  bois  dur  ou  mou  tour  à tour. 

Caractères  physiques.  — Densité,  de  0,559  à 0,700  ; dureté, 
celle  du  Noyer.  Odeur  à sec  et  saveur  nulles.  Solution  aqueuse 
légèrement  brune  ou  jaune;  alcoolique,  de  même  couleur 
mais  plus  foncée.  D’après  Léman,  le  bois  donne  à l’eau  une 
belle  teinte  jaune  qui  sert  à teindre  le  coton. 

Caractères  de  l'écorce.  — De  couleur  marron  verdâtre  ; 
marquée  de  grosses  cicatrices  de  stipules  (Griffiths).  Profon- 
dément gercée  (Gamble).  D’après  un  échantillon  du  Musée 
Colon,  de  Marseille,  n°  250,  Indes  : écorce  épaisse  de  4 à 
6 mm.  ; noire  extérieurement,  avec  parfois  de  grosses  lenti- 
celles  rouges  ; intérieurement  molle  ; de  couleur  jaune  clair. 
Saveur  nulle. 

Structure  du  bois.  — Comme  celle  de  l’espèce  suivante. 
Les  différences  qui  suivent  peuvent  être  variables,  mais,  tou- 
tefois, n’ont  pas  grande  valeur. 

Aubier  blanc  (Brandis). 

Moelle  de  3 mm.  de  diamètre  environ,  brune,  molle  et  arron. 

die. 

Section  transversale.  — PL  V,  fig.  9.  Vaisseaux  gros,  de 
0 mm.  25  de  diamètre;  peu  nombreux,  de  3 à 8 par  mm.  q.  ; 
la  plupart  simples  ou  par  paires,  rarement  par  groupes  ; légè- 
rement ovales.  Les  lignes  obliques  sont  plutôt  fréquentes. 

Rayons  à peine  visibles,  légèrement  plus  foncés  que  le 
parenchyme  ; écartés  les  uns  des  autres  d’une  distance  égale 
au  diamètre  d’un  gros  vaisseau. 

Parenchyme  a très  abondant,  se  présentant  en  taches  très 


H.  STONK 


32 

apparentes,  près  des  vaisseaux.  Ces  taches  sont  irrégulières, 
souvent  en  forme  de  losange  ou  arrondies  lorsqu’elles  sont 
isolées  ; elles  entourent  les  vaisseaux  entièrement  ou  en  par- 
tie, s’étendent  en  ailes  ou  en  petits  arcs,  et  unissent  parfois 
deux  groupes  de  vaisseaux.  Les  cellules  sont  très  grosses  ; 
et  des  rangées  de  cellules  se  trouvent  dispersées  parmi  les 
libres  du  fond. 

Section  radiale.  — Gros  vaisseaux,  avec  cloisons  plus 
courtes  que  le  diamètre  d'un  vaisseau,  souvent  remplis  de 
matière  blanche.  Rayons  bien  apparents,  à cause  de  leur  cou- 
leur claire.  Fibres  très  inclinées. 

Section  tangenticlle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  rayons 
ne  sont  visibles  qu'à  la  loupe,  comme  de  très  petites  lignes  de 
0 mm.  o de  hauteur,  dont  les  extrémités  sont  émoussées. 

Emplois.  — Dans  l'Inde,  on  s'en  sert  pour  charpente, 
meubles  et  boîtes;  en  Europe,  pour  marqueterie,  ébénisterie 
et  brosses  de  luxe  (Gamble).  Mou,  cassant,  impropre  pour 
constructions  (Jamaïque;  Léman).  Il  se  rétrécit  et  se  fendille 
s'il  n’est  pas  bien  sec  ; bon  pour  charpente,  menuiserie  et 
traverses  de  chemin  de  fer  (Brésil;  Silva).  Lorsqu’il  est  vieux, 
bon  bois  d’œuvre,  fort  utile  surtout  à la  charronnerie  ; on  en 
fait  des  moyeux  et  des  jantes  de  bonne  qualité  (Réunion; 
E.-J.  de  Cordemov). 

Je  dois  faire  remarquer  qu'il  y a quelques  différences  entre 
le  bois  du  Jacquier  cultivé  et  celui  du  Jacquier  sauvage. 

Ech.  types  : lmp.  Inst.,  n°  0014,  Ceylan.  Bureau  de  Ren- 
seignements du  Brésil,  n°  27.  Brésil  ; Musée  Colon,  de  Mar- 
seille, n°  Go,  Réunion,  et  n°  321 , Jacquier  cultivé,  et  n°339, 
Jacquer  sauvage,  Pondichéry.  La  section  de  Noerdlinger. 

Références  : Gamble,  p.  329;  Griffiths,  p.  Soi;  Brandis, 
p.  425  ; Silvams;  Miquel,  Flore  de  Sumatra,  p.  101  ; Gaebelé, 
p.  oi;Stone,  T.  of  C.,  p.  105,  pi.  XIII,  fig.  113. 

Artocarpus  incisa  Lin.,  n°  6639  B. 

Synonymes  : A.  commuais  Forst.  ; A.  Rima  Blanco. 

Noms  vulgaires  : Arbre  à pain,  Rima  (Duchesne).  Ani- 


BOIS  UTILES  DE  IA  GUYANE  FRANÇAISE 


o 3 


polo  ' Philippines  ; Yaldez).  Arbol  de  pan  (Costa  Rica;  Pittier 
Bread-fruit  tree  (Angl.);  Sukun  (Malaisie;  Ridley).  Brood- 
booni,  Timboel  Sokoen  (Indes  Néerl.  ; Pulle).  Pana,  Palo  de 
pan  (Antilles;  Urban).  Maiore  (Uru,  Taïti;  Poroi).  Trois 
variétés  : I.  Sœkoen  Kapas,  Taroe,  ou  Broodboom  ; 2. 

Sœkoen  Bidje  ; 3.  Kalœi  (Miquel).  Oemare  (Ambon)  ; 
Kalœwie  (Sumatra  et  Riouw),  Kœllœr  (Malaisie  et  Riouw, 
terme  gén.)  ; Gomassi,  Mak,  Gomo  (Ternate);  Sœkhoen 
(Sumatra  et  Riouw,  terme  gén.);  Tiemboel  (Mal.  Riouw  et 
Java;  Filet).  Amakir  (Ambon);  Uru-maiore-rima  (Taïti; 
Lanessan).  Senambo,  Voankoromanga,  Yoankotra  (Madag.  ; 
Dandouau).  Jacquot  (Guyane  Française  ; Niederlein).  Belefout 
des  Pahouins  (Congo  Français;  Guillemot). 

Cultivé  à la  Guyane. 

Caractères  généraux.  — Bois  d'un  poids  moyen  et  d'une 
dureté  moyenne,  d'un  beau  brun  strié,  avec  lignes  laiteuses 
très  apparentes.  D’après  Yaldez,  de  couleur  jaune  et  assez 
spongieux. 

Grain  très  à rebours.  La  nuance  des  coupes  est  à peu  près 
semblable. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,Gi0  (d’après  Yaldez, 
0,659)  ; dureté,  celle  du  Cerisier.  Odeur,  à sec,  nulle;  humec- 
té, faiblement  aromatique.  Saveur  légèrement  astringente. 
D'après  Yaldez,  il  se  rompt  avec  de  courtes  fibres. 

Structure  du  bois.  — Section  transversale.  A comparer 
avec  la  figure  9,  pi.  V. 

Couches  non  délimitées. 

Yaisseaux  grands,  très  apparents,  de  0 mm.  2 de  diamètre; 
ils  sont  distribués  également,  tendant  à se  disposer  en  lignes 
obliques;  peu  nombreux,  de  1 à 9 par  mm.  q. 

Rayons  à peine  visibles  à l’œil  nu,  mais  facilement  à la 
loupe,  fins,  uniformes  ; très  irréguliers  en  largeur  et  dans 
leurs  intervalles;  écartés  les  uns  des  autres  d'une  distance 
égale  environ  au  diamètre  d'un  gros  vaisseau;  ils  sont  de 
couleur  légèrement  plus  foncée  que  celle  du  parenchyme.  Ils 
proéminent  au-dessus  de  la  surface  lorsqu'ils  sont  humectés, 
caractère  peu  commun. 


54 


H.  STOXE 


Parenchyme  a très  apparent,  se  présentant  en  larges 
taches  entourant  les  vaisseaux  : de  couleur  brun  clair. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  gros,  très  apparents,  de  cou- 
leur brun  clair  ou  jaune,  voilés  par  le  parenchyme.  Rayons  à 
peine  visibles,  comme  de  fines  hachures. 

Section  tangentielle.  — Gomme  la  radiale,  mais  les  grains 
« à rebours  » se  présentent  en  bandes  qui  sont  très  bien  dis- 
tinctes. Rayons  visibles  à la  loupe,  brillants. 

Emplois.  — Bon  pour  pirogues;  durant  12  à 15  ans  ; résis- 
tant aux  insectes.  Les  indigènes  se  servent  de  l'écorce  pour 
le  tannage  des  tissus  Nouvelle-Calédonie  ; Sébert).  Bois  non 
employé  à Costa-Rica  (Pittier  . Inférieur  au  Jak  en  Malaisie 
(Ridley). 

Ech.  type  : Musée  de  Lyon,  n°  134,  série  IL 

Références  : Duchesne,  p.  313;  Sébert,  p.  562;  Yaldez, 
ms.  ; Ridley,  p.  100. 

TRIBU  VI.  — COXOCÉPHALÉES. 

Cecropia  sp.,  n°  6645. 

Jussieu  : Cecropia,  Coulekin,  Ambaita,  Bois  Trompette. 

Sagot,  p.  920  : Bois  canon  (v.  partie  II,  n°  9),  Bois  Trompette  (Antilles). 

Est-ce  le  Cecropia  peltata , le  Trumpettree,  ou  Snake-wood 
des  Antilles  Anglaises,  de  Grisebach? 

Huber,  p.  172,  cite  Imbauba,  terme  général  au  Brésil  pour  les  arbres 
du  genre  Cecropia. 

Icônes  lignorum,  pl.  68,  fig.  1 : Trompetter,  en  couleur,  fauve  rayé; 
couches  bien  apparentes.  (Est-ce  cette  espèce?; 

Coussapoa  latifolia  Aubl.,  n°  6648  A. 

Aublet,  p.  955  : Coussapoui  terme  général  Galibis  ; écorce  grisâtre, 
gercée  ; bois  roussâtre  et  peu  compact. 

Sagot,  p.  920  : Coassapoua  ; bois  rougeâtre. 

Coussapoa  angustifolia  Aubl.,  n°  6648  B. 

Aublet,  p.  956  : Coussapoui  terme  général  Galibis). 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


55 

Pourouma  guianensis  Aubl.,  n°  6650. 

Aublet,  p.  892:  Pourouma;  écorce  cendrée,  lisse;  bois  blanchâtre, 
peu  compact  et  cassant. 

Sagot,  p.  920  : bois  mou. 

Ce  n’est  pas  le  Pourouma  Pouteri.  (Voir  4494  C.) 


ADDENDA 

Moronobea  coccinea,  n°  650.  Mani  de  montagne. 

Caractères  de  l'écorce.  — De  couleur  presque  noire,  laissant 
apercevoir  la  couche  interne  d’un  brun  foncé.  Surface  unie, 
mais  un  peu  rugueuse.  Epaisseur  de  1 cm.  environ.  En  sec- 
tion, elle  présente  deux  couches  : 1 interne  est  épaisse  et  tra- 
versée par  des  rayons  corticaux  ; l'externe  se  compose 
d’écoilles  qui  sont  nettement  délimitées  et  qui  se  détachent 
facilement.  Texture  dure,  ligneuse  ; cassure  grenue.  La  surface 
interne  est  presque  lisse,  de  couleur  brune,  et  présente  des 
fentes  opposées  aux  rayons  du  bois.  Sans  saveur  ni  odeur. 

Vouacapoua  americana,  n°  1851. 

Janssonius,  1914,  p.  30,  fîg.  9 et  10,  donne  une  descrip- 
tion très  détaillée  qui,  par  rapport  à la  structure,  concorde 
avec  nos  échantillons. 

Andira  coriacea  Pulle,  1851  M,  n’est  pas  encore  dans 
l’Index  Kew. 

■0f 

Cette  nouvelle  espèce  est  décrite  avec  de  très  grands 
détails  par  Janssonius,  p.  21,  fig.  5 et  6.  Elle  se  rapporte, 
par  rapport  à la  structure,  à mes  échantillons  de  Vouaca- 
poua, mais  l’auteur  indique  que  l’aubier  est  d’un  blanc  rou- 
geâtre et  le  cœur  rouge  brunâtre,  ce  qui  me  porte  à croire 
que  ce  n’est  pas  un  des  Wacapous  déjà  décrits. 

Diplotropis  guianensis,  n°  1879. 

Janssonius,  p.  26,  fig.  7 et  8,  donne  une  description  des 
échantillons  déterminés  d'après  les  fleurs  et  les  fruits  conser- 


56 


H.  STONE 


vés  dans  l'alcool,  et  d'après  les  feuilles.  Elle  ne  s'accorde  pas 
avec  celle  de  Martin-Lavigne,  ni  avec  mes  échantillons  de 
« Cœur  dehors  ». 

Cette  description  peut  se  résumer  ainsi  : 

Aubier  de  1 cm.  o de  largeur  environ,  de  couleur  blanche 
ou  blanc  brunâtre.  Cœur  d'un  brun  rougeâtre.  Couches  non 
délimitées. 

Vaisseaux  très  grands,  souvent  disposés  concentriquement 
et  par  couches;  de  3 à 6 par  mmq.,  simples  ou  par  groupes 
de  2 ou  3. 

Parenchyme  entourant  les  vaisseaux  en  taches  irrégulières 
qui  unissent  parfois  2 à 3 groupes  de  vaisseaux.  Plus  ces 
derniers  sont  nombreux,  plus  le  parenchyme  est  abondant. 

Platonia  insignis,  n°  651. 

Cette  espèce  décrite  par  Janssonius,  p.  10.  fig.  1 et  2.  avec  un 
échantillon  déterminé  d'après  des  fleurs  conservées  dans 
l'alcool  et  d'après  des  feuilles,  concorde  assez  bien  avec  le 
Parcouri  de  Bell  qui.  à mon  avis,  serait  le  véritable  Par- 
couru Les  autres  variétés  décrites,  malgré  qu  elles  portent  le 
nom  indigène,  ne  concordent  nullement  avec  aucune  des  deux 
descriptions  de  Janssonius  et  de  Bell. 

Un  des  échantillons  de  Janssonius  a un  aubier  d'une  lar- 
geur de  6 cm.  environ,  de  couleur  jaune. 


INCERTÆ  SEDIS 


I.  — Les  espèces  suivantes,  qui  sont  toutes  d Aublet.ont  été 
nommées,  mais  sont  trop  incomplètement  décrites  pour  qu'il  soit 
possible  de  préciser  à quelles  familles  elles  appartiennent. 

I.  — Guapira  guianensis  Aubl. 

Aublet,  p.  308  : Loyala  ; écorce  lisse,  verte;  bois  blanc,  léger  et  cas- 
sant. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


S7 


II.  — Managa  guianensis  Aubl. 

Aublet,  Suppl.,  p.  1 : Managa  (Galibis)  ; écorce  blanchâtre  ; bois  blanc, 
cassant  et  peu  compact. 

III.  — Tampoa  guianensis  Aubl. 

Aublet,  Suppl.,  p.  35  : Bois  portugais  (nègres)  ; écorce  lisse,  cendrée, 
suc  épais,  jaunâtre  ; bois  dur,  jaunâtre  et  compact  ; construction. 

IV.  — Minquartia  guianensis  Aubl. 

Berkhout  prétend  que  cette  espèce  appartient  à la  famille 
des  Bignoniacées. 

Préfontaine,  p.  179  : Lamincouard  ; son  bois  est  parfois  percé  à jour. 

Aublet,  Suppl.,  p.  4 : Minquar  (Créoles)  ; écorce  cendrée  ; bois  blan- 
châtre, dur  et  fort  compact.  Les  copeaux  bouillis  dans  l’eau  donnent 
une  teinture  noire  qui  prend  très  bien  sur  le  coton.  Le  bois  est  estimé 
incorruptible  ; de  vieux  habitants  ont  assuré  qu’ils  n’en  avaient  jamais 
vu  pourrir. 

Sagot,  p.  921  : Menecoa  ( Anticlesmacées ) ; le  tronc  est  tout  à fait  irré- 
gulier, cannelé,  lacuneux  et  même  percé  à jour.  Le  bois  est  très  dur 
mais  l'irrégularité  du  tronc  empêche  de  l’employer.  Le  même,  p.  924  : 
Mencoa,  des  Antidesmacées. 

Dumonteil,  p.  152  : Le  Mencouar  ; bois  incorruptible  etde  qualité  supé- 
rieure, mais,  malheureusement,  les  trous  dont  il  est  percé  transversa- 
lement ne  permettent  par  de  l’employer  à la  construction  des  vaisseaux . 
Densité,  0,957  ; forcé,  283  ; élast.,  171. 

Berkhout,  p.  29  : Konthout,  Aratta,  Minquarlia  guianensis.  L’arbre 
a,  naturellement,  de  nombreuses  perforations  et  des  trous  qui  ont  jus- 
qu'à 5 cm.  de  diamètre.  Le  bois  est  de  longue  durée  et  exceptionnelle- 
ment dur  ; il  pourrait  faire  de  bonnes  traverses  de  chemin  de  fer.  A 
Paramaribo,  il  est  employé  pour  les  madriers  qui  reposent  à terre. 

Iluber,  p.  172  : Acaricuâra  (Amazones)  ; de  couleur  jaune  foncé  et 
très  dense.  L’un  des  bois  les  plus  estimés  pour  son  incorruptibilité; 
bon  pour  constructions  rustiques. 

Cat.  Expos.  Univ.,  p.  42  : Jawalidanie  des  Arrouagues.  Densité,  0,952. 

Martin-Lavigne,  dans  sa  table  de  noms  indigènes,  cite  Aratta  comme 
étant  le  Minquartia  guianensis,  mais  dans  son  schéma  il  ne  donne  que 
le  nom  indigène.  Comme  il  ne  mentionne  ni  les  trous,  ni  la  solution 
noire,  je  suis  porté  à croire  que  son  bois  n’est  pas  l’Aratta  de  Berkhout, 
ni  le  Minquar  d’Aublet.  Je  donne  cependant  les  détails  suivants  qui 
proviennent  de  son  schéma. 

Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  de  couleur  cha- 


o 8 


H.  STO.NE 


taigne  clair,  rigide,  homogène  ; d'une  légère  porosité  ; grain 
fin. 

Caractères  physiques.  — Densité,  1.079.  Odeur  nulle. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  1 à 2 mm.  ; adhérence 
moyenne,  de  couleur  jaune  blanchâtre  à l'extérieur  ; en  section, 
jaune  brun.  Liber  peu  épais. 

Structure  du  bois.  — L’aubier  n’est  pas  différent  du  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  non  délimitées. 

Vaisseaux  groupés  en  massifs  plus  ou  moins  importants  ; 
de  20  à 30  par  mm.  q.  ; les  vaisseaux  sont  de  forme  irrégu- 
lière. 

Rayons  au  nombre  de  20  par  mm.  et  leur  largeur  est  de  1 à 
2 rangées  de  cellules. 

Le  parenchyme  se  présente  en  cellules  isolées. 

Section  tanyentielle.  — Rayons  ayant  la  hauteur  de  plus  de 
1 mm.  o sur  0 mm.  1 jusqu'à  0 mm.  2 de  largeur. 

V.  — Macoubea  guianensis  Aubl. 

Aublet,  Suppl.,  p.  18:  écorce  lisse,  grisâtre;  bois  jaune  verdâtre, 
exhalant  une  odeur  désagréable  en  se  desséchant. 

VI.  - Voyara  montana  Aubl. 

Aublet,  Suppl.,  p.  26:  Youayara-ovayara-iouva-ayssou  (Garipons)  ; 
écorce  ridée,  gercée,  brune;  bois  jaunâtre  très  dur. 

VIL  — Couriraari  guianensis  Aubl. 

Barrère,  p.  84:  Oulemary  ; écorce  brune,  épaisse  d'un  pouce;  la 
couche  intérieure  se  sépare  en  feuillets  roussàtres,  unis  comme  les 
feuilles  du  Balisier,  et  sur  lesquelles  on  peut  écrire  comme  sur  du 
papier. 

Préfontaine,  p.  197  : Oulemary.  C'est  sur  un  feuillet  de  l'écorce  de 
cet  arbre  qu'un  Indien  avait  envoyé  à Cayenne  la  nouvelle  de  la  prise 
du  fort  de  Oyapock  en  1745. 

Aublet,  Suppl.,  p.  27  : Oulemari  Barrère',  Courimari  (Noiragues)  ; 
arbre  avec  desarcabas  ; écorce  gercée,  ridée,  épaisse,  brune  ; bois  blanc, 
tendre  et  léger.  Les  Galibis  tirent  de  l'écorce  de  cet  arbre  de  minces 
feuilles  avec  lesquelles  ils  enveloppent  le  tabac  pour  fumer  ; avec  les 
arcabas,  ils  font  des  pagayes,  des  gouvernails,  etc. 

Sagot,  1569,  p.  908,  cite  Courimari  comme  étant  le  Curât ari  guianen- 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


59 


sis  (v.  2335),  mais  je  crois  qu’il  a tort;  sa  description  de  l’écorce, 
comme  semblable  à celle  de  Melaleuca,  se  rapporte  bien  à la  fois  aux  deux 
espèces,  mais  sa  description  du  bois.,  « blanc,  demi-dur  »,  concorde  assez 
bien  avec  le  Courimari  d'Aublet,  mais  non  avec  son  Couratari  qui  est 
rouge. 

II.  — Bois  complètement  indéterminés  classés  par  ordre 
alphabétique. 

Il  est  probable  que  la  plupart  des  bois  suivants  se  rap- 
portent aux  espèces  déjà  citées 

Abricotier. 

Dumonteil,  p . 154  : Densité,  0,  800  ; force,  83  ; élast.,  1 16  ; üexib.,  5,  98. 
Le  même,  p.  162:  Classe  4,  celle  des  Meubles. 

Acajou  (Wild)  ; Hoe  bodie.  Icônes  lignorum,  pl.  LXI,  cou- 
leur noire  et  rouge. (Ce  n’est  ni  VAnacardium,  ni  aucun  des 
Cedrela.) 

Akaways  note  hout,  ou  Hora.  Icon.  lign.,  pl.  LXI,  fîg. 
6,  en  couleur  pain  bis  uniforme. 

Alapari. 

Dumonteil,  p.  154.  Densité,  0,532;  force,  117;  élast.,  356;  flexib., 
4,14.  Classe  3,  celle  des  Pins. 

Arabontan.  — Icon.  lign.,  pl.  XXIV,  fîg.  5,  en  couleur 
brune  avec  des  stries  foncées  ; en  coupe  transversale,  les  vais- 
seaux sont  très  apparents. 

Aras. 

Dumonteil,  toc.  cil.  : Densité,  0,687  ; force,  167  ; élast.,  170  ; Classe  5, 
celle  du  Peuplier. 

Assakoola  de  Bell.  — La  structure  de  ce  bois  rappelle  un 
peu  celle  de  beaucoup  d'espèces  à' Acacia,  mais  ne  présente 
pas  des  caractères  assez  saillants  pour  que  je  puisse  le  placer 
dans  la  famille  des  Légumineuses. 

Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  de  couleur  brun 


60 


H.  STONE 


rougeâtre.  Surface  légèrement  luisante  fonçant  un  peu  à l’air. 
La  nuance  de  toutes  les  coupes  est  semblable. 

Caractères  de  l'écorce.  — Ecorce  presque  lisse,  se  compo- 
sant de  deux  couches  : l'externe  stratifiée  tangentiellement  ; 
l'interne  radialement  par  les  rayons.  La  surface  de  la  bûche 
est  striée  profondément. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0.940;  dureté,  celle  de 
l'Oranger. 

Structure  du  bois.  — L aubier  n'est  pas  différent  du  cœur, 
du  moins  dans  un  tronc  de  22  cm.  de  diamètre. 

Section  transversale.  — Couches  non  délimitées  ; les  zones 
plus  ou  moins  denses  pourraient  indiquer  les  limites  ; de  con- 
tour régulier. 

Vaisseaux  facilement  visibles  à cause  de  leur  couleur  claire  ; 
grands,  peu  variables;  simples  pour  la  plupart,  quelquefois 
par  paires.  Ils  sont  distribués  également,  et.  parfois,  leur  con- 
tenu est  blanc. 

Rayons  de  deux  sortes  en  apparence  : les  petits  microsco- 
piques ; les  grands,  à peine  visibles  à l'œil  nu.  ondulés,  à inter- 
valles irréguliers,  mais  ne  s'écartant  pas  au  niveau  des  vais- 
seaux ; rouges. 

Parenchyme  a entoure  les  vaisseaux. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  en  fins  sillons  luisants,  mais 
peu  apparents.  Les  rayons  humectés  se  présentent  en  taches 
rouges  très  visibles. 

Section  tanqentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  mou- 
chetures rouges  produites  par  les  rayons  sont  bien  faciles  à 
voir  lorsqu'elles  sont  humectées,  malgré  leur  petitesse.  Les 
rayons  se  composent  de  grosses  cellules  et  ont  la  hauteur  de 
3 mm. 

Emplois.  — Constructions  ; peut  facilement  être  obtenu 
jusqu’à  8 m.  sur  40  à 45  cm.  d'équarrissage  (Bell). 

Ech  types  : 4,  2669  Bell  ; 0.370  lmp.  Inst. 

Référence  : Stone  et  Fr.,  p.  4. 

Baleo. 

Dumonteil.  loc.  cit.  : Densité,  0,  848  ; force,  199  ; élast.,  180  ; flexib., 
1,88.  Classe  2. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FKANÇALSE 


61 


Bamatea. 

Préfontaine,  p.  202  : Poirier. 

Barklak  (Ouman). 

Bremer,  p.  203  : Bignonia  inæqualis. 

Benoit  (Boisj. 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  1,124  ; force,  324;  élast.,  121.  Classes 
1,4. 

Betterave  de  Cayenne  (Bois  de). 

Guibourt,  III,  p.  349  : Ainsi  nommé  à cause  de  ses  larges  veines 
concentriques,  passant  alternativement  d'un  rouge  pâle  à un  rouge  vif  : 
inodore.  Convient  plutôt  à la  teinture  qu’à  l’ébénisterie . 

Bon.  — Icon.  lign.,  pl.  LXXVI,  fig.  8 ; de  couleur  pain  bis 
rayée  de  nuances  plus  foncées. 

Borahovâ.  — Catal.  Expos.  Paris,  1867,  p.  2o. 

Bousi  papaya.  Grandhousi  papaya.  Bremer,  p.  20i  ; Carica 
papaya. 

Bouchon  (Bois). 

Caractères  généraux.  — Bois  excessivement  mou  et  léger, 
grain  gros  et  très  à rebours.  Couleur  blanche  ou  écru  clair. 
Surface  mate,  sauf  sur  la  section  radiale,  où  elle  est  brillante 
seulement  lorsque  le  bois  est  fendu.  Structure  assez  visible. 
La  nuance  de  la  section  transversale  est  à peine  plus  foncée 
que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physic/ues.  — Densité  : 0,380  ; dureté  bien 
moindre  que  même  celle  du  Pin  du  Lord  (Pin  blanc  d’Amé- 
rique) ; sans  odeur  ni  saveur. 

Caractères  de  l’écorce.  — Surface  presque  lisse,  de  couleur 
brun  foncé  ; mais  où  l’écorce  est  rompue,  la  couche  sous-ja- 
cente est  brun  oranger.  Texture  molle,  flexible,  se  séparant 
facilement  des  fibres.  Adhérence  faible.*  Surface  intérieure  d’un 
jaune  clair,  luisante,  présentant  un  effet  moiré  produit  par  les 
impressions  des  rayons.  Epaisseur  de  1 à 2 mm.  Section  stra- 
tifiée. 


62 


H.  STONE 


Structure  du  bois.  — L’aubier  n’est  pas  différencié  du  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  délimitées  par  un  anneau 
de  vaisseaux. 

Vaisseaux  visibles  à l'œil  nu  comme  des  piqûres  ; très  grands, 
peu  de  variations,  disposés  en  quinconce  irrégulièrement,  sauf 
ceux  se  trouvant  dans  l’anneau  ; peu  nombreux,  fortement 
isolés  ; simples  ou  en  groupes  radiaux  de  2 ou  3 ; vides. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  très  fins,  presque  réguliers  en 
largeur  et  espacés  régulièrement  d'une  distance  égale  au  dia- 
mètre d’un  gros  vaisseau,  s'écartant  à peine  au  niveau  de  ces 
vaisseaux  ; couleur  blanche. 

Parenchyme  a non  visible  à la  loupe. 

Section  radiale.  — Parfois  très  brillante  ; couches  bien  déli- 
mitées, mais  souvent  obscures.  Vaisseaux  en  gros  sillons  bru- 
nâtres. Rayons  jaunes  transparents  et  très  étroits. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  rayons 
ne  sont  visibles  qu’à  la  loupe,  très  nombreux,  hauteur  d en- 
viron 0 mm.  2. 

Emplois.  — Ce  bois,  étant  un  des  plus  légers  et  des  plus 
mous  qui  existent,  conviendrait  probablement  pour  la  pâte 
à papier. 

Cajatenhout.  Icon.  lignor.,  pl.  LXX,  fig.  1 : de  couleur 
brun  terne. 

Canon  Grand  Bois. 

Dumonteil,  loc.  cit.  : densité,  0,472  ; force,  136  ; élast.,  178  ; flexib 
3,76.  Classe  6.  (Est-ce  le  Cecropia  6645  ?) 

Carpat  Oly.  Icon.  lignor.,  pl.  LXXXI,  fig.  2 : en  couleur 
brune  pour  le  cœur  et  grise  pour  l’aubier. 

Cashou  Hout.  Icon.  lignor.,  pl.  LXIV,  fig.  3 : en  couleur 
brune,  d'après  un  échantillon  probablement  détérioré.  Le 
même  : Kaschoe  boom , pl.  LXXXI,  fig.  1,  en  couleur  pain 
bis  avec  de  fines  stries.  Ce  n'est  pas  Y Anacardium. 

Cassia  Hout.  Icon.  lignor.,  pl.  LXVIII,  fig.  1 : en  couleur 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


63 


rouge  brunâtre  pour  le  cœur  et  même  couleur  plus  pâle  pour 
l’aubier  avec  de  fines  stries  noires.  Ce  n’est  pas  le  Stryphno- 
dendron,  1984. 

Cayenne  commun  (Bois  de). 

Varenne-Fenille,  p.  143  : Ressemblant  au  satiné  ; de  couleur  rouge 
brun  un  peu  terne  ; pores  remplis  de  matière  blanche.  Couches  con- 
fuses, picotées  de  petits  points  blanchâtres.  Rayons  non  visibles. 

Cayenne  fin  Bois  de). 

Varenne-Fenille,  p.  152:  D'un  beau  mordoré  veiné  de  rouge  ; grain  Fin. 
Pores  peu  apparents.  Sans  être  délimitées  d'une  manière  bien  distincte, 
les  couches  sont  néanmoins  visibles  et  régulières.  La  section  transver- 
sale présente  une  quantité  innombrable-  de  petits  points.  Rayons 
visibles  à la  loupe. 

Cayenne  gris  (Bois  de) . 

Varenne-Fenille,  p.  156  : Il  ressemble  au  Rois  satiné  par  sa  surface 
chatoyante,  mais  les  fibres  sont  plus  grosses  et  les  couleurs  plus  ternes. 
La  couleur  n’est  nullement  d'un  ton  gris,  mais  a un  fond  jaune  abricot 
tacheté  de  noir.  Densité,  0,939. 

Cereda.  Serada. 

Catal.  Exposit.  Paris  1867,  p.  25:  Rois  dure  et  de  couleur  claire. 

Coco. 

Varenne-Fenille,  p.  144  : De  couleur  pourpre,  tirant  fortement  sur  le 
brun,  rayée  de  veines  étroites  d’un  violet  clair.  Couches  très  confuses, 
sans  pores  apparents  ; densité,  1,178. 

Ce  n’est  pas  le  Coco-wood  2005  C,  ni  le  Cocus  des  Anglais  ; 
Br  y a.  ehenus. 

Coco  de  Cayenne  (Bois  de). 

De  couleur  brune,  plus  claire  et  moins  pourpre  que  celle  de  l’espèce 
précédente  ; veines  ondoyantes  et  couches  confuses.  Densité,  0,560. 

Coemare  ; Marmelade  bout.  Icon.  lignor.,  pl.  LX1I,  fig.  5: 
de  couleur  pain  bis  rayée  de  brun  jaunâtre.  Ce  n’est  pas  le 
Dipterix , à moins  que  la  figure  ne  représente  l aubier  (v.  1853). 

Coemarremara.  Icon.  lignor.,  pl.  LXIX,  fig.  5 : de  couleur 


64 


H.  STOXE 


brune,  sur  fond  fauve  rougeâtre  clair.  Ce  n'est  pas  le  Dïple- 
njx. 

Coton  Siam. 

Dumonteil,  toc.  cit.  : Densité,  0,529  ; force,  99;  élast.,  233  ; flexib.,  4,32. 
Classe  6. 

Couarie.  Echantillon  du  Musée  de  Lyon,  n°  ilo,  série  II. 
Ce  bois  ressemble  aux  Lecythis  sous  tous  les  rapports. 

Caractères  généraux.  — Bois  assez  lourd  et  dur;  de  couleur 
brun  clair  très  uniforme,  fonçant  à peine  à l’air  ; grain  assez 
fin  et  peu  apparent.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est 
beaucoup  plus  foncée  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,700  ; dureté,  celle  de 
l’Erable.  Odeur  à sec  et  saveur  nulles.  Solution  aqueuse  inco- 
lore; sol.  alcoolique  de  couleur  brun  clair,  limpide,  très  rapide. 

Structure  du  bois.  — Section  transversale.  A comparer 
avec  la  figure  10,  pi.  VI.  Couches  non  délimitées. 

Vaisseaux  bien  visibles  à cause  de  leurs  bords  clairs  et  de 
leur  grandeur  ; de  0 mm.  1 6o  de  diamètre.  Ils  sont  distribués 
assez  régulièrement,  fortement  isolés,  de  1 à 6 par  mm.  q.  ; 
ils  contiennent  des  thylles  et  parfois  un  peu  de  matière 
blanche. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  bruns,  très  irréguliers  ; de  7 à 
10  par  mm.  ; écartés  les  uns  des  autres  d'une  distance  légère- 
ment supérieure  au  diamètre  d’un  gros  vaisseau.  Au  micro- 
scope (X  10),  on  voit,  entre  les  rayons,  des  rangées  de  cellules 
excessivement  minces  qui  paraissent  être  de  petits  rayons,  au 
nombre  de  20  par  mm.  environ.  Leurs  cellules  sont  beaucoup 
plus  grandes  que  celles  des  grands  rayons. 

Parenchyme  abondant  et  visible,  a , entoure  étroitement  les 
vaisseaux  et  s'étend  en  ailes  qui  composent  des  lignes  concen- 
triques sub-continues,  assez  régulières  et  un  peu  plus  espa- 
cées que  les  rayons  ; elles  ont  à peu  près  la  même  largeur 
que  ces  rayons,  entre  lesquels  elles  forment  un  filet  assez  régu- 
lier. C'est  un  des  cas  où  il  est  très  difficile  de  savoir  si  l'on  est 
en  face  du  Pa  ou  du  P b.  Le  parenchyme  paraît  rempli  de  gros 
cristaux. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


65 


Section  tangenlielle.  Les  vaisseaux  se  présentent  en  de  très 
fins  sillons  ouverts  ; la  plupart  vides,  mais  parfois  contenant 
un  peu  de  matière  blanche  ou  des  thylles.  Rayons  très  obs- 
curs, de  l mm.  5 environ  de  hauteur,  soit  jusqu’à  25  cellules 
sur  1 rangée  de  largeur  ; de  couleur  brun  foncé  sur  brun  clair. 

Cracra  (Bois). 

Dumonleil,  toc.  cit.  : Densité,  0,592;  force,  122;  élast.,  143;  flexib., 
3,35.  Classe  5. 

Crapaud  (Bois). 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  1,120;  force,  340  ; élast.,  286;  flexib., 
1,55.  Classe  1.  Ce  n’-est  pas  le  Bois  Crapaud  ou  Bougoni  de  Niederlein 
(2005  A),  ni  le  Carapa  cité  par  Grisard  (v.  1192  A). 

Le  Bois  Crapaud  est  cité  dans  le  Cat.  Expos.  Univ.  1867, 
p.  42,  comme  un  Swartzia. 

Cucuberanda  ; Bitter-wood. 

Catal.  Exposit.  Paris  1867,  p.  27  : Bois  amer,  de  couleur  claire  ; peut 
être  obtenu  jusqu'à  35  à 50  cm.  d’équarrissage. 

Je  me  demande  si  ce  n’est  pas  le  Simaruba  arnara,  car  le 
Gurub  dans  le  dialecte  brésilien  veut  dire  «-ale  ' voir  n°  1110 

D v 

Emploi). 

Curaki  ; Kurakai. 

Cat.  Exp.  Paris  1867,  p.  26  : Le  meilleur  des  bois  de  la  colonie  pour 
madriers.  Il  résiste  au  champignon  Merulius  lacrymans  et  est  de  longue 
durée,  lorsqu’il  esL  à l’abri  des  intempéries  ; il  est  abondant,  employé 
pour  corials  et  donne  une  résine  semblable  à celle  du  Hyavva  ; il  est 
léger,  fortement  odorant  ; grain  ouvert. 

Daouinti. 

Dumonteil,  loc.  cil.  : Densité,  0,677  ; force,  204  ; élast.,  133  ; flexib., 
1,75.  Classe  3. 

Daventi. 

Cat.  Expos.  Univ.  1867,  p.  42.  On  le  dit  très  bon  pour  les  construc- 
tions navales. 


Annales  du  Musée  colonial  de  Marseille.  — 3e  série,  8e  vol.  1920. 


66 


II.  STONE 


Determa.  Icon  lignor. , pl.  LX,  fig.  6 : de  couleur  brune, 
avec  stries  plus  foncées.  Ce  n’est  pas  le  Grignon  22 19  A ou  B. 

Divin  (Bois). 

Dumonteil,  loc.  cil.  : Densité,  i,140  ; force,  288  ; élast.,  137  ; flexib., 
1.43.  Classe  1. 

Djedoe  ; San  Kwawama.  Martin-Lavigne,  fîg.  67  et  68  et 
p.  158.  d'où  proviennent  les  détails  suivants  : 

Caractères  généraux.  ■ — Bois  plutôt  léger,  très  tendre  ; de  couleur 
blanchâtre  légèrement  gris  violacé,  non  différenciée  ; assez  peu  homo- 
gène, à fibres  droites  et  à gros  grain. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0.515  ; dureté,  celle  du  Peuplier. 
Odeur  nulle.  Très  facile  à fendre  et  peu  tenace.  Le  bois  brûle  avec  une 
flamme  claire  et  peu  de  fumée. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  3 à 4 mm.,  dure  et  fibreuse,  blan- 
châtre ou  gris  rougeâtre  par  places.  De  couleur  brun  marron,  en  section. 
Non  adhérente  au  bois.  Elle  est  intérieurement  sillonnée  de  nombreuses 
excavations  séparées  par  des  côtes  saillanles. 

Structure  du  bois.  — L'aubier  est  de  couleur  gris  argenté. 

Section  transversale.  — Couches  : sur  le  bord  externe,  les  fibres  se 
présentent  en  lignes  ondulées,  qui,  vers  l'intérieur,  forment  des  arcs  con- 
vexes donnant  à la  section  un  aspect  très  particulier. 

Vaisseaux  : de  0 mm.  4 à 0 mm.  26  de  diamètre,  arrondis,  isolés  ou 
parfois  par  groupes  de  2 à 3.  Ils  sont  au  nombre  de  3 à 5 par  mm.  q.  et 
disposés  en  lignes  ondulées,  qui  forment  des  arcs.  A l’œil  nu,  ils 
paraissent  comme  des  points  jaunes. 

Rayons  peu  visibles,  de  8 à 10  par  mm. 

Parenchyme  nul. 

Section  radiale.  — Couches  et  rayons  peu  apparents.  Les  vaisseaux 
se  présentent  en  larges  sillons. 

Section  tangentielle.  — Rayons  de  0 mm.  1 à 0 mm.  45  de  hauteur,  sur 
une  cellule  de  largeur  0 mm.  01.  Ils  sont  légèrement  en  pointe. 

Doukouria.  Icon.  lignor.,  pl.  LXXV,  fig.  8 : de  couleur  fauve 
grisâtre  faiblement  striée.  Ce  n’est  pas  le  Dukuria  4508  I. 

Euraballi  (de  Bell). 

Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  de  couleur  rou- 
geâtre ou  orange  rougeâtre,  ressemblant  à l'Acajou  ; il  fonce 
légèrement  à l’air.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est  à 
peine  plus  foncée  que  celle  des  autres  sections. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


67 


Caractères  physiques.  — Densité,  de  0,792  à 0,841  ; dureté, 
celle  du  Charme.  Sans  odeur  ni  saveur. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  4 à 5 mm.  environ, 
presque  lisse  comme  celle  du  Hêtre,  mais  avec  un  épiderme 
blanchâtre.  Intérieurement  brune  et  fibreuse,  devenant  granu- 
leuse vers  l’extérieur.  Il  y a une  mince  couche  de  liber.  A sec, 
l’écorce  est  sans  odeur,  mais  Bell  prétend  qu’elle  a l’odeur  de 
Balsam  de  Capivi,  ce  qui  est  possible  à l’état  frais.  La  surface 
de  la  bûche  est  striée  ou  lisse. 

Structure  du  bois.  — L’aubier  est  de  couleur  écrue,  épais 
de  4 à 6 mm.  environ  ; bien  délimité  du  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  bien  délimitées. 

Vaisseaux  à peine  visibles,  moyens,  un  peu  variables,  mais 
sans  régularité  ; ils  sont  distribués  également,  isolés,  simples 
ou  par  groupes  radiaux  de  2 à o entre  les  rayons. 

Rayons  visibles  à la  loupe  ; fins,  uniformes,  réguliers  et 
légèrement  ondulés  ; à intervalles  d'une  distance  moindre  que 
le  diamètre  d'un  gros  vaisseau  et  s’écartant  légèrement  au 
niveau  de  ces  vaisseaux. 

Parenchyme  nul,  du  moins  non  visible  à la  loupe. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  plutôt  fins,  ouverts.  Rayons 
petits  et  très  peu  apparents. 

Section  tangentielle.  — Rayons  excessivement  petits,  de  la 
hauteur  de  0 mm.  2 environ. 

Emploi.  — Bon  pour  meubles  ; peut  être  facilement  obtenu 
jusqu’à  10  m.  sur  4 à 5 cm.  d’équarrissage  (Bell). 

Beau  bois  pour  meubles,  mais  assez  dur  et  difficile  à tra- 
vailler. 

Ech.  type  : 27,  2683  Bell. 

Référence  : Stone  et  Fr.,  p.  7. 

Fackelboom  Roode.  Icon.  lign.,  pi.  LXXX,  fig.  S,  brun 
foncé  rayé. 

Fackelboom  Witte.  Icon.  lign.,  pl.  LXXX,  fig.  7,  fauve 
verdâtre. 


Fer  Bois  de).  Cette  désignation  comprend  de  très  nombreux 
bois  qui  se  rapportent  à plusieurs  espèces.  (V.  Tables  des 
Matières  : Ironwood,  Eisenholz,  Izerhout,  Ligno  ferro,  Paô 
ferreo,  etc.) 

Préfontaine,  p.  152:  Ibera  puteana,  Ibira  Obi  (Marcgr.). 

Ce  n'est  pas  un  Slerculia  (791),  ni  un  Xylopia  (1  1 1). 

Varenne-Fenille,  p 139  : Boisde  Ferde  Cayenne,  ressemblant  au  Noyer 
de  Virginie  ; densité,  1,285.  Le  même,  p.  141  : Autre  espèce  de  Bois  de 
Fer  de  Cayenne,  Robinia  Panacoco,  d’un  rouge  brun  fonçant  jusqu’au 
noir  ; densité,  1,240. 

Ce  n’est  pas  un  Ormosia  (1876).  Je  me  demande  si  ce  n’est 
pas  le  Cæsalpinia  ferrea.  Le  description  et  le  poids  concordent 
aussi  bien  avec  Panacoco,  Swartzia  tomentosa  (1896),  mais 
le  synonyme  appartient  à Ormosia. 

Dumonteil  78,  p.  154:  Bois  de  Fer.  Densité,  0,  803  ; force,  382;  élast., 
167.  Classe  2. 

Comm.de  Brest,  p.  190  : Densité. ;1, 274  ; force,  de  11005  1200  ou  1,73 
si  le  Chêne  m 1.  Classe  Id. 

C'est  évidemment  un  bois  différent  de  celui  de  Dumonteil. 

Sagot  : Bois  de  Fer,  Sideroxylon et  B.  de  Fer,  Mouriria  (v.  2884). 

Guibourt,  II,  p.  539  : Bois  de  Fer  de  Cayenne  (v.  4503),  Sideroxylon 
inenne. 

Du  Tertre,  p 229  : Boisde  Fer,  non  le  Iaua  ; écorce  presque  semblable 
à celle  de  l’Erable,  mais  plus  dure  et  légèrement  plus  grise.  Aubier 
jaune;  le  cœur  est  de  couleur  fer  rouillé. 

Du  Tertre  rapporte  qu’ayant  coupé  des  grands  arbres  pour 
construire  une  case,  il  les  trouva  presque  détruits  par  les  vers 
après  une  absence  de  deux  mois. 

Fonoredjo. 

Martin-Lavigne  : Bois  de  couleur  blanc  rougeâtre,  compact;  l’aubier 
n’est  pas  différent  du  cœur  ; grain  fin,  très  légère  porosité  ; très  homo- 
gène. Odeur  nulle. 

Couches  non  délimitées. 

Vaisseaux  isolés,  quelquefois  par  groupes  de  2 à 3,  ils  sont  au  nombre 
de  8 à 10  par  mm.  q.,  et  ont  de  60  à 140  microns  de  diamètre. 

Rayons  de  100  à 350  microns  de  hauteur  sur  10  à 20,  ou  une  rangée 
de  cellules,  de  largeur;  ils  sont  de  10  à 12  par  mm. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


69 


Gagon. 

Préfontaine,  p.  174  : La  couleur  de  ce  bois  ressemble  à celle  de  la 
pierre  à fusil.  Les  canots  qu’on  en  fait  sont  très  légers. 

Groen.  Icon.  lignor.,  pl.  LXXIX,  fig.  4,  de  couleur  brun 
foncé  rayé.  Ce  n’est  pas  le  cœur  vert  (Groenhart,  1984). 

Groenhart  (Water). 

Bremer,  p.  203.  Vouapa  chrysostachya. 

Gllite-Toroba.  Barrère,  p.  26  : Tonke,  voisin  du  Calaba. 

Ce  n’est  pas  le  Dipteryx  (Tonka,  1853  A.) 

Hakia.  Icon.  lignor.,  pl.  LX,  lig.  6 : d’un  brun  rayé,  clair 
et  foncé.  Ce  n’est  pas  le  Tabebuia,  5467  A,  ni  aucun  des  Hac- 
kia  que  je  connais. 

Hoe  Bodie.  Voir  Acajou  Wild. 

Homme  (Bois). 

Dumonteil,  loc.cit.  : Densité,  0,500;  force,  136;  élast.,  170;  flexib., 
2,83.  Classe  5. 

Horoway  ; Huruway. 

Cat.  Exp.  Paris  1867,  p.  27  : Bois  dur  ; peut  être  obtenu  jusqu’à  30 
à 40  cm.  d’équarrissage. 

Icaque.  Prune  coton. 

Sagot,  p.  906  : Chnjsobalanées . 

Jaroera  ; Scheppers  hout  ; Icon.  lignor.,  pl.  LXI,  fîg.  8:  de 
couleur  fauve. 

Kabbes  noir. 

Bremer,  p.  204  : Andira  retusa . 

Kabbes  rond  ou  blanc. 

Geoffroy  a surinaniensis . 


70 


II.  STONE 


Kakaraballi.  Icon.  lignor.,  pl.  LX.  fig.  3. 

Kakataraballi  de  Bell.  Kookerite  Balli  (Hawtayne).  Ce  n est 
ni  le  Kakaraballi,  ni  le  Kakatiere. 

Caractères  généraux.  — Bois  plutôt  mou  et  léger,  de  cou- 
leur blanc  sale  ou  jaune  blanchâtre,  qui  fait  ressortir  les 
rayons  ; il  fonce  légèrement  à l'air.  La  nuance  des  trois  coupes 
est  à peu  près  semblable. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,660  ; dureté,  celle  du 
Cerisier.  Odeur  et  saveur  légères,  même  nulles. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  2 à 3 mm.  ; unie 
comme  une  peau  lisse;  granuleuse  et  peu  compacte  à l'inté- 
rieur. La  surface  de  la  bûche  est  finement  striée,  même  lisse. 

Structure  du  bois.  — L’aubier  n'est  pas  différent  du  cœur, 
du  moins  dans  un  tronc  de  27  cm.  de  diamètre. 

Section  transversale.  — Couches  non  délimitées. 

Vaisseaux  petits,  mais  visibles  ; diminuant  en  apparence  de 
diamètre,  vers  l'extérieur  de  la  couche.  Ils  sont  très  peu 
nombreux,  distribués  également,  étant  placés  entre  les  rayons; 
simples  pour  la  plupart,  quelquefois  par  paires  avec  cloisons 
radiales. 

Rayons  visibles,  même  très  apparents,  grands,  uniformes, 
irréguliers  ; à intervalles  d'une  distance  égale  au  diamètre  d’un 
gros  vaisseau.  Il  est  très  difficile  de  voir  si  on  est  en  présence 
de  I ou  2 sortes  de  rayons,  car  il  y en  a de  toutes  dimensions  ; 
s il  n'existe  qu'une  seule  sorte,  les  extrémités  sont  très  effi- 
lées. 

Parenchyme  non  visible  à la  loupe. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  comme  de  fines  stries  presque 
imperceptibles.  Les  rayons  se  présentent  en  larges  mailles  de 
couleur  blanc  jaunâtre,  mais,  faute  de  couleur,  ils  ne  sont  pas 
très  apparents. 

Section  tangentielle . — Comme  la  radiale,  mais  sans  mailles. 
Rayons  petits,  mais  visibles  à 1 œil  nu. 

Emploi.  — Se  prête  bien  au  polissage  ; bon  pour  tiroirs  ; 
peut  facilement  être  obtenu  jusqu'à  10  m.  sur  40  cm.  d'équar- 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


71 


Commode  à débiter. 

Ecli.  type  : 46,  2702  Bell. 

Référence  : Stone  et  Fr.,  p.  48. 

Kakatiere.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXVI. 

Ce  n'est  aucune  des  deux  espèces  précédentes. 

Hamakura.  Park.,  p.  9.  Brun  jaunâtre  clair.  Densité, 
1,162. 

Kaneel  Bastardr  — Icon.  lignor.,  pl.  LXXXI,  fig.  1 : de 
couleur  brun  foncé,  finement  striée.  C’est  peut-être  une  des 
sortes  de  Bois  Cannelle. 

Kanooka  et  Kanookaballi. 

Laslett,  p.  452  : Deux  espèces  différentes.  Ces  deux  bois  durs  et  forts 
sont  d’une  couleur  foncée. 

Park. , p.  1 1 . Brun  foncé  rayé  de  noir.  Densité,  1 ,029.  Ecorce 
très  astringente. 

Très  foncé  : il  ressemble  au  Noyer  noir  d’Amérique.  Den- 
sité, 0,940. 

Karkarwa  Park,  p.  11. 

Kokatarra  de  Bell. 

Caractères  généraux.  — Bois  plutôt  léger  et  mou,  avec  des 
mailles  jaunes,  de  couleur  blanche  fonçant  légèrement  à l’air. 
En  coupe  radiale,  la  surface  est  brillante.  La  nuance  de  la 
coupe  transversale  est  un  peu  plus  foncée  que  celle  des  autres 
sections.  Il  a quelques  rapports  avec  Caraba.  (V.  1 192.) 

Caractères  physiques . — Densité,  0,614  ; dureté,  celle  du 
Bouleau.  Odeur  nulle  et  saveur  astringente. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  3 à 4 mm.,  brune, 
composée  d’une  seule  couche  granuleuse,  peu  compacte.  L’ex- 
térieur présente  de  petites  dépressions  et  deslenticelles  tuber- 
culeuses. La  surface  de  la  bûche  est  lisse  ou  striée. 


H.  STONE 


i 


2 


Structure  du  bois.  — L aubier  n'est  pas  différent  du  cœur, 
du  moins  dans  un  arbre  ayant  40  cm.  de  diamètre. 

Moelle  molle,  rouge,  de  4 mm.  de  diamètre  environ. 

Section  transversale.  — Couches  bien  délimitées  ; les  fines 
lignes  du  parenchyme  à peine  visibles  en  forment  les  limites. 

Vaisseaux  visibles,  simples  pour  la  plupart,  quelquefois  par 
groupes  radiaux  de  2 à S vaisseaux  ; vides. 

Rayons  tellement  serrés  que  les  intervalles  sont  à peine 
égaux  à la  largeur  de  ces  rayons  qui  sont  écartés  les  uns  des 
autres  d'une  distance  moindre  que  le  diamètre  d'un  gros  vais- 
seau. 

Parenchyme  du  même  genre  que  celui  de  Carapa , mais  les 
vaisseaux  ne  sont  pas  ailés. 

Section  radiale.  — Vaisseaux  vides,  rougeâtres.  Rayons 
très  peu  apparents. 

Section  tangentielle.  — Rayons  d'une  hauteur  de  5 à 20 
cellules  sur  1 de  largeur. 

Emploi.  — Bon  pour  meubles  ; peut  facilement  être  obtenu 
jusqu’à  7 m.  sur  15  à 22  cm.  d’équarrissage  (Bell). 

Commode  à débiter,  se  polit  bien  et  se  prête  au  clouage  ; 
il  peut  remplacer  les  qualités  ordinaires  de  l’Acajou. 

Ecli.  type  : 52,  2710  Bell. 

Référence  : Stone  et  Fr.,  p.  55. 

Kommaramarre  Hout.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXXII,  %.  3 : 
couleur  fauve.  Ce  n’est  pas  le  Dipteryx. 

Kyiarimma. 

Park.  : p.  8,  Brun  clair.  Densité,  0,960. 

Lallifer. 

Laslett,  p.  452:  Bois  jaunâtre,  dur,  compact,  fort  et  aromatique. 

Lamoussé. 

Dumonteil,  loc.  cil.  Densité,  0,454  ; force,  116  ; élast.,  130  ; flexib., 
3,48.  Classe  5,  celle  du  Peuplier. 

Cat.  Expos.  Univ.  1867,  p.  43.  Bois  bon  pour  radeaux  : se  fend  avec 
facilité. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


73 


Lamoussé  rouge. 

Dumonteil,  toc.  cil.  : Densité,  0,551  ; force,  135  ; élast.,  120  ; flexib., 
2,34.  Classe  5. 

Lanaballi  de  Bell.  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  espèce 
avec  le  Lana,  .qui  est,  d'après  Aiken,  le  Genipa  americana. 
(V.  3183.) 

Caractères  généraux.  — Bois  léger  et  mou,  de  couleur 
écrue  ou  brunâtre.  Surface  brillante,  fonçant  légèrement  à 
l’air.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est  un  peu  plus  fon- 
cée que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,611  ; dureté,  celle  du 
Bouleau.  Odeur  et  saveur  nulles. 

Caractère  de  l'écorce.  — Epaisse  de  3 à 6 mm.,  brune,  rem- 
plie de  sclérites  blancs.  La  surface  de  la  bûche  est  striée. 

Structure  du  bois.  — L'aubier  n'est  pas  different  du  cœur. 

Section  transversale . — Couches  délimitées  en  apparence, 
à la  loupe  ; de  fines  lignes  du  parenchyme  pourraient  être 
les  limites. 

Vaisseaux  à peine  visibles  comme  des  piqûres,  grands  ; 
peu  variables  sauf  dans  les  groupes.  Ils  sont  également  dis- 
tribués, peu  nombreux,  fortement  isolés,  simples,  ou  par 
paires  à cloisons  souvent  radiales. 

Rayons  visibles  à la  loupe,  uniformes,  irréguliers,  écartés  les 
uns  des  autres  d’une  distance  beaucoup  plus  grande  que  le 
diamètre  d'un  vaisseau.  Ils  sont  peu  nombreux,  jaunâtres. 

Parenchyme  h se  présentant  en  une  ligne  qui  simule  la 
limite  de  la  couche  ; de  contour  régulier. 

Section  radiale.  — Les  vaisseaux  se  présentent  en  gros  sil- 
lons bruns,  plus  foncés  que  le  fond.  Rayons  petits,  mais  très 
apparents.  Couches  non  délimitées. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  rayons 
sont  excessivement  petits,  hauteur  de  1 mm.  environ. 

Emplois . — Bon  pour  avirons  ; peut  facilement  être  obtenu, 
mais  de  petites  dimensions  ( Bell  . 


74 


H.  STONE 


Très  commode  à débiter  ; se  fend  facilement  ; il  ne  se  prête 
pas  au  clouage,  ni  au  polissage, 

La  figure  5,  pl.  LXI  de  l’Icones  lignor. , concorde  mieux 
avec  cette  espèce  qu’avec  le  Gerxipa. 

Ecli.  types  : 59,  2715  Bell. 

Références  : Aiken,  ms.  ; Stone  et  Fr.,  p.  59. 

Lemoine  (Bois) . 

Cat.  Expos.  Univ.  1867,  p.  42  : Densité  ; 0,659  ; bon  pour  construc- 
tion, charpente  et  charronnage. 

Lokus  Boom.  — Icon.  lignor..  pl.  LXXV,  tîg.  1 : couleur 
jaune  rougeâtre  avec  de  grosses  stries  d'un  rouge  clair.  Ce 
n'est  pas  le  Dipteryx. 

Lokus  groot.  — Icon.  lignor.,  pl.LXXXIII,  fig.  7 : couleur 
brune,  striée  de  sillons  foncés. 

Louys. 

Barrère,  p.  81  : Myrtus  resinifera,  qui  n’a  probablement  pas  de  rap- 
port avec  le  genre  Myrtus  de  Linné  (non  cité  dans  l’Index  Kew.). 

Mahogny,  Wild.  Icon.  lignor.,  pl.  LXXIV,  fig.  2 : couleur 
rouge  clair.  A comparer  avec  l’Acajou,  wild.  Ce  n’est  ni  un 
Anacardium , ni  un  Cedrela. 

Mamaaji.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXVI,  fig.  8 : d’un  brun  foncé 
moucheté.  A compai’er  avec  le  Mammea  n°  6G2.  Ce  n'est  pas 
le  Mamaay  dont  la  figure  se  trouve  pl.  LXVII,  fig.  1. 

Mapa. 

Cowdamine,  p.  324;  Amapa  au  Para.  Ecorce  lisse.  Les  feuilles  res- 
semblent à celles  du  Tilleul  de  Hollande,  mais  elles  sont  un  peu  plus 
larges. 

Préfontaine,  p.  189  : Cet  arbre,  à défaut  d’autres,  peut  servir  à faire 
des  planches  ; mais  elles  ne  sont  bonnes  qu'à  être  employées  à des 
couvercles  pour  les  vases,  ou  «canots  •>,  qui  servent  au  Roucou  ou  aux 
différentes  boissons. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


75 


Manitiemapoue.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXXV,  fig.  8 : de  cou- 
leur pain  bis,  avec  de  grosses  stries  brunes  et  noires. 

Maria  Congo. 

Dumonteil,  toc.  cit Densité,  1,049;  force,  339  ; élast.,  153.  Classe  2, 
celle  du  Chêne. 

Sagot,  p.  924  : Lecythis  sp . 

Échantillon  du  Musée  Colon,  de  Mars.,  n°  50,  Guyane  : 
Masacongo,  de  couleur  brun  foncé,  rayé  de  noir,  dur  et  lourd, 
mais  d'une  densité  inférieure  à 0,900.  Structure  du  Pterocar- 
pus.  Le  parenchyme  h est  bien  visible  à l’œil  nu,  en  coupe 
transversale.  Ce  n’est  pas  un  Lecythis , mais  il  pourrait  être 
ce  bois  de  Dumonteil. 

Vaisseaux  visibles  à cause  de  leur  couleur  claire,  plutôt 
grands,  de  0,25  mm.  de  diamètre  ; ils  sont  simples,  isolés, 
rarement  par  paires.  En  apparence,  ils  semblent  attachés  aux 
rayons  ; ils  sont  peu  nombreux,  de  1 à 4 par  mm.q.  ; leur 
contenu  se  compose  de  thylles. 

Rayons  visibles,  même  très  apparents  lorsqu  ils  sont 
humectés  ; ils  sont  droits  entre  les  limites  de  chaque  couche, 
mais  courbés  dans  la  coupe  ; irréguliers,  plutôt  larges,  et  de 
deux  sortes  en  apparence  ; les  plus  grands  sont  de  2 à 3 par 
mm.  ; les  petits,  de  3 à G,  visibles  seulement  au  microscope. 

Parenchyme  a entourant  les  vaisseaux . 

Vaisseaux  fins,  mais  visibles  et  blancs.  Rayons  très  appa- 
rents, clairs,  courbés  et  ondulés  en  apparence. 

Section  tangentielle.  — Comme  la  radiale,  mais  les  rayons, 
seulement  visibles  à la  loupe,  sont  en  fuseaux  pointus  aux 
deux  extrémités.  Leur  hauteur  est  de  1 mm.  5 sur  une  rangée 
de  cellules. 

Ech.  type'.  Musée  Colon,  de  Marseille,  n°  68,  Guyane. 

Bookoorookoo  de  Bell.  Ce  n’est  pas  le  Roucou  (494),  ni 
l’Urucurana  (6434  et  882  B),  ni  l’Urucary  (663). 

Caractères  généraux.  — Bois  léger  et  mou,  de  couleur 
blanche  à blanc  jaunâtre,  fonçant  légèrement  à l'air  ; surface 


76 


H.  STONE 


brillante.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est  un  peu  plus 
claire  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,495  ; dureté,  celle  du 
Tilleul.  Odeur  et  saveur  nulles. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  6 à 12  mm.,  brune, 
se  détachant  en  feuilles  ; la  feuille  externe  est  légèrement 
gercée  verticalement,  l’interne,  dure  et  ligneuse,  est  lisse,  avec 
de  très  grandes  lenticelles  avant  6 mm.  de  diamètre  environ. 
La  surface  de  la  bûche  est  lisse. 

Structure  du  bois.  — L'aubier  n’est  pas  différent  du  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  mal  délimitées  ; les  zones 
du  bois  plus  denses  pourraient  être  les  limites. 

Vaisseaux  à peine  visibles,  sans  trop  de  variations  en  gran- 
deur, peu  nombreux,  distribués  également.  Ilssont  simplesou 
par  groupes  radiaux  de  2 à 4. 

Rayons  à peine  visibles,  uniformes,  réguliers,  serrés,  à inter- 
valles d'une  distance  moindre  que  le  diamètre  d’un  gros  vais- 
seau, et  s'écartant  au  niveau  de  ces  vaisseaux.  Ils  occupent 
la  moitié  de  la  coupe. 

Marmer.  — Icon.  lignor.,pl.  LXXIY,  fig.  5:  de  couleur  pain 
bis  avec  des  raies  plus  foncées.  Ce  n'est  aucun  des  Bois 
marbrés  que  je  connais. 

Mœra.  — Icon.  lignor.,  pi.  LXIV,  fig.  7 : de  couleur  rouge 
avec  des  lignes  d'un  brun  clair  et  d’un  brun  foncé.  Ce  n’est 
pas  le  Mora  (195),  ni  le  Morabucquia  (1975  B),  ni  le  Mora- 
balli  (4508  E). 

Note  Boom  de  Surinam.  — Icon.  lignor.,  pi.  LXXIX,  fig.  3 : 
de  couleur  brun  panaché . 

Noir  (Bois). 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  0,838  ; force,  1 59  ; élast.,123.  Classe  5. 

Paarde  Vleech.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXXVI,  fig.  6:  de  cou- 
leur brune  avec  des  raies  plus  foncées.  Ce  n'est  pas  le  Humi- 
ria  n°  907. 


150IS  UTILES  DE  LA  GU  VAN  E FRANÇAISE 


77 


Panapi. 

Dumonteil,  loc.  cil.  : Densité,  0,835  ; force,  208;  élast.,  284.  Classe  2. 

Patagai  ; Patagay. 

Barrère,  p.  92:  Les  feuilles  de  cet  arbre  sont  roussâtres  et  comme 
satinées  en  dessous  ; ses  tleurs  sont  roses  et  disposées  en  épis  comme 
la  « Verge  dorée  ». 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  1,051  ; force,  115;  élast.,  125;flex., 
1,95.  Classe  1. 

Perroquet  (Bois). 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité.  1,009  ; force,  316  ; élast.,  121.  Classe  1. 

Poipo. 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  0,829;  force,  220;  élast.,  141  ; flexib., 
2,08.  Classe  2,  celle  du  Chêne. 

Rameaux  (Bois). 

Dumonteil,  loc.  cit.  : Densité,  0,904;  force,  262;  élast.,  150;  flexib., 
1,53.  Classe  2. 

Rivière  (Bois  de).  — Niederlein  cite  un  bois  de  Rivière  ou 
Résolu  de  Rivière  (Martinique),  Résolu  (Guadel . ),  Chimar- 
rhis  sp. 

Le  bois  que  je  vais  décrire  est,  sous  beaucoup  de  rapports, 
très  différent  des  Chimarrhis  que  je  connais  ; je  n’ose  l’attri- 
buer à ce  genre. 

Caractères  généraux.  — Bois  plutôt  dur  et  lourd,  de  cou- 
leur brune,  uniforme  avec  des  mailles  très  apparentes.  Grain 
fin  ; surface  mate.  La  nuance  de  la  coupe  transversale  est 
légèrement  plus  foncée  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,718  ; dureté,  celle  du 
Teck.  Odeur  légère  de  cuir;  saveur  astringente. 

Structure  du  bois.  — Section  transversale.  Couches  en 
apparence  délimitées,  mais  aucune  limite  n’est  visible  à la 
loupe. 


78 


H.  STONE 


Parenchyme  h se  présentant,  de  rayon  à rayon,  en  très 
petits  traits  nombreux  et  réguliers,  visibles  seulement  au 
microscope. 

Section  radiale.  — Dans  cette  section,  le  bois  ressemble  à 
celui  de  l'Epicea.  Vaisseaux  en  fins  sillons,  vides  et  peu 
nombreux.  Rayons  à peine  visibles,  étroits,  semi-translucides, 
plus  apparents  lorsqu'ils  sont  humectés. 

Section  tangenticlle.  — Gomme  la  radiale,  mais  les  rayons 
sont  excessivement  petits  ; leur  hauteur  est  deO  mm.  5 environ. 

Emplois.  — Bon  pour  revêtement  d'intérieur,  pour  allu- 
mettes ; peut  être  facilement  obtenu  jusqu’à  10  m.  sur  4 cm. 
d’équarrissage  (Bell). 

Très  commode  à débiter  ; se  fend  facilement  et  ne  se  prête 
ni  au  clouage  ni  au  polissage. 

Ech.  type  : 74,  2731  Bell. 

Référence  : Stone  et  Fr.,  p.  76. 

Rose  (Bois  de).  — Varenne-Fenille,  p.  135,  décrit  un  bois 
sous  le  nom  de  Licaria  yuianensis  (6200)  ; c'est  évidemment 
une  erreur,  car  il  donne  un  poids  de  densité  1,004.  Ce  Bois, 
dit-il,  fut  fort  à la  mode  autrefois.  Je  crois  que  c'est  le  Bois- 
tulipe  des  Anglais,  Physocallyma  scaberrimum  Pohl,  non 
indigène  à la  Guyane. 

Rouge  (Bois). 

Dumonteil,  p.  152  : Variété  de  Bois  rouge,  Densité,  0,984  ;force,  335  ; 
élast.,  171.  Classe  2,  celle  du  Chêne. 

Annales  Marit.,  1826,  II,  partie  2,p.  422:  Bois  rouge,  Rubentia.  Bon 
pour  Meubles. 

Royal  (Bois). 

Guibourt,  III,  p.  330:  King-wood  des  Anglais  ; provenant  de  Cayenne. 

En  Angleterre,  deux  bois  portent  ce  nom,  le  Cocus,  Brya 
Ehenus  DC.,  et’une  espèce  d 'Acacia  du  Brésil  qui  est  très  bien 
reproduite  en  couleurs  danslTcon.  lignor.,  pl.  VIII,  fig.  1 et  3, 
sous  le  nom  de  Konings  hout  et  aussi  sur  la  pl.  LXIII,  fig.  7, 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


79 


Begt  Konings  hout  ou  Cœrebœljé.  Le  bois  de  Guibourt  peut 
être  un  Acacia,  mais  ce  n’est  aucun  des  Kingwood  que  je  con- 
nais, ni  le  Bois-roi  (638  A),  ni  le  Kônigsholz  (2011  A). 

Seebadanni  de  Bell.  Sebadanni  de  McTurk. 

Ce  n’est  pas  le  Siribidanni  (1896  G),  ni  le  Sibbidanni 
(4494  D). 

Caractères  généraux.  — Bois  dur  et  lourd,  jaune  ou  brun 
rayé.  Surface  brillante  et  micacée  fonçant  légèrement  à l'air. 
La  nuance  de  la  section  transversale  est  mate,  mais  à peu 
près  aussi  claire  que  celle  des  autres  sections. 

Je  possède  un  échantillon  où  les  couches  intérieures  sont 
remplacées  par  une  matière  pierreuse,  et  je  me  demande  si 
ce  n'est  pas  le  Couipo  de  Préfontaine,  « qui  porte  dans  son 
cœur  de  petites  pierres  ».  (Voir  2013  C.)  Cependant  l’espèce 
présente  serait  un  peu  trop  lourde  pour  construction  de 
pirogues. 

Caractères  physiques.  — Densité,  0,838  ; dureté,  celle  du 
Charme.  Odeur  nulle;  saveur  plutôt  astringente. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  7 à 14  mm.,  brune  à 
l’extérieur,  rugueuse  ou  légèrement  gercée  ; ligneuse,  mais 
un  peu  fibreuse  à l’intérieur  ; remplie  de  sclérites  durs  et 
blancs. 

Structure  du  bois.  — Aubier  épais  de  2 à 4 cm.,  de  couleur 
pain  bis,  bien  délimité  du  cœur. 

Section  transversale.  — Couches  parfois  délimitées  ; les 
zones  du  bois  plus  denses  pourraient  être  les  limites  ; de  con- 
tour régulier. 

Vaisseaux  très  apparents,  grands,  jaunes,  peu  variables,  dis- 
tribués plutôt  irrégulièrement,  serrés  en  apparence.  Dans  les 
zones  claires,  leur  contenu  se  compose  de  gomme  jaune  ; dans 
les  zones  foncées,  gomme  rouge. 

Rayons  à peine  visibles,  fins,  uniformes,  plutôt  irréguliers, 
à intervalles  moindres  que  le  diamètre  d’un  gros  vaisseau  et 
s’écartant  légèrement  au  niveau  de  ces  vaisseaux  ; de  couleur 
jaune. 

Parenchyme  a entourant  les  vaisseaux  ; jaune. 


80 


II.  STONE 


Section  radiale.  — Vaisseaux  très  tins,  à peine  visibles, 
contenant  des  perles  de  gomme  scintillantes.  Rayons  visibles 
seulement  à la  loupe.  Les  couches  ne  sont  pas  souvent  déli- 
mitées, mais  le  coupe  est  fortement  rayée. 

Emplois.  — Souvent  vendu  pour  le  Cœur  Vert,  dont  il  a 
les  mêmes  usages  ; peut  être  facilement  obtenu  jusqu’à  13  et 
18  m.  sur  25  à 35  cm.  d’équarrissage  (Bell). 

Assez  facile  à débiter,  mais  inférieur  au  Cœur  Vert. 

Ech.  type  : 76,  2732  Bell. 

Référence  : Stone  et  Fr.,  p.  77  ; 

Icon.  lignor.,  pi.  LX,  fîg.  5.  Pourrait  être  cette  espèce,  mais 
non  le  Sibbidanni. 

Siponaou  rouge. 

Préfon  laine,  p.  209  : Celle  variété  a la  propriété  de  causer  des  déman- 
geaisons à celui  qui  s’y  coucherait  nu  lorsqu’il  est  nouvellement  employé. 

Dumonteil,  p.  154  : Spanao  rouge.  Densité,  0,861  ; force,  235;  élast., 
144;  flexib.,  1,83.  Classe  2. 

Siponaou  blanc. 

Préfontaine,  p.  209. 

Dumonteil,  loc.cit . : Spanao  blanc.  Densité,  0,946  ; force,  206  ; élast., 
116.  Classe  2. 

siange.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXVII,  lig.  7 (ce  n’est  pas  le 
Brosimum ),  et  pl.  LXXIX,  fîg.  7.  Cette  dernière  ressemble 
un  peu  au  Stryphonodendron  guianensis , mais  elle  ne  montre 
pas  les  bandes  caractéristiques.  Peut-être  ne  se  compose-t-elle 
que  de  l'aubier. 

Stink.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXVIII,  fig.  1 ; de  couleur  rouge 
fauve  brunâtre  ; aubier  de  couleur  claire  finement  striée  de 
noir,  avec  des  couches  très  apparentes.  Le  même,  pl.  LXX1V, 
fîg.  3,  de  couleur  pain  bis  ; l’échantillon  était  sûrement  atta- 
qué par  un  champignon  qui  lui  donne  une  nuance  bleuâtre. 
Le  même,  pl.  LXXV.II,  fîg.  6 : d'un  brun  clair  largement  rayé 
de  brun  foncé. 


BT» I S UTILES  UE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


81 


Taouin. 

Dumonteil,  loc.  cil.  : Densité,  0,483;  force,  125  ; élast.,  143;  flexib., 
3,15 . Classe  5. 

Je  me  demande  si  cette  espèce  peut  être  le  Taouia  (Caraïbes) 
ou  Kispanille.  (Voir  10670.) 

Valaba.  — Icon.  lignor.,  pl.  LX,  tig.  i:  de  très  belle  couleur 
marron  clair,  finement  striée  de  noir.  Couches  bien  présen- 
tées. Il  correspond  à peine  au  Wallaba,  Eperua  falcata  (1918). 

Walabalie.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXV  : de  couleur  grise  légère- 
ment violacée.  Ce  n’est  pas  le  Wallaba, 

Yaruri. 

Cat.  Exp.  Univ.  1867,  p.  38.  Aspidospermum  excelsum  : 

Paddle-wood  (Angl.)  : bon  pour  avirons. 

Parelhout  (Surinam)  : à comparer  Yaruri. 

Yawarridanni  de  Bell. 

Caractères  généraux.  — Bois  plutôt  lourd  et  dur,  d'un  blanc 
brunâtre,  parfois  strié  de  brun.  En  coupe  radiale,  surface  bril- 
lante fonçant  légèrement  à l’air.  La  nuance  de  la  coupe  trans- 
versale est  beaucoup  plus  foncée  que  celle  des  autres  sections. 

Caractères  physiques. — Densité,  0,660;  dureté,  celle  du 
Cerisier.  Odeur  et  saveur  légères,  même  nulles. 

Caractères  de  l'écorce.  — Epaisse  de  6 mm.  environ,  etcou- 
verte  de  petits  tubercules  ; l’intérieur  est  d’un  brun  foncé, 
fibreux,  avec  des  sclérites  durs  et  clairs.  La  surface  de  la 
bûche  est  cannelée. 

Structure  du  bois.  — Elle  a quelques  rapports  avec  le 
Cèdre  du  Mexique  et  le  Caraba.  (V.  1192.)  L’aubier,  d’un  blanc 
sale,  n’est  pas  très  bien  différent  du  cœur. 

Section  transversale.  — A comparer  avec  lafig.  n°  3,  pl.  V. 

Couches  parfois  délimitées  par  une  zone  de  bois  plus  dense. 

Vaisseaux  visibles  comme  des  piqûres,  légèrement  variables. 
Comme  les  couches  ne  sont  pas  nettement  délimitées,  les 

Annales  du  Musée  colonial  de  Marseille.  — 3”  série,  8”  vol.  1920.  6 


82 


II.  STONE 


plus  petits  vaisseaux  paraissent  être  dans  la  partie  intérieure 
de  la  couche  : cas  assez  rare.  Ils  sont  peu  nombreux,  fortement 
isolés,  distribués  également,  simples  ou  par  groupes  de  2 à 4. 

Rayons  à peine  visibles,  fins,  réguliers,  à intervalles  d'une 
distance  moindre  que  le  diamètre  d'un  gros  vaisseau  et  s’écar- 
tant légèrement  au  niveau  de  ces  vaisseaux  ; de  couleur  rouge. 

Parenchyme  non  visible  à la  loupe. 

Section  radiale.  — Très  brillante  et  jolie.  Les  vaisseaux  se 
présentent  en  gros  sillons  vides  ; ils  sont  souvent  par  2.  Rayons 
étroits  paraissant  être  des  hachures. 

Section  tangentielle.  — Rayons  de  0 mm. 25  de  hauteur. 

Emplois.  — Meubles  ; on  le  dit  bon  aussi  pour  pavage  et 
traverses  de  chemin  de  fer  : peut  être  facilement  obtenu  jusqu'à 
13  m.  sur  30  à 40  cm.  d’équarrissage  (Bell). 

Commode  à débiter,  se  prête  bien  au  clouage,  mais  de  polis- 
sage médiocre.  Il  pourrait  servir  pour  boîtes  à cigares  et  à 
sucre. 

Yzerboom.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXXXI.  fig.  I : d’un  brun 
foncé  finement  strié. 

Yzerhout.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXXXI,  fig.  8:  ressemblant  à 
l'espèce  précédente,  mais  de  couleur  plus  claire  ; la  plus 
grande  partie  est  évidemment  de  l’aubier.  Aucune  des  deux 
figures  précédentes  ne  ressemble  aux  Hackia,  ou  Bois  de  Fer. 

Zoldat  Boom.  — Icon.  lignor.,  pl.  LXXIY,  fig.  5 : de  couleur 
pain  bis  rayée.  Ce  n'est  pas  le  Jasmin  Soldado  (L171). 


VOCABULAIRE  DES  NOMS  INDIGÈNES 


Abréviations  : Guy.  = Guyane  ; Guy.  Angl.  = Guyane 
Anglaise;  Guy.  Fr.  = Guyane  Française;  Gai.  = Galibis  ; Gar. 
= Garipons  ; Alt.  = Arrouhages  ; Noir.  = Noii'agues  ; Cr.  = 
ci’éoles  ; Br.  = Indigènes  du  Brésil  ; C.  R.  — ceux  de  Costa-Rica  ; 
Mex.  = Mexicain. 

A (Br.  ; Pereira)  : fruit. 

Acapu  (Br.  ; Miers):  écorce. 

Acaya  (Br.  ; Pereii'a)  : caja,  un  fruit  à noyaux  du  Brésil. 

Aiaca  (Br.  ; Peckolt)  : œufs. 

Anda  (Br.  ; Pereira)  : calebasse. 

Andira  (Br.  ; Huber)  : chauve-souris. 

Andiroba  (voir  Jandy,  Groba  et  Roba). 

Antan  (Br.  ; Saldanha)  : fort. 

Ara  (Gai.  ; Préfontaine)  : perroquet  (Br.  ; Pereira)  : agent  ou  qui 
tient. 

Arcabas  (Gai.  ; Aublet)  : côtes  saillantes  des  arbres  (v.  1896). 

Assu  (Br.  ; Pereira)  : gi'and. 

Azotli  (Mex.  ; Hernandez)  : calebasse. 

Balli  (Ai'awak,  Guy.  Angl.)  : cœur,  bois. 

Beb  (Guy.  Angl.)  : plat. 

Bimiti  (Arawak,  Guy.  Angl.  ; McTurk)  : colibri;  oiseau-mouche. 
Boca  (Br.  ; Pereira)  : trou,  fente. 

Boutou  (Gai.  ; Barrère)  : massue. 

Bu  (Br.  ; Pereira)  : grand,  haut. 

Ça  (Br.  ; Pereira)  : yeux. 

Cabiuna  (Gai.  ; Préfontaine)  ; suc  du  manioc. 

Cahy  (Br.  ; Pereira)  : guérir. 

Calaba  (Gai.  ; Barrère)  : huile. 

Caoba  (C.  R.  ; Piltier)  : acajou. 

Carapa  (Gai.  ; Préfontaine)  : mort  aux  animaux. 


84 


H.  STONE 


Carijo  (Br.  ; Pereira)  : panaché,  moucheté,  bigarré. 

Catu  (Br.  ; Pereira)  : bien. 

Chiri  (G.  R.  ; Pittier)  : froid. 

Couipo  (Gai.  ; Préfontaine)  : cœur  lourd  ; cœur  de  roche. 

Coumata  (Gai.  ; Barrère)  : pois  comestible. 

Coupi  (Gai.  ; Préfontaine)  : lourd. 

Courimari  (Gai.  ; Préfontaine)  : bois  propre  à faire  des  flèches. 
Courou  (Gai.  ; Préfontaine)  : flèche. 

Cravo  (Port.)  : rose,  rosâtre. 

Cui  (Br.  ; Pereira)  : poudre. 

Cura  (Br.  du  Para)  : gercé,  lézardé. 

Curub  (Br.  ; Pereira)  : gale. 

D.  (Br.  ; Pereira)  : fruit. 

Eperu  (Gai.  ; Sagot)  : sabre  d’abatis. 

Eta  (Br.  ; Préfontaine)  : fer. 

Grigri  (Gai.  ; Barrère)  : scie. 

Groba  (Br.  ; Rodriguès)  : amer. 

Gua  (Br.  ; Pereira)  : bois. 

Guaba  (Br.  ; Pereira)  : nourriture. 

Guantl  (Mex.  ; Hernandez)  : arbre. 

Gui  (Br.  ; Pereira)  : beaucoup  (comparaison). 

Hazo  (Malgache)  : bois. 

Hoedoe  (Indes  Hollandaises)  : bois. 

Iba,  Ibe  (Br.  ; Rodriguès)  : arbre. 

Icica,  Issica  (Gai.  ; Barrère)  : résine. 

Imbir  (Br.  ; Pereira)  : écorce. 

lta(Br.  ; Rodriguès)  : fer  (Pereira)  ; pierre. 

Itika  (Caraïbe;  Rochefort)  : excrément. 

Itoori  (Guy.  Angl.  ; McTurck)  : babouin  (grand  singe). 

Iub  (Br.  ; Pereira)  : jaune  ; à comparer  avec  Tatayouba. 
Jacaranda  (Br.  ; Préfontaine)  : terme  gén.  pour  tout  bois  de  couleur 
foncée. 

Jandy  (Br.  ; Barrère)  : bois  de  construction  ; à comparer  avec  Andi- 
roba. 

Jete  (Br.  ; Pereira)  : blessure. 

Kaâ  (Gai.  ; Barrère)  : bois  de  construction.  • 

Kapoer  (Java  ; Petsch)  : chaux  ; camphre. 

Kara  (Guy.  Angl.  ; McTurck)  : rouge  ; à comparer  avec  Kara-bimiti 
Walaba. 


/ 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 


85 


Ki  (Malaisie)  : bois. 

Landy(Bi\  ; Rodriguès)  : graisse. 

Listra  (Portugais)  : raie  en  couleur. 

Louro  (Portugais)  : laurier,  terme  gén.  au  Brésil  pour  désigner 
les  arbres  des  genres  Corclia  el  Neclandra,  et  même  pour  de  nom- 
breuses Laurinées  (Huber). 

Maho  (Gai.  ; Préfontaine)  : arbre  donnant  du  liber  pour  faire  des 
cordes  (à  comparer  avec  Mahot  et  Mahault). 

Maoua  (Roucouyenne,  Guy.  Fr.  ; Coudreau)  : crapaud. 

Mapou  (Caraïbes  ; Préfontaine)  : bois  mou. 

Mara  (Br.  ; Pereira)  : triste. 

Mari  (Gai.  ; Préfontaine)  : bois. 

Mirim  (Br.  ; Pereira)  : petit. 

Mombin  (Gai.  ; Préfontaine)  : espèce  de  prune. 

Moya  (C.  R.  ; Pittier)  : semence,  graine  ; à comparer  avec  Chiri 
moya,  semence  ailée  comme  une  chauve-souris. 

Muira,  Muyra  (Br.  ; Rodriguès)  : bois  ; à comparer  avec  Muirapi- 
ranga,  bois  rouge. 

Na  (Br.  ; Rodriguès)  : semblable. 

Nispero  (C.  R.  ; Pittier)  : néflier. 

Ob  (Br.)  : feuille  ; à comparer  avec  Caroba. 

Ouapa  (Gai.  ; Préfontaine)  : tout  bois  bon  pour  la  charpente. 

Ouaté  (Gai.  ; Préfonlaine)  : excréments. 

Pa  (Br.  ; Rodriguès)  : partout. 

Pagaie,  Pagaye  (Caraïbes)  : aviron,  mais  canot  d’après  Préfontaine. 
Pâo  (Portugais)  : bois. 

Para  (Caraïbes  ; Préfontaine)  : bigarré. 

Paralou  (Gai.  ; Barrère  ):  crapaud. 

Parana  (Gai.  ; Barrère)  : mer. 

Pareira  (Caraïbes  ; Guibourt)  : vigne. 

Patli  (Mex.)  : médecine. 

Pau  (voir  Pâo).  . 

Pe  (Br.  ; Rodriguès)  : écorce;  à comparer  avec  Peroba,  écorce 
amère. 

Péva  (Br.  ; Pereira):  plat. 

Pia  (Br.  ; Pereira)  : moucheture,  tache. 

Pian  (Français)  : maladie  cutanée  qui  affecte  les  nègres. 

Pii  (C.  R.  ; Pittier)  : un  suffixe  diminutif  ; à comparer  avecYpil, 
petit  tronc. 


86 


H.  STONE 


Pipa  (Espagnol  et  d'après  Barrère,  Gai.)  : tonneau;  en  Portugais 
lilas. 

Piranga(Br.  ; Rodriguès)  ; rouge. 

Pu  (Br.  ; Pereira)  ; éclat. 

Quahuatl  i^Mex.  ; Hernandez)  ; arbre. 

Quarutt  (Mex.  ; Bernardin)  ; bois; 

Quienbiendent  (Créoles;  Aublet)  : qui  tient  bien  aux  dents1";  se  dit 
du  fruit  d Amhelania. 

Quir  (Br.  ; Pereira)  : peu. 

Raua  (Br.  ; Pereira)  : faux. 

Ri  (Gai.  ; Préfontaine  : graine. 

Roba  (Br.  ; Rodriguès)  : amer;  à comparer  avec  Andiroha. 

Robi  Gai.  ; Préfonlaine)  : fer. 

Sacopemba  Br.  ; Saldanha)  ; Sapopemba  ( Huber)  ; voir  arcabas. 
Sapota,  Sapote  Gai.  ; Barrère)  : sabot. 

Sapucaya  Br.  ; Huber)  : poule. 

Saoua  (Gai.  ; Préfontaine)  : piquant. 

Siberali  Gai.  ; Barrère  : fer. 

Simiri  Gai.  ; Aublet)  : tout  bois  donnant  une  teinture  violette  ou 
rouge. 

Sopia  Br.  ; PeckoltJ  : corbeille,  nid  ; à comparer  avec  Sapucaia  et 
Aiaca. 

Ta  (Br.  ; Rodriguès)  : mot  renforçant  le  terme  qu'il  accompagne; 

à comparer  avec  Jacaranda-ta,  bois  très  foncé. 

Ta  Br.  ; Pereira)  : épi  ; à comparer  Tayuva,  bois  à épi  jaune. 
Tacouba  (Caraïbes  ; Grisard)  : cœur. 

Tambang  (Bornéo  septentr.)  : cœur. 

Tamoné  (Gai.  ; Barrère  : blanc. 

Taonaba  (Caraïbe;  Rochefort)  : étang. 

Tapuri  (Gai.  ; Barrère)  : rouge. 

Taupau  Gai.  ; Barrère  : rocher. 

Ti  (Br.;  Pereira)  : blanc. 

Tibourbou  Gai.  ; Barrère)  : brun. 

Tiguré  (Gai.  ; Barrère)  : rouge  brun;  à comparer  avec  le  Bois  tigré 
ou  Tiger-wood. 

Timao,  Timo  (Br.  ; Rodriguès)  ; astringent. 

Tiny  Br.  ; Pereira)  ; sec. 

Toura  (Gai.)  : pleurer. 

Tuba  (Br.  ; Pereira  : beaucoup  quantité;. 


BOIS  UTILES  DE  LA  GUYANE  FRANÇAISE 

Vera  (Br.  ; Pereira)  : fort. 

Uiztle  (Mex.)  : épine. 

IJna  (Br.  ; Pereira)  : noir. 

Vouapa,  voir  Ouapa. 

Vué  vué  (Gai.  ; Barrère)  : bois. 

Wapa,  voir  Ouapa. 

Warong  (Bornéo  septentr.)  : citron. 

Y Br.  ; Rodriguès)  : tige,  tronc;  (Pereira)  : eau. 

Yb,  Yba  (Br.;  Rodr.)  : arbre. 

Ybe  (Br.  ; Rodr.)  : un  tronc  droit. 

Ybira  (Br.;  Pereira)  : écorce. 

Yig  (Br.  ; Pereira)  : dur,  rigide. 

Yu  (Br.  ; Pereira)  : épine. 

Yuba  (Br.  ; Pereira)  : jaune. 


BIBLIOGRAPHIE 


Les  bibliothèques  où  se  trouvent  les  ouvrages  rares  et  importants 
sont  désignées  par  les  abréviations  suivantes  : 


Musée  Colonial  de  Marseille  ■=  M.  C.  M. 

Chambre  de  Commerce  de  Marseille  = C.  de  C.  M. 
Bibliothèque  de  la  ville  de  Marseille  = B.  V.  M. 
Bibliothèque  Saint-Jean,  Lyon  = B.  S.  J. 
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Steudel  E.  T.  — Nomenclator  Botanicus,  1841. 

SwAivrz  O.  — Flora  Indiæ  occidentalis  (F.S.L.). 


96 


H.  STONE 


Schwartz  ko  pf  PM.  — Lehrbuch  der  Col.  und  Spezerei-Waaren 
kunde.  Iena,  1858. 

Smith  John.  — A Dictionary  of  tlie  popular  Dames  of  Plants,  etc.  Lon- 
don, 1882. 

Stone  Herbert. — The  Timbers  of  Commerce  and  their  Identification . 
London,  1904  (M.  C.  M.). 

— Reports  upon  the  results  of  Technical  Testes  applied  to  a collec- 
tion of  woods  from  Britisli  Guiana.  Imp.  Inst.  Journal,  vol.  VII, 
p.  264. 

Stone  H.  et  Freeman  W.  G.  — The  Timbers  of  British  Guiana.  Lon- 
don, 1914  (M.  C.  M.). 

Thomas.  — Mémoire  sur  les  Bois  de  la  Guyane.  (Pas  vu.  Cité  dans  les 
Annales  Marit.  et  Colon.,  1816,  partie  II,  p.  154.) 

Tolhansen.  — Tech,  Worterbuch. 

Tussac  (de  F.  R.).  — Flora  Antillarum,  1808. 

Urban  I.  — Symbolæ  Antillanæ,  1904-1908. 

Valdes  Nicolas.  — Descripcion  y resistencia  de  las  Maderasde  las  Islas 
Filipinas.  Revista  de  los  progresos  de  la  Ciencias . Madrid,  vol.  XII, 
1851 . 

Van  Eeden  F.  W.  — Iloofscorten  van  Ned.  Oost  Indie,  1906. 

Varenne-Fenille  P.-C.  — Mémoires  sur  les  qualités  individuelles  des 
bois  indigènes  et  exotiques.  Paris  (C.C.M.). 

Vargioni.  — Dizionario  botanico  Italiano.  Florence,  1858. 

Vogl.  A.  — Ueber  den  Bau  des  Ilolzesvon  Ferreirea  spectabilis . Prings- 
heims  Jahrb.,  t.  IX,  1873-1874,  p.  277. 

Wiesner  J.  — Die  Robstolîe  des  Pflauzenreiches,  2e édit.,  1902.  Article 
Bois,  par  Wilhelm  K. 


TABLE  DES  PLANCHES 


du  3e  fascicule  des  Annales  du  Musée  Colonial , 1917. 


Planche  I. — Bois  Serpent.  Strgphnodendron  guianense . 

Cylindre  de  bois  fait  au  tour,  de  grandeur  naturelle,  montrant  la  coupe 
radiale. 

Les  larges  raies  foncées  se  trouvant  du  haut  en  bas  correspondent 
aux  zones  excentriques  de  couleur  dans  la  coupe  transversale.  Ces  zones 
se  produisent  par  l’accumulation  locale  de  matière  colorante,  et  il  faut 
bien  noter  qu’elles  ne  concordent  pas  avec  les  couches  saisonnières.  Les 
stries  blanches  sont  les  vaisseaux  avec  leur  bords  blancs  du  parenchyme . 
A l’extrémité  supérieure  du  cylindre,  ces  vaisseaux  se  présentent  en 
petits  points  blancs,  et,  vers  l’extrémité  inférieure,  où  la  sinuosité  des 
fibres  rend  la  coupe  oblique,  ils  paraissent  en  petites  ellipses  allongées. 

En  se  servant  de  la  loupe  pour  cette  figure,  on  aperçoit  les  cloisons 
des  vaisseaux,  ainsi  que  les  rayons  en  fines  lignes  blanchâtres  horizon- 
tales. 

Au  bas  et  à gauche  de  la  figure,  se  trouve  une  crevasse  renfermant 
une  matière  blanche;  probablement  l’apatite. 

Voir  aussi  description,  N°  1984. 

Planche  II.  — Bois  Serpent.  Section  transversale  de  l'extrémité  d’un 
cylindre  fait  au  tour.  Grandeur  réduite  d’un  quart. 

Les  zones  excentriques  de  couleur  ressortent  à peine  à cause  de 
leur  couleur  rougeâtre. 

Planche  III.  — Wacapou.  Vouacapoua  americana  Aubl. 

Cylindre  de  bois  fait  au  tour,  de  grandeur  naturelle. 

Les  stries  foncées  correspondent  aux  fibres  ligneuses  et  les  stries 
claires  au  parenchyme  qui  allonge  les  vaisseaux  en  les  voilant. 

Voir  descriptions  N°  1851,  p.  49. 

Planche  IV.  — Wacapou.  Section  transversale  d’un  tronc  dépourvu 
de  l’écorce.  Grandeur  réduite  d’un  quart. 

La  zone  extérieure  blanchâtre  est  l’aubier,  de  7 à 10  couches  saison- 
naires  d’épaisseur.  La  partie  interne  foncée  est  le  cœur,  qui,  dans 
ce  cas,  n’est  ni  régulier  de  forme,  ni  concentrique  avec  les  couches.  La 
matière  colorante  s’est  plus  développée  dans  certains  endroits  que 


98 


H.  S TON  E 


dans  d autres.  Les  côtes  saillantes,  « arcabas  ou  sacopenibas  ■),  qui  carac- 
térisent cet  arbre  correspondent  aux  lobes  ou  bavures  du  cœur. 
La  forme  lobée  des  couches  devient  plus  accentuée  au  fur  et  à mesure 
qu'elles  se  rapprochent  de  la  moelle  qui  se  trouve  au  milieu. 

Les  vaisseaux  sont  bien  apparents  dans  l’aubier,  et  même  çà  et  là 
dans  le  cœur,  à cause  du  parenchyme  blanchâtre  qui  les  entoure.  Ces 
vaisseaux  se  présentent  en  lignes  obliques,  qui  changent  parfois  leur 
orientation  d une  couche  à 1 autre.  Les  rayons,  qui  passent  radialement 
de  la  moelle  à l'extérieur  du  tronc,  sont  trop  petits  pour  être  visibles. 

Planche  V.  — Coupes  transversales  de  bois  vues  à la  loupe  (X  3). 

La  plupart  sont  reproduites  par  des  coupes  transparentes  employées 
comme  clichés,  et  les  vaisseaux  se  présentent  en  blanc  ; les 
figures  6 et  7 sont  prises  directement  sur  le  bois,  et  les  vaisseaux 
paraissent  noirs  lorsqu’ils  sont  vides,  et  blancs  lorsqu’ils  sont  remplis 
de  matière  blanche. 

Dans  toutes  les  figures,  le  côté  de  l'écorce  est  en  haut,  celui  de  la 
moelle  en  bas,  et  les  rayons  traversent  de  haut  en  bas. 

Dans  la  figure  9,  les  rayons,  moins  denses  que  les  fibres  ligneuses  qui 
les  entourent,  sont  transparents  et  se  présentent  en  blanc. 


Fig.  1.  Bois  de  lance. 

2.  Quassia  de  la  Jamaïque. 

3.  Acajou  femelle. 

4.  Caraba  rouge, 
b.  Bois  pourpre. 


Fig.  6.  Bois  de  perdrix. 

7.  Mora. 

8.  Hoobooballi. 

9.  Jacquier. 


Planche  VI.  — Coupes  transversales  de  bois  vues  à la  loupe  (X  3). 
La  figure  14  est  prise  directement  sur  le  bois  ; les  autres  par  trans- 
parence. 


Fig.  10.  Lecythis. 

11.  Mimusops. 

12.  Cœur  vert. 

13.  Kretti. 

14.  Bois  jaune. 


Fig.  15.  Lilas  de  l’Inde. 

16.  Kapokier. 

17.  Chêne  (vieux). 

18.  Chêne  (jeune). 


Planche  VII.  — Coupes  transversales  de  bois  vues  à la  loupe  (X  3) 

Les  figures  20  et  25  sont  prises  directement  sur  le  bois  ; les  autres  par 
transparence. 


Fig.  19.  Hyari-Ball  . 

20.  Hymarikuschi . 

21.  Kurahara. 

22.  Tataboo. 

23.  Waibaima. 


Fig.  24.  Wallaba,  var.  A. 

25.  Sicartzia. 

26.  Caraba  blanc. 

27.  Euraballi. 


MACON,  PROTAT  FRERES,  IMPRIMEURS 


ISY^cbuŸ  teJUU  Jlsvxl  J J JL  ,10 


H.  Jumelle  : Quelques  données  sur  l'état  actuel  de 
la  culture  cotonnière. 

3 '"'Fascicule.  — Herbert  Stone  : Les  Bois  utiles  de  la  Guyane  Fran- 
çaise (suite). 

1918 

1er  Fascicule.  — Dochon  et  Vidal  : Essais  de  fabrication  de  papier 
avec  la  Passerine  hirsute  et  d'autres  Thyméléa- 
cées. 

Dochon  et  Vidal:  Essais  de  fabrication  de  papier 
avec  le  Bois-bouchon  de  la  Guyane  Française. 

H.  Jumelle  et  Pehrier  de  la  Bathie  : Nouvelles 
observations  sur  les  Mascarenhasia  de  l’Est  de 
Madagascar. 

H.  Jumelle:  Les  Dypsis  de  Madagascar. 

G.  Cakle  : L’Élevage  à Madagascar. 

II.  Jumelle  : L’Élevage  et  le  Commerce  des  Viandes 
dans  nos  Colonies  et  quelques  autres  Pays. 

Louis  Racine  : Palmistes  et  Noix  de  Bancoul  de 
Madagascar. 

2 me  Fascicule.  — Herbert  Stone  : Les  Bois  utiles  delà  Guyane  fran- 
çaise (suite). 

1919 

1er  Fascicule.  — Félix  Gérard  : Étude  systématique,  morphologique 
et  anatomique  des  Chlaenacées. 

G.  Vernet  : Notes  et  Expériences  sur  la  coagula- 
tion du  latex  d’hévéa. 

R.  Cerighelli  : La  farine  des  graines  et  la  fécule 
des  tubercules  de  l’Icacina  senegalensis. 

H.  Jumelle:  Les  Aracées  de  Madagascar. 

1920 

Aimé  Jauffbet  : Recherches  sur  la  détermination  des  bois  exo- 
tiques colorés  d’après  les  caractères  chimiques  et  spectrosco- 
piques 


MODE  DE  P i EL  ICA  T 10  X ET  COXDITIOXS  DE  VEXTE 


Les  Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille,  fondées  en  1893, 
paraissent  annuellement  en  un  volume  ou  en  plusieurs  fascicules. 

Tous  ces  volumes,  dont  le  prix  est  variable  suivant  leur  importance, 
sont  en  vente  chez  M.  Challamel,  libraire,  17,  rue  Jacob,  à Paris,  à 
qui  toutes  les  demandes  de  renseignements,  au  point  de  vue  commer- 
cial, doivent  être  adressées. 

Tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  doit  être  adressé  à M.  Henri 
Jumelle,  professeur  à la  Faculté  des  Sciences,  directeur  du  Musée 
Colonial  de  Marseille,  Faculté  des  Sciences,  place  Victor-Hugo,  à 
Marseille. 

Les  auteurs  des  mémoires  insérés  dans  les  Annales  ont  droit  gra- 
tuitement à vingt-cinq  exemplaires  en  tirage  à part.  Ils  peuvent,  à 
leurs  frais,  demander  des  exemplaires  supplémentaires,  avec  titre 
spécial  sur  la  couverture. 

A paraître  ultérieurement  l'Index  complet  des  noms  botaniques  et 
indigènes  mentionnés  dans  le  volume  de  M.  Stone  sur  Les  Bois 
utiles  de  la  Guyane  Française. 


MACON,  PROTAT  FRERES,  IMPRIMEURS. 


ANNALES 


Dl 


r 


DE  MARSEILLE 

fon  défis  en  1893  par  Edouard  Heckel 

SUBVENTIONNÉES  PAR  LE  MINISTÈRE  DES  COLONIES 
DIRIGÉES  PAR 

M.  Henri  JUMELLE 

Professeur  à la  Faculté  des  Sciences, 

Directeur  du  Musée  Colonial  de  Marseille. 


Vingt-neuvième  année,  3''  série,  9°  volume  11921). 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 

Par  M.  H.  PERIMER  DE  LA  BÂTHIE 


MARSEILLE 
MUSÉE  COLONIAL 

Faculté  des  Sciences 
PLACE  VICTOR  HUGO 


PARIS 

LIBRAIRIE  CHALLAMEL 

17,  rue  Jacob,  17 


1921 


SOMMAIRES 

des  plus  récents  Volumes  des  Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille 


1915 

H.  Jumelle:  Le  Dr  Heckel. 

Marcel  Aubard  : Les  Sapotacées  du  groupe  des  Sidéroxylinées  Mimu- 
sopées. 

R.  Hamet  et  Perrier  de  la  Bathie  : Contribution  à l'étude  des  Cras- 
sulacées  malgaches. 

R.  Hamet  : Sur  quelques  Kalanchoe  delà  flore  malgache. 

A.  Fauvel:  Le  Cocotier  de  Mer,  “ Lodoicea  Sechellarum 


1er  Fascicule. 


2me  Fascicule. 


3me  Fascicule. 


1er  Fascicule. 


2me  Fascicule. 


1916 

H.  Jumelle:  Catalogue  descriptif  des  Collections 
Botaniques  du  Musée  Colonial  de  Marseille  : Mada- 
gascar et  Réunion . 

Pieraerts  : Quelques  Graines  oléagineuses  afri- 
caines. 

H.  Jumelle  : Les  Monocotylédones  aquatiques  de 
Madagascar. 

Herbert  Stone  : Les  Bois  utiles  delà  Guyane  fran- 
çaise. 

H.  Jumelle:  Les  Recherches  récentes  sur  les  res- 
sources des  Colonies  françaises  et  étrangères  et 
des  autres  Pays  chauds. 

1917 

H.  Jumelle:  Catalogue  descriptif  des  Collections 
Botaniques  du  Musée  Colonial  de  Marseille  : 
Afrique  Occidentale  Française. 

H.  Jumelle:  Notes  statistiques  sur  les  Plantations 
étrangères  de  Caoutchouc  dans  le  Moyen-Orient. 

Pieraerts  : Contribution  à l’étude  chimique  des  Noix 
de  Sanga-Sanga. 

H.  Jumelle:  Les  Variétés  du  Palmier  à huile. 


ANNALES 


MUSÉE  COLONIAL  DE  MARSEILLE 

(Année  J 921) 


MACON,  P ROTA  T FRERES,  IMPRIMEURS. 


ANNALES 


DU 


r 


DE  MARSEILLE 

FONDÉES  EN  1893  FAR  EDOUARD  HeCKEL 
SUBVENTIONNÉES  PAR  LE  MINISTÈRE  DES  COLONIES 


DIRIGÉES  PAR 

M.  Henri  JUMELLE 

Professeur  à la  Faculté  des  Sciences, 
Directeur  du  Musée  Colonial  de  Marseille. 


Vingt-neuvième  année,  3"  série,  91"  volume  (1921  . 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 

Par  M.  H.  PERRIER  DE  LA  BÂTHIE 


: * ' -JUX 

vptAj. 


MARSEILLE 
MUSÉE  COLONIAL 

Faculté  des  Sciences 


PARIS 

LIBRAIRIE  CHALLAMEL 


17,  rle  Jacob,  17 


PLACE  VICTOR  HUGO 


1921 


AVANT-PROPOS 


Les  difficultés  actuelles  de  V impression  et  surtout  les  frais 
élevés  qu'entraîne  aujourd'  hui  la  publication  d’un  mémoire 
copieusement  illustré  ont  retardé  de  plusieurs  années  l'appa- 
rition de  ce  volume.  Au  moment  où  nous  pouvons  enfin  abou- 
tir, il  nous  est  agréable  de  constater  que  nous  devons  ce  résul- 
tat à V initiative  privée  et  au  généreux  concours  de  personnes 
et  de  Sociétés  qui  savent  reconnaître  l importance  et  l'in- 
térêt qu'ont  pour  la  mise  en  valeur  de  nos  colonies  des  études 
d'ordre  scientifique.  Nous  remercions  donc  bien  vivement  ici 
M.  le  sénateur  Chauveau , M.  Carie , ancien  chef  du  Service 
de  Colonisation  de  Madagascar , la  Compagnie  Nosybéenne 
d Industries  agricoles , M.  Jamet , de  Tananarive,  M.  Orsini, 
administrateur  de  la  Compagnie  de  Batelage  de  la  Côte  Ouest 
de  Madagascar , et  cette  Compagnie . Merci  aussi  à M.  Perrier 
de  la  Bâthie. 

Nous  adressons  également  nos  remerciements  au  Gouverne- 
ment général  de  Madagascar,  qui  nous  a fourni  les  exemplaires 
de  la  carte  annexée  à cet  ouvrage. 

H.  J. 


i 


LA 


*-♦***  A«» 
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•'*  * fri  Ai, 

V É G ÉTAT  I O N M AL  G A G II  E 


INTRODUCTION 

L'homme  a sur  les  ilores  des  pays  qu'il  habite,  et  surtout 
peut-être  dans  les  régions  tropicales,  une  influence  beaucoup 
plus  grande  qu’on  ne  le  croit  généralement. 

On  lui  doit  notamment,  dans  certaines  îles,  la  destruction 
presque  totale  de  la  flore  autochtone,  destruction  parfois  si 
complète  qu'on  serait  tenté,  faute  de  témoins  pouvant  servir 
de  termes  de  comparaison,  de  nier  cette  influence,  ou  tout  au 
moins  de  n en  pas  saisir  toute  l importance.  Ainsi,  aux  Sey- 
chelles, «à  la  Réunion,  à Maurice1,  presque  rien  n'a  subsisté 
de  l’ancienne  flore,  et  il  faut  de  pénibles  recherches  pour 
retrouver  quelques  spécimens  de  la  végétation  primitive  et 
des  luxuriantes  forêts  qui  pourtant,  jadis,  recouvraient  ces 
îles. 

Il  n’en  est  heureusement  pas  encore  de  même  à Madagas- 
car. La  végétation  autochtone  y a bien  été  détruite  sur  près 
des  neuf  dixièmes  de  sa  superficie,  mais  le  versant  Est  con- 
serve encore  de  vastes  forêts,  le  Sud  est  presque  intact  et 
çàet  là  on  trouve  encore,  dans  l'Ouest  et  le  Centre,  des  témoins 
suffisants  pour  étudier  la  flore  primitive  et  faire  comprendre 
toute  l'ampleur  des  modifications  causées  par  l'intervention 
de  l'homme  sur  cette  partie  du  globe. 

En  fait,  l île  malgache  nous  montre  actuellement,  avec  une 
netteté  admirable,  une  des  phases  de  la  lutte  de  l'homme 
contre  la  nature,  lutte  toute  brutale  où  la  raison  n intervient 

t.  Baker:  Flora  of  Mauritius  and  the  Seychelles.  fntrod.,  p.  15. 


LA  VEGETATION  MALGACIIK 


pas.  L’étude  de  cette  phase  et  la  reconstitution  de  celles  qui 
l'ont  précédée  peuvent  nous  fournir  d utiles  indications,  non 
seulement  sur  l'ensemble  des  conditions  biologiques  de  notre 
île,  mais  aussi  sur  celles  d’autres  pays  tropicaux  où  des  explo- 
rateurs ont  signalé  des  formations  de  savanes,  des  parcs,  des 
bosquets,  qui  nous  semblent  ne  pas  avoir  de  causes  pre- 
mières naturelles  et  nêtre  simplement,  comme  ici,  qu'une 
conséquence  des  feux. 

Mais,  sans  nous  occuper  de  ce  qui  peut  se  passer,  ou  non, 
dans  les  régions  à climats  plus  ou  moins  similaires,  jetons  un 
coup  d’œil  d’ensemble  sur  les  conditions  actuelles  de  la  végé- 
tation malgache. 

Dans  le  Centre  et  l'Ouest  s'étendent  d'immenses  prairies 
constituées  par  des  Graminées  dont  les  chaumes,  hauts,  sui- 
vant les  régions,  de  40  centimètres  à 2 mètres,  se  dessèchent 
chaque  hiver.  Les  Malgaches,  soit  pour  se  frayer  un  passage 
à travers  ces  hautes  herbes,  soit  pour  nourrir  leur  bétail,  soit 
par  simple  habitude  et  sans  raison  aucune,  brûlent  annuel- 
lement ces  herbes  sèches.  Une  mince  ligne  de  feu  s’étend, 
des  flammes  plus  ou  moins  violentes,  selon  la  force  du  vent, 
s’élèvent,  et  le  feu  passe  et  s'éteint,  semblant  n’avoir  causé 
aucun  autre  dégât  que  la  destruction  des  parties  aériennes 
de  quelques  Aragues  arbustes  qui  croissent  dans  la  prairie,  ou 
la  disparition  de  l’extrême  lisière  de  quelques  bosquets  isolés. 

Dans  l'Est,  pour  faire  des  cultures  toutes  temporaires  de 
riz,  ces  mêmes  Malgaches  abattent  les  forêts  que  l'on  observe 
encore  sur  ce  versant,  attendent  que  le  bois  soit  sec,  puis 
profitent  d’un  beau  jour  pour  y mettre  le  feu.  Sur  l’emplace- 
ment de  la  forêt  ainsi  détruite  se  développe  une  végétation 
particulière,  mode  transitoire  entre  la  forêt  et  la  prairie  que 
nous  appellerons  la  « brousse  des  tavy  »,  ou  « savoka  ».  Cette 
brousse  des  tavy,  à la  longue,  brûle  et  disparaît  à son  tour  et 
est  remplacée  par  une  prairie  toute  semblable  à celles  du 
Centre  et  de  l'Ouest,  et,  comme  elles,  soumise  au  même  régime 
de  feux  annuels. 

Ces  causes,  agissant  de  date  immémoriale,  depuis  la  venue 
de  l’homme  dans  l'ile,  lentement,  mais  d’une  façon  continue, 


IMRODl’CTIO.N 


comme  la  goutte  d'eau  qui  sculpte  des  montagnes  et  les  fait 
disparaître  ensuite,  ont  profondément  modifié  la  végétation 
primitive  qui  couvrait  l'ile.  Elles  donnent  à la’ végétation 
actuelle  malgache,  en  dehors  de  toute  considération  d'alti- 
tude et  de  climat,  deux  aspects  si  différents  qu’un  observa- 
teur, même  superficiel,  y distingue  immédiatement  deux 
flores,  deux  végétations,  entre  lesquelles  il  n'est  aucun  carac- 
tère commun. 

Une  étude  approfondie  confirme  et  accentue  cette  impres- 
sion première.  En  fait,  ces  deux  végétations  sont  totalement 
différentes. 

La  première,  que  nous  appellerons  végétation  modifiée , est 
très  pauvre  en  espèces,  et  ces  espèces  sont  ou  cosmopolites,  ou 
introduites,  ou  tout  au  moins  très  répandues  dans  l'ile  ; elle 
est  constituée  par  des  prairies  ou  par  de  la  brousse  des  tavy, 
c’est-à-dire  par  des  formations  d'origine  toute  artificielle. 
Sauf  dans  les  « savoka  »,  les  espèces  sont  presque  toutes  à 
tiges  annuelles.  Cette  végétation  varie  peu  dans  les  différentes 
régions  de  l'ile  et  paraît  être  indifférente  aux  changements  de 
climat  et  d'altitude  ; elle  semble,  enfin  dévorer  l'autre  et 
s'étendre  de  plus  en  plus  à ses  dépens. 

La  seconde,  que  nous  appellerons  végétation  autochtone , 
est,  au  contraire,  excessivement  riche  en  espèces,  et  ces  espèces 
sont  toutes  essentiellement  malgaches.  Elle  est  représentée 
par  des  forêts,  des  broussailles,  des  associations  végétales 
toujours  très  complexes,  et  par  des  formations  toujours  plus 
ou  moins  vierges.  Ses  espèces  sont  toutes  arborescentes,  ou 
sylvicoles  ou  encore  crassulescentes  et  vivaces.  Elle  varie 
énormément  selon  l'altitude  et  les  degrés  de  longitude  ; 
enfin,  elle  semble  être  en  voie  d'extinction  rapide  et  n’existe 
déjà  plus  qu'à  l'état  de  témoins  isolés,  plus  ou  moins  éten- 
dus. 

L'origine  de  ces  deux  flores  est  totalement  différente.  L'une 
est  une  résultante  toute  artificielle  de  l’action  de  l'homme  et 
du  feu.  L'autre  résulte  des  seules  forces  de  la  nature,  qui  a 
été  livrée  à elle-même  sur  une  ile  isolée  pendant  de  longues 
périodes  géologiques. 


6 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Ceci  une  fois  bien  compris,  on  voit  combien  toutes  les 
études  sur  les  subdivisions  de  la  flore  malgache,  sur  sa  com- 
position et  ses  affinités  avec  les  flores  des  pays  voisins,  sont 
entachées  forcément  d’erreur,  si  l'on  n'a  pas  tenu  compte,  au 
préalable,  de  ces  deux  manières  d'être,  si  distinctes,  de  la 
végétation  de  l’ile.  Aussi,  dans  cette  étude,  qui  a surtout 
pour  objet  la  forêt  malgache  et  les  conditions  d'ensemble  qui 
lui  ont  permis  de  se  former  et  d'acquérir  ses  caractères  biolo- 
giques si  spéciaux,  et  de  celles  qui  la  font  maintenant  dispa- 
raître, étudierons-nous  séparément  la  végétation  modifiée  par 
l'homme  et  le  feu,  et  la  végétation  autochtone  vierge,  telle 
que  ses  restes,  malheureusement  de  plus  en  plus  réduits, 
nous  ont  permis  de  l'observer. 


PREMIERE  PARTIE 


LA  VÉGÉTATION  MODIFIÉE 

CHAPITRE  I 
Généralités. 

La  végétation  modifiée  est  de  beaucoup  celle  cjui  occupe 
à Madagascar  la  plus  grande  surface,  puisque  sur  les 
58.200.000  hectares  de  superficie  totale  de  l'ile,  la  végé- 
tation autochtone  ne  recouvre  qu’un  peu  plus  du  huitième 
(7.000.000  d'hectares).  Les  caractères  les  plus  frappants  de 
cette  végétation  modifiée  sont  son  extrême  pauvreté  en 
espèces  et  la  distribution  très  large,  dans  l ile  ou  le  reste  du 
monde,  des  quelques  espèces  qui  la  constituent. 

La  raison  de  ces  caractères  est  facile  à comprendre.  Cette 
végétation  avant  des  causes  originelles  qui  sont  toutes  arti- 
ficielles, les  espèces  qui  la  constituent  sont  les  seules  qui  ont 
pu  vivre  dans  les  nouvelles  conditions  créées  par  l’homme  et 
le  feu.  Or,  il  existe,  dans  la  nature,  peu  d'espèces  capables 
de  résister  à des  feux  annuels  ou  à un  changement  brusque 
et  violent  de  la  plupart  des  conditions  de  milieu,  et  ces  rares 
espèces  sont  souvent  cosmopolites,  car,  la  plupart  du  temps, 
elles  ont  acquis  ailleurs,  au  voisinage  de  l’homme,  les  qua- 
lités qui  leur  permettent  de  s’accommoder  d'un  tel  régime. 

La  végétation  modifiée  prend  d’ailleurs  deux  aspects  très 
différents  et  constitue  deux  Formations  très  distinctes.  Sou- 
mise au  régime  des  feux  annuels,  c'est  la  Prairie.  Non  sou- 
mise à ce  régime,  mais  couvrant  des  surfaces  rendues  vacantes 
par  la  destruction  de  l’antique  forêt  autochtone,  c'est  la 
Brousse  des  tavy , ou  le  Savoka.  Nous  étudierons  successive- 
ment ces  deux  Formations,  leurs  conditions  biologiques,  leur 


s 


l.A  VfcfilîTATlON  MAUiAt  IIK 


composition,  l'étendue  qu  elles  recouvrent  ; puis  nous  ajoute- 
rons quelques  mots  sur  la  Formation  des  plantes  rudéralcs  et 
des  champs  cultives.  Fn  effet,  cette  dernière  flore  fait  éga- 
lement partie  de  la  végétation  modifiée  et  sera  peut-être 
Appelée  un  jour,  h la  suite  de  l'extension  des  cultures  et  de 
la  suppression  des  feux  qui  en  sera  probablement  la  consé- 
quence. à remplacer  la  Prairie  ou  tout  au  moins  h la  modifier 
considérablement . 


CHAPITRE  II 


La  Prairie. 


La  Prairie  est  une  conséquence  directe  des  incendies  périodiques. 
Elle  n’est  constituée,  en  effet,  que  d'espèces  aptes  â subir  annuellement 
ces  feux.  Ces  espèces,  communes  à toutes  les  régions  de  l’ile,  et  cosmo- 
polites sous  les  tropiques,  semblent  indifférentes  aux  changements  de 
sol  et  de  climat.  Parmi  elles  se  trouvent  quelques  espèces  accessoires, 
restes  de  l’ancienne  végétation,  que  des  particularité-)  biologiques  ou  la 
plus  grande  violence  des  feux  laissent  subsister  çà  et  la.  La  Prairie, 
grâce  au  feu,  s étend  chaque  jour  davantage  et  recouvrir  bientôt  I lie 
entière,  sauf  l’Extrème-Sud,  où  elle  ne  peut  s'établir  par  suite  d une 
sécheresse  trop  intense.  Elle  ne  constitue  que  des  pâturages  très 
médiocres,  que  les  feux,  à la  longue,  rendent  de  plui  en  pl  s mauvais. 
Pour  les  améliorer  il  faudra  en  changer  la  composition  botanique  et  les 
soustraire  à l’action  des  feux. 

Décrire  laction  d'un  feu  de  brousse,  c est  décrire  le  mode 
de  végétation  des  espèces  qui  constituent  la  Prairie  malgache. 
En  effet,  ce  feu  détruit  annuellement,  et  d une  façon  a peu 
près  constante,  toutes  les  parties  aériennes  des  végétaux  et 
leurs  graines.  Par  suite,  au  bout  de  quelques  ann-ies.  le  feu 
nécessairement  ne  laisse  plus  subsister,  sur  les  surfaces  - u- 
mises  à son  action,  que  les  plantes  qui  sont  aptes  a supporter 
sans  souffrir  la  destruction  de  toutes  leurs  parties  aérienne^, 
et  qui  peuvent  se  multiplier  sans  graines  ou  qui  sont,  du 
moins,  capables  de  vivre  et  de  se  reproduire  en  ne  se  re-emant 
qu  à de  longs  intervalles. 

Il  n v a guère,  pour  satisfaire  à ces  conditions,  que  les 
espèces  vivaces  à tiges  annuelles  et  dont  souches  ^mettent 
des  rejets.  Or.  toutes  les  espèces  de  la  Prairie,  sans  excepti  n. 
sauf  quelques  plantes  apparaissant  accidentellement  et  bien- 
tôt détruites,  ont  ce  mode  tout  particulier  de  végétation. 

C est  là  une  preuve  formelle,  absolue,  que  cette  formation 
de-  prairies  est  bien  toute  artificielle  et  quelle  a uniquem-nt 


10 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Prairie  sur  calcaire  marneux  (jurassique  supérieur)  et  bois  des  terrains 
arénacés  'crétacé  inférieur  , aux  environs  de  Stampikv,  sur  la  Mahavavy  de 
l'Ouest. 

Çà  et  là,  dans  la  prairie,  au  1er  plan,  des  pieds  d Hyphaene  Hilde}>randtii. 
Les  sables  crétacés  du  flanc  de  la  colline  plus  stériles  n’ont  pas  permis  au  feu 
et  aux  Graminées  d'y  détruire  toutes  les  plantes  autochtones,  et  quelques 
arbres  ou  arbustes  ont  persisté.  Vers  le  sommet,  une  couche  de  sable  plus 
stérile  encore  a protégé  la  forêt  du  plateau,  qui  est  restée  intacte. 


Région  de  l'Ouest.  Prairie  dans  l’Ouest,  avec  des  îlots  déplantés  autochtones, 
protégée  par  de  gros  blocs  de  granit.  Phot.  Reynier. 


LA  PRAIRIE 


11 


le  feu  pour  cause  première.  Et  nous  n’oserions  pas  insister 
sur  ce  fait  si  manifeste,  si  logique  et  si  simple,  si  l'on  n’avait 


Prairie  aux  environs  du  lac  Alaotra. 


La  prairie  à Aristidea , qui  remplace  les  savoka , aux  environs  de  Mananjary 

(Région  Est). 


Bois  des  terrains  arénacés,  que  les  feux  transforment  progressivement  en  savane  à Ilyph&ene  S ha  tan.  A droite,  Ad&nson  ta 


LA  l’RAI  Kl  L 


13 


pas  prétendu  que  la  prairie,  la  « steppe  » malgache,  était  une 
formation  naturelle,  ayant  existé  de  toute  antiquité. 

Les  espèces  de  la  prairie  ont  donc  été  sélectionnées,  ou, 
plus  exactement,  choisies  et  triées  par  le  feu.  L'incendie  a 
éliminé  toutes  les  espèces  non  capables  de  s’accommoder  de 
son  action.  Lette  sélection  d espèces  a encore  été  rendue  plus 
sévère  par  la  stérilisation  du  sol.  la  destruction  de  l’humus, 
1 affleurement  de  la  latérite,  en  un  mot  par  l’érosion  plus 


Bois  des  terrains  arénacés  détruits  et  brûlés  sur  la  lisière  d’une  route, 
près  de  Morondava  (Ouest  . 


rapide,  conséquence  forcée  de  feux  qui  dénudent  le  sol  juste 
avant  les  grandes  pluies  de  l’hivernage.  Aussi  cette  Formation 
est-elle  excessivement  pauvre  en  espèces,  et  les  faits,  en  ce 
sens,  dépassent  même  tout  ce  que  l’on  pourrait  imaginer. 

^ oici.  en  effet,  la  liste  des  espèces  de  cette  Formation,  par 
région,  et  avec  les  indications  de  stat  et  distribution  géogra- 
phique de  chacune  de  ces  espèces.  Les  espèces  marquées  d'un 
astérisque  sont  des  Graminées  k chaumes  annuels,  avec 
souches  vivaces  émettant  des  rejets  ; ce  sont  les  plantes  qui 
constituent  k elles  seules  presque  toute  la  Prairie.  Les  autres 
sont  plus  rares  et  occasionnelles. 


li 


LA  YÉGÉTATIC»  MALGACHE 


VERSANT  EST 


NOMS 


DISTRIBUTION 
VERNACULAIRES  GEOGRAPHIQUE 


STAT 

ET  OBSERVATIONS 


Imperata  arundi-  Tena  Cosmopolite 

nacea  Cyr. 

* Andropogon  inter - Verofehaiia 
médius  R.  Br. 

'Andropogon  cym - Verobe  — 

harius  L. 


'Andropogon  rufus  Verofotsy  — 

Kiinth. 

* Aristida  Adscen-  Kifafa 
sionis  L. 

* Aristida  multicau-  Kifafa.  Lefona  Autochtone 
lis  Bak. 


C.C.C.C.  partout. 

C . G. C.C.  sur  les 
collines. 

A. R.  Localisé  sur 
l’emplacement  des 
savoka  nouvel- 
lement détruits  par 
les  feux. 

Collines.  C.C.C. 

Collines  sèches. 
C.C.C. 

Collines  sèches. 
C.C. 

Race  de  A.  Ads- 


' Chrysopogon  Gryl-  Bozaka 
lus  T rin. 

* Pennisetum  seto-  Rambonamboa 
num  Ricli. 

Pycnoneurum  jun-  Kifoko 
ciforme  Dcne. 


Cassia  mimosoides  L. 


Desmodium  inauri-  Tsila vondrivotra 
tianuin  DC. 


Cosmopolite 


Autochtone 


Cosmopolite 


Maurice  et  Afri- 
que tropicale 


censionis . 

Collines  sèches.  C. 

Assez  rare. 

Collines  sèches. 
T uberculeux- vi- 
vace. N’existe  que 
dans  les  endroits  à 
herbes  rares,  à feux 
peu  violents. 

Plusieurs  sous- 
espèces  à étudier, 
les  unes  annuelles, 
les  autres  à souche 
vivace.  Résistant 
d'ailleurs  peu  au  feu. 

Ne  résiste  pas  au 
feu,  mais  se  dissé- 
mine abondam- 
ment. Plante  an- 
nuelle ou  b i sa  n- 
nuelle. 


LA  PRAIRIE 


15 


VE BS A NI 

r OUEST 

DISTRIBUTION 

STAT 

NOMS 

vernaculaires 

GÉOGRAPHIQUES 

ET  OBSERVATIONS 

' Heleropogon  con- 
tortus  R.  et  S. 

Danga 

Cosmopolite 

C.C.C.  Stat  inter- 
médiaire entre  les 
endroits  humides  et 
les  collines  sèches. 

* Andropogon  inler- 
medius  R.  Br. 

Mafiloha. 

C.  C.  Endroits 
plus  humides.  Sur- 
tout abondant  dans 
les  plaines  calcai- 
res. 

* Andropogon  cym- 
barius  Lin. 

Ve  robe 

C.  Abondant  dans 
les  endroits  fertiles 
et  sur  l’emplace- 
ment des  forêts 
récemment  détrui- 
tes par  le  feu . 

* Adropogon  ru  fus 
Kunth. 

Vero 

C.C.C.  Surtout 
dans  les  plaines  et 
plateaux. 

* Andropogon  hirtus 
L. 

— 

C.  C.  Collines 
sèches. 

* A ristida  A d s ce  n- 
sionis  L. 

Pepeka 

— 

C.C.C.  Sur  les 
collines  sèches. 

* Imperata  arundi- 
nacea  L. 

Manevika 

— 

C.C.C.  Dans  les 
plaines  et  plateaux. 

‘ Sporoholus  indi- 

Tsindrodrotra 

— 

Assez  rare. 

eus  R.  Br. 

* C hrysopogon  s p. 
(indéterminé). 

Ahitrombilahy 

•> 

C.C.C.  Collines 
sèches,  surtout  en 
pays  calcaires. 

* Chrysopogon  Gryl- 
lus  T rin . 

Bozaka 

Cosmopolite 

C. C.C.C.  Collines 
sèches. 

* Pennisetum  selo- 



Assez  rare. 

s uni  Rich. 

Wallheria  a me  ri- 
cana L. 

Se  trouve  parfois 
sur  les  collines 
sèches  à herbe  rare, 
c’est-à-dire  à feu 
peu  violent;  parfois 
vivace. 

Cass /a  inimosoides 

L. 

Surtout  près  des 
marais.  Forme  an- 
nuelle . 

Mi 


LA  VÉGÉTATION  MA  LG  Al.  HL 


VERNACULAIRES 


Pycnoneuruni  sessi- 
li/lorum  Dcne. 


DISTRIBUTION 

GÉOGRAPHIQUE 

Au  loch  ton  e 


Polygala  sp.  indé- 
terminé). 


II  elichrysum  sp.  Tsalsainbailra 
(indéterminé). 


Cyperus  sp.  (indé- 
terminé). 

Fimbristylis  dicho- 
toma  Vahl 

Sclerocarya  caffra  Sakoa 
Sond . 


Cosmopolite 

Madagascar 

Afrique 

Australie 


Medemia  nubilis  Satrana  Madagascar 

Hild.  et  W. 


Ilyphaene  Shatan.  Satramira 
Boj.  Mavoravina 

Acridocarpus  eæcel- 
sus  A.  Juss. 

Celastrus  linearis  Tsingilofilo 

Lin.  f.  var.  tnada- 
yascariensis. 


STAT 

IiT  OBSERVATIONS 

Hare.  Dans  les 
endroits  secs.  Vivace 
et  tuberculeux . 

Annuel.  Rare. 
Dans  les  endroits 
secs  e t à feux  peu 
violents. 

Rare.  Vivace.  Ré- 
siste peu  aux  feux. 
Dans  les  endroits 
très  secs  et  à feu 
peu  violent. 

Rare.  Vivace  et  à 
chaumes  annuels. 

Annuel. 

C.  Résiste  au  feu, 
par  suite  de  son 
écorce  épaisse  et  de 
son  ombrage  qui 
empêche  les  Gra- 
minées de  croître 
à ses  pieds. 

C.  C.  Résiste  au 
feu  par  suite  des 
caractères  physi- 
ques et  anatomiques 
de  son  stipe. 

kl. 

C.  Ecorce  épaisse. 
Sur  les  collines 
sèches  à feux  peu 
violents. 

Id. 


PLATEAU  CENTRAL 


NOMS 


DISTRIBUTION 

VERNACULAIRES  GÉOGRAPHIQUE 


* Sporobolus  indiens 
R.  Br. 


Cosmopolite 


STAT 

ET  OBSERVATIONS 

C. 


Tsindrodrotra 


LA 

PRAIRIE 

MSTRIBUTION 

17 

STAT 

NOMS 

VERNACULAIRES 

GÉOGRAPHIQUE 

ET  OBSERVATIONS 

’ Pennisetuin  triti- 
coides  Bak. 

Ilorompotsy 

Autochtone 

C.  C.  C.  Surtout 
près  des  ruisseaux. 

'Pennisetuin  selo- 
suni  Rich . 

Cosmopolite 

A . R.  Surtout  près 
des  ruisseaux. 

* Jmperata  arund i- 
nacea  Cyr. 

Tsevoka 

Assez  rare.  Ne 
s'observe  que  dans 
les  endroits  fertiles. 

'AndropogonSchoe- 
nanthus  L. 

Fiahina 

Cosmopolite 

C.C.C.  Manque 
vers  1.800  m.  alti- 
tude. 

‘ Andropogon  cym- 
barius  L. 

Verobe 

— 

A.  R.  Dans  les 
endroits  fertiles. 

'Andropogon  ru  fus 
Kunth. 

Veromanga 

— 

C . C . Manque  au- 
dessus  de  1.800  m. 

* Chrysopogon  Gryl- 

Bozaka 

— 

C.C.C.  Collines. 

lus  Tria. 

* Arislida  Adscensio- 

Horombavy 

— 

C.C.C.  Collines. 

nis  L . 

'Arislida  multicau- 
lis  Bak. 

Autochtone 

C . C.  C.  Collines. 
Race  d’A.  Adscen- 
sionis. 

' Oplismenus  Bu  r- 

Cosmopolite 

C . C . C . Collines. 

inani  P.  B. 

* Andropogon  hirtus 

L. 

Cassia  miniosoides  L. 

9 

9 

C.  C.  C.  Collines. 

Cosmopolite 

C.  Forme  vivace 
estivale,  à ti^es  éta- 
lées sur  le  sol,elqui 
est  peut-être  bien 
une  mutation  due 
aux  feux. 

Vinca  lancea  Boj. 

Autochtone 

C. Collines  sèches. 
Vivace,  à tiges  an- 
nuelles dans  les 
prairies,  mais  viva- 
ces lorsque  la  plante 
croît  hors  d’atteinte 
des  feux. 

Vigna  arigivensis 

Bak. 

Avoko 

Autochtone 

C.  Collines.  Tu- 
berculeuse. Vivace, 
tiges  annuelles. 

Tachiadenus  longi- 
florus  Griseb. 

Tapabatana 

— 

C.  Collines.  Vi- 
vace. Disparaîtd’ail- 

18 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


.NOMS 


VERNACULAIRES 


DISTRIBUTION 

GÉOGRAPHIQUE 


STAT 

ET  OBSERVATIONS 


Pycnoneurum  jun- 
ci/'orine  Dcne. 

Ptcris  aquilina  L. 


Cyperus  sp. 


leurs  dans  les  feux 
trop  violents.  Loca- 
lisé, par  suite,  sur 
les  collines  arides. 

Rare  et  localisé 
dans  les  endroits 
arides. 

Cosmopolite  A perdu  dans  la 

prairie  la  faculté  de 
produire  des  sores. 
Disparaît  à la  longue 
devant  les  feux. 

Vivace. 


Il  faut  ajoutera  ces  listes,  pour  chaque  région,  une  centaine 
d'espèces  environ  que  l'on  trouve  de  temps  à autre  dans  les 
prairies,  où  elles  tentent  de  s'établir,  mais  d'où  le  feu  les 
déloge  toujours  après  quelques  années.  Ces  espèces,  que  nous 
nommerons  accessoires,  sont,  ou  des  espèces  rudérales  et  des 
champs  cultivés,  ou  des  espèces  de  la  flore  autochtone. Elles 
s introduisent  temporairement  dans  la  prairie  dans  les  endroits 
où,  pour  une  raison  ou  pour  une  autre  (abri  temporaire, 
canaux,  chemin,  collines,  stérilité  trop  grande,  épuisement 
du  sol,  éboulements,  etc.),  les  feux  de  brousse  ont  cessé  et 
sont  devenus  moins  violents.  Les  secondes  sont  surtout  abon- 
dantes dans  les  lieux  qui  ont  été  déboisés  plus  récemment. 
Elles  y persistent  longtemps,  surtout  les  espèces  pouvant 
repousser  de  souche,  mais  elles  finissent  toujours  par  dispa- 
raître, les  feux  les  empêchant  de  se  reproduire,  sinon  de 
végéter . 

Ceci  explique  les  ports  divers  sous  lesquels  se  montre 
souvent  une  même  plante  malgache.  Beaucoup  d'espèces 
présentent,  en  effet,  deux  formes  très  différentes  : une  forme 
sylvestre  et  une  forme  de  dénudation. 

Un  exemple  typique  de  cette  catégorie  d'espèces  est  fourni 
par  Pteris  aquilina , qui,  malgré  sa  large  distribution,  fait 
bien  partie  de  la  flore  autochtone.  Cette  Fougère  persiste 


LA  PRÀIRIK 


iy 

très  longtemps  dans  la  prairie  grâce  à ses  rhizomes  presque 
éternels,  mais  elle  n'y  produit  jamais  de  sores;  et  les  rhizomes 
finissent  par  périr  lorsque  le  sol  est  devenu  trop  compact. 

Quelques  espèces  de  la  Prairie,  surtout  les  espèces 
autochtones  faisant  partie  de  cette  formation,  paraissent  s’èlre 
adaptées  au  régime  des  feux  à l’aide  de  mutations  légères 
dont  l’étude  détaillée  serait  d’un  grand  intérêt.  Mais,  à ce 


Savane  à Meclemïa  dans  l'Ouest.  A la  base  des  stipes  sont  des  cicatrices,  et 
les  troncs  sont  rongés  aux  trois  quarts,  ce  qui  n’empêche  pas  ces  arbres  de 
continuer  à végéter. 

point  de  vue,  chacune  de  ces  espèces  a ses  moyens  particu- 
liers, son  histoire  propre,  que  nous  pourrons  peut-être  un 
jour  raconter  en  détail.  Trop  de  données  nous  manquent 
encore  pour  qu’il  en  puisse  être  question  ici. 

Les  espèces  accessoires  sont  beaucoup  plus  nombreuses  dans 
la  prairie  du  Centre  que  dans  celle  de  l’Est  ou  de  l’Ouest, 
où  l’uniformité  de  la  végétation  est  désolante.  Cela  tient,  pour 
nous,  à deux  causes  : 

1°  A l’antiquité  plus  grande  de  la  Prairie  dans  le  Centre  ; 

2°  A la  végétation  moins  luxuriante  et  à la  stérilité  plus 


20 


LA  yEGÉTATION  MALGACHE 


grande  de  cette  région,  circonstances  qui  rendent  les  feux  de 
prairie  moins  violents,  moins  destructeurs,  et  en  préservent 
même  certaines  collines  très  dénudées,  où  quelques  plantes 
autochtones  peuvent  à nouveau  s'installer  et  prospérer. 

Dans  l'Ouest,  on  trouve  quelques  arbres  qui  semblent 
s'accommoder  parfaitement  du  régime  des  feux  et  se  multi- 
plier malgré  eux.  Gomme  les  Graminées  ordinaires  de  la 


Collet  d'une  liane  (Rouren  orientalis)  déformée  par  les  feux  de  brousse. 
Face  inférieure.  Au  milieu,  racine  pivotante  primitive. 


prairie,  ce  sont  des  espèces  sélectionnées,  triées,  choisies  par 
les  feux.  Ces  arbres  (arbres,  arbustes  ou  Palmiers)  sont,  dans 
les  plaines  à prairie  épaisse  et,  par  suite,  à feux  particu- 
lièrement violents,  Sclerocarya  Caffra,  Medemia  no bi lis  et 
Hyphaene  Shalan,  et,  sur  les  collines  à feux  moins  destruc- 
teurs, Acridocarpus  excelsus  et  Celastrus  linearis.  Sclerocanja 
Caffra  semble  résister  au  feu  par  suite  de  son  écorce 
épaisse,  et  surtout  parce  que  son  ombrage  est  funeste  aux  Gra- 
minées, qui  restent  chétives  tout  autour  de  son  tronc.  Acrido- 


I.A  PRAIRIE 


■1 1 


carpus  e.rcelsus  et  Celastrus  linearis  résistent  aussi  à cause 
de  leur  écorce  épaisse  et  du  stat  qu’ils  affectionnent,  et  où  les 
feux  sont  moins  violents.  Hyphoene  et  Medemia  enfin 
doivent  leur  résistance  aux  caractères  anatomiques  et  phy- 
siques de  leurs  stipes. 

Très  abondantes  parfois,  ces  plantes  arborescentes  donnent 


Le  même  collet  que  celui  de  la  figure  précédente,  mais  vu  par  la  face  supé- 
rieure. Il  n’y  a de  rameaux  que  sur  les  bords  et  aux  extrémités  des  lobes,  et 
les  feux,  en  les  détruisant,  forcent  la  souche  à s’accroître  horizontalement. 

à la  prairie  de  certaines  régions  de  l'Ouest  de  faux  aspects  de 
savane.  Sclerocarya  Caffra  et  Medemia  nohilis  semblent 
s'étendre  vers  l'Est  en  même  temps  que  la  prairie,  mais  cela 
n’est  vrai  que  pour  Sclerocarya,  dont  les  graines  sont  rapi- 
dement disséminées  au  loin  par  les  sangliers,  car  Medemia  a 
existé  de  tout  temps  dans  la  forêt  de  l'Est.  Ces  cinq  espèces, 
arbres,  arbustes  ou  Palmiers  de  l’Ouest,  sont  les  seules  plantes 
arborescentes  malgaches  qui  puissent  se  multiplier  par  graines 
dans  la  prairie.  Cela  est  dû  certainement  à ce  que  ces  graines, 
et  les  jeunes  plants  qui  en  proviennent,  peuvent  échapper  à 


22  LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 

l'action  des  feux,  grâce  à leurs  longues  racines  pivotantes  et 
aussi  au  collet  de  leurs  jeunes  plantules  profondément 
enfoui  dans  le  sol. 

Comme  on  peut  le  voir  par  la  liste  ci-dessus,  les  espèces 
marquées  d'une  astérisque,  dont  les  innombrables  individus 
constituent  presque  seuls  la  Prairie  malgache,  sont  presque 
identiques  dans  l'Est,  l'Ouest  et  le  Centre.  Rien  ne  subsiste 


Prairie  de  l'Ouest,  et  vestiges  de  bois,  avec  Bathiea  rubri/lora  Drake,  protégés 

par  des  rocailles. 


plus,  dans  cette  Formation,  des  divisions  si  nettes  (ainsi  que 
nous  le  verrons  plus  loin  de  la  végétation  autochtone.  C'est 
à peine  si  l'altitude  donne  à la  prairie  au-dessus  de  1.400  m. 
non  pas  un  aspect  différent,  mais  une  composition  botanique 
qui  n'est  pas  tout  à fait  identique. 

Le  climat,  la  position,  la  composition  physique  du  substra- 
tum semblent  laisser  indifférentes  les  espèces  habituelles  de 
la  Prairie.  Pourtant,  suivant  la  région,  lestât  préféré  de  telle 
ou  telle  de  ces  espèces  changera  parfois  légèrement.  C'est 
ainsi,  par  exemple,  qu'  Andrnpogon  ru  fus,  presque  localisé, 


f.A  PRAIRIE 


23 

dans  l’Ouest,  dans  les  plaines  basses  et  humides,  croît 
surtout  au  contraire,  dans  l’Est  et  le  Centre,  sur  les  collines. 

La  pauvreté  en  espèces  de  la  Formation  des  prairies 
pourrait  laisser  croire  que  cette  formation  n’occupe,  dans  l’île, 
que  des  surfaces  insignifiantes.  Il  n en  est  rien  pourtant,  et 
c est  de  beaucoup,  au  contraire,  celle  des  Formations  de  la  flore 
malgache  qui  couvre  les  surfaces  les  plus  étendues,  puisque, 


Restes  de  bois  des  terrains  arénacés,  détruits  par  les  feux  de  prairie,  sur 
les  lianes  stériles  de  la  chaîne  basique  du  Makay,  près  de  Reroroha  (Région 
de  l’Ouest). 

sur  les  58  millions  d'hectares  de  la  superficie  totale  de  l 'île, 
elle  en  recouvre  plus  de  47  millions.  Bien  plus,  quelques 
signes  inquiétants,  que  nous  espérons  encore  avoir  mal  vus 
ou  mal  interprétés,  nous  font  craindre  que  cette  Formation  ne 
soit  destinée  à couvrir,  dans  quelques  siècles,  1 île  tout 
entière,  sauf  l’Extrême-Sud,  que  sa  sécheresse,  si  paradoxal 
que  cela  puisse  paraître,  protégera  toujours  de  la  prairie  et 
des  feux. 

Conséquence  l un  de  l’autre,  étroitement  alliés  dans  leur 
lutte  commune  contre  la  forêt  et  la  sylve  autochtone,  le  feu 


24  T. A VÉGÉTATION  MALGACHE 

et  lp  prairie  dévorent  sous  nos  yeux  les  derniers  vestiges  de 
1 ancienne  flore  malgache.  La  prairie  fournit  le  combustible, 
l'aliment  qui  propagera  le  feu  au  loin  ; le  feu.  à son  tour, 
attaque  la  forêt,  la  détruit  plus  ou  moins  vite  et  livre  à la 
prairie  les  surfaces  jadis  ombragées.  La  prairie,  qui  propage 
le  feu,  et  le  feu,  qui  crée  la  prairie,  étendent  ainsi  leur  action 
de  jour  en  jour  et  multiplient  tellement  leurs  points  d'attaque 


Prairie  aux  environs  de  Besalampy  (Région  Ouest),  sur  arènes  crétacés.  La 
colline,  graveleuse  et  plus  stérile,  a conservé  des  traces  de  végétation  arbo- 
resçente.  Les  bas  fonds,  plus  fertiles,  ne  sont  uniformément  recouverts  que 
de  prairies  à Andropogon  hirtus. 


qu'il  devient  douteux  que  l'homme  puisse  arrêter  mainte- 
nant leur  œuvre  dévastatrice. 

Dans  l'Ouest,  la  Prairie  couvre  maintenant  les  plaines,  les 
collines  et  les  vallées.  Elle  et  son  allié  y détruisent  les  der- 
niers bosquets,  les  derniers  restes  de  bois  que  l'on  y observe 
encore,  et  ceci  lentement,  d’une  manière  insensible,  en  un 
point  donné,  mais  avec  une  rapidité  inouïe  si  l’on  tient  compte 
de  la  multiplicité  des  points  d attaque,  et  si  1 on  fait  le 


LA  PR  Al  Kl  K 


2 O 

total  des  surfaces  déboisées  annuellement.  Dans  cette  région 
occidentale,  quelques  bois  protégés  par  des  obstacles  naturels, 
rocailles  ou  rivières,  semblent  bien  résister  quelque  temps  à 
leur  action,  mais  le  feu  finit  par  tourner  l'obstacle,  et  vient 
créer  bientôt  au  milieu  des  arbres  une  clairière,  qui  désormais 
s’étendra  et  s’emparera  peu  à peu  de  toute  la  surface  boisée. 
Dans  le  Centre,  l'action  a été  plus  brutale  et  plus  rapide. 


Prairie  brûlée  et  lisière  d’un  bois  attaqué  par  les  flammes,  aux  environs  du 
Cap  Saint-André  (Région  Ouest). 


Les  forêts,  laborieux  édifice  construit  par  les  siècles  sur  ces 
sols  stériles,  sont  les  seules  à Madagascar  qui  ont  été  détruites 
et  sont  détruites  par  de  vrais  incendies  de  forêt,  c’est-à-dire 
par  centaines  et  milliers  d’hectares  à la  fois.  Un  de  ces 
incendies  de  forêt,  suivi  de  deux  ou  trois  feux  de  brousse, 
suffit  ici  pour  changer  un  bois  sombre  et  verdoyant  en  cette 
pauvre  prairie,  si  triste  et  si  monotone,  qui  recouvre  mainte- 
nant presque  entièrement  le  Centre. 

Sur  le  versant  Est,  la  Prairie  déborde  déjà  dans  le  Nord  et 
dans  le  Sud.  Elle  s’v  étend  de  plus  en  plus,  en  même  temps 
qu'un  climat  plus  sec  qui  semble  en  être  la  conséquence. 


26 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Même  dans  les  parties  les  plus  humides  de  cette  région,  des 
clairières,  des  taches  de  prairies  déjà  vastes  s'observent  dans 
maints  endroits  ; et  ces  taches,  une  fois  créées,  vont  chaque 
jour  s'agrandissant,  non  aux  dépens  de  la  forêt,  contre 
laquelle  le  feu  et  la  prairie  ne  peuvent  rien  sous  ce  climat, 
mais  aux  dépens  de  la  brousse  des  tavv,  c’est-à-dire  des 
espaces  où  l'homme  a préparé  leùrs  voies  en  détruisant  la 


Forêt  et  prairie  à Aristide  a sur  un  même  sol,  à Vohipeno  (Matitana;  S.-E.). 
L’herbe  sèche  vient  d'être  brûlée.  Quelques  touffes  de  Graminées  seules  sub- 
sistent. Ici  se  manifestent  bien  les  différences  qu’il  y a entre  la  flore  modifiée 
(prairie)  et  la  flore  autochtone  (forêt). 

forêt.  La  prairie  se  comporte  en  effet,  dans  ces  régions  plus 
humides,  tout  à fait  comme  sous  d'autres  climats  plus  secs.  Il 
suffit  d'un  beau  jour  pour  que  les  chaumes  mûrs  des  Grami- 
nées se  dessèchent;  et,  ces  chaumes  une  fois  secs,  le  feu, 
comme  de  lui-même,  jaillit,  et,  plus  violent  peut-être 
qu'ailleurs,  accomplit  rapidement  son  œuvre  par  les  mêmes 
processus,  avec  les  mêmes  résultats. 

La  seule  région  de  l ile  où  la  végétation  autochtone  résis- 
tera toujours  au  feu  et  à la  prairie  est  l'Extrême-Sud.  Là,  en 


LA  PRAIRIE 


27 


effet,  par  suite  du  climat  trop  sec.  les  Graminées  ordinaires 
de  la  prairie  ne  peuvent  s'étendre  et  prospérer;  et  le  feu,  faute 
d’aliments,  ne  peut  causer  aux  plantes  crassulantes  et  peu 
combustibles  de  la  flore  du  Sud  que  d'insignifiants  dégâts, 
vite  réparés  par  la  nature. 

Cette  Prairie  si  vaste  n'a  pas  une  bien  grande  valeur  au 
point  de  vue  économique.  C’est  même  aux  immenses  étendues 


Mont  Yatovavy,  près  de  Mananjary.  Savoka  à Ravenala  envahi  et  détruit 
par  la  prairie.  Au  pied  des  rocs  on  remarque  quelques  arbres,  seuls  restes  de 
la  forêt.  La  végétation  du  sommet  du  pic  et  des  crêtes  est  constituée  par  des 
savoka  à Harong a. 

qu  elle  recouvre,  aux  feux  dont  elle  est  la  conséquence  et  la 
cause,  que  l'on  doit  la  stérilité  si  grande,  la  pauvreté  si  réelle 
des  trois  quarts  au  moins  de  l'ile.  En  effet,  presque  annuel- 
lement, le  feu  dénude  d’immenses  surfaces  ; une  partie  des 
matières  fertilisantes  fixées  par  la  végétation  s’évapore  en 
fumée;  l’autre  est  emportée  par  les  pluies  diluviennes  qui 
suivent  bientôt  les  feux  ; l’érosion  enlève  rapidement  les 
parties  bumifères  et  superficielles  du  sol  dénudé,  et  la  latérite, 
aussi  infertile  que  le  roc,  apparaît  enfin  partout,  rouge, 
ingrate  et  décourageante. 


28 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


La  prairie  malgache,  il  est  vrai,  nourrit  un  nombre  assez 
considérable  de  bœufs,  mais  elle  les  nourrit  mal.  car  les 
bœufs  malgaches  sont  souvent  maigres  et  la  plus  grande 
maladie  qui  les  décime  est  certainement  l'inanition.  Pourtant 
le  nombre  de  ces  bœufs,  en  regard  de  l'étendue  de  la  prairie 
6 millions  de  bœufs  pour  47  millions  d'hectares),  n'est,  en 
somme,  pas  encore  bien  considérable.  En  fait,  la  Prairie 


Mont  Vatovavy,  près  de  Mananjary,  vu  du  N.-E.  Phase  plus  avancée  de 
dénudation.  Il  ne  reste  plus  de  savoka  que  dans  le  fond  des  vallons.  Les 
quelques  arbres  qui  subsistent  à la  base  des  rochers  résistent  parfaitement 
aux  feux  de  prairie,  qui  détruisent  pourtant  les  savoka  d’alentour. 


malgache  n'a  réellement  les  caractères  d’une  vraie  prairie, 
c est-à-dire  d une  prairie  pouvant  produire  du  fourrage  et 
nourrir  des  bœufs  en  toute  saison,  que  dans  les  plaines  de 
l’Ouest  ou  aux  alentours,  et  sur  les  emplacements  des  forêts 
nouvellement  détruites.  Partout  ailleurs  la  prairie  s appauvrit 
de  plus  en  plus  à chaque  feu.  Les  espèces  fourragères  y sont 
d'abord  remplacées  par  des  espèces  plus  coriaces  ; puis,  la 
stérilité  s'accentuant,  elle  devient  semblable  à la  prairie  du 
Centre,  qui  n'a  déjà  presque  plus  rien  d’un  pâturage;  puis, 


LA  PRAIRIE 


29 


finalement,  les  Graminées  coriaces  elles-mêmes  ne  poussent 
plus,  et  la  latérite  reste  nue. 

Il  faudra  donc,  le  jour  où  nos  bœufs  deviendront  plus 
nombreux,  chercher  à utiliser  la  prairie  malgache  et  essayer 
d'en  faire  une  prairie  réelle.  Et  pour  cela,  il  faudra  la  modi- 
fier, c’est-à-dire  remplacer  les  espèces  actuelles,  dures  et 
coriaces,  par  d'autres  réellement  fourragères.  Dans  l'Est  et 
l’Ouest,  sous  les  climats  tropicaux,  ce  sera  chose  facile.  11 
suffira  d’y  détruire  les  mauvaises  espèces,  d’v  supprimer  les 
feux  et  d'entretenir  ensuite  la  prairie  en  la  fauchant  et  en  la 
faisant  brouter  régulièrement.  La  suppression  des  feux  per- 
mettra aux  Graminées  rudérales  ou  des  champs  cultivés 
( Panicum , Digitaria,  Paspalum),  espèces  donnant  de  bons 
fourrages,  de  s’installer  dans  la  prairie  et  d v prospérer  à 
nouveau,  tant  que  le  feu  n’v  fera  pas  sentir  son  action.  Dans 
le  Centre,  la  modification  de  la  prairie  sera  bien  plus  difficile 
à obtenir.  Il  y faudra,  en  plus  de  l’abandon  du  système  des 
feux  et  de  la  destruction  des  plantes  actuelles,  introduire  de 
nouvelles  espèces  fourragères,  car  ces  espèces  manquent 
encore  sous  ce  climat  très  spécial.  Cynodon  Dactylon  est,  en 
en  effet,  la  seule  plante  à assez  bon  fourrage  qui  s’empare 
actuellement  des  espaces  soustraits  par  la  culture  au 
régime  des  feux. 


CHAPITRE  III 


La  Brousse  des  tavy,  ou  Savoka. 


Le  Tavy  est  une  méthode  culturale  très  simple.  L'indigène  abat  la 
forêt,  la  brûle  et  sème  sur  les  cendres.  Jamais  deux  cultures  ne  se 
succèdent  sur  un  terrain  ainsi  préparé.  Les  surfaces  dénudées  par  ce 
moyen  se  recouvrent,  après  la  culture,  d’une  végétation  spéciale, 
le  Savoka,  presque  aussi  pauvre  en  espèces  que  la  Prairie.  Cette  pau- 
vreté en  espèces,  si  singulière  en  regard  de  la  richesse  de  la  forêt 
voisine,  est  due  à des  causes  très  complexes.  Les  Savoka  sont  souvent 
constitués  par  une  seule  espècé  sociale  ou  dominante.  C’est  une 
végétation  transitoire  qui  ferait  retour  à la  Forêt  au  bout  de  quelques 
siècles  si  les  feux  11e  la  détruisaient  pas  et  ne  la  changeaient  pas  aupa- 
ravant en  Prairie.  Son  utilité  économique  est  nulle.  O11  a fait  quelques 
efforts,  sans  grands  résultats,  pour  interdire  la  méthode  culturale  des 
tavy.  Elle  a de  déplorables  effets  au  point  de  vue  social  et  a causé,  en 
moins  de  vingt  ans,  la  destruction  de  plus  de  4 millions  d’hectares  de 
belles  forêts. 


Le  Tavy  correspond  à un  mode  tout  particulier  de  culture 
du  riz.  Il  n’a  rien  de  bien  compliqué.  L'indigène  qui  veut 
faire  un  tavy  cherche  un  endroit  de  la  forêt  riche  en  humus, 
c'est-à-dire  généralement  vierge.  Il  abat  la  forêt,  écorce  les 
gros  arbres  qu'il  ne  peut  abattre,  laisse  sécher  le  tout,  puis  y 
met  le  feu  en  profitant  d'un  beau  jour  et  d’un  grand  vent. 
Gela  brûle  admirablement.  A la  fin  de  l’opération,  quelques 
souches  et  quelques  troncs  restent  seuls  debout,  noirs  et 
carbonisés.  Sur  les  cendres,  à la  première  pluie,  à l’aide  d'un 
long  bâton  pour  tout  outil,  il  sème,  par  poquets  assez 
espacés,  des  graines  diverses,  mais  surtout  du  riz,  du  maïs 
et  des  haricots.  Il  se  bâtit  une  case  près  du  tavy  et  attend 
patiemment  la  récolte,  en  jouant  de  l’accordéon.  Après  4 à 5 
mois  de  cette  existence  idyllique,  le  riz  est  mûr.  L indigène 
convie  ses  parents  et  ses  amis  à la  récolte  ; avec  leur  aide, 
épis  par  épis,  il  la  range  soigneusement  dans  sa  case,  puis  se 


I.A  UROUSSE  DES  TAVY,  OU  SAVOKA 


31 

repose  deux  à trois  mois.  Ce  temps  écoulé,  il  recherche  une 
nouvelle  partie  vierge  delà  forêt  et  recommence  un  autre  tavy 
pour  l'année  suivante.  Jamais  deux  cultures  consécutives  ne 
sont  faites  sur  le  même  emplacement  *. 

La  récolte  une  fois  enlevée,  le  tavy  une  fois  abandonné,  il 
ne  croit  d'abord  sur  son  emplacement  que  de  simples 
mauvaises  herbes,  espèces  rudérales  ou  des  champs  cultivés, 
qui  disparaissent  bientôt.  Puis  une  végétation  spéciale,  ayant 
à la  fois  des  caractères  de  jungle  et  de  jeune  taillis,  apparaît 
et  s’empare  du  terrain.  Cette  brousse  peut  acquérir,  avec 
l'âge,  une  assez  grande  taille,  et  prendre  même  l’aspect  d'une 
petite  forêt  en  miniature,  mais,  à n’importe  quel  moment,  elle 
diffère  toujours  de  la  végétation  autochtone  par  son  aspect, 
sa  composition  homogène  où  domine  toujours  une  essence  de 
beaucoup  prépondérante,  et  par  le  petit  nombre  de  ses  espèces, 
infiniment  moindre,  à surface  égale,  que  dans  les  forêts 
voisines.  Les  indigènes  appellent  cette  brousse  « Antaka  » ou 
« Savoka  à baronga  »,  ou  « à dingadinga  »,  « à bambou  », 
« à ravenala  »,  « à longozo  »,  suivant  le  nom  de  l’espèce 
dominante.  C'est  elle  que  nous  appellerons  « Brousse  des 
tavy  »,  ou  « Savoka  ». 

Comme  la  Prairie,  le  Savoka  se  distingue  immédiatement, 
ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  des  Formations  de  la  tlore 
autochtone  par  sa  pauvreté  en  espèces.  Voici  la  liste  des 
espèces  principales  que  l’on  y observe  le  plus  habituellement. 


1.  Ce  mode  de  culture  n'est  pas  particulier  aux  peuplades  et  aux 
régions  de  l'Est,  mais  il  n’est  plus  pratiqué  en  grand  que  dans  cette 
région  de  l'ile,  car  partout  ailleurs  les  forêts  manquent.  Toutes  les 
autres  peuplades  de  l’ile  le  pratiquent  encore  à l’occasion,  c’est-à-dire 
toutes  les  fois  qu'elles  ont  à leur  disposition  un  bois  encore  vierge  sur 
un  terrain  frais,  circonstances  qui  se  reproduisent  de  plus  en  plus 
rarement.  Le  tavy  est  une  coutume  ancestrale  chez  tous  les  malgaches 
et  n'a  cessé  et  ne  cessera  que  faute  de  forêts.  C’est  la  première  phase 
de  la  culture,  et  ce  n’est  qu’après  la  destruction  complète  de  la  forêt 
que  le  malgache,  poussé  par  la  faim,  se  résout  à labourer  et  à cultiver 
un  vrai  champ. 


I.A  VÉGÉTATION  MALGACHL 


SAVOKA,  OU  BROUSSE  DES  TAVY 


DISTRIBUTION 

STAT 

NOMS 

VERNACULAIRES 

GÉOOR  AFRIQUE 

F.r  OBSERVATIONS  1 

* Naslus  capilatus 
Kunth. 

Yolotsangana 

Madagascar 

C.C.C.  entre  100 
et  GOO  m.  d’altitude. 

* Ravenala  m a d a- 

Fojitsy,  Rave- 

Autochtone 

C.C.C.  entreOct 

gascariensisGmel. 

nala. 

et  GOO  m.  d’alt. 

* A framom i m an- 
gustifolium  Soim. 

Longoza 

C.C.C.  dans  les 
endroits  fertiles 
entre*  0 et  600  ml 
d'altitude. 

* Haronga  tnadagas- 
cariensix  Clioisy. 

Harongana 

, — 

C.C.C.  entre  5( 
et  800  m.  d'altitude 

’ l>siadia  dodonaeae- 
folia  Steel/.. 

Dingadingana 

— 

C.C.C.  entre  50( 
et  800  m.  d'alt. 

* Solarium  auricu- 
latuin  Ait. 

Sévabé 

Cosmopolite 

C.C.C.  Importe 
récemment  ; entre 
400  et  1.400  m. 

'Arundo  madagas- 
riensis  Kunth. 

Fantaka 

Autochtone 

C . partout. 

Dianella  ensi folia 

Yoamasonomby 

Seychelles 

C.C.  entre  200  e 

Red . 

Asie  tropicale 
Polynésie 

1 .000  m.  d'altitude 

lluljtis  rosaefolius 
San . 

Yoaroimbazaha 

Cosmopolite 

C.C.  entre  200  e 
1.000  m. 

E mil i a amplexicau- 
lis  Bak. 

9 

Autochtone 

C.C.  entre  .'100  e 
1 .000  m. 

Pleris  aquilina  Lin. 

Cosmopolite 

C.C.  entre  50 
1.400  m . 

Tristemma  virusa- 

Voatrotroka 

Madagascar 

C.C.  entre  0 e 

nuin  Juss. 

Comores 

Maurice 

1.400  m.  Subrude 
raie  dans  File. 

Cassia  laevigala 

Will. 

Tainakoho 

Cosmopolite 

C.C.  entre  400  e 
1 . 400  m. 

Psidium  Guajava 

Goavy 

cultivé 

C.C.  partout. 

Mussaenda  arcuala 
Poir. 

Clitoria  lasciva  Bojer 

Tsikirity 

Autochtone 

A.  r.  au-dessu 
de  200  m. 

A.  r. 

Cil  rus  divers 

Voangy 

cultives 

C. 

/ Pteris,  2 Dombeya, 
1 Psiadia,  î Maca- 

Autochtones 

A.  r.  et  exce| 
tionnels. 

ranga  Lèn  1( 


I,A  HROUSSE  DES  TAVV,  01  SAVOKA 


33 


Les  espèces  marquées  d'un  astérique  sont  celles  qui  prédo- 
minent, à certaines  altitudes,  sur  certains  terrains  celles 
dont  les  noms  servent  à désigner,  parmi  les  indigènes,  les 
diverses  variétés  de  savoka.  Elles  forment  le  fond  de  cette 
Formation  ; et  les  autres  espèces  sont  perdues  et  à peine 
visibles  au  milieu  d innombrables  individus  de  ces  espèces 
dominantes.  A cette  liste  nous  pourrions  joindre  encore  une 


Savoka  à liaveiiula , disparaissant  devant  la  prairie  et  les  leux. 
Environs  de  Mananjary  (Est). 

centaine  d’espèces  plus  ou  moins  passagères,  plus  ou  moins 
accessoires,  provenant  les  unes  de  la  forêt  voisine,  les  autres 
de  la  Formation  des  plantes  rudérales  et  des  champs  cultivés. 
C’est  encore  peu  pour  les  surfaces,  plus  de  i millions  d’hec- 
tares de  superficie,  que  recouvre  la  brousse  des  tavv. 

La  pauvreté  en  espèces  de  cette  Formation  est  singulière. 
Les  causes  en  sont  bien  plus  complexes  que  dans  la  Formation 
précédente,  où  la  rareté  des  types  n’est  qu’une  conséquence 
manifeste  des  feux.  Ces  causes  sont  générales  pour 
l’ensemble  de  la  Formation,  ou  particulières  et  spéciales  à 


34 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


chacune  des  espèces  de  savoka.  Les  causes  générales  sont  : 
1°  La  destruction  brutale  et  soudaine  de  l’association  si 
complexe,  si  délicate,  qu’est  la  forêt  malgache,  et  l’impossi- 
bilité, pour  la  grande  majorité  des  espèces  silvestres,  de  vivre 
dans  les  conditions  nouvelles  ; 

2°  L absence  d ombrage  et  d'humus  (vite  brûlé  par  le  soleil 
et  enlevé  par  les  pluies)  qui  empêche  les  graines  restées  dans 
le  sol,  et  qui  ont  échappé  au  feu.  de  germer  et  de  croître  ; 


Un  tavy  dans  l'Ouest,  sur  foret  des  sols  alluvionnaires. 
Namoroka  (Ambongo). 


3°  L’étoutl’ement  rapide  des  rares  espèces  silvestres  qui 
ont  pu  germer  malgré  tout  par  les  espèces  prépondérantes 
des  savoka,  plus  aptes  à vivre  dans  les  conditions  nouvelles. 

Les  causes  particulières  sont  très  variées,  mais,  pour  bien 
les  exposer,  il  est  nécessaire  d'esquisser,  à grands  traits, 
l'histoire  particulière  de  chacune  des  espèces  dominantes  de 
la  Formation. 

Nastus  capitatus  Kunth.  — Ce  léger  bambou,  qui  seul  agré- 
mente un  peu  cette  brousse  monotone  des  tavy,  n'existe  guère 


LA  BROUSSE  DES  TAVY,  Ol  SAVOKA 


dans  la  forêt.  Ün  ne  l’y  voit  que  dans  les  éclaircies  acciden- 
telles, les  ravins  et  les  bois  très  clairs,  c'est-à-dire  dans  les 
seuls  endroits  où  les  espèces  concurrentes,  momentanément 
détruites  ou  gênées  dans  leur  croissance  par  une  cause  qu  el 
conque,  1 ont  laissé  se  développer.  Il  résiste  au  feu  grâce  à ses 
longs  rhizomes  souterrains.  Aussi,  lorsque  les  flammes  l’ont 
débarrassé  des  espèces  gênantes,  lorsque  la  forêt  a été  détruite, 
on  le  voit  s'emparer  rapidement  de  tous  les  espaces  vacants 


Un  tavy  dans  la  région  Est. 


et  s'y  multiplier  avec  une  telle  abondance  que  peu  de  plantes 
peuvent  y vivre  en  même  temps  que  lui. 

Ravenala  madagascariensis  Gmel.  — Estégalementraredans 
la  forêt  autochtone.  Pour  fructifier,  il  est  forcé  d'amener  sa  tète 
jusqu'au  faîte  de  la  futaie,  et  sa  croissance  est  plutôt  lente. 
Ses  graines  ont  besoin  de  lumière  pour  germer.  Très  sensibles 
à l'action  de  l’air,  qui  leur  fait  perdre  rapidement  leurs  facultés 
germinatives,  elles  se  conservent,  au  contraire,  presque  indé- 
finiment, et  sans  germer,  dans  l'humus,  tant  que  cet  humus 
est  placé  sous  l’ombre  épaisse  de  la  futaie.  Mais  qu  un  acci- 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


3 G 

dent  quelconque,  la  chute  d'un  arbre,  un  éboulement  ou  la 
destruction  de  la  forêt,  viennent  détruire  cet  ombrage,  et 
toutes  les  graines  enfouies  dans  le  sol  lèveront  à la  fois  en 
quantité  prodigieuse,  même  dans  les  endroits  où  le  Ravenala 
ne  paraissait  pas  exister.  11  forme  ainsi,  sur  l'emplacement 


Un  tavy  dans  la  région  Est. 

des  tavy.  des  peuplements  aussi  denses,  aussi  exclusifs  que 
ceux  du  Xastus  capitatus.  Le  Iiavenala,  en  outre,  fructifie 
beaucoup  plus  vite  dans  les  lieux  découverts  que  dans  les 
bois  : et  ces  circonstances  diverses  en  font  une  des  espèces 
prépondérantes  des  savoka  de  1 Est.  Gomme  cette  plante  est 
monumentale,  tous  les  voyageurs  qui  ont  passé  sur  la  côte 
Est  ont  remarqué  son  abondance  et  ont  décrit  une  « zone  à 
Ravenala  » qui  n’est  en  réalité  qu'une  zone  de  forêts 
détruites. 


I, A BROUSSE  DES  TAVV.  01  SAVOKA 


Aframomurn  angustifoliurn  Sonn.  et  Dianella  ensi folia  Red. 
— Ont  beaucoup  de  points  communs  aA^ec  le  Ravenala.  Comme 
cette  Musacée,  ils  sont  assez  rares  dans  les  bois,  et  localisés 
dans  les  endroits  un  peu  découverts,  ravins  ou  bords  des  ruis- 
seaux. Leursgraines  se  comportent  de  même.  En  outre,  ces  deux 
plantes  se  propagent  abondamment  par  leurs  rhizomes,  comme 
Naslus  capitatus.  Aussi  ces  deux  espèces  sont-elles  très 


Un  tavy  sur  les  concessions  forestières  de  la  Compagnie  de  la  Grande  Ile, 
près  de  Périnet,  sur  le  chemin  de  fer  de  Tananarive  à Tamatave. 

abondantes  et  très  communes  dans  toute  la  Formation  des 
tavy. 

Haronga  maclagascariensis  Choisv.  — Cet  arbuste  ou  petit 
arbre,  dans  les  conditions  naturelles,  est  localisé  près  des 
marais,  qui  sont  rarement  boisés  à Madagascar.  Il  produit 
d’énormes  quantités  de  graines,  et  cela  dès  la  troisième  année. 
Sa  prédilection  pour  les  lieux  découverts,  1 abondance  de  ses 
graines  et  sa  rapidité  de  croissance  suffisent  amplement  à 
expliquer  l’abondance  de  cette  espèce  dans  le  savoka. 

Psiadia  dodonaeae folia  Steetz.  — Devait  être  localisé, 
avant  la  destruction  des  bois, sur  les  collines  arides  ou  dans  les 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


38 

rocailles.  Comme  il  produit  des  graines  en  quantité  immense, 
que  sa  croissance  est  très  rapide,  et  que  ses  graines  sont 
emportées  partout  par  les  vents,  il  s'empare  naturellement 
très  vite  de  tous  les  espaces  libres  qu  il  peut  trouver  dans  sa 
zone  de  prédilection,  c'est-à-dire  entre  300  et  1.400  mètres 
d'altitude.  Il  y est  souvent  remplacé,  au  bout  de  quelques 
années,  par  Haronga  madagascaricnsis  et  Solanum  auricu- 
la/um,  espèces  plus  durables. 


Tavy.  sur  les  concessions  forestières  de  la  Compagnie  de  la  Grande  Ile.  aux 
environs  de  Périnet,  sur  le  chemin  de  Tananarive  à Tamatave.  Cette  photo- 
graphie, comme  la  précédente,  montre  comment  les  Compagnies  possédant 
des  concessions  forestières  détruisent  les  forêts  les  mieux  placées  pour  être 
exploitées. 

Solanum  auriculatum  Ait.  et  Rubus  rosaefolius  Sm.  — 
Espèces  naturalisées,  envahissantes  au  premier  chef,  qui  n'au- 
raient pourtant  pas  pu  trouver  place  parmi  les  Formations 
autochtones,  mais  auxquelles  les  tavy  ont  peimisde  se  multi- 
plier énormément.  Leurs  graines  sont  surtout  disséminées 
par  les  oiseaux. 

Cassia  laeoigata  Willd.  — De  même  origine,  est  surtout 
disséminé  par  l'homme. 


LA  BROUSSE  DES  TAVY,  01  SAVOKA 


39 


Psidium  Guajava  Lèn.  — Le  goyavier  vulgaire,  si  abondant 
parfois,  s est  multiplié  dans  le  savoka  grâce  à l’homme,  aux 
oiseaux  et  aux  sangliers.  Les  Ci/rus  ont  une  histoire  identique. 
Les  autres  espèces  des  tavy  sont  toutes  des  espèces  indigènes, 
très  localisées  dans  les  Formations  autochtones,  mais 
auxquelles  la  suppression  de  la  concurrence  vitale  a permis 
de  se  multiplier  énormément,  après  la  destruction  des  bois. 

Pleris  aquilina  Lèn.  — Mérite  une  mention  spéciale.  Cette 


Savoka  à dingadinga  ( Psiadia  dodonaeae folia)  à Ambatovola  (Est). 


plante,  pas  plus  que  dans  la  prairie,  ne  produit  de  sores  dans 
la  brousse  des  tavy.  bile  n'en  produit  qu'en  forêt.  Mais  ses 
spores  sont  emportées  par  les  vents  à des  distances  énormes, 
et,  trouvant,  dans  le  savoka,  un  terrain  qui  lui  convient,  elle 
s’y  multiplie  beaucoup,  grâce  à ses  tiges  souterraines. 

En  résumé,  la  brousse  des  tavy  est  constituée  entièrement 
par  des  espèces  d'origines  diverses,  mais  toutes  aptes  à vivre 
et  à se  multiplier  dans  les  endroits  découverts.  La  dénudation, 
l érosion  de  l humus,  la  suppression  de  la  concurrence  vitale, 
le  déboisement  en  un  mot,  remplissent  ici  le  même  rôle  que 
le  feu  dans  la  prairie.  Ces  causes  ont  sélectionné,  c’est-à-dire 


40 


I.A  VÉGÉTATION  MALGACHK 


choisi,  parmi  les  plantes  autochtones  ou  naturalisées,  les 
quelques  espèces  aptes  à vivre  dans  les  nouvelles  conditions, 
et  elles  n'ont  permis  qu’à  ces  espèces,  à l'exclusion  de  toute 
autre,  de  s emparer  des  surfaces  déboisées.  Ces  circonstances 
expliquent  le  petit  nombre  de  ces  espèces,  en  regard  de  la 
multitude  des  individus  qui  les  représentent,  caractère  qui 
permet,  ainsi  que  nous  1 avons  dit,  de  distinguer  immédia- 
tement les  Formations  de  la  végétation  modifiée  de  celles  de 
la  végétation  autochtone. 


Savoka  à sévabé  ( Solanvm  auriculaium  aux  environs  d’Analaruazaotra 
vers  800  m.  ait. 

C’est  encore  ce  même  caractère  qui  nous  a permis  de  distin- 
guer entre  elles  deux  sortes  de  brousse  érieoide  que  leur 
aspect  similaire  nous  avait  fait  jadis  confondre.  L’une,  que 
nous  appellerons  « savoka  à Pbilippia  »,  remplace  subitement 
la  forêt  incendiée  dans  certains  endroits  où  les  bois  et 
broussailles  autochtones  brûlent  par  grandes  surfaces  à la 
fois,  notamment  dans  le  Sud-Est.  près  de  la  mer,  et  dans  le 
Centre,  au-dessus  de  1.200  m.  d’altitude.  Ces  « savoka  à 
Pbilippia  » durent  peu  d’ailleurs,  flambent  vite  et  sont 


l.A  lî  HOUSSE  DES  TAYV,  OU  SAVOKA 


bientôt  remplacés  par  la  prairie  habituelle.  Comme  les  autres 
Formations  de  la  végétation  modifiée,  celle-ci  n'est  constituée 
que  par  quelques  espèces,  Philippin  ou  Helichrysum.  La 
brousse  éricoïde  des  altitudes  supérieures  à 2.000  m..  Forma- 
tion dont  il  sera  question  plus  loin,  et  qui  lui  ressemble 
beaucoup  d'aspect,  est  au  contraire  très  riche  en  espèces  et  a 
tous  les  caractères  des  autres  Formations  autochtones, 

La  brousse  des  tavv  couvre  environ  dans  l île  quatre 


Savoka  à Philippia,  aux  environs  de  Moramanga,  vers  sou  m.  ait. 


millions  d’hectares.  Sauf  quelques  milliers  d'hectares  dans  le 
Sambirano,  tous  les  savoka  se  trouvent  dans  l'Est.  Cette 
Formation,  en  effet,  n'existe  que  sous  les  climats  humides,  où 
le  feu  et  la  prairie  ne  peuvent  s’emparer  immédiatement  des 
surlaces  déboisées  par  les  tavv.  Aussi  est-ce  un  mode  de 
végétation  transitoire  ',  qu’aucune  action  durable  et  répétée 

1.  Les  espèces  autochtones  des  savoka  ont,  dans  la  forêt  vierge,  un 
rôle  analogue  à celui  du  bouleau  dans  nos  forêts  de  hêtres.  Lorsqu’un 
vide  se  produit  dans  la  futaie,  soit  par  suite  de  la  mort  d'un  arbre,  soit 
pour  toute  autre  cause,  elles  s’en  emparent  immédiatement,  au  point 
d’empêcher  toute  autre  végétation.  Puis  elles  grandissent,  et,  sous  leur 


i2 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


ne  maintient  dans  une  forme  constante,  et  qui  devrait  faire 
retour  à la  forêt  au  bout  de  quelques  siècles  si  le  feu,  qui 
respecte  la  forêt  dans  ces  régions,  n’attaquait  pas  ces  savoka, 
et  si  toutes  les  surfaces  occupées  par  cette  Formation  n’étaient 
pas,  par  suite,  destinées  fatalement  à devenir  un  jour  des 
prairies. 

En  fait,  il  y a peu  d'exemples  de  savoka  redevenant  forêt. 
Nous  en  avons  pourtant  observé  quelques  cas  dans  le 
Sambirano  et  dans  le  massif  de  Masoala,  près  de  Marambo. 
Les  forêts  ainsi  reformées  sont  facilement  distinguées  des 
parties  vierges  par  le  petit  nombre  des  espèces  qui  les  consti- 
tuent ',  nombre  beaucoup  plus  grand  que  dans  la  brousse  des 
tavy,  mais  bien  moindre  que  dans  les  Formations  vierges.  Au 
reste,  quelques  espèces  naturalisées  durables,  telles  que  les 
Citrus  et  les  goyaviers,  permettent  de  reconnaître  au  premier 
coup  d'œil  toute  forêt  anciennement  « tavée  ».  Mais  ces 
exemples  sont  si  rares  que  I on  peut  dire  qu  en  règle  géné- 
rale jamais  les  savoka  ne  font  retour  à la  forêt. 

Les  exemples  de  savoka  se  changeant  en  prairie  sont,  au 
contraire,  excessivement  nombreux.  La  prairie  et  le  feu 
détruisent,  en  effet,  cette  Formation  de  la  même  manière 
qu'ils  détruisent  les  bois  dans  l'Ouest,  mais  plus  rapidement 
encore,  car  les  Pteris  et  quelques  Graminées  rendent  la 
brousse  des  tavv  bien  plus  inflammable. 

L utilité  économique  de  cette  brousse  est  nulle.  Peut-être 
pourrait-on  y exploiter  les  graines  de  longoza,  analogues  à 
celles  des  autres  Amomes.  Cependant  les  savoka  valent  mieux 

ombrage  de  plus  en  plus  clair,  se  développent  peu  à peu  les  arbres  qui 
reconstitueront  la  forêt.  Le  cycle  de  reconstitution  est  très  lent  et 
équivaut  à un  véritable  assolement,  rendu  peut-être  nécessaire  par  la 
stérilité  des  latérites.  Les  plantes  des  savoka  sont  donc  précieuses  au 
point  de  vue  forestier;  et  certaines  d’entre  elles  permettront  peut-être 
de  reconstituer  la  forêt  sur  des  latérites  dénudées. 

1.  Ce  fait  semble  indiquer  que  l’exploitation  détruira  l'hétérogénéité 
de  la  futaie,  ce  grave  défaut  de  la  forêt  malgache  au  point  de  vue 
forestier.  Il  permet  d'entrevoir  la  possibilité  de  changer  la  futaie 
actuelle  en  futaie  homogène,  constituée  par  une  ou  plusieurs  essences 
déterminées. 


f.A  liltOl  SSE  DES  TAVY.  ül  SAVOKA 


43 

au  point  de  vue  cultural  que  la  prairie.  Les  arbres  y poussent, 
ce  qui  est  précieux  pour  les  cultures  tropicales  qui  demandent 
de  l’ombrage  ; et  les  feux  annuels  n'en  ont  pas  encore  stéri- 
lisé complètement  le  sol.  La  meilleure  manière  d'utiliser  la 
brousse  des  tavy  serait  de  la  reboiser,  mais  ce  reboisement, 
bien  que  moins  problématique  ici  que  sur  la  prairie,  exigera 
une  somme  autrement  grande  d’efforts,  d'argent  et  de  temps 


Savoka  à Philippia  sur  la  lisière  d’une  forêt  brûlée,  aux  environs 
de  Mananjary. 


que  celle  qui  a été  nécessaire  pour  priver  ces  surfaces  des 
belles  forêts  qui  les  couvraient  jadis. 

L’Administration  fait  en  ce  moment-ci  quelques  efforts  pour 
arriver  à la  suppression  des  tavy.  Elle  n'a  pas  pu  encore 
obtenir  ce  résultat,  et  les  Tanala,  dans  le  Sud-Est,  ainsi  que 
les  Tsimihety,  dans  le  Nord,  continuent  toujours  à détruire 
ce  qui  reste  de  la  forêt.  Espérons  qu’on  arrivera  pourtant 
bientôt  à des  résultats  plus  complets,  car  il  est  temps  d’arrêter 
cette  dévastation.  Plus  de  4 millions  d hectares  de  forêts  ont 
été  détruits  ainsi  depuis  20  ans  et  ont  été  changés  en  prairies 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHK 


ou  en  savoka.  Et  ces  forêts,  que  les  indigènes  ont  fait  dispa- 
raître surtout  dans  les  vallées,  étaient  naturellement  les  plus 
belles  et  les  plus  accessibles. 

Le  seul  tort  des  tavy  n'est  pas  seulement  la  destruction  des 
bois  et  l’appauvrissement  du  sol  qui  en  est  la  conséquence 
forcée,  dans  un  pays  constitué  physiquement  comme  l'est 
Madagascar.  Au  point  de  vue  social,  ce  mode  de  culture  a, 
en  outre,  les  plus  déplorables  effets.  Chaque  année,  l indigène 
qui  s’y  livre  abandonne  son  champ  et  sa  hutte  pour  aller 
au  loin  en  refaire  d'autres.  Lorsque  la  forêt  est  devenue  trop 
lointaine,  il  change  même  l'emplacement  de  son  village. 
Ce  village  n'est  d'ailleurs  qu'un  endroit  où  l'Administration 
l'a  forcé  de  construire  une  case  toute  représentative,  et  qu  il 
n'habite,  pour  ainsi  dire,  jamais.  Aucun  progrès,  ni  cultural 
ni  moral,  n'est  possible  dans  ces  conditions.  Le  tavy  est  un 
mode  cultural  qui  détruit  au  lieu  de  créer,  et  ne  laisse  après 
lui.  partout  où  il  a été  pratiqué,  que  ruine,  abandon,  brousse 
impénétrable  et  inutile. 


CHAPITRE  IV 


Les  Plantes  rudérales  et  des  Champs  cultivés. 

Les  lieux  en  culture  permanente  et  les  alentours  des  villages,  non 
soumis  au  régime  des  feux,  sont,  par  suite,  bien  plus  riches  en  espèces 
que  les  prairies  et  les  savoka.  La  plupart  de  ces  espèces  ont  été  intro- 
duites, volontairement  ou  non,  par  l'homme  ; quelques-unes  cependant 
sont  des  espèces  autochtones  qui  se  sont  réfugiées  sur  ces  stations  et 
s’y  sont  adaptées  à des  conditions  nouvelles.  Lorsque  le  feu  cessera  son 
action  sur  la  Prairie,  toutes  ces  espèces  l’envahiront  et  constitueront 
une  flore  nouvelle  n'ayant  presque  plus  rien  de  commun  avec  l’an- 
cienne. Quelques  rares  espèces  introduites  pénètrent  parmi  les  forma- 
tions autochtones  non  vierges,  mais  ne  s’y  maintiendraient  sans  doute 
pas  si  l’homme  venait  à disparaître  de  l'île.  Moins  ubiquistes  que  les 
espèces  de  la  Prairie,  celles  de  celte  Formation  ne  sont  pas  communes 
à toutes  les  régions  de  File  ; chacune  de  ces  régions  possède  en  propre 
quelques  espèces. 

Les  décombres,  les  alentours  des  habitations  et  des  villages, 
les  jardins  et  les  champs  cultivés,  les  vieux  murs,  les  haies 
et  les  routes  constituent  un  ensemble  de  localités  placé  dans  des 
conditions  tout  autres  que  les  surfaces  que  couvrent  les  savoka 
et  la  prairie.  En  effet,  en  tous  ces  endroits,  les  feux  de 
brousse  ne  font  pas  sentir  leur  action,  et  la  végétation  autoch- 
tone a été  détruite  depuis  longtemps.  En  d’autres  termes,  le 
feu  n’y  limite  plus  fatalement  le  nombre  des  espèces,  et  ce 
stat  constitue  un  terrain  très  propice  pour  l'introduction  de 
plantes  nouvelles,  un  espace  vide  qui  ne  demande  qu’à  se 
peupler. 

Aussi  cette  Formation  est-elle  la  plus  riche  en  espèces  de 
toutes  les  Formations  de  la  végétation  modifiée,  malgré  sa 
localisation  très  restreinte  ? La  grande  ma  jorité  de  ces  espèces 
sont  des  plantes  introduites,  volontairement  ou  involontaire- 
ment, par  l’homme,  puis  naturalisées.  Leur  nombre  s'accroît 
même  de  jour  en  jour  ; et  nombreuses  sont  les  acquisitions 


16 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


que  nous  avons  vues  faites  ainsi  par  la  flore  malgache,  depuis 
les  quelque  vingt  ans  que  nous  essayons  de  l’étudier.  Ces 
nouvelles  recrues  sont  d'origines  très  diverses  ; elles  viennent 
de  tous  les  points  du  globe  : les  unes  se  sont  échappées  des 
cultures  et  des  jardins,  et  les  autres,  qui  sont,  pour  la  plu- 
part, de  mauvaises  herbes  tropicales,  ont  été  apportées  par 
hasard  dans  un  sac  de  graines  alimentaires,  ou  dans  une  balle 
de  foin,  ou  sur  un  ballot  de  marchandises. 


Psiadia  dodonaeaefolia  et  rosier,  dans  une  haie,  près  d'Antsirabe,  à 
1.500  m.  d altitude  (Centre).  Exemple  d'espèce  autochtone  conservée  par  les 
indigènes. 

Les  autres  espèces  de  la  Formation  sont  des  autochtones, 
qui  ont  échappé  à la  destruction  complète  en  se  réfugiant  sur 
ces  stations.  Les  différents  moyens  qu  elles  ont  alors  employés 
pour  se  plier  aux  conditions  nouvelles  sont  intéressants  à 
étudier.  Les  unes,  généralement  utiles  par  quelques-uns  de 
leur  caractère,  ont  été  directement  conservées  par  1 homme  ; 
d autres  ont  envahi  les  haies,  les  vieux  murs  et  les  talus  des 
routes,  comme  le  font  parfois  en  France  les  espèces  des  bois 


LES  PLANTES  RL' DERA  LES  ET  DES  CHAMPS  CULTIVES  T/ 

et  des  rocailles.  D'autres,  surtout  annuelles,  se  répandent  dans 
les  champs  cultivés,  et  s'y  multiplient  énormément,  parais- 
sant mieux  s’y  plaire  que  dans  leur  station  d’origine.  D’autres 
enfin  mutent  légèrement  et  s'adaptent  franchement  aux  condi- 
tions nouvelles. 

Toutes  ces  espèces,  sauf  celles  qui  sont  essentiellement 
rudérales,  semblent  n'être  localisées  dans  cette  Formation  que 
d'une  manière  toute  provisoire.  Elles  y sont  comme  mainte- 
nues, refoulées  par  les  feux.  Mais  que  le  feu.  pour  une  cause 
ou  une  autre,  vienne  à cesser  son  action  sur  une  parcelle  de 
prairie,  et  toutes  ces  plantes  l’envahissent  k l'envie.  Les 
espèces  de  la  Prairie,  lorsqu'elles  ne  sont  plus  protégées  par 
les  feux,  disparaissent,  en  effet,  lentement  devant  elles.  Dans 
l'ensemble,  en  un  mot,  cette  Formation,  où  la  nature  a repris 
une  partie  de  ses  droits,  semble  être  un  champ  d’essai,  un 
laboratoire  où  s’élabore  lentement  une  flore  nouvelle, destinée 
k s'emparer  des  espaces  que  couvre  actuellement  la  Prairie, 
le  jour  où  cette  Formation  échappera  au  régime  des  feux. 

Et  lorsque,  dans  quelques  siècles,  toutes  les  Formations 
autochtones  auront  été  détruites,  quand  la  suppression  des 
feux,  suite  probable  de  l’extension  des  cultures  et  de  l'éle- 
vage, aura  rendu  k la  vie  normale  toutes  les  surfaces  occu- 
pées parla  prairie  actuelle,  cette  nouvelle  flore,  accrue  encore 
d'éléments  nouveaux,  régnera  probablement  sur  tout  le  terri- 
toire malgache.  11  sera  difficile  alors  de  retrouver  les  affinités 
de  la  flore  malgache  ainsi  modifiée,  ou  les  causes  d’ordre  géo- 
logique qui  ont  pu  influer  sur  sa  constitution.  Et  pourtant 
ne  sera-t-elle  pas  alors  dans  un  état  identique  à celui  sous 
lequel  se  montrent  à nos  veux  les  flores  de  Maurice,  de  la 
Réunion,  des  Seychelles,  et,  en  général,  de  tous  les  pays  tro- 
picaux surpeuplés  ? 

Nous  avons  cité  plus  haut  quelques  exemples  de  plantes 
récemment  naturalisées  ( Solarium  auriculaturn,  liubus  rosae- 
folius,  goyavier)  envahissant  la  brousse  des  tavy.  La  plupart 
des  espèces  de  la  Prairie  n'ont  probablement  pas  une  autre 
origine.  Sonchus  oleraceus , sur  les  plateaux  calcaires  de 
1 Ouest,  Cynodon  Daclylon  et  Setaria  ylauca,  dans  le  Centre, 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 

pénètrent  aussi  maintenant  dans  la  prairie,  malgré  les  feux. 
Quelques-unes  de  ces  espèces  étrangères  s’introduisent  même 
dans  les  Formations  autochtones  plus  ou  moins  modifiées,  où 
elles  luttent  avantageusement  contre  les  anciennes  espèces. 
Ce  sont  surtout  le  manguier,  le  citronnier,  diverses  variétés 
d eCitrus  medica,  d’ailleurs  peut-être  indigènes,  Opuntia  Dille- 
nii  Ilaw.,  Jalropha  Curcas , Scrjania  curassavica  Radlk.,  et 


Dodomiea  madagascariensis.  Exemple  d'espèce  autochtone  utile  conservée 
par  les  indigènes  Antsirabe,  1.500  m.  ait.  Centre).  Utilisation  : Les  feuilles 
servent  à nourrir  le  ver  à soie  malgache. 


Argemone  mexicana.  Le  manguier  ne  se  reproduit  guère,  dans  les 
bois  de  l'Ouest,  que  près  des  routes  et  des  endroits  peuplés, 
mais  le  citronnier,  dans  la  même  région,  existe  dans  des  forêts 
presque  vierges.  Il  y a été  vraisemblablement  introduit  par  les 
chercheurs  de  caoutchouc,  qui  emploient  son  fruit  pour  coaguler 
le  latex  des  Landolphia;  et,  comme  il  croit,  sous  ce  climat,  sur- 
tout aubord  des  ruisseaux,  les  crues,  en  emportant  son  fruit  au 
loin,  en  ont  répandu  abondamment  l espèce.  Opuntia  Dillenii 
s’est  emparé  des  alluvions  riveraines  des  fleuves  de  l’Extrême- 


LES  PLANTES  KUDÉRALES  ET  DES  CHAMPS  CULTIVÉS 


49 

Sud,  où  il  dispute  à la  brousse  autochtone  des  surfaces  modi- 
fiées par  les  crues  ou  de  très  anciennes  cultures.  Jatropha 
Curcas  et  Serjania  curassavica  envahissent,  dans  l'Ouest,  tous 
les  bois  frais  du  même  stat,  où  les  grandes  crues  de  l'hivernage 
surtout  disséminent  leurs  graines.  Quant  à Arc/ernone  mexi- 
cana,  elle  semble  avoir  trouvé  une  seconde  patrie  sur  les 


Henonia  scoparia,  dans  un  jardin  à Tananarive.  Exemple  d’espèce  autoch- 
tone utile  en  voie  de  disparition,  conservée  par  les  indigènes.  L'Henonia  est 
utilisé  en  pharmacopée  indigène  et  planté  aussi  comme  plante  d’agrément. 


dunes  de  presque  toutes  les  côtes  de  l île.  Ces  espèces  seules, 
et  peut-être  aussi  Psidium  Guajava  et  Acacia  Lebbeck , 
persisteraient  probablement  si  l'homme  venait  à disparaître 
de  l'ile.  Les  autres  espèces  introduites,  qui  semblent  mainte- 
nant appelées  à s’emparer  de  Madagascar  tout  entier,  ne  se 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


oO 

multiplient  pas,  en  somme,  en  dehors  de  la  protection  directe 
ou  indirecte  de  l'homme  ; et  si  la  cause  qui  les  rend  prépon- 
dérantes venait  à disparaître,  elles  disparaîtraient  sans  doute 
totalement  avec  elle.  Ce  retour  à la  végétation  primitive  serait 
toutefois  très  lent.  Il  faudrait  des  siècles  aux  latérites  de  l'Est 
pour  qu’elles  se  recouvrent  à nouveau  d'humus  et  de  foret, 
et  bien  plus  de  temps  encore  à celles  soumises  à une  saison 
sèche.  Le  reboisement  naturel  de  ces  dernières  restera  d’ail- 
leurs toujours  problématique,  même  sous  la  condition  radi- 
cale de  la  suppression  de  l'homme. 

Malgré  le  très  grand  nombre  d espèces  étrangères,  mainte- 
nant naturalisées  à Madagascar,  aucune  n'a  jamais  pu  péné- 
trer dans  les  formations  autochtones  vierges,  absolument 
intactes.  De  telles  formations  sont  en  équilibre  biologique 
parfait  ; et,  dans  leurs  associations  végétales  très  fermées, 
aucune  espèce  étrangère  ne  peut  trouver  place.  Pour  que  l'in- 
troduction  d'une  nouvelle  espèce  y soit  possible,  il  faut  que 
cet  équilibre  soit  détruit,  que  cette  végétation  autochtone 
soit  plus  ou  moins  modifiée  par  les  feux,  les  défrichements, 
les  cultures;  et  c'est  seulement  à la  place  des  espèces  natives 
détruites  que  peuvent  croître  et  prospérer  des  espèces  étran- 
gères. Aussi  à l'encontre  de  Darwin  dirons-nous  volontiers 
que,  à l’état  de  nature,  en  dehors  de  l'action  de  l'homme  et 
de  certains  phénomènes  géologiques,  causes  qui  peuvent  créer 
des  associations  ouvertes,  aucune  nouvelle  espèce  ne  peut 
être  introduite  dans  une  contrée  ayant  conservé  intacte  sa 
végétation  native.  Pour  nous,  un  grand  nombre  d'espèces 
naturalisées  dans  un  pays  est  une  preuve  formelle  que  la  végé- 
tation native  y a été  détruite  sur  de  vastes  surfaces. 

t.  Darwin,  en  etTet,  dit  Origines  des  espèces  chap.  3,  XYI  que  le 
nombre  des  espèces  que  peut  acquérir  une  contrée  est  illimité,  et  il 
cite,  à l'appui  de  sa  thèse,  l'introduction  d'une  foule  d’espèces  étran- 
gères dans  l'Afrique  du  Sud,  dont  la  flore  est  déjà  excessivement  riche. 
C’est  peut-être  exact  au  point  de  vue  statistique,  les  espèces  natives 
avant  pu  persister  dans  certaines  localités,  mais  il  n'en  est  pas  moins 
vrai  que  les  espèces  étrangères  n'ont  envahi  que  les  surfaces  où  les 
espèces  natives  avaient  été  détruites,  et,  sur  ces  surfaces , appelées  par 
le  fait  de  l'homme  à s'étendre  de  plus  en  plus,  le  nombre  des  espèces 
ne  s'est  pas  accru,  bien  au  contraire. 


LES  PLANTES  Rl’DÉRALES  ET  DES  CHAMPS  CULTIVÉS  51 

Bien  que  la  caractéristique  générale  de  toutes  les  espèces 
de  la  Formation  des  plantes  rudérales  et  des  champs  cultivés 
soit  une  grande  souplesse  vis-à-vis  des  conditions  de  milieu, 
on  observe  néanmoins,  dans  l’ensemble  de  cette  formation, 
une  plus  grande  sensibilité  aux  changements  des  conditions 
climatiques  que  dans  le  reste  de  la  flore  modifiée.  Les  espèces 
de  ce  stat  ne  sont  pas  toujours  communes  aux  trois  régions 
principales  de  l'ile.  Beaucoup  d’espèces  de  l’Est  ne  se  retrouvent 
pas  dans  l’Ouest,  et  chaque  région  possède  des  espèces  en 
propre.  Mais  ceci  n’est  probablement  qu’une  simple  consé- 
quence de  la  plus  grande  richesse  en  espèces. 

Il  eût  été  intéressant  de  dresser  la  liste  complète  de  toutes 
les  espèces  de  cette  Formation,  en  ajoutant  à chacune  d’elles 
ce  que  l'on  sait  de  son  histoire,  de  son  origine  probable  et 
de  ses  moyens  de  lutte  et  de  dissémination.  Malheureusement 
beaucoup  de  données  nous  manquent  encore  sur  la  question, 
et  le  sujet  nous  parait  assez  important  pour  devoir  être 
traité  avec  quelques  détails.  Par  suite,  il  sortirait  des  cadres  de 
cette  étude  L 

1.  Baron  a d’ailleurs  publié  une  liste  des  plantes  introduites  à Mada- 
gascar. 


CHAPITRE  V 


La  Mangrove  et  les  Plantes  maritimes. 


Ces  Formations  sont  bien  autochtones,  mais  îles  conditions  de  milieu 
très  spéciales  y limitent  le  nombre  des  espèces,  comme  dans  les  For- 
mations modifiées  par  l'homme.  Elles  sont  très  nettement  délimitées.  La 
Formation  des  plantes  maritimes  ne  comprend  que  des  espèces  littorales 
halophiles,  communes  à toutes  les  côtes  de  File  ; celle  de  la  Mangrove 
ne  comprend  que  des  espèces  adaptées  par  des  moyens  divers  aux 
inondations  périodiques  de  la  marée.  La  Mangrove  a quelque  impor- 
tance économique,  grâce  surtout  à ses  arbres  à tanin. 

Avant  de  passer  à l'étude  de  la  flore  autochtone,  nous 
étudierons  à part  la  Formation  des  plantes  littorales  mari- 
times et  la  Mangrove,  qui  sont,  pour  ainsi  dire,  inter- 
médiaires entre  la  végétation  autochtone  et  la  végétation 
modifiée.  Elles  appartiennent  bien  à la  première,  en  ce  sens 
que  la  nature  seule  a contribué  à leur  création  et  qu'on  ne 
peut  guère  refuser  l indigénat  à la  plupart  des  espèces  qui 
les  constituent,  mais  elles  ont  aussi  de  grandes  analogies 
biologiques  avec  la  seconde,  puisque  ces  espèces  ont  été  néan- 
moins importées  par  les  flots  et  que  le  sel,  jouant  ici  le  rôle 
du  feu  dans  la  Prairie,  y limite  encore  le  nombre  des  espèces, 
en  empêchant  toutes  plantes  non  adaptées  d’y  prospérer.  Aussi 
retrouverons-nous  dans  ces  formations  le  caractère  typique  de 
la  Prairie,  c’est-à-dire  un  petit  nombre  d'espèces  représentées 
par  un  nombre  relativement  très  grand  d'individus. 

Les  limites  de  ces  Formations,  par  rapport  au  reste  de  la  flore 
malgache,  sont  d'ailleurs  excessivement  nettes.  On  ne  trouve 
pas  dans  l’île,  en  effet,  au  voisinage  de  la  mer,  les  nombreuses 
mutations  ou  variations  maritimes  que  l’on  observe,  par 
exemple,  aux  abords  des  rivages  méditerranéens  h Les  espèces 

1.  Nous  n’avons  observé  que  deux  espèces  présentant  des  formes 
maritimes  : un  Vernonia  et  Asyslasia  yangelica.  Toutes  deux  sont  peu 
constantes  et  très  répandues  dans  l ile. 


GA  MANGROVE  ET  LES  PLANTES  MARITIMES 


maritimes  malgaches,  communes  à presque  tous  les  rivages 
du  canal  de  Mozambique  et  de  l'Océan  Indien,  disparaissent 
brusquement  du  côté  de  la  terre,  et  l'on  ne  trouve  nulle  part 
la  moindre  trace  d’adaptation  des  espèces  terrestres  à un 


Viscum  sp.,  parasite  sur  un  arbre  de  la  mangrove. 

milieu  plus  ou  moins  salé,  ou  vice  versa.  Ce  fait,  que  nous  ne 
sommes  pas  parvenu  à nous  expliquer  d'une  manière  satis- 
laisante,  est  d autant  plus  frappant  que  de  grands  espaces, 
qui  sont  trop  salés  pour  que  les  espèces  terrestres  puissent 
s y développer,  mais  qui  ne  le  sont  pas  assez  pour  convenir 
aux  espèces  maritimes,  restent  souvent  totalement  dénudés 
entre  les  sols  franchement  salés  et  ceux  qui  ne  le  sont  pas 
du  tout. 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Les  plantes  maritimes  semblent  être  indifférentes  aux 
A’ariations  climatiques  ; et  ce  sont,  en  somme,  les  mêmes 
espèces  que  I on  retrouve  au  Nord  comme  au  Sud,  à l'Est 
comme  à l'Ouest.  Elles  poussent,  les  unes  sur  des  terrains 
salés,  non  inondés  par  les  marées,  les  autres  sur  des  sols 
recouverts  au  contraire  à chaque  flux  par  des  eaux  salées  ou 
plus  ou  moins  saumâtres.  Nous  diviserons  en  conséquence  ces 
plantes  en  deux  Formations, très  nettement  limitées  entre  elles 
et  n'ayant  presque  aucun  caractère  botanique  de  commun.  La 
première  de  ces  Formations  sera  celle  « des  bords  de  la  mer  » 
et  la  deuxième  celle  « de  la  Mangrove  ». 

Nous  ne  comprenons  dans  la  Formation  des  bords  de  la  mer 
que  les  espèces  nettement  halophiles,  les  autres  plantes  lit- 
torales devant  prendre  place  parmi  les  Formationsautochtones. 

Voici  une  liste  des  espèces  les  plus  habituelles  : 


Suriana  maritima  L. 
Coluhrina  asiatica  Brongn. 
Canavalia  oblusifolia  DG. 
Sophora  tomentosa  L. 
Terminalia  Catappa  L. 
Barringtonia  Butonica  Forst. 
Scaevola  Koenigii  Yahl. 
Scaevola  Lohelia  Murr. 
Microstephanus  cornu  us 
N.  R.  Br. 


Cressa  cretica  L. 

Salicornia  polystachys  Range 
— fruticosa  L. 

Salsola  littoralis  Moq. 
Arthrocnemum  indicum  Moq. 
Cyperus  maritimus  Poir. 
Casuarina  equisetifolia  Lèn. 
Ipomea  Pes-caprae  Roth. 
Atriplex  sp. 


Toutes  ces  espèces  sont  répandues  sur  tous  les  rh’ages  des 
mers  qui  baignent  l'ile.  Aucune  n'est  essentiellement  mal- 
gache. Cressa  cretica  et  Ipomea  Pes-caprae  se  trouvent  parfois 
dans  l'intérieur,  dans  les  endroits  où  existe  du  sel  pour  une 
cause  quelconque.  Elles  sont  un  indice  très  sûr  de  la  présence 
de  chlorure  de  sodium  dans  le  sol. 

Les  espèces  de  la  Mangrove  sont  bien  connues.  En 
voici  la  liste  presque  complète  : 

* Bkizopliora  mucronata  Lamk. 

* Ceriops  Boiviniana  Tul. 


LA  MANC.ROVK  LT  LES  PLANTES  MARITIMES 


* Bruguiera  gymnorliiza  Lam. 

* Sonneratia  alita  Sm. 

* Avicennia  nfficinalis  L. 

* Carapa  ohovata  Bl. 
Fimbristylis  sp. 

Viscum  sp.  (sur  Sonneratia) 


Avicennia  officinalis  et  ses  racines  à géotropisme  négatif  (pnenmatoplores). 

Mangrove,  près  de  Soalala,  Ouest. 

Thespesia  populnea  Con. 

Heritiera  littoralis  Ait. 

Derris  uliginosa  Benth. 

Lumnitzera  racemosa  Willd. 

Les  espèces  marquées  d'un  astérisque  sont  celles  qui  con- 
stituent seules  la  vraie  Mangrove  ; les  autres  croissent  plutôt 
sur  ses  lisières.  Ceriops  Boiviniana  est  la  seule  espèce  autoch- 
tone ; les  autres  se  retrouvent  sur  tous  les  rivages  du  Canal 
de  Mozambique  ou  de  l’Océan  Indien. 

Les  condilions  biologiques  dans  lesquelles  vivent  les  espèces 


:;r> 


I.A  VÉGÉTATION  MALGACHE 

de  la  Mangrove  sont  très  particulières  et  d’ailleurs  bien 
connues.  Le  feuillage  de  ces  arbres  ou  arbustes  est  coriace  et 
persistant.  Us  vivent  dans  une  boue  bleuâtre,  exhalant,  à 
l'état  frais,  une  forte  odeur  de  bitume,  très  compacte,  et 
imperméable,  submergée  à chaque  marée.  Leurs  racines, 
pour  pouvoir  respirer  dans  ces  milieux,  ont  adopté  des  dis- 
positions toutes  particulières,  variant  suivant  les  espèces.  Les 
unes  ( Avicennia , Sonneratia , Carapa),  dont  les  troncs  restent 
cylindriques  jusqu’au  niveau  du  sol,  émettent  sur  toutes  leurs 
racines  traçantes  une  quantité  prodigieuse  de  pneuma- 
tophores,  radicelles  simples,  à géotropisme  négatif,  dépassant 
le  sol  de  S à 20  centimètres.  Les  autres  émettent  de  longues 
racines  adventives  ( Bhizopkùra ) ou  dilatent  la  base  de  leur 
tronc  en  une  grosse  masse  plus  ou  moins  anguleuse  ou  ailée 
(. Bruguiera , Ceriops ).  On  pourrait  croire  à première  vue  que 
ces  derniers  appareils  ont  pour  but  de  consolider  simplement 
la  plante  ; mais  ces  espèces  vivent  toujours  dans  des  eaux 
relativement  tranquilles,  où  la  nécessité  de  tels  moyens  de 
consolidation  ne  se  fait  nullement  sentir.  Il  suffit  d’ailleurs 
d'empêcher  l’air  d’arriver  à ces  appareils,  pour  faire  mourir  la 
plante  aussitôt  L 

Les  moyens  de  dissémination  de  ces  espèces  sont  aussi 
variés.  Les  unes  ( Bruguiera , Ceriops , Bhizophora ) ont  des 
fruits  qui  germent  sur  les  branches  qui  les  portent.  Leur 
grosse  radicule  se  développe,  atteint  une  certaine  grosseur, 
puis  la  jeune  plantule  se  détache  et  vient  se  piquer,  telle  une 
flèche,  dans  la  boue  au  pied  de  l'arbre.  Les  autres  ( Sonneratia , 
Avicennia , Carapa)  laissent  tomber  leur  graines  mûres  dans 

1.  Des  appareils  respiratoires  tout  semblables  existent  aussi  sur  cer- 
taines plantes  vivant  dans  les  marais  de  l’intérieur.  Raphia  Rufjia,  Orchi- 
peda  Thouarsii  et  beaucoup  d’espèces  de  Ludwigia  ont  des  pneumato- 
phores  constitués  par  des  radicelles  à géotropisme  négatif.  Les  racines 
adventives  des  Pandanus  et  de  certains  Uapaca  sont  même,  selon  nous, 
des  appareils  de  signification  analogue,  chez  celles  de  leurs  espèces  qui 
sont  palustres  tout  au  moins.  Chez  les  espèces  humicoles  de  ces  genres, 
cette  disposition  permet  à la  plante  de  n’avoir  de  racines  que  dans  la 
couche  très  mince  d’humus  qui  recouvre  la  latérite. 


I 


LA  MANGROVE  ET  LES  PLANTES  MARITIMES 


o 7 

les  eaux,  où  elles  flottent,  et  le  flux  et  le  reflux  les  promènent 
jusqu'à  ce  qu  elles  aient  trouvé  un  coin  favorable  pour  germer. 
Le  mode  de  dissémination  n'est  donc  pas  le  même  chez  les 
espèces  à radicelles  à géotropisme  négatif  et  chez  les  espèces 
à racines  adventives,  et  ce  fait  nous  semble  digne  de 
remarque. 


Autre  coin  de  la  Mangrove,  avec  les  mêmes  racines  à géotropisme  négatif. 

Les  espèces  de  la  Mangrove  ne  se  développent  bien  que 
sur  les  boues  des  estuaires,  où  les  marées  se  font  sentir  avec 
de  grandes  amplitudes.  Aussi  cette  Formation  couvre-t-elle  des 
espaces  bien  plus  étendus  sur  la  côte  Ouest  que  sur  la  côte 
Est.  En  effet,  les  rivages  sont  bien  plus  découpés,  les  marées 
beaucoup  plus  fortes,  les  côtes  en  général  plus  basses  sur  les 
rives  du  canal  de  Mozambique  que  sur  celles  de  l'Océan 
Indien.  Sur  la  côte  orientale  de  l'ile,  les  lagunes,  pourtant  si 
développées,  sont  toujours  séparées  de  la  mer  par  une  dune 
littorale  continue,  que  franchissent  rarement  les  eaux  salées. 
Aussi  les  eaux  des  lagunes  sont-elles  généralement  douces, 
ou  à peine  saumâtres,  et  les  espèces  de  la  Mangrove,  par 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


o 8 

suite,  ne  s'y  développent  pas.  Leur  végétation  est  d’ailleurs 
nettement  dulcaquicole. 

La  formation  de  la  Mangrove,  qui  couvre  environ  400.000 
hectares  dans  l'ile,  est  intéressante  au  point  de  vue  écono- 
mique. C’est  d’abord  une  réserve  importante  de  bois  à brûler, 
précieux  dans  un  pays  où  le  bois  manque  souvent,  et  admi- 
rablement placée  pour  être  exploitée.  En  outre,  les  écorces  de 
Rhizophora  mucronata  ont  fait  l'objet  d'un  grand  commerce 
d'exportation  en  ces  dernières  années,  en  tant  que  matière 
tannante.  Les  peuplements  de  cette  essence  sont  à peu  près 
maintenant  détruits  en  totalité,  mais  cette  espèce  a une  crois- 
sance rapide,  sa  dissémination  est  abondante,  et  ces  peuple- 
ments se  reformeront  bien  vite,  si  l'on  prend  soin  de  garder 
de  loin  en  loin  quelques  pieds  adultes  pour  la  reproduction. 

Ceriops  Boiviniana  et  Bruguiera  gymnorhiza  sontégalement 
riches  en  tannin. 

Une  autre  production  économique  de  la  Mangrove  est  la  soie 
du  landibé  ( Borocera  madagascariensis)  dont  la  chenille  se 
développe  sur  les  Avicennia.  Cette  soie  fait  l'objet  d’un 
commerce  assez  important  entre  les  indigènes.  On  trouve 
aussi  sur  les  Avicennia,  en  assez  grande  quantité,  une  laque 
de  Gascardia  ( lokombitsika ),  substance  peut-être  susceptible 
d'être  employée  par  l'industrie. 


DEUXIEME 


PARTIE 


LA  VÉGÉTATION  AUTOCHTONE 


CHAPITRE  VI 

Généralités. 


Si  la  végétation  modifiée  a pour  cause  directe  l'action  de  l'homme, 
quelle  était  donc  la  végétation  primitive  qui  couvrait  jadis  les  immenses 
surfaces  que  les  Savoka  et  la  Prairie  recouvrent  maintenant  ? Les 
savoka,  de  toute  évidence,  sont  d’anciennes  forêts  détruites.  Des 
espèces  disjointes,  des  témoins  isolés,  la  très  grande  richesse  en  espèces 
de  ces  terrains,  des  exemples  actuels,  très  nombreux,  de  leur  transfor- 
mation et  de  leur  destruction  rapide,  prouvent  tout  aussi  nettement  que 
les  surfaces  recouvertes  aujourd'hui  par  la  Prairie  l'étaient  jadis  par 
une  végétation  silvestre.  Les  caractéristiques  de  cette  végétation  autoch- 
tone sont  surtout  une  très  grande  richesse  en  espèces,  la  grande  fixité 
de  ces  espèces  et  des  associations  toujours  excessivement  complexes. 
Elle  a deux  faciès  très  différents,  un  faciès  à feuillages  persistant  et  un 
faciès  à feuillage  caduc,  correspondant  chacun  à deux  flores  très  diffé- 
rentes : la  Flore  du  Vent  et  la  Flore  sous  le  Vent.  La  première  couvrait 
toutes  les  surfaces  balayées  par  l'alizé  humide;  l'autre,  toutes  celles 
où  ce  vent  est  nul  et  desséché.  Très  peu  d'espèces  sont  communes  à 
ces  deux  flores. 

Nous  avons  montré  successivement  comment  la  Prairie  ne 
devait  son  existence  qu’à  l’action  répétée  des  feux,  et  com- 
ment les  Savoka,  ce  mode  de  végétation  transitoire  entre  la 
prairie  et  la  forêt,  étaient  plus  directement  encore  une  consé- 
quence de  Faction  humaine.  Mais,  si  les  savoka  et  la  prairie 
ne  sont  dus  qu'à  ces  causes,  quelle  végétation  couvrait  donc, 
avant  l’arrivée  de  l’homme  dans  l île,  les  immenses  surfaces 
qu’occupent  aujourd’hui  ces  deux  Formations  ? 

Pour  les  savoka,  la  réponse  à cette  question  ne  saurait 


1)0 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


être  douteuse.  Les  phases  de  la  destruction  des  bois  et 
leur  transformation  en  tavy,  puis  en  savoka,  que  l’on  peut 
voir  encore  s'accomplir  sous  nos  yeux,  les  caractères  bota- 
niques de  la  végétation,  les  troncs  carbonisés  encore  debout, 
tout  prouve  de  la  façon  la  plus  évidente,  que  les  surfaces 
occupées  aujourd'hui  par  la  brousse  des  tavy  étaient  recou- 
vertes, à une  date  récente,  par  la  même  forêt  que  l'on  observe 
encore  aux  environs  en  lambeaux  disjoints. 

Sur  le  versant  Est,  la  même  certitude  s’impose  tout  aussi 
bien  pour  la  Prairie.  Il  est  encore  facile  de  trouver,  dans  les 
parties  les  plus  riches  de  cette  région,  des  exemples  de  prai- 
ries s'emparant  directement  des  surfaces  boisées  et  succédant 
sans  transition  à une  forêt  qu’un  tavy  vient  de  détruire. 
Ailleurs,  pour  peu  que  l'on  puisse  observer  pendant  quelque 
temps  les  rapports  mutuels  des  savoka,  de  la  prairie  et  des 
feux,  l'on  voit  d une  manière  aussi  manifeste  la  prairie  s’é- 
tendre petit  à petit  aux  dépens  des  savoka,  qui  ne  sont  eux- 
mêmes  que  d'anciennes  forêts  détruites.  Tout  ceci  est  d’ail- 
leurs corroboré  par  de  nombreuses  espèces  disjointes,  appar- 
tenant à la  flore  forestière,  que  l’on  retrouve  çà  et  là  au 
milieu  des  prairies,  dans  les  endroits  (ravins  ou  rocailles) 
qu’un  obstacle  naturel  a soustraits  plus  ou  moins  à l'action  des 
feux.  Dans  toute  la  région  orientale,  les  prairies  1 aussi  bien 
que  les  savoka  occupent  donc,  très  sûrement,  l’emplacement 
de  forêts  plus  ou  moins  récemment  détruites. 

Il  est  plus  difficile  au  premier  abord  de  se  faire  une  idée 
exacte  de  l'ancienne  végétation  qui  devait  recouvrir  primitive- 
ment le  Centre  et  l Ouest.  Cette  flore  ancienne  y a été  presque 
totalement  détruite,  et  il  faut  aller  très  loin  des  régions  habi- 
tées pour  en  retrouver  des  vestiges  quelque  peu  étendus  et 


i.  On  observe  pourtant  sur  le  littoral  quelques  prairies  naturelles, 
c’est-à-dire  ne  devant  rien  à l'action  des  feux.  Elles  ont  pour  cause  l’ac- 
tion des  vents  du  large  et  du  voisinage  de  la  mer,  action  dont  les  effets 
sont  analogues  à ceux  du  sel  dans  les  formations  maritimes.  En  règle 
générale,  la  Prairie,  dans  l'île,  n’existe  jamais  sans  une  cause  extérieure 
perturbant  les  conditions  normales  de  la  vie. 


«I 


GÉNÉRALITÉS 


pouvoir  observer,  encore  en  action,  les  causes  qui  1 ont  fait 
disparaître.  Il  existe  heureusement,  dans  des  conditions  plus 
accessibles,  disséminés  un  peu  partout  dans  ces  régions,  des 
ilôts  de  plantes  autochtones,  ayant  persisté  grâce  à des  abris 
naturels  qui  les  ont  protégés  des  feux. 

Ces  îlots  témoins,  encore  assez  fréquents  mais  de  plus  en 
plus  restreints,  sont  uniquement  constitués,  comme  on  pou- 
vait le  prévoir,  d’espèces  disjointes.  Ce  sont  ces  espèces  dis- 
jointes qui  nous  ont  servi  de  points  de  repère,  et  l'étude  atten- 
tive de  ces  restes  de  la  végétation  primitive  nous  a permis  d'en- 
trevoir d'abord,  puis  de  reconstituer  lentement,  parcelle  par 
parcelle  — avec  l’âpre  jouissance  d’un  géologue  retrouvant 
des  êtres  disparus  — la  flore  merveilleuse,  si  intéressante  et 
si  riche,  qui  couvrait  jadis  ces  espaces  aujourd'hui  arides  et 
monotones. 

La  première  constatation  que  cette  étude  nous  amena  à 
faire  fut  que  cette  ancienne  flore  était  totalement  silvestre. 
Par  ces  mots  nous  ne  voulons  pas  dire  que  l’île  tout  entière 
était  jadis  couverte  de  sombres  forêts.  Non,  ces  forêts  étaient 
localisées  dans  les  plaines,  dans  les  vallées,  sur  les  plateaux  et 
dans  certaines  régions  seulement.  Ailleurs,  c’étaient  de  hautes 
broussailles,  des  arbres  tortueux,  avec,  dans  les  régions  plus 
sèches,  des  îlots  de  plantes  xérophiles.  Les  plantes  herbacées 
ou  annuelles  étaient  nombreuses,  mais  toutes  silvicoles,  et  ne 
croissaient  qu’à  l’ombre  des  arbres  et  des  arbustes.  Enfin,  il 
n’v  avait  place  nulle  part,  dans  cet  ensemble,  pour  la  Prairie 
ou  pour  des  Formations  analogues,  sauf  sur  quelques  vastes 
marécages. 

Ainsi,  partout  dans  Pile,  les  prairies  et  les  savoka  ont  pris 
la  place  d une  végétation  plus  ancienne  et  totalement  silvestre. 
aujourd'hui  en  grande  partie  disparue.  C'est  cette  végétation 
primitive,  telle  du  moins  que  nous  avons  pu  la  reconstituer, 
que  nous  appelons  la  « végétation  autochtone  ».  C'est  d'elle 
seule  dont  il  sera  question  dans  les  études  suivantes.  Com- 
prises ainsi,  débarrassées  des  éléments  étrangers  ou  modifiées 
par  l’action  de  l'homme,  la  flore  et  la  végétation  malgaches 
apparaissent  sous  un  jour  tout  nouveau,  avec  des  caractères 


r»2 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


plus  nets  et  des  divisions  un  peu  différentes  de  celles  que  l'on 
avait  admises  jusqu’à  présent. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  le  caractère  le  plus  saillant 
des  Formations  autochtones  était  leur  grande  richesse  en 
espèces,  et  que  ce  caractère  permettait  de  distinguer  immédia- 
tement le  moindre  ilôt  de  plantes  autochtones  des  Formations 
modifiées  environnantes.  Les  données  suivantes  permettront 
de  faire  mieux  comprendre  la  haute  valeur  de  ce  caractère.  La 
prairie,  avec  125  espèces,  couvre  dix-sept  millions  d hectares  ; 
les  savoka,  avec  280  espèces,  quatre  millions,  les  plantes 
rudérales  ou  des  champs  cultivés,  avec  250  espèces,  cent 
mille.  Au  total,  pour  l’ensemble  de  ces  Formations,  G55 
espèces  seulement,  pour  51  millions  d'hectares  de  superficie. 
Or,  les  Formations  autochtones,  qui  ne  recouvrent  en  tout  que 
sept  millions  d’hectares,  possèdent  en  propre  tout  le  reste  de 
la  flore  malgache,  c'est-à-dire  plus  de  5.000  espèces. 

Cette  grande  richesse  en  espèces,  surtout  si  Ion  tient 
compte  que  les  7 8 de  l’ancienne  végétation  ont  été  détruits, 
est  remarquable.  C’est  l’un  des  caractères  les  plus  intéres- 
sants de  la  flore  autochtone.  La  végétation  malgache,  ainsi 
que  l a fait  déjà  remarquer  Baron,  varie  peu  dans  le  sens  de 
la  longueur  de  l'île,  c’est-à-dire  du  Nord  au  Sud.  Elle  varie 
bien  davantage  de  lEst  à l Ouest  ; et  les  flores  des  deux  ver- 
sants sont  même  si  totalement  différentes  que  nous  n’hésite- 
rons pas,  ainsi  qu’on  le  A’erra  plus  loin,  à en  faire  deux  flores 
distinctes.  Les  climats  de  ces  deux  versants,  sans  doute,  ne 
sont  guère  semblables,  mais  la  richesse  en  espèces,  aussi 
grande  dans  l’Ouest  que  dans  l’Est,  ne  nous  paraît  pas  être 
uniquement  une  conséquence  de  la  diversité  des  climats  et  de 
la  multiplicité  des  stations  intermédiaires.  Elle  doit  avoir  ses 
causes  dans  les  origines  mêmes  de  la  végétation  autochtone, 
et  c’est,  pour  ainsi  dire,  un  de  ses  caractères  constitutifs.  En 
effet,  cette  richesse  est  générale  et  peut  s’observer  aussi  bien 
dans  la  moindre  parcelle  d'une  formation  quelconque  que  dans 
l’ensemble  de  la  flore.  Partout  le  nombre  d’espèces,  en  pro- 
portion du  nombre  des  plantes  qui  constituent  le  tapis  végé- 
tal, est  très  grand.  Le  pourcentage  descend  rarement  au-des- 


G3 


GÉNÉRALITÉS 

sous  de  30  et  dépasse  souvent  ce  chiffre  1 . Les  essences 
sociales  ou  dominantes  manquent  absolument,  et  les  associa- 
tions végétales  y sont  toujours  d’une  complexité  extraordi- 
naire. 

La  grande  richesse  en  espèces  de  la  flore  autochtone  et  la 
complexité  de  ces  associations  végétales  semblent  avoir  une 
cause  commune,  en  dehors  des  variations  climatiques  actuelles. 
Nous  ne  rechercherons  pas  ici,  faute  d’éléments  suffisants, 
quelle  pourrait  être  cette  cause,  mais  nous  pouvons  néanmoins 
indiquer  que  ces  faits  nous  paraissent  être  une  conséquence  de 
l'antiquité  de  la  flore  et  de  l'ancienne  étendue  du  continent 
malgache,  dont  une  partie  a disparu  sous  les  flots,  à une 
époque  peut-être  récente.  Si  cette  hypothèse  a quelque  fonde- 
ment, la  flore  autochtone  ne  serait  elle-même  qu’un  reste, 
un  résumé  des  flores  qui  couvraient  jadis  ce  continent  dis- 
paru. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  caractère  hétérogène  des  Formations 
natives  est  surtout  frappant  pour  un  botaniste  herborisant 
• dans  l’île,  car  ce  botaniste  est  souvent  forcé  de  parcourir  de 
grandes  étendues  avant  de  retrouver  un  exemplaire  d'une 
espèce  dont  il  n’a  pu  observer  qu’un  spécimen.  Ce  même 
caractère  n’est  pas  sans  gêner  aussi  beaucoup  les  forestiers, 
car  la  grande  diversité  des  essences  est  un  obstacle  à l'exploi- 
tation des  forêts  et  rend  impossible  la  livraison  au  commerce 
d’une  quantité  quelque  peu  considérable  de  bois  ayant  des 
qualités  homogènes  ou  répondant  à un  type  donné. 

Un  autre  caractère  moins  visible,  mais  peut-être  plus  intéres- 
sant encore,  de  la  flore  autochtone,  est  la  fixité  de  ses  espèces. 
Sans  doute,  il  y a,  dans  ses  Formations,  des  espèces  affines, 
mais  ces  sous-espèces  sont  très  fixes,  distinctes  par  une  multi- 
tude de  caractères,  et  nettement  localisées  sur  des  territoires 
définis.  Cette  fixité  des  formes  est  évidemment  une  consé- 
quence de  l’invariabilité  des  conditions  de  milieu.  Dans  la 
flore  modifiée,  où  l’équilibre  naturel  a été  rompu,  les  espèces 


1.  En  d’autres  termes,  sur  100  plantes  poussant  côte  à côte,  il  y a 
toujours  30  à 40  espèces  de  représentées,  et  parfois  davantage. 


Ci 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHL 


indigènes  ou  naturalisées  sont,  au  contraire,  souvent  en  voie 
de  variation  diffuse,  et  cet  état  est  poussé  parfois  à un  point 
tel  que  le  nombre  des  formes  différentes  par  quelques  carac- 
tères égale  le  nombre  des  individus  de  l'espèce  considérée. 
Cette  différence  dans  l'intensité  de  la  mutabilité  des  espèces, 
différence  résultant  uniquement  de  la  perturbation  des  condi- 
tions de  milieu,  est  peu  visible  chez  les  espèces  indigènes  des 
régions  de  l Est  et  du  Centre,  où  les  formations  autochtones 
sont  brusquement  et  radicalement  détruites.  Au  contraire, 
dans  la  région  Ouest,  où  ces  formations  périssent  lentement, 
où  l’intensité  des  actions  combinées  du  vent,  de  la  radiation, 
de  la  sécheresse  et  de  l'humidité,  varient  suivant  les  phases 
successives  du  la  destruction  des  bois,  elle  devient  excessi- 
vement nette,  surtout  chez  les  espèces  très  rustiques,  plus  ou 
moins  aptes  à résister  à l'action  des  feux  et  à ses  conséquences. 
Un  exemple  typique  de  ces  faits  est  surtout  fourni  par  les 
genres  Plectaneia,  Mascarenhasia  et  Tsimatimia\  qui  sont 
représentés  dans  chaque  formation  vierge  par  une  espèce 
aftine  spéciale,  et  dont  toutes  ces  espèces  affines,  mais  con- 
stantes, entrent  en  voie  de  variation  diffuse  toutes  les  fois  que 
les  progrès  de  la  dénudation  amènent  ces  plantes  à la  lisière 
d’un  bois  ou  les  isolent  dans  la  prairie.  Les  variations  diffuses 
de  ces  stats  ne  peuvent  devenir  héréditaires  pour  la  raison 
très  simple  qu  elles  ne  se  reproduisent  plus  par  voie  de  semis, 
mais  l’on  comprend,  dès  lors,  combien  il  devient  difficile  de 
délimiter  les  espèces  de  tels  genres,  surtout  quand  on  ne  peut 
disposer  que  d’échantillons  récoltés  par  hasard  au  cours  d une 
exploration. 

Baron  - a,  le  premier,  divisé  la  flore  malgache  en  trois 
régions,  l'Est,  le  Centre  et  l'Ouest  ; et  cette  division,  qui  a le 
grand  mérite  d être  simple,  a été  ensuite  adoptée  par  tous  les 
botanistes  qui  se  sont  occupés  de  la  Grande  Ile.  Nous  ne  la 


1.  II.  Jumelle  et  tl.  Perrier  de  la  Bathie:  Les  Clusiacées  du  Nord- 
Ouest  de  Madagascar  (Ann.  Sc.  Nat.,  1010). 

2.  Baron  : The  Flora  of  Madagascar  (J.  L.  S.  Bot.  London,  XV, 
171,  1889). 


GÉNÉRALITÉS 


I i O 

conserverons  pourtant  pas,  car,  comprise  comme  nous  venons 
de  le  dire,  létude  de  la  flore  autochtone  nous  montre  de  bien 
plus  grandes  différences  entre  la  région  Ouest  et  les  deux 
autres  régions  que  ces  dernières  entre  elles,  et  ceci  nous 
amène  à scinder  en  deux  la  flore  native  malgache. 

Nous  divisons  donc  l'ensemble  de  la  flore  autochtone  en 
deux  flores,  si  distinctes  entre  elles  que  nous  ne  pouvons  pas 
donner  d’autre  nom  à ces  divisions.  La  première  de  ces  deux 
flores,  que  nous  appelons  Flore  du  Vent,  occupe  à peu  près  les 
régions  de  l’Est  et  du  Centre  de  Baron.  La  seconde,  que  nous 
nommerons  Flore  sous  le  Vent,  occupe  à peu  près  aussi  la 
région  Ouest.  Leur  limite  respective  passe  un  peu  à l’ouest  de 
Fort-Dauphin,  suit  de  là  les  contreforts  occidentaux  du  pla- 
teau central,  aux  environs  de  la  cote  800,  et  aboutit  au  canal 
de  Mozambique,  près  de  Maromandia,  au  sud  de  la  presqu’île 
d’Ampasimena.  Elle  reprend  au  nord  de  la  presqu'île  d’Am- 
bato,  à l’embouchure  de  l’Ifasy,  traverse  la  Mahavavy  (du 
Nord),  au  nord  du  Mont  Tsaratanana,  et  aboutit  à l'Océan 
Indien,  près  de  Vohémar.  Les  territoires  occupés  par  la  Flore 
sous  le  Vent  sont  donc  scindés  en  deux  portions  très  inégales 
par  la  région  du  Sambirano  et  de  Nossi-Bé,  car  nous  ratta- 
chons la  végétation  de  ces  régions  à la  Flore  du  Vent  pour 
des  raisons  que  nous  exposerons  plus  loin.  Quelques  îlots  iso- 
lés, sur  les  rares  montagnes  que  l’on  observe  à l Üuest  ou  au 
Nord  de  ces  lignes,  îlots  dont  le  plus  considérable  est  la  Mon- 
tagne d’Ambre,  appartiennent  en  outre  à la  même  flore.  Les 
limites  respectives  de  ces  deux  flores  ne  sont  nettes  que  dans 
les  endroits  où  s’est  maintenue  la  végétation  primitive,  mais 
alors  elles  le  sont  admirablement,  et  on  est  surpris  du  chan- 
gement brusque  et  total  de  toutes  les  espèces. 

Ces  deux  flores  sont  aussi  distinctes  au  point  de  vue  bota- 
nique qu  au  point  de  vue  végétation. 

Nous  les  caractérisons  ainsi  : 

FLORE  DU  VENT  FLORE  SOUS  LE  VENT 


Futaie  variable  de  hauteur,  mais  Futaie  plutôt  claire,  à arbres, 
toujours  dense.  Type  de  forêt  quand  il  en  existe,  espacés. 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


66 

tropicale  ou  subtropicale  hu- 
mide. 

Feuilles  persistantes. 

Sous-bois  épais,  avec  plantes  her- 
bacées. 

Mousses  très  abondantes. 

Epiphytes  très  nombreux. 

Fougères  très  abondantes. 

Palmiers  et  Pandanus  abondants. 

Orchidées  très  abondantes,  la 
plupart  epiphytes. 

Xérophytes  rares  et  localisés  sur 
rocailles  dénudées. 

Graminées  à port  de  bambou. 

Presque  totalité  des  Chlaenacées. 

Prédominance  des  Rubiacées,  des 
Fougères,  des  Palmiers,  des 
Mousses,  des  Composées,  des 
Mélastomacées,  des  Araliacées, 
des  Myrsinaeées,  des  Orchida- 
cées,  des  Ericacées  el  des  Pipé- 
racées. 

Genres  spéciaux  : 122. 


dominant  des  arbustes  de  4 à 
10  ra. 

Type  de  forêt  tropicale  sèche. 

Feuilles  caduques,  sauf  dans  les 
endroits  humides. 

Sous-bois  nul,  ou  arbustes. 

Mousses  rares. 

Pas  d’épiphytes,  ou  très  rares. 

Fougères  très  rares. 

Palmiers  1 el  Pandanus  rares. 

Orchidées  peu  communes  et  ter- 
restres. 

Xérophytes  très  abondants. 

Pas  de  Graminées  à port  de  bam- 
bou. 

Quatre  Chlaenacées,  seulement  lo- 
calisées sur  les  contreforts  de  la 
région  centrale. 

Prédominance  des  Légumineuses, 
des  Euphorbiacées,  des  Acan- 
thacées,  des  Asclépiadacées, 
des  Méliacées,  des  Anonacées  et 
des  Crassulacées. 

Genres  spéciaux  : 98. 


Comme  on  peut  le  voir  par  le  tableau  ci-dessus,  les  diffé- 
rences énumérées  sont  surtout  dues  à la  plus  ou  moins  grande 
humidité  des  deux  climats  différents.  La  première  flore,  à 
faciès  hvgrophvte,  habite  un  climat  plus  humide;  la  seconde, 
à faciès  xérophvte,  un  climat  plus  sec.  Mais  il  ne  faut  pas 
croire  que  les  territoires  respectifs  qu'occupaient  ces  flores 
pourraient  être  déterminés  par  la  quantité  annuelle  des  pluies 
qui  les  arrosent.  Il  n’en  est  rien,  ou  du  moins  il  n'en  est  plus 


1.  Nous  ne  notons  pas  comme  caractéristiques  de  la  Flore  sous  le 
Vent  l’abondance  des  Palmiers  à feuilles  en  éventail, remarquable  pour- 
tant dans  certaines  plaines  de  l’Ouest,  car  ces  Palmiers,  qui  existent 
aussi  dans  l’Est,  n’y  doivent  évidemment  leur  grande  dissémination 
qu’aux  feux  et  font  partie,  comme  tels,  des  espèces  de  la  flore  mo- 
difiée. Dans  la  flore  autochtone,  ces  Palmiers  passent  inaperçus. 


GÉNÉRALITÉS  fi  7 

ainsi.  Mais  les  régions  qu  elles  occupaient  respectivement 
peuvent  être  définies,  mieux  que  par  des  limites  géogra- 
phiques, en  quelques  mots.  La  Flore  du  Vent  couvrait  toutes 
les  surfaces  où  l'alizé  arrive  encore  chargé  d'humidité  ; et  la 
Flore  sous  le  Vent  couvrait  toutes  celles  où  ce  vent  est  nul  ou 
arrive  desséché 

Mais  la  principale  différence,  celle  qui  nous  a engagé  à 
séparer  nettement  ces  flores,  est  surtout  le  très  petit  nombre 
d'espèces  qui  leur  sont  communes 1  2.  Baron  a dressé  une  liste 
assez  considérable  d'espèces  qu’on  retrouve  dans  ces  trois 
régions,  ou  seulement  h l'Est  et  à l Ouest  ; mais  la  plupart  des 
espèces  qu’il  cite  sont  des  rudérales  ou  des  plantes  de  la  prai- 
rie — appartenant  comme  telles  à la  flore  modifiée  — ou  des 
littorales  ou  des  palustres  — que  la  mer  et  les  eaux  répandent 
partout  — ou  encore  des  espèces  de  la  région  du  Sambirano, 
qui  a,  comme  nous  le  verrons,  beaucoup  d’affinités  avec  celles 
de  l’Est.  Voici  la  liste  des  seules  espèces,  appartenant  aux 
formations  autochtones  non  marécageuses,  qui  sont  sûrement 
communes  à nos  deux  flores  : 

Albizzia  fastigiata  Oliv.  Pentopetia  androsae- 

rnifolia  Dcne. 

Mimosa  latispinosa  Lamk.  * Ravcnala  madagasca- 

riensis  Gmel. 

* Leva  guineensis  Don.  * Raphia  Ruffia  Mart. 

1.  Dans  le  Nord,  l’alizé  est  humide  ou  sec  pour  des  raisons  qu’il  n’est 
pas  toujours  facile  de  comprendre.  Passe  encore  pour  le  Sambirano  et 
Nossi-Bé,  ou  l’humidité  des  vents  est  certainement  une  conséquence  de 
voisinage  des  grands  massifs  du  Manongarivo  et  du  Tsaratanana.  Mais 
pourquoi  donc  l’alizé,  à la  même  altitude,  est-il  humide  sur  la  mon- 
tagne d’Ambre,  où  il  a créé  une  belle  forêt  verte,  et  très  sec,  au  con- 
traire, sur  les  montagnes  de  l’extrême  N.-E.,  que  couvrent  des  bois  à 
feuilles  caduques  ? 

2.  Les  Champignons  eux-mêmes,  dont  les  espèces  sont  si  unifor- 
mément répandues,  sont  très  différents  dans  l’une  et  l’autre  de  ces 
flores.  Il  y a aussi  très  peu  d’animaux  ou  d'insectes,  à part  les  espèces 
cosmopolites,  qui  soient  répandus  dans  l’ile  entière.  Lorsqu'un  type  est 
réparti  à travers  tout  Madagascar,  il  se  subdivise  souvent  en  un  certain 
nombre  de  races  locales,  correspondant  à nos  divisions  floristiques. 


68  LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 

Flagellaria  indica  Lin.  * Ncodypsis  Lastellea- 

na  Baill. 

Arundo  madagascariensis  Kunth.  * Medemia  nobilis 

Olyra  latifolia  Lin.  * Mascarenhasia  arbo- 

rescens  1 DG. 

Et  encore  sur  ces  douze  espèces,  Arundo  madagascariensis 
est  une  de  ces  plantes  particulièrement  souples  cpie  l'inter- 
vention humaine  a énormément  disséminées  en  multipliant  les 
stations  qu  elles  affectionnent.  Cet  Arundo , en  effet,  ne  croît 
guère  que  dans  les  ravins  découverts,  stations  plutôt  rares 
dans  la  forêt  primitive,  mais  que  l’érosion,  suite  de  la  dénu- 
dation, a depuis  creusés  partout.  Quand  aux  onze  autres,  elles 
ne  sont  pas  répandues  sur  la  totalité  du  territoire  des  deux 
flores.  Elles  ont  simplement  une  distribution  géographique 
un  peu  différente  de  celle  des  autres  espèces  et  sont  localisées 
plutôt  dans  la  moitié  Nord  de  l'Ile. 

Quelques-unes  de  ces  espèces  communes  aux  deux  flores, 
Leea  guineensis , Flagellaria  indica , Olgra  latifolia , sont  cos- 
mopolites ou  très  répandues  sous  les  tropiques.  La  grande 
dispersion  de  la  plupart  des  grands  genres  communs  aux 
deux  flores  est  encore  plus  marquée.  En  effet,  sur  les  7o 
grands  genres  répandus  dans  toutes  les  régions  de  1 île , 2 
seulement  (Phylloxylon,  Plectaneia)  sont  endémiques  ; 2 
( Cynosorcliis , Thylachium ) ne  se  retrouvent  que  dans  les 
Mascareignes;  1 ( Tristellateia ) seulement  dans  l'Océanie  ; 

1 ( Hydrostachys ')  dans  l'Amérique  et  dans  l'Asie  ; 3 ( Psoros - 
permum , Mascarenhasia,  Landolphia ) dans  l’Afrique.  Tous 
les  autres  ont  des  représentants  aussi  bien  à l'orient  qu'à 
l'occident  de  l’ile  et  sont,  en  général,  largement  répandus 
dans  tous  les  pays  tropicaux. 

Les  grandes  différences  qui  existent,  d'une  part,  entre  ces 
deux  flores  et,  d'autre  part,  entre  leurs  différentes  régions,  ne 
pourront  être  mises  pleinement  en  lumière  qu'en  établissant 
des  listes  complètes  des  espèces  spéciales  à chaque  flore  ou  à 

1.  Les  espèces  marquées  d'un  astérisque  manquent  dans  la  région 
centrale. 


(>9 


UÉNÉRALITÉS 

chaque  région.  Les  documents  existants  ne  nous  permettent 
malheureusement  encore  de  dresser  ces  listes,  mais  voici 
néanmoins,  pour  montrer  l’ampleur  de  ces  différences,  la 
distribution  de  quelques  familles  sur  lesquelles  nous  possé- 
dons les  données  les  plus  complètes  1 : 


O 

Flore  du  Vent. 

y. 

Centre. 

Sambirano. 

Flore 

sous  le  Veut. 

<*) 

<U 

c r. 
<v 

Communes 
aux  deux  flores. 

Fougères 

324 

310 

27 

1 1 1 

12 

£ 

4 

0 

5 palustres). 

Orchidées 

250 

198 

26 

127 

15 

37 

35 

2 

0. 

Palmiers 

56 

46 

32 

5 

4 

6 

6 

0 

4 (1  littorale).  j 

Asclépiadacées  . 

144 

47 

15 

24 

4 

83 

46 

32 

6 (3  rudérales. 

2 littorales). 

Mélastomacces. . 

99 

91 

40 

42 

9 

7 

7 

0 

1 ( palustre  et 

sub  rudérale). 

Chlaenacées .... 

38 

34 

14 

10 

6 

4 

4 

0 

0 

1.  La  première  colonne  indique  le  nombre  tolal  des  espèces  de  la 
famille  observées  jusqu’à  ce  jour  à Madagascar,  les  7 suivantes,  le 
nombre  d'espèces  spéciales  à chaque  llore  et  à chaque  région,  et  la 
dernière,  celui  des  espèces  communes  aux  deux  flores.  Ces  dernières, 
comme  nous  l’avons  dit,  sont  surtout  des  rudérales,  des  palustres  ou 
des  littorales. 


CHAPITRE  VII 


La  Flore  du  Vent. 

Végétation  à fouilles  persistantes. 


La  végétation  à feuilles  persistantes  doit  son  principal  caractère  à 
l’humidité  que  lui  apporte  l’alizé,  mais  cette  humidité  varie  selon  l’alti- 
tude et  la  distance  de  l’Océan  Indien.  Par  suite,  les  territoires  qu’elle 
recouvre  se  divisent  en  trois  régions  : la  région  orientale,  caractérisée 
par  un  feuillage  opulent  et  son  faciès  nettement  tropical  humide  ; la 
région  centrale  par  son  feuillage  plus  réduit  et  la  présence  de  nombreux 
types  des  climats  tempérés  ; la  région  du  Sambirâno  par  ses  types  et  sa 
position  sur  le  versant  occidental. 

Ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  la  végétation  à feuilles 
persistantes  doit  son  principal  caractère  à l'humidité  que  lui 
apporte  l'alizé  en  saison  sèche.  Cette  humidité,  la  nébulosité 
plus  grande,  la  radiation  moins  intense  suffisent  à expliquer 
ses  caractères  de  forêt  tropicale  ou  subtropicale  humide.  Mais 
l'action  de  1 alizé  se  traduit,  suivant  l'altitude  et  la  distance  de 
la  mer,  par  des  pluies  persistantes  ou  par  de  simples  bruines 
ou  brouillards.  En  outre,  transmise  et  relayée  par  le  grand 
massif  de  montagnes  qui  avoisine  Nossi-Bé  et  la  vallée  du  Sam- 
birano,  massif  encore  boisé  que  domine  le  mont  Tsaratanana, 
le  pic  le  plus  élevé  de  l île,  cette  action  se  fait  sentir  jusque 
sur  la  côte  Ouest.  L humidité  plus  ou  moins  grande,  l’altitude 
plus  ou  moins  haute,  les  différences  de  température  et  les 
conséquences  habituelles  nous  permettent  par  suite  de  dis- 
tinguer, sur  les  surfaces  que  recouvre  cette  flore,  trois  régions 
différentes,  les  régions  de  l'Est,  du  Centre  et  du  Sambirano. 

La  première  qui  correspond,  moins  l’Extrême-Nord,  à la 
région  de  l’Est  de  Baron,  est  caractériséee  par- son  feuillage 
opulent  et  son  faciès  nettement  tropical.  Le  climat  de  cette 
région  est  très  humide,  et  il  y pleut  presque  toute  l’année  ; 


LA  FLOUE  IM  VENT 


71 


elle  est  peu  nettement  limitée,  vers  le  Centre,  par  la  cote 
800,  et,  au  Nord,  par  une  ligne  dirigée  E. -O.,  partant  de 
Vohémar  et  aboutissant  à l’arête  centrale  de  l’Ile. 

La  seconde,  qui  comprend  toutes  les  parties  de  1 I le  situées 
au-dessus  de  l'altitude  800  m.,  est  caractérisée  par  un 
feuillage  plus  fin,  quoique  aussi  coriace,  et  par  sa  végétation, 
en  général,  de  faciès  plus  tempéré  ; la  saison  sèche  y est  très 
marquée,  mais  des  brouillards  et  des  pluies  fines,  que  l’on 
observe  surtout  dans  les  endroits  boisés,  en  tempèrent  beau- 
coup les  effets. 

La  troisième,  qui  se  rapproche  beaucoup  de  la  première, 
doit  surtout  ses  caractères  spéciaux  à une  température  plus 
grande  et  à sa  position  excentrique  sur  le  versant  occidental. 

Les  régions  de  l Est  et  du  Centre  ont,  entre  elles,  des 
limites  fort  indécises,  car  les  changements  dus  à l’altitude 
sont  insensibles,  ; néanmoins  la  région  du  Centre  peut  être 
caractérisée,  ainsi  que  l’a  dit  Baron,  par  le  grand  nombre  de 
ses  Composées  et  les  quelques  types  de  région  tempérée  que 
l’on  peut  encore  y observer.  Mais  ces  derniers,  si  l’on  ne 
considère  que  les  îlots  témoins  de  l’ancienne  flore,  sont 
comme  perdus  au  milieu  des  types  d’origine  nettement  tro- 
picale. En  effet,  Pandanus,  Palmiers  et  Bambous  existent 
jusqu’à  2.100  m.  altitude.  Au  total,  la  flore  de  la  région 
centrale  n’est  autre  que  celle  de  l’Est  légèrement  modifiée  par 
l’altitude,  avec,  en  plus,  quelques  restes  de  types  des  régions 
tempérées. 

La  région  du  Sambirano,  malgré  sa  position  sur  le  versant 
occidental,  a de  plus  grandes  analogies  avec  celles  de  l’Est 
qu’avec  la  région  de  l’Ouest,  mais  elle  est  néanmoins  très 
particulière  et  ses  types  sont  spéciaux.  Elle  se  confond  aussi 
insensiblement  avec  la  région  centrale  aux  alentours  de 
l'altitude  800  m. 

Voici,  pour  caractériser  au  point  de  vue  botanique  la  Flore 
du  Vent,  l’énumération  des  252  genres  spéciaux  à cette  flore 
ou  à ses  régions. 

Sur  ces  252  genres  spéciaux,  1 19  sont  communs  à toute  la 
flore,  47  caractérisent  la  région  orientale,  75  la  région  cen- 
trale et  I 1 la  région  du  Sambirano. 


l.A  VÉGÉTATION  UALGACHK 


Parmi  les  1 I 9 communs  à toute  la  flore,  24  sont  endémiques  : 

Burassaia , Sarcochlaena,  Leptochlaena , Schizochlaena, 
Rhodoclilaena , Cheirolena,  Bliodoclada , Trimorphopetalum , 
Brexia , Yeprecella , Schismatoclada,  Apodocephala,  Bocho- 
nia , Tetraclis,  Taehiadenus,  Forsytliiopsis , Phloga,  Dp p sis, 
Vonitra , Xeop/doga , Geosiris,  Actiniopteris,  Cartopodium, 
Mystacidium. 

Quatorze  ne  sont  représentés  que  dans  les  pays  à l’occident 
de  l'ile  africains):  Symphonia,  Cassinopsis,  Gravesia,  Philip- 
pia,  Anlhocleista,  Chironia , Thunbergia , Cytinus , Peddiea , 
Uapaca , Drymia , Lonchitis,  Mohria,  Holothrix). 

Vingt-six  ne  sont  représentés  qu'à  l'orient  de  l’ile  (asia- 
tiques ou  océaniens)  : Hibbertia , Elaeocarpus,  Evudia,  Elaeo- 
dendron,  Giuta,  Stronyylodon , Danais,  Canscora,  Ampalis, 
Podocarpus , Dianella , Ceplialostachyum , Schizotachyum , 
Xastus,  Lophate/'um,  Ocliropleris , Blechnum , Didymoch- 
laena,  Oberonia , Cirrhopetalum , Phajus,  Calanthe,  Olonia, 
Corymbis,  Arnottia,  Cheirostylis). 

Les  53  autres  sont  cosmopolites  ou  l’eprésentés  tout  aussi 
bien  en  Asie  ou  en  Océanie  qu’en  Afrique  : 

Ochrocarpus,  Mcdochia,  Impatiens , Toddalia,  Ouratea , 
Pyrenacantha,  Ilex,  C nés  lis,  Parinarium , Bubus,  Weinman- 
nia,  Medinilla,  Memecylon,  Urophyllum,  'SYalhenhergia , 
Yaceinium , Ardisia.  Maesa , Orthosiphon,  Peperomia,  Ocotea , 
Macaranga , Suregada,  Pilea,  Myrica,  Carex,  Stenotaphrum , 
Centliotheea,  Bulbophyllum , Liparis,  Cymbidium,  Zeuxine, 
Brownleea,  Gleichenia , Cyathea,  Hemilelia,  Alsophila,  Dick- 
sonia , Hymenophyllum,  Trichomanes , Davalia,  Lindsaya, 
Hypolepis,  Pteris,  Aspidium , Asplénium,  Oleandra,  Polypo- 
dium,  Gymnogramme,  Antrophyum,  Vittaria,  Platycerium, 
Osmunda,  Schizea. 

Des  47  genres  propres  à la  région  orientale,  25  sont  endé- 
miques : Spirospermum,  Leioclusia,  Sphaerosepalum,  Nesogo- 
rodonia,  Eremochlaena , Didymeles,  Phornothamnus , Tridiani- 
sia,  Ptelidium,  Eriandrostachys,  Pseudopteris,  Ampelosicyos, 
Delagnaea , Melanophylla,  Flagenium,  Chapeliera,  Ochrone- 
riurn,  Humbertia,  Bonamia,  Monacochlamys , Barbenia , 


LA  FLORE  DU  VENT 


73 


Dilobeia,  Louve  lia,  Poecilostachys,  Beccariophoenix . Cinq, 
Ludia,  Turnera,  Imbricaria,  Baseonetna,  Coelocarpus , ne 
sont  représentés  qn’en  Afrique.  Huit,  Wormia,  Samadera, 
Harpulia,  Gastonia,  Stephanotis,  Adenoplea,  Nepenthes, 
Angiopteris  sont  plutôt  d’origine  orientale.  Neuf  enfin,  Zan- 
Ihoxylon,  Jodes , Afzelia,  Anisophyllea,  Morinda , Lahramia, 
Crossandra,  Myristica , Cycas,  sont  répandus  sous  les  tropiques 
ou  tout  au  moins  représentés  en  Afrique  et  en  Asie. 

Sur  les  7o  genres  caractéristiques  de  la  région  centrale,  16 
sont  endémiques  : Microsteira,  Calodryum , Rhodosepala, 
Ansipoda , Pheleolophium,  Kaliphora,  Nematostylis , Otiopho- 
ra , Holocarpa,  Syncephalum,  Dialy pelalum ,Crapidospermum , 
Tetraspidium , Telradenia,  Actiniopteris,  Bicornella.  Trente- 
deux  sont  des  genres  des  climats  tempérés  : Ranunculus,  Nas- 
turtium , Cardamine,  Viola , Hypericum,  Stellaria,  Linum, 
Géranium , Pélargonium,  Alchemilla,  Argyrolobium,  Crassula 
Gunnera,  Epilobium,  Hydrocotyle,  Sanicula,  Pimpinella,  Peu- 
cedanum,  Caucalis,  Gerbera,  Hieracium , Vaccinium,  Lysima- 
chia,  Anagallis , Pleurogyne,  Sivertia,  Cynoglossum,  Agros- 
tis,  Anthoxanthum,  Bromus,  Salix,  Planta  go.  Quinze  sont 
des  genres  de  l'Afrique  australe  ou  des  montagnes  d'Afrique  : 
Phylica,  Lebeckia,  Anthospermum,  Stoebe,  Bojeria,  Lightfoo- 
ca,  Ericinella,  Diclis,  Halleria,  Harveya,  Disa,  Platycoryne. 
Huit  sont  répandus  sous  les  tropiques  : Pavonia,  Drymaria, 
Smithia,  Cotula,  Dichondra , Geniosporum,  Satyrium,  Alectra. 
Quatre  seulement  sont  des  genres  des  pays  situés  à 1 orient  de 
1 île  : Rulingia  (Australie),  Acrocephalus , Ampliorchis , 
Kosteletzkya. 

Des  1 1 genres  qui  caractérisent  la  petite  région  du  Sam- 
birano,  six  sont  endémiques  : Prokiopsis,  Xylochlaena, 
Crossonophelis,  Pseudocalyx,  Bernieria,  Carlephyton  '.  Cinq 
sont  africains  : Tcclea , Deinbollia,  üactylopetalum,  Oncinotis, 
Bosguiea. 

Comme  on  le  voit,  dans  l'ensemble  de  la  Clore  du  Vent, 

1.  H.  Jumelle  : Les  Aracées  de  M.uhir/ascar  (Annales  du  Musée  Colo- 
nial de  Marseille,  1919). 


I.A  VEGETATION  MALGACHE 


les  types  seulement  africains  sont  moins  nombreux  que  les 
types  asiatiques  ou  océaniens.  En  outre,  la  région  centrale  *, 
est  .remarquablement  riche  en  genres  des  régions  tempérés  et 
de  l'Afrique  australe. 

Nous  allons  maintenant  étudier  successivement  les  carac- 
téristiques de  chacune  de  ces  trois  régions,  en  décrire  les 
Formations  principales,  et  relater  pour  chacune  de  ces  der- 
nières les  causes  qui  les  ont  détruites  ou  les  font  lentement 
disparaître,  ou  qui,  au  contraire,  leur  ont  permis  de  se  con- 
server jusqu'à  nos  jours.  Nous  ajouterons  ce  que  nous  savons 
sur  leurs  particularités  intéressantes  au  point  de  vue  écono- 
mique, et  ce  que  nous  avons  pu  observer  sur  les  différentes 
associations  végétales  qui  les  constituent. 

Comme  la  seule  caractéristique,  au  point  de  vue  climat, 
de  l'ensemble  de  la  Flore  du  Vent,  à feuilles  persistantes,  est 
l’humidité  de  l’alizé,  et  que  toutes  les  autres  conditions  cli- 
matiques varient  plus  ou  moins  suivant  les  régions,  il  ne  sera 
question  de  ces  conditions,  et  des  phénomènes  phénologiques 
qui  en  dépendent  étroitement,  qu'au  fur  et  à mesure  de  l'étude 
particulière  de  chacune  des  trois  régions  que  nous  distin- 
guons dans  cette  flore.  En  effet,  ce  sont  naturellement  ces 
variations  de  climat  qui  donnent  à chacune  de  ces  régions  leurs 
caractères  particuliers  et  qui  y régissent  les  phases  de  la  végé- 
tation. 

1.  Le  grand  nombre  des  genres  caractéristiques  de  la  région  centrale 
ne  provient  pas,  comme  on  pourrait  le  croire,  d'une  plus  grande  richesse 
de  la  flore,  mais  simplement  de  ce  que  cette  région  a été  la  mieux 
explorée. 


CHAPITRE  VIII 


La  Région  orientale. 


Le  climat  de  la  région  orientale  est  surtout  caractérisé  par  sa  très 
grande  humidité,  un  peu  variable  du  Nord  au  Sud  de  l’ile.  Les  deux  sai- 
sons y sont  peu  tranchées;  néanmoins  un  arrêt  net  de  la  végétation  a 
lieu  en  saison  fraîche.  La  végétation  est  assez  homogène  et  ne  varie 
guère  qu’avec  l'altitude.  Nous  y distinguons  pourtant  les  quatre  Forma- 
tions suivantes  : 1°  Bois  littoraux  ; 2°  Marais  et  lagunes  ; 3°  Grande 
forêt  orientale  ; 4°  Forêt  des  cimes,  plus  locale  et  moins  étendue 
que  les  précédentes. 

Le  climat  de  la  région  orientale  telle  que  nous  la  compre- 
nons, c’est-à-dire  entre  Fort-Dauphin  et  les  environs  de  Vohé- 
mar,  est  assez  uniforme. 

De  mars  à octobre  ce  sont  des  pluies  fines,  souvent  conti- 
nues, des  journées  sombres  et  relativement  froides.  D'octobre 
à mars,  au  contraire,  la  température  s’élève,  le  soleil  brille 
ordinairement  pendant  le  jour,  et  c’est  seulement  vers  le  soir 
ou  pendant  la  nuit  qu’éclatent  des  orages  brefs  et  fréquents, 
accompagnés  d'averses  assez  fortes.  En  somme,  deux  saisons  y 
sont  bien  tranchées  : l’hiver,  c'est-à-dire  une  saison  froide  et 
de  pluies  fines,  et  l'hivernage,  une  saison  chaude  et  ora- 
geuse. 

Malgré  cette  apparente  uniformité  des  conditions  d’ensemble, 
la  quantité  d’eau  tombée  est  loin  d’être  partout  la  même,  sur 
toute  la  Côte  Est.  L'endroit  où  il  pleut  le  plus  est  Maroant- 
setra  ; et,  de  ce  point,  les  pluies  vont  en  diminuant  très  brus- 
quement vers  le  Nord  et  insensiblement  au  contraire  vers 
le  Sud.  Voici  d'ailleurs,  résumées  ci-dessous,  les  données  cli- 
matiques recueillies  en  trois  points  différents  de  la  côte,  Fara- 
fangana,  Tamatave  et  Maroantsetra.  Ces  chiffres  sont  les 
moyennes  des  mois  ou  saisons,  calculées  sur  une  série  de 


I.A  VEGETATION  MALGACHE 


76 

plus  de  cinq  années  d’observations.  La  saison  chaude  com- 
prend les  mois  de  novembre,  décembre,  janvier,  février, 
mars  et  avril  ; la  saison  fraîche  comprend  tous  les  autres 
mois  1 . 

Les  différences  que  l’on  relève  entre  les  trois  stations  où  ces 
données  ont  été  recueillies  n influent  guère  sur  la  végétation, 
car  des  pluies  plus  abondantes  tempèrent  les  chaleurs  plus 
grandes  ; et,  en  définitive,  les  caractéristiques  des  deux  sai- 
sons varient  peu  entre  Farafangana  et  Maroantsetra.  Aussi 
les  phases  de  la  végétation  sont-elles  les  mêmes  du  Nord  au 
Sud. 

En  saison  fraîche,  l'arrêt  de  la  végétation  n’est  général  que 
pour  les  arbres  de  la  futaie  et  les  lianes  dont  ils  sont  les  sup- 
ports. Beaucoup  de  plantes  du  sous-bois,  des  épiphytes  et 
certains  arbres  ou  arbustes  portant  leurs  fleurs  sur  le  tronc, 
fleurissent  en  cette  saison.  Quelques  espèces  restent  même  en 
végétation  toute  l’année.  Pourtant,  dans  l'ensemble,  la  reprise 
de  la  végétation  a lieu  surtout  avec  les  premières  chaleurs, 
avec  les  premiers  orages,  c’est-à-dire  vers  le  mois  d’octobre. 
Mais  ce  renouveau  n’a  rien  de  brusque,  rien  de  comparable 
avec  le  printemps  des  climats  tempérés  ou  avec  celui  de 
l'Ouest  que  nous  décrirons  plus  loin.  La  plupart  des  espèces 
commencent  bien  à végéter  vers  cette  époque,  mais  ce  phéno- 
mène est  peu  marqué  et  elles  entrent  successivement  en  florai- 
son pendant  tout  le  cours  des  mois  chauds.  Plusieurs  d'entre 
elles  ne  montrent  même  leurs  fleurs  qu'à  la  fin  de  1 hivernage, 
en  avril,  et  leurs  fruits  passent  la  saison  fraîche  en  s'accrois- 
sant lentement  pour  mûrir  au  commencement  de  1 hivernage 
suivant.  De  ce  nombre,  sont  les  Landolphia,  genre  commun 
aux  deux  versants,  et  dont  les  phases  de  végétation  font  bien 
ressortir  les  différences  qui  existent  entre  les  climats  orien- 

1.  N oir  : Température...,  Pluies  à Madagascar,  B.  P.  Colin,  Bull.  Acad, 
malgache,  1912.  1.  Ces  pages  étaient  déjà  écrites  lorsqu’ont  paru  1914 
les  deux  articles  du  savant  météréologiste.  Les  chiffres  que  nous  don- 
nons ont  é±é  puisés  aux  mêmes  sources,  mais  nos  moyennes  ont  été 
calculées  sur  une  série  moins  longue  d'années  que  celles  du  R . Collin, 
et,  partant,  sont  moins  exactes. 


LA  REGION  ORIENTALE  / J 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


78 

taux  et  occidentaux.  En  ell'et.  dans  1 Ouest,  les  espèces  de  ce 
genre  fleurissent  en  octobre  et  mûrissent  leurs  fruits  en 
septembre  de  l’année  suivante. 

A latitude  égale,  les  phénomènes  phénologiques  de  la  région 
orientale  sont  toujours  en  retard  de  quelques  mois  sur  ceux  de 
l'Ouest  4.  Les  mangues  et  les  avocats,  par  exemple,  mûrissent 
en  septembre-octobre  à Nossi-Bé  et  à Majunga,  et  seulement 
en  janvier-février  à Tamatave.  Nous  relèverons  plus  loin  des 
différences  analogues  entre  le  Centre  et  l’Ouest,  à propos  du 
raisin  ; et  ces  particularités  climatiques  auront  plus  tard 
pour  Tananarive  — lorsque  cette  ville  sera  reliée  aux  deux 
côtes  par  des  voies  rapides  — des  conséquences  heureuses  : 
elles  lui  permettront,  en  ell’et,  de  s'approvisionner  en  toute 
saison  des  productions  et  des  fruits  les  plus  variés. 

Les  cultures,  jusqu’à  un  certain  point,  peuvent  servir  à 
caractériser  un  climat.  A ce  point  de  vue,  celles  de  la  région 
Est  sont  les  cultures  ordinairement  pratiquées  dans  les  pays 
tropicaux  et  humides.  Seule,  la  stérilité  trop  fréquente  du  sol 
en  exclut  quelques-unes. 

Sauf  une  étroite  bande  littorale  constituée  par  des  sables,  ce 
sol  est,  presque  en  totalité,  constitué  par  îles  argiles  latéri- 
tiques  provenant  de  la  décomposition  de  gneiss,  de  schistes 
cristallins  et  souvent  aussi  de  diabases.  Ces  argiles,  quelle  que 
soit  leur  origine,  sont  en  général  peu  fertiles,  compactes  et 
presque  imperméables 1  2.  Aussi  la  presque  totalité  des  plantes 
de  cette  région  ont-elles  des  racines  traçantes,  pénétrant  peu 
profondément  dans  le  sol.  ce  fait  étant  d’ailleurs  aussi  bien  la 

1.  Celait  est  d’autant  plus  curieux  que  le  maximum  thermique  de  la 
région  Diego-Maintirano  est,  au  contraire,  en  retard  sur  celui  des 
autres  parties  de  l île.  (V.  R.  P.  Collin,  B.  A.  M.,  1912,  I,  p.  219.) 

2.  En  fait,  ces  sols,  lorsqu'ils  sont  recouverts  de  végétation,  ne  sont 
pas  imperméables.  Au  contraire,  ils  sont  le  siège  d’une  circulation  d’eau 
lente,  mais  continue,  agent  très  probable  de  la  décomposition  des 
roches  sous-jacentes.  Mais,  justement,  par  suite  de  la  lenteur  de  cette 
circulation,  ils  sont  toujours  saturés  d'eau  sous  le  climat  du  vent,  et 
c’est  sans  doute  pour  cette  cause  que  les  racines  semblent  les  fuir, 
comme  celles  des  espèces  des  marais  ou  de  la  mangrove  fuient  le  sol 
situé  au-dessous  du  niveau  constant  des  eaux. 


LA  RÉGION  ORIENTALE 


79 


conséquence  de  l'humidité  très  grande  que  de  l’imperméabilité 
relative  de  ces  terres. 

Lorsqu'on  aborde  sur  un  point  quelconque  de  la  côte  Est, 
entre  Vohémar  et  Fort-Dauphin,  et  que  l’on  se  dirige  vers  l'in- 
térieur,  on  trouve  successivement  : 

1°  Un  cordon  de  dunes  littorales  séparant  de  la  mer  une 
zone  de  marais  et  lagunes  d'eaux  douces  ou  à peine  saumâtres; 

2°  Un  chaos  de  petites  collines  arrondies,  ordinairement 
couvertes  de  savoka  et  de  prairies,  parfois  munies  encore, 
vers  leur  sommet,  de  quelques  vagues  restes  de  forêt,  ou  plus 
rarement  boisées  encore  totalement  ; 

3°  Enfin,  aux  environs  de  la  cote  800,  une  bande  plus  ou 
moins  étroite  de  forêt,  réduite  à rien  dans  maints  endroits, 
mais  qui,  tout  récemment  encore,  s’étendait  *sans  disconti- 
nuité du  Nord  au  Sud  de  l ile. 

Jadis,  lorsque  la  végétation  de  ce  versant  était  encore  tota- 
lement vierge,  on  trouvait  bien,  avec  le  même  aspect  qu’elles 
ont  encore  maintenant,  les  deux  premières  zones  des  dunes 
et  des  lagunes,  mais,  au-delà,  la  forêt  recouvrait  seule  tout 
l’espace  entre  les  lagunes  et  le  rebord  abrupt  des  hauts  pla- 
teaux. Cette  forêt  n offrait,  avec  l'altitude  de  plus  en  plus 
grande,  que  des  changements  insensibles  ; et  l’aspect,  homo- 
gène dans  l'ensemble,  des  restes  que  nous  avons  pu  encore 
étudier,  comme  la  conformité  des  conditions  de  milieu,  nous 
ont  contraint  à n’y  voir  qu’une  seule  et  même  Formation  L 

Nous  distinguerons  donc  dans  la  végétation  du  versant  orien- 
tal les  trois  formations  suivantes  : 

1°  Bois  et  bosquets  littoraux  ; 

2°  Marais  et  lagunes  de  l’Est  ; 

3°  Forêt  orientale. 

Nous  en  ajouterons  une  quatrième,  la  Forêt  des  cimes , non 
parallèle  à la  côte  comme  les  précédentes,  moins  distincte,  et 

1.  Les  subdivisions  que  nous  appelons  Formations  pourraient  tout 
aussi  bien  être  appelées  Domaines,  car  elles  recouvrent  chacune  des 
territoires  bien  définis  physiquement.  Nous  avons  préféré  Formation 
simplement  parce  qu’à  chacun  de  ces  territoires  correspond  un  faciès  de 
végétation  spécial. 


80 


I.A  VÉGÉTATION  -MALGACHE 


disposée  en  ilôts  épars,  localisés  sur  les  crêtes  arides,  où  ils 
sont  exposés  aux  vents  de  1 Est. 

I.  — Bois  et  bosquets  littoraux. 

Cette  Formation  recouvre  une  bande  assez  étroite  de  dunes  récentes. 
Elle  a souvent,  surtout  dans  le  Sud,  un  aspect  de  parc.  Les  espèces 
sont,  les  unes,  d'origine  orientale,  les  autres  de  l'intérieur  de  l'ile.  La 
plupart  des  espèces  malgaches  citées  pour  leurs  affinités  avec  celles 
des  flores  orientales  croissent  dans  cette  zone. 


Euphorbe  des  dunes  littorales,  au\  environs  de  Loholoka  Est;. 


La  Formation  littorale  est  toujours  étroite.  Elle  n’a  jamais 
plus  de  2 à 3 kilomètres  de  large,  mais  elle  existe,  en  revanche, 
presque  sans  discontinuité,  de  Yohémar  à Fort-Dauphin.  Le 


LA  RÉGION  OUI EN TA LU 


81 


sol  qu’elle  recouvre  est  uniquement  constitué  par  des  sables 
marins,  que  les  vents  ont  amenés  petit  à petit  bien  au-dessus 
du  niveau  des  plus  hautes  marées.  Elle  est  quelquefois  repré- 
sentée par  de  belles  forêts,  surtout  au  nord  de  Fénérive,  mais 
plus  souvent  par  des  bosquets  plus  ou  moins  étendus,  que 
séparent  des  plages  d’un  gazon  court  et  très  particulier.  Le 
feuillage  opulent  et  sombre  des  arbres  et  des  arbustes,  celui 


Cycas  Thounrsii.  Dunes  littorales,  près  de  Mananjary. 


plus  élégant  et  plus  frêle  des  Pandanus.  des  Cycas  et  des 
Palmiers , le  gazon  vert  tendre  qui  leur  sert  de  fond,  donnent 
alors  à cette  Formation  l’aspect  d’un  parc  idéalement  beau. 

Trop  près  de  la  mer  pour  que  I on  y puisse  faire  des  cul- 
tures, les  forêts  et  les  bosquets  de  cette  Formation  ont,  par 
suite,  échappé  aux  tavy  ; et  la  végétation  y est  encore 
presque  totalement  vierge.  Le  fin  et  court  gazon  que  l'on 
voit  entre  les  bosquets  n’a  aucun  rapport  avec  la  prairie  sou- 
mise au  régime  des  feux  périodiques.  Les  espèces  de  Grami- 
nées qui  le  composent  en  sont  toutes  différentes  et  spéciales. 
Ce  sont  des  espèces  sub-halophiles  qui  ont  toujours  des  rhi- 

6 


82 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


zomes  traçants  et  des  chaumes  très  courts.  Cette  sorte  de 
prairie,  qui  est  constituée  par  des  Graminées  sélectionnées 
non  par  les  feux,  mais  par  le  vent  chargé  de  sel,  représente 
le  premier  stade  de  la  fixation  des  sables  des  dunes  par  la 
végétation.  En  effet,  les  sables  amenés  par  la  mer  et  soulevés 
par  les  vents,  restent  d abord  nus  et  mobiles  puis  le  gazon 


Pandanus  sur  la  dune  littorale,  à Ampasimeloka,  sur  le  Matitana  (Est  . 


les  fixe  sous  le  fin  réseau  de  ses  rhizomes,  et  enfin,  lorsque 
l'endroit  n'est  pas  exposé  à des  vents  très  violents,  les  piaules 
arborescentes  apparaissent  et  s’emparent  du  terrain. 

Les  espèces  caractéristiques  que  1 on  retrouve  du  Nord  au 
Sud,  et  qui  donnent  au  paysage  un  aspect  spécial,  sont  plus 
nombreuses  ici  que  dans  n’importe  quelle  autre  partie  de  la 
région  orientale.  Ce  sont  des  espèces  ubiquistes,  apportées 
sûrement  par  les  flots,  ou  des  formes  spéciales  appartenant  à 
des  genres  largement  représentés  à 1 intérieur.  Beaucoup  d es- 
pèces malgaches  citées  pour  leurs  affinités  avec  celles  des 
flores  orientales  ne  se  trouvent  que  dans  cette  zone.  Au  total, 
cette  Formation  est  manifestement  de  création  récente,  géolo- 


I,A  REGION  ORIENTAI. E 


83 

giquement  parlant  : les  espèces  végétales  qui  la  constituent 
sont  venues*  les  unes  de  l'intérieur,  les  autres  de  l’extérieur, 
apportées  par  les  vents  et  les  flots. 

Les  plus  communes  de  ces  espèces,  celles  qu’on  retrouve 
partout,  sont  les  suivantes  : 

Calophyllum  Inophyllum  L.  ^Forahai. 

Hibiscus  tiliaceus  L.  (Varo). 

Agelaea  Lamarckii  Planch. 


Loniatophyllum  sur  la  dune  littorale  à Loholoka  (S.-E.  . 

Afzelia  hijuga  A.  Gray  (Hintsv) 

Trachylobium  verrucosum  Gaertner,  Copalier  (Mandrorofo). 
Labramia  Bojeri  A.  DG.  (Nato  . 

Stephanotis  floribuncla  A.  Brongn. 

Cycas  Thouarsii  R.  Br. 

Chrysalidocarpus  lutescens  Becc. 

Les  Alyristica  sont  presque  localisés  dans  cette  zone.  Les 
Diospyros  et  les  Pandanus  y sont  abondants  et  représentés 


SL 


LA  V ÉGEIATION  MA L( \ A 0 1 1 K 


par  des  espèces  particulières.  Les  Melastomacées , les  Pipéra- 
cées  et  les  Urticacées,  si  abondantes  dans  la  foret  orientale 
voisine,  manquent  ici  absolument.  Les  Landolphia  sont  peut- 
être  plus  nombreux  sur  la  zone  littorale  que  partout  ailleurs, 
mais  les  espèces,  spéciales  k la  Formation,  présentent  cette 
curieuse  particularité  de  ne  pas  donner  de  caoutchouc,  alors 
qu'à  l’intérieur,  les  espèces,  toutes  voisines,  du  même  genre 
en  produisent  généralement.  Ces  Landolphia  du  littoral  sont, 
en  somme,  différents  de  ceux  de  l'intérieur  et  l'on  ne  peut  pas 
dire  qu  il  n'v  ait  là  qu'une  variation  individuelle  produite  par 
le  voisinage  de  la  mer.  Pourtant  une  autre  Apocvnacée,  caout- 
choutifère  dans  toute  l'ile,  le  Mascarenhasia  arhoi'escens,  ne 
produit  également  pas  de  caoutchouc  lorsqu’elle  pousse  par 
hasard  sur  la  zone  des  dunes,  et  cette  influence  du  voisinage 
de  la  mer  sur  les  espèces  caoutchoutifères  est  utile  à retenir. 

Les  forêts  de  cette  Formation,  bien  que  placées  pour  être 
exploitées,  produisent  de  bons  bois  de  construction  (nato, 
hintsy,  copalier,  etc.  et  aussi  des  bois  d ébénisterie  (ébène) 
dans  le  Nord  de  cette  zone.  Comme  on  vient  de  le  dire,  elles 
ne  produisent  pas  de  caoutchouc,  mais  la  gomme  copal 
exportée  par  1 Ile  en  provient  en  totalité. 


IL  MaKAIS  ET  LAGUNES. 

On  peut  distinguer  dans  cette  Formation  les  marais  littoraux  et  les 
marais  de  l'intérieur.  Les  marais  littoraux,  qui  couvrent  les  alentours 
des  lagunes,  ont  quelques  espèces  particulières.  Ils  sont  surtout  inté- 
ressants en  tant  que  tourbières.  La  tourbe  s’v  forme  de  deux  manières 
différentes,  soit  par  la  décomposition  sur  place  des  végétaux,  soit  par 
dissolution  et  dépôt  des  matières  humiques.  Les  marais  de  l'intérieur 
aussi  sont  parfois  tourbeux,  mais  la  formation  delà  tourbe  va  été  arrê- 
tée par  le  déboisement  et  la  culture.  Quelques  observations  de  marais 
vierges  montrent  néanmoins  que  la  tourbe  y a été  constituée  par  des 
sphaignes  et  des  Fougères,  selon  le  mode  habituel. 

Les  Formations  de  marais  de  111e  tout  entière,  par  suite  de 
leur  uniformité,  de  leur  petit  nombre  d'espèces,  de  la  large 
répartition  de  la  plupart  de  ces  espèces,  et  du  peu  d'influence 


T, A RÉGION  ORIENTAI, F. 


o K 

o 5 


que  les  variations  de  climat  paraissent  avoir  sur  leur  végéta- 
tion, auraient  pu  être  groupées  en  une  Formation  unique. 
Pourtant,  quelques  espèces  spéciales  à chacune  des  régions  — 
surtout  nombreuses  dans  les  marécages  dont  le  déboisement 
n’a  pas  encore  modifié  la  végétation  — et  quelques  dill'érences 
d’ensemble,  particulières  à l’une  ou  l'autre  flore,  nousengagent 
à les  étudier  séparément  par  région. 


Végétation  des  bords  des  lagunes  avec  zozoro  f Ci/perus  imerinensis)  etviha 
( Tifphonodorum  Lindleyanum ).  En  arrière-plan,  la  Prairie. 

La  Formation  des  marais  et  lagunes  de  la  région  orientale 
est  surtout  représentée  sur  les  bords  des  lagunes  qui  forment 
un  cordon  presque  interrompu  entre  Fort-Dauphin  et  Féné- 
rive.  Ailleurs,  au  nord  de  Fénérive  et  vers  l’intérieur,  elle 
n’occupe  plus  que  quelque  marais  de  peu  d étendue,  très  ordi- 
nairement plus  ou  moins  modifiés  par  la  culture  et  le  déboi- 
sement. On  peut  donc  distinguer,  dans  cette  Formation,  les 
lagunes,  ou  marais  littoraux,  et  les  marais  de  l’intérieur. 

Les  marais  littoraux  ne  possèdent  en  propre  que  cinq 


LA  VÉGÉTATION  M M .GACHE 


86 

espèces  spéciales:  deux  Orchidées,  un  Pandanus,  Tachiadenus 
carinatus  Griseb.  et  IVepenthes  madarjascariensis  Poir.  Mais, 
saut  le  Pandanus,  très  remarquable,  ces  espèces  spéciales 
sont  peu  remarquées,  et  les  caractéristiques  du  paysage  si 
particulier  de  cette  zone  sont  surtout  dues  à l’abondance 
d ' Acrostichum  aureum,  répandu  dans  tous  les  marais  litto- 


Formation  des  lagunes  aux  environs  de  Loholoka  (côte  Est),  avec 
Pandanus,  Typhonodorum  et  Cyperus. 

raux  de  111e,  de  Cyperus  madagascaricnsis  P»,  et  Sch.,  plus 
abondant  ici  que  dans  le  Centre  ; de  Typha  angusti folia 
Lin.,  commun  partout  ; et  surtout  de  Typhonodorum  Lind- 
leyanum  Schott,  que  l'on  trouve  dans  tous  les  marécages  de 
l’Ile,  sauf  dans  la  région  centrale. 

Ces  marais  sont  surtout  intéressants  parce  qu  ils  repré- 
sentent un  type  particulièrement  net  de  tourbière  tropicale. 
Suivant  les  conditions  de  milieu,  la  tourbe  s’y  forme  de  deux 
manières  bien  différentes  : dans  les  marais  peu  profonds  ou 
sur  les  bords  des  lacunes,  ce  sont  les  rhizomes  et  les  tig'es  — 
très  rameux,  épais  et  entrelacés  — des  Nephrodium  unitum 


T. A H KG  ION  OIIIKNTALK 


87 


ot  .V.  cuciillatum  et  de  nombreuses  Cvpéracées  qui  forment 
la  tourbe,  en  accumulant  leurs  parties  mortes  suivant  le  mode 
ordinaire  des  tourbières  à Sphagnum.  Ailleurs,  dans  les  par- 
ties les  plus  profondes  des  lagunes,  les  tiges  et  rhizomes 
enchevêtrés  des  mêmes  plantes  forment  un  plateau  mouvant, 
posé  à la  surface  de  l’eau,  souvent  assez  solide  pour  qu’un 


Formation  des  lagunes,  avec  Pandanus  caractéristique  (Esty 


homme  puisse  s’v  risquer.  Comme  la  plupart  des  lagunes 
sont  assez  larges  pour  que  les  vents  puissent  en  agiter  plus 
ou  moins  violemment  la  surface,  cette  curieuse  végétation  flot- 
tante se  meut  parfois  étrangement.  Les  matières  humiques  ou 
végétales  qui  en  proviennent,  soit  par  suite  de  cette  agita- 
tion. soit  comme  conséquence  du  processus  ordinaire  de  la 
décomposition  des  végétaux  dans  1 eau.  sont  dissoutes  ou 
réduites  en  infimes  particules.  L'eau  prend  alors  une  teinte 
brunâtre  et  ce  goût  singulier  qui  la  rend  non  potable,  et 
dépose  lentement  au  fond  des  lagunes  un  dépôt  végétal  très 
fin,  où  nulle  particule  de  végétaux  n'est  reconnaissable. 

Ce  second  mode  de  formation  de  la  tourbe  est  intéressant 


88 


I.A  VÉGÉTATION  MALGACHE 


parce  qu'il  aide  à comprendre  la  constitution  de  certaines 
houilles  et  surtout  celle  des  grès  et  des  schistes  charbonneux 
sans  restes  de  végétaux  discernables.  En  effet  — et  il  se 
forme  actuellement  des  dépôts  analogues  sur  la  côte  Est  — 
réduites  en  cet  état,  les  matières  végétales  sont  aptes  à se 


Tourbière  à Aephrodium.  vers  S00  m.  ait.  Forêt  orientale  sur  les  limites 

du  Centre. 

mêler  intimement  aux  sables  et  aux  argiles  qui  peuvent  être 
appelés  à former  plus  tard  des  grès  et  des  schistes. 

Les  marais  de  l'intérieur,  tels  du  moins  qu’ils  sont  à pré- 
sent. sont  loin  d'offrir  autant  d'intérêt.  Le  déboisement  et  ses 
suites,  l insolation  et  l alluvionnement  plus  intense,  en  ont 
complètement  changé  la  végétation  et  les  conditions  biolo- 
giques. Dans  leur  état  actuel,  ils  sont  à peine  distincts  de 


LA  RÉGION  ORIENTALE 


89 


ceux  du  Centre  et,  bien  que  souvent  tourbeux,  la  tourbe  ne 
s v forme  plus  actuellement.  Les  très  rares  spécimens  des 
marais  de  cette  région  que  nous  avons  pu  observer  encore 
dans  leur  état  primitif  ont,  à ce  point  de  vue,  un  tout  autre 
intérêt.  Très  pauvre  en  espèces,  la  végétation  de  ces  maré- 
cages est  uniquement  constituée  par  des  sphaignes,  quelques 
Graminées,  le  Nephrodiutn  Thclypteris  et  des  Pandanus.  La 
tourbe  y est  souvent  formée  par  les  sphaignes,  et  les  autres 
espèces  ne  sont  qu’accessoires.  Un  rien,  la  venue  d’eaux 
troubles,  l’abatage  des  arbres  des  bords,  suffit  à faire  périr 
les  sphaignes  et  à interrompre  la  production  de  la  tourbe. 
Ces  tourbières  sont  remarquables  par  le  manque  absolu  d’es- 
pèces saprophytes  spéciales  ; on  dirait  que,  sauf  les  espèces 
de  fond,  c’est-à-dire  qui  contribuent  à la  formation  de  la 
tourbe,  il  n v a pas,  à Madagascar,  d’espèces  adaptées  à vivre 
sur  ce  sol. 


III.  — La  Forêt  orientale. 

Peu  variable  du  Nord  au  Sud,  la  forêt  orientale  l’est  un  peu  plus  de 
l’Est  à l'Ouest.  Néanmoins  son  faciès  est  partout  le  même,  et  ses  varia- 
tions sont  insensibles.  Dans  l'ensemble,  c'est  une  belle  forêt  à feuillage 
large  et  sombre,  très  hétérogène,  sans  essence  dominante,  avec  trois 
étages  très  marqués.  Elle  ne  forme  qu'une  seule  et  immense  association, 
excessivement  complexe,  où  le  nombre  des  espèces  représentées, 
parmi  100  plantes  poussant  côte  à côte,  dépasse  souvent  ”>0.  Le  nombre 
d’épiphvtes  s'accroît  avec  l’altitude.  Beaucoup  de  ces  végétaux  sont 
organisés  pour  utiliser  les  débris  végétaux  qui  tombent  du  dôme  supé- 
rieur. Les  fougères  épiphytes  ont  une  préférence  marquée  pour  les 
stipes  des  fougères  arborescentes.  Vers  Ê00  m.  d’altitude,  cette  forêt 
passe  insensiblement  à la  forêt  à sous-bois  herbacé  de  la  région  cen- 
trale. 

Si  nous  n avons  fait  qu’une  seule  et  même  Formation  de  toute 
la  forêt  de  1 Est  comprise  entre  les  lagunes  et  l’altitude  800, 
c’est  que  les  mêmes  conditions  de  milieu  ont  eu  partout,  sur 
cette  immense  surface,  les  mêmes  conséquences  au  point  de 
vue  végétation.  Le  faciès  de  cette  formation  varie,  en  ell’et, 
très  peu  du  Nord  au  Sud,  et  vice  versa , mais  des  espèces  de 


90 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


port  analogue,  appartenant  presque  toujours  au  même  genre, 
remplacent  ces  espèces  absentes,  et  l’aspect  de  l'ensemble 
reste  le  même.  Des  variations  un  peu  plus  tranchées  se 
montrent  bien  de  l’Est  à l’Ouest,  c’est-à-dire  entre  les  lagunes 
et  la  région  du  Centre,  mais  elles  sont  insensibles  et  ne  per- 
mettent nulle  part  une  subdivision.  A peine  peut-on  remar- 
quer une  plus  grande  abondance  des  Palmiers  sur  les  sols 
placés  au-dessous  de  l’altitude  200. 

Au  reste,  il  nous  faut  bien  avouer  que  ce  n’est  pas  sans 
peine  que  nous  sommes  arrivé  à nous  faire  une  idée  de  la 
forêt  qui  couvrait  les  basses  altitudes.  Aux  environs  de 
Maroantsetra  et  du  massif  de  Masoala,  la  forêt  orientale,  sur 
toute  sa  largeur,  est  bien  encore  intacte,  mais,  à peu  de  dis- 
tance du  rivage,  l’altitude  s’y  élève  brusquement  jusqu'à 
b 00  mètres,  sans  laisser  assez  d’espace  aux  bois  inférieurs 
pour  qu’ils  puissent  s'y  montrer  avec  tous  leurs  caractères. 
Partout  ailleurs,  nous  avons  été  réduit  à étudier  quelques 
bosquets  isolés,  échappés  par  hasard  aux  tavy  ou  protégés  par 
un  fady  (tabou)  quelconque.  Néanmoins,  comme  ces  restes  sont 
heureusement  disséminés  à toutes  les  altitudes  et  sous  les 
latitudes  les  plus  diverses,  nous  croyons  quand  même  avoir 
acquis  une  idée  exacte  et  lidèle  de  ce  qu’était  l’ensemble  de  la 
forêt  orientale  avant  l’arrivée  de  l’homme  ; et  c'est  cette  forêt 
encore  totalement  vierge  (pie  nous  voulons  tenter  de  décrire 
ici. 

C'était  et  c est  encore  une  belle  forêt.  La  futaie,  haute  de 
2b  à 30  m.,  n'est  pas  composée  de  ces  arbres  immenses  à troncs 
énormes,  qui  sont  la  caractéristique  des  autres  forêts  tropi- 
cales ; les  arbres  qui  la  constituent  sont  des  arbres  moyens  à 
troncs  droits,  de  diamètres  irréguliers,  formant  un  peuple- 
ment serré,  parsemé  de  loin  en  loin,  surtout  dans  les  bas- 
fonds,  de  géants  isolés,  Canarimn  ou  Ocotca  à ramures  puis- 
santes. Rien,  au  premier  abord,  si  ce  n'est  les  écorces  d'as- 
pect divers,  ne  trahit,  vu  par-dessous,  l'hétérogénéité  remar- 
quable de  cette  haute  futaie.  Il  faut,  pour  s'en  rendre  compte, 
pouvoir  contempler  d’une  cime  la  partie  supérieure  du  dôme 
de  la  forêt.  Alors  la  diversité  de  forme  et  de  couleur  des  difTé- 


LA  ItÉGlON  ORIENTALE 


91 


rents  feuillages  la  révèle  d'une  façon  saisissante.  Seules, 
quelques  espèces  à port  particulier,  Ravenala  et  Palmiers, 
tranchent  assez,  sur  le  fond  de  cette  mosaïque  de  tons  verts, 
pour  être  reconnues  de  loin,  et  lisolement,  l’éloignement  de 
leurs  individus,  rendent  sensible  immédiatement  le  manque 
absolu,  dans  cet  ensemble,  de  tout  groupement  d'espèces,  de 


Bambou-liane  sur  Pandanus.  Bords  d’un  torrent  de  la  région  orientale, 
vers  500  m.  ait. 


tout  peuplement  d’essences  sociales.  Et  c’est  là  une  impres- 
sion première  vite  confirmée  par  une  étude  plus  appro- 
fondie. 

Les  arbres  qui  composent  cette  futaie  sont  des  Symphonia 
à (leurs  pourpres,  des  Canarium  à hase  du  tronc  dilatée  en 
ailes,  des  Uapaca  à nombreuses  racines  adventives  qui  les 


91 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


rendent  semblables  à de  grands  Rhizophora . des  Ravensara , 
des  Ocotea.  de  nombreuses  essences  à port  analogue,  encore 
indéterminées1,  des  Ravenala  et  de  grands  Palmiers  à feuilles 
pennées.  Aucune  essence  n'a  les  feuilles  caduques,  sauf  aux 
abords  de  la  région  centrale  Les  Ficus  sont  peu  communs. 


Plati/cerinm  sur  un  tronc  Forêt  orientale  . 

1.  Beaucoup  d'arbres  des  futaies  malgaches  sont  encore  indéterminés 
botaniquement.  Il  faut,  pour  se  procurer  des  échantillons  complets,  les 
abattre  ou  les  faire  escalader,  opérations  dil'liciles  qu'ont  pu  rarement 
pratiquer  les  botanistes  de  passage  dans  l'Ile.  De  là  provient  l'absence 
ou  la  rareté  de  ces  espèces  dans  les  herbiers. 

2.  Acacia Sassa, Sij nehodenrlron  ramiflorum  et  quelques  autres  espèces 
à feuilles  irrégulièrement  et  très  tardivement  caduques.  La  date  de 
foliaison  de  ces  arbres,  à Analamazaotra  par  exemple,  est  aussi  irrégu- 
lière que  possible.  Certains  individus  de  ces  espèces  portent  des  feuilles 
nouvelles  des  la  fin  d'octobre  et  d autres  en  sont  encore  dépourvus 
à la  fin  janvier. 


LA  REGION  ORIENTAL!': 


93 


saut  dans  les  endroits  humides  ; ceux  k port  de  banian 
manquent  absolument,  mais  les  Ficus  épiphytes  se  substi- 
tuant lentement  à leur  hôte  se  rencontrent  néanmoins  çk  et 
lh. 


Syncarpe  de  Tambourissa  éclaté  sur  le  tronc  qui  le  porte.  Le  réceptacle  et 
les  graines  sont  d’un  rouge  intense  (Forêt  orientale). 

Les  lianes  sont  assez  rares,  et  leurs  tiges,  souvent  uniques 
ou  peu  nombreuses,  s'élèvent  d’un  seul  jet  jusqu’au  laite  des 
arbres,  sans  former  cette  inextricable  fouillis  que  nous  avons 
l occasion  de  décrire  dans  quelques  Formations  de  l Ouest  et 
du  Centre.  Ce  sont  surtout  des  Apocynacées,  des  Ménisperma- 
cées  ou  des  Chailletia.  Leurs  ramifications  et  leurs  feuillages 
s'unissent  k ceux  des  arbres  pour  former  l'étage  supérieur  de 
la  forêt,  dôme  sombre  de  feuilles  presque  toujours  épaisses  et 


coriaces . 


F.A  VÉGÉTATION  MALGACHE 


94 

Au-dessous,  constituant  le  second  étage,  croissent  degrands 
arbustes  ou  de  petits  arbres  à feuillage  peut-être  plus  opulent 
et  .plus  coriace  encore,  souvent  groupé  en  couronne  au  som- 
met des  rameaux.  Ce  sont  des  Rubiacées,  des  Mvrsinacées, 
des  Ochnacées,  des  Dracæna,  ainsi  que  des  Vonitra , ces  élé- 
gants Palmiers,  dont  le  stipe,  souvent  ramifié  à la  base,  est 
enfoui,  dans  le  haut,  sous  une  longue  crinière  de  fibres  fauves 

Au-dessous  encore,  tout  à fait  sur  l’humus,  nu  et  sans 
mousse,  l'étage  le  plus  inférieur  de  cette  végétation  est 
constituée  par  des  Graminées,  des  Cypéracées,  des  Fougères, 
des  Bégonia , des  Impatiens , et  surtout  par  ces  innombrables 
Palmiers  nains  ou  acaules,  Dypsis  et  Neophloga , qui  sont  une 
des  caractéristiques  des  plus  nettes  de  la  forêt  orientale. 
Toutes  ces  plantes,  rares  et  clairsemées  sous  les  futaies  très 
sombres,  deviennent  plusabondanf.es  aux  abords  des  ruisseaux 
et  dans  les  bas-fonds,  mais  ne  forment  nulle  part  un  sous-bois 
impénétrable. 

Sous  cette  futaie,  les  Pandanus,  à port  si  particulier, 
manquent  presque  absolument.  Les  nombreuses  espèces  de  ce 
genre  recherchent  des  stats  plus  éclairés,  les  unes  sur  les 
cimes,  où  nous  les  retrouverons  dans  la  Formation  suivante, 
les  autres  sur  les  bords  de  cours  d'eau,  où  elles  croissent 
mêlées  avec  certains  Ficus  et  Palmiers  de  port  moyen,  qui 
affectionnent  aussi  ce  stat.  Les  Fougères  arborescentes  sont 
rares  aussi  aux  basses  altitudes,  mais  leur  nombre  s'accroît 
beaucoup  aux  abords  des  montagnes  de  la  région  centrale. 
Les  épiphytes  sont  abondants,  bien  moins  pourtant  que  dans 
la  forêt  du  Centre,  sauf  sur  certains  arbres  ombrageant  le 
cours  des  torrents.  Dans  la  futaie,  ils  sont  cachés  dans  les 
ramures,  tout  au  faite  des  arbres  ; et  seules,  quelques  Fougères, 
Platycerium,  Asplénium  Nidus , ornent  les  grands  troncs  nus. 

Voici,  pour  donner  une  idée  de  la  composition  très  hété- 
rogène de  cette  forêt,  le  dénombrement  détaillé  des  végétaux 
poussant  côte  à côte  dans  deux  endroits  différents  de  la  région 
orientale  : 

1°  Bassin  du  Fandrarazana,  au  sud  de  Maroantsetra. 
Colline.  Latérite  de  gneiss.  220  m.  d’altitude. 


LA  RÉGION  ORIENTALE 


Plantes 

superficie, 


vasculaires  croissant  sur  cent 
individus  non  adultes  compris. 


mètres  carrés  de 


Fuphorbiacées 4 espèces  o arbustes 

Myrtacées 2 >•  2 » 

Ochnacées 1 » 2 » 

Clusiacées 6 » 8 » ou  petits  arbres 

7 jeunes  plants. 


Forêt  orientale  vers  600  ni.  ait. 


Logauiacées 3 » 3 arbustes 

Bignoniacées 2 ..  2 » et  1 arbre 

Apocynacées 6 >.  2 »>  et  13  arbres 

Rubiacées 20  ■■  48  » ou  jeunes  plants 

Ebénacées 3 ..  13  » » » 

Sapindacées 3 » 7 » » » 

Myrsinacées 3 » 4 » » » 


6 

I.A  VÉGÉTATION 

MALGACHE 

Cou  na  racées  . 

2 

espèces 

12  lianes  ou  jeunes  plants 

Célastracacées . . . 

3 

» 

(i  arbustes  » >i 

Composées 

! 

» 

1 » ))  )) 

Fougères  

» 

1 1 épiphytes,  .‘i  terrestres, 
dont  2 arborescentes 

Lauracéès  

1 

» 

1 arbre  et  1 jeune  plant 

Asclépiadacées. . 

i 

1 liane 

Liliacées 

0 

» 

3 arbustes 

Pandanacées 

1 

» 

1 

Palmiers 

» 

t),  dont  7 Palmiers  nains 

Musacées 

1 

»> 

1 ravenala 

Térébinthacées  . . 

2 

» 

1 arbuste  et  1 arbre 

I.inacées 

i 

» 

3 arbusles 

Acanthacées .... 

i 

» 

2 » 

Tiliacées 

t 

» 

1 » 

A racées 

i 

»» 

2 plantes  grimpantes 

Auonacées 

i 

» 

1 liane 

Guttifères 

i 

» 

2 arbustes 

Mélastomacées . . 

i 

» 

1 épipliyte 

Légumineuses. . . 

i 

» 

1 arbuste 

Graminées 

t 

» 

23  herbes 

Labiées 

i 

» 

4 » 

Divers 

....  14 

» 

20  arbustes  et  2 lianes 

Au  total,  239  individus,  appartenant  à 1 02  espèces  dille- 
rentes,  et  représentant  32  familles;  19  plantes  à port  de 
Pandanus  ou  de  Palmiers  ; 13  épiphytes  ; 29  plantes  her- 
bacées: 3 arbres  et  6 lianes  adultes  ; et  169  arbustes,  petits 
arbres  ou  jeunes  plants.  La  haute  futaie  est  constituée  par 
3 arbres,  6 lianes,  1 Ravenala  et  2 Palmiers.  Le  sous-bois  est 
surtout  ici  composé  de  Rubiacées. 

2°  Bassin  du  Matitanana,  près  de  Vohipeno.  Vallonne- 
ment. Latérite  de  diabase.  70  m.  d'altitude.  Dénombrement 
de  100  plantes  poussant  côte  h côte,  individus  non  adultes 
compris. 


Fougères 6 espèces  7 épiphytes,  2 herbacées 

terrestres  et  2 arbores- 
centes 

Pandanacées 1 » 1 Pandanus 

Palmiers 6 » 6 Palmiers  nains  Xeophlo- 

ga),  et  2 grands  ( Chri /- 
salidocarpus  et  Vonitra) 


I.A  RÉGION  OKIlîNTALU 


!I7 


Liliacées 2 espèces  3 arbustes  ( Dracaenu ) 

Graminées 1 » 2 bambous-lianes 

Pipéracées 1 » 2 lianes  (Piper) 

Cypéracées 1 » 2 herbes 

Urticacées 1 » 1 arbuste  (Ficus) 

Eupborbiacées 1 » 3 arbustes 

Apocynacées 2 » 1 liane  et  1 arbuste 

Acanlhacées ...  I » 3 arbustes 

Ebénacées 1 » 2 » 


Forêt  orientale  sur  la  limite  du  Centre. 


Sapindacées 

1 

» 

2 arbres 

Térébinthacées 

1 

» 

2 » 

Myrsinacées 

. . . 3 

>) 

4 arbustes 

Rubiacées 

. . . 11 

» 

1 arbre  et  18  arbustes 

Mélastomacées 

1 

» 

6 arbustes 

Composées 

1 

» 

1 » 

Araliacées 

1 

» 

2 » 

Clusiacées 

1 

» 

1 arbre  et  1 arbuste 

Myrtacées 

1 

» 

2 arbres  et  1 arbuste 

Légumineuses 

1 

» 

1 arbre  ( Dalbrryia) 

Connaracées  

1 

» 

1 liane 

Tiliacées 

1 

» 

1 arbre 

o 

)> 

2 arbres  et  1 1 arbuste 

98 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Soit,  sur  ces  100  plantes:  >3  espèces  appartenant  k 24 
familles  différentes;  12  arbres,  dont  5 seulement  paraissent 
adultes:  6 lianes;  13  plantes  k port  de  Pandanus,  Palmiers, 
Dracæna  ou  Fougères  arborescentes;  5 plantes  herbacées; 
7 Fougères  épiphytes,  localisées  sur  les  troncs  des  Fougères 
arborescentes  ; et  50  arbustes. 

Dans  cet  ensemble  si  hétérogène,  comme  d'ailleurs  dans 
toutes  les  Formations  autochtones  malgaches,  c’est  en  vain 
qu'on  chercherait  à distinguer  des  associations  végétales 
simples,  réduites  comme  en  Europe  à une  espèce  dominante, 
suivie  de  son  cortège  d'espèces  compagnes.  Toute  la  Formation 
n’en  forme  qu’une,  celle  de  la  forêt.  L’absence  d’essences 
sociales,  la  dissémination  des  espèces  dans  la  futaie,  où  les 
individus  d'une  même  espèce  sont  toujours  séparés  entre  eux 
par  des  espèces  différentes  ; la  mort  totale  de  toutes  les 
espèces,  même  des  plantes  annuelles,  après  un  tavy  : tout 
démontre  que  la  forêt  forme  un  tout  complexe,  un  ensemble 
biologique  qui  n’a  de  limites  que  celles  de  la  Formation. 
Chaque  végétal  a sa  place  marquée  dans  cet  ensemble,  soit 
par  les  toxines  que  sécrètent  les  racines  de  ses  semblables, 
soit  par  l’intensité  variable  de  lumière  que  laisse  k sa  dispo- 
sition tel  ou  tel  de  ses  voisins,  soit  par  les  conditions  qu’exigent 
sa  fleur  pour  fleurir,  son  fruit  pour  mûrir,  sa  graine  pour 
germer,  soit  enfin  par  suite  de  multiples  causes  que  nous  ne 
connaissons  pas.  La  complexité  infinie  de  cette  association  si 
vaste  laisse  entrevoir  les  temps  immenses  qui  lui  ont  été 
nécessaires  pour  se  constituer.  Elle  explique  la  destruction 
rapide,  la  fragilité  singulière  de  la  forêt  orientale  et  permet 
de  comprendre  pourquoi  sa  reconstitution  restera  toujours 
problématique,  lorsque  sa  destruction  aura  été  complète. 

Mais  l'ensemble  biologique  que  constitue  la  forêt  n’est  pas 
seulement  une  association  végétale.  Il  est  plus  complexe 
encore,  car  il  comprend  tous  les  êtres  qui  vivent  sur  la 
Formation.  Chaque  plante  a sa  faune  particulière,  des  êtres 
qui  fécondent  sa  fleur  ou  qui  en  vivent,  d’autres  encore  qui  la 
font  disparaître,  ou,  au  contraire,  la  rendent  à la  vie  lorsqu’elle 
doit  mourir.  A chaque  étage  de  la  futaie  correspond  aussi  une 


LA  HICOION  OKIUNTALK 


99 

faune  spéciale.  A 1 étage  inférieur  les  carnassiers  de  foules 
espèces  : petits  fauves,  cloportes,  sangsues,  moustiques, 
carabiques,  cicindélides,  scorpions  et  staphylins.  A l'étage 
moyen,  les  oiseaux,  les  papillons,  les  lémurs  nocturnes  ou 
crépusculaires.  Au  dôme  supérieur,  les  grands  lémurs,  les 
oiseaux  diurnes  et  la  multitude  ailée  des  insectes  tropicaux. 
La  torêt  tout  entière  ne  semble  former  qu'un  seul  être, 


Pandanus  nain  des  bords  des  torrents,  vers  400  m.  ait.,  environs  de  Masolambo 

(Forêt  orientale). 

dont  les  manifestations  vitales  sont  soumises  aux  même  lois, 
aux  mêmes  rythmes.  Si  c est  l'hiver,  la  forêt  dort  et  tout  son 
peuple  sommeille,  la  pluie  tombe  doucement,  lentement, 
tout  semble  mort;  seuls,  les  gémissements  plaintifs*  des 
Indris  s’appelant  de  colline  à colline  troublent  le  silence  qui 
tombe  de  la  voûte  pesante  des  feuilles  raides.  Si  c est  l 'été , 
la  forêt  s'éveille,  et  avec  elle  tout  s'anime  ; de  rapides  tornades 
et  la  grande  lumière  se  succèdent  au  ciel,  les  rameaux  fleuris 
frémissent  de  chants  et  de  battements  d’ailes,  et  la  vie  est 
alors  si  intense  que  les  bois  deviennent  impénétrables. 

Les  épiphvtes  et  leurs  hôtes  sont  bien  une  forme  d’associa- 


100 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


tion  végétale,  mais  cette  association  est  incomplète,  puisque 
le  végétal-support  ne  joue  qu’un  rôle  passif,  analogue  à celui 
du.  sol  dans  la  forêt.  En  effet,  un  arbre  chargé  d épiphytes,  en 
admettant  qu'il  ne  souffre  pas  de  leur  surabondance,  ne  retire 
du  moins  aucun  avantage  de  leur  présence.  Cette  règle 
pourtant  — mise  à part  la  possibilité  de  la  symbiose  par  les 
mycorhizes  — n’est  pas  absolue,  car  il  est  des  cas,  rares  il 
est  vrai,  où  ces  sortes  de  plantes  semblent  bien  contribuer  à 
la  vie  du  végétal  qui  les  porte.  Ainsi  certaines  Fougères 
arborescentes  ont  leur  stipe  couvert  presque  en  entier  d'un 
amas  de  racines  adventives,  groupées  en  un  cône  qui  s'élargit 
vers  la  base  ; d’autres  plantes,  certains  Pandanus  ou  Palmiers, 
émettent  au  niveau  de  leurs  cicatrices  foliaires  un  anneau  de 
racines  à géotropisme  négatif,  courtes  et  épaisses.  Or,  tant 
que  ces  sortes  de  racines  ne  sont  pas  recouvertes  d’épiphytes. 
elles  sont  lavées  par  l'eau  des  pluies  et  ne  retiennent  presque 
rien  des  débris  végétaux  de  toutes  sortes,  qui  tombent  sans 
cesse  des  grands  arbres.  Mais  qu'un  épiphyte  s’y  fixe,  et.  au 
contraire,  les  matières  humiques,  arrêtées  dans  leur  chute 
par  ses  feuilles  et  ses  rameaux,  se  concentreront  à sa  base  et 
ne  tarderont  pas  à former  autour  du  tronc  de  la  plante- 
support  un  épais  bourrelet  de  terre  végétale,  où  puiseront  à 
la  fois  les  racines  des  deux  plantes. 

Chez  beaucoup  d'épiphytes,  le  rôle  des  feuilles,  en  tant  que 
pourvoyeuses  d'humus,  est  remarquable.  La  plante  la  mieux 
organisée  en  ce  sens  est  sans  doute  1 Asplénium  Xidus,  dont 
la  couronne  de  grandes  frondes  entières  forme,  autour  du 
tronc  qui  la  porte,  comme  un  vaste  entonnoir  où  vient 
s'entasser  toute  la  matière  humique  qui  tombe  incessamment 
du  dôme  de  la  forêt.  Guidées  par  les  feuilles,  arrêtées  par  les 
racines,  ces  matières  viennent  s'entasser  entre  la  base  des 
frondes  et  le  tronc  porteur,  et  forment  bien  vite  une  vraie 
terrasse  suspendue,  où  non  seulement  Y Asplénium  trouve  son 
aliment,  mais  où  viennent  encore  se  lixer  d’autres  épiphytes, 
et  parfois  même  des  arbustes  1 . 


1.  L’accumulation  de  l'humus  à l’aisselle  des  feuilles  est  un  fait 
constant  chez  toutes  les  espèces  à rosette  terminale  du  sous-bois.  Ces 


I.A  RÉGION  ORIENTAI, K 


101 


Ce  rôle  des  feuilles  est  moins  net  chez  d’autres  espèces,  et 
il  devient  nul  chez  les  espèces  pendantes.  Mais,  chez  la  plupart 
des  épiphvtes,  les  racines  très  développées  remplissent  un 
office  analogue  en  filtrant  les  courants  d’eau  qui  coulent  sur 
le  tronc  en  temps  de  pluie.  L’humus  et  les  débris  végétaux 
que  cette  eau  entraîne  sont  ainsi  arrêtés  au  passage  par  ces 
racines.  La  perfection,  dans  cette  sorte  de  disposition,  est 


Platycenum  sp. 

atteinte  chez  les  Platycerium , dont  le  fin  chevelu  spongieux 
est  enveloppé  par  les  frondes  stériles,  qui  sont  étroitement 
appliquées  sur  le  tronc  par  tous  leurs  bords,  sauf  par  leurs 
bords  supérieurs,  qui,  légèrement  repliés,  laissent  pénétrer 
l’eau  et  l humus. 

Les  caractères  physiques  de  l’écorce  du  tronc-support  sont 

amas,  sauf  chez  les  espèces  à racines  axillaires  citées  plus  haut,  ne 
sont  ordinairement  utilisés  que  par  des  épiphytes,  dont  les  frondes  ou 
les  tiges  pendent  au-dessous  de  la  rosette  de  l’hôte.  Asplénium  Nidus 
et  Vittaria  elongata,  A.  Nidus  et  Oleandra  articulata,  Pandanus  et 
Xephrolepis,  par  exemple,  sont  presque  toujours  ainsi  associés. 


LA  VÉC.ÉTATION  .MALLAC  H K 


102 

sans  doute  une  cause  de  la  plus  ou  moins  grande  abondance 
des  épiphytes.  Mais  cela  ne  suffit  pas  à expliquer  la  préférence 
marquée  qu'ont  ces  plantes  pour  telle  ou  telle  essence.  Ainsi, 
aux  bords  des  torrents  de  la  Formation  que  nous  étudions, 
un  Xuxia  à écorce  écailleuse  et  un  Ficus  à écorce  lisse  sont 
également  couverts  d'épidendres,  tandis  qu’un  grand  nombre 
des  arbres  A oisins,  à écorce  plus  ou  moins  semblable,  en  sont 
totalement  dépourvus.  Les  caractères  chimiques  de  l humus 
que  fournit  l’hôte  aux  plantes  qu’il  porte  nous  semblent  avoir 
une  bien  plus  grande  intluence.  C'est  du  moins  ce  que  paraît 
établir  la  prédilection  des  Fougères  épiphytes  pour  les  stipes 
des  Fougères  arborescentes.  Les  épiphytes  semblent  aussi  fuir 
les  arbres  à résine,  ou  tout  au  moins  certains  d'entre  eux. 
En  général,  ils  sont  surtout  abondants  sur  les  essences  à 
ramifications  étalées. 

Nous  aA’ons  dit  plus  haut  que  cette  Formation  n'était  pas 
très  riche  en  épiphytes.  Cela  est  vrai  aux  basses  altitudes  et 
dans  la  futaie.  Mais  leur  nombre  s accroît  beaucoup  aux 
abords  des  montagnes,  et  il  est  déjà  très  grand  sur  les  rives  de 
quelques  torrents  encaissés  de  la  région  orientale.  Voici,  à 
titre  d’indication,  le  dénombrement  détaillé  des  épiphytes  qui 
couvraient  les  troncs  d'un  Ficus  et  d'une  Fougère  arbores- 

O 

centes  qui  croissaient  sur  les  bords  du  Marambo,  à 500  m. 
d'altitude,  dans  le  massif  de  Masoala  : 

1°  Epiphytes  d'un  Ficus  à larges  feuilles,  sans  racines 
adventives,  haut  de  6-10  m.,  à rameaux  étalés  au-dessus  du 
cours  d’eau  et  couvrant  environ  50  m c.  de  superficie  : 

1 Composée  herbacée,  Senccio  sp.  ( Kleinoidea ) 

2 Mélastomacées  ( I Medinilla  tuberculeux) 

4 Aeanthacées  (1  espèce  herbacée) 

2 Labiées  ( 1 espèce  herbacée ) 

11  Pipéracées  (2  espèces  de  Peperomia,  représentées 
respectivement  par  6 et  8 individus) 

1 Cactacée  1 Bhipsalis) 

18  Aracées  1 espèce  herbacée  et  tuberculeuse] 

28  Orclndacées  (8  espèces,  représentées  respectivement 


I.A  UEO l(  IN  ORIENTALE 


103 

par  13,  4,  2,  1,  2,  1,  4,  1 individus;  5 espèces 
munies  de  pseudo-bulbes) 

I l Selaginellacées  (2  espèces  de  Selaginella , représen- 
tées respectivement  par  10  et  1 individus) 


Asplénium  nidus  L.  et  Oleandra  arliculala.  LesSfrondes  de  l’ Asplénium  sont 
dressées  ; celles  de  l'Oleandra  sont  pendantes. 


Soit  91  plantes  et  18  espèces,  appartenant  à 11  genres 
différents  : 27  de  ces  plantes  sont  pendantes  ( Bhipsalis , 
Peperomia  et  1 Fougère)  ; les  autres  sont  plus  ou  moins 
dressées;  24  sont  tuberculeuses  ( Medinilla , Aracée, 

Orchidacées)  ; o sont  annuelles,  les  autres  sont  vivaces.  En 
plus,  il  v a 12  espèces  de  Mousses  et  3 espèces  de  Lichens, 
cachés  parmi  les  autres  épiphytes. 


104 


l.A  VÉGÉTATION  MALGACHE 


2°  Epiphytes  d'une  Fougère  arborescente  [Cyathea  de  3 à 
4 m.  de  hauteur,  à racines  adventives  en  cône)  : 

1 Peperomia 

7 espèces  de  Fougères,  dont  2 à souche  grimpante  et 
2 espèces  d'Hymcnophyllum,  dont  les  très  nombreux  individus 
couvrent  entièrement  la  base  dustipe,  l une  localisée  exclusi- 
vement sur  la  face  Nord,  l’autre  sur  la  face  Sud. 

0 espèces  de  Mousses 

1 espèce  d’Hépatiques 

L'observation  n°  2 est  surtout  intéressante  parce  qu  elle 
indique  la  préférence  marquée  des  Fougères  épiphytes  pour 
les  troncs  des  Fougères  arborescentes.  Cette  préférence,  dont 
les  exemples  so^t  plus  nombreux  encore  dans  la  région 
centrale,  est  surtout  nette  chez  les  Hymenopliyllum  et  les 
Trichomanes,  dont  beaucoup  d'espèces  ne  poussent  que  sur  ce 
stat  très  spécial.  L'association  si  fréquente  d’ Asplénium  Nidus 
avec  Olcandra  articulata  ou  certains  Vittaria,  qui  croissent 
sur  ses  rhizomes  au-dessous  de  sa  couronne  de  frondes,  est 
sans  doute  due  à une  préférence  analogue. 

Les  lianes  se  rapprochent  des  épiphytes  en  ce  sens  que  leur 
v ie  dépend  beaucoup  plus  qu'on  ne  le  croit  généralement  de 
la  vie  de  leur  support.  Celles  de  la  forêt  orientale,  et  même 
celles  de  l ile  tout  entière,  peuvent  se  diviser  en  deux 
groupes.  Les  unes,  peu  nombreuses,  se  développent  entiè- 
rement à l'ombre  et  devinssent  au-dessous  du  dôme  de  la 
futaie.  Ce  sont  surtout  des  Mélastomacées,  des  Pipéracées  et 
Pothos  Chapelieri , toutes  plantes  remarquables  par  leurs 
crampons,  analogues  à ceux  du  lierre.  Les  autres,  bien  plus 
fréquentes,  ne  peuvent,  au  contraire,  se  développer  et  fleurir 
qu'en  pleine  lumière.  Aussi,  sous  forme  de  graines  enfouies 
dans  l’humus  ou  de  jeunes  plantules  à vie  ralentie,  attendent- 
elles  parfois  très  longtemps  que  les  circonstances  nécessaires 
à leur  développement  se  produisent.  C'est  ordinairement  la 
chute  d’un  arbre,  abattu  par  la  vieillesse,  ou  un  orage  qui 
leur  permet  d obtenir  la  lumière  nécessaire.  Elles  grandissent 
alors  en  même  temps  que  les  jeunes  arbres  qui  vont  combler 
cette  éclaircie  fortuite,  et  leur  vie  sera  désormais  fatalement 


LA  RÉGION  ORIENTALE 


105 

liée  k celle  de  leur  tuteur,  dont  une  liane  a toujours  ï âge. 
Ce  mode  de  développement  explique  pourquoi  la  culture  des 
lianes  à caoutchouc  n'a  pas  donné  de  bons  résultats  sous  bois, 
et  pourquoi  ces  lianes  ne  rejettent  plus  ou  rejettent  diffici- 
lement lorsqu'elles  ont  été  coupées  au-dessous  d'une  sombre 
futaie. 

Les  plantes  parasites  sont  surtout  représentées  dans  la 
forêt  orientale  par  des  Loranthus  et  des  guis,  qui  se  substi- 
tuent quelquefois  si  totalement  k leur  hôte  que  rien  n’appa- 
raît plus  de  son  feuillage,  et  par  quelques  rares  espèces  sans 
chlorophylle,  parasites  des  racines1. 

Les  caractères  généraux  de  la  forêt  orientale  changent 
insensiblement  avec  l’altitude  croissante.  Vers  800  m.,  les 
Landolphia,  les  Mascarenhasia,  les  Ravenala  disparaissent  ; 
les  Ocotea,  les  Ravensara , les  Calophyllum  et  les  Palmiers 
nains  se  raréfient  ; les  Fougères  arborescentes,  les  épiphvtes, 
les  Composées,  les  bambous  grimpants  deviennent  plus 
nombreux  ; le  feuillage  toujours  aussi  coriace  diminue  de 
grandeur;  le  sous-bois  s'épaissit  ; les  deux  étages  inférieurs 
de  la  végétation  se  confondent.  Puis,  brusquement,  l'altitude 
s’élève  et  les  Cardarnine , Viola  et  Ranunculus  apparaissent 
aux  bords  des  ruisseaux.  C’est  désormais  la  région  centrale, 
avec  tous  ces  caractères. 

Mais  avant  de  passer  k l'étude  de  cette  région  dn  Centre,  il 
reste  encore  k étudier,  dans  celle  de  l’Est,  la  Formation  de  la 
forêt  des  cimes,  peu  distincte  de  la  précédente,  mais  que  cer- 
tains caractères  spéciaux  nous  forcent  pourtant  de  distinguer. 


IV.  — La  forêt  des  cimes. 

Cette  Formation  n’est  autre  que  la  forêt  orientale,  modifiée  sur  les 
crêtes  stériles  par  les  vents  violents  de  l’Est  ou  du  Sud-Est.  Elle  est 
caractérisée  par  un  assez  grand  nombre  d’espèces  spéciales,  par  la  dispa- 
rition de  l’étage  moyen  et  par  ses  arbres  tortueux  et  bas,  à ramification 
dense. 

1.  V.  II.  Jumelle  et  Perrier  de  la  Bàlhie  : Quelques  Phanérogames 
parasites  de  Madagascar  (Rev.  Gén.  Bot.  XXIV,  1912,  p.  321). 


i or» 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


La  Formation  précédente,  même  aux  basses  altitudes,  en 
approchant  des  crêtes  et  des  cimes  exposées  aux  vents  de  l’Est 
et  du  Sud-Est,  prend  soudain  des  caractères  spéciaux.  La  futaie 
s abaisse  beaucoup  et  ne  dépasse  pas  10  à 15  mètres  de  hau- 
teur. Les  arbres  ramifiés  dès  la  base  ont  des  troncs  tortueux 
et  bas;  ils  se  couvrent  davantage  d'épiphvtes.  L'étage  moyen 
de  la  végétation  disparaît,  et  le  sous-bois  s'épaissit  ; un  grand 
nombre  d’espèces  nouvelles  se  montrent,  pendant  qued’autres, 
au  contraire,  disparaissent.  G est  cet  ensemble  que  nous  appe- 
lons la  « Forêt  des  cimes  ». 

G est  au  vent  parfois  violent,  toujours  humide,  et  à la  sté- 
rilité plus  grande  de  ces  sommités,  que  paraissent  être  dus 
les  caractères  principaux  de  cette  Formation,  c est-à-dire  le 
raccourcissement  de  la  futaie,  la  ramification  exagérée  des 
arbres,  l’épaississement  du  sous-bois  et  le  grand  nombre 
d'espèces  spéciales.  Les  principales  formes  de  végétation  qui  la 
caractérisent  sont  des  Palmiers  à stipe  court  et  trapu,  des 
Pandanus  à racines  adventh’es  frêles  et  espacées,  remplaçant 
si  bien  le  stipe  initial  qu'il  disparaît  totalement  sur  les  vieux 
pieds,  des  Impatiens  arborescents,  et  surtout  des  arbres  à 
troncs  tortueux  et  bas.  couArerts  d'épiphvtes. 

En  somme,  cette  Formation  n'est  autre  cjue  la  Formation 
précédente,  modifiée  par  l'action  exagérée  de  l'alizé,  ce  Arent 
dont  l'influence  est  si  grande  sur  la  climatologie  de  1 île.  En 
plus  de  son  faciès,  ses  espèces  spéciales  la  distinguent  nette- 
ment delà  Forêt  orientale,  et  plus  encore  de  la  Forêt  du  Centre 
avec  laquelle  elle  offre  une  certaine  analogie  d'aspect.  On 
observe  d'ailleurs,  dans  la  région  centrale,  une  Formation  ana- 
logue et  due  aux  mêmes  causes  dont  il  sera  question  plus 
loin. 


V.  — Faciès  de  déni  dation 
et  régénération  de  la  forêt  orientale. 

La  Forêt  orientale  n'a  jamais  été  détruite  que  par  les  tavv,  que  les 
indigènes  font  de  préférence  dans  les  vallées  et  le  long  des  cours  d’eau. 
Aussi  le  paysage  montre-t-il  partout  des  vallées  dénudées  ou  couvertesde 


I.A  IlÉGION  OIUKNTALE 


107 


savoka  et  des  restes  de  bois  sur  les  hauteurs.  Lorsque  la  Forêt  orientale 
a été  détruite  par  une  cause  naturelle,  elle  se  régénère  par  un  processus 
excessivement  complexe,  phénomène  qui  devra  être  étudié  de  près  par 
les  forestiers,  qui  ignorent  encore  les  moyens  de  reconstituer  une  forêt 
détruite,  à Madagascar. 

La  forêt,  dans  les  deux  dernières  Formations,  résiste  par- 
faitement aux  feux  ; et  il  n'v  a jamais  eu  d exemple  de  forêt 
incendiée  sur  la  côte  Est  tout  entière.  Pour  la  détruire,  il 
faut  un  tavy,  c’est-à-dire  un  abatage  préalable  ; et  tous  les 
bois  détruits  dans  l'Est  l'ont  été  par  ce  moyen.  La  forêt  orien- 
tale est  d'ailleurs  souvent  protégée  par  une  zone  de  savoka, 
qui  ne  flambent  qu’aux  abords  de  la  prairie.  C'est  seulement 
lorsque  cette  zone  protectrice  est  détruite,  lorsque  la  prairie 
est  entrée  en  contact  avec  la  forêt,  que  les  feux  de  brousse  la 
détruisent,  comme  dans  l'Ouest,  par  attaques  répétées  et  suc- 
cessives. On  voit  déjà  au  Sud-Est,  au  Nord-Est,  et  dans 
l'Onkay,  lieux  où  la  dénudation  est  plus  avancée,  d’assez 
nombreux  exemples  de  massifs  ainsi  lentement  détruits. 

Dans  toutes  les  régions  de  l’île,  le  paysage  des  endroits  en 
voie  de  dénudation  a un  faciès  particulier,  résultant  du  mode 
de  destruction  des  bois.  Dans  l’Est,  et  partout  où  la  forêt  a 
été  détruite  par  les  tavy,  c'est  sur  les  sommets  des  collines  ou 
les  crêtes  des  montagnes  que  des  arbres  persistent  le  plus 
longtemps.  Les  bords  des  rivières,  les  vallées,  les  vallonne- 
ments sont,  au  contraire,  toujours  si  dénudés  que  l'on  pour- 
rait croire,  de  prime  abord,  à une  localisation  de  la  forêt  sur 
les  cimes.  Cet  aspect  caractéristique  résulte  pourtant,  simple- 
ment, de  ce  que  les  indigènes  ont  toujours  recherché  et  recher- 
chent encore,  pour  faire  leurs  tavy,  les  endroits  les  plus  frais, 
les  plus  fertiles,  et.  en  même  temps,  les  plus  accessibles.  Les 
voies  naturelles  de  pénétration  dans  la  forêt  sont  les  cours  des 
rivières  et  des  ruisseaux,  et  c’est  toujours  sur  leurs  bords 
que  les  indigènes  commencent  à la  détruire. 

Les  savoka,  avons-nous  dit  plus  haut,  seraient  fatalement 
destinés,  si  l’homme  et  le  feu  n’intervenaient  pas,  à redevenir 
tôt  ou  tard  des  forêts.  En  effet,  ces  savoka  ne  sont  autres 
qu’un  premier  cycle  de  régénération  qui  ne  va  ordinairement 


108 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


pas  plus  avant,  parce  que  les  feux  des  tavv  ont  détruit  non 
seulement  les  graines  enfouies  dans  l'humus,  mais  aussi  tous 
les  porte-graines  des  alentours.  Dans  la  région  du  Sambirano 
et  sur  la  presqu  île  Masoala.  où  nous  avons  observé  des  exemples 
d une  régénération  plus  complète,  la  végétation  uniforme  des 
Savoka  est  peu  à peu  remplacée  par  une  futaie  d'essences  à bois 
blanc  et  à croissance  rapide,  tels  que  Ficus.  Dombeya,  Maca- 
ranya.  etc.  Puis  ces  arbres  disparaissent  à leur  tour  pour  faire 
place  à une  forêt  dont  l'hétérogénéité  croîtra  en  même  temps 
que  1 âge. 

Ce  mode  de  régénération  est  en  somme  assimilable  à celui 
des  forêts  de  hêtres,  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  nous 
l’avons  observé  sur  l’emplacement  d’anciens  tavv.  c’est-à-dire 
sur  des  sols  prh’és  d’humus  et  de  graines.  Dans  les  conditions 
naturelles,  il  doit  être  tout  autre  et  bien  plus  actif.  Observons 
donc  ce  phénomène  en  pleine  forêt,  sur  l'emplacement  d'un 
ou  plusieurs  arbres  que  la  vieillesse  ou  la  tempête  viennent 
de  faire  tomber.  La  chute  de  ces  géants  a créé  dans  la  futaie, 
en  écrasant  les  arbres  ou  arbustes  voisins,  un  large  vide  par 
lequel  Pair  et  la  lumière  pénètrent  largement  jusqu'au  sol. 
Air  et  lumière  font  rapidement  périr  le  sous-bois,  sauf  les 
plantules  de  certaines  espèces  dont  il  sera  question  plus  loin  : 
et  l’amas  de  débris  ligneux.  Aite  pourri  ou  dévoré  par  les 
insectes,  disparait  bientôt  sous  une  multitude  de  plantes,  qui 
s'emparent  de  l'emplacement  vacant. 

Toutes  ces  plantes  constituent  alors  un  hallier  inextricable 
qui  rend  impossible  toute  autre  végétation.  Elles  appartiennent 
à un  assez  grand  nombre  d'espèces  que  nous  grouperons,  d’après 
certains  détails  biologiques,  en  trois  catégories  différentes.  Les 
unes,  que  nous  appellerons  plantes  alternantes , sont  herbacées 
ou  ligueuses  et  ne  se  voient  jamais  dans  les  futaies  des  alen- 

u v 

tours.  Leurs  graines  ne  peuvent  germer  qu'à  la  lumière  et, 
par  suite,  attendent,  indéfiniment  enfouies  dans  l’humus,  l'acci- 
dent fortuit  qui  leur  permettra  de  pousser.  Parmi  ces  espèces 
alternantes,  dont  quelques-unes  se  retrouvent  dans  les  savoka. 
on  remarque  surtout  Arnomuni  angusti folium,  Ampelosicyos 
scandens.  des  Macaranga , Croton.  des  bambous  et  quelques 


LA  RÉGION  ORIENTALE 


109 


Graminées  ou  Cvpéracées.  La  vie  de  ces  plantes  est  relative- 
ment courte  et  elles  n'apparaissent  jamais  que  dans  les  clai- 
rières temporaires,  les  vides  accidentels  ou  naturels  de  la 
forêt. 

D'autres,  parmi  lesquels  on  peut  citer  le  Ravenala,  certains 
Palmiers  et  plusieurs  lianes,  arbres  et  arbustes,  sont  plus 


Forêts  détruites  par  les  tavy  et  remplacées  immédiatement  par  la  prairie,  sans 
la  phase  intermédiaire  des  savoka.  Environs  de  Vohipeno  (S.-E.). 

durables  et  persisteront  dans  la  futaie  nouvelle,  mais  leurs 
graines,  comme  celles  des  premières,  ne  peuvent  germer  que 
dans  les  éclaircies.  Aussi  n’en  voit-on  jamais  que  des  indi- 
vidus adultes  dans  la  futaie  voisine. 

Enfin,  les  espèces  de  la  3°  catégorie  germent  à l'ombre 
dès  la  chute  du  fruit,  mais  ne  peuvent  ensuite  se  développer 
qu’à  la  lumière.  Sous  la  voûte  sombre  de  la  futaie,  elles 
attendent  indéfiniment,  à l’état  de  jeune  plantule  à vie  ralentie, 
que  la  mort  frappe  un  des  géants  qui  les  ombragent.  Dans  la 
forêt  normale,  on  ne  trouve  ces  espèces  qu'en  cet  état  ou  sous 
celui  d individus  adultes,  mais  jamais  dans  le  stade  intermé- 


110 


LA  VKGÉTATIO.N  MALGACHE 


diaire.  Ce  sont  surtout  des  lianes,  qui  attendent  ainsi  l'arbre- 
tuteur.  le  compagnon  de  toute  leur  vie,  qui  doit  croître  et 
mourir  avec  elles. 

Les  plantes  de  ce  hallier  grandissent  et  se  ramifient  de  plus 
en  plus.  Beaucoup  disparaissent,  et,  sous  1 ombrage  devenu 
plus  clair,  apparaît  enfin  la  quatrième  catégorie  que  nous 
distinguons  parmi  les  plantes  de  la  forêt  : celle  des  espèces 
qui  germent  et  se  développent  à l'ombre.  C'est  un  semis  épais 
d'arbres  et  d'arbustes.  Ce  semis  grandit.  Les  arbustes  du  sous- 
bois  croissent  sous  les  jeunes  arbres  de  la  futaie  future.  Ceux- 
ci,  en  montant,  cueillent  les  lianes  qui  doivent  s associer  à eux. 
Et  la  forêt,  tout  aussi  hétérogène  qu  une  vieille  futaie,  se 
trouve  ainsi  bientôt  reconstituée. 

Au  cours  de  ce  phénomène  de  régénération,  dont  la  durée 
peut  être  évaluée  à lo  ou  30  ans,  deux  choses  nous  semblent 
surtout  dignes  de  remarque.  La  première,  c'est  que  I on  trouve 
très  rarement  sous  l'emplacement  d'un  arbre  mort  des  jeunes 
plants  de  son  espèce,  ce  qui  revient  à dire  que  le  cycle  de 
reconstitution  que  nous  venons  de  décrire  peut  être  considéré 
comme  un  véritable  cycle  d assolement.  La  seconde  est  que 
les  conditions  nécessaires  au  développement  de  chacune  des 
espèces  de  la  forêt  sont  complexes  et  multiples,  et  que  chacune 
d'elles  attend  très  longtemps,  peut-être  pendant  des  siècles, 
sous  forme  soit  de  graines  enfouies  dans  l'humus,  soit  de 
jeunes  plantules  à vie  ralentie,  que  ces  conditions  se  soient 
réalisées. 


VI.  — Produis  forestiers. 

Nous  avons  dit  encore,  plus  haut,  que  les  forêts  malgaches, 
en  général,  étaient  trop  hétérogènes  pour  permettre  une 
exploitation  régulière  en  vue  d'en  exporter  les  bois.  Cela  est 
surtout  vrai  de  la  forêt  orientale,  plus  hétérogène  encore  que 
les  autres,  mais  la  merveilleuse  diversité  des  essences  ne  1 en 
rend  pas  moins,  en  raison  même  de  cette  diversité,  fort  pré- 
cieuse pour  les  besoins  locaux.  Aucune  variété  de  bois,  en  etfet, 


LA  RÉGION  OUI  KM  ALE 


n’v  est  inconnue.  Les  Dorn/teya,  Grewia , Bavensara,  Cryj>/o- 
carya,  Ocotea,  Macaranga , Dilobeia,  etc.  y fournissent  des 
bois  blancs  et  tendres  ; les  Canarium,  Symphonia,  et  Calop/u/l- 
lum  des  bois  tendres  et  résineux  ; les  Casearia  et  Homalium 
de  bons  bois  de  charronnage  : les  Weimannia,  Sarcolaena,  Pro- 
torhus,  Eugenia,  Imhricaria , Labrarnia,  etc.  des  bois  durs 


Paysage  des  régions  où  la  forêt  a été  détruite  par  les  tavy  (Région  Est  . 

et  colorés  ; les  Dalbergia , Diospyros , Tina  et  Colea  des  bois 
d’ébénisterie.  Des  études,  à ce  point  de  vue  spécial,  ont  été 
entreprises  et  sont  poursuivies  à la  station  forestière  d’Anala- 
mazaotra  L Les  résultats  ont  été  publiés  par  H.  Louvel  dans 
le  Bulletin  économique  de  Madagascar  et  nous  ne  pouvons  ici 
qu’indiquer  ces  études  à ceux  qui  désireraient  avoir  de  plus 
amples  détails  à ce  sujet1 2. 

Les  autres  produits  de  la  forêt  orientale  sont  surtout  le 
caoutchouc,  la  cire,  le  raphia,  le  crin  végétal  et  le  manara. 

1.  Les  forêts  d’Analamazaotra  sont  siluées  dans  la  zone  où  la  forêt 
orientale  passe  insensiblement  à la  forêt  du  Centre. 

2.  Louvel  : La  forêt  d' Analumazaulra,  1 909,  2,  p.  313  ; La  forêt  de  lu 
presqu'île  de  Masoula,  1910,  ï,  p.  30  ; Station  Forestière  d' Analama- 
zaotra, 1910,  2,  p.  233  ; Travaux  forestiers  en  191  I et  1912,  I,  p.  73. 


112 


I.A  VÉGÉTATION  MAI.GAC1IK 


Le  caoutchouc  est  produit  par  d espèces  de  Mascarenhasia 
et  9 espèces  de  Landolphia.  Les  Mascarenhasia  sont  de  grands 
arbres  dans  leur  stat  naturel,  lorsqu'ils  n’ont  pas  encore  été 
recépés.  mais  ne  sont  plus  que  des  arbustes  lorsqu'ils  ont 
repoussé  de  souches  dans  un  endroit  dénudé.  Lorsqu’ils  ont 
leur  port  naturel,  ce  sont  des  producteurs  de  caoutchouc  de 
tout  premier  ordre,  donnant  500  grammes  de  gomme,  et  parfois 
davantage,  en  une  seule  saignée.  Ils  n'ont,  au  contraire,  que 
peu  d’intérêt  sous  leur  port  d'arbuste  provenant  d’une  ancienne 
souche  recépée.  Les  indigènes  ont  malheureusement  l'habitude 
d'abattre  ces  arbres  avant  de  les  saigner,  et  les  grands  exem- 
plaires de  ces  trois  espèces  sont  maintenant  devenus  introu- 
vables. L'une  d'elles,  le  M.  arborescens,  très  robuste  et  résis- 
tant à tout,  est  encore  assez  commune  sous  sa  forme  arbuste, 
mais  les  deux  autres  ne  sont  plus  que  des  raretés  botaniques, 
des  espèces  en  voie  d'extinction  totale.  Aucune  mesure  effi- 
cace n'a  été  prise  par  l'Administration  pour  conserver  ces 
précieuses  essences,  qui  auraient  pu  produire  annuellement 
autant  de  caoutchouc  qu'on  en  a retiré  en  les  abattant  et  en 
les  sacrifiant. 

Les  Mascarenhasia  sont  d'autant  plus  intéressants  qu'ils 
donnent,  en  outre,  du  caoutchouc  dans  toutes  leurs  parties, 
aussi  bien  dans  les  feuilles  et  les  jeunes  pousses  que  dans  le 
tronc  et  les  rameaux.  Cette  circonstance,  rare  dans  les  essences 
caoutchoutifères,  et  la  facilité  avec  laquelle  ils  repoussent  de 
souche,  leur  donne  un  grand  intérêt  aux  points  de  vue  cultu- 
ral et  industriel. 

Les  Landolphia  sont,  au  contraire,  toutes  des  lianes,  attei- 
gnant de  très  grandes  dimensions.  Les  espèces  de  ce  genre 
sont  très  nombreuses  dans  la  forêt  de  l'Est,  mais  la  moitié  au 
moins  de  ces  espèces  ne  produisent  qu’un  coagulât  résineux 
et  sans  valeur.  Les  autres  donnent  des  gommes  de  valeurs  très 
diverses,  généralement  mélangées  dans  les  caoutchoucs  du 
commerce.  Toutes  n'ont  que  du  latex  résineux  dans  leurs 
parties  jeunes,  et  l'une  d'elles,  le  L.  Mandrianamho , espèce 
à caractères  botaniques  pourtant  très  constants,  ne  donne 
même  du  caoutchouc  dans  ses  parties  âgées  que  dans 


LA  REGION  ORIE.VI  ALE 


113 


certaines  conditions  d'àge  et  de  stat,  difficilement  détermi- 
nables 

Comme  les  Mascarenhasia , les  lianes  à caoutchouc,  tout  au 
moins  les  meilleures,  ont  été  détruites  avec  acharnement  par 
les  indigènes,  qui  en  tronçonnent  les  tiges  pour  en  extraire 
le  latex.  Les  Landolphia  de  l'Est  ne  repoussant  pas  de  souche, 


Savoka  jeune  se  développant  sur  forêt  détruite  par  les  tavy.  I.es  troncs 
carbonisés  qui  subsistent  encore  de  I ancienne  forêt  sont  appelés  « zeza  » par 
les  colons  et  les  indigènes  de  la  Côte  Est. 

les  plus  intéressantes  n’existent  plus,  à l’état  adulte  ; et  ces 
espèces  vont  s’éteindre  avant  qu’on  soit  fixé  d'une  manière  cer- 
taine sur  leur  valeur  et  leur  productivité. 

A l'état  pur,  les  caoutchoucs  de  Mascarenhasia  sont  de 
belles  gommes  très  tenaces,  cornées  et  résistant  bien  à 
l'étuve,  ceux  des  Landolphia  sont  des  sortes  plus  ou  moins 
rosées  et  d une  bonne  élasticité.  Mais  les  caoutchoucs  com- 
merciaux sont  un  mélange  de  toutes  ces  gommes  plus  ou  moins 
pures,  plus  ou  moins  mal  préparées,  auquel  on  ajoute  encore 

1.  H.  Jumelle  et  II.  Perrier  delà  Bâthie  : La  diversité  et  les  variations 
des  latex  dans  une  liane  à caoutchouc  (L'Agriculture  pratique  des  pays 
chauds,  janvier  1914). 


8 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


souvent  des  coagulats  sans  valeur.  Aussi,  dans  le  commerce, 
l'usage  a-t-il  prévalu  de  désigner  toutes  les  meilleures  sortes, 
quelle  qu’en  soit  la  provenance  réelle,  sous  le  nom  de  « Mada- 
gascar rose  »,  ou  « Madagascar  liane  » et  les  inférieures  sous  les 
noms  de  « Madagascar  noir  »,  « Barabanja  » et  « Gidroa  » (noms 
indigènes  de  Mascarenhasia,  mais  les  unes  et  les  autres  pouvant 
indifféremment  provenir  de  Landolphiae t de  Mascarenhasia  *). 

Les  fibres  de  raphia  qui  font  l’objet  d'un  grand  commerce 
d'exportation,  sont  produits  par  le  Raphia  Ruffia,  Palmier 
surtout  commun  dans  la  moitié  Nord  de  la  région  orientale, 
région  où  il  est  pourtant  bien  moins  abondant  que  dans  le 
Nord-Ouest. 

Les  gaines  et  les  rachis  du  Vonitra  Thouarsiana . en  se  décom- 
posant sur  le  stipe  même,  forment  cette  longue  crinière  de 
fibres  brunes  qui  constituent  le  crin  végétal,  que  l'on  expor- 
portait  jadis  en  grande  quantité,  mais  que  l'on  ne  récolte, 
pour  ainsi  dire,  plus  maintenant.  La  forêt  orientale  pourrait 
pourtant  fournir  encore  de  très  grandes  quantités  de  ces 
fibres. 

Le  manara  est  un  palmier,  Beccariophenix  madayasca- 
riensis  dont  les  jeunes  segments  sont  employés  dans  l'Imerina 
à la  fabrication  de  chapeaux.  Ces  segments  font  l'objet  d’un 
commerce  peu  considérable  entre  indigènes. 

La  cire  est  surtout  produite  parles  abeilles  très  nombreuses 
dans  la  forêt.  Elle  pourrait  l'être  aussi  par  un  Chrysalido- 
carpus , Palmier  très  commun  dans  les  environs  d'Antalaha. 

Tous  ces  produits,  d ailleurs,  au  fur  et  à mesure  des  progrès 
de  la  dénudation,  sont  appelés  à prendre  de  moins  en  moins 
d'importance,  non  seulement  par  suite  des  surfaces  de  plus  en 
plus  réduites  qui  les  produisent,  mais  aussi  de  l'éloignement 
de  plus  en  plus  grand  des  massifs  forestiers  de  la  côte  ôu  des 
voies  qui  v aboutissent. 

1.  II.  Jumelle  et  Perrier  de  la  Bàtliie  : Les  plantes  à caoutchouc  de 
l'Est  de  Madagascar.  Cliallamel,  1913. 

2.  II.  Jumelle  et  H.  Perrier  delà  Bàtliie  : Nouvelles  notes  biologiques 
sur  la  flore  malgache  (Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Marseille, 
1913). 


CHAPITRE  IX 


La  région  centrale. 


Cette  région  comprend  toutes  les  parties  de  1 ' Ile  situées  au-dessus 
de  800  mètres  d'altitude.  Ses  limites  avec  les  régions  de  l'Est  et  du 
Sambirano  sont  peu  nettes  ; la  netteté  est  très  grande,  au  contraire, 
vers  l’Ouest,  où  la  végétation  à feuilles  caduques  entre  en  contact 
avec  la  végétation  à feuilles  persistantes.  Le  climat  diffère  surtout  de 
celui  de  la  région  orientale  par  un  abaissement  très  sensible  de  la 
température  et  par  des  pluies  bien  moindres  en  saison  froide,  où  l'hu- 
midité reste  néanmoins  très  grande.  Pendant  cette  saison  froide,  la 
végétation  subit  un  temps  d’arrêt  très  marqué.  La  flore  est  surtout 
constituée  par  des  types  orientaux  modifiés  par  l’altitude,  mais  avec  de 
très  nombreux  types  des  climats  tempérés  et  de  l’Afrique  Australe. 
Elle  est  en  outre  caractérisée  par  l’abondance  des  Orchidacées,  des  Com- 
posées, des  Ericacées  et  des  Fougères.  On  y distingue  six  Formations  dif- 
férentes : la  forêt  à sous-bois  herbacé,  la  silve  à Lichens  des  cimes,  les 
broussailles  éricoïdes  des  hautes  altitudes,  les  bois  des  pentes  occiden- 
tales, les  marais  et  les  rocailles  à xérophytes.  Toutes  ces  Formations, 
sauf  celles  des  marais,  sont  remarquables  par  leur  richesse  en  espèces. 

Délinie  sommairement,  la  Région  centrale  comprend  toutes 
les  parties  de  Elle  situées  au-dessus  de  800  mètres  d’altitude, 
du  moins  quand  ces  parties  sont  soumises  à l'action  de  l'alizé 
humide.  Mais  cette  dernière  restriction  est  d'ailleurs  à peine 
nécessaire,  car  presque  toutes  les  altitudes  supérieures  à 
800  mètres  sont  soumises  plus  ou  moins  à l’alizé.  Il  y a pour- 
tant quelques  exceptions.  Ainsi,  sur  l’extrémité  Nord  de 
barète  cristalline  de  1 île,  la  végétation  du  Centre  ne  se 
montre  qu’au-dessus  de  1.200  mètres;  et,  sur  quelques  cimes 
du  Sud-Ouest  isolées  dans  un  climat  très  sec,  on  ne  l’observe 
pas  du  tout,  même  à cette  dernière  altitude. 

Les  changements  de  la  végétation  sont  plus  ou  moins  nets 
et  brusques  sur  les  différentes  limites  de  la  région.  Sur  les 


116 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


limites  Est,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  les  régions 
orientale  et  centrale  se  confondent  et  se  pénètrent  intimement. 
Seules,  la  disparition  de  certains  types  tropicaux  ( Landolphia , 
Mascarenhasia , Bavenala , Vonitra,  etc.)  et  l’apparition 
d’autres  types  des  climats  tempérés  ( Ranunculus , Viola . Epi- 
lobiurn , Ombellifères,  etc.),  coïncidant  avec  un  changement 
d’aspect  de  lenseinble,  nous  ont  engagé  à placer  leur  limite 
respective  aux  alentours  de  l’altitude  de  800  mètres.  Cette 
limite,  ainsi  comprise,  suit  d'ailleurs  presque  partout  la  base 
du  ressaut  brusque  qui  borne,  vers  l'Est,  le  plateau  central, 
et  cet  accident  orogénique,  à partir  duquel  l’altitude  s'élève 
brusquement,  la  rend  très  nette  au  point  de  vue  physique. 
Baron,  qui  ne  connaissait  guère  de  la  région  centrale  que  ce 
que  nous  appelons  la  Prairie  du  Centre,  plaçait  cette  limite  à 
la  partie  supérieure  de  ce  ressaut,  c’est-à-dire  vers  1 .200  mètres 
d'altitude.  Si  nous  ne  nous  rangeons  pas  à cette  manière  de 
voir,  c est  simplement  parce  que  nous  avons  retrouvé,  dans 
les  parties  les  moins  peuplées  et  les  plus  occidentales  du 
Centre,  que  Baron  n'avait  pu  visiter,  des  bois  et  des  forêts 
absolument  semblables,  tant  au  point  de  vue  physique  que 
botanique,  aux  bois  qui  recouvrent  les  flancs  du  rebord  orien- 
tal des  hauts  plateaux. 

Dans  la  région  du  Sambirano,  on  observe  le  même  mélange 
entre  la  végétation  du  Centre  et  celle  de  ce  petit  territoire, 
où  tant  de  formes  de  1 Est  se  retrouvent.  Au  Nord,  à l'Ouest 
et  au  Sud,  c'est-à-dire  partout  où  la  Flore  du  Vent  entre  en 
contact  avec  la  Flore  sous  le  Vent,  les  limites  de  la  région 
centrale  sont,  au  contraire,  excessivement  nettes,  du  moins 
lorsque  les  formations  autochtones  n’ont  pas  été  totalement 
détruites.  Lorsque  la  prairie  subsiste  seule,  il  est  naturelle- 
ment plus  difficile  de  reconnaître  l’endroit  précis  où  l'on 
quitte  le  Centre  pour  pénétrer  sur  le  territoire  que  recouvrait 
jadis  la  végétation  à feuilles  caduques,  mais  l’apparition  de 
certaines  espèces  autochtones,  très  communes  dans  l'Ouest  et 
résistant  plus  ou  moins  aux  feux,  telles  que  Ficus  Sakalava- 
rum  Bak.  dans  les  bas-fonds,  et  Mascarenhasia  lisiantluflora 
DC.,  Acridocarpus  excelsus  Juss.  ou  Celastrus  lincaris  sur 


LA  RÉGION  CENTRALE 


117 


les  collines  dénudées,  suffit  alors  pour  lever  tous  les 
doutes. 

Les  limites  occidentales  de  la  région  du  Centre  sont  d’ail- 
leurs indiquées  physiquement  par  un  ressaut  presque  aussi 
constant,  presque  aussi  accusé  que  du  côté  de  l'Est.  Pourtant 
l'altitude  y croît  moins  brusquement,  les  espèces  du  Centre 


Un  chêne  ((J.  pediinculata)  âgé  de  plus  de  30  ans,  à Tananarive,  vers  1.200  m. 
d'alt.  Hauteur  totale,  8 m.  Exemple  d'espèce  introduite  ayant  pris  le  port  des 
arbres  de  la  forêt  du  Centre. 

ne  dépassent  pas  sa  cime,  et  cet  accident  orogénique,  au  lieu 
d’être  rectiligne,  constitue  plutôt  une  suite  de  lignes  irrégu- 
lièrement courbes,  dont  la  convexité  est  tournée  vers  la  mer. 
Cette  dénivellation  brusque,  qui  limite  presque  partout  la 
région  du  Centre,  n’est  qu’une  conséquence  des  failles  qui 
bordent  le  plateau  central  de  tous  côtés.  Ces  failles  sont  en 


118 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


effet  droites  sur  le  versant  oriental  et  grossièrement  curvi- 
lignes sur  le  versant  occidental. 

L altitude  de  la  région  du  Centre  varie  de  800  à 2.868  mètres, 
cette  dernière  altitude  étant  celle  du  mont  Tsaratanana,  le 
point  culminant  de  1 île.  Ces  grandes  différences  d’altitude 
pourraient  laisser  supposer,  de  prime  abord,  de  très  grandes 
variations  climatiques,  mais  comme  la  hauteur  moyenne  du 
plateau  central  est  de  1.400  mètres,  et  que  les  altitudes  supé- 
rieures et  inférieures  n'y  sont,  en  somme,  qu'une  exception, 
le  climat  du  Centre  est  beaucoup  plus  homogène  qu'on  ne  le 
croirait.  Les  extrêmes  de  température  sont  d'ailleurs  tempérés, 
sur  les  Formations  autochtones,  par  des  brouillards  persistants, 
et  la  constance  des  autres  conditions,  humidité  et  régime  des 
venls,  donnent  à la  végétation,  tille  du  climat,  une  homogé- 
néité bien  marquée. 

Voici,  résumées  en  un  tableau,  les  principales  caractéris- 
tiques de  ce  climat,  recueillies  en  trois  points  différents  de  la 
région  centrale  L 

Il  résulte  clairement  de  ces  chiffres  que  le  climat  de  la 
région  centrale  diffère  surtout  de  la  région  orientale  : 1°  par 
un  abaissement  sensible  de  la  température  ; 2°  par  des  pluies 
bien  moindres  en  saison  froide.  Les  pluies  sont  même  si  raré- 
fiées en  celte  dernière  saison  qu  elle  mériterait  parfaitement 
le  nom  de  saison  sèche  si  l’état  hygrométrique  de  l'air  ne  se 
maintenait  toute  l'année  à un  degré  élevé,  plus  élevé  parfois 
en  saison  froide  qu'en  saison  chaude,  en  saison  soi-disant 
sèche  qu’en  saison  des  pluies.  Cette  humidité  de  l'hiver  est 
d’ailleurs  la  conséquence  de  brouillards  persistants  qui  rendent 
la  radiation  bien  moins  intense  dans  cette  saison 1  2. 

L’humidité  atmosphérique  constante  et  la  nébulosité  plus 
forte  sont-elles  les  seules  raisons  du  feuillage  persistant  et 
du  faciès  subtropical  humide  de  la  llore  autochtone  du  Centre 

1.  Moyennes  sur  cinq  années.  Les  données  incomplètes  de  la  station 
météorologique  d’Antsirabé  ont  été  complétées  par  celles  d’Ambositra, 
station  voisine  et  d’altitude  sensiblement  la  même.  V.  B.  P.  Colin, 
Bull.  Ac.  Malg.,  1912,  t.  et  la  note  p.  47. 

2.  V.  B.  P.  Colin,  Bull.  Ac.  malg.,  1912,  t.,  p.  224. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


I 10 


120 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


et  de  ses  profondes  dissemblances  avec  celle  de  l'Ouest,  où 
les  pluies,  en  saison  sèche,  sont  à peine  moins  abondantes  ? 
Nous  ne  le  croyons  pas,  car  les  caractères  de  cette  végétation 
nous  paraissent  avoir  été  acquis  sous  un  climat  plus  humide 
et  moins  froid,  en  un  mot  plus  forestier,  que  celui  qui  règne 
actuellement  sur  les  parties  dénudées  du  plateau  central. 
Dans  une  certaine  mesure,  ces  changements  récents  du  cli- 
mat du  Centre  auraient  pu  être  prouvés  en  comparant  les 
chiffres  du  tableau  ci-dessus,  recueillis  en  régions  dénudées, 
avec  d'autres  obtenus  dans  les  derniers  massifs  forestiers  de 
haute  altitude.  Malheureusement  nous  ne  possédons  aucune 
donnée  de  ce  genre,  et,  voulant  nous  borner  ici  à un  strict 
exposé  des  faits,  nous  nous  contenterons  de  signaler  que  ce 
changement  récent  dans  les  conditions  climatiques  1 pourrait 
par  ailleurs  être  encore  établi  par  l'histoire  détaillée  de  cer- 
taines mutations  ou  accommodations  d'espèces  silvestres  qui 
ont  persisté  dans  les  endroits  dénudés,  et  par  l'étude  des 
effets  des  gelées  sur  les  plantes  autochtones.  Ces  espèces  ne 
paraissent,  en  effet,  nullement  adaptées  à ce  phénomène, 
comme  s'il  était  nouveau  venu  dans  l’ensemble  des  conditions 
de  milieu  qui  ont  donné  à ces  plantes  leurs  ports  et  leurs 
caractères  végétatifs. 

Dans  le  tableau  ci-dessus,  la  saison  chaude  comprend  les 
mois  d'octobre,  novembre,  décembre,  janvier,  février,  mars 

1.  D’expériences  faites  en  Amérique,  on  a récemment  conclu  que  le 
déboisement  n'avait  aucune  influence  sur  la  quantité  d’eau  tombée  dans 
une  région  donnée.  Nous  croyons  ces  expériences  discutables,  mais,  au 
surplus,  ce  n’est  pas  de  cela  qu’il  est  question  ici.  Nous  voulons  sim- 
plement dire  que  le  lierika,  ce  brouillard  et  ces  pluies  fines  d'hiver,  est 
un  phénomène  d'origine  essentiellement  forestière,  causé  par  les  vents 
du  Sud-Est  venant  frapper  une  masse  très  dense  de  végétation  admira- 
blement organisée  pour  emmagasiner  l'humidité  et  la  rendre,  sous 
l'influence  des  vents  dominants,  d’ailleurs  humides,  et  de  l'abaisse- 
ment de  la  température.  L'alizé  crée  ainsi,  en  saison  froide,  autour 
des  massifs  forestiers  du  Centre,  de  véritables  auréoles  d’humidité. 
Il  est  facile  de  se  rendre  compte  in  vitro  de  ce  phénomène  très  simple 
en  faisant  passer  un  courant  d'air  sur  une  éponge  humide.  C’est  la 
suppression  plus  ou  moins  totale  de  ce  lierika  qui  a perturbé  le  climat 
du  Centre. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


121 


et  avril,  et  la  saison  froide  les  cinq  autres  mois  ; mais,  comme 
cette  division  un  peu  arbitraire  de  l’année  en  deux  périodes 
inégales  pourrait  surprendre,  nous  nous  empressons  d'ajouter 
qu  elle  est  uniquement  fondée  sur  les  phases  de  la  végétation 
autochtone,  que,  seule,  nous  étudions  ici.  En  effet,  durant 
les  mois  de  mai,  juin,  juillet,  août  et  septembre,  on  observe 


Manguier  adulte  à Tananarive,  vers  1.200  m.  d’alt.  Hauteur  7 m.  Exemple 
d’espèce  introduite  ayant  pris  le  port  des  arbres  de  la  forêt  du  Centre.  A 
comparer  avec  la  photo  précédente. 

un  arrêt  très  marqué  et  presque  général  de  cette  végétation. 
Sans  doute,  ce  repos  est  moins  absolu  que  celui  de  la  saison 
sèche  dans  la  région  occidentale,  car  quelques  plantes  du 
sous-bois,  bien  abritées  sous  d'épais  couverts,  continuent  à 
fleurir  et  d’autres  à végéter,  mais  il  est  néanmoins  infiniment 
plus  net  et  bien  mieux  limité  que  dans  la  région  orientale. 


122 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Par  suite,  il  nous  a paru  nécessaire  de  distinguer  cette  période 
en  ne  comptant  dans  les  mois  de  saison  froide  ni  avril  ni 
octobre,  où  la  végétation  est  encore  ou  déjà  en  pleine  acti- 
vité. 

Comme  dans  les  autres  parties  de  l'île,  les  premiers  orages 
d'octobre  sont  le  signal  du  printemps.  Les  vents  humides  et 
froids  de  l’Est  viennent  à peine  d'être  remplacés  par  les 
vents  chauds  de  l'Ouest,  précurseurs  des  orages,  et  déjà  la 
forêt  s'est  couverte  de  tleurs  et  de  feuilles  nouvelles.  La  plu- 
part des  arbres  de  la  futaie,  un  grand  nombre  des  arbustes  et 
des  herbes  des  sous-bois  ou  des  broussailles  des  cimes,  fleu- 
rissent, en  effet,  en  octobre-novembre,  et  beaucoup  fructifient 
déjà  dans  cette  première  période.  Au  contraire,  pendant  les 
grandes  pluies  de  décembre,  janvier  et  février,  aucune  espèce, 
sauf  quelques  Orchidacées  épiphytes,  n'épanouit  ses  fleurs, 
et  c'est  seulement  après  ces  pluies,  en  mars  et  avril,  que  les 
espèces  tardives,  Aloe,  Kalanchoe,  beaucoup  de  Composées 
et  certaines  Ombellifères,  entrent  à leur  tour  en  floraison. 
Ces  deux  périodes  de  floraison,  séparées  par  les  mois  de 
grandes  pluies,  évidemment  peu  propices  à la  fécondation, 
sont  remarquables  ; et  ce  fait  est  à rapprocher  de  cet  autre, 
fort  analogue  : l'épanouissement  et  1 anthèse  de  la  plupart 
des  fleurs  avant  midi.  Tous  deux  résultent  évidemment  de 
l'adaptation  séculaire  des  espèces  autochtones  aux  grandes 
pluies  de  l’hivernage  et  aux  orages  des  époques  de  floraison, 
orages  qui  ne  se  produisent  guère  que  dans  la  seconde  moitié 
du  jour  1 . 

1.  Nous  ne  parlons  ici  que  de  la  végétation  autochtone.  Les  plantes 
cultivées  ou  importées  se  comportent  tout  différemment,  et  avec  des 
anomalies  singulières  qu’expliquent  les  hautes  températures  diurnes, 
le  peu  de  rigueur  de  la  saison  froide  et  le  manque  d’adaptation  au  cli- 
mat de  ces  plantes,  pour  la  plupart  récemment  importées.  Ainsi  l’abri- 
cotier, le  pêcher,  la  vigne,  le  pommier  fleurissent  en  juillet-août,  et  les 
fruits  du  premier  mûrissent  à peine  un  mois  avant  ceux  des  autres. 
Les  mangues  sont  mûres  en  février,  peu  après  celles  de  l'Est,  mais  trois 
mois  après  celles  de  l’Ouest  ; etc. 

Les  conditions  climatiques  du  Centre  ont  d’assez  curieuses  consé- 
quences au  point  de  vue  acclimatation  de  nos  plantes  cultivées  d’Eu- 
rope. Les  plantes  annuelles  s’en  accommodent  aisément.  Il  y est,  par 


LA  RÉGION  CENTRALE 


123 


Il  y a,  ici,  peu  de  fruits  qui  passent  la  saison  froide  en 
s’accroissant  lentement,  comme  dans  les  autres  régions  de 
l'ile.  La  plupart  mûrissent  avant  et  pendant  les  grandes  pluies 
de  la  saison  chaude,  et  les  graines  germent  aussitôt.  Les 

exemple,  très  facile  d’obtenir  des  légumes  pendant  toute  l'année,  et, 
au-dessus  de  1.500  mètres,  le  froment,  l’avoine,  la  pomme  de  terre 
viennent  bien.  Mais  il  n’en  est  pas  de  même  pour  les  plantes  vivaces, 
surtout  pour  nos  arbres  fruitiers  d’Europe,  dont  l’introduction  n'a  pas 
donné  jusqu’à  présent  des  résultats  bien  positifs.  Le  pêcher  et  l’abri- 
cotier semblent  être  ceux  qui  viennent  le  mieux.  Ils  perdent  leurs 
feuilles  pendant  l’hiver,  et,  même  après  plusieurs  générations,  donnent 
des  fruits  assez  bons.  Le  cerisier,  au  contraire,  réussit  mal.  Il  ne  pro- 
duit guère  et  prend  le  port  habituel  des  espèces  arborescentes  du 
Centre,  c'est-à-dire  une  ramification  courte  et  serrée,  qui  le  rend 
méconnaissable.  Les  pommiers,  les  poiriers,  les  pruniers,  tout  en  pre- 
nant le  même  port  déroutant,  y acquièrent  un  feuillage  coriace,  tardi- 
vement caduc.  Toutes  ces  espèces,  sauf  les  deux  premières,  s’abâtar- 
dissent très  vite,  non  pas  seulement  à la  suite  d’une  ou  deux  généra- 
tions, mais  sur  l'individu  lui-même.  Un  pied  greffé,  par  exemple,  don- 
nera une  première  récolte  de  bons  fruits,  mais  ensuite  ne  produira 
plus  que  quelques  fruits  rares  et  peu  mangeables.  En  outre,  presque 
tous  ces  fruitiers  gèlent  souvent,  fait  qui  peut  sembler  paradoxal  pour 
des  arbres  importés  de  pays  froids  dans  des  régions  où  la  température 
descend  rarement  au-dessous  de  zéro,  mais  qu’expliquent  aisément  la 
douceur  de  l’hiver,  les  hautes  températures  diurnes  et  l'inversion  des 
saisons. 

La  vigne  vient  très  mal  dans  le  Centre.  Seule,  une  variété  américaine, 
1’  « Isabelle  »,  fructifie  abondamment,  et  c’est  avec  les  raisins  de  cetle 
forme  que  l'on  fait  le  vin  de  l'Imerina.  Les  autres  variétés  ne  produisent 
rien  et  viennent  mal,  par  suite  de  maladies  cryptogamiques,  dit-on, 
mais  plus  probablement  par  suite  du  sol  compact  et  sans  calcaire,  et 
aussi  parce  que  la  floraison  et  la  fructification  ne  peuvent  s'effectuer 
d'une  façon  normale.  La  vigne  perd  ses  feuilles  et  se  repose  pendant 
trois  à quatre  mois.  Le  framboisier  et  le  rosier,  au  contraire,  restent 
en  végétation  toute  l’année.  Il  semble  résulter  de  ces  faits,  et  de 
quelques  autres  analogues  que  nous  ne  pouvons  citer  ici,  (pie  les 
arbres  fruitiers  de  la  mère-patrie,  introduits  jusqu’à  présent  avec  une 
obstination  touchante  et  digne  de  plus  de  succès,  n'ont  pas  grand 
avenir  dans  l'ile.  Il  vaudrait  peut-être  mieux  aller  chercher  dans  les 
régions  méridionales  des  variétés  s'accommodant  de  climat  analogue, 
ou  mieux  encore  créer  sur  place  des  formes  nouvelles  réellement  adap- 
tées aux  conditions  si  particulières  de  milieu  qui  caractérisent  le 
Centre.  Tôt  ou  tard,  et  quoi  que  l’on  fasse,  c’est  à ce  dernier  résultat 
qu'on  aboutira. 


124 


[.A  VEGETATION'  MALGACHE 


espèces  tardives  seules,  dont  les  fruits  sont  rarement  charnus, 
attendent  la  saison  suivante  pour  germer. 

Les  feuilles,  qui  sont  persistantes,  finissent  cependant,  au 
bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long  suivant  les  espèces,  par 
mourir  et  par  tomber  ; et  cette  chute,  tout  en  n’ayant  pas  lieu 
à une  époque  déterminée,  est  néanmoins  surtout  abondante 
aux  moments  de  forte  végétation,  c’est-à-dire  vers  les  pre- 
mières chaleurs  et  pendant  les  grandes  pluies  de  la  saison 
chaude.  Quelques  rares  essences,  à peine  plus  abondantes  ici 
que  dans  la  région  orientale,  perdent  bien  leurs  feuilles 
chaque  année,  mais  elles  ne  les  perdent  qu’à  l’apparition  des 
feuilles  nouvelles.  Çe  ne  sont  pas  strictement  des  essences  à 
feuilles  caduques,  car  des  individus  et  même  certaines  de 
leurs  branches  sont  encore  couverts  de  l'ancien  feuillage, 
alors  que  d’autres  pieds  ou  d’autres  rameaux  portent  déjà  des 
feuilles  nouvelles.  Aussi  appellerons-nous  désormais  de 
telles  essences,  pour  les  distinguer  de  celles  qui  restent 
dépouillées  un  certain  nombre  de  mois,  essences  à feuilles  tar- 
divement caduques. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que,  malgré  de  très  grandes  dif- 
férences d’altitude,  le  Centre  jouissait,  en  somme,  d'un  cli- 
mat assez  homogène.  En  effet,  au  point  de  vue  climat,  l’in- 
fluence de  l’altitude  ne  se  traduit  guère  que  par  une  diminu- 
tion de  la  température  ',  et  les  saisons  restent  à peu  près  les 
mêmes  jusque  sur  les  plus  hautes  cimes.  Mais  cela  ne  veut 
pas  dire  que  cette  influence  soit  nulle  au  point  de  vue  de  la 
végétation.  Bien  au  contraire,  elle  est  très  grande,  et  les  carac- 
téristiques de  la  végétation  native  du  Centre,  ramification 
plus  intense,  réduction  du  feuillage  et  de  la  taille,  qui  s’exa- 
gèrent avec  l’altitude  croissante,  n’en  sont  évidemment  que 
des  conséquences.  Au  point  de  vue  faciès,  la  végétation  du 
Centre  n’est  même  rien  autre  que  celle  de  l’Est  modifiée  par 
l’altitude  2. 

1.  Diminution  de  1°  par  2'to  mètres,  d’après  R.  P.  Colin,  B.  A.  M., 
1912,  I,  p.  212. 

2.  Voici,  à titre  de  document,  les  limites  extrêmes  d'altitude  qu  at- 
teignent les  plantes  cultivées  : Pomme  de  terre  2.400  mètres  depuis 


I.  A REGION  CENTRALE 


125 


Au  point  de  vue  botanique,  nous  arrivons  à la  même  con- 
statation. En  effet,  si  la  flore  du  Centre  est  très  nettement 
caractérisée  par  l'abondance  des  Orchidacées,  des  Composées, 
des  Ericacées  et  des  types  de  climats  tempérés,  il  n'en  est 
pas  moins  vrai  que  beaucoup  de  types  orientaux  se  retrouvent 
jusqu'aux  plus  hautes  altitudes.  Ainsi,  le  type  Bambou  est 
représenté  jusqu’à  2.300  mètres  mont  Ibity  et  2.000  mètres 


Albizzia  Lebbeck  adulte,  à Tananarive,  vers  1 .200m.  d'ail.  Hauteur  totale. 7 m. 
Exemple  d'espèce  ayant  pris  le  port  des  arbres  de  la  forêt  du  Centre. 


1.600  ; tabac  2.200  mètres  ; patate,  chanvre,  sonjo  ( Colocasia  anliquo- 
rum ) et  maïs  2.000  mètres  ; riz.  néflier  du  Japon,  pêcher  1.800  mètres  ; 
manioc  1.500  mètres.  Le  manioc,  la  patate  et  le  sonjo  gèlent  au-dessus 
de  1.400  mètres,  mais  cela  ne  parait  pas  nuire  à leurs  tubercules.  La 
pomme  de  terre,  le  chanvre  et  le  tabac  peuvent  pousser  sans  doute 
à des  altitudes  supérieures,  mais  nous  ne  les  y avons  pas  observés. 


126 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


mont  Tsaratanana),  le.  type  Pnndamus  jusqu'à  2.400  mètres 
(mont  Tsaratanana),  le  type  Palmier  jusqu'à  2.000  mètres 
(mont  Andringitra,  à Yavavato)  et  2.400  mètres  (mont  Tsara- 
tanana),  le  type  Dracæna  à 2.200  mètres  (mont  Tsaratanana), 
et  il  n'y  a guère  d'arbres  des  hautes  altitudes  qui  n'appar- 
tiennent pas  à des  genres  représentés  sur  la  côte.  Les  types 
des  climats  tempérés,  Ranunculus , Viola , Géranium , Epilo- 
bium , Garer,  Ombellifères,  sont  peu  visibles  dans  les  for- 
mations autochtones  ; la  dénudation,  au  lieu  de  leur  nuire, 
leur  a permis  de  se  multiplier  davantage,  et  cette  circon- 
stance, jointe  à l'étrangeté  de  leur  présence,  leur  a fait  donner 
une  importance  exagérée.  Leur  nombre  ne  s'accroît  pas  d'ail- 
leurs avec  l'altitude,  et  l’un  d’eux,  le  genre  Garer , est  repré- 
senté jusque  sur  les  bords  de  la  mer. 

L’orientation  par  rapport  à l'alizé,  dont  l'influence  est  si 
grande  sur  la  végétation  malgache  tout  entière,  produit, 
plus  encore  que  l'altitude,  de  profonds  changements  dans  la 
végétation  et  la  flore  de  la  région  centrale  ; et  c'est  surtout 
à ces  deux  causes,  orientation  et  altitude,  que  sont  dues  la 
plupart  des  Formations  *jue  nous  avons  pu  y distinguer.  Le 
sol,  au  contraire,  pourtant  moins  homogène  ici  que  dans  la 
région  orientale,  ne  semble  pas  avoir  une  influence  bien  mar- 
quée. C'est  encore,  en  somme,  partout  des  argiles  latéri- 
tiques,  produites,  il  est  vrai,  aux  dépens  de  roches  métamor- 
phiques ou  volcaniques,  siliceuses  ou  calcaires,  mais  leurs 
caractères  physiques  restent  les  mêmes,  et  leur  diversité  d'ori- 
gine ne  paraît  avoir,  en  somme,  que  peu  d’effets  sur  la 
végétation.  Néanmoins  la  richesse  en  espèces  s’accroît  sur 
les  basaltes  récents,  et  il  devait  en  être  de  même  sur  les  cipo- 
lins  ; malheureusement  ces  derniers  sont  aujourd'hui  totale- 
ment dénudés  et  nous  n'avons  pu  y observer  aucun  reste  de 
la  végétation  native  qui  les  recouvrait  jadis . 

Lorsque  la  végétation  native  recouvrait  encore  le  Centre 
tout  entier  ',  on  rencontrait  successivement,  en  traversant 

1.  Les  descriptions  qui  suivent  surprendront  certainement  ceux 
qui  ne  connaissent,  de  la  région  du  Centre,  que  les  parties  habitées, 
aujourd'hui  totalement  dénudées.  Aussi  indiquerons-nous,  à titre  de 


LA  RÉGION  CENTRALE 


127 


cette  région  de  l'Est  à l'Ouest  : 1°,  sur  les  surfaces  balayées 
par  l'alizé  saturé  d'humidité,  quels  que  soient  d’ailleurs  leur 
exposition  et  leur  éloignement  du  rebord  oriental,  une  forêt 
très  dense  à futaie  de  13  à 20  mètres,  recouvrant  un  sous-bois 
extraordinairement  épais,  souvent  constitué  de  plantes  her- 
bacées ; 2°,  sur  les  crêtes  et  les  cimes  placées  dans  les  mêmes 
conditions,  une  forêt  basse,  de  6 à 8 mètres,  très  dense  du 
sol  à la  cime,  à troncs  et  à rameaux  couverts  à profusion 
de  Mousses  et  de  Lichens  ; 3°,  sur  les  plus  hautes  cimes,  une 
végétation  d arbustes  éricoïdes  groupés  en  un  seul  étage  ; 
i°,  sur  les  pentes  occidentales,  plus  ou  moins  soustraites  à 
l'action  directe  de  1 alizé  humide,  des  bois  à futaie  de  10  à 
13  mètres,  recouvrant  un  sous-bois  assez  clair  d’arbustes  sur- 
tout éricoïdes.  Telles  sont  les  quatre  Formations  que  nous 
distinguerons  sous  les  noms  de  : 1°  Forêts  à sous-bois  her- 
bacé ; 3°  Silve  à Lichens  des  cimes  ; 3°  Broussailles  éricoïdes 
des  hautes  altitudes  ; i°  Bois  des  pentes  occidentales.  A ces 
quatre  Formations  principales,  qui  existent  du  nord  au 
sud  de  la  région,  nous  ajouterons  deux  autres  plus  locali- 
sées : la  Formation  des  marais  et  celle  des  rocailles  à xéro- 
phytes . 

Comme  dans  l'Est,  toutes  ces  Formations,  sauf  celles  des 
marais,  sont  remarquables  par  leur  richesse  en  espèces.  A 
peine  aurons-nous  plus  loin  à signaler  un  léger  appauvrisse- 
ment corrélatif  à 1 altitude.  Comme  dans  l'Est  encore,  les 
associations  végétales  sont  ici  excessivement  complexes  et 
embrassent  toute  la  Formation.  Pourtant  nous  distinguerons, 
dans  la  Formation  des  pentes  occidentales,  l'association  végé- 
tale des  tapia , qui  a bien  tous  les  caractères  de  celles  obser- 
vées en  Europe,  mais  qui  nous  parait  néanmoins,  ainsi  que 
nous  l'expliquerons,  n’être  qu'une  conséquence  directe  de 
Faction  de  1 homme  et  des  feux. 

référence,  pour  chacune  des  Formations  dont  il  sera  question  plus  loin, 
la  liste  des  localités  où  nous  les  avons  observées. 


128 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


I.  — Formation  des  marais1. 


Les  marais  de  la  région  centrale  sont  presque  tous  actuellement 
modifiés  par  la  culture  et  les  suites  habituelles  de  la  dénudation.  Ils 
sont,  en  général,  tourbeux,  mais  la  formation  de  la  tourbe  ne  s'y  con- 
tinue plus  de  nos  jours.  L’examen  des  rares  témoins  encore  vierges  de 
cette  Formation  et  des  tourbes  subfossiles  indique  néanmoins  que  les 
espèces  de  ces  tourbières  étaient  des  spliaignes,  des  Fougères  et  des 
Cypéracées.  Les  espèces  de  cette  Formation  sont  peu  nombreuses  et 
très  répandues,  caractères  habituels  des  formations  palustres  dans  le 
monde  entier. 

Aujourd'hui,  les  marais  de  la  région  centrale  sont  presque 
tous  modifiés  par  la  culture,  les  feux  (marais  temporaires) 
ou  les  conséquences  habituelles  de  la  dénudation,  c'est-à-dire 
Férosion  plus  intense,  et,  comme  suite,  les  eaux  troubles  et 
les  apports  alluvionnaires,  qui,  comme  on  sait,  suffisent  à 
changer  du  tout  au  tout  la  végétation  d'un  marécage.  Et  la 
meilleure  preuve  que  la  végétation  et  les  conditions  de  vie 
des  marais  actuels  sont  tout  autres  qu  elles  étaient  ancienne- 
ment, c’est  que  le  sous-sol  y est  presque  toujours  constitué 
de  tourbe  recouverte  d'une  couche  plus  ou  moins  épaisse 
d alluvions  et  de  terre  végétale,  tourbe  dont  la  formation, 
par  conséquent,  ne  se  poursuit  plus  de  nos  jours.  Quels  étaient 
les  végétaux  qui  ont  contribué  à la  formation  de  cette  tourbe, 
dont  la  majeure  partie  semble  contemporaine  des  dépôts  à 
Epvornis  et  Hippopotame  2 ? Sans  doute,  l'examen  des  couches 
les  moins  altérées  pourra  fournir  d utiles  indications  à cet 


t.  Localités  des  marais  vierges  observés  : Andringilra,  au  sud  d'.Vnua- 
balavo,  à 2.200  mètres  ; Andasibe,  sur  FOnive,  à 1.400  mètres  ; flaucs  du 
Tsiafajavona,  vers  2.200  mètres  ; Ambohitantely,  à l'est  d Ankazobe, 

1.600  mètres  ; Analamahitso,  entre  le  Bemarivo  et  l'Anjombona, 
1.000  mètres;  Manongarivo,  entre  le  Maevarano  et  le  Sambirano,  1.500- 
1.700  mètres;  sources  du  Sambirano,  sur  le  mont  Tsaratanana,  vers 

2.600  mètres. 

2.  C’est-à-dire  d’âge  très  récent,  simplement  préhistorique,  ce  qui 
n’a  aucun  caractère  d’antiquité  à Madagascar. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


129 


égard  mais  cet  examen  n'a  pas  encore  é Lé  fait,  et,  pour 
1 instant,  nous  sommes  réduit,  sur  ce  point,  à faire  de  simples 
hypothèses  basées  sur  la  végétation  palustre  actuelle  et  les 
rares  témoins  de  la  Formation  subsistant  encore  avec  tous 
leurs  caractères  primitifs. 

La  végétation  des  marais  à eau  plus  ou  moins  profonde  est 


Lac  Alaotra,  avec  zozoro,  Cyperus  unerinensis  Centre). 

sans  doute  la  moins  modifiée.  Elle  est  surtout  constituée  par 
de  nombreuses  espèces  de  Cyperus,  de  Scirpus  et  d ' Eleocharis  ; 
et  la  tourbe,  dans  ce  stat,  a dû  se  former  un  peu  comme  dans 

1.  Ces  lignes  étaient  écrites  au  moment  de  la  découverte,  à Betafo, 
au  milieu  d'une  région  aujourd'hui  totalement  dénudée  à 100  kilomètres 
à la  ronde,  des  restes  d’une  forêt  ensevelie  sur  les  bords  d'une  tour- 
bière. Cette  forêt  était  composée  des  mêmes  essences  que  Ton  observe 
encore  dans  les  endroits  humides  sur  les  limites  orientales  du  Centre. 
Bien  que  gisant  à peine  à 1 mètre  au-dessous  de  la  surface  du  sol, 
ces  restes  végétaux  englobaient  des  ossements  subfossiles,  ce  qui  éta- 
blit bien  que  les  Epgornis,  et  les  animaux  contemporains,  ont  disparu 
avec  la  forêt  native  et  tout  récemment  Y.  Bull.  Académie  malgache, 
XII,  I,  199). 


9 


130 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


les  lagunes  de  1 Est,  c'est-à-dire  par  dépôt  lent  de  matières 
lipidiques  provenant  de  la  décomposition  de  plantes  surna- 
geantes. Dans  les  autres  marécages,  quelques  espèces  des 
mêmes  genres,  une  Graminée  et  Nej)hrodiuni  Thelipteris  ont 
dû  certainement  contribuer  à la  formation  de  la  tourbe 
ancienne,  car  ces  plantes  présentent  toutes  les  caractéris- 
tiques des  espèces  des  tourbières.  Elles  existent  d'ailleurs 
dans  les  marais  où  la  tourbe  continue  à se  former,  c’est-à-dire 
dans  ceux  qui  se  sont  conservés  avec  tous  leurs  caractères 
originels.  Au  surplus,  l'étude  seule  de  ces  tourbières  non 
modifiées  pourra  nous  donner  une  idée  approximative  de  ce 
que  pouvait  être  jadis  la  végétation  de  cette  Formation,  et, 
comme  toujours,  puisque  nous  cherchons  surtout  à reconsti- 
tuer la  flore  native,  il  ne  sera  uniquement  question  ici  que  de 
ces  marais  encore  vierges.  La  présence  de  la  tourbe,  à 
quelques  centimètres  au-dessous  de  la  surface  du  sol.  dans 
tous  les  marécages  de  la  région  centrale,  indique  nettement 
d’ailleurs  que  la  végétation  ancienne  de  ces  stats  était  bien 
analogue  à celle  que  nous  allons  décrire,  et,  incidemment, 
nous  ferons  remarquer  que  l’existence  presque  générale  de 
tourbières  anciennes  dans  tout  le  Centre,  et  l'arrêt  actuel  de 
leur  formation,  démontrent,  d'une  façon  très  claire,  l'ampleur 
des  modifications  récentes  du  tapis  végétal  de  cette  région. 

Les  quelques  marais  à végétation  native  encore  intacte 
que  nous  avons  pu  observer  subissent  d’assez  grandes  modi- 
fications avec  l’altitude.  De  800  à 1.700  mètres,  ceux  qui  n’oc- 
cupent qu’une  superficie  restreinte  ne  diffèrent  guère  de  ceux 
de  la  région  orientale  que  par  une  plus  grande  abondance  des 
Fougères.  Ce  sont  toujours  les  mêmes  marais  à sphaignes, 
remplacés  souvent  ici  par  une  Mousse  de  port  semblable, 
parsemés  de  Pandanus  élancés.  Deux  Fougères,  Osmunda 
regalis  et  une  espèce  arborescente  à gros  stipe  couché  et 
ramifié,  Alsophila  Baroni,  leur  donnent  pourtant  un  aspect 
tout  autre.  Par  ordre  d importance,  les  plantes  contribuant 
ici  à la  formation  de  la  tourbe  sont  surtout  les  Fougères,  les 
sphaignes,  les  Mousses  et  quelques  Cvpéracées.  Dans  les 
marais  de  plus  grande  étendue,  dont,  à vrai  dire,  nous  no 


LA  RÉGION  CENTRALE 


131 


connaissons  pas  d exemple  absolument  vierge,  les  sphaignes 
et  les  Mousses  paraissent  avoir  joué  un  rôle  bien  plus  modeste. 
Ces  plantes  étaient  sans  doute  localisées  à la  base  des  tiges 
des  Cypéracées  et  du  Nephrodium  Thelipteris , qui  semblent 
bien  avoir  été  prépondérants  sur  les  anciennes  tourbières  de 
quelque  étendue,  comme  ils  le  sont  encore  sur  les  marais 
actuels.  Une  Papilionacée  arborescente,  le  Smithia  chamae - 


Bords  d’un  torrent,  avec  Impatiens  salicifolia.  Environs'de  Betafo, 
vers  1.600  m.  ait. 


crista  Benth.,  aujourd'hui  localisée  dans  quelques  marais  du 
versant  occidental  du  Centre,  était  probablement  jadis  bien 
plus  répandue  et  devait  couvrir  d’immenses  surfaces.  Cette 
plante,  qui  forme  d'épais  fourrés  de  1 à o mètres  de  hauteur, 
abritant  une  végétation  épaisse  de  Graminées  à tiges  grêles  et 
très  ramifiées,  a certainement  contribué,  pour  une  grande  part, 
à la  constitution  de  ces  tourbières,  auxquelles  elle  donnait 
alors  un  aspect  tout  spécial. 

Plus  haut,  au-dessus  de  1.700  mètres,  les  tourbières  res- 
semblent bien  davantage  à celles  de  nos  pays  tempérés. 


132 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


C'est  un  épais  tapis  de  sp baignes  et  de  Mousses,  abrité  par 
une  dense  végétation  de  50  à GO  centimètres  de  hauteur,  con- 
stituée. suivant  les  lieux,  par  des  arbustes  éricoïdes,  Agauria, 
Philippia , Vaccinium,  Helichrysum,  ou  par  une  Graminée 
spéciale,  ou  par  des  Cypéracées  remarquables  par  les  dômes 
que  constituent  leurs  feuilles  et  leurs  souches  accumulées. 
11  y existe  aussi  parfois  des  Fougères,  mais  leur  nombre  dimi- 
nue avec  l'altitude  croissante,  tandis  qu'augmente,  au  con- 
traire, un  peu  celui  des  espèces  accessoires  h 

La  végétation  des  lacs  et  des  étangs  profonds  ne  diffère  en 
rien,  en  tant  que  faciès,  de  celle  qu’on  trouve  partout  sur  ces 
stats.  Au-dessous  de  1 .400  mètres,  le  Cyperus  imerinensis 
Bokeler,  à port  de  Papyrus,  donne  au  bord  des  eaux  pro- 
fondes un  aspect  analogue  à celui  des  lagunes  de  la  côte 
orientale.  Plus  haut,  la  végétation  lacustre  devient  de  plus 
en  plus  pauvre. 

On  aurait  pu  distinguer,  comme  Sous-Formation  spéciale, 
les  bords  des  torrents  et  des  ruisseaux,  surtout  remarquables 
parce  que  les  types  malgaches  des  climats  tempérés  y sont 
presque  exclusivement  localisés.  Mais  ces  types,  Ranunculus, 
Viola,  Géranium , Epilobium,  Salix , et  la  plupart  des  Carex 
et  des  Ombellifères  se  retrouvent  souvent  dans  les  marais 
vierges  ; et  les  autres  espèces,  parmi  lesquelles  abondent  les 
Impatiens , existent  aussi  souvent  ailleurs,  soit  près  des  maré- 
cages ombragés,  soit  sur  les  rocailles  humides  des  forêts  voi- 
sines. 

En  résumé,  si  l'on  met  à part  la  Sous-Formation  des  ruis- 
seaux et  des  torrents,  qui  participe  plus  ou  moins  à la 
richesse  des  bois  que  ces  cours  d'eau  arrosent,  cette  Forma- 
tion est  la  plus  pauvre  en  espèces  de  la  région,  et  certaines 
plantes  y dominent  sur  de  vastes  surfaces,  à l'exclusion  de 

i.  A toutes  les  altitudes,  ces  espèces  accessoires  sont  surtout  des 
Orchidées  terrestres.  Ces  plantes,  si  abondantes  dans  le  Centre,  sont, 
en  elTet,  presque  toutes  des  espèces  palustres.  Elles  fructifient  abon- 
damment dans  les  marais,  tandis  que  les  capsules  des  espèces  voi- 
sines, localisées  dans  la  vraie  Prairie,  avortent,  au  contraire,  presque 
toujours,  indice  certain  d‘un  changement  dans  les  conditions  de  milieu. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


133 


toute  autre.  Dans  le  monde  entier,  ces  caractères  sont  très 
habituels  aux  Formations  analogues,  mais  ici  ils  étonnent 
davantage  à côté  de  la  végétation  environnante,  si  riche  et 
si  complexe. 


II.  — Forêt  a sols-bois  herbacé  '. 

Cette  Formation  recouvre  les  endroits  les  plus  humides,  à sol  pro- 
fond, de  la  région  centrale,  entre  800  et  2.000  mètres  d’altitude.  Elle 
est  caractérisée  par  un  sous-bois  très  épais  de  plantes  herbacées  ou 
sous-frutescentes  et  une  futaie  d’environ  25  mètres  d’arbres  très 
ramifiés,  rarement  droits,  toujours  surchargés  d’épiphytes.  Cette  végé- 
tation forme  un  ensemble  très  dense,  véritable  régulateur  d’humidité. 
Au  point  de  vue  botanique,  cette  forêt  est  constituée  par  beaucoup  de 
types  orientaux  modifiés  par  l’altitude  et  un  grand  nombre  de  types 
spéciaux. 

Vers  800  à 000  mètres  d altitude,  suivant  les  régions,  la 
forêt  de  l'Est  se  transforme,  insensiblement  d’abord,  puis  de 
plus  en  plus  avec  l’altitude  croissante,  et,  vers  1.000  mètres, 
acquiert  un  aspect  totalement  différent.  Un  des  étages  de  la 
végétation  a disparu  et  la  futaie  plus  basse  n abrite  plus 
qu'un  sous-bois  impénétrable,  où  dominent  les  plantes  her- 
bacées ou  sous-ligneuses  ; le  feuillage  a diminué  de  grandeur; 
la  ramification  des  arbres  s'est  exagérée,  et  leurs  rameaux 
chenus  se  sont  couverts  d’une  prodigieuse  quantité  d’épi- 
phytes, où  dominent  les  Lichens  pendants.  Telle  est  la  forêt 

1.  Localités  observées  : Falaise  orientale  de  l'Andringitra  (Iratsv) 
au  lac  Alaotra,  et  de  Mandritsara  aux  sources  du  Bemarivo  Province  de 
Vohémar),  de  800  à 2.000  mètres  d’altitude  ; Mont  Tsaratanana,  île  1.200  à 
2.500  mètres  ; Montagne  d’Ambre,  de  900  à 1.200  mètres;  Massif  de 
Manongarivo,  de  800  à 1900  mètres  ; Massif  d’Analamabitso  entre  Bema- 
rivo (Ouest)  et  Sofia,  de  800  à 1.400  mètres;  Petits  bois  du  Tampo- 
ketsa,  entre  le  Bemarivo  Ouest)  et  le  Mahajamba,  de  900  à 1.200  mètres  ; 
Petits  bois  sur  le  mont  Tsiafajavona,  entre  1.700  et  2 400  mètres;  Reste 
de  bois  sur  le  Vavavato  (Province  d’Antsirabé),  aux  environs  d’Am- 
batofongena  (Province  d'Ambositra),  sur  le  mont  Belambanana,  au  sud 
d'Ambalavao  (Province  de  Fianarantsoa),  sur  le  mont  Ivohibé,  sur  l’Ihosy, 
entre  1.000  et  2.000  mètres  d’altitude. 


134 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


à sous-bois  herbacé  dont  les  caractères  végétatifs  se  main- 
tiennent constants,  quelle  que  soit  l'altitude,  sur  toutes  les 
surfaces  à sol  profond  de  la  région  centrale  soumises  à l’ac- 
tion directe  de  l'alizé. 

L humidité  apportée  en  saison  froide  par  les  vents  de  l’Est 


Graminée  du  sous-bois  de  la  forêt  du  Centre  ayant  envahi  une  haie  d'Opuntiu 
et  d' Agave.  Antsirabe,  vers  1.500  m.  ait.  Exemple  d’espèce  native  de  port, 
tout  spécial,  s’étant  adaptée  à une  Formation  articielle. 


et  du  Sud-Est  est  bien  la  cause  dominante  des  caractères 
végétatifs  de  la  région  du  Centre  tout  entière,  mais  cette  humi- 
dité, d’ailleurs  plus  ou  moins  grande  suivant  les  expositions, 
a des  effets  plus  ou  moins  marqués  selon  la  nature  du  sol. 
Ce  sont  ces  différences  qui  nous  ont  permis  de  distinguer 
les  autres  Formations  principales  de  la  région;  et  celle  des 


LA  RÉGION  CENTRALE 


135 


forêts  à sous-bois  herbacé  recouvre  ou  recouvrait  exactement 
toutes  les  surfaces  qui  sont  aptes  à porter  une  haute  futaie, 
lorsque  ces  surfaces  sont  balayées  par  l’alizé  encore  sursaturé 
d humidité.  Par  suite,  cette  Formation  est  surtout  fréquente 
sur  les  pentes  exposées  à 1 Est,  mais  elle  n’y  est  pas  loca- 


Forêt  à sous-bois  herbacé,  vers  1.000  m.  ait.,  région  du  Centre. 

Usée,  et  on  l'observe  même  à toutes  les  expositions  sur  les 
massifs  d’Ambre,  du  Tsaratanana  et  du  Manongarivo,  où  les 
vents  de  saison  fraîche  subissent  des  déviations  locales  que 
nous  essaierons  d'expliquer  plus  loin. 

C'est  donc  à ces  deux  conditions,  sols  relativement  profonds 
et  vents  humides,  que  cette  Formation  doit  ses  principaux 
caractères.  Aux  vents,  et  aux  brouillards  qu'ils  amènent  ou 
qu'ils  créent,  sont  dus  l'abondance  des  épiphytes  et  des 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


136 

hy  grophvtes,  la  ramification  intense  et  le  feuillage  réduit  de 
la  fut a ie  ; au  sol  compact,  peu  perméable  et  toujours  humide, 
sont  dues  les  racines  traçantes  et  toutes  superficielles  des 
espèces  qui  la  constituent.  Et  tous  ces  facteurs  ou  leurs  con- 
séquences créent  le  sous-bois  épais  et  herbacé  où  plongent 


Forêt  à sous-bois  herbacé,  vers  1.000  m.  d’altitude, 
environs  de  Tsinjoarivo. 


les  troncs  des  arbres.  Dans  l’ensemble,  c’est  une  masse  très 
dense,  impénétrable,  comme  simplement  posée  sur  la  laté- 
rite, constituant  une  véritable  éponge,  un  merveilleux  régu- 
lateur d'humidité.  L'on  comprend  combien  la  disparition 
presque  totale  d'un  tel  appareil  a dû  modifier  le  climat  du 
Centre,  et  encore  plus  peut-être  celui  de  l’Ouest.  La  destruc- 
tion de  la  plus  grande  partie  de  cette  Formation  explique  par- 


LA  RÉGION  CENTRALE 


137 


faitement  les  effets  des  gelées  du  Centre,  des  sécheresses 
printanières  de  l’Ouest  et  de  l'érosion  exagérée,  tous  phéno- 
mènes, non  pas  nouveaux,  mais  dont  l’action  s’est  singuliè- 
rement accrue  depuis  une  date  relativement  récente. 

Les  caractères  végétatifs  de  cette  Formation  varient  très 


Forêt  à sous-bois  herbacé,  vers  1.200  m.  d'altitude, 
environs  de  Tsinjoarivo  (Centre  . 


peu  avec  l’altitude  croissante,  et  nous  ne  connaissons  pas, 
sur  les  plus  hautes  cimes  de  l'ile,  de  sols  aptes  à nourrir 
une  forêt  qui  n’en  soient  recouverts  ou  qui  ne  l’aient  été. 
Ainsi,  sur  l’Andringitra,  où  on  l’observe  à 2.400  mètres,  et 
sur  le  Tsaratanana  où  elle  atteint  2.300  mètres,  les  alti- 
tudes supérieures  sont  ou  privées  de  leur  végétation  native 
ou  rocailleuses,  et  physiquement  impropres  à porter  une 
telle  futaie. 


1 38 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


Somme  toute,  il  n'existe  plus  maintenant  à Madagascar 
de  points  où,  seule,  l'altitude  trop  grande  empêche  le  déve- 
loppement d'une  forêt.  Néanmoins,  quand  la  végétation  des 
hauteurs  était  totalement  vierge,  il  est  infiniment  probable 
que.  vers  2.000  mètres,  l'on  devait  observer  une  futaie  de  plus 
en  plus  basse,  un  feuillage  de  plus  en  plus  réduit,  une  ramifica- 
tion de  plus  en  plus  intense,  en  un  mot.  un  passage  insensible 
de  la  forêt  à sous-bois  herbacé  à la  Formation  toute  différente 
de  la  brousse  éricoïde,  qui  recouvre  les  plus  hautes  cimes  de 
l’ile.  Ces  cimes,  il  est  vrai,  sont  physiquement  inaptes  à 
nourrir  une  forêt,  mais  leur  végétation  n en  l’eprésente  pas 
moins  le  terme  ultime  des  transformations  de  port  et  de  feuil- 
lage que  nous  avons  observés  en  montant  de  la  côte  à ces 
points  culminants. 

Au  point  de  vue  botanique,  les  modifications  dues  à l'alti- 
tude sont  tout  aussi  insensibles.  Sans  doute,  les  espèces 
changent  avec  l'altitude,  mais  elles  appartiennent  aux  mêmes 
g-enres  ; et  ces  changements  sont  en  somme  analogues  à ceux 
que  nous  avons  observés  dans  la  forêt  de  l'Est,  entre  la  côte 
et  la  région  centrale.  Le  caractère  le  plus  frappant  de  cette 
Formation  est  même  la  persistance  des  formes  tropicales 
jusque  sur  les  points  les  plus  élevés,  et  cette  forêt  — plus 
que  les  autres  Formations  de  la  flore  du  Centre  — semble 
uniquement  constituée  par  des  types  de  l'Est  modifiés  par 
l'altitude.  Ainsi  les  types  Palmiers,  Bambous,  Pandanus. 
Dracana,  Symphonia,  Canarium , Ficus  y persistent  jus- 
qu'aux plus  hautes  altitudes  où  nous  l avons  pu  observer  : 
seuls,  les  Podoearpus  y représentent  une  flore  moins  chaude. 

Mais  les  familles  et  les  genres  que  nous  venons  de  citer 
ont  ici  bien  moins  de  représentants  que  dans  la  forêt  de  l'Est, 
et  la  futaie  est  surtout  composée  de  1 Veinmannia,  d Eleocar- 
pus , de  Bhus.  de  1 crnonia  et  de  nombreuses  espèces  k port 
analogue.  Ces  arbres,  dont  la  hauteur  moyenne  ne  dépasse 
pas  2o  mètres,  ont  des  troncs  rarement  droits,  vite  ramifiés 
dans  le  haut  en  multiples  rameaux,  souvent  dilatés  dans  le 
bas  en  ailes,  ou  munis  de  racines  adventices.  Les  lianes,  k 
peine  ici  moins  nombreuses  que  sur  la  côte  orientale,  sont 


LA  RÉGION  CENTRALE 


1 39 


surtout  des  Aselépiadacées,  des  Composées,  des  Rubiacées  ; 
les  arbustes  du  sous-bois,  des  Rubiacées  et  des  Myrsinées  ; 
les  plantes  herbacées  ou  sous-frutescentes,  des  Graminées, 
des  Acanthacées,  des  Labiées  et  des  Fougères  ; les  épiphytes, 
des  Lichens,  des  Orchidacées,  des  Fougères,  et,  sur  le  bas  des 


Forêt  à sous-bois  herbacé,  vers  1.000  m.  d'alt.,  aux  environs  d'Analamazaotra 

(Phot.  Louvel). 


troncs,  les  souches  et  le  sol,  des  Mousses  en  épais  tapis.  Au 
total,  cette  forêt  est  aussi  riche  en  espèces  que  la  forêt  orien- 
tale, et  ce  n’est  qu'au-dessus  de2.U0ü  mètres  que  nous  avons 
remarqué  une  légère  diminution  de  leur  nombre,  appau- 
vrissement qui  devient  à peine  plus  net  dans  les  deux  Forma- 
tions suivantes. 

Voici,  pour  donner  une  idée  de  cette  végétation,  le  dénom- 


140 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


brement  des  végétaux  adultes  croissant  sur  cent  mètres  car- 
rés, relevé  en  deux  points  différents,  sur  des  témoins  relati- 
vement viennes  de  cette  Formation  : 

O 

I.  — Sur  le  mont  Tsiafajavona  (Ankaratra)  ; à 2.100  mètres 
d'altitude  ; vallonnement  exposé  à l'Est  ; sur  latérite  de 
basalte  ; futaie  de  15-20  mètres  ; à rameaux  des  arbres  sur- 
chargés dépiphytes  ; sol  et  base  des  troncs  couverts  de  mousse  ; 
feuillage  totalement  persistant  : 

Sols-bois.  — Plantes  herbacées  ou  sous-frutescentes  : 

6  Impatiens  2 espèces) 

6 Labiées  (2  espèces 

4 Acanthacées  1 espèce t 

60  Fougères  (8  espèces, 

4 Graminées  (3  espèces) 

7 Euphorbiacées  (1  espèce) 

1 Liliacée. 

Sous-bois.  — Arbustes  : 

2 Fougères  arborescentes  ( 1 espèce) 

1 Tambourissa 

1 Méliacée 

8 Rubiacées  (3  espèces  i 

7 M yrsinacées  (1  espèce) 

Futaie.  — Arbres  : 

4 Weinmannia  (1  espèce 

2 Myrsinées  I espèce) 

Lianes  : 

3 Rubiacées  Danais,  1 espèce  , 

1 Co  m posée  1 ern  on  ia  ) . 

Epiphytes  : 

6 Kalanchoe  1 espèce) 

5 Medinilla  1 espèce  . 

A citer  encore  d innombrables  touffes  de  b ougères  (5  espèces), 
d'Orchidacées  (5  espèces),  de  Peperomia  2 espèces)  et  de 


LA  RÉGION  CENTRALE 


141 


Lichens.  Soit,  au  total,  43  espèces,  appartenant  à 17  familles 
différentes,  ou,  en  négligeant  les  épiphvtes,  30  espèces, 
appartenant  à lo  familles,  pour  117  individus. 

II.  — Environs  du  mont  Tsaratanana  ; vers  2.000  mètres 
d’altitude;  plateau;  latérite  des  gneiss  ; futaie  de  20-22  mètres; 


Passage  de  la  forêt  orientale  à la  forêt  à sous-bois  herbacé. 
Montagne  d’ Ambre,  vers  800  m.  d’alt. 

rameaux  des  arbres  surchargés  d’épiphvtes  ; sous-bois  impéné- 
trable ; sol  nu  ; Mousses  recouvrant  les  troncs  des  .arbres  et 
des  arbustes. 

Sous-bois.  — Plantes  herbacées  ou  sous-frutescentes  : 

1 7 Graminées  (2  espèces) 

3o  Acanthacées  (1  espèce) 

10  Fougères  (4  espèces) 


1 42 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Arbustes  : 

2 Pandanus  1 espèce) 

2 Dracana  (I  espèce) 

4 Araliacées  (1  espèce) 

3 Erylhroxylon  [ 1 espèce) 
10  Rubiacées  (1  espèce) 

2 F^docarpus  (1  espèce). 
Futaie.  — Arbres  : 

1  Palmier 
1 Elcocarpus 
1 Rubiacée 
1 Ficus 

1 1 Veinmannia 


Lianes  : 


2 Piper  (1  espèce) 

3 Danais  ( 1 espèce) 

2 Verbénacées  (1  espèce) 

1 Graminée  (bambou-liane). 

Epiphytes  — 1 0 Orchidées  (3  espèces) 

13  Fougères  (6  espèces) 

1 Rhipsalis 

3 Medinilla  (2  espèces). 

Soit,  au  total,  12G  individus,  appartenant  à 40  espèces  et  à 
19  familles  différentes. 

Voici,  ci-dessous,  pour  compléter  ces  données,  le  dénom- 
brement des  épiphvtes  portés  par  un  seul  arbre,  sur  les  flancs 
du  mont  Tsiafajavona,  à 2.300  mètres  d'altitude.  Dans  cette 
liste,  les  Lichens  et  les  Mousses  ne  sont  pas  compris  : 

35  touffes  d Orchidées,  appartenant  à 7 espèces,  dont 
\ Bulbophyllum 

5 pieds  de  Medinilla , 2 espèces  à rameaux  pendants, 
dont  l une  à racines  tuberculeuses 

3  touffes  d'un  Peperomia,  à tiges  crassulantes 


LA  RÉGION  CENTRALE 


143 


3 toulles  d'un  Kalanchoe , à tiges  crassulantes 
9 toulïes  de  Fougères  appartenant  à 4 espèces  à frondes 
pendantes,  qui  se  dessèchent  et  reverdissent  à chaque 
période  sèche  ou  humide 


Foret  à sous-bois  herbacé,  avec  Dracaena  géants  30  m.  . vers  1.500  m.  ait., 
aux  environs  de  Tsinjoarivo. 

Soit  1 o espèces  pour  34  individus.  Presque  tous  ces  épiphytes 
croissaient  sur  les  grosses  branches:  mais  quelques-uns  d’entre 
eux,  généralement  des  espèces  spéciales,  étaient  portés  parles 
plus  petits  rameaux,  et  l’on  observait  des  Mousses  jusque  sur 
les  limites  des  feuilles  âgées  de  l'hôte. 

On  remarquera,  dans  l énumération  ci-dessus,  qu'un  grand 
nombre  de  ces  épiphytes  sont  crassulants,  munis  de  pseudo- 
bulbes ou  de  racines  tuberculeuses  et  que  les  Fougères  possèdent 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


des  frondes  aptes  à se  dessécher  complètement  pendant  les 
jours  secs,  et  à reverdir  à nouveau  dès  la  moindre  humidité. 
Ces  caractères  sont  très  habituels  aux  épiphvtes  du  Centre;  et 
ce  sont  évidemment  des  modes  différents  d'adaptation  à ce  stat 
si  particulier,  tour  h tour  si  sec  et  si  humide,  sous  le  climat  de 
cette  région.  Nous  en  citerons  d’autres  exemples  analogues, 
chez  les  plantes  terrestres  cette  fois,  en  étudiant  la  Formation 


Forêt  à sous-bois  herbacé,  à 2400  m.  ait.,  sur  les  flancs  du  Mont 
Triafazavona  Région  du  Centre). 

des  rocailles  à xérophvtes,  mais  il  faut  ici  remarquer,  en  outre, 
que  les  nombreuses  espèces  de  Fougères  et  de  Selaginella  épi- 
phytes  de  la  région  centrale,  dont  les  frondes  se  dessèchent  et 
reverdissent  tour  à tour  selon  le  degré  hvgométrique  de  l'air, 
ne  semblent  pas  avoir  acquis  ces  moyens  de  lutte  depuis  fort 
longtemps,  car  on  retrouve,  dans  les  parties  plus  humides,  ces 
mêmes  espèces  avec  des  frondes  perpétuellement  vertes. 

Les  bambous-lianes,  que  l’on  voit  aussi  dans  la  forêt  orien- 
tale et  dans  celle  du  Sambirano,  ne  sont  nulle  part  plus  abon- 
dants que  dans  cette  Formation.  On  appelle  ainsi  une  sorte  de 


LA  RÉGION  CENTRALE 


145 


bambou  dont  les  chaumes  flexibles  s'allongent  indéfiniment, 
c’est-à-dire  jusqu’à  la  fructification,  par  un  rameau  latéral  qui 
se  développe  à l’extrémité  du  chaume  de  l’année  précédente. 
Comme  ces  plantes  ont  en  outre  de  nombreuses  ramifications 
secondaires  et  qu’elles  se  ramifient  de  plus  en  plus  avec  l’àge, 
elles  finissent  par  recouvrir  entièrement  les  arbres  et  arbustes 
avoisinants.  Ces  bambous,  comme  Nastus  capitatus,  se  déve- 
loppent souvent  dans  les  clairières  naturellement  ou  artificiel- 
lement créées.  Lorsqu’ils  croissent  en  pleine  forêt,  sur  l’empla- 
cement d'un  ou  plusieurs  arbres  abattus  par  la  vieillesse  ou  par 
la  tempête,  ils  forment  tout  d’abord  un  hallier  si  épais  qu'ils 
empêchent  toute  autre  végétation,  Mais  ils  vieillissent,  se 
ramifient  de  plus  en  plus,  en  même  temps  que  leurs  feuilles 
deviennent  de  plus  en  plus  étroites,  et,  à leur  ombre  de  plus 
en  plus  claire,  se  développe  un  semis  serré  de  lianes,  d’arbres 
et  d’arbustes,  qui  remplacent  les  bambous,  lorsque  ceux-ci, 
arrivés  tous  ensemble  au  terme  de  leur  vie,  ont  fructifié  et 
sont  morts.  En  un  mot,  ces  Graminées  ',  dont  la  vie  peut  avoir 
de  15  à 20  ans  de  durée,  constituent,  dans  les  forêts  où  elles 
croissent,  un  cycle  de  régénération  et  d’assolement  analogue 
à celui  que  nous  avons  observé  dans  la  région  orientale. 


1.  Ces  bambous-lianes,  et  probablement  tous  les  bambous  en  géné- 
ral, sont  monocarpiques  ; et,  dans  les  conditions  naturelles,  tous  leurs 
chaumes  fructifient  et  meurent  en  même  temps.  Mais,  dans  d’autres 
conditions,  lorsque  les  bambous,  au  lieu  d'un  espace  limité,  ont  à peu- 
pler une  surface  plus  vaste,  telle  que  l'emplacement  d'un  tavy  ou  d’une 
coupe,  il  arrive  souvent  qu’une  seule  plante,  déjà  morte  d'un  côté,  con- 
tinue encore  à s’étendre  par  rejets  du  côté  opposé  ; elle  est  alors  poly- 
carpique  et  immortelle.  Il  semble  même  que  certains  bambous,  qu’on 
observe  parfois  dans  les  lieux  découverts,  aient  perdu  la  faculté  de  se 
reproduire  par  graines  et  qu’ils  soient  devenus  véritablement  apocar- 
piques. 


10 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


I 46 


III.  — Silye  des  Lichens1. 

Cette  Formation  est  l'analogue  de  la  forêt  des  cimes  de  la  région 
orientale.  La  futaie  est  beaucoup  plusbasse  que  la  précédente,  les  arbres 
plus  ramifiés,  le  feuillage  plus  réduit,  le  nombre  des  épiphytes  encore 
plus  grand,  le  sous-bois  nul  ou  très  réduit,  le  sol  couvert  de  Mousses 
et  de  plantes  ordinairement  épidendres.  Elle  passe  insensiblement 
vers  le  bas  à la  forêt  des  cimes  et  vers  le  haut  aux  broussailles  éricoïdes 
des  hautes  altitudes.  L’abondance  des  Mousses,  des  Lichens  et  des  épi- 
phyteslui  donne  un  aspect  tout  particulier.  Elle  est  très  riche  en  espèces 
spéciales . 

Dans  la  région  centrale,  cette  Formation  est  analogue  à 
celle  des  cimes  de  la  forêt  orientale.  Les  mêmes  causes,  expo- 
sition aux  vents  dominants,  sols  moins  humifères  et  moins 
profonds,  y produisent  les  mêmes  effets  : abaissement  de  la 
futaie,  exagération  de  la  ramification,  réduction  du  feuillage, 
changement  des  espèces  et  surabondance  des  épiphytes.  Tous 
ces  effets  sont  encore  accrus  ici  par  la  nébulosité  plus  grande, 
l'augmentation  de  l'altitude  et  la  diminution  de  la  tempéra- 
ture. 

Comme  la  forêt  h sous-bois  herbacé,  cette  Formation  est 
surtout  localisée  sur  les  terrains  balayés  par  l'alizé,  mais  avec 
néanmoins  plus  de  tendance,  au-dessus  d'une  certaine  altitude, 
à recouvrir  toutes  les  crêtes,  tous  les  sommets,  quelle  qu’en  soit 
l'orientation.  Comme  elle  encore,  elle  subit  de  nombreuses 
modifications  avec  l'altitude,  se  confondant  insensiblement, 
en  bas,  avec  la  Formation  des  cimes  de  la  région  orientale,  et, 
en  haut,  avec  la  brousse  éricoïde  des  hauts  sommets. 

Ce  n'est  ni  une  vraie  forêt,  car  la  futaie  en  est  trop  basse, 
ni  un  vrai  « bush  »,  car  on  y peut  encore  distinguer  deux 

1.  Localités  observées  : Massif  d’Ambre,  entre  1000  mètres  et  la  cime; 
Massif  duTsaratanana,  entre  800  et  2.400  mètres;  Massif  de  Manongarivo, 
entre 800 et 2. 000 mètres;  Massif d’Analama h i tso.  entre 900 et  1.500  mètres; 
Massif  du  mont  Tsiafajavona,  à 2.400  mètres  ; Tsinjoarivo  et  mont  Ambohi- 
trakolahy,  à l’est  d’Antsirabe,  entre  1.000  et  1.900  mètres;  Massif  de  l’An- 
dringilra  (Irasty),  entre  900  et  1.800  mètres.  C’est  cette  Formation  qui 
couvrait  jadis  les  collines  de  l’Imerina,  si  dénudées  maintenant,  et  celle 
d’.Ylamanga,  la  forêt  bleue,  sur  laquelle  est  bâtie  Tananarive. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


147 

étages.  C’est  une  végétation  intermédiaire,  plus  proche  pour- 
tant de  la  forêt  que  des  broussailles.  Les  arbres  sont  tortueux 
et  bas;  leurs  rameaux  s’étendent  sur  de  grandes  surfaces  et 
recouvrent  un  sous-bois  d’arbustes  à feuilles  étroites,  sou- 
vent éricoïdes.  Le  tout  émerge  d’un  épais  tapis  de  Mousses  qui 
recouvre  les  racines,  escalade  les  troncs  et  monte  jusqu’aux 
rameaux,  qui  ploient  sous  des  guirlandes  d’épiphytes  et  dont 
les  sommités  disparaissent  au  milieu  des  Lichens  blancs,  vraie 
chevelure  de  ces  arbres  chenus.  Rien  n’est  plus  étrange,  plus 
féerique  que  cet  ensemble,  vu  par  temps  de  brouillard,  si  fré- 
quent sur  ces  hauteurs.  Paysage  merveilleux  que  peu  d’hommes 
ont  pu  contempler,  et  que  peu  connaîtront,  puisque  cette  For- 
mation si  curieuse  aura  bientôt  disparu  tout  entière. 

Peu  nombreuses,  les  espèces  de  la  futaie  appartiennent  aux 
mêmes  genres  que  celles  de  la  forêt  voisine.  Ce  sont  surtout 
des  Weinmannia , des  Araliacées,  des  Composées  et  la  seule 
vraie  Protéacée  de  1 Ile,  le  Faurea  forficuliflora  Bak.,  qui  est 
spéciale  à ce  stat.  Les  lianes  manquent,  ou  à peu  près.  Dans 
le  sous-bois  dominent  des  Composées,  des  Rubiacés,  desEri- 
cacées.  Les  plantes  herbacées  du  sol  sont  rares.  La  plupart  ne 
sont  autres  que  des  épiphytes,  dont  beaucoup,  dans  cette  For- 
mation, croissent  aussi  bien  sur  le  sol  que  sur  les  troncs  ou 
les  branches.  Le  nombre  de  ces  derniers  est  prodigieux  ; c’est 
la  plus  riche,  en  ces  sortes  de  plantes,  de  toutes  les  Formations 
delà  flore  malgache.  Ce  sont  surtout  des  Fougères,  des  Orchi- 
dacées  ( Bulbophyllum ),  des  Selaginella , des  Medinilla,  des 
Peperomia , mais  on  y observe  aussi  un  Kalanchoe , des  Impa- 
tiens et  quelques  Urticacées  et  Labiées.  Toutes  ces  plantes, 
arbres,  arbusles  et  épiphytes,  ont  des  fleurs  peu  brillantes, 
sauf  quelques  Composées.  L'éclat  et  la  grandeur  de  la  corolle, 
contrairement  à ce  que  l’on  voit  sur  les  Alpes,  semblent  dimi- 
nuer ici  avec  l’altitude;  et  ce  caractère  va  s’accentuer  encore 
dans  la  Formation  suivante. 

Ci-dessous  nous  donnons,  comme  exemple  de  la  composition 
de  cette  Formation,  le  dénombrement  des  plantes  qui  crois- 
saient sur  100  mètres  carrés  de  superficie,  à 2.200  mètres  d'al- 
titude, sur  les  flancs  du  Tsiafajavona  et  sur  latérite  de  basalte. 


148 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Sol.  — Mousses  et  6 Fougères  (3  espèces),  seulement  ter- 
restres. 

Presque  toutes  les  espèces  épiphytes  s’y  retrouvent 
en  outre. 

Sous-uois.  — Arbustes  : 

5 Erythroxylon  (2  espèces) 

1 Aphloia 

2 Labiées  (1  espèce) 

2 Vacciniacées  (1  espèce) 

4 Composées  (3  espèces) 

2 Euphorbiacées  (2  espèces) 

14  Rubiacées  ( 2 espèces) 

2 Impatiens  (1  espèce). 

Futaie.  — Petits  arbres: 

1 Weinmannia 

1 Pittosporum 

2 Araliacées  (1  espèce). 

Epiphytes.  — Innombrables  individus  de  Fougères 
(9  espèces),  d'Orchidacées  (6  espèces),  de  Peperomia 
(1  espèce),  et  quelques  pieds  d'une  espèce  de 
Kalanchoe. 

Le  sol  est  couvert  d'un  épais  tapis  de  Mousses,  sur  lequel 
croissent  bon  nombre  d'épiphytes  tombés  des  rameaux  ; le  sous- 
bois  est  très  épais,  presque  impénétrable.  Les  feuilles  des 
arbres  et  des  arbustes  sont  étroites,  souvent  glauques  ou 
blanchâtres  et  totalement  persistantes.  Les  troncs  et  les 
rameaux  disparaissent  sous  les  épiphytes,  et  leurs  sommités, 
jusqu’aux  feuilles,  sont  surchargées  de  Lichens.  L'ensemble  ne 
dépasse  pas  12  mètres  de  hauteur. 

T rente-cinq  espèces,  appartenant  à quinze  familles  différentes, 
étaient  représentées  sur  cette  petite  superficie.  On  voit  donc 
que  la  richesse  eu  espèce  et  la  complexité  des  associations 
végétales,  ces  deux  caractères  habituels  de  toutes  les  Forma- 
tions autochtones,  n'ont  pas  encore  diminué  sensiblement  à 
l’altitude  où  a été  faite  cette  observation. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


i 49 


IV.  — Broussailles  éricoïdes  des  hautes  altitudes1 

Un  seul  étage,  ni  sous-bois  ni  futaie  distincte,  végétation  dense  d'ar- 
bustes éricoïdes,  absence  presque  totale  d’épiphytes  autres  que  Lichens 
et  Mousses,  telles  sont  les  caractéristiques  de  celte  Formation  qu’on 
ne  voit  que  sur  les  plus  hautes  cimes  de  lile.  Malgré  leur  port  semblable, 
les  végétaux  qui  la  constituent  appartiennent  aux  familles  les  plus 
diverses,  et  la  richesse  est  presque  aussi  grande  que  dans  les  autres 
Formations  natives.  Rubiacées,  Composées,  Ericacées  sont  les  familles 
dominantes.  Les  types  tempérés  n’y  sont  pas  plus  abondants  que  dans 
les  autres  Formations  de  la  région  centrale.  Ils  y semblent  faire  l'ombre, 
comme  s’ils  étaient  les  restes  d'une  végétation  herbacée  qui  couvrait 
jadis,  lorsqu’il  en  existait  encore,  les  altitudes  supérieures  à 3.000 
mètres. 

Ainsi  que  nous  l’avons  dit  plus  haut,  cette  Formation  est 
le  terme  ultime  des  transformations  que  nous  avons  observées 
jusqu'ici  entre  la  mer  et  les  cimes  culminantes  de  F I le . En 
effet,  elle  ne  diffère  de  la  Formation  précédente  que  par  le 
feuillage  encore  plus  réduit,  la  végétation  toujours  plus  basse, 
plus  ramifiée  et  groupée  en  un  seul  étage,  sans  sous-bois  ni 
futaie  désormais  distincts.  Tous  effets  causés  ici  par  l’augmen- 
tation de  l’altitude. 

Cette  brousse  ne  dépasse  jamais  G mètres  de  hauteur  et 
reste  encore  plus  basse  sur  les  cimes  et  dans  les  endroits 
plus  arides.  C est  un  fourré  souvent  impénétrable,  mais  par- 
fois aussi  plus  clair,  et  abritant  alors  un  tapis  de  Mousses,  où 
croissent  des  Fougères  et  des  Cypéracées.  Les  petits  arbres 
et  les  arbustes  qui  la  composent,  à troncs  tortueux  et  bas, 
ont  presque  en  totalité  un  port  de  Conifère  ou  de  grande 
bruyère.  Malgré  leur  ressemblance  singulière,  ces  arbustes  et 
ces  arbres  appartiennent  aux  familles  les  plus  diverses.  Ce 
sont  surtout  des  Ericacées,  des  Composées,  des  Rubiacées,  des 
Vacciniacées,  mais  à ces  familles,  chez  lesquelles  le  port  éri- 

1.  Localités  observées:  Mont  Tsaratanana,  où  la  Formation  n’existe 
plus  que  sur  l’éperon  Ouest,  de  2.400  mètres  à la  cime  ; Mont  Ibity, 
où  il  n’en  subsiste  que  quelques  restes  ; Massif  de  l’Andringitra,  de  1.800 
à 2.300  mètres,  où  elle  n’est  vierge  que  sur  le  versant  Est.  Il  en  existe 
encore  pourtant  quelques  témoins,  mi-brulés,  sur  le  versant  Ouest. 


i :;o 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


eoïde  n'est  pas  rare,  se  joignent  des  Gentianacées.  des  Lal)iées. 
des’  Mélastomacées.  des  Thesium.  voire  une  Graminée,  toutes 
familles  chez  lesquelles  ce  port  est  plutôt  déroulant.  Les 
rameaux  de  ces  plantes  ne  portent  plus  guère  d’épi phytes  autres 
que  des  Lichens,  dont  le  nombre  augmente  avec  l’altitude 
croissante.  Leurs  feuilles,  toujours  persistantes  et  très  nom- 
breuses, ont  rarement  un  limbe  de  quelque  largeur  : et  leurs 
fleurs,  plus  encore  que  dans  la  Formation  précédente,  sont,  le 
plus  souvent,  de  très  petite  taille  et  sans  coloris. 

On  trouve  parfois,  parmi  les  herbes  qui  vivent  sous  ce  cou- 
vert. quelques  espèces  à faciès  alpin.  Viola  abyssinica  Steudel, 
et  quelques  Carex . mais  la  grande  majorité  des  plantes  de  ce 
type,  Géranium,  Epilobium,  Galium,  Cardamine , Ombelli- 
fères,  semblent  fuir,  comme  dans  les  autres  Formations  de 
la  région  centrale,  le  voisinage  de  la  végétation  arborescente. 
Elles  ne  se  trouvent  que  sur  les  rocailles  et  les  bords  des  ruis- 
seaux, dans  les  lieux  découverts,  au  grand  soleil,  comme  si 
elles  étaient  bien  les  restes  de  la  Formation  herbacée  qui 
devait  recouvrir  les  cimes,  au-dessus  de  la  brousse  éricoïde. 
quand  ces  cimes  atteignaient  encore  et  dépassaient  3.000  mètres, 
alors  que  l'érosion  ne  les  avait  pas  réduites  à leur  altitude 
actuelle. 

En  tout  cas.  l’extrême  cime  du  mont  Tsaratanana.  ce  point 
culminant  de  Madagascar,  comme  les  autres  sommets  où  la 
végétation  native  a été  plus  ou  moins  conservée,  ne  sont  recou- 
verts que  de  brousse  éricoïde.  et  il  faut  bien  reconnaître  que 
les  plantes  de  cette  Formation  n'offrent  aucune  ailinité  avec 
celles  dont  nous  venons  de  parler.  Au  contraire,  même  aux 
plus  hautes  altitudes,  on  observe  encore  des  types  tropicaux, 
un  bambou,  une  liane  Asclépiadacée  , une  Dioscoréacée,  une 
Fougère  arborescente;  et  beaucoup  de  genres  de  la  Formation, 
qu'on  retrouve  dans  toute  la  flore  centrale,  ont  encore  des 
représentants  jusque  sur  la  côte  elle-même.  La  brousse  éri- 
coïde, comme  l’ensemble  de  toute  la  flore  à feuilles  persistantes, 
semble  bien  avoir  la  même  origine  orientale.  Ce  n est  encore 
et  toujours  que  la  flore  de  l'Est  modifiée  par  l'altitude  et  cer- 
tains changements  des  conditions  de  milieu. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


loi 

Sur  ces  hauteurs,  la  richesse  en  espèces  et  la  complexité 
des  associations  végétales,  ces  deux  caractères  dominants  de 
toutes  les  Formations  autochtones  malgaches,  restent  presque 
toujours  aussi  grandes.  Les  deux  listes  suivantes,  où  sont 
dénombrés  les  végétaux  croissant  côte  à côte  sur  100  mètres 
carrés  de  superficie,  listes  dressées  sur  les  deux  seules  cimes 
de  l' Ile  qui  possèdent  encore  quelques  témoins  vierges  de  cette 
végétation,  permettront  de  s'en  rendre  compte. 

I.  — Mont  Tsaratanana , à 2.660  mètres  d'altitude , 
sur  trachyte  phonolitique . 

Sol.  — Plantes  herbacées  : 

1 Impatiens  (1  espèce) 

9 Fougères  (2  espèces) 

5 Viola  ahyssiniea 

5 Ombelliffères  (1  espèce 
7 Cypéracées  (1  espèce) 

Brousse.  — Port  éricoïde  : 

7 Ericacées  (3  espèces) 

2 Podocarpus  (1  espèce) 

3 Vaccinium  (I  espèce) 

3 Composées  (2  espèces) 

1 Rubiacées  (2  espèces) 

2 Thesium  (1  espèce) 

1 Labiée 

10  Graminées  (bambou  dressé,  à feuilles  très  étroites 

et  raides) 

Brousse.  — Arbustes  à feuilles  plus  larges  : 

1 Araliacée 

3 Pittosporum  (1  espèce) 

3 Tiliacées  ( 1 espèce) 

1 Fougère  arborescente 
Epiphytes  : 

2 Fougères  (I  espèce) 

2 Orchidacées  (2  espèces) 

Lichens 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


•ri 


Soit  17  familles  et  2o  espèces.  Ensemble  de  6 à 8 mètres  de 
hauteur.  Troncs  tortueux,  assezgros,  assez  espacés.  Epiph}'tes 
presque  absents,  remplacés  par  des  Lichens.  Le  sol,  un  peu 
humide  par  endroits,  explique  l'abondance  des  plantes  herba- 
cées, plus  rares  que  dans  les  endroits  secs. 


IL  — Massif  de  F Andringitra,  à 2-200  mètres  d'altitude 
sur  gneiss  et  granit. 

Sol.  — Plantes  herbacées: 

Mousses  courtes 
3 Fougères  (1  espèce) 

0 Cladium  (1  espèce) 

Brousse.  — Port  éricoïde  : 

12  Ericacées  3 espèces) 

1 i Composées  (3  espèces) 

2 Daphnéaeées  ( 1 espèce) 

12  Vacciniacées  ( 1 espèce) 

1 Ombellifère 

1 Labiées  (1  espèce) 

10  Rubiacées  3 espèces) 

Brousse.  — Arbustes  à feuilles  plus  larges  : 

10  Composées  (1  espèce) 

3 V accinium  1 espèce) 

3 Malvacées  (2  espèces) 

1 Araliacée  (1  espèce). 

Soit  1 1 familles,  20  espèces.  Ensemble  de  5 à 6 mètres  de 
hauteur,  à plantes  assez  espacées.  Sol  couvert  d un  mince 
tapis  de  mousse  et  parsemé  de  grosses  touffes  de  Cladium , 
dont  les  feuilles  sèches  s'accumulent  en  dôme  autour  de  la 
rosette  des  feuilles  vertes.  Absence  totale  d épiphytes  autres 
que  des  Lichens  et  des  Mousses. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


133 


V.  — Bois  des  pentes  occidentales  l. 

Cette  Formation  était  constituée  par  une  futaie  assez  claire  d'arbres 
tortueux  recouvrant  un  sous-bois  d’arbustes  éricoïdes  ou  à feuillage  de 
myrte.  Très  inflammable,  elle  a été  presque  toujours  détruite  ou  pro- 
fondément modifiée  par  les  feux.  Les  bois  de  tapia  ( Uapaca  clusiacea ) 
n'en  sont  qu'un  reste,  où  toutes  les  autres  essences  ont  été  détruites. 
Ces  tapia,  que  protège  une  écorce  épaisse,  ont  été  protégés  par  les 
indigènes  pour  l’élevage  d’un  ver  à soie  indigène.  Ces  bois  de  tapia  sont 


Bois  de  tapia  et  prairie.  Les  tapia  ont  persisté  surtout  à l abri  des  rocailles 
et  des  vents  de  l'Est.  Environs  d’Antsirabé.  1.800  m.  (Région  du  Centre). 

le  seul  exemple,  dans  l’ile,  d'une  association  végétale  réduite  à une 
seule  espèce  dominante,  et  cette  association  est,  comme  on  le  voit, 
d’origine  toute  artificielle. 

Il  ne  reste  plus  actuellement,  de  cette  Formation,  que 
quelques  bois  sur  le  versant  occidental  du  Centre,  isolés  au 

1.  Localités  observées  : Manankazo  et  Ambohitantelo,  de  1.500  à 
1.700  mètres,  au  N.  E.  d'Antrazobé  ; Est  du  lac  Itasy,  vers  1.300  mètres  ; 
entre  la  Mania  et  le  Matsiatra,  de  14  à 2.000  mètres  ; entre  la  Mania  et 
l’Andrantsay,  vers  1.600  mètres  ; Ambohimanzatra,  au  sud  d’Antsirabé 
vers  1.300  mètres;  Isalo,  de  900  à 1.000  mètres. 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


lO  t 

milieu  de  vastes  régions  totalement  dénudées.  Ces  restes, 
retrouvés  par  nous  entre  la  Mahajamba  et  le  Matsiatra.  c est- 
à-dire  sur  une  distance  de  plus  de  600  kilomètres,  et  les 
espèces  disjointes,  échappées  aux  flammes  grâce  à un  abri 
naturel,  que  I on  retrouve  çà  et  là  entre  ces  témoins,  nous 
ont  permis  de  reconstituer  les  caractères  généraux  de  cette 
Formation  et  d entrevoir  l'étendue  des  territoires  qu  elle 
recouvrait  jadis.  Ces  restes- témoins  qui  nous  ont  permis 
cette  reconstitution,  sont  les  uns  vierges  ou  à peu  près,  les 
autres  plus  ou  moins  modifiés  par  les  feux  et  l'homme,  qui 
les  a conservés  par  suite  de  leur  richesse  en  tapia  [Vapaca  clu- 
siacea  Baker  .arbre  utile  qui  nourrit  le  landibé (Borocera  mada- 
gascariensis  . ce  ver  à soie  des  Malgaches.  Fidèle  à notre  pro- 
gramme d'essayer  de  fixer  l aspect  de  la  végétation  autoch- 
tone malgache  avant  quelle  soit  totalement  éteinte,  nous 
décrivons  d'abord  cette  Formation  telle  qu’elle  devait  être 
lorsqu  elle  était  encore  vierge  : puis  nous  étudierons  ses 
restes  modifiés,  surtout  intéressants  en  ce  qu  ils  sont  le 
seul  exemple,  dans  la  flore  de  l’ile,  d une  association  végétale 
bien  définie,  dans  le  sens  qu'on  lui  donne  en  Europe,  c est- 
à-dire  constituée  par  une  espèce  dominante  accompagnée  de 
tout  un  cortège  de  plantes  commensales. 

Cette  Formation  recouvrait,  entre  8f)0  et  2.000  mètres, 
toutes  les  pentes  de  la  région  centrale  qui  étaient  plus  ou 
moins  préservées,  par  leur  orientation,  de  1 action  des  vents 
dominants  du  Sud-Est.  Elle  était  brusquement  limitée, 
du  côté  de  l’Ouest,  par  les  confins  de  la  flore  à feuilles  per- 
sistantes F Du  côté  de  l'Est,  au  contraire,  elle  se  confondait 
insensiblement  avec  la  forêt  à sous-bois  herbacé  ou.  sur  les 
hauteurs,  avec  la  silve  à lichens  ou  la  brousse  éricoïde. 

1.  Pourtant  sur  l’Isalo.  massif  isolé  dans  le  Sud-Ouest,  au  milieu 
de  la  flore  à feuilles  caduques,  on  retrouve  des  vestiges  de  bois  qui 
appartiennent  bien  à cette  Formation.  Ces  petits  bois,  d'ailleurs  modi- 
fiés par  les  feux  et  les  réeolteurs  de  landibé,  ne  se  distinguent 
guère  de  l’ensemble  de  la  Formation  que  par  quelques  arbustes  à 
feuilles  caduques,  dans  le  sous-bois,  et  l'absence  totale  d’épiphx  tes. 
On  les  trouve  entre  900  et  1.200  mètres  d’altitude,  à l'exposition  Est. 


LA  REGION  CENTRALE 


i 

C'est  une  iutaie  assez  claire  ne  dépassant  jamais  12  mètres 
de  hauteur,  plus  basse  encore  dans  les  endroits  arides.  Les 
arbres,  tortueux  et  bas,  à racines  traçantes,  à rameaux  étalés 
et  nombreux  ',  ont  des  feuilles  presque  toujours  persistantes 
et  coriaces,  à limbe  assez  large,  souvent  de  couleur  terne  ou 
cendrée.  Les  lianes,  assez  nombreuses,  ont  des  tiges  grêles 
et  des  feuilles  étroites  et  persistantes.  Le  sous-bois,  assez 


Megadapis  madagascariensis,  disparu  de  l'ancienne  forêt  du  Centre. 
Reconstitution  du  B.  Standiny  (Académie  malgache). 


épais,  est  constitué  par  des  arbustes  qui  sont  le  plus  sou- 
vent à port  de  myrte,  parfois  aussi  à port  éricoïde,  toujours, 
en  tout  cas,  à feuilles  persistantes.  Le  sol  est  dénudé,  avec, 
de  loin  en  loin,  quelques  plantes  herbacées.  Sur  les  rameaux 

1.  Il  y a une  certaine  relation  entre  le  port  de  ces  arbres  et  la  con- 
formation des  grands  Lémuriens,  Megadapis  et  Paleopropithecus,  qui 
vivaient  jadis  dans  ces  bois.  Ces  animaux  avaient,  en  effet,  des  membres 
antérieurs  grêles  et  allongés,  et  les  postérieurs,  au  contraire,  robustes 
et  beaucoup  plus  courts,  comme  s'ils  étaient  adaptés  à cueillir,  en  se 
dressant  sur  leur  arrière-train,  les  fruits  ou  tes  feuilles  des  basses 
branches  de  ces  arbres. 


156 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


des  arbres,  les  épiphytes  sont  rares,  et  l'on  ne  voit  plus  sur 
leurs  sommités  les  grands  Lichens  pendants,  si  communs  dans 
les  Formations  précédentes. 

La  futaie  est  surtout  composée  d 'Uapaca,  d’ Eugema,  de 
Weinmannia , de  Chlaenacées,  qui  abondent,  dans  cette  For- 
mation, dans  la  futaie  comme  dans  le  sous-bois.  Les  lianes 
sont  des  Asclépiadacées  ( Secainone ),  des  Rubiacées  ( Danais ) 
et  des  Composées.  Parmi  les  arbustes  du  sous-bois,  on  voit 
des  Erytliroxylon , des  Philippia , des  Vaccinium,  quelques 
Araliacées,  des  Légumineuses  et  beaucoup  de  Composées  et 
de  Rubiacées.  Sur  le  sol,  les  Fougères  sont  rares  et  sont 
remplacées  par  des  Cvpéracées  ou  des  plantes  tuberculeuses 
ou  à souche  vivace,  telles  que  Dioscorea,  Asparagus,  Orchi- 
dacées,  etc.  Les  épiphytes  sont  représentés  par  quelques  rares 
Fougères  et  quelques  Orchidacées  qui,  presque  toujours,  sont 
des  Bulbophyllum.  La  caractéristique  la  plus  frappante  de 
ces  bois  est  l'absence  totale  des  bambous,  des  Pamlanus  et 
des  Fougères  arborescentes. 

Voici,  comme  exemple  de  cette  végétation,  le  dénombre- 
ment des  végétaux  observés  sur  100  mètres  carrés  de  super- 
ficie à Manankazo,  au  Nord-Est  d'Ankazobé,  à 1.600  mètres 
d'allitude,  sur  colline  sèche  de  latérite  des  gneiss  : 

Futaie.  — Arbres  : 

3 Uapaca  (1  espèce) 

6 Chlænacées  (3  espèces) 

Lianes  : 

8 Secarnone  (2  espèces) 

2 Composées  (1  espèce) 

1 Danais. 

Sous-bois.  — Arbustes  : 

2 Weinmannia  (I  espèce) 

9 Dracæna  1 espèce) 

3 Composées  1 2 espèces) 

2 Apocynacées  ( 1 espèce) 

3 Celastracacées  (1  espèce) 

3 Araliacées  (1  espèce) 


LA  REGION  CENTRALE 


1 57 


i  Vaccinium  (1  espèce) 

3 Erythroxylon  { 1 espèce) 
t Papilionacée 
1 E uge  nia 
1 Ochna 

li  Rubiacées  ^5  espèces). 

Sol.  — Plantes  herbacées  : 

1 1 Asparagus  ( 1 espèce) 


I’aleopropithecus  maximus , autre  grand  lémurien  disparu  de  l'ancienne  forêt 
du  Centre.  Reconstitution  de  B.  Standiny  (Ac.  malgache). 

9 Fougères  (1  espèce) 

2 Carex  (1  espèce) 

3 Orchidacées  (1  espèce). 

Épiphytes 

o Fougères  (1  espèce) 

13  Orchidacées  (1  Angræcum  et  o Bulbophyllum) . 

Soit  36  espèces,  appartenant  à 19  familles,  sur  1 I 1 indi- 
vidus. Futaie  de  8 à 12  mètres,  à feuilles  persistantes  et 


158 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


petites.  Sous-bois  clair.  Sol  avec  quelques  plantes  herbacées. 
Sur.  les  troncs,  avec  les  épiphytes,  quelques  Mousses  et 
quelques  Lichens. 

Les  bois  de  cette  Formation  situés  près  des  parties  les  plus 
peuplées  du  Centre  ont  tous  été  détruits,  mais  ceux  placés 
dans  les  régions  plus  désertes  ont  parfois  résisté  partielle- 
ment aux  flammes,  tout  en  subissant  de  profondes  modifica- 
tions qui  les  rendent  méconnaissables.  Les  feux  en  ont 
détruit  lentement  presque  tous  les  arbustes  du  sous-bois  et 
la  plupart  des  arbres  de  la  futaie,  sauf  le  tapia  Uapaca  clu- 
siacea  , plus  résistant,  grâce  à son  écorce  épaisse.  Puis  les 
indigènes,  attirés  dans  ces  bois  par  les  fruits  du  tapia  et  les 
cocons  du  landibe.  ont  ensuite  parachevé  l'œuvre  des  flammes 
en  enlevant  pour  leur  usage  les  arbres  et  les  arbustes  qui  ne 
leur  semblaient  pas  utiles.  De  cette  action  commune  de 
l'homme  et  des  feux  sont  nés  les  bois  de  tapia,  ensemble 
d’ailleurs  tout  transitoire,  destiné  à disparaitre  bientôt  devant 
la  Prairie  ’,  mais  qui  diffère  notamment  de  la  Formation  dont 
il  n’est  qu’un  reste  et  de  toutes  les  Formations  autochtones 
malgaches  par  la  futaie  constituée  d une  seule  essence  et  la 
pauvreté  en  espèces  du  sous-bois.  Ces  bois  constituent  ainsi 
une  association  végétale  en  tout  comparable  à celle  du  châ- 
taignier : le  tapia  en  est  l’espèce  dominante  et  les  espèces 
commensales  y sont  représentées  par  les  rejets  des  anciennes 
plantes  arborescentes  détruites,  les  restes  du  sous-bois  et  les 
plantes  herbacées  du  sol. 

Le  seul  exemple  d’une  association  végétale  nette 1  2 qu’il  nous 
ait  été  donné  d’observer  dans  toute  la  flore  autochtone  mal- 
gache est  donc  une  conséquence  directe  de  Faction  de 
l’homme  et  des  feux.  Partout  ailleurs,  dans  les  Formations 
vraiment  vierges,  il  existe  bien  des  associations  végétales, 
mais  elles  sont  alors  d'une  complexité  telle  qu  elles  ne  sont 

1.  Les  sous-bois  de  tapia  actuels  disparaissent  en  effet  lentement 
devant  les  feux.  Les  graines  de  cet  arbre  ne  germent  pas  dans  les 
endroits  découverts,  ce  qui  revient  à dire  que  le  tapia  est  en  voie 
d’extinction. 

2.  Dans  le  sens  qu'on  lui  donne  en  Europe. 


LA  KELION  CENTRALE 


159 

plus  comparables  en  rien  à celles  qu'on  a observées  en 
Europe. 


VI.  — Pelouses  a xérophytes  L 

Les  espèces  assez  nombreuses  de  celte  Formation,  qui  est  localisée 
sur  les  rocs  dénudés,  sont  toutes  adaptées  d'une  manière  remarquable 
aux  alternatives  d'humidité  et  de  sécheresse  particulières  à ce  stat.  Les 
unes  paraissent  des  types  de  la  région  centrale  adaptés  à ce  milieu,  les 
autres  des  types  de  la  Flore  sous  le  Vent  ayant  essaimé  vers  les  hau- 
teurs. Ces  dernières  sont  les  seules  qui  relient  la  Flore  du  Vent  à la 
Flore  sous  le  Vent. 

C'est  une  joie,  pour  un  botaniste  qui  vient  de  parcourir, 
pendant  de  longues  journées,  d’immenses  étendues  sans 
autre  plante  que  les  espèces  éternelles  et  lassantes  de  la 
Prairie,  de  trouver  soudain,  au  milieu  des  rocailles  nues, 
barrière  infranchissable  au  feu,  toute  une  flore  étrange  et 
belle,  dont  la  richesse  en  espèces 1  2 contraste  violemment  avec 
la  pauvreté  de  la  végétation  modifiée  d’alentour.  Sur  un  épais 
tapis  de  Lichens  et  de  Mousses  — écrin  de  ces  joyaux  de  la 
flore  malgache  — croît  là  toute  une  légion  d’espèces  au 

1.  Localités  observées  : Tampoketsa,  au  nord-est  d’Ankazobé,  vers 
1.600  mètres;  Mont  Xamakia,  entre  la  Mahajamba  et  la  Betsiboka,  vers 
1.000  mètres;  Angavobé,  à l’est  de  Tananarive  ; Mont  Vavato  de  l’Anka- 
ratra,  de  1.600  à 2.000  mètres;  Cimes  de  quartzite,  entre  Betafo  et  le 
Matsiatra,de  1.600  à 2.000  mètres  ; Ambalofangena,  vers  1.700  mètres  ; 
coulées  récentes  des  volcans  de  Betafo,  à 1.300  mètres;  Mont  Andringi- 
tra,  vers  2.400  mètres  ; Isalo,  de  1.200  à 1.500  mètres  ; Mont  Bekinoly  et 
mont  Belambana,  au  sud  d'Ambalavao,  de  800  à 1.500  mètres. 

2.  Cette  richesse  en  espèces  resterait  inexplicable  pour  ceux  qui  ont 
prétendu  que  la  Prairie  était  une  conséquence  naturelle  de  climat  et  du 
sol.  Comment  expliquer,  en  effet,  que,  sous  un  même  climat,  des  sols 
secs,  arides,  possèdent,  lorsqu'ils  sont  protégés  des  feux,  une  flore  si 
riche,  alors  que,  tout  à côté,  les  mêmes  sols,  placés  dans  des  conditions 
bien  meilleures  d'humidité  et  de  fertilité,  ne  sont  uniformément 
recouverts  que,  de  quelques  espèces  cosmopolites  ou  ubiquistes  ? La 
seule  réponse  à cette  question  est  celle-ci  : là,  la  flore  autochtone  a per- 
sisté avec  toute  sa  richesse  native  ; ici,  elle  a été  détruite  en  totalité 
par  les  feux. 


160 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


port  étrangement  divers,  souvent  pourvues  d éclatantes 
corolles,  toujours  merveilleusement  adaptées  à ce  stat  si  sec 
et  parfois  si  humide  que  sont  les  rocs  dénudés.  C'est  cette 
végétation,  à la  fois  bizarre,  élégante  et  gracieuse,  que  nous 
avons  appelée  Pelouses  h xérophytes. 

Cette  Formation  est  la  seule,  de  toutes  celles  de  la  flore  h 
feuilles  persistantes,  qui  présente  de  réelles  affinités  avec 


Végétation  xéropliile  des  coulées  basaltiques  de  Javoka, 
près  Betafo,  en  mai. 

celles  de  la  flore  à feuilles  caduques.  En  effet,  beaucoup  de 
ces  espèces  ne  sont  manifestement  que  des  plantes  de  l'Ouest, 
avant  essaimé  vers  ces  hauteurs,  en  se  mutant  ou  se  modi- 
fiant plus  ou  moins.  A mesure  que  l'on  descend  sur  le  ver- 
sant du  canal  de  Mozambique,  le  nombre  de  ces  formes  occi- 
dentales augmente  de  plus  en  plus,  et  l'on  passe  ainsi  gra- 
duellement, vers  la  cote  800.  aux  formations  similaires  de  la 
flore  à feuilles  caduques.  Aussi  décrirons-nous  cette  Forma- 
tion en  commençant  par  les  plus  hautes  cimes,  pour  en  suivre 
ensuite  pas  à pas  les  modifications  successives  jusqu'aux 
limites  Ouest  de  la  région  du  Centre. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


I 6 I 


L'endroit  le  plus  élevé,  et,  en  même  temps,  le  plus  orien- 
tal, où  nous  avons  commencé  à apercevoir  des  traces  de  cette 
Formation  est  la  cime  de  l'Andringitra,  vers  2.400  mètres 
d'altitude.  Là,  les  xérophvtes  ne  dépassent  guère  40  centi- 
mètres de  hauteur  ; c’est  un  mélange  curieux  d'espèces  du 
faciès  alpin  ( Bromus , Galium),  Ombellifères  tuberculeuses, 


Euphorbe  aphylle  des  pelouses  à xérophyles  du  Centre,  planté  dans  un  jardin 

à Tananarive. 

de  formes  du  Centre  ( Helichrysum , Philippia ) et  de  types  de 
l’Ouest  ( Vellosia  et  Dioscorea  . Toutes  ces  plantes  sont 
vivaces,  naines  et  rabougries.  Trois  ont  des  tiges  annuelles 
et  des  racines  tuberculeuses.  Le  Vellozia  seul  appartient 
nettement  à un  type  qui  restera  désormais  uniquement  can- 
tonné dans  cette  Formation.  Encore  a-t-il  un  port  tout  par- 

n 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


162 


ticulier,  sur  ces  hauteurs  où  l'humidité  est  constante.  Il  con- 
serve, en  effet,  pendant  toute  Tannée  ses  feuilles  vertes  et 
étalées,  tandis  que,  chez  toutes  les  autres  formes  du  même 
genre  que  nous  trouverons  plus  bas,  les  feuilles,  pendant  la 
période  de  sécheresse,  sont  sèches,  repliées  et  paraissent 
mortes,  quoique  prêtes  k s'étaler  et  k redevenir  presque  instan- 
tanément vertes,  dès  la  première  pluie. 

Plus  bas,  vers  2,000  mètres  (Vavavato  de  l'Ankaratra, 
cimes  de  quartzite  du  Betsileo)  cette  végétation  devient  un 
peu  plus  haute.  Les  types  de  faciès  alpin  ont  disparu,  et  la 
Formation  n’est  plus  constituée  que  par  des  formes  alliées 
aux  espèces  des  autres  Formations  du  Centre  et  par  quelques 
représentants  des  genres  qui,  plus  bas,  deviendront  prépon- 
dérants. Parmi  ces  derniers,  on  remarque  déjà  un  Pacln/ po- 
dium P.  brevicaule  Baker  k tige  monstrueuse,  deux  ou  trois 
Aloe  et  Vellozia,  et  quelques  Kalanchoe  remarquablement 
velus.  Les  types  provenant  de  la  flore  du  Centre  sont  surtout 
de  petits  arbustes  k port  éricoïde  Composées.  Ericacées, 
Bubiacées  ou  des  Senrcio  Kleinoidea  k feuilles  grasses,  les 
unes  k port  de  Sempervivurn,  les  autres  imitant  k s'y  méprendre 
certaines  Crassulacées  subarborescentes. 

Sur  Tlsalo.  k 1.500  mètres,  malgré  l’isolement  de  ce  mas- 
sif au  milieu  de  la  flore  k feuilles  caduques,  on  observe  encore 
dans  les  Pelouses  k xérophvtes  une  remarquable  abondance 
des  espèces  du  Centre,  mélangées,  il  est  vrai,  k des  Acan- 
thacées  et  des  Légumineuses,  familles  surtout  occidentales. 
Sur  le  mont  Tsitongambalala,  une  des  cimes  culminantes 
de  Tlsalo,  par  exemple,  cette  Formation  était  ainsi  com- 
posée 1 : 

12  Composées  3 espèces^,  dont  2 arbuscules  k feuilles  cras- 
sulantes  et  10  arbustes  éricoïdes. 

1 1 Euphorbia  I espèce),  à tige  cactée  et  épineuse. 

3 Ischnolepis  tuberosa,  arbustes  k feuilles  caduques  et  k 
racines  tuberculeuses. 

1.  Dénombrement  des  plantes  poussant  côte  à côte  sur  100  mètres 
carrés  de  superficie. 


LA  REGION  CENTRALE 


163 

7 Kalanchoe  (1  espèce),  herbes  vivaces  crassulentes. 

10  Philippia  (2  espèces),  arbuscules  éricoïdes. 

10  Rubiacées  (2  espèces)  » » 

i Acanthacées  (1  espèce)  » à feuilles  caduques, 
o Légumineuses  ( 1 espèce)  » » » 


Senecio  [ Kleinoidea ).  Composée  à feuilles  grasses,  des  pelouses  à xérophvtes 
de  la  région  centrale.  Cultivé  à Tananarive. 

20  Vellozia  (4  espèces),  herbes  arborescentes  ne  dépassant 
pas  1 mètre  de  haut. 

3 Angræcum  (1  espèce),  épiphvtes  sur  les  rocs. 

2 Aloe  (1  espèce). 

o Cypéracées  (1  espèce),  herbe  vivace. 


Ces  19  espèces  croissaient  sur  un  tapis  assez  épais  de 
Mousses  (1  espèce),  de  Lichens  (2  espèces)  et  de  Selaginella 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


161 

(1  espèce).  L’ensemble  était  nettement  éricoïde.  Les  Vellozia, 
les  .Cypéracées,  les  Lichens,  les  Mousses  et  les  Selaginella 
avaient  des  organes  végétatifs  qui  étaient  secs  et  blanchâtres 
en  temps  ordinaire,  mais  se  gorgaient  d'eau  et  redevenaient 
verts  à la  moindre  humidité. 

Sur  les  cimes  granitiques  du  plateau  central  (Tampoketsa 
d’Ankazobé,  Angavohé,  mont  Belambana,  environs  d'Ambo- 
sitra,  etc.),  aune  altitude  un  peu  inférieure  (1.000  à 1.400 
mètres)  le  port  éricoïde  disparaît,  et  les  Kalanchoe  à feuilles 
glabres,  les  -1/oe,  les  Vellozia  deviennent  plus  nombreux.  En 
même  temps  apparaissent  deux  types  nouveaux,  Ci/nanchum  et 
Euphorbes  aphylles,  types  ici  rabougris  et  rares  encore,  mais 
qui  augmenteront  désormais  en  nombre  et  en  taille  à mesure 
que  nous  nous  rapprochons  de  l'Ouest  et  du  Sud.  A ces  formes 
déjà  franchement  occidentales  se  joignent  encore  des  Angræ- 
cum  et  des  Composées  à feuilles  grasses  *,  qui  ne  disparaîtront 
totalement  que  vers  les  limites  du  Centre. 

Sur  ces  limites,  vers  8 à 900  mètres  d'altitude  (Masakoa- 
mena,  sur  le  Bemarivo;  mont  Bekinoly,  au  sud  d'Ambalavao) 
les  pelouses  à xérophytes  existent  encore  avec  tous  leurs 
caractères,  mais  déjà  les  espèces  y atteignent  une  taille  plus 
grande,  et  la  Formation  est  envahie  parles  grandes  Euphorbes 
du  port  d'E.  Larn  et  des  arbustes  à feuilles  caduques.  Bientôt 
rien  ne  distinguera  plus  cette  végétation  des  autres  Forma- 
tions xérophytes  de  l'Ouest  et  du  Sud. 

Voici,  pour  donner  un  exemple  du  passage  graduel  de  cette 
Formation  à celles  de  l'Ouest  et  du  Sud,  l’énumération  des 
formes  observées  sur  la  cime  granitique  du  mont  Bekinoly, 
près  Zazafotsy,  à 800  mètres  d'altitude. 

2 espèces  de  P ac  h y podium,  à tiges  monstrueuses,  épineuses 
et  aplaties  sur  les  rocs. 

1 espèces  d’Asclépiadacées,  dont  Isclinolepis  tuberosa  et 

3 Cynanchum , lianes  aphylles. 

7 espèces  d ’Euphorbia,  dont  deux  cactiformes  et  épineuses, 

4 arborescentes  et  aphylles  et  l une  à feuilles  caduques. 


I.  Senecio  de  la  section  Kleinoidea. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


165 

3 espèces  de  Composées,  3 plantes  subarborescentes  à 
feuilles  grasses  et  à port  de  Kalanchoe  Scnecio  de  la 
section  Kleinoidea). 

1 espèce  d'Obetia , arbuste  à feuilles  crassulantes,  aroma- 
tiques et  caduques. 

3 espèces  de  Labiées,  arbustes  aromatiques  à feuilles 
épaisses. 


Tapia  ( Uapaca  clusiacea)  ayant  persisté  grâce  à la  protection  de  rochers. 
Environs  d’Ambositra. 


7 espèces  de  Kalanchoe , toutes  à feuilles  crassulantes, 
2 arborescentes  et  à feuilles  caduques,  2 acaules  ou  sub- 
acaules,  3 à tiges  herbacées. 

4 espèces  d'Aloe,  dont  2 naines  et  acaules,  les  2 autres 
arborescentes. 

4 espèces  de  Vellozia,  dont  2 acaules  et  2 arborescentes. 

3 espèces  d’ Angræcum,  épiphvtes  xérophiles,  Mi/osuran- 
dra  moschata,  arbuste  éricoïde,  à feuilles  réviviscentes. 

1 Cvpéracée,  herbe  h feuilles  fines  s'accumulant  en  dôme 
au-dessous  de  la  rosette  des  feuilles  vertes. 

3 espèces  de  Fougères  à frondes  réviviscentes. 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


166 

Toutes  ees  plantes  croissaient  encore  au  milieu  d’un  épais 
tapis  constitué  par  une  Mousse,  un  Lichen  et  un  Selaginella. 

On  remarquera,  en  étudiant  le  détail  des  exemples  pré- 
cédemment cités,  que  l'adaptation  à la  sécheresse,  d'ailleurs 
inconstante,  du  stat  et  aux  effets  des  vents  dominants,  vents 
encore  humides  sur  les  hauteurs,  mais  de  plus  en  plus  secs 
à mesure  que  l'on  descend  sur  le  versant  occidental,  est 
acquise  par  des  moyens  infiniment  divers.  Néanmoins  ces 
moyens  peuvent  être  groupés  en  6 séries  différentes,  corres- 
pondant chacune  à un  port  particulier  ou  h un  groupe  de  ports 
analogues  : 

1°  Ramification  exagérée  et  feuillage  réduit.  Port  éri- 
coïde.  — Ce  port  n'est  observé  que  sur  les  rocailles  de  haute 
altitude,  c'est-à-dire  exposées  à l'alizé  encore  humide.  Il  dif- 
fère du  port  des  arbustes  à feuillage  réduit  du  Sud,  dont  il 
sera  question  plus  loin,  par  les  rameaux  plus  longs,  moins 
épais,  plus  fragiles,  et  les  feuilles  persistantes,  plus  étroites 
et  beaucoup  plus  nombreuses. 

2°  Tiges  cactées  et  épineuses.  Feuilles  membraneuses  et 
très  caduques.  — Port  des  Pachy podium  voisins  du  P.  brevi- 
caule  Baker  et  de  certaines  euphorbes. 

3°  Rameaux  aphylles,  verts  et  charnus,  avec  revêtement 
cireux  disparaissant  en  saison  des  pluies.  — Port  des  euphorbes 
du  groupe  d /:'.  Laro  et  des  Cynanchum.  Ces  plantes  n'ont, 
en  général,  que  des  écailles  foliaires  très  fugaces,  mais  on 
observe  néanmoins  chez  Y Euphorhia  orthoclada  des  feuilles 
membraneuses  et  très  caduques,  analogues  à celles  du  groupe 
précédent,  insérées  sur  les  rameaux  verts  et  charnus. 

i°  Feuilles  bien  développées , charnues,  souvent  recouvertes 
d'un  enduit  cireux  temporaire,  lorsqu'elles  sont  glabres.  — 
Plusieurs  ports  sont  a signaler  dans  ce  groupe  : 

A.  — Port  d'aloës,  représenté  par  des  Aloe  et  Angræcum 
xérophiles  dont  la  rosette  des  feuilles  se  resserre  vers  le 
centre  pendant  la  saison  sèche. 

B.  — Port  de  Kalanchoe,  à tiges  et  feuilles  charnues  et 
velues  /type  uniquement  localisé  sur  les  Pelouses  à xéro- 
ph  vtes  des  hautes  altitudes,  où  l’air  est  plus  humide. 


LA  ItÉfilON  CENTRALE 


I ()7 

C.  — Planton  grasses  subarborescentes  et  à feuilles  char- 
nues et  glabres  ; beaucoup  de  Kalanchoe  et  de  Composées. 

D.  — Pla  nies  grasses  vivaces  et  acaules  ‘ quelques  Compo- 
sées et  Kalanchoe . 

E.  — Plantes  grasses  vivaces  à tiges  annuelles.  Port  de 
quelques  Kalanchoe  dans  le  Centre,  bien  plus  fréquent  sur 
les  territoires  de  la  flore  à feuilles  caduques. 


Forêt  à sous-bois  herbacé,  détruite  sur  les  pentes  exposées  à l'Est.  On  dis- 
tingue des  parties  plus  récemment  détruites  par  les  feux.  Andozobato,  vers 
1500  m.  ait.  Région  du  Centre). 

F.  — Feuilles  charnues,  velues , aromatiques  et  caduques, 
représentées  dans  le  Centre  par  un  Obetia  et  quelques  Labiées. 

G.  — Feuilles  dimorphes,  les  unes  membraneuses  et 
minces  (saison  des  pluies),  les  autres  petites  et  charnues 
( saison  sèche).  Les  deux  derniers  ports,  dont  on  ne  voit  ici 
des  exemples  que  sur  les  limites  Ouest  de  la  Formation,  sont 
bien  plus  fréquents  dans  les  régions  de  l’Ouest  et  du  Sud. 

5°  Organes  végétatifs  secs  et  blanchâtres,  paraissant  morts 
en  temps  de  sécheresse,  se  gonflant  d'eau  et  reverdissant  à la 
première  pluie.  Groupe  comprenant  les  ports  les  plus  divers  : 


1158 


T.A  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Lichens,  Mousses,  Pellca , Cheilanthes , Selaginella.  Vellozia, 
une.  Cypéracée,  et  Myosurandra  moschata.  Cette  dernière 
plante  est.  en  outre,  éricoïde  et  aromatique. 

6°  Plantes  bulbueuses  ou  tuberculeuses , à tiges  annuelles, 
grimpantes  ou  arborescentes. 

Tous  ces  groupes,  sauf  le  premier,  dont  nous  n'observerons 
plus  d’exemple,  sont  d'autant  mieux  représentés  que  l'on 
descend  davantage  sur  le  versant  occidental.  Les  plantes  de 
ces  ports  abondent  dans  l'Ouest,  et  surtout  dans  le  Sud, 
région  qu  elles  recouvrent  presque  en  entier. 

Les  espèces  des  Pelouses  à xérophytes  ont  souvent  des 
fleurs  grandes  et  brillantes,  quelle  que  soit  l'altitude  du  lieu 
où  elles  croissent.  C'est  d'ailleurs  un  caractère  qui,  dans  l'Ile, 
est  commun  à beaucoup  des  espèces  des  formations  xéro- 
phytes. Les  plantes  des  Formations  forestières,  au  contraire, 
ont  le  plus  souvent  des  fleurs  ternes  et  sans  éclat. 

En  résumé,  la  Formation  des  pelouses  à xérophytes  est  le 
seul  lien  qui  relie  insensiblement  la  llore  à feuilles  caduques 
à la  flore  à feuilles  persistantes.  La  plupart  de  ses  espèces 
sont  manifestement  des  formes  occidentales  ou  méridionales 
qui  se  sont  avancées  jusqu'aux  cimes  de  Pile,  grâce  à la 
sécheresse  des  rocs  dénudés,  stat  où  ces  plantes  retrouvent  des 
conditions  analogues  à celles  de  leur  région  d’origine.  Les 
autres  sont,  au  contraire,  des  formes  de  la  région  centrale 
adaptées  à ce  stat  si  particulier.  Toutes  sont  admirablement 
organisées  pour  résister  à des  alternatives  de  forte  humidité  et 
d'intense  sécheresse. 

VIL  — Faciès  de  déni  dation. 


Toutes  les  Formations  de  la  région  centrale,  surtout  la  silve  à lichens 
et  les  broussailles  éricoïdes,  sont  très  inflammables.  Aussi  sont- elles 
très  rapidement  détruites  par  les  incendies.  La  dénudation  commence 
toujours  parles  cimes.  Quelques  bois  persistent  quelque  temps  dans  les 
replis  de  terrain,  mais,  en  général,  4 ou  il  incendies  successifs  suffisent 
pour  changer  une  verdoyante  forêt  en  maigre  prairie  à Aristidea. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


169 


Les  formations  autochtones  de  la  région  centrale  n ont  pas 
été  détruites  comme  dans  l'Est.  Point  n’est  besoin  ici  d'un 
abatage  préalable  de  la  plupart  des  arbres  pour  préparer 
l'incendie  de  la  forêt.  Toute  cette  végétation  a brûlé  et  brûle 
encore  avec  une  très  grande  facilité.  L'homme  est  bien  encore 
ici  la  cause  première  de  la  destruction  de  la  flore  autochtone, 
mais  il  l’est  d’une  façon  moins  directe,  avec  plus  de  passivité. 


Lac  Andranomena  dans  le  bassin  de  la  Tsiribihina,  région  Ouest.  Les 
touffes  de  roseaux  des  bords  et  des  îles  sont  des  bararata  Phragmiles 
communis,  var.). 

La  forêt  à sous-bois  herbacé,  pourtant  si  humide  parfois, 
devient  facilement  la  proie  des  flammes  après  quelques  jours 
de  sécheresse  ou  de  vent  persistant.  La  silve  à lichens  et  la 
brousse  éricoïde  sont  presque  en  tout  temps  excessivement 
inflammables.  Les  bois  occidentaux,  grâce  à leur  sous-bois 
moins  dense,  résistent  davantage  aux  vrais  incendies  de  forêts, 
mais  les  feux  de  prairie,  que  favorisent  dans  ces  régions  une 
sécheresse  plus  grande  et  des  vents  plus  violents,  ne  les 
détruisent  pas  moins,  dune  manière  peut-être  plus  lente, 
mais  tout  aussi  sûre,  aussi  totale.  Quant  aux  Pelouses  à xéro- 


170 


I.A  VEGETATION  MALGACHE 


pintes,  la  moindre  étincelle  qui  tombe  dans  leur  tapis  de 
Mousses  et  de  Lichens  suffit  à les  faire  flamber  '. 

Sur  les  terrains  occupés  par  les  trois  premières  Forma- 
tions, le  sol,  après  l'incendie,  se  couvre  presque  instantané- 
ment de  ce  que  nous  avons  appelé  les  Savoka  à Philippin , 
végétation  épaisse  de  Fougères  et  de  bruyères,  avec,  çà  et  là. 
quelques  rejets  de  souches  non  totalement  carbonisées.  Ces 
Savoka  à Philippin , bien  plus  inflammables  encore  que  la  For- 
mation détruite,  flambent  dès  la  première  occasion,  c’est-à- 
dire  dès  qu'un  indigène  passe  dans  ces  parages.  Ils  ne 
résistent  pas  à 2 ou  3 feux  consécutifs  et  sont  vite  remplacés 
à leur  tour  par  une  prairie  qui  est  d'abord  luxuriante,  mais 
devient  bientôt,  à la  suite  des  feux  toujours  répétés,  aussi 
pauvre,  aussi  maigre  que  celle  des  espaces  dénudés  d’alen- 
tour . 

Dans  les  bois  des  pentes  occidentales,  la  Prairie  remplace 
directement  la  forêt  détruite,  sans  l'intermédiaire  des  Savoka 
à Philippin.  Elle  est  seulement  beaucoup  plus  dense,  plus 
épaisse  sur  l'emplacement  des  futaies  nouvellement  brûlées, 
ce  qui  permet  aux  flammes,  l’année  suivante,  d'attaquer  avec 
plus  de  violence,  grâce  aux  chaumes  entassés,  les  restes  de 
la  forêt.  Les  Pelouses  à xérophytes  atteintes  par  les  feux 
périssent  totalement  dès  le  premier  incendie.  Quelques  Vello- 
zin  et  plantes  bulbeuses  persistent  néanmoins,  mais  ces 
espèces  sont  tôt  ou  tard  étouffées  par  les  Graminées  de  la 
prairie,  qui,  tenaces,  insensibles  à tous  changements  de  sol. 
d’humidité,  de  lumière,  envahissent  ce  stat  comme  ceux  des 
autres  Formations,  dès  qu'il  est  soumis  au  régime  des  feux. 

Dans  le  Centre,  la  transformation  d'une  belle  futaie  en 
maigre  prairie  se  fait  d'une  manière  très  rapide,  bien  plus 
rapide  que  dans  les  autres  régions  de  l'île.  Il  ne  faut  pas  plus 
d'une  dizaine  d’années  ou,  plus  exactement,  d'une  dizaine  de 
feux  consécutifs  pour  détruire  dans  un  endroit  donné  la  végé- 
tation autochtone  tout  entière,  sauf  les  quelques  espèces  à 

1.  La  moindre  atteinte  des  llarmnes  fait  mourir  les  plantes  crassu- 
lantes. 


f.A  RKIÜON  CENTRALE 


171 


tige  annuelle  et  à souche  vivace  et  souterraine  qui  persistent 
souvent  dans  la  prairie. 

Malgré  la  rapidité  de  cette  transformation,  le  processus  de 
la  dénudation  comporte  néanmoins  plusieurs  phases,  qui  don- 
nent chacune  au  paysage  des  traits  particuliers  et  caractéris- 
tiques. Ces  phases  sont  les  suivantes  1 : 


Marais  à Raphia,  avec  Pandanus  (Ambongo,  région  Ouest  . 


1°  Phase  des  crêtes  dénudées.  Les  cimes,  les  crêtes  et  les 
dos  d'âne  seuls  sont  dénudés  dans  cette  première  phase.  La 
forêt  ou  la  broussaille  autochtone  persistent  encore  partout 
ailleurs. 

1.  Dans  toute  l'Ile  (même  sur  la  côte  Est,  dans  les  savoka  se  trans- 
formant en  prairies),  la  dénudation  commençant  par  les  crêtes  ou  les 
cimes  est  caractéristique  des  feux  de  brousse  ou  de  forêts  qui  détruisent 
la  végétation,  sans  l'intervention  directe  de  l'homme.  Lorsque  cette 
végétation  ne  flambe  pas  naturellement,  lorsqu'il  est  nécessaire  d'abattre 
la  forêt  avant  de  la  brûler,  la  dénudation  commence  par  les  bas-fonds 
et  par  les  vallées.  Dans  le  premier  cas,  des  restes  de  la  végétation  per- 
sistent longtemps  dans  les  replis  de  terrain  ou  sur  les  bords  des  cours 
d’eau,  dans  le  second,  au  contraire,  sur  les  cimes  et  les  endroits  arides. 


172 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Le  caractère  très  inflammable  île  la  Silve  à Lichens  et  de  la 
Brou'ssaille  éricoïde. explique  pourquoi  la  dénudation  commence 
toujours  ici  par  les  lignes  de  partage  des  eaux,  par  les  crêtes 
des  collines  et  des  montagnes.  On  voit  encore  de  beaux 
exemples  de  ce  stade  dans  les  massifs  d’ Ambre,  de  Tsarata- 
nnna  et  dans  les  forêts  situées  à Lest  de  l'Imerina  et  du  Betsi- 
léo. 

2°  Phase  des  boqueteaux.  Il  n'y  a plus  que  de  petits  bois 
isolés  dans  les  replis  du  terrain,  dans  les  endroits  rocailleux , 
aux  bords  des  rivières,  partout  en /in  où  un  obstacle  naturel  a 
empêché  les  feux  de  détruire  les  derniers  restes  de  la  véqé ta- 
lion autochtone.  L'érosion , rendue  plus  active  par  la  dénuda- 
tion, commence  à creuser  d'énormes  ravins  sur  le  pane  des  col- 
lines et  des  montagnes. 

Ces  boqueteaux  résisteraient  longtemps  au  feu,  qui  souvent 
ne  peut  les  atteindre,  mais  ils  sont  alors  généralement  détruits 
directement  par  l'homme,  soit  qu'ils  ne  suffisent  plus  à la 
consommation  locale,  soit  qu'ils  soient  défrichés  parla  méthode 
des  tavy,  très  employée  jadis  par  les  indigènes  du  Centre.  Les 
boqueteaux  du  Tsiafajavona  et  des  environs  de  Mandritsara 
sont  des  exemples  de  cette  seconde  phase. 

3°  Phase  de  la  prairie.  Les  végétaux  ligneux  ont  totalement 
disparu , et  le  sol  est  uniformément  couvert  d'une  prairie 
d'abord  dense,  mais  qui  s' appauvrit  de  plus  en  plus  et  laisse 
en/in  apparaître  partout  la  latérite  rouge  cl  compacte.  De  pro- 
fondes a lavaka  » multicolores  éventrent  les  flancs  des  collines 
et  des  montagnes.  La  vie  et  la  culture  se  concentrent  dans  les 
fonds  <les  vallées,  et  le  paysage  prend  un  aspect  aride  et 
désolé,  presque  lunaire. 

C'est  la  phase  actuelle  de  l'Imerina  et  du  Betsiléo. 

Ces  phases,  dont  la  durée  dépend  de  facteurs  éminemment 
variables  selon  le  temps  et  le  lieu,  orientation,  sécheresse, 
intensité  des  vents,  caractères  végétatifs  des  Formations, 
densité  de  la  population  1 , etc.,  ne  peuvent  nous  fournir  aucune 

1.  Dans  toute  l’Ile,  quand  l'homme  (ou  le  choute)  pénètre  clans  une 
région  boisée,  la  clairière  et  la  prairie  le  suivent. 


LA  RÉGION  CENTRALE 


173 


donnée  sur  la  date  de  la  destruction  de  la  foret  dans  les  par- 
ties les  plus  peuplées  du  Centre.  Des  données  géologiques 
nous  permettent  heureusement  de  combler  en  partie  cette 
lacune.  La  disparition  de  la  forêt  y est  certainement  contem- 
poraine de  l’arrivée  de  l'homme  et  de  l’extinction  des  Epyornis, 
des  Hippopotames  et  des  grands  animaux  contemporains,  que 
l’homme  a détruits  vraisemblablement  en  même  temps  que 
la  végétation  primitive.  On  trouve,  en  ell'et,  dans  les  parties 
supérieures  des  couches  à subfossiles  du  Centre,  des  bois 
brûlés  et  des  traces  humaines,  qui  ne  peuvent  laisser  aucun 
doute  à cet  égard.  En  outre,  ces  dépôts  à subfossiles  sont  eux- 
mêmes  postérieurs  aux  dernières  coulées  des  derniers  volcans 
de  l lle,  coulées  d’ailleurs  d une  remarquable  fraîcheur.  Ür  si, 
d une  part,  on  songe  au  certain  nombre  de  siècles  qui  ont  dû 
s'écouler  entre  les  dernières  coulées  et  l’extinction  des  Epyor- 
nis, et  que,  d’autre  part,  on  considère  le  temps  qu'il  a fallu  aux 
denses  populations  du  Centre  pour  se  constituer,  on  peut 
conclure  de  tous  ces  faits,  que  la  destruction  de  la  forêt  y 
date  au  moins  de  cinq  siècles  et  au  plus  de  4.000  ans  *.  11 
sera  toujours  probablement  impossible,  faute  de  documents 
historiques,  de  préciser  davantage  cette  date. 

E.  F.  Gautier,  dans  son  beau  livre  sur  la  Géographie  Phy- 
sique de  Madagascar,  prétend  (p.  233  et  suivantes)  que  les 
argiles  latéritiques  du  Centre  n'ont  jamais  pu  nourrir  une 


1.  Gautier  (Madagascar.  Essai  de  Géographie  physique)  a essayé  de 
prouver  que  l’Imerina  n'a  jamais  été  boisée,  en  s’appuyant  sur  ce  fait 
que  Mayeur  n’y  aurait  pas  vu  de  forêts,  en  parcourant  cette  région,  il 
y a un  peu  plus  de  cent  ans.  La  densité  de  la  population  du  Centre, 
l’étendue  des  cultures  et  leur  degré  de  perfection,  tout  prouve  (pie  les 
indigènes  y sont  installés  depuis  de  longs  siècles.  Or,  ces  indigènes, 
par  suite  de  leurs  habitudes  et  des  caractères  de  la  forêt  du  Centre,  ne 
pouvaient  pas  coexister  avec  la  forêt.  Elle  a disparu  devant  eux,  au  fur 
et  à mesure  qu’ils  s’accroissaient  en  nombre  et  qu’ils  étendaient  leurs 
cultures  et  leurs  pâturages.  Au  surplus,  Mayeur,  s'il  relate  bien  que  les 
pays  d'IIancove  et  d’Andrantsaie  étaient  dénudés  lors  de  son  voyage, 
parle  néanmoins  cl'Antankaratra,  ceux  qui  vivent  dans  les  bois  donL 
cette  montagne  (l’Ankaratra)  est  couverte.  V.  p.  25,  Voyage  au  pays 
d'IIancove,  1777  ; réd.  revue  du  Baron  de  Froberville. 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


/ A 


végétation  autre  que  la  maigre  prairie  qui  les  couvre  actuel- 
lement et  accable  de  ses  sarcasmes  Girod-Genêt,  un  inspec- 
teur des  forêts  qui  voulait  tenter  de  reboiser  ces  terres.  Gau- 
tier s’est  trompé:  des  faits  innombrables  l'établissent,  et  des 
bois  nouveaux,  créés  par  l'homme  sur  les  latérites  de  cette 
région,  se  montrent  maintenant  en  maints  endroits  dans  le 
Centre.  Mais  là  n’est  pas  la  question.  Il  peut  arriver  que  la 
latéritisation,  dans  un  pays  peu  érosé,  soit  poussée  à un  point 
tel  qu’il  se  forme  à la  surface  une  cuirasse  ferrugineuse  (V. 
Lacroix,  Latérite  de  Guinée.  Arch.  Muséum,  1913).  Une  telle 
cuirasse  est  alors  bien  impropre  à porter  une  végétation 
forestière.  Il  existe  des  exemples  de  ces  cuirasses  ferrugineuses 
dans  le  Centre,  mais,  lorsque  le  feu  n'y  a pas  encore  exercé 
son  action,  elles  sont  recouvertes  de  Pelouses  à xérop/ujtes, 
Formation  autochtone  qui  n’a  pas  plus  de  rapport  avec  la  préten- 
due steppe  de  l'Imerina  que  la  forêt  malgache  n’en  a avec 
nos  forêts  d’Europe.  Si  elles  étaient  impropres  à porter  une 
végétation  forestière,  les  argiles  latéritiques  du  Centre 
devraient  donc  être  couvertes  d’espèces  xérophiles  essentiel- 
lement malgaches,  et  non  pas  d’espèces  cosmopolites  et  ubi- 
quistes,  toutes  aptes  à résister  aux  feux. 


CHAPITHE  X 


La  région  du  Sambirano 


Certaines  circonstances  de  relief  et  d’exposition  viennent  créer,  sur 
un  point  du  versant  N. -O.,  cette  petite  région.  Au  point  de  vue  climat, 
elle  diffère  de  la  région  orientale  par  une  chaleur  plus  forte,  et  de  la 
région  occidentale  par  une  humidité  plus  grande.  Au  point  de  vue  bota- 
nique, elle  est  caractérisée  par  ses  espèces  et  formes  spéciales,  un  grand 
nombre  d’espèces  communes  avec  la  région  orientale,  l’absence  de 
types  asiatiques  et  quelques  genres  de  la  région  occidentale.  Le  faciès 
delà  végétation  est  celui  de  la  région  orientale.  On  y observe  trois  For- 
mations : la  forêt  des  sols  alluvionnaires,  la  forêt  des  pentes,  et  les  bois 
des  collines  gréseuses.  Ces  Formations  ont  été  détruites  en  grande 
partie  par  les  feux  ou  les  tavy  et  sont  remplacés  maintenant  par  des 
prairies  ou  des  savoka. 

En  regardant  une  carte  de  l'ILe,  on  voit  que  la  côte  Est, 
rectiligne  et  tournée  face  au  S.-E.,  de  l’extrémité  Sud  à la  baie 
d’Antongil,  est,  au  contraire,  orientée  face  au  Nord-Est,  au 
nord  de  la  presqu'île  de  Masoala.  Du  point  où  s'opère  ce  chan- 
gement de  direction  se  détache  le  massif  de  Masoala  qui 
atteint  brusquement  300  à 600  mètres  au-dessus  de  la  mer  et 
tourne  ensuite  vers  le  Nord-Ouest,  en  s’élevant  constamment, 
pour  aller  s'unir,  par  une  chaîne  continue  et  boisée,  au  grand 
massif  du  Tsaratanana,  lui-même  prolongé  jusqu’au  canal  de 
Mozambique  par  les  montagnes  du  Sambirano  et  du  Manon- 
garivo.  Au  sud  de  celte  ligne  de  cimes  boisées  qui  coupe  obli- 
quement Elle,  le  massif  central  s’abaisse  considérablement 
pour  former  le  seuil  de  EAndrona,  le  point  le  plus  bas  que 
I on  puisse  trouver  en  traversant  Madagascar  de  l'Est  à l'Ou- 
est. Par  suite  de  cette  disposition  du  relief,  les  vents  domi- 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


17(5 


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liants  du  Sud-Est  ne  rencontrent 
rien  avant  cette  barrière  de  hauts 
sommets  et  viennent  se  décharger 
de  leur  humidité  sur  ces  mon- 
tagnes et  leurs  abords1,  en  créant 
ainsi,  au  milieu  des  régions  des- 
séchées de  l'Ouest,  un  climat 
tout  particulier,  bien  plus  humide 
que  celui  des  régions  environnantes. 
Telles  sont  les  causes  auxquelles 
nous  attribuons  le  climat  si  spécial 
de  la  région  du  Sambirano  et  de 
Nossi-Bé. 

Nous  résumons  ci-contre  les 
principales  caractéristiques  de  ce 
climat,  telles  qu  elles  résultent  des 
moyennes  de  six  années  d'observa- 
tions laites  à Nossi-Bé.  Dans  ce 
tableau,  la  saison  chaude  comprend 
les  mois  de  novembre,  décembre, 

i.  Lorsque  les  massifs  du  Manonga- 
rivo  el  du  Tsaratanana,  actuellement 
recouverts  de  forêts  (région  du  Centre) 
qui  brûlent  par  grandes  surfaces  à la  fois, 
seront  totalement  déboisés,  on  pourra 
se  rendre  compte  de  l’influence  que  peut 
avoir  le  déboisementt  sur  un  climat.  Je 
doute  que  la  région  du  Sambirano,  dont 
le  climat  est  régi  par  des  causes  si  par- 
ticulières, conserve  alors  ses  pluies  et 
son  humidité  de  saison  fraîche.  En  tous 
cas,  si  l'expérience  se  fait  (eL  notre  négli- 
gence le  permettra  sans  doute),  elle  sera 
absolument  probante.  Si  le  déboisement 
n'a  pas  ici  d'influence  sur  le  climat,  il 
n’en  a nulle  part  au  monde.  S'il  en  a,  au 
contraire,  cette  influence  sera  tangible, 
puisqu’elle  se  traduira  par  un  désastre 
économique  : l’abandon  des  cultures  tro- 
picales,à Nossi-Bé  et  dans  le  Sambirano. 


LA  RÉGION  DL'  SAMBIRANO 


janvier,  février,  mars  et  avril,  et  la  saison  sèche  les  six  autres 
mois 

Ce  climat  est,  en  somme,  intermédiaire  entre  le  climat 
oriental,  dont  il  diffère  par  une  chaleur  plus  forte  et  des 
pluies  moins  abondantes  en  saison  fraîche,  et  celui  du  ver- 
sant occidental,  bien  moinshumide  en  toute  saison.  Si  la  végé- 
tation était  ici  uniquement  une  conséquence  du  climat,  on 
devrait  trouver  dans  la  région  du  Sambirano  un  curieux 
mélange  de  types  de  la  Flore  h feuilles  persistantes  et  de  la 
Flore  à feuilles  caduques.  Or,  il  n’en  est  pas  tout  à fait  ainsi. 
Cette  région  a bien  plus  de  rapports  avec  la  région  orientale 
qu’avec  toute  autre,  et  sa  végétation  appartient  nettement  à 
la  Flore  à feuilles  persistantes. 

Elle  n'occupe  d’ailleurs  qu’une  superficie  relativement  res- 
treinte, comprenant  la  presqu’île  d’Ampasimena,  les  îles  de 
Nossi-Bé  et  Nossi-Komba,  le  bassin  du  Sambirano  et  une  par- 
tie du  bassin  de  l’Ifasy.  C’est,  en  somme,  une  simple  zone 
entourant  la  base  des  grands  massifs  du  Tsaratanana  et  du 
Manongarivo,  limitée  vers  l'intérieur  par  la  cote  800,  au 
Nord  par  le  bassin  de  la  Mahavavy,  et  au  Sud  par  les  bassins 
inférieurs  du  Manongarivo  et  de  l’Andranomalaza. 

La  végétation  de  cette  petite  région  n’a  presque  rien  de 
commun  avec  celle  de  la  région  occidentale,  dans  laquelle  elle 
est  pourtant  enclavée1 2.  Comme  celle  de  la  région  orientale, 
elle  se  confond  bien  avec  celle  du  Centre,  vers  800  ou  900  mètres 
d'altitude,  mais  c’est  surtout  avec  celle  de  la  côte  Est  qu  elle 
offre  le  plus  d’affinité.  C'est  la  même  végétation  du  type  tro- 
pical humide,  peut-être  plus  belle  encore,  constituée  souvent 
par  des  espèces  identiques  ou  par  des  formes  très  semblables, 
simples  races  ou  mutations  dues  au  changement  de  climat. 

1.  Plus  exactement  la  saison  fraîche  commence  le  15  avril  pour  se 
terminer  le  15  octobre. 

2.  La  végétation  de  la  région  occidentale  se  retrouve,  en  effet,  avec 
tous  ses  caractères  habituels,  sur  l'Extrème-Nord  de  l'Ile,  qui  est  placé, 
par  rapport  à l’alizé,  derrière  les  massifs  montagneux  dont  il  vient 
d’être  question,  comme  l est  le  reste  de  l'Ouest,  derrière  l’arête  cen- 
trale. 


12 


178 


LA  VÉGÉTATION  MALGACH  E 


Comme  la  forêt  de  l'Est,  la  forêt  de  la  région  du  Sambiran 
résiste  au  feu.  mais,  comme  cette  forêt  orientale  encore,  elle 
n’en  a pas  moins  été  détruite  presque  totalement  par  les  tavv, 
métho  le  de  culture  que  l’humidité  du  climat  permet  encore  ici 
d’employer  partout,  même  sur  les  pentes  très  raides  des  col- 
lines et  des  montagnes.  Par  suite,  on  ne  voit  guère  plus  de 
témoins  de  la  végétation  autochtone  vierge  que  dans  quelques 
massifs  isolés  et  déserts  sur  les  crêtes  gréseuses  et  trop 
rocailleuses  pour  être  cultivées;  et  ce  n'a  pas  été  sans  peine 
que  nous  avons  retrouvé  des  traces  des  formations  primitives. 

La  végétation  de  la  région  tout  entière  n’était  évidemment 
qu’une  seule  forêt  s’étendant  sans  discontinuité  des  bords  de 
la  mer  aux  montagnes  de  l'intérieur.  Mais  cette  forêt  était 
loin  d’être  uniforme  ; les  espèces  et  l’aspect  d'ensemble  chan- 
geaient avec  le  relief  et  la  nature  du  sol,  et  ces  différences 
nous  permettent  d'y  distinguer  trois  Formations: 

1°  Forêt  des  alluvions  et  des  bords  des  cours  d’eau  ; 

2°  Forêt  des  pentes  à sol  profond  ; 

3°  Bois  des  collines  gréseuses. 

De  la  forêt  qui  recouvrait  jadis  les  alluvions  riveraines  ou 
avoisinait  le  bord  des  cours  d'eau,  il  ne  reste  rien  maintenant. 
Gomme  toujours,  c'est  par  les  vallons,  les  vallées,  en  remon- 
tant le  cours  des  rivières,  que  les  indigènes  ont  commencé  le* 
défrichement  des  massifs  forestiers,  et  dans  la  région  du 
Sambirano,  ces  localités  sont  si  anciennement  cultivées,  si 
totalement  dénudées  que  nous  ne  connaissons  rien  de  la  For- 
mation qui  y existait  jadis.  Seuls  quelques  grands  arbres  iso- 
lés, que  nous  avons  pu  observer  çà  et  là,  nous  permettent  de 
dire  que  ce  devait  être  une  très  haute  futaie,  composée  d'espèces 
à feuilles  persistantes,  toutes  spéciales  à la  région  ( Gluta 
Turtur  March  ; un  Canarium , deux  Ficus,  etc.,  avec  quelques 
espèces  à feuilles  caduques,  telles  que  Ailansonia  Bozij  Jum.  et 
Perr. ',  Hymenodyction  sp.,  d’affinités  occidentales,  d’ailleurs, 
peut-être  introduites  après  la  dénudation. 

1.  H.  Jumelle  el  II.  Perrier  delà  Bâthie  : Les  Baobas  de  Madagascar 
Agriculture  pratique  des  Pays  chauds,  août  1913). 


LA  RÉGION  DU  SAMB1UANO 


179 


Des  forêts  croissant  sur  les  sols  profonds,  les  vallonnements 
et  les  pentes  des  collines  et  des  montagnes,  bien  peu  aussi  ont 
subsisté.  Ces  localités  convenaient  trop  bien  à l'établissement 
des  tavy  ; et,  en  conséquence,  la  plupart  ne  sont  plus  main- 
tenant recouvertes  que  de  savoka  à bambous,  à Haronga , à 
longoza,  à Ravenala,  identiques  à ceux  de  l’Est.  Pourtant, 
nous  en  avons  pu  observer  encore  quelques  témoins,  dont 
trois  assez  vastes  et  presque  vierges  : la  forêt  d Ambalamena, 
située  entre  le  Ramena  et  Antsahabé,  sur  latérite  métamor- 
phique ; celle  deBejofo,  entre  le  pic  d’Antsatrotro  et  l’Andra- 
nomalaza,  sur  grès  traversés  de  dykes  éruptifs  ; celle  de 
Lokobé,  sur  syémte. 

C’est  une  superbe  futaie  de  25  à 30  mètres  de  hauteur,  à 
feuillage  totalement  persistant,  large  et  coriace,  composée 
d’essences  excessivement  variées,  parsemée  de  grands  Rave- 
nala et  de  grands  Palmiers.  Elle  recouvre  trois  étages  succes- 
sifs de  végétation:  le  sol  avec  des  plantes  herbacées,  un  sous- 
bois  d’arbustes  à feuilles  de  myrtes,  et  un  étage  moyen  de 
grands  arbustes  ou  de  petits  arbres  à feuilles  très  larges  et 
très  coriaces.  Les  lianes  sont  abondantes  et  parfois  gigantesques. 
L’ensemble  est  plutôt  clair  et  facilement  pénétrable.  Rien,  en 
somme,  en  tant  que  faciès,  ne  distingue  ces  forêts  de  celles 
de  la  côte  orientale,  et  cette  ressemblance  persiste  même  au 
point  de  vue  botanique,  car,  si  les  espèces  des  deux  régions 
ne  sont  pas  les  mêmes,  elles  sont  parfois  extrêmement  voisines 
et  leurs  ports  sont  toujours  très  semblables.  La  seule  espèce 
qui  vienne  rappeler  dans  ces  bois  la  proximité  de  l’Ouest  est 
Grangeria  maclagascariensis,  mais  c’est  ici  un  grand  arbre  à 
feuilles  persistantes,  tandis  que  ce  n’est  plus  qu’un  pauvre 
arbuste,  k feuilles  souvent  caduques,  dans  la  région  occiden- 
tale. 

Les  bois  des  collines  gréseuses,  ou  des  pentes  trop  rocail- 
leuses pour  que  l’on  puisse  y cultiver  du  riz,  sont  au  contraire 
assez  étendus.  On  en  trouve  encore  quelques  massifs  assez 
importants  entre  Bejofo  et  le  Manongarivo,  sur  quelques  col- 
lines de  la  vallée  du  Sambirano  et  sur  la  chaine  du  Kalabenono, 
au  nord-ouest  d’ Antsahabé.  Les  bois  ressemblent  un  peu  k la 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


180 

forêt  des  cimes  de  la  région  orientale  et  aux  bois  des  pentes 
occidentales  de  la  région  du  Centre.  Ils  diffèrent  des  premiers 
par  un  feuillage  plus  grisâtre,  leur  sous-bois  peu  fourni  et 
mélangé  de  plantes  herbacées,  l'absence  de  Palmiers,  de 
Mousses  et  de  Fougères.  Ils  diffèrent  des  seconds  par  la  pré- 
sence d’épiphytes  et  de  Panclanus,  et  l'absence  d'Uapaca,  de 
Composées  et  d'arbustes  éricoïdes.  Ils  s'éloignent  des  uns  et 
des  autres  par  des  espèces  toutes  différentes  et  le  port  le  plus 
élancé,  moins  ramifié  des  arbres  de  la  futaie. 

Ces  bois  sont  surtout  remarquables  par  leur  feuillage  clair 
et  grisâtre  et  leurs  épiphytes,  parmi  lesquels  on  observe  des 
Medinilla  et  des  Bulbopliyllum , à tubercules  ou  pseudo-bulbes 
aplatis,  comme  écrasés  contre  le  tronc  qui  les  porte,  et 
quelques  Fougères  à frondes  reviviscentes.  Toutes  les  espèces 
de  la  futaie  ou  du  sous-bois  appartiennent  à des  genres  spé- 
ciaux ou  représentés  ailleurs  dans  la  Flore  à feuilles  persistantes. 
Un  Genipa  seul  possède  une  forme  correspondante  dans  la  Flore 
à feuilles  caduques. 

Dans  l’ensemble,  la  végétation  de  la  région  tout  entière  est, 
au  point  de  vue  botanique,  comme  au  point  de  vue  faciès, 
étroitement  alliée  à celle  des  autres  régions  de  la  Flore  à feuilles 
persistantes.  Pourtant  elle  diffère  notamment  de  celle  du 
Centre  par  ses  nombreux  Palmiers,  l’abondance  moins  grande 
des  Orchidacées  et  des  Fougères  et  l'absence  des  Composées  et 
Ericacées,  et  de  celle  de  l Est  par  ses  types  spéciaux  et  ses 
quelques  espèces  manifestement  originaires  de  l Ouest.  Dans 
toutes  les  Formations,  la  richesse  en  espèces  est  toujours  très 
grande.  Il  n'y  a jamais  d'essence  dominante  dans  les  futaies, 
et  les  associations  végétales  sont  aussi  complexes  que  dans  les 
régions  précédemment  étudiées. 

La  forêt  est  détruite  ici  comme  dans  la  région  orientale. 
C'est  dire  que  le  paysage  montre  les  mêmes  faciès  de  dénuda- 
tion. Des  débris  de  futaie  couronnent  les  hauteurs  ; il  y a des 
pentes  et  des  vallonnements  couverts  de  savoka  impénétrables  ; 
et,  plus  bas,  partant  des  bords  des  rivières  sans  arbres,  les 
prairies  semblent  dévorer  ces  savoka  et  s étendre  chaque 
jour  à leurs  dépens. 


LA  RÉGION  DU  SAMBIRANO 


181 


Cette  région  produisait  jadis  du  caoutchouc,  de  l'ébène  et 
du  crin  végétal.  Ce  dernier  était  produit  par  Vonitra  crinita 
Juin,  et  Perr.,  plante  qui  est  devenue  rare  et  qui  n’a  d'ailleurs 
jamais  été  exploitée  que  par  les  indigènes.  Les  ébéniersont  été 
si  radicalement  détruits  qu'il  nous  a été  impossible  d’identifier 
le  Diospyros  qui  fournissait  l’ébène  dit  de  Nossi-Bé  dont  on  a 
exporté  anciennement  une  certaine  quantité.  Quant  au  caout- 
chouc, il  était  produit  par  trois  Mascarenhasia  (il/,  arborescens 
DC.,  lanceolata,  DC.,  angustifolia  UC.),  deux  Lanclolphia 
[L.  Perrieri  Jum.  var.  ambatensis  et  L.  crassipes)  et  un  Plec- 
taneia  (P.  microphylla  Jum.  et  Perr.).  Toutes  ces  plantes 
ont  naturellement  disparu  avec  les  forêts  qui  les  abritaient  et 
l’on  n'en  trouve  plus  maintenant  que  quelques  exemplaires 
isolés  L 

1.  V.  H.  Jumelle  et  Perrier  : Les  Lanclolphia  e,t  les  Mascarenhasia  du 
Nord  de  l'Analava,  Challamel,  1910  ; et  Les  plantes  à caoulehoucdu  Nord 
de  Madagascar,  Challamel,  1911. 


CHAPITRE  XI 


La  Flore  sous  le  Vent.  — Végétation  à feuilles  caduques. 


Cette  flore  recouvre  toutes  les  régions  de  l’Ile  où  l'alizé  arrive  privé 
de  toute  humidité.  Le  climat,  du  type  tropical  sec,  est  la  cause  princi- 
pale du  faciès  de  la  végétation.  En  tant  que  flore,  elle  est  distincte  par 
ses  espèces  presque  toutes  spéciales,  d’origine  plutôt  occidentale.  Les 
surfaces  qu'elle  recouvre  constituent  deux  régions,  dont  les  limites  res- 
pectives sont  d’ailleurs  très  indécises:  la  région  occidentale,  où  les  xéro- 
phytes  ne  forment  que  des  ilôts  restreints,  et  la  région  méridionale,  où 
ces  plantes  existent  presque  seules. 

Les  vents  dominants  du  S.-E.,  en  franchissant  les  grands 
marais  du  Nord  ou  de  l'arête  centrale,  s'v  débarrassent  de  leur 
humidité  et  arrivent  complètement  desséchés  sur  les  régions 
basses,  situées  à l'ouest  et  au  nord  de  ces  massifs.  Dans  ces 
régions,  la  saison  fraîche,  pendant  laquelle  soufflent  ces  vents, 
est.  en  conséquence,  excessivement  sèche,  si  sèche  que  les 
arbres  se  dépouillent  de  leurs  feuilles,  que  toute  végétation 
s'arrête  et  que  les  forêts  prennent  alors,  malgré  des  chaleurs 
encore  très  grandes,  l'aspect  de  nos  bois  d’Europe  en  hiver. 
C'est  donc  encore  ici  l'action  de  1 alizé,  mais  de  l’alizé  cette 
fois  dépourvu  de  toute  humidité,  et  exagérant  la  sécheresse  au 
lieu  de  la  diminuer,  qui  est  la  cause  déterminante  des  limites 
de  la  Flore  sous  le  Vent  et  du  faciès  de  sa  végétation. 

En  effet,  cette  flore,  au-dessous  de  l'altitude  800,  s’étend 
sur  toutes  les  régions  de  l' Ile  qui  sont  abritées  du  côté  du  S.- 
E.  par  une  barrière  des  hautes  montagnes.  Et  cette  région 
correspond  à tout  le  versant  occidental,  entre  le  canal  de  Mozam- 
bique et  la  cote  800,  de  Fort-Dauphin  à Maromandia,  et  à 
l Extrême-Nord  de  1 Ile , c'est-à-dire  à la  partie  placée  derrière 
la  chaîne  Masoala-Manongarivo,  comme  l est  le  reste  de  l'Ouest 
derrière  l’arête  centrale. 


LA  FLORE  SOIS  LE  VENT 


183 


Quant  au  faciès  de  la  flore,  c’est  évidemment  la  séche- 
resse, exagérée  par  les  vents,  qui  cause  l'arrêt  complet  de  la 
végétation,  la  caducité  des  feuilles  et  les  moyens  si  divers 
qu'emploient  les  plantes  de  l’Ouest  pour  résister  au  manque 
d'humidité.  Néanmoins,  ces  caractères  de  la  végétation  sont 
loin  d’être  absolus.  La  caducité  des  feuilles,  par  exemple, 
n’est  pas  générale.  Un  dixième  environ  des  espèces  de  la  flore, 
surtout  celles  des  stats  humides,  conservent  leurs  feuilles  en 
toutes  saisons.  D'autres  les  perdent  tardivement,  ou  très  irré- 
gulièrement, à des  époques  qui  changent  suivant  les  espèces 
et  les  lieux.  D'autres  enfin  ont  ici  des  feuilles  persistantes  et 
là  des  feuilles  caduques.  Il  est  de  même  pour  l'arrêt  de  la 
végétation,  qui  varie  d’époque  et  de  durée,  non  seulement 
entre  chaque  espèce,  mais  aussi,  pour  des  causes  locales  ou 
temporaires,  chez  les  individus  d’une  même  espèce.  Au  total, 
ces  moyens  d’adaptation  à la  sécheresse  ne  semblent  pas 
être  encore  fixés,  encore  héréditaires,  comme  s’ils  dataient 
d’une  époque  récente,  moins  sèche  qu’à  l’époque  actuelle. 

Aussi  bien,  nous  n’aurions  pas  songé  à diviser  en  deux  la 
flore  malgache  si  cette  division  n’avait  dû  être  fondée  que  sur 
les  caractères  de  la  végétation.  Les  caractères  botaniques, 
qui  sont  bien  d’ailleurs  une  conséquence  du  climat,  puisque 
les  espèces  de  l’Ouest  réapparaissent  dans  l’Extrême 
Nord  en  même  temps  que  le  climat  occidental,  sont  autre- 
ment nets.  Nous  avons  déjà  dit  que  la  presque  totalité 
des  espèces  de  la  Flore  du  Vent  ne  se  retrouvaient  pas 
dans  la  Flore  sous  le  Vent.  Les  familles  suivantes  n'y  sont  pas 
représentées  : Lycopodiacées,  Iridacées,  Népenthéacées,  Myri- 
cacées,  Phytolaccacées,  Myristicacées,  Ericacées,  Ombelli- 
fères,  Protéacées,  Vacciniacées,  Plantaginacées.  On  n’y  voit 
aucun  représentant  des  grands  genres  Impatiens,  Symphonia, 
Dicoryphe,  Weinmannia,  Ocotea,  Elaeocarpus,  Dypsis,  Neo- 
phloga,  etc.  Les  Composées,  les  Chlaenacées,  les  Araliacées, 
les  Mélastomacées,  les  Palmiers,  les  Fougères,  les  Mousses, 
et  même  les  Orchidacées  y sont  rares.  Les  Euphorbiacées,  les 
Asclépiadacées,  les  Légumineuses,  les  Anonacées  sont,  au 
contraire,  plus  abondantes  que  dans  la  Flore  du  Vent.  Enfin 


184 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


les  Aristolochiacées  et  les  Didiéréacées  y sont  exclusivement 
localisées.  ' 

Pour  établir  pleinement  les  caractères  botaniques  de  la 
Flore  sous  le  Vent  et  ceux  de  ses  deux  régions,  il  aurait 
fallu  dresser  des  listes  complètes  de  toutes  leurs  espèces  carac- 
téristiques. Faute  de  ces  listes,  que  nous  ne  pouvons  établir 
encore,  nous  donnons  ici  l'énumération  des  108  genres  spé- 
ciaux de  cette  flore,  dont  nous  possédons  la  distribution  géo- 
graphique. 

Sur  ces  108  genres,  45  sont  endémiques  :AnisocycIa,  Megis- 
totegium  1 , Perrierophytum,  Perrieranthus , Speirostyla, 
Tsimatimia,  Perriera,  Cinnamosma , Cedrelopsis,  Brandzeia, 
Xantliocercis , Chadsia,  Aprevalia,  Colvillea  Bathiea.  Apa- 
loxylon , Grangeria,  Alluaudia  *,  Didicrca  *,  Grevea.  Myosuran- 
dra,  Hyalocalix.  Paracephaelis,  Santalina,  Gomphocalix , Cul- 
lumiopsisi , Gonocrypta,  Acustelma,  Symphytonema,  Menabea , 
Secamonopsis , Decanemopsis  l,  Prosopostelma  *,  Ischnolepis, 
Cryptostegia,  Geayia  *,  Lasiocladus , Mahafalia  ',  Decanema, 
Voharanga  ',  Folotsia,  Pleurostelma,  Kigelianthe , Brachyste- 
phanuSy  Aulotandra. 

Vingt-deux  ne  se  retrouvent  qu'en  Afrique  : Monodora, 
Adansonia.  Poupartia , Sclerocarya,  Khaya , Erytrophleum , 
Ophiocaulon,  Adenia.  Carphalea,  Pachy podium,  Pergularia , 
Ceropegia . Toxocarpus,  Micros tephanus,  Telosma.  Kigelia, 
Harpagophytum,  Euphorbia  de  la  section  Tirucalli,  Eulophi- 
dium , Xervilia , Musa  (section  Ensete  ;,  Medemia,  Hyphaene, 
Jatropha  *,  Hydnora  b 

Quatre,  Trichilia,  Bertiera,  Yellozia , Piptaaenia , ont  des 
représentants  en  Amérique  et  en  Afrique  ; un,  Hirtella , en 
Amérique  seulement  ; et  deux,  Gynocarpus  et  Remusalia,  dans 
les  pays  situés  dans  l'Orient  de  bile. 

Tous  les  autres.  Popowia,  Bocagea , Moerua , Polycarpea , 
Acridocarpus.  Commiphora,  Cadaba.  Stylosanthcs,  Mezoneu- 
rum , Pithecolobiurn,  Quisgualis,  ]Voodfordia,  Modecca, 
Trianthema.  Pharnaceum,  Sideroxylon,  Cephalanthus,  Hyme- 

1.  Genres  spéciaux  à la  région  méridionale. 


LA  FLORE  SOLS  LE  VENT 


1 85 


nodyclion,  Marsdenia,  Lepladenia , Pentalropis , Sarcostemma, 
Cryptolepis , Mostuea,  Stereospermum,  Barleria,  Aristolochia, 
Gloriosa , Boerhavia , Acarnpe,  Orrnocarpum,  Tamarindus, 
Triglochin  *,  sont  répandus  dans  tous  les  pays  tropicaux,  ou 
tout  au  moins  communs  à l’Afrique  et  à l’Asie. 

On  voit,  par  cette  énumération,  que  les  types  africains  sont 
beaucoup  plus  nombreux  dans  la  Flore  sous  le  Vent  que  dans 
celle  du  Vent,  et  que,  par  contre,  les  types  asiatiques  y font 
presque  défaut. 

Sur  les  immenses  territoires  que  recouvre  cette  flore,  le 
climat  n’est  pas  d’une  uniformité  constante.  L'Extrême-Nord, 
le  Nord-Ouest,  et  l’Ouest  jusqu’à  l'embouchure  du  Mangoky 
ont  bien  un  climat  très  analogue,  caractérisé  par  S mois  de 
pluie  et  7 mois  de  sécheresse  presque  absolue  ; mais,  à partir 
de  Tuléar,  la  quantité  d'eau  tombée  de  novembre  à avril 
diminue  progressivement,  en  allant  vers  le  Sud,  pendant 
qu'augmente  au  contraire,  très  légèrement,  l’humidité  de  la 
saison  sèche  et  que  diminue  sa  température. 

La  végétation  change  naturellement  au  fur  et  à mesure  de  ces 
changements  progressifs  et  insensibles  du  climat.  A mesure  que 
les  pluies  diminuent,  les  arbres  s’abaissent  de  hauteur  ; et  les  for- 
mations xérophiles,  d'abord  localisées,  comme  dans  le  Centre, 
dans  les  endroits  exceptionnellement  secs,  sur  les  rocailles  ou 
les  dunes  de  sable,  s’étendent  petit  à petit  et  finissent  par 
envahir  la  région  tout  entière.  En  même  temps,  la  sécheresse 
un  peu  moindre  de  la  saison  fraîche  rend  moins  absolu  le 
repos  de  la  végétation,  malgré  la  température  plus  basse.  On 
passe  ainsi  graduellement  de  la  végétation  ordinaire  de 
YOuest  à celle  si  curieuse  du  Sud-Ouest , les  deux  régions 
que  nous  distinguerons  sur  les  territoires  recouverts  par  la 
végétation  à feuilles  caduques. 

Ces  régions  ont,  par  suite,  des  limites  fort  indécises  et  se 
pénètrent  mutuellement.  Dans  la  région  méridionale,  nous 
n’avons  compris  que  les  bas-bassins  du  Mandrere,  du  Manan- 
bovo,  du  Menarandra,  de  la  Linta  et  de  l’Onilahy,  avec  une 


1.  Genres  spéciaux  à la  région  méridionale. 


186 


LA  VÉGÉTATION’  MALGACHE 


étroite  bande  littorale  remontant  jusqu'à  Morondava,  la  région 
Ouest  comprenant  tout  le  reste  des  territoires  recouverts  par 
la  Flore  à feuilles  caduques.  Nous  nous  empressons  d’ailleurs 
d’ajouter  que  ces  divisions  sont  tout  arbitraires  et  que  nous  les 
avons  adoptées  surtout  parce  que  leur  limite  respective  devient 
ainsi  facile  à suivre  sur  le  terrain.  En  effet,  la  région  Sud-Ouest 
ainsi  délimitée  comprend  toutes  les  parties  des  versants  Ouest 
et  Sud  où  la  sécheresse  est  trop  grande  pour  permettre  à la 
prairie  de  se  constituer,  où  par  conséquent  la  végétation  autoch- 
tone, non  ou  peu  détruite  par  les  feux,  s’est  conservée  avec 
tous  ses  caractères. 

Mais,  si  l'on  ne  considérait  que  la  végétation  autochtone,  il 
deviendrait  dflicile  de  limiter  cette  région  du  Sud-Ouest.  Sans 
doute,  la  flore  méridionale,  dans  le  bassin  du  Menarandra 
par  exemple,  a un  faciès  particulier  et  un  grand  nombre 
d’espèces  spéciales,  mais  il  n’y  a aucune  démarcation  nette, 
et,  au  contraire,  une  transition  insensible  entre  cette  flore  et 
les  formations  xérophiles  du  Nord-Ouest,  et  même  de  l’Extrême 
Nord.  Toutes  les  espèces  de  l'Ouest  réapparaissent  en  outre 
dans  l’Extrême-Sud,  dès  qu'un  peu  d’humidité  leur  permet  de 
végéter.  Pour  être  exact,  il  faudrait  donc  joindre  à la  région 
méridionale,  telle  que  nous  la  comprenons,  toutes  les  enclaves 
à xéroplivtes  du  reste  de  la  Flore  sous  le  Vent,  c’est-à-dire 
une  série  d îlots  de  plus  en  plus  réduits  en  nombre  et  en  super- 
ficie en  allant  vers  le  Nord.  En  définitive,  ainsi  (pie  nous 
l’avons  déjà  dit,  la  région  méridionale  n'est  rien  autre 
qu’une  région  où  la  sécheresse  est  devenue  telle  que  les  for- 
mations xérophiles  de  l'Ouest,  au  lieu  d’être  localisées  dans 
des  stats  très  spéciaux,  la  recouvrent  presque  totalement  1 . 

1.  D’après  Colcanap  ( Géologie  du  Cercle  M ah  a f a.h  y ; Bull.  Ec.  1910), 
cette  région  était  en  voie  de  dessèchement  progressif  et  de  date  récente. 
La  persistance  de  la  flore  occidenlale  dans  tous  les  lieux  humides  de 
la  région  méridionale  corrobore  bien  celte  observation.  On  peut  se 
demander,  en  conséquence,  si  la  cause  de  ce  dessèchement  récent  et 
progressif  n’est  pas  la  dénudation  complète  et  déjà  ancienne  de  la  partie 
Sud  du  versant  Est  de  Elle.  Le  Sud-Ouest,  dans  ce  cas,  serait  un 
exemple  de  ce  que  sera  la  région  occidentale  tout  entière,  lorsque  le 
versant  Est  sera  totalement  dénudé. 


CHAPITRE  XII 


La  région  occidentale. 


Cette  région  est  scindée  en  deux  territoires  très  inégaux,  l'un  au  Nord, 
très  petit,  l’autre,  très  vaste,  au  sud  de  la  région  du  Sambirano.  Son 
climat  est  caractérisé  par  deux  saisons  très  tranchées  : S mois  d’orages 
et  de  fortes  chaleurs,  7 mois  de  sécheresse  intense.  Sa  végétation  varie 
peu  du  Nord  au  Sud,  beaucoup,  au  contraire,  de  l’Est  à l’Ouest,  par 
suite  de  la  constitution  géologique  de  ce  versant.  Des  G Formations  que 
nous  distinguons,  3 recouvrent  des  zones  géologiques  déterminées.  Les 
trois  autres  constituent  plutôt  des  ilôts  disséminés  sur  toute  la  région. 

La  région  Ouest  comprend  donc  un  petit  territoire  isolé 
dans  l’extrémité  de  Plie,  et  d’immenses  surfaces  entre  Maro- 
mandia  et  Fort-Dauphin.  Le  petit  territoire  du  Nord,  qui 
entoure  le  massif  d’Ambre  que  nous  avons  rattaché  à la  dore 
du  Centre,  est  limité  aux  bassins  de  la  Manankolala  et  de  la 
Loky,  aux  environs  de  Diego-Suarez,  et  aux  bassins  inférieurs 
de  la  Mahavavy  et  de  l’Ifasy1.  La  seconde  partie,  infiniment 

1.  Ce  rattachement  de  l’Extrême  Nord  de  l’Ile  à la  région  Ouest  sur- 
prendra peut-être.  Nous  avons,  en  effet,  été  très  surpris  de  retrou- 
ver au  nord  de  Vohémar,  par  exemple,  avec  une  végétation  identique, 
en  tant  que  faciès,  à celle  de  l’Ouest,  les  espèces  suivantes  caractéris- 
tiques de  la  région  occidentale:  Hyphaene  Ilildebrandtii,  Chrysalido- 
carpus  oleraccus,  Tamarindus  indica,  Ophiocaulon  fîringalavense, 
Adenia  olaboensis,  Landolpliia  Perrieri,  Cxjnanchum  Messeri,  Sarcos- 
temma  virninale  Prosopostelma  graridi/lorum,  Euphorhia  Laro,  Adanso- 
nia  madagascariensis,  Sclerocarya  Cafjfra,  Stereospermum  euphorioides 
etc.  Ce  petit  territoire  n’est  d’ailleurs  isolé  du  reste  de  la  flore  occiden- 
tale que  depuis  l’affaissement  récent  (Voir  : Lemoine  , Etudes  géologujues 
sur  le  Nord  de  Madagascar,  p.  334),  qui  a modifié  les  côtes  dans  le  Nord- 
Ouest  de  Elle.  Avant  ce  mouvement  positif,  il  devait  exister  à l’ouest  et 
au  nord  de  la  région  du  Sambirano  des  terres  basses,  recouvertes  de 
végétation  à feuilles  caduques,  qui  reliaient  l’Extrême  Nord  au  reste  de 
l’Ouest. 


188 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


plus  vaste,  comprend  tous  les  versants  Ouest  et  Sud,  sauf  la 
région  méridionale,  telle  que  nous  venons  de  la  délimiter. 

Cette  vaste  région  jouit  d'un  climat  très  uniforme,  bien 
qu’elle  s’étende  sur  plus  de  13  degrés  de  latitude.  En  voici 
les  principales  caractéristiques  observées  sur  trois  points 
différents  de  la  côte  : Diégo,  Majunga  et  Morondava. 

Comme  on  le  voit  par  ce  tableau,  les  pluies  seules  dimi- 
nuent légèrement  en  descendant  vers  le  Sud.  Mais  ces  données 
ont  toutes  été  recueillies  sur  des  points  de  la  côte  et  nous 
avons  tout  lieu  de  penser,  sans  pouvoir  malheureusement 
nous  appuyer  sur  des  observations  sûres,  que  la  température 
et  la  quantité  d’eau  doivent  augmenter  un  peu,  sous  une 
même  latitude,  de  la  côte  vers  l'intérieur  des  terres.  Il  est 
tout  au  moins  certain  que  sur  la  côte,  jusqu’à  Betroka,  point 
situé  dans  le  bassin  de  l’Onilaby,  elles  atteignent  encore 
614  mm.  en  saison  des  pluies  et  63  mm.  en  saison  sèche. 

Dans  le  tableau  ci-joint,  nous  avons  compris,  comme  mois 
de  saison  sèche,  les  mois  de  mai  à novembre,  mais  il  serait 
infiniment  plus  juste,  en  ne  considérant  que  le  point  de  vue 
climat,  de  dire  que  la  saison  des  pluies  commence  en  novembre 
pour  se  terminer  à la  fin  mars,  et  que  la  saison  sèche  dure 
pendant  les  sept  autres  mois.  Au  point  de  vue  strictement 
phénologique,  au  contraire,  la  saison  de  repos  de  la  A^égétation 
ne  dure  que  5 mois,  de  mai  à octobre.  Quoi  qu'il  en  soit,  la 
division  en  deux  saisons  est  partout  très  nette. 

Dès  que  les  vents  du  Sud-Est  ont  cessé,  avant  toute  pluie, 
au  commencement  d octobre,  et  parfois  même  dès  la  fin  de 
septembre,  quelques  arbres  ou  arbustes  ( Ad&nsonia , Pachy- 
podium,  Chadsia,  Dalbcrgia , etc.),  encore  privés  de  feuilles, 
se  couvrent  de  fleurs.  Ces  fleurs  nouent,  se  transforment  en 
fruits,  et  c'est  seulement  à la  fin  d'octobre  ou  au  commence- 
ment de  novembre,  avec  les  premiers  orages,  qu’apparaissent 
les  feuilles  de  ces  espèces  précoces,  en  même  temps  que  celles 
des  autres  espèces  à feuilles  caduques.  Dès  ces  premières  pluies, 
les  bois  se  couvrent,  comme  par  enchantement,  de  fleurs  et 
de  feuilles  nouvelles.  Rien  n’est  soudain,  merveilleusement 
rapide,  comme  ce  réveil  de  la  végétation  ; et  la  grande  majo- 
rité des  espèces  de  l'Ouest  fleurissent  à cette  époque. 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE  189 


100 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Cptte  floraison  se  continue  pendant  le  cours  de  décembre, 
date  de  l'apparition  des  fleurs  chez  les  quelques  espèces  à 
feuilles  persistantes.  Pendant  les  grandes  pluies  de  janvier, 
février  et  mars,  peu  d'espèces  au  contraire  fleurissent,  mais 
beaucoup  fructifient  ou  mûrissent  leurs  fruits,  et  tout  l'effort 
de  la  végétation  se  porte  en  ce  moment  sur  les  rameaux  et 
les  feuilles.  Les  bois,  avec  les  feuilles  larges,  molles  et  d'un 
vert  clair  des  arbres  de  la  futaie,  prennent  alors  un  aspect 
tout  nouveau  dans  la  flore  malgache. 

Après  les  grandes  pluies  de  l’hivernage,  quelques  espèces 
entrent  à leur  tour  en  floraison.  Ce  sont  surtout  des  plantes  à 
inflorescence  terminale,  dont  la  fleur  représente  l'apogée  de 
la  période  végétative.  Cette  absence  de  fleurs  pendant  les 
grandes  pluies  est  ici  plus  nette  encore  que  dans  le  Centre  ; 
et  toutes  les  fleurs  de  l’Ouest,  aussi  bien  celles  des  espèces 
vernales  que  celles  des  espèces  tardives,  n éclosent  que  le 
matin  ou  pendant  la  nuit  et  sont  très  généralement  fanées  dès 
les  grandes  chaleurs  du  milieu  du  jour.  Cette  fugacité  des 
fleurs  résulte  évidemment,  ainsi  que  nous  avons  déjà  eu  l’occa- 
sion de  le  dire,  d'une  adaptation  remarquable  au  climat  de 
l'Ouest,  car  les  fortes  chaleurs  et  les  orages  de  l’après-midi 
rendraient  impossibles  leur  an  thèse  et  leur  fécondation.  Les 
insectes  aériens  qui  fécondent  si  souvent  les  fleurs  ont  d'ail- 
leurs despériodes  d’apparition  ou  de  repos  absolument  concor- 
dantes. Ils  abondent  au  printemps,  manquent  pendant  les 
grandes  pluies,  réapparaissent  après  elles,  bourdonnent  inten- 
sément jusqu'à  midi,  et  dorment  ou  restent  cachés  pendant 
les  grandes  chaleurs  ou  les  orages  du  soir. 

Dès  avril,  quelques  feuilles  commencent  à tomber.  Cette 
chute  des  feuilles  s'accentue  en  mai,  et  s’échelonne  ensuite, 
suivant  les  espèces,  pendant  tout  le  cours  des  mois  secs.  Rien 
d'ailleurs  n'est  irrégulier  comme  la  caducité  des  feuilles  chez 
les  espèces  de  l'Ouest.  Non  seulement  chaque  espèce  se 
dépouille  à une  date  différente,  mais  encore  les  individus  d'une 
même  espèce  conservent  ou  perdent  leurs  feuilles  à des 
moments  très  variables,  pour  des  causes  diverses  : âge  de  l’in- 
dividu, rapidité  plus  ou  moins  grande  de  sa  croissance,  milieu, 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE 


lül 


etc.,  qu'il  n'est  pas  toujours  facile  de  déterminer.  Certaines 
espèces  ne  restent  feuillées  que  pendant  un  temps  très  court, 
4 mois  à peine.  Ce  sont  celles  dont  les  fleurs  apparaissent 
avant  les  feuilles,  à la  fin  de  la  saison  sèche.  D'autres,  au  con- 
traire, celles  que  nous  appelons  « à feuilles  tardivement 
caduques  » ne  les  perdent  qu'à  l’apparition  des  feuilles  nou- 
velles et  portent  souvent  les  deux  feuillages  sur  des  rameaux 


Le  manguier  dans  la  région  Ouest.  Hauteur  totale,  ls  m.  ; diamètre,  1 m.  70. 

Pied  adulte.  Majunga. 

différents  d’un  même  pied.  Entre  les  types  à feuilles  très  fugaces 
et  ceux  à feuilles  persistantes  dont  on  voit  encore  quelques 
exemples  dans  l’Ouest  il  y a d'ailleurs  tous  les  intermédiaires 
possibles. 

Pendant  les  mois  de  mai,  juin,  juillet  août,  septembre,  toutes 
les  tiges  herhacées  se  dessèchent,  et  les  bois  prennent  peu  a peu 
l'aspect  de  nos  bois  d’Europe  en  hiver.  Le  repos  de  la  végé- 
tation est  alors  absolu,  mais  beaucoup  d espècesont  des  formes 
de  repos  toutes  particulières.  Ainsi,  certaines  plantes  (. Kalan - 
choe,  Plectranthus,  etc.)  perdent  les  feuilles  grandes  et 


192 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


membraneuses  qu'elles  portaient  pendant  la  saison  des  pluies 
et  les  remplacent  par  des  feuilles  crassulantes  et  plus  petites. 
D'autres,  des  arbres  ou  des  arbustes  à feuilles  caduques  ( Syn - 
chodendron  Perrieri  Baill.,  Vernonia  Merana  Bak. , etc.) 
se  couvrent,  à la  fin  d'avril,  de  boutons  floraux  prêts  à s’épa- 
nouir, mais  qui  restent  néanmoins  ainsi  jusqu'à  la  fin  de  la  saison 
sèche.  Chez  quelques  espèces,  généralement  des  lianes  à feuilles 
persistantes  ou  caduques  [Landolphia,  Marsdenia , Secamone , 
etc.),  les  fruits  déjà  formés  en  avril  passent,  sans  s’accroître, 
les  mois  de  sécheresse  et  ne  mûrissent  qu’à  l’approche  de  la 
saison  des  pluies1. 

Ces  fruits  et  ces  boutons  floraux  presque  stationnaires  pen- 
dant toute  la  saison  sèche,  ces  feuilles  irrégulièrement  caduques 
semblent  indiquer  quelque  perturbation  récente  dans  les 
conditions  de  milieu.  On  dirait  que  la  végétation  de  l'Ouest 
est  comme  en  voie  de  s'adapter  à un  climat  plus  sec,  qui  ne 
le  serait  devenu  qu'à  la  suite  de  causes  fortuites  et  récentes. 
D’autres  faits  semblent  confirmer  cette  manière  de  voir.  Sou- 
vent, en  effet,  après  quelques  légères  pluies,  des  arbres  et 
des  arbustes,  surtout  ceux  situés  à la  lisière  des  bois,  entrent 
prématurément  en  végétation  et  se  couvrent  de  fleurs.  Puis 
les  vents  du  Sud-Est  se  remettent  à souffler,  la  sécheresse 
redevient  plus  intense,  et  les  jeunes  feuilles  et  les  fleurs 
tombent  et  se  dessèchent,  tant  et  si  bien  que  ces  plantes  ont 
perdu  la  faculté  de  se  reproduire.  Ces  sécheresses  printanières, 

1.  Les  plantes  cultivées  supportent  mal  ce  climat.  Cependant,  quel- 
ques espèces  tropicales  peuvent  y prospérer  dans  les  endroits  irrigués. 
Le  manioc  seul,  parmi  les  plantes  vivaces,  peut  en  supporter  sans  souf- 
frir la  sécheresse  intense.  Voici  néanmoins  quelques  remarques  sur  les 
phases  delà  végétation  de  quelques  plantes  cultivées,  pour  faire  mieux 
comprendre  combien  dilfère  le  climat  occidental  de  ceux  des  autres 
régions.  Le  manguier,  qui  croît  et  fructifie  mieux  dans  l'Ouest  que  dans 
n’importe  quelle  autre  partie  de  l’Ile,  fleurit  en  août-septembre  et  fruc- 
tifie en  novembre-décembre.  La  vigne  peut  donner  deux  récoltes, 
une  en  mai,  l’autre  en  janvier.  Elle  se  repose  3 à 4 mois.  Le  riz,  dont 
les  deux  récoltes,  dans  le  Centre  et  dans  l'Est,  ont  lieu  en  février  et  en 
avril-mai,  est  récolté,  dans  l'Ouest,  en  mars-avril  et  en  octobre-novem- 
bre. 


LA  KÉGION  OCCIDENTALE 


193 


dont  les  eil'ets  sont  tout  à fait  comparables  à ceux  des  gelées 
que  nous  avons  observées  dans  le  Centre,  comme  les  faits 
relatés  ci-dessus,  ne  sont  pour  nous  que  des  conséquences  de 
modilications  du  climat  occidental,  que  le  déboisement  de  l’Est 
et  du  Centre  aurait  rendu  plus  sec.  L’alizé,  dont  l'action  rend 
actuellement  si  intense  la  sécheresse  de  ce  climat,  devait  en 
effet,  jadis,  lorsque  ces  régions  n'étaient  pas  déboisées,  arriver 
plus  humide  sur  le  versant  occidental  et  en  tempérer  la  séche- 
resse au  lieu  de  l’exagérer. 

Les  racines  de  presque  toutes  les  espèces  de  la  région  occi- 
dentale pénètrent  beaucoup  plus  profondément  dans  le  sol 
que  celles  de  la  flore  à feuilles  persistantes.  Les  plantes  à 
racines  pivotantes  ou  tuberculeuses  abondent  dans  toutes  les 
Formations,  sauf  dans  les  marécages  où  les  racines  sont  tra- 
çantes. Ceci  prouve  bien  que  la  disposition  des  racines  est 
plus  une  conséquence  de  l’humidité  plus  ou  moins  grande  du 
stat  ou  du  climat  que  de  la  nature  du  sol,  qui  peut  être  ici, 
comme  dans  l Est  et  le  Centre,  de  la  latérite  très  compacte. 

Comme  on  sait,  le  versant  occidental  de  Madagascar  est 
constitué  par  des  terrains  sédimentaires  s'étageant  du  trias 
inférieur  à l'éocène  et  reposant  surdes  terrains  métamorphiques. 
Sur  cet  ensemble  s’est  déversé  un  déluge  de  laves  basaltiques, 
provenant  soit  de  cimes  volcaniques  bien  définies,  soit  plus 
souvent  de  fissures  parallèles  ou  subparallèles  à la  côte  Ces 
terrains  sédimentaires  se  divisent  en  trois  régions  géologiques  : 
la  première,  la  région  de  l'Ouest,  très  vaste,  s'étend  du  cap 
Sainte-Marie  au  cap  Saint-André  ; la  deuxième,  celle  du  Xord- 
Ouest,  moins  grande,  du  Cap  Saint-André  à la  presqu  ile 
d' Ampasimena  ; et  la  troisième,  celle  du  Nord , très  limitée, 
de  cette  presqu  ile  à l’embouchure  de  la  Manankolala.  Ces 
trois  régions  paraissent  avoir  eu  chacune  une  histoire  géolo- 
gique distincte  depuis  le  trias.  Aussi,  abstraction  faite  de 
la  région  du  Sambirano  qu  elles  englobent,  n'est-il  pas  sur- 
prenant de  trouver  entre  elles  quelques  différences  dans  la  végé- 
tation qui  les  couvre,  mais  ces  différences  sont  minimes. 
Cinq  à six  espèces  au  plus  sont  spéciales  à chaque  région  ; 
et,  comme  la  nature  des  sols  et  leur  succession  de  la  côte  vers 


I.A  VÉGÉTATION  MAl.GACHK 


LA  RKUION  OCCIDKM  AL  K 


1 intérieur  sont  les  mêmes  partout,  nous  nous  contenterons  de 
signaler  ces  différences  intéressantes sans  distinguer  comme 
sous-régions  floristiques  ces  divisions  géologiques. 

En  traversant  le  versant  occidental,  du  Centre  à la  cote, 
on  rencontre,  en  effet,  presque  toujours  la  même  succession  de 
terrains.  Ce  sont  d’abord  des  terrains  métamorphiques 
profondément  décomposés  en  latérite,  puis  successivement  : 
des  grès  triasiques,  érosés  en  une  longue  dépression  presque 
discontinue,  du  Nord  au  Sud  de  Elle  ; de  vastes  plateaux  de 
calcaire  jurassique  légèrement  inclinés  vers  la  mer;  des  col- 
lines arénacées  ou  gréseuses  du  crétacé  ; des  plateaux  de  cal- 
caire aturien  ou  éocène  ; enfin  un  mince  cordon  de  dunes  litto- 
rales. Les  basaltes,  que  l'on  voit  un  peu  partout,  sont  surtout 
abondants  dans  la  zone  des  sédiments  crétacés.  Ils  sont  aussi 
profondément  décomposés  en  latérite. 

Par  suite,  les  sols  de  notre  région  occidentale  sont  bien  plus 
variés  que  ceux  des  autres  régions  de  l'Ile.  Malgré  celte  diver- 
sité, leurs  caractères  physiques  ou  chimiques  et  l’influence 
qu  ils  ont  sur  la  végétation  permettent  néanmoins  de  les  grou- 
per en  4 catégories,  qui  sont  les  suivantes  : 1°  Latérites  pro- 
venant de  la  décomposition  de  roches  basaltiques  ou  méta- 
morphiques; 2°  Grès  et  sables,  secondaires  et  récents;  3°  Cal- 
caires jurassiques,  crétacés  et  tertiaires  ; 1°  Alluvions  con- 
stituées d’éléments  provenant  en  général  de  l’érosion  des  trois 
premiers  groupes. 

A ces  quatre  catégories  de  sols  correspondent  quatre  des 
Formations  que  nous  distinguons  dans  la  région  occidentale, 
c’est-à-dire  : 1°  les  bois  des  collines  latéritiques  ; 2°  les  bois  des 
collines  arénacées  ; 3°  les  bois  des  plateaux  calcaires  ; 4°  les 
forêts  des  alluvions  et  des  bords  des  cours  d'eau.  A ces  quatre 
Formations,  qui  se  retrouvent  sur  toute  la  longueur  du  ver- 
sant occidental,  nous  ajouterons  encore  les  marais  à Raphia 
et  les  buissons  à xérophytes. 

1.  La  localisation  de  V Elaeis,  dans  la  région  géologique  de  l'Ouest,  est 
le  plus  frappant  île  ces  faits.  Il  n’est  d’ailleurs  pas  certain  que  ces  diffé- 
rences ne  soient  pas  simplement  analogues  à celles  qu'on  observe  sur 
la  côte  Est,  en  allant  du  Nord  au  Sud. 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


I 9fi 

Pour  l’étude  de  ces  Formations,  nous  commencerons  par 
celles  qui  occupent  lesstats  les  plus  humides,  pour  continuer 
ensuite  par  celles  qui  recouvrent  des  stats  de  plus  en  plus 
secs,  en  observant  pas  à pas  les  modifications  causées  par  une 
sécheresse  de  plus  en  plus  intense,  de  même  que  nous  avons 
observé  les  modifications  dues  à l'altitude  en  montant  de  la 
côte  Est  aux  cimes  culminantes  de  l'I le.  Nous  passerons  ainsi 
graduellement  de  la  Formation  des  marais  à celle  des  buissons 
à xérophytes  qui,  elle-même,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  relie 
étroitement  la  région  de  l’Ouest  h la  région  méridionale. 

Dans  toutes  ces  Formations,  sauf  celle  des  marais,  les  asso- 
ciations végétales  sont  toujours  aussi  complexes  que  dans 
celle  de  la  Flore  à feuilles  persistantes.  Sur  les  alluvions, 
comme  sur  les  latérites,  les  calcaires  ou  les  sables,  nous  avons 
toujours  trouvé  en  moyenne,  sur  100  plantes  poussant  côte  à 
côte,  38  espèces  appartenant  à 18  familles  différentes.  C’est 
dire  qu’il  n'y  a jamais  d’espèce  dominante  et  que  la  végétation 
y conserve  toute  son  hétérogénéité. 


I.  MAUAIS  A RAPHIA. 


On  peut  distinguer  trois  types  dans  les  marais  de  la  région  occiden- 
tale : les  marais  temporaires  des  terrains  cristallins  et  des  sols  alluvion- 
naires ; les  marais  à Typha  des  terrains  calcaires  ; les  marais  des  terrains 
arénacés,  surtout  intéressants  parce  qu’ils  sont  souvent  tourbeux.  La 
tourbe  y est  actuellement  constituée  par  des  Fougères  et  des  Cypéracées; 
elle  l’était  jadis  par  un  Sphagnutn  devenu  rare  par  suite  de  la  dénudation; 
Ce  dernier  type  est  l’habitat  préféré  du  Raphia  ; au  sud  du  cap  Saint- 
André,  c’est  l'habitat  de  l'Elaeis. 

Les  marais  de  la  région  Ouest  ont  des  caractères  variables 
suivant  la  nature  des  terrains  au  milieu  desquels  on  les  trouve  ; 
et,  par  suite,  on  peut  distinguer  parmi  eux  trois  types  diffé- 
rents : 1°  les  marais  des  terrains  cristallins  et  des  sols  allu- 
vionnaires ; 2°  ceux  des  terrains  calcaires;  3°  ceux  des 
terrains  arénacés.  Les  premiers,  temporaires  et  très  souvent 
modifiés  par  les  feux’,  sont  presque  uniquement  couverts  de 


r.A  RÉGION  OCCIDENTALE 


1 9 


Ravenala  madagascariensix  clans  une  tourbière,  près  de  Besalampy 
Région  Ouest:. 


Marais  à Raphia,  avec  Fieux  et  Mascarenhasia  à troncs  recouverts  de 
Fougères  grimpantes  (Ambongo,  région  Ouest). 


198 


I.A  VÉGÉTATION  MALGACHE 


bararata  *,  grands  roseaux  du  genre  Phragmitcs,  au  milieu  des- 
quels on  observe  pourtant,  çà  et  là,  quelques  adabo  ( Ficus 
Sakalavarum).  Ces  roseaux,  qui  couvrent  parfois  d’immenses 
étendues  aux  abords  de  toutes  les  parties  basses  des  fleuves 
de  la  côte  Ouest,  donnent  au  paysage  un  aspect  tout  spécial, 
sans  analogue  dans  les  autres  régions  de  l' Ile. 

Les  seconds,  plus  souvent  temporaires2  encore  que  les  pre- 


Marais  à Raphia,  avec  Pandanus  et  Typhonodorum  Ambongo,  Ouest). 

1.  Ce  Phragmites  diffère  du  P.  commuais  par  son  port  d'Anmdo  Donax 
et  par  ses  feuilles  dimorphes,  longues,  glabres  et  molles  en  saison  des 
pluies,  et  courtes,  raides  et  velues  en  saison  sèche. 

2.  Quelques  plantes  des  marais  temporaires  sont  remarquables  par 
leur  dimorphisme.  En  saison  des  pluies,  les  tiges  en  sont  grandes, 
simples,  molles,  les  feuilles  larges  et  minces.  En  saison  sèche,  au  con- 
traire, les  tiges  en  sont  courtes,  très  ramifiées,  et  les  feuilles  petites  et 


I.A  RÉGION  OCCIDENTALE 


199 

miers,  sont  remarquables  parleur  végétation  seulement  com- 
posée d un  Typha  (T.  angus/ifolia ) et  d’une  grande  Fougère 
Acrostichurn  aureurn).  Ils  se  confondent  vers  la  côte  avec 
les  marais  salants,  avec  lesquels  ils  ont  beaucoup  de  ressem- 
blance. 

Les  troisièmes  sont,  au  contraire,  permanents,  et,  par 
suite,  ont  souvent  conservé  intacte  leur  végétation  native.  Ils 


Tourbière  à Cyperus,  Nephroclium  et  Ti/phonodorum  (Ambongo,  Ouest  . 


occupent  toujours  des  dépressions  qu’a  rendues  un  peu  imper- 
méables l’argile  dont  on  voit  des  intercalations  assez  puissantes 
dans  les  séries  arénacées  du  trias,  du  lias,  du  crétacé  et  des 
terrains  récents.  Ils  sont  surtout  intéressants  parce  qu’il  s’v 
forme  de  la  tourbe,  qu’on  ne  rencontre  jamais  dans  les  marais 

épaisses.  Sous  ce  dernier  port,  elles  sont  à l’état  de  vie  ralentie  et  ne 
fleurissent  ni  ne  fructifient.  Ce  port  de  saison  sèche  est,  en  somme, 
physiologiquement  comparable  aux  bulbes  de  tant  d’autres  plantes. 
M.  Choux  (H.  G. B . 1913,  p.  153)a  étudié  anatomiquement  deux  de  ces 
espèces,  Ipomoea  replans  et  Xeplunia  proslrata.  On  peut  citer  encore 
un  Jussiara,  le  Pliragmites  et  une  autre  Graminée. 


200 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


des  dpux  premiers  groupes.  Pour  ces  raisons,  nous  étudierons 
avec  un  peu  plus  de  détails  les  marécages  de  ce  troisième  type. 
Ce  sont  eux  que  nous  distinguons  sous  le  nom  de  marais  à 
Raphia. 

Ainsi  que  leur  nom  l’indique,  l'espèce  la  plus  remarquable 
de  ces  marais  est  le  Rapjhia.  Ce  palmier  y est  parfois  si  abon- 
dant qu'il  en  constitue  presque  seul  la  végétation,  exclusive- 


Forét  an  bord  d’un  lac  (Région  Ouest),  en  saison  des  pluies. 


ment  à toute  autre  espèce,  sauf  quelques  Fougères  qui  vivent  à 
son  ombre,  ou  sur  les  vieilles  gaines  de  son  stipe.  Mais,  le 
plus  souvent,  il  n’en  est  pas  ainsi,  et  quand  ces  marais  consti- 
tuent de  vraies  tourbières,  ce  qui  est  le  cas  le  plus  habituel, 
le  Raphia  descend  alors  au  rang  de  simple  espèce  accessoire. 

Les  espèces  de  cette  Formation  sont  d'ailleurs  en  petit 
nombre.  Les  unes,  les  plus  abondantes  et  les  plus  répandues, 
celles  qui  constituent  partout  le  fond,  pour  ainsi  dire,  de 
cette  végétation,  ne  sont  au  nombre  que  de  quatre  : deux 
Fougères  (Nephrodium  uni! uni  et  A7,  cucullaturn)  et  deux 
Ci/ perus  (C . æqualis  Vahl  et  Cyperus  sp.).  Les  frondes  et 
les  chaumes  de  ces  quatre  espèces,  serrés  les  uns  contre  les 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE 


201 


autres,  constituent  un  ensemble  très  dense,  de  hauteur  uni- 
forme, reposant  sur  un  épais  feutrage  de  rhizomes  entrelacés. 
C’est  l’accumulation  des  parties  mortes  de  ces  plantes  qui 
forme  la  majeure  partie  des  tourbes  de  ces  marais.  A ces 
espèces  des  tourbières  on  pourrait  ajouter  peut-être  encore 
un  sphaigne,  très  rare  maintenant,  mais  qui  ne  l’est  sans 
doute  devenu  qu’à  la  suite  du  déboisement  et  de  l'alluvion- 
nement  plus  intense  qui  en  a été  la  conséquence. 


Ile  de  la  Belsiboka  couverte  de  Panilanus . 


Les  autres,  que  nous  nommerons  accessoires,  parce  qu’elles 
ne  contribuent  qu’occasionnellement  à la  formation  de  la 
tourbe,  sont  un  peu  plus  nombreuses.  Ce  sont,  dans  le 
marais  lui-même,  le  Raphia  déjà  cité,  un  grand  Pandarws, 
Typlionodorum  Lindleyanum , un  Ficus , et,  sur  les  bords, 
Mascarenhasia  a rhorescens,  une  forme  de  Leea  sambucina 
Willd.  et  Elæis  guineensis  var.  madagascariensis  1 , ce  der- 
nier bien  localisé  au  sud  du  cap  Saint-André.  Une  Fougère 
grimpante  croit  en  outre  très  souvent  sur  les  stipes  du  Raphia. 

1.  II.  Jumelle  et  H.  Perrier  de  la  Bàthie  : Le  Palmier  a huile  (le  Mada- 
gascar (Les  Matières  grasses,  janv.  1910).  — Id.  : Palmiers  de  Mada- 
gascar Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille,  1913). 


202 


I-A  VEGETATION  MALGACHE 


Les  marais  à eaux  profondes  de  l'Ouest  ne  diffèrent  guère 
de  ceux  des  autres  régions  que  par  deux  caractères  : l'absence 
de  Cyperus  imerinensis,  que  remplace  le  Phragmiles.  et  la 
présence  de  Neptunia  prostrata.  Comme  on  le  voit,  toutes 
les  formations  palustres  de  l' Ile  sont  fort  analogues  et 
toujours  très  pauvres  en  espèces. 


II.  — Forêt  des  alluvions  et  des  rords  des  cours  d'eau. 


Cette  forêt,  dont  il  ne  reste  presque  plus  rien,  est  surtout  remar- 
quable par  la  hauteur  de  sa  futaie,  la  beauté  de  ses  arbres  et  l’absence 
de  sous-bois.  L’abondance  des  lianes  et  des  essences  à feuilles  per- 
sistantes la  distingue  en  outre  des  autres  Formations  de  la  région  occi- 
dentale. 

Suivant  les  lieux,  les  sols  de  cette  Formation  sont  consti- 
tués par  des  alluvions  où  les  éléments  de  tous  les  terrains  sont 
mélangés,  ou  par  des  alluvions  uniquement  formées  aux  dépens 
du  terrain  qu'arrose  le  bassin  d'amont  du  cours  d’eau.  Malgré 
ces  différences  de  sol,  la  végétation  en  est  très  homogène  et  ne 
change  légèrement  que  sur  les  bords  rocailleux  des  torrents, 
vers  les  sources  des  rivières,  où  elle  se  mélange  insensible- 
ment avec  celle  des  Formations  suivantes. 

Sur  les  alluvions  profondes  des  bassins  inférieurs  des  fleuves 
et  des  grandes  rivières,  c est  une  superbe  forêt,  la  plus  belle 
peut-être  de  toutes  les  forêts  malgaches.  Les  fûts  très  droits 
des  arbres  parviennent  à 2o  et  30  mètres  de  hauteur,  et 
forment  une  futaie  très  dense,  sur  laquelle  semble  s'être 
porté  tout  l'effort  de  la  végétation.  Son  couvert  n'abrite,  en 
effet,  qu'un  sous-bois  très  clairsemé  d'arbustes  à feuilles 
vertes  et  quelques  plantes  herbacées  qui  croissent  sur  le  sol 
Dans  cette  forêt  les  lianes  sont  parfois  rares,  parfois  aussi 
plus  abondantes.  Ce  sont  surtout  : Serjania  curassavica , Lan- 
dolphia  sphæroearpa  Jumelle,  Flagellaria  indica , des  Quis- 

i.  L’absence  ou  la  rareté  du  sous-bois  de  cette  forêt  est  une  suite, 
sans  doute,  des  inondations  annuelles  que  subit  ce  stat. 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE 


203 


qualis  et  des  Asclépiadacées.  Les  grands  arbres  de  la  futaie 
sont,  les  uns,  à feuilles  persistantes  ( Cephalanthus  spathelli- 
ferus  Bak.,  Protorlius  Heckelii  Dub.  et  Dop.,  Etigenia  sp., 
Ravensara  sp.  ; deux  Sapindacées , etc.),  les  autres  à feuilles 
caduques  ( Canarium  multiflorum  Engl.,  Kliaya  madagasca- 
riensis  Jum.  et  Perr.  !,  Acacia  sp.,  Gracia,  Terminalia,  etc.). 


Bas  du  tronc  d'un  ramy  ( Canarium  multiflorum),  Maningoza  (Ouest). 


Dans  cette  futaie,  on  remarque  souvent  deux  grands  Pal- 
miers, Medemia  nobilis  et  Borassus  madagascariensis  Jum.  et 
Perr.,  maintenant  plus  communs  dans  la  prairie.  Les  arbustes 
du  sous-bois  à feuilles  toujours  vertes  sont  des  Erylhroxylon, 
Alyxia , Cipadessa,  etc.,  et  les  plantes  herbacées  du  sol  tou- 
jours des  Acanthacées. 

Gomme  cette  forêt  recouvrait  les  sols  les  plus  fertiles  de 


I.A  VÉGÉTATION  MALGACHE 


20  l 


la  région,  elle  a été  presque  partout  détruite,  mais  on  en  voit 
très  souvent  des  traces  le  long  des  rivières.  De  grands  arbres 
mi-brûlés,  protégés  plus  ou  moins  des  feux  par  le  cours  d'eau 
ou  ses  bords  escarpés,  attestent,  en  effet,  encore  sa  présence 
ancienne  sur  ces  points.  Ces  arbres  riverains  sont  presque 
toujours  Cephalanthus  spathelliferus,  Protorhus  Heckelii  et 
Eugenia  sp.,  mais  on  trouve  aussi,  çà  et  là,  des  restes  des 
autres  espèces  de  la  Formation. 

En  remontant  les  cours  d’eau  vers  leurs  sources,  lorsqu’ils 
deviennent  torrentueux,  cette  végétation  change  légèrement. 
Comme  les  torrents  sont  souvent  encaissés  dans  de  profondes 
gorges,  l'humidité  plus  grande  et  l’absence  des  vents  font 
apparaître  aussitôt  un  grand  nombre  d'espèces  nouvelles, 
dont  beaucoup  à feuilles  persistantes.  Un  Dracaena,  des  Ficus 
à larges  feuilles  et  quelques  Fougères  donnent  alors  à la  forêt 
un  faciès  plus  tropical.  Les  gorges  de  ces  torrents  sont  l’ha- 
bitat préféré  des  Coffea  [C.  Perrieri  Drake  1 et  C.  madagas- 
cariensis  Drake).  Enfin,  les  quelques  rares  épiphytes  qu’on 
observe  dans  l’Ouest  ne  se  trouvent  guère  que  dans  cette 
localité. 

La  forêt  des  alluvions  et  des  bords  du  cours  d’eau  constitue 
un  type  spécial  dans  la  flore  malgache.  L'abondance  de  ses 
essences  à feuilles  persistantes  la  rend  bien  différente  des 
autres  Formations  de  la  région  occidentale,  et  la  hauteur  de 
de  sa  futaie,  la  pauvreté  du  sous-bois,  la  nudité  du  sol,  la 
distinguent  nettement  de  toutes  les  forêts  de  111e. 


III.  — Bois  des  collines  latéritiqles 


Ces  bois  couvrent  des  argiles  latéritiques  de  gneiss  et  de  basalte.  Ils 
sont  caractérisés  par  une  futaie  de  15  à 20  mètres  d’arbres  à feuilles 
caduques,  un  sous-bois  clair  d'arbustes,  dont  quelques-uns  sont  à 
feuilles  persistantes,  l’abondance  assez  grande  de  lianes  et  quelques 
rares  types  du  faciès  tropical  humide. 

1.  H.  Jumelle  et. II.  Perrier  de  la  Bàthie  : Fragmenta  biologiques  de 
la  flore  de  Madagascar  (Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille,  1910). 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE 


205 


Les  sols  que  recouvre  cette  Formation  sont  localisés,  d’une 
part,  sur  les  terrains  métamorphiques  qui  forment  le  soubas- 
sement des  terrains  sédimentaires  et  qui  affleurent  surtout  à 
l'est  de  ces  terrains,  entre  80  et  800  mètres  d’altitude,  et, 
d'autre  part,  sur  les  coulées  de  basalte  que  l'on  observe  au- 
dessus  des  sédiments,  dans  toute  l’étendue  de  la  région  Ouest. 
Les  unes  et  les  autres  de  ces  roches  sont  profondément 
décomposées  en  argiles  latéritiques  rouges  qui  ne  se  dis- 
tinguent pas,  par  leurs  caractères  physiques,  de  celles  de  l'Est 
ou  des  hauts  plateaux.  Ces  sols,  si  durs  et  si  compacts  lors- 
qu’ils sont  dénudés,  sont,  au  contraire,  beaucoup  plus  meubles 
et  perméables  lorsqu  ils  sont  recouverts  d’une  couche  épaisse 
d’humus.  Or  l’humus,  pour  des  raisons  que  nous  ignorons1, 
atteint  une  épaisseur  bien  plus  grande  dans  les  forêts  de 
l’Ouest  que  dans  celles  de  l’Est  et  du  Centre.  Aussi  presque 
toutes  les  espèces  de  cette  Formation  ont-elles  des  racines 
qui  pénètrent  profondément  dans  le  sol.  Beaucoup  d’entre 
elles,  surtout  celles  qui  ont  des  racines  tuberculeuses,  semblent 
même  préférer  la  latérite  inférieure  à la  couche  humifère, 
dans  laquelle  elles  ne  développent  que  de  rares  radicelles. 
Cette  profondeur  des  racines  est  évidemment  une  simple 
conséquence  de  la  sécheresse,  et,  si  nous  insistons  sur  ce 
sujet,  c’est  simplement  pour  bien  établir  encore  que  les  laté- 
rites de  l’Ile  ne  sont  pas  naturellement  un  sol  stérile  et 
qu'elles  peuvent  constituer,  sous  certains  climats,  lorsque 
les  feux  et  leurs  suites  ne  les  ont  pas  encore  rendues  dures, 
compactes  et  imperméables,  un  support  forestier  de  premier 
ordre. 

Et,  en  effet,  les  bois  de  cette  Formation  sont  les  plus  beaux 
que  l’on  puisse  voir  sur  terrains  secs,  dans  la  région  occi- 
dentale. C’est  une  futaie  assez  claire,  remarquable  par  l’abon- 
dance des  lianes,  ne  dépassant  pas,  en  moyenne,  une  hau- 
teur de  12  à 15  mètres,  mais  avec,  de  loin  en  loin,  quelques 


1.  Peut-être  est-ce  simplement  par  suite  de  la  nitrification  plus  rapide 
et  plus  continue  des  couches  supérieures  du  sol  dans  les  régions  plus 
humides. 


206 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


beaux  arbres  de  20  à 25  mètres  de  hauteur.  Elle  abrite  un 
sous-bois  d'arbustes  peu  serrés,  mais  que  les  tiges  inférieures 
des  lianes  rendent  peu  praticable.  Le  sol  est  nu,  avec  pour- 
tant, çk  et  là,  quelques  Acanthacées  sulfrutescentes. 

Les  troncs  des  arbres  et  des  arbustes  ne  portent  ni  Mousses 
ni  épiphytes,  et  très  peu  de  Lichens.  Leurs  rameaux  sont 
souvent  épais  et  peu  nombreux.  Tous  les  arbres  de  la  futaie 
ont  des  feuilles  caduques,  et  quelques  lianes  ont  des  feuilles 
persistantes,  étroites,  coriaces,  vert  sombre  ou  grisâtres.  Les 
feuilles  caduques,  au  contraire,  sont  souvent  minces,  d'un 
vert  clair,  assez  brillantes,  surtout  celles  des  arbres  de  la 
futaie  qui  fleurissent  avant  l'apparition  des  feuilles. 

Les  arbres  sont  surtout  des  Légumineuses  (Acacia,  Dalber- 
yia),  des  Stereospermum.  des  Homalium,  des  Grewia,  etc. 
Dans  le  sous-bois  dominent  les  Rubiacées,  les  Euphorbiacées 
et  les  Légumineuses.  Les  lianes  sont  le  plus  souvent  des 
Asclépiadacées,  des  Salacia,  des  Chailletia  ou  des  Combretum. 
On  ne  voit  plus  dans  ces  bois  ni  Eougères,  ni  Palmiers. 
Quelques  Ficus  à port  de  banian,  un  Dracaena , un  bambou 
(encore  ce  dernier  a-t-il  les  feuilles  caduques)  rappellent 
encore  la  flore  à feuilles  persistantes.  Mais  ces  types  vont 
disparaître  avec  cette  Formation  et  nous  ne  les  retrouverons 
plus  désormais. 

Ces  bois  ne  changent  guère  avec  l'altitude  décroissante, 
et  ceux  que  l'on  rencontre  sur  les  basaltes  de  la  côte  rap- 
pellent à s’y  méprendre  ceux  des  terrains  métamorphiques  de 
l'intérieur.  Il  y a bien  quelques  petites  différences,  telles  que 
l’apparition  des  Adansonia  sur  les  basaltes,  mais  l'aspect  de 
l’ensemble  reste  le  même  et  les  espèces  sont  bien  souvent 
identiques. 

La  végétation  est  moins  dense  que  dans  les  Formations  de 
la  flore  à feuilles  persistantes  ; et,  sur  une  même  surface,  on 
trouve,  en  général,  moins  d'espèces  dans  l’Ouest  que  dans 
l'Est  et  dans  le  Centre.  Mais  les  associations  végétales  n’en 
sont  pas  moins  aussi  complexes  ; et  il  n’y  a jamais  ici  encore 
d’espèces  dominantes.  Voici,  pour  donner  un  exemple  de  cette 
végétation,  le  dénombrement  des  plantes  adultes  croissant» 


LA  REGION  OCCIDENTALE 


207 


sur  100  mètres  carrés  de  superficie,  dans  un  bois,  à Morataitra, 
aux  environs  de  Maevatanana,  vers  1 OU  mètres  d'altitude,  sur 
latérite  de  métamorphique. 

Sol.  — Nu. 

Sous-bois.  — Arbustes  à feuilles  caduques  : 

4 Légumineuses  2 espèces) 

6 Apocynacées  (1  espèce,  Mascarenhasia  lisianthi- 
flora 

8 Burséracées  (1  espèce,  Commiphora  sp.) 
o Célastracées  (1  espèce  , 

3 Mal  vacées  (1  espèce) 

3 Méliacées  (1  espèce) 

8 Euphorbiacées  2 espèces) 

15  Rubiacées  (3  espèces) 

6 Samydacées  1 espèce) 

3 Tiliacées  (1  espèce,  Grewia). 

Arbustes  à feuilles  persistantes  : 

2 Erythroxylon  (1  espèce). 

Futaie.  — Lianes  à feuilles  caduques  : 

0 Dioscorea  (1  espèce  à racine  tuberculeuse  et  à tiges 
annuelles) 

7 Chailletia  (1  espèce) 

4 Menispermacées 

1 Conibretum. 

Futaie.  — Lianes  à feuilles  persistantes  : 

1 Landolphia 

2 Salacia 

1 Tetracera. 

Arbres 

Futaie  à feuilles  caduques  : 

3 Dalhergia  (2  espèces) 

I Stereospermum  euphorioides  DC. 

1 Ravensara. 

Soit,  sur  90  plantes,  23  espèces  et  18  familles,  2 arbustes 
et  4 lianes  à feuilles  persistantes,  étroites,  coriaces,  tout  le 


208 


LA  VEGETATION  -MALGACHE 


reste  à feuilles  caduques,  larges,  minces,  souvent  velues.  Pas 
une  plante  n'est  épineuse.  Ce  bois  est  surtout  remarquable 
par  l'abondance  des  lianes. 

Les  Podostémonacées  qu'on  observe  un  peu  partout  dans 
l'Ile,  mais  toujours  sur  des  roches  siliceuses,  sont  plus  abon- 
dantes dans  les  torrents  de  ce  district  que  partout  ailleurs. 
Elles  recouvrent  les  roches  dans  les  courants  les  plus  violents, 
et  fructifient  et  meurent  au  fur  et  à mesure  que  la  baisse  des 
eaux  les  fait  émerger. 


IV.  — Bois  des  Plateaux  calcaires. 


Ces  bois  couvraient  jadis  les  grands  plateaux  calcaires  de  l’Ouest. 
Ils  sont  réduits  maintenant  à de  rares  témoins  de  peu  d étendue.  Leurs 
caractéristiques  sont  : futaie  irrégulière  de  12  à 15  mètres,  avec  quelques 
arbres  plus  grands  de  loin  en  loin,  tous  à feuilles  caduques,  ainsi  que 
les  arbustes  du  sous-bois  ; beaucoup  d’arbres  à port  d'Adansonia  ; 
quelque  lianes  ou  arbustes  épineux.  Dans  les  endroits  rocailleux,  ils 
passent  insensiblement  au  bush  à xérophytes. 

Les  séries  calcaires  de  la  région  Ouest,  quel  que  soit  d’ail- 
leurs leur  âge  géologique,  constituent  de  vastes  plateaux 
toujours  plus  ou  moins  inclinés  vers  la  mer.  Les  sols  de  ces 
plateaux  sont  de  deux  sortes  : les  uns  sont  plus  ou  moins 
profonds,  non  ou  à peine  rocailleux  ; les  autres,  au  contraire, 
constitués  par  ces  amoncellements  de  calcaires  bizarrement 
dissous  par  l’érosion  que  les  Sakalaves  appellent  tsingy  et 
qui  ne  sont  autres  que  les  « lapiar  » de  nos  causses.  Les  pre- 
miers, assez  fertiles  1 , sont,  par  suite,  aujourd'hui  presque 
totalement  déboisés,  mais  nous  avons  pu  néanmoins  observer 
encore  quelques  témoins  de  la  végétation  qui  les  recouvrait 
jadis.  Les  seconds,  où  l'action  des  feux  ne  s’est  pas  fait  sen- 
tir, sont  encore,  au  contraire,  recouverts  de  leur  végétation 

1 . Dans  l’Ouest,  plus  un  sol  est  fertile  et  plus  il  est  déboisé,  parce 
que  la  violence  des  feux  est  fonction  de  la  densité  de  la  prairie,  qui, 
elle-même,  dépend  de  la  fertilité  du  sol. 


I.A  KEGIO.N  OCCI  IJ  EX  TALE 


20!) 

native.  Entre  ces  deux  stats,  comme  entre  les  végétations  qui 
les  couvrent,  il  y a d ailleurs  de  nombreux  intermédiaires. 
Aussi  étudierons-nous  d'abord  les  bois  des  sols  profonds,  pour 
passer  ensuite  à ceux  du  tsingy,  qui,  à mesure  que  le  stat 
devient  plus  sec  et  plus  rocailleux,  se  confondent  de  plus  en 
plus  avec  le  Bush  à xérophvtes, 

Les  bois  des  sols  profonds  diffèrent  peu,  en  tant  que  faciès, 


Isingy  du  Bemaraha  au  milieu  d un  bois  des  terrains  calcaires  (Ouest  . 


de  ceux  de  la  Formation  précédente.  On  y voit  pourtant 
moins  de  lianes,  et  moins  encore  d'essences  à feuilles  persis- 
tantes. Ces  dernières  n'y  forment  plus  que  le  vingtième  de  la 
végétation.  Par  contre,  les  arbres  au  port  d 'Adansonia  y sont 
un  peu  plus  nombreux.  Mais  la  principale  différence,  celle  qui 
distingue  nettement  cette  Formation  de  la  précédente,  est  le 
grand  nombre  d’espèces  spéciales,  dont  peu  se  retrouvent  dans 
les  autres  Formations  de  la  région. 

Ces  bois  atteignent  une  hauteur  moyenne  de  12  à 15  mètres, 
mais  ils  sont  dominés  de  loin  en  loin  par  des  arbres  plus 
hauts.  Ces  grands  arbres  sont  ordinairement  des  Adansonia , 

14 


210 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


des  Diospyros  à feuilles  caduques,  des  Acacia.  La  futaie  est 
surtout  constituée  par  des  Légumineuses,  des  Térébinthacées, 
des  Méliacées,  des  Sapindacées.  Les  arbustes  du  sous-bois 
sont  surtout  des  Euphorbiacées,  des  Légumineuses,  des  Acan- 
thacées  et  des  Rubiacées.  Parmi  les  lianes,  on  remarque 
beaucoup  d'Asclépiadacées.  des  Passifloracées,  et  encore  des 
Légumineuses.  Les  plantes  épineuses  manquent  ou  sont  très 


Tsiugy  privés  de  leur  végétation  native  par  les  feux  de  prairie. 
Au  loin,  sont  des  tsingy  encore  boisés. 


rares.  Quelques  arbres  et  quelques  arbustes  Adansonia, 
Khaya,  Ilarpayophylum  ont  des  tiges  et  des  troncs  plus 
ou  moins  renflés.  11  va  sans  dire  qu’on  n’y  voit  ni  Mousses, 
ni  Fougères,  ni  Palmiers,  ni  épiphvtes.  Les  plantes  herbacées 
du  sol  Acanthacées,  quelques  Orchidacées  ou  Liliacées)  sont 
peu  abondantes,  et  les  Dioscorea , si  communs  dans  la  For- 
mation précédente  ou  dans  la  suivante,  manquent  ici  presque 
absolument. 

Voici  un  exemple  de  cette  végétation  : 

Plateau  d'Ankara  Boina  . Calcaire  jurassique,  100  mètres 


LA  K KG  10  N OCCIDKM'ALK 


d altitude.  Sol  profond,  rocailleux.  Dénombrement  des  végé- 
taux adultes  croissant  sur  100  mètres  carrés  de  superficie. 

Sol.  — Nu. 

Sous-bois — Arbustes  à feuilles  caduques  : 

20  Légumineuses  (5  espèces) 
o Liliacées  (1  espèce] 


Bois  tics  plateaux  calcaires  dans]  les  tsingy  du  Bcmaraha,  détruits  sur  leur 
lisière  par  les  feux  de  prairie. 

1 Anonacée 

o Capparidacées  (1  espèce) 

2 Harpagophytum  (1  espèce) 

3 Bignoniacées  (1  espèce) 

15  Euphorbiacées  (i  espèces) 

7 Acanthacées  (2  espèces) 

5 Méliacées  (1  espèce) 

3 Térébinthacées  (1  espèce). 

Sous-bois.  — Arbustes  à feuilles  persistantes  : 

2 Buettnériacées  (1  espèce) 

3 Asclépiadacées  (1  espèce). 


212  LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 

Lianes  à feuilles  persistantes  : 

H Landolphia  L.  tennis. 

Arbres  à feuilles  caduques  : 

2 Adansonia  (A.  Za) 
t biospyros 


lîois  des  plateaux  calcaires  dans  les  tsingy  calcaire  corallien  corrode 

de  Namoroka. 

2 Légumineuses  [Bathiea  ruhriflora  Drake  et  Dal- 
hergia  sp.). 

Soit,  au  total,  81  plantes  appartenant  à 28  espèces  et 
16  familles;  6 plantes  à feuilles  persistantes  et  toutes  les 
autres  à feuilles  caduques  ; pas  de  plantes  épineuses  ; trois 
arbres  ( Adansonia , Bathiea)  et  deux  arbustes  [Harpagopliy t um) 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE  213 

à troncs  renflés  ; huit  lianes.  Futaie  de  12  a 13  mètres  domi- 
née par  les  Adansonia. 

Sur  la  rive  gauche  du  Mangokv,  près  de  l'embouchure  de  la 
Malio,  à la  même  altitude,  sur  des  calcaires  gréseux,  la  com- 
position est  absolument  la  même.  On  y voit,  sur  cent  mètres 


Adansonia  ruhroslipa,  à Namoroka  (Amboiigo,  région  Ouest). 
Hauteur  12  ni. 

carrés  de  superficie,  7 arbres  et  7 lianes  à feuilles  caduques 
5 arbustes  à feuilles  persistantes,  49  arbustes  à feuilles 
caduques,  3 arbustes  à feuilles  persistantes,  49  arbustes  à 
feuilles  caduques,  2 plantes  herbacées.  Les  familles  les  mieux 
représentées  sont  les  Acanthacées  (1 8 individus,  4 espèces), 
les  Légumineuses  (6  individus,  o espèces),  les  Euphorbiacées 
(16  individus,  2 espèces),  et  les  Rubiacées  (11  individus, 
3 espèces). 


214 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Les  bois  du  tsingy  constituent  un  mélange  très  curieux  des 
bois  que  nous  venons  de  décrire  et  des  buissons  à xérophytes. 
Dans  les  interstices  des  rocailles,  la  végétation  ne  diffère  pas 
de  la  précédente.  Les  arbres  des  crevasses  de  ces  calcaires, 
qui  sont  fissurés  comme  des  glaciers,  sont  parfois  très  grands, 
et  c'est  l’habitat  préféré  du  Diospyros  Perrieri  Jum.,  qui 
fournit  l’ébène  de  la  côte  Ouest.  Mais,  sur  les  rocailles  elles- 
mêmes,  la  taille  diminue  très  vite,  le  sous-bois  e tla  futaie  se 
confondent,  des  lianes  et  des  arbustes  épineux  apparaissent, 
les  plantes  crassulantes  ou  à tiges  renflées  se  multiplient 
de  plus  en  plus,  et  l’on  passe  ainsi,  presque  sans  transition, 
de  cette  Formation  à celle  des  Buissons  à xérophytes. 


V.  Bois  ÜLS  COLLINES  ARÉNACEES. 

Ces  bois,  qui  couvrent  les  sols  sablonneux,  sont  encore  moins  hauts 
que  les  précédents.  Ils  sont  constitués  surtout  par  de  grands  arbustes, 
avec  quelques  petits  arbres,  l’ensemble  ne  dépassant  pas  8 à 10  mètres 
de  hauteur.  Le  feuillage  est  bien  plus  réduit  que  dans  la  Formation 
précédente,  et,  comme  elle,  ces  bois  passent  insensiblement,  dans  les 
lieux  secs,  au  Bush  à xérophytes. 

Comme  les  précédents,  ces  bois  sont  d'aspect  assez  divers, 
selon  la  profondeur  et  l’humidité  des  sols  qu  ils  recouvrent. 
Dans  les  vallons  et  sur  les  pentes  un  peu  humides,  ils  ne 
diffèrent  guère,  tant  au  point  de  vue  faciès  qu  au  point  de  vue 
composition  botanique,  de  ceux  des  terrains  cristallins. 
L'abondance  d'un  arbre,  le  tamarinier  ',  qui  est  presque 
localisé  dans  les  localités  les  moins  sèches  de  cette  Forma- 
tion, et  des  plantes  herbacées  un  peu  plus  nombreuses  sur 

1.  Le  Tamarindus  indiea  Lin.  est  un  arbre  qui  joue  un  grand  rôle 
dans  la  vie  des  Sakaiaves.  Les  indigènes  le  plantent  toujours  près  de 
leurs  villages  et  en  transportent  un  peu  partout  les  graines,  qui  leur 
servent  soit  pour  le  jeu  de  katra,  soit  pour  la  devination  (sikidy).  Il 
n’est  réellement  spontané  que  dans  cette  Formation  et  dans  la  région 
méridionale. 


I.A  RÉGION  OCCIDENTALE 


21 5 

le  sol,  leur  donnent  cependant  alors  une  physionomie  assez 
spéciale.  Mais,  au  fur  et  à mesure  que  le  stat  devient  plus 
sec,  cette  végétation  se  modifie  peu  à peu.  De  nouvelles 
espèces  apparaissent,  les  arbres  deviennent  rares, puis  dis- 
paraissent, la  futaie  et  le  sous-bois  se  confondent  ; et,  fina- 


Pandanus  xérophile  dans  les  bois  des  terrains  arénacés.  près  de  Morondava 

(Région  Ouest). 


lement,  elle  n'est  plus  qu'un  véritable  bush,  que  seule 
l’absence  des  plantes  aphylles,  crassulantes  ou  cactiformes, 
empêche  de  confondre  avec  le  bush  à xérophytes. 

Pour  montrer  ces  modifications  successives,  nous  donnons 
ci-dessous  le  dénombrement  des  plantes  adultes  que  nous 
avons  observées  poussant  côte  à côte  sur  100  mètres  carrés  de 
superficie,  dans  deux  localités,  1 une  sur  les  flancs  d une 


- 1 O LA  VÉGÉTATION  MALGACH  K 

colline  de  grès  crétacés,  l’autre  sur  la  cime  d'une  petite 
colline  de  grès  triasiques. 

I.  I- lanc  dune  colline  de  grès  et  sables  crétacés,  à Manon- 
garivo  (Ambongo),  vers  30  mètres  d’altitude.  Localité  inter- 
médiaire entre  les  bois  à tamariniers  dont  il  est  question  ci- 
dessus  et  la  suivante  : 


Arbres  ( Perriera  madagascariensis  et  Tamarindus  indica ) ayant  persisté 
au  milieu  d une  prairie  sur  sol  aride  des  terrains  arénacés.  près  de  Soalala 
Ambongo,  région  Ouest).  Il  y a une  cicatrice  à la  base  du  tronc  du  Perriera. 


Sol  : 

2 Orchidacées  1 espèce  à tubercule  souterrain  . 

7 Dioscorea  2 espèces 

3 Tacca  pinnatifida  Forst  à tubercule  souterrain) 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE 


217 


Bois  et  prairies  sur  terrains  arénacés,  aux  'environs  de  Morondava. 
Le  plus  grand  arbre  est  un  Tamarindus  indien  dépourvu  de  feuilles. 


Bois  des  terrains  arénacés.  Sous-bois  dans  un  endroit  humide, 
avec  Mncnren ha  sia  abattus  et  exploités  (Soalala,  Ouest). 


218 


l.A  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Blsch.  — Arbustes  à feuilles  caduques  : 

12  Légumineuses  (2  espèces) 

2 Bignoniacées  (1  espèce  ) 

5 Comhretum  1 espèce) 
i Samydacées  (1  espèce 

3 Gracia  (1  espèce  ) 

3 Apocynacées  (1  espèce) 


Chrysalidocarpus  oleraceus,  sur  la  lisière  d'un  bois  des  collines  arcnacées. 
Ambongo,  région  Ouest). 


2 Verbénacées  (1  espèce) 

2 Ochnacées  i 1 espèce) 

1 Anonacée 

1 Euphorbiacées  (2  espèces) 

2 Acanthacées  (1  espèce  . 


LA  REGION  OCCIDENTALE 


219 


Arbustes  à feuilles  persistantes  : 

3 Clusiacées  i 1 espèce) 

Lianes  à feuilles  persistantes  : 

1 Landolphia  Perrieri. 

Blsch.  — Lianes  à feuilles  caduques  : 
6 Combrétacées  (1  espèce 

2 Dilléniacées  (1  espèce 
1 Asclépiadacées. 


Bois  des  collines  arénacées,  avec  Adansonia  Grandidieri.  près  de  Morondava. 

Lianes  aphylles  : 

2 Asclépiadacées  1 espèce) 

2 Vanilla  (1  espèce  épiphyte  et  grimpante). 

Arbres  isolés  à feuilles  caduques  : 

1 Dalbergia 

1 Stereospermum  euphorioides  DC. 

Soit,  sur  72  plantes,  23  espèces  et  16  familles  ; 4 lianes 
aphylles  ; 4 plantes  à feuilles  persistantes  ; 14  plantes  her- 
bacées à tubercules.  Ensemble  uniforme  de  10  mètres  de 


220 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


hauteur  environ,  dominé  de  loin  en  loin  par  quelques  arbres 
isolés. 

II.  Sommet  d'une  colline  de  grès  bigarrés  (trias),  sur  la 
Makambahv,  allluent  de  gauche  de  la  Ma  h a va  vv  de  l'Ouest, 
vers  100  mètres  d'altitude.  Localité  beaucoup  plus  sèche  que 
la  précédente. 


Savane  à iledemia  et  Acridocarpus . au\  environs  de  Loulaba.  région  Ouest, 
sur  sols  arénacés  pauvres. 

Sol  : Plantes  herbacées. 

4 Acanthacées  1 espèce 
Bush  : Arbustes  à feuilles  caduques  : 

10  Erythroxylon  1 espèce 
o Rubiacées  1 espèce 
o Composées  (2  espèces) 

3 Célastracées  (1  espèce) 


I.A  KÉGION  OCCIDENTALE 


221 


i Acridocarpus  (1  espèce 
i Ebénaeées  I espèce) 

9 Dalborgia  (i  espèces) 

3 Myrt  accès  ( 1 espèce) 

D Apocynacées  2 espèces,  dont  2 Pachypodium 
Biitenbergianum  ) 

1 Sapindacée 


Hois  des  terrains  arénacés  en  octobre,  près  de  Morondova 
(Région  Ouest). 

3 Ochnacées  (1  espèce) 
i Mélastomacées  (1  espèce 
i Solanacée 

1 Samydacées  (1  espèce  . 

Arbustes  à feuilles  persistantes  : 

3 llubiacées  (1  espèce] 

2 Ebénacées  (1  espèce  . 

Lianes  à feuilles  caduques  : 

1 1 Asclépiadacées  (2  espèces) 

1 Anonacée 


222  LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 

2 Gonnaracées  ( 1 espèce). 

Lianes  aphylles  : 

3 Cassytha  filiformis  Lin. 

I Vanilla , épiphyte  et  grimpante. 

Soit,  sur  87  plantes,  28  espèces  et  20  familles  ; 2 arbustes 
épineux  à troncs  renflés  ( Pachy podium  Rutenbergianum 


Bois  des  terrains  àrénacés  aux  environs  du  cap  Saint-André. 

Vatke)  ; 3 lianes  aphylles  ; 5 arbustes  a feuilles  persistantes  ; 
pas  d'arbres.  Ensemble  broussailleux  et  dense,  ne  dépassant 
pas  8 mètres  de  hauteur. 

En  même  temps  que  s’abaisse  la  taille  de  l’ensemble  et  que 
les  arbres  disparaissent,  le  feuillage,  même  celui  des  essences 
à feuilles  caduques,  diminue  aussi  de  grandeur.  Dans  le 
dernier  exemple  cité,  les  feuilles  de  presque  toutes  les 


LA  REGION  OCCIDENTALE 


223 


espèces  étaient  étroites  et  allongées.  Ce  caractère  s’accentue 
encore  dans  la  Formation  suivante  et  dans  la  région  méri- 
dionale. 

La  Formation  des  bois  des  terrains  arénacés  se  retrouve 
avec  les  mêmes  caractères  du  Xord  au  Sud  de  la  région.  Rien, 
par  exemple,  n'est  plus  semblable  à la  végétation  des  grès 
jurassiques  des  bords  du  Mangokv  que  celle  des  grès  basiques 
du  Tsaramborona,  à l’Extrème-Xord  ; et  les  bois  qui  couvrent 
les  sables  crétacés  de  lAnkarafantsika  sont  identiques  à ceux 
que  I on  trouve  sur  les  mêmes  terrains  aux  environs  de  Besevo, 
sur  les  deux  rives  de  la  Tsiribihina. 


Tsingy  (calcaire  corrodé  par  les  pluies)  du  Bemaraha. 
avec  broussailles  à xérophytes  Région  Ouest  . 


VI.  — Bush  a xérophytes. 

Réduction  de  la  taille  et  du  feuillage,  épaississement  des  rameaux  et 
des  Ironcs,  abondance  des  plantes  cactées,  aphvlles  ou  épineuses,  tels 
sont  les  caractères  généraux  du  Rush  à xérophytes,  d'ailleurs  un  peu 
variable  suivant  les  terrains.  Cette  Formation  n'est  distincte  du  Bush  à 
Dirlierea  que  par  l'absence  de  certaines  espèces. 


224 


LA  YKEÉTATIO.N  MALlMCHE 


l u folotsy  Fololsia  sp.)  dans  les  bois  des  terrains  arénacés, 
près  de  Morondava,  région  Ouest. 


Fachy podium  sur  grès  basiques  du  Sambao.  A droite,  un  Dallieryia 
(Broussailles  à xérophytes,  région  Ouest  . 


I.A  KKfifON  OCCIDENTALE 


Ores  uniformes  de  I Isalo.  avec  plantes  xerophiles  , Région  Sud-Ouest). 


Broussailles  à xérophytcs,  sur  les  grès  du  Sambao  (Région  Ouest). 
Aloe,  Euphorbia,  Pacliypocliurn  et  Selaginella. 


1 à 


22Q 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Pandanus  xérophiles  des  grès  du  Sambao  (Région  Ouest  . 


Broussailles  à xérophytes,  avec  Euphorbia  Laro,  sur  une  dune, 
aux  environs  de  Besalampy  (Région  Ouest). 


I A RÉGION  OCCIDENTALE 


227 


Buissons  ù xérophytes  sur  calcaire  jurassique,  avec  Pachypodium 
Rulenherÿianuni  en  fleurs.  Ambongo  (Région  Ouest). 


Buissons  à xérophytes  sur  sables  récents,  avec  Aloe  sp. 
Ambongo  (Région  Ouest). 


228 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


Ainsi  que  nous  venons  de  le  voir,  les  trois  Formations  pré- 
cédentes tendent  à passer,  au  fur  et  à mesure  que  le  stat 
devient  plus  sec,  à celle  des  broussailles  à xérophytes.  On 
observe,  par  suite,  cette  dernière  Formation  sur  les  trois  ou 
quatre  sortes  de  sols  que  nous  avons  distingués  dans  la  région, 


Tsingy  (calcaire  corallien  corrodé  par  les  pluies)  de  Namoroka, 
avec  broussailles  à xérophytes. 

et,  bien  que  ses  caractères  d'ensemble  soient  très  nets,  la  nature 
du  sol  n'est  pas  sans  avoir  quelque  influence  sur  sa  composi- 
tion et  son  aspect.  Il  y a,  en  conséquence,  quelques  différences 
entre  le  bush  des  rocailles  cristallines  et  ceux  des  terrains 
arénacés  ou  calcaires,  qui  diffèrent  aussi  légèrement  entre 
eux. 

Sur  les  terrains  cristallins  (gneiss)  de  la  rive  droite  du 


t.A  REGION  OCCIDENTALE 


229 


Bemarivo,  dans  le  Nord-Ouest,  vers  400  mètres  d’altitude, 
les  rocailles  sèches  sont  couvertes  de  broussailles  atteignant 
2 à 3 mètres  de  hauteur,  constituées  par  des  arbustes  à feuilles 
promptement  caduques  et  étroites,  d euphorbes  de  même 
port,  mais  à rameaux  subcrassulants  et  épais,  d'euphorbes  à 
tiges  épineuses  et  cactées  ’,  d euphorbes  à port  de  E.  Laro  ~ 
et  de  quelques  lianes,  dont  les  unes  sont  aphvlles  ( Cynan - 


Pachypodimn  des  broussailles  à xérophytes  des  terrains  calcaires  de  l'Ouest 
(Dessin  de  Mn*  L.  Perrier  de  la  Bâthie). 


chum)  et  d'autres  renflées  à leur  base  en  tubercule  énorme 
l Ophiocaulon , T itis,  Adenia).  Parmi  ces  broussailles  appa- 
raissent des  Pachypodium,  à tiges  monstrueuses,  de  taille 
plus  haute  que  ceux  du  Centre,  et  des  plantes  grasses,  Aloe  et 
kalanclioe . A l'ombre  des  arbustes  ou  dans  les  fentes  des 
rocailles  croissent,  en  outre,  quelques  plantes  herbacées 

1.  Section  Spinosa  de  II.  Poisson  : Recherches  sur  la  Flore  méridio- 
nale de  Madagascar,  p.  30,  Challamel,  1912. 

2.  Section  Eufamata  de  H.  Poisson  : Recherches  sur  la  Flore  méridio- 
nale de  Madagascar , p.  30,  Challamel,  1912. 


230 


LA  VEGETATION  .MALGACHE 


tuberculeuses,  un  Selaginélla  et  quelques  Fougères  xéro- 
phytes. 

Sur  les  mêmes  terrains,  mais  beaucoup  plus  au  Sud,  aux 
environs  d'Ihosy,  le  Bush  à xérophytes  a à peu  près  le  même 
aspect  et  la  même  composition,  mais  on  observe  beaucoup 


Vitis  à tige  renflée  des  broussailles  à xérophytes  des  terrains  calcaires  de  l'Ouest 
(Dessin  de  Mlle  L.  Perrier  de  la  Bâthie). 


plus  de  Vellozia  et  d’euphorbes  aphylles.  Puis  un  type  nouveau 
apparaît  : de  grands  Kalanchoe  arborescents,  à feuilles  tou- 
jours crassulantes,  mais,  suivant  l’espèce,  caduques  et  velues, 
ou  glabres  et  persistantes. 

Sur  les  calcaires,  au  Nord  comme  au  Sud,  il  y a moins 
d’euphorbes  et  de  lianes  aphylles  et  davantage  d’arbustes  à 
rameaux  subcrassulants  et  feuillés.  Quelques  plantes  grim- 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE 


231 


pantes  sont  épineuses  ; les  Pachypodium  y ont  le  plus  sou- 
vent le  port  du  P.  Lamerei  Drake.  Les  lianes  à tiges  renflées 
y sont  des  Vitis,  des  Cucurbitacées,  des  Passitloracées  ; et  les 
petits  arbres  à troncs  monstrueux,  au  port  d ' Adansonia  rubro- 
slipa  Jum.  et  Perr.,  y abondent.  Les  Selayinella  et  les  Fou- 


Vitis  el  Acleniû  sur  les  rocailles  calcaires  de  Mahevarano. 

gères  manquent  totalement.  Les  Aloe  et  les  Kalanchoe  y sont 
rares.  Pourtant  quelques  espèces  de  ce  dernier  genre  sont 
remarquables  par  le  dimorphisme  de  leurs  feuilles,  larges  et 
membraneuses  en  saison  des  pluies,  petites  et  erassulantes  en 
saison  sèche. 

Sur  les  grès,  aussi  bien  dans  l’Extrême-Nord  que  vers  le 
Sud-Ouest,  les  caractères  du  bush  à xérophytes  sont  à peu 
près  les  mêmes  que  sur  les  terrains  cristallins  ; mais,  sur  les 


232 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


sables.,  on  observe  en  outre  des  arbustes  d'un  port  tout  par- 
ticulier, à rameaux  assez  épais,  étalés  sur  le  sol,  des  plantes 
herbacées  à souche  pivotante  et  profonde,  et  des  arbustes 
aphvlles  appartenant  à d autres  groupes  que  ceux  précédem- 
ment cités,  des  Légumineuses  et  des  Capparidacées. 


Musa  Perrieri  Claverie.  Port  de  saison  sèche.  Planté  dans  mon  jardin  à 
Tananarive.  et  provenant  des  broussailles  à xérophytes  de  la  région  Ouest. 


Dans  l'ensemble,  le  Bush  à xérophytes  diffère  surtout  des 
autres  Formations  de  la  région  par  la  réduction  de  la  taille  et 
du  feuillage,  l'épaississement  des  rameaux  et  des  troncs  et  le 
grand  nombre  des  trophophvtes  et  des  plantes  grasses  ou  cac- 
tiformes.  Ses  caractères  varient  peu  de  l Extrême-Nord  au  Sud- 
Ouest,  où  cette  Formation  se  confond  avec  le  Bush  de  la  région 
méridionale,  mais  les  surfaces  qu  elle  recouvre  sont  d'autant 


LA  RÉGION  OCC1DKNTAI.E 


233 


plus  étendues  que  1 on  se  rapproche  davantage  du  Sud.  Comme 
nous  retrouverons  dans  cette  région  la  plupart  des  types  xéro- 
philes  de  lOuest,  nous  n'insisterons  pas  ici  davantage  sur  les 
caractères  végétatifs  si  remarquables  de  ces  plantes  et  sur  les 
moyens  d’adaptation  si  variés  qu’elles  emploient  pour  lutter 
contre  la  sécheresse.  Il  en  sera  question  plus  loin. 


VII.  — Faciès  ue  dénudation  et  Produits  forestiers. 


La  végétation  autochtone,  dans  l'Ouest,  a été  détruite  uniquement  par 
les  feux  de  prairie,  c’est-à-dire  par  attaques  répétées  des  lisières. 
Plus  la  prairie  est  épaisse,  plus  les  feux  sont  violents  et  destructeurs. 
Zones  fertiles  dénudées,  sols  stériles  ayant  mieux  conservé  leur  végé- 
tation arborescente,  telle  est,  par  suite,  une  des  caractéristiques  les  plus 
constantes  de  la  région  occidentale.  Tant  que  les  feux  y séviront, 
aucune  reconstitution  de  la  forêt  n'v  sera  possible.  Les  produits  fores- 
tiers étaient  surtout  du  caoutchouc,  de  la  cire,  du  raphia  et  de  l’ébène. 

Dans  l’Ouest,  la  Forêt  n’est  pas  détruite  comme  dans  le 
Centre,  par  centaines  d hectares  à la  fois.  Elle  brûle  plus  len- 
tement, parcelle  par  parcelle,  attaquée  sur  les  lisières  par  les 
feux  de  prairie,  que  rendent  plus  violents  à la  fois  les  vents 
du  Sud  Est  et  l’accumulation  des  herbes  sèches,  tou  jours  plus 
grande  aux  abords  des  bois,  surtout  lorsque  ces  bois  ont  été 
déjà  entamés  par  un  incendie  antérieur  h 

L intensité  des  feux,  qui  détermine  la  destruction  plus  ou 
moins  rapide  et  plus  ou  moins  totale  du  bois,  est  donc  d’au- 
tant plus  grande  que  la  prairie  est  plus  épaisse  et  les  vents 
plus  violents.  En  conséquence,  si  ce  sont  bien  les  feux  qu1 
ont  anéanti  la  llore  autochtone  dans  l’Ouest,  ses  restes  doivent 
manquer  absolument  dans  les  endroits  fertiles,  où  la  prairie 

1.  La  prairie  est,  en  efTet,  plus  dense  sur  la  lisière  des  bois  brûlés, 
par  suite  des  cendres  et  des  restes  d’humus  qui  en  fertilisent  le  sol. 
Aussi  une  forêt  brùle-t-elle  d’autant  mieux  qu’elle  a été  plus  profondé- 
ment attaquée  lors  de  l'incendie  précédent,  et  cette  progression  se 
maintient  constante  jusqu’à  l'anéantissement  total  du  massif. 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


234 

est  plus  dense,  et  ne  subsister  plus  ou  moins  que  dans  les 
endroits  stériles  ou  à l’abri  des  vents. 

Et  il  en  est  bien  ainsi.  Sur  les  grandes  plaines  fertiles 
balayées  par  les  vents,  on  ne  voit  qu'une  prairie  d'Anclropo- 
t /on , où  toutes  les  plantes  ligneuses  manquent  absolument; 
sur  les  plateaux  et  les  plaines  plus  stériles,  où  la  prairie  est 
moins  dense,  apparaissent  des  Medemia,  seule  plante  ligneuse 


Prairie  dans  l’Ouest.  Les  pentes,  où  les  feux  sont  plus  violents,  sont  privées 
de  toute  végétation  arborescente.  Dans  les  parties  plates  (au  premier  plan) 
sont  encore  quelques  Sclerocarya  CafJ’ra  et  Hyphaene  Shatan. 

capable  de  résister  aux  feux  encore  très  violents  de  cette  loca- 
lité ; sur  les  collines  plus  arides,  où  les  Graminées  sont  plus 
espacées,  ce  sont  de  fausses  savanes  à Hyphaene , à Scleroea- 
rya,  à Acridoearpus,  accompagnées  d’autres  espèces  ligneuses, 
d’autant  plus  abondantes  que  le  sol  plus  sec  est  inapte  à nour- 
rir des  Graminées.  Enfin,  les  cours  d’eau  sont  jalonnés  de 
grands  arbres  grillés  par  les  feux,  du  côté  de  la  prairie,  mais 
protégés  ailleurs  par  les  berges  et  la  rivière.  Les  bois  sont 
localisés  dans  les  replis  de  terrain  ou  à l’abri  des  rocailles,  et 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE 


235 


les  massifs  forestiers  quelque  peu  étendus  n’existent  que  sur 
les  sols  où  le  feu,  poussé  par  le  vent  et  propagé  parla  prairie, 
n'a  pu  accomplir  son  œuvre  de  destruction. 

Plaines  fertiles  dénudées,  plateaux  et  collines  plus  stériles, 
avec  quelques  vestiges  de  plantes  arborescentes,  ligne  d’arbres 
au  bord  des  rivières,  bois  et  forêts  localisés  à l'abri  des  vents 
ou  sur  les  sols  trop  secs  pour  nourrir  une  prairie  dense,  telles 


Le  feu  dans  un  bois  des  plateaux  calcaires.  Au  premier  plan,  la  prairie  brûlée 
qui  a amorcé  l’incendie  (Ouest). 

sont  les  caractéristiques  du  faciès  de  dénudation  dans  la 
région  occidentale.  La  densité  de  la  prairie  est  surtout  la  cause 
dominante  de  la  destruction  des  bois.  Aussi  n’en  existe-t-il 
presque  plus  sur  les  terrains  cristallins  et  sur  les  terrains 
calcaires,  où  ils  n'ont  persisté  qu'à  l’abri  des  rocailles  ou 
dans  les  ravins,  et  sur  les  sols  alluvionnaires  où  les  indigènes 
ont  achevé  de  les  détruire  en  y pratiquant  des  tavy.  La  flore 
autochtone  a persisté  davantage,  au  contraire,  sur  les  sols 
arénacés  que  la  prairie  recouvre  difficilement  ; et  tous  les  mas- 
sifs forestiers  un  peu  importants  de  l'Ouest  sont  localisés  sur 


236 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


ces  terrains1.  Quant  au  bush  à xérophvtes,  bien  protégé  par 
des  rocailles  ou  la  sécheresse  du  stat,  il  résiste  parfaitement 
au  feu  et  à la  prairie. 

C’est  au  mode  plus  lent  de  la  destruction  des  bois,  à leur 
incombustibilité  relative,  aux  racines  pivotantes  et  profondes 
de  la  plupart  des  essences  forestières,  à leur  aptitude  à mieux 
résister  à la  radiation  et  à la  sécheresse,  accrues  par  la  dénuda- 
tion, que  sont  dus  la  persistance  de  quelques  arbres  dans  la 
prairie  occidentale  et  l'aspect  de  savanes  de  quelques-unes  de 
ces  parties.  Ces  savanes  à Medemia , à Sclerocarya , à Hy- 
phaene , à Acridocarpus  ne  sont  donc  pas  des  Formations 
naturelles,  mais  de  simples  conséquences  de  l'action  des  feux. 
Dans  la  savane  à Medemia  nobilis , où  la  prairie  est  encore 
très  dense,  nulle  plante  ligneuse  autre  que  ce  Palmier,  dont 
les  qualités  de  résistance  aux  flammes  sont  extraordinaires  2, 
ne  pourrait  subsister.  Il  s’y  multiplie  néanmoins  avec  une 
grande  abondance,  malgré  les  feux  et  les  suites  de  la  dénuda- 
tion. Il  en  est  de  même  de  Sclerocarya  Ca/fra,  d ' Hyphaene 
Shatan  et  d’ Acridocarpus  excelsus , qui  ne  croissent  d’ailleurs 
que  dans  les  stats  plus  secs,  à prairie  plus  claire,  à 
feux  non  fatalement  annuels.  Ces  quatre  plantes  sont  les  ana- 
logues, dans  la  Prairie  occidentale,  de  certaines  espèces  du 
Savoka  de  l'Est.  La  dénudation,  au  lieu  de  nuire,  leur  a per- 
mis, au  contraire,  de  se  multiplier  énormément  dans  certaines 
conditions  déterminées,  grâce  à la  suppression  des  espèces 
concurrentes. 

1.  Sur  ces  sols,  dont  ln  prairie  ne  peut  s’emparer,  l’emplacement  des 
tavy  se  recouvre  de  broussailles  assez  hétérogènes  que  l’on  pourrait 
confondre  avec  une  Formation  native  de  buissons.  Les  changements 
moins  grands  dans  les  conditions  de  milieu  causées  par  l’incendie  et  la 
profondeur  des  racines  expliquent  la  persistance,  dans  ces  sortes  de 
Savoka,  d'un  grand  nombre  d’espèces,  dont  la  plupart  ne  sont  repré- 
sentées que  par  des  rejets  des  anciennes  souches.  La  disparition  des 
gros  troncs,  celle  d'un  grand  nombre  d’espèces  natives  et  la  présence 
de  plantes  importées  permettent  facilement  de  reconnaître  ces  sortes 
de  broussailles. 

2.  La  couronne  de  larges  feuilles  de  ce  Palmier  végète  souvent  au 
sommet  d’un  stipe  dont  la  base  est  aux  3 4 rongée  par  les  ilammes. 


LA  REGION  OCCIDENTALE 


237 


Il  n'en  est  pas  de  même  des  autres  espèces  ligneuses,  que 
I on  trouve  encore  avec  assez  d’abondance  dans  les  parties 
les  plus  sèches  et  les  plus  stériles  de  la  Prairie  de  l’Ouest. 
Celles-ci  ne  sont  manifestement  que  des  restes  des  anciens 
bois  détruits  ; elles  ont  résisté  grâce  à leurs  racines  pivo- 
tantes et  profondes,  mais  elles  sont  destinées  à disparaître 
bientôt,  puisqu'elles  ne  se  reproduisent  plus  dans  les  nou- 


Prairie  sur  sol  arénacé  pauvre,  avec  pieds  isolés  d' Ery trophleum  Courninya , 
dont  les  branches  inférieures  ont  été  tuées  par  les  flammes. 

velles  conditions.  Ce  ne  sont  d’ailleurs  le  plus  souvent  que 
des  rejets  d anciennes  souches  carbonisées,  auxquelles  les  feux 
répétés  ont  donné  des  formes  toutes  particulières  et  caracté- 
ristiques *. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  la  prairie  était  toujours  plus 
dense  sur  les  lisières  des  bois,  et  que  cette  circonstance  en 

1.  Ces  souches,  au-dessus  du  collet,  s’étalent  en  larges  plateaux 
diversement  lobés,  carbonisés  au  centre,  et  ne  s'accroissent  que  sous  le 
sol  et  sur  les  bords,  qui  s'éloignent  déplus  en  plus  de  la  racine  centrale 
et  pivotante.  Les  bords  de  ces  souches,  seuls,  portent  des  rejets. 


238 


I.A  VÉGÉTATION  MALGACHE 


accélérait  la  destruction.  Mais  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi, 
car  cette  densité  de  la  prairie,  l'herbe  plus  longtemps  verte, 
quelques  Légumineuses  arborescentes  attirent  beaucoup  le 
bétail  sur  ces  lisières  ; et,  lorsque  les  bœufs  sont  très  nom- 
breux, ils  créent  souvent,  en  broutant  l’herbe  autour  des  bois, 
comme  une  zone  protectrice  où  les  flammes  s'arrêtent  d'elles- 
mêmes.  Le  bétail,  qui  est  considéré  partout  comme  un  ennemi 
de  la  Forêt,  semblerait  au  contraire,  ici,  en  arrêter  la  destruc- 
tion. Espérons  donc,  sans  trop  y compter,  que  l’élevage  inten- 
sif, pourtant  cause  principale  des  feux  de  prairie,  nous  con- 
servera néanmoins  quelques  vestiges  de  la  flore  si  intéressante 
de  l’Ouest. 

Nous  avons  rarement  eu  l'occasion  d’observer,  dans  l’Ouest, 
des  bois  en  voie  de  régénération  naturelle.  Presque  toujours 
la  Forêt  est  irrémédiablement  détruite  et  pour  toujours.  Pour- 
tant on  peut  prendre  peut-être  pour  tels  les  sortes  de  Savoka 
qu’on  observe  sur  les  emplacements  des  bois  détruits  par  les 
Sakalaves  pour  cultiver  du  maïs  ou  du  manioc.  Ces  Savoka 
sont  surtout  constitués  par  des  rejets  d'anciennes  souches, 
mais  on  y voit  aussi  des  Grewia , des  Croton  et  d'autres 
essences  à bois  blanc  et  à croissance  rapide.  Ces  bois,  en 
voie  de  régénération,  sont  surtout  remarquables  par  l'abon- 
dance des  lianes,  qui,  ici  encore,  ont  besoin,  pour  germer  ou 
se  développer,  de  beaucoup  de  lumière  et  croissent  avec  les 
arbres  qui  les  portent  et  dont  elles  ont  l’âge.  Au  milieu  des 
forêts,  la  régénération  se  fait,  comme  dans  la  forêt  orientale, 
par  l’intermédiaire  d’espèces  alternantes,  dont  la  plus  extra- 
ordinaire est  Musa  Perrieri  Claverie.  Ce  Musa,  dont  les 
feuilles  se  dessèchent  complètement  pendant  l'hiver  austral ? 
ne  se  trouve  guère,  en  effet,  que  sur  l'emplacement  des  vieux 
arbres  tombés. 

Produits  forestiers.  — Les  forêts  des  sols  alluvionnaires, 
seules,  sont  réellement  exploitables  au  point  de  vue  bois  de 
construction,  mais  les  vestiges  qui  en  subsistent  sont  peu  de 
chose  et,  comme  dans  l’Est,  leur  principale  tare  est  le  défaut 
d'homogénéité  des  peuplements.  Les  bois  des  autres  Forma- 
tions peuvent  fournir  certes  beaucoup  de  matériaux  utiles, 


LA  RÉGION  OCCIDENTALE 


239 


mais  les  beaux  arbres  sont  rares,  et  ils  n'ont,  par  suite,  d inté- 
rêt que  pour  les  localités  placées  dans  leur  voisinage  immédiat. 
Us  sont  pourtant  assez  riches  en  essences  précieuses,  notam- 
ment l'ébène,  que  fournit  Diospyros  Perrieri  Jum.,  le  palis- 
sandre, que  produisent  Dalberyia  Perrieri  Drake  et  Dalherr/ia 
ikopensis  Jum. 1 2 et  l hazomalana,  ou  Hernandia  Voyroni  Jum.  -. 

Les  bois  des  terrains  siliceux  surtout  étaient  riches  en 


Un  sakoa  ( Sclerocàrga  Caffra)  isolé  dans  la  prairie  (Région  Ouest). 


plantes  à caoutchouc,  mais  les  exploitants  et  les  feux  ont 
détruit  ces  essences  presque  partout  ; les  unes  étaient  des 
arbres  ou  des  arbustes  : Euphorbia  Pirahazo  Jum.  3,  dont  il  ne 
reste  que  quelques  exemplaires,  et  Mascarenhasia  arhorescens 
et  M.  lisianthiflora,  encore  assez  communs,  mais,  presque  tou- 

1.  H.  Jumelle:  Quelques  Plantes  utiles  ou  intéressantes  du  Nord-Ouest 
de  Madagascar  'Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille,  1908). 

2.  H.  Jumelle  : L’ Hazomalana  de  l'Ouest  de  Madagascar  (L'Agrono- 
mie coloniale,  1921). 

3.  H.  Jumelle  : Deux  nouvelles  Plantes  à caoutchouc  de  Madagascar 
(Le  Caoutchouc  et  la  Gutta-Percha,  juin  et  juillet  1905). 


240 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


jours,  réduits  aux  rejets  des  souches  recépées  et  brûlées.  Les 
autres  étaient  des  lianes  : Landolphia  sphaerocarpa  Jum.,  loca- 
lisée au  bord  des  rivières  et  aujourd'hui  presque  éteinte  ; Lan- 
dolphia tenuis  Jum.1 2,  localisée  sur  les  calcaires;  Pentopetia 
elastica  Jum.,  plante  rare;  Landolphia  Perrieri  Jum.,  Crgp- 
tostegia  madagascariensis  Boj.,  et  Marsdenia  verrucosa  Dene., 
encore  assez  répandues,  mais  réduites  par  l'exploitation  et  les 
flammes  à de  simples  rejets  de  vieilles  souches  et.  par  suite, 
presque  inexploitables  ’. 

1.  H.  Jumelle  : Le  Landolphia  tenuis,  petite  liane  à caoutchouc  de 
Madagascar  Revue  des  Cultures  Coloniales,  mai  1912  . 

2.  II.  Jumelle  et  Perrier  : Plantes  à caoutchouc  du  Xord  de  Madagas- 
car, Challamel,  1911.  — Id.  : Plantes  à caoutchouc  de  l'Ouest  et  du  Sud- 
Ouest  de  Madagascar,  Challamel,  1911. 


CHAPITRE  XIII 


La  région  méridionale. 


Pluies  rares  et  irrégulières,  à peine  plus  abondantes  en  saison  chaude 
qu'en  saison  fraîche;  faciès  de  la  végétation  nettement  xérophyle,  sauf 
dans  les  lieux  humides  où  persiste  la  végétation  ordinaire  de  l'Ouest; 
feuillage  réduit,  mais  moins  complètement  caduc  (pie  dans  la  région 
occidentale;  espèces  et  genres  spéciaux  assez  nombreux  ; limites  assez 
indécises  aux  points  de  vue  botanique  et  végétatif,  telles  sont  les  prin- 
cipales caractéristiques  de  celte  région,  qui  occupe  leSud-Ouest  de  l'île. 
Nous  n'y  distinguerons  qu'une  seule  Formation:  la  Brousse  à euphorbes 
et  Diüiereu. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  les  limites  de  la  région  méri- 
dionale sont  fort  indécises  au  point  de  vue  de  la  végétation. 
Elles  le  sont  tout  autant  au  point  de  vue  climat.  A partir  de 
l'embouchure  du  Mangoky,  en  descendant  vers  le  Sud,  les 
pluies  de  la  saison  chaude  diminuent  de  plus  en  plus,  en  même 
temps  que  la  sécheresse  devient  moins  absolue  en  saison 
fraîche.  Ces  modifications  s’accentuent  jusqu’aux  environs  du 
cap  Sainte-Marie,  où  les  deux  saisons  ne  diffèrent  plus  sous  ce 
rapport,  étant  toutes  deux  presque  également  dépourvues 
d’eau.  En  allant  vers  l'Est,  l'humidité  augmente,  au  contraire, 
pendant  les  deux  saisons,  et  le  climat  passe  petit  à petit,  en 
approchant  de  Fort-Dauphin,  à celui  de  l'Est,  où  il  pleut  toute 
l année.  En  somme,  pris  dans  l’ensemble,  le  climat  du  Sud- 
Ouest  est  toujours  beaucoup  plus  sec  que  celui  de  l'Ouest,  et 
la  saison  sèche  y est  bien  moins  nette. 

Nous  ne  possédons  pas  malheureusement  de  données  météo- 
rologiques recueillies  dans  la  région  la  plus  sèche  de  l’île, 
c’est-à-dire  aux  environs  du  cap  Sainte-Marie  ou  du  Faux- 
Cap,  mais  nous  donnons  ci-dessous  les  moyennes  de  cinq 
années  d'observations  faites  à Tuléar,  en  un  point  où  la  dimi- 

16 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


42 


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nution  des  pluies  en  saison  chaude 
et  leur  augmentation  en  saison 
fraîche  sont  déjà  bien  marquées. 

Sur  les  limites  Est  de  la  région, 
à Ambovombé,  où  ont  été  faites 
quelques  observations  incomplè- 
tes, les  pluies  atteignent  364  mm. 
en  saison  chaude  et  12o  mm.  en 
saison  fraîche.  A Fort-Dauphin, 
déjà  placé  sous  le  climat  oriental, 
les  deux  saisons  sont  aussi  plu- 
vieuses (667  et  6oo  mm.).  Mais 
entre  Tuléar  et  Ambovombé  les 
pluies  sont  bien  moins  abondantes  ; 
elles  n’adviennent  qu'à  des  dates 
fort  irrégulières  et  peuvent  même 
manquer  tout  à fait  d'un  bout  de 
l'année  à l'autre. 

La  rareté  et  l'irrégularité  des 
pluies  et  les  différences  moins 
grandes  qui  existent  entre  les  deux 
saisons  provoquent  naturellement 
des  changements  assez  grands 
dans  la  marche  des  phénomènes 
phénologiques.  A ce  point  de  vue, 
la  région  Sud-Ouest  se  sépare  net- 
tement de  la  région  occidentale  : 
le  repos  de  la  végétation  y est 
moins  net.  et  le  feuillage,  bien  que 
très  réduit,  y est  moins  régulière- 
ment caduc. 

En  effet,  malgré  rabaissement 
de  la  température  en  saison  fraî- 
che, beaucoup  de  plantes  fleuris- 
sent en  mai,  juin,  juillet  et  août, 
ou  à des  dates  peu  fixes,  détermi- 
nées par  la  chute  d'une  légère 


LA  REGION  MERIDIONALE 


243 


pluie.  Beaucoup  d’autres  montrent  en  même  temps  des 
fruits  et  des  fleurs,  et  l’ensemble  du  bush,  malgré  la  réduction 
du  feuillage,  n’est  jamais  aussi  dégarni  de  feuilles  que  les  bois 
occidentaux. 

Au  point  de  vue  du  feuillage,  on  peut  distinguer  dans  la 
région  Sud-Ouest  plusieurs  catégories  de  plantes  se  compor- 
tant différemment.  Les  unes  ont  des  feuilles  larges,  souvent 
velues,  promptement  caduques  et  ne  se  montrent  qu'au  mo- 
ment des  orages,  pendant  la  saison  chaude.  D’autres,  plantes 
aphvlles  ou  à feuillage  réduit,  portent  seulement  sur  leurs 
jeunes  rameaux  des  écailles  ou  des  feuilles  fugaces,  qui  n'ap- 
paraissent que  lorsque  ces  rameaux  végètent,  c’est-à-dire  à 
des  dates  très  irrégulières.  Beaucoup  d'arbustes  possèdent  un 
feuillage  grisâtre,  étroit,  peu  dense,  très  tardivement  caduc, 
persistant  encore  sur  les  rameaux  de  certains  individus,  alors 
que  d autres  sont  déjà  couverts  de  feuilles  nouvelles.  Enfin 
quelques  arbustes,  d’ailleurs  rares,  ont  des  feuilles  persis- 
tantes, et  alors  ont  un  port  éricoïde. 

Dans  l’ensemble,  le  feuillage  de  la  région  Sud-Ouest  est 
encore  plus  étroit  que  celui  du  Bush  à xérophytes  de  la  ré- 
gion occidentale,  et  ce  caractère  s'accentue  de  plus  en  plus 
vers  le  Sud.  Cette  transformation  du  feuillage  est  curieuse  à 
suivre,  non  seulement  chez  les  espèces  d'un  même  genre,  mais 
aussi  chez  les  individus  d’une  même  espèce.  En  etfet,  cer- 
taines espèces  largement  répandues,  Secamonopsis  madagas- 
cariensis  Jum,  *,  Strophanthus  Boivini  Baill. 1  2,  Plectaneia  Hil- 
dehrandlii  K.  Sch.  3,  etc.,  dont  les  feuilles  sont  assez  larges 
et  très  caduques  au  sud  du  Mangokv,  ont  des  feuilles  larges 
ou  étroites  sur  des  stats  différents,  aux  environs  de  Tuléar,  et 
très  étroites  et  tardivement  caduques  au  sud  de  l'Onilahy. 

1.  H.  Jumelle  : L'A ngalora  et  le  Kompitso,  deux  lianes  à caoutchouc 
du  Sud-Est  de  Madagascar  (Le  Caoutchouc  et  la  Gutta-Percha,  octobre 
1908). 

2.  H.  Jumelle  et  H.  Perrier  de  la  Bàthie  : Fragments  biologiques  de  la 
flore  de  Madagascar  (Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille,  1910). 

3.  H.  Jumelle  et  II.  Perrier  de  la  Bàthie  : Le  genre  Plectaneia  de 
Madagascar  (Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille,  1908). 


I.  A VÉGÉTATION  MALGACHE 


Un  Stereospcrmurn  est  plus  intéressant  encore.  C'est  d'abord 
un  petit  arbre  à feuilles  toutes  larges,  puis  un  arbuste  à feuilles 
polymorphes,  celles  de  la  base,  situées  près  du  sol,  étant 
larges,  et  les  supérieures  de  plus  en  plus  étroites,  et  enfin  un 
arbrisseau  chétif  à feuilles  toutes  étroites  et  linéaires  *. 

Au  point  de  vue  botanique,  les  différences  entre  les  deux 
régions  ne  sont  guère  plus  nettes.  Sans  doute,  une  famille 
entière,  les  Didiéréacées,  quelques  genres,  tels  que  Geayia, 
Megistotegium , Jatropha , Mahafalia  -,  etc.,  et  de  nombreuses 
espèces,  y sont  exclusivement  localisées,  mais  ces  formes 
caractéristiques  n’apparaissent  en  nombre  que  dans  l’Extrême- 
Sud,  et  quelques-unes  d’entre  elles  remontent  en  suivant  les 
dunes  de  la  côte  jusqu'au  cap  Saint-André. 

Les  sols  sont  loin  d’être  aussi  variés  que  dans  la  région 
occidentale.  On  y voit  bien  des  terrains  métamorphiques 
des  plateaux  calcaires  et  des  collines  arénacées,  mais  les  pre- 
miers sont  riches  en  cipolins  et  les  dernières  sont  presque  tou- 
jours situées  au  voisinage  des  calcaires.  Par  suite  de  ces  cir- 
constances, la  flore,  dans  son  ensemble,  est  plutôt  calcicole, 
sauf  de  rares  exceptions.  D’ailleurs,  les  différences  dues  à la 
constitution  du  sous-sol  s'atténuent  dans  les  endroits  secs. 
Elles  sont  plus  accentuées  dans  les  stats  plus  humides,  et  la 
végétation  se  confond  alors  avec  les  Formations  que  nous 
avons  distinguées  dans  la  région  occidentale.  C’est  ainsi  que 
l’on  peut  observer  sur  les  plateaux  Bara  et  Mahafaly  des  bois 
en  tout  semblables  à ceux  des  plateaux  calcaires  de  l’Am- 
bongo  et  du  Ménabé,et  même,  çà  et  là,  au  bord  des  rivières 
permanentes,  de  grands  arbres  à feuilles  persistantes  ( Euge - 

1.  On  observe  souvent  à Madagascar  des  plantes  se  modifiant  suivant 
les  différents  climats  de  l'Ile.  A chaque  climat  correspond  une  forme  cai 
une  espèce  différente.  De  là  provient  sans  doute  le  grand  nombre  d'es- 
pèces de  certains  types  génériques  malgaches.  Dans  le  Sud,  ces  modifi- 
cations sont  plus  faciles  à suivre,  à cause  des  modifications  insensibles 
du  climat  et  du  grand  nombre  des  formes  de  passage  qui  en  résultent. 

2.  11.  Jumelle  et  II.  Perrier  de  la  Bàthie  : Les  Asclépiadacées  aphyllcs 
de  l'Ouest  de  Madagascar  (Revue  générale  de  Botanique,  1911). 

3.  Dans  la  région  Sud-Ouest,  les  terrains  cristallins  ne  se  décom- 
posent plus  en  argiles  latéritiques. 


LA  REGION  MÉRIDIONALE 


245 

nia,  Ceplialanthus,  Protorhus,  etc.)  qui  rappellent  tout  à fait 
la  forêt  des  sols  alluvionnaires. 

Mais,  pour  éviter  des  redites,  nous  ne  nous  occuperons  pas 
ici  des  restes  des  Formations  occidentales  que  l’on  retrouve 
dans  le  Sud-Ouest.  Il  ne  sera  question  que  de  la  végétation 
xérophile,  à laquelle  se  rattache  d’ailleurs  presque  toute  la 
végétation  autochtone  actuelle  de  la  région,  celle  des  stats  plus 
humides  ayant  été  presque  toujours  modifiée  par  les  feux  et 
remplacée  par  la  prairie.  Comme  le  climat,  cette  végétation 
des  lieux  secs  subit  des  modifications  graduelles  du  Nord  au 
Sud  ; nous  n'y  distinguerons  néanmoins  qu'une  Formation, 
celle  à Euphorbe  et  Diclierea,  qui  ne  se  montre  vraiment  avec 
tous  ses  caractères  qu’aux  environs  du  cap  Sainte-Marie. 


I.  — Le  Bush  a Didierea. 


Cette  Formation  diffère  surtout  du  Bush  de  l'Ouest  par  sa  plus  grande 
richesse  en  formes  xérophytes,  son  feuillage  moins  caduc,  bien  que  plus 
réduit,  l'abondance  plus  grande  des  plantes  épineuses  et  des  euphorbes 
à port  de  Famata,  et  surtout  par  ses  types  à ports  irréguliers,  tels  que 
les  Didierea..  Les  moyens  par  lesquels  les  plantes  de  cette  Formation  se 
sont  adaptées  à la  sécheresse  sont  extraordinairement  variés. 

Comme  nous  venons  de  le  dire,  cette  Formation  n’acquiert 
que  graduellement  tous  ses  caractères.  Sur  les  limites  de  la 
région,  les  bois  des  terrains  cristallins,  des  plateaux  calcaires 
et  des  collines  arénacées  se  modifient  insensiblement  au  fur  et 
à mesure  de  la  sécheresse  croissante.  Les  différences  qui  nous 
ont  permis  de  distinguer  entre  elles  ces  Formations  s’atté- 
nuent petit  à petit,  la  taille  s’abaisse,  le  feuillage  se  modifie, 
et  l'on  passe  ainsi  graduellement  à la  Brousse  à euphorbe  et 
à Didierea  que,  seule,  l'abondance  des  types  aphylles  ou  cac- 
tés  permet  de  distinguer  du  Bush  à xérophytes  ordinaire  de 
l’Ouest. 

Les  Formations  transitoires  entre  celles  de  l’Ouest  et  les 
Buissons  à xérophytes  ont  été  souvent  détruites  par  le  feu 


246 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


et  la  pFairie.  Nous  avons  pu  néanmoins  en  observer  de  nom- 
breux restes  ; et,  pour  mieux  nous  rendre  compte  des  elîets 
de  la  sécheresse  croissante  et  des  modifications  qui  en  ré- 
sultent, nous  donnerons  quelques  exemples  de  ces  formes  de 
végétation  intermédiaires,  avant  de  passer  à l'étude  du  Bush 
à Euphorbe,  résultat  final  de  ces  modifications. 

Sur  le  Manankaralahy,  vers  les  sources  de  la  Linta,  à 
150  mètres  d’altitude,  les  bois  des  terrains  cristallins  consti- 
tuent encore  un  ensemble  d'une  dizaine  de  mètres,  dominé  par 
quelques  Adansonia.  Parmi  les  essences  constituant  cette 
végétation,  12°/0  sont  aphylles,  23  ®/0  à feuilles  tardivement 
caduques,  et  le  reste  à feuilles  caduques  ; 25  °/0  sont  des 
lianes,  le  reste,  des  arbustes  ou  des  petits  arbres.  Il  n’v  a ni 
plantes  herbacées,  ni  plantes  grasses.  On  observe,  çà  et  là, 
quelques  arbres,  arbustes  ou  lianes  à troncs  renflés  à la  base 
( Ophiocaulon  et  Adansonia).  Les  familles  les  mieux  représen- 
tées sont  les  Légumineuses  (20  individus  et  2 espèces  %)j 
les  Asclépiadacées  (6  individus  et  3 espèces  °/0),  les  Euphor- 
biacées  (19  individus  et  3 espèces  °/0).  Ce  bois  ne  diffère,  en 
somme,  des  bois  occidentaux  des  terrains  cristallins  que  par 
sa  taille  réduite,  le  grand  nombre  des  essences  à feuilles  per- 
sistantes et  la  présence  de  quelques  euphorbes  aphylles. 

Sur  le  plateau  Mahafaly,  rive  gauche  de  l'Onilahv,  à 
80  mètres  d’altitude,  sur  calcaire  à sol  profond,  la  végétation 
diffère  davantage  de  celle  des  sols  similaires  de  la  région 
Ouest.  La  taille  est  moindre,  il  n’a  pas  d’arbres,  les  feuilles 
sont  bien  moins  caduques,  et  un  grand  nombre  de  types  xéro- 
philes  y apparaissent  déjà.  Par  100  plantes,  on  trouve  en 
moyenne  1 0 plantes  aphylles  (7  lianes  et  3 arbustes),  13  herbes 
vivaces  ( Aloe , Dioscorea,  Kalanchoe),  42  lianes  ou  arbustes  à 
feuilles  caduques,  et  30  à feuilles  semi-persistantes.  Les  feuilles 
sont  d’autant  plus  larges  qu’elles  sont  plus  promptement  ca- 
duques, et  celles  tardivement  caduques  sont,  au  contraire, 
beaucoup  plus  étroites.  On  remarque  environ  5 °/0  d'espèces 
épineuses.  L'ensemble  ne  dépasse  pas  8 mètres  de  hauteur. 
Les  familles  les  mieux  représentées  sont  les  Asclépiadacées 
(17  individus  et  7 espèces  °/0),  les  Euphorbiacées  (6  individus 
et  4 espèces  °/0)  et  les  Tiliacées  (8  individus  et  3 espèces  °j 0). 


LA  RÉGION  MÉRIDIONALE 


217 


Sur  les  collines  arénacées  du  Manombo,  au  nord  de  Tuléar, 
le  Bush  atteint  8 mètres  de  hauteur.  C’est  un  fourré  assez 
épais  d'arbustes  parfois  épineux,  avec,  de  loin  en  loin,  quelques 
plantes  cactées  à port  de  Didierea  et  quelques  petits  arbres  à 
port  d’ Adansonia.  Dans  les  bas-fonds  on  voit  quelques  petits 
tamariniers,  à ramures  très  basses  et  presque  étalées  sur  le 
sol.  Pour  100  plantes,  on  trouve  en  moyenne  3 lianes  et  S ar- 
bustes aphylles,  0 arbustes  à port  de  Didierea , 10  arbustes  et 
S lianes  à feuilles  tardivement  caduques,  7 lianes  et  63  ar- 
bustes à feuilles  caduques,  dont  4 épineux  et  une  plante  her- 
bacée. Les  familles  les  mieux  représentées  sont  les  Légumi- 
neuses (17  individus  et  6 espèces  °/0)  et  les  Asclépiadacées 
(10  individus  et  4 espèces  °/0).  Ces  dernières  sont  toutes  des 
lianes. 

Plus  au  sud  de  ces  localités,  le  Bush  à euphorbes  se  montre 
avec  tous  ses  caractères.  Son  aspect  est  alors  inliniment  divers, 
car  l'adaptation  à la  sécheresse  a donné  presque  à chaque 
espèce  un  port  particulier.  La  richesse  en  espèces,  aussi  grande 
que  dans  les  autres  Formations  autochtones  de  l’île,  s’y  révèle, 
par  suite,  d'une  façon  saisissante  L La  composition  moyenne 
de  cette  végétation  change  d'ailleurs  avec  les  lieux  et  les  stats. 
Elle  n'est  pas  la  même,  par  exemple,  sur  les  calcaires  éocènes 
des  environs  du  cap  Sainte-Marie  et  sur  les  gneiss  d’Ampa- 
nihy.  Aussi,  pour  montrer  ces  différences  en  même  temps  que 
l’aspect  ordinaire  de  ce  bush,  donnerons-nous  ci-dessous  le 
dénombrement  des  plantes  adultes  observées  sur  une  surface 
de  100  mètres  carrés,  dans  trois  localités  différentes. 


I.  — Sur  gneiss,  près  d'Ampanihv,  a 100  mètres  d’altitude. 
Sol  : 

Tapis  de  Sela'jinella  (2  espèces)  à frondes  revivis- 
centes 

1.  Il  y a en  moyenne,  dans  le  Sud-Ouest,  pour  100  végétaux  poussant 
côte  à côte,  31  espèces  appartenant  à 17  familles  différentes. 


2 US 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


. 1 Labiée  à feuilles  crassulantes  et  dimorphes. 

Bush.  — Lianes  aphvlles  : 

7 Asclépiadacées  2 espèces) . 

Arbustes  aphvlles  : 

li  Euphorhia  (17  à port  de  Laro) 

1  Capparidacée. 

Port  céréiforme  : 

7 Didiéréacées  2 espèces). 

Arbuste  à feuilles  crassulantes  : 

1  Kalanchoe. 

Lianes  à feuilles  crassulantes  : 

1  Composée 

1 Passifloracées  (1  espèce). 

Lianes  à feuilles  caduques  : 

2 Asclépiadacées  1 espèce 

1 Rubiacée  à racine  tuberculeuse 
1 Mimosée  épineuse 

3 Rhamnacées  (1  espèce  épineuse) 

1 Asparagus. 

Arbustes  à feuilles  caduques  : 

3 Tiliacées  1 espèce 
7 Euphorbiacées  1 espèce) 

1 Papilionacées  ( 1 espèce  épineuse) 

2 Méliacées  2 espèces  ) 

3 Térébinthacées  (1  espèce). 

Arbustes  à feuilles  semi-persistantes  : 

3 Tiliacées  (1  espèce) 

2 Papilionacées  (1  espèce) 

3 Célestracacées  1 espèce). 

Ensemble  de  8 mètres  de  hauteur  : 22  lianes  ou  arbustes 
aphylles;  7 plantes  céréiformes  ; 7 plantes  à feuilles  crassu- 
lantes ; 27  essences  à feuilles  caduques  ; 8 à feuilles  semi-per- 
sistantes ; 13  plantes  épineuses. 


LA  RÉGION  MÉRIDIONALE 


249 

II-  Sur  calcaire  éocène.  Rocailles  du  plateau  Mahafalv, 

PRÈS  DU  LAC  fsi.MANAMPETSA,  VERS  60  MÈTRES  d' ALTITUDE. 

Sol.  — 2 Dioscorea  (I  espèce)  à tige  annuelle  et  racine 
tuberculeuse. 

Bush.  — Lianes  aphvlles  : 

I  Cynanchu/n. 

Arbustes  aphvlles  : 

12  Euphorbes  à port  de  Laro  (2  espèces) 

Plantes  cactiformes  et  épineuses  : 

1 Pachy podium  de  8 mètres 

5 Euphorbes  (1  espèce). 

Arbustes  à feuilles  caduques  : 

7 Légumineuses  (3  espèces)  épineuses 

2 Euphorbiacées  (1  espèce) 

3 Acanthacées  (3  espèces),  petits  arbustes  dont  1 
épineux 

3 Térébinthacées  (1  espèce) 

3 Verbénacées  ( 1 espèce). 

Lianes  à feuilles  caduques  : 

1 1 itis,  à base  renflée  en  énorme  tubercule  conique 

4 Asclépiadacées  (2  espèces] 

3 Combrétacées  fl  espèce). 

Arbustes  à port  d'hazontaha  1 ; feuilles  semi-persis- 
tantes : 

o Légumineuses  (2  espèces) 

6 Ebénacées  fl  espèce) 

3 Combrétacées  (1  espèce) 

3 Composées  (1  espèce) 

3 Célestracées  ( I espèce^. 

Herbes  arborescentes  : 

2 Vellozia. 

1.  L hazon.ta.ha.  est  une  Bignoniacée  indéterminée,  très  ramifiée,  à 
rameaux  courts,  embrouillés,  à feuilles  rares  semi-persistantes,  à tronc 
souvent  tortueux  et  difforme. 


250 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


L'ensemble  ne  dépasse  pas  3 à 4 mètres  de  hauteur.  Les 
arbustes  à port  d'hazontaha  ont  des  feuilles  semi-persistantes 
et  très  étroites.  Les  essences  à feuilles  caduques  ont  souvent 
des  feuilles  larges  et  velues.  Au  total,  13  plantes  aph  viles  ; 
2 herbes  grimpantes  et  tuberculeuses;  2 Yellozia  ; 6 plantes 
cactées;  28  essences  à feuilles  caduques  ; 20  à feuillage  réduit 
et  semi-persistant;  14  plantes  épineuses. 


III.  — Sur  gneiss,  rive  gauche  du  Menarandra,  colline 

ROCAILLEUSE  A 100  MÈTRES  d’ ALTITUDE. 


Sol.  — Tapis  de  Selaginella  (2  espèces)  à frondes  revi- 
viscentes. 

Bush.  — Essences  aph  viles  : 

2 Asclépiadacées  (1  espèce!  lianes 

0 Euphorhia  (3  espèces)  arbustes. 

Plantes  céréiformes  : 

5 Didiéréacées  (2  espèces) 

3 Pachypodium  1 espèce). 

Essences  à feuilles  crassulantes  : 

3 plantes  grimpantes  Kalanchoe) 

1 arbuste  [Kalanchoe). 

Lianes  à feuilles  caduques  : 

1 Rhamnacée  épineuse 

3  Légumineuses  (2  espèces)  dont  2 épineuses 
1 Asclépiadacée. 

Arbustes  à feuilles  caduques  : 

3 euphorbes  (1  espèce)  à rameaux  sub-crassulants 

0 Térébinthacées  2 espèces)  dont  3 épineux 

4 Légumineuses  (2  espèces),  dont  2 arbustes  et 
2 petits  arbres  à troncs  renflés 

1 Rubiacée. 

Arbustes  à feuilles  semi-persistantes  (port  d’hazontaha)  : 
b Tiliacées  (1  espèce) 

7 Bignoniacées  (1  espèce) 


LA  KÉGION  MÉIUDIOÎSALE 


251 

5 Méliacées  (1  espèce) 

2 Combrétacées  (1  espèce) 

2 Célastracacées  (1  espèce) 

Arbustes  à feuilles  persistantes  (port  éricoïde)  : 

8 Ebénacées  (1  espèce). 

Total  : 7 essences  aphylles  ; 8 plantes  céréiformes  ; i plantes 
à feuilles  crassulantes  ; 18  essences  à feuilles  caduques;  22  à 
feuilles  semi-persistantes;  8 à feuilles  persistantes  ; li  plantes 
munies  d’épines;  2 petits  arbres  à troncs  renllés  (port  d Adan- 
sonia ).  Ensemble  de  6 mètres  de  hauteur,  avec  de  loin  en  loin 
un  Pachy podium,  un  Didierea  ou  un  petit  arbre  à port  d'Adan- 
sonia.  Malgré  le  grand  nombre  des  plantes  à feuilles  crassu- 
lantes, tardivement  caduques  ou  persistantes,  le  feuillage 
est,  en  général,  si  réduit  que  l'ensemble  paraît  grisâtre  en 
toute  saison. 

En  résumé,  le  Bush  à euphorbes  du  Sud-Ouest  diffère  sur- 
tout de  celui  de  l’Ouest  pour  une  plus  grande  abondance  en 
formes  xérophytes  et  par  un  feuillage  moins  caduc,  bien  que 
plus  réduit  *.  C’est  la  transformation  ultime  de  la  végétation 
occidentale  sous  l’influence  d une  sécheresse  croissante.  Néan- 
moins nous  ne  voulons  pas  dire  par  là  que  la  végétation  du 
Sud-Ouest  est  uniquement  constituée  par  des  types  de  l’Ouest 
modifiés  par  un  climat  plus  sec  On  v voit  bien  quelques-uns 
de  ces  types,  mais  la  grande  majorité  des  genres  xérophiles 
semblent,  au  contraire,  avoir  une  origine  méridionale  et  s’être, 
de  là,  répandus  vers  le  Nord  en  se  modifiant  sous  un  climat 
de  plus  en  plus  humide.  La  distribution  des  espèces  des  genres 
Aloe,  Vellozia,  Pachypodium  et  Kalanchoe  est  typique  à cet 
égard.  En  effet,  les  représentants  de  ces  genres  diminuent  en 
nombre  du  Sud  au  Nord  et  de  l’Ouest  à l’Est.  Ils  ne  dépassent 
pas  la  crête  de  barète  centrale,  et  aucun,  sauf  un  Kalanchoe, 
ne  redescend  sur  le  versant  oriental. 

Les  formes  caractéristiques  qui  résultent  de  l’adaptation  des 


1.  En  outre,  les  plantes  épineuses  sont  bien  plus  abondantes  dans  le 
Bush  à euphorbes. 


252 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


végétaux  à la  sécheresse1  ne  sont  pas  particulières  à la  région 
du  Sud-Ouest,  et  existent  aussi  dans  les  stats  secs  de  toute  la 
région  occidentale.  Aussi,  en  résumant  les  moyens  qu  em- 
ploient ces  plan  tes  pour  résistera  la  sécheresse,  tiendrons-nous 
compte,  non  seulement  des  types  xérophytes  de  la  région 
méridionale,  mais  aussi  de  ceux  de  l'Ouest.  Ainsi  que  nous 
l’avons  dit,  ces  moyens  d'adaptation  sont  très  variés;  mais 
nous  avons  pu  néanmoins  les  ramener  à quatre  types  princi- 
paux, pouvant  d ailleurs  se  combiner  entre  eux  et  présenter 
chacun  de  nombreuses  modifications.  En  voici  l'énumération  : 


I . — Accumulation  de  substances  de  héserve 

DANS  UNE  RÉGION  DE  LA  PLANTE  . 

A.  — Dans  les  racines  ou  les  rhizomes : Les  plantes  à 
racines  tuberculeuses  sont  très  nombreuses  dans  l'Ouest  et  le 
Sud-Ouest.  Ce  sont  : des  herbes  à tiges  annuelles  ( Dioscorea , 
Yitis,  I/tornoea,  certaines  Asclépiadacées)  ; des  lianes  ( \~itis, 
Ipomoca.  une  Légumineuse,  quelques  Rubiacées  et  Asclé- 
piadacées), ou  des  arbustes  ( Euphorhia  et  une  Légu- 
mineuse). Les  plantes  à tubercule-tige  souterrain  sont  plus 
rares.  Ce  sont  surtout  des  Labiées  et  des  Orchidacées. 

B.  — Dans  les  tiges  aériennes  : Ces  tiges  peuvent  alors  être 
renflées  et  grasses  dans  toutes  leurs  parties  ou  seulement  à la 
base.  Dans  le  premier  cas,  la  tige  sera  épineuse  et  la  plante 
céréiforme.  Les  feuilles,  chez  ces  plantes,  peuvent  être  bien 
développées  et  très  caduques  (certaines euphorbes  cactiformes) 

1.  Voir  sur  cette  question,  II.  Poisson  : Recherches  sur  la  flore  méri- 
dionale de  Madagascar.  Challamel,  1912.  — Choux  : Sur  un  revêtement 
cireux  de  quelques  plantes  aphglles  du  S. -O.  de  Mailagascar  But.  Soc. 
Lin.  Provence,  1912,  I,  203).  — Choux  : Éludes  biologiques  sur  les  Asclé- 
piadacées de  Madagascar  1914,  Thèse,  Paris  ).  — G.  Puech  : Etudes  ana- 
tomiques de  quelques  Asclépiadacées  aphglles  de  l'Ouest  de  Madagascar 
(Revue  gén.  Bot.,  I,  XXIV,  1912).  — II.  Jumelle  et  H.  Perrier  de  la 
Bâthie  : Les  Asclépiadacées  aphglles  de  l'Ouest  de  Madagascar  Revuegén. 
Bot.,  t.  XXIII,  1911  . 


I.A  RÉGION  MÉRIDIONALE 


253 


ou  plus  petites  et  plus  persistantes  (Didiéréacées).  Les  plantes 
renflées  à leur  base  seulement  ont  toutes  des  feuilles  larges 
et  très  caduques.  Ce  sont  : des  herbes  non  épineuses  (. Euphor - 
bia  et  quelques  rares  Ürchidacées  à pseudo-bulbe)  ; des  arbustes 
(Pachy  podium,  Euphor  bia,  Harpagophylum ) ; des  lianes 
( Vitis , Adenia,  Ophiocaulon,  Cucurbitacées]  ; des  arbres  (Sler- 
culia,  Adansonia  et  plusieurs  Légumineuses). 

C.  — Dans  les  feuilles  : Les  feuilles  sont  alors  grasses  et 
persistantes.  Ce  sont  : des  herbes  vivaces  ( Aloe , Kalanchoe ) ; 
des  lianes {Kalanchoe,  Composées,  Passitloracées)  ; des  arbustes 
(Aloe,  Kalanchoe,  Composées).  Parfois  les  feuilles  crassulantes 
sont  caduques,  ce  qui  arrive  chez  quelques  Kalanchoe  arbo- 
rescents, localisés  dans  le  Sud-Ouest,  dont  les  rameaux  sont 
d'ailleurs  épais  et  sub-crassulants.  D autres  fois,  la  plante  est 
dimorphe  et  porte,  en  saison  des  pluies,  des  feuilles  larges, 
grasses  ou  membraneuses,  et  des  feuilles  bien  plus  petites  et 
plus  épaisses  en  saison  sèche.  Ces  feuilles  de  saison  sèche 
peuvent  se  développer  sur  de  petits  bourgeons  axillaires,  si 
la  tige  est  pérenne,  ou  sur  des  rejets  près  de  la  base,  si  la 
tige  est  annuelle.  On  observe  cette  disposition  surtout  chez 
les  Kalanchoe  et  certaines  Labiées  de  la  région  Ouest,  où  les 
saisons  sont  plus  tranchées.  Un  Pleclranthus  de  la  même 
région  est  intéressant  parce  que  ses  rameaux  de  saison  sèche 
sont  hypogés  et  privés  de  chlorophylle,  bien  que  les  feuilles 
soient  bien  développées.  C'est  un  terme  de  passage  entre  les 
rejets  de  saison  sèche  des  espèces  précédentes  et  les  rameaux- 
tubercules. 

D.  — Dans  les  rameaux  qui  restent  verts  et  crassulants  : 
Les  feuilles  sont  alors  souvent  réduites  à des  écailles  (eu- 
phorbes de  la  section  Famata,  Asclépiadacées  aphylles,  cer- 
taines Célastracées  et  Papilionacées),  ou  larges  et  très  caduques 
(un  Vitis).  Ces  rameaux  toujours  très  nombreux  sèchent  et 
tombent  pour  la  plupart  après  avoir  rempli  leurs  fonctions  de 
rameaux-feuilles.  Les  rameaux  des  euphorbes  de  la  section 
Famata,  surtout,  sont  très  nettement  caducs. 


254 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


2.  — Ramification  exagérée  et  feuillage  réduit. 

On  peut  distinguer  dans  ce  groupe  : a)  les  plantes  aphylles,  à 
rameaux  crassulants  dontil  vient  d'être  question  ; b)  les  arbustes 
et  les  lianes  épineux,  à feuilles  caduques,  plus  abondants  dans 
le  Sud-Ouest  : c)  les  arbustes  à port  d'hazontaha,  port  caracté- 
risé par  des  rameaux  courts,  épais,  embrouillés,  très  nombreux, 
des  troncs  difformes  et  feuilles  rares,  de  petite  taille  et  semi- 
persistantes.  très  communs  dans  la  région  méridionale  ; d) 
les  arbustes  à rameaux  minces,  couverts  de  nombreuses 
petites  feuilles  étroites,  c'est-à-dire  à port  éricoïde,  rares  au 
contraire  vers  le  Sud  et  manquant  presque  totalement  dans 
l'Ouest. 


3.  — Revêtement  cireux. 

Ce  revêtement  se  présente  : a ) sur  les  feuilles,  surtout 
les  feuilles  grasses  ; b)  sur  les  tiges,  généralement  celles  des 
plantes  aphylles  1 ou  à feuillage  très  réduit  ou  très  caduc  ; 
c)  sur  le  renflement  des  tiges,  ce  que  nous  n'avons  observé  que 
sur  un  Ophioeaulon  et  un  Adenia  ; d sur  les  bourgeons , ce 
qui  arrive  chez  beaucoup  de  Rubiacées. 

4.  — Organes  végétatifs  et  réviviscents. 

Nous  voulons  parler  d'organes  desséchés  et  paraissant 
morts  pendant  les  sécheresses,  mais  reverdissant  à la  pre- 
mière pluie.  Les  plantes  qui  résistent  par  ce  moyen  à la  séche- 
resse sont,  dans  l’Ouest,  quelques  Fougères,  des  Selaginella 
et  un  Streptocarpus,  et,  dans  le  Sud-Ouest,  2 Selaginella 
et  de  nombreux  Vellozia. 

J.  V.  P.  Choux:  Sur  le  revêtement  cireux  de  quelques  plantes  aphylles 
du  Sud-Ouest  de  Madagascar  Bull.  Soc.  Lin.  Provence,  1,  1912, 
p.  203. 


LA  RÉGION  MÉRIDIONALE 


255 


II.  — Faciès  de  dénudation  et  produits  forestiers. 

La  conservation  presque  totale  de  la  flore  autochtone  dans  le  Sud- 
Ouest  est  une  conséquence  assez  inattendue  de  la  sécheresse  intense  de 
cette  région.  Les  plantes  grasses  du  Bush  à Didierpa  sont,  en  effet,  incom- 
bustibles, et  la  Prairie,  qui  pourrait  les  détruire  comme  elle  détruit  les 
bois  de  l'Ouest,  n’y  peut  vivre  que  dans  les  endroits  humides.  Aussi, 
dans  le  Sud-Ouest,  ces  endroits  humides  sont-ilsles  seuls  dénudés.  Lne 
euphorbe  du  Bush  à Didierpa , Vin  lis  y , a produit  jadis  du  bon  caout- 
chouc. 


La  conservation  presque  complète  de  la  flore  autochtone 
du  Sud-Ouest,  ou,  plus  exactement,  de  toute  sa  végétation  xéro- 
phile,  est,  avons-nous  dit.  une  conséquence  assez  inattendue 
de  la  sécheresse  intense  qui  sévit  dans  cette  région.  En  effet, 
les  buissons  à Didierea  sont  encore  moins  combustibles  que 
les  bois  de  l’Ouest,  et  cette  incombustibilité  est  une  consé- 
quence de  la  réduction  du  feuillage  et  de  la  crassulance  des 
tiges,  caractères  bien  dus  à la  sécheresse.  Cette  végétation 
pourrait  néanmoins  être  détruite  comme  les  bois  de  l’Ouest, 
c’est-à-dire  par  attaques  répétées  de  ses  lisières  par  les 
feux  de  prairie.  Mais  toujours,  par  suite  de  la  sécheresse 
intense,  les  Graminées  ne  peuvent  se  développer  sur  les  sols 
où  la  végétation  native  a été  détruite  par  une  cause  quelconque, 
et  ces  sols  restent  en  conséquence  dénudés,  jusqu'au  moment 
où  ils  sont  envahis  à nouveau  par  les  espèces  xérophiles, 
seules  capables  de  prospérer  dans  ce  milieu. 

Au  reste,  si  la  végétation  native  des  endroits  secs  a persisté 
presque  en  entier,  il  n’en  est  pas  de  même  de  celle  des  endroits 
plus  humides,  qui  a été  détruite  par  les  feux  et  remplacée  par 
la  prairie.  C’est  pour  cette  raison  que  la  presque  totalité  de 
la  végétation  autochtone  que  l'on  voit  de  nos  jours  dans  le 
Sud-Ouest  appartient  à la  Formation  xérophile.  Les  autres 
Formations  de  l'Ouest  y étaient  sans  doute  représentées  jadis, 
mais  aujourd'hui  il  n'en  reste  plus  que  quelques  lambeaux. 
Une  autre  cause  qui  a encore  hâté  la  destruction  des  bois  dans 
les  endroits  humides  a été  aussi  la  culture,  que  les  indigènes 


256 


LA  VEGETATION  MALGACHE 


du  Sud,  comme  tous  les  Malgaches,  font  de  préférence  sur 
l'emplacement  de  bois  récemment  abattus  et  brûlés,  et  qu'ils 
ne  peuvent  faire,  dans  cette  région  si  sèche,  que  sur  les  sols 
conservant  un  peu  d'humidité. 

Endroits  humides,  dénudés  et  envahis  par  la  Prairie,  et 
lieux  secs  encore  recouverts  de  leur  végétation  native,  telles 
sont,  en  résumé,  les  deux  caractéristiques  du  faciès  de  dénu- 
dation dans  la  région  Sud-Ouest. 

Produits  forestiers.  — L'utilité  du  Bush  à Didierea,  au 
point  de  vue  de  b exploitation  des  bois,  est  nulle  ou  à peu 
près.  Il  ne  peut  fournir  que  du  bois  de  chauffage.  Il  était  riche 
jadis  en  plantes  à caoutchouc,  dont  la  plus  précieuse,  YEu- 
/jhorbia  Intisy , est  aujourd'hui  complètement  détruite.  La 
région  méridionale  fournit  toutefois  encore  un  peu  de  caout- 
chouc, qui  est  surtout  produit  par  des  lianes  : Gonocrypta 
Grevei  et  Cryptostegia  ( C . madagascariensis  \ L On  a essayé 
d'exploiter  le  revêtement  cireux  des  plantes  aphylles  et  les 
graines  oléifères  d un  Jatropha  2 indigène.  Somme  toute,  le 
Bush  à euphorbes  du  Sud-Ouest  n'a  pas  une  bien  grande 
valeur  économique. 

1.  II.  Jumelle  et  Perrier  de  la  Bâthie:  Les  plantes  âcaoulchouc  de  l'Ou- 
est et  du  Sud-Ouest  de  Madagascar.  Challamel,  1911. 

2.  H.  Jumelle:  Un  Jatropha  dioïque  de  Madagascar  (Revue  générale 
de  Botanique,  1920). 


CHAPITRE  XIV 


Résumé  et  conclusions 


Parvenu  au  terme  de  notre  longue  course  à travers  la  végé- 
tation malgache,  nous  pouvons  maintenant  jeter  un  coup  d’œil 
d'ensemble  sur  les  caractères  physiques  de  l'Ile,  sur  la  flore 
qui  recouvrait  cette  Ile  lorsque  1 espèce  humaine  y étaitencore 
inconnue  et  sur  les  perturbations  profondes,  tant  physiques 
que  biologiques,  que  l'homme  y a déterminées. 

Comme  on  le  sait,  111e  malgache  est  orientée  Nord-Est 
Sud-Ouest.  Elle  est  traversée,  dans  le  sens  de  la  longueur,  par 
un  massif  montagneux  qui  la  divise  en  deux  versants,  le  ver- 
sant Est,  taillé  en  falaises  successives,  de  direction  parallèle  à 
celle  de  Pile  comme  à celle  du  rivage,  et  le  versant  Ouest,  qui 
s’étale,  au  contraire,  en  larges  plateaux,  légèrement  inclinés 
vers  le  canal  de  Mozambique.  Le  massif  montagneux  médian 
occupe  environ  lé  tiers  de  la  surface  totale.  Il  atteint 
2.800  mètres  à son  point  culminant,  mais  son  altitude 
moyenne  est  d’un  millier  de  mètres,  et  toutes  les  autres  par- 
ties de  Pile  sont  situées  à des  altitudes  beaucoup  plus  basses. 

Toute  l’ossature  médiane,  presque  tout  le  versant  oriental 
et  une  grande  partie  du  versant  occidental  sont  constitués  par 
des  terrains  métamorphiques.  Sur  presque  tout  le  pourtour  de 
ce  massif  cristallin,  on  trouve  des  terrains  sédimentaires  ; sur 
le  versant  Est,  ce  sont  des  dépôts  crétacés,  disposés  en 
lambeaux  rectilinéaires  de  même  direction  que  la  côte  ; et  sur 
le  versant  Ouest,  les  sédiments  s’étagent  du  trias  à Péocène. 
Ces  dépôts  ne  manquent  que  dans  le  Sud,  où  les  terrains  méta- 
morphiques ne  sont  séparés  delà  mer  que  par  des  formations 
toutes  récentes.  Sur  cet  ensemble  de  terrains  sédimentaires  et 
métamorphiques,  on  remarque,  en  outre,  des  épanchements 
plus  ou  moins  vastes  de  roches  éruptives  d’âges  divers. 


n 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


258 

La  gerçôse  géologique  de  1"  1 le  peut  se  résumer  d'un  trait. 
Elle  dépend  étroitement  de  l’histoire  du  géosynclinal  de 
Mozambique,  géosynclinal  qui  diffère  des  autres  géosynclinaux 
connus  par  la  lenteur  de  son  évolution,  qui  a duré  pendant  des 
périodes  géologiques  et  qui  se  continue  vraisemblablement 
encore  de  nos  jours.  Madagascar  n'est,  en  somme,  qu’un 
reste  d’un  massif  plissé,  d'âge  probablement  hercynien,  effon- 
dré et  soumis  ensuite  à des  mouvements  positifs  et  négatifs, 
à des  transgressions  et  à des  régressions  successives,  qui  en 
ont  tour  à tour  augmenté  ou  diminué  l'étendue.  La  mer  semble 
avoir  isolé  l’Ile  du  reste  du  monde,  au  Nord,  à l’Est  et  à l'Ou- 
est, dès  la  fin  du  crétacé,  mais  rien  ne  prouve  qu'il  en  ait  été 
ainsi  du  côté  du  Sud.  Tous  les  terrains  sédimentaires  s’éva- 
nouissent en  effet  successivement  vers  le  Sud,  et  Madagascar, 
dans  cette  direction,  était  probablement,  tout  récemment 
encore,  beaucoup  plus  étendu  qu  il  ne  l'est  de  nos  jours. 

L’ensemble  physique  que  nous  venons  de  décrire  est  soumis 
à deux  régimes  de  vents  très  différents.  D'avril  à octobre, 
c’est  le  régime  des  alizés  : pendant  cette  saison,  les  vents  du 
Sud-Est,  dont  la  direction  est  perpendiculaire  à la  direction 
générale  de  Elle,  la  balayent  de  l'Est  à l’Ouest,  se  débarrassent 
de  leur  humidité  sur  le  versant  oriental  et  les  montagnes  du 
Centre  et  arrivent  totalement  desséchés  sur  le  versant  occi- 
dental. D'octobre  à avril,  c’est  le  régime  des  moussons.  Les 
vents  soufflent,  au  contraire,  de  l'Ouest  ou  du  Nord  et  amènent 
des  orages  sur  la  surface  entière  de  Elle,  sauf  sur  l’Extrême- 
Sud,  où  la  saison  des  moussons  et  celle  des  alizés  sont  presque 
également  dépourvues  d’eau.  Ces  vents  subissent  d’ailleurs  de 
nombreuses  déviations  locales,  la  quantité  des  pluies  qu'ils 
provoquent  est  excessivement  variable,  et.  entre  la  région  du 
Sud,  où  il  ne  pleut  presque  jamais,  et  celle  de  l’Est,  où  il 
pleut  presque  toujours,  on  trouve  tous  les  intermédiaires  pos- 
sibles. 

De  ce  régime  des  vents,  de  l’allure  générale  du  relief 
et  de  la  position  de  Elle,  sont  résultés  deux  climats 
très  différents  : un  climat  tropical  humide  sur  les  parties 
balayées  par  l’alizé  encore  saturé  d'humidité;  et  un  cli- 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 


259 

mat  tropical  sec  sur  les  régions  où  ce  vent  est  nul  ou 
desséché.  Ces  deux  climats  se  modifient  suivant  l'altitude  ou 
d'autres  causes  locales,  mais,  bien  que  Madagascar  s’étende 
sur  près  de  douze  degrés  de  latitude,  ces  modifications  sont 
peu  sensibles  du  Nord  au  Sud,  et  beaucoup,  au  contraire,  de 
l'Est  à l'Ouest.  En  d’autres  termes,  le  facteur  qui  influe  le 
plus  sur  les  conditions  climatiques  des  différentes  régions 
de  rile  n’est  pas  leur  position  plus  ou  moins  éloignée  de 
l'équateur,  mais  leur  orientation  par  rapport  à l’alizé. 

Les  caractères  de  la  flore  autochtone  sont  la  conséquence, 
non  seulement  de  ces  conditions  physiques  d’ensemble,  mais 
aussi  d’une  autre  cause,  qui  semble  d'ailleurs  découler  directe- 
ment de  la  genèse  géologique  de  1 I le  et  des  anciennes  éten- 
dues du  continent  malgache.  Les  types  de  végétaux  dont  les 
modifications  sans  nombre,  sous  l’influence  de  facteurs  si 
divers,  constituent  cette  flore  semblent  avoir,  en  effet,  des 
origines  différentes.  Les  uns,  dont  les  représentants  sont  plus 
abondants  dans  la  flore  à feuilles  persistantes,  paraissent  avoir 
une  origine  plutôt  orientale  et  s’être,  de  là,  propagés  vers 
l’Ouest.  Les  autres,  plus  nombreux  dans  la  flore  à feuilles 
caduques,  semblent,  au  contraire,  provenir  de  l'Ouest  ou  du 
Sud-Ouest,  et  s'être  répandus,  de  ces  points,  vers  le  Nord  et 
vers  l’Est,  jusque  vers  l’arête  centrale,  qu'ils  ne  dépassent 
guère.  En  outre,  on  observe  sur  les  cimes  culminantes  quelques 
autres  types  de  climat  tempéré,  qui  sont  peut-être  des  restes 
d'une  période  antérieure  plus  froide  1 2 ou  plus  simplement 
de  la  végétation  qui  couvrait  jadis  les  hauts  sommets  avant 
que  l’érosion  ne  les  eût  réduits  à leur  altitude  actuelle. 

De  cette  diversité  d'origine  des  types  constituant  la  flore 
autochtone,  ainsi  que  des  conditions  physiques  si  diverses 
sous  l’influence  desquelles  ces  types  se  sont  modifiés  à 1 infini, 
proviennent  les  caractères  généraux  de  cette  flore,  c’est-à- 
dire  sa  merveilleuse  richesse  en  espèces  -,  l'étonnante  variété 

1.  V.  Baker,  in  Baron,  The  Flora  de  Madagascar  (J.  L.  S.  Bot. 
London,  XXV,  171,  1889). 

2.  Les  restes  actuels  de  la  flore  autochtone,  c’est-à-dire  le  sixième 
environ  de  l'ancienne  végétation,  son!  constitués  par  plus  de  cinq 
mille  espèces  différentes  de  Phanérogames. 


260 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


de  leurs  ports  le  grand  nombre  de  ses  formes  endémiques  ?, 
la  complexité  de  ses  associations  végétales,  et  ses  divisions 
en  flores  ou  en  régions  telles  que  nous  les  avons  établies  au 
cours  de  cette  étude. 

Quand  l'homme  était  encore  inconnu  dans  cette  partie  du 
globe,  1 ’ I le  tout  entière  disparaissait  sous  un  épais  couvert 
de  végétation  arborescente1 2 3.  Sous  l'influence  de  l'alizé,  cette 
végétation  prenait  deux  aspects  très  différents.  Dans  la  Partie 
du  Veut,  le  feuillage  était  persistant  : c'étaient  de  sombres 
et  belles  forêts  dans  l'Est,  dans  le  Sambirano  et  sur  le  ver- 
sant oriental  des  montagnes  du  Centre,  des  bois  à futaie  plus 
basse  sur  le  versant  occidental  de  ces  mêmes  montagnes,  et 
des  broussailles  éricoïdes  sur  leurs  crêtes  ou  leurs  cimes  cul- 
minantes. Dans  la  Partie  sous  le  Vent , le  feuillage  était,  au 
contraire,  caduc  : c'étaient  encore  de  belles  futaies  aux  bords 
des  rivières,  des  bois  plus  clairs,  à grands  arbres  espacés,  sur 
les  collines  et  les  plateaux  ; et  des  broussailles,  à plantes 
bizarres  et  monstrueuses,  dans  les  lieux  secs  ou  sur  les  terri- 
toires desséchés  de  l'Extrême-Sud.  * 

Sous  cet  épais  couvert,  les  roches  cristallines  se  décompo- 
saient lentement  en  latérite,  mais  cette  transformation,  par 
suite  de  l'irrégularité  du  relief,  était  rarement  poussée  jusqu'au 
stade  final,  où  la  latérite,  dont  la  cause  première  est  une 

1.  Les  grands  genres  malgaches  sont,  en  effet,  remarquables  par  la 
diversité  des  ports  de  leurs  ditl'érentes  espèces.  Comme  exemple,  nous 
citerons  ici  le  genre  Euphorbia,  dont  les  espèces,  suivant  les  variations 
des  conditions  de  milieu,  sont  des  arbres,  des  arbustes  ou  des  lianes 
aphylleSjà  feuilles  caduques  ou  persistantes,  à troncs  renflés,  inermes 
ou  munis  d’épines,  des  plantes  tuberculeuses  ou  cactées,  des  herbes 
vivaces  ou  annuelles. 

2.  Baron  ( The  Flora  of  Madagascar.  J.  S.  S.  Bot.  London,  XX\  ,171, 
1889  estime  ce  nombre  égal  au  3 4 du  total  des  espèces  malgaches.  Il 
est  beaucoup  plus  considérable  si  l'on  n’envisage  que  les  Formations 
autochtones.  Dans  beaucoup  de  familles,  à quelques  unités  près,  toutes 
les  espèces  sont  essentiellement  malgaches. 

3.  Les  plantes  annuelles  sont,  en  effet,  très  rares  dans  les  Formations 
autochtones.  Ce  fait  est  d’ailleurs  assez  singulier,  car  les  climats  à sai- 
sons tranchées,  comme  celui  de  l'Ouest,  sembleraient,  a priori,  propices 
au  développement  de  telles  espèces. 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 


261 


végétation  forestière,  devient  impropre  à nourrir  une  telle  végé- 
tation. Sous  leur  épais  manteau  d’humus  et  de  forêts,  ces  sols 
restaient  alors  meubles  et  perméables,  et  les  phénomènes  d’éro- 
sion étaient,  par  suite,  réduits  au  minimum.  Le  climat  du  Centre 
était  alors  moins  froid  et  celui  de  l'Ouest  moins  sec.  L alizé, 
en  passant  sur  la  végétation  du  Centre,  admirablement  orga- 
nisée pour  emmagasiner  l’humidité  et  la  restituer  en  période 
sèche,  provoquait  alors,  en  effet,  la  formation  d’abondants 
brouillards.  Ces  brouillards  recouvraient  le  Centre  pendant 
les  froids,  puis  étaient  entraînés  par  les  vents  du  Sud-Est 
jusque  sur  le  versant  occidental,  dont  ils  tempéraient  1 intense 
sécheresse. 

Dans  ces  forêts,  dans  ces  bois  et  dans  ces  broussailles, 
toute  une  faune,  aussi  étrange,  aussi  archaïque  que  la  flore 
vivait  et  s’agitait.  C’étaient  des  tortues  géantes,  des  hippopo- 
tames nains,  de  nombreux  Lémuriens,  dont  la  taille  variait  de 
celle  d’un  ours  à celle  d’une  souris,  de  grands  oiseaux,  Epyor- 
nis  et  Mullerornis , plus  nombreux  dans  les  bois  plus  clairs  de 
l’Ouest  et  du  Centre  et  dans  les  broussailles  du  Sud.  Comme  les 
plantes,  ces  animaux  appartenaient  tons  à des  espèces  essentiel- 
lement malgaches.  Comme  elles  encore,  c’étaient  tous  des  espèces 
silvestres,  merveilleusementadaptéesau  milieu.  L Ile  présentait 
alors  un  magnifique  exemple  d’ensemble  biologique  en  équi- 
libre parfait, où  le  temps  avait  définitivementréglé  les  rapports 
multiples  des  êtres  entre  eux  et  de  ces  êtres  avec  le  milieu. 
Tout  concourait  à faire  de  cette  terre  un  chef-d’œuvre  de 
vie  harmonique  et  complexe,  d'une  étrange  et  merveilleuse 
beauté. 

L’homme  vint;  et  ce  merveilleux  décor  édifié  par  les 
siècles  s évanouit  devant  lui.  Les  forêts  de  l’Est  tombèrent 
peu  à peu  sous  la  hache  ; celles  du  Centre  flambèrent  comme 
un  monceau  de  paille  ; celles  de  l'Ouest  disparurent  plus  len- 
tement devant  les  feux.  Lne  végétation  très  homogène,  inva- 
riable sous  tous  les  climats,  une  flore  très  pauvre,  à espèces 
presque  toutes  exotiques,  s’emparèrent  des  espaces  rendus 
vacants  par  la  destruction  de  la  végétation  et  de  la  flore 
autochtone.  La  faune  subit  des  modifications  parallèles.  Le 


262 


LA  VÉGÉTATION'  MALGACHE 


climat  du  Centre  devint  plus  froid  et  plus  sec.  Les  rosées  et 
les  brouillards  diminuèrent  dans  l'Ouest.  L'érosion  s'exagéra  : 
de  profonds  ravins  se  creusèrent  dans  les  flancs  des  collines 
et  des  montagnes,  des  fleuves  s'ensablèrent  et  d'autres  chan- 
gèrent de  lit.  Les  latérites  dénudées  devinrent  de  plus  en  plus 
dures,  compactes  et  imperméables,  et  Madagascar  fut  ce  qu  il  est 
de  nos  jours  : une  grande  terre  stérile,  couverte  d'une  prairie 
monotone,  où  nous  voyons  disparaître  les  derniers  restes  de 
la  faune  et  de  la  flore  natives. 

L'homme,  le  destructeur  de  la  flore  autochtone,  a-t-il  au 
moins  retiré  quelque  avantage,  quelque  bénéfice  de  cette  des- 
truction? Non,  sûrement  non.  Et  les  perturbations  profondes 
qu  il  a causées  ainsi  à la  vie  d ensemble  de  1" Ile  ont  et  auront 
des  conséquences  désastreuses  pour  l’avenir  économique  de 
1 Ile . C est  ce  que  nous  allons  essayer  de  montrer  en  déduisant 
de  cette  étude,  quelques  conclusions  d’ordre  pratique. 

Parmi  les  conditions  physiques  que  nous  venons  d exposer, 
il  importe  tout  d abord,  à ce  point  de  vue.  de  retenir  la  grande 
variété  des  climats  malgaches.  Ces  climats  sont  reconnus 
depuis  longtemps.  On  ne  le  dirait  pourtant  pas.  si  l’on  com- 
pulse la  liste  déjà  longue  des  essais  de  culture  ou  d’introduc- 
tion de  plantes  utiles,  tentées  soit  par  les  colons,  soit  par 
l'administration.  Les  données  météorologiques  ne  sont  guère 
entrées  en  ligne  de  compte  dans  les  raisons  qui  ont  déter- 
miné la  plupart  de  ces  essais.  Aussi  ces  essais  ont-ils  été 
toujours  négatifs.  Sans  vouloir  ici  nous  appesantir  sur  cette 
question,  nous  rappellerons  seulement  qu'aucune  plante  autre 
que  des  espèces  annuelles  ne  peut  prospérer  simultanément 
dans  l'Est,  le  Centre  et  l'Ouest,  et  qu'à  chacune  de  ces  régions 
conviennent  des  cultures  et  des  méthodes  de  culture  spéciales. 

Nous  avons  donné  aussi,  au  cours  de  cette  étude,  quelques 
preuves  non  équivoques  des  modifications  récentes  de  ces 
climats.  Ces  modifications  se  sont  produites,  sans  aucun  doute 
possible,  à la  suite  du  déboisement  des  cinq  sixièmes  de  1 Ile. 
A vrai  dire,  elles  sont  encore  peu  marquées,  car  les  Savoka, 
qui  couvrent  un  de  ces  sixièmes,  ont.  au  point  de  vue  climat, 
un  rôle  analogue  à celui  de  l'ancienne  forêt  qu  ils  ont  rem- 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 


263 


placée.  Mais  lorsque  les  dernières  futaies  de  1 lie  auront  été 
détruites,  lorsque  ces  Savoka  auront  été  remplacés  par  la 
Prairie,  est-on  certain  que  les  conditions  climatiques  ne 
changeront  pas  du  tout  au  tout  et  que  ces  changements  ne  se 
traduiront  pas  par  des  désastres  économiques  1 ? Pour  établir 
sur  des  bases  certaines  la  réalité  de  ces  modifications  possibles, 
il  faudrait  des  observations  longues  et  précises -,  des  données 
multiples  que  nous  ne  possédons  pas.  Aussi  nous  bornerons- 
nous  ici,  pour  montrer  quelle  importance  insoupçonnée  peut 
avoir  cette  question,  à citer  simplement  ces  deux  faits  : 1°  Toutes 
les  cultures  tropicales,  tentées  avec  succès  par  les  Européens 
dans  l'Ile,  sont  toutes  étroitement  localisées  aux  abords  des 
grands  massifs  de  forêt  ou  de  savoka  encore  existants.  2°  La 
région  Sud-Ouest,  la  plus  riche  de  l’Ile,  est  située  sous  le  vent 
de  la  partie  du  versant  Est,  la  plus  complètement  et  la  plus 
anciennement  déboisée. 

Un  autre  point  qui  pourrait  avoir  des  conséquences  très 
graves  pour  l'avenir  économique  de  1 I le  est  le  peu  d étendue, 
relativement  à la  superficie  totale,  que  recouvrent  encore  les 
massifs  forestiers  susceptibles  d’assurer  à la  colonie  le  maté- 
riel ligneux  dont  elle  a ou  pourrait  avoir  besoin.  Sur  les 
7 millions  d'hectares  qu’occupe  encore  la  flore  autochtone,  la 
moitié  environ  se  compose  de  broussailles  ou  de  bois  peu 
exploitables.  Madagascar  a ainsi  un  coefficient  forestier  bien 
inférieur  à celui  qu  il  devrait  avoir  en  regard  de  son  étendue. 
Aussi  ses  forêts  ne  suffisent  déjà  plus  aux  besoins  actuels.  On 
importe  déjà  depuis  15  ans  dans  1 I le  des  bois  de  Suède  et  de 
Norvège  ; et,  toutes  les  contrées  avoisinantes  étant  presque 


t . « Quand  la  direction  du  vent  est  constante,  il  ne  doit  pas  pleuvoir  ou 
il  pleut  très  peu  en  l'absence  de  forêts.  En  l’absence  du  vent  et  par  un 
temps  serein,  après  une  longue  période  de  pluies,  le  courant  d'air  qui 
s’élève  au-dessus  des  forêts  est  bien  plus  humide  qu'au-dessus  des  con- 
trées découvertes,  où  le  sol  est  sec  et  la  végétation  fanée  ».  (Drude  : 
i Manuel  de  Gtoi/raphie  Botanir/ue,  traduction  Poirault,  p.  67). 

-.  Ces  observations  seraient  d’ailleurs  facilitées  par  les  conditions 
physiques  toutes  spéciales  de  l’île,  et  l'état  de  dénudation  très  avancé  de 
quelques-unes  de  ces  régions. 


LA  VÉGÉTATION  AJAI.GAC11K 


204 

aussi  dépourvues  de  forêts,  l’on  peut  se  demander  comment  la 
Golonie-résoudra  ce  grave  problème,  lorsque  les  besoins  de  ses 
habitants  se  seront  encore  accrus. 

Enfin,  les  effets  des  feux  de  prairie,  bien  que  moins  visibles, 
moins  frappants,  moins  immédiats  que  ceux  de  la  destruction 
des  bois,  sont  bien  plus  désastreux  encore.  Nous  avons 
essayé  de  montrer  comment  ils  modifiaient  les  caractères  des 
latérites,  comment  ils  ôtaient  petit  à petit  tout  caractère  de 
pâturage  à la  Prairie  malgache.  La  stérilité  si  frappante,  si 
absolue,  si  désastreuse  des  trois  quarts  de  l'Ile  n'a  pas  d'autre 
cause,  et  Madagascar  ne  peut  être  mieux  comparé,  à ce  point 
de  vue,  qu’à  un  grand  champ,  dont  on  en  enlèverait  chaque  année 
la  récolte,  sans  le  labourer  ni  le  fumer  jamais.  Ces  feux,  avec 
le  temps,  ne  peuvent  avoir  qu  un  résultat  final:  la  création, 
sur  les  trois  quarts  de  l'Ile,  de  vastes  déserts,  où  la  vie  et  les 
cultures  se  concentreront  de  plus  en  plus  dans  les  vallons,  dans 
les  vallées,  sur  les  sols  alluvionnaires,  ou  autour  des  points 
d eau.  L Ile  ollre  déjà  maintenant  de  nombreux  exemples  de 
ce  stade  final  de  dénudation.  Puis,  la  coutume  des  feux  annuels, 
invétérée  chez  tous  les  indigènes  de  l’Ile,  a encore  d'autres 
inconvénients.  Elle  est  certainement  la  raison  pour  laquelle 
la  plupart  des  Malgaches  se  refusent  à toute  culture  arbustive, 
à toute  culture  durable  ; et  le  nomadisme  de  certaines  peu- 
plades n'en  est  probablement  aussi  qu’une  conséquence  indi- 
recte 1 . 

Il  faut  donc  de  toute  nécessité,  pour  les  graves  raisons  que 
nous  venons  de  résumer,  conserver  à Madagascar  le  reste  de 

1.  On  a préconisé  souvent  les  feux  de  brousse  comme  moyen  de  des- 
truction des  sauterelles  et  des  tiques.  En  réalité,  tous  les  laits  d’obser- 
vation, aussi  bien  à Madagascar  qu’en  Afrique  du  Sud,  où  ces  faits  ont 
été  examinés  de  très  près,  sont  contraires  à celte  assertion.  Les  berbes 
ne  sont  pas  sècbes  au  moment  où  les  criquets  sont  encore  trop  jeunes 
pour  pouvoir  échapper  aux  flammes  et  où  les  tiques  sont  encore 
surles  chaumesde  Graminées.  Les  sauterelles  elles  tiques  sont  d’ailleurs 
surtout  abondants  à Madagascar  dans  les  régions  où  les  feux  sévissent 
plus  régulièrement.  Cela  n’établit  évidemment  pas  que  les  feux  sont  la 
cause  de  l’abondance  de  ces  insectes  dans  ces  régions,  mais  semble  bien 
prouver  «pie  ces  feux  ne  leur  sont  pas  très  nuisibles. 


HÉSL'.MÉ  El-  C.O.NCI.l'SIONS 


■21  >;> 

ses  forêts  et  y supprimer  les  feux  de  prairie.  Pour  conserver 
les  restes  des  forêts  malgaches,  il  ne  suffit  pas  d’interdire  les 
tavy,  ce  que  vient  enlin  d’obtenir  l’administration  de  l’Ile  ; il 
faut  encore  empêcher  d’exploiter  les  bois  par  coupe  rase,  car 
le  résultat,  dans  ces  deux  cas,  est  identique.  C’est  la  construc- 
tion complète  et  definitive  de  la  forêt.  Jamais,  en  effet,  sur 
des  latérites  ainsi  dénudées,  une  futaie  ne  se  reformera.  Le 
reboisement  de  tels  sols  ne  pourrait  être  ensuite  obtenu  que 
par  vraie  plantation,  dont  le  coût  élevé  enlèverait  alors  tout 
intérêt  économique  aux  bois  ainsi  créés.  L'exploitation  de  la 
forêt  malgache  ne  devra  donc  être  que  partielle.  Il  faudra 
l’exploiter  sans  lui  enlever  son  caractère  de  futaie,  ou,  en 
d’autres  termes,  en  conservant  les  conditions  d’ensemble  qui 
lui  ont  permis  de  se  constituer.  Peu  à peu  on  arrivera  ainsi, 
en  enlevant  les  essences  inutiles  ou  médiocres,  à la  rendre 
plus  homogène  et  à donner  à sa  futaie  la  valeur  qu  elle  doit 
avoir.  La  détermination  de  méthodes  d’exploitation  de  ce 
genre  n’est  pas  d’une  difficulté  bien  grande.  En  tous  cas, 
c’est  là  œuvre  très  ordinaire  de  forestier.  Il  suffira  donc  à la 
Colonie,  pour  conserver  son  domaine  de  forêts,  tout  en  aug- 
mentant sa  valeur  et  son  rendement,  de  faire  ce  que  l’on  a fait 
partout  au  moude  : avoir  un  service  forestier  disposant  des 
moyens  nécessaires  pour  accomplir  cette  œuvre. 

La  suppression  des  feux  de  prairie  sera  bien  plus  difficile  à 
obtenir.  On  y parviendra  peut-être  par  une  lente  éducation 
non  seulement  des  masses,  mais  aussi  de  la  classe  dirigeante, 
qui  semble  parfois  n’être  pas  tout  à fait  indemne  de  cette  manie 
étrange  et  contagieuse  qui  pousse  tout  Malgache  à faire 
flamber  les  herbes  sèches.  Il  faut  compter  beaucoup  aussi, 
pour  obtenir  ce  résultat,  sur  le  développement  économique  de 
1 Ile,  surtout  sur  celui  de  l’élevage,  car  avant  vingt  ans,  si  des 
épizooties  n’ont  pas  réduit  considérablement  les  troupeaux, 
les  indigènes  se  disputeront  les  pâturages  les  armes  à la  main 
ou  auront  appris  à faucher  leurs  prairies.  Les  Malgaches,  peu 
intelligents,  très  passifs,  dénués  au  plus  haut  degré  de  toute 
idée  de  prévoyance,  et  certains  colons,  dont  le  seul  but  est 
une  exploitation  hâtive  et  temporaire,  seront  sans  doute  tou- 


266 


LA  VÉGÉTATION  MALGACHE 


jours  les  ennemis  de  toute  mesure  interdisant  les  feux.  11 
appartient  donc  à d'autres,  à ceux  qui  ont  la  charge  de  ses 
intérêts  généraux,  de  vouloir  et  d'obtenir  ce  résultat.  La  con- 
quête de  File  n'aurait  aucune  raison,  aucune  excuse,  si  nous 
n’étions  venus  ici  que  pour  continuer  une  destruction  sans 
but.  sans  souci  de  l avenir,  en  imitant  les  Malgaches  et  leurs 
gestes  enfantins. 


ERRATA 


Page  143,  9e  ligne:  limbes,  au  lieu  de  limites. 

Page  153,  en  note  : Ambohimanjaka,  au  lieu  d'Ambohiman- 
zatra. 

Page  164,  Ie  ligne  : Angavobé,  au  lieu  d’ Angavohé  ; et  Lam- 
boany,  au  lieu  de  Belambana. 

Page  165,  seconde  ligne  du  bas  : La  Cvpéracée  est  YErios- 
pora  setiflora. 

Page  165,  cinquième  ligne  du  bas  : Myosurandra  à la  ligne. 

Page  167,  seconde  ligne,  ajouter  : un  Cynanchum. 

Page  172,  en  note  : une  route,  au  lieu  de  « le  chou  te  ». 

Page  182,  seconde  ligne  : massifs,  au  lieu  de  marais. 

Page  186,  seconde  ligne  de  la  note  : serait , au  lieu  de  était. 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages. 

Introduction 3 

lre  PARTIE.  LA  VÉGÉTATION  MODIFIÉE 
Chapitre  I.  Généralités 7 

— II.  La  Prairie 9 

— III.  La  brousse  des  Tavy,  ou  Savoka 30 

— IV.  Les  plantes  rudérales  et  messicoles 45 

V.  La  Mangrove  et  les  plantes  maritimes 54 

2e  PARTIE.  LA  VÉGÉTATION  AUTOCHTONE 
Chapitre  VI.  Généralités 59 

— VIL  Flore  du  Vent  (Végétation  à feuilles  persistantes  !.. . 70 

— VIII.  La  région  orientale 75 

1.  Bois  littoraux 80 

2.  Marais  et  lagunes 84 

3.  Forêt  orientale 89 

4.  Forêt  des  cimes 105 

5.  Faciès  de  dénudation  et  régénération  delà  forêt.  100 

6.  Produits  forestiers 110 

Chapitre  IX.  La  région  centrale 115 

1.  Formation  des  marais 128 

2.  Forêt  à sous-bois  herbacé 133 

3.  Silve  des  cimes  à Lichens 146 

4.  Broussailles  éricoïdes  des  hautes  altitudes 149 


268 


TABLE  UES  MATIÈRES 


b.  Bois  des  pentes  occidentales ! 153 

• 6.  Pelouse  à xérophytes 159 

7.  Faciès  de  dénudation 168 

Chapitre  X.  La  région  du  Sambirano 175 

— XI.  Flore  sous  le  Vent  (Végétation  à feuilles  caduques).  182 

— XII.  La  région  occidentale 187 

1.  Marais  à Baphia 196 

2.  Forêt  des  alluvions  et  des  bords  des  cours  d'eau.  202 

3.  Bois  des  collines  latéritiques 204 

4.  Bois  des  plateaux  calcaires 208 

5.  Bois  des  collines  arénacées 214 

6.  Bush  à xérophytes 223 

7.  Faciès  de  dénudation  et  Produits  forestiers 233 

Chapitre  XIII.  La  région  méridionale 241 

1.  Bush  à Didier ea. 245 

2.  Faciès  de  dénudation  et  Produits 255 

Chapitre  XIV.  Résumé  et  conclusions 257 


MACON,  PROTAT  FRERES,  IMPRIMEURS. 


AIRES  DE  QUELQUES  TYPES  OCCIDENTAUX 


PRINCIPAUX  ITINÉRAIRES  DE  M.  PERRIER  DE  LA  BÂTIIIE 
DE  1900  A 1915 


AIRES  DE  QUELQUES  TYPES  ORIENTAUX 


1 

2 ... 

à ... 

4 

5+.+. 


+ •4 


MADAGASCAR 

CARTE  DE  LA  VEGETATION 

Echelle  du  1:2.500.000 

LEGENDE 


V Flore  du  eenf  Julien  OifeuMe,  perouUnUe) 

d perla  FUre  ooneUtmH d* df cndugaruj 

g Limite,  de  U rogna  du.  Sad-OieuttrégiO"'  eJnd.erade 
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Forêio  à JeuJlee  cajuyuoe 
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m foarloe  Tnogj 


H.  Jumelle:  Quelques  données  sur  l'état  actuel  de 
la  culture  cotonnière. 

3 me  Fascicule.  — Herbert  Stone  : Les  Bois  utiles  de  la  Guyane  Fran- 
çaise (suite). 

1918 

1er  Fascicule.  — Douron  et  Vidal  : Essais  de  fabrication  de  papier 
avec  la  Passerine  hirsute  et  d'autres  Thyméléa- 
cées. 

Douron  et  Vidal  : Essais  de  fabrication  de  papier 
avec  le  Bois-bouchon  de  la  Guyane  Française. 

H.  Jumelle  et  Perrier  de  la  Bathie  : Nouvelles 
observations  sur  les  Mascarenhasia  de  l’Est  de 
Madagascar. 

H.  Jumelle:  Les  Dypsis  de  Madagascar. 

G.  Carle  : L’Élevage  à Madagascar. 

H.  Jumelle  : L’Élevage  et  le  Commerce  des  Viandes 
dans  nos  Colonies  et  quelques  autres  Pays. 

Louis  Racine  : Palmistes  et  Noix  de  Bancoul  de 
Madagascar. 

2me  Fascicule.  — Herbert  Stone  : Les  Bois  utiles  de  la  Guyane  fran- 
çaise (suite). 

1919 

1er  Fascicule.  — Félix  Gérard  : Étude  systématique,  morphologique 
et  anatomique  des  Chlaenacées. 

G.  Vernet  : Notes  et  Expériences  sur  la  coagula- 
tion du  latex  d'hévéa. 

R.  Cerighelli  : La  farine  des  graines  et  la  fécule 
des  tubercules  de  l’Icacina  senegalensis. 

H.  Jumelle  : Les  Aracées  de  Madagascar. 

1920 

Aimé  Jauffret  : Recherches  sur  la  détermination  des  bois  exo- 
tiques colorés  d'après  les  caractères  chimiques  et  spectrosco- 
piques 


MODE  DE  PLBLICATION  ET  CONDITIONS  DE  VENTE 


Les  Annales  du  Musée  Colonial  de  Marseille,  fondées  en  1893, 
paraissent  annuellement  en  un  volume  ou  en  plusieurs  fascicules. 

Tous  ces  volumes,  dont  le  prix  est  variable  suivant  leur  importance, 
sont  en  vente  chez  M.  Challamel.  libraire,  17,  rue  Jacob,  à Paris,  à 
qui  toutes  les  demandes  de  renseignements,  au  point  de  vue  commer- 
cial, doivent  être  adressées. 

Tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  doit  être  adressé  à M.  Henri 
Jumelle,  professeur  à la  Faculté  des  Sciences,  directeur  du  Musée 
Colonial  de  Marseille.  Faculté  des  Sciences,  place  Victor  Hugo,  à 
Marseille. 

Les  auteurs  des  mémoires  insérés  dans  les  Annales  ont  droit  gra- 
tuitement à vingt-cinq  exemplaires  en  tirage  à part.  Ils  peuvent,  à 
leurs  frais,  demander  vingt-cinq  exemplaires  supplémentaires,  avec 
titre  spécial  sur  la  couverture. 

Le  prochain  fascicule  contiendra  la  fin  du  mémoire  de  M.  Stone 
sur  Les  Bois  utiles  de  la  Guyane  Française. 


MACON.  PROTAT  FRERES.  IMPRIMEURS. 


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New  York  Botanical  Garden  Llbrary 


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