Skip to main content

Full text of "Annales du Musée d'histoire naturelle de Marseille, published aux frais de la ville .."

See other formats


RC 
RE 


RETURN TO 


LIBRARY OF MARINE BIOLOGICAL LABORATORY 


WOODS HOLE, MASS. 


LOANED BY AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY 


ANNALES 


MUSÉE DE MARSEILLE 


PERSONNEL DU M 


Va 


A. VAYSSIÈRE, DIRECTEUR. — (Zoologie générale et Ostéc 


logi 


J. RÉPELIN, CONSERVATEUR. — (Géologie et Minéralogie). Æ ? 


L. LAURENT, CoNsERVATEUR: == (Paléontologie végétale). nr 


P. SIÉPI, TAXIDERMISTE. 
M. AUBERT, A1DE-NATURALISTE. 
M. COUTURIER, AIDE-NATURALISTE. 


ANNALES 


DU 


MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE 


DE MARSEILLE 


PUBLIÉES AUX FRAIS DE LA VILLE 


SOUS LA DIRECTION 


de M. le Professeur A. VAYSSIÈRE 


Directeur du Museum — Professeur à la Faculté des Sciences 


Fondateur : PROFESSEUR A.-F. MARION 


AAA 
TOME XV 


se 


MARSEILLE : 


TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE MOULLOT FILS AINÉ 
22-24-26, Averue du Prado, 22-24-26 


1915-1910 


ARRÊTÉ PRÉFECTORAL 


NOMMANT LE DIRECTEUR DU MUSÉE 


Nous, Préfet des Bouches-du-Rhône, Chevalier de la Légion 
d'Honneur ; 

Vu la proposition de M. le Maire de Marseille en date du 
10 Novembre 1915 ; 

Vu le Décret du 25 Mars 1852; 


Fr Cyr 
f, 2 


ARRÉTONS : 


ARTICLE PREMIER. — M. Albert Vayssière, Professeur à la Faculté des 
Sciences, Conservateur du Muséum d'Histoire Naturelle de Marseille, est nommé 
Directeur de ce même Muséum, en remplacement de M. Vasseur, décédé. 


ARTICLE 2. — M. le Maire de Marseille est chargé d'assurer l'exécution 


du présent arrêté. 


Marseille, le 22 Novembre 1915. 


Le Préfet. 
Signé : SCHRAMECK. 


POUR COPIE .CONFORME : 


Le Secrétaire General, 
Signé : RAMBERT. 


CERTIFIÉ CONFORME : 


Le Maire, 
E. PIERRE. 


AVERTISSEMENT 


Liste de lous les volumes parus depuis la création de ces Annales el la date 
de leur publication : 


Tome I (1"° partie, 1882-1883 ; 2"° partie, 1882-1 
Tome IT (1884-1885). 
Tome III (1886-1880). 


Tome IVe {fasc."15 1891: fasc” Il, 1802: fasc: IL, 1803). 
Ce tome a aussi paru en un seul volume. 
Tome V (fase. I, 1897 ; fasc. II, 1800). 


Série II. — Bulletin. — Tome I (fasc. I, 1808: fasc. II, 1800 et supplé- 
ment 1900). 


Tome VI (Section de Zoologie), 1901. 

Tome VII (Section de Géologie), 1902. 

Tome VIIT (Section de Zoologie), 1903. 

Tome IX (1"* partie, 1904-100$ ; 2" partie, 1904-1905). 
Tome X (1906-1007). 

Tome XI (1907). 

Tome XII (1908). 

Tome XIIF (1915). 

Tome XIV (1912). 


La correspondance et les envois doivent être directement adressés 
à Monsieur le Directeur du Musée. 


TABLE DES MATIÈRES 


Mémoire 1. — Efude sur un Cyrlomaia Submi du Musée de Marseille, par 
E.-L. Bouvier. 
Mémoire 2. — Observalions sur quelques Cécidozoaires, par M. J. Cotte. 


Mémoire 3. — Une Randonnée dans les Basses-Alpes, par M. J. Cotte. 


Mémoire 4. — Etude sur un cas d'Hermapbrodisme chez un Squalidé, par A. Vayssière 
et G. Quintaret. 


Mémoire 5. — Essai sur l'évolution générale el la classification des Cirripèdes primitifs 
et pédonculés pourvus de plaques calcaires, par M. A. Joleaud. 


Mémoire 6. — Développement et fonctions des griffes de l'aile chez les Oiseaux, leur 
rôle probable chez l'Archaeopteryx, par M. L. Vialleton. 


Rapport sur la Section de Zoologie au Muséum, par M. A. Vayssière. 


ANNALES 
DU MUSÉE D'HISTOIRE NATUREILE DE MARSEILLE 
Tome XV 


MÉMOIRE N°1 


ÉTUDE 


SUR UN 


COR ONE, "S HEIN 


DU MUSÉE DE MARSEILLE 
PAR 


M. E.-L. BOUVIER 


je 


MARSEILLE 


TYPOGRAPHIE ET IITHOGRAPHIE MOULLOT FILS AINÉ 


24-26, Avenue du Prado 24-26 


TOITS 


ÉMRULDE 


SUR UN 


CYRTOMAIA SUHMI 


DU MUSÉE DE MARSEILLE 


PAR 


M. E.-L. BOUVIER 


Le Muséum d'Histoire naturelle de Marseille possède un crabe oxyrhynque 
très remarquable (1), le plus beau à coup sûr de la collection où il prend place, et 
peut-être de toutes les collections françaises. Il appartient au genre Cyrlomaia 
Miers et dépasse de beaucoup en dimensions tous les exemplaires actuelle- 
ment connus de ce genre ; en effet, sa carapace mesure plus de 100 millimètres 
de la pointe du rostre médian au bord postérieur, alors que dans le plus grand 
spécimen connu de la plus grande espèce, C. Smithi M. Rathbun, la même 
longueur atteint au plus 70 millimètres ; l'envergure totale de ce dernier atteint 
environ 1 mètre, tandis qu'elle dépasse 1 m. 29 dans notre exemplaire dont 
les pattes sont d’ailleurs relativement plus courtes. 

Le spécimen du Musée de Marseille se distingue en outre par la forme de 
ses chélipèdes dont les pinces sont aplaties dans le sens dorso-ventral, et se 
dilatent régulièrement jusqu’à l'articulation du doigt mobile où leur largeur 
devient trois fois plus grande qu’à la base. Cette disposition frappante n'avait 
été constatée qu'une fois dans le genre,chez un mâle de C. Goodrigei Mc Ardle 
décrit par M. Mac Gilchrist (1905, 290) ; tous les autres mâles connus ont, 
comme les femelles, des pinces subcylindriques à peine dilatées vers la base 
des doigts. 


(1) Cet exemplaire, qui a été inscrit sous le n° 3745, a été donné au Musée d'Histoire natu- 
relle de Marseille, en 1890, par MM. Boyer-Muraour et Célestin Lombard, avec mers du Japon 
comme indication de provenance. 


Abstraction faite de sa grande taille et de cette structure curieuse sur 
lesquelles je reviendrai plus loin, le magnifique spécimen du Musée de 
Marseille présente les caractères essentiels du C. Suhmi Miers et, parmi les 
deux formes, fypica et platyceros, reconnues dans cette espèce par M. Doflein 
(1904, 54, 55), se rapproche surtout de la forme frpica. Comme cette dernière, 
en eflet, il se distingue de la forme platyceros par ses épines plus longues et 
plus fortes, par ses yeux plus dégagés des orbites, par ses cornes rostrales bien 
plus longues et non aplaties, par ses pointes gastriques fort peu divergentes 
et inclinées en avant, par les petites épines peu nombreuses qui séparent les 
parties supérieure et inférieure des régions branchiales ; la carapace est unie 
comme dans la forme {ypica et c’est tout au plus si l'on y trouve quelques petites 
saillies qui, sans doute, devaient servir de base à des poils disparus ; en tout 
cas, elle est dépourvue des granulations et des petites pointes qui l'ornent en 
grand nombre dans la forme plaltyceros. 

L'exemplaire, toutefois, ne ressemble pas complètement à la forme fypica 
telle qu'on peut la comprendre d'après Miers (1886, p. 16, PI. TITI, fig. 2 et 2a) 
et Doflein (7904, p. 54, PI. XIX, fig. 1 et 2) : ses longues pointes rostrales. 
et gastriques, au lieu d’être droites comme dans la forme typique, s’infléchissent 
fortement vers le bas et sont beaucoup plus divergentes ; en avant de la 
grande pointe gastrique impaire s'élève une très petite saillie aiguë qui rappelle 
la saillie plus forte des platyceros et semble faire totalement défaut dans la forme 
typica, enfin la longue corne branchiale antérieure de cette dernière se réduit 
à une médiocre pointe (de 4 millimètres) dans l’exemplaire de Marseille où, 
d’ailleurs, les deux autres épines de la partie supérieure de chaque région 
branchiale sont à peine indiquées ; j'ajoute enfin que la carapace est relative 
ment plus large et rappelle à ce point de vue la forme platyceros ; d'après 
M. Doflein, le rapport de la longueur à la largeur est égal à 1 dans la forme fypica 
et à 0.90 dans la forme péatyceros ; il atteint 0.02 dans l’exemplaire de Marseille. 

Le Muséum d'Histoire naturelle de Paris ne possède aucun Cyrlomaia, ce 
qui m’empèche de pousser plus loin la comparaison. Mais on peut admettre 
que les différences précédentes ne sont pas dues à la très grande taille de notre: 
exemplaire, car M" Rathbun (1906, 877) observe que les épines du Cyrtomaia 
Smithi diminuent de longueur avec l’âge. Or certaines épines de l'exemplaire 
de Marseille, sont plus longues que celles de la forme {ypica, d'autres (épines. 
branchiales antérieures) sont beaucoup plus courtes, de sorte qu'il y a lieu de 
croire que nous nous trouvons en présence d’une forme nouvelle du C. Suhmi; 
ce sera, si l'on veut, la forme curriceros. 

On peut grouper et caractériser comme il suit, les différentes espèces et 


formes du genre : 


I. — Pédoncules oculaires grèles, beaucoup plus longs que deux fois le 
diamètre de la cornée et dépassant en avant la base des cornes rostrales ; 
l’'épine externe de l'orbite et l'épine hépatique sont longues et subégales ; une 
forte pointe médiane en arrière, près du bord postérieur de la carapace; (les 
cornes rostrales sont larges et courtes) : 


Deux fortes épines dorsales sur chaque région branchiale, | C. Lamellata 
une seule épine gastrique médiane : pointe rostrale médiane ? M. RATHBUN (1906, 870) 
lamelleuse. | Iles Hawaï 


C. Murrayi 
Miers (1886, 15) 
Iles Tulur 


Une forte épine dorsale sur chaque région branchiale, deux | 
épines gastriques médianes. 


IT. — Pédoncules oculaires courts, longs au plus deux fois comme Ja 
largeur de la cornée, et souvent n'atteignant pas la base des cornes rostrales ; 
l'épine orbitaire externe beaucoup plus longue que l'épine hépatique ; pointe 
médiane postérieure de la carapace rudimentaire ou nulle : 


Une petite saillie aiguë au bord supérieur de l'orbite: les 


2e : : Re PA : ithi 
épines gastriques paires sont de courtes saillies aiguës non C: Smithi 

; ù VE À È x M. RATHBUN (1893, 229) 
développées en corne; épines branchiales dorsales rudimentaires Rd 
es Hawaï 


ou nulles; deux saillies gastriques impaires. 


Cornes rostrales courtes et subparallèles 
formant un U, une petite saillie gastrique 
impaire en avant de la grande. 

Pas de saillie | 


) C. Goodridgei 
aiguë au bord Cornes rostrales courtes et dépri- | 


Mc ARDLE (1900, 472) 
Ceylan, Iles Andaman 


C. Suhmi platyceros 
DOrLEIN (1904, 55) 
Au large de la côte africaine 
orientale 


supérieur de mées; une petite saillie gastrique 


l'orbite; les épi- impaire en avant de la grande, cornes 
nes gastriques gastriques médiocres et très diver- 
paires sont déve- gentes, carapace granuleuse. 


loppées en cor- 


E 
rte 
o © 
Au = 
£ à 
£ 
0 = 
na AD ONE C. Suhmi typica 
nes ; une au | $ & [5% |  Épines branchiales dor- 
L EME Fr tes eee Mers, DOFLEIN (1904, 55) 
moins des épi- E 4 ww sales bien développées, l'an- ! 5 
$ PSE = “PO E ja Îles Tulur, Sumatra, Nikobar, 
nes branchiales © «4 | © 2,4 | térieure en corne lonoue. 
: : Æ n-T © S Travancore 
très saillante et L € £ CES 
, 2) Soro ae ; : 
plus où moins | & 3 5 . à Epines branchiales posté- 
ñ © 3 } ; 
longue. 2 @ 8 © = rieures peu développées, CASA cernes 
SO) RE l’antérieure médiocre, non F 
Q CONS Japon 
®) 87 | en corne; cornes rostrales 
D 5 Al gastriques arquées. 
(SE | 


Ce tableau montre que la forme platyceros présente des grandes ressemblances 
avec le C. Goodrigei, alors que la forme du Musée de Marseille se range 
plutôt dans le voisinage de la forme fypica. 

Les exemplaires connus de cette dernière forme sont de médiocre taille ; le 
plus grand est le type trouvé par le Challenger, aux îles Tulur, et figuré par 
Miers (1886, PI. IT, fig. 2): c’est un mâle adulte dont la carapace mesure 
25 millimètres de longueur et 28 de largeur, ce qui correspond au rapport 
0.89 ; on a vu plus haut, que ce rapport est égal à l'unité dans le mâle de typica, 
étudié par M. Doflein. La carapace de ce dernier mâle mesurait 21 millimètres : 
il y a donc lieu de croire que, dans la variété {ypica, la largeur augmente avec 
l’âge. 

Dans notre curviceros, la taille est incomparablement plus grande que dans 
tous les exemplaires connus des diverses espèces du genre ; aussi me paraît-il 
intéressant de relever ici quelques-unes des dimensions de ce magnifique 


exemplaire : 
Longueur de la carapace depuis la base des cornes rostrales 
jusqu'au bord-postérieur. re PR PTE 90 m/m. 
Largeur maximun dela carapace ete PR ER 98 » 
Longueur de la pointe rostrale médiane.............. SAUT IS 
» desicornes rosirales (ND) RER EN ER RERRE DIT 
» deYl'épine ex orbitdite. CCR PRE Re TE) 
» » branchiale dorsale antérieure........ AE 


Le rapport de la longueur à la largeur est 0.92, de sorte que la carapace de 
notre exemplaire est relativement moins large que celle du {ypica figuré par 
Miers, encore que la taille de ce dernier soit trois à quatre fois plus faible. 

Je relève dans le tableau suivant les dimensions, en millimètres, des parties 
principales des diverses pattes : 


MÉROPODITE CARPE PROPODITE DOIGT 
| 2° | | 5 © 
diamètre diamètre diamètre diamètre 
EG au milieu longueue au milieu RE au milieu IHEneRe au milieu 


(1) Les cornes gastriques paraissent être pour le moins aussi longues, mais toutes sont 
brisées à une certaine distance de la base. 


Les épines des appendices atteignent leur maximum de longueur dans les 
pattes de la deuxième paire où, comme le montre la figure ci-jointe, elles 
forment quatre rangées longitudinales, deux grandes dirigées en dedans, une 
petite intermédiaire et une quatrième, plus réduite encore, sur le bord externe ; 
le doigt de ces pattes est armé à peu près de même, tandis qu'il est inerme 
dans les pattes des trois paires suivantes. I] y a quelques épines sur les autres 
articles des pattes de la troisième paire, mais les pattes des paires 4 et $ en 
sont dépourvues et présentent simplement une saillie rudimentaire au bout 
distal du méropodite. 

L'exemplaire de Marseille est remarquable, non seulement par sa très 
grande taille, mais aussi par la structure et le puissant développement de ses 
pattes antérieures. Les pinces se distinguent surtout à ce double point de vue : 
elles se dilatent régulièrement de la base jusqu’au niveau de l'articulation du 
doigt mobile et sont fortement comprimées dans le sens dorso-ventral ; 
elles sont couvertes de granules et de courtes épines, leurs doigts sont très 
infléchis sur-la portion palmaire. Quelle différence avec les chélipèdes des 
autres représentants connus de l'espèce, lypica et platyceros, où les pinces sont 
subcylindriques comme le méropodite dans les deux sexes, armées comme lui 
et comme les pattes de la paire suivante, de longues épines très nombreuses, et 
d’ailleurs sans forte inflexion des doigts sur la portion palmaire ! 

Ce développement extraordinaire et cette armature spéciale des chélipèdes 
de notre exemplaire doivent-ils être considérés comme des caractères propres 
au mâle de la forme curviceros. C’est possible, mais il pourrait se faire également 
que cette forme présentât un dimorphisme sexuel comme le mâle du C. Goodri- 
get : dans cette dernière espèce, en effet, M. Mac Gilchrist (1905, 251) a fait 
connaître un mâle dont les chélipèdes ressemblent beaucoup à ceux de notre 
curpiceros, et cette structure ne saurait être le résultat de l’âge, car l’exemplaire 
de M. Mac Gilchrist est plus petit (29 millimètres de longueur, y compris le 
rostre) que le mâle type étudié par M. Mac Ardle (33 m/m 1/2), et pourtant ce 
dernier présente des chélipèdes subcylindriques et longuement épineux, 
exactement comme les femelles du genre Cyrlomaia. 

Dans la forme platyceros et dans les formes fypica du C. Suhmr, on ne connaît 
pas de mâles à fortes pinces, mais il n’est pas impossible qu'on trouve plus 
tard des exemplaires de cette sorte, auquel cas ces deux formes viendraient se 
ranger, à côté du C. Goodriger, parmi les crabes à dimorphisme sexuel mâle. 
L'exemple de notre curviceros semble établir qu'il en est ainsi, mais-la preuve 
ne sera suffisante que le jour où l’on aura capturé des mâles de curviceros ayant 
des chélipèdes subcylindriques et longuement épineux. Je crois bien que 
la preuve sera faite dans l'avenir et que le C. Suhmi viendra se placer à côté 


de son proche voisin, le C. Goodriger, parmi les crabes à dimorphisme sexuel 
mâle. 

D'où provient le beau crustacé du Muséum de Marseille ? Il est difficile de 
le dire avec quelque précision : des mers indo-pacifiques, sans doute, car on 
n'a pas signalé autre part des Cyrlomaia, mais on ignore sa provenance exacte, 
l'exemplaire n'étant accompagné d'aucune indication. Peut-être de la région 
indo-malaise, où se trouve la forme {ypica ? Mais les Cyrlomaia vivent sur les 
fonds subabyssaux et l'on n'en connaît point, que je sache, au-dessus de 
71 brasses (certains exemplaires de C. lamellata, signalés par M. Rathbun) : 
la plupart furent pris entre $00 et 1.000 m., où même plus bas. L'exemplaire 
viendrait-il des mers japonaises, où comme on sait, la faune abyssale remonte 
près des côtes ? 


(Comme on le verra par une note (p. 9), que M. le professeur Vayssière 
vient d'ajouter à ce travail, le Cyrlomaia de Marseille aurait été pris dans les 
mers du Japon). 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


1899 A. ALcock.— An account of the Deep Sea Brachyura, collected by the... 
Investigator, p. 45. 

1902 A. ALcock and À. F. MAC ARDLE. — Illustrations of the Zoology of the... 
Investigator. Crustacea, Part. X, PI. XLIX, fig. 1, 14, 1B, IC. 

1907 A. ALCOCK, N. ANNANDALE and A. C. Mac GIiLCHRIST. — Illustrations of the 
Zoology of the... Investigator, Crustacea (Malacostraca), Part. XII, 
PI. LXXVIIL fig. 2. 

1904 F. DorFLeiN. — Wissenschaftliche Ergebnisse der... Valdivia, B. VI, p. 53-59, 
Taf. XIX, XL, XLIIL, fig. 4, XEV, fig. 1-5. 

19053 A. C. Mac GiLCHRIST. — Natural History Notes from the. Investigator. Série III, 
N° 6 (Ann. and Mag. Nat. Hist (7) XV, p. 251-253). 

1900 À. F. Mc ARDLE. — Natural History Notes from the... Investigator. Série Ill, 
N° 4 (Ann. and Mag. Nat. Hist. (7) VI, p. 472). 

1886 E.]. Miers. — Brachyura (du Challenger), p. 14-17, PI. II. 

1893 M. RATHBUN. — Scientific Results of Explorations by the... Albatross, XXIV. 
Descriptions of new Genera and Species of Crabs from the west Coast of 
North America and the Sandwich Islands (Proc. U. S. Nat. Mus., N° 933, 
p. 875). 

1906 M. RATHBUN. — The Brachyura and Macrura ofthe Hawaïan Islands (Bull. U.S. 
Fish. comm. for 1903, p. 877-870, fig. 34-36). 


EXPLICATIONS DE LA PEANCHE,] 


Figure supérieure. — Cyriomaia Suhmi M. Rathbun, var. curriceros 
nouvelle variété. — Individu représenté de face, au quart de la grandeur 
naturelle. 

Figure inférieure. — Cyrlomaia Suhmi. La carapace du même individu 


en grandeur naturelle. 


OBSERVATIONS 


SUR QUELQUES CÉCIDOZOAIRES 


ANNALES 
DU MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE DE MARSEILLE 
Tome XV 


MÉMOIRE N°2 


OBSERVATIONS 


SUR 


QUELQUES CÉCIDOZOAIRES 


PAR 


JLCORRE 


MARSEILLE 


TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE MOULLOT FILS AINÉ 
- 24-26, Avenue du Prado, 24-26 


IOIS 


ae 


LUE 


OBSERVATIONS 
SUR QUELQUES CÉCIDOZOAIRES 


PAR 


ARCOÉETDE 


Eriophyes ononidis (Can.) NaL. 


Dans une Note, qui a été lue à la Société Linnéenne de Provence (1), j'ai 
déjà signalé une déformation de Vicia gracilis Loisel., récoltée sur le chemin 
qui descend du Sémaphore de La Ciotat vers cette dernière ville. La cécidie, 
certes, est minime et il faut un œil un peu exercé pour ia découvrir ; mais cela 
tient à la petite taille du végétal atteint, et quand on a celui-ci à la main, on ne 
peut avoir aucun doute sur la réalité de la déformation et aucune hésitation au 
sujet du groupe animal auquel appartient son producteur. Les folioles ont leurs 
bords latéraux fortement repliés par-dessus, et deviennent absolument filiformes, 
au lieu d'avoir la forme ovoïde allongée, qu’elles montrent sur les feuilles 
normales. 

Il était tout indiqué de rechercher s’il n'y avait pas là un Eriophyide, et l'examen 
à la loupe en a fait voir effectivement de nombreux exemplaires sur les quelques 
pieds atteints. Ceux-ci ont été mis alors dans de l'alcool en attendant d’être 
étudiés. La première chose à faire était de vérifier si le producteur n'était pas 
Eriophyes plicator (Nal.) var. frifolu Nal., qui attaque plusieurs espèces de. 
trèfle et qui avait été reconnu aussi sur Vicia (Ervum) hirsuta Gray. Nalepa (2), 
je crois devoir le rappeler dès maintenant, avait créé pour le parasite, dans ce 


(1) J. Cotte. — Compte-rendu de l’excursion à Cassis et a La Ciotat. Bull. Soc. Linn. Prov., 
CPP SOI 

(2) A. Nalepa. — Ueber neue Gallmilben (10 Fortsetzung). Ang. Ak. Wiss. Wien, t. XXXI, 
P. 179, 1804. 


LATGUES 


dernier cas, une variété ervi, qu'il a ultérieurement identifiée avec la variété 
trifolu. I était d'autant plus logique de songer à cette mème variété, que Vicia 
gracilis Loisel. avait été placé aussi dans le genre Ervum. Seringe, dans le 
Prodrome, l'appelle Ervum lelraspermum L. var. 8 gracile Ser. (1) et le range 
dans le sous-genre Erwlia. Ce n'est pas ici le lieu de rouvrir des discussions 
sur le genre Ervum, compris d’une manière variable par les divers auteurs qui 
s'en sont occupés, et dont l'isolement des genres voisins était basé sur des 
caractères d'importance médiocre : brièveté de la corolle, glabrescence du 
style sous le stigmate, petit nombre de graines dans le légume. Je ne retiendra, 
de cette question de systématique, que l'accolement des Vicia hirsula et gracilis 
dans le genre Ervum et l'identité qu'il y avait lieu, dès lors, d'escompter entre 
les parasites déformant ces deux espèces. 

Mais quand j'ai examiné des préparations de l’Eriophyes de La Ciotat, il s’est 
montré avec des caractères qui rendaient son identification bien difficile. 
L'alcool dans lequel j'avais plongé les plantes parasitées, et dont je m'étais 
servi contrairement à mon habitude, avait déterminé une contraction extrême 
du corps. Tous les individus, sans exception. avaient pris un contour ovoïde et 
se montraient formés de cinq ou six gros anneaux juxtaposés, sur lesquels se 
dessinait la fine annulation normale. La macération dans la glycérine a partielle- 
ment amené l’assouplissement et le relâchement d'un certain nombre d’animaux, 
qui m'ont servi à faire des dessins à la chambre claire. Mais j’admets qu'il a 
persisté un certain degré de contraction, même chez ceux pour lesquels le 
relàèchement était maximum. J'ai donc la conviction absolue d’avoir fourni (fig. 1) 
un dessin inexact en ce qui concerne le contour général du corps, qui aurait dû 
être représenté de forme plus allongée. De même le bouclier, qui dans mon 
dessin a son grand diamètre dans le sens transversal, devait l'avoir dans le sens 
longitudinal sur les individus vivants. 

Ce qui m'a amené à faire ces dessins, malgré les conditions défectueuses 
dans lesquelles je me trouvais pour cela, c’est que j'éprouvais une certaine 
difficulté à rapporter l'animal que j'avais sous les yeux à une des deux sous- 
espèces connues d'Eriophyes plicator, alors qu'il était certain pour moi, d'autre 
part, qu'il ne pouvait pas s'agir d’une autre espèce. J'ai pris alors le parti de 
soumettre au lecteur les pièces elles-mêmes, afin de mieux justifier les conclu- 
sions que j'allais prendre. 

Eriophyes plicalor possède les caractères suivants, que j'emprunte au 
Thierreich (2) : 


(1) De Candolle. — Prodomus.…, t. Il, p. 367. G. Rouy (Flore de France, t. V, p. 247) en 
fait une sous-espèce de Vicia gemella Crantz,. 
(2) A. Nalepa.— Das Thierreich. Eriophyidæ. Berlin, 1898. 


nn 


« Corps cylindrique. Bouclier presque triangulaire, à champ médian parcouru 
par 3-5 lignes longitudinales, habituellement complètes. et à côté de celles-ci 
par des lignes arquées incomplètes ; champs latéraux linéolés. Soie dorsale 
1 fois 1/2 aussi longue que le bouclier, insérée sur le bord de celui-ci. 
Article 4 des pattes un peu plus long que le $°. Plumule à $ paires de barbes. 
Sternum simple. Soie thoracique II en avant de l'angle interne de l'épimère. 
Abdomen avec environ 80 anneaux. Soie ventrale I très longue, dépassant la 
soie II courte. Soie accessoire assez longue. Epigynium très gros, à valve 
antérieure rayée. Soie génitale placée latéralement, longue. 6‘ longueur 150, 
largeur 38 p ; ® longueur 190 pu, largeur 44 p. 


« L'espèce se divise en 2 sous-espèces : 


« a. E. plicalor (lypicus) Nal. 


« Bouclier parcouru par trois lignes longitudinales complètes. 


« b. E. plicator trifoli Nal. (Ph. pl. erv: ‘Nal.). 


« Champ médian du bouclier parcouru par ; lignes longitudinales habituelle- 
ment complètes, épigynium plus petit que chez la première sous-espèce. » 


L'Acarien de La Ciotat viendra se placer aussi dans cette espèce, plus 
polymorphe qu'on ne le supposait au début. Je suis de plus en plus persuadé 
que le nombre des espèces est trop élevé chez les Eriophyides et que plusieurs 
des noms spécifiques actuels tomberont en synonymie, quand nous aurons 
mieux enregistré les variations d'une même espèce suivant les localités et surtout 
suivant les plantes qui lui servent d'hôte. Les expériences d'infestation et les 
modifications d'ordre morphologique qui peuvent en résulter constituent un 
sujet de recherches extrèmement intéressant, mais où, j'en ai fait l'expérience, 
les difficultés sont souvent bien grandes. Nous nous heurtons, dans un grand 
nombre de cas, à l'existence de races physiologiques qui paraissent inféodées, 
d'une manière assez stricte, à une espèce végétale déterminée. Ce n’est guère 
qu'entre les mains de Peyritsch que cette méthode de recherches a donné des 
résultats appréciables ; mais Peyritsch s’est occupé de la tératogenèse végétale, 
et non de l'adaptation du parasite à un nouvel hôte et des variations de forme 
des Acariens dont il s'est servi. Si nous ne pouvons pas réussir à l’accomplir 
nous-mêmes, nous laisserons à nos successeurs le soin de faire les réductions 
voulues dans nos listes d'espèces d'Eriophyides ; mais ceux qui ont édifié ces 
listes ont rendu à la science l'immense service de dresser le Catalogue des 
formes observées et des végétaux sur lesquels on les a rencontrées, et c’est 
grâce à eux qu'il devient maintenant possible de tenter une œuvre de synthèse. 

Voici la description de l’Eriophyes de La Ciotat. 


STREENS 


Corps ? (ovoïde allongé sur des animaux un peu contractés). Bouclier (fig. 2) 
presque losangique, parcouru dans le champ médian par $ lignes longitudinales 
dont les latérales sont plus ou moins com- 
plètes, si bien que sur un des individus je 
n'ai pu compter que 3; lignes longitudinales ; 
les externes sont habituellement bifurquées en 
avant ; champs latéraux plus ou moins nette- 
ment linéolés. 

Soies dorsales portées par de forts tubercules 
au bord postérieur du bouclier, de une fois et 
demie à 2 fois plus longues que le bouclier 
(caractère variable avec le degré de contrac- 
tion des animaux) ; longueurs mesurées : ç5 u, 
60m, 75 x, moyenne 63 x. Article 4 des pattes 
un peu plus long que le 5°. Ongle à peine 
arqué, terminé par une légère dilatation en 
bouton; plumule à cinq paires de barbes, ne 
dépassant pas les 2/3; de l’ongle. Sternum simple. 
Soie thoracique III très longue : 47 u (1 men- 
suration). 

Abdomen avec environ 80 anneaux. Bourse 


caudale peu développée Soie latérale, lon- 
Figure Te Eriophyes ononidis viIcIæ. gueurs mesurées 2 38, 39, 42 bi moyenne 40 LL. 


Grossissement 550 environ. : 
2 ; Soies ventrales longues : 


Véntrale: 1 45%, 53 um 56 70, 77au moyenne CARE 


Ventrale AP rom RTS ou » De 70 
Ventrale III 26 u, 28 up, 30 u, » 2007; 
Soie caudale 72 u, 83 u, 93 p, » 83 up; 


Soie accessoire bien marquée. 


L'épigynium m'a paru situé très en avant sur les animaux que j'ai étudiés, et 
chez eux je n’ai pas vu l'annulation abdominale se poursuivre en avant de lui, 
ainsi que le dessine Nalepa. Le fait est dû très vraisemblablement à la contraction 
produite par l'immersion dans l'alcool. L'épigynium est assez développé 
(largeur 25 u), sa valve extérieure est striée longitudinalement. Soie génitale 
placée latéralement, longueur : 9 x, 16u, 18 um, moyenne : 14. 

Je dois ajouter encore à cette description que les soies ornant les pattes, 
surtout celles du dernier article, ont une grande longueur et dépassent de 
beaucoup, à ce point de vue, celles que dessine Nalepa. 


= Ci 


Je me trouvais heureusement disposer d'un matériel bien commode pour 
comparer ce parasite à Eriophyes plicalor. J'observe depuis plusieurs années, 
dans nos parcs de Marseille, une cécidie inédite de 
Medicago arborea L., que j'ai omise par mégarde dans 
mes Recherches sur les galles de Provence et qui ne 
figure pas non plus dans les Catalogues de cécido- 
logie. C’est le reploiement banal par en haut des deux 
moitiés du limbe des folioles, avec légère hyper- 
trophie et faible jaunissement au voisinage de la 
nervure médiane. J'avais caractérisé sommairement le 
parasite et l'avais rapporté à E. plicalor d’une manière 
provisoire. Il fallait profiter de l'occasion pour en Figure2.— Eriophyes ononidis 
prendre une connaissance plus complète. vue Boucher, Grossiss: 

Le parasite a été examiné à l'état vivant (15 décem- 7° "7 
bre 1913). Il est blanchâtre, cylindrique et très allongé, plus allongé même 
que ne le figure Nalepa pour la variété frifoli. L'annulation de l'abdomen se 
continue nettement en avant de l'épigynium ; celui-ci est petit. Le bouclier 
possède quelquefois ; lignes longitudinales complètes dans son champ médian ; 
il est orné plus souvent de 5 lignes complètes et même un sujet présentait 


presque 7 lignes, tellement les lignes accessoires qui se trouvaient sur les 
bords du champ médian étaient longuement développées. Par contre, sur 
le bouclier d’un des individus la ligne médiane n'existait que dans la partie 
postérieure et ne tardait pas à s'évanouir en avant. 

La soie dorsale n’est guère plus longue que le bouclier, qui est allongé ; elle 
est, à ce point de vue, très voisine de celle qui figure sur les dessins de Nalepa. 
Les soies latérale, génitale, ventrale IT, ventrale III, caudale sont à peu près 
semblables à ce que figure Nalepa pour Er. plic. trifoli. La soie ventrale I 
atteint à peu près l'extrémité de la ventrale II. Voici quelques mensurations 
à ce sujet : 


Dorsale 4205) 46 USSR 07 Moyennes Ten: 
Latérale F0 OU AO » JON 
Ventrale"NIK2 106 x, Cou; » ANR 
» PRO RATE, » LOUE 
» PUS nus 40R. » HONTE 
Caudale TOM 730) » 72 Le 


En résumé, l'Acarien qui déforme Medicago arborea L. dans les jardins 
publics de Marseille doit être rapporté à la sous-espèce frifoli d'Eriophyes 


4 


plicalor, avec cette remarque, toutefois, que son épigynium est de taille plus 
réduite encore que chez cette sous-espèce. 

L'existence de cette sous-espèce, bien caractérisée, sur un Medicago accli- 
maté dans notre région, nous permet déjà d'éliminer, par avance, l'hypothèse 
qui aurait pu être émise, que le parasite de Vicia gracilis constituerait la forme 
provençale d'Eriobhyes plicalor. Nous sommes donc amenés à constater que 
le cécidozoaire de la Ciotat possède réellement une physionomie propre, sans 
préjuger pour cela de sa diffusion possible sur d’autres espèces végétales et én 
d’autres lieux, et sans émettre une opinion sur la fixité de ses caractères. 

Faisons abstraction de l'annulation du corps en avant de l’épigynium, sur 
l'existence ou l'absence de laquelle je ne pourrai me prononcer d'une manière 
définitive que lorsque j'aurai pu retrouver du matériel mieux fixé. Faisons 
abstraction, pour la même raison, de la forme du bouclier. Les détails morpho- 
logiques dignes de retenir l'attention sont alors la longueur des soies et la 
taille de l'épigynium. Ce sont là des détails, le premier surtout, qui varient 
d'un individu à l'autre, et les quelques mensurations dont j'ai donné plus haut 
le détail sont suffisamment explicites à ce sujet. Mais, en prenant des moyennes, 
on a moins de chances d'introduire des causes d'erreur. Malgré que je n’aie 
mensuré les soies que sur un nombre restreint d'individus, les données numé- 
riques permettent de mettre en évidence ce que l'œil pouvait déjà remarquer : 
la longueur plus grande sur les Eriophyes de La Ciotat des soies dorsales. 
(63 u au lieu de $ 1), ventrales I (64 pau lieu de 57) caudales (83 x au lieu de 72). 
D'autre part, l’épigynium, d'une taille assez grande, éloigne notre animal de 
la sous-espèce frifoli, d'où le rapproche au contraire l’ornementation de son 
bouclier. 

Je ferai donc une nouvelle variété dans l'espèce plicator et je l’appellerai 
vicæ du nom du genre sur lequel je l’ai observée. 

A côté d’E. plicator se place E. ononidis (Can.), dont voici la diagnose, tirée 
de Canestrini (1) et de Nalepa : « Corps cinq fois plus long que large. Bouclier 
parcouru par 3 lignes longitudinales, dont les latérales sont bifides en avant. 
Soies dorsales bien plus longues que le bouclier (plus de 18 anneaux dorsaux), 
portées par de gros tubercules situés près du bord postérieur du bouclier. 
Article 4 des pattes plus long que le s‘. Ongle plus long que la plumule à 
s paires de barbes. Sternum simple. Soie ventrale I très longue, atteignant la 
base de la ventrale II très courte. Ventrale III atteignant à peine l'extrémité 
postérieure du corps. Soie accessoire très grêle, soie caudale médiocre, ayant 
environ le quart de la longueur de l'animal. Epigynium gros, à valve antérieure 


(1) G. Canestrini. — Prospetto dell Acarofauna italiana. Padova, 1892. 


striée longitudinalement. Soie génitale moyennement longue (1). » Cette espèce 
détermine de la cladomanie et de la phyllomanie chez Ononis repens L.'et 
spinosa L. Rostrup (2) lui attribue la virescence des fleurs d'Onontis procurrens 
Wallr.; mais Nalepa (3) (p. 240) ne reproduit pas ce dernier renseignement, 
soit parce que cette déformation n'avait pas été récoltée en Allemagne, soit 
parce que le cécidozoaire de la lésion signalée par Rostrup n'avait pas été 
déterminé directement. 

Nalepa avait été immédiatement frappé de la ressemblance de cette espèce 
avec E. plicalor et dit à ce sujet (4) : « Auch Phytoplus onondis Can. von 
Ononis repens L. dürfte nur eine Subspecies von PA. plicalor sein. » Cette 
indication se trouve reproduite dans le fascicule du Therreich (p. 32) et dans 
Zoologica (1911, p. 240). Il est difficile de ne pas se rallier à cette opinion. 
Quand on rapproche les diagnoses qui précèdent, quand on compare attentive- 
ment les dessins de Nalepa pour plicalor et ceux de Canestrini et de Nalepa 
pour ononidis, on reste convaincu qu'il s’agit bien d’une seule et même espèce. 
Un des. deux noms tombe alors en synonymie et je m'aperçois que c’est le 
premier. Les deux espèces ont été créées toutes les deux, il est vrai, en 1890. 
Mais il n y a aucune description dans la note de Nalepa ($), où l'indication qui 
nous intéresse se borne à la phrase suivante : « Phytoptus plicator n. sp. aus der 
Blattfaltungen von Medicago falcata L. ». Dès lors, le nom de Canestrini (6) 
a le bénéfice de l’antériorité, si l’on décide de réunir les deux espèces. 

Il était indiqué de soumettre cette question à une nouvelle étude en exami- 
nant comparativement E. onomidis et E. plicalor. Je me trouvais posséder dans 
un flacon quelques brins d'Ononis Natrix L., provenant de Saint-Martin-de-la- 
Brasque (Vaucluse) et sur lesquels se trouvait une abondante cladomanie. 
J'avais rapporté celle-ci à E. ononidis (7), après un examen sommaire, qui 
m'avait permis de retrouver dans ce cécidozoaire les caractères de l'espèce de 
Canestrini. En soumettant ce parasite à une étude aussi serrée que possible, 
en vue spécialement de chercher les analogies qu'il possède avec E. plicaltor 
et les points de détail qui pourraient permettre de l'en éloigner, je me suis 


(1) Canestrini la figure très courte (pas même deux anneaux du corps); il représente aussi 
un épigynium de taille au plus moyenne. 

(2) Cité par Houard : Les Zoocécidies des Plantes d'Europe et du Bassin de la Méditerranée, t. U, 
p: 604, n° 3504. 

(3) A. Nalepa. — Eriophyiden. Zoologica, t. XXIV, Heft 61. Stuttgart, 1911. 

(4) A. Nalepa. — Neue Arten der Gattung Phytoptus Duj. und Cecidophyes Nal Denk. Ak. 
Wiss. Wien, t. LIX, p. 525, 1892. 

(5) A. Nalepa.— Ueber neue Gallmilben. Anz. 4k. Wiss. Wien, t. XXVII, p. 2, 1800. 

(6) G. Canestrini. — Ricerche intorno ai fitoptidi. Affi Soc. ven.-trent. sc. nat., t. XII, 1800. 

(7) J. Cotte. — Recherches sur les Galles de Provence. Thèses Ec. Sup. Pharm. Paris, 1912. 


— T2 — 


surtout attaché à examiner l'ornementation du bouclier, la taille de l'épigynium 
et la longueur des soies. 

Un premier fait m'a frappé, en ce qui concerne le bouclier, c’est l'incons- 
tance de l'ornementation décrite par Canestrini. Déjà la vue seule des dessins 
de Nalepa inclinait à penser qu'il pouvait en être ainsi. Si cet auteur reproduit 
purement et simplement, dans le Thuerreich, la description de Canestrini, la 
mention des trois lignes longitudinales dont les latérales sont bifides en avant, 
c'est une autre ornementation qu'il a observée et qu'il a figurée dans Denk. 
Ak. Wien,t. LIX, pl. I, fig. 6. Nous voyons là cinq lignes longitudinales et 
ce sont les plus externes, presque complètes, qui sont bifides en avant. Sur les 
individus que j'ai examinés les lignes longitudinales sont au nombre de 3 ou 
de $ ; dans ce dernier cas les lignes externes peuvent être plus ou moins incom- 
plètes, etsimples ou bifides. Il nous est permis d'admettre que la bifidité indiquée 
et figurée par Canestrini correspond à une disparition partielle des plus 
externes, dans le groupe des s lignes. Au contraire, il peut se faire une ten- 
dance à l'apparition de 7 lignes, tel le bouclier figuré par Nalepa et dont j'ai 
revu un nouvel exemple. Comme il existe des lignes arquées incomplètes à la 
partie antérieure du champ médian, il va sans dire que les mots de bifidité ou 
non-bifidité n'ont ici qu'une valeur relative, et en résumé nous pouvons définir 
ainsi l’ornementation d’E. ononidis, parasite des Ononis : 

Champ médian du bouclier orné de lignes, longitudinales au centre, arquées. 
sur les côtés et en avant; ces lignes sont d'autant plus longues qu'elles se 
trouvent plus près du milieu du champ; si bien que 3 ou $ lignes atteignent le 
bord postérieur du bouclier ; les lignes latérales peuvent se réunir vers l'arrière. 


L'épigynium est de bonnes dimensions (22 y); la soie génitale, longue, 
a 14H. 


Soiedorsale’,. 27 34 LU, 42 LB, 42 LL, 43 L; Moyenne : 40 p 
po latérale C2 17au; 25 » 21 
» AVentralenle he ET EN » 3 pe 
» » le .….. 18 H 
» » IR UT aURES » 277 R 
» rcaudales,e. 2% 3 Rs O2 Up; » 7 be 
» thoracique III. 50 pe 


On remarquera la taille de l’épigynium et la belle longueur de la soie génitale, 
bien différente de celle qu’a représentée Canestrini (PI. XLVIIT, fig. 13 a). 


Si nous comparons les résultats des mensurations auxquelles je me suis livré, 
voici comment on peut les résumer : 


ERIOPHYES 
ononidis plicalor 

trifolui piciæ 

ÉD YU 2 men 22 pi = | IT 
Soie tdorsale re 40 » Si pe 63 » 
» thoracique III... $O » — 47 » 
DARIAtérA le Er e 21 » 38 » 40 » 

D AVENTTAlE SIENS 53 » CHER 04 » 

» LOS | SEE 16 » 10 » 12 » 
» Dee PP" 37 » 3 1: 26 » 
nCaudale re 57 » FE) 83 » 
HA CÉAHAIE. er 14 » — 14 » 


Ce tableau montre bien qu'il est parfaitement logique de réunir Eriophyes 
oronidis et E. plicalor ; la nouvelle espèce ainsi élargie présentera à considérer, 
en ce qui concerne la longueur des soies, une gamme de variations dans 
laquelle onontdis et miciæ représenteront les deux stades extrêmes. Il sera 
intéressant de voir quelles mensurations pourront être obtenues sur la sous- 
espèce {ypicus, et quelle place elle occupera dans cette série, à ce point de vue. 
Si on range ces formes d’après la complication croissante de leur ornemen- 
tation, la série semble devoir être : 


lypicus, ononidis, trifolir, viciæ ; 
et d’après la taille croissante de leur épigynium: 
trifoli, ononidis, riciæ, typicus. 


On pourrait faire une objection au rattachement de ÆE. onondis à 
E. plicator, en la basant sur la nature des lésions produites par ces Acariens. 
E. plcator, son nom l'indique suffisamment, détermine un reploiement par en 
haut du limbe des feuilles avec, parfois, virescence des fleurs, tandis 
qu'E. ononidis produit une lésion tout autre, une cladomanie et une phyllomanie 
bien marquées, accompagnées elles aussi de virescence des fleurs. Malgré la 
différence très grande qui existe entre les deux ordres de déformations, il est 
difficile de baser sur elle seule une disjonction d'espèces, et nous venons 
de voir que nous ne trouvons pas, dans les caractères morphologiques, de raison 
sérieuse pour étayer cette disjonction. On peut cependant faire ressortir 


— 14 — 


l'opposition qui existe, dans l'espèce ononidis, entre la forme qui produit de la 
cladomanie et celles qui déterminent le plissement en gousse des folioles. Il 
faudrait, pour cela, remanier l'espèce et la diviser en deux sous-espèces. La 
première, euonondis, est celle qui produit la cladomanie, et n'est connue que 
comme parasite des Ononis ; la deuxième, plcator, déforme les feuilles de ses 
hôtes. En conséquence du remaniement de cette espèce, je propose de 
changer en celui de Nalepai le nom de fypicus, qui prêterait à confusion, du 
moment que l'espèce plcalor perd son autonomie. 

Voici les diagnoses de ces sous-espèces et des variétés connues, et les hôtes 
sur lesquels on les a observés d’une manière authentique. 


a) Sous-espèce euononidis J. C.; détermine de la cladomanie et de la 
phyllomanie. Champ médian du bouclier parcouru par 3-5 lignes longitudinales 
complètes, les externes habituellement bifurquées en avant: épigynium assez 
gros; soies dorsale, latérale, ventrale I et caudale plus courtes que chez les 
variétés trifolit et riciæ de la deuxième sous-espèce (1) ; la dorsale a, au plus, 
1 1/2 fois la longueur du bouclier. 

Vit sur Ononis spinosa L., O. repens L.. O. Natrix L. 


b) Sous-espèce plicator (Nal.); détermine un reploiement du limbe par ses 
bords ou en forme de gousse. 


a. Variété Nalepai J. C.: champ médian du bouclier parcouru par 3 lignes 
longitudinales complètes ; soie dorsale 1 1/2 fois aussi longue que le bouclier, 
portée par de gros tubercules situés au bord postérieur du bouclier; soie 
ventrale 1 dépassant l'extrémité de la ventrale II; épigynium très gros ; soie 
génitale longue. 


Vit sur Medicago falcata L., M. lupulina L. 


8. Var. frifolu (Nal.) ; champ médian du bouclier normalement parcouru par 
s lignes longitudinales, habituellement complètes ; soie dorsale de 1 à 1 1/2 fois 
aussi longue que le bouclier, portée par de gros tubercules situés au bord 
postérieur du bouclier; soie ventrale | atteignant ou dépassant l'extrémité de la 
ventrale IT; épigynium plus petit que dans la variété Nalepai; soie génitale 
longue. 

Vit sur Trifolium arvense L., Vicia hirsuta Gray, Medicago arborea L. 

y. Var. iciæ J. C.; champ médian du bouclier parcouru par s lignes longi- 
tudinales, dont les externes sont habituellement bifurquées en avant ; épigynium 
gros ; soie génitale longue ; soies dorsale, ventrale I et caudale plus développées 


(1) Le caractère tiré de la longueur des soies n’a qu'une valeur relative, étant déduit de 
l'examen d'une seule colonie. 


que chez la variété précédente; la dorsale doit avoir de 1 1/2 à 2 fois la 
longueur du bouclier, la caudale a environ la moitié de la longueur du corps. 

Vit sur Vicia gracilis Loisel. 

La synonymie de ces diverses sous-espèces et variétés peut se résumer ainsi : 

Phytoptus ononidis Canestrini, 1890. Eriophyes o. Nalepa, 1898. Eriophyes o. 
euononidis. 

Phytoplus plicator Nalepa, 1891. Eriophyes p. Nalepa, 1898. Eriophyes 
ononidis plicator. 

Eriophyes plicalor typicus Nalepa, 1898 (sous-espèce). Eriophyes ononidis 
Nalepar. 

Phytoptus plicator trifolii Nalepa, 1892 (sous-espèce). Eriophyes p. trif. 
Nalepa, 1898. Phyloptus p. ervi Nal., 1804. Eriophyes ononidis trifolir. 

Eriophyes ononidis viciæ. 


Eriophyes Vayssierei Nov. sp. 


C'est un Eriophyide encore qui produit la déformation suivante de Specularia 
parviflora S'-Lag., rencontrée à Allauch. Les feuilles de l'extrémité de la tige 
sont élargies, irrégulièrement découpées s1r leur bord, et groupées en une 
sorte de tête. Les plus externes sont disposées en rosette, les plus centrales 
forment une tête pommée. Elles sont, de plus, un peu crispées et leurs bords 
ont une tendance à s'enrouler par en haut. Il existe, en outre, une faible pilosité 
anormale. La figure 3 montre cette déformation. 

Comme je manquais, au moment où je l'ai trouvée, du 
fixateur que j'emploie le plus habituellement et qui me donne 
de bons résultats, le mélange de Bouin. j'ai plongé dans 
l'alcool à 90° l'unique sommité déformée de Specularia que je 
possédais ; mais je me suis aperçu, au moment de l'examen, 
que les animaux étaient encore fortement contractés. Malgré 
cet inconvénient, J'ai cherché à caractériser les parasites, 
qui étaient assez nombreux sur le pied immergé dans l'alcool. Figure 3. - Specu- 

L'animal devait être plutôt fusiforme que cylindrique, sans  /aria parviflora dé- 
qu'il soit possible de rien affirmer à ce point de vue ; le sujet formé par Erio- 
le moins contracté que j'aie vu avait une longueur de 140 EEE 
sur une largeur de 64. L'abdomen est fortement annelé et le nombre des 
anneaux est supérieur à 90. Ces anneaux sont fortement ponctués, dorsalement 
et ventralement, et la ponctuation est de plus en plus marquée à mesure que 
l'on se rapproche de l'extrémité postérieure. La cause de cette ponctuation 


y — 


réside dans la présence de saillies cuticulaires extrêmement courtes, qui 
s'allongent dans la partie postérieure du corps, où elles deviennent spiniformes 
et atteignent 1-2 y de long. 

8-10 annulations du corps se montrent en avant de l’épigynium, qui est de 
bonne taille : 28-30 y de largeur (fig. 4). La valve extérieure est sillonnée longi- 
tudinalement : elle possède ainsi environ 18 lignes parallèles, qui peuvent 
devenir confluentes, deux à deux, à leur extrémité. Le sternum est simple ; le 
rostre, court. Les pattes sont plutôt grêles, le 5° article égale à peu près le 4° et 
tous les deux sont sensiblement plus grèles que le 3°; la plumule, à $ barbes 
faiblement barbelées, atteint à peu près les 2/3 ou les 3/4 de l'ongle incurvé. 

Je reviendrai sur le bouclier. Les soies dorsales, assez espacées, sont insérées 
sur son bord postérieur ou un peu en avant ; elles n’ont guère plus que la 
longueur du bouclier et ne dépassent pas une fois et démie sa longueur, même 
sur les sujets contractés. La soie thoracique IIT est fixée assez bas sur l'épi- 
mère de la patte IT et son insertion est voisine du sternum. La soie thoracique IT, 
dont la longueur est environ les 2/3 de celle de la précédente, est également 
voisine du sternum ; la thoracique 1, courte, est placée vers le milieu de l'épi- 
mère de la patte I. Les soies génitales sont fixées sur les côtés de l’épigynium 
et sont très grêles ; sur un certain nombre d'individus je n'ai pas pu les aper- 
cevoir, pas plus que les tubercules qui les portent. 

Les soies que j'ai mesurées avaient les longueurs suivantes : 


Dorsale, de 36 à 50 y, moyenne 41 pm 
Thoracique IIT (1 mensuration) 42 
Latérale, de 22 à 42 pu, » 30 
Génitale, » s-6 pi : 
Ventrale I, de 34 à 48 u » 40 

» Il desde 0 » 1$ H 

» Mr der7 228 D 18 u 
Caudale, de 36 à 56 y » 43 L 
Accessoire, » $ pe 


Ce sont surtout les détails de structure du bouclier qui ont 
attiré mon attention (voir fig. 5). Celui-ci est parcouru dans 
son champ médian par des lignes longitudinales saillantes, 
parfois brusquement redressées en appendices presque trian- Fig. 4.-— Eriophyes 


gulaires. La ligne médiane est moins constamment complète  Wayssierer, Epigy- 
num. Gross. 680, 


que les latérales qui la bordent, et elle peut échanger avec 
celles-ci des anastomoses dont la position est extrêmement variable. En dehors 
des ; lignes longitudinales dont je viens de parler, il s’en trouve d’autres, au 


17 


nombre de 1 à 3 de chaque côté, et qui ne sont jamais complètes, n'atteignent 
le bord postérieur sur aucun des nombreux individus que j'ai examinés. Les 
champs latéraux sont ornés d’une foule d'émergences plus ou moins élevées, 
presque spiniformes dans certains cas, et habituellement orientées en séries, 
qui sont disposées en éventail par rapport aux lignes du champ médian. Parfois 
même ces saillies se groupent en petites lignes obscures et interrompues. Les 
champs latéraux peuvent donc être simplement ponctués ou être plus ou moins 
linéolés. Des saillies identiques se rencontrent avec une abondance variable 
dans le champ médian; tantôt elles siègent seulement dans la partie posté- 
rieure de celui-ci, tantôt elles l’envahissent d'une manière complète. Ce sont 


Del Sn 
4 Nez 
NE Ne 
Figure 5.— Eriophyes Vayssierei. Bouclier. Gross. 680 


elles, en fait, qui constituent l’origine des anastomoses reliant la ligne médiane 
à ses voisines ; elles peuvent contribuer aussi à la formation de courtes lignes 
juxtamédianes supplémentaires. Dans nombre de cas, les longues lignes qui 
forment la décoration du champ médian ont leur crête presque denticulée, 
comme si elles résultaient seulement, elles aussi, de la confluence d’une foule 
de tubercules rangés en séries longitudinales. On pourrait donc définir de la 
sorte l’ornementation du bouclier de cette espèce : 

Bouclier orné d'une foule de petites saillies, disposées généralement en 
séries longitudinales, qui divergent à partir du rostre ; les saillies d'une série 
peuvent devenir confluentes et donner naissance à des lignes. Celles-ci, 
inconstantes et mal formées dans les champs latéraux, existent toujours dans le 
champ médian, où il en existe une, complète dans tous les cas, de chaque côté 


5 


Re 


du plan médian. La ligne médiane est souvent incomplète ; les latérales supplé- 
mentaires qui se trouvent à la partie antérieure du champ médian le sont 
toujours. Les saillies isolées manquent assez souvent dans les parties antérieure 
et moyenne du champ médian. 

J'ai cru utile de donner, dans la figure $, quelques dessins, faits à la chambre 
claire, de boucliers du parasite de Specularia parviflora. J'aurais pu les multiplier 
sans grand profit. Ces exemples suffiront pour montrer l'inconstance des détails 
de l’ornementation et engageront peut-être les naturalistes à rechercher avec 
quelque soin les variations que peuvent présenter les Eriophyides, à ce point 
de vue. Pour ces dessins, j'ai utilisé mème des individus beaucoup trop 
contractés, dont le bouclier était de proportions très anormales Je prie le 
lecteur de tenir compte de cette rectification. 

Trois Eriophyes sont connus sur les Campanulacées : E. Schmardai (Nal ), 
enanthus (Nal.), campanulæ Lind., sans parler des nombreuses lésions d'Erio- 
phyides, signalées sur des végétaux de cette famille, et dont les auteurs n'ont 
pas été caractérisés. Le premier de ces Acariens détermine de la cladomanie, 
de la phyllomanie, avec pilosité anormale, et de la chloranthie de divers 
Campanula ; E. campanulæ fait enrouler par en haut, avec pilosité anormale, le 
bord du limbe foliaire de C. rotundifolia L.; E. enanthus vit sur Jasione 
montana L., dont les entre-nœuds se raccourcissent, dont les fleurs et les feuilles 
sont modifiées et se couvrent d'une pilosité anormale. 

Je ne possède pas la description originale, par Lindroth, de Eriophyes campa- 
nulæ, mais la reproduction qu'en donne Nalepa (1) me permet de voir que 
cette espèce n'est pas celle qui déforme la Specularia d'Allauch. Nous trouvons 
comme principales difiérences : la grande taille d'E. campanulæ (26$ y de 
long sur 60 u de large), la longueur de ses soies dorsales (45-65 x), des soies 
latérales et ventrales | (jusqu’à 45 x), des soies ventrales IT (jusqu'à 40 u) et 
ventrales III (jusqu'à 32 u), les six paires de barbes de la plumule, le moindre 
nombre des anneaux de l'abdomen. Mais l’ornementation du bouclier est 
néanmoins bien semblable. 

Nous éliminerons aussi E. enanthus, dont la taille est plus réduite (140 p sur 
35), l'épigynium plus petit (19 x), dont le champ médian est orné de 3 lignes, 
parmi lesquelles les deux juxtamédianes seules sont complètes, dont les soies 
dorsales sont presque deux fois plus longues que le bouclier, dont les soies. 
latérales sont représentées plus longues que les ventrales I. Pour cette espèce 
il n'est pas mentionné de ponctuation dans la partie postérieure du champ. 
médian. 


(1) Zoologica, Heft 61 ; p. 247. 


Nous n'avons pas davantage affaire à E. Schmardai : la taille de cette espèce 
est bien plus considérable que celle de la mienne (260 y sur 70); elle a, de 
plus, le champ médian du bouclier orné de 7 lignes longitudinales, dont les 
3 médianes seules sont complètes. La longueur des soies est également à 
noter : chez E. Schmardai les soies latérales sont représentées très courtes, 
dépassant de peu la longueur des génitales ; les ventrales I sont quelque peu 
plus longues que les dorsales (elles sont représentées cependant de moitié plus 
courtes); les soies caudales sont représentées très courtes. Retenons, 
cependant, que la partie postérieure du champ médian est ponctuée chez cette 
espèce. 

Ce serait donc vouloir forcer les analogies que chercher à faire rentrer le 
parasite de Specularia parviflora dans une des trois espèces d’Eriophyes, parasites 
des Campanulacées, qui ont été décrites, et nous sommes amenés à en faire 
une espèce nouvelle, que j'appellerai Vayssierer. Elle se rapproche surtout 
d'E. Schmardai par l’ensemble de ses caractères. Nous ne pouvons pas prejuger 
de l'avenir et savoir si quelque découverte ultérieure permettra plus tard de 
combler les hiatus qui séparent actuellement ces diverses espèces. Ce que 
nous pouvons dire seulement, c'est qu’elles dérivent vraisemblablement d’une 
souche commune ; Jeur air de parenté indéniable semble bien l'indiquer. 

Il y a lieu de rappeler, au sujet de la déformation de Specularia parviflora, 
que Trotter avait signalé en 1903 (1), sur Sp. Speculum DC., en Italie, la 
présence de bourgeons composés de feuilles légèrement déformées et velues. 


Autres ériophyidocécidies 


Euphorbia segetalis L.— Le 4 mars 1913, au cours d'une excursion 
dans les environs d’Allauch, j'ai été frappé par l'aspect que présentaient des 
pieds d'Euphorbia segelalis L., qui poussaient près de la vieille villa de 
Montespin, dans une station d’anémones que connaissent les naturalistes 
marseillais. Un certain nombre de pieds se faisaient remarquer par une teinte 
plus verte que celle des euphorbes saines, et cette différence de coloration m'a 
amené à soumettre à un examen minutieux les sujets qui présentaient cette 
particularité. 

Chez E. segelalis, normalement, les feuilles et les bractées virent graduelle- 
ment au jaune, à mesure que se développent et mürissent leurs éléments repro- 
ducteurs ; on sait que les feuilles tombent même d'une manière précoce chez 


(1) A. Trotter. — Nuovi Zoocecidii della Flora italiana. Marcellia, t. Il, p. 7, 1903. 


cette espèce. Les pieds atteints sont le siège d’une double lésion (fig. 6). Les 
bractées peuvent y avoir leur bord très étroitement enroulé par-dessus, et cette 
minime déformation est même celle qui se remarque la première. Mais l'inflores- 
cence se montre de plus anormale. Elle s'épanouit mal; les pièces bractéales 
internes restent partiellement enve- 
loppées par les bractées externes, 
et leur nanisme s'accompagne d'un 
certain degré de crispation. Si la 
fleur, tardivement attaquée, s'épa- 
nouit, l'ovaire est déformé, mal 
développé et à parois gondolées. 
Cette perturbation dans la floraison 
a pour conséquence la persistance 
de la couleur verte du jeune âge. 

En examinant à la loupe les parties atteintes, il est facile d’y apercevoir un 
Eriophyide, qui en est évidemment l’auteur. J’ai fait alors une provision de 
pieds d’Euphorbia virescents et ai mis les sommités dans un bocal, afin de faire 
sortir par la dessiccation les Eriophyides, suivant la méthode que préconise 
Nalepa. Malheureusement j'ai été empèché de retourner au laboratoire 


F 
Figure 6. — Euphorbia segetalis ; ériophyidoce- 
cidie à droite. 


pendant quelques jours, et quand j'ai revu mon bocal, des moisissures l'avaient 
suffisamment envahi pour qu'il fallät abandonner tout espoir de caractériser le 
parasite. Qand j'en ai eu le temps, je suis retourné à la station ; mais la saison 
était passée et je n'ai plus trouvé la moindre cécidie. J'ignore si la lésion se 
reproduira cette année, au même lieu (1), aussi ai-je cru pouvoir publier cette 
observation incomplète. 

Elle présente un peu d'intérêt, parce que des déformations foliaires dues 
aux Eriophyides n'étaient connues que sur trois espèces indigènes du genre 
Euphorbia : E. Cyparissias L., E. Esula L , E. palustris L. La cécidie de la 
première espèce consiste en un enroulement en dessus (2) des feuilles et 
l’auteur en est Eriophyes euphorbiæ (Nal.) ; Houard la cite de l'Europe centrale, 
de la France, de l'Italie. Les deux autres galles, qui ressemblent à la précé- 
dente, sont attribuées au même parasite ; celle de E. Esula a été indiquée de 
l'Europe centrale par Hieronymus et par Schlechtendal ; celle d’E. palustris a 
été trouvée en Silésie et publiée par Dittrich. J'ai l’intime conviction que le 
renseignement apporté ici permettra d'inscrire une quatrième déformation à 
l'actif du même Eriophyes. Toutefois je dois signaler une petite différence dans 


(1) Je ne l'y ai pas retrouvée (1914). 
(2) Des auteurs disent « par-dessous ». 


la manière de se comporter des plantes parasitées. Je vois sur Houard (t. IL, 
p. 668) que les feuilles attaquées d'E. Cyparissias prennent « souvent une 
teinte jaunâtre ou rougeûtre ; parfois toutes les feuilles d'une pousse sont 
déformées ou la plante entière elle-même. » J'ai déjà insisté sur ce fait que 
chez E. segetalis, au contraire, on pouvait reconnaître à plusieurs mètres, 
quand on était prévenu, les plantes atteintes, dont la coloration d'un beau vert 
tranchait sur la teinte bien plus jaunâtre des pieds indemnes. Je rappelle, d'autre 
part, que j'ai trouvé dans le Vaucluse, et que j'ai signalé dans mes Recherches 
sur les Galles de Provence (n° 554, p. 154), une « inflorescence d’E. Cyparissias 
déformée, plus verte, à feuilles involucrales en cuiller, à fleurs légèrement 
déformées.» J'ai attribué, avec doute, cette lésion à un Eriophyide. Il ya donc 
là matière à observations nouvelles, et on reconnaîtra qu'il eût été imprudent 
d'attribuer un nom de producteur, sans vérification au microscope, aussi bien 
à l’auteur de cette lésion d'E. Cyparissias qu’à celui de la cécidie d’E. segetalis. 


Sonchus tenerrimus L. — Le 4 mars encore, j'ai rencontré un petit 
groupe de pieds déformés de cette plante, fort commune dans notre région. 
Le point précis est à l'Est d’Allauch, peu après l’origine 
du petit chemin qui part de la route d’Allauch aux 
Camoins, au niveau du château de Carlevan, pour se 
diriger vers Mangespin. Les plantes parasitées sortent 
des murailles qui supportent les terres cultivées: la 
feuille y subit les modifications suivantes (fig. 7). Le bord 
des segments est replié en dessous ; le segment, quand 
la lésion est intense, en arrive à être complètement 
déformé. La partie enroulée est, en outre, ornée souvent 
sur sa face supérieure de petites bosselures juxtaposées, 
si bien que les segments peuvent en arriver à posséder 


Figure 7. — Sonchus te- 
5 3 : 9 nerrimus déformé par 
un aspect uniformément chagriné. Les feuilles atteintes Eriophyes sonchi Suriani. 


étaient également d’un vert diflérent de celui des feuilles 

saines ; elles étaient un peu plus jaunes et réflétaient d’une manière différente 
la lumière incidente. A la loupe, on pouvait voir circuler sur les parties atteintes 
un Eriophyide. 

On connaissait peu de lésions produites par les Eriophyides sur les espèces 
du genre Sonchus. Un Eriophyes, auquel Nalepa a donné le nom de sonchi (1), 
détermine sur Sonchus maritimus L. une déformation bien différente de celle que 
je signale. Il s’agit de pustules irrégulières et plus ou moins teintées de rose, 
en Eee Miam Det mr ee à me 


(1) À. Nalepa. — Beitrâäge zur Systematik der Eriophyiden. Denk. Ak. Wiss. Wien, 
t. LXXVII, p. 131-143, 1905. 


faisant saillie sur les deux faces de la feuille et qui ne sont pas sans analogies 
avec celles qui se trouvent sur les feuilles des saules et avec celles que produit 
Eriophyes centaureæ (Nal.) sur Cenfaurea aspera L. Il y a une notable différence, 
on le voit, avec le reploiement marginal et l'aspect chagriné des feuilles 
d’Allauch. 

Eriophyes sonchi Nal. est connu de l'Algérie, de l'Italie, de la Sicile, de 
l'Autriche, peut-être de la Perse (Rübsaamen, d’après de Stefani) et Tavares 
l’a retrouvé plus récemment en Portugal. Sur S. asper Vill. Kieffer avait 
signalé (1) une déformation bien voisine, qui doit être due au même parasite 
encore et que lui avait procurée Marchal. Si l’Acarien a pu réellement s'établir 
sur $. asper, ainsi que paraît devoir le faire admettre l'observation de Marchal, 
nous pouvons nous attendre à voir la déformation qu'il détermine citée de 
points assez variés, car S. asper est extrèmement répandu et habite presque la 
terre entière. Mais jusqu'à présent le parasite paraît avoir pour hôte préféré 
S. marthmus, et c’est là la raison pour laquelle il semble être cantonné dans le 
voisinage de la Méditerranée ; à la diflérence de son congénère, S. mariimus, 
en effet, appartient assez en propre à la région méditerranéenne, d’où il fait 
des incursions dans l'intérieur des terres. Il est donc naturel que Eriophyes 
sonchi ne soit connu que de l'aire où pousse normalement le végétal sur lequel 
il s'établit le plus habituellement. D’autre part on lui a rapporté une déforma- 
tion de Launæa resedifolia O. Ktze (Sonchus chondrilloides Desf.), bien différente 
de celle de Sonchus martlimus. Sur les pieds parasités les bourgeons sont trans- 
formés en amas de feuilles plus ou moins anormales. C’est là encore une cécidie 
franchement méditerranéenne : Cavara l’a trouvée près de Catane, en Sicile, 
et l'a communiquée à Cecconi (2). Nalepa, qui a examiné le parasite, n'a pas 
trouvé de diflérences entre l’auteur de cette déformation et son Eriophyes 
sonchi, et c'est à ce producteur, naturellement, que Cecconi a rapporté cette 
cécidie. Mais quand celle-ci a été distribuée dans Cecridolheca ilalica (3), c'est 
cependant à un Eriophyes sp. qu'elle a été attribuée, car les auteurs de cette 
collection ont été évidemment frappés par la différence d'aspect qui existe 
entre cette lésion et celle de Sonchus maritimus (4). On peut faire remarquer, à 


(1) J. Kieffer. — Synopsis des Zoocécidies d'Europe. Ann. Soc. Ent. Fr., t. LXX, p. 233-579, 
1901. 

(2) G. Cecconi. — Descrizione di galle italiane nuove o poco conosciute. Marcellia, t. Il, 
p. 82, 1904. 

(3) A. Trotter et G. Cecconi. — Cecidotheca italica, Fasc. XIV, n° 329, 1906. La reproduction 
que je donne de cette cécidie (pl. 2, fig. 1) est faite d'après un exemplaire de Cecidotheca 
italica. 

(4) Nalepa ne fait aucune allusion à cet hôte dans sa description de E. sonchi (1905) ; il est 
vrai que sa communication avait été faite à l'Académie de Vienne en janvier 1904. 


ce sujet, que les bouquets foliaires de Launæa rappellent beaucoup la cécidie 
de Lactuca saligna L., due à Eriophyes laclucæ (Can.) et qui n'est encore 
connue que d'Italie. 

Nalepa, à qui nous devons la connaissance d'Eriophyes sonchi, a donné aussi, 
dans le travail où a paru la diagnose de ce cécidozoaire, une nouvelle descrip- 
tion et une figuration d'E. laclucæ, et nous permet ainsi de comparer ces deux 
espèces, si voisines. Il indique, comme principaux caractères diflérentiels de 
E. sonchi par rapport à son congénère : la taille moindre de l'ongle, des soies 
caudales et latérales (1), une minime différence dans l'ornementation du bou- 
clier, moins échancré en avant, un écartement plus grand des tubercules qui 
portent les soies dorsales, la position des soies thoraciques [ un peu plus en 
arrière de l'extrémité antérieure du sternum. Voici la longueur des soies 
d'E. sonchi, telle qu'elle est donnée par Nalepa : 


Dorsale — 1 fois 1/2 le bouclier 
Latérale — dorsale 
£ Génitale — ventrale II 
Ventrale | — 2 fois le bouclier 
» II — ventrale III 
Caudale — 1/3 du corps. 


Le parasite de Sonchus tenerrimus, originaire d'Allauch, doit certainement 
être rapporté à E. sonch. Le corps est plus cylindrique que ne le figure Nalepa 
pour E. lactucæ, et ressemble beaucoup, au contraire, au dessin donné pour 
E. sonchi. Les tubercules d'insertion des soies dorsales sont assez espacés. 
Les diverses soies ont la longueur que j'indique ci-dessous : les mensurations 
ont été prises sur des femelles qui paraissaient complètement adultes. 


Dorsale 42,202: 0, 5016 MOYENNE 63 
Latérale 31, 42 k » 36 pm 
Thoracique III 17, 20, 28 » DRE 
Génitale 13 200 Ù 16 pu 
Ventrale Î 56, 64, 64, 67 uw SL 63 p 

» IT 36, 39, 53 p DORE 

» IT RENE AT: » 26 p 
Caudale RO MON OA 77, OU ON 68 pu 


(1) Ce dernier caractère est certainement inconstant. Nalepa a attribué aux soies latérales 
d'£. sonchi une longueur presque égale à celle des soies dorsales, aux soies latérales d’ÆE. lactucæ 
une longueur un peu supérieure à celle du bouclier. 


En général, l’ongle, assez court, est à peine plus long que la plumule ; 
cependant chez quelques individus la longueur de l’ongle était au moins une 
fois et demie celle de la plumule, peut-être davantage. 

Au total, nous avons bien là, j'en suis convaincu, l'espèce étudiée par 
Nalepa ; mais elle fait preuve encore, sur le lot de plantes que j'ai soumis à 
l'examen, de cette variabilité dans la longueur des soies que l'on retrouve habi- 
tuellement chez les Eriophyides, quand on fait porter les mensurations sur un 
nombre d'individus suffisant. Dans l'ignorance où nous sommes de l'amplitude 
de ces variations chez Eriophyes sonchi, je me baserai sur la nature différente des 
lésions produites et sur la longueur différente des soies (brièveté de la latérale, 
longueur plus grande de la ventrale IT, etc.) pour établir, au moins à titre 
provisoire, une variété nouvelle que j'appellerai Suriani, en souvenir de l’apo- 
thicaire et naturaliste marseillais Surian, qui vivait à la fin du XVII° siècle. 


Fagonia glutinosa Delile. — M. Jahandiez a eu l'amabilité de me 
communiquer quelques cécidies d'Algérie, que lui avait procurées M. Coufou- 
rier. Une d'elles mérite une mention spéciale. C’est un petit. rameau de 
Fagonia glutinosa Delile, récolté dans la région désertique de Biskra, le 
20 janvier 1912. Il porte à un de ses nœuds, à la place d'un rameau secondaire, 
un glomérule dense, presque globuleux. Le diamètre de celui-ci atteint presque 
2 centimètres, sur l'exemplaire d’herbier aplati qui m'a été envoyé, et il est 
composé d'un grand nombre de petites feuilles linéaires. Elles ressemblent, 
d'une manière presque complète, aux stipules du végétal. C'est là un cas de 
phyllomanie bien caractérisé. Il se trouve reproduit planche 2, figure 2. 

Si l’on se reporte au travail de révision de Houard (1), on voit qu'il cite 
seulement deux cécidies de F. glutinosa. La première est une « curieuse et 
énorme galle en artichaut produite par un diptère », la deuxième est un renfle- 
ment caulinaire dû à une larve de Lépidoptère. La première de ces cécidies a 
été signalée par Pitard, dans son Rapport sur les herborisations en Tunisie de 
la Société Botanique de France, et ne doit plus avoir été revue depuis ; elle 
semble n'être pas plus en cause, dans le cas actuel, que celle du Lépidoptère. 

La cécidie envoyée par M. Coufourier doit donc être inédite. Elle me semble 
être entièrement comparable à celle de Fagonia cretica L., que Trotter a vue dans 
l’'herbier L. Kralik et qui provenait de l'Egypte, du Nord des Pyramides (2). La 
galle égyptienne est constituée encore par un glomérule subglobuleux de petites 


(1) C. Houard. — Les Zoocécidies du Nord de l'Afrique. Ann. Soc. Ent. Fr., t. LXXXI, 


D 1, 1012: 
(2) A. Trotter. — Breve descrizione di alcune galle europee ed esotiche. Marcellia, t. VIN, 


p:#59/°1900? 


feuilles déformées, et Trotter, avec beaucoup de logique, s'est demandé si on 
ne pouvait pas la rapporter à un Eriophyide. A la surface de la galle de 
F, glutinosa sont de nombreux grains de sable agglutinés, aussi l'examen direct 
ne peut-il rien apprendre à ce point de vue, et je n'ose pas sacrifier, pour en 
faire une étude microscopique qui resterait fatalement inachevée, l'unique 
exemplaire que nous possédions de cette galle nouvelle. Comme Trotter, je 
rapporterai donc cette cécidie de Biskra à un Eriophyide et, comme lui, avec 
doute jusqu’à confirmation, en émettant le souhait que les naturalistes algériens 
nous fournissent le moyen d'en déterminer le producteur. 


Aulacidea Kiefferi Nov. sp. 


Je ne connais encore qu'une station de cet Hyménoptère : il parasite 
Kentrophyllum lanatum DC. à Cogolin (Var), près de la vieille bergerie de 
Saint-Jacques, au-dessus du château des Garcinières. La plupart des pieds 
morts de Kentrophyllum qui érigeaient en ce point leur tige sèche, au printemps, 
montraient une même lésion, au niveau du collet. | 
Ainsi que le montre la figure jointe à ce travail (fig. 8), 
il s'agit d’une cécidie plus ou moins sphérique, dont 
la taille varie de celle d'un pois chiche à celle d'une 
petite cerise. Elle peut être symétrique par rapport à 
l’axe, mais est plus habituellement excentrique, en arri- 


vant, dans ce cas, à être comme accolée au collet du 
végétal. Elle est formée pres- + # 


que exclusivement aux dépens  Figure8.— Kenfrofhyllum 
lanatum déformé par 


du bois, extrêmement hyper- Aulacidea K'iefferi, collet. 


trophié, et dans l'intérieur de 

celui-ci se trouvent des loges, 

en nombre variable, mais peu élevé. Chacune de 
celles-ci abrite une larve d'Hyménoptère. 

Sur la tige d’un certain nombre de Kentrophyllum de 
la même station, à collet sain ou à collet déformé, se 
trouvaient également d’autres cécidies (fig. 0), assez 
Figure 9.— Kentrophyllum Caractéristiques. Elles siègent le plus habituellement 


lanatum, cécidies des dans la concavité d’un coude de la tige, car elles sont 
tiges. 


extrèmement excentriques et leur présence a évidem- 
ment coïncidé avec un arrêt de développement de la tige, au point et du 
côté atteints. Ces déformations peuvent être isolées ou confluentes ; le dessin 


[o] 


PART 


que j'en fournis représente un cas où plusieurs cécidies, voisines, avaient 
déterminé une déformation bien marquée de la tige et une forte déviation dans 
sa direction primitive. L'hypertrophie est bien moins marquée sur les tiges 
qu'au niveau du collet : la cécidie, lisse extérieurement, y a les dimensions d’un 
grain de blé environ ou ne dépasse pas beaucoup cette taille. Elle est formée 
principalement aux dépens de la couche ligneuse, encore, et dans son intérieur 
est creusée une logette assez spacieuse, limitée en dehors par une mince 
cloison. La lésion peut se trouver aussi sur la nervure médiane des feuilles. 

De ces tiges sèches et déformées est sorti en été un Hyménoptère, de teinte 
foncée. À cause des affinités botaniques de la plante parasitée il y avait lieu de 
songer aux genres À ylax et Aulacidea, si voisins l’un de l’autre ; mais l’insecte 
que j avais obtenu ne me paraissait pas devoir être rapporté aux espèces décrites 
du genre Aulacidea, qui se distingue du genre Aylax par la cellule radiale 
fermée. J'ai cru prudent de soumettre mes animaux à M. Kiefler. Il a bien 
voulu me répondre qu'il s'agit d'une espèce nouvelle, dont il a eu l'obligeance 
aussi de rédiger lui-même la description. Je crois remplir un devoir de 
gratitude en lui dédiant cet Hyménoptère du Var, sous le nom de Aulacidea 
Kiefferi. En voici la description (fig. 10). 


3 
; Figure 10. — Aulacidea Kïiefferi, grossi environ 22 fois. 


Noir ; antennes, sauf les 7 derniers articles, et pattes, sauf la base des 
hanches, d'un roux clair. Tête et thorax chagrinés. Tête, vue de face, à 
diamètre transversal un peu supérieur au vertical ; tête presque circulaire, non 


striée ; joues sans sillon ou à peine sillonnées, égalant les 2/3 des yeux. 


Antennes de 13 articles, dont le 3° est plus long que le 4°, tous plus longs que 
larges, à peu près d’égale grosseur. Sillons parapsidaux percurrents. Une 
suture sépare le mesonotum du scutellum. Fossettes du scutellum rapprochées. 
Arêtes du segment médian subparallèles. Mésopleures brillantes et presque 
lisses. Ailes ciliées brièvement, cellule radiale fermée, courte aréole fermée. 
Pétiole non strié. Abdomen non ponctué ; 2° tergite occupant le tiers antérieur 
de l'abdomen, nettement plus long que le 3° tergite. Taille © : 2 m/m. 

Je ne puis pas affirmer que les cécidies des tiges sont dues au même parasite 
que celles du collet; mais j'ai cependant la conviction absolue qu’elles sont 
produites aussi par Aulacidea Kiefferi. 


Cystiphora sonchi (F. Lüw) 


On connaît bien la lésion que produit sur les feuilles de divers Sonchus la 
larve de cette espèce de Cécidomyide : c'est une pustule sensiblement cireu- 
laire, légèrement convexe en dessus, à peu près plane en dessous et limitée 
sur ses deux faces par une mince membrane presque transparente, si bien que 
la larve, courbée en arc dans sa loge, se voit du dehors avec une extrême 
facilité. Si nous jugions de l'état de protection dans 
lequel se trouve une espèce d’après la difficulté 
qu'éprouve l'œil de l’homme à l’apercevoir, la visibilité 
de la larve de Cystiphora sonchi et de celle d’autres 
espèces voisines devrait nous faire conclure qu'elle 
n'est nullement protégée : l'œil le moins éduqué en 
ce qui concerne les sciences naturelles ne peut man- 
quer d'être frappé par la cécidie et par l'aspect que 
présente la larve qu'elle abrite. Assez fréquemment 
de l’anthocyane se développe autour de la déformation, 
qui est entourée d’une auréole rougeâtre. Thomas a 
donné le nom de fympanocécidies aux pustules qui 
possèdent une apparence semblable à celle-ci. 

J'ai retrouvé une cécidie identique, et due au mème 
parasite, sur Sonchus lenerrimus L. (fig. 11). C'est un 
hôte nouveau à ajouter à ceux que l’on connaît déjà 
pour ce même Cécidomyide : Sonchus arvensis L., asper 
Vill., oleraceus L., maritimus L. On sait, d'autre part, 
que le parasite possède une aire de dispersion étendue, Figure 11.— Sonchus te- 


allant de la région baltique à l'Italie et à l'Espagne. nerrimus déformé par 
Cystiphora sonchi. 


Je l'avais déjà signalé, en Provence, sur S. oleraceus 


NET — 


dans le Vaucluse et sur S. marilimus dans le Var. Mais il m'a semblé que ce 
Cécidomyide est peu répandu, qu'il vit assez localisé dans des stations bien 
déterminées et peu étendues. Depuis de longues années, je connais la station 
de Saint-Martin-de-la-Brasque, sur Sonchus oleraceus, que j'ai déjà fait connaître, 
et je suis toujours certain de l'y retrouver aux mêmes lieux, autour des mêmes 
habitations : c'est simplement une affaire de recherches et quand on met la 
main sur une plante déformée, on y fait habituellement une ample moisson de 
cécidozoaires. J'ai revu la même cécidie, sur S. oleraceus encore, dans un autre 
village de Vaucluse, à Caromb, et c'est tout. Je n'ai rencontré qu'une fois la 
cécidie de S. maritimus, à Fréjus-Villepey, et celle de S. fenerrimus que je cite 
ici se trouvait, en petite quantité, sur un point précis du petit parc du Pharo, 
malgré que cette Liguliflore soit extrêmement abondante dans la région 
marseillaise. Je ne sais pas pour quelles raisons la diffusion de ce parasite 
est ainsi limitée. 


Ptyelus spumarius (L.) 


Ptyelus spumartus L. est un des nouveau-nés de la science cécidologique, 
malgré que ce soit un de nos insectes le plus anciennement catalogués. Les. 
agriculteurs l'avaient remarqué depuis longtemps et tous ceux qui avaient un 
peu observé la nature connaissaient aussi cet Hémiptère, si curieusement dissi- 
mulé dans la mousse qu'il fait naître sur les végétaux attaqués par lui. Il se 
multiplie parfois dans nos champs au point de pouvoir être considéré comme 
un ennemi sérieux de nos cultures, et j'ai souvenir de certaines prairies artifi- 
cielles et de champs de luzerne dans lesquels sa pullulation était vraiment 
remarquable. On sait que H. Fabre, dans ses Souvenirs Entomologiques, a étudié 
la manière dont la cicadelle produit et fait mousser l'écume qui doit l’abriter ;: 
mais son histoire cécidologique est bien en retard sur le reste de son histoire 
biologique. Il y a à cela une raison bien simple : c'est que la cicadelle n’est pas 
inféodée à une espèce végétale et ne se fixe pas à demeure sur un pied déter- 
miné ; de plus, les lésions qu’elle produit n'apparaissent souvent que quelque 
temps après sa disparition. Il a donc fallu l’heureuse poussée de recherches qui 
s'est produite vers la phytopathologie et la nécessité de rapporter à leur véri- 
table auteur des déformations dont la cause n’était pas apparente, pour que fût 
remarquée l'intervention du Ptyelus dans nombre de lésions végétales. 

C'est Friederichs, le premier (1), qui a mis en lumière l’action propre de la 


(1) K. Friederichs. — Die Schaumzikade als Erregerin von Gallenbildungen. Zer!schr. 
f. wiss. Insektenbiologie, t. V, p.175, 1900. 


cicadelle à ce point de vue. Dittrich (1), Schulz (2\ et moi-mème (3) nous 
avons ensuite dépisté l'intervention du mème Hémiptère dans une série de 
déformations végétales. Mais je pense bien qu'il en est des cas observés en 
Allemagne comme de ceux que j'ai vus en France. Je n’avais pas osé les ranger 
parmi les cécidies à cause de leur absence de constance morphologique et de 
la variabilité extrême dans l'intensité des lésions produites. Je m'étais seule- 
ment permis de les placer sur la limite de ce que j'ai proposé d'appeler les 
paracécidies. Houard n'a pas eu les mêmes hésitations que moi et a fait figurer, 
dans le Tome IIT (Supplément) des Zoocécidies des Plantes d'Europe et du 
Bassin de la Méditerranée les lésions végétales que j'avais reléguées dans les 
notes inframarginales de mon travail. La décision de Houard est fort logique et 
conforme de tous points à la manière dont est compris aujourd’hui le passion- 
nant chapitre de biologie que nous fournit l'étude des galles. Il n’y a pas à 
séparer, en eflet, les traces visibles que peut laisser après elle l'attaque de 
Plyelus de celles qui trahissent les pigûres de nombreux Aphides. 

Mais je compte demander prochainement que l'on ouvre pour les lésions 
végétales de ce genre une rubrique spéciale. Entre la belle gousse que déter- 
mine sur le lentisque A ploneura lentisci (Pass.), par exemple, ou la volumineuse 
vessie que Schizoneura lanuginosa Hartig fait naître aux dépens des feuilles de 
l’'orme, et les simples crispations ou torsions du limbe produites par Toxoplera 
auranlii (Fonsc.) sur les orangers, par Aphis rumicis L. sur les Rumex, etc., il 
y a tout un abîme. Dans le premier cas l'hôte végétal fait preuve d'une 
réaction hypertrophiante, tandis que dans les derniers nous constatons au 
contraire atrophie et absence de réaction. Tout arrêt de développement en un 
point limité d'un organe a pour conséquence fatale une déformation, et 
Lindinger (4) a appelé cécidie négative un cas de ce genre, observé par lui dans 
l'action de Chrysomphalus auranti Mask. sur Cydonia vulgaris Pers. Il serait 
plus commode, je crois, de donner le nom d’andicécidie à toute déformation 
dans laquelle l'atrophie de la partie atteinte est la lésion dominante, à l'inverse 
de la cécidie, qui est caractérisée par une hypertrophie des tissus, même quand 
celle-ci se produit seulement autour du point piqué (cas de Asterolecanium 
variolosum Ratzeb.). 


(1) R. Dittrich. — Fortsetzung des Nachtrages zum Verzeichnisse der Schlesischen Gallen. 
Jabrb. Ges. vaterl. Cult., Breslau, p. 36, 1911. 

(2) H. Schulz. — Verzeichniss von Zoocecidien aus dem Regierungs-Bezirk Cassel und 
angrenzenden Gebieten. Festschr. Ver. Natk., Cassel, p. 96, 1911. 

(3) J. Cotte. — Recherches sur les Galles. Loc. cit. 

(4) L. Lindinger. — Eine weïtverbreitete gallenerzeugende Schildlaus. Marcellia, t. XI, 
be Sp To 


Et ce seraient des anticécidies, alors, que les déformations engendrées par 
Ptyelus spumarius. Après la piqûre de cet insecte, comme après celle de 
nombreux pucerons, il se produit comme une rétraction au point où a pénétré 
la trompe. La forte inspiration faite par l'animal a dû vider un certain nombre 
de cellules, peut-être une action toxique de sa salive a-t-elle déterminé la mort 
des éléments, dans un certain périmètre, et il persiste au point piqué une lésion 
définitive. En ce qui concerne l'aspect général qu’elle présente, on pourrait 
comparer une portion de feuille où s'était fixé le P{yelus, et qui en conserve le 
stigmate indélébile, à une cicatrice animale, au niveau de laquelle se produit un 
certain degré de rétraction.Le mécanisme est bien différent dans les deux cas, 
et je ne voudrais pas que mon assimilation püût être comprise comme une 
tentative pour rapprocher, dans le domaine de la pathologie générale, deux 
phénomènes essentiellement dissemblables ; mais il me semble que la compa- 
raison fait image, et c'est pour cela que je l’ai employée. Une ancienne piqûre 
de Ptyelus, quand il y a lésion persistante, se montre à nous comme un point 
où se serait produite une rétraction des tissus, tandis qu’autour. s'il s’agit d’une 
feuille, il semble par contraste que le développement a été plus intense. Quand 
une tige de plante est attaquée par la cicadelle, l'épuisement produit,#et peut- 
être des désordres consécutifs au niveau du tissu conducteur, amènent souvent 
une atrophie plus ou moins complète de la partie du végétal située au delà du 
point piqué. Nulle part je n'ai vu de réaction hypertrophiante. 

J'ai assimilé déjà ces aspects à ceux que nous présentent de nombreux 
végétaux soumis aux attaques de divers Hémiptères (Aphides, Coccides), et ce 
rapprochement est parfaitement légitime. Quand on n’a pas l'animal sous les 
yeux, il peut être absolument impossible de savoir à quel sous-ordre d'Hémip- 
tères a appartenu l'insecte qui a piqué. J'ai observé, en Isère, un pied de 
Rumex Patientia L., qui avait été parasité par un puceron et en était resté 
déformé. Il ne restait plus que des dépouilles d'un Aphide, que je n'ai dès lors 
pas osé dénommer, par scrupule scientifique ; mais j'étais à peu près certain 
qu’il s'agissait d'A phis rumicis L. Dans un de nos jardins publics marseillais, j'ai 
rencontré, au printemps 1913, un pied de R. Palienhia encore, qui avait des 
feuilles assez fortement crispées : l'aspect du végétal en était nettement modifié 
etil se faisait remarquer d'assez loin. Il n'y avait pas un seul puceron sur la 
plante, sur laquelle se montraient, par contre, un nombre élevé de flocons 
d'écume, dans lesquels ce n'était qu’un jeu d'enfant de retrouver la petite 
cicadelle, cause évidente de la crispation foliaire de la patience. Un obser- 
vateur qui aurait vu cette plante quelques semaines plus tard, abandonnée par 
ses Plyelus, aurait certainement cherché avec attention le puceron classique 


des Rumex et aurait été fort étonné de ne pas en trouver au moins des 
dépouilles vides 

A côté de ce cas, je puis citer celui d’un Polygonum aviculare L., récolté 
dans mon jardin, à Marseille, après qu'il eut été abandonné par ses cicadelles, 
et dont je fournis une photographie. L'observation a été suivie de près: la 
plante a été vue dès l'apparation des premières bulles d'écume et a été revue 
journellement pendant qu'opéraient les parasites. [1 m'est donc possible d'affirmer 
que la crispation extrème et la torsion de certaines feuilles, déformations que 
la photographie n'a pas rendues d'une manière parfaite (PI. ;, fig. 1), étaient 
sous la: dépendance absolue de la piqûre de la cicadelle. Il est bon de penser 
à ce parasite quand on rencontre un végétal chez lequel prédominent, en 
certains points, des phénomènes d’atrophie et d'arrêt localisé du développe- 
ment, et sur lequel, d'autre part, on ne voit aucun reste visible de parasite. 


Thrips tabaci Lino. 


Au mois de novembre 1913, plusieurs toufles voisines de Diplotaxis lenui- 
folia DC., situées dans un champ inculte.du quartier d'Endoume, montraient 
une même déformation. Elle consistait en une virescence des fleurs, accom- 
pagnée d'une modification dans l'axe de l'inflorescence et dans les pédoncules 
floraux. Tous les rameaux d'une mème plante n'étaient pas atteints ; mais quand 
un rameau l'était, aucune de ses fleurs habituellement ne paraissait indemne. 
Sur un ou deux rameaux, cependant, la lésion n'avait pas persisté et les fleurs 
nouvellement écloses, qui couronnaient l'axe, se montraient parfaitement 
normales. Ma première impression fut que je me trouvais en présence d'une 
invasion de Cystopus candidus Lev. ; mais un examen plus attentif m'a obligé 
aussitôt à chercher une autre explication. Ce champignon, dont les lésions sont 
bien connues et sont faciles à reconnaître quand on a un peu l'habitude de les 
observer, n'était certainement pas en cause. 

L’axe des inflorescences malades de Diplotaxis s'allonge, tout en perdant 
de sa force, si bien que la tige est plus ou moins retombante, hors d'état de 
supporter le poids des fleurs qu'elle porte. Elle devient en même temps 
flexueuse sur un certain nombre de pieds. Les pédoncules floraux s’allongent 
beaucoup, eux aussi, et ce caractère est bien visible quand on compare 
l’inflorescence déformée que j'ai reproduite (PI. 3, fig. 2) à l'inflorescence 
normale qui se trouve à cûté et que j'ai prélevée sur le même pied (1). 


(1) Elles ont été photographiées avec une plaque orthochromatique sensible au vert et au 
jaune. 


— 32 — 


Les fleurs montrent un seul verticille périanthique, d'un vert bien plus foncé 
et moins chargé de jaune que ne le sont les organes végétatifs des parties 
saines. Ce sont les sépales qui sont ainsi colorés ; ils sont en même temps un 
peu épaissis. A leur intérieur il n'y a pas de pétales; ceux-ci sont d'une 
caducité très précoce et se sont détachés, avant d’avoir acquis leur développe- 
ment complet, dès que l'écartement des sépales leur a permis d'abandonner la 
fleur. Les étamines sont atrophiées et un ovaire foliacé et fortement coloré en 
vert, lui aussi, représente presque seul, avec les sépales, les divers verticilles 
de la fleur. 

Ainsi qu'il est habituel de le voir dans les fleurs de Crucifères qui sont le 
siège d’une virescence pathologique, l'ovaire n’a pas de forme bien fixe. Il est 
élargi, plus ou moins ouvert dans sa partie supérieure et assez fortement plissé 
en travers. Lorsque l'attaque a été tardive, le fruit peut avoir sa forme à peu 
près normale, avec de plus petites dimensions toutefois, et trañir surtout la 
lésion qu'il a subie par un plissement encore dans le sens transversal. 

En examinant à la loupe les fleurs déformées, on voyait à leur intérieur une 
larve de Thysanoptère, une seule larve par fleur dans celles que j'ai sacrifiées 
à cet examen sommaire. Certaines d'entre elles étaient vides, sans doute parce 
que l'imago du parasite les avait abandonnées. On voyait aussi sur les Diplotaxis 
de cette station un Aphis, fortement pulvérulent et très répandu sur les 
Crucifères de notre région: Aphis brassicæ L. Mais, fait à noter en passant, 
les pucerons ne se trouvaient que d’une manière accidentelle sur les rameaux 
déformés et n'y existaient qu’en exemplaires isolés et fort rares, tandis que des 
rameaux voisins et normaux étaient couronnés à leur extrémité d’une véritable 
nappe d’Aphis, aptères ou ailés, densément rapprochés. Est-ce le résultat d’une 
simple coïncidence, est-ce dû à une différence appréciable dans la saveur ou la 
valeur nutritive des divers rameaux de ces plantes ? Je ne saurais le dire; mais 
cette observation comparative nous prouve du moins que le puceron n'est pour 
rien dans la virescence des fleurs de Diplotaxis et que le Thysanoptère seul 
semblait pouvoir être incriminé. 

J'ai fait parvenir un petit lot de fleurs parasitées à M. Vuillet, qui y a 
retrouvé un adulte et quelques larves de Thrips tabac Lind. Il m'informe, en 
même temps, qu'il a trouvé récemment ce mème animal, en très grande 
abondance, dans des fleurs du même Diplolaxis nullement déformées. Nous 
avons d’ailleurs aflaire là à un parasite extrêmement ubiquiste, répandu dans 
presque toute l'Europe, extrèmement pelyphage aussi et qui se trouve en tous 
temps. 

On admet généralement, je le signale à titre accessoire, que la multiplication 
de Thrips labact est plus active dans les périodes de sécheresse et se trouve 


Ro 


ralentie pendant les périodes pluvieuses. M. Vuillet (1) ne croit pas que 
l'humidité soit réellement défavorable au Thysanoptère et pense plutôt que la 
sécheresse agit en affaiblissant les plantes et en les prédisposant aux attaques : 
il y aurait superposition de l’action propre du manque d'eau et de celle du 
parasite. Je puis noter à ce sujet que l'infestation que j'ai observée s'est produite 
en novembre, c'est-à-dire après la période pluvieuse du début de l'automne, et 
qu'il ne semble donc y avoir aucune relation, dans ce cas, entre la multiplication 
du Thrips et l'état hygrométrique de la saison. 

J'avais déjà fait connaissance avec cet animal comme cécidozoaire ; je l'avais 
trouvé à Saint-Martin-de-la-Brasque (Vaucluse), produisant une virescence très 
marquée des fleurs de Sisymbrium o fficinale Scop. La lésion de cette dernière 
espèce, tout en étant apparentée à celle de Diplolaxis, est cependant un peu 
différente. L'ovaire y est encore stérile ; mais il se transforme le plus habituelle- 
ment en une ou deux petites tiges feuillées, dans lesquelles les feuilles repré- 
sentent évidemment les ovules transformés. Cette déformation de Sisymbrium 
0 fficinale semblait être une nouveauté à l'époque où je l'ai publiée, et je ne l'ai 
plus revue; mais elle a été rencontrée aussi par un botaniste provençal bien 
connu, M. Reynier, qui m'a fait parvenir un rameau de la même plante, provenant 
dela Valette, près Toulon. Je n'ai pas pu affirmer (2), évidemment, que Trips 
tabact, ni même un autre Thysanoptère, fût à incriminer dans l'unique défor- 
mation qu'a vue M. Reynier, aussi ai-je cru ne pas devoir dénommer le 
producteur de la déformation de la Valette. 

C'est à un Thysanoptère encore, dont j'ai vu des peaux de larves impossibles 
à caractériser sur l'échantillon d’herbier, que j'ai attribué (3) une virescence 
florale de Diplotaxis erucoides, que m'a communiquée également M. Reynier, 
avec la mention « nullement rare ». Et il semblait fort possible encore qu'un 
animal appartenant au même groupe ait déterminé la virescence de toutes les 
fleurs d’un rameau de Sinapis alba, récolté par moi il y a quelques années, 
le 7 novembre, à Château-Gombert, près Marseille. En l'absence de tout 
parasite animal visible, je n'avais pas osé faire figurer cette lésion parmi les 
galles de Provence, dont j'ai dressé le catalogue ; mais j'avais noté cependant, 
lors de sa découverte, deux points sur lesquels je puis insister, car ils m'aident 
à rapprocher cette virescence de celles que j'attribuais aux Thysanoptères et : 
qui se montrent sur les Crucifères voisines : altération de toutes les fleurs d’un 


(1) A. Vuillet. — Le Thrips du poireau (T. fabaci Lind.). Rev. Phytopath. appl., t. 1, p. 136, 
1913. 9 
(2) J- Cotte. — Quelques cécidies de Provence. Bull. Soc. Lmn. Prov., t. Il, p. 20, 1913. 
(3) J. Cotte. — Quelques cécidies... Loc. cit. 


rameau, les rameaux voisins restant sains, et élongation de l'axe de l’inflores- 
cence. 

Revenons à Thrips tabaci. En dehors des deux cécidies de Crucifères que je 
lui attribuais, il y a lieu de remarquer qu'il n’est habituellement pas considéré 
comme cécidozoaire. Cependant Ludwig (1) lui a rapporté une déformation 
d’Helleborus fœtidus L., et je l'avais rencontré, à Saint-Martin-de-la-Brasque, 
déterminant de profondes modifications dans les pièces florales d’une clématite 
à fleurs mauves, qui doit être C{. Jackmannt Van Houte, ou tout au moins un 
hybride de cette espèce. Il y avait encore virescence des sépales de la fleur et, 
corrélativement, retour du sépale à sa forme primitive, à la forme de feuille végé- 
tative. Il redevenait feuille véritable, avec des nervures bien accusées et même avec 
pétiole supportant le limbe (Voir pl. 2, fig. 3 et 4). Tous les états intermédiaires. 
existaient entre le limbe entièrement foliacé et le sépale resté sensiblement 
normal, avec sa teinte mauve à peu près intacte. Le nombre des sépales était 
supérieur à 4, dans la variété horticole à laquelle appartenait le pied qui était 
attaqué ; mais dans les fleurs les plus déformées le nombre de sépales était 
retourné à 4, et l’on avait un verticille de 4 feuilles pétiolées, mais simples, 
représentant le calice devenu méconnaissable. Quand l'attaque des Thrips avait 
été prolongée, l'axe floral, devenu rameau feuillé, avait continué à s’accroître 
au-dessus du verticille de sépales virescents et pouvait supporter un et même 
deux verticilles supplémentaires, étagés à des hauteurs variables. Il fallait un peu 
d'attention pour reconnaître dans ces rameaux des fleurs modifiées ; il est vrai 
que la simplicité de leurs feuilles et le groupement de celles-ci par verticilles 
de 4 étaient bien faits pour attirer l'attention (2). Au centre, terminant l'axe, les. 
organes reproducteurs de la fleur étaient, habituellement, à peu près normaux 
en apparence, mais certainement stériles. Pendant le mois d’août 1912, toutes 
les fleurs du jeune pied atteint étaient attaquées à un degré variable. 

Si nous superposons la lésion produite dans ce cas par Thrips labaci à celle que 
j'ai observée sur Diplotaxis tenuifolia et sur Sisymbrium officinale, on ne peut 
qu'être frappé par l'analogie très grande des modifications morphologiques : 
élongation de l'axe floral chez la clématite, élongation de l'axe de l'inflorescence 
et des pédoncules floraux chez D'plolaxis ; dans tous les cas, virescence très 
marquée. Mais, à côté de cette similitude dans les lésions produites, bien faite 
pour nous faire admettre que nous connaissions d'une manière certaine l'agent 


(1) F. Ludwig. — Insekten und Pflanzen-biologische Beitrage. A/lg. Zeitschr. Entom., t. VII, 
D°#f49:R6002 

(2) La déformation reproduite dans la figure 4 de la planche 2, montre bien, en a, un 
verticille de sépales transformées ; un 2° verticille identique se montre en b; au centre de 
celui-ci les étamines sont transformées en pièces périanthiques. 


causal de ces déformations, se présentait à l'esprit une idée propre à inspirer 
du doute. Thrips tabaci se trouve sur de nombreuses espèces végétales, qui ne 
sont nullement déformées par lui; il s’y montre nuisible par sa grande facilité 
de multiplication surtout, en déterminant un épuisement général, mais sans 
amener de déformation marquée d'un organe déterminé. M. Vuillet (1) la 
signalé, en France, sur des fleurs non déformées de plusieurs Crucifères : 
Cheiranthus Cheiri L., Sisymbrium Irio L., Alyssum maritimum Lmk., A .saxalile L., 
Capsella Bursa-pasloris Mônch, et l'a même rencontré dans des fleurs de 
Diplotaxis lenuifolia qui paraissaient complètement normales. 

Cette dernière constatation surtout possède une importance considérable pour 
le point qui nous occupe ici; il fallait la renouveler dans le Midi. Je suis 
retourné au champ des Diplotaxis parasités, vers le 10 décembre : la floraison 
y était à peu près complètement terminée, aussi bien pour les pieds sains que 
pour les rares rameaux déformés qui restaient. Mais dans les quelques fleurs 
normales qui étaient encore visibles je n'ai pu retrouver que quelques adultes et 
une larve d'un autre Thysanoptère, Melanothrips fusca (Sulz.). Larves et 
adultes de cette dernière espèce foisonnaient en outre dans la riche floraison 
de Diplotaxis erucoides DC. qui était mêlée à la précédente. La cause reste 
donc en suspens. Mais il y a lieu de se demander si Thrips tabaci se montre 
réellement cécidogène chez les Crucifères, et il faut dès lors se montrer très 
hésitant au sujet de l'attribution que je lui ai faite de diverses cécidies de cette 
famille. 

Ce doute satisfait dans une certaine mesure l'esprit, qui ne peut manquer 
d'être frappé par la généralisation à toutes les fleurs d'une inflorescence d'un 
même processus tératologique. Il fallait sacrifier quelques rameaux porteurs de 
galles pour voir s'ils ne renfermeraient pas de galeries de larve. Molliard (2), 
en eflet, a attribué une virescence des fleurs de Sinapis arvensis L. à des larves 
logées au collet de la plante ; il avait observé également (3) des pieds de 
Cardamine pralensis L. atteints d'une prolifération centrale de la fleur : une 
larve de Curculionide creusait des mines dans la souche et la tige aérienne. 
Rippa (4) avait remarqué aussi une cladomanie et une virescence de l’inflores- 
cence de Brassica Napus L., dues à une larve d'insecte située dans la moelle 


(1) A. Vuillet. — Loc. cit. 


(2) M. Molliard. — Nouveau cas de virescence florale produite par un parasite localisé dans 
le collet. Bull. Soc. Bot. Fr., [4] t. VI, p. 50, 1906. 
(3) M. Molliard. — Virescences et proliférations florales produites par des parasites agissant 


a distance. C. R. Ac. Sc., t. CXXXIX, p. 930, 1904. 
(4) M. Rippa. — Studii su di un caso di cloranzia dovuto a parassitismo. Bo/l. Orto bof, 
Napoli, t. Il, p. 101, 1904. 


Nr 


de la tige. Il est clair que lorsqu'une cause centrale de ce genre amène la 
déformation des fleurs d’un végétal, elle agit d'une manière sensiblement égale 
sur toutes les fleurs situées au-dessus de la galerie creusée par la larve. On 
s'explique bien ainsi qu'un ou plusieurs rameaux d’un pied soient atteints d’une 
déformation généralisée, tandis que les rameaux voisins restent rigoureusement 
indemnes. J'ai coupé trois rameaux malades au-dessous du point où se 
détachaient d'eux des inflorescences normales. Il est évident que l'agent 
tératogène ne pouvait pas se trouver plus bas. Les rameaux ont été ensuite 
sectionnés longitudinalement : sur l’un d'eux seulement existait une galerie vide, 
encore était-elle située au-dessous de la bifurcation d'un rameau normal ; les 
deux autres m'ont paru indemnes de toute attaque de ce genre. 

Il est donc impossible de continuer à incriminer dans ce cas une larve mineuse ; 
mais je crois que l’on doit rechercher une autre cause centrale. J'ai examiné au 
microscope des coupes, colorées au bleu coton. Quelques éléments m'ont 
paru de nature assez douteuse, dans des cellules médullaires de la tige. Ils 
avaient l'apparence de quelques formes de Péronosporées ; mais je dois 
émettre les plus grands doutes sur leur nature exacte. C’est une question qui 
reste à l'étude ; dans l'intérêt de la vérité, je crois cependant devoir publier dès 
maintenant le résultat auquel m'a conduit la littérature de ces sujets, et qui est 
de retirer à Thrips tabaci, d'une manière à peu près définitive, la déformation 
de Diplotaxis tenuifolia que je songeais à lui rapporter, et de rendre très 
douteuse l'attribution, que je lui avais faite, d'autres cécidies des Crucifères. 


UNE RANDONNÉE 
D'ANS'EES BASSES-AÈPES 


Se 


ANNALES 


DU MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE DE MARSEILLE 


MÉMOIRE N°3 


UNE RANDONNÉE 
BNSMEES BASSES RERES 


MARSEILLE 


TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE MOULLOT FILS AINÉ 
24-26, Avenue du Prado, 24-26 


191$ 


UNE RANDONNÉE 
DANSÉSPESOBASSES-ALPES 


J'ai fait l'année dernière (1), dans notre département des Basses-Alpes, un 
voyage rapide qui m'a fourni un certain nombre de documents intéressants en 
histoire naturelle, surtout en cécidologie. Pendant que l'auto boit la route, 
que le train glisse sur ses rails ou que les chevaux tirent péniblement la lourde 
diligence, l'œil peut saisir au passage des déformations familières. Puis on 
peut utiliser les haltes, pendant lesquelles on explore les bords de la route ou 
de la voie, et le temps que mettent les chevaux à gravir les côtes au pas. 
J'ai fait aussi quelques excursions, qui ont été fructueuses. 


Mes récoltes ont été suffisantes, au point de vue cécidologique, pour me 
permettre de tracer un premier tableau de la faune cécidologique des Basses- 
Alpes ; jy joindrai, à cet effet, l'énumération des galles que m'ont fait parvenir 
quelques correspondants dont le nom sera cité, et de celles qui figurent déjà 
dans mes Recherches sur les Galles de Provence. Ces dernières seront marquées 
par les lettres J. C. Les additions que la liste suivante apporte au catalogue de 
nos galles provençales sont indiquées par le signe +. 


J'ai cru pouvoir réunir aux galles des Basses-Alpes celles que J'ai récoltées 
pendant une excursion faite dans les gorges du Var, jusqu’à Guillaume. Malgré 
que les localités traversées appartiennent aux Alpes-Maritimes, leur climat est 
tellement identique à celui des communes voisines des Basses-Alpes, qu'elles 
aident à étudier la faune cécidologique de cette région. 


(1) Ce Mémoire a été écrit en Janvier 1914. 


Pts 


NÉMATODES 
+ Tylenchus millefolit F. Low.... ..  Achillea Millefohum L. Allos. 
» SN EE CEE Satureia montana L. (1). Guillaume, 
Rougon, Moustiers. 
+ » sp. .… ....  Eryngium campestre L.(2). La Palud. 
TINGIDES 
Copiumiteucra(Klost) 27e "CErPE Teucrium  montanum L.  Pont-de- 
Gueydan, Allos. 
D SCC RENE ER RPREe Teucrium Chamædrys L. Rougon, 


Saint-André. 


PSYMÉPIDES 
[Rhinocola speciosa Flor|.......... Populus nigra L. Allos. 
Psplobo rar) ER Re Fraxinus excelsior L. Barcelonnette, 


Saint-Vincent, Seyne (Dessalle), 
Saint-André. 


Calophya rhois F. Low.......... Rhus Cotinus L. Daluis, Pont-de- 
Gueydan, La Palud. 

Trichopsylla Walkeri (Forster)....  Rhamnus infecloria L. Lurs (J. C.). 

Pia hum) ee een ....  Buxus sempervirens L. Pont-de-Guey- 
dan, Saint-André. 

Trioza rumicis F. Low........... Rumex sculatus L., fleur et feuille. 


Saint-Paul, Allos, Colmars. 


COCCIDES 


Asterolecanium variolosum (Ratzeb.).  Quercus pubescens Willd. La Brillanne 
QE Re 


(1) Cette cécidie siège à la fois sur les tiges et sur les feuilles. Il s’agit, dans les deux cas, 
d'une hypertrophie irrégulière, d’une sorte de vaste boursouflure, en partie décolorée, puis se 
colorant en rouge foncé. Par l'hypertrophie irrégulière des entre-nœuds des tiges, partiellement 
tordus et souvent arrêtés dans leur développement, par l'élargissement des feuilles attaquées, 
par l'irrégularité extrême de ses contours, cette cécidie se rapproche tellement de celle que 
produit Zylenchus Darbouxi ]. C. sur Thymus vulgaris L., que le nom de genre du parasite ne 
saurait être douteux, avant même tout examen microscopique. 

(2) Encore une déformation à contour très irrégulier, témoignage d'une marche envahis- 
sante continue du parasite. Aux points attaqués la feuille est nettement épaissie, un peu plus. 
pâle, à surface légèrement et irrégulièrement grenue. 


=} = 


APHIDES 
+ Adelges strobilobius (Kalt.)........ Abies excelsa DC. Barcelonnette, 
Allos, Saint-André. 
Tetraneura cornicularia (Pass.)..... Pistacia Terebinthus L. Daluis, Dour- 
bes (J. C.), La Palud. 
» follicularia (Pass.)..... Pislacia Terebinthus L. Daluis. 
» semilunaria (Pass.).... » » Daluis. 
» utricularia (Pass.)..... » » Daluis. 
» gallarum ulmi(de Geer). Ulmus campestris L. Barcelonnette, 
Sisteron. 
ue » » » Ulmus montana Sm. Digne. 
+ Prociphilus nidificus (F. Low)..... Fraxinus excelsior L. Les Thuiles, 


Seyne, Beauvezer, Thorame, Siste- 
ron, Gevaudan, Moriez, Chasteuil, 


Rougon. 
Pemphigus bursarius (L )......... Populus nigra L. Digne (J.C., Des- 
salle), Barrème. 
» filaginis (Fonsc.)..... (forme Pachypappa marsupialis(Koch) 


Populus nigra L. Digne (J. C.), 
Barrème, Annot. 


» populk Courchet....... Populus nigra L. Seyne, Barrème, 
Annot. 
» spirothecæ Pass........ » » Seyne, Colmars, Annot, 
Saint-André. 
) RE ES ct te Populus pyramidalis Rozier. Barce- 
lonnette, Allos, Villars-Colmars, 
Castellane. 
» DESICATIUS PASSE. 0e Populus nigra L. Digne (Dessalle) 
Thecabius a finis (Kalt.).......... » » Allos, Villars-Col- 


mars, Couloubroux, Digne (Des- 
salle), Sisteron, Barrème. 


Schizoneura ulmi (L.)............ Ulmus campeslris L. Barcelonnette, 
Sisteron. 

SE » DT PEN CSS Ulmus montana Sm. Seyne, Digne. 

» lanuginosa Hartig...... » campestris L. Barcelonnette, 


Sisteron, Digne (J. C.). 
ee » DE de re NE RE Ulmus montana Sm. Seyne. 


+ {Bradyaphis antennala (Kalt.)|... 
Phyllaphis fai) RER 


Myzus bruni mahaleb (Fonsc.)..... 


[Myzus oxyacanthæ Schrk.]....... 
Aphis atriplicis L 


) 


ee eee sheleis elle 
OU SIN PDT ES CS clatere rie er -ie tie 


» oheleueie le lesehe ep ie 


grossulariæ Kalt 
Perso FOSC ENS 
PURES LPS SEE ECOLE 


DbUrRINN Al) EE 


++ 


» » 


Siphocoryne xylostei Schrk.. 


en» ne rte 


s'éle thete cie 


PA DRIAE SR EN RERUREE EOMENe 


eh eleiu ie res e le ÿ te lefele atets s e p1r 


etofe ste ne eue etui e ae e tete sta 


++ + 


ep sle nintetatetelta ele res a sels ee 


Cryptosiphum gallarum (Kalt.)..... 


Sie 


Betula alba L. Allos. 

Fagus silvatica L. Montagne de Lure 
(C- Cotte): 

Cerasus Mahaleb Mill. Le Lauzet, 
Thorame, Guillaume, Saint-André, 
Chaudon, Sisteron, La Palud. 

Cralægus monogyna Jacq., Sisteron. 

Alriplex patula L. Seyne, Le Vernet. 

hastata L. Barcelonnette. 

Ceraslium arvense L. Seyne. 

Ribes rubrum L Moriez, Saint-André. 

Amygdalus communis L. La Bril- 
lanne (J. C.). 

Rumex Patientia L. Barrême. 

Viburnum Opulus slerilis Coss. et G. 
Allos. 

Viburnum Lantana L. Allos. 

Lonicera Periclymenum L. Sisteron. 

elrusca Santi (feuille et fleur). 
Sisteron. 

Lonicera Xylosteum L. Allos. 

Arlemisia vulgaris L. Sisteron, Saint- 
André. 

Mespilus germanica 
Guillaume. 

Helleborus fœtidus L. (1). Verdache. 

Galium Mollugo L. (2). La Palud. 

Ajuga Chamæpitys Schrb. (3). Pont- 
de-Gueydan. 


» 


» 


L. (feuilles). 


CÉCIDOMYIDES 


Lasioptera eryngti (Vallot) 


sis etes. 


Rhabdophaga nervorum Kieff 


» rosaria (H. Low)... 


(1) Feuilles fortement crispées. 


Eryngium campestre L. Sisteron, La 
Palud. 

Salix incana Schrk. Annot. 
» purpurea L. Digne (J. C.), La 
Condamine, Seyne, Barrême. 


(2) Sommités et inflorescences contractées en bouquets denses. 
(3) Sommités à fleurs avortées, à feuilles crispées, rouges par places; semblent plus velues. 


Rhabdophaga [salicis (Schrk.)|.... 


» ) 


» SOUPE) ES AE 


+ Perrisia acercrispans Kieff........ 


+ » D MERE Pare 

+  » GINTRE QI ONE ER 
» capihgena (Bremi)........ 
» Cobra etede eo 
» cralæR a (NVinn.-) RER A eZ 

+ daphnes Kieff. (2)........ 
» ADO ES TE OO 
» RIDE EE PRE 
» genistamlorquens Kieff.... 
» genishicola F. Low....... 

+ lathyricola Rübs......... 
» marginemtorquens (Winn.). 

+ » » 

+ > Fonte AL NUE) GORE 


» plcatrix (HMLOW). RME 


+  )» rosarurnA (lady) ARE CE 


» DENT UMP OMR aire een aie) sucue 


» terminalis (F. Low)....... 


+  » D A DE LOC 


Salix purpurea L. Colmars, Barrème, 
Pont-de-Gueydan, Digne (Des- 
salle). 

Salix incana Schrk. Annot. 

» »  Pont-de-Gueydan. 

Acer campestre L. Beauvezer, Digne, 
La Palud. 

A cer platanoides L. Barcelonnette. 

Alnus incana DC. Allos, Barrême. 

Euphorbia Cyparissias L. Allos. 

Ononis Columnæ All., feuille et fleur. 
La Brillanne (J. C.). 

Cratægus monogyna Jacq. Partout. 

Daphne Mezereum L. Allos. 

Fraxinus excelsior L. Barcelonnette, 
Allos. 

Galium Mollugo L. Forêt de Labou- 
ret, Guillaume. 

Genista cinerea DC. La Brillanne 
RENE 

Genisla pilosa L. Lurs (J. C.), Seyne, 
Pont-de-Gueydan. 

Lathyrus pratensis L. Allos. 

Salix incana Schrk. La Condamine. 
»  cinerea L. Saint-Vincent. 

Polygonum vivibarum L. Allos. 

Rubus ulmifohus Schott. Sisteron, 
Digne. 

Rosa pimpinellifola L. (3). Allos. 

» sp. Forêt de Labouret, Saint- 
André. 

Salix alba L. Digne. 

» purpurea L. Alos, Seyne, 
Annot. 


(1) Doit être Rh. albipennis Winn. (S. 32, Houard, Les Zooc. pl. Eur., t. I, p. 138). 

(2) C'est sans doute ce parasite qui déforme Daphne Laureola L. en Provence (]J. C., n° 544). 

(3) Cette cécidie avait été déjà signalée de Provence, par P. Choux. Compte rendu d’excursion 
à la Sainte-Baume. Bull. Soc. Linn. Prov., t. Il, p. 40, 1913 (p. 44). 


Perrisiavlortrié {Low et 


LE Ver trachelu Wachtl......... 
» urhicæ (Pentis) ee HErE 

Eu) SD REA Caire 

+ Macrolabis hippocrepidis Kieff.... 


Dryomyia Lichtenslein (F. Low).. 
Cystiphora hieracu (F. Low)..... 


Schizomyia galiorum Kieff....... 

A sphondylia coronillæ (Vallot).... 

» dorycni F. Low.... 

+ » Mk WNachtls 10" 
+ » [ononidis F. Low].... 

» verbasct (Vallot)..... 

+ » sp. HI28 


Rhopalomyia artemisiæ (Bouché). . 


Prunus spinosa L. Mezel. 

Campanula rotundifolia L. Allos. 

Urtca dioica L. Seyne. 

Medicago rigidula Desr. La Bril- 
lsnne (J2C2;: 

Hippocrepis comosa L. Seyne. 

Quercus Ilex L. La Brillanne (J. C.). 

Hieractum sp. Colmars. 

Rubia peregrina L. fleur. Mezel. 

Cororuilla minima L. Daluis. 

Dorycnium suffruticosum Vill. La 
Brillanne (J. C.). 

Medicago saliva L. La Javie. 

Ononis Columnæ Al. Daluis. 

Verbascum sinuatum L. La Brillanne 
RÉ SRE 

Ononis fruticosa L (1). Barrème. 

campestris L.  Pont-de- 
Gueydan. 

Artemisia campestris L. Sisteron. 

Juniperus Oxycedrus L. La Brillanne 
CRemM ETS 


Arlemisia 


- Fagus silvatica L. Saint-Vincent. 


» baccarum (Wachtl) .... 
» ValeruTavares.”":""0«1.. 
Olgotrophus annulipes Hartig.... 
— » capreæ major Kieff.. 
+ » » » 
» cornt (Giraud)... 
» TOR IBETNUSNE JE EE 
» Solmsh Kiel. #0 
» SPA PRESSURE 
» sp. (127 c. Houard). 
Janeliella thymicola (Kieff.)...... 
Mikiola Jagri( Hartig).. "ere enr 


Monarthropalpus buxt (Laboulb.). 


Salix Caprea L. Saint-Vincent. 

» cinerea L. Saint-Vincent. 
Cornus sanguinea L. Sisteron. 
Juniperus communis L. Allos. 
Viburnum Lantana L. Saint-Vincent, 

Allos. 

Juniperus Oxycedrus L. La Brillanne 

(IAE: 

Juniperus communs L. Allos. 
Thymus vulgaris L. La Brillanne(J.C.) 
Fagus silvalica L. Saint-Vincent, 

Montagne de Lure (C. Cotte). 
Buxus sempervirens L. Pont-de-Guey- 

dan. 


(1) Fleur déformée, indéhiscente, organes internes profondément modifiés ; larve orangée. 


II 


{ Lœwiola centaureæ (F. Low)|.... 
Macrodiplosis dryobia (F. Low 


Contarinia Barbichet (Kieff.)....., Lotus corniculatus L. Allos, Seyne. 
» COCCIERENTAVATES. 1. ee Quercus Ilex L. La Brillanne(J. C.). 
» AGO CC ARRET EEE » » » 
+ IHPDEIGÉE) A NL ER ON Lotus uliginosus L. Seyne. 
DIDICOITNT AVATES ALT Quercus Ilex L. La Brillanne (J. C.). 
+ Contarinia onobrychidis (Bremi)....  Onobrychuis saliva Lmk. Allos. 
S » » »y var. montana DC. 
Allos. 
e » tremulæ Kieff.... Populus Tremula L. Allos. 
+ » SPAS Nes un Aconitum Lycoctonun L. Allos. 
2e 


Cenlaurea Scabiosa L. La Palud. 
Quercus pubescens Willd, Pont-de- 
Gueydan, La Brillanne (J. C.). 


» volvens Kieff ...... Quercus pubescens Willd. Pont-de- 
Gueydan. 
 Harmandia cavernosa Rübs........ Populus Tremula L. Allos. 
e » pélol KiE ER » » Saint-Vincent, Allos. 
Dibtloae (CON CNT EAU Acer campestre L. Saint-Vincent. 
+ Atrichosema aceris Kieff....... » » Beauvezer. 
+ Massalongoia rubra Kieff......... Betula alba L. Seyne. 
Cécidomyide(ag2JiC) Er LL Satureia montana L. Pont-de-Gueydan. 
+ DID UP, le MNT TR 2 Betula alba L. (1) Saint-Vincent. 
+= 2700 1Houard) "257 Ribes Uva-crispa L. Allos. 
ie DA OR EP Co LA DM EE £ Artemisia Absinthium L. (2) Allos. 
e DÉÉRORTU Tes ENTRE ES Cuscula Epithymum Murr. (3). Cas- 
tellane. 
SE SE EE EE SE Sr à Acer campestre L. (4). Beauvezer. 
se ME PR EE se Cytisus sessilifolius L. (5). Allos. 


(1) Feuille à bords repliés par-dessus. 

(2) Cécidie ovoïde sur les découpures des feuilles, saillante sur les deux faces, 1 1/2-3/4m., 
paroi mince ; à comparer à n° 5773, cat. Houard.. 

(3) Déformation fusiforme des rameaux à peine apparente, petite loge excentrique, trou 
d'éclosion infime. 

(4) Renflement allongé du pétiole, près de sa jonction avec le limbe. Parfois deux cécidies 
successives sur le même pétiole. Une petite chambre excentrique, sous l'épiderme. Petite larve 
rosée. 

(5) Pustule noircissant par la dessiccation, visible sur la face supérieure seulement ; petite 
verrucosité centrale blanchissant sur la plante sèche, trou de sortie excentrique. 


MUSCIDES 


Lonchæa lasiophthalma (Macq.)... 
Urophora solstitialis (L.)...... 


HE NMAUS CAO RE Me RE ES 


Cynodon Dactylon Pers La Bril- 
lanne (J. C.). 

Kentrophyllum lanatum D C. (1). Sis- 
teron, Puymoisson. 

Eupatorium 


Seyne. 


Cannabinum L. (2). 


TENTHRÉDINIDES 


+ Pontania femoralis Cameron...... 
» peduncuh (Hart.).#2 48%, 


y; proxima (Lepel.)........ 


Salix incana Schrk. Saint-André. 


» » La Condamine, 
Colmars, Guillaume, Pont-de- 
Gueydan, Annot, Saint-André, 


Barrême, Moriez. 


Salix alba L. Saint-Vincent, Uver- 


net, Allos, forêt de Labouret. 
Salix incana Schrk. Saint-André. 

»  purpurea L. Annot. 
La Condamine, Uver- 
net, Allos, Seyne, Digne (Dessalle), 
Pont-de-Gueydan, Annot, Saint- 
André, Barrèême, Mezel. 


» » 


Salix triandra L. Forêt de Labouret. 


»  purpurea L. Allos, Colmars. 


CYNIPIDES 


+ » DATE Ve OO ER ee RER 
—- » DRE ARTS Ponte 
» sacs CRIS D MERE 

AR » lasse 
+ » DeSICHOn BreMmI eee. 
Andricus curvator Hart. gén. sex... 

»  fœcundator Hart........ 

» InAalOr El arte eee 

» ostrea (Hart.) gén. ag.... 

» punctatus (Bignell)...... : 

» quercus-radicis (Fabr.). 

CÉN ASS REE CAR SE 


» solitarius (Fonsc.) gén. ag. 


Quercus Ilex L. La Brillanne (J. C.). 
»  pubescens Willd. St-Vincent. 


» » Daluis. 

» » La Brillanne(J.C.). 

» » » » 

» » Basses-Alpes » 

» » LaBrillanne (J.C)., 
Sisteron. 


(1) Voir J. Cotte. Trois éclosions intéressantes. Bull. Soc. Linn. Prov., t. Il, p. 48, 1913. 
(2) Hypertrophie de la tige, au niveau d’un entre-nœud ; vaste cavité centrale. 


+ + 


— 13 — 


Andricus xanthopsis Schlecht...... 


Aylax Lichtenstein: (Mayr) ....... 
PrnonHIANte RE rue 
DS CADIOS PACS Ra Te aie 


Biorrhiza pallida (Oliv.) gén. sex... 


Cynipsiconara; Hart AE ve: 
DS ONAr Art Teener 
MAN TIRE TRS MA. 

Diplolepis agama (Hart.)......... 
» Corner (Haras 
» distiéha (Hart. )L. 202. 


» quercus-folu (L.)....... 


Dryocosmus australis Mayr........ 
Neuroterus numismalis (Fourc.) gén. 


AS CR SP Uoe 

Neuroterus  quercus-baccarum (L.) 

PÉNASER RTE RATER ET 

Plagiotrochus Kiefferianus Tavares.. 

Rhodites Mayri Schlecht.......... 
») M NE DRE OC ic 

» ON NT CR th 

Da TOSE, (|) EEE SM 

» DNA née cable Eee ee 


Quercus pubescens Willd. La Brillanne, 
Buts (°C): 

Quercus pubescens > IWC) 

Papaver Rhæas L. La Palud. 

Centaurea Scabiosa L. Seyne. 

Quercus pubescens Willd. La Bril- 
lanne, Saint-Etienne -les-Orgues, 
Purs Digne (°C: 

Quercus pubescens Willd. La Bril- 
Janne, Lurs (J. C.). 

Quercus  pubescens  Willd. 
Dourbes, Lurs, La 
(J. C.), Sisteron. 

Quercus pubescens Wild. Digne (Des- 
salle), Rougon. 

Saint-Vincent. 


Digne, 
Brillanne 


» » 
» » Dourbes: (JC). 
» » Digne QE G°} 


Quercus pubescens Willd. Dourbes 
(J. C.), Saint-Vincent. 
Quercus Ilex L. La Brillanne (J. C.). 


Quercus pubescens Willd. St-Vincent. 


» » La Brillanne (J.C.). 
» » La Brillanne, Lurs(J.C.). 
»  Îlex L. La Brillanne (J. C.). 
Rosa agrestis Savi. » » 
» pimpinellifolia L. Allos. 
» sp. Mezel. 
»  pimpinellifolia L. Allos. 

» sp. Allos, Mezel. 
Lactuca viminea Presl Champter- 
cier, Saint-André (1). | 
Quercus Ilex L. La Brillanne (J.C.). 


(1) Lactuca Scariola L., mélangé à L. viminea dans cette dernière station, est entièrement 


indemne. 


LÉPIDOPTÈRES 
Pelatea feshvana (Hbn.)...,..... Quercus pubescens Willd. Pont-de- 
Gueydan. 
Evétriarresmella (Er) Re Pinus sylvestris L. Colmars. 


+ [Grapholitha Servilleana Dup.|....  Salix purpurea L. Annot. 


ERIOPHYIDES 
+ Eriophyes [artemisiæ Can.]|........ Artemisia Absinthium L. (1) Allos. 
+ » betulæ Nal. ou lonotus Nal. j 
(n#41080-81MHouard). 192606 Betula alba L. (2). Allos. 
+ Eriophyes brevilarsus (Fockeu)..... Alnus incana DC. Allos. 
+ » D'un ES AE A7 » mridis Michx. Saint-Vincent. 
» CORDO DU ANA EEE Convolvulus arvensis L. Sisteron, 
Mezel. 
+ » diversipunctatus Nal...... Populus Tremula L. Saint-Vincent, 
Le Fugeret. 
» jraxinivorus Nal........ Fraxinus excelsior L. Barcelonnette, 


Saint-Vincent, Allos, Seyne, Digne, 
Moriez, Saint-André. 


» Salt MR ATP) nee 2e Galium Aparine L. Saint-André. 
» D MR EE TE MERE »  Mollugo L. Allos, Sisteron. 
» (genisie. Nal Ses Genista cinerea DC. Barrême, La 
Brillanne (J. C.). 
» SOROAONAMAN al EE eee Cralægus monogyna Jacq. Barcelon- 
nette, Saint-Vincent, Allos. 
LE » hippophænus Nal........ Hippophae rhamnoides L. Allos, 
Seyne. 
» 1cIS{Gan: Tree ASEe Quercus Ilex L. La Brillanne (J. C.). 
<e » lœænis OONal ARE Alnus incana DC. Allos, Saint-Vin- 
cent, Le Vernet. 
= » » RAM EE Alnus viridis Michx. Allos. 
» macrorrhynchus (Nal.)... Acer campestre. L. Annot, Cassis, 
Rougon. 


(1) Virescence des capitules, qui sont à peine hypertrophiés. 
(2) Sur les deux faces des feuilles. 


Eriophyes macrorrhynchus (Nal.).... Acer opulifolium Vill. Montagne de 


Eure (@ CA 
+ » » .... Acer platanoides L. Barcelonnette. 
+ » » Pr »  Pseudoplalanus L. Allos, Seyne, 
Barrème. 
» Moniezi (Fockeu) var. Acer campestre L. (1). Annot, La 
DS EN CRAN HR NTI CRE Palud. 
+ Eriophyes |Moniezivar. erinea Trotter|] Acer Pseudoplatanus L. Allos. 
» nervisequus (Can.)' var. 
maculifer Droite. LR ir. Fagus silvatica L. Saint-Vincent. 
OT ÉRDpayes nudus Na] PMR Er Geum urbanum L. Barcelonnette. 
+ » Delcedanin (Can). MN Trinia vulgaris DC. Pont-de-Guey- 
dan. 
+ » DEN Al OI ER TAETNE Pinus silvestris L. Seyne (Dessalle). 
» DirnniPasenst) RE EE Pirus communis L. Sisteron. 
» » EDR LOUE LE CESR Sorbus Aria Crantz. Montagne de 
BnrElEMCOtIÉ |A IA Re 
» HSE Na ET. Pistacia Terebinthus L. Daluis, La 
Palud. 
DSPACE INA Populus alba L. (2). Allos. 
» » DRE MENT Dig ee Dienet (JC); 
Annot. 
» rosalia (Nal.) var. ctalici 
GER OS ER SA NE RRENNE ...  Helianthemum montanum Vis. Allos. 
Eriophyes [rubiæ (Can. )] :........ Rubia peregrina L. Mezel. 
1 » TU (CANNES ENS Betula alba L. (3). Allos, Colmars 
+ » sanguisorbæ (Can.)..... Polerium dictyocarpum Spach. Seyne. 
» SIUTUNAUN El RSR ERE Prunus domestica L. Seyne. 


(1) La cécidie est verte quand elle est hypophylle. 


(2) Eriophyes populi peut déformer les feuilles de Populus alba. Si l'attaque se fait sur le limbe, 
celui-ci s'excave largement vers sa face inférieure, avec apparition d’un erineum blanc dans sa 
concavité ; si elle se produit sur le bord, il naît en ce point des laciniures espacées ou très 
denses, avec production d'un amas comparable à ceux qui constituent les cécidies des bour- 
geons. Il peut ne rester qu'une portion infime du limbe, toute la feuille étant transformée en 
une masse dense de laciniures composées, que supporte le pétiole épaissi. L'attaque se produit 
assez volontiers au point de jonction du limbe et du pétiole, et l'on voit alors se former des 
émergences, qui rappellent par leur situation les glandes de Populus Tremula L. hypertrophiées 
sous l'influence de Eriophyes diversipunctatus Nal. 


(3) Sur les deux faces de la feuille. 


+ + ++ 


Ex TG 


Eriophyes simulis (Nal.)........... Prunus spinosa L. Seyne, Saint-André 
(ne 
» SlenaspisiNal: se Mer. Fagus silvahica L. Saint-Vincent. 
» tiiæ (Pagenst.) var. {ypi- 
cus_Nal.: AU EAERREr, Tilia platyphylla Scop. Digne, Bar- 


rême, Saint-André, Annot, La 


Brillanne (J. C.). 
Eriophyes tiliæ (Pagenst.) var. exilis 


Na EE RE NE Tilin platyphylla Scop. Annot. 
Eriophyes [triradiatus (Nal.)]...... Salix alba L. La Javie, Digne, 
Barrème. 
» DCI OU LE ETC Salix babylonica L. Digne. 
» tristriatus Nal. var. erinea 
NÉE ART EC A De Juglans regia L. Sisteron, Guillaume, 
Castellane. 
Eriophyes truncatus (Nal.)......... Salix purpurea L. Allos. 
» Dburmi (Nal ) ERA E Viburnum Lantana L. Saint-Vincent, 
Allos, Colmars, Seyne. 
Phyllocoptes anthobius Nal......... Galium verum L. Allos. 

» DATE Tee »  Mollugo L. (sensulato).Allos. 

» RUnUIUS MN al este Asperula sp. Pont-de-Gueydan. 

» populi Nals.Ærrceee Populus Tremula L. Allos. 

” teucriNals. se crc Teucrium Chamædrys L. Rougon. 
Epitrimerus trilobus Nal........... Sambucus Ebulus L. (2). Allos. 
Eriophyide (n7681)C)2 m0 Helichrysum Stæchas L. La Brillanne 

(EE) 
» (n° $674 ou 75 Houard). Achillea Millefolium L. Allos. 
» JR Ononis fruticosa L, (3). Barrême, 
Castellane. 
» (n AO TAC SEAL Satureia montana L. Rougon, La 
Palud, Moustiers. 
» (He JC ER RE Salix purpurea L. Annot, Saint-André. 
» (CRETE M EE ARMES TE » alba L. Forêt de Labouret, Bar- 
rème. 
» (17200 CT Salix alba L. Forêt de Labouret. 


(1) Dans cette dernière localité, les déformations s’allongeaient le long de la nervure médiane: 


de la feuille. 


(2) Je ne puis pas affirmer qu'il ne s'agissait pas, en réalité, de Sambucus racemosa L. 
(3) Epaississement charnu et plus ou moins lacuneux des folioles. 


— 17 — 


+ Eriophyide (n° 758 Houard). ..... Salix incana Schrk. La Condamine. 
+- » (nor Eouard}..". » _herbacea L. Allos. 
» (CE CIPRON EEE Acer opulifolium Vil. Digne (Des- 
2 salle), Montagne de Lure (C. 
Cotte). 


Il faudrait ajouter à cette liste un certain nombre de déformations dues à des 
pucerons, notamment sur des arbres fruitiers ; mais on ne peut dénommer le 
cécidozoaire, dans ce cas, sans le recueillir au moment propice. et bon nombre 
de cécidies de ce groupe étaient inaccessibles pour moi ou avaient été aban- 
données par leurs producteurs. 

Telle que je la présente ici, et malgré ses lacunes considérables, que l'avenir 
permettra de combler, cette faunule cécidologique des Basses-Alpes présente 
cependant un certain intérêt et mérite d’être examinée avec quelque soin. 

Je n'ai pas été surpris du nombre assez élevé d’additions que cette liste me 
permet de faire au Catalogue des Galles de Provence que: j'ai publié : il était 
à prévoir, en effet, qu'en allant porter mes investigations dans des régions dont 
le climat est plus froid que celui de la Basse-Provence, j'aurais l'occasion de 
rencontrer beaucoup de cécidies qui ne se développent pas dans des régions 
trop basses et trop sèches. Mais on remarquera le faible pourcentage de 
cécidies nouvelles que m'a fourni le département des Basses-Alpes. J'en ai 
rencontré bien plus, relativement, dans les parties plus chaudes de la Provence. 
Cela tient, évidemment, à ce que la cécidoflore des Basses-Alpes a plus 
d’affinités que celle de la Basse-Provence avec celle du centre de l’Europe et 
des massifs montagneux, et à ce que cette dernière est actuellement assez bien 
connue. Celle de la Basse-Provence, au contraire, n'avait pas fait l'objet de 
recherches de longue haleine ; elle nous promet encore bien des surprises. 

Il m'a paru instructif d'analyser avec quelque soin les espèces qui constituent 
la cécidofaune des Basses-Alpes ; malgré que cette faune ne nous soit pas 
connue encore d'une manière complète, l'aperçu que j'ai pu en prendre est 
déjà suffisant pour nous permettre d'en discerner les caractères principaux. 

L'étude de la flore et de la faune de ce département présente un intérêt 
particulier. Du territoire de Corbières, où l'altitude n’est que de 270 mètres 
sur les rives de la Durance, jusqu'au sommet du mont Pelat, qui dépasse 
3.000 mètres, nous rencontrons une extrème variété d'expositions et de climats. 
Aux ubacs les espèces des régions alpines et subalpines descendent graduelle- 
ment dans les vallées, tandis qu'aux adrets les espèces méditerranéennes 
remontent plus ou moins haut, surtout dans les vallées abritées où le mistral ne 
sévit guère. Des calcaires secs et nus, dont le rendement est tout de même 


ee — 


appréciable encore quand la lavande y érige ses fleurs odorantes, aux grasses 
prairies alpines et aux bois de mélèze, il y a une gamme considérable d'habitats 
et d'associations, où le biologiste peut multiplier ses observations. La courbe 
qui limite l'aire de dispersion du chène-vert, celle du pin d'Alep, celle du 
térébinthe et tant d’autres encore font passer à travers ce département leurs 
méandres, qui n'ont pas encore été précisés, et il y a là, pour les amateurs 
d'histoire naturelle, ample moisson à faire d'observations intéressantes. Mèmes 
remarques en ce qui concerne la faune, dont certaines parties commencent à 
être connues avec assez de précision. Pour les Lépidoptères, par exemple, le 
département des Basses-Alpes est un lieu de chasse unanimement réputé, 
hélas (1)! Les Orthoptères, les Coléoptères, les Mollusques ont fait l'objet de 
Mémoires intéressants, au cours de ces dernières années. Et quand on analyse 
les listes d'espèces qui ont été publiées, on est frappé par le mélange continuel, 
qui y existe, d'espèces franchement méditerranéennes et d'espèces subalpines 
ou alpines. 

En ce qui concerne spécialement les cécidies, je suivrai la méthode que j'ai 
employée dans l’Introduction à mes Recherches sur les Galles de Provence 
et j'établirai plusieurs catégories. Les premières à éliminer sont les cécidies 
ubiquistes, comme un très grand nombre de celles qui se trouvent sur les chênes 
blancs, que l’on rencontre partout et qui ne donnent à une faune aucun 
caractère particulier. D'autres appartiennent plutôt à la cécidoflore du centre 
de la France ou des régions montagneuses, tandis que d'autres encore sont 
plutôt des représentants de la flore cécidologique méditerranéenne. 

Ces considérations ne nous fournissent, à vrai dire, aucun renseignement au 
point de vue de la géographie zoologique, si les végétaux déformés appar- 
tiennent plus spécialement à la flore continentale ou à la flore méditerranéenne. 
Cette dernière a comme représentants, dans la liste des végétaux porteurs de 
cécidies, énumérés ci-dessus : Quercus Îlex, Thymus vulgaris, Kentrophyllum 
lanatum, Pistacia Terebinthus, Helichrysum Stæchas, ete. Il nous faudrait ranger, 
au contraire, parmi les espèces indiquant un climat moins chaud : Cerasus 
Mahaleb, Lonicera Xylosteum, Viburnum Lantana, Belula alba, Ononis Columnæ, 
O. frulicosa, etc. Et quelques espèces comme Abies excelsa, Aconitum Lycoc- 
tonum, Salix herbacea sont caractéristiques d’une altitude plus grande encore. 
Mais les cécidies qui se forment sur ces dernières espèces n'aident pas à carac- 
tériser un climat alpin, tant qu'on n'a pas examiné isolément le cas de chacune 
d'elles ; il est évident que les parasites qui déterminent leur production ne 


(1) Voir L.-A. Dessalle. — Sur la disparition de Thaïs Honnoratii. Bull. Soc. scient. et litt. 
des B.-A. (3° trim. 1906). 


pourront pas descendre le long des vallées si leurs hôtes végétaux n'y descen- 
dent pas eux-mèmes. 

L'étude des cécidies et des cécidozoaires ne peut donc nous documenter 
réellement, en ce qui concerne la géographie zoologique, que si nous élimi- 
nons de cette étude, dès le début, les cécidozoaires qui sont inféodés d'une 
manière étroite à des espèces végétales à habitat restreint et dont la courbe 
de dispersion semble calquée, en quelque sorte, sur celle de leur hôte. Erio- 
phyes pistaciæ, par exemple, paraît susceptible de remonter à peu près à la 
mème altitude que la Térébinthacée sur laquelle il vit. Voyons, par contre, 
Pelatea feslivana, dont je me suis déjà occupé ailleurs à ce point de vue ; 
il parasite les divers Quercus qui étaient autrefois réunis sous le nom de 
©. Robur et ©. Pseudo-Suber. Ce dernier chène ne pousse que sur la bordure 
méridionale de l'Europe ; mais les autres occupent des surfaces considérables 
en Europe et en Asie occidentale. Le fait que Pelatea feslivana ne s'éloigne 
guère, en Europe, de la partie strictement méditerranéenne et, en France 
particulièrement, ne se trouve que dans les régions où règne un climat chaud, 
en fait un excellent témoin de la nature du climat, pour les parties de notre sol 
où il habite. 

Diplolepis cornifex peut être joint au précédent. Il n'est connu avec certitude 
que sur Quercus lusitanica, trop frileux pour pousser en France, Q. pubescens et 
Q. pedunculata. Sauf rectification, que pourraient commander des observations 
ultérieures, il semble que le parasite possède, en France, une aire de dispersion 
bien plus restreinte que celle des chènes qu'il fréquente. Mais ceci est bien 
plus évident encore pour Cynips Mayri, dont la belle galle « en casque de 
lancier » indique un climat chaud, sans hésitation possible. On a récolté sa 
cécidie sur des chènes qui ne poussent pas en France, sur Quercus Îlex et 
Suber qui y caractérisent la zone chaude, et sur Q. Robur. Je ne l'ai encore vu, 
en France, que sur ©. pubescens, et il est très loin d'accompagner ce chêne 
blanc sur tout son périmètre d'extension. En consultant mes notes à son sujet, 
je dois délimiter son habitat dans le Sud-Est de la France. tel qu'il m'est actuel- 
lement connu, par une ligne qui passe à Digne (Basses-Alpes), Apt (Vau- 
cluse) et Pont-Saint-Esprit (Gard), où M. Darboux a bien voulu me le signaler. 
Pemphigus vesicarius, parasite du peuplier noir, ne se trouve pas partout où vit 
son hôte, loin de là : on ne le connaît d’une manière certaine que de l'Asie 
Mineure et des parties chaudes de l'Europe. Il est vrai que, au cours de ces 
dernières années, Dittrich et Schmidt lui ont rapporté une cécidie de Populus 
alba X Tremula, recueillie en Silésie. 

Timaspis phænixopodos n'est connu que du Languedoc et de la Provence, 
en France, d'Italie et de Sicile; les localités que je cite pour lui, dans ce petit 


travail, me paraissent être parmi les plus septentrionales qui soient connues de 
lui ; et cependant Lacluca viminea et L. saligna, sur lesquels il vit, se trouvent 
dans presque toute la France et une bonne partie de l'Europe. 

En sens inverse, j'ai trouvé dans les Basses-Alpes Cryptosiphum arlemisiæ, 
parasite de divers Arlemisia à grande aire de dispersion. Je ne suis pas 
documenté sur les conditions dans lesquelles on l’a rencontré dans les divers 
pays d'Europe ; mais je ne serais pas surpris s'il y occupait seulement des 
localités à climat plutôt frais ou humide, et je serais fort curieux de savoir s’il 
s'installe volontiers dans des localités chaudes. Pemphigus nidificus est très 
abondant sur les frênes des Alpes ; j'ai souvenir des énormes agglomérations 
de feuilles qu'il formait sur certains arbres du Dauphiné ; mais je ne le connais 
pas encore de la Basse-Provence : il semble que celle-ci lui soit interdite, et 
les localités des Basses-Alpes que j'ai citées plus haut sont, pour notre région, 
les plus basses et les plus méridionales que j'aie notées. 

Eriophyes hippophænus paraît, lui aussi, fuir les localités trop chaudes ; malgré 
que son hôte, l’argousier, aime les terrains humides et ne soit pas, à propre- 
ment parler, un habitant des lieux froids, il m'a paru jusqu'à présent que 
l'Acarien, si répandu dans les Alpes, ne trouve pas dans les parties chaudes 
de la Provence un climat qui lui soit favorable. Je pourrais presque en dire 
autant de son congénère E. gontothorax. Il pullule dans les Alpes du Dauphiné, 
est encore abondant, mais bien moins, dans les Basses-Alpes ; je le retrouve, 
épars et presque rare, le long de la vallée de la Durance, et en dehors de cette 
vallée je ne lui connais encore que deux habitats : près de Rognes, au Nord 
du petit massif de la Trévaresse, et près de Simiane, au Nord de la chaîne de 
l'Etoile. Mes récoltes ne sont pas assez nombreuses pour que je puisse tirer 
quelques déductions de la présence dans les Basses-Alpes de Eriophyes nudus ; 
je signalerai seulement que je ne l'avais pas encore rencontré en Provence, 
tandis qu'il est assez commun dans l'Isère D'une manière générale, on me 
paraît le connaître surtout de l'Europe septentrionale et centrale ou des pays 
montagneux. Mêmes hésitations en ce qui concerne Perrisia acercrisbans, 
Macrolabis hppocrepidis, Tylenchus mullefolir. 

Je serai plus affirmatif pour ce qui a trait à Pontamia vesicator. dont j'avais 
récolté la cécidie caractéristique dans le centre de la France et dans les 
Alpes du Dauphiné, et que j'ai été fort heureux de retrouver dans les Basses- 
Alpes. Il n’a guère été signalé que dans des pays relativement froids : Europe 
septentrionale, Europe centrale, et si ses cécidies ont été observées en Italie, 
n'oublions pas que, en dehors de Salix purpurea, c'est sur S. arbuscula et 
Lapponum qu'on les a vues : le nom de ces deux saules dispense de tout autre 
commentaire. Il me semble que c’est là une espèce qui peut fort bien servir à 


caractériser un climat plutôt froid, ou au moins continental, et que les Basses- 
Alpes doivent être vers la bordure méridionale de son habitat en France. 

Les exemples que je viens de donner nous montrent bien quel intérêt présen- 
tent les observations de géographie zoologique dans les Basses-Alpes. Nous y 
rencontrons des représentants indiscutables de la faune méditerranéenne, qui 
s'insinuent dans les vallées et remontent contre la pente des adrets, là où le 
soleil leur permet de se multiplier, tandis que la faune de la France centrale 
règne dans les montagnes, dont la faune alpine occupe toutefois les sommets, 
et descend aux ubacs à une altitude plus ou moins basse. Mes notes de voyage 
ne me permettent pas d'essayer de tracer des courbes de répartition de ces 
faunes, qui montreraient leur pénétration réciproque ; avec leur aide je n'ai pu 
qu'ébaucher une esquisse à grands traits et que mettre en relief quelques 
points de détail seulement. 


ÉTUDE 


SUR UN CAS D'HERMAPHRODISME CHEZ UN SQUALIDÉ 


{Scyllium stellare L. 


x 


à 


D er 


ANNALES 
DU MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE DE MARSEILLE 
Tome XV 


MÉMOIRE N° 4 


ENREMDE 


SUR 


UN CAS D'HERMAPHRODISME CHEZ UN SQUALIDÉ 
(Scyllium stellare L.) 


PAR 


A. VAYSSIÈRE et G. QUINTARET 
PROFESSEUR PRÉPARATEUR 


A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE MARSEILLE 


MARSEILLE 


TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE MOULLOT FILS AINÉ 
24-26, Avenue du Prado, 24-26 


IOIS 


# 


} . L . ; 
LA Dr RS UT AN 


ÉARUPIDIE 


sur un Cas d’hermaphrodisme chez un Squalidé 
(Scyllium stellare L. 


PAR 


A. VAYSSIÈRE et G. QUINTARET 


PROFESSEUR PRÉPARATEUR 


A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE MARSEILLE 


Des cas d’hermaphrodisme chez les Poissons, surtout chez les Poissons 
Osseux, sont connus depuis longtemps, quelques espèces même sont normale- 
ment hermaphrodites. C'est ainsi que Dufossé (1) a décrit, en 1858, l'organisa- 
tion des glandes sexuelles en même temps que leur structure histologique chez 
trois espèces de Serranus. Plus tard, Syrski (2), dans un travail assez complet 
sur les organes génitaux des poissons, signale plusieurs espèces, qui pour lui, 
sont ou constamment hermaphrodites ou exceptionnellement hermaphrodites. 

En ce qui concerne les Sélaciens, d'après P. Stéphan, il faut arriver en 1876 
pour trouver, signalé par Semper (3), chez un Hexanchus femelle, un herma- 
phrodisme exceptionnel, caractérisé par la présence de différents follicules 
ovariens mélangés à des follicules testiculaires volumineux. Le nombre des 
autres cas de bisexualité chez ces derniers animaux n’est pas très répandu. 

Un cas intéressant est décrit par Hæck (4) pour une Raja clavata herma- 
phrodite. N'ayant pu nous procurer son Mémoire, nous nous bornerons à 
transcrire ici ce que nous avons puisé dans le travail de Pierre Stéphan (5). 


(1) Dufosse. — De l’hermaphrodisme de certains vertébrés. Ann. des Sc. nat., 1858. 

(2) Syrski. — De piscium osseorum organis genitalibus. — Xosmos, Lemberg, Bd 1, 1876. 

(3) Semper. — Arch. f. mikr. Anat., 1876. 

(4) Hæck. — Hermaphroditismus bei Raja clavata. — Tijdschr. Nederl. Dierkun. Vereen D. IV. 

(5) P. Stephan. — De l'Hermaphrodisme chez les Vertébrés. Ann. de la Faculté des Sciences de 
Marseille, tome 12, fasc. 2, 1902. 


PT —— 


Dans la description de cette Raja clavata, on trouve un ptérygopode à 
gauche, quant à celui du côté droit, il est réduit à un simple bourgeon ; l'appa- 
reil génital femelle est complètement développé, ovaire, oviductes, glandes de 
la coque et utérus. À gauche, il y avait en outre une glande génitale mâle pleine 
de spermatozoïdes. 

Le cas que nous allons étudier se rapporte au Scyllium stellare L. Comme 
on le verra dans la description que nous donnons de l'animal, nous avons à 
faire à un hermaphrodisme vrai. Tout en se rapprochant de l’anomalie signalée 
par Hœæck, dans la Raja clavata, notre Scyllium en diffère par certains points, 
telle que la soudure de l'ovaire et du testicule. 

On pourra, d’ailleurs, se rendre compte par la description assez minutieuse 
de l'animal, et par notre dessin, des différences essentielles qui existent entre 
le cas de Hœck dans sa Raja clavata et le nôtre dans le Scyllium stellare L. 

Le Squalidé qui fait l'objet de cette étude a été pris dans le golfe de 
Marseille, en mai 1913 ; il mesurait trente-deux centimètres de longueur. 


Aspect de l'animal. — Comme chez tous les Sélaciens, l'inspection 
seule de la région cloacale et des parties voisines permet de se rendre compte 
du sexe de l'animal ; chez cet individu, la présence d’une nageoire abdominale 
avec ptérygopode à droite et absence de cet organe à la nageoire de gauche 
nous indiquait que nous avions à faire à un individu anormal au point de vue 
sexuel. [1 s'agissait de savoir si à l'intérieur l'hermaphrodisme serait aussi net. 
L'animal avait été ouvert et un peu abimé dans la région cloacale ; toutefois, 
la mutilation n'avait pas été assez forte pour nous émpêcher de constater la 
disposition des divers orifices et leur nombre. 

Après avoir étalé les parois de l'abdomen et avoir enlevé le tube digestif qui 
n'offrait aucune trace de modification quelconque, l’intérieur du corps présen- 
tait l'aspect que donne notre figure 1, PI. 4. Au centre se trouvait l’amas glan- 
dulaire génital constitué par un ovaire réduit O», contre la partie libre duquel 
était attaché un corps cylindrique comprimé, d'aspect mamelonné, représentant 
un testicule T.. 

De chaque côté de ces glandes génitales, un peu dorsalement, se trouvaient 
les deux oviductes réunis en avant, même sous le péricarde, avec leur pavillon 
unique comme chez toutes les femelles de Sélaciens ; en arrière, les deux 
oviductes se réunissaient également et cette portion s'ouvrait au-dessous de 
l'ouverture anale proprement dite. par un large orifice Q. 

Du côté droit (gauche sur notre dessin) entre la colonne vertébrale et 
l’oviducte 0, o se trouvait un épididyme d'aspect normal qui se prolongeait 
sous la partie postérieure de cet oviducte pour former le réceptacle du canal 


= 7 — 


déférent avec la poche séminale, le tout aboutissant à un orifice à un peu 
excentrique. Mais du côté gauche il n'y avait aucune trace d'organe mâle, 
comme le faisait prévoir la structure de la nageoire abdominale. 

Enfin, même contre les bords de la colonne vertébrale on observait, assez 
difficilement la présence des reins multilobés de ce poisson, ceux-ci étant 
recouverts par les organes précédents. 

Etudions chacun de ces organes pour mettre en relief les caractères qu'ils 
présentaient chez notre animal. 


Appareil génital femelle. — Ce système organique offrait ici tout 
à fait la disposition qu'il a chez une femelle normale, sauf quelques petites 
modifications que nous allons signaler. 

L'ovaire Or de teinte rougeâtre était peu volumineux, comprimé latéralement 
ce qui lui donnait une forme lamelleuse, bien qu'il fonctionna comme l'attestait 
la présence d'œufs incomplètement constitués trouvés dans les oviductes. 

Les ovules étaient tous assez petits, les plus forts arrivant à peine à la 
grosseur d'un pois. 

Le pavillon unique P des deux oviductes était ici très proéminent, à 
contours irréguliers ; ses parois assez résistantes ne présentaient comme 
structure rien de particulier. 

Il en est de même des deux oviductes o, o et o’, o', dont la longueur et la 
forme n'ont rien de spécial, sauf la glande coquillière de gauche c’, qui est 
sensiblement déformée. Si l'on fend en longueur cette partie de l'oviducte o° et 
qu'on l’étale complètement, comme nous l'avons fait et représenté figure 2 en C’. 
on constate que cette glande d'ordinaire compacte, est ici subdivisée en sept 
à huit lobes plus ou moins distincts, répartis sur un espace presque triple. 

Comme structure microscopique cette glande coquillière €’ nous a paru 
avoir la même organisation que celle d'une glande normale. 

Les deux oviductes inférieurement se réunissaient de nouveau pour déboucher 
par un seul orifice femelle Q. 


Appareil génital mâle. — L'unique partie de cet appareil que 
possédait notre poisson, se trouvait du côté droit, sauf son testicule T qui était 
médian ; ce dernier bien développé, de forme cylindrique, comprimé, à surface 
mamelonnée, avait une coloration blanc rosé pâle. Il était fortement attaché à 
l'extrémité libre de l'ovaire, de telle sorte que le canal efférent pour arriver à la 
masse épididymique ép, traversait le stroma conjonctif ovarien, mais sa marche 
était bien difficile à suivre dans ce parcours. La structure interne de la glande mâle 
ne différait en rien de celle de ces mêmes organes pris chez un squale adulte ; 


II 


- 


Ro Tes 


tous les tubes séminifères paraissaient être en plein fonctionnement ; aussi les 
dimensions de l’épididyme, sa forme et sa coloration blanchâtre étaient-elles 
bien semblables à celles que l'on constate chez un mâle arrivé à complet 
développement. 

Les détails de structure de cette partie du conduit génital, comparés à ceux 
d'un organe mâle d’un individu normal, n'offraient pas de différences sauf dans 
sa région terminale, comme nous allons le voir. 

Le canal déférent cd, fig. 1, augmente progressivement de grosseur, ses 
sinuosités deviennent moins longues et finalement on arrive au renflement cŸ 
qui constitue un vaste réservoir, un réceptacle spermatique, dans lequel 
le sperme vient s’accumuler. Chez notre animal, le canal déférent, de 
même que ce réservoir, étaient pleins de ce liquide ; les parois de ces conduits, 
sur toute leur longueur offraient ces nombreux plis transverses très fins, plus ou 
moins annulaires que Carl Vogt et Papenheim ont décrit et figuré chez la 
Raja clavata. 

Inférieurement ce réservoir se termine en cœcum, mais un peu au-dessus de 
l'extrémité se trouve un petit canal qui le met en communication avec la base 
de la pache séminale ps ; ce canal s'ouvre donc dans celle-ci à peu de distance 
de l'orifice mâle ©. : 

La poche séminale, un peu moins longue que le renflement cd’, était intimé- 
ment accolée à lui, et le tout se trouvait ètre recouvert par un repli péritonéal. 

L'orifice mâle G' était situé ici sur un petit mamelon, sorte de grosse papille, 
placé dans le cloaque, un peu sur la droite. 

Près de l'orifice du petit conduit reliant cd’ à la base de ps, aucune trace de 
fentes urinaires. 

Arrivons à l'appareil rénal, qui présentait ici la même disposition que chez 
une femelle normale. Il était constitué par deux glandes multilobées, logées 
même contre la colonne vertébrale, une de chaque côté, cachées par le 
péritoine ; si l’on enlève celui-ci avec précaution, on met à nu l'ensemble de 
ces organes glandulaires. Reposant sur chacun d'eux, on avait un uretère formé 
par la réunion de plusieurs conduits excréteurs principaux. 

Les deux uretères u et u se réunissaient inférieurement et le très court 
conduit unique, ainsi formé, allait déboucher au sommet d'une grosse papille ur 
qui se trouvait un peu sur le côté gauche du cloaque, tandis que chez les 
femelles normales, la papille urinaire est toujours médiane. 

D'après la description des divers organes reproducteurs internes que 
possédait ce squale, on peut dire que par l’ensemble de son appareil génital 
femelle et par la disposition de son système urinaire, il appartenait surtout 
à ce sexe, bien qu'il y eut un certain amoindrissement dans cet appareil 


En I0N— 


sexuel et plus particulièrement du côté de la glande ovarienne, dont les ovules 
de très petite taille, étaient certainement impropres à toute évolution. 

Les deux œufs trouvés dans les oviductes étaient moitié plus petits que des 
œufs normaux ; leur membrane coquillière offrait une surface irrégulièrement 
ridée, son épaisseur était peu considérable et les filaments qui partaient de 
chaque angle étaient très réduits; à leur intérieur, ces œufs ne contenaient 
qu'une masse albuminoïde, sans trace de vitellus. 

.. Au point de vue mâle, il ne l'était complètement que d'un seul côté, à droite ; 
tout le système était bien développé, de testitule, l’épididyme, le canal déférent 
proprement dit et ses annexes ; il n'y avait qu'une chose qui le différenciait, 
c'était l'absence de communication entre lui et l'extrémité de l'uretère de ce côté. 

Notre animal présentait la mème disposition hermaphrodite que la Raya 
clapala étudiée par Hœck, mais en sens inverse, c'est-à-dire que la partie mâle 
de notre squale était à droite au lieu d’être à gauche comme dans cette Raie; 
cette dernière offrait, en outre, un rudiment de ptérygopode sous forme d'un 
simple bourgeon, caractère qui faisait totalement défaut chez notre individu. 
Par contre, notre Scyllium montrait, comme nous l'avons décrit, son unique 
testitule intimément soudé à l'ovaire, concentration glandulaire qui n'existait 
pas chez la Raya. 


Explication de la Planche IV 


Fig. 1. — Scyllium stellare L.— Animal ouvert par sa face ventrale, montrant 
l'ensemble des organes génitaux ; le tube digestit a été presque totalement 
enlevé. B, cavité buccale : br, br’, les fentes branchiales de droite et de gauche ;: 
C, le cœur contenu dans la cavité péricardique. æ, l'œsophage ; P, pavillon 
des oviductes 0, o, et 0”, o’ ; c, glande coquillière de l'oviducte de droite (de 
gauche dans notre dessin); c’, glande coquillière ouverte de l'oviducte de 
gauche ; Ov, l'ovaire et T le testicule de droite soudé à l'extrémité ovarienne 
flottante ; ® orifice sexuel femelle; éb, épididyme de la portion droite de 
l'appareil génital mâle, la seule existante chez notre individu; cd, partie 
moyenne sinueuse du canal déférent et cd’, extrémité renflée allant se terminer 
par son orifice externe S‘; ur, orifice externe des deux uretères, placé au 
sommet de cette papille ; b, p’, les deux pores abdominaux ; P4, le ptérygopode 
existant sur la nageoire abdominale de droite N,; nageoire de gauche 
N' constituée comme chez toutes les femelles normales de cette espèce ; 
ex., extrémité postérieure tronquée de cet animal. 

Grandeur naturelle. 


Fig. 2. — Partie inférieure un peu grossie des conduits génitaux et urinaires 
de ce même animal, sortis des replis péritonéaux et un peu dissociés. 

Grosseur : 2. 

o, oviducte de droite; o’, oviducte de gauche avec sa glande coquillière 
C' ouverte pour montrer son peu de concentration ; R, le rein de droite sur 
lequel repose l’uretère u, qui va se réunir en arrière avec l'uretère de gauche 
u, pour aller déboucher au sommet de la papille ur. 

Q orifice génital femelle ; cd partie inférieure du canal déférent qui forme le 
long renflement fusiforme cd’, terminé en cœcum et presque de l'extrémité 
duquel part un conduit très court et d’un faible calibre, qui s'ouvre au bas de la 
poche séminale ps, à peu de distance de l'orifice extérieur G'; p et p , les deux 
pores abdominaux. 


ESSAI 


sur l’évolution générale et Ia classification des Cirripèdes 


primitifs et pédonculés pourvus de plaques calcaires 


. + a PA NET | 
eo 2% < L * LOT Ces DT ete) DNS 0 


ANNALES 
DU MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE DE MARSEILLE 
Tome XV 


MÉMOIRE N°5 


mor 


SUR 


l’évolution générale et la classification 
des Cirripèdes primitifs et pédonculés 
pourvus de plaques calcaires 


ATOTEAUD 


% 


MARSEILLE 


TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE MOULLOT FILS AINÉ 


24-26, Avenue du Prado, 24-26 


1910 


nee 


sur l’évolution générale et la classification des Cirripèdes 


primitifs et pédonculés pourvus de plaques calcaires 


A. JOLEAUD 


PRÉLIMINAIRES 


Les paléontologistes n'ont jusqu'à présent recueilli dans le sol qu'un nombre 
très restreint de Cirripèdes complets ou presque complets. Et, dans cet état 
mème, les plaques calcaires, seuls restes fossilisables de ces animaux, sont 
presque toujours plus ou moins dissociées et dérangées de leur position 
naturelle, d'où il résulte souvent de graves incertitudes dans le rétablissement 
de leurs relations réelles. Mais, en dehors de ces cas, où les recherches 
paléontologiques sont réellement favorisées, les diverses formations géologi- 
ques ne fournissent généralement que des plaques isolées, parfois complètes, 
mais plus fréquemment fragmentaires, dont l'attribution à une espèce déter- 
minée est embarrassante. 

La complication s'accroît naturellement de ce fait qu'il y a presque toujours 
dans un même gisement, en provenance d'espèces différentes, des éléments 
variés dont il faut d'abord opérer la ventilation. 

La restauration d'un Cirripède fossile est généralement ainsi une opération 
délicate, qui ne doit être tentée qu'après une étude préalable des formes 
vivantes paraissant avoir des analogies avec le fossile en cause. Comme le 
nombre des espèces qu'ont fait connaître les récentes explorations sous- 
marines est devenu considérable, les termes de comparaison ne manquent pas 


Re 


au moins dans certains groupes. Si, d'ailleurs, l'étude des Cirripèdes fossiles 
doit être fondée sur celle des Cirripèdes vivants, la structure de ceux-ci ne 
peut s'expliquer que par les formes fossiles rationnellement interprétées dans 
les modifications qu'elles ont subies à travers les âgé. 

Comme dans toute la biologie, le présent est donc ici intimement lié au 
passé dont il dérive et qu'il éclaire; mais, chez les Cirripèdes, les transfor- 
mations successives se présentent, en outre, malgré certaines lacunes, avec 
une netteté toute particulière et se précisent en des formes saisissantes que 
nous avons cherché à mettre en relief dans les pages qui vont suivre (1). 


Avril 1014. 


(1) Voy. A. Joreaup, Comples rendus des Seances de la Socielé de Biologie (Réunion de 
Marseille), t. LXIX, p. 659, t. LXX, p. 380, t. LXXII, p. 1118, t. LXXIV, p. 58, 417, t. LXXV, 
p. 153 ett. LXXVI, p. 744. — A. et L. JorEauD, d., t. LXXIV, p. 723 et LXXVI, p. 885. 


I. — PROTOCIRRIPÈDES 


Les Cirripèdes étaient déjà abondants dans les formations primaires, où ils 
sont représentés par une quantité de plaques isolées triangulaires-ovales plus 
ou moins allongées et très rarement par des groupes de plaques imbriquées 
en séries longitudinales formant des anneaux plus ou moins nombreux réunis en 


tubes allongés. 


On a rapporté au genre LepipococEeus Ch.-L. Faber (PI. V, fig. 1 à 4), les 
Cirripèdes les plus simples chez lesquels cet exosquelelte est formé uniquement 
de deux séries de plaques qui, d’ailleurs, ne sont pas exactement superposées 
mais alternent entre elles comme le montre la PI. V, fig. 2. Ces plaques 
asymétriques, en cornemuse aplatie, ont leurs umbos apicaux et déjetés du 
côté dorsal de l'animal. On peut admettre que chacune d'elles renferme en 
puissance les cinq éléments d’un demi-anneau transversal constitué comme on 
va le voir dans le genre suivant. 

Quelle était la position du corps de l'animal dans la gaine écailleuse que 
formait cette armature ? Il est probable qu'il y était plus ou moins allongé avec 
la tête placée dans la direction de la partie contournée du côté ventral et que 
ses appendices battaient l’eau sur presque toute la longueur de ce côté dont 
les bords libres pouvaient s'écarter suivant ses besoins comme le bord occluseur 
simplement tergo-scutal de certains de nos Pédonculés actuels. 

On a signalé dans le Silurien de l'Amérique du Nord: 

Lepidocoleus Jamest Hall and Whitefield de l'Ordovicien supérieur ; 

Lepidocoleus Sarlei Clarke (1) du Gothlandien moyen ; 

Et dans le Dévonien : 

Lepidocoleus polypelalus Clarke du Gédinien. 


Le genre TURRILEPAS, institué par H. Woodward (2), en 186$, comprend 
des formes allongées dont les plaques sont disposées en un nombre variable de 
séries. Son auteur l’a fondé sur un fossile décrit précédemment par de Koninck, 


(1) CLarke. — The structure of certain paleozoic Barnacles, in « The American Geologist ». 


Vol. XVII, 1806. 
(2) Quart. Journ. Geol. Soc., vol. XXI, 1865, p. 486. 


yo 


sous le nom de Chilon :vrighlianus qui est devenu ainsi Turrilepas wrightiana, 
PI. V, fig. 7. L’exemplaire typique qui provient du Silurien (Gothlandien 
moyen) de Wenlock (Ecosse) se présente comme un corps cylindrique, aplati, 
légèrement arqué avec concavité ventrale et couvert de plaques imbriquées 
(structure strobiloïde). 
Ces plaques forment dix séries longitudinales, cinq sur chaque face, savoir : 
Deux séries marginales de petites plaques, une série dorsale ou carénale sur 
le long côté convexe du fossile, l’autre ventrale ou roslrale sur le côté opposé 
concave ; 
Trois séries latérales, une vers le côté dorsal, une vers le côté ventral et une 
troisième médiane. 
La forme des plaques (fig. 1 et 2 du texte) est celle d'un triangle générale- 
ment peu élevé, à base ondulée, avec un secteur moyen 
es plus ou moins en relief extérieurement. L'umbo-apex 
>> est légèrement saillant et les stries limites des zones 
d’accroissement bien marquées. 
Fig. 1, 2 Aurivillius, en 1892 (1), a indiqué sommairement l'exis- 
tence, dans le Silurien supérieur de l'île de Gothland, de 
plaques isolées de Turrilepas et il a décrit en 
même temps, comme des pédoncules de sept 
espèces du genre Scalpellum, des corps écailleux 
cylindriques comparables au Turrilepas wrightana 
de Woodward (fig. 3 et 4 du texte). 


Barrande (2), de son côté, avait fait connaître, 
en 1872, sous le nom de PLumuLiTEs des fossiles 
du Silurien de la Bohème que 
l’on a compris depuis dans le J 
genre Turrilepas, mais dont les Fig. 3, 4 


plaques sont généralement bien 

plus allongées que dans l'espèce de de Koninck et en 
forme de feuille ou de cerf-volant (fig. s du texte). Dans les 
mêmes gisements, on en trouve parfois d’autres probable- 
terminales, à sommet tronqué et avec stries d’accroissement disposées en 
cercle à cette extrémité : c’est une semblable plaque que Barrande avait 


(1) Carz W. S. AuriviLcius. — Ueber einige ober-silurische Cirripeden aus Gothland 
(Bibang till K. Svenska vet, Akad, Handlingar. Band 18, Afd IV, n° 3). 
(2) BARRANDE, Sysfème silurien d2 la Bohême, supplément, vol. I, 1872. 


9 


appelée «la valve fenestrée», «the cancellated plate » (fig. 6 du texte). Sa 
forme est d'un grand intérêt pour nous, en ce qu'elle présente ainsi, dès 
le Silurien, une particularité très caractéristique de l’évolution des Cirripèdes : 
l'extension de la surface de la plaque en arrière de son umbo. 

On n'est, malheureusement, pas très fixé sur le nombre des séries longitudi- 
nales dans les espèces décrites par Barrande, telles que P. bohemicus et 
P. folliculum. Mais ce dernier ressemble étroitement à Turrilepas Peach 
Etheridge junior et Nicholson de l'Ordovicien supérieur de l’Ecosse (1) (2), 
qui porte quatre séries de plaques, deux séries latérales de grandes plaques en 
cerf-volant et deux séries de petites plaques juxtaposées de part et d'autre de 
la ligne médiane, comme le montre la fig. 8 de la Planche I. 

Comment convient-il d'interpréter ces fossiles ? En ce qui concerne Turri- 
lepas Peachi, il est probable qu'au moins deux autres séries de plaques man- 
quent qui, sur l'animal vivant, étaient en opposition ventrale avec les petites 
plaques existantes (PI. V, fig. 8, 0), lesquelles sont très probablement 
dorsales. Les grandes plaques foliiformes répondraient ainsi à la fois aux 
trois séries scutale, médiane et tergale de Turrilepas. 

Des plaques isolées rapportées au genre Turrilepas et décrites comme 
des espèces distinctes ont été trouvées non seulement à Gothland, en 
Bohême, en Ecosse, dans le pays de Galles, en Amérique, mais encore en 

Indo-Chine (Etats de Chan) (2) et en Australie (3) (4). 


Clarke a créé le genre STRoBILEPIS pour un Cirripède du Dévonien moyen 
des Etats-Unis, auquel il attribue quatre séries longitudinales de plaques, deux 
séries latérales de grandes plaques, une série dorsale de petites plaques ovales 
et une série ventrale de petites plaques étrôites et allongées en forme d’épines. 
Comme dans la figure de Clarke du S/robilepis spinigera sont représentées 
dix-sept de ces épines en regard de six grandes plaques seulement, on peut 
admettre qu'elles sont disposées sur plusieurs rangs. 


Nous ne pouvons ici passer sous silence, un curieux fossile du Gothlandien, 
de l’île de Gothland (fig. 7 du texte), décrit par Aurivillius, sous le nom de 


(1) ETHERIDGE et NicHozson, Mon. Silur. Foss. Girvan, fasc. III, 1880. 

(2) F. R. Cowrer Rep, The structure of Turrilepas Peachi and its aliees in Tran actions of the 
royal Society of Edinburgh, vol. XLVI, part. III, 1908-1009. 

(3) R. ETHERIDGE JUN., On the occurence of the genus Zurrilepas… in the upper Silurian 
(? Wenlock) rocks of New South Wales. Geol. Mag., new series. dec. III, vol. VII, n°8, 
août 1890. 

(4) F. Cnapman, New or little-known Victorian fossils in the National Museum ## Proceedings 
of the royal Society of Victoria, vol. XXII (new series), part. Il. avril 1910. 


Pollicipes signalus, et que M. de Alessandri compare à Loricula (1). Caractérisé 

par de grandes plaques foliformes, dont la base est recouverte par des plaques 
moins développées, il se rapproche d’abord - 
évidemment de Plumulites (Turrilepas) Peachi, 
tandis que par l'existence de petites plaques 
en aiguillons, qui appartiennent sans doute 
au côté opposé, il a des rapports avec Si/robi- 
lepis (2). Mais on ne saurait le considérer 
comme un Pollicipes sans une méconnais- 
sance absolue des caractères évolutifs de ce 

. genre. Encore moins convient-il de retenir 
le nom de Pollicipes validus, nom spécial 
donné par Aurivillius, à un fragment de 
fossile de la mème formation (3). 

Cette courte étude nous montre l'exis- 
tence, parmi les Cirripèdes des formations 
paléozoïques, de quelques types bien détermi- 
nés se rapportant aux quatre genres suivants : 


Lepidocoleus 

Turriepas (lato sensu) ( Turrilepas (Stricto sensu) 
comprenant Plumulites 

Strobilepis 


Ces genres que nous groupons sous le nom de PROTOCIRRIPÈDES, sont 
caractérisés par un revêtement de plaques toutes identiquement calcifiées et 
par l'insertion des plaques du même anneau transversal dans des plans, soit 
légèrement obliques, soit plus généralement perpendiculaires à l'axe du corps. 

Leurs rapports sont établis nettement par les sections schématiques ci-après 
qui répondent à la conception que nous nous sommes faite de la structure de 
leur revètement : 


(1) DE ALEssanDri G. — Studi monografici sui Cirripedi fossili d'Italia. Palaeontografia 
italica, vol. XII, 1906. 

(2) La figure d'Aurivillius montre une ligne continue de rupture entre les plaques de deuxième 
grandeur et les plaques spiniformes, ce qui permet de supposer qu'elles ne sont pas dans le 
même plan. 

(3) On peut observer, en outre, que Japetus Steenstrup (1837 et 1839), puis Darwin (1854), 
avaient donné le nom de Pollicipes validus à un Cirripède fossile du Crétacé supérieur de Faxoe, 
de la Scanie, de Maestricht. 


1° La section de Lepidocoleus (fig. 8 du texte), est une ellipse formée 
simplement par deux arcs calcaires redressés du côté dorsal ou carénal ; 

2°. Dans T. Peachi (fig. 9 .du texte), 
deux plaques dorsales apparaissent exté- A 
rieurement à droite et à gauche du grand ( \ 
diamètre de l'ellipse. Le revêtement du ( } 
côté ventral est inconnu ; Nu 

3° T. Wrighliana (fig. 10 du texte), Fig.8. 9, 10, 11 
semble nous montrer un anneau de dix 
plaques formé de deux verticilles, l'un de 4 et l'autre de 6 plaques ; 

a° Avec Strobilepis (fig. 11 du texte), apparaît une véritable carène formée 
par la soudure des deux plaques dorsales, que l’on voit distinctes dans T. Peachr. 

Dans Lepidocoleus, il ne paraît guère ‘douteux que les anneaux réduits à 
deux plaques chacun, correspondaient aux segments du corps. 

Or, le nombre des métamérides composant le corps des Cirripèdes actuels, 
serait normalement de 14, d'après M. Ed’ Perrier, et M. Gruvel (1) admet 
que leur type ancestral était constitué par 15 segments (6 céphaliques, 
6 thoraciques, 3 abdominaux). 

D'autre part, il est établi, suivant J.-M. Clarke, que le spécimen de 
L. Jamesi, provenant de Cincinnati, porte 15 plaques de chaque côté. Sur la 
figure de L. Sarlei, on en compte 13 sur le long côté, mais il peut en manquer 
un ou deux dans la partie basale. II semble, d'autre part, qu'il y avait au moins 
1; anneaux de plaques dans Turrilepas wrighliana. Ainsi, dans trois formes 
fossiles bien caractérisées du Silurien, le nombre des segments du corps était 
le même ou presque le même que dans les Cirripèdes actuels. Rien ne s'oppose 
donc, de ce côté, à ce que la forme Turrilepas, de laquelle, comme nous le 
verrons, semblent dériver tous les Cirripèdes secondaires, tertiaires et actuels, 
soit considérée, non comme un simple pédoncule, ainsi que le pensait 
Woodward, nt seulement comme un capitule, comme le croyait Barrande, 
mais comme le revêtement complet d'un Cirripède primitif. Et cette opinion, 
qui est aussi celle de M. Gruvel, se trouve confirmée en quelque sorte, par la 
forme même du Turrilepas de Wenlock, dont l'extrémité caudale rétrécie 
semble bien correspondre à la terminaison du corps. 

Il n'en faut pas moins observer, d’ailleurs, que le nombre des segments est 
assez variable, et parfois élevé dans les Cirripèdes. Ainsi, dans Lepidocoleus 
polypelalus, il devait y avoir au moins 20 plaques de chaque côté; il y a plus de 


(1) GRUVEL. — Monographie des Cirripèdes ou Thecostracés, Paris, Masson et Cir, 1905. 


20 anneaux dans certains des tubes écailleux incomplets, d ailleurs, de l'île de 
Gothland, dans Loricula Darwini, il en existait une trentaine (PI. V, fig. 13), etc. 

Ces Cirripèdes des temps primaires et secondaires se rapprochaient ainsi des 
Phyllopodes, Crustacés également très anciens, chez lesquels le nombre des 
anneaux peut atteindre une cinquantaine. 


I1.— PROTOCIRRIPÈDES ET CIRRIPÉDES 
PÉDONCULÉS 
VUE GÉNÉRALE DE LEUR ÉVOLUTION 


Nous avons admis que dans Lepidocoleus et Turrilepas, le corps proprement 
dit du Cirripède devait occuper toute ou presque toute la longueur de sa 
gaîne écailleuse. Mais cette disposition dut se modifier même avant la fin des 
temps primaires. C'est alors, soit pendant le Permocarbonifère, soit tout à 
fait au début du Trias, que Turrilepas donna naissance à des formes telles 
qu'Archæolepas (PI. V, fig. 10) et Loricula (PL. V, fig. 11 à 14), les deux types 
des temps secondaires qui paraissent en dériver le plus directement. Nous ne 
connaissons toutefois Archæolepas que du Jurassique et Loricula que du 
Crétacé, mais, d'après leur structure, on ne peut douter que l’origine de ces 
genres ne soit beaucoup plus ancienne. Ce qui les caractérise surtout, c'est 
le grand développement de leurs plaques caudales, développement qui a 
répondu manifestement à un déplacement du corps de l'animal dans le sens antero- 
postérieur. Les séries longitudinales de plaques, comme les anneaux trans- 
versaux y ont encore conservé, dans l'ensemble, leur disposition ancestrale, 
mais cette disposition même va s'altérer. Voici, en effet, qu'apparaissent deux 
autres formes dans lesquelles le mouvement évolutif de retrait en arrière du 
corps du Cirripède s'accentue. Une différentiation bien plus grande s'établit 
entre les plaques de la partie antérieure et celles de la partie postérieure, les 
séries longilucnales perdent leur rigidité et se contractent en une zone qui divise 
le tube du Cirripède en deux parties, l'une d’un plus faible diamètre et 
couverte de plaques plus petites, qui est le peédoncule, l'autre revètue ‘de 
grandes plaques, que l’on appelle le capilule. 

Dans Pollicipes (PI. VIL, fig. 2, 3, 4) dérivé d'Archæolepas, et dans Mitella 
(PIAVE Mers À 21), dérivé de Loricula, qui répondent à ce nouvel état de 


choses, l'animal proprement dit, occupe surtout le capitule et la partie 
supérieure seulement du pédoncule. Au repos, il est couché sur le dos pres- 
qu'horizontalement, comme cela a lieu dans Balanus, qui, au point de vue de 
la position du corps, en est resté à ce stade d'évolution. 

Avec le genre Scalpellum (PI. VI, fig. 2 et PI. VIIT), issu d'un Pollicipes 
évidemment très primitif, s'accentue très sensiblement un mouvement rotalorre 
que, dans son évolution, le Cirripède avait déjà commencé à exécuter autour 
de son muscle adducteur : son thorax, très développé, se redresse fortement 
en arrière, du côté carénal, et il allonge ses cirres en les recourbant vers le 
haut. En même temps, l'animal abandonne entièrement le pédoncule dont il 
s'était déjà presque complètement dégagé au stade précédent; il n'habite plus 
que la région protégée par les plaques très différenciées des derniers anneaux 
de ce tube et accroît même cette diflérentiation dans les formes les plus 
récentes, par l'extension de certaines plaques en arrière de leurs umbos. 

On peut supposer que Pollcipes s'est séparé d’Archæolepas dès les temps triasi- 
ques. Il s'est particulièrement développé au Crétacé. comme Mitella et Scalpellum. 

Le développement de l'évolution dans le sens que nous venons d'indiquer, 
se montre très nettement accusé chez les Lepas (PI. VI, fig. $, 12), les 
Pœcilasma et leurs dérivés. La continuation du mouvement rétrograde et de la 
rotation y ont conduit l'animal à se retirer complètement dans le dernier anneau 
de ses plaques. Il développe celles-ci, plus encore que Scalpellum, en arrière 
des umbos, en supprimant les autres anneaux devenus inutiles et en réduisant 
même par leur côté antérieur, certaines plaques de l'unique anneau conservé. 

Parmi les formes totalement dépourvues de plaques calcaires qui repré- 
sentent les termes les plus élevés de l’évolution, il faut citer notamment ici le 
genre Anelasma chez lequel le corps de l’animal est totalement redressé avec 
les cirres atrophiées et le genre Gymnolepas où la rotation atteint son maximum, 
c'est-à-dire plus de 270° en partant de Lepidocoleus. 

Le revêtement capitulaire de Lepas ne correspond plus ainsi qu’au capitule 
d'un Scalpellum vulgare, Molinianum où magnum, dont on aurait retranché 
toute la partie antérieure à une ligne passant par les umbos du scutum et de 
la carène (Voy. fig. 12-13, page 16 du texte). 

Il faut ajouter qu'entre Scalpellum et Lepas S'intercalent des types intermé- 
diaires : Oxynaspis (PI. V, fig. 3, 10 et PI. VII, fig. 5,6, 7,8), d’abord, qui 
a un scutum et une carène de Scalpellum; Protoiepas, ensuite, avec une 
carène coudée (PI. VI, fig. 4, 11). 

Oxynaspis est, d’ailleurs, au sommet d'une dichotomie, dont l’autre rameau 
comprend Megalasma, qui a l’umbo de son scutum encore sur le côté, puis 
Pœcilasma, qui est le symétrique de Lepas. 


III. — LA PLAQUE CALCAIRE DE CIRRIPÉDE 
SON ÉVOLUTION 


On peut considérer l'umbo d'une plaque calcaire de Cirripède comme une 
très petite pièce circulaire. L'accroissement de cette pièce se fait, comme 
dans les coquilles, par l'apposition interne de couches nouvelles débordant 
celles qui sont plus anciennes et formant extérieurement une série de stries 
concentriques. Le dépôt de la matière calcaire ne se fait, d’ailleurs, jamais 
également dans tous les sens autour du centre initial. La plaque développée qui 
se rapproche le plus du cercle est la supralatérale de certains Scalbellum, de 
S. magnum, S. vulgare par exemple, qui aflecte une forme plus ou moins 
pentagonale (PI. VI, fig. 16). 

Dans les Cirripèdes primitifs, la plaque type est toujours triangulaire avec 
une base plus ou moins arrondie : l’umbo s'y confond avec l'apex. Toutes les 
plaques de Turrilepas ont cette forme sauf «la valve fenestrée » et certaines 
plaques arrondies très rares et aussi évidemment terminales. Sont également 
triangulaires les plaques de Pollicipes (sauf le tergum) et nombre de plaques 
dans d’autres groupes. 

Dans des genres plus évolués, tels que Scalpellum, Oxynaspis, Lepas, il y a, 
parfois, disjonchion de l'apex d'avec l’umbo : il en est ainsi dans le scutum, la 
carène, la supralatérale de Scalpellum magnum. L'apex et l'umbo peuvent 
même se trouver à deux extrémités opposées de la même plaque comme dans 
le scutum et la carène de Lepas anatifera (PI. VI). 

Ce sont là, comme nous le verrons, d'importants faits d'évolution. 

Pour en faciliter l'étude, comme celle de la topographie interne et externe 
des plaques nous diviserons, théoriquement au besoin, chacune d'elles en un 
certain nombre de secleurs rayonnant autour de l'umbo. 

L'examen d'une plaque de Turrilepas Wrightiana (fig. 1 du texte), permet 
ainsi d'y distinguer facilement trois secteurs, ayant leur centre commun à 
l'umbo-apex et leurs limites latérales communes dans les deux zones de 
changement de direction des stries d’accroissement. 

Si nous envisageons un seutum et un tergum de Scalpellum gibberum Auriv., 
un supramédian de Scalb. prunulum Auriv., nous y reconnaîtrons facilement 
aussi trois secteurs (PI. VIII, fig. 1x et vi). 

Pour dénommer ces secteurs nous les numéroterons 1, 2, 3 en partant du 
bord occluseur, en observant que, dans le scutum, la base du secteur 1 


= 


correspond à la plaque que Darwin a appelée rostro-latérale, celle du 
secteur 2 à l'infralatérale, celle du secteur 3 à la supralatérale. De même, la base 
du secteur 1 de la supralatérale répond à la plaque infralatérale, la base de son 
secteur 2 à la carènolatérale, la base de son secteur 3 à la carène. Les 
principaux termes de l'évolution du scutum et de la plaque supramédiane sont 
représentés dans la planche VI, fig. 1 à 16. Si, dans les plaques en disposition 
imbriquée, comme celles de Pollicipes, par exemple, les limites des secteurs 
restent parfois un peu indécises, ces limites sont, au contraire, très nettes 
dans les plaques juxtaposées des Scalbellum. On peut, d’ailleurs, dans certains 
cas, distinguer des secteurs secondaires marqués par des côtes rayonnantes 
souvent développées à la surface de ces secteurs principaux. 

Dans les Scalpellum munis d'un rostre saillant, un secteur special du scutum 
correspond à ce rostre, nous l'appelons secteur 1°. 

La base de chaque secteur restant opposée à une plaque qui, en principe, 
est toujours la même, quand cette dernière plaque est terminée en pointe, le 
secteur correspondant est généralement atrophié, comme le secteur 1 du supra- 
médian de Sc. regrum (PI. VIT, fig. 1v). 

L'une des conséquences les plus remarquables du mouvement évolutif 
antéro-postérieur du corps du Cirripède et aussi de sa rotation autour de son 
muscle adducteur, c'est assurément l'extension de ses plaques en arrière de 
l'umbo, dont l'apex, ainsi, se sépare. Cette extension se traduit, en ce qui 
concerne la topographie des plaques, par la création de secteurs nouveaux que 
nous appelons secteurs complémentaires et, dans les types les plus évolués, 
par la réduction, l’atrophie des secteurs principaux. Ainsi, dans les espèces de 
la section Euscalpellum, le scutum s'étend au delà de son umbo, en un secteur 
complémentaire 3° ; le médian, de mème, développe des secteurs complémen- 
Ines, duicoté deniers ndacôtédentiete Pl TDISetIVIE 

Mais l'évolution se poursuivant, le seutum d'Oxynaspis. en mème temps 
qu'il s'étend en arrière de son umbo, réduit sensiblement sa région pro- 
umbonale (PI. VII, fig. 5,7, 8) et celui de Prololepas ne nous montre plus 
qu'un rudiment de secteur 1, avec un secteur 2 peu important. Dans Lepas 
enfin, le secteur 1 du scutum, complètement déchu,se ramène à une simple 
dent umbonale, et le secteur 2, à un bourrelet surmonté, comme dans 
Protolepas, par un secteur 3 bien développé, mais qui, en l'absence de supra- 
médian, fait directement face à la carène. Un secteur complémentaire 3” s'y 
oppose au secteur 1: du tergum, et un autre secteur complémentaire 3, 
terminé en pointe à l'arrière, répond à l'angle antérieur basal d’un secteur 1” 
du tergum. * 


= T6. 2 


Le tergum est la plaque qui a le mieux conservé son intégrité, sinon sa 
place au cours de l'évolution. Cependant, chez Lepas, la disparition du 
médian (m°) lui a fait perdre son secteur 2 ; et comme son umbo n'a pas suivi, 
dans la rotation, la marche même du corps du Cirripède, il a développé, au 
delà du secteur 1, un secteur 1” dont la base se place sur le prolongement 
du bord occluseur des scuta. Cette disposition s'était déjà manifestée, d’ailleurs. 
dans Scalpellum Molinianum Seguenza du Burdigalien supérieur. 

Le groupement ci-contre 
des figures 12 et 13 qui re- 
présentent, la première, un 
capitule restauré de Scalpel- 
lum Molinianum et, la seconde, 
un capitule de Lepas actuel, 
mettent en évidence les rap- 
ports des deux genres. Les 
parties hachées de la fig. 12 
sont les seules conservées 
dans Lepas (1). 

Les Cirripèdes primitifs, 
comme Turrilepas wrightana, 


dont chaque demi-anneau 
portait cinq valves, possé- Fig. 12 13 

däient du côté dorsal deux 

petites carènes juxtaposées, comme on le voit aussi dans Turrilepas Peach 
(PL V, fig. 8). Mais, dès le Dévonien, nous avons vu que chez Sfrobilepis 
(PI. V, fig. 5, 6), les deux petites carènes s'étaient soudées et ne formaient 
plus qu'une pièce unique. Le même fait se produisit, à un moment donné, 
pour les plaques rostrales, ce qui réduisit à huit le nombre des éléments de 
l'anneau. 

Chez certains Pédonculés, des traces de cette origine binaire ont persisté, 
comme dans la partie pro-umbonale de la carène des Lepas, fig. 16 du 
texte (2), qui est fendue jusque près de l’umbo, comme aussi dans un Scalpellum 
helvétien que nous avons récemment découvert {S. Avemonense), dont la 


. (1) Fig. 12 Scalpellum Molinianum Seguenza in Ricerche paleontologiche intorno ai cirripedi 
tergiarij della Provincia di Messina, Napoli 1876. Nous avons pu compléter la restauration de ce 
fossile que Seguenza n'avait effectuée que partiellement.— Fig. 13, Lepas anatifera, L. actuel. 
(2) Fig. 14, 15, 16, p. 17.— Vues dorsales comparées des carènes de Scalpellum fossula, Sc. 
Molinianum et Lepas anatifera. 


carène est profondément creusée dans toute sa partie pro-umbonale et se 
divise en deux lobes à son extrémité, fig. 17 à 21 du texte (1). On conçoit, 


d’ailleurs, que, d'une manière 
générale, la structure de la 
carène doit révéler son ori- 
gine. Darwin y notait l'exis- 
tence d’une partie dorsale, 
teclum, flanquée de deux ré- 
gions latérales, partelés, pro- 
longées parfois par des 
intraparteles. Pour nous, le 
tectum répond aux deux sec- 


teurs 1 soudés des deux pla- 

ques composantes, les parois sont leurs secteurs 2, les entre-parois, leurs 
secteurs 3, auxquels s'ajoutent des secteurs complémentaires 3”, quand 
.Ja carène se prolonge au delà de son umbo. (Fig. 14, 15, 16 du texte et 
fe toi de la PI VI.) 

L'évolution de la carène des Pédoncules a une importance tout à fait spéciale, 
en ce qu'elle est plus particulièrement sous la dépendance de la rotation. Tant 
que celle-ci est nulle ou à peu près, les bases des trois secteurs restent très 
rapprochées de l'extrémité antérieure de la plaque, mais elles s'en écartent 
rapidement lorque la rotation se manifeste. Alors l’on voit nettement s'établir 
la correspondance des trois secteurs avec les plaques voisines : la base de 
chacun des secteurs 3 répond aux terga de chaque côté du capitule, la base 
de chacun des secteurs 2 aux médians, celle des secteurs 1 aux caréno- 
latéraux (2). Ce fait est mis en évidence dans la planche VI (fig. 6 à 12), où l'on 
voit la réduchion progressive de la partie pro-umbonale de cet organe, quand 
on s'élève de Pollcipes à Lepas, en mème temps que l'énclinaison de plus en 
plus considérable de la région post-umbonale sur la région pro-umbonale. 


(1) Fig. 17 à 21. Scalpellum Avenionense, A. et L. Joleaud, Soc. de Biologie 1914, t. LxXxvI, 
p. 885 ; — fig. 17, vue latérale de l'extrémité apico-umbonale de la carène ; — fig. 18, extré- 
mité antérieure de la pièce, face dorsale montrant le sillon et la fourche terminale ; — 
fig. 19, 20, 21, coupes de la même, vers l'umbo (10), vers la partie moyenne (20), vers 
l'extrémité antérieure (21). 

(2) V. Scalpellum fossula (PI. VI, fig. 7) et aussi S. quadratum Dixon, S. maximum Sow. var. 
typicum et cylindraceum Darwin 1» a Monograpb of the fossil Lepadidæ of great Britain. — Y com- 
parer les carènes de S. Rathbunæ Pilsbry, S. porloricanum var. intonsum Pilsbry tn the Barnacles 
in the U. S. Museum, p. 41 et 35. 


— 


Les figures 17 à 19 de la planche VI, avec celles de la planche VIII, per- 
mettent de se rendre compte de la structure des plaques autres que celles dont 
nous venons de parler, qui sont de formes variées dans les divers {ypes du 
genre Scalpellum notamment. Comparées à une plaque développée dans tous les 
sens, telle que la supramédiane de Scalpellum magnum, elles révèlent une 
origine identique, mais avec des réductions plus ou moins importantes dans le 
développement de certains secteurs. 

Ajoutons que le parasitisme. les conditions de l'habitat et d’autres causes, 
sans doute indépendantes de l'évolution, déterminent, dans le développement 
des plaques de certains Pédonculés, des arrêts de croissance les laissant 
imparfaitement calcifiées. Ces formes a/élées se montrent particulièrement dans 
le genre Scalpellum et doivent se fondre naturellement dans la classification, 
avec les espèces de même type à plaques complètement calcifiées. (Exemple : 
Subeuscalpellum dicheloplax, pl. VITE, fig. 1x) 


Des plaques ainsi réduites se montrent également dans le genre Oxynaspis 
auquel se rattachent les sous-genres Conchoderma, Düichelaspis, Alepas. Les 
fig. ci-dessus montrent une série décroissante de Scuta à muscle umbonal, 
appartenant à des espèces de ces genres (fig. 23, 24, Conchoderma nirgata ; 
fig. 22, C. virgata vat. Olfersu ; fig. 25, C. aurita; fig. 26, Dichelaspis cor ; 
fig. 27, Alepas minula.) 


IV. — DIVISION DE L'ANNEAU DES CIRRIPÈDES 
EN DEUX VERTICILLES 


Le mouvement de retrait du corps du Cirripède vers ses plaques les plus 
postérieures, a mis en évidence la disposition relative des divers ÉÉmENE de 
l'anneau, par rapport à l'axe longitudinal de la gaîne. 


Dans les figures 3 et 4 du texte, reproduites d’Aurivillius, représentant 
suivant lui, des pédoncules de Scalpellum, et suivant nous, des Turrilepas, on 
voit clairement que les cinq pièces d’un demi-anneau sont disposées sur deux 
rangs ou deux verticilles, un verticille supérieur, comprenant deux plaques, 
un verticille inférieur formé de trois plaques (une médiane, deux latérales). 

Si nous examinons, d'autre part, les fig. 14, 15 et 16 de la planche VII, qui 
représentent un Scillælepas gemma, vu par ses faces latérale, postérieure et 
antérieure, il est facile de constater dans son capitule : 


1° Que les scuta et les terga sont enveloppés par le rostre, la carène et le 
médian ; 


2° Que les plaques rostro-latérales et les caréno-latérales sont disposées 
extérieurement au rostre, à la carène et au médian ; 


3° Que la sous-carène est en dehors du tout. 

Les plaques, dans ce capitule, se répartissent donc entre quatre verticilles 
distincts : 

a) Un r‘verticille (le plus postérieur), composé de deux scuta et deux terga. 

b) Un 2° verticille, composé d'une carène, deux plaques médianes et un 
rostre. 

c) Un 3° verticille, composé de deux plaques rostro-latérales et deux 
caréno-latérales. 

d) Un 4° verticille, représenté uniquement par la sous-carène. 

Le 1‘'"et le 2° verticilles correspondent évidemment à un anneau de Turri- 
lepas, dans lequel les deux pièces rostrales et les deux pièces carénales ont été 
soudées, comme les dernières le sont dans S/robileprs. 

La mème disposition pouvant être reconnue facilement dans nombre de 
Pédonculés, nous sommes fondé à admettre que les Cirripèdes actuels de ce 
groupe répondent, par la disposition de leurs plaques, à la formule générale 


suivante : 
| Premier verhcille. — 2 terga + 2 scuta ; 
l'anneau : + : 
- Deuxième verlicille. — 1 carène + 2 plaques supralatérales + 


Anneau postérieur 7 ; A 
} 1 rostre (alternant avec les pièces du premier verticille) ; 


Troisième verticille.— 2 plaques carénolatérales + 2 rostrolatérales 
(opposées aux pièces du premier verticille et alternant avec 
celles du deuxième) ; 

Quatrième verticille. — 1 sous-carène + 2 plaques infralatérales + 
1 sous-rostre (plaques opposées à cellesdu deuxième verticille 


2° anneau 


et alternant avec celles du troisième); 


Et ainsi de suite. 


En raison de cette continuité, l'on peut se borner, pour la désignation d’une 
plaque de Cirripède, à indiquer la SÉRIE (rostrale, scutale, médiane, tergale, ou 
carénale) dont elle dépend avec le numéro du vERTICILLE auquel elle appar- 
tient. Ainsi, la plaque caréno-latérale s'appellera Tergum 3 ou plus simple- 
ment T°, l'inframedian-latus sera M*, la Subsubcarena deviendra C°. L'on dési- 
gnera facilement ainsi des pièces innominées jusqu'à présent, malgré la 
complication de la nomenclature en usage et l’on pourra résumer simplement 
en une formule précise et complète la compbsition du revêtement capitulaire 
d'un Cirripède pédonculé quelconque. 


V. — DE LA POSITION DU MUSCLE ADDUCTEUR DES 
SCUTA DANS LES CIRRIPÈDES PÉDONCULES. — LE 
GENRE OXYNASPIS. 


Parmi les caractères fondamentaux qu'une classification rationnelle des 
Pédonculés doit utiliser, il en est un qui dérive directement de l'évolution de 
la position du corps du Cirripède et que l'on a constamment négligé. C'est 
la position du point d'insertion du muscle adducteur des scuta. 

Pour justifier l'importance que nous attribuons à ce caractère, qu'il suffise 
de rappeler que le muscle adducteur est l'axe de suspension du Cirripède, 
que les scuta auxquels il est assujetti en sont les plaques principales, les der- 
nières à disparaître, et qu'aucune autre plaque, d’ailleurs, ne porte de muscle 
chez les Pédonculés. 

Nous ajouterons que, dans les scuta fossiles, l'impression du muscle adduc- 
teur est souvent large et profonde, et que lorsqu'elle n'est pas manifeste, son 
emplacement peut toujours être facilement déduit. 

En examinant des scuta choisis dans les différents genres, on reconnaît 
ainsi que le muscle adducteur peut être inséré en avant de l'umbo, à la hauteur 
même de l’umbo ou en arrière de l’umbo (Voyez m. PI. VI, fig. 1, 2, 3,5). 

D'où la division naturelle suivante du sous-ordre des Pédonculés aspidés : 


1° Espèces à muscle post-umbonal : Prololepas, Lepas, Poect- 
lasma, etc. 


2° Espèces à muscle umbonal: Oxynaspis, Megalasma, Concho- 
derma, Alepas ; 


3° Espèces à muscle pro-umbonal : Pollicipes, Scalpellum, Litho- 
trya, Ibla, Mitella, Sallælepas. 

C'est là la confirmation la plus complète de notre conception du mouvement 
évolutif du corps du Cirripède dans le sens antéro-posterieur. Allongé sans doute 
primitivement dans toute sa gaîne, il s’est peu à peu retiré en arrière, s’est 
fixé d’abord solidement en avant de l’umbo de son dernier seutum, puis à la 
hauteur même de cet umbo, enfin bien en arrière, entre deux fractions de 
plaques presqu'entièrement adventives ! 

Le genre Oxynaspis créé par Darwin pour O celata (PI. VII, fig. s), petite 
espèce de l'île de Madère, recueillie sur des Anthipathes, ne s'est accru, 
depuis, à notre connaissance, que de deux autres espèces vivantes. Il répond 
à la formule suivante : 


Anneau unique incomplet = 2 St L2TI_L:C?— 5; plaques. 


Nous reproduirons ici, de la description qu'en donne l'illustre savant anglais, 
cette seule particularité fondamentale. Dans le scutum, dit-il, « {he surface of 
« the valve 1s convex near the umbo ; and beneath there 1s à large deep hollow for 
« {he adductor muscle. » Il semble bien que l’on n'avait attaché à cela aucune 
signification particulière, etbien entendu, nulle espèce fossile n'avait été rappro- 
chée de ce Cirripède remarquable entre tous. Au point de vue de l’évolution, 
nous estimons que c'est cependant là une forme de première importance par le 
lien qu’elle établit entre les types que l'on groupait avec Pollicibes et ceux que 
l’on associait avec Lepas. Sans Oxynasbpis, Lepas serait inexpli- 
cable. 

Et Oxynaspis n’est pas une forme nouvelle. Le Crétacé supérieur qui a été 
une époque si favorable au développement des Cirripèdes en vit apparaître 
plusieurs espèces. 

Si nous étudions Scalpellum Besseli (PI. VIT, fig. 6, 7), Bosquet et Müller (1), 
du Sénonien du Limbourg, nous remarquons que les scuta, très convexes, ont 
l'umbo situé au sommet de la moitié inférieure de la hauteur «et, par suite, 
bien plus bas », disent les auteurs, «que dans toutes les espèces vivantes 
connues ». L'empreinte du muscle adducteur, assez profonde, est exactement 
à la hauteur de l’umbo. La carène est courbée à 120 degrés. Une pièce, ou 
un fragment de pièce, dont l'ornementation concorde avec celle de la carène, 
a été à tort considérée comme un rostre. : 

La connaissance de la position du muscle adducteur et la forme de la carène 
identique à celle de l'espèce de Madère, nous permettent immédiatement de 


(1) Bosquet. Crripèdes découverts dans le Crétacé du Limbourg, Harlem, 1857. 


classer Scalp. Besseli dans Oxynaspis. Quant à la pièce indiquée comme rostre, 
elle pourrait être un fragment de carène.… 

Le scutum désigné par Bosquet sous le nom de Scalpellum radiatum 
(PI. VI, fig. 3 et PI. VIT, fig. 8), provient aussi manifestement d'un Oxynaspis. 
Par ieur ornementation extérieure, les deux espèces rappellent d’ailleurs 
singulièrement Oxynaspis celala Darwin. 

On doit donc les appeler : 

Oxynaspis Besseli Bosquet et Müller sb. ; Oxynaspis radiata Bosquet sp. 

Ainsi Oxynaspis, si important dans l'échelle phylogénique des Pédonculés, 
remonte à l’ère secondaire 

Ce genre de Cirripèdes est réfugié aujourd'hui à Madère, dans les Antilles 
et auprès de la Nouvelle-Guinée, c'est-à-dire vers les deux extrémités 
du grand géosynclinal transverse. 


VI.— LE GENRE ZORICULA. SA STRUCTURE, 
SON ÉVOLUTION 


(PL. V, FIG. 11 A 14; FIG. 28 DANS LE TEXTE) 


Darwin admettait l'existence de dix séries d’écailles calcaires dans la partie 
pédonculaire de Loricula pulcheila du Cénomanien, savoir : « six rangées laté- 
rales, très allongées transversalement », et « quatre rangées terminales étroites » 
(deux sur le bord carénal du pédoncule et deux sur le bord rostral). La figure 
de L. Darwini donnée par M. Henri Woodward dans la belle étude qu'il a 
publiée de ce cirripède, confirme cette manière de voir, car indépendamment 
des cinq rangées d'écailles qui recouvrent le côté gauche de la région 
pédonculaire, on y voit une deuxième série d'écailles subrostrales appartenant 
au côté droit, qui laissent supposer que les écailles subcarénales doivent 
exister aussi en double série. Les plaques postérieures prolongent d’ailleurs 
ces séries longitudinales. La figure 13, pl V, reproduction de celle de 
M. Woodward nous montre en effet : 1° un grand lateral supérieur triangulaire 
continuant la série médiane ; 2° le fergum au-dessus d’un grand careno-laleral 
surmontant lui-même l'une des larges séries latérales ; 3° une carène à peine 
courbée au-dessus de la série subcarénale visible ; 4° un sculum à umbo non 
apical en contact avec le latéral supérieur et terminant la troisième large série 
des écailles pédonculaires. Du dessous de ce sculum gauche émerge le bord 


du scutum droit. Il n'y a pas de rostre surmontant les séries subrostrales : 
cette pièce, très peu élevée sans doute, a dû se détacher du corps du fossile. 

En dehors de leur forme ovale et du développement considérable de leurs 
plaques postérieures L. pulchella et L. Darwin! concordent ainsi par leurs 
séries longitudinales avec Turrilepas wrighliana Woodward. 

Mais la disposition des anneaux demande ici à ètre étudiée, car l’on saisit à 
première vue que le nombre des plaques n'est pas le même dans toutes les 
séries. 

Pour établir aussi rigoureusement que possible la structure détaillée de 
L. pulchella, par exemple, fig. 28 ci-contre, partons de la série tergale qui bien 
développée par le fait de la rotation est évidemment 
complète. Numérotons les verticilles d’arrière en 
avant en comptant 1 le tergum ou T'{1}, 3 le T°et 
ainsi suite jusqu'à un anneau bien nettement distinct, 
celui formé des verticilles 15 et 16, par exemple, 
où t'est recouvert par m”. En remontant ensuite 
successivement en arrière la série médiane d'abord, 


puis la série scutale, nous voyons que la plaque en 


2 6 Q 
contact avec M° est m' et que celle en contact avec AU = dis 
S'ests’. La compression, le tassement exercés sur # % à À 
le côté scuto-médian par la rotation du côté tergal Fig. 28 


et par le grand accroissement de T’ont donc abouti 
à la suppression de m', de s'et de s’, soit que ces plaques se soient atrophiées 
au moment où elles auraient dû se développer, soit qu'elles se soient fondues 
l'une dans la base de M, les deux autres dans celles de S'. Que si nous 
envisageons ce qui a dû se passer dans les séries rostrale et carénale, tout fait 
croire que celle-ci a dû se développer normalement sauf que la plaque C° a pu 
rester totalement séparée de T' par T° ; tandis que la série rostrale a dû subir 
en avant de R*une réduction d'au moins deux plaques, comme la série 
scutale, sinon d'avantage. 

Dans L. Darwin Woodward, où la rotation est beaucoup plus marquée, 
il semble bien que la série scutale n'a pas de plaques s', s”, s’, ce qui a dû 
entraîner dans la série rostrale une contraction équivalente et par suite le 
contact direct de R° avec r". 

Ainsi, le mouvement de rotation qui nous a paru être l’une des caractéristiques 
de l’évolution dans Scalpellum, etc., s'est manifesté également ici, mais par un 


(1) Ce tergum manque dans la fig. 1 
de Darwin. 


, tab. V, de la monographie des Lépadidés fossiles 


procédé différent, par le développement vers l'arrière du côté dorsal et par la 
contraction du côté ventral. Cette double action dans Loricula Darwini, du 
Middle Chalk (Turonien), a été sensiblement plus accentuée que dans 
L. pulchella, du Lower Chalk (Cénomanien). 

Comme, d'autre part, la carène est peu développée dans ces deux espèces, 
il est remarquable que l'insuffisance de sa protection soit compensée par un 
grand accroissement du caréno-latéral T°, qui devient un véritable tergum 
subordonné au tergum proprement dit et qui justifie ainsi l'assimilation que 
nous avons faite des plaques d'une même série longitudinale. 

Une autre conséquence de l’évolution dans Loricula, c'est, comme dans 
Oxynaspis, etc, l'extension du scutum au-dessus de son umbo. Dans 
L. Darminr, cette extension paraît bien plus considérable que dans L. pulchella 
et elle est bien plus importante encore dans L. expansa Withers du Sénonien 
supérieur. 

L'importance relativement faible de la région capitulaire comparativement à 
la région pédonculaire dans Loricula, la probabilité de l'occupation d'une 
notable partie de cette dernière région par le corps proprement dit de l'animal, 
la rigidité des séries longitudinales d’écailles ou de plaques dans les deux régions 
sont autant de circonstances montrant qu'il n'y a réellement pas lieu de distin- 
guer un capitule et un pédoncule dans Loricula, comme on le fait généralement. 
Ce genre est resté franchement archaïque et a poursuivi son éolulion propre, 
jusqu'au Crétacé supérieur parallèlement aux véritables Pédonculés qui, depuis 
le Jurassique, s'acheminaient vers les formes actuelles. 


VII — LE GENRE M/7ELLA"\ 


(PL. V, FIG. 15-21) 


En adoptant le nom de Polhicipes au lieu de Myella, pour désigner les 
Pedonculés pourvus de 18 à 100 valves et plus, Darwin s'était départi, comme 
il le dit lui-même, des règles de la priorité. Pollicipes Leach ne date en effet, 
que de 1817 seulement, alors que Mitella Oken remonte à deux ans plus tôt. 
Pour Darwin, cette exception était justifiée par la préférence accordée au 
terme Pollicipes, en Europe et en Amérique. Cependant, peu après l'apparition 
de la Monographie des Cirripèdes peédoncules, Bosquet employait encore Mitella 


(1) Mitella, diminutif de Mitra. 


au lieu de Poliücipes et, dans ses publications actuelles Pilsbry s’en tient tou- 
jours à Mitella. 

Si l’on considère que Linné, dans la 10° édition du Syslema Naturæ, en 1758, 
désignait sous le nom de Lepas nutella l'espèce appelée plus tard Polhcpes 
milella et que, sous le nom de Lepas pollicipes, Gmelin, en 1789, désignait 
le Pollicipes cornucopia (PI. VIT, fig. 2-4), que, d'autre part, Mitella se dis- 
tingue de toutes les espèces auxquelles on l’a associée par des caractères d'une 
très grande importance, tels que l’articulation de son scutum avec son lergum, 
on peut, à côté du gerire Pollicipes, maintenu pour toutes les formes dont 
P. cornucopia est le type, admettre un genre Mitella pour P. nutella type, qui 
deviendra ainsi Milella mitella. Sa massivité, l'ornementation très accentuée de 
ses plaques, le développement considérable de celles du 1° anneau dans lequel 
le rostre, le médian et la carène sont presque d'égale hauteur, la contraction 
qui rassemble les autres anneaux du capituie à la base du premier, comme 
les particularités du recouvrement latéral de ces éléments, en font vraiment 
une forme bien particulière. L'irrégularité de la distribution des petites 
plaques dont il s’agit n'est d’ailleurs qu'apparente : je vais essayer de mettre 
en évidence leurs rapports de position qui dérivent de ceux régissant la 
structure de Loricula. 

Dans la planche VII de sa Monographie, Darwin a donné trois figures 
relatives à P. Mitella : : 

Fig. 3, une vue extérieure de l'ensemble du côté droit : 

Fig. 3 a’, une vue intérieure du scutum et du tergum montrant le ph articulaire, 
(reproduite dans notre PI. V, fig. 17 et 18); 

Fig. 3 b’, une vue intérieure des autres valves (côté gauche), où l'on peut 
étudier les positions relatives des éléments du lower whorl (vue reproduite 
partiellement dans notre figure 15, pl. V). 

Ce que Darwin entend par le mot whorl, il nous le dit à la page 4 de son be] 
ouvrage : c'est l'équivalent du terme verlicillus employé par les botanistes. Et, 
dans sa description détaillée de Pollicipes nutella, il commence ainsi : Capitulum… 
with a single lower whorl of smaller valves (p. 317). Ainsi toutes les petites 
valves de la fig. 3 b’, qui avec celles de l'autre côté s'élèvent au nombre 
de 22, constituent pour Darwin un seul et même verticille (1). 


(1) Darwin remarque bien (p. 320) que, vues extérieurement, ces petites valves paraissaient 
appartenir à plus d'un verticille, mais l'idée d’un verticille unique lui paraît confirmée par le 
fait que, intérieurement, les bases de ces valves se trouvent à un même niveau. « These, seen 
« externally, seem to belong to more than one whorl, but internally their basal margins 
« stand on one level ». . . . . . 


SEE 


Or, l'examen attentif de la figure 3 b’ montre que ces 22 plaques ne forment 
pas un cycle unique, qu'elles sont disposées sur plusieurs rangs placés les uns 
derrière les autres et qu'elles appartiennent ainsi réellement à plusieurs verticilles 
distincts quoique très rapprochés les uns des autres. L'on verra, d’ailleurs, 
que chacun de ces verticilles est composé de quatre plaques comme chacun des 
verticiiles 1 et 2 qui forment l'anneau postérieur du cirripède. 

En employant les symboles que j'ai proposés, on pourra représenter ce 
premier anneau postérieur par la formule suivante : 


R+ 28 + 2M 27 FC =6'phquESs 


Pour la résolution des verticilles 3 et au-dessus, on nommera les différentes 
plaques des figures 3 et 3 b’ de Darwin en suivant la marche ci-après. D'abord, 
les deux petites plaques inférieures externes sont r” qui se place au-dessous de 
R? et c'sous C?. Puis voici trois plaques à section presque hexagonale plus 
élevées et bien plus grandes que celles qui restent et plus intérieures aussi, 
puisque trois de leurs faces sont visibles en dedans et une seule en dehors. Ces 
trois plaquettes plus grandes ne peuvent correspondre qu'aux trois séries 
longitudinales de grandes plaques de Turrilepas wrighliana et de Loricula ; ce 
sont donc, en allant du côté rostral vers le côté carénal, s', m' et t', qui, 
avec r' et c', forment les deux verticilles 3 e! 4 constituant le deuxième anneau 
du cirripède. 

Des six plaques qui restent ainsi, deux, l’une à droite de s', l'autre à la 
gauche de t', ont une section rhomboïdale et sont plus extérieures que les 
précédentes dont elles recouvrent l'un des côtés : elles appartiennent, par suite, 
au verticille suivant et, par leur position, ne peuvent être que s° et t. 
Entre m‘ et t’ une plaque à section trapézoïdale, avec large côté externe, plus 
en dehors que les précédentes, dépend du verticille 6 : elle représente m°. 
Mais il n'y a plus de plaques capitulaires dans les séries rostrale et carénale ; 
le troisième anneau ne.compte ainsi que six éléments. Ne peuvent rentrer que 
dans la série S, d’une part, et dans la série T, de l’autre, les deux petites plaques 
situées, l’une à côté de r', l’autre à côté de c'; ce sont donc s’et t’. Une très 
petite pièce triangulaire tout à fait externe, placée en arrière et du côté rostral 
de m‘, répond à m°et complète à 6 plaques capitulaires le quatrième anneau 
comme le troisième. Une autre petite plaque triangulaire et tout à fait externe 
aussi, formant coin entre t'et t’, pourrait être t'et représenterait seule la 
portion capitulaire du cinquième anneau, mais t” comme nous allons le voir a sa 
place symétricalement placée de l'autre côté de t': elle ne s'est donc pas 
développée ici où notre dernière plaquette est ainsi t'!. 


Nous avons vérifié cette conception de la structure du capitule de Mrlellu 
mulella sur d’autres figures que celles de Darwin, ainsi que sur des spécimens 
bien conservés. Nous publions ainsi, pl. V, deux vues, l’une du côté droit 
(fig. 19), l’autre du côté gauche (fig. 20), d'un très bel échantillon que nous 
a communiqué notre ami, M. le Commandant Caziot, conservateur du Muséum 
d'Histoire Naturelle de Nice. Le diagramme (fig. 21), que nous avons établi 
d'après ces vues, représente la disposition des plaques dans ce Cirripède. Nous 
reproduisons en même temps une très intéressante figure agrandie de Chenu 
(Capilulum= Mitella) (1), sur laquelle nous avons désigné toutes les plaques 
capitulaires par les symboles précédemment indiqués. 

Comme on peut s'en rendre compte, il ya concordance entière entre tous 
les spécimens envisagés jusqu'au sixième verticille inclus, c'est-à-dire que les 
trois derniers anneaux qui sont les plus importants sont constitués d'une 
manière identique. À partir du septième verticille, il y a quelques différences. 
Ainsi, dans l'échantillon de Nice, les plaquettes S’ font défaut, tandis qu'elles 
sont présentes dans les fig. de Darwin et de Chenu ; m° n'existe que sur le côté 
droit dans la Mitella de Nice et manque sur le côté gauche et il en est de mème 
dans le type de Darwin où cette valve se voit dans sa fig. 3 (côté droit) alors 
qu'elle n'est pas représentée dans son lower whorl (côté gauche). Une petite 
valve se révèle comme t’, extérieurement, entre t' et t”, uniquement sur le côté 
gauche de l'échantillon de Nice et finalementt'"' existe dans nos trois échan- 
tillons. 

Ainsi, dans les verticilles les plus inférieurs du capitule d'une Milella, l'allure 
de la calcification est quelque peu irrégulière, tout en restant toujours plus 
accentuée du côté carénal et une symétrie rigoureuse, par suite, doit s'y 
rencontrer rarement. 

En supposant l'existence de cette symétrie, la constitution d'un spécimen 
type répondrait à la disposition suivante : 


2t° + o — 2 plaques 


SHanreau/ (Vert oetro)onmo 0 
plaques 


anneau (Vert. nbENO CAO LE 0 


ianneau. (Vert. mel2) Rn2 9 20M MT C8: plaques 
2° anneau. (Vert.3 et 4} r° +252 m-E2 tt c—=8)plaques 
1anneaue(Nere Net OM out: 2 Rainer ON OI plaques 
4° anneau. (Vert. 7 et 8) o +2s 2m + 2t Fo —6 plaques 
— 
cs 


S) 

GS 

+ 
© 
Î 
D 


Total... 32 plaques 


1} CHENU, Leçons élémentaires sir l'Histoire Naturelle des Animaux, fig. 1225. 
» S 5 


— DY— 


Le diagramme de notre figure 29 ci-contre traduit 
graphiquement cette formule ; il montre de plus, la 
contraction de la base du capitule, qui détermine le 
plissement des séries longitudinales S, M, T.; mais, 
en réalité, cette contraction est beaucoup plus accen- 
tuée, puisqu'elle ramène presqu'au même niveau la 
base de toutes les plaques des verticilles 3 et au-dessus. 


Fig. 29 


VII — LE GENRE POLLICIPES 
(PL. VII, FIG. 1-4) 


AFFINITÉS DE POLLICIPES AVEC ARCHÆOLEPAS 
(PL. V, FIG. 10) 


ET DE -MITELLA ANEC CORICOIA 


La disposition générale des plaques capitulaires est la mème chez Pollicipes que 
chez Mitella. Elles sont, toutefois plus nombreuses dans le premier de ces genres 
que dans le second et leurs bases y sont à des niveaux différents; dans leur 
ensemble, elles tendent d’ailleurs à être juxtaposées, plutôt que superposées, et 
les plus antérieures présentent cette particularité de se montrer souvent divisées. 

Les divisions dont il s’agit, abstraction faite des cas d’asymétrie, plus variés 
que dans Müitella, abstraction faite aussi de l'inégalité de développement qui se 
manifeste avec d'autant plus de fréquence et d'intensité que le nombre des 
plaquettes est plus grand, ces divisions, dis-je, se présentent généralement ici 
de la manière suivante : 

a) Les plaques des séries rostrale et carénale se partagent en deux moitiés 
correspondant aux deux plaques primitives ; 

b) Celles des autres séries se décomposent le plus souvent en leurs 
secteurs principaux, c’est-à-dire en trois pièces chacune. 

Il résulte de telles disjonctions qu'un anneau inférieur pourra être représenté 
par 22 pièces ne correspondant néanmoins qu’à 8 plaques normales. : 

Au fond, c'est donc une erreur de compter, ainsi qu'on l'a fait jusqu'à 
présent, autant de plaques qu'il y a d'éléments séparés dans le revètement d'un 
capitule de Pollicipes. 

Je donne ici les formules de trois spécimens de P. cornucopia à divers 


degrés de développement : 


1. — FORMULE CAPITULAIRE d'un très jeune PoLLicipes de 2 m/m « de 
hauteur totale et pourvu seulement encore de 46 plaques capitulaires (du 
laboratoire de zoologie de M. le professeur Vayssière, à Marseille). 


LÉbanneau RE Sr 2 ME 2 TC =8 plaques ) 
RATE NE 2 Se 2 2 te UC) 10 p 


Du côté droit se montre un rudiment de t’. 


[ee] 


6 ple s 
Brest 16 plaques 


2. — FORMULE CAPITULAIRE d'un P@LLticires de 814 plaques en 48 pièces 


(du laboratoire de zoologie de M. le professeur Vayssière, à Marseille). 


ranneau— R°=+E2S" +2M E2T +C'=8 plaques | 2 
| 2 
26kanneau— 1 280 2m Hat CH ce —=8;:plaques ‘a. 
= Le 5 6 5 c' = o + 
3Manneau— 0-25. 2m hit += 7 plaques | 
T 
“ +: s’ m° ’ ss ô 
7 anneau— Oo +2 = SV RUE +o —6pl.enr4pièces 2. 
DEN) NE) & 
1% = — 
s° anneau = o + 0 0 +2-——+0 —2pl. en 6 pièces | 
1102 Î ce 
3. — FORMULE CAPITULAIRE d'un PoLLicipes de 39 piaques en 63 pièces 
(de notre collection). 
1‘' et 2° anneaux — comme ci-dessus. . . . . . = 16 plaques. AE 
mn “ : ( © 9 
2 ae 25 F2. dar 2e ar" 0pl-cnOpiéces | Le 
r,r ee G. 
ie s’ m° ë S 
4° anneau = — +2 F2 Hit +——8 pl.en 18 pièces | 
Ne 19243 Se C,C | 
9 { c'! , ch 
s° anneau = © +2 0 2 +=; plenizpièces| > 
523 1,2,3 O,C _S 
[er 
te ee 
6° anneau = 0 +o ON 2 + o —=2 pl. en 6pièces |:S 
oE er 
LÀ 


La comparaison de ces trois formules capitulaires (1), qui concernent des 
individus appartenant à la même espèce, mais d'âge différent, est particulière- 
ment instructive pour l'étude du développement du capitule dans le genre 
Pollicibes. 


(1) Dans ces formules, les chiffres placés en dénominateurs indiquent que la plaque se 
présente en secteurs séparés; — les lettres r, r et c, c, indiquent que la plaque rostrale ou 
carénale est représentée par ses composantes primitives. 


Dans le plus jeune exemplaire, toutes les plaques sont entières. Dans le 
second, qui ne compte que 37 plaques vraies, le nombre total des pièces isolées 
est de 43. Pour une augmentation de & plaques vraies, il y a dans le troisième 
exemplaire un accroissement de 20 pièces. Ainsi, comme première conclusion, 
on constate qu'à un faible accroissement du nombre des plaques vraies 
correspond une augmentation considérable du nombre des pièces : en d’autres 
termes, la sécrétion calcaire suffisante pour former des éléments de plaques 
deviendrait, à un moment donné, insuffisante pour former des plaques entières. 
Des séries, à partir d’un certain verticille, restent incalcifiées ; celle du rostre 
d'abord, ensuite celle de la carène, puis celle du médian, enfin celle du scutum ; 
les plaques capitulaires les plus antérieures appartiennent à la série tergale. Il 
semble, en somme, qu'avec l’âge, les écailles pédonculaires les plus voisines 
du capitule s'accroissent, se calcifient fortement et deviennent des pièces 
capitulaires, l'accroissement de la calcification dans ces pièces se continuant 
d’arrière en avant en se propageant d’abord dans la série T qui est particulière- 
ment affectée par la rotation du cirripède autour de son muscle adducteur. 

Nos Pollicibes actuels sont, en eflet, des formes déjà évoluées, beaucoup 
plus que Mitella, par exemple, où les plaques des verticilles, à partir du 3°, sont 
presque à la même hauteur, où M° est resté sensiblement isocèle où R° est très 
grand où les mouvements relatifs des plaques sont peu marqués. Dans Pollicipes, 
au contraire, R° est petit; l’apex de M° s’est infléchi vers S'; en s'insinuant 
entre cette pièce et T', M° a reculé, les plaques des verticilles 3 et 4 se sont 
également portées en arrière ; le mouvement antéro-postérieur et la rotation 
ont manifestement affecté la disposition sériale des éléments de l'exosquelette. 

Si nos espèces connues de Loricula dérivent directement, comme il est 
probable, d'une formé de Turrilepas voisine de T. wrigthiana, Miltella doit, à 
son tour, dériver de Loricula, mais d'une Loricula non encore affectée par la 
rotation, où les divers verticilles étaient sensiblement perpendiculaires sur l'axe 
du Cirripède, où le scutum conservait son umbo à l'apex, mais où la série 
médiane apparaissait avec son complet développement et se terminait par un M*en 
triangle subisocèle plus ou moins allongé. Vers la même époque, sans doute, 
en ces temps anthracolithiques et triasiques si nébuleux pour nous, au point 
de vue de l’évolution des Cirripèdes, un autre Turrilepas, à série médiane peu 
développée ou nulle dans sa région postérieure, peut-être quelque Plumulles, 
donnait naissance à une autre forme loriculoïde, qui se syncrétisait plus tard en 
un Archæolepas, dont la région capitulaire n'était point pénétrée par la série 
médiane. Si le mouvement antéro-postérieur du corps du Cirripède provoquait 
dans ce nouveau genre un grand développement des plaques postérieures, 
analogue à celui que l’on observe dans nos Pollicipes, on voit que la rotation y 


restait nulle encore ou à peu près. En commençant à se manifester, ce phéno- 
mène eut pour eflet de disjoindre la base du scutum d'avec celle du tergum. Le 
vide ainsi créé permettait le prolongement en arrière de la série médiane, 
M° s'insérait entre S'et T', et le genre Pollicipes apparaissait. 


IX. — CARACTÈRES FONDAMENTAUX 
DU GENRE SCALPELLUM (1. Vin 
POLLICIPES (CALANTICA) VILLOSUS (P1. VI, rc. 1) 
LE GENRE SC/LLÆLEPAS (P1. VI, nc. 0-17) 


Bien que les découvertes récentes aient considérablement étendu la nomen- 
clature des Cirripèdes pédonculés, la classification est restée ce qu'elle était 
jadis : les formes qui comptent de douze à quinze plaques dans leur capitule 
sont des Scalpellum, celles qui en comptent de dix-huit à cent et plus sont des 
Pollicipes. Cette distinction a bien été un peu perturbée par la découverte 
d'une forme à allure intermédiaire qui posséderait dix-neuf plaques capitulaires 
si ses deux côtés étaient symétriques, mais la difficulté a été tournée par son 
attribution, très juste, d’ailleurs, au genre Scalpellum, avec l’épithète quelque 
peu corrective de pollicrpedoïdes. 

Pour les paléontologistes qui n'ont à leur disposition, le plus souvent, que 
quelques pièces isolées, Darwin avait essayé de distinguer les deux genres par 
la forme de la carène. Il plaçait dans Scalpellum les espèces à carène s’élar- 
gissant très peu du sommet vers la base et dont les parois fortement infléchies 
sont généralement séparées du toit par des côtes distinctes, tandis qu'il rangeait 
dans Pollicipes celles dont les carènes s'élargissent considérablement du sommet 
à la base et dont les parois ne sont pas distinctement séparées du tectum. 

Les attributions génériques en usage ont été faites à peu près uniquement 
sur les données ci-dessus qui, ne tenant compte que de manifestations secon- 
daires de l’évolution, ont conduit à classer dans le genre Pollicipes des formes 
qui, à l'évidence, sont des Scalpellum, et d'autre part, aussi, à introduire dans le 
genre Scalpellum des espèces qui ne sont ni des Scalpellum, ni des Pollicipes. 

Comment convient-il donc de définir Scalpellum ? 

Nous avons caractérisé les PROTOCIRRIPÈDES par l'absence de pédoncule 
vrai et par la continuilé des séries longitudinales (rectilignes ou curvilignes) des 
plaques qui les revêtent. 


Nous avons montré que, dans les genres PéÉboncuLés Pollicibes et Mitella, 
les séries longitudinales de plaques s'acheminent du capitule dans le pédoncule 
suivant des lignes brisées avec continuité du champ dans lequel se meut chaque 
série. 

Dans Sculpellum une disposition toute particulière se présente : la série lergale 
est inlerrombue par l'intrusion, entre le lergum (T") el le caréno-latéral (T°), de la 
plaque supramédiane (M°), qui, par la base de son secteur 3, vienl en contact avec 
la carène (C*), généralement vers la mi-hauleur du capitule. 

C'est là un effet remarquable de la rotation qui, après avoir donné naissance 
à Pollicibes par l'admission de M* entre les bords de S'et de T', a continué 
son mouvement en disjoignant T'et T° et a permis ainsi à M*de prendre contact 
avec C*. Dans ce mouvement, la rotation de la plaque M* a souvent atteint 
45 degrés. 

Il est facile de reconnaître cet arrangement scalpellique dans toutes les espèces 
vivantes inscrites actuellement au genre Scalpellum, sauf dans celles désignées 
ci-après qui en sont ainsi éliminées et dont nous établirons les caractères 
phylogéniques : 

Scalpellum villosum Leach ; S. trispinosum Hoëek : S. eos Pilsbry; S. superbum 
Pilsbry ; S. gemma Aurivillius ; S. Grimaldi Aur ; S. falcalum Aur. ;S. calyculus 
Aur. 

Ces huit espèces ayant, les unes treize, les autres quatorze plaques, n'avaient 
pas paru trouver place ailleurs que dans Scalpellum. 

Darwin avait cependant reconnu que, sous bien des rapports, S. illosum 
ne peut être séparé du genre Pallicipes. Et, en fait, ses plaques M° et T* sont, 
l'une et l’autre, vis-à-vis des plaques principales voisines, dans la position carac- 
téristique que l’on peut observer dans P. cornucopia et ont une forme triangu- 
laire analogue à celle des plaques basilaires du capitule de cette espèce. 
En outre, et ce caractère est très important, le sculum el le lergum, comme 
dans Pollicibes, sont en simple contact latéral. Il ne peut donc y avoir de doute, 
S. villosum est un Pollcipes. En le rétablissant dans ce genre, où Leach, son 
auteur, l'avait placé, on pourrait, d’ailleurs, tenir compte de la forme spéciale 
que lui prête sa carène et du rapide arrêt de la calcification dans la base de 
son capitule pour faire revivre comme sous-genre le nom de Calanlica que lui 
avait donné Gray. On l’appellerait ainsi Polhcipes (Calantica) millosus Leach. 

Parmi les sept autres Pédonculés qui, avec P. rillosus, s'éliminent de 
Scalpellum, l'un a été fort mal figuré et plusieurs ne l'ont pas été du tout, qui ne 
sont dès lors qu'imparfaitement connus. Des descriptions qui en ont été 
données, on peut conclure cependant que ces dernières formes ont les plus 
grands rapports avec Scalbellum gemma. Celles qui ont été figurées sont, 


d’ailleurs, caractérisées par un scutum, un tergum et une carène très déve- 
loppés par rapport aux autres plaques. Celles-ci sont situées très bas et si 
rapprochées qu'elles ont paru groupées sur un mème plan verticillaire (lower 
whorl), quoique, en fait, la distinction des véritables verticilles de quatre 
plaques y soit facile à faire ; elles se montrent, enfin, plus ou moins obli- 
quement placées sur la base du capitule. Ces plaques inférieures peuvent, 
d’ailleurs, être assez grandes, comme dans S. gemma, S. superbum, etc., pour 
recouvrir la partie inférieure de S', T', C* ou bien, moins développées, rester 
isolées à la base du capitule comme dans S. os, S. frispinosum. 

Dans les deux groupes, le sculum recouvre le bord du tergum et ce recouvre- 
ment se complique même, dans S. gemma, par exemple, d'une véritable articu- 
lalion qui établit l'affinité de ces formes avec Mutella. 

Cette même disposition avait été entrevue par Seguenza dans des pièces d'un 
Pédonculé fossile du Pliocène de Sicile qu’il décrivait en 1870 sous le nom de 
Sillælepas carinala et où il pensait que « le scutum avait recouvert le bord du 
tergum comme il ne l'avait jamais vu dans Pollicipes », « sans pouvoir affirmer », 
ajoutait-il, « que les deux valves aient été articulées ensemble ». 

L'espèce de Seguenza est, d’ailleurs, sous tous les rapports, extrêmement 
voisine de $S. gemmaAur. et de S. superbum Pilsbry dont elle a tous les 
caractères fondamentaux. Ces deux dernières, comme leurs congénères, 
doivent donc prendre place dans le genre Scrllælepas créé par le paléontologiste 
italien. 


X.— EXAMEN CRITIQUE DE LA VALEUR DES PRINCIPAUX 
CARACTÈRES SUR LESQUELS A ÉTÉ FONDÉ LE GENRE 
SCILLÆLEPAS SEG.— OBSERVATIONS SUR QUELQUES 
ESPÈCES FOSSILES APPARTENANT A CE GENRE OÙ 
QUE L’ON À SUPPOSÉES Y APPARTENIR. 


Seguenza avait attribué à son genre Scillælepas (1872) des caractères spéciaux 
que l’on peut résumer comme il suit : 


Valves, 13; — Scuta de forme exactement triangulaire ; — pas de supra- 
latéraux, — mais deux rostrolaléraux, deux carénolatéraux et deux infralatéraux 
insérés avec le rostre et la carène à une même hauleur et formant ensemble un 
verticille unique. 


Mais la constitution du capitule de Scillælepas échappe-t-elle réellement 
ainsi à la règle générale ? Evidemment non. C'est une erreur manifeste de 
Seguenza d'avoir considéré comme formant un verticille unique des plaques 
qu'il a figurées lui-même dans des cycles différents (1); il n'y a pas plus de 
verticille inférieur unique ici que dans Mitella. Et c'est une autre erreur d’avoir 
pris des plaques appartenant à la série médiane de Scillælepas pour des 
infralatérales. Dans les figures qui en ont été données, on voit en effet les 
bords de ces plaques recouverts particulièrement par s'et t’ ; elles ne peuvent 
donc représenter que m°. Si elles correspondaient à m', elles seraient externes 
par rapport à s° et t’. 

Ce qui est vrai toutefois, c'est que le nom de latéral supérieur ne convient 
guère à la plaque m° d'un Scillælepas en raison de son insertion vers la base du 
capitule. Quand Darwin établissait (1851) la nomenclature des plaques des 
Pédonculés avec son Scalpellum fossula du Crétacé supérieur, il avait sous les 
yeux un véritable upper latus que l'évolution avait porté presque à mi-hauteur 
du capitule. Seguenza, cherchant plus tard (1876) dans la nomenclature darwi- 
nienne quelle désignation il convenait d'appliquer à la plaque médiane de 
Scillælepas carinata de l'Astien de Messine, jugeait, par la place très basse 
(très antérieure) qu'elle occupait, que ce ne pouvait être qu'un inframedto lalo, 
sans se rendre compte que cette plaque était morphologiquement équivalente 

‘ à l'upper latus de Scalp. fossula. Cette confusion fâcheuse a persisté dans les 
ouvrages les plus récents et n'a peut-être pas été sans influence sur le peu de 
faveur qu'a rencontré le genre Scillælepas dont les formes les plus légitimes 
ont été maintenues par leurs auteurs dans le genre Scalpellum. 

Tel que nous le concevons, le genre Scillælepas se reconnaîtra aux caractères 
suivants : 

Plaques à umbo apical, de forme presque triangulaire, souvent épaisses, formant 
3 verlicilles complets de 4 plaques chacun avec un quatrième verlicille représenté soit 
par c* seulement, soit par c'etr'. — S' el T' plus ou moins articulés entre eux. — 
Plaques m° insérées presque aussi antérieurement que s'elt, mais en dedans de 
celles-ci et pouvant, par leur sommet libre, se projeler à plus du 1,3 de la hauteur 
du capitule (S. gemma) ou n’en alleindre que le 1/7 seulement (S. trispmosum, 
S. Cazioti).— Carène à secleur 2 élroit, se terminant à la base même de la plaque. 

Un tel capitule répond à la formule suivante : 


1e anneau — R° + 2S'+ 2m° + 27° + C8 plaques. (Re laques 
2° anneau =(rt) + 25° + o +2t + c'= 5 ou 6 plaques. | ? LASPIEQUESE 


(1) V. SEGuENzA Ricerche paleontologiche intorno ai Cirripedi tergiarii della provincia di Messina. 
Parte Il, tav. I, fig. 6, 14, 27. — AURIVILLIUS. Studien über Cirripeden, Taf. 3, fig. 3, 4, 5. — 
Picssry. The Barnacles ofthe U. S. National Museum fig. 2 et 3. 


On a attribué au genre Scillælepas les espèces fossiles ci-après : 

Saullælepas carinala = Pollicibes carinatus Philipp, 183$, des calcaires, sables 
et mernes asliens de Sicile. 

Scill. ornala Seguenza, 1876, des mêmes formations. 


Scull. Paronæ de Alessandri, 1906, des sables miocènes des collines de Turin. 
Sall. Caziol A. et L. Joleaud, 1913, des marnes asliennes de Nice. 


Il convient d'y ajouter : 


Scill. Zancleana = Scalpellum Zancleanum Seguenza, 1876, des mêmes 
formations que S. carinata et S. ornala. Par la forme de ses plaques m° analo- 
gues à celles de S. ornata. S. Paronæ, S. Cazioli, comme par l’ensemble de 
ses caractères, ce beau fossile est un véritable Scillælepas, bien qu'il n'ait pas 
êté reconnu pour tel par Seguenza, son auteur. 

Ce paléontologiste avait émis, par contre, l'hypothèse que certaines espèces 
fossiles du Crétacé supérieur du Nord de l'Europe étaient peut-être des 
Scillælepas, savoir : 

Pollicipes dorsalus Steenstrup.— P. elegans Darwin. — P. rigidus Sowerby. 
— P. validus Steenstrup. — P. gracilis Rômer. 


Ces espèces étaient et sont encore imparfaitement connues. L'année 
dernière cependant, M. Brünnich Nielsen dans les Madelelser fra Dansk 
geologisk Forening a apporté une intéressante contribution à l'étude de 
plusieurs d’entre elles. # 

Il a ainsi décrit et figuré diverses petites plaques de P. dorsalus (1) dont la 
forme m'incline fort à croire que c’est bien là un Scitlælepas. Malheureusement 
m et c‘y restent encore inconnus. L'auteur a, d’ailleurs, tenté une restitution 
tout à fait inacceptable. 

M. Brünnich Nielsen a publié également certaines plaques nouvelles de 
P. elegans, parmi lesquelles m° se montre semblable, dit-il, au latéral supérieur 
de Brachylepas fallax figuré par Woodward dans les « Cirripèdes de Trim- 
mingham ». Ici le doute est levé : P. elegans n'est pas un Scillælepas. 

Pour les trois autres espèces, aucune contribution nouvelle n'est venue à 
ma connaissance qui permette de les introduire dans le genre Scillælepas dont 
elles s'éloignent par divers caractères. 


(1) Dans une note sur les Cirripèdes du terrain crétacé de la Crimée, N. KARAKASCH cite 
Pollicipes validus Steenstrup — P. dorsatus du même auteur, qu'il identifie à tort avec P. validus 
Darwin. 

P. aff. dorsatus Steenstrup a été signalé par PÉRON (ÆExplor. Scient. Tunisie, Il, p. 385) à 
Kalaat et Senam. 


XI.— CONSIDÉRATIONS SUR LA DISPERSION DES ESPÈCES 
APPARTENANT AU GENRE SC/LLÆLEPAS 


Des sept espèces vivantes connues du genre Scillælepas, deux {Scill. trispino- 
sum Hæœk et Scill. eos Pilsbry) habitent les eaux du Pacifique occidental, près 
du Japon et des Philippines, et les cinq autres (Scill. gemma, Scrll. Grimaldi, 
Scill. falcalum, Scuill. calyculus Auriv., Scull. superbum Pilsbry) la zone abyssale 
de l'Océan Atlantique. Les premières ont été draguées à des profondeurs 
variant entre 130 et 190 mètres (1), les secondes, entre 450 et 1.800 mètres. 

Les espèces abyssales d'un même groupe ayant, en général, une 
vaste dispersion et de grandes affinités s’expliquant par l'uniformité de la 
température du milieu qui, au-dessous de 6o0 mètres, oscille simplement 
entre + $ et o, on conçoit que nos espèces atlantiques soient unies par 
d'étroits rapports de structure et qu'elles diffèrent sensiblement des formes 
pacifiques. Celles-ci, caractérisées par la très faible hauteur de leurs plaques 
inférieures, qui ne recouvrent que très peu la base des plaques supérieures, 
peuvent être séparées comme formant dans le genre Scllælepas une section 
distincte de celle qui comprend les types atlantiques; mais cette division doit 
être considérée comme indépendante de la répartition géographique des 
espèces. 

Si, actuellement, en effet, chaque groupe a un habitat propre, il semble bien 
qu'il n’en ait pas toujours été ainsi. On peut remarquer, en effet, que des 
espèces fossiles vraiment typiques, Scill. carinala Phil., Scll. ornala Seg. et 
Scill. zancleana Seg., 
calcaires, sables et marnes de l’Astien de la province de Messine (Zancléen 
supérieur) alors que la première, par tous ses caractères, se rattache aux 


se trouvent ensemble, suivant Seguenza, dans les 


espèces atlantiques, tandis que les deux autres rappellent les formes du 
Pacifique. Les trois espèces vivaient peut-être, d’ailleurs, à des profondeurs 
intermédiaires entre celles qu'habitent nos espèces actuelles dans l'Atlantique, 
d'une part, et le Pacifique de l’autre. 

Quant à Scillælepas Cazioti A. et L. Joleaud, de l'Astien de Nice, il était 
évidemment placé dans des conditions bathymétriques correspondant à celles 
des Scillælepas du Pacifique : il se trouve associé, en effet, à Megerleia 


(1) Scill. superbum toutefois a été recueilli entre les îles Bahama et le cap Fear (Nord- 
Caroline) à 352 brasses de profondeur, la température du fond étant de 43°7 F. et un plus au 
sud par 440 brasses (805 mètres), la température du fond étant de 45°6 (7° 5/0 centigrades). 
D'après PirsBry, Barnacles in the U. S. Nat. Museum. 


truncala Gmel., Terebralulina capult serbentis Lam., Argiope decollata Chemnitz, 
espèces de la Zone des coraux de mer profonde, qui, suivant les auteurs, s'étend 
de 92 à 163 mètres (100 brasses) et plus. 

Sall. Paronæ de Alessandri, que l’on trouve dans les sables serpentineux 
miocènes des collines de Turin et de Baldissero, vivait vraisemblablement à la 
même profondeur, comme aussi Pollicibes dorsalus Steenstrup du Danien 
(calcaire à bryozoaires) de Faxo, qui est sans doute un Scillælepas. 

Je dois ajouter que Scill. carinata Phil., qui est connu, non seulement de 
l’Astien de Ja Sicile, mais aussi des sables de même âge du Monte-Mario et 
qui remonte, suivant Seguenza, jusque dans le Pléistocène Lyell, ressemble 
étonnamment à Scill. Grimaldi Aur. Celui-ci paraît ainsi fournir l'exemple 
d'une forme tertiaire conservée jusqu’à nos jours dans la région abyssale de 
l'Atlantique. 

S'il en est bien ainsi, le genre Scillælepas, après s'être montré au Crétacé 
supérieur dans le Nord de l'Europe, s’est répandu au Tertiaire dans le géosyn- 
clinal méditerranéen, aux deux extrémités duquel on le retrouve encore 
aujourd'hui, comme le genre Oxynaspis. 


XII. — CLASSIFICATION DU GENRE SCALPELLUM 


(PLANCHE VII) 


L'accroissement considérable du nombre des espèces attribuées au genre 
Scalpellum, à la suite des grandes explorations sous-marines de notre époque, a 
nécessité la recherche d'une classification rationnelle de ces animaux (1). 


Le premier essai important qui ait été fait dans ce sens fut publié par 
Hoek en 1883, dans son Rapport sur les Cirripèdes du ‘Challenger ”. Les 
divisions proposées dans ce travail, adoptées et développées par Gruvel, 
en 190$, dans sa Monographie des Cirripèdes, se présentent ainsi : 


(1) Je crois utile de rappeler ici: 1° que Darwin, qui ne connaissait que six espèces de 
Scalpellum vivants, admettait qu'ils pouvaient appartenir, en réalité, à plusieurs genres distincts ; 
2° que, pour les espèces fossiles, il avait établi la clef suivante : 

Sectio + - Subcarina adest ( Solummodo species recentes). 

Sectio ++ - Subcarina deest : » 
A — Valvæ quatuordecim : Carinæ umbone subcentrali. 
B — Valvæ duodecim : Carinæ umbone ad apicem posito. 


Les 


I. — Espèces à plaques capitulaires imparfaitement calcifiées. 


: Carèné droite KE RP ERERRe A 
: ù : carène courbée en angle net à l'umbo B 
Il. — Espèces à plaques capitu- 
s ee x j k Rostre présent. .. C 
laires parfaitement calcifiées....... carène réguliè-\ :. 2 
Nirostre, nisous- | 
rement oNDEE) L 
Carenerres ere \ 

Deux ans après (1907), Hoek publiait les Cirripèdes pédonculés rapportés 
par la « Siboga ». Il reconnaissait que précédemment, il avait donné trop 
d'importance au degré de calcification des valves et que, d’ailleurs, pour 
qu'une classification soit bonne, il faut qu'elle offre, dans la mesure du possible, 
une représentation de la descendance, ce que ne réalisait évidemment pas celle 
qu'il avait admise pour le « Challenger ». Il adoptait dès lors, en tenant compte 


de ces principes, la nouvelle division suivante du genre Scalpellum : 


Section À, Prolo-scalpellum. Espèces dont la carène est presque droite(S. polli- 
cipedoides Hoek, S. aculum Hoek, etc.) 

SINGES Eu-scalpellum. Carène courbée angulairement vers son milieu; — 
toujours un rostre présent ; — une sous-carène existe dans 
plusieurs espèces (S. rostratum Darw., S. Peront Gray, 
S. Slearnst Pilsbry, etc.) 

» C, Meso-scalpellum. Espèces dans lesquelles la carène peut être 
divisée en deux parties, une plus grande au-dessous de l'umbo, 
une plus petite, quelquefois très petite, au-dessus. Rostre 
généralement présent, — sous-carène jamais (S. jasanicum Hoek, 
S. distinclum Hoek.) 

» D. Arco-scalpellum. Carène simple, généralement forte, courbée. 
Sous-carène toujours absente et le rostre souvent. (Espèces très 
nombreuses réparties en $ subdivisions suivant la forme de la 
plaque caréno-latérale.) 


En 1908, Henry À. Pilsbry, tenant compte de la forme des mâles nains et 
de la position de certaines valves dans les femelles ou hermaphrodites, 
divisait ses « Scalpelliform Barnacles » en 4 genres : 


1° Genre Calantica (1) comprenant : a) un groupe oriental ou Calanlica s. str. 
(type C. villosa Leach) ; b) un groupe nord-atlantique ou Scillælepas 
Seg (type S. gemma, etc.). 


(1) Genre créé par]. E. Gray, en 1825, pour C. Honici — P. villosus Leach — Scalp. 
villosum Darwin. 


o 


2° Genre Srilium (1), (principaux types : S. Peroni, pollicipedoides, scorpio). 
à° » Euscalpellum (2), (types : S. rostra'um, Renet, bengalense, etc) 
4° »  Scalpellum Leach, (type S. scaipellun L.) 


Annandale (1910), estimant que dans tous ces groupements, il n'y a 
aucun caractère d'importance qui puisse être tenu pour constant, ne reconnaît 
qu'un genre Scalpellum avec deux sous-genres : 


1 — Smiium Gray (type : Smilum Pcroni Gray) 
Il— Scalpellum Leach (type : Sc. vulgare Leach) 


Les considérations qui ont servi de base aux diverses classifications ci-dessus 
ne nous paraissent pas avoir tenu un compte suffisant de l'évolution géné- 
rale des Pédonculés, laquelle, comme nous l'avons dit, se manifeste surtout 
par le mouvement antéro-postérieur du corps de l'animal et par sa rotation 
autour du muscle adducteur. On ne voit pas non plus dans les divisions 
proposées, cette représentation de la descendance recherchée par Hoek. 
C'est que le genre Scalpellum, tel qu'il a été conçu jusqu'ici, manque d'homo- 
généité. Nous avons montré qu'il convient d'en séparer : 1° les Scillælepas, 
qui ont une toute autre origine ; 2° Sc. (Calanlica) villosum, qui est un Poll- 
crpes; 3° divers Oxynaspis fossiles, etc. 

Ne comprenant plus, ainsi, que les formes dont la série lergale esl inlerrompue 
par l'intrusion entre T' el T° de la plaque M* qui vient en contact avec la carène, 
le genre Scalpellum constitue encore la plus belle unité générique des Pédon- 
culés. Aussi, les divisions que l'on y doit introduire ne peuvent-elles être 
que de simples sous-genres, sections et sous-sections. C’est dans cet ordre 
d'idées que nous avons établi le tableau ci-après des divisions et subdivisions 
du genre Scalpellum délimité comme il vient d’être dit. 

Pour plus de simplicité, les noms que nous attribuons aux différents groupes 
ainsi créés sont fondés uniquement sur le degré de ressemblance de la géné- 
ralité de leurs espèces avec Scalpellum vulgare Leach (= Lepas scalpellum 
Linné, 1767 = Pollicipes scalpellum Lamarck, 1818), type historique du 
genre. Si Scalpellum vulgare est loin de ressembler à la majorité des espèces 
réunies génériquement sous son ancien nom spécifique, il n'en constitue pas 
moins une forme très importante, puisque c’est certainement de son phylum 
que sont issus les genres plus évoluës d'Oxynaspis, de Lepas, etc. 

Si, d'autre part, comme tout porte à le croire, le genre Scalbellum dérive 


(1) Genre créé par J. E. Gray, en 1824, pour Sym. Peronti — Scalp. Peronii. 
(2) Genre créé par Hoek, en 1907, pour S. rostratum, Peroni, uncus et Stearnsi. Voir ci-dessus. 


d'un Pollicipes archaïque à écailles pédonculaires loriculoïdes, ses formes les plus 
primitives sont celles dans lesquelles le revêtement capitulaire est resté cons- 
titué, comme dans Pollicipes, par huit séries de plaques convenablement 
développées, où le rostre notamment a conservé la forme générale de la carène, 
est resté indépendant, saillant en dehors et réellement fonchonnel. Les espèces 
ainsi caractérisées nous ont paru pouvoir être groupées dans un sous-genre 
PROTOSCALPELLUM, et nous réunissons dans un sous-genre SCALPELLUM 
toutes les autres espèces où le plan général de structure s’altère dans une 
certaine mesure, où le rostre perd sa fonction prolectrice. devient rudimentaire, ou 
même disparaît. 


PROTOSCALPELLUM répond ainsi à la formule générale : 


1*anneau = R° +2 S'+2 M +2T +C'=—8 plaques } 
2° anneau = o + 2s+2m'+2t+c* = 7 plaques | 


I 


D 


15 plaques 


D 


Et ScaLPELLUM se résout ainsi : 


ianneau=? r*+2S'+2M*+2T'+C°=7 ou 8 plaques } laques 
2° anneau= Oo +2s°+2m'+2t"=6 plaques Free ; 


Dans chacun de ces deux groupes, l’évolution, d’ailleurs, s'est manifestée 
parallèlement, et PROTOSCALPELLUM a donné naissance à des formes qui ont 
l'aspect des vrais ScapELLUM les plus évolués. Ces faux ScaLPELLUM (Pseudo 
scalpellum) sont peu nombreux, d’ailleurs, et il semble même bien que tout le 
sous-genre soit en régression. Chaque scutum y montre, sur le bord occluseur, 
un sous-secteur 1’ dont la base arrondie ou tronquée correspond au rostre : dans 
le sous-genre ScaLPELLUM, le scutum ne présente jamais ce caractère. 

Une autre particularité remarquable de plusieurs espèces du sous-genre 
ProToscALPELLUM, c'est que la plaque m' s'élève au-dessus de s' et det' : cette 
anomalie est évidemment due au mouvement antéro-postérieur qui a plissé en 
arrière le plan du quatrième verticille. D'autre part, la présence de m‘ étant 
très constante dans tout le genre ScaLPELLUM, on ne peut guère s'expliquer 
son absence apparente dans plusieurs espèces du sous-genre PROTOSCAL- 
PELLUM que par la fusion de M° avec m‘. Ce serait le cas des Scalpellum acutum, 
longirostrum, aries, sexcornutum, Peroni, scorpio, dont le médian est d’ailleurs 
plus ou moins allongé sur l'emplacement qu'occuperait m‘surélevé. Chez 
S. uncus, où M° a la forme habituelle, c'est avec s’ que m‘ serait fusionné. 


Tableau des Divisions et Subdivisions du genre SCALPELLUM 


Sous-genre 
PROTOSCALPELLUM 


Rostre (R°) bien dé- 
veloppé,  saillant 
plus ou moins en 
avant du bord oc- 
cluseur des scuta. 

Plaques rostro-late- 
rales (s*) inserées à 
côté de la base du 
rostre. 

Sous-carène (c') tou- 
jours présente. 


Sous-genre 
SCALPELLUM 


Rostre (r) faible ou 
nul. 

Plaques rostro-laté- 
rales (s') dévelop- 
pées vers le bord 
occluseur et recou- 
vrant plus ou moins 


le rostre laterale- 
ment, quand il 
existe. 


Pas de sous-carène 


(ci). 


Section I 
Euprotoscalpellum : 
Umbo à l’apex. dans 


toutes les plaques. Type S. squamuliferum Weltner. 


Section Il 
Subpseudoscalpel- 
lum : Umbo de la 
carène pro-apical, 
umbo du Scutum 


APICAI NS Type S. uncus Hoek. 


Section III 
Pseudoscalpellum : 
Umbos de la carène 
et du sculum pro- 


ORIGINE EI Type S. rostratum Darwin. 
| a) Inframédian (m‘) à umbo apical. Type 
Section IV S. regium Wyv. Thompson. 
Adeuscalpellum : b) m' à umbo central, sub-central ou 


Umbos de la carène 4 


latéro-central. 
et du sculum 4 


Sars. 
c) m'à umbo pro-central (inférieur). Type 
| S. prunulum C. W. Auriv. 


Type S. angustum 


a) m'à umbo apical. Type S. recurvi- 
rostrum Hoek. 

b) m‘° à umbo central, subcentral ou 
latéro-central. Type S. /uridum C. 
W. Auriv. 

c) m'àumbo pro-central (inférieur). Type 
S. gibberum C. W. Aur. 


Section V 
Subeuscalpellum : 

Umbo de la carène 
pro-apical. Umbo du 
sculum apical..... 


Section VI 
Euscalpellum : Um- 
bos de la carène el 
du sculum pro-api- 


b) m'à umbo subcentral. Type S. g1b- 
bum Pilsbry. 

c) m‘à umbo procentral. Type S. vul- 

| gare Leach. 


Dans les deux sous-genres, les conséquences de l’évolution se manifestent 
surtout dans l'allongement post-umbonal des plaques et dans la courbure de la 
carène. Mais c'est la forme de la carène, d’abord, qui traduit le plus complè- 
tement les phénomènes évolutifs, puis, dans le sous-genre Scalpellum, c'est 
M‘ qui, par sa position axiale, en subit toutes les réactions. 


XIII. — QUELQUES MOTS SUR D'AUTRES CIRRIPÈDES 
PÉDONCULEÉS 


ESSAI DE TABLEAU PHYLOGÉNIQUE 


Les limites dans lesquelies nous devons nous renfermer ne nous permettent 
pas d'aborder utilement, ici, l'examen des conditions dans lesquelles ont évolué 
les espèces de Cirripèdes appartenant à des genres moins importants, tels que 
Lythotria G.-B. Sowerby, Jbla Leach, Conchoderma Olfers, Dichelaspis Darwin, 
Alepas Sander Rang, Megalasma Hoek et Poecilasma Darwin. 

Nous dirons seulement que bien qu'aucune espèce fossile de Lythotria et 
d'Ibla n'ait été décrite, il n’est pas douteux que ces types, dans lesquels le 
corps proprement dit de l'animal est encore, soit entièrement, soit en partie 
dans le pédoncule, sont très archaïques et que, par la forme de Jeurs plaques, 
ils doivent dériver d'une Mutella primitive. 

Conchoderma, une partie des espèces comprises dans Dichelaspis, qui ont 
l'umbo vers le milieu du scutum et Alepas sont des Oxynaspis dégradés 
ou Ateloxynaspis. Les autres Dichelaspis sont des A f{elelepas. 

Megalasma, qui existait peut-être au Crétacé supérieur, et Pœcilasma, qui 
remonte sans doute à l'Oligocène, forment une branche dérivée d'Oxynaspis 
symétrique à Prololepas et Lepas. 

Nous avons indiqué quel était pour Darwin le criterium de la distribution 
des espèces fossiles entre Pollicipes et Scalpellum. Mais, il faut bien le dire, les 
restes de Cirripèdes sont souvent indéterminables, même génériquement, 
quand on n’en possède pas un certain nombre d'éléments. Beaucoup de plaques 
isolées décrites et figurées, n’ajoutent rien à nos connaissances sur ces Crus- 
tacés. On a inscrit sous la rubrique Pollicibes ou Scalpellum, nombre 
d'espèces représentées par un tergum ou un scutum qui ne peuvent être 
considérés que comme des pierres d'attente pour une restauration probléma- 
tique. Nous espérons cependant que le tableau que nous donnons des types 


du genre Scalpellum, pourra être d'un certain secours pour les recherches de 
ce genre. 

Quoiqu'il en soit, l'on a pu reconnaître parmi les Scalpellum fossiles des 
formes très anciennes, qui appartiennent à notre sous-genre Proloscalpellum, 
telles que Scalpellum arcualum Darwin du Gault de Folkestone, dont 
M. Withers a décrit récemment un exemplaire presqu'entier. Nous admettons 
comme vraisemblable que Pollicibes planulalus J. Marris de l’Oxfordien, 
était un Scillælepas. 

Nous créons provisoirement, au moins, un genre Crelaspis 
(fig. 30 ci-contre) pour les Scalpellum Crelæ et Sc. tlubercutalum, 
qui paraissent dériver des Scalpellum à carène apico-umbonale 
comme Oxynaspis dérive de ceux avec carène à umbo pro-apical. 

On est généralement d'accord pour faire descendre les 
Operculés des Pédonculés et nous avons montré que les premiers 
sont restés au stade Pollicibes. Leur 
ancêtre paraît bien être comme 
Woodward et Withers ont cherché 
à l'établir, ce curieux Brachylepas 
Naussanti (fig. 31 ci-contre), décrit 


d'abord par Hébert, sous le nom d'Emarginula 
Naissanli de la craie de Meudon et reconnu 
depuis dans dans le Crétacé supérieur du Nord 


de l'Europe. Convient-il de rapporter aussi au 
genre Brachylepas ou bien à Mutella, les diverses 
formes du type de Pollicibes Angelint du Sénonien et de P. gracilis du 
Turonien ? La découverte de nouvelles plaques fossiles pourrait seule permettre 
de prendre une conclusion en ce qui concerne ces fossiles et bien d'autres, 
auxquels il est aussi peu facile d’assigner une place avec quelque chance 
d'exactitude. 

Le tableau suivant résume les hypothèses que nous avons formulées sur la 
phylogénie des Cirripèdes pédonculés aspidés. 


n U Br) MES RD) DOC EN CRU LE Sr] GE FT TS 
EN 4 192 RQ LEE 
| | 


irripèdes 


Essai de tableau phylogénique des C 


» 


. 


’ 


és aspidés 


pédoncul 


_ S?Au2p 3e sidseuAxO) 


ma OC EN roma mar: 


BIPHN 


= —sedejærros 


Le selesobosehesez 


are SL Je et ra] er ee en SN es) AR) 


esbosshossdsssssecs 


sedoquun, 


2 — 


_  unjpodeos 
| USED 


- euse[eson 


S9AU9P 3e sedo D ——— 


GÉOLOGIQUES 


Actuel. Quaternaire 


Pliocène 


Oligocène 


tnuntq 


sidantqoas 


Néocrétacé 


Mésocrétacé 


Eocrétacé 


Oolithique 


Lias 


Trias 


Permien 


Carbonifère 


Dévonien 


Silurien 


Temps Antésiluriens 


C2 


Explication des Planches 


PÉANCHIE"V 


Fig. 1. — Lepidocoleus Sarleri J. M. Clarke. 
Côté droit montrant la forme latérale des plaques dont les umbos 


apicaux sont alignés sur le bord dorsal X 2, 3. — Niagara Shales, 
Rochester. — Silurien (Gothlandien moyen). 

Fig. 2. — Le mème. Côté dorsal X 2, 3. 

Fig. 3. — Le même. Les deux dernières plaques du côté gauche. (La dernière 


plaque est débordée par la plaque terminale droite) X 4, 6. 


Fig. 4. — Lepidocoleus James! Hall and Whitefeld. 
Vue latérale. (Reproduction de l'une des figures de M. Faber in 
Clarke) Hudson River, Group Cincinnati, Ohio. — Silurien (Ordo- 
-vicien supérieur). 

Fig. $. — Strobilepis Spinigera. Clarke. 
Restauration approximative de la forme de ce fossile montrant en trois 
séries longitudinales, de gauche à droite, les épines ventrales, les 
grandes plaques latérales, les petites plaques dorsales. Hamilton 
Shales, Canandaigua Lake, New-York.— Devonien moyen (Givetien). 


Fig. 6. — Le même. Vue dorsale. 

Fig. 7. — Turrilepas Wrightiana de Koninck. 
Vue latérale. (D'après la figure de Woodward in Clarke). Wenlock 
limestone, Dudley (Angleterre) — Silurien (Gothlandien moyen). 


Fig. 8. — Turrilepas Peachi Etheridge jun. and Nicholson. 
Vue dorso-latérale d'un individu presque complet, légèrement 
restauré X 4. Starfish bed. — Silurien (Ordovicien supérieur). 


Fig. 9. — Le même Plaque dorsale X 2. — Silurien (Ordovicièn supérieur). 


Fig. 10.— Archæolepas Redtenbacheri Opp. sp. Kelheim Bavière. — Jurassique 
supérieur (Portlandien supérieur). 


14 


Fig. 


Fig. 


MS 


10. 


rc 


— Loricula pulchella. Darwin. Nous avons distingué par des hachures 
les plaques des trois séries rostrale, médiane et carénale. 


. — Loricula Syriaca Dames. 


Cénomanien du Liban, fort grossi. 


. — Loricula Darwin H. Woodward — Turonien. 


. — Loricula lepissima Zittel. 


Sénonien, Dülmen, Wesphalie, fort grossi. 


.— Milella mitella Linné. 


Figure agrandie de la vue interne du « Lower whorl» de Darwin. 
L'examen de cette figure montre quil y a là réellement plusieurs 
verticilles de plaques disposées les unes derrière les autres. Nous les 
avons désignés par leurs symboles. 

— Mitella nutella Linné. 

Reproduction agrandie d'une figure de Chenu sur laquelle nous 
avons désigné les diverses plaques par leurs symboles. 


17-18. — Mitella nutella L. 


Scutum (17) et tergum (18) montrant le pli articulaire (Darwin). 


19-20. — Mitella nutella L. 


211 


Capitule (X 2) d'un spécimen du Musée de Nice (19, côté droit ; 
20, côté gauche). 

— Mitella nutella L. 

Diagramme, d’après les fig. 19-20 montrant l'asymétrie des plaques 
les plus externes. 


NOTA. — Contours des figures 1 à 7 d’après Clarke (The american 


Geologist, 1896, vol. XVII, pl. VIT) ; des fig. 8 et o, d'après Reed 
(Transact. Roy. Soc. Edimb., 1908-0, vol. XLVT) ; des fig. 10, 12, 
14, d'après Zittel (agrandies, ën Traité de Paléontologie, 1, p. 534) ; 
de la fig. 13, d’après H. Woodward in Withers; des fig. 17, 16, 
d'après Darwin, (Monogr. of the pedunc. Cirr.) : de la fig. 16, 
d'après Chenu (Hist. nat. des animaux) ; des fig. 19, 20, par l'auteur, 


d'après nature. 


PLANCHE VI 


Evolution du point d'insertion du muscle adducteur 


Fig. 1. — Scutum de Pollicipes cornucopia vu intérieurement [L'umbo est 
apical). La cavité du muscle adducteur est située un peu au-dessus de 
la mi-hauteur de la plaque. 


Fig. 2. — Scutum de Scalpellum (Euscalpellum) vulgare Leach vu intérieure- 
ment. L'umbo est pro-apical. — La cavité du muscle adducteur reste 
au-dessous de l'umbo. 

Fig. 3. — Scutum d'Oxynaspis radiata Bosquet, vu intérieurement. L'umbo 
est pro-apical. — La cavité du muscle adducteur est à la hauteur de 
l’umbo. 

Fig. 5. — Scutum de Lepas analifera vu intérieurement. L'umbo est presque 


à l'angle antérieur de la plaque, opposé à l'apex. Le point d'attache 
du muscle adducteur est entre l’umbo et l'apex. 


Evolution de la forme du scutum ($S') 


Else #2, 3 CLdeSsus. 

Fig. 4. — Scutum de Protolepas (Lepas) fascicularis) Ellis et Solander, vu 
intérieurement. L'umbo est près de l'angle antéro-externe de la 
plaque qui porte un petit appendice représentant le secteur 1. — Le 
secteur 2, très réduit, est limite par un pli creusé du côté postérieur. 
Le secteur ; est au-dessus du secteur 2 en regard de la carène, le 
secteur 3” en regard du secteur 2 du tergum, la portion qui forme le 
bord occluseur appartient à un secteur 3” 


| Fig. 4a. — Vue dorsale grossie de l'appendice du scutum montrant les stries 
d'accroissement autour de l'umbo. 
Fig. $. — Comme ci-dessus. 
Fig. sa. — Vue dorsale grossie de la portion antérieure des deux plaques 


scutales de Lepas ansertfera avec les dents représentant l'umbo et le 
secteur 1 de chaque plaque. Le secteur 2 est contracté sur le bord 
antérieur de la plaque. Pour le reste, comme dans Protolepas. 


Fig. 


Fig. 


. 
AT 


Fig. 


Evolution de la carène (C') 


(La disposition des figures met en évidence le phénomène de la 
rotation). 


. 6. — Carène de Pollicipes cornucopia Leach. L'umbo est apical. 


. — Carène de Scalpellum fossula (Crétacé supérieur de Norwich). 
L'umbo est apical. — Les secteurs 1 (tergal), 2 (médian), 3 (dorsal) 
sont très nettement distincts. 


g. 8. — Carène de Scalpellum (Subeuscalpellum) luridum €. W. Aurivillus 


avec umbo pro-apical à petite distance de l’apex. 


. 9: — Carène de Scalpellum. vulgare Leach. — Coudée à l'umbo qui est 


pro-apical et très éloigné de l'apex. 


. 10. — Carène d'Oxynaspis celata Darwin.— Sa partie pro-umbonale est 


sensiblement plus courte que sa partie post-umbonale. 


. 11.— Câarène de Protolepas fascicularis Ellis et Solander. — Coudée en 


angle droit à l'umbo. Portion pro-umbonale courte; aplatie. 


12.— Carène de Lepas analifera avec sa partie postérieure très infléchie 
sur l’antérieure qui est extrêmement réduite et bifurquée. 


Evolution de la plaque supralatérale (m') 


Plaque supralatérale de Pollicipes cornucopia Leach. 

14.— Plaque supralatérale de Scalpellum  (Subeuscalpellum) luridune 
Auriv. 

15.— Plaque supralatérale de Scalpellum (Subeuscalpellum)  gibberum 
Auriv. 


16.— Plaque supralatérale de Scalpellum (Euscalpellum) vulgare Leach. 


Evolution de la plaque infralatérale (m‘) 


Les figures montrent les rapports des plaques qu'elles représentent avec une 


plaque du type de la fig. 16 développée sur tout son pourtour. 


ig. 17.— Plaque infralatérale de Scalpellum (Adeuscalpellum) regium Wyv. 


Thompson. 


. 18.— Plaque infralatérale de Scalpellum (Subeuscalpellum)  luridum. 


Auriv. 


. 19.— Plaque infralatérale de Scalpellum (Euscalpellum) vulgare Leach. 


— 49 — 


PLANCHE VII 


Fig. 1. — Pollicibes villosus Leach (figure de Darwin). 
Fig. 2. — Pollicipes cornucopia Leach. 
Sujet âgé (x 2, 5), dont les plaques n'ont pas conservé leur intégrité. 
On voit notamment que le tergum a perdu toutes ses lamelles les 
plus anciennes. | 


Fig. 3. — 1d. Schéma développé du côté droit et des extrémités rostrale et 
carénale d’un exemplaire de 309 plaques, montrant les positions 
relatives de ces plaques et leurs divisions normales dans les verticilles 
les plus voisins du pédoncule. 

Fig. 4. — Id. Diagramme vertical de la fig. 3, montrant les divers verticilles 
des plaques capitulaires, ainsi que leurs séries longitudinales 
contractées. 

Fig. $. — Oxynaspis celata Darwin (x 7). 


Vue latérale (figure de Darwin agrandie). 


Fig. 6. — Id. Baisseli Bosquet et Müller. 
Reproduction d'une portion de carène figurée par ces auteurs et 
rapportée par eux au genre Scalpellum: ses contours concordent 
exactement avec ceux de la carène agrandie d'Oxynaspis celata. 


Fig. 7. — Id. Beisselt Bosquet et Müller. 
Vue latérale externe du scutum — Crétacé supérieur du Limbourg. 


Fig. 8. — Id. radiala Bosquet. 
Vue latérale externe du scutum.— Crétacé supérieur du Limbourg. 


Fig. 9. — Sallælepas trispinosa Hoek. Vue latérale schématique. 

Fig. 10.— id. ornala Seguenza. Vue latérale : Astien de la Sicile. 

Fig. 11.— id. carinata Philippi. Vue latérale : Astien de la Sicile. 

Fig. 12. — Scillælepas eos Pilsbry. Vue latérale : d’après Pilsbry in fhe Bar- 
nacles of the U.S. Museum. 

Fig. 13. — id. superbum Pilsbry. Vue latérale: d'après Pilsbry in {he 
Barnacles of the U.S. Museum. 


14. — Scallælepas gemma Aurivilius. Vue latérale : d'après Aurivilius in 


Sludien über Cirripeden. 


S. — id. id. Vue du côté carénal : d’après Auri- 
vilius in Sludien über Cirripeden. 


16. — 1 BE id. Vue du côté rostral: d’après Auri- 


NI 


vilius in S/udien über Cirripeden. 


17. — id. Cazioli. À. et L. Joleaud. 


Astien du M' Alban (Nice). — Etude des diflérentes plaques et vue 
d'ensemble : 


S' face interne. 
Sommet très grossi de S' dans un jeune sujet, côté interne. 


a Coupe du même. 


Coupe dans le sommet de la fig. 1 ; /, côté interne. 


a Coupe de la base du scutum de la fig. 1. 


T', face interne. 

Partie inférieure de C* vue dorsale. 

Coupe de la base de C*. 

Coupe vers le milieu de C*°. 

Coupe vers le sommet de C*. 

Vue du côté interne de C*, dans un jeune sujet. 
r”, vue extérieure. 

r”, vue intérieure. 

m°, vue intérieure. 

s’, vue intérieure. 

t, vue intérieure (spécimen à apex saillant en arrière de la carène. 
c', vue extérieure. 

c!, vue intérieure. 

Essai de restitution de Scillælepas Caziok. 


PEANCHE. VIN 


Classification du genre Scalpellum 


SCHÉMAS DES PRINCIPAUX TYPES DE CIRRIPÈDES DU GENRE SCALPELLUM. 
(inspirés des figures de Hoek, Gruvel, Darwin, Aurivillius, Pilsbry, ete.). 


Fig. 


Fig 


I. — EuPRoTOSCALPEILLUM pollicipedoïdes Hoek. | Lesplaques sont désignées 
Craee id. id \ par leurs symboles, 
Ib. — EuproroscaLPELLUM squamuliferum Weltner. 
Ic. — EuProroscazPezLuM stratum €. W. Aurivillius. 
II. — SuUBPSEUDOSCALPELLUM uncus Hoek. Lace 
III. — PsEeuposcaLPELLUM rostralum Darwin. bes indiquent les 
à numéros des sec— 
IV. — ADbEeuscaLPELLUM regium Wyv. Thompson. AE ARE 
é J teurs (1 sous-sec- 
INEREE In: intermediun Hoek teur rostral du 
Scutum et sous- 
V. — ID. anguslum Sars. à 
secteur complé - 
MT. — ID. prunulum CAW: Aurivillius. mentaire dans les 
VII. — SuBEeuscaLPELLUM recurrirostrum Hoek. autres plaques ; 
, re 3° sous-secteur 
VIII. — ID. luridum € WW. Aurivillius. complémentaire 
Ie ID. gibberum €. W. Aurivillius. |dans diverses pla- 
: é ues). 
IXa. — In. dicheloplax Pilsbry. que 
X. — EuscaLpFLLuM gibbum Pilsbry. 


XI. — [D. vulgare Leach. 


» 
ST 


ur 


4 
nie 


se 


he 


TABLE DES FIGURES INTERCALÉES DANS LE TEXTE 


Figures Pages 
ot PlAQUES dE UNDER ed Co RE TE Te 8 
3, 4. — Pédoncules de Scalpellum procerum Aur. (3) et de Sc. cylindricum 
AURAI) ne at taie ee ta te NAN CRE ne Dfate 27e Lee lo dates ie ee 8. 
ne Plaque ON ONMENTER EL AMAIIES EP RE OR CL CU 8 
ON alverfenestréen le PI MAITIE SR EE eee eme UT ee 8 
Te RONIEDES SORA SAUNA SERA CE ee Se 10 
8, 9, 10, 11.— Sections schématiques de ZLepidocoleus (8), de Turrilepas 
Peachi (9). de T. Wrigbliana (10), de Strobilepis (11)...... 11 
12, 13. — Figures comparées de Scalpellum Molinianum Seg. (12) et de Lepas 
anatifera L. (13) montrant que Lepas correspond uniquement à 
la partie postérieure (hachée) de Sc. Molinianum.............. 16 
14, 15, 16. — Vues dorsales comparées des carènes de Scalp. fossula Darwin 
(14), S. Molinianum Seg. (15, Lepas anatifera L.(16)..... 17 
17 à 21. — Scalp. Avenionense, A. et L. Jol. Vue latérale et coupes de la 
CARNET nee ee MR RIUT. 
22 à 27. — Diverses formes afélées de Scuta à muscle umbonal (V. texte)... 18 
28. — Loricula pulchella avec notre interprétation des plaaues — Contours, 
d'A DreSIDANINE RER En eee CCR Do 23 
29. — Diagramme vertical de la disposition théorique des plaques dans un 
CADET MIE LA RER RER en cn en 28 
LOI Capiiuiehypothetique delCre ASP PE RTE EC ONCE EEE EEE CIE 43 


31. — Brachylepas Naissanti Hébert sp. d'après Withers in 7he Cirripede 
Brachylepas cretacea, H.-Woodward. 43 


RU. Fa + A ALAIN LS à DAS UP RES 
FF Je LEUR US e TT 
4 
; 
e RE 4 
, ete À n# iris RE 
t { d 4 dE Tarol +4 : 
n 
na . f 
= 
“ * 
L : “A 
. ù 5 ù 
P. . . 
4 3 ‘ F d * 
r * ù v 
L . z 
Le = Le : + ; 
» L £ 4 
i er sv É f 
À ALL ANA Es 


TABLE DES MATIÈRES 


BRÉLIMIN AIRES MR REC ee AT 
NERO, Ma cedoc opcod védcos p0Dp 000-000 duo 0 cat 
I. — Protocirripèdes et Cirripèdes pédonculés. — Vue générale de leur 

EVOLUTIONS 2. nee LAS eme ee Ce eee eo Le 
II. — La plaque calcaire de Cirripède. -— Son évolution................... 

IV. — Division de l'anneau des Cirripèdes en deux verticilles............... 
V. — De la position du muscle adducteur des Scuta dans les Cirripèdes 

DÉdONCUlES AE FEDTEU EM AUSDIS EEE EE TC 

VI. — Le genre Loricula. — Sa structure, son évolution................... 

VTESTeR sen reMT Ie RE ET CL D 

VIII. — Le genre Pollicipes. — Affinités de Pollicipes avec Archæolepas et de 

Mitella avec Loricula ..... TE TR OS DOC ot Et 
IX. — Caractères fondamentaux du genre Scalpellum. — Pollicipes (Calantica) 
as tone SOMOGMES EEE ES ENTER em ee score 
X. — Examen critique de la valeur des principaux caractères sur lesquels a 
été fondé le genre Scillælepas Seg. — Observations sur quelques 
espèces fossiles appartenant à ce genre ou que l’on a supposées y 
appartient ee nee CE ee ee te CC CCE UE 

XI. — Considérations sur la dispersion des espèces appartenant au genre 

SCALIEIEDAS ER tee nee Li tin cn So ae Et 

NE Glsstictonduieentre SCpe UE PERRET ECC EEE EEE CCC 

XIII. — Quelques mots sur d’autres Cirripèdes pédonculés. — Essai de tableau 

DRVIOSÉMIQUES Se SR PRE ne 
NIVARREXplieatondes planches PP EC EE EEE CE CE CCE 
XV. — Table des figures intercalées dans le texte....... ae let ee 


= — 


ER 2 MA. PE der he LE 20) mé A NTM SRE Li these 
L ; ‘ À fées > ‘ . S \ 
re \ PL Cale «gg 


/ 
} 
| RE EE: dr. 3 RC 
À CAN Me - i ; ee rare 
SPRL AMAUE Atos DAS 


Développement et fonctions 


des griffes de l'aile chez les Oiseaux 


Leur rôle probable chez l’Archaeopteryx 


: S : ? 2 RE. 
ls Mio quolsviO ue MERE 
È Jo-shgt 95h76 290% 
D es < Xriaiqofs Pare: vais -alietont atéx sua ÿ. 1 à 


ANNALES 
DU MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE DE MARSEILLE 
Tome XV 


MÉMOIRE N°6 


Développement et fonctions 
des criftes de l’aile chez les Oiseaux 


Leur rôle probable chez l’Archaeopteryx 


L. VIALLETON 


Professeur à la Facullé de Médecine de Montpellier 
% 9 


MARSEILLE 


TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE MOULLOT FILS AINÉ 
24-26, Avenue du Prado, 24-26 


1910 


RARE PRIE ê 
QU OR ANRT LE € ue RATES 


" 2. 
a à PL 
. EU, CLR NS 
03 Va a“ 
æ At doje LA 
te 
* 7 Te 
il RES fe 
n - À us 
mur nant ee vormaite, © 
CR cr'E 
ot pur CRT Ve > 
LA k ; e . 
? “ hd #3 ED CRT 
es TL TAT i De $e 
“ Le EL 
ù y D 
a 2 1-68 


. * D» 
ECC RE 


Let tu 
. 1 
mA . 

L 


PEL 
HLADONTÉE 744 


PA 


dl 


Développement et fonctions 
des griffes de l'aile chez les Oiseaux 


Leur rôle probable chez l’Archaeopteryx 


L. VIALLETON 


Professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier 


On sait depuis fort longtemps que certains des doigts rudimentaires de 
l'aile des Oiseaux se terminent par des sortes de griffes plus ou moins 
développées. Assez fortes chez les Autruches, ces griffes le sont beaucoup 
moins chez les Oiseaux ordinaires, si bien qu'elles passent le plus souvent 
inaperçues. Cependant leur présence est très générale comme on le verra 
plus loin. 

Avant de parler de leur distribution il importe de préciser d'abord la 
nomenclature des parties qui les portent, c'est-à-dire de numéroter exactement 
les doigts des Oiseaux, les divers auteurs n'étant pas d'accord sur le rang 
qu'occupent dans la main pentadactyle type les rayons digitaux de ces 
animaux. 

La main des Carinates, que l'on doit prendre pour type parce qu'elle est 
plus uniforme et moins modifiée que celle des Ratites, comprend trois rayons 
digitaux dont les deux extrêmes sont plus ou moins rudimentaires. 

Le premier, placé sur le bord radial, est libre et se comporte comme un 
pouce auquel on l’a souvent comparé. Il porte quelques rémiges qui forment 
avec lui l'aile bâtarde, et comprend seulement deux phalanges, dont la terminale 
est très peu développée et manque même souvent dans des groupes entiers. 

Le troisième doigt ne possède qu'une seule phalange, jamais libre, et qui 
reste cachée sous la peau, accolée au bord cubital du doigt précédent. 

Le doigt médian possède, dans son complet développement, trois phalanges, 
mais la dernière, toujours peu développée, manque aussi souvent dans divers 
groupes. 


“5 


ER 


Pendant longtemps on a admis avec Gegenbaur que les trois doigts de 
la main des Oiseaux répondaient ‘aux trois premiers rayons de l'extrémité 
pentadactyle, dont les deux derniers s'étaient atrophiés, comme ils ont déjà 
tendance à le faire chez les Crocodiles. Dans ce cas le premier doigt radial 
était un véritable pouce. 

Owen avait déjà soutenu cependant que la réduction s'était opérée sur les 
deux bords de la main et que le prétendu pouce répondait au deuxième rayon. 
D'autres auteurs le suivirent ; enfin les travaux récents d'embryologie de 
Leighton (1504) Norsa (1895) Sieglhbauer (1911), en montrant que le 
pouce se développe non pas aux dépens de la première saillie radiale (ébauche 
du premier rayon) présentée par la plaque précartilagineuse de l'autopode, 
mais bien à ceux de la deuxième saillie, répondant au deuxième rayon, ont 
conduit à homologuer le pouce à ce dernier. Le pouce vrai manque donc chez 
les Oiseaux dont les doigts doivent être numérotés II, ITT, IV. 

Chez les Carinates les griffes alaires ont été observées dans un grand nombre 
d'espèces appartenant à divers ordres (Anseriformes, Falconiformes, Galli- 
formes, Charadriiformes, Coraciiformes) où elles se rencontrent normalement. 
On les a trouvées aussi exceptionnellement chez certains Passeriformes, de 
sorte que leur présence est, comme on le voit, assez générale. 

Chez les Carinates aussi, mais cette règle ne vaut que pour eux, la présence 
des ongles paraît liée à celle de la dernière phalange du doigt qui les porte, 
Jeîffries (1887, voir tableau ci-joint), Gadow (1891, page 504). On neles 
observe en effet au pouce que lorsque ce dernier a deux phalanges distinctes, 
et au doigt médian lorsque sa troisième phalange est bien constituée. Le 
dernier doigt, qui est toujours très réduit et ne comprend qu'une phalange, ne 
porte jamais d'ongle. 

Chez les Ratites les griffes sont fréquentes à la main, mais la règle ci-dessus 
n'est pas applicable, sans doute à cause de l'irrégularité de la constitution de 
la main, et l'on voit des cas où, même avec un nombre réduit de phalanges, 
les griffes existent cependant. Ainsi d'après W. K. Parker (1866, p. 395), 
Casuarius galealus ne possède que le doigt médian, pourvu seulement de deux 
phalanges mais d'une griffe, et il en est de mème chez Apleryx Owenit; de plus 
dans une jeune Autruche, le dernier doigt est figuré avec deux phalanges, la 
dernière terminée par une griffe. Chez Rhea le grand doigt et le dernier 
possèdent réciproquement deux et une phalange, c'est-à-dire sont incontes- 
tablement réduits, et pourtant ils sont terminés chacun par une petite calotte 
onguéale. Il est vrai que les auteurs ne sont pas tous d'accord sur le nombre 
des phalanges chez les Ratites et que celui-ci diffère presque d’après chaque 
observateur. Cette divergence tient peut-être à une variabilité réelle liée elle- 


x = 


mème à la dégradation de l'aile de ces Oiseaux. Quoi qu'il en soit, il n’est pas 
possible d'appliquer aux Ratites la règle signalée plus haut pour les Carinates 
et qui, chez ces derniers paraît au contraire absolument rigoureuse. 

Pour bien faire ressortir cette relation nous reproduisons ici un tableau 
dressé par Jeffries, d'après les observations antérieures des auteurs et 
d’après les siennes propres et dans lequel le nombre des phalanges est donné 
pour chaque doigt en mème temps que la présence de grifles ou d'éperons, 
lorsqu'il y a lieu. 


DOIGTS 
I D EU 

RRIPAsSeneSe Re 1 2 1 | Nrrzscu. MECKFL. Eperon chez Merula. 
EMTEC I 2 l 

PIC ER Are eee 

CyYpsel eee. 12) 1 | Griffe à I chez Cypselus. Nirzscu. 

Anisodactylæ....... I 2 1 | Nrrzscn. MECKEL. 

Heterodactylæ ......| 1 2 1 |? 

Zygodactylæ .....| 1: 2 1 | Zrochilus colubris. 

COCOYLES ee I 2 1 | Nirzscu. 
ILE Psittacis st... er I 2 1 | Nirzscu. 
INÉStrees tee te I 2 1 | Nirzscn. MECKEL. 
VERACCIDItTES eee re 2 2 1 | Griffe à I, aussi à Il chez jeune Bufeo ? 
VI. Steganopodes .... I 2 I 
VII. Herodiones....... 1 2 1 | NirzscH. 
VIII. Odontoglossæ. ... ? 
IXMPalamedeæ. 0. 2 1 | Griffe à I. Deux éperons. 
MMATSETES Er 2 3 1 | Griffe à [, aussi à Il chez jeunes et maints adultes. 
A AColUMEE TE... I 2 I [Souvent un éperon. 
XII Pterocletes 2. ? 
MINENENIHESE SAS Se 2 2 1 | Griffe al. 
XIV. Opisthocomi..... ? 
XV. Hemipodii ..... : f 
XVI. Fulicariæ ........ 2 2 1 | Grifle a I. 
XVII: Alectorides......| 2 3 1 | Griffe à I. SELENKA. 
XVI Eimicoler "#12 2 1 | Griffe à I (chez Charadrius seulement avec une 

phalange ? SELENKA). Eperons. 
KINIGAVIR ee 1-2 2 1 | Varie selon les espèces; souvent griffe à I. NirzscH. 
MAMIDRINArEs ee ? 
XXI. Pygopodes.......| 2 3 1 | Chez Uria griffes à I et à II. Morse. 
XXII. Impennes ....... 1 2 1 | let Il ankylosés. MEckEL. 
XXII Crypturi ...... 2 3 1 | Griffes? 
XXIV. Apteryges. ....| o 3 o | Griffe à II. 
AVR CAS Ua ere ) 3 o | Griffe à Il. 
XXVI. Struthiones..... 2 3 2 | Griffes à I et Il. Deux phalanges à III. Auix. 
Rhea ETS Rx 2 2 1 | Ainsi, mais NirzscH donne 3 et des griffes. 

XXVIP=Saururæ 29012 3 3 | Tous avec griffes, Vocr. 
XXVII. Odontotormæ..| 1 2 1 | MarsH. Vraisemblablement 2-3 ? -1 lorsqu'il est 
XXIX. Odontolcæ ..... 0 | o | o | Mars. [complet. 


Ce tableau a été recopié textuellement d'après Dames (1884), on n'a donc pas changé la 
nomenclature des doigts qui est celle adoptée par GEGENBAUR. 


Ha 2e 


Depuis que ce tableau a paru on a signalé la présence de griffes dans de 
nouveaux cas, notanment chez les Opisthocomes, chez certains Passereaux, 
sporadiquement, et W.K. Parker (1558, planches 62 à 65), en a représenté 
de bons exemples chez de nombreux Gallinacés et chez divers Ratites. Nous 
le reproduisons cependant parce qu'il fait clairement ressortir la distribution 
des ongles chez les Oiseaux et la relation qui existe entre leur présence et celle 
de la totalité des phalanges dans les doigts correspondants, chez les Carinates. 

Au cours de recherches sur le développement des ailes chez le Poulet et 
chez le Canard, j'ai été frappé de la direction radiale offerte assez souvent par 
les griffes, d'autant plus que cette direction singulière, opposée à celle des 
doigts et de la main en général, s'observe assez fréquemment si l'on en juge 
d'après les dessins des auteurs et qu'elle coïncide, comme on le verra plus 
loin, avec celle des griffes alaires de l'Archaeopteryx. Cela m'a conduit à 
examiner de plus près la constitution de la main de cet animal et à présenter à 
son sujet quelques observations. 

Cette note comprend trois parties : 1° quelques données sur le déve- 
loppement des griffes de l'aile chez le Poulet et chez le Canard ; 2' l'examen 
du rôle de ces griffes chez les Oiseaux ; 3° une comparaison des grifles 
et de la main d Archaeopteryx avec celles des Oiseaux. 


A. — Développement 


me 


Les griffes apparaissent chez l'embryon du Poulet vers le 11" jour et se 
traduisent d’abord par un épaississement de l'ectoderme qui recouvre l'extrémité 
de la phalange terminale (deuxième au pouce). Tandis que, partout ailleurs, 
l'ectoderme est très mince, réduit à une couche génératrice surmontée d'un 
seul rang de cellules polygonales et d'une couche de cellules plates fépitrichium), 
il est formé ici de plusieurs couches de cellules polygonales (corps de Malpighi) 
entre l'épitrichiura et la couche génératrice (fig. 1). 

Un peu plus tard, 13° jour (fig. 11), entre l'épitrichium et le corps de 
Muülpighi apparaît une épaisse couche de cellules granuleuses tout à fait 
semblables à celles qu'a décrites Branca (1907, page 361), dans le diamant 
du Poulet, et contenant comme elles des grains colorables de grande taille et 
de formes variées. 

Cette couche granuleuse forme comme une calotte, plus épaisse à son 
sommet, et qui recouvre toute l'extrémité de la phalange. Comme la phalange 
elle-même est toujours légèrement courbe, la calotte granuleuse accentue cette 
disposition et forme un crochet saillant, généralement, mais pas toujours, dirigé 


RE 


vers le bord cubital de la main. Vers la même époque il apparaît au sommet de 
la griffe, entre les cellules granuleuses les plus profondes et le corps de Malpighi 
sous-jacent, un certain nombre de cellules à fibrilles fortement colorables par 
les réactifs, semblables à celles que l’on trouve dans le corps muqueux supérieur 
du diamant {Branca 1907, pages 3 ;7 et suivantes) et qui forment sur les coupes 
un croissant fortement coloré. Ces cellules sont peu durables, leurs fibrilles 


C: 
rad. 
rad. 
DLTI— 
b. a.- 
b. a 
FIGURE 1. — Griffe du pouce, embryon de FIGURE II. — Griffe du pouce, embryon de 
Poulet de 11 jours. Poulet de 13 jours. 

b. a. bande articulaire. — C. M. corps de b. a. bande articulaire. — c. gr, couche 
Malpighi. — cub. côté cubital. — épit, granuleuse.— C, M. corps de Malpighi — 
épitrichium. — ph. 11, 2me phalange. — cub. côté cubital.— épit. épitrichium. — 
rad. côté radial. pb. II, 2me phalange. — rad. côté radial, 


disparaissent, et le corps cellulaire prend un aspect homogène, ne se colore 
plus par les réactifs et forme sans doute les éléments clairs dont on parlera 
plus loin. 

= En même temps que le croissant formé par ces cellules fibrillaires dispa- 
raissait, des lames de cornes ont pris naissance aux dépens de cellules aplaties 
de la partie superficielle du corps muqueux, kératinisées et unies entre elles 
fortement. La formation de ces lames de corne s'étend à la fois sur le 
sommet et sur les côtés de la phalange onguéale qui est ainsi enveloppée d’un 
étui corné comparable à un dé à coudre. Cet étui corné apparaît donc d'abord 


+ 


5 


— 10 — 


au sommet de la phalange et se prolonge peu à peu vers la base de celle-ci 
jusque dans un repli, la rainure onguéale, qui s’est formée tout autour de la 
phalange et qui est déjà très manifeste dans la figure IIT (embryon de 17 jours) 
bien que d'un côté la rainure ne soit encore qu'ébauchée et représentée par 
une formation épithéliale pleine. 


FiGurE III.— Griffe du pouce, embryon de Poulet de 17 jours. 


c, cl. cellules claires. — c. gr. couche granuleuse.— C. M. corps de 
Malpighi. — cub, côté cubital. — épit. épitrichium. — J. 6. lames 
cornées.— 0. p. ossification périostique.— ph. 11, 2me phalange, — 
p. pigment dans les cellules malpighiennes.— rad. côté radial. — 
r. u. rainure onguéale. 


Le développement tardif de la rainure onguéale est tout à fait en rapport avec 
la valeur subordonnée que lui attribue Géppert (1898, page 27) dans la 
formation de l'ongle. La couche granuleuse du stade précédent existe toujours 


ainsi que l'épitrichium, mais on distingue immédiatement au-dessus de la 
couche cornée quelques cellules différant des granuleuses par l'absence totale 
de grains colorés, et par une structure homogène qui rappelle tout à fait 
celle des cellules que l’on trouve plus tard à la surface de l'ongle achevé. 
Il existe dans l’ectoderme quelques grains de pigment noir (p. figure II). 

Ce pigment peut passer dans les lames cornées mais il y est peu abondant 
et la corne garde toujours, même chez l'adulte, une teinte claire peu différente 


FIGURE IV.— Griffe du Pouce, embryon de Poulet de 20 jours. 
C. M. corps de Malpighi. — cub, côté cubital. — ép. éponychium. — 
1. c. lames cornées.— /. c. p. lames cornées pâles (sole?) — pb. 11, 

2° phalange. — rad, côté radial, — 7. . rainure onguéale. 


de celle de la peau. Au voisinage de l’éclosion la gaine cornée s’est encore 
épaissie ; elle se prolonge très nettement jusque dans la rainure onguéale qui 
est partout bien accusée (figure IV) et qui entoure toute la base de la phalange, 
bien qu'elle soit plus marquée cependant du côté cubital. La couche granuleuse 
a totalement disparu ; elle est remplacée par une couche de cellules assez 
volumineuses, polyédriques, totalement dépourvues de granulations colorées, 


et munies d'un noyau ne se colorant pas ou se teignant diflusément par les 
réactifs. 

Ces cellules, que l’on observe toujours chez l'adulte, ont une grande 
tendance à desquamer et forment rarement sur les coupes une couche continue 
à la surface de l'étui-corné. Elles paraissent répondre à l'éponychium. 

La structure de la griffe chez l'adulte est exactement la même ; seules sa 
longueur totale et l'épaisseur de ses couches cornées diffèrent de ce que l'on 
voit dans la figure IV. La griffe du pouce chez le Poulet adulte mesure environ 
deux millimètres et demi, de sa pointe à la rainure onguéale. 

La gaine cornée entoure régulièrement la phalange de tous les côtés et n'offre 
aucune différence bien marquée sur l'une et sur l’autre face de la griffe. On peut 
trouver, il est vrai, sur le sommet et sur la face concave de la griffe, au-dessus de 
lames cornées bien colorées, des lits plus pâles d'une corne plus feuilletée /. c. p., 
figure IV. Faut-il y voir l'indication d’une sole ? Peut-être, mais il faut remar- 
quer en tout cas : 1° que cette sole n'est jamais concave à la fois dans le sens 
transversal et dans le sens longitudinal comme elle l'est dans les griffes 
ordinaires où elle limite toujours une sorte de rainure ; 2° qu'il n y a point 
entre elle et le côté opposé la différence d'épaisseur très nette que l'on 
rencontre ailleurs. 

Ainsi, chez le Lézard, au voisinage de l'éclosion, la face dorsale des 
griffes est constituée par des cellules cornées inclinées en sens inverse et 
qui se réunissent en chevrons dont la pointe, dirigée en avant, forme le 
sommet de la griffe Cette portion dorsale de la griffe est beaucoup plus 
épaisse, beaucoup plus résistante que la portion ventrale mince et creusée en 
vouttière pour former la sole. Il faut ajouter aussi que la griffe n'a plus, chez le 
Poulet adulte, la courbure si marquée et la pointe si saillante qu'elle offre chez 
l'embryon. Elle a bien plus souvent l'aspect d'un simple cône corné mousse, 
revêtant la phalange terminale d'un étui mince et d'égale structure dans toutes 
ses parties, de sorte qu'elle mériterait mieux le nom d'ongle que celui de 
griffe. C'est, du reste, le premier de ces deux termes qu'avait employé 
De Blainville (1819), lorsqu'il signala la présence de ces formations chez 
les Oiseaux et c'est aussi celui qu'avait adopté Gadow dans le règne animal 
de Bronn. Mais les auteurs récents emploient plus fréquemment le mot grifle. 

Agar (1909, pages 373 et suivantes) a décrit dans les griffes des embryons 
de divers onguiculés (Edentés, Rongeurs, Insectivores, Carnivores, Chiroptères, 
Oiseaux, Sauriens) une structure embryonnaire additionnelle qu'il appelle le 
neonychium et qui disparaît à la naissance. Dans les fœtus de Tatou, c'est une 
sorte de masse mousse formée d’un tissu plus lâche que la muraille et la sole, 
et qui les recouvre toutes deux, étant elle-même entièrement recouverte 


d'éponychium. Le plus souvent, c'est une masse molle limitée à la face ventrale 
de la griffe, de manière à remplir sa concavité et à en émousser la pointe qui, ainsi, 
n'est plus exposée à déchirer les membranes de l'œuf pendant les mouvements 
intra-utérins du fœtus. Cette singulière adaptation embryonnaire avait déjà été 
vue chez le Chat par De Blainville (1822) qui la décrit de la manière 
suivante : « Dans les chats, à l'état de fœtus, la pointe de l'ongle est, 
pour ainsi dire, émoussée par une singulière substance blanche, molle, qui 
en occupe tout le bord inférieur, mais qui n'appartient pas absolument à 
l'ongle (Page 90). » Le néonychium n'existe point dans les ongles de l'aile du 
Poulet. Cela n'a rien d'étonnant, étant donné leur faible développement, mais 
ce caractère contribue encore à séparer les formations cornées de l’aile des 
griffes véritables. 

Chez le Canard, le développement des griffes est essentiellement le même 
que chez le Poulet, mais il offre un léger retard. Ainsi, l'épaississement 
ectodermique qui va donner l'ongle n'apparaît que vers le treizième jour et non 
le onzième. Dans un embryon de dix-huit jours, la griffe se montre à un état de 
développement correspondant à celui d’un embryon de Poulet de treize 
jours ; Ja calotte granuleuse est très épaisse, mais il n'y a point encore de 
lames cornées et la rainure onguéale commence à peine à se dessiner. 

Les griffes ne se développent pas toujours, elles manquaient sur quelques- 
uns des embryons que j'ai étudiés. Comme on l’a vu plus haut, leur absence 
est liée à celle d'une phalange. Une observation faite chez un embryon de 
Poulet de-dix-neuf jours montre bien ce qui se passe dans de pareils cas et ce 
qu'est devenue la phalange manquante. 

La figure V montre, en effet, que la deuxième phalange du pouce est réduite 
à un tout petit cône cartilagineux qui ne se distingue de la première phalange que 
par la présence d'une bande de cartilage plus jeune ou de précartilage qui repré- 
sente évidemment la bande articulaire réunissant les deux phalanges, demeurée 
à l'état embryonnaire comme la deuxième phalange elle-même. Sans l'existence 
de cette bande articulaire, on pourrait prendre la deuxième phalange rudimen- 
taire pour une simple pointe de la première. En somme, l'extrémité squelettique 
du pouce est restée ici dans l'état où elle est dans un embryon bien plus jeune. 
du huitième jour par exemple. Elle ne se différencie sans doute pas davantage, 
la bande de précartilage qui sépare les deux phalanges ne se creuse point d'une 
cavité articulaire, et, sur le squelette sec, le pouce ne présentera qu'une seule 
phalange dont l'extrémité distale sera surmontée d’une petite pointe, seule 
trace de la deuxième phalange non développée. 

Dans le cas que j'ai observé, il faut noter aussi que l'épiderme ne montre 
aucune tendance à former un ongle, il reste partout mince et plissé, et offre 


même un germe de plume sur un point où il y en a jamais lorsque l’ongle est 
développé. 

Chez le Canard, on peut observer aussi une tendance à la disparition des 
grifles. Dans ce cas, le squelette de la dernière phalange est très grêle et 
s'amincit énormément immédiatement au-dessus de son articulation avec la 
phalange précédente. La phalange terminale présente alors une courbure beau- 


DCS ÿ 
AN s 
À 
cub. 
ép.— 
GENE 
SNA 
AE CEE) 
EMA E Y, 
RDA 
AA 
RU 
CO 
mr) 
FIGURE V. — Extrémité distale du pouce, dans un cas d’absence de griffe, 
embryon de Poulet de 19 jours. 
b. a. bande articulaire. — cub. côté cubital. — ép. épiderme ordinaire recouvrant 


l'extrémité du pouce. — g. p. germe de plume.— pb. I., première phalange. — 
pb. I1., 2me phalange. — rad. côté radial. 


coup plus marquée que d'habitude et se contourne même en spirale, tout en 
restant d'une gracilité extrême ; la griffe, réduite, est difficile à apercevoir. 
Sieglbauer (1911, page 283) a signalé sur le bord cubital de la main des 
embryons de Canard du onzième jour, un peu en avant de l'extrémité du 
squelette du quatrième rayon (troisième doigt persistant), une saillie conique 
temporaire qu'il considère comme représentant la griffe de ce doigt. Il insiste 
pour faire remarquer qu'ainsi la production cornée représentant la griffe serait 


plus durable que la formation squelettique, puisque la phalange onguéale 
correspondante a disparu avant la formation de la saillie en question. 

La structure de cette formation me paraît tout à fait contraire à cette manière 
de voir. En eflet l'ectoderme ne présente jamais en ce point la couche 
granuleuse si caractéristique que l'on observe toujours lorsqu'un ongle va se 
former ; de plus ses cellules se chargent de boules graisseuses et desquament 
en grande partie. Les cellules épidermiques restantes gardent leurs caractères 
de cellules jeunes et n'offrent aucun des traits des cellules cornées. Le 
mésenchyme qui forme l’axe de cette saillie pseudo-onguéale renferme, lui 
aussi, des cellules chargées de:graisse, mais celle-ci disparaît bientôt. Enfin la 
saillie en question n'est aucunement en rapport avec l'extrémité du quatrième 
doigt dont elle est séparée, dès le treizième jour, par un sillon transversal net, 
et elle disparaît de bonne heure sans laisser de traces. Pour toutes ces raisons 
et aussi à cause de l'absence habituelle de formation cornée dans l'épiderme 
du pouce lorsque la deuxième phalange manque ou reste rudimentaire, l'opinion 
de Sieglhbauer me paraît inacceptable, la saillie qu'il a décrite comme ongle 
est, pour le moment, énigmatique. 


B. — Fonctions des griffes 


Les griffes de l'aile ont une direction variable ; leur plan, donné par celui du 
croissant qu'elles forment, est toujours dans le plan radio-cubital de la main, 
mais leur pointe peut être tournée du côté radial ou du côté cubital. 

Il semble cependant que la direction cubitale devrait ètre de règle, l'ensemble 
des parties de la main étant incliné de ce côté, mais il n'en est rien et les 
observations abondent de grifles tournées du côté radial. W. K. Parker 
(1888) en figure chez Dromaeus aler, Apteryx Owent (planche 6$) chez le 
Poulet (planche 62), chez Phasianus versicolor, Argus giganteus (planche 63) 
et au troisième doigt chez Cothurnix daclylisonans (planche 64). Gadow 
(1892. planches VII et VIII) en dessine aussi chez Opishocomus cristalus. Dans 
le dessin d’aile d'un jeune Opisthocome donné d'après Pycraît par Abel 
(1912, page 344, figure 250) et qui est reproduit ici dans la figure VI, les 
griffes du pouce et du troisième doigt sont tournées radialement ; enfin j'en 
ai observé moi-même à diverses reprises. 

Cette direction mérite d'attirer l'attention: 1° parce que chez les Archaeopteryx 
toutes les griffes sont tournées dans la direction radiale ; 2° à cause des fonctions 
qu'on a attribué à ces grifles. 


dE 


Nous laisserons pour le moment de côté ce qui regarde l’Archaeopteryx et 
nous examinerons les fonctions attribuées aux griffes de l'aile. Divers auteurs 
récents et notamment Abel (1912, pages 344-345) ont voulu donner à ces 
griffes une fonction préhensile, et ont soutenu qu'elles servaient à l'animal (tout 
au moins au jeune) à s'accrocher aux branchages. A l'appui de cette opinion on 
cite le cas des jeunes Opisthocomes qui se tirent hors du nid en se servant de 
leurs bras comme de membres préhenseurs. Si cette fonction est admissible 
pour les bras il est bien évident que les griffes n'y sont pour rien. On aurait dû 
remarquer en effet que, dans la figure même destinée à mettre en évidence ces 
griffes dans l'aile des Opisthocomes, celles-ci .sont tournées du côté radial, 


FiGuRE VI. — Aile droite d'Opisthocomus cristatus (jeune dans le nid) 
vue par la face dorsale (emprunté à Abel, d'après Pycraft). 


c'est-à-dire ne peuvent en rien servir de crochets. En effet leur concavité est 
dirigée du côté opposé à l’objet qu'elles devraient saisir. Mais lors mème 
qu’elles seraient tournées du côté cubital, leur rôle de crochets serait encore 
très douteux. Examinons en effet ce qu’elles peuvent faire dans les diverses 
positions de l'aile. 

Dans l'aile ployée, au repos, la griffe du pouce à concavité cubitale pourrait 
évidemment servir à saisir un objet placé au devant d'elle, si le pouce avait une 
mobilité comparable à celle qu'il a chez les Chiroptères. Chez ces animaux 
en effet, il est capable de s'accrocher aux aspérités du sol et de tirer le 
corps en prenant sur elles un point d'appui, ou bien de retenir un objet entre 
le carpe et lui, comme font les Pleropus pour les fruits qu'ils mangent. Mäis 
le pouce des Oiseaux est peu mobile; il ne peut s'écarter que très peu de 
sa position moyenne tant du côté ventral que du côté dorsal et ne peut 
aucunement être comparé à celui de la plupart des Chauves-souris. Wie- 
dersheim il est vrai (19c6, page 188), dit que les griffes rudimentaires de 
l'aile auraient une assez grande mobilité, mais la disposition de ces grifles, 
d’après toutes les figures qui en ont été données, n'est pas en faveur de cette 
manière de voir, et d’ailleurs les considérations ci-après feront mieux ressortir 
la faiblesse de leur rôle sinon leur impossibilité d'agir comme organes 
préhensiles. 

Dans l'aile ouverte ou même seulement à demi-déployée le rôle préhenseur 
des griffes est plus que douteux, car dans cette position l'aile s'étend latérale- 


= 7 — 


ment et s’écarte des objets placés au devant du corps de l'animal, les seuls qui 
pourraient être utilement saisis pour fournir un point d'appui. 

[1 faut bien remarquer en outre que la main des Oiseaux se fléchit sur l'avant- 
bras dans une direction qui exclut pour elle tout rôle préhenseur. En effet elle se 
fléchit seulement du côté cubital de l'avant-bras, ou si l'on veut en abduction 
cubitale, contrairement aux mains préhensiles qui, dans leur totalité, et plus 
encore dans leur partie la plus mobile, les doigts, se fléchissent du côté palmaire 
Dès lors ces mains peuvent entourer comme d'un crochet les objets placés 
au devant d elles, et notamment les branches transversales qui serviront comme 
d'échelons. Les ailes au contraire ne peuvent qu'étreindre imparfaitement entre 
leur main et le bord cubital de l'avant-bras, les objets placés latéralement. 
par exemple des branches dirigées verticalement c'est-à-dire dans une 
position tout-à-fait défavorable pour fournir un point d'appui. Dans cette 
action la griffe du pouce placée dans le plan radio-cubital, en dehors des 
surfaces qui se rapprochent l'une de l’autre pour saisir (les bords cubitaux de 
la main et de l’avant-bras) ne peut servir à rien et il en est de même de celle 
du long doigt, qui, si elle est plus dégagée de la main que celle du pouce, est 
cependant trop imparfaite pour embrasser utilement un support quelconque. 
Il est bien évident en outre que cet emploi des griffes ne peut s'observer que 
chez les jeunes revêtus seulement de duvet, car dès que les rémiges se 
forment elles dépassent bien vite, et de beaucoup, les griffes qu'elles réduisent 
à l'inutilité, en mème temps qu'elles empêchent toute préhension entre la 
main et l'avant- bras en remplissant l'angle compris entre eux, qui, chez le 
jeune, pouvait servir à cette fonction et enserrer des objets placés latéralement 
à l'animal. 

S'il est vrai qu'un jeune Oiseau peut s’aider de ses ailes pour se tirer hors du 
nid et s'élever dans un branchage fourré, il me paraît difficile de trouver dans 
cet emploi de fortune une véritable fonction de ces membres et la raison de la 
conservation des griffes. Celles-ci sont évidemment de purs organes rudimen- 
taires, comme leur absence fréquente, même idans les espèces où elles se 
rencontrent d'habitude, et leur apparition sporadique dans des groupes où elles 
manquent ordinairement, conduisaient déjà à le penser. 


Mais si le rôle des grifles est nul, la courbure singulière qu’elles présentent 
souvent et qui dirige leur pointe du côté radial, exactement en sens inverse de 
la direction générale des autres parties de la main, mérite d'attirer l'attention, 
car elle se retrouve chez l'Archæopteryx où elle est peut-être en rapport avec 
la constitution générale de l'aile, comme on va le voir. 


Eros 


C. — Griffes et main d Archaeopteryx 


Dans le squelette d'Archæopteryx le mieux conservé que l'on possède, celui 
du Musée de Berlin, les griffes dans les deux mains ont la position qui vient 
d'être dite, c'est-à-dire ont leur pointe dirigée radialement tandis qu'elles 
mêmes sont contenues dans le plan radio-cubital de la main, et non dans le 
plan dorso-palmaire comme les griffes préhensiles qui se fléchissent toujours 
du côté ventral ou palmaire. 

Cette disposition a peu attiré l'attention. Elle est cependant reconnue par 
Abel (1912, page 353, figure 251) qui, à propos d'une reconstruction 
d’Archaeopteryx dans laquelle les doigts sont tournés du côté cubital, indique 
qu'ils devraient être dirigés en sens inverse. Mais cette observation ne paraît 
pas avoir été retenue et l'on n'a pas non plus fait ressortir les conséquences 
qu'elle comporte. 

D'ailleurs Dames le paléontologue qui a décrit le squelette d’Archæopteryx 
de Berlin regarde cette position des griffes comme artificielle et produite au 
moment de la fossilisation. En eflet il décrit (1884, page 32) leur face concave 
comme inférieure, ce qui force à admettre qu’elles ont été couchées sur le côté 
lorsque l'animal a été enfoui dans la fine boue calcaire qui l’a conservé. Leur 
disposition dans la pièce n’est cependant pas favorable à cette manière de voir. 
Partout les articulations sont très serrées, bien au contact, comme elles 
pouvaient l'être pendant la vie, et nulle part on ne voit entre les diverses 
phalanges ou entre celles-ci et les métacarpiens correspondants, d'écartement 
indiquant un point où une torsion violente se serait opérée. Il faudrait donc 
admettre que cette torsion a porté sur toute la longueur des rayons et que les 
métacarpiens eux-mêmes ont eflectué une rotation sur leur axe longitudinal, 
ce qui est peu vraisemblable. 

La présence de griffes à direction radiale dans l'aile embryonnaire de tant 
d'Oiseaux permet de penser que telle était aussi la disposition des griffes à la 
main de l'Archaeopteryx. 

Cette disposition serait certainement reconnue depuis longtemps par tout 
le monde si l'on n'avait pas été influencé par certaines reconstitutions de 
l’Archaeopteryx qui n’ont pas peu contribué à embrouiller l'idée que l'on devait 
se faire de la structure de ses ailes. 

Celle-ci est très claire dans l'exemplaire du Musée de Berlin où les parties 
essentielles du membre antérieur sont parfaitement conservées. Mais, dans un 
dessin de cet individu donné par Steinmann et Dôderlein et reproduit 


19 — 


dans la plupart des traités (Gegenbaur, Zittel, Wiedersheim). l’une 
des mains, la gauche, est représentée pliée sur l’avant-bras, et infléchie du côté 
cubital de ce dernier, tandis que la droite prolonge la direction de l'avant-bras 
comme le ferait une main de Reptile (1). l 

Comment cette figure a-t-elle été composée et pourquoi a-t-on cru devoir 
changer la direction de la main dans le membre droit ? Je ne sais, n'ayant pu 
me procurer l'ouvrage de Steinmann-Doderlein. Mais il est certain 
qu'elle a singulièrement gèné ceux qui cherchaient à se faire une idée claire de 
ces parties. En effet, si la main droite était bien telle qu'on la représente, elle 
ressemblerait tout à fait à la main d'un Reptile tridactyle ; la direction radiale 
des griffes n'aurait rien d'extraordinaire, car elle résulterait évidemment du 
renversement sur le côté de grifles à flexion palmaire. Il est vrai que l’on 
comprendrait mal le rapport qu'il y aurait entre cette main prolongeant la 
direction de l'avant-bras et le contour de l'aile donné par les plumes voisines, 
mais cette difficulté ne paraît pas avoir préoccupé les auteurs de la restauration 
discutée. 

D'un autre côté, la position de cette main droite pouvait faire supposer que 
la direction toute différente de la main gauche était due simplement à une 
luxation en arrière et du côté cubital, opérée lors de la fossilisation ; et il est 
difficile en regardant cette figure de raisonner autrement. 

Mais, en réalité, les choses sont disposées d'une tout autre manière sur 
l'exemplaire original. Les divers segments du membre antérieur ont tous la 
même situation, les uns par rapport aux autres dans les deux membres, et aussi 
bien à droite qu'à gauche, la main est inclinée du côté cubital sur l’avant- 
üras, comme à demi ployée, et formant avec l'avant-bras un angle de 07° 
environ (mesuré sur la planche très exacte de Dames). 

Cette inclinaison cubitale de la main est un caractère d'une haute importance ; 
elle est, en effet, une condition du vol, en permettant au dernier segment du 
membre de se déployer dans le même plan que les deux précédents lorsqu'ils 
sont relevés, de manière à former la lame horizontale nécessaire pour le vol. 
Aussi, observe-t-on chez tous les animaux volants (Ptérosauriens, Oiseaux, 
Chiroptères), que le dernier segment squelettique du membre antérieur — fut-il 
formé par un seul doigt comme chez les Ptérosauriens — est placé en abduc- 


(1) En dehors de l'orientation différente de la main droite, la restauration ? de Steinmann 
et Dôderlein porte seulement sur l'adjonction de la partie moyenne de la clavicule, de la 
majeure partie du bassin et des orteils. Hayek (1889) a donné, dans son Handbuch der 
Zoologie, Band IV, Abth I, page 153, une copie exacte de la figure de Dames.— Abel 
(1912, fig. 11), reproduit aussi une photographie du moulage de la pièce de Berlin, mais de 
dimensions trop faibles pour permettre un examen approfondi. 


tion cubitale et ne peut se mouvoir que dans le plan radio-tubital, au lieu 
de prolonger la direction de l'avant-bras comme le fait d'ordinaire la main et 
de se fléchir comme celle-ci sur la face ventrale de l'avant-bras. 
L'inclinaison cubitale de la main chez l'Archaeopteryx est, comme on l’a dit, 
de 97°; elle est la même aux deux membres. Cette inclinaison est certaine- 
ment naturelle, comme la suite le prouvera de plus en plus, et elle ne résulte 
pas de l'abduction forcée d'une main à poignet assez souple, mais qui serait 
cependant d'habitude dans le prolongement de l'avant-bras. En eflet, chez 
l'Homme dont le poignet a les mouvements les plus amples dans tous les sens, 
l'inclinaison de la main sur le bord cubital ne dépasse guère 50° pendant la 
supination où elle est la plus grande possible, et l'angle cubital est alors 
de 130° au lieu de 97° qu'il mesure chez l’Archaeopteryx, ce qui doit faire 
repousser toute tentative de considérer la position de la main dans ce dernier 
comme résultant d’une flexion qui l'aurait dérangée de sa direction habituelle. 


Fiure VII. — Aile gauche, articulation du poignet, Pigeon d’un mois 
environ. Coupe horizontale, vue par la face dorsale. 


Le cartilage est représenté par un pointillé, les ligaments et la substance compacte 
des os sont en blanc, la substance osseuse est formée de tissu aréolaire, les 
cavités articulaires sont en noir.— c. d. carpiens distaux fusionnés avec la tête 


des métacarpiens pour former la poulie articulaire, — c/. cubital. — cub. 
cubitus. — p. phalange unique du pouce, — M. III, 3me métacarpien. — 
M. IV, 4m° métacarpien. — rad. radius. — 71. radial. — 1. tubérosité du 2me 


métacarpien. 


Ilest donc certain que la main d'Archaeopteryx présentait une inclinaison 
cubitale comme celle des Oiseaux, mais en dehors de ce caractère, elle d'fférait 
profondément de celle-ci, notamment par la constitution de son carpe. 

Chez les Oiseaux le carpe est représenté par deux rangées osseuses encore 
bien distinctes sur la coupe de poignet d'un jeune Pigeon dessinée dans la 
figure VII. La première, proximale, comprend deux os, le radial et le cubital 
— ce dernier rencontré par la coupe sur une faible étendue seulement de son 
sommet dorsal — la seconde, distale, représentée par l'os en croissant qui 


recouvre la tèfe du grand métacarpien en lui formant comme une sorte 
d'épiphyse (c. d. figure VIT). 

Cette calotte osseuse est formée par la fusion des carpiens distaux. 
Elle ne tardera pas à se confondre avec la partie proximale ossifiée des 
métacarpiens, dont elle est encore séparée pour le moment par du cartilage, 
et formera alors avec eux une lame osseuse continue dont elle constituera la 
tète articulaire saillante, en rapport avec les os de la rangée proximale. 

L'articulation intercarpienne comprise entre ces deux rangées présente deux 
parties principales : une surface concave et une tête articulaire convexe qui se 
meut sur cette dernière. La surface concave est formée par le radial et le 
cubital réunis entre eux par un ligament interosseux en forme de lame qui 
constitue le fond de la cavité articulaire intercarpienne et sépare cette dernière 
d'une autre cavité articulaire, plus petite, située au devant du distum du cubitus, 
et qui permet au ligament interosseux tout entier de glisser lui-même sur la 
tète du cubitus comme on le verra plus loin. 

La tête articulaire est formée comme on l'a vu par la fusion des carpiens 
distaux avec les métacarpiens. Elle est aplatie dorso-ventralement et présente 
une poulie de glissement orientée dans le sens radio-cubital. 

Le bord radial de la main est muni d’un tubercule saillant, {, qui sert à 
l'insertion des extenseurs de la main et à celle du tenseur antérieur de la 
membrane alaire. 

De même qu'il existe une cavité articulaire propre devant le distum du 
cubitus il en existe une entre le radial et le radius. 

Le radial présente une forme quadrangulaire irrégulière avec un ligament à 
chacun de ses angles. Il y a donc du côté radial un ligament entre le radius et 
l'angle proximal du radial, puis un autre étendu entre l'angle distal du radial et 
la base du tubercule métacarpien. Du côté cubital l'angle proximal du radius 
se continue par un ligament qui vient s'attacher entre le radius et le cubitus et 
sépare les cavités articulaires répondant à la tète de chacun de ces os ; l'angle 
distal donne insertion au ligament interosseux dont il a été parlé. Ces différents 
ligaments solidarisent le radial avec les autres pièces de l'articulation et jouent 
un grand rôle dans les mouvements. 

Dans l'extension extrême de la main la concavité de l'articulation intercar- 
pienne regarde à peu près directement en dehors comme sur la figure VIT ; 
dans sa flexion au contraire cette concavité est tournée en arrière du côté 
cubital. Cette transposition de son axe est due aux mouvements propres du 
radius. 

On sait depuis longtemps qu'indépendamment de tout mouvement musculaire 
et par le simple jeu des os tel qu'il est réglé par la forme des surfaces articu- 


16 


laires de l'humérus et du radius, ce dernier est poussé distalèment lors de la 
flexion de l’avant-bras sur le bras, en glissant parallèlement au cubitus qui 
n'effectue aucun mouvement comparable. 

Le radial est en même temps repoussé ; il bascule un peu autour de son 
bord cubital et la portion correspondante de la cavité intercarpienne est 
repoussée dans le même sens, déplaçant l'axe de la cavité articulaire comme 
il a été dit plus haut. Un mouvement inverse se produit dans l'extension, et la 
traction exercée par le radius est transmise par le radial et le ligament qui en 
part pour s’insérer sur le tubercule métacarpien, jusqu'à ce dernier qui redresse 
le bord radial de la main en étendant cette dernière. 

Il y a donc dans l'aile des Oiseaux une disposition du squelette qui détermine 
automatiquement et passivement en quelque sorte l'extension ou la flexion de la 
main dès que l'avant-bras se meut sur le bras. 


FiGure VII — Aile gauche d’Archaeopteryx vue du côté dorsal, d’après Dames. 


c. carpien unique, — cub. cubitus. — . humérus. — MI1., M Il, M III, premier à 
troisième métacarpien. — ad, radius. 


Comme d'autre part ce dernier ne peut s'écarter du corps sans étendre 
l’avant-bras par suite de l'étirement du triceps brachial qui en résulte, et que du 
même coup le tenseur antérieur de l'aile tendu par cette extension de l'avant- 
bras déploie lui même la main, on voit qu'il existe chez les Oiseaux une série de 
mécanismes en vertu desquels la main s'étend dès que le bras s'écarte du corps 
et se replie dès qu'il s'en rapproche dans la position de repos. Les mouvements 
de la main sont donc assurés chez eux d’une manière parfaite. 

Il en était tout autrement chez Archaeopteryx. 

Chez lui le carpe était représenté par une pièce unique en forme de triangle 
curviligne (c, figure VIII). Le bord proximal de cet os est creusé d’une cupule 
large et peu profonde qui s'appuie sur le radius et sur le cubitus ; son bord 


distal, qui s'unit au précédent sous un angle aigu du côté cubital, présente deux 
petites facettes légèrement concaves pour l'articulation des deux premiers 
métacarpiens ; son bord radial est convexe et se trouvait sans doute immédiate- 
ment sous la peau. 

A quel os de la main des Oiseaux répond cette pièce ? Il est impossible de le 
dire pour le moment parce que l'absence de toute donnée embrvologique ne 
permet pas de savoir s'il est originellement simple ou s’il résulte au contraire de 
la soudure de deux ou de plusieurs pièces primitivement séparées. D'autre part 
on n'est pas absolument certain qu'ilsoit bien seul et qu'il n'y ait pas un second os 
caché au-dessous de lui (Dames, page 31); mais en revanche rien n'autorise à 
représenter dans le carpe les deux os arrondis l’un, radial plus volumineux, 
l’autre cubital plus petit qui ont été figurés dans le dessin de Steinmann et 
Doderlein. Il est même probable que l'os triangulaire de l'exemplaire de 
Berlin était bien véritablement le seul os du carpe car, ainsi que le fait 
remarquer Dames (1884, page 9) l'état de conservation du fossile est parfait 
et en particulier les parties des extrémités antérieures laissent à peine à 
désirer. J’ajouterai que la forme triangulaire de cet os paraît bien appropriée 
à la constitution que l'on peut imaginer pour la main. 

Voyons en effet comment celle-ci pourrait être disposée ? 

L'absence de la grande articulation intercarpienne indique déjà que les 
mouvements de la main ne devaient pas être aussi étendus que chezles Oiseaux, 
il est même probable que les mouvements rendus possibles par la disposition 
des pièces telle qu’on la connaît étaient peu considérables. A la vérité on peut 
se demander si le carpien unique qui porte à son distum les métacarpiens ne 
pouvait pas fonctionner comme la tête articulaire du métacarpe des Oiseaux et 
rouler dans le sens radio-cubital sur l'extrémité de l'avant-bras. Il suffirait pour 
cela de combler la légère fossette dont sa face proximale est creusée car il 
formerait ainsi une tête articulaire saillante assez semblable à celle du métacarpe 
des Oiseaux. 

Dans la main droite sa forme se prête mème assez bien à cette hypothèse à 
cause de l'absence de fossette proximale que l’on y constate, ses bords radial 
et proximal se continuant régulièrement l’un par l’autre suivant une courbe à 
convexité tournée vers l’avant-bras. Mais dans ce cas les deux os de l'avant- 
bras ne fourniraient point à cette tête articulaire une cavité appropriée 
comparable à celle que fournissent le radial et le cubital des Oiseaux. En outre 
ils sont tellement rapprochés de lui (Dames 1884, page 54) qu'on ne peut 
pas même imaginer l'existence entre eux d'un ménisque ou d'une pièce 
cartilagineuse quelconque permettant de former cette cavité articulaire. Enfin 
on ne trouve point sur le métacarpien radial d'apophyse saillante comparable 


au tubercule qui, chez les Oiseaux, paraît étroitement lié à la mobilité de la 
main. 

Il est donc certain que la main ne pouvait pas exécuter sur l'avant-bras des 
mouvements comparables à ceux qu’elle accomplit facilement chezles Carinates. 
Il faut signaler toutefois que dans une reconstruction d'Archaeopteryx Jaeckel 
(1912, page 171, figure 189) reproduit exactement l'inclinaison cubitale des deux 
mains, mais représente trois os dans le carpe : deux plus petits, proximaux, et 
un plus grand distal, ayant tout-à-fait l'apparence de celui qui est donné dans la 
figure de Dames. S'il en est bien ainsi l'hypothèse que je viens de repousser 
pourrait bien être vraie, les deux os proximaux fournissant la cavité intercar- 
pienne, le distal représentant la tête des métacarpiens. Mais Jaeckel ne dit 
point comment il a été amené à faire cette reconstitution et pourquoi il a cru 
devoir figurer les carpiens proximaux contrairement à tout ce que montre la 
pièce de Berlin Nous pouvons donc négliger, provisoirement tout au moins, 
cette reconsitution, d'autant plus qu'elle offre d'autre points contestables. 
L'articulation scapulo-humérale, notamment, est placée beaucoup trop bas du 
côté ventral et constituerait, si elle était réellement ainsi, une impossibilité 
mécanique en mettant le point d'appui dans le vol, au-dessous du centre de 
gravité de l'animal. 

D'un autre côté la forme triangulaire du carpien unique qui semble disposé 
comme un coin destiné a produire l'inclinaison cubitale de la main et à la 
maintenir d'une manière parfaite, tend à faire admettre que la main d'Archaeop- 
teryx était peu mobile sinon tout-à-fait immobile sur l'avant-bras, formant avec 
lui un angle cubital à peu près fixe. 

Cette immobilité expliquerait aisément le fait que les deux exemplaires 
d’Archaeopteryx connus ont tous deux les ailes à demi étendues tandis que 
les cadavres des Oiseaux les ont d'habitude reployées. Gerstäacker (1887, 
page 155, note) a insisté sur cette attitude des ailes qu'il opposait à celles des 
Oiseaux. Abel (1912, page 344) fait remarquer, il est vrai, que l'on a trouvé 
des Oiseaux fossiles avec les ailes étendues, mais ceci ne diminue point la 
portée de l'observation de Gerstäcker. Les cadavres des Oiseaux ont 
d'habitude les ailes reployées parceque, du seul fait de la cessation de toute 
action musculaire, les ligaments ramènent l'aile à la position de repos, c'est-à- 
dire l'humérus rapproché du corps, l’avant-bras et la main fléchis. Il peut 
évidemment arriver, soit par les circonstances même de la chute de l'Oiseau au 
moment de sa mort, soit par un charriage ultérieur sur le sol, que l'une ou 
l’autre des ailes soit plus ou moins étendue, mais il est impossible d'imaginer 
que les deux ailes puissent présenter le même angle de flexion cubitale comme 
c'est le cas pour l'Archaeopteryx. 


NS — 


Il est bien probable que l’Archaeopteryx était un animal mauvais voilier, se 
servant de ses ailes seulement comme de parachute (Abel). Gerstäcker, 
page 155, a fait remarquer que l'empennage de sa main différait tout à fait de celui 
des Carinates. Il n’y avait point d’aile bâtarde et les rémiges primaires, en plus 
petit nombre que chez ces Oiseaux (6 au lieu de 11) n'étaient point attachées 
d'une manière aussi ferme que chez eux, vu l'absence de cadre métacarpien et de 
la forme aplatie du doigt médian qui sert d'attache aux deux premières leur 
fournissant, par son aplatissement même, une large et solide insertion. Or, 
comme ce sont les rémiges primaires qui jouent le rôle essentiel dans le vol, 
il est clair que ce dernier devait être fort imparfait chez Archaeopteryx. 

Il me semble donc que l’Archaeopteryx devait porter d'habitude son aile 
pendante, à demi déployée avec ses différents segments dans un plan parasa- 
gittal, comme le font parfois certains Oiseaux. 

Mais, à cause de la grande ouverture de l'angle cubital, il est probable que 
l'extrémité de l'aile touchait terre et que les grands ongles s’appuyaient légère- 
ment sur le sol. C’est sans doute pour cela que le troisième doigt dans les deux 
ailes est fléchi en dedans de la main, du côté palmaire, de manière à pouvoir 
utiliser sa griffe dans cette position. En effet, les pointes des trois griffes sont alors 
sur une même ligne ou mieux sur un même plan et peuvent, par conséquent, 
concourir toutes trois efficacement à fournir à l'animal un point d'appui sur le 
sol. Si cette explication est la vraie, on comprend très bien la direction radiale 
des griffes qui est nécessaire pour amener leur pointe en contact avec le sol 
de manière à fournir un point d'appui à l'aile. On se rend compte en même 
temps de la flexion identique du troisième doigt dans les deux mains, qui serait 
absolument incompréhensible si on voulait l’attribuer au hasard de la fossilisation. 

L'Archaeopteryx pouvait ainsi prendre appui sur ses extrémités antérieures, 
qui, au contraire, se relevaient à angle droit et formaient parachute lorsque 
l'animal voulait s'élancer dans l'air, en partant naturellement d’un point élevé. 

La réduction de son carpe et l'immobilité probable de sa main suggèrent la 
pensée que l’Archaeopteryx, loin d'être la forme initiale d'où sont sortis les 
Carinates, est plutôt une forme aberrante, une tentative manquée de la Nature 
pour faire un Diseau. 


AGARANVEE EEE 
BLAIN VILLE (DE).. 


BLAIN VILLE (DE)... 
BRANCAS Se 
DAMES, W.... 


GADOWPHRRREE 
GADOMENEIEEREE 


GEGENBAUR..... 


GERSTACKER.... 
GOPPERT, E...., 


HAYEK, G. (VON). 
JAECGKEL OT 


JEFFRIES, J.-A.... 
LEIGHTON, V. L.. 
NORSANE: 2 10 
PARKER. W.K.. 


SIEGLBAUER, F.. 


WIEDERSHEIM 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


Grundztge der Palaeobiologie der Wirbeltiere. — Stuttgart 1972. 

On an embryonic Appendage of the Claws of 1be Amniota. Anat. 
Anz. — Band. 35, 1909. 

Sur l'existence de véritables ongles à l'aile de quelques espèces 
d'oiseaux (Bulletin de la Societe philomatique pour 18719). 

De l’organisation des animaux. — Tome I, 1822. 

Le diamant du Poulet. Journal de l’Anatomie 1907. 


Ueber Archaeopleryx. Palaeontologische Abhandlungen. Zweiter 
Band, Heft 3, 1884. 


Vôgel in Bronn’s Klass. und Ordn. d. Tierreichs. — 1891. 


Crop and slernum of Opisthocomus cristatus, elc. Proc R. Irish 
Academy. Third. series, vol. Il, 1892. 


V’ergleichende Anatomie der Wirbeltiere. Band I, und Il, 1898- 
1901, Leipzig. 

Das Skelet des Dôglings (Hyperoodon rostratus) Leipzig 1887. 

Zur Phylogenese der Wirbelthierhralle. Morphol. Jahrb. Band 25, 
1898. 

Haudbuch der Zoologie. Band IV. Abth. I, 1889. 


Die Wirbeltiere. Eine Ubersicbt über die fossilen und lebenden 
Formen. — Berlin, 1911. 


On the Claws and Spurs on Birds W'ings.Proceedings ofthe Boston 
Society of natural history, vol. 21, 1882. 


The Development of the Wing of Sterna Wälsonii. The American 
Naturalist. Vol. XXVIII, 2, 1894. 


Recherches sur la morphologie des membres antérieurs des Oiseaux. 
Archives italiennes de Biologie. Tome 22, 1895. 


On the Struct. and Development of the Wing in the Common Fowl. 
Phil. Trans. of the Rov. Soc. of. London, vol. 179, 1888. 


Zur Entwich. d. Vôgel Extremilat. Zeitschrift für wissensch. Zool. 
Band 97, 1911. (Habilitationschrift). 


Vergleichende Analomie der Wiäirbeltiere, 6° Auflage 1906. 


RAA OR 


SUR LA SECTION DE ZOOLOGIE DU MUSEUM 


RORACONR | 


SUR LA SECTION DE ZOOLOGIE DU MUSEUM 


Une douzaine d'années se sont écoulées depuis le dernier rapport fait sur 
le fonctionnement de la Section de Zoologie, rapport qui n'a pu paraître dans 
le tome VIII des Annales, et dans lequel nous indiquions les principales 
modifications introduites dans notre service. Aussi, au début de celui-ci, nous 
tenons à parler de l’une d'elles ; l'entrée au Musée en 1902 de M. Couturier 
qui, pendant quelques années, nous avait prêté son concours bénévole. Ce 
savant amateur d'Histoire Naturelle est attaché à notre Service, en qualité 
d'aide naturaliste ; ses connaissances étendues en Conchyliologie m'ont permis 
de lui confier le classement de nos coquilles vivantes. 

Dès son arrivée, M. Couturier s'est occupé d’abord de l'importante 
collection de coquilles terrestres et fluviatiles de l'Algérie, léguée en 1900 par 
le D'° Hagenmüller ; il en a publié le catalogue en 1903 dans le volume VIII 
de nos Annales (1). 

Depuis cette dernière date, il fait la révision complète de notre collection 
générale de Conchyliologie, rectifiant certaines déterminations, et surtout y 
introduisant les nombreuses espèces nouvelles provenant des collections 
H. Gaudion et Ph. Matheron, données au Musée. 

Les travaux d'entretien des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des 
poissons, ont été poursuivis annuellement d’une façon très régulière ; il en a 
été de même pour ceux destinés à la conservation de nos collections de 
crustacés et d'arachnides. Des nettoyages très fréquents sont indispensables 
pour empêcher les anthrènes et les mites d'occasionner des dégâts dans ces 
diverses collections. 


(1) Mart. Couturier. — Catalogue des Coquilies paléarctiques de la collection Hagenmüller 
(p. 19 à 67). 


REMRONR CI 


SUR LA SECTION DE ZOOLOGIE DÙÜ MUSEUM 


Une douzaine d'années se sont écoulées depuis le dernier rapport fait sur 
le fonctionnement de la Section de Zoologie, rapport qui n'a pu paraître dans 
le tome VIII des Annales, et dans lequel nous indiquions les principales 
modifications introduites dans notre service. Aussi, au début de celui-ci, nous 
tenons à parler de l'une d'elles ; l'entrée au Musée en 1902 de M. Couturier 
qui, pendant quelques années, nous avait prêté son concours bénévole. Ce 
savant amateur d'Histoire Naturelle est attaché à notre Service, en qualité 
d'aide naturaliste ; ses connaissances étendues en Conchyliologie m'ont permis 
de lui confier le classement de nos coquilles vivantes. 

Dès son arrivée, M. Couturier s'est occupé d’abord de l'importante 
collection de coquilles terrestres et fluviatiles de l'Algérie, léguée en 1900 par 
le D' Hagenmüller ; il en a publié le catalogue en 1903 dans le volume VIII 
de nos Annales (1). 

Depuis cette dernière date, il fait la révision complète de notre collection 
générale de Conchyliologie, rectifiant certaines déterminations, et surtout y 
introduisant les nombreuses espèces nouvelles provenant des collections 
H. Gaudion et Ph. Matheron, données au Musée. 

Les travaux d'entretien des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des 
poissons, ont été poursuivis annuellement d'une façon très régulière ; il en a 
été de même pour ceux destinés à la conservation de nos collections de 
crustacés et d'arachnides. Des nettoyages très fréquents sont indispensables 
pour empêcher les anthrènes et les mites d'occasionner des dégâts dans ces 
diverses collections. 


(1) Mart. Couturier. — Catalogue des Coquilies paléarctiques de la collection Hagenmüller 
(p. 19 à 67). 


él — 


Un état de chose contre lequel nos soins ne peuvent rien, c'est le trop 
grand jour qui règne dans toutes nos salles, même avec les rideaux baissés ; 
cette lumière trop vive décolore tous les objets mis en vitrine, leur enlevant 
plus ou moins leur valeur marchande, ainsi qu'une partie de leurs caractères 
scientifiques ; la présence d'épais rideaux de couleur serait nécessaire pour 
assurer la bonne conservation de tous nos animaux. 

L'importance de nos collections zoologiques s'est accrue considérablement 
par l'arrivée de nombreux dons et legs faits au Musée depuis 1902. 

En ce qui concerne le développement de la section des mammifères et des 
oiseaux, le Jardin Zoologique arrive en première ligne comme fournisseur. 
Depuis près de cinquante ans, tous les animaux morts sont remis au Musée: 
suivant leur état au moment du décès, ils sont naturalisés ou mis en peau Si 
nous possédons en vitrine plusieurs exemplaires en bon état de ces bêtes, on 
prépare alors leur squelette. 

Nous ne donnerons pas une liste complète de tous les animaux qui nous sont 
venus du Jardin Zoologique depuis 1902, nous nous contenterons de signaler 
quelques-uns d’entre eux : 

Plusieurs lions et tigres ‘et ®, un ocelot G‘, deux pumas ; une panthère G 
du Yunnan et une panthère longibande SG‘ de Ceylan, un’ chien du Laos, une 
Nandina binolata (espèce rare de Viverridé, que nous ne possédions pas) ; de 
nombreux singes, entr'autres deux Cercopithèques Diane G‘, deux galagos ; 
un Castor fiber (jeune); un éléphant d'Asie ® qui était resté près de dix- 
huit ans au Jardin Zoologique ; plusieurs lamas, un dromadaire ; de nombreux 
kangurous (Macropus agilis ®, Macropus rufus SG et ®,...\. Ajoutons à cette 
liste abrégée de mammifères. un grand nombre d'oiseaux ayant séjourné plus 
ou moins longtemps dans notre Jardin Zoologique ; plus une tigresse échappée 
à son débarquement sur la jetée et tuée quelques jours après. 

En dehors de cet établissement qui est, comme on vient de le constater, 
notre grand pourvoyeur pour l'augmentation et le renouvellement de nos 
collections mammalogiques et ornithologiques, nous avons reçu un assez grand 
nombre de dons ; ne pouvant les énumérer tous, nous nous contenterons de 
citer les plus importants d’entre eux. 

En 1902, deux Ceralodus Forstert, Krefft, nous ont été donnés par l'Australian 
Museum de Sydney ; ces curieux poissons amphibies proviennent des rivières 
de la côte orientale d'Australie. 

Un Oryctérope (Orycleropus Ælhiopicus) des bords du Mombassa, apporté 
de cette région par le Capitaine Mahon. 

MM. Got et David nous ont envoyé un très beau Lamprys gullatus, de 
so kilos, capturé dans le golfe de l'Estaque. 


val 


Enfin, une collection de plus d'une centaine d'Invertébrès (coquilles et 
bryozoaires), nous a été remise par M. P. Pallary, d'Oran. 

En 1903, M. Bernier, directeur du Museum de Nouméa, nous a fait don de 
plusieurs reptiles et de diverses coquilles de la Nouvelle-Calédonie. 

En 1906, à la fin de l'Exposition Coloniale de Marseille, de nombreux 
poissons dans l'alcool, ont été donnés au Musée: environ 200 d’entre eux, 
provenant des grands lacs dits Toulé-Sap, préparés par M. Hertrich, Résident 
de France à Kompong-Thom, nous ont été remis par M. Baudoin, Commis- 
saire général du Cambodge ; une cinquantaine de poissons capturés dans le 
golfe de Cam-ranh, par MM. Lefèvre et Franski, nous ont été donnés par 
MM. de Barthélemy et de Pourtalés. 

En 1908, le Docteur Heckenroth, médecin colonial, nous a rapporté du 
Congo français, de nombreux animaux dans l’alcool (un galago, des serpents, 
des mygales et des scolopendres). 

En 1909, quelques coquilles rares nous ont été offertes par les fils de feu 
A. Denans et par M. Sowerby (Murex gambiensis, Voluta pulchra, Marginella 
Denansi, Cyprœa tessellata, Cyclostoma Denansi). 

En 1912, un amateur d'Histoire Naturelle, M. Canque, a fait don au Musée 
de plusieurs milliers de coquilles, provenant surtout des îles de la Société ; cet 
ensemble forme une collection importante et presque complète de la faune 
conchyliologique de ces îles. 

En 1913, l'Administration municipale a fait acheter un squale pélerin, Selache 
maximus, de trois mètres de long, capturé dans le golfe de Marseille ; cette 
espèce que nous ne possédions pas, n'avait jamais été prise le long de nos côtes. 

La Stazione Zoologica de Naples, nous a envoyé une quarantaine d'espèces 
d'Invertébrés marins pris dans le golfe qui porte ce nom. 

Huit Paradisiers nous ont été donnés à la fin de cette même année, par 
M. L.-W. Rothschild, de Tring, près Londres; ces oiseaux très rares sont 
les suivants : 2 œ de Paradisea Auguslæ-Vicloriæ, 1 © Astrapia Slephaniæ, 
1 Xanthomelus aureus, 1 S Parolia Lawesi, 1 @ Drepanornis Alberti et sa variété 
cervinicauda Set 1 Lophorina nunor. 

En 1914, les fils de M. L. Falque ont fait remettre au Musée, quelques 
mammifères et oiseaux tués dans la région, ainsi qu'une jolie petite vitrine en 
noyer ciré. 

Un Dauphin naturalisé {Delphinus delphis) de plus d'un mètre de longueur et 
un très rare céphalopode des côtes de Nice (Loligopsis Veranyi) nous ont été 
envoyés par M. Maschi. 

En dehors de ces dons principaux faits au Musée d'Histoire Naturelle 
pendant cette longue période, nous avons également reçu de nombreux 


VO 


animaux pris dans la région, sur terre ou dans la mer, qui nous sont parvenus 
peu après leur capture Les divers fonctionnaires de l'Etablissement ont eux 
aussi. à diflérentes reprises, apporté le produit de leurs chasses. 

A côté de ces divers dons, il est de notre devoir de signaler séparément les 
deux suivants, qui ont une importance beaucoup plus considérable que les 
précédents. 

Le commandant H. Gaudion, de Béziers, a laissé en mourant, en 1902, au 
Musée de Marseille, sa riche collection de coquilles vivantes, ainsi que sa 
belle bibliothèque scientifique, le tout ayant une valeur de plus de dix mille 
francs. Ce legs important a enrichi nos collections de trois mille espèces 
nouvelles, et notre bibliothèque de plusieurs grands ouvrages que nous ne 
possédions pas. Dans la notice biographique de ce savant amateur, que nous 
avons publiée en décembre 1903, dans le tome VIII des Annales du Musée 
(p. 11 à 16), nous donnons la liste des coquilles les plus rares de cette 
collection et celle des ouvrages qui sont venus augmenter notre bibliothèque. 

Eñ 1910, ies familles Barroil et Doynel ont donné au Musée la collection 
conchyliologique du savant géologue, Ph. Matheron ; ces familles ont tenu à 
ce que tous les autres objets d'Histoire Naturelle, réunis par leur père, se trou- 
vassent dans le même établissement que son importante collection paléontolo- 
gique. Ainsi nous sont arrivés quelques milliers de coquilles vivantes, parmi 
lesquelles nous signalerons : le type du Cassidaria echinophora, variété provin- 
cialis, décrit par Honoré Martin, des Martigues, sous le nom de Pyrula 
provincialis (Journal de Conchyliologie, tome 11, 1851); les Murex triplerus, 
oculalus et molacilla, 1 Cyprœa Scoli, des Marginella pseudo-faba, labiata, 
1 Voluta angulata, 1 Cassis plicata, des Conus bullalus, amiralis, de nombreuses 
coquilles terrestres telles que 1 Cylindrella Brockiana, des Helix Goudotiana, 
imperalor, Sowerbyana ; enfin, de très belles séries d'Anodonles et d'Unios de 
l'Amérique du Nord. A cette collection de coquilles venaient s'ajouter une 
quarantaine de beaux échantillons de Madrépores, de nombreux Echinodermes 
et des Spongiaires. 

Pendant cette période, plusieurs Musées et divers Etablissements ont adressé 
des demandes à M. le Maire de Marseille, en vue d'obtenir un certain nombre 
de nos doubles. Avec son autorisation, nous avons fait les envois suivants : 

Au Musée d'Histoire Naturelle d'Aix, un lot de vingt-neuf mammifères a été 
expédié le 7 juillet 1903 ; ce lot joint à plusieurs autres que le professeur Marion 
leur avait fait parvenir avant 1900, a contribué à former, pour ce Musée, une 
collection de mammifères contenant des représentants des principaux groupes. 

En mars 1904, le Lycée de Jeunes Filles de la rue Thomas, à Marseille, 
a reçu six oiseaux naturalisés. 


= Ÿ — 


Le 18 octobre de la mème année, l'Ecole Primaire de Nans (Var) a été. 
dotée d'une collection de cent sept oiseaux et de douze mammifères. 

Un lot de vingt-cinq oiseaux et de vingt-trois mammifères a été adressé au 
Musée d'Histoire Naturelle de Gap, qui nous a fait parvenir en échange, une 
collection de coquilles terrestres et fluviatiles des Hautes-Alpes. 

M. Coulon, directeur du Musée d'Histoire Naturelle d'Elbeuf, a témoigné 
le désir de recevoir pour son Musée, des doubles de nos coquilles vivantes ; nous 
avons été heureux de pouvoir le satisfaire en lui adressant, en mars et avril 191$, 
environ trois cents espèces de coquilles de Gastéropodes marins et terrestres. 
Sur notre demande, il a bien voulu envoyer, pour notre Section de Géologie, 
quelques fossiles de Normandie. 

Enfin, nous avons remis à l'Ecole des Beaux-Arts de Marseille une quaran- 
taine d'oiseaux naturalisés, ainsi que des coquilles et des coraux ; ces divers 
objets sont destinés à lui former un petit Musée en vue de son enseignement. 

Tels sont les principaux faits se rapportant au fonctionnement de notre 
Section de Zoologie pendant cette période de quatorze années ; nous souhai- 
tons pouvoir mentionner, dans notre prochain rapport, l'arrivée de dons aussi 
nombreux et aussi importants. 


Pror. A. VAYSSIÈRE, 


Directeur du Musée. 


Le rdécembrengrs. 


; > c 6 ” 
- ” A f = ue 
“à C À r 
" - , 
L 2] “ LES 
3 Q % : î 
r £ 2 ; 4 
% « t « : < ? e 4 
s , ; : : 
\ » a 5 
s È i 7 
* ? . | JF 
* … + 2 
AT den 
à È ' 
J : « % 
- V 
Û 


Annales du Musee de Marseille Zoologie. Tome exe PINTE 


Photos Ch. Heirieis Jouvène-Sadag, Marseill 


Cyrtomaia Suhmi, M. Rathbun., Var. curviceros. 


* 
Fe 
à 
i 
x 

. 
D 
L 

’ 
» 
« 
. 


Annales du Musée de Marseille — Zoologie. 


D 


Jouvène-Sadag. Marseille. 


Fic. 1. Launæa resedifolia, O. Ktze (d’après un exemplaire de Cecidotheca tlalica). 
FiG. 2. Fagonia glutinosa, Delile. — Fic. 3 et 4. Clematis (Jackmanni, Van Hout ) 


Tome XV, PI. 2 


2[112S18[N ‘Oepes-ausanof 


‘£ ‘Id AX 2W0I 


‘profinuay SiXvjojdi *& "O1 


‘T] 24D}h 


DD WNUOFAIOZ ‘I ‘OI 
! 10c 4 


{ À 


*2180]007 — 2][10SAPJN 9P 09SNN NP SJPUUF 


Tome XV, PI. 4 


Annales du Musée de Marseille — Zoologie. 


BB 


3 
mem 


da 
4 


due 


+ \ 
eme 

% ü 

F 


dis 


Jouvène-Sadag, Marseille. 


Scyllium stellare L., individu hermaphrodite. 


Li 


ist 45 PAC _ 


Tome XV. 


T7 


LEPIDOCOLEUS, STROBILEPIS, TÜURRILEPAS, ARCHÆOLEPAS, LORICULA, MITELLA 


faU91D2 D} 2p 


+ 
PMR PHOUPI LA UT nn ons 


(Ee 


(19 


“agpiagooaifur anbojd »7 ap ,S fagpuagogvadns anbojd 7 2p 
EUNINIS np ouAOf 0] 2p ,T ÉANIJINPPD 2/2SNU NP UOYAISUIP JU10d np ,1 


LT 
------soquu/f} 


: UO1]N]0A2] JUPAJUOW SIANSL] 


_ 
” 


a. à 


PP à 


NT 
5 


ééi 


;4 


D 
; 
| 
É 
x 
Los 
.… 


Æ: 


Vans 


SVdX 14 TTIIDS SIASVNAXO SAHdI91T110d 


3" 


IIA ?42UP] ‘AX OWOT *2180]007 ‘2]10S ADN 2P 29SNJN NP Sa/PUUY 


D 


Planche VIII 


Tome XV. 


Annales du Musée de Marseille. — Zoologie. 


CLASSIFICATION DU/GENRE SCALPELLUM 


æ