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Full text of "Annali"

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I /'/ 



ANNALI 

OEIx'inSTITUTO 

DI CORiUSPONDENZA ARCHEOLOGICA. 

VOLUME SECONDO, 

ANNALES DE L'INSTITUT 

DE CORRESPONDANCE ARCHÉOLOGIQUE. 
TOME SECOND. 







PARIGI, 

A SPESE DELL' INSTITDTO. 
BIOCCCXXX. 



DELTMPRIMEHIE DE CRAPELET» 

ROE »E TAUOIBAKII, V^ 9. 



ANNALI 



DELL IWSTITUTO 

DI CORRISPONDENZA ARCHEOLOGICA. 

ANNO i83o. 
PRIMO FASCICOnO. 



ANNALES 



DE LIirSTITUT 

DE CORRESPONDANCE ARCHÉOLOGIQUE. 

ÀNIIÉE i83o. 
PREMIER CAHIER. 



I. MONUMENTS. 

I. TOPOGRAPHIE. 

a, RUlijliS DE LOCRES. * 

( Planche XV des Monuments inédits publiés par PlnstUut ) 

Lb pays où lesLocriens d*Italìe construìsirent autrefois leur 
ville est encore aujourd*hui un des plus riants et des plus ier- 
tiles cantons de la province de Reggio. L'Apennin, qui , depuis 
le détroit , borde toujours le rivage , s« recule au cap Bruzzanc^ 
pour former une vallèe demi-circulaire que la mer termine 
du còte oppose. A partir de la plage, une pente insensible s*é- 
lève yers des collines cultivées , entre lesquélles se precipite le 
torrent de SantHariO| et, de cette rivière jusqu'à celle qui 
coule sous le rocher de Gerace, on ne rencontre que des 
champs couverts de blé , ou'des hauteurs revétues d*oliviers 
épais, qui dérobent à la vue les ruines d*une cité jadis opu- 
lente et célèbre. 

Locres était domìnée, de loin, par la haute montagne à 
trois pointes appelée , de nos jours, Monte tre Dita ou di San- 
Pietro, La rivière de «Sa/i/7/tìrrfobàignait presque ses murailles, 
et ce fut sous le Bas-Empire que les Locriens, forcés de quitter 
la plaine pour éviter les de^centes des Sarrasins, allèrent se 
réfugier, à quelque distance, sur une créte presque inacces* 
sible, qu'on nommait Hors Hierax^ et maintenant Gèrace. De- 
puis cette epoque , les bords de la mer ne furent occupés que 
par des cultivateurs et quelquesfamilles de matelots qui trans- 
portent en Sicile ou à Reggio le produit d*un pays demeuré 
trop fécond pour le petit nombre de ses habitants. 

Evanthe^quià la téted'une colonie de LocriensOzoles,venait 
fonder un établissement en Italie , habita quelques années le 
cap Epizéphirien , mais il ne tarda pas à découvrir une place 
plus avantageuse pour j constniire .sa ville. Il la bàtit sur un 



4 I. MONUMKNTS. 

plate«ìu un pen élevé , auquel sa positipn agivable avait fait 
donner le surnom d*Esopìs (*). 

En elTet, la masserie que Fon décore du titre faslueux de 
Casino deir Imperatore^ et qui est située presque au milieu des 

(*) Sirab. lib. VI, p. aSc). De peur de fatìguer le lecteur par une mono- 
graphie sur les Locriens Efù^épìùriens , nous donberons seulement icì un 
sommaire dcs éyénements principaux qui slgnalèrentcette républìque italiote. 
Plusieurs historicus lui riuunent pour foudateurs une partie des Locriens 
Opontiens, compagnons d*Ajax (i). D^autres yeulent que des Doriens aient 
habité les premiers le Cap Epizéphirien (i); les autres afiìrment qu'une 
colonie de Locriens Ozolcs fut cunduite par Evautlie sur ce rivale de la grande 
Grece y alors habité par les Sicules (3). La plupart des récits s'accordent avec 
celui que Polybe avait recueilli «hez les Locriens eux-mémes. On y racoutait 
que, pendant une longue guerre, soutenue par les Locriens de Grece, leurs 
«sclaves eurent avec les femmes libres.un commerce crimìnel, et que, re- 
doutant un chàtiment digne de leur offense, tous les ooupables s*étaieut 
erabarqués pour ritalie<(4)> Les Spartiales contribuèrent aussi à cette colonie; 
Pausanias place Icur émigration sous le règne de Polydore , fils d*Alcamène , 
vers Tépo-jue où Crotone fut bàlie (5). On a suppose que ces Spartìates 
étaient les mémes Dortens transportés par Archias , dltalìe à Syracuse ; mais, 
quoique l'epoque partisse s'accorder , Polydore étant contemporain d*Ar- 
cliias , la date de la fondation de Locres est bien postérieure ; Hiéronyme 
la place à la deuxième année de la vingt-quatrième olympiade, c*est-à-dire 
environ 683 ans avant notre ère. 

Jaloux de Tagrandisseraent des Cròtoniates, leurs voìsins, les Locriens 
secoururent Siris, à laquelle Crotone, Méta ponte et Sybaris avaient dédaré 
la guerre. Cette assistance, trop tardive, ne sauva pas Siris, et excita la colere 
des vainqueurs. Attaqués dans leur propre pays, les Locriens, à Taide d'un 
faible détachcment de Rhéginiens, gagnèrent la célèbre òataille de (a Sagra, 
événenient si incroyable, à cause de la disproportion des forces, que la re- 
nommée s'en étendit dans tonte la Grece, et qu*on r«xpiiqua seulement par 
l'intervention des Dioscures (fi). 

Peu après parut dans le méme pays un des plus fameux législateurs de 
Tantiquité. Zaieucus , choisi à cause de ses vertus et de son expérience pour 
donner des lois à ses concitoyens, se montra digne de ce sublime emploi. 
Les fragments de ses institu^ious parrenus jusqu'à nous respirent une pro- 

(i) Serr. ad JEneià, lib. Ili, v. 399; Pansan. lib. Ili, 1. 19; Ephor. ap. Strab. 
Ub. TC, p. 359. 

(a) Strab. lib. "VI, p. 370. 

(3) Mlib. TI,p. a59. 

(4) Polyb. èxcerpt. de virtntib. et vit., èlib. XII. Dion Af. et Eustatb. ad eamd. 
(5)Pau8an.lib.III,c. 3. 

(6) Strab, Geogr. lib VI , p. 161 ; Jnslin lib. XX .". 2 ci 3. 



a. ruin:jes de logres. 5 

ruines de Locres , offre une vue des plus pittoiesques^ soit 
du còte de la canipagne, soit de celui des niontagnes. De là^ , 
en regardant vers la iiier lonìenne , on découvre, épars sur 
la plaine, des débris de différeutes époques^ et des fragiueats 

fonde sagesse , aVec Tétude du pays ^t des homiues auxquels elLes devaient 
étre données (i). 

493 ans ayaut notrc ère, tine flotte de Snmìens et de Miléftiens toucha au 
riyage de Locres en se rendant à Zanclc^ dont les habitants aTaient appel^ 
une colonie lonienne ponr l^établir à Calacte. (a) 

486. Seconde gu^re coutre les- Crotoniates sans résaltat décisif; ayentitre 
fabuleuse de Léonyme blessé par le spectre d*Àjax^ qui combattait pour Ics 
lyocnens (3). L'athlète Euihyme de Locres (483) s*immortalise aux jeux 
olympìques^ety plus tard, à Temesa, par son combat surnaturel avec lin 
genie dévastateur. (4) 

4216. A l'epoque où les Athéniens portèrent la guerre en Sicile, les Locrieus, 
attachés au parti de Syracuse, éprouyèrent quelques pertes, entreautres celle 
de Peripolium, petite cité de leur dépendance (5). Ils reprirent promptement 
cette place, et Pytbodore essaya "vainement de la leur enlever une seconde 
fois (6). Pendant le reste de la guerre , les Locnens prouyèrent leur fid élite 
à leurs anciens alUés «n fermant lenr port aux flottes atbéniennes, et dévas- 
tant le pays des Rhégìniens, qui avaient sui vi le parti contraire (7). 

Denys Fancieu traita les Locriens en amìs et en confédérés. Il épousa 
Doris fiUe de Xenetus un des plus illnstres d'entre eux (8.). Après la bataille 
de THelorus, il ajouta au territoire de Locres ceux de Caulonia et d'Hippo- 
nium (9). ' 

Denys le jeune, chaasé de Syracuse, se réfugia chez les Locriens en 357,; 
et, par des cruautés inouies , des attentats et des infamies atroces, proyoqua 
lentement la plus terrible des yengeances. A peine eut-il été cbassé de Locres 
par une conspiratiou , que, sourds à sa promesse, à ses offres , et aux prières 
des Tarentins , les ]U>criens exercèrent sur ré]^use et les filles du < tyrau 

(x) Diod. Sic. lib. XII, e. ao et ai; Ephor. ap. Strab. lib. \I, p. a6o^ Senee. 
Ep.90, Snid. iaZctXfc/x. ^ 
(1) Herodot. lib. TI. 
(3) Pansan. lib. HI, e. 19. 
(4)Pansan. lib.VI,c.6. 

(5) Thncydid. Hb. TEI , e. 99. Diód, Sic. lib. XII , e. 54. Thucydide appelie Peri- 
poliàm, une petite plaoe forte sur les bords de l'Alex \ et maintenant encore, près 
do fleave Alice, on troave, aa picd da mont PerìpoU^ une boiu^ade appciée Ghorio, 
X«f <9v > sur la fronlière de TaDcien territoire de Rhcglmn. 

(6) Thncydid. lib. Ili , e. 1 15.. 
(7). Thncydid. lib. IV, e i. 
(8) Diod. Sicul. lib. XIV, e. 43. 
(9) /«/, lib. XIV, e. 106 et 107. 



6 I, MONUMKrrxs. 

de murs antique», dont les lignes se prolongent jusqu*à la tour 
dite de Gerace; an bout de ces murailles, presque parallèles, 
était le port que les attérissements du torrent et de la mer ont 
comblé. Cétait là que Pyrrhus, a son retour de Sicile, eni- 
barqua les richesses du tempie de Proserpine. Ce fut là que la 
mer, comme si elle eùt repoussé le sacrilége, rejeta sur la 
còte et les vaisseaux et les trésors. Daus cet endroit descendit 
le perfide Denys leìeune, quand, chassé de Syraquse ^ il fit 
cruellement expier aux Locriens leur confiance et leur hospi* 
talité ; et , après lui , le grand Scipion , qui , prét à partir 
pour VAfrique , remit en quelques jours la république Lo- 
crienne sous robéìssance des Romains. 

Le Casino deirimperatore est bàti sur les ruines mémes 
d*un tempie dorique, dont quelques colonnes étaient debout il 
ya moins d*un siècle; les vignerons ontrenversé le dernier 
troiicon 9 il y a deux années, pour le coucher dans la clòture 
de leur jardin. 

Curieuxde connaitre ce qui subsistait encpre de ce tempie, 
j*y entrepris une fouille dont le succès ne couronna pas mon 
attente. Nous découyrimes seulement quelques gradins exté- 
rieurs à Toccident ; mais les excavations faites dans Templace- 
ment de la cella n*amenèrent aucun résultat. Le pavé méme 
avait disparu ^ soit que dans les premiers siècles du christìa- 
nisme on ait détruìt à dessein un si bel édifice , soit que les 
paysans du yoisinage aient accompli cette ruine sans pitie 
comme sans colere. * ^ 

ces mémes fureurs dont il leur avait donne Texemple (i); mais le premier 
coup était porte à la lìberté. Les Romains et Pyrrhus se disputèrent les viiles 
de la grande Grece (a), et les narrations fabulenses qui accompagnent, jns- 
qtt*aux temps historiques, les annales des Locriens, -veulent que Proserpine 
ait elle-méme défendu son tempie contre Payarice des Epirotes (3). 

Alliés des Romains dans les premières guerres puniques , les Locriens se 
mirent entre les maina d*Annibal après la bataiUe de Cannes (4). Nous allous 
rapporter en détail de quelle manière iis repassèrent sous le joug de leurt 
anciens maitres. . 

(x) Jastin. lib. XXI, e. a et 3. 
l'i) Jastin. lib. XXVIIl , e. i . 
(3)T.Liv.lib.XXIX,c. i8. 
(4)T.Liv.lÌb.XXlV, e. I. 



a. ut) INES DE LOORES. 7 

Les seuis réstes d*tin tnohument qui fut peiu):-'étire le tempie 
de Proserpine sotit dotic ces gradins et quelques tnorceaux de 
colonnes, doveset de chapiteaux entassés dans les niurailles 
du Casino. 

Derrière le tétnple, un ravin àssez profond, bmbragé de 
ohéne^et de ch&taigniers, necèlé uiì aqnéduc de tràvail gtec, 
dont Strabon faisait mention dàns un passage qui ne nous est 
pas parvenu tout entier. Cét aqu^duc , aujourd^htiì fontana 
delPIinperatorey est taiiié dans ie rocher; son ouTerture est 
assez large, mais si basse, que Fon n'y p^nètre qu'en ram- 
pant. Il s*étend dans la montagne jusqu'à environ un quart de 
mille. Là , dit-on , une chambre carrée laisse la facilité de se 
redresser : la tradition du pays Teut que cette salle fut jadis 
habitée par des proscrits et des malfaiteurs. L'eau qu'appor* 
tait ce canal souterrain dìmlnue sensiblement-; elle s^est fait 
,un chemin à travers les fissures du fòcher, et s'échappe à 
quelques pieds au-dessous de l'ouverture antique. 

De Fautre coté du Casino est un pan de mur appelé Cusemu 
C*était probablement la fin de Tenceinte Fortifiée. Le tempie 
était en dehors, comme nous Tapprend Tlte Live, et Tinspec- 
tion exactedes lieux confirme les détails géograpbiques donnés 
par ce savant historien. 

Plus haut qUe Cusemi , en marchant vers TApei^nin, le 
terrain devient montueùx et irrégulier : pour suivre les rem- 
paits antiques, il faut longer le raVin où coule la fontaine 
dell'Imperatore, et gagnef, pai* une marcbe sinueuse, un 
point élevc et anciennement fortifié , désigné par le nora mo* 
dtneée Manei/a, Au sud-est decette colline, on en voit une 
autre qui n*en est séparée que par une gorge très étroite {Aba^ 
des$ù)y au fond de laquelle des fragments de vases peints a fi- 
gures noires et des terres remuées marquetot les foùilles que 
Fon y fit dans des tombeauz. Une forte muraille , et dans une 
chaumière les premières assises d*une tour carrée (Saitta) , 
marquent sur cette ha*i^teur une des forteresses de Locres ,• 
dont parie Tite Live. Un petit vallon s*étend entro Saitta et 
Faùtre tour grecque ruinée , seuI reste de la secónde citadelle 
dont Fbistorìen romain fait encore mention. Peut-étre le leo- 



8 I. MONUMEITTS. 

teur nou5 saura-t-il bon gre de mettre sous ses yeux le pas- 
sage intéressant qui a rapport au siége de Locres et à la topo- 
graphie antique des lieux dont nous parlon5. 

•...«Sur le point de porter ses armes en Afrique, Scipion 
retarda son départ pour faire rentrer les Locriens sous la do- 
mination romaine.« Un incident bien léger en apparente lui 
fit coDceyoir Tespoir de réaliser ce projet. La guerre dans 
le Bruttium était devenue une sorte de brigandage que 
les Numides avaient exercé les premiers : les Bruttiens n*bé- 
sitèrent pas a suivre un exemple si conforme à leurs habitudes 
et à leur inclination naturelle. Après eux, cette contagion 
gagna les troupes romaines, qui s*accoutumèrent au pillage, 
et n*attendaient que la perni ission de leurs chefs pour faire 
des irruptions chez Tennenii. Dans une de ces coinrses quelques 
Locriens surpris hors de leur ville furent enlevés et conduits à 
Bhegium : au nombre des captifs se trouvèrent plusieurs ar- 
tisans accoutumés à travailler pour les Gartbaginois dans la 
forteresse de Locres , mojennant un salaire. Quelques uns des 
principaux Locriens qui , bannis par la faction punique , 
s'étaient réfugiés à Rbegium, reconnurent les prìsonniers et 
les quf stionnèrent , comme le font ordinairement ceux qui 
demeurent long-temps absents , sur tont ce qui se passait dans 
leur patrie* Les captifs satisfirent à leurs demandes, et leur 
promirént, s'ils voulaient payer leur rancon et leur procurer 
la liberté, de les rendre maitresde la citadelle de Locres où ils 
habitaient eux-mémes, ayant obtenu la coufiance des Cartha* 
ginois. Pressés par le désir de reyoir leur patrie et de se yenger 
de leurs ennemis, les exilés rachetèrent les captifs et les ren- 
yoyèrent, après étre conyenus de tout ce qui était nécessaire 
pour assurer la réussite de leur dessein , et des signaux qu il 
faudrait observer. Ilsallèrent ensitite trouver Scipion à Syracuse, 
oii s*était réuni le reste des bannis; ils rapportèrent au consul 
les promesses des prìsonniers, et lui firent partager leurs espé- 
rances. Deux tribuns niilitaires, M. Sergi us et P. Matienus, 
re9urent Tordre de les accompagner, et de prendre à Rbegium 
trois mille soldats pour cette expédition* On écrlvit encore au 
propréteurQ.PIeminiusdesurveillerrexécutionderentreprise. 



a. UUINES I>£ LOGRES. 9 

ìje& Romains parlìrent de Khegium portant avec eux d€5 
échelles au.ssì hautes que les rempàrts de la citadelle de Locres^ 
et, vers le milieu de la nuit^ donnèrent aux conjurés le signal 
cooTenu. Ceux-ci, préparés et attentifs, descendirent les 
échelles qu*ils avaient apprétées à dessein et facilitèrent àux 
agteaseurs les moyens de ^monter par plusieurs endroits à la 
fois. Avant qu'uii seul cri.eùt été éleré^ les sentinelles punì- 
ques endonniès, comme n*ayant rien à craìndre de pareil^ 
fiirent surprises et égopgées. Les gémìssemeiits des mòurants 
donnèrent la première alarme, et furent suivis de la conster- 
nation sùbite et du tumulte qui accompagnent un réveil sou*- 
dain au milieu cfun dbinger inconnu. Lorsque la chose devint 
plus certaiile, chacun commen^ait à réveiUerses compagnons 
età les appeler aux armes, ^ns*écriant que lennemi^introduit 
dans la forteresse, mettait à mort les sentinelles. Les Romains, 
inférieurs en nombre, auraient étéaccabléssì la troupe, encore 
au pied des raurs, n'eùt poussé un grand cri, sans que 
lennemi pùt distinguer d*où il se faisait entendre, car un 
tumulte nocturne augmente les plus yaines terreurs. Épou* 
vantés et croyant la cita.delle remplie d*ennemis , les Garthagi- 
nois se retirèrent dans lautre forteresse siiuée à peu de di* 
stance. Les Locriens oocupaient ainsijla TÌlle, placée comme le 
prìx de la victoire entre les deux partis ; tous les jours des 
escarmouches s'engageaient entre iles défenseurs des deux cita- 
delles. Q. Pleminius comman^ait les Romains^ Amilcar les 
Carthaginois, et chacun augmeptait ses troupes en faisant 
venir des renforts tirés des environs. Annìbal lui-méme 
s'avan^ait pour décider la querelle , et les Romains n auraient 
pu resister si lavarice et lorgu^il puniques n*eussent fait pen- 
cfaer vers la défectjion,],es esprits exaspérés de la multitude. 

Scipion j informe c)u danger qui mena^ait et de lapproche 
d'AnnibaI, ne vouiut point laisser la garnison de Locres en 
perii avec une.retraite difficile. Il designa donc son frère L. 
Scipion pour garder la ville de Messine, et mit à la voile 
aussitót que la mer et les courants du détroit le^ lui permirent. 

Annibal, arrivé sur les rives du Butrotusà peu de distance 
de Locres, envoya un courrier porter aux siens lordre d'en 



IO r. MOHUMENtS. 

veniraux maind, au point du jour, aree lés Romains et les 
Loi^rìenS) tandis que lui<*ikiéme attaquerait, par derrière, la 
ville^ dont ce lambite ferait negliger la dé£ense. A l'aurore , il 
trouva le combat engagé , màis ne vqulut pas s*enfermer dans 
la citadelle, depeur de Tobstruer parie tiombre de ses soldats; 
il n^avait pas non plus apporté d'échelies pour franchir les 
murailles. 11 fit donc déposer les bagages et rangea des troupes 
en bataille près des murs , pour inspirer de la frayeur aux 
etinemis» Pendant que l'on apprètait>ies échelles aTcc les autre^ 
choses nécessaires pour Tattaque,-!! toumait à cfaeval autoul* 
des remparts ; escorté d*une troupe de Numides, et cherchànt 
un endroit où il poàirait donnet Fassaut. En s'approchant des 
murailles, Annibal vit le cavàlier qui le suivait de plus près 
tomber frappé d'un coup de scorpion. Un tei danger, auquel 
il vetiait d'écbapper, lui inspira quelque crainte : il fit sonner 
la retraite et retrancha son camp hors de la portée des ma- 
chines. Quelques heures avant la fin du jour, la flotte romaine 
toucha au rivage de Locres; toutes les troupes étaient débàr- 
quées et introduites dans la ville au coUcher du soleil. Le jour 
suivant, les Carthaginoi^ de lacitadelle commencèrentle com* 
bat; Annibal s'approchait dès murailles avec des échelles et 
prét à.donner l'assàut/lorsque lés Roknains^ profitant de sa 
sécurìté, ouvretit toUt à coup une póne et fondent sur lè^ 
adsiégeants. Gette attaque imprérué coùta deus cents hommes 
aux Càrthaginois. Annibal, - S*àpetce?ant de la présence du 
eonsul, se retira dans son camp aveb le reste de son atmée. 
De là) ayant fàit avertir ceux* de son parti qui oceupaient la ci^ 
tadelle^ qu'ils eussent à pourvoir à leur sùreté , il decampa 
pendant la nuit et s'éloigna» Les soldats de la garnison puni« 
que incendièrent les toits des lAaìsons voisines afin de retarder 
l-ennemi, et rejòignirent leur armée avec une précipitation 
qui ressemblait à une fiiite. 

Scipion usa de la victoire avec cette modération qui fiit le 
plus beautrait de son caractère. Satisfait d'avoir punì quelques 
coupables , il laissa au peupie romain le soin de décider si les 
Locriens étaient dignes de chàtiment ou de pitie. Mais lorsque , 
de retour à Mes^inje , il eut àppris que Pleminius son lieute- 



a, RUmCS PE LOGRES. ' t I 

nant surpassait, par ses cruautés et ses exactions, lesexcès des , 
Carthaginois eux^mémes, qu*il avai t arme contre lui jusqu à ses 
propres soldats et que le désordre était à son comble , il revint 
à Locres sur une galère à six rangs^ entendit Pleminius et les 
trìbuns ses adversaires, renvoya le preipier absous, et, jugeant 
les autres coupables, les fit mettre atix fers pour étre conduits 
à Rome devant le sénat. 

Retombés sous le joug d'un fìirìeux, qui n*allait plué mettre 
de bomes à %e,% Tengeances^ les Locriens souffrirem long-» 
temps en sìlence. Après plus d*une antiée ^ désespérés , et inca^ 
pables de supporter plus long-tempis d aussi cruels traitékneiits, 
ils envoyèrent à Rome dix députés, qui, au uom de leurs con- 
eitoyens, implorèrent la justice et la compassion de leurs Tain- 
queurs. Lesdébats furent longs et très animés; l'autorìté et le 
crédit de Scipion faillirent y étre détruits, et le sénat, accueil- 
lant les justes plaintes d*une républiqué opprimée, punit Ple- 
minius et répara d*une manière eclatante les déprédations de 
ce lieutenant (i). Ce fut probablement alors, qu affranchis de 
rinsupportable tyrannie qui les avait fait gémir si long-temps , 
les Locriens Toulurent témoigner à Rome leur dévouement et 
leur reconnaìssance. Ih.grayèrent sur teurs monnaies l'effigie ' 
de la déesse Rome couronnée par la Fidélité , pour attester 
leur.confiance dans sa protection {%}> Il est rraisémblable que 
ce fut aussi Tépoque où les Locriens érìgèrent un autel de 
marbré blanc avec cette inscription : 

' lOVI OPTIMO MAXIMO DIIS DEABVSQVE IMMORTALIBVS 
AC ROMAE iETERNAE LOCRENSES. 

{^P lanche XFj a, et P lanche Xf^^ b.) 

Les deux monumenta que nous publions , avec le pian de 
Locres , sont : 

i^. L*autel mentionn^ ci-<lessus. La beante de sa scuplture . 

(i) T» Liv. XXIX, e. i6.» 17, 18, 19, ao, SI, 23. Excerpt. e Diod. SicuL 
de virtutìb. et vit. ex Ub. XX VI, 

(a) Mionoet , Descrìpt. des Méd. grecq. et rora. t. I«', p. i^5. Cette 
tnédaille est mal décrite \ elle porte pour legende : POI^H. mXtlX. AOXPON. 



12 I. MOjyUMENTS. 

permet de pKicer sa dédicace à la fin de la république romaine. 
Si^r un des còtés on Toit une branche de palmier, une hache , 
une ciste, et une patere; rinscription est contenue dans un 
encadrement de lauriers dun excellent travail; la partie pos- 
térieure manque. Ce précieux fragment est conserve à Gerace 
dans la boutique d*un artisan. 

a\ Une statue de bronze de style grec très ancien , repré- 
sentant un éphèbe nu. Chacune de ses mains est percée d*un 
trou rondi et parait avoir tenu quelque chose. Si Tou suppose 
que cette figure était un Apollon , ses attributs furent peut- 
étre un are et une flèche , ou un javelot ; si c'était un guerriera 
il portalt la lance et le bouclier. Un des combattants du fron- 
ton d'Egìne est également nu et coiffé de méme. Les fouilles 
du tempie de Locres n ont foumi que cette figure curieuse 
pour sa haute antiquité. 

Due DB LUTNES. 



b. TOPOGRAFIA DEI CONTORCI DI TARQUINII E VULCI. 

( Tav. cC aggiunta i83o. A ^ B.) 

Dalla sponda del mare , presso Cmtavecchia ^ principia una 
catena di montagne , la quale | dopo non molto spazio, fra la 
Tol/a e X Allumiera , giugno alla maggiore sua altezza di in- 
circa aooo piedi ; poi, passatala 7b^, declina rapidamente 
verso il fiume Mignone : pietra calcarea si appoggia qui ai 
massi vulcanici. Altre montagne, quasi del tutto vulcaniche, 
si stendono dal Mignone verso Bieda : nella stretta valle fra 
questo luogo e Barberano ^ spesso si vedono salire i due lati 
ali* altezza pei^èndicolare di 600 fino a 800 piedi. Più oltre , 
fra Vetralla e Capranica ^ il giogo della montagna, affatto 
vulcanica, è di altezza mediocre, ma assai largo; qui presso 
Y Osteria delle Capannacciey anticamente Ficus Matrini ^ sulla 
Fia Cassia j sì ravvisano le vestigio di un cratere di volcano, 
al di là del quale si erge la montagna di Viterbo ad un altezza 
di incirca 3ooo piedi , mostrando in sulla sommità , nel lago 



b. CONTO^Kl DI TARQTJIWIl E VULCI. l3 

(li Vicoy un cratere estinto , e scendendo lentamente cfall* altra 
parte verso it Tevere. In cotal modo una quasi non interrotta 
catena di montagne si stende al nordo della Campagna di 
Roma^ dal mare fino al Tevere y per un tratto di quasi cin- 
quanta miglia. 

Fra queste e le montagne della Toscana^ confinanti con lo 
Stato Pontificio^ il suolo vulcanico, generalmente parlando, è 
piano , benché montagne isolate e lunghi tratti di colline vi si 
osservino. La più alta di queste montagne è quella di Canino ^ 
la quale , benché ristretta nella base , si erge ali* altezza di più 
di iSoo piedi sul livello del mare ; meno alta è quella di Monte 
Romano; il Monte Quagliero ; presso Cometo^ appena arriva 
all'altezza di looo piedi ; a molto meno la collina. 

II grande piano si trova dunque intersecato da montagne e 
colline, che lo dividono in diverse pianure, più o meno estese. 
La maggiore di queste è il così detto Piano deW Abbadia^ terri- 
torio dell* antica città di Vulci; un altra si estende presso Tos- 
canella , anticamente Tuseania ; una terza , minore delle al- 
tre, confina con le colline di Cornato ^ in sulle quali si osser- 
vano le rovine dell* antica Tarquinia, Il lido del mare , in 
tutta Testensione da Civitavecchia fino ad Orbitelloy è affatto 
piano. 

Tre piccoli fiumi percorrono il tratto di paese fin qui des- 
critto. 11 Mignone prende origine in vicinanza di Paiano sull'an- 
tica f^ia Clodia y si unisce presso il casale di Rota col fiumicéllo 
delia Lenta ^ passa fra le montagne della Tolfa e di Bieda^ 
traversa il piano sotto le colline di Corneto, e isbocca nel mare 
in poca distanza dalla Torre di Bertaido. Più considerabilÌ3 del 
Mignone è la Marta j V emissario naturale del lago di Bolsena; 
il rio Lefa presso Rocca Rispampani ^ e molti altri rivi e riga-^ 
gnoli, scaricandovisi, l'ingrandiscono : ella passa sotto Tosca^ 
nella e Corneto, ed entra poi nel mare. La Fiora nasce sulla 
montagna di Radicofani nella ,To5ca/l^z^ forma, benché tor- 
tuosa assai , per alcun tempo, il confine fra questo stato ed il 
Pontificio , passa sotto il Ponte deW Abbadia e vicino a JIfm- 
talto y e mette foce nel mare presso la Torre di Montalto; 
benché di corso più lungo, ella non sorpassa ìV Mignone uh in 



r4 I- HONDMENTS. 

larghezza né in profondità. Dei rivi soko i più considerabili 
VArroìie^ che si scarica nel mare presso le rovine dell'antica 
Quiniiana, ed il Timone, il quale, dopo breve corso, vicino a 
Ponte Sodo entra nella Fiora; perenni, benché piccioli, sono 
i rivi delle acque sulfuree del Bulicame presso P^iterbo, del 
fonte vicino al Ponte deir Abbadia^ ec; la maggior parte 
degli altri rivi non porta seco che acque piovane. Laghi è 
laghetti non vi si trovano; ma acque stagnanti si formano nei 
siti bassi , soprattutto lungo il lido del mare, alle imboccature 
dei rivi , dove la poca forza della corrente non basta a rimuo- 
vere r argine d'arena che l'impeto del mare accumula alla 
foce. 

Tutto il suolo di questa regione , non eccettuate le falde 
delle montagne, è fertilissimo, ma poco coltivato, essendo 
nelln state soggetto ai maligni influssi dell' aria cattiva ; e sic- 
come quest'aria é tanto più perniciosa quanto meno il paese 
è coltivato ed abitato, pochi casali o case isolate s' incontrano, 
e queste ancora restano quasi tutte abbandonate nella calda 
stagione. I villaggi e le piccole città meno ne soffrono, soprat- 
tutto se sono distanti dal mare, ovvero su qualche altura; e 
le grandi città, se ve ne fossero, goderebbero certamente 
dello stesso clima di Roma, il quale, se nel mese di agosto 
non è troppo salubre , neppure non è pernicioso. Non dob- 
biamo dunque meravigliarci, se in questa contrada, oggidì 
così' scarsa d'abitanti, vi erano anticamente grandi e popola- 
tissime citta, le quali, benché dai sepolcri solamente ne pos- 
siamo attignere la cognizione , nelle ricchezze e nel lusso ga- 
reggiavano con le più grandi capitali moderne. 

Due strade maestre conducono da Roma a Civitavecchia ed 
a Viterbo z la prima corrisponde all' antica Via Aurelia^ \ altra , 
fino a Monierosiy alla Cassia; dipoi per un tratto è moderna, e 
da Roncigiione a Viterbo coincide con la Ciminia. La Cassia da 
Monterosi a VetraUa non é più carrozzabile, come pure la 
Clodia ^\Si quale, staccandosi dalla Cassia presso l'undecimo 
miglio, passa per Orioli^ Viano e Barberano SiBieda; ciò non 
ostante queste strade sono assai interessanti. Le distanze da 
Roma delle quattro città, di Cifitai»ecchia j Sieda ^ VetraUa e 



b. CONTORNI DI TARQUINII E VULCI. l5 

Viterbo^ sono quasi le medesime, cioè di cinquanta miglia 
incirca ; il viaggiatore sceglierà quella che crederà dover pre- 
ferire alle altre per portarsi in quella regione , che ora minu- 
tamente descrìveremo , prìncipiando per la strada da Cinta- 
vecchia z Viterbo ^ là quale ne forma il confine dalla parte di 
Roma* 

I. Strada maestra ghiafata da Givitavbccjiia a Yitsbbo. 

Civitavecchia, F antica Centumcellce y è di piccola estensione, 
ma ben popolata , circondata di muro e fosso, et con un porto, 
fatto da Trajanoy il quale oggidì è porto franco. Per andare a 
Viterbo si esce dalla Porta di Corneto^ 

\ M* (^) Bivio. La strada moderna volge alla sinistra verso il 
mare, l'antica Aurelia va dirittamente. 

a jSI. Z41 strada, la quale fin qui costeggiava il mare, si 
volge alla destra ; una piccola via , che porta a Corneto, va alla 
sinistra verso Torre^Nuova^ anticamente Algas. 

A\TA* Alla destra una grande, ma diruta torre, detta di 
Orlando i dXÌ2i sinistra, in piccola distanza, pochi ruderi, ap* 
partenenti forse all'antico borgo di Algce^ menzionato dall* 
Itinerario Marittimo, mentre presso Torre-Nuova vi era.sqla- 
mente la cala. 

4 f M« Alla destra una casa isolata* ^^ 

4 ^ M^ Alla destra una sorgente di acqije calde sulfuree. 

5 ~ M« La strada rìenjtra nella direzione dell antica Aurelia. 
5 1 M, Alla sinistra una C9l.lipa scoscesa con ruderi del me- 
dio evo, 

9 I M. La strada moderila fa un gr^n giro verso la destra^ 
per discendere nella valle diel pignone ; la "via anticasi dirigeva 
dirittamente verso il ponte , cornine si rileva dai residui dell* 
antico selciatck 

%\ ìli. Alla de^tr^ una si^rada che porta ad una mola yìcina 
doTc 3i unisce con la stradala à^^X.Allmiierf^^i^tx poi pacare 
sopra un ppnte^ i^^x^o S^rf^asfoncy ad una piccola j^ola nel 
Mignan^^ ^ dj ìk 9Ììfi. sponji^Apposia, Qi^ fii trova un biyio ; 

(*) Le miglia sono romane di 74 7 P^' grado dell* equatore , equivalenti 
a 764 tese dì Francia. ^ 



l6 I. MONUMENTS. 

la Strada a sinistra si ricongiugne con la strada maestra , V altra 
più piccola conduce a Monte Romano, 
9 1 M. Gran ponte sul Mignone. 

10 I M. Alla destra entra la yia della mola di Ponte Bernas- 
cone e dell' Allumiera. 

11 ^ M. Bivio. Alla destra la strada maestra di Viterbo ^ la 
quale, salendo lentamente le colline di Cometa^ non offre 
niente di rimarchevole In tutto quel tratto fino al punto dove 
ella si unisce con una strada che proviene da Cometo^ passando 
per la ISecropoli dell* antica Tarquinìi; seguiremo dunque alla 
sinistra la sti^ada , pure ghiajata, di Córneto. 

i3 ^ M. La piccola vìa , la qual^ si staccava dalla strada 
maestra in vicinanza di Torre^Nuova ^ rientra in lei. 

i4 ^ M. Chiesola alla sinistra. 

i4 j M. Bivio. Alla sinistra la strada, seguendo la direzione 
dell' Aureliay va dirittamente verso il ponte della Marta; l'altra 
alla destra sale X altura sulla quale è situata la città di Corneto. 

1 5 ~ M. Porta Romana di Cometo. Pochi passi prima un 
trivio : alla destra la strada di Viterbo; alla sinistra un altra , 
che conduce al Porto dementino ed alle Saline. 

CornetOy piccola città di 4ooo abitanti, è situata in sulU es- 
tremità d'una lunga collina, la quale, seguendo ad un di 
presso la direzione della strada maestra , forma un ultitno ramo 
dalla montagna di Monte Romano* La posizione della città è 
molto forte , essendo le pendici della collina ertissime, e spesso 
perpendicolari, fuorché dalla parte di levante, dove, conti'- 
nuando il piano superiore, 1' arte con muro e fossa ha voluto 
riparare alla mancanza di naturai difesa ; mura si trovano pure 
in tutti i siti dove la condizione del pendio permetterebbe di 
salire, eie loro alte torri quadrate danno un aspetto assai 
singolare alla moderna città. Probabilmente questo sito nei 
tempi antichi non era abitato; il divenne solamente allorché, 
dopo le devastazioni dei Barbari, i deboli residui delle popo- 
lazioni di TàrquinU Grawece si ritirarono in questa più forte 
posizione. La città doveva essere più popolata nel medio evo , 
perchè oggidì non riempie neppure la metà del recinto di quei 
tempi. 



b. CONTORNI m.TAi^QDINII E VOLGI. I7 

• Per continuare il viaggio verso Vilerho , si parte dalla me*^ 
desima porta Romana, per cui si è entrato, prendendo nel 
trivio la strada a sinistra, la quale per lungo tempo va in sul 
dorso della collina. 

j M. Da Corneto. Con la strada si unisce, un altra ^ la quale 
esce da una porta superiore della città; accanto alla stradasi 
scorgono i pozzi di. un acquedotto. sotterraneo, moderno e 
mancante d' acqua^ 

1 I M. Alla sinistra un sepolcro antico ed archi^ <}oppj dell* 
acquedotto. Poco più oltre un bivio, a mano manca, o piut* 
tosto dirittamente , una stradella , che traversa la Necropoli 
deir antica Targuinuj i cosi detti Montarozù; a mano destila la 
strada maestra, che pure ben presto rientra nella prima di* 
rezione. 

i.j M. Alla destra in piccola distanza due grandi sepolcri. 

i3 ^ M. Da Cwitayecchia f 3 M^ da Cornetp. La strada finisce 
nella strada maestra di CwUai^ecchia , la quale, si lasciava a 1 1 ^ 
M. per andare a Cornato , e volge affatto a sinistra. 

i4 7 M. 3 j'NL Dirimpetto archi dell'acquedotto; alla si- 
nistra la stradella che traversa la Necropoli} la strada volge un 
poco alla destra, ed incomincia a salire. 

16 * M. 5 7 M. Alla sinistra archi dell' acquedotto; si sale 
sempre. 

17 ^ M. 6 ^ M. Maggior altezza^ del resto poco considera- 
bile. 

19 ^ M. 8 M. Piccolo ruscello. Fin qui si scende, ma insen- 
sibilmente, poi sale la strada un altra volta. 

ai I M. IO |- M. Piccola via alla destra del ponte Bernascone. 

32 M. IO ^ Porta di Monte Romano y villaggio ben fabbri- 
cato, in uno stretto ; alla destra il puntp più alto della monta- 
gna , elevato più di mille piedi sopra il livello del mare. 

aa ^ M. II M. Fine di Monte Romano ^ alla sinistra, strada 
non carrozzabile di Toseaneiia. L^. strada scende continua- 
mente, ma poco. 

a^ ^ M. i5 M. Piccolo ruscello nella pianura; Fetralla si 
scorge dirimpetto al pie della montagna di Viterbo; alla destra, 
Bieda. Ad ambo i lati della strada si ravvisano nella pietra del 



l8 I. MONtìMEKTS. 

suolo le vestigia di una via^ la quale forse è antica, betichè non 
vi apparisca il minimo indizio di antico selciato. Ambti la 
prende per la P^ia Clodia y con poca verosimiglianza. (*) 

a6 j M.iS I M. RioBìedanOy alquanto considerabile, intorno 
rupi vulcaniche perpendicolari. 

&7 |- M. i6 1^ M. Gasa isolata alla destra* 

28 M. 16 2 M. Slradella, chCcConduce a Bieda. 

29 1 M. 17 1 M. Una via di comunicazione traversa la strada. 
' agIM. 18 7 M. Piccolo ruscello; poi alla sinistra , tagliati 
nelle rupi basse, una quantità di sepolcri, aperti , spogliati e 
disotti: in uno dì loro si distinguono ancora gli ornamenti ar* 
chitettonici intomo alla porta. Àm&ti chiama questo sito Nor^ 
chia^ nome ohe pare appartenere ai bassi tempi ; forse era qui 
anticamente CortuosUy piccola città nel territorio di Tar^aU^ 
distrutta dai Romani. 

3{ I Mr 20 1 M. Stradella antica, di Bieda , di cui ad ambo i 
I^U della strada maestra si distingue molto bene il sélcii^o ao^ 
tico. Seguendone la direzione alla sinistra, si scende in una 
valle , e dopo aver varcato un piccolo ruscello, la via sale^ckll' 
opposi ta parte, perdendosi poco a poco «ella macchia : pro^ 
babilmente ella era la Fia Clodia , la qual« da Bieda oonduceva 
a Toscanélla, Up altra via antica si scorge qui, proveniente 
dal Foro Cassio'^ se ne vede il selciato, molto ben conservato; 
alla destra della via mo<ierna,^e sul principio, i ruderi di uà 
sepolcro antico. 

32 M. 20 ^ M. Ghiesola alla destra; I^a via antica, la quale 
restava alla destra, entra qui nella moderna, ne segue la dire^ 
ztone per qualche tempo , per poi distaccarsene è salire al sito 
àéW ^n\ÌGO Foro Cassio, 

33 M. 21 I M. Porta inferiore di Febxdla. Nei tempi bassi^ 
gli abitanti del Foro Cassio si ritirarono a questo sito , porge^ndo. 
la lunga ma stretta collina al pie della montagna di Viterbo , 
con le sue valli profonde ai due lati, una posizione molto più 
forte. Il villaggio moderno è grande e ben fabbricato. 

La strada maestra passa in piccola dist^inza dalla porta infe- 

(•) Carta topografica del Patrimonio ài S. Pietro. 



b. GOJNTOR»! m TARQUINJl E VULCI. 19 

riore; ma trarersando il villaggio in tuUa la sua luDg)iez3(a ed 
uscendo dplla porta superiare, s'incontra la Via Cassia y la 
quale, scendendo dal sito dell* antico Fc/ro Cassio , passa per la 
Tal le a ministra', e coincide dopo breve spazio con la strada 
maestra; alla destra mano si distacca e scende per la v^He da 
questo lato la via antica , che abbiamo incontrata fi ao 7 M* da 
Conneto. 

331 M. 2a ^ M, La strada scende nella, valle $ e prima di 
passare un piccolo ruscello, si congiugne con la Cassia. 

33 j M. aa } M, Alla sinistrasidistaoca la strada di Tosoanella. 

34 ^ M. 23 7 M. Ponte sopra un ruscello. 

36 j M, a5 7 M. Sostruzionì della Cassia^ 

37 f SI. a6 7 M. I ruscelletti appartenenti ai bagni antichi , 
detti jéqiu$ Passeris^ traversano la strada* 

37 7 M. 26 ^ M. Alla sinistra i ruderi dei bagni antichi ; Tac- 
quedotto si riconosce facilmente, il rèsto è molto diruto. La 
strada moderna aveva per quattro miglia, seguita la .direzione 
della Via Cassia; ora si volge più alla destra , ma sì riconosce 
ben facilmente la Cassia, diretta verso Montefiascone ^dski ru-* 
deri delle torri e delle altre fabbriche, che si trovavano nelle 
Ticinanze di essa. 

40 j M. 29 { M. Cappella alla destra. 

42 7 M. 3o f M. Porta Romana di FiterbQ; alla destra la 
airada maestra di Roma. 

Viterbo y città posta in una vasta pianura , al pie della mon^ 
cagna, conta incirca 12000 abitanti : ella era più popolata nel 
medio evo essendo spesso la residenza dei Papi. Alcune chiese 
meriuno di essere visitate per la bella loro architettura. Una 
<;ittà antica probabilmente non esisteva in questo sito f almeno 
BOB possono climostrarlo oon evidenza coloro , i qi^ili vi pon* 
goBo il poco conosciuto Herbanum. 

TL, Continuazione della Via Auhelia da Coeneto a Montalto. Strada 
maestra naturale. 

Prendendo nel bivio sotto Cornato, 2^ 1 4^ M. da Gvitapecchiaj la 
strada alla sinistra, la quale, come già di sopra si è detto, coin- 
cide con l'antica Aurelia^ senza però mo^tf&re il minimo in- 



ao I. MONUMENTS. 

dizio di selciato aulico, s'incontra ^opo j M; là strada da 
Cometa alle Saline^ e dopo \ M. quella da Cometa a MontaltOy 
la quale unendosi all' Aurelia ne segue poi sempre la dire- 
sione. 

i5 ^ M. da CÌ9Ìtaveccìdai \ M. da Cometa^ Punto di unione 
delle due strade. 

i6| M. I M.Ponte sul fiume ii/<srrto. Passato il pónte un trivio: 
alla sinistra Terso il mare , dirittamente \ Aurelia ^ alla destra a 
Toseanella. 

16 I M. I j M. Stradella alla destra per la macchia a Canino; 
incommodissima e facile a smarrire. 

16 ^ M. I 7 M. La strada incomincia a salire le colline. 

17 ^ M. a 7 M. Alla destra la strada carrozzabile di Canino. 
21 ^ M. 6 M. Residui dei margini dell' antico selciato poco 

più oltre del selciato stesso. ^ 

24 7 M. 9 1 M. Stradella alla foce dell' Arrane. 

25 I M. 9 I M. Piccolo sentiero alla sinistra per andare alla 
tenuta di Castellaccia ed alle rovine dell'antica Quinziana, 
distanti 1 1 M. 

25 ^ M. IO M. Ponte sul rio Arrone. 

26 j M. 1 1 7 M. Residui dell' antico selciato. 

29 ^ M. i4 T M. La strada di Canino si unisce. 

30 M. i4 5: M. Porta di Monta/lo. 

Questo villaggio, il cui nome indica una situazióne af&tto di- 
versa^ sta in "una vasta pianura , accanto alla valle poco pro- 
fonda della Fiora; le torri se né scorgono da tutte le paiti. Il 
sito è molto insalubre, e perciò, soprattutto nella state, Man' 
talto è spopolato assai : anticamente era qui il Foro Aurelio. 

Uscendo dalla medesima porta, per cui si è entrato^ e vol- 
gendo alla destra, si trova una strada, la quale conduce al 
mare; volgendo di più si scende pella valle deIla\F/(9ra / e la 
strada arriva dopo-J M. al ponte, passato il quale, ella forma 
un bivio : alla manca la strada di Orbetello e delle Maremme 
Toscane j alla destra una strada ai casali qui esistenti ed al 
Ponte deir Abbadia^ carrozzabile e più corta, ma meno com- 
moda dell' altra, c\ie A^Montalto^ passando Ponte Sodo ^ con" 
duce al medesimo ponte. 



b. GOlCTORlfl J>1 XARQTIINU £ VOLGI. 31 

m. Strada da GoRifKto a Toscahklla. Strada di comunicazione diffi- 
ùilniente carrozzabile. (*) ' ■ 

I M. Pontesulla Marta. Passato il ponte si prende alla destra; 
la strada passa per lo stretto piano fra le colline ed il fiume, 
piccola isola nel fiume. 

I ^ M. Cateratta nel fiume. Selci , probabilmente di antico 
selciato. 

3 I M. Il fiume tocca la strada. 

4 7 M. Si incomincia a salire il Monte Quagliero. 

% M. Necropoli dell' antica Tbr^ifi/tù'^ nuovamente scoperta , 
alla destra. 

5 ^ M. Sentiero alla destra, il quale scende nella valle 
della Marta y e comsponde all'antica strada da TarquinU a 
Tkiscania. 

IO 7 M. Piccolo ruscello; residui dell'antico selciato; alla 
destra una stradella , la quale conduce al casale di Carcarello , 
che si vede in sulF altura. (**) 

IO ^ M. Incomincia la vasta pianura di Toscanella, 

i3 |M. Il rio Capocchio; selci antichi di lava basaltica. 

i4 ^ M. Alla sinistra un pezzo molto ben conservato di sel- 
ciato antico. 

i6 ^ M. Chiesa alla destra. 

17 ^ M. Alla sinistra la strada di Canino , alla destra dopo 
pochi passi la porta di Toscanella. 

(*) Ntelle distanze di questa strada yi è una piccola incertezza, essendo 
smarrito il foglio che conteneva le misure esatte , le quali perciò non si 
poteyano determinare che secondo il tempo impiegato a percorrere la 
• strada a piedi. 

{^) Dirigendosi per questa stradella , passando il casale di Carcarello e 
scendendo nella profonda -valle del rio Capocchio^ s* incontra un lungo tratto- 
di strada antica , la quale scende nella valle « paisà il ruscello sopra un ponte 
pu^ antico y e sale all'opposita parte, poi va perdendosi nella macchia. 
Am^ prende questa strada per la via antica dal ponte della Marta a Tasca" 
nìa ; ma questo non può essere , perchè la strada moderna non solamente è 
la più dritta e la più commoda , ma anch* ella mostra, vicino al rio . Capoc- 
chio , un pezzo hen conservato di selciato antico. Confesso di non sapere a 
quale strada antica possa appartenere questo pezzo , che si trova fuor della 
direzione di tutte. 



a 2 T. MONUMEITTS. 

La pianura vulcanica per la quale corre la Marta^ conpe 
quella intorno a Cwita Cctsielkuta j % intersecata da profondi 
burroni, i quali , soprattutto nei siti dove due di loro si unis- 
cono , formano delle posizioni più o meno forti , secondo l' er- 
tezza delle loro pendici. In una tal posizione 3Ì trova Tosca-- 
nella j anticamente Tìiscania, circondata da tre lati da pro- 
fonde valli , neir una delle quali corre la Marta. Anche quésta 
città , come Corneto e f^iterbo^ era più considerabile nej medio 
evo, come il dimostrano le mura^ tuttora esistenti : fra le 
sue chiese, alcune per la. bella loro architettura meritano di 
essere visitate! 

ly . Strada da Ystìalla a Tòscanslla. CarrotutòUe per piccoli Ugni. 

Seguendo la strada maestra da Vetralla a Viterbo si trova 
dopo j M. a mano manca la strada di Toscanella. 

4 M. Alla destra il masso di un sepolcro antico roniano , che 
dimostra la strada, almeno in questo luogo, essere antica, pro- 
babilmente la Clodia. 

5 j M. Un mezzo miglio alla destra le rovine di un castello 
dei bassi tempi. 

6 I M.' Piccolo rio in una valle profonda e scoscesa. Salendo, 
dopo varcato il rio, Terta pendice della valle, si scorgono sos- 
truzioni di antica strada» 

8 j M. Scendendo nella valle del piccolo fiume /l^^a, si ve- 
dono altre sostruzioni antiche. 

12 ^ M. Sostruzioni antiche; più innanzi altre, e selci di (ava 
basaltina. 

i5 ^ M. Alla destra una piccola strada , più commoda per le 
vetture, che pure conduce a Toscanella. Vestigia di antico sel- 
ciato. 

i5 I M. Alla destra la strada che viene da Viterbo; potihi 
passi più oltre alla sinistra la stradella di Monte Romano; si 
scende nella valle della Marta. 

i5 j M. Pont^ della Marta. Passato questo, la strada f^e la 
collina di Toscanella. 

i6 X M. Porta S. Leonardo di Toscanellax 



b. CONtORPrJ PI TABQUIiril E VULCI. %ò! 

"V. Strada naturale, carrozzabile , da VitERBo a Toscanblla. 

■ ...',. ■ . I . , 

La strada carrozzabile parte da Viterbo insieme con Ja 
strada. maestra di Jdontefiasconei la lascia ben presto volgen- 
dosi alla sinistra, e passando alla destra del Bulicame sì unisce 
con Taltra strada , che ora descriveremo , CQme quella c1|e è 
più rilevante ; ella escet dalla porta occidentale di Viterbo. 

^'M. Si entrain una lunga strada a doccia, tagliata nella rupe 
volcanica; grotte alla destra , forse sepolcri antichi. 

5 M. Altre grotte. 

ijM. Alla destra la sorgente delle acque calde sulfurea 4.^1i 
Bulicame : i rivi traversafto la strada. 

I ^ 'M. La strada carrozzabile si unisce alla fin qui descritta. 

4 7 M. Vestigia dubbiose di selciato antico* 

7 M. Fiumicello della Le/a. is 

la M. Molti selci antichi di lava basaltina. 

la^M. Alla sinistra si. distacca la strada carrozzabile^ la 
quale ben presto si unisce con quella di Vetralla. 

i3 ^ M. La via si dimostra antica per i residui del selci«^to 
antico. 

i3 :^M. Ponte della Maria , e riunione con la strada car- 
rozzabile iosieme con quella di Viterbo. 

i4 7 M. Porta S. Leonardo di Toscanella. 

La distanza fra Viterbo e Toscahellà in sulla j&ti'ada carcozza- 
bile sanrà un poco più lunga'; e benché non sia misurata esàtr 
tamentB) ai può stimarla senza errore sensibile iS miglia. 

Le due strade da Vetralla e da Viterbo a Toscanella passano 
per una vasta pianura , attraversata da molti ruscelli , per la 
maggior parte in letti profondi, che cagionano qualche ine- 
guaglianza del suolo. 

VI. Strada naturale y carrozzabile, da Toscanella a Carino. 

Si esce dalla porta di Canino , opposi ta alla Porta 8. Leo*- 
nardo , e distante da lei quasi un mezzo miglio. Subito s'in- 
contra il bivio delle due strade di Corneto e di Canino ; quest* 
ultima alla destra. 

I M. Ponte sul rio Capocchio. Pochi passi più oltre, alla sinistra, 



Sl4 I* MONUlllElfTS. 

la Strada di MontaltOj alla destra quella di Arlena^ piccolo 
villaggio in sulla montagna, la quale da questa parte si stende 
verso Piehzano è Valentano, 

1 1 M. Molti selci , sparsi qua e là , probabilmente antichi 
' ed appartenenti alla Via Clodia. Più innanzi altri ancora. 

3 j M. Ponte sul fiume Arrone. 

6 f M. Alla sinistra una stradella, che porta a MmignanOj 
al Ponte delt Abbadia ed al Ponte Sodo. Gli ultimi rami delle 
montagne , che circondano il cratere del lago di Bolsena^ ar- 
rivano fin qui, e la strada, attraversandagli , sale e scende 
contìnuamente , ma di poco. 

^ I M. Piccolo ruscello , che va ad unirsi ali* Arrone. Pas- 
sato questo, la stracla , tagliata nel tufo volcanico, sale la col- 
lina , su cui è posto Canino, 

9 ^ M* Chiesa alla destra. 

9 j M. Porta di Canino. 

Da Viterbo a Canino sono quasi a 5, da Vetralla 27 miglia. 

Canino j villaggio ben fabbricato, su duna strétta collina 
con erte pendici, la quale, come le altre, ^ un ultimo ramo 
delle montagne del cratere di Bolsena. 

Vn. Strada naturale^ carroziabile, da Toscawklla a Montalto. ' 

Si è visto di sopra , che dalla strada di Canino y dopo un 
miglio si distacca quella di Montalto , la quale , percorrendo 
la vasta pianura che si estende fino al mare, offre quasi niente 
di rimarchevole. 

I AL 11 bivio. 

9 1 La stradella da Cometa a Canino. 

10 7 M. Casale di Fàrnùcone alla sinistra, 
la j M. Fiume Arrone^ sen^a ponte. 

iS{ M. La strada carrozzabile da Cometo a Canino attra- 
versa questa strada. 

Un poco più oltre, alla sinistra, alcuni ruderi dei bassi tempi* 

i6 f M. La strada si unisce a quella da Cardno a Montalto. 

17 M. In piccola distanza alla destra gli archi dell'acque- 
dotto di i(f<7/z^a/ira 



b. coirroBNi di TAEQpiirn e vulci. iS 

17 j M. La strada riceTC quella di Gor^$to* . ^ ^ 

18 M. Chiesa alla destra , dirimpetto Mqntalto^ la porta in 
piecoja distanza alla sinistra^ 

VtQ. Strada naturale, carrozzabile, da Cksunoa Mohtalto. 

Da Canino . si esce dall' istessa. porta per. cui. si è. entrato , 
volgendo però subito alla destra , dove dopo breve spazio si 
incontra un bivio , formato dalla stradella di Cometo,Ma. 
manca , e la strada di Montalta alla: destra. 

I ;^ M. Chiesa alla sinistra* 

fk ^ M. Cappella alla sinistra. 

3 M. Alla destra il palazzotto di Musignano^ nei bassi tempi 
PAbbadia^ passato il qualesi staccs^ alla, destra la stradella dei 
Bagni di Musignano. , 

3{M. Alla destra la stradella àel PonU delP Abbadia e del 
Ponte Sodo ; alla sinistra Taltra stradella, Ja quale a 6 |M« 4a 
Toscanella parte dalla strada di Canino^ 

9 7 M. Archi grandi , doppj , dell* acquedotto di Montalto,^ 
chiamati il Pontecchio. Strada alla destra^roveniente dal Ponte 
delt Abbadia. 

10 j M. Alla manca si distacca la strada carrozzabile di Cor^ 
neto. Poco dopo archi dell'acquedotto alla destra. 

la M. L^ strada riceve quella da Toscanella a Montalto. 
i3tM. Montalto. 

IX. Stradella carrozzabile da Musignano al Ponte dell'Abbadia ed a 

Ponte Sodo. 

Questa stradella serve per coloro i quali da Toscanella o 
da Canino desiderano di andare al Ponte dell Abbadia; ella si 
stacca , come di sopra è detto^ a } M. da Musignano dalla 
strada da Canino a Montalto. Contando le distanze da Musi^ 
gnano si ha. 

I M. Il rio Timone , senza ponte. 

1 f M. Alla sinistra la stradella di Ponte Sodo. Estesa pia- 
nura. 

2 M. Alla destra una piccola elevazione come un tumulo. 
Pochi passi ^opo alla destra una stradella che porta ad Ischia. 



a6 !. MON03IENTS. 

4 7 M. Stradellà'da Montaltoe Ponte Sodo ad IscfUa, 

5 ÌS..:Ponte deW Abbadia. ^ 

Il ponte è distante da Canino 8 miglia, i8 da Toscanelia, 
passando per Canino y 33 da Viterbo. 

Un castello dei bassi tempii ora un quartiere di doganieri, 
guarda il ponte, il quale «on un solò arco ardito passa la vo- 
ragine , nel cui fondo corre la Fiora. 

Prendendo a 1 4 Ai. da Musignano per la stradella a sinis* 
tra , si trava a 2 j M , cioè da Musignano. 

4 7 M.. Alia destra un sepolcreto. Il suolo h qui affatto 
piano; le tombe sono scavate nel tufo, il quale si trova sotto 
uno strato' di terra , che forma la superficie. 

4 f M. Alla sinistra la strada di Montalto , poco dopo alla 
destra quella del Ponte deW Abbadia. 

4 ^ M. Mola di Ponte Sòdo, tjùesto ponte sul rio Timone è 
naturale; si Vedono qui alcune caverne con stalattiti; i con<> 
torni sono belli, soprattutto seguendo il corso del Timone 
verso là Fiora , nella quale egli dopo non molto spazio si 
perde. 

.X. Stradella carrozzabile dal Portscchio a Ponte Sodo , ed al Ponte 

dell'Abbadia. 

Nella descrizione àellà strada da Canino a Montalto A è 
detto, che gli archi doppj dell' acquedotto di Montalto y i quali 
s'incontrano a 9 jM. da Canino^ ed a 3 ^M. da Montalto^ ven- 
gano chiamati il Pontecchio* Alla strada di Montalto si unisce 
a ^ di miglio dal Pontecchìo quella di CornetOy ed ambe unita- 
mente passano innanzi il Pontecchio , al di là del quale, subito 
si distacca la stradella del Ponte delF Abbadia, la quale passa 
in piccola distanza dal Ponte Sodo^ 

2 j M. Sentiero alla manca, che porta dopo |- M. al Ponte 
Sodo, passando innanzi ad un altro sepolcreto , simile al digià 
descritto. La strada del Ponte delt Abbadia varca il rio 7Y- 
mone y e gìugne a quel ponte dopo 5 | M. dal Pontecchio. 

La distanza del Ponte deW Abbadia da Montalto è di 9, da 
CornetQ di 18 , da Cii^itai^ecckia di 33 miglia. 



h. CONTORNI m TARQUlNtl E VULCI. 27 

Prima di giugnere, venendo da Canino y al palazzotto di 
Musignanoy o subito dopo averlo patóaio, si prende alla des- 
tra per andare alla Montagna ed ai Bàgnu 

•JM. IlVio Timone. 

\ M. Le due stradelle si uniscono. 

j M. La via volge alla destra,' e sale. 

1 M. ?Ula destra si vedono idue* piccole case, ì bagàì mo- 
derni; la stradella fin qui è carrozzabile^ ora sale piti rapida- 
mente. 

I 5; M. I ruderi dei bagni antichi. Le rtìpi intoi^o sono ta- 
gliate perpendicolai:mente ; si vedotio molte càmere quadrate 
e rotonde con nicchie; le mura coperj^e di opera reticolata di 
imperfetta esecuzione; scale, terrazzi, etc. Il tutto meriterebbe 
una deserÌ2Ìone auccinta con una pianta. ' ^ :.''.'' ^ 

XII. Da Canino a Pianiamo e Celere. 

Si segue sopra una strada carrozzabile la direziona della col- 
lina, in sulla quale è situato Ca/ti^o^ salendo vèrso le alture. 
\ M. Chiesa alla dèstra. ' ' 

J M. Stradella di TeisenaHo ixìSa destra. ' 

3 ^ M. Alla manca strada carrozzàbile di Celere, piccolo vil- 
laggio in amena situazione j -ctlstànte poco meno di un mìglio; 
alla destra stradella,' ò piuttosto sentiero che condùcè a Tesse- 
nano ed Jrlena. ' • ■ ; 

4 7 M. La strada, sempre salendo, dirlttatnente porta a P'à-^ 
lentano; a sinistra vi è. una stradella, carrozzabile per piccoli 
legni, a Celere, distante i ^ M. , e dove dopo | M. s'incontrano 
i ruderi di un castello dei bassi lelnpi; alla destra* ana stradella, 
non rotabile,' a Pianifmo, villaggio situate^ sopra utìa •collina 
in una ristretta, ma bella valle, sette miglia da Canino. 

La Bttada da Canino &Vàlentano da alcuni indìzj non troppo 
sicuri, si potrebbe piwsunier6 una via antica. 



tì8 



I. UOnVìll^HTS. 



Xm. Da Ganimo a Puhiamo. Strada rotabile solamente per piccoli e 

leggieri legni. 

Si scende dal palazzo nella valle del Timone. 

^ M. Il no Timone, Dirittamente stradella pivr corta alla fer- 
riera ; a sinistra quella la quale probabilmente corrisponde 
alla Fia Clodia ;s\ distinguono vestigia, però non afifatto certe, 
di antico selciato, 

^ M. Strada alla sinistra, la quale, dopo mezzo miglio, con- 
duce a quella da Canino a Musignano. 

^ M. Ferriera, dove si fonde il minerale ferrigno delle mine 
dell'isola di Elba^ Si entra in uno stretto, 

3 f M. Pianianoy piccolo villaggio, alla destra^ 

Xiy. Strada carrozzabile da Corusto a/ Porto Clebuiituio edalle Salme. 

Uscito dalla Porta Romana di Corneto , si prende nel trivio 
alla destra, scendendo giù la collina. 
I ^ M. Si traversa la P'ia Aurelia. 
I M. Cappella alla sinistra. 

3 -^ M. Torre diruta; alla manca, 

4 ^ M. Piccola chiesa ed alcune case appartenenti al Porto 
dementino. A meno di un quarto di miglio si trova la Torre 
di Cometa, , e passata questa, le Saline. 

In tutta l'estensione dèlia strada , come pure al porto stesso, 
non si trova il minimo indizio di ruderi antichi , benché forse 
con qualche fondamento si potrebbe collocare nelle vicinanze, 
del Porto dementino Vantica Graviscce. 

Xy . Stradella da Corneto al mare ed alle rovine di Quinziana. 

Si prende la Strada di i(lo/z^a&c7. . 

I M. Ponte della Marta. Nel trivio, passato il ponte, alla 
sinistra. 

• a 1 M. Ruderi alla destra, ed alla sinistra pietre quadre e 
pezzi di mura^ in parte coii opera reticolata. (*) 

{*) Questi ruderi pajono appartenere ali* antica Gramcte, di cui V Itinerario 
marittimo pone il porto alla foce della Maria ^ ma forse erroneamente. La 



b. CONTORWI DI TARQDIKII E VULCI. 29 

Cam minando oltre verso una casa diruta in sulla sponda del 
mare^ la stradella poco a poco si perde; dopo a { M., cioè 
5 ^ M. da Corneto, si arriva alla casa, ed andando lungo la 
spiaggia del mare, dopo altri 3 | M. alla foce delV Jrrone ed 
alle rovine di Quinziana, consistenti ii\ un portissimo recinto 
quadrato, come di un piccolo castello, con una camera a 
volta in un cantone. Tutto intorno, mossa leggermente la terra, 
appariscono pietre quadre, mattoni, e piccoli pezzi di mura, 
e più oltre verso la F'ia Aurelia sepolcri tagliati nel tufo del 
$uolo.' Per ritornare a Corneto si sceglierà, come la più con^oda 
e più corta , la Via Aurelia. 

Dopo aver descritte le strade moderne in questa regione , 
farà d'uopo descriverne pure le antiche, cioè esaminare gli Iti-> 
nerarj, essendo quel che concerne l'andamento delle strade 
antiche, i ruderi del selciato, i sepolcri, ec, già menzionato 
di sopro. 

L Lltinerario marittimo. 

Le stazioni di questo itinerario non indicano se non i porti 
e gli altri siti, dove le navi potevano approdare; questi deb- 
bono esistere anch' oggidì^ non avendo questa spiaggia subita 
grandi mutazioni nella natura del suolo. Sarà dunque facile a ri- 
conoscere i siti nominati dair itinerario; essi sono 
Centumcellis 

. Jlgis M. P. III. C) 

Rapioni III. 

descrizione che Mutilio ci ha lasciata dell' antico sito , combina meglio con 
- le Saline di Cometa, ma non è contraria a questa posinone. ^ 

Inde GnTÌscaiTim fastigia rara TidemoB, 

Qaas premit eptivae ampè paladis odor. 

Sed nemorosa viret deniis vicinia lads 

Pineaqne extremis flnctoat umbra fretti. 
I boschetti ed il pineto mancano ora in questa regione affatto diserta» 
Della posizione di Gramcas si parlerà ancora più sotto , nell' esame dell iti* 
netmo marittimo, 

(*) Le distanze deW Itinerario marittimo, essendo calcolate nella linea 
drìtu, mentre la spiaggia spesso forma qualche seno, i| più delle yolte sono 
un poco minori delle distanze terrestri. 



3o .1. MOJVUMIiINTS. 

Grainscas, VI, 

Mattano HI. 

Quintìana III. 

Regas. ..•••• III. 

Arnin&JL ..•,.,. IIL 

Di queste stazioni la prima e l'ultima con evidenza si ri- 
troTano in Civitavecchia e nelt' imboccatura dd fiume delta 
Fiora; la distanza n'è di aS miglia, cioè di un miglio più di 
quello che segna X Itinerario. A tre miglia da Civitavecchia si 
vede presso la Torre Nuova un piccolo seno di mare ; questo 
doveva essere il sito di AlgtÈy se non. della città o del vil- 
laggio, almeno della stazione marittima» Quattro miglia più 
.qllre il Mignone sbocca nel mare : presso la sua foce si tnyva 
,oii:a \x Torre di Bertoldo ^ ed anticamente vi eca la 5taaìo«i« 
RapiOy IIII miglia e non III, come dice 17^i>z^mrib , distante 
da Àlgce, Il Porto dementino pressa la torre di Corneto è 
moderno, sicché qui non si deve presumere una stazione 
antica ; infatti la seguente è alla foce della Marta ^ VI miglia 
distante da Rapio. In questo sito non poteva essere se non 
Vemporio di GravisccCy la città trovandosi in luogo meno in- 
salubre, a due miglia dentro terra, come il dimostrano le 
rovine ivi^esistenti. A tre miglia dalla foce della Marta, al di 
là del sito chiamato le Casaccie, vi era la stazione Maltanus; 
ed altre tre miglia più oltre, ali* imboccatui*a dell' Arrone^ si 
scorgono anche oggidì le rovine dell' antica Quintiana. La 
distanza fra le due imboccature dell' Arrone e della Fiora ^ 
di VI miglia : \2.F\ora anticamei^te fu chiamata Amine y e la 
stazione Regce si trovava in m^zzo Yjirronee^à. Fiora , a III 
miglia dall' uno e dall' altra , pressa certi piccoli scòglj nel 
mare, chiamati le Murelle. 

, L'accordo dei numeri dell' Itinerario , qon le distanze vere, 
i^n può. quasi essere ipigliore, perchè col solo cambiamento 
di un III in un IIII nella distanza da Algce a Rapio diventa 
perfetto. Pare si possono muovere gravi dubbj contra il sito 
assegnato a Graviscce e Maltanus, e non sarebbe cosa da me« 



b, CONTORBII JW 1:A]IQ4JINII e vutcì. 3i 

raTigliarselie , se a 'molti parrebbe più probabile Tìpotesi, 
che ora verrà esposta.. . 

Le rovine sotto Corneto > le quali ideila carta portano il 
nome di Gravisccey non.Qptrebbero appartenere ad altra città , 
perchè non ve ne era in quésti contorni; e neppure alla sta- 
zione Maltanus^ la quale sarà $tata di poca momento, non 
facendone affatto menzione /iiiiP<7iÌ9; dovevan^o dunque, se non 
si volesse credere che fgssero.di GraifiscéBy far parte di qualche 
villa sontuosa , fabbricata in un sito malsano , come incirca 
Castel Fusano presso Ostia. Mutando ora il VI della distanza 
da Rapio a Grai^iscee in un III (mutazione del resto non 
inverisimile), Graviscce resterebbe in poca distanza dal Pofto 
dementino y nel sito delle moderne Saline; posizione che si 
accorderebbe molto bene con la descrizione di Ruiilio y ma 
cheper nissun indizio dì antiche fabbriche sarebbe compro- 
vata. Zia stazione di Maltanàs sarebbe allora alla foce della 
Marta y e s'ihtetiderebbe per Makanus ^uvìhs <r^eto portiis ; 
e non si può negare, che questa posizione ìion sia , riguardo 
al nome , più adattata dell' altrsf à tre miglia più oltre. La di-^ 
stanza da Maltanus a Qtiintiana sarebbe poi di sei miglia invece 
di tre , che dà \ Itinerario^ (*) 

Le distanze delle stazioni saranno dunque 

CentumcelUs ( Ci^fitasfecchia). 

Mgis {Torre Nuova) M: P. IIL 

Rapioni {Torre' A di Berlaldo). II IL 

(*) Le mutazioni nelle distanze, Necessarie per accordare iì qui supposto 
col vero, parraniio di poco momento à quelli i. quali,' mttiandoi delle, sta^r 
zbni d^e strade antiche , mutapo al loro capriccio i p^m^i degl'I tincrarj ^. 
scusandosi sempre » non con la loro perfetta ignoranza in (^uel ,Qhe riguarda ^ 
la topografia, ma con gli errori dei copisti. Io però facendo un esame parti- 
colare di tutte le strade and'che nei contorni di Homa, tìne ad una distanza 
di cinquanta o sessanta miglia, mi ^oiio continto <^ qoertì ervor» il pta 
delle Tolte non esistono, e quando yi sono si posso&p.Q^egg^e con 1« 
mutazione di un Z in nn Y, d^ un Y inuu 11,^ o aggiungendo olevando una 
sola lettera ; perciò ho preferito di seguire nella carta 1* Itinerario ed i ruderi; 
stimando troppo arbitraria quella doppia mutazione de! Vt 'in Ilt, é dèi III 
in YI ; ma ho voluto esporre pure Takia fpotésf , tesii^do Ad ognuno le 
scegliere fra le due. ^- ' : / ' 



3li I. MOTTOMENTS. 

Grà9isca$ ( Foce della Marta ). , Vi . 

Maltano (presso le Casaccie). . Ili, 

Quintiana (Foce dell' Arroné). Ili/ 

[ Graviscas (Sa/ine di Cornetq)é . IIU 

Maltano (Foce della Marta). . III. 

' Quintiana (Foce àeW Arrone). VI.] 

Regas {f Tesso \e Murelle). . • III. 

Amine Jl,\Fiora f.y III. 

II. La Via Aurelia. 

Questa via si trova indicata nell* Itinerario di Antonino^ 
come segue: 

Centumcellis 

.Marta . M. P. X. 

Forum AurelU. XIIL XIIIL 

/L'andamento della Via Aurelia è stato descritto di. sopra; 
la distanza da Cii^itavecchia al ponte della Marta è di i5 jM^ 
contata suU' antica Aurelia; da qui a Montalto sono i3^M* 
Bisogna dunque scrivere XV invece di X presso Marta , e 
per il Foro Aurelio ^ cioè Montalto^ preferire la lezione XIIIL 

La Tavola Peutingeriana pone presso Centumcellce una gran 
fabbrica quadrata , con cui suole dinotare i Bagni y come si 
può vedere nelle Aquce Apollinares , Aquas Tauri ^ Aquoe 
Passerisy ec. Poi viene la stazione Gradisca e di sopra Mindofl. 
senza numero; poi una stazione senza nóme e senza numero, 
con la sola voce di co (com ovverp cum)y della quale si serve la 
Tas^ola\ quando insieme con un sito sulla strada vuol indicare 
un altro in qualche distanza da quella , come Foro Clodio co 
Sabate sulla Clodia ; dopo il sito fuor di strada vien notato 
come se fosse una stazione della strada. Dopo questo Tabel^ 
lària V, e (senza segno di stazione) Marta II ed il fiume ; finaU 
mente Foro Aurelio III. 

È cosa manifesta che vi sieno errori nella Tavola; ma con 
leggierissima mutazione vi si può rimediare, levando Gra^^ 
(fisca daX posto dove si trova, il quale appartiene a Mindo fi., 
e mettendolo alla sinistra, dove il co si ha da scrivere accanto 



b. CONTOKNI DI TARQUimi E VDLCI. 33 

a Tabellarìa V ; finalmente in vece di Marta II si ponga 
Marta fi» ^ mutazione tanto più verisimile quanto non vi è 
segno di stazione in questo sito. Avremo allora 

Centumcellis — — 

Aquas. , M. P, — 

Mindofi. . 

Tabellarìa co Gramsca ^ V. 

Foro Aurelii , III. 

Si è visto di sopra , che accanto alla strada moderna da C/* 
intai^ecchia a CornetOy nella distanza di incirca mezzo miglio 
dalla Via Awrelia vi sia una sorgente di acque sulfuree, e ben- 
chè^più non vi si distinguano ruderi di antiche fabbriche, 
pare ciò nonostante più che probabile, che in questo sito o più 
Ticino air Aurelia sieno stati i Bagni notati dalla Tas^ola; la 
distanza è di UH miglia da Civitavecchia. Allora vi saranno 
poco meno di cinque miglia fino al ponte del Mignone; si 
leggerà dunque *Mindo fl. V. Tabellarìa probabilmente era un 
osteria , appartenente a Graviscas ; la distanza di cinque miglia 
dal Mignone la metterebbe esattamente al sito , dove la strada 
da Corneto alle Saline attraversa X Aurelia, Questa strada era 
là medesima per cui pure anticamente si andava da Tarquinii 
al sito delle Saline y dove ponendo Graviscos, quel Tabellarìa 
co Gradisca della Tavola quadrerebbe assai bene, perchè non 
vi può essere dubbio che Tabellarìa non fosse in quel punto 
deir Aurelia dove si distaccò la strada di Graviscoe; ma allora 
la distanza fra Tabellarìa e Forum Aurelii, cioè Montalto^ sa- 
rebbe di i4 1^ miglia moderne, ovvero di XV antiche, e pare 
un poco forte l'errore di scrivere III in vece di XV. Mettendo 
air incontro Tabellarìa A ponte della Marta^ dove alla sinistra 
si stacca la strada che porta alle rovine supposte di Graviscoe^ 
la distanza è di alcun poco più di sei miglia, le quali si avreb- 
bero dalle V, aggiugnendovi un I, fino a Forum Aureliu Si con- 
teranno allora quasi quattordici miglia, sicché XIIII si sia mu- 
tato in III; cambiamento più facile di quello di XV in III, 

3 



34 I. MOWDMENTS. 

La Via Aurelia corretta sarà dunque : 

Itinerario di Antonino, 
Centumcellis. 

MaHa (il ponte della il/arte). . . M. P. XV. 

Forum Aurelii {^Montalto), . . . XIII f. 

Tabula Peutingerìaita. 
Centumcellis. 

Aquas sulfureas M. P. IIII. 

MW<c7 fl. (Mignonef. ) V. 

Tabellaria cum Gradisca VI. . 

Forum Aurelii (^Montalto), . . . XIIII. 

( Tabellaria cum Gradisca, ... V. 

Forum Aurelii XV.) 

m. La Via Clodia. 

Di questa via antica la sola Tavola fa menzione. 

Blera, • ■ ■ 

MaHa M.P. Villi. 

Tuscana ' ■ ■' 

Materno, . ) XII. ^ 

Di sopra è stato detto che la Via Clodia da Sieda pren- 
desse subito la direzione verso la strada moderna da Vetralla 
a Toscanellaj che questa, in un sito dove ali* incirca la Clo- 
dia doveva entrare in lei, mostrasse i ruderi di un sepolcro 
romano , e più oltre le rovine di un castello dei bassi tempi , 
il quale, come spesso si trova, poteva corrispondere ad una 
stazione antica, e che finalmente da questo sito innanzi la 
. strada desse certi indizj di essere antica. La distanza da Bieda 
al punto della strada che corrisponde air antico castello, è di 
otto miglia in linea dritta, ma le molte inuguaglianze del 
suolo ben potevano allungarla di un miglio, ed allora corris- 
ponderebbe alla prima stazione indicata dalla Tavola y il cui 
nome non si sa, perchè quella voce di Marta appartiene al 
fiume. Da qui fino a Toscanella ossia Tuscania sono undici 
miglia; più oltre la strada doveva passare accanto a Canino ^ 
per restare nella direzione di Saturnia , scendere alla Ferriera 



h. CONTORNI DI TARQUINII JE VULCI. 35 

di Canino ed andare a Piardano^ il guale sito, tredici miglia 
da Toscanellay conrerrebbe con la stazione Maternum^ scri- 
vendovi XIII in vece di XII. Le stazioni della Clodia saranno 
dunque : 

Blera {Sieda) 

. M.P. Villi. 

Tuscania (Toscanelia). ..... XI. 

Materno (Pianiano) XIII. 

IV. La Via Corsìa, 

Della Fia Cassia un piccolo pezzo solamente entra nella 
Carta. Il Foro Cassio era ad un miglio al di sopra di Vetralla ; 
da qui, come già si è stato detto, si può seguire la direzione 
della Cassia fino ai Bagni, anticamente Aquas Passerisy di- 
stanti VI miglia dal Foro Cassio (la Tavola pone erronea- 
mente XI )^ più oltre la Cassia non è più pralticabile , benché 
se ne possa riconoscere la direzione verso Montefiascone^ 

Analisi della carta dei contorni di Tarquinii e fenici. , 

Di misure antecedenti in questa regione non si trovavano 
se non quelle fatte dai Gesuiti Mayer e Boscovichy i quali per 
ordine di Papa Benedétto JCIF eseguirono una triangolazione 
di tutto lo Stato Pontificio ; essi danno in longitudine e lati- 
tudine le posizioni di Viterbo^ Toscanelia, Corneto e Civitavec'" 
chia j ma talmente false, che e. gr. la distanza fra Corneto e 
Toscanelia y la quale si deduce dalle loro misure, differisce di 
più di due miglia e mezza dalla vera. Sono dunque rigettate 
affatto queste misure, e determinate di nuovo con molti an- 
goli, le posizióni dei principali luoghi. Le strade furono tutte 
misurate contando i passi e prendendo con la bussola ad 
ogni volgimento della strada la nuova direzione^ poi calcolate 
le coordinate dei punti di volgimento riguardo alia meridiana 
ed alla perpendicolare di Corneto; finhlmente determinati 
tutti questi punti nella carta ed uniti con linee dritte : me^ 
todo il cui errore non giugne ad y~, come molte esperienze 
hanno dimostrato , ma che è assai più sicuro , se vien appli- 



36 I. MONUMENTS. 

cato ad una strada fra due punti, determinati trigonometrica-* 
mente. Tutte le strade nella carta saranno dunque delineate 
con esattezza, come pure i punti, dove altre strade si distaccano 
dove i fiumi ed i rivi traversano, ec. ; ma il corso di questi ià 
in gran parte preso dalla Carta del Patrimonio di S. Pietro dell' 
Jmetiy molto erronea in tutto il resto. Le montagne soqo in- 
dicate solamente senza essere delineate nella esatta Iqro figu- 
ra ; il rilevarle in quel modo che chiede una topografia mili- 
tare o statistica sarebbe stato un lavoro altrettanto lungo e 
penoso quanto inutile per una carta antiquaria. 

I^ distinzione delle strade in strade maestre ghiajate , strade 
naturali carrozzabili e strade non carrozzabili è facilissima ad 
intendere; le vie antiche sono indicate per punti, i quali tanto 
più si avvicinano gli uni agli altri, quanto più vestigia della 
via antica si scorgono. 

I nomi antichi sono interlineati, per distinguerli dai mo* 
derni. 

Topografia delF antica TarquinU, 

La città di Corneto , come è stato detto , si trova situata in 
su d*un ultimo ramo della montagna di Monte Romano^ e pro- 
priamente nel luogo dove la lunga collina , la cui direzione 
viene indicata dall' andamento della strada maestra fra Corneto 
e Monte Romano y^ con pendici , non di rado perpendicolari , 
scende verso la Marta, Essa forma di sopra un piano , elevato 
4oo fin a 5oo piedi , il quale lentamente declina verso quella 
parte, dove con meno erti pendici y tutta la collina si perde nella 
gran pianura del Mignone; ma dall' opposita parte e nelle 
vicinanze di Corneto ella è molto più scoscesa. Al nord di lei 
si erge un altra collina ^ simile nell* aspetto, ma isolata; il 
piano di sopra viene chiamato il Piano di Civita, Una valle , 
poco profonda in un luogo dove si trova un argine artefatto , 
separa questa collina da una terza, pure isolata, e più setten- 
trionale; dall'argine poi a levante vi è una quarta collina, 
piccola , ma alta ed erta. I ruscelli che si vedono nel fondo 
delle valli fra le colline scaricano le loro acque, in gran 
parte piovane , nel fiume della Marta , il quale, per una pia- 



b. CONTORNI DI TARQUINII K VULCf. 87 

Dura , a pie delle colline , serpeggiando corre. Al di là, dopo 
breve spazio, si ergono le colline di Monte Qiiagliero^ le 
quali j principiando dalla Via Aurelia , per lungo tratto se- 
guono ad un di presso la direzione dql fiume. 

Tale è Vaspetto dei contorni dell' antica Tarquiniiy la quale 
era situata sulla seconda collina , il cui piano superiore anch* 
oggidì porta il nome di Piano di Civita; un piccolo piano 
accanto a questo vien chiamato Cis^itella, Pochissimi ruderi 
vi si trovano ; ma si distinguono i siti delle porte come piìre 
le strade antiche, che ne uscivano. Dalla parte di levante 
però , là dove il piano diventa più ineguale , si scorgono le 
rovine di un gran tempio , dette Jra della Begina , in sulla 
punta più alta della collina; poco distanti da queste , altri ru- 
deri di un tempio, riconosciuto dell' ordine dorico da un 
pezzo di colonna; e poi, sparsi qua e là, ruderi di antiche fab- 
briche, se non impossibili, almeno assai diffìcili a spiegare. 
Un argine che serviva di sostruzione ad una strada antica è 
stato mentovato di sopra; la piccola collina accanto a lui, per 
la forte sua posizione , si fa conoscer come l'antica cittadella 
di Tarqninii. E sembra che nella decadenza della città , qui in 
primo luogo si sieno ritirati gli abitanti , e che poi pur questa 
cittadella sia distrutta : il tutto è sparso di grandi pietre di cos- 
truzione , ma nulla se ne può concludere , se non che in su 
un' elevazione nella figura di un pane di zucchero, vi sia stato 
probabilmente un tempio , il cui sito , chiamato ancora la 
Castellina , occupava poi un castello ; più oltre si vedono le 
rovine di due piccole chiese. 

Sulla collina di CornetOy nella distanza di un miglio e più 
da questa città , dirimpetto a Tarquinii , si scorgono molti tu- 
muli di sepolcri antichi , ì quali a questo sito hanno dato il 
nome di Monti Rozzi ; alcuni alti quaranta e più piedi , altri 
tanto bassi , che appena appariscono. Rilevando una pianta 
esatta di questa Necropoli , io ho trovato il numero di tutti 
quelli che ancora si possono distinguere , essere di sei cento ; 
ma anticamente saranno stati in numero più grandi, perchè le 
pioggie , portando seco la terra dalla cima al basso, ne avranno 
fatto discomparìre molti. Una gran parte di questi sepolcri 



38 I. MONUMEJNTS. 

in diversi tempi è stat^ aperta , e gli scavi proseguono tut* 
torà ; il signor Cario Avvolta dì Cometo ne ha data la storia , 
ed il signor Kestner^ consigliere di legazione e incaricato d'af- 
fari di S. M. Britannica il re di Annovra presso la S.-Sede , 
ha descritto quelle tombe , nelle quali belle ed interessanti 
pitture si sono rinvenute. 

, Un altra Necropoli è stata scoperta ultimamente sul pendio 
meridionale del Monte Quagliero^ accanto alla strada che da 
Corneto porta a Toscanella (i). I tumuli à&K Monti Rozzi pure 
alla più inesperta visita si dichiarano come appartenenti a se^ 
polcri antichi ; ma nella' Necropoli di Monte Quagliero era 
assai più difficile il ritrovare i sepolcri in un sito piano, senza 
ninna elevazione , che indicasse menomamente un tumulo 
antico. Nel mese di settembre dell'anno 1829 vi era disco- 
perto in parte un gran sepolcro , con un recinto di pietre 
di taglio , come pure uno si vede ai Monti Roz:^; molti altri 
sepolcri erano stati scavati , ma ricoperti di terra , e in questa 
occasione si era veduto, che anticamente una strada, la quale 
si staccava dalla vicina via da Tarquinii a Tuscemia , tagliata 
nel tufo vivo fino alla profondità di sette a otto piedi, avesse 
traversato tutto il sepolcreto ; ad ambo i lati , ed anche sotto 
la strada, v* erano sepolcri : questi ultimi intatti, gli altri spo- 
gliati. Sul piano della Necropoli esisteva in tempi posteriori ' 
una villa, di costruzione romana, i cui fondamenti si vedono 
spesso entrare, nei sepolcri , le deboli volte dei quali in alcuni 
luoghi sono rafforzate con pilieri murati. 

Delle vie antiche si distinguono molte nelle vicinanze di 
Tarquinii; esse sono indicate nella pianta. Una ohe attipaversa 
la Necropoli, benché ulteriori vestigia non se pe scorgano , 
probabilmente è quella di cui fanno menzione gV Itinerarii, 
la quale dalle Acque Apollihari ( oggidì Bagni del Sasso) , pas-r 
sando per la montagna della Tolfa , conduceva a Tarquinii, 
Giudicando dalla natura del suolo, si può congetturare, che 
ella, seguendo all' incirca la direzione della moderna stradella 

(i) Questa scoperta importante è dovuta al signor Giacomo deDomenicis di 
Corneto , il quale , per la somma sua gentilezza , ha yoluto e^li stessQ (X>i)t 
burrai sul luogo , e mostrare e spiegare il tutto. 



b, CONTORI?! DI TARQUINII E VULCI. 89 

dtìJL Allumiera^ scendesse verso il Ponte Bernascone, passasse 
ivi il Mignone, entrasse nella strada maestra da Gi^ìtavecchia a 
Viterbo^ et ne seguisse la direzione fin sotto la Necropoli. Un 
altra via antica è quella la quale partendo dalla città, passava 
l'argine di sopra mentovato e la collina opposta, dove alcune 
vestigia ne rimangono, scendeva poi nel piano, varcava il 
fiume ^opra qualche ponte, saliva accanto al sepolcreto sul 
Monte Quaglkro , ed ivi si univa all' altra via , che dal ponte 
della Marta sotto Corneto va a Toscanella. Un poco più diffi- 
cile, ma ciò nonostante con certezza, si riconosce quella via 
antica, la quale staccandosi dalla prima nella piccola valle fra 
la città e la Necropoli , seguiva alla destra Tandainento della 
valle, entrava poi in un altra valle, si univa ad una via, che 
scendeva dalla cittadella , e poi alla via di Tuscania , prima che 
questa passasse il fiume. 

Topografia deìF antica VulcL 

Una vasta pianura si stende fra le hasse colline , in cui finis- 
cono le montagne della Toscana^ il territorio di Musignano ^ 
V Arrone ed il mare , interrotta assai di rado da qualche pie* 
cola elevazione. Il fiume della Fiora pei^porre questa pianura : 
il suo letto talvolta è in un largo e profondo burrone , con 
pendici perpendicolari , talvolta in una valle più o meno spa* 
ziosa , e forma in cotal modo la maggior ineguaglianza che 
ofifre il suolo. 

In 6ù una collina bassa, alla destra sponda della Fiora, un 
miglio incirca dal Ponte delV Abbadia^ era situata l'antica 
Vìdd^ fondata certamente non da guerrieri, né da mercanti, 
ma da agricoltori, perchè questi solamente potevano scegliere 
una tal posizione. Se la città si limitava a questa collina di poca 
estensione, non poteva essere grande; eppure quattro sepol- 
creti , due già menzionati presso Ponte Sodo e due altri nelle 
, vicinanze del Ponte delV Abbadia dimostrano col loro conte- 
nuto, che r antica ^u/é?/ fosse popolatissima ed oltre modo 
ricca; ella doveva dunque comprendere alcune colline adgiar 
centi, o prolungarsi dall' opposita parte del fiume. Sarà im^ 



40 I. MONUMENTS. 

possibile a decidere questo , non trovandosi altri ruderi che 
quei pochi della città dei bassi tempi ; e congetture sono diffi- 
cili a yerìficare in un sito , il quale non ha un carattere ben 
espresso, come p. e. i contorni di TarquiniL Ci limiteremo 
dunque a descrivere il moderno stato di questa contrada. 

Il Ponte deir Abbadia , il quale , come già fu detto , con un 
solo arco ardito pass^ il largo e profondo burrone del letto 
della Fiora , è antico certamente , e nella costruzione affatto 
simile ai ponti romani, che tuttora esistono; non di meno 
alcuni il credono^ con poca probabilità, di opera etrusca. Alla 
sponda sinistra del fiume, vicino al ponte, s' incontrano delle 
acque minerali, le quali ora, dopo breve corso, si perdono 
nella Fiora ; anticamente furono per mezzo di un condotto 
lungo il ponte, portate al di là del fiume; ma non resta più 
verun vestigio dei bagni, che ivi dovevano esistere; si vedono 
solamente al destro lato del ponte le petrificazioni prodotte 
dair acqua minerale, allorquando il condotto cominciò a dis- 
farsi. 

Seguendo dal ponte un piccolo sentiero , si passa lungo la 
sinistra riva del fiume ; i pendici defletto sono quasi sempre per* 
pendicolari e molto pittoreschi , e dopo un miglio ed un quarto 
si distinguono i ruderi di un ponte antico (i), e molto bene si 
riconosce la .strada antica , la quale dal ponte conduceva al 
piano sovrastante ; qui sì perde , ma la direzione era verso 
Ponte Sodo. 

Alla sinistra v* è una collina , chiamata la Cocumella , rico-^ 
nosciuta e dimostrata per le indefesse cure del signor principe 
dì Canino , come \ artefatto centro di una estesissima Necrosi- 
poli , i cui sepolcri si trovano senza tumuli nel tufo volcanico 
del suolo. A due miglia e mezzo dal Ponte delF Abbadia s* in-r 
centrano alcuni sepolcri scovertì , i quali , distanti un miglio 

(i) Il signor principe di Canino asserisce V esistenza di un terzo ponte in 
questi contorni ; io non V ho potuto trovare , e niuno dei paesani , che ne 
domandai , mei seppe insegnare. I residui ne saranno forse pochissimi , ed 
in cotal modo sfuggiti all'attenzione mia ; ma cosa grata agli antiquar}, noa 
che a me, farehbe il signor principe ^ se volesse compiacersi ad indicarne 
esattamente il sito. 



h, CONTORJNI DI TARQUINIl E VIJLCI. ^\ 

air incirca dal Ponte Sodo^ fanno vedere che i sepolcreti ivi 
esistenti, benché distanti un poco dall'antica città, pure vi ap- 
partenevano. 

Passato il Ponte delP Abbadia s incontra un bivio : alla des- 
tra una stradella, lacuale, passando accanto a due sepolcri, 
conduce aL casale di Monte Acuto in Toscana; alla sinistra la 
strada carrozzabile di Orbìtello. Seguendo questa , si vedono 
subito dei sepolcri alla destra , ed alcune mura , forse pezzi di 
un qualchesia recinto ; dopo tre quarti di miglio si scende in 
una piccola valle con un ruscello di acque piovane, passato il 
quale, il suolo si alza di nuovo e subito si scorgono non sola- 
mente i residui di una antica strada, ma pure alcune mura alla 
destra, le quali, se non vi fosse V opera reticolata, per il sito 
che occupano , potrebbero credersi rimasugli delle mura della 
città ; anche a sinistra vi sono dei ruderi insignificanti , apparr 
tenenti in parte a delle piccole chiese dei secoli di decadenza , 
dove F^ulci^ benché forse non più città , ma villaggio , era non- 
dimeno un vescovado. Attraversando il piano superiore della 
collina ; ed avvicinandosi alla Fiora y si trova al fine, sopra una 
piccola elevazione, una torre dei bassi tempi, senza però poter 
scorgervi il minimo indizio di fabbriche antiche. 

Ecco <piel che si può osservare ancora dell' antica Fulci : 
bisogna confessare che se non vi fossero i sepolcri, si dovrebbe 
credere che la città fosse stata di poco momento. 

Il signor principe di Canino ed il signor Fossati hanno de- 
scrìtti gli scavi ed i sepolcri trovati ; i ruderi della città non me- 
ritano descrizione veruna. * * 

Riguardo alle piante di Tarquinii e di Fulci basterà aggiu- 
gnere a quel che è stato detto dalla carta dei contorni di Tar* 
quinii e di Videi ^ che qui niente é preso da altra carta^ ma tutto 
è basato sopra proprie misure. Pure le, montagne '^ono deli- 
neate esattamente. 

Enrico Westphal, 



4^ .1. MOirUMEUTS. 



C, PIANTA DI UNA PORZIONE DEGLI EDIFIGII E STRADE DELLA 
POMPEANA (l), 

CiUa antica sotterrcmea air apillo della Cwita, sita fraScqffaU e 
Torre Annunziata al fiume Sarno. Pitture e monete ritroi^ate. 
Suppellettile ritroyato. 

{P lanche XVI des Monuments inédits publiés par Vlnstitut, ) 

N. 1. Tavolino di marmo africano con piedi bianchi di poi. a once 
8 per poi. 1 once 8. Pezzi 41 di afric. giallo piombino. Suearo (a) : 
tazza rossa. Creta .'fiaschi 6, pignatto, langelletti 3, coperchi 4» caldara. 
Vetro, caraffina. Como di cervo , 4 pczw. Ferro, serrature a, tondo 
distante di porta , chiodi 3 , con avorio appiccato. Mese di giugno a 
a luglio 1756. 

N» a. Metallo o bronzo: lucerna con testa di cavallo e« coperchia 
con 3 catenelle ; altra a a luci con mascheroni e catene. Marzo a 
i3 aprile 1756 : raschiatore, concola, padella sfrontumata, patera^ 
itìoneta, ferro, guarnimen ti /comuni a dette porte ^ come serrature 
che all'ultimo si noterà. Marmo: tavole a poi. 3 \ per, a i, e due di 
poi. a -j per i i. Creta, bocali a, tina, langellone con lettere C H, 
peso con lett. F C L C D, beveratojo di gallina, mattone pistorgolo^ 
cofani per far pavimento. Avorio, pezzo di flauto. Aprile a majo 1756. 

N. 3. Creta : langellone con grano dentro , due tine. Alabastro : un 
pezzo di once 18 per la per 9. Pietra di Caserta, pezzi a. Ottob. 1766* 

(i) Qaesto titolo scrìtto con la semplicità ed esattezza degna dello Svisaera 
Weber, che saccedette alla direzione de' scavi allo Spagnaolo Akuhier, ora è intc- 
reasanUssimo per gli archeologi. Costoro, quando leggono in alcuni autori/ non 
esdosa la grande opera d^li Ercolanesi, che il tale oggetto fu rinvenuto nei scavi 
del rapillo , in civita nella Pompejana, comprenderanno che si parla dello scavo di 
Pompei, non già de' luoghi diversi, come taluno ha creduto. Qaesto tato si chia- 
mava da i paesani il rapiUo, perchè in quel luogo si andava a provedersi di rapillo, 
lì nome di cmta vi era rimasto per tradizione dopo della sua distruzione ; e quello 
di Pompejana vi fu aggiuntola qualche persona dopo dello scavo regio , e yi 
rimase quello di Pompei, che da qualche secolo prima gli si dava da i dottL Questo 
scavb si trova anche chiamato scavo della Torre dell'Annunziata per la vicinanza 
a questo paese. 

(a) Bucarolà tazza rossa che indica, come rassomiglia ai moderni Baccari, così 
credo che Weher ci da anche questo nome. 



e. EDIFICI! £ STBADS DELLi^ POMPEANA. 4^ 

m, 4. Taverna con lettere al muro 

Nf 5^ Strada di bajole della città. 

N. 6. Monete 3 , cadaveri 3, uno oon anello di ferro al dito. Maazo 
di chiavi, carafEna, due bottoni di vetro. Novembre 1765, a gen- 
oajo 1756. / 

N. 7. Porta principale* 

K. 8. Sopra lo tonico del muro lett. INFRAKDIS JYLIE S P£ Fé- 
licis. (Questa è V iscrizione dipinta suU' intonaco che si riporta nella 
dissertazione isagogica, ed esiste nel M. R. B. I numeri fino al 1 6 anche 
sono simili iscrizioni.) Monete 3 , pezzi di graticola, mortdlo di ferro, 
apingolone d'osso, mattone con uccello. 

N. 9. Lettere L Celìum secundura. • . , 

N. IO. Popidium 

7(. X I . Helvium Sabioum, .... 

W. la 

N. i3 

N. 14 • 

N.i5 

l*f« 16. Rufum 

T{. 17. Fontana. 

N. 18. Modestum 

N. 19. O Secundnm 

17. ao. L Ceium secundum. 

N. ai. Taverna. 

W. aa. Passo. 

li. a 3. PUiura : uomini nudi a con pannici, uno è colcato. Fetro, 
coralle, pietra iorchina, osso : tondo con buco. Alabastìx^ : pezzo ; fonv, 
pezzo; creta :^operchio. Marmo : porta santa, africano giallo pezzi 3 
pavimento, settembre 1756. 

r^. a4* Pittura : uomini e femine a cavallo e a piede, carro e 
bovi, e due fossi, due asini, molte colonne, frasche e fiori e capitello , 
figure ìSy fra uomini e figlioli, tre persone sedenti con robba in 
mano, uomo con figliuolo, uomo a piedi, due a cavallo con tre 
cavalli al freno. Altro a cavallo con arco e dardo, quattro figure 
fra 4 colonne, e femine sedenti vestite di bianco con due uomini 
a^sistyti , colonne 5 , persone 3 con robba, due uomini , e uno come 
guardia con bandeliera e spada , altro a cavallo , un vecchio con ba* 
colo e spada in mano che appoggia a terra con cane vicino (i), femina 

(i) Porzione di qaeste debbono essere quelle pittore di messo carattere , cbe 
sono rapportate nel terzo volarne deUe pittare Ercolanesi. Tay. u, i.u , lux. ■ 



44 ' I- ItfONUMÉNTS. 

tira con una machina contro il vecchio. Ritrovato di metallo con 
Tinta (sic) di ferro , 2 pezzetti di catena. Marmo : pezzi i a , e statuetta 
d' un figliuolo in ginocchio. Pezzi di rosso anticho; colonnetta di porta 
santa di onc. 6 , e 5 di diametro ; altra di africano di onc. 3 , e 9 | di 
diametro, base di porta santa onc. i3 quadr.; tavolette 16 di mar. 
bian. di pai. i, 2, 4, 5, 6. Piombo: peso, tubo poh i5. Creto, tegole, 
canali e mezzo cofano di grano. Maggio 22 a giug. 2, 1765. Pittare : 
Cupidi 2 con bastone e parapetto^ combattendo, altrp con toro, e 
bastone, cavallo alato. Termini 3 con palma , é vaso con frasca, cor- 
nucopia con fontana, braccio di gigante. Moneta, tubo di piombo 
pai. 44. Cupidi 4 in piede calcato, e 2 sopra cornice con piatti, e 
bastone. Dee. 1 765. Stucco con lett 

W. 25. Monete 3. 

N. 26. Metallo, padella, pesetto, monete 3, conio di ferro (sic), lu- 
cerna di creta , pezzi 2 di un capitello , e piedi 2 di tavola di marmo. 

N. 27. Monete 5 , tubo di piombo palm 46, lucerna di creta. 

N. 28. Kitiro dopo il bagno. 

N. 29. Gabinetto di stuffa. 

!N. 3o. Cavallo marino, cornice. Cupido con bastone, ereta, tazze 
2, lucernone. Metallo, piastra unita col tondo come calamajo coli* 
inchiostro. Piombo : 4 piastre. Vetro, pezzi 12; denti 2 di belua, come 
di cervo pezzi, colonnetta di pietra di Caserta. 

N. 3i. Fontana, pittura alli muri, tori 2 , gallinaccio, Cupido con 
velo in mano , uccelli 3 , uno con palla , uomo con fiori, cavallo marino, 
delfini 3 , grillo ligato al piede e bocca, donna sedente con rosa dor- 
mendo, gioja è fiori, due colombe. Sirena con fiori, cavallo, bove 
marino , 2 delfini, uomo nudo con bastone appoggiato, belua e fiorì. 
Fiori con due colombe appese; colonnette 5, cornice, 2 bocali; 
junio 1755. 

> Metallo, specchio tondo onc. 10 | , astuccio di piombo, martello, e 
i3 pezzi d'ordigni, pezzi a dì talco, pitture architettoniche, tigre e 
cinto, scarpello, vasca, uccello tiene una cinta col piede e becco vo- 
lando , sirena con bastone , delfini 2 , uomo con 2 libri e palma , e 
vaso sopra tavola. Porta con cavallo sfrenato in mezzo alato, cavallo 
con 3 delfini, cavallo, griffone, pavone con fiori. Porte 2, fiori, uccello 
ligato al becco e piedi, tigre. Piombo, condotti, e di metallo ojiiave. 
Ottobre 1755. 

Pitture: uomo gigantesco con scudo, alto p. 2, scimia sbruzza acqua 
per bocca; piombo, tubo, settembre 17 55. Ferro, chiodi dì^fcalesso, 
accetta piombo tubo p. 44, gennajo 1756. 



e. EDIFICII E STRADE DELLA POMPEAJVÀ. /j5 

Pitture : cervo, pollo ^ fiori, boccale con cerase, porta, ninfa se- 
dente con ale aperte, cornucopia appesa, 4 pesci, pavone, frasche, 
l'ose, cervo con corno, fiori , cavallo , griffone. Novembre 1755. 

Pitture : belva e uomo con bastoni e coda di delfino , cornucopia 
appesa e frasche , pavone , ninfa , cervo , Cupido alato con fiori , altro 
con ampollina^ altro con cerchio e velo , cavallo sfrenato con ale sopra 
cornice, Cupido con vaso , paese, torre , ponte, arbori, cervo mangia 
f rondo , pavone. Metallo , monete 2 , cadavero con 3 monete , dodici 
leste di morto vicino a una fontana, osso , cu<:;chiajo, marmo, peda- 
gna, e a piedi di statua, vetro, caraffa, bottone. Decembre 17 55, e 
gennajo 1756. 

N. 32. Stanza al bagno. 

N. 33. Sitò da scavare. 

N. 34. Idem. 

N. 35. Pitture , uomo con palla e cane, combatte con belua; ferro, 
coltello, palle a di terra torchina, coperchio di buccaro. 

N. 36. Colonna di stucco. 

N. 37. Ritiro. 

N. 38. Passetto. 

N. 39. Bagno. 

JN". 4^* Canale di acqua. 

N. 41, Stuffa , marmo, tre zampe e teste di leone, piedi df tavole, 
piombo , vetro , due denti di belua, corno di cervo. 

N. 42. Stuffa. 

W. 43. Colonna di stucco. 

N. 44- Canale di acqua. 

N. 45. Idem. 

N. 46. Bagno, statua dì marmo di vecchio involto nel manto (1). 
Ottobre 1755. 

N. 47. Pergolala. 

N. 48. Nicchia d' acqua. 

N. 49« Basso-rilievo di marmo di un vecchio sedente cow manto e 
pelle di belua con tazza in mano che mira (2). Tegola con lett. : in giro 
e giglio. Aco grande con buco. Agosto 1755. 

N. 5o. Giardino. 

N. Si. Marmo, statua di un giovine nudo al tronco , e pelle di belua. 
Settembre 1755. 

(i) Getto dì acqna esistente nel M. R. 
(2) Idem. 



46 !• MOWUMEHTS. 

N. 5a. Fontana , colonnetta con frasche e fiori , canone d^ acqua , di 
(bronzo. 

N. 5S. Altro fonte di marmo. 

N. 54. Marmo, busto di vecchio con manto e palla. Settembre e ot- 
tobre 1755. 

W. 55. Il famoso treppiede di bronzo con bracciera alto.p : 3 {{i) 
diam I { con satiri e pedagna con foglie di argento. Statuetta di un 
nudo, di metallo, altra con mano al mento, metallo (2), monete 5 
come d' argento^ d' oro, orecchine, ^r^enfo .* mezza luna ; marmo, femina 
con manto; oj^o .* statuetta consumata. Flauto, 5 pezzi (3); creta, 
lucerna, boccale, langelli 2, pignate 4, tegami 2, coperchi 4; vetro, 
caraffa, corniolo di scarafone (4} ; pittura, donna con luna in testa con 
due bustini di 4 oncie , uomo con testa di cane e corno in mano. Fi- 
gura con cornocopia , donna con comocopia : donna ciba un serpente , 
serpenti a. (5) 

"N, 56. Pilastri di stucco verde. 

N. 57. Marmo con giovine nudo ridente, alto 20 onc : con pan- 
nùccioad animale. Ottobre 1758. 

"N* 58. Marmo , un giovine nudo con passera e frutto, p. 3. Settem- 
bre 1755. 

N/ 59. Marmo, uccello con lacerta nel becco, once i5, canonia 
d' acqua , creta, lucèrna. Ottobre 1755. 

N. 60. Ponte di marmo (forse lo stesso dovrà dirsi de' numeri 52 e 
53 , dove par che dica. f onte). 

N. 61. Marmo, una giovine, p. 2 sopra pedagna lavorata N. 55. 

N. 62. Piscina , tubo di piombo p. 3o { metallo , chiavi di fontana, 
altra di ferro , maggio 1755. 

N. 63. Termine di vecchio e hellera in testa, di giallo. Aprile 1755. 

N. 64. Busto rotto, di creta, pezzi di ferro vallati 3 di p. 4 ^ 

N. 65. Tavola di afric p. 3. 

N. 66. Metallo ; un Fauno vecchio nudo, di figura curiosa, di once 
8 I, con stivali, scarpe, foglile papagallo sopra pedagna di piedi 



(i) Nella stanza ruervaU. 
(a) Idem, 

(3) Questi sonò quei pezzi che gli Accademici Ercolanesi chiamano stringhi. Ba- 
date che si trovano spessissimo framischiati con altri oggetti conosdoti per amnleti. 

(4) Scarabeo. 

(5) Questa è la cappelletta che esiste nella a stanza degli affresdii. 



e. ED1FIGII ^ STRADE DELLA POMPE AN A. ' 4? 

dì leone (i), piatti a, coverchi di lucerna con catenella, moneta, peso, 
papiri bìancbini (2), ferro come scettro di 18 ouze.Fetro .« pezzi ao, 
lagrìmatoj 4 , coralli a, bottoni, piatto ip a pezzi, vasi rotti 2 in pezzi, 
2 in pezzi; creta , langelloni e lucerna, lucemoni, coperchi 4, pigna- 
ta, bocale, bacine, boccale rotto. Osso : pezzo di flauto, teste di pesce 
mangia un pulpo nella conca , cocchiarone, bottoni , 2 pezzi di colore, 
e come pasta fragm. di basso-rilievo di cavallo , ed un mortaro, frutti. 
Ottobre e decembre 1756. 

N. 67. Creta, tina di p. 3 1 con terra rossa piena. Poli di ferro di 
p. 3 |, moneta, osso, bottone, creta, vasettaa due manichi. No- 
vembre 1755. 

N. 68. Termine di un vecchio con hellera in testa, di giallo, altro 
di giovine con hellera e frutti in testa , di marmo. 

N. 69. Canale di acqua, pilastri di marmo, 4 fasce voltate di ferro 

P- 7 V 

N. 70. Termine/ di xosso antico, di giovine con frasche e fiori in 
testa, boccali in figura di statuetta di un vecchio nudo, di creta. 
Maggio 17 55. 

N. 71. Ferro : coltellaccio, cancello e ferrato, chiave, catena, 
cre^ , langellone, caraffa, vasetto. 

N. 72. Scavato d' altri. 

N. 73. Termine, di giallo, d*un vecchio. Creta, vecchio e Priapo 
con fascia, e caraffina al collo. (3) 

N. 74. Cercato d' altri. 

N. 75. Termine di marmo, di vecchia, con frutti in testa. 

N. 76. Pergolata. 

N. 77. Pilastri. 

N. 78. Canale d'acqua. 

W. 79. Creta: giovine sedente nudo e mani al petto, forma un boc- 
cale. (4) 

N. 80. Monete 3. Vetro : Priapo; piccolo ferro. Cancello, vetro, ca- 
raffina, langellone; osso e pezzi di flauto; msu^mo, braccio piccolo 
senza dite. 

N. Si.Corritojo. 

^i) FacOmente il piccolo candelabro col Sileno fra i due lami. 

(a) n nome/»flpiW è chiaro; forse si chiama bianchi in opposizione de' neri di 
Ercolano. Anche questa tinta hanno quelli che si ritrovano ne» stessi scavi di 
Pompei, e sono ridotti in nna specie di cenere. 

(3) Qaesta è nna delle figure priapee che sono nella stanza risenrat». 

{li) Idem, 



48 I. MONUMENTS. 

Tf.S^, Tubo di piombo e pezzi con chiave di metallo. 

N. 83. Pitture : gatto selvadico, coccotrilio e drago divora un Cu- 
pido 9 altro porge ajuto , altro si tira i capelli , papara con animale , 
architettura , frasche, fiorì, barca con làngelioni, drago e fiorì , drago, 
pesce e fiorì, cupido e pesci. Aprile. 17 55. 

Pitture : paese, e 5 palazzi , scala, e nella porta un uomo , un vec- 
chio^ di creta, statuetta; peso di piombo; maggio 17 55. 

Pittura : torre di 3 ordini, di sopra, arbore, case, paese. Creta : 
lucerne 2 , tazzetta, osso , filatojo , flauto. 

N. 84. Tavola di marmo sopra 3 zampe e busti di leone. 

N. 85. Creta : statuetta, una giovine allatta un vecchio. (1) 

N. 86. Moneta , coperchio di metallo. Osso : flauti 7 , fuso ; marmo : 
corpicello, pezzetti di statue strutte (corrose). Vetro : 3 bottoni ; Gen- 
najo 1757. 

N. 87. Monete 9, flauti a, creta, pedagna onc. 6; in vetro, gobbo 
di vetro per giuochare i giovani. 

N. 88. Monete 72* Altra molta buona da imp., persona con manto 
appoggia sopra bastone. Osso, cucchiarìno , flauto onc. 6. Febbr. 1757. 

IN^. 89. Pitture : Cupido, ninfe sedenti con frasche e fiori. Idolo 
sopra piedestallo, boccale con 3 piedi, e acqua gettata, frasca , rose, 
gallinaccio , Cupido, cervo , boccale appeso , e frasche. Cupido , cor- 
nocopia appesa, 3 pesci e mare, gallinaccio camina sopra frasche di 
rose, cervo corrente con palla e fiori , altro cervo corre. Ottobre 1759. 
Tubo di piombo palmo la | per 2 piedi, di tavola , marmi e pezzi di 
capitello frascheato. Pittura di mascherone. Giug, frag. 1758. 

N. 90. Pitture, fascia rossa e delfino, altra p. 6 | per i di rosso, 
giallo , verde con arbore, e di sopra due fiori gialli, e da frasche di 
fiorì che pendono, leonessa sedente, e vipera, frasche, piatto, ca- 
nestre con comocopia e panno, bastone in terra con cinta, tre co- 
lonne , donna sopra cornice , arbore , f rondo , e fascia rossa intorno. 
Vasi e ruscello mangia frutte, tnaschera, e anello alla bocca, altra, 
metallo, monete 4 nial conservate, giugno 1755. Pitture : paesi, 
figurine con toni , e 5 figure architettoniche con bastone fronduto , 
e fiori alle comici. Giugno e 3 luglio. 

N. 91. Pitture : gallo con 2 zucche, uomo con donna con velo, 
e bastonefronduto nella destra, che si abbracciano amplessi , nudi.* 

N. 92. Pittura dip. 17 | Deo con la bocca al braccio d'una dea, 
con teste fìorìte , paesi , lanterna , papiro , penna , sigillo con lettere , 

(i) Fra le terre cotte. 



e. EDIFIGII E STRADE DELLA POMPEANA. 4q 

libro appeso con lettere, stile di ferro a scrivere, libro con lettere 
trippa e uccelli appesi, papare appese, piatto con ova io, pesci, e 
castagne di mare, figure 2, paese (1). Luglio 1755. 

Paese con pecora. e capra, vasi di vetro con granole, roba, pera 
persichi, uva rossa, gallinaccio, mòrto) , granate , castagne, uve, vaso. 
Arbori fioriti 3 con due papari. Giugno e luglio 1755. Paparo, ani- 
mali, fiori, torre, Cupido con collo d* asino in mano , Cupido, uomo 
con un bastone sopra la spalla porta due paniere, figura sopra animale 
con bracci aperti, papare, fronda, e fiori. Torre con 3 Cupidi, uomini 
e donna con piatto , Cupido con canna da pescare , dente d* animale 
corno di cervo (a). Aprile emajoi755* 

Mattone con lett. ATATI. PHILETI, vasi a di icreta. Metallo, ca- 
lamajo con inchiostro , specchio di onc. 5 per 3 , manichi a vasetto 
flauti 4 di osso , e altro pezzo con buco alla punta. Ferro, coltello 
raro di sacrifìcio, chiave. Piombo, pezzi 5. Lumaca di mare* 

N. 93. Cortile. 

N. 94. Tre pareti dipinte fasce nere e verde, colori rosse , bianche, 
gialle, maschere e fiori, e 6 paesi. Donna con manto e bastone sotto 
la porta, maschera e 4 sirene, due scimie sopra le cornici di detta 
porta, maschera, e quattro sirene, due scimie soprale comici di due 
porte, e frasche di festa. Simile pittura, la donna con ventaglio; due 
scimie con colonne in testa , a delfini, a cavalli, griffoni sopra le cornici 
a candelieri con palle e acquile. Pòrta architettonica , mascherone 
e ombrella. Luglio 17^5. 

N. 95. Pittura : maschera 5 pezzi di tonica in terra, di coccodrillo 
fiori, papare, a figure. Giugno e luglio 1755. ' 

Faccia mascherata con bocca aperta, e occhi spaventosi. Giulio 1755 
anello di piombo. 

N. 96. Pittura rossa da pescare, rape e carote, 3 arbori fioriti a 
papare e fascia rossa , 2 cavalli marini a coda di pesce e drago. Sacri- 
ficio di carne tagliata da un uomo, altre due e toro; sacrificio di pesce 
sacerdote e garzone , vaso e caldajo vicino, e monte. Giugno a5. Donna 
coperta a basso con velo , sedente in mezzo di una porta e frontispizio 
di commedia, con una ruota nella destra ; alle sue spalle vi è un uomo 
nudo con bastoncino , due idoli con bastoncini , e bastone gettato 
piedestallo con 3 idoli, due arbori e torre, 2 mascheroni con pelo 
di sotto fasce, con 5 mascheroni e figure alate con piatti e boccali. 

(i) La più grande parete intera che si osserva nella seconda stanza, è pnbblicata 
nel voi. V delle pittare, tav. lzxxiv. 

(a) È osserrabile questa particolarità che s' incontra anche nel N. 3o. 



5o , I- MONDMENTS. 

" N. 97. Donna o musa lanreata con manto e bastone, e maschera 
d'uomo nella sinistra, e alla pedagna con lett. Me^TTOMCN TFLLT- 
MAN (i). Musa simile con arpa e lettere estinte. Musa sedente con 
bastone e globo del mondo. Musa con verghe e lettere. . . . Musa con 
lett. • « • • Musa con orecchini sedente, un vaso , e sei pieghi di carte 
dentro. Musa con carta aperta in mano con lett. .... Apollo con 
manto sedente, coronato d' alloro, con la lira in mano. Musa confravole 
e lett Musa sona V arpa con lett Pittura; testa d'uomo ap- 
pesa, boccale, arboi^e, fiorì. Simile e a cavalli marini, 2 delfini, e 
mascherone appeso. Argento : caldajo con manico , moneta. Metallo, 
monete, chiave di fontana, patera rotta. Creta, beveratojo, peso, 
vasetto, pietra negra, peso. Luglio i755 , moneta altra d'argento, ala- 
bastro fiorito on2. 6. Vaso di creta, pedagna di giallo. Augosto 1755. 

"N. 98. Pali di ferro di p. 4 & piedi di capra p. a | piccone a due 
punta, martelli 2 , tenaglia , uncino , accetta a due punte, altra a due 
tagli > piccone, altro a 2 tagli, altro piccolo , coltello rotto in 2 pezzi ^ 
di metallo come campanello, pedagna tonda di vaso, pezzetto 
di catenella, piedino di leone, vasetto con manico, pezzo di tubo 
d'acqua, smoccolatojo , colatojo rotto assai. Marmo., testa con fiori 
d'un giovine ridènte, colonnetta p. 2 1, pezzo di diam. p. i, testa 
come di tigre, 2 pezzi d'alabastro, uno di giallo, pedagna pìccola, 
molino di pietra, pezzi di manichi di vaso, pezzo di pietra bianca. 
Piombo, pezzi piccoli, e frattumi, e grandi 287, pezzo grosso come 
groppiera di cavallo , turacciolo , piastra grande, pezzi 2 di tubo, spine 
4 particolari eguali di pesce, pezzi 4 come pece, altro di rotole circa 
3 , altri 12 pezzetti. Creta,, vaso rotto con 4 coppi d' arena dentro con 

lett. etc e mattone di 3o once quadrato con lett Vetro, 

bottoni 2 , coralli 2. 

ly. 99. Metallo, chiave di fonte, marmo, testa di donna mal con- 
servata. Altra, di giallo, d'un vecchio con ellera e frasca, manca 
mezzo il mento. Alabastro, tre guantiere di caffé, di onc. 21 per io,, 
grosse onc. 1. rotte in 11 pezzi, e di onc. io per 6, in 17 pezzi, 
mancano 2 e di onc. io \ per 6, in io pezzi. Altro di granito verde 
di onc. IO per 7, in 5 pezzi ^ 2 pezzi come sapone bianco, e due 
come cera o rebarbero , 1 2 pezzi di pietra negra di altra guantiera di 
tavola. Luglio e augusto 1 755. 

N. 100. Cucina, focolare, pozzo si è ritrovato un pezzetto come 

(1) In questo modo sono scrìtte le altre leggende. Qaeste sono le celebri Muse 
pnbbUcate nel yol* II delle pitture : ora in Parìgì. 



e. EDIFICII E STRADE DELLA POMPEANA. 5l 

medagliella forse d'argento, altra moneta di metallo, un vasetto di cre^ 
ta, e di ferro un conio , catenaccio, e chiave. Gennajo e febraro 1755. 
Tutti i guarnimenti di metallo , bronzo , e ferro delle porte comuni 
a tutte le stanze. Come serrature, chiavi, licchetti> anelli, chiodi, 
frontisi, braccialetti, piastre, cantoni, uncini, grappe, tondi, pomi, 
manìglie^ quantità di marmo , con che erano guarniti i bagni, fontane 
e nicchi. Molti mattoni, tegole, canali. « 

Portici, a di maggio 1757. ♦ ' 

D.^'Caelo Weber. 



d. NOTICE SUR LE THJÉATRE ANTIQUE DE LILLEBONNE. 
(JULIOBONA.) 

( Ta9, d^ aggiunta i83o. C.) 

Le pian du théàtre de Lillebonne que nous soumettons à nos 
lecteurs n*est qu'une esquisse tracée en quelques heures, sans 
mesures exactes , mais avec assez de soin toutefois pour qu on 
puisse répondre de tout ce qui constitue la physionomie ge- 
nerale et la dìstribution de Tédifice. Le jeune architecte qui 
m'avait accompagné et à qui je dois ce dessin (M. Questel), 
n*a indiqué que les parties de la cónstruction qui^ au mois 
de novembre dernier, se trouvaieut a (découvert , tout le reste 
étant ou cache ou détruit. "V^oici, d'ailleurs, ce quii importe 
le plus de savoir pour arriver à Tintelligence complète de ce 
pian. 

Le théàtre de Lillebdnne a été construit à*rexposition du 
nord sur le penchant d une colline d'une mediocre hauteur. 
La grande route de Rouen au Havre séparé la pente où ce 
théàtre est situé , d'une autre hauteur où parait avoir existé le 
centre de l'antique Juliobona. Au moins peut-on déduire cette 
coniecture du grand nombre d'habitations Tomaines dont on 
tetrouve la trace sur cette colline , de la forte muraille qui 
l'entoure , et dont la cónstruction doit remonter aux premiers 
temps du Bas-Empire, et méme du chàteau ruìné desducs 
de Normandie, qui complète le système de défense préparé 



52 !• MONUMENTS. 

par Tenceinte beaucoup plus ancienne dònt nous venons de 

parler^ 

Les murs et les massifs du théàtre sont en tuf avec revéte- 
nient rétlculaire , et assises de brique d'une construction assez 
serrée.Xes gradins et les escaliers élaient en pierre de taille ; 
mais cette partie des matériaux, plus précieuse et d'un usage 
plus commodè, n'a pas aussi bien resiste à la deslruction : sans 
parler du bourg et du chàteau de Lillebonne, dont lagrandis- 
sement n'a pu avoir lieu qu*aux dépens de Tédifice antique, 
la chronique du monastère de Fontenelle (i) nous apprend 
coniment les moines de cette abbaye, située pourtant à quatre 
lieues de distance, exploitèrent comme une carrière le théàtre 
et les autres monuments de Lillebonne. C'est là ce qui expli- 
que pourquoi on retrouve si peu de vestiges des' gradins de 
l'orchestre et de la grande cavea y et comment certaines par- 
ties qui n^ont pu offrir de communication qu au moyen d'es- 
caliers, «e présentent plus aujourd'hui qu'une pente abrupte 
et impraticable. Quant à la destruction presque complète des 
murailles a Test du monument, elle sexplique naturellement 
par le vpisinage méme du bourg, dont les dernières maisons 
s'appuient sur l'édifice antique. Il est telle partie, dont la dé- 
vastation ne remonte qua un petit nombre d'années, et les 
habitants de Lillebonne se souviennent d'avoir vu des escaliers 
et des voùtes là où le,terrain ne conserve aucun vestige de 

ma^onnerie. 

L'inégalité du sol sur lequel le théàtre est construit a de- 
termine, comme de coutume, la distribution des entrées et 
des Communications. Ainsi l'édifice ne s'appuyant compléte- 
ment que par le centre, la partie ouest du grand corridor H, 
a été disposée en une pente très rapide, dont Textrémité infé- 
rìeure aboutit à l'entrée commune de l'orchestre et des gradins 
supérieurs. Dans toute la partie sud et au fond du théàtre, le 
corridor communique de plain pied avec les vomitoires; mais 
la continuate de la muraille d'enceinte ne permet pas de 
penser que de ce coté un nombre égal d'ouvertures extérieures 

(0 Langlois , Essai sur Vabbaye de SainUWandrille » p. 7. 



tì?.. THÉATRE ANTIQUE DE LILLEBONNE. ' 53 

répondit à celui des vomitoires. Le terrain s abaissait de nou- 
veau, mais d'une manière moins brusque, vers Test. C'élait aussi 
le coté dont laccès était rendu le plus facile par la multiplica- 
tion des oUTertures; il reste peu de traces de cette partie de la 
distrìbution. 

A répoque où j'ai visite le théàtre de Lillebonne , toute la 
scène et une grande portion de lorchestre étaient encpre 
enfbuies. J'apprends par une intéressante communication de 
M. Gaillard , membre de la société des antiquaires de Nor- 
mandie, et spécialement chargé, par le conseil general du dé- 
partenient de la Seine-Inférieure, de la survéillance des fouilles 
de Lillebonne , qu une partie des sìx derniers mois a été em- 
ployée au débiaiement de la scène, dont la distrìbution presque 
complète se trouve aujourd'hui à découvert. M. Gaillard ayant 
redige, sur le monumenf confié à sa surTeillance, plusieurs 
mémoires très développés dont TAcademie Royale des In- 
scriptions doitavoir bientòt connaissance, je craindrais d'affai- 
blir Tiniérét que ne manqueront pas de présenter ces travaux 
poursuivis avec une louable persévérance sur le lieu méme, 
par un savant distingue , en essayant de donner une descrìp* 
tion complète, non seulement de ce que j ai vu, mais encore 
de ce que je connais uniquement par les Communications de 
M . Gaillard. J'ai pensé toutefois que le croquis ci-joint^ o£fert 
comme simple renseigi^ement et sans prétention à une rigou- 
reuse exactitude, intéresserait le monde savant en raison du 
caractère vraiment particulier du théàtre de Lillebonne ; le 
tout sans préjudice des travaux de M. Gaillard, auxquels je 
soubaite que mes superficielles observations servent non jde 
compensation , mais d'annonce. 

Voici d'ailieurs les observations qui me seroblent donner un 
grand intérét à l'étude du tbéàtre de Lillebonne. C'est déjà un 
sujet d etonnement pour ceux à qui la forme des théàtres an- 
tiques est familière, que la courbure semi*elliptique qu'afFectq 
Ja partie destinée à recevoir les spectateurs. Aussi coniprend- 
on la répugnance obstinée que plusieurs personnes avaient 
conservée jusqu a ce jour , nonobstant Texistence bien con* 
statée des vestiair^s marqués C sur le pian, àadmettre que Tedi- 



54 ^ !• MOirUMENTS. 

fice de Lillebonne fùt autre ehose qu'un amphithéàtre, et 
qu'on ne dùt pas retrouver sousle terrain actuellementoccupé 
par la route les vestiges de rhémicycle correspoùdant à celui 
qui nou8 occupe aujourd'huL Ce qui paraissait jusqu'à un cer- 
tain point donner corpsà cette prétention, cetait le large cor- 
ridor Yoùté B, qui^ s'ouvrant dans ce qu'on aurait pu regarder 
comme Faxe de Tédifice, en admettant l'hypothèse de 1 amphi- 
théàtre^sabaisse en pente vers Forcbestre, à Texenipledescor- 
ridors semblables qu'on remarque à lamphithéàtre de Pompei 
et dans plusieurs autres édifices du méme genre. D un autre 
còte, on pouvait déjà remarquer, méme en fiiisant abstraction 
de la direction certainedes murailles du vestiaire , Tangle obtus 
que décritla muraille du grand corridord'enceinteà l'endroit 
où, quittant la partie laterale ouest, elle se détermine brusque* 
ment àsuivrela grande courbe.de rhémicycle, angle que la loi 
generale de la symétrie oblige de supposer à reitrémité op- 
posée de cette courbe, bien que de ce coté il n'en reste aucun 
Testige; et quelque motif qu'on attribuàt à cette singularité^ 
il était impossible qu'on n'y vìt pas une déviation aux lois beau- 
coup plus constantes qui règlent le trace de Tellipse des am* 
phithéàtres. Tout en résenrant donc mon attention pour ce 
qui pouvait contrarier les règles ordinairement appliquées à 
la construction des tbéàtres , je n'avais point hésité au mois de 
novembre dernier à admettre l'opinion déjà bien fixe de 
M. Gaillard, sur la destina tion réellement et principalement 
théàtrale de cet édifice : l'événement a confirmé nos conjec- 
tures , et rendu plus frappantes encore que par le passe les ano* 
malies que présente la largeur inusitée du théàtrts , et la di- 
stance que la doublé entrée de l'orchestre établit entre la scène 
et les premiers gradins des spectateurs. 

Pour m'expliquer lemotif de cesanomalies, j'obsenraid'abord 
que le premier résultat du trace semi-eliiptique de la Gradinata 
était de donner à l'aire de l'orchestre qu'enferment les premiers 
gradins une étendue peu commuhe, et que ne semble pas récla- 
mer l'usage de cette partie consacrée d'ordinail^e à la circulation 
des personnes placées aux premiers rangs^ au reculement néces* 



d^ THÉATRE ANTIQUE DE LILLEBONNE. 55 

saire pour que la hauteur du pulpitum n'empéchàt pas de jouir 
du spectacle ceux qui étaient placés tout au bas des gradins, 
destinée enfin à recevoir quelques siéges d'honneur pour les 
spectateurs de haute distincdon. Je voyais d'ailleurs que 
rentrée particulìère de l'orchestre était ménagée à coté du 
corridor B, de la méme manière que dans tous les théàtres 
connus. Je remarquais que cette entrée était commune avec 
celle du grand corridor de circulation, comme au théàtre 
prìncipal de Pompei et dans beaucoup d*autres endroits. En 
étudiant avec plus d attention encore la forme generale de 
l'édìfice, je maper^^s que l'angle obtus signalé plus haut 
n'avait pas d*autre motif que le besoin de conserver autant de> 
développement à la Gradinata que si le trace en avait été cir- 
culaire^ la forme elliptique pure ne laissant qu'un espace 
beaucoup trop étroit aux spectateurs, et contrariant peut-étre 
les lois de répercussion acoustique, à lobseryation desquelles 
les anciens attachaient tant d*importance, et auxquelles on ne 
saurait imaginer rien de plus fsivorable que Thénùcycle. Ces 
diverses observations m*amènèrent à penser que le but de Tar- 
chitecte avait été de combiner les distributions du théàtre avec 
celles de Tamphithéàtre^ de manière à ce queTédìficepré^entàt' 
à la fois une scène pour les actions dramatiques, et une aréne 
pour les'combats. Cette hypothèse, que je sais avoir été emise 
avant moi par plusieurs personnes , et notamment par M. San- 
quintìno, conservateurdu Musée de Turin, me paraìt la seule 
qui puis^ expliquer la diSposition toute particulièredu théàtre 
de Lillebonne. Appliquée à une ville d'une province reculée^ 
d'un ordre inférìeur, et où le nombre des spectateurs capables 
de prendre part aux jeux romains ne pouvait étre très étendu , 
elle acquiert, ce me semble, ime grande probabilité. Nous 
trouvons beaucoup de villes avec un cirque et un théàtre 
seulement, sans qu*on puisse supposer qu un amphithéàtre y 
alt jamais existé : ce qui fait supposer qu à défaut d*amphi- 
théàtres, les cirques étaient consacrés aux combats des gladia- 
teurs. Qui empécherait de croire que dans des villes moins 
importantes encore, le plaisir favori des Romains ait été trans- 



56 I. MONUMENTS. 

porte au théàtre méme (i) ? J ai compare le pian de ledifice. 
de Lillebonne avec celui de presque tou9 les tUéàtres romains, 
publiés dans les ouvrages d'arcnitecture et d'archeologie. Le 
trace demi«circuiairey est Constant; on ne pourrait citer d'ex- 
eeption que le petit thìéàtre de Pompei : mais ici la forme et Vexi- 
guitédu terrain paraissentavoirmotivérirrégularitéderédifice; 
e élai t tout simplement un héniicjele inscrit dans un carré d'une 
proportion inférieure, de facon àcequelesommet de cethénii- 
cycle étant appuyé au murd'enceinte, le développement des gra- 
dins fùt le plus éténdu possible. Ce qui ne parait surtoutavoir 
existé nulle part, c'est cette voùte rampante B, ferméepour ainsi 
dire par le long piédestal A construìt en pierre de taille, orné 
d'unemoulure à sa partie inférieure, et qui s'ajuste dans la direc- 
tion du mur d'enceinte du grand corridor circulaire. L'indi-, 
naison de cette voùte et de la pente qu'elle couvre était-elle dé- 
terminéepar une différence de niveaiì, entre le sol de l'orchestre 
et celui du corridor, à Tembranchement des diverses entrées à 
Test de l'édifice? avait-elle pour but de donner à l'orchestre 
lui-méme une profondeur tonte particulière , de facon qu'un 
podium d'une hauteur suffisante pùt séparer les spectateurs 
placés sur les gradins D, de Taréne oii se livraient les chasses 
et les combats? t'est ce que le déblaiement completde l'or- 
chestre pourra seul expliquer. Peut-étre tirerait-on parti 
des débris du mur en pierre de taille place en avant de 
rédicule F, etdont l'inflexion indique une courbe prolongée 
autour des gradins inférieurs. En suivant notre hypothèse 
dìamphithéàtre Jacultatify ce serait là la limite d'un euripe 
destine à augmenter encore la sécurité des spectateurs... • mais 
je me hàte de quitter le terrain des conjectures qu un coup 
de pioche peut détruire, et je revien^ à la partie tout-à-fait 
positive du théàtre de Lillebonne, partie qui n'est pas moìns 
digne dattention. 

Ce dont tout le monde aura été frappé à Tinspection du 

(i) Ne seraìt-ce pas là une itnitation , bien pauvre il est vrai, mais la seule 
qu'onpuisse concevoir dans une ville comme Juliobona , de cet amphithéàtre 
de Curìus , qu*un jeu de machines transformait en deux théàtres adossés ? 
(Plin. , 1. XXXVI, eh. a4 , §. 88. ) 



d, THÈ ATRE ANTIQUE DE LILLEBONNE. $7 

pian de ce.théàtre , et ce qui, a vrai dire , in*a détermiiié à ha- 
sarder cette iroparfaite publication, e est Tédicule F place au 
centre de 1 edifico entre les gradins inférìeurs D, et séparé de ces 
gradins et de 4a grande cas^ea par trois murs de pierre de 
taille qui Venclavent, et ne lui laissent d'ouverti^re que sur la 
face principale au fond de l'orchestre. Il ne subsìste aucan 
Testige du couronnement de cet édicule ; on, ne sait s'il était 
voùté ou plafonné. Rien n'indique non plus si un fronton 
décorait son éléyation antérieure : on remarque seulement 
sur le mur du fond, qui suit la courbe de Tellipse, les bases 
très frustes dedeux colonnesengagées, lesquelles répondentà 
deux autres colonnes, formant, avec une/ troisième et une 
quatrième adhérentes aux angles des murs latéraux, la facade 
de l'édicule. Les débris de ces colonnes, dont il ne subsiste que 
la partie inférieute , sont trop dégradés pour qu*on puisse as- 
sopir une cqnjecture raisonnable sur la proportion et la déco- 
ration qu*elles pouvaient avoir; mais Texistence et la place en 
sont ìndubitables. Maintenant, comment expliquer la destina- 
tion de cet édicule P A mon sens, il n*y a qu'un moyen de 
rinterpréter raisonnablemenl : c'est d*y voir un sacellum con- 
sacré. soit à Bacchus, soit à Apollon protecteur des jeux scé- 
niques (i), soit méme à Vénus^ à Fimitation du théàtre de 
Pompée, prototype des constructions roroaines du méme 
genrie. Je ne crois pas en effet quii soit nécessaire de re- 
monter aux usages greca , ni à ì*interpréfation qu'on pourrait 
donner aux passages qui indiquent la place du tempie de 
Bacchus, auprès du théàtre consacré à cedieu dans Athène^, 
pour expliquer cette incorporation d*un monument reli- 
gieux à un édifice dont la consécration et méme la destina- 
tionavaient, dans les usages antiques, une origine etunbut 
religieux. Le pian du théàtre de Pompée , tei que les frag- 
ments du Capitole nous Tont conserve, offre une analogie 
evidente avec la particularité qui nous occupe. Dans laxe de 
cet édifice, et de méme qu'à Lillebonne, nous trouvons le pian 
d'un tempie, que les récitsdes historiens nous font reconnaitre 

(i)yitr.,l. I,ch. 7. 



58 I. MOMUMENTS. 

pour celui'de Vénus Victrix. Ce tempie, il est vrai, n'étaitpas 
place au bas et entre les gradins ; il occupait la panie supérieure 
da théàtre, et les gradins, suiyant Texpression d*Aulu-6elle , 
lui senraieDt comme d*escalier (i). Mais cette expression méme 
indiqiiait à quel point on regardait le tempie comme dépen- 
dant du thé&tre. Le motif qui avait détenniné Pompée à les 
joindre Fun à l'autreindique de plus en plus cette intime con- 
nexion des deux edifices. < Graignant, dit Tertullien (2)^ pour 
sa mémoire la censure des magistrats, il bàtit le tempie de 
Vénus au-dessus du théàtre , et quand il appela le peuple à la 
dédicace, il ne designa pas le théàtre, mais le tempie de Vénus, 
auqùel, disait-il, il avait ajouté des gradins pour les spécta- 
cles. »'On Toit d*ailleurs que da[ns les premiers temps de l'em- 
pire les Veprésentations solennelles étaient précédées dof- 
frandes dans le tempie de Yénus , et que les empereurs après 
avoir adoré la déesse descendaient prendre place dabs leur 
tribunal au milieu de Vorchestre. En Yoilà plus qu il n en £aiut, 
je croìs, pour justifier la destination que j attribue à Tédicule 
du théàtre de Lillebonne, et à l^quelleladispositìonarchitecto- 
nique parait répondre de tout point. 

Comme on peut Tobserver sur le pian et dans la coupé, la 
grande caifeay moins profonde que dans la plupart des autres 
théàtres antiques , n était divisée par aucune précinctìon. La 
galerie supérieure recommandée par Vitruve (3), était rem- 
placée comme à Pompei, à Sagonte et ailleurs, par une der- 
nière enceinte de gradins, élevée d'une hauteur assez considé- 
rable au-dessus de la grande capea, et à laquelle on arrìvait 
par des escaliers intérieurs, dont la trace subsiste endeux en- 
droits (marqués A. dans le pian ) de la partie du théàtre aetuel- 
lement découverte ; les éperons sur lesquels ces gradins se 
déyeloppaient étant assez minces, et très lai^ement espacés , 
on ne peut supposer qu'ils aient supporto autre chose que des 
constructions en bois, ce qui saccorde du reste, tant avec la 
pauvreté du municipe , qu avec la nature des matériaux appli- 
qués originairement aux théàtres , et dont le pays abondait. 

(i) L. X, eh. f. (a) De Spectac. cité par Nardini. (3) L. V, eh. 7, 



d. THÉATRE ANTIQUE DE LILLEBONNE. $9 

Telles soDt les particularités les plus curìeuse&que prése»- 
taient au mois de novembre derpier les fouilles du théàtre de 
Lillebonne; la correspondance de M. Gaillard me fournit un 
renseignement non -nioins curìeux , e est la découverte d*un 
hypocauste, qui servait à chaufFer lun des vestiaires C placés 
derrìère la scène \ espérons^ que des travaux poussés avec acti- 
vité permettront à M. Gaillard d achever bientót la restaura- 
tion d un édifice auquel sa situa^tion et la nature tonte speciale 
de sa dispositìon assignent une yéritable importance. 

Le diamètre de Tédifice pris dans Taxe du corridor B , est 

d'enyiron quati'e-'vingt quinze mètres. 

Ch. Lbkobmant. 



IL SCULPTURK 

a. SUR UNE STATUE d'hERCULE TROUVIEE A BAVAT. 

{Planche XVll des Monuments inédits publiés par Tlnstitut) 

Bavay (jadis Bagacum, puis Bavacuni)^ situé (i) dans ce que 
l'on appelait précédemment le Hainaut, et qu'on appelle aujour- 
d*hui le département du Nord, est une de ces villes ro- 
maines; dans les Gaules, qui n'ont pas cesse d*étre une mine 
d*antìquìtés. Des restes assez nombreux d edifices et de i^o- 
numents antiques^ qui ne datent pas des bas siècles^ ont exdté 
depuis long-^temps, et continuent d appeler les recherchesdes 
amateurs et des archéologues. Une inscription en Thonneur 
de Tibère, lors de son entrée dans cette ville, sest conservée 
jusqu à nos joursencastrée dans une muraille (2). Plusd*un ti tre 
de la haute ancienneté de Bavay permet donc decroìre qu*il 
dut avoir des ouvrages fort antérieurs aux tèmps de la déca- 
dence des arts. 

C'est ce que témoigne d'une manière assez probable la 
petite statue d'Hercule en bronze dont nous allons rendre 

(1) Près Valenciennes. 

(a) Foyez le Dlctlonnaire d*Antiq, de V Encjclopédie méthodique. 



6o I. MONUMEMTS. 

compie^ et dont toutefoìs nous ne pourrons parler que d après 
un plàtre appartenant à M. le due de Blacas. L'originai est , 
dit*on, passe en Angleterre ; mais lempreinte nous a paru en 
étre un bon équivalent, surtout si lon se borne aux objets de 
critique dont cotte figure mutilée est susceptible. 

La statue est en pied , et, mesurée sans la plinthe qu*on lui a 
rétablio; elle a douze pouces de hauteur. Le bras gauche lui 
manque ; la partie seule de la région du col où s'attache la 
clavicule du méme còte gauche^ si lon compare cette partie à 
celle du coté droit , dont le bras est pendant , prouve que le 
bras gauche devaitétre moyennement releyé,c'est-à-dire que 
son avant-brasy formant un angle en ayant , se terminait par 
une main qui portait un objet quelconque, comme nous le 
Toyons à plusieurs petitesstatuesd'HercuIe, rapportées dansle 
volume des bronzes d'Herculanum (3). Le bras droit, dònt on a 
retrouvé la main, qu'une fracture en avait détachée, s'étend 
en avant du corps, et s'en éloigne aussi latéraicment, à une 
assez grande distance. 

La main droite, qui s'est replacée avecune extrémè juslesse 
dans le joint de la fracture, tient un petit corps cylindrique : 
celui-ci se termine, comme une poignée quelconque, par un 
petit globe qui lui est adhérent, Get objet est le seul accessoire 
qui puisse donner matière à une discussion critique. 

La figure en effet ne permet aucun doute sur ce qu*elle re* 
présente , c*est évidemment un Hercule : le style et le caractère 
du dessin et de la musculature, sans étre aussi prononcés que 
dans THercule Farnese et quelques autres, a sufSsamment le 
dègré d*énergie que le sujet comporte. On sait d*ailleurs qu uh 
assez grand nombre de statues herculéennes furent fàites dans 
un système d'allusion ou de ftatterie en Thonneur de certains 
personnages qui^ ayant pris pour patron le dieu de la force , 
en avaient, de leur vivant, affecté les attributs. De ce nombre 
furent, comme on le sait, les empereurs Commode et Maxi- 
mien surnommé Hercule. 

La téte de la figure que nous décrivons est parfaitement 

(3) Tomo sesto delle Antichità d'Encoiano, 



a, STATI) K d'hEIìCULE. Qì 

conforme au type connu de toutes les tétes d'Herculei Elle en 
a le galbe et la phjsiònomie, la coiffure et la barbe. Od n'ose- 
rait pas nier cependant qu'on pùt y trouvèr quelque legère 
indicatìon de ce que Ton appelle air de portrait. Les yeux ise 
font remarquer par une petite cavité circulaire de la prunelle^ 
qui très probablement fut remplie par une pierre précieuse, ou 
par une incrustation en argent. 

Mais lobjet qui prete le plus à discussion ou a conjectureSy 
€st le petit accessoire en forme de poignée , termine par le 
globule dont on a parie. La première idée qui se présente est 
que c'aurait été la poignée d*un glaiye, dont la lameaurait 
disparu. Or, soit qu on interprete la figure dans le sens d'un 
Hercule^mythologique, soit que Ton consente à la transposi- 
tion de son caractère sur un personnage historique^ il nòus 
semble que Vépée serait un accessoire assez hétérogène, dans un 
sens comme dans lautre. On voit il est vrai, dìt-on, sur un 
-vase grec peint, Hercule arme d*un glaive , tuant le'dragon des 
Hespérides. D*abord, pourrait-on dire de ce témoignage unì* 
que^ testis unus testis nuUus; et puis, quelle difFérence entre 
la composition d'une action ou d'un combat en peinture ou 
en dessin , et une statue de bronze isolée et représentée en 
repos. 

Si la figure dont il s'agit est évidemment un Hercule , pour- 
quoi n'aurait-il pas eu , comme tant d autrés nous le montrent, 
la peau de lion sur le bras gauche qui manque, et n'aurait-il pas 
tenu dans la maìn de ce méme bras les pommes des Hespé- 
rides? et pourquoi la main droite naurait- elle pas été armée 
de la massue P Ce qui produit le doute ici , on le Toit bien ^ 
c*est le globule adhérent à la poignée que tient cettemain. 
Mais le laoi poignée, dont nous nous sommes servi jusqu'à pré- 
flent, seulement.pour nous faire entendre, nest autre chose 
dans la main droite que le fragment d'un bàton casse. Pour- 
quoi donc ce fragment de bàton ne serait-il pas celui de la 
massue? 

Sans doute on est habitué à voir des massues dont le petit 
bout n a rien qui le termine. Cependant une petite statue 
d'Hercule en bronze, du recueil déjà cité des bronzes d'Her- 



62 I. MONUMENTS. 

cubnum, se présente dans la planche qui nous b fait voir, 
tenant du bras gauche la massue ^r son épaule , et Ton yoit 
que cetie massue se termine dans la main qui la tient par un 
globule semblable à celui de notre Hercule. Préyenons cepen- 
dant robjection du testisunusj etc. 

Sur plus d*un rerers de.médailles impériales de villes grec- 
ques, on volt représentée une massue. Nous en citeronstrois, 
Tune de Trajan, l'autre d*Adrien, la troisième d'Antoniu-le» 
Pieux. Sur ces deux dernières, la massue se termine, dans son 
petit boul, par une sórte de petit or/o^ ou tore circulaire. Or, 
Fon Toit que ce n*est ni un omement sans raison , ni un ca- 
price. Son objet devait étre d*arréter la massue dans la main , 
en lempéchant de sechapper. Sur la médaille de Trajan, la 
massue se termine a son extrémité supérieure par un globule 
semblable à celui de notre statue. 

De ces analogies il nous semble qu on est autorisé à con- 
clure que VHercule de Bavay tenait de la main droite une 
massue. 

Mais ce qu on peut dire de cette petite statue, sans qu'il y 
ait lieu à doute ni à controverse, c'est que le caractère de sa 
sculpture dénote une bonne epoque de l'art. Si nous avions à 
émettre une' conjecture sur cet article , nous pencherions a 
croire que ce petit bronze, comme nous le voyons arriver de 
notre temps , et comme il est plus probable encore que cela 
eut lieu dans les temps antiques , fot une répétition d'une 
grande statue, ouvrage d'un habile statuaire. Généralement il 
faut y reconnaitre de belles proportions , un dessin ferme , une 
exécution franche, un style correct, et dans le dos surtout, 
une manière large et grandiose d'établir les masses, et toutes 
les parties de la mosculature. Sans prétendre assigner une 
date à cette sculpture, nous ne ferìons aucune dif&culté de la 
croire du règne des Àntonins. 

QUATASMB&E DB QuiNCT. 



b. LA TRITONIUF. 63 



b. LA TRITONIDE. 

[Planche XFIIly a , desrMonum. inédits ptdflUs par Plnstitut,) 

Gette figure en bronze^ qui fait partie de la collectìon de 
M. Réyil , méritait yraiment, d*étre placée à coté du bas-relief 
trouvé àEgine (i): la nouveauté de ses attrìbuts, et le catetere 
qui la distìngue, attirent Tattention des archéolognes, et Qe 
sont pas sans intérét pour Thistoire de lartl En considérant le 
style de ce monuraent, on est conduit à le rapporterà la méme 
epoque où fut exécutée la fameuse idole votive de Polycrate , 
que Ayinckelmann regarde avec raison comme un despremiers 
produits de la statuaire chez les Grecs. (a) 

Dans lune et l'autre de ces figures, un soin minutieuxa 
preside à la disposilìon des cheveux, et les boucles en retom- 
bent avec gràce sur le cou. Ces détails, particuliers à lancien 
style, se retrouvent aussi sur les figures des métopes de Séli* 
nunte, et sur celles d*un bas-relief en argent, publie par 
M. Millingen. (3) 

Selon Pausanìas , les ouvrages de Dèdale avaient quelque 
chose de divin qui inspirait la vénération ; fa figurine que nous 
examinons s'approche un peu de ce caractère (4) ; la roideur 
des formes et leur simplicité sevère revèlent un sentiment 
religieux qui en dissimule Timperfection^ si naturelle aux 
premiers essais de lart à sa naissance; de là vìent encore que 
les seins y sont peu marqués , et la gràce de leurs contours 
tout-à-fait négligée. 

Mais ce qui est propre à cette première epoque, ce que nous 
admirons constamment dans les ouvrages d'un temps si reculé^ 

(i) PI. XVIII, ^. 

(a) Ce cmrieux monument vient de passer da Mnsée Nanni , à Venise, dans 
la collection de M. le comte Pourtalès à Paris. 

(3) Ancient nnedited monumenta > séries II , pi. XIV. 

(4) La méme obseryation 8*applic[ae également au bas-relief da Loavre; 
trouTé à Samothrace , et sor leqael sont représentés Agamemnon , Epéas et 
Talthybios. (Fojre» Millingen , ^n^icnf un^dUedmonwnents, séries II, pi. I.) 



64 '• MONUMENTS. 

c est qu a coté d'une grande sécheresse dans le dessin du corps 
humain, on trouve toujours ìes figures d*ai)iniaux rendues avec 
une grande vérité et un sentiment exquis. Ainsi, dans le niò- 
nument qui nous occupe, la partie du corps terminée en 
queue de poìsson se fait remarquer par le goùt et la perfec- 
tion du travail ; la nature humaine et celle de l'animai y sont 
fondues par une heureuse alliance qui, bien loìn, chez les 
anciens, d'étre poussée aux ridìcules extravagants de la cari- 
cature, ne parait pas méme blesser les lois de la vraisemblance. 
Cette figure en efFet ne serable pas exprimer une composi- 
lion symbolique, comme celle qu'offre la Chimère, ou méme 
Gerbère; et lon serait tenté de la regarder comme Timagé 
fidèle d'un étre réel dont la race serait perdue. 

Le sens archéologique ne saurait en paraitre douteux; c'est 
évidemment une Tritonide.; mais comme elle se distingue de 
ses soeurs par la stéphané dont sa téte est ceinte, nous y verrons 
de préférence le iac Triton personnifié. (i) 

Le calme de son attitude, cette queue gracieusement on- 
^ dulée, sur laquelle elle repose, sont^les signes d'un laò tran- 
quille, par opposition aux flots agités de la mer, et aux traits 
d'une divinité marine, telleque Scylla. 

Si l'antiquité figurée nous avait donne quelque image de 
Scylla dans ce style, nous pourrions apprécier la difFérence 
qui devait exister primitivement entre ces deux clivinités ma- 
rines. Toutes les représentations que nous en connaissons , et 
qui sont d'un temps postérieur, la montrent dans ' une atti- 
tude violente, avec une chevelure en désordre, un poignard, 
un fouet, une queue repliée avec force, respirant en uri mot 
la passion et la férocité. 

E. DE Laglàkoiere. 

(i) G*e8t aassi comme personnification da méme lac que sont représen- 
tés deux Tritons aaprès des deux Gorgones endonnies , figures en bronze 
de l'ancien style grec^ du Musée de Naples. (Panofka, Musée Biacast'^ì, XI ^ 
note 9.) 



e. HjéCÀTE ET lÉROS. 65 



C. HlÉCàTE ET ÈROS TRA.1nES PAR DES GRÌFFONS. 

(tbaduit DB l'allbuàhd.) (l) 

(i^/. XFIIIy b , des Monum. inédits publiés par Fìnstitut.) 

Le monument que jedésigne de cette manière^ est unìque 
sous \é rapport du sujet^ et, sous le rapport de Fart, un des 
plus rares et des plus remarquables. Les figures sont en terre 
cuite, d'un relief si faìble, quon est force de croire que la 
tablette était applìquée sur un fond, et c'est pour indiquer 
cette destination que des ombres ont éié ajoutées dans le dessin* 
L'ouvrage a été acheté à Egine par M. le baron Beugnot, se- 
crétaire de Tambassade francaise à Constantinople; c*est là 
aussi qu*on Ta trouyé , du moins je le presume ; il fut donne en 
présent à M. le vicomte de la Passe , premier secrétaire d am- 
bassade à Naples. Sur les ailes des griffons, on yoit une teinte 
de bleu parfaitenient conservée, et des traces de vert sont 
reconnaissables sur le vétement de la déesse, comme aussi des 
traces de jaune sur l'enfant ailé. 

Deux fragments d une frise de terre cuite, également peinte, 
trouvés dans l'ile de Melos, et publiés par M. Millingen, dans 
ses monuments inédits si précieux y représentant , Tun Persée 
et Meduse, l'autre Bellérophon et la Chimère ^ sont, d'après une 
comparaison generale du style antique, ceux qui se rappro- 
chent le plus de notre petit monument. Des yestiges de cou- 
leur, notamment de bleu et de jaune, se trouvent aussi sur un 
firagment de terre cuite , ayec un griffon et une Amazone , , 
panni ceux qui ont été donnés par d'Agincourt , tab. XI ^ i. 

La déesse que nous avons sous les yeux se fait au premier 
abord reconnaitre évidemment pour Diane par le faon. 
quelle tient dans la main droite, rapproché de l'attelage des 

(i) Par deux élèfes de TÉcole préparatoire, sous la direction de M. Gui- 
gntaut. , 

5 



66 I. MONUMENTS. ♦ 

griffons qui traìnent son char. Le faon est également repré- 
sente sur les images d'ApoUon Didyméen (i), et le griffon ap- 
partient d'une manière tonte speciale à Apollon Pythien et 
Délieu; il peut dono avoir été facilement transporté à Diane. 

Toulefois, corame le griffon se trouve aussi en rapport avec 
dautres divinités, et parti culìèrement avec Némésis, il parait 
nécessaire pour lever toute espèce de doute , d'établir d abord, 
en abrégé , la significa tion et Temploi de cet animai fabuleux 
chez les artistes et les poètes. 

Originalrement les griffons appartìennent comme gar- 
diens des mines d or à la tradition scythique ou septen- 
trionale des hommes a un osil^ qui habitent sur les sommets 
des monts Rhipées, et combattent à cbeval les griffons (a). 
Ce récit paryint aux Grecs, en suivant les colonies situées 
sur les rives du Borysthène , du Pont, de la Chersonnèse Tau- 
rique, de la Propontide, ainsi que Fa fort bien démontré 

(i) Eckh. D. N. yol. Il, p. 63i et suiv. Specimeniofanc. scu^t., pi. XII. 
Aìlleurs ranimal est place deVant le dieu, arme de l'aro et des flèches, qui 
tient sa patte de devant, comme sur la pierre gravée de Stosch, dans le recueii 
de Schllchtegroll , 1797, tabi. 45. Schlichtegroli s'en tient à la fausse expli- 
cation de Winckelmann, Pierres gravées , p. 83, n. 35o. Telle était la statue 
dont parie Pausanias, X, i3, 3. Mflt*tJ'óv«c «Ti ,oì tv Lia lo? *A9róxxa>Tfl&, oc 

(a) Eschyl. Prometh. 819 : Moi/v»»** ^ìpalò? ^A^ifuttwli IwoCétfAOfA» De 
là riDÌmitié du griffon et du cheyal. Virg. ; Egl. Vili : « Jungentur jam fftypes 
equis, » Nous trduvons un cbeyal et un griffon sur uu vaseVhez MiUin , 1. 1, 
pi. XL. (Il est une autre association m^cthologìque contre nature, à savoir 
deux griffons déchiraut un cerf ; Tischbein, t. IV, p. 55. Ils setnblent Tun 
et l'autre une plaisanterie.) Nous voyons aussi des Arimaspes en combat avec 
des griffons sur des vases cbez d'Harcanville , t. II, pi. LVI (et ici TAri- 
maspe est sur un cbar); Tischbein, t. Ili, pi. XLIII (LVIII de Tédition 
de Paris); d' Agincotart , Fragments en terre cuite, pi. XI, 3; Terres cuites 
dans le Musée britann., pi. VI; Winckelmann, Pierres gravées de Stosch, 
III, 177, p. .35i ; Zoèga Bassir. , tabi. 109. Il y a aussi, sur un vase de 
marbré de la coUection imperiale russe, à Sarskoeselo, un Arimaspe déchiré 
par deux griffons. Les artistes ne se permettaient pas d*exécuter les Arimaspes 
avec leur oeil unique, pas plus que les Gyclopes; mais, sur un vase de Tisch- 
bein , cela est peut-étre indiqué par un ceil rond qui est ajouté au-dessous 
du cavalier. Dans le passage d'Ennius, tire de Varron, *p. 137, Ed. Hesscl, 
Spengel met avéc raison , dans son édition, sedere pour fodere. 



e. HÌCATE et JÉROS. 67 

Mùlier, cti contradiction avec l'opinion singulière de Voss (i), 
Dti reste il pense que ce bizarre assemblage du lion et de 
laigle pourrait bien avoir un autre principe, et venir des 
tapis babyloniens et persans; sous ce point de vue, il n*est 
point en opposìtion avec une conjecture de Voss, dans son 
mémoire.^u* lorigine des griffous (a). Ce détour nous parait 
inutile, pùisqùedéjà Hésiode nous parie des monstrueux grìf* 
fons (3), et, daprès Hérodote (4), la capitale de Skytès, 
roi des Scythes, élait entourée de griffons et de sphinx en 
marbré^ combinaisons à peu près' semblables. Les figures 
de ce genre n'ont pu d*ailleurs éprouver beaucoup de trans- 
formations dans la haute antiquité (5). Le griffon est une 

(1) Dorer, th. I, s. ayS. 

(9) lenaische lìtteratur zeitung, i8o4- 

(3) SchQl. d'Eschyl. Prom. , 1. e. : ^ifi a? 'Ho-»o^o« ^falùs Yìtfafìiùo'AÌo. 

(4) IV, 79- _ 

(5) Pouf ce qui concerne les griffons indiens de Ctésìas, je crains qu'ii ne 
les ait positÌTement imaginés , dans Tintention d'expliquer l'origine de la 
tradition grecquc. Ce que disent Hérodote, IH, ioa, et d*autres sur les 
fourmis ìndiennes , animaux de Tespèce du blaireau , qui , en formant leur 
habitation , transportent le sable d*or , et aussi sur un peupje guerrier du 
nord de Tlnde, qui parcourt le désertpour enlever Tor; toutcela, compare 
avec ce qui se trouve dans Élien, H. A. IV, 27, tire de Ctésias, et dans les 
Indiques de celui-ci, e. is, rend ce soup^on très probable. Les embarras 
qui résultent.de cette légèreté ont donne une peine inutile à ceux qui ont 
Toulu les éclaircir, comme Buonarotti, Medagl., p. 189, et autres. Hello- 
dorè, X, s6, place le sable d*or et les griffons chez les Troglodytes; Phi- 
lostrate, V. A. VI, i , niet de semblables animaux en Éthiopie. Cf. Lucian. 
Dial. mor. XV, 4- ^^^ griffons paraissent méme avoir été transportés sur 
i'Hymette, dans la comédie. £n effet, ce que touche le comique Eubulus 
dans Harpocrat. v. A^<f •Al^^'V» qu'autrefois les Athéniens sortirent en armes 
et avec des provisions pour trois jours , le bruit s'étant répandu que beau* 
coup de minerai d'or avait para sur le mont Hy mette, et qu'il était gardé 
par des fourmis belliqueuses ; cela s'expUque facilement et simplement par 
un ingénieux emploi de la fable des Arimaspes et des griffons, mélée avec la 
tradition de ces animaux indiens , qui se trabit par l'expression de fourmis» 
C'est à elle aussi qu*est emprunté le ebarriage de l'or; mais Tesprit |^errier, 
la garde de l'or, et le combat contre les animaux , appartiennent aux an- 
ciennes traditions. Cette expédition sur l'Hymette pour y enlever aux grif«- 
fons l'or qu'ils y avaient amasse, me semble le sujet des Griffoni , comédie 
d£ Platon, qui passait aussi sous le nom des Fourmis^ peut-étre celui des 



68 I. MOJJTUMENtS. 

composìtion toute simple des deux plus puissants animaux 
de l'air et de la terre. Il est tout-à-fait propre à repré- 
senter TiBiage d*une lutte redoutable et sanglante. Alcman 
fait mention des Rhipés et des Issédons; et par-delà les der- 
niers des peuples conous, Arìstéas placait les fabuleux Ari* 
xnaspes, qu il traitait dans ses vers comme une nation reelle (i). 
Après eux, derrière les monts Rhipés, jusqu a rOc^an, les 
Hyperboréens avaient leur séjour; les Scythes ne sayaient rien 
d*eux, corame dit Hérodote; cetait un peuple créé par Tima- 
gination des Grecs. 

Jusqu aux Hyperboréens, ou jusquaux bornes septentrionales 
de la terre, s*étendait l'eippire d'Apollon Pythien et de sa soeur 
jumelle^ sans doute parce que son eulte s*était propagé dans 
eette «Jii'ectìon depuis la vallee de Tempé, ainsi que MùUer 
aussi Fa fait voir, absolument comme l'on rapprocba Tantique 
Artémis de la Thrace , celle qui n'avait point de rapport avec 
ApoUon, de la déesse de Tauride, lorsque cette contrée fut 
connue des Grecs. Nous voyons positiveraent par Alcée, Pin- 
dare, et les traditions des temples de Delphes et de Délos, 
combien cette alliance d'Apollon avec les Hyperboréens, coH- 
sìdérés comme les premiers et les plus pieuxde ses adorateurs, 
était employée pour célébrer ce dieu. Les chantres d'hymnes 
fa9onnèrent successivement soit ces peuples , soit leur genre 
de vie d*après Vìdee qu'ils se faisaient du dieu ; et à cette fic- 
tion se rattacha en méme temps maint trait de la connaìssance 
obscure d'une contrée lointaine^ mais quin'en était pas moins 

Fourmis de Cantharus, et des Mf«r«txxt7;, c'est-à-dire/òomiù, que Fon attri- 
bue à Phérécrate, et de là vient le Xf^^^X"***"* > proyerbial; on le disait de 
eeux qui, au lieu d*agìr et de se donner de la peine, comme ila le devaient, 
espéraient tout da bonheur, et désiralent tout obtenir sans travail. Cette 
bonne plaisanterie anrait pris sa source dans les relations sur la Perse , 
comme celles de Gtésias sur les fourmis semblables aux griffonsy et qui 
ramassaient l'or. D'un autre coté, elle était foumie par le caractère dea 
Athéniens d*alors; car si la fouìUe des trésors, la fabrication de l'or, et 
autres choses semblables, ont trompé les horames en general, il ne fut 
jamais peuple auquel cette fable satirique ait pu mìeuz convenir qu'au bon 
Dèmos d'Athènes. 
(i) Héròdote, IV, i3, a;. Cf. II, ii6. Pauaan^as, I, aj, 6. 



e. HjéCÀTE ET l^ROS. 69 

devenue importante par des allìancesreligieusea dàns la direc- 
tion dea pays du Danube. Cela expliquerait assez comment le 
griffon, en tant qu animai des contrées fabuleuses du nord, et 
sans aucun autre rapport avec le dieu, a pu, commele cygne 
septentrional, étré adopté pour attribut de TApollon hyper- 
boréen. 

Cesi aifjsi qne les monuments représentent Àpollon monte 
sur le griffon (i), comma aussi sur le cygne, ou traine par des 
griffons (2) , qui se rencontrent encòre attelés à un char por- 
tant les armes et la lyre d'Àpollon (3). Ils servent d'ornemeni, 
aux frises de ses temples (4)> et de signe caractéristique , aussi 
bien que le corbeau y pour reconn^itre ses statues (5) ; et asso^ 
ciés a d*autres attributs, ou bien seuls, pour designer les ob<- 
jets et les lieux qui sont en rapport avec lui, et peut-étre, 1ofs« 
qu'on les Yoit sur des médailles', pour indiquer des jeux en 
son honneur (6). Aussi les voyons-nous. mentionnés dans 
les remarques les plus triviales parmi les attributs d*Apol- 

l0D/(7) 

Si dans une peinture de vase nous Toyons Bacchus accom- 
pagné de Satyreà et de Ménades, traine par des grifFons, et le 
griffon lui-méme assez souvent employé , dans les représen- 
tations bachiques (8) , soit comme allusion, soit comme pur 

(i) Laborde, Vases da, C. de Lamberg, t. II, pi. 36; Médailies de la 
Troade, Eckb. D. N. II, p. 489 ; Claudieny XXVIII, 3o. (Riposo tripodas 
repetens. ) 

(3) Médailies d'Auréliopolis en Lydie, Eckh. D. N. t. VII, p. 896; 
Sidon. Garm. XXII, 66. 

(3) Pilture d'Ercol. , t. II , lab. 69. 

(4) Jonian. antiq., 1. 1, cb. 3, pi. 7-10; Buonar. Medagl. , p. i36; F. aussi 
Mosée des Ahtiq. , t. Ili , omements , pi. i a. 

(5) Musée Napoléon, par Filbol, t. Vili, pi. 566. La statue est à GasseL 

(6) Le grìflÒD avec le trépied, Musée Napol., par Schweighaiiser, t. IV, 
pL i3; V, particulièrement les médailies, par exemple celles de Téos, 
d'Abdère, de Panticapée, d'Actium, des Cytorìeus et de bien d'autres 
viUes; Rascbe, Lex. rei num. , yoI. II , pi. i, p. i55i-i553. 

(7) Porpbyr. ap. Serv. in Virg. Ecl. V, 65; Sidon., Ep. VIII, 9. 

(8) Dubois-Maisonneuye , pi. II , auparavant dans Passeri. La figure mys- 
tique représentée parmi les vases de Tiscbbein, t. III, pi. ss, que Visconti , 
Mus. Pioclem., t. V, p. ab , explique comme un Bacchus herroaphrodite, est 



omement, c'est utiiquement parce que le eulte decedieu s'unii 
et se mèla a eelui d'Apollon, d'abord a Delphes^ puis peuà peu 
dans ìe$ autres contrées de la Grece; si bieù qu'ils cbahgenf 
ensemble de fonctions et d'attributs. C^est un fak qui ressort 
de toutes parts^ et spécialement d'un grand nombre de sculp-* 
tures. 

Nous Yoyons moins clairement pourquoi Fon a donne le 
grifFon à Némésis , fait qui d ailleurs n'est guère connu par 
des monuments antérieurs aux Césars. L assertion de Macrobe, 
qui vent que Némésis soìt le soleil , est trop absurde pour que 
nous puissions accorder à Eckhel^ qu'à cause du soleil, le 
griffon passa d'ApoUon à Némésis (i). Une fonjecture plus 
probable c*est que ce fait v repose sur la doublé Némésis de 
Smyrne , qui, élant analogue aux Dioscures , avait par cela 
méme une certaine parente avec ApoUon, en généralisant 
ridée de celle divinile* Sur une médaille de Smyme qui porte 
Teffigie de Commode ^ des griffons trainent les deux déesses; 
mais le griffon peut aussi leur avoir été applique d après la 
Néméàis vengeresse, et tirer son origine de la roue qui lac- 
compagne , et sur laquelle elle pose un pied , comme le por- 
tent une foule de médailles (a). Or dans cette alliattce la roue 

trainée par un griffon et un tigre ou un lynx. Sur le sarcophage Borghése, 
qui représente Dionysos et Lycurgue , des griffons ornent les deux còtés da 
Inonnment; Tun se trouve seul, l'autre est accompagné d'un candélabre^ 
Les satyres travaillant au pressoir -d'une nianìère fantastique, Mus. Clé- 
ment. t. V, tab. lo^ ont des griffons à còte d'eux; on les yoit'flussi att«lÀ à 
un char de marbré au Yatican ; sur les frises, on yoit assez souvent le groupe 
d'un griffon et d'un jeune homnie qui lui donne à boire, probablement da 
yin , que l'on donnàìt aussi pour boisson au tigre. Ain^ dans Cavaceppi 
Raccolta,' t. Ili, pi. 3o, et sur un fragment de la Villa Aldobrandini , dans 
Une collection riche en griffons^ Étchings Pepresenting the test exampUs of 
ancient ornamentai architecture, hy Ch. H. Tatham.y Lond.'i799; et aussi 
parmi les terres caites da Musée brìtann. , pi. VII , 3 ; et cbez d'Àgiucourt , 
pi. XI, 4. Pftr ce rapport dn griffon à Baccbùs s'tfxplique aussi le mélang$t 
de la panthére ddns sa conforttiation méme. Pausanias, Vili, a, 3, avait 
entendu dire qu'il y avait des gnffoUs tachetés semblables à des panthères) 
et souvent ils ont la téte composée da tigre et du bouc. Au contraire, quel- 
ques médailles d'Abdère leur donnent un bois de cerf avec trait à Apollon. 

(i) Doctr. num.y t. II, p. 55a. 

(a) Sur une roédaille de Side^ on voit d'un còte de la déesse le griffon, de 



e. h^gatiì: et ^ros, 71 

parait étre non un symbolede revolution , comme Texplìquent 
Mésomédès et dautres, mais più tòt l'instrument de supplice , 
si connu par le chàtìment dlxion et par Fusage athénien 
de la roue (i). Et méme Nonnus, qui entasse péle-méle diffé- 
rentes significatìons de la roue de Némésis , y comprend aussi 
la roue du supplice , de niéme qu'immédiatement après il dé- 
signe le griffon comme un vengeur (2). Le grifibn et la roue 
associes en ce sens^ forment un symbole d'une singulière 
energie. (3) 

Zoéga rappelle que Némésis est fille de TOcéan , auquel., 
selonEschyle, dans leProméthée, appartiendrait le griffon (4). 
Mais ici le griffon ne petit pas étre l'animai qui traine Océan, 
quoiquele scholiaste laffirme à plusieurs reprises, et quoique 
Voss le défende contre Schùtz (5). Car selon cette, méme tra- 
gedie (yers 782), les grìffons demeurent sur les bords du 
fleuTe de la Richesse, de sorte que le poète ne les séparé pas 
des monts Rhipées, fertiles en or; Océan au contraire (vers 
4o4) ramène sa monture dans ses propres étables, par consé- 
quent daps son élément. 11 faut donc se représenter un clieval 
aiié; car le cbeval est un symbole de l'eau: 

Partout où le griffon se presenta encore à nous, oubien il 
indique un rapport qui nous échappe aujourd'hui , ou bien il 
n*a jamais eu'un seris précis, mais il ne. servai t qu'à former un 
omement indifférent, comme sans doute sur maint et maint 
sarcopbage. Au casque de la Pallas de Phidias (6), il peut faire 

l'antre la roue. Des médailles de Smyme , qui représentent deux Némésìs , 
oa Némésis aree Isis, portent le grifTon et la roue (voyez Eckh., t. Il, 
p. 548 ). Sur celles d'Attalia, le grifTon est seul avec Némésis; de méme sur 
une médaìUe de Néron, qui désigne Némésis comme GIUS; Spanheim ad 
Callim. in Dìan. S049 p- ^i^- 
(i) Arìstoph. Plnt. 876; Pac. 45i; Lys. 846; Antìph., p. 6i5, Reisk. ' 

(a) XLVIII, 38o, ^«*iif »'oii«7o^i »v»xm; v. 38a, «Ì/m^' «^« «» ^iirilnlù vrcifat 

BpÓfOH OfVIC ÌXdLOr]t»f» ^ 

(3) Eckh., t. II , p. 55i, explique bien la roue; se trompe, t. VI, p. 444, 
sur le rapport de la roue ayec le griffon. . 

(4) Abhandlungen y GGBttingen^'iSij, p. 46. 
- (5) Mytholog. Briefe, th. II >p. i3o. 

(6) Pausanias, I, a4 , 6. De méme à la statue de Pallas, dans Millingen, 



72 1. MONUMElfTS. 

allusion à la liaison, établie en Amqae, éntre cette déesse et 
Apollon (i). Les Samiens, qui avaieot consacré un grand cra- 
tère de bronze, entouré de tétes de griffpns, eomme la dime 
du gain immense qu iis avaient rapporté de Tartessos, Ters la 
trentième oljmpiade (2), ne pensaient, selon moi, qu'aux 
gri£fons des monts Rhipées, gardiens de l'or, et Toulaient ex-* 
primer ainsi la quantité des richesses qu'ils avaient amassées , 
et pour lesquelles ils offiraient un riche don à Héré. Les grifiFons 
doiyent quelquefois avoir trait au soleil et au feu , dans le& 
temps oà la personne diyine d' Apollon avait en quelque sorte 
disparu dans les nuages d*une religion solaire (3); et c'est à 
quoi fait allusion en particulier le candélabre entre deux grif- 
fons, et altemantavec un luth (4) ou avec une coupé, attribuì ' 
de Bacchus. Ou bien devons-nous les considérer ìci comme 
gardiens du tempie? Ils ne sont jamaìs en rapport avec Zeus; 
si Eschyle les nommé chiens de Jupiter , nous yoyons les bar* 
pies désignées de méme dans ApoUonius. (5) 

Enfin je dois aussi faire mentibn des Amazones combattant 
avec des griffons, addition sans doute imaginée par de simples 
raisons d*art, aux fables des expéditions guerrières de cette 
race belliqueuse. On ne trouve dans les auteurs aucune trace 
de cette belle aventure sur les monts Rhipées, et les artistes 

Anc. Monnm. iuédits, pi. VII ; et sur des médaìlles , Eckh. D. N* 9 1. II , 
p. aio. 

(i) Greuzer ayait déjà fait cette conjecture , Symb. , t. II , p. 674. 

(a) D'aprèsle calcai de MùUer, Prolegom. zur mythol. , p. 419- 

(3) C'est pour cela sans doute que déjà Ctésias donne aux griffons de l'Inde 
des yenx flamboyants , et que Philostrate, Y. À. Ili, 48 , dit qu'ils sont con- 
sacrés au soleil. Un yase dans Passeri, t. Ili, p. a68, si ma mémoire ne me 
trompe , représente le char d'Hélìos et un grifFon qui s'élance au-deyant* 

, Epiphanius, dans les Anecd. grsec. , Yen. 18 17, p. i3, parie de deux grìffous 
dont l'un re^oit les rayons da soleil leyant, et Tautre accompagne cet astre 
à son coucher. 

(4) Ainsi aux frises du tempie de Didyme, à une frise de la Villa Aldo- 
brandiui, de plus dans Cavaceppi, Raccolta, t. Ili, tab. 19, 87, 49' ^^ 

. ailleurs. On yoit encore un grifTon ou un couple de grifFons , armés d'un 
flambeao ; par exemple , sur les cuirasses des empereurs. 

(5) Sur les médailies de Tarse , le grifTon se tient adpedes gemi; il parait 
en outre sur le casqué du roi Persée, et près d'Antinoùs. 



e. hìgats £T ^ros. 73 

eux-mémes ne se sont ìnquiétés que de Teffet pittoresque , 
5ans représenter et sans exprìmer a leiir manière aucune cir- 
constance partìculière (i). C'est aussì un heureux caprice que 
celui de ce graveur qui avait reptésenté le combat d*un géant 
et d'un grìffon a lentrée d*une caverne ou d'une mine d'or. 
Yoss a fait connaitre cette pierre dans la dissertation ci-dessus 
mentionnée. 

Tar tout ce qui précède , nous pouvons regarder comme 
prouvé que le griffon appartenait dans l'origine , et principa- 
lement, à ApoUon Hyperboréen^Pythien, et que, par consé- 
quent, il devait étre donne à sa soeur, presque inséparable de lui, 
et qui a beaucoup d'attributs communs avec son frère. Mais la 
déesse est accompagnée d'un enfant ailé, qui, comme lui ap- 
partenant, est sur le point de se piacer auprès d'elle sur le char ; 
et cet enfant ne peut étre que le Gupidon ailé , auquel donna 
le jour la plus ancienne de toutes les Dianes , fiUe de Jupiter et 
de Proserpine (a), Ainsi cetle Diane n'est pas la soeur d'Apol- 
lon \ elle n'a pas un séjour imaginaire dans un fabuleux pays 
des Hyperboréens \ elle est plutòt, selon tonte apparence , une 
divinile d*origine réellement tbrace , et nous pouvons l'ap- 
peler Brimo ou Hécate. Nous devons nous rappeler, avant 
tout, « combien l'antique théologie était portée à confondre 
l'idée et les attributsdes divinités homonymes d'origine diverse, 
tellement que le secret des recberches mythologiques consiste 
à décomposer ces sortes d'amalgames. Ainsi, par exemple, 
Hécate est appelée fille de Latone , dans les Pkéniciennes d'Eu- 
ripide (3); et, dans Ylon, cette méme divinité est appelée fille 

(i) Vases de Tjschbein, th. II, t. 9 (36). Millin, Mon. inéd., t. II, pi. 16, 
p. 199. Cet antiquaire , par une opinion, bizarre , suppose , au lieu d*Ama- 
zones , dea Arimaspes femelles ayec le costume des Amazones. Dubois-Mai- 
sonneuye , pi. 76 ( les deux derniers déjà dans Passeri ) ; Laborde « t. II , 
pi. 40; terres cuites dans le Musée brit. , pi. VI ; d*Agincourt, pi. XI, i, a. 

(a) De Nat. D. Ili, a3 : Prima (Diana) Jopìs et Proserpirusy qua: pinnatum 
Cupidinem ge(iuisse dicitùr, 

(3) V. 109. Antigone inyoqne Hécate à la ytie de Tarmée et des armes qui 
font resplendir la plaine. Le Schol. se trompe quand il rappelle Selène et 
son édat, qui , suiyant lui, porte Antigone à s'adresser de préférence à cette 
déesse ; elle le fait parce que Hécate , comme Tapprend la Théog. d'Hésiode , 



74 !• MONUMENTS, 

de Cérès. Le grifFon est aussi applique à la statue de la Diane 
d'Ephèse ; et de méme nous trouTons sur les médailles la Diane 
de Perga placée entre deux griffons. Des griffons avec des fiaoiìs 
trainaient aussi le chariot'à banne dans lequel les yierges de 
Sparte menaient, àia féte des Hellénies, la pompe en Ihon- 
neur de la déesse de la lune, chanjgée en héroìne. (i) 

A Égine, où notre monument a été découvert, Hécate,au 
rapport de Pausanias y était honorée plus que les autres divi- 
nités; et Ton y célébrait «cliaque année en son honneur une 
félè mystérieusé (7*^*7'!) établie , diton , par Orphée (2). Pro- 
bablement ces mystères aussi-bien que les orgies d'Hécate et 
des Gorybantes qui rendirent si fameuse la caverne de Zérynthe 
en Samothrace (3), étaient considérés comme bienfaisants 
pour les navigateurs. 

La Théogonie d'Hésiode nomme Hécate comme fille et unique 
enfant (4) d'Asterie (soeur de Latone) et de Persès (5). Persès 
appartient originairement à la tradition de Gorinthe (6), où Hé- 
lios et Hécate étaient adorés, et il est proprement son second 
pére ou son pére terrestre après Jupiter, comme le rapportent 
expressément les poésies de Musée. D après Bacchylidé, Hé- 
cate est fille de la Nuit, et porte un flambeau(7); d autres, 
les orphiques, par exemple (8), Euripide (9), lui donnent Déo 
ou Déméter pour mère, aree trait à Tempire souterrain,- généa- 

43i et suÌT. 9 était aussi déesse de la guerre , et que la jeune fille devait na- 
turellement implorer une diyinité féminine. F'. encore not. 5 , p. jS. 
(i) Hésych. v. ILùaieiBfct. Plutarque, Agésil., c« 19. Sturz., Lexic. Xenoph. 

(2) Pausan., II, 3o, 3. Mùller, iBgin., p. 178 , recherche les traces de ces 
n^ystères dans Lucien et Aulu-Gellei 

(3) Schol. d'Aristoph. Pac. 376. 

(4)y. 436, 448, Mùuioytiìls U finlfòt w<r<$„ Apollon. Rh, III, io35, * 

(5) y. 4ii.4>insi Musée dans le Schol. d*ApoU. de Uh., Ili, 4^7 ^t io35. 
Apollod. li 3,4. L'hymne homér. , v* a4i» la nomme aussi fille de PersaBUS ; 
Gicéron, N. Deor. Ili, 18, d'Astèrie. Ce demier avait tu en Grece des 
antels et des temples de cette déesse. 

(6) Schol. d* ApoUon. , III , aoo. 

(7)7^.111,467. 

(8) IbU. 

(9) Jon. 1048. 



e. HEGATk Et É1XOS. 7 5 

logie dont ne s'éoarte qne peu, au moins quant à la pensée, celle 
quc lon trouve chez Cicéron , qui méme, dans un autre passage, 
va jusqu a (k>nner à Hecate-Brimo le nom de Proserpine. (i) 

Toutefoìs,dans cette espèce de théologie allegorico -inythi- 
que , les généalogies varienttrop souvent pour que nous soyons 
fondéa à en appliquer aucune à notre monument. 

Les développements ultérieurs que donne sur Hécate la 
Théogonie d'Hésiódè, soni poUr nous d'une grandeimportanoe. 
Hejne a obs^ervé un esprit orphique dans la doctrine que con* 
dent ce passage (a). Zeus honora Hécate au-dessus de touteg 
les diviiiités, et il lui fit de magnilSques présents. Elle reciiit en 
partage la terre, la mer et la région celeste deTair. C*est elle 
qui preside à l'assemblée des peuples, à la guerre, au tribunal 
des grands , a ceux qui vivent de la^ mer, et lui adressent leurs 
prières aussi-bien qu'à Ppseidon , aux chasseurs; c'est elle en- 
còre qui avec Hermes porte bonbeur aux étableis , augmente 
les troupeaux de.boeufs, de chèvres, de brebis, et fait aussi 
prospérer les femilles. (3) * 

Cet empire sur les trois règnes de la nature , la terre, la mer 
et l'air ^ que le'poète pròclame dans ses Ters (4), nous est aussi 
indiqué sur notre tablette d'Égine par un ingénieux symbole. 
La statue d'Hécate à Athènes, qu'Alcamène avait formée de 
trois figures réunies , se rapportait yraisemblablement aussi à 
ce triple empire (5). Son imago par Myron, dans le tempie 

(i) r. note i, p. 73. 

(a) I> Theogon. ab. Hesiod. cond. p. i45 ; p. io3 de Tédit. de la Théo- 
gonie i par Wolf . 

(3) V. 45o, itùyfùlfù^os. Ennias, dansYarron, L. L. p. 3oi, èdit. Speng. : 
Ut tibi Titanìs Trìyia dederìt stirpem b'beràm. C'est elle qn'il faut entendre 
dans Hérodote, Vie d'Hom. , p. 3o. Artémìs vAtMf^Qc» Pansan. IV, 34 9 3. 
Cf. Antbol. Palat. VI , a , 971 « 

(4) C'est pourquoi le premier hymne d*Orphée nomme Hécate 0vf«ii«ir, 

(5) Sur une médaille athénìenne, cbez Stuart, t. II , p. 37, est une copie 
de cette statue , d'après Texplicatipn de Téditeur. Cette coqjecture paralt se 
fortifier de ce que, d'après Pausanias, la statue d'Alcamène était près du 
tempie de la déesse de la Victoire non ailée ; ce que Siebelis rapporte ayec 
taison à la puissance qo'avait Hécate d'accorder la victoire dans les combats : 



76 I, ArONUBIENTS. * 

d'Egine, òonsifltait, suìvant PausaniaS) en une seule figure* 
Notre artiste au contraire a désigné ce , triple empire par le 
griffon , en associant chez cet étre fabuleux au corps d'un 
animai terrestre , et aux ailes d'un habìtant de l'air, la téte d un 
poisson, pour esprìmer la troisième région de la nature. Vai- 
nement chercherait-on un autre exemple d'un pareli assem- 
blage, bien que la crinière ajustee à la tète de poisson, au- 
dessus du col , se trouve , légèrement modifiée , unie à la téte 
d'aigle. Et Ton ne soup^onnera pas qu'une fantaisie d artista 
pùt se rencontrer dans les sculptures religieuses de ce temps 
reculé. Loin de là , les griffons marifis que l'on volt sur les 
monnaies de Velia (i) , comp^rés au griffon et au dauphin rap- 
prochés lun de Tautre sur une roédaille de Panorme, mon- 
trent que le griffon à la téte de poisson nedoit pas étre negligé. 
Gomment dans la suite on cbangea le triple empire d'Hécate 
en lui donnant le monde souterrain , et d'un autre còte en lui 
ótant la mer^ c'est ce que Yoss explique dans sa dissertation 
sur cette déesse (2}. On la confondit alors, tant&t avec Selène 
et Artémis pour le ciel et la terre , et pour les enfers ayec 
Perséphone, à laquelle elle n'est associée dans Vhymne home- 
rique à Déméter que comme suivante et ministre ou messa- 
gère. (3) 

Cependant il se présente encore à une epoque fbrt tardive 

Hésìode, t. 43a. Pour s'assurer la yictoire , les Athéniens ne ponvaient trop 
coDJurer les puissances célestes. La legende de la médaille est A0HNA2 
NIKH40POT. Par là s'expUqne Texclamation d'Antigone à Hécate dans un 
poète athénien, note 3, p. 78. Un Hermes à trois tétes doit, selon Pfailochore 
(Harpocrat. Phot. Snid. , y. 'J^ikì^amc. Philock. Fragm., p. 45), avoir été 
erìge dans le déme attique d'Aukyié, dèa le temps d^Hipparque, fils de Pisi- 
strate; mais c'était sans doute un indicateor place dans un carrefour à trois 
rues, de sorte que Tinterprétatìon de Tzetzès (ad Lycophr., 680), selon 
laquelle il indiquerait le ciel , la mer et la terre, est nulle, comme ses autres 
idées. Il y avait aussi des Hécates à trois tétes dans les carrefonrs à trois mes. 
Ovid.Fast. I, 141. 

(i) Spanheim de Usa et Pr. num. , p. s34. 

(a) Lettres mythoL, III, p. 9o3. 

(3) V. 440. 'AT^fxloutf-A ; V. 53, C'est ponrquoi elle avait k Syracuse le 
sumom de Messagh-e, Schol. Theocr, II , la ; Hesych. , t. "A^fXoc, "Ayyix^^ 
XvfAKHffitn Ini *Ap1«ftfT hiynvffty. 



e. H^GATE ET ]£rOS. 'jn 

des représentations du triple monde qui lui fut d*abord attii- 
bue. Ainsi lauteur des Argonautiques d'Orphée (i) lui donne 
les trois tétes du cheval, du lion, et du chien, la première se 
rapportant à Teau , celle qui est au milieu à Téther, et la troi- 
sième a la terre, (a) 

Au sujet de l'enfant ailé^ plusieui:s ne manqueront pas de 
songer à Thymne d'Olen , où la mère de l'Amour est appelée 
Eileithyia (nom emprunté à la lumière de la lune), ""EnAivfr, la 
bonnefileuse, en sa qualité de déesse de l'existence, ou, comme 
lexplique Pausanias, de la destinée, et dite plus ancienne 
que Kronos : venne du pays des Hyperboréens à Délos « elle 
assista Latone dans son ^nfantément ; elle avait un tempie 
à Athènes (3). Peut-étre aussi rapprocbera-t-on le grifFon hy- 
perboréen de cette déesse reléguée chez les Hyperboréens. 
Mais nous ne savons pas qu'il ait existé à Egine des cérémonies 
religieuses empruntées à Délos, tandis qu'au contraire nous 
y trouvons Hécate en grande vénération , et qu*en outre le 
griifon rappelle le triple monde d*Hécate. L'Eileithyia hyper- 
boréenne dont il est parie dans rhymne du Lycien Olen , est 
Délio-Lycienne. Sa qualité de fileuse est en rapport avec la 
coutume établie à Délos pour les fiancées, de consacrer leurs 
fu^eaux aux vierges hyperboréennes. 

Ainsi cet Èros est plus vraisemblablement issu d*Hécate- 
Brimo et d'Hermes, fils du ciel et de Dia ^ nous les connaissons 
en effet comme formant un couple , bien que nous ne rencon- 
trìons du reste aucune trace d'un fruit de leur union. Ces deux 

(9) Dans un oracle d*Hécate, chez Eusèbe» Pnep. Ev.'IV fin. (Orac. ab 
Obsopso collecta , p. 48)» Ics trois règnes de la nature sont Téther, Tair et la 
terre ; et il e»t dit de la dernière : yeuÌA ^ t/imì vkuxaxui «Tf 091^ «i yiv^e 
iitùxtvu, D'après Porphyre, de Àbstin. Ili, 17, Hécate était appelée fau- 
reau^chien , lion; ou, IV, 16 , cheval^ taureaju, lion, chien; invocations qui ne 
s*expliquent point aous tous les rapports. 

(3) Pausan. IX, a7, a; Vili, ai, a; I, 18, 5. Cf. Hérod. IV, 34, 35. 
AEUs Eileithyia, surnommée l'O/p^i^ue, était ayec son fils, à forme de 
serpent, Tobjet d*un eulte très saìnt, sous le nom de Sosipolis^ d'après Pau» 
sanias, VI , ao, a , 3. La legende dissimule cette connexion,*pour éyiter la 
naissance immediate du serpent provenn d'une déesse. 



78 I. MOWUMENTS. 

divinités étaient adorées près dii lac Boebis (i) , dans leschamps 
de Phères, riches en troupeaux, où se rencontrait aussi le 
eulte de Déméter, et à Samothrace ; car la tradition sacrée sur 
Hermes , que^ selon Hérodote (2), les Samotliracei avaient re- 
cue des Pélasges, n^est autre que celle de cette union. Ges 
deux divinités sont aussi réunies dans un passage de la Theo- 
gonie j comme favorables à laccroissement des troupeaux ; et 
après eette notion , se troure une allusion au surnom de Brimo 
que porte ordinairement cette Hécate (3). Ce mariàge divin 
explique Tusage de piacer à l'entrée des maisons , en méme 
temps que des Hermes, des Hécates, c'est-à^dire des statues 
et des colonnes d*Hécate. Dans les théologiens d'un àge poste- 
rieur, cette méme union se trouve représentée sous un point 
de vue étroit et exclusif , d'après lequel Hermes aurait eu sa 
demeure dans la lune, ou se serait marie à cet astre (4)* Les 
deux divinités se rencontrent encore accidentellement' dans la 
garde des àmes qui descendent dans le monde souterrain, ou 
qui lui appartiennent. 

Platon et Ari$tote ne connurent aucun des parents attribués 
à Eros par les poètes ou par d'autres écrivains. Ils ne connais* 
saient que l'Eros d'Hésiode et de Parmenide (5). Les philosophes 
et les poètes d'alors ne paraissent pass'étre inquiétés de la théo* 
logie sacerdotale beaucoup plus que nous des subtilités sebo- 
lastiques. Aussi n'est-il pas étonnant que Platon et Aristote 
aient ignoré cette genealogie de l'Èros primitif , genealogie 
que nous adoptons, et qui n'était peut-étre connue qu en eer- 
tains lieux, parmi les dévots; eux qui ne savaient également 

(i) Propert. II, a, 11/ Il efface la rudesse d*expression de la tradition 
antique, oomme elle parait encore dans Cicéron, N. D. Ili, aa, et dans 
Amobe, II, 14* ' 

(a)II,5i. 

(3) V. 447, i^ù'hiyuy CftÀu. Peùt-étre aussi, d'après une autre interpréta- 
tion plus yraìsemblable du mot , est-ce une allusion à Tidée de la puissance , 
V. 4*0 » «^«' «Twvflt/uip yt TrÀfioOti. 

(4) Plutarch.'de Fac. in orbe lun. p. 943 , B, de Isid. p. 367, D; mais H 
rapporte Mercure à Tlntelligence. 

(5) Platon , Symp. p. 178. Aristot. Met. I f 4- Platon , p. 197, ne counait pas 
non plus d'bynines à Èros. 



e. H^GAT£ ET EROS. 79 

rien des hynines d*OIen , fameux à Délos, non plus que de 
ceux de Pamphos et d*Orphée , que possédait a Athèoes la 
race des Ljcomèdes (i). Ils ne se rappelèrent pas non plus 
rÉros de Sapho, fils du Ciel et d'Aphrodite. 

Aristophane, dans la comédie des Oiseaux , donne des ailes 
d or à rÉros éclos de Toeuf de sa mère la Nuit. Le comique 
emploìe a la vérìté la fable orphique d'une manière plaisante, 
pour établir que la race des oiseaux est la plus, ancienne sur la 
terre i et il pourrait bien cependant avoir ajouté les ailes de 
son propre fonds , comme il attribue aussi à la Nuit des ailes 
noires. Toutefois notre monument seri du moins à limiter 
jusqu à un certain point cette assertion de lancien commenta- 
teur , que e est une nouveauté de donner des ailes a Èros. (2) 

Cet Amour et l'Hermes Phallique ne sont à proprement 
parler que des formes diverses pour indiquer le méme prin- 
cipe ou la puissance intermédiaire entre l'existenoe celeste ou 
iiifinie, et la vie terrestre ou individuelle. Ils sont liés Tun a 
l'autre généalogiquement, comme il arrive si souvent aux di- 
vinités qui, en divers lieux et dans diyers systèmes, personnifient 
une méme idée, par exemple, Hélène et Némésis Rhamnu- 
sienne, Hécate et Proserpine; on les réunit ainsi comjtné 
pour les adorer ensemble , et se les rendre ensen\ble feyo- 
rables. 

Si notre tablette provenait d'une frise, elle devrait avoir 
été jointe à un combat de Centaures oud'Amazones, conjecture à 
laquelle nous amèneht com'me d'eux-mémes les fragments des 
frises de Phigalie, avec le char des enfants de La ione, traine 
par des cerfs. Cependant il ne faut pas omettre les deux .co- 
lonnes devant lesquelles est place le cbar aux grifFons. EUes 
paraissènt indiquer une entrée , et probablement ce n'est pas 
celle d'un édifice quii eùt été facile d'indiquer par une légère 
addition,maisplutótpeut-étre celle d'une enceinte environnée 
de murs. TTous savons du tempie d'Hécate à Egine qu'il était 

(1) Paasan.IX, ay, a. 

(a) Ad. V. 675, Tfttlftpixòv ']p ']«? Nix»? tylU "iB.ft/ÌA ivItpSvBàn. La fable elle- 
méme, au v. 698. Les Orphiques appellent l'étre qui sort de Toeuf avec des 
ailes d'or, Phanès et Erikepalos : Hermias in Phaedr. p. 137. Orph. Hynm. VI. 



8o I. MOWUMEWTS. 

place dans rintérìeur d*une cour (i). On sait aussi de quelle 
manière les dieux ont coutume de sortir de leurs temples et 
d y entrer. Qui nous empéche donc de nous représenter Hé- 
cate, au moment où^ sortant de son tempie, elle est montée 
sur son char pour se mettre en chemin ? 

Car on voit clairement quelle monte sur son char, et 
quelle nen descend point, a Tattitude de son fils, qui, 
saisissant avec la main droite la rampe du char, le pied 
droit déjà leve, est sur le point de s'élancer, en tepoussant 
la terre du pied gauche, et se fait un appui en posant la 
main sur un des cótés du char. Ces petits chars n'étaient pas 
faits pour contenìr deux personnes'; c'est pourquoi les ar- 
tistes devaient s'y prèndre comme ils pouvaient, quand 1 objet 
méme exigeait une exception : et sur notre monument, aussi- 
bien que sur celui de Phigalie, et sur le vase de victoire par Io- 
quel Millingen ouvre la coUection de sir Coghil, lon voit 
avec quelle adresse ils oherchaient à dissimuler la dispropor- 
tion de l'espacc; en introduisant un mouvement et un acte 
instantané ; car il aurait élé mal a propos de représenter les 
deux personnes dans le cours du.trajet. Quant a la simplicité 
de la forme du char, celui qui se trouve parmi les vases de 
Dubois-Maisonneuve , pi. 48-9, mérite particulièrement d'étre 
compare au nòtre. 

Pour ce qui concerne le caractère de la représentation , 
il faut surtout remarquer la majesté calme avec laquelle la 
dèesse retient Tattelage, et s avance paisiblement. Les rénes ne 
sont pas reridues, comme il arrive souvent dans des dessins et 
des ouvrages plastiques, où des objets semblables , méme des 
siéges de personnes assises , ne sont point exprimés; ou 
peut-étre l'artiste avait-il dans l'esprit ces animaux conduits 
par la seule volonté divine, comme Eschyle le dit de lanimal 
ailé que monte Océan (2). Toutefois il se pourrait aussi que 
des rénes fòrmées d'un fil d argent ou d un fil de fer, eussent 
été jadis adaptées au monument, ou, ce qui paraìt plus pro- 
bable , qu'elles eussent été indiquées par la peinture. 

(i) Pausan. II, 3o, a, %u vtptCoKùv /i ivlis iah it/ìt, 

(a) Prometh. 294 , niv ^ntfvyt^K^Vot .T' o/^iii .),|,^« «r^o^i'orf ilt^ tvBuimv, 



e. UÉCkTE BT ÈROS. 8l 

Le grifFon décèle une force ptcnligieuse, surtout par le 
mouvement de sa queue fortement repliée sur elle-méme , et 
par la manière dont il lève la jambe gauche ^ comme s'il vou- 
lait frapper le sol, iiùpatient de se sentir encore retenu. Le 
▼isage de la déesse frappe par sa beauté naturelle. Sa mitre 
était probablement dorée; dans l'hymne homérìque, Hécate 
est également appelée AtwMfttt^ffì't^téff épithète qui d'ailleursest 
aussi donnée à Rhéa, dans ces mémes hynanes, et à la Gharis 
de Yulcain , dans riliade« Quelquefois aussi une mitre d'or est 
donn^e à Apollon. (i) 

Le court pqjiidion de la déesse a, dans sa longueur et dans 
ses plis, quelque tessemblance avec le costume d'Ino Leuco- 
thea, de la yilla Albani. Les indices de lantiquité se marquent 
surtout dans l'attitude forcée de l'en&nt , dans cette hardiesse 
d*abréger, et de ne représenter que l'un des griffons au lieu de 
tout Tattelage , et 'dans cette particularité d avoir séparé le 
faon de la main de la déesse » afin qu'il fùt complétement yi-* 
Mble. F. G. WBI.CM1I. 



IIL NUMISMATIQUE. 

DD DÉMAHÈTIÓN. 

(P/anche XIX des Monuménts ìnédUs pUblUs par Plnstitut.) 

Instruits, par trois passages bien connus, de Fexistence 
d une moimaie sicilienne appelée Démarétion , les numismates 
s*étonnaient , non sans motif , de voir jusqu à ce jour leurs re- 
cherches demeurées infructueuses. Le texteméme des auteurs 
grecs semblait augmenter les incertitudes , et enlever désor- 
mais tout espoir de succès. Diodore raconte : 

Ol ìi K«p;^iy/(»9idi rns v^mfU^ urttfi^ìiioit ttrty^oTtf, raStm ^i 

ftTif vféowféùXéyiimf. Avriy yt ì't »sr' «ur«y à^tmétÌTtt avftifytiTt %XuTTéf 
iiV r^t ovvUoft Tnf ù^iffifé Km'Ì vnfi^tttUlrtt òif* aùrSt ifutrif taXtitrótf 
XfnoióUy vifétoftM é{tiftd4'f «■• «A^S-f» ««•' itctlftjf A^ftupirtor tùuto JÌ tl^if 

(i) Àlcée, dans Himer. or. XIV, io. 



Sa I. MONUMENTS. 

Ce morceau nous apprend que ìés Cartfaaginois défaits , 
près d'Hìmera, par Gélon P% se trouvant;^ contre leur at- 
tente, protégés par la clémence du vainqueur , souscrivirent 
à toutes les conditions quii avait imposées, et promirent 
une couronne d or à Démarète femme de Gélon. Gelle-gi , à 
leur prière, avait été médiatrice de la pàix, et, honorée par 
eux d une couronne d'or de cent talents , frappa une monnaie 
appelée de son nom Démarétion ; chaque pièce était de dix 
drachmes attiques, et se nommait en Sicilepentecontalitron^ 
en raison de son poids. 

Les deux autres documents sont, le premier d'Hésychius, qui 
dit seulement : Avf^ttfirtofy vó^ctafut tv XtxtxUù^ì TUmios Mvìt^ 
%vthÌTns mùrS Atj^tt^irtiff T?f yvftttKóf ih avrì rof koo^ùv (a); c'est-à- 
dire : « Démarétion, pièce frappée en Sicile sous Gélon, Dé- 
« marète son épouse lui ayant donne ses bijoux afin d'en fa- 
« briquer une monnaie. » Le second est tire de PoUux , qui , au 
sujet des monnaies d'or de Ptolémée, des Dariques, des Phi- 

lippeS/, etC, dit :'H Atutat^irn^ ViXmns oSoxù yvfi icarìt, ri» v\ls AtSUf 
XùXifAùi/ UTTopovìtTOff ^iróSy rìf ttiofcof «itlriiT^féLuti ^«pÀ rSf yttfmKmy 

ovyz^niouTi, ifif^urfi» Uì^aré. «Démarète, femme de Gélon, 
«lorsque son époux, Ifaisant la guerre aux Carthaginois , 
«eut besoin de subsides, demanda aux femmes (de Syra- 
« cuse) de lui remettre leurs bijoux, et en fit battre une mon- 
« naip. (3)» 

Considérons ce que cés citations présentent de différent, et 
quelle est la confiance que mérite chacune d'elles. 

Hésychius, grammairien da troisième sièclé, très éloigné de 
l'epoque où se passèrent les événements à la suite desquels le 
Démarétion fut frappé, ne dit rien qui soit matérìellement en 
opposition avec Diodore , excepté qu'il rapporte l'origine de 
cette monnaie à une cause un peu differente ; mais il n'est 

(i) Diod. Sicul. lib. XI , e. a6. Poll|p[ nous apprend que la lirre sici^ 
lienue valait une obole éginétigu^ ; Onom. lib. IX, seg. Sq. 
(a) Hesych. Terb. Aa^«pf<r. 
(3) Pollux, Onom. Uh. IX, seg, 861, 



DU DEMARÉTION. 83 

nullement démontré, par son texte, quìi ait voulu parler 
d une monnaie d*or ; il dìt seùlement que le Démaretion fut 
frappé par Gélon lorsque sa femme lui livra ses bijoux afin de 
suHveDÌr aux besoìns de TÉtat. 

Pollux, coDtemporain de Commode, considérait certaine* 
ment le Démaretion comme une monnaie d'or^ puisquil le cite 
a la suite des statères Gréséides,'des Alexandres et des grandes 
piècesd'or dePtolémée et de Berenice. Beaucoup de modernes 
ont adopté son opinion pour n avoir pas assez étudié Dipdore. 
£n effet^si, comme certaines éditions le portenti on Ut dans 

Cet auteur..«. a-rt^uvti^tlnt vt' aùrm itcttriv TttpJtvrttg ^ xfvcrovif yofAtofUt 

f (fx04'< » i^ ^^^ évident que Fon partagera le sentiment de Poi- 
lux; mais les manuscrits suivis par Wesseling portent tous 
sans Tariation^ tKttrh rux^mis :^pvmu. Ce qui donne un sens 
tout différent, Démarète pouvant bien avoir recu une cou- 
ronne d*or de cent talents^ et avoir avec cette somme frappé 
une monnaie dargent. L'autorité de Diodore, historien $ici- 
lien , très fidèle dans tout ce qui regardesa patrie, et plus rap- 
proché du temps de Gélon, doit, sur cette matière, étre dun 
bien plus grand poids que celle de Pollux, et, par consé- 
quent , suivie de préférence. 

Nous allons maintenant chercher quel était le metal de 
cette monnaie, et si elle existe encore dans les coUections 
numismatiques. 

Le Démaretion ne pouvait étre en or^ car s'il eùt été de ce 
metal et du poids de dix drachmesattiques, il aurait valu plus 
de cinquante livres de Siqile , et serait d'un module enorme, 
bien au-dessus des grands médaillons d'or des Ptolémées^ 
d'Arsinoé et de Berenice. D'ailleurs, à cette epoque, Syracuse 
ne frappali aucune grande monnaie en or : celles de style an- ^ 
cien, contemporaines de Gélon, ne pèsent pas un demi- 
statère. 

11 est donc impossible de supposer que le Démaretion ait été 
d'or. On ne peut pas non plus supposer quii fùt de bronza* 
dans ce cas il n'aurait pas valu cinquante livres siciliennes ou 
oboles d'£gine. Il faut doiic, nécessairement, admettre qu'il 
était d'argent, pesant dix drachmes attiques et équivalant à 



84 I- MONUMENTS, 

cinquanlelivres siciliennes. On est encore force de convenir 
qu'il devait' etra da slyle grec ancien vnlgairement nommé 
éginétìque, en usage au temps de Gélon et de la bataille de 
Salamine. 

Il ne fant pas supposer que le Démarétion ait porte l'iniage 
de Démarète, puisque, jusqu'à l'epoque d'Alexandre ancun 
roi grec ne mit sa tète sur sés monnaies ; on y voit seulement 
des noms, comme sur celles des premiers rois de Macédoine, 
de Procles, tyran de Naxos, et quelques autres» Mais les deux 
Deny§ de Sicile eux-mémes n osèrent pas s'arroger la prero- 
gative de graver leur effigie sur leurs monnaies, car cette sorte 
de eulte était réservée aux seules divinités. 

Or, Hunter cite une médaille dont le cabinet de Vienne et 
celui de Paris possèdent chacon une répétitioh; voici sa des- 
cription. (i) 

Téle lauree de femme à droite, au milieu d'une sorte de 
nimbe; les cheveux plats et retroussés par-derrière ; autour, 
quatre dauphins et la legende : 2TRAKOSION, (2) 

w. Figure virile, vétue d*une robe, conduisant un quadrìge 
au pas, de gauche à droite : une victoire vole au-dessus des 
chevaux et les couronne; a Texergue, un Hon courant de 
gauche à droite. Le poids de cette médaille est précisément de 
dix (Irachmes attiques en calculant sur le poids du tetra- 
drachme d'Athènes. Tous les auires grands médaillons de 
Syracuse de style plus récent ont le méme poids, et lon com- 
prend facilement comment une telle monnaie valait 5o oboles 
éginétiques, ou 5o livres siciliennes. 

La téte de femme représentée sur le médaillon que nous 
avons décrit sera, si Fon vent, celle d'Aréthuse ou de Proser- 
pine, que les médailles de Syracuse offrent souvent avec leurs 
nom; mais on observera ici la couronne de laurier, qai n*est 
jamais donnée aux tétes de femme sur les monnaies syracu- 
saines. 

Cette couronne rappelle sans effort celle que les Carthagi- 

(i) Pianelle XIX, n°i. 

(2 J Le collier est composi.' de perlcs, dout celle du milieu est heaucoup 
plus grosse que les autrcs. 



hois décernèrent à Démarète; tout observateur impartial en 
sera frappé. Aucun médaillon d'uu style plus récent ne porte 
celie lète /auree , quoiqii'on laretroiiveenvìronnéede poissons; 
lenimbe est aiissi particulier à eelle-ci. La legende avec le rho 
ccrìt comme TR des Latins^ etTomicron pour l-oméga atteste- 
raient encore Fantìquité du médaillon , si elle n*était pas déjà 
saffisamment démontrée par le travail et le caractère arohaii- 
que. 

Au revers se Toit le quadrige, type commun à Syracuse et à 
beaueoup de vìlles siciliennes où Ton dressait des coursiers pour 
les grands jeux de la Grece. Le cocher est véiu d une robe 
comme on le remarque constamment sur lesmonuments grecs ; 
à Texergue, un lion courant ainsi que sur une médaille de 
styie ancien des Léontins. Un tei symbole ne s'explique pas 
fiicilement, à moins qu'on ne le considère comme celui de 
TAfrique, puisque les Lybiens le placaient sur leurs médailles* 

Entro leDémarétion etlespentecontalitronsdun travail ré- 
cent , on observe une lacune considérable , car ceux de transi- 
tion manquent , et Ton arri ve , sans ìntermédiaire , de la fabri- 
que ancienne à celle des plus beaux temps. Ne doit«on pas 
supposer que depuis Gélon jusqu*à une epoque assez éloignée 
de Ini on ne frappa plus de médailles comme le Démarétion , 
et que lon en reprit Tusage rers le règne de Denys lancien ? 
Mais dans ces belles monnaies, qui font Tadmiration des savans 
et des grayenrs, ce n'est plus le Démarétion que nous Toyons , 
c'est une sorte de restitution comme les Romains en firent si 
fréquemroent. Les médaillons (z) ont tous un quadrige pour 
rerers; AB A A est inscrìt sous les armes à Texergue, et se Ut 
toutes les fois que le flan est assez étendu. liCS tétes offrent 
deux variétés : les unes sont couronnées de roseaux et le mot 
ETAINE se trouve grave au-dessous; les autres ont les cheveux 
retenus dans le reticulum et portent KIM ou KiMfìN écrit 
tantòt sur le bandeau de leur coiffure, tantót sur le daupbin 
nageant en bas. Quels sont ces nomsP sont ils de roagistratsou 
de graveurs ? jlnclinerais volontìèrs pour cette dernière opi- 

(i) Planche XIX ^ a*» a et 3. > 



86 1. MONUMEWTS. 

nìon, puisqu'ils sont tracés en caractères trop fins^ et places 
d*une manière trop accessoire pour ètre des noms d*éponymes, 
Syracuse nous offre eneore Texeniple du nom Euclio, grave 
dans les replis de la mitre d*une femine; nous voyons aussi^ 
sur une médailie de Cydonia de Créte , le nom de 1 artiste 
écrit eh petits caractères : neyAntos EnoiEt. A Métaponte^ 
ApoUon^ Arislìppus(i) j sont graiés sous le buste de Bacchus 
et sous celui dune femme. A Catane, les mémes initiales 
EYAINE, sur un petit tableau portq par la Yictoire au-dessu& 
d un quadrige. (a) 

Je n ai pas besoin d ajouter qu à Texergue du revers des 
pentecontalitrons le mot A0AA. n*est que Texplicatioii des 
armures d*hoplite composées du casque, du bouclier, de la 
cuirasse et des cnémides, récompenses que Fon décemait auz 
vainqueurs des courses. On doit remarquer que lexergue des 
pentecontalitrons du beau temps est rempli de signes deWic- 
toire comme celui du Démarétion, si notre conjecture au 
sujet du Uon parait fondée. Dans ces mémes médaillons, le co* 
cher tient de la main gaucbe les rénesqui partent directement 
de la bouche des chevaux du còte droit, tandis que du còte 
gauche elles passent devant tous les poìtrails , depuis le cheval 
de droite jùsqu'à celui de gauche. Ce singulìer harnachement 
se motive en imaginant que le stade se doublait en tournant à 
gauche puisque les rénes étaieqt tenues de ce còte, et qu elles 
étaient disposées de manière à faciliter au cocher le moyen de 
ferreria borne. Aussi yoit-on le conducteur^ penché en avant, 
frapper aree sa baguette le cheval de droite et retenir la main 
afin d'exécuter ce mouvement de conversion subite \ les che- 
vaux les plus voisins du tournant sont dans une pose con-* 

(i) Les initiales AIIOA, AIIOAAnN,, sont probablement celles du nom 
ApoUonius. 

(a) Cet exemple, quoique fréquent, ne proure pas néanmoins d'tine ma- 
nière pósitÌTe que Ton ne puisse conibndre les nome de grayeurs et d'épo- - 
nymes, le plus souvent abrégés, comme dans ETAINE, ETKAEI, KIM, nAPME, 
les noms syracusains laissent méme de iTncertitude sur leurs terminaisons ; 
Velia nous offre aussi de grandes variétés; le nom *IAlSTmN est cache sous 
le cimier d'un casque de Minerye , et les grandes initiales 41 se trouTent 
gravées au champ du revers : est-ce le méme nom de ehaque coté? 



DO , DÉMARÉTIOJy. 87 

trainte, et arrétés sur leurs jarrets tandis que ceux d^ droite, 
excités par la baguette^ se portent en avant pour achever cette 
évolution. Cette heureuse idée a permis au graveur de faire 
apercevoir tous le^ coursiers sans manquer aux loìs de la per- 
spective , et de leur donner en méme temps un mouncement 
gracieux et varie. 

Un peu avant la domination romaine , Hiéron II voulut, en 
mémoire de ses aieux, frapper des pentecontalitrons à son 
effigie; il ne cliangea que la téte et conserva le revers ; seule- 
ment la fabrique en est moins belle , et Texécution moins 
grandiose, (i) 

Les observations que je viens de présenter sur les médail- 
lons de Syracuse m'obligent de donner quelques éclaircisse- 
mens sur une monnaie du méme poids existant à la Biblio- 
théqùe du Roi , et attribuée à Agrigento . Sa description est : 

AkpAfas. Figure virile nue> avec une légère draperie 
flottant sur ses épaules, eonduisant un quadrige au galop a 
gauche. Au-dessus , aigle volant et portant un serpent roulé 
autour de luì; à Texergue, crabe renversé. , 

1^. Deux aigles dévorantun lièvre; dans le champ, uQe san- 
terelle. 

L'authenticité de ce médaillon semble xfort suspecte: i®. son 
exécution, sa tranche et sen aspect general inspirent des 
doutes; a°. plusieurs fautes sy font remarquer. Le cocher est 
nu contre Uusage Constant des médailles antiques représen* 
lant de semblables sujets ; on ne voit poinl de crabe renversé 
sur les médailles d A grigente, dont la legende ordinairé est 
AKPArANTOS ou AKPArANTiNON , et non AKPArAS, à moins 
que le type ne représente le fléuve Aera gas. L aigle volant et 
le serpent autour de lui n'ont rìen de commun avec une 
course de chevaux. 

Les animaux du revers sont d'un mauvais travail, qui ne 
ressemble point à celui des petits médaillons d'Agrigente avec 
le méme type. La sauterelle se trouve là sans ràison apparente, 
car l'on ne voitni épi ni piante qui puisse la motiver. Ses di* 

(i)PlancheXIX,n<»4. 



88 I. MONUMENTS. 

mensions par rapportaux aìgles sont ridìcules. On désignerait 
fàcilement les prototypes d où lauteur de ce médaillon a tire 
ses figures et ses sjmboles. Le cocher est pris du genie ailé et 
nu qui conduit nn quadrige sur. un tétradrachrae de Syra* 
cuse; seulement ici, en supprimant ses ailes, on lui a retran- 
che sa divinité, sans songer qu il ne pouvait dès-lors rester nu. 
Les cbevaux sont imités d*un autre tétradrachme de Syracuse 
ou Fon Toit la téte de Proserpine les cheveux flottants en ar- 
rière. L aigle est empruntée à deux médailles de Gélas ; le ser- » 
pent est un embellissement créé par le gravenr (i) ; le crabe à 
l'exergue est tire de plusieurs médailles de Catane. Àu revers^ 
les aigles et le lièvre sont pris de médaillons plus petits et plus 
anciens d'Àgrigente ; la sauterelle , des monnaies deMétaponte. 
Réflécbissons encore que les deux faces de ce médaillon ne 
sont que deux types de revers siciliens accolés, et sans hésiter 
daTantage nous Jaisserons a Syracuse, seulement, llionneur 
d'aroir fabriqué les plus belles et les plus grandes niédailles d» 
1 antiquìté. Due db Lutnbs. 



IV. MONUMENTS DECRITS PAR LES POETES. 

A M. PAIVOFKA. 
MONSIEUB, 

Vous m'ayez fait sentir le premier que Tétude de Tanti* 
quité figurée était le plus sur auxiliaire des recherches phi- 
lologiques, que Thistoire lui devait bien des ré^élations, et 
que la philosophie luì emprunterait peut«>étre quelques lu- 
mières. Sous vos auspices, et encouragé par votre bienreillante 
amitié, jai pensé que cette science m'offrirait moins d'ob- 

(i)L*idée de Taigle entouré du serpent est pent-étre un plagiai d'un bronze 
de G'otone au revers de la téte d^Hercnle. Dans les deax médailles de Gélas , 
l'aigle troie derant le char et au-dessus des cfaeyaox ; il est là comme symbole 
de yitesse et de la protèction celeste. Mais que siguifie sur le médaillon pre- 
tenda agrigentin ce mauvais augure et cette idée conrpliquée du serpent 
roulé autour de Taigle ? Un tei entassemeut n'est pas assurément dans Le 
caractère ni le seutiment des artistes anciens. 



MONUMENTS 1>ÌCKITS PAR LES POÈTESl. Sq 

staeles, et que mes premiers pas seraient moins incertains^ di- 
TÌgés par un tei gnide. Je m'estimeraìs heurenx si cet essai n*en 
paraissait pas trop indìgoe^et sii pouvait, en obtenant votte 
suffrage^ mériter Tindulgence des iecteui*s de vos Annales. 

Si rintelligence des vases peints a pu servir à expliquer les 
ìntentions de la poesie et à résoudre les énìgmes des textes, pour* 
quoi ne trouverait-on pas dans les textés mémes des notions 
utiles sur les monuments de Tart ? On regarde généralement 
les descriptìons poétiques d^armes , de vases , de meubles ou 
d'édifices, oomme des ouvrages de pure imagination : cest 
juger l'antìquité à travers le prisme des 'temps modemes^ et 
confondre les sièclesd'imitation, avec les époques oh laliùéra* 
ture est toujours lexpression d une pensée originale. Gette lit- 
térature est vraie , elle est mème historique , car elle ne copie 
que la nature et la société. Les pjemiers chants ont été les 
premières histoires : or, si Tépopée homérique a représenté 
fidèlement les moeurs desi rois et des héros, arde les incidents 
de leur vie aventureuse , n'est-il pas naturel de penser que les 
vérilables traits de Tart naissant s y conseryent à còte des pein- 
tures loeales et des fables j^pulaires ? On sent en effet , dans 
ces descriptions, à la fraicheur des détails et à Tharnionie de 
l'ensemble I que les monuments qui j revivent ne furent 
point des combinaisons fantastiques; on sent que l'art pourrait 
ranìmer ces tableaux conservés à la postéritépar le genie de h 
poesie; n'en doutons pas : le chantre de ces vieilles annales a 
eu sous les yeux ce qu* il dépeint , ou du moins il n'a créé qu'fin 
imitant la réalité , et ses portraits ont eii des modèles. L*exac- 
tìtude des détails n'est point particulière à Homère; tous le& 
poètes des beaux temps de la littéraiure grecque ont comme 
lui cette naiveté d'images qui est lerefletdela nfiture. Mais 
quand Térudition a découvert dans les souvenirs poétiques les 
traces d'un monument qui exista réellement, eKe n'est point 
satisfaite encore. Bientót appelant à son secours le genie de lar- 
tisté, elle cherclie à recomposer sur la description du poète ce 
qu*il a vu , senti et admiré; et si elle n'y réossit pas toujour&, 
ses fautes mémes Vinstruisent. Cest ainsi que les essais de res« 



go I. MOHUMENTS. 

titutions, déjà connus da monde savant, peuvent encourager 
à de nouYelles tentatives : on nous pardonnera de nous étre 
laissé séduire à cet éxemple. En évitant d'aborder des diffi- 
cultés trop élevées, nous n'aurons point à craindre dedébuter 
par de graves erreurs. De plusìeursexplications dont les poètes 
grecs ont foumi le texte, et auxquelles ces réflexìons doWent 
iservir d'introduction , nous ne donnerons aujourd*hui que la 
première. Elle a pour objet de fixer le sens^ des figures d'un 
vase champétre décrit par Théocrite dans sa première idylle; 
les Ters grecs , mis au bas de notre traduction , feront mieux 
apprécier la lecon que nous avons suivie. Nous désirons^ sans 
Tespérer, que le crayon de quelque habile artiste reprbduisey 
s'il est possible, sous leurs traits originaux, les scènes dont ce 
commentaire aura peut-élre fixé les éléments. 

(x) « Si tu veux chanter, comme tu chantas un jour^ pour dis- 
« puter le prix au lybien Cbromis, je te donnerai une chèvre 
« qui a porte deux petits; tu pourras la traire trois fois, et^ 

(i)Théocrit. Idyll. v. a3-6i ed.Boissonad. 

A» >^ > » / 
i CI K tùttOJfiy . 

Aìy». ri Tòt ^tia-a ^i^ufittroKcf te rfi)f tbfii?^ty 

K«/ Qtt^v xtawQtovy KiKXva-fAtiùi àì^i'i ««pM, 
A^^SiSy fioliv^tfy in yXv^tivoto vùtót^ói, 

Ktwof iMjcfur» KtKOito'fittiros' à ^i k»t ttirof 
XétpFS tXi\ ùXuTAt ùyttXXofittm xfofciivrt, 
Efroa-B-tv Sì yow, ri B-t£f SkiìdXfiUy rirojtrmy 
jLncifTtt ?rt^)kùt Ti 9^ etftvoxr 9r»p Si oì uvS^tg y 
SjìX99 i^UfirSóitrtty àfiùotSaSìf ÌAA«S-«y «AAoF 
Nc^s/tfo^-' imitavi' T«J^ 00 (fftfòs ivir^m mrZgi 

K>XQ%tt. S' ttV WOrì TA9 piTTit fÓóV 0<- S* w' Ìft/T9S 

AnB-tt xnXùtSìimns irtiatA fto^éMém, 
Tots St fKtrttyftvtig Ti yipai9 vrirpa Tt^é^vnfjitt 
Atf/e^asy if et oiciìiS'm fclytt SUrvov ir^óxov tXxit 
O «•p«o^»f , ti^fovTLTó ««pripi y «H^pi iotxtif. 



MOirUJtfENTS DJÌCRITS PAR LES POÈTES. 9I 

« quoìquelle ait deus chevreaux, elle remplira pour toi deux 
« Tases à lait, et un profond cissybion enduit du miei le plus 
« doux;garni de deux anses^ il sort des mains de Tou-vrier et 
« sent encorele cisean. Àutour des lèvres du vase se déroule un 
« lierre diapré de riiélicryse, dont le fruit dorè orne les contours 
« de la guirlande; en dedans de la bordine^ est gravée Timage 
« dTune femme, chef-d'oeuvre des dieux , dont uti voile et un 
« bandeau composent la parure. Auprès d'elle, deux hommes, 
« à la chevelure elegante , s adressent tour à tour des propos 
« ìnjurieux ; mais son coeur n en est point ému. Tantòt elle r.e- 
« garde Tun en souri^nt, tantòt elle toume rers lautre sa 
« pensée , tandis queles yeux enflammés ^ ils se tourmentent en 
« vain. 

« Àprès cette scène , Tartiste a grave un vieux pécheur et un 
« rocher escarpé , près duquel on volt le vieillard trainer un 
« filet immense y qu'il valancer et qui semblelui coùter de pé- 
« nibles efForts. On dìrait qu'il emploie à cette péché tonte la 

4>tfi9? »cy *fvim »ìy ooiay oQ-tvóf iXXowttittfy ' 

Km) TFùXtaì 9*$^ iofrr T« ^i rB-ivos «t%uit tiSag, 
TorB^ov ^oovot ^xaB'tf iXiT^vrotó ytùoìros 
/ Ilvf fatai f f«t^ttXctta% xttXov SiSftB^v ÀXéfa' 

T«y oXlyos rts fcSfOf f ^' atfcanetm (pu^avti 
W/ztPOf ufccp) éi fitì fi* àXtlTFtttff. ^Afttv «/ «p;b«? 
^otT^y o^fofctvet rat rfoì^tfcór «^ i?rt yrij^ttt 
Utufra ^oXof tììì^^itcì , ro vatXov éù ^p/v iv^nn 
^krìy 9rp/y 9 àx^irtfOf ÌttÌ in fatai x«d-/|if. 
Atfr«p oy titB-tfttttffvt *a>Mf %3<tKtt axft^^B'ituùf y 
^j^éiva i^ttf/AOT^tir fiiXtrctt /i 0/ éurt Tt Trijfttfy 
OoTt ^vvàh róovfuvf cc^f srep/ ^Xtyfcttrt yat^-u. 
IlttvTU ^ àfit^) J^gr«$- vrift9FÌ9rvarttt vyp«$' atutfB-ùfy 
AU?aKO¥ Ti B-infut* rif^f xt TU B-Vftcv àrilittu 
Tm fiìf iym Ttof^fcu KaXuìmiai ajyu r' t^atut 
Qfovy f^ TVfùtfra fùty«t9 Xtvxé7é yttXaxrof 
Ov^fi rt «*« 9fùt) >^e7A0^ iftov B'iytfy àxx' trt »c7r«# 
Azf^fféf. TS x/y TV fùttXM TTfo^ft/f iftotttfutity 
AtxM fiot TV ^Ixts rùv i^ifiùtfof v/My«y àiioi^f» 



ga . I. MOECUMEETTS. 

« force de 869 membres , tant ses Teìnes gonflées ressortent sur 
« son cou ! malgré les cheveux blancs qui couvrenl; sa téle, il 
« conserve encore toute la vigueur de la jeunesse. 

« TQut près de ce vieillard, dont la vie a été battue par les 
« tempétes , une vigne feconde se courbe sous le poids des 
» grappes mùries; un jeune enfant la garde, assis auprès d*une 
« baie d'épines. AÙtour de lui sdnt deux renards: lun parcourt 
« les sillons,.fourrageant le raisin, Fautre tourne cpntre la 
« besace de Tenfant toute Tadresse de ses ruses , et se promet 
« bien de ne le quitter qu après Tavoir mis à sec, et lavoir affamé. 

« Celui-ci, tout occupé de tresser une jolie cage à cigales, 
n avec.des épis quii entrelace de jonc, ne s'inquiète ni de la 
« besace, ni des raisins autant que du tissu qui le cbarme. 

•e Tout autour du dépas s*étend un acanthe flexible , ouvrage 
« de l'art éolien ; on ne pourrait le voir sans ladmirer. Pour 
« obtenir ce vase , j'ai donne au nocher de Calydon uneohèvre 
« et un gros fromage de làit blanc; il n'a pòint approché de 
« mes lèvres et je le garde encore intact. Mais je te le don- 
« nerai de grand coeur, si tu veux me cbanter rhymne qui ma 
« charme. » 

Le poète a désigné ce vase ìrustique par les deux noms de 
cissyhipn et de dépas : le preniier est un mot générique qui ^ 
désigne toute espèce de vase couronné de lierre (i); il semble 
dono avoir élé employé ici poétiquement : ce qui le prouve 
encore, c^est que le cyssibion na qu une anse, tatìdis que le 
dépas en a deux (2), comme celui dont parie Théocrite. 

Il s'agit de déterminer la place quoccupaient les sujets gravés 
sur ce monuBieut : le mot vr^vQ-tv^ mal expliqué, parait avoir 
induit en erreur tous ceux qui ont traduit oes vers, et le sebo- 
liastQ. lui«méme. Le sens veut-il , comme ila l'ont entendu , que 
rintérieur du vase ait recu ces ornementsP Je ne erpispas que 
sa profondeur (ftcS^J xtmQtóv) permette de le supposer ; et 
d'ailieurs on n*a pas d*exemple que Vintérieur d'un vase soit 

(i) Panofka, RecLerches sUr le« yéritables nom« des vases grecs, et leurs 
usages^p. 3f. 

(a)/^iV/.,p. 32, a3. 



M01?(UMENTS DÉCRIT? PAR LES POÈTES. gS 

charg^ de figures en reliéf , tandìs que Feitérieur il'aurait au- 
cune décoration : les plus simplés notions d art conduisent à 
une conclusìon opposée. 

Souvenons-nous que les I^vres du Tase sont bordées d'une 
guirlande de lierre, diaprée d'hélicryse, et que lout amour, 
Ters le pied , règne un cordon d'acanthe flexìble ; ces deux 
guirlandes forment le cadre des sujets qui y sont renfermés, 
qui se trouvent en dedans (trroTB'tvy Mais comment les dis- 
poser? Trois scènes les eomposent, et le vase, orné de deux 
anses , n o^e que deux faces ou élles pui$sent éire réparties. 
Suppléer d*imagination au silence du poète , ne sei*aìt pas sans 
incon^énient ; mais, à défaut de notions précises, il est pos- 
sible enoore de trouyer quelqaes indices dans la valeur des 
expressions et dans la nature des sujets. 

La coquette qui, placée entre deux amants^ sourit tour à tour 
à chaeun d eux , forme eTidemment aTeo ces jeunes hommes 
le groupe principal : il occuperà lun des còtés du dépas; lautre 
sera rempli par les deux groupes qui nous restent et qui n'ont 
pds la mén^e importance , par le pécheur avec son rocher et 
son filet , et par lenfant qu entourent les deux renards. Le 
texte semble eo effet indiquer entre le sujet des amants et celui 
du pécbeur une certaine distante : apres cette scene , dit I0 
poète (wf ^t /Mi«-«); il a voiilu au contraire indiquer plus de 
proxifnité entre le pécheur et le jeune gardien de la vigne, pai- 
ces mots : toutpres du vìdllard ( rirB-ot ^'iàvov ). 

En réunissant ces deux sujets sur un seul coté du dépas, il 
ne faudrait dono conserver entre eux qu'un léger intervalle : 
pour que Texécution en ftkt naturelle; peut-étre conviendrait- 
il de les disposer dans Vordre suivant. Près d*une anse , on 
placfirait le rocher , et en face du rocher le vieillard trainant 
son filet qu il va lancer dans les flots. La mer, qui semble une 
partie nécessaire de ce tableau, n y est point représentée : pour 
rendre compte de cette omission , nous supposerons qu elle 
vient derrière le rocher battre le rivage ; et elle se trouvera 
ainsi naturellement dérobée aux regards. Vers l'anse opposée> 
la baie auprès de laquelle est assis le jeune enfant formerait , 
dans lautre sujet , le pendant du rocher ; un des renards raserait 



g4 !• MOWUMENTS. 

la baie pour surprendre la besace suspendue sur le dos du gar- 
dien insoucìant, tandis que de l'autre coté du méme gardien, 
le second renard ravageraìt la vigne , qui terniinerait le tableau 
du vieillard. 

Pour exécuter ces sujets gracieux , lartiste ne serait pas sans 
ressource , et Tantiquité figurée lui fournirait plus d*un modèle 
à imiter. On Toit au cabinet de M. le comte de Pourtalès un 
vase dont la face principale représente une femme entre deux 
éphèbes, et au-dessus une lionne entre deux sangliers, selon 
Tusage des artistes grecs, qui aimaient a figurer par des sym- 
boles d'animaux la méme idée qu exprimaient leurs person* 
nages. Ces allégories sont fréquentes dans les monuments (i), 
et les poètes en contiennent de nombreux exemples. On 
pourrait consulter encore avec fruit d'Hancarville (T. I, 
pi. 1 8 ) , qui donne une femme assise , entre deux éphèbes, ainsi 
quun vase public par Tiscbbein (vascs d'Hamilton, T. I, 
pi. 4? )} où se volt une femme entre deux guerriers, et au-dessus 
une truie entre deux lions. 

Ces détails nous paraissent assez précis pour diriger Texécu- 
tion matérielle; mais c*est dàns la pensée du poète qu il faudrait 
chercher Tinspiration qui avait produitla composition antique; 
le secret est de la faire revivre , et là git tonte la difficulté. 

Uauteur du monument n*aurait*il pas voulu faire une satyre 
ingénieuse de la vanite des désirs de Thomme et de ses efforts 
pour s'assurer la possession du bonheur qu il envie P Une des 
faces du vase exprimerait alors le coté moral de la pensée , 
Fan tre le coté physique et matèrici. 

Voyez avec quelle ardeur, Tceil enflammé , le geste rapide^ 
deux rivaux se disputent le coeur d'une jeune beante ! La pas- 
sion n'y est-elle pas rendue dans toute son energie, person- 
nifiée, dans la vivacité de la jeunesse, et dans le sentknent qui 
donne lés émotions les plus douces et les plus puissantes? Mais 
e est en vain que les amants s'agitentauprès de la coquette : in* 
sensible à leurs feux, elle semble prendre plaisir à irriter leur 

(i) Idée qi;e M. le due de Luynes a le ménte d*avoir déreloppée le premier. 
(Ann. dcTInst., i839,p. 380, »8i.) 



MONDMENTS DJÉCRITS PAR LES POÈTES. gS 

amour, pour jouir ensuite de leur désespoir. Voilà pour la vìe 
morale^ pour la vie du coeur, la Tanité de nos désirs sentie et 
peinte avec un rare bonheur. 

Toumez le vase; ce nest plus une scène de la vìe inté- 
rìeure : Thomnie lutte pour ses besoins ; il est aux prises avec 
la fortune. Nous voyons encore ici figurées^ dans la vie indus- 
trielle , cette agitation sans succès^.ces efforts sans récom- 
pense* Gette pensée est exprimée par deux scènes empruntées 
aux deux principaux états qui signalent le début de Tbomnie 
dans la civilisation ; il est en effet agriculteur ou chasseur^ 
mais chasseur , ici de gibier, là de poisson. Les détails montrent 
d'un coté, dans la misere du vieux pécheur et dans sa vieillesse 
vigoureuse encore^ la faiblesse de Tbomme contre la nature; 
et de l'autrCi dans l'incurie du jeune enfant , les dangers aux- 
Hjuels il est exposé méme au sein de la possession. 

LéonFaugher. 



V. VASES PEINTS- 

ÌSOPRA IL DIPINTO d'uN VASO FITTILE RAPPRESENTANTE 
IL RATTO DEL PALLADIO. 

TRADOTTO DAIi TEDESCO. (l) 

(Tai^ola d* aggiunta i83o. D.) 

Il disegno che noi poniamo in luce è tolto dal dipinto di un 
vaso fittile che dicesi trovato nel circondario di Guma. Sulla 
base, da semplice listello formata^ s'innalza d* un piede o circa 
questo vaso, allargandosi alquanto nel ventre, finché^ tornando 
a restringersi , si congiunge al collo anzi lunghetto che nò , al 
quale duemanichi si attaccano di elegante forma. L'argilla non 
n'è sì leggiera e fina, né la vernice .sì lucente, come ne' bei 
vasi di Nola d' ordinario s'incontra; ma in ciò più si accosta a 
quelle che ci provengono dagli scavi di S.-Agata de' Goti. Le 
figure son disegnate con più di rozzezza che d'eleganza, e nello 
stile non appare quel bello, che si mostra nel vaso da aoì re- 
centemente pubblicato col titolo ; VEroe in traccia di sua 

(i) Dall'autore medesimo. 



g6 I. MOWUMENTS. 

^sa (i). Alcuni tocchi di colore bianco e giallo, come non 
di rado in altri Tasi avvien d' incontrare , abbelliscono negli 
ornati e nelle altre cose accessorie il disegno lineare sopra 
fondo rosso : e sebbene accadesse anche a questo vaso d'esser 
trovato in più frammenti diviso e rotto, nondimeno potè es- 
sere cosi felicemente restituito che tolti due soli pezzetti che 
mancano nella parte postica , senza danno delle cose dipinte y 
tutto è a meraviglia ricollocato al suo posto. 

Il quadro del cui argomento ci facciamo a dare spiegazione 
e delineato sul davanti del vaso \ ne' lati al di sotto de' manichi 
si veggono ornamenti bellissimi di fiori architettonicamente 
disposti^ e sul di dietro v'ha due di quelle figure comuni 
d' uomini che sunno nel mantello avvolti sino al mento ; d'altri 
ornamenti non v' ha che due liste a onde di mare ed altra guida 
di fiori a color bianco e giallo. 

Nel mezzo del quadro sta un basamento di tre gradini sopra 
il quale una colonna scannellata s'innalza, che, dipinta a giallo 
e bianco j ha in cima un capitello d' ordine ionico : sul più alto 
del basamento è seduta una donna, la quale premendo col pie 
dritto il più basso gradino > e col sinistro il gradino mezzano, 
tiene con ambe le mani un' urna ad un sol manico , poggian- 
dola sul ginocchio da manca. I soliti colori ^ bianco e giallo , 
furono usati a decorare anche X urna e la scalea; ma il tempo 
e la frattura li fecero in quest' ultima quasi del tutto svanire. 
La donna ha neri capelli e tagliati cortamente in segno di mes- 
tizia ; una tunica stretta e, senza pieghe , quasi fosse di pèlle o 
d' un tessuto di crini, la veste , e il manto dalle anche sino ai 
pie nudi la ricopre. Questa figura s'è bella nel motivo^ è ben 
più negligentemente disegnata dell' altre. 

Alle spalle dell'afflitta donna tutta immersa nel suo dolore , 
sta un uomo imberbe , vestito di corta clamide affibbiata so- 
pra la manca spalla e ricoperto del pileo ovale, comme in più 
monumenti i Dioscuri ed altri eroi celo mostrano ; il pie calza 
breve coturno e intorno alla coscia dritta s' aggira un' armilla 
di circelli ; un eguale ornamento gli cinge il corpo scendendo 

(i) In tedesco die BrauUchau^ BerUno, t8a5. And»idiie i vasi portati a 
Berlino dal conte d'Ingenheim si trovano adesso nella collezione del Rè. 



IL RATTO DEL PALLADIO. 97 

dall'omero sinistro sino dll* anca destra, e qualche abbelli- 
mento consimile si vede ancor negli stivaletti : l'inferiore 
estremità del pileo ed i sopradetti circelli sono dipinti a giallo 
e bianco^ che fa rassomigliare di molto quest' ultimi all'ambra. 
L' el*oe tiene nelF alzata destra una benda ripiegata a guisa di 
cappio , di cui r un lembo pende libero , e T altro , a cui s'at- 
tacca una foggia di fet'maglio, è stretto nel pugno sinistro; 
r occhio di lui non si appunta al sepolcro, ma intende a ri- 
guardare altra figura di donna , che, mossa da maggior distanza, 
^ s' avanza verso di lui alla vista del cenno eh' egli le fa con Y al- 
zata benda in atto convenuto. 

Quest' ultima donna ha biondi i capelli orniati di bianco e 
giallo, e ricinti, ma corti, siccome l'altra del sepolcro; sopra 
lunga e ricca tunica ^ che discende sino a toccare il pie calzato, 
porta il manto, e stringe colla destra, ed a se davanti sol- 
leva verticalmente un arnese, il quale, in forma di semplice 
bastoncello, dove nel pugno di lei s' interna, ha nell'estre- 
mità ch'evolta in alto, una specie d' ingegno da^chiave^ da cui 
dipendono due fila di perle terminanti in fiocchi; colla stanca 
mano tien sollevato il palladio. 11 di lei guardo s' indirizza ali* 
eroe ed a Ini sembra iiar cenno di risposta coli' arnese che im- 
pugna nella destra. 

11 palladio è una statuetta di legno, Xoanoriy rappresen- 
tante una figura donnesca, la quale, vestita di lunga tunica, 
stretta dal cinto ne' fianchi, sorge sovra base quadrata. Co- 
perto il capo dell'elmo, imbraccia alla sinistra uno scudo di 
forma rotonda, mentre colla destra brandisce una lancia, vol- 
gendone in se minacciosamente la punta. £ tale si vede co- 
stantemente il palladio ancor sulle gemme e sulle monete, 
senza mai un esempio che confermi il detto d'Apollodoro 
(3. la.Jcum notis Heynii) e d'altri che vogliono il palladio 
coìr emblema della conocchia^ 

Queste sono le tre figure che formano il soggetto istorico 
del nostro vaso; resta ora a vedersi chi desse sieno ed a quale 
avvenimento si debbano rapportare cosi atteggiate. 

Il palladio, che la dònna in piedi solleva colla mano, ri- 
chiama qui principalmente 1* attenzione, e dee servir come di 

7 . 



C)8 I. MONUMEWTS. 

chiave per lo scioglimento della questione. Imperciocché il 
Xoanon caduto dal cielo è chiaramente caratterizzato e può 
dirsi meglio che in qualunque altro monumento ; della cui 
favolosa storia non riporteremo se non quel tanto che si rende 
necessario per la nostra questione. 

Ilo, nel fondar Ilio, propugnacolo di Troja, avendo pregato 
Giove perchè glidesseun segno di sua approvazione, la seguente 
mattina trovò innanzi la sua tenda il palladio ; per cui quel rè gli 
eresse espressamente un sacrario, e ne surse la generale credenza, 
che la città non verria giammai espugnata se quell' immagine 
noii fosse dal suo posto rimossa. Ilqual ultimo fatto essendo poi 
accaduto, variano di molto e poeti e mitografì nel narrarcene i 
particolari. V ha taluno che il descrive assolutamente come un 
rapimento. Ulisse e Diomede avendo di notte scalate le mura, e 
insinuatisi nascosamente nella cittadella, forzarono la porta del 
tèmpio e ne rapirono Fimmagine, recandosela al campo de' Greci 
(cf. Conon Narrat.,34). Così vediamo rappresentato nel bel 
bassorilievo del palazzo Spada in Roma, dove Ulisse, sguainata 
la spada, fa d'ascolta alla porta del tempio, in cui è già per forza 
penetrato Diomede e n' esce coli' idolo in mano. Sovra gemme 
pur anco si rinviene così riportato il fatto, e talora colla ag- 
giunta di una donna, da credersi evidentemente alcuna sa- 
cerdotessa che si prova d' opporsi alla violenza (i). E in altri 
monumenti s' incontra di più la guardiana distesa morta sulla 
soglia del tempio (2). Nel nostro vaso per altro la pittura ci 
mo&tra ad evidenza più una clandestina e concertata consigna 
che im rapimento consumato a forza aperta : né , a quel che 
pare, si ha antica testimonianza che per tal modo ne racconti 
l'accaduto. Ma tiriamo innanzi. 

Le lunghezze della guerra avean rese le cose di Troja sem- 
pre più difficili, e già s' eran manifestati nell' interno discordi 
pareri; che chi parteggiava per la pace, chi per la guerra. 
Alla testa di que' della pace s'eran posti Antenore ed Enea, 
prodi guerrieri ed eroi, e principi di sangue reale. Primeggia- 
ci) MÌUin : VEnlèvement du Pallaàium, Paris, i8i4. , 
(1) Levezow : Ueher den Raub der PafUtdiumy fig. /J, §. 7, 10. Braun- 
•chweig» 1801. * 



IL RATTO DEL PALLADIO. 99 

vano tra quei delia guerra Priamo co* restanti suoi figlia 
che ricusarono di restituir Elena co' tesori insiememente 
rapiti. Infrattanto si die mano a finte pratiche e simulate 
trattative co' greci ambasciadori per mandar le cose alla lunga, 
e fra questi maneggi Antenore palesò il secreto, che cioè 
Troja non cadrebbe in mano de nemici finché il palladio si 
stesse fra le sue mura, Perlo che gì' inviati , Ulisse e Diomede, 
si adoperarono per quanto era in loro potere per indurre An- 
tenore a farli ricchi di quella preda da cui pendevano i destini 
di Troja. E cosi accadde che Antenore, venuto furtivamente 
nel santuario di Minerva , costrinse con promesse e minacce la 
sacerdotessa Theano (la quale, secondo Omero, IL, 6,^ 29^9 era 
moglie d'Antenore) a concedergli di toglier seco il palladio, 
il quale consegnò ad Ulisse e Diomede, che al campo greco il 
mandarono. Cosi Dictys di Creta ( 5. 5, 6. 8. ) ci narra F evento 
del fatale simulacro. ' 

Ma se facciamo X applicazione di questo racconto col di- 
pinto del nostro vaso, ci accorgeremo di leggieri che non basta 
a spiegarne il soggetto rappresentatovi , e che dovette di ne- 
cessità esistere ancora altro racconto di questo fatto : imper- 
ciocché si rileva chiaramente nel nostro disegno non essere 
Antenore cui la sacerdotessa consegna la statuetta, ma alcun 
altro de' Greci co* quali ella stessa aveva occulti maneggi senza 
altrui intervento. Ma qui sorge novello imbarazzo dal non 
conoscere qual fosse la causa che indusse la Theano a si grave 
eccesso. Intanto riandando i luoghi addotti di Dictjrs ci vien 
fatto palese che Diomede ed Ulisse, essendo ambasciadori de* 
Greci per concordare la pace , goderono ospitalità presso An- 
tenore , dove si rendeva facile un avvicinamento, e un segreto 
accordo anche con Theano moglie d'Antenore. E Suidas^ 
(voc UmXkihév) narrandoci la consegna che la suddetta Theano 
facea dell' immagine effettivamente ai Greci, sembra averne 
tratta la notizia da antica sorgente. < 

Nel nostro disegno la Theano ha già rimosso il simulacro dal 
santuario e sta, secondo il convenuto, aspettando nel silenzio 
della notte il Greco , il quale, mostrandosi al luogo stabilito 
presso il sepolcro, far dovea il segno d'intelligenza, e^ cambiato il 



lOO I. MONUMENTS. 

contro-^egno, dovea avvicinarsi alla fortezza, quando raggio di 
luna non rischiarasse le tenebre, per ricevere la statuetta che^ 
attaccata alla corda, le facea Theano discendere dall' alto delle 
mura, per portarla quindi sicuramente ai greci accampamenti. 
. Ma chi era il Greco ? 

Qui non si può pensare ad altri che a Diomede ed Ulisse; 
convenendo in ciò tutti i racconti, che*questi due soli eroi 
fossero nel ratto del palladio implicati. 

Ma qual de' due ? 

E la nostra risposta sarà Diomede^ Nella quale sentenza ci' 
trae principalmente la figura imberbe dell* eroe che tale ci si 
presenta in tutti i monufnenti degni di considerazione , mentre 
Ulisse è costantemente ritratto d'età matura e colla barba ai 
mento. Diomede fu ancor quello che al ritorno dalle piagge 
asiatiche nella Grecia seco portò il palladio in Argo sua patria. 
D' onde fu posteriormente rapito una seconda volta, e traspor- 
tato a Sparta al dir di Plutarco (Qu«st. graec, p. 3o2), per 
collocarlo nel tempio che i Lacedemoni edificarono in onore 
d* Ulisse, perchè, la sua moglie Penelope essendo spartana, U 
riguardarono come loro congiunto. E qui fa mestieri accennare 
che se nella collezione d'Hamilton y pubblicata dal Tischbein^ 
esiste un bel vaso , sul quale viene Ulisse rappresentato imberbe, 
e con pileo in testa ^ in atto di combatter il cinghiale, da cui, 
giusta il noto raconto d'Omero (od. XIX, Spo), restò egli ferito, 
è ben altretanto vero che queir avvenimento ebbe luogo nella 
prima gioventù d'Ulisse e avanti la guerra di Troja. , 

Rimane ora a parlare della donna che mesta siede presso 
il sepolcro tra la Tbeaho e Diomede. Dessa in vero nulla 
ha di comune collo spiegato argomento : imperciocché il 
sepolcro ove siede piegata sull'urna, dee intendersi assai più 
indentro nel quadro; e noi siamo di parere che l'artista pren- 
desse la composizione del suo disegno da alcuna scena tea- 
trale (i), ma difEcilmente entreranno nel nostro divisamente 
coloro che non hanno bastevole conoscenza della costruzione 

(i) Si sa del resto che nelle pitture de* vasi s'indicano solamente le figure , 
e mai una prospettiva per il fondo , come si fece nei quadri propriamente 
detti. La località , il sito e la prospettiva nelle pitture de' vasi bisogna aggin* 
gnere di fantasia. 



IL BATTO DEL PALLADIO. lOI 

della scena del teatro greco. Su di che potrei indicare al lettore 
una mia opera recentemente pubblicata, che porta per titolo : 
La Dottrina degli edificj appresso i Greci e Romani (i)^ nella quale 
la disposizione dell' antico teatro si trova estesamente trattata. 
Nel nostro caso tutta la scena cònvien supporla, e cioè i 
periaktoi o trigoni versatili , obliquamente posti da un lato e 
dall' ahro sino al sipario di prospetto, onde vien racchiuso il 
logicon , dove i personaggi stanno in azione. E quel sipario 
di prospetto, in cui si trovano i diversi passaggi e porte neces- 
sarie alla scena, presentar dee con i detti periaktoi tuttala 
veduta scenica e decorazione teatrale^ ritraendo la prospettiva 
della città é cittadèlla di Troja , il circondario e il vicino 
campo nemico : cioè dalla parte sinistra le lontananze sino al 
campo greco, alla spiaggia del mare , ed all'isole vicine; dalla 
parte destra le lontananze sino alle montagne circostanti alla 
città; e nel sipario di prospetto le mura di Troja, e più in alto 
la cittadella col tempio di Minerva ; si vedrebbero inoltre la 
porta Scea e l'alta torre, che servia di specola nel mezzo dello 
scenario ; e più basso di là di qua campagne , colline e monti, (a) 
* Disposta così la scena , Diomede giungendo dal campo greco 
comparisce dalla parte sinistra dei periaktoi, e la Theano nel 
mezzo della scena di prospetto neir alto de' bastioni presso il 
tempio di Minerva : e per tal modo il sepolcro ha da inten- 
dersi neir angolo delle verz^ure sinistre fuori della i^ittà e quasi 
nel mezzo tra i due attori principali. Lo che basterà per for-» 
marsi un' idea della situazione teatrale che può aver scelta l'ar- 
tista nel concepihiento del suo quadro. Si domanda ora qual 
monumento siasi quella tomba, e qual personaggio la desolata 
donna che vi siede piangendo p 

(i) Qaest' opera ìd-4-> con un atlante di stampe iii foglio, fonna il terzo 
tomo della nostra Storia della Architettura appresso gli Antichi : scritta in 
tedesco e preceduta di un tomo in foglio con cinquanta stampe , che contiene 
la teorica dell'Architettura secondo i principj degli Antichi. Tutta 1* opera è 
sortita dai torchi a Berlino, negli anni 1809, i8ai e 1827. 

(3) Chi conosce 1* opera inglese di Guglielmo Geli sopra la situazione di 
Troja, potrà facilmente farsi un'idea , come noi ci figuriamo una tal sce* 
nma. 



IOA I. MOWDMEWTS. 

presenta la diversa maniera dell'intero corpo d* augello, e^la 
sola testa umana co' lineamenti dì gentile donzella. 

Peitànto ci verrà richiesto se quella sirena debba ritenersi 
per mero ornamento^ o se alcun significato vi si possa appli- 
care. E noi affermeremo a quest'ultima domanda. Si tornerà a 
richiedere qual rapporto esser possa tra la sirena e il soggetto tro* 
jano di cui parlammo. E noi ce ne riporteremo aquantasegue. 

Gli autori antichi ed i monumenti ci fanno ammaestrati^ 
che fa un tempo costume di premiare i giuochi gipinici, e gli 
esperimenti musicali con olle dipinte ripiene d' olio e con 
tripodi; ed infatti queste due sorte di suppellettili si veggono 
sopra un vaso (da noi pubblicato col nome die Brautschau} 
dipinte ai due iati del soggetto principale non per altrq fine , 
senon per significare l'uso di tali premj in simili occasioni: 
si, sa eziandio che i vasi d' Atene, eh' erano destinati per quel 
uso, portavano il simbolo della Minerva, dea protettrice della 
città, E per qual ragione mai esiteremo noi a credere che altri 
simboli , siccome nel nostro vaso la sirena , non potessero aver 
rapporto con altre città ove Somiglianti giuochi si celebrassero. 

Non io per questo mi unirò al parere di coloro, i quali con 
troppa correntezza si fanno a creder che più generalmente 
d'altro uso servissero di premio i vasi dipinti. Ma senza esa- 
. minare la varietà degli usi ai quali siffatti vasi erano destinati, 
ci basterà richiamare l' attenzione del lettore a quel che gli 
antichi chiamarono Xenia , ai doni cioè non rade volte reci- 
proci in tante relazioni d'amicizia, e particolarmente ne tanti 
e diversi rapporti di religione e d'iniziazione ne* misterj.* Vasi 
dati e acquistati per tal modo furono carissimi in vita, e si po- 
sero dopo morte nelle tombe di chi gli avea posseduti, come 
. gì' infantili balocchi ne' sepolcri de' fanciulli , e portiamo opi- 
nione che la maggior parte de' vasi servissero di Xenia. Infra t- 
tanto, siccome dicemmo, una parte'' di vasi servì pur anco di 
premio ne' gimnici e musicali esperimenti , e siamo di parere 
che anche il nostro debba come tale ritenersi. m 

La sirena posta al collo del vaso dev' esser riguardala come 
simbolo della città di Napoli, per ciò che si sa che Partenope 
fù'suo antico nome, a lei dato da una sirena che cosi chiamata 



IL RATTO DEI, PALLADIO. ro5 

si crede ivi morta e sepolta, e di cui si pretende ch'esistesse 
in altra età il monumento. Rileviamo inoltre da Strabone (Y, 
p. a46), che per comando dell' oracolo celebravansi in Napoli 
e gimnici ludi e musicali , ma non abbiamo indizio della qualità 
de' premj che solevansi in tali circostanze distribuire. Ben può 
supporsi eh' essendo i Napolitani in parte originar) d'Atene 
(Strab. k c.)^ ove era in uso il dar vasi dipinti e ripieni d' olio 
in premio, avessero pure questa costumanza della madre pa- 
tria adottata. 

£ diremo in ultimo che il dramma o la trilogia per cui fu 
già dato in premio il nostro vaso , potea benissimo avere avuto 
rapporto al ratto del palladio, alla morte dei figli d'Elena, ed 
agli ultimi giorni della famosa città da Ilo fondata. 

\ Luigi Hiat. 



VI. PHILOLOGIE. 

REMARQUES d'uN ARCH^OLOGUE. 

( Tatf. d* aggiunta i83o. E. i, a.) 

Apollod. Biblioth. lib. I^ e. 4> S* ^ : 'A^Uruft ìì 'AwùXXttr 
»«/ rey 'OAtf/ctrov watìtt Mttfovaf. « Apollo n tua aussi Marsyas, le 
fils d'Olympus. » 

D'après ce passage, tous les dictionnaires de la fable répètent 
que Marsyas éXdXlfils cCOÌympus ; méme dans les ouvrages qui 
traitent en détail des religions et des mythes de la Grece, cette 
étrange genealogie a été adoptée sans la moindre opposition. 
Farmi les éditeurs d'ApolIodore^ Clavier seul en fut choqué, 
et voici ce qu'il dit à ce sujet, page 46 des notes qui accom- 
gnent sa traduction: 

« Aucun autre auteur ne dit que Marsyas fùt fils d'Olympe, 
qui était son élève suivant Platon (Sympos. t. X , pag. 257), 
et Plutarque (Sympos. t. X, pag. 157)^ et méme suivant ce 
dernier^ Marsyas en était amoureux. Hygìn (fab. i65) dit 



lo6 1. MOCrUMENTS. 

que Marsyas •était fils HOeagre (i), ce qui est sans doute une 
faute; Sévìn propose d'y substituer le nom d'Olynipe , mais cela 
me parait un peti trop éloigné de la lecoii recue. Suivant Plu- 
tarque {ibid,) , et Nonnus dans ses Dionysiaques (L. X, t. 235), 
il était fils àìHyagnis; enfin , Vàuteur des provcrbes publiés 
par Schot, daprès un manusòrit du Vatican (cent, r^ i8), ledit 
fils du fleuve Mceandre. » 

On doit regretter que Clavier n*ait pas eu le coùrage de 
pousser sa critique plus loin : car, s appuyant sur le témoì- 
gnagedesautéursetdesmonumentsanciens qui présentent Mar- 
syas toujours comme maitre de musìque d*Olympus, il aurait di\ 
nécessairement se convaincre qu'ApolIodore nepouvait toraber 
dans une pareille erreur. Jl fallait donc chercher la faute 
uniquement dans lalecon des manuscrits, ròv 'Oxvfixùv «-«i^^; et 
certes cette diction est contraire au genie de la langue grecque. 

Pour concilier le ìnytbograpbe avec la philologie , et en 
méme temps avec tout ce que Tantiquité nous a transmis sur 
les rapports qui e&istaient entre Marsyas et Olympus, je ne 
connais d'autre moyen que celuì de lire, au lìeu de «-«7^«(, 
ìFUlìkyayit, En désignant ainsi Marsyas comme pédagogue 
d Olympus y ApoUodore ne faisait qu'imiter Texemple de Dio- 
dore, qui caractérise le Sitene comme pédagogue du jeune 

BaccbuS : ^«07 i't xu) ^ttt^uyóty of xeù Tfù^iu ruìl^iT^eti Kttrcc rtcf 

oTfariUs cùùtS S/Aiyfdf. Lib. IV, 2i3, p. aSo. Par le méme motif, 
le centaure Ghiron pouvait étre appelé pédagogue d* Achille. 

Ainsi nous lisons, 'Afrc«rc<yc ^t 'AxixXav KUi rlf 'Oxiftvov Trm^et- 

yttylf ìAafTia^ : «e Apollon tua aussi le pédagogue d'Oiympus, 
Marsyas. » 

Je profite de cette occasion pour publier (Tav. d*agg. E, i) 
une belle pàté de ma collection , qui représente la téle de 
Marsyas adossée à celle du jeune Olympus, et ( Tav. d'agg. E. 2) 
une autre de la méme collection (2), où Baccbus enfant se voit 
sur le genou du Silène pédagogue. En observant la doublé 
grandeur de la téle d'Olympus, on ne peut s'empécher de 

(i) Ne seraìt-oe pas une faosse le^on pòar fils (THyagiiis. 
(a) Ces desftiiu ont la doublé grandeur des pfttes originale». 



REMABQUES d'uW ARCtóOLOGDE. I07 

préter un motif à Tarliste qui exécuta oes deux tétes dans une 
proportìon si differente. Je pense qu'il n*ajouta la téte de Mair* 
syas que pour designer plus clairement celle d'Olympus , qui 
sans un tei secours pouvait étre eonfondue avec le portrait 
de quelque autre jeune Phrjrgien, par éxeniple celui d'Atys 
lami de Cybèle, ou du ravìsseur d'Hélène, Paris. Quai^t à la 
seconde pàté, représentant 1 education du jeune Baccbus^ elle 
rappelle un peu le fatneux groupe du Louvre. Cependant le 
dessin du nótre me semble plus idéal , et réduit d*après un 
originai antérieur à Tépoque d'Alexandre. 

PaUSan. IV, IJ : Tf^^Hp^e^ ^i 'ttrrtf Ì9 Tal mS Atos ayttXfM' TÌ ì'ì- 
Hpttg KttB-tifiitof trrtp. isTi B-fiuv n«pfVr«»c ^t yintci ti t;^tt9 tutl iirt- 

« Il y a dans le tempie de Junon une statue de Juplter. Junon 
est assise sur un tròne ; Jupiter est debout. auprès d'elle; il a 
de la barbe et un casque sur la lète.» (Cla^ièr), Peut-on s'ima- 
giner que Pausanias écrivait des absurdités si évidentes ? La 
òarbe ne sert-elle pas ordinairement de trait caractéristiqiie 
pour rendre Timage de Jupiter, et Pausanias ne devait-il pas 
plutót ay^rtir le lecteur chaque fois que , par un motif parti- 
culier, le roi des dieux se presenta sous la forme d'un jeune 
hommeet imberbe ? Ensuite, a quelle epoque a-t-on tu le Ju- 
piter de la Grece , avec uh casque sur la téte (3), et quel serait 
le sens de cet attribut aùquel ni l'art ni la symbolique des 
Grecs ne nous ont accoutumés? Mais pourvu qu on considère ce 
passage siinplement sous le point de vue philologique , on doit 
s'apercevoir que les mols ^aftrrtìKt ^ì ne peuvent guère se rat- 
taeherà Jupiter, et un ancien philologue, Jmasceus^ montre 
dans cette occasion plus de sagacité que les éditeurs les plus 
récents, puisqu'il traduit. « Adstat autem barbatulus quidam », 

(3) Le Japiter inferhal, Platoo, portait., il est Trai, un casque. On se son- 
TÌent que Mercure procurait à Persée le casque du souTcrain de Tenfer 
(KvviNy Ai/oc/); mais ce dieu n'était jamais imberbe. 



1o8 I. UONUMENTS. • 

pendant que ceux-ci répèteiit la version de Kuhn , « Ad$Ut 
autem Jupiter galeatus. » 

Mais parmi les dieux grecs, quel est celui que l'art pouTait 
représenter aussi-bien barbu qu imberbe, et en méme temps 
la téte converte d*un casque, ou découverte? Ce ne pouvait 
étre que Yulcain ouMercnre: nous préférons cependant Mer« 
cure, auquel, comme ministre des dieux, la place à coté de 
Junon convenait sous tous les rapports. Cette observation 
nous conduit naturellement à ajouter après les «nots «-«pcWiyxt 
^f le nom Ae^^E^fins, en supposant qu*à cause du voisinage du 
nom'^Hp*; (4), ii pouyait échapper à la vue, ou à roreìlle du 
copiste. Si Fon désirait une preuve plus forte de la justesse de 
notre correctìon, Pausanias lui-mémese chargerà de la donner^ 
Kb. V, e. 27. 

Kt^tc?^ K9ìfif »«(< ;^<r«'y«é re tubi x^ùtfiii^a tt^t^uK^fy ùù vSf ^«ffAé^off 'irt 
JtfaB-tffiuTttt io^/fy ùìFO ^i 'AfKU^tif tic ^ift9u ^t^dTcn tS ^ìS, 'Ovttritf 
^t roy Atytfirtify ovf iì airi KtfAA<rcA9y t pytiourB-tct >iiyit tu imyfetfcfut. 

AoKtlf fiùt ^9 Tov'OvetTUfiaB-irtif « sFtuf tiu?jnTÌxtis ^9. «LeMercure 
revétu d*une tunique et d'un manteau , ui^ec un casque sur la 
tétCy et portant un bélier sous son bras, n'est point une offrande 
de Phormis, et ce sont les Phénéates de TArcadie qui Font 
dédié : on voit, par rinsorìption, que c*est louvrage d'Onatas 
d'Egine et de Callitélès, qui était, à ce que je crois, l'élève 
d'Onatas ou bien son fils. » ( Claifier. ) 

Puisque ce Mercure sortait de l'atelier d'Onatas^ chef de 
Fecole d'Egine, il devait nécessairement avoir une barbe poin- 
tue^ telle qu'elle est propre aux statues de ce dieu, travaillées 
dans le style éginétique. 

s. in. 

Plin. Hist. nat. Uh. XXXVI, v, 4. 

Phidiam clarissimum esse per omnes gentes quce Jovis Oly rapii 
famam irUelligunt, nemo dubitat : sed ut meritò laudari sciant 

(4) On pourrait penser à "Apiic, fìls de Junon; mais celni-ci ne pouvait 
guère se passer du casque, et Pausanias aurait du le designer par des allri- 
buts, tcls que la cuirasse , la lance, le bouclier. 



REMARQUBS D*UN ÀRCHÉOLOGÙE. IÒ9 

etìam qui opera ejus non viderurity profsremus argamenta parva 
et ingenu tantum. Nequè ad hoc Jovis Olympii pulehritiidmff 
utemury non Minervas Athenis factce amplitudine ^ mm sit ea 
cuòitorum XXVI {ebore et auro constai); sed scuto ejusy in quo 
Amazonum prcelmm ccelavit intumescente ambita parmxBy ejus^ 
dem concay^a parte Deorum et Gigantum dimicationem^ in soleis 
vero Lapithanmi et Centaurorum : adeo momenta omnia capaeia 
artis illifiiere. In base autem quod ccelatum est, Pandoras Ge^ 
nesin appellavit : ibi Dii sunt vigintì numero nascentes, Victoria 
prcecipue mirabili. Periti mirantur et serpentem et sub ipsà cus^ 
pide oeream sphingem. Hoec sunt obter dieta de artifice nunquàm ^ 
satis laudato : simulai noscatur illam magnifieentiam cequalem 
fuisse et in pands. 

^ Ce passage , faute de n avoir pas e'té lobjet d'une critique 
sevère de la part des philologues , a donìaé lieu à beaucoup de 
méprìses archéologìques, et mérite par celle raison de subir un 
nouvel examen. 

a, Pour peu qu on lise avec attentìon la phrase « sed scuto 
« ejusy in quo Amazonum prcelium ccelavit intumescente ambita 
« parmce , ejusdem concava parte Deorum et Gigantum dimica^ 
« tionemy>y on doit élre choqué du mot parmce^ qui parali au 
moins inulile, puisque le relalif wz quo nous renvoie clairement 
au mot scuto. 

Se suis dono obligé de reconnaìtre dans le mot parmce une 
glosse marginale du mot ejusdem y et en lexpulsant du texte je 
rends tonte la phrase bien plus latine qu'elle ne Test à présent. 

Scuto ejus. In quo Amazonum prcelium ccelavit intumescente 
amUtUy ejusdem concas^a parte Deorum et Gigantum dimica- 

tionem. 

b. Quant à la lecon « ibi Dii sunt viginti numero nascentes^, 
j'adopte la correctibn de M. Letronne, nascenti adstantes y et 
j'observe seulement que dans un des cahiers suivants, je sou- 
meltrai mes idees surla composiiion de ce pi^destal au juge- 
meni da lecteur. 

e. Les mots ^Victoria prcecipue mirabili^ se rapportent évi- 
demment à la phrase ^Periti mirantur et serpentem^: d'ailleurs 
<;'est la méme Vicloire dont Pausanias (lib. I, 24 , 5) indique 



no I* MOJfUMENTS. 

la hauteur de quatre coudées, et qae la déesse tenait de la 
maio gauche. 

d. Au lieu de lire « serpentent et sub ipsà cuspide CBreamsphin- 
genici je propose la lecon « et serpentem sub ipsà cuspide cBreum 
acsphingem. » Plusieurs raisons m*ont engagé à c^tte correction. 
D abord la répetitìon du méme symbole , surtout lorsqu il ne 
caractérise pas exclusivement la divini té en question (ce serait 
le cas de la chouette et non du spìdnx) ^ accuse lartiste dune 
pauvretéd*iaiagination,dontcertainement personne tie mérite 
moins le reproche que Phidias. Puis le silence de Pausanias 
(Ub. 1, 24 9 5)) qui, après avoir parie d*un sphinx sur le casque 
de Minerve, ne fait aucune mention d'un second sphinx place 
aux pieds de la déesse. De plus, je ne crois pas qu on puisse as- 
signer à ce dernier un endroit quelconque, en restant fidèle au 
texte latin. Ensuite la couleur de bronze conyient aussi bien 
au serpent, dont elle rend la couleur naturelle, quelle sied 
mal au sphinx, qui devait éire exécuté en or et ivoire. 

En dernier lieu, j'ajouterai que le serpent de bronze entou- 
rant la lance d or devait nécessairement produire un effet 
irès agréable. 

Le texte de Pline est donc à rétablir ainsi : «7/2 base auiem 
quod ccelatum est , Pandoras Genesin appellavìt : ibi Dii sunt 
viginti numero , nascenti adstantes, P^ictorid prcecipuè mirabili , 
periti mirantur et serpentem sub ipsà cuspide cereum ac sphingem.* 

D'après ce que nous venons d etablir, la Minerve de Phidias, 
dont la figure et les extrémités étaient exécutées en ivoire et 
le reste en or, portait, par-dessus sa tanique talaire^ la téte de 
Meduse en ivoire (5), sur une egide dor (6). La déesse avait 

(5)Paus.I. 24, 5. 

Avrò iì tx Tf fxl^ttVTOc tÒ oyàLhfAA Ketì Xfvffùu ^f^ro/nTtcì. Mia-m /ufV ouf 

i'n-ufyùto'fjihùi. — To ^* AyctKfAcL tjTc 'A3-iivatc o^S-ov «o-tiv ìt ;t*'^*** voìnfn kaì 
01 xatÀtÒ tf'Tfpyoy i ki^axn MiJ^ovo'mc iXc^ayTÓe c0'<riy ifATtivontfAiiiit' K«ì Ni»» 
T« •«••» n^aùfuì 7F*X^'f' «^ ^* •»■? (^•f'V forte omissum) X*^f* ^^f^ i;|^fj x«t/ 0» 

(6) Bacchylld. 17, ed. Boisson. : 

Xfn vu,f tvJ'AUùLhAì fùtùVf etc. 



REMARQUES d'cN A^CHi5oLOGUE. IH 

sur sa téte un casque d'or, décoré au sommet d'un spliinx, et 
de chaque còte, d'un grifFon en relief. La main droite tenait 
une lance dorée (7) autour de laqnelle se tortìUait un gros 
serpent de bronze; sa main gauqhe supportait une Victoire, 
et; du méme coté, on.voyait à ses pieds le bouclier magun 
fique dont la surface bombée représentait le combat des Ama* 
zones et des Athéniens, et rintérieur celui des dieux ayec les 
géants. 

Qu'on relise maintenant le passage de Pline, et l'on con- 
cevra qu'après avoir fixé ses regards sur les bas^re/iefs du bou- 
clier, des sandales et du piédestal, il les porte sur les acces- 
' soires en ronde òosse^ et commence également par ce qu'il y a 
de plus admirable, par la Victoire ; cite ensuite ce qui est déjà 
moins difficile à bien faire, le serpent, et finit par le spfainx , 
qui,parmices trois objets, était nécessairenient le moins grand. 

M. BaouURochette (8), au lieu de soumettre la restitution 
de la Minerve par M. Quatremère de Quincy à un nouvel 
examen des autorités anciennes, n'a fait que répéter les idées 
du sayant Académicien , auxquelles il ajoute mém^ quelques 
crreurs. 

La premiere concerne la téte de Meduse , qui , selon M. Ro- 
chette , était travaillée primitivement en òr par Phidias : plus 
tard, lorsque Philergus la déroba , on en mit une autre en woire 
k sa place. Cette anecdote, foiidée sur un passage d'Isocrate (9) 
mal entendu , et à l'égard duquel je renvoie'à mon expiicatioii 
du Gorgonium (Musée Blacas, pi. X), est en pure contradic- 
tion avec le témoignage de Pausanias , et ne peut étre imaginée 
que Ittrsqu'on ignore les principes de la scuipture chrysélé- 
phantine, que M. Quatremère a développés avec tant de saga- 
cité et appliqués avec tant de justesse. 

La téte de Meduse étant celle d'une femme, Phidias devait y 
employer Y woire ^ et jouir ainsi de l'avantage que ce médaillon, 

(7) Aristoph. Thesmophoriaz , v. 3a5 Keti a-v ^etyKpettìit Kofct TxnvKSTrt ^ 
;tfW9"ó^oyP<i, rioMv oÌkùvo'a n-tftfjtcixi»'^^^* *>^* cTstJfo. 

(8) Cours d'Archeologie, x8a'8, p. 355 sqq. 

(9) C. Giliim. p. a8a, ed. Cor. Suid. y. pt^eiUc, 



Ili I. MOnUMEITTS. 

à Faide de sa inatière differente y se détachait mieux da fond 
doré^ doni se composait Tégìde. 

Une seconde errear est sée d*ane polémique contre un de 
ses confrères, M. Emeric David, Voici le texte de M. Rocbeue 
(Cours d'Arch, page 356) : « Platon dit que les^^u^r^ le visage^ 
ìesmains et ìespieds, c'est-à-dire les garties nues, étaient en 
ivoire. (i) 

(i) «Plat. Hipp. maj. p. 99, §. aa , ed. Heindor/f. M. Émerìc David dit que 
ìesyttix étaient formés par deux pierres précieuses. Je n*ai trouvé ce fait-là nulle 
party et Platon , dans le passage cité plus haut , dit expressément qu'ils étaient 
dHwoire» » 

M. R.-Rochette aurait pu reprendre son confrère sur ce qu il 
a traduìt les yeux et non le milieu desyeiuc. La critique eùt été 
juste; mais, au contraire, il ne fait dans la description de la 
statue aucune mention de cette particularité des pupilles en 
couleur : ce qui prouve quìi n a lu que te commencement du 
passage de Platon ; car, voici la suite du texte, où se trouve le 
fait que M. Émerìc David a eu le tort léger de ne pas énon- 
cer d*une manière assez précise. 

D'où lon voit que si ìesyeux étaient en it^oire, commePlaton 
Va dit plus haut, les pupilles de.ces yeux étaient faìtes d'une 
pietre précieuse^ 

lei encore M. Quatremère avaìt rencontré juste, sauf le sens 
du mot ùfiotirnroty qii*il croyait pouv,oir interpréter par analogie 
et identìtéf ce qui le determina à choisir une pierre de cou- 
leur jaune pour les pupilles de la déesse, Platon me semble 
plutòt designer la convenance ou Yharmonie des couleurs, telle, 
par exemple, quun bleu pale (pour ne pas ;s*écarter de répi- 
thète y>Mu»S7Fts ) , sur un fond jauné comme Tivoire. 

Thboborb Pànofkà. 

(La suite au prochain cahier.) 



W. GELL, SDR LES ENVIROWS DE ROME. Il3 



IL LITTÉRATURE. 

I. REMARQUES 

SUR UN ESSAI TOPOGRAPHIQUE J)ES ENVIROWS DE ROME, 

Faitde iSaS a iSuS , par sirWiJjjjiAiA Gell^ memore de PJca^ 
démie royale de Berlin et des Socìétés royale et archéologique 
de Londres , grasce aux frais defou le comte de Blassington. 

(n sera accompagno dorénavant (ainsi qae le titre rindiqne) de notes alpha - 
bétìqnement arrangées , par le professenr Astoiite Nibbt.) 

La nécessité dune carte au moyende laquelle Tétranger 
paisse tróuYer son chemin pour se rendre aux sites intéres- 
sants de la campagne de Rome était si universellement recon- 
nue, que lauteur n ayait besoin d aucun autre motif pour en 
commencer Ventreprise. 

Personne ne pouyait étre guide par lancienne carte de Gin- 
golani , laquelle , indépendamment d'avoir été construite dans 
l'enfance de l'art, contient beaucoup de noms d'endroits qui 
depuis long-tenips n existent plus, tei que l'Osteria di Mal- 
Passo sur la Via Salaria. Elle fut aussi souvent dressée d après 
les descriptions de personnes qui n'avaient pas méme bien 
examiné le terrain à dix milles de la yille , ainsi quii peut 
étre prouvé par les fàcheuses erreurs commises dans le triangle 
berne par les routes Gassienne et Flaminienne, et par la ri- 
vière Gremera. La carte d'Ameti, copiée sur celle de Gingo- 
lani, mais sur une écbelle plus petite, vaut un peu mieux 
que Voriginal. — L'objet, par conséquent, du présent essai 
fut d*offrir les moyens de trouver chaque endroìt qu'on vou- 
dra dans les environs de Rome , et que , se trouvant en un 
point quelconque, le voyageur puisse sorienter sur la carte. 
Lauteur avait au commenceméntTintention d'étendre son ou- 
▼rageà une distance qui n'allàt pas au-delà de dix milles de 
Rome; il avait méme une fois Videe de donner une carte du 

8 



ff4 >^ LrrTÉmjL'n::mE, 

territoire deBoneflOiislcsnMs, ■Husrexocaiieloi^oeiirde 
la ligoe daos la dìrecuon de Socssa-Poiiictia d^oii coté , et le 
ToiMoa^e inmiédiat de rEtmrie de laatre, semblèient une 
ràìson pour abaodooner ce pnifei. Dims le coon des open- 
tions nécesssures ponr le oommencemeDt de la carte, la grande 
inégaUté de h pimpagne, et par eiHisé^pent 1 unposàbilité de 
Iter 9 par le rooyen des triangles, beaacoap Jendroits situés 
dans Teofonceinent de profondes caTÌtés aTec des objet^ plus 
rapprocbés, oblìgea rautenr de se serrir des cioies de beaa- 
coap de montagnes qai emiroonent la plaìne ; la Tallée da 
Tibre et la Vìa Salaria peoT^t étre prìses pour exemple : sì- 
taées dans la caTÌté la plus profonde et la plos basse de la 
campagne, elles seraient difficilement liées par des triangles 
uree de» endroits da milieu de la plaìne, vers Gabiì, sans 
laide des monts Soracte et Masino, TÌsibles de tonte pan 
dans le pajs» Ajant visite plosieurs points a une petite di« 
stance de Rome, joignant tant qu*il é tait possible cbaque station 
avec le dòme de Saint-Pierre ou avec les sonunets des mon- 
tagnes dalentour, par le mojen d'un sextant de poche de 
Berge, le successeur de Ramsden , lauteur était foumi d'une 
si grande quantità de triangles, que sa carte originale étant 
tout«à«fait surchargée par la quantité de lignes , il se ^t obligé 
de transporter sur une nouvelle feiiille les endroits déjà fiiés, 
après aToir yérifié de cette manière les distances et pos^tions 
relatiyes de presque chaque montagne visible de la plaine. 

Il paraissait facile roaintenant d'étendre la carte jusqu'à Ai- 
band, Palestrìna et Tivoli, et Videe de la limiter à un petif cir- 
cuii flit abandonnée ; mais on emploja plusieurs années pour 
vis iter les lieux plus éloignés , afin d*obtenir une connaissance 
précise des détails topographiques,qui, par conséqu(»it , n ont 
eté placés sur la carte qu après une vérìfication exacte; de 
cette manière , il ne s j trouve rien que 1 auteur n*ait , ou ob- 
serv^ lui-ihéme, ou era tracer dune manière satiàfaisante 
sur les lieux. -~ Les résultats de cette m^thode scrupuleuse, 
de n*admettre aucune cbose sans rechercbe exacte, s'aper- 
{oivent sur la carte méme, où quclques petits espaces ont dù 
rester incomplets et sans détails^ par exemplci la oontrée entre 



W. GELL, SUR LES EHVIRONS DE ROME. Il5 

Maglianelloet Ponte-Gàlera, sur la route de Porto ; celle entre 
la route Tiburtine et la Via Nomentana , et quelques autres 
petites portions de pays qui sont mieux dans leur état actuel 
que remplies par des objets imaginaires. Ces lacunes peuvent 
toutes étre remplies dans la suite, et la planche de cuivre est 
restée à Rome afin d y ajouter les observations qui pourraient 
• suivre. Il serait ennuyeux de faire le dénombrement des séries 
infinies de triangles observés en recueillant les détails de la 
topographìe; mais les sommets d un grand nombre d entre eux 
pris de situations dont 1 acoès e'tait souvent assez difficile et 
à une distance considérable de la ville, furent d'un grand 
avantage pour la construction de la carte et cóncoururent 
beaucoup à la rendre exacte. Farmi les endroits remarquables 
visités dans le but de corrìger la carte, le sommet du mont 
Soracte, doù l'on découvre à vue d oiseau tout le pays dalen- 
tour,avec les sinuosités du Tibre, serrit à deterroiner la po- 
sition de Civita Castellana, qui se trouve près d un des angles 
de la carte, en le liant au pie de Rocca-Romana, à Monte- 
Musino , etc. 

Roèca-Romaiia, montagne sìngulièrement pointue et pres- 
que inaccesrfble , située prèsdu lac de Bracciano etcouronnée 
d'une superbe forét de bétres, servii de sommet à de nouveaux 
triangles qui s*étendirent jusquau Soracte, Monte-Musino 
Monte^Genaro , Guadagnolo , Monte-Albano , Monte-Mario et 
Bracciano. Des tours de ce dernier endroit, une autre trian^u- 
lation eut lieu avec les sommets de toutes les grandes mon- 
tagnes et méme avec Monte-Mario, doù les observations 
fureot reprìses à Tenvers, par le moyen d'uiì telescope, et la 
situation de ce méme cbàteau de Bracciano fut déterminée 
d'une manière satisfàisante. 

Un des points les plus remarquables, et qui de toutes les 
positions fut celle qui servit le plus a la construction de la 
carte, fut Monte-Musino, colline qui, sans étre d'un grande 
élévation , est cependant le point le plus distinct d'une rangée 
d'éminences volcaniques assez hautes. Le bois de cbénes obs- 
cur qui ombrage le sommet de cette colline en forme de cóne ' 
rend ce point facile à reconnaitre de toutes les j[)arties de la 



Il6 II. littìratdre*. 

plaine de Rome; la snperstition qui fait croire qae la vie dès 
premier-nés de chaque fiimìlle da village yoìsìiì de Scrofano 
dépend de la conservation de ces arbres les a sauvés de la 
hache. Presque auciine montagne d'un accès aussi £aLcile ne 
satis&it aussi amplement la -visite du géographe , car, ìndépen- 
damment qu'on peut de ce sommet voir distinctement chaque 
colline autour de la campagne, on découvre aussi tous les ob- 
jets sitnés dans les bas-fonds de la plaine. Les observations 
prìses de cette colline, qui formait le sommet de beaucoup de 
triangles, furent^l'une grande importance, et les détails de la 
route qui de Rome conduit à cette colline ne furent pas 
moina intéressants. 

A Scrofano on trouya , indépendamment d*une ou de deux 
inscrìptions grecques , un nombre immense de sépulcres tail- 
lés dans le roc, et Monte-Musino lui-méme offre un exemple 
bien extraordinaire de Findustrie employée à une epoque très 
reculée, pour quelque but actuellement inintelligible. La 
colline était de sa nature probablement conique, mais en 
s'approchant du sommet, une terrasse de au moins soixante 
pieds de large a été formée tout autour du còne; encore plus 
haut une seconde terrasse, de trente pieds de large à peu près, 
entoure la colline , et sur la cime du còne, au centre, on ob- 
5erve les vestiges dune grande fortification circulaire, formée 
de petites pierres et de ciment. Pour ajouter à Vintérét de 
Tendroit, on y trouve une grotte dans laquelle la superstition 
ordinaire du peuple ne manque pas de piacer une porte gril- 
lée et un trésor. La tour située au sommet doit avoir donne 
quelque importance à la position qui, 3ans les temps anciens, 
commandait d'un cotale défilé et la route qui de Caere con- 
duit par Galera et ad Vigesimum à Capena , et de Vautre com- 
mandait celle qui de Véies conduit à ces deux derniers 
endroits.Le nom moderne de Monte-Musino est sans doute de- 
rive de TAra Mutiae des anciens Véiens , et les terrasses ren- 
dent probable qu on lui donna le nom disiinctif èìAra. 

La station Ad Vigesimum fut déterminée par des ruines^ à 
unedistance de vingt milles de Rome, couTenablementplacées 
5ur une éminence près de Morlupo , à lendroit oii la route de 



W. GELLv SUR LES ENVIRONS DE ROME. 11^ 

Veìes a Capena coupé la routeFlaminìenne, au-delà du Monte 
della Guardia. De ce lieu, on peut encore suivre le chemin qui 
conduit à Capena, et il ne fut pas sans intérét devìsiter le site 
de cette ville , autrefois le chef-lieu d'un territoire considé- 
rable, quoique cette contrée soit actuellement eiitièrement 
abandonnée. Capena était située sur le còte d*une hauteur qui 
fut ci-devant sans doute un cratère^ dont la cavité a peut-étre 
contenu de Teau dans un endroit qu'on appelle encore main- 
tenant il Lago. La situation prétait à la défense, et des traces 
d*une antiquité très reculée prouvent assez son ancienne im- 
portance ; des marbres et des murs de Yopus reticulatum de- 
montrent son existence sous les Roniains. L auteur ne douta 
pas qu une source appelée encore aujourd'hui Fellonica, situe'e, 
au commencementde la petite rivière qui traverse Oapena, ne 
fùt la vraie source Féronienne, et il se réserve de faire dans la 
suite des recherches .à ce sujet et de les ajoutér à la, carte. 
Non Jans quelque difficulté , on trouverà le lieu oti fut Capena 
dans un endroit appelé par quelques uns Civitella , par 
dautres San-Martiuq , non loin de Laprignano. Un espace 
triangulaire forme par la solferà ta de Scrofano, Rignano et 
Civita-Castellana est encore terra incognita ^ mais Taridilé du 
sol de cette contrée fait presumer qu elle n a jamais contenu 
aucun point important. Une autre colline près Baccano offrit 
une station favorable à la triangulation de cette partie du 
pays. 

De tous les lieux du còte de la rive étrasque du Tibre , au- 
cun ne fut d'une aussi grande importance que la ville de Yéies, ^ 
la rivale et Tadversaire de Rome encore dans Tenfance. Pour 
moi, qui pendant tant d*année's m'était applique àia recherche 
des villes de Tancienne Grece ^ il me parut Itnipossible que la 
situation d'une ville de la grandeur d'Atlìènes ne fùt pas re- 
'connaissable; aussi trouvai*je invraisemblable qu'une ville 
aussi étendue que Yéies eùt pu étre contenue dans l'espace 
forme par le petit rocher de l'Isola Farnese , mais il peut en 
avoir fait partie y soit comme chàteau , soit comme necropolìs. 
Les objets trouvés dàns les foni li es de M. Giorgi à quelque 
dìstance d'Isola , furent supposés avoir appartenu à une nou- 



n8 li- LITTÉRA.TUKE. 

velie Véies peu éloignée de la vieille. L'auteur observa avec 
M. Dodwell, qui en,effet assista à presque toutes ces recherches, 
que Tancienne Véies ayait occupé Tespace entier compris d un 
coté entre le ravin dlsola et la Cremerà, et deTautre celui 
compris entre le pont sur le chemin qui conduit à Formello , 
et la jonction des deux rivières qui se trouve au pied d'un , 
monticule rocailleux appese encore Piazza d'Armi. Ce terrain 
offre un espace capable de contenir une ville égale en gran- 
deur à Rome sous Servius Tullius, et capable par conséquent 
de resister, ainsi qu elle fit, à son impérieuse rivale. Cette 
Véies, rétablie sous la forme d'une nouvelle fondation par un 
des empereurs romains , était évidemment placée sur Tendroit 
qui avait été occupé par le Forum de Tancienne ville , et la 
route a dù suivre naturellement autant que possible la trace 
de celle qui auparavant joignait les deux villes ; quand la nou- 
velle Véies flit peuplée , la Via Cassia existait déjà ; on la suivit 
dono jusqu a lendroit où Ton construisit une nouvelle partie 
pour la joindre à lancienne route qui còtoya la profonde 
vallèe de la rivière qui , joignant ses eaux à celles de VAqua* 
Traversa, se jeite dausle Tibreprèsde Torre-Quinto. En exami- 
nant cette ancienne route, on trouva quelle porte encore 
toutes les marques distinctives d'une antiquité très reculée, et 
en montant sur une hauteur près de Torre Vergata, on aper- 
. 9oit une grande quantité de tumuli qui bordent le chemin , 
signes évidents qu*en cet endroit on déposa les restes illustres, 
soit des habitants qui périrent en défendant leur ville voisine, 
soit de ceux qui voulurent s en rendre maìtres ; cet endroit a 
dù étre le tbéàtre de bien des combats entre les Romains et les 
Véiens. En continuant ce chemin , la route s*enfonce bientót 
après dans la vallee de la Fossa dell' Isola, à Tendroit où elle se 
joint à la Cremerà ; là le pavé est assez bien conserve , et 
monte dans une espèce de brèche formée par les rochers d*une 
hauteur opposée. Elle traverse la position de lancienne Véies 
dans sa plus longue extension , passant pav son Forum ( ou la 
nouvelle Véies), et quitte le plateau, comme a son entrée* à 
travers une porte dans un souterrain près du pont de la route 
de Formello. 



W. GÌELL, SUR LES ENVIROJTS DE ROME. I I9 

Ceux qui veulent maintenant, de la yaliée d'Isola, se donner 
Ja peine de tourner à droite , trouTeront la Piazza delle Armi , 
et pourront, en cherchant parmì les baissons , apercevoir les 
fondetnens des tours qui défendaient la citadelle de YéieSé 
Sur la hauteur, où se ^rouve un grand plateau aboiitissant de 
tOQS cótés à des précipices qui font fóce aux deuit riyières, était 
sìtuée la citadelle de Tancìenne Yéies , joints ensemble par un 
isthme ; on j observe plusieurs traoes d'antìquités. Entr^ les 
buisfions et au-dessus des précipices qui flanquent le fosse de 
risola, s'étendant de la citadelle jusqu'au mouUn , se trouvent 
dautres ruines; il y eut sans doute là une autre porte, ainsi 
quune troisième de Vautre coté de la ville vers Formello à 
Fendroitde Ponte*Sodo. Si lon veutendescendant la Cremerà 
examiner les buissons a une petite distance, on trouyera 
d*autres restes de lancienne rauraille de aVéies étrusque, 
formée de larges parallélogrammes de pierre volcanique. En 
descendaot la rivière epcore plus bas, on trouve des sépnlcres 
creusés dans un rocher qui soutenait autrefois la muraille; 
au-dessous de celui-ci, ou la pente est moins rude, le temps, 
la culture et la ville romaine n'ont laissé ancune trace de la 
muraille vers la citadelle, mais il serait difficile de trouvér autre 
part la situation d*une grande ville mieux marquée par la na- 
ture, ou aussi sìngulièrement. défendue de tous les cótés par ^ 
sa position naturelle. 

Toutes ces particularités ont été, autantque possible,notées 
dans la carte , et on a indiqué les tumuli dont la contrée 
abonde, et qui sont indubitablement ou des sépulcres derois, 
ou des monuments érigés en mémoire dés batailles, restes qui 
par conséquent sont chers à Thistoire. Le'beau dévouement . 
desFfibius et d'autres doutes historiques pourront étre éclaircis 
dans Tavenir par Texcavation de quelques uns de ces monu- 
ments. Les routes c|ui avant la domination des Bomains con* 
duisaient d*une ville étrusque à lautre ont été indìquées, par 
exemple celle qui de Caere passait par Gal crìa à Yéies et d*ici 
à Gapena; ces routes pourront par la suite étre rapportées 
avec plus d'extension. Il fut impossible d'indiquer avec exac- > 
titude lesquelles de ces routes sont modernes ou anciennes^ 



120 II. LITTÉRATUllE. 

praticables aux voitures , ou ne formant $euleinent ^e de 
petits chemìns, que lauteur a passés en recueillant ses mate- 
riaux ; beaucoup de ces chemins sont en peu d'années devenus 
impraticables, d autres se sont récemment ouverts; il faut donc 
avoir recours au livre qui accompagne la carte pour se mettre 
au fait de tóut cela, L une des routes de Rome à Tivoli peut 
étre citée comme exemple : on peut facilement la faire en yoì- 
turejusqua Gabii^ et de Gabii jusque sous Corcollo. Cepen- 
dant à une courte distance de ce lieu , il ne reste que peu de 
chose de Fancienne route qui conduisait à la villa d'Adriano , 
et si Fon veut aller en voiture , il faut se rendre à un endroit 
au-delà de lare d'Olevano; là on traverse un difficile et dan- 
gereux passage sur une suite de rocbers qu à peu de frais on 
pourrait rendre praticables , et Fon arrive en pleine campagne^ 
d*où Fon peut rejoindre les traces de Fancienne route près des 
bords de FAnio. 

Quelques unes des excursions faites pour tracer les positions 
des anciennes villes eurent un bon résultat. Le^ professeur 
Nibhj indiqua le premier la situation d'Antemnae; depuis 
long-temps on connaissait celle dfi Fidenae , mais le lieu oh 
fut jadis Fancienne Crustumerium semble ti*avoir pas encore 
été examitté. L*auteur fut de Fa vis de Cingolani, qui la place 
sur la piate-forme de 1 eminence de Sette-Bagni , près de Fen- 
droit nommé autrefois Mal-Passo , et sa proximité de Fidenae 
ne lui parut pas donner lieu à une objection , cette ville ayant 
été bàtie dans le but de rivaliser avec Fidenae; de plus Crus- 
tumerium doit avoir été située près du Tibre , et lorsqu'une 
armée romaine se trouvait dans le voisinage , on sait qu elle 
campait en méme temps dans Fidenae et Crustumerium. Le 
Mont-Sacré, près du pont Nomentane, était aussi situé dans le 
territoire de Crustumerium du temps de la défection des pie- 
béiens; et quoique les Romains eussent enievé des terres aux 
Fidénates , leurs ennemis, pour les joindre à celles de leurs 
alliés les Crustumériens, il semblerait pourtant que la ville ne 
devait pas en étre irès éloiguée. En vain Fauteur chercha-t-il a 
. Santa-Colomba les indices d'une ville, quoiqull y ait une 
source et un endroit susceptible de défense ; mais en exami- 



W. GlìLL, SUR LES ENVIROI^S DE ROME. 121 . 

nant les traces d'une ancienne route, à laquelle on avait fait 
peu d'àttention jusquà présente et qui passe derrière la maison, 
de la Marciliana ou Marciglìana vers Nomentum^ il trouva sur 
les bords d*une petite riTière, à la distance d'un demi-millq du 
bras le plus rapproché de TAllia ( supposant que la rivière qui 
è Sette-Bagni se jette dans le Tibre soit TAUia ), un grand tu- 
mulus qu il pense avoir été erige par Fun ou lautre parti après 
labataille contre les Gaulois^ qui naturellcment a dù s etendre 
jusqu a cette contrée. Cette rivière a aussi des bords très es- 
carpés et faciles à défendre; elle coule dans un profond vallon^ 
mais devient un simple fosse avant d'arriver au Tibre près 
de Marciliana-Yecchia. Ges circonstances notées dans la carte, 
d après des observations exactes^ peuvent dans la suite devenir 
importantes à Thistoìre. L*espace près Torre di San-Giovanni 
et Cecchini, n ayant point été examìné , est reste vide pour 
étre rempii plus tard à Faide de nouvelles recherches ; il en 
est de méme de la contrée entre il Forno et Monte-Gentile. 
• Ficulea peut avoir été située à Torre-Lupara, mais il est très 
difficile de décider à laquelle des deux anciennes villes placées 
sur la colline de Sant-Angelo (dont les ruines ne semblent 
pas avoir éié observées antérieurement ) doit se rapporter le 
nom de Caenina ou Ameria , de Medullia ou de Corniculum y 
ou de tout autre ville conquise par les rois de Rome, et dont 
le^ bistoriens nous ont transmis si peu de documents sur leur 
situation. 

Avant de tirer d*autres exemplaires de la carte, on insèrera^ 
les ruines d'une ville plus considérabie, observées, en 1828, 
par M. Dodwell, près de Monte-Verde; une autre près d'un 
endrojt nommé Scocci a-Santi , dans la plaine au-dessous de 
Santo-Polo, ainsì qu une ancienne route.qui conduit sous les 
montagnes de la Via Tiburtina , vers Palombara: la plancbe 
est toujours prète à recevoir Fadditiondes découvèrtes à venir. 

Cet essai diffère de beaucoup d autres qui Font précède, en . 
ce que tous ses^détails ont été recueillis sur des esquisses faites 
sur les lieux mémes , omettant entièrement de mettre les dé- 
tails des endroits où Fauteur n a pas été. 

On trouvera dans la plaine, entre Monte- Albano et la mer, 



. laa li. LITTERATORE. 

quelques restes d aniiquìtés dont les cartes antérieures ne font 
aucune mentìon. Quoiqu'il paraisse impossible de dire avec 
certitude les noms des villes auxquelles ces ruìnes peuTent 
étreattribuées, on lesaobtenus au moins par approximation^ 
et chaque nouvelle découyerie seri à délivrer Thistoire du re» 
proche quon lui faisait de parler de la conquéte si^r des états 
qui n*avaient jamais existé« 

11 ne sera pas indifférent d observer que les TÌlles de la 
plaine ont sans doute dù étre fondées dans lorigine dans des 
endroits propres à la conduiie des eaux, le grand desideratum 
d'une colonie italienne. D autres petites communautés exis* 
taient probablement aux bords du Rivus Albanus, lactuel 
Rio* Albano ; mais en commencant à remonter le cours de cette 
rivière , en partant de la Giostra , oìi sont en entier les fonde^ 
ments d une ville ( peut-étre Tellène ) , nous trouvons à peu 
de distance plus baut, dans un endroit connu par les ruines 
d*un ancien pont nomroé Ponte della Strega, à droite du ruis<* 
seau , la position dune autre ville avec des fragments d une 
architecture très voùtée. M, Dodwel suivit le. chemin par* 
dessus le pont et trouva sur Télévation opposée les resles d'une 
troisième ville. On sait partout, maintenant, qu on doit cber- 
chercher les traces de Boifilloe encore plusen haut dujQeuve, 
à Frattocchia , et nous avons ici dans le court espace de quatre 
milles quatre villes anciennes^ dont trois ne paraistent pas étre. 
par leur position bonne^ à la défense, et la dernière évidem- ' 
ment mal placée, de manière qu'elle ne devait sa sùreté qua 
de puissantes fortifications. Il faut qu il y ait eu quelque rai-* 
son pour choisir ces positions , et cela ne peut avoir été que 
le voi^nagedu Rivus Albanus, a etnei lement sans aucune cora- 
munication ni avec le lac ni avec le mont d'Albano \ aussi n*y 
a->t-il que leau qu'on trouve ordinairement dans un ptofond 
fosse , creusé jadis par le cours de la rivière , qui doit avoir 
recu son nom pour quelque motif . £n remontant le lit de Tan- 
cienne rivière jusqu à sa source, on vit qu elle sortait àutrefois 
du lac d'Albano, à un endroit près du Monte-Guccu, le plus 
enfoncé au bas des collines'qui entourent le cratere du lac ; on 
y observa de profonds canaux taillés dans le roc à force de 



W. GELL, SUR LES ENVIRONS DE ROME. 1^3 

braSy sans doute dans le seulbut de dìminuer les eauz du lac, 
avant quon eùt mis à exécution le grand canal (remissario); 
on ne sait pas si ce travail fut entreprìs pour procurer plus 
d'eau aux villes situées plus bas dans les environs^ ou pour 
gargner du terrain dans le cratère; on peut aussi avoir craint 
que le lac en s ouvrant un passage n inondai le pajs. Il est pos- 
sible qu'ìl j ait des traces d*un autre canal de lautre còte du 
Monte-Cuccù y oii le bord du cratère est aussi assez bas; quel- 
ques rochers taillés au-dessous de la route qui va à Marino au- 
ront servi pour tracer le chemin dans la montagne ^ ou pour 
en &ire découler les eaux. On croit que la constructìon du 
grand canal a dù présenter de gran des difficultés, à moins 
que les eaux du lac n'eussent été méme plus basses qu'elles n& 
le sont actuellement , mais on ne doit pas prendre en considé- 
ration ces difficuités, et fussent-«lkes admises^ les travaux qu on 
exécute maintenant au lac de Fusino seraient inutiles. L*exa- 
men fait au Rivus Alban us prouva qu^il avait servi autre- 
fois decoulement aux eaux du lac, qui après la construction 
du grand canal s*écoulèrent dans une tout autre direction , 
vers Ardea , ne laissant que le nom au lit du fleuve qu elles 
avaient forme. 

En poursuivant celte recbel^che , on observa qiie les traces 
d'une route croisaient avec le sentier ; elle seniblait se diriger 
en bas dans la plaine, vers la tour élevée de Pratica. Il était 
intéressant de déterminer Tendroit oùaboutissait Tautre extré* 
mite de cette route. Rien ne semblait si probable quune com- 
munication entre Alba-Longa et Lavinium y et je crus impor- 
tant de suivre les traces de la route , étant très peu satis&it de 
la sitnation quon assigne ordinairement à Alba ; cette ville si 
ancienne, qui,à enjugerde son nom latin et de la traductionde 
ce nom dans le texte grec de Denys, doit avoir été longue 
aussi-bien que bianche. On remarqua dono prèsiCt au*dessous 
de Monte-Cuccu les traces de mains d'hommes^ur les rocbers, 
et en arrivant au bord du cratère, auprès de la petite chapelle , 
on apercut entre des buiasons touffus , en traversant la route 
moderne, les traces* de la continuatìon de la route antique, 
indiquée par des ornières dans le roc qui s'étendaienl sur lai 



124 II- IìITTÌRATDRE. 

droite au bord dun précìpice, peu élevé au-dessus de Teau 
lorsque le lac était plein. Après avoir avec difficulté traverse 
le taillìs, on vit la route s arréter tout court devant le précipice 
qui ilnterceptait. Gomme il était clair qu'on ne pouvaìt pas 
avoir eu Fintentionde donner à la route un terme semblable, 
il fallut monter à gauche, lorsque après avoir gravi un petit 
roidillon , on arriva sur un monticule où Von trouva de gres 
blocs de pierre carrés qui parurent les fondeménts de deux ou 
plusieurs tours qui doìvent avoir été situées près de T entrée 
de la ville. Auprès de ceux-ci , on vit un peu plus en bas les 
ruines d autres murs construits de gros blocs de pepperino, 
ainsi qu un f)ragment de colonnes de plus de trois pieds dedia- 
mètre. Ces 4erpières sont peut-étre les restes d'un de ces tem- 
ples queles Romains épargnèrent lors du sac de la ville. La 
créte d'une montagne longue et éiroite s'élénd de cet endroit 
vers Palazzuolo , dont elle est séparée par un profond abime. 
Il y a,nonloindumilieu de cettehauteur^ une piate-forme assez 
remarquable par sa forane presque quadrangulaire, lieù oùfut 
probablement la citadelle; sa situation prète à ce quon ra» 
conte de l'accident arrivé à un roi d'Alba, qui fut precipite dans 
le lac avec une partie de lendroit où il habitait. Get endroit 
est mine dans le roc par une grande caverne de plus de cent 
pieds d*étendue, dont une partie de la voùte se sera facilemenc 
écroulée; on y trouve encore d'autres traces de travaux faits à 
mains d'hommes, et cet endroit semble avoir communiqué 
avec la montagne de derrière par une espèce de chaussée dont 
on peut suivre la trace jusqu*à la vieille route de poste de Ma- 
rino à Velletri. L'Aqua-Ferentina se trouve à une petite di-' 
stance du èóté deTusculum.Ges circonstances décidèrent lau- 
teur à piacer Alba-Longa à l'epdroit où on la voit sur la carte, 
et sa position ne pouvait pas étre mieux fixée qu'en Vindi- 
quant entre la montagne et le lac. ^ 

Cet essai donne aussi la vraie forme du terrain à Lavinium. 
G*est un endroit très singulièrement situé, de niveau avec 
le pays environnant, mais les lits des torrents qui ont creusé 
de profonds vallons de chaque coté , en ont presque fait une 
ile, et lui fournissent une source. L'auteur croil que cet en- 



W. GELL, SUR LES ElfVlRONS DE ROME. . luB 

droit et la position d*Alba confirroent, autant quedes sìtes peu- 
vent le faire^ Tauthenticité de Tbistoire. A Ardea, on remar- 
qua que ce qu on prenait ordìnairement pour l'empiacement 
de la ville n éuit en effet qùe la citadelle ; on yit par les restes 
de ses murs qu ils renfermaient un grand espace de terrain 
actuellemeQt nommé Civita , défendu par des précipices na- 
tiirels, et joint avec le pays de derrière par un isthme sur le- 
quel le niur était place, conforménient à celai que Servius 
Tullius fit élever à Rome sur les remparts. 

Cependant la. ville de Corioli est encore toujours un grand 
point de dìfficulté pour les topographes. L auteur a éié obligé 
de la supposer à Monte-Giove ^ ou à Monte Due-Torri , parce 
qu il ne trouva pas moyen de lui assigner une position plus 
convenable. On n'en saurait trouver aucune entre l'Osteria di 
Civita et Antium qui soit propre à Templacement d'une ville , 
et pourtant on serait tenté de Fa cbercher dans cette direction. 
Une petite éminence converte de bois située dans la plaine , 
au-delà deVOsteria, est le seul point élevé oii une ville puisse 
avoir été placée pour offrir dans le commencement qnelques 
petits avantages aux babitants qui attaquèrent les Romains. 

La position de Lauréntum est probablement fixée avec rai- 
son à Torre-Paterno^ non parce quelle s accordo avec les 
données que nous en avions précédemment, mais parce quon 
la toujours indiquée ainsi dans des temps authentiques ; et en 
effet il n y a pas d'autre endroit où il existe des restes d antì- 
quités de quelque étendue. On ne considera dans cet essai que 
la localìté; on a donc indiquéun endroit^ peut-étre celui de la 
citadelle, sur un terrain enfoncé^ ayant d'un còte un empia- 
cement qui paraissait étre le port, et de l'autre la mer ou un^ 
second port. On mesura des angles du baut de la tour de Pa- 
terno , du cbateau d'Ostia , de la tour de Pratica et de celle de 
Fiumicino , et on lia par des triangles la còte avec les collines 
situées plus en arrière. A Ardea^ à Torre di San-Lorenzo , à 
Nettuno et à la Villa-Torlonia, ci-devant Costaguti^ à Antium^ 
on prit les sommets des triangles observés à Civita-Lavinia^ Al- 
bano, Monte-Cavo et à^beaucoup d'autres stations..On li^va le 
pian de la còte^ et on placa sur la carte avec exactitude les 



126 II. LITTÉRATDRE. 

pierres millìaires, les seuis guides par lesquels le voyageur 
puisse trouver son chemia à trayers la forét située entre Gar- 
roceto et Nettuno. 

A la Via Latina , quelques doutes pourraient s*élever pour 
indiquer exactement le point de sa jonction aTec la Via Labi- 
cana : dans cet essai , il se trouve à Tendroit où une ancienne 
route joint la Via Latina, qui cótoie une vallee dans la 
direction de Labicum, et se nomm'e encore à présent Labica 
Romana. 

Farmi d autres détails, il y a dans cotte carte la vallèe re- 
marquable qui remonte derrière les montagnes de Palestrii\^ 
et Guadagnolo, et s'étend de Gennazano par San-Vito et 
Pisciano à Siciliano. Un consul romain la suivit pendant le 
siége de Tibur ; il prit en cbemin la ville de Saxula, place sans 
doute de quelque importance y et Empulum , ville moins 
grande : la carte indique leur véritable position et les détails 
de leurs localités. Il parait que précéderoment on n avait fait 
aucune attention aux ruine^près Santa-Balbina, qui paraissent 
celles d'une petite ville, nià celles plus importanles près Sacco- 
Muro. Le professeur M. Nibby croit que ces dernières sont les 
ruinesde Canieria. La partie dù pays qui s'étend de Vico-Varo 
à la ferme d*Horace, près de Digentia, est aussi insérée , mais 
l'auteur n*est pas certain des détails de Licenza vers Monte- 
Genaro. H gravit le sommet de cette montagne élevée en pas- 
sant par Santo-Polo , par le pie appelé la Morra et par Pratone, 
I>elle et verdoyante prairie située presque à la cime de la mon- 
tagne , qui est rendue beaucoup plus aigué par un amas de 
pierres en forme de cóne, et les restes ^un pilier en bois, qui 
fut peut*étre celui que Boscovitch fit poser comme signal pour 
lui faciliter ses opérations. La situation dès ruines de Ad La- 
minas est indiquée dans la route qui va à Subiaco, et le pian 
de la vallee est leve de manière que le voyageur reconnaisse 
facilement sur la carte Tendroit où il se trouve. 

11 serait trop long de faire connaitre toutes les différences 
qui existent entre cette carte et celles qui lont précédée, il 
suffit de dire que rien n'y est indique que Tauteur n'ait vu ou 
najlt cru voir sur les lieux; et que chaque année il ajoute quel- 



' W. GELL, SUR LES EHVIRONS DE ROME. lay 

qtie chose aux détails des parties qui lors de sa première pu- 
blicacion en étaiént dépourvi^es. 

Cet essai était déjà entre les mains du graveur M. Trojani , 
lorsquun assez gran(d nombre de triangles élevés sur une base 
mesurée avec une grande exactitude près de Rome fui publié 
par M. Cal^ndrelli, et que dautres triangles furent liés avec 
lobservatoire de Rome; l'auteur vit alors avec beaucoup de 
satisfaction que presque toutes ces observations coìncidaìent de 
bien près avec les siennes. Il n'y a pas de doute que le som- 
met de chaque triangle peut.étre calculé aussi-bien qu*ob- 
seryéj mais il est toujours très satisfaisant d avoir visite pres- 
que chacun des sommets qui servirent à la con&truction de la 
carte, d'autant plus^qu ils étaient souvent d'une conformation 
assez difficile, à distinguer avec exactimde à une grande di- 
st^nce. 

La base qui a été donnée à cet essai, en mesurant uh assez 
grand nombre d angles de chacune de ses extrémités, est dun 
peu plus de huit milles , mesurés par Le Maire et Boscovitch 
sur la route Appienne^ et s'étend du sépulcre de Caecilia 
Metella jusque près de Frattoccbia , distance si considérable en 
comparaison de Textension de la carte, qu'elle doit exclure 
toute probabilité d'une erreur importante. Tout a été leve au 
mojen d'un petit sextant. 

William Gell. 



a. MONUMENTS INÉDItS D'ANTIQUITÉ FIGURÉE 

GRECQUE, ÉTRUSQUE ET ROMAINE, 

Recueillis pendant un vojrage en Italie et en Siciley dans les 
années 1826 et 1827, par M. Raoul-Rochktte , membre de 
rinstìtut de Fratice. Paris y 1828. i", 2% ^^ et ^"^ livraisons. 

Lorsque, vers la fin de Tannée 1828 , les deux premìères livraisons 
ile cet ouvrage parurent soiis le titre d*Jchiliéide , elles soulevèreut 
une vive opposition en Italie, en Allemagne et en France. Les.uns Sf'en 
prenaient au choix des monuments dont sept cu huit à peine étaient 



128 II. LITT^RATURE.. 

véritablemetit inédits et intéressants : les autres se plaignaient de 
rexécation des planches , confiée peut-étre avec trop peu de succès 
à la lithographic ; d'autres «icore , effrayés de voir paraitre un anli- 
quaire qui osait attenter aux dogmes consacrés par Tautorité des 
Winckelmann et des Visconti^ refusaient de croire et méme d'examiner 
lesparadoxes brillants de Tauteur; ìls tenaient aux explications recues, 
et, par exemple, les belles statues de la villa Ludovìsi et du Vatican 
leur paraissaient irrévocablement connues. Mars ne pouvait à leurs 
yeux se changer en Achille y ni la Nymphe endormie en T/iétìs. Cette 
méme interprétation appliquée à d'autres monuments concernant des 
femmes poursuivies, soit par des guerriers, soit par des chasseurs^ 
quelquefois méme par de simples éphébes , et que M. Rocbette avait 
era expliquer encore par la fable de Pélée et Thétis,/ut générale- 
ment rejetée des arcbéologues. Mais pendant que là critìque s'atta-* 
chait spécialement à refuter la nouvelle explication de lei ou tei 
monument, un érudit se presenta dans la lice, qui blàmant la mé- 
thode generale de M. Rochette, exposa les vrais principes que doit 
suivre Tarchéologue aussi scrupuleusement que le pbilologue; cette 
critique fut un • vérìtable service rendu à la science de l'antiqui té 
figurée. Au milieu de ces reproches graves et nombreux , les censeurs 
s'accordèrent à donner de justes éioges au travail assidu que révèle 
un textc de trenle-dcux feuilles d'impression in-folio ; ils admiraient 
en méme. temps la vaste érudition dcposée dans les notes de cet ou- 
vrage. Nous ne reviendrons pas sur ces critiques, nous ne répèterons 
pas ces éioges; les réglements de notre lustitut n'admettent point 
Vexamen des ouvrages antérieurs à sa fondation. M. Rochette a 
d'ailleurs rétracté plus tard quelques unes des idées hasardées dans 
VAchilléide; et déjà quelques autres ont été défendues par nous 
dans le second cahier du Musée Blacas , pi. XI. Mais ce qu'il im- 
porte le plus de faire ressortir, ce sont deux qualités qui distin- 
guent cet ouvrage de la plupart de ceux qui Tont précède de- 
puis une vingtaine d'années. On y trouve, en effet, un pian vrai- 
ment scientifique , que Ton chercherait en vain dans la plupart des 
recueils où le hasard, qui présente les monuments à leur inter- 
prete , est presque toujours la seule règie de Tordre dans lequel ils 
sont publiés(i). Or, on ne peut guère appliquer aux monuments fif 

(i) Dans an prospectas qni date de l'année 1836, après avoir fait remarqoer le 
premier cet inoonrénient, j*ai tàché de réviter en choisùsant de préférence et 
réania sona nn seni point de yae nn certain npmbre de monoments qae j Intitolais 
Feui di premio. 



MONDMENTS INiÈDITS d'aWTIQUITJÉ FIGUB££. lag 
gurés d'aulre dispositioD qué celle qui résulte de la ressemblance ou 
de ridentité soit des sujets, soit de Vusage auquel iis étaiént desdnes ^ 
soit enfin du style etdes différentes époques de Vari (a). M. Rocfaette a 
choisi la première y qui est sans contredit la raoins exposée aa vagne, 
des conjeclures, et qui a peut-étre Tintérét le plus positif pour la 
plupart des . lecteurs. £n se renfermant dans le cercle de la mytho- 
logie, l'auteur jouissait aiusi de l'ayantage de puiser aux sourccs 
fécondcs de l'antiquité lìttéraire , et c'est par cette raison que les 
fautes et les erreurs qu*il a commises dans cette ròute pourraicut 
paraitrc plus graves et moins excusables. 

Il est presque inutile d'observer que des recherches aussi vastes , 
et faites par un homme d'esprit , devaient amener de nouvelles idées 
et de nouveaux résultats. Mais ce que nous apprécions encore plus, c'est 
que Tauteur a porte son attention non seulement sur les mo>numents 
qu'il avait à expliquer, mais encore sur ceìix qui, connus depuis long- 
temps , lui semblaient révélér un sens difTérent de celui qu'on leur pré- 
tait jusqu'à présent; ainsi,nous regardons comme une qualìté eminente 
dans cet ouvrage le défaut que plnsr d*un critique lui a reproché , et , 
loin de discuterayec i'auteur sur ce qui a été publié quelques jours 
ou quelques années plus tòt, nous voudrions voir dans toutes les pub- 
blica tions de ce genre deux espèCes de monuments : 

1^, Ceux qui joignent au mérite de la nouveauté célui d'une com- 
position intéressante pour Tarchéologie ou pour Fart ; 

a*. Ceux qui, déjà connus il est vrai, peuvent néanmoins recevoir 
une interprétation neuve et sùre , gràce à la découverte d'autorités 
inconnues, soit figurées , soit littéraires. 

L'ouvrage de M. Rochette n'offre pas toojours ce doublé caractère ; 
mais il est juste de reconnaitre que la troisième et la quatrième li- 
vraisoi^ qui viennent de paraitre , sont , sous tous les rapports^ supé- 
rieures aux premières. Cet ensemble de monuments, intitulé Orestéide, 
se divise, d'après Tingénieuse disposi tion de I'auteur, en deux parties: 
« \a premiere embrasse les événements antérieurs à ceux où Oreste in- 
^ tervient lui-méme comme acteur prindpal , et qui forment comme 
« l'avant-scène dU drame'dont il est le héros. La seconde se compose 
« de tous ceux où il figure personnellement. C'est ainsi que le sacn'-- 
office d'iphigénie et le meurtre d'Agamemnon ou vreut l'histoire d^Oreste, 
« dont le cours se remplit nécessairement par la vengeance qu'il excrce 
« sur Cljrtemnestre et sur Egisthe, par \sl f aite ^ Vexpiation et \ejuge^ 

(a) Mas. Bartold. ^refaz. 



l3o li. LITTERÀTURfi. 

« ment que ce parricide occasionile , par le vo^age en Taaride^ qui 
a en est aussi une conséquence immediate , ^ enfin par Vassassinat de 
« Néoptolème^ dernier trait de la vie d'Oreste , qui s'accompUt sur 
« un terrain proprementhistoriqae, en sorte que le méme événement 
« par leqael s'achève Thistoire^figurée de ce personnage est anssi celui 
« qui ferme le cycle héroìque^ » i 

Nous allons maintenant parcourir les planches d'après Tordre dans 
lequel elles se suivent : 

Pi. XXY. Sur le bas-relief qui existe au magasin du Yatican, M. Ro- 
che tte croit reconnaitre Agamemnon plagant sa femme sous la garde 
d'un chantre, tei que Phémius et Démodocus. Fante d'attrìbuts pò- 
sitifs, dans ce qui est véritablement antique, il nous parait difficile de 
reconnaitre ici un sujet mytliologique quelconque, et nous aimerions 
mieux y voir Timage d'une scène purement domestique, qu'un rapport 
hypothétique avec la fable des Atrides. D'ailleurs, on peut s'en remettre 
à la sagacité du lecteur pour décider si , d*2y)rèsM. Rocfaette , « le pied 
« droìt chaussé et le bas de la tunique (notez bien sans le moindre 
« omement)^ seules parties antiques de cette figure qui subsistent au- 
« jourd'hui , paraissent indiquer un personnage d'un age mùr et d'un 
« rang élevé (page ii8). » 

PI. XXV, a. Un bas-reliefinédit du musée Chìaramonti représenie 
le meurtre de Clytemnestre accompli par Oreste et par Pylade. Deux 
Furies menacent le parricide^ pendant qu'une troìsième est endormie 
auprès du^aurier et du trépicd deDelphes, devant lesquels on trouve 
le dieu protecteur, ApoUon. 

PI. XXVI, I. Autel de la galerie de Florence, dont le bas-relief , 
rapporté autrefois à la fable d'Alcesteet d'Admète, est maintenant gè- 
néralement reconnu pour le sacrifice d'Iphigénie , d'après ringénieuse 
interprétation de M. Uhden , de Berlin. Le méme sujet, exéciité avec 
plus d'effet dram'alique, se trouve sur une urne inedite d'albàtre de 
Volterra que Ton conserve à la galerie de Florence. Elle est publiée. 

Pi. XXVI , 2. « Dans le centre de la composition , dit M. Rochette, 
« sont deux autels, l'un plus bas, l'autre plus élevé; ce dernier, sur^ 
« monte de deux colonnes entre lesquelles est place un corps ovoide 
« décoré de bandelettes, est entourc d'un serpent. La présence de ces 
« deux autels d'inégale hauleur , et qui nous ofFrent ainsi pour la pre- 
« mière fois d'une manière sensìblc et caractérbtique la distinction 
« établie par les grammairiens , mais trop souvent négligée par Ics 
« poètes entre lesmots Ara et Altare, est une particularitéquejecrois 
« unique sur les monuments de rantiquicé. » Si l'on.examine avec at- 



MONUMENTS IJBIÉDITS DAJSTlQjaiTÉ FIGT7RÌE. l3l 

tencioDy je ne dirai pasForiginal , mais seulement la gravure, on con- 
Tiendra qu'an inonameDtaussi fruste n'estpas un fondementbien solide 
à de nouvélles théories^ et i'on est peut-étre tenté de supposer que le 
TéritaUe sarcophage présentait dans son élat primitif un seul aiuel 
d'une longueur.Gonsidérable qui ne parait coupé qué par la figure ^ 
placée sur leilevant, qui donnait alors à toute la oomposition plus. 
d'harnu>nie et d'ensemble que les deux petits autels que suppose 
Me Eocbettew Quant à la biche et à l'omphalos ( page 12^}, qes objets 
nous paraissent trop frustes pour étre reconnus par des specta^eurs 
impartiaux. 

PI. XXVt, A. I. Sur une urne étrusque représentant encore le 
noéme sajet que les mooùiQents précédents, t le che vai qui se voit à 
« l'une des extrémités de la scène figure avec une intention funéraire ». 
Si les doutes de M. Letronne à oet égard paraissent à M. Rochette 
naìtre de Texigence excessive de ce critique, nous regrettons sincère- 
tnent de nous trouver dans le méme casy.méme après les nouveaux 
témoignages que cite M. Rochette. Nous ne oonnaissons aucun pas-< 
sage ancien qui Casse du chei*al un attrìbut de Platon, mais bien più- 
sieurs qui le rapportent au soleilf «t, par des motifs difTércnts , encore 
à Neptuncy et méme à Mars. 

Pi. XXVI. A. %* Encore une urne étrusque avec le méme sujet re- 
présente d'une manière differente, 

PI. XXYI. B. Vase inédit du cabinet de M. Durando et, dans cette 
classe de monuments le premier qui fasse connaitre le sacrìfice d'iphì- 
^ìde; le dessin en est mediocre, et la biche qui se présente derrière 
Iphigénie au moment méme où Calcbas va immoler la malheureuse 
princesse, ne donne pas nx^e haute opinion da talent et de l'imagi- 
nation de l'artiste. ApoUon et Diane se voient sur le pian supé« 
rìeur; un ministre du sacrifioe s'approche de l'autel qui forme le 
cenlre de la composition, et derrière ce personnage on voit une 
femme, qui, dì après le texte de M. Rochette, tient une couronne 
préparée pour la victime royale, couronne dont on n'aper90it au- 
cune trace sur la planche Uthographiée (p. 128). De méme, le 
jeune ministre sacre ne porte pas un panier ou une corbeille, mais 
plutót une scaphéy poijr la forme et la destination de laquelle nous 
renvoyons à nos Recherches sur les véritables noms des vases 
grecs, pag. a8, pi. VII, 67. Quant à la Diane, on pourrait ob- 
server qu'elle ne tient point un carquois (pag. 128), mais bien 
un are, si M. Rochette n'avait pas pris l'habitude de confondre ces 
deux attrìbuts (comparez, pi XXVII, p. iS?}. « Les deux grìffons 



IJ2 If. LlTTÉHÀtORE. 

a placés sur le col de ce vase, ajoute M. Rochette, n^offrent pas line 
« image moins caractéristique, ni une allusion moins sensible et moins 
« propre au sujet, d'après les rapporto connus de ces animaux sym- 
« boliques ayec le eulte d'Apollon, rapports qui leur firent assigner 
« une place analogue sur taoìt de monuments fnnéraires d'epoque ro- 
« maìne. « On ne pourrait avancer que les grifTons ont avee Apòllon 
des rapports connus qui les firent piacer sur des monuments funé- 
rairesy que dans le cas où Apollon serait une divinité infernale, ce 
qui nous semble difficile à démontrer. Nous croyons plutót que leur 
présence sur les sarcophages romains vientde ce que cet animai sert de 
symbole à Némésù, dont d'autres sarcophages présentent la roue à la 
méme place , tantòt sous la patte d'un sphìnx^ tantót sons celle d'un 
grifTon. Peùt-étre fera-t-on mieux de les rapporter directement à 
Platon, selonEschyle (3)9qui les appelle leschiens òeJiipUer, c'est-à^- 
dire de Jupiter ìnfemaL 

Le rapprochement (pag. i3a} d'Iphigénie prète à étre sacrifiée, 
avecllphigénie eu Taurìde, qui sé voitsur unepeinture d'Herculanuin, 
et avec plusieurs femmes^dans cette méme pose de résìgnation, 
sculptées sur des stèles funéraires, nous a paru fort ingénieux et très 
juste. Mais il nous semble qu'en general en reproduisant des monuments 
grecs , étrusques et romains, on devrait moins insister sur leurs simili- 
tudes, et montrer plutót au lieu de ces rapprochementsles différences 
qui devaient nécessairement distinguer des ouvrages exécutés chez 
trois peuples d'un caractère si divers , snrtout à une epoque qui n'est 
-pas la méme : en faisant remarquer cette divergence dans l'expression 
artistique des idées prìmitives puisées dans la poesie ou dans la re- 
ligion , M. Rochette aurait rendu un plus grand service à nos artistes, 
qui désirent souvent apprendre comment ^esprit , naif et génial en méme 
temps chez les Grcrs, devenu mélancoUque et violent chez les Étrus- 
ques , feroce et voluptueux chez les Romaius , se manifeste dans les 
ouvragès de l'art , et arrive anx mémes phases que , par des motifs 
pareils , l'art moderne a dù également parcourir. 

M. Rochette à cèlte occasìon veut que les artistes étrusques aient 
emprunté leurs sujels à Euripide et à Eschyle: il serait peut-étre plus 
naturel de supposer qu'ils ont copie les modèles de l'art grec, sans 

(3) npo/A. l%9fA, X. 8o3-8o5. 

O/xovaiT à/ipì ySìfJLA nxò Jtmtoc vÓ^ov. 



MONCMENTS INEJHTS d'aWTIQUITÉ FIGDRÌE. 1 33 

doute avec des itariadoiis toujours inévitables , et des modifications 
qui irenaient du talent des artìstes et du prìx que ces ouvrages de- 
vaient rapporter. 

Les observations générales que M. Rochette faìt (pag. i33) sur 
llmijtatioa da style gre(>par les Romaìns sont ìntéressantes et uliles. 

pi. XXYII. Quant à la peinlure de Pompei, relative au sacrificc 
d'Iphigénie y pent-étre le public ne cònviendra pas que Texpression du 
tableau originai soit conservée soigneuseraent Hans la planche litho- 
graphiée (pag. i35), et préférera plutót à cétie composijdon impi- 
toyabIeni.ent noire ies trois cu quatre gravures qui. en ont paru 
exéculées au simpl^ trait dans différents ouvrages archéologiques. 

M. Rochette fait observer que « la Diane n'est représentéc qu'à mi- 
ti corps aussi-bipnque la nymphe, par un procede qui tieni sans doilte 
« aux anciennes habitudes symboliques. de l'art, dont on trouve tant 
« d'exemples sur les vases peints, et auxquelles n'était peut-étre pas 
tt étrangère la pratique romaine de représenter de méme en buste ou 
« à mi^orps les personnages déifiés » : il a oublié sans doute que ces 
deux femmes se présentent à mi-corps tout simplement parce qu'elles 
son^ dans les nuages qui couvrent le reste de leur corps. 

Xa pi. XXVm représente le meurtre d'un roi en costume asiatiqu^y 
peint sur un vase inédit de.Naples. M. Rochette Ta rapporté à la/^z^/e 
d^Agamemnon i nous Tavons expliqué par la mort de Busiris, T^e vou- 
lant pas étre jnge et partie à la fois, nous préférons reproduire plus 
tard le monument accompagné des deux explióations différentes. 

PI. XXIX^ Sarcophage étrusquc où le meurtre à'Agamemnon par 
£gisthe et par Clytemnestre. se reconnait d'une manière certaine : le 
sujet est exécuté sans doute d'après un beau modèle de l'art grec. 

PI. XXIX. ▲. a. Encore le méme sujet sur une urne étrusque. 

PI. XXIX. A. !• Le meurtre d*Égistke et de Clytemnestre accoropli 
par Oreste et par Pylade : on voit Charon intervenir à cette scène. 

PI, XXX. Vase Junéraire que M. Rochette rapporre au tombeau 
d^ Agamemnon» 

PI. XXXI. Vase dù méme genre et publié depuis long-temps par 
M. Millingen avec non moins de fidélité , quoi qu'en disc M. Rochette. 

PI. XXXI. A. Ce lecythusyw/iè^yv, trouvé à Athènes, est rapportò, 
oomme le vase précédent , sans aucune nécessité , à la mémoire da roi 
de Mycènes. 

PL XXXII, X. Statue du Vatican, désignée il y a plus de six ans 
soas le iiom.de Penèlope ^ dans une savante dissertation de H. Thiersch, 
avec lequel M. Rochette se félicite de se rencontrer. La gravure , sans 



i34 ii« uttAaàtuhe. 

contredit supérieure i celle qui araìt élé dmmée par l'antiquaire alle* 
roandy ne rend néanmoins en ancone hipn le caractère de beante 
sevère de rorìginal. M. Rochette finìt par proposer, sur oette statue 
intéressante, une explìcation qui lui est propre, ceWed* £lectre. 

Pi. XXXII9 a. On Yoit sur un bas-relief Oresie réfugié dans le 
tempie iTJpolion et une Furie assoupie par la pnissanoe du dieu prò- 
tecteur. 

Pi. XXXIII y a. Le groupe de deux statues du Louvre, connnes 
sous le nom de Mereure et Fuìciùn, est rapproché d'une manière fori 
ÌDgénieuse du groupe d*Oreste et étÈtèetre (4), au Musèe de Naples , 
publié pi. XXXm, I. L'analogie de Tattìtude ettnéme des pbysio- 
nomies de ces deux personnages donne Keu de supposer (yreite et 
Fyiade dans le groupe du Louvre. Le cadncée et la hacbe désignent 
dans cette hjpotbèse le sceptre d'Agamemnon et l'arme qui servit à 
venger sa mort. 

Ph XXXIV, Vase funebre du Musée de Naples , rapporté encorè à 
Éiectre pleurant sur le tombean d'Agamemnon. Dans la scène supérieure, 
M. Rocbette découvre avee beaucoup de sagacité la fable de Phrixm 
immolant un héìier a la toiton (Tor. Jétes etChaldope assistent au sa- 
erìfice. La déesse qui s'appuie sur un pilastri, et qu'accompagne un 
chien, est expliquée avec raison par Artémis, dont te costume asiati- 
que convient parfaitement à cette fable. M. Rochette a désaproavé 
justement l'opinion de M. Panolka, qui n'y vòyaft qu'nn sìmple sacrifice 
funebre. 

Pi. XXXy . Vase de Ruto , qui se Toit aujounPhtd au Musée royal 
de Berlin. H est divise en quatte rangs : \e p'emietr^ptésenle Oreste 

(4) Noni profitons de cette occasion ponr pabtfer (Tav. d*3igg. f 83o. E. ) le beaa 
Iragment d'une pàté cntiqae de notre oollection, qui noas paralt reprodnire les traits 
da groape de Ifaples. Il est nécessaire de rapproclier «w ècooL mosaneats de 1* 
peJntarede Pompej , pabliéepar Millin, Gal. Myth. CLxrxiy 6a5» et qae les acadé- 
mlciens ont rapportée aa nioment oh Iphigénie ep. Taarìde Tient de reconnaitre son 
frère. M. le chanoine de Jorio- nons ftemUe avoir propose une explìcation plus 
hearease : il croit qae eette scène a trait ao moment oà OriBStè , malgré Fabe^n- 
tion de TAr^opage, toormenté enoore par les lemerds, le^it Totade de Belphes, 
qui Ini ordonne de partir ponr la Taarìde* Élietre et PyUde font, dans ce cas, les 
personnes qae Fon volt p^ès de lai; ea efifet, Tabattement dans leqael il se trooTe 
s'expUqae alors à menreille. Les sutaes d'Apollon et de Diane se Toient aa fbnd 
da tableaa , poar indiqaer qae la scène se passe à Delpbes , et le costarne bellé- 
niqae de toates les personnes qni la eorapoeent s'expUqne parfaitement , pendant 
qHie si la Taatide «àt été le théitre d» ect éTénenmt, H edi éélhi éu. tatùm vai oq 
deoz personnages dana le costarne das Barbares ponr iadìqner «etlt con «rèa. 



MOMUMEJVTS I9ED1TS d'aNTIQUITJS FIGUll^E. l35 

tu moment où il troiive un refuge dans le ianctuaire de Delphes; il 
s'appaie sur l'omphalos que sapporte un piédestal ; Jpolhn^ assis sur 
le trépied méme, ordonne à une des Euménides, armée d'un flam- 
beau et d'un glaWe, de mettre fin aux tourments d'Oreste. Der- 
nère ce héros, on distingue, selon l'opinion très vraisemblable 
de M. Rochette, V ombre de Clytemnestre , paractérisée par un grand 
voife, et la prétreste d'Jpollon; toutes deujc quittent le sanctuairé. 
Au second rang une /emme ailée, prète à sacrìfier un bélier dont 
le sang coule à grands iots, attìre surtout notre attention. M. Ro- 
ehette y reconna^t £rù immolane le bélier h toison d'or^ soni>ce 
de discorde entre les filande Pélops. A gauche, le savant antiquaire 
suppose Béméter, Koté et Herculcy et de l'autre coté Péhps et 
Oreste. Dans le troisième rang, une 9tatue de Minerve, assise et 
armée, lepose sur 6n piédestal; les figures qui l'èntourent sont plus 
difficiles encore à expliquer que celles chi second' rang : sans nous 
arréier plus long-^temps à un obstacle contve lequel nous viendrìons 
sansdoute échooer corame M. Rochette, nous nous contenterons de 
faire mention de la cowseà cheifal, quf occupo le rang le plus bas, et 
que M. Rochette rapporte avec raison aux fétes fonèbres. Toutefois, 
on s'étonne que l'habile antiquaire n*aitpas senti la différence de stytè 
et de composi tion qui existe entve la première des qaatre seènes et 
les tróis aatres. La peinture d'Oreste réfugié à Delphes est probable- 
nent la copie d'un tableau du premier ordré dont l'art moderne, en 
traitant ce sujét, pourrait tìrer un grand parti. Les trois autres com- 
positions sont plus qne-médìocres,. et trahissent à cbaque instant la 
m«n d'un ouvrier subalterne. 

PI. XXXVI' et XXXYn. Vase ^u Musée de Naples: d'un coté, 
pi. XXXYl^, Oneste se >défend avec son épée contre deua: Furies sans 
ailes, dont l'une est avmée de deux serpents, l'autre d^un serpent et 
d'un miroir gai ré/léchit Vimage de Cfytemnestre, De l'autre còte, 
pi. XXXVn , on Toit jépoUon assis sur l'omphalos , et dévant lui Oreste, 
qui lui présente son épée et re^it la branche de laurier; Jphigénie se 
tropTe derrière le héix>s ; à eòté du dieu sont Pyladè et la prétresse 
assise sur le trépied sacre. 

PI. XXXYin* Vase da Yatican : il représente Oreste tourmenté pai' 
une Antf qui paratt dans le plansupérieur de la sc^ie, lemenacant de 
sa lance : le héros se réfugìe sur Tautel ; ApoUon se tient auprès de lui, 
et Minenfe armée semble arréter par ses ordres la foreur de l'Eumé' 
nde. An-dessus d'Oreste et entre la Furie et Minerve, est assiise une 
femmeMée , tenam un hdton recouvbè: M. Rochette )a désigne pur le 



t36 lu 

nom de Themis ou de Pytho. Mais le style de ce monnment est de si 
mauvais goùt, et Ics vases de Ruvo, que la grandeur de leurs dimen- 
sions rend aussi pli|$ fragiles, ODt subì tant de restauratìoos , qu'avant 
d'avoir reconnu soi-méine Tattribut qui distingue cette femme ou 
déesse , i^ faut s'abstenir de toute conjecture à ce sujet. 

PI. XXXIX. S^rcophage de Volteira , représentant Néoptolème tue 
par Oreste. L'pbjet que saisit Néoptolème a été regardé jusqu'à pré- 
scDt cornine la roue de Némésis : M. Rochette y voit le cercle de 
metal, qui était une partie essentieUe du trépìed fatidique, et dont 
M. d^ Broendstedt a signaléle premier, par une foule de rapproché- 
ments incontestables , la présence etTintentìon symbolique^ 

PI. XL. Canthare du cabinet de M. le comte de Pourtalès. Ce vase^ 
qui est de la fabrique de Nola, remarquable sous tous les rapports, 
représente d'uà còte Néoptolème égor^é par Oreste Bans le tenqple de 
Delphes : le meurtrier, enlacé dans les replis d'un serpent, vient se ré- 
fugier à l'autel , et à l'ombre du laurier sacre ; un homme barbu te* 
nant d'une main un bàton , et lancant de Tautre une pierre contro 
Néoptolème , a été reconnu pour le Dèmos de Delphes, et le genie barbu 
qui saisit et emporte Néoptolème, pour Thanatosyle Géme de larhort 
(pag. 209 ). Le coté oppose du méme vase représeote Oreste barbu et 
nu , conduit en véritable criminel par un guenierei par Mercujre ( que 
distinguent son petase et son caducée ) , deranl une femme entière^ 
ment enveloppée dans son voile et assise sur son tróne, le front cou- 
ronné d'une stéphané. A l'autre extrémité da tableau parait Mi- 
nerve, sans autres symboles de sa divinile que le casque; sa main 
gauche baìssée repose sur une roue ailée pendant que la droite 
semble accompagner le discours qu'elle adresse à Mercure. M. Ro- 
chette (pag. ai5 ) suppose ici Oreste conduit devant Ipkigénie en Tau- 
ride. Mais pour faire de ceguerrier revétu d'une armure grecque le roi, 
Thoas, le savant antìquaire est obligé d'appeler à son secours quelques 
vases de Ruvo et de la Basilicate. Nous remarquerons à cette occasion 
qu'ìl ne faut pas confondre les monuments semblables à ce vase de 
Nola , et qui portent le cachet des idées grecques dans tonte lèur pu* 
rete , avec cetté espèce de vases sortis de contrées où le mélange de 
différentes racesd'habitants, où la civilisation imparfaite qui est l'apa- 
nage des provincès éloignées du centré des lumières, et une foule de 
causes analogues, ont altère les traditions et la vérìté de l'art méme, 
de sorte qu'au lieu des chcfs-d'oeuvre qu'on voudrait y voir, l'obser- 
vateur ne rencontre que des monuments où les fables helléniqnes ont 
perdu toute leur grandeur et où l^s héros de Troie sont affublés des 



MONUMENTS INEDITS d'aNTIQUITÌ FJGUHÉE. iZ'J 
costumesi et, ponr ainsi dire, des moeurs qae l'artiste mercenaire voyait 
aiitour de. lai. Une autre objection à cette hypothèse de M. Rochette, 
c'est d'une part Vabsence de Pylade, et del'autre hprésencede Mercure 
et de Minerve, en TaUride, qu'aucun témoignage y ni des auteurs ni des 
monumentSf ne justifie. Ces raisons noiis ont engagé à proposerune ex- 
plication phis conforme, selon nous, à L'intention du tableau, au cos- 
tume des figures, et qui peut-étre s'appuie micux encore sur les auto- 
rités des anciens. Oreste est conduit par Mercure etparMdrSj devant 
la Justice personnifiée de VAréopage : la présence de Minerve ne sur- 
prendra personne , si l'on se rappelle qu'Oreste lui érìgea près de 
l'Axéopage une chapelle et un eulte particulier sous le titre d'Athéné 
Areia, parce qu'elle Tavait sauvé, lorsque, pour ainsi dire, comme un 
autre Mars i^AfUéi)^ fl allait étre jugé devant le tribunal de l'Aréopage. 
Le célèbre vase d'argent connu sous le nom de Corsini , et publié par 
JVinchelrrìann (Monum. inéd. i57), et par MilUn (Gal. myth. CLXXI, 
6^4 ), vient à l'appui de cette interprétation. Car la femme assise sur 
un rocber et plongée dans une profonde méditation n'est point , ce 
que supposaient les deux éditeurs , Erigane fìlle d'Égisthe , mais bien 
certainement la Justice {àtxi) de VAreopage personnifiée, de méme 
que la femme voiléé que l'on yoit sur le vase de M. le comte de Pour- 
talès» £n outre, le personnage qui tient d'une main un flambeau , et de 
l'autre,' à ce qu'on croit^ un rouleau, ne représente pas une Furie ^ 
mais un serpantdu tribunal ^ et \e flambeau allume indique que le ju- 
gement avait ììeupendant la nuit. Quant à la roue aiiée, M. Rochette 
remarque judicieusemént que cet attrìbut, relatif à Némésìs, ne s'est 
présente jusqu'à présent que sur des monuments de l'epoque romaine : 
il propose par conséqueut d'y yoir le ckar ailé dont Minerve est l'in- 
ventrice. Nous nous rendons volontiers à cette obsenration du savant , 
antiquaìre, et la roue ailée^ auprès de laquelle se tient Minerve , sert 
àconfìrmer l'opinion que nous avan9ons, en désignant Athènes pour 
le théàtre de cette scène ; c'est en effet dans cette ville que la déesse 
inventa le char et enseigna à son protégé Erichthonius l'art de le 
gouvemer. Du reste, et quoi qu'ìl en soit, les antiquaires saurontgré 
à Me Rochette de leur avoir procure laconnaissancé d'un monument 
qui offre un si grand intérét 

On ne peut pas en dire autant de la peinture du vase reproduit 
pi. XLI, peinture qui est un exemple frappant de l'ignorance de 
ces barbouilleurs de province, croùte antique, s'il en fut jamais. 
Ce vase , dont le dessin est détestable, se divise en trois rangs de 
peintures : ìapremière'montrefupiter sur son tròne ; à sa droite , funon 



]38 II. Lirr£RA.TUR£« 

et Fénns portent une cotombe; à sa gauche , Mùiervetst asaUesur son 
boaclier, armée de l'ègide noire , où se voit la téte de Meduse en 
blaoc : une Fictoire luì apporte tm easqiie. Daus le ^ecoud raog , deax 
honime nus ^ les maias liées derrìère le dos, sont cooduits par troìs 
jeunes gens devant une femnìe assise et appu jée sur son sceptre : 
à coté d'elle se frouve un vietllard tenant une lance. Oreste et Pyiade 
en Tauridej 'tei est le titre que M. Rochette assigne avee r»son 
à cette compositìon. Dans le rang inférietar, Andromede parait &ì^ 
chainée à un rocher ; Persée barba , arme de la harpé , se dispose à 
combattre le monstre marin. A quelque distance de lui , on àper90Ìt 
Cephée et Cassiopèe, 

H. XLII, 1. Fragment d'un groupe ]en marbré da Vatican , ^li 
consiste dahs tine jambe gauche , posant sur une p^Ue finire vétue ^ 
à qui la téte manqne ainsi qne le bràs droit» et qui* s'appuie sur son 
bras gauche. Cette figure n'est distìnguée que par ses ailesy qui font re- 
connaitre à M.Tlochettele Genie dhkt mortfoulant auxpieds Psyché. (?) 

PI: XLII9 a. Bronze publié par Gori, Mus. Etruschi, 48, qui voyait 
dans ce sujet Mereure enlevant Proserpine , et par Zannoni, Gal. di 
Firenze, ser. IV, T. I, tav. 24, p. 67 à 65, qui subsìimaiit Bacchus 
enfant à Proserpine. M. Rochette reconnait dans cet adolescent nu et 
ailé ìe Genie de ta naissaitee, àmlfétn yvti^kt^y Gesius natalis, portant 
entre ses bras un enfant nouveau-né et comme emmaOlotté dans son 
étroite tunique. Selon M. Rochette, la eouronne rayonnante qui sur- 
monte la petite figure est proprement la eouronne mystique. Nous 
aurons prochainemeni occasioa de développer une nouvelle opinion à 
régard de ce beau monnment. 

Pi. XLII. A. I. Ce sarcopfaage duMuséedefatriTersitédePalerme 
représente deuic hazmnes barèus, Yétus d'une tunique et aHés^ qui 
gardent une espèce d'alcòve où Fon voit une femme morte étendue sur 
son Ut. Le sayant antiquaire y reconnait les Génies de la mert. A Fune 
des extrémités de là scène on aper^ok Charon dans sa bttrque; à Fautre, 
Hercule apec Cerhere^ 

PI. XLIl. A. 2. M. Rodiette publieun superbe vase en marbré du 
prince de Belvedére à Waples, d'apr& le recueil des dessins de Millio. 
Dans ce monument, soit qu'on considère chacunedes fignres àpart,. 
soit qu'on exaniine la pensée de Fartiste, soit q«*on cher^e à se 
rendre compte de l'ensemble de la composition, ou est tenté de voir 
plutót un ouvrage de Fècole de Canova qu'un monument qui appar* 
tienne à la belle epoque de Fatt antique. L'autenr se serait-H. iaissé- 
égarer par quelque illusion ^ 



ifoiruMijErrs iii'toiTS d aittiqUitjì figureb. i3g 

PI. XUIIy t . Bas^rdief : Cfyiemnestrt égorgée par Oreste et par 
Pylade. 

PI. XLm, 3. FragQient de mosaiqne : dans une scène où figurent 
qnatre persomiages , on Toit unefimme qfjfh'gée, et un komme cpii 
parait/K>rre sur des roues ailées; il tìent d'tine main la baiance, de 
Tautre la massue, ^ 

PI. XLTV, I. Vase de U. Durand :TJi] jeune homme, les ailes dé- 
ployées , vole, tenant de lamain droite un oìseau , de Tantre une petite 
baguette , sans doute pour mettre en mouvement le grand cerceau qui 
se voit devant lui ; c'est le Genie de Vadoiescence : cette explication fait 
honneut* à la sagacité de M. Rocfaette. Dans la figure du reven, il 
reconnait Vépkèbe ItU-méme , Dioclés, ituquel ce vase fot offert; le 
genie qui est peint dans une pasidon horizoniale, 9u*dessons duquel 
s'enf uit on lapin , est dédgné cornate un g^defiuèèbre , explication tout 
ausa heuredse. 

PI. XLIY. A. Vase de M. Durand, décourinrt dans la Basilicate. 
Un homme baròu , couvert d'une peau d'animai , et portoni de grandes 
ailes y enìève unefsmme, M. Rochette applique aree suecès à ce mo- 
nnment la fisible du héros de Temessa, qui enlevait cfaaque anhée une 
jeune yierge; un beau rase du ménte cabinet *vient confirmer cette 
interprétation : 

PI. XLIV. B. Un homme ailé, rétu d'une coutte tunique, arréte 
une femme qui cherche à s'éehapper ée -ses bras. M. Rochette aime 
mieux y voir Thanatosenieuant une jeanefenrme, que Bonée poursui- 
pani Oritfyie. Noùs ne saurìons partager cette opinion rTeuphémisme 
poétìque des Grecs s'oppose à une hypothèse qui conviendrait plutót à 
une nation métancolìque et sombre , comme les Étrasques. 'Le sujet 
dd coté oppose represente Bacchia et Jtàadne, ti 9é prète cgalement 
à Tane et à Tautre de ces expKcations; car, dans cette sorte de momt- 
m^ts, la Cable de Bòrée, anssi-bien que celle d'Aurore , parait avoir 
un sens éminemment ftméraifè. 

PI. XLY. Ce sujet est reproduit sten* un -rase qm offre de précìeux 
sonrenirs de la doctrine des my^tòties, et què M. Gerhard a publié ' 
en x8!i7. Ce qui nous surprend davantage, c'est que M. Rochette, si 
fécond d'ailieurs en cìtatìons, ait n^ligé d'indiqner le recueil du 
savant allemand, dont il est impossible qu'il n'ait pas eu connais- 
sance y lui qui nous demandali «et euVrage par ^éerit, àu moment où 
il s'occupait de la rédaction de son texte. Òn aurait peut-étre le droit 
d'exiger de celui qui public une seconde fois un monument de ce 
genre , qu'il j répandit au moins de nouvelles lumières : nous regret- 



i 



l4o ' II. tlTTJÉRATUM. 

tons sincèrem^nt que M. Rochette n'ait pas senti cette nécessHé. 

Pi. XLVI, I . Vase de Marathon, qui se volt au Louvre, et connu par 
Ics dìfférents ouvrages qui ont paru sur ce Musée important. Pour 
que Ton pùt tirer de cette scène fuuiraire un argument cn faveur da 
sens funebre que certaìns arniquaires donnent au chcval, il faudrait 
que la femme assise, image de lapersonne qui n'est plus, parùt le tenin 
cvf le dirìger; mais cornine teHe n'est ppiiit la disposition des figures, 
,nous- craignons bien que ce fait ne serve plutót à confirmer l'opinion 
conlraire, et à établir que le cheval, consacré d'ailleurs.au soleil, est 
un symbele de la vie et nop de la mort. 

Pi. XLYI, !k. Femme dans Tattitude de la méditetion eu du deuiU 

PL XLVI, 3. Torse d'Apollon, avec un baudrier otné dessignes 
du zodiaqueet déjà.publié parH. Gerhard, Antìke £ildwerke, 1^27. 

PI. XLYII. Autel très remarquable da Vatican, publié également 
par M. Gerhard. On y voit laiNuit portant dans ses bras deux. enfants^ 
^ont l'un est ìeSommeil et Tautre la Mort: le sens de cette allégorie est 
confirmé par deux femmes placées. à còte de ces enfants, et dont Tune 
est endormie, l'autre tient le gprgonium, symbole du trépas. 

Yenons aux notes qui forment dans ce. volume un ouvrage à part , 
d'aotant plus considérable qu'elles remplissent les deux tiers du texte , 
et qu'à vrai dire le texte parait plutót fait pour les notes que les 
notes pour le texte. On y découvre sans contredit une érudition vaste 
et presque effrayante. Mais pour Tapprécier k sajuste valeur, il faudrait 
vérifier l'exactitude des citations , et voir si chacnne d'elles s'applique 
natureilement et avec fruit à l'opinion en faveur de laquelle on. l'in- 
voque. Pour nous^ il est des auteurs aux citations desqueb nous 
n'osons pas avoir une foi aveugle, et, s'il fautle dire, quoique à re- 
gret , M. Rochette est de ce nombre. Nous aurìons pu lui épai^er 
une observation que plusieurs critiques ^vaient déjà faite , si le 
mén^e défaut ne se neproduisait dans ses nouveaux ouvrages; cette 
négligeuce nous fait un devoir de mettre en garde les jeunes arcbéor- 
logues contre les autoiités sur lesquelles M. Rochette ne craint pas de 
s'appuyer. Ainsi nous avons, tout récemment, blAmé AI. de Laglan* 
dière, lorsque dans une.crìtique non moins l^ère que l'ouvrage 
qu'elle réfutait, i\ dtai d*aprèsM» RocheUey des.versdé Térence ainsi 
con^us : 

« Atqae per alieiuM tegnhs 
Yeniasc per imploTuim ^^lawwi^Am nmlieri. • 

On n'avaìt en cffet qu'à essayer de scauder le dernier vers pour 



MONCMENTS IN^DITS d'anTIQIIITÉ FIGTJREE. i4i 

s'apercevoir que Térence avait dù l'écrire autrement. Voici Id véritable 
1e90n^ Eunuch. Act. Ili, scen. v, 3i. 

«e, Deom seae in homioem conTertisM atqae in alienag te^ts 
« Tenisse dancalnm per implaviam facam factnm mnlieri. » 

Sì M. Rochette avait va dans Toriginal qu*il ne s'agissait pas d'un 
homme noais de Jupiter^ il n'aurait pu traduìre « per alienas tegulas » 
en ces termes par le toit du voisin (5). Certes le dieu de TOlympe ne 
s'amusait pas à se promener sur plusieurs toits, mais aliai t direc- 
temenìpar le toit chez taf emme d'un autre (6). Du reste, nous ignorons 
à quel comméntaire M. Rochette a emprunté sa citation. Mais afin 
qu'il ne prenne pas pour une personnahté injurìense ce qne nous 
avan^ons à Tégard de ses citations^ ajoutons quii feraìt très bien de 
s^defier à san tour de celles de M/Panof^a : et voici pòurquoi. 

Bnllet. dell' Instit. diCorr. Arch. idag, n* io, 1829, pag. i36, nous 
avions cité « les trois vases de Nicosthène ( n° 667 , pag. 80; n* 1 5 1 6 , 
« pag. i3o;n*'442, pag. ia8).»DaiisleJoum.dessavants,Févr. i83o, 
pag. I ao , M. Rochette écrìt ; « sans compier les nòms déjà connus 
« par d'autres vases de Mcosthène, do«t M. le due de Blacas possedè 
« un vase trouvé à Agrigente , et qui se rencontre quatrefois (*) dans 
« la coUection de Canino. » 

(*) te n 8*y Ut troiA foU écrìt en entierKIK02e£N£2, n. 44a, 567 et i5i6; et 
« c'est certainement le xnéme nom qni se lit K029ENE2 rar un qaatrième vase 
« n. 373 , d*où le rédactear da catalogne a fait le nom barbare de Kosthenes. » 

Après avoir lu ces deux passages , on s'imaginera pent-etre que nous 
avons passe sons silence un des ouvrages de Nicosthène. Il n'en est 
rien ; une stmple fante d'impression dans le buUetin publié à Rome a 
cause cette méprìse de M. Rochette. Car le vase n** 442 cité par 
M. Rochette n'existe nulle pari dans le Catalogne imprimé du pr. de 
Canino : notre manuscrit envoyé à Rome indiquait n^ 44, pag. 28. 
Si M. Rochette n^avait pas cité d'après nous, s'il avait compare 
Toriginal, il se serait aper9U que son quatriéme vase^ n"* ^73, est le 
méme que le premier vi* 44* 

Passons maintenant à un autre genrede citalions, qui sansdoute 

(5) Sappi, an premier voi. des Annales de llnstitat, p. 421, Un. a. 

(6) Nona avons ero devoir répondre an moina à iin point de Tanticrìtiqae qne 
M. Rochette a bien voala nona adresser, et dans laqnelie on lit snr le passage de 
Térence la pbrase salvante : « Gommènt M. de Laglandière jnstifie-t-il cette hon- 
néte snpposition, qae je ne parala pas eomprendre des vers de Térence, qne le 
moindre écolier enlendrait sans beanconp d*efforts? » 



l4a II* LITTKRATUBE.^ 

sontplusexactes, maisnéanmoiiisau$sicoinplétementfausses(pag. 144, 
ribt. 4).«Cetautel domestique qu'^^schylc (Agam. 770, v. 941 Blonf.) 
« Domme ^ttfutrlnit iorUfy ou, comme il dit ailleurs, 1040, v. 100 5 
c( Blonif.)> »r9«v0» fimpcùtfy étstit piace au cerare de thabiiationiob% irrtW 
« fiinfi^m?iùv, » Il nous semble que irrU fcta-ifù^uXé^ ne désigne autre 
chose qu'un auiel avec un ombiUc au milieu^ expression qui ne peut 
embarrasser méme le plus mince archéologue. Pag. .a 87 9 not. i , 
nous trouvons un exemple d'érudition touNà-^fait déplacée^et de ci- 
tations dont Tauteur ne parait pas comprendre la portée : « La lyre^ 
et comme objei funebre symboUque, figure aux mains des Sirènes sur 
a plusìeurs pierres; gravées, et entre autres sur une pierre du recueil 
« de GorloeuSt II> 496 , où cetinStrument estsurmonté d'un papillon; 
« on voit une lyre scnlptée^ ce qui est bien autrement caractéristique, 
tic dans le tympan méme du tombeau deCanosa pi. I, 3* La signìfica- 
<x tion fnnéraire de ce symbole e^t d'aUleurs constatée par un monu- 
« ment de la plus haute antiquité grecque^ par ìxne figure tenant une 
« fyre y placée sur le tombeau de Caucon (Paus., Y^ 5.4).]» On n'a pas 
besoin de réfut^ les deux premiers arguments de AL Rochette ^ il suf- 
fit d'avertir le lecteur que la figure qui tient une lyre sur le tombeau 
de Caucon est l'ìmage de Vhiérophante méme , à l'égard duquel, ainsi 
que pour le.véritable sens de ce symbole, nous renvoyons le lecteur k 
la pi. VII du Musée Blacas. Ces inexactitudes et bien d'autres encore 
sont cependant contrebalancées par des notes très judicieuses et très 
sayantes^, telles que la monographie , pag. siS^not. z, de la roue 
ailée. D^ méme nous avons dù applaudir à Tingénieuse restitution 
d*un passage d'Hésychius, voc» Aìmftty qui jusqu*à présent avait été 
negligé méme par des philologues du premier rang. Nous en dirons 
autant de rinterprétation d'un passage d'£ubulus (7) relatif au mot 
4'9^09rep//30^9rp/«y> si nous pouvions le faire sans nous louer nous- 
méme (8). Mais comme i\ous en avions fait confidence à M. Rochette , 
qui l'avait demandée pour Tin^érer, avec le nom de Tauteur, dans son 
ouvrage (9) , c'est au lecteur à décider si TinterprétatiQn v£iut mieux 
que le procède. 

(7) Athénée , XI , 4a , 47 x . 

(8) Panofka, Rech. sar les "Vas. gr. p. 19, p. 5o.> 

(9) Rochette, Ofeatéide , p. 197, note 5 : « Cèsi dans te passage d*£iibalasy t^ud 
jéthen. XI, 4ft, 47 r, D, on sont énnniéfé«s les diverses qnalités des vases d'argile 
de la eéUhre fabrìqne théricléenne , t«v Bn^itxvmi , qae se tronve re]àpKS6Ìon 
dont il s'aglt, »\'np^fr%ftlÌ9fA0»*rfUf, Il ent été sans donte difficile d'exprìmer le 
letenfUsememt produit par Vimsériion de eaUuif damj un *vase d*(trgììe d'nne ma- 
nière pina pittoresqne et plas henrense; et Tépitliète qni smt oelle-er, /t^éxctèfAf, 



MOmJMENTS INÉDITS D^ANTIQUITÉ FIGTJRÉE. l43 

Nous craindrìons d'étendre beaucoup trop les limites de cet article, 
en disGUtant avec M. Rochette la mesare qu*il est nécessaire d'ob- 
^rver dans les citations; il nous suffira de demander si (f est dans 
rétat actuel de rarchéologie , que Fon peut faire dea volumes pareils 
à ceux de la philologie holiandaise ou allemande des siècles précedens^ 
et si M. Rochette par conséquent a le droit de dénoncer au lecteur les 
passages que^M. Mongez, M. Quatremère de Quincy, M. Letronne, 
M. de Broendstedt , M. Welcker et autres , ont oublié de cker (io); il 
faudraity pour légi timer cette assertion^ que l'intention de ces savants 
eùt été d'en faire usage. 

La Science de Tantiquìté figurée a besoin d'un public qui s'y inte- 
resse et qui la cultive : pour le former, il lui faut des sarants qui 
dévouent leur temps, leurs moyens et leurs études exclusivement à 
l'archeologie, et dont les ouvrages savent gagner des amateurs. Au 
surplus, dans cette scìence, la meilleure interprétation nous semf>le 
celle que tout le monde comprend , sans avoir besoin de recourir au 
luxe fatigant d'une érudition trop souvent inutile. 

Nous sommes loin de contester à M. Rochette le mérite d'étre par- 
faitement au courant de la science, et de savoir profiter, nonseule^ 
ment des passages anciens, mais encore des ouvrages archéologiques 
les j>lus récents : nous voudrions cependant faire remarquer que des 
notes, quelquefois très ingénieuses et savantes en elles-mémes, peuyent 
paraitre déplacées, de sorte qu'au lieu de venir au secours de l'inter- 
prete , elles ne font qn'embarrasser le lecteur. 

Quant aux planches lithographiées de l'ouvrage de M. Rochette, 

ne convient pas raoins bien à notre yase. TontefoU , il est permis de croire qae 
ies interprètes d'Athénée ne setaient pas fait encore nne jnste idée da mot 4a#««'t- 
ft/èo/AJènTfUi ^ d'après le atlenoe absola qu'ils ont gardé sor oe mot d*nne compo- 
lition si remarqnable; et il fant convenir qae o'est là nn des cas les plos carìeox, 
mais malheareosement trop rares, oà le texte et le monament antiqaes, rappro- 
chés Tnn de l'antre, se serrent de commentaire. • 

(xo) Ponr n*en donner qn'nn seni exemple » noos noas sommes bien gardé d*ob- 
serrer, page iS^, à Toocasion de la pi. XLIT, i , que M. Rochette a oublié de eiterìe 
passage de Pétrone, cap. xi.t : « Domina ^ inquam, Fenus, si ego hunc puerum 
hasiavero ita ut iUe non senùatf eros itti par colnmbaram donàbo, » Cap. xltx : 
« Proaàmà nocte eian idem lieeret, mutavi optionem : et, si hunc, inquam, trae- 
tavero ùnprt^à manu, et iUe non senserit, gallos gallinaceos ^^acùiimof tbios 
donabo patienti! • Et ponrtant ces passages, rapprochés des denx yases décrits par 
M. Rochette , tinsi qne de celai oà Ganymède se volt avec le troehos , anpres de 
Jopiter, ont nne ielle antorìté, qa*on inclinerà pent-étre à se défier da géoie de 
rÉphébie de M. Rochette, età reoonnaitre plat^t dans le jenne homroe ailé, con*' 
voline de myrte , le fils toot paissant de Téoas. 

9* 



,1.44 * JtJ- UTTÉRATUBE. 

i^Ues de TOre^téide som «3(écutées avec plus de soin et de talent : le 
papier j^tj'iinpression du l^jitene laìssent rìen à désirer. Si M. Eo-^ 
^rte, da|}s )a suite 4e oe reooeil , Tovlait indiquer, en haut ou à la 
jp^i^ge de.qhaque page, le.mpniiinent qu*il traite et la planche qui le 
rQpréaeote^ij),!! facilitèrait l'usage d'un ime qui, ressemblant plutót k 
Oli cours d'arohéologie qu*à uu modeste cooimeiitaire des monuments, 
.vftndiSOi^Tent la décou verte des explications relatives à telle ou telle 
iplffOphe presque ìmpossible. 

Si la crìtique que nous venons d'adresser à M. Roehette parais^ 
sait plntot sevère que pomplaisante , nous aurions rempli le but de 
rinstitut , qui consiste à servir purement les intéréts de la science , et 
à ne jamaìs subir le joug d*une camaraderìe. D'ailleurs, corame nous- 
re;ndons un juste hommage aux qualités de ce savant antiquaire, à 
sa facilité pour réunir les matériaux d^^une recherche quelconque y 
à son esprit de combinaison et à son talent d'écrire : il nous sera 
permis de former le voeu sincère qu'il mette un peu plus d'exactitude 
dans les détails de ses études, qu'il se défie un peu plus des idées 
qui lui viennent les premìères, et que, moins inquiet de sa réputation 
et du succès, il ménage un peu sa fécondité littéraire. De cette ma- 
nière , nous sommes convaincu qu'il rendra de très grands servìces à 
l'archeologie et qu'une gioire non contestée lui viendra d'elle-méme.- 
M. Roehette n'a qu'à vouloir, et la crìtique lui témoignera sa recon- 
naissance pour l'avoir dispensée d'un devoir beaucoup plus pénible 
qu'on ne le pense communément. 

Théosicirk Panofka. 

(ii)Qbaerv«doiidqàfaite par M.Xetrontie à U fin de «m tooond aiticley lartr 
«1^0 oo^iiige de Bl. Roobette . 



LES WOCKS Ì'hERCULE ET d'hÉBI^. I^S 

HI. RECHERCHES ET OBSERVATIONS. 
I. SCULPTURE. 

U. LES NOCES d'hERCDLE ET d'hÌBÉ, SUR UN AUTEL TROUVÉ 

A CORINTHE. 

{Tas^.d'agg. i%Zo.¥.) 

C'est à M. Dodwell que l'on doit la première connaissance 
de ce monumenta trouvé à Corinthe, et si remarquable, sous 
le rapport de Tart comme sous celai de l'archeologie. Il a été 
grave très exactement avec quelques autres bas-reliefs, que !e 
savant voyageur publia à Rome en 1812, sous le titre Alcuni 
Bassi-rilievi della Grecia. Sa forme ronde le fit considérer 
comme vxiputeal^ et le sujet qui le décore parut représenter la 
réconciliation d^Hercule et d^Apollon, Cette interprétation de 
1 archéologue anglais fut genera lement adoptée sans scrupule, 
et les sayants citèrent constamment ce fait intéressant d'après 
le puteal de Corinthe, jusquen 1827. M. Gerhard (j.)y peu satis-^ 
fait de cette explication, en essaya une nouvelle^ en repro- 
duisant le méme bas*relief sous le nom de Vénus condiate dans 
VOjrmpe. Il avait trouvé de l'analogie entre ce monument et 
le piédestal de la statue de Jupiter Olympien (2), oùest repré- 
sentée la naissance de Vènus^ avec le cortége des mémes divi- 
nités; et, séduit par cette analogie plus spécieuse que réelle, 
' il se laissa aller à la prendre pour une autorité. 

Pour peu^que Fon examine attentivement la composition du 
bas*relief de Corinthe^ on est frappé de sa ressemblance avec une 
peinturedevase, publiéepar M. Millingen(3), etsurlaquelle on 
Toit une jeune mariée conduite parie %i^*xfis et la tvfé^tirfttty et. 
précédée des divinités nuptiales^ ApoUon et Diane, s'appro- 

(1) Antike Bildwerke , Heft. i , 14^16. 
(a)Pau8. V, li. 

(3) Peìnt. ant. de Vas. gr. , pi. XLIV. Panofka, Recherches sur les Téri- 
ubles noma des Vases , pi. Vili , i . 

IO 



l46 III. RECHEBCdES ET OBSERVikTIOlfS. 

cher de la maison de son époux, qui semble l'attendre avec 
impatience. D'après cerapprochement, qui me semble fonde, 
ce bas-relief re présente pareillement uneprocession nuptiale(4)« 
J y reconnais Hébé conduite par Junon et par F'énuSj et que 
précèdent Àpollon^ Diarie^ Latone et Mercure : elle dirige ses 
pas versHercule,conduit psLrMinertfe et par Pitho, J'ai suppose 
Junon conduisant Héié, non seulement parce que cette déesse 
preside aux mariages , et par conséquent figure une yv^^iJrpf* 
par excellence , mais bien plus encore parce que c'est elle qui 
donna Hébé pour épouseà Hercule après 1 ayoir adopté comme 
fils légitime (5). Près de la magnifique Junon chryselephantine 
d'Argos, que Polyclète avait représentée assise sur un tróne, 
tenant d*une main une grenade, et de l'autre le sceptre sur- 
monté d'un coucou , on voyait sa fille Hébé debout (6) et te- 
nant sans doute une oenochoé et une phiale (7). Cette der- 
nière statue était Touvrage de Naucydes, La déesse qui yient 
'après Hercule ma paru devoir étre PUko, que Plutarque met 
au nombre des cinq divinités nuptiales (8) : terminant la pro- 
cessione elle se trouve dans un rapport très prononcé avec sa 
maitresse Fénus (9), que je croyaìs reconn^ìtrie dans ìs^ déesse qui 
accompagne Hébé (io). Quant à Mercure , s^ prèsene^ est^uf* 

(4) Hesych. v. «>»^»* TIofUA rnc flf/*ptit Vfòt tÒ> èaìfa,, 'PÓJ'ioi. 

(5) Diod. IV, a44> P- ^84 • Zt Jc "Hf a» /in Iw-tio-tì vo^einVao-d-Ai «roi 'HfAx\ÌA, 
Tiìv ^à viMmcm ctùrov y%fir^Ai petat vottturMr T«y "Hf ot» iftt^aio'Af tiri *r»9 

*roùs 0ctf^4tfout oTotf d-fTPf wìòf flroif7o"3'«i fiùuXmn-At, *rii» /* "Hpat» fAtTATUf ^ 
o-iKVMo-fv /jtu^9\oyo»n o-vffòix/o-Ai a-iiT*|iC«v 'rm'RfAxxtt, 

(6) Paus. II, 17, 5. 

(7)Athea.X,p. 4a5, e: K«i o-jì? ^HC»? J^i ti?ì« «t?l^>A^f? oiio^fiovo^Ai AÙvùTf, 
Comparez le nona de Ganpneda anciennement attribué à Hébé. (Paus. II, i3.) 
(8) Qu. Rom. II : Zeus Teleios, Hera Teleia, Aphrodite, Peitho, et sur- 
tout Artémis. Il parait qu'Apollon et Diane Feraplacèrent plus tard Jupiter 
et Junon, puisque T Artémis citée par Plutarque n'est que Latone cu Ilìthuye. 
(9)PindarPytb. IX, 16. 
(io) Horat. Carm. lib. I, XXV, v. S-g. 
Ferridus tecnm pner et solatia 
Gratin zonis, properentqne NyinpliaB, 
Etparìim eomis sine te (sdì. Venere) Juventtu 
Mercnrìusqne. 



LES NOCES d'hEIICILE ET d'hÌBIÉ. i47 

Gsamment justìfiée par un passage de Plutarque (i i) , qui nous 
apprend qu il élait d*usage d*envoyer chercher les fiancées par 
des hérquits , k^^kìs. Après avoir découvert le véritable sujet 
du bas-relief, je me suis convaincu que ce monument ne ser- 
vait pasde/72//^<2/,niais bien certainement òìautel rond (^offcìi). 
« Au tempie de Junon, dit Pausanias , près de Mycènes , les of- 
« frandes qui méritent detre remarquées, sont un autel (tar^ 
« geyU avec les noces {THercuh et dHéhé en bas^relief (it)^ » 
II est probable que c'était une copie d après Tautel en marbré 
qui nous est parvenu. 

II est innportant de designer ici quelques autres monuments 
qui appartiennent sans doute à la méme fable, et que Fon na 
pas envisagés sous leur véritable point de vue. he premier est 
un aryballos du Musée de Naples, qui a été public d'abord 
par Visconti (i3), et ensuite par Millin (i4)> <^t décrit en 
demier lieu par moi^méme (i5), sans qu'aucun desantiquaires 
qui Tont examiné ait saisi le véritable séns de cette pein- 
ture. Il s*agit aussi dans ce tableau du mariage d'HercuIe et 
d*Hébé , mais représenté sous Vinfluence de la doctrine des 
mystères. On reconnaìt néanmoins sans peine une P^énus dans 
la Calypso placée au centre de la scène : Antheia (i6), protégée 
par Héra au -dessus d*elle, désigne clairement Hébé^ qui tient 
la fleur du Pothos, comme sytatjole de sa jeunesse et de 
ses désirs. En face d'elle se troùve Hercule cueillant une 
pomme : sa tutrice Minerve sous le nom òìAthnakis , accompa- 
gnée de Mercure^ se voit au*dessus de lui. Pour bien conipren- 
dre pourqnoi les noces d'Hercule et d'Hébé sont repre'sentées 
comme ayant lieu au jardin des Héspérides, il fautse rappeler 

(i i) Q«. gr. a7 :*AiÀ K»fVKaii yàf 5'3'oc » » to ^^«Tip;t«o■3■flt« rki yuftpag. 

(laj Lib. II, 17, 6 : B»jmoc''hCj»c Kctì'Hpemxioui ya/xof ifrupyatr/jthoy tX»^- 

(i3) Dissertation adressée à M. Nicolas, directeur du Masée de Naples. 

(i4) Peint. de Vas. ant. 1. 1 , p!. Ili, p. io. Gal. myth. CXIV. 

(i5) Gerhard, Neapels Autiken, s. 353. 

(if>) Le nom ANOIA, que je lis jénthia^ se trouve encore sur un scarabée 
où Ton Toit Hercule s*approcher d'une fontaine pour puiser de Teau (Mìll. 
Gal. myth. CXXI, 477)- Cct antiquaìre propose cependant deux interpré- 
tations de cette inscription , Tune et l'autre dif¥crent«^s de la mienne. 

Hera Antheia ayait son tempie à Argos. ( Paus. II , a a.) 



l48^ III. RECHERCHES ET OBSERVATIOICS. 

que ce domaine était spécialement consacré à Junon. 

Un autre vase, en forme des lecythus (17), nous montre 
Minerve smyì^ de Mercure, etoffrant se$ félicitations aux jeunes 
époux, Herculó et Hébé; la mariée tient une pomme, comme 
e etait rusage(i8), surtoutà Athènes.Un froisìème ▼ase(i9), où 
lon iroit le buste d*Hercule en face de celui de Minerve et 
dune autre femme dont la stéphané est oméede serpents^ re- 
présente peut-étre le méme sujét, si Fon n*aime mieux j sup- 
poser Hercule et Junon réconciliés par l'interrention de Mi« 
nerve. Quoi qu il en soit, e est en faveur d'Hercule sans doute 
que Minerve s*intéressait à Hébé, et qu'elle lui conceda, à Rome, 
une chapelle particulière dans son tempie au Capitole (ao). 

11 ne me reste qu à cìter lés passages les plus importants de 
Pausaiiias, qui sont relatifs à Hébé et son eulte solennel. A 
Athènes, dans le tempie d'Hercule appelé Cynosarge, on 
voyait un autel d'Hercule etd*Hébé, fiUe de Jupiter , qui (ìit, 
dit-on^ mariée à Hercule (21).. Dans la cttadelle de Phlionte, 
près d'un bois de cyprès, il y avait un tempie qui depuis les 
siècles les plus reculés était l'objet d'une grande vénération. 
La déesse qu'on y adorait portait anciennement le nom de 
Ganymeda; elle prit dans la suite «elui à'Uébé; et Homère la 
nomme ainsi dans le récit du combat singulierentre Alexandre 
et Ménélas, où il dit qu^elle versait a boìre aux iUeux; et dans 
la descente d^Ulysse aux enfers, où il nous apprend qu elle était 
Yépoused^Hercule. Olen^ dans son hymne à Junon, dit que cette 
déesse avait été élevée par les Sabons^ et que ses enfants 
étaient Mars et Hébé. LesPhliasiensrendaient à Hébédifférens 
honneurs, dont le plus remarquable est le droitd^asyle attaché 
a son tempie. Geux qui étaient enchainés consacraient leurs 
fers en les suspendant aux arbres des bois voisins. On célébrait 
aussi tous les ans à l'bonneur de la déesse une féte nommée les 
Cissotomes (Jour où fon coupé le lierre). Il n'y avait dans ce 

(17) D'Hancarville , Pict. etr. t. IV, p. 77, pi. i». 

(18) Plut. Qu. Rem. LXV. 

(19) De Laborde, yoI. II, yign. IX. 

(10) Plin. 1. XXXV, io,3fì. 

(11) Pau8. 1, 19. 



LES NOCES d'hERGULE ET d'hÉBE. i49 

tempie aucune statue, ni gardée en secret, ni exposée a la vuci 
et ila se fondent pour agir ainsi sur une tradition sacrée. Les 
Phliasiens racontentaussi qu'Hei*cule| à son retour de la Libye, 
d*où il avaìt rapporté les pommes des Hespérides, vint à 
Phlionte pour quelque €fff aire partìcuiière. Oenée j qui lui avait 
donne précédemment sa fiUe en mariage, y vint aussi de 
lEtolie : un jour qu il ìnangeait che^ Heroule, ou qu'Hercule 
mangeak chez lui, le jeune Cjrat/ius^ son échansoiv, Vie versant 
pas à boire au gre d'Hercule , oe héros le frappa d'un de ses 
doigts à la téte. Le jeune gar^on mourut sur-le-chamjyet les 
Phliasiens consacrèrent à sa mémoire un édifice qui est près 
du tempie d*Apollon : on y voit deux statues en marbré^ dont 
ie sujet est Cyathus prisentant une cylix a Hercule (aa). 

Ce que Pausanias appelle quelque affaire particuliere me 
semble se rapportér aux noces d*Hercule et d'Hébé , et la fable 
du meurtre de Cyathus s'explique parfaitement si Fon pense 
qlie depuis son alliance avec Hébé , échanson des diyinités , 
Hercule n*ayait plus besoin de son échanson mortel , appelé 
Cyathus (a3). Quant à la féte Kiawre^oi' (couper le lierre J, je 
ne satirais m'expliquer son origine autrement que par les at- 
tributions d'Hébé , chargée de présenter des couronnes aux 
fétes des divinités , et de leur Terser ensuite du idn ; car au 
commencement du repas, les anciens avaìent l'habitude de se 
couronner de lierre, parce que cette piante préserjait des 
suites funestes de TiTresse. 

Thìodorb Pahofka. 



b. DE EUMENIOUM STATUÌ S ATTIGIS DISPUTATI UKCUL A. 

Opus pergratum cùm iis qui antiquitatis studia inprimis 
cara sibi esse volunt, tùm praecipuè ib qui, elegantiori quo- 
dam sensu prasditi , nulla magis in re., quàm artb operibus ve- 
teres excelluisse intelligunt, non potuit non in se suscipere 
Fr. Silligius, quùm Junii catalogum artificum yeterum, lau- 

(22)Pan8. II, i3. 

(a 3) Panofka, Recherches sar les véritables uocds des Vas. gr. , p. 54- 



l5o iti. BECHERCHES ET OBSEBVATIOlfS. 

dabiie illad olim opus, nostra vero astate rude et imperfec- 
tnm^ secandis carìs tractaret, ubi opus emendaret yel etiam, 
qaod noTa p#st Junium monumentorum tenebrìs et situ erep- 
toram accessione fieri potuit , amplificaret et in justum deni- 
qnè ordinem disponeret. In quo opere perficiendo qnantas 
laudes sìbi auctor comparayerit atque apud omnes gratìas, 
dici vix satis queat : qnibus laudibus justis aliquid detraxisse ne 
▼ideatnr,ei qui quidpiam à Silligio yel praetermissnm yel minùs 
rectè expositum demonstrayerit, tanto minùs yerendum erit, 
quanto quse ad ipsius laborem promoyenduro et si yideatur, 
etiam corrigendum conferre possint , ea ut quanto ociùs in me» 
dìum proferantur, auctor ipse prò ingenuo suo yeritads studio 
et animi candore impensiùs exoptet.' Quarè quum nuper in eo 
elaborayerimus, ut catalogum illum noyis artificum accessio- 
nibus dilataremus, cujus operse nostrae rationem alio tempore 
reddemus, nunc uno exemplo docerejuyit, etiàm esse, ubi 
lociis scriptorìs mendosus artificis nomen catalogo praeproperè 
insertum *non solmn pepererit, sed etiàm alii artifici justam 
statuse gloriam eripuerit. 

Bes nobis est cum Calo, incerta patriae et aetatis statuario, 
quem SìlUgius confidentiùs, quàm par erat, in medium ex 
Clemente Alexandrino protulit; quem locum paullò obscu- 
riorem ex re est hic repetere. Protrept , pag. 3o , ed. Sylbw 

fci 009 òfc^tfiteXXtTt, fi rSf o^fcwth 'AS-jjfijot xaX^Ofci fitf B-iSf TMg fclf ^ié 
ttorSi Irrofóorrtcì i^ùuottVy litXtfcifftc ^ttxwim tf rn riri^TH tSw vfis 

Ttfotiùf, De Eumenidum ìllarum, quas Athenis solemni nomine 
rSf tnfvfmi B^tSf nuncupari constat (i), numero et statuis tribus 
infra dicam : nuncprimàm quaerendum de nomine artificis, 
cujus arte media illarum Eumenidum statua facta perbibetur. 
Hunc yerò artìficem nullus yeterum scriptorum praeter Cle- 
mentem noyit, quod in opere apud antiquos celebratissimo 
non potest non mirum yideri : pra&tereà et ipsum nomen 

(f) V. ad Philom. Gramm., p. i6i. Qaod ibi monni, nomine <r»T o^*f*iSì 
^fSf Athenis vulgo Eumenidas, neqne vero alias deas intellectas esse, id 
minime infringitar iis, qnac centra disputavit Creazeros, Symb. t. IV, p. 817 
seqq. Neqne eomm qnae olim monni , me piguit, qnùra in eandem post me 
sententiam incidisse Meìnekium ad Meoandrì fragm. p. 346 obsenrayerim. 



DE EUMEiriDUM STATUIS ATTI GIS. l5l 

propter insolentem ejusfbrxaam velim alius esempli auctoritate 
firmetur. Quid multa? Nse is obtusà piane mente fuerh, qui 
Calanddis nomen hìc delitescere praecipienti obai dire recu- 
savit. Cujus sententiae certìssimuni exstat testimoiiium Scho- 
liastae .£schinis Or. in Timarchum. T. i , pag. 747 ^^* Reìsk. 
cujus verba nullam dubitationem admittunt et tantam Teritatis 
specìem prae se ferunt , ut ex Hmpidi^imo fonte , ex Istro for- 
tassè , ut infra demonstrabitur, ducta videantur. Apertis enim 
▼erbis : Tpi7f J««r, aìt scholiasta, mtut ttl Myifttfut nf^m ^i«8Ì, 
9 E9 ftm^tgy ^''EftffVif ifv ras fiif Jvo 2»««-«f i Uuftu wtwitiKtt i» 
T#v ?i9Zfir0v A/S-Aif , rif fì fii^* nixuftts. Calamis igitur, non per- 
sonatus ille Calos Clementis, auctor medise illius statuaefuit, 
cujus aetas opùmè cum^ Scopa parie congruit. Si enim vere Sii- 
ligius Scopam inter Olymp. XGVIl et CVII maxime (loruisse 
statuit, potest is ejusaetatem sane attigisse, quem coostat Apol- 
linem Ale^icacum fecisse, quippe in memoriam pestis olim 
Athenis grassatae , quse exacta fuit Olymp. LXXXVII, 2. Vid. 
Sillig, p. ii5. INihil vero nps cogit, ut Calamidis aetatem cum 
Silligio putemus propè abfuisse à Phidiae tempore; ima Cala- 
midem, quùm Apollinem illum faceret,. niliil impedii, quo- 
minùs dicamus vegeta adhuc vitse aetate fuisse. Quid enim, 
qnaesoy est, quod Apollinem illum ultimum Calamidis opus 
fuisse cum Silligio statuàmus? His vero positis apparet, omnia 
qua; Silligius monuit vel de «tate, qua media illa statua facta^ 
sit, vel etìam de discrepantià Poleraonis et Phylarchi (2), 
quorum ille tres Eumenidum statuas , duas tantummodò bic 
Athenis viderat , componenda non solùm aliena , sed piane ficta 
esse. Nempè ut hanc famae discrepantiam explicet, Silligius 
Calo illius aefatem post Scopae mortem Olymp. CVII collocat et 
ita quidetn ut , quùm Polemo tres jàm statuas Eumenidum no- 
verit, is post Calo aetatem vixisse, Pbylarchus vere , qui duas tan- 
tummodò h. e. Scopae opera viderit, ante Calon etPolemonem 
vitam degisse putandus sit. Omnia baec licet acute excogitata , 
uno veluti ictu jàm concidunt. Etiam propter aliani causam Sii- 
* lìgiana illa explicandi ratio probari non poterat, quod auctor 

(2)Schol. Soph. OEdip. Col. 89 : '«vx«p;t^^ ^"*"» ^*® «^tac •*?«!, ti, ti 



l5a ni. REGHERCHES £T OBSERVATIOVS. 

ejus zpse sine dubio intellexisset, «i quae de Polemonis, Pene*' 
getse nomine apud Teteres clarissimi scrìptorìs , et Phylarclìi 
fttate Constant , expendere voluìsset. Pene aequales enim eos> 
dixerìs. PtolemaeiEpiphanis tempore PolemoTitamdegit^ dùm 
Phylarchum, qui vix iIKus astatem superasse censendus sìt, 
historiarum libro^ trìginta suos ad Ptoleman usqpè Everget» 
mortem deduxìsse è Snida constat. Et eidem sevo pariter Calos 
ille, si. in Silligii sententià perststendum esset^ assignandus 
foret. Quis vero serio concedat , eà aetate staiuam confici po<* 
tuisse, qu» Scopae juxtà opera non solàm Athenis collocata esset^ 
Terùm cum iì^ artis praestantìà vel etiam aemulari potuisset? 
Sed satis hàc de re dictum. Restat , ut de his sutuis earum- 
que numero verbo dicatur» Primùm dubitati non potest, ea 
ipsa signa a Galamide et Scopa facta eadem esse, quibus sa-^ 
cellum propè Areop.igum Athenis dicatum erat* Horum men- 
tionem facit Pausanias i > 28^ nihìl tamen ncque eorum de 
auctore neqùe de numero tradens. Polemo tres Eumenidas 
noyit j de earum auctore pariter tacens ac Pfaylarchus, eo , ut 
diximus, cum Polemone pugnans^ quod duas fuisse numera 
Eumenides totque Athenis statuas visas esse tradat (3t). Terna- 
rium earum numerum egregie firmat scholiastaille^schinis^ 
. qui 1. e. ita pergit : Oì ^t *Apeo4r«yrr«i vfiìs r^» f^nvìs iftifttff t«^ 

rtù ^ifùiFù/utta uÙtm ttféù ^iirtiftt xéi yuXA tv tcyyuùJtt Ktfttfiuùtf, ^ttoì 
fitrrot avTeifj 0/ fctf Tfg uvm Ktù 2»«r0t>f , pi i% 'ZKirèus »Mt 'EvavifMV y 

'Efiffótts ti0Xoujmiyéùf. Grammatici integra verba adscrìbere haud 
tasduit, quùm in transcursu hìc corrigi pos^int. Scrìbendum 
enim esse £v«ytf^9f, certissime liquet ex scholiastàSophoclis 1. e* 

dicente l'alar f^s ^1 é» riJTirJifj^ fùtiri^tt rSf Zuf^tn^ùt* Eùaif ijfénf «yifyp«* 

^tty Ì¥ jéfil^tt^m riff (4)r Ex quibus verbis si cum scholiasta ac- 
curate contuleris , simul compertum habebis , interpreti Ms- 
chinis ad manus probabilìter fuisse aut ipsius Istri librum aut 

(3) Homerus , quamquam passim plares Eriuayas exhìbeat , tamen unam 
solam memorai, Ilìad. 9, 5t7i. Atque in vasculo Orestes ab una furia in 
itinere agitatur. Hamilton. Collect. of Etrusc. antiq. i, tab. 33 , 34, 35. 

(4) Gaeterùm de orìgine Eumenidum alia tradit Eophorìò, cajiu locns. 



DE EOMENIDUM STATUIS ATTICIS. l53 

aaltem ex librìs ejus excerpta ; quo fit ut illius'^deEuinenidibus 
tradita etiàm majorem nanciscantur auctoritatem. Àddedeni- 
què) ut me in viam recipiam^Tragicorumauctoritatem, qui Eu- 
menides tres numerant (5). Quse igitur causa tandem f uit, quod 
Phylarchus duas tantum Eumenidas esse totidemque Athenis 
earum simulacra haberi adnotaret? Veri videtur simile dis- 
crepantìae originem ex eo derivandam esse, quod tria illa signa 
non ab uno artifice sed à duobus, duo Terò eorum ab uno 
£icta essent : bunc i. e, Scopam ejusque opera duo Phylarchus 
respexerat, quùm de Eumenidum statuis ageret, minime ne- 
gans Athenis praeter illas etiàm ^lia earundem dearum signa 
reperiri. Qua observatione is, qui Phylarchum hàcin reauc- 
torem habuit, abusus, illam sententiam Phylarcho subjecit 
tanquàm dicenti, duas^sse Eumenidas, ac quidem bine duo 
quoque Athenis earum simulacra sibi effinxit. Qua in sententià 

inter cjns fragmenta à MeÌDekio collecta, p. lai, ex SchoL Sophodts OEd, 
Col. 674 , proferttir adhac mendosisùmus , hlc obiter tentandus : 
n^óff-fo /f ftif /«t«'4rXN«r«c é^ixoftlv»? («>ov] oT^ot 

(KXN/A«0-|) TAfXlVff-OlQ ifriO^ftpiti mMKAfJlTì'ctCm 

Cina in bis multa sint, qu» meritò offendaDt, tùm primùm Meinekiu» 
«^7ìr«r«9 cpiid yelìt, se intellìgere, deindè qua ratione secandus yenus piane 
recens restituì possit , se scire negat. In rectam emendandi TÌam eum for- 
tassè ducere potuisset Phorcynis mentio , cajus non solùm Enmenides sed 
etlam Gres fnisse fili» perhibentur à poetis. Jàm si licet d-i/>«<rf i/kc fili^ 
interpretari , quod sane praeter nsum dlctnm yìdetur, aut si licet sumere, ab 
Kupborione Eumenidas et Grsas'non tàm filias, quàm potiàs neptes dictas 
esse, correctio sensns et aliquatènùs metri in promptu est. Versus enim ille 
legendus : 

EùfJttyiJ'u rf «7(811 TI ^vyxvfi^éLt ^ófjcvydc. 

Hesiodus in Tbeogonià è Dracone et Lascari lau<ìatu8 Hermanno Prasf. ad 
Drac. tract. de metris, p. XIV, XV : 

Netamen quas aliorum fortassè'sunt, mea faciam, admonendnm est, cor- 
rectionem illam , an jure mibi arrogem , memet ipsuro Ignorare. Esemplari 
enim Euphorionis Meinekiano meo ad y. ifynrgL adscriptum in margine 
nunc inyenio «an Tftt7Ai », qaam notam utrum ipse olim adleyerim, an forte 
Goettlinguis collega meus olim eonjunctissimns, cui, quùm JensB adhuc yer- 
sarer, librum illum commodaveram, in, medio relinquere par est. 

(5) V. Reisig. Enarrat. ad Sopboc. 0£d. Coi. p. XXXIV. 



1d4 UI. mxaSEMCBES ET OKSEMTATiaan. 

qood dao SDt Adiads i^in «vini. 11. e. open Sco|He , ìd Pbj' 
laidio tribocndoiB , i{iiod dnar Terò i 
podòs gnumnaiìci band acconti ( 

ScnncosHB Gnsx cai. ■civ. 

FsnnKis Osasv. 




e. UL HAJSSA^rcE d'hélete. 
(TW. if <ig^. i83o. G.) 

« Dbms ce beau bas-rdief de la TÌlla Boi^hèse, dk le fonda- 
« tear de la sóence archéok^iqoe (i), on reoonoaìt soms au- 
« emn dauie la naUssanee de TiTephe^ fib dVercole. La fiemme 
« asnse panSt Augi^ la mère de ren£uit allaité par une Uche , 
« et la persoone deboQt une de scs confidentes : \t piatane de- 
« signe la forét <m l'arbre soos les feoilles da^d Tcn^nt aTaìt 
« été cache. « 

Mais OD enfiinf coifie d'nn hannet ne pent se prendre dans 
ancnn cas pour nn en£uit male (2} , et la petite tiche^ si Fon 
Toulait indiqoer ses rappons avec Télèphe (3), demit se trou- 
Ter du còte oppose. D après la place que cet animai occupo 
dans cette scène, il ne pent appartenir qu a la femnie assise : 
c'est ain» qu on trouTo i aigle aox pieds de Jnpiter, le lion à 
còte de Cjbèle, la colombe près de Yénns, ci la pantbère au- 
près de Baccbns. Or quelle est cette dirinité à laquelle la òicAe 
étaìt spécialement consacrée ? 

Pansanias (4) nons arertit qne la funense Nanésis die Rbam- 
nns (5) poitait une stépbané omée de biches; il cite en méme 

(i) WindLefanann, Mommi, inéd. p. I, cap. 36 , n. 71. 

(s) Vojez la Naissam:^ d'ApcJkm et de Diane, Ami. driTInst. di Corr. 
1819, toT. d'agg. G. et p. SgS. 

(3} On doit s'étooBcr qne tontes les fois qa'nne petite làdie figure dans 
tme composition , les antiqnaircs se rejettent sur la £ible de Tclèphe. Foyez 
Mas. WonnslejaD. Tar. Vili ; MìUingcm , Anc Uiied. Moniim. tar. 
XX-XXIV. 

(4) Lib. I, 33. 

(5) Chef-d'ctnm à*Jgoncrìtus^ d*apr«s TaTis de M. SiDig (Catal. aitific. 
p. s6 sqq.)^ qm cite^ dans eette occasioo, les opinions dificrentcs qn'ont 
énoocées à ce siijet les aotears anciens et modcmes. 



LA WAISSANCE D^HÉLÈPTE. I 55 

temps parmì les sujets sculptés en relief ssur la base de cette 
statue celui cI^Hélene conduitb par Leda vers Némbsis, sui- 
Tant la tradìtion qui désigne Jupiter et Némésis (6) comme les 
' parents d^Hélène, dont 1 education était confiée à Leda. 

Un sujet analogue, si je ne me (rompe, est exprimé sur le 
bas-relief de la villa Borghése. DaìUeurs, la méme tradition ex- 
plique seulepourquoi les chariotsà bannes (7) qui conduisaient 
les jeunes filles en procession au tempie (THélène (8) étaient 
ornées d'idoles de biches et de griffonsi animaux consacrés a 
Némésis (9). 

Le piatane vient encore à l'appui de notre interprétation. 
Théocrite rapporte dans la dix-huitième idylle, v. 48, les 
mols suivants inscrits sur récorce d'un piatane : 2EBOT M** 
EAENAi: 0TTON EIMI. Adorez-moi; JE suis l'arbre d^Helene. 
C'était aussi un arbre de cette espèce qui portait le nom de Méne* 
laide et jouissait d*une haute reputa tion , parce queMénélas la- 
vait piante à Caphyesen Arcadie, prèsdu tempie de Neptune et 
de Diane Cnacalesia (io). De plus, si Pausanias(i i)fait mention 
d*un eulte d'Hélène Atp^pirtg , établi à Thérapné, parce queles 
suivantes de Polyxo sous la forme des Furies avaient tue ici 
Hélène lorsqu'elle était aubain et suspendu ensuìte son corps à 
un arbre , il est difficile de méconnailre dans ce récit la puis* 
snnce de Némésis et le sens religieux qui d^^ns Thistoire d'Hé* 
lène s attaché si évidemment au piatane. 

Leda, dans lattitude respectueuse dune nourrice, est de- 
bout devant sa maitresse : lartiste lui a cependant accordé 
cette belle taille qui, d après la fable vulgaire , pouvait justifier 

(6) Philostrat. Heroic. e. XVI : TÒ iì itpòv iV'fe/T*! /xi? vfli t« McttarUt, 

ai«) 'EXfVN virò Moif»? ^c/vap/xo0-<&iVTi(. — Uérodote, ììi. II, e. 98, 99, che i 
Memphis un tempie de Prothée , avec une chapelie d*ane Fénus étrangère 
(!•¥» 'A^^o/'iTM ) , qui se rapportali à Hélène, 

(7) Dans le genre dejcelle publiée dans mes Vasi di Premio, tav. IV, a. 

(8) Hesych. II, ii38 , v. Kkyia^ftt, Lisez yfvrmy au lieu de yu?ruy. 

(9) Hesych. v. y^uTrw fi/ox?«otf «-TafaToT ittihoufft yuirùi ** ifci^ii. Peut- 
étre yfvvAy «rw^o? (o? ipt**' ) NI/mi^i». 

(io}Paas.IX,a3. . 
(il) Lib. II, 19. 



l56 III. RECHERGHI^ ET OBSERVATIOHS. 

l'amour de /upiter. Le siége sur lequel Némésis est assise, et 
inieux encore', le niarchepied dont elle se sert, distinguent la 
déesse de la mortelle. Elle représente bien une mère qui ^ au 
lieu de se charger etle-méme de la première édacation de son 
èn&nt , préfère le confier à d'autres soins , et vient de tetnps en 
temps assister au développement de ses forces et de sa jeune 
intelligence. Mais pour mieux comprendre pourquoi lartiste 
a donne à sa Némesis les traits qui la caraetérisent ici, il faut 
remonter à l'origine théologique de cette déesse. 

Némésis est fiUe de ì'Océan et de la Nuit{i^)^ et la biche lui 
est consacrée : mais elle partage ce symbole avec XArtends 
Despoena ( Diane souveraine) de l'Arcadie (i3), la méme qua. 
Ton appelait aussi Diane Stymphalique (i4)* Or, cette Artemis 
Despoena est considérée comroefille de Neptune et de Ceres la 
Noire (i5), que Ton adoxait aussi sous le nom de Céres Erin^ 
njrs (i6). Il en résulte que T Artemis Despoena se rapproche 
singulièrement de la Némésis, et Fon comprendra maintenant 
pourquoi Hélène y fiUe de Némésis, se troupe au tempie de la 
Diana Orthia^ à la téte du choeur, qui célèbre la féte de la 
déesse , lorsque Thésée et Pirithoùs vinrent Fenlever (17). 

Kemarquons ensuite comme les rapprochements qu'établis- 
sent entre Diane Despoena et Némésis les traditions théologi- 
ques et symboliques s*accordent parfaitement avec les repré- 
sentations de lart , et en re^oÌTent une noutelle confirmation. 

(i3)Paiu. I, 33. 

(i3) Paus. IX , 10 ; lib. VI, 29. Sophoc. (Mò. Col. 1193 : 
X^f* Kaì KA^iyiitwi 4rt/iBfom»<raiy Mrct/or 
* 'fì»v^ó/ì»f fXA^»y. 

La déesse, assise sur une biche, comme Apoilon sur un grìfTooy se 
trouve sur un yase publié par M. le com'te de I^aborde (Yas. Lamberg, y. II , 
pi. a6). Auprès de Colophon est situé le mdnt Coracìum; c'est de là que les 
biches, lorsqu'elles sont pleines, yont eu.nageant jusqa'à une petite ile 
consacrée à Diane, pour y mettrebas. (Strab. XIV^ 643.) 

<i4) Paus. IX, 33. 

(i5} Paus. IX, 4a. La terre noire est la plus fertile. Ce sens seul explique 
les deux noms d^Eréirie, Strab. X, p. 448, ìAìXauU (terre noire) ^' ixmhtttù 
rpoTif ov a *EfirfHfi kas *Af órpiA ( terre labonrée ). 

(16) Paus. IX, a5. 

(17) Plut. Thes. e. 36» ApoUod. Ili, e. 9, 8- 8. Hygin. f. 79. 



LA. NAISSAKCE Wnihkffl^. l5^ 

La Némésis de notre monument a tout le costume dSme 
Diana Hécate (i8). Mais ce qui est bien plus ìniportant à con* 
stater, c*est la ressemblance frappante de cette Némésis avec les 
figures de Fénus^ qui sont de la belle epoque de l'art grec y par ^ 
exemple avec celle du beau cratère représentant des noces 
bachiques et conserve au Musée de San-^Martino près de Pa- 
lernae (19). 

Cette observation peut résoudre encore un problème agite 
depuis long-temps ; elle fait comprendre comment Agoracri-- 
tus, vaincu par Alcamène (20) , a pu changer en Némésis une 
statue primitivement destinée à rendre les traits de Fénus. 

Théodore Panofka. 



Q. NUMISMATIQUE. 

DE NUMO SARDI ANO. 

Numus sardianus est, qui-cum ad fabulas Lydias, qiiarum 
tam exigua nunc exstant vestigia , illustrandas aliquantùm fa- 
ciat , paucis verbis bìc explicandus videtur» T. E. Mionnet 
in opere utilissimo : Descrìption des médaìUes, tom. IV, p. i38 
et^Sp, eum itàdescribit: CAFAIC. AclAC. ATzMAC. €AAAAOg. 
A. MHTPOnOAlc. Téte voilée et tourrelée de Jemm£^ a droite, 
RV.€ n. CT. ATP.HPAKA€lAIANOT.CAPAIANi2N.B.N€ OKOPON. 
Triptoteme dans un char attelé de deux serpentSy allant de 
gauche a droite; au bas , un fleuve couchéy pres duquelon lit : THs 
dans le champ^ TTAOC* Mionnet eum numum Inter monetam 
Tranquillina^ recenset, sed in margine, eum Otaciliae potius 

(18) Démétrios dit qa^jirtemis est la méme qa*j4drastea oa Némésis (Har* 
pocrat. ▼. 'A/f«rr.}. Cette juste observation de Dómétrius expliqae pòarquoi 
Ciéanthe de Coriìsthe représenta en tableau Diane portée par un griffon ^ 
qui, d'après le témoignage de Strabon, lib. Vili, p. 3^5, ayait obtenu une 
grande celebrile. Comparezpl. XVIII des Monum: inéd. de Tlnstitut. 

(19) Gerhard Ahtike Bildwerke^ Heft. II. Elle s'y trou^ accomp9gnée 
d*iine biche , et près des deux époux. 

(ao)PUn.XXXVI, 5,s.4. 



l58 III. RECHERCHES ET OBSERYATFONS. 

tribuendum esse, sententiam fert; praestat fortnrssè utràque re« 
jectà Sardis metropoleos ìpsius imaginem in parte adversa 
agnoscere,cuin Otacilise vuUus in eà expressus nonsimiUor sit 
quàhi Tranquiliin». In aiterà parte quem Mionnet fluviumdicit; 
ipsam esse Terram arbitror, cum nomen TU adscriptum sit, 
laevàque spicas teneat , et mascuUni sexùs in eo certe exemplari 
hujus numi,quòd Mionnetiiaitesulphureexpressum ante ocu« 
loshabeo, nulla appareant indicia. Dextrà autem ea mulier 
▼estem, qua crura et femora involuta habet , attrahit et sinum 
pandit, quohaud dubiè fruges exceptura est, quasjuvenìs ille 
serpentibus vectus è chlamyde, quam brachio sinistro exten- 
dit, dextrà manu jàm dispergit. Nam quod Terra spicas jàm 
manibus tenet, prolepticè factum est ncque artis antiquse 
legibus disconvenit. Jàm autem mirum videtur, quòd- juveni 
illi satoci non TPinTOA€MOC sed TTAOC nomen adscriptum 
est. Sestinius quòd opinatur ( Lettere e Dissertazioni, T. VII, 
Fir. 1820 , p. 97.) rixos significare membrum varile (scilicet 
apud comicos poetas), idque hoc loco vim fecunditatis indi- 
gitare, proptereà taiitùm memoro, ne ignorasse videar. Sed 
vide an haec rem expediant. Dionysius Halicarnassensis , ubi 
Lydorùm deos et heroas plerosque genealogico stemmate dis- 
positos exhibet (Antiqq. Rom. I, 27), Cotyn narrat uxorem 
duxisse Alien , Tylli (s. Tyli , Codex Vén. habet cttaoy ) terrà 
orti, filiam , et ex eà procreasse d.uos filios, Asien et Atyn. Vix 
dubitari potest, hoc loco cum numo nostro comparato , hunc 
Tyllum s. Tylum in fabulis Lydorum eodem munere esse 
functum, quo Triptolemus ornatur in Atticis; Terra quod ei 
additur, id eo aptiùs factum est, quod eam ipse Tylus matrem 
habet. Jàm igitur ipse rejicio conjecturam , ex qua in libro de 
Etruscis,vintrod. 2, '5, n. 26 prò Tyllo Hyllum fluvium Lydise 
posui; eam vero, quam nunc prpposui, sententiam jam ìndi- 
cavi in compendio Archaeologiae artium (Vratìslaviae, apud 
Josephum Max, i83o, §. 358, 5. ), sed tam breviter, ut rem 
paulò accuratiùs explicare, haud inutile visumsit. 

C, O. MUELI^SR. 



ANNALI 



DELL mSTITOTO 

DI CORRISPONDENZA ARCHEOLOGICA. 

ANNO i83o. 
FECONDO E TERZO FASaCOLI. 



ANNALES 

DE l'iNSTITDT 

DE CORRESPONBANCE ARCHÉOLOGIQUE. 

I 

anuée i83o. 
DEUXIÈME ET TR0I5IÈME GAHIERS. 



II 



I. MONUMENTS- 

I. SCULPTURE. 

a. ESSAI SUH L£S IDEES GOSMOGRAPHIQUES QUI SE 
RATTACHEISTT AU KOM d'aTLAS, 

G02IS1DB&ÌB8 DANS LEUR BÀPPOET AYBC LE8 RXPRESBHTATIOJIS ÀNTIQUES 
DE CB PBR801T1TÀ6E FABUtBIJX. 

{Tw.éCAgg. i83o,E, 5.) 

Lbs Grecs, comme tous les autres peuples, ont commencé 
par avoìr d'élranges idées sur la géographie et la cosmogra- 
phiej ces idées annoncent catte epoque d'enfance où rhomme 
récemment réuni en société ^, jetant un premier regard sur les 
phénomènes qui Tentourent, essaie de les expliquer, au moyen 
de l'analogie , par les notions élémentaires que rexpérience de 
tous les jours met sous ses yeux. Avant que le perfectionne- 
ment graduel des connaissances eùt permis aux Grecs de ré- 
former ces premiers apercus, les poétes s'en emparèrent, les 
eonsacrèrent dans leurs chants, et les liant à la mythologie , 
les fixérept dans l'imagination du peuple. De la poesie, ces 
idées passèrent dans le langage des arts , où elles trouvèrent 
une expression fidèle, méme à une epoque où depuis long-temps 
^ on en sentait la puérilité. 

U n'est pas inutile de suivre ces idées dans leur progrès et 
d'en saisir Tensemble , pour pouvoìr se pénétrer du vrai ca- 
ractère de certaines - représentations dont les anciens nous 
ont parie, et sur lesquelles plus d'un antiquaire habile s'èst 
mépris. 

J'en donnerai pour exemple deux bas-reliefs qui ornalent 
le cofifre de Cypsélus et le tróne de Jupiter à Olympie; iU re- 
présentaient, ditPausanias, Atlas soutenant le del et la terre. 
Au défaut de monuments analogues , il est difficile de se faire 
une idée exacte de la manière dont oh avait du figurer le del 
et la terre, soutenus à lafois par Atl^ , a moins de réunir les 
notions cosmographiques que les anciens avaient rattachées au 
nom de ce Titan. C'est l'òbjet de ce Mémoire, qui touche a plus 

II. 



l62 I. MONUMCNTS. 

d'un fait intéressant pour Thistoire des opinions.et des con- 
naissances des Greca. 

Deux fonctìons principales avaient été dévolues à Atlas par 
les anciens mythologues grecs. Selon les- uns , il soutenait le 
ciel ^ selon d'autres , il soutenait le ciel et la terre. Nous allons 
les examiner Fune après Tautre. 

$. I. Alias sotUien du ciel. 

Une des premières idées qui se sont présentées 'aux Grecs 
comiìie a beaucoup d'autres peuples, c'est que le ciel forme 
au-dessus du disque terrestre une voute solide , à laquelle les 
astres sont attachés comme autant de clous lumineux. De là 
les épithètes de nt)iftfSyZf^Mty9p}iiz'i^^f qu'Homère (i) et 
Pindare (2) donnent au ciel. De là encore cette tradition my- 
thique qui faisait le ciel fils d*jicmon, ou Enclume. (3) 

Mais une voùte solide et pesante ne pouvait rester suspen-» 
due: en l'air sans étre soutenue par quelque support. « C'est là , 
a nous dit Àristote , ou l'auteur du livre aristotélique de Coelo , 
« ce qui fit imaginer qu' Atlas soutenait le ciel ^ en le suppo- 
c< sant d'une matière pesante , on inventa un principe anime 
« {Mumyttn ifi^vx^f) qui en supportait le fardeau» (4). Ailleurs il 
parie d'Atlas , « que les mythologues figurent ayant les pieds 
« sur la terre [et soutenant le ciel de ses bras] » (5). Ces pas- 
sages conduisent naturellement à penser que k notion de 
montagne servaci à soutenir le ciel n'est pas primitive ^ mais 
qu'au contraire l'idée cosmographique fut immédiatementfer- 
sonnifiée par les Grecs ; car Àristote ne dit pas qu'on imagina 
de soutenir le ciel au moyen d*une montagne, mais qu'on in- 
venta un principe anime, un étre de forme humaine , pour 
remplir cet office. Or, tonte l'antiquité depose en faveur de 
cette assertion. 

En effet , partout , dans les anciens poètes , Atlas n'est qu'un 

(1) Hejn. Excurt, FUI, ad II a 494. 
<a) Disseir. adPìnd. VI, JYem. 6. 

(3) Etymol. magn, h. v, 

(4) II, i,p. 453, B. Durai. ^ 

(5) Id. de Animai, mot. e. 3, p. 702, B. C. 



a. IDEE8 COSMOGRAPHIQmSS SUR ATLAS. l6,3 

personnage doni le nom provient évidemment da ròle qu'on 
lui attrìbuait. Nulle part l'idée de montagne n'j est jointe -, sans 
parler d'Homère , dont le passage sera examiné plus bas (6) , 
tous les anqiens poètes grecs, a partir. dUésiode , nous repré- ^ 
sentent le cììbI cornine suppone par Atlas lui-méme, qui, place 
a l'extrémité de Foccident , vers- les Hespérides , soutenait de 
ses bras et de ses giiissantes épaules un si pesant fardeau. 
Aussi Escbyle le qusAifie colonne de la terre et du ciel (7). 
C'est souscette forme qu'Atlas,ayaitété reproduit sur tous les 
monuments qui nous ont été conservés, ou que les descriptions 
des anciens nous font connaitre. L'Atlas des anciens poèt^ est 
dottc, quaht aux fonctions qui lui étaient attrihuées (8)^ la 
personnificatìon immediate de l'idée cosmographique. 

Cette obseryation n'est pas sans^ importance pour l'histoire 
de la géograpbie; en ce qp'elle rend a peu près inutiles les 
conjectures des modernes sur la situation réelle de la montagne 
AtlaSy dont les anciens poètes grecs ont parie. On acni que cet 
Alias est l'expressic»! de la ebaine de ce nom qui , i^ue de prò- 
fil y se présente eomme un pie isole (9) \ on a dit encore que 
c'était le Pie de Ténériffe, dont les Pbéniciens avaient pu ap- 
porter la connaissance en Grece dès le temps de Cadmus(io); 
toutes ces conjectures et d'autres encore sont contradictoires 
avec le trait caractéristique d'Atlas, dans les sources les plus 
ancienne^ , et au fait positif que VAtlas montagne n'a été 
connu des Grecs que fort tard. Le personnage de ce nom est 
. lié ayec les Hespérides, le lac Tritonis, Calypso et. les Gor- 
gones(ii); c'est-à-dire qu'il fait partie de. ce groupe d'étres 
fabuleux que les Grecs avaient placés à l'extrémité de leur 
occidente qui , au temps méme. d'Homère , ne dépassait pas la 

(6) Odru.i 5i'^. 

(7) Prom* Fina, y. 556 sq. Je lis xioiv evp«vov avee Blomfield, et non 
«lev* ovf» '' ' 

(8) Cette restrictìon est nécessaire, parce.que le myth(B d'Alias tenait a 
beaucoup d'autres rapports. F, Voelcker, Die Mjrthol, der Japet. GescJiL 
S. 3 et 4* Miiller, Prolegom, zu einer WissenscK MjrthoL S. 191 ff. 

(9) Humboldt, Ansichten der Natura I, S. i8, zw. Aasg. 
(io) Ideler, dans Humboldt, ouvrage cité, I, S. 127-1 3a. 

(il) Mannert, Th. X, aw» Abth. S, 164-178. —Voelcker, S. 67, ff. 



l64 '• MOlfUMEirTS. 

petite Syrte , et , plus au nord , la Sicile. Cest aussi dans cette 
région qu'ìls placèrent d'abord F Alias géographique , quand 
ils eurent transformé le personnage en montagne. 

L'origine de cette Iransformation peut ^ je crois ^ se dédnire 
natureilement de cet autre paBSage d'Aristote (i &) t « De meme 
« qne les colonnes servent à soutenir les masses pesantes , aio» 
« les poètes nous partent de FÀtlas qui soutient le ciel, et 
a Fenipéche de tomber sur la terre , camme le diseni quelques 
« physidens {irvif rSr foofXiymf rnUptui). 1» Or, noUB savons 
que les premiers pfaysieiens , en transportant dans leurs sys* 
tèmes les mythes poétiques ott religiéui, firent Topération 
inverse de celle des poétes théogoniques ; c'est-à-dire qu'ils 
métamorphosèrent les agents di^nns personiiifiés en agents 
physiques. Nous ne poUTons guère douter que FÀtlas , per- 
sonnage chez les poètes » ne devtnt , dans les idées des physi- 
ciens^ une montagne éleì^ée, qui supportait le ciel comme le 
iaisait Tètre mythologique. 

On conipoit que , par suite de cette transformatìon , il a suffi 
que quelques nayigateurs aient trouvé ^ dans la partie de la 
Libye voisine des Syrtes, une montagne élemée, pour qu'ils 
lui aient applique le nom d'Atlas. Hérodote nous tiet lui^ 
méme sur là Toie de cette opération. H parie des Atlantés qui 
habitent à yingt journées des Gajramantes, aux enTirons du 
mont Atlas; ce mont était si élevé qu'on n'en Toyait jamais la 
cime ; et les babitants du pays disaient quelle est la colonne du 
del (i3)* Assurément, personne ne croira que le nom tout 
grec à'jitlasj et son dénTé Atlantés, fussent ceux que les 
naturels donnaient a la montagne et a eux-mémes^ et il me 
semble évident qu'ici Ics Grecs ònt lié ensemble l'idée de cette 
montagne , regardée par les gens du pa^s comme la colonne du 
ciel, avec celle de leur Atlas qui était censé soutenir le ciel 
sur ses épaules, dans l'occident du monde connu d'Homère* 
De là, le nom ^ Atlas et ìl Atlantés transporté à cette mon- 
tagne et au peuple qui habitait auprès. 

(la) Metaph, V, a3, p. 899 B. 

(i3) TottTOTOf iim«1owo»ffli»o»^é>ow«'i oìtiri;t<»f»*» «*»*'• Herod.IV, 184, 4- 



a. 1DEES COSMOGAAPHIQU^ SUR ATLAS» l65 

Cest 4or9 que dal éU^ Ima^mée la seconde forme d'Atlas , 
celle d'un fie9!Sjotinàg6 changé en monlaenè, maB conservant 
sous oeite nouTeUe forme les tracee de sa^ première nature. 
Tel nous le dépeigneat Virgile et Ovide (t4)» dw<s des vere 
qui otit saAs doute $uggéré a Jean de Bdogne Tidée de sa statue 
colossale de l'Apennin. 

Il e^ difficile de savoir nmintesiant à quel pie de TAtlas^ 
correspond la montagne dont JSérodote a enjtendi^ parler. Les 
géograpbes n'oat pu faire à cét égard que dea conjectures. 
Le mont Jmjuta, qui est dans la pài'tie la plus éle^^e de la 
diaine (i5), où les ueiges sont p^rpétueUes^ pourra^t bien étre 
celili que les naturels du payS appelaient la colonna' du del. 

Quelle qu'elle puisse étre, les Grecs durent.en prendre 
connaissance postérieurement au voyage de Colaeus de Samos 
a Tartessus en 689 avant notre ère. Ce fut ce yoyage, corame 
le fait entendre Qérodote (16) , qui ouyrit aux.Grecs la route 
du commerce dans Toccident de la Mediterranée. Les fré- 
queates Communications des Samiens d'a})oi^d, et des Pho* 
céens ensuite , avec les peuples de l'Hispanie et de la cdte sep- 
tentrionale d'Afrique à l'ouest des Syr^^s^ firent connaitre 
tonte cette région jusqu'alors presque ignoré^ ^ et év&nouir les 
prodi^es doat les aneiens poètes Tavaient enyir$nivééi Cesft 
alors que Us Grecs durent entendre piurler de T^piaiou locale 
qui leur d<>ttika l'idée 4'a]^U^uer à;ccftt0 régiól^ V^tb^ imnr 
tmgne des pVemiers ph^aisiena. €e uom »'étQiidit->eiiauite de 
proche en ^ocbe a toute la ebaine jusqu'aQdétrek d^ Oh 
lonnesi et méme aur-ielà, dit Hérodote (17)9 e'estrà-dire , 
je penso , jusqu'au cap Soloé ou Spartel \ car il est à remarquer 
que, m le pèriplo d'Hannon, ni celui dit de Scyla]!^, ne font 
mention d'un Atlas le long de la cóle occidentale d'A&ique. 
C'é^t dans le pèriplo de ì^olybe qu'on en aper^oit la première 
trace. L' Atlas , prolongé au-delà des Colonnes, donna son nom 
a VOcéan odantìque^ dénomination qui se trouve déjà dans 
cet bistorien (18), et dans les Argonautiques du.faux Or- 

(i4) Virg. Mneid, IV, 347 sq. — Ovi^. Met. IV, 656 aq, 

(i5) Shaw. Travds and Observ,, p. 5o. — IL RUler Afìica^ 5. 889 ff. 

(16) IV, i5a. (17) IV, i85. . (18) I, aoa. 



]66 I. MOHUMEITTS. 

phée { 19). Mais rien n'empédie qa'dle soit plus ancienne méme 
qu'Hérodote-, car le nom òl Atlantide, dans Platon ; provieni 
évidemment des mots Atlaret Atlantes, et ce nom semble sùp- 
poser celili de l'Oc^an atlantìque, au milieu duquel cette ile 
était située* Or, la fable de l'Atlantide, dont Platon a parie dans 
le Timée et le Critias, a été tirée d'un poème m^hico-poUtique 
qae Solon composa sur la fin de sa vie (20) pour réveiller le 
courage et le patriotisme des Athéniens. H donna les prétres 
de Saìs pour auteurs da récit prindpal , comme un moyen 
d'en augmenter le crédit. Solon mourut en 55g avant notre 
ère 'j son poème a dù étrexomposé entrq $70 et 56o , environ 
soixante-dix ans après le Toyage de Colaeus de Samos : cet in- 
tervalle était plus que suffisant pour répandre , chez les Grecs, 
les dénominations diAtlas et dì Atlantìque. 

Par une de ces doubles transformations dont les mythes grécs 
offrent tant d'exemples, la longue chaine de l'Atlas fot persoli- 
nifiée à son tour ; et les poètes en firent un roi, pére ou frère 
d'Hespérus, dont Tempire s'étendait sur tonte la còte septen- 
trionale de TAfrique , c'est-^-dire précisément dans k régton 
que parcoùrt la chaine de ce nom. Ce roi fot , en méme temps, 
regardé comme l'inventeur de Tastronomie , qu'il enseigna a 
Hercule et a tout le genre humain. C'est par là qu'on expliqua 
et l'antique tradition qui en faisait le soutién du ciel , et celle 
du secours qu'Hercule lui avait porte. Mais ces fictions, qui ne 
nous ont été transmìses qiie par des auteurs d'une epoque 
recente (21) > diffèrent en tous points des traditiohs stdvies par 
les anciens poètes et artistes grecs. Tout annonce l'epoque tar- 
dive de leur invention. 

Tello est^je penso, la filiation chronologique de ces di- 
verses formes d'un méme mythe; fante d'avoir été classées 
dans leur ordre, elles ont embarrassé l'histoire de la géogrà- 
phie de plus d'une notion erronee. 

Il résiilte de ces observations qu'il faul renoncer à trouver, 
dans les monuments qui nous restent , la trace A^VAtlas geo* 

(19) ^. 1174, Henii. 

(ao) Plut. in Sùlone, §. 3i. 

{Il) Diod. Sic. IH, 59; IV, 27. — Hcrodor. ap Clcm. Alex. I, 36o, ctc. 



a. ID]éES €08HOGRAPHrQUES SUR ATLAS. Ì67 

^aphique avant TépcMpie du voyage de Golaeus de Samos. 

L'Atlas des'anciens poètes grecs n'a été qu'un Tìtan^ comnie . 

Prométfaée, Epiméthée et les autres étres de la race japé- 

tique, dont les Grecs avaient place le séjour aux extrémités 

de leUr monde connu. 
Quand TAtlas fot devenu une montagne, qui, située dans 

rOccident , soutenait la voùte celeste , on chercha , du coté 

de rOrìent , un autre support pour cette voùte. On choisit le 
Caucase , séjour de Prométhée , frère d'Atlas , et dont le plus 
haut sommet , qui surpasse le Mont-Blanc de 900 mètres , of- 
fralt toutes les conditions voulues pour une colonne du cieL 
Cette idée ne se trouve pas ailleurs que dans ApoUonius de 
Rhodes (tis)^ car Tépithète àv^ytirm^ qu'Eschyle donne au 
Caucase (a3) , peut n'étre qu'une expression poétique de son 
élévatìon. Mais elle a dù étre mise en oeuvre avant ApoUonius 
de Rhodes , aussitót que les Grecs eurent acquis une connais- 
sance un peu ezacte du Caucase ; ce qui n'eut lieu que long- 
temps après Homère et Hésiode (2t4)* Je crois que les hautes 
montagnes qui, selon Ibycus, contemporain de Stésichore, 
supportaient le ciel (a5) , n'étaient autre chòse que les mon- 
tagnes de la terre \ et quand Pindare appello l'Etna colonne 
celeste «/«» •»f«f/« (26) , cette expression , avant d'étre prise 
par les Grecs dans un sens figure , en avait un propre et positif » 

$. n. jitias soutkn de la terre. 

L'idée primitive , re^ue chez tou^ les peuples , que la terre 
forme une surface piane d'une certaine épaisseur, qui sup- 
porto le poids de la voute pesante du ciel , laissait à résoudre 
une grande difficulté. Comment se soutenait donc cette terre 
qui supportait tout? La crainte qu'elle tombàt, sans qu'on 
sùt bien au juste bù elle pouvait aller, fit imaginer des expli- 
eations qui reculaieùt la difficulté au lieu de la résoudre ^ 

(m) Argon, III^ i6i-x63. 

(a3) Prometh. Fincu 737 Schiits. — 746 Blomf. — Cf. SUnley, ad h. ▼. 

(a4) V088, AUe ìTeltkunde , S. XVII, col. a. 

(35) Ap. Schol. ApoU. Rh. UI, 106. . 

(afi) Pind. I, Pyih. 36, cf. Boeckh ad h. 1., t. Ili , p. 219. 



l68 I. MORUMBHTS. 

mais qui saffisaient pour calmer un peu la crainte dont on 
Toulait s'afFranchir. Ainsi , dans la oosmographie indienne , 
la terre est sui^pcurtée par quatre éléphants, posés sur une 
tortue, laquelle est soutenue par le grand serpent, qui em- 
brasse tous les mondes. Ce serpent n'est supporté par rien^ 
mais sans doute les cosmographes indiens se tiraient d'affaire 
en disant qu'il se soutient en yertu de quelque faculté divine. 
U eut été plus simple d'attribuer cette faculté à la terre elle- 
méme $ on n'aurait alors eu besoin ni d'éléphant , ni de tor- 
tue, ni de serpent; mais c'est précisément parce que cela est 
simple qu'on n'en eut pas Tidée, a ces époques primitives où 
TextraTagant seul a de la prise sur les esprits. Cette solution , 
aussi commode que simple, s'est présentée à ceux des Pères 
de rÉglise qui niaient la sphéricité de la terre et voulaient que 
le ciel fut une voùte solide ; ils ont résolu la difficulté en di- 
sant que la terre se soutient dans Tespace , parce que Dieu le 
veut ainsi ; raison qui dispense de tonte autre. 

Une explication de ce genre se presenta de bonne heure à 
l'esprit des Grecs , dont l'imagination , mieux réglée que celle 
des Orientaux, conservait toujours un fond de bon sens au 
milieu de ses écarts mémes. Les Grecs restèrent fidèles a leur 
habitude d'expliquer les pbénomènes naturels par l'assistance 
immediate d'un principe divin ; ils préposère&t tantòt un dieu , 
tantót un Titan , a la fonction pénible d'empécher la terre de 
tomber. 

Jé crois que la divinité investie de cette charge fut d'abord 
Posidofi ou Neptune ,• c'est ce qui me parait résulter du sens de 
quelques unes des épitbètes qui étaient jointes à son nom. Celles 
de iìoaix^my Ifónyttt^s^ xivnfflz^tify 9%tTl^B-mf (27), se trouvenl 
dans tous les poètes depuìs Homère 5 elles reviennent a celle 
de Ttreu^M^ yttUs dans Sophocle (2^) 9 et de Mìmrif ySs dans 
Pindare (29)-, et elles se rapportent au pouvoir dont était 
doué Neptune d'ébranler la terre dans ses fondements. Il élait 
ainsi l'unique auteur des tremblements de terre , qu'il calmait 

(17) Greuzer, Meletem. Criu 1 , 32. 
(a8) Trachin. 5o3. 
(ag^ IV, isthm, 3a. 



a. IDÉES GOSMOGIiAPHIQUES SUR ATLAS. 169 

à son gre , en remettant la terr6 dans son équilibre , ce qai lui 
méritait alors les épithètes dìrnv^kkiùi ou itrftOiUiv^ cebii qui 
affermiti qui consolide (3o) , qu'il re^ut.dans tous les temples 
élevés à l'occasioà de tremblements de terre* 

D'où vieni que le dieu de la mer fut investi d'une telle puis*- 
sance ? Cest ce que nous apprend une autre de ses épithètes, 
celle de ymn^z^s ou y«<otfj^«f,qui n'est ni moins anéienne, ni 
moins connue des poètes. D'aprèssacotnposition, «799 ^f c;^»> 
elle peut signifier celui qui tient, retient ou soudent la terre ^ 
aussi bien que ce/uf qui possedè la terre (3 1). Les anciens gram- 
mairiens (3^) l'expliquent par « rif ynt avnz^fy 9^^* soutient ou 
contieni la terre (33). Il faiit remarquer, en efifèt , que , dans 
rexpression de l'idée de soutenir, soit la terre^ soit le cièl^ le 
simple izuf était presque exclusivement employé au iieu du com« 
poséif^x^if rvFfA^fiF, Nous en avons la.preuyedans les divers pas^* 
sages où il est questioii d'Atlas. Ainsi, Hésiode^'^AT^^r ^'tòfmtU 
tifvfixit (34) ^ Euripide , oi^mtìff rh ArAiNp i^^i (35); rinscrip* 
tion du cofiire de Cypsélus , ""At-iiMr Ovp«Mf tp^u (36). Aristote, 

n«i«r«} ri» ^^ArXmtru wùu^n -ri» «òfèuit ìz^fTM (3^) \ ApoUodore , 
"ArKag Izu rnt ifuts rif cófMvif (38) ; et aìlleurs, vìf %i^f Jjjt/ (39) ; 

enfin , dans un passage de Phérécyde , conserve par le sebo- 
liaste d'ApoUonius de Rbodes (4o) , l'un des manuscrits donne 
•vfuìlf ìz^tty l'autre Gtcttmif, qui en est la glose. Tout concourt 
à montrer que v^ti^z^t signifie celui qui soutient la terre , 
comme Atlas soutenak le ciel. Ainsi, Heptune était mrfiixtogy 
parce qu'il étail y^nyojjflf . Plutarque appuie la relation des idées 

(3o) Creuzer, ubi supra, » 

(3i) Gomme 7^«i«to;to«'Af«rif*ic. (Sophocl. OEd. Tyr, v. 160.) 

(3a) Apoilon., 1. 1., et Hesych., v. r*«iio;t. Quant àia seconde interpréta- 

tion, 11 W avlif ò;to»ftivoc, elle est rìdicule. 

(33) Comme Platon dit d'Atlas : aVuiI* «r»Tl;t«v (Ph^ed. %. 47, p. 4i8. 

Fisch.— §. 60 , p. 69 , Wy tt. ) 
|;34) Theogon, 517, cf. 746. 

(35) Hippol. 744, Monk. 

(36) Pau8.V, 18,4. 

{Sr^y Mfetaphfs. V, a3, p. 899 B. 

(38) 1, a, 3. 

(3g)II, 5,11, 14. 

(4o) Ad IV, 1396. — Cf. Sturz. Pherecyd. Fmgm., p. i33, ed. scc. 



lyo .1. MONUMEBTTS. 

ezprimées par ces deux épithètes (i^i). Neptune était consi- 
déré comme la divinile chargée de cette fonction pénible , et , 
à ce titre , comme pouvant à son gre bouleverser la terre ou la 
remettre en état de repos. Je crois que tei a été le sens prinàtif 
at^ché à ces diverses épithètes de Neptune. -Cette conjecture 
acquiert plus de yraisemblance encore qaand on connait la 
liaison établie par les premiers physiciens grecs entre le 
principe qui maintenait la terre en équilibre et la cause des 
tremblements de terre. 

On sait, en effet , d'après le témoignage formel d'Aristote, 
dans le traité du ciel , et dans les métaphysiques , que Thalès 
se représentait la terre comme une ile de forme ovoide , na- 
geant sur le fluide aqueux , ainsi qu'un immense vaisseau; et 
qu^l regardait les tremblements de terre comme le résultat des 
agitations du fluide (42) 9 sur lequel la terre' était poussée 
tantót d'un coté , tantót d'un autre. Les ébranlements cessaient 
quand l'eau n'était plus agitée. Àristote ne manque pas de re- 
marquer que Thalès (43) avait été conduit a cette opinion par 
sa théorie generale sur l'eau, considérée comme principe^ 
théorie dont l'origine est déjà dans Homère. Il est difficile de ne 
pas voir que Thalès, en ce point comme en beaucoup d'autres, 
n'a fait que donner une forme scientifique aux idées mytholo- 
giques qui avaient cours de aon temps ; et que l'Océan , qui 
excite ou calme par son mouvement ou son repps les tremble- 
ments de terre, en agitant ou en laissant reposer la terre qui 
flotte sur sa surface , est exactement le Neptune If^vlx^m qui 
ébranlé , àa-^Jbaog qui raffermit , yatioz^f qui soulient le dis- 
que terrestre. 

Les expressions ambiguès dont se sert Homère en parlant 
d'Àtlas firent naitre une autre opinion populaire sur l'équi- 
libre du disque terrestre; et quoiqu'elle ait, à ce qu'il me 
semble, échappé a la critique des modemes, il n'en exisle 
pas moins dans l'antiquité des traces évidentes. 

(4^) ^n Theseo, $. 35 fin. Tè fAontfAOf ly /vo-icivitov oìs<7ov N;^*' ''"^ ''^^ ^*^^ 

(4a) De Ccelo , II , i3 , p. 467, B. G. — Metaphys. I, 3, p. 843 , D. E. 
(43) Cf. Pseudo-Plat. De Plac. philosoph. Ili , i5. 



a. idìes gosmographiques sur atlas. 171 
Les vers d'Homère 

^E^u fi rt stUfUg iì^ìs 

MéutfMfy ni ymaf rt km) •ùfafiv iftfK tz^unf, (44) 

présentent une grande ambiguité à cause des mots ùfc^ìf 
%x,^99%f ; les anciens grammairìens ne se sont point accordés à ce 
sujet (45). Entre les explications auxqueUescesvers se prétent, 
Eustathe en cite une (46) , d'où il résulterait que ces colonnes, 
tenues par Atlas , supportaient a la fois le ciel et là terre , 
qu'elles conservaient en équilibre au centre du monde. Dans 
cette hypothèse, Atlas, au lieu d'étre place sur la terre, 
aurait été dessous , et^aurait rempli l'office des quatre élé- 
phants de la cosmographie indienne. On pourrait hésiter à 
admettre la réalité d'une modification aussi importante dans 
les fonctions attribuées à Atlas , si plusieurs faits ne la met- 
taient hors de doute. Ainsi , quand Socrate, dans le Phédon , 
passe en rerue les diverses opinions d'Empedocle et d'Anaxa- 
gore , sur la cause qui maintient la terre en équilibre , il ajoute : 
(( Mais quelle puissance a dispose toutes ces cboses pour le 
<i mieux dans l'état où elles sont maintenant ? C'est ce qu'ils ne 
« recberchent pas ; ils ne yeulent jpoint reconnaitre là certaine 
« force divine , et ils pensent avoir trouvé un Atlas plus fort, 
a que le fameuz personnage de ce nom , plus immortel , plus 
<r capable , en un mot, de soutenir l'Univers » (47)* Ce passage 
ne peut évidemment s'entendre que dans le cas où Platon 
ayaìt en yue l'opinion qu' Atlas , soutenant la terre dans Fes- 
pace , jouait le rdle du tourbillon , dans le système d'Anaza- 
gore , ou de l'air, dans celui d'Empedocle. 

La méme obseryation s'applique a ce passage de Plutarque. 
Danà l'opuscule de fade qme apparet in orbe lunce (48) , il 

(44) O^M. «5i^. 

^4^ ^* Buttmann, Lexicoìogus, II, 217. 

(46) Adh.l.p. i3go. 

(47) §. 47, p. 4x7, Fisch. — S- 5o, p. 69, Wyttenb..^.. A*xx« «VwTa» 
«rocHov 5» «••Ti "ATXAfTit i&X'ff^V^f» i «i^«f «latrilo» , ^ /aZkkoì ^clì^a fwil- 

ef8) P. gs3, 18. <— T. IX, p. 65a, 1. 1, ReUke. 



Ija I. MONUMEITTS. 

fait dire à l'un de ses interlocuteurs : a [Sans doute vous n'avez 
« pas peur que la terre ne tombe] •, Eschyle vous aura peut- 
« étre rassuré, en disant qu'Àtlas, etc. » Le passage d'Esehyle, 
auquel Plutarque renvoie , et qui a été cité plus haut , a tout 
un autre sens que ne le (^roit Plutarque \ mais on voit claìre^ 
ment que le sepa qu'il lui donne est fonde sur la forme du 
mythe qui faisait d'Atlàs le soutien de la terre. Je remar- 
querai , ebemin faisant , que, dans le méme passage, Plutarque 
n'a pas mieux entendu les vérs de Pindare qu*il cite 2 « Si la 
K lune, ajoute-t-il, n'a au-dessous d'elle qu'un air léger iuca^ 
« pable de soutenir une masse solide -, du moina la terre , au 
« dire de Pindare , est soutenue par des coloQnes d'acier qui 
a l'environn^nt de toutes parts. » Pindare ne dit rien de p^reil 
dans le passage cité; il y est^question, non pas de la terre m 
general, mais simplement de Vile de JDéhSi laquelle, après 
avoir été long^temps errante ^ fuf, dit le poète, rendue fixe, 
lors da séjour de Latone, au moyen de qu^tre colonnes d'acier 
qui s'élevaient des racines de la terre. (49) 

Gette modification de l'attribut d'Atlas, fondée , selon tonte 
apparence, sur une des interprétations du passage d'Homère, 
parait avoir été admise d'assez bonne beure par quelque poète^ 
puisque nous la voyons entrer^ à une epoque déjà ancienne, 
dans le domaine des arts; et l'on sait que les arts s'emparaient de 
préférence des sujets consacrés par la religion locale, ou que 
la poesie av^it popularisé3« Un des bas-reliefs du mur d'appui 
du trpne de Jupiter Olympien représentait AtlaB qui soutenait 
sur ses épaules le ciel et la terre, •if^Af k^i '^v J^nxm (5o)* La 
méme représentation exjstait sur le ^ffre de Cypsélus , monu*- 
me»t qui parait appartenir au buitième sièeje avant notre ère. 
On y Toyait , dit le méme auteur, Atlas qui , suwant la tra* 
ditìon, porte sur ses épaules le ciel et la terre (5i). L'expres- 
sion'x«i7« vtù XtyifctfM mentre qu'il ne s'agit pas là d'une fantaisie 
indÌTÌduelle; l'artiste n'avait fait que reproduire ce que d'an- 

(49) Fragm. 58 , ed. Boeckh. 

(50) Pansan. V, xi, 5; 

(5i) Id, V, x8, 4 s *At\«c i^ Wt fAi Iw «ftfliv, *ATfliT« M>«^iy«> o»f«»ór 



a. IDEES GOSMOGRAPHIQUElS SUR ATLAS. 173 

ciens poètes ayaient exprimé. Dans les restitutions modernes 
des bas^reliefe du coffire de Cypséius et du tròne de Jupiter, 
on représente ce que soutient Adas sous la forme d'un globe. 
Mais, outre que le globe uè reproduit point tout à la fois /e 
ciel et la terre dont parie Pausanias, ce ne fiit guère qu'à 
partir de Tepore alexandrine que le globe fui employé pour 
repréienter^ soit le ciel , soit la terre ^ quant a celle-ci , l'idée 
de spkérìdté était a peu près aussi loin des anciens artistes 
grecs que celle du zodiaque , dont on ne peut citer aucune r&- 
présentation totale ou partielle , dans quelque ouvrage de l'art 
grec 9 arant le deuxìème siècle qui a précède notre ère* Pour 
ces artistes, comme pour les poètes, la terre n'était qu'un 
disque, dont FOcéan oecupaìt les bords ; le ciel était une voute 
surbaissée qui venait s'appuyer sur les extrémités du disque. 
Voilà quel était le monde d'Homère, d'Hésiode;, de tous les 
poètes et de tous les artisteis antérieurement à l'epoque alexan^ 
drhie ^ ìmage qu'on rejvodirisit éncore long^temps après, par 
une suite de L'influence qu'éxercèfenttoujours' sur l'esprit gree 
les idées que la poesie anti^pte àvait. popularisées. Cesi tini- 
quement dans ce système qué devaient étre figurés le ciel et la 
terre dans les bas*relie{s cités par Pàusaiiias. Atks y arait les 
bras élevés , enveloppant un disgue, qu'il supportait sur ses 
épàules, selon l'èxpression d'Eschyle, et ce disque était sur- 
mcmté de la Totite surbaissée du ciel^ 9^yant méme diamètre* " 
Telle était l'opinion que je m'étàis fàite decette représenta- 
tion^ mais je ne pourais l'appuyer d'aucUn exemple, tire de 
quelque monument, parce*que je n'en connaissais pas. Je 
dois a M. de Stackelberg, auquel je communiquai ce Mé*- 
moire, pendant son séjour à Paris, la connaissanee d'4in mo*- 
Aument qui la confirme de tout un point. Ce savant archéo- 
logue me mantra le dessin d'un bas*-rélief qui occupe un des 
cdtés d'un ctodelàbì^e^ trouvé a Atbènes, et qui appartieni à 
M. Dodwell. Cebas-relief (T'af^. d'Agg. i83o, E, 5.) repré- 
sente évidemment Atlas , sous forme de Titan , comme il de- 
yait étre sur le cofiire au Cypséius , et le tróne d^Olympie ; et 
la manière dont s'y trouvent figurés le ciel et la terre , répond 
exactement a ce que l'examen attentif des anciens textes m'avait 



1^4 '- MONUMENTS. 

fait presumer. Ce bas-relief achève de lever tous les dputes 
qu'on pouvaìt conserTer sur le yéritable sens des expressions 
de Pausaiìias. 

Quand on Toit le sùjet d'Atlas, sur deux monuments ^ 
dont Tun est si ancien, tels que le coffire de Cypsélus , et le 
trdne de Jupiter, on ne saurait étre trop étonné de ce que 
le candelabre de M. Dodwell soit le seul monument antique 
connu qui le représente., Q^nformément a la tradition que les 
auciens artistes avaient suivie. H est bien singulier qu'on ne le 
r^trouTe sur aucun des nombreux yases grecs à sujets mytholo- 
giques. n n'en existe qu'un à ma connaissance , qui y ait quel- 
que rapport , dont le style n'annonce pas une ancienne epoque f 
mais l'on y voit Hercule, et non pas Alias, succombant sou3 
le pòids du ciel qui est figure comme un segment de cercle y 
où sont un croissant et deux étoiles (Sa). Les représentations 
jusqu'ici connues d'Atlas, soit statues, soit bas-reliefs, soit 
médailles , sont toutes de Tépoque^romaine , et se rapportent 
uniquement a la première forme du mythe, celle d'après la- 
quelle Atlas soutenait le ciel^ le ciel y est réprésenté sous forme 
de^lobe, et , dans un seul exemple , sous la forme d'un disque, 
sur lequel sont représentés^es douzesignes du zodiaque , comme- 
une image symbolique du ciel. (53) 

Cette rareté excessive des représentations grecques d'un^ 
mythe aussi ancien que celui d'Atla^, est un fait assez remar- 
quable. Il est pro|>ablè néanmoins que des recherches ulte- 
rieures en feront découvrir quelque autre exemple, et que le 
bas-relief de-M. Dodwell ne sera pas toujours, comme il est a 
présent, un exemple unique. D'avance on peut predire que si , 
sur les monuments qu'on découvrira , le ciel est figure comme 
un ghbe (je ne dis pas xux cercle) ou sous forme de zocUaque, 
ilsappartiendront a. l'epoque àlexandrine ou romaine; et que, 
sur les monuments qui appartiendraient a la belle epoque de 
l'art grec , le ciel sera figure dans le système de représentation 
que Pausanias a décrit. 

JjETEOirilE.. 

(5a) Passeri, n» ^g, t. UI, p. 35. 

(53) Dans-Gaattani, Mon. ant. ined, ann. 1786, p. 5a. 



a. ATLAS £T MIN£Ay£. Iy5 

La fac6 principale de ce, monument en bronze a été publiée 
pour la première fois dans la Venere Proserpina de M. Ger- 
hard (7W. //), où le sayant auteur cherche a établir des 
rapporta entre le Polos {uix^t) et le Modius ou Calathus des 
Grecs. Quant au dessin grave Tav. d'agg. i83o, e, 5, 6, 7, 
c'est une restitution en forme de candelabre dont il n^existe* 
d'antique que la base : nous le devons au talent de M. de 
Stackelberg, qui nous avait promis depuis long-temps d'y 
joindre Texplication des bas-reliefs qui décorent ce monu- 
ment. Notre coUègue reconnaitra profaablement dans le casque 
le symbole de Minerve ^ dans AtUis plutót Fulcain que Nep- 
tane, et dans la chouette, à cause de ses yeux briUants, 
rimage ànfeu^ comme fruit de l'union d'Héphàestos et d'À- 
théné (i). Il se pourrait cépendant que notre chouettè desi-- 
gnàt Méropis, la fiUe d'Atlas et de Pléione (2), qui fut trans- 
formée dans cette espèce d'oiseau pour n'avoir voulu adorer 
d'autre divinile que la Terre (3). En se souvenànt que les 
poètes grecs désignent par fiifo^tf les mortels, et que la chòuette 
a la figure plus humaine que tous les autres oiseaux, on rap- 
prochera peut-étre notre Méi^pù de Pandore et d^Erìchtho^ 
nius , tous deux le type du genre humain , et enfants de Ful- 
cain et d'une doublé mère, c'est-à-dire de la Terre et de 
Minerve (4). Cette particularité explique aussi pourquoi Phi- 
dias avait sculpté la naissance de Pandore sur la base de la 
Minerve Parthénos. (5) 

Th. P. 



(i) Aree nn sens analogue, Lychnos (lampe ou candelabre) figure dans 
la mjrthologie eommejils de f^ulcain et de Minerve ^ et certes il y avait uno 
raison symbolique pour Callimaque , lorsqu'il exécuta en bronze le palmier, 
qn'il allait offrir, avec le Lychnos d'or, à la d^esse d'Athènes (Paus. I, ad). 
Gomparez CeroiiiEtf. (terre cuite], fils de Diony^os et.d'^riadne, die par 
Pausanias » liy . I , e. 3. 

(a) Apollod.1, a, 3. 

(3) Boens ap. Antonìn. Liberal. , e* i5. ' 

(4) Foyez PI. X et XII des Monum. iaéd. de Tlnstitut, ayec les disserU- 
tiona qui les expUquent. 

(5) Paus. liy. I, ti.a4- 



n. ' i^ 



t'jt) ,1. M01«UM£NTS. 



Ò. DIANE EGINEA. 
{Plamche XIV y a, de» Monuments inédUs puhUés pcan l'Instàut.) 

Le médaillon d'argeat dorè (i) que nous publions, a été 
acquis 9 il y a deux ans y a Naples , et fait maintenant partie 
de la collection de M. Antoine Herry, à Anvers. Il rappelle , 
par son style et sa composition , deux autres médaillons d'uae 
plus graude dimensìon (%) , qui ont été découverts dans les 
fouilles d'Herculanum de lannée 1828, et qui représentent 
le buste d'ApoUon avec uu griffon a coté , et^elui de Diane , 
accompagné d'un autre symbole; tons deux sbnt aujourd'bui 
au Musée royal Borbonico , a Naples. 

Le notre , qui provient peut-étre de la méme localité y offre 
une téte de femme couronnée de laurier; de cbaque coté 
s'élance un bone , et derrière Tépaule droite on apercoit un 
are et un carquois. (3) 

Si le style de ce monument nous renvoie à une bonne epoque 
de l'art, le sujet représenté confirme cette opinion» Ce n'est 
point la Diane chasseresse bien connue , avec son chien ou sa 
biche, mais une divinité avec un symbole quijusqu'à présent 
s'est toujours trouvé dans le voisinage de Bacchus ou de Vénus, 
pour designer hi fécoridité y et dont une déesse éminemment 
vierge , comme Minerve ou Diane , se voit rarement accom- 
pagnée. 

Si l'on veut ajouter plus d'importance à lattribut qu'à la 

(t) D*enTÌroB 3 ponoM de diametro 1 il y reste daas plnnean endroits des 
tracès éWdenUs de domre. 

(1) BulleUno di CornspondenMa areheoL lOag» n^ VII, di Lii|;lle, p. 69. 

(3) Le monument astronomique da Mas^e da Loavre ( Descr, de$ Amiti. , 
n» 38i ; MilUn, GalL Hyth. , PI. XXVIII, n« 85) noas fait yeir le buste de 
Diane avec le carquois et l'are placés de la méne manière derrière l'^aole 
droite. Da reste» la déesse n'jr parati pas eouronBéedelaarier, ai accom- 
pagnée des boucs qui figarent sar notre monament. Il n'est peat-ètre pas 
inutile d'obsenrer que Tare a été omis dans la grayurt atf trait pabli<$e par 
Millin. Une pàté de la collection de M. Panofka représenté le buste de Diane 
avec le carquois et lare place» derrière l'épaule gauche de la déesse. 



b. BIATTE CCmEA.. IJ^ 

déesse méme, on sera obligé de tecourir aux idoles de la 
Diane d'Éphèse , pù ces mémes animaùx se retroHvent au-des* 
sous d'une quantité de seìns , Jes uns et les antres iiidiquant la 
force productive de la terre. Dans cette*hypothèsè , il faudrait 
cependant étendre la notion de la fécondké , de manière à 
envisager le bouc plutót comme sy^miole de la production en 
general, que comme désignant seulement la fertilité du sol. 
C'est ainsi que la Diane lUikyie, celle qui assiste au& accou^ 
chements , et qui se présente souvent avec un flambeau à la 
main y pour designer qu'elle donne le jour et la lumièk*e aux 
enfants (4) 9 rentrerait également dans l'idée de la Diane qui 
nous occupe. Nous pourrions aussi invoquer le témoignage 
d'Hésychius (5) , qui dit que dans la féte de l'Artémis Brau- 
ronia y on immolait une chèvre à cette déesse \ ce sacrifice avait 
lieu sans doute à l'occasion de VifxnU (6). Or cette Diane 
était proprement une Ilithyie (7), venèree aussi-bien à Muny-*. 
chic qu'à Brauron (8) , et à qui les femmes athéniennes adres- 
saient leurs voeux et consacraient léurs Tetements après un 
accouchement heureux (9}^ c'est pourquoi elle était surnommée 
Ztriftì (io) •, aussi , d'après Pausanias (i r) , les Àthéniens , seuls 
de tous les Grecs , étaient dans l'habitude de voiler les statues 
d'nithyie jusqu'aux pieds. Ce qui nous semble encore fort 

(4) Pau8.,l. Vll,c. 23. 

(5) H^sydiias, t. 'ifAVfdi. HfAvpmfUtt tN> 'IxidC/k ÌTJ^ot f^L'^mìùi ii^fdtVfSn 

Gomparez Meursias, Grcecia feriata in Bjiti,vfmiU, tome III, page 829; et 
Brondsted, P'oyages en Grece, 1. II, p. a55 et 356. 

(6) Li'i^ztiidL ^tait une cerimonie qui avait lieu tous les cinq ans à Brauron^ 
et par laqueUe les jéunes filles ath^Bieanes^ arant de s'engager dans les lietis 
da ioarìage, apaisaient la vierge sevère; on les appelait elles-mémes «2/xtoi , 
c'est-à-dire ourses , nom qui tirait son origine de la fable de la Vierge et 
de rOarse. (Schol. d'Aristoph., Lysistr., v. 646. ) Còhiparez Harpocratioil , 
T. àfxvtvff-cu et /t»A<r«vtiv^ Suidas, v. ifxrH, et Hésychius, v. «i^jtTtiA. 

(7) Brondsted, f^oyages en Grece, 1. U, p. «48 et suivantes; ezplication 
de la Yingt-unième métope meridionale du Parthénon. 

(8) SchoL d'Aristophaae , Ljsistrate^ y. 646. 

(9) Schol. de Callimaqae, Hymn. in Jovem, v. 77. Comparez Brondsted , 
p. a58. 

(10) Brondsted , loco ciu , et p. a59 et suiv. 

(11) L. I, e. 18. 



lyg « I. MONUBIENTS. 

remarquabje , et nous prouve évidemment que l'Artémis b^mw' 
fmU était.une Ilithyie, c'est un passage de PoUux (j2&) où il 
est dit que des sacrifices étaieut oJBTerts tous les cinq ans à 
Brauron et à Délos, probablement pour le méme motif; et 
e'est précisément de Délos que le eulte d'Ilithyie fut porte dans 
VAttique par le roi Erysichtbon. (i3) 

Le no^l de Diane Ilithyie conviendrait peut-étre encore mieux 
à notre déesse , dans le cas qu'on la rapprocbàt de la Yénus 
niv^nfMs , qui était représentée montée sur un bone ( tvnfttyU) y 
dans un tempie en Elide (i4) 9 ^^ Q^^ ^^^^ adorée aussi à 
Athènes , à Thèbes , et à Mégalopolis en Arcadie. (i5) 

Il reste cependant une route tonte diJBTérente à suivre dans 
Vexplicatjon de ce. monument ; c'est d'avoir plus d'égard à 
l'image d'une déesse vierge , et de se rappeler que les deux 
boucs sont placés ici autour du buste de Diane , comme les 
dauphins entourent , sur les beaux médaillons de Syracuse , 
celui de la nymphe locale Aréthuse , et quelquefois celui d'Ar- 
témis méme. D'un autre coté , nous ne voyons pas ici le modùis 
qui caractérise les simulacres de la Diane d'Éphèse, ni les 
créneaux qui quelquefois le remplacent. Cette considération 
seule devrait déjà nous faire abandonner l'idée de la Diane 
d'Éphèse. 

Mais pour avoir la véritable explication de notre monument , 
il faut recourir à Pausanias (16) , qui dit : a Yous trouvez aussi 
<( ( à Sparte ) le tempie de Neptune Hippocurius , et celui de 
a Diane Eginéa. » Or quelle pouvait étre cette Diane aux 
chèifres, mise en rapport avec le dieu arme du }rident ? Était-ce 
une simple chasseresse qui parcourt les montagnes , comme 
on a voulu reconnaitre à tort dans l'Artémis 'Ayp«rff« , adorée 
a -Egire en Achaie (17) ? Le dieu des sources et des fleuves se 
trouyerait assez naturellement lié à une telle divinité ; mais 

(la) Onomastàcon^ L. Vili , e 9. / 

(i3) Paas. L.I, e. z8. 

(i4) Pa«5' L. VI, e. a5. Cicéron , De Nat* Deomm, L. Ili; e, a3. 
(i5) Paus. L. I, e. 33; L. Vili, e. aa; L. IX, e. 16. 
. (16) L. Ili, e. 14. 0t5V ^ì «fp«no0'f»/«fór iam'I^nroMVfiQu , xaì *Af tI/ui/*; 

(17) Paus.L. V|l, e. a6. 



b^ DIANE CGINKA. ] ^9 

dans cette hypothèse , les boucs à coté de la déesse figurent-ils 
seuleinent comme pì*oduit ou image de la chasse ?-Noùs ne le 
pensons guère. 

Hésychius (18) nous apprend que les Dòrìens appelaient les^ 
flots de la mér chèvres, et sur son autorìté , fortifiée par cell<e 
d'autres témoignages classiques, il sera peiit-étre jpermis d'en- 
visager les boucs de notre monument comme symboles de Teau , 
et , par cette raison , attachés bien à propos à Diane , soit qu'òn 
la. considère comme déésse des montagnes d'où découlent les 
fleuves , soit qu'on lui reconhaisse la force et les qualités de 
Selène ou la Lune. 

A l'aide de cette méme observation faite par Hésychius , Ar- 
témidore et Suidas , ón comprendra aussi pourquoi Neptune 
aime le séjour d'iEg® (19), et Ton aura le droit de rapprocher 
les chèvres ou boucs des autres symboles de l'eau , tds, que le 
taureau et le chevaU 

On ne nous objectera pas qu'Hésychius et les autres auteurs 
anciens disent «Syts et non r^iyt : le mot «?| signifie aussi bien 
un bouc qu'une chèvre , quoique le plus souvent il ait celte 
dernière acception. D'ailleurs deuxpassages de Pausanias vien- 
oent à notre secours pour dissiper tous nos doutes à cet égard, 
Dans Tun, il est question d'Attés (20) élevé par un bouc; 
dans l'autre , le voyageur grec parie du culto de Dionysos 
A/y«/8«A«f (211)9 à qui les Potniens sacrifiaient une cbèvre, sub- 
stituée au jeune garcon qu'ils lui immolaient auparavant d'a- 

(18) Héfljdiius, ▼. Atytti rrÀxvfXAnM A»ff«7(. Suidas, t. Atyu^ t«2 fA*y^x§i 
x^fjMfTA tv T^ 0'0fi»i&ii«, «ai iiFAtyi^mt iirì <rOtf vp^ì'fSi ^vl». T«0 «0«rl^oc * 
*nit «Tyoc xa^attoc apiì'f^i 7ni^v&n AUfAor it^y tò xa/ifmt iinuyi^mf* naì 
Aiytfjof frixmyof, *rù ^oj8fp«<r«TOy. Gomparez Artémidore. L. II, e. i3« 

(19) Philostrate , Imag. L. 1 , VII , et ìntpp. Paas. L. VII , e. a5; et Ho* 
mère» iliade, L. Vili , r. ao3. Gomparez, L. XIII , ▼. 3t et saivaots. 

(ao) Pant. L. VII, e. 17 s Tfct>0( «'•fiiTrf tÒ? friuJW •»««i/xtfOf. 

(ai) Paus. L. IX, e. 8 : *Efvttu^A »nì A»of»Mtf f«óc itf^iy AlyofiSkov , 

Tòf ^lóf ^«0*1? alym. iffi7ey v9r«iAXa(«i ^^iaif itrì tov ^tuì'%t. Qnelqoes phi- 
lòlogoes ont propose de lire dans ce passage Aiy90ùfot au lieu d'Aì>e)$éxor» 
par analogie tLYtc''Hfm Aiyfóy^f adorée à Sparte (Paos. L, III, e. >5)« Si je 
ne me trompe, le sumom Aiy90éxot attrìbué à Diobjrsòs, doit étre compara 
a^ec celai d'EKÈLfn/iikot donne i Artémts ( Orphée , Bjrmn. in Dianam , t. io ; 
Athénee, L. XIV, e. i4, p. 646 £..GaUimaque, Hfmn, in Dianàm^T.. 17. 
Gomparez les obsenrations de Spannheim sur ce Ter8).'Les sacrifices da tau- 



l8o I. HOITQMEHTS. 

pr&s les ordres de l'oracle de Ddphe^. Or, il parait éyi4eAt 
qoe dana le premier passage il faut entendre par r|ii{v4p mie 
chèvre qui nourrissait le jeune Attés de son lait , et daus le 
second , par «2| un bouc , puisqu'il s'agit d'une victime sacrifiée 
k U9 dieu, et de^tinée à rcpiplaeer t|n jeune ho9ipie. (23) 

On peut encore alléguer en faveur de l'opiniop qui regarde 
le bouc comme symbole de l'Océan ou de Veau en general , 
le beau sarcophage du Musée du Louyre (a3) qui représente 
des centaures et dea néréides portées sur des moustres ma-^ 
ring : le boue , le cbeval et le taureau figurent dans cette 
scène. 

n est fort important aussi de comparer notre Diane Egin^a, 
considérée comme déesse marine , avec l'Apollon delphmhn, 
^ Thonneur duquel on célébrait des fétes à Eg^ie(24)9 et a qui 
lès Atbénìens araient également consacré mi tempie (25)* 

reaa et du bìflier appelés tauroboUes et criobolies , et la chasse aaz liévres , 
Aay»0i\iA, rentrent dans la méme categorie. 

(aà) Qooiqae dans l'orìgioe le mot «J{ aignifie partioaUècemeot ime cbèrre, 
sous pcMiTOBB OToire cepeodant que les anciens se servaient quelquefois indif- 
feremment de *rfiy9t et à*«u( pour indiquer le male et la femelle. On pourrait 
obseryer encore que, sur le tombeau de Thyeste, on Toyait nn bélier en 
marbré pour designer la brebis à toison d'or qu'il avait d^rob^ k son frére 
Atr^. (Paus. L.II, e. x8.) 

(a3) Description des Antiques, n« 75. Millin, Gal. Myih,, PI. LXXUI, 
n* 398. Millìn et Tinterpréte du Mus^e du Louyre parlent d'un grifibn dont 
on apergoit k peine, disent-ìls, la téte derrière la Nér^ide qui tient une Ijrre. 
J'ai ftMminrf ayec la plus, scrupiileuse attentìon, et a plnsieurs r^risesi ce 
sarcophage, et je puis assurer qu'il m'a ^t^ impossible à'y d^couvrir la 
■loindre trace du pretenda gi;i£ton. Sur le célèbre sarcophage du méme 
Mas^, qui r^présent^ Vhistcdi^e <;t les malheurs d'Actéon (^pescr, des j^ntiq* , 
li« 3i5» MiUin, Gafi àfylh, , PI. G, n"* /^.)^ on Tpit cinq apimaux ^urés 
comme des monstres mai;ins* savoir : le taLureau, le chevsd, le dragon, le 
griffon et le cei^. Qes dei» deraiers se rapportent évidenunent à BéUos et 
à Selène , ooosidé:^ cpmmiEi diviniti n^ de la mer. G^limjftque {My-mn^ in 
Dianam, t. t3) 4onne pomr compare» à Art^mis les nymphes océajaides. 
. (a4) Schol. dePiadaee Tfem. V» y. 81. A Ég^ie on avait établi, en Vhonpeur 
d'Avó^v»! ùM^inot y les jeas di^ rby^dj^phom » p^C9. que ce n'étailt prpbabl»- 
ment qn'un diea UéUoi^ sortant de la mer (Panofka» Musée Blacas^ p. 87, 
noie 4)* On sacrifiait ansù des boacs au soleil levante e'eat-4-4ire sortant de 
rOcéan. Pausanias vit dans le tempie d'Apo^lon , à Délphe^ , un oonp en 
bronza consacré par les GUonéens, en reconnaissanoe de oe qae le diea In 
aTaitdélÌTré8delapeste.(P«a9. L^XyC II.) ^ 

(aS) Paus. L. I , e. 19. 



b. DIAIfE £GIN£A. . i8l 

D'aiUeurs cen'était pas seulémeot ÀpóUon à qui étaii attribuì 
le surnom de Delphinìeii ; a Athènea» Diane Delpbiiua était 
aussi bonorée* Gràce^à PoUux (a6)^ iious savoBS qu'Égée con- 
sacra leDelphiniam ( AiAf iW fituurifw) en eomman a ces deux 
divinités* 

Peut-^tre un passage de Pausanias (27), relatif au calte de la 
Diane Agrotéra , dont nous arons déjà parie ^ comme étant ho* 
norée en Adbaie ^ apporte-t*il iin nonvel argutaent en faveur 
de notre opinion. Le savant voyageur raeonte qtte c'est préci- 
sément ce eulte qm fit donner le nom d'^Sgira a la TÌUe, au* 
paravant appelée Hypéresia. L'ancien nom de cette ville nqus 
suggère une nouvelle idée ; si l'on réflédhiit que le mot ùirn^ 
f%ff{m (28) se rapporto aux rameursy on doTra reconn^tre aveo 
nous les rapporta intimes qui existent entre notre Diane ac» 
compagnée de deux boucs et Télément de Teau. 

Cependant , ai Ton aimait mieux voir sur notre monumeiSLt 
une Diane Ilithyie , comme celle adorée à Brauron et à Mu- 
nychie dans l'Attique , et a laquelle , d'après Hésychius (29), on 
sacrifiait des chèvres, où, comme le pense M. le chevalier 

(26) Onomasticon, L. Vili, e. io : Tò ^i M Aix^iyitt* tì'fu^n (forte lì'fva^ùn) 
fjLii vfrò <rotf Aiyiotty xiytTAt ì§ 'A^óxx«yf AtXpnim , kaì A^ifith L*>jpi^ÌA\ 
Thés^e est (ils d'Égée, mah Neptnoe passe anssi ponr son pére (Paasa- 
nias, L. I, e. 17; ApoUodore, L. Ili, e. 1 5, 7; Diodore de Sicile, L. IV, 
59 j Hjrgiù. feb. 47, ^stron, L. II, 5). Or, Aiyt'vt, Ég^e, èst le méttie qdfe 
NeptUDe. Si Egee dédie le Ddphinium à Apollon età Diane sortant des flots , 
cela indiqae ^e ceùt qui , sous le noni de Neptane , soàtenàfeiit s^n calte 
contre les adorateurs de Minerve, consacrèrent à Apollon et à Diane cet 
codroH où l'oo yendatt k jostice. Théaét ayaiit Vaiilèki ÌA tàttfeau de Mara- 
thon» ramena à Atliènes f où Ég<(e le saerifia à Apollo* ( Diodqre. de SicMe , 
L. IV, 59}. Cast encore lei le méme Apollon delphinien; ihaìs, suivant une 
autre tradition consenrée par Pausanias (L. I , e . 37 ) , Thiés<#e o&te ce tau- 
rean en sacrifice à Minerye. Dans la citadelle d'Athènes, on conservait un 
monument où ceft exploit ^il répréaenié tei , a peu prés, sana dout«» qu'un 
¥a86 publié^ar MUlin \Gal Jf^riÀ., Pi. GXXIX, n^ 485). aous. U iààl con- 
naitre. Cette demière tradition nous révèle , si je ne me trompe , la riécon* 
ciliaftimi ò» Ncptom et de Minerre; auasi, dés ce ra'omòit, Thdsée devient 
le protégé de Minerve. 

(17) L.Vir,e. ró. ; 

(a8) Suidas, y. ««'N^iff-io? 5 Htìsychius, r. òirm^iff^^^ et iÌ7fittf%&ÌA, 

(^) Foycz note 5 ; H^sythius , v. B/>av^«v. 



i82 L Movomorrs. 

BrcmdBted, des boucs (3o) , Tei^ìeation qoe notis aTons pré* 
férée , ne K'opposerail pas do font i cette interpfétalioii. Un 
uroKawfe (3i) noas Cut connaltre qoe rAitémisBraiiroiiiaétait 
lamémeqnerArténusDe^Kmè; or cette diTinité tonte mysté- 
riense , Tobjet da colte ie jltas sacre chez les Arcadiois (3a) , 
est fille de Natone Hippies et de Cérès (33) ; donc c'est une 
déease qoi tire aon orìgine de celoi qoi commande aox flots 
nommés vulgairement (34) chèvres , et en particolier chez les 
Dorìens, d'aprèsiespassagesdassiqoes qoenoosamns prodoits 
plos haot. Qoot donc de plos omTenabie qoe de Toir Diane, 
fiUe de Neptone, entre deox de ces anìmaox ? 

Qoant a la destìnation de ce monoment en argent , il est 
assez difficile d'émettre one ccmjeetare; sa forme ainsi que la 
manière dont il est exécoté donnent lieo de croire qo'il pouvait 
servir d'ombilic , soit a one grande coope oo phiale, soit à qael- 
qoe aotre ostenale Totif. J. db Witte. 



3. PEINTURE. 

a. HE&CULE A DELPHES. 

fOMVlOB DE K. LB CHETAUEK ULOnMTlD (a) SUB. I.A CTLIZ THBBICLBBBBEy 

-Publiée PL IX, i e/ a, des Momun. inédits dél'lmstimu 

« ••••. Mais ce qoe dés à présent je pois sootenir, c'est que 
« la belle coupé du due de Luynes {Annali, 1. e. p. 290-292 , 
a avec la PL IX) n'a rien de commun avec le combat de 

(3o) Bnmdtted , Foyagn en Grece , L. II , p. a56 , note 8. 

(3i) SchoL d'Arùtophaney Ljsistratey Té 645 » Tf A«0iro/ff 'AprlfuJ'i »c 
AffiiiV^i. 

(Sa) Pans. L. Vili , e 87. Les Arcadiens prétendent aToir donne les pre- 
miers le sumom àtlfrie%%% à Neptnne. Paus. L.VIII, e. aS, 

(33) Cette Cérès est la Gérés Melania (Pans. L.Vni, e. 43 ) , nonunée aossi 
Erynnis et Lutia ( Paus. L. Vili , e. 35. ) . 

(34) '£v Tf avfnòtU, dit Soidas , y. «Tyfc ^ voyez ci-dessus , note x8. 
(a) f^oyages et Recherches daru la Grece y L. Il , p. 399. 



a. H£RGUL£ A DELPHES. l83 

« Vulcain et de Minerve. Le premier sujet ( VI. IX y i ) re- 
« présente aussi bien que l'autre sujet figure sur le méme vase 
« {PL IX y 2 ) une scène delphigue, c'est le meurtrier Héra- 
« cles malade (i), à qui la Pythie refuse de predire Tavenir, 
« et c'est dans ApoUodore II, eh. 6, s. 235 pag. 2o4, ed. 
c( Heyne , et dans Hygin, fab. XXXII, qU'il faut chercher la 
« vraie explication du sujet peint sur cette coupé. Les paroles 
« d' ApoUodore, à cet égard, sont très claires : Kttrtùoxt^ùf 

d nV^Uf (2), TÌ9 Ti 9M CVX£f SS'iAf (3)^ Mei Ttf» Tflwò^tt fittOrioUf (4) 

« jMST«9«iv«^ii fMfTtiùv ìììov^ ». r. A. Ainsi la coiffure de la figure 
« féminine sur le vase , à laquelle Panofka (Annaìi L e. p. 291) 
(( veut reconnaitre une Minerve , n'est nuUement particulière 
m à cette déesse. Elle a de cominun , avec beaucoup de jMré-^ 
« trissses et de servantes de tempie sur les monuments , cette 
« manière commode, 'et qui, à monavis, n'est nuUement con- 
« traire au beau, de rattàcher par-derrière une chevelure da 
t( femme , longue et forte. Je n'ai , sous ce rapport , qu'à ren^ 
« voyer aux caryatidés du Pandroseion , dans la citadelle 
t< d'Athènes, » (5) Th. P. ^ 

(i) Voilà pourquoi le premier groupe da vase (PI. IX , 1) nous repre'sente 
HercuU enyeloppé dans im manteau , et s'appuyant sur un bàton. 
(a) Sur la coupé elle fuit devant lui. 

(3) Ce qui est figure sur Fautre coté de la coupé (PI. IX, a ), en ce que 
Hercule sy efforce d'arracher à Apollon sa lyre. Pour ce qui regarde une 
troisième figure da méme rase, mais en dedans et au fond , sayoir, une figure 
fóminine yétue et bachique , tenant dans la main un thyrse \ elle ne se rap- 
porto , je.pense, qu'à la destination du vase corame coupé à boire. D'ailleurs 
Bacchus et sa suite étaient aussi de droit syinhole^ delpìdques, F'oyez^ par 
exemple» Tauteur de la'T^ó^t^'f e w^imv (dans l'édition de Pindare de Boeckfa, 
T.II, à la page 397) : nv^«yo( ìt tÓti xufttuo'Af'rQf <rov ^po^nTixev TfiVoJ^ec 

fV f ^f «TOC AtùtUffùt fd-lfCITTI V« » X. T. X. 

(4) C'est ce que représente le sujet figura sur un autre vase (Ufid., PI. IX, 3). 
Gomparez les monuments de l'art mentionnés par Heyne , ad ApoUod. IL i 
6> a» $• ^» ObseryaL, p. 180, et d'autres qui ont été decouTerts plus tard, 
mais qui ne concement pas notre discussion. 

(5) F^ofez Stuart et Revctt, AnUqmties of AtherUj toI. II, chap. 11, 
PI. XIX et XX , ou dans l'édition fran9aÌ8e , T. II , e. II , PI. XIX, fig. a et 3. 



l84 I. HONUMEITTS. 



C'est une opinion établie chez quelques uns des savants les 
plus distingués de notre epoque, que l'inutilité des recherehes 
appliquées aux monuments sur les doetrines religieuses qu'on 
enseignait dans les mystères. A les entendre , il semblerait 
qu'on ne doit retirer de ces recherehes iiu'une connaissance 
plus ou moing étendue des rites et des cérémouies auxquels les 
mystères donnaient lieu. Cette réprohation des études pure* 
ment religieuses 9 dont le resultai serait de renfermer la scieuce 
archéologique dans les limites de la vìe extérieure des anciens , 
a droìt de surprendre ceùx qu'un examen sevère des monu- 
ments a conduits àdes conclusions diamétralementopposées(i). 
n serait étrange en efifet d'attribuer exclusivement à Tétude 
des auteurs classiques tout ce que iious possédons d'idées 
exactes sur les doetrines religieuses de Tantiquité, et de 
compter pour rien toutes les modifications que la connaissance 
des oeuvre de l'art a insensiblemént introduites dans catte 
partie de la science. Aujourd'hui méme , il n'est pas de mo- 
nument qu'on découvre qui n'ajoute a nos opinions sur cette 
matière , ou qui ne détruise celles que nous avions précédem- 
ment con9ues. Mais si Fon considère d'un autre coté combien 
.nos idé^ssont encore vagues et confuses a cet égard, on ne 
pourra nier que la mythologie grecque (car c'est d'elle qu'il 
est ici prìncipalement question) n'ait besoin, si Ton excepte 
la partie héroìque , d'étre.soumise aujourd'hui à une révision 
sevère , et qu'il ne soit temps , sans s'arréter à des dénégations 
dont la science profite ràrement , de jeter les bases d'un sys- 
tème plus rationnel et plus complet qu^on n'a tenté de le con- 
struire jusqu'à ce jour. 

Convaincu que je suis de eette nécessité, j'essaierai de la 
justifier par Texamen de deux fables bien connues , où le lan- 
gage beaucoup plus clair et plus étendu des monuments dé- 

(r) Gerhard, F'orrcde zum Pìydromus derantìken BUdwerhe. 



b. MERGUEE £T APOLLON. l85 

montrera Tinsuffisance dea lumières que les auteurs fournis- 
sent dans Vétat dlmp^rfeetion où nou3 Ie3 possédonsi main- 
tenant. 

b. HERCURE ET APOLLON, 
OU L*I1!IVS9TI0N| LA DISPUTE IT LI DOH J^% I.A LYRK. 

{Tav, d'agg. i83o, E, 4, PI. IX, a, e/ PL V, i, «fej MonumenU 
inédits de Vlnsdtut. ) 

Les rapporta principaux aous lesquels on considère ordinai-^ 
rement Mercure , sont ceux de messager de VOlympe y et de 
conducteur des morts^ cependant la mythologie lui attribue 
encoreunautre caractère,. celui à'ùn^^nteurdela j^re.Quoìqvie 
eette découvèrte se lie daiis la pensée de la plupart d^ my-i 
tbographes ayec celle de divinile pastorcJe qui appartìent BXk 
méme dieu , on ne peut y méconnaitre une idée plus profonde ^ 
eeUe de l'influénee de k civilisation sur les moeurs sauvagea 
des races primitivea ; et on ne peut s'empéch^r de croire que 
la lyre ne soit un symbole du triomphe d'un culle moral el 
se^ement^ ordonné, sur des relìgions confuses et passion- 
nées (2). Si les anciens attribuaient a la musique cette in«* 
fluence sur le cceur de rhosnme, on ne saurait refuser a celui 
qui en fìit le créateur, une place bien méritée parmi les divi- 
nités du premier rang* En effet , dans l'Arcadie , dans ce paya 
des religions mystérieuses , où Mercure a^ait vu le jour, eli 
était honoré par le eulte le plus sacre et le plus répandu , na-» 
qilit le mythe relartif à la découverte de la lyre. 

En se promenant sur le mont £lhelydoréa , Mercure vida 
l'écaille d'une tortue , y joignit deux comes de bouc, et ratta* 
chànt à une sorte de joug ( ^»yòy ) les nerfs des boeufs qu'il avait 
Yolés à ÀpoUon j il parvint à former l'iustrument heptacorde 
dans toute sa perfection (3). Apollon suryint , et ^ touché des 

(3) Annali deUInsiiiuio di Corr. Arch. i8ag, p. 365 sq. 

(3) Paus. Vni, 17, 4» Philostr. Imagg* /, io : TjJi \vf«Uy «rò aipto'fiAj vfavH 
*£ffi«c «r«f«a^cu xiyvtù^t tttfwtwf ì'vtìtit x«i ^vy6u kaì ;^lxuftc> ««< /qS'Iai /avtùl 
<rey 'A«réxA« ««1 «rie /A§ycas/AfA$Ì9tft t^ enCaitj^ ìSfQì* Horat. Od. i » 9, t* 6, 
curvmquc fyrte parentem. 



l86 I. MONUMENTS. 

sons du nouvel instrument, il abandonna ses boeufs a Mercure, 
et luì olBFrit enéore une baguette d'or en échange de la lyre ; 
Mercure y consentit (4) 9 et c'est ainsi que la musique passa 
du eulte de Mercure à celui d'ApoUon. 

En examinant avee attention les passages des auteurs an- 
ciens qui se ràpportent à ce mythe , on trouve Pausanias en 
contradiction non seulement avec Diodore de Sicile, mais, ce 
qui est plus singulier, avec lui-méme. On pourrait dire pour 
son excuse qu'ici , comme dans la plupart des traditions , la 
di£féfence des localités, et plus encore la diversité des babi- 
tants y ont exercé une grande influence , et ont changé ou mo- 
difié le type primitif de la fable. 

Pausanias (5) insiste sur deus traditions qui doivent surtout 
éclairer cette recherche. En faisant mention d' A^kakos auquel 
l'éducation de Mercure fut confiée^ il observe que c'est la tror 
dition arcadienne : les ThébainSy dit-ìl, ont un récit tout dif- 
férent , et les hahitants de Tanagre ne sont pas du méme avis 
que les Thébains à ce sujet. C'est donc la tradition arcadienne 
et celle de la Béotie qu'il faut chercher à suivre dans ses- diffé- 
rentes traces , pour les éclaircir autant que le permettent les 
témoignages des auteurs et ceux des monuments. 

L'hymne d'Homère sur Mercure est. presque le seul monu- 
ment littéraire qui donne à l'invention de la musique l'impor- 
tance qu'elle mérite 5 plus de trente vers consacrés au récit (6) 
de cette découverte rappellent l'habileté du dieu à tirer de 
l'instrument (7) nouveau des sons harmonieux quicalment là. 
colere d'ApoUon (8)*, par où l'on voit que Mercure n'avait 
pas seulement fabriqué cet inàtrument , mais qu'il exerca aussi 
pendant un certain temps l'art de la musique , et qu'il n'igno- 
rait pas-l'effet moral qu'on pouvàit en tirer. 

En lìsant dans le méme poéme qu'ApoUon obtint la ci- 
bare (9), on aurait tort, ce me semble, d*identifier cet instru- 

(4) Homcr. Hymn.in Mercur., v. 4^ sq., et y. 55i5. Apoliod. Ili, io, a, 
Hygin. Astron, I/fra , VII. 

(5) Lib. Vili , 36. (8) V. 418 , 420. 

(6) V.a4àq. fe) V. 5p6..5io. 

(7) V. 54s(|., ctv. 453. 



b. MERCURE ET APOLLON. 187 

ment avec la lyre -, il yaut mieux supposer quelqaes omissions 
de Ters relatifs à Tinvention particulière de la . cithare \ car 
rautorité de Diodore (io) et eelle d'un disque da Musée Bla- 
cas ( j i) établissent facilement qu'après l'invention de la lyre 
celle de la cithar^ occupa lès loisirs de Mercure : selon quel- 
ques mythologues c'est la lyre , seloa d'autres la cithare , et 
probablement toutes les deus que Mercure cèda à ApoUon. 

Un bas-relief publié par Guattani (12) se prononce en fa- 
veur de la lyre. On y volt ApoUon assis sur un rocher : le. 
chien couché a coté de lui designo un dieu pasteur ^ Mercure , 
sotts les traits d'un éphèbe, présente la lyre, Au fond de la scène 
est un tempie consacré sans doute à la Diane de l'Arcadie, dont 
la statue est omée d'un croissant et armée d'un are. 

Un chx>us du cabinet Durand {PI. Vy i, des Monum. inéd. 
de rinstìtut) semble reproduire le méme sujet. Mercure y 
parait barbu, vétu de la chlamyde et tenant le caduceo : il est 
debout et écoute attentivement avec quel bonheur le fils de 
Latone essaie son talent naissant sur la lyre. ApoUon est assis 
sur un rocher, dàns une attitude semblable à celle d' Amphion, 
en face de Mercure , sur un tableau de la galerie napoUtaine 
décrite par PhUostrate (i3). La peinture d'un vaso du Musée 
de BerUn , dont nous avons présente les détails dans notre 
Museo B4utoldiano (14)9 ferite d'étre citée ici comme ap- 
partenant au méme mythe. En mémoire sans doute du don de 
la lyre, il y avait, à Mégalopolis, un tempie consacré aux 
Muses, à ApoUon et Mercure, où les honneurs du eulte étaient 
communs à ces divinités. (i5) 

Mais les Arcadiens ne se contentaient pas , à ce qu'U parait, 
de rapporter l'invention de la lyre et de la cithare a Mercure ; 
ils lui attribuaient aussi celle des chalumeaux. A cet égard , 

(io) Lib. ih, p. iga, 397. 

(11) Ce monament, aassi remarquable par la beauté du des3Ìn que par 
l'intérét da MJet, a M mal rendu dans l'ouTrage de Mazois, Édifices de 
• Pompéji^ Tign. de rayertissement de la seconde partie. 

(za) Monum. anL ined. i8o5, noT«, dèe, TaT. XXXiV* v) 

(z3) Imagg.I, IO. 

(i4) Vas. dip. D. 75 , Apollo e Mania, 

(i5)Pa«8.VIII,39. 



l88 r. MONtTMENTS. 

rhymne d'Homère (i6) et ApoUodore (17) s'acòordent parfai- 
tement avec une cylìx de Xénoclès (18) , qui représente Mer- 
cure barbu , couvert du pétase , et tenant d'une main les cha« 
lumeaux , de Tautre le caducée (19). Ce demìer symbole est 
évidemment la baguette dont ApoUon lui fit présent lorsqu'il 
obtint la lyre ou la citbate. Aussi tous lès monuments qui re- 
présentent Mercure occupé à faconner la lyre, ne portenti 
point le caducée •, et ce n'est que lorsqUe ApoUon entre en 
possession de Tinstrument musical , que Mercure paraìt , ce 
sceptre puissant à la main. 

Il reste dans cette fablé une singulière contradiction entre 
ràge que les poètes attribuent à Mercure , et celui que sa qua- 
lite de dieu antérieur, devrait naturellement lui feire suppo- 
ger. En Toyant dans l'hymne d'Homère , le dieu , au moment 
méme de sa naissance, enleVant a Phoebus ses boeufs (io) , 
comme ailleurs il dérobe ses armes a Mars (ai) , on a peine à 
concilier cet enfant qui retóume se cacbef^dans ses linges (22) , 
àvec le vénérable Mercure chtbonien du chòus de M. Durand. 
Nouà croyons , sauf meilleur èxamen , que cette oppositlon a 
pour principe la diflRércncè du point de départ de l'auteur de 
Thymne et de celui du vase. Il suffit, dans ce cas, de supposér 
Tun plus attaché au eulte de TApollon delphien , l'aùtre plus 
fidèle aux traditions arcadienneà. G'est ainài que le premier 
àura voulu, en mettànt de l'&ge et de la force <du coté d'ApoI- 
lon , &ire ressortir la grandeur et là puissance de ce dieu , et 
àtténuer ainsi la valeuf* du sens qui réàulte nécessairement du 

(tiì) V. do6| 5o^. MM. Cr^deok èi Ugen olit étt tmt de tottp^omidr ce» 
yart cvvutM ìaUrpol^ér 

(17) Lib. Ili» IO, a. 

(18) Bu cabinet de M. Durand. 

(19) Le dieu est assis, et trois femmes Toil^es s'approchent de lui. Les par- 
ties ext^rieures du vase offrent d'un coté HercuU ameaant le Gerbère. U est 
précède par Mercure, et sikiri par une feratlie qni tièùt une couroÀne^ de 
l'autre , Achille mena^nt aree 8on épée uiie jeaiie femme qaìi & cause de sa 
fuite précipitée , a £ait échapper son b jdrie. h'écufet d'Achille , aree se» 
chevaux ,. paratt ègalédiénl la pouréuiTre. 

(ao) Philostr. Imagg, I, a6. 

(21) Lucian. DUUog* Deor. VII. 

(aa) Hòmer. Hpnn, inMercur,y, i5i sq. 



b. MERCURE ET APOLLON. 189 

myihe^ et que le second au contraire aura conserve à ce mythe 
tonte sa pureté, en gardant à Mercure la qualité d'ainé aved 
celle d'instituteur. 

L'examen de la tradition béotìenne nous fournira une nou-« 
velie preuve de la manière dont les mythes se modifient par 
les influenceslocaleS) et au profit des prétentions particulièred 
de chaque peuple. La cylix de Xénoclès , du cabinet Durand , 
la cylix du cabinet du due de Luynes , représentent également 
Mercure sous des traits vénérables» Un troisième caractère est 
au contraire commun à tous les monumenta d'un àge poste* 
rieur. Cette dernière modìfication s'explique par Tempiéte- 
ment toujours croissant de l'art sur la religion. Je citerai pour 
exemple une pàté antique de ma coUection {Tav. d^agg. i83o, 
E, 4)9 ainsi que le disque du Musée Blacas. 

Mais le dieu qui jouissait , en Arcadie du moins ^ d'une si 
grande vénération , devait » comme l'inventeur de la musique, 
y étre honortf sous un nom particulier^ relatiEà cette décou^ 
verte et à ses effets bienfaisants. Ce nom^ raretoent pronotìcé 
èn public, n'était-il pas celui.sous lequel les ìnitiés l'invo** 
quaient dans les mystères ? 

Près de MégahpoUs éuUt un tempie. ée Mercare Akaké^ 
sios^ entièrement détruà, du temps de Pausahias (a3)^ de 
sorte quii ne resùdt plus quune tortue en marbreé Cette 
tmtae nous conduit naturellement a conjecturer que Mercure^ 
comme inventeur de la lyre^ fut adoré sous le ndm dìAkaké-* 
sios. Yoyons si d'autres arguments viennent à l'appui de cette 
hypothèse. Pausanias (^4) .noua appr^nd qu'une statue de 
Mercure Akakésios en marbré eadstait de son temps sur la 
colline akakésienne , et, à cette occasion , il rapporte qu'Aka- 
kos , fils de Lycaon (a5) , a élevé Mercure. Le nom Òl Sudore 
{jLÌimfi),àonmé au fils de Mercure Akakésios (^6) , ne se rat- 
tache-t-il pas aussi par son étymologie , sinon au don de la lyre 

(s3)Lìb.yiat3o. 

(a4)Lib.Vra, 36. 

(oS) Paus. n , ig, observe avec plus de j astesse qae le tempie à'jipùilon 
Ljreien , à Argos , conteoiait une statue de Meroute fabri^uant la lyre. 
(aG) Callimach. tìymn» in Dian, t. i43. 



190 I. MONUMEirrS. 

oa cithare offerte par Mercure a Apollon , au moins à l'inten* 
tion de la lyre eUe*méme ? 

Dans une enceinte sacrée , près du tempie des grande» diti- 
nités, à Mégalopolis, on Toyait^ sous la forme des hermès, 
Mercure, surnommé Agétor et ApoUoriy Minerve et Nep- 
tune, Hélios Soler et Hercule {%']). Le souvenir des disputes 
qui ont eu lieu enAfrìque et ailleurs , entro Hercule et Hélios, 
en Àttique, entro Neptune et Minerye, et en Béotie, entré 
Apollon et Mercure , explique suffisamment l'ordre dans lequel 
furent placées ces divinités. Faudrait-il lire Mercure Akétor 
'AjKijfimf y en rapport ayec le Mercure Akàkésios , et . avec 
l'épithète>^Xre5Ìb5 donneo à Apollon en Elide (a8) , pour ìn- 
diquer celui qui guérit ,qui écarte les mfiux? Je ne le penso 
pas. L'épitbète 'Ky^im^ paràit se rapporteir au chef des trou-- 
peaux («yiA»), et renfermer,' coinme le mot pasteur, outre 
le *sens matèrici , un sens moral , dans lequel le symbole de la 
lyre ne joue pas le dernier role. (29) 

Au rapport de Pausanias (3o) , des tortùes , propres à former 
des lyres , furent cónsacrées sur le mont Parthénion , non à 
Mercure , mais à Pan , adoré probablemènt dans ces Ueux 
comme dieu Ijrricine. Une cylix de Sosias {PL XXI Vy des 
Monuments inédits de Vlnstìtut) représente aussi Diane qui 
tient la Ijrre formée d'une tortue. Ces deux mythes parai- 
traient en contradiction aree celui qui attribue à Mercure 
l'invention de la lyre, si la liaison intime qui existe entre 
Pan, Diane et Mercure (3i), ne faisait comprendre pourquoi 
Mercure > soit comme ministre, soit'oommefils, peut offrir 
cet instrument à ses supérieurs ou parents , Pan Nomios (3a) 

(37) Pau8.VUI, 3i. 

(a8)Pau8.VI,a4. 

(39) La le^on 'Ayntmf pourrait se jastifier aussi par IVpithète nyif^f 
éf f ifofv qu'Homère donne à Mercure , t. 14 de rhymne consacre' à ce dieu. 
faudrait alors penser que cette épithète se rapporte au caducffe qne Mercure 
ayait acceptó en échange de la Ijrre , et qui , d'après Homére » ferme les yeux 
des mortels ou dissipe le sommeil du tr^pas. 

(3o)Lib.Vin,54. 

(3i) P^ajrez nutre JHu^ée BUcas, PI. VII, p. iS, a6. 

(33) Paus.yni, 38. 



b. MERGITRE ET APOLLON. igi 

et Diane Nomia ou Hymtiia (33). Pas^ns maintenant à la tra- 
didon béotienne* 

Pausanias (34) vit sur le ìnont Hélicon deux statues exé- 
cutées Ba bronze par Lysippe , et qui représentaient ApoUon 
et Mercure se disputant la Ijrre. On reconnaitra sans peine le 
méme sujet smr la peinture d'une <^yliii; théricléenne (35) , 
gravée PL IX y 1,2^ des Monuments inédits de Vlnstitut. 
ApoUon , caractérisé par ses cheveux bouclés et flottants , et 
par sa chlamyde rejetée sur l'épaule gauche , veut déjà s'en- 
fuir avec sa conquéte , qu'il tìent de la main droite. Mercure 
larréte : sa chlamyde s'est dénouée dans la lutto , et les traits 
nobles^de sa figure rappellent Timage du vieux Bacehus, avec 
lequel il a plus d'un rapport. On découvre sans peine, dans 
eette composition , les traces d'un eulte de Mercure y évidem- 
ment plus ancien quo colui d' ApoUon , et succombant enfin. a 
rinrasion du jeune dieu^ ou plutòt de ceur qui, sous son 
ègide, Tenaient oocuper le pays , après avoir vaincu les habi- 
tants primitifs et leurs.dieux tutélaires. Cotte méme idée nous 
parait exprimée sur un chous de la coUection de Fancien 
évéque de Nola (36). Ce vaso, Tun des plus beaux qu'on 
puisse voir, offre, du cóté^principal, ApoUon Citharède 
montant sur la tribune des musiciens, ornée de Tinscription 
KAAOS, relative au vainqueur ; auprès de lui est Minerve. 
Le coté oppose représente Mercure barbu , tenant le caduceo , 
et en face Neptune, arme du trident. Si je ne me trompe, 
c'est en mémoire des combats divins dont TAttique et la Béotie 
ftirent le théàtre , KfijipoUon et Mineive figurent ici comme 
dì^Mxvainqueurs, Mercure et Neptune comme dieux vaùi" 
cus; car, d'après les mythes grecs, il n'existe guère de rap- 
ports prononcés entro Mercure et Neptune. 

(33) Paii8.Vm, i3. 

(34) Lib. IX, 3o, I : K«< 'A^óxxttv ;^ctXxor( ì^in ìv 'EMtiSft kaì 'Ep/uiTc 
fticxt/Mvei irtfi tSi KvfùLc. 

(35) Da cabinet de M. le due de Lujnes : le re?érs da méme rase reprósehte 
Minerve fuf ani la poursuite de Fulcmn (PI. IX, a); l'intérieur, une femme 
tenant un tb)rT8e. L'acclamation KAAOZ HO IIATS se Ut troit foìs sur ce 
beau monument. 

(36) Musée Blaeas, p. 8. 

n. i3 



fQ2 I. MON0MBirT8. 

Gomme dans la dispute d'Hercule et d'ApoUon le trépied 
ne sert que de symbole, pendant qu'au fond ils'agit d'un vé- 
ritable combat enire deux relìgions solaires, dont Tune, 
étrangère , cherche à détróner l'autre , qui appartieni au pays, 
ainsi, dans le combat d'Apollon et de Mercure, la lyre ne 
présente qu'une forme particulière , sous laquelle cette latte 
se manifeste. Bien d'autres traces de ce méme combat , non 
moins remarquables que celles-ci , subsistent dans différents 
faits mythologiques. Amphion, par exemple, aprèsa^H}ir erige 
le premier en Béotie un autel à Mfsrcare, recoit la lyre en 
récompense {37) , et élève les murs de Thèbes à Taide de cet 
instrument (38). Hygin (Sg) s'exprime encore plus clairemmt 
à ce sujet , quand il rapporto qu'Ampbion avait obtenu le gou- 
vernement de Thèbes par la protection de Merouire. Ce méme 
Amphion , Tépoux de Niobé , poùr ayoir tentò de détraire le 
tempie d'ApoUon (4o) , périt sous les flèches du dieu vengeur^ 

Si , d'après les monuments que nous venons de décrire , 
ApoUon oblient la victoire et emporte la lyre de Mercure, 
les artistes grees ont pu certainement imaginer bien d'autres 
scènés encore pour exprimer l'idée de ce coiAibat* Peut-étre 
quelque peintur« ofFrira-t-elle un jour AppUon devanqant 
Mercure à la course (4i). Mais, dans tou&les cas, il est pro- 
bable que si une heureuse découverte nous faisait conna^itr^ 
la composition de Lysippe, on pourrait tirer da role plus 
ou Tuoins important et de k supériorìté relative que l'artiste 
.aurait donneo à Tune ou l'autre divinile, un argument san^ 
réplique, pour déterminer si le pays où co groupe était 

(37) Paus. IX , 5. Mercure présente aussi la lyre aox noces de Gadmas et 
d'Harmonie (Diod. V, 3a3 , p. 370). 
(38)Horat. Od.III,Vm,i: 

Tdercurì, nam le dodUs magùiro 
Jdoifit Amphion lapìdes canendo, 
Tuque testttdo , resonare s^tem 
CalUda nervU. 
11 ^'ensuit qu'Hesychius a tort d'expliquer, page agS, le mot ♦Af*<fio»ii par 
xi^Afx : il fallait mettre xó/)«. 
(39)Fab.VllI. 
(4o) Hygin. Fab. IX. 

(4i) Paus. V, 7 : X*ì oT» *Airoxxfl»» ^dtfctìpeif/iot f^h ì^/^oitìi 'Ef/xiTf . On ado- 
rait un Apollon «Tpo^aroc à Crete et à Sparte (Plut. Qu. Sympos. Vili, 8, 4)- 



b. M£RGUR£ ET APOLLON. 1^3 

place , était plus ou moins attaché à la religion de Mercure 
ou a celle d'ÀpoUon. 

n nous reste quelque trace d'une troisième tradition, qui 
est évidemmeat la plus recente de toutes. Pausanias (4^) , au- 
quel nous en devons la connaissance, la désigne avec raison 
comme hellénique, sans doute pour la distinguer de la tradi- 
tion arcadienne. Lorsque le voyageur grec &it mention d^ 
l'un des douze autels érigés à Olympie en l'honneur d'ApoUon 
et de Mercure, il ajoute : « Farce que Mercure avait inyenté 
la lyre, et Apolhn la cithare^ selon la tradition des Hellènes.M 
La méme tradition enlève aussi à Mercure le mérite de Tin*- 
ventioa des chalumeaux, et Tattribue a Pan. Mais, jusqua 
présent, aucun monument, à ma connaissance , n'est venu 
confirmer cette assertion et le mythe qu'elle indique. 

Àinsi donc» sans nous attacher a déterminer rigoureuse- 
ment le sens d'ApoUon Citharède ou de Mercure, inventeur 
de la lyre, nous pouTons tirer les conclusions de la discussion 
qui précède. 

i^. n a existé en Grece, et particulièrement en Arcadie, 
un premier état religieux où l'inventìon et l'usage de la lyre 
appartenaient exclusiyemeat a Mercure. 

a**. A une epoque postérieure , Apollon , dieu plus récent , 
ayant recu le méme instrumept pour symbole, a été censé 
étre redevable de ce don à Mercure , Fancien et incontestablc 
possesseur de la lyre. 

3** A mesure que le eulte d' Apollon a acquis plus d'empire, 
on a du chercher à effacer le rapport d'inferiori té que le pre* 
mier mythe attribuait a Apollon à l'égard de Mercure. De là 
la tradition contradictoire que l'hymne d'Hopoière nous a con- 
servéc. 

4^. Enfin, ce qui était d'abord un don volontaire d'un dieu 
ancien à un dieu nouveau , après étre devenu dans l'intervalle 
une lutte entre deux forces égales , a fini par se résoudre en 
un partage paisible. Il est tout simple que Pausanias désigne 
par le nom d'hellénique la plus recente des traditions. 

Théodore Panofka. 

(4») Lib, IV, ì4. 



tg4 I- MONtJMENTS. 

C. LA DISPUTE D'fiERCULE ET D*APOLtOW* 

[PL XX des Monùm, inédits de Vlnstìtut.) 

M. PoUti de Girgenti a le inerite d'avoir attiré le premier 
l'attention des antiquaires sur le monument que reproduit 
hotre P/. XX. Cet artiste a donne de ce beau vase, découvert 
a Agrigente , un calque fidèle , qu'il a grave lui-méme avec le 
talent qù'on lui connaìt, et aX^compagné d'une dissertation 
savante intitulée : la Pugna dei Giganti (i). En traine par une 
préoccupation patriotique a *chercher partout une reproduc- 
tion quelconque de la Gigantomachie qui ornait le fronton du 
tempie de Jupiter à Agrigente, M. Politi s'est flatté d'élre 
arri ve à son but, gràoe au rase dont nous donnons nous-méme 
une nòuvelieXrópie. Il est à regretter qu'une semblable pensée, 
quelqUe respectable qu'elle soit en elle-méme , ait infilué non 
seulement sur Tinterprétation qu'on doit à l'artiste sicilfen , 
mais encore sur la manière dont il a dispose la reproduction 
du monument. 

Nous avons déjà remarqué ailleurs (2) à combien de diffi- 
cultés et de méprises donne lieu Texplication des sujets antiques 
qui se'déVeloppent sur des monuments d'uilè forme ronde, tels 
que les cratères ou vases Tinalogues , les autels et les putéals. 
Unesurface piane , en efiFet , permet aux figures de se détacher 
et de se former en groupes dans l'ordre le plus favorable a 
rintelligence de la composition : mais lorsqu'elles sont dispo- 
sées dans une sèrie circulaite ,*ce n'est qu'à force d'ètudes plus 
fréqueiites et plus assidues qu'on arrive à saisìr leurs différents 
rapports et le sujet qu'elles exprìment. * 

Voici l'ordre et les noms des figures que M. Politi présente 
sur la méme ligne : Bacchus, Minerve, Hercute, Mercure, 
JupitèryJunon , u4pollon et Diane. Le mouvement et Tauxiélé 
qui se peignent sur presque toutes ces figures, la présence de 
Jupiter au centre de cette assemblée de dieux, Tattitude dUer- 

/ (1) Esposizione di un raso fittile agrigentino neUa famosa coUezione di 
S. M. Ludovico Rè di Baviera. Palermo, presso Grafico, i8q8. 
(a) Musée Blacas, p« i5. 



e. HEBCULE £T APaiXON. ìqS 

cule prét a lancer sa flèche meurtrière, ont paru à M. Politi 
autant d'argUQieiits positifs en faveur de Topinioa qu'il em- 
brasse. Meme il a youlu aller au-devant d'une objection à la- 
quelle il devait naturellement s'attendre. Gomment concevoir 
la représentation d'un combat où ne figure aucun adversaire ? 
A ce sujet, l'habile antiquaire cile le sarcophage du Vatican, 
où l'on ne voit que les Géants lancant des roch^rs vers TO- 
lympe (3). Or, cet exemple est loin d'autoriser rinductipn 
qu'il en tire : sur le sarcopbagp , les Géants sont armés , et 
regardent le ciel comme pour indiquer que c'est TOlympe 
qu'ils Tont assaillir. Dans la composition qui nous occupe ^ on 
ne Toit rien d'analogue , pas une divinile dont les regards 
s'abaissent vers la terre comme pour y cberdier des ennemis. 
D'ailleurs, selon le mythe du Combat des Dieux avec les 
Géants , cbaque divinile a recours dans cette lutte , pour se 
défendre ou pour attaquer, aux armes qui lui sont partiou- 
lières , et Minerve y parait armée de pied. eu cap , et non en 
déessepacifique comme sur notre vase.. 

Ces objections s'adressent à,rarchéologue-, maintenant nous 
demandons à l'artiste si dans un tableau où le talent et l'étude 
cfb peintre se révèlent aux moindres détaib du costume , il est 
permis de supposer une scène>sans unite, un fragment arraché 
avec négligence et caprice à une composition plus vaste et plus, 
réjgulière? M. Inoliti a trop le sentìmejot de lari pour persister 
dans son opinion. 

En examinant attentivement la composition du vase circu- 
laire , on s'aper^oit que les clnq figures placées sur le rang 
inférieur de la PL XX expriment plus particulièrement l'idée 
du sujet , pendant que les trois autres qui figurent sur ce que 
Ton appelle le revers du vase , ofirent des rapports plus indi- 
reets avec les personnages principaux, de notre peinture. 

Deux divinités faciles à reconnaitre se dessinent dans tonte 
la scène comme protagonistes^ Hercule prét à décocher sa 
flèche, ApoUon dans l'intention de répondre à l'àttaque. 
N'oublions pas que la place qu'occupent ces dieux est celle des. 

(3) visconti, Pio-Qemeniino , tom. IV; pi. io.. 



ig6 I. MONtTMMTS. 

anses, et que cette opposition les montre manifestement comme 
deux adifersaires. Ce fait une fois établi , on est obligé de de- 
mander quel est Tobjet de cette lutte. Le personnage place au 
milieu d'eux , sur le visage duquel se prononce Tagitation ex- 
cessiye , également marquée par le geste des bras et la position 
des pieds , et qui parait vouloir se porter arbitre entre les com- 
battali ts , ce personnage , le véritable centre de la composition -^ 
s'appelle HépluBstos, lefeu intérieur de la terre. On le recon- 
nait à son costume (4) , au bàton noueux qu'il tient a la main, 
et surtout à la place centrale qu*il occupa, semblable en cela 
à Hestia, la déesse du feu, telle que nous la retrouvons sur 
plusieurs monuments cosmiques (5). Ce ne sont pourtant pas 
les seuls arguments que noùs puissions alléguer à Tappui de 
notre opinion. Le serpente représentation myslérieuse à'Érich" 
thordus (6), qu'on remarque dans la broderie de la tunique 
de la déesse placée a coté d'Hercule, designo clairement Aihéné, 
épouse d*Héphasstos. La maniere dont la déesse relève sa tu- 
nique , ainsi que d'autres particularités de son vétement , nous 
rappellent Timage de VénuSy épouse du méme dieu. Mais cette 
observation s'applique également à la Diane qui se trouve A 
droite de Vulcain. Cette déesse, dont Tautel est place dans 
TAEtis d'Olympie à coté de celui de Vulcain, avec une inten- 
tion qu'on ne peut méconnaitre (7), parait avoir avec Héphaes- 
tos des rapports aussi étroits que Minerve , et nous sommes 
presqup tenté de reconnaitre en elle une autre épouse du 
méme dieu. 

Pour comprendre que la conjecture que nous venons de 
proposer ici n'est pas entièrement dépourvuè d'autorité y il est 
important de se rappeler que la hiche qui court aussi vite que 
le Soleil, et que nous voyons ici entre ApoUon et Diane , s'ap- 
pelle J[rgé (8). Or, Apollodore (9) nous raconte qu*-<^r- 

(4) Mdnitments inèdito de l'iottitut, PI. IX, t. 

(5) lbid.^Vl XflV, et sur le piédestal da tròne de Jupit^r. ( Pau«ati.tt, 
4,7). 

(6) Pau3. L. I, a4. Annales de rinstitut pout 18*9, page 294 sqq. 

(7) Paus. L. V, 14. 
.(8)flygin.Fab.CCV. 

(9) L. 1, 3, 3. Tbaniyris devient amoareux d'Hyacintbe aussi bicn qu'ApoUon. 



e. HlsaCULE ET APOLLOW. I97 

^pé (io) et Philammon ont pour fils Thamyris. Seraìt-il 
trop hasardé de reconaaìtre notre Diane avec la biche dans 
cette Argiopé^ dans Philammon ^ le Herwks^Héphcestos qui 
pòrte le béUer (i i) ^ et dans Thamyris, le chanteur jipoUon? 
D'aiUeurs^ si nous en óroyons Cicéron (i^) , VApollon le plus 
ancien et le dieu ptoteeteur d'Athènes étalt considéré cornine 
jils d*Héphcestos. 

Ce qui eoiifirme notre remarque sur la signification analogue 
do Diatie et de.Mitier^9 à Tégard de Yulcain, c'est que le 
méme nchaa dìArgiopé appartient aussi a la Mineri^e Aleày 
épouse d*HéphcestoSy la méme qu'Augé, épouse du prende^ 
fferoule (i3). Par cette raison , dans un vaso da prince de 
Caaino relatif à Tenlèyement du trépied (14)9 ^^ biche se 
trouve du coté de Minerve. 

Mais si Apolton est le fils d'(Iépfafestos et d'Artémis, le 
Mythe de Tégée présente soa àdversaire Hercule comme fik 
d'Hépfatsstos et d'Athéné Alea. Ainsi tous les deux ont un 
pkvcomman, mais une mère differente. Lorsqu'ils se présen- 
tent en archers, comme dans notre peinture , on ne peut mé- 
connaltre que les flèches symbolisent les rayoiis du soleil, 
que les omements de flots qui décorent le carquois se rap^ 
pottent au soleil naissant de la mer (i5) , et l'on conviendra 
qu^Hercule figure comme soleil (16) de rhémisphère infé* 
riettr^ lié ayec Atfaéné, la lumiere qui Taccompagne , pen- 
dant qu'Apallon exprime le soleil de rhémisphère supérieur^ 
unì à Diane, la lumière qui lui est propre. (17) 

L'objet de leur combat est , d'après An teine Libéralis (18), 
Iskflamme/AfMtftuUti (de i»r« et «r^vW^), ou, selon notré pein- 

(10) D'après Pana. L. IV, 33 , elle s^jonroe sur le mont Paroassc. 
(ix) PI. XXrV des Monumenta ìne'dits de llnstitut. 
(la) Cic. de Nat. Deor. L. m, XXII, 55. 
(i3) Diod. Sicil. L. IV, 33. Paus. L. VIU , 4 et 45. 
(i4) Catal. frang. , p. i^ , n« i8go. 

(z5) C'est la méme id^ que nous trouTons expriméa*illeurs par un dauphia 
cu par un cjgne qui porte le dieu de rharmonie celeste. 

(16) Mus. Bartold. Vas., Dip. A, 7. . 

(17) Paus. VII, a3, et PiuUrch. de «ì ap. Delph. 386 , b. 

(18) Lib. IV. 



198 t. mokumeitts; 

tare,*'Hf«i«T#f, hfeu, que chàcuti exige comme utie arme 
indispensable à sa course solaire< On se souviendra sans doute 
que c'est précisément Tulcain cjui dota ApoUon (19) , ainsi 
qu'HercuIe , des flèches dont ils aTaient besoin. On nous de- 
manderà peut-etre quel sera le resultai de cette lutte, et qui 
des deux sera vaincuPNous répondons hardiment qu'il n'y 
aura nulle pari une défaite complète : la seule chose qui arri* 
véra, c'est que la biche Argé, la méme sans doute dont la 
prise comptait parmi les travaux d'Hercule (ao) , et dont les 
Comes d'or désignent le caractère lumineux que nous lui re- 
^oniiaissons (2^1)9 passera du coté d*Aihéné et éCHereàle, 
comme le Taso cité plus haut nous Ta appris , et comme la 
ni.yt(iologte nous le révèle a son tour (ai^), en annon^ant 
€pìArgéus (la biche bianche), ^/j de Licymmus (du doux 
chanteur ApoUon) , m^urt dans la guerre d'Hercule cantre 
Euiytus (23) y mais qu'il obtint un enterrement magmfique 
de la part du vainqueur, e'est-à-dire qu'il accompagne Hércule 
pendant la course solaire qu'il fait dans Fhémbphère infó- 
rieur. 

Une solution differente de ce méme mythe nous est donneo 
par Apollodore (!%4) » 4^^ rapporte que le géant Éphiakes per^ 
dit Fodil^ droit par les flèches d'IIercule et Fwil gauche par 
ceUes d^ ApoUon, Si Tenlreprise lascive de Vulcain contro Mi- 
nerve (^5) justifie presque a elle seule Tépithète à'Éphialtes 
('EftttXrnf) donneo à Vulcain, la yue du monument d'Agri- 
gento fait comprendre davantage comment ce fait mytholo- 
gique doit étre entendu. 

Quant aux deux figures principales qui sui vent ApoUon, 
j'y reconnais Jupiter et Junon (26). Le premier figure dans 

(19) Hygin. Fab. CXL. 
(ao) ApoUod. II, 5, 3. 

(ài) Ibìd, Herculcy la biche snr l'épaule , se dirige Ycrs l'Arcadie. Compa-> 
rez Winckelmann, Monum. ined. pi. i5g. 
(w) Mu8.Blaca8, I#XVII. 
(a3) ApoUod. Il, 7, 3. Diod. IV, la. 
(Q4)L.I,6,a. 

(aS) Annalesde rinst.pour iSag^ p. 291. 
(26) Ou Latone , car cette déesse^ épouse de Jupiter, aussi bien que Junon r 



e. HEHCULB ET APO^iON. I99 

cètte réunion divine comtne ordonnateiur de Tiinivers, qui 
contieni les passions des dieux et des mortels v et , dans le sens 
codmique, régnant dans \cether exprìmé par JunoTz^ d'où il 
dirìge a son gre les forces da monde, et d'où ilétablit les lois 
de la nature. L'inqùiétude que Junon éprouve encore à un 
plas haut degré que Jupiter, et qui fait diriger ses pas vc^rs 
Àpoilon , s'explique aisément , si Fon penso qu'il s'agit dans ce 
combat du salut de leurs enfants, Argé (27) et Héphoestos (a8) . 
Enfin Mercure, que les feuilles de lierre semée» sur sa tunique 
désìgnent ici comme attaché à l'hémisphère inférieur (^9), 
viént de la part de Jupiter trajismettre à Hercule Tordre de 
cesser l'attaque , et sans doute aussi qu'il apporto le moyen de 
pacifier les combattants, (3o) 

Ainsi ce vaso , d'une forme sphérique , représente , comme 
presque tous les monuments de ce genre, des idées cosmiques : 
il fait connaitre le principe oppose des deux diyinités solaires 
et leur latte pour lèfeu (Héphsestos) et la clarté (Argé), 

Il nous a été impossible de découvrìr une fable dans laquelle 
l'ordre des forces solaires , tei que le yase d'Àgrigente nous 
paràit l'exprìmer , fùt indiqué d'une manière précise et com- 
plète* 

11 en éuste quelques allusions dans Homère (3i) ^ oà Ulysse 
avoue qu'il ne veut point se mesurer avec des hommes d'une 
force supérìeure, ni ayBcHercule, ni avec Eurjtus d'OEchalie^ 
qui osaient provoquer en archers les immortels, et dont le dér- 
nier a succombé sous les flèches d'ApoUon^ 

Deux passttges plus importants ont trait au méme pbéno- 
mène : Tun nous a été conserve par ApoUodore (82) : 

Hercule étant parti pour aller chercher les boeufs de Ger-* 
gon, traversa l'Europe, où il trouva beaucoup de peuples 

et mère d'ApoUon et de Diane , figure sor les monumentÀ choragiques dang 
un costume semblable , et ayec un geste à peu prés pareli. 

(^7) Hygin. f. CCV. 

(a8) Cic. de Nat. Deor. L. Ili, XXII, 55. ^ 

(29) Mus. Bartold. V. Dip. D. 75. 

(30) Hygin. Fab. XXXH. 

(3i) Odyss. L. Vili , V. aa3 sq. 

(33) L. II, 5y zo, et Glavier, not. yoI. Il, p. 279. 



200 l. MOHUMBUTS. 

saluvageS) et ^tìn dan$ k Libye* Après avók passe Tartesse , 
il pianta deux colonnes en mémoire de son voyage sur les 
deux montagnes oppòséés qui termineiìt TEun^e et l'Afiiqae. 
Le Soleil Vincommodant dans sa route, il tendit son aro contre 
ce dieu, qui, adminmt son courage, lui donna une coupé d^or 
dans laqueile il traversa POcéan, etc. 

L'autre se UrouTe che^ Athénée (33) : 

Phérécyde^ dans le troisième livre de Son histoire, après 
ayoir parie deil'Océan, ajoute : a Hercule tendit son are, 
còmiiLe pou^ lancer les flèehes contre lui \ mais il s'arrete sur 
l'ordre mena^nt que lui en donne le SoleiL Ce Dieu, pour 
récompenser Hercule de son obéissance, lui dònna la coupé 
d'or qui , lorsqu'il est conche , le transporte pendant la nuit 
avec ses chevaux, à travers TOcéan , a Tendroit où il se lève. 
Hercule s'embarque dans cette coupé pour se rendre dans Tile 
d'Eurythie. Lorsqu'il fut én pleine mer^ TOcéan » pour éprou* 
ver son courage, parut agiter la coupé. Hercule alors se mit 
en devoir de lui lancer ses traits : VOcéan eut peur, et apaisa 
les flots* » 

Dans Feùceinte du tempie dés grandes diTkùté» & Mégalo* 
polis, on Toyait, en forme d'hermès, Mercure Agétor (sans 
dofute comme voleur des bcnufs), et Apollon ^ Minerve et Nep- 
tune, enfin le Soleil , sumommé Sauveur, et Hercule (34)- 
L'expUcation du vaso d'Agrigento fait comprendre le motif 
de ce rapprochement d'Hercule et du Soleil. 

n n'est pas sans intérét de remarquer que le vase d'Agri- 
gento est rond et dégarni d'anses, et appartient par consé- 
quent a la forme de cymbès (35) ou dépas (36) ; car cette 
particularité l'assimile précisément à la coupé doAt Hélios fit 
présent à Hercule (37) lorsque le héros l'eut attaqué. (38) 

(33) Athen. XI,p. 470. 

(34) Paus. L, Vm. 3i. 

(35) Foyex roes Recherches sor les noms des Vases , p. 30, PI. 5, 74* 

(36) Ibid. , p. aa, PI. II ,'47. 

(37) Athen. XI, p. 469, d,/, p. 470, e. 

(38) Nous dcYons regretter que les bomes de cet arliele , et la nature du 
recoeil doot M fait partie , nous aient interdit les dévetoppemenis mytholo- 
giques dont plusieurs des opinions qae nous avons éniises auraieut certaine- 



e. HERGUtE n APÒLLÓN. dOt 

Póur ceiix qui, s'altachant umquement atti ftujet» de la 
fable , ne voudraient Toir dans cette scène que Fenlèpement 
du trépied, la femme jilacée devant Hercule serait la prótresse 
Xénodéa, et Thomme barba qui tieni un bàton' le grand 
prètte de Delphes, semblable à oeloi qa'òn distingue sui* le 
candélabre de Dresde ^ occupé de concert avec la Pythie à 
rétablir le trépied renv^rsé^ fifaia rd>sence du trépied, Fac*- 
tion differente des deux adversaires» et Pattitude de.cetle 
femme que le serpent désigne clairement comme Minerve , 
tottt concourt à démentif cétte opinion. D'ailleurs, loin que 
Ton apercpive danb ses traits la frayeur que devrait inspirer a 
la Pythie la présence d'Hercule , cette femme indique , par 
son geste et par sa proximité méme , la bonne intelUgenoe qfii 
règne entre elle et Hercule.. 

Le luxe des Tetements et la richesse des parUres qui déco- 
rent cette belle peinturè ont déjà évi examinées par notre 
savant ami et coltègne M* Gerhard dans sòn Prodromus des 
Monuments antiques, et son travail rend inutiles les re- 
cherches ausquelles nous pourrionsuous lÌTter à cet ógard. 

Il sufBra de remarquer qu'^Apollon porte ici des bottines 
pareilles à celles de Mercure, et que sa flèche est faìfte d'une 
branche de laurier dont les feuiUes paraiAsent encore k Vettcé^ 
mite du trait brùlant (Sg) : son carquois, en portie ètoilé , et 
la tuniqué étoilée de Diane, serrent à designer les divinités 
de la lumière. 



b besohi. Màié^ p re wrf entre l'òbligatioo d'énòocer notre Téritable pensée , 
etla crainte de traosporttr dans un recoeil néóessaireméiit general et som- 
maire det déveìc^pementa que les oaTrages ^éciauz peuYent seaU comportert 
noos arons préféré nous en tenir à une tfnonciation pure et simple de notre 
manière de roir. Quant à eenx de nos coliégues qui la tronTéraient sèehe,* 
tftrange co absolue , nous ne poavons qoe les prìer d'attendre la public^tion 
de roarrage sor Us religions de l'Arcadie , dont nous nous occjapons actuei* 
lement de concert aree M. Lenormant, ouvrage qui paraltra dés que les dr- 
constances pourront le. permettre» et dans lequel les diitl^rentes qnestìons 
sonderées dans cet artide seronC traitées cveó lei dérdoppemesta oowt- 
nables. 

(39) Compares PI. XXIII des Monuments inédits de Tlnstitut, où le crois- 
sant q«i déoore une des flòcbes lancées contre Ttt j^s, prouve avec évidence 
qoe Diane anssi Toiriait cliàtìer l'imnlle da grfant contre Latoae. 



aoa I. MOjvuMEirTS. 

n n'est pas aHSsi facile de décider si les coaroimes de Jupi* 
ter, d'Héphaestos et de Mercure sont toutes de laurier cornine 
celle d'ApoUon , ou si l'otivier, camme j 'indine à le croire y 
a forme les deux premières , et le myrte la troisième* 

M. Politi pense que la composition dont c^ vase ofifre la copie 
décorait le fronlon du tempie de Jupiter Olympien. Après 
avoiradoptéune opinici differente a l'égard du sujet, nous 
nous croyonsanssi autorisé, par lasnpériorité de cotte peinture, 
à.rejeter tonte idée de copie, et a nous convaincre plutot que 
la compo^tion a été réellement imaginée pour servir au vase 
qu'elle orno maintenant, mais que son style hlératique, d'une, 
rare beante, la rendait apte d^tre exécutée ensuit&, non en 
ronde bosse, comme penso M. Politi , mais en relief, sur quel- 
que autel consacré soit a Hercule , soit a Minerve. 

D'après le beau vase d'Agrigento , on est a méme de saisir 
parfaitement l'ensemble des statues en marbré que les ApoUo- 
niates de l'Ionie firent exécuter par Lycius, fils de Myron, 
pour les offrir en don votif au Jupiter Olympien. (4o) 

Parmi toutes les figures qui reposaient sur ime base demi* 
circulftire , Thétis et Hémera attiràient l'attention principale , 
con^me les seules femmes dans une assemblée aussi nombreuse^ 
et surtout par leur atdtude de suppliantes avec laqnelle elle3 
s'adressaient k Jupiter pour implorer le salut de leur fils. 

H est clair que le maitre de l'Olympe occupait le centro de 
la composition, ayant Thétis à sa droite et Hémera a sa 
gauche. 

A coté de cotte dernière déesse, et par conséquent a la place 
de notre Hercule, se trouvait Memnon prét a entrer en lice : 
son adversaire, Achille, était près de Thétis, a l'endroit où 
nous voyons ici Apollon. Pour faire mieux ressortir ce groupe 
centrai de cinq figures , l'artiste Taccompagna de deux groupes 
latéraux, dont chacun se compose de quatre figures (4 1). 
Derrière Memnon, il placa quatre héros troyens, Hélénus, 
Alexandre, Enee et Deiphobùs, destinés a faire face , comme 

(4©) Paus. L. V, ai , a. 

(4i) Le ittédestal semi-circulaire ^Uit coupé ea trois parttes : celle du 
milieu supportait cing statues, les deux latérales chacune quaire. 



antagonìstcs, aux guerriers grecs, a Ufysse^Ménélas^ Diomede 
et AjaXy qui fonnaient la suite d'Achille. (4^) 

Théodore PInofra. 

d. l'enlì:vement du trìpied. 
( Planche IX, 'ò et i^, des Monuments inédits de VlnstUuU ) 

Ptu' de monuments ont exercé le talenl d'un aussi grand 
nombre d'antiquaires distìngués que ceux relatifs a l'enlève- 
ment du trépied. A part la composilion simple de ee «ujet 
mythòloglque , et la facili té qu'on a de ledeviner, gràce aux 
récits détaillés d'Apollodore , de Pausanias et d'Hygin , on ne 
comprend pas aisément pourquoi ce fait d'Hercule joùit xi'une 
préfércnce si marquée. En dernier lieu , un célèbre ptiilologue 
de l'AIlemagne , M. Francois Passow (i) , a publié mie disser- 
tation sous le ti tre : HerCule ^ le voleur du trépied. Après un 
exai&en sevère de lous les monuments dont il devait la con- 
naissance tant auxauteurs anciens qu'à de récentes publications, 
après des apercus ingénieux sur le mérite de ces diCFérentes 
antiques , Tauteur, tout en évitant d'approfondir le yéritable 
sens du mythe , se voit obligé de resserrer dans le Péhponèse 
la fable en question. 

Une sèrie de monuments relatifs au méme sujet, et dé.- 
couverts dernièremcnt en Étrurie et dans la Grande-^Grèce , 
ìnfirment beaucoup cette assertion : ils prouvent plutdt celle 
que ce mythe fut moins locai qu'òn ne le pense orditiaire- 
ment , et que les Grecs lui attachaient un sens plus general ef 
pròbablement cosmique. J'avoue que je suis presque entrainé , 
par le yase d'Agrigento , à préter la méme significatioh aux 
monuments que decoro l'enlèvement du trépied , et n'y re- 
connaìtre. également que deux diyinités solaires qui se dis' 
putent la possession dufeu. Car si les Grecs désignaient par 
le mot'Eor/i» a la fois et la déesse qui représente le feu intérieur 
de la terre , et l'autel où brulé cette fiamme sacrée , ils pou- 

(4^) Il est évident qa'on combÌDait un sens cosmique ayee ce monument 
faf^misphérique quo les adorateurs d'Apollon ofTraient au Jupiter Olympien. 
(i) Boettiger, Archaeologie und Kunst. B. I, St. i, S. i9i5, fg. 



ao4 1- HONIIME1I7TS. 

Taient certes aussì bien designer par le mot r^iVov; et le dieu 
Vulcain qui exprime le feu tellurique , et le trépied d'où cette 
fkmmes'élève» Àfin que cette conjectureparaissemoiirsbizarre, 
il sera utile de se rappeler que le spbinx de Thèbes désigne 
Vkomme qui s'appuie sur un beton, comme rfiifvs, trépied, 
et Toh conviendra que cette particularité s'applique particu- 
lièrement à la personne de.Yulcaiii. H y a d'ailleurs un syno- 
nyme qui appuie davantage notre hypothèse sur la signification 
symbolique du mot r^iV«0t , trépied, c'est celui de x4>}Jfim9» 
Xi)jJfiétf, disent les lexicograpbes , est un boù appujé sur trois 
pieds oii l'on déposait les boucUers pour se reposer; mais ce 
méme mot indique aussi quelqu'un qui est monte sur un due 
{nl»MÌ) : or plusieurs peintures de vases offrent l'image de 
ITulcùin arme et assis sur cet animai lascif. 

La nécessité de développer bientót ailleurs notre pensée sur 
le mytbe de Yenlèuement du trépied, nous dispense d'entrer 
ici dans de plus amples détails : il nous suffit de remarquer qu'à 
Delphes ce mytbe porte une teinte locale , et repose probable- 
ment sur un fait historique , c'est-à-dire sur une epoque où le 
eulte d'ApoUon se vit menaci par Tinvasion de celui d'Hercule. 
Dans d'autres pays où il est impossible de découvrir les traces 
d'une origine historique de cette fable , il faut recourir au sens 
cosmique qui , par sa généralité méme , se recommandait da» 
vantage a la méditation religieuse. H nous est garanti par une 
quantité de monuments dont nous décrirons les plus impor- 
tants pour les soumettre , comme fruits des fouilles d'Italie 
durant les s^nnées iSa^-iSSo, a l'examen de nos lecteurs. 

Jusqu'à présent l'antiquité figurée nous a fait connaitre Ten- 
lèvement du trépied sous deux formes diverses. La première, 
simple et claire , ne met en action que les deux principaux ad- 
yersaires ; c'est ApoUon au moment d'atteindre le ravisseur du 
trépied. Le candelabro de Dresde (a) , les bas-reliefs de la 
villa Albani (3) , du Musée de Berlin (4) ) du Musée Nani (5) 

(a) W. G. Becker, Augusleum. Th. I, taf. 5, 6, 7, p. 89, fg. 

(3) Zoega bassirìlieYi. T. II , tay. 66 ,, p. ^ sq. 

(4) Panofka, Mas. Bartold. Marm. 3. 

(5) Paciaudi, Monum. Pelopon. T, I, p. xxxiii et 114. 



d. l'eniAvement du TRiépiED. ao5 

el da Mnsée royal du LouTre (6) ^ en offraient déjà la plns 
fidèle et la plus parfaite expression* Le dernier de ces monu** 
ments jette quelqiie lumière sur le sens oosmique du sujet , 
gràce au pommier des Hespérides vera lequel Hercule se dirige 
l'épaule chargée du trépied^ Jusqu'à présent cet arbre a été 
}M*is pour le laurier de Delphes *, m^is, d'une part^ ni ses feuilles 
ni ses fruits ne ressemblent k eeux da laurier, et de Tautre 
le laurier ne pourrait é^re place que du coté d'ApoUon , ou font 
au plos att milieu des combattants , pour indìquer le lieu de la 
scène* 

I. Une cylix a figures jaunes du Musée du prince de Ga- 
nbo (7) ménte d'étre citie ioi Gomme offirant une peiuture 
quidiffère peudes soulptures mentionnées : Apollon et Hercule 
9'y trouTent nus ^ ils se di^utent le trépied sacre. 

9. n en est tout autrement du vase qui se voit au Musée de 
Naples(8), ainsiquerajudicieu8(ementobservé M. Passow(9)} 
les traits qu'il rendsont moins ceux de deux^innités que ceux 
de deux mortels,* apparente anomalie qui s'explique par sa 
destination («B^Atf», yase de prix). 

3. Le chous du Musée Blacas , grave pi. IX , 3 , est au$si un 
vase de prix. Des deux éphèbes , Tun , Tainqoeur) emporte en 
triomphe le.symbole du succès qu'il vient d'obtenir, c'est Aid- 
maqucynom ré véle par l'inscription aakimaxos KAAOZ. Son 
adversaire , qui succomba sans doute dans la lutto gymnastique, 

(6) Piranesi, Mas. Napol. T. Il, PI. XXXV, p. 77. CUrac» Desorìpt des 
Antìqqes, p. 78, salle de la Diane , n^ 168. 

(7) Mnaéaai étrutqne da prince de GanÌBO» p. 137» n» iSSS^ ta géant 
jA^omée, D^ft i'ìnUiiear, un tt^re tieat de la mala droite un k4raa, et, 
penché yers la terre , il plie un genou. A l'esUrieur, d'une part, le gémt 
Alcjron^e repose nu et endormi sur un coussin (?); son bras droit est replojé 
sur son front, et son bras gauche pend le long de sa cuisse. Hercule, couyert de 
la peau de lion et atmé de la massue, s'approche du g^ant qu'il ya tuer pen- 
dant son sommeU. Hermes tient son caducée de la main gauche, et, ^rec la 
jbroite , il indiqae au demi«dieu la yictime qn^il doit immoler. De Tautre 
còlè , Apollon et Hercule nu se disputent le trépied. Voici les ìnscrìptions 
dont ce yase est oné : H£aAKA£2, A:OAAON, AEINIAAE2 £nOI£2£N , H£P- 
ME2, AAKTON£VZ, HE1LAKA£S, f lATIAZ filEA^SEN. 

(8) Millingen, Peint. de Vas. gr., PI. ^; p. 5o, Gerhard und Panofka, 
Neapels Antiken, S. 2i58, iiSg. 

(9) Boettiger, Archaeol.i S. i44> >4^* 



S06 I- MONUMENTS. 

est nommé EniXAPOS par rinattentipn de Tépigraphe, je 
suppose pour Ewizt^^ftcfy Épicharme (io). L'épithète KAAOS, 
qui ne s'appllque ici qu'au vainqueur, luì est justement re- 
fosée (il). Qùant au nom d'Alcimaque , il se trouve encore sur 
trois autres vases de Nola , dont j'ai donne les détails dans le 
Catalogue dn Musée de Naples ; et cette circonstance me fait 
croire qu'Alcimaque habitait réellement ce pays (i 2). Au reste , 
ce vase et celui de M. Millingen ne sont pas les seuls où la 
&ble de TenlèTement du trépied ait été choisie poiir décorer 
des vases donnés en prix. 

4. La lutte d'Alcide et de PhoBbus se retrouve sous cette 
forme, mais plus saillante^sur une amphore panatbénaìque du 
colonel Lamberti à Naples ; on y yoit d'un coté Herculecouvert 
de la peau du lion néméen , arme de sa massue , et emportant 
le trépied ; sur le revers , ApoUon , l'are à la main et chargé 
de son carquois , qui poursuit le ravìsseur. Deux colonnes sur- 
montées de coqs, indices certainsdes jeuxpublics (i3), et telles 
qu'on eo voit toujours sur les vases de prix distribués aux fétes 
de Minerve , encadrent cbacune de ces deux figures. Hercule 
et ApoUon paraissent sur ce monument comme sur le vase 
d'Agrigento , l'un complétement à l'oppose de l'autre , et ré- 
vèlent, par cette raìson, pro^ablement un sens analogue a 
celui du monument sicilien. 

Al^ordons maintenant la seconde classe des monuments qui 
se rapportent à la lutte d'Hercule et d' ApoUon. Le groupe 
centrai n'y diffère pas de la composition que nous.venons de 
décrire \ c'est encore une lutte engagée entre les deux divi* 
nités pour la possession du trépied ; tantòt le trépied déjà 
enlevé par Hercule et ApoUon poursuivant le ravisseur \ mais 

(io) Si les chevenx bouclés et la massue d'un des epbébes, et l'are dans la 
main de l'autre , einpéchent qnelques uns de nos lecteurs de reconnattre dans 
cette fable la lutte de deux éphèbes inyestis du type d'Hercule et d'Apollon , 
ils pourront adopter le nom d'AAKIMAX02 , /ore au contrae , comme épi> 
thète d'Hercule, et rapporter celui d'£niXAP02, oo platòt EHIXAPIX, a 
ApoUon, comme chef des Grdces. 

(i 1) Panofka , Musce Blacas, PI. I et II. 

(la) Neapels Antiken., S. 385. 

(i3) Mus. Bartold. Vas. dip. A, i. 



d. HEAGULE BT APOLLOIT. ao^ 

deux autres personnages , témoins da combat , augmentent 
rintérét da tableaa. 

1 . Tel est ce sujct , comme le représente un lécythion da ca- 
binet de M. Revil, pabUé pi. IX, 4* ApoUon estdésigné par la 
biche qui l'accompagne \ Latone le suit , tandis que derrière 
Hercule, Minerve, assise, parait offiir à son protégé un casque, 
comme prix éa Tainqueur. 

2. Une eomposittoa identique , ou du moins semblable , se 
troure sur une célébé à figures jaunes , da cabinet Durand , 
où Ton a era voir à tort la Pjthie ,. considérée comme pré- 
tresse de Delpfaes , à la place de Latone. 

3. Une oenochoé à figures noires, duméme cabinet , donne 
le ménte sujet , con^u à peu près et exécuté d'une manière pa- 
reille à la peinture du lécythion, excepté que Minerve, au lieu 
d'étre assise , se tient debout. 

4- Le Musée da prince de Canino renferme une hydrie pana- 
thénaìque , qù'il intitule : Conflit de deux cultes. D'un coté 
du vase , Hercule porte sur ses épaules le trépied qu' ApoUon 
s'eflPorce en yain de recouvrer ^ Diane est auprès de son frère , 
et à coté d'Hercule , Minerve , accompagnée d*une biche. De 
Fautre c6té, trois prétres ( ? ) , de Bacchus, d'ApoUon et de. 
Mercurie conduisent au sacrifico un jeune taureau (i4)* 

5. Une seconde hydrie de méme classe, du Musée Cani- 
no (i5), ouvrage d'Andocides, représente le combat d'Hercule 
et d'ApoUon en présence de Diane et de Minerve. Hercule , les' 
épaules oouvertes de la peau de lion , est sans armes *, ApoUon , 
couronné de laurier , est revétu d'une tunique courte et étoi-, 
lée : il tient son are de la main gauche. Diane est auprès d'Apol-^ 
lon; Minerve est du coté d'Hercule : le poignet de Minerve 
est orné d'un doublé bracelet. 

Un indice certain que ce vase devait étre le prix des jeux , 
est dansle revers de ce monument, où deux groupes de jeunes 
athlètes , tout nus , se disputent le prix de la latte : c'est le 
vase qui repose à terre , place entro les combattants. Un 

(i4) Mas. étrusqae du prìnce de Canino , n» i8go, p. 172 , ^73. Les inscrip- 
tions accompagnent les fignres du premier sujet. 
(i5) Mas. étrusque, B* ixSi; p. 107. 

n. i4 



*2o8 '• MONCMEIITS. 

adolescent , dont les cheveux tre^sés sont couronnés de fleurs 
et couverls à moilié d'un voile qui retombe sur ses épaùles , 
observe la lulte comme pour adjuger le prix. Ce bel éphèbe , 
vétu d'un riche manteau , tient de }a maia gauche une fleur, 
symbole sans doute du malheureux Hyaciiithe. 

6. Sur une troisième hydrìe panathénaique da méme Mu- 
sée (i6), et relative au méme sujet , les deux lattettrs sont nus ; 
Minerve assiste au combat, tenant d'une main son c«sque, et de 
l'autre sa lance abaissée. Derrière Apollon, Artémis étend la 
main droite vers les combattants , et prend de la gauche une 
flèche dans son carquois : elle est vétue d'un riehe p^lium , et 
sa téle est converte d'un bonnet phrygien, orné d'un diadème. 

M. Rochette faisant mention de ce, vase au Journal des 
SavanSy février i83o, observe qu'Artémis et ApoUon y sont 
qualifiés en commun comme dieux Déliens : voici ses propres 
paroles : 

« C'est ainsi que j 'interprete le mot A£+ior, qui suit les noms 
APTEMis, A . . AON. Minerve , aoenaia, figure aussi dans ia 
composition , et le mot nAAOM pourrait indìquer que ce vase 
était destine à servir de prix pour la tutte y bien qu'en ce cas 
il eut fallu écrire nAAEN (sous entendu enikesen oq tout 
autre équivalent) , d'après Vexemple d'un autre vase de cette 

Collection , oil se lit STAAK)ANAPON*riKE. » 

Si M. Rochette s'était rendu compte de ce que les figures 
peintes sur les vases antiques ne sont jamais signalées à la fois 
pardes noms propres et par des épithètes équivalentes(i7),puis- 
que les uns ou les autres seuls suffisent à les designer; si M. R. 
avait réfléchi que la scène de l'enlèvement se passe non à 
Délosy mais à Delphes ( AfA^^i)., ets'il avait fait attention à 

(16) Mus. ^trasque, n« 1182, p. xo8* 

(17) Cette remarque s'adresse aussi a notre savant ami M. Gerhard, qui 
{BuLlettmo dell' Instituto , iSag, p. 14^) proposa IIPIAMOS HO n0iaO2, 
Priam a cheifeux bfancs, au liea de lire avec nous Priam d'ime part, et 
Euthymides fils de Lolias, ou plutòt Polias, de Tautre. M. Rochette, il est 
vrai, trouve Tinterprétation de M. Gerhard très judicieuse {Journal des 
Sau.f févr. i83o). M. le prince de Canino cepeadant public dans T^dition 
francaise de son Catalogue ( i386 , p. lai, tav. xxx),, ìefac slmile des inscrip- 
tions , et de'raontre d'une manière éyidente que je ne ift'e'tais pas trompe'. 



e. VASI PANATEWAICI. ^09 

Tendroit où ce mot A£-f-ioi se voit place , il aurait sans doute 
abandonné sa conjecture tles dieux Délìens. Quant à moi , jc 
propose L%\t9fKÌXmy Xhabile bitteur, ou ànu^i^m, le luiteur 
ennemiy en rapp(H*t à Hereulo , à coté duquel on Ut ces deux 
mots, qui désignent parfaitement son caractère. f)n effet, la 
lutte a déjà commence* 

Le revers de cette hydrie présente un guerrier dont le bou- 
clier porte pour devise une écreyisse ; il se couvre la téte de 
son casque ; on volt devant lui un arcber vélu à la j^rygiennè; 
un chieu est à ses pieds, et un vieil augure avec le lituus ter- 
mine la scène. Théosorb Pahofka. 



e. VASI PANATfi.NAICl. 

(PI. XXI et XXU des Monum. inédUs de VlnstUut.) 

Nel primo ragguaglio che intorno gli ultimi scoprimenti di 
Canino io pubblicai (i) , fjpr rilevare generalmente le prin- 
cipali circostanze di quelle straordinarie scoperte e scavazioni , 
fino allora non descritte da altro relatore *, non mancai , a mal- 
grado la brevità di quei cenni , di far nienzione , come di cosa 
importantissima , del dissotterramento avvenuto di non pochi 
vasi panatenaici , vale a dire dati in premio ai vincitori nelle 
feste attiche di Minerva. Persuaso però tuttora che fra tanti 
insigni monumenti di quelle meravigliose scoperte niun' altra 
specie sia più capace di quella. a determinare massime ragionate 
intorno la natura e provenienza di tanti vasi ricoperti di dipin- 
ture e di epigrafi di greca maniera e rappresentazione e costu- 
manza , ho creduto conveniente di far precedere al rapporto 
generale, da me promesso intorno i vasi di Canino, gli accurati 
disegni de* più ragguardevoli tra que^vasl panatenaici e le dili- 
genti notizie di tutto ciò che relativamente a siffatti monu- 
menti ho finora potuto avere sott' occhio. Riputai per altro 
consentaneo a queir imparziale giudizio da me ricercato e pei 
gentili lettori e per me stesso, nel momento che, calde discus- 

(i) BuUettioo, iSag, p, z-55. 



^lO I. MOWDMENTS. 

sioni si agitano sopra matèrie , a mio credere , superiori ad ogni 
dubbiezza, di cedere ad altri il carico d'illustrare gli stessi 
monumenti da me presentati ei\e osservazioni del pubblico. Il 
qual temperaménto già adottato ne' monumenti di Canino, 
eb' io medesimo pubblicai antecedentemente in queste opere (2) , 
cade nel caso attuale tanto più a proposito , in quanto che la 
stessa materia de' vasi panatenaici , fu diffusamente trattata in 
altra particolsrre mia opera. (3) 

Eccomi pertanto raccoglitore ed editore , non già illustra-^ 
tore (4), intento a dar tutte indicazioni intorno i vasi panatenaici 
di Canino, parte da me fatti disegnare, e-pubblicati nelle tavole 
XXI e XXn d^i Monumenti di questo atano , parte da me osser- 
vati senza cbe il loro disegno mi sembrasse necessario o riuscisse 
facile ad ottenersi. Prima peraltro di andare specificando i par- 
ticolari monumenti , farà mestieri esporre alcune qualità e spe- 
zialità le quali , salve poche eccezioni , sonò generalmente ovvie 
in tutti quanti i vasi di questo genere -, cioè quelle della forma, 
della maniera del disegnato , delle diverse rappresentazioni 
principali , delle iscrizioni , e delle cose rappresentale ne' ro- 
vesci de' vasi medesimi. 

Le FORME generalmente adoperate in quei vasi, che pei 
dipinti panatenaici e per le loro epigrafi sono dichiarati come 
premio dì valore , nelle feste di Minerva , hanno in generale 
una guisa attinente al genere delle anfore {»fA^«ftis) ovvero 
de' vasi a due manichi , collo stretto e ventre spazioso , destinali 
a contenere il vino , l'oliò o altri fluidi : la quale particolarità 
d' un ventre assai gonfio e di due manichi corti che il solo collo 
.del vaso vanno a toccare , diede luogo a denominare questa 
specie di vasi panatenaici col peculiare nome di anfore pana- 
tenaiche (ififoftvf ^am^nm'iicùs) (5) , ed a prenderle in iscambio 
talora coi vasi comuni acquarj che Ii^ pure ventre gonfio, e 

(a) Monnm. deU* Inst. Tav. VIU , X , XI. 

(3) Gerhard Antikè Bildwerke, Taf. V-VU. Prodroraus. — Stuttg- i8a8» 
S. 117-138. 

(4) Alla presente memoria succederanno più estesi schiarimenti > tanto per 
opera mia quanto per quella del dottor Giulio Amhrosch , intorno alpuné 
materie tra quelle qui accennate che particolarmente lo richiederanno. 

(5) Panofka, Rechcrches sur k$ noms des Ka^e$ grecs^ n^ 6^ 



e. VASI PANATfiNAIGI, 211 

collo stretto , come la detta hydria , o con nome più speciale 
Kalpis (6). E sebbene abbiasi qualche rarissimo esempio di 
Kalpis ( vaso a tre manichi) con dipinti panatenaici pure 
sulle forme dal Panofka segnate come hydria panathenaike e 
hydriske panathenaike (7)9 BO0 tenne fatto d' incontrare giam- 
Dftai simile dipintiiire tra Tasi yoleenti. ' 

Una parte delle stoviglie cosi formate è di una gràkimezza e 
misura assai ragguardevole e quasi uniforme, cioè della cir- 
conferenza di 125 a I So centimetri, e d'un altezza di 62 a 66 (8) : 
la quale uniformità kisieme coli' iserizione di che non mai sono 
prive , fa determinarli per premj solennemente dati ai vincitori 
{aB-x») dalle pubbliche autorità nelle feste di Minerva* Al 
contrario ,. gU altri vaài di somigliante forma e con eguali dipin- 
ture , i quali sono per altro d' una grsmdezza assai minore e di 
svariatissime dinnensioni , come dell'altezza di 21 a 54 9 e della 
circonferenza di 4^ a iii centimetri, fanno ravvisare con 
maggior probabUità i doni fatti ai vincitori nelle feste istesse 
da' loro parenti ed amici (|iy<«) : tanto più che questi vasi di 
mediocre grandezza mancano quasi sempre della indicazione 
scritta che appartenessero alla serie de' premj . È mestieri per- 
altro dì osservare che la forma di quésti panatenaici vasi di 
grandezza minore è assolutamente la medesima che con egual* 
mente svariata dimensione in mditi altri vasi , di rapporto 
masl^imamente bacchico, si raffronta : dal che la loro forma a 
buon diritto q col nome dell' Isthmion (9) o col generico di 
anfore dionisiache può distinguersi. 

Posidonio,citatodaAteneo(io)^.compvendequesteduediverse 

(6) Schol. Pind. Nem. X, 64, cf. Panofka , 1. e, n» 6, 11. 

(7) Panofka, 1. e, n^g, io. Tornerò a parlare su queste forme, riunendo suUe 
Tav. XXVI e XXYII di questi Monumentile forme principali di Tasi Tolceati. 

(8) Non ayéndo potuto prmidere le esatte misure di tutti i vasi incisi nelle 
nostre Tavole XXI e X^tlI , proviene per tanto da questa uniformità che poi 
appresso tutti qui dati si trovino dal disegnatore ridotti alla sesta parte della 
grandezza originale 1 hawi poi la figura della Minerva presentata, alla Ta«> 
vola XXI, I, a , che comparisce in tutta la grandezza originale. 

(9) Panofka , 1. e. » n* 8. 

(io) Posidon. apud Athen. XI, 4^5 A : netti ìì xttì ófv;^ivoi ckv^oi kaì 

(ih ìiXitti T« ^f Ktt) /UflfOVA, 



2ia I. BIO50BCEirTS. 

sorte di panatenaici con dipinti sotto la generale denominanoncf 
di Tasi panatenaici di primaria mole (iiMfm^ntdhul fuyt9^^ i quali 
aggiunge esser capaci della xistiaA di due Chus o anche di pio. 
Gli è un danno che non solo T oscurità di parecchie questioni 
sulle antiche misure , ma eziandio la difficolta vigente per far 
siffatti confronti sopra i monumenti , rendano quasi impossi-* 
bile di scegliere vasi per appunto analoghi alla misura accennata 
da Posidonio : è manifesto peraltro che tra «le dimensioni da 
noi accennate de' vasi panatenaici, non poche si trovano die per 
la loro mole non potevano essere capaci della misura da Posi- 
donio accennata col do]^io Chus. 

Mentre di siffatte anfore con dipinti Minervali il bel nu- 
mero di quaranta o circa, si è rinvenuto » tre soli vasi si 
conoscono di grandezza mediocre , che del pari mostrano V idolo 
di Minerva , senza aver la stessa forma delle anfore ; ma , come 
già dissi^ quella piuttosto dell' idria a tre manichi o ddla 
Kalpis (il) : eccezione che conviene attribuire all'arbitrio 
maggiore che ben si confkcea a' donatori di vasi fatti a somi- 
glianza di premj , senza esser tali. Dee pertanto notarsi espres^ 
samente che lo stesso idolo di Minerva formato nel modo còme 
or ora descriveremo e co' soliti suoi accessori atletici , non si è 
trovato in nessuno tra molti vasi fin qui veduti , sien anfore 
o idrie , di alquanto diversa forma , ma che questi benché ab^ 
biano spesse volle dipinture di soggetto Minervale', sembrano 
esser cosi ornati anzi a cacone d'altre solennità che di quelle 
espressamente dedicate a Minerva. E cosi pur tra' piccioli vasi 
e tra quelli che nella maniera più elegante , cioè a figure rosse, 
sono dipinti , havvi un solo genere di vasi che regolarmente 
vedesi decorato di simboli Minervali, come della civetta e 
dell' ulivo , e può credersi anch* esso del numero de' doni pana- 
tenaici , tanto più che la loro forma si conviene cogli lriz»ot 
a-Kv^ot accennati da Posidonio (12) come piccoli vasi e capaci 
sino di due cotili, insieme a' grandi panatenaici ch'ei dice 
capaci di due Chus o anche di più. 

La menzione di questi vasettini mi fa strada per notare 

(11) yediìl soggiunto mio elenco II, </, 1, 2. 
(13) Posid. ap. Alhcn., K e. 



e. VASI PASrATENAIGI. ai3 

«spressame^te la maoiera della dipintura generalmente osser- 
yata in tutti i vasi panatenaici , e della quale gli anzidetti 
vasettini formano l' unica eccezione. Questa maniera è quella 
dell' epoca più antica , fatta d' un disegno [riù secco, a figure 
nere -sul fondo ros»ecio^ con tramischiate tinte bianche nelle 
facete ed e^remità donnesche .,» e rosse in alcuni ornamenti : 
4ttaniera che a. malgrado del suo. antico aspetto or non più 
induce alcun conoscitore di queste cose nell' errore , che tutti 
i monumenti su' quali si rinviene adoperata, debbansi giudicare 
aver rapporto alla medesima antica epoca , anteriore ai succe- 
danei più eleganti dipinti a figure ri>sse 5 perciocché per vale- 
Toli ragioni ha da crederai. usala quella maniera contempora- 
neamente secondo ch« l'uso del monumento il richiedeva-, e 
ti^elmodo stesso in che l'arcaico stile della scultura in altari , 
pilteali ed altri arnesi per uso de'mcrifizj ai secoli romani si 
continuava. La qual asserzione ^ara meglio appoggiata altrove , 
e in questo luogo , non volendo ora dilungarmi , basterà l'ac- 
cennare che mentre la menzionata uniformità si trova prjiticata 
^eon tutta X aridezza della più antica, maniera negli idoli delle 
anfore panatenaiche , vien fatto d'osservare ne' rovesci non 
poche volte adoperata disegnando una franchezza maestrevole. 
È manifesto però che il solo artificio usato in questi rovescj 
ne può dar certe prove della facoltà e dell ' epoca dell' artista , 
giacché in questi dipii^eva a suo talento , laddove nel lato an- 
teriore dovea attenersi al più antico e statuito costume. Ma 
jnon trovando ora foastevoli argomenti a persuadermi del tutto 
intomo la prima opinione, in me suscitata dall' oculare ispe- 
izione degli originali , cioè che quei vasi né ad epoche tra loro 
cessai distanti appartengono , né a tempi assai remoti , in para-* 
;goned'dltro più elegante vasellame, si riferiscono^ debbo ri- 
metterne la decisone alle indagini di • futuri osservatori , e 
specialmente degli artisti. Dalle cure de' quali quando impor- 
tanti raffrontamenti saranno dedotti rapporto al disegno e ali ' 
epoca sua , rimaranno poi a sciogliersi ben più rilevanti ques- 
tioni 9 per parte degli esperti in queste cose , intorno la creta 
e la vernice de ' vasi panatenaici, ad oggetto di spargere luce sul 
problema , egualmente arduo ed importante , della provenienza 



2l4 I. MON0MENTS. 

di tali vasi i quali, secondo tutti gli altri ragionamenti, dorendosi 
riputare fabbricati nell ' Attica , son pur tutti innegabilmente 
dissimiglianti da quell' uno che è senza dubbio attico, appar- 
tenente al signor Burgon. Niuna contezza avendo sulla creta e 
vernice di questo vaso , è raccomandandone assai l'esame a chi, 
ha occasione di osservarlo , rilevo almeno che il disegnò dell ' 
idolo arcaico e quasi egiziano, come in quel va^ , non si pre»- 
senta in nessuno degli altri fin qui conosciuti, sian nolani o 
volcenti ; e che del pari l'ornamento del collo gli è particolare, 
giacché gli altri vasi grandi coli ' iscrizione panatenaica hanno 
il collo privo affatto di ornamento figurato. 

Rivolgendomi ora dalla parte artistica di questi vasi agli 
argomenti d' erudizione rappresentati ne' lorp due lati, osservo 
che su' LATI ANTERIORI quattpo oggetti principali meritano lìi 
nostra particolare considerazione, cioè i**, le due colonne co' 
sovrapposti galli, !ì^. le figure di Minerva , 3^ le imprese del 
loro scudo , e 4*« l' iscrizione. 

1. Le due colonne, poste le une incontro alle altre, per 
designare i termini dello stadio e per innahfiate i due galli so- 
praccennati (simbolo il più espressivo della gara) , si trovano 
senza eccezione su' vasi di primaria grandezza, ma non sono 
talvolta in quei di grandezza minore. Alcune rare volte in 
questi ultimi mostrano invece dei galli sulla loro sommità 
o vasi, segno del premio (i3), ovverrf pantere, simbolo dd 
riunito culto di Minerva e Bacco (i 4). 

2. Le figure di M/ierf'a sono rappresentate in tutti questi vasi 
in atto di vibrare una lancia 5 movimento particolare alle più 
antiche effigie di questa dea , ed eseguito in tutti questi dipinti 
con un' uniformità sorprendente de' contorni esterni; la quale 
uniformità generalmente fa mostra non solo di un disegno 
aspro, ma eziandio di una scorrezione che debbesi senza dubbio 
attribuire al primo artista, il quale la scultura dell' istesso 
simulacro (tolta probabilmente da quello dell' attica Parthenos 
che nelle persiche guerre andò arso) ritrasse nella superficie 
d'un vaso. Ravvi peraltro delle diversità considerabili nell' 

(i3) yedi il soggiiuto elenco II , 3 , i5. 
(i4) Iti. 1,8, II, 4., 



e. VASI PANAT£irAIGI. ai5 

interoo disegnato delle figure medesime , specialmente negli 
ornamenti dell' elmo, nella Gonfig^razione dell' egida e nel 
chiton ; e questo ultimo non essendo mai coperto d'un peplo , 
pure non e quasi mai formato in un modo medesimo , ma è 
diverso, secondo le pieghe più o meno raddoppiate , e secondo 
gli ornamenti adattatiri. 

3. Le- imprese dello scudo presentano un' altra diversità 
assai ragguardevole nelle stesse figure. Queste in parte , come 
il gallo, possono riferirsi alla gara; ma per lo più sembrano 
relative al culto di questa dea o delle divinità affini , siccome la 
Medusa, la Stella, il Pegaso, il Serpente , il Delfino , la Vacca, il 
Carro e la Prora di nave, ed i bacchici attributi della pantera, 
isolata, o in atto di lacerare un cervo, della testa di capro , 
d'une stella intralciata con fo^ie d'edera, del cantaro, e forse 
della sirena. In parte poi devono riferirsi a paesi e luoghi ,• sic- 
come la triquetra siciliana e l'oscuro simbolò di una sola gamba 
tutta intera , la foglia di Selinunte , e forse il lupo e lo scor- 
pione ; e in parte, siccome i tre globi e il pentagono , aspet- 
tano ancora le loro spiegazioni. j^«jì ^ ' 

4^ L' iscrizione per me inconcussa dUl ' ateniense vaso del 
signor Burgon , TONAeENES NAetON : emi cioè «io sono un 
premio delle feste di Atene » , la quale, per la scoroezioné dell' 
A0ENEe[E]N, indusse in errore più d'un dotto, e perraggiuuto 
EMI, pare tuttora sospetta ài sig. principe di Canino (i5), tro- 
vasi come nel vaso notato della raccolta Roller , cosi in tutti i 
vasi di Canino regolarmente cosi : TOM AeEMEeEMAeEON 
ce premio delle feste d'Atene » *, e questo senza alcun' altra irre- 
golarità, meno quella che dall'ineguaglianza delle righe nacque 
talvolta una Hiversa posizione dell' ultima parola, siccome a 
risparmio dello spazio i due ultimi caratteri dell' AeiOK tro- 
viam posti a traverso sopra i tre primi, cosi : Ae&g • 

È manifesto pertanto come il jtrovarsi testimonianze cosi in- 
contestabili anzi di attica che di' pelasgica o italogreca prove» 
nienza , sia di somma levatura per. la meravigliosa comparsa di 
tanti bei monumenti greci, ora estratti dalle tombe etrusche. 

I rovescj di questi vasi rappresentano generalmente giuochi 

(i5) Muséum étrusque , p. 5i. 



ai6 I. MOMUMEVTS. 

gnmastici, e questi noo si disoostano |Mnito dai velganiieiite 
eonosciati ddl'nsogreoo, cosiediè, oltre le fireqaentìasuiie rxp^ 
presentanom ddle ipndrìj^ in {Mena cor», d(^ cofsa a pied^ 
e ddla lotta , Teggonsi pure popllalorì, adeti che sostengono 
i soliti pesi OTrero haheres, altri ancora die armeggiano con 
lancio, o pore insieme con questi qnaldie diaeobolo; in fine 
imo de' Tasi fin qni troTati di mediocre grandezza rappresenta 
pure nn citaredo (Il %}. Per altro tra questi Tasi minori al- 
coni rorescj invece de' soliti ginochi presentano qnalch' altro 
soggetto , parte d' atletico rapporto, siocome Tane figure man- 
tate (n 4)9 parte di rdazione bacckica, eccome il dipinto 
d'un Sileno con una Baccante, e sulla replicata figura di Sfi- 
nenra l'emblema bacchico d'un cantaro sul di lei scodo (II 6) : 
analogo ai quali Tasi è uno de' grandi, scevro peraltro d' iscri- 
zione, il quale conferme alle anfore panatenaidie , mostra 
sul dinanzi, tra le s<dite colonne con galli, Ifiufirra con Ercole 
et sul lato opposto Bacco con libera (Il 6). 

Aggiungo a questa generale descrizione de' Tasi panatsnaici 
finora giunti alla mia ispezione, l' elenco particolare de' monu- 
menti da me oaservatiV e particolarmente di quelli da me pub- 
Uicati ncUe presenti taToleXn e XXII de' nostri Mooumrati : 
distribuendogli come segue secondo la dÌTersità delle loro forme 
e grandezze. 

L PUEMJ PlHATEirÀICI. 

Di vasi panatenaici di maggior mole, cioè ddl' altezza di 
tre palmi o circa , e distinti da' minori per l' iscrizione TONA- 
eEN£eENAeLOK , conosco i seguenti , cioè uno (A) d'Atene, 
uno o due altri (B. C.) di Nola, e diciotto (1-18) degli scavi 
di Canino. 

^. n Taso trovato in Atbhe dal signor Burgon, è cono- 
sciuto per le pubblicazioni di Millingen (i6)edlnghirami(i7). 
Questo da tutti gli altri A distingue per una maggior sempli- 
cità nel disegno della diTinità; per la scorretta iscrizione 
TOHAe£N£ eNAeBOMdSMi, e per le figure del collo, cioè 



(iQ Uned. Mbiram. , PL I , II. 
,(17) Monam. etrusch., serie V, Ta¥. 34. 



e. VASI paììktkiulicu atj 

tuta sireaa sópra Y idob di MiMrra , et sopra il rovesciò una 
civetta. Lo scudo di Minerva mostra un delfino., et il rovescio 
del vaso una corsa di carrL 

B. Il vaso trovato in~NoLA , del fò general Keller, ora spot* 
tante al real museo di Berlino , e da me pubblicato ed illus- 
trato (i8) , si concorda molto colla maniera de' vasi di Canino t 
mostra sul rovescio una corsa a piedi, e sullo scudo di Mi- 
nerva un non so qual emblema , giacché né la Medusa né la 
mezza luna d'alcuni disegni vi si poterono ravvisare prima del 
rìstaaro e prima d'inesatte pubblicazioni. (19) 

C. Un altro vaso panatenaico , andi' esso coU' iscrizione ^ e 
parimente uscito dagli scavi di Nola*, monumento ben degno 
di particolari confronti e d'accurate descrizioni, ^i è noto 
dalla sola menzione del signor Raoul-Rochette {tlo) , come ap- 
partenente al signor conte di Pourtalès : ' 

Passo alla serie de' premj panatenaici dovuti agli etruschi 
scavi di Canino , ed in gran parte copiati sulle stesse tav/ole XXI 
e XXn de' nostri Monumenti. 

I. il primo dì questi vasi , sommamente pregevole per la 
doppia sua iscrizione , é il n* 807 della raccolta del principe 
di Canino , copiato sulla tavola nostra XXII , 4* ^* Lo scudo 
(XXII, 4, a) della Minerva ivi rappresentata distinguesi per 
due foglie attraversate da due paimette. Veggonsi sul rovescio 
del vaso stesso quattro uomini barbati e nudi in tutta corsa^ coli* 
iscrizione (ai) sopra staaioanafonniicii (invece di NiKfi). 
La scorrezione di questa epigrafe , isiccome a riserva di ulteriori 
confronti m' avvisai a prima vista , e non senza cura , dall' ori- 
ginale, non toglie che le copie diversamente date (y^T,) presen- 

(18) Gerhard Antike Bildwerke, Taf. V-Vn. 

(19) Siccome le correzioni dell'editore da' lontani artisti non sempre ven- 
gono rispettate , è avvenuto , che la Minerva dell' accennata mia opera alla 
Tav. y, mofltri la Medqsa dovuta al ristauratore , * sulla forma del vaso 
(Tav. Vn ) presenti, per. un non so qual arbitrio, una mezza luna. Delle quali 
correzioni, ben notate nel mio testo {Prodromus , Taf. VII, p. ia4) l'ultima 
è rapassata peranche in una replica del vaso stesso. ( Panoflia , Recherches , 
PLI, tio6.) 

(tio) Journal des Savans. Mars ifiSo. 

(ai) La gravure de Tinscription , sur la PI. XXII, 4» ^, est inexacte. 

(aa) Mus^um étrusque , p. 94. Amati su' Vasi etrusch., art. II, p. *». 



21 8 I. liioirnHENTS. 

tino la vera interpretazione della medesima, cioè ^^09 àt/'fm 

a. (Tav. XXn, 5, a.) Sulla parte anteriore del Taso n** 545 
della raccolta medesima del principe di Canino, lo scudo di 
Minerva è segnalato con un oggetto che rappresenta forse ìi. 
davanti di un carro, se non vogliam dirlo piuttosto un' ancora* 
n rovescio (XXII, 5 , &) mostra un gruppo di due lottatori, 
e un rabdoforo palliato è dall' uno come dall' altro canto dei 
niedesimi. 

3. (Tav. XXn, 6, i.) Vaso del principe di Canino, n* ii93« 
Vedesi sulla forma qui rappresentata la corsa di cinque uomini 
nudi e barbati. La Minerva della parte anteriore mostra sul 
suo scudo (XXn, 6, a) treglobL 

4« (Tav. XXn, 7^ £•) Vedonsi anche nel s^uenle vaso , 
che è il numero 1767 del principe di Canino , quattro cursori 
barbati già quasi giunti alla colonna agonale , la quale sta nel 
fianco sinistro della composizione , e perciò fa vedere la mossa 
delle figure diretta in un modo non comune dalla destra alla 
i^inìstra ; hawi sul lato anteriore la solita Minerva con una 
Gorgone d'antica maniera sul suo scudo (XXII, 7, a).. 

5^ (Tav. XXn, 8, b.) U vaso SaG del principe di Canino (^3) 
rappresenta il gruppo di due lottatori, l'uno dei quali tiene 
rialzata con ambe le braccia la gamba destra dell' altro com-* 
battente, mentre che questi mostrando in alto il pugno sinistro, 
tiene impugnata peranche 1' abbassata mano destra , senza 
peraltro che in essa si vedano i cesti. Sta accanto , a mano des- 
tra di chi guarda, un rabdoforo con una verga. Lo scudo di 
Minerva (XXII, 8, a), segnato sul lato davanti ^ mostra .un 
Pegaso. 

6. (Tav. XXI, IO , i. ) H vaso i636 del principe di Canino 
rappresenta un gruppo di lottatori somigliante a quello da noi 
segnato al n* 5, colla di£Perenza peraltro che l'uno dei lot- 
tatori impugna col solo braccio sinistro la gamba dell' altro. 
Hawi parimente il rabdoforo palliato al fianco destro di chi 
guarda \ e cosi pure il lato opposto mostra sullo scudo di Mi-» 
nerva ( XXI, io , a) parimente un Pegaso." 

(23) Maséam étxusqae , p. 47'Si* 



e. VASI ,,ANATEWAICi. 219 

7. (Tav. XXI, 9, b),VL vaso 1 1 14 del principe di Canino 
rappresenta la corsa a cavallo di due paja di giovani. Tre soli 
di questi sono visibili*, il quarto essendo quasi coperto per 
il destro cavallo della coppia anteriore; detti tre giovani 
sono nudi^ e vanno agitando le sferze colle destre. Lo scudo. 
(X!^ ^ g, a) della parte anteriore i:appresenta xkn^, testa di 
Medusa d' antica maniera. > 

8. (Tav. XXIIy I , &.)Il vaso 1946 del principe di Canina 
mostra varie figure àA pentatlon, cioè un discobolo inchinato 
per slanciare il disco in una mossa molto particolare \ due gio- 
vani che si accingono a vibrare le loro lancie , l' uno saltando, 
dirimpetto all' altro fermo in piedi , e fra loro una quarta per- 
sona che alzando la gamba sinistra, tiene nelle avanzate ms^ni 
i soliti pesi ovvero alteri. Vedendo che quest' ultimo e peranche 
il discobolo sono barbati , rimango dubbio ( non potendo ora 
riconfrontare l'originale) se alle due altre figure non sia dato, 
la stessa nota di virilità. Appartiene al lato opposto di questo 
medesimo vaso la figura di Minerva rappresentati^ intierar 
mente sulla tavola nostra XXI, i, a^ e segnalata sul suo scudo 
col simbolo d' una pantera che lacera un ceivo. 

9. (Tav. XXII, 1 1 , ) Un vaso frammentato del signor FeoU^ 
che sul suo rovescio rappresentava una corsa a piedi , contiene 
la particolarità estratta nel nostro disegno , cioè il p^snia- 
gromma^ come simbolo dello scudo di Minerva. 

10. Il vaso della Società Candelori copiato alla Tài^. XXII ^ 
a, by presenta in lunga veste, come al solito, il conduttore di una 
quadriga. I cavalli della medesima stanno voltando in rapido 
corso attorno la colonna che indica il centro ed il termine della 
loro corsa. La Minerva del lato opposto ha sul suo scudo (XXIJ, 
a, a) un lupo. 

1 1 . Il vaso della raccolta Feoli qui figurato alla Tayf. XXII , 
3, by che ha dinanzi il serpente sullo scudo di Minerva (XXII , 
3, a), rappresenta la Corradi due giovani a cavallo, i quali, 
l'uno succeduto dall' altro, sferzano i destrieri nella rapida loro 

corsa. 

12. Un vaso de' SS. Campanari e Fossati presenta sullo scudo 
di Minerva una sirena che s\)ona le tibie. Una corsa a piedi sul 



aaò I. MoiruMENTS. 

roTcscio del vaào stesso corrisponde a questa stessa insegna , 
incisa sulla nostra Ta\^. XXEi, 11. Alla stessa serie dei vasi 
panatenaici di maggior mole appartengono i seguenti , dei 
quali darò una brevissima notizia , poiché per una parte mi 
mancò Tagio d'osservarli e di trarne disegni , per altra parte 
non lUi riescivano di gran levatura. 

i3. Vaso del principe di Canino n« 3600. Lo scudo di 
Minerva mostra il* davanti di un carro ^ il rovescio presenta 
una quadriga, o, se ben mi ricordo, una biga con cavalli mossi 
in rapida corsa. 

i4o n vaso 3599 del principe di Canino presenta come sìm« 
bolo dello scudo una intera gamba, e sul rovescio quattro 
uomini in tutta corsa. 

i5. n vaso 712 del principe di Canino, assai danneggiato, 
mostra sullo scudo di Minerva un Pegaso , et sul rovescio tre 
uomini che corrono su carri. 

t6. Uu vaso della Società Candelori ha dipinto sullo scudo 
di Minerva un serpente, é sul rovescio un gruppo di lottatori 
assistiti da due agonoteti. . . • 

17. 18. Due altri vasi della stessa raccolta mostrano ne' loro 
frammenti uno scudo colla Gorgone , cinque uomini in tutta 
corsa, ed altro tratto ancora di una corsa a piedi. 

Chiuden(j[o questo elenco di premj panatenaici, darò l'indi- 
cazione d'alcuni altri vasi che per l'analoga loro rappresen- 
tanza, forma e grandezza, devono attribuirsi alla medesima 
destinazione , benché non ne facciano mostra per la solita 
iscrizione. 

a. n vaso 1 1 del principe diCanino(24)9 ^^ palmi % fo circa, 
presenta sul dinanzi la solita Minerva fra le consuete colonne 
con galli, ma senza iscrizione. Lo scudo mostra la parte ante- ' 
' jriore di un Pegaso. — Vedesi sul rovescio un uomo barbato che 
in tutta carriera conduce una quadriga. Leggonsi le seguenti 
jparole d'incoraggiamento : ££A££A, cioè tA«i, %)m : « tocca, 
tocca», (da <\««, lAietfy«), e d'accanto ai cavalli due altre 
scritte in elogio dpi vincitore : kaeoznikon, tutxh 9P6ì^9, 
« bra^o è il vincitore, » 

(^4) Muséum ctrusque » p. 35. 



e. VASI PAlTATBirAlCI. 221 

&• Un' altra anfora panatenaica ^ alta intorno tre palmi , 
ed è il n'' ai 1 3 del principe di Canino , mostra nelF uno e 
BelV altro lato le solite colonne coi galli : tra mezzo delle 
quali in un lato yédesi Minerva tenente in tranquilla postura 
la lancia e lo scudo, il quale è segnato* colla triquetra. Dirim- 
petto ad essa sta Ercole quasi in devota e^ressione presentan-' 
dole Parco e la clava. Il lato opposto tra mezzo le medesime 
colonne mostra Bacco i^% stta dirimpetto alla dea Ubera : nel 
qnal proposito non scio conviene attendere ad altri rovescj 
bacchici , che da vasi meno grandi oramai rileverò , ma ezian- 
dio ad un'altra anfora panatenaica della solita grandezza, di» 
pinta da ogni lato con bacchici argomenti e fornita ancora 
deiy atletico gallo, il quale da un Sileno viene offerto a 
Bacco (aS). 

n. Regali Panatenàici. 

Di vasi panatehàici eh' io per la loro grandezza minore, 
e per la mancanza quasi costante dell' iscrizione, riguardo anzi 
come regali privati che come pubblici premj , aveva notato 
prima delle scoperte di Canino solamente i seguenti : 

a. Vaso del Museo Bartoldiano (26) ora in Berlino. Lo 
scudo di Minerva mostra un serpente;- nel rovescio v'hanno 
pugillatori, 

b. n vaso del conte Lamberg (27) ha dipinto sullo scudo di 
.Minerva un rostro di nave, e sul rovescio lottatori. 

e. Il vaso agrigentino indicatomi dal PanoJFka , già della rac- 
colta Panettieri , ora di S. M, il re di Baviera , porta sullo 
scudo di Minerva la foglia di Selinunte; e sul rovescio pari- 
mente lottatori. 

d. Un vasetto, già notato dal Panofka (a8), e tuttora esi* 
stente presso i SS. Gargiulo e de Crescenzis, ha* }a singolare 
forma della Hydria o Kalpis, in cui lo scudo di Minerva pre* 

(i5) Fedi la notizia datane dal ng. principe di Canino , alla pag. i^^ del 
BuUetdno di 1899. 
' (a6) Panofka , Mas. Bartol. , p. 65; Gerhard, Antike Bildw. , Taf. VII. 

(17) Laborde , Vases da comte de Liamberg , 1 , 73< 

(a8) Mas Bartold. , p, 66. 



222 I.. MONUlfENTS. ' 

senta una testa di toro , e il rovescio non è dipinto in questo 
vaso come in nessun altro di simile forma. 

1. Di somiglianti vasi usciti della terra di Canino conosco 
pur uno d'altezza considerabile, come di più che due palmi, 
il quale ha la rara forma della comune hydria , ovvero del 
vaso detto a tre manichi. Appartiene alla raccolta Candelori , 
ed è ordinario di vernice e disegno; rappresenta T ìdolo di 
Minerva in atto di combattere, colla foglia di Selinunte sullo 
scudo ; e da ogni lato della divinità, invece delle solite colonne, 
havvi un' uomo palliato , di cui Y uno è accompagnato da un 
cane. 

2. Assai particolare é un' altra Hydria , vista da me tempo 
fa tra' vasi de' SS. Dorow e Magnus, n* 39 ; perchè, invece di 
galli , mostra sopra le solite colonne due vasi, e , se ben mi 
ricordo , del genere di quelle chytre che trovansi sulle me- 
daglie tra i premj de' giuochi pitici (29) : con quale circo- 
stanza converrebbe bene il trovarsi sul rovescio la figura d'un 
citaredo. Dippiù è degno d'attenzione che accanto la solita 
Minerva . vedesi una cicogna ; un delfino serve di impresa 
sullo scudo. 

3. Tra gli altri panatenaici vasi di mediocre grandezza e 
peraltro di forma e di pitture somiglianti alle grandi anfore 
panatenaiche , il più importante è quello del principe di Ca-^ 
nino segnato col n* i43o , perchè a fronte della sua mediocre 
altezza, che è poc' appresso di due palmi, è distinto colla solita 
iscrizione TONAGENEeENAeiìON. Lo scudo della Minerva 
mostra un Pegaso^ e sul rovescio "vedesi rappresentata una- 
eorsi^ a piedi. 

4. Un' altra diversità ragguardevole , rispetto alle colonne , 
trovasi in un vaso della raccolta Feoli, e la fanno le pantere 
in luogo de' gain. Per l'insegna dello scudo vi è la triquetra 
sicula ; il rovescio, anch' esso singolare, mostra tre figure pcU- 
liate e barbate j l' una delle quali tiene un frutto tondo o 

(39) Sebben la cbytra non possa reputarsi per un Taso da premio, sioqpme 
Tolentieri mi accordo col Pknofka. (jRechercheSj p; 16, note 8), pure è noto 
da ben volgari medaglie che la palma di giuochi pitici toleva esser piantata 
entro sifiatti quantunque similissimi yasi. 



e. VASI PANATBICAICI. 223 

bislungo , forse relativo a cerimonie bacchiche. Questo vaso 
sarà rappresentato sulla Tau. XXVI de' nostri Monumenti. 

5. Il vaso 1626 del principe di Canino , alto più di due 
palmi, è privo delle solite colonne e de' galli che vi si so- 
prappongono. Yedesi tuttavia la solita Minerva combattente,' 
con testa di capro sullo scudo. Il rovescio porta tre cursori 
barbati. 

6. Singolare per un' altra ragione è il vaso 790 del principe 
di Canino , giacché ha in entrambi i lati la figura di Minen^a 
•tra le solite colonne. L' una di queste figure ha sullo scudo 
un animale poco distinto , siccome tartaruga , oppure un ani^^ 
nude da sagrifizio , contorto perchè già svenato \ V altra pre- 
senta un vaso ad uso del bacchico cantaro con due manichi 
assai innalzati. • * 

7. Havvi un altro bacchico simbolo » cioè la pantera, sullo 
scudo d' una Minerva coperta della semplice tunica stellata , 
e disegnata in un bel modo arcaico, della raccolta Candelori, 
n® 146. Il rovescio del vaso medesimo presenta ui^ bel gruppo- 
di lottatori, e di due altri giovani che amichevolmente si ab- 
bracciano \ r agonoteta sta in mezzo di due gruppi. 

8. Vidi presso il Sign. Feoli un altro bel vaso con lottatori 
sul rovescio \ lo scudo di Minerva, presenta un gallo. 

g. Il vàsettino 682 del principe di Canino, alto non molto 
più di un palmo, riunisce, coli' istessa insegna dello scudo, il 
soggetto atletico sul suo rovescio d'un uomo a cavallo che 
tiene due lande, tra àue giovani anch' essi con una lancia in 
mano. 

IO. n vaso 1575 della stessa raccolta mostra sullo scudo di 
Minerva il davcmti di un carro, e sul rovescio un Sileno con 
una Baccante. 

il. La stessa insegna vedesi sìi\ vaso 584 ^^^^ Società Can* 
delori, il Rovescio del quale mostra un uomo barbato che con* 
duce un carro a due cavalli : accanto vedesi la colonna dello 
stadio. r : . . 

12. n vaso i34i del principe di Canino , alto più di due 
palmi, presenta sullo scudo di Minerva l' insegna di uno scor- 
pione, e sul rovescio la cor^a a piedi di quattro uomini. 
n. i5 



aa4 '• MOVUMEHTS. 

i3. n vaso 19^9 dello stesso Siga. principe fa vedere sopra 
lo scudo una stella, e sol rorescio una quadriga in rapido 
corso , con dentro il suo conduttore ed accanto un cane. 

i4* Un altro Taso della raccolta Candelori mostra come in- 
segna dello scudo tuU' una gamba, e sul rovescio due lotta-- 
tori, distinti per la grassezza de' loro corpi , in mezzo a due 
agonoteti. 

i5. n Taso 657 della stessa raccolta presenta la stessa in- 
segna dello scudo , e sul roTcscio un gruppo di gioTani lotta- 
tori, con accanto altro gioTane nudo d' ^uale grandezza , e 
dall' altro lato la figura assai più alta dell' agonoteta. 

16. Un picciol Taso della raccolta Candelori,. n** i4o , alto 
meno d' un palmo , mostra parimente sullo scudo di MinerTa 
la terza parte d'una triquetra, e sul roTCScio due giovani in 
corsa. Il ti^ascurato disegno lascia dubbio , se sulle due co- 
lonne abbiansi da riconoscere i soliti galli, o, come sembra, 
due *vasi» 

L'asserzione del Sign. principe di Canino, di aTer finora 
troTato più di trenta Tasi panatenaici, si combina poc' appresso 
co' cenni qui raccolti , qualora Togliansi in un tal numero com- 
prendere tanto gli scrìtti quanto gli anepigrafi. ÀTTcrto per- 
altro espressamente che né questo elenco né i disegni de' quali 
é accompagnato possono darsi con quella certezza di accurati 
confronti, la quale form^ un obbligo cosi importante di chi 
pubblica copie e notizie d' antichi monumenti. Posso rispon- 
dere degli accennati particolari intorno monumenti da me Te* 
duti tutti quanti , fidandomi parte sulla mia memoria , parte 
su note prese sollecitamente a prima Tista de' monumenti 
istessi : e però incaricai della copia un disegnatore che io 
conosccTa come dilìgente. Ma essendo stato impossibile, e per 
la incessante diffidenza de' negozianti , e per la distanza de' 
luoghi e la difficoltà del loro accesso, di dar tutta l'esattezza 
e tutto il compimento a queste notizie, mi credo in doTere dì 
fame conti i lettori, accioché al lavoro da me principiato si 
faccian pur da altri Tcrificazioni e supplimenti* 

Onorano Gerhard. 



f. APOLLON BT TITYDS. 22 5 



f. APOLLON ET TITYUS. 
{PL XXIIl des Monum. inédits de VlnsU , et Tav. d'agg. i83o. H.) 

Selon Phérécydes , suivi par ApoUodore (i) et le seholiaste 
d'ÀpoUonius de Rhodes (2)% Tityus élait fils de Jupiter et 
d'Elara , fille d'Orchomenos. Elara étant devenue enceinte , 
Jupìter, qui craignait pour elle les effets de la jalousie de 
Junon , la cacha sous terre^ et lorsqu'elle y fut accouchée , il 
en fit sortir Tityus son^fils, qui était d'une taille prodigieuse. 
Cest probablement à cause de cette origine que Tityus a été 
appelé quelquefois^/y de & Terre, ytiinUg itìf (3), ou né de 
la Terre, yijytfif. (4) 

Tityus étant alle à Pytho ou De^)hes, y vit Latòne : il en 
devint épris , et roulut lui faire violence ; mais elle appela ses 
ehfants a son secours , et ils le tuèrent a coups de flèches. La 
vengeance des Dieux ne s'arréta point à sa mort ; elle le pour- 
suivit dans les enfers , où il subit une punition terrible. 
. Homère , dans le X' livre de TOdyssée (5) , décrit le sup- 
plice de Tityus. Le géant était étendu à terre ; son corps occu- 
pait un espace de neuf plèthres; deus vautours, pénétrant 
dans ses entrailles , lui rongeaient continuellement le foie. 
Ce récit d'Homère a été imité par Virgile (6) dans ces vers si 
admirés des critiques : 

Nec non et Tityon, terra omniparentis alumnum, 
Cernere erat ; per tota novem cuijugera corpus 
PorrigUur •' rostroque immanis vultur obunco 
Immortale jecurtundenSy/ecundaguepoehis 

(i) Bibliotheca, lib. I, cap. IV, i. 

(a) Ad liber I, ▼e^a^76I. Cf. Sturz. Fragm. Pherecyd., p. i63. Europe, 
mère d'Euphémus, était fille de Tityus ; elle «ut une liaison avec Neptune. 
ApoUon. Rhod. lib. I, ▼. 179-181. 

(3) Homer. Odyss. , lib. VII, y. 324. Eastach. ed h. 1. 

(4) Pherecydes, ap. Schei. ApoU. Rhod, 1. e. 

(5) Vers 575-58o. 

(6) AEneid., lib. VI , Ters 595-600. 



aiG I. MOlTDMEirTS. 

Visceray rimaiurque epulis, habiiaUpu sub alto 
Pectore; necfibris reqìdes datar uUa renatis, 

On a varie sur le lieu de la residence de Tityiis. Suivant 
une tradition rapportée p^r Strabon (7) , il était roi , ou plutót 
chef de Panopée dans la Phocide ; et l'attentat contre Latone 
y eut lieu , lorsqu'elle y passa, en se rendant a Delphes. Cette 
demière cirponstance est aussi rapportée par Hpmère. (8) 

Pausanias confirme cette opinion (9) , et ajoUte que le tom- 
beau de Tityus se voyait près de Panopée. C'était un tertre 
tris considérable, qui avait un stade de tour. , 

Dans rOdyssée, cependant, Tityus est suppose avoir habité 
l'ile d'Eubée, lorsque les Phéaciens y conduisirent Rhada- 
manthe pour le visiter (io). A Tappui de cette tradition /on 
montrait dans cette ile , du temps de Strabon (i i) , une grotte 
appelée E lana, d'après Elara , la mère de Tityus ^ et un tem- 
pie où Ton offrait des sacrifices a ce demier. 

On voit, par ces divers récits, combien les traditions rela- 
tiyes à Tityus étaient incertaines et contradictoires. Cepen- 
dant , le fond du mythe paraìt historique et se rapporter aux 
Phlégyens. « Ce peuple, d'abord un des plus belliqueux de la. 
K Grece , dans la suite des temps , porta l'audace et Timpru- 
ii dence jusqu'au point de se séparer du reste des Orchomé- 
« niens \ ils se mirent à piller leurs Toisins, et finalement ils 
« entreprirent de dépouiller le tempie de Delphes. Enpunition 
« de leur impiété , les dieux détruisirent entièrement la race 
u des Phlégyens par des coups de tonnerre multipliés , de yìo- 
« lents tremblements de terre, ou une maladie épidémique; il 
c( n'en échappa qu'un petit nombre^ qui se réfìigia dans la 

(7) Lib.DL,4!i3. 

(8) An*rm T^AfiTxjeiiff'i àU( uvìfui irAftutùivn^ 
TluBmJ^ IfX^fihuf > ìtàiutkKtxifv IlAfeiriie;. 

Odjss. XI, 579-580. 

(g) Lib.X, cap. 4« 

(io) L. vii, t. 3ai-334* Homère ne dit point qaels furent les motìh de 
cette Tinte. On aorait pa penaer, d'après l'expreasion •«'o4»/utvo7, qne Rbada- 
manthe, en sa qualità de juge des Enfer», était alle dans ITubée pour y 
prendre connaissance des actes de Tityus$ mais les scholiastes donnent une 
aatre ezplicatiòn de ce passage. 

(11) Strabo, lib. IX,493. 



J. APOLLON ET TITYUS. 227 

« Phckrlde, où ils fondèrent la yille de Panopée » (13)- Selon 
Yirgile, cette nation éprouva anssi-dans ies enfers le chàti- 
ment dù à son impiété» (i 3) 

Phtegyasqtiè mistrrimus omnes 

Admonet, et magna testaiur voce per umbras : v 
Discùe justitiam moniti, et non temnere divos. 

lì résulte de cette relation , que Tattentatet le supplice de 
Tityus , qui étaìt Phlégyen , se rapportent à Tentreprise impie 
et à la punition des Phlégyens, et formèrent une espèce d'épi- 
sode a ce mythe. * 

• Célèbre par tantde poétes, il était naturel que ce sujet eùt 
également attiré Tattention des artistes. Aussi, en trouTons- 
nous plusieurs exemples. 

Suivant Pausanias (i4)) on voyait sur le tróne d*Apollon , 
ouvrage de Bathyclès a Amytclée, Ies deux enfants de Latone 
per9ant Tityus de leurs flèches. 

Dans la partie du Lesché de Delphes qui représentait la 
descente d'UIysse aux enfers , Polygnote avait peint Tityus ré- 
duit et épuisé par la continuité de ses soufFrances, et Sem- 
blable a Un spectre près de s'évanouir a la vue. (i 5) 

Panni Ies diverses ofFrandes qu'on voyait a Delphes, il y 
avait auprès du trésor des Sicyoniens, des statues dédiée^par 
Ies Cnidiens (16) : elles représentaient Triopas, le fondateur 
de Guide, debout auprès d'un cheval; Latone , et Apollon et 
Diane, décochant leurs flèches contro Tityus, qui avait déjà 
re^u des blessures. 

En examinant Ies descriptions données par Pausanias, des 

(la) Paas., lib. IX, 36. Il semble que Ies PhWgyens habìUient anssi 
l'Eabée; car nòus tojods qu'Homére y place Titjus. Saiyant Apollòdore, 
Lycos et Ifycteos ayant totf Phlegyas daos cette ile, se saayèrent en Béotie, 
où ils s'^blirent. Lib. Ili , cap. V, 5. 

(i3) AEneid. , lib. VI , 618 , 6ao. 

04) Lib. in, 18. 

(i5) Paasanias, Ub. X, cap. ag. TiyféutlAt /* mu Titvìc ev ttùXA^ifAtfùt tvt, 
«cxx« V9Ì tS ^Oux^vf *f*t mfMfitt^ \t 4ur«f f$«fiiX»/wffec, «i/utvì'fif haì ùùìì 
óxé«X)ipef t7/bAof . 

(x6) Pausanias, lib. X, cap. ix. Tfió;r«f eiicitNf tnc KiiVou ^^^t cwrx i^nr» , 



aaS i« MONUAiENTS. 

offrandes dédiées dans les diyers trésors sacrés , on trouye que 
le sujet de ces ofirandes avait, en general , rapport à des faits 
qui intéressaient les donateurs. Àinsi , les Cnidieiis étaient di- 
rigés p^r un motif particulier dans cette occasion. 

Triopas , fondateur de Cnide (dont la statue faisait partie de 
Toffrande) , y avait conduit une colonie de Dotium , ville de 
Thessalie, dont il était roi. (17) 

Phlégyas, qui passa en Béotie avee une colonie dTloliens , 
auxquels il donna le nom de Phlégyens, était aussi, suiyant 
Homère , de la méme ville de Dotium , qui avait recu son nom 
de DotiSy fiUe d'Elatus, mère de Phlégyas (18). Ce fut a Dotium 
qu'ApoUon séduisit G)ronis, fille de Phlégyas, qui devint 
mère d'Esculape. (19) 

olir 'AwixXifus r09 cysiftfr» iìn Kùfmh 

Ainsi, les Cnidiens et les Phlégyens , ayant une origine com- 
mune, le mythe de Tityus, roi de Panopée, ville fondée par 
des Phlégyens (20) , était commun aux deux peuples. 

Le manteau {xM'ì^«^) brode par Minerve, et donne par la 
déesse à Jason , lors de la construclion du navire Argo , était 
omé, selon la description d'ApoUonius de Rhodes (21), de 
divers sujets mythologiques , entre autres, Apollon tirant des 
'flèches contro Tityus pour venger Tinsulte faite a Latone. 

lusqu'ici, cependant, on n'avait pas retrouvé de monu- 
ments qui eussent rapport à ce mythe \ les premiers connus 
sont les deux peintures ìci rapportées. 

La première (Planche XXIII) est prise d'un chous prove- 

(17) Stephai^ns Bjzant. y. Awriet . 

(18) Homer. Hjmn. in AEscalap. ▼. 3. Phlégjas était fils de Mars et de 
Ghrjse , fille d'Almus , fils de Sisyphus , et il monta sor le' tròne d'Orcbo- 
mène après la mort d'Eiéocle, qui ne laissa point d'enfants. Paus. lib. IX , 
cap. 36. Selon Strabon^ Phlégyas était frére d'Izion et de Gjrton, et les habi- 
tants de la ville de Gjrton étaient phlégyens. Lib. IX , 44^* Suivant Apollo- 
dorè , Lycus et Nycteos fiirent exiiés de TEubée poiu;aToir taé Phl^as, fils 
de Dotis. Lib. m , cap. V, 5. 

(19) Hymn. in AEscalap. v. 3 , 3. 
(ao) Paosanias, 1. e. 

(ai) Lib. I, Y. 759-761. 



J. APOLLON BT TITYUS. 229 

nant d^ fouilles faites a Vulcia, et faisant partié de la riche 
coUection du piince de Canino. Quoique réunie dans la gra- 
Yure, elle se trouye divisée dans l'originai, et occupe les 
deux fi^ces opposées du vase. 

Apollon est imberbe et comme à peine parvenu à Tàge viril. 
U est nu, à Texception d'un manteau qui est plié et rejeté en 
arrière de ses épaules , afin de ne point entraver ses mouve- 
ments. Sa téte est ceinte d'une couronne de laurier , et ses 
longs cheveux, relevés en arrière, à la manière des femmes , 
forment le noeud appelé zfiCoXég. Outre ses attributs ordi- 
naires, l'are et le carquois, il porte une épée suspendue à un 
baudrier. On ne connait aucun monument ancien où Apollon 
paraisse avec cette arme ; mais elle lui était anciennement 
attribuée, comme le prouvent Tépithète Xfuaué^ésy qui lui est 
donneo par Homère (22), et les poètes primitifs. Cette épi- 
thète, dont le sens a souvent embarrassé les interprètes, trouve 
ici son explication la plus naturelle. No tre peinture confirme 
et justìfie les observations de Heyne (28), et celles de Mit- 
scherlicb et de Yoss sur l'hymne à Cérès. (24) 

Le moment de l'action est celui où Apollon , après avoir tire 
plusieurs flèches , en prend une nouvelle dans son carquois , 
et, s'aTan^ant rapidem^it, ya achever son adversaire. Il 
semble indigné de l'outrage fait a sa mère , et son action rap- 
pelle la fameuse statue de ce dieu qui fait depuis trois siècles 
un desi plus beaux ornements du Yatican. 

Tityus est également nu, à Texception d'un manteau^ sa 
téte est ceinte d'une bandelette , et ses cheveux sont disposés 
comme ceux d' Apollon. 

Quoique renversé et blessé de plusieurs traits , il ne parait 
pas Touloir renoneer à son entreprise : il tient d'une main le 
voile de Latone et cherche à la retenir ^ de l'autre main , il 
semble montrer ses blessures , dont le sang coule a grands 
flots , et reprocher à Apollon sa cruauté. 

Latone est vétue d'une longue tunique, surmontée d'un 

(iia) niad. E, ▼* 509. HymD. in Diau. , v. 3. 
(33) Ad Hom. Iliad. E , v. Sog. 
(ai) Ad ▼.4. 



23o I« MOnUMENTS. 

peplos; sa téte est courerte d'un voile , xfihfàùf ou KmXvirrfm, 
dont elle tient les extrémités, et cherche à se dégager des 
mains de Tityus, qui la retient. 

Toutes les circonstances exprimées dans cette composition 
sont tellement conformes à la description d'Apòllonius , qu'on 
dirait que le poète a eu. la peinture sous les yeux. (^5) 

'Ef Kiti 'A.'ìri^Xttf fufi^s iìfiitff ÌtÌ7V»t9 , 

n est à remarquer que dans les récits de Nonnus (26) et de 
Suidas (27) les mémes circonstances sont aussi rapportées. 

L'autre peinture , de la belle coUection de M. Samuel 
Rogers, à Londres {Tav. à'iigg., i83o, H.) > est prise d'un 
Tase trouTé a Agrigento, et qui offre le méme sujet, mais 
avec des circonstances diffiérentes. 

L'attitude et l'action d'ApoUon et de Tityus sont à peu près 
les mémes que dans la précédente ; mais ici , Diane accom- 
pagno son frère , armée d'un are et d'un carquois. 

En effet , selon Phérécyde (28) , elle prit part au chàtiment 
de Tityus , et elle fut ainsi représentée sur le tróne d'ApoUon 
et dans les offrandes des Cnidiens. 

C'est d'après cet exploit que Diane est appelée TiroóKrivùf 
par Callimaque (29)^ et méme, selon quelques auteursyl'at- 
tentat de Tityus fut contro cette déesse. (3o) 

L'action de Latone est ici differente : elle contemple la 
scène , et parait animer ses enfants à la vengeance. 

Au meri te d'un sujet nonyeau dans l'antiquité figurée , 
et qui contribue à éclaircìr un mythe célèbre , cette peinture 
réunit colui d'une grande beante d'invention et d'exécution. 

hS) Lib.I.Y. 759-761. 

(a6) K«) Ti<rt/» ^%\ètr%t% ^tft>AÌvtfpL pttftA Anrm 

£<c >«^uef •^xe/ulTll fi%fit»fAhof, Dionjs., lib. II , y. 807, 8. 

(27) V. TlTMf* 

(a8) Apud. ApoUod., lib. I, cap. IV, 1. Schol. Pindar. Pyth. IV, ▼. 160. 
Gf.Sturz. ^ 

(39) 'AfTtfAt «•«^811/» TiTvoxTOf f . Hymn. in Dian. , ▼. ^o. 
(3o) Euphorion ap. Schol. ApoU. Rhod. , lib. I, v. 181. 



f. APOLLON ET TITYDS. 23l 

Probablement , on peut piacer son origine entre les années 45o 
ou 4oo ayant l'ère chrétienne. A cette epoque , l'art avait 
atteint le plus haut degré de perfection sous le rapport de 
noblesse et de dignité , mais conservant encore quelques restes 
de la roideur et de la sécheresse qui le caractérìsait avant 
Phidias. 

Le prix de ce beau yase est encore relevé par son origine. 
Les diyerses productions des arts récemment découvertes à 
Yulcia et autres endroits du méme district, sont du plus grand 
intérét par les lumières qu'clles donnent sur l'histoire des arts 
et de la civilisation , et de l'état politique de cette partie de 
ntaUe. 

Ges découTertes confirment entièrement toiit ce qui nous a 
^té transmis à cet égard par les historiens anciens les plus 
dignes de foi , mais dont le témoignage a été rejeté par l'es- 
prit de système et l'amour-propre national des critiques mo- 
demes. 

Nous avons, par leur moyen, des preuves nombreuses et 
irrévocables que la plus grande partie du pays situé entre le 
Tibre et l'Àrminia fut occupé par des colpnies grecques, qui 
y ont porte et conserve pendant plusieurs sièctes , la religion , 
les moeurs , les arts et la langue de la mère-patrie. 

La position de ces colonies, à l'égard des Ombriens et autres 
peuples qui occupaient le pays avant leur arrivée , était préci- 
sément celle des villes grecques fon^ées sur les cótes de la 
Sicile et de la Grànde-Grèce, vis-a-vis des barbares de rint#- 
rieur, ou, suivant une comparaison prise des temps moder- 
nes, coìnme les Anglais dans l'Inde^ ou les Espagnols dans le 
Mexique , à Tégard des naturels de^ ces contrées. 

Il faut espérer qu'au moyen de tant de preuves on rendra 
enfin aux HeUènes le tribut qui leur est dù , et qu'on recon- 
naitra leur supériorité dans tous les genres de gioire. 

Iaxes Millinge». 



232 I. MONUMEKTS. 



g. LES DIVINITÌS COSBIIQUES. 

(P lanche XXIV des Monuments inédlts publiés par Vlnstitui,) 

f 

1 M. LE sue DB LUYNES. 
MONSXETJR LE DUC, 

VoiTS avez été frappé comme moi de Timportance de la cylix 
de Yulcia, publiée PL XXIY de nos monuments. La disposi- 
tion insolite des figures , leur nombre et les inscriptions dont 
elles sont accompagnées ont fizé toute votre attention , et tou» 
n'avez pas cru qu'elles aient pu étr^ ainsi rassemblées par un 
pur caprice du peintre, et qu'aucune idée religieuse ou mys- 
tique n'ait prèside à leur arrangement. Ce premier point ac- 
corde, ebacun de nous a suivi, pour Tinterprétation du mo- 
'nument, sa route d'habitude ou de prédilection ; mais une 
cbose dont vous avez paru frappé , c'est que j'arrivais plus vite 
et plus près du but en poursuivant dans cet examen la re- 
cherche des origines orientales, qu'en me renfermant dans. le 
cercle du pur hellénisme. 

Je m'empresse aujourd'hui, pour répondre ai; désir qtievous^ 
m'avez esprime de vous rendre compte de Timpression que la 
belle cylix de Yulcia a produite sur moi au premier abord ^ 
impression qu'un travail plus attentif n'a tait que confirmer 
dans mon esprit. Ce qu'il faut d'abord remarquer dans ce vase, 
c'est, à mon sens, le caractère contrasté des deux parties de la 
composition que séparent les anses : d'un coté ,' qua tre trónes 
égaux , revétus de peaux de panthères sur lesquelles sont as- 
sises, deux à deux , des divinités d'un ordre en apparence su- ^ 
périeur 5 de l'autre , un seul trone place au centre entro deux 
groupes d'autres diyinités debout. lei la conseryatlon presque 
complète du vaso nous peirmet de lire le nom des personnage» 
représentés^ non seulement dans leurs attributs , mais encore 
dans les inscriptions qui les accompagnent ^ sur le tróne du mi- 
lieu , semblable du reste aux quatre autres pour la forme et le 



g. LES DIVINITÉS COSMIQUES. 233 

revétement, soni assises Hestìa et Amphitrite* Toutes déux 
portent la phiale dan3 leur main droite étendue : la première 
reconnaissable au voile qui couvre sa téte , la seconde armée 
d'un sceptre termine par un bouquet de yarec , attribut que 
je crois fort rare, s'il n'est pas entièrement nouTeau..A leur 
droite , les trois Heures, dont les deux premiéres portent , Fune 
un pampre, et Tautre une branche chargée de grenades^à 
gauche Hermes criophore, Artémis accompagnée de sa biche, 
et portant une lyre, Hercule et Hébé complètent celte partie 
présenrée de la composilion. De Tautre coté il ne reste qu'une 
figure ailée debout , et partie des quatre figures assises sur les 
deux premiers siéges, puis les deux trónes suivants , et les tcs» 
tiges de troia des personnages qui y étaient placés ; ce qui 
existe pourtant suffit pour faire comprendre la disposition gé*- 
nérale : c'est une espèce d'assemblée , de supreme conseil où 
les assistants d'un moindre rang sont tournés du coté du groupe 
principal , de fa^on que les troisièmes et quatrièmes divinités 
r^ardent en face les deux premiéres , et que les quatre autres 
suivent le second groupe dans un ordre et une disposition semr 
blables. Il résulte clairement , à ce que je crois , de cet arran- 
gement , que l'élévation des personnages représentés doit dimi- 
nuer à mesure qu'ils s'éloignent du premier groupe; on peut 
croire aussi que ces divers couples se trouvent entro eux dans 
un rapport de succession ou plutót d'émanation. A ces huit 
personnages il fautjoindre la figure ailée et Toilée qui tient 
l'oenochoé , et dans laquelle la lettre initiale H, seule yestige 
du nom qui subsiste , doit faire reconnaitre 'His V Aurore. 

La plus grande dif&culté que présente l'interprétation de 
cotte partie de la cylix, est de déterminer quélles sont les 
huit divinités principales dont il ne reste plus que des frag- 
ments. Heureusement, tous m'avez rendu ce travailplus fa- 
cile , en reconnaissant d'une manière indubitable le coucòu 
qui surmonte le sceptre de la première divinité , en commen- 
^ant par la gauche , et le pampre qui parait a coté du premier 
trdne vers la droite. En partant de cotte donneo, il n'y aura 
dono pas de témérité à nommer le premier dieu Jupiter, le 
demier Bacchus, de supposer pour compagne a Tun Junon, 



334 !• HONUMBKTS. 

à Taulre Ariane ou Proserpine, ce qui nous donne du pre- 
mier coup les deux points extréme3 du système cosmique : le 
ciel et la terre 9 la forme la plus élevée du principe divìn et sa 
demière manifestation. Des deux figures affrontées àu groupc 
de Jupiter et de Junon , la femme a pour attribut distinct un 
poisson ; de Thomme on ne reconnait qu'un bout de barbe , et 
une partie du sceptre dont la main était armée. Le dauphin 
appartient à plusieurs divinìtés *, sur un joli vase du cabinet 
de M. le duo de Blacas (i), Thétis, poursuivie par Pélée, 
est représentée un de ces poissons à la main ; mais il serait té- 
méraire de chercher Thétis au rang élevé où la divinité qui 
nous occupo est placée : la figure bizarre que Pausanias décrit 
sous le nom de Cérès la Noircy portait aussi un dauphin dans 
une de ses mains (t) : la déesse de la cylix de Vulcia n'a, il 
est Trai , comme Cérès la Naire , ni téte de cheval , ni colombe 
dans la, mdn gauche ; le poisson qt^ lui appartient n'est cer- 
tainement pas un dauphin ; il est difficile pourtant de recon- 
naitre en elle une autre divinile que la Cérès aimée de Nep- 
tune et mère de Desposna, qu'on retrouve à chaque pas dans 
les traditions les plus anciennes de TArcadie. Un monument 
d*un grand intérét, quoiqu'il n'en existe qu'une partie, Tau- 
tel carré de la villa Albani , publié par Winckelmann (5) et 
Zoèga (4), peut servir à confirmer ma conjecture; dans ce 
monument , où les divinités olympiques semblent placées deux 
a deux, et forment comme une procession dont nous ne pou- 
vons plus comprendre clairement ni Tordre ni le motif ^ 
après les figures de Jupiter et de Junon , Neptune , arme du 
trident , est. suivi d'une Cérès distinguée par les épis et les 
pavots qu'elle lient a la main , et par le modius dont sa téte 
est omée. Ce qui est digne aussi d'attention , c'est que le dieu 
qui marche après Cérès est aussi Bacchus ; et comme le Mer- 
cure qu'on voit ensuite sur les gravures appartient a une res- 

(i) PanofLi, Musée Blacas, PI. XI, b. 

(2) Arcad. eh. XJLII , 3. yoyez aussi l'Eurynome à queue de poisson du 
eh. XLI,4. 

(3) Monum. incd., Pl.VI. 

(4) BassirU. di Roma , PI. CI. 



g. L£$ BlVlNITés COSMIQUES. sSS 

tauration moderne, que d'ailleurs dans les groupes précédens 
les divinités màles alternent aree les divinités femelles , qui 
peut nous empécher de croire qu'après Bacchus devait se trou^ 
• ver Ariane? 

Ainsi donc , sur huit figures assises , /jui ornaient la cylix 
de Yulcia^, en roici certainement cinq et probablement sìx 
qù'oQ retrouve sur Tautel de la villa ilbani ; car je iie croìs 
pas qn'on puisse , sur le rase qui nous occupo , donner d'autre 
compagnon à Cérès que le Neptune du bas-relief et de la tra^ 
dition 'arcadienne. Observons aussi que les trois groupes déjà 
décrits, et ou figurent Jupiter, Neptune et Bacchiis, se rap- 
portent aussi clairement que possible , et dans un ordire parfai- 
tement analogique auz trois éléments de Fiùry de Veau, et de 
la terre. Cotte remarque pourra nous servir à deviner quelles 
divinités siégeaient entro Neptune et Bacchus. L'èlément du 
feu, qui manque seul à notre Olympe cosmogonique , peut 
s'exprimer d'une manière, pour ainsi dire extérieure, par 
l'Apollon-Héiios et TAphredite de TAbropolis de Corinthe (5), 
et d'une fa^n, en quelque sorte intime , par le groupe de la 
religion attique, qui réunit Héphcsstus el Athéné'. le pré- 
fère m'en tenir a cette dernière conjecture , plus éleyée quant 
à Tordre des traditions , quo de m'attacher sérieusement à la 
première; car je craindrais de me livrer à la tentation que 
j'éprouve d'en &ire Tapplication aux deux premières figurès 
du bas-relief de la villa Albani, qui me semblent d'ailleurs 
avoir été explìquées à tort par Diane Hégémoné et jpar une 
autre déesse. 

En alléguant un exemple tire de l'autel de la villa Albani , 
j'évite de faire usage de l'autel des douze dieux du Mu^e 
royal (6)-, quoique les groupes de Neptune et de Cérès, d^ 
Minerve et de Yulcain , se retrouvent sur ce monument , l'idée 
qui a prèside a sa composition me parait trop éloignée de celles 
qui expliquent la cylix de Vulcia , pour que j'insiste sur un 
tei rapprochement; mais je ne finirai*pas Texamen de cetle 
première partie de la cylix de Vulcia, sans vous faire remar- 

(5) Pans. Corinth., eh. IV, 7. 

(6) N» 378. 



236 I. HONUMENTS« 

quer, Monsìeur le due, quelsjrapports frappants cet Olympe 
pélasgique présente ayec les traditions les plus pures de la 
théogonie égyptienne. La chose est au point qu'en substitnant 
aux noms de Jupiter, de Neptune , de Yulcain et de Bacchus , 
ceux d'Ammon , de Chnouphis , de Phthah et d'Osiris (rappro- 
chement dont la critique la plus sevère ne.peut contester la 
sincérité) (7) , on se retrouyerait dans un ordre d'idées absolu- 
ment identique , et Ton ne pourrait expliquer les rappo)(^ qui 
lient ces différents dieux par d'autres moti6 que ceux dont j'ai 
précédemment fait usage. 

Les considérations auxqueUes je me suis livré jusqu'à présent 
doivent, je crois, jeter quelque clarté sur la seconde moitié de 
la cylix de Yulcia. Nous avons vu tout a Theure se dérouler 
l'assemblée des dieux de TOlympe , dans un rapport cosmogo- 
niqueetélémentaire-, icinousapercevonsau centrede la com- 
position y et sur un tróne isole , deux divinités qui ne représen- 
tent pas moins clairement les deux éléments , auxquels toutes 
les cosmogonies orientales font jouer le premier róle dans la 
formation du monde. Amphitrite et Bestia, la déesse de Veau 
et celle du feu , assises et embrassées , sont accompagnées des 
trois Heures qui indiquent la marche du ciel autour de la terre ^ 
et l'ordre des saisons* De l'autre coté , quatre divinités s'appro- 
chent du tróne tellurique» Hermes apporto au monde la science, 
Diane l'harmonie, Hercule la puissance et Bébé la jeunesse : . 
ces quatre figures se présentent comme messagers de l'Olympe^ 
eomme images des forces de la nature et comme symboles des 
premiers instituteurs de Thumanité. lei se trouve une belle dé- 
monsttation à l'appui de la conjecture de Visconti (8), qui ne 
pouvait consentir à ne voir qu'un simple ministre des sacrifices^ 
dans le Mercure criophore des monuments : et en effet , com- 
ment envisager d'une manière si positive et si nue ce bélier que 
Mercure avait porte autour des murs de Tanagre (9), ce mysté- 

(7) Je n'ai pas besoin d'ezpliquer qa'en preoant Natane comme s^rmbole 
de Feau primordiale , Falsaertion d'Hérodote » II, 5o , qui rejette Neptune da 
nombre des diTinités d'origine égyptienne ne saurait m'étre opposee. 

(8) Mas. Pio. Qement. Tom. IV, PI. IV. 

(9) Boeot , eh. XXn , 3. 



g. LES DIVINITÉS COSMIQUES. ^i'J 

rieiix présent da dieu de la parole et de la sciénce^ dont la posse»* 
sion viyement dispatée fit couler le sang des Pélopides (io), cet 
attribuì dont il était défendu aux initiés de révéler le sens véri- 
table (il). Hermes et le bélier d'Ammon, nous ramènent encore 
une fois en Égypte 5 c*est aussi sur ce terrain que je chercherai 
rezplication de eette Artémis , qui n'a de commun ay ec la soeur 
de l'Apollon dorieti qué la biche, espèce d'hiéroglyphe du 
nom beaucoup plus general d'Artémis {1%). Dans le tempie sou- 
terrain de Béni-Hassan, le "Z^Us 'Aprt/ci^^ des Grecs, Pepacht 
cu Bubastis considérée comme mère et nourrice de tous les 
étres animés, comme une yéritable déesse-nature , est mise en 
rapport ayec Thoth , l'Hermes égyptien. A Thèbes , dans le 
tempie de Thoth, le dieu, symbole yiyant de la sagesse éternelle, 
a pour compagne une déesse appelée la Conservatrice des 
gerfnes (i3)> qui n'est qu'une forme de la Bubastis de Béni- 
Hassaiì. Ces deus diyinités par leurs attributs et leur carac- 
tère nous rappellent la Diane d'Éphèse , et nous retrouyons en 
Arcadie une Artémis JFfymnia, donile eulte était le méme que 
célui de la déesse d'Éphèse (i4)« Notre Artémis portant une 
lyre et accompagnée de l'Hermes , qui en Arcadie deyance et 
remplace l'Apollon des autres partieil de la Grece, ne peni 
étre autre què TArtémis Hymnia. 

Le eulte de Thoth dans le tempie de Dakké en Nubie , nous 
.conduirait aussi à retrouyer en Orient les Iraces du rapproche* 
meni d'Hermes et d'Hercule , si familier aux religions grec- 
ques; je pourrais insister sur la liaison intime qui existe entro 
le sujel représenté et la forme du yase , symbole cosmìque , 
comme le Dépas dans lequel Hercule nayiguait sur l'Océan , 
et qui Cappèlle la coupé mystérieuse d'Achéménès. Mais je 
crains que yous ne me reprochiez déjà trop de prédilection pour 
ces orìgines encore douteuses a beaucoup d'égards. Il est facile 
d'ailleurs de comprendre que la cylix de Yulcia n'a pas besoin 

. " (10) Gorinth. , eh. XVIII , a. 

(11) Corintti. , eh. m , 4. Messeli , eh. XXXIII , 5. 

(13) KfOVM ìì tyimtvù «r»'A^«p<nt( ^vyttriftt 1 9/7À Ti'mvi^ic n *Ap'r ifjn^u. 

^ Saochoniat. apud Philon. 

(i3) Voytz^ pour ces détails, Ics lettres de M. Champollion. 
04) Arcad.,ch.XIII, I. 



a38 . I- MONUMENTS. « 

de ce genre de démonstration , pour offrir un sens à tafois clair 
et élevé , et pour prendre un rang distingue parmi les monu- 
ments qui reportent aux plus profondes et aux plus antiques 
croyances de la Grece. J'espère qu'au moins cette fois, la fan- 
taisie individuelle ou Tignorance du peintre ne seront pas prises 
pour base del'interprétation d'un monumentsi soignédans son 
exécution et si complet dans toutes ses parties. Agréez , etc. 

Ch. Lenoumaitt. 



h. ACHILLE ET PATROCLE. 
( PI. XXr des Monum. inédits de Vlnstkut.) 

Daivs la dissertation qui précède, M. Lenormant vieni 
d'expliquer, d'une manière claire et satisfaisante , les figures 
qui décorent l'extérieur de la belle cylix de Vulcia; je dois 
maintenant rendre conjipte de Tintérieur; et, si ce trayail 
n'offre pas aux arcbéologues de sùffisantes découvertes , je 
tacherai de suppléer aux lumières qui nous manquent , par 
quelques réflexions sur l'art de peindre les yases tei qu'il flo- 
rissait au temps où Sosias produisit ce remarquable ouyrage. 

Au milieu de la coupé , on voit deux figures armées. L'une , 
imberbe , la téte converte d'un beau casque , fléchit le genou 
pour envelopper d'un bandage le bras gaucbe d'un guerrier 
barbu qui » coiffé d'un pileus et l'épaulière de sa cuirasse dé- 
tachée , est assis sur son bouclier. La téte du guerrier blessé 
convulsivement tournée en arrière , sa j ambe droite contractée 
et la gauche fortement étendue , indiquent une vive douleur ; 
il maintient , de la main droite , le bandage que le jeuné héros 
agenouillé serre avec une précaution et une attenticm mani- 
festes. Àuprès du blessé, une flèche à la pointe tordue est 
jetée à terrea et parait avoir cause sa souffrance. On Ut sur la 
tétedu jeune homme : axiaevs, et sur l'autre : nATPOicAOS. 
Leurs armures sont de la méme espèce, et formées de lames 
et d'écailles , ornées de grecques , et dessinées avec un soin 
minutieux qui se retrouve dans les moindres détails. 



h. ACHILLE ET PATItOCLE. 289 

Sansìapréseticedesiiiscriptiofis, on chercherait , poursujet, 
tout aulre héros qu'Àchille et Patrocle; mais les noms, très 
lislblement tracésprès^d'eux, ne laissent aucun dente snr Tin- 
tentión de l'artiste. Nous sommes encore forcés de reconnaìtre 
que les deux personnages se tronvent ici représentés avee tous 
les caractères qne Tantiquité lenr attribne. 

La jennesse et la beante d'Achille (i), ses talents en chi- 
rurgie , ses soins affectueux ponr son ami , Tàge plus avance de 
Palrocle , ses grands yenx et sa barbe tonffne (2) répondent 
aux descriptions tirées par les compilàtenrs grecs des plus an- 
ciens antenrs qniaient chanté la guerre de la Troade. Il est 
vrai qu'il m'aété impossible, malgré delaborieusesreclierches, 
de trouver ancune allusioni une blessure du fils de Menoetius, 
guérie par celui de Pélée. On est donc contraint de se référer 
à tlcs traiditions de Rhapsodes dont les poémes , familiers aux 
artistes anciens , ne nous ont pas été conservés. Peut*étre quel- 
que schòliaste obscur fait-il mention d'un passage qui expli- 
querait cetfé^einture. Je dois arouer mon impuissance a le 
découvrir jusqu'à présent. 

Comme il «st indubìtable néanmoins que Sosias ait voulu 
faire allusion à ces héros , il est permis de supposer que le 
combat où Patrocle recut cette blessure fìjit livré long-temps 
avant Fépoque où ilpérit, c'èst-à-dire dans les premières an- 
nées de la guerre de Troie. Homère fait mention de plusieurs 
expéditions d'Achille , antérieures au moment où commence 
l'Iliade. Les plus récentes sont la prise de Lyrnesse , d'où il 
emmena Briséis captive , et celles de Cilla et de Chrysa , qui 
causèrent sa dispute avec Àgamémnon. C'est probablement 
dans un de ces engagements qui suivirent le départ d'Àulide^ 
que Patrocle fut blessé, selon la tradition suìtìc par l'artiste 
tyrrhénien. Nous devons obsérver encore une particularité. 
Patrocle a été frappé au bras gauche par la flèche ennemie : 
son boùcliera dù étre traverse , puisqu'il le portait de ce coté; 
la pointe du trait a été tordue par la résistance qu'il a éprouvée 

(i) Philofitrat. Heroic. XIX , 5 , p. 733. J. Tzetzes. Posthoraerica , y. 469 et 
«eq. Darès Phry g. de eicid. Troj . , e. XI. 
(!x) J. Tzetzes. Poslhomcrica , v. 475. Darés Phryg. loc. sup. 

n. 16 



a4o I. M01IUME17T3. 

dans sa oo^rse* Xie bandage qu' Achille applique sur la blessure 
de soli ami ondatre la dexiérité du héros^ et surtout celle dea 
cbirui^ieqs contemporains de Tartiste; il est tei qu'on les eoi* 
ploie eneore aujourd'hui. 

Uépaulière détachée de la emrasse de Patroole y et dont le' 
cordoli flotte en l'air, derait étre , en dessous , d'ape matière 
soqple et flexible , t^le epe da cuir ; les larnes et les écailles 
qui eoayreat a reitérieur celle qui demeure eneore attacbée 
l'indiquent incontestablement» La. barbe de Patroclo est d'un 
caractère purement asiatique : un assez grand ìn^teryalle en 
séparé la moustache , et e'est enoore ainsi que les ladiens la 
portoni de noa jours. Nous ne deVons pas no|i plus negliger 
le pileus du néme guerrier. Dans l'aagbisse de sa blessure , il 
s'est débarrassé de son easque , et a conserve cette c^ffm'e de 
ttessousqui, dans beaueoup de eireonstancea, ii'«|^^rait pas 
aa easqae et rempla^ait le matelassé^ Cela pent e^piiquer par* 
ftdtement comment beaueoup de jMur^Ues armeni i|p)(iques ne 
portenti autoqr, aucune trace de coutt^re méta\Kque^ tandisi 
qu'elles se retrouvent sur beaueoup d'autres , et uotamment 
sur le beau easque, wtfm^tomimy du cabin^^ de M. de La Goy. 
Si cetle eompositioa offre ^ne nouveauté singulière » le tra- 
Tail de l'artiste est, a son tour, dig^e d'une atteortion speciale. 
Lea détails les plus petits sont traités av^c une finesse qui» 
cortes , nuit à Teffel géaéral , mais qui dénote une grande 
perfection dan3 le moyea d'exéeution. (>ui^ qui ont tenté 
d'imiter de pareilles peiatures sur les yases peuvent seuls ap- 
précier les difficultéa d'un travail aussi déUcat, scinsi que les 
obstacies qu'il deyait offrir. U fallail que les procédés fussent 
très parfaits pour arriver à ce point, et que l'étude ma^térielle 
Mt poussée à son plus baul degré. Mai^ si nous reconnaissons,, 
en méme temps, que la naWeté excessiye dea poses, la pau*- 
Yreté d'imagination et l'ignorance de l'anal^OiBsie accompuguent 
cette perfection de pinceau, nous serons conduits à oonclure 
que l'art 9 embarrassé d'une mauière ancienne , n'était pas ea- 
core prét à sortir de ses entraves, ni a déposer sa roideur pri- 
mitive pour prendre une route plus largo et plus hardie. 
La peinlure et la sculpture suiyent lune après l'autre cetle 



h. ACHILLE ET PATROCLE. ^41 

marche constante. Le mécanisme parvient à àon amélìoration 
complète long-lemps àvani que Tart ne se développe : leà mains 
saveiìt tout avant que la téle aìt rien osé. La renaissance des 
arts en Europe en offre de fréquents exemples -, et tes Grecs , 
malgré leur étonnante aptitude ^ n'ont pu s'affranchir de cette 
loi generale. Partout , dans cette cylix, la minutie des d^tails 
Vemporte sur l'ensemble; une maigreur extréme décèle la 
peine impuissante de Vétude, quoique la précision des orne- 
ments ( comme il arrivo toujours) soit à Tabri de tout .re- 
proche. 

Si la eomposition du dehors a quelque chose de plus simple 
et de plus facile , c'est un mérite qui n appartietit pas tout en- 
tier a Tartiste , mais qui dépend plutòt de deux causes bien 
différentes. La première est la forme méme du rase qui obli* 
geait de raccourcir les figures et de les rendre moins gréles et 
moitis soignées ; la seconde sera développée dans les observa* 
tions suivantes auxquelles ont donne lieu les nombreuses dé- 
eourertes fait«s depuis quelques années en Grece, en Italie et 
«n Sicile. 

En ne considérant que les vases peìnts et qui ont rectt la 
cuisdon nécessaire pour y appliquer un ém^ vitrifié , nous 
distinguerons facilemeht plusieurs classes toutes graduées se- 
lon cette marche progressive de Tart qui , par degrés , part da 
prìncipe le plus simple pour atteindre la perfection , et enfin 
f exagération de romement. 

Personne ne peut douter , je pense , que lés premiers vases 
n'àieiit été simplement couverts d'une couche generale de 
cette couleur fusible qui réparait la porosité de la terre , aug* 
mentait sia solidité et la rendait applicable à tous les usages 
domestiques. Àussi, depuis Tépoque la plu^ ancienne, che2 
les Étrusques comme à Tarcnte, trouve-t-on des poterie^ de 
tous les temps revétues de cette simple peinture. Il est naturel 
que les inventions d'utilité commune ^oient permanentes, 
tandis que celles du luxe doivent varier continuellement. 

Après ce premier pas , on fut amene , par l'emploi du tour, 
a tracer sur les vases des filets concentriques , tant au dedans 
qu'av dehors j les intervalles de ces filets durent ensuite élrc 



^42 I- MOKUMEirrS. 

remplis de dessins varìés et Ton commenca dèà-lors à entre^ 
voir la décoratìon où les Grecs excellèrent par la suite. 

C'est doDC une seconde epoque qu'il faut reconnaitre dans 
cette serie de vases couverts d'omements simples pris dans le 
mécanisme méme du tour à potìer, ou dans les objets que la 
nature suggère a tous les hommes pour la déeoration de leur$ 
premiers ouvrages ; c'est-à-dire les fleurs , les anìmaux , les in- 
sectes. Aussi voyons-nous les lécythus , les kélebés , les ari- 
ballos très ancìens , bigarrés de semblables images souvent dis- 
posés d'une facon maladroite et disgracìeuse. 

Ce n'était pas là des compositions , c'était l'application mal 
raisonnée d'un type naturel à peine compris , et que le temps 
Seul pouvait bien développer. Ainsi l'enorme scarabée se dé- 
ploie quelquefois près du cygne en miniature ; des lions d'une 
très petite proportion marchent sous une file parallèle de cerfs 
et de boucs gigantesques. Les rosaces, les fleurs se ressentent 
de ces premiers essais du goùt ; leur pesanteur et leur défaut 
d'agencement choquent au premier coUp d'oeil. Je rangerais 
Tolontiers dans cette serie les lécythus où l'on a peint des tri- 
tons et d'autres animaux fantastiques que l'art naissant peut 
bien engendrer, tandis qu'il ne trouvera qu'après de longues 
recherches , la naìve imitation de la nature et la fidèle expres- 
sron des passions. 

Un grand intervalle separa nécessairement les deux pre- 
mières époques de celle où les peintres songèrent à introduire 
sur les vases des compositions qui en relevaient la beante et 
qui faisaient leur principal mérite. On comprend pourtant que 
depuis long'temps , les décorateurs , fiers de leur adresse , ri- 
valisassent pour Texercer, mais ce mérite fut efifacé lorsque 
les figures apparurent compiè tes et groupées sur le flanc des 
coupes ou des cratères \ les palmettes^ les grecques , les enroa- 
lements, ne furent plus que des accessoires que dominait l'im- 
portance du sujet. 

Pour arriver à ce point , les artìstes grecs durent nécessai- 
rement ^ tatonner long- temps et se défier de leurs propres 
foroes. Ils imitèrent d'abord , ep tout ou en partie , les ou- 
vrages de leurs maitres les plus fameux ] et cet usage, que la 



h. ACHILLE ET PATROCI^JE. !l43^ 

timidità primitive établit, fat ensuite supprimé dans qtielques* 
Ueux par l'babileté des cc5ramographes , mais continue généra- 
lement par indolence et spéculation commercilale. 

J'ai dit queles artistes qui peignaient sur là terre, imitèrent 
des modèles célèbres de leurtemps. Il n*y a qu'à esaminer )es 
compositions placées sur beaucoup de vases , les uries coupée» 
en deux , les autres absolument mutilées , pour se convaincre 
de cette yérité. D&ns plusieurs, la dispositiòn pittoresque se re- 
connait : dans d'autres celles des bas-reliefs. Je citerai pour 
exemplcy la dernìère nuit de Troie , du Musée de Naples, ou 
l'on distingue une suite de figures origìnairenient développée 
sur un pian droit \ le Crésus du cabinet de Wf. Durand , dont 
la coipposition est incomplète et le revers absolument étranger 
a la face principale ^ ApoUon et Tityus sur le tase récemment 
publié 5 enfin , la procession religieuse et mystiquereprésentée 
a rextérieur de la cylix de Vulcia, sujet évidemment du do- 
maine de la sculpture et qui nous retrace partout son origine. 

Deus choses peuvent seules servir d'indi ces certainàpour re- 
connaitre Torìginalité d'une peinture céramique. La première 
est la touche assurée du maitre et méme ses corrections 5 cé^ 
caractères sont réunis sur la belle Calpis du Musée de Napìés, 
dite la Cassandre , et sur une infinite de vases d'un mérite fòrt 
inférieur. La seconde est la combinaison des figures entre eltes, 
et avec les ornements qui les encadrent , de telle sorte que l'òu 
voit au premier aspect si un sujet a élé arrangé pour uh vase > 
ou tronqué et applique sur un espace insuffisant. De tels signes; 
n'écfaapperaient pas a la sagacité de beaucoup d'artistes et sé- 
raient souvent négligés par de profonds érudits. 

La plupart des vases de Vulcia et de l'Etrurie ont une physio- 
nomie de copie que l'on ne saurait se dissimuler. Quelques 
uns , et la belle Ariadne du cabinet Dorow est du nombre, 
portent une empreinte d'originalité puissante. Je placerais aussi 
dans cette catégorie rintérieur de la coupé de Vulcia qui est le. 
sujet de cette dissertation. En voici les motifs. 

lyabord le style est dififérent de celui de Pextérieur quant 
auxajustementset auxdétails : ensuite les figures sont, endépit^ 
de leurs défauts , parfaitement pensées pour occuper un cercle 



a44 '• MOHUMEITTS. 

tei ({UQ le fond deeette coupe^ et e|ies le remplissent également^ 
ordonnance aussi iavorable pour cette de^tlnation qu'elle eiit 
été disgraeieose et ridicide sur usemuraille** 

Plosiears autre$ vases de Yulcia , spécisdement beaucpup do 
eenjt qui porlent de» noms dlartistes , sont ezempts du caractère^ 
de wpi^- Archidès, Xenodès, PantbaBUs, So»as, Epictète ^ 
BOQftont laissé de» ouvrages qui paraissent avoir été compose» 
et exécutés par eux; d'aatres, malgré leur signature, laisseat 
Toir^ par la variation de leur atyle et ta servilité de leur trait , 
qulb DBt settlement reproduit des idées étrangères et qu'ils. 
B'^étMe&t pas animés de cette vigueur créatrice qui perce méme 
daiis To^vre de la médiocrité. De sorte que , si Sosias a exéeuté 
e» entier la eylij^ de Vidcia, Tintérieur paraitrait lui appar- 
leuir, et Textérieuf étre une imitalion da genre de cettes doni 
aou» atons déji parie. 

Le» deux dernière» divìsious de la céramograpliie seraient 
done les oompolitions imitées et las eompositions originales , 
dasse infiniment moins nombreuse et qui ne s^ét^dait guére 
qu^à euYtron un dixième dea vases à %ures déeouverts ju&- 
qu^icin 

UoBL eomprend fiieilement que les inrenteurs aient été plus 
mres dans cet art que les eopistes ; ils sont encore dans une 
proportioii à peu près semblable^ 

LeBruttium, TApulie ^ fureùt inondés de eopies défigurées. 
de soènes eomiques ou tragiques et d'autres sujets yisiblement 
tirés de peintures Ibrt étendues. Je ne rappellerai que TH^rcule 
chez Bustrì», du Musée de Naplea, la Créuse du grand vase de 
Canosa, les Ama%ones du cabinet de Saint-Angelo , et le Pro- 
custe ^Hiìque ainsi que le Jupiter chez Alcmène du cabinet 
Pourtalèa« Ges exemples sont asses remarquables pouf* qùe je 
m'y arréte, d*ailleurs j'en réunirai un plus grand nombre dan$> 
un traité » doAt cette dissertation n'offreque les éléments , et où 
j'embraaserai Thistoire de la peinture oérauiique des Greos , 
depuis sou origine jusqu'à sa décadence, en y comprenant les 
vases à figures noires y ceui à fonds blancs et les polydiromes 
demi barbare». ^ 

JU£ DVC DE LVYNBS. 



i. LES PALIQUBS SICILIENS. 24^ 



L LB8 WkLiqVES SIGILISJfS. {*) 
' {Tapoìaii'aggùuiia, iSio.J.y 

mèi Ud^két. 

Tsoift moti de Virgile (i) donnent matière à Maorobe (2) 
de trailer d'une manière détaillée des dìeux jumeaux siciliens , 
qui portent le nom àéJleifenanU. A remarqué qu'il n'a trouyé 
dans aucuQ écrivain romain , et surtout dans aucun commen* 
tateur de ce poète, quelque chose qui les concerne, et qu'il 
apuisé ces détaib dans le fond de la littérature grecque. Le8 
écrits d'où il a tire ces notìons , et dont il cite textuellement 
quelques passages^ sont : Aetna ou les Aetiutennes, tragèdie 
d'Escbyle { le seplièpie Uvre des Histoires de Sicile, de Callias ; 
Polémon, sur lesjleux^es admirés en SieUe; et le troisième 
livre de VHistoire de Xenagoras. Heyne cite d'autres écri- 
Tains anciens et modemes , et avoue qu'avec toutes ces données, 
cette religion ^ de la plus haute àntìquìté , reste plongée dans 
les ténèbres. Selon toutes les probabilités , le voile qui nous la 
cacbait n'aurait pàs été décbiré , si on n'eùt pas eu connais^ 
sance de la peinture d'un vase ( Fcjyez le de^sio ) , moyennant 
laquelle il est possible de Téclaircir sufifisamment , et de déve« 
lopper avec la plus grande précision la signification yéritable 
et originelle des Paliques. 

La legende était ainsi conine : La nymphe Thalie^ fiUe 
d'Héphaestos , devint grosse de Jupiter sur le fleuve Symaethus \ 
craignant la colere d'Héra , elle pria la terre de l'engloutir. Sa 
prióre fut exaucée. Mais lorsque le terme de l'accouchement 
des enfants qu'elle pòrtait dans son sein fut arriyé , la terre 
s^entr'ouvrit , et il en sor^ìt deux enfants qui farent appelés 
Paliques , parc^ quils revinrent, étant reyenus de la terre où 
ils aTaient été atepÀravant engloutis. 

(*) Tradait de TaUemand. 

(i)AEmd.Dt,(fó5. ' 

(a) Satam. V, ig. 



3 46 I. MOlirUiMENTS. 

Gomme dit Eschyle. 

Le dessin de notre ^ase représente cette naksance. La mère , 
engloutie dans la t^rre , n'est visible que de la téle , de méme 
que Caeneus le lapithe ,. que la terre re^ut dans son sein pour 
le garantir des blocs de rocher que les eentaures lan^aient contre 
lui , n'est plus visible que de la partie supérieure du corps (3). 
Les deux garcons sofit munis i, commeles fils d'Héphaestus, de 
^grands marteaux de forgeron; et leur en&ntement^ qui est 
de] a termine jusqu'au pied gauche da second , a Iteu par les 
mains. Pourqùol ? parce qu'ils sont manoeuvriers, ;c«p«y«*T»f «f, 
bu iyzufàyiar9^tf (4) 9 nom que l'on donna aussl aux cyclopes 
lyciens (5). De méme que la sage et celeste Pallas sortit , armée 
de pied en cap, de la téte de Jupiter, du séjour de la celeste 
et de la plus haute sagesse; de méme lés manoeuTriers , les 
marteaux à la main , gortent des mains de là fiUe dÌEIéphaestus. 
Et que diront maintenaut ceux qui ne erurent pas que I^nti- 
quité grecque admettait que Dionysos est né de la cuiìssey du 
fctj^if , de Jupiter, pour indiquer la chaleur, fMi7p«, dont il est 
l'enfant? (6) Quelque extraordinaire que soit le fait, Tart 
méme s'est prète à l'exprimer. Brama aussi met au monde des 
bramines cpii sont chargés des prières et des écritures , en les 
faisant sortir de sa bòuche ^ il fait sortir de ses bras la caste 
qui porte l'épée , de sa large cuisse ìes marchands òu les riches , 
et de son pied la derhière classe des hommes. (7) 

(3) Sor le tempie de Thésée. Stoarl;, T. lU , ck. i, PI. XXÌL Aassi sur un 
▼aM. 

(4) Les autres formes sont : ytno-rfóp^^ttf^ *yy*o^póx*ify Schaefer ad Schol. 
Apollon. Rhod. I, 989. Hesycb. Etym. M. Suid. Eudoc. v. rAmf%x**f*f' 
'Eyx*if^^ydJ^n:oftc, \ttf%yim^ftf, 

(5) StraboA, Vlfil, p. SjS, >«.<rrtfó;tV/}«c- Eustath. II. II, 569, p. a86, 21. 
pdyss. IX, i83, p. i6aa, 53, f>;fcf»po>*a*r»pic. Les trois cyclopes d'H^siode 
sont appelés, par les théologiens orphiques , ^^iìtoi TtitT«TÓ;^fipic. H^cat^ se 
serTÌt (en plaisantant) , d'après PolL I , So , cf. YU , 6 , de X*^^y^»f > P<>^' 
le manoeuVrier ordini^ire; de m^me que Hérodote et Sophocleses^nrirent d^ 
;t€»pavAf j de méme Aìhén. I, p. 4, D. tot jS/ot ^m^ìt tv^ti^tts ov» iyX**^^- 
ykvr^fti. • 

(6) Supplem. au Traile sur la Trilogie d'Eschyle, par F. G. Welcker, p. 190. 
ilYk'P^ d€ Menu , 1 , 3i. Mr. Lassen, de Pentapol. Ind. p. 60, obser^e. 



Ù L£S, PALIQUES SICfUENS. iÀ^J 

Un développoment rapide fait tomber devant nos yeux le 
\oile qui couvre cette éphémère, et nous sommes sucpris 
d'apercevoir tout à la fois et la naissance et raccroissemeat. 
Mais toute comparaison avec des rapports naturels disparait , 
lorsqu'il s'agit de figurer une naissance de dieux , qui ne suit 
d'autre loi que celle de la pensée , ou qui ne la fonde que sur 
un jea de mots. . 

La seule chose qui indique le moment ou un commencement 
d'Oxìstence , est le pied de Tun des Paliques , qui n'est pas 
encore déliyré. Cependant ses bras sont déjà capables de portec 
le marteau -, mais il n'est pas bien clair s'il le laisse encore re- 
poser sur la téte de la mère^pour le soulever d'abord et poser 
ensuite ce lourd fardeau sur ses épaules y comme Ta fait l'autre , 
afin de s'en aUer ; ou s'il faut entendre méme qu'il frappait avec 
le marteau sur la téte de la mère gigantesqùe» Dans ce cas, Tau- 
tre frère soulèverait son marteau, tandisque le nouveau-né au- 
rait laìssé tomber dans le moment méme doucement le sìen. La 
téte ne parait pas étre touchée accidentellemenl par le marteau ; 
et pour nier précisément qu'elle ne puisse servir d'enclume aux 
Paliques et étre insensible au poids des marteaux , il faudrait 
connaitre plus oomplélement la sìgnification ou Tessence de la 
Thalie. Dans tous les cas , l'usage des marteaux , au moment 
et après la naissance, a une analogie immediate avec Tactivìté 
momentanee d'autres dieux nouveau^nés. Pallas , que Stési* 
chore , le pi^mier, a ce qu'on dìt , fait sortir armée de la téte 
de Jupiter, brandit la lance en s'élancant avec impétuosité , 
seton Thymne homériqùe (XXVIII, 9), et selon Pindaro 
(Ol. Vn , 69) , et comme elle est représentée sur une patere 
étrusque , elle pousse le cri de guerre avec une telle force 
qu'elle fait trembler le ciel et la' terre. Hermes s'échappe de& 
langes et exerce son art en maitre ; Apollon et Artémis , portés 
sur les bras de Latone, s'élancent sur le serpent Python, 
commé les représente le beau vaso publié par Tischbein. Si 
maintehant les Paliques, puisque leur essence, et, comme nous 

au sujet d'un passage du Baharata sur trois peuples, qui sont appelés bar- 
be res : Origo ex utere vaccce adfahulam spedata quam more sua excogHave-^ 
rani Indi \ ut vocis raiionem redderent etjrmologicam. 



248 l, MONUMENTS. 

le verrons , leur i^om méme &e fondent Mt àe& ittàtteaux , ne 
peuvent s'empécher de commencer leur existence par frapper 
avec leurs marteauxsur la téte de leur mère, cela n'est pas 
plus contraire a la symbolique que le trait naif et audacieux 
du petit Hermes, qui trompe sa mère et vele Apollon, li'offensa 
leur simplicité. Le caractère baroque de tottte la peinture pa<* 
rait méme recommander cette explication de préfiérence à 
Tautre. La tenue et laposìtion des Paliquessont imitées d'après 
la nature de ces ouvriers ] et la grande pesanteur des marteaux 
est surtout bien expritnée. 

Il parait que Macrobe n'a pas troupe cette naissance mira* 
culeuse mentionnée dànsses historiens, et qu'il n'a extrait que 
de Tun d'eux ces vers d'Eschyle qui , dans ce poéme , n'avait 
aucun motif (8) de déconsidérer les antiquités sacrées, ou qu'il 
les a passés Tolontairement (9) sous silence. Nicophon , poète 
de la vieille comédie attique, avait écrit une pièce intitulée 
j^tt^o^MTTóftitf yiv»«, naissance de ceux qui se nourrissent da 
travail de leurs mains , que quelques uns ne citent que sous 
le nom de ;^iip0y»rr«pfr (io). Ces Chirogastores ne peuvent étre 
que les nótres ; car on ne connait pas la rooindre chose d'uà 
culle des cydopes lyciens , et par conséqaent aussi rien de 
rbistoire de leur naissance. Sophocle, dans sa tragèdie dea 
Camiciens , et Aristopbane dans le Cocalos , ont parie d'une 
autre tradition sicilienne. Micochares et Alexis mirent la Gala«> 
thée sur la scène comique. Nicophon, quoì qu'il ait pu avaneer 

(8) Le fragment, seloii la version ezacte d'N0'oy<r«ti , montre qne la oaisuiDce 
est représent^ , dans le drame , oommé ayaiìt lieti r^llemeat , òtt qo-'èllfe ]t 
est décrìte d'une manière |>ropb^tique : 

A. T» <rjr3'ÌT AÙroTs OVO^* ^mVovTAI /gpOTOI j 

B. Sf^yovc IlfltxiVoc/c Ziù( i^itTctt itaiXfrv, 
N XAÌ n«exi»»T iCx'oytnt /uly ii ^i*m* 

(9] Ses paroles sont : Sed ubi venit tempus maturUatis in/antum^ quos a^t^o 
illa gestauerat, reclusa terra est^ et duo infantes, de aluo Tha lice progressi ^ 
enterseruni. Scfi^ius raconte : Mtnam njrmpham Juppìter eurh tfitiassei etjh^ 
€Ùé&t gnttHdam, timens Junonem^ secundum alÌQSf ipsam pueìlam^ Terr*^ 
commendavit , et illic enixa est , secundum alios , partum ejus, Postea cum de 
Terra erupissetit duo pueri. Palici dicU sunt, quasi iterum venientest cto. 

(io) Schol. Aristoph. Av. i55o. A. Meineke, quaestionum Scenic. spec. 
sec, p. 60. 



L LES PAXtQUES $IG1LI£NS. !l49i 

sous une t^e forme j n'aurait pas manqué de^tourner en ridi- 
cale la naìsfiance des Paliques. Le méme poète avait faìt une 
comédie intitulée : Naissance d'^phrodite^ de' méme que 
d'autres comiques y tels que Henuippos , Polyzelos , Philbcos , 
qui ont fait plusieurs comédies 9ur les naissauces des dieux , 

COmme *A^mf y4fml^ 'Afri/^ììif ztà *A^i)J^yf yéwi^ 'Effì$9 tue) 
'A^p«/ìfr9r yoM»/, Umtìf y^wt^ Autir^v^ MùvrSv^'^Aftms ytéti. Suidas ' 
cite les z^vìf y'^ml parmi les tragédies de Timésitheos , ce qui 
est certainement tinc erreur. Cette pièce , aihsi que son Costar 
et PoUux, était probablemi^nt une comédie*, car, quelques 
poètes ont fait en méme temps des comédies et des tragédies. 

Si Texplication d'un monument se restreighait a Tapparence 
extérieure, ma tàche serait remplie, car personne ne croira 
qu'il puisse «tre question ailleurs de la tradition d^une mère 
qui fot cachée dans Tintérieur de la tèrre et qui donna le jour 
àdes jumeaux^oudoutera, parce que nous n'avons pas connu 
jusqu'à présent les Paliques comme des forgerons, que les Chi- 
rogastores que nous voyons deyan t nous, ne soien t les véritables 
Paliques, puisque la comédie les représehté sou^ ce nom, quele 
dessin les représente comme tels ^ et que teur descendance d'Hé- 
phsstus l^s rend propres à l'état de forgérons. C'est précise- 
ment cette circonstance qui donne la solution de l'origine et de 
l'ensemble du eulte des Paliques; il né sera donc pas déplacé 
d'ajouter encore quelques éclaìrcissements sur ces dieux. 

La tradition qui mentre la mère des Paliques recue par la 
terre, et qui les fait sortir immédiatèment du sein de celle*ci , 
seri tout simplement à exprimer des autocbtbones (ii). Un 
écrivain grec etplique également les etifants nés de la terre 
(Pjyyyyfff ) dans Cyziquc , et probablement d'après la tradition 
aotuelle, comme étant des Chìrogastores (iyy«0*rp«;^fiptf ) (li^). . 
Les Telcbines, dans l'ile de Rhodes , furent regardés dans le 
méme sens comme des enfants de la mer. 

La noblesse de ce métier ainsi que sa déificatién , ou le gou* 
Yernement des dieux comme Chirogs^topes , iùdique des habi«- 

(il) Polemon ap. Macrob. : Oi (Ti TraKtKoi ^po^Ayo^cvó^ccvoi irctf>À io7q 
(la) De'iociios ap. Sch. Apollon. Rhod. 1 , 989. 



20O T. MONUMENTA. 

tants qui à une certaine epoque n'avaient aucune connaissance 
d'une classe de guerrìers et de chevaliers , qui abandonnèrent 
Fagriculture lorsque cet art était pratiqué , et l'éducation des 
troupeaux a une classa inférieure , ou qui , réunis autour de 
leurs sanctuaires, se maint«naient indépendants entre eux et 
séparés dès autres classes. On trouve les fondemehts de cette 
assertion dans le eulte des Daetyles , des Cabires de Lemnos et 
des Telchines , de méme que dans quelques apparìtions qui 
eurent lieu dans TÀttique j TÉtoli^ , etc. , que j'ai cherché a 
éclaircir dans mon traité sur les trilogies d'Eschyle. Il est re- 
marquable , en effet , que le métier de forgeron , que nous 
Yoyons étre sanctifié dès la plus haute antìquité , par les Pali- 
ques au pièd de l'Etna , comme parlps Cabires près du Mosy- 
qhlos dans Vile de Lemnos ; que cette occiipation héphaestienne 
avait lieu de préférence dans la proximité des volcans , ou qu'elle 
parait avoir élevé dans un tei Toisinage ses dieux tutélaires a 
un degré de vénération beaucoup plus generale que celle qu'ils 
auraient acquise sans ces grandes forges de la nature. 

Les trois Daetyles idéensmémesont représentés comme Chi- 
rogastores à cause de leur nom de Daetyles , et de leurs trois 
noms partìculiers qui signifient forge, marteau , et enclume. 
Quelqu'un avait peut*étre ironiquement appelé tenaiUes (««p- 
xhovg) les Cabires lemi^iens , qui , sur la peinture , portent un 
marteau. Les deux dieux Mariandyniens-milésiens , que nous 
connaissons sous le nom de Titias et Cyllenos , sont des divi- 
nités semblables. Le dernier parait signifier boiteux, de méme 
que Cyllopus , Cyllopodion , qui est un surnom d'Héphaestus , 
signifie boiteux^ mais Tun et Fautre a été pris dans le principe 
pour marteau. 

. A proprement parler, le nom des Paliques n'exprimé rien 
autre chose que marteau, cpì frappe du marteau. L'adverbe 
7Ftt?ay 9r«xif exprime 9 dans beaucoup de compositions , la répé- 
tition continuée , l'action d'aller en avant et en arrière , cà et 
là , d'aller et venir, comme dans trKAi^freriyV, ^«tXtfiiKrkttm, ^mxt/^ 

et Treixif txuv signific par conséquent très bien le coup de mar-* 
teau. Comme les forgerons frappent fréquemment et deux à 



/. LES PALIQUES &1C1LIENS. aSl 

deux avec les marteaux , et que les Paliques représentent un 
tei couple, on concoit.qu'on appelle ^axixói les marteaux, eu 
les considérant comme une paire qui va et vient mutuelle- 
ment Tun après l'autre^ de méme que TttXtyyixms exprime un 
rire réciproque. ^ 

Qu*on ne craigne pas que cette explication puisseétre arbi- 
traire selon Tesprit de la naive simplicité de l'antiquité , et que 
le rapport qu'Eschyle donne de wu^f Uuv à Taction de sortir 
de la terre, ne puisse étre le véritable. Car les noms des 
dieux sont plus ancìens que les légendes que l^on a faites sur 
leur naissance \ et rien n'est plus ordinaire que de voir le peu'ple 
et les poètes en chercher le fondement et la raison dans quelque 
passage de l'bistoire , auquel on peut par hasard adapter le 
mot ou le nom. Le retour des Paliques de la terre dépend évi- 
demment d'une invention qui est accidentelle , et qui n'a rien 
de commun avec leur essence (i3) ^ «-«A/y <«c<y pris dans sa si- 
gnification précise , ne se rapporto qu'à la mère et non pas a eux. 
Getto explication toucbe si peu à l'idée ou à une propriété prin- 
cipale des Paliques , que nous ne sommes pas étonné de les 
trouver échangées contro d'autres conjectures aussi erronées , 
savoir : qu'ils sont morts et qu'ils sont redeveùus hommes (i4)^ 
ce qui probablement est une pure fiction ; ou peut-étre aussi 
parco qu'ils font revenir la fertilité , comme l'avance une le- 
gende dont je forai mentionplus bas. (i5) 

Le tempie et l'enceinte des Paliques étaient , selon Diodore 
( XI , 89) , distingués des autres par leur antiqui té et leur sain- 
teté ; situés dans une plaine charmante, et pourvus de portiques 
et d'autres sortes de demeures, il y avait depuis quelque temps 

(i3) Il'paiatt cepeDdant que ce retour, imaginé par le poéte , joint a la cir> 
constance que les Paliques soiit fréres jumeaux, a porte Varron (ap. Senrium) 
à cette explication absnrde , que les Paliques étaient des dieux protectenrs 
des vaisseaux {nautici dii)» Il les a confondus avec les Dioscnres. C'est ce qui 
a à.é]k éié observé par CIuy. Sicil., p. 343. 

(14) Ainsi, cbes Steph. Byz. ZiMit*c tf ìtvriff, probablement Sixixix»?, 
dont il est qu^tion dans AÙìéaét ; de méme dans le deuxième et quatrième 
.liyre de son Traiti » ir%fì Iu^amÙ^aì, cités par Suidas et Phot Lex. 

(i5) Macròbe : Cum Siciliam sterilis annua arefecisset, dittino Palicorum 
ìvsponso admoniti Siculi, h^roi cmdam certum sacrificium celehraverunt\ et 

•«▼EMIT OBXaTÀS. 



^Sa ' '• MOKUMEWTS. 

un asyle bien ordonné pour les' esclaves , qui y obtenaient le 
pardon de leurs maitres ifrités. Ducetios donna le nom de Pali- 
que (i6) à la non velie ville qu'il bàtìtpendiantla 8i* blympiade 
à coté de, ce tempie, du nom des dieux qui y étaient révérés ^ 
et il y transporta les habitants de Ménée , sa ville natale , qui 
était située dans le voisinage. On ne sait pas s'il s'est conserve 
quelque chose du rapport qu'il y a entre les Paliques et les 
forges 5 outre les anciennes peintures et les légendes. Mais nous 
eonnaissons bien les circonstances au moyen desquelles un 
eulte très restreint et pratiqué , dans l'orìgine , par une seule 
classe d'hommes 5 a pris de Textension-, et a acquis et conserve 
du crédit auprès de.tous , sans aucune distinction de classe* 

Ce qui y contribua le plus puissamment , ce fttt le serment 
Saint et terrible que Fon jurait par le»Paliques, et qui était le 
plus grand en Sieile. Il y avait au milieu du temenos (tempie 
méme) (i8), deuxcr^tères (17)? très petits, mais profonds et 
remplis d^eau sulfureuse qui bouillait fortement. Quieonque 

(16) Diod, <% 88, cf. Wessel. D'OrYille, Sicul., p. 167, òécTÌt le site tei 
qu*il Ta "vu (Comp. Cluver. Sicil. Il, 9, p* 346). Ducetios avait fonde, pcu 
-d'années auparavant , une ville Menaenos , Diod. e. 78 ; de là Menenii et 
Menanini, dans CÌ4sérdn et Pline. Le fleuve Amenas , dont parie Pindare, 
^ui fut appelé plus tard Amerùinos , et qui prend sa source dans l'Etna > a le 
méme nom que Menée. Il est questiòn de ce lieu saìnt, h ^«^/xoi(,daDs 
Antig. tlar. i33 (où il raconte, d'après Hippys de Rhegium, que, dans la 
36» olimpiade, un édifice y avait été construit, qui produisait reffet de la 
grotta del cane); et dans Aristot. Ause. Mir. 58, et Steph. B. Miif«<-8»«/c 

(17) Kp«T»ffc-T» fxtyi^u fAi ov Kttri vxn /Aéyab^ot, Diod. Lacus bret^es , 
sed immensum profundè , aquantm scaturigine semper ebuUientes , quos in- ■ 
-colai crateras vacanti Macròb. 

(18) C'est ce que Diodore avance pr^cisement, ainsi que Strabon, VI, 
p. 275 , lorsqu'il dit : Q\ iy*\iJto» /» tcfttrfttfAc i;t<>*'«"*» «»*/6«XA0fT«c u^mf 
ùi ^oxoficTìfi Àm^v^nfXA KAÌ ^*x»v i<( TÒy a,ÒTÒi ^^x^iuti^ùvs f*vx^r'y et Steph. 
Byz. V. flr(*x#jti» , et Aristot- Ause. Mir. 58. De là olentia sidphure stagna 
Palicorum, dAns Oride, Metamorph. V, 4o6, óu PaUci, Ep. ex Pont. II, 
IO, a5, quoiqu'U n'emploie ici le singulier que par négligence; de méme 
<|ue Virgile et SiliuB, XIV, ajgj jc/>«v» et x«>vi» sont aussi employés au sin- 
gulier, soit parcc que la nature a fait survenir des changements, soit par 
inexactitude, d'Orvill. Sic, p. 167 s. Ui^aU */»»»», parcc que Menée était 
dans le voisinage , ou parce que les Ménéens furent transportes à Palique. 
Menaìs Leontìnorum, dans Vibius Catal. fontium. Of, Plin. XXXI, ir, est 
le méme cratère. 



L LES PALIQUfeS SIGILIEN8. 253 

Fut invite de se rendrei "auprès d'eux, soit pour voi, soit pour 
tonte àutire cause, ^ubìssait le ju^ment de Dieu* Ce que l'on 
affìraiait por serment était écrit sur une tablette, que l'on jetai^ 
dans l'eau 9ulfureuse qui jailli$sait à six coudées de bauteur* 
Si elle surnageait, l'épreuve justifiait Taecusé ; si elle était 
engloutie, le sermeùt était regardé comme faux, et celui qui 
Tavait pvétè était jeté dans le cratère, Avant la cérémonie, il 
était ohiigé de fournir dea ca'Uitions ,. qUi étaient chargées du 
soin de purìfier le sanctuaire profapé (19)- Ou bien raccusa-^ 
leur lisait le contenu de la tablette , et Taccusé, couronné de 
guirlande»» revétu d'uile tunique sans ceinture, et agitant une 
branche avec la niain, le répétait mot pour mot, en touchant 
le bord du cratère, S'il disait la vérlté , il s'eu allait sain et 
$auf; dans le cas contraire, il périssait aur-le-ch^mp , était 
englouti dans le cratère , perdait la tuo quelquefois méme 
avant dequitter Tenceinte du tempie. Telle était la croyance, 
et on citait des exemples à l'appui (20). Les dèux eratères 
étaient appelés Ai/axo/, Detti ^ les méchants (ai) , et frères des 
Paliquea \ et c*e^ d'eux que parait provenir le nom de Thalia , 
lepr mère commune* Car la branche, ^«aa^V, que celui qui 
prétait serment tenait à la main, et que l'on peut regarder 
comme le j»ymbole du serment , avait été coupée sans doute 
dans le bois sacre , que Calpurnius ( VI , 78 ) , comme Tad- 
mettent Wernsdorf et Beck , appelle $il^a Thalia. Au reste , 
Tbalie est , selon Eschyle (22) , une fiUe d'Héphaestus , et cetle 
relation est si essentielle, que quelques autres regardèrent Hé- 
phaestus , au lieu de Jupiter, comme le pere des Paliqaes , et 
pjiis iEtna, une océanide, comme leur mère (28) . On voit 

(19) Aristot. Mir. Ause. 58 » et Polémon dans Macrobe, qae je cite comme 
autorità. 

(oo) PoléBiQiiy Diod. L e. Plio. 1. e. 

{%\) G'est-à-dire, ^n\%ii avec le redoublement éolien, comme dans 
MAXXÓfff, pour A^MXÓiK^ ^txÀfAfjimt pour *ixi/Mfl»v, et d'autres. Macrobe 
explique ce aom par implacabihs, qu'il oppose à placMìis, épithète des 
Paliques, Dans ces mots de PolémoQ » vTeifX^uvui 4^t <ro(/<F«v «/ix^oì K^atm^ •; 
;t«ft«({;vxof » il faut reoonnattre ou une ezpression usitée, ou bieQ celle d'un 
poètQ , peut'^tre dTschyle. 

(«a) Steph. Y. n«x/»it. 

(23) Silenos, ibid, Serv. 1. e. Alcimos ap. Schol. Theocr. I, 65, appelle 



li 54 '• MONUMENTS. 

dans Virgile que dans le lieu méme eWe fut appélee simple- 
ment mère. C'est de cette relation des Paliques avec les era- 
tères que s'explique l'épithète ctft9é!y qu'Eschyle donne à ceux- 
là , et méme celai de placabiles que leur donne Virgile ; car 
c'est par opposition à Tépithète méchants que cette idée que 
Fon a des Paliques s'est consolidée. (a4) 

De méme que les Paliques dominaient la conscience des 
hommes par le bouillonnement de l'eau sulfureuse du vol- 
can', ^e méme ils acquirent les bénédictions et les ofFrandes 
par la ferlilité d'une vallèe entourée des collines du volcan , et 
avant cela méme^ comme on croit, par la fertilité d'un cratère^ 
' dans lequel se trouvait leur sanctuaire. C'est pour cela que 
leur autel est appelé gms par Virgile. L'origine de l'usage de 
leur faire des présents, pour obtenir des moissons abondantes^ 
est déduite, comme à l'ordinaire, par la legende, d'une épo* 
/ que où le sol ne rapportait rien , et à laquelle l'oracle des Pa- 
liques eoflseilla de faire des offrandes au dieu de l'abondance : 
c'est ainsi que la fertilité revient , et on comble leur autel de 
présents. Les paroles de Xéoagoras et de Macrobe, à ce sujet ,' 
ne contiennent pas le nom du dieu ; il n'y est questioni que 
d'un certain héros. Il faut sans doute eritendre par*là Adra" 
nos , que l'on voit sur le revers d'une monnaie avec les tétes 
des Paliques, portant un épi à la maiti (a5), et qui, forme 
de iìifify plein, gros, gras, riche, mùr, signifie l'abondance 
elle-méme. C'est de là que Adreus (216) et Adraste, dieux de 

AEtna, fiUe da ciel et de la terre. D'Orville Sicul., p. a35 et 3|6, rapporte 
les noras de Thalia et d'iStna à ce qae ce mont Ycrdit et brulé, ^axmT xcù 

- (!i4) Ce que dit Seryìas : Hi primo humanis hastiis placabantur, postea 
quihusdam sacris mUigali sunX^ et eorum immutata sacrificia : inde ergo 
PLACÀBiLis ÀBA , ii'est qu'uDe hypothése nsitée pour l'expliquer. 

{iS) Burmaun , dans l'Appendice de d*Orvilie , Sicul., p. 473* Adranos , 
sur une monnaie des Mamertins, ibid,, p. 307. Mionnet, t. I, p. aSg. Sup- 
plém. t. 1, p. 359. Un chien auprés de lui. Les monnaies de Messine ne 
portent pas encore Adranos. Les tétes des deox Paliques sur une monnaie , 
Burmann , p. 47^* Deux flambeaux les d^signent sur une monnaie de Menae ; 
Mionnet , 1. 1 , p. aSs. Supplém. 1. 1 , p. 399. Cf. £ckh. Voi. 1, p. aig* 

(aQ 'A/f ùc ìttifÀrnv TÌc vtf* *tnf ùii/xìi'rf«tf «tò tnt t»v KttfvSv et/^i/f«'t«ic* 
Elymol. M. p. 18, 36. J'ai dònnd dejà précddemment cette signification k 
Adraste , sans penser aux deux autres. 



i. LES PALIQUES, SIGILI ENS. ftSS 

puissance égale, lirent leurs dénominations. On réncontre trop 
fréquemment les expressìons dieu et heros employées . Vxxne 
pour Vautre. Diodore, dans un autre passage que celai ci- 
dessus , donne aussi le nom de hérvs aux Paliques. C'est ea 
Thoiuieur de cet Adranos qu'on donna son nom à un fleuve 
qui prend sa source dans l'Etna , ainsi qu'nne petite ville qua 
Dionysios batit au.pied de l'Etna, où il fit construire un tem- 
pie magnifique à Adranos (27). Plularque (l. e.) le nomme 
un dieu , qui était révéré en particulier dans tonte la Sicile ; 
et Elien ( H. A. XI , %o ) raconte sa bonté envers ses adora- 
teurs, qui , lorsqu'ils s'étaient enivrés aux répas que Fon fai- 
sait avec les sacrifices et dans les'bocages, étaient conduits 
che» eux par les chiens du tempie , qui en contenait un 
mille (28). On a fait de cet .Adranos le dieu des Paliques ^ 
d'après une nouvelle genealogie (29) , suivant.laquelle ìi& 
figurent comme les enfants de l^abondance ou de la ferti- 
lité. (3o) 

L'oracle des Paliques , dont on fait mention dans- la legende 
citée précédemment , était un troisième appui de leur puis- 
sance divine. Selon Heyne, il s'en est conserve des traces 
dans la còntrée méme , puisqu'une diseuse de bonne aven- 

(^7) Diò'd. XIV, 37. Fiatar. Timol. e. la. 

(a8) Ceux-ci deyaient étre encore micux dresses qae'céux de rhospicé^du 
mont Saint-Bernard, qui recherchént ceux qui ont t^prouvi^ des »cci4eat» 
dans la neige. ' * 

(^9) Hesych. netxtKot. 'kì^fiim S'ùo ytviiSi/Tett z/ioì ^ctXfieoi. Les mots suìyants 
paraissent reofermer une traditìon de Syracuse , qui y transporta les Paliques. 

(3o) Je regarde comme un savant raffinefbient mythologique ce qjiii se pré- 
sente dans les Homélies Clementine^ y V, i3, ^E^«r«io«/ Nti^^» (»vvha3-« o.2f^;) 
^•f d^tvoc yù-^y *i nt oi fv Iik^xìa ^axixoi (comme Walckenaer Callim. Eleg. 
fragm. , p. 170, rétablit là fausse le^on de o-opoi ^ab^t , tandis qu^l-change a 
tori 'Efa-tìu9v en A/T»«iV)'*fip^*»of > le pere de la Thalia, est inventa par rap* 
port à Taction de boqrgeonner, et Jupiter se ckange eii un yv-^, xiJ^; de 
méme qu^on disait yvTrm et x^^m, et qu'on échangeait les deux consonnes 
( jt«iX«tx^iTAi poar'xmxetyfi'Tttty etc), par rapport aux chirogastores, comme 
TLv^oic. Si on a eihployé d'une manière injurieuse yfAfAfxetrruKupuf , on a pu 
designer aussi des forgerons par le dos courbé par le travail. G'est ainsi qué 
le grammairien ìmite les traditions que Japiter s'est changé én colombe, en 
cygne , ea lion , en fourmi , en étoile , etc. , uniquement pour éclaìrcir la 
natare, ou le nom de ceux qui furent engendrés. Serrius traduit >t;4 P^r 
^lifuila, et des modernes traduisent par vultur, et le sens dìsparatt. 

II. 17 



256 '• MONUMENTA. 

ture y a éfóbli son séjour. Héphftsius prophétisait aussi en 

SicUe- <3i) 

La manière dont ìe» Paliques so»t devenus des divinités 
agraires peul éveiller peut-étre rattention de ceux qui ne 
voudraient pas se réaoudre à if^mener le culle des Cabires de 
Lemnos à sa rériuble origine , paroe quella les voienl cà et là 
mis en rapport avec Déméter. 

(^Tavola d'aggiunta, i83o. K.) 

Lo&sQUB j'ai traile la question précédente ,' j e n'avaìs pas 
présent à Tesprit le dessin d'un rase de la coUection de Pas- 
ieri, Taifé 2o4 ; plus tard , un ami a fixé mon allention sur 
ce monum«nt : je n'y changerais rìen , quand ìnéme il serait 
encore «ntre mes mains; puisqae le* second monuihent con- 
firme le fond de mon explication , et contribue à jeter des 
lumières sur ce qui y est demeuré obscur ou douteux. Il y a 
aussi loujours quelque intérét de suivre, ne serait-ce qu'indi- 
rectement, la route que Tèxplication a prise à l'égard de cer- 
tains objets. 

Le dessinateur du yase de Passeri, ainsi que le narrateur 
dans Macrobe, regardant la naissance par les mains comme un 
symbol» trop merveilleux ; paraissent n'avoir pas youlu Tad- 
mettre. La figure de la mère^ qui n'est pas encore entiérement 
sortie de la terre ^ représenle cependant le moment de la nais- 
sance. L'arbre qui se troure à cóle de la figure Ta fait prendre 
pour Thalìe, fiUe d'Héphaestos , qui^ d'après Éschyle, en- 
gendra, avec Jupiler, les Paliques : car on connait Tusage, 
plusieurs exemples méme le démonlrent (i) ^ de faire de la 
méme manière ; par des objets extérieurs , allusion a des noms j 

(3i) Jo. Lyd. de Mens., p. io5 , tIta^toc "HpAto^ot » Maitov;, « 1nttktmr9t» 
La coDJectoFe ò ^Avrf oc, mise dans le texte dans Tédition de Roether, p. a4^ 
est inexacte. Ce que Creuzer, Cicero, JY. D, III, aa, p. Goa, metà la place de 
la yariante altèrne : Quartsis Menano Palico natus , nous donne un nouv«a« 
Palique , dont il ne soutiendra probablement plus Texistence. 

(i) F'oyez ma Sylloge Epigramm. Grsecor., p. i35 et suivantes. 



i. L£S PALIQTIJ£S SICÌLIENS. ^57 

et à peu près le méme nom , Thallusa, était désigné §ur une 
pierre tumulaire par une branche (ì^ikapió;) (a). Celle Thalie 
esl probablement la mé^ne qu'i^qa, que d'aulres assignent 
pour mère aux Paliques, el désigne par conséquenlce volcan 
méme, couronné d'arbres Terdoyants^ ce qui s'accorde avec 
rexplicalionélymologìque de d'Orville, menlionnée ci-dessus, 
note ^3. Cest avec cela que s'accorde aussi la forme gigan- 
tesque de la mère , sur la lète de laquelle lesPaliques frappent , 
avec leurs inarleaux , su^ le premier monument ; et sur Tautre 
monument , ib paraissent au3si fr^pper sur elle. Mais , après 
cela, leurs couips de marteau pourraienl fori bien designer les 
éruplions volcaniques \ fX \e& coups de marteau qu'ils frap- 
pent au moment de la naissance spnt t^lors réellemenl carac- 
léristiques. Il est clair qu'à l'instar d'Héphaestos méme ^ ils' se 
rapportent non seidement aux ateliers de l'Etna, mais aùssi à 
ceux des forgerons \ et ce d^rnier rapport surtout en fait des 
Chirogaslores. LcTieillarabarbu, quiaccourt de l'autre coté 
avec timidilé comme poUr ies prptéger, n'a aucun des altri- 
buts de Yulcain , et p^t élre , en qociséquence , pris plulót 
pour Jupiter. 

Quant à la peinture du revers, elle monlre la liaison de là 
forge avec Tocctqiation vulcanique des Paliques , qui est, re- 
présentée sur le devant du méme vase : il est difficile oepen- 
danl , jusqa'i présent , d'en expliquer les détails avee précision. 
Oh reconnait Vuleai^ au pétase , ^ rinsirumenl qu'il tieni , 
que ce soit une fourche eu des lenaiUes , et a la tunique dont 
il est revétu. On ne eonuatt pas Toutil sur lequel il pose le 
pied , ainsi que raction ou la relation des dQUs jeunes gens à 
lui. Il n'est pas èerfain aussi que ces deux jeune^ gens soient 
les Paliques mémes \ bien plus , la circonstance que Tuìì a 
une barbe , que Tautre n*en a pas , et que l'uni porte un cas- 
que , l'autre une espèce de pétase , prouve qu'ils ne repré- 
sentent pas les jumeaux de TliaUe. 

Fr. Welcker, 

(a) Anthol. Palat. Append. n. 308. 



a58 I- MONUMENTS. 



3. ÉPIGRAPHIE. 

ISCRIZIOm DELLA GENTE BELLIGIA. 

Sono tre anni da che in Terenzuolo , terra della nostra pro- 
vincia veronese , io scopersi una lapide , eh' è del seguente 

tenore : 

TIB. CLAVDIO 

TIB. r. QVm 

AVGYSTANO. PATRI 

BELLICI. SOLLTERTIS 

PROC. AVG. PROV. BRITAN 

CLAVDLA. TI. F. MARCELLINA 

Essa ne richiama un' altra edita da gran tempo , e che si 
conserva tuttora fra noi. (i) 

clavdiaI 

TI . F 

MARCELLINAE 

BELLia. SOLLERTIS 

COS 

M. ET. Q. HORTENSI 

PAVLINVS. ET FIRMVS 

Dal loro confronto si scopre la ragipne tW ebbe Claudia 
Marcellina d'onorare Claudio Àugustano , e sarà quella eh' egli 
era suo suocero, siccome padre del console Bellicio SoUerte^ 
suo marito. Nei fasti consolari non si trova memoria di quest' 
ultimo, onde sarei d'avviso non essere stato e$so che suffetto. 
Difficilmente si potrebbe quindi determinare V epoca in cui 
fioii , se un passo di Plinio giuniore non ce ne rendesse avver- 
titi. Egli scrive : Vir prcetorius Sollers a senatu petiit^ ut sìbi 
instituere in agris suis nundinas permitteretur, Contradùce-^ 
runt Fìcentinorum legatigli). Questo scrittore , colla pi^esente 
sentenza, ci conduce a due osservazioni : a stabilire cioè l'è- 

(i) Ms. Saraina, p. 805 Lanvin. AA. VV, p. 35; Grut., p. 865, i4; "Ven- 
turi Coropend. Stor. Veron. T. i, p. ig6j Guida al Mus. Ver. , t. i, p. 7S. 
Quest' ultimo ommise la lettera H iniziale deUa voce HORTE?}SI. 

(2) Lib. V, epist. IV. 



ISCRIZIONI BELLA GENT£ BELLIGIA. 239 

poca in cui egli possi^ essere stato console , ed a ricercare la 
situazione dei suoi predi nelF agro nostro. 

È certo , che Y epoca in cui visse viene determinata sotto 
Trajano , -e spingendo più oltre le nostre ricerche, si potrebbe 
statuire, il suo consolato circa gli anni 852 o 853 di Roma, 
giacché Plinio stesso asserisce che la questione da SoUerte 
sostenuta contro i Vicentini , venne decisa essendo console de- 
signato Àfranio Desti;o, il che vi^l dire nell's^nno 85o di 
Roma (3). Il titolo F^ir prceiorius lo palesa di un sol grado 
lontano dall' ipatica dignità , e quindi naturalmente dev' essere 
stato promosso poco dopo V epoca riferita da Plinio. Non sarei 
lontanò eziandio dal credere che i due G. Bellicj Torquati 
consoli negli anni 877, 896 e 901 (4) fossero l'uno figlio e 
r altro nipote del nostro SoUerte , non trovandosi menzione 
delle loro relazioni di affinità presso gli scrittori ed i marmi. 

Ma dove saranno Stati situati i fondi di questo personaggio ? 
Praticai varie indagini nei paesi limitrofi alla provincia di Vi- 
cenza , e mi venne fatto dietro le traccie di una lapide , pessi- 
mamente riportata dal Muratori (5) , di poterne determinare 
il sito positivamente. Giace suU' antica via consolare , forse un 
miglio distante dal paese di S. Bonifazio , terra vicinissima 
air agro vicentino, un luogo chiamato J^iUa bella , il quale 
non può aver tratto un tal nome né dall' amenità della si- 
tuazione, né dalla untuosità delle fabbriche moderne, ma 
bensì dalla corru;done della voce Prcedium BeUiciij siccome 
avvenne di altri paesi dell' agro nosti:o. Postuman infatti an- 
ticamente appellavasi Prcedium Postumii, Costarman Castra 
Romana y Cazzano Prasdium Cassu, oltre molti altri. Colà 
pure si s^corgono ruderi di romane antichità, ed io vi copiai 
da un marmo poco fa la seguente iscrizioncella , che per essere 
inedita riporterò in uno con quella che ricorda i liberti del 
nostro Bellicio. 

(3) Lib. y»epist.xtv. 

(4) Almeloveen, p. i34 e seg. 

(5) P. i5a3 , q. Fa ripubblicata daU' abate Venturi oon maggior correzioiift i 
nei Camp, Stor. Ver. %4 i, p. 196. 



260 1. MOjrUMSlTTS. 

D. M. 
P KANTULA ' L. BELUCL ANTHl 

NVS P F ET ÌELLICIAE 

lAlfYÀRIVS MTRTIDfS 

Ari V PMMrnvA, byqia 

SVCCESSA. EVTYCHIA 
PATRON. BENEMERENT 

La seconda e' invita a sospettare che Bellicio avesse il pre- 
nome di Lucio , e questo sospetto viene autenticato dalle tre 
seguenti figuline scoperte nel Lazio : 

!•• (6) 

EX F L VELLIGI SOM. 
a«. (7) 

L. VELLia. SOLLERTIS 
EX F 

3«, (8) 

EX F L BELLICI SOLLER'HS 
Anche di Claudia Marcellina sua moglie incontrasi memoria 
in questi altri mattoni : 

4^ (9) 

VERO m ET AMBIBVLO COS EX P 
CLAVDIAE MARCELLI 

NAE 

5\ (io) 

APR ET PAEt COS 
EX PR CL MAHG 

Il consolato di L. Venulcio Aproniano con Q. Articnleia 

PdiAo, e Valth) di Antiio Tero per la terza volta con Eggiò 

Ambibulè , ci niostrano dì' ella viveva tuttavia liegli anni 87^^ 

e 879 'di koMa. È presumibile pertanto che possa essere stata 

figlia di éjfiek Claudio Maitiellino , dehatoré , il quale , tìéìV^ 

(6) Nel Museo C^mMìbo. Fabretlii p^ 59i> a» 343. Mar«t,, p. ^^ 9|. 
Fu erroneamente riferita dal Guasco Inscr. Cap. t. 3 , n. a<^ Un' altra 
simile è stata veduta recentemente dal eh. abate Amati. 

(7) Nel Museo Vaticano. Marini neU' opera inedita delle figuline , n^ i36g, 

(8) Nel Museo Vaticano. Guattani Memor. Encicl. 1616, p. aod. 

(9) Nel Museo Capitolino. Mnrat. , p. 3a3.> 4* Guasco iafcré Cij^. t S , 
a. 1 179. Fea Fraiara. di Fasti, p. 16, a» aa. 

(io) Nel Museo Vaticano. Fabretti, p. 5o3, iz. Cardiaci ber. WMtffta^t 
p. i56. . 



ISCRIZIONI DELLA GBWTE BELLICI A. a6l 

853, perorò contro Plinio (ii). E potrebbe anche, credersi 
eh' ella Romana' avesse recato In dote allo sposo veronese i 
predi del Lazio , in cui si fabbricarono le figuline sopra de^ 
scritte , e che anzi gli fosse iopravissuta , onde cosi spiegare 
oome quei bolli ora portino il nome dd marito ora quello 
della moglie. 

Ma s' è stato facile fin qui di conciliare le memorie rimasteci 
di iljuesta casa y qualche imbarazzo mag^ore viene cagionato 
da un' altro marmo acefalo del nostro pubblico museo spet<- 
tanle alla medesima Marcellina. (17) 

TI. r. QVnL ALPINO 

PRAEF. ALAE. GALLIO 

TBIB. LEG. B. AVG 

MAEF. COU. n. PR 

DON. DON. BEL. GERM 

CLAVDIA. TL F. MARCELLINA 

MARITO. OPTIMO» 

È questo un suo secondo marito, o pure, malgrado la dif- 
ferenza del cognome , è sempre la medesima persona ? Del 
secondo avvisp mi si è mostrato il eh. Borghesi, con cui ne 
ho tenuto carteggio, il quale crede che Alpino fosse figlio di 
Ti. Claudio Augustano , tanto pia che confronta il prenome 
del padre e la tribù. E suppone poi che quesC Atìpìno , per una 
disposizione testamentaria , fosse adottato nella gente BeUicia , 
motivo per cui dovesse poi cambiare il primitivo suo nome. 
Egli si fonda sopra F iscrizione di Q. Sosio 'Prisco, console 
wA p^fk^ e discendente del nostro Bellicio, iscrizione da hd 
veduta , e eh' esiste tuttora presso la porta della cattedrale di 
Tivoli (t3). In essa qad. notissimo polionimo sia per ragicnù 
ereditarie, sift per far" pompa di nobiltà, ha assunto le deiuK 
udiiarioni di tutti i suoi parenti, non tanto in linea patema, 
apparenti AéV altro titolo di suo padre , pubblicato dal 
Visconti , nei monumenti Gabini , pag. 206 ^ quanto del lata 

(i i) L. II y epist ZI. ' 

(la) Lisca e Cossa anctor. Pany. , p. aSg. Maffei, Mus. Ver., p. 130, 3^ 
M. N. , n. 4ao. 

(i3) Gudio, p. ì36, 5. Spon mise. cr. aot. edizione del Poleno, p. loaft^ 
Cabrai e del Re , p. ai6. 



della tiiadre , infilzandone cosi fino a trentaquattro , fra le 
quali si notano queste : AVGVSTANO. ALPINO. BELUQO. 
SOLLERTI. Se Alpino e SoUerte fossero due diversi mariti 
'di Marcellina , Sosio Prisco , fra suoi maggiori , non doveva 
contarne che un solo , perchè la doiina da cui provenne la 
parentela non potè nascer che dall' uno o dall' altro di loro. 
Memorandoli tutti due , essi saranno necessariamente un sog- 
getto solo ,' e quindi rimane chiara la ragione di quei nomi , 
imperocché Augustano proverrà dall' avo di quella donna , del 
quale parla la lapide da me scoperta. Alpino sarà il cognome 
proprio del padre , e Bellicio e Sollerte deriveranno dall' ado^ 
zione che fu fatta di lui. Non si sa però se quest' adozione 
avvenisse prima o dopo V incisione della lapide acefala. Sarà 
posteriore , se mancherò una sola riga da ristaurarsi TI. 
CLAVDIO , ma potrehhe anch' essere anteriore , supponendo 
perdute due linee nelle quali fosse scritto : 

L. BELLICIO 
SOLLERTL TI. CLaVDIO 
TI. F. QVm. ALPINO, etc. 

Dal fin qui detto parmi poter dedurre che Ti. Claudio Au- 
gustano. ahhia fiorito circa l'impèro di Vespasiano , e che il di 
lui figHo Alpino, essendosi «dato alla carriiera dell' armi, ahbia 
.ottenuto i doni militari nella guerra Germanica di Domiziano. 
Se si trattasse dell' altra guerra che Nerva e Trajano ebbero 
con quella nazione, la lapide sarebbe posteriore all' 85 1 , 'e 
<]uindi avrebbe dovuto memorare la pretura,, che a quel tempo 
aveva già eonseguito per detto di Plinio. Intanto moltiplidan.- 
dosi i monumenti che si trovano fra noi di questa famiglia, si 
avrà sempre maggior diritto di credere eh' ella fosse nostra 
<M>ncittaidina, edi accrescere per conseguenza ed personaggji 
di lei il nùmero dei Yerodesi che ottennero le dignità dell' Imr 
pero Romano» 

GiovAnni G. Orx]^. 



RESTITUTIOir BC T£MPL£ b'£MP]ÉDOCL£S. ^63 

IL LITTÉRATURE. 

I. ARCHITECTURE. 

VE L'ARCmXECTUHE POLTCHROME CHKZ LES GRECS, 

OU IISTITUTION COMPLETE DU TEM?LE d'eMPÌDOCLES , DAKS L*AC10P0LIS 
DE SÉLIMUHTE. 

Kxtraìtétun Mémoire {\)lu aux Actidémies des Inscrìptions et Belles- Lettre» 
et des Beaux-Arts de Paris, 

liES recherches et les décoiivertes que j'ai faites sur les monu- 
ments antiques de la Sicìle ,*et Tétude des àntiquités de la Grece ^ 
dont les investigations depuis le commencement du dix-neuyième 
siècle ont été si fécondes en résnltats neufs et'iiitéressants ^ m'ayant 
mis à mème de constater rapplication des couleurs sur les monu- 
ments helléniques de toutes les époques , le but principal de mon 
trayail de la restitntion du tempie d'£inpédocles a été d*ótablir 
par la réunion de nombreux faits et de preuves à Tappui , que le 
système de Tarchitecture polychròme a été permanent cbez les 
Grecs , qn'il est entré dans Teasemble de leurs productions archi- 
tectQuiqnes comme uu des moyens les plus propres à ajouter au ca- 
ractère d,e Qiaj^sté de leurs temples le <;harme d'une elegante beante 
qui fvX touJQurs le poétique apanage de ce peuple et de ses divi- 
nités; de faire Yoir que ce système* applique à des édifices éleyés 
sons le ciel le plus pur, éclairés par le plus beau soleil , et entourés 
d'une Yégétation brillante , par la fraicbeur et Téclat des couleurs , 
était le Seul à la disposition de l'artiste pour mettre l'oeuvre de l'art 
en barmonie avec Tinépuisable richesse de la nature ; et que l'ap- 
plication de ce système reproduit dans. son entier sur un monu- 
ment de l'antiquité n'offi:ait rien par son aspect qui le rendit in- 
4ign^ de la perfection et de la beante des ceuvres de l'art grec. ÌHon 

(i) Gè Bfémoire n'étant lai-méme qn'nn extrait da texte qni formerà, avec la 
ieprodnction fidcle des deaons coloriés de la Restaaration da tempie d^mpé- 
dodes, on oavrage dont la poblicadon aura Ueaven la fin de cette année, M. Httr 
iorff n*a pa qa*mdiqaer icl ce qa^il dévelpppera dans l'ensemble de^son travail, de 
méme qa*fl n*a pu qae sappléer très imparfaitement aox dessins dont il s^agìt, en. 
renToyant le lecteur à qaelqoes anes des planches de son oavrage, de rarchitec7>^ 
tace antique , qt de celai de L'archìtectare moderne de la Sicile. 



a64 li- UTTi&RATUHE* « 

objet éuit aussi d'envisager l'architecture polychròme des Grecs , 
sous le rapport de son emploi comme nioyen de conservation de 
leurs monuments ^ de la conséquence et de la nécessité de ce sys- 
tème comme entièreknent idendqué avet eelai de la statuaire colo- 
riée , de Temploì de celle-ci comme objet d'embellissement particu- 
lièrement inhérent aux monumenta , et enfin de pouvoir traiter de 
la peinture historique dans son application locale aux temples et 
aux édifices de l'antiqnité, comme offrant dans sa réunion à la scul- 
ptiune et ò Tarchitectare lea éléraents indispensables an oomplémènt 
de la plupart des temples ^ dés édifices publics des anciens, de 
manière à faire admettre que les plus belles et les plus importante» 
productions architectoniques de l'antiquité tiraient leur puissant 
effet de Talliance de trois arts, dont les ouvrages, pris isolément^ 
pouvaient déjà s*élever jusqu'au subltme, mais dont Timpression 
simultanee devait frapper et les sens et Tesprit par tout ce que le 
genie y le talent et la science de l'homme pouvaient produire de plus 
attrayant et de plus imposànt tout à la fois. 

En portant notre examen sur rarchitecture des temps primitifs 
de la Grece, nous trouvons les notions les plus certaines sur l'exis- 
tence des édifices dont la constructipn était tonte de bois , et que 
cette matlère avait été adoptée par les Grecs pour la construction de 
leurs palais et de leurs temples avant qu'ils n'en élevassent de pierre 
ou de marbré. Le besoin de conserver une pareille matière, exposée 
fi une trop prompte destruction dans son emploi naturel , dut faire 
recourir à l'application des moyens dès-Iors connus pour donner le 
plus de durée possible aux monuments qui en étaient constmits. On 
sait que les premlères idoles en bois exposées à la vénération des 
Grecs leur furent envoyées d'figypte. La vertu consenratrice des 
couleurs dont les Égyptiens couvraient ces idoles dut naturellement 
condnire les Grecs à faire aussi l'application de ces eoulettrs aux 
monuments composés de morceaux de cbarpente. Effectiyement ^ les 
Grecs 9 en colprant les temples qui forbiaient alors tonte leur archi- 
tecture y assuraient leur conservation pour une durée au moins égale- 
à celle des images que ces édifices renfermaient. 

Cette induction sans doute bien naturelle » et qui n'est 1 par rap- 
port il l'arcliite^itttre , qiii'une reprodoctioa de» idée^ tfxprìméea par 
le sàVant anteur da Jupiter Olympien dans ses recherches sur 1» 
iculpture polycbr^me, suftt cértainement pour en faire admettre 
les conséquences ; mais comme il est de l'essence des études arcbéo- 
V>giques d'appuyer, par le plus de notions possibles^ lie^ vérilés que 



RESTITUTION DU TCMPLE d'bMPIÉDÒCLES. a6& 

l'esprit inyefttigateur était paiireiiu « établir avèc le Bdul seoours de 
rérudition é% du raisonnement « nous fottifierons « par le témoignago 
d'un autenr de Tantiquitét ice qui, jusqn'a présent, ne dérWaiC qne 
de l'analogie. Iiepa^age mvant , tire deVitruTè) ne lalaae snbsiiter 
aucuB doute mv l'objet qite les anciens se propotaient dani Tappli-* 
cation d^ H peintnre comme moyen de conserVatÌMi. Dani le cha«' 
pitre où e^t arebilecte passe ea reyne les pièces de eharpente qui 
entrtient ddns là eomposition de la eotiTerture des édi£eesy et en 
|>artÌGuUer d^ entablèmeòtè^ il dit : 

n Les diflfóreotes parfiee de la charpeat«y comniB anssi la manière 
tdoat ies i^ba^pentiers travalltoient le bois « fureot imitées par les 
archit^etei da^s l'ordonnance de leurs temp)e$ en pierte et en 
marbré ^ et eomme les ponirés étaient posées de manière à dépa$ser 
avee leurs tétes la face extérieare des mnrs; ils coupèrent à fleur du 
mar v^ qui en dépassait , et y appliqiifiàrent des plancbes de la fonné 
des triglyphes , qu'ils couvraìent de ciré bleue. » 

Cette citation doit faire admettre comme certain qne les cbar- 
pcntes qui entraìent seules dans les pre mières Gonstractiom des 
GrecSt étaient revétues de conleurs, et eomme il est certain aussi 
qne, malgré l'usage de la pierre et du marbré» employés depnis aox 
temples et aux autres édifìces « les plaÌPonds et les cbarpentes de ki 
couverture n'ont cesse» dans la plupart des montimeots de l'antiquitó, 
d'étre fa^onnéiS de boisi nous devons également admettre qiie eei 
parties , si importantes dans li» combinai^on de l'Architectum d^s 
anciens f ont dù continuer d'étre ornées de peiaiture#^ 

De l'application primitiye des couleurs sur les conatraetìona ep 
bois ; pasiUnt à di^ temp$ moins éloignés pour y eberdier tea trftseli 
des monumenta tn pierre et eH marbré également c^loriésj upus 
aurona plus de lAcyens encok^ de proui^r l'enstence non ùaterrompUf 
de l'avcàibecture pol3rc)iT6me cbez les Grecai 

Il nens parait bòrs de doute que la bause de l'inadviission de oe 
aystème , dans les recberebes sur l'arebitectUte greeque et du pem 
de déTeloppement qu'on lui a donne jnsqu'alors , est le siieiàce mémé 
«pie les auteurs «aciens ont gardé à ce su^et. Winàelmanni qui ranlma 
l'étude de Tantiquitè, et révetlla le sentiment du beaik par radaùift* 
tion raisonnée dea ehefs-d'osuTre antique» ^ WinkelaìaBU n'a gaère 
été guide que par les écrivains anciens, et vien^ dans ces anteurst 
n'ayant pu le condnire à la décoaverte d'un fait que le fcémoignage 
des moni»nents poavait seul constatar , ce fait resta inaper^ pour 
aes successeurs; mais si , ^'un coté , le silence des écriTains expUque 



266 li. LITTÉRATUHE. 

pourqnoi l'existence d'un systémé anssi ìmportant, aussi éminem* 
ment caractéristique, resta si long-tenips ignorédes modemes , non s 
croyonfty d'un aulre coté, ponvoir attrìbuer ce silence à ce que ce 
systènie employé uiUYerselleinent ne Irappant plus par sa singnlarlté, 
on devak n'y pai faire attention. Pausanias, que nous devons plus 
spécialèm^nt consulter par rapport aux monuments de la Grece, 
nousr en donne une preuTC certame. £q e^et , nous yoyons pe cé- 
lèbre Yoyàgeur faire la descrij^tion la plus détaillée de plusienrs 
temples; il semble ne rien vouloir oublier de ce qu'il croit devoir 
iutéresser lés contemporains pour lesquels il a compose son livre , 
et il se tait sur l^mploi des couleurs. Ifnote scrupuleusement toutes 
les particularités des monuments qu*il décrit , et il ne dit rien des 
tons varìés qui couvraient l'architecture et la sculpture. Cependant 
plusieurs de ces temples, tels que ceu* de Minerve, d'Érechthée, 
et de Thésée à Athènes; dn Jufiter Panhellénien à Egine , et d'Apol- 
lon à Bassse , les uns encore debout , et les autres retirés de des- 
sous les décombres, mpntrent, dans leurs restes vénérables, les 
nombreuses et irrécusables traces des nuances brillantes dont la 
peìnture avàit prète Téclat, soit à la pierre, soit au stuc ou au 
meftbre. Ces vestiges de l'application des couleurs yiennent a l'appai 
de'notre opinion sur les raisons du silence de Pausanias; car si cet 
àùténr nous a lui-méme conserve des notions de cet usage, nons 
éìVohfi vòir que ce n'est point parce qu'il lui paraissait intéressant 
de noius parler' de la peinturequi couvrait les monuments, à cause 
de cette peinture méme, mais parce qu'il lui était nécessaire de 
mentionner leurs couleurs , à cause des noms qu'elles avaicnt servi 
a donner aux monuments. « U y a, dit-il, d'autres tribunaux a 
Athènes, mais ils ne sont pas aussi célèbres que l'aréopage. Le pa- 
yabysfe et le trigone ont pris leur nom , le premier de ce que n'étant 
destine qu'aux petites causes , il est comme perdu dans un quaftier 
petit fréqueiité^ et le second de la forme de l'édifice où il tient ses 
séàtacès. Le Tribunal Rouge et le Tribunal Fert ont pris ces noms de 
leur couleuir^ et ils les conservent encore. » 

Parcette seule indication, nous sòmmes fondés à admettre que 
les couleurs' dominaiites appliquées sur ces monuments étaient la 
rouge et la verte , que le systètoe de colorier l'architecture dans tout 
son ehBemble »'étendait à d'autres édifices que les temples, et que 
le silence des auteurs anciens sur cette peinture de décor ne prouve 
rien ni contre la généralité , ni contre la permanence de son emploi 
eq Giièce. Loin de là , ce silence nous parait plutot devoir étre invo^ 



RESTITUTION DTJ TEMl^LE d'eMPÉDOCLES. ^ HkG'J 
qné comme une prenv^ à Tapìpni de l'universalité de cette contarne^ 
d'antant plus qne les témoignages matérielsy déjà très abondAnt», 
se multiplient à chaque nouvelle décòuverte ^ et qa*i)s sevaient bien 
plus nombreux , si , comme Fa observé M. Quatremère de Quincy, les 
inodemes , toutes les fois qu'ik ont pn apercevoir les traces de ce 
goùt, ne semblaient s'étre accordés, tantót à les effacer, comme in-^ 
jurìeux au genie de l'antiquité, ^antòt à en dissimnler l'existence, et 
presque toujours à en détonrner les yeux.' . 

Designer ici les monuments en pierre et en marbré sur les frag- 
ments desquels Texistence de rapplication de la peintnre a été re- 
connue , soit comme convrant de tons locaux les princìpales parties 
dont ces monuments se composaient, soit comme embellissant des 
ornements les plus variés les bandeaux, les tables ou Les moulures 
qui servaient à en détàiller les masses , ce serait ^nnmérer presque 
tous les édifices de la Grece et de la Sicile , qui , décourerts dcpnis 
Stuart jusqu*à nos jours, ont été étudiés et dessinés avec une sera* 
puleuse oxactitude. Nous nous bomerons ici à indiqner ceu^ qui 
nous ont servi à compléter notte restìtution. 

Pour appuyer la restaura tion du pavé du tempie (2), .dont le. sol 
est suppose recouvert en stuc colorié, enrichi.d'ornements.peints, 
nous parlerons du pavé d'un autre tempie à Sélinunte. (3) , forme 
d-un endujt en stbc d'un ton jaune, et sur lequel des lignes de di*- 
verses couieurs étaient encore visibles. Cet exemplene laÌ8se.plns.de 
do ale sur Tusage de couvrir de stuc colorié et d'orner de peintures 
varices Taire des temples; et .ce fait , d'une haute importance, nous 
fait voir la peinture employée à embellir une partie des monuments 
antiques , où nous aurions peut-étre craint nous-mémc d'en ét^dre 
l'application; ensuite il explique, d'une manière plus précise qu'on 
n'a pu le faire jusqu'à présent, l'origine, le genre et lecaraclèce 
des pavés mosai'ques des ancien s. £n effet , la combinaison des ob- 
jets, là'diversité des tons, et surtout la représentation deS: figures 
qu'on trouve presque toujours sur les mosaiques, d^m^ntrent.piutót 
l'imitation de peintures originairement établies sur l'aire. de» ^em- 
ples , qu'elle ne rappelle la reproduction embellie d'un comparti-^ 
ment de daUes qui eùt couvert le sol ; compartiment dont elies au- 

(2) La restaaration da pian dn tempie d'Empédooles se voit PI. XTI , Bg. i, de 
l'Archttectare antique de la Sìcile , par J. HlttorfF et L. Zanth, maÌA sans ^indica- 
tion des omementa en stnc colorié, adapté aa pa?^ de la restitntion complète de ce 
inonament. 

(3; yqxez Arch. ant. de la Sidle, p. H et Z, PI. X9LXI , fig. 8. 



•^68 II- LITTÉRATURE. 

raieiit conserve davantage la disposition , cornine cela a cu lieu chez 
les modemeS) si lenr desttnation pvemtère n'eùt été de retracer 
avec des matérianx plus dnrables la méme décoratioiì dont la peìn- 
ture avait embelli primitivement le saactaaìre des dienx. 

Divers fragments de pavé inosaiqne , trouvés en Stcile^ ont été la 
sonroe d'où j'ai tire les matérianx employés k la restitution des or- 
nements colorìés qui convrent le sol de aotve édifiee. En suivant la 
filtation de nos idées sur Tarigine et le bnt de la niosalque , je n'ai 
fiiit en cela que rendre à la peinture ee qne cet art a^ait légué à la 
mosaique. 

A l'exemple des traces de stnc coierie qui emreloppait les sam- 
bours des colonnes de presque tous les fàts en pierre des temples 
de la Sicile , je joindrais encore le témoignage de fen M. Dnfonmj • 
Yoici ce que j'ai tronré dans une note oonservée à la Bibliothèque 
du Roii et écrife de la main de ce savant professeur : « M. Dodwell 
m'a dit avoir tu, dans la Grece, plusieurs temples dont les colonnes 
sont revétuesde stnc, conune le sont, en Sicile ^ celles de Girgenti, 
de Sélinunte, etc. , etc. Quelqnefots ces stucs étaient coloriés de grìs, 
de rouge, ou d'asnr » conune spnt ceux de Sélinunte; il a*y a que 
les colonnes en pierre qui étaient re^^ètues de stnc. * Pulsqne ce fait, 
ebservé k la fin da demi^r siede , est omis dans tous les ouvrages 
sur la Skiie piibliés a^ant ou apròs l'epoque où M . Dufourny en a 
fait la remarque y il s'ensuit qu'on ne peut pas toumer en objection 
le ^lence des Toyageurs sur eet pbjet. 

Qant au ch^pitéau ionique qui appartenait au tempie restaurò ; 
H est reprodutt tei qu'il s'est conserve jusqu'à sa décou'verte (4). 
iia pierre en est plus dure que celle du reste de l'édifice $ les oves 
au-dessus du coussinet et au bas des volutes sont seulptées et 
peintes, et le eontour des feuilles et flenrons e$t grave dans la 
pierre. Ces omements ainsi que les fracés des voiufes étaient eomme 
l'ensemble du ebapiteau y rehaussés de diverses eouleurs emplojées 
sans aucvn int^rmédiaire de stu«. Malgré sa dégradation i^parente , 
il a été facile de le restltuer eomplétement , et presque sans conjec- 
tures» 

Les cbapiteaux d'aiites du tempie de Jupiter Panheliénien à 
Égine, et de celui de Némésìs à Rhamnus ont servi à la restitution 
de ceux de notre tempie; les traces de la couleur d*azar dont 
étaient également couvert$ les restes d'un pareil ebapiteau trouvé à 

i ii) ^of-ez la PUttche XYfl, là^, 5 €t 8 de l'Ardi, ant. de la J^cOe. 



RESTITBTION DU TEMPLE d'èMPÉDOGLES. 169 

Séiinunte méme , sotit une antorité saffiftante pour c«Ue adoptìofi. 

Presque tous lei entablemenu des monum^nts de la Sicile , et sur*- 
tout celuì da tempie qui noas oecupe, a^aient conserve des restes de 
stuc colorié^ qui les couvraient depuis nombre de siècles; et ces 
faits établissent suffisamment celai da système polychrònie adapté à 
cette partie essentielle de Tarchiteotare antique. Les coolears et les 
omements de ces divers monuments étaient , à peu de variantea 
près y les mémes adaptés aux mémes objets. 

Les noalfufes supérieures des larmiers , contlnaellement dispo-« 
aées en moreeaax rappor^és d*une pierre très dure, araient leurs • 
oraements gravés et peints (5). Getta disposition était one donnée 
certaine pour le complément de cette partie de notre restaaration. 
Toatefois ces matérìaux n'aaraient pa su£fire pour compléter notre 
trayail. Une particularité remarquable trovvée sur Tentablement 
qa*il s'agissait de reproduire dans son état primitif , rendait cette 
tàche plus difficile. Outre les coulenrs locales , de très légères traces 
de bleu et de jaune éparses sur le fond des métopes , et d'autres 
vestiges de tons rouges , verts et d'azur qui s'étendaient sur la £ace 
de l'arcliitraTe , annoncaient^ quoique sana aucune préeistoa de 
forme « que ces parties araient été décorées et enrichies d'ornamenta 
Tarlés de dessins et de eouleurs. Restituer ces ovnements dans lenr 
état primitif, quand aucun autre monument de la Sicile et de la 
Grece n'offre la trace d'un pareli emploi de ricbesses dans les déco- 
rations d'un entablement essentiellement empreint du caractère de 
l'ordre dorique , pouTaif paraitre un problèma difficile à résoudre. 

Conduit dans mes inYestigations à chercher dans tons les genres 
de productions antiques, de quoi augmenter les matériaux proprea 
à compléter le système general de l'architecture monumentale des 
Grecs , j*ai pu me convaincre que les nombreux dóbrìs en terre euite, 
les peintures des vases de toutes les époques, les moindres frag> 
ments en pierre ou en marbré d'un aatel> d'une stèle, ou d'un tom- 
bean , offraient dans leur ensemble , ou .leurs détails , les traces 
ìrréfragables d'une imitation pour ainsi dire minutieuse des parties 
cssentielles de l'arcbitectura monumentale. Toutes ces productions 
nons montrent en effet le géme des Grecs , continuellement ocoupé 
à orner les objets d'un usage souvent profane ou vulgaire , en y 

(5) Voyez les ezemplet rapportés PI. XXII, %. a( PL XL\II, £lg. 6 et 7^ 
PI. XL'VIII, fig. a et 4 > dans PA-rch. ant. de la Sidle , et en ontre la reprcsenta- 
tion des méines ornements rapportée par Staart, et dans the UneditedAndquides 
of Attica , a. 



XfJO II. LITTERATURE. 

adaptant ce qa*ils ponvaient y transniettre de leurs édìfices oo pu* 
blics ou sacrés ; c'est ainsi qn*ils imprimèrent snr le vasc en argile 
hi reproduction du couronnement de leuri^ temples , et qae le mo- 
deste ouTrage du potier ^s'embellissait par un reflet des chefs- 
d'oeuvre de Tarchitecte 

Des fragments en terre cuite, trouvés à Aeree en Sicile, qui offirent 
la plus exacte imitation de la frise dorìque , sont des exemples no- 
tables de Tusage dont je viens de parler. Les différents genres de 
cannelures des trigLyphes que l'on y yoìty sont surtout remarquables, 
se terminant tantót en ligne droite , tantót en demi-cercle. Nous 
Toyons que les temples de Sélinunte présentent cette méme vaniate 
dans les trìglyphes de leur entablement. De ces imitatipns exactes , 
pour des partìes aussi essentiellement architecturales, conclnre que 
les omements qui remplìssaient les m^topes » et qui couvraìent les 
frises de ces intéressants fragments , doivent avoir eu pour types de 
pareils omements employés à la decora tion des édifices , ce n'est pas 
sortir des limites de l'analogie > mais nou^présentons d'autres preuves 
plus concluantes encore : sur une des métopes de ces terres cuites 
est représenté un bucràne , sujét d'ornement tellement inbérent à la 
clécoration des métopes , qu'on en Toit les exemples à Atbènes , à 
Pompei y à Hercnlanum, et sur plusieurs monnments de rarchitec- 
tnre romaine. Si nous voyons d'une part une imitation aussi parfaite 
des parties purement arcbitecturales y et d!une autre , un ornement 
dont rimitation est également constatée, il nous semble impossible 
de ne pas admettre que la décoration des autres métopes ne soit 
également la copie d'un ornement pareil adapté à l'architectnre mo- 
numentale. Nous avons dù hésiter d'antan t moins à nous en servir 
dans notre restauration , que ce système pouvait seul coincider avec 
les traces de couleurs conservées sur les métopes de Tcntablement 
de notre tempie. 

Les dessins variés de feuillages et de fruits, de palmettes et de 
rinceaux , de postes et de perles , dont les architraves de ces mémes 
terres cuites sont enrichies , s'adaptent également aux diyerses par- 
ties coloriées de Tarcbitrave de notre tempie. Les méandres tracés 
en couleur sur le fiilet au-dessus des gouttes , et le bandeau qui cou> 
ronne l'arcbitraTe extérieure du Parthénon, et l'architrave intérìenre 
du tempie deThésée, aussi-bien que du tempie d'Érechthée à Athènes, 
sont des exemples réels à l'appui d'une pareille application. Plusieurs 
morceaux d'architrave trouvés à Palmyte, à Malte, et ceux da 
tempie de la Fortune Virile et du Jupiter Stator à Rome , font voir 



RESTITUTIOir DU TEMPU B EMPEDOCLES. 2'] l 

en ontre à qntV diegré les ornementg doni ces architràves sónt en- 
rlchies offrent le caractère traditionnel et imìtatif des ornemeiìts con- 
servés sur nos terrea cuites* APalmyre , on retrouve la vigne avec son 
fenillage oriiant latable da milieu de rarchitraye; à Malte, lespostes 
quien forment la bordure; au tempie de la Fortune Virile, lesperles 
pour Seul ornement; et au tempie de Jupiter Stator, un compose de 
palmettes et deriuceaux ; enfin surtous ces restes d*édifices dedivers 
pajs et d'époques si différentes , les mémes dessins et les xnémes or- 
nements'employés à la méme place, où nous les yoyohs sur ces pré- 
cieuz fragments. 

La comiche du tempie a été plus facile à restituer^ £n reprodui^ 
sant sur chaque moulure les mémes prnements peints^ dont plusieurs 
fragmeivts en marbré et en pierre trouvés k Sélinunte , à Agrigente 
età Syracuse, présentaient les exemples , nous pouvìons étre sur de 
lui rendre 50n aspect et son caractère primi tif. A la moulure supé^ 
rlenre qui forme le cbéneau , nous ayons applique des tètes de lion 
en terre cuite et coloriées^ pareilles à celles qué M« le due de Luynes 
a découyertes à Metaponto. Ainsi rien dans la restitution de cet 
entablement n*est laissé sans exemple et sans preuve à Tappai (6). 
Le fronton est décoré d'un compose d'omements adoptés d'après de 
parai] s embellissements qui ornent quantité de stèles trouyées en 
Grece, et quantité de tympans reproduits sur des yasés peints. Il 
faut ajouter à ces exemples la copie du couronnement d'un tombeau 
dit de Josapbat en Syrie, dont le dessin offre la tradition certaine de 
semblabies ornements employés aux temples d<^ Grece. Nous cite« 
rons encore le petit tempie de Clitumne , dont le fronton offre le 
méme genre d'ornement, quoique reproduit à une epoque éloignée 
de bien de siècles de celle où les Grecs en firènt le premier usage. 

Dans la restitution de la couverture , rien n'est hypothétique : je 
possedè des tuiles peintes en rouge et en jaune; M. le duc-dc Luynes 
conserve un fragment de tuile de recou!vrement orné de feuilles et de 
méandres, et que j'ai adoptés dans ma restauration (7). Les antefixes 
et les tuiles omées de fattage sont une inspiration da tempie de Né- 
mésis à Rhamnus,' conforme dtailleurs aux mémes objets provenant 

1 

(6) F'oj^z la repréaeutation coloriée de cet entablement, PI. X'VII, fig. 11, et» 
ponr le chénean trouvé k Métaponte par M. le due de Lnynes, Pi. XL, fig. i, 
de l'Arch. ant. de la Sicile, \ 

(7) ^oyez la restaaration de la couvertnre d^an aatre tempie, Pi. XL, B^. i, 
et le dessin de la tnile de recoavrement trouvée ik Métaponte , Pi. XLI , fig. 9 , de 
TArcb. ant de la Siale. 

in. 18 



272 li. LirrÉRATURE. 

d'Élensia et d'Athènes , ainsi qu'aux nombrenx exemples tronvés i 
Herctdanumy à Pompeia et à Rome. Cette application n'a pas besoin 
d'étre appuyée sur d'autres preaves. Le conronnement au hant da 
fironton est motiTé d*après celai qui occupait la méme place dans le 
fkt>nton da tempie d'Égine. 

Anìvé aa tenne de rénnmération des exempies et des preuves qui 
nons ont gaidé dans la restauratìon de la partie extérìeure de notre 
tempie (8), nons croyons avoir démontré ce qn*il importait le plus, 
c*est-à«dire Texistence certaine de l'usage où étaient les anciens de 
peindre les masses et les détails de leurs édifices. Dans le tempie qui 
m'occupe> dans les autres monuments que j'ai pu étndìer en Sicile, 
dans ceux qui ont été publiés par les demiers voyageurs en Grece y 
tout se rénnit ponr offrir le témoignage d'un système où les formes 
les plus pures et les plus simples étaient embellies par le charme 
tour k tour sédoisant etimposant dés couleurs. 

Si par suite des idées reeues sur le caractère de l'architecture 
doiique , on pouTait voir une sorte d'incobérence entre la sévérité 
de ses masses et cette ricbesse de détails , la réflexion ferait bìentòt 
reconnaitre qu'elle n'est qn'apparente. Loin d'étreenopposition avec 
la sagesse raisonnée des Grecs , ce système se prétait à une Tariété 
indispensable dans Temploi presque general de l'ordre dorique ponr 
les temples de toutes leurs diyinités. Le plus oa moins d*extension 
dans l'application leurfoumissait mille moyens de gtaduer la magni- 
fi^ence apparente des temples, selon l'importance, ou locale ou uni- 
Terselle du Dieu. Hs arrìvaient ainsi à des distinctìons très sensibles , 
sans rien cbanger au type presqu'uniforme de leur architectnre aux 
plus belles époques de leur art* 

Il fiiut obserrer que les Grecs n'avaient pas adopté l'importance 
graduelle des ordres d'architeeture , soit par rapport à leor emploi 
respectif entre eux , soit relativement au caractère des monuments , 
tei que Vitruve le prescrìt. Au tempie de Minerve Alea à T^fée, oà 
ils placèrent à la fois les trois ordres , nous Toyons des colonnes 
ioniques auportique extérienr, et Tordre dorique dispose dans Vu^ 
térieur y supporte des colonnes corìntliiennes. Si nous remarquons 
dans llonie l'ordre ionique plus particulièrement en usage , cet ordre 
y est indistinctement mis en oeuYre à presque tous les temples , quelles 
que soient les différences qui existent entre les divinités. A Atbènes 

(8) Foyet U n. XTI, %. 3 , oà la rastaontioii da teaple est repióntée» mais 
aans rindication des coalenrs. 



KESTITUTION DU TEMPLE d'eMPÌDOGLES. 373 

mémey Fordre doriqne est employé aux édifices les plus importants 
élevés à une ttiéme epoque , et les plus belles sculptares enrichissent 
le Parlhénon et le tempie de Thésée , sans qu*il y ait trace d'une pa- 
reille magnifìcence au tempie d'Éreclithée, dont les frontons sont 
supportés par des colonnes ioniques. Partout, en un mot, soit dans 
la mère-patrie , soit dans la Grande -Grece ^ ou en Sicile, le méme 
ordre est presque foujours employé dc^ préférence à la variété' des 
genres. C*était le degré de richesse dans les omements dont la pein- 
ture était plus spécialement chàrg^e , qui servail à donner plus ou 
moins de magnificence apparente aux édifices sacrés , selon Téclat 
dont on voulait entourer les dicux. 

Imitateurs des Grecs , les Roroains , dans Temploi presque general 
qu'ils ontfait de Tordre corinthien, ont aussi gradué le caractère et 
rimportance de cet ordre au moyen du uombre plus ou moins grand 
des ornements plus ou moins riches dontils décoraient leurs temples, 
selon la destination du monument. Cette iutention a dù paraìtre seu- 
sible à quiconque a compare Ja simfTlicité des ordres du Panthéon, 
du tempie d'Antonin et de Faustine , et de l'are de Constantin avec 
la richesse de ceux des temples du Jupiter Stator, du Jupiter ton- 
nant , et du forum Nerva. 

Une autre particularité dans Tédifice , c'est l'emploi simultané de 
l'ordre ionìque avec la partie la plus caractéristique de l'ordre 
dorien, l'eutablement orné de triglyphes. Ce fait rapproché des 
résultats précédents établit encore mieux cette certjtude qui existait 
idans lechoix des ordres, ainsi que dans les modifications progres* 
sives qu'ils ont subies. Je n'entrerai pas ici dans l'examen détaillé 
de cette progression qui doit marquer une epoque particulièi^e dans 
l'histoire de l'art , me réservant d'en trailer aillieurs avec le dévelop- 
pement conyenable; il me suffira d'ajouter que c^ li'est point un 
exemple ìsole, et que beaucoup d'autres monuments, ou 'existants ou 
représentés sur des peintures et des vases antiques , reproduisent le 
méme fait. 

Avant de passer aux détails de la restauration de l'intérieur du 
tempie , nous deyons piacer ici quelques réflexions qui découlent 
naturellement des faits que nous venons d'indiquer relativement aux 
parties restituées de l'extérieur* En.contemplant cet édifice tei qu'il 
résulte de l'application certainement authentique des nombreux 
exemples précités , on est surtout fraj^é de l'air de £unille qu'il pré» 
sente avec les édifices de Pompeia et d'Herculanum. Les couleurs 
appliquéea sur toutes les parties de Tarchitecture , la richesse de la 



274 !'• LITTÉRàTURE. 

décoratioiì 9 le goùt des omements , caractères dommants de ces 
édifices 9 rappellent le type primitif de rarchitectare des Grecs. La 
^ reproduction traditionnelle et permanente de ce type qne nous 
sommes parvenu à restitue'r, se retrouve partout ; ainsi , en com- 
parant les fragments en terre cuite du chéneau d'un des temples de 
Métaponte , d'un antre en pierre d'un tempie de Sélinunte , et de 
plnsienrs fragments en marbré des temples de Phigalie, d'Égine, de 
Rhamnus , etc. , avec les restes de chéneanx en terre cuite qui or- 
naient à Pompeìa la plus simple habitation et le monument le plus 
somptuenx^ nous j découvrons pour la forme et pourle style des 
orìiementS) une ressemblance telle que rien ne s'opposerait à ce qu'on 
se servtt de ces demiers fragments pour la restitution du couronne- 
ment des temples d'une bien plus haute antiquité ; il n'en résulterait 
pas la moindre incohérence. Mais nous ne prolongerons pas Ténu- 
mération des autres rapprochements tout aussi fieicilesy il suffit 
d*ayoir tu les ruines de Pompeia et d'Herculanum , ou de les ayoir 
étudiées dans les ouvrages y pour trouyer à chaque page sur les édi- 
fices de ces denx villes une preuyé à Tappui de la permanence des 
formes et da sjstème d'arcbitecture en usage dans les monnments 
ies plus ancien s , et pour admettre comme conséquence que ce méme 
prìncipe de similitude à l'extérieur devait exister aussi pour la déco- 
ration intérieure. 

En arrivant vers cette conséquence, nous avons touIu faire 
apprécier les ressources considérables que pourront nous offrir 
désormais Herculanum et Pony)eia pour y recueillir les matérìanx 
nécessaires à la restitution du sy stèrne entier de Farcbitecture monu- 
mentale des Grecs ; une fois certain de sa filiation , nous n'aarons 
plus qu*à remonter de proche en proche à la source des motifs qui 
dirigèrent les artist^s des colonies grecques, pour y découvrir le 
type des monumentai de la mère-patrie. Aussi , quoique nous ayons 
pn établir les principales parties de notre restauration intérieure 
d'après les restes des temples de la Grece et de la Sicile, nous n'en 
avons pas moins eu recours auz édifices d'Herculanum et de Pon^- 
peia , autant pour compléter par cette application le resultai de nos 
récberclies » que parce que son emploi pouvait et devait mieux faire 
apprécier Tenclialnement de nos inductions. 

£n parlant ici des compartiments figurés du mur de fond du por- 
tique (9)9 et surtout de ceux du lambris -appui dans la cella > 

(9} ^er^' la resunration dn tempie , FI. Xn, Bg, 3, de TArch. ant. de la Sic 



KESTITUTIOW DV TEUPLE J> EMPEBOCLES. tì'jS 

comme plus particolièrement inspirés par un système semblable qne 
Fon retrouve dans presq[ue tons les temples ou édifices de Pompeia, 
nous ferons remarqner couibien cette i^Usposition particuiière de 
boftsagès réeU ou apparents , imités en stuc ou peints , tient au sys- 
tème des plus anciens monuments. £n effet , les temples de Junon 
et de la Concorde à Agrigente, nous ont foumi les moyens de 
constater que les assises inférieures sur lesquelles s'élèven^ les murs 
de la cella , et qui en forment l'appui general , sont composées de 
morceaux de pierre qui comprenaient toute la hauteur de cet appui , 
de manière à offrir un appareil de parallélogrammes placés en liau- 
teuTy tandis que le reste des murs était construit d'assises plus pe- 
tites dìsposées en longueur. Le tempie ionique sur TUissus ; les 
temples d*£rechthée et de Thésée, et les Pròpylées d'Athènes; le 
tempie d'Apollon à Bassse , les Pròpylées et le tempie de Diane à 
Eleusis, ont de mème cette haute assise au bas du mur de la cella. 
Enfin , au tempie de Némésis à Rhamnus , ce mode est déjà rendu 
plus apparent , k Taide de tables saillàntes taillées sur chacune des 
pierres de cette assise , de la méme manière qn*on le voit dans plu- 
sieurs temples de Sélinunte. Il résulte donc de ces faits que les bos- 
sages , les compartiments ou les tables disposés en hauteur au bas 
des murs , comme on le yoit à presque tous les temples de Pompei'a , 
aiàsi qu'à un grand nombre de ceux de Rome et du reste de l'Italie , 
ne sont qu'une infitation continuée d'un système primitif , en sorte 
que , soit que nous les voyions taillés dans le marbré et la pierre , 
ou reproduits par le stuc , et simulés pfir la péinture , nous devons 
toujours admettre cette partie comme caractéristique d'un genre de 
construction eraployé par les Grecs dans la plus haute antiquité. 
Bès-lors il est naturel de penser que le premier principe de l'emploi 
des coulenrs dut étre l'imitation peinte des construclions réelles ^ 
c'était effectivement donner un motif a cet emploi. Des études com- 
paratives démontrent aussi une transmission non interrompue de 
traditions architectoniques , depuis les temples élevés à des époques ' 
presque fabuleusesjusqù'aux églises construites des milliers d'années 
après..£lles font Toir en méme temps a quel point les Grecs savent 
imprimer à leurs embellissements en apparence les plus indépen- 
dants de tonte influence motivée , ce caractère de convenance et de 
maison qui fut toujours chez eux la source du beau* 

Il nous est facile de justifier les plafonds rampants formés par la 
charpente apparente du comble , que nous avons cru devoir adopter 
dans l'intérieur de notre tempie , sans l'intermédiaire d'un plafond 



276 . II. LITTÉKA.TURE. 

horìzontaL L'entablement d'nn seni morceau^ sans aacane entaille 
ponr receToir les pontres nécessaires aa placement d'un plafond 

plat , et le peu de grandeor de notre monument, qui permettait cette 
simplicité de constraction , motiyent sans doate notre disposition 
d*nne manière sufHsante ; aussi chercherons-nòus moina a rassem- 
bler d'antres preuves ponr appayer spéciaiement notre restitntion , 
que nous ne nous attacherons à présenter le résnltat de nos re- 
cherches en general sur cette partìe de l'architecture grecque. 

Le système de couverture en charpente apparente s'étendait aux 
édìfices de tonte grandeur et de tonte destination. Le témoignage de 
son exlstence , découvert dans les ruines de plusieurs temples grecs » 
est encore conforme aux nombreux exemplea retronvés a Pompeia y 
ou traditionnellement adoptés dans plusieurs monuments de Rome 
ancienne , ou conserrés dans les basiliques romaines depuis Con— 
stantin^ et méme dans plusieurs églises modemes de la SicUe. Sus- 
ceptible de tous les degrés de simplicité ou de rìcbesse,.ce système 
est essentiellement caractéristique , parce qu'offrant à roeil tonte» 
les combinabons de pièces de bois dont se compose la oouverture 
des édificesy il présente à l'artiste tous les moyens d'omer cette 
couverture par une infinite de compartiments motivés. 

L'emploi de la charpente apparente dés combles, sans rintermé* 
diaire des plafonds horizontanx, est constate par la découverte de- 
tuiles trouyées en Sicile et à Pestum , dont les faces supérieures et 
inférieures étaient égalem^nt peintes ; mais comme d'antres tuiles , 
aussi trouvées dans les mémes lieux , n'avaient de coulenrs que sur 
la face supérieure^ on a été fonde à croire que les premières fìirent 
faites ainsi ponr étre vues en dessus et en dessous, et que les autres ne 
durent étre aper^ues que du coté extérieur, où la couleur était ap- 
pliquée , c'est-à-dire que les premières furent entièrement mises en 
oeuvre dans le système de la charpente apparente, tandis que les 
autres durent Tètre dans un système où leur face inférieure était ca- 
chée à Tceil par des constructions intermédiaires. Dans certains cas , 
c'étaient les plafonds plats qui masquaient les tuiles et la charpente 

^ du toit ; dans d autres cas, comme. nous le voyons à notre édifice , 
où il ne ponvait y avoir de plafond horizontal , et où cependant les 
tuiles n'avaient de coulenrs que d'un coté , c'étaient des plauches , 
ou des dalles, ou des briques plates , appliquées immédiatement sur 
les chevrons qui devaient en empécher la vue. Dans ce dernier cas, 
les intervailes entre les chevrons étaient occupés par autant de pla- 
fonds rampants et unis , plus propres à recevoir des ornements 



RE^ITUTION DU TEMPLB JD EMPÉDOCllES. 2177 

peints ou scalptés, qae ne pouyaient Tètre les comparlimenU à res- 
saut prodoits par la superpqsition de& tuiles fixéèB imniédiatement 
sur les cheyrons. (io) 

Il y ayait dono trois genres de coaverture apparente dant l'inté- 
rienr des tempieri grecs y et sans cnuniérer, soit les constructions de 
Pompeìa , où ces direrses dispositions ont dà étre adoptées àlter« 
nativement, soit les peintures de cette ville représentant des snjets 
d'architectiire où elles sont clairenkent exprimées, je crois ponrtant 
nécessaire de parler de deux tombeaux taillés dans le roc , Tim de 
Canosa, lautre d'Athènes^ dans lesquels on Toit que les pannes, 
les faitages et les chevrons sont reproduits de la manière la plus 
ezacte pour olTrir l'imitation d*une charpente apparente. Tel dut 
étre Taspect des eombles dans l'intérieur des temples , dont ces 
hypogées, comme les tombeanx noavellement découverts a Cor- 
neto , étaiedt des copies. 

Les omements que les anciens appliquèrent au moyen de la sculp^ 
ture et de la peinture sur les plafonds de leurs temples , et dont les 
traces eertaines se sont conservées jusqu'à nous , se Toient surtout 
dans les restes du tempie de Némésis à Rbamnns , comme aussi dans 
cenx des propylébs d'Éleusis et des temples de Thésée et d*£reclitliée 
à Atbènes. Dans ces demiers monuments , dont les plafonds sont en 
marbré , nous Toyons les faces des poutres , leurs sotfites et les enea-» 
drements des caissons enrichis d'une grande variété d'omements 
peints et sculptés; des oves, des paìmettes, des méandres, brillants 
des plus belles couleurs , y encbàssent de nombreux compartiments 
à fond d'azur semés d'étoiles d'or ( i x). Dans d'autres monuments , 
dont les plafonds n'étaient pas en marbré , les diarpentes semblent 
avoir été enveloppées des plus ricbes sculptures, ou d'omements en 
terre cuite., rebaussés par la Tivacité des couleiirs, ou bien encore 
reyétues de bronze incrusté d'or, d'argent, d'iyoire, de sacre, et 
d'autres matières précieuses. £n décorant d'après les mémes prin» 
cipes les pièces de bois et les compartiments du plafond de notre 
tempie , nous pensons n'ayoir fait que mettre cette partie de la con- 
struction en harmonie avec le reste de l'intérieur. Au surplus ^ toutes 
ces dispositions se retrouvent encore dans la basilique de S^ Pietra 

(io) Le plafond de la cbapelle représentée PI. XLII de rArchlt. moderne de la 
Sicile, par HittorfF et Zanth, pent donner jnsqn'à nn certain point Tidée de la 
rentanration qne nons avons adoptée. Qnant aax antres genres de plafonds, on en 
voit des exemples dans l'Arehit. antique. 

(li) Vojrezlà restanration dn plafond représentée PI. XL, fig. 6. 



3^8 . II. littìrature. • 

del Palazzo, à Palerme, bàtie au donzième siècle, dans celle de 
«9. Maria la Nuova, à Monreale , élevée au commencement da trei- 
zième siècle {i^)i et dans plusieurs autres églìses de la Sicile , cou- 
' stniites à des époques postérieores , toutes traditiohs de Tantiquité. 
Le caractère de ces décorations conserve évidemment le type de 
Torigine grecqne , tei que les descendants de la Grece idolatre durent 
rimprimer sur les temples chrétiens. 

J'ai peu' de chose à dire sur les moulures et les bandeaux ornés 
qui couronnent les quatre faces du mur de l'intérieur de la cella de 
notre tempie; elles sont copiées d'après les restes du tempie de 
Némésis a Rbamnus, où cette décoration est employée aux en- 
droits correspondants. Cette partic de uotre restitution est dono 
appuyée sur des exemplei incontestables. 

£n insistant sur l'emploi de la peinture comme essentiellement 
liée à l'architecture helléniqué , je n'ai parie jusqu'à présent que de 
la peinture de décor; mais ayant dùintroduire dans ma restaura- 
tion tous les moyens d'embellissements dont l-histoire et les monu- 
ments m'autorisaient à me servir pour arriver à un resultai compiei, 
j'ai encore à m*occuper de If peinture d*histoire. L'usage de cette 
peinture sur les murs des édifices publics était general dans la Grece. 
Ces portiques d'Atbènes, d'Olympie et de Delpbes, où Polygnote» 
Eupbranor et Mycon , en retra^ant les ezploits des béros , excitaient 
leurs còncitoyens a l'imitation des vertus guerrières; ces curies, 
dans lesquelles furent repré&entées par Protogènes et Olbiade les 
images des législateurs ; ces tbéàtres, ces odéons, que décoraient les 
portraits des poètes , et les figures des Gràces léurs inséparables 
compagnes; ces gymnases offrant aux regards les demi-dieux vain-. 
quenrs dans les combats de Mars et dans ceux des Muses ; ces prò- 
pylées, plus fameux encore par les ouvrages des peintres qui les or- 
naient que par les marbres dont ils étaient couverts ; les palais , les 
maisons, les tombeaux, tout nous fait voir la peinture d*bistoire 
appliquée à la décoration des édifices j application locale et adbé- 
rente aux monuments mémes dont elle faisait l'embellissement prin- 
cipal ; à plus forte raison dut-elle orner les temples. Entre autres 
exemples tirés de la seule ville d*Atbènes , nous citerons les temples 
de Tbésée , d'Érecbtbée , des Dioscures , de Baccbus et d'Esculape , 
dont les peintures étaient toutes significatives par rapport aux lieux 



(la) Vojyez PÀrchit. moderne de la SicUe, PI. XLVI, LX'VII, LXYIII, LXX 
etliXXI. 



RESTITUTION DU TEMPLE d'eMPÌDOGLES. a 79 

et aux divinhés. Ce système bien caractéristiqne, et qa'il ne faut pa» 
confondre atee les tableanx snspendns à Tédifiice sacre en forme 
d*offrandes , se retrouve à toutes les époqnes de l'art chez lés Grecs , 
et remonte jusqn'à l'Égypte. Il en est ainsi en Italie : les peintures' 
les plns anciennes y étaìent également fiiites sor les murs» Telles 
fiirent celles dn tempie de Junon d'Ardée/cclIes de Cora, d'une 
antiquité plus refnilée encore ; celles de Lavinium, qne Caligula 
essaya Tainement d'enlever da tempie en mine qu'elles avaient de- 
core. Cet nsage se consenra jasqu^à des temps très postérienrs , et 
hs mosaiques et les fresqnes des basiliqnes primitives et celles de la 
renaissance en fnrent la continua tion. Quant au caractère de ces 
peintures, il est reconnu que celles des Tases grecs et sicules en 
donnent Tidée la plus exacte ; il est méme hors de doute que beau- 
coup d'entre elles sont les compositions réduites des plus célèbre» 
peintres grecs. Ces compositions étaient de deux genres, celles où 
la complication du sujet et la circonscription de l'espaee forcaient à 
disposer les gronpes les uns au-dessus des autres , et celles où il 
était possible de ranger les figures sur une senle ligne. Dans le 
choix que nous avons fait pour notre tempie^ nous n'avons été de- 
termine que par les dimensions de l'édifice , dont le pen d'étendue 
motivait notre préférence pour le genre de coiiiposition le moins 
compliqué. A l'égard de la disposition architec turale des peintures , 
il devenait plus difficile de la reproduire avec certitude^ à cause de 
la penurie des documents précis et spéciaux. Cependant, la décou- 
Terte des tombeaux de Corneto , ou la peinture historique locale est 
appliquée de la 'manière la plus monumentale et la plus significative , 
parait devoir fixer les idées sui/ le système general des anciens dans 
remploi> de ce genre d'embell^sement. En nous rattachant à ce sys- 
tème , et en consultant le peu d*indices que nous. avons pu recueillir 
dans Pausanias , lorsque cet auteur parie des offrandes suspendues , 
soit an-dessus des portes , soit au-dessus des peintures , nous nous 
sommes cru suffisamment autotisé à ne pas ètendre nos tableaux 
jusqu'au couronnement du mur. Nous pe prétendons pourtant pas 
établir d*une manière rigoVireuse que telle devait étre partout la 
disposition des peintures dans Tintérieur des temples; mais, sans 
nier que la superficie entière des murailles pùt quelquefois en étre 
converte, nous n'en avons pas moins rintime conviction que notre 
arrangement était le plus fìréquemment en nsage , et cela par l'obli- 
gation de réserver dans l'espaee , presque toujòurs très circonscrit 
da Naos et des Opistodomes , les localités nécessaires pour recevoir 



SkSo li. LITTEBATURE. 

les nombreuses offrandes qui firent des tempie» grecs et siciliens au* 
tant de dép^ts satirés remplb à la fois des dons de la richesse et des 
cbeffr-d'oeuvre de Tart. 

Il nou8 reste à parler à présent dn caractère special exprimé dans 
nos peinturesy et des sajet» qu'elles présentent : l'an, poar étre d'ac- 
cord avec l'ensemble du monument, devait résulter de Tétat de l'art 
à l'epoque où ces tableaux sont supposés avoir été exécutés ; les 
autres , pour.étre significatifs , devaient offrir des représentations en 
rapport avec la divinité à laquelle le tempie est suppose ayoir été 
consacré. Un coup d'oeil rapide sur l'histoire de Séliuunte devient 
ici nécessaire. 

La première colonie grecque, venne de Mégare, s'établit en cette 
ville, environ six cent trente ans avant notre ère. Ce n'estguère quc 
de siècle en siècle que les Sélinuntins jouent un róle sur la scène de 
l'histoire : après diverses altematives de bonne et de mauvaise for- 
tune, de gioire et de déshonneur, Sélinunte tomba sous les coups 
d'Annibal. Cette cité si belle et si florissante périt dévastée par le 
ter et la fiamme. Cependant elle ne fut pas anéantie ; mais tribntaire 
de.Carthage, elle ne remonla jamais au degré de puissance et de 
richesse d'où elle était déchue. Enfin ayant invoqué le secours des 
Romains contre les Carthaginois , elle tomba de nouveau au pou* 
Toir de ceux-ci. La vengeance du vainqueur fit suiyre la victoire 
d'une destruction complète de la ville. Ceux des Sélinuntins qui sur- 
vécurent à la mine de leur patrie, chlTssés méme de ses décombres ^ 
furent transférés à Lilybée. Le silence des historiens , et la certitude 
que Sélinunte était un lieu désert au temps de Strabon , prouvent ^ 
nonobstant le témoignage de Pline , qui en parie comme d'une ville 
existante de son temps , que ces débris pouvaient tout au plus avoir 
seryi d'asile à quelque nouvelle populatiou, mais que Sélinunte 
n'avait jamais repris d'importance sous la domination romaine. 

Ainsi , l'histoire de Sélinunte comprend deux époques bien dis« 
tinctes : une pérìode d'environ deux cent quarante ans, depuis son 
établissement primitif jusqu'à sa première catastrophe, epoque pen- 
dant laquelle cette ville parvint à son plus haut point de prospérité ; 
et une autre période de plus d'un siècle et demi , depuis son reta— 
blìssement jusqu'à son entière destruction. En rapprocbant de ces 
ùùts le caractère architectural du reste des temples, qui nous don- 
nent une si haute idée de Sélinunte, nous y retrouvons l'ìndication 
certaine de trois époques différentes pour l'érection de ces édifices. 
La première, voisine de la fondation de la ville, où durent étre 



RESTITUTIÓN DU T£MPL£ d'eMPÉDOCLES. :I8i 

élevés les deux grands temples de TAcropolis (3) ; la seconde répon- 
dant a la soixante-dixième olympiade , à laquelle on peut rapporter, 
Térection da petit tempie hors de l'Acropolìs , et le commencement 
du grand tempie dit de Jupiter (4) ; 1& troisième enfin òontempbraine 
de la plus brillante epoque de Tart en Grece. C'est vers ce temps 
qn'il faut piacer la continuation da tempie de Jupiter, et la constrac- 
tion des àutres temples dont fait partie notre monument(5)^ le Seul 
dont nous ayons a parler. 

Élevé dans Tenceinte de la forteresse , entre trois autres temples ^ 
mais d'une dimension très inférieure à celle de ces sanctuaires con- 
sacrés aux principales diyinités clu eulte sélinnntin , il nous a sem- 
blé que sa dé^tination avait étè plutòt d*honorer quelque mortel di- 
yinisé. Cette coujecture s'accorde aree les mceurs et les idées reli- 
gieuses des Grecs , et les nombrenx aedicules qu*ils élevèrent à leurs 
héros nous ont porte à supposer que notre tempie avait pu étre 
consacré à Empédocles. Diogéne-Laérce rapporte en effet que ce 
pbilosopbe sauva les babitants de Sélinunte d'une mort assurée y et 
rendit la feconditi aux femmes ea délivrant la ville et ses environs 
des exbalaisons pestilentielles d'une eau stagnante; service d'autant 
plus digne d'admiration et de reconnaissance , que ce fut a ses frals 
qu'Empédocles avait amene les courants de deux fleuves dans les 
^endroits marécageux qu'il s'agissait d'assainir. Aussi , ajoute Dio- 
gène , les Sélinuntins , pendant les fétes qu'ils célébrèrent sur le liea 
méme où les effets de la peste venaient de cesser, ofMrent les bon- 
nears divins à leur libérateur. D'après ces relations , et en admettant 
ropinion de plusieurs bistoriens , que ce fut vers la quatre-vingt- 
troisième olympiade qu'Empédocles fht divinisé par les babitants de 
Sélinunte, nous sonunes fonde à piacer après cet événement la 
dédicace de l'édifice. S'il n'y a pas de preuve précisément incontes- 
table pour Tadoption absplue de notre hypotbèse, il n*y a rien non 
plus qui s'y oppose, et nous croyons nos présomptions assez justi- 
fiées par le nom du béros , par la certitude de son eulte, par la vrai- 
sembtlanee du fait et Tidentité des temps. 

L'epoque dont nous venons de parler place la construction de 
notre tempie et l'exécution de ses peintures un peu avant la quatre- 
vingt-dixième olympiade, epoque à peu près coincidente avec celle 
oh. florissaient les peintres Panaenus, Polygnote, Mycon, et più- 

(i3) Fqyez la PI. X, F, G, D, de l'Arch. ant. de la Sicile. 
(14) rojTz ibid. , F, S, T. 
(i5) /Wrf.,F, A,R,etB. 



28a II. LITTERATURE. 

siears autres peìntres célèbres qui a^aient déjà cmplojé dans letir» 
tableanz la divenite des coolenrs } épocfue à jamais célèbre où l'art 
de la peintore prit soo plus grand essor. Ce$t donc sor les ^ases 
greca sapposés appartenir à cette epoque , que nons ayons dà cher- 
cher les moyens de reprodoire approximatiYement le caractére des 
Gomposidons. Qaant an snjet, j'ai représentc sor ane des ùlccs les 
babitants de Sélinunte fignrés par denx femmes et un Yieillard solU- 
citant les secoors dn pbilosoplie. Sor la ùtce opposée on anrait re> 
présente l'Hypsas et le Sélinns sacrìfiant sor Taotel d'Escnlape ; et en 
avant de cet autel, Empédpcles arrétant le char da dica da soleìl, 
dont nnflaence malfaisante cessa après la réonion de ces deox 
fleaves. Sor les parois da mar, à coté de la porte da tempie, on 
▼oit Escolape et sa fille Hjgie. Ainsi seraient e^rimés emblémati- 
qaement les faits présomés aYoir donne liea à Térection. de l'édificci. 
Au fond da tempie s'élèTC la statae d'£mpédocles(i6); elle est sap- 
posée d*or et dlvoìre , avec les attrìbats , 4es Tètements , la nchesse 
des* matières et la variété des coolears qai .pouvaient convenir au 
héros dico. Ce parti de scalptare poi jcbròme noas a para d'ane ap- 
plication d'autant plas caractértstiqae à la représentation d'£mpé- 
dodes, qoe ce favori des dieox ne qaittait jamais le manteaa de 
poorpre, et marchait la téte ceinte de la cooronne pytbiqae. Si, ponr 
aatoriser cette application, il était besoin d'ajouter aox nombreases 
preaves qae le savant aatear da Japiter Olympia a rassemblées 
sor l'ezistence et l'asage de cet art chez les Grecs , noos. en verrions 
ane de plas dans l'effet barmonieax et complet qai résalte de son 
rapport avec Tarchitectare ^ecqae , telle qoe nos recherches nons 
ont mis k portée de la reprodoire. Cette scalptare tonte locale, 
peinte comme rarchitectare , mettait la plastiqae plas immediate- 
ment en rapport avec la décoration generale, et les fonds. colorés 
ùisaient mieax ressortir les formes et les contonrs de la scalptare. 
Les sajets scalptés et peints a l'extérieor des édifices avaient encore 
sar la sìmple peintnre l'avantage de présenter plas d'effet par lears 
saillies réelles ; éclairés comme le monament , ils changeaient d*as- 
pect k tontes les phases du joor, aassi-bien qae Tarchitectare , et 
par conséqaent les jeox de la lamière et de l'ombre j élaient toa- 
joors concordants. Qaant k l'emploi qae j'en ai £ùt, il est jnstifié et 
par les statnes da tempie d'Égine, et par les métopes de Sélinante ,. 
d'Agrigente, da tempie de Thésée, da Partbénon, témoignage 

(iB) yoj^z PI. X, E, UT, de TArch. am. dcla Siene. 



RESTITUTION f)U TEMI>LE d'èMPÉDOCLES. 283 

presq[ae snperflu pour quiconque a suivi les raisonnements de Ton* 
vrage sur le Japiter Olympien ; mais qui , découverts postérieare- 
ment à la publication de ce beau travail , sont un nouyel et juste 
hommage rendu à la sagacité de son autear. 

Le bronze, que nous avons adopté pour la porte, fut la matière 
le plus ordinairement employée a la fermeture des temples. A la 
yéiité , les portes du teniple de Minerve , k Syracuse , et de plusieurs 
autres édifices sacrés, étaient faites d'or et d'iyoire; mais ces rares 
exemples deraient faire une' sorte d'exception à l'usage general , 
c'est-à-dire étre réservés pour les sanctuaires des principales diyi- 
nités. Nous avons combine la décoration de notre porte d'après les 
peintores des vases antiques, et d'après la représentation des portes, 
fenétres , aux tombeaux de Telmissus , taillés dans le roc. Qi/ant 
anx onyertures de la partie supérienre^ elles sont imitées de sem« 
blables à jour pratiquées dans les hypogées d'Acre en Sicile, qui 
remontent à la plus baute antiqnité. 

L'babitude de piacer et de consacrer des autels dans les sanc- 
tuaires , est trop constatée pour que nous ayons besoin d'en justifier 
l'application à notre tempie. Cicéron , après ayoir décrit l'antique 
sedicule de la maison d*Héjus à Messine, où l'on voyait un Cupidon 
et un Hercule , ajoute que deux autels étaient devant ces divinilés 
pour indiquer la sainteté dn lieu. Ce serait assez de ce passagepour 
mettre hors de doute Texistence de cet usage dans les temples de la 
Sicile ,^ peu près de la méme importance que le nòtre. 

Enfin , en ce qui concerne les offrandes, ce n'est que sur la ma- 
nière dont elles étaient disposées, qu'il convenait de diriger nos re-- 
cberches , paisque le nombre , la nature et l'objet de ces ex voto sont 
infinis dans la nomenclature que nous en donnent les auteurs. 

£n motiyant plus baut la disposition des peintnres , nous ayons 
indiqué, conunè cause de cet arrangement^ la nécessité d'un espace 
propre è l'exposition des offrandes. Pausanias nous apprend que le 
bouclier de Pyrrbus se voyait au-dessus de l'entrée du tempie de 
fCérès à Argos. Ainsi le bouclier que nous avons suspendu au baut 
de la porte de notre édifice , exemple certain et pour l'objet et pour 
le lieu , rend au moins probable que le reste de l'espace occupé par 
ce bouclier avait une destination analogue. Le méme auteur, aprèa 
avoir décrit les ceuyres de Polygnote , dans l'édiflce attenant aux 
propylées d'Atbènes , dit qu'au-dessus de ces peintures on voyait le 
portrait de Musée. Les tableaux portatifs n'étant le plus soavent que 
des offrandes , il est permis d'en induìre que , dans cet édifice , soit 



a84 1'* LITTÉRATURE. 

sanctnaire « soift simple lieu public , les of&andes éudent distrilmées 
an-detsns des peintures locales. De là une nourelle confirmadon de 
la frì%e qne nous aTons réserrée an hant de nos peìntores historlques. 
Qnant an portrait méme de Mosée^ comme Pausanìas ne dit pas 
précisément qn'O était peint, celai d'Empédodes qne nons aTons 
représenté, est en terre calte coloriée, pareil à nn ex-Toto de ce 
genre , qn'on Toit dans la coUection de M. Dorand à Parìa. D*antres 
preaTea à l'appai de notre restanration résaltent des peintures de 
yases dont les sajets représentent des scènes qni se sont passées dans 
rintériear des temples. Nons Tojons qne les boncliers, les conronnes , 
les cnemides , les bandelettes , les bucrànes , les patères et beanconp 
d'antres objets volifs occnpent tonjonrs le cbamp snpérieor de ces 
peintures. SouTcnt ils toncbent an bord , et quelcpiefois mème ils 
dépassent la ligne d'encadrement. Ces exemples sont concluants ponr 
établir la localité on les anciens exposaient leurs offrandes , et de 
plus nne certaine disposition symétrique dans la manière de les dis- 
trìbner, pnìsque, dans tontes ces peintures, les objets représentés 
se balancent soìt par lenrs formes , soit par lenr masse, et qu'ils 
forment tonjonrs nne sorte d'arrangement régnlier; ce qui doit faire 
admettre qne , dans la réalité, les objets Totifs, par la richesse de 
la matière comme par le travail de l'art, contribnaient essentieUe- 
ment à la décoration des temples. 

TeUe est la tàcbe qne j'avais à remplir : désirenx de rénnìr dans 
la restitntion d'un seni monnment l'ensemble des prenres qui dé- 
montrent l'application des conleurs à l'architecture et anx arts acces* 
soires qui en sont le complementi j'ai dà choisir le tempie qui ofirait 
le plus de certitude, et qui, par ses dimènsions restreintes, derait 
présenter-moins d'écueils ponr nne reproduction anssi étendue. Je 
yoyais anssi dans ce choix la possibilité d'tme pnblication nécessaire 
ponr faire coni^tre un point anssi important dans llùstoire de 
l'architecture , et des faits qni cbangent les idées sur cet art cbez 
les Grecs. Ce n'est donc pas comme modèle pariait d'un tempie 
antique , qne je présente ici l'édifice qui a été l'objet de mon étude ; 
mais comme up monnment on, les traces du système polycbròme 
étaient les plus nombrenses, et sur lequel, par conséqnent, ce 
système méme devenait plus facile à dérelopper.* 

HiTTORPr. 



VOYAGES ET REGHERGHES DANS LA GRÈGE. uSS 



2. SCULPTURE. ^"^ 

VOYAGES ET REGHERGHES DAN€^ LA GRÌGE, PAR ìà. LE GHEV« 
BRÒNDSTEB. 

(JDeuxième livraison). i voi. m-4*. (*) 

À l'epoque où parut la première livraison du voyage de 
M. le chevalier Bròndsted ^ rinstitut de Correspondance ar- 
chéologìque n'étail pas encore fonde. Ce serait dono peut-étre 
un devoir pour moi de revenir sur cette première publieation 
avant de passer à la seconde , s'il existait un lien positif entre 
les deux parties déjà connues de ce grancl ouyrage. Mais, à 
Trai dire , le voyage de M . Bròndsted n'a été que le pré-*, 
texte de Tune et de Tautre ; le seul rapport qui les unisse est 
d'avoir été inspiré par un séjour sous le méme ciel, et de 
paraitre dans le tnéme format. Tout le reste diffère •, et les 
reproch^s qu'on^ était en droit d'adresser à la descrìption de 
rile de Céos tombent d'eux-mémes devant l'importance, 
en quelque sorte exclusive , du monuraent dont M . Bròndsted 
s'est occupé cette fois , le Parthénon. Ori ne dira donc plus 
que le savant danois ait prodigué son immense et ingé- 
nieuse érudition au profit d'un ^ujet qui, sous le plus grand 
nomare des rapports , ne réclamait qu'une courte monogra- 
phie ; et le reproche , souvent adressé à des savants du pre- 
mier ordre , d'avoir choisi pour objet de leurs travaux les 
parties les moins intéressantes de Tantiquité, se cbangera 
cette fois en une satisfaction bien méritée^ et par la grandeur 
du sujet, et par le soin religieux avec lequel il a été traìté. 

L'ouvrage de M. Bròndsted (car je ne puis autrement consi- 
dérer cette livraison que comme un ouvrage entièrement à 
part) n'a éu jusqu'à présent de modèle que dans le Phìgalée 
de M. de Stackelberg. Il est , en eflFet , bien peu de monu- 
ments antiques qui réunissent l'importance de l'art et de l'his- 

O Paris, chezFirminDidot, i83o. 



386 II. LITTÉRATURE. 

toìre , la richesse des (létails et le bonheur de la cohservation 
à un point assez remarqaable pour justìfier la préoccupation 
taelusive et soutenue d'un archéologue. Mais de tous les mo> 
numents de cet ordre , il n'en est aucun qui puisse étre com- 
pare au Parthénon. Élevé dans la métropole de la civilisation 
grecque , à l'epoque la plus impo3ante de l'art chez ce peuple , 
par le plus grand artiste de Fantiquité, et sous Tinfluence d'un 
des génies politiques les plus remarquables dans tous les temps^ 
le Parthénon doit résumer le genie grec sous toutes les formes , 
et il est impossible que l'idée morale qui a prèside à la concep- 
tion d'un tei monument ait été inférieure à la pensée d'art qui 
en a dirige l'exécution. Je cpneeTrais encore que la forme l'eut 
emporté sur le fond, si le tempie de Minerve appartenait a 
Tépoque où la philosophie avait quitte les sanctuaires pour la . 
place publique ^ mais il s'en fallait d'une generation que la 
barrière ne fùt roìnpue : les progrès de la raison extérieure 
menacaient déjà , il est yrai , la sagesse antique des mystères y 
et dans la possession de ses doctrines , et dans l'autorité insé- 
parable de k forme artistique qu'elle leur avait donnée^ 
mais il s'en fallait que cette lutte , encore inégale , nuisit ao 
développement des idées religieuses sous les fofmes de l'art. 
Telles étaient donc les conclusions qu'il était permis de tirer 
à priori: i**. Le edite d'Athéné-Partbénos représentant dans 
son ensemble la religion populaìre d'Athènes , la décoration du 
tempie de cette divinité devait offrir une expression populaire 
et complète de la religion athénienne. a*. Mais l'Attique ayant 
aussi une religion intime et mystérieuse , celle de la Demeter ^ 
éleusinienne , l'expression moins directe de cette religion de- 
vait se retrouver dans le tempie de l'Athéné-Parthénos , et le 
sens *commun aux deux cultes jaillir avec autant d'évidence 
aux yeux do^ initiés que le dogme vulgaire était clairement 
développé à tous les regards. 3*. Si le Parthénon eùt été con- 
struit à une epoque purement et exclusiyement religieusc , les 
figures du tempie n'eussent parie au peuple et aux initiés que 
le langage de k religion -, mais le siede de Périclès , encore 
religieux, voyait déjà régner la politique et grandir la philo* 
Sophie 5 la religion ne devait donc exclure dans la composi- 



VOYAGES ET RECHERCHES DAUTS LA GRECE. 287 

tion de Phidìas ni les inductions de la phìlosophie , ni les al- 
lusions de la politique. Ainsi , et pour lious résumer, on de- 
vait retrouver dans les figures du Parthénoh Téxpression my- 
thique du dogme populaire , du dogme myslérieux , la forme 
exlérieure de Tun et de Tautre eulte , les idées eosmiques , 
métaphysiques et morales , dont se composait alors le do- 
roaine de rintelligence , les grandes émotiòns politique3 , dont 
le iponument lui-méme était sorti. 

L'oTivrage de M. Bròndsted parait destine a justifier toutes 
ces siippositions. Il démontre tout d'abord Terreur de ceux 
qui omt cru pouvoir donper une explieation òu urie restau- 
ration, de tout ou partìe du monument , en s'appuyant uni- 
quemcnt sur les données et les conjectures de Tart. A pari les 
recherches spéciales des arcliiteetes , on a surtout remarqué 
le Mémoire public à Londres , par Visconti , et ' celui que 
M. Quatremère de Quincy a récemment inséré dans ses 
deux Tolumes de Restitutions. Mais ces morceaux ne sau-r 
raient entrer en comparaison avee l'ouvrage de M. Bròndsted 5 
et Ton peut dire que jusqu'à ce jour la matière était restée 
intacte dans les parties les plus importantes. C'est ce que la 
préface du savant danois exprime avec beaucoup de réserve , 
mais avec non moins d'évidence. 

Dans une introduction consacrée à la théorie de l'ordre 
dorique , M. Bròndsted s'occupe d'abord de l'origine pro- 
bable de ràrchiitecture grecque, et, s'appuyant principale- 
ment sur l'autorité de Vitruve, si ingénieusement déve- 
loppée de nos jours par M. Quatremère de Quincy, il 
mentre partout , dans cet ordre , la trace des constructions 
en bois , qui ont dù preceder en Grece Temploi des pierres et 
des autres matériaux dans les monuments. Cest ainsi qu'après 
avoir rendu compte du développement et de la décoratión de 
la frise dorique , et déduit analogiquement toutes les parties 
obligées ou accessoires de cette portion du tempie antique , il 
applique au fronton les principes qu'il a d'abord posés, et com- 
plète l'idée qu'on doit se faire d'un grand édifice r^ligìeux en 
Grece , sous les rapporls de la construclion , de rornément , 

in. 19 



288 li. LITTÌRA.TURE. 

de la décoration scuiptée et du colorage polychróme qui, chez 
les Grecs , en formait le complément. 

De lA , après avoir énoncé les rapports du Parthénon aTec 
Fidée generale qu'il vient de développer, M . Brundsted fait 
connaitre les ressources dont il a fait usage pour arriver a 
rintelligence complète de ce monumenta Ces ressources sont 
de trois sortes : i"". Le tempie lui-méme dans son état actuel de 
ruine et d'imperfection ^ a"*, les débris de sa décoration disper- 
sés dans les diverses collectìons de l'Europe^ 3^. les dessins 
pris et les descriptions faites à des époques où le monument 
'Cxistait, pour ainsi dire , dans son intégrité. A cette occasion, 
M . Bròndsted donne une notice exacte et détaillée sur les fa* 
meux dessins dits de Nointel , et sur leur auteur, Jacques Car- 
rey, né à Troyes , et élève de Lebrun. On verrà plus bas quel 
parti neuf et ingénìeux M. Bròndsted a su tirer de ces do- 
cuments. 

Une préoccupation patriotique bien naturelle a engagé le 
«avant danois à donner une grande place dans son ouvrage à la 
description de deux tétes, provenant sans aucun doute d'une 
des métopes du Parthénon^ et que des circonstances inconnues 
ont fait passer dans la coUection de S. M. le roi.de Danemarck, 
a Copenhague. L'examen de ces précieux fragments, dont 
M. Bròndsted a le premier fait connaitre le mèrito et révélé 
rimportance au monde savaht, lui a fourni Toccasion de 
publier des détails peu connus sur la conquéte d'Athènes en 
1687 , si fatale au Parthénon, et lors de laquelle le comte de 
Koenigsmarck , general danois, commandait une partie de 
Tarmée de Morosini. M. Bròndsted conjecture avec raison, 
que les deux tétes du musée de Copenhague ont dù étre rap- 
portées ou euvoyées en Europe , par quelque officier danois 
de la suite du comte de Koenigsmarck , complice de la spolia-* 
4ion dont le tempie de Minerve avait dès-lors commencé d'étre 
robjet. 

Le reste du volume publié ( à part les suppléments, ()ui sont 
peut-étre encore cette fois trop volumìneux) se compose de 
l'étude détaillée , et de l'explication tant artielle que mytholo- 
gique des trente-deux métopes qui décoraient la frise mèri- 



VOYAGES ET REGHERCHES DAMS LA GRECE. aSc) 

dionale du monument. — Acepropos, M. Bròndsted combat 
avec une juste sévérité Terreur qui a prédominé jusqu'à ce 
jour, de ne voir, dans les sujets représentés sur les quatre* 
vingt-douze métopes du Pai thénon , que des combats de 
Centaures et de Lapithes , erreur qui a fait dire à Tùn 
des savants les plus illustres de l'Europe moderne, que le 
méme motif de composition y était répété au moins quatre-» 
vingtsfois. Et en effet, si Ton ne considero que la face meri- 
dionale, la mieux connue, tant par les dessins de Carrey, que 
par les originaux transportés à Londres, il s'y trouvait dix su- 
jetsentièrement différents, et cinq groupes repr^sentant des 
centaures enlevant des femmes, ce qui rédult à.dix-huitle 
nombre des épisodes du combat des Lapithes et des Centaures. 
Les faces de Test et du couchant n'offrent aucune trace de ce 
sujet , et il parait prouvé que s'il était encore reproduit au 
nord , ce n'était que sur un petit nombre de métopes. Ce pre- 
mier apercu démontre quelle source inconnue d'observations 
doit ouvrir l'étude, si négligée jusqu'à ce jòur, des métopes 
du tempie de Minerve. 

Carrey, dont le séjour à Athènes precèda de treize ans 
le bombardement de la citadelle par les Yénitieus, fut natu- 
rellement en traine a choisir pour sujet de ses trayaux la par- 
tie des métopes qu'une exposition plus favorable avait le 
mieux préservée de Tinfluence du temps et des saisons. Aussi 
la coUection de ses dessins ne renferme-t-elle que les trente- 
deux métopes de la panie meridionale*, en 1687 , quinze de 
ces précieux bas-reliefs ( du onzième au vingt-cinquième en 
commencant par l'angle S.-O.) furent détruits avec la moitié 
du tempie. Quinze autres (dudeuxième au neuvième, et du 
vingt-'sixième au trente*deuxième inclusi vement) font au* 
jourd'hui partie du Musée britannique ; le dixième, rapporté 
en France par le comte de Choiseul Gouffier, se voit mainte- 
nant au Musée du Louvre : le premier seul a brave jusqu'à ce 
jour la fureur des révolutions, et le vandalismo des amateurs. 

Voici l'ordre dans lequel se présentent les trente-deux su- 
jets représentés sur ces métopes , tels que M. Bròndsted les a 
détermioés par ses recherches : 



290 ir. LITTÉUATURE. 

N*** 1 à la, combats de Grecs et de Centaures, à l'exception 
des n*** IO et 12, qui représentent des centaures enlevant dcs 
femmes ( n* i3 , Cérès et Triptolèine -, n° i4, Pandore et Epi- 
méthée; n* i5, Erichthonius sur son char; n® 16, combat 
d'Éreehlhée et d'Eumolpe ou dlmmaradus; n* 17, Erichtho- 
nius et une Canephore -, n^ 18, Agraule, Hersé et Pandrose ; 
n° 19, Pandrose et Télété; n** tao, cérémonie des Thesmo- 
phories; n° ai, femme consacrant ses vétements à Diane 
Ghitonia, h"** aa à 3^, nouveaux combats et enièvements de 
femmes par les Centaures 5 les scènes du second genre se rap- 
portent aux n°' aa , a5 et 29, 

Quant au parallélisme presque parfait des deux séries qui se 
développent à chaque extrémité de la face meridionale du 
tempie , il importe d'observer que sur les sujetsde gauche, les 
Centaures sont quatre fois vainqueurs et quatre foisvaincus, 
le combat reste deux fois incertain; a droite, rincerlilude du 
résultat se manifeste quatre fois , les Grecs sont deux fois vain- 
cus et deux fois vainqueurs. Cette observation ne peut élre 
indifferente pour Tintelligence generale de cette partie de la 
décoration. 

Cesderniers groupes, dansleurs détails,ne pouvaient donner 
lieu qu*à des remarques intéressantes seulement sous le rap- 
port de Tart. Il n'en était pas de méme des sujets qui occu- 
paient le milieu de la frise , et qui , conservés seulement dans 
les esquisses si imparfaites de Carrey, offraient un vaste champ 
aùx conjectures et à l'érudition. M. Brondsted ne s'est pas 
montré au-dessous de cette tàche importante. C'est méme une 
chose tout-à-fait nouvelle , que sur dix sujets pour chacun 
desquelsil n*existe qu'un document imparfait, et dont Tinler- 
prélation n'a pas encore été tentée , ori ne se trouve guère dis- 
pose à opposer un doute aux inductions de l'auteur. Ce 
mérite inconteslable du livre de M. Brondsted suffit pour lui 
assigner une place des plus honorables parmi les productions 
de l'archeologie moderne , et pour faire vivement désirer le 
complément d'un travail auquel là suite des applications don- 
nera encore plus d'importance et d'intérét. . 

Telle est d'ailleurs la nature de cet ouvrage qu'à chaque 



VOYAGES ET RECHERQHES DANS LA GRECE. 29! 

composition en elle-méme se rapporte coname un mémoìre a 
part , dont Tanalyse m'entrainerait bien au-delà des bornes 
d'un article ordinaire. Je crois donc faireune chose plus agréable 
aux lecteurs , en leur donnant un apercu de l'ensemble du mo- 
nument tei que M. Bròndsted Ta concu , et en faisant pres- 
sentir les résultats que la science doit retirer de ce grand 
travail. 

La décoratìon fìgurée du Parthénon se composait de quatre 
parties principales : i°. la statue de la Divinile et ses acces- 
soires, qui ne nous sqnt plus connus que par les descriptions 
des auteurs anciens : là, tous les développemenls devaient se 
rapporter à la Divini té elle-méme , et concourir à faire com- 
prendre la place qu'elle occupait parmi les autres dieux , et le 
sens qui résultait de ses difierents altributs;^ 2"". la frise de la 
cella, qui reproduisait l'image des cérémonies du cultc exté- 
rieur-, 3°, les grandes scènes des frontons , où se développaient 
les deux mythes les plus célèbres et les plus purement atti- 
ques que comprit l'iiisloire de la Déesse, avec un cortége de 
figures accessoires assez nombreux pour faire conlprendre la 
portée de ces mylbes et Tétenduede leur application. Restent, 
en quatrìème lieu , les compositions des métopes, suspendues 
entre le ciel et la terre , appelant de tous cótés les regards , 
et naturellement disposées pour rendre une succession d*idées 
et de tableaux. Oi*, M. Bròndsted a constate que les sujets des 
métopesdu coté Occidental (la face postérieure du tempie), 
se rapportaient tous à la vicloire de Marathon. Maintenant, je 
le demando aux lecteurs les plus prévenus, est-il possible que 
Phidias ait pensé à reproduire une phase aussi recente de This- 
toire d'Atkènes sur un des cótés de son monument, si le reste 
des métopes ne présentait pas un sens bislorique dans son en- 
semble? Parti de ce point, j'observe que la fin de Thistoire se 
trouye développée au-dessusdu portique de TOpistbodome, d'où 
je conclus que le commencement devait se trouver précisément 
à l'angle S.-O,, auquel répond le premier dessin de Carrey, et la 
première métopeexpliquéeparM. Bròndsted. Nousconnaissons 
déjà les sujets représentés sur la face sud ; ceux du coté 
orientai, suivant le témoignage du savant danois, représen- 



aga ' II. LITTÉRATURE. 

taient des actions de Minerve , d'Hercule et de Thésée. Quant 
a la face du nord , indépendamiiient de plusieurs groupes reta- 
tìfs au mythe des Lapithes , à celui des Amazones et à plusieurs 
autres sujets qu'il ne peut expliquer, M. Brondsted y re- 
connaìt des actions de Persée , de Bellérophon et de l'Athène 
chalinitis. 

£n suivant donc la marche que j'ai indiquée plus haut, nous 
trouverons d'abord une ìmage frappante de la barbarie primi- 
tive dans les combats des Centaures et des Lapithes, pour 
la possession des femmes : c'est Tétat antérieur à la société 
constituée par les mariages; puis vient le développement de la 
première civilisation de la Grece , à la possession de laquelle 
les peuples de TAttique avaient, comme on sait, une préten- 
tiòn esclusive . Cette sèrie commence clairement par Cérès , 
apprenant à Triptolème à semer le grain , et se termine d'une 
facon naturelle par le eulte de TArtémis de Brauron , TI- 
lithyie, proteclrice des mariages. Quelles que soient les autres 
idées qu'on attaché aux mythes de Pandore , d'Erichthonius , 
d'Eumolpe et des filles de Cécrops , on ne peut nier qu'ils ne 
se trouvent compris dans ce premier àge de la société athé« 
nienne : les Centaures enlevant des femmes, et les combats 
furieux qui sont la suite de ces rapts , se retrouvent ensuite : 
nouvelle image de l'existence d'une civilisation autochthone 
en Attique , antérieure à toutes les civilisations de la Grece. 
Les travaux d'Hercule et ceux de Thésée prennent ensuite 
place dans une progression à la fois philosophique et histo- 
rique; ce sont les héros qui délìvrent la Grece entière cles 
hrigands ennemis du développement social, Les documents 
nous manquent pour appliquer notre idée aux sujets de la 
face septentrionale ^ seulement il est probable que les faits 
étaient présentés d'une manière de plus en plus historique, et 
qu'un lien progressif unissait les exploits de Thésée à ceux de 
M iltiade. La présence de Persée , regardé par les mythogra- 
phes comme l'aieul d'Hercule , pourrait fournir une objection 
sérieuse , si l'on ne remarquait que l'histoire primitive avait 
ici la forme qui ne la quitte jamais chez les Grecs, celle du 
symbole ; et d'ailleurs, les réalistes les plus exigeants ne con- 



VOTAGES ET RECHEKCHES DANS LA GRECE. 29^ 

Tiendront-ils pas que, panni les milliers d'antinomies qu'ils 
se chargent de concilier, il n'en est pas de plus embarrassantes 
que celles. qui résultent de la parente d'Hercule et de Persée ? 

Si Fon m'oppose THercule de Tyrinthe , je répondrai aussi 
sérìeusement qu'il me seriai possible avec VHercule de Canope , 
de Tyr ou de l'Ida. 

On objectera peut-etre , et ceci est J3lus grave , que la sèrie 
des figures représentant les panathénées ne commence pas à 
l'angle S.-O. , mais a l'angle S.-E. •, d'où il suit qu'il y aurait 
peu de Traisemblance à supposer un autr,e point de départ aux 
compositions représentées sur les métopes. L'observation est 
spécieuse , mais ne saurait ètre absolue. Il y avait un motif 
excellent pour commeneer la frise de la cella à l'angle S.-E. : 
c'était afin que les divinités vers lesquelles la procession se diri* 
geait se trouvassént représentées précisément au-dessus de la 
porte d'entrée du tempie. Mais des raisons non moins fortes 
avaient sans doute déterminé la place des métopes où figuraient 
Hercule etThésée, lesdeuxhérosfaTorisdeMinerve, au-dessous 
de la naissaucede cette déesse, et la défaite des Perses à Ma- 
rathon , au-«dessous de la victoire de Minerve sur Neptune.. 
Il serait encore possible, à la rigueur, de diviser la sèrie 
des métopes en deux parties égales; la première, tonte 
mytbologique, comprendrait les faces du-nord et de l'orient :. 
la présence des hérps solaires, Hercule , Thésée , Persée et 
Bellérophon , en rapport avec leur protectrice himineuse , y 
ferait reconnaitre des reproductions variées du triomphe a la 
fois cosmique et moral de la lumière ; l'autre partie , composée- 
des faces du midi et du couchant, appartiendrait, au contraire, 
entièrement à l'histoire ; à ce compte , les Centaures seraient 
prisd'un coté dans le sens historique, et de l'autre dans le sens 
cosmique. Le parallélisme complet que nóus avons observè entre 
les deux extrémités de la face sud , nous laisserait aussi parfaite- 
ment libre de commeneer par l'angle S.-E. ^ mais il serait par 
trop ètrange que le eulte de l'Artémis de Brauron , qui nous 
mentre la saintetè du mariage passée des lois dans les moeurs , 
ouvrit la civilisation primitive de l'Attique, et que la semence 
du gr^in ne se trouvàt qu'à l'autre bout ^ les guerres d*Eumolpu&. 



294 !*• L1TTÉRA.TURE. 

et d'Érechthée ne peuvent non plus precèder l'établissement 
de la religion d'Eleusis : tous ces motifs m'obligent à persister 
dans ma première opinion, plus complète, plus analogique, 
et, jusqu'à nouvel ordre, moins exposée à de capitales ob- 
jections. 

Je dois demander pardon à M. Bròndsted, si, désireux de 
jouir plus tot du résultat que ses travaux nous promettent , j'ai 
quelquefois force des conséquences , qu'il a prob^blemenl tirées 
d'une manière plus juste et mieux étudiée; je lui rends gràce 
en méme temps de Tinstruction solide que j'ai puisée dans son 
ouvrage, et que ne manqueront pas d'y trouver aussi des lecteurs 
beaucoup plus en fonds de bonne. science que je n'étais moi« 
méme avant de commencer cette lecture : je n'en éprouverai 
que moins d'embarras à lui soumettre quelques uns des doutes 
qu ont élevés cà et là dans mon esprit les obse'rvations de détail 
que M. Bròndsted a semées jusqu'à la profusion dans son 
livre. 

Je m'étonne d'abord qu'après avoir allégué tant d'arguments 
nouveaux à Tappui du système du colorage polychróme , le sa- 
vant auteur s'arréte comme effrayé du résultat d« ses propres 
;travaux. Quant à moi , la conviction que j'ai puisée dans l'ou- 
vrage de M. Bròndsted me conduit plus loin qu elle ne parait 
l'avoir mene lui-méme , et j'avoue que je trouverais de la har- 
diesse à affirmer aujourd'hui , comme il le fait ^ que le goùt de 
la sculpture monochrome , tei que l'entend l'Europe moderne , 
est irréprochable en lui^méme^ que cette sculpture existaìt 
certainement aussi chez les Grecs y dans les temps de la per- 
fection de leur art, et que ce nest que lorsquelafoì des Grecs 
Jht dégénéréey et hrsqu eux-mémes ils trauaillaient pour de 
Vafgent dans les contrées étrangères ^ en parile bien moins 
riches de téintes , que les couleurs traditionnelles desjtgures 
de leurs dii^inités furent ou maintenues ou négUgéeSy suivant 
qu^on le demandait (p. xvi). Il n'y a eu , cbez les Romains, 
d'autres motifs pour l'abandon des couleurs appliquées , que 
l'usage.des matlères colorées par elles*mémes \ mais on ne doit 
voir dans ce cbangement qu'une nouvelle application de la 
méme règie , et non une déviation au système re^u 5 à jtoutes ^ 



VOYAGES ET BECHERGHES . DAI7S LA GRECE. sgS 

les époques de raiitìquité , les mots de sculpture non colorée 
ou non terminée y Olii dù étre synonymes (p. 137). 

En rapportant l'orìgine des métopes de Tordre dorique à la 
cause que Vitruve a développée ^ M. Bròndstedse donne, selon 
nous, et aprèsbeaucoup de commentateurs , une peine inutile 
poùr corriger un passage qui , avee la lecon ordinaire , et eu 
égard à rincorrection habituelle de Tauteur' latin , me parait 
beaueoup plus elair que toutes les corrections proposées jqs- 
qu'à ce jour; voici le passage tout entier : Quce species (la 
saillie des entraits , tigna , posés transversalement sur l'ar- 
chilrave , trabes ) cimi invenusta iis visa essety tabeUas ita 
formataSy jati nuncjiunt triglyphi, contro tignorum prce^ 
cisiones in fronte fixerunt et eas cera casruleà depinxe'» 
runty uti prcecisiones tignorum tectce non offenderent visum,. 
Ita divisiones tignorum tectce trigljphonim dispositione i?r- 
TERTiGNiuM ET OPÀM HÀBEKE in doricis operìbus cceperunt. (i) 

Getté dernière phrase me parait pouvoir se traduce sans au- 
cune correction : Ainsi les divisions que formait V extrémité 
des entraits recouuerte par les trigljphes , donnèrent lieu à 
la disposition alternatile d'opés et d'entre-soUi^es qui.carac- 
térise Vordre dorique. ludi lesoti que propose M. Bròndsted 
intertignium {;metopam) habere me parait beaueoup moins 
claire , et méme moins conforme au stjle de f^itruue , que le 
teste des manuscrits. 

l'appellerai à ce propos i'attention de M. Bròndsted sur une 
difficulté beaueoup plus grave , et devant laquelle tous les.com- 
mentateurs ont échoué jusqu'à ce jour. Il est étrange en effet , 
et M- Quatremère de Quincy en a fait avant moi l'observa- 
tion (a) , que ce soit précisément, l'endroit que remplit.le bout 
de l'entrait , qui s'appelle i^ri chez les Grecs , ou ca^umcolum- 
barium cber les Latins (3) , tandis qu'on donne le nom de 
métope à l'espace intermédiaire , celui qui , dans l'origine , et 
comme l'a très judicieusement observé M. Bròndsted , présen- 
tait une véritable ouverture («Vi)^ c'est là une difficulté 

(1) L. III,c. a.S-a. 

(1) Dict. d'Archit. , art. dorique. 

(3) L. IH, e. a, $4. 



2g6 II. LITTÉRATURE. 

philologìque qui subsìste tout entìère , et dont , quant à moi , 
je ne tire d'autre profit que de mieux comprendre pourquoi 
des auteurs anciens , que Vitruye combat, avaient cru^qùeles 
triglyphes remplacaient les fenétres ou ouvertures qui se trou- 
Taient à l'origine dans la frise dprique. (4) 

La'diseussìon à laquelle j'ai fait allusion plus haut, a conduit 
M. Bròndsted (p. i36) à examiner un autre passage nonmoins 
obseur et non moins controverse de Vitruve : c'est celui où , 
tracant les règles de Tordre toscan , après avoir décrit dans 
quelle forme et de quelle manière doit étre disposée rarchi- 
trave, il ajoute : suprà trabes (le poitrail ou rarchitrave), et 
suprà parìetes ( quand le tempie n'a point de portiques late- 
raux ) trajecturcB mutulorum parte quarta akitudinis colum" 
nce projiciantur (5). M. Bròndsted , et avant lui Philander et 
M« Klenze ont entendu par projecturce mutulorum le bout des 
entraits posés sur l'entablement inférieur, c'est-à-dire sur l'ar- 
chitrave. Cette notion est pourtant tout-à-fait contraire a ce 
que Vitruve a dit plus haut sur l'origine des mutules. È con- 
theriorum ( les arbalétriers ou forces ) projeùturis mutulorum 
sub coronis ratio est invfenta. Ita jerè in operibus lapideis et 
mannoreis mutuU inclinati scalpturis deformantur, guodimi- 
tatio est cantheriorum : etenim necessario propter stUlicidia 
proclinati collocantur. (6) 

Il suit de là que p&r projecturce mutulorum , il faut entendre 
unesailUe inclinée, comme celle des mutules dans l'ordre do- 
rique , et que l'extrémité des entraits (tigna) ne peut, en au- 
cun cas, se confondre avec cjelle des arbalétriers {cantheri) , 
laquelle est toujours inclinée. Il est vrai queM. Bròndsted , qui 
parie de solives ( ou entraits ) dans le texte , se sert du mot de 
chei^ron, dans la note an-dessous , lequel ne répond pas à con- 
theri mais à asser; mais ce n'est pas là une manière de ré- 
soudre la question. L'exemple queM. Bròndsted tire, à l'appui 
de son opinion , de l'église Saint-Paul à Covent-Garden , par 
Inigo Jones, ne me parait pas non plus applicable. Cet archi- 
ci ibU. 

(5)iL.IV,c.7,8.5. 
(6)L.IV, c.x,§.a. 



^ VOYAGES ET RECHERCHES DAN5 LA GRECE. 297 

tecte a suppose une projectìon réciproque et des forces et des 
entraits , ou plutót il a rapporté , dans toute la frise du monu- 
ment, des espèces de boulins qui rejoignent les mutules par le 
bout et leur servent d'étai. (7) En recommandant de mettre 
au pronaos et au posticum les projecturw mutuhrum en pièces 
de rapport [antepagmenta) (8), Vitruve a implicitement or- 
donné de prendre les mutules des ailes sur une des parties 
obligées de la construction , c'esl-à-dire sur le bout des arba- 
létriers. Le procède dlnigo Jones consiste, au contraire ^ a 
répartir les pièces de rapport ( antepagmenta ) sur toutes les 
pàrties de l'édifice, et à leur donner encore dans Tentablement 
une place dont Vitruve ne parie pas. 

M. Brondsted ( p. i44) regarde la frise sculptée de la cella 
du Parlhénon comme une dévìation très considérable aux rè- 
gles de l'ancien 4orisme. S*il faUait appliquer, en general, 
dit le savant auteur , quelque grande décoration à la moulure 
supérieure de la cella (il yalait mieux dire bandeau)^ il semole 
que le style doìique du tempie exigeak plutei une suite de tri- 
gljphes et de métopes quune pareille large bande de sculp^ 
ture] faisant sans interruption le tour de V édifice. On ne peut 
pourtant pas confondre la frise extérieure du ptéroma , où les 
triglyphes figurent Textrémité des solives, partie obligée de 
la construction, avec la frise de la cella, où Tordonnance al- 
ternative des triglyphes et des paétopes serait nécessairement 
postiche. Il me paraìt au moins que la disposition adoptée par 
Ictinus a Tavantage de ne pasfaire naitre l'idée d'une partie de 
construction qui n'existe pas. 

Plus loin ( p. i58) le savant danois, après avoir rappelé la 
règie donnée par Vitruve , que la neuvième partii de la lar^ 
geur de Pentablement qui s'étend sous le fronton doitformer 
sa plus grande hauteur, calculée par une ligne perpendicu- 
laire abaissée de la poirite supérieure à la naissance du/ron-* 

(7) Gette obsenration n'est pas basée sur rcStqde de la charpente da monu- 
mcnt, mais sealement sur Tapparence exU^rieure, les pièces projetiSes en 
dehors df la frise étant trop minces poar qu'on les preune pour l'extr^mit^ 
des entraits. 

(8) L. IV, e. 7, 5,5. 



298 II. LITTÉRATURJE. 

ton (9) , regarde comme une déviation a Tancien système do- 
rique, le fronton du Parthénon^ qui donne une hauteur de douze 
pieds sur une largeur de près de 100 pieds. D'abord, à la ma- 
nière dont on doit entendre les mesures données par Vitruve , 
la difference n'est pas ici assez grande pour constater une dé- 
viation : puis on aurait probablement tort de chercher dans 
Vitruve des traces de Tancien dorisme antérieur au Partbénon , 
cet auteur n'ayant parie de Fordre dorique que d'après un 
système évidemment beaucoup plus moderne que les temples 
d'Alhènes. A propos de la forme admirable des frontons grecs, 
M. Bròndsted blàme rinclinaison plus grande que les Ro- 
mains ont donnée à cette partie de Tarebitecture , etlape- 
santeur des acrotères dont ils surchargeaient leurs édifices. 
Cette proposition , vraie en principe , a pourtant besoin d etrc 
modifiée, eu égard au caractère différent de.cbaque ordre. Il 
est tout simple qu'avec une ordonnance élancée comme celle 
que determino la colonne corinthienne, Tarchitecte fasse de- 
crire au fronton un angle plus aigu, et substitue aux acrotères 
en largeur que reclame Tordre. dorique, des piédestaux en 
hauteur, comme ceuxdes temples romains. A mesure aussi que 
les climats deviennent moins secs , Tinclinaison des toits doit 
étre plus sensible : e' est là une règie que M. Bròndsted ne peut 
contester, et qui, dans la comparaison du climat d*Athènes 
avec celui de Rome , trouve naturellement son applica- 
tion, (io) 

C'est avec raison, je crois, que M. Bròndsted ( p. 161 ) a 
soutenu, contre l'opinion de Tyrrhwitt, Uhden, Coray et 
Jacobs , la lecon vulgaire de Strabon , dans le passage suivant 
de la description de TOrtygie éphésienne ; 1» ^ei ir tw ifz^Utf 

(9) L. Ili, e. 5, §. 12, ed. Schneid. 

(10) C'est aussi ie motif qui a porte Vitruve a indiquer la mesure de Tia- 
clinaison du toit des temples toscans ( L. IV, e. 7, §. 5) : Columen , cantherii, 
tempia ita sunt coUocanda , ut stillìcidtum tedi absoluti tertiario respondeat. 
Par tertiario , je crois qu'on doit entendre le tiers de la largeur de 1 edi- 
fice, ce qui (en suivant la règie d^jà tracce pour la proportion du fronton 
dorique ) donne un fronton aussi aigu que celui de presque tous les temples 
romains. 



VOYAGES ET RECHERCHES DANS LA. GRECE. iZQQ 

{fdtó7f) àix*ti <"•' {•«>'«> <" ^ ^•'*^ tfWi^tf» encùXt» i^y» (^i)« Notre 
savant auteur a fort bien fait sentir, selon nous, Topposition qui 
exìste entre Texpression d'«^;(^«7« et celle de tntoXtti^ appliquées à 
des statues de différentes époques.Par la première, lesauteurs 
anciens désìgnent des figures roides {o^éti), et par conséquent 
presque toujours isolées {ìtfxZ). Strabon les oppose aux produc- 
tions de l'art , après son émancipation du style hiératiqué , et 
i'on ne peut nier que le mot 0%dAi« n'exprime admìrablement l'ef- 
fet d'une statue inclinée , onduleuse et remuée , en opposition 
avee une figure de Tancien style. Mais il ne s'ensuit pas néces- 
sairement de là que le méme contraste existe éntre (tkom» et «è^rA», 
qu'eatre à^z^^tt ou ò^U et v-MxUy et que cette dernièrè éxpression 
désigiìepositivement des groupes en opposition avec des figures 
isolées. On ne peut dire que le style roide donne toujours des 
figures isolées ( témoin les groupes égyptiens ) : tout le mónde 
comprendra , au contraire , que le gladiateur Borghese , par 
exemple, soit regardé comme TxoXiisy comparativement aux 
figures des acrolères du tempie d'Égine. Il y a ici évidemment 
abus d'une idée, qui, contenue dans les bornes convenables^ 
doit paraitre ingénieuse et feconde. 

Je n'insisterai pas sur un certain nombre de passages ,. qui 
ne peuvent ctre considérés que comme des distractions.' Ainsi 
(p. i68) , M. Bròndsted regarde comme tout-à-fait particulier 
le style dans lequel est traitée la frise de la cella du Parthé- 
non. Il est pourtant certain que la plupart des stèles funéraires 
d'Athènes, de Salamine et de Marathon, reproduisent en 
petit ce système de relief très bas qui caractérise la frise du 
Parthénon (p. 196). M. Bròndsted fait tehir à un centaure 
une arme quelconque; d'après les habitudes de Vespèce, ce 
ne peut étre qu'une pierre ou un bàton (p. 2o5). L'auteur 
parie de la couleur de bronze d'une épée et du bord d'un bou- 
clier*, cela ferait supposer que les anciens donnaieut le veri 
antique à leurs bronzes, comme font les modernes : il est clair 
que la pbrase a besoin d'explrcation. Je ne crois pas non plus 
que ce soit une épaisse fumee (p. 220) qui ait pu sortir de la 

(u) Strabon, L. XIV, p.64o. 



300 II. LITTÉRATURE. 

boite de Pandore ; Tidée d'exprimer la fumèe en sculpture me 
parait tout-à-fait étrangère à l'art grec. Ailleurs (p. aag) , le 
saTant danois traduit fAiym^ir»^ par incfytd forma (p. aSS). 
Il parie de la ressemblance de la couleur de safran ayec la 
peau de Fours ; ce qui me semble difficile a comprendre , à 
moins qu'on ne rappelle Vif»T^s de la mosalque de Palestrine, 
ou l'ours vraiment jaune , que M. CbampoUion a fait cópier 
dans un hypogée de Tbèbes; et, à parler francbement, on ne 
peut sortir ainsi des espèces conuues dans la nature virante , 
sans en prevenir au moins le lecteur. Mais on comprend que 
ces tacbes , et quelques autres que je pourrais ajouter, ne sont 
que de véritables lapsus calami, d'autant plus saillants, que 
Touvrage a été traité dans toutes ses parties , et surtout dans 
le texte relatif au Partbénon , avec un soin plus religieux. 

J'aurais des objections plus sérieuses a adresser à M. Bròod- 
sted , non sur l'usage qu'il a fait des mytbes de la religion 
attique , mais sur la manière dont il a e^pliqué ces mytbes 
dans leur sens intime et dans lèur rapport avec le eulte de 
l'Atbéné-Partbénos. Mais cette discussion m'entraineraìt trop 
loin celte fois, et je m'apercois que cet article est déjà beau- 
coup trop long , non pour Timportance de l'ouvrage , mais 
pouE le caractère du recueil. 

Les mémes considérations m'obligent à abandonner tout-à* 
fàit Texamen des suppléments; je me contenterai de signaler 
à l'attention des lecteurs une excellente dissertation sur une 
médaiHe de Salamine , portant au revers les armes d'Ajax. 

Uexécution maiérielle de cette seconde livraison surpasse 
celle de la première ; on y remarque surtout un pian du Par- 
tbénon 9 communiqué par M. Cockerell -, un fragment de 
Tentàblement de ce tempie , restitué par le méme arcbitecte, 
avec les ornements pcints qui en complétaient la décoration, 
et une plancbe admirablement litbograpbiée par Dupré, re* 
présenlànt les deux tétes du Musee de Copenbague. 

Ch. Lestormàut. 



ANCIF.NT COINS OF GREEK CITIES AND KINGS^ 3oi 



3. NUMISMATIQUE. 

ANCIENT COINS OF GREEK GIXIES AND KINGS; . 
9Y J. MiLLiNGBN 98Q. {Porìs, i83t, chcz Fimùn DidoL) 
Premier arifcle, 

TROpde réputation envìronne les travaux archéologiques de 
M. Millingen , pouf que nous ayons besoin de rappeler ìci les 
précieuses dissertations dont il a depuis long-*temps enrìchi 
l'étude de Tantiquilé. Une marche mesurée et consciencieuse , 
d'ingénieuses décoavertes, et un yrai sentiment de Tart uni a 
rhistoire , telles sont les qualités importantes qui donnent aux 
ouvrages de M. Millingen un intérét particulièr. Si cet anti-*- 
quaire distingue n'avait pas craint quelquefois de développer 
entièrement les idées nouvelles qui abondent dans ses écrìts , 
s'il avait achevé plussouvent ce qu'il nous laisse à deviner, ées 
recherches éclairées sur les médailles, les vases et la sculpture 
des anciens, auraicnt forme sans doute un ensemble plus com* 
iplet et plus conforme aux besoius d'une science dont les bornes 
sont reculées chaque jour. 

La nouyelle ceuvre numismatique que nous annoncons 
aujourd'hui , fera comprendre facilement combien ces regrets 
sont fondés. Sous le simple titre de Ancient coins of Greek 
cities and kings , sont offertes aux savants des médailles 
grecques autonomes ou royales , la plupart inédites ou uniques , 
dont la rareté est souvent surpassée par Tintérét du type et la 
beante du travati . L'auteur, en suivant Tordre géographique , 
expose d'abord quelques monnaies de l'Italie et de la Grande 
Grece, choisies principalement à cause de leur nouveauté^ 
puis y passant à celles de la ^cilè et de la Grece , en la prenant 
du nord àu midi, et jusqu'à FÀsie mineure, il nous rérèlè 
l'existence de monuments ìnconnus , enfouis dans les cabinets 
de l'Angleterre, dont un petit nombre seulement sont acces* 
siblès à la curiosité des savants* 



3o!2 II. LITTÉRATURE. 

Nous allons e^ayer de raccompagner dans la serie de ses 
découvertes, et les lecteurs jageront assurément qae les plus 
graves critiques portent moins sur les observations de Tauteur 
que sur celles qu'il n'a pas trouvé nécessaire d'ajouter. 

Dans le pays des Yolsques , une médaille unique , attribuée 
jadis à Cora, restituée à Sora, est l'objet d'une judicieuse 
inyestigation. Nous ne pouvons pourtant pas admettre complé- 
tement l'idée que le cavalier du revers soit un héros indigène. 
Les types de la Campanie , auxquels cette médaille se con- 
forme pour la téte d'ApoUon et le travail , sont aussi la plu- 
part équestres au revers^ Bénévent, ville du Samnium, a 
suivi la méme loi -, Cales av«c son char , Teanum orné d'un 
trige , Suessa au revers du cavalier Célète , Calatia , Nucéria , 
et jusqu'à Néapolis, ont adopté absolument ou en partie les 
chevaux qui se retfouvent encore sur les campaniennes , avec 
la legende ROMANO. Il en est de ce symbole comme de celui 
du taureau à face humaine qui se rattache d'un coté à des 
fleuves et desrivières, mais certainement, d'une autre part , 
à l'expression generale d'une idée physique consacrée par le 
eulte dans une contrée tout entière. Par le méme principe , les 
vastes plaines de l'Apnlie furent le motif manifeste des che- 
vaux gravés sur les monnaies de Canusium , de Salapia , 
d'Arpi ; et si ces animaux , fréquemment retracés par les villes 
du littoral italiote , sont une image naturelle du pays et de ses 
productions, comme le boeuf à face humaine est le symbole 
des fleuves, il est néanmoins possible que, par un doublé 
usage, les cheVaux représentent fréquemment le eulte de 
Neptune auquel ils étaient consacrés , comme le taureau mys- 
tique est la personnification masculine de la, terre et de sa 
culture, (i) 

M. Millingen suppose que le cavalier en course et frappant 
de la lance est le fondateur de Sora. Cette opinion ne parait 
pas vraisemblable , surtout en considérant l'esprit des ancieus , 
qui donnaient aux fondateurs de villes, des poses graves 
et religieuses -, attitude dont ils n'ont pas méme dispense le 

(i) Une pàté grav^e antique de la CoUection de M. Panofka, représente 
plusieurs bocufs attelés, et panni eux le taureau à face humaine. 



ANCIENT COfNS OF GREEK CITIES AND KINGS. 3o3 

fougueux Hercule , sur les médailles où il est accompagné du 
titre OIKISTAS. 

. La legende SORANO provoque celte observation de Tau- 
teur : « La terminaison en O , commune a tant de coins latins , 
« est la forme ancienne du nominatif en OM usité par beau- 
« coup de cités, comme Privernum, Beneventum, etc. Par 
« une suppression semblable.de la lettre finale, nous trouvons 
k 'iwwira et Tufi au lieu de 'linrlrits et T<«p«ff , selon lef dialecte 
« éolìen , qui a la plus grande ressemblance avec le latin. )> Ce 
passage rétracte l'idée première de M. Millingen , lequel disait 
autrefois que la terminaison en O était celle du datif. J'ignore 
jusqu'à quel point la correction est heureuse *, on ne peut con- 
tester que les Latins n'aient ajouté des consonnes euphoniques, 
telles que le D et TM; ils ont quelquefois méme, dans leurs 
passifs anciens, allongé les mots d'une syllabe entière. Ainsi, 
la colonne de Duilius offre les mots maiid, estod, dictatored; 
chez les poètes imitateurs d'Ennius et de Pacuvius , nous lìsons 
cunctariery mutariery dipingier. Mais c'est seulement une 
euphonie , comme les Grecs Tavàient eux-mémes. Sur les mé- 
dailles de Tarente , TAPA ne semble pas éolique, maissimple- 
ment une mutilation , pour couvrir moins de champ avec la 
legende. Sur les médailles on Ut encore NEono, mt, meta, 

A0E, pour N«o?r«AiT4»», 2»C«piTflH' , MtrawotTitm ' ABtifttiMf , et ce- 

pendant le champ de cbaque médaille est bien a<?sez vaste pour 
contenir le nom complet de la ville ou de son peuple. Je re- 
prendrai cotte question à propos de Tarente 5 j'ajoute seule- 
ment un n^ot sur les légendes en O. Ne seraient-elles pas 
véritablement au datif? Et comme le génitif pluriel grec sou^- 
entend vifuofta et ^óXirMty le datif latin ne peut-il pas supposer 
un sens tei que celui-ci : Cusum populo GALENO , SVELSANO, 
SORANO? 

Plusieurs médailles de Mèles , du Samnium , de Calatia , de 
Cumes, sont accompagnées d'observations pleines d'une cri- 
tique approfondìe; on ne peut qu'approuver les atlributions 
des monnaies d'Alliba et de Phistelia. Sur la dernière, M. Mil- 
lingen se trompe en voyant une téte jeune surmontée d'un 
bonnet pointu \ la téte , d'un mauvais style , est simplement 
in. 20 



3o4 'I- littiSràtgre. 

converte d'une chevelure frisée et aplatie^ la saillie do crane 

ne provieni que de Tinhabileté du graveur. 

Line petite diviston de drachuie présente une nouveauté 
remarquable pour la monnaìe néapoiitaine ; elle est ainsi 
décrile : 

« NEonoAiTQN. Téte Jeune, virile, probablement celle 
« d'ApoUon. 

a i(. ìHEon. Hercule étouffant lelion de Némée , àTexergue 
« NT. » 

Ce n'est pas une téCe virile que Ton voit ici , mais bien la 
téte de femme si commune sur les didrachmes de !Néapolis. La 
gravure, quoique très infidèle, peut le faire reconnaìtre. Il 
n'est pas douteux qu'une monnaie si pareille aux petites de 
Tarente , et le rare didrachme au rcvers du cavalier^ n aient 
élé frappés , comme le dit Tauteur , a Toccasion d'une aUiance 
politique de ces deux nations. Denys d'Halicamasse latteste 
formellement lorsqu'il nous apprend que les Tarentins avaient , 
depuis plusieurs siècles, droit d'hospitalité chez les Néa poli- 
tains 9 quand leurs ambassadeurs décidèrent la résistance de 
Néapolis contre les Romains , dans la troisième année de la 
ii3'' olympiade (2). C'est dono vers cette epoque que fut 
frappé le didrachme equestre et sa petite division , l'asservis- 
sement de Néapolis ayant promplement succède à ses différends 
avec Rome. 

Nucéria, Coelia, Rubi, fournissent matière aux disserta- 
tions suivantes^ peul-étreM. Millingen croit-il trop facilement 
que la téte de Minerve au revers d'Hercule étouffant le lion , 
est un type purement tarentin. La Minerve n'aurait-elle pas 
été plutót adoptée par Tarente? Elle ne parai t que tard dans 
la numismatique de cette ville, et peu avant la fondatioo 
d'Héraclée. J'incline plutót à supposer que l'antique Minerve 
de Brindes a recu le eulte monétaire de l'Apulie , de la Peu- 
cetie et de la Calabre ^ sa téte et la chouette ne paraissent sur 
les statères de Tarente qu'au temps de la décadence , et sous 
rinfluence des Lucaniens. 

On regrette de voir, dans un ouvrage aussiérudit, conserver 
{iy Virg. AEneid. , ii^ III , t. 53 i. 



AWCIENT COIirS OF GREEK CiTlfeS AND KIJVGS. 3o5 

le nom d'Arion a la figure virile montant un dauphin , sur le$ 
tnédailles de Brundusium^ rinstrument musical lì'y est pas 
son unique attribuì ; et puisque Ton admet que les Brundusiens 
ont imilé Tarente, pourquoi, comme Butuntum, ne lui 
auraient-ils pas emprunté son héros indigène? 

Un magnifique statère d'or est ainsi décrit : 

« TAPA. Téte de Vénus élégamment coifFée; devant, un 
« dauphin ; dessous , KQK. 

« i(. AiozKOFor. Les Dioscures a cheval tenant des branches 
« depalmes et des guirland^s. A Texergue : 2 a. » 

L'explication de la téte de femme , considérée comme celle 
de Vénus, n'offre, par rapport au eulte tarentin, rien d'abso- 
lument invraisemblable , puisque cette divinité était adorée à 
Lacedèmone, métropole deTarentè. Mais lorsque nousréflé- 
cbissons que les téteà des didrachmes de Métaponte, d'un style 
et d'un ajustement presque pareil, et sans couronne d'épis, 
portent le nom de AAMAeHP, il est plus naturel de conserver 
l'opinion adoptée par le savant Eckhell. Cérès n'est point 
étrangère aux Tarentins^ les belles plaines qui s'ètendent vers 
Gallipoli et Massafra étaient alors sous leur domination. D'ail- 
léurs , nous retrouvons le dauphin , avec ApoUon et Minerve , 
sur d'aulres monnaies de Tarente et de Velia. J'ai déjà parie 
plus haut de l'abréviation tapa pour T^ p«yr^4»M des noms mu- 
tilés sont fréquemment écrits sur les statères de Tarente ; on 
lit 30P, NtKAF, KQN. Je ne puispartager non plus la pensée 
que les Salentins aient introduit leurs initiales sur la monnaie 
d'une nation aussi orgueilleuse que celle des Tareniins, qui 
n'associait à ses monnaies connues jusqu'ici, que la seule 
Héraclée , sa colonie. 

Différentes remarques sur les monnaies tarentines d'Alexan- 
dre d'Épire et des Pitanates Peripoloi, seront ttssez appréciées 
pour nous dispenser de les commenterà j'arréterai seulement 
Tattention des savants sur l'interprélation d'une monnaie 
d'Héraclée avec un triton arme pour revers. M. Millingen y 
reconnait Glaucus. Cette attributiòn neuve et bien établie, 
est encore confirmée, je pense, par les divinités marines si 
communes sur l'argent de la Grand&Orèce et de la Sicile. Les 



3o6 n. LITTÉBATOBE. 

numismates ont toajours obserré combien ces figares d'houunes 
ou de femmes terminées en poisson , se reproduisent somrent 
sur le littoral italiqae , tandis qae la Grece proprement dite 
en fournit pea d'exemples. Une quaotité de monuments fa- 
iièbres de l'Etrarie en sont ornés; à Cumes, une Scylla'et un 
triton sont un revers assez ordinaire; Alliba, TÌlle voisine , 
s'est serrie du méme symbole. Rien n'est moins surprenant , 
puisque la sibylle Deipbobe , qui résidait à Cumes , était fille 
de Glaucus (3) , et que la fable de Circe et les amours de 
Glaucus avec Scylla était un mytbe locai de ces parages. A 
Syracuse , le Toisinage du détroit explique encore la présence 
de Scylla saistssant des dauphins, à l'exergue du tétradracbme 
grave par Euthymus et Eumènes (4)- A Thurium, la Scylla 
sur le casc[ue de Minerve joue le méme rólc que le spbinx sous 
le cimier de la Pallas du Parthénon ^ l'idée de destruction et de 
mauvais principe parait liéc d'une manière tout-4-fait sem- 
blable à ces deux monstresantbropophages. K'oublions pas non 
plus le golfe Scyllétique, qui baignait la méme cote, et dont 
le nom de fàcheux augure a la méme racine que celai de 
Scylla^ enfin, Héraclée réunitles mémes symboles, et This- 
toire de la colonie dlapyx, rapportée par Tauteur, achève de 
compléter ce système italiole. 

Ensuite vieni -une médaille unique de Métaponte , avec 
l'Achéloùs debout et la legende axeaoio AeAON. Elle est 
suivie d'une curieuse notice sur le fleuve rivai d'Hercule, et 
sur les motifs qui firent accueillir son eulte à Métaponte; il est 
à regretter que nous soyons privés du morceau dont celui-ci 
est extrsut, et qui est inséré au premier volume des TransctC" 
tions ofthe Rojal Society ofUlerature. 

Une médaille nouvelle des Bruttiens mérite d'étre citée, 
quoique près de six épreuves en soient déjà connues. Sa res- 
semblance avec le denier romain la rapproche de celle de 
Paestum publiée anlérieurement. (5) 

(3) Virg. AEncid., lib. VI, v. 35. 

(4) Un trarail de M. R. Rochette, non public encore, traite et met àu jour 
cette question des noms de grayeurs. 

(5) Millìngcn, Rccueil de quelques Médailles grecques. Rorncy i8xa- 



ANCIENT COINS OF GREEK CITIES AND KINGS. So^ 

Crotone , avec la téle et le nom de TiEsarus , un coin nou- 
veau de Locres, un de Mesma, et spécialement un dìdrachme 
très ancien de Térina, avec la Vicloire sans ailes et son épi- 
graphe nika, sont des types toujours rares et curieux. Nous 
remarquerons à propos de la dernière médaille, combien on 
reste encore incertain sur la téte gravée d'un coté, Est-ce en- 
core la Victoire ou pltitót la nymphe''A79 ? Serait-ce Une Vénus 
avec répithète ri^uf»? Une note sur les caractères qui orneht 
qùelquefois la ba^e servant de siége à la figure ailée , restitue 
d'une manière certaine un passage oii Lycophron appelle Arès 
la fontaine de Térina. 

Veseris , ville de Campanie , donne lieu à une autre restìtu- 
tion , dont voici le texte : 

« Téte de Junon , de face , avec une couronne élevée. 

« i^. PHENSERNV, en caractères osques rétrogrades. Bellé- 
« rophon à cbeval combattant la Chimère. 

« Une médaille semblable , mais sans legende , a été pu- 
<c bliée parEckhell, qui l'atlribuait à Crotone. L'inscription 
« qui est heureusement ajoutée sur celle-ci, montre une ori- 
« gine bien differente, et la rapporte à la Campanie, où le 
« dialecte osque était en usage. 

« Farmi les villes de cette province dénombrées par les 
« géographes aiiciens , celle a laquelle la médaille peut étre 
« attribuée avec le plus de probabilité est Veseris, située au 
« pied du mont Vésuve , et dont Tite Live fait mention. 

« Le nom osque de la legende ressemble beaucoup au latin. 
(( Le o a été souvent changé en B ou V, et TN devant une S 
« étant ordinairement supprimé par euphonie, le changement 
<( ordinaire de terminaison ferait traduire Phènsemum par 
« Veseris en dialecle latin òu grec, 

(( La téte de femme est celle de Junon argienne, qui avait 
({ un tempie célèbre bàti par Jason près du Silarus , et honoré 
« par toutes les provinces voisines , comme nous le prouvent 
« les monnaies d'Hyria, ville de Campanie, peut -étre la 
« méme que Surrentum. 

« L'image de Bellérophon indique Tétablissement d'une 
« colonie corinthienne à Veseris, etc. » 



3o8 IL UTTÉRATOaE. 

L'attribution noiiTelle de la médaiUe oMpe est très bea- 
reiise. Tite Liire , qui donne les meiUems rensognenciis sor 
Veseris , rapporbe que la bataille où Décios se dévooa po«T le 
salat de l'amiée romaine fut livrèe aux Latìns presqqe au 
pied du VésuTe, sor le chemin qui condiiìsaìt à Vesms. « Ai- 
« gnatum est haudprocul reuUdbus Fesupii momù, qma via 
« ad Feserium ferebat (6). » Ainsi Pheosemiim ou Vesem 
était peu éloì^ée du Vésave , el le chanq» de bataille se tn»- 
Tait entre la montagne et la TÌlle osqne. Aujonrdliiii nese 
le Tillage de Pemosano, coaserrant le nom osque presqne 
dans son intégriié , est aa bas da mont Domco, à rextrémité 
d*une plaine assez vaste qui s'étend josqa'à Oumano , au pied 
da VésuTe. Une demière obseriration confirme la décooTerte 
de M. MiUingen : la Chimère est, corame les anciens l'attes- 
tent, la représentation symbolique d'un Tolcan ; les monts . 
chimériens Tomissaient des flammes (7), et , avant l'émptìon 
sous Titos, le VésuTC passait déjà poiir un Tolcan éteint (8). 
Ce n'est donc pas à une colonie corinthienne qu'il &at attrì- 
buer le beau revers osque de Phensemum, mais à rexjNressiou 
d'un phénomène auquel les Grecs et les Ilaliens atiacbaient 
une idée religieuse. 

SicUe, 

A la téte des monnaies aciliennes est un bronze unique dont 
Toici la descriptioo origioale : 

a TTNAAPIAOS. Téle lauree d'ApoUon. (Sur la jdancbe, 
« on volt une téte de femme à cheveux flottants.) 

<c fi. AFAeTPMOS. Guerrier debout, complétement arme. 

a Ce monument, unique jusqu'ici , fdt destine à rappeler 
« une alliance ou quelques relations amicales («/mmm) entre 
<c Agatbymus et Tyndaris, deux viUes sur la. cote septen- 
<c trionale de la Sicile. 

« Gomme dans quelques exemples d'un temps reculé (mé- 

(6) Tite Lire , lib. Vni , e 8. 

(:) Plio. H. N., lib. II , e. 106. Serv. ad AEoeid. , lib. VI , v. 37. Strab., 
lib. XIV. p. «65. 
(8) Strab. , lib. V, p. 247. 



ANCIJlìiNT COIN^ OF GREEK ClTIES AND KINGS. SoQ 

f( dailles de Sim et Baxentum , d'Héraclée et de Gephalce- 
« dium) 9 le nom d'une des villes est ftu nominatif , ^Ay«é0pf«r, 
« et celui de Tautre aa génitif , Tvf^ttptfig, 

« La première de ces villes, appelée da nam de son fonda- 
(( teur Agathyrnus, un des fils d'^EoIe,^ étaìt située entfe 
« Aloesa et Tyndari», près da promontoìre aujourd*bui capo 
« d'Orlando..,.. 

a Tyndaris , ville beaucoup plus célèbre , fut bàlie à trente 
« milles à Toccident d'Agatbyrnus 

« L'absence des symboles dislÌQCtifs d'une des partiea con- 
4c tractantes empéeke, eomme dans beaueoup de cas sem*> 
«, blables , de décider par quelle cité la médaille fui frappée. 

K La legende, qui est eUiptique et ambigue ^ ne peut le ver 
« cette difficulté. Deux manières de Texpliquer se présenteut i 
fc Esk suf^osant que le terme ordinaire £fi6ti*9 soit sottSr^a- 
4i tendu 9 nnscripikm doit élre tue AFAerp^os «éy/ Mi r« 
«[ ^9/(» TTNAAFiAoz, pour sìgnifier que la médaille fut frap* 
« pée par les babitaots d'Agatbyrnus. Si^ au contradre, fifarfi*. 
fc Qu quelqme terme pareil était sous-et>tendu , la médaille- 
« appartiendrait alors à Tyndaris ^ et la figure du revers serait 
a noe representatioB hcMifOrifique du peuple d'Agathymus. 
« Cette (^nioiì paurrait étre la plus vraisemblable.. » 

J'ai rapporté le texte presque tout entìer^ pàrce que , ne^ 
partageant pas les sentiments de l'auteur, je dois mettre les* 
savants à porlée de juger si ma critique est erronee. 

Dìodore nous apprend que quatre fils d*iEole régnèrent sur 
diverses portions de la Sicile. Pher^emon et Androclès eurent 
le pays qui s'étend depuis le détroit de Messana jusqu'à Lily- 
bée ', Xutbus occupa la contrée des Léontins^ Agathyrnus gou- 
verna le territoire qui s'appela depuis ^gathymiey et fonda 
la ville à laquelle il donna son nom (9). La numismatique 
vient encore ici au secours de l'bisloire. Nous trouvons des 
' médailles de la colonie tauroménitaine de Peloria , ainsi de- 
crites : 

(9) Diod. Sica. , lib. V, e. 8. 



3 IO * li. littìratuhe. 

I. nEAfìPiAS. Téte de femme couronnée de roseaax a 
gauche^ dessous, un dauphin. 

i(. «EFAIM12N. Guerrier nu , casqué, arme d'une lance et 
d'un bouclier, combattali t à droìte; dans le cbamp, Z.»... 
A, Dra^jhme. F*, 

a. nBAQFiAS. Téte d^ femme couronnée de roseaux à 
gauche ^ dessous, un dauphin. 

i(. . OEPAIMON . . H. Guerrier arme d'une lance et d'un bou- 
clier, combattant M. 

Eckbetl n'a pas hésité à reconnaitre dans le guerrier, Phe- 
rgemon, le fils d'^Eole, le méme qui, avec son frère Andro- 
clès, avait régné sur ces rivages (ii). La téte de femme, sem- 
blable à celle d'Aréthuse, est probablement la divinité des 
lacs Pélorìens, dont Solin parie avec admiration (12), et le 
nom de Peloria, bien antérieur en Sicile à la tradition du 
pilote d'Annibal, était visiblement applique à la digue gigan- 
tesque élevée en promontoire par Orion. (i3) 

Il est impossible de ne pas sentir l'analogie du nouveau type 
de Tyndaris avec ces monnaies de Peloria. Dans les deux 
monnaies, le nom des villes est au géhitif singulier, n£AQ^ 
PiAS, tynAnapiaos; au revers; les deux fils d'iole, avec 
leur nom ati nominatìf : OEPAIM12N, ArA0TPNOS. Ce ne sont 
pas les deux seuis personnages qui aient obtenu en Sicile des 
hónneurs particuliers , et le qulte monétaire \ Leucaspis , Pe- 
diacrates , Bupbonas , Gaugates , Cygaeus et Crytidas , tués par 
Hercule, étaient également vénérés (i4)- Le premier est re- 
présenté sur un dracbme de Syracuse , dans l'attitude d'un 
combattant, et avec son épigràphe, AETKASni^:. Il est peut- 
étre utile de noler ici que, parmi les béros siciliens dont la 
numìsmatique nous a transmis les images, ceux de qui lés 
noms impliquent un rapport avec la terre et sa culture sont 
complétement omis, tandis que les guerriers à noms mili-^ 

(li^ DoctrÌD. num. -vet» , t. x. 

(13) Soiio. e. xr. 

(i3) Hesiod. ap. Dìod. Sic , lib. IV, e. 85. 
(;4) Diod. Sicul. , lib. IV, e. a3. 



AIfGl£J!«T COiJSS OF GRE£K CITIES ANO KIICGS. 3ll 

taires, Àgathyrnus, Leucàspis et Pberaemon, ont été gravés 
sur les médaìUes. 

J'ajouterai que l'explication de M. Millìngen contrarie les 
documents antiques sans pouvoir les infirmer. Le nom d'Àga- 
thyrna varia beaucoup sans doute : nous lisons Agathyrna , 
Agath3frsa, Agathyrnum, Agathyrium, et ménofe Agatinnum , 
mais jamais Agatbyrnus. AFAerPNOS n'est pas davantage le 
nom du peuple agatbyrnien, qui serait alors ^fff AFAerp- 
NAios, comme le dit positivement l'abréviateur d'Etienne de 
Byzance. (i5) 

La numismatique et la pbilologie exigent dono qùe la nou- 
velle concorde soit supprimée, Texemple de Peloria conser- 
Tant à Tyndaris seule Tattribution d'une monnaie représen- 
tant un héros du nord de la Sicile. 

En essayant de réfuter l'attribution de la mònnàie tyhdari- 
taine, je ne prétends pas attaquer une autre concorde entre 
Cepbalcediuin et une Héraclée désignée justement comme 
FHeraclea Minoa , entre Agrigente et Eryx. La supposition 
gratuite d'une tìUc de ce nom dans les iles Éoliennes (i6) 
séduisante d'abord , à cause du voisinage de Cefalu, doit néan- 
moins céder à plusieurs considérations que nous allons deve- 
lopper. La médaille est : 

KEa>AAOiAio. Téte d'Hercule à droite , couverte de la peau 
delion. 

i(. HPAKAEI12TAK. BcBuf comupète à droite. A. Dracb- 
me. F*. 

Sur le coté qui porte le nom de Geplialcedium^ la téte d'Her- 
cule n'est pas une noùveauté *, plusieurs coins de Cephaloedium 
la reproduisent. Le revers des Héracléotes est le seul qui, avec 
un type inédit , réunisse la difficulté d^cxpliquer comment un 
bceuf cornupète remplace les attributs d'Hercule , plus néces- 
saires, à ce qu'il semble, sur une monnaie héracléote que sur 

(i5) Cluvcr. Sic. adtiq. , lib. I , p. Q94. 

(16) Les géographes pàrient bien d'une ile Héracléote entre Lipaii et Stron- 
golì , mais ils ne mentionnent pas de ville éolienne àc ce nom. Le type du 
taureau serait aussì inezplicable'pour des iles aussì petites ({ue Basiluzto ou 
Panaria. 



3 12 II. Lim^RtiTURE. 

tonte aulre. L'hisiotre intervieiit ici , à son tour, pour rendre 
compie d'une bizarrerie apparente de la numismatkpie. 

Dtodore et Pausanìas raconteot qn'Hercule, faisant le tour 
de la Sicile , cótoya le nord de l'ile , en condnisant avec lui 
les taureaux de Géryon. Arrivé sur le territoire où régnatt 
Eryx , il fat défié par le prince sieìlien au célèbre combat du 
ceste, demeuré si fameux dans la mythologie. Chacan des 
adTersaires déposa d'avance le prix de la vietoire : Eryx donna 
pour gage les élats soamis à ses lois ] Hercule ses taureaax , et 
l'espérance de Timmortalité. Eryx succomba; son domaine, 
reste dans la possession du vainqueur, fut laissé par Hercule 
ftux habitanls du pays poar le cultiver, jusqu'à ce que ses des- 
eendants vinssent réclamer son héritage. 

Long-temps après, Dorieus le Spartiate vint, avcc une 
colonie, s'établir dans ces memes régions, et en reprendre 
possession au nom d'Hereule son aleuh II y occupa une riUe 
antnefois appelée Meteora, puis Minoa, et lui donna le nom 
àHéraclée. (17) 

A Faide de cette traditkm , on explique d'une manière fort 
simple la médaille ci-<lessu5; le boeuf cornupète se rapporte 
indubitaUement aux, troupeaux de Géryon proposés comme 
prix du combat , en échange du royaune d'Eryx *, la legende 
en dialecte dorien atteste la présence de la colonie spartiate. 

La seconde année de la 11 8® olympiade , Xénodocus , stra- 
tège d^Agrigente , appela les SieilteAS a la liberté , et s'efforca 
de leur fairesecouerle jougdespotique d'Agathocles. Au nom- 
bre des cités insurgées étaìent Héraciée et Cepbaloedium ; mais 
Agatbocles abordant à Sélinonte, fit rentrer Héradée dans 
Tesdavage y prit Cejdialoedium , et y laissa L^tines pour com- 
primer leur rébellion. (18) 

Le styte de notre médaille coincide parfaitenent aree ce 
récit et avec l'epoque d' Agatbocles. La eourte exislehce de la 
ligue pour l'affranchissement de la Sicile , est aussi confirmée 
par le petit nombre de concorde» frappées à cette oceasion. 

(15) Diod. SicaL, lib. Vf] e. a3. Pauaan. Lacon.» e. afi. 
(18) Diod. Siciil. , lil^. XX , e. 56. 



AJSCIEWT COlJfS OF GREEK CITIES.AND KlfIGS. 3l3 

Par une heureuse rectification , Tauteur a réparé Tinexacti- 
tude qu'il avait commise autrefois en lisant sur une division 
de drachme de Gelas, etboia, et au revers, rEAnifìNj celle 
concorde a dtsparu. La legende restituée esl etnomia, 
rEAfimN, comme nous lisons sur d'aulres aulonomes, 

EIPHNH, AOKPON. (19) 

Selon nous , la téle de femme n'esl pas celle de Cérès , donit 
elle ne porte aucun attribuì 5 c'est plutól TEunomia elle-méme 
désignée par Tinscription , comme nous voyons la G>ncorde 
sur beaucoup de médailles, et sor celle de Loeres la Paìx, 
EIPHNH. Un bas-relief de Tirea montre égalemenl etohnia y 
FAboadauce , personnifiée par une femme. (ao) 

Sans arréter le lecteur à des médailles déjà connues , telles 
que le médaillan samien de Messana, cu a des varìantes peu 
imporlaDtes de legende, cornoxe celle des MamerUns, je eite- 
rai > parmi les autonomes les plus rares de la Sicile, tes mé- 
dailles de Nacona , el surtoul celle* de Naxos , avec le nom 
rroKAHS. M. Millingen prouve inconleslableroent que ce 
Prodès n'esl pàs le tyran qui livra Naxos à Denys l'ancien. 
M. R. Rochelle mcoilrera bie&lól par un beau Iravail , que ce 
nom doit élre rangé avec ceux d'Eulbymus, d'Evaenetus, de 
ParmenoQ et de Cimon, parmi ceux des artisles assez célèbres 
pour avoir osé signor les monnaies qu'ils élaient cbargés de 
graver* 

Camme la numismalique de l'Italie et de la Sieile forme un ' 
ensemble separé , je rendrai compie, dans un arlicle subsé-- 
quenl, du reste de TouVrage, etani force, par Vimportance 
du sujel, de suivre presque pas à pas les savanles recherehes 

de Tauleur. 

Le duc de Luykes. 

(ig) M. Millingen dit l^i-méme que, d'après Pindare et Hésiode, la poix 
EIPHNH , et la déesse des bonnes lois ETNOMIA , sonjt soeurs de la Justice 
AIKH, et filles de Th^is. 

(20) Awml» ddir Institnto diCorrì^. arch. 1839, p. i3», Tav, ^agg.Q^ i. 



3l4 l'I- RECHERCHES ET OBSERVATIONS. 



IH. RECHERCHES ET OBSERVATIONS. 
I. TOPOGRAPHIE. 

SOPRA IL TEMPIO DI MUTERYA ED IL PANELLENICM llf EGINA. 

AvEHDO nel terzo supplimento della mia opera sol tempio 
d'Apollo a Bassae , dimostrato l' errore intorno il Panelle- 
nium, il quale si era conservato fin da' tempi di Spofan e 
Chandler, mi figurai, che gli avanzi antichissimi scoperti al 
monte Panellenio fossero stimati bastevoli da ciascheduno , 
per riconoscere il vero Panellenium , opinai che , tanto per 
gli avanzi trovati corrispondenti colla posizione dell'antica 
città d' Oca, quanto per le sculture eginetiche, il tempio di 
Minerva , menzionato da EIrodoto , fosse stato da me determi- 
nato abbastanza onde non più confonderlo col Panellenium. 
In realtà , nessun dubbio contro que' miei schiarimenti è 
pervenuto a mia notizia , se non quello del cavaliere Scharn- 
horst (i) nelle sue osservazioni topografiche sopra l'isola 
d'Egina, dove egli toma a dare la preferenza all'anteriore 
denominazione. Quel dubbiò però , non trattato come punto 
di controversia, nell' impugnare le mie prove, ma soltanto. 
raccommandato all'ulteriore esame dei viaggiatori, sarebbe 
tiroppo leggiermente manifestato , per eccitare la mia replica , 
se la circostanza-, che sto pubblicando le mie vedute pitto- 
resche-topografiche della Grecia , non m' imponesse di con- 
traddire all'erronea denominazione del tempio, ponendo in 
miglior luce le ragioni già enunziate , per abbattere quél falso 
supposito. 

Per certo il dotto Chandler non sarebbe rimaso nel suo 
errore , qualora , stendendo il suo viaggio per l' isola intera , 
avesse veduto tutti i resti esbtenti, perciocché , siccome , se- 
guendo Erodoto , presumeva la situazione di Oea già nelle 

(i) Annali dell' Instituto del 1829, p. aoi, 55. . 



TExMPIO DI MINERVA ED IL PAWELL. IIV EGINA. 3 iS 

vicinanze del Castello veneziano d'Egina , cosi egli non poteva 
non conoscere il tempio di Minerva mentovato dallo stesso 
Erodoto nella medesima occasione , e , per conseguenzti , non 
poteva pure riconoscere in quelle rovine il Panellenium. Ma 
egli era preso dall' opinione , che il Castello d' Egina occu- 
passe determinatamente il sito di Oea, benché non vi si trovi 
verun indizio d' antichità -, ed a ciò credere lo indusse Y es- 
pressione di Erodoto : « Nel centro dell' isola » , espressione 
da non interpretarsi nel senso pretto delle parole , il che or 
ora dimostrerò. 

Chandler non aveva conoscenza degli avanzi di mura anti- 
che tra il Castello d' Egina ed il tempio , sulla cima del monte, 
né di quelli che si trovano nella vallata appresso il tempio me- 
desimo, e fanno testimonianza della città di Oea. Egli non 
considerava, che il monte Panellenio fosse il più alto del isola, 
soprastando , lontano di là , verso la punta meridionale della 
medesima. Non usavano i viaggiatori di visitare il monte Pa- 
nellenio , quindi rimasero ignoti i resti esistenti , sino acche io 
con due compagni visitai nell 1811 smche questa parte dell' 
isola e salii sopra quello. In un subito si manifestò il suddetto 
errore , in che caddero oltre lo Chandler anche il signor Dod- 
vi^ell ed il cavaliere Geli. In realtà non vi trovammo altro , se 
non appartenenze del santuario Panellenio ; qui , in fatto , 
trovammo rovine d'un tempio di cui Pausania poteva dire : 
.(c Si dice che Eaco lo fabbricasse. » All' incontro le rovine di 
tempio distanti di qua e nella parte opposta dell' isola , non si 
accordano colle notizie degli autori antichi intorno il Panel- 
lenium : furono già date in luce le statue del frontone del 
tempio d' Egina ^ resti di recinti murati . avanzi di altre fab- 
briche in vicinanza di capelle cristiane , rovine di sepolcri e 
d'una torre somministravano numerosi indizj tutti d'una 
città, appoggiati dalla. forma stessa dell' altura, dove sta il 
tempio. Or come Pausania avrebbe espressamente menzio- 
nato , che , fuor del Panellenium , nuli' altro fabbricato vi 
avesse esistenza ? Chi é poi che crederebbe il tempio' delle 
statue Eginetiche un edifizio de' tempi di Eaco? Chi è che il 
crederebbe d' un epoca posteriore a Pausania ? E senza aver 



3l6 III. RECHF.RCHBS ET OBSERVATIONS. 

ricorso a tali supposizioni inamissibili , altro non resta che di 
accusar d' ignoranza e d' errore quel dotto periegete. Le mura 
poligone al monte Panellenio peraltro sono atte a scioglere 
tutto r imbarazzo. Sopra quegli avanzi antichissimi fu edifi- 
cata la chiesa ffagios Nicolaos (7) , la chiesa monastica la più 
antica di Egina, distrutta egualmente già molto tempo fò. 
I monaci fondarono posteriormente il convento Panagia Pha- 
neromein , e la loro chiesa la più antica fa testimonianza , che 
questo luogo era occupato sino da' primi tempi dei Cristiani 
dal sommo sacrario dell' isola. 

Passiamo ora a dare compendiosamente un' occhiata ai 
miei ragionamenti nel soprammenzionato supplimento dell' 
opera intorno il tempio d'Apollo. Esso si appc^gia sopra la 
tesi irrefragabile, che il Panellenium era situato sul monte 
Panellenio, e che, fuor di quel santuario attribuito ad Eaco, 
non si trovava sul monte altro edifizio di questa sorta; mentre 
che il Panellenium di Spohn e di Chandler è distante due 
leghe aln^eno di là, e situato sopra una vetta meno elevata, 
dopo trascorso buon numero di valli ed altri monti. 

Più è da notarsi, che presso il preteso Panellenium si tro- 
vano i chiari segni d'una antica città. Qual altro luogo può 
esser stato mai questo , se non Oea , che sappiamo fosse l' unica 
città nell' interno dell' isola ? Egina , altra città di quell' isola 
istessà , fu marittima , ed una terza non esiste giammai : con 
che si accorda per V appunto il testimonio di Erodoto , cioè 
che nella città d'Oea era un tempio di Minerva. Ecco per 
tanto il medesimo tempio caratterizzato quanto mai si possa 
desiderare come tempio di Minerva , portando la statua di 
questa divinità in ambedue le fronti.' Combina pure lo stile, 
tanto dell' edifizio medesimo quanto delle sculture ritrovatevi; 
perciocché corrisponde perfettamente coli' epoca che Erodoto 
addita, cioè della rinnuovata restaurazione del tempio; e per 
tal modo il detto edifizio si attacca ad un avvenimento storico, 
in ricordanza del quale Minerva , la dea della navigazione , fu 

(3) Questa chiesa è nella carta geografica annessa dal cay. Scbamhorst, 
erroneamente chiamata S. Michele , laddoye nel testo lo stesso nome è gius- 
Ument« emendato in S. Nicola. 



TEMPIO DI MINERVA ED IL PANELL. IH EGINA. 817 

precìpuamente celebrata appresso gli Egineti durante il colmo 
delle loro potenza e ricchezza. Mentre che cotesle circostanze 
mettono in chiaro l'esistenza ed il sito del tempio di Minerva, 
quella antichissima rovina sul manifesto monte Panellenio non 
può esser altro che il Panellenium, v 

Questa esposizione compendiosa della mia scoperta del vero 
sito del Panellenium e del tempio di Minerva , fa vedere che 
le prove fondamentali ( questo è il termine di quelle notizie 
topografiche, pag. 211), per appoggiarla, furono assai più 
evidenti, di quel che offre una scarsa indicazione delle statue 
del tempio di Minerva , e del culto di Giove , celebrato alle 
cime dei monti ^ e mi dispenso di ripetere tutti i particolari del 
mio ragionamento, il quale è già pubblicato a piacere di chi 
amasse informarsene. Soltanto voglio fermarmi ad una consi*- 
derazione del cav. Scharnborst, k sola che ha qualche 
apparenza di fondamento , cioè La questione : perchè il solo 
Erodoto, e non Pausania , abbia fatto meiuioue del tempio di 
Minerva di Oca ? { non osta Strabone , citato in quel articolo , 
perch' egli non intese mai di farsi rapportatore di tempj ). 

Pausania ih vero non poteva descrivere quel che non avea 
veduto. Ho dimostrato al luogo citato, che dando preferenza 
alla strada più comoda per andare al mante Panellenio , cioè 
a quella della spiaggia del mare, egli non toccò nel suo viaggio 
la città d'Oea, il che apparisce dal suo descrivere il tempio di 
Aphea ossia Dictynna. Quindi egli non ha enumerato che i 
tempj appresso il porto grande della città d'Egina , e la ragione 
perchè non si diresse verso Oca non rimane ignota per chi 
considera tutte le circostanze concludenti. I primi Cristiani 
conservarono ad uso del loro culto tutti i tempj che trovarono. 
Il tempio della Minerva di Oea , siccome quello di Apollo a 
Bassae, non è stato consecrato da loro. l'erchè? senza dubbio 
avrebbero subito questi tempj il medesimo cambiamento come 
tutti gli altri, se in realtà fossero stati tempj ancora; ma 
abbandonati già nel tempo di Pausania, egli non trovò ragione 
di visitarli ; d' altra parte se gli avesse veduti , lion poteva 
osservar silenzio intorno edifizj , l' importanza dei quali pos- 
siamo estimar noi , poiché i Cristiani non gli hanno toccati \ 



3l8 III. RECHKRCHES ET OBSERVATIONS. 

dal che ci risulta il bene di veder conservate le sculture 
d'Egina e di Figalia. 

Sarebbe dunque mestieri di raccomandare ad un esame 
ulteriore di altri viaggiatori una verità già evidente per se , e 
dimostrata, tempo fa, sino alla massima chiarezza? Quanti 
viaggiatori già furono che hanno mancato di vedere il monte , 
impediti da roCcie ; di veder il tempio , impediti da rovine 5 
di vedere la selva , impediti da alberi ? Frattanto si può, senza 
aver V incommodo del viaggio , immaginare la situazione si del 
monte Panellenio come del tempio d'Oea per Tajuto delle 
vedute d'Egina, e di qualunque mappa geografica , alla quale 
può servire di acconcio supplimento il disegno dello stesso 
Cav. Scharnhorst, compiegato all'articolo più volte menzio- 
nato, servendo esso medesimo per rendere più evidente la 
gran distanza del monte dall' opinato Panellenium ; bisogna 
sapere peraltro che il monte, ancora oggidì significato per la 
parola ellenica Oros (siccome pure Atìios)^ è, nel disegno del 
Cav. Scharnhorst, soltanto indicato per la capella diSt. Elia, 
ed il Panellenium coli' erronea denominazione di convento di 
S. Michele. Un altro difetto è pure la mancanza d'indicazione 
delle, capelle e dei resti antichi di Oea appresso il creduto 
Panellenium, ossia tempio di Minerva , e questo per la ragione 
che il Cav. Stìharnhorst non gli ha veduti. 

Per servire alla conoscenza della situazione del tempio di 
Minerva ed alla distinzione di quello dal Panellenium, ho 
digià addotto , che il monte Panellenio come il più alto dell' 
isola, fu, conformemente all'uso antico, consacrato a Giove. 
Chi pertanto volesse pretendere , che il Panellenium avesse 
dovuto occupare propriamente l'estrema cima di questo monte, 
non farebbe alcun caso de' manifesti avanzi, che abbiamo 
sotto gli occhj, i quali peraltro si spiegano perfettamente 
per la formazione conica della cima , non offrendo spazio bas- 
tante all' estensione d'un tempio; siccome pure ho rappor- 
Uto. nel supplimento dell'opera citata. Quella capella pic- 
ciolissjima 'Agios Elias riempie totalmente quel breve spazio. 
Peraltro vi sono sopra la rupe vincavi di scarpello che testifi- 
cano l'essere stati qui fondati i piedi d'upa statua. Al miopa- 



TEMPrO DI MINKRVA E PANELL. IN EGIJXX. SlQ 

rere vi furono la statua di Giove e quel altare menzionato da 
Pindaro, sul quale Eaco ed i figli suoi imploravano da Giove 
la pioggia per gli inviati di tutti gli EUeni, e cbe fu posterior- 
mente consacrato al Giove Panellenio ; il quale altare è si- 
tuato al declivio sì , ma ben in alto e per nulla sotto il monte. 
Teofrasto e gli abitanti presenti attestano peraltro, che questa 
cima annunzia la pioggia, siccome lo fa l'alnre conico di 
cenere e terra di Giove al. monte Liceo in Arcadia, siccome 
quello sul Aenos in Cefalenia , e siccome quello del Giove La- 
ziale sul monte Albano presso di Roma. 

Bar. di Stàgkelberg. 

Queste osservazioni comunicateci in una lettera del signor 
barone di Stackeiberg al cav. Kestner de' 27 marzo i83o, e 
da questo estratte e tradotte per Tuopo presente, erano scritte 
prima che a quel nostro chiarissimo collaboratore il terzo fas- 
cicolo degli Annali del 1829, fosse giunto ed in questo gli fos- 
sero presentati non già dubbj da sciogliere, ma documenti 
da combattere, cioè l'iscrizione relativa a Giove Panellenio, 
la quale dal signor Lenormant (3) dicesi rinvenuta negli avanzi 
dello stesso tempio , sul quale si contrasta. Non pertanto questa 
nuova scoperta parve più interessante al nostro amico, < il 
quale in una posteriore sua lettera de' ^S aprile brevemente 
si esprime cosi : « Supposto che l'iscrizione data dal sigiior 
Lenormant sia superiore ad ogni dubbio della sua auten- 
ticità , e che non sia affatto sospetta d'essere di quei frìvoli 
scherzi coi quali taluni dimoranti nella Grecia più d'una volta 
si abusarono de' zelanti amatori dell' antico ; come mai essa 
potrà far testimonianza contra il tempio di Minerva , essendo 
tolta (secondò che dice lo stesso signor Lenormant) da un 
altro monumento per quindi far parte d' un capitello del tem- 
pio di Minerva ? Imperciocché esistente sul lato inferiore del 
capitello , ove non era visibile a nessuno spettatore, non aveva 
certamente il suo posto primitivo , e non può più indicarne 
quel sito hel quale facea onore al culto del Panellenio Giove. 

(3) Annali dell' Instituto , 1B39, p. 3^2. 

m. 21 



3aO III. REGH£RCH£S £T OBS£aVj|.TIONS. 

Proteslo adunque nuotameate eper l' ultima volta di non aver 
finora incontrato nessuna contraddizione sufficiente contro la 
mia dimostrazione dell' antico tempio di Minerva : e quesC 
asserzione mi basterà , giacché ai naturalisti lascio il godersi 
dell' eruzione volcanica che già sento aver distrutto il Panel- 
lenio senza aver punto danneggiato il tempio di Minerva. » 

O. G. 



2. SCULPTURE. 

a. LA NAISSANGE DE V^NUS. 
{Tavola d'aggiunta y i83o. L, i.) 

Oh voitdanslagalerie de Florence un groupe en bronze d'un 
style sevère et d'une composition remarquahleparsa simplicité. 
Plusieurs archéologues Tont expliqué bien diversement, et 
sans épuiser les conjectures; séduit par l'intére t du sujet, 
nous venoAs a notre tour le soumettre à un nouvel examen. 

Gori, qui, le premier, publìa ce monument (Mus. étrusq. 
./. 38) , y voyait Mercure. portoni Praserpine^ opinion sui vie 
par Winckelmann (Man, ined., n^ 39). M. Rochette remarque 
avec raisou que Mercure ne porte jamais d'ailes aux épaules , 
et qu'il se trouvait ici dépouillé des attributi qu'on lui connait, 
du pétase , du caducée , et de la chaussure» Il observe aussi 
que le nom de Proserpìne , attribué à la petite figure, n'est pas . 
mieux fonde , puisqu'il ne se rattache à aucun mythe connu , 
et qu'il ne s'appuie sur aucun témotgnage positif. 

M. Zannoni a reproduit ce groupe Galleria di FirenzeS. 4? 
1. 1, tav. ^4» P- ^7 ^ ^^9 ^° substituant Bacchus enfant à Pro* 
serpine . Ici encore j e suis parfaitement de l'avb de M. Rochette, 
qui penso qùe Bacchus enfant devrait étre nu ,. et que la figure 
portée par l'éphèbe ailé, n'est certainement pas un en&nt n^le. 

Tout récemment, l'antiquaire fran^ais (i) a propose une 
liouvelle explicatton. Il volt dans l'adolescent du et ailé le 

(0 flccueil dt's Moniim. incdils, PI. XLII, pag. 238, a3o. 



a. LA NAISSANCE DE VEfiTUS. 3ai 

genie de la ncdssance , àttCfutf ytHà?n4s , genius natalìs , por^ 
tant entre ses bras un enfant nouveau né, et comme e/»- 
mailloté dans son étroke tunique» La couronne radiée qui 
ejitoure sa téle parait à ce savant étre la couronne mys* 
tique. Celle troisième interprétation fait nailre plusteurs 
objections. Un eufant porte par le genie de la naissance 
ne semble pas devoir étre vétu d'une longue tunique et d'un 
péplos , mais se présenter ou réellement emmailloté , comme 
on le voit sur les monuments relatifs à la naissance d'ApoUon 
et de Diane (2) , et à celle d'Hélène (3) , ainsi que sur un grand 
nombre de bas-reliefs, ou bien place dans une de ces cor* 
beilles nommées xizifogj semblables à celles que supporte un 
Satyre dans un monument très curieux du Yatican (4). Qnant à 
la figura qui doit représenter le genie de la naissance, obser- 
Yons que les ailes qui luì seraient ici particulières j ne se trou* 
vent nullement justifiées par le témoignage des anciens. He- 
syclìius rapporte qu'Eschyle avaii imaginé un genie nouveau , 
relatif à la féte des Amphidromies, et comme un genie de la 
naissance. M. Rochette a tu dans le mot Amfc^ra un étre ailé, 
et beaucoup d'antiquaires partagent son opinion*, mais^ selon 
ringénieuse explication de M. Welcker (5) , le Aat^ttf ytvi^xsot 
que Fon voyait dans la pièce d'Es<»hyle supfeìéeSéméle, ne pou- 
vait étre que le Satyre du bas-relief du Yatican , peut-étre aussi 
Silène avec le petit Bacchus dans ses bras; sujet familier^ 
comme on sait , aux arlistes anciens , et que nons connaissons 
par le groupe célèbre du Musée du Louvre (6). Où est d'aiU 
leurs la nécessité d'expliquer le mot Aaif^fi^ par un étre ailé, 
lorsque cette expression désigae simplement une divinile d'un 
ordre inférieur, qui seri de compagnon ou de ministre à un 
dieu du premier ordre ? Ainsi, I^iilostrate (7) nous apprend que 
Comos et Geìos Am'fMuf , génies très gais et amis du vin , se 

(!i) Annales de Tlnstitut de Corresp. voi. I, tay. d'agg. 1829, G. 

(3) Ibid., voi. II, tav. d*agg. i83o, G. 

(4) Winckelmann, Monum. ìne'dits, tav. 53. Millin, Gaìcric Mjtbol. 
LXVII, 23a, 

(5) Nachtrag zur ^AEscbyliscben Trilogie, S. 122. 

(6) BouiUoD, Musee royu) , Pì. LXVIII. 

(7) Iraag. 1 , 25, 



Sa'i III. RECHEBCHES ET OBSERVATIONS. 

trouvaient sur le Taisseau de Bacchus, lorsque les pirates tyr- 
rhéniens vinrent Tattaquer. Grace à un grand nombre de vases 
grammaliques, il ne peut s'élever de doute sur la manière 
dont le G>inos bachique fut autrefois représenté •, c'était tou- 
jours un Satyre ou un Silène jouant de la flùte , de la lyre, ou 
de la €Ìtliare (8). Jamais on ne lui voit des ailes attachées aux 
épaules. Pausanias (9) donne une autre preuve de la juslesse de 
notre assertion, lorsqu'en parlant du tempie de Bacchus, il 
cite un masque enchàssé dans la muraille, et ajoute que c'était 
celui òiAcratos y d'un des génies de Bacchus. Or, nous avons 
une idée très précise de la figure òiAcratos, homogène à Oinos 
et a Hedyoinos, emblème du vin pur; il se voit toujours 
sous les traitsd'un Satyre , ou Silène portant un céras , un can- 
thare , une outre , et quelquefois un cratère (io). Mais jusqu'à 
présent aucun monument ne Ta représenté ayec des ailes. Un 
passage de Lucien, allégué par M. Rochette, vient encore à 
l'appui de notre opinion; car, dans la description détaillée 
que Lucien a donnée d'un jeune homme qui porte un enfant 
noureau né', cet auteur grec n'aurait certainement pas omis 
de mentionner les ailes, si son adolescent en avait porte. Mais 
ce que M. Rochette ne parait pas avoir observé, c'est que 
l'adolescent cité par Lucien; porte l'enfant dans les enfers; 
fonctìon difficile a coùcilier ayec les attributions d'un genie 
de la naissance. (11) 

La conjecture de M. Rochette , outre qu'elle n'est pas jus- 
tifiée par le groupe méme , a sur les deux autres ce désayan- 
tage , qu'elle déplace la critique et la transporte du terrain de 
la mythologie sur celui de l'allégorie. Gomme les étres allégo- 
riques sont tous créés par l'imagination des poètes ou des ar- 
tistes , ils varient au gre de chacun d'eux , et suivant la me- 
sure de leur genie. G'est ce qui rend tonte cèrti tude impossible 
à cet égard. Combien d'éphèbes ailés, par exemple, dépourvus 

(8) Musée Blacas, p. 43. 

(9)L. I,<j. a. 

(io) Musde Blacas, p. 43. 

(li) Lacian. Philopseudes a5, p. 53. 'E^/o-T^Tdii fio» v«avìa€ 9rA>»«Ue( xii^xò» 



a. LA. kaissauge im yévvs. 3a3 

de tout auire attribuì, ne retroavons-nous pas sur les vases 
peints?Et, pour ne parler qae de ceux qui paraissent pour^ 
suivre des femmes, a corabieu d'explications ne sont-ils pas 
sujets? Sont-ce toujours des Amours ? Est-<;e Borée poursui* 
yant Orithyie; est-ce un de ses fils, ou (qui Taurait jamais de* 
yiné?), est-ce Oneiros "Ovufés^ qui póursuit une femme (la) ? 
c'est ce qui fait que, pour ma part, je préfere m'abstenir en- 
tièrement d'interprétations allégorlques^ et attendre plutot 
que des inscrìptions viennent éclaircir cette partie de Tantì- 
quité figurée, la plus arbitraire, et par cette raisoii la plus 
difficile de toutes. On ne s'étonnera donc pas qu^en pròposant 
une quattième explication du bronze de Florence, je Mentre 
dans le cercle des faits mythologìques : 

A la vue d*un éphèbe àilé, Vìdee d*un Amour se présente 
naturellement à l'esprit. Mais qiielle peut étre la petite femme 
qu'il poi*te dans ses bras? Pausanias (i3) nous donne une solu- 
tion irrécnsable de ce problème. 

Mfr«t ^1 r9P*£0Yi«y*£p4>f Ivrìf tic ^ti?ntoviif ^A^f^^irtit àn^vvuf vfr»^ 

Après Hestia est F Amour recevant Fenus sortie de la mer: 
Pitho la couronne. 

Le mot Ì9r4Ìtxifti9«e^ dont le sens n'a pas été saisi par quel- 
ques antiquaires, qui ont imaginé un Amour planant dans 
les airs , et recevant Yénus au moment où elle sort de la mer, 
exprime parfaitement l'action et Fàttitude du personnage ailé 
que nous cberchons à expliquer. 

Les yers aS et 26 de Moscbus, IdyUe II y Europe, 

•Arjr«ffiW vwUtKTù *tà ms a-ftriftiv ìì% wutik ! (l4) 

(13) Sur un oxybaphon de M. Middleton à Paris. 

(i3) Lib.y, cap. II. 

04) Mosch. Idyll. IV> T. 89, 90, une mère parUnt de son fils^ 

€f. Paus. Vili, 41 : »c o>ev e^Ti^ viri/JfATe'HfAioTOT. Philostr. Imagg. I, 
11 : K«ti vffjitf •«é^oTTi Jióxirof v^ix** (Eridanus), ^•yàf ^X^/** /ifA^lrov^ 
Paiw. Vili, aa : Tò jlAfo^f^ì «rii» it Ixeifoi »«) %ir" «t^r» t« «c?/f« w«-i/lf«To. 



324 li'* B£CH£IlCtfES ET OBSBRVATIONS. 

prouyent encore que le mot ùfp*^iz*fMty comme le suscipere 
des Romains , s'applique spécialement a raction dés parents 
qui recoivent leurs enfants dans leurs bras. Mais le témoi- 
gnage le moins équivoque ressort de deux passages de Philo- 
strate , Imagg. /, 6 : ol ftìt ("'Ep^rif ) ymf ^à t«» ftix^» ^-ntXcfrtf 
srtfd-tfv tc^x^mtr «J^ir i fHf i^tnn ^ikuwmt ri ^SXor, « ^f vwtiaiff «vro 

Imagg f II, z : Tìf' A^fù^trn^iic^fMt i»i^«AifrT«ffAfV«v«vp, c^iff«^ 

ìùvm ùTt iw' ùif0tvo9' rag i% ^ttftif iiFrlug ùiP4»tfu9nt /«ASoatp 4Tt t» 
S-m?MTT9iff' Tu ftu^Ufut ^1 «iirSif yctxifus irrn tù'uYfia, 

Dans le premier de ces passages, il est question d'un Amour 
qui re90Ìt la pomme, les mains ouvertes, mouvement que 
Tauteur grec designo par le mot vjr«^';t«^i. Dans le second , il 
s'agit des vierges qui chantent la naissance de Yénus, fille da 
Ciel et de la Mer. £n regardant en^haut, dit Philostrate^elles 
rappellent son origine celeste , et en abaissi^nt leurs mains 
ouvertes , elles indiquent que e est de la mer que Yénus est 
sortie. 

Si la yéiitable acception du mot 9vìijc*(Mti est démoniréc ^ il 
s'ensuit que Yénus ne pouvait étre représex^tée eomme une 
beante dont les formes seraient développées^ mais qu'elle de- 
vait figurer dans cette scène sous les triiits d'un enfant. C'est 
ce qu'indiquent précisément les mots sortie de la mer, c'est- 
à-dire soHie à peìne du sein matemel, locution que j'ex- 
plique par ces mpts , Vénus enfant, 'A^foìlrtji 9ru$fk (i5)y ex- 
pression que Pausanias ne pouvait, du reste , employer sans 
que la phrase ne devint équivoque. 

On observera peut-étre que la petite déesse parati avoir trois 
ou quatre ans , plutòt qu'elle ne ressemble a un enfant qui 
vient de naìtre *, mais il ne faùt pas oublier que, par une sin- 
^ularité des preraiers temps de l'art , les artistes anciens ont 
presque tous commis la méme fante dans l'exécution des su- 
jets ihéogoniques. Si l'on s'élonnait encore que Vénus sórte 

J[i5) Paiis. II, I, 7 : ^Af^ATo^tL ifix,ovo-cL*Apf>oìirtiv vciTìet. 



a. LA. KAissANGE DE viwos. 3a5 

toute vétue de la mer, je citerais en ma faveur Ino Leucothée 
entièrement vétue lorsqu'elle s'élève des flots de la mer, pour 
porter la oeinture à Ulysse (16),* la déesse Thalassa , Neptune, 
!Nérée et plusieurs autres divinités marines. D'ailleurs ^ lors- 
que Pausanias rapporte que Pitho ceint le front de Vénus d'une 
courohne, cet ornement ne suppose-t41 pas , ppur conipléter la 
toilette, des vétements plus ìndispensàbles ? Pitho, qui fait ici 
les fonctions de Mofiijrfttty aura touIu sans doute la présenter 
danscette attitude decente qui convient au sexe de l'enfant, et 
qui caractérise surtout la Yénus dont il s'agit*, car ce n'est 
point la déesse montée sur un bouc, ou celle qu'entourent les 
Amours Eros , Himeros et Pothos ^ mais c'est la Yétius qui sort 
de la mer pour étre portée dans l'Olympe, et y divenir plus 
tard Tépouse de Hélios« 

De méme l'Amour qui soulient la déesse est bien loin d'étre 
ce fils tant célèbre par les cbants d'Anacréon ; c'est TAmou» 
qui , d'après Hésiode (17)$ est un des étres pripiitìfs de la créa- 
tion , et dont la mère s'appelle //(^A;^ìa (i8).| Cette genea- 
logie nous explique l'attitude dans laquelle il re^it la jeune 
4éesse , et le rapproche da fils de Maja qui exerce les mémes 
fonctions. Cet Amour, on le concoit ^an.s peine, doit étre iun 
éphèbe; c'est méme celui dont Praxìtèle avait fait la sMtue à 
Tbespiesi et en rhonneur duquel on célébrait dans catte ville , 
ainsi qu'à Lebadée , des fét^ qui étaient en aussi grande répu* 
tation que les Panathénées de l'Attique. (19) 

Quant à la couronne que porte Yénu^, l'éplthèt^ de fu^i-* 
<^«v«^) Zf^^^h^^^^ (30), et d'autres noms analogues doimés à 
cette déesse par les poètes., justifient àssez la présenee de cet 
ornement. L'on se souviendra peut-étre aussi qu'aux noce», de 
Bacchus et d'Ariane, Yénus offrit a la fiancée une couronj^ 
d'or et de pierres précieuses. (21) 

Le tronc d'arbre figure derrière Eros peut très bien indi* 

(16) Masée Blacas , PI. XII. 

(17) Tbeog. T. 116. 

(18) Olen. apqdPaiia»lX,a7. 

(19) Greuzer Symbol. B. Ili, S. 54i. 

(20) Hom. Hymn. Vili in Yen. t. i. 

(21) Hygin. Astronom. Poet. Hb. II, e. 5. 



326 III. R£CHeRCHE8 ET OSSERVA TIONS. 

quer le rivage et la terre (22) par opposition a la mer que 
Vénus vient de quitter. 

Ainsi, soit qu'on considère chacune des figures et leurs dé- 
tails, soit qu'on examine leur composition et Tintention que 
Tartìste a voulu révéler par ce groupe, toujours sera-t-il dif- 
ficile de trouver une explication plus conforme au mooiument 
que celle de Yjémour receuant Fenus enfant. 

Th- PijroFEA... 



b. DE ZOPHORO PARTRENCHflS MAIfTISSA. 

Quanquam iutelligo , commentationi mese de Zophora 
sculpto in cella Parthenonis , Annalium V. I, p. 221, insertai, 
permulta addi posse, quippe qui eam profecto non ad rem 
conficìendam , sed ad inritanda et incitanda aliorum studia 
scripserim, non tamen non possum quin jam nunc adjicere 
properem, cum id ab ipsis bis Annalibus (eodemY^p. i56) 
nobis ministratum multum fiacere Tideatur ad unirersum ar- 
gumehtum hujus operis scuipti penitus introspiciendum. Nam 
si in ea disputatione, p. asS, in curribus illis Panathenaicis 
sinistra parte viros juvenes, chlamyde amictos, plérosque 
galeatos et scuto insignes, stare dixi, id brevitatis causa factum 
est , cum plerique ex iis curribus non insistant , sed vel insHire 
Tel desilire yideantur; sunt etiam inter eos qui currum suum 
cursu sequantur. Jam< ad hancrem explicandam tanquam 
vocata adest inseriptio Panatbenaica a Boeckhio edita et ita 
explicata ut non possìt melius. In hac enim inter victores 
curulium certaminum primo loco nnncupantur peregrinus 
quidem, qui dicitur inozàf iffiifi»Z^9 (hsec saltem leccio adhuc 
optima visa est), atque Atheniensis, qui dicitur Àfrofiirns. Hos 
duos viros eodem curru certasse, optime iniellectum est, et 
ita quidem , ut ille habenas regeret , hic ante perfectum cur- 
sum curru desiliens pedum velocitate cum ceteris certaret , 
atque certum spatium emensùs in currum reciperetur. Its^ 

(33) Paus. Uh. V» e. XI : Mitiìt tit 'E^tiai *£^«( iffiiv y etc 



b. 0E ZOPHORO PÀRTUENONIS MANTISSA. 827 

enim Boeckhiura rem recte explanasse mihi persuasi, ejusque 
rei novum documentum afferò faas ipsas Panathenaicorum 
solemnium imagines florentissimo Athenarum tempore deae 
ipsius aedi ìnsculptas*, quibus quanquam certamen ipsum non 
exhibetur, sed pompa ludorum eommissionem antecedens, jam 
tamen juvenes, qui nomina ad certamen professi sunt, qua 
arte sese victuros sperant, eam ostentare, alii curribus prae- 
Tefai , alii quadriga» citato cursu insequi , alii desilire , alii 
rursus insilire videntur. Cujus ludorum generis orìgo mani- 
festa , ut mihi videtur, deprefaenditur in re bellica sevi heroici , 
quo Tiri principes armis onusti cum aurigis modo curru in 
praelium et per aciem vectabantur, modo desilientes statariam 
pugnam edebant , modo, si res parceret, curru suo quam fieri 
poterai celerrime recepti auferebantur. Cui certaminis hujus 
origini convenit id , quod in ilio titulo Apobata civis est , sicut 
omnes , qui equo bellàtore vel curru bellico certant , auriga 
autem , ut inferiore constitutus gradu dignitatis , peregrinus 
homo ; conveniunt in prioiis arma , quibus Apobata , piane ut 
Catasterismorum libro , qui Eratostheni tribuebatur, describi- 
tur, in marmorU)us bisce conspicuus est. Quo scriptore si ab 
Erichthonio ipso, PanathensBorum conditore, hoc ludorum 
genus derivatur, etiam hoc non. sine causa et quodammodo 
recte factum est. Certe antiquissimum in ludis Panathenaicìs 
hoc certamen fuisse, tum locus in inscriptione declarat , quem 
primum inter victores curulès Apobata cum auriga suo occu- 
pant , tum quod in Zophoro Parthenonis omnes quadriga^ , 
nulla excepta , suum babent Apobatam s. desultorem , undè 
coUigitur id commissionis genus inter certamina curulia aut 
unicum fuisse eo tempore (quod non crediderim), aut prae 
caeteris avita laude floruisse , et fabularum splendore , qui in 
operibus artis primus spectatur, eximium fuisse. Etiam quae 
currus agendi artem invenisse et Erichthonium doeuisse dice^ 
batur, Minerva , ea statim in bello Pbtegraeo usa esse fertur, 
quo magis quadrigas, quibus in Panathenaeis cerlabant , anti- 
quitus ad bellum fuisse instructas credere licet. Quod tamen 
Athenienses non impediebat , quominus apobatico ccrtamini , 
quod ex heroici aBvi militia repetilum erat , adderent postea 



328 III. BECHERGHES ET OBSERVATIOVS. 

iffcttTFùXtf^tarifiùf (sicut inscriptionìs v. 58 docemur) , qao sin- 
gali homines utròque munere, aurìgae et militis, fungentes 
vebebaDtur, neque desilìendo certabatur. — Ceterum in ea 
adbuc persto sententia , quam de virginibus iis , quae hoc in 
certamine aurigaram mnnere fungi videntur, protuli , neque 
ab ea ine demoveri passus sum iìs , quie G>mes Claracensis , 
comiter ut solet, ei opposuit (Musée de Sculpture, t. Il, 
p. 218 ) , qui non deas certaminum (Hamillas quas dixi ) , aed 
Atticas virgines et filiasfamilias curribus illis vebi et frena 
regere eredidit. Nam feminas Athenienses in iudis Panathe- 
naicis partes sibi depoposcisse , nunquam mihi persuadere po- 
terò ; exempla a mulieribus Lacaenis et Macedonicis snmpta 
nibil ad vitam Atticarum TÌrginum faciunt, qu8B quam diversa 
fuerit , omnes scimus ; etiam titulus e Corp. Inscript. n. iSgt 
advocatus bue non referendus erat , cum ad ludos Boeoticos et 
Macedonum tempora pertineat, Neque negligendum est , quod 
saepe negligitur, discrimen inter -victoriam in Iudis Oljrmpicis 
aliisve curru reportatam , quae est res divitiarum et liberalità- 
tis , et inter currum propri^ manu per bippodromum actum , 
quod artis et roboris opus. Atque ut rem unotjirerbo conficìam 
( ut mihi quidem videtur), Parthenonis Zophorus non exhibet 
virgines paucas quasdam cum juvenibus diversis de curribus 
certantes, sed cuivis quadriga^ , quotquot nunc integris tabulis 
plenius conspiciuntur, praBter Apobatam, armis decorum virgo 
iiisistit , omnescpie in pompa Panathenaica equi jugales mani- 
bus reguntur femineis. Hoc est quod expUcatipnem sibi pos- 
cere videbatur. 

C. O. MuLLER. 



e. VJÉWUS COpDUITE DANS LOLYMPE; 

sufi UN PUTKAL TKOUVÉ A GORIMTHB. 

{Tav.d'agg, i83o.F.) 

M. Panofkà fait cede réflexion pleine de justesse, qu'il 
n'importo pas moins de fixer le sens des monuments déjà grar 
vés que d'en faire connaitre de nouveaux encore inédits. En 
partant de ce point de vue, il ne sera pas superflu de repren- 



e. VÉBTUS COITDUITE DANS l'oLTMPE. 3^9 

dre la discussion sur le célèbre putéal publié par M. Dodwell 
dans ses Bassirilieyi della Grecia et dans son Voyage en 
Grece (i), J^pus n'oBons pas rejeter l'opinion que le marbré 
ait jadis servi d'orifice à un puits dans quelque tempie -, 
d'après l'assurance da voyageur, il était encore employé 
comme revétement d'un poite, lorsqu'il le découvril. Ac- 
tuellenient il se trouve à Londres , où lord Guilford le pos- 
sedè. 

Quelque ingénieuse que soit l'obéervation d'après laquelle 
M. Panofka compare ce bas-relief avec le dessin d'un vase re- 
présentant une fiancée amenée à son promis , ce qui lui fait 
voir, sur le premier de ces monuments , les noces d'Her(5ule 
et d'Hébé^ ja préfère cependant , comme la seule juste , sui- 
vant moi , l'explication de notre ami commun , M. Gerhard , 
exprimée par le titre de cet article (a). Celle de M. Panofka 
est vraisemblable , k ne considérer que l'ensemble ; mais sitót 
qu'on entre dans le détail , elle offre maint sujet de doute , et 
laisse plusieurs figures inexpliquées ; Tattitudo de Pilho , qui 
ne peut concerner que la fiancée, est, à coté d'Hercule , in- 
convenabie , et il est extraordinaire de voir une fiancée gui- 
dèe par Junon et Vénus. 

Ce qui importe le plus , c'est de savoir ce que tieni à la 
main le personnage principal, que les deux déesses condui- 
sent. Ni le dessin de M. Dodwell , imprimé dans les deux ou- 
vrages d'après la méme plancfae , ni celui de M. de Stackelr 
berg , que Gerhard a donne dans ses Monuments , ne montrent 
cet attrìbut assez distinctement pour que , d'après Tobjet seu- 
Icment , on puisse reconnaitre une fleur -, mais il la faut pre- 
sumer, sans doute, d'après l'attitude. Or, p^r la fleur est 
désignée , sur plusieurs monuments , la Vénus du style hiéra- 

(0 T. n, p. aoo. 

(a) M. Millingen, dans les Vases de sir Gogbill, p. i6, croyait, comme 
l'éditeur, voir ici représent^e la réconciliation d'Apollon e.t d'Hercule , Th^- 
mis Oli la Pythie, Vénus et les Grdces. Le professéiir Miiller est de son avis 
dans les Wiener lahrbùcher, 1827, t. Il, p. a63. Zoéga, dans une description 
inedite, d'après le dessin de Dodwell, nommc les figures de l'ùn des còlds. 
Minerve, Hercale, Alcméne ou Janon; celles de Tali tre coté, Apollorf, 
Piane , Latone , Mercurc , Jes trois Gràccs. 



33o III. RECHERCH£S £T OBSERVATIONS. 

tique (3) *, et ce symbole, qui , près d'elle, ne désigne pas les 
fleurs du printemps (4) ? mais celles de la jeuuesse et de la 
beauté , est exprìmé aussi par le surnom de ""AyS-f/ie, qui lui 
appartient. (5) 

Pour pouvoir décider sur la société dont la déesse fait 
partìe, il est nécessaire d'avoir égard au lieu où se trouvait le 
monument , vu que ces associations de diyinités , hors celles 
qui sont purement poétiques , sont généralement différentes 
selon les lieux. On ne saurait dire • positivement quelles sont 
ces deux déesses qui se montrent les plus empressées auprès 
de leur nouvelle compagne , si ce sont Junon et Pitho , ou 
bien Junon et Charis^ ou encore Amphitrite et Pitho. Mer- 
cure est sui vi par Hestia , dont la présence est non seulement 
décidée par son voisin , mais de laquelle qn ne saurait se pas^ 
ser ici , où on représente la reception dans un domicile. 
ApoUon , marchant en avant avec sa sceur, touchant sa lyre , 
et introduisant ainsi Àphrodite , parait , en quelque facon , 
avoir pris dans l'Olympe la place d'Hélios, qui, de méme 
qu'Aphrodite , était la divinité principale de la ville de Co^ 
rìnthe, en sorte que, selon la legende, il en avait cède la 
possession à Àphrodite (au lieu de la lui disputer) , et qu'il 

(3) Dans le Museo Chiararo. , Tav. 36, et aa candelabro da Vatican , Mus. 
Pioclem. t. rV, Tay. Vlil, où Visconti préfére à tort Icnom AeSpes. Au 
Putóal Capitolin, Monum. inéd.Tay. 5, Mas. Capit. t. IV, Tab. XXII, et 
dans les Sculture del Museo Capit. t. II, Stanza del Vaso, Tar. a, 3, la 
flenr se troupe supplé^ d'aprés la description de Zoé'ga. 

(4) G'est ainsi qu'expliquait Foggini , 1. e, d'aprés la mythologie romaine. 
Rclatiyement à cette idée , c'est plutót Junon qui serait *Av^fi«, comma 
Jupitcr "Af^iioc. Elym. M. v. "Ai^^i»*, Phot. y. 'Hfo«»ai*, Hesych. 
'Hfotf-tfvd-ffiA, où il paratt faux de chercher l'origine dans l«(f , et où on doit 
par conséquent ferire 'Hfoaiv3-i a, ou bien 'Hf oo'Àd^ti* (aree insertion de o-, 
corame 'Axeo-w/m , àfipia-mfrùi , AEschyl. ap. Hesych.}, la féte des fleurs, pour 
c<51 Arer les noces de Junon. Sur le vase d'Astéas , repn^sentant les Hespé- 
rides, Antheia, qui, d'aprés la manière dont les figures sont ordonnées, 
parait en effet avoir rapport a Hercule , tient , ainsi que lui , une pomme à la 
main. Le nom cmployé sous la forme masculine ou fóminine , est de ceux que 
choisissent le plus ordinairement les poétes pour designer la belle jeunesse.. 

(5) Hesych. *Avd-fiA, 'A^fotTiT» ^«tftc Kvmo-ioic. Harpocr. 'AfS-ti* ot« ftì» 
itttTfA ìnxof. Le dernier peut-étre à cause des Avd'ivÀ<iae les Hétéros poi* 
taient. K Prolégom. ad Theogn. , p. LXXXVlIL 



e. VÌN€S COWDUITE DANS l'oLYMPE. 33i 

étail place ^sins le tempie de eelle-ci à Acrocorintfae , à coté 
d'Eros (6). Phidias, dans une représentation un peu plus 
étendue de la naissance d'Aphrodite , sur le piédestal de Ju- 
piler (en quei il avait peut-élre songé à Corinthe) , fait voir, 
a une extrémité , Hélios sur son char , à l'autre , Selène à 
clieval, puis d'un coté, Jupiter, Junon et Charis, Mercure, 
Restia; de Tautre, Apollon , Diane, Minerve et Hercule , 
Amphitrite , Eros et Pitbo , Eros recevant la déesse 5ortie de 
la mer et Pitho la couronnant. (7) 

Les autres figures sont , d'après ladite explication , tout-à- 
fait à leur place. Pallas, a coté d'Apollon, comme Jupiter 
n'est.pas du nombre, se trouvant la personne la plus distin- 
guée de cette réunion, re^oit le cortége, et ZTercufc^, qui , 
comme dieu, se trouve toujours à ses cótés, était particuliè- 
rement distingue parmi les dieux de Corinthe. Les Bacchiades 
étaient issus de lui (8) *, la colonie corinthienne , Ambrakia , 
possédait une tradition à elle, d'après laquelle Apollon *en 
avait dispute la possession à Diane ^t Hercule (9). Un Xoanon 
«dédalien d'Hercule se trouvait a Corinthe , à coté du tempie 
de la Minerve Chalinitis , et non loin du char d'Hélios et de 
Phaéton : sur les Propylées , se voyait un autre Hercule en 
bronze (io). H faut se rappeler qu'Hercule était du nombre 
des dieux «-«rpf «1, des peuples doriques (i i) , et que les Sicyo- 
niens , voisins de Corinthe^ soutenaient lui avoir les premiers 
voué un eulte di vin (12) ; de méme aussi qu'ils firent eriger, 
fort anciennement, par Dipoenos et ScylUs, les statues d'ApoU 

<6) Pau8aii.U,4, 7. 

(7) Pausan. y, ki, 3. D'après les mots*'£faK •trn-h *k ^ttXAo-a-nc 'A^foiTmv 
diKiZo-Ay &ve/t;i^ó^fioc> Vénus ^tait sortie de la mer sous des fòrmes entiére- 
ment d^reloppées. Au coDtraire , il se troaTait au piédestal d'un char d'Am- 
phitriteet de Posidon, à risthme, 0eéx«t0-0-A (iì§X''^ua-A*ApfoSirniy dea deux 
cótó^ des Néréides. Paus. II, i, 7. 

(8) Diod. Fragm. VI , p. 635 Wesscl. Pausan. II, 4 , 3. 

(9) Anton, lib. 4 > où les mots Kof/wd-ioi /« staiti « lìo-ìy àp' 'RfctKXhvi for-' 
ment un vers iambique proverbiai, pourvu qne *iff soit rétabli, et qu'on lise 
le demier mot comme trois syllabes. 

(io) Pausan. II , 4i 5. 3, 2, 
{lì) Ibid. IV, S,i. 
(la) Ibid. Il, ìo, I. 



332 IIL BECHERGIIES ET 0BSERVil.T10IfS. 

lon , d' Artémis , de Pallas et d'Héraclés ( 1 3). Ausst Irouve-t-on 
précisément ce die» sur des monuments biératiques , dans un 
cercle étroit de divinités (i4)* Nous désignerons la déesse à ses 
cótés comine Hébé, à laquelle l'artiste avait bien sujet de 
penser en présence d'Aphrodite. 

Une sorte de pendant à la représentation dn putéal de 0>- 
rintbe , c'est celle du trone d'Amyclès , où Pallas condnisait 
Hereule pour le faire habiter parmi les dieux ; cependant on 
n'y voyait point l'assemblée méme. (i5) 

J. G. Welcker. 



d. LES NOCES d'heRCULE ET d'hEBE. 

{Tàvola d'aggiunta, i83o, F.) 

Les Réglements de l'Instìtut (i) ne me permettent pas de 
combattre ici les objections que M. Welcfcer vient d'élever 
con tre mon opinion sur le putéal de Corìnthe ^ mais je sais 
gre à mon savant collègue de m'avoir procure l'occasion de 
rectifier quelques erreurs de détail qui se sont glissées dans 
l'article sur les Noces d'Hercule et d'Hébé, ìnséré page i46 
de ce volume. 

M- Welcker proteste, avec raison, contro la présence de 
Pitho, que je croyais reconnaitre auprès^ d'Hercule, et qui ne 
peut , en efifet , étre convenablement placée qu'à coté de la 
fiancée(2). Je m'emprcsse de rétracter cotte partie de ma dis- 
sertation , et quelques autres points encore. 

En examìnant les différents vétements des déesses qui se 
voient sur notre putéal , on trouve que la femme guidée par 

Xi3) Plm.XXXVI,4, I. 

(i4) T^onimément aussi à FAra capitoline avec douze dieux. 

(i5) Pausan. Ili, 18, 7. 

(i) Chap. VI»art. 3. 

(2) Par la méme raison, dans la scène où Fon voit De'dale forraer le tau- 
reau pour satisfaire la passion malheureuse de Pasiphaé , Pitho se trouve à 
còte du taureau : la novirrìcc qui se tient près d'Hippolyte est aussi une 
espèce de Pitho. Mais , lorsqu*il s^agit d*un amour le'gitime , Pitho doit ne'ces- 
sairement paraitre près de la flauce'e commc pour la persuader de se rendre 
aux instances de son araant. 



d. LES NOGBS d'hERGDL£ ET d'hÉBÉ. 333 

deux autres porte une ceùiture, àinsi que celle qui acconta 
pagne Hercule et la soeur d'ApoUon. Personne n'ignore que la 
ceinlure est le symbole de la virginité (3) , et qu'au jour des 
noces les jeunes fiancées allaient la déposer dans le tempie de 
JunoQ nuptiale (4)* La déesse que nous regardons cornine Hébé 
porte donc à bon droit ce symbole , qui contrìbùe encore ici 
puissammeot à éclaircir le véritable point de vue du sujet. 
De méme la dé^se placée derrière Hercule, se reconnait 
pour Junon à ce signe ^ aussi-bien qu'au voile qui la caracté- 
rise (5). Enfin cette ceinture est encore un attribuì essentiet 
de Diane , envisagée comme la protectrice des vierges. Il est 
important de remarquer que le costume de Diane ne difiere 
point de celui de Latone, et qué Tabsence de la ceinture chez 
cette dernière déesse (6) , ainsi que le mouvement qu'elle fait 
pour óter le péplos, est très signifìcatif. Il était impossible de 
rendre plus sensible l'idée de la déesse de l'accouchement , et 
de l'exprimer avec plus de délicatesse. Quant à Junon ^ la 
place que nous lui accordons maintenant lui convient d'au^ 
tant mieux que , d'après le rite des cérémonies nuptiales , la 
mère de la fiancée marchait a coté de Tépoux , ainsi que le^ 
parents ou amis intimes de celui-ci a coté de Tépouse. Mercure 
se trouvait donc méme , comme ami d* Hercule, parfaitement 
a sa place. 

A l'égard des deux femmes qui conduisent Hébé , on pour- 

(3) Mosch. Idyll. II, Europ., v. 73. 

Où fAtì /»fòy fyufxxti j^' «vd-fo-i ^ùfAQi Itthm 
Ohi* aftL Tretg^iìitii ^iTf«» A;tffltfTo» ift/o-d-cti. 

Idyll. Il, V. 63-66: 

Av0-f ìi 01 /uiVfMV *eii ti y^ix^t ìrrvoi*Clftu 

(4) Hesycb. , v. Zi/>/«. Judo Cinxia (Festus, 1. Ili, v. Ciniìa); Pronuba 
(Serv. ad Virg. AEn. VI , 166). Dans plusìeurs pays, MinerTe joaissait de la 
méme consid^ation. Cornine déesse nuptiale , on Tadorait à Thébes sous le 
aom Ztào-rugU (Paus. lib. IX, e 17)1 et les vierges de Troezène ofTraient, 
avant leur hymen , leur ceinture à Minerve Apaturià ( Paus. Il , 33 ). 

C5) Pan*. V. 16. 

(6) Steph. Byz., v. ZtnaniHg. Thcocrit. Idyll. 17, v. 60 : LIku^vUv tjSnff ato 
A «cibavo». 



354 ^^^' HECHERCII£S ET OBSJEAVATIOaS. 

rait, sans ìnconvéùient , les prendre pour fes deux déesses 
nuptiales , Vénus et Piiho : cepeudant Tidentité de leur cos- 
tume et leurs rapports intimes avec Junon m'engagent a re- 
connaitre plutót en elles les deux Gràces. 

Que le monument méme soit un putéal ou un autel , cela 
ne change xien à la question du sujet ; et je pense avec 
M. Welcker que , sur ce point , il faut ajouler eotièrement 
foi au témoignage du savant Toyageur anglais. 

Je «e peux mieux terminer cet article que par la descrip- 
tion de deux autres monuments qui se rapporteilt à la méme 
fable, et qui confirment singulièrement mes assertions. 

L'un d'eux , fruit des fouilles de Canino , se voit maintenant 
au Musée de M . Durand , à Paris : c'est une hydrie corinthienne 
dont les figures sout dessinées dans le style appelé égjrptìen. 
Hébé s'y présente devancée par Minerve et suivie par Junùn. 
Chacune des trois déesses porte une couronne ; aucun attribut 
guerrier ne distingue Minerve. Hercule suivant à pied le qua- 
drige guide par Jolaosy va à la rencontre de sa fiaucée; il est 
couvert de la dépouille du lion et arme d'une massue, d'une 
épée et d'un carquoìs. Il tieni de la main droite une couronne, 
qu'il semble vouloir présenter à l'une des déesses. Au-dessus 
et à coté des figures, on Ut Les inscriptions hepa, hebe, age- 
NAIA', soaAOi, HEPAKAES. Celle devant les chevaux est dif- 
ficile à déchiflfrer (7), La triade de déesses qu'offre notre pein- 
ture serail la méme que celle qui vient demander le jugemeut de 
Paris, si Hébé n'occupait ici la place de volue ordinairement a Vé- 
nus. En nous réseryant d'expliquer ailleurs les motifs d'une 
substitution pareille, nous nous bornons cette fois à en conslater 
le fait, afin qu'on ne s'élonne plus si la fille de Junon se présente 
dans J'autres monuments sous les traits d'une véritablc Aphro- 
dite et avec la fleur qui caractérise cette déesse. Sur un vase 
du Musée de Vienne (8), Vénus assiste au jugement de Paris, 
un sceptre orné de la fleur du Pothos a la main, et surnommée 
EIOAE, lohy femme d'Hercule. J'en citerai un autre exemple 

(7) On lit rEAK02 ou HEAKOS , peut-étre HEAK02 , devant le che vai noii., 
*et trois lettres A AI , ou AEI , ou API , devant le cheval blanc. 

(8) Comic de Laborde , Vases Lamberg , Tom. I , vign. n» xi. 



d. LEs NOcÈs d'hercule ET h'hébé. 335 

en décrlvant le second monument sur lequel je me proposais 
de diriger raltention du lecteur. 

Cest un pied triangulaìre de la bauteur d'un palme, et 
:servant autrefois à un candelabre en bronze : il faisalt partie 
des monuments étrusques en bronze et en argent qui ont été 
découverts à Perugia en 1812. Deux faces de ce pied de 
candelabre, acquises d'abord par M. Dodwell, ont passe en- 
sulte dans la glyptothèque du roi de Bavière. La troisième, 
sur laquelle on croit reconnaitre une Spes, faìt partie du 
Musée de Florence (Jnghirami Momim. etrusch,, Ser. HI, 
Ta\f. 7, 8). Hercule et Junoriy dessinés dans un slyle Irès ar- 
chalque, décorenl les deux faces du monument de Munich. 
Hercule y figure vétude la peau de lion par-dessus sa courle 
tuniquc', il tient un are de la main droite. Junon se présenle 
en longue tunique •, une peau de chèvre cornue couvre sa téle 
et la partie supérieure du corps; sa main gauche est munie du 
bouclier béotien*, des souliers pointus forment sa chaussure. 
M. Schorn , n* 47» pag. 36, du Catalogne de la glyptothèque , 
fait ressortìr tout le mèrito de ce monument comme objet 
d'art. Je regrette qu'il n'en alt pas apprécié au méme point 
rimporlance archéologique. Le savant antiquaire cìte , il est 
vrai j la Junon lanuvienne publiée par Visconti (Mus. Pio- 
clem.^ 2, 21), pour expliquer la déesse à coté d'Hercule 5 mais il 
a oiiblié de rendre compte des rapports qui existent entro ces 
deux divinités; cependànt il aurait été facile d'observer que la 
Junon de Lanuvium , en ce qu'elle porte une egide , un bou- 
clier et une lance , s'assimilo complétement a Minerve , et que 
la déesse de Lanuvium rend à la fois l'idée de Junon et d'A- 
théné. Ce point une fois établi, on reeonnaitra aussi sans. 
peine dans la soi-disante Spes, une déesse Hébé qui va se ma- 
rier a Hercule par Tentremise d'une divinité qui , sous le nom 
de JuTWTiy rappelle la mère d^Hébé, fet sous colui d'JEgiochos 
ou ^Aihéné, designo la mère £ Hercule y Alcmène, la méme 
que la Minerve Alakomenia de la Béotie. (9) 

Th. Pakofka. 

(9) Paus. , lib. IX-, e. 33. 

m. 11 



336 • in. RÉCHERCHES ET OBSERVATIONS. 



3. NUMISMATIQUE. 

a. DE WUMIS SlCYOIflOAjJM. 

Nolum est sub judice adhuc lilem esse de ampio quodam 
et illustri Graecorum numorum genere , quod cum Siphniiei 
SeripUiy e Cycladibus insulis , quasi usueaptum possiderent , 
recentioribus temporibus muìtorum cum plausu sibi vindica- 
verunt Sìcyonii. Pugnat enim prò bis tum imaginum impres- 
sarum (ex altera parte Chimaerae , ex altera columbae volantis) 
similitudo cum typis eorum numorum , quos omnes Sicyomis 
tribuunt, tum numorum splendor et frequentia major quam 
prò opibus insularum illarum, tum locus, quo jnuj.ti ex iis 
reperti sunt, ager Sicyonius. Quocirca cum Sestinius (in Lit- 
teris et Dissertatìonibus de re numismatica ) cos numos Si- 
cyoni tribuendos censuisset, Eckbelius con tra ( in Doctriua nu- 
morum) monuit, eandem piane formam et fabricam psse 
eorum hujus generis numorum, qui SE, et eorum qui si lU- 
teris inscripti sunt-, hanc autem duplicem epigraphen cum 
eodem typo conjunctam tribui posse insulis illis exiguo spatio 
disiunctis, Seripho et Siphno, non posse ei urbi, qusB ab om- 
nibus Grgecis appellata sit Sicyon. Ex quo ea lis mota est , 
plerique viri docti numismalum antiquorum periti Sieyonem 
quidem horum numorum patriam existimaverunjt , sed non 
sine dubitatione ob inscriptionis varietatem adjectaj nonnulli 
buie dubilalioni plus quam illis argumenlis tribu^entes Seri- 
phios et Siphnios, quo statu possessionis fuerant, eodem reli- 
querunt. Hociit jam piane dejiciautur, suumque cuique resli- 
tualur, cur nondum adhibitus est hic locus e^itimius (nisi forte 
jam a quodam adhibitus est, quod equidem igporo) ApoUonii 
Alexandrini , grammatici gravissimi , de adverbiis apud Bek- 
kerum, Anecd. graec. p. 555, l. 5 : MfT«S-i«f %^lnT« «é? { tU 

ro e, KetB-ctTFtf ««i «< ^yiC^f^^JC^t etyx,ifMty:ùi xMi i S/«o#/ Xtxvàf vrttfit 

XiKvmiotsì Nonne enim hoc uno verbulo omnes dispellunlur 
questìonum nebulae ? — Hanc dum ad rem nuraariam aflfero 



a. DE NUMIS SICYONIORUM. 337 

symbolam , in memoriam redeo eorum ^ quse in Annalium 
Instituti nostri, y. II, p. 8i, a duce Luynensi, egregia ar- 
chaeologo, de Damaretii^ ^ Syracusanorum numis, dieta sunt, 
Quae , non eo Consilio ut mihi mea -vindicem , sed ut rei ipsius 
veritatem hoc consensu, quem neuter.neque expetivit neque 
exspectavit , stabiliam , optime convenire noto cum iis quse de 
Etruscis scribens (t. I, p. 8217) de eodem iiuraorum genere 
dixi. Nam eliam hoc libro argumenta collata sunt , quae evin- 
cant numos illos ex Sicilia argenteo^ maximi moduli wtrrnKùf^ 
TuXtT^u esse et ad fifAtof^,j^ttfutfÌTu^f pertinere, quod, cuoi a 
Gelone in honorem Damarete primum percussum esset , Syra- 
cusanorum rempublicam etiam speculo post eadem forma et 
eodem fere pondere'signasse. Qui consensus eo magis rem 
firmai, quod piane diversa via eodem pervenimus. Nam cum 
dux Luynensis singulo quodam numo ad sententiam suam per- 
ductus esse vìdeatur, me in eam opinionem traxit LitraB.pon- 
deris examen , quod cum ab initio obolum iEgineum aequasse 
Aristoteles doceat, Dionysiorum temporibus demonstravi a 
pondere xxiii granorum ad :^vi grana cum quincunce fuisse 
imminutum , ita ut quinque litrae Syracusanorum sex obolos s. 
drachmam Atheniensium , pentecontalitron igitur decem 
drachmas Atticas penderet, quod Diodorus et ipsi illi numi 
splendìssimi confirmant. C. O. Mùller. 



b, MÉDAILLES DE TARENTE RELATIVKS A l'aÌ>OLLON 
HTACINTHIEJy. 

{Tav. d'agg, i83o, M, i, ^.) 

La numismatique de Tarente est assurément la plus abon- 
dante et la plus instructive de toute la Grande-Grèce -, elle 
commence aux temps voisins des premiers établissements ita- 
liotes , et se prolonge , avec une suite d'importantes mpdifica- 
tions , jusqu'au temps où l'art , presque entièrement dénaturé , 
se surcharge d'ornements bizarres empruntés au gout barbare 
des Lucaniens et de la Messapie. Consacrée tout entière à une 
expression polilique du eulte tarentin, celte branche de la 



338 ni. RECflERGHÉS ET OBSERVATIOlfS. 

sculpture offre un intérét d'autant plus véritable , qu'elle com- 
plète à elle seule les connaissances historìques et religieuses 
sur une république aulrefois célèbre. Nous y voyons les altera- 
tions successives de l'art, accompagnées de changements et 
d'addìtions dans lés divinités ; les monnaies globuleuses vìen- 
neut les premières, semblables aux lìngots de Tancienne 
Grece , et portant la seule figure de Taras ou la coquille qoel- 
quefois avec le carré creux pour revers (i). Puis des médail- 
lons didrachmes fort rares avec un coté en relief et Tautre en 
creux; monnaies qui, comme je Texpliquerai dans un travail 
séparé, se rattachent a un système et à des circonstances 
distinctes. Après ce court usage des types incus, reviennent 
les pièces avec deux faces en relief, répétant la circonférence 
à feston et a grénetis de celles qui précèdent. A dater de ce 
moment, la paAéographie commence a disparaìtre; on voit 
remplacer Thippocampe par des figures d'un ordre particulier, 
assises sur des siéges recouverts de uébrides ; mélange singu- 
lier des attributs les plus differents. Tantòt un homme porte 
un sceplre et le canthare , ou fait une libation sur un autel 
dans l'attitude des fondateurs; tantót il poscia main sur un 
bouclier. Quelquefois une femme tient le canthare et une 
queuouille; ailleurs une figure juvénile, également assise, 
soulève par une aile un oiseau mort. Ces monnaies correspon- 
dent, pour le travail et l'epoque, à des coins d'un style et 
d'une décoration presque semblable de Rhégium , Mélaponte , 
Térina, et forment une classe qui pourrait étre l'objet d'un 
travail aussi houveau qu'intéressant. 

Les lypes équestres , avec Taras pour revers , arrivent bien- 
tot après. L'omèga, qui se voyait déjà sur quelques unes des 
médailles dont j'ai parie en dernier lieu , se continue dès-lors , 
sans interruption , jusqu'à la domination romaine. Les cava- 
liers, seuls ou accompagnés, éphèbes ou hommes faits, sont 
toujours représentés se livrant à des exercices militaires, ou 
recevant le prix de la course. C'est en encourageant de sem- 
blables tràvaux que les Tarentins obtinrent la renommée de 

(i) Ces types sont rares, et le carré crcux coDlient ordinairemcnt une fleur 
<lc face, a quatrc pc'talcs , Vhyacìntbe peiit-elre : le module en est très petit. 



b, DB L^POLLON IIYACINTHIEW. 33^ 

fournir une caralerie préférable a celle de Thessalie -, imiia- 
teurs de leurs aieux les Spartiates, ils ne négligèrent jamais 
les solennités où les jeunes gens parcouraient a clieval les 
hìppodromes , et se préparaient à des combals vérìtables par 
un simulacre de la guerre. 

La belle epoque deTart, au siècle de Périclès, fit rejaillir 
sa splendeur sur la Grande-Grèce et sur Tarente , qui , tou- 
jours attachée à ses divinités laceniennes, placait leurs impo- 
santes effigies sur ses monnaies et dans ses temples. Apollon , 
Hercule, les Dioscures, et une déesse que les uns croient 
Vénus, d'autres Cérès , recurent ensemble ceshonneurs. 

Une ère nouVelle pour la numismatique religieuse de la 
Sicile et de la Grande-Grèce s'ouvrit à Tarrivée des Épiroles. 
Alexandre le Molosse frappa la plupart de ses monnaies 4'or 
et d'argent chez les Tarentins; et, à lear tour, ceux-ci adop- 
tèrent , pour leurs autonomes , les types épirotes qu'ils réu- 
nirent souvent a ceux de Lacedèmone. 

Pyrrhus, au contraire , établit la fabrique de ses monnaies à 
Syracuse , introduisant le style et les divinités de sa patrie dans 
la numismatique sicilienne, et jusque chez les hordes sau- 
Tages du Bruttium. 

Après les conquétes de Fabricius , les Carthaginois et les 
Lucaniens dénaturèrent la beante de l'art monétaire sans 
réttssir a en changer les sujets, leur système ihéologique 
n'exercant aucune influence sur celui que les Tarentins pou- 
vaient encore conserver iutact, tandis que la situation précaire 
de la république expulsait les graveurs habiles, et les faìsait 
refluer vers des pays plus heureux. 

A tant d'infortunes succédèrent les Romains , amenant avec 
leurs préfets l'incurie des talents , caractère general des nations 
qui grandissent par les armes. Le denier , rude et grossier , 
remplaca le statère et la drachme-, il suffisait a Fabius Maxi- 
mus qu'un morceau de metal arrondi fut mafqué par le signe 
Dumérique de sa valeur commerciale. 

Cest donc seulement dans les temps àntérieurs aux conqué- 
rants éacides que nous pouvons chercher la numismatique 
pure de Tarente. Plus nou^ remonterons vers l'origine , plus 



34o lir. RECHERCHES ET OBSERVATrO^S. 

nous serons certains d'approcher des traditions véritables. 
Dèux médaillons, doni Tun est inédit , et l'autre plutót décrit 
qu'expliqué , peuvent soutenir cette assertion. Les didrachmes 
ìd^us dont nous parlons diffèrent'seulement pour le revers; 
tous deux sont frappés sur d'aiiciennes monnaies de Métaponte, 
dont l'épi laisse quelques faibles traces encore visibles sous la 
seconde empreinte. Du coté en relief, on Ut tapas retro- 
grade. Le champ est occupé par une figure virile nue tournée 
à gauche, et le genou gauche pUé; son geste est anime et 
presquc frénétique ] elle tient en arrière la lyre à quatre cordes ^ 
sa main droite élève et approche de sa figure une fleur sem- 
blable à un lis. La coiffure est remarquable par les clieveux 
rassemblés' en arrière et f elevés en crochet ondoyant. 

Le didrachme du cabinet du Roi k pour revers le méme 
type en creux sans legende. Celui de ma collcctìon offre le 
Taras en cf eux , les cheveux lòngs et tombant sur ses épaules , 
la main gauche étendue (2) , la droité póséè sur le dauphin 
qui lui sert de monture. La legende tapas retrograde se lit 
en relief. Je ni'occuperai surtout de cette dernìère médalUe , 
tout ce que jepuis dire de son type en relief s'applìquant éga- 
lément aux deux cótés de la première. 

J*ai déjà fait observer que les Tarentins gravaient le plus 
souvent sur leurs monnaies ùnè face relative a leur eulte locai , 
un revers en honneur de leurs traditions laconiennes. C'est 
encore une vérité pour ce didrachme, où la figure locale du 
Taras est le revers d'un Apollon Laconien , dont le moùve- 
ment et les attributs sont à la vérité bizarres au premier aspect , 
mais , je pense , assez faòiles à expllquer. 

Et d'abord, la pose tourmentée de la figure n'est pas inap- 
plicable aux transports próphétiques du dieu ; une rare médaille 
d'argent de Cos nous le fait voir les hras élevés, le corps vio- 
lemment rejeté en arrière , dàns une contòrsiori encore plus 
élrarige que sur notre didrachihé. Sòuvenons-nóus aùssl que . 
les Parthéniens, fondaleurs de'Tarente, furent chassis de 

(2) Le bras étendu du Taras sur les monnaies de fabrique ancienne , est trop 
souvent ripètè pour n'avoir pas une xaisoB,.parti«ulière,et qui^ n'a pas^t^ 
cberchée jusqu'ici. 



h. DE l'apòllon hyacinthien. 34 1 

Sparte a l'occasìon' dés fétes hy^cìnthiennes, et que la colonie 
était enToyée par ctet^Apollon Amycléen , dont Timage élàit' 
armée comme celle de Mars. 

Ttf^tfr ^' ikés iyyvBt Ktlrtti 

Rappelons-noufi encore le souvenir eternai de leur patrie , 
que les Tarentins s'enoi*gueillirent'de conserver eh gardant' 
chez èux jusqu'au nom d^Hyacinthe poUr un tumulus qu'ils lui 
dédièrent, Tépithète d'OE93alia (4) donnée a leur ci té , et nous 
croirons facilement que le eulte d*Àpollon Amycléen dut étre 
transféré par Phalante et ses compagnons sur les rives inhos- 
pitalières de la Calabre, Autant que les descriptions contradic- 
toires des botanistes anciens permettent de le comprendre , 
l'hyacinthe était une piante bulbeuse de la famille des lìs, et 
Ton ne saurait douter qu'elle n'ait obtenu quelques honneurs 
chez les Laconiens et dans leurs colonies. Or , la fiieur que 
tient ici Apollon est une véritable liliacée. L'action véhémente 
de ce dieu , que Pìndare appelle le danseur (5) , se rapporto 
vraisemblablement aux fétes hyacinthiennes où les jéunés La- 
cédémoniens, frappant à là fois toutes les cordes de leurs 
lyres, dansaient en honneur du jeune fils d'OEbaìus (6). Le 
style ancien retrace ainsi d'une manière directe et naive une 
idée que l'art, en se perfectionnant , déguisa sous beaucoup de 
formes, sans s'éloigner cependant de rintentión relìgieuse qui 
Tavait dictée. 

Plus lard, les courses équestres de guerriers ou d'éphébcsy 
également en usage aux fétes d'Hyacintbe , ne furent qu*une 
traduction de celte première pensée exprimée seule sur là 
médaille du cabinet du Roi , comme le trépied divin et pro- 
phétique est l'unique ornement des anciens didracbmes croto- 
niat<es. Là il atteste la protection d' Apollon pour une colonie 
dont il avait ordonné le départ; à Tarente, le dieu luinodéme y. 

(3) Diotff 8'. Pcnriegi v. 876. 

(4) Virg. Georg, lib. IV, r. 124. 

(5) PiDdar. 'Fragm. 

(6) Athcn. deipD. lib. IV, e. 7. 



342 III. REGHERCHES ET OBSERVATIOITS. 

avec celle chevelure qui lui est particulière (7), est encore 
plus facile à reconnaìtre , et la fleur le désigne clairemeiit 
pour la divinité tutélaire des Spartiates. 

Sur le second didrachme , le Taras , fils de Neptune , per- 
sonnage héroìque peu connu , n'est certainement pas sans rap- 
port avec l'Apollon delphinien , ni surtout avec Phalante, qui , 
sauvé de son naufrage par un dauphin , fut après sa mort 
honoré comme un.dieu, et dont Timage, consacrée par les 
Tarentins , était placée près d'un dauphin. (8) 

L£ nUC DE LUYNES. 



4. PEINTURE. 

a. l'hYACINTHE, le COSMOSANDALON ^ LE POTHOS. 
[Tav. d'aggiunta 9 iS30y Mf 3, L, 2.) 

Peu de symboles ont tourmenté l'esprit des antiquaires au 
méme degré que la fleur qui se voit ordinairement dans la 
main de Fenus^ et de la Spes des Roin.ains. On a voulu y 
reconnaitre tantót la fleur du lis , celle du pavot , la grenade , 
tantót Tasphodèle et le lolus. Dans une savante monographie 
sur la T^enere Proserpina, M. Gerhard se décide en faveur 
du lotus, et établit que cette fleur' sert de symbole à VEspé^ 
rancey surtout dans un rapport ero^ì^ue. M. ?Fe/cA:er préfère 
y reconnaitre la fleur de la beante et de lajeuhesse. A Taide 
de quelques témoignages littéraìres auxquels on a manqué 
d'avoir recours, mis en rapport avec difierents monuments 
où cette fleur se reproduit , on pourra facilement juger la jus- 
tesse des opinious énoUcées jusqu'à présent, et Ton arriverà 
en méme temps à découvrir le véritable sens d'une fleur qu'on 
a gratifiée de l'épilhète mystérieuse , parce qu'elle n'a pas 
voulu nous dévoiler son véritable nom. 

M. le due de Luynes vient de designer comme hjacinthe la 
fleur qui a occupé un si grand nombre d'archéologues. J'e$- 

(7) Méd. de Naplcs cn bronze ; tétradrachmes anciens des LiSoatins deSicile. 

(8) Pausan. iib. X, e. i3. 



a. l'hYACINTHE, le COSV OSAKDALON , LE POTHO& 343 
salerai de citer quelques nouyeaux arguments a l'appuì de 
celle inléressante déeouverle. La peinlure gravée Tav. (Pagg* 
i83o, M, 3, lirée d'un vase de la coUeclion du comte de Lam- 
^®rg (i) , m'a paru Tautorilé la plus imposanle qu'on puisse 
invoquer daus celle rccherché; car, d'une pari, elle présenfe 
la fleur soriani de Vognon méme , et rend ainsi un lémoignage 
éctalanl en faveur de Vhyacinthe , el, de l'aulre, elle offre 
Timage de TApollon Àmycléen, à peu de variantes près, 
comme celle qu'adoraienl les Lacédémoniens. Mais celle pein- 
lure mérile un examen plus special. Au premier àspecl , on 
doil élre frappé du sens d'opposUion que manifeslenl ces deux 
lableaux. Du cóle principal figure ApoUon lenant sa lance 
relevée ; le revers monlre Diane s'appuyanl sur une lance dont 
la poinle louche la lerre (2). Les femmes placées en face des 
deux dÌTÌnilés exprimenl à leur tour un conlraste presque 
aussi remarquable : celle vis-a-vis d' ApoUon lienl une ceno- 
cboé roìige et élevée; l'aulre, en présence de Diane, une 
cenochoé noire et abàissée : de méme, l'une lienl Yhjacinthe, 
l'aulre une branche de laurìer. N'y aurail-il pas une opposi- 
lion dans le ehoix de ces deux symboles? 

Pausanias (3) nous apprend qu'à Amyclées on adorali 
l'ApoUon amycléen comme slalue casquée et armée d'une 
lance et d'un are, et en méme lemps l'IIyacinthe ou Dio- 
nysos Psilas. Dans le méme chapilre , il parie de V^irtémis 
Leucophryne avec les deux Grdces, slalues en ronde-bosse 
que Bathyclès4e-Magnèle joìgnil au Iróne d' Amyclées. On 
voyail a Athènes Une slalue en bronze de la méme déesse , 
offerte par les fils de Thémislocle , parco que les Magnèles , 
que gouvernait leur pére , adoraienl particulièremenl Diane 
Leucophryne (4). Je pourrais encore faire menlion de l'ile 
Leucophryne , appelée plus lard Ténédos , doni la mylhologie 
locale nous semble un reflet de celle del' Apollon amycléen et 
d'Hyacinlhe ; mais il nous suffit celle fois d'observer que ce 

(i) De Laborde , Vas! du comte de Lamberg. T. I , PI. 8f , Sa. 
(a) Catal. fi*, da Mus. du priace de Omino , n« iiSa, p..xo8. . 

(3) Lib. Ill,c.i8, 

(4) Paus. Ub.I,c* 36w 



344 11^' RECHBRCHeS £T OBSERVATIOITS. 

n'est certainement pas sans une bonne intention qae dans le 
récit dePau3anias(5) la monograpbie de Leucophrynefaìt suite 
aux dons votifs des habìtants de Tareute , et notamment de 
leurs héros Taras et Phalante avec le dauphiit. 

Les passages qae nous venons d'aUégner nous font conciare 
que notre Apcdlon arme d'une, lance est une reproduction de 
YApoUon amjrcléen, que la flenr serapporte nécessairement a 
la mjémoire A'Jijracinthe, et que la déesse avec la lance abais- 
sée déslgne Artémìs Leucophryné. Màis quelles sont les deux 
femmes en face d'ApoUòn .et de Diane ? On trouve le fleuve 
Tiasa, dit Pausanias (6), en allant de Sparte a Ainyclées : les gens 
du pays considèrent Tiasa camme fille de TEurotas : il y a là 
un tempie des Gràces, appelée Phaenna (<^Kff»«)y et Kleta 
( KAiir7«) 9 par Lacédémon , qui leur a erige ce sanctuaire. 

Tiasa y en dialecte laconique , ne signifie autre chose que la 
Diana des Latins : le mot connu de Bttt^^nff designo un compa- 
gnon de Bacchus , et le dieu mémeétait sans doute adoré sous 
le nom de Thiasos ou Tiasos^ époux de Tiasa , la Dia des ha- 
bilants de Naxos. Ainsi la Tiasa., fille d'Eurotas, sera la méme 
que rArtémis Leucophryné, fille de Neptune. Si ce que nous 
venons d'annoneer est j uste, il s'ensuit naturellement que les 
deux figures dont nous ignorions jusqu'à présent et le nom et 
le sens symbolique, raprésentent les deux Grdces Phaenna et 
Cleta, 

Nous avons déjà fait remarquer la couleur ^difiFérente et 
m^me opposée des ceaoehoés que portent ces deux femmes : 
on 9ait que le 7X>ii|^e et le noir^ aussi«bìea que lei/oyic et te noir 
expriflajent.danfl l'antiquité figurée le jfour et la nuii ou la 2u- 
mière-et les ténèbres : il nous sera donc permis de proposer le 
titre ^Mf0^ lumineuse, pour la femme en face d'ApoUon, et 
celle- de KAjfl«, lumière irenfermée, pour Tautre vis-à-vis de 
PiaAe (7). Pour mieux comfHrendre jusqu'à quel poi&t cotte 

(5) Lib. X,c. 14. 

(Q Lib.in,c. 18. 

(7) Paus. y, ^Oy .Proscrpìneet les N^mphesi dont une tsent une balle ^ 
Tautre une clef : Ilcfo'f^óv» t* xaì Nvyu^eti, o'^ttìfeti ttùvmf i Irif» fipùucay 
lì ^f xxiìÌA, C'est le méme contraste qn'exprìment Phcehé et BUmra. 



a. L'BYACnVTHE, LE COSMO SAIVDALON, LK POTHOS. 345 

dénomìiiatìon est fondée il figiut se rappelerque. rfeK^CJ^i<?.Pftti 
une fiQìiv funebre (8) , pendant que le laurier^ dont le plus an- 
cien tempie d'Apolion fut construit (9) , est un, arb^p éminteia- 
rxìfòntsolaire. (io) 

A ce propos on doit citer le piédest^l du t];óne de l'ApoUpn,. 
arayeléen, qui formait le tombfeau d'Hyaciatl?^ (n) : parmi 
les bas^relìefs qui décoraient ce monuipent, 01) . distinguait , 
Minerve emmenant Her^ule dans TOlyn^pe. Si, je ne me 
trorape, des idées cosmiques d'un sena anjilogue se r^pron 
duìsent ìci sous une forme un peu. plus piyslique. J assimile 
Phaenna, avec sa branche de laurier^ à Minerve , déesse de 
la lumière^ conduisant Hercule jeune ,• car ce.dieu à. Fàge de . 
Téphébie obtint le sacerdoce de daphnéphore ( port^ur de 
laurier) a la. féte de TApollpn jsménien , à Thèbe?, (12).. De , 
méme Peiibcea ayec H^aqinihej qui figvirait p^j* la fa^qe^ ppposée . . 
du méme piédestal^ semWe étr,c^ la méme que -Kj/e/^i ayec la 
fleuràxì. méme npm, Seìqn Apollpdore (i3)^ Ò/ia aime Pieros, 
fils de Magnes , excitée par y^uu^ , qui lui rqprocha,it,l'amour 
d'Adonis \ le fruit de cettp unioi^ est Bjracir^he. Cpmraei le 
nom Kx$ti est le m^jijiq que^ JO^tfiuon kajj7«, nplre ^ eopjec^ure 
de Kleta portant ?on fik Hyaciulhe, es^ parfja^iteflp^tjiisU^ée. 

Sans la découverte du nom à'Hyacinthe pour lafleur ,en 
questipn , il aura.it été bien dif^cil^ et peu^^étre impossitle de 
saisir le véritabb sens de celie peinlj\ir«e. . 

Gràceàcelte méme découver!te..onjrapportM*a^au^si au,jc^^te . 
d Hyacinthe un bon npmbre^de v^?,^ jur jesqueJs prdija^re- . 

(8) Plin. H. N., lib. XXI, e. 11 : Hyacmthum comitatur fabula duplex 
luctum praeferens ejus quem Apollo dilexerat , aut ex Ajacis cruore editi , ita 
discurrentibus venis ut graecarum litterarum figura AI legatur inscripta. Cf. 
Mdsch: Idyll. m, Epitaph. Bipnis, vi 6 : ' 

Nwy v*«i»^«, xixti Ttf vi yfa^fjuvTA, «ai «-xIo» AI AI 

Cf. Paus. ni , 19 , 4 , et Philostr. Imagg. Hyacinth. 

(9) Pau8.,lib. X,c. 5. 

(io) «A/»tvW (en Achaie) •«r»? *x«« AfQ0'K»vf«f. Att^vA» ^t«x»<rT« 1? aùtS 
^•^</*«a-i (Paus. VII, aa). 
(il) Pau8.,lilt.in:i5. 19. 
(la) UMX,c. IO. 
(i3) Lib. I, e. 3, S- 3. 



346 III. BECHKRCHES ET OBSERYATIONS. 

ment un juge offre une fleur de la méme forme aux éf^èbes 
qui ont remporté le prix , ^it au jeu de la lyre ou cithare, 
soit dans des exercices gymnastiques. On ne s'étonnera non 
plus de trouver cette fleur méme dans la main d'une des deux 
femmes qui accompagnent souvent Apollon Lyriclne. (i4) 

Il existe encore une autre fleur pareille à Tliyacinthe, a 
laquelle la religion et Tart ont voulu attacherun sens analogue. 
Voici ce qu'en rapporte Pausanias (i5) : Lorsqu'on célèbre à 
Hermione, chaque été , la féte appelée xd-ó», enThonneur de 
Chthoma, fille de Cérès, les prélres des différentes divinités 
et les magistrats vont à la téte de la procession , puis viennent 
les femmes et les hommes; mais méme les petits garcons 
témoignent leurs honneurs à la déesse ; ils sont faabillés en 
blanc , et ont la téte couronnée de fleurs , qu'on appelle dans 
le pays x§fff€0nifìk)i§fy cosmosandahn ; Pausanias ajoute que 
d'après sa faille et sa couleur, cette fleur lui paraissait Ykj^a- 
cinthe, et qu'on y lisait aussi les signes de la douleur. 

Les jeunes enfants me semblent reproduire Timage d'Hya- 
cintbe dont Chthonia est probablement la mère. Quant au 
nom xé0fuvÌ9ÌdXùf (i6), on pourrait y voir Vornement des san- 
dales en rapport avec Proserpine, que Pluton trouva jouant 
parmi les fleurs. 

Mais comment Aphrodité et la Spes des Romains se servent- 
elles du méme symbole ? Athénée (17) répondà cette question 
en décrivant la fleur appelée Pathos. Théophraste , dtt-il y 
mentionne comme fleurs d'été, la lychnis, la fleur de Jupiter, 
le Us, le tiphyon (sorte de narcisse) et la marjolaine phry- 

(■4) Schol. Pindar. Olymp. XUI, y. i58: Af« <rè taU ^AfiAviÌAi lófjL^At 
'Aff'éxxMri «Tiif «tf «ri to <^^(»r rie ir t«7c X*f^''^ i^mfAt «'f «cf? •>«§<? /«fct. Gf. R. 
Schol. Pindar. Olymp. XIII, ▼. a3 : TlAfix^va-t /• Ai^iìfan <r«{ r*»flU ^*«itÒ ris 
irct.fnyifU( xata vtfUìoi fifui , f? «Te iySitf »«eì ff»«i >irof'rAi. Cf. Fiat. Qa. 
Sjmpo8.VIII,8. 

(i5) Lib. U, e 35. 

(16) Athen., lib. XV, p.CSt, déugne les Laeédémoniens oomme inventears 
de la couroime de «oo'/uotf-wr/ctx»? . 

(17) Lib. XV, p. 679, d. It» ì"* i né^c MMMÙ/Atur o»T«f /' f#*r» /^Tròc> 



a. l'hTACIWTHE, le CO&JfOSAJ^rDALON, LE POTHOS. 547 
gienne , enfin ce qu'on appelle pothos : ily en a deux espèces : 
l'une a la fleur PAREiLLE A l'hyaciuthe *, l'autre sanscouleur, 
parfaitement bianche, qu'on emploie aux tombeaux (i8). Ce 
passage nous autorise à reconnaitre sur le bas-relief publié 
Tai^. d'agg. , i83o , L , 2 , l'Amour appelé Pothos (19) , dans 
le genie ailé qui tresse les cheveux de sa mère. 

Th, Pahofka. 



Ò. ZEFIRO E GLORI. 
AL PROF. GERHARD. 

{Tap, d' aggiunta y 1839, D, i.) 

Anelava il momento di leggere la dissertazione del dot- 
tissimo Hirt su quel dipinto di Pompei, dove egli crede vedere 
il Sonno, poiché anch'io vi ravvisai lo stesso nume in una 
memoria scritta appena dopo venuto in luce quel dipinto, letta 
pochi mesi fa nella Real Accademia Ercolanese , ed inserita nel 
volume de' suoi Atti che a momento sarà pubblicato. Ma per 
verità fui sorpreso in osservando che il signor Hirt prenda per 
figura muliebre la figura alata in grembo a cui riposa leggia- 
dramente un' addormentata donna , e pensa che quella abbia in 
mano una tazza con un ramoscello. Chiunque guardi la Pom- 
pejana pittura spassionatamente, dovrà confessare che la faccia 
della cennata figura sia virile , e che in mano tenga una cesta j 
e non un ramoscello , ma bensì un fascio d' erbe fiorite , simili 
a quelle che ha su la testa e stringe colla sinistra il giovine 
alato scendente dal cielo. Tutti gU artisti che hanno esaminato 
quel dipinto , tutti gli eruditi , e tutti i miei colleghi nell' Acca-*^ 
demia , tra quali non posso tacere il chiarissimo cavalier Avel- 
lino, ed i chiarissimi Jànnelli, eGuarini, convengono di questa 
verità. Il perchè non può sussistere la supposizione dell' Hirt. 
Quanto a me , nella figura appunto alla quale si appoggia la 
sopita donzella , veggo ìì Sonno, in quest' ultima ravviso Clori, 

(t8) Plin. H. N.,' 1ÌY. XXI, e. 11, ne donne que la traduction du méme 
passage de The'ophraste. 
(ig) Paus. f ILb. I , ^3, Philostrat. Imagg. lib. I, ti. 



348 Itf. RECHERCHES ET OBSERVATIONS. 

nella grailde figura alata svolazzante in aria Zefiro ^ sulla 
femina acefala sedente rimpetto a lui, Venere , in tutti i putti 
altritanti Amorini. I brevi confini di questa lettera non per- 
mettevo di ripetervi le pruove da me recate in conferma delle 
mie asserzioni , su le quali per altro niun dubbio potrà 
muovere chi per poco si conosca degli antichi monumenti. Dirò 
solo che il germogliamento, la fioritura, la fruttificazione erano 
opere di Zefiro come nume Gonimo e Policarpo , ma che i 
Latini meno speculativi , e più sensibili videro in Zefiro la sola 
forza portatrice del seme e lo sposarono a Flora; dove i Greci 
più filosofi lo spuntar delle prime erbe involsero nel velo della 
favola , perchè da quelle comincia la speranza dell' anno , 
quelle sono V esistenza visibile delle piante , e per esse come 
per tacite radici aeree si assorbiscono le emanazioni terrestri , 
ed i corpuscoli nuotanti nell' atmosfera. Senza erbe è vano 
sperar fiori , e se da fiori le togli , questi jper dolore appassis- 
cono e maojono. Per ciò i Greci a Glori, cioè all' erba del campo, 
diedero Zefiro in marito, perchè li fiori si hanno dopo che egli 
la riscaldò co' suoi tepidi fiati. Laonde il vedere in questo quadro 
Zefiro ornato di fiori , vederne altri pendenti dalla face , altri 
affasciati in mano al giovine alato sedente e ninno né in testa 
della donna sopita , né vicino a lei , sono pruove chiarissime , 
che ivi si rappresenti il momento in cui Zefiro dopo sposato a 
Glori, viene a regalarle i fiori, che è un dire l'istante in cui 
fiorisce l'erba. Or poni che l'artista nella donna addormentata 
avesse voluto dipingere non lai greca Glori, ma la romana 
Flora, sarebbe da accusarsi imperdonabilmente d'errore, 
avendola posta a giacere sopra una terra dove neppur un sol 
fiore comparisce -, ma come gli fu avviso dimostrarci qui Glori , 
erba vi dipinse intorno, e di erbe adornò tutto il campo. Il 
perchè quando i Romani non le nozze di Zefiro e Glori , ma 
quelle di Zefiro e Flora , celebrairono , corruppero la bellezza 
della greca favola , in cui si abbellì la storia del primo periodo 
della vegetazione. E di ciò la Dea stessa si lamentava in Ovidio 
dicendo : 

Chloris eram quae Flora vocor corrupta latino 
Nominìs est nostri littera graeca sono. 



& ZEFIRO £ CXORI. 349 

Ma clii ^rà mai quel gioviiie,, che sostiene kt sopita don- 
zella? Ecco il gran problema stato più di ogni altra cosa la 
ci:oce. degli Archeologi. Per me credo innegabile esser lui un 
personaggio, il quale per la potenza e dignità sua a vantai di 
gran lunga tutti .gli altrì òhe in questa ^pittura si TeggdtH). 'E 
per verità quella specie di mube che igli'circonda il capo^ ed è 
vergata di luminosi raggi , quella nube , dico, che gli antiébi 
chiamarono nimbo , e che lui solo qui adorna , è un segno iU'- 
dubitatissimo , che ci fa evidentemente accorti dell' essenza 
sua sopraggrande , e maggiore di quella di Venere istessa, 
sfornita di tale ornamento. Or di numi superiori a Venere^ 
rautichità non ne conobbe che tre., Giove,, Amore, «d il 
Sonno , tutti tre potentissimi , tutti Ire sovrani , e che è più , 
salutati dagli antichi coDae domatori di tutti gli uomini > e di 
tutti i numi. Il perchè non potendo questo personaggio' essere 
né Giove, né un Amore : non avendo né i simboli, né le 
forivie di quei Dei, io dico che rappresenti il Sonno ^ cui 
Giunone invocava dicendo (Omer. //. XIV, v. 733) :*'»«•!'* 

«mi 9r«yrt»y Tc ^tSì wvrmp vmit^miet^y che Sophoole (preSSO EÌUS^ 

tazio ad Odjfss. VII) chiamò Rè del tutto x«tft^JmXtu9 ed ApoU 
lonio (Argon, l. IV, v. i46), ®tSit vTFurófy e l'autore degr 

inni Orfici (IV, 60 ) , ifUKTA wavrmv TI &t0f xifTéif t' tcfB-ftixeff xetì 

vifrmiZ,i»f^ e Valerio Fiacco (lib. VIU, 7), somne pater y 
somne omnipotens, 

E lascio di notare ch^ qual se egli porti nel nostro quadro 
il diadema \ ma non posso tacere che in quelli vivi ed appro^ 
priati aggiunti un gran vero i prischi sapienti esprimevano , 
insegnandoci ch^ il Souno non sia uno stato meramente pas-- 
sivo , una specie di annihilazione \ ma sì bene un modo effettivo 
di sussìstere più generale di qualunque altrp. E come no , se 
ogni vivente comincia e finisce sotto V impero di questo nume ? 
Certamente la nascita é il primo sveglio, la morte è l'ultimo 
sonno. Gli esseri poi che non banno vita né senso , o mai non 
sono in moto , o tutti partecipano del riposo qUal più , qual 
meno. E la ignota universal cagione di questo riposo fu perso^ 
nificata da' Greci in Ipno; e chi percorre gli antichi monu- 
menti col grande archeologo danese (Zoega Bassirilievi, tom.I^ 



35o III. REGHERCHES ET OBSERVATIONS. 

n. aa) ben quindici ne troverà in cui comparisce questo nume 
distributor della quiete, rappresentato come il veggiamo nella 
Pompejana pittura. Questi sono tre facciate di sarcofagi nella 
Villa Borghese » altretante nella Villa Pamfili , un' altra al 
palazzo Rondini, una alla villa Aldobrandini, una al chiostro 
de S. Paolo fuori le mura, due al museo Gipitolino, due al 
casino Rospigliosi , ed una al museo Pio-Clementino (tav. IV, 
tav. VI). Ma quest' ultima , quando pur tutti gli altri argomenti 
mancassero, basterebbe sola a dimostrarci invincibilmente, 
che sia il Sonno V uomo alato al quale si abbandona la donna 
del nostro intonaco. Da che il Sonno , che quivi comparisce , 
siede al pari del nostro , spiegando sul sasso la destra palma , 
come la più forte , vien cosi a fare del braccio colonna a tutta 
la sua persona, attitudine propriissima al Dio dispensato^ del 
riposo. Però se i due sommi Archeologi Zoega, e Visconti 
nella cennata figura del bassorilievo Pio-Clementino , guidati 
dall' autorità de' Classici , e dal confronto de' monumenti , 
riconobbero. concordemente il Sonno, questo nume istesso io 
tengo che si rappresenti nel giovine alato e sedente del Pom- 
peiano dipinto. Aggiungi che il nimbo è un altro ornamento 
del Sonno, ed intorno alla sua faccia splendeva anche quando 
reseasopir Palinuro , come osserva Servio a Virgilio {yEneid. V, 
y.. 836). Inoltre mille autorità degli antichi ci attestano che 
il Sonno era un giovine alato , come nel dipinto Pompejano il 
veggiamo. E polsi sa che la simbolica degli antichi si estendeva 
persino a colori , e che il bianco , ed il nero delle vesti portate 
dal Sonno indicava la potenza sua e nel giorno e nella notte , 
come dice Filostrato, Or chi non vede esser questa la ragione , 
perchè il pittore Pompejano facesse parte chiari , e parte 
oscuri gli abiti di siffatto personaggio ? E poiché degli abiti fu 
parola, non trasanderò che quelli del Sonno qui dipinti sono 
trattati con tale mollezza e tanto si gonfiano sul petto , che per 
abiti donneschi potrebbero prendersi , il che fu proprio degli 
abigliamenti del Sonno. E per donna talvolta i ristoratori pre- 
sero il Sonno, come accadde nel bassorilievo Mattejano rap- 
presentante il ritrovamento d'Arianna, e in due Endimioni 
dell^ Villa Borghese. La qual maniera di vestire , che Asiatica 



b. ZBI7JRO E ÉLoar. 35i 

si direbbe , e V esser tutto coperto , bene accenna alla sua tene- 
brosa natura , alla mollezza del riposo e si aTvicina di molto al 
costume cbe in diversi monumenti usano i rè dell' età eroica , 
come Eneo, il quale in un bassorilievo dove è scolpila la caccia 
Calidonia, è cosi vestito. Non manca finalmente in questo 
dipinto la face, la quale è un altro segno caratteristico del 
sonno. Vero è che ella è nel campo; vero è che non sta vicino 
a lui : ma ciò poco monta per negare che a lui deggiasi attri- 
buire. E di vero niuno dirà cbe vi fosse portata dalla donna , 
niuno cbe ve la recasse V Amorino che scopre costei. La prima 
supposizione è contraria allo spirito di tutto il quadro, la 
seconda si oppone al buon senso. Perciocché di faci così grandi 
si^^gonosolo portate da persone grandi come il Sonno, e 
non mai da fanciulli come l'Amorino. E per mille esempj che 
non fa qui di allegare, varrà la face messa in mano ad un 
Ecate dipinta in Pompei; consequen temente non tarderemo 
punto a dire che al Sonno appartengasi questa face come n' è 
fornito in tanti altri monumenti. Bla invece di essere volta in 
giù come altrove comparisce , ella spande una luce si languida; 
che la diresti quasi spenta. Ed in ciò fu grande Y accorgimento 
del pittore , da che la face prossima ad estinguersi simboleggia 
maravigliosamente che Glori dormirà poco altro di tempo; 
perchè già comincia a spuntar l' aurora in cui Zefiro la sve- 
glierà per arrichirla de' suoi doni, espressioni simili ad ttn 
dire , che Zefiro desterà V erba dal sopore con farla fiorire . 
Ecco la somma degli argomenti da quali traggo , che in questo 
dipinto si rappresentino gli amori di Zefiro, e Clan, favoriti 
da Venere e dal Sonno. 

Spero d' inviarvi quanto prima alcune altre mie riflessioni 
sul bassorilievo di Tirea da ^i dottamente illustrato , ed una 
piccola dissertazione sul rmutt^f di Polluce , onde in tal modo 
contribuire alcun che alla publicazione degli annali Archeolo- 
gici da' quali ogni antiquario a ragione moltissimi lumi^ si 
attende. Berhardo Quaranta. 



III. • ^ò 



35a III. BECHBBGBES BT OBSBBVATMnrS. 

C. SUL MEDESIMO DIPUTTO POMPEJA.HO. 

I. Ho aTiito il piacere di ocserrare un piockdo Bacco di 
oro dell'altezza di un pollice e mezzo. Esso si appardeoe al 
sig* Gìo. Battista Piccirilli di Guardia S. Fiamoodo. Ha nella 
fronte dae alette alquanto sdùacdate, e due ali a^ oneri, 
uà tirso nella man destra, e neUa sinistra una cesia a fiMma 
di piramide nella parte inferiore, come quelle di vindemmia- 
tori* GJlanotta al collo, come un' filo seminato di granelli. 
SoendegU dall' omero sinistro fino alia eresia illiaea destra un 
tralcio di fior tirso con otto gruppcdetti, ciascuno di tre ad- 
nelli. Cerchietti ad ambi i malleoli di piedi con una ^lezie 
di fibbia, olegaUira sol dorso della gamba. Merita di esser con- 
fiY>atato col preteso Zefiro dell'intonaco di Pompei, e che bo 
creduto sempre un Bacco. 

a. Dal signor D. Federigo Capittb sul medesimo proposito 
mi si è fatto riflettere in GrotUunioanda, appartenente una 
▼cita alla pertica celanese, un altro bassorìlicTo incastrato in 
muro nell' Atrio de' signori Gaburrì, che rappresenta un 
Genio di Bacco* HailtirsoneUa destra, ali aquiline alle spalle, 
una cesta mistica neUa sinistra; ed è in un atteggiamento dì 
camminare assai curioso. 

Raimoudo Gdaeihi, 



d. sua LA MEME PfJVTlFRB |>C POMPEI. 

(^Tap.d'agg. 1829, D, 1.) 

CcsT la seconde fms qme rexplication d'une des petntures 
les plus importantes qu'aient fournies les dernières fouilles de 
Pompei est tentée dans ce Recueil (1). M. Hirt avait cru y 

(i) Annal. de 18^9, p. 347. 



d. SUR LA MÌME PEIlTTirBE DE POMPEI. 353 

reconnaitre ks nocès du Sommeil et de Pasithea, avec la 
Nuity les trois génies allés, Mòrphée^ Icébis et Phantasus, 
compagnons ordinaires du SomiBeil , Junon Pronuba^ ou [4a- 
tót Vénus. L'explication qu'a donuée M. Raoul-Rochetté (2) 
diffère éntièrement de la précédente : au dire de ce savant, 
«e serait l'union de Mars et de Rhéa Sylvia qu'il faudrait voir 
dans ce tableau. Pasithea^ Tépouse d'ffjpnos (car, ainsi que 
M. Hirt^ M. Baoul-Roehette voit une femme dans la figure 
que distinguent le nimbe, les grandes aìles et le cothurne), 
Eros découyrant le beau corps de Rhéa auxregards de Mars^ 
Pithoy protectrice des mariages, et \ét\\dh\G Pronuba de cétte 
icène mystérieuse^ enfin^ les deux fils jumeaux de Mars et 
de Rhéa^ montrés en songe à celle qui doit devenir leur mère: 
tels sont les noms qtte M. Raoul-Rocbelte a distribuéa aux 
figures acoessoìres de la composìtion. D'uu autre cóté^ TAca* 
démie d'Herculanum parait setre prononcée en faveur des 
noces de Zéphyre et de Flore. Gette dernière opinion , avan- 
«ée pour la première fois par M. Jannelli , a recu l'assenti- 
ment de MM. Catelli et ÀTellino» Si j'en crois pourtànt la 
note de M. Guarini qui précède cet article, ce savant aurait 
continue à voir un Sacchus dans le protagoniste du tableau, 
€t probablement aussi une Ariane dans la femme endormie. 
Les autres académiciens d'Herculanum , unanimes sur le nora 
des deux principaux personnages, sont loin de s'entendre 
aussi bien stir le reste des figures^ mais tous s'accordent ce- 
pendant (et le témoignage de ceux qui ont pu consacrer a 
l'examen de rorigiiial le plus de temps et de soin est décistf), 
tous s'accordent, disons-noud, à voir un homme dans la pré- 
tendue Nuii de M. Hirt, appelée Pasithea par M. Raoul^ 
Rochette. Pour M. Quaranta, corame on l'a vu plus haut, 
cette figure est le Sommeil } pour M. Jannelli, Sacchus in^ 
dien; pourM. Avellino, Ifyménée. Le dernier de ces savants 
a consacré au développement de son opinion une disserta- 
tion publiée à Naples dans le oourant de Tannée i83o (3), et 

(3) Monum. ined. , T. I , p. 56. 

(3) Osservazioni del cav. F. M. Avellino sopra una pittura Pompeiana, etc. 
Napoli» dalla Stamp. Reale, in-.{o. 



354 III- RECHERCHES ET OBSERVATIOlfS. 

qui se termine par une réfutation plus spécieuse que solide de 
l'interpréiation donnée par M. Raoul-Rochette. Celle diver- 
sité d'opinions sur un tableau doni la conservation est presque 
entière, etoù lesdétails ne manquenl pas, tonte remarquable 
qu'elle est , tieni esseutiellemènt à la nature du sujet repré- 
^enlé. On ne peut nier en effet qu'une idée commune et inde- 
pendante des noms ou des allribuls employés ne prèside à 
toutes les compositions où un homme éclatant de jeunesse et 
de beante semble prét a s'unir à une femme endormie, en pré- 
sence d'un plus ou moins grand nombre de lémoins : c'esl ce 
qui explique beaucoup mieux que Tinsouciance ou la |ervilité 
d'imitation des artistes, ces représentations identiques pour la 
pose et rinlention des figures , entro lesquelles il n'existe de 
di£Férènce que celle des inscriptions et des accessoires. La 
peinlure qui nous occupe appartieni évidemmenl à celle de ces 
catégories qui comprend les noces de Bacchus et d'Ariane, 
de Péléc et de Thélis , et méme de Mars et d'Ilia. 

Tous ces sujets ne se distinguent enlre eux que par une 
variété d'accessoires dont il imporle de délerminer le carac- 
tère. Il en est un dans ce nombre que la grayure joinle à la 
disserlalion de M. Avellino me fournit Toccasion de signaler, 
et que je crois essentiel à l'intelligence de la peinlure de 
Pompei. Dans celle gravure , plus complète que celle de 
MM. Hirt (4) et Rochetle (5), un enfant ailé, comme les 
qualre aulres déjà connus, volligeanl derrière la figure tour 
à tour désignée par les noms de Yéuus , de Junon et de Pilho , 
tieni soulevé le boul de l'ampie péplos , qui , dans les aulres 
eslampes, reste suspendu en l'air d'une facon inexplicable. 
En comparant l'action de ce genie à celle de l'Amour de- 
couvrant le corps de la nymphe endormie, on ne peut s'em- 
pécher d'étre frappé de l'extréme analogie qui existe enlre 
l'un et l'autre mouvement : ce rappròchement fait penser 
aussi aux aulres poinls de ressemblance des deux femmes enlre 
elles : méme nudile de la partie supérieure du corps, méme 

(4) Annal. de 1829, Tav. d'agg. D. 

(5) Monum. iiiédils , T. I , PI. IX. 



d. SUR LA MEME PEINTUHK D£ POMPEI. 355 

ajustement d'une draperie semblable. M. Avellino (6) repousse 
cornine inTraÌ9emblaI|le *et méme comme grossière l'opinion 
qui attribue la torche nuptiale appuyée contre le rocher au 
genie qui , dans la peinture de Pompei , remplace le satyre 
des bas-reliefs de Bacchus et d'Ariane. L'examen de Testampe 
publiée par ce savant nous conduit pourtant à croire qu'un 
semblable flambeau, si disproporiionné qu'on le suppose, par 
la grandeur et le poids, au genie qui le portait, figurait dans 
la main du cinquième enfant , qu'on a cru assez mal a propos , 
je crois, souleyer au moyen d'une ha^te (7), la grande dra* 
perie, symbole du ciel (8), qui du bras gauche de l'époux 
passe à la main droite de la Vénus , et décrit un demi*cercte 
dans la partie supérieure de la composition. Effeetivement , le 
bout de la draperie , retenu par la figure assise , doit se termi- 
ner à peu de distance de la mah) de ladéesse^ les regards de 
l'enfant ailé , tournés vers le sommet du tableau , semblent 
occupés d'un tout autre intérét que de l'action inutile qu'on 
lui a supposée. Je me crois donc suffisamment autorisé à voir 
auprès de la figure assise un second flambeau nuptial parcil a 
celui que iout le monde reconnait a coté de la nymphe en- 
dormie. 

Quant aux autres attributs, tels queflcurs, branches, vaso 
ou calathHs, je me garderai bien de trancher les questions 
encore indécises entro tant de savants : d'abord , le secours 
des gravures serait insuffisant pour cet objet \ puis , il semble . 
que l'état d'imperfection où se trouve l'originai ou la manière 
largo dans laquelle il est traité, rendraient, à quelques égards, 
la difficulté peu soluble , puisque , parmi les savants de Naples 
eux-mémes , les uns s'obstinent à reconnaitre des grappes où 
les autres ne voient que des fleurs (9). Ces particularités ne 
me semblent pas d'ailleurs absolument nécessaires à l'inter- 
prétation definitive du monument, interpreta tion qui, dans 
tous les cas , ne peut guère s'accorder avec l'opinion emise par 

(6)P.i«. 
(7)R..It,p.98. 

(8) Cf. Ann. de i83o, Tav. d'agg. E, 5. 

(9) Ayell. , p. 37. 



356 III. RJXHERCHES ET OBSERVA^TIOUrS. 

le plus grand nombre des savant» nalpotitains. Sòtis ce dernier 
rapportj 'attaché une grande valeur àux objection» présentées 
par M. R.-R. Nul doute qu il n'y ait cotitradietion entre la 
solennité mystérieuse de la scène qui nous occupe, et la 
facon tout-à-fait cai^aUère dont Ovide déorit l'union de Zé- 
phyre et de Flore : 

F'er erat, errabam; Zepkjrrus conspexit, ahibam; 
InseqìdtvTy fupù ;fortior Utefuit, (io) 

Il y a plus dans ce récit , comme le méme savant Ta fait ob- 
server, qu'un caprice de poète , l'action étant appropriée de 
tout point au caractère bien connu des deux divini tés. J'ajou- 
terai que nous n'avons rien jusqu'à ce jour qui puisse nous 
autoriser à rapprocher l'union de Flore et de Zéphyre de ces 
représentations élevées dont nous avons parie plus haut , et 
auxquelles les dieux du premier rang ne dédaignent pas d'as- 
sister. Le sommeil de l'épouse est encore une circonstance qui 
fait supposer une chasteté qu'on ne peut vaincre que par sur- 
prise ; et rien , soit dans le mythe romain de Flore , soit dans 
les cérémonies de son eulte , ne nous révèle dans celle déesse 
une pareille disposi tion à la résistance. 

La distinction qu'établit M. Quaranta entre Flore, la déesse 
desfleurs, et Chlorìs, la. personnification de rherbe naissante 
au printenips, est aussi plus ingénieuse que fondée. Je rappel- 
lerai à ce sujet une fori belle dissertation que Visconti a insé- 
réedansle sixième volume du musée Pio-Clementin (ii), a 
propos de la patere Borgia , représentant Pélias, Nélée, et leur 
mère Ty^ro; et où l'inscription étrusque 303 J 8 accom- 
pagne un autel, qui, suivant la tradition mythologìque , ne 
peut élre que celui de Junon ; la comparaison que l'illustre 
archéologue fait de Fière , d'une pari, avec la Flore y la Fero- 
nia, ÌSiFluonia, et la Junon des Latins (considérée comme 
Hébé, ou déesse de la jeunesse) , et de l'autre avec la ffera 
Anthia ou PaHhenia, la Phloca, et la Proserpine des Grecs , 
démontre jusqu'à l'évidence combien peu le sens derive de 
floraison se trouvait à l'origine dans le nom de Flora ouFléré, 

(io) Fast. V, V. 3oi-aoa. 
(II) Xa?. A.H, ii»3. 



d. SUR LA vAMfi F£UrWR£ !>£* PÒMPÉf. 357 

doni la racine la pltts Traisemblaible esl ^him (plemis sum, 
^^^^rveseo, erumpQ)* Quaat à z^ihy pour qu'oa lro.uveex{M:ÌD9é 
par le mèfeie mot le verd de k végélation (la) et k pàleor de 
lor, méne celle de l'heche &iné»(^ìd)^ il faut <|Ube eetle do1d>|^ 
idée parte datine pensée comouiiie qni s'exprime a k ibis p^r k 
germinàtìon el la lumière. CMork n'estdoaef cheiles Grec$, 
là déease spécìkle Ai de l'herf)^ ni de» fl^éurs ^ e cfst^ dans k tra- 
dition mytbologique) la plus feline dea fiUes d'Àmphioa et d^ 
Niobé, Melibwa, qo'ApòlloQ el Dkueairaietìt $eide épargnée 
avee son frère Amyalm (i4)i Pamamas ajoate qu'elle garda 
la pàlemr que la craiate lui at«it doonée dans ce perii , et que 
de là llii vint le nóm de Chlork» Nou9 trouvoné ailkurs cetle 
Chlork, nomnée coanme k première jeilne fiUe qui ait rtm^- 
porté k prix de la eourae & Olympie (i5) ; Hoivère (16)^ PaiJi- 
aaBMfeS (17) et Apolkidoire (kS) , k donnènt a«sdi pour femnie 
à Nélée> roi d'Orciìoinène et de Pyks, et piwqi^'icì k kugeig^ 
symboliqùe des anteurs aiideiis nous y aiÉtorìsè, cm oe peut nier 
l'analogie qui exiete entre la Proserpirw^Leu^ippé de Pia- 
dare (19), et la pàk Chiwis de Paàsauiaft^ toates deux célèbre^ 
par lear beauté(2o), l'uneépousédeiVe/éfe(i>i/&/i#i^), et Taatre 
eolevée par Hadès. D'un aatre coté 9 il e$t diffifcik de ne pas 
ràpprochei^ de la Meliòosch-Chiorù des itrgkns^ soear à'jlmjr^ 
elas et mère de Nestàr^ k nympbe de l'Oeéati ijffe/ui^ aimée 
ài'^ polla» y sceur de Canthus (eeluL qui briìk les^ fleurs) , 
qa'ApoUon perce de ae& traila y et mère A'Ismemè» (stt)^ une> 

(i3) Xxoof. 

(i4) Pau8. CorÌBth. JOLÌ , 6. ApoUod. , L. il , e. V, S'6. CLmer a tu, daiis^ 
ces deax passages , deiix filles , Mèliboea et Amjrcla; mais M. Siebilis lit dans 
ApoUodore 'Aftv»\«c > avec l'aatorìté des Mss. , et celle de ce second pas* 
Mge de Paas., Eliac, I, e; XVI, 3i Z»y ìì Avrf (Xx»^i/i) x«< fly« ^i^^f. 
fM^ fd^i tSt ifciimr. Le premier porte Taccusatif équiroque 'AfcvcAAv. 

(i5) L. c.,£lia«.I,«.XVI,3. 

(16) Odyss. A, a8o. 

(17) Ba5ot.XXXVI,4. 

(18) L. c.lib. n^ e. y, S6, etUb. I»e. IX, $.9. 

(19) Olymp.VI, 160. 
(ao) Hom., 1. e. 

(ai) Pausan. Boeot. X , 5. Pind* Pyth. XI, «. 



358 HI. IIEGH£KCH£S ET OBSERYATtOlfS. 

autre MeUa (2^) plas ancienne, également fille de l'Océati, 
femme à'Jnachus ( celid qui adoucit les douleurs, nom euphé- 
mique d'Hadès ). Le nom d'Amyclas, donne au frère de la 
Chloris argienne , nous rappelle ausai Peribcea, scBur A'Hya- 
cìhthe, suivanC une tradition populairé à laquelle Paosanìas 
n'ajoute pas complétement foi (sB); celle Peribcea était repré- 
sentée sur la base de là statue d'ÀpoUoti Àmycléen ramenée 
par Diane; Véiìus et Minerve, les Muse» et les Heures, avec soh 
pretenda frère Hyacinthe dans le ciel (a4)«'Tóus ces exemples 
'nous proùveiit que les noms de MeUboea^ Melia, Perìbosa, 
étaient- symboliques cornine celui de Chloris, qu'ils expri- 
maiént tous la doucéur et l'eipansiòn de la paròle (%5) et de 
ia lumière , confondues dans une sèule et méìste idée par tous 
tespeuples. Or, la figure de MeUhcea^Chlorìs était placée a 
' Argos à coté de celle de Latone, dans le tempie' de cette déesse, 
et anprès du méme tempie s'élevait celui de Junon Anthéa (^^ó). 
Nous trouvons dans Varron (n^j) Ops rapprocfaée de Flore, 
'comme Latone l'est ici de MeUbosa, comme Demeter l'est si 
sowyéxìi AeProserpine. Eìnfin, pour dernière analogie, la gre* 
nade , attf ibut de Junon et de Core , se trouve souvent dans 
les inains de la Fiere étrusque* (28) 

L'idée fondamentale du mythe de Flore et de celui de Chlo- 
ris est donc la lumière; de cette idée dérivent natùrellement 
les rappotts accessoires de priritemps, de mouvement, de ger- 
mihatìon, de fleur et de fédondité-, tous se personnifient eii une 
déesse , jeune , agissante , toujours éveillée , courant à la sur- 
face de la terre , enviée par les habitants de Tenfer, mais bien- 
tot redemandée par ceux, du ciel , bien distincte surtout de la 

(22) Apollod. , lib. n, e. t, §. I. 

(23) Lacon. XIX, 4* La raison da doiUe de Pausanìas ne petit élreqa'un 
rapprochement du méme genre qne le nótre ; car si Melìbòea et Peribcea sont 
un Seul et méme personnage, et ai l'une est soeur d'Amyclas, Tautre ne peut 
étre la soeur d'Hyacinthe tue par ApoUon àmycléen. 

(24) Paus.,1. e. 

(25) Chloris est aussi un des noms du rossignol. Etyniol. Magn. y. Xx»f»c. 

(26) Paus. , 1. e. Corinti!. XXI , io . et XXII , i . 

(27) De Ling. lat. IV, io. 

(28) Visc. Mus. Pio.-Clem. , 1. e. 



d. SUR LA mAmE PEINTDRE db POMPEI. SSg 

^iviniié mère, assise, voilée, à laqoelle appartiennent les 
Dotns de Rhéa , d'Ops et de Demeter : on ne parie pas ici des 
autres déeases , dans lesquelles les deux formesse confoDdent* 
Les savaots napolitaias semblent s'étre peu inquiétés des 
difficultés que présente le personnage de Flore*) en revanche 
ils ont recueilli avee empressement les témoignages qui, a leurs 
yeux , prouirent la présence de Zéphyre dans la peinture de 
Pompei* A ce propos , M* Avellino cite un passage de Philos- 
trate (29) , où cet auteur, déerivant la mort d'Hyacinthe , re- 
présente Zéphyre avee de petites ailes a la téte eomme en porte 
la grande figure ailée de notre tableau. Mais cette particularité 
appartieni a tant de di vinités différentes qu'on ne saurait en 
tirerunàrgument décisif pour le cas qui nous occupe. Ailleurs, 
pour justifier l'attribution du cothume qu'il donne à son pré« 
tendu Hyménée , M. Avellino cite ce vers de Catullo : 

Nweo gerens 
LuUum pede sùccum (3o), . . 

et ajoute : « Nel nostro dipinto Imeneo è calzato di coturno , 
forse, perchè trattandosi di nozze disine, troppo umile orna- 
mento Jìi reputato il semplice socco. » Le savant archéologue 
nous parait avoir mécohnu dans ce dernier exemple le caractère 
propre au cothurne , attrìbut pourtant bien distinct dans toules 
les représentations de l'antiquité classique. Il serait impossible, 
je crois , de citer un exempie où cotte chaussure ait été em- 
ployée dans un sens étranger a la nùit , au sommeil , aux Yéves, 
aux divinités infernales , ou a la mort. Hyménée ne pourrait la 
porter que comme presago d'une union funeste : rien de plus 
étranger, comme on volt , aux idées riantes que réveillent les 
noces de Zéphyre et de Flore. 

Je me sentirais beaucoup plus porte a chercher dans la pein- 
ture qui nous occupe Tunion de Bacchus, non plus avee 
Ariane , mais avee Aura, telle qu'on la trouve dans le 48* li- 
vre de Nonnus. Le plus grand nombre des circonstances de ce 
récit s'accorde avee la composition de Pompei. Aura, fatiguée 

(39) Icoii..iib.I,c.XXIV. 
(3o) Epitbal. Mani. 8-zo. 



36o Itt. HECHBACHfiS Et OSflmVAtlOW. 

de la chasse s'est désaltérée daas une source de via , qm Bar* 
chas a fai! jailKr d'an ròcher ^ sarprise par rhrresse , eÙe s'esl 
endormie anprès de cetfe source ; FAnour aTeitìt Bacchus do 
snecès de sa ruse : 

HttJìim* myiftvtv^ iftéff&fimp htniwtr 



%Mi fHf i^mw i«C«q^ér iw* mrrftimé x«^(HJk 
Ntf/H^i//» Xiiém«9 mft>ifyféifn9 wrtféf iwtu « 

Kji^òr «f 0P«rai« fitTnìt iifcnùf Av^^ (32^ 

La présenee da Sommeil est encore plos eiairement iaéiquée 
dans oes vera : 

Km) natfius wTtfvyt9vt irtfio^lyymf i^futt Avfnfy 



Km) yMft0f mf óftif tTic%. (34) 

Pitho ne manque pas non plus au tableau y c'est elle qui dé- 
cide Aura à se désaUérer à la source de vin : 

A9 rivi éifiMpifm9 9-Mtiit fifét ikMt Ti uhi y 
tóìw Imas fi»4mrm ymf$9 9rf«ir«yytA#9 -Aif ji* 

Kk rr^«i /f |« pi[|flp« ^»m) ùf wié »«Asr«r MMélmr, (35) 

Enfin , poor derniet* point de ressèmblance , Aura met a« 
monde deux fils, et Tingénieuse conjecturc de M, ftaoiilk 
Rochette sur lesdeux énfantsqui aceompagnent Tépoux, troi»- 
verait tout aussi^bien ieì son applicatfon. 

Un Seul trait manque au tableau, tihh <m ft'en peut nier 
riittportance ; c'est le tétemtAt ée éhaase df Anta , eette autre 
Diane , 

""Afrtftéf #«rAmp». (36). 

(3r) L. e, T. 614-616. Edit Grarfe. 
(3a) V. 601*6^4. 

(33) V. 635-636. 

(34) V. 639. 

(35) V. 595-598. 
(3Q V. a45. 



d. SUR Là mAmB FBIlfrnRB DE POMPEI. 36l 

C'est le carquois et les flècbes q ne Bacohus a soia de lui enlever 
qnaind il la trouve endortnie (S^). La nymphe de h peintnre 
de Pompei ne porle certainement aucun des caraotères qui 
conviennent à une chasseresse. 

Mais robjection principale , selon moi y vésiàe^ dans l'ana-c 
logie d^intentìoD que nous airotis sìgnalée plus haat- entre les 
deux ferames de notre peititure , et dans l' union que le dieu 
paratt eontracter en méme tenips avee cfaacune d'elles. La dif- 
férence de la veille au sommeìl ne saurait détruire la vàlear 
de eette observation ; car on ne peut croire que le róle de la 
figure assise , avec les caràctères que nous Ini avons assignés , 
se berne à la protection et au conseil. Si dono nous rccon- 
naissons dans ce personnage une confuston de Vénus et de 
PiUìo (38) , Tépoux qui convient à la fois et à cetie déesse et 
a la nymphe endormie , ne peut ètre qtte Mar» , amétni de 
Vénus et de Rhéa Sjhia. Tout cela nous ramène à l'opi- 
nion de M* Raoul-Roohette. 

Cette opinion n'a été jusqu'à cejour victorieusement réfulée 
que sous deux rapports , la figure du sommeil , que ce savant 
académicien avait nommée Pasithéa , et le vase ou calathus 
que tient la méme figure, et dans lequel il avait à tort cru recon- 
naitre un Kemos, Mais la critique fondée de quelques détails 
n'óte rien au mérite de Tinterprétation principale. Rhéa Sylvia, 
lasoureeauprès de bqinlle eftes'est exidQriDiie,.llbmfl(mère dont 
le site est compose, la préseiwe de \(éhus9J^ttiio, le sob^, 
les deux jninteaax apparaissanl; ài cdHe qui doit deveiiip l^ur 
mère y ne pewvent donner lieu à twm^ìn^. (Jijection., La pUi^ 
goande eft peuft-étre la seulé difficulté consiste dan» la figure de 
Tépoux , auquel il ne reste aucun des attiributa de Mars , pas 
né»e te easquequ'il conserve pourtant tout désarmé qii'il est , 
dans la peinture des thermes de Titus(39), et dans les basrreliefs 
MaAteii, restiinéaavec tantdè vraisemblance pacM. R.-fi. (40), 

(»7) V. «aSiOa^. 

<39).Gi ia dMMTt 4e Hflu Gwhaird, ùOt. A>/ior« Erot^rfUmt, pk aft et 
suìt. Il*tB»t Ktitrf9^fi{ , dit r%inn. d'Qrpb. è V^nua, v. 9, 
(39) Miri. Terme di Tito Tav. XXXI. 
(4t>} Mba. ined. p. à8. 



362 III. RECHERCHES £T OBSERVATIONS* 

au cycle de la fondation de Rome. Je ne sais pa3 s'il est pos* 
sible que les caractères propres à un dieu tei que Mars , soient 
àinsi complétement effacés pour faire place à une véritable 
représentation dìOniros avec ses grandes ailes aux épaule», 
et les ailes plus petites qui ornent son front ; peut-on admettre 
la supposition qu'un dieu qui apparait en songe puisse devenir 
le songe lui-méme ? Je laisse cette question a résoudre à de 
plus experts que moi dans Tétude du langage de l'art chez les 
anciens. 

Quei qu'il en soit , aucune explication ne nous paraìt jusqu'à 
ce jour complétement salìsfaisante , pas méme celle de M. Hirt, 
dans laquelle la figure assise de la partie supérieure , se refuse 
à esprimer Junon , témoin indispensable , selon nous , à l'union 
d'Hypnos et de Pasithéa; mais je ne crains pas d'affirmer que, 
de toutes les interprétations , celle de M. Raoul-Rochette est 
encore de tout point la plus complète et la plus vraisemblable. 

Ce. Lebormakt. 



5. PHILOLOGIE. 

SUR LES MOTS £rPA«2£N ET EnOIESEN. 

Page 187 du BuUetin de Flnstitut, pour l'année i83o, 
j 'avais propose une distinction des mots eff aosen et EnoiESEN 
qu'on Ut souvent sur le méme yase, joints à deux noms 
propres différents. Gomme on a élevé des doutes sur la justesse 
de mon opinion , il sera peut-étre à propos de mettre sous les 
yeux des critiques quelques passages anciens, propres à jeter 
des nouTclles lumières sur une question qui interesse yivement 
l'histoire de l'art. 

Pausanias, lib. I , chap* 3 , aprèsavoir mentionné la bataille 
de Mantinée^ peinte dans le portique d'Athènes, ajoute : 

'EnOlHSEN 99 rS y«f ri» 'At/aAìin» wttrfffct i^tKXtfnf, Jlfé ^ t49 
yfif, r«» fttf Ató^Mftjfy if ^ì ««Adtfcrv 'AXtilxiiKCf KixMf&is iflroArnp. 

Plin. Hist. nat. , lib. XXXV, 11 , 5 , 4o idem ( Euphranor) 



SUR LES MOTS £rPA*2EN ET finOIE2EN« 363 

qui i/if er FiGTOBES dictus est a nobis» Fecit et colossos et mar- 
morea, ac scTPHOs SGULP8IT : docilis et laboriosus ante omnes 
et in quocunujue genere exceUens ac sibi cequalis. 

Th. Fasofkà. 



ÀDDITION A LÀRTICLE SUB LÀ DEUXIEHE LIVBÀISON PU VOYÀGE 
DE M. LE CHEVÀLIEB BBONDSTED. 

C'est tout-à-fait par une erreur de mémoire quej'ai suppose 
( page 293 de ce recueil ) que la composition de la cella du 
Parthénon se termiuait à l'angle sud-est du monument : je 
croyais alors que toutes les divìnités assises sur la face orien- 
tale avaìent la téte tournée à gauche , ce qui n'est yrai que pour 
la uìoitié d'entre elles. A partir du centre de cette face , où 
sont les divinités de la religion attique , on Toyait arriver des 
deux còtés la procession des Panathénées, dont les principaux 
détails, au nord et au sud, se correspondaient sans se répéter : 
« On saisit facilement, dit Visconti (i) , l'intention qu'a eue 
l'artiste , de faire sentir au spectateur que c'est le méme cor- 
tége qui s'avance vers la porte du tempie , sur deux colonnes 
parallèles. Sur la face occidentale (a) , la marche des cavaliers 
n'est point en ordre \ arrivés les derniers , les uns se hàtent de 
rejoindre le cortége sur la colonne de gauche , et les autresse 
disposeut à monter a cheval. » On voit que cette ordonnance , 
si bien justifiée par la nature de la représentation , n'a aucun 
rapport avec celle des métopes , dont la disposition ne peut en 
aucun cas avoir été concue de la méme manière. 

Nous devons dire aussi , pour rendre hommage à la vérité , 
que Visconti (3) avaitdéjà reconnu le {««mv de l'Artémis de 
Brauron , dans la petite statue élevée sur une colonne de la 
métope ai de la face sud. 

Ch. Leuobmant. 

(1) Mémoires sor des Sculp. et des Inscr. d'Athèiws. ParU, 1818, p. 64. 
(a) Ibìd. , p. 67. 
(3) Ibid:, p. 76. 

FIN DU DEUXIÈME VOLUME. 



TABLÈ DES MATIÈRES. 



PREMIER CAHIER. 
I. MONUMENTS. 

I. Ttt>fro(5àAPHiE. a. Raioes de Locres, par le due de Luynes, pages 3- 13 
(PI. XV des Mooumeots io^dits publiés par l'Institut ). — h. Topografia dei 
Contorni di Xarquinii e Volci, da Enrico Westphal. , p. i2-4> (Tav. d'agg. 
i83o , A et 6). — e. Pianta di una porzione degli edificii e strade della Pom- 
peana , da Cario Pf^eber, p. 4^'>>5i (PI. XVI des Mottum. in^ditf pabliés par 
rinttitut). «^tf^. Notice sur le th^tre antique de Lillebonne (Juliobona), par 
Charles Lenormant, p. 5x-59(TaT. d'agg. i83o, G). 

a. ScuLPTURE. a. Sur une statue d*Hercule trouvee à Bavay, par Quatìv- 
mère de Quincy^ p. 59-6a (PI. XVII des Mouum. in^d. de Tlnst.)* — h. La 
Tritonide, par E. de La^landière , p. 63, 64 (Pl> XVIII, f , des Monom. de 
rinst. ). -« e. Bacate et Èros traiilés par des gtiflbns , par F. G. ff^elcker, 
p.65-$i (PI. XVIII, a, des Monum. de llnst.). 

3. rfoHiSHATiQVK. Du D^mar^tion, par le due de Lujnes, p. 8k-88 (PI. XX 
des Monum. de l'Inst.). 

4. MoifUMBRTs d^crits par les Poetes , par Leon Faucher, à. M. Panofka > 
|). ^-95. 

5. Vasb9 PxtfiTS. Sopra il dipiato di un Vaso fittile rappresentante il Ratto 
^ei Falladip , da Luigi Hìh, p. 95-io5 (Tay. d'agg. i83o, D). 

6. Pbilolooib. Aemarques d^on arcbéologue, par Th. Panojka, p. <o5-ii3 
'(Tav. d'agg. i83o,E). 

n. LITTÉRATURE. 

'X. Rbmabques sur un Essai topographique des environs de Rome, par 
William Geli, p. xiS-ia;. 

a. RAoirt-RoCHBTTE. Monuments io^dits d'Autìquitd fignrée, grecque, 
^Inuqtieet romaine, par 7% Panojka^ p. xa7-i44> 

m. RECHERCHES ET OBSERVATIONS. 

I. ScuLFTUEE. a. Les Noces d'Hercule et d'Héb^, par Th, Pano/ka, p. t45- 
^49 (Tav. d'agg. i83o, F). — b. De Eumenidum statuis, auctore Fr, Osann^ 
f>. i5o-x53. — e. La Naissaoee d'H^lène, par 7%. Panofka , p. i54'i57 (Tar. 
d'agg. i83o,G). 

a. NuMiBMATiQUB. De Numo sardiano, auctore C O. Mailer^ p» i57, x5B. 



TABLE «^ MATlàRES.' 365 

DEUXIÈME ET TROIS^ME CAHIERS. 
I. MON13MENTS. 

r. Scv&frtv». a. Enai sur Ics idée» cosmogniphiquet qui se rattaekeot au 
Bom d'Atlas , eonnd^r^ dan» lèur rapport avec les repréMnliationi aatiqoe» 
de ce perafMmagie fabulem, par Letromne, p. 161-174 (Tar. d'agg. i83o, E, 
5.)- — Alias, Athéné et la Chouette, par 1%. Panttfha, p. 175 (Tavola 
d'agg. i83o. E, 5, 6, 7). — b. Diane EgiinSa, par J. de fTim^ p* 176-182 
(PI. XIV, a, desMowim. inèdito de rjnst.). 

a. Peiuture. a, Hercule à Delphes t opinioa de M« le cheTalìer Bróndited 
sur la Cjlix théricléeiiii<;, publii^e PL IX, 1 et a, des Monum. inéd. de llnst. , 
p. 183 , i83. — b, Mercure et ApoUon , ou rinvention , la Dispute et le Do» 
de la Lyre, par Tfu Panofka, p. 184-193 (Tav. d'agg. i83o, E, 4* PI, IX, 2, 
et PI. V, 1, des Monum. de l'Inst.). — e. La Dispute d'Hercule et d'Apollon , 
par 2%. Panofka^^, 194*203 (PI. XX des Monum. de llnst). — d, L'Enlòve- 
ment du Trépicd, par Th, Panofka , p. 203-309 (PI. IX , 3 et 4 , des Monum. 
de rinst.). — e. Vasi Panatenaici , da Odoardo Gerhard, p. 209-224 (PI. XXI 
et XXII des Monum. de Vlnst.}. — /. Apollon et Tityus, par James MilUngen, 
p. 225-23i (PI. XXin des Monum. de llnst., et Tav. d'agg. i83o, H).— 
g, Let Divinit^s cosmiques, par C7t. Lenormant, à M. le due de Luynes, 
p. a32-238 (PI. XXIV des Monum. de llnst.]. — k. Achille et Patrocle , par 
le due de Luynes, p. 238*244 (Pl> XXV des Monum. de llnst.]. — i. Les 
Paliques siciliens , par Fr. ÌTelcker, p. 245-256 (Tav. d'agg. i83o, I]. Sup- 
plementi par le ménte , p. 256 , 257 (Tav. d' agg. i83o, K. ) 

3. ÉpicaiPHiE. Iscrizioni della Gente Bellicia, da Giow, G. Orti, p. 258- 262^ 

U. LITTÉRATURE. 

I. AacHiTiCTTURK. De l'Architecture polychròme chez les Grecs , ou Resti- 
tution complète du tempie d'Eknpédocles , dans l'Acropolis de Sminante , par 
BiUprf, p. 363-284. 

3. ScuLVTOEB. Veyages et Recherches dans la Grece, par M. le chevalìer 
Brondstad , denxième livraison , par Ch. Lenormant , p. 285-3oo. 

$, Nunisif ATiQus. Ancicnt cointo of greek cities and kings bjr James Mil- 
Ungon , par le due de LiQr/ies, p. 3oi-3i3« 

m. RECHERCHES ET OBSERVATIONS. 

1. TopocKAPHis. Sopra il Tempio di Minerva ed il Panelleniom in Egina ,. 
dal barone di Stacheìberg, p. 3i4-32o. 

2. ScuLFTURi. a. La Naissance de Vénus (Tav. d'agg. i83o, L, i), par 
Th, Panojka , p. 330-326. — 5. De 2jophoro Parthenonb mantissa , auctore 
C O. Mtdler, p. 326-328. •— e. Vénus condnite dans l'Oljmpe (Tav. d^agg. 
i83o,F], par F. G, ÌVeUher, p. 328-332. — d. I^s Noces d'Hercule et 
d'Hébé(Tav. d'agg. i83o, F), par Th. Panofka, p. 33a-335. 



366 TASLE ras MATiimjes. 

3. NmasBATiQVC. «. De Hiuris Sicyonorem, aacl«Mre C. O. MmfUr^ p. 336- 
337. ^ &. MédaiUcs de Tarcnte rdatÌTcs k TApolk» byaeiiitlbieB (TaToia 
d'a^. i83o» Bt, I, 9), pot le dSuc de Lufnes , p. 337-34^. 

4. Peistviz. a. L'HjaÒDtke, le Crniii— daliia , le Polboa (TaT. d'agg. 
i83o, Bt, 3 , L, 9), pur Tlk. Pamoflsmy p. 343-347. — A. Zefiro e Ckrì (TaT. 
d'agg. 1899, D, i),da^cnMnÌ0QbOTiuta,p.347-3Si.^c.S^iMdeaùao 
dqinlo PoBfMJaBO (Tavola d'agg. 1899, D, i), da Mmùmtmd» Gamrim, 
p. 35i. — d. Sor la aiéBBe p e imai e de PoBp6 (TaT. dTagg. 1809, D, ii» 
par OL Lgnormuua^ p. 35»-36s. 

5. PaiLoiAOiE. Sor les moCs ^f«4«v ci Mniarti , par 1%. PamoflfM. « p. Sfo. 
Additioo 4 rarticle sor la deozièBe li f iaisM i do Y oyage de M. le cfaeTalicr 

Bróodsted, par Ck. Lenonmant^ p. 363. 

TAVOLE ly AGGIUNTA. 

vignette dm Utre, ioreotée et dessia^ par le dnc de Luynes. Le diea 
ooTrier, aprét aToir ooTcrl qoelqoes tombcaox , rccoit de la maìn de la Terre 
(Aaftmf n«<r»/i*f ef«(} on Tase et d'aotres obieU doni les Grecs omaient les 
chambres tépalcralcs de leors parents. Btìoerre assiste à cette sc^ne, la lance 
abaissée, et écrìrant daos ses taUettcs. Elle ressemble k celle dcs Moses qoe 
l'oo désìgne ordìoairement par le nom de Clio. La Minenre, telle qo'elle se 
trouTe ici, est copiée d'après on choas da due de Lojrnes; la Terre, d'apra 
on stamnos do prìnce de Canino , relatif à la naissance d'Erichlbonìas , et 
Volcain y poor sa pose et sa figure , est imit^ d'une belle cornaline da Mas^ 
Blacas, rcprésentant deox gaerriers qui emporteot le corps d'un troisième. 

^ et B, Contomi di Tarqoinii e Volci , p. xa-4i. — C. ThéÉtre de Lille- 
benne , p. Si-Sq. — D. 11 Ratto del Palladio , p. gS-ioS. — f , i. Oljmpus et 
Marsyas, p. 106. — E ^ a. Silène pédagogue du jeane Baccbos^ p. 106. — 
E 9 3. Oreste et Électre , p. i34 , n* 4* — ^ > 4* Mercore ioTenteor de la Ijrre , 
II. i85. — E ,Sj 6 , 7. Candelabre en bronie, sor leqoel 00 Toit Atlas portant 
le ciel et la terre , p. 161-171 ^ noe cboaette et un casqoe, p. 175. — F. Les 
Koces d^Hercule et d'H^, p. 145-149 1 p* 33a*335; V^os condoite dans 
rOlympe, p. 338-33a. — G. La Vaissance d'H^éne, p. i54-x57. — H. Apol- 
lon et Titjus , p. 33o. — /. Les Paliques siciKens , p. a45-^56. — iT. Snjet ana* 
logoe, p. 357. — Z, I. La Naissance de Vénas, p. 390-336. — Z, 3. Le 
Pothos, p. 347. — ilf , 1,3. Médailles de Tarente re1atÌTes à l'ApcUon byacin- 
tbien, p. 337-343. ^ iRf, 3. L'Apollon aroydéen, Diane LeooophiToé, Hya- 
einthe et les deox Gritces , p. 34)-345. 



VIH DB LA TÀBLB. 



ERRATA. 

PREMIER CAHIER. 

Page 63, ligne i8y f'appròche, /iM£ approche. 

64, daii9 la note, Uusée' Bìaeas , PI. XI, note a , lisez Musée Blacas, p. 35, 
note 3. 

97, Kgne x3, rìointi, Usez riocinti. 

97, a8, in se , itsex In m. 

107 , II , Pana. IV, 17, iisez Pana. V, 17. 

107, ai, se préaenta,ijv«c se présente. 

1x3, iB, fai d'offrir, /uM est d'ofFrìr. 

1x6, 19, de aa moins , iises d'aa moina. 

1 17 » 39 f m'était appliqoé , Usez m'étais applique. 

1x9, x5, à Téìes, lisez la Vaes. 

133, 19, arehitectare trés voutée, iisez archltectare très ancienne. 

133 , 33 ) avec le sentier , lisez avee le grand diemin. 
x3o, 35, est, itfes et. 

1 34 , 3^ , désapronvé ', iisez désappronvé. 

x37 , ib t Monnm. inéd., iSj , Usez Monnm. inéd., i5 r . 

x38 , z , Ténns portent , Ìiìas Vénns portant. 

t46, note 8, Ugne 3, Hithnye, lisez Ilithyie. 

z46 , xo, ligne z , lib. I , XXT, t. 5*9 , lisez Uh. I , XXTII , y. 5-8. 

1 47 . i4 > Gali. Myth., CXrV, Gsez Gali. Mytb., CXTV, 444. 

x48, 17, T. rV, p. 77, PI. 13, Usez T. IV, p. 16, PI. X3. Passeri, 

T.ra,M.37. 

148, ligne 9, en forme dea, Usez en forme de. 

148, i4ff eCson, 2uez et àson. 

149, 34, préaenrait, /l'ies préserve. 
i55, 30, des Faries,./ùe2de Fnrìes. 

i55, note 6, ligne i.Phflostrat. Heroic.,€. XTI, Usez Miilostrat. Heroic , 
* e. XIX, f6. 

1 55 , IO » Pana. IX , 33 , lisez Pana. TIII ,93. 
x55. II, Ijib.II, tg^ lisez Vh, III, 19. 

1 56 , 1 3 • Pana. IX , 10, lisez Pana. TIII, 1 o. 
] 56 , 14 f Paoa. IX> 33 , lisez Pana. Vili ,33. 
1 56 , 1 5 , Pana. IX , 43, lisez Pana. TIII , 43* 
i56, z6 , Pana. IX , 35 , i!u«a Pana. TIII , 35. 

i56, 17, Apollod. ni, e. 9, $. 8, lisez Apo|lod. Ili, 10, 7. 

DEUXIÈME ET TROISIÈME CAHIERS. 

164 , ligne i5, no derint , Usez ne aoh devenn. 

169, i5, cfl;^iif eeféx^^ * ^^ ifix**^ > 'vv^A:*'** 

169, s3, ;g«if^«riif t Usez ^««^«(iif . 

171 , note 4^, Lczioologoa, luffsLexilogna. 

171, ligne 47, lign* 9, ir;i:<'f^Pv, Usez ir;t<^faTifSf. 



368 ERRA.TA. , 

Page 173, ligne 3o, de tont nn point, /Ù0z de toat point. 

173 , 35 , coÉfre aa Qfj^ti^m . 2r>e$ coSre de Cyps. 

175 , note a , Apollod. I , a , 3 , lisez Apollod. 1,9,3. 

179, 19. Phflostrale, Imag. h. I, Vn^ Jùez PhUostrate, Imoff. L I 

i8a, note 3i, ligne a, A*/jLìir(t, lisez AN/ictTo^i. 

i83, ligne 5, ApoUodore II, eh. 6,8. a35,/MM Apollodore U 6 a 

183, note 4, Mgnes^a et 3, Heync, ad Apottod.n, 6, a, $. elsupprùnez 

i85, 3, ligne 3 , Horat. Od. 1 , 9,V. 6, lÙez Od. I , ,0, v. 6. 

1S8, Ugne 16, ses armes à JMars , lisèz kUàn^àes arme». 
188, i7> lìnges, ^ez lauges. 

188, a4, de Tàge et de la force ytisèz l'àge^t lafoi-ce. 

189, a3, ne restait, /i>è2 u*èn rearait. 

190, 4, forme deshexmès,/ì>er forme dliOTmès. 

i9a , noie 38, ligne i, Horat. Òd: ttl , -VÌÌt, i, ^sez Horat. Od; III, XI, r. 
193, ligne 17, les condoaions , /tV^z ces condosioBs. 

195 , note 4a , Lib. IV, e. 14 , Ihez Llb. t, e. 14. 

1 96 , 4 , Hgnes a et 3 , Pàus. il , ij; 7 ^ lisez Pans. V, n . 

196, ligne aa, TAEtis, lisez PAltis. 

197, Ao, 8ymbo1isent,7/itótié symbblisent. 

197 , ai , se rapportent, ìisez ne se ràpportent. 
'|>7. 37, AntóinèXibÌpr£Bs,7wi?j2Atttoniòii Liberali». 

198, ni^e a3, Apollod. ir, 7, ?, tiiez JLpanòA. lì, 7, 7. 
198, ligiie 16, qh^obtSiltiZ6<»qairoKtient. 

»99 » J'g»i<?s «9 et 3o , Gergon , lisèt Geryon. ' 

3o3, a5, etn'y, //tìfi^èràh'y.' . 

204, 9* TfiVot;t, /iVtó TfiVotfc: ' ' •' 

ao6 , a , je «appose pour , liséz jé suppose , ponr. 

ao7, 33 , de la lòtte : /»ejz de la lotte / 

aii , li, 'A^ka; lisez*jL^),tt: ' 

a39 , note i , K§pe ;i , Darès. Pht^g. de cxcid. Troj.. e. XI , lisez e XIII. 

241 , ligne ao, eVqui onit 'lisez qaioiil. 

a4a , i5, sonarne file, lisez snr ùné file. 

a 48, 'Ir à|a symbotiqae,^ok(/^2r àes'<^réc». 

a5a, note 16, Kgnc 3, lteaenenÒs,7£séjg niié ville nommée Mena^nos. 

a5a , 17, ^gnè i , tf «t? pèc-vf , lisez Kf «raf te «r«. 

a83, lignes i.a et i3i porte» , feriètres , l/5C« portés feinte».' 

3o6, note 3 , ^irg. JÉncid: tili. ^t, v.'3è,'Hsezy, 36. 

3i» , , . .1.2 ^ vere la ,fin , Pan», lacon. , e. 36 , lisez e. 4. 



1850. 




36 

Pag 



1850 







l65o 



ULLEBONNE, 





Bourg 
LilIeLonne 



x85o. 










^.tA^ DV^ del. etr ^«<^ 




(• 



].83o 





^