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Full text of "Approvisionnemens de St. Domingue"

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a  décrété  &  décrète,  que,  toute  motion 
relative  à  la  Conftitution  des  Colonies, 
feroit  fufpendue  6c  renvoyée  à  l'époque 
cil  elle  recevra  ,  du  fein  même  de  fes 
onies,  leurs  vœux  légalement  ma^ 
nifeftés  dans  un  Plan  de  Conftitution 
qui  fera  foumis  à  un  férieux  examen 
de  rAffemblée  Nationale,  avant  d'être, 
décrété. 


f 


A  Paris  ,  de  l'Imprimerie  de  Clousier, 
Imprimeur  du  ROI ,  rue  de  Sorbonne. 


APPROVISI 


DE   St.    DOMINGUE. 


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^db^càçi^^^siââââ^ 


REPONSE 


..       D  E  s    D  É  P  U  T  E  s 

DES  MANUFACTURÉS  ET  DU  COMMERCE 

DEFRANCE, 

Aux  Motions  de  MM.  de  CôCHÉREL  & 
de  Ray  N  AU  D  )  Députés  de  Vlfle  de. 
St.  Domingue  h  VAjfembléc  Nationale. 


",  i 


ESSiEURS  les  députés  de  St.  Ëfomîngue 
à  rAfifembîée  Nationale  ont  remis  le  1 3  de  ce 
mois ,  à  Meilleurs  les  (îx  commirfaires  dii  Corriité 
d'agriculture  &  de  commerce  ,  neuf  pièces  fïgnées 
d*eux. 

La  première  eft  une  Motion  dô  M,  dé  Co'che- 
rel  du  29  août ,  au  pied  de  laquelle  efi:  une  note 
dont  nous  ne  ferons  pas  mention  ,  parce  que  les 

■A      * 


«I 


[2    3 

fignatures  de  Mefîleurs  les  députés  font  au  defius 
de  cette  note.  Nous  obferverons  feulement  qu  elle 
auroit  dû  être  biffée  ou  fignée. 

La  féconde  eft  une  Motion  de  M.  le  Comte 
de  Reynaud  du  3 1  août  5  au  pied  de  laquelle  font 
des  obfervations  non  fignées.  Nous  en  ferons  men- 
tion malgré  nous  ,  parce  qu  elks  ont  un  rapport 
trop  dire6l  à  la  queftion ,  pour  les  négliger. 

La  troiileme  eft  une  brochure  portant  pour  ti- 
tre ,  Réplique  de  M  de  Cocherd.  Cette  Réplique 
fignée  eft  fuivie  d*une  lettre  non  fignée  de  M.  le 
M''  du  Chilleau  à  MM.  les  députés  de  St.  Do- 
mingue,  en  date  du  29  août  1789. 

La  quatrième  &  la  cinquième  font  des  ta- 
bleaux de  l'importation  des  farines  Françoifes  ,  Se 
des  procès-verbaux  de  Tapprovifionnement  des 
principales  villes  de  St.  Domingue. 

La  fixieme  eft  l'Ordonnance  de  M.  le  M"  du 
Chilleau  &  de  M.  de  Marbois ,  du  premier  avril 
1789,  portant  permiffion  d'introduire  les  farines 
étrangères  dans  les  trois  ports  d'entrepôt  de  St. 
Domingue,  pendant  trois  mois. 

La  feptieme  eft  l'Ordonnance  de  M.  le  M'^  du 
Chilleau,  du  17  mai  1787  ,  enregiftrée  le  29  du 
même  mois ,  portant  permiffion  d'introduire  les 
farines  étrangères  dans  tous  les  ports  d'Amirauté 
de  St.  Domingue  ,  jufqa  au  premier  odobre  ,  Ôc 
Â'extciire  les  denrées  coloniales. 


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C  3  3 

Cetre  Ordonnance  rendue  au  nom  du  Général 
&  de  l'Intendant,  n'a  été  fîgnée  que  par  le  Gé- 
néral ,  l'Intendant  l'ayant  refufé. 

La  huitième  eft  l'Arrêt  du  Confeil  du  Roi ,  qui 
cafTe  l'Ordonnance  ci-deiTus ,  en  ce  qu  elle  permet 
l'introdudion  des  farines  étrangères  dans  tous  les 
ports  d'Amirauté ,  &  l'extracflion  des  denrées  colo- 
niales 5  &  la  confirme  quant  à  fes  autres  difpofîtions. 

La  neuvième  enfin  efl  un  réfumé  Aes  demandes 
de  Mefîîeurs  les  députés  de  St.  Domingue ,  portant 
le  titre  de  Précis,  -- 

Toutes  ces  pièces  nous  ont  été  remifes ,  le  1 7  de 
ce  mois  au  foir ,  par  M  M«  les  fix  commiifaires  du 
Comité  d'agriculture  &  de  commerce ,  fous  notre 
récépiffé. 

De  toutes  les  parties  de  la  mKlion  qui  nous  a  été 
confiée  ,  la  plus  pénible  &  la  plus  trifte  fans  doute 
eft  celle  que  MM.  les  députés  de  St.  Domingue 
nous  forcent  de  remplir.  Ils  of&enta  la  Nation  aîTem- 
blée  le  tableau  de  400  mille  individus  livrés  aux 
horreurs  d'une  famine  continuelle  ^  entretenue  foi- 
gneufementparles  Marchanda  (i)  àzs Ports  d€mer> 

(l)  Nous  remercions  MM.  les  Députés  de  St.  Domingue 
de  nous  avoir  rendu  notre  véritable  titre ,  le  feul  (Merckànt) 
que  les  Anglois ,  nos  refpcdables  rivaux,  cmploycnt*  Il  yafî 
peu  de  tems  qu'il  étolt  encore  le  fîgne  du  mépris  de  notre 
profeffion,  que  nous  n'ofîons  pas  nous  en  parer.  Nous  le  por- 
terons déformais  avec  une  noble  affurance. 

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[4] 
t:fh$  MARCHANDS  des  farines,  pour  faire  mourir 
de  faim  lO  à  12  mille  Nègres  par  an^pourôter  aux 
Colons  leurs  forces  exploitantes^  pour  tenir,  par  le 
plus  criminel  de  tous  les  monopoles,  dans  roppreffion 
Se  dans  la  mifere ,  la  plus  belle  &  la  plus  produ/live 
de  nos  Colonies. 

Ilspeignent  cette  famine,  qui  dure  depuis  plus  d'un 
fiecle ,  arrivée  dans  ce  moment  au  plus  affreux  degré. 
Le  fujet  que  nous  allons  traiter  eft  grave  :  il  ne 
■  nous  permet  pas  de  négliger  aucune  des  aiîertions 
<le  MM.  les  Députés.  ïl  eft  queilion  de  la  vie  des 
hommes ,  &  d'une  portion  d'hommes  que  l'humanité 
Se  l'intérêt  ont  rendu  extrêmement  précieufe. 

D'un  coté ,  on  préfente  au  Tribunal  de  la  Nation, 
la  plus  fenfible  4u  Monde ,  400  mille  inftrumens 
du  luxe  de  l'Europe ,  n'obtenant  pas  pour  prix  de 
'  îabaridqn  abfolu  de  leur  exiftence ,  le?  iiioyen?  ri- 
goureux delà  foutenlr.  De  l'autre,  on  dénonce  à  cet 
Imposant  ^Tribunal  la  confpiration  générale  de 
'  -tous les  aî^ens  du  commerce  contre  ces  infortunées 
Tiâ;im_es. 

''**^^i  les  accufatipns  de  MM.  les  Députés  de  St.  Do- 

"Tningue  'étolem  éclairées ,  non  de  la  vive  lumière 

-  !"lle1i'!^£riré  ,  mais  de  la  lueur  pâle  &  incertaine  des 

:  ^.»l:us  fpibles  vrâifemblances ,  nous  frémirions  .4'eiî 

•être  les  objets  ^   &  la  providence  éternelle ,   qiii>tôt 

•  èù'  tard  révèle  les  crimes  des  peuples  &  des  par- 

îiculiçrs ,  nous  cteroit  tout  moyen  de  dcfenfe. 


[  ;  ] 

L*honneur  (  i  )  des  Marchands  François ,  fi  cmd- 
lemenr  oifenfé^  ne  peut  admettre  aucun  mena- 
o-ement.  Nous  dirons,  en  leur  nom,,  à  rAifembiée 
Nationale,  que  le  tableau  qui  lui  a  été  préfente 
par  MM.  les  Députés  de  St.  Domingue ,  efc  faux. 
Nous  dirons  que  la  difette  qui  peut-être  règne 
aduellement  dans  la  Colonie  de  St.  Domingue  ,  ne 
frappe  que  les  habitans  Blancs,  &  que  les  Nègres 
n  en  peu^^ent  être  atteints.  Nous  avons  acquis  le 
droit  de  dire  ce  que  nous  avons  la  certitude  de- 
prouver. 

Nous  allons  démontrer  ces  deux  proportions  t 
nous  expoferons  enfuite  nos  vues  fur  les  moyens 
de  fecourir  la  Colonie  dans  la  difette  qui  rafflige.- 


(i )  Si  nous  avions  befoin  de  témoignages  contre  nos 
accufateurs,nous  invoquerions  celai  de  tous  les  Commerçans 
de  l'Europe  ,  qui  ont  un  refpeâ:  religieux  pour  la  loyauté  & 
la  franchife  des  Commcrçans  irançois.Nous  irions  demander 
à  MM.  les  Colons  rcfidans  à  Paris  ou  dans  les  provinces, 
lequel  d'entr'eux  qui  confiant  fans  détour  &  fans  réfervc  à 
fon  Correfpondant  fa  fuuation  maîheureufé,  n'en  a  pas  reçu 
des  recours  prompts  &  fouvent  défmtérefîcsî  Queleil  celui  qui 
a  manqué  d'avances  pour  des  entreprifes  raifoianabîes  î  A  qui 
on  a  refufé  toute  l'indulgence  qu'il  defiroit  pour  fes  créances 
échues,  quand  fon  impuiilance  étoit  couverte  par  une  bonne 
conduite  î  Et  ce  font  de  tels  hommes  qu'on  ofe  traduire: 
devant  la  Nation,  comme  dts  fpéculateui-s  en alTaffinats  L 


PREMIERE  PROPOSITION 


Ilneji  pas  vrai  que  la  fourniture  des  fariner 
FrançoifeSy  dans  la  Colonie  de  St,  Do- 
mingue^foït  infuffifame  ^  Ù  qu  elle  [oit  la 
caufe  que  lo  à  12  mille  Nègres  meurent 
de  faim  tous  les  ans. 

Il  importe  d'abord  de  donner  une  idée  rapide 
de  la  Colonie  de  St.  Domingiie. 

La  Colonie  de  St.  Domingue  éroit  habitée  en 
1787,  par  24,192  Blancs^  p^r  i9,<?32  gens  de 
couleur  libres  ^  &  par  3  (54519  <î  Noirs.  Depuis 
cette  époque  ,  la  population  des  Noirs  s'eft  accrue. 
Et  nous  penfons  ,  que  dans  le  moment  où  nous 
écrivons ,  elle  peut  être  portée  à  400,000. 

De  ces  400,000  Noirs  ,  140,000  à  peu 
près  exploitent  les  fucreries  que  nous  croyons  être 
au  nombre  d*environ  700. 

Nous  eftimonsa  150,000,  ceux  qui  font  em- 
ployés dans  les  montagnes  a  la  culture  du  café 
&  des  vivres  :  le  refte  appartient  aux  cotonneries, 
indigotteries ,  enfin  aux  villes  &  aux  bourgs  j  & 
nous  croyons ,  avec  quelque  fondement ,  que  ceux 


[  7  ] 

qoï  habitent  les  villes  &  bourgs ,  font  au  nombre 
de  30,000  à  3  5,000.  N'ayant  pas  les  récenfe- 
mens  détaillés  fou^  les  yeux  ,  nous  ne  pouvons 
donner  que  des  approximations;  mais  nous  peri- 
fons  qu  elles  avoifinent   de  très-près  la  vérité. 

Les  150,000    Noirs   qui    cultivent  le    café  & 
les   vivres  dans  les  montagnes  ,   jouifTent  d'une 
abondance  exce(Iîve  en  vivres.  Cette    abondance, 
efi;  telle  que  la  plus  petite  partie  de  leur  fuperflu 
fert  à  garnir  les  marches   des   villes ,  des  bourgs , 
Se  à  établir  un  commerce  d'échange  très-adif  avec 
les  Nègres  de  la  plaine ,  qui  leur  procure  une  aî- 
fance  inconnue  dans  nos  campagnes.    La  difette 
ne  fe  fait  jamais  fentir  dans  les  montagnes  ,  par- 
ce que  la  fraîcheur   du  climat ,  la  fréquence   des 
pluies ,  la  fertilité  d'un  fol  qui  donne  5  à  (?  ré- 
coltes par  an  ,  âîTurent  la  fubfiftance  de  ce   peuple. 
Les  féchereffes  courtes  &  rares  qui  paffent  fur 
ces  montagnes  ,  n'y  laiifent  que  des  traces  légè- 
res ,  parce  que  plufîeurs  efpeces  de  vivres  réiîftent 
à  l'adion  de  cette  fécherelTe  ,    ôc  fe  confervent 
en  terre.  Tels    font  le  manioc  8c  le  tayau ,  ou 
chou  Caraïbe  ,  qui  peuvent  fc  garder  en  terre  plus 
d'un  an,  l'igname  créolejquife  confervefixmoiS  hors 
de  terre ,  le  riz ,  le  maïs ,  les  pois    dont  on  peut 
former  des  magazins.  La  banane  fe  cultive  dans 
des  ravines  profondes  &  fraîches ,   elle   produit 

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moins  dans  les  fécherefTes ,  mais  il  n'y  a  que  di- 
minution de  produit. 

Le  pain  ne  paroît  dans   les  montagnes  ,  que 
fur  les  tables  des  Blancs  ;  il  y  eft  toujours  accom- 
pagné d'une   grande  quantité  de  vivres  du  pays , 
que  les  Créoles  préfèrent  fouvent  au  pain  d'Europe, 
Il  paroît  quelquefois  dans  les    fêtes  des  Nègres  j 
mais  on  ne  l'y  voit  que  comme  ces  oifeaux  rares 
Se  fans  goût  5  que  les  riches  de  notre  Europe  fer* 
vent  fur  leurs  tables ,    en  figne  de  leur  opulence 
Se  de  leur  vanité.  Les  maîtres  en  diftribuent  dans 
les  hôpitaux  j  mais  cette  quantité  eft  fi  peu  con- 
fidérable  ,   parce  qu  elle  ed  peu  néceflàire  ,  qu'une 
habitation  de  deux  cents    Nègres   ne  confomme 
guère  plus   de  cpatre  barils  de  farine  par  an.  En 
effet  la  Nature  a  tellement  diverfifié  la  nourriture 
clans    cette  riche  contrée  ,  qu'elle  Fa   appropriée 
a  tous  les  âges  ,  à  tous  les  fexes  &  a  toutes  les 
maladies.  Elle  a  donné    le    manioc ,    la    patate , 
Fisname  ,  k  racine  du  chou  Caraïbe  aux  hom- 
nies  fains  &  robudes  ;  la  banane   aux   individus 
plus  délicats  ;  le  riz  ,  la  farine  de  Maïs  ,    mille 
efpeces  de  pois  Se  de  légumes,  à  ceux  que  des  ma- 
ladies ont  épuifés.  Enfin  le  pain  fe  mêlant  à  tou- 
tes ces  produdions  ,  offre  un  dernier  moyen  de 
nuancer  la  nourriture  5   fuivant  les  diverfes  nuan- 
ces  de  la  maladie  Se  des  forces  du  fujet. 

On  peut  voir  par  ce   récit  vrai ,  Se  en  témol- 


gnage  duquel  nous  invoquons  ceux  de  nos  Juges 
qui  ont  habité  la  Colonie  de  St.  Domingue  , 
que  les  150,000  Nègres  qui*  habitent  les  mon- 
taî^nes,  n'ont  pas  befoin  de  confammer,  &  ne  con- 
fomment  prefque  pas  de  farines  d'Europe.  En 
admettant  quatre  barils  pour  200  Nègres,  la  con- 
fommation  annuelle  feroit  de  3000  barils  de  fa- 
rine. . 

Il  xefte  250,000  Nègres,,  dont  30  à  35,000 
habitent  les  villes  &  bourgs.  Ceux-ci  ,  comme 
nous  l'avons  déjà  obfervé  ,  font  approviiionnés  par 
Iqs  Neeres  des  montagnes  ;  mais  comme  dans 
toutes  les  fociétés ,  les  clafTes  inférieures  tendent 
à  s'approcher  des  claffes  fupérieuxes  ,  au  moins 
par  l'imitation ,  les  Nègres  domeftiques  &  ouvriers 
ont  cherché  à  imiter  les  goûts  des  Blancs  ;  Se  nous 
avouons  que  la  confom.mation  du  pain  eft  plus 
coniidérable  que  dans  les  montagnes.  Nous  fuppofe- 
rons  que  cette  confommation  peut  être  équiva- 
lente à  celle  de  4,000  Blancs  qui  ne  vivroient 
que  de  pain. 

Les  215,000  Nègres  qui  exploitent  les  fucre- 
ries  ,  les  indigotteries  &  les  cotonneries  ,  ont,  com- 
me ceux  des  montagnes ,  des  moyens  de  fubhf- 
tance  tirés  des  productions  du  fol  j  mais  la  terre 
infiniment  précieufe  dans  quelques  bonnes  fucre-- 
ries ,  a  amené  les  propriétaires  à  reiTerrer  la  por- 
tion de  terre  confacrée   à   la  culture  d^s  vivres. 


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Néanmoins  dans  ces  terres  privilégiées  &  rares  ^ 
où  tout  fe  mefure  >  où  tout  fe  calcule ,  le  Nègre 
y  jouir  encore,  en  toute  propriété,  d'un  terrein  fuf- 
fifant  pour  fa  nourriture  ,  il  on  confîdere  fur-tout 
que  ce  terrein,  d'une  fertilité  auprès  de  laquelle 
nos  meilleures  terres  font  ftériles ,  produit  en  tout 
tems ,  en  peu  de  rems ,  fans  fumier  ,  fans  labour 
êc  prefque  fans  travail.  On  fiit  une  réferve  d'un 
grand  terrein  deftiné  aux  malades  ,  aux  vieillards , 
aux  enfans ,  aux  nourrices.  On  diftribue  du  fîrop , 
qui  eft  un  objet  d'échange  ave:  les  vivres  Aqs 
Nègres  de  la  montagne.  Dans  les  fécherefïes  , 
beaucoup  d'habîrations  peuvent  fe  garantir  de  leurs 
effets  par  l'arrofage.  Celles  qui  font  privées  de 
cette  refTource  ,  multiplient  les  échanges  avec  les 
Nègres  des  montagnes  qui  ont  toujours  un  fonds 
inépuifable  dé  fubfiftance.  Il  en  réfulre  à  la  vé- 
rité une  augmentation  dans  le  prix  des  vivres  ; 
mais  cette  augmentation  qui  par-tout  eft  de  ni- 
veau avec  l'augiuentation  des  demandes  ,  n'eft 
jamais  hors  des  moyens  de  l'habitant. 

On  prévient  encore  les  difettes  par  les  achats  de 
riz  des  États-Unis,  qui  eil  toujours  abondant  dans 
les  villes  ,  par  les  fèves  &  pois  d'Europe.  Enfin 
prefque  toutes  les  habitations  de  la  plaine  ont  de 
/  petites  habitations  dans  les  montagnes  >  unique- 
ment deftinées  au  foulagement  des  Nègres  de  la 
plaine. 


On  ne  confomme  donc  de  pain ,  que  dans  les 
hôpitaux.  Cet  aliment  y  eft  adminîftré  à  ceux  qui 
font  véritablement  malades ,  ou  convalefcens.  Les 
Nègres  qui  n'ont  befoin  que  de  repos ,  ou  qui  y  font 
retenus  par  des  plaies  aux  jambes  (  maladie  extrê- 
mement commune  dans  les  pays  chauds  )  ne  font 
nourris  qu  avec  les  vivres  du  pays ,  &  avec  le  riz  des 
États-Unis.  Il  réfulte  de  cet  apperçu  qu'en  portant 
laconfommation  moyenne  des  farines  dans  la  plaine, 
à  un  baril  par  1 5  Nègres  chaque  année  ,  nous  l'éva- 
luons audeflus  de  la  confommation  réelle.  Nous 
invoquons  encore  ici  le  témoignage  de  ceux  de  nos 
Juges  qui  ont  cultivé  les  Colonies.  Il  ne  feroit  pas 
aifé  d'en  confommer  davantage.  Dans  les  belles 
fucreries  qui  en  font  le  plus  grand  ufage  ,  le  bois 
manque  abfolumenr:  tout  le  fervice  de  la  manufac- 
mre  &  des  cuiiines  fe  fait  avec  la  canne  à  fucre , 
quand  elle  a  été  preiTée  au  moulin  ;  le  four  à  pain  ne 
peut  être  échauffé  que  fort  diflicilem.ent  avec  cette 
canne  à  fucre ,  &  on  y  employé  du  bois  qu'on  fe 
procure  avec  des  peines  infinies.  D'ailleurs  l'embarras 
de  la  fabrication  rendroir  Tufage  de  cette  nourriture 
impoffible  pour  tout  l'attelier.  Le  riz  dont  la  cuifTon 
eft  fimple  ôc  aifée ,  eft  la  nourriture  la  plus  conve- 
nable &  la  plus  ufitéc.  Les  États-Unis  le  portent  à 
St.  Domingue  en  fi  grande  quantité ,  qu  on  l'acheté 
prefque  toujours  au  même  prix  qu'en  France.  Il  vaut 
dans  nos  ports  de  mer  dQio  à  14  liv.  qui  équivalent 


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àj  o  on  3  ^  %.  4^  l'Amérique.  Ceft  le  prix  ordinarte 
qu'il  fe  Vendcïans  les  ports  de  St.  Doniingue. 

Ainfî  la  nourriture  dont  la  préparation  eft  la  plus  ^ 
fîmple  5  qui  doit  être. la  plus  faine  &  la  plus  conve-- 
nable  5puifque  la  Nature  ,  cette  bonne  confeillere  ^ 
Ta  donnée  aux  pays  chauds  (  i) ,  eft  prefque  en  tout 
tems  au  même  prix  qu'en  France. 

Les  2î  5,000  Nègres  qui  exploitent  les  fucreries, 
cotonneries  &  indigotteries ,  à  la  moyenne  exagérée 
d'un  baril  de  farine  par  1 5  Nègres  ,  confommenc 
par  an  1 4, 3  3  3  barils  de  farine. 

Il  refte  ic),6^i  (1)  gens  de  couleur  libres. 

Ces  gens  de  couleur ,  à  la  réferve  d'un  petit  nom- 
bre qui  eft  aifé  &  qui  demeure  dans  les  villes  ,  fe 
nourriflent  tous  de  vivres  du  pays.  Leurs  goûts,  leurs 
habitudes  les  attachent  à  cette  nourriture  faine  qu'on, 
ne  pourroit  pas  aifément  leur  faire  quitter.  Ces  habi- 
tudes font  un  des  regrets  qu'ils  éprouvent  quand  ils- 
font  hors  de  leur  patrie.  Néanmoins  nous  voulons 
forcer  les  élémens  de  nos  calculs,  &  nous  eftimerons. 


(i)  Les  Nègres  de  la  Côte-d'Or,  qui  {ont  les  plus  robufîes 
^e  l'Afrique,  fe  nourriflent  principalement  de  riz. 

(t)  L'État  de  la  population  de  St.  Domingue  en  178^  ,  ne 
donne  que  16,99%  gens  de  couleur  libres.  Nous  avons  pré- 
féré TÊtatde  l'année  1787  ^ui  donne  19,63  2  gens  de  couleur 
libres  ,  parce  que  nous  voulons  éviter  le  reproche  d'avoir  at- 
ténué les  bafcs  de  nos  calculs. 


11;  I 


[15] 

que  la  confommatlon  des  farines  faite  par  les  genâ 
de  couleur  libres,  peut  être  repréfentée par  4,000 
Blancs  ne  vivant  que  de  pain. 

(i)  Enfin  5  Ôc  pour  achever  le  tableau  des  confom- 
mateurs  de  St.  Damingue  ,  nous  trouvons  14, 1 9  2 
habitans  Blancs.  Beaucoup  de  ces  habitans  Blancs 
vivant  dans  les  montagnes  ,  confoniment  autant  de 
vivres  du  pays ,  que  de  farines  ;  mais  nous  n'aurons 
aucun  égard  à  cette  confîdération  ,  êc  nous  les  fup- 
poferons  tous  vivant  de  pain. 

La  nourriture  d*un  homme  dans  nos  climats  tem- 
pérés eft  évaluée  à  une  livre  &  demie.  Dans  ce  calcul 
moyen,  on  comprend  l'homme  de, travail  qui  ne 
vit  guère  que  de  pain ,  Se  qui  consomme  beaucoup 
plus  d'une  livre  ôc  demie  par  Jour.  Dans  nos  Mes  , 
l'homme  de  travail  ne  mange  pas  de  pain  ^  il  n'y  a 
que  les  gens  aifés.  Ces  gens  aifés  habitent  un  climat 
brûlant  qui  exige  une  nourriture  fucculente.  La 
confommation  du  pain  à  St.  Domingue  ne  devroit 
donc  pas  être  évaluée  à  une  livre  &  demie  par 
homme.  Elle  ne  s'élève  pas  non  plus  à  cette  quan- 
tité j  mais  ayant  commencé  à  forcer  nos  données , 


(  I  )  L'État  de  1786  ne  donne  que  1^,133  habitans 
Blancs  1  mais  pat  la  raifon  de  la  note  précédente ,  nous  avons 
choifie  l'année  17S7 ,  qui  élève  la  population  des  habitans 
Blancsà  Z4,  i^i. 


,11 


I       ''Ni 


|ff1"    i 


! .  I 


[   M  ]  ^ 
nous  continmerons  dans  le  même  principe.  Nous 
dîfonsqueles  Z4ftî92'  Blancs  confommant  chacun 
une  livre  &  demie  de  pain  par  jour,  confomment 
cous  enfemble  3  ^,  i  8  8  liv.  de  pain  par  jour,  Ôc  par  an 


13,^^5,120  liv.  de  pain ,  ci. . 

Les  Nègres  qui  habitent  les  villes , 
repréfentant  4,000  Blancs  qui 
ne  vivent  que  de  pain ,  conlom  - 
ment  par  jour  6^ooo\ïv,  de  pain , 
&  par  an  1,1 90,000  liv.  ci. . . ." 

Les  gens  de  couleur  repréfentant 
4,000  Blancs  qui  ne  vivent  que 
de  pain ,  confomment  par  jour 
6,000  liv.  de  pain ,  &  par  an 
23190,000 ,  ci.  .  ; 

Les  150,000  Nègres  qui  habitent 
les  montagnes ,  doivent  confom- 
mer ,  fuivant  nos  eftimations , 
3,000  barils  de  farine  par  an,  qui 
équivalent  à  (375,000  liv.  de 
pain  ,    ci •  • 

Les  21 5, 00  G  Nègres  qui  exploitent 
les  fucreries ,  cotonneries  êc  m^ 
digotteries,  confommant  14,333 
barils  de  farines,  repréfentent 
une  eonfommation  annuelle  de 
3,224,925  liv.  de  pain,  ci  .... 


1 3,245,110.1. 


2,190,0004 


2,190,00: 


(jy  5,000^ 


3,224,925 


Confommation  annuelle  des  habi- 
tans  Blancs,  gens  de  couleur  libres 
&  Nègres  de  St.  Domingue. . . .  •  2 1 , 5  2  5 ,045. 


[M  ]. 
Meilleurs  les  Députés  conviennent  que  les  navires 

François  portent  annuellement  150,000  barils  de 

farine   dans  la  Colonie  de    St.  Domingue  ^    cet 

aveu  eft  d'accord  avec  l'État  ci-delTous  de  cinq 

années  : 

Barils  de  Farine 
En  1784  on  a  importé. ......   îoy^idS. 

En  1785 1505186^. 

En  178^ 151,047. 

En  1787 .  .   19^,23^. 

En  1788.  .........    .  .  142,388. 

Total  en  5  ans 750,025. 


Ann^e    commune...  .  150,005, 


Sur  la  quantité  de  750,025  barils  de  farine,  le 
port  de  Bordeaux  en  a  introduit  ^58,413  barils  ; 
&  tous  les  autres  ports  réunis  ont  introduit  91,^12 
barils. 

Chaque  baril  de  farine  pefe  180  liv.  net;  il 
donne  ,  en  ne  mettant  qu  un  quart  (i)  en  fus ,  225 
liv.  de  pain.  Ainfî  les  1 50,000  barils  de  farine  in- 
troduits annuellement  a  St.  Domingue ,  ont  produit 


Cs)  On  évalue  en  France  le  rapport  de  la  farine  au  pain  , 
dans  la  proportion  de  5  à  4  j  &  nous  ne  l'évaluons  pour  no» 
calculs  ^ue  dans  celle  de  4  à  j. 


4 


'!•*     .  ■  iii 

"À 


M 


un  approvidonnement de  333750,0001  depaiiLLa, 
confommation  totale  ne  s'élevant  qu!â  z  i ,  5  i  5,04  5  L 
il  refte  d'excédant  1 2,124595  5  liv.  de  pain. 

Cet  excédant  de  12,224,5)55  1.  de  pain,  ceft- 
à-dire,  de  5  7, ^(^^  barils  de  farine,  fert  à  la  nourriture 
des  équipages  des  navires ,  aux  caboteurs  fur  les 
cotes  j  aux  achats  que  les  Efpagnols  viennent 
faite  ,  &  qu'ils  introduifent  chez  eux  en  contre- 
bande (i). 

Enfin  le  refte  de  cet  excédant  eft  mis  en  magasin 
par  des  fpéculateurs  qui  Tont  acheté  à  vil  prix ,  foie 
dans  des  ventes  à  l'encan  qui  font  très-fréquentes  , 
foit  chez  les  Capitaines  qui  ,  fur  leur  retour  pour 
France  ,  fe  débarafTent  à  tout  prix  d'une  marchan- 
dife  qui  ne  peut  fe,conferver  (2).  S'il  ne  furvient  pas 


'1  ' 

1 

■1  i  1 

i 

:  ! 

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il 

( 

(i)  Un  Colon  Efpagnol  ne  peut  manger  d'autre  pain  que 
celui  qui  lifi  eft  fourni  par  une  Compagnie  exclufive  5  &  , 
comme  on  le  peiife  aiféraent ,  il  cft  mauvais  Se  cher. 

(%)  Ce  font  ces  approviiionneurs  qu'on  appelle  fi  injuf- 
temeiit  des  accapareurs  ,  qui  veillent  fans  cq-{[c  fur  les  ftib- 
fiftances.  Ils  forment  des  magazins  dans  le  tems  de  l'abondance, 
ils  les  ouvrent  dans  le  tems  de  la  difette.Ils  font  les  gardiens  & 
les  fauveurs  de  la  vie  des  peuples  :  (ans  eux  ,  fans  l'efpoir  du 
profit  qui  détermine  leurs  opérations,  on  pafTeroît  rapide- 
ment de  l'abondance  à  la  famine.  La  denrée  avilie  fcroit  né- 
dic;cc  &  perdue.  Ce  font  eux  qui  en  arrêtent  TaviliiTement:  ce 
ipnt  les  dépôts  remplis  par  leurs  prévoyans  calculs,  &  ouverts 

de 


<ie  rivolarioii  îiîcerieure  ,  ou  n  le  ùômxr\QfCe  de  k 
Loiiifianne  ne  fiurnit  pas  de  cl%onch.é  à  ces  amas  ^ 
ils  périiTent  en  peu  de  tems ,  &  il  faut  lès  jetter. 

Si  n^iis  avions  pu  prévoir  les  demandes  ^  ies  ao» 
cufari^ns  de  Meffieuîs  les  d'^'uités  ,  nous  aurions 
fait  venir  de  nos  porrs  de  m.er  d-çs  états  de  ces 
veîites,  &  nous  aurions  prouvé  ave-  évidence  ce  que 
nous  avançons.  Nous  andons  démontré  que  fonvent 
la  farine  fe  vend  à  24  &  30  liv.  le  baril  ,  argent  de 
r Amérique  ,  qui  font  i<^  liv.  &  20  liv.  atç^ent  de 
France.  Mais  ici  ,  comme  dans  tout  notre  récit ,  le 
témoignage  de  Meilleurs  les  Colons  ,  qui  fe  font 
eux-mêmes  quelquefois  approvi(ionnés  de  cette  ma-* 
mère  ,  nous  tiendra  lieu  de  preuve. 

Les  commerçans  ne  demandent  point  de  dédom- 
magement quand  leurs  fpéculations  ont  été  ruinées. 
Ils  fupportent  leur  perte  en  filence  ,  ils  attendent 
qu'une  révolution  dans  le  cours  des  marcliandifes 
répare  le  dommage  qu  une  trop  grande  abondance 
a  caufé.  Si  des  défaftres  trop  répétés  ,  ii  une  longue 
cîiaine  d'événemens  ruineux  renverfe  leurs  projets  , 
&détruifent  toutes  leurs  efpérances ,  alors  feulement 


fuccefîlvementàmefureque  la  rareté  fe  faicreiitir;,qui  nuancent 
les  intervalles  entre  la  richeife  &  la  pauvreté ,  &  qui  donnent 
le  tems  de  venir  au  fccours  de  la  Nation.  Ces  vérités  ,  neuves 
encore  peut-être  en  France  pour  bien  du  monde,  feront  bientôt 
des  idées  communes. 


[  I«  ] 

ïeïirs  regîîlres  s'ouvrent,  ils  expofent  aux  avides  re- 
gards des  hommes  11.  perte  de  leurs  biens  &  de  leur 
Honneur.  L'opinion  quifouvenr  réfifte  aux  loix  Ôc  les 
enfreint ,  fe  réunit  à  elles  pour  profcrire  &  dévouer 
^  l'opp'obre  &  a  la  mifere  un  citoyen  honnête ,  un 
père  de  famille  vertueux  &  irréprochable  à  qui  on 
ne  peut  imputer  que  de  n'avoir  pas  maîtnfé  les 
liazards,  La  fituation  d'un  Colon  dans  nos  îfles  eft 
différente  ,  il  faut  en  convenir  :  il  peut  tout  à  la  fois 
devoir  le  double  de  fon  bien  ,  ne  pas  payer , 
voir  les  loix  fans  adion  dans  les  mains  de  fes 
créanciers  ,  vivre  dans  l'opulence  &  jouir  de  la 
confîdération  qui  l'accompagne.  Loin  de  nous  toute 
application.  Nous  comparons  la  fituation  de  deux 
grands  corps ,  &  nous  ne  voulons  que  montrer  com- 
bien celle  des  marchands  dl  défavorable. 

Après  avoir  prouvé  notre  première  proportion 
par  le  calcul  des  confommateurs  ,  &  leurs  rapports 
^vec  Tapprovilionnement;  nous  allons  la  prouver  par 
le  calcul  du  prix  des  farines. 

Nous  avons  fous  les  yeux  le  prix  des  farines  à  S. 
Domingue  en  1 7  8  7  &  1788.  Ci-contre  eft  celui  de 
1788  :  nous  le  donnons  de  préférence  ,  parce  que 
c'eft  dans  cette  année  qu'un  ouragan  a  ravagé  la 
partie  de  i'Oueft  de  St.  Domingue ,  ôc  que  nous 
parlerons  de  ce  fléau. 


"^b  •. 


[  in 

Tableau   de  l'Année    1788. 


*^^HM^-''i/ihiia(tfa>'ifli  iiBjijjiifîMiiracaMiiinpEcitnEancTa 


1788,  Janvier.  ...  le  Baril 
Février.  . 
Mars.  .  . 
Avril.  .  .  , 
Mai.  .   .   . 
Juin.  .  .    . 
Juiller.  .  , 
Août.  .  .  . 
Septembre. 
Oaobre.   . 
Novembre. 
Décembre. 

Somme  Totale,  . 


FARINES. 


■j^^' 


.^A^. 


Fines* 


liv. 


78. 

72. 

66. 

66. 

66. 

66. 

8c). 
103. 
104. 

90. 

75' 


Communes. 


liv. 
61. 

47- 
43. 

45- 
4(5. 

4(j. 

50. 

61. 

71* 
6i. 


941, 


^  Le  prix  moyen  de  la  farine  fine  que  les  Kabitans 
aifés  confomment ,  fat  de  78  liv.  8  fols  4  deniers 
le  baril,  pour  Z25  liy.  de  pain.  La  livre  de  pain  coûta 

B    2 


V^' 


II 

1 

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II 

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1  [   lo   ]    . 

ë  fols  1 1  deniers  ,  argent  cle  l'Amérique  ,  qui  répon- 
dent â  4  fols  7  deniers  &  demi  tournois.  ' 

Le  plus  haut  prix  de  la  farine  fine  ,  durant  cette 
année  ,  fut  au  mois  d'Odobre.  Elle  coûta  104  liv. 
le  baril  de  1 2  5  liv.  de  pain  :  le  pain  revint  à  9  fols 
3  den.  d'Amérique,  qui  valent  6  fol$  2  den.  tournois. 

Le  prix  moyen  de  la  farine  comimune  c|ui  eft  celle 
que  les  pauvres  Blancs  &  les  Nègres  malades  fur  les 
habitations  confomment  ^  fut  de  5  5  liv.  ii  fols^ 
8  deniers  le  baril  de  225  liv.  de  pain  :  la  livre  de 
pain  coûta  4  fols  9  deniers  d'Amérique ,  qui  répon- 
dent à  3  fols  2  deniers  tournois. 

Le  plus  haut  prix  de  cette  farine  commune  fut  de 
71  liv.  lé  baril  de  225  liv.  de  pain  :  le  pain  revint 
^  6  fols  3  deniers  d'Amérique ,  qui  valent  4  fols  2 
deniers  tournois. 

Il  convient  de  faire  ici  pluileurs  réflexions. 
.  I  '\  En  établifïant  le  prix  du  pain  fur  celui  des  fa- 
rines 5  annoncé  dans  les  gazettes  ,  nous  l'avons  porté 
à  la  plus  haute  valeur.  Tous  ceux  qui  connoiCent  les 
Colonies  ,  favent  que  le  prix  des  gazettes  eft  celui 
des  plus  hautes  ventes  chez  les  Capitaines ,  &  qu'on 
l'obtient  toujours  au  deiTous  de  ce  tarif  qui  n'eft 
iqu'une  indication  exagérée. 

2°.  La  faxine .  comm.e  routes  les  autres  denrées 
d'Europe ,  ne  fe  yen<^  pas  cpmptant  :  il  y  a  toujours 
un  terme  de  trois  mois  pour  la  payer. 

f,  La  farine  qu'on  appelle  farine  fine  eft  fupé- 
rieureen  beauté  aux  plus   belles  farines  dont  oa 


Ipprovifîonne  la  Capitale  ;  ôc  celle  qu'on  appelle  com- 
mune, eft  celle  quife  confomme  dans  les  provinces 
de  France.  Le  pain  bis  efl:  inconnu  dans  nos  Ifles. 

4  .  Et  celle-ci  eft  très-importante.  Les  denrées 
comme  l'argent  n'ont  point  de  valeur  réelle  &  dé- 
terminée ;  elles  ne  peuvent  avoir  que'  ûes  valeurs  re- 
latives. C'eft  au  prix  de  la  journée  d'un  homme  qu'il 
faut  les  rapporter  toutes.  La  journée  de  l'homme  de 
travail  eft  donc  la  mefure  commune  des  denrées  de 
première  nécellité.  En  France ,  le  pain  eft  ordinaire- 
ment à  deux  fols  3  deniers  ou  1  fols  6  deniers  la 
livre  ,  Sz  la  journée  d'un  ouvrier  eft  à  25  ou  30  fols. 
Dans  les  provinces  où  la  journée  eft  à  meilleur  mar- 
ché, le  pain  diminue  dans  la  même  raifon.  A  St.  Do- 
niingue  ,  la  journée  d'un  ouvrier  eft  à  6  llv.  qui  font 
4  liv.  de  France.  Si  la  valeur  du  pain  dans  nos  Co^ 
lonies  étoit  tracée  fiu-  la  même  échelle  qu'en  France , 
il  devroit  y  valoir  dans  les  tems  d'abondance  ,  trois^^ 
fois  plus  qu'en  France  ,  c'eft-à-dire  ,10  fols  i  den. 
ou  1 1  fols  3  den.  qui  répondent  à  ^fols  9  den.  ou  7 
fols  6  den.  tournois  ,  valeur  triple  de  2  fols  3  den. 
a  2.  fols  6  den.  ^  &  cependant  noiis  avons  vu  que 
dans  le  moment  de  la  plus  grande  valeur  ,'  au  m.ois 
d'Octobre  1788  ,  le  pain  n'a  valu  que  6  fols  3  d^n. 
d'Amérique,  qui  répondentà  4  fols  2  den.  tournois, 
&  que  le  prix  moyen ,  durant  toute  Tannée  1788  , 
zctédc  4  fols  5)  den.  d'Amérique  5  qui  répondent 
A  3  fols   2  den.  tournois.  Ainfî  dans  les  tems  de  la 


i.  ;!!' 


[  11  ] 
plus  grande  rareté  ,  dans  les  tems  qu*on  appelle 
difette ,  famine  ,  Se  qui  éveiilent  la  foliicitude  des 
adminiftrateurs  ,  le  pain  a  été  comparativement 
prefqu'à  moitié  du  prix  qu'il  vaut  dans  les  tems 
d'abondance  en  Fraiice.  Q^  moment  de  cherté  étoit 
l'époque  de  l'ouragan  qui  ravagea  la  récolte  du 
fucre  oc  du  café  ,  au  Port-au-Prince.  Jlcaufaj  cette 
augmentation  paiTagere  qui  cependant  ne  porta 
le  prix  du  pain  qu'à  moitié  de  ce  qu'il  auroit  dû  va- 
loir 5  pour  être  dans  un  rapport  exad  avec  la  journée 
de  l'ouvrier. 

5°.  Enfin   nous  connoîtrons   encore  mieux  les 

rapports  entre  la  France  &  St.  Domingue  ,  par  la 

divifion  de  la    monnoie    dans  les  deux  contrées. 

Dans  la  Métropole  où  le  Peuple  eft  nombreux, 

où  prefque  tous  vivent  de  leur  travail  journalier, 

la  monnoie  a  été  fubdivifée  prefqu  à  l'infini ,  afin 

de  donner  à  la  clafTe  indigente  &  labotieufe  ,  les 

moyens  de  poilrvoir  à  fes  modiques  befoins.  A  St. 

Domingue  au    contraire  où  la  nourriture   pliyfi- 

que  eft  la  moindre   dépenfe ;   où  tout  eft  luxe, 

fafte  &.  richeffe  ;     où    les  habitations    de   i    à 

300,000  -liv..'.de  revenu  ,    font  communes^   où 

celles  quî"n en  donnent  que  40  à  50  mille,  font 

mifes  au  dernier  rang  ;  où  enfin  il  n'y  a  pas  de 

peuple  ,  la  monnoie  s'eft  élevée  à  ce  niveau  ,  &  la 

plus  petite  pièce  eft  de  7  fols  6  den.  du  pays ,  qui 

valent  5   fols  de  France.  Ainfi  le  pain  eft  pref- 


<qu*en  tout  tems ,  au  dciïous  de  la  plus  petite  piecst 
de  monnoie.    ' 

Le  tableau  de  la  valeur  des  farines  dans  les 
Colonies  pour  l'année  1787  eft  à  peu  près  fem- 
blable  à  celui  de  1788  ^&  le  momenr  du  plus 
haut  prix  fat  au  mois  de  Mars  ^  la  farine  fin^  va- 
lut 103  liv.  le  baril,  &  la  farine  commune  75 
iiv. 

Nous  favons  que  MM.  les  députés  de  St.  Do- 
mingue  pourront  nous  objecter  que  nous  avons 
établi  le  prix  du  pain  fur  le  prix  du  baril  de  fa- 
rine 5  ôc  que  nous  aurions  dû  l'établir  fur  ce  qu'il 
a  valu  réellement  chez  les  boulangers  dans  les. 
villes. 

Si  nous  avions  eu  à  répondre  aux  habitans  des 
villes  3  nous  aurions  raifonné  fur  cette  donnée  ,, 
ôc  nous  leurs  aurions  démontré  que  le  prix  était, 
encore  comparativement  beaucoup  au  delTous  de 
celui  de  France  ^  mais  c^eft  à  MM.  les  Colons 
propriétaires  que  nous  répondons.  Ils  s'approvi don- 
nent directement  de  farines  chez  le  Capitaine  qui  les; 
a  apportées  de  France  ,  ôc  le  pain  eft  fabriqué  chez^ 
eux.  Le  prix  du  pain  dans  les  villes  étant  étran- 
ger aux  Colons ,  nous  n'avons  pas  dû ,  en  leur 
répondant ,  avoir  égard  au  prix  du  pain  dans  k& 
villes.  ^ 

Si  le  court  délai  qu'on  nous  a  donné  pour  notse 
juftification^  nous  avoit  permis  de  faire  des  reckes^ 

B  4. 


V  > 


[  i'4  1 
ches,  nous  nous  ferions  procuré  le  prix  de  la  fa,- 
rine  ,,  durant  la  longue  paix  qui  a'^ccédé  la  der- 
nière guerre  ;  &  on  auroit  vu  qu'il  a  été  conftam- 
ment  au  aefTous  du  prix  des  années  1787  5c  1788, 
à  la  réferve  de  deux  inftans  très-courts  :  l'un  en 
1771  ,  îorfqu'on  croyoit  une  rupture  prochaine 
entre  la  France  &  l'Angleterre  ,  l'autre  au  com- 
mencement de  la  féchereilè  de  1776" ,  qui  dura  dix 
mois.  Nous  parlerons  plus  loin  de  ceue  calamité. 

Nous  demandons  maintenant  à  MM.  les  députés 
de  St.  Domingue  ,  où  eft  cette  difette  perpétuelle 
entretenue  G.  foigneufement  par  les  marchands , 
qui  (au  innurir  de  fcim  îo  à  î  j.  iiuiU  Ne^rcs  p.ir 
ûii?  Quand  on  veut  jouer  le  célèbre  &  dange- 
reux rôle  d'accufateur ,  il  faut  accumuler  les  faits. 
Il  faut  fe  faire  un  rempart  de  preuves  que  l'accufé 
ne  puilTe  pas  ruiner. 

Nous  délirerions  bien  ne  pas  dire  que  dans  les 
premiers  tems  de  ce  fiecle ,  les  Nègres  furent  traites 
avec  peu  d*humanité  5  que  cette  dureté  qui  en 
faifoit  périr  lui  grand  nombre  tous  les  ans ,  étoic 
un  refle  de  la  barbarie  àts  conquérans  du  nouveau 
Monde,  &  de  la  valeur  féroce  à^s  flibuftiers  qui 
ont  fondé  les  premie^'s  établiflfemens  a  St.  Domin- 
gue. Cette,  barbarie  s*eft  adoucie  peu  à  peu  par 
les  fréquentes  communications  des  Européens  ;  &r 
nous  faififTons  avec  emprcifement  cette  occafion 
de  rendre  à  MM.  les  Colons  le  tribut  d'éloges  qui. 


[  15»] 
leur  eft  ciû  pour  le  gouvernement  doux-  &  humain 
doni  lU  ufenc^nain tenant  envers  leurs  efclaves. 
Ce  gouvernement  eft  le  thermomètre  de  la  popu- 
lation. Nous  avons  fous  les  yeux  un  état  des  naif- 
fances  &  des  mortalit  s  en  178(5  ôc  1787,  qui 
prouve  qu'on  n'eft  pas  éloigné  à  St.  Domingue 
d'atteindre  le  dernier  degré  d'une  adminiflration 
paternelle; 

(i)  En   178^^,  fur    332,847- Nègres  5    11  y  eut 
45217  naifTances  5&  55o6'7  morts. 

En  1787  ,  fur  3  <^4, 1 9 (î  Nègres ,  il  y  eut  3, $'5  S' 
naiifances  ,  &  6^116  morts. 

Dans  la  première  année  ,  les  mortalités  furpaf- 
ferent  les  nailTances  de  Î5850,  &dans  la  féconde  , 

de  1,^60. 


Cl)  Nous  cirons  les  récenfemcns  qui  font  dans  les  bu- 
reaux. Nous  ne  les  croyons  pas  jufles;  mais  ce  font  les 
feuls  documensquon  puiiTe. fe  procurer'  Et  l'cxaditude  cjui 
manque  aux  mortalités  doit  suiîî  manquer  aux  naifTanccs. 
Ainfi  notre  preuve  n'efi:  point  afFoiblie.  Pour  qu'il  fut  mort 
10  à  Ti  mille  Nègres  par  an,  de  faim  feulement,  il  fau- 
droit  qu'il  en  fur  mort  au  moins  ^.o  mille  par  an.  A  la  fin 
àc  la  guerre  de  1755,  il  n'en  feroit  pas  refcé  un  feul.  On 
n'en  a  introduit  que  t  i  mille,  année  commune,  depuis  763 
jufqu'en  1778.  Il  y  a  eu  enfuite  une  guerre  de  cinq  ans  j 
&  à  la  paix  de  178^  ,  on  en  comptoit  300  mille  à 
St.  Domîno;uc.  Ces  réfultats  prouvent,  fans  réplique,  que  la 
mortalité  eft  très- modérée  à  St..  Dorainffue. 


V  Jî^' 


r*  ] 

La  raifon  de  la  différence  de  ces  deux  années  ^ 
eft  qu'en  1787  on  importa  d'Afriqiie  50,000  Nè- 
gres ,  &  que  la  morralitc  dut  être  plus  conlidéra- 
ble  fur  àes  Nègres  non  acclimatés  que  fur  les 
autres. 

On  ne  voit  point  ici  cette  mortalité  effra)rante ,. 
ces  I  o  à  î  z  mille  Nègres  que  la  cupide  avarice 
des  marchand,  égorge  tous  les  ans  ^  on  voit  au 
contraire  qu  en  perfedionnant  le  fyftême  d'admi- 
îiiftration  qui  a  commencé  dans  la  partie  du  Cap 
&  qui  peu  à  peu  gagne  toute  la  Colonie ,  on  pourra 
dans  quelques  années  établir  le  niveau  entre  les 
naiffances  &  les  mortalités  ,  &  qu'on  n'aura  plus 
befoin  de  Nègres  d'Afrique ,  que  pour  les  nouveaux 
défrichemens. 

Voili  ,  pour  le  dire  en  paiTant  ,  à  quoi  doit  fe 
réduire  la  grande  quedion  de  la  fuppreffion  de  la 
traite  des  Neç^res  &  de  leur  affranchKTement.  L'ad- 

o 

miniilration  douce  &  fage  qui  s'étend  dans  toutes 
nos  Colonies,  prépare  de  loin  l'abolition  de  la  traite 
Se  une  condition  aux  Nègres  qui  fera  cent  fois 
préférable  à  la  malheureufe  liberté  dont  jouit  l'hom- 
me de  travail  dans  la  plupart  de  nos  campagnes. 
MM.  les  députés  de  St.  Domingue  prétendent 
qu'il  ne  faut  pas  moins  de  1 5  0,000  barils  de  fa- 
rine pour  nourrir  les  Blancs  de  la  Colonie ,  ôc  de 
400,000  pour  les  Nègres.  Nous  avons  prouvé  que 
les  Ï5O2O00  barils  qui  y  étoient  importés  annuel- 


_  r  if  1 

îemenr ,  pourvoyoient  abondamment  à  tous  lésbe- 
foins.  Si  on  accordoir  à  MM.  les  députés  leur 
demande  indifcrete  ,  ils  prendroient  affurément 
l'engagement  d'acheter  Se  de  payer  cet  énorme 
approvifionnement.  II  arriveroit  que  la  Colonie  de 
St.  Domingue  feroit  débitrice  annuellement  de 
150,000  barils  de  farine  fine  pour  les  Blancs, 
qui ,  au  prix  moyen  de  70  liv.  le  baril  ,  coûte- 

liv. 


roient 


IO,<OQ,0OO 


Et  de  40O5O00  barils  de  farine 
commune  pour  les  Nègres , 
qui  5  au  prix  moyen  de  5  o  liv. 
le  baril,  çoùteroient,  ci.  . . .   20,000,000. 

Dette  annuelle  de  la  Colonie  de 
St.  Domingue  envers  la  Mé- 
tropole. ...    .    .    .   ,\  .  .   30,500,000.  liv. 


C'eft  alors  qu'on  verroit  accourir  Meflîeurs  les 
députés  de  St.  Domingue ,  qu'ils  s'éleveroient  avec 
force  contre  l'impôt  abominable  de  30,500,0003 
dont  leurs  cultures  feroient  accablées,  contre  ce 
monopole  atroce  des  Marchands ,  contre  cette  gabelle 
d'un  nouveau  genre  ^  &  il  faut  convenir  que  cette 
fois  ils  auroient  raifon. 

MM.  les  députés  de  St.  Domingue  difent  que 
les  pluyes ,  les  ouragans  y  les  fécherejfcs  détruifent 
annuellement  pendant  ^  à  ^  mois  leurs  efpérances^ 
ù'quun  habitant  dont  toute  la  terre  feroit  en  vivres^ 


m 


^ 

^ 


[  tî] 

if  en  ferait  pas  mains  dans  le  cas  cVcn  manquer  pour 
Jes  Nègres. 

Sur  un  fol  excellent ,  écliauffé  par  un  Gel  bi'iilant, 
il  ne  faut  que  de  la  pluye  pour  le  féconder.  Aulli 
la  pliiye  eft-elle  appellée  le  fumier  de  Sa  Domingue. 
Avec  la  mefure  de  la  pluye  qui  tombe  dans  une 
année ,  on  a  facilement  celle  des  récoltes  en  tout 
genre.  Ecartons  donc  cette  caufe  de  difette  invoquée 
par  MM.  les  députés  ,  qui  peut  tout  au  plus ,  dans 
quelques  rares  ôr  petites  portions  de  terre  trop  hu- 
jmides  &  trop  baffes  ,  retarder  momentanément 
îe  développement  des  germes. 

On  comnte  deux  ouragans  dans  la  partie  du 
Nord  Se  de  FOuefl.  Ils  ont  accompli  une  période 
de  plus  de  40  années.  Le  premier  qu'on  ne  devroit 
pas  qualifier  du  nom  d'ouragan  ,  &  qui  n'étoit 
qu'un  fort  coup  de  vent ,  caufa,en  1772.,  quelques 
donimap^es  aux  cannes  a  fucre  &  aux  caflers  dans  la 
partie  du  Nord  ;  mais  les  vivres  foufftirent  fort  peu , 
&  il  n'y  eut  pas  d'augmentation  dans  le  prix  des 
farines.  Le  fécond  a  dévaflé  ,  l'année  dernière  ,  les 
cultures  de  la  partie  ce  l'Oued,  s'eil  même  étendu 
jufqu'à  la  partie  du  Sud  ;  &  nous  avons  vu,  qu'a 
cette  époque  ,  l'augmentation  que  ce  fléau  caufa 
dans  le  prix  des  farines ,  no  put  élever  celui  du 
pain  à  la  moitié  de  ce  qu'il  coûte  en  France  dans 
îes  temps  ordinaires. 
^  La  partie  du  Sud  ,  nous  en  conviendrons ,  e(t. 


MM 


I    ^9   ] 
plus  expofée  à  ces  grandes  cpnvulfiohs  de  la  Nature* 
mais  aucune  n'a  caufé  de  difette,  ni  même  d'aug- 
mentation remarquable  dans  le  prix  des  farines. 

Les  féchereiles  font  alfez  ordinaires  auCap,  pendant 
les  mois  de  Février  ,  de  Mars  ôc  quelquefois  Avril. 
Elles  font  en  quelque  forte  périodiques  ,  Ôc  ne  font 
aucun  tort  ni  aux  cultures  ni  aux  vivres  qui  ont  été 
refroidies  par  les  longues  pluyes  de  l'hiver.  Dans 
d'autres  parties  ,  cette  périodicité  eft  rrès-réguliere  , 
ôc  dure  5  mois  tous  les  ans.  C'eft  dans  ce  rems  que 
les  travaux  des  manufadures  s'exécutent,  &ils  font 
interrompus  dans  la  faifon  des  pluyes.  Sans  ces  fé- 
chereiles fur  îef quelles  on  compte,  les  manufadures 
ne  pourroient  pas  être  mifes  en  mouvement  ;  elles 
font  donc  néceffaires  Se  n'occafîonnent  aucune  difette. 
Quand  des  caufes  extraordinaires  prolongent  ces 
fécherelfes,  alors,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
les  échanges  fe  multiplient  dans  les  montagnes  ^  alors 
même  les  adminiilrateurs ,  en  vertu  des  inftrudions 
qu'ils  ont  toujours  eues,  ouvrent  les  ports  aux  farines' 
étrangères.. Cette  marche  inv^.riable  de  l'adminiflra- 
tion  a  toujours  arrêté  les  effets  des  grandes  fécheref- 
fes  ,  ôc  empêché  qu'aucune  ait  produit  une  véritable 
difette.  La  plus  longue  &la  plus  défaflreufe  dont  on 
conferve  la  mémoire  à  S.  Domingue ,  e(t  celle  de 
1776" ,  elle  dura  près  de  dix  mois.  Il  y  eut  un  inHant 
où  les  vivres  montèrent  à  haut  prix  ;  mais  le  com-r 
merce  national  &:  les  Etrangers  accoururent  de  taures 


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parts  •  5c  au  plus  haut  degré  d'une  calamité  qui 
tuina  toutes  les  récoltes  ,  les  vivres  furent  à  iî  bas 
prix  qu'un  navire  (i)  expédié  de  Nantes >  &  entière- 
ment chargé  de  toutes  fortes  de  vivres ,  perdit  fon 
capital  entier.  La  vente  de  fa  cargaifon  fuffit  à  peine 
à  payer  les  frais  de  fon  féjour  ôc  de  fon  voyage.  Plu- 
iîeurs  navires  emportèrent  du  riz  en  FMnce ,  au  lieu 
des  denrées  coloniales ,  parce  qu'ils  Fachetoient  à 
;  8  liv.  le  quintal ,  argent  de  l'Amérique  ,  faifanc 
iz  liv.  tournois  3  ôc  qu'il  en  valoir  23  &  24  en 
France. 

Meilleurs*  les  Députés  de  S.  Domingue  avancent 
que  Cl  le  commerce  national  leur  fournifToit  des 
farines  a  aufii  bon  marché  que  les  Etrangers ,  il  en 
réfulteroit  accroiifement  de  forces  exploitantes  qui 
tourneroit  au  profit  de  la  Métropole.  Ce  n  eft  pas  ici 
le  lieu  de  développer  cette  queftion  qui  tient  a  ce- 
qu'on  a  fi  improprement  appelle  jufqa'a  préfent  le 
régime  prohibitij ,  &  qui  n'eft  autre  chofe  que  le 
réslme  national,  La  néceiîité  de  nous  défendre  , 
nous  a  entraîné  dans  des  calculs  qui  ont  rendu  ce 
Mémoire  déjà  long  :  prelTés  d'ailleurs  par  Meflieurs 
les  CommifTaires  de  fournir  notre  défenfe  ,  lorfque 
Meilleurs  les  Députés  ont  préparé  leur  attaque  à 
loifir  5  nous  renverrons  cette  difculîîon  a  un  autre 
tems.  Nous  obferverons  feiilement  ici  qu'un  habitant 


(î)  Le  Breton, 


[   31   1 
fucrier  qui  a  loo  Nègres ,  doit  confom mer  environ 

1 4  barils  de  farine  commune  pour  fes  Nègres  ;  nous 
l'avons  déjà  démontré.  En  recevant  ces  14  barils  de 
farine  du  commerce  national ,  il  les  payera  i  peu 
près  50  liv.  ôc  tous  enfemble  lui  coûteront  700  liv. 
En  les  recevant  du  commerce  étranger  ,  il  les  ob- 
tiendra peut^tre  à  40  liv.  ôc  tous  enfemble  lui 
coûteront  5  60  liv.  Il  en  coûte  donc  à  œt  habitant 
propriétaire  de  zoo  Nègres,  qui  fait  140  ài  5  0,000  L 
de  revenu  ,  1 40  liv.  pour  avoir  nourri  fes  Nègres 
malades  ,  avec   la  farine  nationale. 

Il  faut  remarquer  que  la  propriété  de  cet  habitant 
n  eft  grevée  d'aucun  impôt  dired  ,  &  que  le  projet 
du  commerce  national  eft  Hen  folliciter  i'af&an- 
chiffement  pour  fes  denrées.  On  ne  voit  pas  com- 
ment un  facriôce  de  1 40  livres ,  fuppofons  le  double 
&mème  le  triple  ,  peut  diminuer  les  forces  exploi- 
tantes de  cet  habitant.  Tout  le  monde  fait,  ôc  Mef- 
fieurs  les  Députés  en  conviendront,  que  ce  n'eft 
point  à  St.  Domingue  que  les  Colons  perdent  leurs 
forces  exploitantes  ^  mais  a  Paris. 

Toute  adion  en  commerce  a  une  réadion  fou- 
vent  plus  forte  que  l'adion  même.  L'approvifion- 
nement  de  nos  Colonies  eft  la  caufe  d'un  grand 
travail  &  de  la  plus  belle  des  manufactures  ,  la 
conftrudion  ôc  l'équipem.ent  des  vaifTeaux.  Les 
150,000  barils  de  farine  importés  annuellement 
â  St.  Domingue  par  le  commerce  national ,  font 


11:1 


t. 


le  charp'ement  de  6  y  navires  de  300  ronneaiDC 
chacun.  Si  cette  fource  de  riclieîTes  Se  de  travail 
étoit  inconnue  ,  il  faudroit  la  chercher  avec  em- 
preffement  :  fi  nous  l'avions  perdue  ,  il  faudroit  la 
reeapner  au  prix  des  phis  grands  f^crifices  :  nous 
la  poifcdons  ,  nous  en  jouidons. 

MM.  les  Députés  de  Sr.  Doming|p,  Membres 
de  rAlTemblée  Nationale  ,  François  eux-mêmes  , 
voudroient- ils  diminuer  la  fortune  d'une  Nation 
dont  ils  font  une  (î  belle  partie? 


DEUXIEME  PROPOSITION. 

La  difetie  qui  règne  acluelltmcnt  dans  la 
Colonie^  ne  frappe  qve  les  habit  ans  Blancs, 
&  les  Nègres  nen  peuvent  être  atteints. 

Cette  propofition  rentre  dans  la  première  :  en 
développant  celle-ci  ^  on  a  pu  s'appercevôir  qu'il 
nous  reilolt  peu  de  chofes  à  dire  pour  démontrer 
la  féconde. 

En  effet ,  il  n'y  a  que  les  Nègres  malades  fur  \e^ 
habitations  qui  confomment  de  la  farine,  &  dans 
la  difette  ,  le  pain  offre  beaucoup  de  moyens  de 
fuppléer  cet  aliment  ^  le  riz ,  la  farine  de  Maïs ,  de 
Mil,  font  auffi  fains ,  auîTi  légers  que  le  pain. 

Les  Nègres  des  villes  ne  mangent  du  pain  que 
par  imitation  :  en  les  remettant,  ainfi  que  les  gens 

de 


^fc  » 


[   J5   ] 

de  couleur  libres ,  8c  une  partie  même  des  hibitans 
Blancs ,  à  leur  nourriture  naturelle  3  on  ne  leur 
caufe  aucune  privation. 

C'eft  ce  qui  arrive  dans  les  guerresiDans  celle  de 
1755,  la  farine  valut  jufquà  400  liv»  le  baril  :  il 
hY  eut  pas  d'augm.entation  de  mortalité  parmi  les 
Nègres.  Durant  la  première  année  de  la  dernière 
guerre,  la  farine  valut  au  Cap  300  liv.  le  baril; 
&:elle  s'eft  fouténue  toute  la  guerre  de  150^200!, 
On  n'a  pas  remarqué  de  mortalité  extraordinaire. 
La  partie  du  Sud  de  St.  Domingue  en  a  été  prefoue 
totalement  privée  pendant  toute  la  guerre;  &  cette 
partie  de  l'Me  n'a  pas    éprouvé  de   plus  grandes 
pertes  parmi  fes  Nègres,,  que  dans  le  temsde  paix. 
Nous  oppofons  toujours  des  faits  connus  Se  vrais 
aux  aiTertions  vagues  &  indéterminées  de  MM.  les 
Députés. 

Sans  doute  que,  dans  les  tems  malheureux,  les 
habitans  Blancs  payent  le  pain  cher;  mais  l'aifance 
dont  ils  jouiiTent,  les  met  au  defTus  de  cette  dépenfe 
pafifagere.  Enfin  ils  ont  pour  dernière  relTource 
les  vivres  du  pays  qui ,  fans  avoir  la  même  faveur 
pour  un  Européen  que  ceux  d'Europe,  n'en  font  pas 
moins  bons  «Se  fains.  C'eft  dans  notre  Europe  que, 
fans  aucune  des  reiTources  dont  on  abonde  dans 
nos  liles,  les  difettes  exercent  les  plus  affreux 
ravages.  C'eft  ici  que,  fans  autre  moyen  de  fubiif- 
ftance,  le  malheureux  cultivateur  ,  l'homme  de 

Q 


11 


r. 


V 


i  34  3 
travail  expire  de  faim  &  de  mifere ,  lorfque  le  pain 
lui  manque  ,  Se  que  fon  prix  eft  au-defTus  de  fes 
modiques  facultés.  La  pitié  des  villes  ne  pénètre 
cruere   dans  les  chaumières  où  habitent  le  défef- 
noir  &  la  mort.  Tant  d'objets  frappent  nos  regards 
dans  la  Capitale  &  dans  les  grandes  villsf,  que  notre 
.Compaiïion  eftépuifée  avant  d'en  franchir  l'enceinte. 
MM.  les  Députés  préfentent  des  calculs  d'appro- 
vlfionnement ,  dont  les  réfultats  femblent  faits  pour 
montrer  que  M.  le  M    du  Chilleau  a  développé  la 
conduite  d'un  fage  &  grand  Adminiftrateur.  Ce 
n  eft  pas  ici  le  lieu   d'examiner  l'adminiftration  de 
M.  le  M' du  Chilleau  j  &  l'Ordonnance  qu'il  a 
rendue  le  9  Mai ,  contre  l'avis  &  malgré  les  re- 
préfentations  (i)  de  fon   co- Adminiftrateur  M.  de 
Marbois,  portant  permiiTion  aux  Étrangers  de  com- 
mercer librement ,  &  d'introduire  des  Nègres  dans. 
les  trois  Ports  de  la  partie  du  Sud  de  St.  Domingue 
pendant  cinq  années,  eft  trop  étrangère  à  l'objet 
particulier  de  l'approvifionnement  des  farines,  pour 
que  nous  nous  y  arrêtions  (t). 


,....,.;T  .i,V 


(i)  Les  repr-efentations ,  fous  le  tirrc  de  Réclamations 
de'jVf.rintendam  de  St.  Dom'ingue  ,  onc  déjà  été  rcmifes 
à  chacun  des  .^Icmbres  de  rAffemblée  Nationale. 

(t)  Nous  nous  réfervons  de  prouver  dans  un  autre  tems , 
jeomment  M.  le  Marquis  du  Chilleau ,  en  violation  de  tous 
■rcspouvoirs&  de  tous  Icsprincipes,  a,durigne  d'une  puiiTancc 


^*>  * 


T  55  1 
.  LorfqueM.  le  M''MuChiiIeau  ouvrit,  te  3 1  Mars,- 
les  trois  Porcs  d'entrepôts  de  St.  DoniJn<?ue  aux 
farines  étrangères  ,  la  farine  fine  valait  à  St.  Do- 
niingue  9  5  liv>  ôc  la  commune  72  liv.  A  ce  prix,  le 
pain  des  blancs  aifés  conçoit  5  fols  7  chn»  Se  celui 
des  pauvres  Blancs  ôc  des  Nègres  malades,  4  fols 
-5  den.  &  demi,  argent  de  France.  On  a  déjà  vu 
que  la  journée  d'un  homme  en  Amérique  valoit 
4  liv.  de  France:  le  prix  de  la  farine  n'étoit  pas 
au  taux  où  il  devroic  être  ,  pour  avoir  une  propor- 
tion exade  avec  le  prix  du  ^ain  en  France.  Néan- 
moins, l'inquiétude  de  l'Europe  pour  fa  fubfif- 
tance ,  devoir  en  infpirer  aux  Gouverneurs  de  nos 
Colonies  j  ôc   nous  rendons  librement  hommage 


qu'onrie  peut  corr.parer  qu'à  celle  des  Beys  d'Egypte ,  arrêté 
le  mouvement  du  Commerce  national,  &  livré  le  patrimoine 
de  la  Nation  Françoife  aux  Etrangers  &  à  Tes  ennemis  na- 
turels. Nous  prouverons  cjue  c'eft  pour  cette  Ordonnance 
du  p  Mai  feulement ,  qu'il  a  été  rappelle  ,  &  non  pour  fe's 
Ordonnances  du  3  i  Mars  &  z^  Mai ,  concernant  rintroduc- 
tion  des  farines. 

On  a  ofé  accufer  les  Bretons  d'avoir  eu  le  projet  d  attenter 
à  la  vie  de  M.  le  Marquis  du  Chiîleau,  à  fon  débarquement 
a  Nantes.  On  a  allarmé  leMiniftere  auquel  ils  reprocheroiic 
d'avoir  cru  les  Brecons  capables  d'une  lâcheté  ,  &  d'avoir 
négocié  Ton  pafTagc  par  Nantes,  commedans  un  paysennemi. 

Quand  les  Commerçans  attaqueront  M.  le  Marquis  dû 
Chilleau,  ils  l'attaqueront  au  Tribunal  de  la  Nadon, 


fil 


^ 


[  3n   ^ 

à  la  fac^e  prévoyance  clé  cet  a  de  d'adminiftratioii  ^ 
fait  de  concert  entre  M.  le  M'' du  Chilleau ,  Gou- 
Yerneur  ,  &  M.  de  Marbois ,  Intendant.  Ils  fe  con- 
formoient  a  leurs  inftrudions  qui  leur  enjoignent 
de  veiller  fur  les  fubfiftances. 

Le  29  Mai,  M.  le  M'^duChilleau,  contre  l'avis 
de  fon   co-Adminiftrateur  M,   de  Marbois  ,    & 
fans  fa  participation ,  fit  enregiftrer  une  féconde 
Ordonnance,  fur  le  fondement  que  la  première  Or- 
donnance n  avoir  attiré  qu'une  très-petite  quantité 
de  farines  étrangères.  MM.  les  Députés  de  St.Do- 
rhingue  déclarent  eux-mêmes,  dans  la  neuvième 
pièce  intitulée  ,   Précis ,  remife  à  MM.  les  Com- 
miffaires,   qu'il   en   entra  durant    ces   trois   mois 
27,098  barils,   &  que  l'approvifionnement    total 
ne  fut  diminué  que  de    3,070  barils.  Ils  en  con- 
cluent fur  le  champ,   que  la  Colonie  a  manqué 
de  pain  pendant  fept  jour^  &>  phs.  Conçoit-on  ua 
pays  qui   manque  de    pain   pendant  fept  jours  Gr 
plus,  cpi  ne  reçoit  pas  defecours  ,   &  qui  cepen- 
dant conferve  tous  fes  habitans  ?  Si  on  veut  bien 
fe  rappeler  ce  cpe  nous   avons  dit  de  l'approvifîon- 
nement  de  St.  Domingue  ,  de  la  répartition  exade 
Ôc  vraie  que  nous    en  avons    faite  ,   du  fuperflu 
prodigieux  qiie  laiffent  les  1 50,060  barils  de  farine 
que  le  Commerce  national  y  porte  tous  les  ans  , 
des  reiTources  infinies  qu'offrent  les  vivres  du  pays, 
on  demeurera  convaincu  que  cette  prétendue  fa- 


[   57  1^ 

mine  de  Jept  jours  &*  plus,    n'a    été  qu'une  dimi- 
nution de  fuperflu. 

'  Cette  féconde  Ordonnance ,  irréguliere  dans  là- 
forme,  en  ce  qu'elle  avoit  été  rendue  fans  la  par- 
ticipation de  l'Intendant ,  contenant  au  fond  plu- 
fieurs  difpofitions  attentatoires  au  Commerce  na- 
tional ,  telles  que  radmiflion  des  farines  dans  tous 
les  ports  d'Amirautés,  &  l'extraâiion  des  denrées 
coloniales,  a  été  reétifiée  par  un  Arrêt  du  Confeil 
du  15  Juillet.  Nous  difons  reêiifiée  ^  parce  que  le 
Confeil  du  Roi  n  a  calïe  que  les  difpofitions 
contraires  au  Commerce  national ,  ôc  a  maintenu 
ce  qui  concernoit  l'approvilionnement  par  les  ports^ 
d'entrepôt. 

Cet  Arrêt  rendu  dans  la  vue  de  témoip-ner  a 
M.  le  M'^  du  Cliilleau  qu'il  avoit  violé  fes  pouvoirs,. 
ôc  non  dans  celle  d'arrêter  l'approvifionnement  de 
St.  Domingue,  n'a  été  envoyé  à  St.  Domincrue 
que  le  i'^'.  Septembre  5  ainfi  il  n'a  pu  détruire  l'effet 
de rOrdonnance  de  M.  du  Cliilleau,  dont  le  terme 
expiroît  le   i  ".  Odobre. 

Ce  n'efl  pas  à  nous  de  juftifier  le  Confeil  da 
Roi  &  le  Miniflre  de  la  Nation.  Notre  refped: 
pour  l'AfTemblée  Nationale  nous  interdit  route 
réflexion.  Il  n'appartient  qu'à  elle  de  défendre  fort 
ouvrage ,  Se  de  maintenir  des  aâ:es  qui  n'oiît  eu 
d*autre  but  que  de  préferver  le  Commerce  natio- 
nal ,  qui  eil  la  propriété  de  i<j  millions  d'hommes 

C  3 


1 

Itlnliii'. 


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S! 


[38] 

Se  dont  nous  ne  fommes  que  les  inOirumens  , 
des  atteinres  que  lui  portoit  M.  le  M-^  du  Chil- 
leau. 

La  féconde  Ordonnance  n'a  pas  pourvu  aux 
befoins  (le  la  Colonie ,  Se  n'a  pas  dû  y  pourvoir. 
Dès  le  mois  de  Mars ,  époque  de  la  première  Or- 
donnance 5  la  cherté  devenant  générale  en  Eu- 
rope ,  le  Gouvernement  attiroit  en  France  par  des 
fortes  primes  y  les  grains  étrangers  :  les  Marchands. 
de  Nantes  foufcrivoient  eux-mêmes ,  de  leur  pro- 
pres deniers,  une  augmentation  de  prime  (i). 

Les  États-Unis  faifant  des  envois  confidérables 
en  EfpagUe ,  en  Portugal ,  en  France ,  dans  le  Nord 
de  TEurope  5  vuiderent  peu  à  peu  leurs  magazins 
&  diminuèrent  la  fourniture  de  nos  Colonies.  C'eft 
ainfi  qu'elles  ont  été  admifes  à  partager  la  famine 
qui  règne  encore  fur  la  moitié  du  Globe. 

Vues  fur  ks  moyens  de  fecourir  la  Colonie 
dans  la  difcttc  qui  l'afflige. 

Nous  ne  chercherons  pas  à  diminuer  les  juftes 
allarmes  que  doit  infpirer  la  fubfiftance  des  habi- 
rans  Blancs  de  nos  Colonies.  La  Nature  leur  a  donné 
abondamment   des  vivres, qui  croiiTent  fur  le  fol 


(i)  Nous  ne  citons  cet  ade  de  patriotifme,    que  parce 
qu'il  cft  nécefiaîrc  à  la  trifte  généalogie  de  la  famine. 


_   [    59   1  _      _     - 

A^uils  habiteiiL  ^  mais  la  Mere-patrie  ne(ï pas  pour 

cela  difpenfée  de  tâcher  de  leur  en  procurer  qui 
foient  plus  appropriés  à  leurs  goûts  ôc  à  leurs  habi* 
tudes.  La  Nation  qui  a  fait  de  fi  prodigieux  facri-*  . 
fices  pour  approviflonner  fes  Citoyens  d'Europe  5 
en  doit  également  à  fes  Citoyens  d'Amérique* 
Ils  ont  le  même  droit  à  fes  fqllicitudes  Se  a  fa^ 
protedion. 

Nous  fommes  inftruits  que  toutes  les  NationS 
fe  difputent  le  refte  des  magaiins  des  Etats-Unis. 
Les  Anprlois ,  les  Efpagnols ,  les  Hollandois  croifent 
en  mer.  Ils  arrêtent  les  bâtimens  Anglo- Amé- 
ricains qui  ont  des  commeflibles  ,  ils  les  conduifent 
dans  leurs  ports  refpeâiifs  ,  &  s'approprient  leurs 
cargaifons  en  les  payant.  Nos  vaiiTeaux  ftationnés 
au  Gap  5  croifent  également  pour  le  '  même  objets 
3c  prennent  pour  cette  ville  une  fubfîftance  dont: 
la  partie  du  Sud  fe  trouve  privée.  Ainii  la  famine. 
a  mis  les  habitans  de  l'Amérique  dans  un  vérita- 
ble état  de  guerre. 

Nous  propoferons  plufîeurs  moyens ,  entre  lef- 
quels  la  fagelTe  de  l'AfiTemblée  Nationale  détermi-^ 
nera  celui  qu'elle  croira  atteindre  de  plus  près^ 
le  but  de  l'approvidonnement  des  «Colonies  ,  dans 
cette  difette  dont  la  durée  ne  peut  plus  être 
longue* 


^:'M 


c 


^ 


!  '     iii!J 


Premier     Moyen, 

ÎL  conafre  a  prêter  aux  Commerçans  des  ports 
de  mer ,  plufieurs  Flûtes  du  Roi,  qui  feront  armées 
par  eux.  Ces  Flûtes  iront  cliercher  des  farines  aux 
États-Unis ,  les  porteront  dans  nos  Colonies ,  Se 
en  rapporteront  le  produit  en  France.  L'avance  de 
l'armement  Ôc  de  l'achat  des  farines  ,  fera  fait  par 
les  Places  de  Commerce  ,  pour  le  compte  de  la 
Nation,  &  elles  feront  rembourfées,  au  retour  des 
Flûtes,  par  le  Tréfor  national,  fans  intérêt,  fans 


com 


mifîi 


ions 


lans 


Kon 


oraires. 


Deuxième      Moyen. 

Il  conviendroit  de  permettre  à  nos  navires  ex- 
pédiés pour  nos  Colonies  dé  toucher  dans  les  ports 
des  Etats-Unis  ^  mais  corntne  cette  échelle  occa* 
fionneroit  un  furcroît  de  dépenfe  ,  on  les  en  dé- 
dommageroit  par  une  prime  de  5  liv.  par  baril  de 
farine ,  du  poids  ordinaire,  acheté  dans  les  ports  des 
États-Unis ,  êc  importés  dans  nos  Colonies.  Cette 
prime  feroit  payée  fur  les  certificats  d'embarque- 
ment, des  Confuls  François  dans  l'Amérique  Sep- 
tentrionale ,  ôc  fur  ceux  de  débarquement,  des  Ad- 
miniflrateurs  de  nos  Colonies. 

Les  Armateurs  de  ces  navires  s'obligeroient,  fous 
les  peines  du  cautionnement  ordinaire,  de  faire 


^. 


revenir  leurs  navires  diredement  dans  les  ports  de 
France ,  afin  d'éviter  l'extradion  étrangère  des  den- 
rées de  nos  Colonies.  On  peut  tout  d'un  coup  cal- 
culer la  grandeur  du  facrifice  que  la  Nation  feroit 
pour  le  foulagement  de  fes  Colonies.  En  fuppofant 
que  l'importation  nécefTaire  des  farines  étrangères, 
s'élève  à  (?o  ,  ooo  barils ,  la  gratification  de  5  liv. 
par  baril ,  coûteroit  ^00  ,  000  liv.  Nous  croyons  le; 
facrifice  bien  léger ,  en  le  comparant  à  celui  que  la 
Nation  a  fait  &  continue  de  faire  pour  fes  citoyens 
d'Europe. 

Troisième      Moyen. 

On  admettroit  les  bâtimens  étrangers  dans  les 
ports  d'entrepôt  de  nos  Colonies ,  ainfi  qu'on  l'a 
toujours  pratiqué.  Ils  y  vendroient  leurs  farines ,  ôc 
û  les  firops  Se  taffias  n'étoient  pas  fuffifans  pour  les 
folder ,  les  Adminiftrateurs  leur  donneroient  des 
lettres  de  change  mï  Londres  ou  Paris  (fous  le 
cautionnement,  s'il  le  falloit,  des  Commerçans 
nationaux)  à  un  an  de  vue  (  i  ).  La  valeur  de  ces 
lettres  de  change  feroit  remife  en  France  en  den- 


(ï)  Les  Aiiglois  en  agiffent  ainfi  dans  leur  Commerce  avec 
les  États-Unis.  Ce  moyen  eft  d'autant  plus  convenable ,  qu'il 
fournit  celui  d'acquitter  la  dette  ancienne  que  les  États-Unis 
ont  contrariée  envers  l'Angleterre,  &  qu'ils  augmentent  par 
de  nouvelles  tranfiidions. 


.  M      i  !» 


[  40     ^ 

rees  coloniales  par  des  navires  nariotiaux.  La  vente 
en  feroit  faite  &  le  produit  cont^erti  en  efpeces , 
avant  que  les  lettres  de  change  fuffent  arrivées 
'au  terme  de  leur  paiement.  , 

Qu'atrieme     Môyek. 

Les  trois  moyens  que  nous  venons  de  propofer, 
fuppofent    que  les  États-Unis  peuvent   fuffire  a 
rapprovifionnement   aduel  de  nos  Colonies  ^  mais 
nous  avons  lieu  de  craindre  que  leurs  magafins  ne 
£okm  épuifés ,  ou  du  moins  confidérablement  di- 
minués. Il  conviendroit  donc  peut-être  mieux  d'en- 
voyer diredement  de  France  une  fubfiftance  qui 
devient  fort  incertaine  ,  fi  on  la  tire  de  l'Etranger  y 
;  &:  ici  tout   retard  eft  dangereux.  Le  Parlement  de 
Bordeaux    avoit    levé    la  défenfe    de    fortir    des 
farines  pour  les  Colonies  ;  mais  le  peuple  en  mou- 
vement dont  les  inquiétudes  paffées  s'étendent  fur 
'  l'avenir,  a  fait  craindre  au  Parlement  &  à  la  Com- 
mune, que  cette  exportation  ne  fut  troublée  ,  Se  a 
porté  ces  deux  Corps  â  reftreindre  la  fortie  à  un  baril  de 
farine  par  tonneau  (  i  ).  Les  navires  qui  fortent  de 


(f)  Durant  le  cours  de  IMmpreffion  de  ce  Mémoire,  nous 
apprenons  que  ce  Règlement  eft  déjà  en  pleme  exécurion. 
Le  navire  le  Név^Ile  ,  de  Bordeaux  ,  aaueUement  expédie^  , 
du  port  de  800  tonneaux,  porte  à  St.  Domlngue  800  barils 
de  farine  pour  fa  cargaifon,  &  en  outre  iico  autres  barils 
pour  la  nourriture  des  Troupes, 


[43] 

Bordeaux  annuellement  pour  nos  Colonies,  jaugent 

enfemble  environ  80  mille  tonneaux.  La  confom- 
mntion  annuelle  des  Colonies  ,  s'cleve  à  140 
mille  barils  de  farine.  Aiiid  Bordeaux  ne  pourroic 
fournir  que  le  tiers  de  la  confommation  annuelle. 
En  adoptant  pour  les  autres  pqrts  de  France  le 
moyen  que  Bordeaux  vient  d'employer ,  on  portera 
dans  nos  Colonies  250  mille  barils  de  farine  ,  car 
c'eft  à  peu  près  à  250  mille  tonneaux  qu'on  doit 
évaluer  le  tonnelage  général  des  navires  nationaux 
qui  font  le  Commerce  de  nos  Colonies.  Mais  il 
eft  abfolument  indifpenfable  que  les  Municipalités 
employent  toute  leur  vigilance  &  la  force  co-a<ftive 
qui  eft  en  leur  pouvoir,  pour  préferver  les  armateurs 
des  infultes  du  Peuple. 

Il  ne  peut  y  avoir  de  diferte  de  grains  après 
une  récolte  abondante  dans  prefque  toutes  les 
provinces  ^  &  la  libre  circulation  rétablira  le  niveau 
dans  les  provinces  qui  n'ont  pas  été  aulîi  bien 
traitées  ^  mais  il  y  a  difette  de  fureté  pour  ceux  qui 
ont  coutume  de  garnir  les  marchés ,  de  former  les 
magafins  des  villes ,  Se  de  pourvoir  aux  befoins  des 
provinces.  Le  terrible  mot  à' Accapareur  eft  devenu 
un  fîgnal  de  profcription  &  de  maffacre. 

Au  défaut  du  pouvoir  exécutif,  dont  la  force 
détruite  ne  peut  être  récréée  tout-à-coup,  rAfTemblée 
Nationale  jugera  dans  fa  fagelTe ,  fi  elle  ne  pourroit 
pas  employer  les  exhortations  de  MM,  les  Curés. 


lit 


[  44  1 

des  minières  de  paix  ,  les  confidens  du  pauvre 
peuple  ,  en  prêtant  à  la  raifon  Fattrayant  langage 
de  la  charité  qui  leur  eft  fî  naturelle ,  prépareroient 
peut-être  le  retour  de  Tordre  êc  de  la  tranquillité. 

Les  240  mille  barils  que  les  Colonies  confom- 
ment  annuellement  ,  ne  font  pas  un  jour  &  demi 
de  la  fubdftance  do  i6  millions  d'hommes.  Ces  16 
millions  d'hommes  confomment  en  un  jour  ôc  demi 
58550O5O00  livres  de  pain^  Se  les  240  mille  barils 
de  farine ,  à  225  livres  chacun ,  ne  donnent  que 
55,000,000  livres  de  pain. 

Ils  ne  repréfentent  que  la  nourriture  annuelle 
de  100  mille  hommes  qui  confommeroient 
54,750,000  livres  de  pain. 

Suppofons  100  mille  Juifs  Polonais  fuyant  une 
perfécution  fanglante  ,  ou  100  mille  Hollandais 
fe  dérobant  à  la  tyrannie  des  Stathoudériens ,  Ôc 
cherchant  un  azile  chez  la  Nation  la  plus  douce 
êc  la  plus  hofpitaliere  de  l'Europe.  Les  premiers 
font  un  horde  profcrite  ,  difTéminée  chez  toutes 
les  Nations,  qui  la  couvrent,  peut-être  trop  injuf- 
tement ,  de  mépris.  Les  autres  ont  été  long-tems 
nos  ennemis  ,  font  encore  nos  rivaux,  ôc  leurs 
opinions  religieufes  différent  des  nôtres.  Semblables 
aux  ennemis  des  anciens  peuples,  qui  devenoient 
facrés  dès  qu'ils  étoient  admis  à  toucher  leurs  Dieux 
domeftiques ,  ces  deux  peuples  feroient  nos  frères 
ôc  nos  ainis ,  dès  qu'ils  auroient  mis  un  pied  fur 


[45] 
le  territoire  François;  16  millions  d'Kommes  ne  fe 
réuniroient  pas  pour  chafïer  des  Étrangers  qui  de- 
m-andent  rhofpitalité  à  la  liberté  naiffante.  Si 
quelqu'un  élevoit  fa  voix  contr'eux ,  l'indignation 
publique  l'étoufiferoit  bientôt.  La  Nation  ceindroit 
avec  gloire  cette  première  couronne  décernée  à  {qs 
travaux  &  à  fon  courage.  On  ne  calculeroit  pas 
ce  que  leur  fubfiftance  pourroit  coûter  ;  &  (î  des 
inquiétudes  vagues  naiiïoient  ,  une  comparaifon 
bien  fîmple  calmeroit  toutes  les  alkrmes  ;  on  verroic 
que  100  mille  hommes  d'augmentation  en  France 
ne  prennent  pas  un  jour  &  demi  de  la  fubUllanœ 
de  2(5   millions  d'hommes. 

Ici  5  ce  ne  font  point  Aqs  Étrangers  ,  ce  n'efl 
point  un  excédent  de  population  qui  demande  du 
pain  ;  ce  font  nos  frères,  nos  amis,  à^s  François; 
c'eft  une  partie  intégrante  de  la  Nation  ;  ce  font 
ioo  mille  riches  manufaduriers  qui  n'ont  bas  de 
territoire  ,  mais  qui  verfent  dans  le  tréfor  na- 
tional 240  millions  ;  c'eft  enfin  ,  comme  iî  une 
de  nos  villes  de  province,  de  loo  mille  habitans, 
manquoit  abfolument  de  pain  :  aucun  motif  rai- 
fonnable  ne  pourroit  nous  empêcher  de  la  fecourir. 

Il  refte  à  juftifier  notre  oppofîtion  à  la  prétention 
de  MM.  les  Députés  d'ouvrir  tous  les  ports  d'Ami- 
rauté aux  farines  étrangères.  Nous  ne  la  difcute- 
rons  pas  férieufement  ,  parce  que  comme  nous 
avons  d«  MM.  ies  Députés  Topinion  qu'ils  ont 


ê 


la  concrebande  en   horreur  ,  nous  penfons  qu  ils 
n  iîidileront   pas  fur  un  projet  qui  lui  donneroit 
la  plus  grande  adivité.  En  effet  on  ne   peut  fur- 
veiller  les  Étrangers ,  &  même  très-imparfaitement 
que  dans  les  trois  grands  ports  d'entrepôt  :    Il  les 
autres  ports  étoient  ouverts ,   la  multiplicité  &  en 
quelque   forte   l'obfcurité   des  lieux  du  débarque^ 
ment,  rendroientlafurveillance  impoiîible.  D'ailleurs 
ces  trois  grands  ports  font  en  tout  tems  les  chef- 
lieux  où  fe  tiennent  les  navires  nationaux  ;  Se  de 
ces  ports  part   tous  les  jours  fans  exception  une 
foule  de  caboteurs  &  de  bateaux  de  paifage  ,  dont 
la  fondion  eft  de  diflribuer  dans  toutes  les  par^ 
ties  de  la  côte   les  approviiionnemens  ,  &  de  fe 
charger   des  denrées  coloniales  en  retour.  Les  na* 
vires  nationaux  r^e  fréquentent   même    habituel- 
lement que  ces  trois  ports  :  nous  en    excepterons 
cependant  St.  Marc  ôc  Leogane  où  ils  abordent  ; 
mais   le  premier  port  eft  à  1 1  lieues  du  Port-au- 
Piince  ,  ôc  le  fécond  à  fept  lieues.  Les  verfemens 
font  faits  dans  une  journée  ,  ôc  la  nature  des 
^rifes  réglées  n'y  apporte  jamais  de  retard. 

A  VerfdiUes  y  le  2^  Sepumhn  178p. 
Signé , 

Ab  "11  f   ^^P^^^^^  ^^  AJarfeillc, 

■   t' 
Boyetet ,   .  .~ ydç  Bayonnçp 


f  4-  ] 

Corhuii  5 "^ 

Becbi?,de  ,  .  * >   .  .  .  .     de  Bordeaux^ 

Marchand  , 3 

Nairac  , de  la  Rochelle, 

Alofîieron  aîné  ,  ....  7  j    t^^t 

xVxofneron  de  l'Aunay,  | "  de  Nantes. 

Puchelberg, de  VOrknu 

Bodinier  ,    . 7  j    c^  - 

Quefnel, •  -S   '      '     '^^  Saint-Malo. 

Blanche  , 7  »    rr 

Legrand,    ......  .S       '"  '    ''^^^^^'''^ 

Defchamps,  ......  ^ 

De  Montmeau  ,     .  .  .    >   .  ^  .  .  .  *    à.e  Rouen, 

Dnponc  5 .3 

Niel , de  Dieppe, 

I^e  Eray, \ 

GolTelin^ de  Dunkerque  &• 

de  Lille, 

Après  avoir  fini  ce  Mémoire ,  Se  fur  le  point  de 
le  remettre  à  MM.  les  CommifTaires ,  noas  avons 
reçu  plufieurs  lettres  de  St.  Domingue  qui  nous  ap- 
^  prennent  qu'au  3  i  Juillet ,  la  plus  belle  farine  n'y 
valoir  que  131  liv.  le  baril,  argent  de  l'Amérique. 
Ce  prix  ,  ordinaire  pour  peu  qu'il  y  ait  rareté  ^ 
prouve  d'abord  ,  qu'on  eft  bien  loin  d'y  craindre 
la  difette-,  car  le  moment  du  3 1  Juillet  oiï  on  nous 
écrivoit,  doit  être  celui  de  la  plus  grande  rareté. 


m 


[48] 
La  récolte  des  États-Unis  pourvoira  abondamment 
aux  befoins  ultérieurs.  Ce  prix  nous  prouve  encore 
que  nous  avions  été  mal  informés  ,  lorfque  nous 
avons  écrit  dans  ce  Mémoire  que  toutes  les  Nations 
fe  difoutoient  les  approvifionnemens ,  &  étoient 
dans  un  véiitable  état  de  guerre.  Enfin  ce  prix  de 
131  liv.  prouve  fans  réplique  que  les  états  fournis 
par  MM.  les  Députés  ,  fignés  par  M.  du  Cliilleau, 
de  Tapprovifionnemenr  de  la  Colonie-  de  St.  Do- 
mingue  à  fon  départ  pour  France  ,  ne  font  pas 
exads.  M.  du  Chiileau  n  a  obfervé  aucune  des  formes 
qui  lui  étoient  piefcrites  pour  conftater  k  difette 
Se, en  dreffer  les  procès  -  verbaux.  H  devoir  les 
faire  dreifer  concurremment  &  en^  préfence  de 
M.  l'Intendant  ou  des  CommiiTaires  qui  le  repré- 
fentent.  Il  devoit  prendre  l'avis  des  Chambres 
«îe  commerce.  Nous  tranfcrirons  ici  un  extrait  de 
la  lettre  de  M.  le  M^K  de  Caftries  aux  Adminiftra- 
teurs  des  Colonies  ,  en  date  du  1 5  Novembre  1784. 
ce  II  y  a  fans  doute  quelques  circonftances  ,  dans 
3t>  lefquelles  ils  (  les  Adminijîrateurs  )  doivent  venir 
3î  aux  fecours  des  Colonies  confiées  à  leurs  foins , 
sî  en  permettant  l'introdudion  étrangère  d'objets  de 
5s  première  néceffité  5  dont  on  pourroit  craindre  une 
»  trop  grande  difette  ,  mais  ils  ne  peuvent  ufer  de 
55  cette  relTource  avec  trop  de  circonfpe6lion.  Le 
35  haut  prix  d'une  denrée,  neit  pas  un  motif  i!ïf- 
55;  fifantpour  en  tirer  de  l'Étranger:  les  habitans  à^s 

»  Colonies 


» 


5> 


t  49    3^ 

h  Colonies  doivent  s'attendre  a  piyèr  quelquefois 
i>  trèé-chérenlèht  des  objets  ^que  le  commerce  à 
»'  fon  tour  eft  forcé  de  leur  céder  à  très'-bàs  prix 
3»'  &  ^  perte.  Vous  jugerez  vous-même  que  4fts^e« 
.>  dédommageiîiens,  la  balance  né  ferGkpaâ-%ale. 
s>  Vous  n'accorderez  au  furplus  que  des  pé!:tniffioii$ 
^  générales  8^  jaTïiais  de  particulières^^  avim 
»  d'en  venir  là ,  vous  en  conftaterez  h  niceffité 
par  des  procès-verbaux  de  .vifite  /  ainfi  que  pat 
des  avis  des  Chambres  du  commerce.  » 
Si  M.  le  M'^  duChilleau  s'étoit  conformé  à  cette 
Jgttre  &  à  fes  inilruaions  particulières  ,  ces  procèl- 
verbaux  faits  légalement  auroient  donné  une 
véritable  connoiffailcè  de  l'état  de  St*  Domingue^ 
au  lieu  que  les  états  quil  fournit  n'ont  ni  l'auf 
thenticité  ,  ni  le  èaradere  légal  qûlfeuls  peuvelit 
leur  donner  force  de  preuves.  Ils  font  dreffés  ôc  (Ignés 
par  des  officiers  militaires  ou  deîinance,  qui  n  avoiexij: 
aucune  qualité ,  Se  les  Chambres  de  commerc© 
npnt  pas  été  confultées.  Il  ne  paroît  pas  mem^ 
q\xon  ait  fait  aucune  recherche  dans  les  magâfms 
ni  chez  les  fpéôukteurs  y^  ces  ét^ts  ont  l'aLr  d'un 
ouvrage  d'imagination.  Nous  fommes  donc  fon- 
dés a  croire  que  les  Colonies  n'éprouvent  dans  cl 
moment  qu'un  renchériiTement  fart  ordinaire  fiif 
le  prix  des  farines  ;  &par'  conféqueiit  que  l'Affem-^ 
4lée  Nationale  peut,  fans 'craindre  de  eorfîpromettre 
hi  fiibfiftance  desCoIonies ,  déclar&r  -qu'il  nya  Iku 
à  délibérer.  ^ 


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ïndép^Jamment  du  motif  que  nous  venons  %,■ 
£l*ofFnr  poui:  appuyer  ce  décret,  nous  ajouterons 
celui  dune  Lettre  que  le  Roi  vient  de  faire  écrire^ 
aux  Adminiftrateiirs  de  nos  Colonies  pour  leur  en- 
joindre d'ouvrir  les  ports  d'entrepôt  aux  farines 
étrangères  jufqu'au  premier  Février  prochain  ,  ôc 
de  l'expédition  d'un  avlfo  aux  États-Unis  pour  les 
en  informer. 

Verfailïes ,  le  1^  Septemhn  178p. 
Signé, 

R^ftagny ,  .  :  .  .  .  ;  .  7      p^^^^^.^  ^^  Marfeilk. 

Abeille  ,•••••»••-  3 

Boyetet,    .............     de  Bayonne* 

Gorbun  ,  .......  .*^  i 

Bechade  ,  .......>....     de  Bordeaux, 

Marchand  .......  3 

Nairac,    .    ...........     ^e  la  Rochelle, 

•xjrr  A     /  W  .  '.dît; 

Mofneron    ame  ,    .-.7  de  Nantes: 

olneron  de   1  Aunay  ,3 
Puchelberg  ,   .  .  .  ' de  VOrient. 

Bbdinier ,,......")_  ^     ^^  Saint-Malo; 

Queinei  ........  3 

?^^'^^^^,  '  • 1   ;  .   ,  .  .,    ^a  H^w. 

Legrand  , 3 

Defchamps,  ......  ^ 

De  MontmeaU  ,  :_.  .  .  >-  .  .  .  '.  ^     de    Rouen* 
Dupont,  .......  3  ^ 

f^iel  ,.....•....;;  v.^    de  Dieppe, 

4 


[  50 
De  Bray  ;  !  t  :  r  .  .  .  |  .  -  ^ 

Du  Rica , I   . .  *  .  .  . 

GolTeKn,  : deDunkerque^deLilk, 

L*un  de  nous  y  M.  Corhun ,,  a'e  Bordeaux ,  reçoit 
dans  le  moment  une  lettre  de  Bordeaux  que  nous 
joignons  à  ce  Mémoire  en  original.  Cette  lettre 
décide  abfolument  la  queftion,  &  déterminera  sûre- 
ment TAfTemblée  Nationale  à  prononcer  fans  héfl- 
tation  ,  qu'il  ny  a  lieu  à  délibérer.  Elle  eft  extrê- 
mement intérelTante  dans  la  circonftance  préfente, 
en  donnant  les  plus  grandes  efpérances  d'appro^vi- 
fionnement ,  non-feulement  pour  nos  Colonies  ^ 
mais  même  pour  la  France. 

Lettre  de  M.  Barboutin  a  M.  Corhun^ 
député  du  Commerce  de  Bordeaux  auprès 
de  rAjJembléc  Nationale. 


Bordeaux  y  U  z%  Septembre  1 7  8^ 


M. 


Pour  avoir  l'honneur  de  répondre  à  la  demande 
que  vous  m'avez  fait  faire  par  M.  votre  Neveu. 

Le  port  de  la  nouvelle  Angleterre ,  où  la  farine 
eft  la  plus  belle  &  la  plus  abondante,  eft  Phik'- 
delphie,  où  tout  fe  traite  en  grand. 

Mais  la  faifon  eft  bien  avancée  pour  rifquer  à 
y  aller  ,  &  fe  propofer  d'en  reffbrtir  pour  nos  Co- 
lonies ,  avant  le  mois   de  Février.  Quelquefois 

Dz 


1a  Dekware  ed  gelée  ôc  n  eft  point  navigable  4 
caufe  des  ghces  depuis  ia  fin  de  Novembre  |uf- 
qu'à  la  fin  de  Février;  &  j'ai  été  témoin  quil  y 
a  des  années  que  la  Delaware  ou  la  Deloire  eft 
navigable  fans  interruption,  du  i^^'  Janvier  au  dernier 
de  Décembre,  Se  d'autres  années  où  elle  a  été  inna- 
vigable 3  mois  de  fuite ,  fans  un  jour  d'intervalle. 

A  Baltimore  on  y  trouve  beaucoup  de  farine^ 
de  toutes  les  qualités^  &  l'on  peut  mieux  en  fortir 
de  plus  aifément  l'hiver  ,  parce  que  comme  l'eau  y 
eft  fâlée,  elle  n'eft  pas  auflî  fujette  aux  glaces ,  que 

Teau  douce. 

A  Alexandrie  &  à  Georgetown ,  tout-à-fait 
dftns  le  haut  de  la  rivière  de  Patowmack,  on  y 
trouve  de  fuperbes  farines  en- abondance,  &  à 
meilleur  marché ,   parce  qu'il  n^  a  pas  autant  de 

concurrens. 

Mais  commme  il  faut  monter  dans  une  rivière 
fort  longue  ^  difficile,  on  eft  fujet  à  y  être  rete- 
nu dans  l'hiver  fort  long-tems  parles  glaces  3c  par 
les  vents  d'Eft  ,  c'eft-à-dire ,  depuis  le  Nord  -  Eft, 
qui  font  droit  debout ,  qui  y  régnent  fouvent  dans 

cette  faifon.  ^ 

On  peut  aufTî  aller  h  Edevelek  qui  eft  à  la  tête 
de  la  baye  de  Chemeck,  qui  n'eft  qu'à  li  ou  1 5 
milles  de  Philadelphie  ,  où  l'on  peut  fe  procurer 
de  la  farine  par  la  voie  de  Philadelphie  &  par 
terre  ;  mais  à  caufe  de  l'exportation  ,  ellç  devient 


m  i  u  l      ^ 

beaucoup  plus  chère  :  Teau  y  eft  falée  ,  3c  moins 
fujette  aux  glaces  j  mais  je  n'ai  vu  ce  cas  qu'en 
tems  de  guerre. 

Il  faut  obferver  qu'il  s  y  paiTe  des  deux  ou  trois 
années  de  fuite  où  tous  les  ports  de  ces  pays*U  font 
navigables ,  toute  l'année  fans  interruption  ^  mai$ 
j'en  ai  vu  plufieurs  bien  mauvaifes  &  bien  con- 
traires à  la  navigation. 

Le  iz  Juillet  dernier,  le  barlj  de  farine  pefanc 
1^6  livres,  valoir  57  fchelings  Se  demi  Suivant  le 


prix  courant  de  ce  pays-lâ  ,  que  Meilleurs  Frencîi  Se 
Neveu  m'ont  fait  voir  dans  une  lettre  de  la  Maifon 
de  MM.  Willin^  ,  Morrife  &  Souwick  de  Phila- 
delphie  5  avec  efpoir  de  bailîer  à  31  fchelings  (> 
l^ends  ,  à  caufe  de  la  belle  récolte  à  moifïonner. 

Le  boiffeau  de  bled  pefant  5  S  livres,  valoir  a  la 
même  époque  un  dollar  ou  7  fchelings  6  pends,  avec 
l'efpoir  de  baiffer  à  6  fchelings. 

Le  dollar  ed  chez  nous  la  piaftre  gourde  :  elle 
vaut  à  Alexandrie  qui  eft  en  Virginie,  6  fchelings  ; 
êc  6e  l'autre  côté  de  la  rivière ,  qui  eft  dans  le  Ma- 
ryland  ,  elle  y  vaut  7  fchelings  &  demi,  comme  I 
Philadelphie. 

New-Yorck  eft  le  port  le  moins  fuj et  aux  glaces; 
ôc  j'ai  toujours  oui  dire  que  l'on  entroit  Ôc  fortoic 
du  port ,  toute  l'année,  fans  interruption.  Il  y  a  des 
farines  ;  mais  je  n'en  connois  point  la  qualité  ni 
le  prix  courant,  ni  perfonne  ici  dans  cemomeni^. 


m 


lut  III»  n'  ''  itc#  to  •If* 


^ 

s 


[  54  ]  # 

Je  me  fuis  Informé  à  plufieurs  Capitaines  Amc- 
rîcains,  arrivés  ici  depuis  fept  à  huit  jours,  qui 
m'ont  dit,  de  même  que  MM.  French,  que  la  ré- 
colte promettoit  beaucoup  de  bled ,  ôc  qu'il  pourroic 
baifTcr  à  6  fchelings  le  boifTeau,  de  5  8  à  ^o  livres 
pefant.  Vous  aurez  la  bonté  d*obferver  que  le 
fcheling  vaut  1 1  fols  par  tout  le  Continent ,  qui 
veut  dire  en  Anglois  1 1  pends. 

'<iiD@ptii»yotre  départ ,  il  y  a  plu  de  trois  jours 
deux  :  je  ne  puis  pasiinir  de  doubler  a  caufe  de  cela» 

Je  ne  puis ,  pour  le  préfent ,  vous  donner  d'au- 
tres inftrudions  fur  la  farine  &  fon  prix  dans  le 
Continent  de  l'Amérique  feptentrionale. 

Je  me  trouverai  toujours  bienheureux  quandj 
vous  voudrez  m'employer  en  tout  ce  qui  dépendra- 
de  moi,  Ôc  en  tout  ce  que  vous  voudrez,  avec  bieiir 
du  plaifir. 

J'ai  l'honneur  d'être ,  ôcc, 

N.  B.  A  New-Yorck,  le  dollar  y  vaut  8  fchelings; 
&  toujours  1 2  fols  le  fcheling  ou  1 2  pends. 

Après  ma  lettre  fignée  ,  ôc  l'apoilille  ci  -  defîîis 
écrite,  j'ai  trouvé  M.  Linch  neveu  de  M  Frenchji 
qui  m'a  dit  que  la  lettre  du  2  3  Juillet  dernier  de 
MM.  Willîng ,  Morrife  Ôc  Souwick  leur  difojt:  «c  La, 
y>  récolte  ejî  Jî  abondante  qu'il  y  a  apparence  que 
ï>  vous  recevrez  beaucoup  de  bkds  G*  de  farines  du 


[   55  3 
%«  Continent  chei  vous,  cette  prochaine  /lutomnen, 

A  Ferf ailles,  le  2^  Septembre  178^. 
Signé, 
Roftagny,  .......  7'     _.  ,      ,     ,    ,, 

Abeille, S        '^"^''  deMarfeille. 

Boyetec,    ,  .' de  Bayonne^, 

Corbun , .  .  ^ 

Bechade  , ..>.....  ^e  Bordeaux^ 

Marchand , ^ 

Nairac,  •  .^. delà  Rochelle. 

Mofneron  aîné ,....")  j     -kt 

Mofneron  de  l'Aunay,   | "^^  iV^/zrei. 

Puchelberg , _  .  .     Je  Z'OneTi^ 

Bodinier  , 7  jo. 

Quefnel,    .......  j    '  *  *  *  ^^  •^^^«^•^^Z^. 

Blanche  , 1 

Legrand ........  J ^"  ^^^'•^• 

Defchamps  5  ......  ) 

DeMontmeau,   ....  V  ......  Je  iî^we/?. 

Dupont  5  .£.,...  S 

^^^^  ) Je  Dieppe. 

De  Bray  , 7 

Du  Rieu, I   .....  .    dAmiens. 

GofTelin, deDunkerqueOrdeLille^, 


A     VERSAILLES, 

De  rimpnmerîe     de    Ph.-D.   PIERRES,    Premier 

Imprimeur  Ordinaire  du  Roi,  rue  S..Honoré.  n\  23. 


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R  Ë  P  L  I  Q  U 


Des  Députés  des  Manufaiîureî 
ô  du  Commerce  de  France  a  MM,  les 
Députés  de  S,  Domingue^  concernant 
V approvïfionnement  de  cettt  Colonie , 


2.0^ 


ÈssîEURS  les  Députas  dé  Su  Domin- 
gue  trouvent  extraordinaire  que  nous 
ayions  répondu  par  un  Mémoire  de  qua^ 
rante-huit  pages  >  à  neuf  Pi<sces  ou  Mé- 
moires qu'ils,  avoient  produits  à  MM.  les 
Commiffaires  ,  &  qui  réunis  formoient 
enfemble  foixante-dix  à  quatre^vingt  pa- 
ges. Il  eût  été  plus  commode  fans  doute  ^ 
pour  MM*  le^  Députés  de  S.  Domingue , 
qu'ils  euffent  pu  attaquer ,  fans  qu'il  eût 
été  permis  de  fe  défendre. 


Ui',: 


'li';* 


£7^3 


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