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Full text of "Archives de zoologie expérimentale et générale"

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Museum of Comparative Zoology 


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LE GRADE DE DOCTEUR ÈS SCIENCES NATURELLES 


PAR 


#. : J, DÉNIKER+ Se 
LIGENOIS ÀS SCIENCRS NATURELLES DR LA FACULTÉ DE PARIS 


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THÈSE. — | RECHERCHES ANATOMIQUES ET EMBRYOLOGIQUES SUR LES 
: SINGES ANTHROPOÏDES. RÉCENT Dé a 2 ET HR VA 


ÈSE. — PROPOSITIONS DONNÉES PAR LA FACULTÉ, 


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PRÉSENTÉES 


A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS 


POUR OBTENIR 
LE GRADE DE DOCTEUR Ès SCIENCES NATURELLES 


PAR 


J. DENIKER 


LICENCIÉ ÈS SCIENCES NATURELLES DE LA FACULTÉ DE PARIS 


1' THÈSE. — RECHERCHES ANATOMIQUES E 
SINGES ANTHROPOÏDES, 
2° THÈSE, — PROPOSITIONS DONNÉES PAR LA FACULTÉ. 


T EMBRYOLOGIQUES SUR LES 


Soutenues le U, Telia: 


1886, devant la Commission d'Examen. 


MM. HÉBERT, Président. 
DUCHARTRE, ) Examinateurs. 
DE LACAZE- DUTHIERS, ( 


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MÉPOGRADPEIE OUDIN 


, RUE DE L'ÉPERON, 4 


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1886 


ACADÉMIE DE PARIS 


FACULTÉ DÉS SCIENCES DE PARIS 


DOTEN:-:.. 
PROFESSEUR | 
HONORAIRE..... 
PROFESSEURS. 


PROFESSEUR 
ADJOINT. 


/ 


/ 
| 


CHARGÉS 
DE COURS. | 


PROFESSEUR 
SUPPLEANT. 


SECRÉTAIRE. . 


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MM. 
HÉBERT, professeur... 
PASTEUR. 


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Géologie. 


Botanique. 

Zoologie, Anatomie, Physiologie 
comparées, 

Physiologie. 

Algèbre supérieure. 

Chimie. 

Chimie organique. 

Astronomie, 

Géométrie supérieure. 

Chimie, 

Astronomie. 

Physique. 

Minéralogie, 

Physique. 

Mécanique rationnelle, 

Chimie biologique. 

Calcul des probabilités, Physique 
mathématique. 


Physique céleste. 


Mécanique et physique expéri- 
mentales, 

Calcul différentiel et calcul in- 
tégral. 

Zoologie, Anatomie et Physio- 
logie comparées. 


Physiologie. 


À M. H. DE LACAZE-DUTHIERS 


MEMBRE DE L'INSTITUT 


MEMBRE DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE 
PROFESSEUR DE ZOOLOGIE, D’ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES 
À LA SORBONNE 


CHER ET HONORÉ MAITRE, 


C’est sous votre direction que j’ai commencé mes études zoolo 
giques, c’est dans vos cours et dans vos laboratoires que j'ai été 
initié à la méthode rigoureuse qui m’a permis de mener à bonne 
fin ce travail ; permettez-moi donc de vous le dédier comme faible 


témoignage de ma sincère et respectueuse reconnaissance. 


J. DENIKER. 


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RECHERCHES 


ANATOMIQUES ET EMBRYOLOGIQUES 


SUR LES 


SINGES ANTHROPOIÏIDES 


FŒTUS DE GORILLE ET DE GIBBON 
COMPARÉS AUX 


FŒTUS HUMAINS ET AUX ANTHROPOIDES JEUNES ET ADULTES 


PAR 


J. DENIKER, 


LICENCIÉ ÈS SCIENCES NATURELLES DE LA FACULTÉ DE PARIS. 


INTRODUCTION. 


L'embryogénie des singes anthropoïdes , malgré le grand intérêt 
qu’elle présente, n’est pas encore connue. La difficulté dese procurerles 
embryons de ces animaux empêchera probablement longtemps l'étude 
de leur développement. Il est donc tout naturel de saisir l’occasion 
chaque fois qu'elle se présente , pour avancer un peu nos connais- 
sances sur ce sujet, ne fût-ce qu’en accumulant les matériaux pour la 
future solution des différentes questions qui s’y rattachent. 

Ce sont ces considérations qui m'ont déterminé à faire une des- 


cription anatomique des fœtus de gorille et de gibbon que j'ai eus à 


ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 22 SÉRIE. — T. III Dis, SUPPL. 1885. — 3e Mém. 1 


2 | J. DENIKER. 


ma disposition. Par un heureux hasard, ces deux fœtus appartien- 
nent à deux genres d’anthropoïdes les plus éloignés l’un de l’autre. En 
effet, le genre Gorilla (I. Geoffroy Saint-Hilaire) se trouve en tête du 
groupe africain des singes anthropoïdes, tandis que le genre Hylo- 
bates ‘Illiger) occupe une place inférieure dans le groupe asiatique, 
qui , par l’ensemble des caractères , doit être placé au-dessous du 
groupe africain. ts 

Les connaissances sur l'anatomie des anthropoïdes adultes sont 
encore insuffisantes, et la dissection de chaque animal nouveau 
apporte quelque renseignement inattendu ou complète les faits déjà 
connus. À ce point de vue, je crois avoir fourni dans ce travaii 
un certain nombre de faits nouveaux tirés soit de l'étude anato- 
mique des fœtus, soit de celui des anthropoïdes adultes (gorille, 
gibbon et chimpanzé), que j'ai disséqués parallèlement. 

Enfin, pour compléter ces recherches, J'ai encore fait l’étude d’une 
série de crânes et de squelettes d’anthropoïdes, et d’un certain nombre 
de fœtus humains. : 

Pour réunir la plupart des matériaux de ces études , il m'a fallu 
nécessairement avoir recours à l’obligeance de plusieurs personnes, 
dont je ne saurais trop apprécier l’empressement et la bienveillance. 

Je tiens tout d’abord à exprimer ma plus vive reconnaissance à 
mon maitre, M. de Lacaze-Duthiers, qui a bien voulu m’admettre 
dans son laboratoire de recherches, où j'ai fait la plus grande partie 
du présent travail. Je tiens aussi à remercier d’une facon toute 
particulière M. Pouchet, professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 
qui à mis libéralement à ma disposition non seulement les pièces 
ostéologiques des galeries du Muséum, mais encore un fœtus de gib- 
bon et les cadavres d’un jeune gibbon et d’un chimpanzé. J'adresse 
mes sincères remerciments à M. Delage, professeur à la Faculté de 
Caen, chargé de cours à la Sorbonne, qui m'a fourni l’occasion de 
disséquer le cadavre d’un jeune gorille ; à M. le docteur Porak , qui 
a mis à ma disposition un certain nombre de fœtus humains; à 


M. Chudzinski, préparateur à l’École d'anthropologie, qui m'a exécuté 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 3 


des moulages et m'a aidé de ses conseils ; à M. le professeur Mathias 
Duval, directeur de l'Ecole d'anthropologie ; à M. Hamy, conserva- 
teur du Musée d'Ethnographie, età M. Bureau, professeur à l’École 
de médecine de Nantes, qui m'ont procuré des matériaux d'étude, 


crânes et squelettes de gorille. 


PLAN DU TRAVAIL. 


Dans les chapitres qui vont suivre l’Historique, et dans lesquels Je 
. traiterai successivement l'extérieur, l’ostéologie, la myologie, etc., 
des fœtus de gorille et de gibbon, les faits seront exposés en plusieurs 
paragraphes; ainsi, dans l’ostéologie je traiterai séparément le 
crâne et le squelette. Dans chaque paragraphe j’exposerai d’abord 
les observations concernant le fœtus de gorille, puis celles concer- 
nant le fœtus de gibbon, en les comparant, dans les deux cas, avec 
les faits observés par mui-mème ou avec les données tirées des tra- 
vaux de mes prédécesseurs sur les anthropoïdes jeunes ou adultes et 
sur les fœtus humains. A Ia fin de chaque chapitre, je place des 
résumes et conclusions, que l’on ne doit regarder en aucune facon 
comme des vérités définitivement établies ; ce n’est qu'un abrégé des 
faits exposés dans l’ouvrage. Les conclusions que l’on peut tirer de 
ces faits peuvent être naturellement modifiées par suite des observa- 
tions ultérieures. Il serait trop prétentieux de vouloir établir des 
règles générales de développement d’un animal sur deux ou trois 
observations seulement. 

Dans les descriptions , les animaux sont supposés être debout 
dans l’attitude bipède, correspondant à celle que l’on est convenu 


de donner au cadavre dans les traités d'anatomie de l’homme. 


HISTORIQUE. 


Tout ce que l’on sait sur les fœtus des singes anthropoïdes en gé- 
néral, se réduit à un seul petit mémoire et à quatre ou cinq mentions 
de quelques lignes. 


" J. DENIKER. 


La première indication concernant un fœtus d’anthropoïde se 
trouve dans le mémoire de Breschet (1). Malheureusement ce n’est 
qu'une figure représentant évidemment un fœtus de gibbon avec son 
placenta et portant cette explication: « Semnopithecus hylobates, 
« apporté en Europe par Reimwardt. Cette espèce de singe, de l’an- 
« cien continent, présente un cordon ombilical avec deux artères et 
« une veine, et deux placentas ; dessiné et donné par M. J. Vander- 
« Hœven ». Au bas de la figure on trouve cette légende : Semno- 
pitechus hylobates. Gibbon ? 

Dans son grand ouvrage sur les plis cérébraux, Gratiolet (2) figure 
et décrit le cerveau d’un fœtus de gibbon à terme. 

Owen (3) parle du placenta de gibbon , évidemment d’après 
la figure de Breschet, et fait aussi mention du placenta de chim- 
panzé. 

Huxley consacre six lignes de son traité (4) à la description d’un 
fœtus de chimpanzé et de son placenta. 

Darwin (5) donne une figure de la tête du fœtus d’orang-outang 
à propos de la forme spéciale de son oreille. 

Trinchese (6) est le seul auteur qui ait donné une description 
complète de l'extérieur d’un fœtus d’orang-outang. 

Voici tout ce que l’on trouve dans la littérature zoologique rela- 
tivement à l’état embryonnaire des trois singes anthropoïdes. 
Quant au quatrième, le gorille, on n’en avait vu jusqu'à présent 
que de jeunes ou d’adultes. Le fœtus que j'ai étudié est, à ma 


connaissance, le premier qui soit arrivé en Europe. 


(1) G. BresceT, Recherches anatomiques et physiologiques sur la gestation des 
guadrumanes. (Mémoires de l’ Acad. des sciences, t. XIX, pl. VIII et IX, fig. 1, et 
p. 484. Paris, 1845.) 

(2) Grariouer, Mémoire sur les plis cérébraux de l’homme et des primates, p. 38. 
Paris, 1854. 

(3) R. Owen, On the Anatomy of Vertebrates, t. TI, p. 74. Londres, 1868. 

(4) Huxzey, Eléments d'anatomie comparée des animaux vertébrés, trad. franc., 
p. 499. Paris, 1875. 

(5) DarwiN, La Descendance de l'homme, 3° éd. franç., p. 14. Paris, 1881. 

(6) Trincaese, Descrizione di un feto di orang-utan (Annali del Museo Civico di 
Genova, t. I. Gênes, 1870). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 5 


Le plus jeune gorille dont on trouve la description est certaine- 
ment celui qu’a observé M. Famelart (1), et qui, au moment de la 
capture, avait déjà deux dents incisives ; la note de M. Famelart 
se borne à quelques observations de mœurs et aux mesures prises 
sur cet animal. Le jeune gorille que M. Ehlers (2) a étudié au point 
de vue de l’extérieur avait déjà toutes ses incisives et une molaire. 

Le crâne du plus jeune gorille qui a été décrit possédait déjà les qua- 
tre molaires de lait ; il a été étudié par Virchow (3) et par Meyer (4). 
Le squelette du gorille du Muséum que j'ai étudié et dont il sera 
question dans le présent travail, appartient à un animal aussi Jeune, 
sinon plus jeune encore. 

Tous les autres gorilles décrits par les différents auteurs avaient 
leur dentition de lait presque achevée ou bien étaient des animaux 
adultes. 

Il n'existe pas de description de gibbon très jeune, c’est-à-dire 


n'ayant encore que les incisives et les premières molaires. 


EXTÉRIEUR DES FŒTUS (gorille et gibbon). 


I. Généralités. — Attitude. 


Le fœtus de gorille que j'ai eu la bonne fortune de me procurer à 
Hambourg provenait des bords de l’'Ogôoué. Malheureusement la 
personne à laquelle j'ai fait mon acquisition ne m'a pas donné de 
plus amples renseignements , ni sur la localité précise, ni sur les 


circonstances dans lesquelles le fœtus fut recueilli. Tout ce que je 


(1)L. FameLarT, Observations sur un jeune gorille (Bull. de la Soc. 20ol. de France 
pour l’année 1883, p.149). 

(2) E. Eurers, Beiträge zur Kenntnis des Gorilla und Chimpanse (Abhandlun- 
gen der K. Gesellesch. der Wissensch. zu Gôttingen, t. XXVIII. Gottingen, 1881). 

(3) Vircnow, Uber den Schädel des jungen Gorilla (Monatsberichte der K. P. 
Akademie der Wissenschäft. zu Berlin, aus dem Jahre, 1880, p. 516. Berlin, 1881). 

(4) A.-B. Meyer, Notizen über die anthropomorphen Affen des Dresdener Museums. 
(Mittheil, aus dem x00log. Mus. zu Dresden, fase. 11, p. 230. Dresde 1871.) 


6 J. DENIKER. 


sais, c’est que le fœtus, extrait de l'utérus d’une femelle que l’on 
venait de tuer, fut mis aussitôt dans un bocal rempli d'alcool à 60e ; 
c'est dans ce même bocal, hermétiquement clos, que Je l’ai recu. 

Le fœtus, en parfait état de conservation, était une femelle et 
mesurait près de 20 cent. du vertex au talon ; par l’ensemble des 


caractères (voy. plus bas), il devait être âgéde cinq à six mois, ou du 


FiG, 4. — Fœtus de gorille (attitude, implantation des poils), 3/5. 


moins devait correspondre par son degré de développement au 
fœtus humain de cet âge. 

Pour conserver l’image fidèle d’un exemplaire aussi rare, je l'ai 
fait photographier d'abord dans son attitude primitive (fig. 4 et 2), 
puis étalé (pl. XXITet XXII). Mais , pour mieux fixer encore les for- 
mes, j'ai eu recours au moulage. C’est mon ami Chudzinski qui a 


exécuté ce moulage, avec l’habileté et le soin qui caractérisent tous 
ses travaux. 


L'attitude du fœtus, lorsqu'il arriva entre mes mains , m'a 


paru être la même qu'il devait avoir dans l'utérus maternel. Le 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES 7 


cordon étant coupé très près ( à 1 cent.) de l'abdomen, les membres 
avaient dû être forcément écartés ; néanmoins la position était 
encore caractéristique et rappelait celle du fœtus humain et du 
fœtus d’orang figuré par M. Trinchese. Sur les figures ci-jointes 
(fig. 4 et 2), faites d'après les photographies , les membres sont un 


peu écartés, mais l'attitude diffère très peu de la réalité. 


Fi. 2, — Fætus de gorille (attitude, implantation des poils), 3/5. 


Recourbé sur lui-même, le fœtus a la forme générale d’un corps 
ovoïde. La tête est fortement appuyée contre le thorax. Les 
bras sont appliqués contre les flancs ; les avant-bras, fléchis 
sous un angle droit (4) sur les bras. L’avant-bras gauche touche 
par son tiers moyen la lèvre supérieure et cache ainsi la partie infé- 
rieure du visage (fig 2) ; l'avant-bras droit passe en avant et un peu 


au-dessous de l'avant-bras gauche. La main gauche est fléchie sur 


(15 Tous les angles ont été déterminés à l’aide d'un transporteur, suivant les axes 
des membres. 


8 J. DENIKER. 


l’avant-bras, en formant un angle à peu près de 430°, et contourne la 
partie latérale et inférieure de la face pour s'appuyer contre la région 
axillaire. 

La main droite est fléchie sur l’avant-bras, mais elle est inclinée 
en même temps en dehors , de sorte que son bord externe (en pro- 
nation) fait un angle de 100° avec le bord externe de l’avant-bras 
(pl. XXII). Cette main est appliquée contre l'abdomen et masque 
l’'ombilic ; ses doigts touchent le pubis. 

Les doigts (sauf le pouce) sont disposés ainsi: les premières pha- 
langes, presque en extension ; les deuxièmes, fléchies sur les premiè- 
res ; les troisièmes, à moitié fléchies sur les deuxièmes. Les pouces 
ne sont pas fléchis ; le pouce de la main droite touche le bord de la 
paume de la main ; celui de la main gauche est écarté à 45° par 
rapport à la paume , et vient se buter contre la saillie deltoïdienne 
du bras droit. 

Les cuisses (fig. 4 et 2) sont complètement fléchies sur l'abdomen 
et appliquées contre lui dans leur moitié supérieure ; elles sont incli- 
nées, sous un angle de 410° environ, l’une par rapport à l’autre. Les 
jambes sont fléchies complètement sur les cuisses. Les pieds sont 
fléchis sur les jambes, plus fortement du côté droit que du côté gau- 
che ; en effet, le bord externe du pied gauche forme un angle pres- 
que droit avec le bord externe dela jambe, tandis que celui du pied 
droit ne forme qu’un angle de 60°. La plante du pied est tour- 
née en dedans, mais pas d’une facon exagérée. En extension maxi- 
mum du membre inférieur, son plan devient presque perpendiculaire 
à l'axe de la jambe , de sorte que, si le fœtus pouvait se redresser 
sur ses jambes, la plante du pied toucherait le sol par la plus 
grande partie de sa surface. Les orteils, sauf le premier, sont dispo- 
sés ainsi : les premières phalanges fléchies à angle droit ; les secon- 
des légèrement fléchies (angle de 130°) sur les premières ; enfin les 
troisièmes fortement fléchies (90°) sur les deuxièmes. Le premier 
ou gros orteil est fléchi vers la face plantaire; sur la fig. 1 il est écarté 


artificiellement, Sa première phalange est presque parallèle au bord 


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RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES, 9 


interne du pied, et la deuxième est fléchie, sous un angle droit, sur la 
première. Le gros orteil se trouve ainsi au-dessous du deuxième et 
du troisième orteils. Le calcanéum du pied droit touche les organes 
génitaux externes, et le bord interne du pied gauche longe le mi- 


lieu de la face plantaire du pied droit. 


Le fœtus de gibbon que j'ai pu étudier grâce à l’obligeance de 
M. le professeur Pouchet, au Muséum d'histoire naturelle, a été con- 
servé dans l'alcool depuis un certain nombre d'années. C'était un 
fœtus femelle, long de 20 cent., ayant, d’après l’ensemble des carac- 
tères, 7 à 8 mois. Malheureusemnt on ne possédait pas d'indications 
sur sa provenance. 

Etant donné l’état fœtal où les poils commencent seulement leur 
éruption, il était difficile à déterminer l'espèce, car les caractères 
spécifiques pour le genre Hylobates sont tirés principalement de la 
couleur du pelage. Cependant la détermination de l’espèce avait pour 
moi une grande importance, au point de vue de certaines particula- 
rités anatomiques que j'ai trouvées et qui ne sont point mentionnées 
dans les ouvrages sur certaines espèces du genre Hylobates. 

Comme on le verra plus loin, le fœtus de gibbon que j'ai étudié 
avait le pelage d’un jaune clair, par place brunâtre, et présentait 
aux pieds une membrane interdigitale s'étendant entre les deuxième, 
troisième et quatrième orteils, et allant jusqu'à l'articulation de la 
première avec la seconde phalange (pl. XXIV, fig. 8). Ces deux 
caractères me semblent suffisants pour accepter que ce fœtus appar- 
tient à l’une de ces deux espèces : Hylobates lar (IL. Geoffroy Saint- 
Hilaire) ou H. agilis (F. Cuvier). Voici les considérations sur les- 
_ quelles je me base en avancant cette opinion : 

En comparant les descriptions des espèces de gibbons faites depuis 
Buffon jusqu'à nos jours, on arrive à cette conclusion , qu'à part 
l'Hylobates syndactilus (ayant une membrane interdigitale spéciale), 
on ne trouve que trois espèces qui sont pourvues aux pieds (proba- 


blement à titre de variation individuelle) d’une membrane allant 


10 J. DENIKER. 


jusqu'à l'articulation de la première phalange avec la deuxième : 
H. lar (1. Geoffroy Saint-Hilaire), H. agilis (F. Cuvier) et H. leuciscus 
(Schreber). 

Voici ce que dit Schlegel (1) à propos de l’H. leuciscus : « Il con- 
vient encore d'être sur ses gardes en face de certains traits fort 
saillants, quoique parfois individuels. Tels sont entre autres... la 
présence accidentelle de membranes interdigitales observées dans 
quelques individus des H. lar et leuciscus ». Mais comme l’H. leu- 
ciscus a le pelage noir ou gris à tous les âges (2), je ne l'introduis 
pas en ligne de compte dans mes considérations, attendu que 
le fœtus en question, presque à terme, avait le pelage d’un jaune 
pâle. Restent donc l’H. lar et l'A. agilis. 

La membrane interdigitale a été signalée chez l’H. lar par 
M. Cantor (3). Ce savant dit qu’elle se trouve entre le deuxième et le 
troisième orteil, tantôt sur un pied , tantôt sur les deux, et cela 
sans rapport aucun avec le sexe ou avec la coloration du pelage. 
M. Anderson (4) admet au contraire que c’est la variété pâle de l'H. 
lar, dont I. Geoffroy Saint-Hilaire faisait une espèce sous le nom 
d'H. entelloïdes, qui présente le plus souvent la membrane inter- 
digitale. C’est justement en se basant sur cette particularité 
que’. Geoffroy Saint-Hilaire avait créé l'espèce H. entelloi- 
des (5). Enfin tout récemment M. Hartmann (6) a décrit chez l’H. albi- 


manus (Vigors et Horsfield), qu'il tient pour une espèce distincte, et 


(1) ScaLeGEL, Muséum d'histoire naturelle des Pays-Bas. Revue méthod. et cri- 
tique des collect. déposées dans cet établis., t. VII. Monographie 40 : Simiæ, p. 4, 
Leide, 4876. 

(2) J. ANDERSON, Anatomical and zoalogical Researches, compriding an Account 
of the Zological Results of the two Expeditions to Western Yun-nan, p. 6. Lon- 
dres, 1878. 

(3) Journ. of the Asiat. Soc. of Bengal, t. XV, p. 172. Calcutta, 1846. 

(4) L. c., p. 4. 

(5) L Georrroy SaixT-HiLatRE, Catalogue méthodique de lu collection des mammifères 
du Muséum, etc... re partie, Mammiferes. Catalogue des Primates, p. 9. Paris, 1851. 

(6) HARTMANN, Die menschenânlichen Affen (Internat. wissensh. Bibliothek, LX, 
p. 46. Leipzig, 1883). Il en est paru une traduction française pendant l'impression de 
mon travail. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. A1 


qui pour I. Geoffroy Saint-Hilaire (1) et Anderson (2) est identique 
avec l’H. lar, une membrane « s'étendant entre les orteils beaucoup 
plus loin que dans les autres espèces de gibbon (excepté naturelle- 
ment l’H. syndactilus) ». 

Quant à l’H. agilis, il possède parfois, d’après Cantor, une mem- 
brane non seulement entre le deuxième et le troisième orteils, mais 
encore entre le troisième et le quatrième (absolument comme le 
fœtus en question). D’après Anderson, l’H. agilis n’auraitla membrane 
qu'entre le deuxième et Le troisième orteils ; un fait analogue à été 
constaté (3), il y a fort longtemps, par Duvaucel. 

Ainsi, d’après les savants les plus autorisés, on peut dire que les 
deux espèces de gibbon : H. Jar (avec ses variétés entelloïdes et albi- 
manus ) habitant la presqu'ile Malaise, et l’H. agilis (avec sa variété, 
Rafflesh) de Sumatra, possèdent, à titre de variation individuelle 
très fréquente, une membrane s'étendant entre le 2e et le 3°, et par- 
fois entre le 3e et le 4e orteils, et allant jusqu’à l'articulation de la 
première phalange avec la deuxième. 

Je ferai observer, en terminant, que ce caractère, lié à celui de 
l'extrême variabilité dans la couleur du pelage (allant du noir Jus- 
qu’au jaune pâle), de même que le voisinage de l'habitat de ces deux 
espèces. en font un groupe à part, nettement distinct des autres 
espèces du genre Hylobates. 

Attitude.— Quand le fœtus est arrivé entre mes mains, il avait déjà 
les membres du côté gauche coupés jusqu’au-dessous de l’articula- 
tion du coude et du genou (4); en outre, son abdomen avait été fendu. 

La pièce a donc été déjà plusieurs fois distendue et remaniée, et il 
n’y avait pas lieu de chercher exactement quelle attitude avait le 


fœtus dans l'utérus ; cependant, en pliant les membres dans la direc- 


(AL 2%e:, p..8: 

(2y-Lie., p. 6. 

(3) Voy. L. GeorFRoy SAINT-HiLAIRE et Fr. Cuvier, Histoire naturelle des mammi- 
fères, t. IL, p. 2, in-fol. 

(4) Ces membfes ont été pris par M. Retterer pour une étude spéciale des os et sont 
décrits dans son travail que je vais citer plus bas. 


2 J. DENIKER. 


tion indiquée pour ainsi dire par leur flexion, je suis parvenu à 
reconstituer à peu près l'attitude primitive du fœtus. 

Comme on peut se convaincre en jetant un coup d'œil sur 
la figure 4 de la pl. XXIV, cette attitude est presque la même 
que celle du fœtus de gorille. Il faut remarquer que sur 
le dessin la tête est un peu relevée ; en réalité, elle est appuyée sur 
le thorax. Les bras sont plus nettement croisés que chez le 
gorille, les cuisses moins écartées et les pieds tournés davan- 
tage en dedans. Le bras est adossé au thorax ; l’avant- bras, 
fléchi, touche le bras. Le membre supérieur droit passe en avant du 
gauche et cache la partie inférieure du visage ; la main droite est à 
la hauteur de la joue. Les premières phalanges de tous les doigts sont 
fléchies sous un angle droit par rapport à la paume de la main; les 
deuxièmes sont fléchies sous le même angle par rapport aux premiè- 
res ; enfin les troisièmes (et la deuxième du pouce) sont légèrement 
fléchies sur les deuxièmes. Au pied, la disposition est un peu diffé- 
rente : la première phalange est en extension, la seconde est très 
fortement fléchie, tandis que la troisième est à peine fléchie sur la 
deuxième. Au gros orteil, les deux phalanges sont fléchies. La cuisse, 
la jambe et le pied sont assez fortement fléchis, et le talon du pied 


droit touche la fente des organes génitaux. 


II. — Formes extérieures, coloration, téguments. 


Téte. — Chez le fœtus de gorille, la tête est arrondie, le front légè- 
rement bombé et l’occiput proéminant un peu en arrière. Les sour- 
cils surmontent deux bourrelets assez saillants (pl. XXII), corres- 
pondant aux reliefs des muscles sourciliers. Les yeux sont fermés. En 
soulevant les paupières, on voit nettement la membrane pupillaire 
non encore perforée, l'iris d’une couleur claire et la cornée beaucoup 
plus sombre que l'iris. L’œil est fendu en amande, la caroncule 
bien formée, maisle pli semi-lunaire est très considérable (près de 1,5 


mm., la longueur totale de la fente palpébrale étant de 10mm.). Les 


mg = “tm 


De pe PRE 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 13 


fentes palpébrales sont presque horizontales ; la gauche est légère- 
ment inclinée. Les rides autour des paupières (deux en haut et deux 
en bas) sont bien marquées, de même queles trois plis parallèles hori- 
zontaux àla racine du nez (pl. XXII;. Le pli naso-labial est bien 
prononcé. Chez le gorille adulte, les yeux sont tantôt droits, tantôt 
obliques, la caroncule presque invisible et les plis beaucoup plus 
nombreux. 

Le nez a la même conformation que chez le gorille adulte. Je re- 
marquerai à ce propos qu'en général, dès cette époque précoce, 
c’est-à-dire dès la seconde moitié de la vie fœtale, les caractères gé- 
nériques du gorille, si bien mis en relief par I. Geoffroy Saint-Hi- 
laire (1), se trouvent déjà indiqués. Des bourrelets forts et épais en- 
tourent latéralement les narines, qui sont inclinées et séparées par 
une cloison très mince (2 mm.). En bas, les deux bourreletsse rencon- 
trent à deux millimètres au-dessus de la lèvre supérieure. Les 
narines ont la forme. de fentes et diffèrent de celles de l’adulte, qu; 
sont rondes ou ovales ; cela s'explique par le fait que le fœtus n’a 
pas de fonctions respiratoires pulmonaires à remplir. Vu de profil, 
le nez est très retroussé ; ce qui correspond à la pointe du nez chez 
l’homme se trouve sur le même plan vertical que le point sous- 
nasal (pl. XXII). 

Les lèvres ne sont pas épaisses, surtout la supérieure ; la bouche 
est largement fendue. La mâchoire inférieure est très peu haute et 
le prognatisme alvéolo-sous-nasal presque nul, tandis que chez l’a- 
dulte le prognatisme est considérable. Je reviendrai sur ce carac- 
tère à propos du crâne. Le menton est fuyant (pl. XXIIT). Toutes ces 
particularités s'expliquent aisément par l’absence de dents. 

Les oreilles ont déjà la forme, la situation, les dimensions relati- 
ves si caractéristique du gorille et qui, à première vue, le font dis- 
tinguer du chimpanzé. Elles sont bien ourlées et se trouvent forte- 


ment appliquées contre les tempes (pl. XXIT), sans s’écarter comme 


() LL GEorrroy Samr-HicaiRe , Description des mammifères nouveaux , ete. 
4e Mémoire, Famille des singes. (Archives du Muséum, t. X, 1858-61, p. 21 et suiv.) 


14 J. DENIKER. 


chez le chimpanzé. Elles sont en outre petites, plus petites relative- 
ment que chez l'adulte. En effet, supposant la hauteur de la tête égale 
à 100, la hauteur del'oreille du fœtus serait représentée par le chiffre 
26,6, tandis que celle du gorille jeune et adulte varieentre 32,3 et34, 7, 
d’après les observations de M. Ehlers (4) et les miennes. L’hélix 
(pl. XXIV, fig. 6, k) prend naissance dans la cavité de la conque par 
une racine assez grêle ; il s’élargit ensuite en montant, pour s’amin- 
cir de nouveau en circonscrivant la courbe supérieure sans aucun 
renflement. Il s’efface vers le milieu du bord postérieur de l'oreille, 
pour reparaitre ensuite plus bas. L'anthélix est plus épais ; il prend 
son origine par deux racines (id. a et b) assez bien indiquées et inter- 
ceptant une petite fossette. Après une interruption au milieu (e), ou 
plutôt après avoir formé une sorte de pont quile réunit à l’hélix, l’an- 
thélix estde nouveau bien accusé (id. d). Le tragus et l’antitragus sont 
petits et reportés en avant, de même que le lobule, très réduit (id. l). 
La cavité de la conque est très peu profonde et petite ; c’est plutôt 
une fissure limitée en haut par l’hélix et l’anthélix, et en bas par le 
tragus et l’antitragus. Il y a lieu de noter deux particularités dans 
les oreilles du fœtus : l’absence du renflement de l’hélix, sur laquelle 
je reviendrai plus bas, à propos de l'oreille du fœtus de gibbon, et 
l'existence du pont(id. c) réunissant l’hélix à l’anthélix, dont Je vais 
m'occuper. Il me semble que ce dernier caractère est spécial à l’o- 
reille du gorille en général, et la distingue de celle du chimpanzé. 
En examinant les nombreux dessins et moulages de l’oreille du gorille, 
ainsi que plusieurs spécimens empaillés et les animaux conservés dans 
l'alcool (2), je suis parvenu à grouper 26 oreilles de gorille ; sur ce 
nombre, 18 présentaient le pont en question, et8 seulement en étaient 
dépourvues ; tandis que sur 18 oreilles de chimpanzé, 6 seulement 


présentaient cette disposition d’une manière plus ou moins prononcée. 


(1) L. c.p. 31. 

(2) J'ai examiné notamment : le fœtus de gorille, un animal jeune conservé dans l’al- 
cool que j'ai disséqué, 2 peaux conservées de gorille adulte mises à ma disposition par 
M. Petit, un moulage de jeune gorille au Musée Broca fait par M. Chudzinski, et enfin les 
figures données par Owen, Hartmann, I. Geoffroy Saint-Hilaire, Bolau et Chapman. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 15 


Tronc. — Le cou est très court et enfoncé entre les épaules; vu de 
profil, il continue presque la ligne de l’occiput (pl. XXII). Le tronc 
cylindrique, un peu renflé au milieu, présente déjà cette forme de 
tonneau (pl. XXII), si caractéristique du gorille adulte ; de pro- 
fil, la ligne du dos est très recourbée en haut et en bas, et presque 
droite au milieu. Le ventre est passablement gonflé. Les fesses 
sont aplaties et ne présentent aucune trace de callosités. Au-des- 
sus de l’anus on peut par le toucher délimiter trèsbien le coccyx ; la 
peau est tellement mince à cet endroit que l'on voit nettement un 
espace triangulaire blanchâtre, qui tranche sur le reste de la peau 
de cette region. L’anus est situé très près de la vulve ; il est entouré 
d'un bourrelet se continuant jusqu’au renflement génital (pl. XXX, 
fig. 4). 

Membre thoracique, supérieur ou antérieur. — La saillie formée 
par les muscles deltoïdiens est bien indiquée (pl. XXIT). Le bras est 
cylindrique, la saillie du biceps faible ; l’avant-bras est en pronation. 
Si l’on étend tout le membre en le placant le long des flancs, l’avant- 
bras fait avec le bras un angle de 160° environ, et la main un angle 
de 150° [mais dans le sens opposé) avec l’avant-bras (pl. XXII) ; en 
même temps la face palmaire de la main est tournée un peu en ar- 
rière. La main (pl. XXIV, fig. 4) ressemble à celle de l’homme, seule- 
ment le pouce est plus court. La paume a la forme d'un rectangle 
un peu plus long que large, et présente des dimensions relatives 
identiques à celles de l’homme (la longueur est à la largeur comme 
10 à 9,5), tandis que chez le gorille adulte la paume de la main 
est un peu plus allongée (la longueur de cette dernière est à la 
largeur comme 10 à 8) (1). Quant aux autres anthropoïdes, leur 
main diffère notablement de ce qu’elle est chez l'homme. Les 
éminences thénar et hypothénar sont bien marquées (pl. XXIV, 
fig. 4) ; les plis qui les délimitent forment par leur confluence un V 


dont les branches aboutissent en haut au pli transversal unique et 


(1) Voy. mes tableaux et les figures de R, Hartmann, dans son ouvrage : Der Gorllla. 
Zoologisch-Zootomische Untersuchungen, pl. V, fig. 1. Leipzig, 1880. 


16 J. DENIKER. 


non double, comme il arrive souvent chez le gorille adulte, et aussi 
chez l’homme. Deux plis longitudinaux partent de ce pli transversal 
vers la base du médius et de l’annulaire. Proportionnellement à la 
paume de la main, les doigts sont presque aussi longs que chez 
l’homme (paume de la main : médius = 10 : 8, 5) ; chez le gorille 
adulte, ils sont plus courts (10 à 7). Le doigt médius est le plus long ; 
l’annulaire égale l’index. Il existe une membrane haute de 2 à 
3 mm. entre tous les doigts, mais elle ne s'étend pas aussi haut que 


chez le gorille adulte. 


Membre abdominal, inférieur ou postérieur. — Les fesses sont 
presque nulles , comme je l'ai déjà dit. La cuisse est courte, 
de forme conique, aplatie légèrement de dehors en dedans. La 
jambe est presque cylindrique, sans la saillie du mollet (pl. XXII). 
Une sorte de repli cutané (recouvrant les aponévroses des mus- 
cles semi-tendineux , biceps etc.) tient la jambe en flexion, de 
sorte qu’en tirant le plus fortement possible, on ne peut arriver à lui 
faire former plus qu’un angle droit avec la cuisse. Chez les gorilles 
adultes, le même fait se présente, seulement l'angle est plus ouvert 
(1300 d'après Ehlers et moi). Lors donc qu’on compare la taille du 
gorille à celle de l’homme ou des autres singes, il faut prendre en 
considération cette particularité ; la taille du gorille sera toujours 
moindre, car, généralement, on la mesure en mettant l’animal 
debout, les jambes naturellement fléchies , tandis que l'on mesure 
la taille de l’homme, la jambe étant en extension. Sur le squelette, 
l'attitude du gorille n’est plus la même et dépend absolument du 
montage. Le pied présente déjà tous les caractères du pied de 
gorille ; il est fléchi sur la jambe et, en tirant, on ne peut le mettre en 
extension au delà d’un angle de 160° par rapport à l’axe de la jambe. 
Le talon proémine de 3, 5 mm. en arrière du bord postérieur de 
la jambe (pl. XXII). Vu par la face plantaire (pl. XXIV, fig. 5), 
le pied a presque la même forme que celui du gorille adulte ; ce- 
pendant il est un peu plus large et son talon plus étroit et plus pointu. 
Les plis de la plante sont presque les mêmes que chez le gorille 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 47 


adulte (1): un pli longitudinal délimitant les masses musculaires des 
adducteurs du gros orteil et deux plis transversaux {au lieu de trois, 
comme chez l'adulte), légèrement obliques. Le gros orteil est un peu 
moins éloigné des autres que chez le gorille adulte ; ilest aussi 
plus long et plus gros. En étendant les orteils, on s’apercoit que le 
troisième est plus long que le second. Je n’ai pas observé sur le fœtus 
la disposition des orteils décrite par I. Geoffroy Saint-Hilaire (2), 
c’est-à-dire l'isolement et l'implantation très basse du cinquième orteil. 
Au contraire, tous les orteils sont insérés le long d’une ligne courbe 
ininterrompue. Je n’ai d’ailleurs pu constater davantage ce carac- 
tère sur le jeune gorille. Hartmann et Ehlers ne le signalent pas 
non plus ; de sorte qu'il faut croire que I. Geoffroy Saint-Hilaire 
avait affaire à une anomalie individuelle. 

Coloration de la peau. — La couleur de la peau de mon sujet a dû 
nécessairement changer par suite de son séjour dans l'alcool. Tel 
que je l'ai recu, le fœtus avaitla peau de couleur brune, rappelant celle 
du café au lait, avec un mélange de gris; cette couleur a été assez 
fidèlement rendue par M. Chudzinski sur le moulage qu'il a exécuté 
et peint. Elle correspond à peu près aux nes 37-38 du tableau chro- 
matique de Broea (3). La face et surtout le pourtour des yeux et des 
lèvres, de même que la paume des mains et la plante des pieds, 
étaient beaucoup moins foncés et tiraient sur le jaune. L’abdomen 
semblait être plus clair quela partie dorsale du tronc. Le bout des 
doigts et les ongles paraissaient être colorés en rouge par suite du 
sang qui s’y est accumulé. Les muqueuses avaient la couleur jaune. 
__ Pouls. — le fœtusn’avait de vrais poils que sur la tête, au front, au 

pourtour des lèvres et des organes génitaux, sans compter les cils 
et les sourcils. Le reste du corps était glabre ou couvert de poils 
follets ne dépassant pas un millimètre. 


(1) Comparez mon dessin avec la planche V de l'ouvrage de Hartmann, Der Gorilla. 

(2) L. c. (Desc. des mammif. nouv. ete.), p. 34 et pl. V. 

(3) Broca, Instructions générales pour les recherches pe cd. rt 2e éd. Ta- 
bleau des couleurs. Paris, 14879. 


ARCH. DE ZOOL, EXP. ET GÉN. — 2 SÉRIE, — v, 111 Dis, suppL. 1885. — 39 Mém. 2 


18 J. DENIKER. 


Les vrais poils varient de 3 à 7 mm. comme longueur. Les poils des 
sourcils sont les plus longs (5 à 7 mm.) ; ils sont noirs, plus raides 
que les autres et dirigés, les internes en haut, les externes en 
dehors (fig. 2 et pl. XXIT). Les cils sont noirs et dirigés en avantet en 
dehors ; ils sont longs de 2 mm. à la paupière supérieure et de 1 
mm. à la paupière inférieure. Les poils du pourtour des lèvres 
(fig. 4 etpl. XXII) sont brun clair ou châtain et longs de 3 à 5 mm. 
Ceux d’entre eux qui se trouvent au-dessus de la lèvre supérieure 
sont dirigés en avant et en dehors et augmentent de longueur à me- 
sure qu'ils s’éloignent de la ligne médiane : ceux qui se trouvent au- 
dessous de la lèvre inférieure sont tous à peu près de même lon- 
gueur et dirigés en bas et en dehors. Sur le front, les poils ont de 2 
à 4 mm. de long, et leurs lignes d'implantation forment une sorte 
d'éventail, à partir de la ligne intersourcilière (fig. 2 et pl. XXII) ; ils 
couvrent ainsi toute la région fronto-pariétale. Près du vertex, on 
peut distinguer un point duquel les poils partent radialement dans 
“outes les directions ; c’est une sorte de tourbillon, mais moins net- 
tement accusé que chez l’homme. Unepartie des poils du front, après 
avoir entouré les arcades sourcilières (fig. À et 2), se confondent avec 
les poils follets de la joue qui se dirigent vers la commissure deslèvres. 
Un espace glabre sépare ces derniers des poils entourant l'oreille, et 
dont une partie se dirige vers lementon (id.!. Du vertex.les poils des- 
cendent en lignes parallèles sur la nuque et longent ensuite les flancs 
(fig.1); mais le dosest encore glabreetles poils n’y réapparaissent que 
vers la région lombaire. Les poils sont peu abondants sur la poitrine et 
sur les côtés de l'abdomen, où ils sont disposés par trainées parallèles 
dirigées de haut en bas. Il n’y en a pas trace sous les aisselles. 

Les poils du bras sont dirigés en bas ; à l’avant-bras, leur direc- 
ton est inverse (fig. 2). Cette disposition est la même que chez le 
gorille adulte et chez l’homme ; elle diffère de celle des singes pithé- 


ciens et de leurs fœtus {1}. Au membre inférieur ou abdomi- 


(1) Voy. Brescuer, L. c., pl, VI, VII et suiv. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 19 


nal, les poils sont visibles du côté antérieur et externe (fig. 1 et 2; ; 
ils sont dirigés en haut sur la cuisse, et en bas sur la jambe. La 
face dorsale de la main, du pied et des premières phalanges des 
doigts et des orteils est couverte de quelques rares poils follets. 

Ongles (pl. XXII). — Tous les ongles sont encore recouverts d’une 
mince couche d’épiderme qui forme un léger bourrelet au-devant de 
leur bord distal ; ce bord n’est donc pas libre et l’ongle se trouve 
par conséquent dans les mêmes conditions que chez le fœtus hu- 
main de la fin du 6e mois. Les ongles de la main sont petits, plus 
larges que hauts ; leur largeur varie de 1, 5 mm. (petit doigt) à 3 mm. 
(médius), et leur hauteur de 1 à 2 mm. (mêmes doigts). L'ongle du 
pouce a 2 mm. en largeur et en hauteur. Au pied, les ongles ont à 
peu près la même forme et les mêmes dimensions. 

Les mamelles et les glandes mammaires sont encore au même degré 
de développement que chez le fœtus humain de 5 à 6 mois (1). La 
mamelle se présente comme un léger soulèvement arrondi de la peau 
(pl. XXII) d'un millimètre de diamètre [bourrelet cuticulaire de 
Klaatsch (2)], dont le sommet offre une légère dépression (rudiment 
de la poche mammaire). Le soulèvement est entouré d’une aréole, 
espace glabre de 2 mm. de diamètre. Le tout présente en somme 
la disposition identique à celle des fœtus humains. La glande 
mammaire à la forme d’un disque aplati, de 2 mm. de diamètre. 
L'examen microscopique de la glande entière et d’une série 
de coupes que j'y ai pratiquées m'a démontré qu’elle est encore 
à l’état d’une simple saillie de la couche de Malpighi et n'a point 
encore de bourgeons secondaires. La glande ne semble pas se 
développer très rapidement, car chez mon jeune gorille femelle 
elle n'a que 5 à 6 mm. de diamètre. Quant à la zone aréolaire qui 
existe à l’état embryonnaire, il semble qu'elle est étirée ensuite tota- 
lement en haut par le soulèvement du mamelon qui se fait après la 

(1) A. KôLLIKER, Embryologie ou traité complet du développement de l'homme et 


des animaux supérieurs. Trad. franc. par A. ScuNEIDER, p. 831. Paris, 1882. 


(2) Kzaarscx, Zur Morphologie der Süugethierzitzen. (Morpholog. dahrb. t. IX, 
1883, p. 253.) 


90 J. DENIKER. 


naissance. Chez le jeune gorille, l’espace glabre entourant le mame- 
lon est très petit {35 mm. de large sur 50 de long) et ne diffère 
en rien de la peau des autres parties glabres du corps; chez 
l'adulte , l’aréole n'existe pas du tout, d’après Hartmann (1) et 
Ehlers (2). La distance entre les deux mamelons est considérable, 
plus grande, relativement à la largeur des épaules, que chez le jeune 
gorille. 

Le cordon ombilical avait été coupé, comme je l’ai déjà dit, à un 
centimètre de la peau de la région abdominale qui se trouvait étirée 
de facon à former un cône dont le sommet se prolongeait avec le 
cordon. Le cordonest aussi gros (près de 10 mm. de diam.) que 
chez un fœtus humain de 5 à 6 mois (pl. XXII). 


Le fœtus de gibbon (pl. XXIV, fig. 4), plus avancé en développement 
que le fœtus de gorille, présente aussi plus de ressemblance avec 
l'animal adulte. 

La tête est grande, un peu allongée ; le front est droit, la courbe 
frontale légèrement aplatie en avant; l’occiput est placé oblique- 
ment de hut en bas, de sorte que le sommet de l'os occipital cor- 
respond au point le plus proéminent du crâne (pl. XXIV, fig. 1). Les 
tempes sont aplaties latéralement, Le museau est assez proéminent, 
les arcades soucilières peu saillantes. Les paupières sont ouvertes, 
mais la membrane pupillaire n’est pas encore perforée. Le nez est 
presque semi-cylindrique, aussi large au niveau des narines qu'à sa 
racine où se trouvent plusieurs rides transversales. Les narines, 
longues de 4 mm., sont disposées obliquement. La cloison médiane 
entre les narines a un millimètre et demi d'épaisseur; sa base se 
trouve à 2 mm. de la lèvre supérieure. La bouche est largement 
fendue et entr'ouverte ; la langue ressort un peu. Les lèvres sont 
très minces, presque nulles. Les plis naso-labiaux sont très forte- 


ment accusés (pl. XXIV, fig. 1) et délimitent une sorte de bourrelet 


(1) Der Gorilla, p. 10. 
(2) L. c. p. 19. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 21 


autour de la lèvre supérieure, surtout du côté droit, où l’angle de la 
bouche est relevé, comme si l’animal faisait une grimace. 

Les oreilles sont diversement pliées de deux côtés; à gauche, le 
repli de l’hélix donne à l'oreille la forme d’un triangle reposant sur 
son sommet (pl. XXIV, fig. 1); à droite, au contraire, ce repli n'existe 
qu'en avant et l'oreille à la forme d’un triangle ayant le som- 
met en haut /pl. XXIV, fig. 7). C'est ce même repli qui est figuré sur 
le dessin d’un fœtus, dit d’'orang, donné par Ch. Darwin dans un de 
ses ouvrages (1). J’ai tout lieu de croire que ce dessin, fait d’après 
une photographie communiquée à l’illustre naturaliste par Nitsche de 
Dresde, se rapporte à un gibbon et non à l’orang. L’oreille du fœtus 
d'orang, figurée par M. Trinchese (2) ne présente aucune trace de 
cette forme pointue qui, au contraire, se retrouve chez mon fœtus de 
gibbon. En comparant tous les faits recueillis sur les fœtus, je crois 
pouvoir dire qu'ils ne confirment pas toujours l'hypothèse avancée 
par Darwin (3), d’après laquelle l'oreille des singes anthropoïdes 
est primitivement pointue, car aucun des fœtus ne présente de petite 
proéminence sur le bord supérieure et interne de l’hélix et deux gib- 
bons seulement ont le repli de l’hélix donnant la forme pointue à 
l'oreille. En dépliant l’oreille, on s’apercoit que l’hélix (pl. XXIV, 
fig. 7, h) commence par une racine unique, se dirige en haut 
ets’efface bientôt ; iln'y en a pas trace sur le bord postérieur de 
l'oreille. En somme, l’hélix est réduit à un large repli antérieur parais- 
sant caractériser l'oreille de g1bbon ; on le retrouve sur le beau dessin 
de gibbon donné par Bischoff (4). L’anthélix naît par une ou deux 
racines (id. 4 et D), se porte en arrière et disparaît vers le bord pos- 
térieur de l'oreille, pour reparaitre plus bas ; il forme ainsi une 


espèce de pont (id. e) analogue à celui que j'ai constaté dans l'oreille 


_ (1) La Descendance de l’homme, p.19. 

(2) L: :e4 pl. I. 

(3) L. c. p. 12 et sui. 

(4) F.-L.-W, BiscHorr, Beiträge zur Analomie des Hylobotes leuciscus. (Abhandlun- 
gen der nat.— physik. classe der K. Bayerlschen Akad. der Wissensch., 1. X, pl. T. 
Munich, 1870.) 


22 J. DENIKER. 


du gorille ; mais cette disposition ne se trouve que d’un seul côté, et 
elle n’est pas figurée dans le dessin de Bischoff. Le tragus et l’an- 
titragus sont peu accusés, et la fente intertragiale est très petite. Le 
lobule est peu prononcé (pl. XXIV, fig. 1, 1). 

Le tronc est presque cylindrique ; le cou est court, les épaules 
assez larges ; les fesses sont aplaties et garnies de petites callosi- 
tés ovales, longues de 47 mm. et larges de 3 mm. (pl. XXIV, fig. 1). 
Entre ces callosités se trouve un bourrelet qui entoure l'anus et se 
continue jusqu'au renflement génital (pl. XXX, fig. 10). 

Les membres supérieurs présentent déjà ce caractère particulier 
au gibbon, l’extrême longueur. Une sorte de membrane réunit le 
bras à l’avant-bras, de facon que ce dernier, même à son maxi- 
mum d'extension, forme encore un angle de 150° avec le bras. La 
main (pl. XXIV, fig. 1) est surtout très longue et étroite ; cepen- 
dant elle est encore plus large que chez le jeune Hylob. leuciscus 
Le rapport de la largeur à la longueur de la paume est de 10 à 5, 2 
chez le fœtus et de 10 à 4,4 chez le jeune. La longueur des 
doigts par rapport à la paume {10 à 8) est la même que chez l’a- 
dulte, Une membrane interdigitale s'étend entre tous les doigts à la 
hauteur du tiers proximal des premières phalanges. 

Les membres inférieurs sont grêles et courts relativement aux 
membres supérieurs (pl. XXIV, fig. 1); le pied est long et étroit. Le 
grand orteil, très fort et long, est séparé des autres Une membrane 
s'étend entre les deuxième, troisième et quatrième orteils, jusqu’à la 
hauteur de l'articulation des phalanges avec les phalangines (pl. 
XXIV, fig. 8); la membrane entre le quatrième et le cinquième 
doigts ne s'élève qu’à la moitié supérieure des phalanges. 

Les ongles sont très allongés et convexes, aux doigts comme aux 
orteils ; ilsont de 3 à4 mm. de longueur sur 1,5 à 2 mm. de lar- 
geur ; l’ongle du pouce est carré et a 2 mm. de longueur; celui du 
gros orteil a 3 mm. de longueur sur 2 mm. de largeur. Les bords dis- 
taux des ongles sont libres et non recouverts par l’épiderme, comme 


chez le gorille, ce qui indique l’état plus avancé du fœtus. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 23 


Le développement des poils est aussi plus avancé. Les poils les 
plus longs sont ceux des sourcils (de 8 à 45 mm.) ; ils sont raides et 
roux (pl. XXIV, fig. 1). Les cils de la paupière supérieure ont de 4 à 
5 mm. de longueur, tandis que ceux de la paupière inférieure ne 
dépassent pas 1 ou 2 mm. (comme chez le gorille). Les rares poils 
qui se trouvent au pourtour des lèvres et au menton ont de 4 à 
8 mm. de largeur et sont d’un brun roussâtre. 

Sur le corps, la dimension des poils varie de 4 à 10 mm. Les plus 
longs et les plus abondants sont ceux de la tête et du dos. Les poils 
sont très courts et très clairsemés sur tout le membre inférieur ; sa 
face interne en est même presque complètement dépourvue (pl. 
XXIV, fig. 4‘. Ils sont un peu plus longs sur le membre supérieur. 
La poitrine est presque glabre, excepté la partie supérieure où se 
trouvent, de même que sur le cou, quelques petits poils. Les parties 
dépourvues de poils sont : le nez, les joues, la plante du pied, la 
paume de la main , le bas de la poitrine, le ventre, les aisselles, les 
ischions. On remarque quelques rares poils, longs de 3 à 4 mm., au- 
tour des organes génitaux. 

La direction des poils correspond à peu prèsà ce que j'ai décrit chez 
le gorille. Sur les membres, la disposition est absolument la même. 
Sur le front, les poils vont en s’irradiant à partir de la ligne inter- 
sourcilière ; arrivés vers le vertex, ils ne forment pas de tourbillon, 
mais prennent des directions diverses : les médianes descendent 
sur la nuque et surle dos, tandis que les latérales vont vers les tem- 
pes, S'incurvent en avant des oreilles et se dispersent sur les joues. 

On peut constater sur le côté du cou (pl. XXIV, fig. 4, t) un tour- 
billon d'où partent les poils radialement vers les oreilles , la joue, 
la nuque, le dos, l'épaule et la poitrine. Ce tourbillon a quelque ana- 
logie avec la disposition des poils chez l’homme. M. Trinchese n’a 
rien observé de semblable sur le fœtus d’orang. 

La couleur des poils varie du jaune pâle au jaune brunâtre ou 
roux. Les poils les plus foncés se trouvent sur le sommet de la tête 


et sur le dos. La couleur de la peau est uniformément jaune, 


24 | J. DENIKER. 


ce qui est dû probablement au séjour prolongé dans lalcool. 

Les mamelles ou plutôt les mamelons sont grands et ont l’aspect 
des tétines d’une chienne. Sur des coupes examinées à un faible gros- 
sissement, on voit que les mamelons sont formés par le soulèvement 
de la couche de Malpighi, et que les canaux galactophores s'arrêtent 
à une certaine distance de la périphérie de l'organe. Chaque 
mamelon a 2 mm. de diamètre et autant de hauteur ; il est entouré 
d’un espace glabre, circulaire, d’à peu près 5 mm. de diamètre. 
La distance entre les deux mamelons n’est que de 10 mm., par 
conséquent beaucoup moindre que chez le gorille. La glande 
mammaire a la forme d’un disque de 5 mm. de diamètre, légèrement 
lobulé. En l’examinant au microscope à un faible grossissement, 
j'ai constaté que ses lobes ou bourgeons secondaires sont encore 


simples. 


IT. — Placenta et enveloppes fœtales. 


Le placenta du fœtus de gorille n'a pas été recueilli, mais le fœtus 
de gibbon était conservé dans l'alcool avec l'utérus maternel et le 
placenta, auquel il tenait par son cordon ombilical. 

L'utérus maternel avait la forme d’un ovoïde , long d’environ 41 
em. {pl. XXIV , fig 2, u). Les ovaires (id. 0), très aplatis, mesu- 
raient 14 mm. de longueur sur 8 de largeur et Î mm. d'épaisseur. 
Les trompes (id. r) étaient larges et non sinueuses. Le vagin (id. v), 
fendu et coupé, présentait des plis longitudinaux ; la muqueuse en- 
tourant le méat urinaire (id. m) était couverte de petites papilles. La 
vessie urinaire (id. v), ovoïde, avait 45 mm. de long sur 25 de large. 

Au fond de l'utérus et un peu sur la paroi postérieure , se 
trouve le placenta, dont j'ai pu injecter les vaisseaux (pl. XXIV, 
fig. 2, p). Ge placenta est simple, c'est-à-dire formé d’un disque 
unique. 

Malgré le plus grand soin apporté dans l'examen de la pi'ce, jen’ai 
pu y découvrir aucune trace d’un deuxième disque placentaire. Du 


reste, la distribution des vaisseaux serait toute autre s’il existait un 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES 25 


deuxième disque, car, d’après ce que l’on sait des singes pithéciens, 
lorsque lesplacentassont doubles, les vaisseaux d’un disque passent le 
long des parois utérines vers l’autre disque; tandis que, dans la pièce 
en question, les artères et les veines se terminaient en ramifications 
fines sur le disque (pl. XXIV, fig. 2) : aucune d'elles n’en dépassait 
le bord. 

Le placenta a la forme d’une ellipse dont le grand axe , placé 
transversalement, mesure 73 mm. et le petit 58 mm. ; l'épaisseur de 
j'organe à son centre est de 43 mm. (pl. XXIV, fig. 3). Vers la par- 
tie centrale, onapercoit quelques petits lobules (pl. XXIV, fig. 2, L.) 
entre lesquels sont situés trois ou quatre corps ovalaires bruns. 
Sur des coupes (pl. XXIV, fig. 3) on voit que ces corps se prolon- 
gent dans l'épaisseur du placenta et ont une structure fibreuse. Les 
bords placentaires sont légèrement lobulés ; l’inférieur se trouve à 
4 cm. du col utérin. 

Le cordon ombilical, long de 21 cm., légèrement tordu (pl. XXIV, 
fig. À et 2), se fixe au placenta vers son bord inférieur et non à son 
centre. Il renferme une veine et deux artères. La veine, dès la 
sortie du cordon, se subdivise en deux branches ; la branche droite 
est la plus grosse et se subdivise en deux à son tour. Les artères 
sont moins sinueuses que dans le placenta de la femme. 

L'amnios (pl.XXIV, fig. 2, a), coupé en partie, ne présentait rien de 
particulier. Le chorion (pl. XXIV, fig. 2et 3, ch), très mince, adhère 
à peine à la membrane caduque vraie qui est presque soudée aux 
parois utérines. Ces dernières sont plus minces que dans l’utérus de 
la femme. 

L'état du placenta et de l'utérus, mal conservés, ne permit pas d’en 
faire une étude histologique détaillée. D’après les coupes d'ensemble 
examinées à l'œil nu ou à un faible grossissement, j'ai pu constater la 
couche séreuse et la couche musculaire des parois utérines. La 
couche musculaire à à peine 0,5 mm. d'épaisseur (pl. XXIV. fig 3, m), 
et présente par place, dans ses parties non placentaires , des la- 


cunes considérables (vestiges des glandes ?). La couche muqueuse 


26 J. DENIKER. 


est comme soudée avec la caduque Dans la partie placentarre des 
parois utérines, la couche musculaire est beaucoup plus épaisse 
(2 mm.). La caduque sérotine ou placenta maternel (pl. XXIV, fig.3, f d) 
est constituée par les deux couchessi bien décrites chez les singes par 
Turner (14) : 1° une couche compacte, de 0, 5 mm. d'épaisseur, qui 
envoie des prolongements entre les vestiges des lobules du pla- 
centa (portion caduque du placenta maternel, pl. XXIV, fig. 3, d) ; 
2° une couche spongieuse de 1,3 mm. d'épaisseur (portion fixe du pla- 
centa matern., id. f). En détachant le placenta, on entraîne avec lui la 
couche compacte. Le placenta fœtal (id. f)a sur la coupe un aspect 
spongieux. Le chorion (id. ch) revêt ses villosités jusqu'à leurs 
ramifications principales. Les ramifications secondaires des villosités 
sont très nombreuses et enchevêtrées entre elles. Constituées par un 
tissu lâche formé de cellules arrondies, elles entourent les vaisseaux, 
comme on peut le constater à un fort grossissement. 

Il n'existe dans la littérature zoologique que trois mentions con- 
cernant les placentas des singes anthropoïdes. 

Owen consacre une ligne de son grand travail (2) au placenta du 
chimpanzé, disant qu'il n’est formé que d’un seul disque. Huxley (3) 
donne une courte description du placenta du fœtus de chimpanzé 
long de 114 pouces (28 cent.). Ce placenta est également simple; le 
disque a 3 pouces et demi (85 mm.) de diamètre sur une épaisseur 
de 45 mm. environ ; le cordon ombilical est inséré près du bord du 
disque. 

Breschet donne dans son travail (4) une figure du placenta du 
gibbon (voy. Historique, p. 4). Ce placenta est formé de deux disques 


très rapprochés l’un de l’autre et de grandeur inégale. Le cordon 
ombilical s’insère non loin du centre du plus grand disque ; les 


(4) W. Turner, On the placentation of the Apes, with a comparison of the Struc- 
ture of their placenta vith that of the Human Female (Philosoph. Transact. of 
the Royal Society of London, t. CLXIX, p. 548, et pl. 49, fig. 5. Londres, 1879). 

(2) L. ce. (Anatomy of Vertebrates), t. I,p. 74. 

(3) L. c. (Anatomie des vertébrés, trad. franc.), p. 49, 

(4) L.e. pl. VIII et IX, fig. 1. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 27 


vaisseaux, après avoir fourni les branches à ce disque, se portent 
vers le petit, mais une seule branche artérielle l’atteint et s'y 
ramifiee 

En ajoutant mon observation aux trois précédentes, j'arrive à cette 
conclusion, que des quatre placentas de singes anthropoïdes examinés 
jusqu’à ce jour, trois sont simples et un double. Le chimpanzé au- 
rait le placenta simple; le gibbon, simple également d’après moi, 
mais double avec l’un des disques très réduit, presque rudimentaire, 
d’après Breschet. Pour expliquer cette dernière différence et pour 
connaître quelle forme du placenta peut être considérée comme 
typique, voyons d’abord si, dans les différentes familles des Pri- 
mates, le placenta n'est pas sujet aux mêmes variations. 

J'ai recueilli 22 observations sur les placentas des singes du nou- 
veau et de l’ancien continent, et voici comment on peut les grouper. 

Sur les 17 placentas de singes catarrhiniens, 11 placentas fournis 
par les macaques , les cercopithèques et les semnopithèques , exa- 
minés par Rolleston (1), Turner (2), Hunter (3), Breschet (4), Kon- 
dratovicz (5) et Ercolani (6), sont doubles , tandis que trois autres, 


provenant des cynocéphales et décrits par Turner , Breschet et 
Chudzinski (7) , sont simples. Sur les 5 observations relatives aux 


Platyrrhiniens, les 4 placentas des cébides, examinés par Rudolphi (8), 
sont simples, et un seul, celui d’un pithécide (Chrysothrix sciurea, 
saïmiri), signalé par Breschet, est double. Dans la famille des Hapa- 
lides (sous-ordre des Arctopithèques), on n’a que deux observations. 
D’après Rudolphi, l’ouistiti (Hapale jacchus) aurait un seul disque pla- 


centaire, tandis que, d’après une note de Martin Saint-Ange (9) 


(1) Transac. Zool. Soc.,t. V, 1863, cité par Turner, 

(2) L. c. pass. 

(3) Animal Œconomay, londres, 1786. 

(4) L. c. pass. 

(5) Pamietnik Towarzystwa Lekarskiego, !. WE, p. 259. Warsovie, 1875 (en polonais). 

(6\ Memor. dell’ Accad. delle scienze di Bologna, 1870, p. 53. 

(7) Bull. de la Soc. d'Anthrop. de Paris.t. VII (3e série), p. 826, 1884. 

(8) Abhandlungen der Akad. der Wissensh. Berlin, 1828. 

(9) MARTIN SAINT- ANGE, Mémoire sur un placenta à deux lobes symétriques, chez 
un fœtus d'Ouistiti (Magasin de Zoologie de Guérin Meneville, 6e livr. Paris, 1844). 


28 J. DENIKER. 


publiée en 1844, et que je ne trouve citée nulle part, le placenta de 
ce singe est double. 


Il est évident, d’après ce que je viens de dire, que le placenta peut 
varier non seulement dans les limites d’une famille (par exemple, 
chez les Cynocéphales parmi les Catarrhiniens et chez les Pithécides 
parmi les Platyrrhiniens) , mais encore dans les limites d’un seul et 
même genre (exemple : ouistiti). On sait en outre que dans le genre 
Homo, où le placenta unique est la règle , on rencontre des cas, 
assez rares il est vrai , de placenta double et même triple (1). En 
présence de tous ces faits, il ne serait point étonnant de rencontrer 
deux formes diverses du placenta chez le gibbon. Il s’agit seule- 
ment de savoir laquelle de ces deux formes est typique, laquelle 
exceptionnelle. Comme je l'ai déjà dit , sur quatre placentas d’an- 
thropoïdes, trois sont simpes , et un double ; on peut donc dire 
que dans cette famille le placenta simple est la forme prédomis 
nante et que le placenta double est plutôt une exception , moins 
rare cependant que dans le genre Homo. Mais il existe un autre 
argument en faveur de la ressemblance du placenta de gibbon 
avec celle de la femme, et cet argument est tiré de la structure du 
placenta. | 


On sait, depuis les beaux travaux de Turner (2) et d’Ercolani (3) 
que les différences dans la forme du placenta (diffus, zonaire, dis- 
coïdal, etc.) coïncident avec la diversité de structure du placenta ma- 
ternel et de ses vaisseaux (capillaires dans le premier cas, capillaires 
élargis dans le deuxième, etc.) Dansle placenta des Macaques, Tur- 


ner décrit et figure la deuxième couche (spongieuse) du placenta 


(1) HyrTz , Die Blutgefässe des Menschlichen Nachgeburt, Vienne, 1870 ; HECKER, 
Klinik der Geburtskunde, t. 11; Marnews Duncan, Mechanism of Natural and Morbid 
Parturation, p. 313, Edimbourg, 1875; Verrier, Anomalie placentaire (Bull. Soc. An- 
throp. Paris, 1884, p. 23), etc. 


(2) TuRNER, Some generalobservations on the placenta (Journ. of Anat.and Physiol. 
t. IX, 1871). 


(3) G.-B. ErcoLanr, Sull’unita del tipo anatomico della placenta nei mammiferi e 
nella umana specie. Bologne, 1871. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 29 


maternel comme étant très épaisse (presque aussi épaisse que le 
placenta fœtal), et formée de larges alvéoles, dans lesquelles che- 
minent les gros capillaires ouverts à leurs extrémités. Chez la 
femme, au contraire , la couche en question est très mince (5 mm. 
à peine), présente une apparence spongieuse et est remplie de 
sinus veineux. Or, sur une coupe du placenta de gibbon, cette couche 
est également mince et présente la structure spongieuse, ne rap- 
pelant en rien l’aspect qu’elle a chez le macaque. Je n'ai pu faire 
d'injection du placenta maternel, et par conséquent je ne peux rien 
dire de la forme de ses vaisseaux ; mais tout fait supposer qu’à la 
structure spongieuse analogue à celle du placenta de la femme doit 
correspondre une disposition des vaisseaux également analogue. 
Cette structure interne étant à peu près la même, on peut supposer 


que le disque unique est la forme typique du placenta chez les singes 
anthropoïdes aussi bien que dans le genre Homo. 
Voilà donc déjà deux caractères distinctifs (disque unique, pla- 


centa maternel mince et spongieux) du placenta des anthropoïdes qui 
les rapprochent du genre Homo. Il en existe au contraire un troi- 
sième qui les éloigne de l’homme et dessinges pithéciens: c’est l'inser- 
tion marginale du cordon, observée par Huxley chez le chimpanzé, 
et par moi chez le gibbon. Chez tous les Catarrhiniens etles Platir- 
rhyniens (excepté les Mycetes et les Chrysotrix), de même que dans 
la majorité des cas chez la femme, le cordon s’insère au centre ou 


dans le voisinage du point central du disque placentaire. 


[V. — Poids et dimensions du corps. 


Le poids du fœtus de gorille, au moment où il m'est parvenu, 
c'est-à-dire après un séjour au moins de 2 à 3 mois dans l'alcool, 
était de 310 gr. En supposant que le corps ait perdu un tiers ou un 
quart de son poids par suite du séjour dans l’alcool, on peut estimer 
à 450 ou 500 gr. le poids du fœtus à l’état frais, poids égal à celui 
du fœtus humain de 5 à 6 mois. Je n’ai pas pesé le fœtus de gibbon, 


car il lui manquait un pied et une main. 


30 J. DENIKER. 


Dimensions. — Considérant que les chiffres comparatifs don- 
nent le meilleur moyen pour apprécier le développement relatif des 
différentes parties du corps, j'ai pris un grand nombre de mesures 
sur les deux fœtus et je les ai réunies dans le tableau qui suit 
(tableau I), en y ajoutant les mesuresque j'ai prises, suivant toujours 
la même méthode de mensuration, sur un jeune gorille femelle 
ayant achevé sa dentition de lait, et sur trois fœtus humains (2 mâles 
et une femelle) de 4 à 5 mois. Dans les tableaux suivants (II et III), je 
donne les mesures relatives et leurs rapports, en ajoutant à mes 
propres observations celles de M. Ehlers (1), Bischoff (2), Bolau (3), 
Petit (4) et S. Muller (5). 

En comparant les rapports centésimaux des différents segments 
du corps, on arrive à des conclusions suivantes : 

Chez le fœtus de gorille , le tronc (plus la tête) est plus long par 
rapport à la taille que chez l'adulte, mais il est aussi plus étroit. 
Comparé à la taille, le membre supérieur est plus long chez le fœtus 
que chez le gorille jeune ou adulte ; comparé à la longueur du tronc 
(plus la tête), il est au contraire plus court chez lé fœtus et encore 
plus court chez le jeune que chez l'adulte. Il est possible que son 
accroissement rapide ait lieu seulement après l’achèvement de la 
première dentition (voy. les tabl. IT et II). Les différents segments 
du membre ne se développent pas de la même facon : chez le fœtus, 
l'avant-bras, par rapport au bras, est plus court que chez le jeune, 
mais plus long que chez l’adulte. La main suit la même progression ; 
elle s'accroît plus rapidement quele bras dans le jeune age et retarde 


(A) Le ;ne8 


(2) Mém. déjà cité sur le gibbon, p. 200, et Biscmorr, Beitrâge zur Anatomie des 
Gorilla (Abh. der mat.-physik. classe der K. bayer. Akademie der Wissensch., 
t. XIIT, 3e divis. p. 4. Munich, 1880). 

(3) H. Borau, Mie Menschenänlichen Affen des Hamburger Museums (Abhandl. aus 
dem Gebiete der Nalurwissensch. herausgegeben vom Naturwissenschaftl. Verein 
su Hamburg-Altona (Festgabe), p. 69 et 80. Hambourg, 1876). 

(4) Notes manuscrites obligeamment prêtées par ce voyageur. Ë 

(5) S. Muzcer, Verhandeling over de zoogdieren van den Ind. Archip. 1841, cité 
dans le Mémoire sur les quadrumanes et les chéiroptères de l’Archipel Indien, par un 
ancien officier supérieur, etc. (revu et corrigé par S. Muzzer), p. #8. Amsterdam, 1864. 4 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 


TasLeau L — Dimensions absolues du corps en millimetres. 


MESURES 


Fæœtus de 
gorille % 


4. Du vertex à la plante des P PE Ml Es 196 

2. Du vertex au coccyx. . . CPP Ur En 

3. De la 7° vert. cervicale au CoCcyx. HÉRHARRPCE | AR. 
Tête. 

. Diam. antéro-postérieur. . . . . . . . .| 58 

— transverse max.  . de Ana CE 


. Du vertex au menton (projection). Se ess OU 
. Entre les arcades zygomatiques. . . . . . .l 49 
. Entre les angles internes des yeux. . . . .| 12 


— externes  — US a CABINE 
MNaP Donner A2 Ua 4 ,.N1,. '.. +1.,20 
A nn à + ne ele A9 
DO DAME Mis ie », 2.) 10 
— largeur. . "1 LEARN og re | 
. Largeur ae San, 245 ni Ter il Pa6 
. Circonférence horiz. de la tête. . . . . .| 1173 
Tronc. 
16. Hauteur du cou en avant.  . FAN CRC Re 3 
17. Largeur des épaules (déltoïdienne). ST PIEDS VIS 
19. Pntro!les aisselles (0,2... + Lee 61 
49, — les deux mamelons. . .” . . . . . .| 32 
20. Circonférence du thorax. . . PRET AS PES À a ET 
21. De la fourchette sternale au pubis. RS As fvee. SES RES 
Abe lommlie an Dee sn 0 | C2 
29. Entre les crêtes-illaques. … :.-. .:.. ..… .| 47 
Membre thoracique. 
LR PTE OU id CORAN RTE 53 
25. _- de lavant-bras, . . 41 
26. — de la main (jusqu’au bout du médius). 38 
21. Largeur de la paume de la main. . . . . .119.5 
28. Longueur du pouce (face dors.). . . . . .| 11 
29. — de l'index (face palm.). :. :. . . .116.5 
30. — DE SUR 12206 1 TS 2 MT 5 
31. — de l’annulaire —. . LEE TS 
32. Longueur totale du membre thoracique. fr SU SE 
Membre abdominal. 

33. Longueur de . la cuisse MR 1 
articulaire du genou). . RIRES 
34. Longueur de la jambe (interl. —_ malléole ex. RESE "33 
35. — du pied (calcaneum. — 2e orteil). |. .| 44 
36. Largeur — (au niv. des 4 derniers ort.). | 13 
31. Longueur du ler (gros) Rue IÉtS 
38. — LOL Ch DRAP ARE ot GE PL 
39. — 3  — PE RRN EE ME | 
40. Entre les bases du 1er et du 2 ort. . . NE Se 9 
41. Longueur du membre abd. moins le pied. . . .| 82 


FŒTUS 
HUMAINS DE S 
ne = 
An n & O+ 
2 4012 œ1|8 0: 5 
+ + De) a. 
200! 176! 2175] 620 
436| 120! 180! 405 
88] 710! 123 
471] 42] 72| 139 
38| 95| 61! 105 
136 
97 
9 22 
63 
8 52 
8 41 
10 42 
21 
A1 52 
385 
8 
45 203 
22 
440 
9 
21 
36,5!*:31/:7 52). 465 
291 21! 41! 156 
241 18! 34| 115 
12 186,259 
, 2: 
: 17.5 
10 1113.5| 49 
91! 715| 127! 436 
40! 33| 56! 132 
30| 29! 47! 127 
26| 21| 40| 137 
12 ASS 47 
6) 4 8 
+ 4 Etre 
15 
4.5 245 
15| 521 103] 259 


31 


Fœtus de 


32 J. DENIKER. 


TABLEAU Il. — Dimensions par rapport à la taille — 100. 


GORILLES GIBBONS (2) 
EE RS 
oO o+ o+ 
MESURES. o+ à = + 07 | © vs (Fe) D 
3 [28e |2$)2 [8212513 
| = | << | à . Ss2|4a 
É 182$ l'ENS 
= 
Re ee Le | CERN RS ms he — 12 po 1] GARE 1 +) 
1. Du vertex au RTE 69 | 64 | 65 | 57 | 71 | 54 | 54 | 55 
2, Diamètre biacromial. 23.930 30 426 
3, Memb. thoracique. . . .… + | 70 |"63 | 10:| 68 190.5 SP 
4. Memb. thorac. (sans la main). . 1 54 | 45 | 52 }:55 158-5601 020688 
5. Bras. OR M, te 27 2400: 27 NOTONS 
6. Avant-bras . 24 | 21 |.25 197:5129: 5 TUE 
1. Mdini A9 AR 825! 471. 32 ADP 
8. Memb. abdom (sans le pied). 42 | 36 | 42 | 44 
9. Du trochanter au sol. . . «| 23 l'4l | — | 48 154,5] 53 | 49 | 49 
10. Pied. . . RO RS: 12: | 22 | 22 | 20 
11. Hauteur de la tête. À AR AUCUNE 130. h1°25 1.922 | 42 


TaBLEeAU IL, — Rapports entre le tronc et les membres et entre les divers 
segments de ces derniers. 


| 


TRONC— 100, |pras—400,| © 
Re. * E* Lun 7 mn [| rs 
"| 6 hMOlEE Le 
ESPÈCES D'ANTHROPOIDES. | OBSERVATEURS. | & |E&|2=| # | . | 4 
À so} :1hk = "© 
5 [Ssl$el s |* 2 
2 [ASIA Z £ 
Gorilles. 
4. Fœtus ®.. . . . . .| Deniker. . . .|101.9143.3| — |88.8171.5| 42.4 
2. rés jeune 9... 0 ANSE 98.9) 56 | — |89.8175.5| 56.9 
3. Jeune, ®. : .,. ! . +) Bischoff. nt) 90 A ARE ra 
4, Jeune ®.. . . 4. !| Denikern, , + :.] 408 1664 | =94,9)00 00 
5. Adultes Qu. 60 NE Se SOIR ER EN EAST TR 5 — | — | — | 62.7 
6. Adulte 9. .._ | Ehlers.. . . .| 433 |77.5| — |83.2170.5| 58.2 
Gibbons. 
7. Hyl. agilis? Fœtus £. . . Det 427 | — |72.3| 401! 110] 56.9 
8. — leucisc. très jeune :) Mu 147 | - |93.6| 105! 72 | 63 
9. —  — jeune $. . .) Bolau .| 1450 | — | 400! 105167.3| 66 
10. —! —, adulte 9... 1 !"Bischoff. © A55 01 d9 
A1. — "— adulte 9, . | Bolau 45.0. | ASIN 0 nn 
12. —  — adulte. ; 165 |- — | 102] — | — > 
43. — concolor adulte. . 1 Mull 163 | — | 110! — au 
14. — syndactilus adulte. .) “UPEF 445 | — | 106| — 
45. — agilis adulte. 1 187 | — | 110) — 


(1) Les noms entre parenthèses indiquent les auteurs qui ont fait les observations, 
(2) Tous les gibbons, à part le fœtus, appartiennent à l'espèce Hylob. leuciscus. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 33 


sa croissance après l'achèvement de la première dentition. Par rapport 
à la taille, la main est un peu plus longue chez le fœtus que chez le 
jeune et l'adulte. Le membre inférieur est beaucoup plus court chez le 
fœtus que chez le jeune etl’adulte : ilse développe plus rapidement 
que le tronc jusqu’à l’âge adulte. La grandeur relative de la tête, par 
rapport à la taille, chez Le fœtus saute aux yeux, et il est inutile d’in- 
voquer les chiffres pour le prouver. C’est surtout la hauteur de la 
tête qui diminue par rapport à la taille avec une rapidité extrême ; 
on peut s’en convaincre en jetant un coup d'œil sur le tableau Il. 

Chez le fœtus de gibbon, le tronc et le membre inférieur présen- 
tent les mêmes rapports que chez le gorille, mais le membre supe- 
rieur diffère dans son mode de croissance. Comparé à la taille, il est 
plus long chez le fœtus quechezle jeune et l'adulte, mais, comparé à 
la hauteur du tronc, il est plus court que dansn'importe quelle espèce 
de gibbon; d’après les mesures de quatre H. leuciscus que je donne 
dans le tableau, il ressort que l'accroissement du membre supérieur 
est rapide jusqu'au moment où l'animal: devient presque adulte, puis 
il se ralentit. Par rapport au bras et à la taille, l'avant-bras du fœtus 
de gibbon est plus court et la main beaucoup plus longue que chez 
les jeunes et les adultes. | 

En comparant mes chiffres avec ceux que donne M. Trinchese 
pour le fœtus d’orang (1), on voit que chez tous les trois smges an- 
thropoïdes, dans la seconde moitié de la vie intra-utérine, les mem- 
bres supérieurs sont beaucoup plus courts par rapport au tronc que 
chez les animaux adultes, et en outre l’avant-bras est plus court par 
rapport au bras. Chez l’homme, à cette époque le membre supérieur 
a déjà presque les mêmes proportions que chez l’adulte, et d’après 
mes mesures sur les fœtus humains ayant la même taille que le go- 
rille, leur membre supérieur (exprimé en 100: de la taille) égale seu- 


lement les 23 de celui du gorille ; la diminution porte surtout sur la 


(4) ZL. c. p. 37 et suiv. En faisant le calcul avee les chiffres de M. Trinchese, on 
arrive à la proportion du bres à l’avant-bras — 100 : 96 chez le fœtus d'orang, et 
100 : 97 chez l’adulte. 


ARCH . DE Z0OL, EXP. ET GÉN. — 2 SÉRIE, — T. 111 bis, SuPPL. 1885, 3° Mém. 3 


34 J. DENIKER. 


main. La proportion du bras et de l’avant-bras est discutée plus 
bas, à propos de squelette. La longueur relative du membre su- 
périeur et du membre inférieur change beaucoup dans le courantdu 
développement cheztous les animaux. Chez l’homme, dansles premiers 
stades de la vie embryonnaire, le membre supérieur égale presque 
en longueur le membre inférieur, puis, à partir du 3° mois, le 
membre supérieur l'emporte un peu sur le membre inférieur ; mais 
à partir de la naissance le contraire a lieu. Chez les singes anthro- 
poïdes, déjà dèsle 5emois de la vieintra-utérine, lemembre supérieur 
est beaucoup plus long que l'inférieur. Il s'accroît plus rapidement 
que ce dernier probablement jusqu’à la naissance. Après cette 
époque, le membre inférieur, tout en restant plus court que le 
supérieur, s’accroit néanmoins plus rapidement que ce dernier 
jusqu’à l'achèvement de la première dentition : ainsi, chez le gorille, 
après la naissance, le membre supérieur diminue de 3 centièmes 
du tronc ou augmente seulement de 6 centièmes, tandis que le mem- 
bre inférieur augmente de 13 ou de 8 centièmes (voy. Tableau Il). 
Chez le gibbon, les chiffres varient suivant les espèces. 

Je m'arrête ici, Car, pour discuter utilement les proportions du 
corps, il faudrait avoir plus de documents que l’on ne possède actuelle- 


ment.Je reviendrai d’ailleurs sur cette question à propos de squelette. 


RÉSUMÉ ET CONCLUSION. 


Le fœtus de gorille étudié par moi correspond, par l’ensemble de : 
ses caractères, à un fœtus humain du 5° à 6€ mois. 

ILest en avance sur le fœtus humain parle développement des poils: 
ces derniers ontdéjà faitleur éruption partout, même aux extrémités 
des membres, ce qui a lieu seulement vers la fin du6eou dans le cou- 
rant du 7e mois chez le fœtus humain. Par le développement de sa 
glande mammaire il estau même stade que le fœtus humain du 
commencement du 3e mois, et par le développement des ongles il 
correspond au fœtus humain de la fin du 6° mois. 

Le fœtus de gibbon, probablement un Hylobates lar ou un A. agilis, 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 35 
d'après sa tailleet l’ensemble des caractères, estévidemment du der- 
nier mois de la vie intra-utérine. 

En admettant quela période de gestation des singes pithéciens varie 
de 7 mois à 7 mois 20 jours (1), que celle de la femme est de 9 mois, 
et que cette période enfin est en général, dans les limites d'un Ordre, 
d'autant plus longue que l'espèce est d’une taille plus grande, on peut 
supposer que la période de gestation chez les singes anthropoïdes 
doit varier de 8 à 9 mois. Dans ce cas, le fœtus de gorille aurait 5 ou 
6 mois et celui de gibbon 8 mois de la vie intra-utérine. 

L’attitude des fœtus de gorille, d’orang et de gibbon dans l'utérus 
maternel est à peu près la même et rappelle celle du fœtus humain. 

L'attitude du fœtus de gibbon diffère de celle du fœtus de gorille 
et d’orang en ce que ses doigts sont fléchis comme les orteils des au- 
tres anthropoïdes et ses orteils comme les doigts de ces derniers. 

Par sa forme générale le fœtus de gorille diffère de l'animal 
adulte en ce que, par rapport à da taille, la tête est beaucoup plus 
grosse, le cou plus long, le tronc plus élancé, les membres plus 
courts, le pouce et le gros orteil plus longs. En outre, la tête est 
plus globuleuse, la face moins prognate, et la main rapprochée 
davantage par sa forme de celle de l'homme. 

La séparation du 5e orteil des trois autres, décrite par I. Geoffroy 
Saint-Hilaire, est un cas exceptionnel chez le gorille. 

Lés formes extérieures du fœtus de gibbon diffèrent de celles de 
l’adulte à peu près par les mêmes caractères. 

Le nez et l'oreille du fœtus de gorille ont déjà la forme caractéris- 
tique spéciale à l'adulte. 

L’existence d’un pont réunissant l’hélix à l’anthélix est un des 
caractères spécifiques du gorille, d’après mes observations. Aucun 
des trois fœtus des singes anthropoïdes ne présente de tubercule 
sur l’hélix signalé par Darwin chez l’homme ; les fœtus de gibbon 
ont parfois l'oreille pointue. 


(1) BRESCHET, L. c. p. 415 et suiv. 


36 J. DENIKER. 


Il 


SQUELETTE DES FŒTUS COMPARÉ A CELUI DES 
ANTHROPOIDES ADULTES. 


Désirant compléter autant que possible le tableau du développe- 
ment du squelette chez le gorille et chez le gibbon, j’ai examiné, 
outre les fœtus, encore une série de squelettes et de crânes de divers 
singes anthropoïdes Jeunes et adultes. 

Le squelette portant le n° 2 dans les tableaux des mesures qui sui- 
vent (tabl. IV et V) appartient à un très jéune gorille, rapporté de 
l’'Ogôoué par M. Marche et faisant partie des collections du 
Muséum d'histoire naturelle. D’après la dentition et les dimensions, 
on peut dire que ce squelette appartient à un animal très jeune, 
et qu'il n'existe pas en Europe de squelettes de gorilles aussi Jeunes, 
à part peut-être celui du musée de Dresde, étudié par MM. Meyer et 
Virchow (voy. Historique, p. 5) et qui me paraït un peu plus âgé. 

Le squelette n° 3 est celui d'un jeune gorille femelle ayant achevé 
sa dentition de lait ; il appartient au musée de la Faculté de Caen. 

Le squelette n° 4 appartient à un gorille femelle presque adulte 
du musée Broca. 

Les squelettes de gorilles adultes examinés par moi sont au nom- 
bre de six: deux du Muséum (un mâle et une femelle), trois du 
musée Broca et un du musée de Nantes. J'ai aussi pris quelques 
observations sur un squelette de jeune gorille du musée du Havre. 

Les squelettes de gibbons appartiennent tous au Muséum. 

Quant aux crânes de gorilles, j'en ai examiné 14: 8 d'adultes et 6 
de jeunes. Dans le tableau des mesures, où les crânes sont disposés 
suivant l'accroissement de leur diamètre antéro-postérieur, j'ai ajouté 
aux crânes mesurés par moi, trois autres des musées de Berlin et de 


Dursde, dont les mesures ont été publiées par M. Virchow (1). 


(4) L. c. et VircHow, Ueber den Schädel des jungen Gorilla (Sitzungsberichte der 
K. Preussischen Academie der Wissenschaften. Berlin, t. XXX (1882), p. 671). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 37 
Voici les indications pour chacun des crânes : 
N° 1. Crâne du fœtus de gorille femelle. 


N°2. Crâne d’une femelle très jeune. Toutes les incisives et qua- 
tre premières molaires de lait sont apparues (Muséum). Ce crâne 
appartient au squelette n° 2 du tableau IV. 

N° 3. Crâne d'un individu ayant la même dentition que le n° 2, mais 
dont les dimensions sont moindres (musée de Dresde). 

N° 4. Crâne d'une femelle (?) un peu plus âgée : toutes les dents 
de lait (excepté les canines inférieures qui viennent à peine de se 
montrer) ont déjà fait leur éruption complète (Muséum). Ce crâne 


a été figuré et décrit dans le grand travail de Duvernoy (1). 
N° 5. Crâne d'une jeune femelle ; dentition de lait achevée (musée 
de Caen). Ce crâne appartient au squelette n° 3 du tableau IV. 


N° 6. Crâne d’un individu de sexe indéterminé ; dentition de lait 


achevée [musée Broca). 


Ne 7. Crâne d’un jeune individu rapporté de l'Ogôoué par M. Ballay. 
Dents de lait usées ; les deux premières grosses molaires permanentes 


sont sorties à la mâchoire inférieure (Muséum). 


N° 8. Crâne d'un mâle un peu plus âgé. Les premières grosses mo- 
laires sont sorties aux deux mâchoires ; les incisives de remplacement 
sont prêtes à sortir (Muséum). Ce crâne a été figuré et décrit par 
Duvernoy (2). 

Nos 9 et 10. Crânes ayant à peu près la même dentition ; les 
deuxièmes grosses molaires sont prêtes à sortir (musée de Berlin). 

No 414. Crâne d’un mâle adulte qui vient d'achever sa dentition 
permanente, mais qui n'a pas encore de crêtes (musée de Nantes). 

Parmi les crânes de gibbons, le n° 1 appartient au fœtus ; le n° 2 


à un Hylob. agilis ayant toute la dentition de lait, plus les quatre pre- 


(1 Duvernoy, Des curactères anatomiques des grands singes pseudo-anthropo- 
morphes (Arch. du Muséum, 1. VII, p. 29, et pl. V, fig. 6. Paris, 1855-56), 
(2) L. c. p.30, pl. V, fig. 5. 


38 J. DENIKER. 


mières molaires définitives; les deux incisives médianes supérieures 
sont déjà remplacées. Le reste sont des crânes d'adultes: n° 3, 
H. agilis ; n° 4, H. agilis (var. Rafflessi); n°°5 et 6, H. lar (tous du 
Muséum). 

Enfin jai examiné les crânes des deux chimpanzés très jeunes qui 
se trouvent dans les galeries du Muséum. L'un n'a pas encore du tout 
de dents; il a été figuré dans le travail de Duvernoy (1). Broca l’es- 
timait appartenir à un sujet de 2 ou 3 mois (2); selon moi, il est 
encore plus jeune, et je le désignerai sous le nom de crâne de 
chimpanzé nouveau-né. L'autre crâne appartient à l'individu qui 


n’a pas encore achevé sa dentition de lait. 


I. — Crâne. 


Le crâne cartilagineux et membraneux du fœtus de gorille est os- 
sifié, sauf sa partie postéro-inférieure, et notamment la région 
occipito-pétreuse (pl. XXV, fig. 1 à 3), la base du crâne (id. fig. 2 et 
3) et la région ethmoïdale (id. fig. 3). 

Les os frontaux (fig. 5,f, et pl. XXV, fig. 1, 3 et4, f), très bombés, 
ont la forme de triangle sphérique et ne sont pointsoudés sur la ligne 
médiane (fig. 5). La soudure a lieu probablement bientôt après la 
naissance, Car sur les crânes de tout jeunes gorilles {n° 2 et 3 du ta- 
bleau) la soudure est déjà accomplie, sauf en bas, où l’on voit encore 
la suture médio-frontale sur une longueur de 5 à 10 mm. ; l’oblitéra- 
tion ne s’opère dans cette’partie que vers l’époque de l'apparition des 
premières molaires définitives. La soudure est done plus précoce que 
chez l'homme, où elle nes'achève qu’au début de la troisième année (3), 
c’est-à-dire après l’éruption de toutes les dents de lait. 


Le chimpanzé présente sous ce rapport plus d’analogie avec 


(WL:-e. pl, 887. 

(2) P. Broca, L'Ordre desPrimates, parallèle anatomique de l'homme et des singes. 
(Mémoires d’Anthropologie de Broca, t. III, p. 93. Paris, 4877.) 

(3) P. ToriNarD, Éléments d'anthropologie générale, p. 641. Paris, 1885. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 39 


l’homme. La suture est encore complètement ouverte dans le crâne 
du nouveau-né. Dans le crâne du jeune sujet, ayant toutes 
les incisives et les premières molaires, c’est-à-dire correspondant 
aux crânes n% 2 et 3 du gorille et à celui d’un enfant humain de un 
an et demi, la suture n’est oblitérée qu’au milieu : elle reste ouverte 
sur une longueur de 20 mm. en haut et de 10 en bas. Sur le crâne 
d’un chimpanzé du musée Broca, ayant toutesa dentition de lait, cette 
suture est encore ouverte, mais il est probable que c’est une ano- 
malie individuelle. | 

Les apophyses nasales des frontaux (pl. XXY, fig. 4) vont en diver- 
geant, laissant les os propres du nez et les apophyses montantes 
des maxillaires s’enfoncer entre elles, disposition que l’on observe 
encore sur les crânes de très jeunes gorilles. 

L'apophyse orbitaire (pl. XXV, fig. 1) est courte ; une échancrure 
profonde à son bord postérieur indique que cette apophyse s’est 
formée (comme chez l’homme) par un point d’ossification distinct. 
On retrouve cette échancrure encore dans les crânes de très jeunes 
gorilles (4) et chimpanzés. La suture fronto-jugale se trouve à peu 
près au même niveau que la suture maxillo-frontale (pl. XXV, fig. 4)- 

La lamelle de l'os frontal (pl. XXV, fig. 3, f), formant par sa face 
inférieure la voûte de l'orbite, est excessivement mince ; elle n’est 
point encore bombée vers la cavité crânienne, comme chez les 
gorilles même très jeunes. Par suite de cette disposition, la lame cri- 
blée de l'ethmoïde, encore cartilagineuse, se voit très nettement 
(pl. XXV, fig. 3, et), tandis que, dans les crânes des gorilles même 
les plus jeunes, elle est enfoncée profondément entre les frontaux 
et à peine visible. Il n'y a pas trace d’arcades sourcilières, qui se 
développent probablement bientôt après la naissance. 

Par son état d’ossification, le frontal est au même stade que celui 
du fœtus humain du neuvième mois. 


Les pariétaux (fig. à, p, et pl. XXV, fig. 1, p)sont relativement très 


(1) Voy. Vircow, l, c. (Acad. Berlin, 1880), pl. [l, fig. 2. 


10 J. DENIKER. 


grands ; chacun d'eux a la forme d’un quadrilatère aux bords convexes 
et aux angles émoussés, mesurant (en droite ligne) 33 mm., suivant 
son axe antéro-postérieur, et 26 mm., suivant l’axe perpendiculaire à 
ce dernier. Chez les jeunes gorilles, le rapport entre les deux axes 
està peu près le même (74à 66); mais chez l’adulte l’os s’allonge beau- 
coup et le rapport entre les deux axes est de 2 à 1. 

L'occipital est représenté par l’écaille ossifiée (fig. 3 et pl. XXV, 
fig. 1 à3,e)et par une partie du cartilage primordial, dans la- 
quelle on voit se différencier : les condyles , les gouttières des 
sinus veineux et les points d'ossification des régions condylienne 
(pl. XXV, fig. 2 et 3, cc) et basilaire (id. 7). 


PL ITS 
; 


F1G. 3, — Ecaille de l’occipital du fœtus F1G. 4. — Ecaille de l’occipital du jeune 
de gorille, 2j3. gorille, 2]3. 

L'écaille est formée de deux parties : une plus grande , de forme 
elliptique (fig. 3, b) et une autre (fig. 3, a) petite, qui lui est sur- 
ajoutée par en haut et qui commence déjà à se souder avec la partie 
principale. Cette partie surajoutée est l'os interpariétal, que l'on 
rencontre aussi chez le fœtus humain et qui se soude à l’occipi- 
tal, chez le gorille comme chez l’homme, avant la naissance. Sur les 
crânes de très jeunes gorilles, on ne voit plus aucune trace de cette 
soudure. Quant à l’écaille occipitale proprement dite (b), elle 
est divisée par une ligne flexueuse en deux parties : une supérieure, 
assez épaisse (fig. 3), et une inférieure, plus mince et dont les bords 
dépassent un peu ceux de la partie supérieure. Cette partie inférieure 


est subdivisée à son tour par deux lignes rugueuses en trois zones, 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 4 


dans lesquelles la substance osseuse s’est déposée radialement. La pre- 
mière de ces lignes, la plusinférieure, doit représenter la ligne courbe 
occipit. inférieure ; la seconde, confondue latéralement avec la troi- 
sième, la ligne courbe occipit. supérieure ; enfin la troisième, libre 
seulement dans sa partie médiane, représente probablement la ligne 
occipitale sublime (linea nucæ suprema des anatomistes allemands). 
Avec le progrès de l’âge, la portion inférieure de l’occipital se 
développe plus rapidement que la supérieure (ou l’interpariétal) et 
ses bords dépassent de beaucoup ceux de la partie supérieure, comme 
on le voit nettement sur le crâne du très jeune gorille du Muséum 
(fig. #) : à cet âge, la forme de l’occipital est juste le contraire de ce 
qu'elle a été à l’état fœtal (1). Ce changement de forme s’explique 
fort bien par le fait général du développement excessif de la partie 
inféro-postérieure du crâne, comme on le verra plus bas. 

Le cartilage de l’occipital présente à sa face inférieure les deux 
condyles occipitaux non encore ossifiés (pl. XXV, fig. 2, cd), et à sa 
face supérieure les gouttières latérales du sinus veineux (1d.fig. 3,9), 
au fond desquelles se trouve le trou mastoïdien oblitéré entière- 
ment par une mince couche de cartilage (id. fig. 2, g). 

Les points d'ossification dans ce cartilage sont au nombre de 
trois : deux latéraux et un médian. Les latéraux (pl. XXV, fig. À à 
3, c) formeront les os condyliens ou les exoccipitaux, et le médian 
(pl. XXV, fig. 2 et 3, 2), l'apophyse basilaire ou le basi-occipital. Les 
exoccipitaux ne se soudent au reste de los que longtemps après la 
naissance. Chez tous les jeunes gorilles (n°s 2 à 7), ils sont cemplète- 
ment séparés de l’écaille et du basi-occipital. Ce n’est qu’à partir de 
l'éruption de la 2° grosse molaire permanente que la suture entre 
l'exoccipital et l’écaille commence à se fermer de dedans en dehors. 
Dans le crâne n° 8, elle persiste encore sur une longueur de 1 cent. 
du côté externe, mais la suture basi-exoccipitale est encore ouverte. 
Cette dernière ne se ferme probablement pas avant l'apparition de 


(4) Voy. aussi à ce propos la pl. I, fig. 2 du Mémoire de Virchaw, déjà cité (Acad, de 
Berlin, 1880). 


42 J. DENIKER. 


la troisième grosse molaire ; elle est oblitérée chez l’adulte (n° 41). 
Chez l’homme, la soudure de l’exoccipital avec l’écaille se fait après 
celle du basi avec l’exoccipital ; cette dernière a lieu à dix ans et se 
fait de dehors en dedans. Les soudures dans les crânes des chim- 
panzés suivent la même marche que celles du gorille. Du côté de la 
cavité crânienne, les exoccipitaux présentent en avant deux apo- 
physes qui concourent à former, un trou presque complet, le futur 
trou condylien antérieur (pl. XXV. fig. 3). 

Le point d'ossification médian (futur basi-occipital) est formé par la 
soudure récente de deux noyaux osseux (pl. XXV, fig. 2 et 3, z). Ces 
deux points ou noyaux d’ossification, dont le plus petit se trouve en 
avant du plus grand, sont formés par la substance osseuse disposée 
radialement et se trouvent entourés, chacun, d’un cercle de tissu 
osseux plus compact, blanc et grenu (pl. XXV, fig. 3). Des points 
analogues ont été décrits par Rambaud et Renault (4), chez le fœtus 
humain ; d'autre part, Albrecht (2) a décrit l’os basiotique, qui se 
développe parfois de l’un de ces points. 

L'écaille de l’occipital correspond par son développement à’celle 
du fœtus humain de quatre mois, tandis que le basi et les exoccipi- 
taux sont au même degré d'ossification que chez le fœtus humain 
de deux à trois mois. Ces faits sont en complet accord avec les 
observations de M. Manouvrier (3), d'après lesquelles la croissance 
de l’endocrâne chez le gorille se fait par l'allongement du basi- 
sphénoïde, et surtout du basi-occipital. c 

L'os temporal est représenté par une partie du cartilage primordial 
de la région occipito-mastoïdienne, par le rocher, parle tympan avec 
les osselets de l’ouïe et par l’écaille. La portion mastoidienne (pl. XXV, 
fig. 4 à 3, ms) est encore complètement cartilagineuse ; le cartilage 


(4) A. Rawsaup et Ch. RENAULT, Origines et développement des os, p. 101. Paris, 
1864, et Atlas, pl. II, fig. 8 et 9. 

(2; AzerecuT, Mémoire sur le basiotique, un nouvel os de la base du crâne. Bru- 
xelles, 1883. 

(3) Maxouvrier, Note sur la modification générale du profil encéphalique et 
endocrânien dans le passage à l’état adulte chez l'Homme et chez les Anthropoïdes. 
(Bullet. de la Soc. d'Anthrop. de Bordeaux et du Sud-Ouest, t, I, 1884.) 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 43 


stylo-hyoïdien (id. fig. 4 et2, s) diffère de celui du fœtus humain en 
ce qu'il n'est pas coudé et ne passe point au-devant du tympan (1), 
mais le contourne en décrivant une courbe. Au milieu du cartilage 
mastoïdien, on voit surgir un mamelon osseux (pl. XXV, fig. 1 et 2, f), 
qui n’est autre chose qu'une portion du canal semi-circulaire pos- 
térieur ossifié. 

Le rocher (pl. XXV, fig. 2et3, R) a la forme d’une pyramide à 4 
faces, aux bords et au sommet très émoussés. Il est complètement 
ossifié, saufune partie des canaux semi-circalaires. 

A sa face supérieure on voit le conduit auditif interne (pl. XXV, 
fig. 3, i), largement ouvert et communiquant par un court canal avec 
l'orifice du conduit de Fallope ; puis l'orifice non oblitéré de l’aque- 
duc du vestibule ; enfin les canaux semi-circulaires. Le canal supérieur 
(pl. XXV, fig. 3, {’) est ossifié ; il est adossé en dehors au cartilage 
mastoïdien et surplombe en dedans une large fossette (id. b), la 
fossa subarcuata de Hannover ; il n'est donc point encore 
encroûté. L’ossification du rocher s'étend sur la partie supéro- 
antérieure du canal postérieur (id. {), mais la partie inféro-posté- 
rieure de ce canal, visible au dehors au milieu du cartilage 
mastoïdien (pl. XXV, fig. 4 et 2, {}), s'ossifie par un point à 
part ; il reste ainsi une couche de cartilage entre les deux portions 
osseuses du canal. Le canal externe est encore cartilagineux. 

A la face inférieure (pl. XXV, fig. 2), le rocher présente la fenétre 
ronde, la fenêtre ovale (id. 0), et une gouttière dirigée de dedans 
en dehors et d’arrière en avant (id. y), tenant lieu et place du canal 
carotidien, comme chez le fœtus humain. Chez les gorilles jeunes et 
adultes ferânes n°% 5, 11, etc.), la gouttière est transformée en un 
canal dont l’orifice postérieur se trouve en arrière, et non, comme 
chez l'homme, en dedans de l’apophyse styloïde, 

L'anneau tympanique (pl. XXV, fig. 4 et 2, a) rappelle celui du 


fœtus humain de 5 mois, seulement il est moins elliptique et ses ex- 


(4) Voy. A. Hannover, Primordialbrusken og den Forbening 1 det menneskelig 
Kraniuwm for Fôdselen, p. 490 et pl. I, fig. 14. Copenhague, 1880. 


44 J, DENIKER. 


trémités supérieures se touchent presque, au lieu d’être distantes de 
4 à 6 mm. l’une de l’autre. Les osselets de l'ouie sont presque complé- 
tement formés, L'éfrier est ossifié, mais ses branches ne sont pas 
encore soudées en haut. Le lenticulaire est cartilagineux. L'enclume 
(pl. XXV, fig. 2, en) est ossifiée en entier : sa longue branche est diri- 
gée un peu en arrière, comme chez le jeune gorille {n° 5), et pas en 
avant, comme chez l’homme et le fœtus humain. Le marteau 
(id. mr) est ossifié, excepté le manche. Chez le fœtus humain, 
le manche s'ossifie dès le troisième ou le quatrième mois, et le 
retard que l'on observe chez le gorille est peut-être en rap- 
port avec la forme spéciale, en ruban contourné, qu’affecte le man- 
che du marteau une fois ossifié. L’apophyse grêle du marteau, long 
de 3,5 mm., se continue avec le cartilage de Meckel (id. mk), très mince 
et se prolongeant jusqu'au tiers moyen du maxillaire inférieur (| à 
15 mm. environ de la symphyse mentonnière), où les points osseux 
commencent à l’envahir. La distance entre ce point et l'extrémité 
ossifiée du marteau est de 10 mm. Une partie du cartilage m'a sem- 
blé être en voie de transformation et passer à l’état ligamenteux, 
comme on l’observe chez le fœtus humain de 5 mois (1). 

L’écaille du temporal (pl. XXV, fig. 1 à3, T) est moins allongée que 
chez le gorille jeune et adulte ; en même temps son bord supérieur 
est plus arrondi ; en général elle présente une forme plus humaine. 
L'apophyse zygomatique n’a pas encore de petit tubercule en arrière de 
la cavité glénoïde, si caractéristique dans les crânes de gorilles jeunes 

et adultes. L’apophyse située en avant de cette cavité est au con- 
_traire bien marquée (pl. XXV, fig. 1).La cavité elle-même est hémis- 
phérique etnonengouttière transversale, comme chezle gorille adulte. 

Par le développement du rocher, du tympan et de la région mas- 
toïdienne, le temporal de mon fœtus de gorille correspond à celui du 
fœtus humain du 4° mois ; par Le développement de l’écaille, il cor- 


respond à celui du fœtus du 5° mois. 


(1) KÔLLIKER, Embryologie, p. 495. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 45 


L’écaille semble se souder à la portion mastoïdienne avant l’appa- 
rition des deuxièmes molaires de lait. La suture squamo-mas- 
toïdienne est encore visible en partie sur le crâne n° 2 ; elle est très 
ouverte chez le chimpanzé nouveau-né, mais se trouve oblitérée 
dans tous les autres crânes de gorilles et de chimpanzés. C'est aussi 
à cette époque que commence à se former le canal auditif ex- 


terne. 
Le sphénoïde est représenté : 1° par le cartilage dans la région de 


la selle turcique (pl. XXV, fig. 2 et3, 8), du rostre et d’une partie des 
petites ailes ; 2° par trois parties ossifiées: une pour le corps du 
sphénoïde et les petites ailes, et deux autres pour les grandes ailes 
et les ailes externes du ptérigoïde. 

| Au-dessus du point d’ossification du basi-occipital, le cartilage 
crânien monte en haut (futur clivius ou gouttière basilaire) et se 
termine par la lame quadrilatère (id. fig. 3, 8), encore cartilagineuse 
et percée d'un trou ovalaire transversal ; les sommets des piliers déli- 
mitant des deux côtés le trou indiquent la place où se formeront les 
apophyses clinoïides postérieures. Chez le fœtus humain de 4 à 5 mois, 
la lame quadrilatère semble être moins développée ; du moins c’est 
ce qui résulte de la description qu’en donne Hannover et de l’examen 
des fœtus de cet âge que j'ai fait moi-même. Le corps du sphénoïde 
postérieur (id. fig. 2 et 3, &) se présente du côté dela cavité crânienne 
comme un point osseux quadrilatère ayant un trou au milieu et 
deux excroissances latérales (processus alaris de Hannover) ; cette 
disposition indique que le sphénoïde postérieur doit son origine à la 
soudure de quatre points d’ossification, soudure qui à eu lieu de 
dedans en dehors, car elle est plus parfaite sur la ligne médiane 
que latéralement. D'ailleurs chez l’homme la soudure suit à peu près 
la même marche, vu que les deux points médians sont déjà réunis 
entre eux avant qu'ils ne touchent les points latéraux (1). Cependant 
j'ai observé un fœtus humain de 5 mois où les points médians, déjà 


(4) Voy. Sarre, Traité d'anatomde descriptive, 2 éd. (1812), 1. I, p 141, et Kôc- 
LIKER, L C. p. 464. 


46 J. DENIKER. 


soudés aux points latéraux, étaient encore séparés l’un de l’autre par 
un espace cartilagineux large de À mm. 


Les deux points d’ossification du sphénoïde antérieur (pl. XXW, 
fig. 3, sa) sont soudés à ceux des petites ailes (id. al) et au corps du 


post-sphénoïde (en haut seulement) ; mais ils ne sont pas réunis 
entre eux: un espace cartilagineux large de 1 mm. les sépare 
(pl. XXV, fig. 3). 

Les petites ailes du sphénoïde, qui chez le gorille adulte diffe- 
rent de celles de l’homme par leur peu d’étendue transversale, se dis- 
tinguent à l’état fœtal, non seulement par leur forme courte, 
ramassée, mais encore par l'apparition tardive de l’ossification de 
leur branche antérieure (radix anterior alæ parvæ de Hannover). 
En effet, chez le fœtus humain de 3 mois, d’après Rambaud et 
Renault (1), ou de cinq mois, d’après Hannover (2), il apparaît déjà 
un point osseux dans la branche antérieure de l'aile (en avant du 
trou optique) ; chez le fœtus de gorille, au contraire, cette branche 
(pl. XXV, fig. 3, ra) est encore complètement cartilagineuse, tandis 
que labranche postérieure (id. al} (en arrière du trou) est déjà soudée 
au corps du présphénoïde. 

Les grandes ailes (pl. XXV, fig. À à3, ga), presque complètement ossi- 
fiées, sont séparées du corps du post-sphénoïde par un cartilage de 
4 à 2 mm. de largeur. Le trou rond (pl. XXV, fig. 3) et le trou 
ovale (id.) ne sont pas encore fermés du côté des bords de l'os. 
L'aile est soudée à l'apophyse ptérigoïde, déjà complètement formée 
(pl. XXV, fig. 3, pt) etossifiée, sauf l'extrémité de son aile interne 
qui reste encore à l’état membraneux (pl. XXV, fig. 2). Les grandes 
ailes du sphénoïde sont beaucoup plus dévéloppées dans le sens 
antéro-postérieur que transversalement. Leurs faces externes n’appa- 
raissent que sur une faible étendue, entre le temporal et le jugal 
(pl. XXV, fig. 4, ga), et il reste une portion assez grande du crâne 

(4) L. c. pl IX, fig. 5. 

(2) L. c. p. #16. Il me paraît que Hannover remet trop tard l'époque de cette ossifica- 


tion ; sur un fœtus de 5 mois que j’ai examiné, la branche antérieure était déja complète- 
ment ossifiée, comme chez le fœtus de cet âge décrit par Rambaud et Renault. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 47 


membraneux entre leur extrémité et le bord inférieur du frontal ; je 
reviendrai sur cette disposition à la fin de ce chapitre à propos du 
ptérion, en considérant le crâne dans son ensemble. Le dévelop- 
pement général du sphénoïde chez mon fœtus de gorille est au 
même stade que chez le fœtus humain de à mois, sauf pour les 
petites ailes, dont la branche antérieure est en retard pour son 
ossification. 

La partie du cartilage primordial qui s’étend sur la ligne médiane 
entre les points d’ossification du sphénoïde ‘antérieur, se prolonge 
en avant (rostre ou bec du sphénoïde) et s’élargit, pour constituer le 
cartilage de l'ethmoïde (pl. XXV, fig. 3,et). Vu par sa face supérieure, 
il se présente sous forme d’une palette échancrée au bout; sur la 
ligne médiane s'élève une petite saillie longitudinale d’un demi-milli- 
mètre de hauteur représentant la crête de coq de l’ethmoïde hu- 
main. On voit par ce fait que la crista galli, presque nulle dans le 
crâne des gorilles jeunes et adultes, est aussi à peine mdiquée chez le 
fœtus. De deux côtés de cette saillie la lame de l’ethmoïde est cri- 
blée d'orifices, beaucoup plus grands et moins nombreux que ceux 
de la même lame chez le fœtus humaïn ou chez l'homme adulte. La 
surface de la lame se trouve presque au même niveau que les lames 
horizontales du frontal qui constituent la voûte des orbites ; chez le 
jeune gorille. la lame de l'éthmoïde se trouve beaucoup plus bas que 
la lame frontale, déjà un peu bombée ; chez le gorille adulte, elle est 
tellement enfoncée entre les deux lames du frontal que c’est à peine 
si l’on peut l’apercevoir. Ni les cornets, ni la lame perpendiculaire, 
ni les lames papyracées (os planum) ne sont encore ossifiés. L'os 
planum ne se développe pas d’ailleurs autant que chez l’homme : 
l'espace qui lui est réservé (en /p, fig. 4, pl. XXV) entre la lame 
du frontal formant la voûte, et la partie du maxillaire inférieur for- 
mant le plancher de l'orbite, est à peine large de deux millimètres (1); 


chez le jeune gorille (n° 5), la lame papyracée n’a pas plus de 


(1) Chez le fotus humain de 5 mois, cet espace est de 4 mm, 


48 Ÿ  J. DENIKER. 


6 mm. de hauteur dans sa partie postérieure, la plus large. Le faible 
développement de l'os planum contribue à donner à la cavité orbi- 
taire du gorille sa forme particulière, si différente de celle que l’on 
rencontre chez l'homme. Ainsi, comme on le voit, tout l’ethmoïde est 
encore à l’état de cartilage chez le fœtus de gorille âgé au moins de 
5 ou 6 mois. Il est probable que l’ossification n’a lieu que vers la fin 
de la seconde moitié de la vie fœtale, tandis que chez l’homme elle 
commence déjà au 4° mois (1). L’ossification doit commencer, comme 
chez l’homme, par les lames papyracées; le fait que chez les jeunes 
gorilles (n° 2 et 5) ces lames étaient déjà ossifiées, tandis que la lame 
criblée restait encore cartilagineuse, semble corroborer cette suppo- 
sition. Je n’ai pas pu bien examiner l’état des cornets n1 chez le 
fœtus, ni chez le jeune, pour pouvoir affirmer que leur ossification 
commence avant ou après celle de la lame papyracée. 

Je passe aux os de la face. 

Les os propres d'unez(pl. XXV, fig. 1 et 4,n), complètement ossifiés, 
sont soudés dans leurs 213 supérieurs. Cette soudure me paraît être ici 
assez précoce, car presque tous les crânes d'individusjeunes et même 
adultes offrent une suture internasale non oblitérée. 

Les variations sont cependant notables, comme on peut le voir 
par le tableau suivant, dressé d’après mes propres observations et 


d’après l’examen des dessins déjà publiés. 


CRANES DE GORILLES. ETAT DE LA SUTURE INTERNASALE. 
Fœtus (N° 1) fermée dans ses 2/3 supér. 
très jeune (2) — — son 113 infér. 
— (3) — complètement 
jeune (4) libre sur presque toute la longueur 
—— (5) — dans son 113 moyen 
— (6 et 7) — — ses 314 infér. 
— (décrit par Owen) — — toute sa longueur 
— (8) — — sa moitié infér. 
adulte (11) — — ses 2]3 _ 


Dans le crâne du chimpanzé nouveau-né et dans celui du très jeune, 


les os du nez sont soudés complètement. 


(4) RamBaup et RENAULT, L. c. p. 117. 


LL 
RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 49 


Les seules conclusions à tirer de ce tableau sont les suivantes : 

1) La suture internasale ne se ferme chez la plupart des gorilles 
qu'assez tard, souvent même après l’éruption des troisièmes gros- 
ses molaires. 

2) L'oblitération de cette suture semble s'effectuer de haut en bas. 

La forme des os du nez du fœtus présente aussi des différences avec 
ce que l’on observe chez les gorilles jeunes et adultes ; ces os sont 
beaucoup plus réguliers, triangulaires, et ne présentent'pas de rétré- 
cissement caractéristique suivi d’un renflement en haut, que l’on voit 


sur n'importe quel crâne de gorille. On peut cependant supposer 


7? 


sms Jun = + 


Frc. & Fi. 6. 


Fœtus de gorille; nez cartilagineux de face et de profil, 2.. 


que ce rétrécissement aura lieu plus tard, quand l’ossification aura 
envahi la portion du crâne membraneux située entre le frontal et le 
nasal (en x, pl. XXV, fig. 4). 

Les os nasaux du fœtus sont moins aplatis que chez le gorille 
adulte ; ils sont inclinés l’un par rapport à l’autre à peu près sous un 
angle de 160° et proéminent visiblement sur la face en prolongeant le 
plan du maxillaire supérieur, tandis que, chez le gorille même très 
jeune, ils sont inclinés l’un par rapport à l’autre sous un angle de 
180° et forment avec la surface du maxillaire un angle obtus de près 
de 220°. 

Je crois utile d'ajouter ici la description du nez cartilagi- 
neux , d'autant plus qu'on n’a pas décrit jusqu'à présent les 
cartilages du nez chez les singes anthropoïdes en général. Le nez 


ARCH. DE ZOOL, EXP. ET GÉN. — 2€ SÉRIE. — T. 111 bis. SUPPL. 1885, 3e Mem. #4 


90 J. DENIKER. 

cartilagineux chez le fœtus de gorille se compose, comme chez 
l’homme, de cinq cartilages principaux : un impair, cartilage médian 
(fig. 5 et 6, m', et deux pairs, cartilages latéraux (id. l) 
et cartilages de l'aile du nez (id. n’). En les comparant avec ceux 
du fœtus humain de 7 mois, nous voyons que le cartilage latéral 
du gorille a le bord inférieur plus incliné en bas et en avant. 
Il est possible que cette forme résulte de la soudure de ce carti- 
lage avec les petits cartilages accessoires qui sont intercalés 
chez l’homme entre lui et le cartilage de l’aile du nez,_et dont je 
n’ai trouvé aucune trace chez le fœtus de gorille. Les cartilages de 
l’aile du nez sont plus lourds et moins finement contournés que 
ceux du fœtus humain; leur branche interne est beaucoup plus 
courte et moins infléchie ; en outre, ils ne descendent pas assez bas 
pour pouvoir couvrir complètement le cartilage médian, de sorte 
que de profil on voit parfaitement la partie inférieure de ce dernier 
dépasser au moins de 1 mm. et demi le cartilage alaire (fig. 5 et 6), 
fait que l’on n’observe point chez le fœtus humain, ni chez l’homme 
adulte, où ce cartilage n’atteint même pas le bord inférieur des car- 
tilages alaires. Il me semble, d’après ces indications, qu'avec le pro- 
grès de l’âge c’est surtout la branche externe du cartilage de l’aile du 
nez qui doit se développer beaucoup plus que les autres, pour arri- 
ver à constituer le nez caractéristique de gorille, dont J'ai déjà parlé 
à la page 13. 

Le maxillaire supérieur (pl. XXV, fig. Let 4, m), déjà complètement 
ossifié dans sa plus grande partie (apophyse montante, plancher de 
l'orbite, région malaire, voûte palatine), est encore membraneux dans 
la région alvéolaire. Une suture partant de la gouttière sus-orbi- 
taire (dans la cavité de l’orbite) et passant sur la face anté- 
rieure du maxillaire (fig.1 et 4) jusqu'autrou sous-orbitaire, se con- 
tinue sur une certaine étendue au delà de ce trou, en se dirigeant 
en dehors et en bas. Cette suture indique la séparation primitive 


entre le point d'ossification dit malaire (1), et les autres points du 


(4) RamBauD et RENAULT, L. c. p. 152. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. o1 


maxillaire. Sa partie supérieure, entre le trou sous-orbitaire et 
la gouttière, persiste assez longtemps après la naissance, car Je lai 
constatée sur tous les gorilles ayant achevé leur dentition de lait 
(ne 1 à 6 de mon tableau). Sur le crâne ne 7, où la première grosse 
molaire à fait son apparition, cette suture persiste encore en sa tota- 
lité du côté gauche, tandis que du côté droit on ne la voit que sur 
une longueur de 3 mm., au-dessus du trou sous-orbitaire ; sur 
le crâne n° 8, où la deuxième molaire est prête à sortir 
et où les incisives sont déjà remplacées, cette suture persiste de 
deux côtés (1) ; il en est de même des crânes du chimpanzé nouveau- 
né et du très Jeune. L'examen des crânes de gorilles plus âgés, 
ayant deux grosses molaires et davantage, ne révèle plus sa présence. 
On peut donc dire que d’une facon générale elle se ferme après 
l'apparition de la deuxième molaire ; cependant on peut la voir 
à titre exceptionnel même chez les gorilles adultes. Ainsi, sur 
une série de plus de 20 crânes de gorilles adultes, figurés dans l’ou- 
vrage de M. Hartmann, il y en a deux (2) qui présentent cette suture 
non oblitérée de deux côtés. Chez l’homme , comme on le sait, on 
rencontre encore cette suture non fermée jusqu’à 6, 8 et même 
10 ans ; parfois même elle persiste’chez l’adulte (3). 

La portion nasale du maxillaire est haute et étroite, comme la 
portion orbitaire. La pièce lacrymale de Rambaud et Renault est 
déjà complètement soudée au reste de l'os ; mais on peut dire qu’elle 
existe chez le gorille, car je l'ai retrouvée parfaitement distincte sur 
un jeune individu (n°5). Le bord inférieur de la région canine du 
maxillaire est très déchiqueté. La portion palatine (pl.XXV, fig. 2, m) 
est complètement ossifiée ; elle se présente comme une lame quadri- 
latère, longue de 8 et large de 6 mm. Par son état d'ossification 


le maxillaire correspond à celui du fœtus humain de 5 mois. 


(4) Sur les dessins de ce crâne, de même que sur celui du n° 4 que donne Duvernoy 
dans son Mémoire (pl. V, fig. 5 et 6), ces sutures ne sont pas indiquées; mais elles exis- 
tent parfaitement, comme j'ai pu m’en convaincre en examinant attentivement les pièces. 

(2) Der Gorilla,etc (pl. VIIT, fig. 4, et pl. XIV, fig 1 ). 

(3) Sappey, L,c.t. I, p. 198. 


52 J. DENIKER. 


L'intermarillaire ou le prématillaire (pl. XXV, fig. 2 et 4, Pm) est 
ossifié, sauf dans les régions alvéolaire et palatine. IL n’est soudé 
nulle part au maxillaire. Vu de face, il se présente comme une lame 
triangulaire dont le sommet se prolonge en une tige limitant en 
dehors l'ouverture nasale (pl. XXV, fig. 4). 

Il y a eu une controverse entre Virchow et Turner d’une part, 
et Bischoff de l’autre, à propos de l’extension de la branche mon- 
tante de l'intermaxillaire; les deux premiers auteurs (1) soutenaient 
que cette branche s’étendait chez le gorille assez haut , entre l'os 
nasal et l'apophyse montante du maxillaire, tandis que Bischoff 
disait qu'elle s’arrêtait au-dessous du nasal. Plus tard M. Virchow 
semblait admettre à ce propos de grandes variations individuelles (2). 
J'ai examiné pour ma part une vingtaine de crânes de gorilles sous 
ce rapport, et voici Les résultats auxquels je suis arrivé: 

Sur les douze crânes dont je fais mention dans le tableau, 
il n’y en a que deux (n* 3 et 12) présentant une longue 
apophyse montante de l’intermaxillaire. Parmi les 8 dessins des 
crânes de gorilles adultes donnés par Hartmann, il n'y en a 
pas un seul qui ait une apophyse analogue. Ni Bischoff ni Owen ne 
l'ont point constaté chez le jeune gorille ; mais Turner l’a observé 
sur un adulte. Lesobservations de Virchow sont comprises dans les 12 
cas cités plus haut. J'arrive ainsi à cette conclusion qu’en général l’a- 
pophyse montante de l’intermaxillaire se termine près du bord infé- 
rieur du nasal par une extrémité large, dont le bord supérieur est hori- 
zontalou légèrement incliné en dedans ; cependant exceptionnellement 
(trois fois sur 23 ou à peu près, dans 12 cas sur cent) cette apophyse 
peut se prolonger en haut en s’intercalant entre l’apophyse montante 
du maxillaire et le nasal, et prendre la forme d’un triangle allongé, 
dont le sommet atteint parfois le niveau du milieu de l’os nasal. 

Quant à la suture de l’intermaxillaire avec le maxillaire, elle n’a 


lieu que très tardivement, probablement après la fermeture de la 


(1) Sitzungsberichte de l’Académie de Berlin, 1880. 
(2) Sttzungsberichte, etc. 1882, p. 674. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 93 


suture sphéno-occipitale, c’est-à-dire longtemps après l’éruption des 
troisièmes grosses molaires, à l’âge qui correspondrait à celui de 20 
ans de la vie humaine. Chez l’homme, la soudure de cet os avec le 
maxillaire du côté facial a lieu vers le troisième ou le quatrième mois 
de la vie intra-utérine (1),et du côté palatin un peu avant la naissance. 
Ce n'est qu'exceptionnellement qu’elle persiste à la face chez les 
enfants, surtout parmi les Néo-Calédoniens et les Nègres, jusqu’à 
l'éruption des dents permanentes (2).Chez le chimpanzé, la suture est 
beaucoup plus hâtive que chez le gorille. Dans le crâne du nouveau- 
né et dans celui du jeune, la suture maxillo-intermaxillaire est oblitérée, 
du côté facial, dans ses 3/4 inférieurs ; dans les crânes plus âgés, elle 
l'est complètement. Il est intéressant à noter que la soudure s’opère 
de bas en haut, comme chez l’homme (3). 

L'os lacrymal est à peine indiquépar une petite plaque ovalaire ossi- 
fiée, longue de 2 mm., large de 4 mm. (pl. XXV, fig. 4 et 4, 1) et 
se trouvant à l'endroit qui deviendra plus tard le fond de la gouttière 
lacrymale. Ce point apparait chez l’homme vers le 4 mois de la vie 
intra-utérine. Dans le plus jeune crâne de gorille que j'ai examiné, 
le lacrymal était déjà complètement formé. 

Le vomer est ossifié dans sa partie postérieure ; l’ossification a 
lieu des deux côtés du cartilage par deux lames, comme on peut 
bien le voir à la base du crâne (pl. XXV, fig. 2, v). Le palatin 
(pl. XXV, fig. 2, pl), de même que le jugal ou malaire (id. fig. 1 
et 4, j), sont complètement ossifiés. Le jugal ressemble beaucoup à 
celui du gorille adulte et de l’homme ; sa face postérieure (tempo- 
rale) est concave. L'état d’ossification de ces trois os corres- 
pond à celui du fœtus humain de 4 à 5 mois. 

Le maxillaire inférieur (fig. 1, 2et 4, m') est ossifié, excepté la 


partie alvéolaire. Le dépôt de la substance osseuse est beaucoup 


(1) KôLLIKER, L. €. p. 188. 

(2) E.-T. Hay, L’os inlermaxillaire de l'homme à l'état normal et pathologique. 
(Thèse de doct. en méd.) Paris, 1866, p. 44 et sq. 

(3) Voy. Hay, L. c., p. 36, et pl. I, fig. 20. 


54 J. DENIKER. 


plus mince vers le milieu de la mâchoire, immédiatement au-dessous 
des bourrelets dentaires, qu’en bas et vers la branche verticale de 
l’os. Du côté externe, une portion de la mâchoire, adjacente au car- 
tilage de Meckel (pl. XXV, fig. 1), n'est pas encore réunie au reste 
de l'os. Les mâchoires des deux côtés ne sont pas soudées, et leur 
symphyse est nettement indiquée. La soudure définitive des deux 
mâchoires n’a pas lieu, comme chez l’homme, peu après la naïssance, 
mais beaucoup plus tardivement. Dans les crânes n® 2 et 3, la suture 
est encore largement ouverte ; sur le crâne n° 4, elle est oblitérée à 
la face antérieure au milieu, mais persiste encore sur une étendue 
de 10 mm. en haut et de 7 mm. en bas; dans le crâne n° 5 et même 
dans le crâne n° 8, elle n’est fermée qu’au milieu, sur un espace de 
5 mm. La suture semble ne se fermer complètement qu’à l'époque 
de l’éruption de la troisième molaire, car sur le crâne n° 9il en reste 
encore une petite portion non oblitérée en haut et en bas. Chez le 
chimpañnzé, la soudure est plus précoce. 

L'aspect général de la mâchoire est le même que chez le jeune 
gorille : menton très épais, haut et fuyant, branche verticale rela- 
tivement courte, l’angle qu’elle fait avec la branche horizontale 
plus ouvert que chez l'adulte. Le rapport entre la hauteur de la 
symphyse mentonnière et celle de la branche verticale est de 
1 à 1, 3 chez le fœtus, de 1 à 1, 2 chez les très jeunes, de 4 à 4,5 
chez les jeunes gorilles, et de 1 à 2 et plus chez les gorilles adultes 
(voy. le tableau des mesures). L’angle de la mâchoire formé par les 
branches horizontale (ou corps) et verticale ne semble pas se modifier 
avec la même régularité. Cependant, d'une facon générale, l’angle 
oscille entre 420° et 130° chez le fœtus et les très jeunes gorilles, 
s’abaisse jusqu'à 110° et 100° chez les jeunes, et s’approche de l’angle 
droit chez l'adulte. L'écartement entre les branches horizontales 
de la mâchoire est un peu plus grand chez le fœtus (40°) que 
chez les jeunes gorilles (30°). Le condyle, qui présente un segment 
de sphère chez le fœtus, devient déjà légèrement allongé dans 


le sens transversal chez le très jeune gorille (crâne n° 2) ; enfin 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 99 


chez le jeune (crâne no 5), il a nettement la forme d'une portion 
de cylindre transversal. Du côté interne, la mâchoire inférieure 
du fœtus présente à peu près vers son quart antérieur le trou 
alvéolaire, non loin duquel le cartilage de Meckel se perd dans 
le tissu osseux. 

Crâne considéré dans son ensemble. — Vu par en haut (norma ver- 
ticalis), le crâne du fœtus de gorille a la forme d'un ovoïde (fig. 7) 


F16. 7. — Crâne du fœtus de gorille, 2/5. 


et diffère beaucoup du crâne de jeune gorille, aplati en avant et 
arrondi en arrière. Cette forme dépend évidemment de ce que les 

deux frontaux ne sont pas encore soudés et que les arcades sourci- 
_lières ne sont point encore formées. Le crâne est franchement bra- 
chycéphale ; son indice céphalique ou le rapport de sa largeur à la 
longeur (= 100 ) est de 87, 7 ou 85,5, suivant que l’on mesure le 
diamètre antéro-posterieur à partir de la glabelle ou du point le 
plus proéminent du front. L'indice céphalique de la tête (sur le cada- 
vre) est un peu moindre (82, 7), à cause probablement de l’épais- 
seur des muscles de la nuque. 

La question de la forme de la tête chez le gorille jeune et adulte 
a donné lieu à une série de travaux. Virchow (1), Bischoff f2) et 


Tôrok (3) se sont mis à tâche de démontrer que les jeunes gorilles 


(4) ‘.-R. de l’Ac. de Berlin, 1880 et 1883, déja cités. 

(2) Biscnorr, Ulber Brachycephalie, und Brachyencephalie des Gorilla und der 
anderen Affen (Sitzungsberichie del’Ac.de Munich, el. mat.-phys. t. XI, 1881, p.379). 

(3) Tôrôk, Sur le crâne du jeune gorille (Bull. Soc. Anthr. Paris, 4881, p. 46). 


56 | J. DENIKER. 


sont brachycéphales et ne deviennent dolichocéphales avec l’âge 
que grâce au développement des arcades sourcilières et de la crête 
occipitale. D’après mes observations, le fait est vrai en général, mais 
il est loin de présenter une régularité parfaite. Il suffit de jeter un 
coup d'œil sur mon tableau I pour voir que l'indice céphalique ne 
décroit pas avec l’âge : les chiffres qui l’expriment font des sauts 
plus ou moins brusques. Cependant, chez aucun des gorilles l'indice 
céphalique n'atteint celui du fœtus, et chez lestrès jeunes gorilles les 
indices sont en général plus élevés (78 à 83) que chez les jeunes (73 


à 84) et chez les adultes (70 et 71). Le même fait se produit chez le 


chimpanzé ; le crâne du nouveau-né a pour indice céphalique 83,4 


Quant à la cavité crânienne, elle reste à tout âge beaucoup plus 
arrondie que le crâne. Chez le fœtus, le rapport entre sa longueur 
( = 100) et sa largeur est de 84,4. 

La fontanelle antérieure ou bregmatique (fig. 7, b) a la forme losan- 
gique et mesure 19 mm. de long sur 12 de large. Elle est beaucoup 
plus grande que la fontanelle postérieure ou Iambdoïde (id. {). Cette 
dernière, de forme triangulaire, n’a que 4 mm. de large sur 6,5 de 
long, et se ferme, comme chez l’homme, avant la bregmatique: sur 
les crânes de très jeunes gorilles (n° 2 et 3)et sur celui du chim- 
panzé nouveau-né, on voit encore la fontanelle bregmatique, tandis 
qu'il n'y a plus trace de lambdoïde. 

Vu par sa face postérieure ( norma occipitalis), le crâne a la 
forme d’un pentagone aux angles émoussés , dont la base est formée 
par les exoccipitaux et le cartilage occipital, et lesommet par la fon- 
tanelle lambdoïde. 

Vu par sa base (pl. XXV, fig. 2), le crâne est aussi large en avant 
qu’en arrière ; avec l’âge il s’élargit beaucoup plus en arrière (1). A 
sa face inférieure, la base présente successivement : l’écaille de l’occi- 


pital ; le trou, occipital de forme plutôt ovale que ronde (diam. ant.- 


(4) Ce fait, déjà signalé par Vrrcaow (1. c.}, se déduit aisément de la comparaison des 
uesures des différents diamètres du crâne. 


CR Le 
ut ttihé. sind 5 CV 


741) AL Faut OA 1 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 57 


post. 8 mm., transvers. 7 mm.) ; les deux condyles ; les deux 
exoccipitaux noyés dans le cartilage primordial ; puis le basi- 
occipital, et de chaque côté de lui les rochers et les anneaux tympa- 
niques, ces derniers très inclinés en bas, presque horizontaux et 
très rapprochés de la ligne médiane. Plus en avant, on entrevoit : 
le basi-sphénoïde postérieur et ses deux aïles ; la portion condy- 
lienne de l’écaille du temporal ; les arcades zygomatiques, presque 
aussi recourbées que chez les gorilles adultes ; le vomer et enfin la 
voûte palatine, flanquée de deux côtés par les maxillaires et les os 
jugaux. 

La voûte palatine est plus large chez le fœtus que chez les gorilles 
jeuneset adultes. Enexammant mon tableau des mesures, on peut voir 
que le rapport entre la longueur et la largeur du palais, ou l'indice 
palatin, va en diminuant avec l’âge, c'est-à-dire que le palais devient 
de plus en pluslong et étroità mesure quele gorille avarte dans l’âge. 
Mais c’est seulement chez le fœtus de gorille et chez les chimpanzés 
nouveau-nés et très Jeunes que cet indice approche de celui de l’homme 
adulte (1) et du fœtus humain. La longueur du palais croît beaucoup 
plus vite que lalongueur antéro-postérieure du crâne, comme on peut 
le voir par les chiffres de mon tableau représentant le rapport entre 
ces deux mesures à différents âges. Ce fait n’a rien d'étonnant, car 
les dimensions du palais dépendent de celles des dents. Le palais 
du fœtus de gorille et celui du fœtus humain sont presque iden- 
tiques comme forme et comme dimensions ; mais avec le progrès 
de l’âge le palais s’allonge beaucoup moins chez l’homme, qui a les 
dents petites, que chez le gorille, qui les a énormes. Il n'existe 
point, comme chez le gorille adulte, d’épine nasale postérieure ou pa- 
latine sur le bord postérieur du palais. 


Vu par sa face tournée vers la cavité crânienne, la base du crâne 


(1) L'indice palatin varie chez l’homme de 63. 6 (chez le Néo-Calédonien) à 84. 3 
(homme de l’époque des dolmens), d’après Topinard (Eléments d'anthropologie générale, 
p. 958. Paris, 1885). Chez le chimpanzé nouveau-né, l'indice est de 70. 6; chez le très 
jeune, de 63. 6. 


58 J. DENIKER. 


(pl. XXV, fig. 3) offre les trois étages ou régions, comme chez 
l’homme. La région antérieure ou frontale, plus petite (relativement 
aux autres) que chez l’homme, présente la fosse ethmoïdale très 
large etles voûtes orbitaires qui s'élèvent légèrement de deux côtés 
de cette fosse ; ces voûtes sont plus étroites que chez l’homme, maïs 
beaucoups moins bombées que chez le gorille adulte. En arrière de 
la fente ethmoïdale, on voit les trous orbitaires antérieurs très 
grands, et au-dessous et en dehors de ces derniers, les trous 
orbitaires postérieurs. La région moyenne ou sphéno-temporale 
est à peu près aussi développée que chez l'homme ; la selle turcique 
est plus excavée et plus courte que chezle gorille adulte ; les cavités 
latérales formées par les ailes du sphénoïde sont au contraire un peu 
moins profondes. On apercoit dans cette région le trou rond, le trou 
ovale, le trou déchiré antérieur, la fente sphénoïdale, etc., tous encore 
recouverts par la membrane du crâne. La région postérieure est 
relativement plus grande que chez l’homme. Sa partie médiane, 
formée par le clivius ou gouttière basilaire, encore cartilagineuse 
en partie, estmoins inclinée par rapport à la ligne horizontale (alvéolo- 
condylienne) que chez le gorille adulte, mais son inclinaison ne 
diffère pas sensiblement de celle que l’on observe chez les jeunes ; 
ainsi l’angle que fait le clivius avec l'horizontale est à peu près 
de 50° chez le fœtus de gorille; il est de 48° chez le jeune gorille 
(n°5). D’après les dessins qui accompagnent la note de M. Man- 
ouvrier (1), cet angle est de 50° chez le jeune et de 38° seulement chez 
le gorille adulte. On apercoit dans cette région le trou auditif 
interne, la fossa subarcuata, l’orifice de l’aqueduc du vestibule, le 
trou déchiré postérieur, le sinus latéral, le trou mastoïdien posté- 
rieur , etc. Les fosses cérébelleuses ne sont pas encore bien 
excavées et la protubérance occipitale interne est à peine indiquée. 

En comparant les diamètres transverses dans les différentes ré- 
gions du crâne et à différents âges (voy. le tableau), je suis arrivé 


aux mêmes résultats que Virchow (1), à savoir que le crâne s’ac- 


(4) L. e. pl. I. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 59 


croît beaucoup plus en arrière et en bas qu'en avant et en haut. Voici 
les valeurs des différents diamètres chez le gorille jeune (Il) et adulte 


(IT), en prenant le diamètre du fœtus (1) pour l'unité : 


| FO | 


Diamètre frontal minimum a: 100 
* Entre les sommets des gr. ailes du sphén. . are 230 
Diamètre biauriculaire, FO 3,5 
_— occipital. 1 3 3, 

— mastoïdien, . 4 3 


Vue par sa face antérieure (norma facialis, pl. XXV, fig. 4), la tête 
osseuse est remarquable par la disproportion de la partie faciale 
et de la partie crânienne, et par les dimensions des orbites. La face 
proprement dite présente la forme d’un hexagon*, dont le côté su- 
périeur est trois fois plus grand que le côté inférieur. 

Les ouvertures orbitaires ont la forme presque circulaire , cepen- 
dant elles sont un peu plus larges que hautes ; le rapport entre la 
largeur (= 100) et la hauteur , ou l'indice orbitaire, est de 88 , 8. Il 
y à eu une légère divergence de vues entre M. Virchow et M. Bis- 
choff sur la question de la forme des orbites chez le gorille. Le 
premier de ces savants soutenait que les orbites des jeunes gorilles 
sont arrondies et hautes ‘hypsikonch), c’est-à-dire que leur diamètre 
vertical l'emporte sur le diamètre horizontal ; le second affirmait 
au contraire que les orbites des gorilles ont toujours la forme 
quadrangulaire et sont aussi larges que hautes. Mes observations et 
mes mesures démontrent qu'il n’y a aucune correspondance entre la 
forme élevée ou élargie des orbites et le progrès du développement, 
car chez les très jeunes gorilles on trouve des orbites très hautes 
(indice 99), aussi bien que des orbites très basses (ind. 119). De 
même chez les gorilles plus âgés, l’indice varie de 103 à 121. 
Outre le crâne d’adulte, dont les mesures se trouvent dans 
le tableau (n° 11), j'ai mesuré encore les orbites de cinq gorilles 


adultes du musée Broca, et j'ai obtenu des chiffres variant de 80, 9 


(1) L. c. (U.-R. Acad. Berl, 1880, p. 520). 


60 J. DENIKER. 


(moins que chez le fœtus) à 109 {1}. Cependant, d’une facon générale, 
les ouvertures orbitaires semblent devenir de plus en plus hautes 
avec le progrès de l'âge , ce qui est contraire à la facon de 
voir de M. Virchow. Quant à leur contour, voici, selon moi, quels 
sont ses changements : primitivement, chez le fœtus, il est com- 
plètement arrondi ; chez les très jeunes gorilles (n*2 et 3), l'angle 
supéro-interne commence à se dessiner ; chez des gorilles un peu 
plus âgès (n% 4 et 5), l’angle inféro-interne devient aussi marqué ; 
enfin chez l’adulte on voit se dessiner l'angle supéro-externe. De cette 
facon le contour de l'orbite devient peu à peu, de rond qu'il était, 
plus ou moins quadrangulaire. Ce changement de forme me semble 
être en rapport avec le développement des arcades sourcilières, des 
crêtes temporales et de la région canine dela mâchoire supérieure, 
qui détermine une sorte de tiraillement dans des sens inverses sur le 
contour des orbites. La cavité orbitaire du fœtus présente déjà la 
forme de pyramide à trois faces, comme chez le gorille adulte. IL 
n'existe pas, à proprement parler, de plancher de l'orbite : la lame 
orbitaire du maxillaire supérieur est inclinée et regarde en dehors 
(pl. XXV, fig. 4) ; elle constituera avec l'os planum de l’ethmoïde, 
très étroit, la face interne de la cavité orbitaire. La face externe est 
constituée par le jugal et le sphénoïde ; la voûte est formée par le 
frontal, qui participe aussi à la formation des faces externe et interne. 
La fente sphéno-maxillaire, de même quela fente sphénoïdale, sontobli- 
térées par une membrane. La distance entre les bords internes 
des orbites est en général très étroite chez le gorille, mais elle est re- 
lativement plus étroite chez les gorilles jeunes que chez le fœtus, les 
tout jeunes et les adultes, comme le prouve le rapport entre la lar- 
geur de l'orbite (= 100) et la largeur de l’espace interorbitaire (voy. 
le tableau : indice orbito-interorbitaire) (2). En même temps, d’une 
facon générale et à quelques exceptions près, les orbites hautes 

(1) Voici les indices orbitaires de ces cinq crânes, placés dans l'ordre de la longueur 
croissante des crânes : 97.4, 95.6, 98, 80.9, 109. 14. 


(2) Dans les cinq crânes des gorille adultes du Musée Broca, non mentionnés dans 1 
tableau, cet indice est de 50,58, 37, 93 et 63, 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 64 


correspondent aux espaces interorbitaires étroits à tous les âges. 

L'ouverture pyriforme du nez, limitée par les nasaux et les pré- 
maxillaires, a la forme d’un rhomboëdre aux angles émoussés. L'in- 
dicenasal, c’est-à-dire le rapport entrela largeur de l'ouverture nasale 
et la hauteur du nez, de sa racine au point sous-nasal (= 100), est 
de 51, 5. Get indice va en décroissant avec le progrès de l’âge, 
c’est-à-dire que les os propres du nez et les prémaxillaires croissent 
beaucoup plus rapidement en hauteur qu’en largeur. 

La largeur de l'ouverture nasale est une fois et demie plus grande 
que la distance interorbitaire. Elle augmente avec l’âge ; on la trouve 
deux fois plus grande chez les jeunes, 2 172 et 3 fois plus grande chez 
les gorilles adultes. Le chimpanzé présente les mêmes modifications. 
Chez l'homme, cette largeur est presque toujours plus petite que 
l’espace interorbitaire. 

Vu de profil (pl. XXV, fig. 1), le crâne se signale par son front 
bombé, son occiput arrondi, son nez proéminent.Les maxillaires sont 
peu développés et le prognatisme est beaucoup moindre que chez 
le gorille adulte. En général, la partie faciale est moins développée 
que la partie cérébrale. La suture maxillo-jugale, au lieu d’être 
oblique comme chez le gorille adulte, est presque horizontale. 

En avant et en arrière de l’écaille du temporal, on voit deux fon- 
tanelles. La fontanelle latérale postérieure ou astérique est située 
entre le pariétal, l’écaille du temporal et le cartilage occipito-mastoï- 
dien (pl. XXV, fig. 1). Elle se ferme tardivement, car on la rencon- 
tre encore sur les crânes de jeunes gorilles (n° 2 et 3) sous forme 
d’un triangle à sommet tourné en avant ou en bas, et dont la base 
mesure de 3 (n° 2) à 5 mm. (n° 3). Dans le crâne du chimpanzé nou- 
veau-né, cette fontanelle est encore largement ouverte; dans le crâne 
du chimpanzé,très jeune, toutes les fontanelles sont fermées, excepté 
l’astérique qui est encore longue de 6 mm. et large de 3. 

La deuxième fontanelle, Zatérale antérieure ou ptérique (id.), 
située entre le frontal, le jugal, le sphénoïde, le temporal et le 


pariétal,est encore largement ouverte. Dans le courant de développe- 


62 J. DENIKER. 


ment, elle est plus rapidement envahie par la substance esseuse 
que toutes les autres et constitue la région connue en anthro- 
pologie, depuis Broca, sous le nom de ptérion. Les cinq 
os mentionnés s’y rencontrent et constituent par leur suture une 
figure qui, dans la majorité des crânes des mammifères, l’homme 
non excepté , rappelle la lettre H ou K ; dans cette disposition, le 
frontal se trouve séparé du temporal par les apophyses du sphé- 
noïde et du pariétal (fig. 8, C). Mais dans les crânes de gorille 


et dans certains crânes humains, la disposition des sutures du 


SRE {> ? 
4 < 

IA à 4 

A B C 


FiG. 8. — Disposition du ptérion sur les crânes de gorille, 2/3. 


ptérion est tout autre : elles figurent plutôt un H renversé et 
le frontal touche le temporal, séparant le pariétal du sphé- 
noide (fig. 8, B). Cette disposition est due à la présence d’une 
apophyse, appelée par Virchow (1) apophyse frontale de l'écaille 
temporale. J'ai constaté sur 12 crânes de gorilles la même dispo- 
sition, sauf un cas : le crâne n° 8 présentait (du côté droit seulement) 
la disposition en H (fig. 8, C). M. Virchow avait signalé dans le erâne 
de son Jeune gorille (2) un os wormien particulier, os épiptérique, 
situé dans la région du ptérion, entre le frontal, le temporal, le sphé- 
_noïde et le jugal (fig. 9, À). Le savant berlinois suppose que c’est un 
des points d’ossification du frontal qui ne s’est pas soudé à l'os, par 
suite d’un processus pathologique. Il suffit de jeter un coup d’œil 
sur la fig. 9, B, représentant le ptérion chez le gorille {n° 2), 
presque de même âge que celui de Virchow, pour se convaincre que 
sa supposition est Juste. D'ailleurs, en général, ni chez le fœtus, ni 
dans aucun des 20 crânes de gorilles que j'ai examinés, je n'ai pu 
trouver d'os wormiens, sauf un cas (dans la région du lambda) 


(1) Ac. de Berlin, 1880, p. 527. 
(2) L. c. pl. Il, fig. 1 et 2, et p. 525. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 63 


fourni précisément par le même crâne ne 8, qui présente la disposi- 
tion, anomale pour le gorille, du ptérion en H. 

L'étude du crâne de gorille sur des coupes sagittales, faite 
par Manouvrier (1) et par Lissauer (2), avait déjà démontré qu’à 
partir de l’époque où la dentition de lait est achevée, le crâne se déve- 
loppe surtout dans sa région occipitale et mastoïdienne, et que le 
basi-occipital et la voûte du palais subissent un mouvement de bas- 
cule dans des sens opposés, en se relevant chacun vers La voûte 
crânienne. La comparaison des coupes sagittales des crânes de 
fœtus et de gorille n’ayant que les premières molaires, avec celle du 
Jeune ayant sa dentition de lait, (fig. 9), démontre que le dévelop- 
pement est plus harmonieux dans la première enfance qu'à la 
période suivante, quoique déjà, à cette époque précoce, la région 
occipitale se développe plus rapidement que la frontale. La 
mâchoire supérieure, pendant cette première période, ne se re- 
lève pas encore vers la voûte; tout en s’allongeant elle s’abaisse 
comme chez l’homme (3). La région frontale est aussi développée chez 
le jeune gorille que chez le fœtus. Le prognatisme (exprimé par lan. 
gle, nm V, fig. 9) est plus prononcé chez le jeune et encore plus 
chez l'adulte que chez le fœtus. 

Le tableau qui suit montre les valeurs des différents angles me- 
surés sur la coupe sagittale des crânes du fœtus (fig. 9, 1), du très 
Jeune gorille (id., 2) et des gorilles jeune et adulte (id., 3 et 4) 


(ces derniers chiffres sont empruntés au Mémoiré de M. Lissauer). 


ANGLES EN DEGRÉS. 
1 2 3 4 


ABBIE "OO RE NV MEN Dia 0, 46 49 66 63 
1 NRA D LES | l'ONORRENMRNRRREERN EEE 1940/1262. 442 129 
Angle du prognatisme nmV. . . . . . . 59 51 45 42 
SO HO RNB LL AR Lt, 2 63 64 60 50 


En comparant les dessins ci-joints (fig. 9), on peut se convaincre 


(1) L.c. (Profil encéphalique, ete.). 

(2) Lissauer, Untersuchungen über die Saglttale Krümmung des Schâdels 
(Archiv für Anthr. XV, Suppl. Brunswick, 1885). 

(3) Voy. le travail de Lissauer. 


64 J. DENIKER. 


de visu que la hauteur du crâne croît beaucoup moins rapide- 
ment que la longueur, fait que nous ont déjà révélé les chiffres 
(voy. Le tableau IV). 


Le crâne du fœtus de gibbon est beaucoup plus avancé en ossifi- 
cation que celui du fœtus de gorille. On peut dire qu’à part quelques 
fragments sur la ligne médiane et dans la région occipito-mastoï- 
dienne, tout le crâne cartilagineux est remplacé par le crâne osseux. 

Les frontaux (pl. XXV, fig. 5, f), assez bombés, ne sont pas encore 
soudés sur la ligne médiane ; leurs apophyses orbitaires sont larges 
et courtes; les apophyses nasales sont terminées par un bord 
presque horizontal (pl. XXV, fig. 8). La soudure complète de deux fron- 
taux a lieu probablement au commencement de la période de l’éruption 
des dents permanentes ; car, sur le crâne ne 2, la suture métopique 
reste encore ouverte danssa partie inférieure (comme chez le gorille), 
sur une longueur de 5 mm. Les frontaux ne se prolongent pas aussi 
loin en arrière que chez le gibbon adulte ; cependant la forme de 
la fontanelle (fig. 8 ou 9) indique que ces os se prolongeront encore 
assez loin vers l’occiput. Aucune trace d’arcade sourcilière. 

Les parietaux sont presque complètement ossifiés; 1ls sont qua- 
drangulaires et leurs bords antérieurs sont dirigés moins oblique- 
ment en arrière que chez le jeune gibbon (fig. 8 et pl. XXV, fig. 5, p). 

L’occipital est formé de l’écaille (pl. XXV, fig. 5 à 7,e), réunie, par 
les restants du cartilage primordial (id. «’). aux exoccipitaux (id. c,c), 
réunis à leur tour par le cartilage (pl. XX V, fig. 6, «”) au basi-occipital 
(id. fig. 6 et7,z). L’écaille hémisphérique présente sur ses bords laté- 
raux deux entailles (id. fig. 5 et 6), qui marquent la séparation entre 
les points d’ossification primitifs. Le sus-occipital ou interpariétal 
est déjà complètement soudé au reste de l’écaille. Sur la ligne 
médiane, l’écaille présente une suture qui n’est oblitérée que dans 
sa partie moyenne ; elle resteouverte en bas sur une longueur de 
8 mm. (id.fig. 6 et 7) et en haut sur une longueur de 12 mm. (fig. 8). 


Cette suture, de même que les deux entailles déjà citées, 


65 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 


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.66 J. DENIKER. 


indiquent que l’écaille occipitale s’est formée ici par six points 
d’ossification au moins (sans compter l’interpariétal, qui se 
forme probablement par deux autres points). Deux bandelettes 
de cartilage primitif, longues de 5 mm. et larges de 0, 5 mm. 
(pl. XXV, fig. 6, «), séparent l’écaille des points d’ossification con- 
dyliens ou des exoccipitaux (pl. XXV, fig. 6 et 7, c), qui ressemblent 
beaucoup à ceux du gorille, mais sont plus anguleux. Du côté de la 
cavité crânienne, les exoccipitaux présentent deux apophyses 
interceptant le trou condylien antérieur et réunies au basi-occipital 
par des cartilages situés à leurs extrémités (pl. XXV, fig. 7, x). Ce der- 
nier (id. fig. 6 et 7, z) est muni de deux apophyses allant à la ren- 
contre des cartilages mentionnés (id. fig. 7); vu par sa face 
inférieure, il se présente comme étant formé de deux parties 
récemment soudées (pl. XXV, fig. 6): une plus petite, supéro- 
antérieure, et une plus grande, inféro-postérieure, ce qui indique : 
sa formation probable par deux points d’'ossification, comme : 
chez le gorille (voy. p. 42). Les condyles (pl. XXV, fig. 5 à 7, cd) sont 
encore cCartilagineux et ressemblent à ceux du gorille. La région 
située immédiatement en dehors des condyles est aussi cartilagi- 
neuse, mais on y voit deux petits points d’ossification (id. fig. 6) qui 


sont prêts à se souder avec les exoccipitaux. 


Le basi-occipital se soude aux exoccipitaux probablement bientôt 
après la naissance, car sur le crâne du jeune Hylob. agilis (n° 2), il 
n'existe plus aucune trace de cette suture. Il n’en est pas de même 
de la suture entre les exoccipitaux et l’écaille qui persiste, du côté : 
externe, même sur le crâne d’un H. agilis, beaucoup plus âgé | 
(n° 3). L'échancrure latérale inférieure de l’écaille persiste chez le 
jeune H. agilis (no 2). 

L'état de développement de l’écaille chez lefœtus correspond à 
celui du fœtus humain de 7 à 8 mois ; et l’état du basi et de l'ex- | 


occipital, à celui du fœtus humain de 5 à 6 mois seulement. 


Le temporal est formé de trois parties distinctes : la portion écail- 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 


67 
leuse (pl. XXV, fig. 5 à 7, T), la portion pierreuse (id. fig. 6 et 7, R. 
avec le conduit auditif externe (id. fig. 5 et. 6, 4) et la portion 
mastoïdienne (fig. 5 et 6, ms). 

L'écaille du temporal a la forme d’un trapézoïde, dont le bord 
supérieur est légérement arqué, tandis que chez le jeune gibbon 
(n° 2) et chez l'adulte (n° 3) elle a la forme d’un quadrilatère. L'apo- 
physe zygomatique (pl. XXV, fig. 5 et 6) est beaucoup plus large à 
sa base qu'à son extrémité ; la cavité glénoïde (fig 6) a la forme 
d'un segment d'’ellipsoïde. La portion pierreuse comprend le 
rocher (pl. XXV, fig. 6 et 7, R) et le conduit auditif externe (id. a) 
séparé de ce dernier par unesuture en train de se fermer (fig. 6). Sur 
la face inférieure du rocher (id. fig. 6)on voit orifice du canal caro- 
tidien, mais point d’apophyse styloïde ; sur la face supérieure l’on 
apercoit (id. fig. 7) le trou auditif interne (id. fig. 7,4) et la fossa 
subarcuata (id b), très large et très profonde. Le canal semi-circulaire 
supérieur (id. t ) et une partie du postérieur (fig. 7,t) sont bien 
visibles ; ils sont plus minces que ceux du fœtus de gorille et du 
fœtus humain de 5 mois. La forme générale du rocher est, comme 
chez le gorille, celle d’une pyramide à trois faces. L'anneau 
tympanique commence à se transformer en canal auditif (pl. XXV, 
fig. 5 et 6, a), qui estencore très court et dirigé de bas en haut : 
dans sa partie externe , le canal a plutôt la forme d’une gouttière 
ouverte en bas et constituée, tout à fait en avant, par une ex- 
cavation de la portion écailleuse du temporal. Le canal auditif du 
chimpanzé nouveau-né est à peu près dans le même état de dé- 
veloppement. 

La portion mastoïidienne est encore en partie cartilagineuse. Les res- 
tes du cartilage primitif (pl. XXV, fig. 5 à 7, «, «’”’) réunissent le point 
osseux de cet os (id. fig 3 à 7, ms) à l’écaillé de l’occipitalet à l’exoc- 
cipital. Il semble que la portion mastoïdienne soit la dernière à s’ossi- 
fier dans le crâne de gibbon (comme chez l'homme). Ainsi la plus 
grande partie du cartilage primitif non ossifié chez le fœtus appar- 


tient à cette portion ; dans le crâne du jeune gibbon (n°2), la lame 


68 J. DENIKER. 


osseuse est notablement plus mince dans cette région que dans le 
reste du crâne ; seule la région avoisinant la suture exoccipito-susoc- 
cipitale se rapproche d’elle par sa minceur. Dans le crâne du gibbon 
de Raffles adulte (n° 4), où toutes les sutures sont fermées, celle qui 
sépare l’occipital de la portion mastoïdienne persiste seule. De même 
dans le crâne de l’H. lar adulte {n° 5), toutes les sutures, y compris 
l’occipito-sphénoïdale, sont fermées, tandis que la suture occipito-mas- 
toïdienne persiste encore dans sa partie inférieure sur une longueur 
de 10mm Ce n’est quesur le crâne d’un H. lar très vieux (n° 6) qu’elle 
se trouve complètement oblitérée. Dans le crâne du jeune chimpanzé, 
au contraire, j'ai constaté que la suture occipito-mastoïdienne s’obli- 
tère avant même la soudure des exoccipitaux avec l’écaille. L'espace 
membraneux assez large, qui se trouve entre l’occipital et le carti- 
lage du mastoïdien (pl XXV, fig. 5 à 7), sera probablement envahi 
par la substance osseuse provenant du point mastoïdien ; c’est là 
aussi que devrait se former le trou mastoïdien , si évident chez le 
gorille ; cependant, dans le crâne de jeune gibbon (n°2), je n’ai pu 
retrouver cet orifice. 

Par son état général le temporal correspond à celui du fœtus hu- 
main du 7° au 8° mois; mais l'anneau tympanique est déjà aussi dé- 
veloppé que chez l'enfant d’un an. 

Au-dessus et en avant du basi-occipital, sur la ligne médiane, se 
trouve un restant du cartilage primordial (pl. XXV , fig. 6 et 7, 8) 
qui constitue la partie supérieure du clivius et la lame quadrilatère 
de la selle turcique, très basse et légèrement échancrée sur son bord 
supérieur. Avec un petit point cartilagineux situé entre le sphénoïde 
antérieur et le sphénoïde postérieur (fig. 6 et 7, 8), ce sont les seules 
parties cartilagineuses du sphénoïde ; le reste est ossifié et nettement 
divisé en deux os: sphénoïde antérieur avec les petites ailes (pl. XXY, 
fig. 5 à 8) et sphenoïde postérieur avec les grandes ailes (id. k et ga) Le 
corps du sphénoïde antérieur est très volumineux et développé sur- 
tout par son côté antérieur ; le rostre s’avance beaucoup entre 


les frontaux jusqu’au point où ces derniers se touchent presque 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 69 


et où commence le cartilage ethmoïde (fig. 7) ; au-dessous et des 
deux côtés de ce rostre, deux fortes lames pointues s’avancent 
dans la cavité orbitaire, s’intercalant entre le frontal en haut, le 
maxillaire en bas et l’ethmoïde enavant [fig. Set 8, a); ces lames, qui 
limitent latéralement les sinus sphénoïdaux, présentent un plan qui 
s'élève graduellement en arrière Jusqu'au trou optique (fig. 8). 

Le sphénoïide antérieur est complètement soudé aux petites ailes, 
mais un mince cartilage (pl. XXV, fig.6 et 7, 8”) le sépare du sphénoïde 
postérieur. Chez le fœtus humain, la soudure de ces deux os se fait 
beaucoup plus hâtivement, vers le 6° ou le 7° mois. Le corps du 
sphénoïde postérieur s’est formé probablement par quatre points d’ossi- 
fication.Les deux points médians sontcomplètement soudés entre eux ; 
on peut cependant considérer comme trace de leur séparation pri- 
mitive le petit trou au milieude l'os /pl. XXV, fig. 7); les deux points 
latéraux, un peu moins longs que le médian, présentent encore en 
bas des traces de soudure récente avec ce dernier (id. fig. 6). Les 
grandes ailes sont bien développées ; vues par leur face supérieure 
(pl. XXV, fig. 7), elles présentent la forme d'ailes de papillon et 
sont subdivisées par un profond sillon en deux parties : une anté- 
rieure, presque verticale, et une postérieure, horizontale vers la li- 
gne médiane, mais dirigée ensuite verticalement en haut des deux 
côtés. La face horizontale présente deux petites excavations rectan- 
gulaires (pl. XXV, fig. 7), limitées en avant par un rebord saillant. 
Le bord antérieur de l'aile offre une échancrure (futur trou 
rond) ; le bord postérieur présente d’abord une échancrure très 
profonde (futur trou ovale), puis se dirige en’ avant en ligne unie, 
pour se terminer par une ligne frangée allant jusqu'au sommet de la 
grande aile La face externe de cette portion apparaît sur le crâne 
vu de profil (id. fig. 5, a); elle monte très haut et rencontre le 
frontal. À la face inférieure des grandes ailes, on voit l'apophyse 
ptérygoïde, très bas (pl. XXV, fig. 5 et 6, pt); son aile interne 
reste encore membraneuse à l'extrémité. La suture entre les 


grandes ailes du sphénoïde et le corps n’est pas encore fermée 


702% : J. DENIKER. 


en bas (pl. XXV, fig. 6), mais elle est complètement oblitérée 
en haut (id. fig. 7).Chez le fœtus humain de 9 mois, la suture persiste 
en haut (1). Il est probable qu’à la naissance les différentes parties du 
sphénoïde du gibbon sont complètementsoudées en deux os, antérieur 
et postérieur ; la soudure de ces deux parties doit se faire plus tard, 
mais probablement avant l'achèvement de la dentition de lait, car 
sur le crâne du jeune gibbon (n° 2) on ne voit plus aucune trace de 


la séparation primitive du sphénoïde. Quant à la réunion du basi- 
sphénoïde au basi-occipital, elle n’a lieu que beaucoup plus tard, 


après l'apparition des dernières molaires ; on la voil encore parfai- 
tement dans les crânes n°° 2 et 3 de ma série. 

L’ethmoïide (pl. XXV, fig. 5 et 7, et) est cartilagineux, sauf la 
lame papyracée très basse et très courte, qui apparaît dans la 
cavité orbitaire sous forme d’un ovale pointu en arrière, enclavé 
entre le frontal, le lacrymal, le maxillaire et l’orbito-sphénoïde. 
La lame criblée cartilagineuse a la forme ovoïde (id. fig. 7) ; 
elle est divisée sur la ligne médiane par une crête de coq plus 
saillante que chez le fœtus .de gorille. Les orifices de la lame 
sont plus nombreux et moins grands que chez le fœtus de gorille. 
Les deux os frontaux se touchent presque en arrière et en avant de 
la lame criblée ; chez le gibbon adulte, ils vont se souder en cet 
endroit, et c'est à peine si l’on apercevra la lame criblée, enfoneée 
entre ces deux os qui deviendront très bombés. Autant que j'ai pu les 
examiner, les cornets de l ethmoïde ne sont pas ossifiés, même partiel- 
lement. Chez le chimpanzé nouveau-né, ils sont ossifiés, mais pas en 
totalité de leur surface. 

Les os de la face sont presque complètement ossifiés. Les os pro- 
pres du nez (pl. XXY, fig. 5 et 8, n) sont presque aussi larges en haut 
qu'en bas et différent par leur forme de ceux du gorille. Ils ne sont 
pas soudés entre eux sur la ligne médiane ; cette. soudure doit avoir 
lieu probablement s'Èe l'éruption de la deuxième ou même de la 


troisième molaire , car elle persiste dans toute son étendue sur le 


A) Rens. et REx., p. 113, 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 71 


crâne du jeune gibbon (n°3) et ne se trouve fermée que dans les 
_crânes d'adultes. 

Les maxillaires supérieurs (pl. XXV, fig. 5, 6 et 8, m), beaucoup 
plus larges que chez le fœtus de gorille, sont ossifiés, à part leur 
rebord dentaire. L’apophyse montante du maxillaire limite, sur une 
faible étendue, la fosse lacrymale, puis se termine par un bord ho- 
rizontal ; la partie orbitaire (id. fig. 5 et 8) est plus largeet plus courte 
que chez le gorille. La partie palatine (id. fig. 6) est assez étroite. 
Les intermaxillaires (pl. XXV, fig. 5, 6et 8, Pm) limitent le bord 
inférieur et une partie du plancher des fosses nasales ; leur extré- 
mité supérieure n’atteint pas l'extrémité inférieure des os nasaux, 
de sorte que l'ouverture nasale se trouve limitée en partie par le 
maxillaire. Cette disposition, qui se rencontre chez l’Ateles paniscus, 
et le plus souvent dans l’intermaxillaire des embryons humains (1),est 
fréquente chez les gibbons, comme l'avait déjà remarqué Broca (2) ; 
elle ne semble cependant pas être générale, car sur le crâne n°3 l’in- 
termaxillaire touche le nasal. L’intermaxillaire est complètement 
distinct du maxillaire et doit se souder à lui après l'apparition 


de la deuxième et même peut-être de la troisième molaire. Je n’ai 
P 


pu observer, à la face, la suture maxillo-prémaxillaire non oblitérée, 
que dans le crâne du jeune gibbon (n° 3). La soudure complète (à la 
face palatine et dans la cavité nasale) arrive plus tard. Hamy (3) a 
rencontré l'intermaxillaire non encore complètement soudé chez 
huit gibbons adultes sur onze. En tout cas, la soudure est plus 
précoce que chez les gorilles. 

L'os jugal (pl. XXV, fig. 5,6 et8, j) diffère beaucoup de celui du 
gorille et de l’homme et rappelle le jugal des singes pithéciens. La 
face antérieure est très haute et surtout très large ; la face temporale 
(ou postérieure) est bombée au lieu d’étre creuse, comme chezle gorille 


et chez l’homme. La chimpanzé nouveau-né présente la même forme 


(1) Hamy, L. c. passim. 
(2) Mém. sur les primates, déjà cité, p. 91, 
(3) L. e.p. 48. 


72 J. DENIKER. 


de jugal, maisle bombement postérieur disparait avec l’âge. Sur le 
crâne du jeune chimpanzé, on voit déjà l’excavation gagner la partie 
externe de la face temporale de l'os. L’apophyse zygomatique est 
assez grêle.Les os palatins (pl. XXV, fig. 6, pl) sont très Pas et très 
larges à leur base; ils forment par leur réunion la partie postérieure 
triangulaire du palais {id.6), qui s'engage entre les lamespalatines du 
maxillaire. L’os lacrymal (pl XXV, fig. 5, l)est bien développé. 

Le maxillaire inférieur (pl. XXV, fig. 5, m’) diffère de celui du 
fœtus de gorille en ce que sa branche horizontale ou son corps est plus 
long et son apophyse coronoïde est moins développée. En somme, il 
présente la forme caractéristique de la mâchoire inférieure du gibbon 
adulte. Les deux maxillaires sont séparés à l'angle symphysien 
chez le fœtus, mais ils sont déjà soudés chez le jeune gibbon (n° 2) ; 
cette soudure est donc beaucoup plus précoce que chez le gorille. 
Les surfaces articulaires des condyles de la mâchoire sont 
ellipsoïdales et allongées transversalement. Comme chez le gorille 
et chez l'homme avec le progrès de l’âge, les branches horizontales 
de la mâchoire inférieure deviennent de plus en plus convergentes 
et l'angle que fait la branche verticale avec la branche horizontale 


de moins en moins ouvert. (Voy. le tableau des mesures.) 


Crâne dans son ensemble. — Vu d'en haut, le crâne présente la 
forme d’un ovoïde, pointu en avant et très aplati en arrière 
(fig. 10), forme qu'il conserve d’ailleurs jusqu'à l’âge adulte. 
L'indice céphalique du crâne de fœtus est de 81,5, voisin de celui du 
crâne de jeune (82,1), mais beaucoup plus fort que ceux des crânes 
de gibbons adultes (73 à 79). La fontanelle bregmatique ou coronale est 
très grande (id. b) ; elle a la forme d’un losange, dont l'axe antéro- 
postérieur est long de 24 mm., et l’axe transversal de 9 mm. La fon- 
tanelle lambdoïde lid. b) est beaucoup plus réduite ; elle a la forme 
d’un triangle, dont la base a 8 mm. et la hauteur 5 mm. La dispro- 
portion entre les deux fontanellesest beaucoup plus grande que dans 
le crâne du fœtus de gorille. 


Vu par sa face occipitale, le crâne n'offre rien de particulier et 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 73 


ressemble à celui de gorille. Ala base du crâne, on apercoit tout 
d’abord (pl. XXV, fig. 6 et 7) le palais, assez long et étroit ; son bord 
postérieur est légèrement échancré au milieu et ne présente au- 
cune trace d’épine palatine. Le palais s’accroit beaucoup en longueur 
avec l’âge, cependant moins rapidement que chez le gorille ; ainsi 
l'indice palatin , qui est de 68, 7 chez le fœtus, est déjà de 62 
chez le jeune ; il s’abaisse jusqu’à 44 chez l'adulte. De même, le 


rapport de la longueur du palais à celle du crâne (égale 100), qui 


Fi@. 10. — Crâne du fœtus de gibbon, 2/3. 


n'est que de 30 pour lefætus, est déjà de 34,5 chez le jeune, et s'élève 
Jusqu'à 45 etmême 54 chez l'adulte. Les trous palatins antérieurs sont 
confondus sur la ligne médiane et les trous postérieurs sont très dis 
tants l’un de l’autre. En dehors du palais, on voit les os Jugaux très 
gonflés ; les arcades zygomatiques plus longues et plus minces que 
chez le fœtus de gorille ; la fente sphéno-maxillaire énorme ; le 
trou ovale, le trou déchiré postérieur, les deux condyles, enfin le 
trou occipital ayant la forme d’un pentagone aux angles très arron- 
dis ; il mesure 9 mm. d'avant en arrière et 8, 5 mm. transversalement. 
Du côté de la cavité crânienne (pl. XXV, fig. 7), la base du crâne 
présente les trois fosses ou étages bien délimités. La fosse antérieure, 
passablement grande, est transformée en deux bombements {lames 
orbitaires du frontal), entre lesquels se trouve une petite fosse eth- 
moïdale. Ces bombements vont en s’abaissant lentement vers les 


fosses de la région moyenne du crâne et tombent presque verticale- 


74 J. DENIKER. 


ment vers la fosse ethmoïdale. Leur bord postérieur est déchiqueté 
et concourt à former, avec les grandes ailes du sphénoïde, le trou 
déchiré antérieur. La fosse moyenne rappelle celle de l’homme par sa 
forme, par ses rapports, par lenombre de trous, etc. La fosse posté- 
rieure est relativement peu développée ; Le sinus latéral y est peu mar- 
qué ; il n’y a pas de trou mastoïdien ; le reste est comme chez legorille. 

Vu antérieurement (pl. XXV, fig. 8), le crâne ou plutôt la face 
osseuse frappe par les dimensions énormes des orbites et par la 
réduction extrême de la partie sous-orbitaire, caractère qui per- 
siste d’ailleurs dans le crâne de jeune gibbon,etmême de gibbon 
adulte. 

L'ouverture nasale a la forme ovale. Le nez, en général, est assez 
mince et étroit, mais avec l’âge il devient de plus en plus large, au 
contraire de ce que l’on voit chez le gorille (comparez les indices 
nasaux des gorilles et des gibbons dans mon tableau). La largeur 
de l'ouverture nasale (6 mm.) égale la distance interorbitaire chez le 
fœtus ; chez le jeune, cette largeur (9 mm.) l'emporte un peu sur 
la distance interorbitaire {7 mm. ) ; la différence s’accentue encore 
plus chez l’adulte, sans cependant atteindre les proportions déme- 
surées que l’on voit chez le gorille (voy. plus haut). 

. Les orbites sont plus larges que hautes (indice orbitaire, 96, 5) ; 
leur hauteur ne semble pas augmenter avec l’âge. Les axes longi- 
tudinaux des orbites sont très obliques et se rencontrent à peu près 
sous un angle de 135° ; les bords, assez tranchants, ne sont pas 
entourés d'un bourrelet, comme chez l'adulte. Sur le bord supérieur 
on remarque une échancrure pour le passage du tendon du musele 
grand oblique de l'œil. La cavité orbitaire est constituée tout au- 
trement que chez le gorille. Elle présente quatre faces comme chez 
l’homme. La voûte est formée par le frontal (pl. XXV, fig. 5 et 8) ; le 
plancher, par le maxillaire ; la face interne (allant d’avanten arrière), 
par le lacrymal (pl. XXV, fig. 5,1), l'os planum (id. et), le sphé- 
noïde antérieur (id. fig. 5 et 8 sa) ; la face externe, par le jugalet 


la grande aile du sphénoïde (id. ga). Une fente assez large sépare en 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 75 


haut le frontal du sphénoïde et laisse voir au fond de la cavité la 
petite aile et le trou optique. Une autre fente, beaucoup plus large, 
sépare le sphénoïde du maxillaire et fait communiquer l'orbite avec 
la fosse temporale ; le bord tranchant du sphénoïde, qui sépare sa 
facette interne (orbitaire) de sa facette externe (temporale) chez 
l'homme et chez le gorille, n'existe pour ainsi dire pas: il est rem- 
placé par une surface hémicylindrique, faisant passer insensiblement 
la face orbitaire de la grande aile en sa face temporale. C'est un 
acheminement vers la constitution de la cavité orbitaire chez les 
singes Pithéciens et chez les Lémuriens. La part que prend le 
sphénoïde antérieur à la formation de l'orbite est particulièrement 
remarquable. On lit dans tous les auteurs que cette partie du sphé- 
noïde s’avance dans l'orbite, mais on ne trouve pas d'indication sur 
la mesure dans laquelle cet avancement a lieu. Sur le fœtus, la partie 
antérieure du sphénoïde (pl. XXV, fig. 8, as) occupe presque les deux 
tiers postérieurs de la face interne de la cavité orbitaire ; elle se 
termine, en avant, en pointe enclavée entre le frontal en haut, l'os 
planum et le maxillaire en bas. 

Vu de profil, le crâne frappe par la proéminence de la région na- 
sale, par le prognatisme médiocre, par la largeur de l'os jugal, par 
la position presque verticale de l’occiput, etc. Dans la région du 
ptérion, les sutures du frontal, du sphénoïde du pariétal et du tempo- 
ral dessinent une figure se rapprochant de la lettre H, et présentent 
par conséquent la disposition que l’on rencontre le plus fréquem- 
ment chez l'homme et chez la plupart des singes, mais qui est très 
exceptionnelle chez le gorille. Le fait que le frontal touche le sphé- 
noïdal est dû certainement ici au grand développement en hauteur 
de la grande aile de ce dernier os. La disposition du ptérion en H 
n'est pas spéciale au fœtus ; je l'ai constatée sur tous les crânes des 


gibbons qui avaient encore leurs sutures non oblitérées. 

En comparant le profil sagittal du fœtus avec celui d’un jeune 
H. agilis, on s’apercoit que la région occipitale se développe un peu 
plus que les autres, que la région frontale augmente (69° et 82°), mais 


76 J. DENIKER. 


que le rapport entre la portionfaciale et la portion cérébrale du crâne 


(147°:1639) est un peu plus en faveur de la première chez le fœtus que 


Tagceau IV. — Mesures absolues 


GORILLES. 
 — 
1 1e îee JE RES 
MESURES. £ É ‘sl'oale MEME 
= = © © = = 
80 |$oœË| 58 |ors | on 
x PE VENTE 
é SE 
4. Diamètre antéro-postér. . .| 52.5| 441 113 119.5] 123 
2, Id. (pris de la partiela plus saill. du front). 2 110 147 115 120 
3. De l'alvéole sup. à la din occip. ext, .| 60 | 198 | 128 |142 | 152 
4, Diam. transv. max. . . HP TT SE OU DT 91 94 100 
5. Entre les lignes temporales. Eu SÉANIROEE 85 75 86,5] 95 
6. Diam. frontal minimum. . A1e-32:9|:.:169 69 61 67 
7. Entre les sommets des ailes du sphénoïde 28 50 52 66 62 
8. Diam. biauriculaire. . . à Ne LT D 55 65 70 75 
9, Largeur de l’occipital (par. sup. RE RS Pl 61 — 63 63 
10. — — (par. inf.\ ER LEE 10 15 76 14 
11. Entre les apophyses mastoïdiennes. . .| 31 39 36 73 72 
42. Hauteur approxim. du crâne. . . . . .| 4 73 15 81 81 
43. Du trou aud. ext. au bregma. . . Nr 1 | 88 84 88. 
14, Du bord ant. du trou occip. à la rac. du nez.| 39 — — 80 80 
45, Du trou auditif à la racine du nez. . . .| 33 67 69 18 80. 
16, — — : ) au bond -alvéol.-sup, 7, 01069? +1,51 48 91 93 
AT. — — à l’épine nasale, . . . .| 34.5! 69 68 — 84 
18. — = au Menton. 104 NES 73 67 23 94 
19. Entre les arcades zygomatiques. . . . .| 38 72 14 90 92 
20. De la racine du nez au menton. . 26 69 71 — 92 
21. Largeur de la face (entre les angles inférieurs 
des os jugaux) . . TR ENS AR ON 56 62 63.5 
22. Circonférence horizontale du crâne. ss. UN 315 — | 340 360 
23. Ligne courbe antéro-postérieure. . . .| 80 163 — 195 — 
24. Hauteur du nez (racine-épine nas, ant. » | 16:5| 39 43 56 55 
25. Largeur de l'ouverture nasale. . . . . 8.5| 20 19 21.5 223 
26. Longueur des os prop. du nez. . . . .| 9 24 30 36 36.5 
21. Orbite, hauteur. . . SEA, n VE SAONE EN 25 26 31 33 
284 1e; langer" ta ft AUS TRS MES RER 26 31 
29, Distance interorbitaire. . . RU: 6 9 10 7 9,5 
30. — entre les angles du max. |infér, . 23.5| 39 41 66 61 
31. Hauteur du max. infér. à la symph. ment.| 1 21 26 30 31 
32, — de la branche mont, du max. infér. 9 23 26 40 45 
33. Entre l’ép. nas. ant. et le bord alv. sup. 9 1 — 12 12 
34. Longueur du palais, . . . d'VEPATS 38 31 47 47 
35. Largeur — FR CT 23 24 21 24 
36. Entre la racine du nez et le bord alv. Mie 608 44 D0 58 66 
37, Angle postér. du max. infér.. . . . ,| 130° | 1200 | 1300 | 120° | 130o 
INDICES OU RAPPORTS CENTÉSIMAUX 
DES DIFFÉRENTES MESURES. 
ORAN (d'après les mes. 4 et 4). .| 84.7 | 78.3 | 80.5 | 78.8 | 81.3 
— 2et: 4). | 85.5 10m 81.9 | 81.8 | 83.3 
Nasal. ( are 24 et 25). .| 51,5 | 51.3 | 44.2 | 38.3 | 40.9 
Orbitaire, ( — 28 et 21). .| 88.8 | 93 104 119 |106 
Palatin. ( — 34 et 35). .| 84.6 | 60.5 | 64.8 | 44.6 | 51 
De la haut. crân. ( — { et 12). | 11.8 065.8 FO en | 70.8 
Crânio-palatal  ( — Let 34). .| 24.7 | 34.2 | 32.7 | 39.3 | 38.2 
Orbito-interorbit. ( —— 28 et 29). .| 24 36 40 21 | 30 
' 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 77 


chez l’adulte [1590 : 1830). Le prognatisme augmente sensiblement 
avec l’âge (72 et 64). 


et relatives du crâne. 


GORILLES (suite). GIBBONS. 

RO CO OT PAP PET | ET 6 | 6 
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— |459 late | 186 | 196 | 263 || 61 | 825104 104 [102 | 118 
106 | 96 | 987 | 109 | 447.5) 127 || 4 | 57.5] 61 | 59 | 60.5) 69.5 
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355 | 362 | 360 | — | — | — |165 |200 [220 [ao | — | — 


1 8 102 — — 25 6 1 9 11 12 13 
60 63 11 70 70 — 21 30 #4 40 39 44 
35 32 31 39 43 — g' 13 20.5| 20 20 22 
46 51 57 52 76 — 9 ÿ 23 |21.5| 24 28 
= 14 16 = — — 2 55 == — = — 
5l 92 sy 60 68 105 16 24 — — 41 42 
26 24.5| 25 26 21 47 11 15 — 18 21 


83.5 | 13.9 | 73.1 | 80.1 | 83.9 | 70 81.5] 82.1| 76.2] 72.8] 18.5| 18.9 
86.8 | 80.6 | 83 91.5 | 91 10.9 || — Æ == re en 
40.5 | 40 34.3 | 31.6 | 33.3 | 38.2 || 40 45 52 D4 50 d3 
113 109 103 116 121 107 96.51100 80.714100 |102 94.4 
50.9 | 47.4 | 43.8 | 43.3 | 30.9 | 44.7 || 68.71 62.5 — . LA 50 

13.2 | 61.7 | 66.3 | 61 81.8| 78.3] 90.1! 84.7| 81 14.8 


4.4 | 40.9 | 43.8 | 4.7 | 48.58 | 51.9 || 30° | 34:81 —" | — | 53. 
23 |30 | 30 HP 0} eat lac lai Las Lao | 59 | 49 


78 J. DENIKER. 


II. — Colonne vertébrale et membres. 


La colonne vertébrale du fœtus de gorille se compose de 7 vertèbres 
cervicales, de 13 thoraciques ou dorsales, de 2 ou 4 lombaires, de 3 
ou 6 sacrées et de 4 ou 5 coccygiennes. Les variations dans les der- 
niers chiffres s'expliquent par ce fait que l’on peut compter les deux 
dernières vertèbres lombaires (pl. XXIV, fig. 13, a et b) comme 
vertèbres sacrées, parce qu'elles sont réunies aux os iliaques par 
leurs apophyses transverses ; on peut aussi ajouter à ces vertè- 
bres la première coccygienne (id. c), qui présente de très petites 
apophyses transverses interceptant avec le ligament coccygien 
un trou analogue aux trous intervertébraux du sacrum. Si l’on 
n’admet, parmi les vertèbres sacrées, que celles qui sont sou- 
dées au bassin par de larges apophyses (pleurapophyses), le fœtus 


de gorille a seulement 3 vertèbres sacrées formant le sacrum néces- 
saire de Broca (1), 4 lombaires {dont deux réunies au bassin) et 5 


coccygiennes (dont une réunie au bassin). D'ailleurs le nombre 
des vertèbres des diverses régions est à peu près le même chez tous 
les gorilles. Ge n’est que dans la région sacro-lombaire que l’on trouve 
quelques différences. Ainsi chez le jeune gorille du Muséum(n° 2 du 
tableau V) l’on voit seulement 3 vert. lombaires (dont une soudée au 
bassin) et 7 coccygiennes (dont une soudée au bassin). Chez 
le jeune gorille du Musée de Caen (ne 3) et chez celui du Musée 
du Havre, le nombre des vertèbres sacro-lombaires est le même que 
chez le fœtus ; mais les vertèbres coccygiennes sont au nombre de 
6 chez Le premier et de 4 chez le second ; dans les deux cas, il y en a 
une soudée au sacrum. 

Toutes les vertèbres sont encore à moitié cartilagineuses. Les 
cervicales (à part l’atlas et l’axis) ont trois points d’ossification : un 
pour le corps (pl. XXV, fig. 9, c) et deux pour les arcs neuraux 
{id fig. 10). Les premiers ne diminuent pas, comme chez l'homme, 


(1) P. Broca, Etude: sur la constitution des vertèbres caudales chez les primates 
sans queue (Mémoires d’'Anthropologie de P. Broca, t. IN,p.251. Paris, 1877). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 79 


dans les deux directions à partir de la 12° dorsale, mais sont égaux 
entre eux. Les deuxièmes forment les lames neurales, les apophyses 
articulaires et la partie postérieure de l’apophyse transverse ‘id. 
410). Les surfaces articulaires, les apophyses épineuses et la partie 
antérieure des ap. transverses (pleurapophyses) sont cartilagineuses. 
L’ossification des vertèbres cervicales est donc en retard par rapport 
à celle du fœtus humain, où les points d’ossification pour les pleura- 
pophyses apparaissent déjà au 4° mois. Les apophyses épineuses 
sont moins longues que chez l'animal adulte (pl. XXV, fig. 10). 
Elles ne forment que le quart de la longueur totale (antéro-posté- 
rieure) de la vertèbre, tandis que chez le jeune gorille elles cons- 
tituent le tiers, et chez l'adulte les 2/3 de cette longueur, d’après mes 
mesures prises sur 4 squelettes. 

L’atlas ne présente que deux points d’ossification, les points latéraux 
(pl. XXV, fig. 10, a),qui forment une partie des lames et des apophy- 
ses transverses, de même que la partie postéro-externe de l’apophyse 
articulaire supérieure ; la facette articulaire de ce dernief est donc 
mi-osseuse, mi-cartilagineuse (id. fig. 14, f). Une bandelette fibreuse 
s'étendant entre l’apophyse articulaire supérieure et l'extrémité de la 
lame/(fig. id. b) transforme en un onfice l’échancrure située en arrière 
de cette apophyse. On sait que chez les singes, et assez fréquem- 
ment chez l’homme, cette échancrure est transformée en un trou 
par un pont osseux jeté à l’endroit où se trouve la bandelette men- 
tionnée Une autre bandelette transforme en un trou la gouttière 
où passe l’apophyse odontoïde de l’axis (id. 0). L'arc antérieur est 
complètement cartilagineux ; son ossification doit avoir lieu après 
la naissance, car sur le squelette d’un très jeune gorille {ne 2) il n’a 
que 11 mm. de long. La soudure de toutes les pièces de l’atlas, qui 
s'opère chez l'homme dans le courant de la 2° ou de la 3° année, et 
même plus tard, se fait chez Le gorille après l’éruption de toutes les 
dents de lait. 

L'axis se distingue par ses lames très larges et très épaisses (pl. 


XX V, fig. 10, b). Son corps a deux points d'ossification (pl. XXV, 


80 J. DENIKER. 


fig. 9,0) ; le supérieur {pour l’apophyse odontoïde) est séparé de 
l'inférieur par une légère dépression de la substance cartilagineuse. 

Les vertèbres dorsales n’offrent rien de particulier ; leurs apophy- 
ses épineuses sont dirigées en bas et les lames sont d'autant moins 
complètement ossifiées que l’on s'approche de la région lombaire, 
fait qui est en accord avec le développement général de la colonne 
vertébrale. Ainsi, tandis que la lame de la première vertèbre dor- 
sale est presque complètement osseuse , celle de la VII. présente 
en état d’ossification à peine le tiers antéro-supérieur de sa surface. 

Les vertèbres lombaires ne présentent non plus rien de particulier, 
sauf le retard dans l’ossification de leurs apophyses épineuses et 
la coalescence des apophyses transverses de deux dernières 
de ces vertèbres avec le cartilage de l’iliaque (pl. XXIV, fig. 43, 
a, b). 

Les vertèbres sacrées se font remarquer par la largeur de leurs 
apophyses latérales. Le cartilage de ces apophyses dans la première 
vertèbre renferme de petits pointsd’ossification (id. d) de chaque côté: 
futures apophyses costiformes ou pleurapophyses. Chez l’homme, ces 
points paraissent plus tôt, à 6 mois d’après Quain (1), à 5 et même à 
4 mois d'après Rambaud et Renault (2). À 5 mois, d’après les mêmes 
auteurs, ces points sont visibles sur les trois vertèbres sacrées, et à 
7 mois, sur quatre vertèbres. Parcontre, les corps des vertèbres sacrées 
se développentplustardivementchez l’homme ; à 5 mois, le pointosseux 
du corps dela 4e vertèbre sacrée est à peine aussi gros que celui de la 
pleurapophyse. Les cartilages latéraux sont soudés entre eux et aux 
apophyses transverses de la première vertèbre coccygienne (pl. XXIV, 
fig. 13), qui se trouve en dehors de la limite inférieure de la face 
articulaire de l’iliaque. La largeur du sacrum semble diminuer avec 
l'âge chez le gorille ; elle est plus grande que la hauteur chez le 
fœtus, égale celle-là chez le très jeune gorille, est un peu moindre 


chez le jeune, et une fois et demie plus petite chez l'adulte (voy. le 


(4) Cité par KôzziKer, Embryologie, p. 422. 
(2) L. c. p. 18 et 19. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 81 


tableau VI). Il en est de même du coccyx ; il devient de plus en plus 
étroit à mesure que le gorille avance dans l’âge. | 

Les vertèbres coccygiennes sont plus larges que hautes (pl. XXIV, 
fig. 13). La première est réunie à la suivante par un ligament, La 
deuxième ne présente qu'un tout petit point d’ossification caché dans 
l'épaisseur du cartilage et que l’on ne voit pas apparaître au dehors 
(id.). Les deux vertèbres suivantes renferment des points osseux 
centraux bien visibles ; la dernière semble en être dépourvue. 
L'apparition précoce des points d’ossification dans les vertèbres 
coccygiennes est à noter ; ces points existent déjà dans toutes les 
vertèbres chez le fœtus de gorille de 5 ou 6 mois, tandis que chez le 
fœtus humain les premiers points n'apparaissent que quelques mois 
après la naissance, et les derniers à 16 ou 18 ans (1). 

La soudure du corps des vertèbres aux ares neuraux doit 
se faire chez le gorille à peu près vers l’époque de l'apparition 
des dents permanentes, car sur les squelettes n9 2et3 la suture 
neuro-centrale était encore parfaitement visible. Dans les apo- 
physes transverses du très jeune gorille (n° 2) l’on distingue 
encore deux points d’ossification non soudés (l’un pour l’apophyse 
transverse, l’autre pour la pleurapophyse), mais on ne les voit plus 
sur les mêmes parties du squelette de gorille un peu plus âgé 
(n° 3), où la suture neuro-centrale même est beaucoup moins facile 


à constater. Les apophyses épineuses s'ossifient également après 
l'éruption complète des dents de lait. 


Les côtes (fig. 11), au nombre de 13 (7 vraies, 2 dites fausses 
et 4 flottantes, comme presque chez tous les gorilles), présentent 
tous les caractères des côtes de l'animal adulte, sauf qu’elles ont 
une petite épiphyse cartilagineuse au niveau de leur jonction avec 
l’apophyse transverse de la vertèbre. La tête est ossifiée, et chaque 
côte présente déjà près de son angle une petite saillie osseuse. 
n’y a pas d’apophyse tuberculaire dans les trois dernières côtes. 

(1) Saprey, Anatomie, I, p. 293; Kôzuiker, Embryologie, p. 422; Rawpaun et 
RENAULT, p. 90, 95 et 96. 


ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 2e SÉRIE. — T. Ii Dis, suPPL, 1885. — 3e Mém. 6 


82 J. DENIKER. 


La 13° côte est distante à peine de 3-4 mm. du bord supérieur de 
l'iliaque ; avec l’âge cette distance diminue encore : dans le sque- 
lette no 3, la côte touche los iliaque, et dans un des squelettes de go- 
rille adulte du Muséum, cette côte est soudée à l'os des iles. 

Le sternum (fig. 11 ) est encore complètement cartilagineux et, à 
part le manubrium , ne présente aucun point d'ossification. Le 
manubrium est large, de forme hexagonale ; il semble faire un tout 
avec la première côte cartilagineuse, du moins je n’ai pu trouver 
de suture séparant ces deux cartilages. Le point d’ossification qui 
occupe le centre du manubrium cartilagineux a la forme d’un triangle 
aux angles très émoussés, large et haut de 6 mm. (id. m). Le corps 
du sternum est plus large en haut qu’en bas et s'articule avec les 
6 côtes aux points qui sont marqués par des sutures très fines. Ilne 
présente aucun point d'ossification, même dans son épaisseur. L’ap- 
pendice xiphoïde a la forme d’une languette bifide à l'extrémité ; il 
est contenu dans une sorte de gaine fibreuse ayant la forme de 
palette (fig. 11, p) et ressemblant à l’appendice xiphoïde du ster- 
num de lapin, 

J'ai observé la même forme (en palette) de xiphisternum sur le 
squelette de gorille adulte du musée de Nantes et sur deux autres 
squelettes rapportés du Gabon par M. Petit. Le sternum du fœtus 
est en général relativement plus large que chez l'adulte, 

Les points d’ossification du sternum chez l’homme varient à l’in- 
fini comme nombre et comme époque d'apparition. « On pourrait 
faire un atlas, disent Rambaud et Renault, avec toutes les variétés 
que nous avons rencontrées. » Mais le cas le plus fréquent est l’appa- 
rition d’un point pour le manubrium à cinq (1) ou six (2) mois, suivie 
bientôt par celle des quatre autres points pour le corps de l'os. Chez 
ie gorille, au contraire, le point du manubrium doit paraitre plus 
tôt, et les points pour le corps plus tard que chez l'homme. En effet, 


chez le fœtus de gorille, le point du manubrium est déjà large de 


(1) RampauD etREn., L. c., p. 70. 
(2) Kôzuxer, L. c., p. #26. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 33 


6 mm. à l’époque où aucun des points du corps n’est encore apparu, 
tandis que chez le fœtus humain de 5 à 6 mois le point du manu- 
brium égale ou est méme plus petit que ceux du corps. Ce déve- 
loppement précoce et exagéré du manubrium, que J'ai rencontré 
aussi chez le gibbon (voy. plus bas), est en rapport avec le dévelop- 
pement plus considérable de la ceinture scapulaire chez les an- 


thropoïdes. Il faut noter cependant que les cas du développement 


FiG, 11. -— Sternum et côtes du fœtus de F1G. 12, — Fémur, tibia et péroné du 
gorille, 2/3. fœtus de gibbon, gr. nat. 


tardif des points pour le corps sternal se rencontrent aussi par- 
fois chez l’homme (1). 

Quant au nombre des points, ilme semble être généralement de qua- 
tre pour le corps du sternum chez le gorille. Le squelette n° 2 ne 
présentait que trois points , mais une partie du sternum m'a paru 
y manquer ; à part cela, sur sept adultes, un seul présentait 
trois points. Comme chez l’homme, mais probablement plus 
fréquemment, les points d’ossification peuvent être doubles. 
Chez le très jeune gorille du Muséum (n° 2), ils sont simples; 


chez le jeune du musée de Caen (n° 3), les deux supérieurs sont 


(1) Voy. RamBauD et RENAULT, /. c., pl. XVI, fig. 7. 


84 J. DENIKER. 


doubles ; sur le jeune du musée du Havre, les trois supérieurs 
sont doubles; enfin chez l’adulte du musée de Nantes, le point 
supérieur présente deux encoches, en bas eten haut, qui indiquent 
sa séparation primitive en deux. Dans le squelette n° 3, le manu- 
brium, presque ossifié, présentait sur son bord inférieur deux enco- 
ches qui transformaient ce bord en une série de trois languettes, 
indiquant peut-être la formation de cette partie du sternum par 
trois points d’ossification. Les cas analogues doivent être rares; je 
n'ai vu rien de semblable chez aucun anthropoïde, et on n’en cite que 
peu d'exemples chez l’homme. 

Ilsemble, d’après ce qui vient d’être dit, que chez le gorille les points 
doubles apparaissent plutôt dans la partie supérieure du sternum, 
au contraire de ce qui se passe chez l’homme. Il suffit de feuilleter 
l'atlas de Rambaud et Renault ou de passer en revue une collection 
de squelettes de fœtus humains pour se convaincre du fait. 

Membre thoracique. — La clavicule (pl. XXV, fig. 17) est complète- 
ment ossifiée, à part l’épiphyse sternale qui s’ossifie, comme chez 
l’homme, après la naissance, probablement avant l'achèvement de la 
dentition de lait; je l'ai vue du moins encore cartilagineuse sur le 
squelette n° 2, et ossifiée, mais non soudée à l'os, dansle squelette no 3. 
Sa forme et ses dimensions relatives sont à peu près les mêmes que 
chez l'animal adulte. Sa croissance est à peu près aussi rapide 
que celle du radius (comparez les chiffres du tableau VI). Par ses 
dimensions absolues (26 mm.), elle se rapproche de la clavicule 
du fœtus humain de 4 mois. 

L'omoplate (pl. XXV, fig. 15) est ossifiée, à part l’apophyse 
coracoïde, la cavité glénoïde, l’acromion, le bord postérieur et 
l'angle inférieur. Toutes ces parties restent cartilagineuses et ne 
s’ossifieront qu'après la naissance. Le premier point qui apparaît 
est, comme chez l'homme, celui du coracoïde; je l'ai constaté 
sur le squelette n° 3, mais pas sur le n°2, et je rapporte en 
conséquence son apparition à l'époque de l’éruption des deuxièmes 


petites molaires ; chez l’homme, il apparaît dans le courant de la 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 85 


première année. Les autres points d’ossification doivent apparaître 
beaucoup plustard. Le cartilage du bord postérieur de l’omoplate 
semble s’ossifier plus rapidement que chez l’homme. 

C'est surtout la forme générale de l’omoplate qui est intéressante à 
considérer. On sait quil y a une grande différence d'aspect entre l’o- 
moplate de l’homme et celle de la plupart des mammifères. Cette dif- 
férence dépend principalement de l’attitude bipède ou quadrupède, et 
se manifeste par l'allongement de l'os, dans le sens de l’épine chez la 
plupart des mammifères. Le bord supérieur de l’omoplate humaine 
(que l’on peut appeler avec Flower le bord coracoïdien) est allongé 
énormément dans une omoplate de mammifère aux dépens du bord 
postérieur (vertébral) ou sous-scapulaire ; en même temps l’angle que 
fait l’épine avec le bord antérieur (ou glénoïdien) devient de plus en 
plus aiguet les fosses sus et sous-scapulaires, de plus en plus égales 
_en volume. L’omoplate des singes anthropoïdes occupe une place 
intermédiaire entre ces deux formes. On peut exprimer en chiffres 
les diverses formes de l’omoplate en comparant la longueur de cet os 
(prise de l'angle supérieur à l'angle inférieur) à sa largeur (prise 
entre le rebord de la cavité glénoïde et le point où une ligne pro- 
longeant l'épine rencontre le bord postérieur) ; le rapport 
centésimal de ces deux mesures (supposant la première = 100). 
est l’indice scapulaire de Broca M) ;à cet indice on peut joindre un 
autre, le sous-scapulaire, indiquant le rapport de la longueur du bord 
postérieur ou interne de la fosse sous-scapulaire (= 100) à la largeur 
de l’omoplate. 

Autant que je peux juger d’après mes mesures sur 7 fœtus humains 
âgés de 3 à 7 mois, l'indice scapulaire est plus grand chez le fœtus 
(de 62. 2 à 73. 7 ; moyenne 69. 2) que chez l’adulte [65 en moyenne 


dansla race blanche d’après Broca, 63. 1 d’après Livon (2) |. L'indice 


(1) Broca, Les indices de largeur de l'omoplate chez les mammifères et chez l'iomme. 
(Bulletin dela Soc. d’Anthrop. de Paris, t.[, 3e série, 1878.) 

(2) Livon, De l'omoplate et de ses indices de largeur dans les races humaines 
(thèse de doctorat en médecine), p, 29, Paris, 1879. 


86 J. DENIKER. 


sous-scapulaire suit la même marche: de 90 chez le fœtus, il 
descend à 87. 8 chez l'adulte. Chez le gorille, ce fait est encore 
mieux accentué: l'indice scapulaire est de 83.9 chez le fœtus, 
de 82.3 (en moyenne) chez le jeune, et de 70.4 (d’après Broca), 
chez l'adulte. Les chiffres correspondants pour l'indice sous- 
scapulaire sont : 169, 149. 5 et 126. 5. En somme, l'omoplate de 
gorille, comme celle de l’homme, se rapproche d'autant plus de 
l’omoplate typique des mammifères que l'individu est plus jeune. 

La diaphyse de l’humérus (pl. XXIV, fig. 9) est ossifiée pres- 
qu'en totalité (41 mm. sur #4) ; mais les épiphyses ne pré- 
sentent, même dans l’intérieur, aucune trace de noyau osseux. 
La diaphyse a la même forme que chez l'adulte, moins l’em- 
preinte des insertions musculaires. La grande tubérosité dépasse 
deux fois en volume la petite; la gouttière bicipitale est bien 
marquée , de même que le condyle, la trochlée et l’épitrochlée ; 
mais l’épicondyle est à peine indiqué. Il est cependant très déve- 
loppé chez le gorille adulte. La trochlée n’a pas cette forme conique 
que l’on remarque dans l’'humérus de l’homme; les deux moitiés qui 
la composent ont à peu près les mêmes dimensions, forment deux 
cônes se rencontrant par leurs sommets. La cavité coronoïde est à 
peine indiquée.La cavitéolécrânienne est peu profonde ; l'épaisseur du 
cartilage au niveau de cette cavité est à peine deux fois momdre que 
dans le reste de l’épiphyse, tandis que chez l'adulte cette épaisseur 
peutse réduire à 1/10 de l'épaisseur de l'os et même disparaitre com- 
plètement pour constituer la cavité olécränienne perforée. J'ai ren- 
contré cette perforation 3 fois sur 14 humérus de gorilles adultes (1) 
et 1 fois sur 4 humérus de gorilles jeunes examinés ; d’où il suit que 
la perforation n’est pas une condition primordiale et peut se 
développer avec l'âge, probablement en raison directe du 
développement exagéré de l'olécrâne. L’angle de forsion de l'humérus, 
“’est-àa-dire l'angle que formerait l'axe de la tête humérale, 


avec l'axe horizontal de l’épiphyse inférieure, n’a pu être déterminé 


(1) HarTMaNx (Der Gorilla, p. 136) a trouvé un seul humérus perforé sur 6 examinés, 


NC T AUS ‘EC Aa en LES LSUN NA ren Uà 


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RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 87 


qu'approximativement, vu les dimensions exiguës de l'os. Cet 
angle est d'environ 147° à l’humérus gauche, tandis que chez le 
gorille adulte il est de 143° du même côté (1). L’angle que fait 
l'axe de la tête avec celui du corps de l'os est le même que chez 
l'adulte (580) (2). 

L'épiphyse inférieure est presque aussi large que l’épiphyse supé- 
rieure, comme dans l’humérus de l'homme, tandis que chez le gorille 
adulte cette partie est une fois et demie plus large que l'extrémité 
supérieure de l’'humérus (3). Les trois trous nourriciers se trouvent 
sur la face antéro-mterne de l'os, à peu près à son milieu. 
Le plus inférieur est situé à 26 mm. du bord inférieur de l’hu- 
mérus, le plus supérieur à 23 mm. de son bord supérieur. L'axe 
de l'articulation brachiale fait un angle droit avec l’axe de l’hu- 
mérus ; cet angle est de 85° chez le gorille adulte ([Aeby}. 

L'ossification de l'humérus marche plus vite chez le gorille que 
chez l'homme. Sur une longueur totale de 54 mm., la partie ossifiée 
de l’humérus est de 41 mm., soit 76 pour cent ; tandis que chez le fœtus 
humain de 5 mois, sur une longueur totale de 40 à 45 mm., la par- 
tie ossifiée n’est que de 26 mm., soit 62 pour cent., d’après Rambaud 
et Renault. Ce n’est qu'à la naissance que la partie ossifiée de l'hu- 
mérus atteint chez l’homme la longueur relative qu'elle a chez le 
fœtus de gorille. L'ossification des épiphyses doit avoir lieu 
après l’éruption des premières dents de remplacement ; dans le 
squelette n° 3, les deux épiphyses sont encore cartilagineuses, mais 
les cartilages sont opaques et renferment probablement dans l'inté- 
rieur des noyaux osseux. 

Le radius (pl. XXIV, fig. 10) a la même forme que celui du gorille 
adulte, sauf l'absence d'empreintes musculaires ; la courbure géné- 


rale est aussi un peu moindre. La diaphyse est presque complète- 


(1) Voy. Broca, La torsion de l’humérus (Revue d’Anthropologie, t. IV, p. 519). 

(2) Voy. Cu. Aesv, Beiträge zur Osteologie des Gorilla (Morphol. Jahrbuch, t. IV, 
p. 296, 1878). " 

(3) R. Owen, Osteological contributions to the Natural History of the Anthropoïide 
Apes, t. VII (Transactions of the Zoological Society, t. IV, p. 4. Londres, 1866). 


88 J. DENIKER. 


ment ossifiée ; les épiphyses sont cartilagineuses et resteront telles 
jusqu'à l’apparition des dents permanentes. Comme pour l’humé- 
rus, la partie ossifiée du radius est plus considérable que chez 
le fœtus humain du même âge. 

Le cubitus (pl. XXIV, fig. 11) est un peu plus recourbé en avant 
dans sa partie supérieure que chez l'adulte; l’olécrâne est aussi moins 
haut. La diaphyse est presque complètement ossifiée ; cependant l’os- 
sification n’a pas encore envahi la région de l’olécrâne et l’apophyse 
coronoïde. Sur le squelette n° 2 la moitié, et sur le squelette n°3 
les 314 de l’apophyse coronoïde sont déjà ossifiés. En tout cas, 
l’ossification s’étend sur 83 pour cent de la longueur totale de l'os, 
tandis que chez Le fœtus humain de 4 à 5 mois elle ne s'étend que sur 
79 pour cent de cette longueur (d’après Ramb. et Ren.). 

La main (pl. XXIV, fig.12) ne diffère de celle du gorille adulte que 
par ses dimensions. Tous les os du carpe sont encore cartilagineux. 
Les métacarpiens (sauf le premier) ont leurs diaphyses ossifiées, 
excepté à l'extrémité proximale carpienne, où le cartilage persiste 
sur une longueur de 4 mm. environ; les épiphyses distales sont 
cartilagineuses. Dans toutes les phalanges et dans le premier 
métacarpien, la diaphyse n’est point ossifiée à son extrémité 
distale sur une étendue de 12 à 1 mm. , et les épiphyses 
proximales sont cartilagineuses. L’ossification des os du carpe 
et du métacarpe s'achève à l’époque de l'apparition des dents 
permanentes; du moins chez le jeune gorille n°3, tous les os du 
carpe, à part le pisiforme, et toutes les épiphyses des métacarpiens 
étaient déjà plus ou moins complètement ossifiés. Quant à la soudure 
des épiphyses aux diaphyses, elle doit avoir lieu très tardivement , 
en tout cas après l’éruption de toutes les molaires , car dans le sque- 
lette du mâle presque adulte du musée de Nantes, les épiphyses 
étaient encore distinctes et séparées des diaphyses. 

La forme des cartilages du carpe est plus arrondie, moins angu- 
leuse que chez l'adulte. Le scaphoïide (pl. XXIV, fig. 12, s) ne pré- 
sente qu'un tout petit tubercule en place de l’apophyse externe qui 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 89 


existe sur cet os chez l'adulte. Le pisiforme (id. p) est très allongé, 
digitiforme, comme chez le gorille adulte. Le trapèze (id. t) n'a 
encore aucun indice d’apophyse fourchue qu'il projette en dehors 
à l’état osseux. La facette par laquelle il s'articule avec le premier 
métacarpien est relativement plus petite que chez le gorille adulte ; 
par contre, celle qui s'articule avec le ®% métacarpien est plus 
étendue. Le grand os (id. g) a la forme typique, mais il est plus 
large que chez l'adulte, à son extrémité distale. L’unciforme (id. u) 
est très volumineux. Il n'existe point d'os central du carpe, mais 
le scaphoïde présente àla face dorsale un léger sillon qui pourrait 
indiquer la soudure de cet os avec le central. Les métacarpiens ont 
la forme de prismes à trois faces, plus larges à l'extrémité distale qu’à 
l'extrémité proximale ; leur face dorsale est presque plate, leur 
face latérale arrondie. Le premier métacarpien est plutôt 
cylindrique. Les premières phalanges de tous les doigts sont larges, 
aplaties dans le sens perpendiculaire à la paume de la main; 
légèrement convexes à leur face dorsale, concaves à leur face pal- 
maire, Mais pas encore creusées en gouttière profonde, comme 
c'est le cas chez les gorilles jeunes et adultes. Les autres phalanges 
sont moins courbes et moins excavées que chez le gorille adulte. 

Membre inférieur. — La ceinture pelvienne est représentée chez le 
fœtus de gorille par le bassin cartilagineux, ayant à peu près la 
même forme que celui du gorille adulte, et dans lequel setrouvent, de 
chaque côté, Les trois points d’ossification pour chacun des trois os 
qui composeront le futur os innominé ou coxal : l’ilion, l'ischion et le 
pubis (pl. XXIV, fig.13 et 14, à,is, p). Le premier a déjà presque atteint 
sa forme définitive ; le deuxième est moins avancé: il ne représente 
que le corps du futur ischion, la tubérosité et la plus grande 
partie de ia branche ascendante étant encore cartilagineuses ; le 
troisième est le plus petit de tous : il occupe à peine la place du corps 
du pubis. D’après le degré de développement deces trois points, 
on peut conclure qu'ils font leur apparition dans le même ordre que 


chez l’homme et que le point pubien existe à peine depuis un mois. 


90 J. DENIKER. 


La soudure de ces trois points s'opère de meilleure heure que chez 
l'homme. La branche descendante du pubis se soude à la branche 
montante de l’ischion en premier lieu, comme chez l’homme ; mais 
tandis que chez ce dernier la soudure n'a lieu que de 12 à 14 ans 
d’après Sappey, ou de 7 à 8 ans d’après Kolliker, chez le gorille elle 
s'opère au moment de l’éruption des premières molaires de lait. Le 
squelette n°2 présente à peine la trace d’une suture entre les deux 
os en cet endroit, etencore d’un seul côté. A l’époque où la den- 
tition de lait est complète et les dents de remplacement vont bientôt 
percer (no 3), les trois os ne sont séparés dans la cavité cotyloïde 
que par une très mince couche de cartilage. Chez l'homme, la 
soudure des trois os n’a lieu, comme on le sait, qu'à 15 ou 
18 ans. 

Le bord iliaque, la tubérosité ischiatique et le rebord de la 
branche ischio-pubienne sont cartilagineux (pl. XXIV, fig. 43 et 14). 
Ils s’ossifient complètement après la réunion des trois os, la tubé- 
rosité ischiatique la première, le bord ïiliaque le dernier. 
Le pourtour de la cavité cotyloïde est formé par un bord fibreux 
qui se prolonge sous forme de membrane dans son intérieur. 

Le point d’ossification de la diaphyse du fémur (pl. XXIV, fig. 15) 
s'étend sur 34 mm. ;iln'a pas encore envahi le col et reste à un 
demi-millimèêtre au-dessus de la poulie fémorale ; une partie du 
petit trochanter s’est aussi formée aux dépens de ce point d’ossifi- 
cation. Les deux épiphyses sont cartilagineuses; même sur des 
coupes examinées au microscope, on ny découvre aucune trace 
de noyau osseux. Par sa forme le fémur diffère peu de celui de l’ani- 
mal adulte. Son corps est plus recourbé en avant et plus court ; …1l 


présente un {trou nourricier dirigé de haut en bas, sur sa face pos- 
térieure , à 47 mm. de l’eXtrémité supérieure de l’os, et un autre, 


dirigé de bas en haut, sur sa face interne, à 19 mm. de l’extrémité 
inférieure de l'os. Sur le gorille adulte, Owen (1) signale un seul 


trou nourricier dirigé de bas en haut, au milieu de la surface pos- 


(1) Anatomy of Vertebrates, p. 349. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 91 


térieure de l'os. La tête du fémur est hémisphérique (7 mm. de 
diam.. Elle est tournée en avant et en dehors aussi fortement que 
chez l’homme : l'angle que forme son axe avec l'axe des condyles 
est de 145°. Chez les gorilles adultes, Hartmann avait trouvé la 
même disposition, tandis que Lucae et Aeby admettent que les axes 
de la tête et des condyles se trouvent dans le même plan. Le col du 
fémur est court ; le grand trochanter dépasse un peu la tête ; le 
petit trochanter, assez volumineux, se trouve reporté en arrière. 
Le condyle interne, plus gros que l’externe, est situé plus haut 
que ce dernier, comme chez les gorilles adultes, d’après Huxley et 
Hartmann. 

L'ossification est plus avancée que chez le fœtus humain de 5 à 6 
mois : le point diaphysaire occupe 77 pour cent de la longueur totale 
de l'os, tandis qu’il n’en forme que 75 pour cent chez le fœtus hu- 
main âgé de 7 mois. 

Le tibia (pl. XXIV, fig. 16) présente une diaphyse ossifiée sur une 
longueur de 29 mm. et deux épiphyses cartilagineuses. Par sa forme 
générale il se rapproche du tibia de gorille adulte, seulement il est 
plus court et sa tête est plus étendue transversalement. Le corps 
de l'os présente la même torsion que l’on remarque sur le tibia de 
l’homme ; seulement cette torsion se fait un peu au-dessous du tiers 
supérieur du tibia, comme chez le gorille adulte, et non pas vers le 
tiers inférieur, comme chez l’homme. À ce niveau on voit le trou 
nourricier à 43 mm. au-dessous de l'extrémité supérieure de 
l'os, comme chez le jeune gorille n° 3. Le tibia est platycnémique , 
c’est-à-dire aplati latéralement dans sa partie supérieure, située au- 
dessus du trou nourricier. L'indice de platycnémie , c’est-à-dire 
lerapport du diamètre transverse au diamètre antéro-postérieur 
(= 100), pris au niveau du trou, est de 62. 5 chez le fœtus, de 72.7 
chez les deux jeunes gorilles. D’après les mesures de Kuhff (1); 


cet indice varie chez l'homme de 63 à 80. L’ossification du tibia 


(1)Kumrr, De la platycnémie dans les races humaines. (Revue d’Anthrop. t. X, 
(2e série), p. 255, 1881.) 


92 J. DENIKER. | 

marche plus vite que chez le fœtus humain ; le point osseux est 
aussi grand (80 pour cent), relativement à la longueur de l'os, que 
chez le fœtus humain de 9 mois (79.5 pour cent). 

Le péroné (pl. XXIV, fig. 17) présente tous les caractères qu'il 
a chez l'adulte. La diaphyse est ossifiée sur une longueur de 
23 mm.; les épiphyses sont cartilagineuses. L'ossification est aussi 
avancée que chez le fœtus humain de 5 à 6 mois. 

La rotule (pl. XXIV, fig. 16, r) est un ménisque elliptique carti- 
lagineux, long de 6 mm., large de 4,5 mm., épais de 1.5 mm. 

Le pied osseux (pl. XXIV, fig. 18) présente la conformation géné- 
rale du pied de gorille, mais en diffère par les phalanges moins 
recourbées, par l'écartement moindre de l’orteil et par les dimen- 
sions relatives de ses différents segments. Les articles du farse 
sont cartilagineux, à part le calcanéum. Dans aucun d’eux, même 
dans l’astragale et dans le cuboïde, je n'ai pu découvrir, sur des 
coupes examinées au microscope, ni de noyaux osseux, ni de car- 
tilage strié de Ranvier. Le point osseux du calcanéum (id., €, et fig. 19) 
a la forme d’un cylindrelong de 6 mm. On sait que ce point apparait 
chez le fœtus humain vers le 5° ou le 6° mois, et celui de l’astragale 
vers le 7e ou le 9, Cependant à 5 moisle point du calcanéum n'a 
chez l'homme que 4 mm. de long et n’occupe que la partie supé- 
rieure du cartilage. Les diaphyses des métatarsiens et des pha- 
langes des orteils sont aussi avancées en ossification que les méta- 
carpiens et les phalanges des doigts. Leurs épiphyses sont cartila- 
gineuses. 

La forme du calcanéum (pl. XXIV, fig. 19) diffère de celle du même 
os chez l'adulte en ce que la courbure inférieure est moindre et que 
le talon ne proémine pas autant au delà du bord de l’astragale (pl. 
XXIV, fig. 18, a). Ce dernier présente tous les caractères quil aura 
chez l'adulte, sauf qu'il est moins large. Son axe forme avec celui du 
calcanéumun angle d’à peu près 20°, de beaucoup inférieur à ce- 
lui (420) que l’on trouve chez le gorille adulte. Sur la fig. 18, pl. 


XXIV, le calcanéum est écarté artificiellement et l’angle n’a plus sa 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 93 


valeur réelle. Le scaphoïde est aussi allongé transversalement que 
chez l'adulte. Le cuboïde est relativement plus long. La facette arti- 
culaire, métatarsienne, du premier cunéiforme (id. c') est un demi- 
cylindre dont l'axe est dirigé presque perpendiculairement à la face 
plantaire. Elle fait à peu près un angle de 45° avec le bord antérieur 
du cunéiforme ; ce bord la sépare de la facette qui se trouve plus en 
dehors et s'articule avec le deuxième métatarsien. La longueur de 
cé bord est moins de 12de mm., soit 15 de la largeur maxima du 
premier cunéiforme (2,5 mm.), tandis que chez l'adulte elle est de 
414 à peu près de cette largeur, d'après les dessins de Lucae. (1) Le 
premier métatarsien est un peu plus court que les autres, qui ont 
à peu près la forme et les dimensions des métacarpiens. Par contre, 
les phalanges, surtout les deux dernières (phalangines et phalan- 
gettes), sont beaucoup plus courtes par rapport à leurs homologues 
aux doigts; les diaphyses des deux dernières phalangettes sont 
remarquablement courtes. La longueur du premier métatarsien 
par rapport au second mérite une mention spéciale. M. H. Leboucq 
a démontré (2) que le premier métatarsien est une fois et demie plus 
court que le deuxième, chez le fœtus humain, et qu'avec le progrès 
de l’âge il devient de plus en plus long, de facon à égaler presque le 
deuxième métacarpien chez l'adulte. Chez le gorille, on remarque 
le même phénomène, seulement un peu atténué, comme onpeut s'en 


convaincre par le tableau suivant : 


PS UE CRETE SSP CU ONE D AR RE SE EE CE 


LONGUEUR EN MM. 


EE 


Rapport 
17 metat. 2° metat. 4 PRET. 
Gorilles. nb: 2 mt "1? : 2 
D (enelie) : 5: 77 50... 8,5 11,5 1,41 
RO), SU en à 5 22 28 1,27 
Jeune 7: PSC ETC PRE 21 35,0 1,32 
Adulte MR Sc a > 53 75 1,41 
3 Adultes mâles, moyenne. . . . . 62 85 | 1,31 


(4) Lccar, Die Hand und der Fuss. (4bh. d. Senkenberg. Gesellsch., t. VI. 
Francfort-s.-M. 1865, pl. XXVI, fig. 3). 

(2) H. Lepouco, Le développement du premier métatarsien et de son articulation 
larsienne chez l'homme (Annales de la Soc. de médecine de Gand, 1882). 


me : J. DENIKER. 


On voit que chez le fœtus le deuxième métacarpien est presque 
une fois et demie plus long que le premier, tandis que chez l'adulte 
il l’est seulement une fois et un tiers. Les chiffres que donnent 
M. Leboucq et Lucae pour les gorilles, confirment ce résultat. 

La colonne vertébrale du fœtus de gibbon comprend 7 vertèbres cer- 
vicales, 13 dorsales, 4 ou 5 lombaires, 2 ou 4 sacrées et 7 ou 8 cac- 
cygiennes (suivant que l’on considère ou non la dernière lombaire et 
la première coccygienne soudées au bassin comme des vertèbres 
sacrées). Chez les Hylob. agilis et I. lar adultes, J'ai toujours cons- 
taté 5 vertèbres lombaires (dont 2 soudées au bassin dans un 
cas), et 3 ou # sacrées. 

Les vertèbres cervicales (sauf l’atlas et l’'axis) présentent, outre les 
trois points d’ossification analogues à ceux de gorille, encore deux 
petits points (pl. XXV, fig. 12, c) surles branches antérieures des apo- 
physes transverses. L'axis possède aussi un point analogue mais en- 
core caché dans l'épaisseur du cartilage (id. b). L’atlas est muni d'un 


point d'ossification à son arc antérieur (id. a) ; ce dernier s’ossifie donc 
plus rapidement que chez l’homme, où il reste encore cartilagineux 


quelques mois après la naissance (1). Les vertèbres lombaires 
présentent les trois points d’ossification ; les lames de leurs apo- 
physes épineuses sont très larges. La dernière de ces vertèbres est 
soudée par ses apophyses transverses, cartilagineuses, à l'iliaque 
(pl. XXIV, fig. 24, b). Il n’y a que deux vertèbres sacrées vraies, 
c'est-à-dire ayant des pleurapophyses soudées au bassin (pl. XXIV, 
fig. 24) ; la troisième (id., c), quoique soudée à l’iliaque, n’a point 
de large pleurapophyse et doit être comptée parmi les vertèbres 
coccygiennes. Les pleurapophyses de la première vertèbre lom- 
baire contiennent dans l’épaisseur du cartilage un point osseux 
(pl. XXIV, fig. 24, d), tandis que chez le fœtus de gorille ce point 
apparait déjà à l'extérieur. Si ce n’est pas un cas individuel, il est 


probable que l’ossification de ces apophyses est plus précoce chez 


(1) Le point d'ossification de l'arc antérieur de l’enfant de 6 mois figuré par Rambaud 
et Renault (Z. €. pl. V, fig. 5) est plus petit relativement que celui du fœtus de gibbon. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES 95 


le gorille. Les vertèbres coccyaiennes (pl. XXVI, fig. 24) sont plus 
hautes que larges et n'ont pas d’apoph. transverses; toutes sont 
pourvues de points d’ossification très développés. Les côtes, au nom- 
bre de 13 (6 vraies, 2 dites fausses et 5 flottantes), sont ossifiées, à 
part leurs épiphyses. Chez tous les FH. agilis et les H. ar. j'ai pu 
compter 43 côtes, dont 2 ou 3 flottantes. Un H. leuciscus n'avait 
que 12 côtes, un autre au contraire en avait 15. Le sternum est formé 
de deux cartilages, dont on distingue à peine la suture (pl. XXWY, 
fig. 18) : un pour le manubrium, l'autre pour le corps et l’appendice 
æiphoide. Le premier est large, hexagonal, et présente au milieu 
un grand point d'ossification presque rond. Le second, en 
forme de planchette rectangulaire pour le corps, et de languette trian- 
gulaire échancrée en bas pour l'appendice xiphoïde, présente 
Apoints d’ossification. Trois de ces points sont ronds et situés dans la 
région du corps ; le supérieur d’entre eux est le plus petit, les deux 
autres sont d’égale grandeur ; le quatrième point, piriforme, se 
trouve dansla tige de l’apophyse xiphoïde. Ce n’est pas un point sup- 
plémentaire, mais évidemment un point refoulé plus loin que d’ordi- 
naire, car, dansles cas de l'existence de ce point chez l’homme, de 
même que dansle cas d’un jeune H. leuciscus que j'ai observé, le nom- 
bre totaldes points étaittoujours quatre.Quant aux points d’ossification 
du corps, il semble que leur croissance et leur soudure se fait de bas 
en haut (comme chez les gorilles), car d’une part le point supérieur 
est le plus petit chez le fœtus, et de l’autre chez les deux jeunes gib- 
bons (n° 2 et 3) toutes les pièc:s du corps de sternum étaient sou- 
dées, excepté la première avec la deuxième. Le sternum cartila- 
gineux du fœtus est, dans son ensemble, presque aussi large que 
celui du fœtus de gorille ; il semble devenir, au contraire de ce que 
lon voit chez le gorille, de plus en plus large avec l’âge ; la 
jérgeur par rapport à la longueur (= 100) s'exprime par le chiffre 50 
chez Le fœtus, par 60 chez l'adulte. 

Ceinture scapulaire et membre supérieur. — La clavicule, très 


longue et forte, est ossifiée complètement, sauf l’épiphyse sternale. 


96 J, DENIKER. 


L'omoplate (pl. XXV, fig. 16) est plus avancée en ossification que 
celle du fœtus de gorille. Les cartilages de l’apophyse coracoïde, de 
l'acromion, de la cavité glénoïde, de l’angle et du bord spinal, sont 
beaucoup plus réduits, surtout Le dernier, qui n'existe presque plus 
vers la partie supérieure du bord. 

La forme de l’omoplate diffère de celle des gibbons adultes et se 
rapproche plus de celle du gorille et del’'homme. En effet, l’omoplate 
est plus large, son bord vertébral plus long, et son épine moins incli- 
née vers ce bord que chez l'adulte. La fosse sous-épineuse est aussi 
relativement plus grande. D'ailleurs les chiffres suivants confirment 
cette conclusion, qui s'impose déjà d’après le simple examen de l'os. 
L'indice scapulaire est plus grand chez le fœtus (102) que chez les 
adultes (96-97, en moyenne, d’après Broca et d’après mes obser- 
vations) ; l'indice sous-scapulaire est plus petit (158) que chez les 
adultes (198). 

L'humérus (pl. XXIV, fig. 20) ressemble à celui de l’adulte ; 
cependant son extrémité inférieure est relativement plus large, son 
corps moins long et moins incurvé. L’ossification est plus avancée que 
chez le fœtus humain de 8à 9 mois; la diaphyse est ossifiée sur 
une longueur de 51 mm. Les épiphyses ne présentent pas traces de 
noyaux osseux. 


Le radius (pl. XXIV, fig. 22), cylindrique dans ses 2j3 supérieurs, 


est aplati et élargi en bas. Sur la partie ossifiée de son épiphyse, 


longue de 54 mm., on voit un tubercule (id. b), future tubérosité bici- 
pitale ; c’est la première saillie qui se montre sur les os longs du gib- 
bon. Les deux épiphyses sont cartilagineuses. Le cubitus (pl. XXIV, 
fig. 21) est un peu plus incurvé en avant dans sa partie supérieure 
que chez l'adulte. L'ossification a envahi 55 mm. de la diaphyse, 
sans atteindre encore l’olécrâne : les épiphyses sont cartilagineuses. 
Le trou nourricier dirigé en bas est à 22 mm. du sommet de l'os. 
L’ossification du radius et du cubitus est plus avancée que chez 
le fœtus humain de 8 à 9 mois. 


Le squelette de la main de mon fœtus de gibbon a été étudié en 


né Mi L'été dt À 2 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 97 


détail par M. Retterer (1). Je ne vais donc que compléter cette des- 
cription faite d’après les coupes, par ce que J'ai pu constater en 
disséquant la pièce. Toutes les pièces du carpe sont encore cartilagi- 
neuses, comme l’a déjà démontré M. Retterer. Le scaphoïde (id. s) 
présente du côté externe un prolongement allant en haut, en 
avant et en dehors, et dont l’extrémité monte jusqu'au milieu du 
bord externe du trapèze. Dans la coupe donnée par Retterer, cette 
apophyse ne figure point, et l’espace de 3 mm. qui sépare le sca- 
phoïde du trapèze dans cet endroit est occupé par le tissu fibreux ; 
il est probable que la coupe ayant été faite plus près de la face 
dorsale que de la face palmaire, n'a pas intéressé ce prolongement. 
L'apophyse en question existe chez les gibbons adultes et remplace, 
pour ainsi dire, l'os sésamoïde externe qui fait pendant au pisiforme 
dans le carpe de l’orang (2), et l’apophyse crochue du trapèze de 
gorille. Le semi-lunaire est très étroit et comprimé latéralement. Le 
pyramidal ne justifie pas ici son nom, car il a La forme d’une pla- 
que triangulaire incurvée de facon à coiffer l’unciforme. Ces 
trois pièces du carpe présentent en haut de larges facettes articu- 
laires, qui, réunies, forment une surface elliptique très allongée et 
très fortement recourbée en haut, beaucoup plus fortement que chez 
l'homme et chez le fœtus de gorille. Le pisiforme (id. p}, assez 
grand, a la forme d'une pyramide aux bords émoussés. Le car- 
tilage de l'os central du carpe (id. c) n’est formé pour ainsi dire 
que par des facettes articulaires, et il est difficile de décrire sa 
forme ; il s’articule avec le trapézoïde, le grand os et le scaphoïde, 
et touche par ses bords le semi-lunaire et l’unciforme. Le trapèze 
présente une facette articulaire métacarpienne presque globu- 
leuse. Le grand os est singulièrement réduit, au contraire de ce que 
l'on voit chez le gorille. L’unciforme (id. u) est la plus grande pièce 


du carpe ; il est fortement recourbé vers l’axe de la main et s’ar- 


(4) RETTERER, Développement du squelette des extrémités et des productions cornées 
Chez les mammifères. (Thèse de doct. ès sciences) Paris, 1885, p. 22 et pl. I, fig. 2. 
(2) Voy. Lucae, L. €. pl. XXVIL, fig. 8, et pl. XX VII, fig. 7. 


ARCH, DE ZOOL, EXP. ET GÉN.— 2€ SÉRIE. — T. ait bis, supPL. 1885. — 3e Mém. 7 


98 J. DENIKER. 


ticule en haut avec le pyramidal et le semi-lunaire. Les meétacar. 
piens, à part le premier, présentent une diaphyse ossifiée (sauf sur 
une longueur de 1 mm. et demi à son extrémité proximale) et une 
épiphyse cartilagineuse à l'extrémité distale. Ils ont la même 
forme que chez le gibbon adulte. Les premières et les deuxièmes 
phalanges des quatre derniers doigts sont au contraire plus larges 
que chez l’adulte. Leurs diaphyses sont plus avancées en ossification ; 
il n’en reste qu’une bande de 412 mm. à l’état cartilagineux à leur 
extrémité distale. Le premier métacarpien et les phalanges du pouce 
sont beaucoup plus grêles et plus courts que ceux des autres doigts. 

La ceinture pelvienne et les membres inférieurs. — Le pelvis du 
fœtus de gibbon (pl. XXIV, fig. 24 et 25) présente ses trois points 
d’ossification un peu plus avancés dans leur développement que 
chez le gorille. Cela se remarque surtout sur l'ischion (id. as} et 
le pubis (id. p) ; leurs branches ascendantes et descendantes sont 
déjà indiquées. La cavité cotyloïde est légèrement ovalaire et 
très profonde ; ses lèvres sont assez larges. La forme du bassin 
est la même que chez le gibbon adulte ; cependant les ilions sont plus 
larges, moins pointus en haut, plus écartés, et les ischions moins 
déjetés en dehors ; en somme, le bassin est moins haut par rapport 
à sa largeur. 

La diaphyse du fémur (fig. 12, a) est ossifiée sur une longueur de 
47 mn. ; iln'en reste à l’état cartilagineux qu’un espace de 4 mm. 
en bas ; en haut l’ossification a atteint le col du fémur. Les deux 
épiphyses sont cartilagineuses, et même dans la tête du fémur on ne 
voit point de commencement d’ossification. La forme du fémur 
est la même que chez l'adulte : corps droit, long, cylindrique ; tête 
hémisphérique, grand trochanter dépassant à peine la tête ; condyle 
interne situé un peu plus bas que l’externe, de sorte que l’axe des 
condyles fait un angle de 3° à 4° avec l’axe de l'os. D'autre part, ce 
même axe des condyles forme un angle de 150 avec l’axe de la tête 
du fémur. Le trou nourricier, dirigé en bas, se trouve à 21 mm. de 


l'extrémité supérieure de l'os. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES 99 


Le tibia (fig. 12, b) et le péroné (fig. 12, c) ont leurs diaphyses 
presque complètement ossifiées et leurs deux épiphyses cartilagi- 
neuses. Leurforme ne diffère presque pas de ce qu’elleest chez l'adulte. 

La rotule (fig. 12) est un ménisque cartilagineux ovalaire, long de 
6 mm. et large de 5 mm. Le trou nourricier du tibia se trouve à 
14 mm. de l'extrémité supérieure de l'os ; il est dirigé en bas. Au 
niveau de ce trou, le tibia est aplati latéralement, de sorte qu'il est 
platycnémique ; l'indice de platycnémie est de 75. Le trou nour- 
ricier du péroné se trouve à 19 mm. de l'extrémité supérieure de l'os. 

L’ossification des trois os du membre inférieur est plus avancée que 
chez le fœtus humain de 8 à 9 mois, quoique pas dans la même 
mesure qu'au membre supérieur. 

Le pied (pl. XXIV, fig. 26) a été déjà étudié par M. Retterer au 
point de vue de son ossification. D’après ses recherches, dont je ne 
peux que confirmer les résultats, toutes les pièces du tarse sont 
pourvues d’un seul point d’ossification. C’est le deuxième cunéi- 
forme qui en possède le plus petit, et à l’état chondroïde (Broca) ou 
de cartilage strié (Ranvier) seulement. M. Retterer (1) a exa- 
miné le pied gauche ; sur le pied droit, outre le deuxième 
cunéiforme, le scaphoïde ne présentait non plus qu’un point 
à l'état chondroïde ou de cartilage strié, et les points ossi- 
fiés du troisième cunéiforme (id. c’) et de cuboïde (id, b) étaient 
encore cachés dans l'épaisseur du cartilage, tandis que, à 
l'astragale (id. a), au calcanéum (id, c) et au premier cunéiforme 
(id c”), ils apparaissent à l'extérieur. La marche de l’ossification, 
tout en étant plus précoce que chez l’homme, en diffère aussi 
par l’ordre d'apparition des points osseux. Chez l’homme, le pre- 
mier cunéiforme s’ossifie après quetous les autres os (exceptéle sca- 
phoïde) ont été déjà pourvus de points d’ossification, tandis que chez 
le gibbon il est ossifié dans sa plus grande partie avanttous lesautres 


os, excepté le calcanéum et l’astragale. Cette précocité du développe- 


(4) L. e. p. 93. 


100 J. DENIKER. 


ment doit être en rapport avec les dimensions beaucoup plus grandes 
et le rôle important que joue le premier cunéiforme s’articulant avec 
le grand orteil opposable chez le gibbon. Quant à la forme des diffé- 
rentes pièces du pied, je signalerai l'extrême développement de la 
tête de l’astragale, l'absence de l’apophyse interne au scaphoïde, 
qui chez l'A. leuciscus se porte en arrière jusqu’au milieu du cal- 
canéum, etc. Le reste est comme chez l'adulte; l'extrémité postérieure 
du calcanéum, le talon, est redressée en haut. La surface articulaire 
du 4er cunéiforme est très allongée transversalement ; c’est un demi- 
cylindre. Le grand orteil est relativement plus long que chez le 


gorille. 


III. — Dimensions du squelette. 


Plusieurs mesures de squelette ont été déjà analysées dans le cou- 
rant du chapitre. Quant aux proportions de ses diverses parties, je me 
contenterai de donner ici les tableaux des mesures (V et VI), et 
de dire quelques mots sur la longueur relative des membres, me 
réservant de traiter la question des proportions du corps et du sque- 
lette des singes en général dans un travail spécial. 

Chez le fœtus de gorille, le membre thoracique est plus court, par 
rapport à la colonne vertébrale, que chez l’adulte ; il augmente de 
ongueur jusqu’à la fin de la première dentition, puis il s'arrête 
dans son développement ou même diminue par rapport à la colonne 
vertébrale. Les segments de ce membre suivent à peu près la même 
marche : le rapport entre le radius et l’'humérus est presque le même 
chez le fœtus, le jeune et l'adulte. Le membre inférieur augmente 
un peu plus rapidement que le membre supérieur, comme le prouve 
le tableau ci-dessous où sont indiquées : dans la première colonne, la 
longueur du membre supérieur sans la main (humérus + radius) ; 
dans la deuxième, celle du membre inférieur, moinsle pied (fémur + 
tibia, ; dans les colonnes suivantes, les mêmes mesures rapportées 
à la longueur du membre chez le fœtus pris pour unité. Je n’ai réuni 


ici que des individus de même sexe. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES,. 104 


LONG. ABSOL. EN MM. | LONG. RELAT, 


Gorilles femelles H +R. |F. HT. | H +R. | F. HT. 
Fœtus (n° 1 du tab. V) de 6 mois. . 97.5 19 l 1 
Très jeune (n° 2) — . 212 174 2,41 2.2 
Jeune (n° 3) — . 309 255 3.16 3.22 
Adolescent (Musée Broca). . . . . 613 607 6.9 1.68 
Joue Muséum), 204% 26.4", .h 703 615 1.21 1519 

(Gibbons femelles. 
Hrage(l)felus.:. ju 01h à 121 102,5 1 1 
Hdencogents, jénneuil: à de  , 369 270 3.04 2.64 
HDouiis; tadulté, v.-Umes 4 ©. !L |. 454 346 3.15 3.41 
D ei | + 461 359 3.86 3.52 
el ue L. LI : 5 367 4.48 3.58 


Ce résultat concorde avec ce que l’on a observé dans le développe- 
ment des membres chez l’homme, et prouve tout à fait Le contraire de 


ce que l’on peut déduire des mesures sur le cadavre données plus haut. 


Chez le gibbon, les proportions sont à peu près les mêmes, sauf que 
l'avant-bras est plus long chez le fœtus et le jeune que chez l’a- 
dulte (sur les cadavres, les mesures donnent un résultat contraire), 
et que le membre supérieur grandit plus rapidement que le membre 
inférieur, autant que l’on peut juger én comparant les individus 
d'espèces différentes. 

Avant de terminer, 1l m'a semblé intéressant de comparer le déve- 
loppement relatif du radius chez l’homme et chez les anthropoïdes: 
M. Hamy avait démontré (1) que chez l’homme le radius était d’au- 
tant plus long par rapport à l’humérus (c’est-à-dire d'autant plus 
rapproché par ses dimensions du radius des singes anthropoïdes), 
que l’on remontait dans le développement embryonnaire. Mes 
mesures sur une dizaine de fœtus humains ont confirmé ces 
résultats (sauf une exception), et il me semble établi que chez 
l'homme le radius va en diminuant suivant l’âge, par rapport à la 
longueur de l’humérus. Chez le gorille, au contraire (tab. VI, dern. 


colonne), cet os semble avoir, à partir du 6 mois de la vie fœtale, 


(1) Hay, Recherches sur les proportions du bras et de l’avant-bras aux differents 
âges de lu vie (Revue d’Anthropoloyie, 1872). 


102 J. DENIKER. 


déjà à peu près la même dimension relative que chez l'adulte ; elle 


se maintient cependant un peu au-dessus de la moyenne des adultes. 


TagLEau V. — Mesures absolues du squelette en millimetres. 


GORILLES Q. 


1 2 3 k D 
MESURES = 
5 © £ 2 |2 
8 |) l'ANMEMMENEA 
Ë #1 
1. Taille (sq. monté). . . . .| — |412 1572 |1300| — 
2. Colonne vertébrale. . . . .1102 1195 |250 | 560 
3. De l’occip. au coccyx.. . .| — |214 |280 | — | — 
4. Long. de la 6° vert. cer. .| 12 28 371 100 
5. — de son ap. épin. . .| 3 9 12 66 
6. Sternum long. Se sp: 
xiphf) nt aiput ù 3 45 63 — |144 
71. Sternum, long. max. . « «| 40.5] 26.5] 36.5] — | 15 
8 —  — min. . ... l;14085 18 12 — | 4 
9. Cagethorac.diam.ant.-pos.| 38 94 |171 — | — 
10 — — transv. .| 50 | 98 125 | — | — 
11. Clavicule, long, . . . . . . 20 | 52 | 60 | 1401152 
12. Omoplate, hauteur.. . . .| 28 | 60 | 78 | 188 
13.1, : — largeur. . . . .| 23.5] 48 | 64 | 134) — 
14. Long. du bord sous-épin. de 
l'om;:,5: Later ah" dx 14 | 32 | 43 | 103) — 
45. Long. totale du memb. 
thoraex or t. d'atitoie 133 ra — — | — 
16. Id. moins la main. . . . . 92 a — — | — 
17. Long. de l’humérus. . . .| 5351112 1170 Mo 
18. — duradius. . . .. .| 44 |100 439 3031333 
49. — du cubitus. ... . . .| 43 ar: 1444 — |350 
QÙr 1. JEUX MUR F1 2 43 95 1113 210! — 
21. — du doigt médius. . .| 22 56 61 — | — 
29, :— ui pplee: 2.7 1) NOTES Det — | — 
23. — de l’annulaire. . . .| 20 = | 59 — | — 
24. Hauteur du pelvis. . . . . 39 91 [131 — 
25. Diam. bi-iliaque (entre les 
ép. il. ant.-sup.). .| 44 [101 1138 | 3351384 
26. Entre les crètes iliaques. .| 38 — [132 — 1303 
27. Ouverture du bassin se 
ant.-post.).. ..+ «| 18.5] 42 | 61 — |192 
28. Id. (diam. transv.). | | 44 29 49 — | — 
29. Entre les ischions. . . . .| 49 49 D3 — | — 
30. Sacrum, hauteur. . . . . . 12,5) 31 44 — |140 
81, : = Bree «à .| 14 31 41 —1 92 
32. Coceyx. hauteur. . . . . .| 10 31 34 — | 53 
dd. 5e M AMEPONT.+. tee 6 15 15 — | 29 
34. Longueur tot. du memb. 
ehdpaLt si AA SE 86 — _ 660! — 
35. Id. moins le pied. . . . . 82.5| — — |— | — 
36. Longueur du fémur.. . . .| 44 94 1135 341| — 
31. 2 SEC. 1 08 80 |115 2661297 
38. — du pied... .. :| 40.51104 |448 242| — 
39. — du 3e orteil...,. ,| 14 46 19 — | — 
40. — du 1er orteil. . .| 10 22 27 | — | — 
41. Du trochant. à l'artic., du 
AU RS MEN 0 — | — 137 SE D 
42. De l'artic. genou à la mal-, : 
LOI MNT. ti dt M —  |118 — | — 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 103 


TageAU VI. — Mesures des membres rapportées à lu colonne vertébrale ; 
rapport entre les divers segments des membres. 


COL. VERTÉB. — 100. 


= 3 
À Il 2 
T En LEE 
MESURES. “AE : RUE 1 < 
LH | = & y +s|x 
Le 2 FE 
Gorilles. 
1. Fœtus. . AU | Me 7-66 EN NT Le 82.2 
2. Très jeune (n° 2 du tab. eV). .| 109! 43.6! 89.2] 53.3] 122. 4| 89 
3. Jeune (n° 3). . réel LD AS 2 ERUE 41.2] 120.,5| 81.8 
4, Adolescent (n° 4). ; ls, ccAr490) "149 108-217 — = 82 
JAQUIte (Mascc-Braca)" : . . ? | 14117 34 a. — — 82.2 
6. — — tr RARE = — — 85.5 
; PO (CR PET. LL TAN SAT — — 2% 80 
8 — CE Brom} ., - 0,1, 104! 35 = —— — 81 
9, — — EN 4 | ATaR 80 — — _ 76.4 
10, — CMnséen) 10..00+4 1. .|:446! 30 101.41 49,5] 115 81.1 
Moyenne des 5 adultes . . . | 410! 32.9 — — 2e 81 
id. d'apres Broca. . . . | 115] 36 ee — 110 _ 
Gibbons. 
11. H. agilis (?) fœtus .. . . . .| 114! 60,3| 96.2] — 
12. H. agilis adulte. .: 159 e _ 
13. —  — En 149! #4 111 — 
M ben CE lon dns 
45. — leucogenis jeune. 439! 45.1] 100 — 
Moyenne des pie adultes d° ae 
Br0ea..:.."- . :1.472| 50 - — 


(4) H veut dire humérus; R, radius; F, fémur; T, tibia. 


Chez le gibbon, le rapport entre le radius et l’'humérus va décroissant 
avec l’âge, comme chez l'homme. Il serait intéressant d'examiner 
sous ce rapport les chimpanzés et les orangs. 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 


Les points d’ossification du crâne sont les mêmes chez l'hommeet 
chez les singes anthropoïdes; mais la rapidité de leur développement 
chez les singes diffère de ce que l’on voit chez l’homme suivant les 
régions. En général, la région frontale s’ossifie plus rapidement, tan- 
dis que les régions occipitale, mastoïdienne et pétreuse s’ossifient 
plus tardivement que chez l’homme. Ainsi les points d'ossification 
frontaux du fœtus de gorille âgé de 6 mois correspondent par leur 


développement à ceux du fœtus humain de 8 mois, tandis que les 


104 J, DENIKER. 


points de l’exoccipital, du rocher, du tympan et de l’ethmoïde corres- 
pondent à ceux du fœtus humain de 4 mois, etles points du basi-occi- 
pital et de la branche antérieure de la petite aile du sphénoïde, à ceux 
du fœtus de 3 mois. Chez le gibbon, répétition des mêmes faits. L’os- 
sification paraît se propager dans le crâne de dehors en dedans et 
d'avant en arrière. 

La formation du basi-occipital par deux points d’ossification qui 
se suivent sur la ligne médiane est plusfréquente chez les anthropoï- 
des que chez l’homme. 

Les sutures du crâne chez les anthropoïdes se ferment probablement 
dans le même ordre que chezl'homme, mais en général à un âge plus 
jeune. Il y a cependant quelques différences. La pièce naso-frontale 
du maxillaire supérieur se soude à la pièce jugale plus tard chez 
le gorille que chez l’homme ; il en est de même pour les deux bran- 
ches horizontales du maxillaire inférieur à la symphyse. La soudure 
du sphénoïde antérieur avec le sphénoïde postér. est plus tardive 
tandis que la soudure du corps du post-sphénoïde avec les grandes 
ailes est plus précoce que chez l’homme. 

La suture médio-frontale se ferme beaucoup plus tôt chez le 
gorille et le gibbon que chez l’homme; chez le chimpanzé, sa 
fermeture est plus tardive. Chez le gibbon, la suture occipito- 
mastoïdienne se ferme après toutes les autres. 

Chez le gorille l’intermaxillaire se soude au maxillaire seule- 
ment à la vieillesse , tandis que chez le chimpanzé cette soudure 
commence à la naissance, par en bas. Le gibbon occupe une place 
intermédiaire : la soudure a lieu chez lui vers l’époque de l’ap- 
parition des 2° et 3° grosses molaires. La soudure des os du nez 
entre eux a lieu , chez le gorille et le gibbon, après l'éruption de 
toutes les dents permanentes : elle se fait de haut en bas. Chez 
le chimpanzé , la soudure est beaucoup plus précoce. 

Avec les progrès de l’âge, chez les trois anthropoïdes , les os du 
nez s’allongent, s’aplatissent et s’enfoncent entre les maxillaires 


supérieurs ; l'ouverture nasale devient de plus en plus large. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 105 


Le nez Cartilagineux du gorille diffère de celui de l’homme par 
l'excès du développement du cartilage médianet de la partie externe 
du cartilage de l’aile du nez. 

Dans la majorité des cas, les intermaxillaires du gorille s'arrêtent 
au-dessous du bord inférieur des os nasaux ; rarement (3 fois sur 23) 
ils s'intercalent entre le nasal et le maxillaire supérieur. 

Les orbites, chez le gorille , sont primitivement basses et ovales ; 
au fur et à mesure que l’animal avance dans le développement , les 
orbites deviennent de plus en plus hautes et quadrangulaires. 
C'est l’angle supéro-interne qui se dessine le premier ; viennent 
ensuite l'angle inféro-interne, le supéro-externe, et enfin, quelque- 
fois, l’angle inféro-externe. 

L'espace interorbitaire devient de plus en plus étroit avec l’âge, 
à partir du milieu de la vie intra-utérine ; mais il y a là de nom- 
breuses exceptions. En général, à l’espace interorbitaire étroit cor- 
respondent les orbites hautes. 

Chez le gibbon, il est à considérer la part très large que prend 
dans la formation de la cavité orbitaire la petite aile du sphénoïde. 

Chez le gorille et le gibbon, l'angle de la mâchoire inférieure, 
formé par les branches verticale et horizontale, change avec l’âge, 
comme chez l’homme ; ilest d’autant plus ouvert que l'animal est 
plus jeune. La branche verticale du maxillaire augmente plus ra- 
pidement avec l’âge que l'horizontale. 

Les condyles des maxillaires inférieurs ont leur surface articu- 
laire sphérique chez le fœtus de gorille, légèrement ovalaire chez 
les jeunes, cilyndrique-transversale chez les gorilles adultes. 

La face postérieure (temporale) de l'os malaire est bombée 
chez le gibbon (comme chez les singes pithéciens), même à l'état 
fœtal ; tandis qu'elle est excavée, chez le gorille comme chez 
l’homme, à tout âge. Chez le chimpanzé, elle est bombée à la nais- 
sance, mais commence à sexcaver à partir de l’éruption des 


molaires de lait. 


Chez le gorille, le chimpanzé et probablement chez le gibbon, 


106 J. DENIKER. 


les fontanelles se ferment dans le même ordre que chez l’homme, 
sauf la fontanelle latérale postérieure, qui se ferme après l’oblité 
ration de toutes les autres. 

Le ptérion en H renversé est la règle chez les gorilles; cette 
disposition est due au développement excessif de l’apophyse frontale 
du temporal. Les os wormiens se rencontrent rarement chez le go- 
rille (4 fois sur 10). 

D'une facon générale, la brachycéphalie des jeunes anthropoïdes 
diminue avec l’âge. 

La croissance du crâne dans son ensemble se fait chez le gorille 
de la même facon que chez l’homme, depuis le milieu de la vie fœ- 
tale jusqu'à l'apparition des premières molaires de lait ; le crâne 
s'accroît avec la même rapidité dans tous les sens. Mais, à partir de 
cette époque, la croissance du crâne en avant eten haut se ralentit 
considérablement, tandis que la croissance en arrière et vers le bas 
dans la région postérieure se poursuit avec une rapidité excessive. 
Aussi le crâne se rétrécit-il en avant, surtout dans la région sphéno- 
temporale, et s’élargit considérablement en arrière et en bas, surtout 
dans la région occipito-mastoïdienne. 

Quant à la partie faciale du crâne, elle s’allonge beaucoup plus 
rapidement que le diamètre antéro-postérieur du crâne jusqu'à l’é- 
poque de l'apparition des premières dents définitives ; l’allongement 
du maxillaire, de l’intermaxillaire, du vomer et du palais (c'est-à-dire 
de l’ensemble qu'on appelle vulgairement le museau) est dirigé 
en bas, comme chez l'homme; mais, à partir de cette époque, le 
museau s’allonge horizontalement et même se relève un peu. Les 
ptérygoïdes, le palatin et les os propres du nez suivent ce mouvement 
et se portent en avant et en haut. En même lemps le clivius (basi- 
occipital + basi-post-sphénoïde) se porte en arrière et en haut. 
Il se produit de la sorte un mouvement de bascule autour du 
point V (voy la fig. 9) dans deux sens opposés ; autrement dit, l’angle 
formé par le bord postérieur du vomer et le clivius s’ouvre de plus 


en plus avec l’âge. Ce fait est corollaire de l’arrêt du développement 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 107 


dans le sens vertical et du développement excessif de la région 
mastoïdo-occipitale en arrière et de la région maxillaire en avant. 

L'apparition tardive des points d’ossification dans les régions oc- 
cipito-mastoïdienne, basi-occipitale et basi-sphénoïdale ; la soudure 
tardive de ces points entre eux ; la forme de l’occipital, etc., tous ces 
faits sont en parfait accord avec la loi générale de la croissance du 
crâne chez le gorille énoncée plus haut. 

Chez les gibbons, à partir du dernier mois dela vie intra-utérine, la 
croissance du crâne en arrière et en bas et celle des maxillaires en 
avant est un peu plus considérable relativement à la croissance du 
crâne en avant et en haut. 

Les points d’ossification du corps des vertèbres chez le fœtus de 
singes anthropoïides n'apparaissent pas dans le même ordre que 
chez l’homme : il semble qu'ils se forment presque simultanément 
dans toutes les régions de la colonne vertébrale. Les points d’ossi- 
fication pour les pleurapophyses des vertèbres cervicales et des ver- 
tbres sacrées apparaissent plus tardivement que chez l’homme ; ce 
retard est surtout prononcé pour la région sacrée chez le gibbon. 

Par contre, l’ossification de l’atlas chez le gibbon et des vertèbres 
coccygiennes chez les deux anthropoides est plus hâtive que dans le 
genre Homo. 

Les apophyses épineuses des vertèbres cervicales sont plus courtes 
chez le fœtus et les jeunes gorilles que chez les gorilles adultes. 

Le sacrum est plus large et le coccyx plus allongé chez les fœtus et 
les jeunes des deux anthropoïdes que chez les individus adultes. 

Le sternum, chez les deux fœtus d'anthropoïdes, est plus large 
que chez l'adulte. L'ossification du manubrium est plus hâtive que 
chez l'homme. Les points d’ossification doubles se rencontrent plus 
fréquememnt dans le sternum des anthropoïdes (le gibbon excepté) 
que chez l’homme, et, au contraire de ce que l’on voit chez ce dernier, 
c’est dans la partie supérieure qu'ils apparaissent de préférence. Chez 
le gibbon, le xiphisternum s’ossifie plus fréquemment et plus hâtive- 


ment que chez les autres singes anthropoïdes et que chez l'homme. 


108 J. DENIKER. 


Chez le gorille, la clavicule s'accroît avec l’âge dans la mêmes 
roportion que le radius. 

L'omoplate des gorilles et des gibbons se rapproche d'autant plus 
par sa forme de l'omoplate des autres mammifères que l’animal est 
plus jeune. Le même fait semble se produire chez l’homme. 

Les segments du membre supérieur, excepté le carpe, s’ossifient 
plus rapidement chez les anthropoïdes que chez l’homme. 

La longueur de ce membre est proportionnellement moindre chez 
les fœtus que chez les anthropoïdes jeunes et adultes. 

Les segments du membre inférieur s’ossifient plus rapidement 
chez les anthropoïdes que chez l’homme, moins rapidement cepen- 
dant que ceux du membre supérieur. 

Chez le gibbon, le premier cunéiforme s’ossifie beaucoup plus 
hâtivement que chez l'homme. 

La croissance du membre inférieur (sans le pied) est plus rapide 
que celle du membre supérieur (sans la main), chez le gorille ; le 


contraire a lieu chez le gibbon. 


IL. 


MUSCLES DES FŒTUS COMPARÉS A CEUX DES 
ANTHROPOIDES ADULTES. 


Le système musculaire des fœtus de gorille et de gibbon était 
déjà complètement formé et, sauf quelques détails, présentait les 


mêmes dispositions que chez les animaux adultes. | 
Cependant, comme ce système est sujet à de grandes variations 


chez les anthropoïdes, et comme on n'a disséqué qu'un nombre 
fort restreint de ces animaux, je décris en détail tous les muscles, . 
en signalant les particularités que j'ai trouvées soit chezles fœtus, soit | 
chez les jeunes (gorille, chimpanzé et gibbon) que j'ai disséqués 
parallèlement. J'ai toujours tâché, en réunissant mes propres obser-. 
vations à celles des auteurs qui m'ont précédé, de déduire, par la : 
méthode statistique, le type musculaire normal probable, du moins - 


pour le gorille et pour le chimpanzé. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 109 


I. — Muscles de la tête et de la face. 
La plupart des muscles de la face et de la tête sont bien distincts 
chez le fœtus de gorille. 

Le muscle frontal (pl. XX VI, fig. 1, f), assez mince, dépasse la limite 
entre l'os frontal et le pariétal du côté externe à peu près de 0, 5 cent.; 
ses fibres s’entre-croisent en bas avec celles du muscle orbiculaire et 
du pyramidal du nez. Il est relativement plus développé que chez le 
gorille adulte, chez lequel son bordsupérieur dépasse à peine, d’après 
Ehlers, la partie postérieure de l’arcade sourcilière. Le muscle 
occipital (pl. XXVI, fig. 1, oc) est un peu plus fort que le frontal 
(contrairement à ce que l’on observe chez l'adulte). Sa direction et 
ses rapports sont les mêmes que chez l’homme ; seulement la dis- 
tance entre les bords internes des deux occipitaux des côtés opposés 
n’est (en haut) que de 10 mm., c'est-à-dire deux fois et demie moin- 
dre que la largeur du muscle lui-même (25 mm.), tandis que chez 
l’homme cet intervalle est plus grand (60 à 70 mm). que la lar- 
geur de l’occipital même (50 à 60 mm.), L'aponérrose épicri- 
nienne ne présente rien de particulièr. 

Les trois muscles de l'oreille existent, mais sont très Imégalement 
développés. L'auriculaire supérieur (pl. XXV, fig. 1, as), très fort, 
présente à peu près les mêmes rapports que chez l’homme. L'au- 
riculaire antérieur (id. a) est très petit; la partie charnue est 
longue de 6 mm. et large de 2 mm. ; de son attache sur la conque, 
au-dessous du tragus, il se porte en haut eten avant, en décrivant 
une ligne courbe à concavité postérieure , et s’insère par quelques 
fibres isolées sur l'aponévrose du muscle temporal superficiel que 
je vais décrire plus bas. L’auriculaire postérieur (id. ap) est formé 
par un faisceau qui se bifurque vers la conque et qui s’insère posté- 
rieurement sur l’aponévrose du muscle occipital, immédiatement 
au-dessous des fibres charnues de ce dernier muscle ; il semble en 


former, pour ainsi dire, une dépendance. 


Chez le gorille adulte, le muscle auriculaire supérieur semble 


110 J. DENIKER. 


être plus petit( Ehlers, Hartmann, Macalister) (1), et l’auriculaire pos- 
térieur plus grand (Hartmann, Macalister) que chez le fœtus. Quant 
à l’auriculaire antérieur, il semble parfois manquer chez lanimal 
adulte. Hartmann et Macalister le signalent comme étant très peu 
développé, tandis que Ehlers n’a trouvé à sa place qu’une plaque 
de tissu conjonctif, dans laquelle on ne pouvait point constater 
de fibres musculaires, même au microscope. 

L'existence des muscles de l'oreille, parfaitement différenciés et assez 
forts, constatée ainsi sur les gorilles par Hartmann, Macalister, 
Ehlers et moi, et signaleé aussi pour le chimpanzé par Gratiolet et 
Alix. semble beaucoup infirmer l’assertion suivante que nous trou- 
vons dans le Mémoire de Bischoff (2). « Je n’ai pu trouver les muscles 
externes de l’oreille chez aucun anthropoïde. Je crois pouvoir dire 
positivement | qu'ils n’existaient pas chez mon jeune gorille qui avait 
les oreilles intactes. Même au microscope, je n’ai pu voir de fibres 
musculaires striées dans les endroits où devaient se trouver les 
muscles auriculaires. Peut-être se développent-ils plus tard, avec le 
progrès de l’âge. » Pour corroborer cette assertion, Bischoff invoque 
le témoignage de Tiedemann {de Philadelphie), qui prétend n'avoir 
jamais pu constater le mouvement d'oreilles chez les deux chimpanzés 
vivants qu’il avait très longtemps et soigneusement observés Ajoutons, 
à ce propos, que, d'après Darwin (3) et Hartmann (4), les anthropoï- 
des ne meuvent jamais leurs oreilles. 

Il faut rattacher aux muscles épicrâniens un muscle spécial que 
j'ai trouvé sur le fœtus de gorille ; il correspond au muscle temporal 
superficiel que l’on observe quelquefois chez l’homme (5). C'est une 
plaque de fibres charnues (pl. XXVI, fig. 1, t), large de plus d’un 
centimètre, située dans la région des tempes, entre l’auriculaire 
supérieur et Le frontal. Les fibres charnues se perdent en arrière 
dans l’aponévrose épicrânienne et viennent s’entre-croiser etse mêler 

(4) Macausrer, The muscular Anatomy of Gorilla (Proceedings of the R. frish 
Academy, 2e série, t. [ (science), p. 501. Dublin, 1870-74. — (2) L. ce. p. 6 et 7. — 


(3) Descendance de l’homme, p. 11. — (4) Die Menschenänhlichen Affen, p. 148. — 
(5) SaPpey, Anatomie, t. Il, p. 94. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 11 


en avant avec les fibres de la partie profonde du frontal et de l’or- 
biculaire. Ehlers ne signale aucun muscle analogue chez le gorille 
adulte, mais Bischoff décrit et figure (1) chez l’orang un muscle plat 
et mince allant de la région zygomatique au m. orbiculaire qui, selon 
lui,est une dépendance de l’aponévrose épicrânienne ou; une portion 
de l’auriculaire antérieur. À 

J'ai pu parfaitement voir et isoler le muscle sourcilier : il est 
beaucoup plus fort que celui d’un fœtus humain de 5 mois que j'ai 
disséqué parallèlement, et occupe les 213 internes de l’arcade sourei- 
lière ; il a 3 mm. de largeur sur 13 de longueur. Je tiens à signaler 
ce fait, car l'existence du muscle sourcilier chez le gorille était niée 
par Macalister et Ehlers. Il suffit cependant de jeter un coup d'œil 
sur la pl. XXII pour voir quelle saillie puissante détermine ce mus- 
cle dans la région sus-orbitaire chez le fœtus de gorille. Je noterai 
aussi que Darwin et Hartmann ont observé chez les gorilles le 
froncement des sourcils accompagné de l'apparition des rides carac- 
téristiques (2). 

L'orbiculaire des paupières ‘pl. XXVI, fig. 1, o) se divise, comme 
chez l’homme, en deux zones : la zone orbitaire, formée de fibres 
fortes et foncées, et la zone palpébrale, formée de fibres plus ténues 
et pâles. La partie externe de la zone orbitaire est plus large que la 
partie interne, comme chezle gorille adulte. En général,le muscle est 
bien circonscrit, mais du côté externe ses fibres s’entre-croisent avec 
les fibres du petit zygomatique en dehors, et avec celles du releveur 
superficiel de l'aile du nez en dedans. Le bord supérieur de l’orbi- 
culaire dépasse de 4 mm. le bord supérieur de l'orbite. 

Je n'ai pas réussi à isoler le muscle pyramidal du nez ; cepen- 
dant jai vu des fibres parallèles distinctes allant du frontal vers le 
dos du nez; les plus externes de ces fibres se confondaient avec 
celles de l’orbiculaire. Le pyramidal est décrit chez le gorille adulte 


. par Duvernoy et par Hartmann sous le nom de muscle du dos du nez. 


(4) L. €. p. 7, et pl. I, 10. — (2) Voyez HarrmaNN, Der Gorilla, pl. III, et DARWIN, 
L'expression des émotions, p. 154. 


412 J. DENIKER. ; 


Ehlers signale aussi des fibres musculaires auniveau de la racine du 
nez. Je n'ai pu non plus constater le dilatateur des aïles du nez, 
quoique ce muscle semble exister chez le gorille adulte (1). 

Les muscles releveurs de l'aile du nez et de la lèvre supérieure ont 
été décrits de facons très diverses par les auteurs; mais ces diver- 
gences tiennent plutôt à la nomenclature adoptée qu'à des différen- 
ces réelles. Sur mon fœtus de gorille , j'ai trouvé deux muscles : le 
releveur de l'aile du nez (pl. XXVI, fig. 1,n), qui correspond au 
releveur commun superficiel de l'aile du nez et de la lèvre supérieure 
de l'anatomie humaine , et le releveur commun de l’uile du nez et 
de la lèvre. supérieure (pl. XXVT , fig. 1, /), correspondant au rele- 
veur commun profond de l'aile du nez et de la lèvre supérieure 
de l’homme (releveur propre de la lèvre supérieure des anato- 
mistes allemands). Le premier muscle prend naissance à l’apo- 
physe montante du maxillaire supérieur , où il recouvre en partie 
le tendon de l’orbiculaire des paupières et se confond avec ses fi- 
bres ; il se porte ensuite en bas et en dehors et se perd dans la peau 
de la partie supérieure de l'aile du nez, ne donnant point de fibres 
pour la lèvre supérieure. Le deuxième muscle s’insère en dehors 
du précédent et plus profondément sur le maxillaire supérieur, 
entre le bord inférieur de l’orbite et le trou sous-orbitaire, sur une 
ligne horizontale de 4 mm. de long. A partir de cette insertion, les 
fibres vont en s’irradiant en bas pour se terminer dans la peau de la 
partie externe de l'aile du nez et de la lèvre supérieure (jusqu'à la 
commissure). M. Hartmann (2) décrit une disposition analogue chez 
le gorille adulte, seulement il appelle « releveur commun etc. » 
mon deuxième muscle, et dit que « le releveur propre » n'existe 
point. M. Ehlers (3) décrit à peu près les mêmes muscles, mais sous 
le nom de muscle quadrangulaire de lalèvre supérieure, d'après le sys- 
tème de Henle. On sait que cet anatomiste admet dans son muscle 
quadratus labii superioris trois faisceaux : 1° un faisceau externe 


(1) Voy. Ehlers, /. €. p. 26, et pl. L, fig. 2, N, musculus nazalis. — (2) L. c. p. 145. 
— (3) L.c. p. 23. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 113 


(peu distinct dans le cas de M. Ehlers), ordinairemeut décrit sous le 
nom de petit zygomatique ; 2° un faisceau moyen correspondant au 
releveur commun profond, et 3° un faisceau interne correspondant 
au releveur superficiel. Le caractère artificiel de ce système ressort 
bien de la description des muscles en question chez le gorille, faite 
par M. Ehlers ; il a bien observé sur son animal le releveur commun 
superficiel et l’a bien dessiné, mais comme ce muscle est divisé 
dans son cas en deux faisceaux, il compte son faisceau externe 
comme appartenant au carré de la lèvre supérieure etne donne 
aucun nom à son faisceau interne. Il me semble qu’au lieu de 
réunir en une seule masse les trois faisceaux mentionnés, il 
vaut mieux les décrire comme des muscles à part. Hartmann, 
Darwin, Duchesne de Boulogne et (Gamba admettent la sépa- 
ration de ces muscles. En somme, l’observation de M. Ehlers, 
traduite en termes que j'emploie dans mon exposition, se réduit à la 
constatation que le releveur de l’aile du nez est divisé, chez son ani- 
mal, en deux faisceaux, et que le petit zygomatique est en partie fu- 
sionné avec le releveur commun. Si je me suis arrêté un peu longue- 
ment sur ces muscles, c’est parce qu'ils contribuent beaucoup au 
jeu de la physionomie chez les singes. 

Les deux muscles zygomatiques sont bien distincts. Le grand 
zygomatique (PI. XXVI, fig. 1, gz) s’insère assez loin sur l'arcade 
zygomatique et se porte obliquement vers la commissure des lèvres, 
en s'élargissant beaucoup en bas, où ses fibres viennent s’entre-croiser 
avec le triangulaire des lèvres et le petit zygomatique. Ce dernier 
muscle (pl. XXVI, fig. 1, z) paraît n'être qu'une dépendance de l'or- 
biculaire des paupières ; très grêle (1 mm. de larg.), il se confond en 
bas avec les fibres du grand zygomatique et du releveur commun. 

La forme etl’état d'indépendance des muscles zygomatiques varient 
beaucoup chez les anthropoïdes.Chezle gorille, le grand zygomatique 
peut se diviser en deux faisceaux (Ehlers) ou, au contraire, devenir 
très étroit à son insertion labiale ; le petit zygomatique peut être 
réuni au grand (Macalister) ou au releveur commun (Ehlers). Chez 


ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 2 SÉRIE. — 7. 111 Ds, supp. 1885, 3e Mém. 8 


114 J. DENIKER. 


l'orang, il est très développé et remplace le grand zygomatique (Bis- 
choff). 

Le muscle temporal est encore très peu développé ; il n’occupe la 
partie inférieure du pariétal que sur une longueur de 16 mm. et sur 
une hauteur de 7 mm., ce qui fait moins d'un quart de la hauteur 
totale de cet os, tandis que chez le jeune gorille il occupe 
déjà plus d’un tiers de la hauteur totale et chez l’adulte, la hauteur 
entière du pariétal. La distance entre le sommet du muscle et la 
ligne sagittale du crâne est de 28 mm. chez le fœtus ; elle est 
de 54 mm. chez le jeune gorille. La distance entre les points culmi- 
nants des lignes temporales des deux côtés est presque égale à la 
largeur du crâne chez le fœtus ; elle est de 5 pour cent moindre 
chez le jeune (voy. tabl. IV). 

En somme , le muscle temporal ne s'accroît pas beaucoup en 
hauteur dans la première jeunesse ; ce n’est qu'à l’âge adulte qu'il 
commence son extension. 

Son accroissement en longueur est plus rapide ; ainsi sa longueur 
maxima chez le fœtus est de 23 mm., c’est-à-dire 43, 8 pour cent de 
la longueur totale du crâne , tandis que chez le jeune elle est 
de 70 mm., c’est-à-dire environ 56,9 pour cent de la longueur du 
crâne. L'épaisseur du muscle temporal chez le fœtus varie de 1 
à 2 mm. 

Le muscle triangulaire des lèvres (pl. XXVI, fig. 1, &{l) diffère un 
peu de celui de l’homme. $es fibres partent de la commissure des 
lèvres, en s'irradiant versle bord inférieur de la mâchoire inférieure ; 
mais, au lieu de s’insérer sur la ligne oblique externe de la mâchoire, 
comme c'estle cas chez l’homme , elles se portent plus loin et 
vont se perdre dans une aponévrose, probablement commune aux 
muscles des deux côtés. De cette facon, les deux triangulaires ne 
forment qu’une sorte de sangle du menton ou un muscle digastrique, 
dont l’aponévrose se trouve sur la ligne médiane et y recouvre l’inter- 
section des fibres du peaucier du cou. Quoique je n’aie pu suivre 


l’aponévrose jusqu'à la ligne médiane que d’un seul côté (l’autre 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 15 


étant endommagé), je pense néanmoins que la disposition doit être 
telle que je viens de La décrire, car Je ne vois pas où pourrait 
s'insérer autrement l’aponévrose en question. D'ailleurs une disposi- 
tion analogue se retrouve chez l’homme à titre d’anomaliemusculaire, 
constituant le muscle transverse du menton (4). M. Ehlers n’a pas ob- 
servé de sangle analogue sur son gorille, « fait, dit-il, qui, en l'absence 
de menton proémiaent, est d’une signification pour la physionomie ». 
Le muscle canin (pl. XXVI, fig. 2, cn) est très puissant et se com- 
pose de trois faisceaux : 1° le faisceau externe, correspondant au 
muscle canin de l’homme, prend son origine dans la fosse canine, à 
0,5 mm. à peu près au-dessous du trou sous-orbitaire et se porte 
droit en bas, pourse perdre dansles fibres de l’orbiculaire des lèvres, 
près de la commissure ; il est large en‘haut de 2 mm. et long de 9 mm. 
20 Le faisceau moyen s'attache au maxillaire supérieur, un peu 
au- dessous et en dedans du précédent ; il se porte en bas et un peu 
en arrière,et se réunit au faisceau externe dans sa moitié inférieure ; 
il est large de 1, 2mm. 3° Le faisceau interne est presque indépen- 
dant ; il s'insère encore plus bas et plus en dedans que le faisceau 
moyen, à 3-4 mm. à peine au-dessus du bord alvéolaire. Ce faisceau se 
porte enbas, en dehors etun peu en arrière, etse perd dans les fibres 
de l’orbiculaire des lèvres ; sa largeur est de 1 mm. 5, sa longueur 
6 mm. En somme, les trois faisceaux forment un muscle triangulaire, 
dont la base s’insère sur le maxillaire supérieur, suivant une ligne 
dirigée de haut en bas et de dehors en dedans, et dont le sommet se 
trouve au voisinage de la commissure des lèvres. Le muscle est re- 
couvert par les deux zygomatiques et par la partie externe du rele- 
veur commun (pl. XX VI, fig. 1). J’ai observé une disposition pres- 


que analogue chez le jeune gorille ; seulement il y avait quatre 


(4) Voyez BEaunis et Boucaarp. Eléments d’anatomie, Paris, 1880, 3e éd., p. 340. 
SapPEY, tout en décrivant le transverse du menton comme un muscle spécial, dit cepen- 
dant (Anatomie, Il, p. 154, et fig. 248) que souvent ses fibres ne sont que la continua- 
tion de celles du triangulaire des lèvres. M. Hamy a constaté un casintéressant de sangle 
du menton (Bull. Soc. Anth. 1870), et moi-même j’en ai observé un, en disséquant avec 
M. Chudzinski le cadavre de la Négresse surnommée Zoulou. 


116 J. DENIKER. 


faisceaux au lieu de trois, et c’est le faisceau externe qui semblait 
être divisé en deux. M. Ehlers ne décrit pas ces subdivisions du canin 
chez le gorille adulte, mais, d’après la figure qu'il en donne (1), on 
voit que le muscle est séparé en trois faisceaux. 

Au-dessous et en dedans de l'insertion du faisceau interne du canin 
se trouve, sur le maxillaire inférieur, la ligne d'attache, haute de 
3 mm., d'un muscle que l’on peut assimiler aux muscles myrtiforme 
et transverse du nez réunis (pl. XXVI, fig. 2, mt). De cette ligne, les 
fibres musculaires se dirigent en rayonnant vers l’aile du nez. Ce 
muscle est recouvert par les releveurs du nez et le releveur commun. 
M. Eblers n’en fait aucune mention chez son gorille. D’après Bischoff, 
le muscle « compressor nasi » manque chez l'orang. 

L'orbiculaire des lèvres (pl. XXVI, fig. 2, o) présente une bande 
musculaire relativement beaucoup plus étroite que chez l’homme ; il 
en est de même, d’ailleurs chez le gorille adulte, comme l’a déjà re- 
marqué Ehlers, et comme j'ai pu le constater moi-même. 

J'ai pu isoler la houppe du menton (pl. XXVI, fig. 2, h), dont la si- 
tuation est la même que chez l'homme ; mais je n’y ai pu distinguer, 
comme le fait Ehlers, deux parties : externe et interne. Je n’ai pas 
non plus vu sur le fœtus les muscles incisifs des auteurs allemands, 
que Bischoff et Ehlers décrivent chez les singes anthropoïdes ; ce- 
pendant, sur mon jeune gorille, j'ai pu constater quelques faisceaux 
représentant ces muscles ; ils s’étendaient entrela partie inférieure 
des ailes du nez et la partie moyenne et supérieure de l’orbiculaire 
des lèvres. 

Le muscle buccinateur (pl. XXVI, fig. 2, b), large en avant de 
16 mm., est semblable au buccinateur de l’homme. Il en est de même 
du muscle masséter (pl. XXVI, fig. 2, m), séparé du précédent par 
une boule graisseuse. Je n’y ai pas trouvé de faisceau supplémen- 
taire antérieur que décrit M. Ehlers chez le gorille adulte. 


Le carre du menton est décrit avec le muscle peaucier. 


(A) L. e. pl, L fig. 2. c. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 117 


Chez le fœtus de gibbon, les muscles de la face. quoique plus 
fusionnés que chez le gorille, sont néanmoins bien différenciés. 

L'occipital (pl. XXVI, fig. 3, oc) est très puissant. Il s’insère à la 
ligne courbe occipitale sur une étendue de 13 mm., à partir d’un 
point situé à 2, 5 mm. de la ligne médiane ; de là ses fibres se por- 
tent en haut et en avant et recouvrent tout l’occipital et les 3[4 du 
pariétal. Le muscle est très fasciculé ; sa largeur maxima est de 
22 mm. La distance entre les bords internes des deux muscles des 
côtés opposés est de 5 mm. à leur insertion, de 10 mm. au niveau 
du bord supérieur de l’occipital, et de 3 mm. seulement à l'endroit 
où se terminent, sur le pariétal, leurs fibres charnues. Le muscle 
frontal (pl. XXVI, fig. 3, f) se trouvait dans la région endommagée 
de la tête, et j'ai pu à peine suivre ses fibres charnues d’un seul 
côté ; elles disparaissent à peu près à 10 mm. du bord supérieur du 
frontal. La largeur du muscle au niveau des arcades sourcilières 
est de 17 mm. Les deux muscles des côtés opposés semblent se tou- 
cher par leurs bords internes, du moins en bas. 

Le groupe auriculaire est composé de deux muscles seulement : 
un antero-supérieur (pl. XXVI, fig. 3, as) et un postérieur (id. ap). 
Le premier, de forme triangulaire, s’insère d’une part à la partie 
antéro - supérieure du pavillon de l'oreille, et de l’autre à l’apo- 
névrose du temporal située immédiatement au-dessus de l’aponé- 
vrose épicränienne.Le second est double à gauche et simple à droite. 
Il s’insère au cartilage de la conque d’une part, et à l’aponévrose de 
la nuque de l’autre. Le muscle temporal superficiel manque. 

L'orbiculaire des paupières (pl. XXVI, fig. 3, o) est semblable à 
celui du gorille ; il entremêle ses fibres avec le petit zygomatique et 
le releveur commun superficiel. Le sourcilier est bien développé ; de 
forme triangulaire, il a 7 mm. de long sur 1 ou 2 mm. de large. 

J'ai constaté sur toute la longueur du dos du nez un muscle bien 
distinct (pl. XXVI, fig. 3, p), que l'on peut assimiler au pyramidal 
du nez. D'après Hartmann, ce muscle est très réduit chez le 


gibbon cendré. Je n’ai pas trouvé de dilatateur des ailes du nez, 


118 J. DENIKER. 


Par contre, j'ai pu constater la présence de deux releveurs communs 
de l'aile du nez et de la lèvresuperieure, un superficiel (pl. XXVI, fig.3,r) 
et un profond (pl. XXVII, fig. 1, rp). Le premier n’est qu’une dépen- 
dance de l’orbiculaire : les fibres les plus internes de ce dernier 
se portent de plus en plus en dedans, en bas, et se perdent dans 
l’orbiculaire des lèvres et dans la peau de l'aile du nez. Le second est 
un muscle indépendant et se trouve plus profondément, Il s’insère à 
2-3 mm. en dehors et au-dessous du bord inférieur de l'orbite , 
au-dessous du trou orbitaire, et se porte obliquement vers l'aile du 
nez. Ilest très grêle. 

Une disposition analogue à la précédente se retrouve dans les 
muscles zygomatiques. Le petit zygomatique (pl. XXVI, fig. 3, z) n’est 
qu'une dépendance de l’orbiculaire et repose sur l’aponévrose du 
peaucier qui recouvre complètement le grand zygomatique (id. zg). 
Ce dernier est formé de deux faisceaux : l’un d’eux s’insère sur 
l’aponévrose de l'auriculaire antéro-supérieur et sur l’apophyse fron- 
tale ou montante du malaire, et l’autre à l’apophyse zygomatique 
de ce dernier os. De ces deux insertions les faisceaux vont en con- 
vergeant pour se perdre dans les fibres de l’orbiculaire des lèvres. 
Hartmann a constaté (1) les deux zygomatiques, chez le gibbon cen- 
dré, de même que chez l’Innus sinicus et l’'Ateles. 

Le triangulaire des lèvres (pl. XXVI, fig. 3,v) ne forme pas de 
sangle et n’est qu'une dépendance de l’orbiculaire des lèvres; ce der- 
nier (id. L) est relativement plus épais que chez le fœtus de gorille. 

Le temporal (pl. XXVI, fig. 3, t) est peu développé ; il occupe en 
hauteur à peine la 10e partie de l'os pariétal (2). Sa longueur est de 
19 mm. et représente les 35 centièmes de la longueur totale du crâne. 

Le muscle canin (pl. XX VII, fig. 1, c) est excessivement grêle ; c'est 
un faisceau large de 1 mm. etlong de 4, qui s’insire d'une part au 
maxillaire supérieur, au-dessous du trou sous-orbitaire , et d'autre 


part va se perdre dans les fibres de l'orbiculaire des lèvres. 


(1) Die Menschenähnlichen Affen, p. 144. 
2) Voy la fig. 5, pl. XXV; l'insertion du temporal est indiquée par une ligne pointillée. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 119 


Le carré des lèvres ou du menton (pl. XXVII, fig. 1, a) n’est point 
réuni au peaucier ; ilest situé profondément et, parti de son insertion 
fixe sur la mâchoire inférieure, entre son bord inférieur et son bord 
alvéolaire, va se perdre dans l’orbiculaire des lèvres. Le muscle est 
très grêle : il a à peine 3 mm. de longueur sur 2,5 de largeur. 

Le masséter (pl. XXVII, fig. 1, ms) et le buccinateur (id. fig.1, b) 
ne présentent rien de particulier. Je n’ai trouvé ni le muscle myrti- 


forme, n1 le transverse du nez, ni les muscles incisifs. 


Il. — Muscles du cou et de la nuque. 


Le muscle peaucier du cou présente un grand développement chez 
le fœtus de gorille. En avant il est en rapport de continuité avec le 
carré des lèvres, et en arrière il est escorté d’un muscle accessoire. Le 
peaucier proprement dit (pl. XX V I, fig. 1, p) a la forme trapézoïde et 
occupe la moitié antérieure du cou, les joues etle menton. Il 
s'insère en bas à l’aponévrose du grand pectoral, au niveau du 
bord supérieur de la partie sterno-costale de ce muscle, et à 
l'aponévrose du deltoïde ; en dehors, à l’aponévrose du trapèze 
et du sterno-mastoïdien. De là ses fibres se portent : les plus 
internes verticalement en haut et en dedans, les plus externes en 
haut et en avant, et vont se perdre dans la peau recouvrant le men- 
ton et la partie inférieure de la joue. Les fibres les plus internes des 
muscles des deux côtés opposés s’entre-croisent en haut et en bas, 
en circonscrivant sur la ligne médiane du cou un espace fusiforme 
long de 21 mm., large de 2 mm., et non pas un espace triangulaire, 
comme c’est le cas le plus fréquent chez l’homme. 

L’entre-croisement des fibres recouvre complètement en bas l'ar- 
ticulation sterno-claviculaire, et dépasse à peine en haut la sym- 
physe mentonnière. Les fibres situées un peu en dehors des précé- 
dentes se portent directement en haut jusqu'à la lèvre inférieure 
et occupent, au-dessus de l’entre-croisement supérieur des fibres 
internes, la place du muscle carré des lèvres (voy. plus bas). Les 


fibres situées encore plus en dehors se portent obliquement en 


120 J. DENIKER. 


haut et en dedans, vers le bord inférieur du maxillaire, et, l'ayant 
dépassé, prennent une direction en avant et un peu en haut, 
passent sous le triangulaire des lèvres et aboutissent à la com- 
missure, où elles s'entre-croisent avec les fibres du grand zygo- 
matique. Le bord externe du muscle croise la mâchoire inférieure 
un peu en avant de son angle et se porte vers la commissure des 
lèvres ; un faisceau isolé s’en détache à cette hauteur, se dirige 
presque parallèlement à l’arcade zygomatique et se termine à 12 mm. 
de la commissure , sur l’aponévrose parotidienne. On pourrait 
considérer ce faisceau comme un rudiment du muscle risorius de 
Santorini. Du moins M. Chudzinski (1) assimile à ce muscle un fais- 
ceau analogue, mais plus isolé, qu'il a trouvé sur la tête d’un nègre. 

Le peaucier accessoire, que j'appellerais volontiers peaucier de la 
nuque (pl. XXVI, fig. 1, pa), s'étend sur les côtés de la nuque et em- 
piète sur la région parotidienne. ILa la forme d’un quadrilatère, dont 
les côtés antérieur et inférieur se rencontrent sous un angle très 
ouvert ; il se compose d’une série de faisceaux très minces, séparés 
par des intervalles plus ou moins larges. Le bord supérieur de ce 
muscle est situé immédiatement au-dessus du bord inférieur de 
l’auriculaire postérieur et se dirige d’abord de haut en bas et de 
dedans en dehors, puis en avant jusqu’à sa rencontre avec le bord 
antérieur. Les fibres situées au-dessous s’inclinent de plus en plus en 
bas, de sorte que le bord inférieur du muscle a une direction de bas 
en haut : à sa rencontre avec le bord antérieur, ce bord touche pres- 
que le muscle peaucier du cou. Le bord autérieur, formé par les extré- 
mités des fibres convergentes est dirigé obliquement en bas et en 
arrière, et le bord postérieur, comprenant les extrémités des fibres 
divergentes, présente une courbe à concavité antérieure. La distance 
entre les bords postérieurs des muscles des côtés opposés est de 27 
mm. en ligne droite. 

Comme je l’ai déjà dit, le muscle peaucier occupe sur le menton 


x 


la place du carré des lèvres. En le soulevant à cet endroit, j'a; 


(1) Caupzxski, Contribition à l'anatomie du Nègre (Revue d'Anthrop. 1874). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 121 


constaté la présence du vrai carré des lèvres (pl. XXVI, fig. 2, a), dont 
les fibres s’attachaient au bord inférieur de la mandibule, à 5 mm. 
de la symphyse, et se portaient en haut pour se perdre dans l’orbi- 
culaire des lèvres. On sait que la continuité des fibres du peaucier 
avec celles du carré du menton se rencontre fréquemment chez 
l’homme (1). Chez le gorille adulte, M. Ehlers décrit le carré du 
menton (2) comme étant composé de deux plans musculaires : un su- 
perficiel, « situé dans le prolongement du muscle peaucier », l’autre 
profond, situé au-dessous du précédent et sous le triangulaire des 
lèvres; ce dernier présente les mêmes rapports que mon muscle 
carré. Il est possible que le peaucier du cou se différencie davan- 
tage avec le progrès de l’âge et donne le plan superficiel du 

carré; cette supposition est en accord avec la théorie de Gegen- 
… baur, d’après laquelle tous les muscles de la face ne sont que des 
différentiations d’un peaucier primitif, commun pour le cou et pour la 
tête. Il faut peut-être aussi attribuer à cet état non différencié du 
peaucier, le fait que je n’ai pu trouver chez le fœtus qu’un faisceau 
rudimentaire du muscle risorius de Santorimi M. Ehlers décrit et 
figure (3) chez le gorille adulte un risorius, mais il ajoute que ce 
muscle se confond avec le triangulaire des lèvres dans sa partie 
inférieure. 

Le mauvais état de conservation ne m'a pas permis de cons- 
tater les dispositions du muscle peaucier chez le jeune gorille ; 
mais par contre j'ai pu me convaincre de l’absence complète du fais- 
ceau supplémentaire ou peaucier de la nuque que je viens de décrire 
chez le fœtus. Comme, d'autre part, je n’ai trouvé ce muscle 
mentionné dans ancun des auteurs qui se sont occupés de l'ana- 
tomie du gorille, je suis porté à croire que j'ai eu là une anomalie 
individuelle, anomalie qui se rencontre d’ailleurs assez souvent chez 
l’homme. Quant au rapprochement des bords internes des deux 

(1) Voy. Beaunis et Boucanrp, L. c., p. 251, et GEGENBAUR, Lehrubch der Anatomie 
des Menschen. Leipzig, 4883, p. 330. 


PB} Le. p. 95, pl. I. 
(SX L: ce. pl. I, fig. 1, r. 


122 J. DENIKER. 


peauciers et à l’entre-croisement de leurs fibres, il semble que cette 
disposition, qui se rencontre parfois aussi chez l’homme (1), est 
normale chez le gorille et le chimpanzé. Elle a été décrite par 
Duvernoy, Ehlers, Vrolik (2), etc.; moi-même je l’ai constatée chez 
le jeune gorille et chez deux Jeunes chimpanzés. 

Le sterno-mastoïidien se compose de deux muscles distincts : le 
sterno-mastoido-occipital ‘pl. XX VI, fig. 2, sm) et le clavio-mastoïdien 
(pl. XXVL, fig. 2, cm, et pl. XXVII, fig. 2, cm). Le premier s’insère, 
en bas, sur le manubrium du sternum, immédiatement au-dessus 
de la portion costale du pectoral, par un tendon aplati et un peu 
tordu en dedans ; en haut, à la région mastoïdienne du crâne et à 
la moitié externe de la ligne courbe occipitale ; ce muscle est très 
large (plus de 1 cent.) en haut et va s’effilant vers le bas. Le second 
a son insertion inférieure sur la portion interne de la clavicule, à 
3 mm. en dehors de son extrémité interne, etson insertion supérieure 
sur la région mastoïdienne du crâne. Ce muscle, fusiforme, très grêle 
(largeur maxima, 3 mm.), est recouvert dans ses 2j3 supérieurs par 
le sterno-mastoïdo-occipital. Il est traversé par le nerf spinal (pl. 
XXVII, fig. 2, 8). Entre l'insertion sternale des tendons des sterno- 
mastoïdo-occipitaux se trouve une boule graisseuse. La séparation 
du muscle sterno-mastoïdien en deux faisceaux, si fréquente chez 
les mammifères en général, se rencontre parfois chez l'homme (3), 
et semble être une disposition normale chez le gorille. Je l'ai consta- 
tée sur le jeune gorille, où les trajets, les rapports des muscles 
entre eux et avec le nerf spinal étaient absolument les mêmes 
que chez le fœtus. Macalister et Bischoff décrivent la même dispo- 
sition. Duvernoy décrit au contraire le sterno-cléido-mastoïdien 
comme un muscle unique, s’insérant en partie, comme dans mes 


observations, sur l’occiput. En admettant avec M. Krause (4) la 


(4) Beauxis et BoucHarn, L. c. p. 331 et fig. 34. 

(2) Vroux, Recherches d'anatomie comparée sur le chimpanxé. Amsterdam, 1841. 

(3) L. Tesrur, Les anomalies musculaires chez l'homme, expliquées par l'anatomie 
comparée, p. 213. Paris, 1884. 

(4) KrausE, Med. Centralblatt, 1816, n° 25. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 123 


division du sterno-mastoïdien typique de mammifère en quatre fais- 
ceaux, on doit considérer que le gorille en possède trois (sterno- 
mastoidien et sterno-occipital réunis, puis le cléido-mastoïdien). 

Le muscle sterno-hyoidien (pl. XX VI, fig 2, sh, etpl. XXVII, fig. 2,h) 
est plus large en haut qu’en bas. L'espace compris entre les bords 
internes des muscles opposés a la forme d’un triangle dont le som- 
met est dirigé en bas , tandis que chez l’homme c’est généralement 
le contraire qui a lieu ; cependant il y a des cas où le triangle a la 
même disposition (4). Il n'existe pas d’intersections aponévrotiques 
sur cemuscle. La disposition du sterno-thyroïdien (pl. XX VIT, fig. 2,() 
diffère également de ce que l’on observe ordinairement chez 
l'homme. Ce muscle s’insère en bas au manubrium , à un demi- 
millimètre en dehors du sterno-hyoïdien, et se porte ensuite en haut 
et en dehors vers la ligne oblique, très inclinée, du cartilage thyroïde, 
sans être nullement recouvert par le sterno-hyoïdien. En haut la 
distance entre les bords des deux muscles est de 4 mm. Ge large 
espace, qui n'existe pas chez l’homme et qui a été observé chez 
les gorilles adultes, est évidemment en connexion avec le développe- 
ment des sacs laryngiens(voy. ch. VI), et quoique ces sacs n'exis- 
tent pas encore chez le fœtus, l’espace intermusculaire où leurs bran- 
ches latérales supérieures vont passer leur est déjà réservé. Le mus- 
cle sterno-hyoïdien n'était point réuni au tyro-hyoïdien par son 
plan superficiel, comme c'était le cas chez le gorille de Duvernoy (2); il 
ne présentait pasnon plus d'intersections aponévrotiques.A ce propos, 
je remarquerai que sur les dessins très soignés de Duvernoy, de Vrolik 
et de M. Eudes-Deslongchamps (3), on ne trouve pas indiquées les in- 
tersections et il n’en est pas fait mention dans le texte correspondant; 
Bischoff n’en parle pas non plus. Il semble donc que chez le gorille 


et le chimpanzé ces intersections peuvent manquer souvent. Le 


(t) Tesrur, L. c. p. 241. 

(2) Troisième Mémoire sur les caractères anat., ete., p. 198. 

(3) Les dessins inédits de M. Eudes-Deslongehamps représentant toute la myologie 
duchimpanzé m'ont été obligeamment communiqués par M. Deslongehamps fils, professeur 
à la Faculté des sciences de Caen. 


424 J. DENIKER. 


muscle thyro-hyoïidien (pl. XX VIT, fig. 3, th) ne présente rien de 
particulier à noter , si ce n’est qu'il est formé par deux plans de 
fibres musculaires. 

L'omo-hyoidien (pl. XX VIT, fig. 2, entre h et ct) diffère beaucoup de 
celui de l’homme. D'abord ce n'est point un muscle digastrique, mais 
une bande musculaire s'étendant en droite ligne entre l’hyoïde 
etle bord supérieur de l’omoplate, et s’attachant à ces deux os par 
de longs tendons ; on n'y voit, même au microscope, aucune trace 
de tendon intermédiaire ou d'’intersection aponévrotique. Ensuite, 
son insertion scapulaire présente cette particularité qu’elle se fait 
très loin de l’échancrure coracoïdienne et à 2 mm. seulement de l'angle 
supérieur de l’omoplate, tout près de l'insertion de l’angulaire de 
l’omoplate. Chez le jeune gorille, ce muscle présente à peu près la 
même disposition ; malgré le soin minutieux apporté dans ma dis- 
section, faite sous l’eau, je n'ai pu y voir d'intersection aponé- 
vrotique, remplacant quelquefois le tendon intermédiaire de l’omo- 
hyoïdien chez l’homme. L'examen microscopique n'a pas donné 
meilleur résultat. Quant à l'insertion scapulaire, elle se trouvait 
encore plus près de l’angle de l’omoplate que chez le fœtus ; le ten- 
don de l’omo-hyoïdien touchait celui de l’angulaire de l’omoplate 
et lui était réuni par une expansion aponévrotique. Bischoff n’a 
pas trouvé d'intersection aponévrotique sur l'omo-hyoïdien du jeune 
gorille, et je n'en vois pas non plus sur le dessin de Duvernoy. 

Le muscle stylo-hyoidien (pl. XXVIT, fig. 2et3, s) présente les mêmes 
rapports que chez l’homme. Son insertion au cartilage stylien se 
trouve à 4 mm. en arrière de celle du muscle stylo-glosse (id. g). 
Chez le gorille adulte, d’après Duvernoy (1), ce muscle part d'un 
tendon commun avec le stylo-glosse ; chez le jeune, d’après le même 
auteur, les tendons en question sont encore séparés. Chez mon jeune 
gorille, les tendons ne sont réunis que tout près de l’apophyse styloïde, 


sur un espace à peine de 4 mm. Ges faits prouveraient qu'avec le pro- : 


(4) L. c. p. 185. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 125 


grès de l’âge les tendons des deux muscles mentionnés se rappro- 
chent ; et cela s'explique si l’onse rappellequ'ils continuent à croître, 
tandis que le cartilage stylo-hyoïdien s’atrophie de plus en plus. 

Le mylo-hyoïidien (pl. XXVII, fig. 2, m) est réuni à celui du côté 
opposé de facon à former une sangle, disposition très fréquente 
chez l’homme (1) et constatée sur un jeune gorille par Duvernoy. 

Les deux muscles genio-hyoïidiens (pl. XXVIL, fig. 3, y) accolés sur 
la ligne médiane sont un peu plus étroits vers la mandibule que vers 
l'os hyoïde, forme intermédiaire entre celle de l’homme (triangu- 
aire) et du gorille adulte (rubanée), qui s'explique par le peu de dé- 
veloppement en longueur de la mâchoire inférieure. Ce muscle se 
divise près de l’hyoïde en deux faisceaux, dont l’un s’insère en avant 
et l’autre en arrière de l'insertion du muscle hyo-glosse (id. hg) 
sur le corps de l’hyoïde. Duvernoy (2) décrit à peu près la même dis- 
position chez le gorille, et Testut (3) signale une disposition analo- 
gue chez l’homme. 

Les muscles génio-glosses (pl. XXIX, fig. 11, g'), très forts, sont 
séparés de 2 mm. à leur insertion maxillaire, mais se trouvent ac- 
colés vers leur insertion lignale ; leur longueur est de 47 mm. 

Le muscle cléido-omo-transversaire (Testut) ou acromio-tra- 
chélien (Cuvier et Meckel}), atlo-cléidoïdien (Gruber), clavio-tra- 
chélien (Duvernoy), omo-cervical (Bischoff), qui manque normale- 
ment chez l’homme, est bien développé chez le fœtus de gorille 
(pl. XXVI, fig. 2, ct, et pl. XXVII, fig. 2, ct). Il s'insère en haut 
au tubercule antérieur de l’atlas et se porte en bas, en 
dehors et un peu en arrière ; vers son tiers Imférieur, il se dé- 
double en deux faisceaux qui s’insèrent, l’un à la face antérieure, 
l’autre à la face postérieure du quart externe de la clavicule. Le 
faisceau postérieur est situé un peu plus en dehors que le faisceau 


antérieur. Ce muscle ala forme rubanée et présente des attaches 


(1) TEsTur, L. €. p. 284. 
(2) L. c. p. 181. 
LOL, €: p. 267. 


126 J. DENIKER. 


aponévrotiques très courtes. Sa longueur est de 21 mm., sa largeur de 
2,5 mm., et son épaisseur de 4. 5 mm. Dans son tiers supérieur, il 
est croisé par le sterno-mastoïdien ; en bas il est recouvert en partie 
par le trapèze. À peu près à son tiers inférieur, il est traversé par 
le nerf venant de la 4° branche antérieure du plexus cervical (pl. 
XX VII, fig. 2, 4) (la branche trapézienne du plexus cervical profond 
de l’anatomie humaine), qui innerve la face profonde du trapèze 
et envoie des filets au cléido-transversaire. Le muscle cléido-trans- 
versaire peut se scinder en deux en haut aussi bien qu’en bas. 
D’après un dessin et une observation inédits de M. Deslongchamps, 
ce muscle se divisait en haut, chez un chimpanzé, en deux branches, 
l’une se portant vers l’atlas, l’autre vers l’occiput. Cette dernière in- 
sertion est très importante à noter; en rapprochant de ce fait 
l'observation que j'ai faite sur Le gibbon (voy. plus bas\, où le même 
nerf envoyait des filets au cléido-transversaire et au cléido-occipital, 
on arrive à la conclusion que le muscle cléido-omo -transversaire 
doit être compris dans le même groupe musculaire où se trouve le 
sterno-cléido-occipito-mastoïdien. 

J'ai observé à peu près la même disposition du muscle cléido- 
transversaire chez le jeune gorille, seulement son insertion clavicu- 
laire se faisait plus près de l’acromion, sa division commencait à 
son quart inférieur, et le nerf de la quatrième paire passait entre les 
deux divisions du muscle, en leur envoyant quelques filets. Ce mus- 


cle ne parait jamais manquer aux anthropoïdes. 


Le muscle digastrique (pl. XXVIL, fig. 2, dd’, et fig. 3, d’) perfore le 
stylo-hyoïdien tout près de l'insertion de ce dernier à l’hyoïde ; on 
trouve en cet endroit une sorte de poulie, formée par une expansion 
aponévrotique dépendant de l’aponévrose des musclessus-hyoïdiens. 
De même que chez le gorille de Duvernoy, le tendon du ventre : 
antérieur (d) se prolonge sur le bord externe, et non, comme : 
chez l’homme, sur le bord interne du muscle. Les deux ventres : 
antérieurs ne sont pas accolés sur la ligne. médiane, comme cela 


semble étre le cas, d’après le dessin, chez le jeune gorille de. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 127 


Bischoff ; cette disposition est normale chez les cercopithèques (4). 

Le scalène antérieur (pl. XXVII, fig. 3, sa) s’insère en haut aux 
tubercules antérieurs de la 4°, 5cet 6e vertèbres cervicales, et se porte 
vers la première côte ; ses rapports avec le nerf phrénique et le plexus 
cervical sont les mêmes que chez l’homme. 

Le scalène postérieur (pl. XXVII, fig. 3, sp) se divise en deux fais- 
ceaux : l’un allant de l’axis et des cinq vertèbres cervicales sous-jacen- 
tes à la 2° côte, l’autre allant de la 7° cervicale à la première côte. 

La même disposition a été observée par moi sur le jeune gorille, 
seulement l'insertion cervicale n'allait pas si haut et s’arrétait à la 
3e vertèbre. Bischoff n’a pas trouvé de faisceau allant à la 2e côte 
et prétend qu'il manque à tous les singes (?). 

On sait que chez la plupart des mammifères les faisceaux du sca- 
lène postérieur vont jusqu’à la 6° et 7e côte ; chez l’homme, on a plu- 
sieurs observations de son insertion à la 2e, 3° et 4e côtes (2). 

Je n’ai pu trouver , ni sur le fœtus, ni sur le jeune, de muscle sca- 
lène intermédiaire. On ne pourrait assimiler à ce muscle le faisceau 
du scalène postérieur que J'ai trouvé sur mon fœtus, car ilne sépare 
pas l'artère sous-clavière du plexus brachial, mais se trouve enarrière 
de ce dernier. C’est encore un muscle de plus que l’on considérait 
comme spécial aux singes, et qui peut leur manquer parfois, aussi 


bien qu’il peut se rencontrer chez l’homme (3). 


Les muscles profonds du cou présentent quelques particularités. 
Le grand droit antérieur (fig. 13, gac) se sépare presque complète- 
ment en deux faisceaux. Le faisceau externe s’insère en bas, par des 
tendons grêles, aux apophyses transverses de la 5° et de la 6° vertè- 
bres cervicales, eten haut au basi-occipital ; il est nettement digas- 


trique (4) ; le faisceau interne s’insère en bas à la 5e cervicale, en 


{4} TESTUT, L. c. p. 274. 
À (2) Voy. Tesrur, L.c. p. 230, et CaupzNsxir, Contribution à l'étude des variations mus- 
culuires danslesraces humaines (Rev. d’Anthr. 2e série, t. V,1880, p. 296 et pl.I, fig. 2). 
(3) Tesrur, /. c. p. 233. 
(4) Une disposition analogue est signalée chez l’homme par Sappey (L. €., 
IL, p. 175). 


128 J. DENIKER. 


dedans du précédent, et se porte vers le basi-occipital en envoyant 
quelques fibres charnues anastomotiques au faisceau externe. D’a- 
près Duvernoy, le muscle gr. droit antér. est unique chez le gorille. 
Le muscle /ong du cou (fig. 13, l) est séparé en trois faisceaux, 
comme chez l’homme : le faisceau supérieur (id. s) va des apophyses 
transverses de la 3e et 4° cervicales (chez l’homme aussi de la 5°) 
au corps de l’atlas; le faisceau inférieur (id. i) va des corps de la 


2° et 3° vertèbres dorsales (chez l'homme aussi de la 1'e), à l’apophyse 


F1G. 13. — Muscles pro- 
fonds du cou du fetus 
de gorille; gr. nat. 


Fig. 14. — Foetus de gorille ; 
groupe des muscles fléchis- 
seurs des doigts ; gr. nat. 


transverse dela 6e cervicale (chez l’homme aussi de la 7°); le fais- 
ceau moyen (id. #) va des corps de la 6° et 7° cervicales et de la 4re 
2° dorsales (chez l'homme aussi de la 3°). et de l’apoph. transverse 
de la 5° cervicale au corps de la 2° et 3e cervicales. Chez le gorille de 
Duvernoy, ce muscles’étendait depuis les tubercules de l’atlas et les 
corps des 5 vertèbres suivantes jusqu'aux apophyses transverses 
de l’axis et des cinq vertèbres suivantes. Il n’y a donc rien de fixe 
dans les insertions de ce muscle, comme c’est d’ailleurs le cas chez 


l’homme, où il y a autant de variations que de sujets étudiés (1)... 


(A) TesTur, L. c. p. 325. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 129 


Les muscles de la nuque présentent aussi quelques particularités, 
Le grand complezus est pourvu, en dehors, d’un faisceau accessoire 
venant de la 4° et de la 5° vertèbres cervicales. Le petit complexus 
se porte beaucoup plus en dedans que chez l’homme, de sorte qu'il 
existe entre lui et le grand complexus un espace en forme de trian- 
gle, dont la base tournée en haut mesure de 6 à 7 mm. Le trans- 
versaire du cou est réuni au petit complexus, comme chez l’homme. 

Parmiles muscles postérieurs de latête, je signalerai le grand oblique, 
renforcé par un faisceau externe allant de l’apophyse transverse de 


l’atlas à la région mastoïdienne. 


Chez le fœus de gibbon, le muscle peaucrer (pl. XXVI, fig. 3, pc) 
s'étend sur toute la région du cou, sur les joues et la nuque. Les 
fibres les plus supérieures passent immédiatement au-dessous de 
l'oreille, puis se portent en avant et s'engagent sous le triangulaire 
et l’'orbiculaire des lèvres. pour s’entre-croiser sur le menton avec 
ceux du peaucier du côté opposé. A partir de la symphyse menton- 
nière, les bords internes des deux muscles vont en divergeant, comme 
chez l’homme, et la distance entre eux, au niveau de la clavicule, 
est déjà de 28 mm. En arrière, le muscle se divise en plusieurs fais- 
ceaux ; le faisceau supérieur va à un centimètre au delà du pavil- 
lon de l'oreille, tandis que les deux faisceaux suivants se portent 
jusqu’à la ligne médiane de la nuque, presque à la rencontre des 
faisceaux du côté opposé; les autres descendent vers l'épaule. 

Le muscle sterno-mastoïdien se divise, comme chez le fœtus de 
gorille, en deux faisceaux ou muscles distincts. lo Le sterno-mastoido- 
occipital (pl. XX VII, fig. 1, so) se subdivise en haut en deux faisceaux, 
dont l’un s’insère à la région mastoïdienne et l’autre au tiers externe 
de la ligne courbe occipitale ; il est triangulaire, large en haut. Au 
point de rencontre des deux tendons sternaux se trouve une boule 
graisseuse, comme chez le fœtus de gorille. 2° Le cléido-mastoidien est 
au contraire plus large en bas (9 mm.), à son insertion claviculaire, 
qu'en haut (4 mm ),àson insertion mastoidienne. Ce muscle n'est pas 


ARCH. DE ZOOL, EXP. ET GÉN. — 2 SÉRIE. — T, II bis. supp. 1885, 3e Mém. 9 


130 J. DENIKER. 


traversé par le nerf spinal ; il est innervé par les rameaux du nerf 
trapézien (dela 4e branche du plexus cervical), qui traverse le cléido- 
transversaire et se termine dans le trapèze. Bischoff décrit une dis- 
position à peu près analogue chez le gibbon cendré. 

Le sterno-hyoidien (pl. XXVIL fig. 1,°h) ressemble à celui du 
fœtus de gorille, sauf qu’il est réuni en bas à son congénère du côté 
opposé, comme chez le gorille adulte de Duvernoy ; il présente en 
outre, des deux côtés, une intersection aponévrotique à peu près au 
milieu de sa longueur, à 11 mm. au-dessous de son insertion à 
l'hyoïde. 

Le sterno-thyroïidien diffère un peu de celui du gorille : son inser- 
tion inférieure va plus loin, jusqu’à la deuxième pièce sternale ; et 
son insertion thyroïdienne se fait par deux faisceaux distincts, dont 
l’un s'attache au-dessous du thyro-hyoïdien et l’autre va plus haut, 
jusqu'à la partie supérieure et externe du cartilage thyroïde, près 
de la corne hyoïdienne. Ce muscle présente aussi des deux côtés 
une intersection aponévrotique dans son tiers inférieur, à À mm. 
au-dessus du bord supérieur du sternum. 

L'omo-hyoïdien ‘pl. XXVIL, fig. 1, o) est rubané, comme chez le 
gorille et chez le gibbon cendré, sans trace aucune de tendon inter- 
médiaire ou d'une intersection aponévrotique. Son insertion scapu- 
laire se fait sur le bord supérieur de l’omoplate, à 4 mm. de l'angle 
supérieur. Entre cette insertion et le tendon de l’angulaire de l’omo- 
plate, mais plus en dedans, se trouve l'insertion du faisceau du 
grand dentelé allant à la première côte. 

Ainsi, chez le gibbon comme chez le gorille etle chimpanzé, l’inter- 
section aponévrotique manque souvent au muscle omo-hyoïdien ; on 
pourrait donc admettre que ce dernier ne représente que le ventre 
postérieur du même muscle chez l'homme, homologue au 6° muscle 
interbranchial des poissons (1). D'ailleurs, chez l'homme, à l’état 


embryonnaire, le ventre antérieur est très court par rapport au 


(1) P. ALBRECHT, Deitrag zur Morphologie des M. omo-hyoides und der ventra- 
len inneren Interbranchialmusculatur in der Rethe- der Wirbelthiere. Kiel, 1876. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 131 


postérieur, et ne se développe qu'avec l’âge (4). Ces faits ne cadrent 
avec aucune des théories existantes sur le m. omo-hyoïdien. L’ab- 
sence de l'intersection chez les anthropoïdes peut servir d’argument 
en faveur de la théorie de Gegenbaur (2), qui rattache l'omo-hyoïdien 
au système du sterno-hyoïdien; tandis que l'insertion près de l'angle 
de l’omoplate et l’absence de faisceaux cléidoïdiens donnent un appui 
aux théories de Henle (3) d'Albrecht qui rattachent ce muscle, l’un au 
dentelé et au sterno-hyoïdien {en assimilant l'intersection aponévro- 
tique à une côte), l’autre au 6° muscle interbranchial (en assimi- 
lant l'intersection au 6e arc branchial). 

Le muscle digastrique (pl. XXVII, fig. 1, d) ne perfore pas le stylo- 
hyoïdien, contrairement à ce qui a étéobservé par Bischoff sur le gib- 
bon cendré ; son ventre antérieur n’est point accolé à celui du côté 
opposé, comme chez le fœtus de gorille, mais en est séparé en haut 
par un espace de 5 mm. 

Les muscles : stylo-hyoïidien (pl. XXVIT, fig. 4, s), thyro-hyoïdien, 
mylo-hyoidien (id. m) et génio-hyoïidien présentent les mêmes disposi- 
tions que chez le fœtus de gorille. Le premier de ces muscles se 
trouve un peu plus près du stylo-glosse, quoique toujours en arrière 
de lui sur le cartilage stylien très réduit. Le muscle gémo-glosse est 
très fort ; il a 3mm. et demi de largeur vers son insertion maxillaire. 
L'hyo-glosse s’insère sur le corps et les grandes cornes de l'hyoïde. 

Le muscle cléido-omo-transvérsaire (pl. XXVIL, fig. 1, ct) s'étend, 
comme dans le gibbon adulte de Bischoff, de l’apophyse transverse 
de l’atlas jusqu’au bord postérieur de l'extrémité acromiale de la 
clavicule, et même jusqu’à l'articulation clavio-acromiale. Il est tra- 
versé par le nerf trapézien (id. 4) qui lui envoie quelques filets. 

Le scalène antérieur est plus fort que chez le fœtus de gorille; il 


s’insère aux Cinq premières vertèbres cervicales et envoie un fais- 


(4) ALBRECHT, L. c. p. 96 sq. 

(2) Gecensaur, Ueber den Musc. omohyoides und seine Schlüsselbeinverbinduny. 
(Morph. Jahrb. t. 1, p. 254.) 

(3) Hewce, Handbuch der system. Anatomie des Menschen, 1.1, Abtb. 3, p- 123 
(26 éd.), 1871. 


132 J. DENIKER. 


ceau anastomotique au faisceau le plus externe du muscle grand 
droit antérieur du cou, qui est digastrique comme chez le fœtus de go- 
rille. Le scalène postérieur s'étend des apophyses transverses de 
l'axis et des 3 vertèbres suivantes à la première côte, comme dans 


le gibbon adulte. Il n'existe point de scalène intermédiaire. 


III. — Muscles du Tronc. 


Le grand pectoral du fœtus de gorille est formé de deux portions dis- 
tinctes, claviculaire et sterno-costale. séparées par un espace cellulo- 
graisseux large d'un millimètre. La portion sterno-costale se divise, 

à son tour, en une partie interne formée de faisceaux venant du ster- 
num, des 6°et 7° côtes et de l’aponévrose du grand oblique de 
l'abdomen ; et en une partie externe constituée par un seul fais- 
ceau venant de la 7e côte. Le bord sternal du muscle, long de 20 mm., 
n’est séparé de celui du côté opposé que par un espace large d'un 
millimètre. L’aponévrose de la portion sternale se dédouble au ni- 
veau de son bord supérieur et embrasse la portion claviculaire ; j'ai 
trouvé la même disposition chez le jeune gorille. Les fibres charnues 
de tous les faisceaux se réunissent en se contournant sur deux 
ou trois tendons distincts, homologues des lames du tendon chez 
l’homme. Le tendon de la portion claviculaire s’insère sur la lèvre 
externe de la coulisse bicipitale , plus en dehors et plus bas que 
celui de la portion sterno-costale ; il forme avec l’aponévrose du 
biceps une espèce d’arcade sous laquelle passe le tendon de la portion 
sternale. Le tendon du faisceau externe venant de la 7e côte reste 
séparé presque jusqu’à son insertion du côté gauche, et complète- 
ment séparé du côté droit ; son insertion se trouve en dedans, au- 
dessus et en arrière de l'insertion du tendon de la portion sterno- 
costale. 

Tel que je viens de le décrire, le muscle présente quelques diffé- 
rences avec le pectoral du gorille adulte , et notamment sur les 


points suivants : 4° Les tendons ne sont pas séparés chez l'adulte (Du- 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 133 


vernoy (1).2° Les insertions costales se fonttantôt plus haut (à la 6e côte 
chez le gorille de Duvernoy et chez mon jeune sujet), tantôt plus bas 
(à la 8° côte chez celui de Bischoff). En tout cas, l’insertion se trouve 
toujours un peu plus bas que chez l’homme, où elle ne descend, 
ordinairement que jusqu'à la cinquième côte. 4 Les dimensions 
de l’espace entre les portions claviculaire et sternale paraissent 
grandir suivant l’âge et être en rapport avec le développement des 
sacs laryngiens. Chez le fœtus , cet espace est à peine de 4 m. ; 
chez mon jeune gorille femelle, 1l est déjà de 5 mm. ; chez les 
adultes, l’écartement dépasse certainement 2 et 3 centimètres, à en 
juger d’après le fait que l’on y trouve logés des sacs laryngiens 
ayant 2 cm. de largeur suivant Ehlers et 3 cm. suivant Duvernoy. 
Ainsi donc cet espace est 5 fois plus grand chez le jeune et 30 à 
40 fois chez l'adulte, tandis que la taille des sujets correspondants 
n'est que 3 à 6 fois plus grande (60 et 120 cm.). Quant au faisceau ex- 
terne, supplémentaire, Duvernoy (2) cite une disposition analogue 
chez l'orang-outang : un faisceau séparé venant de la 8 et de la 9e 
côte, dont le tendon s’insère en dedans et au-dessus de la portion 
sternale, tout à fait comme dans mon cas. Chez le jeune gorille, j'ai 
trouvé un faisceau supplémentaire du grand pectoral qui s’insérait 
surle tendonet l’aponévrose de la courte portion du biceps. Hart- 
mann (3) cite un cas, chez le gorille, où ce faisceau se portait vers 
le grand trochanter. Toutes ces dispositions, que l’on a observées 
aussi chez l'homme, représentent les différents stades de réunion du 
pectoral avec les muscles du bras, si fréquente chez les mammi- 
fères en général. 

Le petit pectoral, recouvert complètement par le grand, s'insère 
à la 3°, 4e et 5° côtes par des faisceaux distincts qui se portent sur un 
tendon commun attaché au sommet de l’apophyse coracoïde. La 


même disposition avait été trouvée sur des gorilles jeunes et adultes 


(4) L. ce. p. 79. 
ONE. €: pm 19. 
(3) Menschenanlicien Affen, ete., p. 152, 


134 J. DENIKER. 


par Bischoff, Macalister et moi; mais Duvernoy décrit deux portions 
distinctes au petit pectoral de son gorille adulte. 

Le muscle sous-clavier s'insère sur le cartilage de la première 
côte par un large tendon quiva en s’amincissant en dehors et en 
haut ; à 4 mm.au-dessus de l’insertion, commencent à paraître les 
fibres charnues qui s’insèrent à la face inférieure de la clavicule. 

Le tendon du sous-clavier est intimement lié au ligament costo- 
clavio-coracoïdien qui va du milieu de ce tendon pour s'insérer à l a- 
pophyse coracoïde, à côté et en dehors du tendon du petit pectoral. 
Le ligament à 5 mm. de longueur dans sa partie libre. Des disposi- 
tions absolument analogues ont été observées par Bischoff, Ma- 
calister et moi, chez les gorilles adultes. Duvernoy n’a pas trouvé 
de muscle sous-clavier chez son gorille, mais il a constaté la pré- 
sence du ligament et lui a donné le nom dont je me suis servi. 

Le grand dentelé s'attache aux 12 premières côtes (chez le jeune 
gorille aussi à la 13e) ; à partir de la 5e côte (de la 7e chez le Jeune go- 
rille), les fibres se portent toutes vers l’angle inférieur de l'omoplate, 
où elles s’insèrent par un très fort tendon. Entre le grand dentelé et 
l'angulaire de l’omoplate se trouve un espace triangulaire comme 
chez l’homme, tandis que chez la plupart des singes et des mammi- 
fères en général, où les deux muscles réunis forment la masse fra- 
chélo-costo-scapulaire, cet espace n'existe pas du tout. Par contre. 
l'insertion costale du dentelé ne va jamais aussi bas chez l’homme. 
Testut dit ne l’avoir jamais vu dépasser, même dans les cas anor- 
maux, la 40° côte ; tandis que chez le fœtus et chez le jeune gorille 
cette insertion va jusqu'à la 13° côte, et chez les gorilles adultes 
de Bischoff et de Duvernoy jusqu’à la 14°. Seul Macalister (1) a 
vu l'insertion à la 10° côte. 

Les muscles intercostaux se comportent comme chez l'homme. 
Seul le premier intercostal externe présente cette particularité de 


commencer tout près de l'articulation sterno-costale, sur le carüulage 


(A) L. e. p. 502. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 135 


même. L'extension du muscle jusqu'au sternum se retrouve d'’ail- 
leurs par anomalie chez l'homme, surtout dans le premier et le qua- 
trième espace intercostal (1). 

Le grand oblique de l'abdomen ne diffère presque pas de celui de 
l’homme : sa portion charnue est cependant un peu plus considéra- 
ble. Les insertions aux huit dernières côtes se font comme le décrit 
Bischoff, sauf que les digitations se croisentavec celles du grand den- 
telé non pas jusqu'à la 41°, mais jusqu’à la 10° côte. Même disposi- 
tion chez mon jeune gorille. 

Le petit oblique et le transverse de l'abdomen n'offrent rien de parti- 
culier, si ce n’est leur extrême ténuité (le dernier de ces muscles n’est 
formé que d’un seul plan de fibres), qui tient àla minceur générale 
des parois abdominales chez le fœtus. 

Le grand droit de l'abdomen est très large (14 mm. en haut), 
comme chez les gorilles en général. Il présente (du côté droit) cinq 
intersections aponévrotiques, trois au-dessus et deux au-dessous de 
l'ombilic; ils’insère en haut jusqu’à la 5° côté et le 4° espace intercos- 
tal. Du côté gauche, je n’ai constaté que quatre intersections, dont 
une au-dessous de l'ombilic. 

Les muscles pyramidaux de l'abdomen sont bien développés. Au- 
dessus du pubis, on voit deux petits muscles pairs, dont les fibres 
se dirigent en haut et en dedans et se rendent sur une aponévrose 
confondue avec celle du muscle du côté opposé. La partie charnue 
de chacun de ces muscles est longue de 4 mm. et large (en bas) 
de 2 mm. ; le tendon est presque aussi long. Le muscle entier 
occupe, comme chez l’homme, le tiers inférieur de l'espace entre 
l'ombilic et le pubis. Le muscle pyramidal manque souvent chez 
l'homme et chez les mammifères placentaires en général. Il à été 
constaté chez le chimpanzé par Alix, mais pas par Vrolik, qui dit ( 2)- 
« Le pyramidal manque dans mon exemplaire et dans celui que Traill 


a disséqué ». Chez le chimpanzé de Duvernoy, il devait manquer 


(4) Tesrur, 1. ce. p. 192. 
(2) L. c. p. 18, 


136 J. DENIKER. 


également, car ce savant dit que sa description est « exactement 
conforme à celle de Vrolik ». Chez le gorille adulte, Duvernoy cons- 
tate « deux petits pyramidaux qui sont comme enchâssés à l’ex- 
térieur de l'extrémité postérieure des grands droits » ; mais il ajoute : 
« dans notre jeune gorille, on ne trouve pas de trace des pyrami- 
daux ». Bischoff n’a pas trouvé ces muscles sur son exemplaire ; Je 
n'étais pas plus heureux avec mon jeune gorille, dont les parois 
abdominales étaient en très mauvais état de conservation. En tout 
cas, on voit que les pyramidaux manquent chez les singes anthro- 
poides probablement aussi souvent que chez l’homme, et, comme 
tout organe rudimentaire, tendent à disparaitre. 

Le muscle trapèze s'insère à la moitié interne de la ligne courbe 
occipitale (sur une longueur de 10 mm.) , aux cinq dernières ver- 
tèbres cervicales et à toutes les vertèbres dorsales; de là une partie 
des fibres se porte vers l’épine de l’omoplate , où elle s’insère par un 
large tendon aponévrotique triangulaire ; le reste s’insire à l’acro- 
mion et au tiers externe de la clavicule, en recouvrant en partie les 
insertions du cléido-transversaire. La disposition ne diffère donc de 
celle de l’homme que par les insertions aux dernières vertèbres cer- 
vicales. Quant aux différences d'avec le gorille adulte, la principale 
est la largeur de la partie supérieure du muscle (en rapport avec 
la grosseur relative de la tête et l'absence du ligament de la nu- 
que ; à l'endroit où il devrait se trouver, iln'y a que du tissus 
cellulo-graisseux. Chez le jeune gorille, ce ligament avait déjà plus 
de 5 mm. d'épaisseur; ilse développe donc rapidement après la 
naissance. 

Le muscle granddorsal s’insère à la 128 et Ia 13e vertèbres dorsales, 
à toutes les lombaires, aux quatre dernières côtes flottantes et à la 
crête 1liaque dans toute sa longueur ; de ces insertions les fibres con- 
vergent vers un tendon (pl. XXVIT, fig. 4, d), large de 7 mm. , qui 
s'insère à la l‘vre interne ou postérieure de la coulisse bicipitale en 
envoyant un prolongement à l’aponévrose du coraco-brachial. Ce 


muscle se comporte donc à peu près comme chez le gorille adulte. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 137 


Le muscle dorso-épitrochléen de Duvernoy ou accessoire du grand 
dorsal de Broca (pl. XXVII, fig. 4, ad), si caractéristique pour tous 
les singes, est peu développé chez le fœtus de gorille. C’est un mus- 
cle rubané, long dans sa partie charnue de 43 mm. et large de 2, 5 
mm. Il s’insère sur le tendon du grand dorsal et longe l’humérus 
jusqu’à son milieu, où il donne un tendon très mince qui se perd sur 
l’aponévrose du bras ; il n'arrive donc pas Jusqu'à l'épitrochlée ou 
jusqu’à l’olécrâne, comme dans les gorilles jeunes ou adultes obser- 
vés par Duvernoy, Bischoff, Chapman (1) et moi-même. Chez le chim- 
panzé et dans les cas très rares où ce muscle se rencontre chez 
l’homme (2), son insertion se fait soit au condyle, soit à l'aponévrose 
brachiale. 

Le rhomboïde s'attache aux dernières vertèbres cervicales et aux 
quatre premières dorsales (aux deux seulement chez les jeunes) ; 1l 
n'existe pas de faisceau supérieur isolé (petit rhomboïde). 

Le petit dentelé postérieur et supérieur s’insère aux quatre derniè- 
res vertèbres cervicales et à la 2°, 3°, 4 et 5e côtes, exactement 
comme dans le gorille adulte de Duvernoy ; chez un jeune gorille, il 
va de la 4 et 5° cervicales à la 3°, 4, 5° et 6° côtes. Chez l’homme, 
comme on sait, l'insertion supérieure ne va pas au delà de la 2: ver- 
tèbre cervicale, mais par anomalie on rencontre également des in- 
sertions à la 4° vertèbre. De même que Duvernoy, Bischoff et Maca- 
lister, je n’ai pu trouver ni chez mon fœtus, ni chez le jeune gorille, 
aucune trace de petit dentelé postérieur et inférieur. 

L'angulaire de l'omoplate ne s'insère pas à la 3e vertèbre cervi- 
cale, comme dans le gorille de Duvernoy ; son faisceau supérieur 
n'est pas non plus complètement séparé des autres, comme chez cer- 
tains gorilles. Cette séparation n’est qu'une variation individuelle ; 
elle se rencontre parfois chez le chimpanzé (3) et chez l'homme. 

(1) H. CHapmax, On fhe structure of the gorilla \Proceedings of the Academy 
of Natural Sciences of Philadelphia, 187S, p. 387. 

(2) TESTUT, L. c. p. 193. 


(3) GrarioLeT et Aix, Recherches sur l'anatomie du Troglo ‘tes Aubryi, chimpanzé 
d'une nouvelle espèce (Arch. du Muséum, t. Il, 1865-66). 


138 J. DENIKER. 


Le splénius est divisé en trois faisceaux : un large (splénius de 
la tête), venant de la ligne courbe occipitale, et deux autres 
grêles (splénius du cou) venant de l’atlas et de l’axis. Ses insertions 
aux vertèbres dorsales vont plus bas (jusqu’à la 3°) que dans le gorille 
de Duvernoy. 

Le sang qui s’est infiltré dans la partie inférieure de la cavité ab- 
dominale en a détérioré les muscles. Cependant le carré des lombes 
m'a semblé avoir la même disposition que chez l’homme, sauf qu'il 
était plus court. Le même mauvais état de conservation et la néces- 
sité de sacrifier certains muscles pour mieux préparer le squelette 
ne m'a pas permis de bien étudier le triangulaire du sternum et les 


muscles prévertébraux : les interépineux, les intertransversaires, et les 
transversaires épineux. Les deux premiers groupes m'ont semblé pré- 


senter la disposition décrite par Duvernoy. Le long dorsal va jusqu’à 
l'occiput, en quoi il diffère de celui de l’homme, Le sacro-lombaire 
s'insère sur toutes les vertèbres cervicales jusqu'à l’atlas, comme 


chez l’homme. Je n'ai pu trouver le costo -transversaire de Duvernoy. 


Chez le fœtus de gibbon, le muscle grand pectoral n'offre rien de 
particulier, si ce n’est l'extrême développement de sa portion clavi- 
culaire (comme chez l'adulte) (1), quioccupe les trois quarts internes 
de la clavicule et est à peine distincte de la portion sterno-costale ; 
cette dernière est formée par trois faisceaux s’insérant au sternum et 
par quatre autres s’attachant aux côtes (de la 4° à la 6e). Le petit 
pectoral au contraire est smgulièrement réduit (pl. XXVI, fig. 4, p). 
Complètement recouvert par le grand, il n'est formé que de deux 
faisceaux allant de la 4° etde la 5° côtes à l’apophyse coracoïde ; sa 
longueur est de 35 mm. D’après Bischoff, la disposition de ce muscle 
chez le gibbon cendré est la même que chez l'homme. 

Le muscle sous-clarier, dont Bischoff ne fait aucune mention chez le 
gibbon cendré, présente une disposition tout à fait particulière 
(pl. XXVI, fig. 4, s). Il s'insère au tiers externe de la face inférieure 


(4) voy. Brscnorr, Mém. sur le Gibb., p. 20. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 139 


de la clavicule ; de là ses fibres charnues descendent en bas et un 
peu en dedans pour se jeter, du côté gauche, sur la deuxième côte, et 
du côté droit, sur la première et la deuxième. Sa longueur est de 19 
mm. et sa largeur de 3 mm. en bas et de 5 mm. en haut. 

Le ligament clavio-coracoïidien (id. c) croise le muscle sous-clavier 
et lui envoie une expansion aponévrotique ; il en envoie une également 
au ligament clavio-acromial (id. 8). Du côté droit, ce ligament man- 
quecomplètement. Cette anomalie (ou disposition normale chezle gib- 
bon ?) présente un vrai passage entre le petit pectoral et le sous- cla- 
vier typique et démontre d’une facon évidente que ces deux muscles 
appartiennent à un seul et même systême. M. Testut (1), quia mis en 
relief ce rapport, avoue cependant n'avoir jamais eu connaissance de 
l'insertion du sous-clavier à la deuxième côte chez l’homme. 

Le muscle grand dentelé est séparé pour ainsi dire en deux muscles 
distincts. La partie supérieure, très forte, va de la première et de la 
deuxième côtes au bord supérieur de l’omoplate, où elle s’insère en 
dedans et en avant del’angulaire, entre ce dernier etl’omo-hyoïdien, et 
aubord vertébral de l'omoplate, où elle s'attache sur une étendue de 
4 mm. La partie inférieure est formée par des digitations partant de 
toutesles côtes, excepté la première, et aboutissant à l’angle inférieur 
et au bord vertébral de l’'omoplate, où son insertion s'arrête à 4 mm. 
de l'insertion de la première partie. Il s’en suit que sur la deuxième 
côte les dents de la partie supérieure et de la partie inférieure s’in- 
sèrent l’une au-dessous de l’autre, et qu'entre le bord inférieur 
de la première et le bord supérieur de la seconde il reste un espace 
triangulaire, dont la base est constituée par la partie libre (sur un 
espace de 4 mm.) du bord vertébral de l’omoplate. 

Le muscle grand oblique de l'abdomen s’insère au tiers antérieur 
de la crête iliaque et à toutes les côtes à partir de la 6° {chez le g. 
cendré, à partir de la 8, d’après Bischoff). Le grand droit de l'abdomen 
(pl. XX VI, fig. 4, d) s’insère en haut aux cartilages de la 4°,5°, 6° et 7° 


(4) L. c. p. 35. 


440 J. DENIKER. 


côtes, par des digitations dont l'externe est de beaucoupla plus large. 
Je n'ai pu constater que quatre intersections aponévrotiques sur ce 
muscle, car la partie inférieure des parois abdominales était coupée 
et endommagée ; pour la même raison, je n’ai pu constater les 
muscles pyramidaux. | 

Le muscle grand dorsal (pl. XXIV, fig. 5, d) s’insère, comme chez 
le gibbon cendré, aux six dernières côtes, et pas à la crête iliaque. 

Le muscle dorso-épitrochléen ou accessoire du grand dorsal 
(pl. XX VI, fig. 5, de) est très puissant. Il naït sur le tendon du grand 
dorsal par un tendon aplati, triangulaire, duquel partent les fibres 

. Charnues formant une masse aplatie large de 6 mm. Au bras gauche, 
cette masse se rend sur un tendon qui se perd dans l’aponévrose bra- 
chiale, à peu près au milieu du bras, comme chezle gibbon cendré de 
Bischoff; mais au bras droit elle se jette sur un tendon grêle qui se 
rend à l’épitrochlée et qui est enfoui dans l’épaisse gaine aponé- 
vrotique réunissant le triceps (id. {) au biceps (id. b). La longueur 
de la partie charnue du muscle est de 15 mm. 

Le muscle trapèze ne présente point d'insertions occipitales ; son 
insertion vertébrale s'étend de l’atlas à la 10° vertèbre dorsale. 
Le rhomboïide ne va pas non plus jusqu’à l’occipital, comme c’est 
le cas chez le gibbon cendré ; il est un peu plus large vers la colonne 
vertébrale (21 mm.) que vers l'omoplate (16 mm.), et présente en 
haut un faisceau distinct que l’on peut assimiler au petit rhomboïde. 

Outre le dentelé postérieur et supérieur, qui s’insère aux 4 premiè- 
res côtes et qui est long de 20 et large de 8 mm., le fœtus avait 
encore un dentelé postérieur et inférieur s’insérant aux quatre der- 
nières côtes, long de 14 et large de 7 mm. dans sa partie char- 
nue, Onse rappelle que ce muscle manque aux gorilles, et Bischoff 
ne le mentionne pas chez son gibbon. L'angulaire de l'omoplate est 
formé par 4 faisceaux se réunissant en bas ; il n’est pasréuni au grand 
rond comme chez les singes pithéciens. Le faisceau le plus interne 
de l’angulaire (venant de la quatrième vertèbre cervicale) est innervé 


par un filet venant du nerf qui se rend au rhomboïde. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. A4 


Le sacro-lombaire va jusqu’à l’atlas. Le carré des lombes, le splé- 
nius, le long dorsal, le petit oblique de l'abdomen et les intercostaux ont 
la même disposition que chez le fœtus de gorille. 

Il me reste à dire deux mots des muscles /ongitudinaux de la queue, 
très rudimentaires, que J'ai trouvés chez mon fœtus de gibbon. Ces 
muscles (pl. XXVI, fig. 6, c), très grêles, longs de 6 mm. et demi et 
larges d’un demi millimètre, sont situés des deux côtés du coccyx, 
appliqués vers les faces externes des dernières vertèbres coccygien- 
nes. Ils semblent s’insérer d’une part aux vertèbres mentionnées, et 
d'autre à l’aponévrose du grand fessier. 


IV. — Muscles du membre thoracique. 


Chez le fœtus de gorille, le deltoïide (pl. XXVII, fig. 4, D) présente la 
même disposition que chez le gorille adulte ; son insertion humérale 
se trouve un peu plus haut que le milieu de l’humérus, à 21 mm. au- 
dessus de l'extrémité inférieure de la trochlée. Ce muscle confond en 
partie ses fibres charnues avec celles du triceps ; son aponévrose 
est liée à celle du long supinateur. 

Parmiles muscles de l’omoplate, le grand rond est remarquable 
par ses dimensions : iloccupe les trois quarts du bord antérieur de 
l'omoplate, c'est-à-dire un espace beaucoup plus grand que l’espace 
correspondant chez l’homme (de 174 à 113 de lalongueur totale) quoi- 
que moindre que chez le gorille adulte (la totalité du bord antérieur, 
d’après Duvernoy). Par suite de cette large insertion scapulaire, la 
forme du muscle est déjà triangulaire. Son tendon huméral adhère 
intimement au tendon du grand dorsal. Le muscle petit rond est 
distinct du sous-épineux, qui ne diffère en rien de celui de l’homme 
et égale presque par son volume le sus-epineux. Le sous-scapulaire 
(pl. XXVIL, fig. 4, s) ne présente rien de particulier. 

Les muscles du bras sont bien développés. Le biceps (pl. XXVII, 
fig. 4, b), long de 49 mm., large de 6, présente deux chefs distincts 
se réunissant à peu près au même niveau que chez l’homme, et plus 


haut que chez l'adulte. Ghez mon jeune gorille, le muscle est divisé 


442 J. DENIKER. 


dans ses quatre cinquièmes supérieurs. Le coraco-brachial (pl. XXVII 
fig. 4, c) est plus court que chez l’homme : son insertion inférieure 
se trouve sur la limite entre le tiers supérieur et le tiers moyen de 
l’humérus. Il envoie une expansion aponévrotique au tendon du 
grand dorsal. Chez mon jeune gorille, ce muscle s’insère presque au 
milieu de l’humérus etenvoie une expansion aponévrotique au triceps 
et au brachial antérieur. Chez l'adulte, le muscle se comporte comme 
chez l’homme (Duvernoy); le brachial antérieur se réunit par des 
fibres charnues au deltoïde et au triceps, et par des fibres aponévro- 
tiques au long supinateur, comme chez le gorille de Duvernoy. Le 
triceps présente cette seule particularité, déjà signalée par Duvernoy, 
qu’il s'insère sur le bord glénoïdien de l’omoplate par deux faisceaux 
distincts. | É 
Les muscles de l’avant-bras offrent quelques particularités in- 
téressantes. Le rond pronateur (pl. XXVII, fig. 5, rp) présente les 
mêmes rapports que chez l'homme; seulement il ne prend point d’in- 
sertion à l’apophyse coronoïde du cubitus. L'absence de cette inser- 
tion est assez fréquente chez le gorille : Duvernoy, Bischoff , Chap- 
man l'ont remarquée sur des exemplaires disséqués par eux ; par 
contre, Macalister avait trouvé cette insertion sur un gorille adulte, 
et moi-même je l'ai observée sur mon jeune gorille, où l'insertion se 
faisait par un faisceau grêle, en dedans du nerf médian. Chez 
l'homme cette insertion manque assez fréquemment, et chez le 
chimpanzé elle est beaucoup plus fréquente que chez le gorille. 
L'insertion au radius se fait chez le fœtus de gorille dans son tiers 
moyen, et chez le jeune vers sa moitié supérieure. | 
Le grand palmaire (pl. XXVIT, fig. 4, pl) est comme chez l'homme. 
Le palmaire gréle manque des deux côtés, comme chez la plupart 
des gorilles. Bischoff et Chapman signalent l'absence de ce muscle 
et Je ne l’ai pas trouvé chez le jeune gorille ; cependant Macalister 
décrit un palmaire grêle chez le gorille adulte (1), et Duvernoy, tout 


(4) L. c. p. 504. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 143 


en disant qu'il ne l’a pas trouvé sur son apimal, le figure et le 
décrit (1) comme une dépendance du cubital antérieur. Chez le 
chimpanzé, au contraire, le palmaire grêle semble manquer rare- 
ment. De tous les auteurs, Tyson est le seul qui ne l’a pas décrit. Je 
l'ai constaté pour ma part dans deux individus que j'ai disséqués. Le 
cubital antérieur (pl. XXVII, fig. 4, ca) est un peu plus large et plus 
rubané que chez l’homme. 

Le fléchisseur superficiel (pl. XXVIL, fig.4 et5, fs, fs’, fs” )s’insère en 
haut à l’épicondyle et, par un faisceau entremêlé avec les fibres 
du rond pronateur, au deuxième quart du radius. Presque au niveau 
de cette inserton, le muscle se divise en trois faisceaux : un externe 
(id. fs”), dont le tendon se rend audoigt indicateur ; un moyen (id. fs’), 
assez grêle, se terminant par un tendon qui se subdivise en deux et 
donne les tendons aux 4e et 5e doigts ; enfin un interne, le plus volu- 
mineux de tous (id. fs), fournissant un tendon au médius. Un petit 
faisceau (pl. XXVIL fig. 5, sp), long de 9 mm.et large de 1 mm., 
se détache de la face profonde de la masse commune des fléchis- 
seurs superficiels, au niveau de sa subdivision en faisceaux, et 
se termine par un tendon long de 10 mm. et mince comme un 
cheveu, qui se perd sur l’aponévrose du premier faisceau du flé- 
chisseur profond. Cette disposition du fléchisseur superficiel n’a 
été observée que du côté gauche ; à droite il n’y avait point de 
faisceau intermédiaire, et en outre le muscle était. divisé, non en 3, 
mais en 4 faisceaux, comme chez le gorille de Bischoff. D’après 
Duvernoy, ce muscle se comporte chez le gorille adulte comme chez 
l'homme. | 

Le fléchisseur profond présente la disposition commune à tous les 
gorilles, c’est-à-dire deux faisceaux ou muscles distincts : un fléchis- 
seur cubital des trois derniers doigts (pl. XX VIT, fig. 5, fp) etun fléchis- 
seur de l'index (id. fp'). Le premier faisceau s’insire à la face anté- 
rieure et externe de la moitié supérieure du cubitus et au ligament 


interosseux à la même hauteur ; il se termine par un tendon qui, au 


(4) L. c. p. 94, 104 et pl. VIE, fig. C, 5’. 


144 J. DENIKER. 


niveau de l'articulation cubito-carpienne, se subdivise en trois ten- 
dons perforants allant au médius, à l’annulaire et au petit doigt; à 
partir de leur origine et sur une longueur de 6 à 7 mm., ces tendons 
sont réunis par une membrane (non représentée sur la figure.) 
Le second faisceau s’insère à la face antérieure du radius et au 
tiers moyen du ligament interosseux, et donne un tendon se ren- 
dant à l'index. Au niveau de l'articulation radio-carpienne, il s’en 
détache un tendon pour le pouce (pl. XXVIL, fig. 4, t), mince 
comme un cheveu, long de22mm. : c'est le représentant du fléchisseur 
propre du pouce. La disposition du muscle fléchisseur profond, telle 
que je viens de la décrire, a été constatée du côté gauche. Sur l’avant- 
bras droit, la disposition est un peu modifiée (fig. 14): le premier 
faisceau se subdivise en deux ([ et [”), dont l’un donne le tendon au 
médius et l’autre aux 4° et 5° doigts; ces deux tendons sont réunis 
par une forte aponévrose ou ligament (a) dans toute la région car- 
pienne ; en outre, le tendon du médius est réuni par une expan- 
sion tendineuse {b) à celui du fléchisseur de l'index (id. Il), au ni- 
veau del’articulation métacarpienne. Le tendon pour le pouce (id. II) 
existe aussi du côté droit. Chez le jeune gorille, ce tendon naît sur 
les éléments fibreux de l’articulation du poignet aux deux mains. 
D'ailleurs, en général les insertions de ce tendon, comme de tout 
muscle en voie de disparition. ne présentent rien de fixe ; on peut s’en 


convaincre d’après le tableau suivant : 


Le muscle fléchisseur a été représenté chez le gorille 4 OBSERVATIONS DE : 


un tendon partant : s 


J° Du tendon du fléchisseur de l’index dans. . 2 cas : La a 
L d eniker, 
2° Du fascia palmaire du trapèze et du méta- 
carpe: #26: h 5224 RER TEUS | CNT 4 cas : | Huxley. 
3° De l'articulation du poignet. . . . . . 2 cas: ne 
: x us Bischoff. 
40 Le tendon manquait complètement. . . . 2 cas : Chapman. 


Chez le chimpanzé, la première disposition a été constatée 7 fois 
(par Champneys, Macalister, Humphry, Wilder, Wyman, Chapman 
et Traill); la 2e et la 3e, deux fois (Humphry, Gratiolet et Alix), 
et la 4e, deux fois (Testut et Vrolik). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 145 


Les lombricaux se comportent comme chez l’homme, excepté celui 
du 5e doigt, qui nait du bord cubital (et non radial) du tendon de 
l'annulaire. La même disposition a été vue par Duvernoy sur le 
gorille adulte. À la main droite j'ai constaté que le lombrical du 
4e doigt (fig. 14, l#) naissait du milieu du tendon commun à 
ce doigt et à l’auriculaire, par un tendon assez long, et s’insé- 
_rait à l’annulaire par un autre long tendon; il présentait donc 
une ressemblance avec les courts fléchisseurs des orteils du go- 
rille 

Il n'y a pas de muscles contrahentes digitorum (voy. plus bas, p.154). 
Le carré pronateur est haut de 7 mm. (sixième partie de la hauteur du 
radius) et parait être simple; chez le jeune gorille il occupe la 7epartie 
du radius et semble être formé de plusieurs faisceaux ; du moins 
il présente trois bandes aponévrotiques vers son insertion cu- 
bitale. 

Le long supinateur (pl. XX VIT, fig. 4, !) se comporte comme chez 
l’homme ; cependant son insertion humérale se trouve un peu plus 
haut (comme chez le gorille adulte, du reste), vers le tiers moyen de 
l’'humérus, à 4 mm. seulement de l'insertion du deltoïde, auquel il 
est réuni par une aponévrose commune. Il confond en outre ses fi- 
bres charnues à celles du brachial antérieur (comme dans le go- 
rille de Bischoff) et du vaste externe (du triceps), et se trouve réuni 
par une membrane tendineuse au brachial antérieur et au biceps. Le 
premier radial (pl. XXVIL, fig. 6, r’) est comme chez l'homme, sauf 
la longueur plus considérable de son tendon; mais le deuxi'me 
radial (id. r”) diffère en ce qu'il est constitué par deux faisceaux, 
dont le supérieur s’insère sur l’épicondyle, comme chez l'homme, et 
l'inférieur, à la face antérieure du condyle même ; entre ces deux 
faisceaux passe le nerf musculo-cutané, qui leur envoie quelques 
filets. Le tendon du deuxième radial est beaucoup plus court que 
celui du premier; il ne commence qu'au niveau du tiers inférieur 
de l’avant-bras. L'insertion à la base du troisième métacarpien 
se fait comme chez l'homme. La division de la partie char- 


ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 2® SÉRIE. —- T. ax bis. sUPPL. 1885. 3° Mém. Ab 


146 J. DENIKER. 


nue en deux faisceaux n’a pas été observée par Duvernoy (1). 

L'extenseur commun des doigts (pl. XXVIL fig. 6, e), que Bischoff 
décrit chez le gorille comme ressemblant tout à fait à celui de 
l’homme, présente certaines particularités chez le fœtus. I s'insère non 
seulement à l’épicondyle et à la cloison aponévrotique qui lui est 
commune avec le cubital postérieur, mais encore au tiers supérieur 
du radius. De ces insertions part un faisceau unique duquel se sé-. 
pare, vers le milieu de l’avant-bras, un faisceau grêle, long de 42 mm. 
et large de 2 mm. ‘partie charnue), constituant l'extenseur propre du 
petit doigt (id. e’); le faisceau principal donne bientôt un large tendon 
qui se subdivise en trois autres allant à l'index, au médius et à l’an- 
nulaire. Cette disposition, que j'ai constatée de deux côtés, diffère de 
celle que décrit Duvernoy (2)(division en quatre faisceaux, existence 
du muscle indépendant pour le 5° doigt, bride tendineuse entre les 
tendons du 3° et du 4° doigts, etc.). L'extenseur propre de l'index (1d.e”) 
s’insère en haut au tiersinférieur du radius ;ilest très grêle (1 mm. 
de larg.) et donne un fin tendon qui se fusionne avec le tendon de 
l'indicateur venant de l’extenseur commun. La réunion est si intime 
que l’on peut décrire ici, comme le fait Duvernoy, un tendon propre 
de l'indicateur, réuni par une bride tendineuse à celui du médius. Bis- 
choff avait aussi constaté sur son animal l’extenseur propre de l’index; 
mais je ne peux pas me ranger à son opinion quand il dit que le 
gorille est le seul singe qui le possède, car l’orang et le chimpanzé le 
possèdent également, d’après Duvernoy (3). Au niveau des dernières 
phalanges, tous les extenseurs se comportent comme chez l'homme. 

Le palmaire cutané, que Duvernoy avait trouvé chez un gorille et 
Humphry chez un chimpanzé, fait défaut chez le fœtus ; chez le jeune 
gorille, j'ai rencontré à sa place seulement quelques fibres charnues 
isolées, mais je lai vu chez un jeune chimpanzé. Il serait possible 


qu'il se développe avec le progrès de l’âge. 


(1) L-c 6.92: 
(2) L. c.p. 96. 
(3) Le €. p. 91. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 147 


Le long abducteur du pouce (pl. XXVIL fig. 6, a) est constitué 
comme chez l'homme ; son tendon se dédouble au niveau du carpe ; 
une partie va à la base du premier métacarpien, l'autre se porte 
vers l'articulation du carpe, près du trapèze ; un dédoublement ana- 
logue se rencontre parfois aussi chez l’homme. Le court extenseur du 
pouce fait complètement défaut, comme chez les gorilles de Bischoff, 
de Huxley et de Macalister ; mais il ne faudrait pas en conclure 
qu'il « manque chez tous les singes », comme dit le premier de 
ces observateurs, car Duvernoy le décrit et figure avec toute la 
netteté désirable (1). Chapman déclare aussi l'avoir trouvé distinct 
et séparé chez un jeune gorille, et moi-même je l’ai observé sur le 
fœtus de gibbon, comme on le verra plus bas. Le long extenseur 
du pouce (pl. XXVIL, fig. 6, e”) présente à peu près la même disposi- 
tion que chez l'homme. 

Les muscles de l’éminence thénar présentent les particularités sui- 
vantes : le court abducteur du pouce (pl. XXVIL fig. 5 et 7, ab) est 
comme chez l’homme, sauf qu’il est en partie confondu avec le court 
fléchisseur du pouce (fig 7, f). Le court adducteur (id. ad) présente une 
masse charnue partant de toute la longueur du troisième métacar- 
pien vers la première phalange du pouce, et dans laquelle on voit 
plusieurs faisceaux ; maison y distingue à peine la séparation entrela 
portion oblique et la portion transverse. Entre ce muscle et le court 
fléchisseur se trouve logé le tendon, excessivement grêle, du long 
fléchisseur du pouce (id.t). Chez le jeune gorille, la disposition est à 
peu près la même. 

Les muscles de l’éminence hypothénar (pl. XX VII, fig. 4, h), le court 
supinateur, l'anconé et le cubital postérieur du fœtus et du jeune 
gorille présentent la même disposition que chez l’homme. 

L'aponévrose palmaire (pl. XX VII, fig. 4, a) est plus épaisse vers le 
poignet qu’au milieu de la paume; elle présente des fibres transver- 


sales de renforcement (id. r) au niveau de l’articulation métacarpo- 


(4) L. c. ». 99 et pl. VII, fig. A et B. 


148 J. DENIKER. 


phalangienne, disposition que j'ai également observée chez le jeune 


gorille et chez un jeune chimpanzé. 


Chez le fœtus de gibbon, les muscles du membre thoracique pré- 
sentent plusieurs différences avec ceux de l’homme et du gorille, 
Cela n’a rien d'étonnant, si l'on se rappelle que ce membre est sensi- 


blement modifié chez le gibbon, adapté qu'il est à la vie arboricole 


Le deltoide (pl. XXVI, fig. 5, d) est très fort; c'est une masse char- 
nue ayant la forme d'un triangle sphérique, dont la base, longue 
de 28 mm., est formée par les insertions à l'extrémité acromiale 
de la clavicule, à la cloison intermusculaire qui le sépare du grand 
pectoral, à l’acromion, à toute l'étendue de l’épine de l'omoplate et 
à l’aponévrose du sous-épineux ; et dont le sommet se trouve à son 
insertion humérale qui se fait très bas, à 15 mm. seulement au-des- 
sus du condyle. La hauteur de ce triangle est de 42 mm. Les muscles 


de l’omoplate sont aussi très puissants. 


Quant aux muscles du bras, ils sont tous réunis entre eux et à 
certains muscles de l’avant-bras et de l'épaule, soit par des cloisons 
tendineuses, soit par des aponévroses, de facon à former pour ainsi 
dire une masse unique, dans laquelle la contraction d’un muscle 
entraine la contraction d’un autre. Jusqu'à un certain point on peut 
assimiler cette disposition à celle ane l’on voit dans la musculature 


des ailes des Oiseaux. 


Le biceps (pl. XXVI, fig. 5, b) est relativement énorme ; 1l est 
formé presque exclusivement par le long chef ; le court chef, qui 
prend son origine à l'apoph. coracoïde près du coraco-brachial (id. c), 
par un tendon très grêle et long de 8 mm., ne présente qu’une 
porlion charnue de 5 mm. Les deux muscles réunis passent sous 
une arcade formée par le tendon du grand pectoral (id p), contrac- 
tent des adhérences avec le dorso-épitrochléen (id. de) et le 
long supinateur (id. s), ct s'insèrent par un fort tendon au 
tiers supérieur du radius, en envoyant une forte expansion apo- 


névrotique au brachial antérieur et à l’aponévrose de l’avant- 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 149 


bras. La puissance et le mode d'insertion du biceps , de même que 
la disposition du long supinateur , déterminent la mi-flexion perma- 
nente de l’avant-bras sur le bras, très avantageuse pour grimper. 
En effet, l'avant-bras est déjà fléchi sur le bras sous un angle d’à 
peu près 120° , et le mouvement initial de la flexion, le plus difficile, 
où le biceps doit agir presque parallèlement à l'axe de l'avant-bras, 
est déjà exécuté. On sait que, passé cet angle, la flexion devient 
beaucoup plus facile ; chez le gibbon, elle est en outre favorisée par 
l'insertion du biceps très bas sur le radius. La longueur totale de la 
partie charnue du muscle est de 38 mm. ; sa largeur et son épaisseur 
maxima, 7 mm, Chez le gibbon cendré de Bischoff, le court chef 
prenait son insertion sur le petit trochanter à côté du coraco-brachial ; 
en outre il partait de l’apophyse coracuïde un petit faisceau muscu- 
laire, dont le tendon se jetait sur le tendon du court chef. Les deux 
chefs réunis traversaient le tendon huméral du grand pectoral. 
Huxley signale aussi chez un gibbon l'insertion du petit chef au ten- 
don du pectoral. Le même fait a été observé par Chudzinski sur un 
Hylob. entelloides ; par contre, Broca signale le court chef comme 
venant de l’humérus de même facon qu'on l’observe quelquefois 
chez l’homme (1). 

Le coraco-brachial (pl. XXVI, fig. 5, c) s’insère au milieu de l'hu- 
mérus ; il a 22 mm. de longueur et n'est point divisé en deux por- 
tions comme celui du chimpanzé ou des Cercopithèques, etc. Le bra” 
chial antérieur et le triceps (pl. XXVI, fig. 5, f) ne présentent rien 
de particulier. 

Le grand palmaire (pl. XXVIL, fig. 8, p) est relativement peu dé- 
eloppé ; le palmaire grêle manque complètement. Le cubital anté- 
rieur (pl. XXVIL, fig. 8, c) s’insère aux 56 du cubitus et présente, 
comme le rond pronateur, à peu près la même disposition que chez 
le gorille, à part peut-être l'insertion de ce dernier muscle à l’apo- 
physe coronoïde, que je n'ai pu préparer, mais qui me semble man- 


(1) Voy. G. HEeRvÉ, Anomalie du muscle biceps brachial. (Bull.de la Soc. d’'Anthro- 
pol. de Paris, 3° série, t. VI, 1883, p. 40.) 


150 J. DENIKER. 


quer. Le long supinateur (pl XXVII, fig. 8,s) est de beaucoup plus 
court que chez l'homme ; il s'insère en bas au milieu du radius, à 
28 mm. au-dessus de l’apophyse styloïde, contractant des adhérences 
avec l'aponévrose antibrachiale. Bischoff a remarqué la même dis- 
position chez son gibbon cendré. Cette réduction en longueur est en 
rapport avec la demi-flexion habituelle de l’avant-bras Le carré 
pronateur (fig. 15, cp) est de forme trapézoïde, son bord cubital étant 
deux fois (8 mm.) plus haut que le bord radial. 

Le fléchisseur superficiel s'insère au quart supérieur du cubitus et 
se subdivise bientôt en quatre faisceaux distincts (pl. XXVII, fig. 8, 
fi, [m. fa, fp), qui se terminent par de longs tendons perforés allant 
aux quatre derniers doigts. 

Le fléchisseur profond (id. ff) naît par trois faisceaux plus ou moins 
réunis entre eux : un faisceau interne, partant de la cloison interos- 
seuse et de la moitié supérieure du cubitus et donnant les tendons 
aux 4° et 5e doigts ; un faisceau moyen, partant de la même cloison 
et de la partie supérieure du cubitus et donnant le tendon au médius ; 
enfin un faisceau externe s’insérant aux 45 supérieurs du radius et 
donnant les tendons au pouce (id. f”) et à l'indicateur (id. f). Les 
cinq tendons de ces trois muscles sont réunis entre eux, à partir du 
quart inférieur du bras, par une membrane qui laisse cependant 
apercevoir les tendons de chaque muscle ; par places même il existe 
des fissures entre les bords des deux tendons voisins ; au niveau de 
l'articulation du poignet, le tendon du pouce se sépare des autres, 
qui se trouvent encore réunis Jusqu'au tiers de la paume de la main. 
Le muscle fléch. du pouce est donc plus indépendant que chez le 
gorille, comme l'avait d’ailleurs déjà constaté Huxley (1). Bischoff 
décrit chez l'H. leuciscus un fléchisseur profond commun donnant 
des tendons à tous les doigts. Ainsi la présence d’un long fléchisseur 
du pouce plus ou moins indépendant semble être la règle chez le 


gibbon, comme son absence est la règle chez l’orang (Bischoff, Gra- 
tiolet et Alix, Testut, Langer). 


(1) Eléments d’Anaiomie des vert. etc, p. 495. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 151 


Les lombricaux (pl. XXVIIL, fig. 8, /) diffèrent de ceux de l’homme 
et du gorille en ce qu'ils naissent par deux chefs: du côté radial sur le 
tendon auquel ils vont s'attacher plus bas, et du côté cubital sur le 
tendon du muscle voisin. Le tendon de l'index semble être dépourvu 
d’un lombrical spécial ; à sa place se trouve un muscle (pl. XXVII, 
fig. 8, x) rappelant l’interosseux ou le contrahens (voy. plus bas), 


mais dont je n'ai pu suivre l'insertion. 


FiG. 15. — Muscles de la main du fœtus F1G. 16. —} Muscles fléchisseurs des 
de gibbon, 312. orteils du fœtus de gorille (demi- 
schématique), 312. 


Les deux muscles radiaux (pl. XXVI, fig. 7, r) sont réunis en un 
ventre charnu qui s’insère à l’épicondyle ; mais Le tendon de ce mus- 
cle se subdivise un peu au-dessus du carpe en deux autres tendons, 
dont l’un (id. ri) se porte à la base du deuxième et l’autre (id. rm) à 
la base du troisième métacarpien. 

Le court extenseur du pouce et le long abducteur du pouce ne for- 
ment aussi qu'un seul muscle (pl. XXVE, fig. 7, q) s'insérant aux deux 
liers supérieurs du radius, et dont le tendon est double presque dès 
son origine; une branche (a) de ce tendon (représentant celui du 
muscle abducteur } s’'insère au côté externe de la base du premier 
métatarsien, et l’autre (à) (représentant l’extenseur) s2 porte jusqu'à 


la base de la première phalange du pouce. Chez lé zibbon cendré, 


152 J. DENIKER. 


Bischoff décrit un muscle court extenseur autonome, comme chez 
l'homme, et un long abducteur du pouce qui présente deux tendons : 
l'un, allant à la base du premier métatarsien, l’autre au trap?ze. 
Le greupe des extenseurs présente deux couches distinctes: super- 
ficielle et profonde. La première est formée par un seul muscle: 
l'ertenseur commun superficiel (pl. XXVI, fig. 7, e), qui correspond à 
l’extenseur commun de l’homme. Il s'insère en haut au tiers supé- 
rieur du radius, à la moitié supérieure du cubitus, à l’articu- 
lation du coudeet aux cloisons aponévrotiques des muscles vol- 
sins. De ces insertions, les fibres se réunissent en un ventre 
charnu, se rendant sur un long tendon qui s’élargit etse subdivise 
en bas en quatre tendons assez gréles ; ces tendons vont aux 
quatre derniers doigts et restent réunis entre eux par une mem- 
brane, presque jusqu'à l'articulation métacarpo-phalangienne. La 
couche profonde est formée par trois muscles : l'extenseur commun 
profond (pl. XXVI, 7, ec), l'extenseur propre du pouce (id. ep), l'erten- 
seur propre du petit doigt (id. ea). Le premier de ces muscles s’insère 
au condyle, à la moitié supérieure du cubitus et à la cloison inter- 
osseuse ; de là les fibres se rendent sur un large tendon qui se sub- 
divise en deux tendons assez grêles, bifurqués à leur extrémité (voy. 
fig. 7). Il résulte de cette division quatre tendons allant aux quatre 
derniers doigts. Les tendons du troisième et du quatrièmedoigts sont 
réunis entre eux par une bandelette tendineuse (id. n). L'ertenseur 
propre ou long extenseur du pouce (id. ep) présente un très long tendon 
allant à la base de la phalange unguéale du pouce. L'ertenseur du 
petit doigt (id. ea)s'insère au cubitus et confond son tendon avec celui 
qui vient de l’extenseur commun profond. Bischoff a trouvé sur son 
gibbon le tendon de l’extenseur profond divisé en trois faisceaux 
(allant aux 2°, 3°et 4° doigts). L'extenseur commun profond de gibbon 
peut être considéré comme homologue de l'extenseur propre de 
l'index de l’homme. En effet, on a constaté chez l'homme des cas 
anormaux, où il existait, à côté de l’extenseur prcpre de l’in- 


dex, un autre muscle extenseur profond de l'index et du mé. 


1 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 153 


dius (4); ou bien des cas où letendon dufléch. de l'index se divisait en 
deux etmême en trois tendons distincts (2), allant à l'index, au médius 
et à l’annulaire. Cependant on n’a jamais vu ni chez l'homme, ni 
chez le gibbon (avant mon observation) la division de ce tendon 
en quatre. Hartmann (3) signale la division en quatre du tendon de 
l’extenseur chez l’orang, tandis que Langer décrit chez cet animal 
un extenseur de l'index donnant un tendon au médius. D'autre 
part, on connait les cas de La subdivision, chez l'homme et chez 
l'orang, de l’extenseur du petit doigt en deux faisceaux (condy- 
lien et cubital) donnant deux tendons, l’un au petit doigt, l’autre 
à l'annulaire. Il serait possible que chez le gibbon un des faisceaux 
(condylien) de l’extenseur du cinquième doigt se soit soudé avec 
l'extenseur trifide de l'index, pour former l’extenseur commun pro- 
fond. La réunion des tendons des extenseurs entre eux a été obser- 
vée chez le gibbon par Hartmann et chez l’orang par Langer (4). 
Les muscles de l’éminence thénar se composent: d’un court abduc- 
tour du pouce |fig. 15, r, etpl XXVIL, fig. 8, a) ; d'un court fléchisseur, 
formé, comme chez le gibbon de Bischoff, de deux faisceaux, dont 
l’un (id. 2) est libre et l’autre (id. 3) réuni à l'opposant du pouce (4); 
d’un adducteur, formé de deux faisceaux, transverse (id. 5) et oblique 
(id. 6), comme chez le gibbon de Bischoff (autant que l'on peut 
juger par le dessin, car l’auteur n’en donne pas de description). 
L'éminence hypothénar est constituée par trois museles : l’abducteur 
(fig. 45, ab, et pl. XXVII, fig. 8, ab), qui va de l'articulation cubito- 
carpienne au bord interne du cinquième métacarpien, près de son 
sommet ; le court fléchisseur (fig. 15, cf), qui va du crochet de l'un- 


ciforme au bord interne de la base de la première phalange du 


(1) Caupzinsxi, Quelques noles sur l'anatomie de deux Nègres (Rev. d'Anthr. 2e série, 
t. VII (1884), p. 612). 

(2) Observation de Meckel citée par TEesTuT, /. €. p. 549. 

(3) Menschenühnlichen, etc. p. 160. 

(4) Lancer, Nie Musculatur der Extremitäten des Orang als Grundlage einer ver- 
yleichend-myologischen Untersuchung (ir. à part de Sifzungsberichte de l'Acad, de 
Vienne, t. LXXIX, 3° div. (1879, p. 6). 


154 J. DENIKER. 


cinquième doigt ; enfin l'opposant (fig. 15, 0), situé plus profondément 
et allant de l’unciforme au sommet du 5° métatarsien. 

Outre ces deux groupes musculaires, il existe encore deux muscles 
que je nommerai, d’après Halford de Melbourn (1) et Bischoff, les 
contrahentes digitorum (fig. 15, c). Ce sont deux faisceaux assez volu- 
mineux situés sur la paume, au-dessous du fléchisseur profond , 
recouvrant en partie l’'opposant du petit doigt, et les insertions de 
l’'adducteur du pouce. Ils naissent sur l’aponévrose de l'articulation 
carpienne et se jettent par deux tendons distincts à la base des pre- 
mières phalanges du 5° et du 4° doigt, du côte externe. Chez le 
gibbon de Bischoff, ces muscles se rendaient au 5° et au 2 doigt. 
J'ai déjà dit que j'ai vu aussi chez le fœtus de gibbon un muscle 
ressemblant au contrahens du 2° doigt, mais je n'ai pu bien suivre 
son insertion. Bischoff a constaté les contrahentes allant aux 4° et 5e 
doigts chez un chimpanzé ; mais ces muscles manquent à l’orang, 
d’après lui et d'après Langer (2). Comme je l’ai déjà dit, on ne les 
connaît pas non plus chez le gorille. 

L’aponévrose palmaire est percée au milieu de la paume de la main 
de quatre ouvertures ovalaires laissant voir les tendons du fléchis- 
seur superficiel ; elle présente au niveau de l'articulation métacarpo- 
phalangienne la striation transversale caractéristique de tous les 
anthropoïdes (voy. plus haut, p.147). Jen’ai pu constater la présence 
du muscle palmaire cutané, ni bien voir la disposition des muscles in- 
terosseux (fig 15, 1). Quant aux autres muscles de l’avant-bras et : 
de la main, dont il n’est pas fait de mention spéciale plus haut, leur 


disposition est analogue à celle de l'homme. 


V.— Muscles du membre abdominal. 


Les muscles de la région pelvienne présentent quelques particula- 


rités chez le fœtus de gorille. 


(1) Cité par Biscnorr dans son Mémoire sur le gibbon, p. 220. 
2} Lieisp:, 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 155 


Le muscle psoas (pl. XXVIIL, fig. À et 3, p) s’insère en haut comme 
chez l'homme, aux deux dernières vertèbres lombaires, et non pas, 
comme chez le gorille de Duvernoy, aux 12° et 13° vertèbres dorsa- 
les. Il est possible que cette insertion plus basse, que j'ai également 
constatée chez le jeune gorille femelle, soit due aux différences 
sexuelles. Notons à ce propos que, chez la plupart des mammifères, 
le muscle s'insère à plusieurs vertèbres dorsales. Outre ce grand 
psoas, il existe encore un petit psoas (pl. XX VIII, fig. 4, p’) situé plus 
en dedans, et dont le tendon, très grêle, s’insère sur la crête pectinée, 
en arrière de l'insertion du muscle pecliné. Il est traversé par le 
nerf fémoro-cutané (id. fe). Ce muscle , surtout développé chez les 
mammifères sauteurs, manque souvent chez l’homme (1) et chez 
le gorille; Ni Duvernoy , ni Chapman n'en font mention, mais 
Bischoff constate sa présence ; sur mon jeune gorille, je n'ai pu 
le trouver. Ainsi, sur cinq gorilles disséqués, ce muscle manque chez 
trois. Le muscle wiaque (pl. XX VII, fig. 4 et3,1), d'abord distinct 
du psoas, se fusionne avec lui au niveau de la crête pectinée, et les 
deux masses charnues réunies vont s’insérer au petit trochanter 
par un tendon contourné. 

Le grand fessier, épais de 1 à 1,5 mm., de forme triangulaire, 
présente les deux faisceaux caractéristiques décrits chez le gorille 
adulte par Duvernoy (2) ; seulement ici, comme aussi dans les cas de 
mon jeune gorille et de celui de Bischoff, les faisceaux sont moins 
distincts, de sorte que l’on ne peut pas admettre l'existence d'un mus- 
ele ischio-fémoral séparé. L'insertion fémorale se fait, comme chez 
les jeunes gorilles, le long de la ligne âpre, depuis un point situé à 
8 mm. au-dessous du grand trochanter jusqu'au condyle interne 
(pl. XX VII, fig. 2, f) du fémur; chez l'adulte, d’après Duvernoy, cette 
insertion va jusqu'à l'articulation du genou. 


On sait, depuis Buffon, que « les fesses n’appartiennent qu'à 


(4) TESTUT, /. c. p. 188. 
(2) Le bord supérieur et le bord externe de ce muscle, décrits dans l’anatomie de 
l'homme, sont confondus ici en un seul bord externe. 


156 J. DENIKER. 


l'homme », et que chez les singes les ischions ne sont pas recouverts 
parles masses charnues des fessiers. Chez eux, ce muscle, ne servant 
pas comme ehez l’homme à redresser le tronc, n’a pour unique rôle 
que de mouvoir les extrémités abdomimales en arrière et en haut, 
c’est-à-dire à les aider dans l'action de grimper ; c'est pour cela que 
les portions inférieures de ce muscle sont les plus fortes et se sépa- 

rent même en un muscle distinct (ischio-fémoral). Chez le fœtus de 
gorille, le muscle présente déjà la forme typique simienne, mais 
moins accentuée que dans le gorille adulte ; les ischions sont à nu, 
mais la portion supérieure du muscle s'étend plus haut, et la 
portion inférieure n’est ni plus forte ni plus épaisse que la portion 
supérieure ; en outre, l'insertion inférieure du muscle se fait plus 
haut que chez l'adulte. Quant à la portion ischio-fémorale, elle 
n'existe pas toujours comme un muscle à part chez le gorille et chez 
d’autres singes anthropoïdes : on ne l’a pas isolé chez certains chim- 
panzés (Gratiolet et Alix) et chez un orang (Testut). 

Le muscle moyen fessier (pl. XXVIIT, fig. 2, f} est beaucoup plus 
développé que le grand ; il s’insère à la presque totalité de la fosse 
iliaque externe et de la crête iliaque (sauf sa partie tout à fait anté- 
rieure), laissant à peine 118 de cette région à l'insertion du petit fes- 
sier. De cette insertion supérieure les fibres convergent vers le grand 
trochanter, où leur insertion se fait par un tendon aplati, suivant une 
ligne oblique en bas et en avant. Ce muscle, très épais (3-4 mm.), ne 
recouvre qu'une faible partie du petit fessier et présente en général 
les mêmes dispositions que chez le gorille adulte. 

Le petit fessier est formé de deux faisceaux, bien distincts en haut. 
Le faisceau antérieur (pl. XXVIIL, fig. 1 et 2, f’) s'insère à la parte 
antérieure de la crête iliaque, à une faible portion de la fosse iliaque 
externe et à toute l'étendue du bord externe de los iliaque ; le 
faisceau postérieur s'insère en dedans et en arrière du précédent sur 
la partie de l’iléon située au-dessus de lacavité cotyloïde, et à l'échan- 
crure sciatique. De ces insertions les fibres se portent vers la par- 


tie antéro-externe du grand trochanter. Le faisceau antérieur n’est 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 157 


presque pas du tout recouvert par le moyen fessier et fait saillie en 
dehors de l'os iliaque : on peut voir une partie de ce muscle par la 
face antérieure du bassin (pl. XXVIIL fig. 1,f"). Chez la plupart des 
mammifères qui ont le bassin très hautet très étroit, cette portion du 
fessier se différencie en un muscle à part, le scansorius (épimeéral de 
Strauss-Durkeim)}, situé sur le bord {et la face) externe du bassin. Ge 
muscle peut également avancer ses insertions inférieures jusqu’au 
petit trochanter, tout près des insertions de l’iliaque ; aussi M. Testut 
considère-t-il le muscle iliaque accessoire ou petit iliaque de certains 
mammifères comme identique avec le scansorius. Cette manière 
de voir n’est pas applicable à tous les cas, comme on le verra plus 
bas, à propos de la coexistence d’un scansorius avec le petit ilia- 
que chez le fœtus de gibbon (voy. p. 168). 

Le muscle scansorius se rencontre à tous les degrés de développe- 
ment chez l'homme {1) comme chez les singes anthropoïdes, depuis 
l’état d’un faisceau à peine distinct (chez les chimpanzés disséqués 
par Champney, Macalister et Bischoff, etchez mon jeune gorille) 
jusqu’à celui d'un muscle tout à fait indépendant {chez les orangs 
disséqués par Hencke et Langer, chez le gibbon de Bischoff et chez 
mon fœtus de gibbon). Parfois, comme chez l’homme, ce muscle peut 
manquer (gorilles de Duvernoy, de Bischoff et de Macalister). 

Le muscle pyramidal (pl. XX VITE, fig. 2, p')est un peu plus oblique 
et présente un tendon plus long que chez l’homme. Son bord inférieur 
n’est pas adossé au bord supérieur de l’obturateur interne ; il en est 
séparé par un espace triangulaire rempli de tissu cellulo-graisseux. 
Ni chez Le fœtus, n1ichez le jeune gorille que j'ai dissequés, le pyrami- 
dal n’est réuni au moyen fessier, comme on l’a observé quelque- 
fois chez le gorille { Duvernoy et Bischoff) et chez l’homme (Testut,. 

Le carrécrural est aussi plus oblique en bas ; son bord supérieur 
ne touche pas le bord inférieur de l’obturateur interne ; il en est 


séparé par un espace triangulaire laissant voir au fond l’obturateur 


(4) TesTur, /. ec. p. 598, 


158 J. DENIKER. 


externe. Chez mon jeune gorille, la disposition est la même, tandis 
que, chez le gorille de Bischoff, les bords des deux muscles se 
trouvaient réunis. L'insertion inférieure se fait entre les deux 
trochanters, comme chez l’homme, tandis que, chez le gorille de 
Duvernoy, cette insertion se faisait seulement au grand trochanter. 

L'obturateur interne ne présente rien de particulier, à part l’ab- 
sence totale de deux muscles jumeaux, qui devraient l'accompagner. 

Chez le jeune gorille, J'ai constaté les deux jumeaux, comme chez 
l'adulte (Duvernoy , Macalister) ; Bischoff n’a trouvé que le jumeau 
supérieur chez son gorille. Il est possible que ce muscle , déjà très 
grêle chez l’orang (Testut), manque chez le gorille aussi souvent 
que chez l’homme. 

L’obturateur externe est constitué par deux plans de fibres muscu- 
laires : le plan profond (pl. XXVIIT, fig. 3, o), disposé comme chez 
l’homme, et le plan superficiel, formé de trois faisceaux. Le premier 
de ces faisceaux, l’externe (id. 0’), s’insère sur la branche horizontale 
du pubis, en dedans du pectiné ; le deuxième faisceau, moyen (id. 0”) 
s'insère sur la branche, l'épine et Le corps du pubis, tout près de la 
symphyse; enfin le troisième faisceau , interne (id. 0”), s'attache au 
corps du pubis et à la partie supérieure de la branche montante de 
l'ischion. Les trois faisceaux se réunissent entre eux au niveau du 
grand trochanter, qu’ils contournent pour s’insérer entre lui et le 
petit trochanter. Le plan superficiel envoie des fibres au plan profond 
et se trouve recouvert par les trois adducteurs. L’innervation des 
différents faisceaux est à remarquer : la branche du nerf obturateur 
qui innerve les deux premiers adducteurs (pl. XXVII, fig. 3, 2) 
donne des filets aux deux premiers faisceaux de l’obturateur, tandis 
que la branche qui innerve le faisceau externe du 3e adducteur envoie 
des filets au troisième faisceau de l'obturateur ; elle sépare en même 
temps ce dernier du reste du muscle. 

Il est singulier que cette disposition particulière de l’obturateur, 
que J'ai retrouvée aussi chez le jeune gorille, n'ait pas été décrite ni par 


Bischoff ni par Duvernoy. Chez l’homme, on n’a vu que la division 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 159 


du muscle en deux faisceaux (moyen et interne) séparés, comme 
chez le gorille, par le nerf obturateur ; le faisceau externe manque 
complètement. Le développement excessif des obturateurs, qui agis- 
sent comme les adducteurs dans l’état de flexion des jambes, se com- 
prend aisément chez un animal grimpeur, dont les jambes sont con- 
tinuellement maintenues à moitié fléchies sur les cuisses. 

Parmi les muscles de la cuisse, Le couturier (pl. XXVIIT, fig. 4 et 
3, c) se signale par sa forme rubanée, par son épaisseur et par son 
insertion übiale très basse. Chez le gorille adulte, il est relativement 
grêle. "Le triceps fémoral formé par le droit antérieur (pl. XXVUHH, 
fig. 4 à 3, t), le vaste externe (id. t) et le vaste interne (id., l’)ne 
présente rien de particulier, si ce n’est la brièveté de ses tendons 
d'insertion à la rotule. Le fenseur du fascia lata est peu développé, 
comme chez tous les singes anthropoiïdes ; cependant il n’est pas 
aussi étroit que le décrit et le figure Duvernoy ; il a plutôt la 
forme triangulaire. 

Le droit interne (pl. XXVII, fig. 1, d) descend très bas sur l’apo- 
névrose jambière. Le pectiné (pl. XXVIHIT, fig. 1 et 3, n) descend aussi 
très bas, jJusqu'au-dessous du petit trochanter. Sa partie interne est 
recouverte par le premier adducteur. Ni chez Le fœtus ni chez le 
Jeune gorille, je n’ai pu constater la duplicité de ce muscle ; le 
deuxième faisceau du pectiné que décrit Duvernoy chez le gorille 
adulte présente la même insertion supérieure (branche horizontale 
du pubis) que le faisceau externe de l’obturateur que je viens de dé- 
crire (p. 158); maisson insertion inférieure est bien celle du pectiné. 
Ce fait, de même que la réunion du pectiné à l’obturateur, observée 
chez l’homme par Macalister, prouve l’étroite affinité entre le pectiné 
et le groupe des muscles obturateurs. En même temps la fusion du 
pectiné avec les adducteurs, fréquente chez les singes, et leur in- 
nervation par le même nerf, démontrent que tous ces muscles 
doivent composer un seul système des adducteurs, divisé en deux ou 
trois plans successifs. 


Le groupe des adducteurs est constitué chez le fœtus de gorille, 


160 J. DENIKER. 


comme chez les gorilles adultes, par quatre muscles. Le premier ad- 
ducteur (pl. XXVII, fig. 1et 3, a), correspondant à l'adducteur 
moyen de l’homme, s'insère à la branche horizontale du pubis (et non 
à son corps comme chez l’homme). Le deuxième adducteur (id. «), 
correspondant au petit adducteur, s’insère au corps du pubis. 
Le troisième adducteur (id. a’), correspondant au « faisceau ex- 
terne du grand adducteur », souvent différencié chez l’homme en un 
muscle spécial (adductor minimus de Gunter), s'insère en haut à la 
branche ischio-pubienne, et en bas à la ligne âpre du fémur, en 
dehors de l'insertion du deuxime adducteur auquel il envoie un 
faisceau de renforcement. Le quatrièômz: adducteur ou muscle ischio- 
condylien (pl. XXVIL, fig. 2, 4 ”)correspond au faisceau inférieur ou 
interne du grand adducteur. Il prend naissance sur l’ischion, en 
bas et enarrière du muscle précédent, presque à la partie inférieure 
de la tubérosité ischiatique, et se porte en bas pour s’insérer au 
condyle interne du fémur. Ce dernier muscle diffère déjà par ses 
insertions des autres adducteurs, et:son mode d’innervation, non 
pas par le nerf obturateur, maispar une branche du poplité interne 
(pl. XXVIIL, fig. 2, Z) qui innerve aussi le demi-tendineux et le 
demi-membraneux , le rattache morphologiquement au groupe des 
muscles fléchisseurs de la jambe. Le muscle ischio-condylien est 
constant chez tousles singes pithéciens ; chez les singes anthropoïdes, 
il a été toujours constaté chez le gorille (Duvernoy, Macalister et 
moi), chez le chimpanzé (Vrolik, Champney, Testut), chez l'orang 
(Langer, Testut) et chez le gibbon (Bischoff et moi). Chez l'homme, 
ce muscle se trouve isolé assez fréquemment, et dans certains traités 
classiques d'anatomie humaine, comme celui de Henle, les muscles 
adductor minimus et ischio-condylien sont décrits à part. 

Le demi-tendineux (pl. XXVIL, fig. 2, s) et le demi-membran ux sont 
semblables à ceux du gorille adulte et de l’homme ; ils contractent 
seulement des adhérences plus intimes. avec l’aponévrose jambière 
antérieure. Quant au biceps crural, ilestformé de deux portions dis- 


tinctes : ischiatiqueoulong chef (id. D) et fémorale ou court chef (id. ct). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 161 


Comme chez le gorille adulte, la première portion s'insère en bas 
à la tubérosité externe du tibia et à La tête du péroné, et envoie tout 
près de cette insertion quelques fibres à la courte portion qui s’in- 
sère plus bas à la tête , à la portion sous-jacente du péroné et à 
l’aponévrose jambière. 

Les muscles jumeaux de la jambe (pl. XXVIIT, fig. 4, jj) se distin- 
guent, comme chez le gorille adulte, par l'étendue de leur partie 
charnue ; sur une longueur totale de 47 mm. du muscle, lé tendon 
d'Achille n'a que 5 à 7 mm. de longueur {chez le jeune gorille, la 
proportion est de 155 à 10). Les deux muscles sont divisés dans 
les 213 de leur longueur et laissent voir du côté externe en haut, 
du côté interne en bas, le muscle so/éaire (id. s). Ce dernier pré- 
sente une disposition que J'ai retrouvée également sur le jeune go- 
rille, et qui jusqu'à présent n'a été signalée que deux fois chez les 
anthropoïdes et une seule fois, comme anomalie, chez l’homme (1) : 
je veux parler de l'insertion tibiale de ce muscle. On sait que chez tous 
les singes pithéciens et cébiens le soléaire ne s’attache qu’au péroné. 
Bischoff prétendait dans son travail (2) qu’il en est de même chez 
les singes anthropoiïdes ; et en effet ni lui, ni Duvernoy, ni Chapman, 
ni Testut n’ont trouvé rien de semblable chez aucun des singes an- 
thropoïdes. Mais Humphry (3) a signalé une insertion tibiale chez le 
chimpanzé, et Macalister chez le gorille. J'ai trouvé également chez 
le fœtus de gorille (pl. XXVIIL, fig. 5, sl) un petit faisceau de fibres 
musculaires long de9 mm., large de2 mm., se détachant de la masse 
principale du muscle et se dirigeant en haut et en dedans, pour se 
jeter sur une aponévrose fibreuse formant un pont au-dessous duquel 
passent le nerf poplité interne et l’artire tibiale postérieure. J'ai 
constaté la même disposition chez le jeune gorille, où le faisceau 
musculaire était long de 10 mm. et large de 5 mm. Comme ce fais- 


ceau tibial est relativement plus court chez le jeune gorille que chez 


(4) TESTUT, /. c. p. 656. 
(2) Anatomie de gibbon, tableaux. 
(3) British Medicai Journal, 1873, Il, p. 79. 


ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 2€ SÉRIE. — T. Ii Dis, suppL, 1S85. — 3° Hem. 11. 


162 J. DENIKER. 


le fœtus, il est possible qu'il s’atrophie avec le progrès de l’âge. 

Je n'ai trouvé, ni chez le fœtus, ni chez le jeune gorille, de 
trace du muscle carré pronateur de la jambe , si commun aux singes 
pithéciens, ni du plantaire grêle, quimanque sirarement (1 fois sur 
30) chez l'homme et chez le chimpanzé (1). 

L’extenseur commun des orteils (pl. XXVIIL, fig. 6,e)s’insère en 
haut à la tubérosité externe du tibia,.et pas du tout au péroné ; 
il présente la même forme cylindrique que celui du gorille adulte, 
la même division en trois, puis en quatre tendons allant aux 4 
derniers orteils. Le ligament annulaire, à travers lequel passe le 
muscle (représenté sur la fig. 6 après l’ablation de sa partie interne), 
a été si bien décrit par Duvernoy, qu'il n’en reste rien à dire. 
L’extenseur est renforcé par 4 museles pédieux (14. pd), dont un (pour 
le gr. orteil) est presque complètement séparé des trois autres. 

Le peronier antérieur fait défaut comme chez tous les singes en 
général. L'extenseur du grand orteil (pl. XXVIIE, fig. 6,e’) ne présente 
rien de particulier, si ce n'est que son insertion supérieure se trouve 
plus haut que chez l’homme (tiers supérieur du péroné). 

Le jambier ou tibial antérieur (pl. XXVIIE, fig. 6, j) présente infé- 
rieurement deux tendons quis'insèrent, comme chez tous les gorilles, 
au premier cunéiforme età la base du premier métatarsien : seule- 
ment ici les deux tendons réunis par une membrane ne deviennent 
libres que tout à fait en bas, sur une longueur de 5 à 6 mm. 

Des deux muscles péroniers, le long (pl. XXVIIL, fig. 4 et 6, [p) est 
conformé comme chez l'homme, mais le court péronter (pl. XXVIIT, 
fig. 6, cp) présente quelques particularités. D'abord soninsertion se 


fait au liers supérieur du péroné, et non à sontiers moyen ou infé- 


(1) Sans entrer en détail des citations , je dirai que sur 13 observations d'auteurs que 
j'ai pu réunir, dans trois seulement (celles de Traill, d’Embleton et d'Alix et Gratiolet) le 
muscle plantaire manquait complètement au ehimpanzé ; dans 4 autres (Macalister, Wil- 
der, Bischoff et Deslongehamps), il existait d’un seul côté ; enfin dans six cas (Bruhl, Vro- 
lik, Bischoff, Sandifort, Huxley, Humphry et Testut), il existait des deux côtés. On a sicnalé. 
aussi un seul cas de présence de ce muscle chez l'orang (SANDIFORT, in Verhan- 
delingen over de natuurl.-Geschie lenis der Nederland. overzeesche besiltingen. Leide, 
1839-40, p.50). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 163 


rieur comme chez l’homme ; puis son tendon envoie près de son in- 
sertion à la base du 5: métatarsien un tendon minuscule (id. {) qui se 
porte vers la base de la 1 phalange du 5° orteil : c’estle représen- 
tant du troisième péronier des singes pithéciens et cébiens. On sait. 
que chez les anthropoïdes, de même que chez l’homme, on trouve 
souvent un vestige analogue que M. Pozzi(1) a proposé d'appeler le 
prolongement digital du tendon du péronier. C’est chez le chimpanzé 
qu'on le trouve le plus fréquemment. Chez le gorille et l’orang il est 
plus rare ; Duvernoy et Bischoff ne l’ont point trouvé, mais Maca- 
lister en cite un cas et j'en ai constaté un autre chez le jeune gorille. 


Ainsi, sur 5 gorilles, on a rencontré cette anomalie 3 fois (chez 
l’homme, 1 fois sur 3). 


Le poplité (pl. XXVIIE, fig. 5, K) et Le tibial postérieur ne présen- 
tent rien de particulier, mais il n’en est pas de même des longs 
fléchisseurs des orteils. On sait, depuis Duvernoy, que les fléchisseurs 
décrits dans l’anatomie humaine sos le nom de « commun » et de 
« fléchisseur du gros orteil » affectent chez le gorille des disposi- 
tions qui ne justifient point ces appellations ; aussi désignerais-je 
ces deux muscles, suivant en cela l'exemple de F.-E. Schulze(2), de 
Chudzinski (3j et de Testut (4), sous le nom de fléchisseur tibial 
et de fléchisseur péronier, d'après leur mode d'insertion supérieure. Le 
tendon du fléchisseur tibial (Gig. 16,1, et pl. XXVIIL, fig. 4, ft) se divise 
en bas en deux autres tendons qui vont s'insérer au 2 et au 5e orteil ; 
le tendon du fléchisseur péronier (fig. 16, 2, et pl. XXVIIL, fig. 4, fp) 
fournit àson tour des tendons aux der, &et 4° orteils. Les deux tendons 


sont réunis, à peu près au milieu dela plante du pied, par une bande- 


(1) Pozzr, Note sur une variété fréquente du muscle court péronier latéral chez 
l’homme. (Journ. de l’Anat. el de la Physiol. 1872, p. 269.) 

(2) Franz ErcxarD Scuzze, Die Sehnenverbindung in der Planta des Menschen 
und der Säugethiere. (Zeitschr. f. wissensch. Zoologie, t. XVII, 1 fase. 1866, p. 9 du 
tirage à part.) 

(3, Caupzinskr, Contribution à l'anatomie du Nègre. (Rev. d'Anthrop. 1874, p. 15 
du tir. à part. 

(4) L. c., p. 614. 


164 J. DENIKER. 


lette fibreuse (fig. 16, 3). Une disposition absolument analogue 
est décrite et figurée par Duvernoy (1) et Chapman (2). Je l’ai 
trouvée légèrement modifiée chez le jeune gorille, où le fl. péro- 
nier envoyait encore un tendon au 5° orteil. Chez le gorille de : Bis- 
choff (3), le fl. péronier donnait en outre un tendon au 2° orteil. Maca- 
lister (4) décrit une disposition un peu plus compliquée : le fléchisseur 
péronier envoyait des tendons aux 4er, 2°,3et 4° orteils, tandis que le 
fl. tibial en envoyait aux 2e, 3e, 4e et 5°, On peut donc dire que le cas 
le plus fréquent de l’arrangement des tendons à la plante desgorilles 
est le suivant: le fléchisseur tibial donne des tendons perforants 
au 2° et au 5° orteil (5 cas sur 6) ; le fléchisseur péronier fournit 
des tendons au 1°", au 3 et au 4e orteil (3 cas sur 6), et parfois, en 
outre, des tendons au 2° (Macalister), au 5° (Deniker), ou au 2eet 
5 orteil en même temps (Bischoff). Cette disposition est aussi de 
beaucoup la plus fréquente chez les chimpanzés. 

On sait, d’après les travaux de Turner (5), de F. E. Schulze, et 
d’autres, que chez l'homme le tendon du fléchisseur péronier est 
presque toujours réuni à celui du fléchisseur tibial. Dans la majorité 
des cas, chez l’homme (58 fois sur cent d’après Schulze, 20 fois 
sur 50 d’après Turner, 20 fois sur 22 d'après Chudzinski), le tendon 
du fl, péronier fournit, outre le tendon du 1% orteil, encore des 
tendons aux 2° et 3° orteils; assez souvent ( 22 à 32 fois sur 
cent), il fournit des tendons au 2e orteil, mais plus rarement 
(10 à 16 fois sur cent) aux 2°, 3° et 4e orteils. Le tendon allant à 
tous les doigts n'a élé constaté que 2 fois sur 170 sujets. En com- 
parant ces données avec ce que l’on observe chez les gorilles et les 
chimpanzés, On voit que chez les anthropoïdes les tendons du pé- 


ronier ont une tendance à se porter vers le 3 ,le 4 et parfois 


GE cs DANS EL MX 

(2) L. c., p.390, et. pl. VI, fig. 2. 

(O6: D 0! 

(4) L. c., p. 505. : 

@) Turner, On variabilily in human structure with illustrat. from the flexor 
muscle, etc. (Transac. R. Soc. Edinb., XXIV, 1865.) 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 165 


vers le 5° orteil, tandis que chez l’homme ïls se portent 
de préférence vers le 2, le 3e et parfois vers le 4° orteil. D'autre 
part, il faut noter que chez le gorille les tendons se portent aussi 
fréquemment sur le 2° que sur le 5° orteil, tandis que, chez 
l'homme et le chimpanzé, les cas des tendons allant au 5e orteil 
sont excessivement rares. 

Les courts fléchisseurs sont au nombre de deux : un superficiel 
(fig. 16, a), s'insérant à la partie postérieure et interne du calcanéum 
et donnant deux tendons perforés pour le 2etle 3° orteail; et un 
profond (fig. 16, b), situé au-dessous et un peu en dedans du précé- 
dent ; ce dernier s’insère sur la face inférieure du long fléchisseur 
tibial et donne un tendon perforé au 4° orteil. 

Il n'existe pas de court fléchisseur perforé du 5° orteil; mais 
cette absence, signalée aussi par Macalister chez son gorille, n'est 
point un fait général. Duvernoy (1) et Chapman (2) décrivent et figu- 
rent un court fléchisseur du 5° orteil s’insérant, comme celui du #, 
sur le tendon du long fléchisseur tibial, mais dont le tendon n’est 
point perforé. Bischoff décrit au contraire ce même muscle avec un 
tendon perforé, fait que j'ai pu également constater chez mon 
jeune gorille. En somme, les fléchisseurs des deux derniers orteils 
s'insèrent toujours sur le tendon du fléchisseur tibial chez le gorille ; 
le tendon du 5° orteil peutétreperforé, non perforé ou absent: sur six 
observations il y en a deux pour chacune de ces dispositions. 

Cette disposition, éminemment simienne, se rencontre parfois chez 
l’homme (à fois sur 50, d’après Turner). Les cas ont été signalés 
par Turner (3), par Schulze (4), par Chudzinski (5) et par Testut(6). 


Le fléchisseur accessoire ou chair carrée (caro quudrata) manque 


40 08 PR PR AE E VA-| 5 11e COS 

(2) L. c., p. 390, et pl. VI, fig. 2 

(3) Transac. of the R. Soc. Edinb., t. XXIV, 1865. 

RL. 61, D. 8 

(5) Caupzinskr, Nouvelles observations sur le système musculaire du Nègre (Revue 
d’Anthrop., 1814, p. 50), et Quelques notes sur l'anatomie de deux Nègres (même 
recueil, 1884, p. 609). 

(6) L. c., p. 685. 


166 J. DENIKER. 


chez le fœtus et chez le jeune gvrille. Sur 9 gorilles disséqués, sa 
présence à été signalée seulement deux fois (Huxley et Macalister)(1). 

Les muscles de la plante du pied sont bien développés. Le court ab- 
ducteur du gros orteil a deux chefs : un analoguc à celui de l’abduc 
teur chez l'homme (pl. XXVI, fig. 9, a) et un autre (id., s) venant de 
l'aponévrose plantaire profonde et se réunissant bientôt au premier. 
Cette disposition, qui n’a été signalée ni par Bischoffni par Duvernoy, 
a été constatée par moiégalement sur le jeune gorille. Le court flechis- 
seur du gros orteilse divise en deux portions : interne (id., i), eterterne 
(id., €), comme le décrit Bischoff, seulement le faisceau externe est 
très petit et enfoncé ; entre les deux faisceaux passe le tendon du 
long fléchisseur péronier allant au gros orteil (id., !). Outre le 
court fléchisseur, il existe un autre, fléchisseur accessoire du gros 
orleil (id., m), qui part du bord interne du calcanéum, entre les 
origines du court fléchisseur et de l'abducteur, pour aboutir par un 
long tendon à la première phalange du gros orteil; d’après ce 
mode de terminaison, il faut homologuer ce muscle avec les 
fléchisseurs perforés des autres orteils, comme le fait Duvernoy (2). 
Cependant un faisceau analogue se confondait avec le court fléchis- 
seur chez mon jeune gorille. 

Le court adducteur du gros orteil (pl. XXVI, fig. 9, d) est bien déve- 
loppé ; c’estune masse musculaire énorme, occupanttoutl’espace entre 
le le et le 4 métatarsien etprésentant cinq faisceaux distincts disposés 
en éventail. Le premier faisceau, long de 3 à 4 mm.., part de l’articula- 
tion métatarso-phalangienne du 2° orteil. Le deuxième se détache dela 
même articulation du3°orteiletse réunit bientôt au troisième faisceau 
venu de la même articulation du 4° orteil; ces deux faisceaux réunis 
ont 3 mm. de longueur et recouvrent presque complètement le pre- 
mier. Le quatrième faisceau part du milieu du quatrième métatarsien 


et recouvre le faisceau précédent ; enfin, le cinquième faisceau se 


(1) Parmi les autres anthropoïdes, on cite 4 cas chez le chimpanzé (Gratiolet, 
Chapman, Humphry) et 2 chez l'orang (Langer et Bischoff). 
(2}L10. pp: Eva: 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 167 


détache de la partie proximale ou postérieure du troisième mé- 
tatarsien et recueille en dehors, le faisceau précédent, et en 
dedans, le faisceau du court fléchisseur du gros orteil. Tous ces 
faisceaux charnus se jettent sur un tendon commun qui s’atta- 
che à la face externe de la base de la première phalange du 
gros orteil. On ne remarque point d'espace triangulaire qui sépare 
chez les gorilles adultes le dernier faisceau des 3 ou 4 premiers 
(souvent réunis). Il n'y a pas d'opposant du grand orteil, comme chez 
le gorille de Duvernoy et de Bischoff. 

Le court abducteur et l'opposant du cinquième orteil (pl. XXVI, 
fig. 9, cet o) existent avec les mêmes rapports que chez l’homme. 
Par contre, le court fléchisseur de cet orteil manque complètement. 
Le muscle que décrit Bischoff sous ce nom représente aussi l’oppo- 
sant, vu qu'il s’insère en partie sur la face externe du 5e métacar- 
pien. Duvernoy (1) nomme un seul et même muscle, tantôt oppo- 
sant, tantôt fléchisseur. 

Les lombricaux et les interosseux se comportent comme chez 
l'homme, sauf que le deuxième interos. dorsal s'insère par un seul 
chef au 2% métatarsien et le deuxième interos. plantaire s'insère par 
deux chefs, au contraire de ce que l’on voit chez l’homme Je n’ai pas 
trouvé deux interosseux dorsaux (comme à la main chez l’homme) 
décrits par Duvernoy et Macalister pour le 3° métatarsien. Bischoff a 


trouvé la disposition des interosseux comme dans le pied de l’homme. 


Chez le fœtus de gibbon, le muscle psous iliaque (pl. XXVL, fig. 8, ül) 
est plus étroit que chez l’homme et le gorille, par suite de la forme 
plus allongée du bassin. 

Outre le petit psoas, ce complexe musculaire présente encore un 
muscle accessoire de l'iliaque (id. à) qui se détache de l’épine antéro- 
supérieure de la créteiliaque en dedans des muscles couturier et 


droit antérieur (id. c et d), etvaau petit trochanter. Il n'est séparé 


(4) L. c., p.115, et pl. IX, fig. B, f. 


168 J. DENIKER. 


de l'ihaque que par la branche fémoro-cutanée du nerf crural. 

Le grand fessier (pl. XXVI, fig. 6, g), auquel se mêlent en haut les 
fibres du tenseur du fascia lata (id. t), est réduit à son seul faisceau 
iliaque, qui s'ins?re à la moitié supérieure du fémur ; il n'existe point 
de faisceau ischio-femoral, si commun chez le gorilleet chezlesautres 
singes ; Ce faitest en contradiction avec l’assertion de Bischoff (1) 
que « la partie inférieure du fessier esttrès forte » chez le gibbon. Le 
moyen fessier (pl. XXVI, fig. 6, m) est bien développé (3-4 mm. d’é- 
paisseur). Le petit fessier (pl. XXVI, fig. 8, f) est réduit à un fais- 
ceau occupant la sixième partie de la fosse iliaque externe; mais, en 
dedans de ce faisceau, se trouve un muscle (id. s) que je n'hésite pas 
à assimiler au muscle scansorius décrit par Bischoff (2) chez son 
gibbon ; comme ce dernier, il va « de la partie la plus inférieure du 
bord iliaque antérieur, en dehors des insertions du droit antérieur 
et du couturier, et du pourtour supérieur de la cavité cotyloïde, à la 
face externe de la base du petit trochanter ». La coexistence de ce 
muscle avec l'accessoire de l’illaque infirme en partie l’assertion de 
Testut (3), d'après laquelle le scansorius serait identique à l’acces- 
soire de l'illaque. 

Je n’ai pu constater le muscle pyramidal. Le carré crural est 
tris petit. L'obturateur interne (pl. XX VI, fig. 6) est au contraire 
bien développé ; il est accompagné, en bas, d’un jumeau inférieur ; 
le jumeau supérieur manque. L'obturateur externe n'est pas 
aussi développé que chez le gorille, tout en étant formé de deux 
plans musculaires. Le plan superficiel est composé de deux faisceaux, 
dont l’un s’insère àla symphyse pubienneet l'autre à l’ischion ; ‘entre 
les deux faisceaux se trouve un espace triangulaire assez large, lais- 
sant voir la couche profonde qui s’insère autour du trou obturateur. 
L'ensemble du muscle est enveloppé comme par un manchon, par les 
adducteurs. Le nerf obturateur (pl. XXVII, fig. 7, r) envoie des 


(1) Mem. sur l'Hylobales, p. 224. 
(OYTLSCSDE ME E" 
(3) L. e., p. 500. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 169 


branches non seulement aux deux muscles obturateurs, mais encore 
au droit interne et aux deux premiers adducteurs, 

Il existe chez mon fœtus de gibbon un muscle situé au-dessous du 
grand fessier et que l’on peut assimiler au muscle i60-coccygien de 
certains mammifères ; mais il est très rudimentaire. Il est formé par 
quatre faisceaux (pl. XXVL, fig. 6, à) partant des bords latéraux et un 
peu de la face antérieure des 4 ou5 dernières vertèbres coccygiennes 
vers Le bord postérieur de l'os iliaque situé au-dessus de la branche 
montante de l’ischion, et en partie vers cette branche même. L'apo- 
névrose de ces muscles se continue vers le haut et consourt à l’ob- 
turation de l'espace situé au-dessous de l’arcade sacro-sciatique 
(pl. XX VI, fig. 6, d). 

Le muscle couturier (pl. XXVIL, fig. 7, cc) est plus développé que 
chez le gorille (longueur 56 mm., largeur 5,5) ; iln’est perforé par 
aucune branche du nerf musculo-cutané. Le triceps crural {id.,t, t”) 
n'offre rien de particulier. Le droit interne (1d.,d,d”) envoie quelques 
faisceaux au couturier tout près de son insertion tibiale ; il est 
innervé par une branche de l’obturateur (id., 1). | 

Le groupe des adducteurs (id., a, a’, a”, a”) est formé de quatre 
muscles étagés entre l'ischion et la symphyse pubienne d'une part, 
et la ligne âpre du fémur de l’autre. Il n'existe pas de muscle 
ischio-condylien comme chez l’homme. L’artère tibiale interne tra- 
verse le tendon des adducteurs, qui lui forme un anneau fibreux 
(id., a). Le pectiné est situé très profondément et recouvert par les 
adducteurs. | 

Le biceps crural, le demi-tendineux (id., s) et le demi-membraneux 
id., 8, m) ressemblent à ceux du gorille ; le dernier de ces muscles 
est perforé par une branche de l'artère fémorale.  , 

A la jambe, les muscles jumeaux (pl. XXVIIL, fig. 7 et 8, 7] ) diffè- 
rent de ceux du gorille. Par leur tendon d'Achille très long (30 mm., 
sur 50 mm. de la longueur totale du muscle) et par leur partie 
charnue très épaisse et peu profondément divisée, ils rappellent 


plutôt les mêmes muscles chez l’homme. Le soléaire (pl. XXVIII, 


170 J. DENIKER. 


fig. 8,s), presque complètement recouvert par les Jumeaux, est un 
muscle foliacé s’attachant en haut, par un gréle tendon , à la tête du 
péroné seulement ; comme Bischoff, je n’ai pu constater de trace d’in- 
sertion tibiale de ce muscle. Le plantaire gréle est absent, comme chez 
tous les gibbons disséqués jusqu'à présent. Le muscle poplité ne 
présente rien de particulier ; il descend plusbas que chez le gorille. 

Le jambier ou tibial antérieur (pl. XXVIIT, fig. 9, ja) s’insère,comme 
chez tous les anthropoïdes et les autres singes, par deux tendons, au 
premier cunéiforme et au premier métatarsien. Le cas de l'insertion 
de ce muscle, uniquement au premier cunéiforme cité par Bischoff 
chez un H. leuciscus, est probablement une exception. 

L'extenseur commun des orteils (pl. XXVIIL, fig. 9, e) diffère de 
celui du gorille en ce qu’il n’a point la forme cylindrique et s'insère 
non seulement à la tubérosité du tibia, mais encore aux trois quarts 
supérieurs du péroné. Il passe sous le ligament jambier supérieur 
(id., &), puis dans l’anneau du ligament annulaire lid., 8), et se divise 
en 4 tendons (pour les 4 derniers orteils), réunis en partie par une 
membrane. 

L'extenseur propre du gros orteil (id., e’}s’insère au tiers moyen du 
péroné, comme chez l’homme. Parmi les muscles pédieux (id., pd), 
celui du gros orteil est presque complètement séparé des autres. 

Les péroniers long (id., lp) et court (id., ep)sont semblables à ceux 
du gorille, sauf que le dernier s’insère beaucoup plus bas, presque 
au tiers inférieur du péroné. Le prolongement phalangien du tendon 
de ce dernier muscle existe (1d., {) sous forme d’un tendon grêle, 
allant à la base de la première phalange du cinquième orteil. Le 
jambier postérieur ne présente aucune particularité. 

Les longs fléchisseurs, péronier et tibial (pl. XXVIIL, fig. 8, ft), pré- 
sentent une disposition qui, fréquente chez l’homme, semble être 
la règle chez le gibbon. Le fléchisseur péronier fournit un tendon au 
grand orteil (pl. XXVIIE, fig. 7, o) et aux trois orteils suivants (id., f); 
le fléchisseur tibial donne les tendons au 5e et au % orteil. 


Les deux tendons se réunissent 'près du talon, là où ils se croisent 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. A7 


entre eux. Bischoff (1) et Schulze (2) ont trouvé une disposition 
analogue chez leurs gibbons. Les courts fléchisseurs naissent, comme 
chez le gorille, les uns sur la face interne du calcanéum (pl. XX VII, 
fig. 7,f), les autres sur le tendon du fléchisseur tibial (id., :). Le 
premier groupe ne contient , comme chez le macaque et le cynocé- 
phale, qu'un seul muscle, dont le tendon se rend à la 2° phalange du 
deuxième orteil ; le second groupe comprend une masse musculaire 
divisée en trois faisceaux (id. i) donnant les tendons perforés aux 
trois derniers orteils. Chez le gibbon de Bischoff, le cinquième orteil 
était dépourvu de tendon perforé , comme chez le gorille de Duver- 
noy. La division des tendons des courts fléchisseurs en deux bandes 

commence très haut, au niveau de la base des premières phalanges. 
Le court adducteur du gros orteil (pl. XXVIIL fig. 7et9,r) s'insère 
aux 2°, 3e et 4° métatarsiens ; 1l présente une masse unique, Sans Sépa- 
ration en deux faisceaux, transverseetoblique, comme chez le gorille 
adulte et chez l'homme. Chez l’H: leuciscus, Bischoff décrit ce mus- 
cle comme étant formé de faisceaux fusionnés ; mais, quelques pages 
plus bas , il déclare que ces faisceaux sont séparés (3). 

Le court abducteur (pl. XXVIIL, fig. 7,u) est très développé, 
charnu, et s’insère par deux chefs au calcanéum , comme chez le 
gorille. Il existe au-dessous de lui un muscle qui s’insère, égale- 
ment par deux chefs, au premier cunéiforme et à la face interne 
du deuxième métacarpien, et se porte de là vers la face externe de 
la première phalange du gros orteil; est-ce un fléchisseur ou un 
opposant? Bischoff décrit un muscle semblable sous le nom de flé- 
chisseur. 

Les muscles court abducteur (id., x), court fléchisseur et opposant 
du cinquième orteil sont bien développés. Au contraire de ce que 
dit Bischoff, le cinquième orteil est muni d’un lombrical. Je n'ai pu 


constater la disposition des muscles interosseux 


(4) L. c., p. 223. 
@}L:e.,p. 11: 
(3) L. c., p. 235, et p. 294, tableaux, 


172 J. DENIKER. 


L'aponévrose plantaire est très mince et peu développée ; même au 
talon elle n’est pas très épaisse. Au niveau de l'articulation mé- 
tatarso-phalangienne on y rencontre une bande fibreuse transver- 
sale, tout à fait comme à la main du gorille. 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 


Contrairement à l'opinion de Bischoff, les muscles de la face sont 
bien distincts chez les anthropoïdes non seulement à l’état adulte, 
mais encore à l’état fœtal. 

Chez les fœtus de gorille et de gibbon, les muscles épicräniens sont 


relativement plus développés que chez les adultes. 


Les trois muscles extrinsèques de l’oreille existent chez le gorille 
à tous les âges ; chez le gibbon, l’auriculaire antérieur peutmanquer. 

Le muscle femporal superficiel à été constaté deux fois chez les 
anthropoïdes (gorille et orang). 

Le muscle sourcilier, que l'on a nié chez les anthropoides, a été 


constaté par moi sur les fœtus de gorille et de gibbon. 


Les muscles zygomatiques des anthropoïdes varient beaucoup 


par le nombre de faisceaux, par leur coalescence, etc. 


Le muscle temporal ne s'accroît en hauteur chez le gorille qu'a- 
près l’éruption de toutes les dents permanentes ; sa croissance en 


longueur est plus précoce. 


Le muscle canin est très fort chez le gorille ; il est composé de 
trois faisceaux distincts. Par contre, il est très grêle chez le gibbon. 

L'orbiculaire des lèvres est très étroit chez le gorille , au contraire 
de ce que l'on observe chez le chimpanzé. 

Les bords internes du peaucier du cou se rencontrent sur la ligne 
médiane chezle gorille et le chimpanzé ; chez le gibbon , ils sont 
divergeants en bas, ccmme dans la majorité des cas chez l’homme. 
Le muscle risorius est peu développé chez le gorille ; le carré 
du menton est parfois formé de deux plans, dont le supérieur est 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 173 


confondu avec le peaucier. Le peaucier de la nuque n’a été constaté 
qu'une fois sur six chez le gorille. 

La séparation plus ou moins complète du sferno-mastoïidien en 
deux faisceaux est la règle chez tous les anthropoïdes. 

Déjà à l’état fœtal, les muscles sterno-hyoïidien et sterno-thyroï- 
dien du gorille sont disposés de facon à laisser entre eux des espaces 
triangulaires pour le passage des diverticules des sacs laryngiens, 
qui ne se développent qu'après la naissance. 

Les intersections aponévrotiques manquent très souvent sur les 
muscles sous-hyoïdiens du gorille et du chimpanzé. 

L’omo-hyoidien du gorille et du gibbon n'est pas un muscle 
digastrique ; son insertion scapulaire se trouve beaucoup plus en 
arrière et en dedans que chez l’homme (tout près de l’angle supérieur 
de l’omoplate). Ce muscle doit être homologué au ventre postérieur 
de l’omo-hyoïdien de l'homme et au sixième muscle interbran- 
chial des poissons (Albrecht). 

Les insertions du stylo-hyoidien et du stylo-glosse sur le cartilage 
stylo-hyoïdien sont très éloignées l’une de l’autre chez le fœtus de 
gorille ; elles se rapprochent avec le progrès de l’âge , par suite de 
l'atrophie du cartilage stylo-hyoïdien. La forme du muscle génio- 
hyoidien du fœtus de gorille est intermédiaire entre celle qu’affecte 
ce muscle chez l’homme et chez le gorille adulte. 

Le muscle omo-cléido-transversaire à une tendance à se diviser 
en deux faisceaux chez le gorille. D’après ses rapports et son 
innervation, on doit le placer dans le même groupe que le muscle 
sterno-cléido-mastoïdien. 

Le scalène intermédiaire des singes peut manquer chez le gorille 
et le gibbon. Le faisceau du scalène postérieur qui se porte quelque 
fois vers la deuxième côte chez le gorille ne peut être assimilé au 
scalène intermédiaire. 

Le muscle pectoral (et le grand dentele) dù gorille s’insère aux 
côtes généralement plus bas que chez l'homme. L'espace compris 


entre la portion sternale et la portion claviculaire de ce muscle 


174 J. DENIKER. 


augmente avec l’âge. Il n'y a donc point ici d'arrangement, dès l’état 
fœtal, pour le passage des branches inférieures des sacs laryngiens. 

L'insertion du sous-clavier à la deuxième côte chez le fœtus 
de gibbon prouve qu'on doit rattacher ce muscle au groupe des 
pectoraux. 

Le petit dentelé inférieur et postérieur manque constamment aux 
gorilles, mais se retrouve chez les gibbons. 

Les muscles pyramidaux de l'abdomen manquent chez les anthro- 
poides aussi souvent que chez l'homme. 

Le ligament de la nuque manque chez le fœtus de gorille ; ilne se 
développe probablement qu'après la naissance. 

Le muscle dorso-épitrochléen est relativement plus grêle chez le 
fœtus que chez le gorille adulte. 

Le fœtus de gibbon possède Les muscles longitudinaux de la queue, 
mais très réduits. 

Chez le gibbon, tous les muscles du bras et de l’avant-bras sont 
réunis entre eux plus intimement que chez l'homme, 

Le court chef du biceps, chez le gibbon, varie beaucoup dans ses in- 
sertions supérieures (depuis l’aponévrose du pectoral jusqu’au corps 
de l’'humérus). 

L'insertion du rond pronateur à l'apophyse coronoïde, fréquente 
chez le chimpanzé, est plus rare (2 fois sur 6) chez le gorille. 

Le palmaire grêle, qui ne manque presque jamais au chimpanzé, 
n’a été constaté qu'une fois sur six chez le gorille. 

Le fléchisseur profond est divisé chez tous les gorilles en deux 
muscles : un pour l'index, l’autre pour les trois derniers doigts. 
Les tendons de ces muscles sont réunis entre eux de différentes 
facons variant d’un individu à l’autre. 

Chez le gibbon, le fléchisseur profond est formé de trois faisceaux, 
un pour l’index et le pouce, un autre pour le médius, et un troisième 
pour les trois derniers doigts ; les cinq tendons sont plus ou moins 


réunis entre eux par une membrane. 


Le long fléchisseur propre du pouce est presque indépendant des 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES 175 


autres fléchisseurs chez le gibbon ; ilest réduit à un tendon dépen- 
dant de celui de l'index chez la plupartdes chimpanzés et chez quel- 
ques gorilles ; il est représenté par un tendon s’insérant aux éléments 
fibreux du carpe chez la plupart des gorilles et chez quelques 
chimpanzés. Ce muscle est absent presque toujours chez l'orang, 
souvent chezle gorille (2 fois sur 7) et rarement chez le chimpanzé 
(2 fois sur 11). 

Le palmaire cutané, que l’on trouve souvent chez le chimpanzé, 
n’a été constaté qu'une fois sur quatre chez le gorille. 

Le court extenseur du pouce n'a été trouvé que deux fois chez le 
gorille et une fois (confondu avec le long abducteur) chez le 
gibbon. Les muscles court adducteur du pouce et court adducteur du 
gros orteil du fœtus de gorille, et le dernier muscle seulement 
du fœtus de gibbon, présentent une masse formée de plusieurs fais- 
ceaux disposés en éventail ; chez les gorilles jeunes et adultes , au 
contraire, ces muscles sont formés de deux faisceaux (transverse et 
oblique) séparés par un espace triangulaire assez notable. 

Chez tous les anthropoïdes, l’aponévrose palmaire présente des 
fibres transversales de renforcement, au niveau de l'articulation 
métacarpo-phalangienne. 

Le petit psoas manque souvent (3 fois sur 5) chez le gorille. 

Chez le fœtus et chez le jeune gorille, Le faisceau ischio-fémoral du 
grand fessier n’est pas encore différencié en un muscle distinct, 
comme chez le gorille adulte. Chez le gibbon, il peut manquer. 

Le muscle accessoire du petit fessier (scansorius) est peu déve- 
loppé ou manque (3 fois sur 6) chez le gorille, Contrairement à 
l'opinion de M. Testut, on ne peut identifier ce muscle avec 
l'accessoire de l’iliaque chez le gibbon, où les deux muscles coexistent. 

Chez le gorille et Le gibbon, le muscle obturateur interne est sou- 
vent dépourvu de muscles jumeaux, ou n’est accompagné que d’un 
jumeau inférieur. 

L'obturateur externe du gorille est formé de deux plans muscu- 


laires; le plan superficiel présente trois faisceaux, dont le plus 


176 J. DENIKER. 


externe s’insère à la branche horizontale du pubis. Ces fais- 
ceaux sont innervés par des nerfs qui vont aux adducteurs. 

Le quatrième adducteur ou le muscle ischio-condylien existe tou- 
jours chez le gorille ; par son innervation il se rattache au groupe 
des fléchisseurs de la jambe. 

La partie charnue des muscles jumeaux de la jambe est moins con- 
sidérable, par rapport au tendon d’Achille, chez le fœtus que chez le 
jeune gorille. Chez le fœtus de gibbon, le rapport est le même que 
chez l'homme, L'insertion du soléaire au tibia est très rare chez les 
anthropoïdes ; elle n’a été constatée que deux fois chez le gorille. 

Le plantaire grêle, que l’on trouve chez la plupart des chimpanzés 
(40 fois sur 43), manque chez tous les autres anthropoïdes (sauf un 
cas unique chez l’orang). 

Comme chez le chimpanzé, mais moins fréquemment, le court 
péronier du gorille et du gibbon envoie un prolongement digital 
(représentant le 3° péronier) vers le 5° orteil. 

Dans la majorité des cas chez le gorille et chez le chimpanzé, le 
fléchisseur tibialenvoie des tendons aux 2e et5° orteils, et le flechisseur 
péronier aux Aer, 8e et 4° orteils ; quelquefois ce dernier muscle envoie 
en outre des tendons au 2° orteil chez le chimpanzé, aux 2° et 5° chez 
le gorille. Chez l’homme, au contraire, le fléchisseur péronier fournit le 
plus souvent des tendons aux 1%, 2e et 3° orteils, rarement au 4° et 
presque jamais au 5e. Chez le gibbon, le fléchisseur péronier donne les 
tendons à tous les orteils, sauf au 5e qui en recoit un du fléchisseur 
tibial. j 

L'insertion des fléchisseurs perforés des deux et parfois des trois 


derniers orteils se fait ordinairement sur le tendon du fléchisseur 
tibial chez tous les anthropoïdes. Le fléchisseur du 5° orteil peut 


avoir un tendon non perforé ou manquer complètement. 
Chez le fœtus de gorille, il existe un court fléchisseur du gros 


orteil homologue d’un fléchisseur perforé. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 177 


[V. 


SYSTÈME NERVEUX. 


I. — Cerveau. 


Le cerveau du fœtus de gorille était fort endommagé, mais pas 
au point de ne pas pouvoir en faire l'étude. Après avoir ouvert le 
crâne et éloigné la calotte et la dure-mire, j'ai vu la masse grisâtre 
du cerveau, sur laquelle on pouvait très nettement distinguer les cir- 
convolutions ; seule la partie postérieure de l'hémisphère gauche 
avait l’aspect pulpeux et ne présentait plus de surface lisse. J'ai des- 
siné au compas, aussi exactement que possible, le cerveau in situ 
(pl. XXIX, fig. 1), puis J'ai pris les dessins des circonvolutions 
des faces latérales. En commencant l'extraction de la pièce, Je 
me suis apercu qu'au moindre attouchement elle se détériorait, de 
sorte qu’elle était déjà passablement mutilée quand je l’ai mise dans 
l'alcool. Malgré toutes ces difficultés, J'ai pu en achever l'étude du 
côté interne. Comme j'ai pris ensuite le moulage de la cavité intra- 
 crânienne, j'ai rapporté sur ce moulage les circonvolutions d’après 
mes dessins, et j'ai pu obtenir ainsi la figure (pl. XXIX, fig. 2) qui 
représente assez exactement la forme du cerveau et le rapport des 
circonvolutions de profil. La longueur du cerveau, mesurée avant 
son extraction, était de 47 mm. , sa largeur de 38 mm. ; mais on 
voyait, d’après l’espace libre existant entre lui et les parois du 
crâne, que l'organe s'était sensiblement rétracté dans l'alcool. La 
longueur du moule en plâtre de la cavité crânienne (faite sans 
ôter la dure-mère) était de 52 mm. ; sa largeur , de 43 mm., et sa 
hauteur cérébrale, de 33 mm. En admettant que ce moule est un 
peu plus gros que n’était le cerveau à l’état frais, on ne se trompe- 
rait pas beaucoup en prenant 50 mm. comme longueur , 40 mm. 
comme largeur et 33 mm. comme hauteur du cerveau à l’état frais. 
Ces chiffres correspondent au cerveau du fœtus humain de cinq 


mois (51 mm. de longueur et 40 mm. de largeur en moyenne, d'après 


ARCH. DE ZOOL, EXP. ET GÉN. — 2 SÉRIE. — 7. 111 bis, suPPL, 1885, 3e Mém. 12 


178 J. DENIKER. 


Ecker) (1). Étant donné que le fœtus humain, à cette époque, a en 
moyenne 230 mm. de taille et que le fœtus de gorille est long presque 
de 200, on voit que le rapport des dimensions du cerveau à la 
taille est presque le même dans les deux cas. Il n’en est plus de 
même chez le jeune gorille et chez l'adulte. Le cerveau du jeune 
(ayant 52 cent. de taille) décrit par Bischoff (2) mesurait 100 mm. 
de longueur, et celui du gorille adulte (probablement de 1 m. 
50 cent. de taille) décrit par Broca (3), seulement 102 mm. Je n'ai pu 
naturellement peser le cerveau, mais j’aidéterminé le volume de son 
moulage en plâtre (avec le cervelet), d'une facon assez grossière 1l 
est vrai, en le plongeant dans une éprouvette graduée remplie d’eau 
distillée, à la température de 15°. J'ai obtenu ainsi le volume de la 
capacité intracränienne. IlLest de 32 cm. cubes et diffère fort peu de 
celui du cerveau, vu que le moulage a été pris avant d’éloigner la 
dure-mère. En multipliant ce volume par l'indice ponderal de la capa- 
cité crânienne chez l'homme (0,87 d'après Manouvrier) (4),j obtiens le 
poids du cerveau, 27,84 grammes, en chiffre rond 28 grammes. Étant 
donné que le fœtus pesait, à l'état frais, 450 à 500 grammes, il est fa- 
cile de calculer que le rapport du poids du cerveau à celui du corps 
est de 5,0u 6,2 à 100. Ce rapport est de 14,4 à 100 chez les enfants 
d'un jour d'après Parrot, cité par Manouvrier. 

La croissance du cerveau doit être très rapide dans les derniers 
mois de la vie intra-utérine, car chez le plus jeune gorille du musée 
de Dresde, dont la taille est deux fois et demie plus grande que 


celle du fœtus, la capacité crânienne est déjà douze fois plus grande 


(1) A. Ecker, Zur Entwicklungsyeschichte der Furchen und Windungen der Gros: 
shirn-Hemisphären im Fœtus des Menschen. (Archiv fur Anthropologie, t. NII, 1872 
p. 209.) Le cerveau frais d'un fœtus de cinq mois que j'avais à ma disposition mesurait 
56 mm. de long sur 53 de large. : 

(2) BiscnorF, Ueber das Gehirn eines Gorilla, etc. (Sitzungsber. der mat.-phys. 
CL. der k.b. Akad. der Wissensch., t. VII, f. 3, p. 96. Munich, 18771. 

(3) Broca, Étude sur Le cerveau du gorille. (Revue d’Anthropol., t. I, 2 série, p. 108. 
Paris, 1878.) 

(4) MaNoOUvRIER, Sur l’interprétalion de la quantité dans l’encéphale et dans le 
cerveau en particulier. (Mém. de la Soc. d'Anthr. de Paris, 2e ser., t. HI, 1885, 
p 161.) 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 179 


(355 ce. c.) (1). Par contre, après l’éruption des dents de lait, la capacité 
n'augmente que très lentement et ne dépasse Jamais 600 cm. cubes 
chezles adultes (2). Il en est de même pour le poids du cerveau; il est 
de 98 gr. chez le fœtus, de 331 gr. chez le jeune (3), de 360 à 416 gr. 
et probablement davantage chez l'adulte (4). 

La forme du cerveau est ovalaire. Vu d'en haut {pl. XXIX, fig.1), 
il paraît plus large et un peu plus pointu qu'un cerveau du fœtus 
humain de cinq à six mois. Vu de profil (pl. XXIX, fig. 2),il présente 
le lobe frontal surplombant à pic les nerfs olfactifs (id.,/); puis le 
contour sagittal qui se porte en courbe régulière en arrière, où le 
cerveau dépasse au moins de 5 mm. le cervelet, c’est-à-dire plus que 
dans les cerveaux des fœtus humains. 

Le cervelet (id.,e, et fig. 17, v) est très petit (à peine 16 mm. de 
longueur sur 20 de largeur), plus petit, relativement au cerveau, que 
celui du gorille adulte de Broca, qui avait 44 mm. de long sur 72 de 
large (longueur totale du cerveau, 108 mm.). 

Je viens de dire que, par ses dimensions, le cerveau du fœtus de go- 
rille correspond à celui du fœtus humain du cinquième mois; mais si 
l’on considère ses circonvolutions, on voit qu’il est plus avancé et cor- 
respond largement à celui du fœtus humain du sixième mois. En effet, 
il présente déjà toutes les circonvolutions qui ordinairement se déve- 
loppent dans le courant de ce mois chez le fœtus humain ; 1l suffit 
de comparer la figure que j'en donne aveccelles du cerveau de fœtus 
humains de cette époque, que donnent Bischoff et Ecker (5), pour 
voir qu'elles sont presque identiques. 

La fosse silvienne commence à peine à se fermer du côté gauche ; à 


droite, au contraire, elle est fermée dans sa partie postérieure, où elle 


(1) Vircow, L. c. (Acad. Berl., 1880), p. 517. 

(2) Manouvrier, Recherches d'anatomie comparative et d'anatomie philosophique 
sur les caractères du crâne et du cerveau. (Bull. Soc. Zool. de France pour l’année 
1882, p. 181.) 

(3) BiscHorr, L. c., 98. 

(4) Broca, L.c. p. 13; MANOUVRIER, sur l'interprélalion, etc., p. 166. 

(5) Biscaorr, Die Grosshirnwindungen des Menschen, etc. (Abh. d. I cl. d, k. b. 
Acad, d, Wiss.,t. X, fase. 2, pl. IV, Munich, 1866); Ecker, L. c., pl. I et II. 


180 | J. DENIKER. 


constitue une vraie scissure de Silvius (pl. XXIX, fig. 1 et 2, s). La partie 
de la fosse qui persiste encore (id., fig. 2, fs) a la forme d’un triangle 
et se réduit probablement fort peu à l’époque de la naissance, car dans 
le cerveau du jeune gorille de Bischoff, ilen reste encore une petite 
partie à découvert. Le mauvais état de conservation de la partie 
antérieure de la fosse ne m'a pas permis d'établir ses rapports avecla 
vallée de Silvius et avec la base des nerfs olfactifs. Sur la face interne 
des hémisphères, je n’ai pu constater que la scissure calcarine et un 
petit sillon, long à peu près de 5 mm., qui, par sa situation, correspond 
au commencement de la scissure sous-frontale (Broca) ou calloso-mar- 
ginale (Huxley) limitant en haut la circonvolution du corps calleux. 
Je n'ai pu examiner la terminaison antérieure de cette scissure, 
mais je puis dire en tout cas que d'en haut on ne voyait pas l’en- 
coche que fait toujours cette scissure en arrivant sur le bord supérieur 
de l'hémisphère chez le gorille adulte (4) et chez les fœtus humains 
de six et même de cinq mois. Je n’ai pu non plus constater la scissure 
occipitale (ou perpendiculaire) interne, vu que cette partie du cer- 
veau étaiten très mauvais état, mais je puis également dire qu’elle 
n'arrive pas encore au bord supérieur de l'hémisphère. La scissure 
de Rolando (pl. XXIX, fig. 1, r)est déjà bien développée ; elle 
s'arrête en haut à peu près à 3 mm. du bord supérieur de l’hémis- 
phère et en bas à 4 mm. de la scissure de Silvius. Presque droite, 
sans flexuosités, elle estplus inclinée en arrière que chez le fœtus hu- 
main, mais presque autant que chez ie gorille adulte. L’angle qu'in- 
terceptent entre elles les scissures des deux côtés est de 1170. Le lobe 
frontal, limité en arrière par la scissure de Rolando, est très grand ; 
il occupe presque la moitié de la face supérieure du cerveau ; 
sa partie susorbitaire (pl. XXIX, fig. 2, f) n’est pas du tout excavée. 
Il n'y a aucune indication de sillons secondaires que l’on observe 


déjà dans le lobe frontal chez le fœtus humain du cinquième 


(@)T.-C. CaupziNsx1, À natomia porownawcza Zwojow mozgowych(Anatomie com- 
parée des circonvolutions cérébrales (en polonais). Tirage à part du Pamietnik Towar- 
2ys. Nauk scisl., t. XII (1880), 2e partie, p. 73, et pl. VII et VIII. Paris, 1882. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 181 


mois ; c’est peut-être le seul caractère qui distingue à cet âge le 
cerveau du gorille de celui de l’homme, au point de vue des 
circonvolutions. En effet, chez les fœtus humains de six mois, il existe 
déjà un ou deux de ces sillons frontaux ; même chez le fœtus de 
cinq mois et demi que j'ai examiné, il existait un petit sillon dans le 
lobe gauche, et, dans le cerveau du fœtus de même âge que décrit et 
figure M. Gromier (1), il en existe deux pareils. 

Le lobe pariétal (pl. XXIX, fig. 1 et 2) compris entre la scissure 
de Rolando et celle de Silvius est très petit ; il ne présente point de 
sillons secondaires, comme chezle fœtus humain d’ailleurs. Par contre, 
le lobe temporal (fig. 17, {) est bien développé ; il descend un peu 
plus bas que chez le fœtus humain et présente, comme chez ce 
dernier, un fort sillon secondaire, le premier sillon temporal ou scis- 
sure parallèle de Gratiolet (pl. XXIX, fig. 1 et2, f), qui limite en bas 
la premaère circonvolution temporale. 

En arrière et en haut de ce sillon, 1l existe sur l'hémisphère droit 
(1 hémisphère gauche est détérioréà cetendroit) deux sillons: un, très 
petit, parallèle au bord supérieur (pl. XXIX, fig. 1, t), représentant 
peut-être le rudiment de la scissure interpariétale ; l'autre, situé 
presque transversalement, continue visiblement la courbure du 
premier sillon. L'on peut considérer ce dernier comme la partie 
inférieure de la scissure occipitale externe qui, chez le gorille, est tou- 
jours réunie à la scissure interpariétale (2). Peut-être aussi, et cela 
me paraît plus probable, pourrait-on l’assimiler à ce sillon transver- 
sal occipital quiapparait, chezle fœtus humain, vers le cinquième mois 
d’après Ecker (3), vers le septième d’après Bischoff (4), pour dispa- 
raître ensuite versle septième ou le huitième mois de la vieintra-uté- 


rine. Le plus souvent on voit ce sillon d’un seul côté ; Gromier l’a- 


(1) Growier, Etude sur les circonvolutions cérébrales chez l'homme el chez les 
singes (thèse de doctor. en méd.), pl. IF, Paris, 1874. 

(2) RunnGer,' Ein Beitrag zur Anatomie der Affenspalte nnd der Interpartetal- 
furche beim Menschen, ete., p.188. 

(3) L. c., p. 210 et 211, 

(4) L. c., p. 58 et suiv. 


182 J. DENIKER. 


vait figuré, dans son travail, du côté droit, et moi-même Je l'ai 
constaté sur le cerveau du fœtus de cinq mois et demi également à 
l'hémisphère droit. Quoi qu'il en soit, on doit admettre que la 
partie située en arrière de ce sillon et qui représente le lobe OCCip1- 
tal est très réduite chez le fœtus de gorille, moins cependant que 
chez le gorille adulte. Les lobes ou nerfs olfactifs (fig.17, 0, et pl. XXIX, 
fig. 2, ol) sont très développés, beaucoup plus gros et plus longs rela- 
tivement que chez le fœtus humain de six mois. Ils sont situés très 
près l’un de l’autre etleur renflement terminal, dirigé un peu en haut, 
se distingue à peine de la partie pédonculée. 

Le pont de Varole (fig. 17, p) et le bulbe rachidien (id., b) ne pré- 
sentent rien de particulier. 

Le cerveau du fœtus de gibbon se trouvait en meilleur état de con- 
servation que celui du fœtus de gorille, de sorte que J'ai pu pren- 
dre au compas les dessins de toutes ses faces. Seul l'hémisphère 
gauche était très rétracté dans sa partie postérieure, et les anfractuo- 
sités ne présentaient plus dans cette région leur rapport naturel ; à 
part cela etles quelques petits points légèrement entamés, le reste du 
cerveau était bon pour l'étude, surtout en y touchant le moins pos- 
sible; il n’était pas, en général, plus rétracté que le cerveau du gorille, 
attendu que ses dimensions, de même que celles de la cavité crâ- 
nienne, sont presqueles mêmes chez les deux sujets. Ainsila longueur 
du cerveau est de 45 mm. et sa largeur de 39 mm., tandis que la 
cavité intracrânienne a 52 mm. de long sur 42 mm. de large. La hau- 
teur du cerveau est à peu près de 26 mm. Le rapport de la longueur 
du cerveau à la taille est donc presque le même que chez le fœtus 
de gorille. Le cerveau est relativement plus grand que chez les gib- 
bons adultes ; le gibbon de Bischoff, mesurant 70 cent. de taille, avait 
le cerveau, rétracté dans l'alcool, long de 62 mm. (d’après le dessin), 
etle jeune A. leuciscus que j'ai disséqué, de 45 cent. de taille, présentait 
un cerveau (rétracté dans l'alcool) long également de 62 mm. 
La longueur du cerveau du fœlus à l'état rétracté (45 mm.) 


représente 22 pour cent de la taille, tandis que chez le jeune 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 183 


gibbon elle ne représente que 12, et chez l'adulte 9 pour cent de 
la taille. 

La forme générale du cerveau est à peu près la même que chez le 
gibbon adulte. Vu par en haut (pl. XXIX,fig. 3), il parait plus pointu 
en avant, et un peu moins aplati en arrière ; vu de profil (pl. XXIX, 
fig. 4), la partie antérieure semble être moins pointue. 

Le cervelet, complètementrecouvertparle cerveau, estpetit : 15 mm. 
de longueur sur 22 mm. de largeur; il est allongé transversalement, 
comme le cervelet du gibbon adulte. 

Je passe aux circonvolutions. Étant donné l’âge du fœtus, les circon- 
volutions sont nombreuses, mais cependant moins compliquées que 
chez l'adulte. La scissure de Silvius (pl. XXIX, fig. 3 et 4, s) est déjà 
complètement fermée ; elle est assez oblique et se termine en haut 
par une bifurcation. Son bord supérieur présente en avant une petite 
branche (pl. XXIX, fig. 4, s’) que l’on seraittenté d’assimiler à la bran- 
che antérieure horizontale et qui délimite en avant le cuneus apparte- 
nant à la troisième circonvolution frontale ; ce même cuneus semble 
être bordé en arrière par une scissure ou encoche que l’on pourrait 
assimiler à la branche ascendante de la scissure de Silvius. Mais 
je n’ose pas établir ces homologies, vu que, plus en arrière, il existe 
encore deux branches ou scissures absolument semblables et qui ne 
paraissent être produites que par la rétraction de la pièce dans l'alcool. 

La scissure de Rolando (pl. XXIX, fig. 3 et 4, r) est complètement 
développée ; elle s'arrête à 1 mm. du bord supérieur de l'hémisphère 
et à 2 mm. de la scissure de Silvius. Elle est aussi inclinée que chez 
l'adulte et présente les trois courbures caractéristiques. 

Le lobe frontal que cette scissure limite en arrière est assez grand. 
Les sillons que nous offre ce lobe chez le gibbon adulte sont presque 
tous formés ; ainsi il existe : le premier (pl. XXIX, fig. 3 et 4, a) et le 
deuxième (id., a’) sillons horizontaux délimitant les trois premières 
circonvolutions ; le sillon orbitaire externe (pl. XXIX, fig. 4, e), l’in- 
cisure en H (id., h) et le sillon susorbitaire (pl. XXIX, fig. 5, so). On 


ne voit pas de sillon prérolandique, à moins qu'on n'accepte comme 


184 J. DENIKER. 


son rudiment une incisure transversale (pl. XXIX, fig. 3, p) réunie 
au premier sillon frontal. 

Le lobe pariélal, compris entre les scissures de Rolando, de 
Silvius et les occipitales interne et externe, est relativement plus 
petit que chez l'adulte. Le sillon interpariétal est assez remar- 
quable : du côté droit (pl. XXIX, fig. 3 et 4, à) il est uni au sillon post- 
rolandique (id. ps), mais pas du tout à la scissure occipitale externe 
(id., ox) ; à gauche (pl. XXIX, fig. 3), il n'est même pas réuni au sillon 
postrolandique. La première circonvolution pariétale communique 
ainsi avec la deuxième par un plide passage large de 3 à 4 mm. Cette 
réunion des sillons ne manque dans aucun des cerveaux de gibbon 
dont on a la description, à part peut-être une seule exception (1), de 
même que chez aucun anthropoïde en général (2). C’est grâce à 
cette disposition que le sillon prérolandique, la scissure occipitale 
externe et le sillon interpariétal forment cette figure en I, si carac- 
téristique du cerveau des anthropoïdes, et qui se retrouve par ano- 
malie non seulement dans les cerveaux des hommes de races infé- 
rieures, mais aussi dans ceux des Européens distingués (3). 

On ne voit point. sur le bord supérieur de l'hémisphère, cette en- 
coche produite par la seissure sous-frontale, qui apparait de si bonne 
heure dans le cerveau de l’homme. En effet, la scissure sous-frontale 
n’est développée que dans sa partie antérieure (pl. XXIX, fig.5, cm). 
D’après ce qui a été déjà dit à propos du cerveau de gorille (p. 480), 
il semble que la scissure en question se développe chezles anthropoi- 
des plus tardivement que chez l’homme, et que sa branche posté- 
rieure, recourbée en haut vers la face supérieure de l'hémisphère 
ne se forme qu'après la naissance. 

Le lobe occipital est relativement un peu plus grand que chez 
l'adulte, mais pas plus grand que le lobe frontal, comme le dit 

(4) Caupziski, L. c., 2 partie, p. 54, etpl. I, fig. 5 et 7. 


(2) RUDINGER, L. c., pass. 


(3) M. Duva, Caupzinski et Hervé, Description morphologique du cerveau d’As- 
sezat (Bull. Soc. Anthrop. 3° série, t. VI, 1883, p. 334.) 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 185 


Gratiolet (1). La scissure occipitale interne (pl. XXIX, fig. 3 et 4, 0), 
qui apparaît à la face supérieure de l'hémisphère sur une longueur 
de 6 mm., est complètement séparée de l’occipitale externe (id., ox) 
qui a la forme caractéristique en S. Le premier pli de passage de 
Gratiolet, situé entre les deux scissures, a ici les proportions d’une 
circonvolution ; chez le gibbon adulte, ce pli est très mince et 
souvent même profond (2), comme chez les singes pithéciens. 

La scissure calcarine (pl. XXIX, fig. 5, c) qui limite le lobe occipital 
en bas et en dedans, se continue avec la scissure de l’hypocampe ; 
elle n'est pas unie à l’occipitale interne, comme c'est le cas chez la 
plupart des gibbons (3) et chez l'homme. Elle présente encore la 
particularité de ne pas être complètement fermée en arrière, où 
l'on voit un enfoncement triangulaire (pl. XXIX, fig. 5, «) à l’en- 
droit où, chez le gibbon adulte, on observe une trifurcation. | 

Le lobe occipital ne présente qu’un seul sillon, correspondant au 
deuxième sillon occipital de l’homme ‘pl. XXIX, fig. 3 et 4, d), 
au lieu de trois sillons que possède le cerveau d’adulte ; c’est à 
peine si l’on peut compter pour un rudiment dutroisième sillon l’inci- 
sure qui se trouve au-dessous eten arrière du deuxième (id., "). 

Le premier sillon temporal (scissure parallèle de Gratiolet) 
(pl. XXIX, fig. 3 et 4, f) est bien développé. Au-dessous de lui on 
trouve trois petites incisures (pl. XXIX, fig. 4et 5, #. t) qui repré- 
sentent les rudiments des trois autres sillons temporaux. 

Les lobes ou nerfs olfactifs sont plus longs et plus grêles que chez 
le fœtus de gorille, mais moins longs et plus renflés au bout que 
chez les gibbons adultes ; leur longueur est à peu près de 13 mm, 

En comparant le cerveau que je viens de décrire avec le dessin 


du cerveau du fœtus de gibbon publié par Gratiolet (4) et se rappor- 


(1) L. e. (Mém. sur Les plis, ete., & 15). 

(2) Sur sept cerveaux de gibbons jeunes ou adultes décrits par Gratiolet, Bischoff et 
Chudzinski ou observés par moi, il y en a quatre où ce pli est profond. 

(3) Sur une dizaine de cerveaux décrits, je ne connais qu'un seul (celui de Bischoff) 
où cette réunion n’a pas lieu. 

44) L. c., pl. IV, fig. 3. Le dessin de Gratiolet ne représente que la face supéro- 
externe du cerveau , masquée en grande partie par le crâne. 


186 J. DENIKER. 


tant à un sujet d'espèce indéterminée et plus âgé que le mien, 
je ne constate que trois points de différences : 1° le lobe frontal 
proprement dit n’a qu'un seul sillon chez le fœtus de gibbon de 
Gratiolet ; il en atrois chez le mien ; 2° chez legibbonde Gratiolet, le 
sillon interpariétal réunit le sillon postrolandique (qui est incomplet) 
avec la scissure occipitale externe qui est interrompue en bas ; chez 
mon gibbon, la scissure occipitale (non interrompue) est séparée de 
l'interpariétale par un large pli de passage ; 3° le premier sillon 
occipital chez le gibbon de Gratiolet est plus compliqué que dans le 
cerveau de mon fœtus, car il émet une branche postérieure , tandis 
que cette branche n’est représentée dans mon exemplaire que par 
un rudiment (pl. XXIX, fig. 4, m), séparé du reste du sillon par un 


pli de 4 mm. de largeur. 


Ces différences peuvent paraître insignifiantes au premier abord, 
mais Je leur attache une grande importance, car elles m'ont con- 
duit à des conclusions absolument différentes de celles auxquelles est 
arrivé Gratiolet. « Dans le fœtus dont il s’agit, dit-il les plis céré- 
braux postérieurs sont bien développés, tandis que les plis du lobe 
frontal sont à peine indiqués. » L'étude du cerveau de mon fœtus 
de gibbon m'amène à une conclusion absolument inverse : les plis 
cérébraux postérieurs (c'est-à-dire ceux du lobe occipital) « sont peu 
développés, tandis que les plis du lobe frontal sont très bien indi- 
qués ». Ceci posé, Je ne peux pas admettre avec Gratiolet que « chez 
tous les singes les plis postérieurs se développent les premiers » et 
que « les plis antérieurs se développent plus tard ». J'ai 
démontré plus haut que, dans le cerveau du fœtus de gorille, la 
scissure de Rolando, qui est « un pli antérieur », est déjà presque 
complètement développée, tandis que la scissure occipitale externe (pli 
postérieur) est à peine indiquée, et l’occipitale interne n'atteint pas 
encore le bord supérieur de l'hémisphère. Ainsi donc l'ordre d’ap- 
parition des scissures est le même chez les singes anthropoïdes que 
chez l’homme, chez lequel, d’après Turner, Ecker et Bischof”, les seis- 


sures antérieures apparaissent avant les postérieures. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 187 


Je ne peux non plus admettre avec Gratiolet que, « en compa- 
rant le profil du cerveau de l'adulte au profil du cerveau du fœtus, 
on sera frappé de la petitesse relative du lobe frontal dans le fœtus 
et de sa grandeur dans l'adulte ». D'après mes propres observations, 
les lobes frontaux du fœtus sont aussi grands, sinon plus grands, que 
ceux de l'adulte ; quant à la comparaison des figures , dont parle 
l’éminent anatomiste, elle n’est pas soutenable, car sur la figure du 
fœtus on ne voit que la partie externe du lobe frontal, et sur celle de 
l'adulte, ce lobe est représenté en entier (avec sa portion orbitaire) ; 
les deux figures ne sont donc pas dans la même situation, et en les 
comparant on compare le tout avec une partie. 

Je m'arrête là, sans toucher aux autres considérations d'ordre 
hypothétique ou contraires aux faits découverts depuis par les em- 
bryologistes modernes, qu'invoque Gratiolet pour corroborer sa 
généralisation. 

Voyant par cet exemple à quels résultats contradictoires une 
généralisation hàtive, basée sur un fait isolé, peut amener les savants 
les plus sagaces, je m'abstiendrai de conclusions aussi nettes et aussi 
arrêtées que celles de Gratiolet. Je pense que les variations indi- 
viduelles et spécifiques sont encore assez notables dans Le dévelop- 
pement du cerveau des singes anthropoïdes. Autant que l’on peut juger 
d'aprèsl'examendes pièces que j'aieues à ma disposition, il me semble 
que (jusqu’au sixième ou septième mois de la vie fœtale) l'apparition 
des premières anfractuosités du cerveau doit suivre lemêmeordre chez 
les singes anthropoïdes et chez l'homme, contrairement à l'opinion de 
Gratiolet. Le lobe frontalse développe (comme volume et comme cir- 
convolutions) avant leslobes postérieurs chez lesanthropoïdes et chez 
l’homme, commenousl’apprend non seulement l'étude du cerveau,mais 
encore celle des cavités crâniennes (1) ; seulement ce développement 
s'arrête chez les anthropoïdes de bonne heure, probablement aussitôt 
après l’éruption des dents de lait, tandis que chez l’homme il conti- 


nue encore longtemps et avec une grande vigueur. J’ajouterai que 


(4) Manouvrier, /. ©. (Profil encéphalique. etc.) 


188 J. DENIKER. 


le pli occipital externe, caractéristique du cerveau des singes au point 
que les Allemands l’ont appelé « la scissure simienne » (Affenspalte), 
n'apparait pas de bonne heure chez les anthropoïdes comme 
on devrait s’y attendre, et qu’elle est peut-être précédée, comme 
chez l’homme, par l'apparition d’une scissure fugace dont on ne 
trouve plus trace vers le huitième mois de la vie intra-utérine. 
Evidemment, pour pouvoir affirmer ces faits, 1l faudrait de nouvelles 
recherches et, avant tout, de nouveaux cerveaux de fœtus de 
singes anthropoïdes. Mes conclusions sont basées sur l'étude pres- 
que complète de deux cerveaux, comparés à plusiears cerveaux 
d’anthropoïdes adultes, mais elles pourraient être aussi peu défini- 
tives que celles de Gratiolet, basées sur l'étude incomplète d’un seul 


cerveau de fœtus comparé à un cerveau unique d’adulte, 


IT. — Nerfs périphériques. 


Les nerfs périphériques n’ont jamais été décrits chez le gorille. Je 
crois, par conséquent, intéressant de donner quelques faits relatifs à 
ce sujet que J'ai constatés sur Le fœtus et sur le jeune. 

Parmi les nerfs crâniens, les nerfs olfactifs se signalent par leur 
gros volume {voy. p.179). Le trijumeau avec ses branches, marwillaire 
supérieure (pl. XXVI, fig. 2, 1), maxillaire inférieure, etc., est aussi 
bien développé. Le nerf facial présente les mêmes branches que chez 
l’homme; on voit sur la fig. 2 de la pl. XXVI sa branche temporo-faciale 
avecles rameaux : palpébraux, sous-orbitaires et buccaux.Le pneumo- 
gastrique (pl. XXVIL, fig. 2 et 3, 1), très gros, présente les mêmes 
rapports que chez l’homme. Le grand hypoglosse diffère un peu en 
ce que, ducôté gauche, son anse anastomotique (pl. XX VII fig. 2, 6) 
se trouve plus haut que chez l’homme. 

Le nerf phrénique (pl. XX VIT, fig.3, 5) naît par trois filets ou racines 
distinctes, venant des trois dernières paires du plexus cervical, et de 
l’anastomose de la troisième paire avec le sympathique; tous ces filets 
se réunissent, en avant du scalène antérieur, en un seul tronc nerveux 


qui passe entrele péricarde et la plèvre gauche (pl. XXIX, fig. 8, n), 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 189 


un peu plus en arrière que chez l'homme. Le nerf spinal (pl. XXVIT, 
fig. 2 et 3, &) traverse le muscle cléido-mastoïdien. 

Le plexus cervical est constitué comme chez l'homme ; la troisième 
et la quatrième paires donnent desbranches superficielles (pl. XXVI, 
fig. 2, 5): petite mastoïdienne, auriculaire, cervicale transverse, 
sus-acromiale, sus-claviculaire. La troisième paire s’anastomose avec 
le nerf spinal (id., &), avec la quatrième paire et avecla branche des- 
cendante du grand hypoglosse (pl. XXVII, fig. 2). Une des branches 
de la quatrième paire (pl. XXVIT, fig. 2, 4) donne un nerf (trapézien) 
qui perfore le muscle cléido-transversaire, lui envoie quelques filets 
et anime le muscle trapèze. 

Le plexus brachial (pl. XXVIT, fig. 3 et 4, pb)etles nerfs qui en 
partent, le médian (pl. XX VI, fig. 4, 2), le musculo-cutané lid., 1), le 
brachial cutané interne, etc., se comportent comme chez l'homme. 
Le nerf axillaire (id., Z) donne des branches au muscle grand dor- 
sal et au sous-scapulaire, contournele bord externe du sous-scapulaire 
et s'épuise par des branches terminales dans le muscle deltoïde. Le 
nerf cubital (pl. XXVII, fig. 5, 5) et le radial s'anastomosent au ni- 
veau du tiers supérieure de l'humérus {sous le muscle coraco-bra - 
chial), et pas à la paume de la main (pl. XXVII, fig. 7) où leur 
réunion a été constatée par Chapman et par moi-même chez le 
jeune gorille. Les intercostaux (pl. XX VII, fig. 4, 7) sont identiques 
à ceux de l’homme. 

Le plexus lombaire (pl. XXVHL , fig. 4, I à V) et les nerfs qui en 
partent présentent quelques particularités. Le nerf fémoro-cutané 
(pl. XXVIIL, fig. 1, fc) perfore le petit psoas. Le crural) id., 1), 
après avoir passé par l'anneau inguinal, donne plusieurs branches 
qui ne se comportent pas tout à fait comme chez l'homme. La pre- 
mière branche est le nerf musculo-cutané interne (id., 3), la deuxième 
correspond à la branche musculo-cutanée externe (id., 2), mais elle 
ne fournit des filets qu’à la peau de la cuisse. Les nerfs corres- 
pondant aux branches perforantes se détachent plus bas, directement 


du crural, Un d’entre eux, l’inférieur (id. , 4), traverse le couturier, 


190 J. DENIKER. 


et l’autre, supérieur (pl. XXVIIL fig. 3, 2 b), passe au-dessous de ce 
muscleet se perd dans son épaisseur ; il donne une anastomose (id. «) 
au nerf obturateur, et c’est de cette anastomose que partentles filets 
nerveux allant au muscle pectiné et aux deux adducteurs (pl. XXVIIE, 
fig. 3). Après avoir fourni ces branches, le nerf crural passe sous le 
muscle couturier (pl. XXVIIL, fig. 1 et3) et arrive à la face interne de la 
jambe, oùil prend la place du saphène interne de l'homme (pl. XX VU, 
fig. 1 et 3, 5). Ce nerf donne une petite branche rotulienne et suit en 
général le trajet de l'artère tibiale interne (voy. plus bas) ; il ne con- 
tracte pas, comme c’est le cas chez l’homme, d’anastomose avec l'obtu- 
rateur. Arrivé sur le dos du pied, il se divise en deux branches, dont 
l’une se distribue à la face interne du pied et l’autre dans la région 
tarsienne et métatarsienne. Le volume de ce nerf, qui, en somme, 
est le prolongement du nerf crural, est en rapport avec celui 
de l'artère tibiale interne, qui n’est aussi que le prolongement de 
l'artère crurale. J'ai constaté la disposition semblable chez le jeune 
gorille. 

Le nerf grand sciatique se divise en poplité externe et en poplité 
interne (pl. XXVIIL, fig. 2 et 4, exet in) beaucoup plus haut que cela 
n'a lieu généralement chez l’homme : au-dessous du bord inférieur 
du muscle pyramidal. Il semble que cette disposition est commune 
chez le gorille, car chez le jeune individu j'ai trouvé le nerf divisé 
encore plus haut, au-dessus du pyramidal, dans la région pelvienne. 
D’après M. Calori (4), la division prématurée de ce nerf se rencontre 
à peu près 26 fois sur 100 chez l'homme. La branche du poplité in- 
terne (pl. XXVIIL, fig 2,2), qui fournit aux muscles demi-tendi- 
neux, demi-membraneux et biceps, se détache également très haut, 
presque au même riveau où commence la division du nerf sciatique. 
Les deux nerfs poplités présentent les mêmes rapports que chez 
l’homme ; l’externe (pl. XXVI, fig. 4 et 6 , ex ) perfore les muscles 
péroniers et donne les branches fibiale antérieure (pl. XX VII, 


(1) Cazont, Sull’alta divisione de l'ischiatico consideratacomedifferenza nazionale, 
etc. (Mem. del l’ Accad. delle scienze di Bologna, 4° sér., t. HI, 1882). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 194 


fig. 6, 2) et cutanée pérontère (id., 3), etc. ; le poplité interne envoie 
des branches aux muscles jumeaux (pl. XXVIIE, fig. 4, in), donne le 
saphène externe (id., 3), passe sous l'anneau du soléaire (pl. XXVIIT, 
fig. 5, in) et, arrivé à la plante du pied, se divise en deux nerfs plan- 
taires qui se comportent comme chez l’homme. J'ai trouvé chez le 
jeune gorille une disposition analogue. 

Le système du nerf sympathique ne présente rien de particulier. Dans 
la région cervicale, le ganglion moyen semble être fusionné avecl'in- 
férieur (pl. XX VIT, fig. 3, g, et pl. XXIX, fig. 8, g). 

Chez le fœtus de gibbon, les nerfs périphériques présentent à peu 
près les mêmes rapports que chez le gorille et chez l’homme. 

Les nerfs olfactifs sont assez petits (voy.p.185). Lesnerfs du plerus 
cervical sont très rapprochés entre eux (pl. XXVIL fig. 1).Le nerf 
spinal (id., &) contourne le muscle cléido-transversaire, et le nerf fra- 
pézien (id., 4) le traverse. Les nerfs du membre thoraciquene présen- 
tent rien de particulier. 

Le nerf crural se divise, aussitôt sorti de l'anneau inguinal, en trois 
branches: nerf musculo-cutané interne, très grêle ; nerf du triceps cru- 
ral (pl. XXVIIL, fig. 7, 2); nerf musculo-cutané externe (id., 3). Ce 
dernier abandonne au couturier trois branches qui ne perforent point 
ce muscle, puis passe à la face interne de la jambe et y prend place 
du saphène interne (id., 5), pour se diriger vers le pied où il se com- 
porte comme chez le gorille. Le nerf grand sciatique (pl. XXVI, 
fig. 6, r) se divise assez bas, vers le tiers inférieur du fémur (pl. 
XXVIIL, fig. 7 et 8, ei), en ses deux branches : nerf poplité externe 
(pl. XXVIIL fig. 8, ex) et nerf poplité interne (id., in}, Ce dernier 
donne des branches aux jumeaux, puis le saphène externe (id., 3), 
qui ne perfore pas le muscle jumeau interne, mais se porte directe- 
ment en bas sous la peau. Le poplité externe passe à la face anté- 
rieure de la jambe, donne le nerf tibial antérieur (pl. XXVII, 


fig. 9,2) et se termine par les branches interosseuses dorsales, 


192 J. DENIKER. 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 


L’encéphale du fœtus de gorille pèse à peu près 28 grammes 
et constitue la dix-septième partie du poids du corps. 

Chez les fœtus de gorille et de gibbon, le cervelet est très petit et 
complètement recouvert par le cerveau. 

Par ses dimensions absolues et relatives (par rapport à la taille); 
le cerveau du fœtus de gorille correspond à celui d’un fœtus humain 
du 5e mois. Par ses circonvolutions il équivaut au cerveau du fœtus 
humain du sixème mois ; cependant le lobe frontal est au même 
stade que chez le fœtus humain du cinquème mois. 

Les anfractuosités qu'il présente sont : la scissure de Silvius, 
la scissure de Rolando, le premier sillon temporal, la scissure cal- 
carine, la scissure occipitale interne (?), la scissure sous-frontale, 
et enfin deux incisions représentant soit les rudiments du sillon inter- 
pariétal et de la scissure occipitale externe, soit la scissure occipitale 
transverse fugace du fœtus humain du cinquième ou du septième mois. 

L'ordre d'apparition des anfractuosités (scissures et sillons) chez 
le gorille et le gibbon est à peu près le même que chez l’homme. 
Le lobe frontal se développe chez eux (comme volume et comme 
richesse en circonvolutions) également avant le lobe occipital ; 
cependant son développement est moins rapide et s'arrête beaucoup 
plus tôt que chez l'homme. 

La partie postérieure, recourbée, de la scissure sous-frontale appa- 
raît très tardivement chez le gorille et chez le gibbon ; chez ce der- 
nier probablement après la naissance. 

La réunion de la scissure calcarine avec l’occipitale interne ne 
s'opère probablement pas avant la naissance chez le gibbon. 

L'apparition de la scissure occipitale externe (Affenspalte) est 
aussi tardive chez le gorille que chez l’homme ; sa formation com- 
plète et sa réunion avec le sillon interpariétal, si caractéristique 
chez tous les singes, ne s’opèrent chez le gibbon que vers la fin de 


la vie intra-utérine, et même peut-être après la naissance. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 193 


Le pli de passage entre les scissures occipitales, externe et interne 
(premier pli de passage supérieur de Gratiolet), a la valeur d’une cir- 
convolution chez Le fœtus de gibbon de sept à huit mois ; il diminue 
et devient parfois profond seulement après la naissance. 

Le nerf saphène interne forme le prolongement du nerf crural 
chez le gorille et du nerf musculo-cutané externe chez le gibbon. 

Chez le gorille, le nerf sciatique se divise en nerfs poplités beau- 
coup plus haut (dans la région pelvienne) que dans la majorité 
des cas chez l’homme :; chez le fœtus de gibbon, sa division se trouve 


un peu plus bas (milieu de la cuisse). 


y 


ORGANES DE LA CIRCULATION. 


Le cœur du fœtus de gorille (pl. XXIX, fig. 7 et 8, c) occupe le mi- 
lieu de la cavité thoracique, ou plutôt le tiers de cette cavité situé 
à droite et les deux tiers situés à gauche du plan médian. Il est cou- 
ché sur le diaphragme, ayant sa pointe en avant et en bas. Il esten 
rapport: en haut avec le thymus, en bas avec le diaphragme, en 
avant avec le sternum et les cartilages costaux (fig. 11, p. 83, c), en 
arrière et en partie latéralement avec les poumons. Sa situation 
et ses rapports avec les cartilages costaux sont presque les mêmes 
que chez le fœtus humain de cinq mois. La pointe du cœur est 
située à 12,5 mm. à gauche du plan médian. 

Le cœurest contenu dans le péricarde (pl. XXIX, fig. 7 et8, c’), 
soudé au diaphragme ; la ligne de soudure est une ellipse dont l'axe 
transversal a 17 mm. et l'axe antéro-postérieur 143 mm. 

La conformation extérieure rappelle le cœur de l’homme et du go- 
rille adulte; cependant les ventricules sont encore presque égaux de 
volume. Les oreillettes et les auricules sont relativement plus grandes 
qu'à l’état adulte. Les deux oreillettes se communiquent par letrou de 
Botal, dont l’axe vertical mesure près de 3 mm. La valvule de cetrouest 


ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN.— 2€ SÉRIE. — T. li bis, suPPL, 1885. — 3e Mém. 13, 


19% J. DENIKER. 


beaucoup plus développée que la valvule d’Eustachi. La longueur du 
cœur, de l’origine de l’aorte à la pointe, estde 18 mm. ; la largeur, à 
la base, de 18 mm. ; et la circonférence, à cette même base, de 
44mm. Ce sont les dimensions que présente le cœur du fœtus humain 
du cinquième au sixième mois (1). La longueur du cœur par rap- 
port à la taille est donc de 1 à 11 chez le fœtus de gorille. Bischoff a 
trouvé la longueur du cœur = 40 mm. chez son jeune gorille, ce qui 
fait la douzièmepartie de sa taille; Ehlersa donné le chiffre de 95 mm. 
(à peu près le treizième de la taille) comme longueur du cœurde son 
gorille adulte femelle, et 21 em. comme sa circonférence. On voit 
par ces chiffres que le cœur du fœtus de gorille est un peu plus 
grand, relativement à la taille, que celui de l'adulte, et qu’en général 
le cœur de gorille, quoique absolument un peu plus petit que chez 
l'homme, est un peu plus grand par rapport à la taille (2), au con- 
traire de ce que disait Bischoff (3) en réfutant l’assertion de Gautier 
Laboullay ; ce dernier exagérait peut-être les dimensions -du cœur 
de gorille en donnant pour sa circonférence, à la base, 48, 7 cm. 

Les vaisseaux artériels présentent la disposition presque identi- 
que à celle qu'ils auront à l’âge adulte. Cependant, comme jusqu'à 
présent on n’a pas encore décrit au complet le système artériel du 
gorille, je n'ai pour terme de comparaison qu’un seul cas, celui 
de mon jeune gorille dont j'ai puimjecterles artères. 

L'aorte (pl. XXIX, fig.8, e), bien développée (3,5 mm. de diamètre 
extérieur), présente les mêmes rapports que chez l’homme ; au niveau 
de sa crosse, elle donne, comme chez tous les gorilles sans exception, 
un tronc brachio-céphalique (id., f) long de 5 mm. duquel partent la 
carotide et la sous-clavière droites ; puis à 1 mm., et demi de ce tronc, 
l'artère carotide gauche (id., h), et à 1 mm. plus loin, la sous-clavière 
du même côté {id ,s). Non seulement cette division primaire, mais 


(1) KÔLLIKER, L. c.,p. 948. 

(2) Je prends le chiffre moyen de 98 mm. comme longueur du cœur, et celui de 
1 m. 65 comme la taille moyenne de l’homme blanc, {Voy. les traités d'anatomie de 
Sappey, de Krause, l’ Anthropologie de Topinard, etc.) 

(3) L'c.,/p' 243. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 195 


encore tous les rapports des artères susnpmmées avec les nerfs et les 
muscles sont identiques avec ceux que l’on décrit chez l’homme. 
L'artère pulmonaire est réunie à l'aorte par le canal artéril (id.,e’), qui 
est un peu plus étroit que l'aorte et presque deux fois plus gros que 
les artères puimonaires. Il semble que ce canal disparaisse moins 
hâtivement que chez l’homme après la naissance, car chez le 
gorille de Bischoff, qui avait déjà accompli sa dentition de lait, il 
existait encore, tout en ayant un diamètre deux fois moindre que les 
artères pulmonaires, à en juger d’après le dessin (1). L'artère carotide 
primitive (pl. XX VIT, fig. 2 et 3, c) donne la thyroïidienne supérieure 
üd.,r), etla faciale (id. etpl. XXVI, fig. 2, af), avec ses branches, sous- 
maxillaire, occipitale (pl. XXVIL, fig. 3, oc), etc. Ellese termine par les 
artères maxillaire interne et temporale superficielle (id., p). Tout 
est absolument comme chez l’homme, sauf que l'artère linguale 
(id., !) ne naït pas directement de la carotide, mais se détache de la 
faciale, comme cela arrive aussi parfois chez l’homme. 

La sous-clavière (pl. XXVIL, fig. 3, sc) donne l'acromio-thoracique 
(id., a), la mammaire externe (id., q), la circonflexe postérieure, la 
sous-scapulaire (id., s), relativement plus grêle que chez l’homme, et 
la circonflexe antérieure (pl. XXVII, fig. 4, a), située très loin de la 
postérieure et s’anastomosant avec elle à l'articulation de l’épaule. 

L'artère humérale (pl. XXVIL fig. 4 et 5, hk) se divise, comme chez 
l’homme, au niveau de l'articulation du coude, en artères radiale 
(id., ra) et cubitale (id., cu); cette dernière donne bientôt une interos- 
seuse. À la paume de la main, l’arrangement des vaisseaux diffère de ce 
que l’on trouve le plus fréquemment chez l'homme. Il n'existe pas 
d'arcade palmaire superficielle. L’artère radio-palmaire (fig. 18, R, et 
pl. XXVIL, fig. 7,r), après avoir passé en avant du ligament annu- 
laire et traversé le court abducteur du pouce, se divise en deux bran- 
ches digitales : une de ces branches donne la collatérale externe 


de l'index et la collatérale interne du pouce, tandis que l’autre 


(1) L. c. (Mémoire sur le gorille), pl. IV, fig. XII. Bischoff n'en parle pas dans le texte, 


196 J. DENIKER. 


fournit la collatérale interne de l’index et la collatérale externe 


du médius (voy fig. 18). Le reste des collatérales est fourni par 


Fig. 17. — Cerveau du fœtus de gorille Fr. 18. — Arcades palmaires du fœtus 
(face inférieure), gr. nat. de gorille, gr. nat, 


l'artère cubitale qui, arrivant sur la paume de la main (pl. XXVII, 
fig. 7, c), donne trois branches digitales : une de ces branches four - 
nit la collatérale interne du petit doigt ; l'autre la collatérale ex- 
terne du même doigt et la collatérale interne de l’annulaire ; enfin la 
troisième fournit, outre la collatérale externe de l’annulaire et 
la collatérale interne du médius, encore une branche très grêle 
(fig. 18,3) qui, au niveau du milieu du troisième métacarpien, 
se dirige en arrière pour s’anastomoser avec l’arcade pa'maire pro- 
fonde (id., r) formée par l’anastomose à plein canal de la radiale 
(id., r) avec la branche cubito-palmaire (id., c) de la cubitale. L’ar- 
cade profonde donne cinq branches. La première de ces branches L 
(fig. 18, 1) s'engage sous les muscles fléchisseurs etl’adducteur du 
pouce, auxquels elle abandonne plusieurs petites branches; les deux 
suivantes (id., 2 et 3)s’anastomosent avecla deuxième et la troisième 
digitales superficielles, à 5 mm. au-dessus de leurs divisions en colla- 
térales ; enfin les deux dernières(id., 4 et 5) fournissent aux muscles | 
interosseux et aux lombricaux. À 2-3 millimètres au-dessous de la 


naissance de la branche radio-palmaire, l'artère radiale envoie une 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 497 


branche anastomotique (fig. 18, a) qui se porte très profondément en 
avant de l'articulation du poignet, pour se jeter dans l’arcade profonde 
près du point où il s’en détache la cinquième branche digitale. 

J'ai retrouvé une disposition un peu différente, mais toujours liée à 
l'absence de l’arcade palmaire, chez deux jeunes gorilles que j'ai exa- 
minés sous ce rapport ; on la rencontre aussi fréquemment chez 
l’homme (1). D'autre part, une disposition correspondant à la des- 
cription classique de l’arcade palmaire chez l’homme avait été trou- 
vée chez le gorille par Chapman, chez l’orang par Barkow (2), et 
chez le chimpanzé par moi-même. Il est donc évident que, chez les 
singes anthropoïdes, les variations individuelles dans l’arrangement 
des vaisseaux sont au moins aussi fréquentes que chez l’homme. 

À la face dorsale de la main, l'artère radiale (pl. XXVIL, fig. 6, d) 
fournit une branche (id., /) donnant les collatérales dorsales du 
pouce et de l'index, puis s’anastomose avec une branche de l’in- 
terosseuse (id., ;), en formant une arcade à concavité supérieure 
(artère dorsale du carpe chez l'homme) de laquelle partent deux 
branches qui se perdent dans les muscles du deuxième et du troi- 
sième espaces interosseux. Chez l’homme, très souvent aussi, il 


n existe dans l'artère dorsale du carpe que ces deux rameaux au lieu 
de trois. 


L’aorte descendante (pl. XXX, fig. 8, ad) fournit deux artères rénales 
(id., ar), puis se divise, un peu au-dessous des reins, en deux bran- 
ches, dont chacune donne une artère ombilicale (id., o) et une artère 
iliaque primitive (id., p). 

L'artère fémorale (pl. XX VII, fig. 1, fm) présente les mêmes rap- 
ports que chez l’homme et se divise, au-dessusde l’anneau des adduc- 
teurs, en deux branches. La branche externe est l'artère poplitée 
(pl. XX VII, fig. 4, 4et 5, pl) ; elle se bifurque, beaucoup plus haut 


que chez l’homme (au niveau du bord supérieur du muscle poplité), 


(1) BEAUNIS et BoucHaRp, L. c., p. 461. 
(2) Barkow, Comparative Morphologie des Menschen und der Menschenähnlich. n 
Thiere, par. II (Mus. der Univ. Breslau), p. 114, et pl. LVIL. Breslau, 1862. 


198 J. DENIKER. 


en deux branches : tibiale postérieure (pl. XXVIHL, fig. 4 et 5, tb) et 
péronière (id., pr) ; cette dernière est plus grêle que la première. 

La branche interne (pl. XXVIIL, fig. 1, {p}, presque aussi grosse 
que l'artère poplitée, passe sous l'anneau des adducteurs , puis entre 
le droit interne et le couturier , et , arrivée sur la face interne de la 
jambe, devient sous-cutanée, s'incline légèrement en avant et passe 
au-devant de la malléole interne pour arriver sur le dos du pied ; ici 
elle se bifurque : unede ses branches (interne) fournit aux museles du 
grand orteil, l’autre (externe) se porte vers la face plantaire du pied, 
où elle concourt probablement à former l’arcade plantaire. Plusieurs 
auteurs ont signalé cette artère chez les singes pithéciens. Barkow,(1) 
l'avait aussi décrite, chez l'orang et chez le chimpanzé, sous le nom 
d’artère tibialis superficialis; Chapman et Hartmann 13 signalent 
chez le gorille, sans décrire en détail son parcours. Le premier 
l'appelle artère saphène ; le second dit qu'elle perfore le muscle cou- 
turier. Je n’ai pas pu suivre les terminaisons de cette artère chez le 
fœtus, mais j'ai constaté, sur le jeune gorille et sur le fœtus de gibbon, 
que sa branche externe passe, entre l’adducteur du pouce et le pre- 
mier interosseux, verticalement en bas, sur la plante du pied, et 
forme la plus grande partie de l’arcade plantaire en s'anastomosant 
avec la branche plantaire de la tibiale postérieure. 


Ces rapports nous démontrent clairement que l'artère en question 


LU 


n’est autre que la tibiale antérieure de l'homme qui s’est détachée 
très haut de la femorale (ou de la poplitée; et s’est portée en dedans 
et superficiellement ; sa branche externe correspond alors à l'artère 
pédieuse. Cette homologie est d'autant plus vraie que je n'ai pu 
trouver, ni chez le fœtus, ni chez le jeune gorille, d’artère tibiale 
antérieure, et que les interosseuses dorsales étaient formées chez le 
dernier justement par l'artère en question. D'autre part, on sait que 
chez l'homme, dans les cas du développement excessif de la tibiale 


antérieure aux dépens de latibiale postérieure (comme chez le gorille), 


(2) L, c.,t.I, pl. LIX, et LXIL, fig. 3, etp. 3: et 118. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 199 


c’est la première qui forme la plus grande partie de l’arcade plan- 
taire. Toutes ces considérations me conduisent à donner le nom d’ar- 
tère tibiale interne au vaisseau dont je viens de parler ; ce nom est 
préférable à ceux d’artère saphène et de tibiale superficielle qui 
n’indiquent point ses homologies avec l'artère tibiale antérieure. 

Passons au système circulatoire du fœtus de gibbon. Le cœur 
occupe à peu près la même situation que chez le fœtus de gorille ; 
comme ce dernier, il est contenu dans le péricarde adhérant en 
bas au diaphragme (pl. XXIX, fig. 9, c). Sa forme diffère un peu de 
celle du cœur de gorille ; il est plus globuleux et plus large que ce 
dernier, et sa pointe n’est pas du tout accusée. Les oreillettes et les 
auricules sont relativement grandes et le ventricule droit est un peu 
plus grand que le gauche. La longueur du cœur est de 13,5 mm. 
(4/15 de la taille); salargeur de 17 mm. ; sa circonférence, à la base, 
de 48 mm. | 

L’arrangement des vaisseaux à la crosse de l'aorte diffère un peu de 
celui desgibbons adultes. Chez ces derniers l’ontrouve ordinairement, 
un tronc commun innominé duquel naïssent la sous-clavière droite 
et les deux carotides, la sous-clavière gauche naissant séparément. 
Mais, dans certains cas , le tronc commun est très court et l'artère 
carotide gauche nait presque isolément ; chez le fœtus, ces rapports 
sont encore exagérés : le tronc commun n'existe pour ainsi dire 
pas ; à sa place on voit un tronc brachio-céphalique droit, et tout 
près de lui, la corotide gauche naissant isolément ; la sous-clavière 
gauche en est distante de 2 mm. Le canal artériel est presque 2 fois 
plus gros que les artères pulmonaires. 

Les artères du membre thoracique gauche (le seul que j'ai pu exa- 
miner en totalité) présentent de telles divergences avec l'arrangement 
des vaisseaux chez l’homme et chez les autres singes, que Je les tiens 
pour des anomalies individuelles, semblables d’ailleurs à celles que 
l’on observe souvent chez l'homme. Les artères sous-clavière et hu- 
mérale droites (pl. XXVI, fig. 5) ne présentent rien de particulier, 
mais l'humérale gauche, se bifurquant au niveau de l'articulation du 


200 J. DENIKER. 


coude, donne origine à deux artères d’inégal calibre. La première, 
artère cubitale (pl. XX VII. fig. 8, cu), est relativement grèle et s'épuise 
au milieu des muscles du tiers supérieur de l'avant-bras {sur le 
dessin elle est représentée plus grosse qu’en réalité). La deuxième, 
‘artère radiale (id., ra), est très forte et remplace en bas la 
cubitale, donnant une branche transversale (id., re) au niveau de 
l'articulation du poignet. Je n’ai pu injecter les terminaisons de 
cette artère, mais jesuppose que la branche transversale fournit tous 
les vaisseaux de l’arcade palmaire qui dans les cas normaux pro- 
viennent de la cubitale. 

Les artères tliaques primitives et internes sont comme chez 
l'homme. La fémorale (pl. XXVIIL, fig. 1, fm) fournit, entre autres, 
deux branches, dont l’une (id., a) perfore le troisième adducteur, le 
demi-membraneux, et se perd (id., +) dans le demi-tendineux, où vient 
aboutir également une branche de la poplitée (id., x). Avant de 
passer dans l'anneau des adducteurs, l'artère fémorale se divise en 
deux branches d’égal calibre : l’une de ces branches est l’artère po- 
plitée (pl. XXVIL, fig. 7 et8, pl), l’autre (id., ti), l'artère fibiale in- 
terne, semblable à celle que j'ai déjà décrite sous ce nom chez le 
gorille. La poplitee donne des branches à l'articulation du genou 
(id., ag), puis se porte en bas, fournit aux deux muscles jumeaux et 
se divise en une branche qui se perd dans les muscles de la 
jambe, et en péronière qui, arrivée à la plante du pied (pl. XXVIIE, 
iig. 7,pr), s'anastomose avec la tibiale interne (id , z). Quant à cette 
dernière, elle abandonne tout d’abord à l’articulation du genou une 
artériole (pl. XXVIIL, fig. 7, ag), dont les ramifications ne s’anasto- 
mosent pas avec celles de la branche venue de la poplitée, puis passe 
entre le droit interne et le coutourier et, devenue sous-cutanée, 
longe, sur la face interne de la jambe, le bord interne du tibial an- 
térieur, contourne en avant la malléole interne et arrive sur le 
dos du pied. Pendant ce trajet, elle envoie, au niveau de la nais- 
sance du tendon des muscles jumeaux, une branche (pl. XXVIIE, 


fig. 7et 8, bp) que j'appellerai branche postérieure ; elle se porte 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 204 


en bas, entre le tendon des jumeaux et celui des fléchisseurs, con- 
tourne en arrière la malléole interne et, à la plante du pied, se 
jette dans l’anastomose entre la péronière etla tibiale interne (id., z). 
On voit par ces rapports que la branche en question remplace 
l'artère tibiale postérieure de l'homme. L’artère tibiale interne donne 
encore une autre branche, qui s’en détache plus bas que la précé- 
dente, passe sous le muscle tibial antérieur et fournit les interosseu- 
ses des quatre derniers orteils (une de ces interosseuses est repré- 
sentée sur la pl. XXVIIT, fig. 9, a). Arrivée à la face dorsale du 
pied, la tibiale interne, que l’on peut appeler ie1 la pédieuse, fournitune 
branche collatérale au gros orteil (pl. XXVIIL fig.9, cl). Puis elle s'en- 
fonce en arrière de l’adducteur du gros orteil et passe à la face plan- 
taire du pied (pl. XXVIIL fig. 7 et 9), où elle fournit trois branches 
interdigitales (pl. XX VIIL, fig. 7, à) se divisant chacune en deux colla- 
térales (id., cl). De cette facon tous les orteils sont pourvus de deux 
artères collatérales, excepté le deuxième auquel il manque une colla- 
térale interne et le cinquième qui est dépourvu d’une collatérale 
interne. La troisième branche interdigitale est réunie par une anas- 
tomose (pl. XXVIIL, fig. 7, z), formant une sorte d'arcade plantaire, 
à la péronière et à la branche postérieure de la tibiale interne. 

Je n'ai rien de spécial à dire à propos de veines chez les deux fæ- 
tus. Les gros troncs veineux suivent le mêmetrajetque chez l’homme 
(voy. pl. XXVIL fig. 1, v ; fig. 4, V’, et pl. XXIX, fig. 7 à 9, v). 

La portion sus-diaphragmatique de la veine cave inférieure est très 
courte ; la veine ombilicale (pl, XXX, fig. 8, o) est assez grosse ; la 
veine saphène interne suit le trajet de l'artère tibiale interne. 

Je n’ai pas suivi les lymphatiques, mais j'ai constaté chez les deux 
fœtus des ganglions lymphatiques assez considérables au pli de 


l’aine, dans les creux axillaire et poplité (pl. XXVIIT, fig. 7), etc. 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 


Par ses dimensions absolues le cœur du gorille est plus petit que 


celui de l’homme , mais il est plus grand par rapport à la taille de 


202 J. DENIKER. 


l'animal ; il est plus volumineux chez le fœtus que chez l'adulte, 

La disposition des troncs artériels primitifs partant de la crosse 
de l'aorte est la même chez le gorille et chez l'homme à tous les âges. 
Le gibbon présente cette disposition à l'état fœtal, mais, à l’état adulte, 
l'artère carotide gauche s’accole au tronc brachio-céphalique droit. 

Le canal artériel s’atrophie chez le gorille assez tardivement, pro- 
bablement après l’éruption complète des dents de lait. 

Les anomalies dans la distribution des vaisseaux chez le gorille 
sont aussi fréquentes et entrent dans les mêmes cadres que chez 
l’homme. Cependant l’absence de l’arcade palmaire superficielle sem- 
ble se rencontrer plus fréquemment chezle gorille que chez l’homme. 

L’artère fémorale de tous les singes anthropoïdes se bifurque au- 
dessus de l'anneau des adducteurs en deux branches. L'une de ces 
branches est l'artère poplitée, et l’autre l'artère tibiale interne (art. 
tib. superfic. de Barkow, art. saphène de Chapman). Cette dernière 


est l'homologue de l'artère tibiale antérieure de l'homme. 


VI 
ORGANES DE LA RESPIRATION. 


Je vais décrire d’abord le larynx et l'appareil hyoidien du fœtus 
de gorille. Le corps de l'hyoïde (fig. 19, H, et pl. XXIX, fig 11, h), 
encore Cartilagineux, se continue en deux cornes postérieures ou 
grandes cornes (fig. 19, gc) ossifiées dans leur partie moyenne sur un 
espace de 4 mm. ; le tout est rattaché au crâne par le ligament sfylo- 
hyoïdien (id., sh) qui part du cartilage mastoïdien, en arrière du 
tympan, et s'attache à l'hyoïde en avant du point d’ossification des 
grandes cornes , à l'endroit où se trouvent les petites cornes chez 
l’homme. 

La forme du corps de l’hyoïde est presque la même que chez 


le jeune gorille (1); cependant l’excavation inférieure est mcins pro- 


(4) Voy. DuverNoy, L. c. p.187 pl. XIV, fig. A' A” et A°”. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 203 


fonde et l’ensemble rappelle moins un tambour. La longueur du 
corps est de 7 mm., sa largeur {antéro-postérieure) de # mm. ; la 
hauteur de la face antérieure est de 3 mm. Les grandes cornes 
sont longues de 7 mm.; leur ossification est plus précoce que chez 
l'homme. Chez ce dernier, les deux points d’ossification n’apparais- 
sent dans les grandes cornes qu’à la fin de la vie fœtale, tandis que 
chez le gorille ces deux points sont non seulement parus, mais déjà 
fusionnés en un seul au cinquième ou sixième mois de la vie intra- 
utérine. L'ossification du corps doit avoir lieu plus tard. Chez le jeune 
gorille (du musée de Caen) le corps était presque complètement ossi- 
fié, mais il restait encore entre lui et les cornes un espace large de 
3 mm. enétat cartilagineux ; en outre, l'extrémité postérieure des 
grandes cornes était encore cartilagineuse sur une étendue de 2 mm. 
Duvernoy figure également chez son jeune gorille les cornes 
séparées du corps del’os par un cartilage. D’après ces faits, on peut 
conclure que la soudure complète des grandes cornes avec le corps 
de l’hyoïde doit avoir lieu au moment de l’éruption des premières 
dents définitives. Quant aux petites cornes, je les ai trouvées 
encore cartilagineuses chez le jeune gorille ; d’après Duvernoy, 
le ligament stylo-liyoïdien présente dans sa longueur deux points 
d’ossification, dont l'inférieur n’attemt pas l'os hyoïde même chez 
l'adulte. ; 

En somme, d’une facon générale, l’hyoïde s’ossifie plus rapidement 
chez le gorille que chez l’homme ; cette précocité du développe- 


ment doit être en rapport avec l'existence des sacs laryngiens. 


Le larynx a à peu près la même forme générale, que le larynx du 
Jeune gorille. Le cartilage thyroïde (fig. 19, T, et pl. XXIX, fig. 11, f) 
est moins haut et moins développé d'avant en arrière ; en outre, les 
échancrures médianes de ses bords supérieur et inférieur sont 
moins prononcées, et la crête médiane antérieure plus large et plus 
saillante. Ces différences se traduisent par les chiffres suivants : La 
largeur maxima (transversale) du cartilage estde 11 mm. chez le fœ- 


tus; son diamètre antéro-postérieur (entre la crête antérieure et le mi- 


204 J. DENIKER. 


lieu du plan passant par les bords postérieurs), de 6,5mm. ; sa hau- 
teur sur la ligne médiane (la crête),6 mm. et sa hauteur maxima de 
7 mm. Les chiffres correspondants chezle jeune gorille sont 25 18. ù, 
A1 et 18 mm. Le larynx du jeune gorille de Duvernoy semble être un 
peu plus haut que celui de mon jeune gorille; la différence tient pro- 


bablement au sexe, et il semble que chez le gorille comme chez l’es- 


Fi. 19. — Appareil hyoïdien F1G. 20, — Poumons et cœur 
et larynx du fœtus de gorille, du fœtus de gorille vus par 
gr. lat. en bas, gr. nat, 


pèce humaine, la hauteur du larynx est plus considérable chez les in- 
dividus du sexe mâle. Le cartilage cricoïde est conformé comme chez 
le gorille adulte ; sa hauteur maxima (dans la pañtie postérieure) est 
de 3 mm. Les cartilages aryténoïdes ont la forme de petits triangles 
(2 mm.de base sur 3 de hauteur), dont les trois angles sont allongés 
en apophyses renflées à leur extrémité. Les muscles intrinsèques du 
larynx, le crico-thyroïdien (pl. XXIX, fig. 11, ct), le crico-aryténoï- 
dien, etc., présentent en gros la même disposition que chez l’homme. 

En fendant le larynx par sa face postérieure, on voit devantsoi l'épi- 
glotte (pl. XXIX, fig. 6,e),pluslarge et moins haute que chez l'homme, 
échancrée en haut (comme chez mon jeun: gorille), et ne ressem- 
blant en rien à celle que figure Duvernoy. A la base de l’épiglotte et 
des deux côtés de la ligne médiane, on voit les deux orifices des ven- 
tricules (id., v), longs de 2 mm., hauts de 34 de mm., et limités, 
comme chezl'homme, par un repli(cordevocale supérieure) enhaut, et 


par une corde (c. voc. inférieure) en bas ; au-dessous de cette c1 "nière 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 205 


se trouve un deuxième repli. Je ne sais si c’est un pli produit par le 
séjour dans l'alcool ou une formation spéciale ; en tout cas, j'ai vu 
une deuxième corde analogue dans le larynx du jeune gorille, où 
en outre il y avait plusieurs autres rides secondaires entre les deux 


cordes inférieures. 


On sait que les sacs laryngiens du gorille ne se développent 
qu'avec le progrès de l’âge; il était donc intéressant d'étudier à 
quelle époque :ïls apparaissent. J'ai fait une dissection minutieuse 
de larégion où devaient se trouver ces sacs, mais je n’en ai pas trouvé 
trace chez le fœtus, du moins en dehors de la membrane thyro- 
hyoidienne. J'ai examiné alors l’état des ventricules du larynx, dont 
les sacs ne sont, comme on le sait, qu’une dépendance. En fendant 
le larynx par une coupe longitudinale (pl. XXIX, fig. 6, à gauche), 
quiintéressait Le ventricule, j'ai pu me convaincre que la cavité ventri- 
culaire se prolongeait d’abord en dehors sur une étendue de À mm. 
à peu près, puis montait en haut et, arrivée au niveau du bord supé- 
rieur du cartilage thyroïde, s’élargissait en une cavité qui allait en 
haut jusqu’au milieu de la membrane thyroïdienne et donnait deux 
prolongements, un en avant (id.,v)et un autre en arrière. Cette 
cavité était limitée en haut par la membrane réunissant l’épi- 
glotte à l’hyoïde (id., m) et en dehors par la membrane thyro- 
hyoïdienne. Le prolongement antérieur s’étendait jusqu'à la base 
de la langue, et le prolongement postérieur presque jusqu’à l’an- 
gle formé par la réunion de la grande corne de l'hyoïde avec la 
corne supérieure ou hyoïdienne du cartilage thyroïde. Toute la 
cavité avait approximativement 3 mm. de hauteur sur à à 6 de lon- 
gueur (dans le sens antéro-postérieur). En somme, les ventricules 
avaient déjà l’étendue qu'ils n’atteignent qu'exceptionnellement chez 
l'homme. (Voy. les traités d'Anatomie de Sappey, Gegenbaur, etc.). 

En examinant les ventricules du larynx chez le jeune gorille, j'ai 
trouvé du côté droit une disposition à peu près identique à celle que 
je viens de décrire chez le fœtus, sauf que le diverticulum anté- 
rieur faisait une légère hernie en dehors de la membrane thyÿro- 


206 J. DENIKER. 


hyoïdienne ; mais à gauche ‘la disposition était tout autre. Le pro- 
longement antérieur se développait en une poche laryngienne 
assez vaste qui pendait au-devant et un peu à gauche du larynx 
et de la trachée artère, et dont l'extrémité touchait presque le bord 
supérieur du manubrium du sternum. J'ai examiné ensuite, ensemble 
avec M. Boulart, les sacs chez deux autres gorilles (jeune et adulte), 
de même que les sacs de quatre chimpanzés et de six orangs 
de tout âge. Les résultats de nos recherches sont consignés dans une 
note spéciale (1). Je me contenterai de dire ici que le développe- 
mentdes ventricules de Morgagni en des sacs laryngiens ne commence 
chez le gorille et le chimpanzé qu'après la naissance, probablement 
un peu avant l'achèvement de la dentition de lait, et qu'il est sujet 
à de nombreuses variations individuelles. Autant que l’on peut juger 
par deux cas de chimpanzés très jeunes, l’un publié par Broca (2), 
l’autre observé par M. Boulart et moi, les sacs se développent d’une 
facon à peu près égale des deux côtés, jusqu'à ce qu'ils aient atteint 
la grosseur d’un pois ; à partir de ce stade, presque toujours un des 
sacs (droit ou gauche indifféremment chez le gorille, gauche dans la 
majorité des cas chez le chimpanzé) commence à se développer 
plus rapidementque l’autre et finit par envahir toute la région cervi- 
cale antérieure et une partie de la pectorale, Le développement des 
sacs ne parait pas dépendre en général du sexe de l’animal. Le type 
des sacs, commun au gorille et au chimpanzé, diffère de celui de 
l'orang. Chez le gorille, de tous les diverticulums latéraux du sac, le 
supérieur (ou sous-maxillaire) semble se développer en premier lieu. 

À ce propos il est intéressant à noter avec Ehlers que, dans les cas 
très rares où l’on a observé les vrais sacs laryngiens extérieurs, longs 
de à à 6 cent., chez l’homme (3) c’est toujours la partie homologue 

(1) DenrRkeR et BouLarr, Note sur les sacs laryngiens des singes anthropoides 
(Journ. d'Anatomie et de Physiologie, 1886, p. 51). 

(2) Broca, L. c. (Ordre des Primates, etc.), p. 121. 

(3) Voy. W. GRuBER, Ueber einem Kehlkopf des Menschen mit theilweise ausserhalb 
desselben gelagerten seitlichen Ventrickelsacken (Archiv'fur Anatomie, Physiol., ete., 


de Reichert et Du Bois-Raymond, 1871, p. 606, et pl. XV); de même'que les observations 
de RUDINGER, dans le Monatschrift fur Ohrenheilkunde, t. X, p. 425. Berlin, 1876, 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 207 


au diverticulum supérieur du gorille, absent chez les autres anthro- 
poïdes, qui se développe tantôt à droite, tantôt à gauche. 

La trachée (pl. XXIX, fig. 8, tr) est longue de 20 mm.; on y compte, 
jusqu'à sa bifurcation en deux branches, 18 anneaux comme chez 
tous les gorilles; son diamètre extérieur est de 4 mm. Les deux 
bronches forment entre elles un angle de 65° et sont par conséquent 
moins écartées que chez l’homme adulte, mais presque autant que 
chez un nouveau-né. La bronche droite est longue de 5 mm. 
et son diamètre (3,5 mm.) diffère à peine de celui de la trachée ; par 
contre, la bronche gauche est beaucoup plus longue (8 mm.) et beau- 
coup moins grosse (diamètre de 2,5 mm. seulement). La différence 
des diamètres des bronches a été déjà remarquée chez le gorille 
adulte par Ehlers (1). La subdivision ultérieure des bronches en trois 
rameaux secondaires à droite et en deux à gauche est identique à ce 
que l’on a décrit chez l’homme. 

Les poumons (fig. 20, Get D, et pl. XXIX, fig. 8, p,p) sont rela- 
tivement petits etretirés en arrière dans la cavité thoracique, comme 
chez tous Les fœtus de mammifères qui n’ont pas encore respirés ; 


leurs faces inférieures sont à 3-5 mm. au-dessus du diaphragme. 


Le poumon gauche (id. G et p) correspond en avant aux carti- 
lages des quatre premières côtes et touche par son sommet le 
thymus. Son diamètre antéro-postérieur est de 23 mm. ; son diamètre 
transverse, mesuré à la base, de 43 mm., et sa hauteur de 19 mm. Il 
est divisé par une fente très profonde allant de haut en bas et un peu 
d’arrière en avant, en deux lobes presque complétement séparés : 
antérieur (fig. 20, 1) et postérieur (id. 2), correspondant aux lobes 
supérieur et inférieur de l’homme. Le lobe antérieur présente sur son 
bord antérieur l'échancrure ou incisure cardiaque (pl. XXIX. fig. 8), 
au fond de laquelle se trouve un tout petit lobule. 

Le poumon droit (fig. 20, D, et pl. XXIX, fig. 8, p')est plus grand 


que le gauche ; il mesure 28 mm. d'avant en arrière, 19 mm. trans- 


(1) L. e. p. 41. 


208 J. DENIKER. 


versalement à sa base, et 20 mm. en hauteur ; il est situé plus haut 
et plus en avant que le gauche, ce qui s'explique par le fait que le 
diaphragme est aussi plus haut àdroite qu’à gauche. Son bord anté- 
rieur s'interpose entre le sternum et le péricarde et correspond aux 
4 dernières côtes et au 4° espace intercostal ; son sommet est recou- 
vert par le thymus. Un sillon vertical divise le poumon droit en 
deux grands lobes, antérieur et postérieur (id. 3), quine tiennent l’un 
à l’autre que tout près du hyle. Une profonde entaille allant de la 
fente verticale à l'encontre d’une autre, moins profonde et venant 
du bord antérieur, divise le lobe antérieur en deux lobes secon- 
daires: antéro-supérieur et antéro-inférieur. Ces deux lobes sont 
réunis par l'isthme situé entre les deux entailles, large de 2 à 
3 mm. On peut donc dire que le poumon droit est subdivisé en trois 
lobes : antéro-supérieur, antéro-inferieur. (fig. 20, 2) et postérieur 
(id. 3), qui correspondent aux lobes supérieur, moyen et inférieur de 
l’homme. En outre, le lobe postérieur présente au bas de sa face 
antérieure et du côté antérieur de sa face inférieure, une anfrac- 
tuosité profonde de 6 à 8 mm., qui en détache en bas un lobule. 
très peu distinct (fig. 20), homologue du lobe azygos ou impair 
des mammifères. Onn'a signalé qu'une seule fois (Bischoff) l'exis- 
tence du lobe azygos chez le gorille ; chez l'homme, on le rencontre 
aussi quelquefois (1). De méme on n’a signalé chez le gorille qu'un 
seul cas (Hartmann) (2) de division du poumon gauche en trois lobes, 

C'est aux organes de la respiration que je rattache la description 
du corps thyroïde et du thymus, qui n’ont encore jamais été décrits 
chez le gorille. 

Le corps thyroïde (pl. XXIX, fig. 7 et 8, th) est formé par deux 
lobes presque d'égale grandeur, longs de 10 mm., larges de 7 mm., 


se terminant en haut vers le milieu du bord postérieur du carti- 


(4) Voy. E. DucesxE, Notes sur quelques anomalies régressives observées sur les 
viscères d'un nègre mozambique (Bull. de la Soc. d'Anthr., 3° série, t. IV (1881), 
p. 331 et fig. 1). — MayLarn, Abnormalilies of the lobes of the human Lung (Jour- 
nal of Anat. and Physiol., t. XX (1885), par. I, p. 36). 

(2) Menschenähnlichen, etc., p. 178. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES 209 
lage thyroïde par un sommet arrondi ; en bas les lobes descendent 
au niveau du deuxième anneau de la trachée et sont réunis par 
un isthme large et épaisde 1 mm.On voit par cette description que Le 
corps thyroïde ne descend pas aussi bas que chez l'homme. La 
tunique enveloppant le corps thyroïde se continue avec celle du thy- 
mus par une sorte de cordon creux (pl. XXIX, fig. 7, a), long de 7 
à 8 mm., situé en dedans de l'artère carotide. 

Chez le jeune gorille, le corps thyroïde présente à peu près les 
mêmes rapports et les mêmes proportions relatives ; la hauteur des 
lobes est de 30 mm. environ. Il n'y a pas d’isthme, mais le lobe 
gauche envoie un prolongement long de 5 mm. vers la ligne médiane. 

Je rappellerai à ce propos que Bischoff (1) indique l'absence de 
l’isthme chez le chimpanzé comme une des différences de plus 
entre cet anthropoïde et l'homme. Or, depuis, Ehlers a trouvé cet 
isthme chez le chimpanzé, etmoi-même je l'ai constaté chez lejeune 
* chimpanzé du Muséum (2). et chez le gibbon (voy. p. 213). Chez le 
gorille, d'après ce que je viens de dire, l'isthme existe également, 
quoique moins développé que chez l’homme. Il est probable d’ail- 
leurs que le corps thyroïde varie en général beaucoup dans sa 
forme, et l’isthme peut manquer parfois aussi bien chez le gorille 
que chez Fhomme. 

Le thymus (pl. XXIX, fig. 7, t, €, 1) est très volumineux. Il occupe 
plus de la moitié de l’espace entre les parois antérieures de la cavité 
thoracique et le péricarde ; une faible partie de cet organe, haute au 
plus de 3 mm., sort de la cage thoracique etse trouve au-devant de la 
trachée, à 7,5 mm. au-dessous du corps thyroïde. Le bord inférieur 
du thymus correspond à la 2 côte gauche et à la 3° droite : rapports 
analogues à ceux que l’on trouve chez le fœtus humain. La hauteur 
totale de l'organe est de 17 mm. et sa largeur horizontale 21, 5 mm. 


L'enveloppe fibreuse qui entoure le thymus se continue, comme je l’ai 


(1) Biscnorr, Untersuchung der Eingeweide und des Gehirns des … Chimpans:- 
Weibchens (Mittheilungen aus dem. k. Zoolog. Museum zu Dresden 1811, p. 259). 
(2) DENIKER et BouLarT, 2. €. pl. IV, fig. 5. 


ARCH. DE ZOOL, EXP, ET GÉN. — % SÉRIE. — T. 11 Dis. SupPL. 14885, 3e Mém. 14 


210 J. DENIKER. 


déjà dit, avec celle du corps thyroïde Le thymus se subdivise 
en trois lobes. 1) Le lobe supérieur (id.t), le plus petit (8 mm. de hau- 
teur sur 6 de largeur), distinct presque complètement du reste de 
l'organe, a la forme sphérique et envoie des deux côtés des pro- 
longements quientourent la trachée comme une collerette. Ce lobeest 
en rapport avec les muscles sternaux en avant, avec la trachée 
en arrière et avec les deux carotides sur les côtés. 2) Le Lobe droit 
id, £ ), le plus grand de tous, est subdivisé en deux par unsillon dans 
lequel passent l'artère et la veine mammaires internes. Ce lobe 
présente un disque de 12 mm. de diamètre et se trouve en rapport: 
avec le médiastin et l’articulation des cartilages costaux en avant, 
avec le tronc brachio-céphalique veineux droit et le péricarde en 
arrière. 3) Le lobe gauche (id. t”)est plus petit que le lobe droit, 
au contraire de ce que l’on voit chez le fœtus humain (1) ; il descend 
aussi plus bas et se trouve enfoui plus profondément en arrière 
que le lobe droit. Il s’en suit que ses dimensions antéro-posté- 
rieures sont beaucoup plus considérables (comme dans le thymus 
du fœtus humain) ; le diamètre antéro-postérieur est de 16 mm., 
tandis que le transverse dépasse à peine 7 mm. Ce lobe est presque 
complètement séparé du lobe droit et n'y tient que par sa portion 
supérieure ; l'artère et la veine mammaires internes gauches pas- 
sent entre les deux lobes. La forme du lobe gauche est celle d'un 
ovoïde et sesrapports sont: en avant, avec l'articulation costo-ster- 
nale ; en arrière, avec le péricarde ; en haut et en avant, avec le 
tronc brachio-céphalique veineux gauche; en haut et en arrière, 
avec l'artère carotide primitive gauche. 

Le thymus disparait chez le gorille probablement plus rapidement 
que chez l’homme. Ni Bischoff ni Duvernoy n’en font mention chez 
leurs jeunes gorilles. Pour ma part, je n’ai pu constater ce corps sur 
mon Jeune gorille, car ses viscères thoraciques ont été extirpés 


Jusqu'au milieu de la trachée ; mais J'ai eu occasion! de préparer le 


(1) Risemonr, Recherches sur l'anatomie topographique du fœtus (Thèse de doct. 
en méd. de Paris), Vendôme, 1878, p. 14. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 211 


thymus d'un jeune chimpanzé ayant toutes ses dents de lait et 
60 cent. de taille. Cethymus était encore assez volumineux et se com- 
posait de trois masses, dont la plus grande, située sur le péricarde, 
avait près de 6 cent. de long sur 3 de large. 

Je termine ce chapitre en donnant la description du diaphragme, 
qu'on n'avait pas encore décrit chez le gorille. La partie muscu- 
laire de cet organe est peu développée; à peine forme-t-elle une 
bande large de 8 mm. sur le pourtour. Par contre, la partie mem- 
braneuse en forme d’un trèfle des cartes est considérable : elle 
occupe les 23 du diamètre transversal total du diaphragme. Les 
piliers sont au nombre de deux (pl. XXVIII, fig. 1, pd); seu- 
lement dans le pilier droit on peut aisément distinguer deux fais- 
ceaux presque séparés, de sorte qu'il y a en réalité trois piliers, 
comme chez l’homme. Ni Bischoff ni Duvernoy ne parlent du 
diaphragme des anthropoïdes ; les seules ‘indications que j'ai pu 
trouver à ce sujet sont la description du diaphragme de l'orang et 
du chimpanzé par Barkow (1) et le dessin inédit de M. Deslong- 
champs représentant le diaphragme d’un chimpanzé. D'après ces 
dessins, la partie membraneuse à également la forme d'un trèfle ; 
mais son étendue est moins considérable : elle n’occupe que la moi- 
üé dela longueur totale de l'organe. La largeur dela partie charnue 
est en moyenne de 37 mm., autant que l’on peut juger d’aprèsle des- 
sin ; ily à également deux piliers, dont le droit se compose de deux 
faisceaux. 

Les organes de la respiration du fœtus de gibbon diffèrent quelque 
peu de ceux du gorille. 

L'appareil hyoidien présente une forme plus humaine ; le corps 
de l’hyoïde ‘pl. XXIX, fig. 9, k ) est moins excavé que chez le gorille 
et sa face supérieure allongée est plus petite; la longueur du corps 
est de 7 mm., et sa largeur (antéro-postérieure) de 2 mm. Les 
grandes cornes (id. ge) sont très longues (8 mm.) et grèles. En 


somme, il rappelle l’hyoïde du gibbon adulte figuré par Duver- 


(4) L. c. p. 118 et pl. LIX. 


212 J. DENIKER. 

noy (1). Le cartilage de Reichardt ou ligament stylo-hyoïdien est 
beaucoup plus réduit que chez le gorille; il commence tout de 
suite en arrière du rocher; mais je n’aipu le suivre jusqu’à l’hyoïde. 
L'ossification de l’hyoïde est beaucoup plus avancée que chez le 
fœtus de gorille. Les grandes cornes sont presque complètement 
ossifiées : leur point d’ossification est long de 6 mm. Le corps présente 
également un point d’ossificationlong de 6 mm., s’étendant sur toute 
la face supérieure et sur la partie supérieure de la face antérieure. 
Chez l’homme, les deux points d’ossification du corps se montrent 
tout à fait à la fin de la vie intra-utérine ou même après la nais- 
sance. 

La forme du larynx rappelle celle du gibbon adulte et de l’homme. 
Dans le cartilage thyroïde (id. ti}, les cornes sont petites; le bord 
inférieur est muni d’une proéminence notable, mais la crête médiane 
est plus accusée que chez l'adulte, La hauteur médiane du larynx 
est de 6, 5 mm., sa hauteur latérale de 7 mm., son diamètre antéro- 
postérieur de 6 mm., transverse de 11 mm.; en somme, les 
dimensions sont presque les mêmes que chez le fœtus de gorille. Le 
cartilage cricoïide (id. cr) est un peu plus petit; sa hauteur posté- 
rieure est seulement de 3 mm. Les cartilages aryténoides sont relati- 
vement plus grands que chez l'adulte, mais semblent avoir la 
même forme; je n’ai pu cependant les examiner, vu le mauvais état 
de conservation de cette partie du larynx. Pour les mêmes raisons, 
il m'a été impossible de disséquer les muscles intrinsiques de cet 
organe. L’épiglotte (pl. XXIX, fig. 12, e), très petite, a la forme 
d’une palette arrondie. Elle n’est libre que sur une faible étendue : le 
ligament glosso-épiglottique s'attache au sommet de l'organe. Les 
replis aryténo-épiglottiques (id. ae) sont peu marqués et s’élèvent à 
peine au-dessus de la muqueuse avoisinante. Sandifort a observé 
une disposition analogue chez l’H. syndactylus. Les cordes vocales 
sont courtes et l’entrée des ventricules de Morgagni courte et haute 


longueur 2 mm , hauteur 1, 5 mm ). Les ventricules ne sont pas 


(4) L. c. pl. XIV, fig. D et D’. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 213 


étendus et ne s'élèvent pas en hauteur au delà du bord supérieur du 
cartilage thyroïde. Chez l'A. leuciscus adulte, Bischoff à trouvé ces 
ventricules plus développés, allant presque jusqu'à l'hyoïde. 

La trachée (pl. XXIX, fig. 9, tr) est longue de 23 mm.; elle a 
4 mm. de diamètre, mais s'élargit légèrementen bas ; on peut y comp- 
ter 18 cerceaux. Les bronches Ss'écartent sous un angle de 609; 
La droite est un peu plus grosse (3,5 mm. de diam.) que la gauche 
(3 mm.). 

Les poumons occupent à peu près la méme situation que chez le 
fœtus de gorille. Le poumon droit (id. p’) a 22 mm. de hauteur, 17 
mm. de diamètre antéro-postérieur, et 9 mm. de diamètre transverse. Il 
est complètement divisé en 2 lobes : antéro-supérieur et postéro-infé- 
rieur. qui ne se réunissentque tout près du hyle. Le poumon gauche 
(id. p) est plus grand; sa hauteur est de 19 mm., son diamètre antéro- 
postérieur de 22 mm.., et son diamètre transverse de 14 mm. Ilest divisé 
en #lobes aussi complètement que le poumon gauche : un lobe anteéro- 
supérieur portant une légère entaille sur son bord inféro-antérieur ; un 
moyen ; un inféro-postérieur presque aussi volumineux que les deux 
précédents réunis, et légèrementincisé sur sa face antéro-supérieure et 
du côté externe ; enfin un lobe azygos, le plus petit de tous et ayant la 
forme d’une pyramide dont la base triangulaire envoie trois pro- 
longements coniques. Une lobulation absolument analogue et la pré- 
sence du lobe azygos distinct ont été observés chez l'H. syndac- 
tylus par Sandifort et chez l'H. leuciscus par Bischoff (1) et moi. 
Par contre, Broca (2) décrit le lobe azygos chez le gibbon comme 
« étant presque nul... un tout petit lobule peu distinct du lobe 
inférieur du poumon droit. » 

Le corps thyroïde (pl. XXIX, fig. 9, th) est formé de deux lobes occu- 
pant les côtés du larynx, longs de 15 mm., larges de 3 mm., réunis par 
un isthme long de 9 mm., haut de 5 mm., et situéau-devant des 4 ou 5 


premiers cerceaux de la trachée. 


(1) L. c. p. 269. 
(2) L. c. (Ordre des Primates), p. 116. 


214 J. DENIKER. 


Le corps thyroïde se continue du côté droit sans interruption avec 
le thymus (id. t, €, {”), quin’en diffère point par son aspect extérieur. 
Du côté gauche 1l existe entre les deux corps un espace de 3 mm. 
occupé seulement par le repli de la membrane de revêtement, com- 
mune au thymus et au corps thyroïde (comme chez le fœtus de 
gorille). L'ensemble du thymus présente une masse considérable et 
compacte, haute de 28 mm. et large de 29 mm., située au-devant de 
la trachée, des grands vaisseaux et du péricarde, et recouverte un 
peu latéralement par les poumons. On peut diviser cette masse en 
trois lobes, comme chez le fœtus de gorille : un lobe supérieur (id.t), 
discoïdal, qui envoie un prolongement vers la glande thyroïde ; 
un lobe droit (id. 1’), relativement petit et retiré en arrière, et enfin 
un lobe gauche (id. ©”), plus grand que les deux précédents réunis. 
Par les dimensions excessives de son lobe gauche, le thymus du 
gibbon se rapproche plus du thymus de l'homme que de celui du 
gorille. 

Il me reste à dire deux mots du diaphragme, qui, comme les deux 
organes précédents, à été négligé jusqu’à présent dans les descrip- 
tions anatomiques des gibbons. Le diaphragme est très voûté, sa 
profondeur est au moins de 27 mm. Il s'attache à toutes les côtes 
inférieures non flottantes. La partie membraneuse (centre phreni- 
que) en forme de trèfle est relativement grande; sur 40 mm. 
de diamètre total du diaphragme, elle occupe 26 mm., soit les 213. 
La largeur de la partie charnue est de 15 à 19 mm. 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 


Chez les fœtus de gorille et de gibbon, l'os hyoïde se rapproche 
plus que chez les anthropoïdes adultes de l'hyoïde de l’homme ; 
l’excavalion de son corps (tambour) est beaucoup plus réduite. 

L'ossification de l’hyoïde est plus précoce chez les anthropoïdes 
que chez l'homme. Les points d’ossification dans le cartilage stylo- 


hycidien n'apparaissent qu'après l'éruption des dents permanentes ; 


Pass dix" 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 215 


le plus inférieur de ces points se soude rarement aucorps de l'hyoïde 
pour constituer la petite corne. 

Chez le gorille, le larynx se développe avec l’âge plus rapidement 
en hauteur qu’en largeur. 

Les ventricules du larynx chez le fœtus de gorille ressemblent à 
ceux de l’homme et ne se continuent point en sacs laryngiens. 

Ces derniers ne se développent qu'après la naissance, un peu 
avant l'achèvement de la dentition de lait, chez le gorille comme chez 
le chimpanzé. Ordinairement un seul de ces sacs (de préférence le 
gauche chez le chimpanzé) se développe considérablement ; l’autre 
reste rudimentaire. 

Le développement des sacs ne dépend pas du sexe de l'animal. Le 
type des sacs de gorille et de chimpanzé diffère de celui de l’orang. 

Chez le fœtus de gibbon, les ventricules sont un peu moins spa- 
cieux que chez l’animal adulte. 

Le diamitre de la bronche droite est plus grand que celui de la 
gauche chez le gorille à tous les âges ; chez le gibbon, le fait n’a 
été constaté qu'à l’état fœtal. 

La division du poumon gauche en deux lobes et du poumon droit 
en trois lobes est une disposition typique pour le gorille et très 
fréquente pour le gibbon. 

Le lobe azygos ou impair est rudimentaire chez le gorille, même 
à l’état fœtal ; il n’a été signalé qu’une seule fois chez l'adulte. Chez 
le gibbon, ce lobe est bien développé à l’état fœtal et chez l'adulte; 
parfois il est rudimentaire, mais ne manque jamais. 

Le corps thyroïde est relativement plus volumineux à l'état fœtal 
qu’à l’état adulte chez le gorille et chez le gibbon. 

Les deux lobes de ce corps sont réunis entre eux par un isthme 
dans la majorité des cas chez le gorille, le gibbon et le chimpanzé. 

Chez ces trois anthropoïdes, le corps thyroïde est contenu dans la 
même tunique membraneuse que le thymus et se trouve presque 
en contact avec lui chez les fœtus et les individus jeunes. 


Le thyvmus de ces trois anthropoïdes est formé de trois lobes. Le 


216 J. DENIKER. 


lobe le plus volumineux se trouve à droite chez le fœtus de gorille, 
à gauche chez le fœtus de gibbon. 

Chez le chimpanzé, le thymus reste encore assez volumineux, 
même après l’éruption de toutes les dents de lait. 

La partie musculaire du diaphragme des anthropoïdes est plus 


développée chez l'adulte que chez le fœtus. 


VII 


ORGANES DIGESTIFS. 


Les lèvres du fœtus de gorille ont déjà été décrites (p. 13). La ca- 
vité buccale présente quelques particularités. Les gencives por- 
tent des empreintes très nettes des bourrelets dentaires, surtout à la 
mâchoire supérieure (pl. XXV, fig. 1,et pl. XXIX, fig. 13), où les 
deux bourrelets des incisives ont une longueur de 3 mm. chaque. 
Un diastème de 0,5mm à peine les sépare du bourrelet de la canine, 
qui dépasse en hauteur au moins d’un millimètre les incisives ; la hau- 
teur du bourrelet de la canine est de 3, 5 mm. etsa largeur de 4 mm. 
A la gencive de la mâchoire inférieure les bourrelets sont moins 
bien marqués ; ceux des 4 incisives se présentent comme deux barres 
divergentes auxquelles sont adossés immédiatement les bourrelets 
des canines plus petits que ceux de la gencive supérieure (2 mm. de 
haut sur 2 de large). Il n’y a donc pas de diastème à la gencive in- 
férieure. Aux deux gencives 1l existesur la ligne médiane des freins 
des lèvres, comme chez l’homme, mais très minces et très courts. 
Hartmann signale (1) des plis analogues chez les gorilles adultes. 
Eblers n’a pas trouvé de freins ni chez le jeune gorille ni chez l’a- 
dulte ; par contre, il signale (2) l'existence de deux replis de chaque 
côté de la muqueuse buccale, allant des gencives vers la muqueuse 
de la joue. M. Ehlers ne s'explique pas la signification de ces replis 
et se demande s'ils n’accompagnent point l'éruption des dents, at- 


(1) Menschenähnliche, etc., p. 171. 
(2) Le. p.32 et86: 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 217 


tendu qu'ils sont très petits chez le jeune gorille et n'existent qu'à la 
gencive inférieure, où les dents molaires n'ontpas encore paru. Il 
était donc intéressant de voir si ces replis existent déjà à l’état 
fœtal, avant l’éruption des dents. J'ai examiné soigneusement cette 
région de la cavité buccale, et voici ce que j'ai pu trouver. A la 
gencive supérieure, à 2 ou 3 mm. au-dessus de l'angle externe et in- 
férieur du bourrelet de la 2° incisive supérieure, commence un repli 
de la muqueuse gingivale, large de 0,5 mm. et long de 6 mm. ; il se 
porte sur la muqueuse de la joue, où il se fixe à un point situé en ar- 
rière de la canine. A la gencive inférieure, rien de semblable. Sur 
les deux fœtus humains âgés de 4et de 5 mois, J'ai constaté des 
plis absolument pareils et toujours uniquement à la gencive supé- 
rieure. Chez le jeune gorille, jen’ai pu constater aucun pli semblable 
à ceux décrits par Ehlers. M. Hartmann dit que sur plusieurs goril- 
les examinés il n'a trouvé que chez un jeune mâle le pli supérieur 
(comme dans mon fœtus). L'anatomiste berlinois n’attache d’ailleurs 
pas une grande importance à l’existence de ce repli. En présence de 
ces observations contradictoires, je m'abstiendrai d'expliquer la si- 
gnification morphologique de ces replis. Si, comme je l’ai pensé tout 
d’abord, les replis mférieurs sont les rudiments des abajoues, il est 
intéressant à noter qu'on ne le trouve point chez le fœtus de gorille. 
Ils n'apparaissent donc que’sporadiquement, comme un caractère 
atavique, mais n’ont aucune signification phylogénique. En tout cas, 
de nouvelles recherches sont encore nécessaires pour bien préciser 


le rôle morphologique de ces replis. 


Les germes de toutes les dents de lait sont déjà bien formés. J'ai pu 
même retrouver les alvéoles des 4 incisives de remplacement, où 
cependant il m'a été impossible de constater les germes, vu l'état de 
décomposition dans lequel se trouvait le contenu de ces alvéoles. Les 
germes dentaires sont relativement grands ; J'ai comparé ceux des 
incisives et des premières molaires aux mêmes germes d'un fœtus 
humain âgé de 5 mois ou 5 mois et demi, et J'ai trouvé que le germe 


de l’incisive médiane supérieure du gorille est large de 5 mm. et 


218 J. DENIKER. 


haut de 3 mm., tandis que celui du fœtus humain est large de 3,5 
mm. et haut de 2,5 mm.;le germe de l'incisive latérale est large 


de 3 mm., tandisque chez l'homme il n’est que de 2 mm. ; la largeur 
du germe de la première molaire est respectivement de 5 et de 3,5 


mm. Le germe de l'incisive médiane supérieure occupe la situation 
de la future dent; celui de l'incisive latérale est au contraire placé 
dans le sens presque perpendiculaire à sa situation future ; le 
germe de la canine est situé très profondément et en dehors de l'inci- 
sive latérale ; 1l est très petit, ce qui est d’autant plus étrange que 
son bourrelet gingival est très considérable. Le germe de la pre- 
mière molaire présente deux grandes pointes et celui de la seconde 
en offre quatre, plus petites. Excepté les deux pointes internes de la 
deuxième molaire, les sommets des papilles de tous les autres ger- 
mes dentaires sont déjà coiffés d’une calotte plus ou moins étendue 
de dentine, surmontée d'une couche brunâtre d'émaille, tandis que 
chez le fœtus humain ces calottes commencent à peine à paraitre au 5° 
mois (1). La calotte atteint ses plus grandes proportions aux inei- 
sives et à la pointe la plus proéminente de la première molaire. En 
comparant les calottes chez le fœtus de gorille et chez le fœtus hu- 
main de 5 mois, je vois qu’elles sont plus étendues et plus épaisses 
chez le premier que chez le second. A la mâchoire inférieure, les 
germes dentaires ne sont pas aussi bien conservés qu à la mâchoire 
supérieure, excepté cependant les deux incisives médianes qui sont 
très avancéesdans leur développement : la calotte de dentine recouvre 
presque complètement leur papille; les incisives latérales sont un 
peu moins avancées. La largeur des incisives médianes est de 3 mm., 
celle des latérales 2,5 mm. On peut distinguer une calotte sur la 
grande pointe externe dela première molaire. Quant aux autres 
germes, leur état de conservation ne permet pas de juger du degré 
de leur développement. En somme, l’évolution desdents chezle fœtus 
de gorille de 5 à6 mois est à peu prèsau même stade que chez le 


fœtus humain de 6à 7 mois. 


(1) KozuKER,. L. € p. 857, 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 219 


On n'a point de données sur l'époque de l’éruption des premières 
dents chez le gorille. Le plus jeune individu observé sous ce rapport 
est le gorille mâle de Famelart (voy. p. 5) qui mesurait vivant, de 
l'occiput au coccyx, 32 cm., et dont la taille devait être au plus 50 cm. 
Il avait déjà les quatre incisives inférieures et les deux incis, média- 
nes supérieures. Un individu de même taille ou peut-être un peu plus 
grand (31 cm. de l’occiput au coccyx et 48 cm. de taille ; mesures sur le 
cadavre contracté dans l'alcool!) et de sexe femelle, examiné par Eh- 
lers, avait déjà toutes les incisives et une molaire supérieure complé- 
tement sorties. On pourrait en conclure soit que l’éruption des dents 
est plus précoce chez la femelle de gorille, soit (ce qui est plus proba- 
ble) qu'en naissant la femelle est plus petite que le mâle. M. Fame- 
lart a eu soin de noter les dates de l’éruption des dents chez son go- 
rille. On voit d'après ces notes qu'un mois après la capture, les deux 
incisives latérales supérieures ont fait leur apparition (l'animal 
mesurait à cette époque 36 cm. du vertex au coccy<); 6 semaines plus 
tard apparut la première molaire supérieure droite (et 15 jours après 
perca la gauche). À ce moment le jeune animal avait 41 cm. du 
vertex au coccyx et 34 em. de l’occiput au coccyx; il était donc cer- 
tainement plus grand que le gorille femelle dont j'ai examiné le 
squelette (n° 2 de mon tableau ; 21, 5 em. de l’occiput au coccyx, ce 
qui correspond à peu près à 25 ou 28 cm. sur le vivant); cependant 
la dentition de ce dernier était plus avancée : il avait déjà toutes les 
quatre molaires sorties des alvéoles et les canines prêtes à sortir. 

D’après tous ces faits, d’après l'examen des quatre crânes ayant 
leurs dents de lait, et d'après la description d’un cinquième donnée 
par Virchow (voy. p. 5), je suis arrivé à la conclusion que l’érup- 
tion des dents de lait chez le gorille se fait dans le même ordre que 
chez l’homme, excepté que l’éruption des dents supérieures précède 
souvent celle des dents inférieures, au contraire de ce que l’on ob- 
serve dans la majorité des cas chez l’homme. 

Les dents permanentes semblent apparaître à l'époque où l'animal 


a dépassé lataille de 65 em., car chez mon jeune gorille ayant cette hau- 


220 J. DENIKER. 


teur, les premières grosses molaires des deux mâchoires sont encore 
situées assez profondément dans les alvéoles. À cette époque, le dia- 
mètre antéro-postérieur du crâne doit avoir au moins 130 mm., car 
tousles crânes examinés par moi ou par d’autres, et dont les dimen- 
sions sontplus petites, n'avaient pas encore une seule dent permanente 
de sortie. D’après les deux crânes que J'ai examinés et d’après la 
description des deux autres donnée par Virchow, je conclus que les 
premières grosses molaires de la mâchoire supérieure apparaissent 
avant celles de la mâchoire inférieure. Pour le reste, je ne puis que 
confirmer les résultats obtenus par M.Magitot(1), à savoir que l’ordre 
de l'apparition des dents permanentcsest le même que chez l’homme 

La langue est un peu projetée en avant (pl. XXII) et dépasse légère- 
ment les lèvres, comme cela arrive très souvent chez les fœtus de 
tous les mammifères. Sa forme (pl. XXIX, fig. 10 et 11) est presque la 
même que chez l’homme : c’est une palette arrondie en avant, élar- 
gie vers le milieu et un peu rétrécie à sa base ; elle est cependant 
moins pointue en avant que chez l'homme. Sa longueur, de la pointe 
à la base, est de 26 mm ; de la pointe à la dernière papille caliciforme, 
21 mm.; sa largeur maxima, 16 mm. Avec l’âge la forme de la langue 
du gorille change et s'éloigne de celle de l’homme. Déjà chez le 
jeune, la langue devient plus longue, plus étroite et prend la forme 
d'une palette carrée, à bord antérieur presque rectiligne, d’après les 
observations de Bischoff et les miennes; d’après Duvernoy, au con- 
traire, la langue del’adulte a presque lamême forme que chezl'homme, 
Le rapport de la largeur de la langue à sa longueur est de 1 à 1,6 
chez le fœtus. Il est de 4 à 2,5 chez le jeune (d’après les mesures de 
Bischoff et les miennes) ; de 1 à 3,6 chez l’adulte d’après Ehlers. 
Cetallongement de la langue est une conséquence adaptive de la 
croissance rapide des mâchoires dans le sens antéro-postérieur ; il 


augmente avecl'âge presque aussi rapidement que le palais.(Voy.p.57.) 


(4) Macrror, Système dentaire de l’homme et des singes anthropomorphes (Bul- 
let. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, 2° série, t. IV, 1869, p. 113). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 224 


A la face supérieure de la langue (pl. XXIX, fig. 10) on voit les 
papilles fihformes et les papilles fungiformes, ces dernières peu nom- 
breuses. Il n'existe que cinq papilles caliciformes (id. c), encore très 
petites (à peine de 0, 5 mm. de diamètre), disposées en V de telle 
sorte qu une d'elles, médiane, occupe le sommet du V, tandis que 
l'extrémité de chacune des branches est occupée par deux papilles 
accolées l'une à l’autre. La distance entre les branches du V est de 
> mm. et la longueur de chacune des branches de 3 mm La dispo- 
sition que Je viens de décrire me paraît être typique pour le gorille ; 
elle a été d’ailleurs observée par Ehlers chez son gorille adulte 
et par moi chez le jeune. Bischoff, tout en mentionnant 7 papilles, 
n'en figure que cinq (1) disposées absolument comme chez mon 
fœtus. Seul Duvernoy figure #4 papilles assimétriques {2), tout 
en en décrivant 6 ou 8. En arrière des papilles caliciformes, toute la 
surface de la base de la langue jusqu'à l'épiglotte et les amygdales 
est couverte de petites papilles coniques (id. pc). Elles sont très 
nombreuses, ont la forme de cônes ou plutôt de crochets souvent 
doubles et rappelant la pince d'un crabe; parfois elles sont presque 
filiformes ; aucune d'elles n’atteint la longueur d'un millimètre. Chez 
mon jeune gorille, j'ai trouvé ces papilles également nombreuses, 
longues de 4 à 5 mm. et ayant les mêmes formes. Seulement chez le 
jeune elles étaient couvertes à leur tour d’une foule de petites papilles 
globuleuses, tandis que chez le fœtus, même à l'examen microscopi- 
que, on ne pouvait constater aucune indication de ces papilles secon- 
daires. Bischoff figure les papilles coniques comme étant filiformes et 
relativement moins nombreuses. Duvernoy les figure coniques, très 
petites ettrès peu nombreuses; Ehlers lesa trouvées, mais en petit nom- 
bre, chez son gorille adulte ; par contre, il en a trouvé aussi à la 
pointe de la langue, où elles font défaut chez le fœtus etchez monjeune 
gorille. 

En somme, ces papilles occupent la même place que les papilles 


(1) L. c. pl. IE, fig. a. 
(2) L. ce. pl. XY, fig. A. 


222 J. DENIKER. 


vésiculeuses (follicules clos) de la base de la langue chez l'homme; je les 
ai constatées chez l’orang, où elles sont moins nombreuses. 

Sur les bords de la langue, vers sa partie postérieure, se trouve 
l'organe folié formé d’une vingtaine de replis transversaux (pl. XXIX, 
fig. 10, m), disposés sur une longueur de 7 mm., jusqu'au niveau 
de la papille caliciforme postérieure. Ces replis existant chez tous 
les anthropoïdes et chez l’homme (1) sont plus développés chez le 
jeune gorille que chez l'adulte. 

La face inférieure de la langue (pl. XXIX, fig. 11) présente tout 
d'abord un petit repli de la muqueuse buccale de forme triangulaire, 
long de 4 mm. et large de 5 mm., recouvrant les glandes sous-lingua- 
les (id. r). Ce repli est réuni dans sa partie médiane au frein de la 
langue qui est assez court {1,5 mm.). Le frein de la langue, que 
Bischoff n'admettait pas chez les anthropoïdes, existe donc non seu- 
ement chez les adultes, comme l'avait prouvé Ehlers et comme je 
l'ai constaté moi-même pour le gorille et le chimpanzé, mais même 
Ichez le gorille à l’état fœtal. Les bords du repli sont frangés, et à 
son extrémité se trouvent deux grandes franges au-dessous desquel- 
les viennent s'ouvrir les conduits de Wharton {id., æ#). Ce pli que 
l’on rencontre aussi chez l'homme soit au même degré du dévelop- 
pement, soit réduit à ses deux franges (caroncule sous-linguale;, et 
qui parait être constant el développé chez le gorille adulte, d'après 
les recherches d'Ehlers et les miennes, a été appelé par Gegenbaur 
le pli sous-lingual. Dans un mémoire intéressant (2), ce savant a 
prouvé surabondamment que très souvent on a confondu ce repli 
avec un autre, appartenant à la muqueuse de la langue. On a 
donné tantôt à l’un, tantôt à l’autre de ces plis le nom de langue 
inférieure, de lytte, de plica fimbriata, etc. ;au fondce sont deux 
formations bien distinctes et d’une valeur morphologique inégale. 


La vraie langue inférieure, d'après Gegenbaur ,n’existerait que chez 


(1) Bouarr et Piczrer, Sur l'organe folié de la langue des Mammifères (Journ 
d'Anat. et de Physiol., Paris, 1884). 


(2) C. GecexBaur, Über die Untezunge des Menschen und der Saügethicre (Morph- 
Jahrb., t. IX, p. 428). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 223 
quelques Marsupiaux, chez les Lémuriens, et, à l’état rudimentaire 
(sous forme de pli frangéet de pli médian) .chez certains Primates.Parmi 
ces derniers, Gegenbaur n'a pu constater avec süreté la présence 
de ce vestige que chez l’homme (sauf de nombreuses exceptions) et 
chez le chimpanzé; Bischoff l'avait signalé chez le gorille ; mais les 
Platirrhiniens, les Catharrhiniens, et les smges anthropoïdes en sont 


dépourvus, suivant ces auteurs. 


Pour ma part, j'ai constaté les plis franges très nettement accusés 
chez le fœtus, chez le jeune gorille, chez le chimpanzé et chez deux 
jeunes orangs; chez le fœtus de gibbon, je n’en ai vu que des traces. 
Chez le fœtus de gorille, cetorgane est formé par deux replis laté- 
raux de la muqueuse linguale (pl. XXIX, fig. 11, li) communiquant 
entre eux à 2 mm. de la pointe de la langue et allant en divergeant 
jusqu’à 6 ou 7? mm. de sa base. Leur longueur est de 41 mm. L'’es- 
pace entre ces deux replis est lisse, dépourvu de papilles et 
beaucoup plus pâle que le reste de la muqueuse de la langue; au 
milieu de cet espace, et sur la ligne médiane, se trouve une crête 
très peu saillante (id. c). Les bords libres du pli, larges de 1 mm. 
au plus, sont légèrement frangés, surtout vers la partie antérieure. 
L'examen microscopique m'a montré que ee rebord ne présente 
que des cellules épithéliales et aucune trace de fibres musculaires 
ou de glandes. Chez le jeune gorille, le pli frangé est plus développé 
que chez le fœtus et présente la forme lyroïde, comme la langue 
inférieure de certains Lémuriens. Je donne ces faits comme pouvant 
contribuer à élucider la question de ia phylogénie de cet organe énig- 
matique. D’après les faits que j'aiconstatés, on voitque chez le gorille 
et chez le chimpanzé la langue inférieure est une formation pres- 


que constante et qui paraît se développer surtout après la naissance. 


Les muscles extrinsèques de la langue ont été décrits plus haut 
(p.125) ; quant aux muscles intrinsèques, je n'ai pu les étudier, ne 
voulant pas sacrifier la pièce. Parmi les nerfs allant vers la langue, 
le lingual (pl. XXIX, fig. 11,7) et l'hypoglosse (id. p) se signalent 
surtout par leur gros volume. 


224 J. DENIKER. 


Le voile du palais est presque horizontal ; la luette est petite (pl. 
XXIX, fig. 13, !), triangulaire et non frangée ; les piliers de la glotte 
ne présentent rien departiculier. Chacune des amygdales est ré- 
duite à un mamelon ellipsoïdal, long de 3 mm. (pl. XXIX, fig. (40, 
a), avec un enfoncement au milieu. Chez le jeune gorille, la luette est 
frangée et les amygdales sont grandes et multilobées. 

Les replis de la muqueuse du palais, que j'appellerai bourrelets pa- 
lataux, présentent quelques particularités chez le fœtus. D'abord, ils 
sont nettement séparés sur la ligne médiane par une fosse (pl. XXIX, 
fig. 6, f) assez profonde, qui va en s’élargissant en arrière. La direc- 
tion des plis est nettement transversale ; quelques-uns d’entre eux 
s’infléchissent cependant en arrière à leurs deux extrémités; d'autres 
au contraire présentent leur extrémité interne tournée en avant; 
quelques-uns se bifurquent. Il y a en tout 8 à 9 plis à gauche ; 
mais les deux premiers et les deux derniers sont à peine indiqués; à 
droite on peut compter 8 plis assez nets. D’après Gegenbaur (1), ces 
plis, nombreux chez le fœtus et l'enfant, disparaissaient chez l’homme 
adulte, en commencant par les postérieurs. En comparant les plis 
chez le fœtus et chez le jeune gorille avec ceux que figurent Bis- 
choff (2) et Ehlers (3) pour les jeunes et les gorilles adultes, J'ar- 
rive, comme M. Ehlers, à une conclusion contraire pour les an- 
thropoïdes : le nombre des plis, suivant moi, reste le même à tous 
les âges {sauf les variations individuelles). En outre, j'ai constaté 
que du côté gauche les plis sont plus nombreux. Voici le nombre des 


plis suivant l’âge : 


nombre des plis 


Espèces. Observateurs, 7 à droite. à gauche. 
Gorille fœtus 4 . . .|(Deniker). eco LE 8 8-9 
21 très JÉMO : vPSTIERIÉPS EC ARR RENE 6 1-8 
— jeune ®. . . .|(Bischoft). . Ye #4 8 8 
— “ist 2: I (DEMEURE Eee 1-8 9 
— adulte 4 1< -|(Ehlers}. 6 7 


(1) GEGENBAUR, Die Gaumenfalten des Menschen (Morph. Jahrb., t. IV, p. 513). 
(2) L. ce. (Mém. surle Gorille), pl. IV, fig. XII, et à 40. 
(3) Z. e. pl. IT, fig. IIL, et p. 37. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 225 


Si l’on ne prend que des individus de même sexe, on voit que le 
nombre des plis décroit avec l’âge, mais très insensiblement. Bis- 
choff, en comparant les plis de l’orang Jeune et adulte, conclut 
que les plis disparaissent avec l'âge, en avant comme en arrière. 
Chez le chimpanzé, je trouve le même nombre de plis, chez le jeune 
et chez l'adulte. D’après Ehlers, les plis changent de forme avec 
l'âge et sont pour ainsi dire entraînés en avant du côté externe par 
le développement des bords alvéolaires. Je ne peux que confirmer 
cette assertion : les plis antérieurs sont dirigés en avant chez le 
fœtus (pl. XXIX, fig. 13, aa’), et deviennent transversaux chez le 
jeune. On verra plus bas que chez le gibbon le même changement a 
lieu suivant l’âge. 

Un autre fait intéressant à constater à propos de ces bourrelets est 
que chez le fœtus des anthropoïdes les plis sont séparés par un espace 
ou une fosse assez large, surtout en arrière; cet espace n’existe plus 
déjà chez le jeune, où il est remplacé par une crête formée sans doute 
par la confluence des bords internes des bourrelets recourbés; le 
développement de ces replis se ferait donc de dehorsen dedans, 
comme le développement et la croissance des fanons des Baleinop- 
tères (1) dont ils sont les homologues. Chez le fœtus humain, d’après 
Gegenbaur, il existe aussi une fosse élargie en arrière ; mais au fond 
de cette fosse se trouve déjà la crête médiane. 

Enfin une dernière particularité. Le nombre des plis ou bourrelets 
varie chez les anthropoïdes entre 6 et 9, et le chiffre le plus fréquent 
est 7 ou 8. C’est presque le même chiffre que l’on observe chez les 
carnassiers (2); les singes pithéciens et cébiens en ont 10 et l’homme 
de 5 à 7 pendant l'enfance (3). Je n'ai remarqué de papilles ou 


franges sur les bourrelets palataux, ni chez le fœtus ni chez le jeune 
gorille, mais je les ai vues chez le fœtus humain et chez celui de gibbon. 


(1) Voy. DELAGE, Sfruclure et accroissement des fanons des Baleinoplères, Comp- 
les rendus de l'Acad. des Sciences, t. CI (1885), p. 86. 


(2) H. Mine Enwarps, Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée, t. VI. 
Paris, 1874, p. 119. 


(3) GEGENBAUR, L. C., p. 511 et 581. 


ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN, — 29 SÉRIE, — T. 111 bis, suPPL, 1885, 3° Mém. 15 


226 J. DENIKER. 


En avant du palais, tout près de la rencontre des incisives média- 
nes, on voitune papille incisive {pl. XXIX, fig. 43, 1), ovalaire, lon- 
gue de 4, 5 mm., large de 1 mm., absolument analogue à celle que 
décrit Ehlers chez le gorille adulte ; cet auteur pense que la papille 
incisive ne se développe qu'avec l’âge, car il ne l’a pas constatée sur 
son jeune gorille. Le fait que je signale prouverait le contraire. Je 
n ai pas pu trouver l’orifice de la portion palatine du canal naso- 
palatin à côté de cette papille; mais j'ai constaté que cette portion du 
canalexistait presque immédiatement sous la muqueuse du palais: du 
côté gauche elle se présentait sous forme d’un enfoncement dansle pa- 
lais osseux, de ! à2 mm. de profondeur et dirigée d’avant en arrière; 
à droite elle se continuait avec la cavité nasale par un large canal 
muqueux qui tapissait le canal naso-palatin osseux. Les formations 
qu'Ehlers signale à l'endroit correspondant chezson gorille adulte (1) 
ne sont que les restants de la portion palatine du canal naso-pala- 
tin, dans le genre de ceux que décrit chez l'homme M. Leboucq (2). 
Il ressort de tous ces faits que la portion palatine du canal naso- 
palatin commence à s’obstruer chez le goriile encore à l’état fœtal et 
quesa communication avec la portion nasale du canal est un fait acci- 
dentel chez le fœtus aussi bien que chez l'adulte. 

Les glandes salivaires sont bien dévelopées. La parotide (pl. XXVI, 
fig. 2, x) occupe à peu près la même situation que chez l’homme ; 
seulement elle s'étend plus en arrière et recouvre en partie le muscle 
sterno-mastoïdien; elle envoie aussi un prolongement entre le ventre 
postérieur du muscle digastrique et le sterno-mastoïdien (pl. XXVIT, 
fig. 2,7), comme cela arrive souvent chez l’homme. Elle a 14,5 
mm. de hauteur sur 13,5 de largeur et dépasse de 3,5 mm. l'angle 
de la mâchoire inférieure. Le canal de Stenon (pl. XXVI, fig. 2) est 
rélativement large. La glande sous-maxillaire (pl. XXVI et XXVII, 
fig. 2, æ, etpl. XXIX, fig. 11, x) présente les mêmes rapports que 


(1) L. c. p. 42, &3 et 49. 


(2) H. Lesouco, Le canal naso-palatin chez lhomme (Archives de Biologie de 
Van Beneden et Van Bambeke, t, II (1881), p. 386. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 227 


chez l'homme ; elle a 9 mm. de longueur sur 5 de largeur. Le con- 
duit de Wharton, après avoir croisé Le nerf lingual, se termine par 
une ouverture au bout du repli sublingual (pl. XXIX fig. 11, w). 
La glande sublingquale (pl. XXIX, fig. 11, b), qui se trouve sous ce repli, 
est longue de 8 mm. et large de 2 mm. 

L'œsophage (pl. XXIX, fig. 10, o), long à peu près de 35 mm., pré- 
sente inférieurement quatre grands plis longitudinaux produits par 
sa tunique fibreuse, comme chez le fœtus humain. 

L’estomac (pl. XXIX, fig. 15, e), situé en arrière du foie, est com- 
plètement recouvert par cet organe ; à gauche et en arrière il est 
en rapport avec la rate, qui suit sa grande courbure à partir de la 
moitié du bord inférieur jusqu’au voisinage du cardia. On voit que 
les rapports de l'estomac avec les autres viscères sont les mêmes 
que chez le fœtus humain (1) ; par suite de ces rapports, l'estomac 
se trouve en arrière du côlon transverse et non au-dessus de lui, 
comme c’est le cas chez l'homme et le gorille adulte. La forme de 
l'estomac estla même que chez le gorille adulte (2) ; seulement il est 
plus arrondi et plus court ; les deux courbures sont plus douces 
et se rapprochent davantage d’un demi-cercle. Comme chez le go- 
rille adulte, la petite tubérosité ne se distingue presque pas du 
reste de l'organe. Les parois internes de l'estomac ne sont pas 
accolées. Les dimensions relatives sont presque les mêmes que chez 
le jeune gorille de Bischoff. La longueur maxima est de 30 mm. et 
la largeur ou hauteur (entre la grande et la petite courbure), 17 mm. 
La petite courbure mesure à peu près 11 mm., la grande 45 mm.; 
le rapport entre ces mesures est presque le même que chez le gorille 
adulte, [95 mm. et 365 mm. d’après Bolau (3)]. Quant à la structure 
interne de l'estomac, j'ai constaté dans la région pylorique les quatre 
bourrelets longitudinaux , décrits chez l'embryon humain de 


4 mois par Kolliker (4), accompagnés de 6 ou 8 autres replis 


(1) Voy. A. RIBEMONT, L. c., planches. 
(2) Voy. pl. IT du Mémoire de Bischoff. 
(3) L. ce. p. 71. 

(4) L. c. p. 889. 


228 J. DENIKER. 


longitudinaux plus petits. Dans le reste de la paroi stomacale on 
voit des replis transversaux et longitudinaux qui en se croisant cir- 
conscrivent des alvéoles longues de 2 à 6 mm. et larges de 4 à 2 
mm. ; larégion cardiaque en est dépourvue. Ces replis sont dûs 
au soulèvement de la muqueuse, tandis que les gros bourrelets du 
pylore sont formés aussi en partie par la tunique fibreuse. Examinée 
à la loupe, la surface des alvéoles apparait comme étant finement 
plissée ; à un grossissement un peu plus fort (5 obj., Locul. Nachet) 
ces fines sinuosités ont l’aspect granuleux et présentent par pla- 
ces de petitsorifices (orifices des glandes stomacales ?). 

L'intestin gréle estbien distinct du gros intestin. La longueur du 
premier est de 650 mm., celle du second 205 mm., ce qui fait une 
longueur totale de 855 mm. Le rapport de cette longueur à la taille 
est de 4,4 à 1, c’est-à-dire le même que chez le jeune gorille de Bis- 
choff et plus petit que celui des gorilles un peu plus jeunes de 
Bolau. L'intestin semble donc s’accroitre plus rapidement que la 
taille, de la naissance jusqu’à la finde la dentition de lait; mais après 
il diminue au contraire, car chez l'adulte le rapportest de 4,2 à 1. 
Le rapport entre la longueur de l'intestin grèle et celle du gros in- 
testin est de 3 à 1 chez le fœtus ; il est de 2,7 chez le très Jeune gorille 
de Bolau, de 4,8 et de 4,2 chez les jeunes, et enfin de 2,1 chez le go- 
rille adulte (Bolau). On voit d’après ces chiffres que l'intestin grêle 
augmente rapidement avec l’âge, jusqu'à une certaine époque (fin de 
la dentition de lait), à partir de laquelle la croissance du gros mtestin 
l'emporte sur celle du grêle. Évidemment tous ces chiffres sont sujets 
à caution, etil faut un nombre beaucoup plus grand d'observations 
pour arriver à un résultat positif. Le duodénum (pl. XXIX, fig. 15, d) 
est très court, surtout dans sa branche supérieure horizontale ; ses 
rapports avec le pancréas sont les mêmes que chez l'homme. L'intes- 
tin gréle (fig. 21, g) proprement dit présente la même disposition que 
chez l’homme ; son diamètre moyen est de3 à 4 mm. Je n’ai pu cons- 
tater sur sa muqueuse la présence de valvules conniventes. A moins 


que l’on n’attribue cette absence à la mauvaise conservation de la 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 229 


pièce, il faut admettre que chez le gorille ces replis se développent 
plus tard que chez l’homme (car on les trouve déjà chez le fœtus hu- 
main de 5 mois). Quant aux plaques de Peyer, j'ai pu en constater 
5 ou 6 à partir du deuxième quart de l'intestin grêle. Les plaques 
ont une forme elliptique et sont longues de 2 à 4 mm. Le gros intes- 
tin (fig. 21, i) est relativement court, surtout le côlon ascendant qui 
est presque nul, comme chez le fœtus humain; son diamètre varie 
de 5 à 9 mm. et va en augmentant vers le rectum. Le cæcum (id. C) 
est assez considérable ; il est long de 15 mm., large de 1,5 mm. et se 
trouve attaché au péritoine (id. f) ; l'appendice cæcal ou vermiforme 
(id. v) est long de 16 mm. ; il n'est pas séparé du cæcum aussi net- 
tement que chez le gorille adulte, mais, comme chez le fœtus humain, 
sa base élargie en entonnoir n'est qu'un prolongement du cæcum. 
Une partie du péritoine se prolonge Jusqu'à l’extrémité de cet 
appendice et le force à s’enrouler en spirale (sur le dessin il est 
déroulé artificiellement). Il est plus court relativement chez le 
fœtus que chez les gorilles jeunes et adultes. Son rapport à la taille 
est de 4 à 13 chez le fœtus, de 1 à 10 chez les gorilles jeunes et de 1 
à 8 chez les adultes (d'après Bolau et Bischoff). L’appendice semble 
donc s’accroitre avec l’âge chez le gorille. Chez l'homme au contraire, 
l’appendice cæcal semble s’atrophier avec l’âge. D'après mes mesures, 
son rapport à la taille estde 1 à 12 ou 43 chez le fœtus, tandis que chez 
l'adulte il est de 1 à 20 en moyenne (1). Il est intéressant à noter que 
sous cerapport l’homme semble se rapprocher plus de certains singes 
pithéciens que des anthropoïdes, On sait que l’appendice cæcal 
n'existe point chez les pithéciens ; on a signalé cependant des maca- 
ques et surtout des guenons (Cercopithecus sabœæus) (2), qui présen- 
taient un appendice cæcal rudimentaire sous forme d’une bosselure. 


Oril se trouve que chez Le fœtus de Cercopithecus sabæus décrit par 


(1) Prenant 8 cm. comme longueur moyenne de l’appendice et 1 m. 65 cent. comme 
taille moyenne de l’homme. 

(2) Broca, L. c. (l'Ordredes Primates), p. 96. — Hervé, De l'existence d’un appendice 
cæcal rudimentaire chez quelques pithéciens (Bullet. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, 
gesérie, t.V, 1882, p. 192). 


230 J. DENIKER. 


Breschet (1) l’appendice cæcal est très bien développé ; sa lon- 
gueur, à en juger d'après le dessin, égale au moins la quatorzième 
partie de la longueur du corps du fœtus. Il serait donc possible que 
cet appendice s’atrôphie avec l’âge ; mais il faut des observations 
nouvelles pour trancher la question. 

Le côlon ascendant se porte un peu obliquement en haut ; le célon 
transverse passe au-devant de l'estomac ; le côlon descendant est assez 
gros. LS iliaque est très contourné sur lui-même (fig. 21,5) et 
forme un véritable $S couché horizontalement ; il occupe, outre l’hy- 
pogastre gauche, encore une partie de l’hypogastre droit. Chez le 
fœtus humain de 4 et de 5 mois, l’'S iliaque est moins contourné 
et se trouve placé presque verticalement; aucune de ses parties 
n’empiète sur l'hypogastre droit. Le rectum (id. R) est très large à 
l'origine, mais s’amincit vers l'anus. Ce dernier a été décrit plus 


haut (voy. p. 15), j'observerai seulement que le muscle relsveur de 


Fig. 21. — Gros intestin du fœtus FiG. 22. — Face inférieure de la langue du 
de gorille, 213. fœtus de gorille, 2]3. 


l'anus est très petit (4 à 5 mm.) et se trouve situé comme chez 
l’homme et chez les singes en général (2). 

Le pancréas (pl. XXIX, fig. 15,p), quoique assez mal conservé, avait 
cependant son contour générai bien indiqué et rappelait beaucoup 
le pancréas de l’homme et du gorille adulte. Ses lobes sont assez 
distinctement visibles. Sa longueur est de 33 mm. 

(1) L.ec., pl. 1 et 2, fig. 12. Il n’en est pas fait mention dans le texte, mais dans l’ex- 
plication des planches (p. 478 : «b', le cæcum avec son volumineux appendice »). 

(2) Voy. LesnarT, 0b okontchanti prodolnykh mycnetchnikh volokon, ete. (De la 


terminaison des fibres musculaires longitudinales du rectum chez l'homme et chez 
les animaux; thèse de doctorat en méd. (en russe), St-Pétersbourg, 1865). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 231 


La rate (id., r) a déjà la forme caractéristique, si différente de la 
rate de l’homme, mais que l’on retrouve chez gorille adulte. Dans 
ses 23 supérieurs, elle a la forme d'un prisme à trois faces dont 
l’une (externe) est convexe, et les deux autres (antéro et postéro- 
internes) concaves. Vers l'extrémité inférieure, la face postéro-interne 
s’atténue et disparaît, de sorte que, dans son tiers inférieur, l’organe 
a la forme d’une lame concavo-convexe se terminant par une extré- 
milé pointue. L’extrémité supérieure est au contraire très épaisse et 
arrondie. Les bords de la rate ne sont pas lobés (comme c’est le 
cas chez le fœtus humain), mais le bord antérieur porte de légères 
incisions qui se développent ensuite en franges (1). J’ai déjà parlé 
des rapports de la rate avec l’estomac {p. 227) ; sa pointe inférieure 
se trouve entre le foie et le. côlon transverse; elle est visible quand on 
ouvre la cavité abdominale sans déranger les rapports des viscères; 
son extrémité supérieure est en rapport avec la capsule surrénale et 
le diaphragme. Voici les dimensions de l’organe: longueur, en droite 
ligne, 34 mm., en suivant la courbure externe, 45 mm. ; largeur ma- 
xima, 41 mm. ; épaisseur, 7 mm. Il est intéressant de noter que la 
longueur relative de la rate est la même chez le fœtus et chez le 
jeune gorille; en effet, d’après Bischoff, la longueur de la cour- 
bure externe de la rate chez son jeune gorille est de 135 mm., c'est- 
à-dire exactement 3 fois plus grande que chez le fœtus, comme la 
taille de cet animal (60 em.) qui est également trois fois plus grande 
que celle de mon fœtus (19, 6 cm.). La rate du fœtus humain de 4 à 
5 mois à tout à fait une autre forme que celle du gorille ; elle est 
deux fois moins grande et semble être réduite à la partie supérieure, 
massive, de la rate du gorille ; l'extrémité caudiforme lui manque 
absolument. | 

Le foie occupe presque la totalité de la moitié supérieure de la ca- 
vité abdominale ; il descend jusqu’à la 9° côte (à 35 mm. au-dessus 


du pubis), recouvrant complètement l'estomac. En somme, il estauss 


(1) Voy. Biscaorr, l. c. (Mém. sur le gorille), pl. HIT, fig. IX. 


232 J. DENIKER. 


volumineux que le foie du fœtus humain de cinq mois. Sa longueur 
est de 52 mm., sa largeur antéro-postérieure de 30 mm., et sonépais- 
seur maxima de 15 mm. Il a la forme d'un segment d’ellipsoïde à 
base quadrangulaire. Tous les bords sont arrondis , convexes, sauf 
le postérieur qui est concave ; il donne attache auligament coronaire 
(pl. XXX, fig. 1 et 2, cr) très large. Le ligament falciforme lid., D) et 
la veine ombilicale (pl. XXX, fig. 2, 0) divisent l’organe en deux par- 
ties presque égales, gauche et droite, subdivisées chacune à leur 
tour en deux lobes. Le lobe lateral gauche (1) (pl. XXX, fig. 1 et 2, [q) 
est très volumineux {largeur 21 mm.); il est réuni dans son tiers pos- 
térieur au lobe central gauche (id cg), beaucoup plus petit (7 mm. de 
large). Le lobe central droit (id. cd) estuni au précédent dans sa moitié 
postérieure et porte sur son bord antérieur une légère incision (pl. 
XXX, fig. 2,2) allant jusqu'à la fossette de la vésicule biliaire (id. b). 
Cette incision remplace l'échancrure du bord antérieur du foie par 
lequel ressort le bout de la vésicule billaire chez l’homme même à 
l'état fœtal (à partir du 4 mois) ; chez le gorille adulte, la vésicule 
en grandissant se contourne enS, plutôt que de déborder le foie en 
avant (2). Le lobe central droit s’unit dans sa partie postérieure, par 
un pont large de 40 mm, avec le lobe Zutéral droit large de 13 mm. 
Le lobe de Spigel (pl. XXX, fig. 2, s) a la forme d’un carré de 9 mm. de 
côté ; il est réuni à droite au lobe caudé très petit, mais bien distinct 
(id. c), se dirigeant en avant et en dehors, et terminé par un bout é- 
moussé. La vésicule bihaire (id. b), elliptique, longue de 10 mm. et 
large de 3, setermine par un court canal cystique qui se réu- 
nit bientôt aux trois canaux biliaires (sur la figure on n'en voit que 
deux) pour former directement un long canal choïédoque (id. ch), à 
peu près comme chez le jeune gorille de M. Chudzinski ; la veine 


ombilicale (id. o}, de même que la veine cave inférieure (id. ve), sont 


(1) Je vais suivre dans ma description la nomenclature de FLOWER exposée dans ses 
« Lecturesonthe comparative Aratomy of the OrgansofDijestion of the Mammalia » 
(Medical Times and Gazette , 1872). 

(2) Vox. Cauvzixski, Note sur le foie d'un jeune gorille mâle (Bulletins de la So- 
ciété d’Anthropologie de Paris, 1884, p. 616 et fig. 2). 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 233 


recouvertes {sur la face inférieure) par un pont de substance du foie 
épais de 3 à 4 mm. La veine ombilicale communique avec la veine 
porte (id p) et, par l'intermédiaire d’un canal enfoui assez profondé- 
ment et de la veine sus-hépatique gauche avec la veine cave inférieure. 
L'artère hépatique envoie des branches aux lobes latéraux. 

J'ai exposé dans une note spéciale (1) mes idées sur la confor- 
mation du foie du gorille en général. Je me contenterai de dire ici 
que le foie du fætus rentre dans la forme typique (à 4 lobes princi- 
paux) du foie de gorille en général, bien différent du foie bilobé de 
tous les autres anthropoïdes et de l’homme. Quelques mots seule- 
ment à propos du lobule caudé. Cette partie du foie; presque toujours 
coalescente avec le lobe droit chez l'homme 2), chez certains anthro- 
poides et chez les cheiroptères, est bien distincte et bien dévelop- 
pée chez le gorille. Cependant ce lobule est encore très petit chez 
le fœtus et ne parait s’accroître rapidement qu'après la naissance. 
En effet, sa longueur ne représente que la septième partie de la lon- 
gueur totale du foie chez le fœtus, tandis qu’elle dépasse un cinquième 
ou un quart de cette longueur chez le jeune gorille, d'après les 
dessins de Bischoff et de Chudzinski. Notons que chez le fœtus de 
Cercopithecus sabæus ce lobule est également trs petit (3) et qu'il 
existe un lobe caudé imparfait chez le fœtus humain (4). 

Les rapports et la conformation du péritoine sont les mêmes que 
chez l’homme et chez le gorille adulte. Il n’y a qu'un mot à dire du 
grand épiploon. Plus développé que chez le fœtus humain de 5 mois, 
il descend (les viscères étant en place} jusqu’à 20 mm. au-dessus du 
pubis, en recouvrant complètement le côlon transverse et une partie 

(1) DENIKER, La valeur des caractères morphologiques que présente le foie du gorille 
(Bulletins de la Societé d'Anthropologie de Paris, 1884, p. 743). 

(2) Il y a cependant des cas où ce lobe est libre et bien développé chez l'homme. Voy. 
Broca, Anomalies viscérales régressives d'un microcéphale (Bulletins de la Societé 
d’Anthropologie 3 série, t. III (1881), p. 388; et A. THowson, Some variationsin the 
Anatomy of the Human liver (Journal off. Anat. and Phys. 1885, p. 304). 

(3; BRESCHET, L. c. pl. 1 et 2, fig. 7. 

(4) J'ai constaté le fait chez trois fœtus sur quatre ; dans un cas, la coalescence du lobe 


avec le reste du foie a été au même degré que dans une anomalie signalée par M. E. 
DucHese dans sa note citée plus haut, à la p. 331. 


234 J. DENIKER. 


de l'intestin grêle, tandis que chez le fœtus humain, dans les mêmes 
conditions, on n’en voit qu'une portion longue de 4à 6 mm. et re- 
couvrant à peine le côlon transverse. Très plissé, l’épiploon s’insère à 
tout le côlon transverse et à la partie supérieure du côlon descen- 
dant sur une longueur de 3 à 4 mm.; ses insertions sont donc un 


peu plus étendues que chez le fœtus humain. 


Je serai plus bref dans la description des organes digestifs du 
fœtus de gibbon, attendu qu'ils présentent beaucoup d’analogie avec 
ceux du fœtus de gorille. Les bourrelets dentaires (pl. XXX, fig. 14) 
sont bien évidents ; il n’y a pas de replis sur les gencives. 

Les dents sont déjà presque complètement constituées aux deux 
mâchoires. Les’ couronnes de toutes les dents, y compris les der- 
nières molaires, sont complètement formées. Les incisives médianes 
inférieures, longues de 2mm., sont pour ainsi dire prêtes à sortir ; 
la couche de la muqueuse gingivale qui les recouvre en haut est fort 
mince, et on y voit par transparence l'émail noirâtre du bord de la 
dent. Les incisives supérieures, plus grosses (largeur 2,5 mm , hau- 
teur 4 mm.) se trouvent un peu plus profondément, mais toujours 
très près de la muqueuse gingivale. Le bord supérieur des incisives 
médianes n’est pas uni; il présente deux encoches à l’incisive supé- 
rieure et quatre à l'inférieure ; j'ai constaté la même particularité 
chez un jeune A. agilis et chez un jeune H. leuciscus. aux incisives 
supérieures médianes de remplacement et à toutes les incisives 
temporaires inférieures; seulement 1l y en avait quatre à cinq 
encoches à chacune des dents. Les autres dents sont situées plus 
profondément que les incisives médianes. A la mâchoire supérieure 
l'incisive latérale est petite. de même que la canine. 

La première molaire est large de 3 mm.; sa calotte de dentine 
présente deux pointes ou tubercules. La seconde molaire est large 
de 5 mm, sa calotte a quatre tubercules. A la mâchoire inférieure, 
les dents présentent à peu près la même disposition, seulement elles 


sont plus petites. D’après l’état des germes dentaires chez l: fœtus, 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 239 


il me parait que les dents de la mâchoire supérieure, à part les 
incisives, doivent faire leur éruption avant celles de la mâchoire 
inférieure. D’après ce que J'ai pu constater sur le crâne d’un jeune 
H. agilis et sur celui d’un H. leuciscus, les dents de remplacement 


commencent à sortir également d’abord à la mâchoire inférieure. 


La langue a presque la même forme que celle du fœtus de gorille 
(pl. XXIX, fig. 12), sauf qu'elle est un peu plus allongée. Sa longueur, 
de la pointe à la base, est de 28 mm.; de la pointe à la dernière 
papille caliciforme, 22 mm.; la largeur maxima (14,5 mm.) se 
trouve vers le tiers antérieur et diminue légèrement vers la base. 
Sur le dos de la langue les papilles fungiformes sont plus nom- 
breuses. Les papilles caliciformes (id., c), au nombre de quatre, sont 
disposées en V ; les trois papilles occupent les mêmes places que sur 
la langue du gorille et la quatrième se trouve entre les deux papilles 
antérieures ; les papilles coniques (id., pc) situées en arrière des cali- 
ciformes sont moins nombreuses, plus petites et moins pointues que 
celles du fœtus de gorille. L'organe folié (id., m.) n'occupe pas la 
même place que chez le gorille ; il est situé plus en arrière et en 
dedans, comme chez l’orang. Au nombre de 18 à 20, les replis de 
cet organe sont disposés suivant une ligne courbe à concavité 
externe, qui commence sur le bord de la langue à peu près à 3 mm. 
au-dessus du niveau des papilles caliciformes antérieures, et se 
termine au niveau de la papille postérieure, un peu en dedans du 
bord de la langue. A la face inférieure de la langue (fig. 22) on ne 
voit point de replis indiquant les restes de la langue inférieure. On 
pourrait peut-être considérer comme vestiges de cette formation les 
deux petits replis de la muqueuse (fig. 22, c), longs à peine de 4 mm., 
qui se trouvent en dehors des bords du pli sublingul (id., b), et une 
crête mousse, pâle, située sur la ligne médiane de la langue (id., a). 
M. Gegenbaur considère dans certains cas des formations ana- 
logues comme les dernières traces de la langue inférieure. Chez le 
jeune H. leuciscus, je n'ai trouvé que la crête médiane fort peu 


accusée. Le pli sublingual (id., b) est plus développé que celui du 


236 J. DENIKER. 


gorille ; son bord est légèrement frangé et on voit à son extrémité 
deux franges beaucoup plus longues que les autres. 

Le voile du palais (pl. XXIX, fig. 14) est un peu incliné en bas; 
la luette (id., l) esttrès petite et pointue. Les bourrelets palataux 
diffèrent de ceux du gibbon adulte figurés par M. Bischoff en ce 
qu'ils sont rectilignes, transversaux et les antérieurs tournés même 
en avant (id., a) ; tandis que chez l’adulte ils ont la forme de courbes 
à concavité postérieure, et sont étirés, les antérieurs aussi bien que 
les postérieurs, en avant du côté externe. En outre, le large espace 
médian qui sépare ces replis chez le fœtus (id., f) n'existe plus chez 
l'adulte : il est remplacé par une crête dans sa partie antérieure et 
par une fente étroite dans sa partie postérieure. Quant au nombre 
de bourrelets, il est le même chez le fœtus et chez l'adulte, 8 de 
chaque côté. Tous ces faits ne font que confirmer les idées que j'ai 
émises plus haut à propos de ces bourrelets chez le gorille. 

Comme chez le fœtus humain, et au contraire de ce que l’on voit 
chez le fœtus de gorille, chacun de ces bourrelets porte une rangée 
serrée de 20 à 30 papilles, plus longues que celles du fœtus humain. 

Le canal naso-palatin semble être fermé du côté du palais, autant 
que l’on peut juger d’après une exploration à l’aide d’une soie de 
sanglier ; je n'ai pu faire de coupes et étudier plus en détailce canal. 
La papille incisive n’est pas nettement marquée. 

Parmi les glandes salivaires, la parotide (pl. XXVIT, fig. À, x) est 
plus développée que chez le fœtus de gorille ; elle s'étend surtout en 
arrière, où elle couvre une bonne partie du muscle sterno-mastoï- 
dien ; en avant elle entoure aussi le conduit de Stenon sur une 
certaine longueur; en bas elle touche à lasous-maxillaire (id., x), qui 
est un peu plus grande que celle du fœtus de gorille. La hauteur de 
la glande parotide est de 15 mm., sa largeur de 23 mm. ; les chiffres 
correspondants pour la sous-maxillaire sont: 11 et 7 mm. La sub- 
linguale (fig. 22, d) est également très volumineuse ; elle se termine 
tout près de la base de la langue ; sa longueur est de 16 mm., sa 


largeur de 3 mm. Les deux glandes sublinguales se réun:: nt en 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 237 


avant; elles sont recouvertes par le repli sublingual lid., b). Les 
amygdales (pl. XXIX, fig. 12, a) sont formées de trois mamelons. 

L’œsophage (pl. XXIX, fig. 12, 0), long de 44 mm., présente une 
série de plis au niveau du larynx, et plus bas six replis longitudi- 
naux qui se continuent presque jusqu’au pylore. La situation de l’es- 
tomac est la même que chez le fœtus de gorille ; sa forme (pl. XXX, 
fig. 3, es) est un peu plus allongée; la partie cardiaque est plus 
étirée et située sous un angle plus aigu que chez le gorille, de sorte 
que la petite courbure a la forme d’une hyperbole ; la grande cour- 
bure présente un coude au point où commence le cardia. La petite 
tubérosité n’est pas marquée. La région du pylore présente quatre 
gros bourrelets et quatre replis secondaires ; Le reste de la muqueuse 
présente des alvéoles portant des mamelons et des ouvertures des 
glandes. La longueur maxima de l'estomac est de 23 mm. et sa 
hauteur (entre les deux courbures) 11 mm. La longueur de la petite 
courbure est de 15 mm. ; celle de la grande, 36 mm. 

L'intestin gréle (id., i) est assez mince : son diamètre ne dépasse 
guère 3 mm.; sa longueur est de 385 mm. (y compris le duodénum). 
La longueur du gros intestin étant de 140 mm., le rapport de ces 
deux mesures serait de 2,7 à 1. Chez l’H. leuciscus, ce rapport est 
de 3,5 ou 4,8 à 1 (d’après Bischoffet Bolau). Chez l’'H. syndactylus 
il serait de 2,6 à 1, beaucoup plus rapproché de celui que j'ai trouvé 
pour le fœtus. Il est possible que ce rapport varie suivant les 
espèces. Le rapport entre l'intestin grêle et le tronc (plus la tête) 
est de 2,6 à 1 chez l'H. leuciscus, et chez l'A. syndactylus adulte ce 
rapport est de 5 ou 6 à 1 ; ici évidemment l’âge joue aussi un rôle. 
La muqueuse de l'intestin grêle ne présente pas de valvules conni- 
ventes ; par contre, on y voit sur toute l'étendue de l'intestin, à partir 
d’un point situé à 8 cm. environ de l'estomac, des plaques de Peyer, 
peu nombreuses, mais très grosses (de 6 à 7 mm. de longueur sur 2 
ou 3 de largeur). 

Le cœæcum (pl. XXX, fig. 3, ce) est court (12 mm.), mais l’appendice 


vermiforme (id.,v), qui en est séparé par une espèce d’étranglement, 


238 J. DENIKER. 


est au contraire très long (17 mm.) et très gros: son diamètre 
(3 mm.) égale celui de l'intestin grêle. Cependant il est encore moins 
long que chez des gibbons adultes. Le rapport entre cet appendice 
et le tronc (plus la tête), qui est de À à 8 chez le fœtus, devient 1 à 7 
ou 7,5 chez le H. leuciscus, et 1 à 5,7 chez l’H. syndactylus adult , 
d’après les observations de Bischoff, de Sandifort et les miennes. Le 
gros intestin varie beaucoup de grosseur ; le côlon ascendant, assez 
court, à 10 à {1mm. de diamètre ; le célontransverse (pl. XXX, fig.3, cf) 
en à 9 mm. à son origine, mais s’amincit vers sa terminaison jusqu à 
6 mm. Le côlon descendant id., cd) n’a plus que 6,5 à 6 mm. de dia- 
mètre ; le rectum en a 6 mm. LS iliaque est disposé verticalement 
(id., si) comme chez le fœtus humain et n’empiète pas du tout sur la 
région de l'hypogastre droit. 

Le pancréas à l'apparence du pancréas diffus des rongeurs ; les 
amas glandulaires sont disposés suivant une ligne droite de 25 mm. 
dans les replis du péritoine, entre l'estomac, le duodénum et lPin- 
testin grêle ; ces amas sont plus gros vers le duodénum. Il est possi- 
ble que la glande ait pris cet aspect par suite du séjour prolongé 
dans l'alcool. 

La rate (pl. XXX, fig. 3, r) occupe par sa forme une place inter- 
médiaire entre la rate du fœtus de gorille et celle du fœtus humain ; 
c’est une pyramide à trois faces, dont les faces internes se rencontrent 
sous un angle très ouvert ; la partie antérieure, aplatie, de la pointe 
de la pyramide est plus courte et moins effilée que chez le gorille ; 
en somme, on peut se représenter la rate de gibbon en comprimant 
latéralement et en écourtant la rate du gorille, ou en ajoutant à la 
rate de l’homme un court appendice caudiforme en avant. La lon- 
gueur de la rate est de 20 mm. et sa hauteur postérieure 18 mm. 

Le foie est presque aussi volumineux que chez l’adulte;ila la forme 
d’un segment d’ellipsoïde à base trapézoïde ; sa longueur est de 
35 mm. et sa largeur antéro-postérieure, de 25 mm. Le ligament 
coronaire (pl. XXX, fig. 3, cr) descend sur les bords latéraux plus 


loin que chez le gorille. L’épiploon gastro-hépatique (id., y) est bien 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 239 


développé. La veine ombilicale (id., o) sépare, le foie comme chez 
l'adulte, en deux lobes presque égaux: centro-latéral gauche (14., q) 
et centro-latéral droit (id., d). Ce dernier présente une large fossette, 
allant jusqu’au bord antérieur, où se trouve logée la vésicule biliaire 
(id., b), assez volumineuse, et dont l'extrémité ressort un peu au- 
devant de ce bord. Le lobule de Spigel (id., s) est elliptique et se con- 
tinue avec le lobule caudé (id., c), qui n’est libre que sur une faible 
étendue en avant, mais soudé partout ailleurs avec le reste du foie, 
comme chez le fœtus humain et le gibbon adulte. 

Le grand épiploon (pl. XXX, fig. 3, ge) est presque aussi étendu 
que chez l’homme ; il s'insère à tout le côlon transverse et à la partie 
supérieure du côlon descendant. On trouve entre les replis de lépi- 


ploon plusieurs amas graisseux. 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 


Les replis de la muqueuse gingivale signalés par Ehlers n’exis- 
tent chez le gorille qu'à titre de variation individuelle à tous les 
âges ; 1ls n’ont probablement aucune signification phylogénique. 

Le développement des follicules dentaires chez Les fœtus de gorille 
et de gibbon est plus précoce que chez le fœtus humain. 

L’éruption des dents temporaires se fait chez le gorille (et pro- 
bablement chez le gibbon) dans le même ordre que chez l’homme; 
seulement chez le gorille les dents de la mâchoire supérieure appa- 
raissent avant celles de la mâchoire inférieure, au contraire de ce 
que l’on observe généralement chez l'homme. 

La forme de la langue chez les deux fœtus est la même que chez 
l'homme ; avec l’âge, la langue s’allonge en suivant le développe- 
ment de la mâchoire inférieure. 

Les papilles caliciformes sont généralement au nombre de cinq 
chez le gorille ; elles sont disposées en V, dont les extrémités supé- 
rieures sont occupées par deux papilles accolées. Les papilles coni- 
ques, occupant la place des papilles vésiculeuses de l’homme, se 


rencontrent à la base de la langue de tous les anthropoïdes. Il 


240 J. DENIKER. 


en est de même de l'organe folié, dont il existe deux formes, l’une 
spéciale aux gorilles et aux chimpanzés, l’autre aux orangs et aux 
gibbons. 

Le pli sublingual et le frem de la langue existent chez tous les 
anthropoïdes; le premier s’atrophie un peu avec l’âge. 

Le pli frangé (ou langue inférieure) est bien développé chez tous 
les anthropoïdes, excepté le gibbon. Chez le gorille, ce pli s'accroît 
après la naissance. 

Les bourrelets palataux des singes anthropoïdes ne disparaissent 
pas avec l’âge comme chez l'homme. Leur nombre est à peu près le 
même chez le fœtus et chez l'adulte; seulement avec l’âge ils 
deviennent de plus en plus arqués en avant. 

Le nombre ordinaire de bourrelets (7-8) est intermédiaire à celui 
que l'on voit chez l’homme (5-7) et chez Les singes ordinaires (10). 

Le développement des bourrelets se fait de dehors en dedans etla 
fosse qui sépare les deux rangées se ferme d'avant en arrière. La 
crête médiane qui la remplace à l’âge adulte est due à la confluence 
des bourrelets très arqués ; elle est donc de formation tardive et ne 
peut être assimilée à la crête qui existe chez le fœtus humain au 
fond de ia fosse. 

La portion palatine du canal naso-palatin commence à s’obstruer 
chez le gorille encore à l’état fœtal. 

Par le développement de l'estomac et de l'intestin, mon fœtus de 
gorille correspond au fœtus humain de 4 à 6 mois. 

Chez le gorille (et probablement chez le gibbon), l'intestin s’ac- 
croit plus rapidement que la taille jusqu’à la fin de la première den- 
tition ; ensuite sa croissance est beaucoup plus lente. 

L'intestin grêle des fœtus de gorille et de gibbon est pourvu de 
plaques de Peyer, mais ne présente pas de valvules conniventes. 

L'appendice cæcal augmente relativement avec l’âge chez le 
gorille et chez le &ibbon; chez l'homme, le contraire semble avoir 
lieu. Chez certains singes pithéciens qui, à l’état adulte, ont un ves- 


tige de cet appendice, il est très volumineux à l’état fœtal. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 241 

Dès l’époque fœtale, la rate du gorille diffère par sa forme de 
celle des autres anthropoïdes et de la rate de l’homme ; elle se 
rapproche plus de celle des carnassiers. 

Le foie de gorille reproduit le foie typique (à 4 lobes) de la plu- 
part des mammifères et diffère du même organe chez les autres 
anthropoïdes et chez l’homme. Le lobe caudé du foie est libre chez 
le gorille ; il s'accroit beaucoup avec l’âge. Chez le gibbon ce lobe 


est coalescent avec le reste du foie (comme dans la majorité des 
cas chez l'homme). 


ORGANES GÉNITAUX. 


Les organes génitaux du fœtus de gorille sont suffisamment difré- 
renciés pour pouvoir affirmer que l'individu est une femelle. La 
vulve est située assez bas (pl. XXII), mais pas autant que chez le 
jeune gorille femelle que j'ai eu occasion d'examiner sous ce rap- 
port ; sa face extérieure est dirigée légèrement en bas et son extré- 
mité inférieure se trouve à 2 mm. au-dessus de lanus (1). L’en- 
semble des organes génitaux externes rappelle le renflement génital 
du fœtus humain et se présente comme une proéminence en forme 
de lyre, dont la partie élargie est dirigée en bas (pl. XXX, fig. 4 
et 5). [la 7 mm. de haut sur 5 de large (à sa partie inférieure). Les 
replis génitaux (id., r), première ébauche des grandes lèvres , sont 
de même couleur que le reste du corps et forment comme un cadre 
extérieur de cette proéminence. Ces deux replis se réunissent en 
haut, au-dessus du clitoris, en y formant une surface convexe ; en 
bas ils se continuent avec le raphé du périné (id., p), qui se termine 
par le bourrelet anal (id., a). Toute la surface extérieure du repli 
est couverte de poils longs de À à 2 mm. Ces replis délimitent un 
espace ayant la forme d’un triangle dont le sommet est tourné en 
bas et dans lequel, sans écarter les replis, on voit le gland du 
clitoris(pl. XXX, fig. 4, c), coiffé du capuchon ou prépuce (id., w), 

(1) Ceci résulte de la comparaison des mesures suivantes : du vertex à l’extrémité supé- 
rieure de la vulve, 136 mm ; à l'extrémité inférieure,138 mm. ; à l’anus,136 mm. 


ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 2° SÉRIE. — T, li bis. SUPPL. 1885, 3° Mém. 16 


242 J. DENIKER. 


et les petites lèvres (id., l), délimitant en haut la fente de la vulve. 
En écartant fortement les replis et enexaminant la vulve à la loupe 
de Brucke, on voit que les petites lèvres (pl. XXX, fig. 5, /) se 
présentent sous forme d’expansions foliacées lobées, larges de 
1 mm. Ces lèvres sont soudées en haut {id., «), aux replis adjacents 
ou grandes lèvres. Des deux côtés lapartie supérieure des lèvres 
se prolonge, d'une part en un filet constituant le frein du clitoris 
Qid., f)}, de l’autre en un mince capuchon {id. w) coiffant le gland 
du clitoris, appliqué intimement contre lui et recouvert par la 
réunion supérieure des grandes lèvres. Les petites lèvres ne déli- 
mitent l’entrée de la vulve que dans sa partie supérieure; en 
bas elle est limitée par les replis génitaux ou grandes lèvres. La 
couleur des petites lèvres est la même que celle des muqueuses du 
fœtus, c’est-à-dire d’un gris jaunâtre ; elle tranche vivement sur 
la couleur brune des replis. Les petites lèvres ne dépassent pas le 
bord des grandes, et si l’on regarde l'organe de profil, on ne 
voit proéminer que le gland du clitoris Le clitoris est long à peu 
près de 8 mm. On n’en voit extérieurement que le gland (pl. XXX, 
fig. 5, c), en forme d’un demi-ellipsoïde, long de 2 mm. et large 
de 1 mm. divisé par un sillon profond dans ses 3j4 inférieurs 
en deux lobes hémisphériques. La fente du vestibule est longue 


de 4 mm., les replis ou grandes lèvres n'étant pas écartés. 


En fendantla paroi postérieure de la vulve, on voit que les petites 
lèvres (pl. XXX, fig. 7, l) se réunissent en haut sur la ligne médiane et 
que plus haut encore (car la vulve est dirigée de bas en haut et 
légèrement d’avanten arrière) setrouve une série de replis (id.,s), au 
nombre de 8 à 9. Les espaces interceptés par ces plis se terminent en 
cul de-sacs, excepté celui du milieu où setrouve, sur laparoïiantérieure 
du vestibule, un orifice assez considérable, le méat urinaire(id., my. La 
longueur de cette partie de la vulve est de 4 mm., sur sa paroi anté- 
rieure. Plus bas les replis tendent à se rapprocher, l’orifice du ves- 
tibule se rétrécit: c'est l’orifice du vagin (id., v). Je ne puis dire s’il y 


existe une membrane hymen; en tout cas les replis mentionnés 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 243 


plus haut cessent brusquement en cet endroit. Plus loin commence 
le vagin (id., v), dont les parois sont absolument lisses. Sa longueur 
jusqu'au col de l'utérus est de 6 mm. 

Des deux côtés du vagin, dans la région profonde, j'ai constaté 
les deux bulbes du vagin (pl. XXX, fig. 6, b), sous forme de corps 
sranuleux, fusiformes, longs de 10 mm. et larges de 2,5 mm,., 
adossés aux branches ischio-pubiennes. cu 

D'après cette description, l’on voit que les grandes lèvres existent 
chez le fœtus de gorille et que le prépuce, adhérant au clitoris 
comme chez le fœtus humain (1), est formé par les petites lèvres, peu 
développées il est vrai, mais présentant déjà tous les caractères des 
nymphes. Ce fait est en‘contradiction avec l’assertion de M. Bischoff, 
exposée au long dans un mémoire spécial (2) et d'après laquelle les 
femelles des singes anthropoïdes comme celles des singes en général 
seraient dépourvues de mons veneris et de grandes lèvres, qui 
seraient remplacées par lespetites lèvres, très développées, couvertes 
de poils et formant un capuchon au clitoris. 

Ilest vrai que Bischoff admet les grandes lèvres rudimentaires 
chez la femelle de l’orang, et il serait possible de les indiquer chez 
d'autres anthropoïdes, mais je me bornerai aux faits constatés sur Le 
gorille, quitte à revenir sur la question à propos des organes géni- 
taux du gibbon. La description et les dessins des organes génitaux 
externes d'un gorille femelle qu'avait donnés Bischoff étaient longtemps 
les seuls documents sur la question. Tout récemment cependant, 
Ehlers (3) a donné une courte description, sans l'accompagner de 
figures, des mêmes parties chez une femelle adulte de gorille. 


D'après Bischoff(4), «les grandes lèvres du gorille sont encore moins 


(1) Voy. WerTHEIMER, Sur les organes génilaux externes de la femme (Journ. de 
_ l'Anat. et de la Physiol. de Robin et Pouchet, 1883, n° 6, p. 561). 

(2) Ta. Biscnorr, Vergleichend-anatomishe Untersuchungen über die äusseren 
weiblichen Geschlechls und Begattungs-Organe des Menchen und der Affen, insbe- 
sondere der Anthropoïiden. (Abhandlungen der II cl. d. k. Bayer. Akad. d. Wis- 
sensch, t.. XIIT, 2e divis., Munich, 1880.) 

(3) L. c., p. 69. 

(4) L. c.,.p. 246 et 2417. 


244 J. DENIKER. 
évidentes que chez l’orang. La partie en avant et en arrière de la 


symphyse, entre les cuisses et les branches ischio- pubiennes, se dis- 
tingue par une coloration moins foncée de la peau,parla raretérelative 
des poils. et par une légère saillie de la peau en forme de lyre, dont 
la portion rétrécie est tournée vers le pubis et dont la portion élargie 
entoure l’anus ». D’après Ehlers, elles sont réduites à deux replislaté- 
raux de la peau, tandis que les petites lèvres sont au contraire bien 
développées et couvertes de poils ; le capuchon du clitoris occupe la 
place du mons veneris. Les organes génitaux externes du Jeune 
gorille que j'ai eu occasion d'examiner, présentent au contraire les 
grandes lèvres assez développées sous forme de deux replis latéraux, 
mais qui nese réunissent pas en haut vers le pubis ; les petites lèvres 
ont leur bord inférieur libre et forment par leur réunion en haut 
le capuchon du clitoris, qui se prolonge vers la symphyse pu- 
bienne et tient la place du mons veneris qui est réellement absent. 
La face interne des petites lèvres est complétement dépourvue 
de poils et présente une coloration semblable à celle de la mu queuse 
vulvaire, bien différente de celle de la face externe. 

En me basant sur ces faits et sur ce qui sera dit plus bas à propos 
de gibbon, je crois pouvoir affirmer que, chez tous les anthropoïdes, 
les grandes lèvres existent à l’état fætal. Plus tard elles s’atrophient 
en haut, et la couche de la peau quise trouvait à la partie supérieure 
du renflement génital se soude probablement, dans la région du 
capuchon, avec le prépuce formé par les petites lèvres, si toutefois 
ce dernier ne se soude pas au clitoris. 

Sur le dessin de Bischoff (1) on voit entre le clitoris et le capuchon 
formé par les grandes lèvres une bande arquée très mince : ne serait- 
ce pas le prépuce formé par les petites lèvres et non encore soudé 
à la peau du capuchon? Rappelons que l’animal examiné par Bis- 
choff était un peu plus jeune que le mien. | 

La disposition que je viens de décrire se rencontre chez la femme, | 
dans les cas où les grandes lèvres sont peu développées, comme on | 


(1) L. c., fig. XIX. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 245 


peut le voir sur la préparation des organes génitaux de la Vénus 
hottentote au Muséum ; seulement dans ce cas le capuchon n'est pas 
couvert de poils. 

Le clitoris semble se développer beaucoup avec l’âge; la longueur 
de sa partie libre n’est que de À mm. chez le fœtus, tandis qu'elle 
est de 5 à 7 mm. chez la jeune femelle {d’après Bischoff et moi) et de 
11 mm _ chez l'adulte (Ehlers). En mêmé temps le gland, de renflé 
et globuleux qu'il était, devient plus conique. 

Quant à l'absence de la membrane hymen et des colonnes 
rugueuses dans le vagin, je suis parfaitement d'accord avec les 
auteurs cités plus haut: je n’ai pu constater ces particularités ni 
chez le fœtus, ni chez le jeune gorille. Je rappellerai cependant à ce 
propos que la formation de l’hymen et des colonnes rugueuses ne 
commence chez le fœtus humain qu'au milieu du 5° ou au début du 
6e mois de la vie intra-utérine (1). Les replis du vestibule de la vulves 
qui n’ont rien d’analogue chez la femme, présentent la même forme et 
les mêmes rapports avec le méat urinaire chez le fœtus que chez le 
jeune gorille. M. Ehlers signale au fond des deux euls-de-sac laté- 
raux formés par les replis de la muqueuse du vestibule « un déve- 
loppement particulier des glandes ». Je n’ai pu constater rien de 
semblable. La direction de la vulve et du vagin est un peu plus 
inclinée par rapport à l'horizontale que chez le jeune gorille. 

Les bulbes du vagin, qui existent certainement chez le fœtus, 
semblent s’atrophier chez le jeune. Chez le jeune gorille, ils étaient 
relativement beaucoup plus petits (2'. Ni Bischoff, ni Ehlers n’en 
font mention. à 

La longueur du vagin doit s’accroiître promptement après la naïs- 
sance, car chez le jeune gorille de Bischoff (trois fois plus haut de 
taille que le fœtus) elle était déjà de 45 mm , c’est-à-dire presque 


8 fois plus grande que chez le fœtus (6 mm.). 


(4) Voy. Tourneux et Lecay, Sur le developpement de l'utérus et du vagin (Journ. 
= Anat. et Phys.'de Robin et Pouchet, 1884, n° 4). 
(2) J'ai constaté des bulbes analogues chez un jeune chimpanzé, 


2:6 J. DENIKER. 


Les parties internes des organes génitaux se trouvent relativement 
assez haut dans la cavité péritonéale. Les ovaires et les trompes 
sont encore situés en dehors du petit bassin (pl. XXX, fig. 8) 
et le fond de l'utérus se trouve à 8 mm. au-dessus de la sym- 
physe pubienne, situation correspondant à celle que l'on trouve 
chez le fœtus humain de 5 mois (1). Le péritoine descendant des 
reins forme en se repliant le ligament large (1d., 1) qui monte presque 
verticalement. Son aileron antérieur est assez large. Le ligament 
rond (id. r) est long de 5 à 6 mm. et assez fort. 
 L'utérus (pl. XXX, fig. 7 et 8, u) est encore très petit, plus déve- 
loppé du côté du col que du côté du corps, rapport qui persiste | 
chez le jeune gorille (2) et chez la femme à la naissance. Le fond | 
de l'utérus est presque droit et se continue avec les trompes; sa | 
largeur entre les trompes est de 3,5 mm. La longueur du corps de 
l'utérus est de 3, 5 mm., celle du col de 4 mm. ; la longueur totale | 
de l’utérus est donc de 7,5 mm. Au niveau de la rencontre du col - 
avec le corps se trouve un rétrécissement ; la largeur de l'utérus : 
n'est dans cet endroit que de 2,5 mm. Plus bas le col s'élargit jus- | 
qu'à 3 mm. Les proportions de l'utérus correspondent à celles du. 
fœtus humain de la fin du 4° ou du commencement du 5° moïs ; | 
mais il ne faut pas en conclure que, sous le rapport du développe- ; 
ment des organes génitaux, le fœtus de gorille, que j'estime être âgé 
de 5 à 6 mois, soit en retard, car les proportions de l'utérus par rap- 
port à la taille sont presque les mêmes que chez le jeune gorille : 
(largeur de l'utérus, 25 à 30 mm. ; largeur du fond, 10 mm; taille, 
60 cm., d'après Bischoff). | | 

Le col de l'utérus proémine un peu dans le vagin (pl. XXX. fig. 7} | 
et forme un museau de tanche muni d'un petit orifice. Chez le 
fœtus humain, la formation du museau de tanche a lieu vers la fin du 
4° mois {Dohrn) ou même au 5° et 6° mois (Tourneux et Legay) A. 


partir du museau jusqu'à l'embouchure des trompes , la paroi 


() Vos. TourNEuUx et LEGAY, 1. €. p. 343. 
2) BISCHOFF, L. «. p. 248. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 247 


intérieure du corps et du col de l'utérus présente des plis longitu- 
dinaux ettransversaux imitant l'arbre de vie que l’on observe dans 
l'utérus de la femme adulte, et chez des fœtus humains. 

Les ovaires (pl. XXX, fig. 7, 0), complètement libres, se présentent 
sous forme de plaques concavo-convexes , arrondies aux extré- 
mités ; 1ls sont longs de 7,5 mm., larges de 2 mm. et épais d'environ 
0,5 mm. Les ligaments des ovaires, longs à peine de 1 mm., 
s'insèrent plus bas et plus en dedans que dans l'utérus du fœtus 
humain. Les trompes (pl. XXX, fig. 7, t) se dirigent d'abord en 
haut et en dehors; puis, en faisant un coude, directement en haut. 
Débarrassés du péritoine, ils décrivent une ligne deux fois coudée, 
absolument analogue à celle que l’on a observée sur la trompe de 
l'orang (1). Elles sont longues de 6 à 7 mm. Le pavillon (id., p) se 
présente sous forme de 4 ou 5 larges replis ou lobes, dont un adhère 
au bord externe de l’oviducte, tout à fait comme chez le jeune 
gorille. Je n'ai pas trouvé d'organe de Rosenmüller (Parovarium) 
dans le ligament large, mais j'ai constaté que de ce ligament partait 
un mince cordon qui se dirigeait en haut (pl. XXX, fig. 8, x) et se 
terminait dans la cavité abdominale, au niveau et en dedans des 
reins, en forme d’un pinceau constitué par une série de filets poin- 
tus ; je n’ai malheureusement pas pu examiner en détail ce cordon, 
mais il me semble qu'il doit représenter un restant du corps de 
Wolff. Je rappellerai que Mac-Lead à trouvé le Paravarium chez 
une femelle d’orang adulte. 

Les mamelles ont été déjà décrites plus haut (p. 94). 

Les reins (pl. XXX, fig. 8, n) ont la forme d’une fève et présen- 
tent extérieurement trois ou quatre bosselures ou étranglements, 
comme ceux du fœtus humain. La longueur du rein droit est de 
15 mm., sa largeur de 11 mm. et son épaisseur (dorso-ventrale) 
8,5 mm. Le rein gauche excède le droit de ! mm. dans toutes les 


dimensions. Les reins sont d’un cinquième plus longs que les capsules 


(4) J. Mac-Lean, Contrib. a l'étude de la struct.de l'ovaire chez les Mammif.2e part. 
Ovaire des Primates (Arch. de Biologie de Van Beneden, t. IL, p. 127). 


248 J. DENIKER. 


surrénales. Intérieurement le rein présente une couche corticale, 
épaisse de 3 mm. très vasculaire (pl. XXX, fig, 9, c) et trois pyra- 
mides de Malpighi (id.,p), dont une seulement a atteint son plein 
développement et se trouve munie de papilles ; les deux autres sont 
rudimentaires.[l est à noter que Bischoff a également trouvé ces pyra- 
mides rudimentaires chez le jeune gorille; mdis Ehlers ne signale 
qu’une seule pyramide chez le gorille adulte. Cela ne peut être qu'une 
variation individuelle, car on sait que le nombre de pyramides 
n'augmente et ne diminue point dès leur apparition, c’est-à-dire dès 
le troisième mois de la vie fœtale. D'autre part le chimpanzé et tous 
les singes catarrhiniens n'ont qu’une seule pyramide comme Îles 
carnassiers, les solipèdes et beaucoup d’autres mammifères. 

Le bassinet (id., b) est petit et étroit. Les uretères sont assez gros ; 
ils se dirigent d’abord verticalement en bas (pl. XXX, fig. 8, ur), 
puis s’infléchissent brusquement en dehors et se portent ensuite-en 
bas et en dedans vers la face postérieure de la vessie. Cette dernière 
(id. ;v) a la forme légèrement conique et mesure 142 mm. en lon- 
gueur et8 en largeur. L'ouraque (id., q). d'abord piriforme, se continue 
ensuite sous forme d’un cordon assez ténu. Le canal de l’urèthre est 


court et très étroit. 


Les organes génitaux du fœtus de gibbon présentent quelques par- 
ticularités. | 

Le renflement génital es très peu proéminent (pl. XXX, fig. 40) : il 
a la forme d’une lyre ; mais, au contraire dece qui existe chez le go- 
rille, la partie élargie de ce renflement est tournée vers le pubis. Le 
renflement se continue avec le bourrelet anal (id., a) par un isthme 
périnéal au milieu duquel on distingue un raphé médian (id. ?p). 
La hauteur du renflement est de 11 mm., sa largeur, en haut, de 
10 mm. Il n’est pas à douter que la partie extérieure de ce renfle- 
ment (id., r) représente les grandes lèvres, attendu que les petites le- 
vres sont représentées par un mince repli (id., {), qui circonserit la 


portion supérieure de la vulve et se bifurque en haut en deux bran- 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 249 


ches : la branche interne (id. f) forme le frein du clitoris et se con- 
tinue sans transition appréciable avec le gland du clitoris (id., c), 
tandis que l’externe (id., uw), plus épaisse, couverte de petits poils 
sur sa face extérieure, constitue le prépuce. 

L'on voit d'après cette description que chez le fœtus de gibbon 
les grandes et les petites lèvres bien caractérisées peuvent parfaite- 
ment coexister. D'autre part, M. Trinchese (1) décrit chez un fœtus 
d'orang femelle les grandes lèvres (peu développées il est vrai) et 
les petites lèvres (formant le capuchon). J'étais donc autorisé à dire 
(p. 244) qu'à l’état fœtal les grandes lèvres sont différenciées chez 
les singes anthropoïdes et qu'elles ne s’atrophient que plus tard. 

La portion libre du clitoris a la forme d’un petit cylindre, long de 
2 mm., dont la face inférieure est complétement fendue en deux 
lames se continuant sans interruption avec les petites lèvres ; c’est 
un cas assez frappant, démontrant que la formation du gland de cli- 
toris se fait aux dépens des petites lèvres. Le clitoris diffère par sa 
forme de. celui du gorille et rappelle le clitoris pointu de chimpanzé. 
Chez le gibbon adulte (d’après Bischoff et d’après ma propre obser- 
vation), le gland du clitoris est plus renflé à son extrémité. La fente 
de la vulve est rectiligne (pl. XXX, fig. 10, v) et longue de 5 mm. ; 
son extrémité inférieure se trouve à # mm. de l'anus; en haut elle 
est limitée par les petiteslèvres, en baspar les grandes. La direction 
de la vulve est d'avant en arrière et de bas en haut. 

En fendant la vulve et le vagin par leur face postérieure, on 
apercoit, à 2 mm. en arrière de la fente vulvaire, une série de 8 replis 
(pl. XXX, fig. ‘11, s) absolument analogues à ceux que J'ai déjà 
déerits chez le gorille (p. 245). Les deux replis médians de la paroi 
antérieure sont soudés entre eux du côté tourné vers Porifice génital 
externe ; au fond de la fossette qu'ils limitent se trouve le méat uri- 
naire (id., m). Ces deux replis semblent se développer outre mesure 


chez le gibbon adulte, de facon à se projeter en dehors de l’orifice 


(1) Le. p. 34. 


250 J. DENIKER. 


génital, comme les a figurés M. Bischoff (1). Les autres six replis ne 
sont pas relativement plus grands chez l'adulte que chez le fœtus. 
L'existence de ces plis semble être une disposition constante et com- 
mune à tous les anthropoïdes (2) ; mais ils sont plus développés chez 
le gibbon. La longueur de la vulve est à peu près de 7 mm. A l'ex- 
trémité des replis se trouve la limite entre la vulve et le vagin (id.,v); 
elle est marquée par une sorte d'’élévation des parois de la vulve 
(qui se traduit par un léger bourrelet sur la préparation fendue) et 
qui entoure comme d'un anneau l'entrée du vagin: c'est la seule 
partie que l’on puisse homologuer avec la membrane hymen. 

Le vagin est lisse, excepté dans sa partie tout à fait postérieure 
voisine du col de l'utérus (id., v’), où l’on apercoit une série de rides 
transversales sur la paroi postérieure aussi bien que sur la paroi 
antérieure, mais pas sur les parois latérales. Ce sont là évidem- 
ment les homologues des plis transversaux du vagin de la femme 
(colonnes rugueuses). Bischoff, qui nie leur présence en général chez 
les anthropoïdes, les signale cependant chez le gibbon, et, d’après le 
dessin qu'il en donne (3), on voit qu'ils occupent la totalité du 
vagin ; ils se développeraient donc avec l’âge, d’arrière en avant. Par 
la présence de ces colonnes rugueuses, la femelle de gibbon se 
rapproche plus de la femme que celle de gorille. La longueur 
du vagin est de 9 mm., son diamètre interne de 2 mm. ; mais il faut 
remarquer que l'organe est fortement aplati d'avant en arrière. La 
position des organes génitaux internes n’a pu être observée, à cause 
de la rétraction des viscères dans l'alcool. En tout cas, les ovaires 
n'étaient pas encore descendus dans le petit bassin. 

L'utérus (pl. XXX, fig. 11, u) est long de 9,5 mm., dont 4 mm,., 
pour le corps et 3, 5 mm. pour le col. La largeur du col (extérieu- 
rement en bas) est de 5 mm. ; la largeur du fond de l'utérus est de 


3 mm. La forme de l'organe est la même que chez le gorille. In- 


(1) Mém. sur le gibbon, pl. V, fig. 2 et 3. 

(2) Voy. BiscHorr, Mém. sur les organes génitaux. 

(3) Mém. sur] l'Hylobates, p. 270 et pl. V, fig. 3 et suiv., et Mém. sur Les org. 
génitaux, pl VI, fig. 22. ; 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 251 


térieurement les dessins de l” «.arbre de vie » ne commencent qu'à 
moitié distance entre l'ouverture du col, très petite, et le rétrécisse- 
ment qui marque la limite antérieure du corps. 

Les ovaires (id., o) sont moins aplatis que chez le gorille et ont la 
forme de prismes à trois faces aux extrémités arrondies ; la longueur 
de chaque ovaire est de 9 mm., sa largeur 2,5 mm. et son épais- 
seur de 2 mm. 

Les trompes (id., t) sont inégalement coutournées : à gauche elles 
présentent la courbure caractéristique de tous les singes anthro- 
poïdes ; à droite elles sont ondulées comme les trompes des singes 
pithéciens. Le pavillon (id., p) est grand et frangé; la longueur de la 
trompe étendue est de 11 mm. environ. Les insertions des trompes, 
des ovaires et des ligaments ronds se font comme chez le gorille. Le 
ligament large contient beaucoup de graisse entre ses feuillets et 
monte presque verticalement pour se continuer avec le péritoine. 

Des deux reins du fœtus de gibbon, le rein gauche (pl. XXX, 
fig. 11, r) seul semble avoir conservé à peu près sa forme normale; il 
a 42 mm. de long sur 9 de large. Le rein droit {id., r”’) est démesuré- 
ment allongé (longueur 17 mm. sur 5 mm. seulement de largeur). IL 
est probable que, non rétractés les reins mesuraient 15 mm. de long 
7 de large. Leur longueur serait à peu près les 3/5 de celle des cap- 
sules surrénales. Sur une coupe sagittale du rein on voit une cou- 
che corticale épaisse de 3 mm. (pl. XXX, fig. 12, c) ct quatre pyra- 
mides de Malpighi (id. p) aboutissant à une seule papille, sans former 
de papilles secondaires. Le bassinet (id , b) est assez petit. Les ure- 
tères (pl. XXX, fig. 11, ur) ne sont pas recourbés comme chezle gorille, 
mais se portent en ligne droite vers la face postérieure de la vessie. 
Cette dernière (id., vs) est ovoïde et mesure 1 mm. de long sur 8 de 
large. L'urèthre est court et étroit. 

Les capsules surrénales sont bien développées chez le fœtus de 
gorille. Elles sont situées en haut et un peu en dedans des reins 
(pl. XXX, fig. 8, sr), assez près l’une de l’autre. Elles sont coniques, 


un peu bosselées, et comme divisées en deux lobes superposés ; 


252 J. DENIKER. 


elles ont {4 mm. de hauteur sur autant de largeur à leur base. 
Sur une coupe sagittale (pl. XXX, fig. 9, s), elles se présentent 
comme étant constituées d’une masse lobée homogène, grisâtre, 
finement granuleuse, (substance corticale), entourée d'une mince 
membrane de revêtement. Elles présentent au milieu cinq ou six 
petits enfoncements ou cavités dont la plus grande à 0,5 mm. de 
diamètre (vestiges de la substance médullaire ?). Le mauvais état 
de conservation dela pièce ne m'a pas permis de suivre les rap- 
ports de la capsule avec le plexus semi-lunaire. 

Chez le fœtus de gibbon, la capsule du côté gauche a la forme d'un 
bonnet phrygien aplati (pl. XXX, fig. 41, sr’), haut de 5 mm. et large 
à sa base de 9 mm. ; sa longueur représente donc moins que les 275 
de la longueur du rein. A droite (id. , or) la capsule est déformée et 
comme étirée dans le sens de sa hauteur ; elle a 6 mm. de haut sur 
6 mm. de large. Au niveau et en dedans des capsules on voit chez le 
fœtus de gibhon deux corps ovalaires noirâtres, granuleux, longs de 
7 mm., appliqués contre la colonne vertébrale. Je ne saurais dire si 
ce sont les restes du corps de Wolff ou une autre production. J'ai 


constaté des corps analogues chezles fœtus humains. 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 


Par le développement général de ses organes génitaux, le fœtus 
de gorille correspond au fœtus humain de 5 à 6 mois. 

Le renflement génital des fœtus de gorille, de gibbon et d'orang 
présente les grandes lèvres bien développées. Avec l’âge ces lèvres 
s’atrophient, surtout en bas, mais ne disparaissent jamais complè- 
tement, au contraire de ce qu'avait affirmé Bischoff. 

Le prépuce du clitoris est formé par les petites lèvres pendant la 
vie fœtale; plus tard il se soude probablement à la peau de la ré- 
gion voisine (commissure supérieure des grandes lèvres atrophiées). 
Le mons veneris n'existe pas chez les anthropoïdes, même à l’état 
fœtal. Le clitoris s'allonge rapidement avec l’âge. Il est moins net- 


tement fendu en deux lobes à l’état fœtal que chez l’adulte, 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 253 


Les replis longitudinaux dela vulve, communs àtoutes les femelles 
d’anthropoïdes, apparaissent dès le milieu de la vie fœtale. Ces re- 
plis se développent outre mesure avec l’âge chez le gibbon. 

La membrane hymen fait défaut aux anthropoïdes à tous les âges. 

Le bulbe du vagin existe chez le gorille et le chimpanzé, contrai- 
rement à l'assertion de Bischoff. Il semble s’atrophier légèrement 
avec l’âge. 

A l’état fœtal, l’utérus de gorille et de la femme se ressemblent 
. beaucoup; chez le gorille, cet organe garde sa forme embryonnaire 
pendant toute la vie de l'animal. 

Les trompes ovariennes sont peu contournées et onduleés chez le 
gorille et chez l’orang, comme chez la femme ; chez le gibbon elles 
affectent parfois la forme ondulée comme chez les singes pithéciens. 

Le rein de gorille et de gibbon présente, à l’état fœtal, trois ou 
quatre pyramides de Malpighi qui aboutissent toutes, ou en partie, 
à une papille unique. 

Vers le milieu de la vie intra-utérine, les capsules surrénales ont 
les mêmes dimensions relatives chez le fœtus de gorille et chez le 


fœtus humain. 


CONCLUSION GÉNÉRALE. 


Les conclusions que j'ai énoncées à la fin de chaque chapitre suf- 
lisent pour résumer les résultats nouveaux que j'ai obtenus relative- 
ment à l'anatomie et à l'embryologie des singes anthropoïdes ; mais 
je ne peux me dispenser de présenter ici quelques considérations 
générales qui découlent naturellement de ces conclusions . 

La proposition énoncée, il y a près de 200 ans, par Tyson (1) a été 
démontrée et nettement formulée par Huxley dans ces termes : « Les 
différences de structure entre l’homme et les primates qui s’en rap- 


prochent le plus, ne sont pas plus grandes que celles qui existent 


(Q)E. Tyson, Orang-outang, sive Homo sylvestris, orthe Anatomy of a Pygmie 
compared with {hat of a Monkey, an Ape and a Man : Londres, 1699, p. 92. | 


204 J. DENIKER. 

entre ces dernierset les autres membres de l’ordre des primates » (4). 
Cette proposition a été soutenue et combattue par nombre de savants 
illustres ; je ne nommerai que Broca, Gratiolet, Lucae, Mivart, 
Bischoff, Aeby. Elle est sortie presque intacte de cette épreuve ; 
seuls quelques doutes existaient encore quent au système musculaire. 
Bischoff est le dernier auteur qui ait combatu Huxley sur ce point, et 
ses attaques sont restées, autant que Je sache, sans réponse. Mes 
propres recherches, soigneusement comparées avec tout ce qui a été 
publié sur le sujet, m'ont démontré l’inexactitude de la plupart des 
assertions de ce savant. On trouvera dans le texte, discutés muscle 
par muscle, tous les points de divergence entre mes recherches et 
celles de Bischoff. Il me suffira de dire ici que les muscles qui exis- 
tent normalement chez l’homme et manquent au gorille, au lieu d’être 
au nombre de treize, comme l’affirmait Bischoff, se réduisent à trois 
(Plantaire, Péronier antérieur, Petit dentelé postérieur et inférieur). 
En yÿ ajoutant les deux muscles (omo-cléido-transversaire et dorso- 
épitrochléen) qui existent chez le gorille et ne se retrouvent qu’exces- 
sivement rare chez l’homme, nous aurons tout le bilan des différences, 
au point de vue myologique, entre le gorille et l’homme. Le reste des 
muscles présente des dissemblances qui entrent presque toutes 
dans les cadres des variations individuelles chez l’homme. Ge que je 
viens de dire se rapporte également aux autres anthropoïdes, sauf 
quelques différences de détail. Je crois ainsi avoir fourni dans mon 
travail des preuves qui dissipent les dernières objections élevées 
contre la thèse de Huxley. 

Broca, en analysant comparativement les caractères des Primates 
est arrivé à constituer dans cet ordre une famille à part, celle des 
Anthropoïdes équivalente aux Platyrrhiniens, aux Catarrhiniens, etc., 
et composée de quatre genres : Gorilla (J. Geof. S.-Hil.), Troglodytes 
(Geof. S.-Hil.), Simia (Guv. et Geof. S.-Hil.) et Hylobates (Ilig.). Mes 


études sur les fœtus et les jeunes anthropoïdes apportent une nou- 


(1) T. Huxcey, De la place de l'homme dans la nature, trad. par Dally; Paris, 1868, 
p. VI. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 255 


velle preuve en faveur de cette classification, en montrant l’étroite 
affinité qui existe entre ces genres dès la seconde moitié de la vie 
intra-utérine. 

Ces mêmes recherches sur les jeunes anthropoides m'ont conduit 
encore à d’autres résultats non moins intéressants. 

On a dit et répété depuis longtemps que plus les anthropoides sont 
jeunes, plus ils ressemblent à l’homme ; mais on n’a jamais précisé 
les époques auxquelles les ressemblances atteignaient leur maximum 
ou à partir desquelles les divergences commencaient rapidement à 
s’accroitre. Chez le gorille, je n’ai pu poursuivre mes investigations 
que jusqu'au 5° ou 6° mois de la vie intra-utérine, et déjà à cette 
époque précoce j'ai trouvé chez le fœtus un grandnombre de carac- 
tères qui sont propres au genre Gorilla à l’état adulte (longueur rela- 
tive des membres, la forme des oreilles, du nez, du foie, de la rate, 
du pied, etc.), et qui le différencient non seulement de l’homme, mais 
encore du chimpanzé et du gibbon. Cependant presque tous ces carac- 
tères sont atténués. Ainsi le membre thoracique est plus long chez le 
fœtus que le membre abdominal, et cependant il l’est moins, par 
rapport au tronc, que chez le gorille adulte. Il én est de même pour 
la forme du bassin, la longueur des apophyses épineuses, la forme 
de la langue, du larynx, etc. 

Mais, malgré cette différence, le mode de développement et la crois- 
sance du corps et des organes suivent à peu près le même ordre que 
chez l’homme, depuis cette époque précoce jusqu'à un certain mo- 
ment, à partir duquel commencent les divergences, qui ne font que 
s’'accentuer ensuite. Ge moment doit être placé, pour la majorité des 
caractères, à l’époque de l'apparition des premières molaires tempo- 
raires (fin de la première année ?). On peut donc dire que depuis la 
seconde moitié de la vie fœtale, jusqu’à l’éruption des premières mo- 
laires transitoires, le développement de la plupart des caractères, 
chez le gorille et chez l'homme, suit deux lignes presque parallèles 
ou légèrement divergentes; ces lignes convergent probablement dans 


les périodes antérieures du développement. A partir de l’époque men- 


256 J. DENIKER. 


tionnée, les lignes commencent à diverger rapidement. Ainsi, comme 
chez l’homme, jusqu'à l'apparition des premièresmolairesle crâne s’ac- 
croît avec la même rapidité danstous les sens, la mâchoire inférieure 
se développe vers le bas, la capacité crânienne et le cerveau s’ag- 
grandissent considérablement, etc. Mais passé ce moment, et, pour 
quelques caractères, passé la période de la première dentition, tous 
les traits caractéristiques du gorille commencent à s’accentuer. Le 
développement du crâne en avant eten haut est presque arrêté, 
toute la force de croissance s'étant portée vers la région postéro-infé- 
rieure ; l'accroissement du cerveau est presque nul ; les mâchoires 
s’allongent horizontalement en avant et un peu en haut, entrai- 
nant les modifications dans la forme de la langue, des bourrelets 
paltaux, etc; le prognatisme devient énorme ; le ligament de la nuque 
et les sacs laryngiens font leur apparition, etc. Il ne reste plus qu'à 
ajouter les crêtes crâniennes, la soudure desintermaxillaires, etc., pour 
achever le développement définitif de l’animal hideux et redoutable, 
qu'on n'aurait cependant pas hésité à comparer à un négrillon à 
l'état fœtal. Ce qui est vrai pour le gorille, l’est aussi, saufles dé- 
tails, pour les autres anthropoïdes. IL est à remarquer, en outre, que 
lés espèces de petite taille (chimpanzé et gibbon), présentent dans 
leur développement encore plus de ressemblances avec l’homme (au 
point de vue de l'ossification, de la forme des viscères, etc.) ; mais 
elles présentent aussi beaucoup de différences qui sont d'ordre 
adaptatif, en rapport avecla vie arboricole de ces animaux. 
Telles sont les conclusions auxquelles m'a conduit une étude faite 
entièrement sans idées préconcues. Elles paraïitront peut-être à quel- 
ques personnes établies sur une base insuffisante, vu le petit nombre 
de sujets dont j'ai pu faire une étude complète (1); mais il ne faut 
päs oublier qu'il est extrêmement difficile de seles procurer et que 
les savants les plus autorisés n’ont basé souvent leurs assertions que 


sur l'étude d’un seul individu. 


(4) Deux fœtus, trois jeunes et plusieurs crânes et squelettes; 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOÏDES. 257 


EXPLICATION DES PLANCHES 


Toutes les figures des planches XXII à XX VIII sont de grandeur naturelle, 
PLANCHE XXII. 


Fœtus de gorille de 5 à 6 mois, femelle, vu de face ; d’après une photographie. Les 
taches que l’on voit sur le pourtour des narines sont dues à l’affaissement de l’épiderme. 


PLANCHE XXII. 
Même fœtus, vu de profil. 


PLANCHE XXIV. 


Les cartilages sont coloriés en bleu sur cette planche et sur la suivante. 

Fic. 1. — Fœtus de gibbon de 7 à 8 mois, femelle ; le bras et la jambe gauches cou- 
pés au milieu sont reportés derrière les membres du côté droit ; latête est un peu rele- 
vée. !, lobule de l'oreille ; £, tourbillon de poils. 

2. — Placenta et enveloppes ftales de ce fœtus; #, utérus maternel ; o, ovaires ; r, 
trompes ; v, vagin ; M. méat urinaire ; v, vessie ; r, rectum ; p, placenta; /, ses lobes ru- 
dimentaires ; @, amnios ; ch, chorion. | 

3. — Coupe transversale du placenta ; m, couche musculaire de l'utérus maternel ; 
f, couche spongieuse du placenta maternel; d, sa couche compacte ; f’, placenta fœtal 
dans lequel on voit les vaisseaux ; c, corpuscules fibroïdes ; ch, chorion. 

4. — Main gauche du fœtus de gorille, 

ÿ, — Pied gauche du même. 

6. — Oreille droite du même ; k, hélix ; d, anthélix ; 4, b, ses racines ; €, pont réunis- 
sant l’hélix à l’anthélix ; /, lobule. 

1. — Oreille droite du fœtus de gibbon. h, hélix; a, b, racines de l’anthélix ; €, pont 
réunissant l’hélix à l’anthélix. 

8. — Pied droit du fœtus de gibbon. 


Os du fœlus de gorille. 


9. — Humérus gauche (face antér.). 

10. — Radius droit (face antér.). 

11. — Cubitus droit (face interne). 

42. — Main gauche (face dorsale). s, scaphoïde ; p, pisiforme ; f, trapèze ; g, grand os; 
u, unciforme. 

43. — Ceinture pelvienne vue de face; points d'ossification : 4, de l’ilion ; is, de 
l'ischion ; p, du pubis. a, b, deux dernières vertètres lombaires ; d, point d'ossific. de 
la pleurapophyse de ia première vert. sacrée; c, prem. vert. coccygienne. 

14. — Os innominé, de profil ; 4, ilion ; 4s, ischion ; p, pubis. 

15. — Fémur droit (face antér.). 

16. — Tibia droit (id.); r, rotule. 

17. — Péroné droit (id.). 

_ 18. — Pied droit, face dorsale; les os du tarse sont un peu écartés. c, calcanéum ; 4, 
astragale 5€; premier cunéiforme. 

19, — Calcanéum, de profil. 


Os du fœtus de gibbon. 


20, — Humérus droit (face antérieure). 
21. — Cubitus droit (face interne). 


ARCH. DE ZOOL, EXP. ET GÉN. — 2€ SÉRIE. — T. 111 Dés. suPPL, 1886.3e Mém. 17 


253 J. DENIKER. 


22, — Radius droit (face postérieure). 

23. — Main droite (face dorsale) ; le pouce et le médius sont seuls représentés. s, sca- 
phoïde ; p, pisiforme ; w, unciforme ; ce, central du carpe. 

24 et 25, — Ceinture pelvienne, de face et de profil ; même signification des iettres 
que pour les fig. 13 et 14; le point d’ossific. d est plongé dans l'épaisseur du cartilage. 

26. — Pied droit (face dorsale); les os du tarse sont écartés. c, calcanéum ; a, astra- 
gale. Les points d’ossification du euboïde b” et du troisième cunéitorme c” sont encore 
plongés dans l'épaisseur du cartilage ; c’, premier cunéiforme. 


PLANCHE XXV. 


Letires communes aux figures 1 à 8. 


e, écaille de l’occipital ; k, basi-post sphénoïde ; 

c, exoccipitaux ; ga et g, grandes ailes du sphéuïde ; 

æ, basi-occipital ; sa, basi-pré sphénoïde ; 

ms, cartilage occipito-mastoïdien ou la | al, petites ailes du sphénoïde; 
partie mastoïdienne du temporal ; ra, racines antérieures de ces ailes ; 

g, trou mastoïdien ; et, ethmoïde (cartilagineux et osseux) ; 

cd, condyle de l’occipital : f, frontal ; 

Tr, rocher ; v, vomer ; 

s, cartilage stylo-hyoïdien coupé ; pt, apoph. ptérigoïde ; 

a, anneau tympanique, ou conduit audit, | pl, palatin ; 

{, canal semi-circulaire postérieur ; m, maxillaire supérieur ; 

L » » antérieur ; m’, — inférieur ; 

{, trou auditif interne. pm, prémaxillaire ; 

b, fossa subarcuata ; j, jugal ; 

qg, orifice de l’aqueduc du vestibule ; n, nasal ; 

t, écaille du temporal; l, lacrymal. 


p, pariétal ; 
&', cartilage sphéno-occipital ; 
BTS sphéno-ethmoïdal ; 


a, «,«”’,restants du cartilage occipito- 
mastoïdien ; 
æ«’’, restant du cartilage de l’ex-occipital. 


Fig. 1. — Crâne du fœtus de gorille, vu de profil. 


2. — Base du même crâne, vue par sa face inférieure, en, enclume ; #7, marteau; 
mk, cartilage de Meckel ; 0, fenêtre ovale ; y, gouttiève carotidienne. 


3. — Base du même crâne, vue par sa face supérieure intracrânienne. f!, conduit de 
Fallope. 


4. — Face osseuse du fœtus de gorille. x, suture médio-frontale ; lp, cartilage de 
l'os planum. 


5 à 8. — Crâne du fœtus de gibbon, vu par les mêmes faces que les précédents. 


Leltres communes aux figures 9, 10, 12 et 13. 


b, axis ; €, troisième vertèbre cervicale, 
a, atlas ; 

9, — Trois premières vertèbres cervicales du fœtus de gorille, vues de face ; la troi- 
sième est réunie à la deuxième par une membrane ; l’atlas est séparé. 

10. — Vertèbres cervicales du même, vues de profil ; l’atlas est séparé des autres 
vertèbres, 


11. — Atlas du fœtus de gorille, vu par en haut. f, facette articulaire ; b, bande- 
lette qui la réunit à l'arc postérieur de la vertèbre ; 0, apoph. odontoïde de l’axis. 
12, — Quatre premières vertèbres cervic. du fœtus de gibbon, vues de face ; les points 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 259 


d'ossif, des pleurapoph, de la 2e sont cachés dans l'épaisseur du cartilage ; on voit les 
disques intervertébraux. 

43. — Trois premières vertèbres cervicales du même, vues de profil. 

44. — Atlas du fœtus de gibbon, vu d’en haut, avec ses fossettes articulaires et 
l'apoph. odontoïde de l’axis. 

15. — Omoplate gauche du fœtus de gorille. 

16. — Id, id. du fœtus de gibbon. 

17. — Clavicule gauche du fœtus de gorille. 

18. — Sternum de gibbon avec les cartil. des 8 prem. côtes ; on y voit le point d’ossi- 
fication pour le manubrium et quatre autres pour le corps. 


PLANCHE XXVI. 


Lettres commumes aux figures 1 et 3. 


Muscles, f, frontal ; ap, auriculaire postérieur ; 
oc, occipital ; 0, orbiculaire des paupières ; 
as, auriculaire supérieur ; 3, petit zygomatique. 


Fig. 1. — Muscles superficiels de la tête et du cou du fœtus de gorille : 4, auricu- 
laire antérieur ; £, temporal superfic. ; n, releveur de l'aile du nez ; /, releveur commun 
de l'aile du nez et de la lèvre sup. ; gz, grand zygomatique ; fl, triangulaire des lèvres; 
p, peaucier du cou ; pa, peaucier de la nuque. 

2, — Muscles profonds de la tête du même fœtus ; rég. cervie. (re couche). Muscles : 
mt, myrtiforme et triang. du nez réunis ; o,orbiculaire deslèvres ; k, houppe du menton; cn, 
canin ; d, carré du menton (couche prof.) ; b, buccinateur ; s, digastrique (ventre 
ant.) ; m, masséter ; sh, sterno-hyoïdien ; cm, cléido-mastoïdien ; cf, cléido-omo- 
transversaire ; fr, trapèze ; sm, sterno-mastoïdo-occipital. Nerfs: Z, rameaux sous-orbi- 
taires du n, maxillaire ; à, plexus cervical superficiel avec ses branches: cervicale 
transverse, sus-acromiale, sus-claviculaire, etc. Entre Zet 5 on voit les rameaux sous- 
orbitaires et buccaux de la branche temporo-faciale du n. facial ; 8, nerf spinal en- 
voyant une anastomose à la branche transverse du plexus cervic. Glandes : z , parotide 
avec le conduit de Stenon; w, sous-maxillaire. af, artère faciale. 


Fœtus de gibbon. 


3. — Muscles superfic. de la tête; £. temporal ; p, pyramidal du nez (?) ; r, releveur 
commun superf, de l’aile du nez et de la lèv. sup. ; /, orbicul. des lèvres ; zg, les deux 
grands zygomatiques; pc, peaucier du cou, v, triangulaire des lèvres. 
4, -— Muscles profonds de la rég. pectorale : 8, articulation acromio-claviculaire ; 
c; ligament costo-claviculaire ; s, muscle sous-clavier ; p, petit pectoral ; d, droit de l’ab- 
domen, 
5. — Muscles du bras : d, deltoïde ; b, court chef, et b’, long chef du biceps ; p, gr. 
-pectoral ; €, coraco-brachial ; d, grand dorsal ; de, dorso-épitrochléen ; {, son tendon; 
s, long supinateur. 
" 6. — Muscles de larégion iléo-coccygienne (la ligne médiane séparant les plans muse. 
profond et superficiel n’est pas suffisamment indiquée sur le dessin). WMuscles : t, ten- 
»seur du fascia lata ; g, gr. fessier ; m, moy. fessier ; c, longitudinal du coccyx ; à, iléo- 
-coccygien ; d, son aponévrose; 1, nerf sciatique. 

7. — Musel. de l’avant-bras ; e, extenseur superficiel ; ec, extens. profond commun ; 
“ep, extens. du pouce ; ea, extenseur du petit doigt ; r, deux radiaux réunis, donnant 
les tendons au médius rm et à l'index #4 ; q, court extens. et long abduct. du pouce 
réunis (le tendon 1 représente le premier et le tendon «le second de ces muscles) ; 

n, bandelette réunissant les tendons de l’extenseur profond, 


L 


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4 


… 


260 J. DENIKER. 


8. — Muscles de la région iléo-fémorale ; 4}, iliaque ; ?, iliaque accessoire ; c, coutu- 
rier ; d, droit antérieur ; f, petit fessier ; s, scansorius ; v, vaste interne ; e, vaste ex- 
terne. 

9. — Muscles profonds de la plante du pied chez le fœtus de gorille : !, tendon du 
fléchisseur péronier, coupé ; &, s, les deux chefs du court abduct. du gros orteil ; 4, fais- 
ceau interne ; e, faisceau externe du court fléchiss. du gr. orteil ; m, faisceau accessoire 
du court fléchis. ; d, court addueteur du gr. orteil ; e, court abduct. du 5e orteil ; 0, 
opposant du 5e orteil. 


PLANCHE XXVII, 


Lettres communes à toutes les figures de la planche. 


Muscles : d, digastrique (ventre antér.); cm, cléido-mastoïdien ; 
d', digastrique (ventre postér) ; ct, cléido-omo-transversaire ; 
m, mylo-hyoïdien ; sp, Splénius ; 
h, sterno-hyoïjdien ; 0, omo-hyoïdien ; 
s, Stylo-hyoïdien ; Nerfs : 8, spinal ; pb, plexus 
brachial. 


Arlères : €, carot. primitive (plus haut, carot. externe), donnant les branches : 
p, temporale superfic. ; f, faciale; /, linguale ; oc, occipitale ; », thyroïdienne supér. 

Glandes : 7, parotide ; A, sous-maxillaire. 

Fic. 1. — Muscles profonds de la face ; région cervicale (1re couche) du fœtus de 
gibbon. Muscles : rp, releveur profond de l'aile du nez; €, canin; 0, orbiculaire des 
lèvres ; b, buccinateur ; 4, carré du menton ; ms, masséter ; 50, sterno-occipital. Nerfs : 
3, plexus cervical superfic. : 32 paire, ses branches et son anastomose avec la 4e paire 
d’où vient le n. trapézien (4); v, veine jugulaire externe. | 


Fœtus de gorille. 


2, — Région cervicale (3e couche). Muscles : t. thyro-hyoïdien. Nerjs : 4, pneumo- 
gastrique ; 4, trapézien ; 6, hypoglosse avec son anse et sa branche descendante (recou- 
verte par le m. omo-hyoïdien). 

3. — Rég. cervicale (3e couche). Muscles : q, génio-glosse ; hg, hyo-glosse ; y, mylo- 
hyoïdien ; {h, thyro-hyoïdien ; sa, scalène antérieur ; sp, scalène postérieur. Nerfs : 5, 
phrénique, prenant son origine par quatre racines et s’anastomosant avec le sympathique ; 
gg, ganglion supér. et inférieur du sympathique ; 7, n. pneumo-gastrique ; 4, tra- 
pézien (coupé). Arlères : sc, sous-clavière avec ses branches : a, acromio-thoracique ; 
q, thoracique infér.; s, scapulaire infér.; ca, circonflexe antérieure. 

4. — Membre thoracique. Muscles : s, sous-scapul. ; d, grand dorsal ; ad, dorso-épi=… 
trochléen ; deltoïde ; p, grand pectoral; p’, petit pectoral ; b, biceps ; c, coraco- 
brachial ; !, long supinateur; /p, long palmaire ; fs, fléchisseur superficiel ; ca, 
cubital antérieur ; hf, éminence hypothénar ; «a, aponévrose palmaire : r’, ses fibres 
transverses. 

5. — Avant-bras, face palmaire. Muscles : rp, rond pronateur ; fs, fléch. superfic. 
du médius confondu en haut avec le fl. superf. des deux derniers doigts fs’, et avec le 
fléch. profond de l’index fp’, duquel part un tendon au pouce # ; fs”, fléch. superf. de 
l'index ; fp, fléchisseur profond commun; sp, faisceau qu’il envoie au fléch. superf. de. 
l'index ; ab, abducteur du pouce ; ad, adducteur du pouce. | 

Artères : h, humérale ; ra, radiale; cw, cubitale (et entre les deux, l’ianterosseuse). 

6. — Avant-bras, face dorsale, Muscles : r’, premier radial ; r”’, deuxième radials.. 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 261 


e, extenseur superficiel commun ; e’, extens. du be doigt; e”, extens. de l'index; 
e””, extens. du pouce ; &, long adducteur du pouce. Artères : d, radiale s’anas- 
tomosant avec une branche de l’interosseuse à ; l, collatérale dorsale du pouce et de 
l'index. 

1. — Main, face palmaire. Muscles : ad, court adducteur du pouce ; f, fléchisseur, et 
ab, abducteur du pouce. Artères : r, radiv-palmaire donnant les interdigitales qui four- 
nissent les collatérales du pouce, de l’index et la collatérale externe du médius ; c, eu- 
bito-palmaire, donnant les interdigitales qui fournissent les collatérales des autres doigts. 
Nerfs : m, median ; cb, cubital. 

8. — Avant-bras et main du fœtus de gibbon (face palmaire). Muscles : s, long 
supinateur ; p, rond pronateur ; €, cubital antérieur (ces deux derniers sous l’aponévrose) ; 
[l, fléchisseur perforé de l'index ; fm, id. du médius ; fa, id. de l’annulaire ; fp, id. du 
petit doigt ; f, fléchis. perforant commun donnant des tendons au pouce f”, et aux 
quatre derniers doigts f” ; ab, abducteur du petit doigt ; a, court abducteur du pouce ; 
2 et 3, faisceaux du court fléchisseur du pouce; 4, opposant du pouce ; 5 et 6, court 
adductenr du pouce ; !, lombricaux ; , confrahens ou premier interosseux (?). Arfères : 
h, humérale : cu, cubitale ; ra, radiale ; rc, branche de la radiale remplaçant la cu- 
bitale. Nerfs : 1 et 6, musculo-cutané ; 2, médian ; 3, brachial cutané interne; 4, axil” 
laire ; 7, 2e intercostal. 


PLANCHE XXVIII. 


Lettres communes à toutes les figures. 


Muscles : 1, iliaque ; orteil ; 

f, moyen fessier ; lp, long péronier ; 

f’etf'”, petit fessier ; cp, court péronier ; 

t, droit antérieur; [t, fléchisseur tibial ; 

f', l’, vaste interne et v. externe ; fp, fléchisseur péronier. 

n, pectiné ; Nerfs : ei, sciatique; 

a, a’ ,a”, a”, premier, deuxième, in, sciatique poplité interne. 
troisième et quatrième adduc- Ex, — — externe. 
teurs ; à, saphène interne. 

d, droit interne ; Artères: fm, fémorale ; 

c, couturier ; ti, tibiale interne ; 

m, semi-membraneux ; bp, sa branche postérieure ; 

s, semi-tendineux. pl, poplitée ; 

e, extenseur des orteils; pr, péronière ; 

é, extenseur propre du gros b, tibiale post. 


Fœtus de gorille. 


Fi. 1.-— Bassin et cuisse (face interne). Muscles : pd, piliers du diaphragme ; p. grand 
psoas ; p’, petit psoas. Nerfs : I-V, les cinq branches du plexus lombaire; fc, nerfs 
fémoro-cutané ; 1, crural; 2, museulo-cutané externe; 3, musculo-cutané interne; 4, 
branche du crural correspondante à la br. perforante infér. du musc.-cut. externe ; 
cr, obturateur. 

2. — Bassin et cuisse (face externe). Muscles : f, grand fessier coupé tout près de 
son insertion fémorale ; p, pyramidal; /, long chef ; cf, court chef du biceps cerural. 
Nerfs : 4, branche du n. puplité interne donnant les rameaux aux ‘fléchiss. de la 
jambe. 

3. — Cuisse (face interne, couche profonde). Muscles : 0, obturateur interne (plan 
profond); 0”, 0”, 0””, trois faisceaux de l’obturateur interne (plan superficiel) ; p, psoas ; 


262 J. DENIKER. 


i, ilieque. Nerfs : 1, crural ; 2, obturateur ; &, son anastomose avec la br. supér. du 
crural 2 b;3, sa branche allant au troisième adducteur; /, branche inférieure du crural. 

4. — Jambe droite (face postérieure). Muscles : s, sl, soléaire; ÿ jumeau interne ; 
j', jumeau externe ; 3, nerf péronier (indiqué faussement par la lettre s sur la planche) 

5. — Jambe gauche (face postér., couche profonde). X, muscle poplité ; sl, soléaire ; 
sl’, son faisceau tibial : {h., artère péronière. 

6. — Jambe droite (face antérieure). Mussles : j, jambier antérieur; pd, pédieux ; 
t, prolongement digital du tendon du court péronier. Nerfs : 2, branche tibiale antér., et 
3, br. cutanée péronière du nerf poplité externe ex, 


Fœtus de gibbon. 


7. — Membre abdominal (face interne ; le pied est un peu tourné en dehors pour 
faire voir mieux sa face plantaire). Muscles : u, court abducteur, et , adducteur du 
gros orteil; 7, jumeau interne; 0, tendon du fléchisseur péronier allant au gr. ort. f, 
fléchisseur perforé du 2°, et, plus bas, celui des trois derniers orteils ; pé, fléchisseur 
tibial; æ, abducteur du 5° orteil; æ, anneau des adducteurs. Nerfs : 1, branche de 
l’obturateur allant au droit interne; 2, musculo-cut. externe; 3, crural, donnant des 
branches au couturier et se prolongeant en saphène interne s. Arfères : ag, branches 
artérielles de l’articul. du genou, venant de la tibiale interne ({) et de la poplitée (pl); 
+, anastomose entre la tibiale interne (fi), sa branche postérieure (bp) et la péronière 
(pr) ; de cette anastomose (recouverte par les tendons des fléchisseurs) partent les trois 
artères interdigitales (4) se bifurquant en collatérales des orteils cl. 

8. — Jambe droite (face postérieure) ; un fragment du tendon d'insertion des adduc- 
teurs est représenté en haut, rejeté en dehors : 3, nerf péronier ; ag, branche artérielle 
de l’articul. du genou venant de la poplitée. 

9. — Jambe et pied droits (face antérieure) . r, muscle adducteur du gr. ort. ; 74, jam- 
bier antérieur avec ses deux tendons ; pd, pédieux (le tendon du pédieux du gr. ort. se 
confond avec celui de l’extenseur du gr. ort.) ; {,prolongement digital du tendon du cour, 
péronier ; æ, anncau ligamenteux supérieur de l’artieul. du pied ; 8, anneau inférieur, 2. 
branche tibiale antérieure du nerf poplité externe ; al, artère interosseuse dorsale ; cl, 
artère collatérale du gr. orteil. 


PLANCHE XXIX. 
Toutes les figures, excepté la fig. 6, sont de grandeur naturelle. 


Lettres communes aux fig. 1 à 5. 


s, Scissure de Sylvius ; ox, scissure occipitale externe ; 
r, scissure de Roland ; d, premier sillon occipital ; 
t, premier sillon temporal; m, incisure représentant le futur troisième 


a, a’, premier et deuxième sillons frontaux ; | sillon occipital (?); 
ps, sillon post-rolandique réuni au sill. in- | f’, l’ incisures représentant les futurs 2e, 3e 
terpariétal 1 ; et 4e sillons temporaux. 


F1. 1. — Cerveau du fœtus de gorille, vu d'en haut, à, incisure représentant le futur 
sillon interpariétal (?); 0, incisure représent. la future seiesure occipitale externe (?) 

2. — Même cerveau, vu de profil, 0, (comme dans la fig. précéd.) ; ol, lobe olfactif ; 
f, face sus-orbitaire du lobe frontal ; fs, fosse sylvienne ; /, premier sillon temporal ; c, 
cervelet. 

3, — Cerveau du fœtus de gibbon, vu d'en haut (lhémisphère gauche est fortement 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 263 


rétracté). p, incisure indiquant l’ébauche du sillon prérolandique ; 0, scissure occipitale 
interne. 

4, — Même cerveau, vu de profil; », sillon en H du lobe frontal ; l, sillon sus-or- 
bitaire du même lobe ; s’, incisure horizontale dépendant de la scissure de Sylvius ; 0, 
scissure occipitale interne. 

5, — Face interne de l'hémisphère droit du même cerveau ; em, sillon sous-frontal ; 
so, sillon sus-orbitaire ; k, scissure de l’hippocampe se continuant avec la scissure calca- 
rine e, qui forme le triangle æ ; 0, sciss. occipit, interne. 

6. — Larynx du fœtus de gorille, coupé sur la ligne médiane et étalé à droite ; sec- 
tionné plus en avant (au milieu des cordes vocales), à gauche. h, hyoïde ; e, épiglotte ; 
c, cartilage cricoïde ; £, cartil. thyroïde ; v, ventricule laryngien gauche, coupé ; », entrée 
du ventricule droit ; au-dessous, la cord: vocale infér. double; af, coupe du muscle crico- 
aryténoïdien ; »m, membrane glosso-épiglottique ; gross. 2 fois. 


Lettres communes aux fig. T, 8 et 9. 


th, corps thyroïde ; v, v', troncs brachio-céphaliques veineux ; 
t,l, l, les trois lobes du thymus; c, péricarde ; 
tr, trachée; p, p, poumons, droit et gauche. 


1. — Thymus du fœtus de gorille; :n, artères et veines mammaires internes; @, portion 
de la tunique commune au thyroïde et au thymus. 

8. — Viscères de la cavité thoracique du fœtus de gorille, h, artère carotide primi- 
tive gauche, donnant la thyroïdienne inférieure; s, art. sous-clavière passant derrière le 
muscle scalène antérieur et donnant la mammaire interne ; f, tronc brachio-céphalique 
droit ; ce, cœur dans son péricarde €’ ouvert; on voit une partie d’auricule ; é, crosse 
de l’aorte ; e” canal artériel ; g, ganglion inférieur du sympathique anastomosé avec 
les filets du n. phrénique n. 

9, — Viscères thoraciques äu fœtus de gibbon ; les parois du thorax sont écartées ; 
on voit un amas de graisse entre le péricarde et le diaphragme. À, point d’ossification du 
corps du sphénoïde ; ge, points pour les cornes ; f4, cartil. thyroïde ; cr, cart, cricoïde ; 1, 
isthme du corps thyroïde ; m, membrane thyro-hyoïdienne ; mf, muse. thyro-hyoïdien. 


Lettres communes aux fig. 10 et 12. 


m, organe folié de la langue ; 0, pharynx et œsophage fendus par leur 
c, papilles caliciformes ; paroi postérieure ; 
pe, papilles coniques ; e, épiglotte. 


a, amygdales ; 


10, — Langue du fœtus de gorille, vue par sa face supérieure, avec le pharynx fendu 
par arrière pour faire voir le larynx. 
11. — Même langue, vue par sa face inférieure, réunie au larynx. A, repli frangé 
(langue inférieure) avec sa crête médiane c; r, pli sous-lingual ; 4, cartilage thy- 
roïde ; cr, cartilage cricoïde ; À, corps de l’hyoïde cartilagineux ; sh, cartilage ou 
lig. stylo-hyoïdien. Muscles : hg, hyo-glosse, coupé; g, génio-glosse, coupé en 
haut, génio-hyoïdien, et, derrière lui le mylo-hyoïdien ; s, stylo-hyoïdien ; 0, 
omo-hyoïdien ; cé, crico-thyroïdien ; sk, sterno-hyoïdien ; {h, corps thyroïde avec son 
isthme 2; x, glande sous-maxillaire ; w, conduit de Wharton; b, gl. sublinguale; l, 
nerf lingual ; p, nerf glosso-pharyngien. 
12. — Langue du fœtus de gibbon (face supérieure), avec le pharynx fendu en arrière. 
ae, cartilages aryténoïdes. 


264 J. DENIKER. 


13. — Palais muqueux du fœtus de gorille, a, 4’ bourrelets palataux antérieurs; f, 
fossette médiane ; /, luette ; t, papille incisive. 


14. — Palais du fœtus de gibbon; la signification des lettres est la même que dans 
la fig. précédente. 


45. — Organes digestifs du fœtus de gorille. r, rate réuuie par le mésentère à l’esto- 
mac e; p, pancréas; d, duodénum. 


PLANCHE XXX. 
Toutes les figures, excepté 4, 5, T et 10, sont de grandeur naturelle. 


Lettres communes aux fig. 1, 2, 3. 


lg, lobe latéral gauche du foie ; 1, ligament falciforme ou suspenseur du foie ; 
cg, — central gauche; b, vésicule büiaire ; 

cd, — central droit; s, lobe de Spigel ; 

ld, — latéral droit ; 0, veine ombilicale. 


cr, ligament coronaire du foie ; 


Fr, 1. — Foie du fœtus de gorille, face supérieure, diaphragmatique. 

2. — Id., face inférieure, stomacale; 4, incision subdivisant le lobe centr. droit ; ch» 
canal cholédoque, dans lequel se jettent les conduits biliaires et le canal cistique ? 
ve, veine cave ; p, veine porte; €, lobe caudé, 

3. — Organes digestifs du fœtus de gibbon; d, lobe droit du foie; g, lobe gauche; y, li 
gament gastro-hépatique ; es, estomac, coupé tout près du cardia ; r, rate; e, lobe caudé ? 
ge, grand épiploon, contenant dans ses replis de nombreux amas graisseux; au-dessous 
de lui on voit par transparence le côlon transverse ef ; c, cæcum ; v, appendice vermi- 
forme ; 4, intestin grêle; cd, côlon descendant et son mésentère ; sd, l’S iliaque. 


Lettres communes aux fig. 4, 5 et 10. 


Fœtus de gorille. 


r, renflement génital (grandes lèvres) ; a, bourrelet anal ; 
u, capuchon du clitoris ; f, frein du clitoris ; 
c, gland du clitoris ; y, vulve : 

p, périné et son raphé ; d, petites lèvres. 


F1G. 4. — Organes génitaux externes, grossis 2 fois. 

5. — Les mêmes, écartés et grossis 5 fois ; 4 réunion des petites et des grandes ; 
lèvres ; x, replis longitudinaux de la vulve. 

6. — Bulbes du vagin ; b, bulbes adossés aux branches ischio-pubiennes ; r, renfle- 
ment génital, 


Lettres communes aux fig. 7 et 11. 


u, utérus ; v’, vagin au fond duquel cn voit le col de 
t, trompes ovariennes ; l'utérus (c’). 
p, pavillon de la trompe ; m, méat urinaire ; 
0, ovaire ; s, replis longitudinaux de la vulve ; 
v, point entre le vagin et la vulve où ces- | /, petites lèvres ; 
sent les replis longitudinaux. c, clitoris. 


7. Organes génitaux internes, gross, 2 fois ; les parois postérieures de la :ulve et du 


RECHERCHES SUR LES SINGES ANTHROPOIDES. 265 


vagin sont fendues longitudinalement. €’, col de l'utérus; re, rectum fendu et déjeté de 
côté, 

8. — Organes génito-urinaires en place ; Le péritoine qui les recouvre à gauche est en- 
levé à droite. rn, rein ; sr, capsule surrénale ; {, ligament large se prolongeant avec le 
péritoine ; #, utérus, derrière lui le rectum coupé ; vs, vessie ; g, ouraque; x, cordon ter- 
miné en pinceau (reste de corps de Wolff?) ; ur, uretère ; ad, aorte descendante, à droite 
la veine cave ; p, artère iliaque primitive; 0v, ovaire ; 0, art. ombilicale à son entrée dans 
le cordon; ar, art, rénale ; pr, péritoine. 

9. — Coupe du rein et de la capsule surrénale ; s, masse centrale de la capsule ; c, 
couche corticale du rein ; p, trois pyramides de Malpighi, aboutissant à une seule papille 
qui s'enfonce dans le bassinet b. 


Fœtus de giblon. 


10. — Organes génitaux externes, gross. 2 fois. 

11. — Organes génito-urinaires ; sr, sr’, capsules surrénales; &, amas granuleux 
(restes du corps de Wolf?) ; r’, rein droit ; r, rein gauche ; ur, uretère; vs, vessie. 

12. — Coupe d'un rein ; €, couche corticale ; p, quatre pyramides aboutissant à une 
seule papille ; b, bassinet. 


ERRATA 


P. 96, ligne 9, au lieu de : que chez l'adulte, lisez : chez l'adulte. 
P. 104, ligne 11, au lieu de: plus jeune, lisez : moins avancé, 


Re — “0e 


TABLE DES MATIÈRES 


Pages 
ENTRODUCPION:: 07550. US ONE LAVER 1 
Plan dutravañti lire CSA LES Na MENU NE SEMRUR NERRER 3 
Historique. 1". : 4 4004 en DORMI RENNES 3 
I. — EXTÉRIEUR DES FŒTUS (gorille et gibbon). 
I. Généralités. — Attitude, . . . | +2 NRA GENE ESS 5 
II. Formes extérieures, coloration, tétanie s 6 2 ENVOIE 12 
III. Placents et emvealonpes fœtales, » 12,007 NOTES 24 
IV. Poids-et dimensions dit cons: .17/200. Pal CINE 29 
RÉSUMÉ ET CONCLUSION: ds 000.0 00 ie NOMME | 
: 
II, — $SQUELETTE DES FŒTU» COMPARÉ A CELUI DES Ê 
ANTHROPOIDES ADULTES. 
L Orne sure ANR NP ENAORE QU PENSER AE 33 
Il. Colonne PA 2 embres. 9 02,0, ORNE 78 
IIL. Dimensions du squeletté,,. 4, US RS EE 
RÉSUMÉ ET CONCLUSION. : 44 15 9 6 0 en RSMSMNNENSNSESES 


III, — MUSCLES DES FŒTUS COMPARÉS A CEUX DES ANTHROPOIDES ADULTES, 


I. Muscles de la tête et de la face, . . PP SR M 

II. Muscles d#cou.et la nuqiiés 0 I NN 
III. Muscles du tronc. . . . Pgo Re, PPT SR EEE 
IV. Muscles du membre cénbiqe. PU QU, LP NRPORNCRSRS 
V. Muscles du :mémbre 4bdominal: 5" 220 241. SRE RNRNMERAIEE 
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS) 240) : Feat ARMES PROS TER SURESNES 


IV, — SYSTÈME NERVEUX, 


I. Cerveau. . . FR ro ONE ee PES 

IT. Nerfs DS ROME PR PE En, 2e RTS 
V. — ORGANES DE LA CIRCULATION, 44 2 euu 4 SN TR NIORT 
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 25 PRE OT ORAN 
VI — ORGANES DELA RÉSPIBATION: UT US OO IR 
RÉSUMÉ ET COROLESLONE. 0, 0 05 0 CG RM COR NES 
VII. — ORGANES DIGÉBTIFS. je 0. 1. NON US SENS 
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. . 4 à % 00 00 OR 4 0 ON RE 
ORGANES GÉNITAUX, à 2 L ce CU SENS NN PER 
RÉSUMÉ ET COROLOBIONS, "4771 CPAM 
CONCLUSION GÉNÉRALE. 2. 0 0 CI IEEE EN 


EXPLICATION DES PLANOHES. _..  . °: .: MO NEMINONNS 


SECONDE THÈSE 


PROPOSITIONS DONNÉES PAR LA FACULTÉ 


ZooLoGiE, — Le type crustacé, ses modifications en rapport avec le 
parasitisme. 
BOTANIQUE. — Symétrie de la fleur et causes qui peuvent l’altérer. 


Donner des exemples des cas principaux. 


GÉOLOGIE. — Du pays de Bray. Sa structure géologique et ses rap- 
ports avec les pays limitrophes. 


Vu et approuvé : 
Paris, le 18 novembre 1885. 
Le DoygN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES, 
JAMIN. 
Vu et permis d'imprimer : 


Paris, le 148 novembre 188$. 


Le Vice-RECTEUR DE L'ACADÉMIE DE PARIS, 
GRÉARD. 


Poitiers. — Typographie OUDIN, 4, rue de l’Éperon, 4 


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