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ARCHIVES
DE
ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE
ET GÉNÉRALE
ARCHIVES
DE
ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE
ET GENERALE
HISTOIRE NATURELLE — MORPHOLOGIE — HISTOLOGIE
ÉVOLUTION DES ANIMAUX
FONDÉES PAU
HENRI de LACAZE-DUTHIERS
PUBLIEES SOUS LA DIRECTION DE
G. PRUVOT et E.-G. RAGOVITZA
PROFESSEUR A LA SORBONNE DOCTEUR ÊS-SCIENCES
DIRECTEUR DU LABORATOIRE ARAOO SOUS-DIRECTECR DU LABORATOIRE ARAOO
CINQUIÈME SÉRIE
TOME CINQUIÈME
PARIS
LIBRAIRIE ALBERT SGHULZ
3, PLACE DE LA SORBONNE, 3
Tons droits réserves
1910
*A/ 3 /
TABLE DES MATIÈRES
du tome cinquième de la cinquième série
(660 pages, IX planches, 151 figures)
Notes et Revue
(6 numéros, clxxii pages, 83 figures)
Voir la Table spéciale des matières à la paye CLXXl
Fascicule 1
(Paru le 20 Mars 1910)
R. Jeannel. — Essai d'une nouvelle classification des Sylphides
cavernicoles. Biospeologica XIV (avec 23 fig. dans le texte). 1
Fascicule 2
(Paru le 25 Mars 1910)
E. Simon. — Araneœ et Opiliones. (Seconde série.) Biospeolo-
gica XV 49
Fascicule 3
(Paru le 20 Mai 1910)
R. Jeannel et E.-G. Racovitza. — Enumération des grottes visi
tées 1908-1909. (Troisième série.) Biospeologica XVI .... 67
Fascicule 4
(Paru le 5 Juillet 1910)
L. Léger et O. Duboscq. — Selenococeidium intermédium Lég. et
Dub. et la systématique des Sporozoaires (avec 7 fig. dans le
texte et pi. i et n) 187
Fascicule 5
(Paru le 15 Juillet 1910)
E. Chatton. — Protozoaires parasites des branchies des Labres :
Amoeba mucicola Chatton, Triehodina labrorum n. sp. Appen-
dice : Parasite des Trichodines (avec 1 fig. dans le texte et
et pi. m) 239
TABLE DES MATIÈRES
Fascicule 6
(Paru le 1" Octobre 1910)
E. (iHATTON. — Essai sur la structure du noyau et la mitose chez
les Amœbiens. Faits et théories (avec 13 fig. dans le texte). . 267
Fascicule 7
(Paru le 10 Octobre 1910)
H.-W. Brolemann. — Symphyles Psélaphognathes, Polydes-
moïdes et Lysiopetaloïdes (Myriapodes) (Première série)
Biospeologica XVII (avec 1 fig. dans le texte et pi. îv à vu). 339
Fascicule 8
(Paru le 10 Octobre 1910)
M. Elmassian. — Sur les glandes salivaires de quelques espèces
de Tiques (avec 7 fig. dans le texte et pi. vin et ix 379
Fascicule 9
(Paru le 25 Novembre 1910)
L. Faurot. — Étude sur les associations entre les Pagures et les
Actinies : Eupagurus Prideauxi Heller et Adamsia palliata
Forbes, Pagurus striatus Latreille et Sagartia parasitica
Gosse (avec 16 fig. dans le texte^ 421
Index alphabétique des matières 487
Fontenay-aux-Roses (Seine). — Imp. I,. Be.llenand.
ARCHIVES
r r
ZOOLOGIE EXPERIMENTALE ET GENERALE
FONDÉES PAR
H. de LACAZE-DUTHIERS
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE
G. PRUVOT et E. G. RAGOVITZA
Professeur adjoint à la Sorbonne Docteur es sciences
Directeur du Laboratoire Arago 8ous-Directeur du Laboratoire Arago
5e Série, T. V. NOTES ET REVUE 1910. N° 1
SUR LES REINS DES APHYA, TRIPTERYGION ET CLÏNUS
par Frédéric Giitki,
Professeur à la Faculté des sciences de Rennes
Aphya pellucida. — J'ai obtenu de nombreux individus de cette
espèce par l'intermédiaire de mon collègue et ami M. Fage, Natu-
raliste du Service des pêches au Laboratoire Arago. Le Laboratoire
de Naples vend ce petit poisson et m'a fourni un certain nombre
d'exemplaires en alcool. Enfin je dois cinq individus de petite taille
à S. A. S. le Prince de Monaco.
Malheureusement tous ces animaux avant été simplement con-
servés comme objets de collection, leurs reins se trouvaient en fort
mauvais état, circonstance qui m'a empêché de préciser bien des
points intéressants de l'anatomie de ces organes.
Les Aphya sur lesquels ont porté mes investigations mesuraient
de 40 à 45 millimètres de longueur. Une femelle, longue de
43 millimètres, avait des œufs ovariens mesurant environ 450 mus,
malgré la forte contraction due à l'action de l'alcool.
Ces œufs présentaient un appareil fixateur conformé comme
ABCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉX. — 5e SÉRIE. I. \. A
ii NOTES ET REVUE
celui de l'œuf mur des Gobius par exemple G. minutus ; Arclt. Zool.
exp. 1 892). Il en résulte tout d'abord, ces œufs étant prêts à être
déposés, que la femelle qui les portait était adulte, et, en outre, que
celle-ci les fixe sûrement à un corps solide au moment de la ponte.
Je ne sais si la ponte de YAphya pellucida est connue; mais la
présence de l'appareil fixateur dont je viens de parler, montre que
cette ponte, si elle n'est pas fixée sur le fond, est certainement
adhérente à un corps flottant.
L'état des glandes génitales des mâles montre que la plupart
d'entre eux étaient parfaitement adultes.
Les reins débutent antérieurement par une partie renflée {pr)
portant sur son bord externe une profonde échancrure et présentant
en avant un étroit prolongement [pu] qui suit le trajet de la veine
cardinale antérieure (vca) et sur le compte duquel nous revien-
drons.
Immédiatement en arrière de ce renflement, le rein gauche subit
une diminution de diamètre très considérable et après un court
trajet s'accole intimement au rein droit.
Ce dernier conserve, en arrière de sa partie renflée, un diamètre
beaucoup plus considérable que le précédent, puis les deux reins
accolés poursuivent leur trajet d'avant en arrière sur la ligne
médiane ventrale de la face dorsale de la cavité générale".
Parvenus ainsi au niveau de la vessie natatoire les deux reins
s'écartent de nouveau et, après avoir décrit chacun de son côté,
une ligne sinueuse présentant trois concavités internes, ils s'acco-
lent une deuxième fois pour constituer un organe unique de faible
longueur qui aboutit bientôt à la base de la vessie urinaire (vu).
Comme on le voit la région postérieure des reins de VAphya pel-
lucida se comporte d'une manière très particulière dans le sens
latéro-latéral. Cette même région présente aussi une disposition
spéciale dans le sens dorso-ventral.
Dans un téléostéen normal les reins sont intimement appliqués
par leur face dorsale sur la face ventrale des corps vertébraux.
Ici rien de semblable. Quand on examine le plafond de la cavité
générale de YAphya, après l'enlèvement des reins, on distingue
facilement e corps de la première vertèbre et une petite partie de
celui de la seconde ; mais les corps vertébraux 3, i, 5, 6 et la moitié
antérieure du septième, sont complètement invisibles, cachés qu'ils
sont par les muscles de l'épine qui font ici très fortement saillie
NOTES ET REVUE m
dans la cavité générale et masquent absolument les parties du
squelette que nous venons d'énumérer.
Il résulte de cette disposition que les reins, pendant toute la
durée de leur trajet au dessous des corps vertébraux 2 à 7, sont
séparés de ces corps par une couche musculaire assez épaisse. Vers
le milieu du septième corps vertébral la couche musculaire en ques-
tion cesse d'exister et les reins, plongeant alors d'avant en arrière
et du ventre vers le dos entrent en contact avec les vertèbres.
C'est précisément au niveau du septième corps vertébral (csdi)
que les deux reins cessent d'être accolés l'un à l'autre. A partir de là
ils contournent successivement les corps vertébraux 8 et 9 ainsi que
la moitié antérieure du dixième et ce rapport de position explique
la forme sinueuse de ces organes dans cette région, chacun d'eux
s'appliquant exactement sur la face externe des corps vertébraux,
en épousant successivement les solides en forme de sablier cons-
I i t ués par ces corps.
Dans les animaux delà taille de ceux que j'ai étudiés, les reins
plongent dorso-ventralement d'environ 1,5 à 2 millimètres pour
atteindre le niveau des corps vertébraux 8 et 9. Au delà de ce point
ces organes, de nouveau intimement accolés l'un à l'autre, redes-
cendent vers la face ventrale jusqu'au niveau de la papille uro-
génitale.
On voit d'après cette description que les reins de VAphya pellucida,
dans la région où ils entrent en contact avec la vessie natatoire,
décrivent une courbe à double courbure qui, projetée sur le plan
vertical de symétrie de l'animal, donnerait un arc de cercle ou
d'ellipse; mais qui fournirait une sinusoïde si la projection était
faite sur le plan horizontal perpendiculaire au précédent.
La figure jointe à cette description représente les reins après leur
compression entre lame et lamelle. Cette compression rectifie leur
courbure dorso-ventrale. Il en résulte que, pour interpréter correc-
tement notre figure il faudrait imprimer à la région des reins qui se
trouve en contact avec la vessie natatoire, une forte concavité qui,
avec le grossissement adopté ici, déprimerait la feuille de papier
d'environ lo à 20 millimètres suivant les individus.
Dans la description succincte qui vient d'être donnée de la forme
extérieure des reins de VAphya pellucida, nous avons passé sous
silence un appendice interne de leur partie renflée antérieure qui
offre un intérêt particulier.
iv NOTES ET REVEE
Cet appendice est formé parla partie initiale du canal segmen taire
qui débute ici par une volumineuse capsule de Bowmann renfermant
un glomérule géant de Malpighi (gpg). C'est le gloméruledu proné-
phros qui se conserve ici en parfait état et reste par suite fonctionnel
jusque chez l'adulte.
Les deux capsules qui se trouvent à l'origine des deux canaux
segmentaires sont tangentes au carrefour branchio-artériel et se
greffent sur celui-ci au voisinage immédiat du point d'émergence
de l'artère viscérale (av) ; les deux artères pronéphrétiques sont
donc de longueur nulle. En outre les deux capsules sont tellement
rapprochées Tune de l'autre qu'elles sont presque tangentes entre
elles.
Le glomérule du pronéphros est très volumineux chez VAphya
pellucida. Les mensurations faites sur 19 individus mesurant de 37
à 45 millimètres de longueur ont montré que cet organe peut
osciller entre 155 sur 130 mus et 250 sur 220 mus.
Les pièces que j'ai étudiées étaient en beaucoup trop mauvais
état pour permettre l'étude du trajet du canal segmentaire. Voici
cependant ce que j'ai pu observer.
La partie de ce canal qui fait immédiatement suite à la capsule
de Bowmann du pronéphros constitue ce que nous avons appelé
l'appendice interne du rein.
Dans le trajet de cet appendice le canal reste souvent droit. Quand
il décrit quelques sinuosités elles sont toujours très simples.
Je n'ai pu observer ce que devient le canal segmentaire dès qu'il
a pénétré dans la substance de la partie renflée du rein ; mais j'ai
pu constater avec la plus entière certitude que ce canal décrit une
anse très allongée constituant la région que nous avons décrite
sous le nom de prolongement antérieur du rein (pa). Cette anse
longe la veine cardinale antérieure ; elle est simple, ne présentant
qu'un petit nombre de sinuosités et elle correspond sans aucun
doute à celle qui chez le Gobius minutus occupe ce que nous avons
appelé dans cette forme la « masse appendiculaire antérieure »
{C. R. 17 août /908)1.
Après avoir quitté la région antérieure renflée du rein le canal
segmentaire longe le bord externe de cet organe en décrivant un
grand nombre de sinuosités de très faible amplitude. Ces sinuosités
1 Rappelons que le genre Aphya appartient à la famille des Gobiidës,
NOTES ET REVUE
n'ontpu être représentées
sur notre figure en raison
du mauvais état des piè-
ces. Les deux lignes pres-
que parallèles qui, dans
chaque rein bornent le
canal segmentaire, ne
Fig. 1.
Reins d'un Aphya pellucida
mâle de 42,5 millimètres de lon-
gueur totale vus par leur face
ventrale ; aou, aorte antérieure ;
aop, aorte postérieure longeant
le bord interne du rein gauche ;
ap, artère du membre antérieur
droit ; av, artère viscérale; cd,
canal déférent gauche ; es, capsule
surrénale ; csd, canal segmen-
taire droit, les faibles sinuosités
qu'il décrit ne sont pas indiquées
ici ; csdt, point à partir duquel
les deux reins s'écartent pour
longer les faces latérales des corps
vertébraux 7, 8, 9, et 10; csd*,
grande sinuosité décrite par le
rein droit longeant les corps ver-
tébraux 9 et 10 ; csg, canal seg-
mentaire gauche, ses petites sinuo-
sités n'ont pas été indiquées ici :
csg„ grande sinuosité décrite par
le rein gauche longeant le hui-
tième corps vertébral ; ga, glande
annexe de l'appareil génital mâle;
gpg, glomérule géant du proné-
phros; ligs-Ugglig io, niveaux où
se trouvent situés les huitième,
neuvième et dixième ligaments
intervertébraux ; pa, prolonge-
ments antérieurs des deux reins:
pm, deux pelotons mésonéphré-
tiques du rein droit ; pr, portion
antérieure renflée du rein gauche ;
pug, papille uro-génitale ; vu,
vessie urinaire ; vb, veines bran-
chiales ; vc, veine caudale dans la
région d'accolement des deux
reins; vc,. partie postérieure de
la veine caudale intimement appli-
quée contre la face interne du
rein droit dans la région de la
vessie natatoire ; vea, veines car-
dinales antérieures droite et gau-
che ; vep, veine cardinale posté-
rieure droite très volumineuse
non loin du point où elle reçoit la
gauche d'un diamètre beaucoup
plus faible ; tes, testicules. Gros-
sissement 10,8 diamètres.
uca
vi NOTES ET REVUE
représentent donc que les limites latérales entre lesquelles
évoluent les petites sinuosités auxquelles nous venons de faire
allusion (csd. csg).
Les petites sinuosités des canaux segmentaires cessent d'exister
ou deviennent beaucoup plus rares au niveau du point où les deux
reins s'écartent en raison de la présence de la vessie natatoire ;
mais elles font de nouveau leur apparition lorsque les deux reins
s'accolent pour la seconde fois en arrière de la vessie.
Je ne puis rien dire de la manière dont se comportent les deux
canaux segmentaires dans la région d'approche de la vessie urinaire
et de la papille uro-génitale. Pour élucider ce point des pièces
mieux fixées seront nécessaires.
Les tubes pelotonnés du mésonéphros doivent être particulière
ment faciles à étudier chez l'.l phya pellucida malheureusement
dans les pièces que je possède ils sont en très mauvais état et
impossibles à étudier même d'une manière imparfaite dans toute
la région antérieure et moyenne des reins.
Au contraire, dans la région postérieure, on distingue souvent
quelques rares tubes pelotonnés peu compliqués ayant conservé en
assez bon état leur glomérule terminal. Deux de ces pelotons très
simples sont représentés dans le rein droit sur la figure annexée à
cette description (pm).
Les rapports de la région antérieure des reins avec le squelette
présentent un certain intérêt.
La position des glomérules du pronéphros, examinée dans neuf
individus, nous a présenté les variations suivantes : chez quatre
individus dont la taille variait entre 40,5 et 42,5 millimètres, les
deux glomérules pronéphrétiques se trouvaient au niveau même du
premier cartilage intervertébral; chez deux individus mesurant 41
et 43 millimètres les deux glomérules se trouvaient situés à 0,15
et 0,20 millimètre en avant du premier cartilage : enfin, dans trois
bètes longues de 42 et 44 millimètres ces mêmes glomérules étaient
situés à 0,10, 0,15 et 0,35 millimètre en arrière de ce même car-
tilage.
En ce qui concerne l'empiétement des reins proprement dits sur
la région crânienne voici ce qu'on peut dire. Dans huit spécimens,
dont la taille variait entre 41 et 44 millimètres, les reins, représentés
par la région antérieure de leur partie renflée et par le prolon-
gement antérieur de cette dernière, longeaient la face inférieure du
NOTES ET REVUE vu
crâne sur une longueur variant entre 1,20 et 1,70 millimètres. Or la
longueur du corps de la première vertèbre atteignant en général
1,15 millimètres et pouvant aller jusqu'à 1,30, on voit que l'élon-
gation des reins au dessous de la face ventrale du crâne est généra- ^
lement égale à la longueur du premier corps vertébral ; mais peut
dans quelques cas atteindre une fois et demie cette longueur.
Le point où les deux reins se rejoignent pour la première fois, se
trouve situé à un niveau qui varie entre le troisième cartilage inter-
vertébral et le milieu du corps de la troisième vertèbre.
Nous avons indiqué les rapports très particuliers des reins avec
les corps vertébraux dans la région de la vessie natatoire, nous n'y
reviendrons pas.
Il n'y a rien de bien particulier à dire des gros vaisseaux trans-
portant le sang artériel. La figure montre avec suffisamment de
netteté les veines branchiales (vb), l'aorte (aoa), l'artère viscérale (av)
et les artères des deux pectorales (ap).
Le seul point digne d'être noté est la manière dont se comporte
l'aorte postérieure (aop) qui longe le rein gauche sur son bord
interne en suivant exactement les trois grandes sinuosités qu'il
décrit dans la région de la vessie natatoire.
Les deux veines cardinales antérieures (vca) sont extrêmement
volumineuses ; elles se continuent à plein canal avec les posté-
rieures.
La postérieure droite (vcp) est beaucoup plus volumineuse que la
gauche et cette dernière semble bien se jeter dans la première au
point où les reins s'accolent entre euxantérieurement. Si j'ai correc-
tement interprété mes préparations la veine caudale (vc) viendrait
se terminer en ce dernier point et aurait par suite une très grande
longueur. Pendant son trajet dans la région de la vessie natatoire
cette veine longe le rein droit sur son bord interne en suivant exac-
tement toutes ses sinuosités (vci) se comportant ainsi de la même
manière que l'aorte postérieure par rapport au rein gauche.
Il y a une ou deux capsules surrénales (es) situées un peu en
arrière du point où les deux reins s'accolent pour la seconde fois.
La vessie urinaire (vu), les glandes génitales (tes), ne présentent
rien de particulier à signaler.
La papille uro-génitale (pug) n'a pas la même forme dans les deux
sexes : elle est beaucoup plus large et beaucoup plus obtuse chez la
femelle que chez le mâle.
vin NOTES ET REVUE
Enfin j'ai constaté la présence de deux glandes (g a) dont le déve-
loppement est très variable suivant les individus et qui se trouvent
situées en arrière du point d'aboutissement des deux canaux défé-
rents. Elles n'existent que chez le mâle et semblent bien constituer
des annexes de l'appareil reproducteur.
Ces glandes rappellent tout à fait celles que l'on rencontre chez
le mâle du Gobius paganellus.
Aphya Ferreri. — Cette espèce a été décrite récemment (Archives
de Zool. exp., J 908, N. et B.) par Odon de Buen et Louis Fage qui
l'ont rencontrée en grande abondance aux environs de Manon
(Ile Minorque).
J'ai eu l'occasion d'étudier les reins de quelques-uns des
spécimens que je dois à l'amabilité de Fage. Ces reins comparés à
ceux de l'A. pellucidane présentent que quelques différences de
détail. J'insiste sur la persistance du glomérule du pronéphros que
j'ai rencontré dans tous les individus que j'ai disséqués. Les dimen-
sions de ces animaux étaient comprises entre 26 et 29 millimètres.
Ils n'étaient pas en état de reproduction : mais ils devaient cepen-
dant ne pas être éloignés de l'âge adulte car Buen et Fage assignent
à l'espèce une longueur maxima de 29 millimètres notablement
inférieure à celle de l'espèce précédente qui, d'après les mêmes
auteurs, peut atteindre 52 millimètres.
Tripterygion nasus. — J'ai étudié jusqu'ici les reins de treize indi-
vidus : neuf mâles et quatre femelles provenant de Naples ou de
Bahyuls.
Les mâles avaient des longueurs comprises entre 51 et 66 milli-
mètres : ils étaient tous adultes.
Les femelles comprises entre 54 et 62 millimètres devaient être
adultes elles aussi; mais aucune cependant n'a été trouvée gravide.
Je ne crois pas devoir donner ici la description détaillée de la
forme extérieure des reins du Tripterygion cette forme étant banale ;
mais j'appelle l'attention sur le pronéphros qui ici encore se con-
serve parfaitement fonctionnel jusque chez l'adulte.
Les pièces que j'ai étudiées ne se prêtant pas aux injections et les
reins étant très épais, je n'ai pu observer que le glomérule et la
partie initiale du canal segmentaire qui lui fait suite.
Les deux glomérules pronéphi étiques se trouvent situés de chaque
NOTES ET REVUE ix
côté du point d'émergence de l'artère mésentérique ; ils sont souvent
tangents à la paroi de la racine de l'aorte ou très rapprochés de ce
vaisseau ; mais ils peuvent aussi en être fort éloignés. Dans les deux
cas les artères pronéphrétiques existent et sont même parfois très
longues.
Lorsque les glomérules affectent la première position leurs
artères sont presque parallèles à la paroi de l'aorte primitive.
Les deux glomérules sont situés à une distance assez variable en
avant du premier cartilage intervertébral. Cette distance est au
maximum un peu inférieure à la longueur des corps des deux pre-
mières vertèbres et au minimum un peu supérieure à celle du corps
delà première vertèbre. Les corps vertébraux du Tripterygion sont
d'ailleurs extrèmemement courts.
Au sortir de la capsule de Bowmann le canal segmentaire se
dirige transversalement en décrivant quelques sinuosités. Après un
court trajet il commence à se revêtir de tissu lymphoide qui
augmente rapidement d'épaisseur. L'ensemble ainsi formé constitue
bientôt une petite masse conique qui se greffe sur la face interne
du rein à une très petite distance de son extrémité antérieure.
En raison de l'épaisseur qu'acquiert bientôt l'appendice du rein
ainsi formé on ne peut suivre le canal segmentaire qu'ilcontient que
pendant un très court trajet.
Clinus argentatus. — Je n'aiexaminéque les reins de six individus
de cette espèce : cinq femelles longues de 50 à 67,5 millimètres et
un mâle de 60,5 millimètres. J'ai tout lieu de croire ces animaux
adultes étant données leur taille et l'époque de leur capture
(Novembre).
La forme générale des reins ne présente rien d'extraordinaire à
noter; il faut cependant mentionner la grande étendue de leur
surface de contact avec les vertèbres d'où résulte la très grande
difficulté qu'on éprouve toujours à extirper ces organes sans les
léser; mais ces détails ne peuvent trouver place ici.
Dans les six individus dont il a été parlé plus haut nous avons
trouvé en parfait état de conservation les deux glomérules proné-
phrétiques.
Le rein du Clinus se termine antérieurement par un mince appen-
dice en forme de corne généralement incurvé avec concavité interne.
Leglomérulepronéphrétique se trouve situé non loin de l'extrémité
x NOTES ET REVUE
de cet appendice et sur sa face interne concave. Il est généralement
presque sessile, quelquefois intra-rénal; mais quelquefois aussi
longuement pédoncule.
Chaque glomérule est toujours réuni à la racine de l'artère mésen-
térique par une longue artère pronéphrétique très déliée.
En résumé, la présente note fait connaître trois nouveaux cas
certains (Aphyapellucida Nardo, Tripterygion nasus Risso, elCHnus
argentat usRisso) et un quatrième très probable (Aphya FerreriBuen
et Fage) de persistance du pronéphros chez des téléostéens adultes.
Ces cas sont à ajouter à ceux, au nombre de vingt-six, sur les-
quels nous avons attiré l'attention dans une étude précédente
[C. R., il aoûl 1908).
II
SUR LE DÉVELOPPEMENT DES LUCERNARIDÉS
(Note Préliminaire)
par W. Wietrzykowski
Au mois de juin de 1909 j'ai entrepris à Roscoff sur le conseil de
M. Hérouard, auquel j'exprime ici ma plus profonde reconnaissance,
l'étude du développement des Lucernaridés. Cette étude a été tentée
bien des fois, mais on s'est toujours heurté à la difficulté d'élever
des larves et à l'impossibilité de les retrouver à l'état libre. Ce n'était
pas encourageant et, en effet, je suis resté au début sans résultat
pendant plus de deux mois, mais grâce aux excellentes conditions
de travail que l'on trouve à Roscoff et surtout grâce aux précieux
conseils que j'ai reçu pendant tout le temps de mon travail de la
part de M. Hérouard, j'ai réussi à faire franchir à ces animaux le
point critique de leur évolution et à obtenir des stades beaucoup
plus avancés que ceux que l'on avait obtenus jusqu'à présent.
Nous trouvons chez Fol (1873, p. 487) les premières indications
sur le développement des Lucernaridés. Il dit notamment que les
arves ovalaires, couvertes de cils vibratiles nagent activement pen-
dant quelques jours, puis se fixent sur les algues. Comme nous
verrons plus loin ces larves n'ont pu appartenir à des Lucernaridés.
Korotneff (1876), dans son travail sur l'anatomie et l'histologie
NOTES ET REVUE xi
des Lucernaires, consacre un article au développement de Hali-
clystus octoradiatus Clark. Il a vu que les ovules sont entourés d'une
membrane résistante, munis d'un micropyle et que la segmentation
est totale, mais il se trompe lorsqu'il dit que la segmentation
aboutit à la formation d'une larve munie de cils vibratiles et d'une
cavité centrale.
Les premières observations justes et plus étendues sont dues à
Kowalewsky (1884). Kowalewsky ne précise pas sur quelle espèce
il a travaillé, mais comme il a fait ses recherches au bord de la Mer
Noire c'est probablement de Lucernaria campanulata Lainôur. qu'il
s'agit. D'après lui, l'œuf, après une segmentation totale et égale,
aboutit à la formation d'une moruladont toutes les cellules réunis-
sent leurs extrémités internes au centre, sans laisser place à aucune
cavité interne. L'endoderme se forme probablement par délamina-
tion unipolaire, mais dans tous les cas sans l'invagination. Finale-
ment on obtient une planula dépourvue de cils vibratils et dont les
cellules endodermiques sont disposées en file. Les planulas se
fixent, s'entourent d'une enveloppe gélatineuse et restent dans cet
état plusieurs semaines pour dépérir lentement par la suite.
Disons d'avance que toutes ces observations sont justes, en ajou-
tant que l'enkystement des larves ne se produit pas, sauf dans de
mauvaises conditions vitales.
Ce travail a été repris sur Haliclystus octoradiatus par Bergh
(1888) qui confirme les observations de Kowalewsky et ajoute quel-
ques figures, mais sans aller plus loin. Il signale, en outre, une
forme jeune trouvée à l'état libre, déjà assez complètement déve-
loppée, mais chez laquelle les tentacules sont distribuées plus ou
moins régulièrement le long du bord de l'ombrelle.
Les résultats, surtout de ces deux derniers travaux, constituaient
toutes nos connaissances sur le développement des Lucernaires.
Il y a trois espèces de Lucernaridés à Roscoff, mais c'est surtout
chez Haliclystus octoradiatus Clark que j'ai observé le développe-
ment, vu la facilité avec laquelle on peut s'en procurer. Des deux
autres espèces Lucernaria campanulata Lamour. et Lucernaria
Leuckarti Tasch., je n'ai obtenu qu'une petite quantité d'œufs qui
d'ailleurs se sont segmentés normalement et sont arrivés au stade
de la Planula, mais ces dernières ont péri sans se développer. Ces
stades examinés in vivo ne présentaient aucune différence apparente
avec les stades correspondants de Haliclystus.
xi! NOTES ET REVUE
Les Lucernaridés ont des sexes séparés, mais aucun caractère
sexuel secondaire ne permet de les distinguer extérieurement. La
couleur, invoquée par Korotneff (1876), ne me paraît pas avoir de
valeur réelle. En effet, il y a chez Halidystus deux nuances prin-
cipales de coloration : une rouge et une verte, beaucoup plus rare-
ment ils sont incolores ou d'un bleu très clair. Parmi ces deux
colorations principales il y a tous les passages possibles. Or, d'après
Korotneff, la couleur rouge caractérise les femelles et la couleur
verte les mâles, mais, comme j'ai pu m'en assurer plusieurs fois, il
y a en général dans un lot &' Halidystus de même couleur autant
de mâles que de femelles. Ce n'est qu'à l'examen des organes géni-
taux, sous un grossisement assez fort, que l'on peut distinguer les
deux sexes.
Ces organes génitaux sont formés de capsules spériques dis-
posées en rangées serrées de chaque côté des cloisons. Ces capsules
sont en général d'autant moins arrivées à maturité qu'elles sont
plus éloignées de l'extrémité des bras. Elles ne sont pas mûres
toutes à la fois, mais successivement, de telle sorte qu'un Hali-
dystus peut pondre plusieurs jours de suite, peut-être même toute
la belle saison. Les produits sexuels mûrs, rejetés de la capsule par
un conduit spécial, tombent dans le canal radiaire correspondant et
de là sont évacués au-dehors.
Ce qu'il y a de plus intéressant dans tous ces phénomènes c'est la
fixité du moment de la ponte. Si l'on tient les Halidystus en repro-
duction dans de l'eau bien aérée, on est frappé de voir que tous les
individus mûrs, aussi bien mâles que femelles, comme à un signal
donné, commencent à émettre leurs produits sexuels. Les mâles
éjaculent leur sperme sous forme de nuages blanchâtres flottant
dans l'eau, et les femelles pondent leurs ovules sous forme d'une
petite traînée tombant verticalement au fond. C'est entre huit heures
et huit heures et demie du soir que ces phénomènes se produisent
pour Halidystus pendant les mois de juillet et d'août.
11 en est de même pour Lucernaria Leuckarti dont je n'ai vu
qu'une seule fois la ponte. Pour Lucernaria. campanulata je n'ai vu
que trois fois la ponte et elle se produisait entre minuit et une heure
du matin.
Lorsque l'on tient les Halidustus dans une cuvette plusieursjours
sans renouveler Teau, ils pondent moins abondamment et beau-
coup plus tôt, vers six heures ou cinq heuresdu soir, quelquefoismème
NOTES ET REVUE xm
vers midi. Il est intéressant de rapprocher cette expérience de ce fait
que vers la fin du mois d'août et au mois de septembre les Haii-
clystus, placés dans l'eau bien aérée, pondent sensiblementplus tôt :
entre six et sept heures du soir. On pourrait peut-être en trouver
une explication dans ce que les conditions de la reproduction pen-
dant l'automne deviennent moins favorables que pendant l'été, mais
il est beaucoup plus difficile d'expliquer le déterminisme par lequel
tous ces animaux, à un moment strictement déterminé et pendant
un temps très limité, rejettent simultanément leurs produits sexuels.
La fécondation s'effectue en dehors du corps maternel. Il m'a été
impossible de voir directement la pénétration du spermatozoïde, vu
la petitesse extrême des produits génitaux, mais la présence sur
l'ovule d'une enveloppe résistante et la présence d'un grand micro-
pyle laisse à supposer que c'est par ce dernier seul que la pénétra-
tion se produit.
En ce qui concerne l'émission des globules polaires, il y en a deux,
comme il a déjà été observé par Kowalewsky, et leur emplacement
se trouve très généralement sur le bord du micropyle, mais quel-
quefois ils en peuvent être plus ou moins écartés.
Il m'est impossible de donner des indications précises sur le
temps séparant les différents stades delà segmentation. Si Ion
observe une grande quantité d'œufs, on voit que ce temps est
variable ou bien, ce qui me paraît plus probable, que tous les
ovules n'ont pas été fécondés en même temps ; car, au bout de quel-
ques heures, on a tous les stades de segmentation mélangés au
hasard. L'observation directe sous le microscope d'un œuf isolé sur
une lame ne m'a jamais réussi. Je ne peux donc donner que des
valeurs approximatives.
Environ deux heures après la ponte, on voit apparaître le premier
plan de segmentation, qui passe par le micropyle et divise l'œuf en
deux blastomères sensiblement égaux. Nous avons vu que les glo-
bules polaires sont rapprochés du micropyle, et comme ce dernier
devient indistinct pendant la segmentation et que les globules
polaires ne sont pas toujours bien visibles, on ne peut dire si c'est
le point de pénétration du spermatozoïde ou bien la position des
globules polaires qui déterminent le premier plan de division, car,
dans le cas ou ces derniers sont écartés du micropyle avant la seg-
mentation, une observation suivie serait nécessaire.
Le deuxième plan de segmentation apparaît vers onze heures et
XIV
NOTES ET REVUE
demie du soir. Il est perpendiculaire au premier, passe également
par le point d'émission des globules polaires et divise les deux blas-
tomères en quatre, tous égaux entre eux. Vers une heure du matin
du jour suivant, un plan équatorial et perpendiculaire aux premiers
sépare les quatre blastomères en 8 tous égaux entre eux.
Un plan méridien, perpendiculaire à ce plan équatorial et bissec-
teur des deux plans méridiens précédents, divise 4 de 8 blastomères
du stade précédent et aboutit à
la formation de 12 cellules dont
4 grandes restées indivises et
8 petites. Mais bientôt, vers sept
heures du matin, un sixième plan
également méridien et perpen-
diculaire au précédent divise les
Eji
4 grands blastomères et Ton
Fig. i.
Fig. I. x 950. — Formation de l'endo-
derme. En. cellules endodermiques.
obtient ainsi 16 cellules toutes
égales entre elles; finalement
deux plans parallèles à l'équateur
et situés de part et d'autre divi-
sent chaque groupe de 8 blasto-
mères en lb' et Ton a vers sept heures du matin 32 blastomères
sensiblement tous égaux et pareils entre eux.
On voit que la segmentation est totale et égale et aussi régulière
que possible. En aucun moment on ne voit apparaître de cavité de
segmentation, tout au plus remarque-t-on de légères fissures entre
les cellules, sans que jamais elles aboutissent à la formation d'une
cavité régulière.
C'est au stade de 32 blastomères et aux stades suivants que se
forme l'endoderme.
A ce moment chaque blastomère a la forme d'une pyramide très
allongée dont le sommet est tourné en dedans ; près de sa base
tournée vers le dehors se trouve le noyau. Les sommets de tous les
blastomères se réunissent au centre de l'embryon. A un stade plus
avancé j'ai trouvé deux cellules endormiques (fig. I, En.) centrales
entourées par 32 cellules ectodermiques, encore très allongées
radiairement, mais déjà rectractées pour laisser la place aux cellules
endodermiques. On remarque même un petit espace séparant ces
dernières des cellules ectodermiques.
Je n'ai pu voir comment se sont formées ces deux premières
NOTES ET REVUE xv
cellules endodermiques, mais il me semble naturel de supposer
qu'elles résultent de la division tangentielle de deux des blasto-
mères primitifs. Je ne peux être affirmatif non plus sur l'apparition
d'autres cellules endodermiques, mais il me semble bien qu'il existe
ici côte à côte trois processus différents : 1° la division de cellules
endodermiques préexistantes,
car on rencontre fréquemment
les différents stades de division
dans ces cellules ; 2° la division
tangentielle de cellules ectoder-
miques, comme l'admet Kowa-
lewsky, bien que ni lui, ni moi
n'ayons jamais constaté la pré-
sence de fuseaux de division
dirigés radiairement. La possi-
bilité de ce mode de formation FlÇ: »■ x,.950- ~ formation de la planula
disposition radiaire des cellules endoder-
des cellules endodermiques ne miques autour du futur axe de la pla-
nula. Ec, ectoderme; En, endoderme,
peut être basée pour le moment
que sur leurs rapports avec les cellules ectodermiques. Enfin,
3° la migration de cellules ectodermiques à l'intérieur de
l'embryon. On constate, en effet, assez souvent la présence de
cellules en forme de bouteille dont l'extrémité renflée renfermant le
noyau est située entre les cellules endordermiques, et la partie
effilée s'insinue entre les cellules ectodermiques pour arriver jus-
qu'à la surface. Cette coexistance de plusieurs modes différents de
la formation de l'endoderme n'est pas spéciale aux Lucernaridés
car Hyde (1894) l'indique également pour Aurélia flavidula.
Quoi qu'il en soit, il se forme en tout 16 cellules endodermiques,
rarement davantage.
A ce stade l'embryon a une forme sphérique et sur la coupe
montre une enveloppe ectodermique composée de cellules cubiques
et un amas de cellules endodermiques dont une occupe en général
le centre, les autres étant disposée entre cette dernière et les
cellules ectodermiques, mais bientôt elles subissent des modifica-
tions daus laforme et l'arrangement, qui les amènent à la dispo-
sition caractéristique chez la planula libre.
Les cellules ectodermiques se multiplient rapidement tandis que
les cellules endodermiques s'aplatissent et se disposent radiairement
autour du futur axe longitudinal de la planula libre (fig. II).
En
Fig. 3.
Fig. III. x 800. Planula avant
l'éclosion ; Ec, ectoderme ;
En, endoderme; v, vacuoles;
c, coque.
Ê.c
xvi NOTES ET REVUE
L'embryon tout entier s'allonge graduellement, mais comme la
coque qui le renferme ne se distend que peu, il est forcé de se
replier sur lui-même. En effet, on voit apparaître latéralement un
pli ectodermique en demi-cercle qui
s'approfondit de plus en plus en refou-
lant devant lui les cellules endoder-
miques qui finissent par se disposer
en éventail autour de lui. Ce phé-
nomène s'accentue graduellement, l'em-
bryon continue à s'allonger et paraît
être replié sur lui-même. A ce moment
l'endoderme ne forme plus qu'une seule
rangée de cellules (fig. III). En même
temps que ces
transformations
ont lieu, les cel-
lules endodermiques subissent des modifi-
cations profondes dans leur structure : leur
protoplasma s'éclaircit et on voit apparaître
dans leur intérieur des vacuoles qui, d'abord
petites, augmentent de volume, se réunissent
entre elles et finissent par ne former qu'une
seule grande vacuole, qui a elle seule occupe
la plus grande partie de la cavité cellulaire, le
protaplasma réduit étant refoulé à la péri-
phérie. En ce moment l'embryon est prêt à
éclore. En effet, en un certain point de la coque,
correspondant à une des extrémités de l'em-
bryon replié, il se forme une proéminence,
développée probablement sous l'effort du déplis-
sement de l'embryon ; la partie proéminente de
la coque éclate et par l'orifice circulaire ainsi
formé la larve sort lentement.
La Planula (fi g. IV) qui sort delà coque est un
être allongé mesurant en général 116 \x de longueur sur 18 jx de lar-
geur. A l'état d'extension elle présente partout la même épaisseur,
mais elle peut présenter desdéformations diverses par suite decontrac-
tions et son corps peut s'infléchir dans tous les sens possibles. La
Planula est composée d'une enveloppe externe ectodermique et d'un
En
Fig. IV. x 600. — Pla-
nula libre. Ec, ecto-
derme ; En, endo-
derme ; v, vacuoles ;
it, nématocystes.
NOTES ET REVUE xvm
axe de cellulesendodermiques.Lescellulesectodermiques sont à con-
tour hexagonal et tresaplatiestangentiellement.il y en a généralement
15 longitudinalement et 8 transversalement. Les cellules ectoder-
miques peuvent émettre des prolongements gros et courts, et surtout
aux deux extrémités du corps. Ces prolongements semblent servir
à la larve pour la fixation de-ces extrémités pendant la reptation.
Toutes les cellules ectodermiques sont semblables entre elles, sauf
celles situées aux deux extrémités du corps qui sont beaucoup plus
minces que les autres. Dans le tiers inférieur du corps on remarque
quelques nématocystes dans l'ectoderme. Ils se développent géné-
ralement un certain temps après l'éclosion, mais parfois leur forma-
tion est plus précoce et précède même l'éclosion.
Les cellules endodermiques disposées en file sont très générale-
ment au nombre de 16, cependant on peut rencontrer des planulas
présentant un nombre moindre ou plus grand de ces cellules, 10 ou
2-4, par exemple, mais des écarts aussi sensibles sont plutôt rares
et ne se rencontrent que dans certaines pontes. Les cellules endo-
dermiques sont en forme de cylindres larges et courts, mais qui
sont susceptibles de varier considérablement en hauteur suivant
l'état de contraction de la larve. A l'état d'extension maximum leur
hauteur est égale à la largeur et les cloisons séparatrices deviennent
légèrement courbes, présentant la concavité dirigée en avant et la
convexité dirigée en arrière. Les deux cellules endodermiques ter-
minales présentent chacune une base plate et le sommet arrondi ;
elles dépriment fortement les cellules ectodermiques adjacentes et
déterminent ainsi l'aplatissement extrême de ces dernières aux
deux extrémités du corps.
Toutes les cellules endodermiques sont frappées d'une dégénéres-
cence vacuolaire qui leur donne une ressemblance frappante avec
les cellules notocordales ou bien avec les cellules de l'axe endoder-
mique des tentacules de certaines méduses. Leur protoplasma est
réduit à un amas relativement petit, renfermantle noyau et appliqué
généralement contre la cloison postérieuredela cellule, et une mince
couche périphérique tapissant les parois; entre l'amas nucléaire et
la couche périphérique s'étendent des trabécules protoplasmiques.
Tout l'espace libre et qui constitue la grande partie de la cavité
cellulaire est occupé par un liquide clair incolorable. Examinée,
même avec les plus forts grossissements, la larve semble manquer
complètementdecils vibratileset, en effet, elle ne nage jamais, mais
xvin NOTES ET REVUE
se déplace en rampant. Dans ce but elle colle son extrémité anté-
rieure sur le substratum, se rétracte et cette rétration, marquée par
un aplatissement considérable des cellules endodermiques, se pro-
page d'avant en arrière; une fois contractée, elle colle son extrémité
postérieure et commence à se distendre en poussant en avant son
extrémité antérieure, et ainsi de suite.
En rampant ainsi, la larve sécrète toujours une substance qui lui
assure l'adhérence au substratum. Cette substance est légèrement
colorable par L'Hematoxyline et
si Ton colore avec cette matière
la lame sur laquelle rampaient
les Planulas, on peut suivre tout
le trajet, souvent fort sinueux,
parcourus par ces dernières.
Après quelques jours de vie
libre, le temps variant de 1 à 5
jours suivant les conditions, la
Planula se fixe définitivement.
Cette fixation s'opère par l'extré-
mité antérieure qui s'évase, et
l'extrémité postérieure munie
de nématocystes se dresse. Peu
à peu la larve se rétracte et fina-
lement devient hémisphérique.
Les cellules endodermiques qui étaient disposées en file, se disloquent
et forment un amasserré, sans laisser place à une cavité interne quel-
conque. Pendantlafixation intervient un phénomène biologique inté-
ressant qui semble être lié avec le mode de nutrition des larvesfixées.
Les Planulas se rassemblent et se fixent côte à côte par groupes
composés de 2 à 20 individus suivant le nombre de Planulas et
l'espace sur lequel elles ont été disséminées. Cette disposition n'est
pas accidentelle. Le fait que dans une culture de larves les individus
isolés sont rares, que la surface couverte par un groupe de larves
est plus petite que l'espace séparant les différents groupes et enfin
que les individus composant le même groupe sont tellement serrés
les uns contre les autres qu'ils deviennent polygonaux, l'indique
suffisamment (fig. V.). Les larves se nourrissent surtout de Nauplius
de Copepodes, c'est-à-dire d'animaux beaucoup plus grands qu'elles
et il semble que plusieurs larves d'un même groupe concourent à
Fig. 2.
Fxg. V. x 140. — Un groupe de larves fixées
(£) avec un Nauplius (iV) tué par elle.,;
NOTES ET REVUE xix
la capture d'une même proie. Pour plus de détails je renvoie à la
note (1909) publiée par moi récemment.
La larve nourrie activement grossit, mais aucun changement
extérieur n'intervient pendant cette période de croissance qui dure
une quinzaine de jours. Les cellules ectodermiques et endodermiques
se multiplient activement, mais je ne puis fixer exactement le
moment d'apparition d'une cavité endodermique dont je n'ai cons-
taté la présence que dans le stade beaucoup plus avancé. Il en est
de même pour la bouche. En faisant des coupes longitudinales de
larves, quelques jours après leur fixation, en train de manger un
nauplius, on peut constater facilement que l'ectoderme est rompu au
point de contact avec la proie et l'endoderme y est à nu. C'est
par cet orifice que pénètrent les fragments ingérés dans les
cavités irrégulières dont est creusée la masse endodermique,
mais rien ne prouve que cet orifice soit la bouche définitive
ou qu'il ait été formé provisoirement pour engloutir la proie,
d'autant plus que les coupes faites dans une larve plus âgée de
quelques jours, mais qui n'a pas mangé depuis un certain temps,
ne laissent pas constater la présence d'une bouche. Dans ce cas, il
se peut également, que la bouche fortement rétractée ait pu échapper
à l'examen et jusqu'à plus ample informé, on ne peut-être affirmatif
à cet égard.
Peu après la fixation, l'ectoderme du pôle inférieur s'épaissit,
devient glandulaire ets'invagine profondément. La cavité d'invagi-
nation est au début presque sphérique et ne communique avec
l'extérieur que par un court et étroit canal. Le fond de l'invagina-
tion est tapissé par des cellules hautes et étroites, chacune munie
d'un noyau et d'un contenu finement granuleux. C'est la glande
pédieuse. L'épiderme du pourtour de l'invagination montre égale-
ment des caractères spéciaux. Il est composé de cellules de
soutien allongées et de deux sortes de cellules glandulaires : les
unes, assez clairsemées et situées surtout dans la moitié supérieure
du haut épithélium épidermique, sont remplies d'une sécrétion en
forme de bâtonnets courbes ressemblant à des bactéries et forte-
ment colorables par l'éosine ; les autres, plus grandes, plus nom-
breuses, renferment un amas de granulations sphériquesse colorant
de préférence par le vert-lumière. On voit souvent la sécrétion de
la première catégorie de cellules glandulaires traverser la cuticule
dont est recouvert l'épithélium épidermique et sortir au dehors
xx NOTES ET REVUE
toujours sous forme de bâtonnets ou de filaments. La moitié infé-
rieure de la larve est entourée d'un étui chitineux qui est bien
développé et distinct de la cuticule tout à fait à la base, mais qui
plus haut s'amincit et se confond avec elle. L'invagination glandu-
laire pédieuse persiste longtemps, au moins dans tous les stades
que j'ai observé, mais en se dévaginant légèrement.
C'est au moment de l'achèvement de l'invagination pédieuse que
j'ai pu remarquer pour la première fois l'existence d'une cavité
gastrique. Cette cavité semblait résulter de la destruction de la
portion centrale d'une masse endodermique primitivement pleine :
les cellules qui la limitaient ne se sont pas encore ordonnées pour
former une couche épithéliale régulière et elle renfermait dans son
intérieur des cellules arrondies éparses ça et là qui semblaient
représenter le reste de la portion centrale détruite. Comme je l'ai
dit plus haut, je n'ai pu constater la présence de communication de
cette cavité avec l'extérieur.
A un stade un peu plus avancé, la larve avait augmenté considé-
rablement de volume; elle présentait 150 \l environ de diamètre.
Son contour antérieurement plus ou moins arrondi est devenu
quadrilobé. Environ vingt-quatre heures après l'apparition des
lobe-, il se produit un phénomène fort intéressant du bourgeonne-
ment. J'ai observé le bourgeonnement sur 32 larves, c'est-à-dire
sur toutes les larves qui, provenant de la segmentation des œufs
pondus au mois de juin, avaient persisté jusqu'à la fin du mois
d'août et avaient continué, par la suite, à se développer normale-
ment. Sur ces 32 larves bourgeonnantes, je n'ai pu voir d'une
manière certaine le nombre de tous les bourgeons formés, leur
succession et le lieu de leur formation que sur trois d'entre elles.
Sur toutes les autres, j'ai observé la formation tantôt d'un, tantôt
de deux bourgeons, sans que je puisse dire si une larve donnée
avait formé encore d'autres bourgeons ou non. Cela tient à ce que
les bourgeons se forment et se détachent avec une grande rapidité
et aussi bien pendant le jour que la nuit, ce qui rend l'obser-
vation précise très difficile.
Une des larves, dont (fig. VI, A et B) j'ai pu observer le bour-
geonnement complet, était vers dix heures et demie du matin
nettement quadrilobée, revêtue d'un ectoderme à cellules très
claires tranchant sur l'endoderme à cellules plus opaques. Les deux
lobes /' et /2 (fig. VL A) montraient un ectoderme plus mince que
NOTES ET REVUE xxi
celui des aulres lobes. Vers cinq heures vingt du soir, les cellules
endodermiques des lobes en question s'étaient éclaircies notable-
ment et devenues par cela peu distinctes des cellules ectoder-
miques qui à leur tour s'étaient aplaties davantage. Bientôt les
sommets de ces deux lobes commencèrent à s'allonger perpendicu-
lairement à la surface de l'individu bourgeonnant, et vers sept
heures dix du soir les deux bourgeons avaient pris l'aspect de deux
tentacules mobiles (fig. VI, B) pouvant s'incliner lentement dans
tous les sens. A huit heures du soir, la base de chaque bourgeon
commença par s'étirer progressivement et ils finirent par se
détacher complètement. Les bourgeons tentaculiformes une fois
bl.
Fig. 6.
Fig. VI. x 140. — Une larve quadrilobée (A) et la formation (B) des 2 premiers
bourgeons tentaculiformes. I*, l*, l3 et l*, lobes ; b1 et b'-, bourgeons tentaculiformes
libres se sont mis à ramper de la même manière que les planulas
décrites plus haut. Le matin du jour suivant, le lobe /3 présentait
les mêmes modifications que les lobes /' et l- et à cinq heures du
soir du même jour formait un bourgeon semblable aux deux
premiers. Ce n'est que quatre jours après qu'un quatrième bour-
geon se forma de la même manière au dépens du lobe V". Après
avoir émis ces quatre bourgeons, la larve ne bourgeonnait plus,
mais entra en une autre phase d'évolution que je décrirai plus loin.
Une deuxième larve, dont j'ai suivi soigneusement le bourgeon-
nement, a formé comme la première d'abord deux bourgeons
simultanément et opposés, puis deux jours après un troisième bour-
xxii NOTES ET REVUE
geon suivi d'un quatrième à douze heures d'intervalle. Eu somme,
le phénomène du bourgeonnement se passait chez ces deux larves
exactement de la même manière, sauf la différence de temps sépa-
rant l'apparition de bourgeons successifs. Cette différence ne me
paraît pas avoir d'importance, car elle semble dépendre dans une
grande mesure de conditions extérieures et surtout de l'abondance
de la nourriture.
Une troisième larve dont j'ai suivi de plus près l'évolution pré-
sentait une modification plus importante: les deux premiers bour-
geons avaient été formés normalement,
mais le troisième, au lieu d'être un simple
accroissement centrifuge du sommet du
lobe, se développa d'une autre manière.
Les incisures, qui séparaient le lobe en
question des deux lobes voisins en s'ap-
profondissant, détachèrent une grande
portion de celui-là. Ce bourgeon était
arrondi, immobile, et resta pendant tout le
temps de son évolution ultérieure étroite-
£' ment appliqué contre le corps de l'indi-
fig. vu. x no. - Formation vidu qlli i'avajt produit. Le quatrième
anormale d un bourgeon b. -x x- -i
bourgeon opposé à ce dernier se forma
d'une façon normale. Nous voyons donc que ce troisième bourgeon,
un peu particulier, s'intercale dans le cycle normal de quatre bour-
geons tentaculiformes et par conséquent doit être considéré comme
leur homologue. Sur ces 32 larves, j'en ai vu 4 produisant un bour-
geon de cette façon.
Toutes les autres larves ont produit les bourgeons sans que je
puisse en observer le cycle complet et en voir se détacher de la
souche plus d'un ou de deux, mais le nombre de bourgeons libres
qui se promenaient sur le fond a été tel qu'on peut supposer que
toutes les larves ont formé quatre bourgeons. La plupart de ces bour-
geonsse développaient d'une façon normale, maiscertainsd'entre eux
présentaient certaines particularités que je crois utile à signaler.
Assez souvent un bourgeon, au lieu de se développer par accrois-
sement centrifuge du sommet du lobe, provient d'une sorte de
découpure tangentielle du bord de la larve. Dans ce cas, l'ébauche
du bourgeon apparaît bien au sommet du lobe, mais à ce moment
un sillon apparaît, qui partant d'un des angles (iig. VII) que forme
NOTES ET REVUE xxm
cette ébauche avec la surface de la souche, court parallèlement au
bord externe du lobe et en découpe ainsi une portion qui se redresse
et dont la base semble alors être située non pas au sommet du lobe
qui lui a donné naissance, mais à côté ou même empiétant sur le
lobe voisin.
La larve représentée sur la figure VIII montre encore une parti-
cularité intéressante : deux bourgeons apparaissent simultanément,
mais au lieu d'être opposés, ils sont
situés dans deux lobes voisins. En
outre, le bourgeon 61, en se for-
mai! tde la manière que nous venons
de décrire, empiète sur le lobe por-
tant le bourgeon b'2 et comme ce
dernier est au point de se détacher
définitivement de la souche, il
semble être rattaché par un mince
filet protoplasmique à labase du
bourgeon è1.
Quoi qu'il en soit, il semble que
le mode de bourgeonnement décrit
chez la première larve est le plus
normal, car chez les trois larves
observées soigneusement et chez
lesquelles je suis sûr de n'avoir
laissé passer inaperçu aucun bour-
geon, leur nombre était de quatre
apparaissant par paires opposées
beaucoup le plus fréquent était l'accroissement perpendiculaire à
la surface de la larve bourgeonnante.
Tous ces bourgeons ont mené une vie libre pendant quelques
jours en rampant exactement de la même manière que les planulas
décrites plus haut. D'ailleurs examinés à un fort grossissement, ils
ont montré une structure en tous les points comparable à celle des
planulas. L'ectoderme très mince revêt extérieurement un axe
endodermique composé d'une seule rangée de cellules. Le nombre
de ces dernières, plus de 60, est donc plus considérable que celui
des planulas, qui s'élève rarement au-dessus de 16, et comme la
longueur du bourgeon tentaculiforme (200 p) est seulement deux
fois plus grande que celle de la planula, les cellules endodermiques
Fig. 8.
Fig. VIII. x 140. — Formation anormale
des deux premiers bourgeons b' et b*.
leur mode de croissance de
NOTES ET REVUE
paraissent être plus serrées et plus étroites. Chose remarquable, les
bourgeons présentent quelques nématocystes limités comme chez
les planulas à la région postérieure du corps (par rapport à la pro-
gression). D'ailleurs ils suivent exactement la même évolution que
les planulas, provenant de la segmentation de l'œuf. Après quelques
jours de vie libre, ils se
fixent par leur extrémité
antérieure, leur extré-
mité postérieure munie
de nématocystes se
dresse, le corps se
rétracte, s'arrondit, et
après un certain temps
peut émettre également
des bourgeons de la
même manière que la
larve qui lui a donné
naissance. J'ai vu plu-
sieurs fois des larves
issues du bourgeonne-
ment bourgeonner àleur
tour, mais je n'ai pu sui-
vre le cycle complet de
leur évolution.
Il est assez difficile de
donner une explication
exacte de ces singulières
formations, mais leur
mode d'apparition et
leur structure permettent de supposer qu'elles représentent les
quatre tentacules primitifs du polype, devenus caduques et capables
de régénérer l'èlre tout entier.
Après avoir émis ses quatre bourgeons, la larve devient réguliè-
rement arrondie, ses lobes s'effacent, son diamètre transversal
diminue ; par contre, elle gagne en hauteur. Si l'on fait les coupes
longitudinales à ce moment, on voit (fig. IX) que l'intérieur de la
larve est occupé par une cavité plus ou moins régulière tapissée
d'une couche de cellules endodermiques : la glande pédieuse p reste
invaginée. Au pôle supérieur, la couche ectodermique est rompue
Fig. 9.
Fig. IX. x 400. — Coupe longitudinale d'une larve qui
a émis déjà ses quatre bourgeons. Ec, ectoderme ;
En, endoderme; ep, étui chitineux ; #, invagi-
nation pédieuse ; o, bouche.
NOTES ET REVUE xxv
en formant un orifice ovalaire o dans lequel l'endoderme est à nu.
C'est la bouche ; au pourtour d'elle, la distinction entre les feuillets
externe et interne est très nette. A un stade plus avancé, la larve
s'allonge davantage sans subir des modifications importantes, et à
un certain moment on voit apparaître les premières ébauches des
tentacules définitifs du polype.
A une certaine distance de l'extrémité supérieure qui est devenue
conique, le corps se renfle. Au-dessous du renflement, le corps est
régulièrement cylindrique —
c'est la partie qui correspond
au pédoncule du polype; enfin ^^"^^^^Sc^ .'M. JÊb — &3-
le pédoncule se termine à sa
base par une partie renflée qui
renferme la glande pédieuse.
Au-dessous de l'hypostome ou
partie terminale supérieure, on
voit apparaître deux mamelons p- ja
opposés entre eux qui, deux „ v nn n , . , , . ,
^r ^ Fig. X. x 90. — Polype a 4 tentacules vu
JOUI'S après leur apparition, se obliquement, h, hypostome, /', t2, tet tl,
„ , . . tentacules,
transforment en deux tenta-
cules. Ces deux tentacules ont l'aspect et la structure identique
à celle des tentacules des adultes ; ils sont capités et creux,
leur cavité étant tapissée par une couche de cellules endoder-
miques. Sous l'épithélium ectodermique, on constate la pré-
sence de fibres musculaires longitudinales qui permettent aux
tentacules de s'incliner dans tous les sens. A sa base, chaque tenta-
cule porte un renflement situé du côté externe et qui descend sur
la colonne du polype. Ce renflement est formé par des cellules
glandulaires analogues à celles que l'on trouve dans les corps mar-
ginaux des adultes. Cette particularité donne à penser que ces
premiers tentacules sont destinés à se transformer au cours d'évo-
lution en corps marginaux des adultes.
Le stade à deux tentacules persiste pendant quelques jours et
donne au jeune polype la forme d'une croix tout à fait caractéris-
tique. Le troisième tentacule apparaît latéralement entre les deux
premiers et à un niveau légèrement supérieur. Il croît rapidement
et alors les trois tentacules (fig. X) devenus tous égaux sont situés
à des distances égales entre eux, faisant des angles de 120°, dispo-
sition qui donne au polype une symétrie triradiale. Cependant,
NOTES ET REVUE
Fig. H.
Fie XI. x 75. — Polype à
4 tentacules, assez rétracté.
cette disposition ne dure pas longtemps, car bientôt un quatrième
tentacule apparaît, opposé au troisième et situé à un niveau encore
supérieur par rapport à ce dernier. Il grandit peu à peu et rétablit
la symétrie quadriradiale primitive (fig. XI). Ces stades à quatre
tentacules et avec l'ébauche du cinquième
sont les stades les plus avancés obtenus
par l'élevage jusqu'à présent et dont un
certain nombre a été laissé dans l'aquarium
de Roscoff.
Avant de finir, je voudrais encore me
ntionner les deux stades beaucoup plus
avancés que j'ai trouvés à l'état libre.
Le premier a été déjà vu une seule fois
par Bergh. Je ne lai rencontré qu'une seule
fois également et encore il a péri sans
que j'ai pu en faire une étude plus détaillée.
C'était une toute petite Lucernaire, mesurant lmm 1/2 de hauteur,
sans indication de bras. Au
milieu de la sous-ombrelle, on
pouvait voir un manubrium peu
saillantàbouche carrée. Lessac-
cules sous-ombrellaires et les
mésogonies étaient parfaite-
ment formées. Les tentacules,
au nombre d'une trentaine,
étaient disposés plus ou moins
régulièrement au bord de
l'ombrelle. Huit d'entre eux
étaient situés dans les perradius
et les interradius et un peu en
dehors par rapport aux autres et
étaient légèrement plus grands;
ils présentaient en outre un ren-
flement basilaire de leur pédon-
cule. Sans aucun doute, ils
représentaient les corps mar-
ginaux des adultes. Tous les autres ten tacules, à différents degrés de
développement, étaient situés en dedans des premiers et disposés
adradialement par groupes de deux ou trois.
Fig. 12.
Fig. XII. x 30. — Jeune Haliclystus sans bras
et à 8 tentacules, perradiaux et interra-
diaux, non complètement transformés en
corps marginaux.
NOTES ET REVUE xxvu
Le deuxième stade, dont j'ai retrouvé quelques exemplaires
(fig. XII), était représenté par une petite Lucernaire mesurant de
2 à 3 millimètres. La structure interne ne diffère en rien de celle
de la Lucernaire adulte. Les bras ne sont indiqués que par une très
légère ondulation du bord ombrellaire. Les perradius et les inter-
radius sont occupés par huit corps marginaux ou plutôt huit tenta-
cules incomplètement transformés en corps marginaux. En effet,
on y distingue aisément la tète bourrée de nématocystes et fixée
sur un pédoncule renflé. Ce dernier représente le corps marginal —
la tête va disparaître au cours de l'évolution ultérieure de façon à
ne pas même laisser de traces chez les animaux adultes. Les autres
tentacules étaient disposés par groupes de cinq à huit dans les
adradius.
Avant de finir, je crois de mon devoir de remercier vivement
mon excellent ami L. Garreta d'avoir bien voulu faire un dessin
reproduit ici sous le n° XII et de corriger le français de ma note.
Pains, 15 décembre 1909.
OUVRAGES CITES
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NOTES ET REVUE
III
QUELQUES DOCUMENTS
SUR HASTATELLA RADIANS ERLANGER
par P. de Beauchamp et B. Collin
Erlanger (1890) a décrit sous le nom de Haslatella radians n. g.,
n. sp. un très curieux Vorticellien libre, caractérisé parla présence
de deux couronnes parallèles de fulcres aigus, l'une implantée au
bord externe de la collerette du péristome, l'autre sur un bourrelet
circulaire saillant, environ au milieu du corps. « Les fulcres, dit-il,
sont en général au nombre de 16 à 20, répartis à peu près également
entre les deux couronnes ».
G. Entz (1901) a retrouvé cet intéressant Infuosire, mais avec une
série de variations remarquables dans le nombre des appendices :
beaucoup d'exemplaires en ont 4 seulement par couronne1, d'autres
8, 12, 16, ou même 24. Certains, par contre, en manquent complè-
tement ; ils sont alors de tout point semblables à la forme décrite
par Engelmann (1862) sous le nom d'Astylozoon fallax. Haslatella
radians en serait donc, d'après Entz, une simple variété.
Nous avons eu récemment la bonne fortune de rencontrer de
nombreux échantillons de cette espèce rare dans le produit d'une
pèche au filet fin faite par l'un de nous dans la région marécageuse
de la Dombes, auprès de Condeyssiat (Ain). C'était dans un étang
soumis à l'assèchement et à la mise en culture périodique comme
la plupart de ceux de la région ; il avait été vidé tout récemment et
la vase était encore molle autour de la petite mare qui subsistait
derrière le déversoir, assez profonde et en apparence tout à fait
dépourvue de végétation. Malheureusement ce plancton, qui ren-
fermait surtout une grande abondance de Rotifères et de Phyto-
flagellés (Euglena, Phacus, Eudorina), avec quelques Chydoridés et
nauplius de Copépodes, ne fut pas examiné en détail encore vivant,
mais soumis à une fixation en masse suivant la méthode de
Rousselet modifiée comme l'a indiqué l'un de nous (action succes-
sive d'un mélange de chlorhydrate de cocaïne et d'alcool méthylique,
et d'une solution d'acide osmique très étendue, puis conservation
1 Erlanger avait déjà rencontré ce cas chez un individu de très petite taille (pi. XXIX,
flg. 22).
NOTES ET REVUE xxix
dans le formol). Si les Rotifères, en vue desquels la fixation était faite
étaient fort bien étalés, les très nombreux individus de Hastatella
que nous avons pu y retrouver avaient tous le périslome rétracté,
et beaucoup les cils plus ou moins altérés et non visibles extérieu-
rement, de sorte que leur nature vorticellienne était peu évidente à
première vue. Mais la forme générale, les fulcres et les organes
internes étaient parfaitement conservés et ont pu être étudiés en
détail sur des individus montés soit simplement dans l'eau formolée,
soit dans la glycérine après action du vert de méthyle acétique qui
dans ces conditions colore le macronucleusdes Infusoires avec une
éiectivité parfaite.
Tous les individus observés par nous (une cinquantaine environ),
étaient pourvus de fulcres et répondaient entièrement à la descrip-
tion d'ERLANGER, sauf que les appendices étaient en général beau-
coup plus nombreux que sur ses figures, atteignant ou dépassant le
nombre maximum indiqué par Entz. Les chiffres fournis par ce
dernier auteur pour chacune des couronnes sembleraient indiquer
qu'il s'agit invariablement d'un multiple de 4, autrement dit : qu'il
existe une symétrie primitive tétramère et que, partant de là, le
nombre des appendices se double, triple, quadruple ou sextuple,
par l'adjonction successive d'autant de cycles tétramères. Les ten-
tatives de numération auxquelles nous nous sommes livrés ne
donnent guère de résultats bien satisfaisants : le nombre par cou-
ronne oscille en moyenne de 20 à 30, mais semble (dans ces limites)
tout à fait quelconque. La difficulté augmente du fait que, parmi
les fulcres, il yen a presque toujours de tailles assez diverses dans
un même cycle, quelques-uns même se réduisant à de très courtes
éminences; l'exemplaire de la figure 2 b est particulièrement carac-
téristique sous ce rapport. Ceci donne à penser que, peut-être, ils
seraient rétractiles à la façon de pseudopodes, ou bien caducs et
régénérables.
En tout cas, rien dans leur disposition ne trahit une loi de symé-
trie numérique définie. On peut seulement observer parfois, et sur
certains individus {celui de la figure 2 c par ex.) une tendance plus
ou moins nelteà la différenciation de 2 cycles distincts dans chaque
couronne de fulcres : parmi ceux qui s'insèrent au bord externe de
la collerette du péristome, les uns, plus longs, pointent vers l'exté-
rieur en divergeant fortement, tandis que d'autres, plus courts,
formant comme un second cycle interne, s'incurvent en conver-
xxx NOTES ET REVUE
géant vers le centre. De même, ceux qui s'implantent sur le bour-
relet équatorial du corps, pour former la couronne inférieure,
semblent se répartir en 2 rangées alternes insérées presque au
même niveau, comme 2 verticilles successifs de pièces, sépales,
pétales ou étamines, sur un réceptacle floral. L'un des cycles est
dirigé obliquement vers le bas, tandis que l'autre est horizontal ou
même un peu ascendant l.
La valeur morphologique des fulcres a été fort bien élucidée par
Fig. 1.
Fig. 1. Hastatella radians Erlanger (x 1180). Coupe optique longitudinale.
Erlanger : ce sont des prolongements du corps que revêt la même
membrane d'enveloppe, peut-être un peu amincie, et où pénètrent
les mêmes grains réfringents qu'on rencontre dans l'endoplasme;
(voir fig. 1). C'est donc à tort que G. Entz les désigne sous le nom
impropre de soies (Borste) tout comme la soie caudale (Schwanz-
borste) laquelle représente la scopula et fait par conséquent partie
intégrante de l'appareil ciliaire2. Aussi vaut-il mieux les nommer
1 Sur le m s les dessins de i \ 1/ qui semblent d'ailleurs assez schématiques les appen-
dices inférieurs semblent s'insérer dans un sillon ou étranglemenl circulaire du corps ;
nous 1rs avons toujours vu au contraire reposer sur un bourrelet saillant, tel que le
figure Erlanger.
'■ L'homologie établie dans la pensée de l'auteur entre les appendices el la soie cau-
dale, semble résulter nettement de plusieurs passages de son texte, el en particulier du
suivant : On trouve, dit-il, des individus 0 welclie. ausser der Scïrwanzborste, keine
einzige Borste tragen ».
NOTES ET REVUE xxxi
avec Erlanger du terme spécial de fulcres ou aiguillions (Stachel).
En discutant les affinités de Hastatella, Erlanger dit qu'on pourrait
comparer aux fulcres les « soies » ou « cirres » de certaines Urcéo-
laires (genre Cyclochœta Jackson) qui peut-être seraient aussi de
simples évaginations du corps protoplasmique, n'atteignant pas
l'épaisseur notable des fulcres de Hastatella. On sait jjue^FABRE-
/j
I
I
Fig. 2.
Fig. 2. Hastatella radians Erlanger ix 550) a et c, individus vus de profil; b, exem-
plaire à fulcres réduits, vus parle pôle aboral ; d, individu en division fissipare, vu
par le pôle oral.
Domergue au contraire (1888) voulait y voir l'équivalent du vélum
des Trichodina. Une étude nouvelle de la structure fine de ces
appendices (pour les Urcéolaires du moins) permettrait seule de
décider entre l'une et l'autre opinion ; il faudrait savoir en par-
ticulier si ces prétendus « cirres » peuvent ou non se résoudre en
fibrilles élémentaires, comme les cirres des Hypotricbes. Pour ce
qui est de Hastatella, aucun doute ne saurait être émis contre
l'opinion d' Erlanger,
xxxn NOTES ET REVUE
Le rôle biologique des fulcres est brièvement indiqué par ce der-
nier auteur comme devant être celui d'un appareil protecteur: dans
la position de nage, lorsque le péristome est largement ouvert, les
2 couronnes de fulcres sont rabattues vers l'arrière, offrant ainsi à
la progression le minimum de résistance; l'animal vient-il à ren-
contrer quelque obstacle, il se contracte brusquement en fermant
son péristome, à la manière d'une Vorticelle. Ce mouvement a pour
effet de rabattre vers l'avant les fulcres antérieurs, tandis que ceux
du bourrelet équatorial s'étalent dans un plan transverse avec le
maximum de divergence.
Sans vouloir en rien contester l'exactitude de ces conclusions,
l'auteur ayant eu le bonheur que nous n'avons pas eu d'observer
l'animal vivant, il semble que l'on puisse en même temps trouver
aux appendices si caractéristiques de Hastatella une autre signifi-
cation : bien que capable de se fixer momentanément par la soie
du pôle aboral, Hastatella n'en est pas moins une forme essentiel-
lement nageuse, vivant en pleine eau et dans les couches super-
ficielles, ainsi qu'il résulte des circonstances de sa capture et de la
présence avec elle de formes très nettement planctoniques, au
moins héléoplanctoniques (Eudorina, Polyarthra platyptera, lira-
chionus angularis, Rhinops vilrea, etc.). C'est pourquoi les fulcres
nous semblent pouvoir rentrer dans la catégorie des appareils de
sustentation, retardant la descente, au même titre que les appen-
dices si variés de tant d'êtres pélagiques: Péridiniens (Ceratium,
Ceratocorys, Cladopyxis) ; Diatomés (Chœtoceras, Stephanodiscus) ;
Chrysomonadinées (Chri/sospheerella longispina) ; œufs flottai) l> de
Poissons ou de Copépodes (formes Xanthidium et autres) ; larves
d'Echinodermes1, etc.
Des phénomènes de la reproduction chez Hastatella, on connaît
fort peu de choses : Erlanger n'a jamais réussi à observer aucun
stade de la division fîssipare. Ayant trouvé une fois, fixé près du
pôle postérieur d'un exemplaire ordinaire, un individu plus petit,
il l'interprète avec raison comme un microgamète en train de con-
juguer. La rencontre d'un très petit exemplaire libre (fig. 22,
pi. XXIX), ne portant à chaque couronne que A fulcres très courts,
lui fait penser qu'il proviendrait peut-être d'une division, mais ceci
1 Le fonctionnement décrit par Erlanger offre une convergence remarquable avec ce
qui se présente chez les Rotifères du (•■ TriarLhra où 1rs soies latérales, qui mit é\ idein-
ment aussi un rôle de sustentation passif, se rabattent brusquement en avant, lors de
l'invagination de in tête pour faire face à un danger quelconque.
NOTES ET REVIT. xxxiu
lui paraît « très incertain ». Nous avons eu la chance de rencontrer
un exemplaire (fig. 2, d) en voie de fissiparité assez avancée, mon-
trant le cercle supérieur de fulcres déjà divisé, ainsi que le péris-
lome, le bourrelet médian seulement étranglé, le macronucléus
étiré en biscuit. (Sur d'autres animaux, le noyau était ovalaire ou
brièvement réniforme, présageant sans doute par cet état condensé
nue division prochaine). La fissiparité végétative normale est donc
chez cette espèce une division égale et donne naissance à 2 individus
de la taille habituelle; le très petit exemplaire d'ERLANGER ne pouvait
être qu'un microgamète produit par division répétée, ou bien par
bourgeonnement comme c'est le cas chez quelques formes.
Quelques rares individus contenaient dans leur cytoplasme une
inclusion volumineuse [fig. 2, a et c). N'ayant pu les retrouver après
coloration, ni les étudier de plus près, nous pensons qu'il s'agissait
vraisemblablement d'Acinétiens parasites du genre Endosphœra,
si répandus chez les divers Vorticelliens (Vorticella, Epistylis,
Carchesium, Trichodina). L'hypothèse d'une proie volumineuse
ingérée est tout à fait inacceptable; comme chez tous les Infusoires
du groupe des Discotriches, les vacuoles alimentaires ne conte-
naient jamais autre chose que des amas de bactéries.
Si nous continuons provisoirement d'adopter, contrel'opinion de
Entz, le nom de Hastatella radians Erlanger pour désigner l'espèce
que nous avons rencontrée, c'est qu'Astylozooii fallax s'en distingue,
outre l'absence de fulcres, par la présence au pôle aboral de 2 lon-
gues soies (dites « saltatrices » — ? — ) au lieu d'une seule très
courte ; le noyau simplement arqué semble d'ailleursbeaucoup moins
volumineux par rapport à l'ensemble du corps, d'après la figure
d'ENGELMANN. De nouvelles observations nous semblent nécessaires
avant d'admettre d'une façon définitive l'identification des deux
formes, proposée par G. Entz.
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NOTES ET REVUE
IV
BIBLIOTHÈQUE DU LABORATOIRE ARAGO1
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1 Voir Notes et Revue, [3] Tome ix, nos 2, 3, 4, 5. '3 Tome x. n°* -2. 3, 6, 7. [4 Tome i.
n°« l, 2, 5, 8, 9. [4] Tome n, n" 2, 4, 7, 8, 11. [4] Tome m, n" 1. 2, i. 5, 7. [4] Tome iv,
n° 2. [4] Tome v, n01 1, 3, 4. [4] Tome vin, n° 1, 2, 3, 4. [4] Tome ix. n° 1. [5] Tome I. n» 1.
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Paru le /"r Février 1910.
Les directeurs :
G. Pruvot et E.-G. Racovitza.
Eug. Morieu tmp.-Grav., 29, Rue Delambre Paris \i\-
rélépb.
ARCHIVES
ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE Eï GÉNÉRALE
FONDÉES PAR
H. de LAGAZE-DUTHIERS
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE
G. PRUVOT et E. G. RACOVITZA
Professeur adjoint à la Sorbonne Docteur es sciences
•Directeur du Laboratoire Arago Sous-Directeur du Laboratoire Arago
5e Série, T. V. NOTES ET REVUE 1910. N° 2
UN CAS DE POLYEMBRYONIE CHEZ LA SACCULINE
par Max Kollmann.
Docteur es sciences, préparateur au Muséum.
Bien que les Sacculines soient généralement solitaires, il n'est
cependant pas rare de rencontrer deux ou plusieurs parasites fixés
sur un même hôte, au voisinage immédiat les uns des autres. L'opi-
nion la plus naturelle, celle à laquelle s'arrêtait Delage (1884) dans
son célèbre mémoire, c'est qu'il s'agit d'individus totalement dis-
tincts : « Je ne doute pas que les racines ne forment des systèmes
absolument indépendants ». Deux Sacculines fixées à un même
crabe proviendraient donc de deux germes inoculés par deux
cypris distinctes.
Aujourd'hui, la connaissance des phénomènes de polyembryonie
permet d'émettre, avec quelque vraisemblance, une autre hypothèse.
Un seul germe ne pouri ait-il se fragmenter de bonne heure pour
donner naissance à plusieurs individus distincts? Ou même, un
seul système radiculaire ne serait-il pas en relation avec deux Sac-
culines externes. Déjà, Delage (1884) avait rencontré « dansle tissu
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 5* SÉRIE. T. V. B
xxxviii NOTES ET REVUE
caverneux d'une jeune Sacculine interne, à côté du nucleus bien
reconnaissable, une autre masse cellulaire <le même volume, qui
était peut-être un second nucleus ». Smith a refait récemment (1906;
deux observations analogues des plus nettes. Mais on peut se
demander s'il s'agit là de cas anormaux et si, comme se le demande
Smith (p. 57) ces deux Sacculines peuvent jamais arriver à maturité.
Récemment (1909) j'ai examiné quatre individus de Stenorhynchus
longirostris porteurs de deux à trois Sacculines et j'ai constaté sur
les coupes pratiquées dans l'un d'eux, que les parasites apparte-
nant à un même hôte se rattachaient au même système de racines.
Malheureusement, ces observations ayant porté sur des animaux de
collections, dont les tissus étaient altérés, pourraientpeut-être sem-
bler peu démonstratives.
Mais voici une observation qui ne laisse place à aucun doute. J'ai
reçu récemment un envoi de Porlunus variegatus Leach parasités,
parmi lesquels se trouvait un individu porteur de deux Sacculines
(Sacculina Betencouri Giard, 1889) Elles étaient fixées toutes deux
sur le deuxième segment abdominal, et, semblail-il à peu près
au même point. La plus grande mesurait \li X 8""". Elle était
fortement renflée car sa cavité palléale renfermait une ponte
assez avancée dans son développement. Le pédoncule qui rattachait
le parasite à son hôte, mesurait environ 1,5""". L'autre sacculine,
de taille plus réduite (9 X 5mm) était située au-dessous de la pre-
mière et plus ou moins comprimée entre celle-ci et l'abdomen du
crabe. Dépourvue de ponte, elle se montrait flasque et aplatie. Son
pédoncule était excessivement court mais assez large. De plus, à
examiner soigneusement les choses, les deux pédoncules semblaient
bien pénétrer dans la cavité du crabe par le même orifice.
Les deux Sacculines furent excisées d'un coup de ciseaux, et
l'abdomen débité en coupes sériées parallèlement au plan sagittal.
La ligure I représente une de ces coupes. Enp. s., on voit une portion
de la masse viscérale de la petite sacculine ; en g. s., se présente la
section du pédoncule de la plus grande. Lutin, en o, se fait le
raccord des cuticules chitineuses du crabe et des parasites. Il est
donc très facile de constater que les deux parasites se rattachent à
une membrane basilaire commune m. h. el par conséquenl à un
même système radiculaire.
L'existence d'un seul système de racines pourrait à la rigueur
s'expliquer par la soudure précoce de deux Sacculines internes
NOTES ET REVUE
parvenues en même temps à leur point d'arrivée, à la suite de leur
voyage dans la cavité générale du crabe. Mais la soudure n'aurait
pu se faire que par les bords et les masses viscérales développées
plus ou moins loin Tune de l'autre auraient du émerger en des
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* G
v , '>„•'■
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Efe.
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Fig. 1.
Fig. 1. — Coupe sagittale de Sacculina Betencouri ; x 50. — «, anneau de
raccordement des cuticules chitineuses de l'hôte et de parasite; c. L,
cellules de Leydig du Crabe ; c. p., cavité palléale de la petite Sacculine ;
g. s., grosse Sacculine ; L, leucocytes du Crabe ; m. à., membrane basilaire ;
p. s. petite Sacculine.
points éloignés de la surface ventrale de l'hôte. Dans le cas qui
nous occupe, les rapports sont tellement intimes qu'il paraît
évident que les masses viscérales se sont développées, côte à côte
et que le tout résulte de l'évolution d'une sacculine interne à
deux nucleus semblable à celles que Smith a observées et figurées
xl NOTES ET REVUE
1906». Nous pouvons donc conclure: la Sacculine peut présenter
parfois des phénomènes de polyembryonie.
Il y a lieu de remarquer que ce résultat n'exclut nullement l'exis-
tence possible de Sacculines réellement indépendantes coexistant
sur le même crabe. C'est ainsi que Peltogaster socialis (Smith, 1906)
et Thylacoplethus (Coutièhe, 1902) scfht des parasites Ithizocéphales
grégaires fixés en grand nombre sur le même hôte mais totalement
indépendants les uns des autres.
Enfin une dernière remarque intéressante s'impose. On sait que
l'orientation de la Sacculine externe par rapport à son hôte est par-
faitement constante : le bord mésentérique (côté dorsal de Smith)
est toujours tourné vers le côté droit du crabe et l'ouverture
palléale, qui est légèrement asymétrique, se dirige vers l'extérieur.
Mes deux sacculines avaient précisément une orientation inverse
l'une de l'autre. La plus petite était normalement orientée mais
l'individu supérieur, le plus volumineux, tournait au contraire son
bord mésentérique vers la gauche du crabe et son ouverture
palléale en dedans. Cette anomalie peut, me semble-t-il, s'expliquer
assez facilement. Le plan mésentérique, qui est en réalité le véritable
plan de symétrie de la masse viscérale, se confond pendant
le stade interne avec le plan sagittal du crabe. Au moment où la
Sacculine devient externe ce plan doit tourner de 00° pour prendresa
position définitive. Or, si on examine la figure 6. PI. X de Smitu
(1906) représentant une Sacculine interne double, on voit que les
deux jeunes masses viscérales sont en rapport parleur bord mésen-
térique. Elles se tournent en quelque sorte le dos. Par conséquent,
au moment de la rotation qui accompagne la sortie du parasite, les
deux sacculines doivent se trouver orientées à 180° l'une de l'autre.
C'est présisément ce que nous avons constaté.
OUVRAGES CITÉS
1902. Coutière. — Sur un type nouveau de Rhizocéphale. C.R.Acad.Sc.
T. CXXXIV, p. 913 et 1452. C. R. Soc. BioL, T. Cl. IV, p. 441, 625,
~r2\ .
1884. Delage Y.). — Évolution <le la Sacculine. [Arch. zool.exp.etgén.j
sér. 2, t. II, p. 417).
1889. Giard (A.). — Le laboratoire de Wimereux en 1888. Bull, scient.
France et Belg., sér. i5, t. I, p. 492 .
1909. Kou.mavn Max. — Notes sur les Rhizocéphales. Arch. zool. exp.
et gén.j sér. i, t. X. Notes et Revue, p. xi.iu).
1906. Smith (G.). - Rhizocephala. (F. u. FI. d. Golfes von Neapel, 29«
Monogr).
.NOTES ET REVUE
VI
RACES DE STIGMATOGASTER G/iACILIS (MEIN.) [MYRIOP.]
par H. Ribact
Dans un travail récent sur la systématique des Himantariidse
(Arch. de Zool. expér. 1909, XLI, 197-275), Chalande et moi avons
signalé l'existence de quatre formes de Stigmatogasler gracilis dans
les matériaux que nous avons eus à notre disposition. L'étude de
trois de ces formes a porté sur un nombre d'individus assez grand
pour nous permettre de considérer comme très constants leurs
caractères particuliers et d'admettre par suite que nous étions en
présence de races bien caractérisées. Par extension, nous avons
supposé la même fixité à une forme algérienne dont nous ne possé-
dons qu'un individu. A l'épo;|ue où nous avons publié notre travail
nous ne savions pas si le type de Meinert correspondait à l'une de
ces formes ; de sorte que nous nous sommes bornés à dénommer
celles qui, par suite de l'existence d'un champ poreux sur l'avant
dernier sternite, forcément ne corre:q:>ondait pas au type. Nous
avons ajouté : « Quanta savoir si ce sont les individus de Lom-
bardie ou ceux des Pyrénées-Orientales et du littoral languedocien
qui se rapportent au type de Meinert cela n'est pas possible avec la
seule diagnose de l'auteur; il faudra étudier Stigmatogasler gracilis
de la campagne romaine ».
Grâce à l'obligeance du Prof. Silvestri, j'ai pu examiner un
exemplaire récolté aux environs de Rome et me rendre compte
qu'il était en tous points identique à ceux provenant de la Lom-
bardie.
Meinert dans sa diagnose originale indique, comme provenance
de l'espèce, non seulem nt les environs de Rome et l'île Ischia mais
encore Bone et Grenade. 11 est fort possible que les individus algé-
riens et espagnols soient différents des italiens, mais ces derniers,
étant signalés en premier lieu par l'auteur, doivent être considérés
comme représentant le type. Il s'ensuit qu'il y a lieu d'attribuer une
dénomination spéciale à la forme que l'on rencontre dans les
Pyrénées-Orientales et sur le littoral languedocien. Je l'appelle
Stigmatogaster gracilis occitanica.
xlii NOTES ET REVUE
Le type et les trois races décrites se distinguent de la manière
suivante :
AA. — Pas de champ poreux sur l'avant-dernier sternite. — Formes
grêles.
PB. — Pas de pores sur la partie inférieure des hanches termi-
nales. — Fossettes poreuses des hanches terminales
entières.
St. gracilis Mein.
(Lombardie, campagne romaine).
- Des pores sur la partie inférieure des hanches terminales,
contre le sternite, à demi cachés par lui (généralemenl
2 -f- 2, quelquefois 2 + 1, 2 + 4, 4 + 4). — Fossettes
poreuses divisées en deux parties à peu près égales par un
soulèvement transversal du fond.
St. gracilis occitanica n. subsp.
(Pyrénées-Orientales et littoral languedocien).
A. — Un champ poreux sur l'avant-dernier sternite. — Formes plus
robustes.
CC. -- Pas de pores sur la partie inférieure des hanches termi-
nales. — Fossettes poreuses divisées en deux parties à peu
près égales par un soulèvement transversal du fond. —
Très robuste, dimensions allant jusqu'à 102 millimètres de
long et 3 millimètres de large.
St. gracilis provincialis Chai, et RJb.
(Littoral provençal, Corse).
— Quelques pores sur la partie inférieure des hanches ter-
minales, disséminés sur le disque. — Fossettes poreuses
entières. — Moins robuste que le précédent, mais plus
trapu que le type.
St. gracilis porosa Chai, et Rib.
i Algérie...
•J7 janvier lit 10.
NOTES ET REVUE
VII
CONTRIBUTION
A UA BIOLOGIE DES PAGURES MISANTHROPES
par Anna Drzewina
Docteur es Sciences.
En étudiant, à la station biologique cTArcachon, les réactions à la
lumière des Pagures misanthropes (Clibanarius misanthropus, Hisso),
j'ai été amenée à constater une curieuse périodicité de quinzaine,
se manifestant par le changement de signe du phototropisme, chez
les animaux soustraits aux oscillations de la marée. Dans une note
que j'ai publiée à ce sujet ', j'ai montré que les Misanthropes placés
en aquarium présentent des variations régulières du signe du pho-
totropisme, variations sensiblement parallèles aux oscillations de
quinzaine de la marée. Pendant la période correspondant à la morte
eau, les Pagures dans l'aquarium ont un phototropisme négatif
marqué et très constant ; à mesure que les marées deviennent plus
fortes, ce phototropisme tend à changer de signe et devient fran-
chement positif dans la période correspondant à la vive eau, aussi
bien dans l'aquarium que dans la nature ; le jour de la forte marée
on les voit grimper souvent à des hauteurs considérables sur les
pilotis du débarcadère où on les trouve de préférence.
Le parallélisme entre les mouvements de quinzaine de la marée
et la périodicité du phototropisme, ai-je dit dans ma note, suggère
l'idée d'un certain rapport entre ces deux phénomènes. Il est pos-
sible que, dans la nature, afin d'éviter une submersion, les Misan-
thropes en vive eau s'élèvent à des hauteurs de plus en plus
considérables et offrent ainsi un phototropisme positif qui se main-
tiendrait, du moins un certain temps, dans l'aquarium, à la suite
d'un rythme acquis; en morte eau, un phénomène inverse aurait
lieu. Une autre hypothèse serait plausible : dans le laps de temps
correspondant au phototropisme négatif, la mer est la plus basse
entre midi et G heures du soir, soit à une période de la journée où
la chaleur est la plus intense ; le phototropisme négatif permettrait
aux Pagures d'éviter une dessication excessive.
' Comptes rendus Acad. des Sciences, 9 décembre, 1907.
xuv NOTES ET REVUE
11 m'a paru intéressant de reprendre cette étude sur des Pagures
Misanthropes placés dans des conditions éthologiques différentes.
A priori, il était à prévoir qu'en s'adressant à des animaux dont
l'habitat ne comporte pas des oscillations de la marée, les réactions
phototropiques ne présenteraient pas la même allure. Je désire
consigner ici les résultats de mes observations sur les Clibanarius
misant hrop us faites au laboratoire maritime de Banvuls-sur-Mer1,
du 1er Septembre au 3 Octobre dernier. Mon étude a porté d'une
part sur les réactions à la lumière et sur la modification de ces
réactions sous l'influence de facteurs chimiques, mécaniques et
physiques; d'autre part, sur la possibilité delà création d'associa-
tions d'ordre psychique chez les Misanthropes.
RÉACTIONS A LA LUMIÈRE.
Dans un grand bassin carré faisant partie du port où est amarrée
la llottille du laboratoire Arago, et à proximité immédiate de celui-
ci, j'ai trouvé en abondance des Clibanarius misanthropus sur le
mur nord ensoleillé toute la journée. Sous la nappe d'eau limpide,
on les voyait éparpillés soit sur le mur même, soit sur le
fond. Une ombre portée les faisait brusquement se rétracter
dans leurs coquilles ; celles-ci étaient pour la plupart des
Cerilhium vulgatum; mais il y en avait aussi beaucoup qui
habitaient des Troches, des Turitelles, des Nasses, des Sca-
laria, et même les coquilles si bizarres des Chenopus pes prli-
cani, où ils ne devaient cependant pas être à leur aise. Grâce aux
matériaux abondants et à la portée de la main, j'ai pu multiplier
les expériences, mettant presque tous les jours de nouveaux lots en
observation, chaque lot comprenant de 20 à 60 Pagures. Les ani-
maux aussitôt recueillis étaient placés de 'préférence dans de
grands cristallisoirsdisposés sur une table faisant l'ace à la fenêtre,
el aussi sur deux tables placées à chaque extrémité et à angle droit
de celle-ci ; ces deux tables recevaient ainsi obliquement la lumière.
Dès le début et jusqu'à la fin de mes observations, j'ai constaté
invariablement que les Pagures transportés au laboratoire et placés
dans des cuvettes de verre ou dans des aquariums se portent immé-
diatement vers la lumière et gagnent la paroi la plus rapprochée «le
la fenêtre. Les dimensions et la l'orme des cuvettes, l'épaisseur de
1 Je remercie vivement MM. Pruvotet Racovitza de L'hospitalité qu'ils oui bien voulu
m accorder dan s le laboratoire <|u'ils dirigent.
NOTES ET REVUE xlv
la couche d'eau, la présence ou non d'un voile noir recouvrant
une des moitiés du cristnliisoir et accentuant le contraste entre
l'ombre et la lumière, l'intensité enfin de celle-ci, ne changeaient
en rien l'allure du phénomène remarquablement net. Ce n'est pas
que tous les Misanthropes, sans exception, se portent vers la
lumière ; dans chaque lot il y a quelques-uns qui restent obstiné-
ment à l'ombre et qui, placés contre la paroi la plus éclairée, ne
tardent pas à rebrousser chemin et à s'en éloigner. J'ai déjà noté
ces différences individuelles, dont les causes m'échappent encore,
sur les Pagures d'Arcachon : un certain nombre d'individus pré-
sentent des réactions inverses de celles de la majorité. Mais comme
ils sont très peu nombreux par rapport aux autres (le plus souvent
Fis. t.
S à 10 pour 100), on peut dire que, d'une manière générale, les
Pagures du bassin de Banyuls présentent un phototropisme positif
très net.
La démonstration en est des plu* faciles. Je dispose trois lots de
Pagures dans des cristallisoirs placés sur la table du milieu et sur
les deux tables latérales. Au bout d'une à deux minutes, lesanimaux
sont partout groupés du côté de la paroi la plus éclairée. Ainsi, dans
le lot du milieu, A, les animaux font face à la fenêtre, F ; dans les
lots placés latéralement par rapport à celle-ci, ils sont groupés
respectivement du côté droit et du côté gauche du cristallisoir
Je replace les animaux contre la paroi opposée à la fenêtre ;
aussitôt ils se mettent en branle et, soit longeant les bords du cris-
tallisoir, soil traversant obliquement celui-ci de manière à faire face
xlvi NOTES ET REVUE
à la lumière, viennent se grouper contre la paroi la plus éclairée,
où ils restent tantôt serrés, grimpant les uns sur les autres, tantôt
répartis sur un arc de cercle plus ou moins grand. Je rabats alors
un voile noir sur la moitié des cristallisoirs voisine de la
fenêtre; les animaux rebroussent chemin et gagnent dans l'espace
de i à 2 minutes la paroi la plus éloignée de la fenêtre qui se
trouve être la plus éclairée ; je retire le voile, et de nouveau ils
viennent à la lumière. Je tourne les cristallisoirs de 180u, en rame-
nant ainsi les animaux du côté de l'ombre ; ils reprennent encore
leur marche vers la lumière. On peut répéter l'opération dix fois,
vingt fois, invariablement avec le même résultat, sauf peut-être que
le nombre de retardataires augmente.
Les Pagures débarrassés de leur coquille se comportent exacte-
ment de même.
Voici donc un fait établit les Pagures de Banyuls présentent
constamment un phototropisme positif; ceux d'Arcachon tantôt
vont vers la lumière, tantôt s'en éloignent, c'est là un exemple frap-
pant de l'influence de l'habitat sur les réactions d'un animal. J'ai
signalé des faits analogues en ce qui concerne Yhydrotropisme des
Carcinus maenas* : tandis que les Crabes de hauts niveaux, ayant à
subir de courtes périodes de submersion alternant avec les périodes
d'émersion, c'est-à-dire de dessication relative, sont très sensibles
aux contrastes de l'humidité et de la sécheresse, et, déposés sur la
plage, vont aussitôt du côté de la mer, les Carcinus des niveaux
plus bas, prissur fond vaseux, ont une tendance à se terrer dès
qu'on les dépose sur la plage, et ceux de la zone de Fucus serratus,
qui vivent parmi les rochers couverts d'algues et battus par les
flots, sont attirés, sur la plage, par les rochers et les touffes
d'algues.
On sait que, d'après Jacques Loeb, l'action directrice de la lumière
sur les animaux se réduit en dernière analyse à ce que la lumière
moditie la vitesse des réactions chimiques dans les cellules de la
rétine (ou autres points symétriques sensibles à la lumière). Quand
celle-ci sont inégalement éclairées, il se produit dans les deux nerfs
optiques des processus chimiques d'intensité inégale. Cette inéga-
lité des réactions chimiques se transmet des nerfs sensibles aux
1 Les réactions adaptatives chez les Crabes. Bulletin de l'Inst. Génér. Psycholo-
gique, 8* année, 1908, p. 235.
NOTES ET REVUE xlvii
nerfs moteurs et finalement aux muscles innervés par ceux-ci : l'iné-
galité de l'activité de part et d'autre du plan de symétrie entraîne
nécessairement le changement de la direction suivie par l'animal.
Si on admet cette explication physico-chimique de l'action de la
lumière, — et il est certain que, quoique hypothétique, elle a ouvert
des aperçus inespérés et s'est montrée des plus fécondes entre les
mains de Loeb et de ses élèves — si donc on admet cette explica-
tion, on comprend que des facteurs physiques ou chimiques peuvent
changer du tout au tout les réactions à la lumière. Loeb a déjà
montré que l'addition d'un acide, que l'élévation ou la diminution
de la température... peuvent changer le signe du phototropisme.
Les Copépodes, en apparence indifférents à la lumière, en devien-
nent les « esclaves » quand on ajoute quelques gouttes d'acide
carbonique à l'eau qui les contient. Les expériences de Loeb ont
été reprises par divers auteurs, sur des espèces variées. En France,
Georges Bohn, qui s'est particulièrement occupé de l'étude de tro-
pismes et questions connexes, a montré, entre autres, l'influence
du degré d'hydratation de la substance vivante sur le signe du
phototropisme. Dans le même ordre d'idées, j'ai faitquelques expé-
riences relativement à la modification de la sensibilité à la lumière,
chez les Pagures Misanthropes.
J'ai décrit plus haut comment se manifeste le phototropisme
positif des Pagures. On aurait pu m'objecter qu'il ne correspond
pas tout à fait aux « critères objectifs » d'un tropisme, le déplace-
ment des animaux ne coïncidant pas toujours avec la direction des
rayons lumineux ; j'ai déjà indiqué que, pour se rapprocher de la
paroi la plus éclairée, certains longent les bords de la cuvette ; il
y en a même qui s'en rapprochent à reculons. Il me semble que les
conditions mécaniques de la locomotion ne doivent pas être pour
peu dans ces différents modes de déplacement, celui-ci étant parti-
culièrement difficile à cause de la coquille dont le poids est souvent
en disproportion avec la taille de l'animal et dont la forme peut
constamment varier, les animaux, comme nous allons le voir,
changeant souvent de coquille.
Quoiqu'il en soit, les Pagures arrivent toujours à se grouper
rapidement du côté le plus éclairé et tant qu'on ne les dérange pas,
y restent plus ou moins dispersés. Cependant, si on examine le
même lot le lendemain, on s'aperçoit que les animaux sont groupés
plutôt du côté de l'ombre. Tourne-t-on le cristallisoir de 180° sur
xLvm NOTES ET REVUE
lui-même, un grand nombre rebroussent chemin et gagnent de
nouveau l'ombre. Le surlendemain, c'est encore plus net : la grande
majorité des animaux sont devenus négativement pbototropiques.
Mais que l'on remplace l'eau dans laquelle ils séjournent depuis
24, 48 heures, par de l'eau pure, immédiatement leur phototropisme
devient aussi nettement positif que le jour où ils ont été recueillis.
J'ai répété de nombreuses fois cette
expérience, toujours avec le même résul-
tat : les animaux, dont on change quoti-
diennement l'eau des cristallisoirs, conti-
nuent à être positivement phototropiques;
les animaux qui séjournent dans de l'eau
non renouvellée deviennent négativement
phototropiques ; en remplaçant l'eau
pj„ 2. impure par de l'eau pureon change immé-
diatement le signe du phototropisme.
Ainsi, l'état de pureté del'eau influe sur le signe du phototropisme.
Je n'ai pas fait l'analyse chimique de l'eau ; il est évident qu'à
mesure que les animaux y séjournent, elle se charge d'acide car-
bonique, de produits d'excrétion, de détritus divers. Le résultat
global est la modification de la sensibilité à la lumière.
Je précise: les mouvements des animaux ne sont nullement
inhibés du fait de séjourner dans de l'eau impure; si, d'une manière
générale, ils sont moins actifs que le premier jour, il suffit de les
disperser un peu pour qu'aussitôt ils se mettent en branle ; seule-
ment, au lieu de gagner la lumière, ils vont vers l'ombre. Le cris-
tallisoir étant placé latéralement par rapport à la fenêtre, ils se
groupent du côté de la paroi la plus éloignée de la fenêtre (fig. '2 .
Des Paguresayantséjournéau laboratoire depuis 10 jours, 15 jours,
dans de l'eau non renouvellée, redeviennent positivement héliotro-
piques dès qu'on renouvelle l'eau.
En outre de l'influence de l'état de pureté de l'eau, j'ai étudié,
comme facteurs chimiques, celles de la concentration saline et de
l'acide carbonique. Je dirai tout de suite que je n'ai pas obtenu le
renversement du signe du phototropisme eu faisant varier la con-
centration saline de l'eau : mais j'ai pu dans certains cas exalter la
sensibilité à la lumière.
Dans de l'eau additionnée de 250/0 d'eau douce, les Pagures se
NOTES ET REVUE xlix
comportent comme dans leur milieu habituel; quand on ajoute
500/Od'eaU douce, le phototropisme resteencore nettement positif,
et, chose curieuse, quand on laisse les Pagures pendant deux jours
dans cette solution, bien que beau n'ait pas été renouvellée, ils
gardent leur phototropisme positif, contrairement aux témoins, et
reviennent à la lumière quand on les met à l'ombre. L'addition
d'une proportion plus élevée d'eau douce est nuisible. Placés d'em-
blée dans de l'eau douce, les Pagures restent pour la plupart
immobiles, et ont plutôt la tendance à gagner les ombres; mais au
bout de peu de temps (10 à 24 heure-), ils meurent tous.
L'augmentation de la concentration de l'eau par l'addition du sel
marin donne des résultats plus nets. Voici, à ce sujet, le détail de
quelques-unes de mes observations.
Le 11 septembre, un lot de Pagures fraîchement recueilli est
placé dans une cuvette avec 1000 ce. d'eau additionnée de
10 grammes de sel marin. Les animaux se groupent à la lumière, à
peu près comme le lot témoin. Mais, deux jours après, le 13 sep-
tembre, l'eau n'ayant pas été changée, tandis que les Pagures
témoins sont négativement phototropiques, ceux de l'eau sursalée
restent activement positifs, c'est-à-dire reviennent rapidement à
la lumière quand on les dispose dans la partie la moins éclairée delà
cuvette. Le jour suivant, ce phototropisme positif persiste toujours.
Le 14 septembre, un nouveau lot de 25 Pagures est placé dans
de l'eau additionnée de 20 grammes de sel marin (sur 1000 ce.
d'eau). La sensibilité à la lumière semble être de ce fait exaltée : les
animaux se dirigent presque en ligne droite vers la lumière et plus
rapidement que les témoins. Le 1G septembre au matin, l'eau
n'ayant pas été changée, on trouve dans le lot témoin T presque
tous les individus à l'ombre, tandis que dans de l'eau sursalée S, il
y a plus de moitié à la lumière. Je dispose tous les Pagures de ces
deux lots sous un voile noir ; au bout de lo minutes, dans le lot T
il n'y a que 5 qui soient sortis du dessous du voile ; dans le lot S,
13 individus sont à la lumière. Le 17 au matin, l'eau n'étant tou-
jours pas renouvellée, je trouve dans le lot T un seul individu à la
lumière, dans le lot S, il y a 17 à la lumière.
Ainsi, par l'addition du sel marin on peut exalter la sensibilité à
la lumière et neutraliser en quelque sorte la tendance au change-
ment du signe du phototropisme qui se développe pendant le séjour
dans de l'eau stagnante.
l NOTES ET REVUE
Parmi les substances chimiques susceptibles de modifier le signe
du phototropisme une des plus efficaces, comme je l'ai dit plus
haut, est l'acide carbonique. Je l'ai fait agir sur les Pagures par un
procédé très peu compliqué, tout simplement en ajoutant à l'eau
de mer une certaine proportion d'eau de Seltz d'un siphon. Je
rappelle que l'eau douce, même à une proportion élevée (50 0/0),
ne trouble nullement le phototropisme positif des Pagures, au con-
traire ; si donc il y a des troubles à la suite de l'addition de l'eau de
Seltz, ceux-ci doivent être imputables à l'acide carbonique. Ceci dit,
je ferai remarquer que d'une manière générale les Pagures sont très
sensibles à l'eau de Seltz. Si on en ajoute 30 0/0, les mouvements
sont inhibés, et les animaux sont pour ainsi dire paralysés. On sait
combien il est difficile de sortir un Pagure vivant de sa coquille;
on n'y arrive qu'en cassant celle-ci. Or, après quelques minutes de
séjour dans de l'eau contenant 30 0/0 d'eau de Seltz, les animaux
devenaient flasques et n'opposaient aucune résistance quand on les
sortait de la coquille. Ils n'étaient pas morts cependant, et remis
dans l'eau ordinaire se rétablissaient rapidement, présentant les
réactions habituelles. Même une proportion de 200/0 d'eau de Seltz
suffit pour inhiber les mouvements. Mais quand on n'ajoute que
10 0/0, on constate un véritable renversement du signe du phototro-
pisme. Les animaux étant groupés du côté éclairé, dans 500 ce.
d'eau de mer, on verse 50 ce. d'eau de Seltz. Immédiatement les
Pagures font demi-tour et s'en vont du côté de l'ombre. Au bout
d'un certain temps, l'acide se dégageant, il y a un va et vient dans
la cuvette, et finalement les animaux se dispersent irrégulièrement.
Mais, dans tous les cas, l'addition d'une faible quantité d'eau de
Seltz déclanche immédiatement la tendance à se diriger vers
l'ombre.
Pour étudier l'influence du facteur lumière sur les réactions, j'ai
partagé en deux un lot de Pagures fraîchement recueilli et présen-
tant comme d'habitude un phototropisme positif. Le lot E a été
abandonné près de la fenêtre; le lot O a été placé à l'obscurit
complète. Au bout de quatre jours on compare les deux lots. Or,
tandis que dans le lot E, les Pagures sont presque tous négativement
photo tropiques, ceux du lot O, mis à la lumière, se montrent posi-
tivement phototropiques, et toutes les fois que l'on les place du
côté opposé à la lumière, ne tardent pas à gagner la paroi la plus
NOTES ET REVUE Li
éclairée; en outre, il sont plus actifs que les Pagures du lot E, et
leur migration vers la lumière s'effectue plus rapidement que celle
vers l'ombre du lot E. Le lendemain, et surtout les jours suivants,
le phototropisme dans les deux lots s'égalise, mais pendant deux
à trois jours encore les Pagures qui ont été soustraits à la lumière
restent plus actifs. Il est évident que l'exposition prolongée à la
lumière vient s'ajouter à celle de l'état de pureté de l'eau.
Parmi les agents mécaniques, les secousses prolongées me sem-
blent avoir une certaine influence sur le signe du phototropisme.
J'ai remarqué qu'après les nuits de vent et de tempête, les Pagures
sont beaucoup moins nombreux surles parois rocheuses du bassin ;
ils ne grimpent pas comme d'habitude pour arriver presque à fleur
d'eau, mais se tiennent sur le fond. Recueillis et placés dans des
cristallisoirs, la plupart se groupent du côté de l'ombre ; quand on
tourne le cristallisoir de 180° sur lui-même, ils reviennent encore
vers l'ombre. Pour provoquer expérimentalement le changement
du signe du phototropisme, j'ai placé des Pagures, recueillis dans
des conditions habituelles, par un temps calme, dans un tube de
verre que j'ai secoué assez fortement pendant 15 à 30 minutes.
L'effet est nul, ou presque. Cependant, si on reprend le même lot
après un certain temps et que l'on l'agite à nouveau, les animaux
manifestent plutôt un phototropisme négatif qui s'accentue encore
quand on renouvelle l'agitation. De sorte que l'agitation répétée est
susceptible de déterminer le changement du signe du phototropisme
chez les Pagures misanthropes.
Avant d'aborder le chapitre suivant, je résumerai brièvement ce
qui a été dit plus haut. Nous avons vu que les Clibanarius misan-
thropus de la Méditerranée, où ils n'ont pas à subir des oscillations
de la marée, ont un phototropisme positif très net, et de signe cons-
tant, contrairement à ceux de l'Atlantique. En faisant intervenir
des facteurs chimiques, physiques ou mécaniques, on peut
influencer le signe du phototropisme. Ainsi, l'acide carbonique a
pour effet immédiat le renversement du signe du phototropisme.
La diminution et surtout l'augmentation de la concentration saline
de l'eau, sans provoquer le changement du signe, exaltent la sen-
sibilité de l'animal à lalumière. Le séjour dans de l'eau non renou-
velée rend les animaux négativement phototropiques. L'exposition
prolongée à la lumière vient s'ajouter à l'influence de l'état de
pureté de l'eau, car, quand on soustrait les animaux à la lumière,
lu NOTES ET REVUE
bien que l'eau n'ait pas été renouvellée, ils continuent à manifester
un phototropisme positif. Enfin, parmi les facteurs mécaniques,
l'agitation répétée est susceptible de déterminer le changement du
signe du phototropisme.
II. Création d'associations d'ordre psychique.
Les études sur la création des associations chez les Crustacés sont
très peu nombreuses. Dans mon mémoire sur les « Réactions adap-
tatives chez les Crabes » ', j'ai cité, en outre du travail de Belhequi
voit dans les Crustacés en général et les Carcinus moenas en parti-
culier des pures machines réflexes, des automates, incapables de
profiter de l'expérience, le travail de Spaulding sur VBupagurus
longicarpus, et celui d'Yerkes et Huggins sur le Cambarus affinis :
les Pagures seraient capables d'apprendre le chemin qui conduit à
la nourriture; l'Ecrevisse arrive à s'orienter dans un labyrinthe.
Dans mes expériences, des Pachygrapsus marmoratus ont appris à
trouver la porte qui les conduisait dans la moitié éclairée de l'aqua-
rium.
En étudiant les réactions des Clibanarius misanthropus,ye me suis
aussi demandée s'il est possible de créer des associations chez cet
animal et pour l'établir j'ai essayé de faire intervenir le choix des
coquilles. Dans un important travail sur 1' « Evolution des connais-
sances chez les animaux marins littoraux » ' Bohn étudie entre
autres, avec beaucoup de détails, la recherche des coquilles par les
Pagures (Eupagurus Bernhardus). D'après cet auteur, les Pagures
perçoivent l'état de la surface des corps qu'ils rencontrent : ils
explorent longuement et méthodiquement un tube d'Annélide à
surface rugeuse, mais ne s'arrêtent que quelques secondes sur un
tube de verre. Il perçoivent aussile degré de courbure d'une surface,
le degré d'inclinaison d'une pente; ils ne pénétrent dans les orifices
qu'ils rencontrent que clans le cas où ceux-ci ont une certaine
situation par rapport aux pentes environnantes.
Les Pagures Misanthropes n'explorent pas les coquilles aussi
minutieusement et méthodiquement que les Bernards l'Ermite. Les
Pagures déjà logés explorent souvent les coquilles qu'on met à leur
portée, et souvent aussi, si la nouvelle coquille leur convient ils
1 Loc. cit.
1 iiull. de l'Tnstit. Génér. psychologique, 3* aimée, N" 6. 1903.
NOTES ET REVUE lui
quittent pour elle leur ancienne demeure; toutefois, ils ne font
jamais pénétrer leur abdomen dans l'orifice de la coquille avant
d'avoir rapidement exploré celui-ci avec leurs pinces. A ce sujet,
j'ai observé un détail curieux. Quand on met des Misanthropes nus
en présence de coquilles habitées par des Troches, le Crustacé, «lés
qu'il vient au contact de la coquille s'en empare et essaie de la sou-
lever en faisant pénétrer ses pattes par en dessous ; mais ceci
faisant il rencontre le corps du Mollusque; immédiatement, il aban-
donne l'exploration et quitte la coquille. Ce fait est constant; jamais
un Pagure misanthrope n'essaie de s'introduire dans une coquille
où ses pinces sont venues au contact de la sole pédieuse ou de
l'opercule d'un Mollusque. Quand la coquille rencontrée est habitée
par un Pagure, l'animal en quête d'un abri ne l'abandonne pas de
sitôt; à plusieurs reprises il y introduit ses pinces, et souvent
se bat avec le propriétaire légitime.
Il est certain que ce n'est pas le seul fait de sentir la coquille
occupée qui éloigne immédiatement le Pagure d'une coquille
habitée par un Mollusque. Je présente à un Pagure une coquille
enlevée à un Troche et complètement bourrée de papier. Il s'en
saisit et se met en devoir d'arracher le papier avec ses pinces par
menus fragments; l'opération dure pendant dix bonnes minutes;
finalement, le dernier morceau de papier bouchant la coquille est
enlevé; pour la dernière fois l'animal y introduit ses pinces et
rapidement y fait pénétrer l'abdomen. Si donc le Pagure ne fait
aucune tentative de s'introduire de force dans une coquille occupée
par un Mollusque, c'est parce qu'il a dû se créer chez lui une asso-
ciation entre le contact d'un Mollusque et l'inutilité des efforts. Je
vais montrer qu'il est possible de créer expérimentalement des
associations analogues.
Je mets un lot de Pagures dépourvus de leurs coquilles en pré-
sence de coquilles de Troches hermétiquement bouchées au liège.
Les animaux s'en emparent et longuement s'acharnent après, en
essayant d'arracher le liège avec leurs pinces. Le travail continue
la nuit, et le lendemain matin, la surface de l'eau du cristallisoir
est toute couverte de débris de liège ; mais comme les bouchons
tiennent bon, les efforts des Pagures restent stériles. Pendant plu-
sieurs jours de suite (quatre à cinq) on laisse les animaux en
présence de ces coquilles, en ne faisant que renouveller l'eau tous
les jours. Un s'aperçoit qu'avec le temps, les Pagures deviennent de
liv NOTES ET REVUE
plus en plus indifférents vis-à-vis des coquilles ; quand ils en ren-
contrent, dès que les pinces viennent au contact du liège ou même
de réchancrure que garnit le liège, ils s'en éloignent, comme ils
s'éloignent dune coquille habitée par un Mollusque. Six à huit jours
après le début de l'expérience, les Pagures n'essaient même plus
d'explorer les coquilles bouchées au liège; quand on en place sur
leur chemin, ils grimpent dessus et aussitôt redescendent pour con-
tinuer leur route, ou simplement glissent contre, ou même les
repoussent de côté. Des débris de liège ne souillent plus comme au
début l'eau, ce qui prouve un abandon complet de toute tentative
de pénétration dans la coquille. Il est évident qu'il s'est formée chez
les Pagures une association nouvelle qui fait que le contact d'une
coquille bouchée au liège ne déclanche pas l'acte d'exploration.
Or, si en ce moment, on introduit dans le cristallisoir une
coquille également bouchée au liège mais de forme différente, celle
d'un Cérithe par exemple, l'allure de l'animal change immédia-
tement.
Dès qu'il la rencontre, il s'en empare, et pendant o minutes,
10 minutes, ne cesse de l'explorer, la parcourt suivant la généra-
trice longitudinale du sommet à la base, et de la base au sommet,
la fait tourner sur elle-même, constamment essaie d'introduire ses
pinces dans l'orifice bouché, et arrache des fragments de liège.
Ce fait prouve que non seulement on peut créer chez les Pagures
des associations nouvelles et que par conséquent ces animaux sont
susceptibles d'un apprentissage, mais aussi qu'ils sont capables
d'apprécier diverses formes au moyen de sensations tactiles. Et
qu'il en est bien ainsi, on peut le prouver en leur soumettant une
nouvelle coquille de Troche bouchée avec du papier. Nous avons vu
plus haut avec quelle facilité ils arrivent à arracher le bouchon de
papier. Eh bien, dans le cas présent, ils n'essaient même pas de
l'enlever et rencontrant la coquille, la repoussent. C'est donc bien
la forme de la coquille qui arrête les mouvements d'exploration.
Ces résultats me paraissent assez importants, car c'est là une des
premières tentatives de l'application aux animaux inférieurs de la
méthode associative qui s'est montrée, dans ces derniers temps, si
fertile en psychologie animale.
J'ajoute en terminant que dans leur recherche de l'abri les
Pagures misanthropes ne semblent être guidés ni par l'odorat, ni
par la vue. Constamment, on les voit passer sans s'arrêter contre
NOTES ET REVUE lv
une coquille placée à peine à un ou deux centimètres de distance.
Quand on place derrière des Pagures nus groupés du côté éclairés
du cristallisoir, à leur proximité immédiate, des coquilles vides, on
ne les voit pas se retourner. Cependant, quand on amorce un
Pagure avec une coquille en la plaçant tout contre et puis quand on
l'éloigné doucement, le Pagure la suit et on peut lui faire faire
ainsi plusieurs détours ; de sorte que, une fois amorcé, le Pagure
est susceptible de suivre la coquille quand la distance reste très
faible, un à deux centimètres.
En résumé :
1° Les Clibanarius misanthropus de la Méditerranée (Banyuls-
sur-Mer) présentent un phototropisme positif de signe constant;
ceux de l'Atlantique (Arcacbon) ont un phototropisme qui périodi-
quement varie de signe. Un rapport entre ces faits et la présence ou
l'absence des oscillations de la marée paraît s'imposer ;
2° Certains facteurs chimiques, physiqueset mécaniques peuvent
modifier le signe du phototropisme chez les Pagures Misanthropes.
3° Il est possible de créer expérimentalement chez les Pagures
Misanthropes des associations nouvelles d'ordre psychique ; par des
exercices répétés on peut arriver à les faire distinguer des
coquilles de formes différentes.
REVUES CRITIQUES
VIII
OBSERVATIONS BIOLOGIQUES SUR LES TACHINAIRES
Résultats des recherches de M. Townsend, chargé de Vétucle des Diptères
parasites au Laboratoire dit Gypsy-Moth, a Melrose Highlands
[Massachussctsi '.
par P. Marchal
Professeur à L'Institut agronomique
On sait avec quelle activité les Américains ont engagé la lutte contre
deux fléaux d'origine européenne qui, après être restés circonscrits pen-
dant quelques années aux environs de Boston, ont envahi les Etats
voisins et menacent de s'étendre à tous les Etats-Unis. Les chenilles de
1 Towxsf.xii (Ch. H. T.). — A record of results from rearings and dissections of
Tachinidse {U. S. Départ, of Agriculture, Bureau of Agriculture, Bureau of Enlo-
mology : Technical séries, n° 1-2, pari VI, Washington, 1908, p. 95-118, 6 big.i-
lvi NOTES ET REVUE
deux Papillons d'Europe, le Liparis dispar ou Gypsy-Moth et le Liparis
chrysorrhœaoyLBrown-TailMoth, introduits accidentellement en Amérique
se sont multipliées, au point de causer tous les ans de terribles ravages
sur les arbres forestiers ou fruitiers qu'ils dépouillent souvent de leurs
feuilles d'une façon complète, et, au mois de juin ou de juillet, certaines
régions présentent l'aspect lamentable de paysages d'hiver.
Après une lutte acharnée, basée sur l'emploi des insecticides et despro-
cédés de destruction divers, lutte ayant duré trente-six ans sans amener
les résultats que l'on pouvait espérer, les Américains, grâce à l'initiative
de M. Howard, directeur du Bureau d'Entomologie du Département de
l'Agriculture de Washington, donnèrent, à partir de 1905, une orien-
tation nouvelle à leurs efforts : la plus grande partie des crédits spéciaux
votés par le Congrès fédéral et par l'Etat de Massachussets fut alors
consacrée à une entreprise visant l'importation et la naturalisation des
parasites des deux Bombyx aux Etats-Unis. 11 était en effet naturel de
penser que, si ces Insectes faisaient plus de ravages en Amérique que
dans leur pays d'origine, la raison devait en être cherchée dans ce fait
que tous les nombreux parasites qui réfrénaient sa multiplication en
Europe n'avaient pas été introduits en même temps qu'eux. — J'ai
rappelé ailleurs l'historique de celte campagne, les missions succes-
sives de M. Howard, la création d'un laboratoire spécial pour l'élude e1
l'élevage des parasites du Liparis dispar et du Liparis chrysorrhwa, l'orga-
nisation d'un service comprenant un personnel d'entomologistes, d'as-
sistants et d'agents préposés à l'exécution du travail '.
Ce qu'il importe de rappeler ici, c'est la moisson de résultats qui sont
actuellement obtenus, par contre-coup, dans le domaine de la biologie
zoologique, grâce à celte gigantesque entreprise d'Entomologie appliquée»
qui met à la disposition de toute une phalange de savants et de prati-
ciens organisée suivant les règles de la division du travail, une abon-
dance incomparable de matériaux et les ressources de toute nature, dont
sont généralement privés les chercheurs isolés. Je ne parlerai dans ce
qui suit que des travaux de M. Townsend, entomologiste du Gypsy-Moth
Laboratory qui a été spécialement chargé de l'étude des Diptères
parasites -.
Les Tachinaires sont des Mouches dont l'aspect général rappelle sou-
vent beaucoup celui de la Mouche domestique commune, mais qui, à
l'état larvaire, vivent en parasites dans le corps d'autres Insectes. Il en
existe un très grand nombre d'espèces distinctes et beaucoup d'entre
elles rendent des services de premier ordre, en s'opposant à une multi-
1 Marchal il'.'. Utilisation des Insectes auxiliaires entomophages dans la lutte contre
les Insectes nuisibles à l'agriculture (Annales de l'Institut nut. agronomique, 2e s., VI,
1907, et séparément Baillière, 19o7, 7i pages, 26 flg ).
a M Townsend avait comme collaborateurs plusieurs assistants : M. Clemons s'acquit-
tait du travail d'observation dans les cages du dehors et c'est a lui que l'on doit les
curieuses observations sur la lan iparité d' Ewpeleleria magnicornis. M W. R. Thompson
était charge des travaux de dissection, de technique micrographique, el de photographie.
M. Patterson s'occupait spécialement de l'étude des Tachinaires d'origine japonaise.
L'ensemble de tout ce travail, ainsi que de tous ceux qui ont pour Objet l'étude des
parasites des deux Bombyx était placé sous la haute direction de M. Howard-
NOTES ET REVUE lvii
plication excessive des Insectes dévastateurs et en particulier deschenilles.
La différenciation des formes s'est établie dans cette famille d'une façon
parallèle aune différenciation très remarquable des modes de reproduc-
tion et des instincts qui s'y trouvent liés.
M. Townsend distingue à ce point de vu chez les Tachinaires
cinq types :
■1° Oviparité sur l'hôte exemple Tachina larvarum.
2° Oviparité sur les feuilles Blepharipa scutellata.
3° Larviparité sur la peau de l'hôte. — Dexia et formes voisines.
4° Larviparité sous la peau de l'hôte. Compsilura concinata.
5° Larviparité sur la feuille Eupeleteria magnicormis.
Ier Type. Oviparité sur l'hôte. — C'est le plus anciennement connu et
c'est à lui que se rapportent la plupart des travaux antérieurs. Nous
rappelons que le Thrixion Halidayanum qui a fait l'objet de la mono-
graphie fondamentale de Pantel rentre dans ce premier type1.
Mais l'exemple choisi par Townsend est le Parexorista chelonise Rondani,
dont la larve vit en parasite chez les chenilles de diverses espèces et
notamment chez celles d'Euproctis chrysorrhœa. La Mouche dépose ses
œufs sur les chenilles toutes jeunes, lorsqu'elles sortent de leurs nids
après l'hivernation.
L'œuf allongé, à coque mince et pourvu d'un pédicelle est à un état de
développement très variable au moment de la ponte; il en résulte que
l'éclosion a lieu d'une façon immédiate, ou ne se produit qu'après un
délai pouvant atteindre une semaine ; il semble même que, dans cer-
tains ras, la viviparité puisse se produire. Au moment de l'éclosion, la
larve est garnie de rangées d'épines minuscules, dirigées en arrière ; elle
s'aide de ces saillies épineuses pour progresser à la surface de la
chenille, puis bientôt pour pénétrer à son intérieur et y devenir parasite
interne. A ce stade, elle n'emprunte pas d'air à l'extérieur pour ses
besoins respiratoires et il en est de même au stade suivant, qui est
séparé du premier par une mue; mais, au troisième ou avant dernier
slade, la larve perfore, de dedans en dehors, les téguments de l'hôte avec
la pointe qui termine l'extrémité anale de son corps, et, faisant afileurer
à la surface les stigmates qui s'y trouvent placés, elle vient respirer
directement l'air extérieur. C'est seulement au cours de cette phase lar-
vaire que la larve de la Tachinaire présente ce mode spécial de respi-
ration, contrairement à ce qui a lieu pour le Thrixion, chez lequel
Pantel a signalé une respiration externe très semblable, mais se con-
tinuant jusqu'à la fin de l'évolution2.
1 Pantel (J.). — Le Thrixion Halidayanum. Essai monographique (La Cellule, XV,
t« fasc, 1898. - Voir aussi Bugxion (Ed.) Métamorphoses du Meigenia bisignata
[Bull. Soc. Vaudoise Sciences NaL, XVII, 1834, p. 17-31, 2 pi.). Ce travail renferme de
nombreux renseignements bibliographiques.
4 On sait que d'autres larves de Diptères peuvent mettre leurs stigmates en rapport
avec l'air extérieur, par l'intermédiaire des gros troncs trachéens de l'hôte. Ocyptera
bicolor, parasite des Pentatomes, étudié par Dufour (1837), Gymnosoma rolundatum,
dont le développement a été suivi par Kunckel d'Hkrculais i1878), une Tachinaire
indéterminée observée par Choludkowsky <1884i et dont les rapports avec 1 hôte ont ete
étudiés en détails, fournissent autant d'exemples rentrant aussi dans le même cas.
i.viii NOTES ET REVUE
Au dernier ou quatrième stade, la larve parasite vit en effet librement
à l'intérieur de son hôte et la dépouille qu'elle abandonne, en»passan1 du
troisième au quatrième stade, constitue une sorte de bouchon obturateur
et chitinisé qui se trouve placé sur la face interne de la peau de la
chenille, à l'endroit où la larve du troisième stade était primitivemenl
fixée. Ces phénomènes évolutifs nesont pas d'ailleurs spéciaux au type gue
nous examinons; mais ils se rencontrent, avec quelques variantes, chez
beaucoup d'autres Tachinaires se reproduisant suivant des modes divers.
D'autres espèces pouvant être rapportées au premier type et pondant
leurs œufs sur les chenilles de Liparis chrysorrhsea ou de Liparis dispar
ont été encore observées par les auteurs. Telles sont Parasetigena segre-
gata Rondani, Tricholyga grandis Zett, Tachina larvarum L. et Tachina
utilis Towns. Telle est encore Tachina clisiocampœ Towns,, espèce améri-
caine qui pond ses umfs sur les chenilles des deux Bombycides euro-
péens ; mais, cette espèce étant insuffisamment adaptée à ses hôtes
nouveaux, beaucoup de jeunes larves périssent sans arriver à perforer la
peau de la chenille, à l'intérieur de laquelle elles devaient pénétrer, si
bien que Ton peut rencontrer des chenilles couvertes d'oeufs et qui
plus tard pourtant n'hébergeront à l'intérieur aucune larve parasite.
2e type — Ovipàrité sur les feuilles. Sasaki, en 1887. a le premier
signalé ce curieux mode de reproduction des Tachinaires, chez une
espèce parasite du ver à suie au Japon, le Crossocosmia Ugimyia seri-
carise. Les auteurs américains ont corroboré les observations de Sasaki,
dont l'exactitude avait été fortement contestée et ils ont reconnu
l'existence d'un mode de reproduction semblable chez plusieurs Tachi-
naires parasites de Liparis dispar : Blepharipa scutellata Rob.-Desv.,
Pales pavida Meig., et Zenillia libatrix Panzer.
Ces Mouches pondent leurs œufs sur les feuilles et ces œufs sont ingérés
par les chenilles, en même temps que les tissus de la plante dont elles
se nourrissent. L'œuf du parasite éclot alors dans le tube digestif de la
chenille td la petite larve qui prend naissance traverse la paroi de
ce dernier pour se loger et se développer dans le tissu adipeux. Les
Tachinaires qui répondent à ce type d'évolution pondent toujours des
œufs de liés petite taille, foncés, à chorion finement chitinisé et con-
tenant au moment de la ponte des larves prêtes à éclore ; elles peuvent
rester longtemps à l'état de repos, emprisonnées clans la coque de
l'œuf et n'éclosent que sous l'influence du milieu intestinal de l'hôte.
Etant donné que la larve qui sort de l'œuf est bien plus petite que celle
des autres Tachinaires, il est probable qu'il existe dans ce cas un stade
larvaire supplémentaire. Si, comme il semble légitime de le faire, on se
base sur la taille et la nature des œufs, pour en déduire le mode de
reproduction de l'Insecte, on peut admettre que cinq espèces de Tachi-
naires européennes sur vingt-quatre étudiées) et quatorze espèces amé-
ricaines examinées par les auteurs se comportent de la même façon
que Blepharipa scutellata el qu'elles pondent sur les feuilles des œufs
destinés à éclore à l'intérieur du tube digestif des chenilles.
NOTES ET REVUE lix
3e Type. — Les larves sont déposées sur la peau de l'hôte. L'auteur ne
donne pas de détails sur ce type de reproduction et se contente de citer
les Tachinaires du groupe des Dexies.
4e Type. — Les larves sont disposées sous ki peau de l'hôte. Ce type
de reproduction était jusqu'alors inconnu. Des exemples en sont fournis
par Dexodes nigripesFall, par Compsilura concinnata Meig., qui sont para-
sites de L. Chrysorrhsea, de L. dispar et probablement aussi d'autres
chenilles. Les femelles de ces Tachinaires présentent à l'extrémité de
leur corps une gaine se terminant en une longue pointe aiguë à son extrémité
et à la base de laquelle aboutit l'oviducte ; c'est avec cette sorte de
tarière que la Mouche pique la peau de la chenille pour introduire sa
larve au-dessous des téguments.
;;c Type. — Les larves sont déposées sur les feuilles. Ce type se trouve
réalisé chez YEupeleteria magnicornis; les observations biologiques qui
ont été faites sur cet Insecte sont dues à M. I). IL Clemons et fournissent
le sujet de l'un des chapitres les plus intéressants du mémoire.
La dissection avait fait constater que ces Mouches peuvent contenir
dans leurs corps des grands œufs allongés, ce qui semblait exclure la
possibilité que les œufs fussent pondus sur les feuilles et mangés par les
chenilles. Mais toutes les tentatives qui avaient été faites par l'observa-
teur pour faire pondre les femelles de YEupeleteria sur les chenilles
avaient été vaines. Après de longues heures d'observations, il fut enfin
reconnu que la Mouche était vivipare et déposait des larves vivantes, non
pas sur les chenilles, mais sur les jeunes tiges, les pétioles, les nervures
et même sur la surface des feuilles.
Ces Mouches planent au-dessus des rameaux comme le font habituelle-
ment aussi les Sylphides ; elles cherchent ainsi à reconnaître ceux qui
abritent leurs hôtes et vont, de préférence, déposer leurs larves sur les
tiges à la surface desquelles une chenille a laissé un fil soyeux sur son
passage. L'odeur semble surtout les guider et elles ne confient jamais
leurs larves à des rameaux dépourvus de chenilles.
Les larves déposées par la Tachinaire sont solidement fixées à la sur-
face de la tige ou de la feuille par un socle mince et membraneux, creusé
en forme de coupe, qui est collé d'une part sur la plante et qui, d'autre
part, entoure l'extrémité anale du corps.
Ainsi attachée par sa base, la larve peut s'étendre circulairement
dans toutes les directions, autant que le lui permet la longueur de son
corps, qui, par une heureuse adaptation, se trouve bien plus grêle et
plus étendu que chez les larves des espèces ovipares. Aussitôt que la
larve pressent l'approche de son hôte, elle ne cesse de s'agiter de côtés
et d'autres et, comme elle se trouve placée sur le trajet du fil soyeux
qu'une chenille a^ laissé derrière elle, cette dernière sera sûre de cueillir
au passage la larve parasite, lorsque le soir venu, elle regagnera son
nid. Aussitôt que la chenille approche, la larve parasite entre donc dans
une vive agitation, puis, lorsqu'elle est à sa portée, elle s'attache à elle
par son extrémité antérieure; grâce à ses propres contractions, grâce
NOTES ET REVUE lx
aussi au mouvement de progression de la chenille, elle se trouve alors
arrachée de son socle en forme de coupe, qui reste fixé à son point
d'attache. Il est à noter que la larve de Eupelcteria magnicornis est une
des larves de Tachinaires le. plus spécialisées connues ; et cela se com-
prend aisément, puisqu'elle a un mode d'existence très particulier et
qu'elle doit rester en dehors du corps de l'hôte pendant un temps assez
long: Nous ne lui trouverons donc pas de téguments lins et blancs
comme aux autres jeunes larves de Tachinaires, mais une peau plus
résistante et d'une teinte plus foncée ; des petites plaques écailleuses
garnissent le corps: plus grandes et plus chitinisées sur la partie dorsale
que sur les parties ventro-latérales, elles ne font défaut que sur la
région médiane du ventre, où elles sont remplacées par une bande de
petites épines noires. Cette espèce présente en outre la particularité de
passer son dernier stade larvaire à l'intérieur de la partie anale et chiti-
nisée de la dépouille du stade pénultième et c'est aussi à l'intérieur de
cette dernière qu'elle effectue sa transformation en pupe, tout l'en-
semble étanl enveloppé par les téguments de la chenille. La pupe de
la Tachinaire se trouve ainsi doublement protégée de l'action de la
lumière et de l'air par la peau de la chenille et par la dépouille du stade
larvaire pénultième ; il en résulte naturellement qu'elle se trouve carac-
térisée par une grande ténuité des parois du puparium et par sa faible
coloration.
Parmi les cinq modes de reproduction, qui viennent d'être passés en
revue, celui de l'Eupeleteria parait être celui qui, au cours de l'évolution,
a dû se développer le dernier et il a dû trouver sa raison d'être dans le
grand nombre de chances qu'il conférait à la larve parasite de pouvoir se
fixer sur la chenille. La jeune larve étant déposée par la Mouche là où la
chenille doit nécessairement passer, il lui devient en effet possible de
se fixer liés facilement aux pattes ou à la partie inférieure de la chenille,
c'est-à-dire sur des régions du corps où le revêtement pileux est court et
clairsemé. Il est intéressant île constater que, dans un groupe aussi
homogène que celui des Tachinaires, des modes de générations aussi
divers, liés à des phénomènes éthologiques aussi variés que ceux qui
viennent d'être passés en revue, aient pu se différencier, et de voir
l'évolution aboutir en dernier lieu à un type de reproduction aussi
étroitement adapté au point de vue du parasitisme que celui de l'Eupe-
leteria magnicornis.
Paru le SS Mars 1910.
Les directeurs :
<i. Pkuvot et E.-(L Racovitza.
Eug. MOFIEVJ Imp.-Grav., 29, Kue DeWmhre Paris ixiv) — Téléph. : 704-75
ARCHIVES
ZOOLOGIE EXPERIMENTALE ET GÉNÉRALE
FONDÉES PAR
II. de LACAZE-DUÏHIERS
PUBLIÉES SOCS LA DIRECTION DE
<i. PRUVOT et E. G. RACOVITZA
Professeur adjoint à la Sorbonne Docteur es sciences
Directeur du Laboratoire Arago Sous Directeur du Laboratoire Arago
5e Série, T. V. NOTES ET REVUE 1910 N° 3
IX
BEITRÀGE ZUR KENNTNIS DER KOPFDRUSEN
DER TRICHOPTERENLARVEN
i Mandibular- i'nd Maxillah-drusen)
Von E. L. Russ
Morphologisches Laboratorium der Universitat. Jassy (Rumànien)
Patten ' (1884) fand als er'ster bei der Larve von Neophylax
concinus(M.c. Lach.) ein einziges Paar von Speicheldrùsen (salivary
glands), die er dem Mandibularsegment zurechnete. Es sind tubu-
lose Driisen, welebe auf Querschnitten einen engen von einer
radiar gestreiften Plasmaschicht nmgebenen Centralkanal auf-
weisen. Licas (1893) stellt bei der Larve von Anabolia furcata zwei
Kopfdrusenpaare fest, ein mandibulares und ein maxillares Paar.
Die radiâre Struktur der das Centralkanal nmgebenden Plasma-
schicht scheint er aber iibersehen zu liaben. Henseval (1896) stellt
1 Tlie Developmenl of Phryganids (Quart. Journ. <>/' micr. Se, voE XXIV).
! Beitràge zur kenntnis der Mundwerkzeuge der Trichopteren [Berlin, Inaug
Dissert).
■' Les glandes buccales des larves des Tricboptères [La cellule, vol. XII).
AIICII. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 5 «SÉRIE T. V. C
lxii NOTES ET REVEE
bei einer aucli im histologischen Punk te soin- eingehenden LTnter-
suchung dieser Driisen als erster fest, dass neben Trichopteren-
larven, welche die beiden Driisenpaare besitzen, es aticli solche
gibt, die nur ein Paar Driisen haben und endlich der Phryganei-
denfamiliezugehorende Larven, beidenen iiberhaupl keinezu finden
sind.
Die Driisen des i und 5 Kopfsegmentes, welche uns hier speziell
beschâftigen, kommen unter zwei verschiedenen Formen vor :
a) Als ans einer Gruppe von Zellen bestehende Driisen. bei
denen die melir oder weniger von einander getrennten Zellen in dru
Ausfiihrungsgang einmiinden (Limnophiliden-typus), und
b) Als tubulôse Driisen, bei welchen die Driisenzellen eng an-
einander geschmiegt sind und eine radiâre Anordnung uni den
Centralkanal aufweisen (Rhyacopliiliden-typus .
Im ersten wie im zweiten Falle sind sie plu rîcellu lare zusammen-
gesetzte Driisen, da sieaus einein Aggregat von secernierenden mit
besonderer Struktur ausgestatteten Zellen, und einem gemein-
schaftlichen Ausfiihrungsgang bestehen.
A) Der limnophiliden-typus. Nach don Untersuchungen von
Lucas, Henseval und den meinigen kommen die ans einer Zellen-
gruppe bestehenden Driisen, bei denen die mehr oder weniger von
einander getrennten Zellen in den Ausfiihrungsgang einmiinden,
bei den Larven der Limnophilidenfamilie vor. Die von niir unter-
suchten Limnophilidenlarven gehôren /.u folgenden Formen :
Anabolia laevis (Zett.), Stenophylax stellalus Curt. . Limnophilus
rhombicus (L.) und eine Limnophilidenart, welche dem L. flavi-
cornis sehr âhnlich ist, wahrscheinlich ist es L. sligma Curt.) Bei
den Anabolia-, Stenophylax und L. s/jgrôalarven findet man zwei
Kopfdriisenpaare (mandibulares und maxillares Paar . Morpholo-
gisch wie histologisch weisen sie dieselbe Beschaffenheil auf wie
die von Lucas und Henseval bei einigen Trichopterenlarven unfcer-
suchten Kopfdriisen.
Da Henseval das Material durcli eineti ungewollten Zufall
vermischt wurde, konnte er nichl feststellen, ob die Larven des
L. rhombicus oder die des A. extricatus zwei Driisenpaare besitzen ;
bei meiner Untersuchung hat sich herausgestellt, dass die Larve
von L. rhombicus zwei Paare von Driisen hat.
li) Der ruyacophiliden-typcs. a). Rhyacophila obliterata Me.
Lachn). Die tubulôsen Kopfdriisen sind bei den Rhyacophiiiden am
NOTES ET REVUE
r\m
sehonsten entwickelt, darum werde ich ihnen eine grôssere Auf-
merksamkeitschenken. Die nâher untersuchte Form isl die Larve
von 11. oblilerata (Me. Lach.).
Die Mandibulardriisen nehmen die Seitenteile derKopfkapsel ein.
Ilir Kôrper beginnt etwas hinter der Mandibelbasis und zieht sich
fast horizontal bis zur Hàlf te des zwisehen der Mandibelbasis und
dem Unterschlundsganglion siehbefmdenden Abstandes. ïhr diinner
Ausfiihrungsgang miindet an der Mandibelbasis an derselben Stelle
C ''.
\ -Bm
J-Î.n/-
r.^c h £■ — \~ &ï$
Fig. 1.
Vu, î. — Querschnitl einer Maxillardrûse von R. obliterala [Me. Lach.i.ôwi. Basalmem-
bran ; i\ Vacuolen ; ce, Centralkanal , inl. c, Intracellulaires Kanàlchen : i, Intima ;
r. Scht. Radiare Schicht. x 480.
wie der Ausfiihrungsgang der entsprechenden Driise der Limno-
philidenlarven. Das Maxillardriisenpaarist immer etwas grosserals
das mandibulare Paar. Die Maxillardriisen befinden sich je eine
rechtsund eine links von der Sagittalebene, und ziehen fast hori-
zontal bisgegen das Unterschlundsganglion. Sie sind zwisehen den
Spinndrùsen, ventral, und dem Darmrohre, dorsal, zu fînden. Der
Ausfiihrungsgang jeder Driise miindet, nachdem er sich allinàhlieh
von der Medianebene entfernt hat, in den âusseren Winkel der
Maxille, in der Nachbar'schaft derventralen Insertion der Mandibel;
also gerade wie bei den Limnophiliden.
i xiv NOTES ET REVUE
Die Driisenzellen sind um einen Centralkanal gruppiert. Der
Gentralkanal wird von einer ehitinosen, lichtbrechenden und sehr
feinen Intima gegen das Lumen abgegrenzt. Dièse Intima isl die
Fortsetzung derjenigen, welche dem eigentlichen Ausfiihrungs-
gange gehôrt. Man kann den Centralkanal alseinallen Driisenzellen
gemeinschaftliches, in die Lange gezogenes Eteservoire betrachten,
da aile intracellulâren Kanàlchen der den Driisenkôrper bildenden
Zellen in dasselbe miinden. Die Zellen besitzen infolgeihrer Anord-
nung um diesen Centralkanal, sowie des gegenseitigen Druckes die
Forni einer abgestumpften Pyramide, die mit der kleinen Basis
gegen den Centralkanal und der grossen, polygonalen, mehr oder
weniger gewôlbten Basis nach aussen gerichtel ist. Die Driisen sind
nacliaussenvon einer kernlosen Membran begrenzt. DieZellgrenzen
treten manchmal schârfer hervor, manclimal erscheinen sic sogar
auf Schnitten derselben Série weniger deutlich. Das kôrnelige
Plasma enthàlt eine wechselnde Zahl von Vacuolen, die gewôhn-
lich in der Nahe des intracellulâren Kanàlchens, sowie in der
Basalregion der Zellen zu finden sind. Das mehr oder weniger
geschlângelte intracellulâre Kanàlchen wird in seiner ganzen
Ausdehnung von einer (auf Querschnitten) radiârgestreiften Plas-
maschicht umgeben. Das Kanàlchen ist inwendig mil einer sehr
diinnen Intima ausgestattel ; esbildetsamt der gestreiften Plasma-
schicht, welche ungefàhr dieselbe Dicke hal wie die Weite des
Kanàlchens, den excretorichen Teil der Driisenzelle. Es isl zu
bemerken, dassdie radiâre Streifung dieser Plasmaschicht, welche
ringsherum das intracytâre Kanàlchen begrenzt, nicht humer mit
derselben Klarheit hervortritt. Dièse Tatsache hàngt wahrscheinlich
mit dem Sekretionzustande der Zelle zusammen. Die Driisenzellen
besitzen einen einzigen grossen Kern, der mehr basai liegt, Er isl
reicb an Chromatinkôrnern und enthàll mehrere verschieden grosse
Kernkôrperehen. Die Wand des eigentlii-hen Ausfiihrungsganges
besteht ans kleinen, abgeflachten Zellen : sic sind auf ihrerinneren
Flàche von einer diinnen, ehitinosen intima bekleidet, welche die
P'ortsetzung drv hypodermalen isl.
b) ffydropsyche pellucidula (Curt. . Bei diesen Hydropsyche-
larvcn konimen die Mandibulardriisen niehl vor; die M exillai-
driisen haben dagegen eine grossere Entwicklung, als bei den
Ithyacopliila-larven, uni, so zn sagen, das fehlende Paar zu
ersei/en. Dièse Driisen sind durch zwei Paare vertreten, je ein Paar
NOTES ET REVUE lxv
links nnd redits von der medianen Ebene. Sie nehmen denselben
Platz in der Kopfkapsel ein, wie die gleichwertigen Driisen der
Ethyacophilalarven. Die Àusfiihrungsgange fliessen je zwei zusam-
inen. links nnd rechts, in einen gemeinschaftlichen Ansfuhrungs-
kanal. Dièse Àusfiihrungskanâle mûnden endlich an demselben
Ort nnd Stelle wie bei den andern schon untersuchten Formen.
Die Driisenstruktur ist dieselbe wie bei It. obliterata.
c Molanna angustata (Curt.) Mandibulardriisen kommen nicht
vor. Die Maxillardriisen sind durch zwei Bûndel von Driisenrôhren,
je einer links nnd rechts von der Sagittalebene, vertreten. Die
Ronron fliessen beiderseits in einen gemeinschaftlichen, kurzen
Àusfiihrungsgang zasammen, welcher an dem àusseren Winkel
der Maxille in die an der Basis der Mandibel sich befindende Rinne
ausmùndel . Sie haben dieselbe Besehaffenheit wie die von Henseval1
(1898) l>ei manchen Trichopteren-larven gefundenen nnd sehr
genau beschriebenen ffiïson'schen Driisen.
C Ein uberzïuliges kopfdrusenpaar bei i)i:i{ larve von Rhyaco-
phila obliterata (Me. Lach.).
Dièse Driise, die bei alleu bisher untersuchten Formen nicht vor-
kommt, ist in der Gegend, wo die Mandibelbasis aufhôrt, zu finden.
Indeni sie etwas in die Mandibêlhohle hineinragt, lehnt sie sich an
die Innenflâche der ventralen Wand der messerfôrmigen Mandibel
an. Ein eigentlicher Ausfuhrungsgang existiert nicht (Fig. 2). Ihr
Centralkanal, welcher die lângere Achse der Driise einnimmt,
niiindet direkt nach aussen. Die Driisenôffnung ist klein und
befîndet sich am Grunde der die Mandibel umkreisenden Rinne,
gegenùber der Ausmundungsstelle des Ausfuhrungsganges der
eigentlichen Mandibulardruse. Der Driisenkôrper besteht aus einem
einzigen Acinus. Seine àussere Flache zeigt manchmal eine leichte
Embuchtung, welche keinen Einfluss anf die Zellenanordnung hat,
sodass die Driise in solchen Fàllen nnr àusserlich ans zwei Partien
zu bestehen sclieini. Aiit'eineiii Schnitt, welcher den Centralkanal
in seiner ganzen Lange trifft, sieht inan die pyramidenformigen
Driisen/.ellen von dem Centralkanal nach allen Richtungen hin
ansstrahlen. In dem korneligen Plasma jeder Zelle sind zwei Zonen
von t'.isl gleicher Dicke zu unterscheiden : eine basale, die den
relaliv kleinen Kern enthalt, und eine andere, die gegendas Lumen
1 Etude comparée des glandes de Gilson, organes métamériques des larves d'insectes
[La Cellule, \..| \i .
lxvi NOTES ET REVUE
des Centralkanals liin sich befindet. Die Basalzone bestehtaus zwei
anderen gleich màchtigen Zonen. Die mit der kernlosen Basal-
membran in Beriihrung stehende Zone besitzt ein feinkôrneliges
Plasma, das sich immer mit don plasmatischen Farbstoffen fërbt.
In ilir sind inanchmal diffuse, dunkelgefârbte Flecke zu linden,
welche wahrscheinlieh ein Stadium des Sekretionsvorganges
darstellen. Der Kern ist immer in der oberen llall'te dieser Zone zn
finden ; er trennl sie, so zu sagen, von der zweiten Zone ab, welche
das zweite \ ici-tel der ganzen Zellenlànge aufnimmt. i)as Plasma
/* fn.
in ti
/"%
Mc7.h
Fie. -2.
Fig. 2. - Sflmiii durch die i re Mandibeldrûse. Ce, Centralkanal ; inte, Intracellulaires
Kanalchen ; bm, Basalmembran, kr, z, Grobkôrnelige Plasmaschicht ; i, Intima;
Md, b, Mandibelbasis. x 525.
dicsci- zweiten Zone liai dieselbe Struktur wie die vorher be-
schriebene. Nach der van Gieson'schen Fârbungsmethode nimmt
sie abermehr Pikrinsauie auf, sodass in den nach dieser Méthode
gefârbten Priiparaten iiber der kernhaltigen Zone eine heller
gelbgefarbte zu linden ist, welche also mil der ersten contrastiert.
In der Basalzone sowie in der gleich darauf folgenden sind die
Zellgrenzen leichl sichtbar ; im iibrigen Driisenteil, gegen den
Centralkanal hin, kann man sie nichl mehr verfolgen. Das Plasma
der Zone, die die innere Hàlfte der Zelle einnimint, isl mehr oder
NOTES ET REVUE lxvii
weniger grobkôrnelig und wird Dur von den basischen Farbstoffen
gefârbt. Dièse Kôrner, die basophi] gennant werden kônnen, sind
gegen die vorhergehende Zone hin so angereiht, dass sie Fàden
bilden, welche durch ihreVerwirrungeinmehroder wenigerfeines
Maschenwerk vortàuschen. In der grobkôrneligen Plasmazone
jederZelle findet sich ein Kanalchen, welches in den axialen Kanal
einmiindet. Sein basales Ende ist wenig erweitert. Um dièses
Kanalchen konnte man niemals, wie in den vorigen Fâllen, eine
(auf QuerschniLten) radiàrgestreifte Schiclil unterscheiden; das
kôrnelige Plasma dehntsich bis an diefeine, lichtbrechende In Lima,
die <las intracellulâre Kanalchen inwendig bekleidet.
Nach der Lage dieser Driisen, ilirem Zusammenhang mit der
Mandibel, sowie der Stelle, wo sie nach aussen mtinden, muss man
sie dem i Kopfsegmente zurechnen und deshalb sind sie als innem
Mandibulardrùscn zu benennen. Indem ich dièse Driise als innere
Mandibulardriise bezeichne, will ich dadurch nicht behaupten,
dass eine Identificierung mil den von Bordas1 (1894) bei einigen
Hymenopterenimagines beschriebenen inneren Mandibulardriïsen
môglich wàre, umsomehr da dièse Driisen bei den entsprechenden
Larven nicht zu finden sind. Ich begniige midi, ihnen diesen Namen
beizulegeo, uni ihre Lage gegeniiber den Nachbarorganen sowie
dem anderen mandibularen Driïsenpaare, welches noch bei den
IL oblilerata-la.T\en vorkommt, mehrzu betonen.
(Die ausfuhrliche Arbeit erschien in rumânischer Sprâche in
Anal. Acad. rom. Ser. II. T. 31. 1009).
X
UN APPAREIL POUR LA MICROPHOTOGRAPHIE
STÉRÉOSCOPIQUE ET SON UTILISATION EN SYSTÉMATIQUE
par A. Quidor
Joindre aux caractères génériques et spécifiques de chaque espèce
la représentation stéréoscopique de cette espèce, former par voie
d'échange et dans les principaux centres d'études des collections
stéréoscopiques complètes, ce serait permettre une diagnose pré-
1 Appareil glandulaire des Hyménoptères [Glandes salivaires, etc.){Ann. Se. mil.
ZqoL, vol XIX).
lxviii NOTES ET HEVUE
cise et rapide des espèces recueillies et supprimer les inconvénients
d'une synonymie abusive. C'est dans ce but et sur mes indications
que la maison Nacbet a construit un microscope répondant aux
besoins du laboratoire et destiné en outre à la stéréoscopie macro
et microphotographique. INous avons cru utile de décrire cet appa-
reil, d'en faire connaître le maniement etde montrer, par quelques
exemples, les services qu'il peut rendre. Nous profitons donc de
l'hospitalité qui nous est offerte dans les Arcmvks pour publier
cette étude faite à la Sorbonne au laboratoire de notre maître,
M. le Professeur Yves Delage.
I. Etude du Microscope Quidor-Nachet.
La première partie a pour objet de décrire cet appareil, de mon-
trer les grossissements qu'il permet d'obtenir et de faire connaître
en outre les rapports qui existent entre l'inclinaison de l'axe
optique et le relief que donne au stéréoscope l'examen des clichés
obtenus.
a) Description de l'appareil (fig. 1 et 2).
Ce microscope diffère du modèle ordinaire par l'inclinaison que
peut prendre le tube du microscope à gauche et à droite de la ver-
ticale et par l'indépendance de la platine. Un diaphragme-iris placé
au-dessus du revolver est utilisé avec les objectifs faible- dont il
permet d'augmenter la profondeur. L'inclinaison est mesurée par
un tambour gradué. Une vis de serrage S permet d'immobiliser
l'appareil dans une position déterminée. La mise au point par la
crémaillère se fait au moyen du bouton de manœuvre F comme
dans le modèle ordinaire. Mais la platine qui est à rotation et à
déplacements rectangulaires se meut dans le sens vertical au
moyen de la vis micrométrique L. Un index I affleure à un point de
repère porté par le support de la platine quand la face supérieure
de celle-ci coïncide avec l'axe de rotation. L'indépendance de la
platine permet d'amener la face supérieure de l'objet au niveau de
cri, axe, condition nécessaire pour que l'objet soit et demeure
centré pendant le déplacemenl angulaire de l'axe optique du
microscope.
La chambre noire se place au-dessus du tube du microscope. Elle
permel «le prendre automatiquemenl e! successivement sur une
NOTES ET REVUE
Fi g. 1.
Fin. 1. — M, Corps du microscope ; o. objectif ; F, bouton manœuvrant la crémaillère
de mise au point: C, centre de rotation ; E, tambour mesurant l'inclinaison;
S, bouton de serrage immobilisant l'appareil dans ses positions successives.
P. Platine, indépendante du microscope, à rotation et à mouvements rectangulaires,
déplacement vertical par la vis micromélriipie L ; b, l'un des boutons commandant
1rs mouvements rectangulaires.; l, index affleurant à un point de repère de L quand
la face supérieure de la platine passe rigoureusement par l'axe de rotation c.
N, chambre noire et son châssisS x 16; AB et A'B' les deux positions successives du
châssis pour la prise d'un cliché stéréoscopique ; D, tige-support de la chambre
fonctionnant: (ai comme annexe du microscope, (6) comme chambre indépendante
munie d'un objectif photographique; ï, double tube empêchant toute infiltration
de lumière dilfuse ; diaphragme et obturateur au-dessus du revolver
(J-
lxx NOTES ET REVUE
même plaque (format 8 X 16) et sous deux angles différents deux
vues du même objet. La photographie se fait avec ou sans
oculaire.
Fig. 2.
FiG. 2. — Dispositif pour les grossissements inférieurs à s et pour les réductions.
b) Dr grossissement :
Par grossissement, nous entendons le rapport linéaire de l'image
à l'objet. Il est donc inférieur, égal ou supérieur à l'unité et peut
s'obtenir soit par l'objectif seul, soit par l'emploi simultané de l'ob-
NOTES ET REVUE i.xxi
jectif et de l'oculaire. Les grossissements susceptibles d'être
obtenus sont donnés par le tableau suivant.
Grossissements donnés
Objectifs employés Tirage de la b) par l'objectif et l'oculaire
(Naehet) Chambre a) par l'objectif seul compensateur
>to graphique
Variable
s"
nipe
Maximum
12
24
40
3
d°
22
U
75
4
d°
35
70
120
5
d°
65
130
220
6
d°
100
200
340
7
d°
160
320
540
1
Ï2
d°
200
400
680
c) De l'inclinaison.
Il n'est peut-être pas sans intérêt de résumer ici notre conception '
des phénomènes stéréoscopiques abstraction faite des expériences
qui l'ont inspirée :
La perception stéréoscopique des sensations de relief et de dis-
tance est due à*une synthèse psychique des images perçues. Elle est
à la fois objective et subjective et ne peut être soumise par consé-
quent aux lois précises de l'Urthostéréoscopie.
Caractérisée par la nécessité d'accomoder et de converger pour
des distances différentes, elle repose sur la divergence directe ou
indirecte des axes visuels, Ce phénomène échappe à l'observateur
et les lignes d'incidence sont nettement distinctes des lignes de
projection, du moins pour l'œil dévié. En d'autres termes l'image
stéréoscopique est essentiellement virtuelle.
Des expériences précises nous ont permis d'ailleurs de formuler
1 A Quidor. a) Etudes Stéréoscopiques et Contribution à la Physiologie des Phénomènes
visuels (Thèse Paris 1909, Faculté des Sciences).
b) stéréoscopie et Phénomènes visuels [Ann. d'Oculistique, t.cxLi, p. loi et
400 ; t. cxlii, p. 100 et 281.)
c) La vision binoculaire (Aun. de Chimie et de Physique, s- série, t. xix.
Février 1910).
lxxii NOTES ET REVUE
deux principes très importantes an point de vue de l'emploi de
notre microscope.
Principe I. — Pour une même inclinaison de Taxe optique le
relief donné par les vues stéréoscopiques d'un même objet obtenues
par le microscope Qùidor-Nachet est indépendant du grossissement.
11 en résulte que si le microscope Quidor-Nachet permettait
d'obtenir successivement avec chacun des objectifs la reproduction
stéréoscopique d'un même objet, la sensation de relief serait iden-
tique quel que soit le grossissement.
Or, pour une inclinaison de 1° donnée à l'axe optique, l'expérience
montre que le relief des objets macroscopiques est sensiblement
exact. Cette inclinaison sera donc employée, même quand il s'agit
d'objets microscopiques, toutes les fois qu'on voudra avoir, à un
grossissement quelconque, une idée exacte du relief d'un objet
donné. Cette inclinaison peut être portée à 1°30' quand l'objet,
placé sous lamelle, aura été quelque peu aplati.
Principe II. — Un objet étant photographié avec le microscope
Quidor-Nachet sous un angle d'inclinaison I,, son relief relatif, pour
une nouvelle inclinaison L, est multiplié par la racine carrée du
rapport du nouvel angle d'inclinaison au premier".
Ce principe n'est pas sans importance si on considère qu'il y a
nécessité ou intérêt, pour certains objets, à diminuer ou à augmenter
l'inclinaison de l'axe optique. La profondeur de l'objet se trouve
alors modifiée. Le tableau suivant donne, avec une approximation
suffisante, les coefficients du relief exact pour une valeur déter-
minée de l'inclinaison.
Valeurs de l Coefficient du relief exact
0°30' 0,7
1°30 1,22
2° 1,41
3° 1,73
4° 2
5° 2,23
6° 2,45
NOTES ET REVUE
Manipulation de l'appareil.
Nous donnerons, dans cette seconde partie, quelques conseils
pratiques sur la préparation des objets, leur éclairage et l'emploi
d'écrans colorés. Nous indiquerons ensuite les manipulations
successives nécessitées par la prise d'un cliché stéréoscopique.
a) De la préparation des objets :
En principe tout animal aquatique sera photographié dans l'eau.
Il sera donc tout d'abord fixé par une goutte de gélatine sur le fond
d'une lamelle évidée ou d'un petit récipient en verre à fond plat,
puis recouvert d'eau après que la gélatine aura été solidifiée soit
par refroidissement, soit par une goutte de formol. Cette prépa-
ration ne s'applique guère qu'aux animaux dont la taille est com-
prise entre 4 et 40 millimètres. Pour les pièces plus petites,
photographiées par transparence, elles seront fixées à l'acide
osmique et montées sur lame dans l'eau formolée. Ces animaux
peuvent être traités simplement par l'eau formolée, éclairés laté-
ralement et photographiés sur fond noir au moyen d'un appareil
d'éclairage spécial que Nachet substitue à l'appareil d'Abbe.
Les animaux mesurant plus de iO milimètres devront être géné-
ralement photographiés à sec.
b) Du MODE d'éclairage.
L'éclairage a ici un rôle considérable. La lumière solaire donne
d'excellents résultats surtout quand l'opérateur peut utiliser l'hé-
liostat. Malheureusement elle n'est pas toujours utilisable en temps
opportun et demande en outre une assez longue expérience. Aussi
recommandons-nous la lampe électrique Nachet qui nous a donné
toute satisfaction. C'est une lampe Nernst à allumage automatique
et pouvant recevoir un courant alternatif ou un courant continu.
Une lentille condensatrice permet d'obtenir soit un faisceau diver-
gent, soit un faisceau parallèle. La lumière est concentrée sur l'objet
par le miroir concave du microscope dans le premier cas et par une
seconde lentille et le miroir plan de l'appareil dans le second. On
obtient d'ailleurs un éclairement uniforme de l'objet par un dépla-
cement convenable de l'appareil d'Abbe ou, lorsqu'il s'agit d'objets
macroscopiques, par l'emploi combiné de verre dépoli et de glaces.
lxxiv NOTES ET REVUE
Avec une lampe de 110 volts on dispose d'une lumière puissante
mais beaucoup plus douce et plus régulière que la lampe à arc. Son
pouvoir actinique est deux ou quatre fois moindre que celui de la
lumière solaire selon qu'elle est utilisée directement ou par l'inter-
médiaire d'un verre dépoli.
Le pouvoir actinique d'une lampe Nernst-Nachet de 110 volts à
courant alternatif étant pris comme unilé, nous avons déterminé
le coefficient du pouvoir actinique des sources lumineuses les plus
usuelles en comparant leur action sur des papiers sensibles à noir-
cissement direct.
Lampe Nernst-Nachet sans verre dépoli. 1
d° avec verre dépoli. 2
, . 1
Lumière solaire -
2
Ampoule électrique (110 volts c1 ait.) . 5
Lampe Osram (110 volts c'ait.) 2
Bec Auer 5
c) Dr l'emploi des écrans colorés.
L'emploi simultané des plaques orthochromatiques et des écrans
Monpillard s'impose lorsque l'objet est coloré. Il suffit généralement
d'employer l'écran jaune et les plaques orthochromatiques
Lumière A pour obtenir d'excellents résultats. Mais il sera néces-
saire, dans quelques cas particuliers de se conformer aux: indica-
tions du tableau de la page lxxv que nous empruntons à M. Mon-
pillard et destiné aux travaux de microphotographie.
d) Prisé ru cliché.
La prise du cliché exige tout d'abord un choix judicieux de l'ob-
jectif dont la profondeur doit être suffisante pour donner une image
très nette de l'objet. Si le grossissement donné ainsi par l'objectif
est insuffisant, on amplifie L'image par L'emploi de l'oculaire com-
pensateur.
Il convient ensuite d'amener aussi rigoureusement que possible
la face supérieure de L'objel au niveau de L'axe de rotation. Celte
condition esl en effet nécessaire pour que L'image <le l'objet soit et
NOTES ET REVUE lxxv
reste centrée pendant le déplacement angulaire de Taxe optique du
microscope. On réalise approximativement cette condition en
manœuvrant soit la crémaillère du porte-objet (macrophotographie)'
soit la vis micrométrique de la platine (microphotographie). L'ap-
pareil étant au zéro, on fait coïncider l'un des axes de symétrie de
Coloration
du sujet
Écran
Monpillard
Sensibilité
de la plaque
Résultat
tac
s
o
0=
Clair. Vert ou vert Z. Sensible au jaune et au vert.
Intensité moy. Vert mi jaune, de
préférencejaune. id. id. id.
Intense. Orangé. id. id. id.
ou au jaune et au rouge
Très intense. Rouge. Sensilj.aujauneetaurouge.
<u
.? 1
Clair.
Bleu ou violet.
Intense.
Vert ou jaune.
*» l
Clair.
Orangé.
a) .
>■ i
Intensité moy.
Jaune.
^ /
Intense.
Vert.
flaque ordinaire.
Sensible au jaune et au vert
Sensible au jaune et au vert
id. id. id.
id. id. id.
=> \
£0 |
Clair.
Intensité moy.
Intense.
Orangé.
Jaune ou vert.
Bleu.
Sensible au jaune et au vert
id. id. id.
Plaque ordinaire.
-0)
° 1
o '
s
CQ
Clair.
1 Intensité moy.
Intense.
Très intense.
Ver! ou vert Z.
Jaune.
Bleu.
Violet.
/ VertZ.
Sensibleau jaune et au vert
id. id. id-
Plaque ordinaire,
id. id.
i
Incolore
i Vert.
Jaune.
• Sensible au jaune et au vert.
1 Bleu.
' Violet.
Plaque ordinaire
id. id.
S s
a
—
Délin. maxim.
tr. -bonne délin.
Images nettes.
id. id.
avec augm. du
pouv. résolvant
des objectifs.
l'objet avec celui que porte le verre dépoli. L'appareil étant alors
incliné d'un angle I, l'objet se trouve généralement décentré. On
le ramène à sa position primitive en modifiant convenablement la
distance de la face supérieure de la platine à l'axe de rotation et en
lxxvi NOTES ET REVUE
rectifiant, en même temps, la mise au point au moyen du bouton de
manu1 livre F.
Quand il s'agit de forts grossissements, il est préférable d'utiliser
la lamelle de mise au point de Nachet. C'est une lame de verre qui
porte une ouverture circulaire obturée par une seconde lame de
verre fixée à la face inférieure de la première. Il en résulte que la
face supérieure de la lame obturatrice coïncide rigoureusement
avec celle de la platine et par suite avec le plan horizontal mené par
Taxe de rotation quand l'index I est en face de son point de repère.
Si doue avec l'objectif choisi et sans toucher à la vis micromé-
trique on met au point deux lignes portées par la face supérieure de
la lame obturatrice et qu'on substitue l'objet à cette lamelle, la
partie de l'objet qui sera mise au point au moyen de la vis micro-
métrique appartiendra rigoureusement au plan horizontal mené par
l'axe de rotation. La substitution de l'objet à la lamelle nécessitera
parfois l'abaissement temporaire de la platine au moyen de la vis
micrométrique.
L'opérateur met alors en place la chambre noire et procède à une
mise au point aussi rigoureuse que possible au moyen du
bouton F.
Cette première opération étant faite et l'appareil incliné d'un
angle L, on place l'écran Monpillard sur le trajet du faisceau lumi-
neux puis on assure la stabilité de l'appareil en serrant à fond les
vis fixant chambre noire et tige. On parfait ensuite sur la glace non
dépolie la mise au point d'une particularité de l'objet avec la loupe
de « mise au point ». Il est alors parfois nécessaire de recourir à la
vis micromélrique ; mais il convient de rappeler que celle-ci ne
doit imprimer à la platine qu'un déplacement négligeable. A
cette condition seule le plan horizontal mené par l'axe de rotatiou
coïncidera sensiblement avec la face supérieure de l'objet et les
images de celui-ci seront correctement centrées.
Le cliché est pris sur la partie gauche ou droite de la plaque
8 X lfi selon que l'axe optique se trouve à droite ou à gauche de la
verticale lorsque l'objectif est employé seul et en sens inverse si on
utilise l'oculaire. L'inversion des clichés que nécessiterai! le tirage
des positifs se trouve ainsi supprimée.
Après la prise du premier cliché, l'appareil reçoit une nouvelle
inclinaison symétrique de la première. L'opérateur l'ail une nou-
velle mise au point rigoureuse de la particularité de l'objet remar-
NOTES ET REVUE
NOTES ET REVUE
NOTES ET REVUE
lxxx NOTES ET REVUE
quée précédemment. Avec robjeclif photographique ou la loupe
cette seconde mise au point est généralement inutile.
Un peut simplifier les manipulations précédentes en mettant
directement au point sur la plaque sensible elle-même. Il suffit de
placer un écran rouge sur le trajet des rayons lumineux et d'em-
ployer un châssis spécial dont Tune des faces porte un verre rouge.
On utilise dans ce cas les plaques Lumière étiqueLte rouge. La
mise au point faite, il suffit d'enlever l'écran rouge pour impres-
sionner la plaque. Cette émulsion est quinze fois moins sensible
que celle des plaques Lumière étiquette bleue.
III. Résumé des conditions dans lesquelles ont été pris quelques clichés
Oculaire
Objet
Objectif
_ Source verre „ . , ,. Plaques
Ecrans , , dross1 Inclm. l'ose ,
(,oiupr lumineuse dépoli employées
Pocillopore Cestipora
photogra-
Lampe
phique
Nernst-Nachet v. d.
1
2
2°
3'
Lu m. bleue
d»
1. naturelle
4
2"
1 30'
d»
Cidippe
loupe
d»
12
3"
30"
d»
Rétine de
Lampe
Luin.
bœuf injectée
loupe
jaune
■ Nernst-Naehet v. d.
12
2°
2'30
orthochr. A
d°
3
d»
d» d-
22
2°
5'
d»
d°
3
4
d°
d° d'-
ii
2°
12'
d°
Trocb.ospb.tera
Ampoule
sequatorialis
3
8
dellOvolls d°
Lampe fond
75
2°
12'
l.um. bleue
Diatomées
4
8
Nernst noir
120
2°
8'
d»
Asplanchna
Lampe
prodonta
5
4
Nenist-Nai'het v. d.
130
2°
(V
Lum. bleue
Daphnie
5
8
d" d-
200
2°
12'
d»
Diatomée
1
ïi
8
d" d°
680
1°
15'
d»
RESUME
Il convient en terminant de noter que certains matériels pré-
senteront quelques difficultés d'ordre général. Parfois l'objet est
d'épaisseur inégale et ses diverses parties photographiées par trans-
parence exigeraient des temps de pose différents. Il convient dans
NOTES ET REVUE lxxxi
ce cas d'employer le système d'éclairage latéral de Nachet qui
permet de photographier sur fond noir. Si enfin le relief de l'objet
ne permet pas l'emploi d'un objectif assez puissant pour obtenir
avec l'oculaire un grossissement suffisant, il n'y a d'autre moyen
que de sacrifier le grossissement quitte ensuite à agrandir les
clichés obtenus. Mais ce ne sont laque des exceptions et le .plus
souvent la systématique parait devoir trouver dans la stéréoscopie
une auxiliaire précieuse.
Le stéréoscope de poche de Mendel, éditeur rue d'Assas, permet l'examen des stéréo-
graphies qui accompagnent cette étude.
REVUES CRITIQUES
XI
LE SYSTÈME NERVEUX DE \;ASCARJS
D'après des travaux récents
par Etienne de Rouville
Docteur es sciences
Maitre de Conférences Adjoint à la Faculté des Sciences de Montpellier
Les Nématodes constituent un groupe zoologique tout particulièrement
intéressant. Ces animaux dont l'étude a déjà provoqué l'éclosion d'un
grand nombre de travaux de première valeur et préoccupe encore
aujourd'hui les savants, m'ont paru devoir mériter l'attention des lecteurs
des « Notes et Revue » '.
Certes, un volume suffirait à peine à la mise au point de toutes les
Recherches si variées auxquelles ils ont donné lieu, qu'il s'agisse des
questions d'Ovogénèse, de Spermatogénèse, de Spermiogénèse et de
développement, ou bien de l'Anatomie et de l'Histologie de leurs sys-
tèmes digestif, excréteur, musculaire et nerveux.
Aussi vais-je me placer sous un point de vue tout spécial. Je laisserai
de côté les Nématodes libres et, parmi les parasites, je ferai choix de
VAxcaris lumbricdides du Porc et de l'Ascaris megalocephala du Cheval,
n'étudiant chez eux que le seul Système nerveux.
1 « Zoologische Jahrbucher ». Tome 18. L903.
« Zeitsclirift fur wissenschaftliche Zoologie ». Tomes 90 (1908) et 9-2 (1909).
« Zeitsclirift fur wissenschaftliche Zoologie ». Tome 89 (1908).
Je remercie très respectueusement MM. fruvot et Racovitza de l'honneur qu'ils me
font en accordant a cette modeste mise au point l'hospitalité de leurs « Notes et l!e\ ue >
Lxxxn NOTES ET REVUE
Les travaux les plus récents que je vais avoir à analyser sont dûs à
R. Goldschmidt, de Munich, et à 1). Deineka, de Saint-Pétersbourg. Les
Mémoires du premier zoologiste ont été publiés en 1903, en 1908 et en
1909; celui du second, en 1908.
Avec Goldschmidt, j'étudierai chez l'Ascaris la topographie du système
nerveux et son anatomie microscopique, c'est-à-dire les cellules ganglion-
naires, les fibres nerveuses et leurs connexions anatomiques, en dehors
de l'anneau nerveux ; il s'agira de l'Ascaris lumbricoides du Porc, forme
plus petite, qui se prête mieux que l'autre à la plupart des observations
hislologiques.
Je suivrai ensuite l'auteur allemand dans sa description très minu-
tieuse de l'anneau nerveux, faite chez Ascaris megalocephala ; c'est dans
cette région que les neurones entrent en relation ; cette étude particu-
lière jette, nous le verrons, un certain jour sur le problème de la
« Continuité », ainsi que sur les questions du « Neurone » et de 1' « Arc
réflexe ».
Quant à l'histologie fine du système nerveux, elle fera l'objet d'une
prochaine publication de Goldschmidt qui se propose d'étudier la struc-
ture des cellules ganglionnaires, la substance tigroïde et l'appareil chro-
midial, les neurofibrilles, l'innervation des muscles ainsi que les cellules
gliales.
Un travail tout récent, paru en Octobre 1909, du même Zoologiste,
méritera, lui aussi, une courte analyse : il s'agit du « Squelette de la
cellule musculaire de YAscaris », sujet qui, par certains points, se
rattache à la grande question du système nerveux.
Le Mémoire de Deineka, enfin, traite du système nerveux envisagé
spécialement dans l'extrémité postérieure du corps; les cellules sensi-
bles dont il distingue deux espèces et les cellules motrices dont il décrit
quatre types différents y sont étudiées de très près.
Je réserverai l'index bibliographique pour la fin de cette mise au point.
Voici donc, dans leur ordre, les sujets qui, après un rapide Historique,
résumé de celui que donne Goldschmidt dans son étude de 1908, seront
passés en revue dans ce premier article qui sera suivi de plusieurs
autres.
1° Topographie : a) Description de la région antérieure du corps de
l'Ascaris ; b) Topographie du système nerveux. — 11° Anatomie micros-
copique : a) les ganglions ; b) les nerfs sensibles et les organes sensoriels
(Papilles des lèvres, du cou et de la région anale).
HISTORIQUE
La première esquisse du système nerveux des Nématodes est due à
A. Schneider (1866); mais c'est O. BCtschli (1874) qui a publié la pre-
mière description détaillée morphologique et histologique de ce système.
Non loin de l'extrémité antérieure du corps, il trouve, autour de l'œso-
phage, un anneau nerveux entouré par une gaine fibreuse et contenant
de 40 à 50 libres nerveuses. Quatre nerfs en parlent qui suivent les lignes
NOTES ET REVUE lxxxiii
submédianes et renferment des cellules ganglionnaires. En arrière se
dégagent de cet anneau un nerf ventral, un nerf dorsal, et, de chaque
côté, ventralement, un nerf qui se dirige dans la sous-cuticule vers la
ligne latérale. Le nerf ventral contient, en arrière de l'anneau, un certain
nombre de cellules glanglionnaires. Les nerfs situés dans les lignes laté-
rales présentent, aussi, de nombreuses cellules ganglionnaires, mises en
relation par des fibres avec d'autres cellules situées dans le voisinage des
papilles du cou.
Butschli décrit aussi d'autres cellules ganglionnaires dans une mem-
brane qui s'étend, en forme de pont, dans la région antérieure du corps
et dans laquelle est contenu le canal excréteur; de chaque côté se trou-
vciil environ cinq grandes et six petites cellules. Après avoir encore
décrit d'autres cordons nerveux, Butschli insiste sur l'innervation des
muscles qui s'opère grâce à des prolongement que ceux-ci envoient aux
nerfs longitudinaux.
Hesse (1892) précise les rapports entre les nerfs latéraux et le nerf
ventral, et décrit plus minutieusement les organes sensoriels contenus
dans les lèvres, ainsi que les commissures reliant à droite et à gauche
le nerf dorsal et le nerf ventral.
Hamànn i 1895) chez Lecanocephalus étudie un système nerveux qui
s'éloigne en beaucoup de points de celui des autres Nématodes : dans
l'anneau nerveux qui, généralement, est presque dépourvu de cellules,
il décrit 20 cellules glanglionnaires ; 8 cordons nerveux en parlent,
indépendants des amas de cellules ganglionnaires, qui président à l'in-
nervation de la musculature antérieure du corps; une masse ganglion-
naire ventrale réunit entre eux des ganglions latéraux droits et gauches.
Plus récemment ont paru trois descriptions du système nerveux chez
trois Nématodes différents : VAnthraconemaa été étudié par Zuk Strassen
(1904), VAnkylostomum duodenale par Looss (1905) et le Mermis albicans
par Rauther (1906).
En 1903, R. Goldschmidt publiait une étude approfondie du système
nerveux sensible chez Ascaris ; il l'a reprise, modifiée et complétée dans
son Mémoire de 1908 que je vais analyser.
Zur Strassen ^1904) étudie de près le système ganglionnaire très déve-
loppé chez son ver, ainsi que les commissures qui mettent ces ganglions
en relation : en particulier la plus importante, la commissure dorso-
ventrale ou anneau nerveux; il se préoccupe également de la descrip-
tion très détaillée de nombreux nerfs se dirigeant dans les régions anté-
rieure et postérieure du corps, et spécialement des 6 nerfs sensibles qui
se rendent aux organes sensoriels de la tète, et dont l'allure rappelle
essentiellement celle des mêmes nerfs étudiés par (ioldschmidt chez
Ascaris.
Le Mémoire de Looss (1905) sur l'Ankylostome représente, sans aucun
doute, un travail vraiment fondamental sur la question. 11 précise et
approfondit l'élude de l'anneau nerveux qu'il appelle avec raison la
« commissure céphalique », celle des ganglions, des nerfs et des commis-
lxxxiv NOTES ET REVUE
sures. Il distingue, -entre autres, les ganglions: ventral, dorsal, latéraux,
et, en arrière de ceux-ci, les ganglions postlatéraux qui donnenl nais-
sance aux nerfs des papilles céphaliques latérales.
Rautiier (1906) distingue, lui aussi, chez son ver les ganglions : ventral,
dorsal et latéraux. Ces derniers contiennent de 30 à 40 cellules qui for-
ment un groupe antérieur et un groupe postérieur ; deux commissures
les relient au ganglion ventral. Pour le reste, ses observations concor-
dent, dans les points essentiels, avec celles faites chez d'autres
Nématodes.
Je dois enfin citer ici les travaux toul récents de R. Goldsghmidt
■ 1908 et 1909) et de Deineka (1908) dont il a été question plus haut. Dans
tous ces travaux, à l'exception de ceux de Bûtschli, de Goldsghmidt et de
Deineka, les auteurs ne se sont que peu préoccupés de la fine structure
du système nerveux : quelques données sur le nombre approximatif des
cellules contenues dans les ganglions et sur le nombre de leurs prolon-
gements ; quelques communications sur des cellules d'enveloppe et de
soutien en relation avec certains éléments nerveux, et c'est tout.
C'est, au contraire, à la structure histologique du système nerveux des
Nématodes qu'ont été consacrées les études de Rohde (1885-1892) et
d'ApATHY (1893-1894). Ces deux savants ont traité de la question de l'in-
nervation des muscles chez Ascaris; une discussion très vive s'est élevée
entre eux, discussion sur laquelle je n'insisterai pas ici ; je résumerai
en quelques mots leurs idées sur ce sujet. Un fait très particulier dans
l'organisation des Nématodes est l'absence, dans leurs muscles, de rami-
fications de libres nerveuses motrices, cependant si nombreuses chez les
autres animaux. Ici, suivant l'heureuse expression de Dki.neka, ce ne
sont pas les nerfs qui vont à la rencontre des muscles, mais, inverse-
ment, les muscles qui se dirigent vers les nerfs. Chaque cellule muscu-
laire fournit un prolongement spécialemenl développé qui va au-devant
des fibres nerveuses motrices.
Pour Rohde, dans les régions de contact entre muscles et nerfs, ceux-
ci se subdivisent en fines branches qui pénètrent dans les fibres muscu-
laires, de façon que la substance de ces dernières finit par se fondre
complètement avec celle des fibres nerveuses.
Pour Ai'Aïhy, il n'en est lien; de la fibre nerveuse, à l'endroit où
pénètre en elle le prolongement de la libre musculaire part un faisceau
de fibrilles nerveuses primitives ; il pénètre dans le prolongement mus-
culaire et s'y subdivise eu un grand nombre de fibrilles primitives qui
traversent non seulement le prolongement en question, mais aussi la
cellule musculaire elle-même dans laquelle elles courent suivant toutes
les directions; ces fibrilles atteignent les parties contractiles de ces
cellules el se faufilent, sinueuses, entre les faisceaux des fibres muscu-
laires pour y former des épaississements.
Les fibrilles nerveuses primitives sortent même, d'après Ajpathy, de
la cellule musculaire, el aboutissent dans la sous-cuticule où elles cons-
tituent de riches entrelacements.
NOTES ET REVUE
Le Mémoire cTApathy est particulièrement intéressait car il contient
une des premières expositions détaillées de la doctrine oeuro-fibrillaire
de cet auteur.
Un second sujet de désaccord entre ces deux savants est la question
de lastructure intimé de l'anneau nerveux. Apathy pensait que cetorgane
était constitué par un certain nombre de faisceaux fibrillaires circulaires
dont les fibrilles, bien que onduleuses, et par conséquent, pouvant dis-
paraître d'une coupe pour se retrouver dans la suivante, possédaient
tout de même une individualité et une continuité indiscutables. Hohde,
au contraire, avait déjà étudié ce même anneau, mais ne croyait pas à
cette individualité des fibrilles; il décrivait même à côte des libres ner-
veuses, une substance comparable à la « substance ponctuée » de Leydig,
due à la réunion des fibres nerveuses voisines, composées de fibrilles
grossières.
I" TOPOGRAPHIE
a) Description de la région antérieure du corps de l'Ascaris
Le système nerveux de 1'Ascam lumbrico'ides se compose : 1° de l'or-
gane centra] ; 2° des nerfs longitudinaux du corps ; 3° d'un centre spécial
pour la région postérieure ; 4° de nerfs sensibles avec les organes sen-
soriels. (Le système nerveux de V Ascaris megalocephala rappelle,
d'ailleurs, en tous points, celui-ci).
GoLDSCHMiftT ne s'occupe tout d'abord que du système nerveux logé
dans la région antérieure du corps, c'est-à-dire de l'organe central, ou
anneau nerveux, et des nerfs sensibles pro-
venant des organes des sens de cette extré-
mité antérieure ; il décrit également la
région la plus antérieure des voies motrices
qui, elles, sortent de l'anneau.
Je crois bon de compléter ce tableau en
citant ici les organes sensoriels de la région
anale du mâle, bien que ces « papilles
anales » occupent la région postérieure du
corps ; je ferai plus loin leur étude en
même temps que je décrirai les papilles des
lèvres et celles du cou.
La région intéressante pour nous mesure pj^r. j.
1 c. m. de long; eu avant est la bouebe
entourée de trois bourrelets ou lèvres : une dorsale supérieure, et
deux latérales, inférieures. La lèvre supérieure porte deux papilles
nerveuses; ebacune des lèvres inférieures, une seule. Cbaque papille con-
tienl les appareils terminaux de deux organes sensoriels différents, qui
sont : l'organe sensoriel submédian médian et l'organe sensoriel submédian
latéral (v. tig. 1).
Déplus, chaque lèvre inférieure porte deux organes sensoriels supplé-
mentaires, tout à fait antérieurs ; ce sont les organes latéraux qu'on
L XXXVI
.NOTES ET REVUE
distingue en dorsal et en ventral. Il existe dune, au total, 4 papilles
labiales et 12 organes sensoriels.
Les lèvres possèdent un tissu propre des plus remarquables ; on y a
décrit quelques cellules régulièrement situées, et en petit nombre, d'une
forme typique et d'immense taille : 0 cellules en massue (2 dans chaque
lèvre), mesurant 800 p. de long; la lèvre supérieure possède une paire
de cellules particulières, ou « cellules-fibres » ; cbacune des lèvres infé-
rieures possède également une cellule spéciale, beaucoup moins impor-
tante que cescellules libres, mais donton peut, à la rigueur, les rapprocher.
Enfin, dans cbacune des trois lèvres, existent trois autres cellules, situées
contre l'œsophage et que leur forme a l'ail appeler « cellules en arcade ».
En arrière de celte région céphalique se trouve le cou au niveau
duquel on distingue les <• papilles latérales du cou »> (Pal . v. lig. 2).
NOTES ET REVEE lxxxmi
Quant aux papilles anales, spéciales au mâle, et tout à fait postérieures,
il en existerait, d'après Sghneideb, 150 dont 14 en arrière de l'anus.
En avant et un peu en arrière des organes centraux du système ner-
veux, les lignes du corps montrent quelques particularités remarquables.
Tandis qu'ailleurs elles n'atteignent pas le canal digestif, niais font libre-
ment saillie dans la « cavité générale », elles se rapprochent, à partir de
cette région jusqu'à l'extrémité antérieure, et sont reliées par l'intermé-
diaire d'éléments mésodermiques à l'œsophage qu'elles entourent.
Fiff. 3.
La figure 3 est intéressante à consulter sous ce point de vue. Elle
représente demi-schématiquement une préparation en surface obtenue
en opérant dans la région antérieure du corps de l'Ascaris, et suivant sa
longueur, une incision passant entre la ligne latérale droite et la ligne
dorsale; l'œsophage a été enlevé et la paroi du corps, étendue, est
observée par sa face interne.
(Les deux lignes larges représentent les lignes latérales; les deux
lignes plus étroites, les lignes dorsale et ventrale, cette dernière mon-
trant une dilatation postérieure, dans laquelle sont logées un certain
nombre de cellules).
Dans cette figure on observe, en avant, un voile . développé qui unit
entre elles les lignes du corps ; il se termine en arrière avec l'anneau
lxxxviii NOTES ET REVUE
nerveux (Nervenrin g), représenté seulement par sa gaîne colorable. Ven-
tralement, ce tissu se prolonge en arrière et forme un pont à deux arches
réunissant la ligne ventrale aux deux lignes latérales, Nous distinguons
dans ce pont une partie antérieure plus délicate, séparée de chaque côté
de l'anneau nerveux par une fenêtre ovale (et qui contient les cellules du
G. céphalique ventral), ainsi qu'une partie postérieure, plus tendue, plus
raide, qui, à droite et à gauche, s'étend sur les lignes latérales.
Les deux arches sont, sur la ligne médiane ventrale, séparées par une
grande fenêtre à peu près triangulaire ; en arrière de celle-ci existe, on
le voit, un second pont qui, lui, est étroit. Le pont tout entier renferme
les ramifications caractéristiques du canal excréteur; dans les deux
arches antérieures circulent les deux canaux excréteurs pairs qui se
réunissent sur la ligne médiane en un canal impair oblique qui s'ouvre
ventralement par le pore excréteur. (Les prolongements des cellules gan-
glionnaires, faiblement colorés par le Bleu de Méthylène, ne peuvent pas
être aperçus à ce grossissement ; quant aux nerfs qui courent dans la
sous-cuticule, ils sont figurés par des lignes blanches, minces et paral-
lèles entre elles).
b) Topographie du système nerveux.
Le système nerveux utilise la couche sous-cuticulaire, les lignes du
corps et les membranes disposées comme des ponts dont nous venons de
nous occuper. Il ne constitue pas une masse unique ; aussi est-il impos-
sible d'en faire une préparation d'ensemble, mais on peut toutefois le
décomposer en ses éléments et distinguer dans des amas de cellules gan-
glionnaires, d'après l'origine et la destinée des fibres nerveuses appar-
tenant à ces cellules, des groupes plus petits correspondant à des unités
ganglionnaires. Grâce au nombre extrêmement faible des cellules gan-
glionnaires présentes dans le système nerveux de l'Ascaris, on peut quel-
quefois même personnifier un ganglion par une ou deux cellules, ainsi
qu'un nerf peut ne consister qu'en une seule libre nerveuse.
L'organe central autour duquel tout se groupe est l'anneau nerveux
qui, primitivement, avait été pris pour le centre nerveux mais qui n'est,
en somme, qu'une grande commissure: la commissure céphalique ; elle
entoure complètement l'œsophage et est en contact direct avec lui.
En arrière de l'anneau est placé, sur le côté ventral, le ganglion le plus
grand et le seul vraiment distinct: le ganglion céphalique rentrai (v. lig. 2
et 5), situé avec ses prolongements à peu près symétriques sur l'œso-
phage, et recouvrant les deux arches du pont qui contient le canal
excréteur (v. (ig. 3).
La lecture de la figure 2 permet facilement de distinguer les principaux
ganglions et nerfs ainsi que les principales commissures îles noms de ces
ganglions, de ces nerfs et de ces commissures y sont désignés par leurs
initiales).
(l'est ainsi qu'il existe, en plus de ce ganglion céphalique ventral : le
Ci. Céphalique latéral interne, le (i. céphalique latéral interne postérieur,
NOTES ET REVUE lxxxix
situés dans la ligne latérale, voisins de l'œsophage; le (;. du Nerf papil-
laire latéral majeur, plus en dehors ; le petit G. céphalique latéral externe
antérieur, le G. céphalique latéral externe médian, plus gros, et le très
petit G. céphalique latéral citerne postérieur ; puis, le G. céphalique dorsal
et le tout petit G. céphalique subdorsal, entre la ligne dorsale et la ligne
latérale. Enfin, dans le tissu qui entoure l'œsophage, les G. du N. papil-
laire latéral mineur et les G. des N. papillaircs subdorsal et subventral.
Dans la figure 2 se trouve aussi le G. ventral I, situé sur le cours du
N. ventral.
Les principaux nerfs y sont également reconnaissables ainsi que les
commissures qui relient les ganglions soit entre eux, soit avec les nerfs.
Citons, par exemple, le N. ventral, le N. dorsal, les N. subventraux et sub-
dorsaux ; puis, en avant, sortant de la commissure céphalique, les diffé-
rents nerfs papillaires qui se rendent directement aux papilles labiales:
N. papillaires subdorsaux, subventraux, latéraux mineurs. Les Nerfs latéraux
ne proviennent pas directement de l'anneau, mais, par une double racine
des G. céphaliques latéraux externe, antérieur et médian ; c'est un fais-
ceau nerveux assez grêle.
Comme commissures (tig.2 et 3), on distingue, après la Commissure
céphalique : la C. rentrodorsalc I, la C. ventrodorsale II, la C. ventrodorsale
oblique qui relie directement l'anneau nerveux et le nerf dorsal; la
C. rentrodorsalc antérieure ; la C. ventrolatêrale située à la même hauteur
que la C. céphalique, mais courant dans l'intérieur de la sous-cuticule.
Finalement, il existe encore une très délicate union des G. latéraux
avec le Nerf ventral grâce à la C. céphalique ventrolatêrale postérieure.
II. ANATOMIE MICROSCOPIQUE
a) Les Ganglions.
Le système nerveux de l'Ascaris comprend uniquement des cellules
ganglionnaires et des libres nerveuses ; Goldschmidt nie, dans ce système,
l'existence d'un neuropilème ou réseau élémentaire diffus. Ici, chaque
cellule ganglionnaire, chaque fibre nerveuse peut être observée, et l'on peut
se rendre compte de presque tous les rapports qui existent entre ces
éléments : les éléments qui composent le système nerveux montrent une
constance absolue très remarquable. Dans ses nombreuses préparations
faites avec les méthodes les plus différentes, Goldschmidt n'a jamais omis
une cellule ganglionnaire ou une tibre nerveuse ; il n'en a jamais trouvé
une de plus. Toute cellule et tout rapport de cellules entre elles lui ont
toujours paru typiques. Ces éléments constitutifs du système nerveux
sont en petit nombre, de tailles suffisantes et, en général, heureusement
séparés les uns des autres. De même, toutes les commissures, comme
aussi les nerfs longitudinaux, sont formés d'un nombre constant de
libres nerveuses. Chez V Ascaris le système nerveux central entier com-
prend 162 cellules ganglionnaires ; la plupart des nerfs contiennent un
petil nombre de fibres nerveuses qui, même avec leurs connexions, sont
XG
NOTES ET REVUE
si peu compliquées que l'on peu facilement reconstruire leur trajet sur
des coupes en séries.
La figure 4 nous montre trois sortes de cellules ganglionnaires, cha-
cune d'elles étant représentée par quatre exemplaires (les chiffres 55,6
et 27 sont les numéros d'ordre qui ont été attribués par l'auteur alle-
mand à ces trois cellules qui se trouvent mais que l'on ne découvrirait
que difficilement, même à l'aide de
la loupe, dans la figure réduite ; la
cellule 6 se rencontre hien distincte,
dans la fig. 5).
Ce qu'il y a d'intéressant, c'est de
V^ savoir que, dans chacune des trois
4^r séries en question, les quatre exem-
/ / plaires sont empruntés à des prépa-
/'^ rations différentes (préparations
totales ou coupes), et appartient
indifféremment au côté droit ou au
côté gauche du corps: il y a donc
chez les cellules ganglionnaires de
VA scaris une constance extraordinaire
dans leur forme
Parmi les cellules ganglionnaires,
Goldschmidt distingue 4 groupes :
l°les cellules centrales, cellules typi-
ques de l'organe central et, à une
exception près, toutes unipolaires ;
elles sont dites « directes » ou
ci indirectes » suivant qu'elles en
voient à la commissure céphalique
leur prolongement directement ou
par l'intermédiaire d'une commis-
sure ; 2° les cellules commissurales
situées dans l'anneau nerveux, mais
aussi dans le nerf ventral ; 3° les
cellules sensorielles qui méritent ce
nom hien qu'appartenant aux
organes nerveux centraux ; elles
sont en relation très étroite avec les
nerfs sensoriels; elles sont toutes bipolaires; ici aussi, ces cellules sont
dites « directes » ou « indirectes » ; 4° quelques cellules ne trouvant
pas place dans les groupes précédents : ce sont des cellules bipolaires
enchâssées dans les nerfs longitudinaux.
Un rapide coup d'œi] jeté sur les figures 3 et 5 montre qu'il existe
une symétrie cellulaire presque complète à l'intérieur du système
nerveux.
Si, d'un côté, nous avons deux cellules et, de l'autre côté, symétrique-
Fig.
NOTES ET REVUE xci
mont situées, trois cellules, chaque cellule d'un côté possède sa parte-
naire comme réfléchie par un miroir de l'autre côté.
Quelquefois certaines cellules ganglionnaires que l'on doit attribuer à
des ganglions différents sont très rapprochées, et inversement, d'autres
qui doivent être placées dans le même ganglion peuvent être sensi-
blement séparées les unes des autres.
Ne pouvant passer en revue les nombreux ganglions du système
nerveux de l'Ascaris, pour étudier dans leur sein la disposition des
^ 9
0
Fig. 5.
cellules qui les composent, j'en choisirai deux parmi eux : le plus
important, le (;. céphalique rentrai ; puis dans l'intérieur du nerf ventral
logé lui-même dans la ligne ventrale, le G. ventral l.
A. Le G. céphalique ventral (ûg. 2, 3 et .fi) est formé de 33 cellules, dont
30 symétriques (15 à droite et 15 à gauche), une impaire, au milieu, et
deux asymétriques, exclusivement dans la moitié droite.
L'ensemble de ces cellules se laisse décomposer en 4 groupes plus ou
moins rapprochés ou éloignés suivant le degré de contraction du ver ;
on les distingue très nettement sur la figure h: 1° un groupe de 6 cellules
symétriques, de formes et de dispositions caractéristiques; immédia-
NOTES ET REVUE
temenl en arrière de l'anneau ; 2° un groupe de o cellules également
symétriques, très grosses, ainsi qu'une cellule impaire, sur la ligne
médiane, la cellule 16 (elle est, d'ailleurs, en général, normalement
rejetée à droite) ; 3° un groupe cellulaire dont la position dépend des
déplacements des tissus voisins et n'apparaît bien dislinctque si l'animal
est bien tendu ; c'est lu seule partie asymétrique du système nerveux, car
ce groupe comprend seulement 3 cellules à gauche et 'j à droite ; du
côté droit, appartenant encore à ce groupe, sont
les cellules 17 et 18 asymétriques ; 4° comme
quatrième groupe, Goldschmidt cite de chaque
côté une cellule unique du même type que les
cellules 7-11 ; c'est la cellule 12, toujours
séparée des autres, quelquefois même déplacée
au point de reposer contre la ligne latérale.
B. — Le ganglion ventral I, est logé (fig. 2, 3
et 6) dans l'intérieur du nerf ventral ; à son
niveau, la liiine ventrale forme une dilatation.
Ce ganglion est composé de 13 cellules de tailles
différentes (79-91).
Dans les autres nerfs longitudinaux, on ne
trouve jamais de cellules ganglionnaires.
b) Les Nerfs sensibles et les organes sensoriels
(fig. 2 et 1). — Les organes sensoriels d'où les
nerfs sensibles se rendent à l'organe central
sont, nous le savons, pour la plupart situés dans
les papilles ; une paire seule de papilles (celle du
cou) est placée en arrière de l'anneau. Les
organes des sens ne sont d'ailleurs, tous que de
libres terminaisons nerveuses ; nulle part, en
effet, n'existe de cellule sensorielle périphérique.
La libre nerveuse se termine tout à fait au-
dessous ou à la surface de la cuticule par un
organe spécial ; elle est presque toujours
accompagnée et protégée par deux sortes de
cellules que Goldschmidt a, le premier, nette-
ment décrites ; ce sont ses « Stùtzzellen »
et ses « Geleitzellen » que j'appellerai <• cellules de soutien » et « cellules
d'escorte» : les premières, au moins dans le voisinage de la périphérie,
entourent les fibres nerveuses; les secondes, au contraire, courent seu-
lement plutôt dans leur voisinage, et ne se mettent en relation qu'à la
périphérie avec les organes sensoriels; quelquefois même elles entourent
complètement l'organe périphérique entier composé du nerf et de sa
cellule de soutien.
Ces deux sortes de cellules sont liés allongées, grêles; cette forme
permet de les confondre, sur dr^ coupes transversales, avec des libres
nerveuses. Chacune d'elles se I louve dans tous les organes sensoriels à
Fig. 6.
NOTES ET REVEE
l'exception de l'organe dorsal de la lèvre inférieure qui ne possède qu'une
cellule de soutien.
Quant aux cellules de soutien des organes labiaux latéraux, symé-
triques, elles forment ensemble la gaîne de l'anneau nerveux.
Ces cellules très particulières n'avaient, jusqu'en 1903, été que super-
ficiellement observées, sans
être comprises ; c'est Golds-
schmidt qui, !<• premier, les
a interprétées comme elles
le méritent; elles son accep-
tées par tous les Zoologistes
actuels et Zun Stkassen les a
retrouvées chez son Anthra-
conema ; toutefois Deineka
pense que ce sont là simple-
ment des fibres nerveuses de
L'appareil terminal; pour lui,
les cellules de soutien et
d'escorte n'existeraient pas,
l'appareil terminal tout entier ne consistant qu'en les ramifications de
deux fibres nerveuses.
Les organes sensoriels que nous avons trouvés dans les lèvres (tîg. 1
et désignés par leur noms présentent une structure intéressante que
je vais maintenant étudier, en leur adjoignant les papilles du cou et
les papilles anales.
Fie,
Fie. 8.
Les organes submédians envoient leurs fibres nerveuses par les nerfs
sensoriels subdorsaux et subventraux aux ganglions correspondants, les
G. des nerfs papillaires subdorsal etsubventral itig. -' .
1° Chaque organe submédian latéral est formé par une forte fibre ner-
veuse, la plus grosse de toul le nerf ffig. 7).
xgiv NOTES ET REVUE
La.cuticule est très amincie à ce niveau; la masse il»' la papille esl
constituée par la cellule de soutien [stz.l) el la cellule d'escorte [glz.l) de
la fibre nerveuse. Celle-ci présente un étranglement (es) et une zone
chromatique [chr.) ; immédiatement au-dessous de la cuticule, elle
s'élargit sous la forme d'une lentille lir . Le nerf ne se termine pas là ;
il pénètre dans un petit canal formé par la cuticule et atteint ainsi la sur-
face externe du corps. Dans la figure 7, on ne voit que le commen-
cement du canal ; il est, au contraire, bien visible sur le côté gauche
de la figure 8 qui représente une coupe transversale d'une papille submè-
diane. Dans ce canal se distinguent deux régions : une étroite ek et une
large (wk). La région chromatique chr) se laisse décomposer en petits
Fig. 9.
Fie. 10.
lilels fort colorés. I>e trois à quatre neurofibrilles traversent l'espace len-
ticulaire ; une seule occupe le centre de l'espace el atteint la cuticule;
c'est la cellule de soutien qui forme la paroi de l'espace lenticulaire; ce
sont aussi les cellules de soutien des quatre organes submédians latéraux
qui participent ensemble à la formation de la gaînede l'anneau nerveux,
connue le montrent les fig. 9 et in : la première, d'ailleurs combinée,
représente une coupe transversale de cette gaine qui entoure l'œsophage
ces), el contient l'anneau nerveux ; quatre fenêtres y sont ouvertes qui
découvrent à ce niveau quatre cellules ganglionnaires gz : quant aux
quatre cellules de soutien, cl les sont personnifiées par leur quatre noyaux
(Cu : cuticule ; se : sous-cuticule; Mu : muscles; ri : ligne dorsale;
ld : ligne ventrale ; si : lignes latérales .
Dans la seconde figure on voit, sur une coupe longitudinale de cette
même région, une des cellules de soutien stzl avec son noyau nu qui
NOTES ET REVUE
xcv
épaisse fibre
entoure l'anneau nerveux [Nr) œs : œsophage; d
nerveuse de la papille submédiane).
2° L'organe submédian médian esl visible sur le côté droit de la
ligure 8 ; l'appareil sensoriel y est très simple : une seule libre qui ne
perce pas la cuticule ; immédiatement au-dessous de celle-ci, sa cellule
Fie. 11.
de soutien forme une espèce de réceptacle nec) pour l'extrémité de la
fibre qui s'y termine en pointe : ici encore, la fibre présente une région
chromatique [chr).
Les organes sensoriels latéraux voient leurs libres courir dans les
.Nerfs papillaires latéraux minor et major; ce dernier est même exclusi-
vement constitué par les fibres qui viennent de l'organe latéral dorsal.
3° L'organe latéral dorsal est formé par 11 libres
nerveuses (fig. 11). La saillie de la papille est à peine
prononcée ; la cellule de soutien perce la cuticule
et atteint la surface externe du corps, tout en ^rne"
renfermant les H fibres qui, à la même hauteur
que précédemment, présentent une région rhro- ~4k
matique çkr .
4° L'organe latéral veuf rai (fig. 12 est très
difficile à analyser; à côté de la fibre accompagnée
de sa cellule de soutien et de sa cellule d'escorte,
se termine encore une libre (nev) qui court à
l'intérieur des <« cellules-libres » des lèvres infé-
rieures ; la cellule-fibre, d'ailleurs, n'atteint pas
la périphérie : elle n'est donc pas cellule de sou-
tien ; cette libre nerveuse [nev) arrive au contact
former d'appareil terminal : c'est probablement un appareil sensoriel
spécial.
5° Les Papilles du cou sont: situées latéralement fig. 2 et 13 .Négligeant
ici, avec in lent ion, les détails représentés dans la cuticule, j'insiste simple-
ment sur l'appareil sensoriel. L es cellules de soutien [stzha) et d'escorte
gUve
Fig. 12.
a cuticule sans
xcvi NOTES ET REVUE
(glzha) sont très nettes. La filtre nerveuse, avant de se terminer sous la
cuticule, présente un étranglement (schn) ; puis, elle s'élargit pour se
rétrécir à nouveau avanl de donner naissance à une coupe terminale ;
à ce niveau elle forme un entonnoir très colorable (pla).
La neurofibrille apparaît là très distinctement pour finir un peu plus
haut par un petit bouton (An), précisément dans la coupe terminale: La
neurofibrille ne perce donc pas la cuticule.
La libre nerveuse sensorielle présente ici une allure vraiment éton-
nante : l'excitation qu'elle reçoit peut gagner une fois directement la
commissure centrale, ou indirectement, après un grand détour, par l'in-
4 ?£**%,& <? *?^ Vît i
i^/v;// // \\
Cu
/ i
! i
V- X
&
Fie. 13.
termédiaire d'une cellule ganglionnaire (ou sensorielle si l'on veut),
mais aussi, par cette dernière voie, en passant encore à travers une
seconde cellule ganglionnaire.
L'impression nerveuse traverse donc deux cellules ganglionnaires pour
se rendre de la périphérie au centre ; la première est la cellule 38 du
(i. céphalique latéral externe médian ; elle a une forme toute spéciale
(fig. 14) ; e'est la première cellule « aranoïde » que nous rencontrons dans
ce système nerveux. [Gomme cellules multipolaires on ne trouvedansce
même système de l'Ascaris ([lie les cellules coinmissurales de l'anneau
et du nerf ventral |. Les cellules « aranoïdes » ne sont pour Goldschmidl
NOTES ET REVUE
.ju'uiif modification de cellules bipolaires : leurs prolongements
se laissenl suivre sur une assez longue distance dans l'intérieur
des lignes latérales, niais se perdent alors : pour cet auteur, ces prolon-
gements ne seraient pas de nature nerveuse conductrice; ils ne s'unis-
senf jamais aux fibres nerveuses voisines ; ce
seraienl îles prolongements plasmatiques de fonc-
tion inconnue, niais non nerveuse.
La seconde cellule sensorielle traversée par
le flux nerveux est la cellule '1, Tunique cellule
bipolaire du (i. ventral (flg. 5).
C'esl évidemment là une disposition des (dus
intéressantes ef Goldschmidt a raison d'insister,
en passant, sur ce fait que, pour la première* fois,
nous mnis trouvons en présence dans notre des-
cription d'une véritable continuité entre deux
neuvones.
h Les papilles anales de la région postérieure de
l'Ascaris mâle sont très nombreuses, mais les
moins intéressantes (flg. 15).
La cuticule forme sur la papille une saillie parti-
culièrement prononcée ; elle est beaucoup plus
amincie que dans les autres organes sensoriels.
La pointe de la papille pénètre dans la saillie cuticularisée sous la forme
d'un bouchon. A l'extrémité périphérique de la cellule de soutien est un
petit canalicuie [ro) qui perce la cuticule et s'ouvre au-deliors ; ce cana-
Licule sciait une partie ou un produit de la cellule de soutien ; il contient
le nerf.
Fie. 14.
Fie. 15
L'appareil sensoriel de la papille est formé de une à trois fibres ner-
veuses ; il est très simple. On ne peut s'empêcher de constater un degré
de parenté très étroit entre ces organes sensoriels et les organes latéraux
dorsaux des lèvres inférieures.
NOTES ET I1EVUE
CONCLUSIONS
Arrivé à la fin de cel article, il ne me semble pas inutile de mettre en
relief trois points vraiment intéressants relevés dans l'étude de cette
première région du système nerveux de VAscaris.
1° (Test, avant tout, le caractère d'exceptionnelle simplicité que présente
ce'système nerveux : les organes sensoriels, quoique très nombreux,
montrent une structure peu compliquée; les organes centraux sont très
voisins les uns des autres et ne contiennent pas en eux un trop grand
nombre d'éléments, tout en restant constants dans leur nature.
Nous avons, en effet, déj'à dit que les cellules ganglionnaires, chez
VAscaris, atteignaient le nombre de 162 et qu'il n'en existait jamais ni
une de plus, ni une de moins : c'est là un caractère de constance tout à
fait remarquable.
Grâce à celte simplicité et à celle constance, il nous est donné de faire
d'un système nerveux une analyse minutieuse et approfondie, et nous
pouvons, par suite, espérer qu'un peu de lumière sera jeté sur l'ana-
tomie et la physiologie du système nerveux des animaux supérieurs,
encore aujourd'hui si difficiles à débrouillée. N'est-il pas, en effet,
logique de pense]' avec Bethe que « dans leurs grandes lignes les rap-
ports anatomiques etles phénomènes physiologiques du système nerveux
des Invertébrés sont semblables (âhnlich) à ceux du système nerveux
des Vertébrés »?
2° Le nombre et la variété qu'atteignent les organes sensoriels de
l'Ascaris sont vraiment bien étonnants chez un parasite aussi stupide ! Il
faut reconnaître que c'est là un fait déconcertant.
On ne comprend pas l'utilité, chez ce ver, d'un si grand nombre d'or-
ganes du tact, et nous trouvons inexplicable, en particulier, la présence
de ces organes sensoriels du cou qui restent cachés au-dessous d'une
épaisse cuticule !
(»n peut toutefois, avec Goldschmidt, émettre timidement l'espoir que
des recherches physiologiques permettront un jour de soulever le voile !
3° Enfin une disposition anatomique des plus curieuses, est, celles,
l'appareil accessoire des fibres nerveuses dans les organes sensoriels, je
veux dire les cellules « de soutien » et « d'escorte». A une exception
près elles révèlent, elles aussi, un caractère de constance très net et
imprimeiil un cachi I bien original à l'anatomie de ces organes nerveux.
{A suivre)*
1 Dans un second article j'étudierai chez l'Ascaris les Nerfs moteurs ci les Commis-
sures cl, spécialement, parmi celles-ci, la plus importante (\v toutes, la •< Commissure
céphalique « eu >. anneau nerveux » a laquelle Goldschmidt a récemment consacré un
important Mémoire.
NOTES ET BEVUE
XII
BIBLIOTHÈQUE DU LABORATOIRE ARAGO1
MÉMOIRES ET VOLUMES ISOLÉS
T (suite)
Thélohan (P.). — Sur quelques Coccidies nouvelles parasites des
Poissons. Taris, 1892.
Thélohan P.). — Note sur la Glugea microspora. Paris, IW1.
Thélohan (P.). — Recherches sur 1rs Myxosporidies. Paris, 1895.
Thélohan (P.)- — Sur deux Coccidies nouvelles parasites de l'Epinoche
et de la Sardine. Paris
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fication de ers organismes. Paris.
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tularosacea of Lamarck). London, 1863.
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senso dei Plagiostomi. Messine, l8"/0.
Todaro Fr.). — Sopra lo sviluppo e l'anatomia délie Salpe. Roma, 1875.
Todaro (Fr.). Sopra lo suiluppo e l'anatomia délie Salpe. Roma, 1878.
1 Voir notes et Revue, [3 Tome i\. n" 2, ::. i. 5. :: Tome x. n°' -2. 3, 6, 7. [4] Tome i,
ii"' 1. 2, 5, s, 9. i\ Tome n. n°" 2, i. 7, s. n. |i| Tome m. n°" I. -2. i. 5. 7. |4] Tome iv,
n» 2. [41 Tome v, n" 1, 3. 4. [i] Tome vin. a' L, 2,3, L [4] Tome ix, n° 1. [5] Tome I, n° 1.
et 3. [5 Tome n 1 et 2 [5 rouir \ . n- 1.
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dell'arteria tiroidea inferiore, Roma, 1878.
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Copenhague, 1885-1886.
Trembley (A.). — Mémoires pour servir à l'histoire d'un genre de Polypes
d'eau douce a bras en forme de cornes, Leyde, 1744.
l'iuu le -20 Mai 1910.
Les directeurs :
G. Pkuvot et E.-G. Racovitza.
ïug. Morieu nip.-Grav., 21). Kue Delsmbrc P.iris |xiv| — Téléph. : 70.4-75
ARCHIVES
ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GENERALE
FONDÉES PAR
H. de LAGAZE-DUTHIERS
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE
G. PRUVOT et E. G. RACOVITZA
Professeur adjoint à la Sorbonne Docteur es sciences
Directeur du Laboratoire Arago Sous-Directeur du Laboratoire Arago
5e Série, T. V. NOTES ET REVUE 1910 N° 4
XIII
NOTES HISTOLOGIQUES SLÎli LA LEÏOCHONE CLYPEATA
par Ph. Joyet-Lavergne
TABLE DES MATIÈRES
Pages
I. - TÉGUMENTS Cil
A. — Epidémie en
B. — Muscles civ
II. — Tube digestif cvn
A. — Trompe • . . cvn
a) Trompe en situation imaginée (p. cvin). — b) Trompe en situa-
tion dévaginée (p. cix). — c) Dévagination et invagination
(p. cix). — d) Constitution histologique ex
B. — Intestin antérieur exi
C. — Intestin postérieur exi
III. — Organes segmentaires exn
Index bibliographique • exiu
La Leioclwne clypeala est une Annélide polychète de la famille
des Maldaniens assez fréquente à Areaclion, notamment sur la plage
d'Eyrac, où Cu. Pérez a signalé son abondance en étudiant deux
petits crustacés qui vivent fréquemment en commensalisme avec
elle. Elle a été fort bien décrite par de Saint-Joseph (Annélides des
côtes de Dinard) et je ne reprendrai, de cette description, que les
caractères essentiels à l'intelligence de l'exposé.
AHCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — .r)« SÉRIE- T. V. D.
en NOTES ET REVUE
C'est une annélide jaunâtre très fragile, habitant un tube de sable.
Sa laille moyenne est une dizaine de centimètres. Elle se compose
d'une trentaine de segments sétigères, outre l'anal et le buccal. Les
segments sétigères, du deuxième au septième, sont entourés à la
partie antérieure d'une ceinture blanche où s'emboîte le segment
précédent ; à la partie postérieure, ils présentent une bande rouge
surtout nette au septième sétigère, un écusson blanc se trouve sur
le côté ventral du huitième sétigère; les segments suivants qui
constituent la partie postérieure de l'animal ne possèdent pas de
ceinture blanche ni de bande rouge (fig. 1).
TÉGUMENTS
Les téguments comprennent de l'extérieur à l'intérieur: la cuti-
cule, plus épaisse dans la région antérieure (jusqu'au huitième
sétigère) que dans la région postérieure, 1'épiderme et les muscles.
A. — Epiderme.
L'épaisseur de 1'épiderme est variable, surtout lorsqu'il s'agit des
neuf premiers segments. Dans cette région, en effet, les segments
sont reliés entre eux par une zone très flexible où 1'épiderme est
moins épais et ils peuvent jouer les uns par rapport
aux autres. Un autre amincissement est à signaler
à la hauteur de la sortie de chaque faisceau de
soies, diminution d'épaisseur également en relation
avec la mobilité de cette région, les mouvements
d'entrée et de sortie des soies entraînant des dépla-
cements fréquents des téguments voisins. Enfin
1'épiderme de la région buccale est lui aussi peu
élevé et formé de cellules presque isodiamétriques.
L'épiderme est constitué par deux catégories de
la Leiochone cellules : a) des cellules épidermiques banales corres-
clypeata. .
pondant a ce que les auteurs désignent sous le nom
de cellules de soutien : ce sont en réalité des cellules dont le rôle
est de sécréter la cuticule ; fi) des cellules glandulaires. La hauteur
de ces deux catégories de cellules et leurs proportions respectives
sont variables et c'est grâce à celte variabilité dans la taille et dans
la distribution des éléments cellulaires que se différencient les
diverses régions de l'épiderme.
Fig. l.— Schéma
de la partie
antérieure de
NOTES ET REVUE cm
Les régions amincies signalées plus haut sont formées unique-
ment par des cellules de la première catégorie, ces cellules sont
presque isodiamétriques. La région blanchâtre de chaque segment,
particulièrement l'écusson, est au contraire très riche en cellules
glandulaires. L'écusson est presque uniquement constitué par des
cellules glandulaires très élevées. Il y a toutes les transitions entre
ces deux types extrêmes dans la région antérieure ; dans la région
postérieure, c'est-à-dire après le huitième sétigère, Tépiderme pré-
sente une épaisseur assez faible ; il est formé dans la région ventrale
par des cellules aplaties et les cellules glandulaires y sont peu
nombreuses.
Les cellules épidermiques de la première catégorie présentent
deux aspects différents : les unes ont un cytoplasme d'allure fibril-
laire; les autres un cytoplasme d'aspect granuleux. Le noyau situé
au centre de la cellule est ellipsoïdal.
L'écusson des septième et huitième sétigères serait particulière-
ment intéressai à étudier quant au mécanisme de la sécrétion, car
il constitue un véritable organe glandulaire par l'abondance de ses
cellules sécrétrices et leur développement en hauteur, mais il est
difficile d'en fixer l'état normal.
L'annélide pour pouvoir être étudiée doit être débarassée de son
tube de sable. Or, après cette opération, les cellules sécrétrices ont
une activité maxima. Si on laisse une Leiochone clypeala quelques
heures dans l'eau de mer après lui avoir enlevé son tube, cette acti-
vité secrétrice de l'écusson se manifeste très vite par l'aggloméra-
lion rapide des quelques particules de quartz qui se trouvaient dans
l'eau du cristallisoir autour des septième et huitième sétigères et
par l'essai de reconstitution d'un nouveau tube. Dans ces condi-
tions, les cellules sécrétrices étudiées sont à l'état de fonctionne-
ment intense et on les retrouve, danslescoupesou par dissociation,
fréquemment envahies par une abondante masse de mucus.
Un peut cependant distinguer des cellules sécrétrices ayant un
aspect alvéolaire très net, les alvéoles étant délimités par destractus
cytoplas iniques.
Ces cellules ont la forme de poires dont la partie renllée se
trouve du côté de la cuticule.
D'autres cellules sécrétrices de même forme se présentent avec
l'intérieur bourré de granulations chromatiques ne se distinguant
pas de celles du noyau quant aux réactions colorantes. Le noyau s'y
CIV
NOTES ET REVUE
présente d'ailleurs fréquemment à la base de la cellule avec une
limite nucléaire effacée du côté qui regarde la cuticule, comme si la
masse des boules chromatiques qui envahissent le cytoplasme de la
cellule était due à une véritable fonte nucléaire. Ces faits sont à
rapprocher de ceux signalés par
Brasil dans le tube digestif de la
Pectinaire.
Parfois, la cellule secrétrice
n'affecte pas sa forme renflée en
poire : elle se présente dans les
coupes comme un rectangle al-
longé: elle est, comme dans le cas
précédent, bourrée de granulations
à réaction chromatique.
Sont-ce les aspects différents
Fi g. 2.
Fig. 2. — Divers aspects des cellules
glandulaires de l'épiderme.
d'une même catégorie de cellules
secrétrices? C'est ce qui me semble probable, car on trouve tous les
termes de transition entre les cellules à plage de mucus, celles à
granulations chromatiques et celles à structure alvéolaire. Ces
aspects divers correspondraient aux diverses phases de la sécré-
tion (fig. 2).
On trouve fréquemment dans les cellules de l'épiderme des
granulations pigmentaires jaunes ou brun-clair, très réfrin-
gentes.
B. — Muscles.
Les muscles des téguments comprennent des muscles circulaires
et des muscles longitudinaux.
Les muscles circulaires forment une couche continue, adhérente
à l'épiderme et ne s'en séparant qu'à la hauteur de la chaîne ner-
veuse ; ils diminuent d'épaisseur là où l'épiderme s'amincit, notam-
ment à la jonction de deux segments consécutifs.
Les muscles longitudinaux, généralement plus épais que la
masse des muscles circulaires, ne prennent leur disposition clas-
sique en deux faisceaux dorsaux et deux faisceaux ventraux qu'à
partir du deuxième sétigère.
Lorsque, à partir du prostomium,on examine la série des coupes
successives, on ne tarde pas à rencontrer les muscles ventraux bien
NOTES ET REVUE cv
individualisés; mais latéralement et dorsalement les muscles longi-
tudinaux de cette région antérieure comprennent un grand nombre
de petits faisceaux. Il y a, en outre, dans cette région, insertion sur
les téguments des muscles protracteurs et rétracteurs de la trompe
Fig. 3. — Coupe longitudinale du tégument dans la région
d'union dorsale de deux segments ; e, épiderme ;
m c, muscles circulaires ; »! /, muscles longitudinaux.
dont nous étudierons la disposition au sujet de l'intestin. Comme
d'ordinaire, les muscles longitudinaux s'interrompent à la hauteur
des cryptes sétigères, mais en outre, ces muscles présentent chez la
Leiochone chjpeata une disposition assez originale (fig. 3, fig. 4).
td.
ch.n.-
Fig.
Fig. 4. — Coupe transversale suivant la région l (fig. 3)
/ d, tube digestif; ch n, chaîne nerveuse ventrale.
Il arrive souvent qu'en coupe transversale on les trouve complè-
tement détachés du reste des téguments. Ils apparaissent alors
dans la cavité générale sous forme de quatre grosses masses placées
symétriquement formant deux voûtes en losanges qui encadrent
cvi NOTES ET REVUE
l'intestin (fig. 5). Ce décollement des muscles longitudinaux, en
apparence anormal ne se présente que dans la zone blanchâtre qui
unit un segmenta l'autre, dans les sept premiers sétigères, ou dans
le voisinage immédiat de cette zone. Or, dans cette même zone et
me
ch n.
Fig. 5.
Fig. b. — Coupe transversale dans la région 2 (fig. 3).
si l'annélide se trouve en état de contraction, on rencontre fréquem-
ment en section transversale la portion des téguments formée par
l'épidémie et les muscles circulaires coupée deux fois en situation
inverse (fig. 6) : il y a emboîtement partiel des segments. Ce téles-
i.d
m.c-' / : .' '.
m c' ' ^ r.
e; e m.c
Fig. 6.
Fig. 6. — Coupe transversale dans la région 3 ^fïg. 3).
copage peut se constater sur une Leiockone clypeata vivante : l'an-
nélide menacée est capable de rentrer brusquement dans son tube
en réduisant de près de 1/4 la longueur de sa partie antérieure (huit
premierssegments) par cette pénétration partielle de chaque segment
NOTES ET REVEE cvu
dans celui qui le suit. Ce phénomène s'accomplit grâce à la dispo-
posilion particulière des muscles longitudinaux signalée plus haut,
grâce à la possibilité qu'ils ont de se séparer du reste des téguments,
laissant entre eux et les muscles circulaires un espace où pénétrent
parfois les ramifications des vaisseaux sanguins, espace variable
suivant l'état de contraction des muscles. Lorsque l'annélide est
allongée au maximum, cet espace est assez réduit, mais il existe,
car les muscles circulaires et l'épiderme forment un léger bourrelet
alors que les muscles longitudinaux restent rectilignes. Dans le
télescopage, ces muscles se contractent, le bourrelet s'accentue et
une portion de segment pénètre dans le segment qui suit, l'anné-
lide diminue de longueur.
On a supposé, dans cette description, que l'annélide avait un
point fixe à l'arrière, ce qui se produit lorsqu'elle est dans son tube
ou va y pénétrer. Les segments se télescopent alors de Lavant vers
l'arrière. Si on suppose que l'animal ait son pointd'appui à l'avant,
cas réalisé lors de la sortie du tube, les segments s'emboîtent les
uns dans les autres de l'arrière vers l'avant et l'action des mus-
cles longitudinaux contribue ainsi à la progression de l'annélide.
II. — TUBE DIGESTIF
Une division vraiment scientifique du tube digestif devrait s'ap-
puyer sur les données embryogéniques.
Je n'ai pu faire l'élevage de larves de Leiochone me permettant
de fixer Lorigine des diverses parties de ce tube digestif.
La division que j'adopterai n'est donc pas définitive ; elle est ana-
logue à la plupart de celles adoptées par les auteurs qui se sont
occupés de la question du tube digestif des « Annélidespolychètes»;
c'est-à-dire qu'elle est uniquement basée sur des considérations
anatomiques et histologiques.
A. — La Trompe.
La partie antérieure du tube digestif est dévaginable. C'est elle
qui constitue la trompe. Cette partie mobile de l'intestin est située
dans le segment buccal qu'elle parcourt en s'inclinant légèrement
vers la face ventrale dans sa région postérieure, formant ainsi,
dansleplan de symétrie de l'animal, avec le reste du tube digestif, un
coude à branches très inégales dont le sommet, rapproché de la
paroi ventrale du corps, se lie à cette paroi par un dissépiment
GVHl NOTES ET REVUE
musculaire vertical. Ce dissépiment placé transversalement dans la
région ventrale du corps, à la hauteur de la fin du segment buccal,
limite, par son insertion sur le tube digestif, la partie de ce tube
pouvant être affectée parles mouvements d'invagination et de déva-
gination. Cette partie ainsi délimitée constituera la trompe.
a) Trompe en situation invaginée.
Cette partie de l'intestin présente des plissements nombreux dans
le sens transversal. La partie dorsale envoie vers la région cervicale
un cœcum qui est lui-même ondulé transversalement. Une coupe
longitudinale passant par la région axiale du corps montre la situa-
mr
m;
m.r
Fig.
Fig. 7. — Coupe longitudinale médiane du segment buccal ;
c, cœcum. m j>, muscles protracteurs ; m /•, muscles
rétracteurs.
tion de ce cœcum (fig. 7). Une coupe transversale dans la région
.4.4' donne le cœcum et l'intestin proprement dit; un peu en arrière,
on retrouve en coupe transversale l'ouverture du cœcum dans
l'intestin.
Cette région de l'intestin antérieur est reliée aux parois de la
cavité générale par des fibres musculaires qui jouent un rôle actif
dans le phénomène d'invagination et de dévagination de la trompe.
Elles sont distribuées en quatre groupes : un groupe de fibres mus-
culaires dorsales VT qui s'insèrent sur le cœcum de l'intestin Vel,
d'autre part, sur la paroi dorsale de la cavité générale T (muscles
Fig. 8.
Fin. 8. — Section transversale
suivant AA' de la fig. 7.
NOTES ET REVUE cix
rétracteurs) ; deux groupes de libres musculaires ventrales à action
antagoniste, ayant une zone d'insertion commune / sur la paroi
ventrale de la trompe, à mi-distance entre la bouche et le dissé-
piment musculaire qui limite posté-
rieurement la trompe et s'insérant,
d'autre part: l'un postérieurement,
sur la paroi S du corps qui délimite
la cavité générale à la hauteur du
dissepimenl musculaire (deuxième
catégorie de muscles rétracteurs),
l'autre antérieurement, sur les tégu-
ments, à hauteur de la bouche R
i muscles protracteurs) enfin, un
groupe de libres musculaires paires
s'insérant sur la partie dorso-laté-
rale de l'intestin et, d'autre part, sur la paroi latérale de la cavité
générale dans le segment buccal.
b) Trompe en situation dévaginée.
En situation dévaginée, toute cette zone antérieure de l'intestin
est projetée au-dehors ; ses parois, gonflées par le liquide cavi taire,
forment autour de la bouche une sorte de bourreletrouge et saillant
délimitanl intérieurement une espèce de tronc de cône évasé dont
la partie amincie, placée postérieurement, se terminerait à l'ouver-
ture buccale.
C) DÉVAGINATION ET INVAGINATION DE LA TROMPE.
Le phénomène de la dévagination débute par la formation d'un
léger repli dans la région ventrale, près de l'ouverture buccale; ce
repli est dû à l'action des libres musculaires ventrales antérieures
IH protractrices qui, par leur contraction, amènent la partie / en
avant. La dévagination est ainsi amorcée, mais elle se continue par
l'action du liquide cavi taire. Un afflux de sang se produitqui pousse
le cœcum et l'oblige à cheminer en avant vers la cavité buccale. Le
liquide cavitaire agit également dans la zone ventrale pour achever
la projection au dehors de la paroi ventrale de la trompe.
Quant à l'invagination, elle s'explique parla simple contraction
des muscles rétracteurs dont les points fixes sontsitués sur les tégu-
ments et dont l'insertion mobile est sur l'intestin.
D-
ex NOTES ET REVUE
d) Constitution uistologiqi e.
La trompe, au point de vue de la constitution liistologique de son
épithélium interne se divise en deux régions :
1) Une région antérieure assez réduite qui sembleêtre la prolon-
gation de l'épidémie extérieur formée de cellules à peu près
isodiamétriques à noyaux volumineux et arrondis. Les faces
cellulaires qui limitent la lumière du tube digestif sont recouvertes
par une cuticule qui est le prolongement de la cuticule épider-
mique. Cette région antérieure s'étend vers la face ventralejusqu'à
la zone d'insertion commune des muscles protracteurs et rétracteurs
ventraux, dans la région dorsale jusque vers la naissance du
cœcum dorsal en situation rétractée.
2) Une deuxième région où l'épithélium est constitué par deux
catégories de cellules : a) des cellules cilicés, à cilsbien développés,
aux granulations basilaires assez nettes ; leurs noyaux ellipsoïdaux
présentent des granulations chromatiques très apparentes : $) des
cellules glandulaires, souvent bourrées de mucus, mais qui, parfois
laissent apercevoir un contenu de granulations à réaction chroma-
tique. Le noyau occupe dans la cellule une situation variable. Ces
cellules appartiennent à la catégorie des cellules claviformes déjà
signalées dans l'épithélium intestinal d'un grand nombre d'anné-
lides polychètes.
En coupe transversale, les cellules présentent des dimensions
variables. Dansla région dorsale, elles forment un épithélium assez
mince, à cellules peu élevées, tandis que, sur les côtés, dans la
région du cœcum, deux ondulations du tube digestif, qui font
saillie dans la lumière de ce tube, sont constituées par un épithé-
lium à cellules beaucoup plus hautes. Les cils de ces cellules sont
très développés, les cellules glandulaires y sont nombreuses et la
région doit jouer un rôle particulièrement actif dans l'ingestion
des matières alimentaires (fig. 8). La région antérieure de la trompe
présente immédiatement au-dessous de l'épithélium une couche de
libres musculaires dont l'épaisseur dépasse légèrement celle de
l'épithélium dans la région ventrale du tube, mais va en s'atténuant
vers la région dorsale.
La trompe de la Leiochone clypeata ne peut évidemment se com-
parer aux trompes parfois si compliquées des Syllidiens, Glycériens,
NOTES ET REVUE cxi
Nephtydiens et Phyllodociens. Tout au plus peut-on dire qu'au
point de vue anatomique, sa partie musculaire ventrale semble cor-
respondre à la trompe pharyngienne des groupes cités.
B. — Intestin antérieur.
Après la trompe qui se termine à la fin du segment buccal, le
tube digestif est droit suivant la longueur des six premiers séti-
gères. Sa section transversale est extérieurement elliptique, le
grand axe de l'ellipse étant vertical ; son épithélium interne, parla
variation de hauteur des cellules, contribue à former des séries de
papilles disposées en rangées longitudinales.
Histologiquement, cette région est la continuation de la partie
postérieure de la trompe. Elle est formée par un épithélium à
hautes cellules ciliées, entre lesquelles on distingue çà et là des
cellules claviformes. Cependant, la hauteur des cils vibratiles dimi-
nue quand on va du premier au sixième sétigère où ils sont très
atténués.
Le nombre des cellules claviformes est également plus considé-
rable dans la région antérieure que postérieurement. Autour de
l'épithélium, se trouve une couche de muscles circulaires très ténue.
C. — Intestin postérieur.
Dès la fin du sixième segment sétigère l'intestin s'élargit et
commence à se contourner. Il forme de nombreux plis et arrive à
occuper presque toute la cavité générale. Il est bourré de sable et
son étude histologique en est rendue difficile. J'ai essayé les
diverses méthodes préconisées par les auteurs pour permettre à
l'annélide de se vider; mais l'opération est très lente et l'animal
semble se trouver, au bout de quelques jours, dans un état patho-
logique qui se manifeste par un décollement de la cuticule et qui
ne permet aucune étude histologique sérieuse.
Dans cette région, les cellules claviformes semblent avoir
disparu.
Vers la partie partie postérieure on retrouve des cellules ciliées,
mais leurs cils sont beaucoup moins développés que ceux des
cellules de la région antérieure.
Les lacunes sanguines entourent complètement l'épithélium
intestinal dans la région moyenne, dans la partie postérieure, elles
se trouvent plus réduites.
GX1I
NOTES ET REVUE
III. — ORGANES SEGMENTAIRES.
La Leiochone clypeata possède quatre paires d'organes segmen-
tantes, situés dans les 5e, 6e, 7e et 8e sétigères.
Ils apparaissent à la dissection sous forme de masses brunâtres
accolées aux téguments.
Chaque néphridie consiste en un tube contourné, dilaté dans sa
région antérieure, parcourant latéro-ventralement le segment
qu'elle occupe. Elle s'ouvre antérieurement par un pavillon dans la
cavité générale de ce segment, en arrière
du faisceau sétigère et, postérieurement,
à l'extérieur par un pore nephridial percé
dans le tégument, un peu en arrière de la
sortie des soies du segment qui suit.
Ainsi, l'orifice de sortie de chaque
néphridie se trouve situé à la hauteur du
pavillon de l'organe segmentaire suivant.
L'organe segmenta ire proprement dit est
formé par une couche de hautes cellules
rectangulaires ciliées, remplies de granu-
lations jaunes on brunes. Le noyau, petit
et arrondi, est situé à la base de la cellule.
Cà et là sont intercalées quelques cellules très étroites dont le
noyau assez volumineux est situé vers la lumière de la
néphridie. Le pavillon qui s'insère à la partie latéro-dorsale de la
néphridie s'ouvre dans la cavité générale en forme de gouttière dont
le grand axe serait disposé transversalement par rapport à l'axe du
corps ; en section longitudinale, le pavillon affecte la forme d'une
coupe régulière assez profonde (fîg. 9).
Sa constitution histologique est différente de celle de lanéphridie
proprement dite. Il est formé par des cellules beaucoup moins
hautes, isodiamétriques, qui s'aplatissent dans la région contiguë
à la néphridie ; leur cytoplasme est très éosinophile, leur noyau
volumineux ; elles sont garnies de cils de longueur considérable
par rapport aux dimensions de la cellule.
Le pore nephridial, de très faible dimension, est constitué par une
invagination de l'épiderme qui a conservé sa cuticule jusqu'à l'ou-
verture dans la néphridie proprement dite.
Fin. 9.
Fig. 0.
Pavillon nephridial.
NOTES ET REVUE cxm
Par son organisation, cette néphridie se rapproche de celle des
Syllidiens. On peut la ranger dans la catégorie distinguée par Fage
des organes segmentaires à néphrostome avec pavillon soudé a la
néphridie.
Travail fait au Laboratoire de Zoologie
île la Faculté des Sciences de Bordeaux.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
1904. Brasil. Contribution à la connaissance de l'appareil digestif des
Annélides polychètes.
1907. Charrier. Sur la trompe de Nephthys Hombergii (C. fi. Soc. de
Biol.,t. LXII).
1907. Charrier. Note sur Nephthys Hombergii {Trav. stat. Zool. Arca-
ilion, 10e année).
1900. Harboux. Recherches sur les Aphroditiens (Bull, scient, de la
France et de la Belgique).
1906. Fage. Organes Segmentaires des Annélides polychètes (Ami.
Scien., natur. 9e série, t. III).
1897. Fauvel. Recherches sur les amphrarétiens (Bull, scient, de la
France et de la Belgique, t. 30).
1896. Gravier. Recherches sur les Phyllodociens (Bull, scien. de la France
et de la Belgique, t. 29).
1893. Malaquin. Recherches sur les Syllidiens (thèse de doctorat).
1905. Ferez (Ch.). Sur VHersiliod.es Pelseneri Canu (C. fi. soc. Biol.,
t. LVII1).
1896. Périer (Edmond). Traité de Zoologie.
1865. Quatrefages (de). Histoire naturelle des Annelés, t. 2 (lre partie).
1894. Saint-Joseph (de). Annélides polychètes des côtes de Dinard
Ann.sc. natur., série 7. Tome 17).
NOTES ET REVUE
XIV
LE KYSTE DE GILRUTH DANS LA MUQUEUSE STOMACALE
DES 0 VI DÉS
par Edouard Chatton
Préparateur à l'Institut Pasteur de Paris
M. Gilruth, professeur de Pathologie vétérinaire à l'Université
de Melbourne, vient de faire connaître dans une note au Bulletin
de la Société de Pathologie exotique (séance du 11 mai 1910), un
parasite qu'il a découvert dans la muqueuse stomacale d'un mouton
de Tasmanie, au cours de recherches sur une maladie de cet
animal, qu'il a appelée « malignant transsudation ».
Dans des coupes d'une plaque ulcérée de la muqueuse, M. Gtlrutb
a observé un kyste ovale mesurant 500 \x sur 300 fi et contenant à
l'intérieur d'une fine membrane d'enveloppe un très grand nombre
de « sporozoïtes » fusiformes, effilés aux deux extrémités, de 4 à 6 n
de long sur Op 5 de large. Ces « sporozoïtes » groupés radiaire-
ment autour de nombreux centres, rappellent, dit l'auteur, les
sporozoïtes des kystes de l'Hématozoaire du paludisme chez les
Anophèles, ou encore des colonies d'Herpetomonas, maisajoute-t-il
« there is no évidence of a blepharoplast or centrosom ».
Au mois de Novembre 1909, M. Gilruth envoya une préparation
contenant une coupe de ce kyste à M. le Professeur Mesnil qui fit
remarquer l'analogie de la disposition des spores avec celle des
héliospores des Aggregata des Crabes, et émit l'opinion qu'il s'agissait
probablementde l'évolution schizogoniqued'un Protozoaire parasite
du mouton. Tout naturellementl'hypothèse d'un stade du cycleencore
si énigmatique de la Sarcosporidie du Mouton (Sarcocystis tenella
Railliet) s'offrait à l'esprit. Cette sarcosporidie est extrêmement
commune et répandue en Europe, et M. Gilruth a noté aussi sa très
grande fréquence chez les moutons de Tasmanie. Elle fait chaque
année l'objet d'un exercice pratique du cours de M. Mesnil à l'Ins-
titut Pasteur. C'est en cette occasion, au mois de Février, que j'eus
la curiosité de rechercher si le parasite qui venait d'être découvert
par Gilruth se retrouvait aussi chez les moutons européens et si sa
présence y paraissait liée à celle de la Sarcosporidie.
NOTES ET REVUE cxv
Je l'ai observé chez la presque totalité des moutons que Ton tue
aux Abattoirs à Paris, et qui sont de provenances très variées '. Il est
localisé à la région antérieure de la caillette, celle où la muqueuse
à surface lisse et de couleur rosée forme de larges duplicatures lon-
gitudinales. La région pylorique plus pâle et d'aspect chagriné,
sans replis, en est indemne. Dans les cas d'infection intense on
trouve approximativement un kyste par centimètre carré.
Le kyste de Gilruth existe dans les mêmes proportions chez les
chèvres où il n'oflre point de caractères spécifiques d'ordre morpho-
logique.
Le Kyste à maturité.
Quoique de dimensions restreintes, le parasite et la lésion très
limitée qu'il détermine sont visibles à l'œil nu. Au centre, et dans
l'épaisseur d'une petite éminence circulaire de la muqueuse, trans-
lucide mais légèrement opalescente, qui peut mesurer 2 Ium de dia-
mètre et ne dépasse pas 0uim5 de saillie, on aperçoit un petit corps
ovale ou sphérique ayant l'aspect d'une perle minuscule. C'est le
kyste. Il s'énuclée facilement lorsqu'il n'est pas trop mûr. Dans ce
dernier cas il crève et laisse échapper un liquide laiteux. Les plus
gros de ces kystes mesurent 6u,m de diamètre.
Sur les coupes, on voit que le kyste est situé dans l'épaisseur
même de la muqueuse glandulaire, presque toujours contre la mus-
culaire muqueuse, n'affleurant la surface libre qu'au moment de la
déhiscence.
Il se compose d'une enveloppe et d'un contenu, celui-ci variable
selon la maturité du parasite. L'enveloppe n'est point une sécrétion
anhiste ; elle est constituée au contraire par une gigantesque et
unique cellule (cellule pariétale). A la maturité, c'est-à-dire au
moment où elle est laminée et amincie par la pression du contenu,
elle n'a que 2 à H;j. d'épaisseur. C'est une lame de cytoplasme con-
densé, sidérophile, strié parallèlement à sa surface. La face externe
de cette cellule est pourvue d'un revêtement en brosse, uniforme,
très fin et très dense qui assure au parasite un contact intime, et
aussi facilite ses échanges avec le tissu ambiant. L'épaisseur de
cette brosse est de 7 à 9 ;j.. A un pôle quelconque de cette sphère
1 Un bref résumé de mes observations a été présenté par M. Mesnil à la Société de
Pathologie exotique, à la suite de la communication de M. Gilkuth (voir bulletin,
t. 111, p. 298).
cxvi NOTES ET REVUE
cellulaire creuse se trouve le noyau, qui détermine un notable
épaississeinent de la paroi, encore qu'il soit lui-même fortement
aplati : il a la forme d'une lentille elliptique biconcave, dont le
grand axe peut mesurer jusqu'à 80 u. ; son épaisseur maximaest de
9 à 10 i-i. La membrane nucléaire bien individualisée est très sidé-
Fig. 1.
Fig. 1. — Kyste de Gilruth au stade plasmodial avant la formation des
germes, dans la muqueuse stomacale du mouton. L'espace blanc
autour du kyste représente la brosse dont le détail n'est pas visible
à ce grossissement. A droite le noyau de la cellule pariétale.
ropliile. Dans le noyau, de gros nucléoles bomogènes prennent une
teinte olive sombre avec l'bématoxyline au fer, et une teinte rose
brillant avec le Mann. La chromatine est répandue dans l'espace
nucléaire sous forme de cordons granuleux très sidéropbiles irré-
gulièrement anastomosés1.
1 Ce noyau est \isible sur la préparation et sur la figure de Gilruth.
NOTES ET REVUE
GXVII
Les Germes à maturité.
Le contenu du kyste est donc intracellulaire. Il est constitué à la
lin de l'évolution par d'innombrables germes fusiformes arqués de
10 [a de long sur 1 \j. 5 de large (fig. 2 et 3). Gilrutb leur assigne
des dimensions moins grandes : \ à (i \j. de long sur ()u..r> de large.
Cela tient à ce qu'il a en sons les yeux des germes immatures.
Chacun de ces germes renferme un noyau bien colorable, ellip-
^'T - •
"^
Si *
#> ^@&,
■•^
<S53
®8 Ô*V
■e?\»>>
««fcSè
Fig. 2.
Fig. 2. — Segment d'un Kyste de Gilruth mûr. Sporozoïtes ; cellule pariétale
avec son noyau et sa brosse, dans ses rapports avec la muqueuse stomacale
du mouton.
soldai, vésiculeux, à membrane bien individualisée, réunie par des
trabécules chromatiques à un petit caryosome central. Ce
noyau est situé vers le quart de la longueur de l'élément et il
occupe toute sa largeur. N'ayant pas vu ces germes en mouvement
j'éviterai pour les orienter et définir leurs extrémités l'emploi des
ternies antérieur et postérieur; j'appellerai nucléaire l'extrémité
la plus pioche du noyau et anténucléaire l'extrémité opposée.
Ces deux extrémités ne sont d'ailleurs point semblables.
cxvni NOTES ET REVUE
L'extrémité nucléaire forme un cône qui coiffe le noyau, et dans
lequel on distingue un point faiblement coloré. L'extrémité anté-
nucléaire est, à partir du quart de la longueur totale, brusquement
effilée en une sorte de long rostre dont l'extrémité mousse paraît
souvent légèrement capitée. La parti-
Vcularité la plus remarquable de ces
fiX Vi germes est la présence constante, au
\H> milieu du corps, d'un corpuscule sphé-
*?♦ rique, très sidérophile, entouré d'une
m auréole claire, et qui rappelle d'une
f façon saisissante le blépharoplaste
d'un Trypanosomide (fig. 3).
Gilruth eût été plus vivement frappé
FJG. 3. -Crames mûrs du Kyste encore de ia reSsemblance de ces
« sporozoïtes » avec les Herpetomonas,
s'il avait reconnu l'existence de ce corpuscule ; si elle lui a échappé
c'est qu'il ne se colore pas par l'hématéine. Parle Mann il est teinté en
rose brilla ni. Souvent autour de lui se trouvent d'autres grains, d'affi-
nités colorantes identiques et quelquefois de taille égale à la sienne.
Ils s'en distinguent néanmoins par l'absence d'auréole claire autour
d'eux. Le nombre de ces grains est quelquefois assez élevé, et dans
ce cas ils sont de taille et de situation inconstantes, par rapport au
grain principal. Mais le plus souvent, surtout dans les germes bien
mûrs, il ne s'en trouve qu'un, deux ou trois qui sont avec le grain
principal dans des rapports de taille et de situation toujours les
mêmes. Cesmêmes rapports se retrouvent dans des germes issus de
kystes différents. Par ces caractères, ces grains accessoires, et bien
plus encore le grain principal paraissent différer de simples gra-
nules de réserve.
Je n'irai point cependant jusqu'à affirmer l'homologie de ce der-
nier avec le kinetonucleus des Binucléates. L'étude de son origine
et de ses réactions,;! laquelle je m'attache en ce moment, est néces-
saire pour éclairer sa signification morphologique. Ces germes
convenablement fixés paraissent nus, tout comme les sporozoïtes
ou les schizozoïtes des Grégarines et des Coccidies. Mais lorsque
la fixation a été défectueuse, le corps est contracté à l'intérieur
d'une fine pellicule d'enveloppe qui s'en détache, surtout à l'extré-
mité postérieure. Le rostre disparaît et là où se trouvait sa base, on
voit le cytoplasme, très coloré, probablement parce que condensé,
NOTES ET REVUE cxix
adhérer à la cuticule. Le rostre paraît donc être constitué par du
cytoplasme nu, faisant saillie par un orifice percé dans la pellicule
d'enveloppe du germe.
Déliiscençe du kyste, et phagocytose de l'enveloppe.
C'est sous la forme que je viens de décrire que les germes sont
expulsés. Par suite de la pression des tissus environnants à laquelle
Fi g. 4.
Fig. 4. — Phagocytose de la paroi du Kyste de Gilruth, après la déhiscence,
dans la muqueuse stomacale du mouton.
contribue l'infiltration leucocytaire qui s'établit autour du kyste à
la fin de son évolution, celui-ci s'allonge dans le sens perpendicu-
laire à la muqueuse, et se rompt du côté de la surface libre où les
cxx NOTES ET REVUE
germes se retrouvent parmi les cellules glandulaires et migratrices.
•Le kyste se vide progressivement, et son enveloppe se plisse et
se fripe dans la muqueuse. Le gros noyau de la cellule pariétale
dégénère par chromatolyse, la mince laine protoplasmique est elle-
même rapidement résorbée et seule la brosse demeure encore long-
temps dans la muqueuse, au centre d'un amas leucocytaire, formé
à peu près exclusivement de mononucléaires, où elle est peu à peu
phagocytée (fig. 4). Les nombreux amas lymphatiques que l'on
trouve dans la muqueuse stomacale du mouton, et dont quelques-
uns sont en voie de sclérification, représentent à mon avis non des
follicules clos normaux mais bien remplacement d'anciens Kystes
de Gilruth. Ils correspondent souvent à un petit cratère superficiel,
au centre d'une légère éminence. La réactionleucocytaire est, comme
l'on voit, tardive, et elle n'aboutit jamais à la constitution d'une
enveloppe fibreuse autour du kyste même.
Stade plasmodial et formation des germes.
Parmi les kystes visibles à l'œil nu, il en est qui sont de dimen-
sions plus restreintes que les kystes mûrs et dont l'évolution est
«vs
£a
• V **
Fig. 5.
Fig. 5. — Segment d'un Kyste de Gilruth au stade
plasmodial, avec la coupe de la cellule
pariétale-
moins avancée. La cellule pariétale ("paisse présente encore trois
zones nettement distinctes (fig. 5): une zone interne, condensée, une
NOTES ET REVUE cxxi
zone moyenne de cytoplasme clair, une zone externe mince, colo-
rable, formée parla juxtaposition des racines de la brosse. Le contenu
du kyste est une masse plasmodiale à cytoplasme basophile, semée
de nombreux noyaux granuleux, sans membrane définie. Ces
noyaux sont groupés de manière très diverse dans le cytoplasme,
mais non sans ordre. Les uns forment en une seule couche des
morula spliériques, ou ellipsoïdales de toutes tailles, ayant jusqu'à
70 ;i de diamètre. Entre les plus petits et de simples groupes île 4,
3 et 2 noyaux, on trouve tous les intermédiaires. Il y a aussi des
noyaux isolés ou rapprochés en amas irréguliers.
A mesure que le Kyste mûrit on voit les masses cytoplasmiques
contenues dans les morula nucléaires se condenser tandis que se
raréfie le cytoplasme interstitiel. Les groupes de noyaux forment
alors corps avec ces masses cytoplasmiques et sur des frottis le
contenu du kyste se décompose alors en sphères ou blastophores
dont tous les noyaux, quelque soit leur nombre, sont régulièrement
ordonnés à leur surface, sous une fine membrane d'enveloppe
(lig. 6). .Dans les blastophores uninucléés, le noyau est légèrement
excentrique (fig. 7). Dans tous ces blastophores simultanément,
au-dessus de chaque noyau, un petit cône protoplasmique fait
saillie, dans lequel on distingue un point apical, qui représente
vraisemblablement le centrosome, et une bande intermédiaire plus
colorée (fig. G).
•*, ;/m ;, . t '■'
Fig. 6.
Fig. 6. — Formation des germes d'un blastophore multinucléé dans Le Kyste
de Gilrutli. (Frottis).
Ces saillies coniques s'accentuent et bientôt le noyau s'y engage.
Il a déjà pris à ce stade la structure du noyau du germe mûr,
niais il n'occupe pas encore sa situation définitive. L'individuali-
NOTES ET REVUE
sation et la croissance des germes s'accentue et sur la surface des
blastophores, on voit licliés, connue des épingles dans une pelote,
autant de germes fusiformes qu'il y avait de noyaux. Ceci est rigou-
reusement exact pour ce qui est des blastophores paucinucléés
<i
s. 7
mais dans les grosses masses multinucléées, tous les
Fis. ~.
Fie.
- Formation des germes d'un
blastophore trinucléé et d'un blasto-
phore uninucléé dans le Kyste de
fi il ru th. (Frottis).
noyaux ne participent pas à la formation des germes et un certain
nombre d'entre eux demeurent dans le reliquat central. Le cyto-
plasme de ce reliquat, aussi bien
que le cytoplasme interstitiel, est
complètement résorbé au cours de
la maturation et de la croissance
des germes qui se disséminent
dans le kyste mûr. Ceux-ci n'ont
pas d'emblée leur taille nor-
male. Aussitôt après leur for-
mation ils ne mesurent que 6 ^
de long. A ce moment ils n'ont
encore point de grains paranucléaires. Les noyaux de reliquat
forment dans le kyste mûr de petits amas sphériques très fortement
colorables par le fer (fig. 7).
Affinités.
Il faut jusqu'à plus ample informé s'en tenir sur ce point à des
conjectures. Une question se pose tout d'abord, à laquelle il n'est
pas possible de répondre dès maintenant : celle de la nature de la
cellule pariétale. Cette cellule appartient-elle en propre au parasite
ou n'est elle au contraire qu'une cellule glandulaire énormément
hypertrophiée? A cause de ses dimensions, de sa structure, de son
revêtement en brosse, qui témoignent d'un haul étal de différencia-
tion, elle ne paraît pas pouvoir être considérée de prime abord
comme une cellule glandulaire à ce point modifiée.
Ce n'est pas cependant que l'hypertrophie des cellules infectées
soit un phénomène inattendu. On sait que beaucoup de Grégarines
et de Coccidies la produisent à un degré très élevé.
Mais que cette hypertrophie s'accompagne de l'édification p;ir la
cellule infectée d'un revêtement en brosse, voilà qui peut paraître
de prime abord invraisemblable.
Il ne semble pas cependant que ce serait là, maintenant, un cas
unique. Mhazek (1909) soutient en etl'et qu'il en est ainsi dans les
NOTES ET REVUE cxxm
lymphocytes des Oligochètes parasitées par une Microsporidie,qui
devra peut ('Ire rentrer dans le genre Nosema. En effet, pour cet auteur,
l'organisme décrit sous le nom de Myxocy&tis, dont les caractères
étaient l'existence d'une brosse superlicielle et de deux sortes de
noyaux, les uns peu nombreux et volumineux, les autres en grand
nombre et de petite taille, est en réalité un complexe formé par le
lymphocyte très hypertrophié et par la Microsporidie. Au lym-
phocyte appartient la masse fondamentale de Myxocystis, les
gros noyaux, et la brosse périphérique. A la Microsporidie appar-
tiennent seulement les petits éléments et les spores qui en dérivent.
Ici la brosse serait donc formée de toutes pièces consécutivement
à l'infection du leucocyte par la Microsporidie.
Cet exemple montre que dans, l'attente de résultats matériels
précis, il faut se garder d'écarter L'idée que la cellule pariétale
représente une cellule infectée.
Dans l'hypothèse inverse nous sommes amenés d'abord à une
comparaison du Kyste de Gilruth avec les Chidosporidies et les
Sarcosporidies. On sait que chez les Actinomyxidies, la paroi du
y s te est constituée par deux cellules [Caullery et Mesnil (1907)].
Chez les Microsporidies du genre Glugea la paroi du kyste a égale-
ment une valeur cellulaire1. Elle est formée par un syncytium.
Enfin chez certaines Myxosporidies, où le corps entier est plas-
inodial, la surface de ce plasmode est revêtu d'une brosse. Celaa été
bien mis en évidence par Prenant (1903) chez Myxidium lieberkùhni.
Les Sarcosporidies possèdent, elles aussi, un revêtement en brosse,
reconnu par maints auteurs, chez la Sarcosporidie du Porc (Sarco-
cytis miescheri) où il existe sur le kyste adulte. En ce qui concerne
la Sarcosporidie du mouton, les observations sont peu coneor-
dantes, ce qui tient vraisemblablement à ce que ce revêtement dis-
parait autour du kyste adulte, où je n'ai jamais pu moi-même le
mettre en évidence. Mais Ferret (1903) l'a observé autour du kyste
jeune et il en a étudié le développement aux dépens de la cuticule
du parasite.
On peut encore noter, entre les Sarcosporidies et le Kyste de
Gilruth, quelques ressemblances dans la structure des germes : la
fine pellicule qui les entoure, le corps paranucléaire qui chez les
Sarcosporidies parait être le caryosome ou nucléole, plus ou moins
1 Mrazek (1910), tente d'étendre aux Glugea sa conception des Myxocystis et met en
doute l'unité des gros kystes caractéristiques de ce genre.
cxxtv NOTES ET REVUE
indépendant topographiquement de la masse nucléaire, et enfin
surtout la différenciation cytoplasmique encore mal connue de
l'extrémité an té nucléaire. Mais ce ne sont là pour l'instant, et j'in-
siste sur le mot, que des ressemblances.
Par contre ce sont bien de véritables analogies qui se révèlent
entre le Kyste de Gilrutb et les Sporozoaires du groupe, Coccidies-
Grégarines (et aussi les Plasmodidas) dans le mode de formation des
germes. La formation des schîzozoïtes chez les Coccidies
(Barrouxia, Cyclospora) et chez les Schizogrégarines (Agyregata,
Porospora), celle des sporoblastes à partir des gamétocytes chez
beaucoup d'Eugrégarines, est superposable à la formation des
germes aux dépens des blastophores dans le Kyste de Gilruth.
L'analogie est surtout saisissante avec ce qui se passe dans la
schizogonie de la Porospora du Homard telle que Légek et Dlboscq
(1909) viennent de la décrire. Il y a tout lieu de penser que le para-
site de Gilruth représente l'évolution schizogonique d'un Proto-
zoaire voisin des Coccidies-Grégarines, dont la gamogonie est
peut-être déjà connue. Mais pour le cas où ce parasite serait nou-
veau je propose de lui réserver les noms générique et spécifique
de Gastrocyslis gilruthi.
BIBLIOGRAPHIE
1907. Caullery et Mesnil. Recherches sur les Actinomyxidies [Arch. f.
Protistenk. IV, p. 272-308, pi. 15).
1903. Ferret (P.). Observationsrelatives au développement delà cuticule
de la Sarcocystis tenella (Arch. Anat. micr. VI, p. 86-98, 1 pi.}.
1910. Gilruth (A.). Notes on a Protozoon parasite found in the mucous
membran of the abomasum of a sheep. (Bull. Soc. path. exot.,
t. III, p. 297-298, pi. II).
1909. Léger et Dubosoq. Etudes sur la sexualité chez les Grégarines.
(Arch. f. Protistenk., XVII, p. 19-134, pi. 1-5).
1910. Mrazek (A.). Sporozoenstudien. Zur Auffassung der Myxocystiden
(Arch. f. Protistenk. XVIII, p. 245-2(10, pi. XIV-XV).
1903. Prenant (A.). Notes cytologiques, VII. Contribution à l'étude delà
cili.it ion. Striation de la partie adhérente du Myxidium Lieber-
kiihni(Arch. Anat. micr. V. p. 200).
Puni le I" .lui/tel I9IO.
Les directeurs :
G. Pruvot et E.-G. Racovitza.
Eug. Morieu mp.-Grav., 2<>, Rue Delimbre Paris i.xiv -i — Téléph. : 704-75
ARCHIVES
ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GENERALE
FONDÉES PAR
II. de LACAZE-DUTHIERS
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE
<;. PRUVOT et E. G. RACOVITZA
Professeur adjoint à la Sorbonne Docteur es sciences
Directeur du Laboratoire Arago Sous-Directeur du Laboratoire Arago
5e Série, T. V. NOTES ET REVUE 7370. N° 5
XV
INCUBATION DES EMBRYONS
ET RÉGÉNÉRATION DES BRANCHIES CHEZ LES CYCLAS
{SPHŒHRIUM CORNE UM L.)
(Note préliminaire)
par E. Poyarkoff
Docteur es sciences
L'incubation des embryons des Cyclas dans les branchies mater-
nelles est un fait bien connu, mais les détails de ce processus ont
été très peu étudiés. Le travail de Stepanoff(1865) est déjà ancien;
Ziegler (1885) ne dit à ce sujet que quelques mots rapides dans son
travail sur l'embryogénie des Cyclas. De Bruyne (1898) s'est occupé
de ce fait d'une façon plus particulière. Son mémoire se compose
de deux parties ; dans la première partie de Bruyne étudie le rôle
de la phagocytose pendant la métamorphose des Insectes; Berlese,
Henneguy, Pérez ont relevé de graves erreurs commises par lui sur
ce point. En présence de certaines figures, relatives à la seconde
pailie de son mémoire, où de Bruyne étudie la phagocytose chez les
Lamellibranches, et dont l'interprétation paraissaitsujetteà caution,
ARCH. I>E ZOOL- EXP. ET GÉN. — 5« SÉRIE. T. V. E.
cxxvi NOTES ET REVUE
M. Cii. PÉm:z m'a conseillé de reprendre L'examen de cotte question;
je le prie de recevoir â cet égard mes sincères remerciements. On
verra par ce qui suit que la seconde partie du mémoire de de Briym;
ne mérite guère plus de confiance que la première. Etant obligé
d'interrompre mon travail pour un temps indéterminé je me borné
à un court résumé de mes résultats.
Les embryons des Cyclas sont incubés dans des sacs particuliers
compris, soit entre les feuillets de la lame branchiale interne, suit
entre la paroi du corps et le feuillet direct de cette lame, lorsque le
feuillet réfléchi fait défaut.
Fig. 1.
Fig. i. — Portion du sac d'incubation de Sphœrium corneum ; E, assise externe;
[, assise interne; B, filaments branchiaux; /, leucocytes immigrant entre les
assises interne el externe de ce sac ; r, leucocytes fixés à la base des cellules de
l'assise interne ; k, karyokinèse d'une jeune cellule de l'assise interne x 134.
La paroi des sacs branchiaux d'incubation est constituée par deux
assises épithéliales dont l'assise externe est en continuité avec
l'épithélium des filaments branchiaux et dont l'assise interne forme
une sorte de sac clos (fig. 1). L'assise externe est formée de cellules
très aplaties à cytoplasma réticulaire, à noyau ovale: les mem-
branes cellulaires qui séparent ces cellules entre elles sont indis-
tinctes1. L'assise interne est, formée de- grosses ce 11 ides variables de
formes ; le plus souvent elles sont cylindriques ou cubiques fig. 1).
1 Les fixations onl été faites au sublimé acétique ou au picrofor l de Bouin en
solution aqueuse ou alcoolique. Les coupes onl été colorées avec l'hémalum ou avec
l'hématoxyline ferrique el avec l'éosine.
NOTES ET REVUE cxxvn
Quelquefois elles sont aplaties par endroits; alors elles se sont pro-
bablement étalées pour prendre la place de grosses cellules touillées
dans la cavité du sac. Les jeunes cellules renferment un réticulum
cytoplasmique abondant qui devient plus lâche dans les grosses
cellules. Les membranes cellulaires sont assez nettes ; il n'y a pas
de basale. La surface libre des cellules (interne par rapport au sac
d'incubation) présente une bande de largeur variable où la plupart
de trabécules cytoplasmiques, plus nombreuses ici qu'ailleurs, sont
orientés perpendiculairement à la surface des cellules ; d'autres
trabécules sont dirigés obliquement. Cette formation analogue jus-
qu'à un certain point au plateau strié d'un épithélium apparaît plus
nettement dans les cellules âgées dont le réticulum devient lâche
partout sauf au niveau de cette bande.
Le noyau de ces cellules est très polymorphe ; il est lobé, incisé
de différentes façons et paraît être constitué de plusieurs noyaux
accolés ; il renferme plusieurs nucléoles tandis que les noyaux
normaux: de différents tissus de Cyclas n'en renferment qu'un ou
deux. Ziegler a dessiné une petite partie de la paroi du sac d'incu-
bation (188; pi. KXVII, fig. 22) et sa ligure schématique est suffi-
samment exacte; mais la ligure élégante de de Bruyne (1898:
pi. XI, fig. 2) qui représente un sac d'incubation est tellement éloi-
gnée de la réalité qu'on est presque tenté de se demander si l'auteur
a jamais examiné véritablement des préparations de Cyclas. Ainsi
d'après lui, la paroi du sac d'incubation est formée de deux assises
épithéliales dont l'interne est formée de cellules très aplaties et
dont l'externe est constituée par un épithélium cylindrique sché-
inatiquemenl régulier; nous venons de voir que c'est au contraire,
l'assise externe qui est formée de cellules aplaties et l'assise
interne qui est formée de grosses cellules peu régulières ; les cellules
de l'assise interne sont quelquefois aplaties mais seulement sur une
portion plus ou moins considérable du sac d'incubation. De Bruyne
a représenté en outre du tissu conjonctif compris entre ces deux
assises; ce tissu n'existe jamais. Son sac d'incubation au lieu de
contenir un embryon, renferme plusieurs sortes de produits que je'
n'ai jamais vus surmes préparationsàl'intérieurde ces sacs. Aucun
détail histologique de la ligure de de Bruyne ne correspond à la
réalité ; je me considère donc comme autorisé à laisser complète-
ment de côté le travail de de Bruyne basé sur des observations
aussi inexactes. Quant à ses observations concernant d'autres
cxxvin NOTES ET REVUE
Lamellibranches que les Cyclas elles doivent être vérifiées avant
d'être acceptées.
Il est évident que les grosses cellules de l'assise interne du sac
d'incubation dérivent des cel-
lules plus petites qui sont dis-
séminées entre elles; maiscoin-
ment leur noyau polymorphe
dérive-t-il du noyau ordinaire
de ces petites cellules? On peut
imaginer trois modes de for-
mation de ces noyaux : 1) par
une sorte de bourgeonnement
résultant de leur propre ac-
croissement; 2) par une multi-
plication karyokinétique non
suivie de division de la cellule ;
3) par l'accolement de plusieurs
noyaux.
1) Bourgeonnement. — L'as-
pect même des noyaux poly-
morphes suggère très souvent
lidée d'un bourgeonnement ;
cet a s -
Fig. 2.
Fig. 2. — Portion de l'assise interne du
sac d'incubation ; /, leucocyte immi-
gré ; /', leucocyte fixé à la base des
cellules de l'assise interne; a, leuco-
cyte fixé à la base des cellules de
l'assise interne et ayant commencé à
s'accroître x 525.
pect ne
suffirait
pas à lui
seul à étayer suffisamment la croyance à la
réalité du processus, mais il y a plus. Quel-
quefois on peut voir un noyau ordinaire for-
mer d'abord un petit bourgeon (fig. 2, a);
ce bourgeon est sans doute ensuite suscep-
tible de grandir. Mais ce qui prouve d'une
façon décisive l'existence de ce mode de
formation des noyaux polymorphes, c'est la
division directe très nette de leurs nucléoles
fig. 3). Lorsque le bourgeon atteint certaines
dimensions le nucléole du noyau-mère se divise et fournit ainsi
les nucléoles aux noyaux bourgeons. Le nucléole peut se divisera
la fois en .'! portions comme le montre la ligure 3.
Fig. 3.
Fig. :'■ — Dit ision du
nucléole dans unecel-
lule de l'assise interne
du sac d'incubation
x 1350.
NOTES ET REVUE cxxix
2) Karyokinèses. Les noyaux ordinaires de petites cellules se
multiplient par karyokinèse (fig. 1, A), mais chose étrange les
noyaux polymorphes de grosses cellules sont eux-mêmes capables
de ce mode de multiplication. Et même l'individualité de différents
noyaux simples qui constituent le gros noyau polymorphe apparaît
plus nettement pendant le stade spyrème (fig. 4), le filament du
spyrème étant orienté d'une façon différente dans les différents
noyaux élémentaires. Le noyau polymorphe présente une sorte de
colonie de noyaux simples qui subissent simultanément la même
Fig.
Fu
Fig. 6.
Fig. 4. — Cellule de l'assise interne du sac d'incubation. Son noyau polymorphe est
au stade de spyrème x 1350.
Fig. 5. — Karyokinèse multipolaire d'une cellule de l'assise interne du sac d'incuba-
tion x 1350.
Fig. 6. — Stade final de la karyokinèse d'une cellule de L'assise interne du sac d'in-
cubation X 1350.
évolution mais qui conservent une certaine indépendance réci-
proque. Chaque noyau bourgeon paraît se diviser par sa mitose
propre ; il en résulte pour l'ensemble de la cellule la formation
d'une karyokinèse multipolaire (fig. 5) qui rappelle les karyokinèses
multipolaires des œufs d'Oursins ou des cellules cancéreuses. Les
karyokinèses multipolaires que je décris chez Cyclas résultent, me
semble-t-ilde l'apposition de plusieurs karyokinèses simples, il est
intéressant de remarquer à ce sujet que les karyokinèses multipo-
laires des œufs d'Oursins résultent d'une façon analogue de la
fécondation de l'œuf par plusieurs spermatozoïdes.
Ces karyokinèses multipolaires des cellules de l'assise interne du
sac d'incubation des Cyclas ne sont pas suivies de la division de la
.NOTES ET RENTE
cellule; la ligure G représente an noyau polymorphe au stade final
de la karyokinèse ; la chromatine se présente sous forme de bâton-
nets, les nucléoles ne sont pas encore apparus, je n'ai trouvé aucune
autre cellule semblable dans son voisinage; j'en conclus que cette
sorte de karyokinèse multipolaire peut augmenter la complication
de structure d'un noyau polymorphe en augmentant le nombre des
noyaux simples qui le constituent. Quelquefois d'ailleurs lorsque le
noyau de la cellule a
une structure peu com-
pliquée ces karyoki-
nèses peuvent aboutir
à la division de la
cellule.
3) Fusion de pli -
sieurs noyaux. — Quel-
quefois des leucocytes,
nettement reconnais-
sablés à leur noyau,
immigrent à l'intérieur
de grosses cellules de
Tassise épithéliale in-
terne; nous verrons
que ce sont des leuco-
cytes qui remplacent
les grosses cellules
après leur chute en
subissant certaines
transformations : il est
probable que le noyau
• les leucocytes immi-
grés à l'intérieur d'une grosse cellule se fusionne avec le noyau
polymorphe de celle-ci. Préalablement le noyau du leucocyte
s'accroît et subit certaines modifications dans son aspect.
La figure 7 nous montre une grosse cellule de L'assise épithéliale
interne. Le gros noyau de cette cellule d'aspecl très complexe la
ligure n'en donne qu'une idée approchée renferme plusieurs
nucléoles de taille différente dont les plus grosses sont vacuolaires,
Les grains de chromatine de ce noyau sonl disposés surtout en
réseau à mailles assez lâches. Outre ce novau on trouve dans la
Fie 7. — Cellule de l'assise interne du sac d'incu-
bation; <i. h, c, '/, noyaux accrus de leucocytes
immigrés : j>. pseudopodes que le noyau poly-
morphe pousse à leur rencontre ; /•. deux pseu-
dopodes du noyau polymorphe fusionnés et renflé
à leur extrémité distale ;' e, portion du noyau
polymorphe qui représente probablement le
noyau d'un leucocyte qui vient de se fusionner
avec ce noyau x 860.
NOTES ET REVUE cxxxi
cellule quatre autres petits noyaux qui sont presque sûrement les
noyaux de leucocytes immigrés. Les noyaux des leucocytes ordi-
naires sont caractérisés par un aspect très chromatique (fig. 2), par
une épaisse membrane nucléaire, et par l'absence du nucléole ;
presque toute leur chromatine est condensée au centre du noyau.
La membrane nucléaire de ces quatre noyaux dont je parle est déjà
mince, ces noyaux sont déjà pourvus de nucléoles mais ces
nucléoles sont plus petits que les nucléoles du gros noyau ; les grains
de chromatine sont plus serrés et sont distribués plus uniformé-
ment dans ces quatres noyaux que dans le gros noyau. Ces petits
noyaux sont entourés d'une auréole incolore, le cytoplasme des leu-
cocytes est de même incolore. On peut trouver tous les stades de
passage entre ces noyaux et les noyaux typiques des leucocytes. Il
me semble très improbable que ce soient là des noyaux bourgeonnes
par le gros noyau polymorphe qui s'entoureraient du cytoplasme
particulier et émigreraient ensuite au dehors pour constituer des
cellules nouvelles1. Cela est d'autant plus improbable que même les
karyokinèses des noyaux polymorphes ne sont pas suivies de divi-
sion de la cellule. Je trouve souvent des leucocytes typiques entre
les deux assises du sac d'incubation, mais je n'ai jamais trouvé là
.1rs cellules d'un aspect analogue à celui de ces quatres cellules. Il
est donc presque certain que ces quatre petits noyaux sont les
noyaux des cellules migratrices venues de dehors.
Or on voit le gros noyau pousser des prolongements (sorte de
pseudopodes) à la rencontre des petits noyaux c et d; le noyau a
esl coiffé d'un large pseudopode; le gros noyau a poussé deux pseu-
dopodes à la rencontre du noyau d ; ces pseudopodes se sont
fusionnés au point de rencontre en un arc qui est rende à son
extrémité distale (r) ; et ce rendement est si intimement appliqué
contre le noyau d que j'ai cru d'abord que ce renflement et le noyau
d étaient déjà fusionnés; cette fusion se produirait probablement
bientôt, si cette Cyclas n'était pas fixée à ce moment. Lepetitnoyau
bourgeon e du gros noyau possède un nucléole semblable aux
nucléoles de ces quatre petits noyaux, la distribution de sa chro-
matine rappelle également la distribution de la chromatine
de ces quatre noyaux et il est probable que c'est là un
1 Ce mode de formation de nouvelles cellules improbable au premier abord, n'est
cependant pas radicalement impossible. Pour en citer un exemple dans un cas très
différent je rappellerai la formation des œnocytes imaginaux aux dépens des œnocytes
larvaires chez les Fourmis [pérez, 1902) et chez la Galéruque de l'Orme (Poyarkoff, 1910).
r.xxxu NOTES ET REVUE
noyau semblable à ces quatre noyaux qui vient de se fusionner
avec le gros noyau. Les prolongements que le gros noyau a poussés
à la rencontre du petit noyau d partent non du point le plus voisin
de ce noyau d qui est le noyau-bourgeon e, mais ils partenl de
derrière ce noyau e; cette circonstance semble indiquer que le
noyau-bourgeon e n'est en réalité qu'un noyau leucocytaire qui
vient de fusionner avec le gros noyau et que cette fusion ne s'est
produite qu'après ce que le gros noyau a commencé de pousser les
prolongements à la rencontre du petit noyau d.
Souvent les petites cellules de l'assise interne du sac d'incuba-
tion des Cyclas sont si serrées les unes contres les autres qu'il est
difficile de distinguer leurs limites et l'on a l'impression que quel-
ques-unes de ces cellules se fusionnent entre elles.
Quelquefois ont peut trouver des cellules qui présentent à leur
intérieur un trabécule cytoplasmique plus ou moins lamellaire qui
part de la base de la cellule, contourne le noyau polymorphe à la
limite entre les noyaux simples qui le constituent et atteint enfin la
bande superficielle striée de la cellule ; cette bande qui est ordinai-
rement d'une seule venue présente quelquefois un angle rentrant
au point d'attache de ce trac tus cytoplasmique et cette circon-
tance différencie ce trac tus du réticulum cytoplasmique ordi-
naire. Je me demande si ce sont là deux cellules voisines qui se
fusionnent et dont les noyaux s'unissent l'un à l'autre à travers la
membrane cellulaire qui persiste sous forme de ce tractus. Mais ces
observations sont très délicates à faire, il est difficile d'éliminer
l'action des réactifs et je me réserve encore sur ce point. Nous
verrons plus loin que les cellules de l'assise interne du sac d'incu-
bation sont d'origine leucocytaire, or les leucocytes accusent
souvent une tendance à former des plasmodes. Je crois que ces
différents modes de formation du noyau polymorphe (bourgeon-
nement, karyokinèse non suivie de la division de la cellule, immi-
gration des leucocytes) ne s'excluent pas mutuellement, mais qu'ils
indiquent cette circonstance qu'à l'intérieur des cellules de l'assise
interne du sac d'incubation sont réalisées les conditions qui déter-
minent les noyaux ordinaires à s'agglomérer entre eux quelle que
soit leur origine. Ces réflexions rendent probable la fusion de deux
cellules épithéliales voisines dans le cas lorsque leurs noyaux seront
si serrés l'un contre l'autre qu'ils écraseront entre eux la membrane
cellulaire et viendront ainsi au contact l'un de l'autre.
NOTES ET REVUE cxxxiu
En résumé, je crois que le noyau polymorphe des grosses cellules
peut dériver de noyaux ordinaires par bourgeonnement, par des
karyokinèses non suivies de division des cellules, et par la fusion
de plusieurs noyaux d'abord distincts. Cette circonstance que le
noyau polymorphe peut se former de façons si variables indique
qu'il représente une sorte de colonie de noyaux simples, où ces
noyaux gardent un certain degré d'indépendance personnelle plutôt
qu'un seul noyau bien individualisé.
Je n'ai pu établir une succession chronologique déterminée entre
les différents modes de formation du noyau polymorphe; je crois
que l'histoire de chaque noyau est variable sous ce rapport qu'il
peut nous présenter indifféremment tel ou tel mode de complication
de son aspect. Je dois remarquer cependant que les karyokinèses des
noyaux simples ordinaires paraissent être toujours suivies de la
division cellulaire, et que par conséquent les karyokinèses ne
peuvent mener à la complication de l'aspect du noyau qu'après ce
que ce noyau a déjà acquis une structure complexe soit par bour-
geonnement soit par fusion de plusieurs noyaux ordinaires.
Ce sont ces grosses cellules de l'assise interne du sac d'incuba-
tion qui servent à la nutrition de l'embryon ; à un certain moment
elles se détachent et tombent dans la cavité du sac. Leur cyto-
plasma devient homogène et éosinophile, leur noyau devient uni-
formément chromatique, les granulations chromatiques étant
presque complètement indistinctes. L'embryon avale ensuite ces
cellules; j'ai trouvé de ces grosses cellules à l'intérieur de l'in-
testin de certains embryons. Stepanoff (1865) et Ziegler (1885)
ont déjà admis ce mode de nutrition des embryons.
Commentées grosses cellules épithéliales sont-elles remplacées?
On peut penser que ce sont les petites cellules à protoplasma dense
qui en se multipliant par karyokinèse fournissenteonstamment des
éléments cellulaires qui remplacent les grosses cellules après leur
chute. Cela est probable, il est assez difficile de voir si ces petites
cellules sont capables de multiplication continuelle ou si elles
doivent s'accroître après une certaine période de multiplication.
Les leucocytes servent aussi de cellules de remplacement. Le
àoyau des leucocytes est très caractéristique: il est très chroma-
tique, la membrane nucléaire est plus épaisse que dans les noyaux
d'autres tissus de Cyclas ; la chromatine est condensée au milieu du
noyau en laissant entre lui et la membrane nucléaire un espace
c.xxxiv NOTES ET REVUE
libre; il est dépourvu du nucléole. Jamais les noyaux des cellules
épithéliales, même de celles qui prolifèrent très activement, par
exemple des cellules des filaments branchiaux en régénération, ne
présentent ces caractères. Or, les leucocytes immigrent des fila-
ments branchiaux entre l'assise externe et interne du sac d'incu-
bation (fig. Y, l) et viennent se fixer à la base des grosses cellules
(fig. % I, f .
Je n'ai aucun doute que ces très petites cellules situées à la base
de grosses cellules soient dérivées des leucocytes, tant le noyau des
leucocytes est caractéristique. 11 est plus délicat démontrer que ces
leucocytes se transforment en cellules épithéliales du sac d'incuba-
tion ; mais on peut trouver facilement tous les passages entre les
noyaux des leucocytes et ceux de petites cellules épithéliales caracté-
ristiques. Ainsi par exemple la figure 2, a, nous montre une petite
cellule située à la base de grosses cellules; cette cellule se rapproche
déjà par ses caractères des cellules épithéliales ordinaires de l'assise
interne du sac d'incubation, son noyau forme un petit bourgeon ;
mais la nature leucocytaire de cette cellule me parait nette; elle
occupe la même situation que le leucocyte immigré b, sa membrane
nucléaire est déjà mince, mais le noyau est encore dépourvu de
nucléole, et la chromatine laisse un espace périphérique libre entre
elle et la membrane nucléaire. On peut trouver tous les passages
aussi graduels qu'on veut de cette cellule vers les leucocytes d'une
part et versles cellules épithéliales de l'assise interne du sac d'in-
cubation d'autre part. Ainsi il me paraît certain que les leucocytes
jouent un rôle dans le remplacement des cellules de l'assise interne
du sac d'incubation.
L'assise épithéliale interne du sac d'incubation est donc au moins
en partie d'origine leucocytaire; quelle est l'origine de petites
cellules à protoplasme dense de cette assise? Sont-elles toutes des
leucocytes transformés et comment se forme le sac d'incubation ?
^4 priori l'opinion la plus simple est de penser que c'est l'épi-
thélium des filaments branchiaux qui prolifère, entoure l'embryon
et forme ainsi autour de lui un sac à double paroi épithéliale; telle
est l'opinion de Stépanoff (1865) et de Ziegler 1885).
Je n'ai pas encore observé les premiers stades de formation du
sac d'incubation autour de l'embryon, mais j'ai trouvé deux Cyclas
dont la cavité palléale renfermait un nombre considérable de jeunes
embryons. Ces embryons touchaient la paroi du corps en un point
NOTES ET REVUE cxxxv
quelconque et provoquaient l'afflux des leucocytes. Ce sont d'abord
un petit nombre de leucocytes qui entourent l'embryon en s'étalant
à sa surface en une mince couclie cytoplasmique ; plus tard lorsque
l'embryon est entouré par un nombre plus considérable d'élé-
ments cellulaires, certains de ces. éléments sont nettement recon-
naissables comme leucocytes grâce à leur noyau, tandis que
d'autres noyaux ont des caractères moins nets; et il est très diffi-
cile de dire si ce sont des noyaux de leucocytes modifiés ou ceux de
cellules épitbéliales qui auraient pris part à l'englobement de
l'embryon.
Par analogie, je suppose que lorsque l'embryon vient au contact
clés filaments branchiaux ce sont surtout les leucocytes qui
émigrent au dehors et englobent l'embryon ; plus tard ils s'orga-
nisent en deux assises épitbéliales du sac d'incubation. Quant aux
cellules épitbéliales ectodermiques des filaments branchiaux si elles
prennent part à cet englobement, leur rôle n'est probablement pas
considérable.
Je classerai donc l'incubation des embryons de Cyclas comme un
cas (ïectoparasitisme accompagné de la formation d'un follicule au
moins en partie, peut-être même totalement mésodermique.
Je signalerai en passant un détail fort curieux. J'ai trouvé dans la
cavité générale d'un de ces individus dont je viens de parler un cer-
tain nombre de jeunes embryons bien normaux, par endroits on
peut trouver des embryons mi-engagés dans la cavité générale de
cet individu à travers son épithélium ectodermique limitant la
cavité palléale. Probablement ce sont des leucocytes qui après avoir
englobé les embryons dans la cavité palléale les entraînent dans la
cavité générale des Cyclas. Cette circonstance n'est pas sans
rappeller le cas d'une Méduse, Cunina proboscidea étudiée par
Metschnikoff (1886) où l'embryon se développe à l'intérieur d'une
cellule qui le promène à travers le corps de la mère.
Les embryons entraînés ainsi dans la cavité générale des Cyclas
présentaient des caractères bien normaux comme ceux de la cavité
palléale ; le follicule leucocytaire autour de ces embryons était peu
développé et il était impossible de prévoir si ces embryons auraient
continué à se développer et auraient alors entraîné la mort de leur
hôte-parent, et par là leur propre perte ; ou si ce sont les leucocytes
qui auraient fini par prendre le dessus et auraient résorbé les
embryons.
cxxxvi NOTES ET REVUE
La formation dos sacs d'incubation doit gêner considérablement
le développement normal du feuillet réfléchi de la lame branchiale
interne. En revanche ce feuillet s'accroît d'une façon si singulière
que je qualifierai ce cas de régénération de ce feuillet bien que sans
doute l'animal n'en perde en réalité aucune portion.
Chaque filament branchial est formé de deux portions -- une
portion à épithélium épaissi porte des cils, l'autre à épithélium
aplati en est dépourvue. Là où les filaments branchiaux du feuillet
réfléchi interne s'accolent à l'épithélium du corps, il se forme à un
certain moment une invagination dans la portion épaissie du fila-
ment branchial ; cette invagination prend bientôt la forme d'un tube
cylindrique qui pousse sous l'épi thélium du corps, au milieu du
tissu conjonctif, dansla direction ventro-dorsale. L'ensemble de ces
tubes forme une lamelle parallèle à l'épithélium palléal du corps et
séparée de cet épithélium par du tissu conjonctif. La lumière de
ces tubes est une dépendance de la cavité palléale et c'est sur la
face interne de ces tubes que se formeront les cils. Ensuite chaque
tube se divise peu à peu en deux moitiés — une postérieure et une
antérieure. Le bord interne de la moitié postérieure d'un tube et
celui de la moitié antérieure du tube immédiatement postérieur
s'accolent en se retournant un peu et les filaments branchiaux
prennent ainsi leur constitution normale. Quant aux bords externes
de ces tubes ils sont très peu nets; ils paraissent proliférer d'une
façon diffuse au milieu du tissu conjonctif qui séparait ces tubes de
l'épithélium ectodermique externe ; cette prolifération donne la
portion du filament branchial qui est dépourvue de cils; ces bords
externes s'accolent enfin, probablement après avoir englobé un peu
de tissu conjonctif à l'intérieur du nouveau filament branchial, qui
prend ainsi sa forme normale.
Quand à l'ancien épithélium ectodermique il tombe; les noyaux
de ses cellules prennent souvent un aspect anormal analogue à
celui des noyaux de l'assise épithéliale interne du sac d'incubation;
dans ce cas le phénomène d'immigration des leucocytes à l'inté-
rieur des cellules épithéliales est plus intense.
Un autre épithélium palléal est formé à nouveau; on trouve en
dedans des tubes de régénération une nappe de cellules qui ont l'air
de cellules conjonctives.
Lorsque les tubes de régénération pénétrent à l'intérieur du
corps du Cyclas, ils refoulent devant eux d'une façon presque
NOTES ET REVUE cxxxvh
mécanique l'épithélium palléaï en provoquant l'aplatissement de
cet épithélium dans cette région. Il se forme ainsi une fossette épi-
théliale longitudinale ; la portion longitudinale proximale de cet
épithélium sépare les tubes de régénération de la cavité générale
et la portion longitudinale externe est presque appliquée contre
l'ancien épithélium palléal. Bientôt l'assise épithéliale se rompt au
fond de cette fossette ; la portion externe avorte, la portion interne
s'applique sur l'ancien épithélium palléal de façon à séparer com-
plètement les tubes de régénération de la cavité générale ; au fur et
à mesure de leur prolifération ces tubes refoulent devant eux cette
portion de l'épithélium qui donnera le nouvel épithélium palléal.
Une karyokinèse que j'ai trouvée dans cette assise parle en faveur
de cette manière de voir.
Ce processus est d'ailleurs très compliqué, quelquefois les tubes
de régénération poussent dans la direction dorso-ventrale et non
ventro-dorsale.
Ainsi il n'y a pas de dérogation à la règle des feuillets dans ce
cas de régénération des filaments branchiaux ; quant à l'origine
leucocytaire du sac d'incubation (partielle ou même peut-être totale)
on ne peut pas y voir une dérogation à cette règle; il faut rappro-
cher la formation du sac d'incubation des processus inflamma-
toires provoqués par la présence des corps étrangers dans les tissus
de l'animal.
De nombreuses observations détaillées sont nécessaires pour se
rendre bien compte de tous les détails de ces processus intéressants.
Je compte à revenir ultérieurement sur ce sujet.
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i Traçai/ du Laboratoire de Zoologie de la Faculté des
Sciences de Bordeaux et du Laboratoire d'Evolution
des Etres Organises de la Sorbonne.
XVI
SUR UN ACINÉTIEN NOUVEAU COMMENSAL D'UN COPÉPODE,
RHABDOPHRYA TRIMORPHA n. g., n. sp.
par
E. Chattox et B. Collih
Préparateur à l'Institut Pasteur de Paris Préparateur à la Station Zoologique do Cette
Il existe dans la baie de Banyuls, à un mille environ au nord-est
du Cap l'Abeille, par 30 à 35 mètres, un fond très peu étendu de
sable lin, qui à cet endroit fait transition entre le sable détritique
grossier du littoral et la vase du large à Turritelles. Sur ce fond est
installée une petite faune spéciale de Nématoïdes (Echinoderes,
Desmoscolex, Rhabdogaster) et de Copépodes harpacticides parmi
lesquels Clelodes longicaudatus (Bœck) qui s'y trouve étroitement
localisé et n'y estd'ailleurs pas des plus abondants '.
Les Clelodes courent sur ce sable, plutôt qu'ils ne nagent, se
frayant un passage parmi les particules qui le composent. C'esl là
un genre de vie qui paraît peu propre au développement des ecto-
parasites. Cependant le Clelodes longicaudatus porte un Acinétien
de grande taille qui n'a pas encore été signalé et dont certains
caractères, disons-lede suite, semblent liés au mode de vie de son
1 Nmis devons la détermination spécifique de ce Copépodeà M- le Professeur <; e. sahs
que nous prions ici d'accepter nos remerciements. M Sars a bien voulu nous envoyer
des exemplaires de Clelodes longicaudatus des rotes de Norvège, sans noter
de différences morphologiques entre les formes norwégiennes et les formes méditerra-
néennes, non-; observons que les dernières si ml imites notablement plus petites (0m" 15),
que les premières (C 65 et d'autre pàrl un peu plus élancées. Aucun des exemplaires
norwégiens ne portail d'Acinétiens.
NOTES ET REVUE
s'
//
d.
'--s*
hôte : la forme allongée des individus, la souplesse de leur pédicule
d'attache et surtout
l'épaisseur toute parti-
culière de leur tégu-
ment.
Ce nouveau commensal
que nous appellerons :
Rhabdophrya trimorpha
n. g., n. sp. est loin
d'être commun ; sur
plusieurs centaines de
Cletodes examinés, 5
seulement en ont été
trouvés porteurs : 2 fe-
melles et 3 mâles.
L'un de ces derniers,
représenté figure 1 ,
montrera suffisamment
l'aspect et la situation
des parasites ; assez
nombreux et répartis
au hasard sur les divers
somites thoraciques et
abdominaux, mais tou-
jours dorsalement, ils
occupent de préférence
à la ligne médiane les
parties latérales, sans
doute moins exposées
aux heurts et aux frot-
tements.
Ce qui frappe tout
d'abord est la distinc-
tion évidente et facile
entre 3 sortes d'exem-
plaires :
1° Des individus ten-
tacules (fig. 1, a) allon-
gés en forme de « baguette » régulièrement cylindrique (d'où le
k
5g«Bfe*ï*4#sa^g
;^3B*«*yâ^^fei
■i
Fig. 1.
Fig. 1.— Clelo-
des longicau-
dalus Bœck .
Exemplaire <$
avec nom-
breux indivi-
dus de Rhab-
dophrya tri-
morpha n. g.,
n. sp. (aspect
sur le vivant
x 235.
gxl NOTES ET REVUE
nom du nouveau genre) et portant, rangés sur deux files longitu-
dinales diamétralement opposées, des suçoirs assez courts peu
distinctement capités, ne montrant aucune tendance au groupe-
ment par faisceaux. La longueur totale du corps atteint 160 à 175 [x,
avec une largeur moyenne de 12 à 15 \x. La base adhère au Copé-
pode par l'intermédiaire d'un court pédicule assez large, évasé en
coupe et dépassant rarement 5 [*. Ces exemplaires sont de beau-
coup les plus fréquents.
2U Des Individus vermiformes (fig. 1, b) atteignant même lon-
gueur que les précédents, mais dépourvus de tentacules ; leur style
ne semble se distinguer par aucun caractère saillant de celui qui
supporte les exemplaires tentacules; mais la forme du corps, néma-
toïde, souvent incurvée et progressivement effilée de la base au
sommet, leur donne un aspect bien différent. Par leurs caractères
d'ensemble, ils sont tout à fait analogues aux individus vermi-
formes des Ophryodendron et plus encore à ceux de Dendrosomides
paguri décrits par l'un de nous (1906). Leur extrémité antérieure se
termine par une sorte de bouton renflé, recouvert d'un tégument
plus mince et peut-être capable de s'invaginer en ventouse. Ces
individus sont beaucoup moins fréquents que les tentacules; ils
ont été rencontrés cependant à la fois sur des Ç et sur des çfy
tantôt fixés sur la furea (fig. 1, b) tantôt sur les divers segments du
corps.
3° Enfin, il existe des exemplaires très courts et de forme bien spé-
ciale, plus ou moins recourbés en arc et en « crochet » (fig. 1, e) ;
nous les appellerons Individus unciformes, pour les distinguer des
2 types précédents. Leur longueur ne dépasse jamais 45 \± et leur
largeur est d'environ 10 fi. Par suite de l'incurvation de l'axe, l'une
des faces est nettement concave, et l'autre très fortement convexe,
avec une gibbosité caractéristique non loin de la base acuminée que
prolonge un pédoncule rudimentaire. L'extrémité antérieure se
termine par une région subitement rétrécie en une sorte de bec qui,
parfois, montre à sonsommet une légère dépression en ventouse.
Chose remarquable, les individus unciformes semblent occuper
sur l'hôte une situation constante, très strictement définie : tous Les
exemplaires rencontrés étaient en effet fixés sur la partie dortoir de
l'article renflé des antennes des nulles, et tournés vers le dedans. Les
deux femelles examinées n'en portaient point.
Quels que soient les individus considérés la structure intime est
NOTES ET REVUE gxli
partout la même : le corps est revêtu en entier (y compris les tenta-
cules s'il y en a) par un tégument membraneux et résistant, rela-
tivement épais, et qui, à un fort grossissement, présente toujours un
double contour très net. A la surface de cette enveloppe ou pellicule,
règne sur toute l'étendue du corps (sauf toutefois les tentacules et
l'extrémité apicale des individus vermiformes et unciformes) un
enduit muqueux, aisément isolable parles réactifs (fig. 3, a, b, c) et
qui agglutine volontiers les particules étrangères. Ce revêtement
a-
d
Fig. 2.
Fig. 2. — Rhabdophrya trimorpha n g., n. sp. x 670 : a et b. Jeunes
exemplaires tentacules ; c, </, e, Individus unciformes (croquis sur
le vivant).
protecteur peut du reste également être mis en évidence à la surface
du tégument d'autres Acinétiens vivant dans des conditions biolo-
giques plus ou moins analogues et en milieu peu protégé, sur les
poils rigides de gros crustacés par exemple (Acineta homari) ou sur
les pattes et les élytres des Coléoptères aquatiques (Tokophrya
Steinii, Tok. Ferrum-equimum) . Hickson et Wadswortu (1909) ont
rencontré cet enduit tout particulièrement développé cbez une
race spéciale de Dendrosoma radians vivant sur les rameaux de
l'IIydraire : Cordtjlophora lacustris Allman.
Le cytoplasme est dense et finement granuleux et ne présente
NOTES ET REVUE
Fîg. 3.
Fig. 3. — Rhabdophrya rimorphan. g., n. sp. x 970; a, individu
vermiforme; b, individu tentacule; c, individu tentacule portant
une expansion latérale (bourgeon?); </, individu unciforme.
NOTES ET REVUE oxlui
aucun caractère spécial vis-à-vis des autres Tonnes du même groupe
(Dendrosomides paguri, par exemple). Il existe 1 ou 2 vacuoles con-
tractiles, généralement situées vers le sommet du corps. L'appareil
nucléaire consiste en un macronucléus elliptique à fins grains
chromatiques et de structure très dense, et un micronucléus sphé-
rique, mesurant environ 1 a 6, logé dans une échancrure Latéraledu
gros noyau. Leur place est généralement vers la 1/2 de la hauteur
du corps, parfois cependant vers le 1/3 ou même le 1/4 inférieur
(fig. 3, c).
One les 3 catégories d'exemplaires ainsi décrits chez Rhabdophrya
constituent bien 3 formes différentes au sein d'une seule et même
espèce, il ne semble pas qu'il y ait lieu d'en douter. Leur présence
constamment simultanée sur un hôte aussi spécial, connue aussi
l'identité de leur organisation intime, ne laisse guère de place à
une autre hypothèse. Rhabdophrija serait donc, chezles Acinétiens,
le premier exemple connu d'un type trimorphe.
L'existence d'un dimorphisme spécifique a été constatée jus-
qu'ici chez deux genres seulement dans l'ensemble du groupe :
Ophryodendron et Dendrosomides présentent, comme on sait, outre
les exemplaires tentacules (dits aussi « proboscidiens » chez les
Ophryodendron) des individus allongés, privés de tentacules, mais
pourvus d'une ventouse terminale et appelés « individus verini-
formes» ou bien encore « lageniformes ».■
Mais tandis que pour le premier des deux genres (au
moins pour les espèces les plus hautement évoluées comme
0. abietinum) Cii. Martin (1909) semble avoir définitivement établi
l'indépendance complète des deux sortes d'individus, et. l'impossi-
bilité de la transformation de l'une dans l'autre, l'un de nous a
indiqué récemment (1909 que chez Dendrosomides paguri au con-
traire, l'individu vermiforme, produit par bourgeonnementexterne
du tentacule (comme chez les Ophryodendron) est susceptible
d'évoluer lui-même en individu tentacule et de prendre la forme
typique, régulièrement trifurquée.
En présence de ces faits opposés, (peu contestables cependant
l'un et l'autre), toute généralisation hâtive ne saurait être qu'im-
prudente et nous ne pouvons songer à établir, même hypolhélique-
ment, le cycle évolutif de Rhabdophrya sans que de nouvelles
observations ne nous aient renseignés sur les rapports exacts des
trois types d'individus dont nous avons reconnu l'existence. Voici
gxliv NOTES ET REVUE
cependant, à titre d'indications, les quelques données résultant des
faits déjà acquis :
Nous avons rencontré des exemplaires tentacules de dimensions
très diverses et les moins développés d'entre eux (fîg. 2, a et b) sont
assurément très jeunes; il semble naturel de les supposer issus
d'embryons non observés par nous et fixés depuis peu. Quant aux
individus vermiformes, leur production par bourgeonnement aux
dépens des tentacules, par analogie avec ce qui a lieu d'une façon
concordante à la fois chez Ophryodendron et chez Dendrosomides^
est l'hypothèse la plus probable. Il s'est même rencontré, parmi le
matériel malheureusement trop restreint dont nous avons pu dis-
poser, un exemplaire tentacule (fîg. 1, c? et fig. 3, c) pourvu, vers la
moitié de sa hauteur, d'une expansion latérale sans tentacules, ter-
minée supérieurement par une pointe un peu courbe. A moins
qu'on ne veuille interpréter cet appendice (dont la présence a même
dévié et tordu quelque peu l'axe de symétrie du corps) comme le
résultat d'une malformation purement accidentelle, pourquoi n'y
verrait-on pas l'annonce d'un phénomène de bourgeonnement? Le
noyau est encore au repos, c'est vrai, et fort éloigné du point impor-
tant, mais nous savons par ailleurs qu'il n'intervient souvent que
d'une façon très tardive et bien après le début de l'ébauche cyto-
plasmique. Les faits de ce genre abondent, tant chez les Acinétiens
eux-mêmes que chez les quelques Péritriches capables de bour-
geonnement(Sp/VocAo»a, Kentrochona) . Voir en particulier : Doflein
(1897).
Le bourgeon, une fois libéré, évoluerait-il selon le type allongé
des individus vermiformes ou selon le type court et trapu des unci-
formes dont il a déjà quelque peu l'aspect et presque les dimen-
sions? C'est pour le moment une question insoluble.
Quel est enfin le rôle et la signification possible des individus
unciformes? Leur position constante et exclusive sur les antennes
du cf tendrait à faire considérer que leur morphologie est quelque
peu le résultat des conditions moins favorables qu'ils recontrent sur
un support plus agité et plus exposé aux chocs; ce sont sans aucun
doute des vermiformes réduits, aborlifs, et en même temps spécia-
lisés, peut-être en rapport avec quelque mode d'infection particulier
s'opérant pendant la durée du coït, où l'article élargi des antennes
du (3* joue, comme on sait, un rôle actif.
11 nous reste à indiquer, pour finir, la position systématique etles
NOTES ET REVUE cxlv
affinités probables de Rhabdophrya. Par sa simplicité morpholo-
gique, comme aussi par ses caractères de structure, le nouveau
genre trouvera sans peine sa place dans la large famille des Tricho-
PBRYiD.fi, à côté des genres Dendrosoma et Dendrosomides. Comme il
partage avec ce dernier la possession d'individus vermiformes net-
tement différenciés, on peut y voir avec quelque vraisemblance la
souche et l'origine de ces êtres si spéciaux, si isolés et si aberrants
que sont les Ophryodendron.
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XVII
BIBLIOTHÈQUE DU LABORATOIRE ARAGO '
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T (fin)
Trinchese (S.). — Un nuovo génère délia famiglia degli Eolididei,
Genova, 1870.
Trinchese (S.). — Descrizione di un feto di Orang-Utan, Genova, 1870.
Trinchese (S.). — Un nuovo génère délia famiglia degli Eolididei,
Genova, 1872.
Trinchese (S.). — Anatomia délia Caliphylla mediterranea, Bologna, 1876.
Trinchese (S.). — Aeolididœ e famiglie affini del porto di Genova. 2 vol.,
Bologne, 1877-79.
< Voir Notes et Revue, [3] Tome ix, n" 2, 3, 4, 5. [3] Tome x, n" 2, 3, 6, 7. [4] Tome i,
n»' 1, 2, 5, 8, 9. [4| Tome u, n»s 2, 4, 7, 8. 11. [4] Tome in, n°« 1. 2, 4. 5, 7. |4] Tome iv,
n» 2. [41 Tome v, n05 1, 3. 4. [4] Tome vm, n° 1, 2,3, 4. [4] Tome ix, n» 1. [5JTome I, n» 1,
et 3. [5] Tome u 1 et 2 [5] Tome v, n° l et 3.
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îles Comores, Paris, 1887.
Vaillant (L.). — Sur un genre nouveau pour la faune ichthyologique de
l'Atlantique, Paris, 1887.
Vaillant (L.). — Des premiers actes du travail digestif chez les Ophidiens,
Paris, 1888.
Vaillant (I,.). — Mission scientifique du Cap Horn 1882-1883. Poissons,
Paris, 1888.
Vaillant (L.). — Expéditions scientifiques du Travailleur et du Talisman.
Poissons, Paris, 1888.
Vaillant (L.). — Les écailles du Chaunax pictus Lowe et du Centriscus
scolopax Linné, Paris, 1888.
Puni le 15 Août 1910.
Les directeurs :
G. Piuivoï et E.-G. Racovitza.
Eug. Mokieu Imp.-Gnv., 29, Rue Delambre Paris IXIV) — Télcph. : 704-75
ARCHIVES
ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GENERALE
FONDÉES PAR
H. de LACAZE-DUTHIERS
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE
G. PRUVOT et E. G. RAGOVITZA
Professeur adjoint à la Sorbonne Docteur es sciences
Directeur du Laboratoire Arago Sous-Directeur du Laboratoire Arago
5e Série, T. V. NOTES ET REVUE 1910. N° 6
XVIII
NOUVEAUX SILPHIDES CAVERNICOLES
DES PYRÉNÉES CATALANES
(Note préliminaire)
par le Dr R. Jeannel
Les 12 formes nouvelles dont la description va suivre provien-
nent des Pyrénées catalanes; elles seront décrites avec plus de
détails dans un prochain Mémoire de la série Biospeologica, dans
ces Archives.
Trois d'entre elles ont été recueillies par un Spéolo-
giste de Barcelone, M. Marian Faura y Sans ; les neuf autres
proviennent d'une première campagne faite en Catalogne avec
E.-G. Racovitza (août-septembre 1910), au cours de laquelle nous
avons visité 14 grottes dans les bassins des rios Segre, Noguera
Pallaresa et Noguera Ribargozana (sierras de Cadi, de Bou-Mort, de
Montsech et de Montroig).
Les Bathysciinse cavernicoles paraissent être aussi nombreux sur
le versant espagnol que sur le versant français des Pyrénées, à en
juger d'après nos premières recherches. Et cependant sept espèces
seulement sont actuellement connues du versant espagnol,
ARCH. DE ZOOL- EXP. ET GÉN. — 5" SÉRIE. T. V. C-
NOTES ET REVUE
ce sont les suivantes : d'abord le groupe des trois Speonomus
sans strie suturale, habitant les Provinces Basques, S. Crotchi
Sharp, S. Oberthuri Jeannel. S. Mazarredoi Chagon ; puis
Speonomus Bolivari Esealera, dans le haut Aragon (bassin du
rio Cinco) et, dans la basse vallée du rio Llobregat, en Catalogne,
1rs Speonomus fugitivus Reitter (Montserrat), Perrinia Kiesenwetteri
Dieck (Montserrat), Troglocharinus Ferreri Reitter (environs de
Barcelone).
SILPHIDJE BATHYSCIIN.Œ
Tribu Euryscapiti
SÉRIE PHYLÉTIQUE DE SPEONOMUS
Gen. SPEONOMITES, nov.
Espèce type : Speonomites velox, n. sp.
Genre voisin de Speonomus Jeann., dont il présente l'aspect
général, la même structure des antennes, du prothorax et des
pattes, mais dont il diffère beaucoup par la sculpture des téguments
et leur pubescence.
Tandis que chez tous les Speonomus les élytes sont couverts
de strioles transversales très nettes,
chez Speonomites ils portent des points
râpeux, parfois alignés en travers en
avant, mais toujours grossiers et dis-
posés sans ordre sur la moitié apicale.
La pubescence, qui cliez les Speo-
nomus est toujours courte, fine, serrée
et couchée, d'aspect soyeux, est coin-
posée chez Speonomites de poils longs,
très peu serrés, hérissés sur tout le
corps. Sur la tète, le prothorax et la
base des élytres les poils sont redresses
à 45° et modérément longs ; sur les
trois quarts postérieurs des élytres ils
sont beaucoup plus longs et presque
verticalement redressés. Il peut exister
enfin de longues soies droites dépassant çà et là la pubescence
générale.
D'autre part la tète et les pattes sont rétractiles, les antennes sont
Fig. 1. — Speonomites velox rf,
X 12.
iNOTES ET REVUE
grêles et leur article II est bien plus grêle que le I, aussi long et à
peine plus épais que le III. Les côtés du prothorax sont régulière-
ment arqués; sa base est rectiligne, non bisinuée. Les élytres ne
portent pas de strie suturale et leur sommet dépasse la pointe du
pygidium. Les sutures du mesosternum sont complètes et la carène
mésosternale est élevée, sans prolongement postérieur sur le
metasternum. Les tarses sont semblables à ceux des Speonomus,
ainsi que l'organe copulateur mâle qui est conforme au type
général de la série phylétique. Les styles latéraux se terminent en
pointe et portent trois soies et quelques poils longs et enchevêtrés.
Speonomites uelox, n. sp.
Types : 13 exemplaires provenant de la Cova Fosca, in coll.
Biospeologica.
Long. : 2,6mm. Forme elliptique, allongée, rétrécie en arrière.
Coloration brun rougeâtre brillant. Pubescence hérissée deux fois
plus longue sur la moitié apicale des élytres
qu'en avant. Ponctuation du prothorax fine et
superficielle ; sur les élytres les points sont peu
serrés et irrégulièrement disposés sur toute leur
surface. Les antennes atteignent les trois quarts
de la longueur du corps chez les mâles, les
deux tiers chez les femelles ; leur sommet n'est
pas aplati, le funicule est grêle et les longueurs
relatives des articles sont : 4, 4, 4, 4, 5, 5, 4, 2,
3, 3, 3. Le prothorax est aussi large que les ély-
tres et mesure sa plus grande largeur à la base ;
les élytres sont allongés, cunéiformes. La carène
mésosternale forme un angle presque droit,
denté, à bord antérieur convexe. Les pattes
sont très grêles et très allongées; les tibias
intermédiaires sont faiblement arqués et peu
épineux, les tibias postérieurs sont droits. Les
tarses postérieurs sont aussi longs que les trois
quarts de la longueur du tibia et les tarses Fl<*- 2. — sommet de
* ° I antenne droite de
antérieurs chez les mâles sont très allongés Speonomites veiox d,
° X 45.
et plus étroits que le sommet du tibia.
Chez les femelles le corps est plus épais et les antennes sont plus
courtes et plus trapues.
glii NOTES ET REVUE
Habitat. — Cette espèce se trouve dans une petite grotte, située
sur le revers méridional de la sierra de Montsech, dans le bassin
du rio Segre, nommée « Cova Fosca », près de Villanova di Meya
(partido de Balaguer, provinciade Lerida).
Je ne connais aucune espèce de Silphide dans les Pyrénées qui
coure avec une rapidité aussi grande lorsqu'on veut la saisir.
Speonomites nitens, n. sp.
Types : 7 exemplaires de la Cova del Tabaco, in coll. Bios-
peologica.
Long. : 2,8 à 3mm. Forme ovoïde, allongée, convexe, rétrécie
en arrière. Coloration brun rougeàtre très brillant. Sculpture formée
de points très fins et espacés sur le prothorax, de façon que le tégu-
ment paraît lisse; les points râpeux des élytres
sont très régulièrement alignés en travers dans
la moitié basale et forment de véritables
strioles, mais ils sont espacés et disposés sans
ordre sur toute la moitié apicale. Lapubescence
est courte en avant, longue et redressée sur les
élytres et doublée dans leur moitié apicale par
quelques longues soies droites. Les antennes
atteignent les trois quarts de la longueur du
corps chez les mâles, les deux tiers chez les
femelles; leurs sommet n'est pas aplati et les
longueurs relatives des articles sont : 4, 4, 4, 4,
5, 5, 4, 2, 3, 3, 3. Les côtés du prothorax sont
légèrement rétrécis à la base et les élytres sont
rétrécis depuis leur base, La carène mésos-
ternale forme un angle très obtus, à sommet
vif. Pattes grêles ; les tibias intermédiaires
sont peu arqués et peu épineux, les tibias pos-
térieurs sont droits. Les tarses postérieurs sont
aussi longs que les trois quarts de leur tibia
et les tarses antérieurs des mâles sont allongés, plus étroits que
le sommet du tibia. L'organe copulateur mâle est semblable à celui
du précédent.
Chez les femelles le corps est plus épais et les antennes sont plus
courtes.
Fig. 3. — Sommet de
l'antenne droite de
Speonomites nitens g,
X 45.
NOTES ET REVUE cliii
Habitat. -- Nous avons trouvé cette espèce dans la Cova del
Tabaco, près de Camarasa (partido de Balaguer, provincia de
Lerida). Cette grotte se trouve dans la sierra de Montroig, sur la
rive droite du rio Segre.
Gen. SPEONOMUS Jeannel.
Les deux premières espèces dont la description va suivre appar-
tiennent au groupe des Speonomus (s. str.) à antennes couries
(groupe du S. Delarouzeei) ; les autres se rangent tous dans le
groupe des Speonomus (s. str.) à antennes grêles et à élytres
pourvus d'une strie suturale (groupe du S. zophosinus), groupe
par conséquent répandu sur les deux versants de la partie orientale
de la chaîne des Pyrénées.
Speonomus (s. str.) Faurai, n. sp.
Type : un exemplaire cf, delà Cova de Rocafera, in Musée de Madrid.
Long. : 2,8 mm. Forme bien plus convexe que celle du «S. Dela-
rouzeei F airm., à côté duquel il vient se placer. Coloration brun
rougeàtre brillant. Pubescence longue et peu
dense ; strioles transversales des élytres espacées
et très superficielles. Les antennes ne dépassent
pas la moitié de la longueur du corps ; elles sont
épaisses, leurs sommet est fortement aplati,
asymétrique et l'article VIII est transverse; les
longueurs relatives des articles sont les mêmes
que chez S. Delarouzeei. Les côtés du prothorax
sont peu arqués, non rétrécis aux angles pos-
térieurs. La strie suturale est peu visible,
effacée en arrière. Les tarses antérieurs des
mâles sont très grêles et leur article I est à
peine plus large et pas plus long que le IL
En somme il diffère surtout du S. Delarouzeei
par sa forme bien plus convexe, ses strioles
transversales bien moins serrées, ses antennes fig. 4. — Antenne
plus épaissies au sommet, sa strie suturale gauche de Speonomus
1 r Faurat g, x 45.
obsolète.
Habitat. — Un exemplaire de cette espèce a été recueilli, par
M. Marian Faura y Sans, dans la Cova de Rocafera, près de San
Martin de Llemana (partido de Gerona, provincia de Gerona). Cette
grotte se trouve dans le bassin du rio Ter.
NOTES ET REVUE
Speonomus s. sir. Delarouzeei, subsp. catalonicus, nov.
Types : Très nombreux exemplaires, de la Cova de Rialp, in coll.
Biospeologica.
Cette race géographique se distingue facilement du S, Dela-
rouzeei typique, des Pyrénées-Orientales, par les caractères suivants :
S. catalonicus est beaucoup plus large et plus convexe et sa
taille est un peu plus grande (2,6 mm). Les élytres sont à peu près
une fois et demie aussi longs que larges, tandis qu'ils sont deux
fois aussi longs que larges chez la forme typique.
Habitat. — S. Delarouzeei-catalonicus a été découvert par
M. Marian Faura y Sans, en août 1910, dans la Cova de Rialp, près
de Queralp partido de Puigcerda, provincia de Gerona), grotte
appartenant au bassin du rio Fluvia.
Speonomus (s. str.), Mengeli, n. s|>.
Types: 60exemplaires, delaCovadeVinyoles,*/? coll. Biospeologica.
Long. : 3mm. Forme elliptique, allongée, légè-
rement rétrécie en arrière, rappelant celle du
Speonomus longicornis Saulcy. Coloration tes-
tacée peu brillante; pubescence normale, dorée,
fine et couchée, peu serrée; sculpture formée
de points très superficiels et très fins sur le
prothorax, de strioles bien nettes, régulières
et serrées sur les élytres. Les antennes attei-
gnent les trois quarts de la longueur du corps,
elles sont fortement épaissies au sommet, non
aplaties et leur article VIII, exceptionnellement
épais, est bien plus large que le VI ; les lon-
gueurs relatives des antennes sont : 4, 4, 4, 4,
5, 5, 4, 3, 3, 3, 3. Les côtés du prothorax sont
peu arqués et très légèrement rétrécis au niveau
des angles postérieurs. Les élytres sont deux
fois aussi longs que larges et présentent leur
plus grande largeur à la base; leur strie suturale
est superficielle et effacée en arrière. La carène
mésosternale forme un angle obtus, à sommet
vif et crochu, abord antérieur convexe. Pattes
robustes; les tibias intermédiaires sont épineux, les tibias posté-
rieurs sont droits, les tarses postérieurs sont aussi longs que les
Fie 5. — Sommet de
L'antenne droite de
Speonomus Mengeli <?,
X 45.
NOTES ET REVUE
qualre cinquièmes de leur tibia et les tarses antérieurs des mâles
sont aussi larges que le sommet du tibia. L'organe copulateur
mâle est conforme au type Speonomus ; le pénis est régulièrement
arqués et les poils enchevêtrés du sommet des styles latéraux
sont très longs et peu nombreux.
Les femelles sont plus épaisses et ont des antennes un peu plus
courtes que les mâles; il n'y a pas de différences sexuelles dans la
forme du prothorax.
Habitat. — Nous avons trouvé cette espèce dans la Cova de
Vinyoles, située dans le termino municipal de Cava (partido de Seo
de Urgel, provincia de Lerida). Cette grotte, qui appartient au
bassin du rio Segre, est creusée dans un très petit lambeau de cal-
caires de quelques mètres de puissance, reposant sur des grès et
des roches éruptives ; l'isolement de la colonie cavernicole de la
Cova de Vinyoles est donc certainement absolu. M. 0. Mengel,
directeur de l'Observatoire météorologique de Perpignan, qui nous
accompagnait, place ces calcaires dans le Trias.
Speonomus (s. str.) crypticola, n. sp.
Types : nombreux exemplaires provenantdu Forât Nègre, in coll.
Biospeologica.
Long.: 2,6 ",U1. Forme ovalaire, très
large et déprimée, atténuée en arrière.
C 'loration brun testacé assez brillant.
Pubescence dorée très courte, fine et cou-
phéë, avec quelques petites soies dressées
sur les élvtres et la moitié basale du pro-
notum. Sculpture fine et régulière; le
prothorax est couvert de petits points
superficiels assez serrés et les élytres por-
tent des strioles transversales bien nettes
et serrées. Les antennes atteignent les
deux tiers de la longueur du corps ; leur
article terminal est aplati et les lon-
gueurs relatives des articles sont 3, 3, 3,
3, 3, 3; 3, 2, 2, 2, 2. Le prothorax présente
sa plus grande largeur exactement à la
base. Lesélytres sont cunéiformes, une fois et demie aussi longs que
larges et leur strie suturale est superficielle, mais bien visible. La
Fig. 6. — Speonomus
crypticola S, x 12.
NOTES ET REVUE
carène mésosternale forme un angle presque droit, à sommet vif.
Les pattes sont robustes ; les tibias inter-
médiaires sont épineux, les tibias postérieurs
droits, les tarses postérieurs aussi longs
que les quatre cinquièmes de leur tibia, les
tarses antérieurs des mâles sont aussi larges
que le sommet du tibia.
L'organe copulateur mâle est conforme au
type général ; le pénis est relativement peu
arqué et les poils enchevêtrés du sommet
des styles sont très longs et peu nom-
breux.
Chez les femelles les élytres ne sont pas
rétrécis depuis la base et les antennes sont
plus courtes.
Habitat. — Cette espèce se trouve en
grand nombre dans les deux grottes dites
« Forât Nègre » et « Forât la Bou », qui se
trouvent aux environs immédiats de Serradell
(partido de Tremp, provincia de Lerida). Ces grottes dépendent
du bassin de la Noguera Pallaresa.
Fie. 7. — Sommet de
l'antenne droite de
Speonomus
crypticola <*, x 45.
Speonomus (s. str.) punctico/lis, n. sp.
Types : nombreux exemplaires provenant du Forât del Or, in
coll. Biospeologica.
Long. : 2,5 mm. Forme elliptique, allongée, peu rétrécie en arrière.
Coloration testacée, peu brillante; pubescence courte, fine et
couchée, sans soies dressées ; sculpture fine et régulière: le pro-
thorax est couvert de points fins, maisprofonds et très serrés, qui lui
donnent un aspect mat ; les strioles des élytres sont nettes, pro-
fondes et serrées. Les antennes atteignent les deux tiers de la lon-
gueur du corps; leur article terminal est légèrement déprimé et elles
présentent la formule 3, 3, 3, 3, 4, 4, 4, 2, 3, 3, 3. Le prothorax est
très légèrement rétréci à la base ; les élytres sont à peine deux
fois aussi longs que larges et portent une strie suturale superfi-
cielle, effacée en arrière. La carène mésosternale est élevée et
forme un angle presque droit, à sommet vif et crochu. Pattes
robustes ; les tibias postérieurs sont rigoureusement droits, les
NOTES ET REVUE glvii
tarses postérieurs sont aussi longs que les quatre cinquièmes de
leur tibia et les tarses antérieurs des mâles sont aussi larges que
le sommet du tibia. L'organe copulateur est conforme au type
général ; le pénis est relativement court et
très arqué et les poils enchevêtrés du sommet
des styles latéraux sont très longs et peu nom-
breux.
Les différences sexuelles ne portent que
sur l'épaisseur du corps plus grande chez les
femelles et la longueur des antennes.
Cette espèce est très différente des autres
par la ponctuation de son prothorax. Elle se
distingue encore du S. crypticola par sa
forme générale allongée, sa coloration, l'ab-
sence des soies dressées, l'épaisseur de l'ar-
ticle VIII des antennes.
Variations. — L'article VIII des antennes
des mâles est d'habitude deux fois aussi long
que large (ti/pes); cependant l'unique exem-
1 ° v 'n ' \ l Fig. 8. - Sommet de
plaire mâle que j'ai de la Cova del Gel l'antenne droite de
, , , , . Speonomus
possède des antennes plus épaisses et un puncticollis <f, x 45.
article VIII une fois et demie aussi long que
large seulement. Il est possible que cette différence doive servir à
caractériser une race géographique spéciale.
Habitat. — S. puncticollis se trouve dans la sierra de Montsech
sur la rive gauche de la Noguera Pallaresa. Nous l'avons trouvé
.d'abord dans le « Forât del Or », situé dans le « Paso » de Tarradets
(termino municipal de Llimiana, partido de Tremp, provincia de
Lerida), puis, près du sommet du Montsech, dans la Cova del
Gel (termino municipal de Llimiana).
Speonomus (s. str.) latruncu/us, n. sp.
Type : un seul exemplaire mâle, provenant de la Cova delLladre,
»? coll. Biospeologica.
Long : 2,5 mm. Forme elliptique, étroite et très allongée, à peine
rétrécie en arrière. Coloration testacée ; pubescence dorée, courte,
fine et couchée, sans soies dressées; ponctuation du prothorax fine
et peu serrée; strioles transversales des ély très bien nettes etserrées.
Les antennes atteignent les trois quarts de la longueur du corps ;
glvih NOTES ET REVUE
elles sont fines, non aplaties et les longueurs relatives des articles
sont 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 3, 3, 3, 3. Le prothorax présente sa plus
grande largeur au niveau des angles postérieurs; ses côtés sont
bien arqués. Les élytres sont allongés,
deux fois aussi longs que larges et pré-
sentent une strie suturale très effacée.
La carène mésosternale forme un angle
obtus, à sommet vif. Pattes grêles; les
tibias postérieurs sont faiblement arqués
en dehors, les tarses postérieurs sont aussi
longs que les quatre cinquièmes des tibias
correspondants et les tarses antérieurs
mâles sont aussi larges que le sommet du
tibia. Organe copula-
teur mâle conforme au
type général du genre;
le pénis est régulière-
ment et fortement
arqué et les styles latéraux sont 1res larges à la
base, très effdés au sommet; leur terminaison
est semblable à celle des espèces précédentes.
Cette espèce est facile à distinguer des
S. punctkollis et 8. troglodytes par sa forme
allongée et surtout par la longueur de ses
antennes et la forme de leur article VIII qui
est cylindrique, grêle, trois fois aussi long que
large, aussi long que l'article IX.
Habitat. — Nous avons recueilli un unique
exemplaire de cette espèce dans une petite
grotte de la sierra de Montroig, dite « Cova del l'antenne droite de
Lladre » (termino municipal d Avellanes, parlido latrunculus <?, x 45.
de Balaguer, provinciadeLerida), située en haut
des falaises de la rive droite durio Segre. Cette grotte est peu distante
de la Cova del Tabaco et cependant sa faune est très différente.
Fie. . 9. — Speonomus
hitriinculus d, X 12.
Kig. 10.
Sommet de
Speonomus (s. str. ) troglodytes, n. s|>.
Types : très nombreux exemplaires recueillis dans la Cova Negra
de Trago, in coll. Biospeologica.
Long: 2,5""". Forme elliptique, également rétréci aux deux
NOTES ET REVUE
GLIX
extrémités. Coloration testacée ; pubescence dorée, fine et couchée,
avec quelques très petites soies dressées au sommet des élytres ;
ponctuation du prothorax très superficielle, presque imperceptible ;
strioles des élytres fines, régulières et serrées. Les antennes attei-
gnent les deux tiers de la longueur du corps;
elles sont légèrement aplaties au sommet et leur
dernier article est fortement comprimé ; l'ar-
ticle VIII est deux fois aussi long que large
et les longueurs proportionnelles des articles
sont 3, 3, 3, 3, i, 4, i, 2, 3, 3, 3. Les côtés du
prothorax sont peu arqués et présentent leur
plus grande largeur exactement à la base. Les
élytres sont allongés et leur plus grande largeur
se mesure à l'union du tiers antérieur et des
deux tiers postérieurs ; leur strie suturale est
bien marquée. La carène mésosternale forme
un angle obtus, à sommet vif et à bord anté-
rieur fortement arrondi. Pattes grêles; les tibias
postérieurs sont très grêles et légèrement arqués
en dehors, surtout chez les mâles ; les tarses
postérieurs sont aussi longs que les quatre cin-
quièmes de la longueur du tibia correspondant et les tarses
antérieurs des mâles sont aussi larges que le sommet de leur tibia.
L'organe copulateur mâle est semblable à celui de l'espèce précé-
dente.
Les femelles sont bien plus renflées, plus ovalaires et leurs
antennes sont plus courtes et plus trapues.
Par sa forme générale et la ponctuation de son prothorax, S. Iro-
glodytes se rapproche du S. latrunculus Jeann., mais il s'en dis-
tingue facilement par ses antennes plus courtes, à article VIII plus
court que le IX et par le bord antérieur de sa carène mésosternale
bien plus convexe.
Habitat. — Nous avons recueilli cette espèce en grand nombre
sur le guano des Chauve-Souris dans la grande grotte dite « Cova
Negra » près de Trago de Noguera (partido de Balaguer, provincia
de Lerida). Cette grotte s'ouvre sur la rive gauche de la Noguera
Rihargozana, dans un contrefort de la sierra de Montsech dit « sierra
de Bloucofort ».
Fig. 11. — Sommet de
l'antenne droite de
Speonomus
troglodytes rf, x 45.
glx NOTES ET REVUE
Speonomus (s. str.) troglodytes, subsp. angustior, nov.
Types : 3 exemplaires provenant de la Cova Fonda, in coll. Rios-
peologica.
Cette race du 5. troglodytes diffère de la forme typique décrite
ci-dessus en ce que les côtés du prothorax sont plus fortement
arqués et légèrement, mais visiblement, rétrécis aux angles posté-
rieurs, aussi bien cliez les femelles que chez les mâles.
Habitat. — La race angustior habite une grotte située près du
sommet de la montagne de Vi, dite « Cova Fonda » (termino muni-
cipal de Trago de Noguera). Comme la Cova Negra, la Cova Fonda
dépend du bassin de la Noguera Ribargozana.
Gen. PERRINIA Reitter.
Perrinia Fonti1, n. sp.
Types : une trentaine d'exemplaires provenant de la Cova
d'Ormini, in coll. Biospeologica.
Long. : 3mm. Forme elliptique, allongée Pubescence très fine,
dense et couchée ; sculpture très régulière,
formée de points très serrés sur le prothorax
et de striolestransversalesbien nettes, fines,
régulières et très serrées sur les ély très. Les
antennes atteignent les trois quarts de la
longueur du corps chez les mâles; elles ne
sont pas aplaties et présentent la formule
5, 5, 4, 4, 5, 4, 4, 3, 3, 3, 3. Le prothorax est
un peu plus étroit que les élytres ; ses
côtés sont arqués en avant, parallèles et
légèrement sinués en arrière. Les élytres
sont deux fois aussi longs que larges, sans
trace de strie suturale, non déhiscents au
sommet. La carène mésosternale est élevée
et forme un angle presque droit, vif, mais
non crochu. Pattes longues et robustes ; le
sommet des fémurs antérieurs déborde les
côtés du prothorax, les tibias intermé-
diaires sont inermes, les tibias postérieurs sont droits, les tarses
1 Dédié ;ui géologue Norl>erl Font y Sagué, auteur de nombreux travaux spéolôgique
sur la Catalogne.
Fig. 12. — Perrinia Fo?ili rf
x 12.
NOTES ET REVUE clxi
postérieurs sont aussi longs que les trois quarts des tibias corres-
pondants et les tarses antérieurs des mâles sont allongés, un peu
plus larges que le sommet de leur tibia. L'organe copulateur mâle
est exactement semblable à celui du Perrinia Kiesenwetteri Dieck.
Il existe peu de différences sexuelles ; les femelles ont à peu près
la même forme que les mâles, mais leurs antennes sont un peu
plus courtes.
Les deux espèces du genre Perrinia sont nettement distinctes
Tune de l'autre. Chez P. Fonti la pubescence est bien plus fine que
chez P. Kiesenwetteri, la ponctuation du prothorax est plus pro-
fonde, les strioles des élytres sont bien plus fines et plus serrées ;
de plus le prothorax de P. Fonti est à peine rétréci à la base, lors-
que celui de/*. Kiesenwetteri est fortementrétréci; la carène mésos-
ternale est aussi plus élevée et non crochue et les tarses antérieurs
mâles sont plus largement dilatés.
Habitat. — Tandis que P. Kiesenwetteri occupe les grottes du
Montserrat, dans la basse vallée du rio Llobregat, P. Fonti se
trouve dans le haut bassin de la Noguera Pallaresa, dans la Cova
d'Ormini, près de Montanisell (partido de Tremp, provincia de
Lerida), située sur le revers méridional de la sierra de Bou-Mort.
Gen. PERRINIELLA, nov.
Espèce type : Perriniella Faurai, n. sp.
Genre voisin de Perrinia Reitter, présentant comme lui un pro-
tliorax plus étroit que les élytres, plus large que long, rétréci à la
base, sinué sur ses côtés et n'abritant pas entièrement les pattes
antérieures rétractées, mais nettement distinct de lui par les carac-
tères suivants :
La sculpture des élytres est formée de strioles transversales gros-
sières dans la partie basale, mais sur les deux tiers apicaux les
strioles sont dissociées et font place à des points profonds et dis-
posés sans aucun ordre. Il existe une strie suturale profonde et
entière, parallèle à la suture. Le sommet des élytres est saillant,
déhiscent et légèrement lobé. La carène mésosternale est très basse,
arrondie et ne forme pas d'angle. Les pattes et les antennes sont
épaisses et très robustes, les tarses postérieurs sont courts. L'organe
copulateur mâle répond au type général de la série phylétique de
Speonomus; il est très longetarqué, mais les styles latéraux présen-
CLXII
NOTES ET REVUE
tent des caractères qui ne se retrouvent guère que chez Balhjsciella
ils sont plus longs que le pénis et se terminent par une sorte de
massue ovalaire qui porte une longue soie sur son bord dorsal,
loin du sommet, une seconde soie exactement au sommet et un
amas très dense de poils très fins et très nombreux, non enche-
vêtrés, insérés sur une surface plane ovalaire immédiatement en
arrière de la soie apicale.
Fig. 13. — Perriniella Faurai rf, x 12.
Les différences sexuelles sont peu importantes, sauf que les
tarses antérieurs des mâles ont cinq articles et sont très largement
dilatés.
Perriniella Faurai, n. sp.
Types : 4 exemplaires provenant de la Cova de Rialp, in coll.
Biospeologica.
Long : 4 mm. Forme ovalaire, allongée, déprimée. Coloration tes-
tacée non brillante : pubescence dorée, très courte, fine et couchée;
sculpture fine et superficielle. Les antennes sont courtes et épaisses;
elles atteignent à peine les deux tiers de la longueur du corps. Les
NOTES ET REVUE glxiii
articles de la massue sont seuls épaissis, non aplaties et les lon-
gueurs relatives des articles sont 4, 4, 4, 4, 5, 4, 4, 3, 3, 3, 3. Le
prothorax est plus étroit que les élytres; ses côtés sont fortement
arrondis en avant, très rétrécis en arrière et légèrement sinués et
soulevés avant les angles postérieurs; la base est bisinuée. Les
élytres présentent leur plus grande largeur au milieu et leur rebord
marginal est entièrement visible de haut. Les pattes sont robustes,
Fio. 14. — Organe copulateur mâle de Perriniella Faurai,
face latérale gauche g , x 65.
les tibias intermédiaires sont peu épineux, les tibias postérieurs
droits, les tarses postérieurs aussi longs que les deux tiers du tibia
correspondant et les tarses antérieurs des mâles, largement dilatés,
sont plus larges que le sommet du tibia.
Habitat. — Perriniella Faurai a été découvert en août 1910 par
M. Marian Faura y Sans dans la Cova de Rialp, près de Queralp
(partido de Puigcerda, provincia de Gerona), où il se trouve en
compagnie du Speonomus Delarouzeei-catalonicus Jeann.
NOTES ET REVUE
XIX
DESCRIPTION D'UN ALCYONWIUM NOUVEAU
{ALCYONIDIUM TOP SENTI n. sp.)
par 0. Roehkich
Cette nouvelle espèce de Bryozoaires est décrite d'après un échan-
tillon rejeté par la tempête sur la plage de Luc-sur-Mer (Calvados),
durant l'hiver 1907-08. M. Topsent, professeur à la Faculté des
Sciences de Caen, a bien voulu m'en confier l'étude.
C'est une colonie dressée, de très grande taille, formant un tronc
épais et variqueux, de \ centimètres de hauteur et de 2 à 3 centi-
mètres de diamètre, du sommet duquel se détachent, dans un même
plan, quatre grosses branches d'un centimère de diamètre environ.
Les ramifications nombreuses de ces branches principales ont
toutes sensiblement la même grosseur, soit 0CI"5 de diamètre ; elles
sont noueuses et arrondies à leur extrémité, et s'enchevêtrent les
unes dans les autres. La colonie entière mesure près de 20 centi-
mètres.
La surface, à l'œil nu, se montre hérissée de fines aspérités,
égales entre elles et régulièrement distribuées, ce qui la distingue
de la surface très lisse d'Alcyonidium geiatinosum. La couleur est
blanc jaunâtre, ce qui tient à un séjour prolongé dans le formol.
L'échantillon, au moment où il fut recueilli, offrait une teinte verte
due à des Algues microscopiques qui lui formaient un revêtement
partiel.
L'aspect des zoécies distingue cette espèce de toutes les autres
formes connues du genre Alcyonidium. La face frontale est polyé-
drique, souvent hexagonale, et se limite par des septa bien visibles;
elle mesure, dans sa plus grande longueur, de 0mm33 à 0mm37.
Dans un des angles, ou contre un des côtés du polyèdre est placé
l'orifice zoôcial. C'est lui qui sert de caractéristique essentielle à
l'espèce. Il occupe le sommet d'une éminence hémisphérique bien
délimitée, large de 0 mm 15 environ et haute de 0 mm 5, et se présente
comme une fente à deux lèvres d'une longueur de 0mm09, toujours
perpendiculaire au grand axe de la zoécie. C'est là, chez les Alcyo-
nidium, le seul exemple d'un orifice zoécial bilabié.
NOTES ET REVUE clxv
La coupe transversale d'un rameau montre à la périphérie une
assise déloges habitées, disposées à peu près perpendiculairement
Fig. 1. — La colonie d'Alcyonidium Topsenti.
à la paroi, comme dans A. gelatinosum. Elles sont très grandes,
atteignant 1 mm et plus de profondeur. Leur paroi frontale est formée
d'une épaisse couche de chitine.
clxvi NOTES ET REVUE
Le polypide, qui ressemble tout à fait à celui d'A. gelatinosum, a
cependant une taille bien supérieure; il mesure en effet 0mmo2
à 0mm 06 depuis le diaphragme jusqu'à la base de l'œsophage. Les
coupes que j'ai faites, si elles ne m'ont donné aucun résultat
histologique, par suite du séjour dans le liquide conservateur,
Fig. 2. — Portion de la surface iïAlcyonidium Topsenti,
montrant l'orifice zoécial bilabié, occupant le sommet
d'une éminence hémisphérique x 120 environ).
m'ont pourtant permis de constater que les tentacules sont au
nombre de seize. De grands alvéoles, dont les plus externes
sont remplis de débris de corps bruns, occupent le centre
du rameau comme dans A. gelatinosum. Leurs parois chiti-
NOTES ET REVUE clxvii
neuses ont cependant plus d'épaisseur que chez cette autre
espèce.
La position systématique de A. Topsenti est intéressante à déter-
miner. En effet, parmi les caractères du genre Alcyonidium, Hincks
signale un orifice simple, papilliforme, et constitué uniquement par
l'invagination de la gaine tentaculaire. Or, l'orifice zoécial
d'A. Topsenti ne répond manifestement pas à cette définition.
L'espèce se rapproche- 1- elle plutôt de Flustrella hispida,
dont l'orifice est bilabié comme le sien ? C'est ce qu'il faut
examiner.
Le port est celui d'un Alcyonidium. Il offre même un certain
degré de ressemblance avec celui d'A. gelatinosum, tout en diffé-
rant notablement, surtout par la forme de la colonie à sa base et
par la nodosité de ses rameaux. La disposition des loges autour
des rameaux, l'existence d'alvéoles centraux, le nombre des
tentacules, qui correspond précisément au nombre moyen des
Alcyonidium, alors qu'il s'élève à trente au moins chez tous les
Flttstrellidœ, tous ces caractères plaident en outre en faveur de
mon opinion.
Toutefois la zoécie est plus grande ici que chez n'importe quel
autre Alcyonidium. Nous savons qu'elle atteint 1 mm de long, alors
que chez A. mytili, dont la loge est une des plus grandes que l'on
connaisse, elle ne mesure queOn,m6o. Malgré tout elle reste de
taille bien inférieure à celle des loges de Flustrella hispida, qui
sont quatre fois plus grandes. De sorte qu'il n'y a pas lieu d'in-
voquer ce caractère pour établir un rapprochement avec les Ftus-
trellidse.
Il reste à apprécier dans ce sens l'importance de la forme bilabiée
de l'ouverture zoéciale, inconnue chez d'autres Alcyonidium. Or, la
description de l'orifice de A. Topsenti est bien loin de répondre à
celle de l'orifice bilabiée, mais muni d'une lèvre mobile agissant
comme un opercule, de F. hispida. L'orifice de A. Topsenti est beau-
coup plus simple et moins différencié. D'autre part, même parmi
les Flustrellidx, Pherusa tubulosa possède un orifice fermé par
quatre replis. Et en outre, parmi les Alcyonidium, une espèce
décrite avec soin par Prouho, A. albidum (Aider), présente un
orifice trilabié en forme de trèfle, bien défini, situé au sommet
d'une papille hémisphérique.
clxviii NOTES ET REVUE
Il me paraît donc nécessaire, pour A. albidium et .4. Topsenti,
d'élargir la définition du genre Alcyonidium en disant : « orifice
le plus souvent simple et papilli forme, quelquefois bilabié ou
trilabié ».
Quant à l'habitat de cette espèce, on doit s'en tenir à des hypo-
thèses à son sujet, puisque le spécimen type n'a pas été recueilli en
place. D'après les Algues vertes microscopiques qui la teintaient,
pIG. 3. _ coupe perpendiculaire à un rameau, montrant
une zoécie contenant un polypide, et une portion
d'alvéole central, renfermant un débris de corps brun ;
oz, orifice zoécial ; yt, gaine tentaculaire ; d, dia-
phragme ; //, tentacules ; œ, oesophage ; st. estomac ;
/•, rectum : o, anus ; ct>, corps brun ; md, muscles
parieto-diaphragmatiques; mr, muscle grand rétracteur.
( x 60 environ ).
on peut présumer qu'elle avait vécu sur la côte par des profondeurs
assez faibles. Sa base avait été brisée, mais à la forme de son tronc,
il est vraisemblable d'admettre qu'elle s'épanouissait sur un
support solide, en une croûte plus ou moins étendue, et plus ou
moins comparable à celle d'A. hirsulum ; il est peu probable, en
effet, qu'elle ait été amincie en un pédicule comme l'est toujours
celle d'.4. gelatinosum.
NOTES ET REVUE
XX
BIBLIOTHÈQUE DU LABORATOIRE ARAGO1
MEMOIRES ET VOLUMES ISOLÉS
V (Suite)
Vaillant (L.). — Rapport sur la pèche de la montée d'Anguilles, Paris,
1889.
Vaillant (L.). — Histoire naturelle les Annelés marins et d'eau douce.
III. Lombriciniens, Hirudiniens, Planariens. 2 vol. in-8 et un
atlas, Paris, 1889-1890.
Vaillant (L.). — Note sur le nouveau genre de Siluroïdes (Diastato-
mycter) de Bornéo, Paris, 1891.
Vaillant (L.). — Remarques sur les caractères qui peuvent permettre de
distinguer le Sternothœrus nigricans Lacépède du Sternothœrus
castaneus Schweigger, Paris, 1891.
Vaillant (L.). — Sur une collection de Poissons recuillis à l'île Thursday
(Détroit de Torrès) par M. Lix, Paris, 1891.
Vaillant (L.). — Les Poissons d'aquarium, Paris, 1892.
Vaillant (L.). — Les Tortues éteintes de l'île Rodriguez, Paris, 1893.
Vaillant (L.). — Sur une collection de Poissons recueillie en Basse-Cali-
fornie, Paris, 1894.
Vaillant (L.). — Nouvelle espèce du genre Geoemyda trouvée au Tonkin,
Paris, 1894.
Vaillant (L.). — Note sur les Poissons de la famille des Siluridées appar-
tenant à la faune madécasse, Paris, 1894.
Vaillant (L.). — Sur les monstruosités du Cyprin doré de la Chine,
Paris, 1893.
Vaillant (L.). — Note sur l'œuvre ichthyologique de C. A. Lesueur,
Paris, 1896.
Vaillant (L.). — La Tortue de Perrault (Testudo indica Schneider).
Paris, 1900.
Vaillant (L.). — Contribution à l'étude de la faune ichtyologique de la
Guyane française, Paris 1900.
Vaillant (L.). — Mode de locomotion singulier du Sphœrium corneum
Linné, Mollusque lamellibranche, Paris.
Vaillant (L.). — Contribution à l'étude des Emydosauriens, Paris.
Vaillant (L.). — Description d'une Tortue terrestre d'espèce nouvelle
(Testudo yniphora), Paris.
1 Voir Notes et Revue, [3] Tome ix, n0' 2, 3, 4, 5. [3] Tome x, n- 2, 3, 6, 7. [4] Tome i,
n<" 1, 2, 5, 8, 9. [4] Tome n, n" 2, 4, 7, 8, 11. [4] Tome m, n0' 1. 2, 4. 5, 7. |4] Tome iv,
n° 2. [41 Tome v, n" 1, 3, 4. [4] Tome vin, n° 1, 2, 3, 4. [4] Tome ix, n° 1. [5J Tome I, n« 1.
et 3. [5] Tome n 1 et 2. [5] Tome v, n» l, 3 et 5.
ci.xx NOTES ET REVUE
Vaillant (L.). — Contribution a l'étude de la faune iehthyologique de
Bornéo, Paris.
Vaillant (L.). — Essai monographique sur les Silures du genre Syno-
dontis, Paris.
Vaillant (L.). — Sur les Poissons provenant du voyage de M. Bonvalot
et du Prince Henri d'Orléans, Paris.
Vaillant (L.). — Notes Ichtyologiques, Paris.
Vaillant (L.). — Recherches sur la synonymie des espèces placées par de
Lamarck dans les genres Vermet, Serpule, Vermilie, Paris.
Valette Saint-Georges (A. de la).— Symbolœ ad Trematodum evolutionis
historiam, Berlin, 1855.
Valle (A. délia). — La luce negli Animali, Naples, 1875.
Valle (A. délia). — Contribuzioni alla storia naturale délie Ascidie com-
poste del golfo di Napoli, Naples, 1877.
Valle (A. délia). — Cirolana hirtipes, M. Edw. nella Thalassochelys corticata,
Trieste, 1878.
Valle (A. délia). — Sopra una specie nuova del génère Stellicola Ksm.
Trieste, 1880.
Valle (A. délia). — Crostacei parassiti dei Pesci del Mare Adriatico,
Trieste, 1880.
Valle (A. délia). — Nuove contribuzisni alla Storia naturale délie Ascidie
composte del Golfo di Napoli, Rome, 1881.
Valle (A. délia). — Aggiunte ai « Crostacei parassiti dei Pesci del Mare
Adriatico », Trieste, 1882.
Valle (A. de délia). — Ossservazionisu alcune Ascidie del Golfo di Napoli
Napoli, 1908.
Valle (A. délia). — Sopra due specie die Crostacei parassiti delYOxyrrhipa
Spallanzani Raf, Triest.
Vallé (L.). — Recherches sur les glandes des Diptères, Versailles, 1900.
Van Dîne (D. L.). — Mosquitoesin Havaii, Honolulu, 1904.
Van Name (W. G.). — The maturation, fertilization and early development
of the Planarians, Boston, 1899.
Van Name (W. G.) — The Ascidians of the Bermuda Islands, 1902.
Vassel (E.). — La Pintadine de Vaillant et l'acclimatation de la Mère-
Perle sur le littoral tunisien, Tunis, 1898.
Vaullegeard (A.). — Sur la présence du Bucephalus Haimeanus (Lacaze
Duthiers) dans le Tapes decussatus (Linné) et dans le Tapes pul-
lastra (Montagu), Caen, 1894.
Vaullegeard (A.). — Note sur la présence du Bucephalus Haimeanus
(Lacaze Duthiers) dans le Tapes decussatus (Linné) et dans le
Tapes pullastra (Montagu), Caen, 1894,
Vaullegeard (A.). — Métamorphorses et migrations du Tetrarhynchus
ruficollis (Eisenhard), Caen, 1894.
Vaullegeard (A.). — Recherches sur les Tétrarhynques, Caen, 1899.
Vaullegeard (A.). — Etude expérimentale et critique sur l'action des
Helminthes. I. Cestodes et Nématodes, Caen, 1901.
NOTES ET REVUE clxxi
Vaullegeard (A.)- — Description du Distomum pristis, Gaen.
Vaullegeard (A.). — Sur une Gestode parasite de VHyas aranea, Caen.
Vauthier (J.-L.). — Contribution à l'étude du développement du foie,
Paris, 1884.
Yayssikre (A.i. — Etude sur l'organisation de la Truncatella truncatula
(Draparnaud), Paris, 1885.
Vavssière (A.). — Etude comparée des Opistobranches des côtes fran-
çaises de l'Océan Atlantique et de la Manche avec ceux de nos
côtes méditerranéenne. Paris, 1901.
Vayssière (A.). — Note zoologique et anatomique sur quelques Trachyp-
terus pris dans le golfe de Marseille de 1874 a 1908.
Vejdovsky (F.). — Uber die Entwickelung des Herzens von Criodrilus,
Prague, 1879.
Vejdovsky (F.). — Bemerkungen zur neueren und iilteren Literatur ùber
Sternaspis scutata, Prag, 1882.
TABLE SPÉCIALE DES NOTES ET REVUE
1910. [5]. Tome V
Articles originaux
Beauchami» (P. de) et B. Collin. — Quelques documents sur Hastatella radians
Erlanger [avec :' fig.), p. xxvni.
Chatton (E.). — Le kyste de Gilruth dans la muqueuse stomacale des Ovidés
(avec 7 fig.), p. cxiv.
Chatton (E.) et B. Collin. — Sur un Acinétien nouveau commensal d'un
Copépode. Rhabdophrya trimorpha n. g., n. sp. (avecS fig.), p. cxxxvm.
Collin (B.). — ■ Voir P. de Beauchamp et B. Collin, p. xxviii.
Collin (B.). — Voir E. Chatton et B. Collin, p. cxxxvm.
Drzewina (A.). — Contribution à la biologie des Pagures misanthropes (avec
2 fig.), p. xliii.
Guitel (F.). — Sur les reins des Aphya, Tripierygion et Clinus (avec I fig.).
p. i.
Jeannel (R.). — Nouveaux Silphides cavernicoles des Pyrénées Catalanes (Note
préliminaire) (avec 14 fig.), p. cxlix.
Joyet-Lavergne (Ph.). — Notes histologiques sur la Leiochone clypeata (avec
9 fig.), p. ci.
Khli.mann (M.). — Un cas de polyembryonie chez la Sacculine (avec I fig.),
p. xxxyii.
Potarkoff (E.). — Incubation des embryons et régénération des branchies chez
les Cyclas Sphœrîùm cqrneum L.j (Note préliminaire) avec ~ fig.).
p. CXXY.
Quidou (A.). — Un appareil pour la microphotographie stéréoscopique et son
utilisation en systématique (avec 5 fig.), p. lxvii.
Ribaut (H.). — Races de Stigmatogaster gracilis (Mein.) (Myriop.), p. xli
GLxxn NOTES ET REVUE
Roehrich (0.)- — Description d'un Alcyonidium nouveau (Alcyonidium Topsenti
n. sp.) [avec S fig.), p. clxv.
Russ (E.-L.). — Beitriige zurKenntnis der Kopfdrùsen der Trichopterenlarven
(Mandibular-und Maxillar-Drùssen) (avec 2 fig.), p. lxi.
Wietrzykowski ( W.). — Sur le développement des Lucernaridés (avec 12 fig.),
p. x.
Revues critiques.
Marchai (P.). — Observations biologiques sur les Tachinaires, p. lv.
Rouville (E. de). — Le système nerveux de YAscains, d'après les travaux
récents (avec 15 fig.), p. lxxxi.
Catalogue de la Bibliothèque du Laboratoire Arago
Mémoires et volumes isolés (suite).
Lettres S (suite) p. xxxiv.
Lettre T, p. xxxv, xcix et cxlv.
Lettre U, p. cxlvii.
Lettre V, p. cxlvii et clxix.
Paru le Ier' Novembre 1910.
Les directeurs :
G. Pruvot et E.-G. Racovitza.
Eug. MORIEU Imp. -Grav., 29, Rue Delambre Paris txiv-| _ Téléph. : 704-75
ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPERIMENTALE ET GENERALE
5e Série, Tome V, p. 1 à 48
20 Mars 1910.
BIOSPEOLOGICA
XIV1»
ESSAI
D'UNE NOUVELLE CLASSIFICATION
DES
(2)
SILPHIDES CAVERNICOLES"
PAR
D* R. JEANNEL
Laboratoire Arago (Banyuls-sur-Mer)
SOMMAIRE
Pages
A. — GÉNÉRALITÉS 2
I. — Les Bathysciae forment un groupement polyphylétique 2
II- — Le grand genre Bathyscia Schiôdte doit être morcelé 4
B. — Tableau descriptif des groupes c,
C. — Tableaux descriptifs des genres 7
I- — Tableau des genres du groupe Euryscapiti 7
Séries évolutives du groupe Euryscapiti 1 1
II. — Tableau des genres du groupe Gynomorphi jr,
Séries évolutives du groupe Gynomorphi 17
III- — Tableau des genres du groupe Brachyscapiti 19
Séries évolutives du groupe Brachyscapiti 23
IV. — Tableau des genres du gtoupeAntroherpona 25
Séries évolutives du groupe Antroherpona 26
1>. — Catalogue des espèces des Bathysciae 26
I. — Groupe Euryscapiti 26
II. — Groupe Gynomorphi 3$
III. — Groupe Brachyscapiti 40
IV. — Groupe Antroherpona 4;,
V. — Hpecies incerlae sedis 4g
K. — Index bibliographique 4-
(1) Voir pour Biospeologica là XIII, ces Archives, tome VI, VII, VIII et IX de la 4« série,
et tome I, II et IV de la 5« série.
(2) Cet Essai sera suivi d'ici peu de temp3 d'un travail plus complet de Révision des
Bathysciae, où se trouveront les descriptions des espèces et une étude plus détaillée de leur
distribution géographique.
Al!t II. DE ZOOL. EXP. ET C.ÉN. — 5' SÉKIE. — T. V. -— (I) 1
f>r R. JEANXKL
GÉNÉRALITÉS
Si on laisse de côté les deux espèces américaines, Adelops
hirta Tellkampf, du Kentucky et Adelopsis heteroccra Portevin,
de Bolivie, qui présentent d'étroites affinités avec les Pioma-
phagus, tous les Silphides cavernicoles ou Silphides aveugles
de l'Ancien monde se rangent dans la tribu des Bathysciae,
sensu G. H. Horn (1880, p. 251), groupement bien caractérisé
par l'écartement dès hanches postérieures, la tétramérie des
tarses antérieurs des femelles, l'atrophie ou la plupart du temps
la disparition complète de l'œil.
De nombreux auteurs ont cherché à subdiviser la tribu des
Bathysciae ; je ne puis ici entrer dans le détail des classifica-
tions de Schmtffss (1861), Abeille de Perrin (1878), Reitter
(1885. 1886. 1889), Seidlitz (1889), Ganglbauer (1899),
J. Muller (1901), Reitter (1908). Tous ces auteurs cherchent
à placer les diverses espèces qu'ils connaissent de Bathysciae
en une seule série linéaire ; ils s'appuient pour cela sur les carac-
tères d'adaptation et s'en servent pour opérer quelques grou-
pements de genres (Bathysciites, Pholeuones, Oryotites, Lep-
toderites), commodes pour le rangement général. Et cette idée
que les Silphides aveugles se disposent en une série évolutive
unique, déjà émise par Seidlitz (1889), qui propose de réduire
les genres déjà existants à des séries d'espèces dans un grand
genre unique, et par J. Muller (1801, p. 22) est catégorique-
ment exprimée par E. Reitter (1908, p. 103) lorsqu'il dit :
« ...dass die blinden Silphiden von der Gestalt eines Lep-
« toderus an bis zur wenig differenzierten Gattung Bathyscia
« eine kontinuierliche Kette von Zwischenformen darstellen.
« und nirgends eine abgestûfte Grenze in den Entwicklungs-
« phasen dieser Gattungen zu bemerken sei, wcshalb der Ver-
« such Gattungsgruppen zu umgrenzen, untimlieh wâre. »
Tel n'est pas mon avis. La tribu des Bathysciae ne ren-
ferme pas une chaîne continue de genres depuis Bathyscia
SILPHIDES CAVERNICOLES il
jusqu'à Leptodirus ; c'est au contraire un groupement nette-
ment polyphylétique. Il est possible que son origine pre-
mière puisse se ramener à une souche unique ; je ne discute pas
cette question pour le moment. Je soutiens seulement que les
formes actuelles sont le résultat de l'évolution parallèle de
plusieurs phylums actuellement isolés. Deux facteurs parais-
sent avoir provoqué et influencé cette évolution : c'est d'abord
Y isolement génital, résultant de variations précoces dans la
structure de l'organe copulateur mâle et auquel on doit attri-
buer l'origine des grandes subdivisions que je définirai plus
loin ; c'est ensuite Y isolement géographique, résultant de la
localisation de certaines colonies dans des groupes de grottes,
auquel on peut attribuer la formation des espèces et même
des genres actuels.
Les genres de la tribu des Bathysciae forment quatre grands
groupes principaux ; dans chacun de ces groupes ils se dispo-
sent en un certain nombre de séries que définissent les mêmes
caractères fondamentaux et surtout la même structure de
l'organe masculin et dans lesquelles les genres que je propose
représentent des stades évolutifs successifs.
Ces séries évolutives sont parallèles, c'est-à-dire que les stades
se répètent dans le même ordre dans chaque série. Deux espèces
au même stade évolutif, mais appartenant à deux séries dis-
tinctes se ressemblent par convergence. C'est sur ces ressem-
blances qu'étaient fondées les anciennes subdivisions en Bathys-
cides, Pholeuones, Leptoderites, subdivisions mauvaises, puis-
qu'elles étaient basées sur des caractères de convergence et
qu'elles réunissaient des formes d'origines diverses pour séparer
au contraire des espèces proche parentes. C'est aussi sur des
ressemblances dues à la convergence qu'est basé le grand genre
Bathyscia tel qu'il est encore admis à l'heure actuelle.
Ces séries évolutives ont des distributions géographiques
continues et chacune d'elles est spéciale aux grottes d'une
région naturelle bien définie. Il existe des régions cavernicoles
caractérisées par leur série : c'est par exemple les Pyrénées
i ï>r R. JEANNEL
(série de Speonomus), les Alpes françaises (série de Cytodromus),
la Carniole (série de Leptodirus), la Bosnie-Herzégowine (série
d'Apholeuomis), les monts de Bihar (série de Drimeotus), etc...
Mes groupements génériques seront donc naturels et bien
préférables en ce sens au groupement artificiel, à distribution
géographique discontinue, qu'était l'ancien genre Bathyscia.
Ces séries évolutives ne sont pas toujours complètes, soit
parce qu'un certain nombre de leurs stades n'a pu se conserver
jusqu'à nous, soit par suite d'un arrêt de leur évolution, soit
encore parce que nos connaissances sur la faune cavernicole
de certains pays ne sont pas assez avancées (par exemple la
série d'Èexaurus, en Albanie). Il en est cependant de com-
plètes et certaines, celle d'Apholeuonus, par exemple, consti-*
tuent bien « die kontinuierliche Kette » dont parle Reitter.
Une première conséquence de l'existence de ces séries évo-
lutives est la nécessité où on se trouve de morceler le grand
genre Bathyscia ; et cela me conduit aux considérations sui-
vantes :
C'est sous le nom générique de Bathyscia Schiôdte qu'ont
été décrits la plupart des Silphides aveugles d'Europe ; le Cata-
logue Reitter (1906) énumère près de 150 espèces dans ce genre.
Et pourtant si les descripteurs qui suivirent Schiôdte avaient
seulement jeté un coup d'œil sur la claire diagnose générique
de l'auteur danois, ils auraient vu certainement que bien pou
de leurs espèces pouvaient entrer dans le genre Bathyscia.
Schiôdte (1849 p. 10) dans sa diagnose générique dit très
explicitement : « ...Tarsi antici 4 articulati, posteriores 5 arti-
culati ». Des différences sexuelles il ne dit rien sauf pour B. bys-
sina (ibidem, p. 10) : « Tarsi antici maris latiiis dilatati » et
pour B. montana (ibidem, p. 11) : « Tarsi antici maris vix dila-
tati ». De plus il donne de B. montana de bonnes -figures et en
particulier celle d'un tarse antérieur mâle tétramère (pi. II,
fig. 1 h).
Le malheur a voulu que B. byssina soit resté introuvable
et que B. montana soit si petit que son étude est fort délicate.
SILPHIDES CAVERNICOLES 5
Tous les auteurs qui suivirent Schiôdte, ayant à décrire des
formes nouvelles à tarses antérieurs mâles pentamères, n'hési-
tèrent pas, sans se donner la peine de contrôler les dires de
l'auteur danois, à admettre d'un commun accord que les tarses
antérieurs mâles de B. montana devaient aussi être pentamères.
En réalité il n'en est rien. B. montana possède des tarses antérieurs
mâles tétramères ; ceux du B. byssina, il est vrai, sont penta-
mères. mais la diagnose générique de Schiôdte étant parfaite-
ment claire et catégorique, l'auteur n'ayant pas désigné lui-
même laquelle des deux espèces qu'il décrivait devait être
considérée comme espèce type, il est bien évident que c'est
celle qui correspond le mieux aux caractères énumérés, c'est-
' à-dire montana, qui doit être prise pour typique.
Donc dans le genre Bathyscia Schiôdte les tarses antérieurs
des mâles sont tétramères.
Le résultat de tout ceci est que Abeille de Perrin (1878.
p. 147) n'aurait pas dû caractériser ses Aphaobius par la
tétramérie de leurs tarses antérieurs mâles, mais par la forme
de leur prothorax ;
que Ganglbauer (1902, p. 48) n'aurait pas dû joindre les
B. narentina, dorotkana, Gobanzl, etc. aux Aphaobius parce-
que les tarses antérieurs des mâles étaient tétramères, mais
bien les considérer comme des Bathyscia typiques ;
que tous les auteurs qui décrivirent des Aphaobius depuis
1902 auraient dû appeler Bathyscia, s. str., ce qu'ils appe-
laient Aphaobius et réciproquement donner un nouveau
nom à ce qu'ils appelaient Bathyscia, s. str. ;
que Reitter (1908, p. 117) a eu tort de créer la coupe
Bathyscina pour les formes à tarses antérieurs mâles tétra-
mères et chez qui les côtés du prothorax sont régulièrement
arqués, car, ainsi définis, ses Bathyscina sont exactement syno-
nymes des Bathyscia de Schiôdte.
Moi-même, dans Biospeologica V (1908, p. 298), j'ai donné
aux Bathyscina le rang de genre, mais je n'avais pas encore
eu l'occasion de disséquer B, montana et de constater
fi D< R. JEANNEL
dans quel gâchis était tombée la nomenclature des Bathys-
ciae.
Donc seules les espèces dont les tarses antérieurs des mâles
ont 4 articles ont le droit d'être rangées dans le genre Bn-
thyscia Schiôdte et Bathysciiia Reitter doit en être considéré
comme synonyme. C'est en partant de ce principe que j'ai
dû répartir dans un certain nombre de nouveaux genres les
espèces qu'on avait coutume de nommer à tort Bathyscia.
La tribu des Bathysciae comprend les quatre grands groupes
suivants :
B. — TABLEAU DES GROUPES
I. Antennes insérées sur le tiers moyen du front, à deuxième article
allongé, plus long ou à peu près aussi long que le troisième.
Ongles des tarses simples.
A. Tarses antérieurs des mâles de 4 articles.
Groupe II. — Gynomorphi.
B. Tarses antérieurs des mâles de 5 articles.
1° Premier article des antennes aussi long que le second.
Sculpture des élytres variable.
Groupe I. — Euryscapiti.
2° Premier article des antennes plus court que le second.
Élytres toujours ponctués, sans strie suturale.
Groupe III. — BRACHVscAriTi.
II. Antennes insérées sur le quart postérieur du front, à deuxième
article très court et très épais, pas plus long que le tiers du
troisième. Ongles des tarses falciformes.
Groupe IV. — Axtrohkrfoxa.
Chacun de ces groupes comprend un certain nombre de
genres groupés en quelques séries évolutives. Comme ces séries
évolutives sont surtout caractérisées par des structures parti-
culières de l'organe copulateur mâle, et qu'il est préférable
dans la mesure du possible de ne pas faire entrer dans des
tableaux de détermination des caractères dont l'étude nécessite
SILPHIDES CAVERNICOLES 7
des préparations microscopiques, je donnerai d'abord pour
chacun des groupes un tableau de détermination des genres
et je passerai ensuite en revue les différentes séries dans les-
quelles il convient de les grouper.
C. — TABLEAU DES GENRES
I. — Groupe EURYSCAPITI
Ce groupe comprend un grand nombre de formes archaïques
dispersées dans toute l'étendue de la région paléarc tique. De
plus il renferme de belles séries de formes cavernicoles à l'ouest
de l'arc alpin, c'est-à-dire en France et en Espagne et sur le
littoral tyrrhénien de l'Italie. Nous verrons que les grottes
situées en Autriche, Hongrie et dans les Balkans, c'est-à-dire
à l'est de l'arc alpin, sont au contraire peuplées par les trois
autres groupes de Bathysciae, à l'exclusion des Euryscapiti.
TABLEAU DES GENRES DES EURYSCAPITI
1. Forme cylindrique, nullement atténuée en arrière. Tête in-
complètement rétractile, sans yeux, sans carène occipitale sail-
lante en arrière du iront. Prothorax aussi large que les élytres,
à côtés régulièrement arqués. Élytres sans strie suturale, lais-
sant le pygidium à nu. Mésosternum plan, sans carène, mais
portant à son milieu une petite dent. Massue des antennes
énorme, cinq fois plus épaisse que le premier article. Très petite
taille (1 mm.). Type : Bathyscia sibirica Reitt, gen. nov. Sciaphyes.
— Forme elliptique, atténuée en arrière ou ovalaire. Lorsque le
prothorax est large et que ses côtés sont arqués, la tête porte
toujours une carène occipitale saillante et le mésosternum est
plus ou moins caréné. Pygidium caché, sauf chez quelques genres
à prothorax étroit. Massue des antennes au plus deux fois aussi
épaisse que le premier article 2
2. Premier article du tarse intermédiaire très dilaté chez les mâles.
Des yeux pigmentés. Organe copulateur mâle à styles latéraux
atrophiés, filiformes, terminés par une suie ; sac interne du
pénis armé de dents nombreuses disposées par paquets symé-
triques. Type : .i. bosnien Reitt gen. Adelopsella.
S D' R. JEANNEL
— Premier article du tarse intermédiaire non dilaté chez les mâles.
Pas d'yeux (sauf chez les Bathysciola du groupe du Peyroni Ab..
qui ont tous des yeux rudimentaires et non pigmentés). Organe
copulateur mâle à styles latéraux bien développés et terminés
par plusieurs soies 3
3. Carène mésosternale élevée, arrondie, prolongée en arrière par
\ine longue saillie qui repose sur la surface du métasternum.
Élytres non soudés. Pas de pièce en Y au fond du sac interne
du pénis 4
— Carène mésosternale variable, sans prolongement postérieur
(sauf chez Bathysciola Halbherri Reitt). Élytres soudés. ... 5
4. Sac interne du pénis armé d'un stylet chitineux, inséré sur la
paroi dorsale, libre dans la cavité du sac et dirigé en avant.
Type : S. arcanus Schauf gen. Speocharis.
— Sac interne du pénis sans stylet, mais pourvu de grosses dents
irrégulièrement placées. Type : B. triangu lum Sharp . gen. Breuilia.
5. Article II des antennes toujours aussi épais que l'article I. bien
plus épais et plus long que l'article III 6.
— Article II des antennes toujours plus grêle que l'article I, à peine
plus épais et à peu près de même longueur que l'article III. . 10.
6. Forme allongée. Pro thorax campanuliforme, un peu plus étroit
que les élytres, à angles postérieurs très saillants. Élytres ter-
minés en pointes divariquées qui dépassent beaucoup le sommet
du pygidium. Type : S. Ehlersi Dieck. . . gen. Spelaeochlamys.
— Forme variable. Prothorax aussi large que les élytres, à côtés
régulièrement arqués 7.
7. Forme très courte, presque hémisphérique. Ponctuation grosse
et éparse sur tout le corps. Sommet des élytres dépassant am-
plement le pygidium, parfois déhiscent. Organe copulateur
mâle à styles latéraux plus courts que le pénis ; sac interne non
différencié. Type : A. tropicus Ab gen. Anillochlamys.
— Forme ovalaire, moins convexe. Ponctuation fine, plus forte sur
les élytres que sur le prothorax. Sommet des élytres moins long.
Sac interne du pénis différencié 8.
8. Organe copulateur mâle à styles latéraux très larges, aplatis laté-
ralement en forme de valves. Sac interne du pénis sans pièce en
Y, mais pourvu d'une file longitudinale et ventrale de grosses
dents dirigées en avant. Type : Bathyscia Erberl Schauf
gen. nov. Pholeuonella.
— Organe copulateur mâle à styles latéraux grêles. Sac interne du
SILPHIDES CAVERNICOLES 9'
pénis pourvu d'une pièce en Y et de bandelettes longitudinales
et dorsales 9.
9. Sommet du pénis aplati ; lame basale longue et arrondie. Styles
latéraux terminés par un nombre variable de soies grêles et
plus ou moins longues. Type : Bathyscia Aubei Kies
gen. nov. Bathysciola.
7 — Sommet du pénis effilé et pointu ; lame basale droite et étroite.
Styles latéraux terminés par trois très grandes épines falciformes
à pointe mousse. Type : P. Spagnoloi Fairm. . . gen. Parabathyscia.
10. Élytres ponctués, sans strioles transversales. La strie suturale,
lorsqu'elle existe, n'est pas parallèle à la suture ; elle s'efface en
avant. Premier article du tarse postérieur plus court que les
deux suivants réunis 11.
— Élytres strioles en travers. La strie suturale, lorsqu'elle existe,
est parallèle à la suture ; elle s'efface en arrière. Premier article
du tarse postérieur plus long que les deux suivants réunis. . . 16.
11. Strie suturale nulle ou à peine indiquée. Pubescence de tout le
corps longue, dense, redressée à 45°. Type : D. caudatus Ab. . .
gen. Diaprysius.
— Strie suturale entière, bien marquée. Pubescence courte et cou-
chée 12.
12. Base du prothorax fortement bisinuée. Angles postérieurs du
prothorax très saillants 13.
— Base du prothorax rectiligne ou régulièrement cintrée. Angles
postérieurs du prothorax non saillants 14.
13. Côtés du prothorax régulièrement arqués, non sinués. Prothorax
plus large que les élytres. Article I du tarse postérieur pas plus
long que l'article II. Type : Bathyscia Tarissani Bed
gen. nov. Royerella.
— Côtés du prothorax sinués avant la base. Prothorax plus étroit
que les élytres. Article I du tarse postérieur un peu plus long
que l'article II. Type : C. dapsoides Ab. . . . gen. Cytodromus.
14. Prothorax à peine plus étroit que les élytres, à côtés non sinués,
à angles postérieurs arrondis. Carène mésosternale peu élevée,
arrondie. Article I du tarse postérieur pas plus long que l'ar-
ticle II. Type : S. galloprovincialis Fairm. . . gen. Speodiaetus.
— Prothorax bien plus étroit que les élytres, à côtés nettement
sinués. Carène mésosternale très basse. Article I du tarse pos-
térieur un peu plus long que l'article II 15.
15. Forme épaisse. Prothorax non cordiforme, à angles postérieurs
10 Dr R. JEANNEL
émoussés. Élytres à peine deux fois aussi longs que larges. Type :
T. Bucheti Dev geu. Troglodromus.
Forme très allongée. Prothorax cordiforme, à angles postérieurs
vifs. Elytres trois fois aussi longs que larges. Type : /. Xam-
beui Arg gen. Isereus.
16. Prothorax aussi large que les élytres,à côtés régulièrement arqués
et non sinués. Carène mésosternale élevée formant un angle vil',
denté. Type : S. pyrenaeus Lesp gen. Speonomus.
(/). Coloration brun foncé. Tête très petite. Prothorax semi-
circulaire, deux fois aussi large que long. Ongles très courts.
subgen. Phacomorphus.
h). Coloration testacé clair. Tête plus grosse. Prothorax une
fois et demie aussi large 'que long. Ongles longs. . . .
- subgen. Speonomus. s. str.
— Prothorax plus étroit que les élytres. à côtés toujours sinués
avant la base 17.
17. Pro thorax plus large que long 18.
— Prothorax plus long que large 21.
18. Prothorax campanuliforme, à peine plus étroit que les élytres.
Carène mésosternale élevée. Styles latéraux de l'organe copula-
teur terminés en massue et portant trois suies et une brosse
de petits poils. Type : B. Jeanneli Ab. . . . gen. Bathyseiella.
— Pro thorax non campanuliforme, rétréci en arrière 19.
19. Prothorax non cordiforme, peu rétréci en arrière, à angles posté-
rieurs défléchis. Strioles transversales des élytres grossières et
écartées. Styles latéraux de l'organe copulateur sans brosse de
poils. Type [: P. Kiesenwetteri Dieck gen. Perrinia.
— Prothorax cordiforme, bien rétréci en arrière, à angles posté-
rieurs non défléchis 20.
20. Pro thorax transverse. Antennes plus courtes que le corps, à article
VIII plus court que ses voisins. Carène mésosternale élevée.
Type: T.Gavoyikb gen. Troglophyes.
— Prothorax presque carré, bien plus étroit que les élytres. An-
tennes aussi longues que le corps, à article VIII aussi long que
ses voisins. Carène mésosternale nulle. Type : T. Ferreri Reitt.
gen. Troglocharinus.
21. Élytres dépassant amplement le sommet du pygidium. Tarses
antérieurs des mâles plus larges que le sommet du tibia. An-
tennes longues el très épaisses. Styles latéraux de l'organe copu-
lateur mâle avec une brosse de poils. Type : T. Mestrei Ab. . .
gen. Trocharanis.
SILPHIDES CAVERNICOLES
11
Élytres plus courts que l'abdomen, laissant à nu la pointe du
pygidium. Tarses antérieurs des mâles plus étroits que le sommet
du tibia. Antennes très longues et très fines. Styles latéraux de
l'organe copulateur mâle sans brosse de poils. Type : A. Que-
rilhaci Lesp gen. Antrocharis.
SÉRIES ÉVOLUTIVES DES EURYSCAPITI
Le groupe comprend des formes archaïques à affinités dou-
teuses et six séries bien distinctes.
A. — Genres archaïques. — Les uns paraissent isolés et
leurs affinités sont au moins difficiles à dégager (Sciaphyes,
nov., Adelopsella Jeann.) ;
d'autres renferment des
séries d'espèces dont beau-
coup sont certainement
voisines de la souche des
autres séries (Bathysciola,
nov.). C'est ainsi que les
Bathysciola du groupe
d'Aubei Kiesvv. se placent
par la structure de leur
organe copulateur à la
base de la série de Cyto-
dromus ; que les Bathys-
ciola du groupe de Schiôdtei
rappellent les Speonomus.
Ces genres renferment des
formes frondicoles, présen-
tant fréquemment des
yeux rudimentaires (Ade-
lopsella, Bathysciola du groupe de Peyroni) et des caver-
nicoles peu modifiés. On les rencontre dans toute la
région paléarctique.
B. — Série de Pholeuonella, — Organe copulateur mâle à
FlG. 1. Pénis de Ba- FlG. 2. Pénis de
thyseiola Schiôdtei Pholeiioni'l/n Erberi
Kiesenw., face dor- Schauf., face laté-
so-latérale, x 75. raie gauei e, x 11:!.
IL»
Dr R. JEAXXEL
E.
stylos latéraux comprimés on forme de valves, à sac in-
terne sans pièce en Y, mais pourvu d'une rangée longi-
tudinale et ventrale de grosses dents re-
courbées en avant. Aspect extérieur
des Bathysciola. Renferme le genro
Phohuonella, nov., frondicole; de Dal-
matie méridionale.
. — Série de Parabathyscia. — Organe
copulateur mâle à styles latéraux ter-
minés par trois énormes épines falci-
formes, émoussées au sommet ; sommet
du pénis en forme de longue pointe grêle
et acérée ; sac interne pourvu d'ane pièce
en Y. Aspect extérieur de Bathysciola.
Contient le seul genre Parabathyscia
Jeann., avec des
formes frondicoles
et cavernicoles .
(Angleterre, Nor-
mandie, Gers, Li-
gurie, Corse.)
— Série de Spelaeochlamys. — Ely-
tres très amples, tendant à former
des pointes divariquées. Ponctua-
tion égale et régulière sur tout le
corps. Organe copulateur mâle à
styles latéraux courts, sans sac in-
terne nettement limité. Renferme
des formes globuleuses (AniUochla-
mys Jeann.) et allongées (Spelaeo-
chlamys Dieck). Sud de l'Espagne.
— Série de Speocharis. — Carène
mésosternale formant en arrière une
longue saillie en forme d'épine, qui repose sur la surface
du métasternum. Organe copulateur à sac interne bien
Fie;. 3. Pénis clt; l'uni-
hiithygcia Wollastoni
Jans., face dorsale,
x 70.
D
EÏG. 4. Pénis de Speoefmris
autumnalis Escal., facelatéj
raie gauche, x 112.
S1LPHIDES CAVERNICOLES
13
limité, sans pièce en Y, mais armé d'épines ou de dents
souvent soudées en un stylet dorsal. Renferme les genres
Fig. 5.1 Sac interne
du pénis de Bathys-
eioln Schiôdtei Kie-
senw., face dorsale,
avec sa pièce en Y
à l'abouchement du
«anal éjaculateur,
Fig. 6. Sac interne Fig. 7. Sac interne du
x 15!=
du pénis de Speo-
charis Breuili
Jeann., face dorsale,
avec son stylet et
les deux paquets
d'épines antérieurs,
x 158.
pénis de Breuilia
triangulum Sharp,
face dorsale, avec
ses dents chiti-
neuses éparses, x
\\
Fig. 8. Sac interne
du pénis de Anil-
lochlamys tropicus
Ali., face dorsale,
sans pièces chiti-
neuses sur son cul-
de-sac, x 11^.
F,
Speockaris Jeann., Breuilia Jeann. (Côtes espagnoles du
golfe de Gascogne.)
— Série de Speonomus. — Élytres striolés en travers, avec
une strie suturale parallèle à la suture, pouvant s'effacer
en arrière et souvent absente. Premier article du tarse
postérieur au moins aussi long que les deux suivants
14 l>r ft. JEANNËL
réunis. Organe côpulateur fortement arqué, large à la
base, à styles latéraux terminés par 3 soies et souvent une
brosse de poils ; sac interne pourvu d'une pièce en Y
et de bandelettes longitudinales articulées volumineuses.
Contient des genres cavernicoles très modifiés : Speorw-
mus Jeann., Bathysciella Jeann., Perrinia Reitt., Troglo-
phyes Ab., Troglocharinus Reitt., Trocharanis Reitt.,
Antrocha/ris Ab. (Pyrénées françaises et espagnoles.)
Qm — Série de Diaprysius. — Pubescence du corps redressée
à 45°. Élytres ponctués, sans strie suturale nette. Styles
latéraux de l'organe côpulateur terminés par cinq soies ;
sac interne pourvu d'une pièce en Y et de bandelettes
longitudinales grêles. Renferme le genre Diaprysius Ab.,
cavernicole. (Cévennes.)
H . — Série de Cytodromus. — Élytres ponctués, à strie sutu-
rale toujours entière, profonde, non parallèle à la suture.
Premier article du tarse postérieur bien plus court que
les deux suivants réunis. Organe côpulateur mâle sem-
blable à celui des Speonomus, mais les styles latéraux por-
tent seulement trois soies à leur sommet et les bandelettes
longitudinales du sac sont très réduites. Renferme les
genres cavernicoles : Royerella, nov., Cytodromus Ab.,
Speodiaetus Jeann., Troglodromus Dev.. Isère us Reitt.
(Alpes françaises, Provence.)
II. _ Groupe GYNOMORPHI
Le centre de dispersion du groupe est très certainement
la côte de Dalmatie où ses représentants abondent. On les ren-
contre en outre en Bosnie-Herzégovine, en Carniole, et
en général dans toute la région méditerranéenne orientale.
Toutefois une espèce fait exception, c'est le Speophyes lucidulus
Délai*., qui se trouve dans les Cévennes.
SILPHIDES CAVERNICOLES LÔ
TABLEAU DES GENRES DES GYNOMORPHI
1. Élytres portant une strie suturale 2.
— Élytres sans trace de strie suturale 3.
2. Des yeux pigmentés. Élytres striolés en travers. Métasternum
non caréné. Prothorax large, à côtés régulièrement arqués. An-
tennes à deux premiers articles épais et de même longueur. Or-
gane copulateur mâle à styles latéraux terminés par 3 soies, à
sac interne différencié, portant une pièce en V. Type : Ba-
thyscia Lesinae Reitt gen. nov. Phaneropella.
Pas d'yeux. Élytres sans striolés transversales, ponctués. Pro-
thorax large, à côtés régulièrement arqués. Métasternum non
caréné. Antennes à deux premiers articles épais et de même lon-
gueur. Organe copulateur mâle très petit, à sac interne diffé-
rencié, pourvu d'une pièce en Y et de quelques nodules dor-
saux. Type : Bathyscia lucidula Delar. . . gen. nov. Speophyes.
3. Carène mésosternale élevée, toujours prolongée en arrière par
une carène métasternale *.
— Carène mésosternale plus ou moins haute, sans prolongement
métasternal 6.
4. Tibias intermédiaires avec 4 à 6 longues épines sur leur bord
externe. Carène métasternale occupant toute la longueur du
segment. Tarses antérieurs des mâles grêles. Prothorax large, à
côtés régulièrement arqués. Sac interne de l'organe copulateur
pourvu d'une pièce en Y. Type : Bathyscina Khevenhiilleri Mill.
gen. nov. Bathysciotes.
— Tibias intermédiaires inermes 5.
5. Tarses antérieurs des mâles légèrement dilatés. Carène métaster-
nale occupant toute la longueur du segment et formant entre les
hanches postérieures une épine. Organe copulateur court et
épais, à sac interne bien plus long que la gaine pénienne, sans
pièce en Y, mais pourvu d'énormes baguettes chitineuses sur sa
paroi dorsale. Type : Bathyscina narentina Mill
gen. nov. Speonesiotes.
— Tarses antérieurs des mâles grêles. Métasternum caréné seule-
ment sur sa moitié antérieure. Organe copulateur mâle très petit.
très grêle, sans sac interne différencié. Type : Bathyscina tristicula
Apf gen. nov. Bathyscidius.
8. Premier article des antennes aussi long que le second 7.
— Premier article des antennes plus court que le second. . . . 10.
7. Carène mésosternale haute, entière 8.
— Carène mésosternale nulle ou réduite à une petite dent. ... 9.
I<> Dr R. JKANXEL
8. Pro thorax large, à côtés régulièrement arqués. Organe copulateur
mâle très petit, très grêle, tordu en S. sans sac interne différencié.
Type : B. montana Schiôdte gen. Bathyscia.
— Pro thorax plus étroit que les élytres, à côtés sinués avant la base.
Organe copulateur mâle développé, non tordu en S, pourvu d'un
sac interne bien différencié, avec une pièce en Y et des bandelettes
longitudinales. Type : A. Milleri Schmidt. . . gen. Aphaobius.
9. Élytres démesurément longs, dépassant de beaucoup la pointe du
pygidium. Forme allongée, elliptique. Élytres striolés en travers.
Tarses antérieurs des mâles bien plus larges que le sommet du
tibia. Organe copulateur mâle très long, pourvu d'un sac interne
bien plus court que la gaine pénienne, avec une pièce en Y et des
bandelettes longitudinales. Type : O. Schmidù Mill. gen. Oryotus.
— Élytres courts. Pygidium libre. Élytres non striolés en travers.
Tarses antérieurs mâles grêles. Organe copulateur mâle très petit,
très grêle, sans sac interne différencié. Type : H. Merkli Friv.
gen. Hexaurus.
10. Dernier article des antennes bien plus long que le précédent. 11.
— Dernier article des antennes exactement de même longueur que
le précédent 13.
11. Côtés du pro thorax régulièrement arqués. Prothorax aussi large
ou presque aussi large que les élytres. Pygidium libre. Organe
copulateur mâle très court et épais, avec une languette médiane
sur la lame basale du pénis, sans pièce en Y au fond du sac in-
terne. Type : Bathyscina Matzenaueri Apf
gen. nov. Proleonhardella.
— Côtés du prothorax sinués. Prothorax plus étroit que les élytres.
Organe copulateur mâle, long et mince, avec une languette mé-
diane au bord de la lame basale du pénis, sans pièce en Y au fond
du sac interne 12.
12. Pygidium libre. Forme ovoïde, convexe. Tarses antérieurs des
mâles grêles. Type : L. angulicollis Reitt. . . gen. Leonhardella.
— Pygidium caché par les élytres. Forme parallèle, allongée, dépri-
mée. Tarses antérieurs des mâles largement dilatés. Type :
A. Ottonis Reitt gen. Anlllocharis.
13. Prothorax campanuliforme. Soies dressées des élytres très lon-
gues. Carène mésosternale à angle abattu. Type : P. Ganglbau-
eri Apf gen. Pholeuonopsis.
— Prothorax rétréci à sa base. Soies dressées des élytres courtes.
Carène mésosternale formant un angle très saillant. Type :
S. Leonhardi R<>itl gen. Silphanillus.
SILPHIDES CAVERNICOLES
17
SÉRIES ÉVOLUTIVES DES GyNOMORPHI
A . — Série de Bathyscia. — Organe copuiateur mâle archaï-
que, très petit, très simple, très grêle, sans sac interne
différencié ; trois soies an sommet de ses styles latéraux.
Renferme les genres frondicoles : Bathyscia Schiôdte, Ba-
Pig. 9. Pénis de Bathyscia Via. 10. Pénis de Aphaoibiw Fig. 11. Pénis de Oryotux
montana Schiôdte, face dor- Milleri Sehmidt, face dor- Schmidti Mill., face dorsale
so-latérale, x 220. sale, x 75. x 56.
thyscidius, nov. Les stades cavernicoles font défaut. (Hon-
grie, Nord de la péninsule balkanique).
B. — Série de Hexaurus. — Organe copuiateur mâle archaïque,
très petit, très grêle, semblable à celui delà série précé-
dente, mais les styles latéraux ne portent que deux soies
à leur sommet. On ne connaît encore de cette série qu'un
seul genre cavernicole assez modifié, Hexaurus Reitt.
(Albanie).
0. — Série de Speophyes. — Élytres portant une strie sutu-
rale. Organe copuiateur mâle différencié, avec un sac in-
AR< H. DE ZOOL. EXT. ET GÉN". — 5e SÉRIE. — T. T. — (I). 2
18
Dr R. JEAXNËL
X
I
terne pourvu d'une pièce en Y. Renferme deux genres :
Phaneropella, nov., archaïque, pourvu d'yeux, frondicole
et Speophyes, nov., cavernicole. (Dalmatie et Cévennes).
D. — Série de Aphaobius. — Premier article
des antennes aussi long que le second.
Pénis sans languette médiane sur le bord
libre de sa lame basale ; sac interne pourvu
d'une pièce en Y. Contient des genres
cavernicoles : Bathysciotes, nov., Aphaobius
Ah., Oryotus Mill. (Carniole).
E . — Série de Speonesiotes. — Premier article
des antennes plus court que le second.
Antennes très grêles
et aplaties. Métaster-
num caréné. Organe
copulateur mâle ten-
dant vers une forme
courte et épaisse, avec
un sac interne beau-
coup plus long que la
gaine pénienne, privé
de pièce en Y, mais
pourvu d'énormes ba-
guettes longitudi-
nales. Renferme des
formes cavernicoles :
gen. Speonesiotes, nov.
(Dalmatie, Vénétie.)
— Série de Leonhardella. — Premier
article des antennes plus court que le
second. Antennes cylindriques. Métas-
ternum non caréné. Organe copula-
teur mâle tendant vers une forme grêle et très allongée,
avec un sac interne bien plus court que la gaine pénienne,
sans pièce en Y ni baguettes volumineuses. Renferme
FlG. 12. Sac interne
du pénis de Oryotus
Micklitzi Reitt.,
face dorsale; le ca-
nal éjaculateur s'a-
bouche sur la face
ventrale, x 112.
F.
Fig. 13. Pénis de Speotui
Hôtes Gobunzi Beitt.. facfl
dorsale, montrant le grand
développement du sac in-
terne, x 75.
SILPHIDES CAVERNICOLES
10
les genres cavernicoles : Proleonhardella, nov., Leonhar-
della Reitt., Anillocharis Reitt. (Bosnie. Herzégowine,
Monténégro.)
FlG. 14. Pénis de Proleonhar-
della Matzenaueri Apf., face
dorsale ; le sac interne est Fig. 1.3. Pénis de Leonhar- Pic;, lti. Pénis de Anillocharis
semblable à celui de Léon- délia angulicollis Reitt., plutonius Eeitt., face dor-
ha niella, x 112. face dorsale, x 72. sale, x 75.
G. — Série de Pholeuonopsis. — J'ignore la structure de l'or-
gane copulateur mâle dans cette série. Les élytres sont
hérissés de soies redressées plus ou moins longues. Genres
Pholeuonopsis Apf., Silphanillus Reitt. (Bosnie, Herzé-
gowine.)
III. — Groupe BRACHYSCAPITI
Les Brachyscapiti sont localisés dans les grottes dépendant
du grand bassin du Danube moyen, c'est-à-dire de ses affluents
Drave, Save, Theiss et Ternes.
TABLEAU DES GENRES DES BRACHYSCAPITI
1. Tibias intermédiaires et postérieurs pourvus de 4 éperons bien
développés et hérissés sur leur face externe d'épines aussi longues
20 IK K. JEANXEL
que les éperons. Élytres portant parfois des côtes saillantes. . . 2.
— Tibias intermédiaires et postérieurs pourvus de deux éperons
internes bien développés ; les deux éperons externes font défaut
ou sont extrêmement réduits ; la face externe des tibias est inerme
ou porte des épines très courtes. Jamais de côtes saillantes sur
les élytres 5.
2 Forme hémisphérique. Saillie intercoxale du métasternum aussi
large que le métasternum est long au milieu. Type : M. Paceli
Friv gen. Mehadiella.
- Forme déprimée. Saillie intercoxale du métasternum étroite.
Élytres frangés de longs poils. 3.
3. Hanches postérieures presque contiguës. Pro thorax aussi large
que les élytres, à côtés régulièrement arqués. Pas de côtes sail-
lantes sur les élytres. Pénis grêle, sans fossette dorsale, avec un
sac interne sans pièces chitineuses. Type : S. insignis Friv. . .
gen. Sophrochaeta.
— Hanches postérieures écartées. Prothorax plus étroit que les ély-
tres, à côtés sinués. Pénis pourvu d'une profonde invagination
en nid de pigeon sur sa face dorsale : sac interne portant à
son fond un filament chitineux médian accolé à la partie inva-
ginée du conduit éjaculateur 4.
4. Pro thorax au moins aussi large que long. Élytres à côtes sail-
lantes, à rebord marginal large, explané en gouttière. Type :
D. Kovacsi Mill gen. Drimeotus.
a). Tibias intermédiaires et postérieurs exceptionnellement
inermes, mais comprimés en lames de sabre. Hanches
épineuses subgan. Fericeus.
b). Tibias intermédiaires et postérieurs normalement épineux.
Hanches inermes subgen. Drimeotus, s. str.
— Prothorax plus long que large. Élytres sans côtes saillantes, à
rebord marginal étroit, mais toujours bien visible de haut.
Type: P. angusticolle Hampe gen. Pholeuon
a). Côtés du prothorax rebordés sur toute leur longueur.
Gouttière marginale des élytres plus large au milieu qu'en
avant subgen. Parapholeuon.
b). Côtés du prothorax rebordés seulement dans leur moitié
postérieure. Gouttière marginale des élytres régulière.
subgen. Pholeuon, s. str.
5. Métasternum caréné. Antennes aplaties au sommet 6.
— Métasternum non caréné. Antennes cylindriques. . .'. 7.
6. Élytres laissant à découvert le sommet du pygidium. Prothorax
SILPHIDES CAVERNICOLES 21
à peine aussi large que les élytres, peu arqué sur ses côtés. Or-
gane copulateur mâle tordu en S, grêle, sans armature chiti-
neuse à son sac interne. Pénis épineux au sommet. Type :
Balhyscia Freyeri Mi H gen. nov. Hohenwartia.
— Élytres acuminés, dépassant la pointe du pygidium. Prothorax
large, à côtés bien arqués. Organe copulateur mâle non tordu
en S, épais, à styles latéraux terminés par de nombreuses soies,
à sac interne très différencié, pourvu d'une pièce en Y et de
baguettes chitineuses. Type : Baihyscia byssina Schiôdte.
gen. nov. Bathyscimorphus.
7. Prothorax aussi large que les élytres, à côtés régulièrement ar-
qués. Tête entièrement rétractile. Type : Bathyscia Neumanni
Apf gen. nov. Proleonhardia.
— -. Prothorax plus étroit que les élytres, à côtés toujours sinués ou
rétrécis avant la base. Tête non rétractile 8.
8. Élytres scaphoïdes, bien plus longs que l'abdomen. Tarses anté-
rieurs des mâles largement dilatés. Organe copulateur mâle déme-
surément long, tordu en S, pourvu d'un sac interne très court,
à peine aussi long que le tiers de la gaine pénienne, avec quel-
ques pièces chitineuses paires sur ses parois. Type : 5". Pluto
Reitt gen. Spelaeodromus.
- Élytres très amples et très convexes, laissant à découvert la
pointe du pygidium (Formes physogastres). Tarses antérieurs
des mâles peu dilatés. Organe copulateur mâle non tordu en S.
sans pièces chitineuses paires sur les parois du sac interne. . . 9.
9. Prothorax comprimé latéralement, sans bords latéraux saillants,
au moins deux fois aussi long que large. Téguments glabres. Or-
gane copulateur mâle à styles non coudés, à sac interne absolu-
ment inerme, à peine différencié. Sommet Au pénis épineux.
Type : L. Hohenwartl Schmidt gen. Leptodirus.
a). Fénvurs étranglés au sommet. Tarses antérieurs des
mâles grêles
subgen. Leptodirus, s. str.
b). Fémurs non étranglés au sommet. Tarses antérieurs des
mâles dilatés
subgen. Astagobius.
— Prothorax non comprimé latéralement, avec des bords latéraux
toujours saillants, au plus une fois et demie aussi long que
large. Téguments pubescents (sauf chez Apholeuonus). Organe
copulateur mâle à styles latéraux épaissis et coudés au milieu
de leur longueur, à sac interne pourvu d'une pièce chitineuse
22 !> R JEANNEL
allongée, médiane et dorsale, en arrière de l'abouchement du
canal éjaculateur et d'une grosse dent recourbée médiane et im-
paire, au milieu de sa face ventrale 10.
10. Petite taille (2 à 3 mm.). Article VIII des antennes à peu près
aussi long que large H-
— Grande taille (5 à 7 mm.). Article VIII des antennes au moins
deux fois aussi long que large 13.
11. Prothorax à peu près aussi long que large, rétréci à sa base.
Articles terminaux des antennes épaissis régulièrement depuis
leur base jusqu'à leur sommet. Type: Z,.i7t7/iR.eitt. gen. Leonhardia.
— Prothorax campanuliforme, bien plus large que long. Articles ter-
minaux des antennes brusquement épaissis dans leurs moitiés api-
cales (antennes noueuses) 12.
12. Tibias intermédiaires droits ; tibias postérieurs arqués en dehors.
Ponctuation forte. Type : C. Matzenaueri Apf. . gen. Charonites.
— Tibias intermédiaires arqués en dedans ; tibias postérieurs droits.
Ponctuation fine. Type : A. Sequensi Reitt. . . gen. Adelopldius.
13. Téguments glabres. Carène mésosternale élevée, dentée. Rebord
marginal des élytres saillant. Type : A. nudus Apf. gen. Apholeuonus.
— Téguments pubescents. Carène mésosternale nulle, ou basse et
non dentée 14-
14. Bord postérieur du prosternum sans incisure médiane (cette in-
cisure existe chez tous les autres genres de Baihyscise). Pro-
thorax bien plus long que large. Élytres à épaules saillantes, trois
fois aussi longs que larges chez les mâles, deux fois seulement
chez les femelles. Antennes très longues, dépassant la longueur du
corps. Type : P. sericeus Schmidt .... gen. Parapropus.
— Bord postérieur du prosternum incisé sur la ligne médiane. Ély-
tres au plus deux fois aussi longs que larges, semblables dans les
deux sexes, à épaules non saillantes et à rebord marginal effacé
de façon qu'aucune limite nette n'existe entre la surface de
l'élytre et celle de l'épipleure. Antennes ne dépassant pas la lon-
gueur du corps 15«
15. Antennes insérées sur des saillies latérales du front. Prothorax
très finement et très superficiellement ponctué, carré, peu con-
vexe. Type : H. pubescens J. Mull gen. Haplotropidius.
— Antennes insérées dans des fossettes peu profondes, limitées en
arrière par une petite carène saillante. Prothorax fortement ponc-
tué, plus long que large, convexe, presque cylindrique. Type :
P. Reitteri Apf gen. Protobracharthron.
SILPHIDES CAVERNICOLES
23
SÉRIES ÉVOLUTIVES DES BrACHYSOAPITI
/;.
c.
— Série de Drimeotus. - Tibias intermédiaires et posté-
rieurs à quatre éperons très développés, hérissés de fortes
épines aussi longues que les éperons. Hanches postérieures
distantes. Organe copulateur mâle de grande taille ; pénis
portant sur sa
face dorsale une
profonde fos-
sette en nid de
pigeon ; sac in-
terne pourvu
d'un filament
médian accolé
à la partie in-
vaginée du ca-
naléjaculateur.
Renferme les
genres : 31 eh a -
diella Csiki.
DrimeotusMill.,
Pholeuonïlam-
pe. (Je place
ici Mehadiella avec cette restriction que la structure
de son organe copulateur mâle m'est inconnue.) (Hon-
grie orientale.)
— Série de Sophrochaeta. — Tibias intermédiaires et pos-
térieurs à quatre éperons bien développés, hérissés de fortes
épines aussi longues que les éperons. Hanches postérieures
très rapprochées. Organe copulateur petit ; pénis droit,
sans fossettes ; sac interne sans pièces chitine uses, peu
différencié. Renferme le genre Sophrochaeta Reitt. (Alpes
de Transylvanie).
— Série de Apholeuonus, — Tibias intermédiaires et pos-
FlG. 17. Pénis de Drimeotus Kova-
csi Mill., face latérale gauche,
avec sa fossette en nid de pigeon
caractéristique, x 56.
Fig. 18. Pénis de Sophro-
chaeta imignis Friv.,
face dorsale, avec son
sac interne non diffé-
rencié, x 75.
24
1K Et. JEANNEL
rm
teneurs à deux éperons internes; les deux éperons externes
manquent ou sont très petits. Bord externe des tibias
inerme. Organe copulateur à pénis aplati au sommet, à
styles latéraux renflés et coudés au milieu de leur longueur,
à sac interne bien
différencié, pourvu
d'une pièce longitu -
dinale et impaire dans
son fond et d'une
grosse épine médiane
et impaire au milieu
de sa face ventrale.
Renferme les genres
suivants qui se dis-
posent en une remar-
quable série linéaire :
Proleonhardia , nov.
(Son organe copula-
teur mâle m'est in-
connu.), Charon it< zs
Apf., Adelopidîus Apf.
Leonhardia Reitt..
Haplotropidius J.
Mùll., Apholeuonus,
Reitt. , Protobrachar-
thron Reitt., Parapro-
pus Ganglb. (Bosnie-
Herzégowine.)
— Série de Leptodirus. — Tibias intermédiaires et posté-
rieurs inermes, pourvus seulement de deux éperons in-
ternes. Organe copulateur mâle non aplati au sommet,
mais épineux, parfois tordu en S ou renflé en massue. Les
styles latéraux ne sont ni renflés, ni coudés à leur milieu ;
le sac interne est en général peu différencié (sauf chez
Bathyscimorphus) ; son armature, lorsqu'elle existe, con-
FlG. 19. Pénis de Haplotropi'
diu8 pubescens J. Mull., face
dorsale, x 66.
D.
FlG. 20. Sac interne du
pénis de Apholenonus
longicollis Reitt., iden-
tique chez tous les gen-
res de la série, x 112.
SILPHIDES CAVERNICOLES
•>r>
siste en pièces paires et il n'existe jamais une grosse épine
médiane et impaire au milieu de la face ventrale du sac.
Renferme les genres Hohenwartia, nov., Bathyscimorphus,
nov., Spelaeodromus Reitt., Leptodirus Schmidt. (Carniole.)
Il n'existe pas ici de série linéaire comme dans le groupe-
ment Apholeuouus : il n'y a pas de termes intermédiaires
Fig. 21. Pénis de Hohenwartia
Freyeri Mill., face dorso-la-
térale, x 75.
FlG. 22. Pénis de Bathysci-
morphus byssinus-acumina-
tus Mill., face dorsale, avec
son sac interne pourvu de
pièces chitineuses, x 75.
Fig. 23. Pénis de Leptodirus
Hohenwarti Schmidt, face
dorsale, sans sac interne dif-
férencié, x 56
connus entre Hohenwartia et Leptodirus, car Bathyscimor-
phus et Spelaeodromus doivent être considérés comme
des genres aberrants, détachés isolément de la souche
des Leptodirus.
IV — Groupe ANTROHERPONA
TABLEAU DES GENRES DES ANTROHERPONA
1. Tarses antérieurs des mâles de 4 articles. Épimères mésothora-
ciques soudés complètement aux épisternes. Petite taille;
forme ramassée. Type : S. Novaki J. Mùll. . . . gen. Spelaeobates.
26 D' R JEANNEL
— Tarses antérieurs des mâles de 5 articles. Épimères mésothora-
ciques indépendants des épisternes. Grande taille; forme très
allongée et très grêle. Type : A. cylindricolle Apf. gen. Antroherpon.
SÉRIES ÉVOLUTIVES DES AnTROH EB P< )N V
Le groupe est nettement diphylétique et la différence tar-
sale chez les mâles suffit à séparer une série de Spelaeobates
de la série de Antroherpon. Chez les deux, l'organe eopulateui
mâle est très simple, grêle, sans sac interne distinct. La série
de Spelaeobates semble spéciale aux îles de Dalmatie ; celle
d' Antroherpon est distribuée en Bosnie, Herzégowine, Monté-
négro et en Dalmatie continentale.
I). — CATALOGUE DES BATHYSCLK
I. — Groupe EURYSCA.PITI
A. — FORMES ARCHAÏQUES
Gen. Sciaphyes, nov.
sibiricus Reitter, 1887. D. ent. Zs., XXXI. 276. Vladivostok
Gen. Adelopsella Jeanne].
Jeannel, 1908, Paris Bull. Soc. ent, 182.
bosnien Reitter, 1885, Briinn Verh. natf. Ver.. Bosnie
XXIII. 20.
Ge î. Bathysciola, nov.
syn. : Bathyscia auctorum, nec Schiôdte.
Peyroni Abeille. 1875, Paris Bull. Soc. ent, 180. Syrie
syn. : syriaca Reitt,. 1885, Briinn Verh.
natf. Ver.. XXIII, 21.
persica Abeille, 1881. Paris Bull. Soc. ent.. 9. Perse
pusilla Motschulsky, 18*4, .Moscou Bull. Soc. Nat.. Caucase
I, 175.
Fausti Reitter, 1883, Rev. mensuelle d'Entom., 72. Russie or.
silvestris Mostchulsky, 1856, Étud. entom., 36. Carniole, Croatie
syn. : celata Hampe, 1861, Wiener ent. Mo-
nats.,V. 65.
SILPHIDES CAVERNICOLES 27
pumilîo Reitter, 1885, Brunn. Verh. rïatf. Ver., Ligurie, Toscane
XXIII, 25.
syn. : Murialdii Balbi, 1888, D. ent. Zs..
XXXII. 331.
tarsalis Kiesenwetter, 1861, Berliner ent. Zs., Mont-Rose
V. 377.
syn. : Kerimi Fairmaire, 1872, Genova Ami.
Mus. civ. St. nat., 111,54.
sarleanensis Bargagli, 1870, Bull. ent. Ital., II, 175. Italie
syn. : delicata Reitter. 1885, D. ent, Zs.,
XXIX, 375.
subterra nea H. Krauss, 1900, Wien Verh. zool. Ancône
bot. Ges., L, 292,
Damryi Abeille. 1885, Paris Bull. Soc en t. .9. Sardaigne
Aubei Kiesenwetter, 1850, St. ent. Ztg., XI, 223. Provence
var. d" epuraeoides Fairmaire, 1869, St. ent. Alpes-Maritimes
Ztg., XX, 231.
subsp. foceicollis Peyerimhofï. 1904, Paris Basses-Alpes
Bull. Soc, eut., 216.
subsp. Champsauri Peyerimhofï, 1904, Pa- Basses- Alpes
ris Bull. Soc. ent., 215.
subsp. brevicolUs Abeille, 1882. Rev. Ent., Alpes-Maritimes
Caen, I, 19.
var. brevicollis-nicaeensis Peyerimhoff,1905, Nice
Paris Bull. Soc. ent., 300.
subsp. silvicola Jeannel, 1910, Paris Bull. Piémont
Soc. ent., 51.
subsp. subalpina Fairmaire, 1869, St. eut, Hautes- Alpes
Ztg., XX, 231.
subsp. Solarii Dodero, 1900, Genova Ann. Ligurie
Mus. civ. St. nat., XXXVII, 281.
subsp. Guedeli Jeannel, 1910, Paris Bull. Piémont
Soc. ent., 52.
opaca Abeille, 1884, Rev. Ent, Caen, III. Aigoual j
nuiscorum Dieck, 1869, Berliner ent. Zs., XIII, 349. Ligurie
syn. : frondicola Reitter, 1885, Brûnn
Verh. natf. Ver.. XXIII, 25.
28 i>r H. JEANNEL
Destefanii Ragusa, 1881, Naturalista sicil., Pa- Sicile
lermo, I, 6.
syn. : muscorum Reitter, 1885, Brunn
Verh. natf. Ver., XXIII, 25 (nec Dieck).
Majori Reitter, ix«5. Brunn Verh. natf. Ver.. Sardaigne
XXIII, 24.
Gestroi Fairmaire, 1872, Genova Ann. Mus. civ. Sardaigne
st. nal, III, 54.
*
* *
Lostiai Dodero 1904. Genova Ann. Mus. civ. St. Sardaigne
nat., XLI. 58.
Haïbherri Reitter, 1887, D. ent. Zs., XXXI. 276. Tyrol
ovoidea Fairmaire, 1869, St. ent. Ztg., XX, 231. Alp.-Mar. ?
Rûbiati Reitter, 1889, Genova Ann. Mus. civ. St. Gôme
nat., XXVII, 293.
ovata Kiesenwetter, 1850, St. ent. Ztg., XI, 223. Pyrénées françaises
asperula Fairmaire, 1857, Paris Ann. Soc. ent., 131. France mérid.
subsp. Simoni Abeille, 1875, Paris Bull. Lioran
Soc. ent,, 199.
subsp. intermedia Jeannel, 1909, Paris Ariège
Bull. Soc. ent,, 19.
subsp. talpa Normand, 1907, Paris Bull. Ariège, Aude
Soc. ent., 121.
Linderi Abeille, 1875, Paris Bull. Soc. ent., 179. Cévennes.
syn. : Mayeti Abeille, 1875. Paris Bull.
Soc. ent., 179.
subsp. nemausica Ghobaut, 1903. Paris Gard
Bull. Soc. ent., 264.
subsp. nualetensis Abeille, 1881. Paris Gard
Bull. Soc. eut,, 9.
Schiôdtei Kiesenwetter, 1850. St. ent. Ztg.. XI, Pyrénées française-;.
223.
subsp. subasperata Saulry. 1872. Synopsis, Ariège
99
S1LPH1DES CAVERNICOLES
29
subsp. Grenieri Saulcy, 1872, Synopsis, 22. Pyrénées-Orient,
subsp. Larcennei Abeille, 1883, Cat. Col. Gers
Gers et Lot-et-Gar., Append., 1.
subsp. grandis Fairmaire, 1856, Paris B.-Pyr. H.-Pyr.
Ann. Soc. eut., 525.
meridionalis Duval, 1854, Paris Ann. Soc. ent., 36. Gers
lapidicola Saulcy, 1872, Synopsis, 22. Ariège
nitidula Normand. 1907, Paris Bull. Soc. ent., 272. Ariège
parallela Jeannel, 1907, Paris Ann. Soc. ent., 422. Basses-Pyrénées.
rugosa Sharp. 1872, Madrid Art. Soc. esp. Hist. Prov. basques esp.
nat, I, 271.
B. — SÉRIE DE PHOLEUONELLA
Gen. Pholeuonella, nov.
Erberi Schaufuss, 1863, Wien Verh. zool. bot. Ges., Dalmatie
XIII, 1221.
(langlbaueri Apfelbeck, 1907, Wiener ent. Ztg., Dalmatie
XXVI, 320.
curzolensis Ganglbauer, 1902, Wien Verh. zool. Ile Curzola
bot. Ges., LU, 47.
merditana Apfelbeck, 1907, Wien Sitz.-Ber. Ak. Albanie
Wiss., CXVI, 520.
kerkyrana Reitter, 1884, D. ent. Zs., XXVIII, 115. Ile Corfou
C. — SÉRIE DE PARABATHYSCIA
Gen. Parabathyscia Jeannel.
Jeannel, 1908, Arch. Zool. Paris, IVe Sér., VIII, 308.
Wollastoni Janson, 1857, Entom. Annual, 70.
Côtes de la Manche,
Gers.
Corse
Nice
Gênes
corsica Abeille, 1885, Paris Bull. Soc. ent., 179.
Grouvellei Abeille, 1882, Rev. Ent., Caen, I, 17
Doriai Fairmaire, 1872, Genova Ann. Mus. civ
St. nat., III, 55.
Spagnoloi Fairmaire, 1882, Genova Ann. Mus. Alpes-Maritimes
civ. St. nat., XVIII, 446.
subsp. brevipilis Dodero, 1900, Genova Ligurie
Ann. Mus. civ. St. nat., XL, 417.
30 Dr R, JEANNEL
ligurien Reitter, 1889, Genova Ann. Mus. civ. St. Ligurie
nat., XXVII, 293.
Doderoi Fairmaire, 1882, Genoya Ann. Mus. civ. Gènes
St. nat, XVIII, 446.
D. — SÉRIE DE SPEL/EOCHLAMYS
Gen. Anillochlamys Jeannel.
Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Hist, nat,, XXXVIII, 472.
Bueni Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Hist. Alicante
nat., XXXVIII, 473.
tropicus Abeille, 1881, Paris Bull. Soc. ent., 9. Carthagena.
var. apicalis Jeannel, 1910, Madrid Act.
Soc. esp. Hist. nat., XXXVIII, 473.
Gen. Spelaeochlamys Dieck.
Dieck, 1870, Berliner ent. Zs.. XIV, 93.
Ehlersi Dieck, 1870, Berliner ent. Zs.. XIV, 93. Alicante
E. — SÉRIE DE SPEOCHARIS
Gen. Speoeharis Jeannel.
Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Hist. nat., XXXVI II, i64.
Syn. -.Quaestus Schaufuss, 1861, St. ent. Ztg., XIII, 424.
Syn. : Quaesticulus Schaufuss. 1861, St. ent. Ztg., XIII, 426.
Uhagoni Sharp, 1872, Madrid Act. Soc. esp. Santander
Hist. nat., I. 271.
arcanus Schaufuss, 1861, St. ent. Ztg., XIII, 425. Santander
Breuili Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Hist. Oviedo
nat, XXXVIII, 465.
Perezi Sharp, 1872, Madrid Act. Soc esp. Hist. Oviedo
nat, I, 269.
adnexus Schaufuss 1861. St. ent. Ztg., XIII. 427. Santander
vasconicus La Brûlerie. 1872, Paris Ann. Soc. ent. Viscaya
448.
SILPHIDES CAVERNICOLES 31
autumnalis Escalera, 1898, Madrid Act. Soc. Santander
esp. Hist. nat., XXVII, 37.
Cisnerosi Perez-Arcas, 1872, Madrid An. Soc. esp. Madrid
Hist. nat, I. 127.
Sharpi Escalera, 1898. Madrid Act. Soc. esp. Santander
Hist. nat., XXVII, 37.
Escalerai Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Santander
Hist. nat., XXXVIII, 466.
flaviobrigensis Uhagon, 1881, Madrid Act. Soc. Vizcaya
esp. Hist. nat., X, 121.
cantabricus Uhagon, 1881, Madrid Act. Soc. esp. Vizcaya
Hist. nat., X, 118.
Seeboldi Uhagon, 1881, Madrid Act. Soc. esp. Hist. Vizcaya
nat., X, 115.
filicornis Uhagon, 1881, Madrid Act. Soc. esp. Vizcaya
Hist. nat., X, 113.
Mlnos Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Hist. Santander
nat., XXXVIII, 467.
Gen. Breuilia Jeannel.
Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Hist. nat., XXXVIII, 468,
triangulum Sharp, 1872, Madrid Act. Soc. esp. Oviedo
Hist. nat., I, 268.
cuneus Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Hist. Vizcaya
nat., XXXVIII, 469.
libialis Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Hist. Santander.
nat., XXXVIII, 470.
F. — SÉRIE DE SPEONOMUS
Gen. Speonomus Jeannel.
Jeannel, 1908, Arch. Zool. Paris, IVe sér., VIII, 299.
Subgen. Phacomorphus Jeannel.
Jeannel, 1908, L'Abeille, XXI, 60.
Mascarauxi Deville, 1905, Paris Bull. Soc. ent. 160. Basses-Pyrénées
fforffa/'Peyerimhoff. 1908. Paris Bull. Soc. ent.. 302. Bosses-Pyrénées
*2 D' R. JEANNEL
Subgen. Speonomus, s. str,
Delarouzeei Fairmaire, 1860, Paris Ann. Soc. ent., Pyrénées-Orient.
631.
syn. : Brucki Fairmaire, 1863, Gat. Gre-
nier, 8.
infernus Dieck, 1869, Berliner ent. Zs., XIII. 348. Ariège, H.-Gar.
Proserpina Abeille, 1878, Toulouse Bull. Soc. Hist. Aude. Ariège
nat., XII, 155.
Chardoni Abeille, 1875, Paris Bull. Soc. ent., 179. Aude
subsp. Pueli Chobaut, 1903, Paris Bull. Aude
Soc. ent., 221.
subsp. Hécate Abeille, 1878, Toulouse Aude
Bull. Soc. Hist. nat., XII, 154.
subsp. aletinus Abeille, 1883, Cat. Col. Aude
Gers et Lot-et-Gar., Append., 3.
stygius Dieck, 1869, Berliner ent. Zs., XIII, 348. Ariège
syn. : clavatus Saulcy 1872, Synopsis, 20.
subsp. crassicomis La Brûlerie, 1872, Paris Ariège
Ann. Soc. eut., 447.
subsp. Tisiphone Jeannel, 1908, L'Abeille, Ariège
XXXI, 62.
subsp. Saulcyi Abeille, 1872, Synopsis, 19. Ariège
Piochardi Abeille, 1873, Paris Bull. Soc. ent., 98. Ariège
longicornis Saulcy, 1872, Synopsis, 19. Ariège
subsp. fuxeensis Jeannel, 1908, L'Abeille, Ariège
XXXI, 64.
subsp. hermensis Abeille, 1873. Paris Bull. Ariège
Soc. ent., 98.
subsp. Perieri La Brûlerie. 1872. Paris Ariège
Ann. Soc. eut., 446.
var. Perieri- gracilis Jeannel. 1907. Paris Ariège
Bull. Soc. ent., 245.
subsp. Fauveaui Jeannel, 1907. Paris Bull. Ariège
Soc. ent., 245.
subsp. Pandellei Abeille, 1883, Cat. Col. Ariège
Gers et Lot-et-Gar., Append., 2.
curvipes La Brûlerie, 1872. Paris Ann. Soc. ent., Audi'. Ariège
SILPHIDES CAVERNICOLES
subsp. subcurvipes Abeille, 1878, Toulouse Aude
33
Bull. Soc. Hist, nat., XII, 154.
subsp. subrectipes Abeille, 1878, Toulouse Aude
Bull. Soc. HisL nat,, XII, 154.
Fagniezi Jeannel, 1910, Paris Bull. Soc. eut., 49. Pyrénées-Orient
pyrenacus Lespès, 1857, Ann. Se. nat. (Zool.), Ariège
Paris. VII, 283.
syn. : Barnevillei Saulcy, 1872, Synopsis, 18.
subsp. Discontigtiyl Saulcy, 1872, Synop- Ariège
sis. 18.
subsp. novemfontium La Brûlerie, 1872, Ariège
Paris Ann. Soc. eut., 445.
subsp. Nadari Jeannel, 1906, Paris Bull. Ariège
Soc. ent., 244.
Diecki Saulcy, 1872, Synopsis, 18. Ariège
Ehlersi Abeille, 1872, Synopsis, 17. Haute-Garonne.
zophosinus Saulcy, 1872, Synopsis, 21. Ariège
hydrophilus Jeannel. 1907, Paris Bull. Soc. ent., Ariège
127.
syn. : stygius Saulcy, 1872, Synopsis, 20
(nec Dieck.).
subsp. Normandi Jeannel, 1906, Paris Ariège
Bull. Soc. ent., 246.
Abeillei Saulcy, 1872, Synopsis, 20. Ariège
Bonvouloiri Duval, 1859, Glânures entoin., I, 34. Pyrénées-Orient,
syn. : Dohrni Schaufuss, 1862, St. ent.
Ztg., XXIII, 126.
speluncarum Delarouzée, 1857, Paris Bull. Soc. Basses-Pyrénées
ent., 94.
subsp. navaricus Jeannel, 1907, Paris Bull. Basses-Pyrénées
Soc. ent., 247.
Rudauxi Jeannel, 1909, Paris Bull. Soc. ent., 18. Basses-Pyrénées
Bepmalei Jeannel, 1908, L'Abeille, XXXI, 69. Hautes-Pyrénées
Alexinae Jeannel, 1906, Paris Bull. Soc. ent., 23. Basses-Pyrénées
subsp. ittanus Jeannel, 1906, Paris Bull. Basses-Pyrénées
Soc. ent, 24.
Elgueae Abeille, 1904, Paris Bud. Soc. ent., 243. Basses-Pyrénées
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET EXP. — 5» SERIE. — T. V. — (I). 3
34
Dr R. JEANNEL
fugitivus Reitter, 1885, Briiiin Verh. natf. Ver., Montserrat
XXIII, 35.
Bolivari Escalera, 1898, Madrid Act. Soc. esp. Huesca
Hist. nat., XXVII, 38.
Oberthuri Jeannel, 1910, Madrid Act. Soc. esp. Yizcaya
Hist. nat., XXXVIII. 471.
Crotchi Sharp, 1872, Madrid Act. Soc. esp. Hist. Navarra
nat., I, 127. .
Mazarredoi Uhagon, 1881, Madrid Act. Soc. esp. Guipuzcoa
Hist. nat.. X. 123.
Gen. Bathysciella Jeannel.
Jeannel, 1906, Paris Bull. Soc. ent., 23.
Jeanneli Abeille, 1904, Paris Bull. Soc. ent,. 242. Basses-Pyrénées
Gen. Perrinia Reitter.
Reitter, 1885, Brunn Verh. natf. Ver., XXIII, 16.
Kiesenwetteri Dieck, 1869, Berliner ent, Zs.. XIII. Montserrat
350.
Gen. Troglophyes Abeille.
Abeille, 1894, Paris Bull. Soc. ent., 27.
Gavoyi Abeille, 1894, Paris Bull. Soc, ent., 27. Aude
Bedeli Jeannel, 1906, Paris Bull. Soc. ent., 275. Pyrénées-Orient.
Ludovici Chobaut, 1903, Paris Bull. Soc. ent., 263. Aude
oblongulus Reitter, 1908, Wiener ent. Ztg., XXVII, ?
116.
Gen. Troglocharinus Reitter.
Reitter, 1908, Wiener ent. Ztg.. XXVII, 116.
Ferreri Reitter, 1908, Wiener ent. Ztg., XXVII, Barcelona
116.
Gen. Trocharanis Reitter.
Reitter. 1885, Brunn Verh. natf. Ver., XXIII. 12.
Meslrei Abeille, 1878. Toulouse Bull. Soc. Hist. Aude. Ariège
nat., XII, 152.
SILPHIDES CAVERNICOLES
35
Gen. Antrocharis Abeille.
Abeille, 1878, Toulouse Bull. Soc. Hist. nat., XII, 151.
Syn. : Antrodiaetus Abeille, 1876, Pet. Nouv. eut. Deyrolle, 29 ; nec
Ausserer, 1871 {Araneae Aviculariidae).
Querilhaci Lespès, 1857, Ann. Se. nat. (Zool.), Ariège
Paris, VII, 283.
syn. : dispar Abeille, 1878, Toulouse Bull.
Soc. Hist. nat., XII, 152.
G. — SÉRIE DE DIAPRYSIUS
Gen. Diaprysius Abeille.
Abeille 1878, Toulouse Bull. Soc. Hist. nat., XII. 149.
syn. : Ardecheus Reitter, 1908, Wiener ent. Ztg., XXVII, 115.
Sicardi V. Mayet, 1907, Paris Bull. Soc. ent., 194. Hérault
Serullazi Peyerimboiï, 1904, Paris Bull. Soc. ent., Ardèche
185.
subsp. Peyerimhoffl Jeannel, 1910, Paris Ardèche
Bull. Soc. ent., 12.
Fagniezi Jeannel, 1910, Paris Bull. Soc. ent., 12. Gard
Mazaurici V. Mayet, 1903, Paris Bull. Soc. ent., Gard
139.
caudatus Abeille, 1875, Paris Bull. Soc. ent., 182. Ardèche
caudatissimus Abeille, 1876, Pet. Nouv. ent. Dey- Ardèche
rolle, 29.
H. — SÉRIE DE CYTODROMUS
Gen. Royerella, nov.
Tarissant Bedel, 1878, Paris Bull. Soc. ent., 76. Drôme
Villardi Bedel, 1884, Paris Bull. Soc. ent, 75.
Ain
Gen. Cytodromus Abeille.
Abeille, 1876, Pet. Nouv. ent. Deyrolle, 29.
dapsoides Abeille, 1875, Paris Bull. Soc. ent., 203. Drôme
.% Dr R. JEANNEL
Gen. Speodiaetus Jeannel.
Jeannel, 1908, Arch. Zool. Paris, IVe sér., VIII, 296.
galloprovincialis Fairmaire, 1860, Paris Ann. Soc. Var
ent., 631.
Gen. Troglodromus Deville.
Deville, 1901, L'Abeille, XXX, 59.
Bucheti Deville, 1898, Paris Bull. Soc. ent., 196. Alpes-Maritimes
subsp. Bonajonsi Deville, 1901, L'Abeille, Alpes-Maritimes
XXX, 72.
subsp. Gaveti Deville, 1901, L'Abeille. Alpes-Maritimes
XXX, 59.
subsp. pœnitens Deville, 1902, Paris Ann. Alpes-Maritimes
Soc. ent., 708.
subsp. Carboneli Deville, 1902, Paris Ann. Alpes-Maritimes
Soc. ent., 708.
Gen. Isereus Reitter.
Reitter, 1886. Wiener ent. Ztg., V, 100.
Xambeui Argod, 1885, Paris Bull. Soc. ent,, 163. Isère
II. — Groupe GYNOMORPHI
A. — SÉRIE DE BATHYSCIA
Gen. Bathyscia Scbiôdte.
Schiôdte, 1849, Spec. Faun. subterran., 10.
syn. : Adelops Lacordaire, Gen. Col., II, 208 (nec Tellkampf).
syn. : Bathyscina Reitter, 1908, Wiener ent, Ztg., XXVII, 117.
montana Schiôdte, 1843, Spec. Faun. subterran., 11. Carniole, Croatie,
Styrie
syn. : triangularis Motschulsky, 1851.
Moscou Bull. Soc. Nat., VIII, 594.
syn. : rotundata Motschulsky, 1851, Mos-
cou Bull. Soc. Nat,, VIII, 578.
syn. : Tellkampfl Schmidt, 1852, Laiba-
cher Ztg., n° 146.
syn. : longipennis Joseph, 1872, Breslau
Jahresber. Ges. vaterl. Cultur (1871),
178.
SILPHIDEiS CAVERNICOLES 37
var. forticornis Joseph, 1872, Breslau Jah- Garniole
resber. Ges. vaterl. Cultur (1871), 178.
subsp. hungarica Reitter, 1878, D. ent. Maramaros
Zs, XXII, 63.
subsp. Apfelbecki Ganglbauer, 1899, Kàf. Bosnie
Mitteleur.. III, 106.
var. Apjelbecki-jablanicensis Ganglbauer, Herzégovvine.
1899, Kàf. Mitteleur., III, 107.
Gen. Bathyscidius, nov.
tristiculus Apfelbeck, 1906, Glasnik z. Mus. Dalmatie
Bosn. Herzég., III, 247.
B. — SÉRIE DE HEXAURUS
Gen. Hexaurus Reitter.
Reitter, 1885, Brunn Verh. natf. Ver., XXIII, 11.
Merkli Frivaldszky, 1879,Termesz. Fuzet., III, 232. Albanie
syn. : aflinis Frivaldszky, 1879. Termesz.
Fuzet., III., 232.
subsp. similis Frivaldszky. 1879, Termesz.
Fuzet., III, 232.
C. — SÉRIE DE SPEOPHYES
Gen. Speophyes, nov.
lucidulus Delarouzée, 1860, Paris Ann. Soc. ent., Hérault
27.
Gen. Phaneropella, nov.
Lesume Reitter, 1881. D. ent. Zs., XXV, 216. Dalmatie
syn. : Karamani Reitter, 1884, D. ent. Zs.,
XXVIII, 116.
turcica Reitter, 1884, D. ent. Zs., XXVIII, 115. Asie Mineure
D. — SÉRIE DE APHAOBIUS
Gen. Bathysciotes, nov.
Hoffmamii Motschulsky, 1856. Et, entom., 36. Carniole
Khevenhùlleri L. Miller, 1850. Wien Verh. zool. Carniole. Istrie
bot. Ges., 1. i:il.
38 Dr R. JEANNEL
syn. : subrotundata Reitter, 1885, Brùnn
Verh. natf. Ver., XXIII, 19.
subsp. croatica L. Miller, 1867, Wien Verh. Croatie
zool. bot. Ges., XVII, 551.
subsp. Horvathi Csiki, 1901, Termesz. Croatie, Istrie
Fuzet., XXIV, 487.
Gen. Aphaobius Abeille.
Abeille, 1878, Toulouse Bull. Soc. Hist. nat., XII, 148.
Milleri Schmidt, 1855, Wien Verh. zool. bot. Ges., Carniole
V, 131.
Heydeni Reitter, 1885, Briinn Verh. natf. Ver., Carniole
XXIII, 17.
Gen. Oryotus L. Miller.
L. Miller, 1856, Wien Verh. zool. bot. Ges., VI, 627.
Schmidti L. Miller, 1856, Wien Verh. zool. bot. Carniole
Ges., VI, 627.
subsp. subdentatus J. Millier, 1905, Wiener Istrie
ent. Ztg., XXIV, 32.
Micklitzi Reitter, 1885, Briinn Verh. natf. Ver., Carniole
XXIII, 14.
E. — SÉRIE DE SPEONESIOTES
Gen. Speonesiotes, nov.
narentinus L. Miller, 1861, Wiener ent. Monats., Dalmatie, Herzég.
V, 266.
syn. : pruinosus Schaufuss, 1853, Wrien
Verh. zool. bot. Ges., XIII, 1222.
syn. : eurycnemis Reitter (1), 1904.
Wiener ent. Ztg., XXIII, 26.
subsp. hirsutus Jeannel, nov. (2). Dalmatie
(1) Tous les exemplaires mâles du S. narentinus présentent la conformation îles tibias posté-
rieurs par laquelle Reitter a caractérisé son espèce eurycnemis.
(2) S. narentinus, subsp. hirsutus, nov. — Un exemplaire mâle de la coll. A. Grouvelle, étiqueté
« Dalmatie » se distingue du narentinus typique par les caractères suivants :
Ponctuation beaucoup plus fine et. plus superficielle. Sur le prothorax, les points sont beau-
coup plus petits et plus espacés; sur les élytres, les points sont alignés en travers beaucoup plus
régulièrement et figurent de véritables strioles. La pubescence est rare, mais deux fois plus longue
que chez narentinus ; elle est pâle et non dorée. Les élytres sont déprimés sur la suture. Pour le
reste, il est identique au narentinus typique.
Il est probable qu'il doit habiter une grotte spéciale.
SILPHIDES CAVERNICOLES 39
dorotkanus Reitter, 1881. D. ent. Zs., XXV, 215. Dalmatie,
Herzég.
issensis .T. Millier, 1903. Munchener Kol. Zs., I, Dalmatie
194.
insularis Apfelbeck, 1907, Wiener ent. Ztg., Dalmatie
XXVI, 319.
Paganetdi Ganglbauer, 1902, Wien Verh. zool. Dalmatie
bot. Ges.. LU. 45.
Gobdnzi lleitter, 1898. D. ent. Zs., XLII, 339. Dalmatie
Fabianii Dodero, 1904, Genova Ann. Mus. civ. Vénétie
St. nat, XLI, 55.
antrorum Dodero, 1900, Genova Ann. Mus. civ. Vénétie
St. nat., XXXVII, 415.
syn. : brachycerus Dodero (1), 1900, Ge-
nova Ann. Mus. civ. St. nat., XXXVII,
415.
F. — SÉRIE DE LEONHARDELLA
Gen. Proleonhardella. nov.
Matzenaueri Apfelbeck. 1907, Wiener ent. Ztg., Bosnie
XXVI, 317.
Gen. Leonhardella Reitter.
Reitter, 1903, Wiener ent. Ztg., XXII, 209.
syn. : Victorella Reitter (2), 1908, Wiener ent. Ztg., XXVII, 111.
angulicollis Reitter, 1903, . Wiener ent. Ztg., Herzégowine
XXII, 209.
subsp. setnikana Reitter, 1908, Entom. Herzégowine
Blâtter, 8.
antennaria Apfelbeck, 1907, Soc. entomol.. Zû- Monténégro
rich, XXII, 89.
subsp. Setniki Reitter, 1907, Wiener ent. Monténégro
Ztg., XXVI, 321.
(1) Je n'ai pas vu .S', antrorum Dod., niais il semble bien résulter de la bonne description de son
auteur que antrorum typique doit être le mâle (à tarses antérieurs tétramètres) et la var. bra-
chycerus la femelle.
(2) Les différences que donne Reitter ne sont certainement pas suffisantes pour isoler L. anten-
naria dans un sous-genre spécial.
40 D' R. JEANNEL
Gen. Anillocharis Reitter.
Reitter, 1903, Wiener ent. Ztg., XXII, 231.
stenopterus Formanek, 1906, Wiener ent. Ztg., Monténégro
XXV, 151.
Ottonis Reitter 1903. Wiener ent. Ztg., XXII, 232. Herzégovvine.
subsp. plutonius Reitter, 1907, Wien. ent. Herzegowinc
Ztg., XXVI 344.
G. — SÉRIE DE PHOLEUONOPSIS
Gen. Pholeuonopsis Apfelbeek.
Apfelbeck, 1901, Wien Verh. zool. bot. Ges., LI, 14.
syn. : Blattodromus Reitter, 1904, Wiener ent. Ztg., XXIII, 153.
herculeanus Reitter, 1904, Wiener ent. Ztg., Bosnie
XXIII, 153.
setipennis Apfelbeck, 1907, Glasnik z. Mus. Bosn. Bosnie
Herzég., XIX, 304.
Ganglbaueri Apfelbeck, 1901, Wien Verh. zool. Bosnie
bot. Ges., LI, 14.
Grabowskii Apfelbeck, 1907, Glasnik z. Mus. Bosn. Herzégowine
Herzég., XIX, 402.
Gen. Silphanillus Reitter.
Reitter, 1903, Wiener ent. Ztg., XXII. 210
Leonhardi Reitter, 1903, Wiener eut. Ztg., XXII. Herzégowin.'
211.
III. — Groupe BRACHYSCAPITI
A. — SÉRIE DE DRIMEOTUS
Gen. Mehadiella Csik1.
Csiki., 1899, Termesz. Fuzet., XXII, 247.
syn. : Frivaldszkya Ganglbauer, 1899, Kaf. Mitteleur, III. 98.
Paveli Frivaldszky 1880, Termesz. Fuzet, IV, Kra.sso-Szoreny
183.
Gen. Drimeotus F. Miller.
I,. Miller, 1856, Wien Verh. zool. bol. Ges , VI, 635.
Subgen. Drimeotus, s. sir.
Ormaiji Reitter, 1889, D. ent. Zs., XXXIII. 301. Torda-Aranyos
SILPHIDES CAVERNICOLES 41
Chyzeri Biro, 1897, Termesz. Fuzet., XXI, 447. Bihar
Entzi Biro, 1897, Termesz. Fuzet., XXI, 448. Bihar
Kovacsi L. Miller, 1856, Wien Verh. zool. bot. Bihar
Ges., VI, 635.
Horvathi Biro, 1897, Termesz. Fuzet., XXI, 448. Bihar
Subgen, Fericeus Reitter,
Reitter, 1885, Brunn Verh. natf. Ver., XXIII, 13.
Kraatzi Frivaldszky, 1857, Wien Verh. zool. bot. Bihar
Ges.. VII, 45.
Gen. Pholeuon Hampe.
Hampe, 1856, Wien Verh. zool. bot. Ges., VI, 463.
syn. : Apropeus Reitter, 1885, Brunn Verh. natf. Ver., XXIII, 10.
Subgen. Parapholeuon Ganglbauer.
Ganglbauer, 1887, D. ent. Zs., XXXI, 95.
gracile Frivaldszky, 1861, Wiener ent. Monats., Bihar
V, 387.
hungaricum Csiki, 1904, Ann. Hist. nat, Mus. Szolnok-Doboka.
Hung., Budapest, II, 565.
Subgen. Pholeuon, s. str.
anguMicolle Hampe, 1856, Wien Verh. zool. bot. Bihar
Ges., VI, 463.
leptoderum Frivaldszky, 1857, Wien Verh. zool. Bihar
bot. Ges., VII, 44.
syn. : Hazayi Frivaldszky, 1884, Termesz.
Fuzet., VIII, 280.
B. — SÉRIE DE SOPHROCHAETA
Gen. Sophrochaeta Reitter.
Reitter, 1885, Brunn Verh. natf. Ver., XXIII, 17.
insignis Frivaldszky, 1880, Termesz. Fuzet., IV, Krasso-Szoreny.
181.
Merkli. Frivaldszky. 1883, Termesz. Fuzet.. VII, 12. Krasso-Szoreny.
Reitterl Frivaldszky, 1884, Termesz. Fuzet., VIII, Krasso-Szoreny.
280,
42 Dr R, JEANNEL
C. — SÉRIE DE APHOLEUONUS
Gen. Proleonhardia, nov.
Neumanni Apfelbeck, 1901, WienVerh. zool. bot. Bosnie
Ges.. LI, 14.
Gen. Charonites Apfelbeck.
Apfelbeck, 1907. Wiener ent. Ztg., XXVI, 314.
Matzenaueri Apfelbeck, 1907. Wiener ent. Ztg., Bosnie
XXVI, 314.
Gen. Adelopidius Apfelbeck.
Apfelbeck, 1907, Wiener ent. Ztg.. XXVI, 320.
Sequensi Reitter, 1902, Wiener ent. Ztg., XXI, 223. Bosnie
Gen. Leonhardia Reitter.
Reitter, 1901, Wiener ent. Ztg., XX, 128.
Hilfi Reitter, 1901, Wiener ent. Ztg., XX, 128. Herzégowine
Rc it ter iBveit 1902. Soc. entomol., Zurich, XVIII, 89. Bosnie
Gen. Haplotropidius J. Millier.
J. Millier, 1903. Wien Sitz.-Ber. Ak. Wiss.. CXII, 89.
pubescens J. Millier. 1903, Wien Sitz.-Ber. Ak. Dalmatie
Wiss., CXII, 78.
Taxi J. Mûller, 1903. Wien Sitz.-Ber. Ak. Wiss., Dalmatie
CXII, 83.
subinflatus Apfelbeck, 1907. Wiener ent, Ztg., Dalmatie
XXVI, 315.
Gen. Apholeuonus Reitter.
Reitter, 1889, D. ent, Zs., XXXIII, 369.
longicollis Reitter, 1904, Wiener ent. Ztg., XXIII, Bosnie
255.
syn. : Sequensi Reitter, 1906, Soc. entomol.,
Zurich, XXI, 97.
syn. : nudus Reitter, 1906, Wiener ent,
Ztg., XXV, 238 (nec Apfelbeck).
nudus Apfelbeck, 1889, Glasnik z. Mus. Bosn. Her- Bosnie
zég., I, 63.
syn. : Knoteki Reitter, 1906, Wiener ent
Ztg., XXV, 237.
SILPHIDES CAVERNICOLES 43
subsp. Sturanyi Apfelbeck, 1906, Soc.
entomol., Zurich, XXI, 113.
Gen. Protobracharthron Reitter.
Reitter, 1889. D. ent. Zs., XXXIII, 295.
syn. : Spelaetes Apfelbeck (1), 1907, Wiener ent. Ztg., XXVI, 315.
Reitter i Apfelbeck, 1889, Glasnik z. Mus. Bosn. Bosnie
Herzég., I, 63.
Grabowskii Apfelbeck, 1907, Wiener, ent. Ztg., Dalmatie
XXVI, 316.
Gen. Parapropus Ganglbauer.
Ganglbauer, 1899, Kaf. Mitteleur., III, 83.
syn. : Leptonotus || Motschulsky, 1869, Moscou 'Bull. Soc. Nat., XLII,
253 ; nec Kaup, 1856 (Pisces Syngnathidae).
syn. : Propus || Abeille, 1878, Toulouse Bull. Soc. Hist. nat., XII, 149 ;
nec Oken, 1838 (Reptilia Amphisbsenidae).
sericeus Schmidt, 1852, St. ent. Ztg., XIII, 382. Garniole, Croatie
syn. : intermedius Hampe, 1870, Berliner
ent. Zs.. XIV. 332.
Pfeijeri Apfelbeck, 1908, Glosnik z. Mus. Bosn. Bosnie
Herzeg., XX, 417.
Ganglbaueri Ganglbauer, 1899, Kaf. Mitteleur., Bosnie
III, 85.
subsp. humeralis Apfelbeck, 1907, Wiener Bosnie
eut, Ztg.. XXVI, 318.
D. — SÉRIE DE LEPTODIRUS
Gen. Hohenwartia, nov.
Freyeri L. Miller, 1855, Wien Verh. zool. bot. Ges., Carniole
V, 506.
subsp. Netolitzkyi J. Millier, 1908, Wiener Carniole
ent. Ztg., XXVII, 39.
Robici Ganglbauer, 1899, Kaf. Mitteleur., III, 102. Carniole
(1) Je ne puis partager l'opinion de REITTER (1908, p. 106), qui rapproche le SpeUtetes Grabowskii
des Haplotropidius. Sa ponctuation, la forme de son prothorax, celle de sa carène, me font penser
au contraire qu'il n'y a pas lieu de maintenir même une distinction de sous-genres entre le Spe-
lar.les d' Apfelbeck et Protobracharthron dont j'ai sous les yeux un type, provenant de la coll. Reitter.
U D1 R. JEANNEL
Gen. Bathyseimorphus, nov.
byssinus Schiôdte (1), 1849, Spec. Faun. subterran., Carniole
10.
subsp. acuminalus L. Miller, 1855, Wien Carniole
Verh. zool. bot. Ges., V, 507.
subsp. Ukanensis Reitter, 1890, Wiener Croatie
ent. Ztg., IX, 191.
globosus L. Miller, 1855, Wien Verh. zool. bot. Carniole
Ges., V, 507.
Gen. Spelaeodromus Reitter.
Reitter, 1885, Briinn Verh. natf. Ver. XXIII, 10.
Pluto Reitter, 1881, D. ent. Zs.. XXV, 214. Croatie
Gen. Leptodirus Schmidt.
Schmidt, 1832, Illyrisches Blatt, n° 3, 9.
syn. : Leptoderus Schmidt, 1852, St. ent. Ztg., XIII, 381.
syn. : Stagobius Schiôdte, 1849, Spec. Faun. subterran., 16.
Subgen. Astagobius Reitter.
Reitter, 1886, Wiener ent. Ztg., V, 315.
angustatus Schmidt, 1852, St. ent. Ztg., XIII, 381. Carniole
syn. : Robici Joseph, 1868, Breslau Jah-
resber. Ges. vaterl. Cultur (1867). 170.
Subgen. Leptodirus, s. sir.
Grouvellei Jeannel, 1910, Paris Bull. Soc. ent., 29. Carinthie
Hohenwarti Schmidt, 1832, Illyriches Blatt, n° 3, 9. Carniole, Istrie
syn. : Hochenwartii Sturm, 1849. Deutschl.
Ins., XX, 93.
syn. : troglodytes Schiôdte. 1849, Spec.
Faun. subterran., 16.
var. Deschmanni Joseph, 1872, Breslau Carniole
Jahresber. Ges. vaterl. Cultur (1871),
175.
(] ) II. byssinus, loin d'être rare, est très répandu dans toutes les collections où on le trouve mêlé
i.u B. acuminatus. 1! s'en distingue aisément par ses tarses antérieurs mâles plus étroits que le tibia
.■m lieu que ceux de />'. acuminatus sont aussi larges que le tibia ; de plus la structure du pénis est
uu peu différente. B. byssinus habite les grottes du bassin de la Laibach (Adelsberg, Liiegg,
Nussdorf) ; B . acuminatus au contraire occupe les bassins de la Kerka et. de l'Una (grottes du
district de Riidolfswerck et du sud du district de Oberloitscbt.
SILPHIDES CAVERNICOLES 45
subsp. Schmidti Motschulsky, 1856. Étud. Carniole
entomol., V, 35.
subsp. reticulatus J. Millier, 1905, Wiener Istrie
ent. Ztg., XXIV, 32.
IV. — Groupe ANTROHERPONA
A. — SÉRIE DE SPELAEOBATES
Gan. Spelaeobates J. Miiller.
J. Miiller, 1901. Wien Verh. zool. bot. Ges., LI, 16.
Nwaki J. Millier. 1901. Wien Verh. zool. bot. Iles dalmates
Ges.. LI. 19.
* *
pharensis J. Mùller, 1901, Wien Verh. zool. bot, Iles dalmates
Ges., LI, 20.
Peneckei J. Miiller, 1903. Wien Sitz.-Ber. Ak. Iles dalmates
Wiss., CXII. 882.
Kraussi J. Miiller, 1903, Wien Sitz.-Ber. Ak. Iles dalmates
Wiss., CXII, 885.
B. — SÉRIE DE ANTROHERPON
Gen. Antroherpon Reitter.
Reitter, 1889, D. ent. Zs., XXXIII, 294.
syn. : Eamecosoma J. Miiller. 1901, Wien Verh. zool. bot. Ges.. LI. 29.
cylindricolle Apfelbeck, 1889, Glasnik z. Mus. Bosnie
Bosn. Herzég., I. 61.
subsp. thoraeicum Apfelbeck, 1907, Glasnik Bosnie
z. Mus. Bosn. Herzég., XIX, 402.
Matzenaueri Apfelbeck, 1907, Glasnik z. Mus. Monténégro
Bosn. Herzég., XIX, 401.
subsp. latipenne Apfelbeck, 1907, Glasnik Monténégro
z. Mus. Bosn. Herzég., XIX, 401.
Dombrowskii Apfelbeck. 1907. Glasnik z. Mus. Dalmatie
Bosn. Herzég.. XIX. 303.
46
D' R. JEANNEL
Ganglbaueri Apfelbeck, 1894, Sarajevo Wiss. Herzégowine
Mitth. Bosn. Herzég., II, 513.
Matulici Reitter, 1903, Wiener ent. Ztg., XXII, Herzégowine
216.
stenocephalum Apfelbeck, 1901, Wien Verh. zool. Bosnie
bot. Ges., LI, 15.
pygmaeum Apfelbeck, 1889, Glasnik z. Mus. Bosn. Bosnie
Herzég., I, 61.
Hôrmanni Apfelbeck, 1889, Glasnik z. Mus. Bosn. Bosnie
Herzég., I, 62.
subsp. hypsophilum Api elbeck, 1907, Glas- Herzégowine
nik z. Mus. Bosn. Herzég., XIX, 402.
Lnreki Zoufal, 1904, Wiener ent. Ztg., XXIII, 20. Herzégowine.
syn. : Kraussi J. Mùller, 1904, Miinchener
Kol. Zs., II, 38.
Leonhardi Reitter, 1902, Wiener ent. Ztg., XXI, Bosnie
208.
SPECIES incert;e SEDIS
1. Bathyscia (?) Vallarsae Halbherr, 1898, Wiener ent. Ztg., XVII,
180 ; Tyrol. — M'est inconnu. Se placera peut-être dans le genre
Bathysciola Jeann., à côté du B. Halbhcrri Reitt.
2. Bathyscia (?) minuscula Abeille, 1901, L'Échange, Moulins. XVII,
68 ; Savoie. — Très insuffisamment décrit. Le type (coll. Abeille)
est une femelle ; ce sera encore probablement un Bathysciola Jeann.
3. Bathyscia (?) Kauti Apfelbeck, 1907, Wiener ent. Ztg., XXVI, 318 ;
Bosnie. — Très insuffisamment décrit.
4. Bathyscia (?) serbica J. Millier, 1904, Miinchener Kol. Zs., II, 41 ;
Serbie. — Le mâle est inconnu. D'après la bonne description de
J. Miiller, il semble qu'il se placera peut-être dans le genre Proleon-
hardia Jeann.
5. Bathyscia (?) thessalica Reitter, 1887, D. ent. Zs., XXXI, 276;
Thessalie. — Le type unique que j'ai sous les yeux est une femelle.
C'est une très remarquable espèce qui devra peut-être servir de
type à un nouveau genre dans la série des Hexaurus Reitt. Mais il
faudrait connaître le mâle avant de se prononcer.
SILPHIDES CAVERNICOLES 47
6. Bathyscia (?) oviformis La Brûlerie, 1872, Paris Ann. Soc. ent., 447 ;
patrie inconnue. — N'est certainement pas synonyme de Speonomus
zophosinus Saulcy ; j'ai vu autrefois le type (coll. Abeille) et il se pour-
rait que ce soit un Speonesiotes Jeann.
7. Bathyscia (?) Baveli Dodero, 1904, Genova Ann. Mus. civ. St. nat.,
XLI, 57 ; île de Capri. — L'auteur ne parle pas de l'organe copula-
teur mâle. Il doit s'agir d'une espèce du genre Parabaihyscia Jeann.,
voisine du P. Doderoi Fairm.
8. Bathyscia (?) heteromorpha Dodero, 1909, Genova Ann. Mus. civ. St.
nat., XLIV, 203 ; Côme. — Malgré l'excellente description de Dodero,
il est impossible de savoir où cette espèce doit être placée, sans con-
naître la structure de son organe copulateur mâle.
9. Bathyscia (?) Bucheti Abeille, 1905, Paris Bull. Soc. ent., 208;
Alpes-Maritimes. — Encore une espèce insuffisamment décrite ;
l'auteur ne dit rien des longueurs proportionnelles des articles des
antennes. Il est possible que les affinités de cette espèce ne soient
pas si superficielles que Abeille le dit avec lucidula Delar. et qu'elle
appartienne comme lui au genre Speophyes Jeann., à tarses anté-
rieurs mâles tétramères.
10. Aphaobius (?) Maneki J. Mùller, 1909, Wiener ent. Ztg., XXVIII,
281 ; Bulgarie. — Il manque à la très bonne description de J. Mùller
des renseignements sur l'organe copulateur mâle, pour affirmer
qu'il s'agit bien là d'un Aphaobius Ab.
E. — INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
1878. Abeille de Perrin (E.). Note sur les Leptodirites. {Toulouse
Bull. Soc. Hist. nat., XII, p. 144-155.)
1899. Ganglbauer (L.). Die Kàfer von Mittel Europa, III. Leptode-
rini. (Wien.)
1902. Ganglbaxjer (L.). Zwei neue Bathyscien aus Dalmatien. (Wien
Verh. zool. bot. Ges., LU, p. 45-49.)
1880. Horn (G.-H.). Synopsis of the Silphidae of the United States
with référence to the gênera of othes countries. (American
Coleoptera, Philadelphie.)
1908. Jeannel (R.). Biospeologica V. Coléoptères (lre série). (Arch. Zool.,
Paris, 4e série, VIII, n° 3, p. 267-326, pi. XII-XIV)
1901. Mùller (J.). Beitrag zur Kenntniss der Hôhlensilphiden. (Wien
Verh. zool. bot. Ges., LI. p. 16-33, pi. I.)
48 Dr R. JEANNEL
1885. Reitter (E.). Bestimmungstabellen der europàischen Coleopteren,
XII. Silphidae. (Briinn Verh. natf. Ver., XXIII, p. 1-122.)
1886. Reitter (E.). Beitrag zur Systematik der Grotten Silphiden.
{Wiener ent. Ztg., V, p. 313-316.)
1889. Reitter (E.). Bemerkungen und Berichtigungen zu den Clavi-
cornen in der Faunabaltica, 2 Aufl., und Fauna transsylvanica,
von Dr G. Seidlitz. (D. ent. Zs., p. 289-318.)
1908. Reitter (E.). Dichotomische Ubersicht der blinden Silphiden
Gattungen. {Wiener ent. Ztg., XXVII, p. 103-118.)
1861. Schaufuss (L.-W.). Ùber sieben augenlose Silphiden Gattungen
{Dresden Sitz.-Ber. Isis, 1861, p. 18.)
1849. Schiodte (J.-C). Spécimen Faunae subterraneae {Kgl. Danske
Videnskab. Selsk. Skrift., 5 Raekke, nature, og mat. Afdel,
2 Bind, 39 p., pi. I-IV.)
1889. Seidlitz (G.). Fauna baltica. Zweite Auflage. XLVII, p. 74-78..).
ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE
5^ Série, Tome V, p. 49 à 66.
25 Mars 1910
BIOSPEOLOGICA
XV"i
ET OPIL
(DEUXIÈME SERIE)
PAR
E. SIMON
TABLE DES MATIÈRES
Araneae
Pages
Sicarhdae. — Loxosceles ntfescens lucifuga subsp. n 50
Leptonetidae. — Leptoneta infuscata E. Sim. (p. 50). — L. Jeanneli E. Sim. (p. 51).
— L. microphthalma E. Sim. (p. 51). — L. Kernensis n. sp 52
Dysderidae. — Dysdera sp. (p. 53). — Dysdera sp 53
Pholcidae. — Pholcus phalangioides (Fuessli) (p. 53). — P. opilionoides (Schrank).. 53
Theridiidae. — Pedanostethus lividus (Blackwall) 54
Argiopidae. — Linyphiinae. — Diplocephulus lusiscus (E. Sim.) (p. 54). — Scolo-
neta barbara n. g., n. sp. (p. 54). — Porrhoma Proserpina E. Sim. (p. 55). — P.
Rosenhaueri (L. Koch) (p. 56). — P. indecorum sp. n. (p. 56). — P. eorsicum
sp. n. (p. 57). — Lephthyphantes leprosus (Ohlert) (p. 58). — L. pallidus (O. P.
Cambridge). — L. tirtensis sp. n. (p. 59). — Taranucnus Orphaeus E. Sim.
(p_ 60). — T. Marqueti E. Sim. (p 60). — Taranucnus sp. (p. 61). — Troqlo-
hyphantes pyrenaeus E. Sim 61
Tetraonathinae. — Meta Menardi (Latr.) (p. 62), — M. Merianae
(Scopoli) (p. 63). — Nesticus cellulamis (Clerck) 63
Àgelenidae. — Tegenaria domeslica (Clerck) (p. 63). — Chorizomma siibterraneum E.
Sim 6i
Opillones
Phalangodidae. — Phalangodes Lespesi (Lucas) 64
Phalasgiidae. — Cosmobunus granarius (Lucas) 65
Ischyropsalidae. — Ischyropsatis pyrewiea, E. Sim 65
Nemastomatidae. — Nemastonia baeilliferum E. Situ 66
(1) Voir pour Biospeologica I à XIV, ces Archives, tome VI, VII, VIII et IX de la 4e série;
et tome I, II, IV et V de la 5e série.
ARCU. HE ZOOL. EXP. ET OtS. — 5" SÉRIE. — T. V.
UI).
50 E. SIMON
ordo ARANEAE
Familia SICARIIDAE
Loxosceles rufescens lucifuga, subsp. nova,
A typo difïert oculis cunctis minoribus, spatio inter medios
et latérales diametro oculo saltem quadruple latiore.
Algérie. — Grotte Tfri-Ammal, près du village Oulad ben
Dahmane, commune de Palestro, département d'Alger, 14 sep-
tembre 1906, n° 169.
Les Loxosceles rufescens recueillis dans cette grotte diffèrent
de la forme ordinaire par les yeux plus petits, et les trois
groupes oculaires plus largement séparés les uns des autres,
indices d'une adaptation cavernicole au premier degré. Les
individus recueillis dans une grotte près d'Alicante en Espagne
(lre série, Aran., p. 537) sont au contraire tout à fait normaux.
Familia LEPTONETIDAE
Leptoneta infuscata E. Simon.
In Ann. Soc. ent, Fr., 1872, p. 481, pi. XVI, ff. 15-16.
L. Minos E. Simon, ibid., 1882, p. 202.
Département de VAudc (France). — Grotte de Sabarac, Axât,
20 av. 1906, n° 148.
Département de VAriège (France). — Grotte de la Garosse,
La Bastide-de-Sérou, 18 août 1906, n° 154.
Grotte de Férobac, La Bastide-de-Sérou, 22 août 1906 et
21 juillet 1907, n08 160 et 203.
Grotte des Echelles ou de Lombrive, Ussat, 19 août 1906,
n° 155.
ARANEAE ET OPILIONES 51
Grotte de l'Herm, l'Herm, 20 août 1906, n° 156.
Grotte de Rieufourcau, Belesta, 23 août 1906, n° 162.
Grotte de Sainte-Hélène, Foix, 24 août 1906, n° 163.
Grotte de Bédeillac, Bédeillac-et-Aynat, 24 août 1906,
n° 165.
Grotte du Portel ou de Crampagna, Loubens, 22 juillet 1907,
n° 205.
Grotte de Sarradet, Freychenet, 21 juillet 1907, n° 206.
Grotte de Tourtouse, Tourtouse, 9 août 1907, n° 209.
Nous l'avons cité de la grotte de l'Herm sous le nom de
L. Minos (lre série, p. 537) mais nous avons acquis depuis la
certitude qae L. Minos ne différait pas spécifiquement de
L. infuscata décrit antérieurement. L. infuscata est la forme
sublucicole qui se trouve sous les grosses pierres et dans les
détritus jusque dans la zone maritime des Pyrénées-Orientales,
L. Minos est la forme plus décolorée mieux adaptée au séjour
des grottes.
Espèce très répandue dans toute la partie orientale de la
chaîne des Pyrénées.
L. Jeanneli E. Simon.
In Arch. expér. (sér. 4) VI, 1907, p. 538.
Retrouvé le 20 août 1907, n° 210, dans la grotte de Gargas
(Hautes-Pyrénées) où il avait été découvert en 1905.
L. mierophthalma E. Simon.
In Ann. Soc. eut. Fr., 1872, p. 480, pi. XVI, fl. 17-19.
Département de la Haute-Garonne {France). — Grotte do
l'Espugne, Saleich, 13 août 1906, n° 153.
Espèce connue depuis longtemps des grottes d'Estellas près
Aulus, et Listellas près Prat, dans le département de l'Ariège.
52 E SIMON
L. kernensis, sp. nov.
<3 ? long. 2,5 mm. Céphalothorax, sternum pedesque lulvo-
oUvacea, abdomen albido-lividum vel lividum, saepe postice,
prope mamillas, confuse infuscatum. Céphalothorax sternumque
nitida sed subtilissime coriacea. Femora pedum anticorum
haud aculeata, subtus, praesertim maris, granulis nigris suba-
cutis et setiferis subseriatis usque ad apicem sat crebre munita.
Oculi sat magni, quatuor antici postice nigro-marginati, duo
postici inter se juxta contigui, tenuissime nigro-cincti, ab
anticis spatio oculo laterali anteriore paulo minore distantes.
— <3 Pedum-maxillarium fémur gracile, modice longum, subtus
muticum, tibia, superne visa, patella non multo longior,
tarsus tibia cum patella non brevior, parallelus et obtusus,
extus non emarginatus et apophysi carens sed supra ad apicem
setis longissimis erectis et inordinatis munitus et extus, prope
apicem, aculeo setiformi, recto et antice oblique directo, arma-
tus, bulbus magnus subglobosus.
Algérie.. — Grotte de Rhar-el-Baz, sur la route de Bougie
à Djidjelli, dép. de Constantine, 11 octobre 1906, n° 180.
Surtout voisin d'une espèce encore inédite (L. italica) qui
se trouve à Saint-Martin Vésubie (Alpes-Maritimes) et àVal-
lombrosa (Italie) sous les très grosses pierres dans les forêts de
sapins ; ces deux espèces diffèrent de toutes les autres par
le tarse de la patte-mâchoire sans dépression ni saillie externe,
mais tandis que le tarse de L. italica est assez brusquement
rétréci près de l'extrémité et terminé en pointe subaiguë légè-
rement incurvée, celui de L. kernensis est parallèle et obtus.
Une autre espèce algérienne, L. spinima?ia E. Sim., que nous
avons découverte près de Blida sous des blocs de rochers,
est facilement reconnaissable au fémur de sa patte-mâchoire
armé en dessous de deux séries de longues épines.
ARANEAE ET OPILTONES 53
Familia DYSDERIDA.E
Dysdera... sp ? (jeune indéterminable.)
Algérie. — Grotte du Veau-Marin, près de Chenoua-plage,
dép. d'Alger, 7 sept. 1906, n° 167.
Dysdera... sp. ? (jeune indéterminable).
Département de VAriègc (France). — Grotte d'Aurouze,
Montferrier, 20 juillet 1907, n° 201.
La présence de ces jeunes Dysdera dans les grottes (la seconde
à l'entrée) est très probablement accidentelle,
Familia PHOLCIDAE
Pholcus phalangioides (Fuessli).
Algérie. — Grotte du Veau-Marin, près do Chenoua-plage,
dép. d'Alger, 7 septembre 1906, n° 167.
Grotte du Pic des Singes, Bougie, dép. de Constantine,
5 octobre 1906, n° 176.
Grotte du chemin du Cap Carbon, Bougie, dép. de Constan-
tine, 5 oct. 1906, n° 177
Comme nous l'avons dit, cette espèce commune dans les
maisons, ne peut être regardée comme cavernicole.
Pholeus opilionoides (Schrank),
Département de V Aude (France). — Grotte de Sabarac,
Axât, 20 av. 1906, n° 148.
L'observation précédente peut s'appliquer au P. opilionoides.
54 E. SIMON
Familia THERIDIIDAE
Pedanostethus lividus (Blackwall).
Département de V Hérault (France). — Grotte d'Assignan,
Assignan, 14 juin 1904, n° 138.
Département de VAriége (France). — Grotte de Lavelanet,
19 juillet 1907, n° 199.
Sans doute accidentel dans ces grottes; espèce commune
dans les mousses des bois et répandue dans toute l'Europe.
Une espèce voisine P. Mazaurici E. Simon, découverte récem-
ment dans les grottes du département du Gard, paraît plus ex-
clusivement cavernicole.
Familia ARGIOPIDAE
Subfamilia Linyphiinae
Diploeephalus lusiscus (E. Simon).
Département de VAriége (France). — Grotte de i'Herm,
l'Herm, avril 1906, n° 144.
Nous l'avons indiqué dans la lre série des grottes de Gargas
et de Sibiran, dans les Haates-Pyrénées.
SCOTONETA, nov. gen.
A Trichonco, cui valde affinis est, difïert oculis inter se con-
fertioribus, lateralibus minus prominulis, clypeo latiore et
praesertim chelis maris antice valde dentatis.
Scotoneta barbara, sp. nov.
cf long. 2 mm. Céphalothorax ovatus, fulvo-rufulus, pos-
tice leviter et sensim dilutior, parte cephalica leviter convexa,
fronte lata et obtusa. Oculi postici in lineam leviter procurvam,
ARANEAE ET OPILIONES 55
sat magni aeqai, medii leviter ovati et postice acuminati a
lateralibus quam inter se vix remotiores (spatio oculo haud
vel vix majore inter se sejuncti). Oculi antici in lineam rec-
tam, medii minores, nigri, inter se subcontigui, a lateralibus
spatio oculo medio vix aequilato distantes. Clypeus leviter
obliquus, fere planus, area oculorum latior. Chelae rufulae,
validae et convexae, sed apicem versus valde attenuatae,
nitidae sed extus minutissime et parce nigro-granulosae, in-
tus, prope médium, dente valido, acuto et obliquo armatae,
ungue longissimo. Partes oris fusco-castaneae. Sternum ful-
vum, sublaeve. Abdomen ovatum, cinereo-testaceum, tenuiter
pilosum. Pedes modice longi, saltem femoribus, sat robusti,
fulvo-rufuli, femoribus cunctis muticis, patellis ad apicem,
tibiis paulo ante médium, seta spiniformi longissima et erecta
supra instructis. Pedes-maxillares fulvo-rufuli, apice infuscati,
patella cylindracea, paulo longiore quam latiore, tibia patella
circiter aequilonga vel vix longiore, apicem versus leviter ampli-
ata, apophysibus binis instructa, altéra superiore sat brevi conica
et obtusa, altéra exteriore gracili et longissima secundum
marginem exteriorem tarsi ducta et apicem fere attingente
leviter curvata, tarso maximo ad basin atque ad apicem valde
attenuato, extus subrecto, intus valde ampliato et subro-
tundo. bulbo magno stylo longo, circulum formante, munito.
9 long. 2,5 mm. Mari subsimilis. Plaga genitalis paulo latior
quam longior, antice rotunda, postice recte truncata, leviter
convexa atque in declivitate postica fovea transversa tenuiter
marginata et antice excisa, impressa.
Algérie. — Grotte du lac souterrain, près des sources chaudes
de Hammam Meskoutine, dép. de Constantine, 21 octobre 1906,
n° 182.
Porrhomma Proserpina E. Simon.
Département de VAriège (France). — Grotte de Lavelanet,
Lavelanet, 22 août 1906, n° 159.
56 E. SIMON
Grotte de Capètes, dans la forêt de Freychenet, 24 juillet
1907, n° 208.
Nous l'avons indiqué, dans la lre série, de la grotte de l'Ours
dans les Hautes-Pyrénées.
P. Rosenhaueri (L. Koch).
Hnyphm R, L. Koch, Apterol.;FrankiBC. Jura, 1874, p. 128, pi. I, ff. 2-5.
Porrhmnma Egeria E. Simon, Âr. Fr., V, p. 357, ff. 131-133.
P. Rosenhaueri, ibid., p. 360 (nota), f. 135.
P. myops, ibid., p. 358.
Département de VAriège (France). — Grotte de Capètes,
Freychenet, 24 juillet 1907, n° 208, en même temps que P. Pro-
serpina E. Simon.
Espèce très répandue et assez variable, découverte dans les
cavernes de Muggendorf en Bavière, retrouvée depuis dans
presque toute l'Europe, soit dans les grottes, soit sous de grosses
pierres enfoncées. Les P. Egeria et myops E. Simon n'en sont
que de légères variétés.
P. in décorum, sp. nov.
C long, li mm. Céphalothorax longus, antice sat convexus
et obtusus, laevis, pallide fulvo-testaceus, parte cephalica
leviter obscuriore olivacea sed linea média dilutiore angusta
et tenuissime (vix distincte) fusco-marginata secta, clypeo
proclivi, area oculorum saltem haud angustiore. Oculi minutis-
simi, depigmentati, interdum obsoleti, medii, praesertim
antici, vix perspiqui, aream longiorem quam latiorem occu-
pantes, a lateralibus quam inter se plus duplo remotiores,
quatuor postici, superne visi, in lineam rectam. Oculi latérales
utrinque contigui, anticus postico paulo major. Abdomen
ARANEAE ET OPILIONES 57
breviter ovatum, convexum, albido-cinereum. Sternum pallide
fulvo-testaceum, laeve, setis sat longis, in granulis minutissimis
insertis, paucis, conspersum. Chelae longae, fulvo-rufulae,
apicem versus leviter infuscatae, praesertim extus, subtiliter
coriaceae et opaceae, margine superiore sulci dentibus longis
trinis, medio angulari, margine inferiore dentibus minoribus,
aequis et subcontiguis, trinis, angulum haud attingentibus.
Pedes longi et graciles, fulvo-testacei concolores, femoribus
l'1 paris aculeis dorsalibus binis,l°sub medio longiore, aculeoque
setiformi interiore, in dimidio apicali sito, femoribus 21 paris
aculeo setiformi dorsali submedio, armatis. Plaga genitalis
latior quam longior, duriuscula, fusco-rufula, parum convexa,
fovea albida, vix latiore quam longiore, antice rotunda, postice
truncata atque margine rufulo subrecto, in medio leviter sul-
cato, discreta.
Algérie. — Grotte Rhar-el-Djemaa et grotte de l'Ours, sur
le Djebel Taya, dép. de Constantine, oct. 1906, nos 183 et 184.
Très voisin de P. RosenJiaueri L. K., en diffère surtout par
les pattes beaucoup plus longues et la fossette génitale presque
arrondie.
P. corsicum, sp. nov.
ç long. 3 mm. Céphalothorax sternum chelaeque pallide
fulvo-rufescentia, laevia et nitida, partes oris leviter infus-
cutae. Abdomen cinereo-testaceum vel albidum, superne
paulo obscurius. Pedes fulvo-testacei. Céphalothorax parte
cephalica sat convexa et obtusa, clypeo area oculorum latiore,
piano et leviter proclivi. Oculi minuti, quatuor postici albi,
superne visi in lineam rectam, inter se late et fere aeque sepa-
rati, medii lateralibus paulo minores. Oculi quatuor antici,
antice visi, in lineam rectam, medii minutissimi, nigri vel saltem
58 E. SIMON
nigro-limbati, inter se contigui, a lateralibus late distantes.
Oculi quatuor medii aream latiorem postice quam longiorem
occupantes. Pedes graciles sed femoribus sat robustis, sat longe
pilosi, femoribus 1J paris aculeo dorsali carentibus sed intus,
in dimidio apicali, aculeo setiformi erecto munitis. Tuber-
culum génitale, ovato-transersum, utiinqueattenuatumsed ob-
tusum, convexum, fovea sulciformi transversa, ad marginem
posticum spatio lato et nitido, stria bipartito. discreta, impres-
sum.
Département de Corse (France). — Grotte de Pietralbello dite
de Ponte-Leccia, sur la crête de l'Orianda, 9 janv. 1907, n° 187.
Cette espèce assez voisine des P. Rosenhaueri (L. K.) etsub-
terraneum E. Simon, en diffère surtout par les quatre yeux
postérieurs presque équidistants (les médians étant beaucoup
plus rapprochés l'un de l'autre que des latéraux dans les deux
autres espèces), le groupe des yeux médians pins large en arrière
que long (au moins aussi long que large dans les deux autres),
les fémurs antérieurs sans épine dorsale mais pourvus, au côté
interne, d'un crin spiniforme dressé un peu plus court que leur
diamètre, enfin par le tubercule génital convexe, atténué de
chaque côté, marqué au sommet d'une fossette transverse
presque sulciforme, séparée du bord postérieur par un large
rebord lisse, divisé par une strie longitudinale.
Lephthyphantes leprosus (Ohleit).
Département des Pyrénées-Orientales (France). — Grotte
Barranc du Pla de Périllos, Rivesaltes, 28 mai 1906, n° 149.
Nous l'avons indiqué dans la première série d'une grotte
des Hautes-Pyrénées.
ARANEAE ET OPILIONES 59
L. pallidus (O. P. Cambridge).
Département de V Yonne {France). — Grotte d'Arcy -sur-Cure
et grotte des Fées, 16 sept, 1907, nos 193 et 194.
Algérie. — Grotte Rhar-Ifri, sur le flanc nord du Djebel
Bou-Zegza, dép. d'Alger, 12 sept 1906, n° 168.
Nous l'avons indiqué dans la première série d'une grotte
des Alpes-Maritimes.
Espèce non spéciale aux grottes mais toujours lucifuge.
L. cirtensis, sp. nov.
a long. 2mm5 Céphalothorax laevis, pallide fulvo-iufescens,
haud marginatus, oculis singulariter et subtiliter nigro-cinctis.
Oculi quatuor postici in lineam subrectam, aequi et médiocres,
medii a lateialibus quam inter se remotiores sed spatio intero-
culari oculo paulo latiore. Oculi antici in lineam levissime pro-
curvam, medii parvi, nigri et contigui sed a lateralibus latissime
distantes. Area oculorum mediorum multo latior postice
quam longior, medii antici posticis plus triplo minores. Chelae
rufescentes, clypeo longiores. Sternum fulvum, laeve. Abdomen
longum, pallide cinereo-testaceum. Pedes longi, pallide fulvi,
femoribns quatuor anticis aculeo dorsali submedio et femore
1' paris aculeo interiore simili armatis, quatuor posticis mu-
ticis, tibiis aculeis setiformibus ]ongissimis munitis, metatarsis
anticis seta spiniformi unica submedia superne armatis. —
Pedes-maxillares fulvi apice rufescenti-tincti ; patella leviter
convexa, haud prominula seta spiniformi longissima superne
munita ; tibia patella circiter aequilonga, paulo crassiore et
convexiore, seta spiniformi seta patellari plus triplo minore
munita; tarso haud prominulo sed extus ad basin juxta tibiam
dente nigro minuto armato ; bulbo apophysi loriformi fulva,
60 E. SIMON
crassa et fere parallela, ut in L. pallido apicem fere attingente,
sed obtusa (non truncata) ; paracymbio valde anguloso :
ramulo antico lato sed valde acuminato, obliquo et leviter
curvato, ramulo postico prope angulum inferiorem dente
parvo acuto et rétro directo armato, ad apicem inaequaliter
bifido, angulo posteriore in dentem brevem crassum rectum et
obtusum, angulo anteriore in dentem multo longiorem an-
tice directum arcuatum atque acutum productis.
9 Mari similis. Tuberculum génitale magnum, transversum,
fulvum, in declivitate posteriore fovea magna, plus triplo
latiore quam longiore, ad marginem anticum leviter et obtuse
excisa, utrinque margine rufulo semicirculari discreta, ad
marginem posticum puncto nigro parvo munita, impressum.
Algérie. — Grotte Rhar-Ahdid ou grotte de Dar-el-Oued,
surja route de Bougie à Djidjelli, dép. de Constantine, 11 oct.
1906, n° 181.
Taranucnus Orphaeus E. Simon.
Ar. Fr., t. V, p. 253.
Département de VAriège (France). — ■ Grotte de Capètes, dans
la forêt de Freychenet, 24 juillet 1907, n° 208.
C'est jusqu'ici la station la plus occidentale de l'espèce ;
nous l'avons citée dans la lre série (p. 542) de la grotte d'Arudy,
mais par suite d'une confusion avec l'espèce suivante.
T. Marqueti E. Simon.
Toc. rit., p. 256,
T. Orphaeus E. Sim., Biospel., V sér., p. 542.
Département des Basses-Pyrénées (France). — Grotte d'Oxi-
bar, Camou-Cihigue, 3-5 janv. 1907, n° 190.
ARANEAE ET OPILIONES 61
Répandu dans presque toutes les grottes de l'Ariège et des
Basses-Pyrénées ; espèce surtout occidentale.
Nota. — De jeuues Taranucnus, que nous ne pouvons déter-
miner avec certitude, ont été trouvés dans les grottes du Bac
de la Caune (n° 135) et de Belvis (n° 140) dans le département
de l'Aude ; d'Aurouze (n° 201) et de la Maison forestière de
Rothschild (n° 200) dans le département de l'Ariège ; de Com-
pagnaga Lecia (n° 188) dans le dép. des Basses-Pyrénées; du
lac souterrain près Hammam Meskoutine (n° 182) en Algérie.
Troglohyphantes pyrenaeus E. Simon.
la Biospel., Aran., Ve sér., 1907, p. 543.
9' long. 6 mm. Céphalothorax fulvo-rufescens, ovatus et
brevis, fronte lata et obtusa, parte cephalica sat convexa,
sulco semicircularipostice discreta, thoracica fovea longitudinali
lata impressa. Oculi minutissimi, quatuor antici, antice visi,
in lineam leviter recurvam, medii nigri panctiformes, inter se
subcontigui a lateralibus albis et paulo majoribus latissime dis-
tantes. Oculi postici lateralibus anticis similes (medii inter-
dum obsoleti), in lineam valde recurvam, inter se latissime et
fere aeque separati. Clypeus leviter convexus sed sub oculis
transversim depressus. Chelae sternumque sublaevia fulvo-
rufescentia cephalothorace paulo obscuriora. Abdomen bre-
viter ovatum, convexum, cinereo-testaceum, setis tenuibus
albis longis conspersum. Pedes longissimi pallide luteo-testacei,
tenuiter et longe pilosi, femoribus 41 paris muticis, reliquis
aculeo dorsali setiformi, in dimidio basali sito, et femoribus
l1 paris aculeis anterioribus binis longioribus, munitis, pa-
tellis tibiisquo aculeis setiformibus longis armatis. Tuberculum
génitale magnum, verticale, latius quam longins, in declivitate
anteriore fuscum, convexum et pilosum, in declivitate pos-
teriore, plaga magria glabra, obtuse quadrata, utrinque con-
62 E. SIMON
vexa et fusca, in medio depresso-canaliculata et unco parvo
albido-membranaceo gracili sed obtuso, ad marginem posticum
inserto et antice oblique directo, secta, munit um.
Département des Basses-Pyrénées (France). — Grotte d'Oxi-
bar, Camou-Oihigue, 3 et 5 janv. 1907, n° 190.
Découvert dans la même grotte en 1905 par MM. Raco-
vitza et Jeannel, qui n'en avaient d'abord capturé que de très
jeunes individus ; nous sommes heureux de pouvoir compléter
aujourd'hui la description de cette très intéressante espèce,
au moins en ce qui concerne la femelle, car le mâle reste encore
à chercher.
Nota. — Une très jeune Araignée, trouvée dans la grotte
Rhar-el-Djemaa, en Algérie, nous semble appartenir au genre
Troglohy pliantes, mais il est impossible d'en donner une des-
cription.
Subfainilia Tetragnathinae
Meta Menardi (Latreille).
Département de VAriège (France). — Grotte de Peyort,
Prat-et-Bourepaux, 5 juillet 1904, n° 139.
Département de la Haute-Garonne (France). — Grotte d'Es-
pugne, Saleich, 13 août 1906, n° 153.
Département de Corse (France). — Grotte de Pietralbello
dite de Ponte-Leccia, Ponte-Leccia, 9 janv. 1907, n° 187.
Algérie. — Grotte Rhar-Ifri, flanc nord du Djebel Bou-Zegza,
dép. d'Alger, 12 sept. 1906, n° 168.
Grotte Ifri-Ivenan, Palestro, dép. d'Alger, 15 sept. 1906,
n° 170.
Grotte du Plateau des Ruines, Bougie, dép. de Constantine,
6 oct. 1906, n° 178.
ARANEAE ET OPILIONES 63
M. Merianae (Scopoli).
Algérie. — Grotte Rhar-Ifri, Djebel Bou-Zegza, dép. d'Alger,
12 sept 1906, n° 168.
Accidentel ou capturé à l'entrée; commun en Europe et en
Algérie sous les voûtes de rochers humides.
Nesticus cellulanus (Clerck).
Département des Pyrénées-Orientales (France). — Grotte de
Can-Pey, Arles-sur-Tech, 12 av. 1906, n° 145.
Département de VAvde (France). — Grotte des gorges de
Pierre-Lis, Quillan, 20 av. 1906, n° 147.
Département de VAriège (France). — Grotte de la Garosse,
La Bastide-de-Sérou, 18 août 1906, n° 154.
Grotte de Lavelanet, 19 juillet 1907, n° 199.
Grotte de Sarradet, Freychenet, 23 juillet 1907, n° 206.
Département des Basses-Pyrénées (France). — Grotte Com-
pagnaga Lecia, Oamou-Cihigue, 2 et 5 janv. 1907, n° 188
Familia AGELENIDAE
Tegenaria domestica (Clerck).
Département de VAriège (France). — Grotte du Mas-d'Azil,
Mas-d'Azil, avril 1906, n° 143.
Département de Corse (France). — Grotte de Brando. 20 déc.
1906, n° 186.
La plupart plus ou moins décolorés.
Nota. — Nous avons trouvé dans les tubes nos 167, 168,
170, 174, 188 et 195 de la seconde série, de très jeunes Tegenaria
qu'il nous a été impossible de déterminer avec certitude.
64 E. SIMON
Chorizomma subterraneum R. Simon.
In Ann. Soc. ent. Fr., 1872, p. 221, pi. XII, f. 6 — et Ar. Fr., II, p. 26.
Département de VAriège (France). — Grotte de Sainte-
Hélène, Foix, 24 août 1906, n° 163.
Département des Basses- Pyrénées (France). — Grotte Cqm-
pagnaga Lecia, Camou-Oihigue, 5 janv. 1907, n° 188.
Espèce répandue dans toute la région pyrénéenne, aussi bien
dans les mousses des bois que dans les grottes.
ordo OPILIONES
Sub-Ordo OP. MECOSTETHI
Familia PHALANGODID AE
Phalangodes Lespesi (Lucas).
Département de VAude (France). — Grotte de Lavalette,
Veraza, 18 juin 1904, n° 134.
Grotte de Belvis, Bel vis, été 1904, n° 140.
Grotte d'Artigue-Vieille, Nébrias, été 1904, n° 141.
Grotte des gorges de Pierre-Lis, Quillan, 20 avril 1906, n° 147.
Département de VAriège (France). — Grotte de l'Herm,
l'Herm, avril et août 1906, ncs 144 et 156.
Grotte de la Garosse, La Bastide-de-Sérou, 18 août 1906,
n° 154.
Grotte des Echelles ou de Lombrive, Ussat, 19 août 1906
n° 155.
Grotte de Lavelanet, Lavelanet, 22 août 1906 et 19 juillet
1907, nrs 159 et 199.
Grotte de Férobac, La Bastide-de-Sérou 22 août 1906 et
21 juillet 190,7, nrs 160 et 203.
ARANEAE ET OPILIONES 65
Grotte de Sainte-Hélène, Foix, 24 août 1906, n° 163.
Grotte de Bédeillac, Bédeillac-et-Aynat, 24 août 1906,
n° 165.
Grotte d'Aurouze, Montferrier, 20 juillet 1907, nos 201 et 202.
Grotte du Portel ou de Crampagna, Loubens, 22 juillet 1907,
n° 205.
Grotte de Fontet, Freychenet, 23 juillet 1907, n° 207.
Grotte de Tourtouse, Tourtouse, 9 août 1907, n° 209.
Cette longue énumération montre que cette espèce est ré-
pandue dans presque toutes les grottes de l'Ariège et de l'Aude,
aussi bien que dans celles des Pyrénées-Orientales, et du
nord de l'Espagne ; elle se trouve aussi dans les mousses en
dehors des grottes.
Sub-Ordo OP. PLAGIOSTETHI
Familia PHALANGIIDAE
Cosmobunus granarius (H. Lucas).
Phalangium g. H. Lucas, in Expl. Alg. Ar., 1846, p. 289, pi. XIX, f. 3.
Phalangium flavounilineatum H. Lucas, ibid., p. 290, pi. XX, f. 5.
Phalangium levipes H. Lucas, ibid., p. 287, pi. XX, f. 6 (pullus).
Algérie. — Grotte Ifri-Boubker, Dra-el-Mizan, dép. d'Alger,
21 sept, 1906, n° 172.
Certainement accidentel dans la grotte ; espèce très commune
sur les parois de rochers dans toutes les montagnes d'Algérie.
Familia ISCHYROPSALIDAE
Ischyropsalis pyrenaea E. Simon.
Ischyr. Helirigi E. Simon (non C. Koch) in Ann. Soc. ent. Fr., 1872, p. 483.
Ischyr. pyrenaea E. Simon, Liste Artic. Cavern., 1875, p. 19 — id., Ar. Fr., VII, p. 272.
Département de V Ariége (France). — Grotte de Liqué,
Moulis, avril 1906, n° 142.
AECH. DE ZOOL. EXP. ET GÉX. — 5e SÉRIE. — T. V. — (H). 5
E. SIMON
Cette grande espèce a été rencontrée dans presque toutes les
grottes de l'Ariège et de la Haute-Garonne, où elle se tient
dans les parties profondes, contrairement à Y Ischyropsalis
luteipes qui vit le plus souvent en dehors des grottes.
Familia NEMASTOMATIDAE
Nemastoma bacilliferum E. Simon.
Département de VAriège (France). — Grotte de l'Herm,
l'Herm, 20 août 1906, n° 158.
Grotte de Férobac, La Bastide-de-Sérou, 22 juillet 1907,
n° 203.
Grotte de Tourtouse, Tourtouse, 9 août 1907, n° 209.
Nous l'avons indiqué dans la lre série de la grotte de Gargas
(Hautes-Pyrénées) et d'une grotte de la province de Huesca
(Espagne).
ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE
5e Série. Tome V, p. 67 à 185
20 Mai 1910
BIOSPEOLOGIGA
XVI i»
ÉNUMÉMTION DES GROTTES VISITÉES
1908-1909
(TROISIÈME SÉRIE)
PAR
R. JEANNEL et E.-G. RACOVITZA
Nous avons exposé dans la première série de nos « Enumé-
rations » (2) le but poursuivi par la publication de ces mémoires
et la méthode employée dans la description des grottes. Nous
n'y reviendrons ici que pour quelques explications complé-
mentaires.
On peut prévoir dès à présent le grand développement que
prendront la Spéologie en général et la Biospéologie en parti-
culier. A la période présente de recherches « extensives » suc-
cédera forcément la période de recherches « intensives », s'il
nous est permis d'employer ces termes agronomiques. L'iden-
tification des grottes sera aussi indispensable que la détermina-
tion précise des cavernicoles ; d'ailleurs l'habitat de certaines
espèces est strictement limité à une seule caverne.
(1) Voir pour Biospéoiogica I à XV, ces Archives, tome VI, VII, VIII et IX de la 4e série ;
et tome I, II, IV et V de la 5* série.
(2) R. Jeaxnel et E.-G. Racovitza. — Eaumération des grottes visitées 1904-1906 (lre série)
Biospeologica II. (Arch. de Zool. exp. et gén., 4 sér., t. VI, p. 489-536.)
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 5e 6ÉKIE. — T. V. — (III). 6
68 R. JEANNEL ET E.-G. R-AC0V1TZA
Pour faciliter le travail de nos successeurs, nous nous sommes
donc préoccupés de la question topographique. Quand la grotte
que nous décrivons est peu connue dans le pays nous fournis-
sons les données nécessaires pour la retrouver, outre le nom
des lieux-dits et le nom de la commune où elle est située.
Nous ajoutons même le nom du canton pour éviter l'erreur
provenant de la similitude fréquente des noms et pour faciliter
les recherches sur les cartes.
Souvent une même grotte porte plusieurs noms dans le pays
ou dans les mémoires qui lui ont été consacrés. Partisans de la
nomenclature uninominale, nous adoptons le plus connu ou le
plus légitime, mais nous citons les autres noms dans le texte
de la description.
Nous donnons la préférence au nom local, en patois, car les
noms des grottes sont peu variés et cela permet de les diver-
sifier. Les Géographes ont d'ailleurs décidé dans leur Congrès
de ne plus transcrire ou traduire les noms locaux. Malheureu-
sement, il nous a été impossible de nous conformer toujours
à cette règle.
On trouvera aussi dans nos « Enumérations » les renseigne-
ments que nous avons pu recueillir pendant nos campagnes
sur des grottes que nous n'avons pu visiter nous-mêmes. Si
ces indications sont souvent sommaires, elles n'en sont pas
moins précieuses.
Nous espérons que, dans la suite, nos « Enumérations »
deviendront une source utile et riche de renseignements pour
les Spéologistes. Des Index spéciaux seront publiés de temps
en temps qui faciliteront les recherches ; en attendant, on pourra
utilement consulter l'Index général des dix premiers numéros
de Biospeologica, que vient de publier l'un de nous (1).
Cette troisième série de nos >< Enumérations » contient les
numéros 118 à 220, c'est-à-dire 103 grottes dont 14 ont été
(i) i:. Jeannel. — lu.lcx alphabétique cl analytique de Biospeologica, Tome I. (Paris, A.
Sehulz, 3, plate de la Sorbonne, 14 pagea, 9 francs.)
GROTTES VISITÉES 69
déjà décrites ou citées dans les séries précédentes et 89 qui sont
mentionnées ici pour la première fois.
Nous avons personnellement exploré 79 grottes ; les maté-
riaux provenant de 24 grottes nous ont été donnés par d'obli-
geants confrères ou amis qui seront cités plus loin.
Plusieurs (14) de ces grottes ont été visitées à deux (8) ou
trois (6) reprises différentes. Cela fait que 124 explorations
différentes ont été effectuées et dans ce chiffre les visites faites
plusieurs jours de suite dans la même caverne ne comptent que
pour une. Le matériel, recueilli et trié par spécialistes, nous a
fourni 730 tubes contenant les représentants de 34 groupes
pour la plupart déjà à l'étude.
Au point de vue géographique, les 103 grottes se répartis-
sent de la façon suivante:
France. — Région 'pyrénéenne : Départements des Pyrénées-
Orientales (4 grottes), Aude (2), Ariège (28), Haute-Garonne (7),
Hautes-Pyrénées (1), Basses-Pyrénées (8). — Région des
Cévenms et des Causses : Département de l'Ardèche (8 grottes),
Gard (9), Hérault (4), Aveyron (2), Lot (1). Enfin plusieurs
grottes isolées dans le département des Alpes-Maritimes (3),
Var (1), Dordogne (1), Seine (1).
Algérie. — Deux grottes ont été explorées.
Espagne. — Région Cantàbriqw : Provinces de Vizcaya
(1 grotte), Santander (13), Oviedo (4). — Région Catalane :
Provinces de Gerona (1 grotte), Barcelona (2).
C'est la région pyrénéenne qui a été le mieux explorée et
cela intentionnellement. Nous possédions déjà de cette région
un matériel considérable et nous tenions à le compléter pour
permettre à nos collaborateurs des essais de synthèses biogéo-
graphiques. Nos efforts dans cette voie ne sont pas encore suf-
fisants, mais nous avons la ferme intention d'achever rapidement
l'exploration du versant français et de poursuivre ensuite celle
du versant espagnol*
70 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Il nous reste un devoir agréable à accomplir : remercier
nombre de personnes qui nous ont aidé dans notre tâche, soit
en nous procurant du matériel de grottes explorées à notre in-
tention, soit en nous accompagnant, soit, enfin, en nous fournis-
sant des renseignements utiles.
M. l'Abbé Breuil, professeur à Fribourg, a droit à notre
reconnaissance la plus vive. Ayant entrepris plusieurs voyages
dans le but d'étudier les peintures préhistoriques des grottes,
il n'a pas hésité à s'encombrer de l'attirail du Biospéologiste
et il a recueilli pour nous dans 21 grottes (grottes nos 131, 154
à 159, 166 à 169, 209 à 218) de France et d'Espagne, avec un
soin et un succès que maint zoologiste pourrait lui envier,
un matériel très considérable et des plus précieux. Il a consenti,
de plus, à rédiger pour cette « Enumération » la description des
grottes qu'il a explorées; on y trouvera consigné nombre de ren-
seignements biologiques intéressants.
MM. le Dr Normand (grotte n° 127) et H. Sietti (grotte 129)
nous ont également fait don de matériel.
L'un de nous à eu la bonne fortune d'accompagner en 1908
M. E.-A. Martel dans les Pyrénées, où ce distingué spécialiste
était envoyé en mission hydrologique par le Ministère de
l'Agriculture. Le Dr Jeannel a pu ainsi visiter dans la région d' Ar-
bas et de Khakhouéta dix grottes (nos 135 à 140, 142 à 144) et
recueillir un matériel important. Des recherches dans le gouffre de
Padirac ont été également facilitées à l'un de nous par les soins
de notre obligeant confrère. Nous saisissons avec empressement
l'occasion qui nous est offerte pour remercier M. E.-A. Martel.
Nous adressons l'expression de notre gratitude aux personnes
suivantes qui nous ont accompagné dans nos explorations
et nous ont aidé à recueillir du matériel cavernicole : MM. l'abbé
Breuil (grotte n° 191), Chatton (153), Dumas (196), David
(151, 153), Fage (128, 141, 153, 161 à 165), Faucher (174),
J. Fauveau (123-126), Jammes (125, 132-134), Lanchester
(219-220), Maillard (161-162), Morère (205-206). Obermaier
(191), Richard (118,122).
CROTTES VISITÉES 71
Nous tenons à remercier également MM. Helson, Mengel et
Vidal qui nous ont fourni des renseignements sur les grottes des
Pyrénées-Orientales, M. le Dr Allemand Martin qui nous a
fourni de précieuses données sur les grottes tunisiennes et les
Demoiselles Thévenet, ainsi que M. Château, qui nous ont libéra-
lement permis l'exploration des grottes leur appartenant.
118. Baoumo dou Cat.
Située à 2 km. au nord du village, commune de Daluis, can-
ton de Guillaumes, départements des Alpes-Maritimes, France.
— Altitude : 1,000 m. env. — Roche : Calcaire jurassique supé-
rieur. — Date : 14 février 1908.
Matériaux : Coléoptères, Thysanoures, Aranéides, Cher-
netes, Isopodes. — Numéro : 211.
Cette grotte, fréquentée par les touristes, paraît être la plus
grande du département des Alpes-Maritimes. Sa description,
accompagnée d'un plan, a été publiée par Gavet et sa faune fut
examinée par P. de Peyerimhoff, Sérullaz, Buchet et Sainte-
Claire-Deville (1902, p. 704). M. J. Richard, directeur du
Musée océanographique de Monaco, m'a accompagné et m'a
aidé à recueillir sa faune.
La grotte est formée par 720 mètres de galeries, de hauteur
variable mais jamais considérable, très ramifiées et presque
horizontales. Les parois sont couvertes d'enduit stalagmitique ;
les concrétions sont rares, et seulement quelques piliers se
sont formés par place. Le sol est en grande partie argileux mais
on trouve aussi quelques gours remplis d'eau. Le suintement
est peu abondant. Il n'existe pas de courant d'air.
La température de l'air au fond est de 12° C. ; celle de l'eau
11°5 C.
J'ai vu quelques rares Chauves-souris mais nulle part du
guano. En revanche, on trouve beaucoup de débris organiques
72 r. jeannel et e.-g. racovitza
laissés par les visiteurs : paille, bois, papiers, excréments, etc.
Les piliers stalagmitiques sont les lieux d' élection des Ara-
néides qui y tissent leurs maigres toiles. Xenobythus Serullazi
Peyerimh. et les Ohernetes se tiennent sous les pierres ; les
Collemboles abondent sur les débris de bois. Mais l'animal le
plus répandu, et en même temps extrêmement commun, est un
Trichoniscus, le T. (Alpionîscus) dispersus Raco que Sainte-
Claire Deville (1902, p. 706) désigne à tort sous le nom
de T. roseus, car il appartient à un groupe très différent,
Ce Crustacé ronge tous les débris organiques ; je l'ai observé en
train de brouter des vieux papiers et des fragments de carton
détrempés ; il ne dédaigne cependant ni le bois pourri, ni les
excréments ou les cadavres de ses confrères. Sa présence dans
la grotte en grand nombre, et depuis fort longtemps, est attestée
par le nombre prodigieux de ses crottes cylindriques très carac-
téristiques. Ces crottes recouvrent les parois de presque toutes
les galeries d'une couche presque continue et, comme les maté-
riaux qui les composent doivent être très fixes, elles persistent
d'autant plus facilement dans ce milieu peu favorable aux dé-
compositions et aux destructions du monde épigé. De plus
elles sont engluées au fur et à mesure parle dépôt des concrétions
stalagmitiques et subissent ainsi une véritable fossilisation.
J'ai pris un certain nombre de T. (Alpioniscus) dispersus
vivants et je les ai fort longtemps observés en captivité ; je
décrirai ailleurs comment ils se sont comportés.
Racovitza.
119. Rhar Khoub?.
Située près de Aine M'serata, à 3 km. ouest de Kàlaa, com-
mune mixte de La Mina, département d'Oran, Algérie. —
Altitude : 400 m. env. — Roche : Calcaire crétacique ? —
Date : 15 décembre 1907.
Matériaux : Coléoptères, Aranéides. — Numéro : 212.
GROTTES VISITÉES 73
C'est une vaste grotte à double issue, qui est encore connue
sous les noms de grotte de Mesrata ou de grotte de Kâlaa;
elle s'ouvre sur la limite des deux communes de La Mina et
de Mascara.
Elle est formée par un double couloir traversant la montagne
de part en part, du sud au nord. L'entrée sud est facilement
accessible et correspond à l'issue naturelle de la caverne ;
Tentrée nord a la forme d'un aven profond de 10 à 15 mètres,
avec cône d'éboulis central, produit par l'effondrement d'une
voûte peu épaisse et certainement postérieur au creusement de la
grotte. Cette caverne n'est donc pas un tunnel creusé par le
trajet d'une rivière souterraine.
Les conditions d'existence que les deux couloirs de la caverne
offrent aux cavernicoles sont très mauvaises. La sécheresse
est complète et le sol est formé d'une épaisse couche de pous-
sière. LTn courant d'air violent et très chaud circule dans
toute la grotte ; aussi la faune troglobie fait-elle défaut.
La partie des galeries qui avoisine l'aven a été le siège d'une
exploitation de phosphates.
Jeannel.
î"
120. Grotte de l'Hôtel de Paris.
Située sous les caves de l'Hôtel de Paris, rue Nationale, à
Constantine, Algérie. — Altitude : 650 m. — Roche : Calcaire
crétacique supérieur. — Date : 1er février 1908.
Matériaux : Myriapodes, Aranéides, Acariens, Isopodes,
Mollusques, Oligochètes. — Numéro : 213.
Au cours de notre campagne de 1906 aux grottes d'Algérie,
dont les résultats ont été consignés dans notre Enumération
de grottes visitées (2e série), nous avions déjà, Racovitza et moi,
séjourné à Constantine, à l'Hôtel de Paris, et nous ne nous dou-
tions certes pas qu'une grotte devait être découverte quelques
mois plus tard sous les caves mêmes de l'hôtel ! C'est en effet au
74 R. JEANNEL ET E.-O. EAOOVITZA
début de 1007 que le mineur Morani, creusant un puits des-
tiné à recevoir un ascenseur, découvrit cette intéressante
petite caverne comparable pour la beauté de ses concrétions
à Dar-el-Oued de la route de Bougie à Djidjelli et renfermant
un lac que l'imagination fertile des journalistes constantinois
peupla de poissons aveugles et... multicolores !
J'ai pu le 1er février 1908, c'est-à-dire un an après la décou-
verte, faire deux visites consécutives dans la grotte. La descente
s'effectuait, non sans danger, dans un puits de 14 mètres de pro-
fondeur au moyen d'échelles si vermoulues que l'une d'elles
s'écroula sous le poids du mineur qui me servait de guide.
La grotte est formée de trois chambres successives. La pre-
mière ou petite grotte possède une voûte très élevée. Un mètre
à peine sépare son plafond du sol des caves de l'hôtel et on se
demande comment les fondations de l'immeuble ont pu être
établies sans déceler l'existence des excavations sous-jacentes.
Ensuite, on descend trois mètres plus bas dans la grande grotte
large de 30 mètres environ dans tous les sens. Sa voûte est peu
élevée ; deux bassins d'eau se trouvent au fond de la salle.
Au nord enfin, deux étroits orifices donnent accès à la troi-
sième chambre dont toute la surface est occupée par un lac
profond d'eau stagnante. Il est probable que toutes les eaux de
la grotte ne sont que les produits de l'infiltration.
Partout les parois sont revêtues de concrétions diversement
colorées par les impuretés de toutes sortes entraînées par l'eau.
Par place le sol est recouvert de stalagmite neigeuse, blanche
et molle, de formation très rapide puisqu'elle avait eu le temps
de se reconstituer entièrement en une année là où elle avait été
détruite par les pas des premiers visiteurs. Dans la petite grotte
enfin, la voûte est entièrement formée de cristallisations gyp-
seuses.
Malgré l'absence de communication visible avec l'extérieur,
la faune de cette grotte était fort riche. Ce fait s'ajoute à
beaucoup d'autres semblables pour réfuter l'assertion si sou-
vent répétée^ que les grottes jsans orifice extérieur accessibles à
CROTTES VISITEES 75
l'homme sont azoïques. Les grottes paraissant closes ne sont
pas des « géodes » complètement isolés ; les fissures du sol
sont le plus souvent suffisantes pour permettre l'immigration
d'une faune cavernicole.
Presque tous les animaux recueillis ont été attirés par les
appâts. Les Aranéides étaient très nombreux dans les anfrac-
tuosités des concrétions stalagmitiques où ils ne tissaient pas
de toile. Des pièges placés dans l'eau des flaques et dans le lac
n'ont donné aucun résultat. Il va sans dire qu'il n'y avait dans
le lac aucun poisson ; je n'y ai trouvé que les cadavres de Lom-
bricides tombés de la voûte et gisant au fond de l'eau.
En quittant Constantine, j'ai gagné la Tunisie où je n'ai mal-
heureusement pas eu le loisir de visiter de grottes. J'ai cepen-
dant eu la bonne fortune de rencontrer à Tunis M. le Dr Alle-
mand Martin qui a bien voulu m'indiquer les grottes suivantes :
1. Grotte de Donga, près de Teboursouk.
2. Grotte du djebel Hallouf, à Souk-el-Khémis.
3. Grottes du Cap Bon. L'une d'elles située à El Aouaria est
une grande caverne à Chauve-Souris.
4. Grotte de Potinville, sur le djebel Kornein, où se trou-
vent des coulées de bitume.
5. Grotte située au bord de la mer dans les f aluns de Potin-
ville.
6. Grotte du djebel Djeloud, à 2 km. de Tunis ; elle est
petite et peu obscure.
Jeannel.
121. Baume obscure.
Située dans la terrasse principale du Baou de Saint-Jeannet,
au-dessus du village, commune de Saint-Jeannet, canton de
Vence, département des Alpes-Maritimes, France. — Altitude :
800 m. env. — Roche ; Calcaire jurassique. — Date : 26 avril
1908.
76 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
L'entrée très étroite est impossible à trouver sans guide ;
elle donne accès à un étroit couloir, long de 46 m. env.,au fond
duquel il y a deux flaques d'eau peu étendues. Le plancher argi-
leux est assez sec et les parois revêtues d'un maigre enduit
stalagmitique, sont également peu humides.
Température de l'eau au fond, ll°o C.
Avec J. Richard, nous avons vainement cherché des êtres
vivants ; Sainte-Claire Deville (1902, p. 701) cite cepen-
dant comme s'y trouvant deux Myriapodes : Devillea tuber
culata Brôl. et Polydesmus Mistrei Brôl.
Racovitza.
122. Baume du Colombier.
(Seconde exploration, voir Biospeologica II, p. 525.)
Située dans le jardin du presbytère du hameau du Colom-
bier, commune de Roquefort, canton du Bar, départe-
ment des Alpes-Maritimes, France. — Altitude : 200 m. env.
— Roche : Calcaire jurassique supérieur. — Date : 27 avril 1908
Matériaux : Collemboles, Myriapodes, Aranéides, Opilioni-
des, Tsopodes, Mollusques. — Numéro 214.
Cette grotte, que j'ai visitée avec le Dr J. Richard, est intéres-
sante à plus d'un titre ; elle est située près de la surface, donc
elle doit avoir une température variable ; elle est traversée par les
racines des arbres et arbustes qui poussent sur son plafond ;
elle est en même temps très humide et entièrement revêtue
d'enduit stalagmitique. On trouve à son intérieur non seulement
des débris végétaux variés mais beaucoup de terre végétale.
Elle présente par conséquent plutôt les conditions d'existences
du domaine endogé que du domaine cavernicole proprement
dit. Aussi dans la faune très abondante qui la peuple, les En-
dogés sont en majorité.
Température de l'air, 13° C, mais je signale une cause d'er-
reur probable ; j'ai pris la température à la fin de notre séjour,
GROTTES VISITÉES 77
et la présence de trois personnes avec trois bougies allumées
dans une si petite cavité a dû certainement élever cette tem-
pérature.
La grotte étant fermée par une pierre, on ne trouve pas de
Chauves-souris ; la nourriture habituelle de ses habitants est
donc purement végétale.
Outre les Aranéides qui tissent des toiles entre les stalac-
tites, il y en a de très petites qui vivent sur les pierres. Des
Polydesmides et des Julides décolorés sont très fréquents sur
les débris de racines. Armadillidium Pruvoti Raco. est très
commun ; c'est une forme endogée bien caractérisée.
Racovitza.
123. Grotte de Bédeilhac.
(Seconde exploration, voir Blospeologlca Vf, p. 356.)
Située à cinq minutes de la commune de Bédeilhac-et-Aynat,
canton de Tarascon, département de l'Ariège, France. — Alti-
tude : 638 m., d'après Martel. — Roche : Calcaire du crétacique
inférieur. — Date : février 1908.
Matériaux : Coléoptères, Aranéides, Opilionides. — Numéro :
215.
En août 1906, lors de ma première visite à Bédeilhac des
bandes nombreuses de Speonomus pyrenaeus Lesp. (Coléoptère)
grouillaient sur le sol dans toute l'étendue de la grotte ; en février
1908, mois d'habitude bien plus favorable aux récoltes de Sil-
phides, les Speonomus avaient disparu au point qu'il a fallu
trois heures de laborieuses recherches pour en recueillir quatre
individus.
Jeannel.
124. Grotte de Sabart.
Située à la pointe nord-est du mont Cap de Lesse, sur la rive
droite du débouché du torrent deVicdessos, commune et can-
78 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVTTZA
ton do Tarascon, département dcl'Ariège, France. — Altitude :
605 m. — Boche : Calcaire crétacique.
Date : février 1908. — Matériaux : Coléoptères, Thysanoures,
Myriapodes, Amphipodes. — Numéro : 216.
Date : 21 septembre 1908. — Matériaux : Coléoptères, Col-
lemboles, Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Isopodes, — -
Numéro : ZMZ.
Cette caverne, encore connue sous le nom de grotte de Poun-
chut, fait partie du même système hydrographique que les
deux grandes grottes de Lombrive et de Niaux. Elles ont été
l'objet d'une étude récente de Martel (1908 a) et je renvoie
pour tous détails à ce travail où on trouvera un plan de
Sabart levé par J. Fauveau, inspecteur-adjoint des forêts, à
Foix, et par ^moi-même au cours de notre exploration de
septembre 1908.
Le développement total de la caverne de Sabart est de 2 kilo-
mètres environ ; elle est formée d'une succesison de salles im-
menses et de galeries spacieuses encombrées par place d'éboulis
énormes. Le couloir d'entrée est occupé par un lac qu'il faut
franchir en suivant une petite chaussée. Le niveau des eaux était
tel en février 1908 que nous ne pûmes le traverser.
Les stalactites sont abondantes surtout dans les galeries pro-
fondes ; l'humidité est grande partout et il existe même en
plusieurs endroits des gours pleins d'eau. Mais ce qui manque
dans cette grande grotte c'est la nourriture pour les cavernicoles.
Pas de Chauves-souris, pas de débris végétaux entraînés sous
terre ; le sol est partout d'une propreté parfaite. C'est d'ail-
leurs chose fréquente dans les grandes cavernes où les ani-
maux se tiennent étroitement localisés dans de petits* espaces
souvent fort difficiles à découvrir et séparés par de véritables
déserts absolument azoïques.
D'après Martel la température est de 10° C pour l'air dans
la grande salle et de 10° 3 C pour l'eau des flaques.
Une grande partie des animaux recueillis ont été trouvés sous
GROTTES VISITÉES 79
des débris de papier dans la partie la plus déclive de la grande
salle ; là se tenaient de nombreux Antrocharis Querilhaci Lesp.
(Coléoptère). Quelques Opilionides ont été pris sous les pierres
et les Collemboles se trouvaient çà et là, errants sur les rochers
éboulés. En février enfin j'ai recueilli un exemplaire du Speo-
nomus pyrenaeus Lesp. (Coléoptère) sur les bords du lac de la
galerie d'entrée.
Jeannel.
125. Grotte de Portel.
(Nouvelles explorations, voir Biospeologica VI, p. 392 et 407.)
Située sur la crête du Plantaurel, à 200 m. à l'est de la route
de Foix à Varilhes, dans la commune de Loubens, canton de
Varilhes, département de l'Ariège, France. — Altitude : 520 m.
env. — Roche : Calcaire crétacique.
Date : février et mars 1908. — Matériaux : Coléoptères,
Diptères, Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Chernetes (Don
du Dr Normand), Isopodes. — Numéro : 217.
Date : 16 juillet 1908 et jours suivants. — Matériaux : Co-
léoptères, Opilionides, Isopodes. — Numéro : 226.
Date : 1er novembre 1908. — Matériaux : Acariens. —
Numéro : 243.
Depuis la découverte des peintures paléolithiques, le 6 mars
1908, j'ai eu maintes fois l'occasion de faire dans cette grotte
de longues visites ; j'y ai même séjourné, huit jours consécutifs
en juillet 1908 et j'ai pu faire à cette occasion les quelques
observations suivantes.
La composition numérique de la faune cavernicole subit des
fluctuations continuelles et spéciales à chaque espèce. C'est ainsi
qu'en juillet les Antrocharis faisaient complètement défaut
tandis qu'ils abondaient en mars et en septembre ; en novembre,
j'ai recueilli six Aphaenops en quelques minutes mais je n'en
80 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
avais pas vu un seul pendant mon séjour en juillet et en
mars.
Nos longues et fréquentes visites dans la grotte, le bruit qui
s'y faisait, la lumière de l'acétylène eurent vite fait de modifier
la composition de la faune. Deux espèces de Coléoptères sem-
blent avoir disparu depuis qu'on visite les peintures, ce sont le
Baihysciola nitidula Norm. et Y Ano-phthalmus Vulcanus Ab.
Il est vrai que les quelques pierres sous lesquelles se prenait
ce dernier en hiver sont juste devant le « panneau des
Bisons ».
Enfin, j'ai pu faire deux remarques que je tiens à noter ici :
Il existe dans l'extrême fond de la caverne une salle où j'ai
pu me glisser en brisant les stalactites qui en obstruaient entiè-
rement l'entrée. Cette salle terminale abrite une véritable cité
de Blaireaux. Dans leurs tanières gisaient des débris d'oiseaux
dévorés et des excréments frais ; les parois calcaires et le sol
argileux de la salle étaient couverts des empreintes de pattes
et des stries des griffes de ces animaux.
D'autre part, dans la troisième galerie peinte, ou galerie d^s
Bisons, dont l'entrée très étroite, est rétrécie par des forma-
tions stalagmitiques évidemment contemporaines des peintures,
l'argile du sol montre sous les voûtes basses d'énormes em-
preintes de griffes et même de pattes qu'il n'est pas possible
d'attribuer à un autre animal qu'à un Ours. 11 ne s'agit évidem-
ment pas là de formes de corrosions, pas plus que pour les
griffes de Blaireaux de la salle terminale, et si l'on considère
la dimension de ces empreintes, si l'on évalue l'âge des concré-
tions qui ferment la galerie et si l'on sait de quelle façon de
semblables traces peuvent se conserver sous terre, on est bien
forcé d'admettre comme très vraisemblable l'opinion de
MM. Cartailhac et Breuil, que ces empreintes de pattes et
de imffes «ont celles d'un Ursus spelaeus.
Jeannel.
GROTTES VISITÉES 81
126. Grotte de Capètes.
(Seconde citation, voir Biospeologica VI, p. 410.)
Située dans la forêt communale de Freychenet, canton de
Foix, département de PAriège, France. — Altitude : 1300 m.
env. — Roche : Calcaire d'âge indéterminé. — Date : 15 mai
1908.
Matériaux reçus de M. J. Fauveau, de Foix : Coléoptères,
Diptères (larves), Collemboles, Myriapodes, Aranéides, Cher-
nètes, Acariens, Isopodes. — Numéro : 218.
127. Grotte de la Planche.
Située au hameau du même nom, dans la commune de
Baulou, canton de Varilhes, département de l'Ariège, France.
— Altitude : 400 m. env. — Roche : Calcaire crétacique. —
Date : été 1907.
Matériaux reçus de M. le Dr Normand : Coléoptères, Cher-
nètes. — Numéro : 219.
128. Grotte de Sainte-Marie.
Située à 1 km. au nord-ouest de rétablissement thermal
de la Preste, commune de Prats-de-Mollo, canton de Prats-
de-Mollo, département des Pyrénées-Orientales, France. —
Altitude : 1250 m. env. — Roche : Calcaire du carbonifère
inférieur (?).
Date : 22 mai 1908. — Matériaux : Coléoptères (avec larves),
Diptères, Collemboles, Myriapodes, Scorpionides, Aranéides,
Acariens, Isopodes, Copépodes, Oligochètes, Rotifères, Néma-
todes, Champignons. — Numéro : 220.
Date : 10 décembre 1908. -- Matériaux : Coléoptères (avec
82 R, JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
larves), Diptères (avec nymphes), Collemboles, Myriapodes,
Aranéides, Amphipodes, Mollusques. — Numéro : 253.
Des mineurs ont découvert cette grotte en suivant un filon
de cuivre. Elle est formée par un couloir, de hauteur d'homme,
horizontal sur une quinzaine de mètres, aboutissant à une
bifurcation qui conduit également vers l'extérieur. Ensuite un
puits de 10 m. garni d'échelles, permet d'atteindre un couloir
de 10 m. qui se termine dans une cavité irrégulière de 10 m.
de diamètre sur une hauteur égale. Cette cavité, à murs cou-
verts d'enduits stalagmitiques est probablement la seule natu-
relle, les autres parties ont été certainement remaniées et
peut-être entièrement creusées par les mineurs.
Au fond de la cavité naturelle des stalactites nombreuses
ornent le plafond et des gours remplis d'eau occupent une
partie du plancher. L'eau suinte et ruisselle partout, et les
dépôts calcaires s'effectuent si rapidement que beaucoup de
morceaux de bois récents sont recouverts d'enduit stalagmi-
tique.
Température de l'air au fond 10° C ; température de l'eau
au fond 9°5 C.
Pas de Chauves-souris, ni de guano ; la nourriture des habi-
tants de la grotte est fournie par les dépôts considérables de
débris ligneux, restes des substances inflammables ayant servi
aux visiteurs et mineurs pour s'éclairer.
Cette grotte est une des plus peuplées que nous connais-
sions, mais l'aspect général de la faune indique plutôt une po-
pulation de Troglophiles et Endogés qu'une réunion de Troglo-
bies.
Dans les couloirs d'entrée, on traverse des nuages de Culi-
cides ; ensuite la population se raréfie jusqu'à la salle du fond
où elle est aussi riche que variée. Un Belisarius Xambeui Si-
mon, petit Scorpion aveugle et très agile fut découvert sous
une pierre. Speonomus Delarouzeei Fairm. court en nombre
sur toutes les parois, mais fourmille littéralement sur les frag-
GROTTES VISITÉES 83
ments ligneux en compagnie de grands Collemboles blancs et
de Copépodes (1).
Des pêches au filet fin dans l'eau des gours ne nous a rien
donné ; les Copépodes ne s'y tiennent pas ; ils préfèrent habi-
ter l'écorce des fragments de branchages, détrempés il est
vrai, mais non immergés. Les larves du Speonomus Delarouzeei
Fairm. abondaient en décembre dans les débris de bois et
dans l'humus qui remplit les petits gours à sec.
La Salamandra maculosa fréquente cette grotte car nous
avons trouvé dans les gours des larves très décolorées de cette
espèce.
Jeannel et Racovttza
129. Puits du Beausset.
Situé dans la propriété de M. H. Sietti, pharmacien au
Beausset, canton du Beausset département du Var, France. —
Altitude : 150 m. env. — Boche : Calcaire crétacique supérieur.
— Date : été 1907.
Matériaux reçus de M. H. Sietti : Coléoptères, Amphipodes,
Planaires. — Numéro : 221.
13Ô. Grand puits de Bicêtrer
Situé dans l'hospice de Bicêtre, au Kremlin-Bicêtre, canton
de Villejuif, département de la Seine, France. — Altitude :
tiO m. env. — Roche : Calcaire grossier du Lutétien. — Date :
28 juin 1907.
Matériaux : Amphipodes. — Numéro : 222.
C'est un ancien puits de 68 mètres de profondeur sur 10 mè-
tres de diamètre qui est devenu très insuffisant pour les besoins
(1) D'après notre collaborateur K. Graeter, ce seraient : Cantliocamptus Zschokei et 0. pyg-
imeus.
AROH. DE ZOOL. EXP. ET GÊN. — 5" SÉRIE. — T. V. — yil). 7
84 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
de l'hospice et qui a été abandonné. Au temps où Bicêtre était
prison, on y puisait l'eau au moyen d'une extraordinaire
machine à laquelle on attelait les prisonniers et dont il reste
encore aujourd'hui quelques vestiges.
On descend au fond du puits par une succession d'échelles
de fer assez peu solides et on prend pied sur une sorte de
plancher établi sur des solives, au-dessus de l'eau. La profon-
deur de l'eau ne dépasse pas deux mètres. Les pièges que j'ai
placés au fond du puits ont été remontés absolument pleins de
Gammarides.
Jeannel.
131. Grotte des Combarelles.
Située dans la commune des Eyzies de Tayac, canton de
Saint-Cyprien, département de la Dordogne, France. —
Altitude : 100 m. env. — Roche : Calcaires crétaciques supé-
rieurs. — Date : juin 1908.
Matériaux reçus de M. l'abbé H. Breuil : Coléoptères, Col-
lemboles, Aranéides, Opilionides, Acariens. — Numéro : 223.
132. Grotte de Férobac.
(Troisième exploration, voir Biospeologica VI, p. 351 et 406.)
Située dans les bois de Hêtres du château de Nescus, à La-
bastide-de-Sérou, département de l'Ariège, France. — Alti-
tude : 550 m. env. — Roche : Calcaire d'âge indéterminé. —
Date : 15 juillet 1908.
Matériaux : Coléoptères, Thysanoures, Myriapodes. —
Numéro : 224.
11 m'a été impossible de retrouver des Speononius Xor-
niandi Jeann. ; par contre les Antrocharis Querilhaci Lesp.
étaient aussi nombreux que d'habitude.
Jeannel.
GROTTES VISITÉES 85
133. Grotte de la Garosse.
(Deuxième exploration, voir Biospeologica VI, p. 'ôi4.)
Située sur la rive droite de l'Arize, à une heure du village
de Labastide-de-Sérou, canton de Labastide-de-Sérou, dépar-
tement de FAriège, France. — Altitude : 575 m. env. —
Roche : Calcaire d'âge indéterminé. — Date : 15 juillet 1908.
Matériaux : Coléoptères, Hémiptères (Aphides), Collem-
boles, Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Isopodes. — Nu-
méro : 225.
Jeannel.
134. Rivière souterraine de Sarguet.
Située sous le col du Portel, dans la base du Plantaurel ;
son entrée se trouve sur la commune de Baulou, la sortie sur
celle de Loubens, toutes deux dans le canton de Varilhes,
département de l'Ariège, France. — Altitude : 470 m. env. —
Roche : Calcaire crétacique. — Date : 16 juillet 1908.
Matériaux : Coléoptères, Névroptères, Collemboles, Myria-
podes, Opilionides, Isopodes. — Numéro : 227.
C'est un tunnel long de 300 mètres environ et traversé par
un ruisseau qui occupe presque partout la largeur totale de la
galerie. Le Plantaurel au col de Portel est formé de strates cal-
caires presque verticalement redressées entre lesquelles s'éten-
dent, parallèlement à l'axe de la montagne, les galeries de la
grotte de Portel. Le tunnel de Sarguet passe au-dessous de ces
galeries et perfore le Plantaurel normalement aux bancs cal-
caires redressés, du sud au nord.
En amont le ruisseau qui a pris sa source près de Baulou, se
perd pendant quelques mètres pour réapparaître dans un pré
et pénétrer dans la montagne par une belle arcade masquée par
la végétation. Le cours souterrain est facile à suivre pendant
86 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
50 mètres environ, mais au delà il forme un lac profond qui
barre le passage. Je n'ai pas tenté de traverser le tunnel,
chose facile, paraît-il , et qui a déjà été faite maintes fois lors des
travaux d'aménagement du moulin de Sarguet installé sur
la sortie du ruisseau.
C'est dans les 50 premiers mètres d'amont de la rivière sou-
terraine, où pénètre encore la lumière du jour, que j'ai effectué
mes récoltes.
La rivière souterraine de Sarguet doit être considérée comme
le dernier émissaire d'un lac aujourd'hui entièrement vidé
qui se trouvait à l'amont de la barre calcaire que forme le
Plantaurel au col de Portel. Il est même bien probable que la
grotte de Portel elle-même n'a été qu'un émissaire plus ancien
de ce lac. Les marmites sont nombreuses sur les voûtes des gale-
ries du Portel, témoins de l'action des eaux courantes, et le fond
actuel de la caverne correspond très vraisemblablement à ce
qui en était autrefois l'entrée principale, aujourd'hui refermée
et colmatée.
Ce lac du Portel a dû exister aux époques glaciaires, mais il ne
paraît pas prouvé que les glaces aient recouvert le Plantaurel
pendant les grandes transgressions. M. le professeur H. Ober-
maier, a qui j'ai eu l'honneur de faire visiter récemment la
grotte de Portel, ne croit pas que les stries observées par
M. Cartailhac au bord de la route dans le hameau de Portel
soient d'origine glaciaire.
Jeannel.
135. Goueil di Her.
Situé à trois quarts d'heure du village d'Arbas, canton
d'Aspet, département de la Haute-Garonne. France. — Alti-
tude : 480 m. env. — Roche : Calcaire liasique. — Date : 2.'i juillet
1908.
GROTTES VISITEES 87
Matériaux : Coléoptères, Collemboles, Myriapodes, Isopodes.
Numéro : 228.
C'est en accompagnant la mission E.-A. Martel, chargée
par M. le Ministre de l'Agriculture de l'étude hydrologique
du sous-sol des Pyrénées françaises, que j'ai eu l'occasion de
visiter les grottes du massif d'Arbas et celles du ravin de Kha-
khouéta. Je me bornerai donc à relater ici ce qui a trait à la
biologie des Cavernicoles. Martel, dans une brève note à
l'Académie des Sciences (1909, p. 1169), vient d'ailleurs de
donner les principaux résultats de notre exploration hydrolo-
gique du sous-sol d'Arbas.
Toutes les grottes des environs d'Arbas et plus particulière-
ment celles du Mail de Pène-Blanque sont bien connues depuis
longtemps, grâce aux explorations de E. Filhol, Dr E. Jean-
bernat et E. Timbal-Lagrave (1874, p. 367 à 477, pi. II à
IV) ; les anciens guides Joanne (1882, p. 389-393) en donnent
de tels détails qu'on s'étonne un peu que E.-A. Martel ait
pu dire que les cavernes de Pène-Blanque étaient « presque
entièrement inconnues ».
Le Goueil di Her (la source du fer) est une grotte longue de
125 m. env., en forme de long siphon, dont la partie la plus
déclive est à 15 m. en contre-bas de l'entrée et qui sert de trop
plein intermittent aux sources qui alimentent le ruisseau de
Gourgue. Pendant les périodes d'activité l'eau circule à plein
canal dans la grotte sous une pression hydrostatique formi-
dable et en jaillit avec violence. Filhol, Jeanbernat et Tim-
bal-Lagrave (1874, p. 467) insistent sur ces propriétés inter-
mittentes du Goueil di Her.
De grandes masses d'argile recouvrent le sol, les parois et
même la voûte dans toute la grotte qui se trouve entièrement
inondée pendant les périodes de crues. Aussi, je ne m'attendais
nullement à y trouver une faune cavernicole aussi riche.
Tous les Animaux recueillis paraissent être de véritables
Troglobies ; tous ont été trouvés errant sur les bancs d'argile.
88 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
C'est ainsi que j'ai pu recueillir deux espèces d'Aphaenops
(A. Ehlersi Ab. et A. Proserpina Jeann.), de grands Collem-
boles, des Trichoniscides. et enfin des Diplopodes certainement
cavernicoles.
Jeannel
136. Grotte de Gourgue.
Située près de la précédente, en haut d'un champ, sur la rive
droite du ruisseau de Gourgue, commune d'Arbas, canton d'As-
pet, département de la Haute-Garonne, France. — Altitude :
500 m. env. — Roche : Calcaire liasique. — Date : 23 juillet
1908.
Matériaux : Coléoptères, Collemboles, Thysanoures, Myria-
podes, Aranéides, Opilionides, Acariens, Chernètes, Isopodes.
— Numéro : 229.
C'est la « grotte du Camp » de Martel. Filhol, Jeanbernat
et Timbal-Lagrave (1874, p. 467) s'expliquent à son sujet
en ces termes : « Cette grotte est absolument dépourvue d'in-
térêt et nous ne la mentionnons que pour mémoire, et aussi
pour que les futurs explorateurs qui marcheront sur nos traces
se le tiennent pour dit. Elle ne consiste qu'en une sorte de cavité
de 2 mètres de profondeur à peine, creusée dans une brèche
oolithique fétide, et dont le plancher constamment humecté
par des suintements n'est qu'un cloaque boueux. »
Nous avons fait la même constatation que les savants tou-
lousains, mais ce cloaque boueux sans intérêt pour le paléonto-
logiste ou l'hydrologiste renfermait une faune d'une grande
richesse. Pour ne parler que des Silphides, il n'y avait pas moins
de trois espèces de Bathysciola (B. ovata Kiesenw., B. Schiœdtei
Kiesenw., B. lapidicola Saulcy) dans les feuilles mortes et les
débris végétaux qui recouvraient le sol.
Jeannel,
GROTTES VISITEES 89
137. Grotte du Pount de Gerbaou.
Située à 100 m. au-dessus de la Planère de Pey-Juan, com-
mune d'Arbas, canton d'Aspet, département de la Haute-
Garonne, France. — Altitude : 1080 m. env. — Boche. : Cal-
caires urgo-aptiens. — Date : 26 juillet 1908.
Matériaux : Coléoptères. — Numéro : 230.
Le Pount de Gerbaou (Filhol, Jeanbernat et Timbal-
Lagrave, 1874, p. 379), et non « Pount d'Ech Erbaou »
(Martel, 1909, p. 1170) est un pont naturel, reste de l'effon-
drement partiel d'une grotte au-dessus d'un gouffre profond.
Sous l'arche de ce pont s'ouvre un étroit orifice qui donne
accès à une petite chambre sèche et pleine de cailloux. C'est là
qu'après de longues recherches je suis parvenu à trouver un
individu du Speonomus injemus Dieck, connu seulement jus-
qu'alors de Lestelas et des grottes de Saleich.
Le trou souffleur ou Buhadé de Candil qui se trouve au-
dessous de la Planère de Pey-Juan, à 885 m. d'altitude est cité
par Filhol, Jeanbernat et Timbal-Lagrave (p. 377) et ces
auteurs supposent que son orifice est une des bouches d'aérage
du gouffre de Gerbaou.
Près de la Planère de Pey-Juan, sur le revers méridional du
mail de Pène-Blanque, s'ouvre la Tuto de las Spigos de
Couanca, d'après Filhol, Jeanbernat et Timbal-Lagrave
(p. 378 et 467); nous ignorions l'existence de cette caverne.
Jeannel.
138. Grotte de Pène-blanque.
Située sur le revers septentrional du Mail de Pène-Blanque,
commune d'Arbas, canton d'Aspet, département de la Haute-
Garonne, France. — Altitude : 925 m. env. — Roche : Calcaires
f)0 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZa
urgo-aptiens reposant sur les calcaires jurassiques. — Date. :
25 et 27 juillet 1908.
Matériaux : Coléoptères, Collemboles, Myriapodes, Opilio-
nides, Ixodes, Oligochètes. — Numéro : 231.
Cette grotte a été fouillée avec soin par Filhol, Jeanbernat
et Timbal-Lagrave (1874, p. 471). Elle présente un intérêt
considérable au point de vue hydrologique et sera l'objet d'une
étude approfondie de la part de Martel. Je dirai seulement
qu'elle présente au point de vue œcologique deux régions bien
distinctes.
Dans toute la galerie qui fait suite au vestibule d'entrée,
galerie longue de 200 m. environ, large, mais souvent fort
basse et n'ayant la plupart du temps guère plus d'un mètre
d'élévation, le sol est argileux, humide, les suintements sont
abondants, la stalagmite forme de belles coulées, mais la faune
est très pauvre en raison du violent courant d'air qui y fait
rage. Les seuls animaux qu'on y rencontre sont de rares Col-
lemboles, les seuls troglobies qui ne paraissent guère incom-
modés par l'agitation de l'air. Cette première région, presque
azoïque, cesse là où l'on doit contourner avec précautions l'ori-
fice d'un abîme qui occupe toute la largeur de la galerie.
Au delà commence une série de salles vastes et irrégulières,
à plafond parfois très élevé et dont le sol est percé d'abîmes
profonds. Ici l'air est immobile et on rencontre une faune
cavernicole véritable assez riche. La nourriture est rare cependant
dans ces grandes salles et les Chauves-souris y font défaut.
Une série d'appâts placés dans les endroits les plus humides
de la caverne m'ont permis de prendre de nombreux Diplopodes
(Typhloblaniulus), des Collemboles, des Coléoptères (Aphae-
nops Cerberus Dieck). Les Opilionides ont été trouvés sous les
pierres reposant sur l'argile ; quant aux Oligochètes ils étaient
abondants dans la terre entraînée dans la grotte par un point
d'absorption.
Jeannel.
GROTTES VISITEES 91
139. Hount des Héretchos.
Située près de la cascade d'Arbas, au pied du massif du Mail
de Pène-Blanque, commune d'Arbas, canton d'Aspet, départe-
ment de la Haute-Garonne, France. — Altitude : 760 m. env.
— Roche : Calcaires jurassiques, reposant sur des schistes
sériciteux probablement liasiques. — Date : 29 juillet 1908.
Matériaux : Larves de Diptères (Mycetophilides), Myria-
podes. — Numéro : 232.
Hount des Héretchos (ce qui veut dire la source des Frênes),
et non Hount de Ros Hechos (Martel, 1909, p. 1170), est
une source pérenne constituée par une courte galerie au fond
de laquelle se trouve un bassin d'eau alimenté par siphonne-
ment. Dans la paroi droite de la galerie s'ouvre une cheminée,
de 10 m. de hauteur environ, qui m'a permis de gagner une
petite chambre supérieure complètement obscure et communi-
quant par des fentes étroites avec des cavités plus profondes.
C'est dans cette petite chambre que j'ai recueilli sur les
stalactites quelques Myriapodes (Typhloblaniulus) et des
larves de Diptères tisseuses du groupe des Mycetophilides.
Jeannel.
140. Poudac gran.
Situé à l'est de la précédente, sur les flancs du massif du
Mail de Pène-Blanque, commune d'Arbas, canton d'Aspet,
département de la Haute-Garonne, France. — Altitude :
800 m. env. — Boche : Calcaires jurassiques. — Date : 29 juillet
1908.
C'est une belle grotte à stalactites, assez vaste, dans laquelle
L. Rudaux et L. Jammes sont descendus au moyen de 12 mè-
tres d'échelle de corde. Elle contient un petit lac et paraît
92 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
devoir offrir les meilleures conditions possibles d'existence à
une faune cavernicole.
Aucun animal n'y a été recueilli, mais il serait désirable
que de minutieuses recherches soient effectuées dans cette
grotte qui pourrait bien présenter une faune différente de celle
de Pène-Blanque.
Jeannel.
141. Grotte de la Poujade.
Située dans la propriété de la Poujade, commune de Millau,
canton de Millau, département de l'Aveyron, France. —
Altitude : 430 m. env. — Roche : Calcaire du jurassique moyen.
Date : 1er août 1908. — Matériaux : Coléoptères, Thysanoures.
Collemboles, Myriapodes, Chernètes, Isopodes, Oligochètes. —
Numéro : 233.
Date : 18 avril 1909. — Matériaux : Coléoptères, Thysa-
noures, Collemboles, Myriapodes, Chernètes, Acariens, Isopodes,
Mollusques, Oligochètes, Nématodes, Champignons. — Nu-
méro : 257.
Cette grotte est parcourue par un ruisseau intermittent et
n'est que le trop-plein de sources pérennes qui se jettent plus
bas dans la Dourbie ; Martel (1894, p. 212) en publia la des-
cription accompagnée d'un plan. Les eaux étant hautes, nous
n'avons pas pu visiter le couloir du fond. Nous avons exploré
seulement la grande galerie qui s'étend sensiblement en ligne
droite du sud au nord sur une longueur de 150 m. env. avec une
largeur de 10 à 20 m. et une hauteur de 10 m. Deux grands
massifs d'éboulis complètement recouverts et cimentés par
la stalagmite occupent une partie de la salle. Le ruisseau qui
coulait très fort lors de nos visites avait déposé plusieurs bancs
de sable. Les suintements sont très abondants partout et les
concrétions se forment activement.
Sur les bancs de sables on peut observer facilement la nais-
sance des stalagmites non enracinés, concrétions assez rares
GROTTES VISITÉES 93
pouvant acquérir de grandes dimensions quand le banc de sable
ou d'argile sableuse est très ancien, ce qui n'est pas le cas dans
la Poujade. Quoi qu'il en soit, ces formations commencent
toujours par un trou cylindrique, à fond cupuliforme, que les
gouttes creusent en tombant du plafond ; ensuite les parois
du trou se revêtent de calcaire lisse, tandis que la masse de
sable environnante se cimente en lames plus ou moins horizon-
tales reproduisant une fausse stratification. Finalement, les
petites cupules devenant de plus en plus étanches se remplis-
sent de calcaire et à la place d'un creux, il se forme une masse
conique qui augmente de plus en plus, surtout en hauteur.
Les périodes de crues du ruisseau sont très irrégulières.
Voici les renseignements que nous donna à ce sujet M. Château,
l'aimable propriétaire de la grotte :
Le ruisseau coula depuis le mois d'août 1904 jusqu'au mois
d'octobre 1905. Il ne coule plus jusqu'au 8 octobre 1907, date
de grandes inondations. Il coule jusqu'en juillet 1908. Il cesse
de couler pendant sept mois et ne commence à fournir de l'eau
que le 12 mars 1909.
La température de l'air au fond de la grande salle est 1 1°5 C,
Martel trouva 12°3 C. La température de l'eau au fond,
au siphon, nous donna 1 1°C. et à Martel 1 1°5 C. La température
du ruisseau à la sortie de la grotte était de 11°1 C.
Il n'y a pas de Chauves-souris dans la grotte et pas de guano,
mais beaucoup de débris ligneux. Un très grand Chernète est
assez commun ; un exemplaire apporté vivant fut élevé en
captivité avec les T rechus Mayeti Ab. qui habitent la même
grotte ; non seulement il n'attaqua jamais ces Coléoptères
mais il en avait très peur ; les Tr échus lui couraient sur le corps
et ne prêtaient pas la moindre attention à sa présence.
Des Oligochètes vivent dans les bancs de sable mais seule-
ment là où des fragments ligueux sont enfouis. On est frappé
par de petits amas bruns foncés qui tachent la surface claire
du sable pur ; ce sont des accumulations de crottes caractéristi-
ques de Vers de terre. La couleur de ces déchets provient du
94 R, JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
bois pourri que ces Annélides ont ingéré ; il suffit de creuser
un peu sous l'amas de crottes pour trouver l'animal tout
contre le fragment ligneux sur lequel s'exerce son industrie.
Jeannel et Racovitza.
142. Grotte du deuxième trou au sud de la cascade de Khakhouèta.
Située sur la rive droite du ravin de Khakhouèta.. à 30 m. env.
en amont de la cascade, dans la commune de Sainte-Engrâce,
canton de Tardetz-Sorholus, département des Basses-Pyré-
nées, France. — Altitude : 520 m. env. — Roche : Calcaire séno-
nien reposant en discordance sur les calcaires carbonifères. —
Date : 12 août 1908.
On accède à cette grotte par une pente de tuf très raide au
sommet de laquelle on atteint l'orifice d'entrée au moyen
d'une échelle rigide de 7 mètres. Puis une montée très abrupte,
suivie d'une descente de 25 mètres d'échelle de corde le long
d'une paroi recouverte de mondmilch permettent de parvenir
dans le fond d'un abîme évidemment en communication avec
le grand gouffre de Heylé ouvert sur le plateau à 400 m. envi-
ron plus haut.
J'ai placé des appâts dans ce fond d'abîme, mais ils n'ont
attiré aucun être vivant. L'absence de faune dans les nom-
breuses cavités de la rive droite du ravin de Khakhouèta s'op-
pose étrangement à la richesse en cavernicoles de la grotte dite
de Khakhouèta qui s'ouvre sur la rive gauche. Celle-ci, en
effet est une grotte horizontale, sans courant d'air, renfermant
des nappes d'eau tranquille, tandis que toutes les grottes que
j'ai visitées sur la rive droite sont des fonds d'abîmes verticaux,
en relation évidente avec des torrents souterrains actifs, par-
courus par des courants d'air souvent très violents et offrant
par suite de très mauvaises conditions d'habitat à la faune
cavernicole,
Jeannel
GROTTES VISITÉES 95
143. Grotte voisine de la Cascade de Khakhouèta.
Située sur la rive droite du ravin de Khakhouèta, entre la
cascade et la grotte précédente, à 10 m. à peine en amont de la
cascade, commune de Sainte-Engrâce, canton de Tardetz-
Sorholus, département des Basses-Pyrénées, France. — Alti-
tude : 520 m. env. — Roche : Calcaires sénoniens, en discor-
dance sur les calcaires carbonifères. — Date : 13 août 1908.
Matériaux : Hyménoptères, Isopodes. — Numéro : 234.
Une échelle extensible de 10 m. est nécessaire pour atteindre
le petit orifice de 0 m. 25 sur 0 m. 40, par où on pénètre labo-
rieusement dans la grotte. Celle-ci est formée par un couloir
de largeur variable, montant en pente raide jusqu'au fond
d'un abîme grandiose. Est-ce encore le gouffre de Heylé ?
Partout l'humidité est grande et il souffle du fond vers l'exté-
rieur un courant d'air d'une telle violence que le bruit qu'il
faisait nous fit croire d'abord à la proximité de la cascade de
Khakhouèta dont nous espérions atteindre le cours souterrain.
Les nombreuses stalactites de la grotte présentent une remar-
quable déviation de la verticale ; il ne faut pas confondre ces
stalactites déviées avec les stalactites excentriques décrites
par Martel et dont les parois de presque toutes les grottes
de l'Ardèche sont couvertes. Ces dernières se forment dans
tous les sens et indépendamment des lois de la pesanteur ; les
stalactites déviées de Khakhouèta, au contraire, obéissent aux
lois de la pesanteur, mais, lorsqu'elles sont soumises à une couche
d'air en mouvement, elles se dirigent obliquement, suivant la
composante des deux forces du vent et de la pesanteur pour
reprendre quelquefois la verticale, lorsqu'elles atteignent plus
bas une couche d'air immobile. C'est ainsi qu'elles prennent des
formes en baïonnette ou s'étalent en véritables drapeaux au
bout d'une mince hampe, toujours dirigées dans le sens du vent.
Toutes les déviations des stalactites se font vers l'entrée de la
96 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
grotte, là où le vent souffle du dedans vers le dehors, et elles pren-
nent une direction différente seulement là où se forment des
tourbillons.
Malgré le nombre des appâts que j'ai placés dans toute la
grotte, je n'ai pu recueillir qu'un seul exemplaire d'un Tricho-
niscus paraissant cavernicole. Des Hyménoptères, hôtes évi-
demment accidentels, ont été trouvés près de l'entrée. En
somme la faune était presque aussi pauvre que dans la grotte
précédente, et cela pour les mêmes raisons.
Jeannel.
144. Grotte de Khakhouèta.
Située sur la rive gauche du ravin de Khakhouèta, à 100 m.
env. en amont de la cascade, commune de Sainte-Engrâcc,
canton de Tardetz-Sorholus, département des Basses-Pyrénées,
France. — Altitude : 520 m. env. — Roche : Calcaire sénonien,
en discordance sur les calcaires carbonifères. — Date : 12, 13
et 14 août 1908.
Matériaux : Coléoptères, Diptères, Myriapodes, Isopodes,
Oligochètes. — Numéro : 235.
Un lac d'eau limpide sépare la grotte en deux régions bien
distinctes : en avant du lac s'étend une galerie éclairée par la
lumière du jour, parcourue par le torrent qui s'écoule du lac
dans le ravin de Khakhouèta et visitée par les touristes ; on
y trouve aussi un étroit boyau obscur et sec ; au delà du lac
se trouve une deuxième région formée de salles complètement
obscures et rarement visitées. Le développement total de la
grotte est de 100 m. env. ; la température de l'eau du lac est
de 11°5 C.
La galerie d'accès ainsi qu'une salle en contre-bas qui
s'ouvre près de son entrée offrent peu d'intérêt au point de
vue biologique; mais dans le boyau obscur qui s'ouvre à droite
avant d'arriver au lac, ainsi que dans les salles profondes de
GROTTES VISITÉES 97
la caverne, il existe une très riche faune cavernicole. A ma pre-
mière visite j'ai eu la chance de trouver errant sur une stalac-
tite un exemplaire de Speonomus Rudauxi Jeann., espèce
que je n'ai plus retrouvée les jours suivants malgré les appâts
nombreux que j'avais placés. Mais partout abondaient des
Diptères (Phora), des Myriapodes (Lithobius, Typhloblaniulus),
des Trichoniscides. Quant au lac, les pièges que j'y ai placés
n'ont fourni aucun animal aquatique.
Jeannel.
145. Grotte d'Oxibar.
(Troisième exploration, voir Biospeologica II, p. 529 et Biospeologica VI, p. 391.)
Située à proximité de la ferme d'Oxibar, commune de
Camou-Cihigue, canton de Tardetz-Sorholus, département des
Basses-Pyrénées, France. — Altitude : 600 m. env. — Roche :
Calcaire d'âge indéterminé. — Date : 16 et 19 août 1908.
Matériaux : Coléoptères, Collemboles, Myriapodes, Aranéides,
Opilionides, Amphipodes, Isopodes, Gastéropodes. — Nu-
méro : 236.
La grotte était particulièrement humide. La température
de l'eau du gour de la première salle où nageaient des Niphar-
gus est de 9°8 C ; celle du bassin qui se trouve dans l'extrême
fond de la grotte et où se prennent les Aselles est de 10° 4 C.
Jeannel.
146. Grande grotte de Lecenoby.
(Deuxième exploration, voir Biospeologica II, p. 531.)
Située sur le versant nord du pic des Vautours, opposé à celui
où se trouve la ferme de Belhy, sur le territoire de la commune
d'Aussurucq, canton de Mauléon, département des Basses-
Pyrénées, France. — Altitude : 850 m. env. — Roche : Cal-
caires d'âge indéterminé. — Date : 20 août 1908.
98 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Aranéides, Acariens.
— Numéro : 237.
L'exploration a surtout porté sur la partie terminale de la
grande galerie de droite que je n'avais pu atteindre en 1906,
faute de matériel. En laçant une stalagmite au moyen de cordes,
nous avons pu franchir une pente abrupte de 10 à 15 mètres
de hauteur et gagner la salle terminale de la caverne. Celle-ci
aboutit à une cheminée de 30 m. de hauteur environ, qui cor-
respond évidemment à un point d'absorption.
Dans toute la grotte la faune était fort pauvre. Sans appâts,
je n'ai pu prendre aucun Silphide, mais seulement quelques
Diplopodes et un Antisphodrus qui erraient dans des débris
de bois au fond de la grotte. Les Scolopendrella ont été recueillies
en tamisant du terreau près de l'entrée.
Jeannel.
147. Gouffre d'Alçalequy.
Situé à 200 m. au-dessus du thalweg du ruisseau d'Alçay, sur
sa rive gauche, à brève distance d'Ahusquy, dans la commune
d'Alçay, canton de Tardetz-Sorholus, département des Basses-
Pyrénées, France. — Altitude : 600 m. env. — Boche : Calcaire
d'âge indéterminé. — Date : 21 août 1908.
Un large orifice permet de descendre par 7 mètres à pic
dans une vaste salle occupée par une luxuriante végétation
de fougères et de scolopendres du plus pittoresque effet. Dans
cette salle s'ouvrent plusieurs galeries obscures, mais nulle
part il n'existe de faune cavernicole. Les conditions d'existence
semblent pourtant être les mêmes que dans la grotte d'Is-
taùrdy où la faune est si riche.
Jeannel.
GROTTES VISITÉES 99
148. Grotte d'Istaurdy.
(Troisième exploration, voir Biospeologica II, p. 533 et Biospeologica VI, p. 392.)
Située à proximité du Cayolar d'Istaurdy, près d'Ahusquy,
commune d'Aussurucq, canton de Mauléon, département des
Basses-Pyrénées, France. — Altitude : 900 m. env. — Roche :
Calcaire d'âge indéterminé. — Date : 23 août 1908.
Matériaux : Coléoptères, Collemboles, Thysanoures, Myria-
podes, Aranéides, Chernètes, Isopodes. — Numéro : 238.
Je suis allé dans cette grotte dans le seul but d'y rechercher
le Speonomus (Phacomorphus) Mascarauxi Dev. dont un indi-
vidu avait été trouvé quelques années auparavant, en août,
dans le cône d'éboulis, par P. Nadar. Pendant une journée
entière j'ai remué les pierres et tamisé les feuilles mortes et
le terreau de tout le fond d'aven, j'ai fouillé de fond en comble
le cône d'éboulis et je n'ai pas trouvé le moindre S. Mascarauxi.
Les mœurs de ce curieux Silphide restent énigmatiques et je ne
suis pas éloigné de le croire commensal de quelque petit Mam-
mifère à la façon des Leptinus ou de certains Catops.
Enfin, je puis donner les renseignements suivants sur un
certain nombre de grottes des forêts d'Itte et d'Arbailles.
La grotte d'ALÇAY, dont on parle beaucoup dans le pays,
n'existe pas, à moins que ce ne soit l'aven colmaté nommé
LucuL-siLOUA qui se trouve au voisinage d'Oxibar.
L'aven de Lecenoby dont j'ai indiqué la situation dans notre
première Enumération, a une profondeur de 19 mètres.
Autour d'AHUSQUY se trouvent de nombreux gouffres. L'un
d'eux, situé à gauche de la route qui monte à Ahusquy donne
après 15 mètres de descente difficile dans une vaste salle où
aboutissent deux galeries. Il est très probable qu'on trouvera
là une faune cavernicole.
Les grottes des sources de la Bidouze. au moins dans leur
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET~GÊN. — 5« SÉRIE. — T. V. — (JH) 8
100 R. JEANNEL ET E.-G. RA0OV1TZA
partie accessible, sont tellement lavées par l'eau courante qu'il
est difficile d'y admettre l'existence d'une faune.
Jeannel.
149. Grotte des Eaux Chaudes.
(Deuxième exploration, voir Biospeologica II, p. 514.)
Située sur la rive droite du gave d'Ossau, dans la commune
des Eaux-Chaudes, canton de Laruns, département des Basses-
Pyrénées, France. — Altitude : 900 m. env. — Roche : Calcaire
crétacique supérieur. — Date : 27 août 1908.
Matériaux : Collemboles, Myriapodes, Opilionides, Asellides.
Numéro : 239.
Un Asellide a été recueilli dans un petit gour alimenté par
des eaux de suintement et non dans la grande rivière torren-
tielle qui coule dans la grotte.
Jeannel.
150. Grotte de Gargas.
(Troisième exploration, voir Biospeologica II, p. 491 et Biospeologica VI, p. 413.)
Située près du hameau de Gargas, commune de Tibiran,
canton de Saint-Laurent de Neste, département des Hautes-
Pyrénées, France. — Altitude : 520 m. env. — Roche : Calcaire
crétacique inférieur. — Date : 30 août 1908.
Matériaux : Coléoptères, Collemboles, Thysanoures, Myria-
podes, Aranéides, Opilionides, Acariens, Isopodes. — Numéro :
240.
Les Aphaenops sont toujours rares dans la grotte de Gargas.
Toutefois, j'ai pu recueillir quatre exemplaires de VA. cryp-
ticola Lind. sur un morceau de bois, dans l'étroit couloir où se
trouvent les fameuses empreintes de griffes d'ouïs. Les Col-
lemboles et Acariens (Linopodes) étaient nombreux sur les sta-
GROTTES VISITÉES 101
lagmites de la salle des gours et la plupart des autres Tro-
globies ont été recueillis dans la grotte supérieure.
Jeannel.
151. Rivière souterraine de Vernajouls.
Située au lieu dit Labouclie, commune de Vernajouls, canton
de Foix, département de l'Ariège, France. — Altitude : 405 m.
env. — Roche : Calcaire crétacique supérieur.
Date : 20 septembre 1908. — Matériaux : Coléoptères, Nyc-
téribies, Collemboles, Myriapodes, Opilionides, Acariens. —
Numéro : 241.
Date : 2 novembre 1908. — Matériaux : Coléoptères, Né-
vroptères, Trichoptères (tubes), Thysanoures, Aranéides, Opi-
lionides, Acariens, Isopodes, Amphipodes, Oligochètes. —
Numéro : 244.
Date : 11 septembre 1909. — Matériaux : Coléoptères, Dip-
tères, Perlides, Collemboles, Myriapodes, Aranéides, Opilioni-
des, Acariens, Isopodes, Oligochètes. — Numéro : 244 A.
La faune de ces galeries souterraines a été recueillie au
cours de trois visites successives.
Le 20 septembre 1908, M. Jeannel, accompagné de M. Fau-
veau, inspecteur des forêts à Foix, qui lui avait signalé la grotte,
explora la galerie de l'affluent et la galerie aval de la rivière,
mais ne put, faute de bateau, s'avancer dans là galerie amont.
Le 2 novembre 1908, MM. Fauveau, Jeannel, Martel et
Rudaux, remontèrent la rivière dans la galerie d'aval sur une
longueur de 500 m. (Martel, 1908).
Le 11 septembre 1909, MM. Jeannel et Racovitza, accom-
pagnés de M. David, et d'un pêcheur de Foix, visitèrent la
galerie d'amont jusqu'au grand rideau de stalactites qui barre
tout le lit de la rivière.
L'entrée des galeries est une goule (nommée Aigo-Perden)
102 R. JEANNEL ET E.-O. RACOVITZA
qui absorbe le ruisseau Fayal ; une galerie de plus de 200 m.,
spacieuse, sans concrétions, à plancher recouvert de gravier
et bancs de sable, conduit ce ruisseau jusqu\à la rivière souter-
raine qu'il aborde presque à angle droit. En amont de la con-
fluence, la rivière souterraine forme des biefs plus ou moins
longs endigués par des gours à parois arquées au pied desquels,
du côté amont, la profondeur arrive à 3 ou 4 m. ; mais dans
quelques biefs il y a des bas-fonds formés par d'anciens gours
noyés par l'accroissement plus rapide des gours qui limitent
actuellement les biefs. La voûte de la galerie est haute de quel-
ques mètres sauf en deux points où doivent s'amorcer des
siphons en temps de crues. Les parois comme le plafond, por-
tent les signes habituels du creusement tourbillonnaire. Peu
de concrétions jusqu'à une grosse draperie en forme de cloche
qui précède un petit bief dans lequel la rivière se dé verse en une
cascade de 80 cm. Ensuite, vient un autre petit bief, sur la
rive droite duquel on peut aborder pour la première fois, car
dans le reste de la galerie d'amont la rivière occupe tout son lit.
Les concrétions sont ici pour la première fois abondantes ;
elles ferment complètement la galerie et la rivière est forcée de
passer sous un grand massif de stalactites au-dessus duquel est
une salle très ornée de concrétions. Un trou étroit permet de
passer derrière ; la galerie de la rivière continue et l'eau est
d'abord peu profonde mais ensuite le bateau est nécessaire.
Nous n'avons pas poussé plus loin mais on peut continuer encore
au moins pendant 300 m. (Martel, 19C9 et 1909 a), ce qui, avec
les 600 m. env. décrits plus haut, donnerait environ 1 km.
pour la longueur de la galerie d'amont.
La galerie d'aval est accessible sur une distance de 300 m.
env. Elle est très régulière, sans concrétions, à sol formé de
lits de gravier et bancs de sable, et ses parois montrent qu'en
temps de fortes crues l'eau monte jusqu'au plafond. La galerie
se termine par une voûte mouillante.
Le T)r Dunac, de Foix, avec plusieurs compagnons, a décou-
vert en outre deux galeries sèches dont la principale est située
GROTTES VISITÉES 103
au-dessus de la galerie d'aval et représente un ancien lit de la
rivière (Martel, 1909 a) ; nous n'avons pas visité ces galeries.
Le 2 novembre 1908 les eaux étaient claires; le 11 sep-
tembre 1909 la terre était détrempée par des pluies récentes ;
l'affluent était assez clair, mais la rivière souterraine était
trouble et son cours était rapide. Le baromètre anéroïde
indique une dénivélation de 10 m. seulement entre l'entrée et
le rideau de stalactite du fond de la galerie d'amont.
Une partie de l'eau qui coule dans la galerie d'amont doit
se perdre dans la région où se fait la confluence. L'eau qui
coule dans la galerie d'aval est à peine plus abondante que
celle qu'apporte l'affluent. Le thermomètre indique la même
chose ; la température de l'eau du mélange des deux cours
d'eau est à peu près la moyenne des températures isolées de
chacune, ce qui ne pourrait avoir heu si toute la masse d'eau
de la galerie d'amont se déversait par la galerie d'aval.
Affluent Amont Aval
2 novembre 1908. Martel (1908).
17 août 1909. Martel (1909)
11 septembre 1909 Jeannel et
Racovitza 11°75 C 13° C 12°6 C
Il résulte aussi de ce tableau que l'eau de la rivière souterraine
subit les influences de la température extérieure. Ce fait, ainsi
que son trouble rapide à la suite des pluies, indique que son
bassin d'alimentation est situé dans des régions superficielles et
que les communications avec la surface sont faciles.
La galerie de l'affluent héberge des Chauves-souris qui ont
produit des bancs de guano. Les crues du ruisseau ont entraîné
des débris végétaux jusqu'au fond de la galerie d'aval de la
rivière. Dans la galerie d'amont il n'y a ni Chauves-souris, ni
débris" organiques.
Le ruisseau affluent héberge presque toute la faune lucicole de
son cours extérieur, et cette faune, tout en s'apauvrissant, en-
7° C
12°8C
11° C
1506 C
13°2C
14« c
104 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
vahit aussi les eaux de la galerie d'aval, mais aucun de ces animaux
ne pénètre dans la galerie d'amont. Des nasses placées en diffé-
rents endroits du cours supérieur n'ont absolument rien pris.
La faune terrestre consiste principalement en Troglophiles
qui sont très nombreux dans la galerie de l'affluent sur les
débris ligneux. Dans la galerie d'aval les Ischyropsalis sont assez
communs et paraissent chasser les Campodea nombreux dans
cette partie de la grotte. Dans la salle du fond de la galerie
d'amont, nous avons capturé des Diplopodes et un Tricho-
niscus paraissant être de vrais Troglobies.
Jeannel et Racovitza.
152. Gouffre de Padirac.
Situé sur la commune de Padirac, canton de Gramat, départe-
ment du Lot, France. — Altitude : 355 m. — ■ Roche : Calcaires
bathoniens. — Date : 3 et 4 novembre 1908.
Matériaux : Diptères, Coléoptères, Collemboles, Aranéides,
Acariens, Isopodes terrestres, Asellides, Amphipodes. Hiru-
dinées, Mollusques. — Numéro : 245.
J'ai fait cette visite à Padirac avec E.-A. Martel à qui je
dois tout d'abord adresser mes remerciements pour la grande
complaisance qu'il a mise à me faciliter par tous les moyens
en son pouvoir mes recherches zoologiques dans la grotte.
Je n'entrerai pas dans les détails d'une description de Padirac
qui est certainement la plus impressionnante de toutes les
cavernes connues, même pour l'œil endurci d'un vieux spéo-
logiste. Mes recherches ont porté sur toute l'étendue fréquentée
de la grotte, depuis la salle de» la Fontaine jusqu'à l'entrée de
la galerie des Etroits (1).
1° Faune terrestre. — Elle est peu abondante et localisée
(1) Voy. le plan en couleurs de Padirac par E.-A. Martel, dans La Géographie, 1900, planche T>T
GROTTES VISITÉES 105
seulement aux endroits où se trouvent des débris organiques
Les Diptères, Coléoptères (Quedius), Anurides, Collemboles,
Acariens proviennent des tas de débris accumulés près de l'em-
barcadère et d'une série d'appâts que j'avais placés le long
de la Rivière Plane, au pas du Crocodile, dans le Grand Dôme.
Les Tn'choniscus étaient particulièrement nombreux sur les
parois stalagmitées de la salle des Lacs des Grands Gours.
2° Faune aquatique. Elle diffère suivant les régions consi-
dérées. Les habitats sont d'ailleurs fort différents d'un bout de
la grotte à l'autre. Dans la galerie de la Fontaine coule, pen-
dant 280 m., un ruisseau sur un sol de cailloutis. L'eau est cou-
rante, sa profondeur est de quelques centimètres. En remuant
les pierres du lit du ruisseau, j'ai pris quelques Amphîpodes
et surtout des Hirudinées (Bdellostoma) et des Gastéropodes.
C'est là encore, d'après Tournier, garde en chef de Padirac,
que se prenait seulement le Stenasellus Virei. Malgré de longues
recherches, je n'ai pas pu trouver cet Isopode. Il est vrai que
depuis peu de temps des travaux importants ont été entrepris
dans la galerie de la Fontaine ; une chaussée a été établie sur
l'ancien lit du ruisseau qui a été détourné et canalisé, de sorte
qu'il est fort possible que la station des Stenasellus ait été dé-
truite et qu'il soit nécessaire de rechercher désormais cet inté-
ressant Isopode dans d'autres stations analogues et plus pro-
fondes de Padirac, s'il en existe, ou bien dans les grottes environ-
nantes.
Dans la Rivière Plane, longue de 280 m., l'eau est tranquille
et profonde (de 1 à 4 m. de prof.). Les trois pièges que j'y ai
placés vers le milieu du trajet n'ont rien donné, mais la faune
aquatique était d'une extraordinaire richesse à l'embarcadère
même. Des centaines de Nijjhargus et d'Asellides couraient
sur la vase, chaque débris de bois ou de cordage était couvert
de Gastéropodes (Bythinella Padiraci) et de Sangsues. On
renouvelle ici pour la faune aquatique l'observation faite sur les
animaux terrestres par Call dans la Mammoth Cave et par
moi-même dans les grottes de Sainte-Hélène et de Lavelanet,
1(W R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
dans l'Ariège, que L'homme contribue souvent dans une large
mesure au développement de la faune cavernicole.
Dans le Lac suspendu du Grand Dôme, j'ai placé deux pièges
qui n'ont rien pris. Mais au pas du Tiroir et dans le Lac infé-
rieur des Grands Gours, les pièges ont attiré quelques Amphi-
podes.
En somme, on peut considérer dans les lacs et rivières souter-
raines de Padirac trois régions bien différentes par leur faune.
a) Le ruisseau de la Fontaine, à eau courante et fond de
cailloutis, où vivent Stenasellus, Bdellostoma et quelque Am-
phipodes.
b) Les lacs inférieurs, les Grands Gours et la Rivière Plane,
à eau calme et profonde, à fond de vase, où se trouvent en
grande abondance des Amphipodes, des Aselhis, des Bythi-
nella.
c) Les lacs supérieurs ou lacs suspendus de la salle du Grand
Dôme, absolument azoïques.
3° Flore. — J'ai pu vérifier l'observation déjà faite par
Maheu qu'une végétation de fougères et d'algues vertes a pu
se développer autour des lampes électriques du puits de la
Fontaine, situé près de l'entrée, mais où la lumière du jour ne
pénètre pas.
Jeantstel.
153. Grotte de Corbère.
Située près de Corbère-le-Château, sur la rive droite du ruis-
seau de Saint-Julia, dans la commune de Corbère, canton de
Millas, département des Pyrénées-Orientales, France. — Alti-
tude : 200 m. env. — Roche : Calcaire crétacique. — Date :
9 novembre 1908.
Matériaux : Coléoptères, Orthoptères, Collemboles, Myria-
podes, Aranéides, Opilionides, Acariens, Isopodes, Oligochètes,
Gastéropodes. — Numéro : 246,
CROTTES VISITEES 107
Cette grotte est connue clans le pays sons le nom de cova
de las Encantados ; elle s'ouvre près du sommet d'une des col-
lines qui dominent Corbère. C'est un labyrinthe de petites
galeries étroites, irrégulières et très sèches dont les parois
sont corrodées et percées de trous à la façon d'une éponge.
La longueur totale des couloirs accessibles ne dépasse pas
50 mètres. Il existe sur la gauche une salle un peu plus vaste
dans le sol de laquelle plusieurs ouvertures permettent de
descendre au moyen de cordes dans le lit d'un petit ruisseau
souterrain desséché.
Est-ce bien là la grotte dont parle Lucante (1880, p. 122,
n° 4), grotte dangereuse, dit-il, « à cause du bruit épouvantable
« d'un torrent souterrain, l'agitation de l'air produite par cette
« chute dans quelque abîme et l'humidité dont il est impré-
« gné éteignant les flambeaux si l'on tentait d'aller plus loin ».
En tout cas, je n'ai rien observé de semblable. Si c'est bien la
même grotte, nous aurions un exemple récent de la disparition
d'une rivière souterraine.
Les animaux ont été recueillis principalement sous les
cailloux et les débris de bois qui encombrent le lit du ruisseau.
Quant aux Isopodes, ils étaient extraordinairement abondants
sur les parois dans toute la grotte. Il y avait près de l'entrée,
dans la pénombre, quelques Dolichopodes.
JEANNEL.
154. Cueva del Pindal.
Située sous le phare de la Tina Major, à Pimiango, partido
de Lianes, provincia de Oviedo, Espagne. — Altitude : 15 m.
env. — Roche : Calcaires carbonifères en contact avec les
grès siluriens.
Date : 8 et 22 août 1908. — Matériaux : Coléoptères, Cher-
nètes, Isopodes. — Numéro : 247.
Date : 15 avril 1909. — Matériaux : Coléoptères, Myriapodes,
Isopodes, Amphipodes. — Numéro : 264,
108 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Date : 16 août 1909. — Matériaux : Diptères, Coléoptères,
Isopodes. — Numéro : 313.
Cette grotte, où M. Alcade del Rio a trouvé d'intéres-
santes peintures, s'ouvre directement dans la falaise battue
par la mer. C'est un vaste couloir non ramifié, long d'environ
200 m., de circulation facile et se terminant par un étroit
boyau toujours inondé. Elle est parcourue par le lit d'un ruis-
seau hivernal qui se perd avant d'atteindre l'entrée, pour
gagner directement la mer.
On voit la perte correspondante dans une doline située au
contact des calcaires et des grès siluriens, à laquelle aboutit un
ravin.
Le premier tiers de la grotte, d'abord dallé de gros rochers,
puis à sol d'argile craquelée est sec et azoïque. Au delà, les
parois sont couvertes de stalactites magnifiques mais sèches
et le sol est couvert de bancs de sable et de graviers. Il n'existe
pas de guano. La faune est cependant d'une grande richesse,
les Isopodes et les Chernètes ne sont pas rares sous les pierres
à l'entrée du boyau terminal. Quant aux Silphides (Breuilia
triangulum Sharp et Speocharis Breuili Jeann.) ils couraient
çà et là sur le sable et sur les parois humides en compagnie du
Duvalius Escalerai Ab. Un grand nombre de ces Coléoptères
fut trouvé en août 1909 sur les manches en bois d'outils récem-
ment abandonnés. Dans la flaque d'eau qui occupe le boyau
terminal de la grotte ont été recueillis quelques Amphipodes.
H. Breuil.
155. Cueva de Santian.
Située à 12 km. de Santander, à Puente-Arce, partido et
provincia de Santander, Espagne. — Altitude : 80 m. env. —
Roche : Calcaire infra-crétacique.
Date : 11 août 1908. — Matériaux : Coléoptères, Collem-
boles, Thysanoures, Myriapodes, Aranéides. — Numéro : 248.
GROTTES VISITÉES 109
Date : 17 avril 1909. — Matériaux : Coléoptères, Collemboles,
Thysanoures, Myriapodes, Aranéides. — Numéro : 265.
Cette grotte, nommée aussi Cueva de los Senores, s'ouvre
au flanc d'un cirque sur la rive droite du rio Pas. C'est un étroit
couloir, long de 200 m. env., désosbtrué il y a peu d'années
et aujourd'hui grillé et fermé à clef. M. Alcade del Rio y a
trouvé quelques traces d'Ours des cavernes et de décoration pic-
turale. Dans toute sa longueur, les concrétions stalagmitiques
les plus variées se multiplient. Par place il existe des gours
pleins d'eau, principalement vers le fond où le sol est entière-
ment masqué par un plancher stalagmitique.
Les Myriapodes et Collemboles abondent partout. Les Ara-
néides tendent leurs toiles surtout dans le milieu de la caverne.
Les Silphides (Speocharis autumnalis Escal), quoique répandus
sur les concrétions dans toute la grotte, étaient particulière-
ment nombreux sur un excrément humain et sur une chèvre
momifiée dont ils dévoraient de préférence les cornes.
H. Breuil.
156. Cueva d'Altamira.
Située au sommet d'une colline, près de Santillana del Mar,
partido de Torrelavega, provincia de Santander, Espagne. —
Altitude : 60 m. env. — Roche : Calcaires infracrétaciques.
Date : 13 août 1908. — Matériaux : Coléoptères, Collemboles,
Myriapodes, Opilionides, Isopodes. — Numéro : 249.
Date : 28 avril 1909. — Matériaux : Myriapodes, Aranéides,
Opilionides, Isopodes. — Numéro : 270.
Date : 26 juillet 1909. — Matériaux : Coléoptères, Aranéides,
Opilionides, Isopodes. — Numéro : 321.
Cette caverne célèbre par ses merveilleuses fresques paléoli-
thiques a été l'objet de diverses publications. Nous renvoyons
110 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
à L'étude qui vient d'en être faite par E. Cabtailhaç et IT.
Breuil (1906), sous les. auspices du Prince Albert de Monaco.
Cette caverne, d'un immense intérêt pour les préhistoriens,
est assez pauvre comme faune souterraine. Le plus grand
nombre des Aranéides, Opilionides, Isopodes, Myriapodes et
Collemboles proviennent de la salle des fresques, où ils ont été
recueillis sous les pierres roulant sur le sol. Les recherches dans
les galeries de droite, assez sèches n'ont pas donné de résultat,
même dans les régions plus humides de la salle du Dôme et
de celle du puits. Dans le corridor final à sol argileux, assez
humide, quelques Troglobies se retrouvent : rares Trichonis-
cides, Collemboles, Lithobius. Deux exemplaires du Speo-
charis arcanus Schauf. y ont été recueillis au cours des trois
explorations.
H. Breuil.
157. Cueva de Castillo.
Située à 60 m. au-dessus du rio Pas, au voisinage immédiat
de Puente-Viesgo, partido de Villacarriedo, provincia de San-
tander, Espagne. — Altitude : 120 m. env. — Roche : Calcaire
carbonifère.
Date : 21 août 1908. — Matériaux : Coléoptères, Collem-
boles, Thysanoures, Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Iso-
podes. — Numéro : 250.
Date : 24 avril 1909. — Matériaux : Coléoptères, Collem-
boles, Myriapodes, Aranéides, Opilionides. — Numéro : 269.
Date : 23 juillet 1909. — Matériaux : Coléoptères, Opilio-
nides. — Numéro : 317.
Cette vaste caverne où Alcalde a découvert de nombreuses
fresques paléolithiques est citée par Puig y Larraz (1896.
p. 287). Elle a également été visitée par Martinez de la
Escalera (1899, p. 410) qui y découvrit deux Silphides caver-
nicoles (Speocharis Sharpi Escal. et S. autumnalis Escal.).
Une entrée étroite et basse donne accès à un petit vestibule,
GROTTES VISITÉES 111
aboutissant à une vaste salle de 60 m. de longueur. Dans sa
paroi droite s'ouvre une série d'issues vers des salles communi-
quant entre elles et aboutissant à un long et étroit couloir qui
se termine par un grand dôme à 320 m. de l'entrée.
La grande salle est très sèche dans sa partie gauche et au fond ;
il y existe des cascades de stalagmite et des flaques d'eau près
de l'entrée, avec un peu de guano. Les salles échelonnées sont
en grande partie argileuses, quelquefois stalagmitées ; quelques
gours pleins d'eau s'y rencontrent. Le long corridor qui aboutit
au dôme terminal est parcouru par un ruisseau en hiver ; son
sol est argileux.
En avril, les Silphides abondaient sur le guano de la grande
salle, ainsi que sur le bord des flaques d'eau ; en juillet, ils
étaient moins abondants. Les Myriapodes et Collemboles, ainsi
que les Trichoniscides abondent dans tous les endroits humides.
Les Aranéides disséminés un peu partout sont surtout nom-
breux dans l'extrême-fond où ils tissent entre les pierres de
petites toiles bientôt couvertes de rosée.
Un Antisphodrus a été recueilli près de l'entrée, un autre
dans le couloir terminal à plus de 200 m. de l'orifice de la
caverne.
H. Breuil.
158. Cueva de Hornos de la Pena.
Située à 3 kil.de Mata, ayuntamiento de SanFelicesdeBuelna,
partido de Torrelavega, provincia de Santander, Espagne. —
Altitude : 150 m. env. — Roche : Calcaire infracrétacique.
Date : 21 août 1908. — Matériaux : Myriapodes, Aranéides.
— Numéro : 251.
Date : 20 avril 1909. — Matériaux : Coléoptères, Myriapodes,
Aranéides, Acariens, Ixodes, Isopodes, Champignons. —
Numéro : 268.
Date : 11 août 1909. — Matériaux : Coléoptères, Diptères,
Thysanoures, Myriapodes, Aranéides, Isopodes, Oligochètes.
— Numéro : 320.
112 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
C'est encore une grotte où M. Alcalde del Rio a découvert
en 1903 des gravures pariétales souvent très concrétionnées.
Elle s'ouvre par un large vestibule dont le fond se continue
en galerie. Ce corridor sec, à demi obstrué par les dépôts
paléolithiques, aboutit à une salle élevée, ornée de belles colon-
nes stalagmitiques, où le sol est argileux, très humide, souvent
couvert de flaques d'eau. Le guano y est très abondant ainsi
que dans un diverticule stalagmitique à gauche où les Chauves-
souris hivernent en grand nombre.
Dans toute la grotte se trouvent de grands Aranéides qui
tissent des toiles et d'innombrables Lithobius qui courent sur
le sol. Sous les pierres se tiennent de nombreux Trichoniscides.
Dans le guano abondaient les Silphides (Speocharis autumnalis
Escal.), des Staphylinides {Quedius), ainsi que de nombreux
Collemboles. Un seul Antis phodrus a été recueilli sous une pierre
vers le fond d'une petite galerie de la paroi droite.
H. Breuil.
159. Cueva de la Loja.
Située à 3 m. au-dessus du thalweg du rio De va, près de El
Mazo, entre Buelles et Panes, partido de Lianes, provincia de
Oviedo, Espagne. — Altitude : 100 m. env. — Roche : Calcaire
carbonifère.
Date : 22 août 1908. — Matériaux : Coléoptères. — Numéro :
252.
Date : 14 avril 1909. — Matériaux : Coléoptères, Collemboles,
Myriapodes, Aranéides, Acariens, Chernètes, Isopodes. —
Numéro : 263.
Date : 17 août 1909. — ■ Matériaux : Coléoptères, Diptères,
Thysanoures, Myriapodes, Isopodes. — Numéro : 314.
Cette grotte est formée par un couloir rectiligne assez resserré,
précédé d'un petit vestibule très sec. Le couloir est argileux,
très humide et présente quelques stalactites ; MM. Alcalde del
GROTTES VISITÉES ll'3
Rio et Breuil y ont trouvé quelques gravures à 50 ni. environ
de l'entrée. Un peu plus loin s'ouvre à gauche une oubliette
profonde de 3 m. env., où l'on aperçoit de l'eau.
En avril, il y avait du guano sous les dessins gravés près
desquels une grappe de Chauve-souris avait hiverné. Les Sil-
phides y abondaient (Speocharis Perezi Sharp et Breuilia
triangulum Sharp) et dans le voisinage furent pris un Anti-
phodrus et un Duvalius Escalerai Ab. En août les Silphides
étaient plus rares et plus disséminés, mais quelques
exemplaires de leurs larves ont été recueillis dans l'humus
rougeâtre qui se trouve sous le vieux guano.
H. Breuil.
160. Grotte de Pouade.
Située à 6 km. de Banyuls-sur-Mer, dans la haute vallée de
la Baillorie, non loin du col de Banyuls, comm. de Banyuls-
sur-Mer, canton d'Argelès-sur-Mer, département des Pyrénées-
Orientales, France. — Altitude : 200 m. env. — Roche : Cal-
caires primaires. — Date : 3 février 1909.
Matériaux : Coléoptères, Diptères, Collemboles, Thysanoures,
Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Acariens, Isopodes, Mol-
lusques, Oligochètes, Nématodes. — Numéro : 254.
Dans un des derniers numéros de Spelunca, M. Jean Escard
(1909, p. 325) fait de la grotte de Pouade une description si
terrifiante qu'il est impossible de la laisser passer sans com-
mentaires. Il raconte que, « malgré des conseils pessimistes
alarmants » il a visité plusieurs fois « cette sombre émule du Tar-
tare », mais en nombre et bien armé de crainte des malfaiteurs
qu'on peut y rencontrer « à chaque pas ». Cet état d'esprit
alarmiste, rendrait particulièrement dangereuse la rencontre
d'un semblable confrère au cours d'une exploration souterraine !
Je ne crois pas qu'il soit bien nécessaire, comme M. J. Es-
card le conseille très sérieusement, par excessive prudence, de
114 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
dérouler derrière soi un fil conducteur pour la retraite, car la
grotte est formée par un étroit boyau ouvert aux deux bouts
et à peine long de 40 m. Les dimensions relevées par notre con-
frère sont d'ailleurs légèrement exagérées : je n'ai trouvé que 10 m.
au lieu des 100 m. qu'il attribue à la prolongation du ruisseau
vers l'amont ; quant au dangereux précipice profond de 100 ni.
« ainsi qu'il a cru s'en rendre compte au moyen d'une sonde »,
j'ai commis l'imprudence d'y descendre, sans échelles, car il ne
mesure en réalité que... 3 m. de profondeur !
En réalité, la grotte de Pouade s'ouvre au pied d'une petite
falaise par deux ouvertures sur la rive droite d'un ruisseau.
Lorsqu'on pénètre par l'entrée principale, située à l'aval,
on suit en rampant pendant 5 m. environ un boyau accidenté
qui conduit à un petit carrefour d'où partent deux étroits
couloirs. Le couloir de gauche est encombré d'argile et de cail-
loutis et se termine au bout d'une trentaine de mètres par un
bouchon d'argile ; c'est dans sa paroi de gauche que s'ouvre
le soi-disant gouffre de ... 3 m. Le couloir de droite correspond
au cours d'un petit ruisseau qui coule sur des graviers et qu'il
est possible de remonter un certain temps (10 m. env.), jusqu'à
ce que le couloir se rétrécisse au point de devenir impraticable.
Sur le trajet du ruisseau s'ouvre une salle un peu plus vaste
le seul endroit de toute la grotte où l'on puisse circuler libre-
ment. Ici le sol est formé par une couche d'argile sur laquelle
gisent des pierres et où abondent les traces de Rats, de Renards
et le guano des Chauves-souris. Mais c'est dans cette salle que
s'ouvre en haut d'un talus de rochers éboulés la deuxième ouver-
ture de la grotte, petit orifice, il est vrai, et juste assez large
pour livrer passage à un homme, mais par où s'établit dans la
grande salle un courant d'air assez violent pour y empêcher le
développement d'une faune troglobie.
Presque tous les animaux recueillis dans la grotte sont des
Endogés, si abondants dans toutes les Albères. Ce sont des
Myriapodes, Collemboles, Thysanoures, Isopodes (Trichonis-
cides) qui couraient sur les bancs d'argile.
GROTTES VISITÉES 115
Dans la grande salle se trouvaient de nombreux Troglophiles,
soit des lucifuges (Meta, Laemostenus), soit des hôtes habituels
du guano (Atheta subcavicola Ch. Bris.).
Enfin, un bel Opilionide évidemment trogloxène a été trouvé
près du petit orifice de la grotte.
Jeannel.
161. Grotte du Mas Argelliès.
Située dans le vignoble du Mas Argelliès, commune de Fron-
tignan, canton de Frontignan, département de l'Hérault,
France. — Altitude : 15 m. env. — Roche : Calcaire jurassique.
— Date : 11 avril 1909.
Matériaux : Collemboles, Acariens, Isopodes, Oligochètes,
Nématodes, Champignons. — Numéro : 255.
Cette petite cavité, d'après les renseignements communi-
qués par les aimables propriétaires du Mas, fut découverte en
creusant un puits de 15 m. dans lequel on descend au moyen
d'un escalier. On arrive à une première salle, à parois à pic,
ronde, de 16 m. de superficie, à plancher complètement occupé
par l'eau qui a une profondeur par place de 3 m. Un trou, creusé
de main d'homme, permet de pénétrer dans une seconde salle
qui aurait une vingtaine de m. de surface et qui est également
pleine d'eau.
La température de l'eau était de 15° C.
Viré et Maheu (1902) pensent que « l'origine des eaux
paraît être assez éloignée et avoir pour lieu d'élection les flancs
même de la Gardiole ». Et cela parce qu'il y a quelques années,
après un orage qui n'intéressa que la plaine de Gigean et le
revers nord des montagnes de la Gardiole, les eaux montèrent
dans la grotte et se troublèrent pendant plusieurs jours. Il
résulte aussi de ce fait que ces eaux ne proviennent pas seu-
lement de petits suintements mais d'une « véritable rivière
souterraine assez importante et permettant d'utiliser cette
nappe pour l'alimentation des villes voisines ».
AKCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 5 SÉRIE. — T. V. — (III). 9
116 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Nos observations, quoique hâtives, ne nous permettent pas
de croire à l'existence de cette « rivière-nappe » ! Que tout le
massif de la Gardiole puisse être parcouru par des fentes et ca-
vités qui communiquent entre elles à des niveaux différents,
cela est fort naturel. L'orage cité par Vire et Maheu montra
que ces communications existent, mais c'est tout ce qu'il est
permis d'en conclure.
Contre l'existence d'une rivière souterraine parlent par
contre les faits suivants :
1° Absence complète d'un écoulement perceptible des eaux
de la grotte ;
2° Haute température de l'eau qui indique une infiltra-
tion superficielle et peu distante.
La grotte n'est qu'un élargissement local et étanche du ré-
seau de fissures qui parcourt tout massif calcaire et non un bief
situé sur le trajet d'une rivière. « Les villes voisines » auraient
bien tort de compter sur le Mas Argelliés pour s'alimenter en
eau potable.
Viré et Maheu citent comme l'unique représentant de la
faune de cette grotte : Larves de Quedius « ce qui semblerait
indiquer l'existence de salles plus ou moins vastes, avec galeries
exondées, en amont (pourquoi en amont ?) de la partie atteinte ».
Cette conclusion paraîtra certainement injustifiée à tous ceux
qui connaissent les mœurs de ces Coléoptères.
Outre les animaux signalés au commencement, nous avons
vu sauter un Orthoptère sans pouvoir le capturer. Nous signa-
lons cet animal aux visiteurs futurs de la grotte, car il peut être
intéressant.
Jeannel et Racovitza.
162» Gfotté du Sergent.
Située au pied du Roc de la Vigne, commune de Saint-
Guilhem-le-Désert, canton d'Aniane, département de l'Hé-
GROTTES VISITÉES 117
rault, France. — Altitude : 210 m. — Roche : Calcaire jurassique.
— Date : 12 avril 1909.
Matériaux : Thysanoures, Collemboles, Hexapode ?, Myria-
podes , Acariens, Isopodes. — ■ Numéro : 256.
Cette grotte, visitée par les touristes, a été décrite par
Martel (1894) qui en a levé aussi un plan détaillé. Nous ne
l'avons pas visitée en entier, préférant dépenser notre temps
assez limité à chasser les cavernicoles dans la salle E et les
parties voisines.
Les diverses ramifications de la caverne offrent un parcours
total de 1100 m. Ces galeries sont des trop pleins qui fonction-
nent quelques jours par an dans les années de précipitations
normales. Leurs parois sont généralement nues ; les concrétions
sont rares mais l'humidité est assez grande. Plusieurs petits
bassins conservent leur eau toute l'année. L'argile est peu
abondante jusqu'à la salle E.
La température de l'air est 14° 5 C et celle de l'eau 14° C
d'après Martel. Nous n'avons pas retrouvé les notes concer-
nant les températures prises par nous-mêmes, mais il semble
nous souvenir qu'elles étaient inférieures.
Il n'y a pas de dépôts de guano et les débris organiques
sont rares ; cette grotte paraît d'ailleurs relativement peu
habitée.
Jean n el et Racovitza
163. Grotte des Caves Matharel.
Située à 2 km. du village, commune de Tournemire, canton
de Saint-Affrique, département de l'Aveyron, France. —
Altitude : 700 m. env. — Boche : Calcaire jurassique. — Date :
19 avril 1909.
Matériaux : Coléoptères, Thysanoures, Collemboles, Myria-
podes, Aranéides, Opilionides, Acariens, Oligochètes, Cham-
pignons. — Numéro : 258.
118 R. JEANNEL ET E.-C4. RACOVITZA
Grâce à l'obligeance de MM. Marty et Enjalbert les proprié-
taires de la cave à fromage installée à l'entrée de la grotte,
nous avons pu faire nos recherches dans de bonnes conditions.
La cave à fromage est installée dans une vaste galerie
d'entrée murée aux deux bouts. Une porte du mur du fond
donne accès dans une salle ronde de belles proportions, d'au
moins 50 m. de diamètre sur une hauteur presque égale. Cette
salle communique aussi avec l'extérieur par un couloir d'aéra-
tion en partie artificiel. En escaladant un éboulis chaotique,
on peut suivre pendant 200 m. env. une haute galerie en-
combrée de blocs et souvent tapissée d'argile, qui est fermée
par deux rochers énormes au delà desquels il y a, paraît-il,
encore une petite galerie.
Les concrétions manquent presque complètement, le ruis-
sellement est faible, mais il y a quelques petites flaques d'eau
vers le fond.
Température de l'air au fond comme dans la grande salle:
8° C. Température d'un petit filet d'eau au fond 8°6 C .
Cette anomalie s'explique facilement : l'eau sortait d'une fissure
remplie de terre végétale ce qui indique une communication
directe avec la surface.
Sur une paroi garnie de petites corniches et recouverte
d'argile molle, notre attention a été attirée dans les parties
verticales par des stries imitant des griffades, et sur la plate-
forme des corniches par des empreintes imitant le piétinement
de petits Mammifères. Or ces marques étaient simplement pro-
duites par le ruissellement.
Les gouttes d'eau, en tombant de haut, produisent par leurs
éclaboussures les marques de piétinement. Les petites corni-
ches qui se forment sur les parois verticales (d'abord unies,
mais enduites d'argile mêlée d'éléments grossiers) par l'action
du suintement, règlent petit à petit l'écoulement de l'eau
et la concentrent en certains points. Les grains de sable appro-
fondissent ces gouttières horizontales et strient la surface
quand l'écoulement devient vertical à cause d'une solution de
GROTTES VISITÉES 119
continuité de la corniche. Ces stries une fois marquées s'appro-
fondissent et prennent l'aspect de véritables griffades.
Les Rats fréquentent la grotte jusqu'au fond comme l'in-
diquent leurs crottes, mais les Chauves-souris paraissent man-
quer. Dans la galerie du fond très peu d'animaux, mais la
grande salle était très peuplée. Des planches pourries et dé-
trempées hébergeaient un T rechus Mayeti Ab. et nombre d'Oli-
gochètes.
Nous nous attendions à trouver une faune très abondante
dans la cave à fromage, ce comestible ayant d'irrésistibles
attraits pour nombre de cavernicoles. A notre grande surprise,
la cave fut trouvée complètement azoïque, fait que confirmèrent
les fromagères. L'explication de cette apparente énigme est
pourtant bien simple. Les fromages sont littéralement enrobés
dans le sel et cette substance imprègne le sol et les parois au
point que, pendant les périodes sèches, la cave est, paraît-il,
toute blanche et comme taillée dans le marbre.
Jeannel et Racovitza.
164. Grotte de la Cave de Labeil
Située à proximité du hameau de Labeil, commune de Lau-
roux, canton de Lodève, département de l'Hérault, France.
— Altitude : 660 m. env. — Roche : Calcaire jurassique. —
Date : 20 avril 1909.
Matériaux : Coléoptères, Trichoptères, Thysanoures, Col-
lemboles, Myriapodes, Aranéides, Ixodes, Mollusques, Oligo-
chètes. Champignons. — Numéro : 259.
Vallot (1899) a publié une description et une carte de cette
grotte qui a servi de cave à fromage sur une longueur de 100 m.
env. à partir de l'entrée et jusqu'à l'endroit où l'on arrive à
la rivière souterraine.
120 R, JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
La rivière se perd dans une galerie basse à gauche, mais on
peut la remonter pendant plus de 500 m., dans une galerie
régulière de 3 à 4 m. de hauteur et largeur, soit en marchant
dans son lit peu profond, soit en escaladant les berges formées
de sable argileux. A un moment, l'eau se perd sous des éboulis
mais on peut rejoindre le lit principal par une galerie latérale.
Deux affluents s'y déversent, l'un près de l'entrée, l'autre dans
la galerie latérale.
La température de l'air au fond est de 1 1°2 C ; la tempéra-
ture de la rivière et de son affluent d'aval est de 10°5 C.
La rivière et ses affluents, ainsi que les galeries qu'ils par-
courent ne nous ont fourni aucun être vivant ni terrestre ni
aquatique. Par contre, sur les vieilles planches de la cave à
fromage les animaux pullulent et les Champignons occu-
pent de vastes surfaces. A signaler le Duvalius Simoni
Ab. (Ooléoptère) qui n'était encore connu que des grottes de
Minerve.
La Grotte du Mas-de-Rouquet, ainsi qualifiée à tort sur
les guides, est en réalité un aven et il faut des échelles de cordes
pour y descendre. Trompés par le qualificatif nous fîmes de
Pou j ois l'ascension du Larzac sans nous munir des agrès néces-
saires ; nous ne pûmes donc pas visiter cette caverne décrite
par Vallot (1890) ; on peut y arriver d'ailleurs plus commodé-
ment par le Caylar d'où une route conduit à proximité du
Mas.
La Fontaine du Loup près le Mas-de-Rouquet est une source
pérenne ayant 8° C. Située sur le plateau à un endroit où on
ne s'attend pas à voir sourdre de l'eau, elle est une vraie curio-
sité hydrographique, car sa. température indique une origine
profonde.
Jeannel et Racovitza.
GROTTES VISITÉES 121
165. Grotte de Caramau.
Située à 3 km. env. au N. de Gabian, commune de Montes-
quieu, canton de Roujan, département de l'Hérault, France —
Altitude : 225 m. env. — Roche : Calcaire crétacique (?) — Date :
21 avril 1909.
Matériaux : Aranéides, Isopodes. — Numéro : 260.
Nous signalons cette grotte, qui n'a que quelques mètres
de profondeur et est éclairée jusqu'au fond, pour éviter aux
confrères un voyage inutile. Ses parois sont recouvertes d'in-
nombrables toiles d'Araignées qui capturent des Diptères
lucicoles.
La Baoumo ou Traou de la Fadas est située au sud-ouest.
de la précédente sur le territoire de la commune de Gabian
Elle ne mesure que 7 m. de longueur d'après les gens du pays.
« La géographie générale du département de l'Hérault, 1900,
tome III, fasc. 1, p. 87 », la confond à tort avec la grotte de
Caramau.
Jeannel et Racovitza
166. Cueva de Cullalvera.
Située à une vingtaine de mètres au-dessus du rio Ason, tout
près de Ramales, provincia de Santander, Espagne. — Alti-
tude : 80 m. env. — Roche : Calcaires infracrétaciques.
Date : 11 avril 1909. — Matériaux : Coléoptères, Myriapodes,
Aranéides, Oligochètes. — Numéro : 261.
Date : 1er août 1909. — Matériaux : Coléoptères, Myria-
podes, Opilionides, Oligochètes. — Numéro : 310.
C'est une immense caverne dont l'exploration est loin d'être
terminée. La partie reconnue en août 1909 par le Dr H. Ober-
maier et le Père Sierra dépasse certainement 1.500 à 1.800 m.
122 R, JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
d'une galerie unique liante et large dont la plus grande partie
est envahie par l'eau en hiver (au moins jusqu'à 600 m. de
l'entrée).
C'est seulement dans ces 600 premiers mètres que les ani-
maux ont été recueillis. En été, les bœufs et les vaches s'abri-
tent de la chaleur et pénètrent jusque dans les parties obscures
de la caverne comme en témoignent les bouses qui recouvrent
le sol, mêlées à quelques amas de guano de Chauves-souris.
Des Antisphodrus à l'état de larves et d'imagos sont fréquents
dans la zone de pénombre sous les pierres et dans le crottin.
Les bouses abritent des Lombricides, des Lithobius, des Coléop-
tères trogloxènes (Aphodius rufipes F., Trechus Barnevillei
Pand.). Dans le guano se tenait la faune habituelle d'Atheta
et de Speocharis (S. Escalerai Jeann.).
Enfin en avril ont été recueillis deux individus du remar-
quable Speocharis Minos Jeann. Tous les efforts faits pour
le retrouver en août sont restés infructueux.
H. Breuil.
167. Cueva de Covalanas.
Située entre Ramales et le pueblo de Lanestosa (Vizcaya),
mais sur le territoire de Ramales, provincia de Santander,
Espagne. — Altitude : 250 m. env. — Roche : Calcaires infra-
crétaciques.
Date : 12 avril 1909. — Matériaux : Coléoptères, Thysanoures,
Myriapodes, Aranéides, Isopodes. — Numéro : 262.
Date : 22 juillet 1909. — Matériaux : Coléoptères, Thysa-
noures. — Numéro : 322.
Cette grotte est signalée par M. Alcalde del Rio qui y a
découvert des peintures avec le Père Sierra. Elle s'ouvre
au sommet d'un grand cirque escarpé par un petit vestibule
surbaissé qui donne accès à deux couloirs profonds chacun de
80 m. env.
CROTTES VISITÉES 123
Le couloir de droite, où sont les fresques est sec et ne renferme
des animaux que près de l'entrée (Campodea, Antisphodrus).
Le couloir de gauche, un peu plus humide, a donné des Sil-
phides (Speocharis Escalerai Jeann.). Il aboutit à une salle
à stalactites humides où courent quelques animaux troglobies
(Trichoniscides, Aranéides).
H. Brbuil.
168. Cueva de las Aguas.
Située au-dessus du fond d'un ravin, près de Novales,
partido de San Vicente de la Barquera, provincia de Santander,
Espagne. — Altitude : 80 m. env. — Roche : Calcaires infra-
crétaciques. — Date : 16 avril 1909.
Matériaux : Coléoptères, Diptères (larves), Myriapodes, Iso-
podes. — Numéro : 266.
Son nom vient d'une source pérenne qui sort de terre au
fond du ravin. Puig y Larraz (1896, p. 282) affirme qu'il
existe à une lieue de là une perte de ruisseau dont cette source
pourrait être la résurgence.
La grotte doit être une ancienne issue du même cours d'eau
souterrain. Son entrée très basse et étroite donne accès à un
couloir rectiligne terminé par une salle où M. Alcalde del Rio
a vu quelques vestiges de fresques.
La grotte est peu humide, mais contient du guano où vivent
des Speocharis arcanus Schauf. Les Myriapodes et Isopodes
se tenaient plutôt sous les pierres.
H. Breuil.
169. Cueva de la Clotilde.
Située à 15 m. env. au-dessus du thalweg du rio Saja,
à 200 m. environ en aval de la cueva de Santa-Isabel et de la sta-
tion du même nom de la ligne de Torrelavega à Cabezon, par-
tido de Torrelavega, provincia de Santander, Espagne. —
Altitude : 50 m. env. — Roche : Calcaires infracrétaciques,
124 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Date : 21 avril 1909. — Matériaux : Coléoptères, Collemboles.
— Numéro : 267.
Date : 24 juillet 1909. — Matériaux : Coléoptères, Diptères,
Collembolles, Isopodes. — Numéro : 318.
Son nom lui a été donné par M. Alcalde del Rio et H.Breuil
qui y ont découvert des dessins sur argile à 200 m. du jour ;
la grotte était inconnue et innommée auparavant.
Son entrée assez étroite est masquée par des buissons ;
on y accède par le plateau qui se trouve à 3 m. au-dessus d'elle.
A l'entrée fait suite une salle oblongue assez large, sèche,
semée de rocs éboulés. Plusieurs boyaux s'ouvrent à droite,
dont l'un, à entrée resserrée et basse, s'étend après d'étroits
rétrécissements jusqu'à environ 300 m. de l'entrée.
Les parois sont assez sèches, mais le sol, tantôt argileux,
tantôt recouvert de sable, est toujours très humide et occupé
par des flaques d'eau. Dans le guano ont été pris Speo-
charis arcanus Schauf. et des Collemboles ; sur une crotte de
Renard, un Antisphodrus et quelques Trichoniscides.
H. Breuil.
170. Grotte de Sainte-Madeleine.
Située dans les- gorges de Saint-Antoine-de-Galamus, à
100 m. de la Chapelle de Sainte-Madeleine, commune de Saint-
Paul-de-Fenouillet, canton de Saint-Paul-de-Fenouillet, dépar-
tement des Pyrénées-Orientales, France. — Altitude : 400 m.
env. — Roche : Calcaire jurassique.
Date : 18 avril 1909.
Matériaux : Coléoptères et larves, Diptères et larves, Tri-
choptères, Myriapodes, Aranéides, Isopodes, Champignons. —
Numéro : 271.
La grotte est formée par un couloir coudé, d'une cinquantaine
de mètres, tantôt étroit, tantôt s'élargissant en petites cham-
GROTTES VISITÉES 125
bres. qui aboutit à une fente inexplorée d'une quinzaine de
mètres de profondeur avec parois en surplomb du côté acces-
sible ; les parois de la fente sont revêtues de coulées stalag-
mitiques et sont distantes par endroits de plusieurs mètres.
Le sol du couloir est argileux ; le suintement est abondant
par place mais il n'y a pas de flaques d'eau ; sur quelques parois
il s'est formé de l'enduit stalagmitique.
Température de l'air au fond 12° C.
Pas de Chauves-souris, ni de guano, mais la nourriture est
abondamment fournie par les pèlerins et visiteurs qui prennent
leur repas à l'entrée de la grotte et qui déposent les produits
de leur digestion à l'intérieur. Sur ces restes abondent les
Silphides (Speonomus Fagniezi, Jeann.).
Les Némocères sont très nombreux jusqu'au fond.
Des racines d'arbustes pénètrent à travers le plafond qui
doit être relativement mince.
Gorges de la Fou. — Signalons, si ce n'est déjà fait, l'in-
térêt géographique de ces gorges situées près de Saint-Paul-
de-Fenouillet. Le lit de la rivière par ses marmites et chaudrons
en pleine activité est un bel exemple de creusement tourbillon -
naire. De plus, dans l'intervalle des crues, des coulées de tuf
remplissent les marmites supérieures. Pendant les crues, le
tuf est erodé à son tour, mais non de la même façon; il
ne se creuse plus de marmites mais le tuf est enlevé par tranches
parallèles au cours de la rivière.
La formation de tuf est tellement active dans ces gorges,
qu'une grotte ouverte encore il y a une trentaine d'années,
est maintenant complètement fermée par ces dépôts.
Traou de l'Or est le nom d'une grotte à stalactites, assez
considérable, située dans la Montagne de Capronne à une heure
de marche de Saint-Paul-de-Fenouillet. Les difficultés de l'accès
(escalade de parois très inclinées, marche courbée sur une cor-
niche très étroite, etc.) et le fort mistral qui sévissait sur les
120 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
falaises nous a fait renoncer à l'atteindre. 11 paraît qu'on va
établir un sentier pour le rendre accessible.
M. Helson, ingénieur de mines, nous a fourni aimablement
les indications complémentaires suivantes :
Sur le plateau, au-dessus de l'établissement de la Fou il y
a un aven de 80 m. de profondeur avec salles latérales.
Au Ueudit Roc-Rouge, au pied de la montagne de Capronne
est une galerie de mine abandonnée et obstruée qui était destinée
à atteindre le filon métallifère découvert au fond du Traou de
l'Or. C'est à tort qu'on prétend dans le pays que cette galerie
était en partie une caverne naturelle.
Jeannel et Racovitza.
171. Grotte de la Guiraudasso.
Située dans le jardin du presbytère, commune de Soulatge,
canton de Mouthoumet, département de l'Aude, France. —
Altitude : 416 m. — Roche : Calcaire jurassique. — Date :
18 avril 1909.
Matériaux : Diptères, Hémiptères, Myriapodes, Aranéides,
Isopodes, Mollusques, Champignons. — Numéro : 272.
Cette grotte d'environ 300 m. de longueur n'est que l'ancien
lit de la source de Soulatge, fonctionnant encore comme trop
plein en période de fortes crues. L'entrée est un trou d'homme
arrondi ; on parcourt ensuite les cavités suivantes :
Un couloir montant avec un plancher rocheux creusé de
rigoles profondes et transversales qui ne sont pas des gours
mais des cuvettes creusées dans la roche vive.
Un carrefour qui, à gauche, donne dans un cul-de-sac, et à
droite, dans un long et étroit couloir subrectiligne qui semble
s'être formé le long d'une faille ; des coulées stalagmitiques
GROTTES VISITÉES 127
existent par place, le suintement est abondant, et le plancher
possède quelques petites flaques d'eau.
Un couloir un peu large avec deux petites chambres sur son
parcours.
Un couloir argileux avec roches éboulées où l'eau doit sé-
journer longtemps après les crues.
Un rocher en surplomb de quelques mètres où nous nous
sommes arrêtés. Il paraît que quelques mètres plus loin on
arrive à une nappe d'eau.
Le plafond de la grotte doit être peu épais, car partout les
racines le traversent.
La température de l'eau est de 14° C.
•De rares Chauves-souris s'aventurent dans cette grotte ;
des crottes de Chauves-souris et de Rats sont disséminées
par place.
Près de l'entrée, un Metonoporthus est commun ; sa colora-
tion est normale à l'entrée et dans le premier couloir, mais
dans les parties plus profondes, elle commence à pâlir.
Très commun est un petit Trichoniscus qui ronge les gouttes
de stéarine qu'ont parsemées les bougies des visiteurs. Chaque
goutte est entourée d'un anneau sombre formé par l'accumu-
lation des crottes de l'animal.
Au fond de la grotte, nous avons trouvé sur des radicelles
une larve blanche d'Hémiptère. Dans la même région, de grande
surfaces de parois sont couvertes d'un mycélium blanc dont
les filaments espacés, très longs et minces, se ramifient par
dichotomie surtout.
Source de Soulatge. — C'est, en réalité, la résurgence
actuelle de la rivière qui a creusé la grotte de Guiraudasso,
et qui a été aménagée pour les besoins du village. Il paraît
qu'à 1 km. dans le nord, il existe un aven dans lequel on a
jeté du son qui est sorti par la source.
Jeannel et Racovitza.
128 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
172. Grotte de la Caouno dé Sarremijeane.
Située à 4 km. du village, commune de Soulatge, canton de
Mouthoumet, département de l'Aude, France. — Altitude :
700 m. env. — Roche : Calcaire crétacique. — Date : 18 avril
1909.
La grotte s'ouvre dans le versant ouest d'une petite vallée
à 4 km. de Soulatge, sur le sentier qui mène à Fourtou. Elle
est creusée dans un calcaire en plaquette et a la forme d'une
longue galerie de mines étroite et basse. Les parois sont lisses
et dépourvues de concrétions ; sur le sol, la roche est à nu.
La disposition des couloirs qui forment plusieurs coudes à
angle droit montre le rôle qu'ont joué les diaclases dans sa for-
mation. Après un parcours de 175 m. environ on arrive à un petit
bassin d'eau profonde qui se continue par un tunnel à voûte
basse que l'eau atteint presque.
En temps de crues, un fort ruisseau doit parcourir cette grotte
qui se continue à la surface par un thalweg très raviné.
Température de l'eau au fond, 10°75 0.
Par de ressources alimentaires et pas d'animaux dans cette
grotte balayée par les crues.
Les Sources du Verdouble. — Quelques mots seulement
sur les sources de cette petite rivière pour signaler leur intérêt
et conseiller leur étude aux spécialistes.
Au lieu dit « Gourcq de l'Entré » (et non « Gorge de l'Antre »
comme l'indique la carte de l'Etat-major), on voit :
a. Un entonnoir ovoïde d'une cinquantaine de mètres de
diamètre supérieur, dont le fond est rempli d'eau. Du côté
N. la profondeur paraît considérable et c'est par là que l'eau
sort de terre pour s'écouler ensuite par un tunnel non exploré
qui est creusé dans la paroi E. de l'entonnoir. La température
de l'eau à l'entrée du tunnel est de 12°75 C ; à la surface du
GROTTES VISITÉES 129
bassin de l'entonnoir également de 12°75 C ; à 1 m. de profon-
deur, 12°5 C.
b. En amont il n'y a pas de thalweg franc, mais un petit
bassin d'alimentation avec des rigoles plus ou moins profondes
qui convergent vers l'entonnoir; mais derrière la ligne de par-
tage des eaux est la vallée d'un petit ruisseau dont le lit à sec
est formé de bancs calcaires redressés, transversaux par rap-
port à la direction du cours d'eau ; il est manifeste que toute
l'eau est absorbée entre ces bancs.
c. En aval, et juste au-dessus du tunnel, est une vallée
sèche dont le thalweg a dû fonctionner avant le creusement du
tunnel et, comme trop-plein, même pendant ce creusement.
A 1 km. vers l'E., en suivant la vallée est une résurgence qu'on
nomme « la source du Verdouble ». C'est un bassin de quelques
mètres de diamètre placé au pied d'un gros rocher. La sortie
de l'eau s'effectue sous le rocher et au fond du bassin. Le débit
est bien plus considérable qu'au Gourcq de l'Entré et la tempé-
rature de l'eau est de 17° C à la surface et de 16°75 C à 1 m.
de profondeur. Une autre source très faible, manifestement une
dérivation de la première, sourd à 50 m. plus loin ; sa tempé-
rature est également 17° C.
Les gens du pays connaissent la différence considérable de
température qui existe entre l'eau du Gourcq et celle de la
source ; ils disent que la première est froide et la seconde est
« douce » ; ils sont convaincus cependant que ces eaux ont la
même origine car le son jeté au tunnel sort par la source. Ils
expliquent le réchauffement de l'eau de la source et l'augmen-
tation de son débit par la capture souterraine d'un affluent
thermal.
!
Grotte des Brizoux. — D'après les gens du pays ce serait
un aven.
Grotte de la Métairie des Horts. — C'est d'après la fer-
mière une courte galerie de quelques mètres aboutissant à un
puits à ciel ouvert.
130 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Sicard (1900, p. 56), qui cite ces deux grottes des environs de
Soulatge, ne donne aucun détail à leur sujet.
JEANNEL etRACOVITZA.
173. Buhero de Estartit.
Situé sur le causse, au-dessus du hameau d'Estartit, com-
mune de Torroella de Montgri, partido de La Bisbal, provincia
de Gerona, Espagne. — Altitude : 100 m. env. — Roche : Cal-
caire du crétacique supérieur. — Date : 19 août 1909.
Matériaux : Myriapodes, Aranéides, Isopodes. — Numéro : 273.
A 45 m. du bord de la falaise qui limite le causse du côté
de la mer, s'ouvre ce petit aven au milieu d'une petite dépres-
sion à pentes spirales. Un rebord rocheux, situé à quelques mè-
tres intercepte la vue du fond. M. Jeannel est descendu à
30 m. pour atteindre le fond. Le rebord est en surplomb et
le puits d'une verticalité parfaite ; au fond une petite salle
humide mais pas la moindre issue vers le bord de la mer,
comme le prétend la légende du pays.
Les animaux recueillis ne sont pas des Troglobies.
Caxj del Duch est le nom d'une grotte visible de loin, située
sous le château de Torroella de Montgri ; elle est signalée par
Ptjig y Larraz (1896). La belle arcade, qui sert d'entrée,
n'abrite qu'une galerie d'une quinzaine de mètres, éclairée
jusqu'au fond. A droite, est un trou comblé par de grosses
pierres qui, déblayé, pourrait peut-être mener dans une galerie
plus profonde.
Les parois du fond de la grotte étaient littéralement tapis-
sées par les bandes compactes d'un petit Diptère vert brillant.
Causse de l'Estartit. — L'enclave de calcaire urgo-aptien
GROTTES VISITÉES 131
qui sépare la plaine de Rosas de celle de Torroella a donné lieu
à la formation d'un causse typique, avec un beau déve-
loppement des phénomènes du calcaire, sur lequel nous aurons
à revenir.
Jeannel et Racovitza.
174. Aven de la Tour du Môle.
Situé dans la tour du Môle de la ville de Sauve, canton de
Sauve, département du Gard, France. — Altitude : 105 m.
env. — Roche : Calcaire crétacique. — Date : 25 août 1909.
Matériaux : Isopodes, Amphipodes. — Numéro : 274.
Ce petit aven, qui n'a que 13 m. de profondeur, fait partie
du système hydrographique de la fontaine de Sauve qui a été
décrit et levé en plan par Martel (1899).
Des nasses placées pendant une nuit ont ramené des Fau-
cheria, des Niphargus et, fait inattendu, un Porcellio décoloré.
Cet Isopode terrestre était bien à l'intérieur de la nasse et n'a
pu s'y introduire pendant le temps très court de la remontée de
l'engin. Il faut donc admettre que l'attrait de l'appât a été
plus fort que la répulsion de la plongée et que 3 m. d'eau n'ont
pas été pour lui un obstacle.
Les Faucheria se roulent en boule dès qu'on les touche ;
l'enroulement est complet et se fait avec aisance. Placées dans
l'eau, elles restent sur le fond mais y courent activement ; je
ne les ai pas vues nager entre deux eaux, comme le font les
Typhlocirolana et les Cirolana lucicoles en se servant de leurs
pléopodes.
Grottes de Saint-Hippolyte-du-Fort, près Sauve. —
M. P. Faucher, qui nous a très aimablement piloté pendant
notre séjour à Sauve, nous signale les cavernes suivantes décou-
vertes depuis peu de temps. 1° Grande grotte sur la voie du che-
ABl'H. DE ZOOL. EXP. ET GÉtî. — 6 SÉRIE. — T. V. — (III). 10
132 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
min de fer de Sauve à Saint-Hippolyte ; elle est fermée par
une porte en fer et la clef est chez le cantonnier. 2° Grotte près
du lit du Vidourle ; ce n'est qu'une ancienne dérivation de
cette rivière. 3° Aven à quelques kilomètres de Saint-Hippolyte,
de 40 m. de profondeur avec eau courante au fond, que M. Fau-
cher est en train d'explorer.
Jeannel et Racovitza.
175. Grotte de Tharaux ou du Cimetière.
Située dans un ravin, affluent de la Cèze, à proximité du vil-
lage, commune de Tharaux, canton de Barjac, département
du Gard, France. — Altitude : 150 m. — Roche : Calcaire créta-
cique. — Date : 26 août 1909.
Matériaux : Coléoptères, Diptères, Collemboles, Myriapodes,
Aranéides, Chernètes, Isopodes, Mollusques. — Numéro :
275.
La description et le plan de cette vaste caverne ont été pu-
bliés par Mazauric (1894). Plus de 1.100 m. de galeries très
ramifiées, et par place élargies en salles de dimensions variées,
la composent. On y trouve des puits et avens nombreux, des
parois recouvertes de concrétions mais aussi de vastes espaces
où la roche est à nu. Le suintement et l'humidité sont abondants
partout mais les flaques d'eau sont rares. Le sol est très argi-
leux.
Température de l'eau, 12°75 C.
Peu de Chauves-souris et guano épars un peu partout.
La faune est riche, mais les animaux sont concentrés autour
du guano. Les Glomérides furent trouvées sur des fragments
ligneux.
Une chute assez grave du guide a malheureusement écourté
nos recherches.
Mazauric (1904, p. 189) cite parmi les animaux recueillis
GROTTES VISITÉES 133
dans cette grotte, Tricïioniscas cavernicola déterminé par Viré.
Cette détermination est certainement erronée. Il semble que
Viré attribue ce nom à tout Trichoniscide trouvé dans une ca-
verne, ce qui serait correct au point de vue étymologique mais
tout à fait insuffisant au point de vue systématique.
Chobaut (1904) a publié également une description de la
grotte et une liste de 14 espèces d'animaux qu'il y a capturés ;
les Aranéides ont été déterminés par E. Simon et les Isopodes
par A. Dollfus. Il cite : Coléoptères : Anophthalmus Mayeti
Ab., Quedius mesomelinus Marsh., Diaprysius Mazaurici Mayet.
— Diptères : trois espèces indéterminées. — Thysanoures :
Campodea staphylinus Westw., Lepidocyrtus curvicollis Bour-
let (?). _ Arachnides : Leptoneta Abeillei E. Sim., Pedanos-
tethus Mazaurici E. Sim., Lephthyphantes sp., CMhonius cepha-
lotes E. Sim. — Isopodes : Trichoniscus cavernicola BL. —
Mollusques : Vitrina pellucida Millier.
De plus ont été capturés des Lépidoptères et Névroptères
dont la présence est considérée comme simplement fortuite.
Chobaut s'étonne de ne pas avoir trouvé de Myriapodes ;■
ce groupe est cependant représenté dans la grotte comme le
montrent nos récoltes.
Pour Trichoniscus cavernicola, nous renvoyons à l'observation
faite plus haut au sujet de la détermination de cette espèce.
Jeannel et Racovitza.
176. Baoumo de las Fadas.
Situé sur la rive droite de la Cèze, un peu en aval du village,
commune de Tharaux, canton de Baijac, département du Gard,
France. — Altitude : 130 m. env. — Roche : Calcaire créta-
cique. — Date : 26 août 1909.
Matériaux (au fond de la grotte) : Aranéides, Isopodes,
Amphipodes. — Numéro : 276.
134 R. JEANNEL ET E.-G. RAOOVITZA
Matériaux (entrée de la grotte, tamisage) : Copéognathes,
Collemboles, Myriapodes, Aranéides, Isopodes. — Numéro :
276. A.
On trouvera un plan détaillé et une description de cette
grotte dans le mémoire de Mazaurio (1904, p. 155). Une série
de hautes salles, avec ouvertures sur la falaise de la Cèze, ne
sont pas habitables pour des Cavernicoles parce que trop sèches
et éclairées, mais elles offrent d'excellents abris faciles à dé-
fendre qui ont été d'ailleurs utilisés par l'homme néolitique.
Mais au fond de la grande salle basse est un couloir obscur
aboutissant à un petit lac souterrain qui, en temps de crues,
déborde dans le couloir et forme un ruisseau affluent de la
Cèze.
Température de l'air près du lac 13°2 C. Température de
l'eau, 14° C. Cette anomalie thermique s'explique par le fort
courant d'air qui vient des profondeurs de la montagne et qui
souffle dans le couloir.
Nombreuses sont les Chauves-souris aussi bien dans le cou-
loir que sur le plafond de la galerie occupée par le lac. Le
guano recouvre en couche mince le sol et le fond du lac. Cela
explique le nombre considérable de Niphargus (plus de 100)
qu'a rapporté notre piège laissé pourtant en place à peine une
heure. Ces Amphipodes sont grands amateurs de crottes de
Chauves-souris comme une observation directe faite autre
part nous l'a montré.
La Source de Tharaux à 50 m. en aval de la Baoumo de
las Fadas se trouble et augmente de débit en même temps que
le lac de cette grotte d'après ce que disent les gens du pays.
La communication de ces deux résurgences est d'autant plus
probable que leur température est la même : 14° C.
Jeannel et Racovitza.
GROTTES VISITÉES 135
177. Grotte du Serre de Barri ou de Saint- Ferréol.
Située sur le Serre de Barri, commune de Saint-Privat-de-
Champclos, canton de Barjac, département du Gard, France^ —
Altitude : 300 m. env. — Boche : Calcaire crétacique. —
Date : 27 août 1909.
Matériaux : Coléoptères et larves, Thysanoures, Myriapodes,
Aranéides, Chernètes, Isopodes, Mollusques, Champignons. —
Numéro : 277.
L'ouverture très petite est placée presque au ras du sol dans
le taillis qui couvre le sommet du Serre de Barri, aussi faut-il
avoir un guide pour la trouver. Mazauric (1904, p. 153) a
publié une description succinte accompagnée d'un plan de
cette grotte qui compte environ 500 m. de galeries. Après avoir
passé un labyrinthe de boyaux étroits, on pénètre dans un
couloir s'élargissant en larges salles à parois entièrement cou-
vertes de concrétions. De nombreuses stalactites, des piliers
souvent considérables (12 m. de hauteur), des draperies variées
ornent la grotte. Le suintement est peu abondant, nombre de
parois sont sèches, et -sur le sol peu argileux et en grande partie
stalagmite existent quelques flaques d'eau peu importantes.
Température de l'eau, 14° C.
Nous avons vu quelques Chauves-souris, et en plusieurs
endroits le guano est accumulé en petits tas. C'est autour de
ces endroits qu'on trouve les animaux. Nous avons recueilli
dans ces conditions trois individus mâles d'un intéressant
Silphide : Diaprysius Fagniezi Jeann. Des Aranéides à lon-
gues pattes tendent leurs toiles triangulaires au-dessus du guano.
Les Glomérides furent trouvés sur des fragments ligneux.
Dans un excrément humain avaient germé des graines de
Phanérogames; la tige de la plantule était démesurément
allongée mais les cotylédons étaient rudimentaires.
Meannfx et Racovtzta
13C> R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
178. Grotte du Lautaret.
Située au hameau du Lautaret, commune de Labégude, can-
ton d'Aubenas, département de l'Ardèche. France. — ^4//?-
tude : 240 m. env. — Roche : Calcaires jurassiques. — Date :
28 août 1909.
Matériaux : Thysanoures, Collemboles, Myriapodes. Ara-
néides, Isopodes. — Numéro : 278.
L'entrée de cette grotte est signalée par une dépression
ovoïde présentant d'un côté un ressaut de 2 m. dû à une faille
qui est probablement cause de la formation de la grotte. Un
escalier en pierre conduit au bout de 4 à 5 m. dans un vestibule
d'où partent deux couloirs, l'un de 50, l'autre d'une trentaine
de mètres. Le plus long est garni de concrétions très blanches
et les « stalactites-fils » de Prinz (1908, p. 40) y sont particulière-
ment développées. Les suintements sont cependant peu nom-
breux.
L'autre couloir est plus humide et envahi par l'argile molle.
Pas de Chauves-souris, ni de guano, mais de nombreuses plan-
che? pourries qui hébergent une faune sinon variée, du moins
très abondante. Des petites Aranéides noires surveillent des
pontes discoïdes sous les planches.
Jeannel et Racovitza.
179. Baoumo de Vogiié.
Situé près du village, commune de Vogué, canton de Ville-
neuve-de-Berg, département de l'Ardèche, France. — Alti-
tude : 140 m. env. — Roche : Calcaires crétaciques (?) —
Date : 28 août 1909.
Matériaux ; Coléoptères,* Diptères, Siphonaptères, Nycté-
GROTTES VISITÉES 137
ribies, Collemboles, Aranéides, Isopodes, Mollusques. — Nu-
méro : 279.
A 300 m. de Vogué, sur la route nationale s'ouvre une arcade
dont le plancher a été canalisé et le canal se continue sous la
route. Par cette arcade, on pénètre dans un vestibule rempli
d'argile d'où partent deux couloirs irréguliers.
Le couloir de gauche est peu humide, sans concrétions et
paraît se terminer après une longueur d'une cinquantaine de
mètres.
Le couloir de droite mène à un lit de ruisseau souterrain très
étroit et nous fûmes arrêtés par un bief d'eau très profonde.
En montant sur le talus argileux, on peut avancer dans un
couloir tapissé de concrétions qui est séparé du ruisseau par un
rideau de stalactites. Nous nous sommes arrêtés après un par-
cours de 100 m. env.
De nombreuses Chauves-souris habitent la grotte et le guano
est abondant.
Température de l'air au fond, 14°75 C.
Jeannel et Racovitza.
180. Grotte du Château d'Ebbou.
Située à côté des ruines du château d'Ebbou, sur la rive droite
de l'Ardèche, commune de Vallon, canton de Vallon, départe-
ment de l'Ardèche, France. — Altitude : 80 m. env. — Roche :
Calcaires crétaciques. — Date : 29 août 1909.
Matériaux : Coléoptères, Diptères, Collemboles, Myriapodes,
Aranéides, Acariens. — Numéro : 280.
Le plan de cette grotte, levé par Gaupillat, et une succincte
description ont été publiés par Martel (1894, p. 102), mais ce
plan est incomplet car il ne figure qu'une galerie et en réalité
il y en a deux qui divergent près de l'entrée commune.
138 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Nous avons suivi la galerie de Gaupillat sur 150 m. env. ;
après une haute galerie sèche, à travers un passage étroit nous
avons pénétré dans une salle irrégulière pourvue de nombreuses
concrétions. Le sol très argileux est humide. Sur toutes les
parois on observe les traces non douteuses de crues récentes.
Pas de Chauves-souris, ni de guano, mais des débris de paille
qui hébergent de nombreux animaux. Là se trouvent en très
grand nombre des Silphides, Diaprysius Serullazi subsp. Peye-
rimhoffi Jean, et Bathysciola Linderi Ab.
L'autre galerie, s'ouvrant à droite de la première, a été suivie
sur une cinquantaine de mètres. Une forte descente conduit
dans une salle irrégulière, tapissée de fort belles concrétions,
à sol argileux ou stalagmitique et très humide.
Température de l'air, 13°5 C.
Pas de Chauves-souris, ni de guano, et animaux très rares.
Par temps de crues un fort ruisseau sort de la grotte d'Ebbou.
Jeannel et Racovttza.
181. Grotte de la Dragonière.
Située sur la rive droite de PArdèche, quartier de Rabèje,
commune de La Bastide-de-Virac, canton de Vallon, départe-
ment de l'Ardèche. France. — Altitude 80 m. environ. —
Roche : Calcaire crétacique. — Date : 29 août 1909.
Matériaux : Isopodes, Amphipodes. — Numéro : 281.
Les recherches de Raymond (1897), ont montré que cette grotte
est l'ancien lit, fonctionnant encore par fortes crues comme trop-
plein, d'une rivière souterraine dont on peut atteindre un bief
à une cinquantaine de mètres de l'entrée ; ensuite, en bateau, on
parcourt un couloir qui s'élargit à droite en une salle au fond
de laquelle est la résurgence de la rivière. L'eau s'écoule par
un couloir étroit à gauche, couloir dont la partie explorée a
CROTTES VISITÉES 139
une direction parallèle au lit de l'Ardèche. Raymond croit
que la confluence de la rivière souterraine et de l'Ardèche se
fait à quelques kilomètres plus en aval, à un endroit connu des
pêcheurs de Truite pour la fraîcheur de son eau. Cette hypo-
thèse est plausible mais nous croyons que la source de la Dra-
gonière qui sort de terre sous la grotte peut aussi provenir
de la rivière souterraine ; les températures des eaux le font sup-
poser en effet. Mais seules les expériences avec les matières
colorantes pourront résoudre le problème et ces expériences
ne sont pas faites.
Nous n'avons exploré que les couloirs secs, dont un parallèle
à la galerie de la rivière, accessible par une corniche à gauche
du bief et qui permet d'atteindre le cours de la rivière en trois
endroits différents et non en deux comme l'indique le plan de
Raymond.
Cet auteur trouva au bief la surface de l'eau complètement
recouverte de paillettes de carbonate de chaux à sa première
visite, mais, à la seconde, les eaux étant abondantes, les pail-
lettes avaient disparu. A sa troisième visite, par très basses
eaux, il les retrouva. Le 29 août, les eaux sont très basses et
nous trouvons l'eau du bief complètement recouverte d'une
couche continue de paillettes. Le lendemain elles avaient dis-
paru mais nous les retrouvons à 30 m. plus loin dans la région
accessible par le couloir mentionné plus haut. Ce déplacement
indique-t-il un mouvement naturel de l'eau ou est-il le résultat
de l'agitation qu'a occasionné la mise en place des engins de
pêche ? Nous ne saurions le décider.
Les paillettes calcaires, que l'un de nous a déjà eu l'occasion
d'étudier aux Baléares dans les grottes du Drach, ne se for-
ment qu'à la surface des eaux immobiles soumises à une active
évaporation. Elles flottent en équilibre instable, car l'agitation
même faible du liquide les fait tomber au fond : pourtant elles
ne forment pas de dépôt sur le fond, ce qui indique qu'elles
sont redissoutes en temps de crues.
Raymond trouva (en été ?) dans la salle du fond,^que la
140 R. JEAXNEL ET E.-G. RACOVITZA
température de l'air était de 14° C et la température de l'eau
13°5 C. Nous avons trouvé que la température de l'air dans le
couloir du bief était de 14° C, celle de l'eau 14°30 C et celle de
la source de la Dragonière 14°8 (1). Les températures de
Raymond ont des rapports normaux ; les nôtres présentent des
anomalies que nous ne nous chargeons pas d'expliquer.
Les galeries sèches, sans Chauves-souris et sans guano,
balayées par les crues, ne nous ont fourni aucun animal. Par
contre, dans l'eau, nous avons fait bonne pêche.
Les Sphaeromides Raymondi, dont Raymond ne captura
qu'un seul exemplaire, sont très communs. La manière dont ils
se comportent est très semblable à celle des grandes Cirolona
épigées marines. Ils ne roulent pas en boule ; ils ne pourraient
même se plier du côté ventral plus qu'une Cirolana boréal is
par exemple. Ils marchent assez lentement sur le fond vaseux
du bief, et nagent entre deux eaux à l'aide des pléopodes
lorsqu'ils sont dérangés. La lumière ne les effraye guère, ni
le bruit.
Des Niphargus de grande taille sont également communs ;
ils se tiennent sur le fond et nagent couches sur le flanc.
Jeannel et Racovitza,
182. Grotte de la Foussoubie.
Située sur la rive droite de l'Ardèche à 600 m. en amont
du Pont d'Arc, commune de Vallon, canton de Vallon, départe-
ment de l'Ardèche, France. — Altitude : 90 m. env. — Roche :
Calcaire crétacique. — Date : 30 août 1909.
Matériaux : Coléoptères, Isopodes, Oligochètes. — Nu-
méro : 282.
Sur le plateau de Virac est une vaste caverne qui absorbe
(1) Le 31 août la tempérât lire "de l'eau fie l'Ardèche (Hait de 10°.'> C.
GROTTES VISITÉES 141
plusieurs petits ruisseaux et qui se nomme la Goule de Fous-
soubie ; on n'a pu l'explorer complètement à cause de la pré-
sence de l'acide carbonique. On prétend dans le pays, et
Martel (1894, p. 106) a adopté cette manière de voir, que
l'eau engouffrée dans la goule sort par la source de Foussoubie
à plus de 3 km. de là pour se déverser dans l'Ardèche et que,
en temps de crues une partie s'échappe par la grotte de Fous-
soubie située un peu au-dessus. Il est possible que les choses
se passent ainsi, mais rien ne le prouve d'une façon irréfutable.
Les recherches que nous avons effectuées uniquement dans la
grotte de Foussoubie, au lieu d'apporter une solution définitive
compliquent le problème par la découverte d'une curieuse ga-
lerie qui n'est pas indiquée sur le plan de Gaupillat publié par
Martel (1894, p. 107). Voici, en effet, ce que nous avons vu.
Après avoir suivi le couloir d'entrée jusqu'à la grande nappe
d'eau, marquée « point le plus bas » sur la carte, nous nous
sommes engagés dans le couloir de droite qui, après un parcours
d'une trentaine de mètres, aboutit à une salle irrégulière de
25 m. de diamètre dont une partie très basse de plafond est
garnie de belles concrétions. Le couloir était rempli d'une masse
énorme de sable argileux que Martel ne signale pas et qui pro-
bablement est de venue récente, car nous avons trouvé à la
place de la galerie marquée / sur le plan une amorce de couloir
complètement comblée par le même dépôt.
Au fond de la salle, il y a un étroit passage à travers un rideau
de stalactites, puis une grande salle avec de beaux piliers et
de belles draperies où la carte place un lac qui n'existe plus.
Notons qu'un des piliers s'est décollé du plafond d'environ
30 cm. et qu'il s'est formé un nouveau chapiteau de même
forme que l'ancien mais beaucoup plus étroit.
A gauche, s'ouvre ensuite une véritable galerie de mine d'une
soixantaine de mètres de longueur, aboutissant à une nappe
d'eau qu'on perd de vue parce que la galerie fait un coude ;
on entend au loin un rapide ou une cascade ce qui démontre
que le « lac du plongeur » n'est pas une simple poche à eau
142 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
comme le croyaient Gaupillat et Martel, mais bien un bassin
en communication avec un courant.
A droite de la salle du lac disparu, est figurée sur le plan une
amorce de couloir aboutissant à une petite salle ronde. Nous
nous sommes engagés dans ce couloir qui n'a pas abouti à une
salle ronde mais, après 20 m. env., nous a menés à une vaste
fente de la paroi s'ouvrant sur un aven considérable, régulière-
ment arrondi, de 7 à 8 m. de diamètre, dont on pouvait voir vers
le haut une longueur d'une vingtaine de mètres et vers le bas
une profondeur égale ; les pierres jetées tombent dans l'eau.
Il serait intéressant de compléter l'étude de cette grotte et
de déchiffrer l'énigme hydrographique qu'elle présente ; il fau-
drait déterminer quelles relations il y a entre la source et son cours
souterrain du « point le plus bas » que Goupillât a découvert,
entre le ruisseau du lac du plongeur et l'eau du fond de l'aven
et les rapports que présentent ces veines liquides avec les eaux
de la Goule.
Voici les températures que nous avons trouvées. Tempéra-
ture de l'air au fond, 13° G. Température de l'eau : au « point
le plus bas », 12°5 C ; à la galerie du « lac du plongeur »,
12°5 C; à la source de Foussoubie, 12°75 C (1). Gaupillat
donne 12°75 C pour le lac du plongeur.
Les pêcheurs nous ont dit qu'en temps de crues un très fort
courant sortait de la grotte ; d'ailleurs, les parois à l'intérieur
montrent des traces non douteuses d'inondations, chose que
confirment les dépôts abondants de sables argileux et les chan-
gements que nous avons constatés depuis l'exploration de
Gaupillat en 1892.
Pas de Chauves-souris ni de guano. Sur les bancs d'argile
nous avons trouvé des Trechus Mayeti Ab. et un exemplaire
du Diaprysius Serullazi subsp. Peyerimhoffi Jeann. Des engins
placés dans la nappe d'eau du « point le plus bas » n'ont rien
pris.
Jeannel et Racovitza.
(1) Le :'.l août la température <lo l'eau <lo l'Ardèche était de 19°r> 0
GROTTES VISITÉES 113
183. Grotte du Midroï.
Située sur la rive gauche de l'Ardèche, quartier de Gournier,
commune de Saint-Remèze, canton du Bourg-Saint-Andéol,
département de l'Ardèche, France. — Altitude : 70 m. env. —
Roche : Calcaire crétacique. — Date : 31 août 1909.
Matériaux /Collemboles, Isopodes, Amphipodes. Numéro :283.
La description complète de cette grotte, accompagnée d'un
plan, a été publiée par Raymond (1897) qui a exploré environ
1.100 m. de galeries occupées souvent par de petits lacs. Nous
n'avons fait de recherches que jusqu'au premier lac qui a
36 m. de longueur. La galerie est jusque là dépourvue de con-
crétions et ses parois creusées de marmites et chaudrons, pré-
sentent les signes certains d'inondations récentes ; le sol est
d'ailleurs couvert de bancs argileux. En temps de crues, un
ruisseau sort de la grotte.
Raymond a trouvé pour la température de l'air 14° C. Nous
avons trouvé pour l'eau du lac 13°75 C.
Nos engins placés dans le lac n'ont rapporté que des Ni-
phargus. Raymond (1897, p. 339) signale « au milieu des
Gammarus un Trichoniscus cavemicola », assertions tout à fait
fantaisistes. Il faudrait pourtant qu'on se décide à laisser aux
spécialistes le soin de déterminer les espèces. S'abstenir, quand
on n'est pas spécialiste, de parsemer son texte de noms latins
péchés au hasard dans de vagues réminiscences, est non seule-
ment un devoir de conscience scientifique, mais encore une
règle indispensable au progrès de la science. Une fausse déter-
mination peut empêcher des généralisations fructueuses ou
les lancer sur une mauvaise voie.
Jeannel et Racovitza
144 R. JEANNEL ET E.-G. RAC0V1TZA
184. Grotte de Maïagar.
Située sur la rive droite de l'Ardèche, dans le quartier de
la Madeleine, commune de Saint-Martin-d'Ardèche, canton du
Bourg-Saint-Andéol, département de l'Ardèche, France. —
Altitude : 100 m. env. — Roche : Calcaire crétacique. — Date .'
31 août 1909.
Matériau?: : Coléoptères, Myriapodes, Isopodcs, — Numéro :
284.
Martel (1894, p. 101) a publié un plan et une description
de cette grotte qui contient de l'acide carbonique ; c'est d'ail-
leurs cette dernière particularité qui nous incita à la visiter.
Du grand portail, béant au-dessus de l'Ardèche, on pénètre
dans un couloir étroit à parois creusées de marmites et sans
concrétions. Au bout de 100 m., on arrive à un endroit marqué
« carrefour »> sur le plan de Martel ; à droite le couloir se con-
tinue pendant une centaine de mètres encore ; à gauche, une
petite descente mène à un bas-fond que Martel trouva occupé
par un lac et par de l'acide carbonique. Or, lors de notre visite,
le lac était réduit à une petite flaque d'eau, l'acide carbonique
avait disparu et de l'autre côté de la flaque une échelle était
dressée contre la paroi ; le propriétaire de la grotte, M. Chabot,
a découvert en effet un passage à cet endroit qui conduit, paraît-
il, dans une vaste galerie.
Mais si l'acide carbonique a disparu de l'endroit indiqué
par Martel on le retrouve dans le carrefour et surtout dans
la partie du couloir a voisinante. Les bougies y brûlent mal, et
les effets physiologiques (oppression, mal de tête, goût métal-
lique dans la bouche) sont très nets. Vers le milieu du couloir,
à un endroit où la voûte est très basse, une coulée d'air froid
tombe du plafond fissuré ; c'est à cet endroit que l'acide carbo-
nique paraît le plus abondant et c'est par là qu'il doit se déverser
dans la grotte. Lorsque les eaux sont hautes, un siphon doit
GROTTES VISITÉES 145
s'amorcer à l'endroit où se trouve le passage découvert par
Chabot et l'acide s'accumule au-dessus du lac ; lorsque les
eaux sont basses, l'air peut circuler par le siphon désamorcé
et l'acide circule dans la grotte et est évacué au dehors.
La température de l'air, au fond, est de 16°5 C.
Les Coléoptères (Trechus Mayeti Ab.), Myriapodes et Iso-
podes ont été recueillis dans le couloir sur des débris ligneux.
Ils sont relativement nombreux et non différents de ceux des
grottes voisines. La richesse en acide carbonique de l'air
qu'ils respirent ne semble les gêner en aucune façon.
Jeannel et Racovitza
185. Baoumo de la Campana.
Située sur la rive gauche de l'Ardèche, à la sortie des Gorges,
quartier des détroits, commune de Saint-Martin-d'Ardèche,
canton de Bourg-Saint- Andéol, département de l'Ardèche,
France. — Altitude : 100 m. env. — Roche : Calcaire crétacique.
— Date : 31 août 1909.
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Aranéides, Acariens,
Isopodes. — Numéro : 285.
L'entrée très vaste conduit dans un vestibule orné de deux
grandes coulées stalagmitiques en forme de cloche, d'où le nom
de cette grotte. La galerie qui suit se termine dans une haute
salle garnie de concrétions, la seule partie humide et obscure
de la grotte. La longueur totale de cette caverne ne dépasse
pas 60 m. Le sol a été bouleversé par l'exploitation des
phosphates.
Température de l'air au fond, 16°5 C.
La faune est très riche mais se trouve localisée sur le guano
répandu dans les niches de la salle du fond.
Jeannel et Racovitza.
140 11. JE\NNEL ET E.-G. KACOV1TZA
186. Baoumo de Pasques.
Située sur la rive gauche (1) du Gardon, au-dessous du vil-
lage, commune de Collias, canton de Remoulins, département
du Gard, France. — Altitude : 30 m. env. — Roche : Calcaire
crétacique. — Date : 1er septembre 1909.
Matériaux : Diptères, Nyctéribies, Collemboles, Aranéides,
Isopodes, Amphipodes. — Numéro : 286.
Un vestibule large et bas, de 15 m. de long, un court couloir
dévalant en pente raide, une salle de 40 sur 20 m., constituent la
partie connue et accessible de cette grotte dont la description et
le plan ont été publiés par Mazauric (1898, p. 238). Un bassin
d'eau occupe une moitié de la longueur de la salle ; l'autre
moitié est envahie par des dépôts d'argile sableuse. Du fond de
la salle l'eau coule d'un mouvement rapide vers l'entrée où
elle doit se perdre par siphonement.
Mazauric croit que cette rivière souterraine est une simple
dérivation du Gardon. Ce n'est pas ce qu'indiquent les tempé-
ratures. Nous avons trouvé : Eau du cours souterrain, 14°75 C ;
eau du Gardon en amont des sources 17°5 C.
En temps de crues, l'eau du Gardon s'engouffre dans la
Baume qui n'est située qu'à 6 m. au-dessus du niveau habituel.
Les Chauves-souris sont nombreuses dans cette grotte ;
elles se tiennent dans la salle du fond, aussi bien au-dessus du
talus, où des petits amas de guano se sont formés par places,
qu'au dessus du bassin aquifère. Malgré ces circonstances à
première vue favorables, nos engins n'ont capturé au bout de
24 heures que quelques Niphargus.
Les Trichoniscus sont très nombreux sur le talus.
Jeannel et Racovitza.
(1) ("est à tort que MazauIUC (1898) la place sur la rive droite ; sur la carte il indique pourtau
correctement sou emplacement.
GROTTES VISITEES 147
187. Grotte de l'Hermitage.
Située près de l'Hermitage de Collias, commune de Collias,
canton de Rernoulins, département du Gard, France. — Alti-
tude : 150 m. env. — Roche : Calcaire crétacique. — Date :
1er septembre 1909.
Matériaux : Diptères, Trichoptères, Thysanoures, Aranéides,
Isopodes, Mollusques. — Numéro : 287.
La description de cette grotte, accompagnée d'un plan, a
été publiée par Mazaueic (1898, p. 160). C'est un long couloir
descendant de 220 m. qui longe de près la surface de la colline
qui la contient, car d'une part les racines y pénètrent, et, d'autre
part, sa température est plus élevée que celle des grottes de
la région. Notre guide nous affirme que dans la salle dite de
« l'église », par un trou situé à 4 m. de hauteur, on peut pénétrer
dans une galerie très longue et qui n'a pas été mentionnée par
Mazauric.
Le sol argileux est assez humide. Vers le fond les concrétions
sont abondantes ; il n'existe pas de bassins aquifères.
Température de l'air du fond, 15°75 C.
Pas de Chauves-souris, mais des crottes éparses de ces ani-
maux qui doivent fréquenter cette grotte en hiver.
Jeannel et Racovitza.
188. Spelunque de Dions.
Située au-dessus du village, commune de Dions, canton de
Saint-Chapte, département du Gard, France. — Altitude :
140 m. env. — Roche : Calcaire crétacique. — Date : 2 septembre
1909.
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Aranéides, Isopodes,
Oligochètes. — Numéro : 288.
AKCH. DE ZOOL. EXP. ET OÉN. — 5 SÉKIE. — T. V. — (III). 11
148 li. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Ce gouffre, de 400 m. de tour et 70 m. de profondeur, au fond
duquel est une salle de 50 m. de long sur 40 m. de large et par
place de 50 m. de hauteur, est bien connu et a été souvent dé-
crit ; nous renvoyons les intéressés au mémoire de Mazauric
(1898, p. 134).
La lumière pénètre partout ; la température n'y est pas cons-
tante mais un peu plus basse qu'à l'extérieur à cause de l'air
froid qui tombe des hautes fissures du plafond de la salle.
Les Chauves-souris viennent s'y réfugier et le guano épars
n'est pas rare.
La faune qui l'habite n'est pas troglobie ; elle est formée
par des animaux d'entrée de grottes. Les Porcellio laevis
sont très abondants sous les pierres là où il y a du guano.
Jeannel et Racovitza.
189. Grotte longue de Dions.
Située en face de la digue, à proximité du village, commune de
Dions, canton de Saint-Chapte, département du Gard, France.
— Altitude : 50 m. env. — Boche : Calcaire crétacique. —
Date : 2 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Isopodes, Champi-
gnons. — Numéro : 289.
Cette grotte à double ouverture a été décrite, avec plan à
l'appui, par Mazauric (1898, p. 179). Une galerie large à gauche
de l'entrée est interrompue après 25 m. par un aven d'une
dizaine de mètres. On nous dit qu'au fond de l'aven on entend
couler (?) le Gardon. Cette galerie est sèche et son sol est bou-
leversé par les fouilles.
A droite de l'entrée s'amorce un long boyau fortement ascen-
dant qu'on peut suivre sur une cinquantaine de mètres. Vers
le fond, l'humidité devient grande, et quelques concrétions
ornent les parois.
GROTTES VISITÉES 149
Température de l'air au fond du couloir de droite 14° C.
Nous n'avons trouvé de cavernicoles que dans les régions
humides de la grotte.
Jeannel et Racovitza.
190. Grotte du Sureau.
Située sur la rive droite du Gardon, près le lieu-dit Castelviel,
commune de Sainte-Anastasie, canton de Saint-Chapte, dé-
partement du Gard, France. — Altitude : 170 m. env. — Roche :
Calcaire crétacique. — Date : 3 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères, Diptères, Thysanoures, Collem-
boles, Myriapodes, Aranéides, Isopodes, Mollusques, Oligo-
chètes. — Numéro : 290.
Cette grotte, dont on trouvera le plan et la description dans
Mazauric (1898, p. 190), est formée par deux grandes salles.
La première à partir de l'entrée est éclairée jusqu'au fond non
seulement par l'entrée assez vaste, mais par un second orifice
au-dessus du premier. La seconde salle de 50 m. sur 30 m. env.,
communique avec la première par d'étroites fissures. Elle est
obscure, entièrement tapissée de concrétions variées et n'est
humide qu'en certains points.
Température de l'air au fond, 12°75 C.
Le guano est très abondant dans la seconde salle ; il a, paraît-
il, été exploité. Les Chauves-souris sont encore nombreuses.
Les animaux très nombreux sont localisés dans les endroits
humides. Ce sont des Endogés plutôt que des Cavernicoles.
Jeannel et Racovitza.
191. Grotte de Niaux.
Située sur la rive droite du Vicdessos, commune de Niaux,
canton de Tarascon-sur-Ariège, département de l'Ariège,
150 R. JEANNEL ET E.-G. RACOV1ÏZA
France. — Altitude : 672 m. — Roche : Calcaires et marbres
secondaires. — Date : 12 septembre 1909.
Matériaux : Lépidoptères, Coléoptères, Diptères, Trichop-
tères, Collemboles, Myriapodes, Aranéides, Acariens, Isopodes,
Phanérogames, Champignons. — Numéro : 291.
Pour la description de cette grotte, célèbre par ses dessins
préhistoriques, et qui compte plus de 2 km. de galeries, nous
renvoyons au plan et à la description de Molard (1908) et au
mémoire de Martel (1908, a).
Au point de vue de l'habitat, on peut y distinguer les régions
suivantes :
1° Couloir d'entrée et salle de l'Ours : Parois détrempées,
enduites de concrétions crayeuses. Débris ligneux sur le sol
crayeux ou rocheux. Faune variée de Trogloxènes (Noctuelles
en nombre immense, Némocères nombreux), Troglophiles
(Diplopodes, Trichoniscides, Trichoptères, Aranéides) et même
Troglobies (Coléoptères, Trichoniscides).
2° Galeries jusqu'au « passage en dessous » : Sol couvert d'ar-
gile crayeuse envahie par l'eau en hiver. Pas de concrétions,
pas de ressources alimentaires. Zone azoïque.
3° Galeries du fond : Concrétions abondantes par place. Sol
couvert de puissantes masses de sable. Débris ligneux et brins
de paille. Diplopodes assez fréquents sur les piliers stalagmi-
tiques
La « Galerie d'entre deux lacs » paraît être azoïque.
Dans le lac des Fées et le Grand-Lac nos engins n'ont rien cap-
turé.
Ni Chauves-souris ni guano dans aucune partie de cette
grotte.
La température de l'air prise en plusieurs points est de 12° C.
La température de l'eau au Grand-Lac du fond est de 11°C;
Martel (1908 a, p. 224) indique 11°5 C. Celle du lac des Fées
est de 1 1°5 C.
Jeannel et Racovitza.
C4R0TTES VISITÉES 151
192. Grotte de Malarnaud
Située près du hameau de Le Pleich, commune de Montseron,
canton de Labastide-de-Sérou, département de PAriège,
France. — Altitude : 450 m. env. — Roche : Calcaire crétacique,
— Date : 13 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères, Diptères, Copéognathes, Collem-
boles, Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Acariens, Isopodes,
Mollusques, Champignons. — Numéro : 292.
Du hameau Le Pleich on contourne à travers bois la crête
d'une falaise au pied de laquelle passe la route de Durban au
Mas-d'Azil ; à mi-hauteur de la falaise s'ouvre la grotte par une
vaste entrée ogivale. Une galerie élevée aboutit au bout de
80 m. à une fente à parois à pic de 5 m. de profondeur. Une
échelle en bois qui facilitait la descente est maintenant inuti-
lisable. Ensuite on peut suivre environ 150 m. de couloir étroit.
Vers le milieu de la grande galerie s'amorce un couloir d'une
trentaine de mètres.
Dans le voisinage de l'entrée, la dessication des parois est
complète ; vers le fond on trouve quelques concrétions et un
peu de suintement. Le sol a été bouleversé partout par l'exploi-
tation des phosphates et les fouilles archéologiques.
Température de l'air au fond. 11°1 C.
Guano de Chauves-souris épars un peu partout et accumulé
au fond de la grande galerie. Les Coléoptères et Collemboles
sont surtout fréquents sur deux massifs stalagmitiques du
voisinage de la fente. De grandes surfaces du sol et les dépôts de
guano sont couverts d'une couche continue de moisissures.
Jeannel et Racovttza.
152 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
193. Ruisseau souterrain d'Aulot.
Situé sur la route de la rive droite du Salât, au lieu dit
Aulot, à un quart d'heure au S.-E. de la ville de Saint-Girons,
canton de Saint-Girons, département de l'Ariège, France.
— Altitude : 430 m. — Boche : Calcaires secondaires. —
Date : 14 septembre 1909.
Matériaux : Hyménoptères, Coléoptères, Diptères, Nycté-
ribies, Collemboles, Myriapodes, Aranéides, Acariens, Ixodes,
Isopodes, Amphipodes, Mollusques, Hirudinés. — Numéro :
293.
L'orifice naturel de cette grotte a été remplacé par un tunnel
voûté au cours de la construction du chemin de fer transpy-
rénéen. On suit un étroit couloir dont nous avons parcouru
70 m. env., mais on pourait continuer à condition de se traîner
dans l'eau. Vers le fond, le couloir fait quelques méandres
et le bas de ses parois est creusé en chaudron.
Un petit ruisseau, assez rapide, parcourt la galerie sur un
lit de sable près l'entrée, sur la roche nue au fond ; par place,
des berges d'argile.
Un petit couloir latéral s'amorce près de l'entrée et va re-
joindre après une dizaine de mètres le principal.
Il règne un courant d'air sensible dans la grotte du fond
vers l'extérieur.
Il est probable que ce ruisseau n'est qu'une résurgence
comme l'indique sa température relativement élevée pour la
région.
Température de l'air au fond, 13° C; température de l'eau.
12°5 C.
De nombreuses Chauves-souris doivent se réfugier en hiver
dans cette grotte. Le guano frais forme des amas dans le cou-
loir latéral et se déverse en cascades d'une petite niche haute
vers le milieu du couloir principal. Aussi les Diptères sont nom-
GROTTES VISITÉES 153
breux et leurs larves grouillent dans le guano. D'ailleurs la
faune est en général très riche.
Dans le ruisseau, les Gammarus sont très abondants. Ega-
lement très nombreuses sont les Hirudinées qui sont très forte-
ment attirées par la lumière ; il suffit de tenir quelque temps
une bougie près la surface de l'eau pour voir ces Annélides
s'y diriger en longues files.
Grotte d'Eycheil, à 1 km. d'un village de ce nom qui se
trouve sur la rive gauche du Salât, à 2 km. 5 au sud de Saint-
Girons. Nous la mentionnons pour éviter aux confrères une
course inutile. Cette grotte n'est en effet qu'une petite excava-
tion en partie artificielle avec une petite flaque d'eau au fond
(11° C). Les parois en sont littéralement tapissées de Mous-
tiques couverts de moisissures ; ces Diptères sont morts dans
la position naturelle que prend l'animal vivant lorsqu'il se
pose sur une paroi.
Jeannel et Racovitza.
194. Grotte de Moulis.
Située à 300 m. en amont du pont du Lez, sur la rive droite,
commune de Moulis, canton de Saint-Girons, département de
l'Ariège, France. — Altitude : 430 m. env. — Roche : Calcaires
secondaires. — Date : 15 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères, Diptères, Thysanoures, Collem-
boles,_ Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Isopodes. Numéro :
294.
Un trou rond, très étroit, constitue l'entrée de cette grotte
bien connue des entomologistes. On y parcourt successivement
les régions suivantes :
Un ancien lit de ruisseau étroit, avec parois taillées en chaudron
à la base et coupe en forme de 8 caractéristique, de 50 m. env.
Un couloir très bas, en partie éboulé. Une grande salle basse,
154 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
d'une quinzaine de mètres de diamètre avec concrétions et
quelques piliers. Un large couloir qui décrit quelques méandres
et qui au bout d'une soixantaine de mètres s'abouche à angle
droit avec une haute galerie de même longueur, que parcourt
un petit ruisseau. La source du ruisseau est au plafond et l'eau
tombe en une mince cascade d'une vingtaine de mètres. Der-
rière la cascade est un lit de ruisseau qui se continue, en faisant
un angle droit, dans un couloir rond et très étroit, qui n'a pas
été suivi. A l'autre bout de la galerie, le ruisseau se perd dans
des éboulis et plus loin, dans une petite chambre, une vaste cou-
lée stalagmitique descend d'un étage supérieur qui n'a pas été
exploré.
Le ruisseau coule dans un lit très étroit sur du gravier, mais
ce lit est creusé dans de puissants dépôts d'argile qui occupent
tout le sol de la galerie.
On aperçoit sur les parois plusieurs orifices de galeries
inexplorées.
Température de l'air au fond, 11° C ; température de l'eau,
11°5 C, anomalie dont l'explication doit être cherchée dans
l'origine superficielle de l'eau du ruisseau.
On trouve des crottes de Chauves-souris répandues partout,
mais non accumulées, et quelques débris ligneux épars où abon-
daient les Speonomus stygius Dieck.
Les Aphaenops Phdo Dieck et A. Cerberus Dieck, courent
sur les stalactites surtout dans la grande salle et le long du
ruisseau. Ils semblent chasser des petits Campodea très nom-
breux dans ces parages. Dans le ruisseau, furent capturés
des Asellus.
Jeannel et Racovitza.
195. Grotte de Liqué.
(Seconde mention, voir Biospeologioa VI, p. 332.)
Située à 50 m. du hameau de Liqué, commune de Moulis,
canton de Saint-Girons, département de PAriège, France. —
GROTTES VISITEES 155
Altitude : 600 m. env. — Roche : Calcaires secondaires. — Date :
15 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères, Thysanoures, Collemboles, Myria-
podes, Aranéides, Isopodes, Mollusques. — Numéro : 295.
Nous avons mentionné déjà cette grotte dans nos « Enu-
mérations » parce que nous avions du matériel qui en provenait,
mais nous ne l'avions pas visitée. Son existence n'est connue
que depuis quelques années. Elle s'ouvre dans un décroche-
ment dont le toit dépasse le mur de quelques mètres. Une
fente étroite bâille sur une longueur de 2 m. et au milieu un trou
ovale permet, après une descente de 4 m. avec une échelle,
d'atteindre le plancher d'une petite salle. On parcourt ensuite
toute une série de petites salles et couloirs bas, étages à plusieurs
niveaux dans la direction générale de la faille. Toutes ces ca-
vités sont entièrement recouvertes de concrétions sauf pour
les parties plus profondes en partie envahies par l'argile. Le
dépôt des concrétions est très actif, l'humidité est considérable
et plusieurs flaques d'eau occupent le plancher.
Température de l'air, 14° C ; température de l'eau, 12°75 C.
Les crottes de Chauves-souris sont répandues partout, mais
elles se trouvent accumulées seulement dans un couloir à gau-
che de l'entrée. Les Aphaenops Cerberus Dieck et A. Tiresias
La Brûl. sont nombreux surtout autour des flaques d'eau.
De nombreuses petites Araignées surveillent des pontes sphé-
riques.
Jeannel et Racovitza.
196. Ruisseau souterrain d'Aulegnac.
Situé au-dessus du hameau d'Aulegnac, commune des
Bordes-sur-Lez, canton de Castillon, département de PAriège,
France. — Altitude : 700 m. env. — Roche : Calcaires primaires.
— Date : 16 septembre 1909.
15G R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Maté) tau. v : Diptères et larves, Thysanoures, Aranéides,
Isopodes. — Numéro : 296.
Au fond d'un abris sous roche est un trou par lequel sort un
fort ruisseau ; il donne accès dans une haute salle dont le
plancher est occupé par un lac peu profond. On monte ensuite
par un couloir étroit qui conduit dans une seconde salle plus
petite, que le ruisseau traverse en formant au fond une petite
cascade. Derrière la cascade, le lit du ruisseau prend naissance
dans un petit bassin entouré de voûtes mouillantes, tapissées
de jolies concrétions.
La longueur totale de cette grotte est d'environ 60 m. Elle
n'est pas entièrement creusée dans le calcaire car de puissants
éboulis schisteux occupent son plancher.
On a tenté d'utiliser ce ruisseau pour l'irrigation en creusant
une galerie horizontale de 40 m. env. qui aboutit au bassin
de la source.
Température de l'air au fond, 11°5 C, manifestement in-
fluencée par la galerie artificielle ; température de l'eau,
9«5 C,
On trouve des crottes éparses de Chauves-souris et des débris
ligneux un peu partout mais la faune est pauvre.
Grotte de Laouerde. — On nous signale une autre grotte
sur le territoire de cette commune, et également sur la rive
gauche de la Lez, au lieu-dit Laouerde.
Jeannel et Racovitza.
197. Grotte d'Aubert.
Située à 4 km. au S.-E. du hameau d'Aubert, commune de
Moulis, canton de Saint-Girons, département de l'Ariège,
France. — Altitude : 700 m. env. — Boche ; Calcaires secon-
daires, — Date : 16 septembre 1909.
GROTTES VISITÉES 157
Matériaux : Coléoptères, Diptères, Copéognathes, Thysa-
noures, Collemboles, Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Cher-
nètes, Acariens, Isopodes. — Numéro : 297.
Cette grotte, célèbre dans les annales de l'entomologie par
le nombre des espèces de Coléoptères qu'elle héberge, porte
aussi le nom de grotte de Montfaucon, mais c'est à tort que
Lucante (1880, p. 37) lui attribue aussi le nom de Traou del
Débrémbèri qui s'applique à la belle carrière de marbre située
près d'Aubert.
L'entrée, petite, donne dans une galerie de 200 m. env. sur
20 à 30 m. de largeur, qu'un massif rideau de stalactites, con-
tournable de chaque côté, divise en une petite salle antérieure
claire et une grande salle postérieure obscure.
Le plafond s'élève à 10 et 15 m. par place ; le sol est argileux,
près l'entrée, plus sableux vers le fond. Les parois sont en gé-
néral nues mais vers le fond il y a quelques concrétions. Le
suintement est peu abondant et les flaques d'eau peu impor-
tantes. Tout le sol a été bouleversé par les fouilles archéolo-
giques.
Température de l'air, au fond : 9°75 C.
Les chasseurs de Coléoptères, très nombreux parmi les habi-
tants des villages environnants, ont presque épuisé ce riche
gisement. Les autres groupes, que les clients de ces chasseurs
dédaignent, sont par contre bien représentés autour des
amas de crottes de Chauves-souris du fond de la grotte.
Jeannel et Racovitza.
198. Grotte supérieure du Queire.
Située sur le versant N., près du sommet du Queire de Massât et
indivise entre les communes de Biert et de Massât, canton de
Massât, département de l'Ariège, France. — Altitude : 800 m.
158 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
env. — Roche : Calcaires jurassiques. — Date : 17 septembre
1909.
Matériaux : Coléoptères, Collemboles, Myriapodes, Opilio-
nides. — Numéro : 298.
Le Queire de Massât est un pic calcaire, formé de bancs
redressés et limité de trois côtés par des parois abruptes. La
grotte s'ouvre près du sommet par deux portails de 5 à 6 m.
de largeur, et 3 à 4 m. de hauteur. Du vestibule clair on passe
dans un couloir un peu tortueux de 3 à 4 m. de hauteur et de
largeur, qui aboutit à un bas-fond circulaire de 5 m. de profon-
deur (corde nécessaire) au fond duquel s'amorce un petit cou-
loir de 5 à 6 m. La longueur totale est d'une centaine de mètres.
Les parois en général nues, présentent en quelques endroits
des massifs de stalactites. Le plancher argilo-sableux a été
exploité pour les phosphates et les nombreux ossements
d'Ours qu'il contient. Il n'y a presque pas de suintements et la
grotte est très sèche malgré des pluies persistantes.
Température de l'air au fond, 10° C.
Quelques rares crottes éparses voisinent avec quelques
débris ligneux tout à fait secs. Les animaux sont strictement
limités aux endroits humides.
Jeannel et Racovitza.
199. Grotte inférieure du Queire.
Située au pied du Queire de Massât, commune de Biert,
canton de Massât, département de l'Ariège, France. — Alti-
tude : 720 m. env. — Roche : Calcaires jurassiques. — Date :
17 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères et larves, Diptères, Myriapodes,
Aranéides, Acariens, Isopodes, Mollusques. — Numéro : 299.
L'entrée ogivale et assez vaste s'ouvre à 10 m. au-dessus
GROTTES VISITÉES 159
de l'Arac et donne accès à une galerie presque rectiligne de
150 m. env., qui est d'abord large, haute et pourvue le long de
sa paroi gauche d'une vaste fente profonde de 5 à 6 m. ; ensuite
la galerie s'encombre d'éboulis, de coulées stalagmitiques et fina-
lement elle se rétrécit et l'on arrive à un carrefour d'où partent
plusieurs couloirs. Un premier couloir, d'une quinzaine de
mètres, est le ht d'un ruisseau qui coule au printemps ; nous
l'avons trouvé desséché, mais au fond nous avons trouvé un
petit bassin d'eau profonde. Un second bassin plein d'eau se
trouve au fond d'un autre petit couloir. Enfin, une troisième
ramification existe au-dessus d'une grande coulée stalagmi-
tique ; c'est une salle aussi vaste que la galerie d'entrée, par-
courue par un ruisseau qui se jette dans le carrefour et s'y
perd. En outre, le plancher de cette salle, incomplètement ex-
plorée, supporte plusieurs bassins aquifères de plus de 1 m. de
profondeur.
1 L'humidité est forte partout et les suintements abondants ;
les concrétions sont nombreuses seulement à partir du carrefour.
Dans la galerie d'entrée, le sol est formé d'argile ; plus au fond
il est couvert de sable ou d'enduit stalagmi tique. Le plancher
est bouleversé par l'exploitation du phosphate.
Température de l'air au fond, 11°5 C ; température de l'eau,
10°5 C.
Des masses considérables de guano ancien et frais couvrent
tout le plancher de la galerie d'entrée, mais les animaux y
sont rares. Ils sont extrêmement nombreux au contraire au-
tour des crottes de Chauves-souris dispersées dans les couloirs.
Les Typhloblaniuhis se rencontrent souvent par paquets dans
de petites anfractuosités.
Grotte du Camp Marty. — Cette grotte s'ouvre à 2 ou 3 m.
au-dessus du niveau de l'Arac, à 50 m. en amont de la précé-
dente. L'entrée est constituée par un labyrinthe à plusieurs
orifices qui aboutit à une galerie occupée par un fort ruisseau
traversant plusieurs bassins aquifères profonds. On nous a dit
160 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
que son exploration fut faite par des gens du pays qui suivi-
rent de longues galeries plusieurs fois occupées par des lacs pro-
fonds ; finalement, les explorateurs sortirent par une ouverture
située à 100 m. en amont, dans laquelle les eaux de l'Arac s'en-
gouffrent. Ce ne serait donc qu'une dérivation de la rivière.
Nous avons trouvé la température de l'Arac de 1 1°9 C. ; celle
du ruisseau souterrain 11°75 C, ce qui démontre que des eaux
d'origine souterraine doivent se mélanger à l'eau de la déri-
vation.
Grotte de Calquet située également dans le Queire, sur
la falaise regardant vers Massât, serait d'accès très difficile
(passage d'une étroite corniche et d'une paroi lisse).
Jeannel et Racovitza.
200. Grotte des Neuf-Fonts.
Située sur la rive droite du Garbet, à 150 m. du village, com-
mune d'Aulus, canton d'Oust, département de PAriège,
France. — Altitude : 875 m. — Roche : Calcaires primaires. —
Date : 18 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères et larves, Diptères, Thysanoures,
Collemboles, Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Acariens,
Mollusques. — Numéro : 300.
La grande voûte surbaissée qu'on voit au-dessus de la car-
rière de marbre, avant d'entrer dans le village, est suivie par
une galerie montante de 80 m. au fond de laquelle, en grimpant
sur un éboulis, on peut atteindre une petite salle oblongue.
Le sol est rocheux ou sableux ; concrétions rares, et suintements
peu abondants. On a exploité du marbre dans cette grotte.
Température de l'air au fond, 11°25 C.
Partout des crottes de Chauves-souris disséminées ; la faune
GROTTES VISITÉES 161
est variée, mais peu abondante. Quelques Speouomus novem-
jontium La Brûl. ont été recueillis sur un rocher au fond de
la grotte.
Source des Neuf-Fonts située au-dessous de la grotte,
presque au niveau de la route. L'eau sort par une dizaine
de bouches étroites dont plusieurs siphonantes. Le jour de
notre visite, seules les bouches inférieures fonctionnaient; le
débit était néanmoins considérable.
La source n'est pas une dérivation du Garbet qui avait
9°75 C. tandis que l'eau de la source avait 7°5. Est-ce une résur-
gence de l'étang de Lhers comme le prétendent les gens du pays ?
Il existe dans cet étang, très éloigné, une perte dans laquelle
on a jeté du son qui serait sorti par la source.
Grottes de la rive gauche du Garbet. — On nous signale
qu'en face du hameau Les Berges, dans les falaises de la rive
gauche, il existe deux grottes inexplorées ; l'une au lieu-dit :
« Los Eychoreillos », l'autre, au lieu-dit : «Las pefias», à 100 m.
plus loin.
Grotte d'Ercé, caractérisée par Lucante (1882, p. 36)
comme un puits perpendiculaire à descente difficile, situé
sur le flanc de la montagne qui domine le village et sur la rive
gauche du Garbet. Nous étant informés auprès des habitants
d'Ercé, ceux-ci confirmèrent le fait de la présence d'une grotte
ayant la situation indiquée ; ils ajoutèrent même qu'elle avait
2 km. de longueur. Très sceptiques à cet égard, car la montagne
en question est entièrement granitique, nous nous fîmes con-
duire sur les lieux. Naturellement il n'y avait pas de grotte,
mais une simple cavité de quelques mètres sous un éboulis de
rochers énormes de granit. La grotte d'Ercé n'a donc aucun
intérêt spéologique.
Jeannel et Racovitza.
1(32 R. JEANNEL ET E.-G. RAC0V1TZA
201. Grotte de la Queue rouge.
Située sur la rive droite de l'Alet en face de la chapelle de
Hount-Santo, commune d'Ustou, canton d'Oust, département
de l'Ariège, France. — Altitude : 800 m. env. — Roche : Cal-
caires secondaires ? — Date : 19 septembre 1909.
Matériaux : Myriapodes, Aranéides, Acariens, Isopodes,
Mollusques. — Numéro : 301.
C'est un vaste abri sous roche fermé par un rideau de ver-
dure et pourvu, au milieu, d'un couloir étroit, de 5 à 6 m. de
longueur.
Jeannei, et Racovitza.
202. Grotte de Hount-Santo.
Située sur la rive gauche de l'Alet, à 50 m. au-dessus de la
chapelle de Hount-Santo, commune d'Ustou, canton d'Oust,
département de l'Ariège, France. — Altitude : 800 m. env. —
Roche : Calcaire secondaire. — Date : 19 septembre 1909.
Matériaux : Lépidoptères, Coléoptères, Diptères, Collemboles,
Myriapodes, Aranéides, Champignons. — Numéro : 302.
Parmi les grottes de l'arrondissement de Saint-Girons, Lu-
cante (1880, p. 35) cite les numéros 3 et 4 comme grottes
d'Ustou, dont l'une appelée « de Fontsainte » serait traversée par
un courant d'eau limpide, et le numéro 5 comme grotte de Fon-
tanet, à 7 km. de Seix, fouillée par Garrigou. Il est probable que
cet auteur, en général bien informé, s'est trompé cette fois ; nous
n'avons pas trouvé trace de grotte nommée « de Fontanet » et il
n'y a pas de rivière dans la grotte de Fontsainte. En réalité,
il n'y a que deux grottes, nos numéros 201 et 202, et une source
épigée dont Lucante a dû mal interpréter la situation.
La grotte de Hount-Santo est signalée par une petite
GROTTES VISITÉES 163
ouverture qui permet l'accès d'un couloir descendant
s'abouchant à angle droit avec une vaste galerie de 350 m.
env. de longueur sur 5 à 15 m. de largeur et, par place,
sur 10 m. de hauteur. A gauche de l'entrée, on dévalle dans la
galerie par une pente fortement descendante au pied d'un
énorme cône d'éboulis qui a obstrué l'entrée primitive de la
grotte. On voit encore au-dessus de l'éboulis vin vaste cintre et,
à l'extérieur, on aperçoit, malgré le tapis de gazon, l'autre
face de l'éboulis sous des fragments de voûte ; primitivement,
un vaste abris sous-roche devait servir d'entrée à la grotte.
La galerie s'étend à droite de l'entrée presque en ligne droite
avec chapelles latérales. A une région couverte d'éboulis
succède une autre où le dépôt des concrétions, très actif, a
tout recouvert d'une couche stalagmitique continue. Près du
fond, il y a deux grandes flaques d'eau.
Le sol est couvert par place de bancs de sable. Jusqu'à
environ 100 m. de l'entrée, on trouve d'énormes blocs erratiques
de roches granitoïdes qui n'ont pu pénétrer par l'entrée actuelle;
ils ont dû profiter de l'ancienne ouverture.
Température de l'air au fond, 10°5 C ; température de l'eau
9°75 C.
Les Chauves-souris et le guano paraissent manquer com-
plètement. La seule source de nourriture visible sont les débris
de paille servant à l'éclairage des visiteurs. Les animaux se
tiennent soit au fond, notamment les Julides et Antrocharis
Querilhaci Lesp., soit près de l'entrée où grouillent jusque dans
les parties claires les Speonomus stygius Dieck; la région
médiane sableuse est azoïque.
La Source de Hount-Santo sort de terre par plusieurs grif-
fons très rapprochés près de la chapelle du même nom. Sa tem-
pérature est de 10°5 C ; celle de l'Alet était de 14° C. C'est
à ce courant d'eau qu'il faut attribuer le creusement de la grotte
précédente, qui présente tous les caractères d'un lit de ruisseau
souterrain.
AROH. DE ZOOL. EXP. ET QÉN. — 5 SÉRIE. — T. V. — (m). 12
164 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
La Grotte du château de la Garde est une caverne non
explorée qui se trouve un peu au-dessous de ce Château marqué
sur les cartes.
Le Souterrain du Château de Mirabat (prononcez Mira-
batche), indiqué sur les guides et que la tradition fait communi-
quer, à plus d'un kilomètre plus bas, avec le Château de la
Garde, est inexploré. D'après les renseignements qu'on nous a
fournis, il y a, à 200 m. du Château de la Garde, un aven ; il
existerait une entrée de souterrain à l'autre Château ; c'est
tout ce que l'on sait de certain.
Grotte de Rogalle, à deux heures de marche du village
de ce nom, vers la montagne ; on nous l'a indiquée comme très
vaste.
Jeannel et Racovitza.
203. Grotte de Laméza.
Située à la lisière supérieure du bois de Laméza, sur la rive
gauche de l'Arros, commune de Seix, canton d'Oust, départe-
ment de l'Ariège, France. — Altitude : 1.300 m. env. — Boche :
Calcaires primaires. — Date : 20 septembre 1909.
Cette grotte est située à la limite de la zone forestière, à la
source d'un fort torrent affluent de l'Arros. Par l'orifice en
forme de voûte surbaissée de 4 m. de diamètre, il sort un courant
d'air glacial tellement violent que les nombreuses orties qui
peuplent les environs sont secouées et rabattues comme par
un vent d'orage. L'intérieur de la grotte est constitué par un
couloir de 50 m., coudé au milieu, rempli d'éboulis recouvrant
du sable et du gravier, à parois nues. Au fond du couloir, coule
le ruisseau dont le lit est bordé par une muraille continue d'ébou-
lis. Par une fente ménagée entre deux rochers, on peut arriver
GROTTES VISITÉES 165
à l'eau qui dévale en amont d'un couloir en pente de 2 m. de
diamètre et qui se perd en aval sous un éboulis. Des gens du
pays nous ont affirmé qu'on peut suivre le couloir d'amont
pendant 700 m. ; nous doutons cependant que quelqu'un
ait jamais mis le pied dans ce couloir ; tous les détails qu'on nous
a donnés sur cet endroit étaient manifestement inventés de
toutes pièces.
Un courant d'air glacial se manifeste avec violence dans toute
la grotte, et l'exploration de la rivière ne pourait se faire sans
lanternes bien closes, qui malheureusement nous manquaient.
Température de l'air, 6° C.
Nous n'avons trouvé aucun être vivant dans cette grotte.
Jeannel et Racovitza.
204. Grotte inférieure du Queue blanc.
Située sur la rive droite de l'Arros dans le bois de Soulax,
commune de Seix, canton d'Oust, département de l'Ariège,
France. — Altitude : 1100 m. env. — Roche : Calcaires pri-
maires. — Date : 20 septembre 1909.
Matériaux : Larves de Coléoptères, Collemboles, Aranéides.
— Numéro : 303.
Cette grotte s'ouvre en face des Granges de Patience, au pied
de la falaise nommée Queire blanc. L'orifice, en forme de fente
étroite, donne accès à une salle oblongue de 50 m. qui se conti-
nue au fond par un court et étroit couloir. Au milieu de la salle
le plafond est à plus de 50 m. de hauteur et l'on voit en un
endroit la lumière du jour. En réalité, la grotte n'est qu'un aven
dans lequel on peut pénétrer par le fond.
Les parois sont couvertes de concrétions crayeuses comme
dans toutes les cavités à active circulation d'air, et par consé-
f| uent à précipitation rapide des eaux calcaires. Le sol est cou-
vert d'éboulis et le suintement très abondant.
166 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Température de l'air au fond, 10°5 C.
Des dépôts épais de feuilles mortes détrempées se sont formés
près de l'entrée ; tombées par l'aven, elles sont poussées vers
l'orifice du bas par le courant d'air. Ce dépôt est azoïque.
Nous n'avons trouvé au fond que la curieuse larve de Rha-
gonycha, depuis longtemps signalée dans les cavernes et des
Aranéides. Les tamisages à l'entrée n'ont fourni que les luci-
coles habituels des mousses ou feuilles sèches.
Grotte supérieure du Queire blanc. — Au-dessus de l'en-
trée de la grotte précédente, sur une plate-forme difficilement
accessible, de 7 à 8 m. de hauteur, on aperçoit l'orifice d'une
grotte inexplorée. Si ce n'est pas un simple abri sous roche,
ce doit être une caverne indépendante, car il n'existe pas dans
la grotte inférieure de galerie pouvant établir de communi-
cation entre les deux.
Jeannel et Racovitza
205. Aven de Sainte- Catherine.
Situé à mi-hauteur de la Haute-Serre, commune de Bala-
guères, canton de Castillon, département de l'Ariège, France.
— Altitude : 530 m. — Roche : Calcaires jurassiques. — Date :
22 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères, Thysanoures, Collemboles, Myria-
podes, Isopodes, Oligochètes. — Numéro : 304.
Cette belle caverne et la suivante nous ont été signalées par
M. Morère, notaire à Engomer, qui de plus nous a aidés dans notre
exploration. Au milieu du causse de la Haute-Serre, à végétation
clairsemée, apparaît une tache de verdure formée de brous-
sailles ; c'est l'emplacement du grand orifice de l'aven, ouver-
ture elliptique de 20 m. de large, creusée dans le plafond d'une
très vaste salle. Au bord sud de la grande ouverture la pro-
fondeur est de 15 m., mais la salle est deux fois plus haute au
GROTTES VISITEES 167
milieu du côté E., où l'on voit la lumière pénétrer par un second
orifice beaucoup plus petit.
Une troisième ouverture existe à une trentaine de mètres,
à l'E. du grand orifice et à un niveau inférieur ; elle donne
accès à un boyau horizontal qui aboutit à mi-hauteur de la
paroi de la grande salle. C'est par là, qu'avec une échelle de
7 m., on peut descendre commodément.
Le plancher de la première salle est incliné vers le sud et
couvert d'éboulis, sur lesquels une luxuriante végétation
(Lierre, Lycopodes, Fougères variées) s'est développée sous
le grand orifice ; dans les parties moins éclairées, des Algues
et Lichens variés recouvrent de leurs couches multicolores
toute la surface du sol.
On descend ensuite dans le coin N.-0. de la salle sur une
forte pente d'éboulis et Ton pénètre dans une seconde salle,
de plus de 100 m. de hauteur, dont le plafond paraît laisser
filtrer un peu de lumière par un faible orifice. Le sol est égale-
ment couvert d'éboulis et les parois sont très humides et nues.
La descente continue aussi rapide, d'abord par une galerie de
15 m., ensuite à travers une fente basse par une chambre entiè-
rement recouverte de concrétions et finalement, après l'escalade
d'une petite banquette, on aboutit à un portail étroit qui s'ouvre
sur un large puits circulaire de 20 m. de profondeur, sur-
monté d'une voûte de même hauteur.
Les parois du puits, recouvertes d'argile, forment près la
base une corniche circulaire d'environ 2 m. en dessous de laquelle
le fond du puits prend l'aspect d'une salle vaguement circulaire.
Le sol en est recouvert de fine argile plastique et un thalweg
est creusé au milieu ; le ruisseau qui y circule en temps de crues
se perd dans un bouchon d'argile d'un côté, et du côté opposé
il paraît prendre sa source dans une petite galerie montante
remplie de concrétions qui se termine par une cheminée.
Les parois des deux premières salles et les autres galeries
sont criblées de petites chapelles et boyaux de faible étendue.
Température de l'air au fond, 9°75 C.
168 R. JEANNEL ET E.-G. RAOOVITZA
La première grande salle, claire et soumise aux variations
extérieures à travers ses nombreux orifices n'héberge pas de
cavernicoles, mais une riche flore et faune de pénombre.
La seconde grande salle, relativement sèche et parcourue
par un courant d'air sensible, est azoïque.
Les autres cavités de l'aven, humides, à atmosphère calme
et température constante sont habitées par les Chauves-souris
et par les cavernicoles. Il n'y a pas de guano accumulé mais
beaucoup de crottes éparses.
Le Speonomus infernus Dieck paraît très commun, mais nous
n'avons trouvé que de nombreux cadavres souvent attaqués
par des Champignons. Aphaenops Cerberus Dieck abonde par
place, courant sur la stalagmite.
Signalons, sous le grand orifice, un charnier de toutes sortes
d'animaux domestiques, dont le plus bel ornement était un
âne momifié. Et pourtant la source du Baget s'alimente sûre-
ment des infiltrations de cet aven.
Cavernes de la Haute-Serre. — M. Morère nous signale
beaucoup de cavernes variées, qu'il a en partie explorées,
dans ce causse calcaire.
A la base de la montagne, à 200 m. de l'aven de Sainte-Cathe-
rine, nous avons visité une grotte formée uniquement par une
grande salle remplie d'éboulis mais éclairée jusqu'au fond.
Sources du Baget, situées au pied de la Haute-Serre.
L'eau sort entre les pierres par de nombreuses fissures très rap-
prochées et entraîne du sable. Température, 10°5 C.
Grotte de Castel Nérou, très belle d'après M. Morère ;
se trouve près du sommet du « Pic fourchu », nom que connais-
sent les gens du pays mais que les cartes n'indiquent pas.
Grotte de Lauriac, également explorée par M. Morère,
mais seulement en partie. Se trouve sur le territoire de la com-
GROTTES VISITÉES 169
mime de Moulis, au lieu dit Lauriac et se compose d'un couloir
qui se termine par une lame stalagmitique surplombant un
aven très profond. C'est probablement cette caverne que
Lucante (1880, p. 38) désigne sous le nom de « grotte d'Au-
riac ». Nous n'avons pas pu avoir de renseignements nulle part
sur la « grotte de Lucner », citée par le même auteur comme se
trouvant sur le territoire de la commune de Moulis.
Jeannel et Racovitza.
206. Tuto de Mou.
Située sur la rive droite du Baget, à 10 minutes en amont du
hameau d'Alos, commune de Balaguères, canton de Castillon,
département de l'Ariège, France. — Altitude : 500 m. env. —
Roche : Calcaire jurassique. — Date : 22 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Ixodes, Isopodes,
Mollusques. — Numéro : 305.
La grotte s'ouvre sur le sentier qui longe la rive droite du
Baget. C'est un petit couloir montant d'une longueur totale
de 25 m., qui se termine par un gour rempli d'eau.
Cette caverne est sèche, presque sans suintements, et à peine
obscure.
Tuto de Vignotj, dans le village d'Engomer, rive gauche.
C'est un trou d'une dizaine de mètres, rempli d'argile et
dénommé d'après son propriétaire.
Jeannel et Racovitza.
207. Grottes d'Enlenne.
Situées au lieu-dit Enlenne, commune de Montesquieu-
Avantès, canton de Saint-Lizier, département de l'Ariège,
France. — Altitude : 530 m. — Roche : Calcaire jurassique. —
Date : 23 septembre 1909.
170 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Matériaux (Galerie de la Rivière) : Collemboles, Myriapodes,
Acariens, Isopodes, Mollusques. — Numéro : 306 A.
Matériaux (Galeries sèches) : Coléoptères, Myriapodes,
Aranéides, Isopodes. — Numéro : 306 B.
Le petit massif calcaire compris dans les limites de la com-
mune de Montesquieu-A vantés est formé par une roche très
soluble ; on y observe un beau développement des phéno-
mènes karstiques les plus variés : dolines, lapiaz, avens, rivières
souterraines, etc. Pour attirer l'attention des spéologistes sur
ce coin privilégié, nous allons rapidement esquisser la topo-
graphie du système hydrographique du Volp et de son affluent.
Cours souterrain du Volp. — Le petit ruisseau, qui est
considéré comme le cours supérieur du Volp, aborde perpendicu-
lairement la falaise d'Enlenne et entre sous terre par un tunnel
haut de 3 m., large de 10 m., que nous avons suivi sur 250 m.
environ. Arrivés à une grande galerie divisée en deux par un
énorme pilier contre lequel est venu s'échouer un tronc d'arbre,
nous avons été arrêtés, de l'autre côté du pilier, par un lac,
paraissant profond, qui occupait entièrement le plancher d'une
vaste salle arrondie et basse.
Plusieurs niches et chapelles s'ouvrent dans les parois dé-
pourvues de concrétions du tunnel. Près de l'entrée, à sa droite,
est une petite salle qui communique avec l'extérieur par un
couloir, l'ancienne bouche de la goule. A gauche de l'entrée,
il y a également un couloir sec qui devait absorber le ruisseau
avant l'ouverture de la goule actuelle. Un fort courant d'air
parcourt le tunnel de la rivière.
La température de l'air est de 13° C.
Galeries sèches d'Enlenne. — A une centaine de mètres
vers l'O. de la goule, et à une quinzaine de mètres plus haut,
est une voûte surbaissée qui permet l'accès d'un vestibule,
point de rencontre de plusieurs couloirs et amorces de couloirs
formant une sorte de labyrinthe, et résultat d'un travail iden-
tique à celui qui s'accomplit actuellement à la goule fonctionnelle,
GROTTES VISITÉES 171
Un des couloirs permet l'accès de galeries qu'on peut suivre
sur environ 400 m. ; par place, les parois s'élargissent pour
former des salles ornées de concrétions variées. Partout règne
un courant d'air sensible, sauf dans la salle oblongue et humide
qui forme le fond de la grotte.
Deux particularités sont à signaler.
En son milieu, la galerie est double, mais les deux galeries
forment trois boucles en 8 en passant deux fois l'une par dessus
l'autre. Pour deux de ces boucles, le fait est particulièrement
net car les deux parois des deux galeries sont parfaitement
continues.
Au milieu de la galerie existe une fente par laquelle arrive
le bruit d'une eau courante. En y pénétrant, on aperçoit une
faille béante de profondeur considérable. Les bords inférieurs
de cette faille arrivent au plafond d'une grande galerie que
suit un ruisseau coulant sur un lit de gravier. Ce regard sur la
rivière doit être situé au delà du lac qui nous a arrêtés dans le
tunnel du Volp.
La température de l'air est de 12° C.
Résurgence du Volp. — A 1.200 m. vers l'O., au lieu-dit
Andoubert, un ruisseau sort d'une belle galerie en formant
un bief profond qu'il n'est pas possible de dépasser sans bateau.
Comme il n'existe pas de courant d'air au-desssus du bief il est
probable que cette galerie est fermée par une voûte mouillante
Ruisseau de Tourréou. — Ce petit ruisseau est absorbé
par une goule, située à l'O. de la goule du Volp, à 300 m.
environ et dans la même falaise ; son cours souterrain doit pro-
bablement confluer avec celui du Volp.
Aven d'Enlenne. — Dans le bois de ce nom on nous signale
un aven au fond duquel on voit couler l'eau ; c'est probable-
ment un regard sur un des deux courants souterrains mention-
nés.
Les gens du pays n'hésitent pas à identifier le ruisseau qui
rentre sous terre à Enlenne avec celui qui en sort à Andoubert,
172 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
mais personne n'a encore essayé d'en fournir la démonstration
directe. Pourtant bien des faits parlent en faveur de cette hy-
pothèse : topographie des lieux, débit équivalent de l'eau,
couleur identique après les pluies. En tout cas, l'exploration de
cette région avec l'outillage nécessaire (bateaux, échelles, etc.),
serait certainement intéressante et fertile en surprises.
Dans le tunnel du Volp, la faune terrestre est rare et limitée
aux niches hautes et abritées de la paroi, malgré l'abondance
de la nourriture : crottes disséminées de Chauves-souris et
surtout détritus végétaux très abondants. La cause doit en
être cherchée dans le fort courant d'air qui parcourt }* tunnel
et dans les crues certainement très violentes qui doivent
ravager cette caverne. N'ont-elles pas entraîné un tronc d'arbre
énorme jusqu'à 250 m. de l'entrée ?
Comme toujours la faune aquatique est semblable à celle
du cours épigé du ruisseau, avec cette différence que certaines
espèces y manquent, mais aucun Troglobie n'a été encore ren-
contré dans des tunnels semblables. Nous avons vu même des
Poissons (Truites ?) à une centaine de mètres de l'entrée.
Dans les galeries sèches d'Enlenne, malgré les crottes de
Chauves-Souris disséminées un peu partout et des débris
ligneux, nous n'avons rien trouvé dans les régions où le cou-
rant d'air se fait sentir. Par contre, dans la salle du fond où
le calme est complet, deux espèces de Speonomus grouillaient
sur des branches de chêne apportées par les visiteurs. D'autres
animaux étaient aussi fréquents.
Ces observations confirment les idées déjà exposées par
nous sur l'importance oecologique du facteur « agitation de l'air »
dans l'histoire des Cavernicoles.
Grottes de Montardit. — On nous avait signalé qu'au vil-
lage de Montardit existaient deux grottes ; mentionnons-les
pour éviter aux confrères des courses inutiles.
L'une est située au pied de la colline sur laquelle est bâtie
GROTTES VISITÉES 173
l'église, sur le versant S. de cette colline ; c'est une petite salle
claire.
L'autre est à 100 m. du moulin Pascaly, sur la rive droite du
Volp. C'est un couloir insignifiant de 15 m. de longueur.
Jeannel et Racovttza.
208. Grotte de Labouehe.
Située au lieu dit Labouehe, commune de Sainte-CToix-de-
Volvestre, canton de Sainte-Croix-de-Volvestre, département
de l'Ariège, France. — Altitude : 400 m. env. — Roche : Cal-
caire crétacique. — Date : 24 septembre 1909.
Matériaux : Coléoptères, Mollusques. — Numéro : 307.
A 10 minutes du village, un petit trou dans les broussailles
donne accès dans un boyau, humide, argileux, sans concrétions,
de 40 m. de long. Le sol est percé de terriers de lapins et blai-
reaux.
Température de l'air, 12°25 C.
Sur quelques amas de crottes moisies de Chauves-souris,
de nombreux Atheta et quelques Laemostenus.
Grottes de Buholoup. — On nous avait signalé, sur la
route de Sainte-Croix à Montbéraud, dans les environs du
moulin de Buholoup, l'existence de grottes. Dans une des loca-
lités qu'on nous désigne, nous n'avons trouvé qu'un trou insi-
gnifiant. Une autre grotte qui est, paraît-il, fermée par des
pierres n'a pas été retrouvée.
Jeannel et Racovttza.
209. Cueva de Valle.
Située à Rasines, par tido de Ramales, provincia de Santander,
Espagne. — Altitude : 50 m. env. — Roche : Calcaire dolomi-
tiques du lias. — Date : 28 juillet à 15 août 1909.
174 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
Matériaur : Coléoptères, Myriapodes, Opilionides, [sopodes,
— Numéro : 308.
La grotte s'ouvre au niveau du thalweg ; plusieurs grosses
sources coulent dans son voisinage et au moindre orage l'une
d'elles sort du vestibule de la grotte qui est elle-même parcourue
en hiver par un ruisseau. L'entrée de la grotte est un large au-
vent se continuant à droite par une salle élevée, semée de gros
blocs baignant dans l'eau, et profonde d'une cinquantaine de
mètres environ. A gauche de l'entrée, s'ouvre une petite salle
dont le sol est occupé par un plancher stalagmitique recouvrant
un gisement paléolithique. Sur de vieux journaux, dans la terre
remuée, sur des tas de guano situés çà et là dans la grotte, les
Silphides abondaient (Speocharis Escale rai Jeann.).
Dans la petite salle de gauche, où la lumière du jour pénètre
faiblement, de nombreux Coléoptères trogloxènes ont été trou-
vés sous les pierres (Deltomerus, Trechus, Choleva) en com-
pagnie d'un grand Opilionide.
H. Bretjtl.
210. Las Cuevas de Cobreces.
Située au sommet d'une colline boisée qui domine Cobreces
au sud, partido de Torrelavega, provincia de Santander,
Espagne. — Altitude : 50 m. env. — Boche : Calcaires crétaci-
ques. — Date : 25 juillet 1909.
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Aranéides, Opilionides,
Isopodes. — Numéro : 309.
C'est une série de salles communiquant entre elles et ouvertes
à l'extérieur par une série d'orifices. La salle principale située
à gauche est absolument sèche et azoïque ; on y accède par un
talus descendant en pente très raide et plusieurs petits couloirs
très humides la prolongent dans sa partie la plus profonde.
A cette salle fait suite une seconde chambre également ouverte
à l'extérieur^où le sol est plus humide et les concrétions sont
GROTTES VISITEES 175
plus nombreuses. Au pied d'une pente stalagmitique se trou-
vaient quelques amas de guano. La troisième salle enfin com-
munique avec le dehors par un étroit soupirail à moitié obstrué
par les éboulements et par où les racines des arbres sus-jacents
pénètrent assez avant dans la grotte.
Dans la première salle, quelques Antisphodrus ont été
recueillis sous les pierres ; dans la deuxième, il existait sur le
guano quelques Silphides (SpeocJmris arcanus Schauf.) ; dans
la troisième enfin, un Laemostenus a été trouvé dans les racines
et des Aranéides et Opilionides sur les parois.
H. Breuil.
211. Cueva de San Roque.
Située à 300 m. de la grotte de Valle, dans la même colline,
ayuntamiento de Rasines, partido de Ramales, provincia
de Santander, Espagne. — Altitude : 60 m. env. — Roche :
Calcaires infracrétaciques. — Date : 21 août 1909.
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Isopodes. — Numéro :
311.
L'entrée est masquée par des buissons ; elle est étroite et
descend en pente très rapide dans un petit vestibule sec et
pierreux. A droite, se trouve un cul-de-sac dont le sol est couvert
de pierres ; à gauche, s'ouvre un étroit boyau bifurqué à son
extrémité et descendant en pente raide ; son sol est humide,
ses parois sont très concrétionnées.
Dans le cadavre d'un chien qui barrait le seuil de la grotte,
il n'y avait que d'innombrables larves de Diptères. Dans le
cul-de-sac de droite de nombreux Antisphodrus se tenaient
sous les pierres. Les Isopodes et les Silphides (Breuilia tïbialis,
Jeann. et Speocharis sp. nov., voisine du 8. flaviobrigensis Uh.)
enfin ont été recueillis dans le boyau de gauche, dans des
débris de bois et des branchages en décomposition.
H. Breuil.
176 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
212. Cueva de Venta de la Perra.
Située dans le défilé de Carranza, près des Thermes de Mo-
linar de Carranza, partido de Valmaseda, provincia de Viz-
caya, Espagne. — Altitude : 80 m. env. — Roche : Calcaires
à hippurites infracrétaciques. — Date : 29 juillet 1909.
Matériaux : Coléoptères, Copéognathes, Myriapodes, Isopodes.
— Numéro : 312.
Elle se trouve tout contre la voie ferrée de Bilbao à San-
tander, sur la limite des deux provinces de Santander et de
Vizcaya. Trois grottes se voient de loin dans un petit promon-
toire rocheux qui s'avance au nord de la ligne du chemin de
fer. Celle du milieu, la plus élevée, est la grotte bien connue
où le P. Sierra a découvert des gravures paléolithiques. Im-
médiatement à l'ouest se trouve la grotte où j'ai récolté les ani-
maux. Son entrée est basse et était autrefois close d'un mur ;
le couloir unique qui lui fait suite est long de (30 m. env. Dans
sa première moitié le sol est formé par un plancher stalagmi-
tique sous lequel ont été trouvés quelques vestiges quater-
naires ; dans la partie profonde, le sol devient au contraire
argileux et humide.
Les Copéognathes ont été trouvés près de l'entrée dans des dé-
bris végétaux. Un Silphide (Breuilia cuneus Jeann. ) a été ren-
contré dans l'extrême fond. Enfin quelques Leistotrophus
murinus (Staphylinides) s'étaient installés dans le cadavre
d'un mouton gisant en pleine obscurité à plus de 30 m. de
l'entrée.
H. Breuil.
213. Cueva de las Brujas de Suances.
Située à peu de distance de la mer, près de Suances. partido
de Torrelavega, provincia de Santander, Espagne. — ■ Altitude :
GROTTES VISITÉES 177
25 m. env. — Roche : Calcaires infracrétaciques. — Date :
26 juillet 1909.
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Isopodes. — Numéro :
315.
Cette grotte a été explorée jadis par Martinbz de la Esca-
lera (1899, p. 410) qui y avait recueilli Speocharis arcanus
Schauf. et S. Sharpi Escal. Elle ne doit pas être confondue
avec la cueva de las Bru j as de Ongayo qui se trouve dans le
voisinage et renferme la même faune de Coléoptères.
Son entrée très basse s'ouvre au milieu des prairies et permet
de descendre dans une salle peu élevée, longue d'une cinquan-
taine de mètres, au centre de laquelle se trouve un pilier stalag-
mitique. Le sol est argileux, très humide, ainsi que les parois
qui sont recouvertes de concrétions blanchâtres et molles.
C'est sur un tas de guano au fond de la grotte qu'ont été re-
cueillis les Silphides (Speocharis arcanus Schauf.) et des larves
de Staphylinides (Atheta). Les Isopodes et les Myriapodes ont
été trouvés sous les pierres au fond de la grotte, les Antispho-
drus près de l'entrée.
H. Breuil.
214. Trou de la Pena Mellera.
Située au Puerto de las Llaves, au-dessus de Panes, partido
de Lianes, provincia de Oviedo, Espagne. — Altitude : 900 m.
env. — Roche : Calcaire carbonifère. — Date : 17 août 1909.
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Aranéides, Isopodes.
— Numéro : 316.
Cette minuscule cavité s'ouvre dans la forêt de Hêtres du
Puerto de las Llaves, sur le versant d'un ravin au fond duquel
coule une source, à 300 m. env. de la cueva Tazugoria, bien
connue des bergers qui y abritent leurs troupeaux.
On entre par une sorte d'orifice de terrier qui permet de
178 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
descendre en pente raide dans une petite chambre longue de
6 m. env., dont le plafond est encore percé à droite d'une petite
lucarne. Cette chambre est obscure, sauf au voisinage immédiat
de l'entrée ; les parois sont humides et de grandes quantités
de feuilles de hêtres s'accumulent au pied du talus et s'y décom-
posent. C'est dans ces feuilles mortes qu'ont été trouvés un
grand nombre de Troglobies : Trichoniscides, Aranéides et
Coléoptères tels que Duvalius Escalerai Ab., Breuilia trian-
gulum Sharp., Sj>eocharis Perezi Sharp !
H. Breuil.
215. Cueva de la station de Santa Isabel.
Située à 10 m. de la gare de Santa-Isabel, station du chemin
de fer de Torrelavega à Cabezon, partido de Torrelavega, pro-
vincia de Santander, Espagne. — Altitude : 25 m. env. — Boche :
Calcaire d'âge indéterminé. — Date : 24 juillet 1909.
Matériaux : Coléoptères, Isopodes. — Numéro : 319.
Cette grotte s'ouvre au niveau du thalweg. Son entrée, assez
basse, donne accès dans une petite salle semée de pierres qui
se continue sur la droite par une longue galerie à sol rocheux
et irrégulier, fissuré ; cette galerie aboutit après 80 m. à une
salle allongée et extrêmement humide au fond de laquelle
coule en toutes saisons une cascade dont les eaux gagnent le
rio Saja par un trajet inconnu. En hiver ces eaux débordent
et gagnent l'extérieur par l'orifice de la grotte.
Il est très probable que les deux grottes de la Clotilde et de
Santa Isabel appartiennent au même système hydrographique.
La grotte de la Clotilde, plus élevée, n'est vraisemblablement
qu'un ancien trop plein, aujourd'hui définitivement asséché,
du ruisseau souterrain dont la cueva de Santa Isabel est actuel-
lement un trop plein intermittent.
La faune abondait dans les salles très humides de la cueva
GROTTES VISITÉES 179
de Santa Isabel où les Speocharis arcanus Schauf. pullulaient
sur le guano.
H. Breuil.
216. Cueva dei Sell.
Située au-dessus de Panes, partido de Lianes, provincia
de Oviedo, Espagne. — Altitude : 500 m. env. — Roche :
Calcaires crétaciques. — Date : 17 août 1909.
Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Opilionides, Isopodes.
— Numéro : 323.
Puig y Larraz (1896 p. 252) cite cette grotte sans donner
aucun renseignement à son sujet. Elle mériterait cependant
une exploration approfondie. Elle se trouve sur la piste mule-
tière montant au Puerto de las Llaves, à environ 400 m.
au-dessus de Panes. Il existe là une arête de calcaire crétacique
qui limite un petit bassin fermé sur les pentes de la Peu a
Mellera. Le rio Sell qui draine les eaux de ce bassin coule du
sud au nord et vient s'engouffrer dans l'orifice de la grotte. Ce
gros ruisseau cascade pendant quelques mètres le long de la
paroi gaucho, puis il coule avec une forte pente dans une
galerie dont il occupe toute la surface et où se trouvent de
magnifiques concrétions. Il coule formant une série de gours
superposés et il serait probablement facile de poursuivre l'ex-
ploration de son trajet à condition d'être muni des engins
nécessaires aux recherches de cette nature. J'aurais pu certai-
nement, même sans cela, dépasser les 80 m. environ que j'ai
reconnus.
La galerie où coule le rio Sell constitue l'étage inférieur de
la grotte. L'étage supérieur est sensiblement horizontal depuis
l'entrée. Il est formé d'un assez vaste vestibule (où se trouve
un gisement paléolithique), qui accède à plusieurs salles basses
et ramifiées, communiquant entre elles et aboutissant de
l'autre côté de la montagne à deux étroits orifices dont l'un
seulement est praticable.
AECH. DE Z00L. EXP. ET GÊN. — 5 SÉRIE. — T. V. — (III). 13
180 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
De cette issue, qui regarde la plaine, on aperçoit, à une cen-
taine de mètre plus bas, une résurgence dont les eaux descen-
dent au rio Deva et qui semble bien correspondre par son débit
au rio Sell perdu dans la grotte. Les indigènes admettent cette
identité. Toutefois, en raison de la grande différence de niveau
qui sépare la perte de la résurgence, il faudrait s'attendre à des
surprises, si on entreprenait l'exploration complète de ce petit
système hydrographique.
Dans les salles obscures, à sol argileux un peu humides, qui
font suite au vestibule, autour d'ajoncs pourris, ont été recueillis
la plupart des animaux (Duvalius Escahrai Ab., Speocharis
Perezi Sharp), Trichoniscides, Chilopodes. Un Opilionide a
été trouvé sur les bords du rio.
H. Breuil.
217. Grotte du Mas d'Azil.
(Deuxième citation, voir Biospe il >i\ a VI, p. 383.)
Située à 1 km. en amont du village du Mas-d'Azil, canton du
Maz-d'Azil, département de l'Ariège, France. — Altitude :
500 m. env. — Roche : Calcaire du crétacique supérieur. —
Date : 26 août 1909.
Matériaux reçus de M. H. Breuil : Coléoptères, Myriapodes,
— Numéro : 324.
218. Grotte de Marsoulas.
(Deuxième citation, voir Biospeologica VI, p. 340.)
Située sur le territoire de la commune de Salies-du-Salat,
canton de Salies-du-Salat, département de la Haute-Garonne,
France. — Altitude : 420 m. env. — Roche : Calcaires du créta-
cique supérieur. — Date : 28 août 1909.
Matériaux recueillis par M. H. Breuil : Amphipodes. —
Numéro : 326.
GROTTES VISITÉES 181
219. Cuevas de Punta Grossa.
Situées au niveau de la mer, à peu de distance au sud de
Sitjes, partido de Villanueva y Geltru, provincia de Barcelona,
Espagne. — Altitude : la grotte s'ouvre au niveau de la mer. —
Roche : Calcaires miocènes. — Date : 19 octobre 1909.
Matériaux : Aranéides. — Numéro : 327.
Les renseignements que donne PuiG y Larraz (1896, p. 71)
sur ces grottes sont en partie inexacts. Il est parfaitement vrai,
comme cela m'a été confirmé depuis par M. le professeur
Odon de Buen, que de grandes grottes ont été mises au jour
à Punta Grossa lors du percement du tunnel du chemin de fer
de Barcelone à Villanueva ; mais il est inexact de dire qu'elles
ont été partiellement murées par les travaux d'art de la voie.
La vérité est qu'elles ont été complètement fermées. Les con-
frères qui voudront explorer Punta Grossa devront se contenter
de parcourir à plat ventre pendant quelques mètres les
quatre petits boyaux étroits, secs et chauds qui débouchent
sur la plage. Il est possible qu'un de ces boyaux communique
avec les grandes grottes du tunnel, mais je doute qu'il soit
possible d'y pénétrer sans élargir les passages étroits.
Le seul animal recueilli est un Pholque qui errait sur une
stalactite.
Jeannel.
220. Cuevas del Salitre.
Situées sur le revers sud-ouest de Montserrat, à 200 m. au-
dessus du vallon de La Salut, près de Collbatô, partido de
Igualada, provincia de Barcelona, Espagne. — Altitude :
700 m. env. — Roche : Poudingues oligocènes. — Date :
20 octobre 1909.
Matériaux : Coléoptères, Copéognathes, Collemboles, Thy-
sanoures, Myriapodes, Aranéides, Isopodes. — Numéro : 328.
182 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
De nombreuses descriptions de cette grotte ont été publiées ;
une des plus détaillées est celle de Balaguer (1857. p, 143) qui
donne aux différentes salles les noms qu'elles portent encore
sur le « Piano de las Cuevas » que D. Pedro Bacarisas y Vidal,
guide à Collbato, distribue à ses clients. Les cuevas del Salitre
sont citées par Puig y Larraz (1896, p. 55) sous le nom de
Cuevas de Montserrat ou de Collbato.
Le développement total des galeries ne dépasse pas 300 m.
et n'atteint pas 2 km. comme l'affirment les guides. D'ailleurs
tout ce qui a été dit sur cette grotte est très exagéré. Elle n'est
qu'un chapelet de petites salles réunies par d'étroits boyaux,
à parois sales, jaunes, sans belles concrétions et qui n'ont pas
d'autre intérêt que la nature exceptionnelle, et bien connue
depuis longtemps, de la roche dans laquelle elles sont creusées.
Il existe dans les Pyrénées de nombreuses grottes cent fois
plus belles que celles de Collbato et qui n'ont certes pas leur
célébrité.
Toute la Cueva del Salitre est creusée en plein dans les assises
de poudingues oligocènes, dits poudingues de Montserrat.
Le ciment de ce poudingue est d'ailleurs calcaire et une grande
partie des matériaux qu'il renferme sont des galets calcaires
(Musehelkaik, calcaires urgoniens) ; aussi ces poudingues se
sont-ils comportés comme des bancs de calcaire compact et se
sont-ils prêtés aux phénomènes karstiques. Les parois de la
cueva sont encroûtées de stalagmite, mais en faible quan-
tité et toujours impure et jaunâtre. Il existe de fausses sta-
lagmites qui ont pour seule origine l'érosion, bien plus active
ici que dans les calcaires compacts, et qui sculpte sous terre
de petits pylônes absolument comparables aux tours gigan-
tesques qui recouvrent les sommets du Montserrat.
Au point de vue structural, la cueva del Salitre est un aven
dans le fond duquel débouchent des galeries collatérales. On
pénètre dans la grotte par l'aven ou l'on descend pendant une
cinquantaine de mètres et on remonte ensuite une des galeries
collatérales par le Paso del Diablo. Cet aven perfore les bancs
GROTTES VISITÉES 183
inférieurs des poudingues et son fond doit correspondre au
contact de ces poudingues avec les psammites sous-jacentes.
Les galeries affluentes (eue va de Momserrat, cueva del Diablo,
cueva de la pequena Cathedral) ont leur voûte criblée de points
d'absorption qui sont la véritable origine de la caverne.
Les conditions ©écologiques sont excellentes dans presque
toute la grotte. La température de l'air était de 14° C dans la
salle de Los Barricados, le 20 octobre 1909. Partout l'humidité
est grande, le sol est recouvert d'argile sur laquelle abondent
les débris organiques de toutes sortes. Aussi la faune est-elle
d'une grande richesse. Dans la Cueva May or (descente de
l'aven) il existe peu d'animaux, mais dès qu'on a franchi le
Paso del Diablo, on les trouve courant de tous côtés : Aranéides,
tissant leurs toiles entre les stalactites, Thysanoures, Coléop-
tères (Perrinia Kiesenwetteri Dieck), abondants surtout autour
des crottes de Chauves-souris, Trichoniscides errant sur les
nappes d'argile. Quant au Speonomus fugitivus Reitt. (Coléop-
tère), il m'a été impossible de le trouver et je croirais volontiers
que ce n'est pas dans la cueva del Salitre, mais plutôt dans
quelque autre grotte des environs qu'a été découvert cet énig-
matique Silphide.
Enfin une chose est à signaler : j 'ai trouvé sur une stalagmite
deux Perrinia accouplés. Or, la cueva del Salitre est la 200e ca-
verne que je visite, dans ce nombre respectable de grottes j'ai
rencontré d'innombrables Silphides et c'est la première fois
ici qu'il m'arrive de surprendre un accouplement ! J'ai dit
ailleurs (1908, p. 59) pour quelles raisons je croyais que l'ac-
couplement des Silphides ne se produisait pas normalement
dans les grottes, mais dans les fentes, pendant la saison sèche.
Jeannel.
184 R. JEANNEL ET E.-G. RACOVITZA
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
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Jepus y Villegas, 188 p., 3 fig.).
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t. XXXI, pp. 84-90.)
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Soc. Se. phys. et nat., IL pp. 367-477, pi. MIL)
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1882. Joanne (P.). France, Pyrénées. (Hachette et Cie, pp. 389-393.)
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(C. B. Ac. Se, Paris, t. GXLVII, p. 882-883.)
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Grange (Ariège). (C. B. Ac. Se, Paris, t. CXLIX, p. 699-700.)
1909 a). Martel (E.-A.). La rivière souterraine de Labouiche ou de
La Grange (Ariège). (La Nature, Paris, t. XXXVII, pp. 343-
348. 6 fig. text.)
1909/»). Martel (E.-A.). Sur l'hydrologie souterraine du massif de
Pène-blanque nu Arbas (Haute-Garonne). (C. B. Ac. Se,
Paris, t. CXLIX, p. 1169-1171.)
GROTTES VISITÉES 185
1894. Mazauric (F.). Explorations souterraines : La grotte de Tharaux
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1898. Mazauric (F.). Le Gardon et son canon inférieur. (Mém. Soc.
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1904. Mazauric (F.). Explorations hydrologiques dans les régions de la
Cèze et du Bouquet (Gard) (1902-1903). (Spelunca, tome V,
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1897. Raymond (P.). Les rivières souterraines de la Dragonnière et de
Midroï (Ardèche). (Mém. Soc. de spéléologie, Paris, Tome I}
N° 10, p. 305-342, 9 fig. et c.)
1902. Sainte-Glaire-Deville.(J.) Exploration entomologique desgrottes
des Alpes-Maritimes. (Ann. Soc. ent. de France, tome LXXI,
pp. 695-709, 1 c.)
1900. Sicard (G.). L'Aude préhistorique. (Carcassonne, V. Bonnajous-
Thomas, 104 p., xvi pi., et 1 carte.)
1890. Vallot (Gabrielle). Grottes et abîmes (Basses-Cévennes). (An-
nuaire du Club Alpin français. Paris, XVIe année, 1889, p. 145-
169, fig. et c.)
1902. Viré (A.) et J. Maheu. Recherches de zoologie, de botanique et
d'hydrologie souterraines effectuées pendant l'été 1900 dans
les départements du Tarn, de l'Hérault et du Lot. (Spelunca
Paris, Tome VI, n° 28, 64 p., 15 fig., 1 c)
ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GENERALE
5e Série, Tome V, p. 187 à 238, pi. I et II
5 Juillet 1910
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM Lég. et Dub.
ET LA SYSTÉMATIQUE
DES
SPOROZOAIRES
FAB
L. LÉGER et 0. DUBOSCQ
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
I. Evolution du Selenococcidium 188
Vermicules nématoïdes et schizogonie indifférenciée (p. 189). — Microgaruétocytes
et microgamètes (p. 197). — Maerogamêtes (p. 199). — Action sur la cellule
hôte 201
II. Le Selenococcidium et les autres Sporozoaires parasites de l'intestin du Homard 202
Toxocijstig homari n. g., n. sp. (p. 202). — Selenococcidium et Aggregata (p. 206).
Selenococcidium et Porospora. Le cytode générateur 206
VI. Affinités du Selenococcidium 209
Affinités avec les Schizogrégarines (p. 209). — Affinités avec les Coccidies et les
Hémosporidies 211
IV. La classification des Sporozoaires 215
V. La phylogénie des Sporozoaires 222
Index bibliographique 234
Explication des planches 238
Dans une note préliminaire (1908 b), nous avons signalé parmi
les Protozoaires parasites du Homard, un Sporozoaire qui
réunit en lui des caractères de Coccidie et de Schizogrégarine.
Pour cette raison nous l'avons désigné sous le nom de JSeleno-
coccidium intermedium, Lég. et Dub. Son évolution que nous
avons esquissée n'est pas complète et il y manque la formation
de spores durables. On ne les connaîtra pas avant de longues
recherches si nous en jugeons par l'insuccès constant de nos
tentatives de culture des kystes. Nous nous résignons donc à
publier dès maintenant nos observations détaillées sur la
ARCH. DE ZOOl. EXP. ET GÉN. — 5 SÉRIE. — T. T. — (IV) 14
188 L. LEGER ET DUBOSCQ
structure et le développement de ce Sporozoaire. Elles sont
suffisantes, croyons-nous, pour nous permettre de discuter ses
affinités.
I. Evolution du Selonococcidium.
C'est seulement dans des Homards, péchés dans la Méditer-
ranée, aux environs de Cavalière que nous avons trouvé le
Selenococcidium intermedium. Ces Homards, qui provenaient
de fonds de 50 à 60 mètres, mesuraient en moyenne 30 centi-
mètres de long. Les quelques Homards que nous avons pu
acheter à Cette ne contenaient pas le Selenococcidium. Il faut
noter que tous étaient énormes et que la moitié d'entre eux
n'hébergeaient même pas la Porospora gigantea et YAggregaki
vagans, qui sont si communs. Dans les nombreux Homards
de l'Océan et de la Manche que nous avons disséqués (1), jamais
nous n'avons observé le parasite de Cavalière.
A l'examen au microscope du contenu intestinal d'animaux
infestés, le Selenococcidium apparaît sous forme de petits ver-
micides agiles rappelant à s'y méprendre de minuscules
Nématodes. Les uns, très réfringents, sont même enroulés
à l'une de leurs extrémités, ce qui accentue encore leur ressem-
blance avec des mâles de Nématodes, tandis que d'autres à
contour pâle ont des mouvements moins actifs. Si l'on observe
à la loupe la paroi interne de l'intestin moyen dans sa région
postérieure, on découvre un grand nombre de petits kystes
blancs à la surface de l'épithélium auquel ils donnent un
aspect piqueté très caractéristique. Ce sont les ookystes. Les
autres stades de l'évolution, schizogonie et gamogonie, peu-
vent également s'observer in vivo après raclage de l'intestin.
Sur des frottis aussi bien que sur des coupes, on suit toute la
partie du cycle qui se déroule dans l'intestin de l'hôte et l'on
(1) Ces deux derniers étés, nous avons pu examiner au laboratoire de Lue-sur-Mer une c.n-
quantaine de Eomards, grâce à l'amabilité de notre collègue Topsent, qui nous a procuré ce maté-
riel coûteux. Nous l'en remercions bien vivement.
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 189
constate que ce parasite d'aspect grégarinien, après une schizo-
gonie grégarinienne, poursuit sa gamogonie comme une Coc-
cidie. En effet, le parasite d'abord vermiforme et uninucléé
multiplie ses noyaux tout en conservant sa forme vermiculaire
mobile. Ce premier schizonte donne 6 ou 8 germes nouveaux.
A cette schizogonie du début ou schizogonie indifférente,
qui peut sans doute se répéter, succède une dernière schizo-
gonie d'où sortiront les microgamétocytes ou les macro-
gamètes. Le macrogamète très gros est fécondé par un très
petit microgamète et devient un kyste durable qui, après un
court séjour dans l'intestin, est rejeté dans la mer avec
les excréments. Nous décrirons successivement ces divers
stades.
Il n'est pas facile, comme on le verra, de distinguer d'une
façon certaine la schizogonie qui donne des schizontes de la
schizogonie qui donne des gamontes. Mais, tout en faisant des
réserves sur l'interprétation que nous proposons, nous croyons
qu'elle paraîtra logique. Nous distinguons donc une schizogonie
indifférente et une schizogonie de dernière génération donnant
des gamontes.
VERMICULES NÉMATOÏDES ET SCHIZOGONIE INDIFFÉRENCIÉE.
— Nous appelons vermicules nématoïdes les vermicules libres
dans l'intestin, d'aspect réfringent, rigide, et dont une extré-
mité, l'antérieure, est souvent enroulée en crosse. Leurs mou-
vements sont vifs : ils se courbent en arc, en S, en hélice et, en
même temps que ces flexions et torsions, s'observe le déplace-
ment total de l'animal.
Les vermicules nématoïdes mesurent en moyenne 60 à 70 \j.
pour une largeur de 3 [/., sauf aux extrémités où le corps s'at-
ténue. En avant, c'est un cône obtus, tandis que l'arrière se
termine par un court mucron rigide (fig. 1, pi. I). Le cytoplasme'
très clair, est chargé, dans toute la moitié antérieure ou prénu-
cléaire, de granules abondants et de petites sphérules se colo-
rant en brun par l'iode. L'extrémité antérieure est rayée super-
190 L. LEGER ET DUBOSCQ
ficiellement de fines stries obliques, qui doivent représenter
une zone de contraction. Vers le milieu du corps, le noyau ap-
paraît comme une tache claire avec un gros karyosome central
très réfringent. La moitié postérieure du corps est beaucoup
plus claire que la région antérieure et ne s'assombrit qu'à
l'extrémité. Les vermicules nématoïdes les [plus grands
(80 à 90 [x) sont plurinucléés et chargés de granulations plus
abondantes dans le cytoplasme.
La coloration sur frottis par l'hématoxyline ferrique révèle
certains détails, qui échappaient complètement sur le vivant.
C'est ainsi que les stries obliques de la zone antérieure n'étant
plus visibles, on distingue à leur place plusieurs fibrilles sidé-
rophiles, qui partent de l'apex pour se diriger en spires super-
ficielles vers la région postérieure. Ce sont de fins filaments,
colorés uniformément, ou bien constitués par une file de grains
ou articles sidérophiles dans une gangue moins chromatique.
Les préparations les plus favorables montrent trois fibrilles,
peut-être même quatre, dont l'une paraît plus grosse et recti-
ligne, tandis que les autres s'enroulent autour d'elle (fig. 33,
34, 35, pi. II). Il est difficile de préciser leur mode d'insertion
antérieure. Tantôt on voit un bouton apical terminer la fibre
rectiligne axiale (fig. 34, pi. II), tantôt au contraire on ne voit
qu'un cercle de grains qui seraient l'origine des diverses fibrilles.
Leur terminaison postérieure est encore moins nette et l'on
peut dire seulement qu'elles ne semblent pas se prolonger au
delà du tiers antérieur du vermicule.
La signification de ces fibrilles n'est guère douteuse. La grande
contractilité de la région antérieure s'explique bien par la pré-
sence de ces myonèmes, et si la grosse fibre rectiligne est ven-
trale comme nous le croyons, sa contraction doit déterminer
l'enroulement en crosse. Cependant on pourrait penser à des
formations mitochondriales, en faisant valoir que les fibrilles
paraissent manquer à certains vermicules chez lesquels on
observe au même endroit des amas de grains sidérophiles
souvent alignés en files. Pour nous, les vermicules possèdent
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 191
toujours ces myonèmes, qui seraient seulement masqués parfois
par des grains sidéroj>hiles d'autre nature.
Toute la région prénucléaire est en effet obscurcie par des
grains denses, parmi lesquels certains seulement se colorent en
noir par l'hématoxyline ferrique. Ce seraient ces grains qui
dans certains vermicides s'accumuleraient à la région anté-
rieure. En arrière du noyau existe encore une très petite zone
granuleuse, puis vient une zone de cytoplasme clair occupant
presque toute la région postnucléaire et ne cessant qu'à l'ex-
trémité postérieure faite d'un cytoplasme dense et sombre.
Dans la zone claire, on note quelques grains sidérophiles qui
sont superficiels.
Le noyau allongé occupe la région médiane du vermicule et
mesure 8 à 9 p environ. Il reste très clair sur les préparations
colorées, ne montrant guère de chromatique qu'un karyosome
placé au centre ou à l'un des foyers de l'ellipsoïde nucléaire.
Le reste du noyau est rempli par un réseau dont les points no-
daux sont occupés par des grains achromatiques et qui est
séparé du cytoplasme par une zone claire. La membrane nu-
cléaire est si mince, si même elle existe, que nous n'avons pu la
distinguer du cytoplasme dense qui limite le noyau. Bien qu'à
notre sens les grains achromatiques du réseau représentent la
chromatine morphologique — quelques-uns restant d'ailleurs
teintés sur les préparations peu décolorées — il n'est pas
douteux que la subtance colorable sidérophile a émigré dans
le karyosome. Celui-ci est en effet une sphérule de plastine où
l'on met en évidence des grains ou plaques chromatiques périphé-
riques, parfois un corpuscule lenticulaire toujours excentrique,
(fig. 28, pi. II) et enfin, au centre, un ou deux grains fortement
sidérophiles. Quand la décoloration est poussée très loin, il
peut ne rester que ce seul grain central (fig. 29, pi. II). Il semble
bien que nous avons là le centriole karyosomien mis en relief
par Schaudinn (1904) chez les Flagellés et retrouvé chez les
Amibes par Hartmann et ses élèves. Les récentes recherches de
Jollos (1909) qui portent justement sur une Coccidie sont favo-
192 (L. LEGER ET DUBOSCQ
râbles à cette interprétation. Malheureusement letude de la
division nucléaire ne nous éclairera pas sur ce point impor-
tant.
La division du noyau apparaît dans les vermicules nématoïdes
qui n'ont pas changé de forme. Leur taille s'est seulement
accrue sans que le cytoplasme ait changé d'aspect. Les diverses
zones antérieures et postérieures gardent les mêmes carac-
tères avec tout au plus quelques inclusions ou vacuoles nou-
velles sans intérêt morphologique. Les divisions nucléaires sont
toujours bipolaires, et, comme elles ne sont pas synchrones, on
peut trouver pour les noyaux tous les nombres jusqu'à 8
(fig. 1, 2, 3, 4, 5, 8, pi. I). Dans un vermicule plurinucléé on
trouve généralement quelque noyau à un stade de division.
Les phénomènes de division sont des plus simples et seraient
qualifiés d'amitoses s'il s'agissait d'un Métazoaire. Le début
de la division est annoncé par la division du karyosome.
Celui-ci, placé au centre du noyau, est devenu ellipsoïdal. Il
s'étrangle légèrement et se coupe nettement selon un plan
équatorial après quoi les 2 karyosomes fils s'écartent et se por-
tent au pôle du noyau (fig. 30, 31, pi. II). C'est alors seulement
que le réseau achromatique commence à s'étrangler et souvent
l'incisure de séparation est plus profonde sur une face de sorte
que le noyau se courbe en se divisant (fig. 32, pi. II). Comme
conséquence de cet étranglement asymétrique ,deux noyaux
qui viennent de se diviser, au lieu d'être éloignés, chevauchent
l'un contre l'autre.
Pendant ces phénomènes de division, les structures des dif-
férentes parties du noyau restent sans changement. Sans doute,
sur certaines préparations, on croit voir le réseau achromatique
s'étirer en filaments parallèles, mais de telles images existent
dans les amitoses et elles sont d'ailleurs si peu nettes ici que
nous devons conclure à la persistance de la disposition réticulée.
Le karyosome s'allonge, s'étrangle et se coupe en images amito-
tiques. Le corpuscule central sidérophile qu'il contient ne nous
a pas montré de centrodesmose. Hartmann et Prowazek (1907)
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 193
reconnaissent d'ailleurs que cette formation peut manquer dans
les divisions des centrioles karyosomiens. De même, les autres
grains sidérophiles gardent la disposition de l'état de repos et
nous ne pouvons appeler plaque équatoriale la ligne noire vi-
sible au plan de séparation. Elle représente une accumulation
périphérique de la substance sidérophile, ou même elle s'explique
par une adhésion plus grande de la laque ferrique au niveau des
surfaces. Est-ce à dire que nous mettons en doute les interpré-
tations de Hartmann et de ses élèves. Nullement, et ce n'est
d'ailleurs pas sur un matériel aussi restreint que le nôtre qu'on
peut se faire une opinion sur cette question. Tout ce que nous
pouvons dire, c'est que le nucléole ou karyosome du Seleno-
coccidium n'a pas de structure nucléaire, qu'il n'est pas certain
qu'il contienne de vraie chromatine puisqu'il se colore en rouge
par la méthode de Mann, et qu'il ne se divise pas par mitose.
Nous eût-il montré dans sa division des images fusoriales, peut-
être eussions-nous encore fait des réserves sur leur signification
en nous souvenant que chez les Métazoaires on a rencontré pa-
reilles figures dans les nucléoles de cellules en amitose. Labbé
(1899x dans l'ovogenèse des Hydraires, R. Collin(1906), dans
les neuroblastes du Poulet, Aimé (1908), dans les grandes cel-
lules de l'organe de Bidder, représentent des divisions nucléo-
laires aussi impressionnantes que celles des Amibes ou des
Coccidies, et personne n'y voit la preuve de l'existence d'un
noyau cinétique dans les œufs ou dans les cellules nerveuses.
Ainsi, sans nier la valeur centriolaire du corpuscule placé au
centre du karyosome, nous croyons avoir affaire ici à des divi-
sions qui méritent le nom d'amitotiques.
Pendant que la division s'achève, on voit souvent dans le
noyau, au niveau de l'étranglement, un corpuscule analogue
à un karyosome (fig. 32, pl.I). Nous ne pouvons dire comment il se
forme, mais ce que nous avons cru voir, c'est qu'à la fin de la
division il est rejeté et qu'on le trouve au voisinage des noyaux
qui viennent de se diviser (fig. 4, 8, pi. I. 28, pi. II). On s'ex-
plique ainsi que, dans les vermicules plurinucléés, on trouve à
194 L. LEGER ET DUBOSCQ
peu près autant de ces corpuscules paranucléaires qu'il y a de
noyaux, ce qui les fait ressembler à des centrosomes extra-
nucléaires. Caullery et Mesnil (1899), chez Siedleckia, ont
observé des corpuscules chromatiques analogues, dont ils sont
tentés d'attribuer l'origine à un processus d'épuration nucléaire.
Nos observations sur le Selenococcidium appuient leur interpré-
tation.
Quand le schizonte a terminé sa croissance, il ne dépasse pas
100 ix de longueur, c'est dire qu'il ne s'est [pas notablement
allongé. En revanche, il a grossi notablement et dans leur dia-
mètre le plus large certains mesurent de 7 à 8 a. Les mouvements
de ces gros schizontes sont très lents et ils s'enfoncent dans l'épi-
thélium pour achever leur évolution.
La première manifestation de la schizogonie est donc la
multiplication nucléaire généralement achevée avant la fin
de la croissance. Le second phénomène est la transformation
en boule du vermicule. Comme elle se fait lentement, il n'est
pas rare de rencontrer des schizontes en train de s'arrondir
et il est facile de suivre le processus, qui paraît un peu différent
de ceux qu'on a décrits pour l'enkystement des Grégarines. Le
vermicule se replie d'abord en boule en se renflant dans la ré-
gion moyenne. L'élargissement de cette région s'étend à la
région antérieure, qui se fusionne avec elle, et il ne reste bientôt
plus de vermiculaire que l'extrémité postérieure, destinée à son
tour, par un raccourcissement progressif, à se fondre dans la
masse totale.
La division cytoplasmique ne s'effectue pas par un simple
découpage, mais par un processus de gemmation analogue à
celui des Aggregata. Les noyaux se placent à la périphérie et
à chacun d'eux correspond un corpuscule sidérophile placé en
avant de lui, et que nous croyons pouvoir interpréter comme
un blépharoplaste, interprétation admissible, même si l'on
admet un centriole dans le karyosome ( Cf. Trypanosoma noctuœ).
De bonne heure se détachent de la masse centrale résiduelle
ces noyaux enveloppés d'une mince couche de cytoplasme
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM
195
mi I
®
et on a des images de jeunes schizozoïtes piriformes ne contenant
guère que le noyau et attachés au reliquat par un pédicule grêle
(fig. 10, pi. I). Nous n'avons pas observé les stades qui nous per-
mettraient de comprendre la transformation de ces jeunes élé-
ments en vermicules. Ce que nous avons vu, ce sont, d'une part,
sur les frottis, de jeunes vermicules très courts de 22 p avec blé-
pharoplaste très net comme dans les stades piriformes (fig. 26,
pi. II) ; d'autre part, dans les coupes et dans les frottis,
des pelotons de
grands vermi-
cules au milieu
desquels ne sub-
sistait qu'un reli-
quat globuleux
très réduit r( fig. I,
texte).
Les 8 schizo-
zoïtes ainsi for-
més mesurent en
moyenne 66 y.
SUr 3 y et à Cause FIG< *■ Epithélium de l'intestin moyen du Homard montrant, inclus
dans une cellule, 8 schizozoïtes de Selenococcidium autour
de leur longueur, d'un reliquat globuleux.
sont intriqués les
uns dans les autres comme une pelote de lombrics. Sur le vivant,
on voit ces pelotes se dissocier par les mouvements lents de ces
schizozoïtes pâles qui, n'ayant pas de tendance à s'enrouler
comme les vermicules nématoïdes, se tiennent souvent recti-
lignes comme un élément coccidien. Ils sont d'ailleurs plus
trapus et ne paraissent pas avoir de mucron à l'extrémité pos-
térieure. Par ailleurs, leur structure est la même et leur noyau
n'a aucun caractère particulier.
Il est probable que ces schizozoïtes sont capables de se repro-
duire par schizogonie indifférenciée, encore que cela soit diffi-
cilement vérifiable. Quoi qu'il en soit, à côté du type indiffé-
rencié que nous venons de décrire, on peut observer au moins
«&
196 L. LEGER ET DUBOSCQ
deux autres sortes de schizogonie, que nous interprétons comme
les dernières générations agames donnant les formes sexuées.
L'une est représentée par de petits schizontes ovoïdes de 18 à
20 y. avec 8 noyaux dans un cytoplasme clair (fig. 6, pi. I),
qui, pour nous, donneront les microgamétocytes. Dans l'autre
schizogonie, de gros éléments ovoïdes, de 39 p, sur 4 y. en moyenne,
donnent seulement 4 schizozoïtes, point de départ des macro-
gamètes.
Cette interprétation nous paraît peu contestable quand on
envisage les formes types que nous venons de décrire, mais les
choses ne se passent pas toujours aussi rigoureusement, et
deux faits, qui sont certains, apportent quelque confusion
dans le classement que nous proposons. D'abord, il n'est pas
rare de trouver des schizontes fournissant 6 vermicides et
nous ne savons pas s'il faut les rapporter à la schizogonie indif-
férenciée ou à une dernière génération agame. D'autre part,
les vermicules sont capables de pénétrer dans l'épithélium à
tous les stades de leur développement et c'est ainsi qu'on trouve
enkystés des stades à 2, 4, 5 ou 6 noyaux. S'agit-il d'enkyste-
ments définitifs, ou bien le vermicule qui s'est installé dans une
cellule épithéliale est-il capable de reprendre la vie libre pour
redevenir ensuite intracellulaire ? Nous avons tendance à croire
que le vermicule enkysté ne sort pas de la cellule avant d'avoir
terminé son développement. Cette interprétation nous est sug-
gérée par le changement dans le mode de multiplication nu-
cléaire qui paraît résulter des enkystements précoces.
Tandis que dans les vermicules libres la division est bipolaire
et se montre sous la forme de cette amitose ou promitose que
nous avons décrite, dans les vermicules précocement enkystés
le noyau, qui est parfois sphérique, ne se divise pas synchroni-
quement avec le karyosome et celui-ci peut subir plusieurs
divisions successives avant que chaque karyosome fils ne s'isole
avec sa part de réseau chromatique. De là résulte une division
multiple, pareille à celle que nous montre Jollo s (1909) chez
Adelea ovata. Cependant, chez Selenococcidium, les karyosomes
SELENOCOCCIDIUM INTERME DIUM 197
sont moins nombreux que chez Adelea, et nous n'en avons
pas trouvé plus de quatre avant la fragmentation nucléaire
(fig. 36, pi. II).
Microgamétocyte et microgamètes. — Selon notre inter-
prétation, le microgamétocyte se forme aux dépens de ver-
micules à cytoplasme clair, qui dériveraient des petits kystes
schizogoniques. Ces vermicules clairs semblent pouvoir s'ins-
taller dans une cellule épithéliale où ils s'enroulent sur eux-
mêmes et se transforment en un élément coccidiforme alors
qu'ils n'ont qu'un noyau (fig. 17, pi. I). Mais, dans le cas général,
ils ont plusieurs noyaux avant l'enkystement et on en a la
preuve par ce fait que leur transformation en boule n'est pas
terminée alors qu'ils ont plus de 8 karyosomes. Nous figurons
ainsi un élément qui montre 7 noyaux, dont 4 en division, et
ses extrémités vermiculaires sont encore distinctes (fig. 38,
pi. II). De tels stades, qui ne sont pas rares, ne peuvent être
autre chose que des microgamétocytes puisque les schizontes
n'ont jamais plus de 8 karyosomes correspondant à un nombre
égal ou moindre de noyaux. La transformation en boule du
microgamétocyte est toujours complète quand le nombre des
noyaux dépasse 8. Pendant quelque temps, la division nucléaire
continue selon le type amitotique bipolaire et nous n'avons
pas observé dans le microgamétocyte la division multiple.
Mais, à un moment donné, quand on compte plus de 20 noyaux,
les divisions changent d'aspect. Le karyosome étant devenu
progressivement beaucoup plus petit (fig. 39, pi. II), sa divi-
sion ressemble davantage à celle d'un centrosome. C'est alors
que la chromatine apparaît assez subitement sous la forme
de ces cordons monilif ormes, caractéristiques des divisions
nucléaires chez les Coccidies. Tout d'abord, ces cordons sont très
lâches et les grains qui les composent relativement très gros
(fig. 40, pi. II) puis ils semblent mieux soudés les uns aux
autres dans les divisions qui suivent et l'on a des images de
cordons moniliformes en anneaux, en U plus ou moins irrégu-
198
L. LEGER ET DUBOSCQ
liers, avec, semble-t-il, un grain nucléolo-centrosomien dis-
tinct des chromosomes.
Au terme de la multiplication, les chromosomes montrent
quelque chose de particulier. Les noyaux-fils de dernière
génération s'écartent jusqu'à gagner la périphérie du kyste
à l'antipode l'un de l'autre et, pendant cet écartement, ils
continueraient — ceci est une interprétation
— d'être reliés par un filament fusorial.
L'ensemble de tous ces filaments forme un
écheveau au centre du kyste. Nous avons
trouvé dans une Coccidie à sporocystes mo-
nozoïques, Barrouxia ventricosa Léger, para-
site de Lithobius hexodus, une formation
toute pareille, c'est-à-dire un faisceau de
filaments chromatiques occupant le centre
du microgamétocyte et en relation par leurs
extrémités avec les noyaux périphériques.
Nous les interprétons encore comme des
restes fusoriaux (fig. n texte).
Quand les noyaux sont tous périphériques
et que la multiplication nucléaire est termi-
née, nous n'avons encore que des sperma-
tides qui doivent subir une évolution pour
devenir les microgamètes mûrs. Les éléments
sont si petits qu'il est difficile de préciser
cette évolution. Nous pouvons néannmoins distinguer un pre-
mier stade où les noyaux sont tous orientés et paraissent
surmontés d'un petit grain chromatique tourné vers l'exté-
rieur (fig. 19, pi. I). Dans un second stade, le noyau
s'étire tout en montrant encore des grains distincts et une
cavité centrale claire. Enfin la chromatine se condense, devient
plus sidérophile, et les microgamètes apparaissent dans les pré-
parations à l'hématoxyline au fer comme de petits corpuscules
massifs, arqués, colorés en noir et montrant tout au plus dans
la région centrale une petite vacuole claire. Ils ressemblent
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Fia. II. Microgaméto-
cyte de Barrouxia
ventricosa
Léger
montrant
les fila-
ments fusoriaux
groupés en
faisceau
central.
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 199
ainsi aux microgamètes décrits par Brasil (1909) chez Angeio-
cystis. Sous cette forme les microgamétocytes doivent être
mûrs, et nous avons trouvé des kystes où les microgamètes
sont peu nombreux, sans doute parce que la plupart d'entre eux
ont déjà quitté le reliquat, à leur maturité. Malheureusement,
nous n'avons pas observé ces éléments libres ou isolés, et nous
ne pouvons dire s'ils sont pourvus de flagelles.
Macrogamètes. — Le macrogamète est d'abord un vermicule
trapu, mesurant en moyenne 90 p de longueur et 5 [x de lar-
geur. Ses mouvements sont lents et une de ses extrémités est
presque toujours enroulée. De bonne heure il pénètre dans l'épi-
thélium et on le trouve rarement dans la lumière intestinale.
Pour s'arrondir, il se replie en U, en anneau, en se renflant
dans la région moyenne (fig. 21, pi. I). Par l'extension de la
région renflée, il ne reste plus qu'une extrémité libre qui paraît
être ia postérieure à en juger par son cytoplasme clair (fig. 22,
pi. I). Peu à peu elle s'atténue et disparaît, et le macrogamète
devient une cellule presque sphérique de 25 à 30 p. de dia-
mètre. Le noyau de la cellule, durant toute son évolution, con-
serve la structure de l'état végétatif, un gros karyosome formé
de plastine et de grains ou grumeaux chromatiques autour
duquel s'étend le réseau achromatique avec grains non colo-
rables. Seule la forme change puisque, dans le vermicule, le
noyau comprimé est ellipsoïdal et qu'il devient sphérique en se
plaçant au centre du macrogamète arrondi.
Le karyosome est formé d'une sphérule fortement sidérophile,
qui paraît homogène dans les colorations ordinaires (fig. 23,
pi. I).
Quant au cytoplasme, il se modifie davantage durant les
phases d'enroulement et de mise en boule. Tandis que, dans le
vermicule, il est clair avec des grains de paramylon peu appa-
rents et des grains chromatoïdes peu nombreux, il se charge pro-
gressivement de ces deux sortes d'inclusions qui caractérisent
le macrogamète. Dès que le vermicule s'est partiellement renflé,
200 L. LEGER ET DUBOSCQ
les grains de paramylon se reconnaissent facilement, mais ils
n'ont pas la taille qu'ils atteignent quand le macrogamète
est devenu sphérique. Les grains chromatoïdes se développent
parallèlement. D'abord, ce ne sont dans le vermicule que quel-
ques grains sidérophiles épars (fig. 21, pi. I). Ils se multiplient
et deviennent de courts filaments de grains, c'est-à-dire
prennent un aspect nettement mitochondrial (fig. 22, pi. I).
Finalement, ce sont des grumeaux ou amas plus abondants
(fig. 23, pi. I) et ils ne feront que se développer par la suite pour
obscurcir l'œuf enkysté (fig. 25, pi. I).
Lorsque la mise en boule est complète, doit survenir la fécon-
dation qui détermine l'enkystement, et ici nos observations
sont insuffisantes. Le noyau, qui était central, se trouve à la
périphérie avec un karyosome double et nous avons vu une
fois à ce stade une image qui paraît correspondre à un micro-
gamète accolé à l'œuf (fig. 24, pi. I). La division du karyosome
exprimerait alors une réduction chromatique, qui doit exister
d'après ce que l'on sait des autres Coccidies (Cyclospora caryoly-
tica. Adelea ovata). Mais alors, elle ne se présenterait jjas avec le
caractère spécial que Jollos a observé chez Adelea où le ka-
ryosome s'allonge en biscuit et s'étrangle lentement, au lieu de
se couper nettement en deux au stade en tonnelet comme dans
les divisions ordinaires.
Quoi qu'il en soit, il ne nous paraît pas douteux que la fécon-
dation ait lieu à ce stade puisque nous voyons bientôt se former
un ookyste avec membrane à double contour, lequel est bientôt
expulsé de l'épithélium et rejeté au dehors avec les excréments.
Tandis (pie le macrogamète était ovalaire, 1 ookyste est régu-
lièrement sphérique avec un noyau à gros karyosome, occupant
à peu près le centre du kyste. Son diamètre est assez régulière-
ment de 22 a dont 1 y. pour la paroi. Le cytoplasme est bourré
de sphérules de paramylon, masquées par les amas de grains chro-
matoïdes encore plus abondants qu'aux stades précédents
(fig. 25, pi. I).
Les ookystes doivent probablement terminer loin1 évolution
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 201
dans l'eau de mer où ils sont expulsés, mais nous ne tenons pas
le fait pour certain puisque toutes nos tentatives pour obtenir
leur maturation sont restées sans résultat. A plusieurs reprises,
nous avons conservé de nombreux ookystes dans de l'eau de
mer fréquemment renouvelée. Ils n'avaient pas changé d'as-
pect au bout de plusieurs semaines. Quelques-uns, à la vérité,
présentaient un morcellement sphérulaire de leur contenu,
peut-être un début de formation des spores ; mais jamais cette
évolution ne fut poussée assez loin pour que nous puissions voir
se différencier de véritables sporocystes et sporozoïtes. Le dé-
veloppement de l'ookyste du Selenococcidium reste donc à
connaître.
Action sur la cellule-hôte. — Les divers stades intra-
cellulaires du Selenococcidium n'altèrent pas gravement l'épi-
thélium qu'ils parasitent. La cellule-hôte s 'hypertrophie sans
)> s
fi *> <***
ۂ&
«52^
Fia. III. Cellule de l'épithélium intestinal du Homard, très hypertrophiée sous L'action du micr )-
gamétocyte de Selenococcidium qu'elle contient.
que les cellules voisines présentent des lésions. C'est une dégé-
nérescence aqueuse lente, avec accroissement simultané du
cytoplasme et du noyau qui ne montre aucun phénomène
de chromatolyse et de karyolyse (fig. ni texte). Il est probable
202 L. LEGER ET DUBOSCQ
néanmoins que la cellule finit par mourir et que l'ookyste est
expulsé de l'épithélium en même temps qu'elle.
IL Le Selenococcidium et les autres Sporozoaires parasites
de l'intestin du Homard.
Faute d'avoir observé le développement de l'ookyste, nous
n'avons pas bouclé le cycle du Selenococcidium intermedium
dont les premiers stades restent énigmatiques. En présence de
cette lacune, nous devons justifier la création du genre nouveau
que nous proposons en prouvant que le Selenococcidium est bien
un parasite autonome, c'est-à-dire dont l'évolution n'a rien à
voir avec celles des autres Protozoaires parasites de l'intestin
du Homard.
On ne connaît actuellement, de façon certaine, dans le Homard
que quatre Protozoaires endoparasites : un Cilié, Anoplophrya
minima Lég. et Dub, et trois Sporozoaires Porospora gigantea
E. V. Bened., Aggregata vagans Lég. et Dub. et Selenococci-
dium intermedium Lég. et Dub.
De Y Anoplophrya il ne peut être question, et nous n'aurions
à distinguer du Selenococcidium que Y Aggregata et la Poros-
pora s'il n'existait encore un autre Sporozoaire non décrit, que
nous appellerons Toxocystis homari n. g. n. sp. Nous nous en
occuperons d'abord.
Toxocystis homari n. g., n. sp.
Nous n'aurions pas proposé un nom nouveau ( 1) pour un Spo-
rozoaire qui n'a peut-être aucun intérêt, si le Toxocystis homari
n'était le plus commun des Sporozoaires du Homard. Depuis
(1) Caullery et Mesnil (1899) ont créé le genre Toxosporidium pour des parasites analogues
à notre Toxocystis, et comme lui insuffisamment connus. Peut-être pensera-t-on qu'il était superflu
de créer un nouveau genre pour ce Sporozoaire du Homard et que nous eussions pu l'appeler
Toxosporidium homari. Si nous ne l'avons pas fait, c'est que nous sommes convaincus que les
Toxosporidium et les Toxocystis sont foncièrement différents d'après le peu que nous savons de
leur structure.
SELENOCOCCIDIUM INÏERMEDIUM 203
que nous le connaissons, nous n'avons jamais dilacéré un
cœcum postérieur de Homard sans trouver ce parasite. Quand
on traitera du Selenococcidium et de la Porospora dont l'évo-
lution reste incomplètement connue, on ne devra donc pas
négliger ce Sporozoaire du cœcum postérieur. Lui donner un
nom, c'est faciliter la discussion et affirmer en même temps
que, pour nous, le cycle de Toxocystis homari n'a rien de com-
mun avec celui de Porospora gigantea ou de Selenococcidium in-
ter médium.
Toxocystis homari est un parasite constant dans le cœcum
intestinal postérieur des Homards de l'Océan et de la Manche.
Il se présente sous la forme habituelle des sporozoïtes ou plutôt
des Hémogrégarines. C'est un corpuscule arqué dont les dimen-
sions varient peu. Les plus courts mesurent 13 y., les plus longs
19 [j. et, de ce faible écart de taille, il faut néanmoins conclure
que Toxocystis est capable de croissance, puisque les petites
formes n'ont souvent que 2 y. de large et les grandes, générale-
ment plus trapues, peuvent atteindre 3 « 5 (fig. iv texte).
Etudié sur le vivant, après dilacération du cœcum postérieur,
Toxocystis semble immobile. Une de ses extrémités est obtusé-
ment arrondie ; l'autre un peu plus effilée montre à la base d'un
court mucron plusieurs stries parallèles, obliques par rapport
à l'axe du corps, et qui sont sans doute l'expression de la con-
tractilité de la région antérieure. Le cytoplasme de Toxocystis
est densément granuleux. Au centre du corps est une tache
claire aux pôles de laquelle on trouve de part et d'autre une
sphérule grisâtre peu réfringente (fig. iv texte). Les colorations
montrent que la tache claire correspond au noyau qui est très
petit, sphérique, pourvu seulement de quelques rares grains
chromatiques difficilement colorables et d'un nucléole ou karyo-
some central. Certains noyaux ont 2 nucléoles. Les deux sphé-
rules paranucléaires donnent un caractère très spécial cà cet or-
ganisme. Elles sont constantes dans les petites formes, (a, b, c, (L
fig. iv texte) tandis que dans les formes trapues, il n'est pas
rare de n'en observer qu'une seule (e, fig. iv texte). D'ailleurs,
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 5 SÉRIE. — T. V. — (IV). 16
204 L. LEGER ET DUBOSCQ
elles sont souvent de taille inégale et nous avons observé
quelques stades où elles paraissent se fusionner (/, fig. iv texte).
Elles se colorent avec intensité par la plupart des colorants
même basiques, de sorte que, le noyau étant lui-même diffi-
cile à mettre en relief, on peut croire que le Sporozoaire est
binucléé — erreur que nous avons commise, comme nous le
montrerons plus loin. Dans les colorations par la méthode de
Cajal au carmin (carmin-picrocarmin d'indigo) on met en relief
le noyau avec une grande précision, tandis que les sphérules
paranucléaires sont colorées en bleu. Par la méthode de Mann
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Fig. IV. Toxocystis homari. a, vu sur le vivant, b-h, après coloration ;\ riRiuatoxyliue ferrique
(bleu de méthyle-éosine), elles se colorent en rouge vif , comme
des nucléoles, mais on ne peut guère les interpréter comme
des plasmosomes expulsés étant donnée leur taille, et nous
les homologuons aux sphérules (ou vacuoles d'après Labbé)
qu'on trouve chez certaines hémogrégarines (Lankesterella
ranarum) et qui sont sans doute des substances de réserve.
Cette inteqjrétation est aj)puyée par le caractère du cyto-
plasme, chargé de grains chromatoïdes comme dans une Hémo-
grégarine et bien différent du cytoplasme transparent d'une
cellule jeune, d'un sporozoïte. La membrane est également très
nette.
Les coupes du cœcum montrent que Toxocystis ha/tari est le
plus souvent intracellulaire, parfois extracellulaire. Certains
parasites sont situés entre 1 epithélium et la basale. les autres
dans les cellules épithéliales et alors très généralement au-
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 205
dessous du noyau. D'autres sont extracellulaires, libres dans la
lumière du cœcum, ce qui n*est pas leur siège normal. On observe
en effet que les stades extracellulaires ne se rencontrent guère
qu'au niveau de ces dégénérescences de villosités épithéliales,
suivies de mues partielles que nous (1902) avons signalées, et
qui ont été revues par Guyesse (1907). Ces Sporozoaires
expulsés doivent rentrer dans les cellules pour y continuer leur
croissance, mais nous ignorons leur évolution. Nous avons vu
parfois dans la même cellule 2 sporozoïtes accolés l'un à l'autre,
comme s'ils provenaient de la division longitudinale d'un plus
gros. Une seule fois, nous avons eu l'image, d'ailleurs discu-
table (h fig. iv texte) d'une division.
En nous appuyant sur ces faits, nous concluons à la division
longitudinale probable. Elle explique l'égalité de taille de
beaucoup de formes trapues et élancées en même temps
(pie le grand nombre des parasites. Quoi qu'il en soit, la plus
grande partie de l'évolution de Toxocystis paraît devoir se
terminer ailleurs que dans le cœcum postérieur.
Se passerait-elle en quelque autre point de l'intestin, nous
ne le croyons guère. Ce que nous pouvons affirmer, c'est que
Toxocystis est un parasite bien distinct des autres Sporozoaires
du Homard et qu'il n'a rien à faire ni avec les Aggregata, ni
avec la Porospora, ni avec le Selenococcidium.
Les Toxocystis ne peuvent être des sporozoïtes d Aggregata
arrêtés par la basale, puisqu'en pareil cas, ceux-ci, dont la
structure est d'ailleurs différente, sont rapidement atteints
de dégénérescence, ainsi que nous (1908 a) l'avons établi.
Peut-on penser qu'ils représentent un stade de l&Porospora
ou du Selenococcidium. Pas davantage. Sans parler des carac-
tères cytologiques spéciaux du Toxocystis, on peut invoquer
un argument décisif. Le Toxocystis homari n'est pas spécial
au Homard. C'est un parasite (pie nous avons rencontré
depuis longtemps dans Ewpagurus Prideauxi. Nous avons
repris nos anciennes préparations et nous avons constaté que
ce sont bien des Toxocystis que nous (1903) avions figurés
206 L. LEGER ET DUBOSCQ
comme sporozoïtes binucléés et que nous signalions comme
pouvant l'aire partie de l'évolution d'Aggregata vagans. Ainsi,
au début de nos recherches sur les Grégarines des Crustacés,
nous avions tendance à admettre dans un même cycle une
Aggregata, une Frenzelina et un Toxocystis.
Selenococcidium et Aggregata.
L'idée de la réunion en une seule évolution des cycles de
Selenococcidium et d'Aggregata est réfutable par tant d'argu-
ments qu'il nous paraît vraiment superflu de les dévelojyper.
Même les jeunes stades, toujours plus difficiles à distinguer,
ne seront pas confondus par un observateur attentif. Sans
doute ils ont chez les deux parasites une forme arquée sem-
blable. Mais le sporozoïte d'une Aggregata nous montre un
noyau postérieur avec réseau de chromatine vivement colo-
rable, sans karyosome ou nucléole, tandis que le jeune Seleno-
coccidium a son noyau antérieur à structure caractéristique
(grains du réseau incolorables et karyosome très gros semblant
contenir toute la .substance chromatique du noyau). Ultérieure-
ment, le Selenococcidium poursuit la plus grande partie de son
développement dans les cellules épithéliales, et jamais les
Aggregata ne peuvent se développer dans l'épithélium intestinal
des Crustacés, où meurent rapidement celles qui s'y arrêtent.
Selenococcidium et Porospora.
Le Cytode générateur.
S'il est inutile d'insister sur la distinction qui s'impose entre
Selenococcidium et Aggregata, la séparation de Selenococcidium
et de Porospora est beaucoup moins évidente et mérite d'être
examinée longuement.
SELENOCOOCIDIUM INTERMEDIUM 207
Le degré de fréquence des deux parasites nous fournit une
première raison de croire à leur indépendance respective.
Nous rencontrons communément la Grégarine géante dans la
plupart des Homards de la Manche, de l'Océan ou de la Médi-
terranée, et jamais nous n'avons trouvé le Selenococcidium
ailleurs que dans les environs de Cavalière (Méditerranée) où
il n'est pas plus rare que la Porospora gigantea. Cet argument,
si fort qu'il soit, ne serait pas à lui seul suffisant, d'autant plus,
comme nous le dirons tout à l'heure, que le Selenococcidium,
existe peut-être dans les mers du Nord. Et puis, n'est-il pas
tentant d'unir dans une même évolution la Porospora dont on
connaît seulement la schizogonie et ce Selenococcidium qui
nous montre une gamogonie indiscutable ? Nous avons envi-
sagé l'hypothèse de toute manière et, avouons-le, avec le désir
qu'elle fût acceptable, tant il nous est pénible de n'avoir pas
élucidé le cycle de la Porospora. Mais décidément cette façon
de voir n'est pas soutenable. Comment expliquerait-on que,
dans un même hôte, le même parasite puisse avoir deux schizo-
gonies d'un type si différent ? D'autre part, les kystes schizo-
goniques de la Porospora sont destinés à être re jetés à l'extérieur,
au moins au moment de la mue. Nous aurions là un bien sin-
gulier Sporozoaire, qui, malgré la production d'un ookyste,
émettrait des spores schizogoniques pour le passage d'un hôte
à l'autre. Si l'on envisage enfin, dans les deux parasites, soit
la structure des noyaux, soit le mode de contraction des stades
vermif ormes, par leurs dissemblances on arrive à la conviction
que Selenococcidium et Porospora sont deux êtres distincts,
ainsi que l'indiquait déjà leur répartition géographique.
Cependant cette confusion que nous rejetons n'aurait-elle
pas été faite ? Sommes-nous réellement les premiers à avoir ren-
contré le Selenococcidium. C'est ce que nous nous sommes
demandés en pensant au cytode générateur et aux pseudofilaires
de Van Beneden (1871). Que Ton compare à nos stades d'en-
roulement du Selenococcidium ce cytode qui « n'a jamais
qu'un ou deux prolongements » et l'on sera certainement frappé
208
L. LEGER ET DUBOSCQ
de leur analogie. Sans doute. Ed. Van Beneden nous dira que
ces prolongements se détachent du cytode. mais ce conscien-
cieux observateur ajoutera : « Je n'ai pas vu ce bras se détacher
du cytode, mais on trouve toujours une foule de ces filaments
se mouvant librement dans l'intestin à côté des cytodes sur
lesquels on les trouve fixés par une de leurs extrémités ». Il
suffit donc d'interpréter à rebours le cycle du cytode généra-
i5
FlG. V. Divers stades du cytode générateur et des pseudofllaires d'après Ed. Vax Bexedex.
(Les chiffres sont ceux de la planche de Van Beneden.)
teur pour le voir se superposer aux phases d'enroulement du
Selenococcidium (Cf. fig. V texte et pi. I).
De même, les « pseudofllaires » rappellent nos vermicules du
Selenococcidium. Van Beneden les appelle pseudofllaires « à
cause de leur ressemblance avec de jeunes Nématodes... On
en voit qui sont très longs, très grêles et d'une extrême agilité
à côté d'autres qui sont rigides, plus courts et notablement
plus larges, surtout dans la partie antérieure du corps ». Cepen-
dant, Van Beneden travaillait sur des Homards de Nor-
vège et ne paraît pas avoir étudié sa Grégarine dans la Médi-
terranée. C'est une faible objection au rapprochement que nous
suggérons. Elle ne parle même pas contre la localisation et la
rareté du Selenococcidium. Le curieux Héliozoaire Wagnerella
borealis n'a-t-il pas été retrouvé récemment à Naples par
P. Mayer' et M. Zueltzer (1909) alors qu'il n'était connu
que de la mer Blanche.
Mais nous ne voudrions pas défendre plus que de raison
SELENOCOCCIDIUM IXTERMEDIUM 209
l'assimilation au Selenococeidium du cytode générateur et dos
pseudofilaires. Certaines figures de la planche de Ed. vw
Beneden (par exemple la figure 7), où la pseudofilaire
n'est plus reliée au cytode que par une extrémité effilée, la
représentation des pseudofilaires libres, légèrement renflées à
leur extrémité antérieure toujours fortement chargée de granules
réfringents, (fig. 13, 15) ne conviennent à aucun stade du
Selenococeidium si on les tient pour rigoureusement exactes.
Or, avec un observateur comme Ed. van Beneden, on doit
s'en tenir au texte et aux figures et ne pas les déformer par
une interprétation trop large. Que Van Beneden ait rencontré
le Selenococeidium dans les Homards de Norvège et l'ait pris
pour les premiers stades de la Grégarine géante, c'est simple-
ment possible, mais cela reste assez douteux pour qu'on n'en-
terre pas sous cette explication la question du cytode géné-
rateur et des premiers stades de la Porospora.
IIÏ. Affinités du Selenococeidium.
Le Selenococeidium intermedium est incontestablement un
Sporozoaire pour lequel il ne suffit pas de créer un genre nou-
veau. Il ne peut rentrer dans aucune famille connue et même
dans aucun ordre, si l'on s'en tient aux définitions actuelles.
Ses affinités sont en effet multiples et nous lui trouverons
une parenté avec les Schizogrégarines, avec les Coccidies, avec
les Hémosporidies et même les Hémoflagellés.
Affinités avec les Schizogrégarines. — Si l'on
s'en tient aux apparences, les affinités du Selenococeidium
avec les Schizogrégarines sont très étroites. Malgré le nom
que nous lui avons donné, ce n'est pas des Selenidium
que nous rapprocherons surtout le Selenococeidium. S'il res-
semble à certains Selenidium nématoïdes, c'est seulement
par sa silhouette et ses mouvements, tandis qu'il en diffère
210 L. LEGER ET DUBOSCQ
par la multiplication nucléaire. Chez les Selenidium elle ne
commence qu'après transformation du vermicule en stade
coccidiforme et le Selenidium (Schizocystis) sipunculi de Do-
giel n'est sans doute qu'un animal infesté par un parasite,
ainsi que Brasil et Fantham ^1907) l'ont suggéré. C'est, avant
tout, de Schizocystis gregarinoïdes Léger que se rapproche le
Selenococcidium. La forme générale, les mouvements, la multi-
plication nucléaire marchant de pair avec la croissance, le mode
de schizogonie sont essentiellement les mêmes chez ces deux
Sporozoaires. Seule la gamogonie diffère, et tandis que Schizo-
cystis évolue comme une Eugrégarine typique, Selenococcidium
forme ses gamètes comme une vraie Coccidie.
Avec Minchin (1903) nous (1908) avons rapproché Sied-
leckia de Schizocystis, parce que nous avions pu constater
de visu la ressemblance de ces deux Sporozoaires. Il faut
donc aussi rapprocher Selenococcidium de Siedleckia. A pre-
mière vue, il lui ressemble moins cependant qu'au Schizo
cystis : d'abord, parce que, malgré son nom de nematoïdes,
la Siedleckia est un être très aplati comme l'ont bien vu
Caullery et Mesnil (18S9). Puis, le nombre et la répar-
tition des noyaux, de même que leur structure, éloignent les
deux parasites bien que l'importance du karyosome, seul
élément chromatique chez Siedleckia, soit l'indice d'affinités
cytologiques entre eux. Enfin la schizogonie que décrivent
Caullery et Mesnil serait foncièrement différente, puisque
chez Siedleckia des sporozoïtes en forme de sphérules seraient
émis successivement aux dépens d'un long schizonte multi-
nucléé. Mais ce mode singulier et rapide de schizogonie, que
nous avons nous-mêmes observé en examinant des Siedleckia
sous le couvre-objet, nous paraît correspondre à une fragmen-
tation pathologique et c'est aussi l'avis de Brasil qui nous a
communiqué sur ce point ses observations inédites. La véri-
table schizogonie de Siedleckia qui n'est pas comiue, est sans
doute voisine de celle de Schizocystis ou de Selenococcidium.
Notons maintenant que des caractères cytologiques rapprochent
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 211
Siedleckia de Selenococcidium. D'abord l'existence de myo-
nèmes qui ont échappé à Caullery et Mesnil. Chez Siedleckia
ils se présentent de part et d'autre, sous la forme d'une bande
musculaire s 'étendant le long du bord latéral jusqu'au mucron
postérieur, qui lui aussi est un fait de structure commune.
La présence de grains chromatiques en dehors des noyaux
se retrouve également dans les deux parasites (épuration nu-
cléaire de Caullery et Mesnil). Par cet ensemble de caractères,
Siedleckia se rapproche autant de Selenococcidium que de
Schizocystis, par conséquent rien ne démontre qu'elle appar-
tienne plutôt au tronc grégarinien qu'au tronc coccidien. C'est
uneTélosporidie et c'est tout ce qu'on en peut dire tant qu'on
ignorera sa gamogonie.
Un Sporozoaire très particulier, Joyeuxella toxoïdes Brasil
a été rapproché de Siedleckia. Et, en effet, des stades végétatifs
avec noyaux multiples où le karyosome est le seul élément
chromatique, la présence dans le cytoplasme de corpuscules
chromatiques indépendants des noyaux sont des caractères
communs aux deux êtres et ils se retrouvent dans le Sele-
nococcidium. Mais la formation des schizozoïtes rapproche
Joyeuxella des Sarcosporidies et ainsi par ses affinités multiples,
ce curieux parasite doit, comme l'a dit Brasil (1904.), occuper
une place à part.
Affinités avec les Coccidies et les Hémosporldies. —
Alors que par son mode de vie, sa morphologie et sa schizogonie,
Selenococcidium semble une Schizogrégarine, sa gamogonie
démontre au contraire qu'il est une Coccidie. Sur ce point aucune
discussion n'est possible et l'on sait que le caractère distinctif
fondamental entre Grégarines et Coccidies repose sur la fécon-
dation. Chez les Coccidies, la copulation s'effectue entre un
macro gamète très gros, o vif orme, et un microgamète très petit
né d'un microgamétocyte homologue du macrogamète. Chez
les Grégarines les deux gamontes sont homologues et les ga-
mètes, homologues aussi, sont ordinairementde volume et de
212 L. LEGER ET DUBOSCQ
taille peu différents. Le Selenococcidium est donc une Coc-
cidie sensu lato ou, pour employer le terme de Doflein, un
Coccidiomorphe. Mais quelle place attribuer à notre parasite
du Homard dans l'ordre des Coceidiomorphes ?
Doflein divise cet ordre en deux sous-ordres : les Coccidies
et les (Hémosporidies. Les Coccidies seraient caractérisées par
la présence de spores durables protégeant les sporozoïtes, par
l'immobilité des zygotes et leur développement dans un seul
hôte. Les Hémosporidies auraient des sporozoïtes toujours
libres dans le kyste, des ookinètes mobiles et un développe-
ment hétéroïque. Cette définition est critiquable. Le premier
caractère, présence ou absence de spores, sépare, mal les deux
groupes. Une Legerella n'a pas de sporocystes dans son ookyste
et, par contre, Miller (1903) vient de trouver qu'une Hémo-
grégarine des rats, Hepatozoon perniciosum, termine son évolu-
tion par la formation d'un ookyste où se différencient 50 à
100 spores contenant chacune 16 sporozoïtes. Or, c'est sans
doute parce qu'il a tenu compte de cette importante décou-
verte que Doflein a maintenu les Hémosporidies dans les
Coceidiomorphes et n'a pas suivi Hartmann (1907) qui les
avait rangés parmi les Flagellés.
L'immobilité ou la mobilité des zygotes semble mieux
caractériser les Coccidies et les Hémosporidies. Cependant on
n'a pas attendu de connaître le zygote pour rapporter aux
Hémogrégarines beaucoup de formes chez lesquelles la fécon-
dation n'a pas été observée et nous ne savons ce que vaudra ce
caractère quand elle sera connue.
Trouvera-t-on un critérium plus sûr dans l'hétéroi'cité ?
Nous ne le croyons guère et pour plusieurs raisons. S in-
quiète-t-on, par exemple, pour classer les Flagellés de savoir
s'ils sont parasites d'un ou plusieurs hôtes ? L'argument n'est
pas à rejeter pour qui les donne comme ancêtres aux Hémospo-
ridies. D'autre part, la question de la fécondation des Aggregata
n'est pas résolue et, selon la façon dont elle sera tranchée, les
Aggregatidce resteront dans les Schizogrégarines ou reviendront
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 213
dans les Coccidiomorphes. Supposons (pie les Aggrêgata soienl
des Coccidiomorphes, les rangerait-on dans les llémospo-
ridies ? Si l'on attache de l'importance au développement
hétéroïque — que Fantham (1808) prend pour base de sa clas-
sification des Schizogrégarines — les Aggrêgata passeraient
alors dans les Hémosporidies dont elles ont déjà la disposition
radiée, héliomorphe des schizozoïtes. Eh bien, à notre sens, on
s'appuierait sur des caractères secondaires qui apparaissent
par convergence dans des groupes différents et n'indiquent pas
les affinités primaires, phylétiques.
Pour conclure, si l'on accepte les résultats de Miller, nous
ne trouvons pas de caractère décisif pour séparer les Coccidies
et les Hémosporidies. Or, la plupart des protistologues pensaient
déjà avec Hartmann qu'on a plus de raisons de classer les
Hémosporidies avec les Flagellés qu'avec les Sporozoaires.
Même en laissant de côté l'évolution de Hœmoproteus noctuœ
qui reste discutable, trop de faits démontrent les affinités
des Hémosporidies avec les Flagellés pour qu'on ne souscrive
pas aux vues de Schaudinn et Hartmann. Récemment encore,
Mesnil etBRiMONT (1903) en ont apporté une nouvelle preuve
par la description d'une Hémogrégarine à blépharoplaste,
Y Endotrypanum Schmidinni Mesn. et Brun. Dans son traité,
où trouvent place les acquisitions les plus récentes, Doflein
(1909 V conservant les Hémosporidies parmi les Coccidiomor-
phes, range parmi elles des Flagellés incontestés comme les
Babesia et les Leishmannia. C'est dire que des Flagellés les
plus nets jusqu'aux Coccidies, nous trouvons une série inin-
terrompue d'êtres qui représentent l'évolution phylogénique
du groupe des Sporozoaires.
De ces jalons de la phylogénie, le Selenococcidium, ne sera pas,
croyons-nous, le moins important. Par sa croissance à l'état
vermiculaire il rappelle à la fois les Grégarines et les Hémo-
grégarines et, comme sa gamogonie est celle d'un Coccidiomor-
phe, on pourrait le prendre aussi bien pour une Hémogrégarine
intestinale que pour une Coccidie. La vérité est qu'il n'est ni l'un
2U L. LEGER ET DUBOSCQ
ni l'autre et qu'à lui seul il représente un sous-ordre à part que
nous proposons d'appeler le sous-ordre des Prococcidies.
Pour justifier ce nom, nous rappellerons que le Selenococci-
dium intermedium a gardé des caractères de l'ancêtre flagellé.
D'abord la persistance de l'état vermiculaire pendant la crois-
sance est un caractère archaïque. C'est simplement l'état d'un
Flagellé sans flagelles et chez lequel le blépharoplaste — pré-
sent dans les jeunes stades — évolue sans doute en un système
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FiG. VI. Spirochœte {Leucocytozoon) Zicmanni. Evolution de l'ookinète en Trypanosoines d après
Schaudinn.
de myonèmes, non à la suite d'une division comme chez Hœmo-
proteus (Trypanosoma) noctuœ Celli et San Félice, mais par
simple développement et différenciation d'un cône de fibres
homologue aux rhizoplastes des Mastigamœbiens, queGc-LDSCH-
midt (1906) a décrits chez Mastigina setosa. Sans doute les
Sporozoaires atteignent une dimension que n'avaient pas
la plupart de leurs ancêtres flagellés. Mais déjà, parmi les Fla-
gellés parasites, nous voyons des êtres comme Leucocytozoon
Ziemanni (fig. vi texte) prendre, ainsi que Schaudinn (1904)
nous l'a montré, la taille et les aspects d'une Schizogrégarine,
par conséquent ressembler étrangement à un Selenococcidium,
tant par l'état de vermicule plurinucléé que par la transfor-
mation du vermicule en boule pour la schizogonie. De la
schizogonie de Leucocytozoon sortent de véritables Trypano-
somes (fig. vi). De la schizogonie de Selenococcidium naît seule-
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 215
ment un Flagellé sans flagelles, un vermicule avec blépharo-
plaste comme un Endotrypanum (fig. 10 pi. I). On ne saurait nier
la signification phylétique de cette formation centrosomienne si
nette à ce stade. Les autres caractères cytologiques ne démentent
pas ces affinités. En particulier, le noyau d'un Selenococcidium
avec un karyosome contenant presque toute la substance chro-
matique condensée autour d'un centriole, correspond au noyau
de la plupart des Flagellés. Le Selenococcidium intermedium,
Télosporidie incontestable, a retenu beaucoup des caractères
de ses ancêtres flagellés.
IV. Classification des Sporozoraires.
Tout en acceptant la classe des Sporozoaires qu'avait établie
Leuckart, Butschli (1887), avec sa pénétration ordinaire,
n'hésita pas, il y a déjà 25 ans, à déclarer que cette systématique
était provisoire et qu'il lui semblait artificiel de placer les Gré-
garinides (Télosporidies), dans le même groupe que les Myxos-
poridies et les Sarcosporidies (Néosporidies). Depuis Butschli,
les auteurs qui ont examiné les affinités de ces divers ordres
ont été d'accord pour diviser d'abord la classe des Sporozoaires
en deux sous-classes, dont l'une comprenait les Grégarines,
les Coccidies et les Hémosporidies, l'autre les Myxosporidies,
les Sarcosporidies auxquelles on ajouta les Haplosporidies de
Caullery et Mesnil et même les Exosporidies de Perrier.
Les mots changent, les caractères différentiels varient selon les
auteurs, mais la subdivision reste la même.
Labbé (1897) se fonde sur l'habitat pour proposer de diviser
les Sporozoaires en Cytosporidies, parasites intracellulaires
qui comprennent les Grégarines, les Coccidies, les Hémospori-
dies et les Gymnosporidies et en Histosporidies, parasites inter-
cellulaires comprenant les Myxosporidies, les Microsporidies et
les Sarcosporidies.
Delage et Hérouard (1898) montrèrent qu'il était « avan-
216 L. LEGER ET DUBOSCQ
tageux de substituer à cette classification basée sur une carac-
téristique empruntée aux rapports du parasite avec l'hôte
un groupement fondé sur les caractères anatomiques ». Et en
effet, non seulement les Sarcosporidies sont intracellulaires,
comme le fit voir Delage, mais beaucoup de Microsporidies
le sont aussi, et, par contre, la plupart des Eugrégarines et
même certaines Coccidies sont extracellulaires. On ne saurait
donc trop approuver Delage et Hérouard d'avoir remplacé
la classification de Labbé par une subdivision basée sur le carac-
tère du sporozoïte, c'est-à-dire du jeune Sporozoaire issu de
la spore. Nous avions ainsi les Rhabdogéniens chez lesquels
le sporozoïte est un corpuscule arqué et les Amœbogéniens à
sporozoïte amœboïde. A notre sens, la classification de Delage
et Hérouard est supérieure à toutes celles qui ont suivi. Re-
marquons d'abord que la morphologie du Sporozoaire à l'état
jeune a grande chance de représenter un caractère primaire,
un caractère phylétique. Nous savons bien que Bùtschli a
déclaré à plusieurs reprises que la loi biogénétiqué ne trouvait
pas son emploi dans la Protistologie, mais en déduisant l'ori-
gine flagellée des Grégarinides de leur état de vermicule con-
tractile, ne recherche-t-il pas lui-même dans le début du cycle
des caractères phylogénétiques. En rejetant au sesond plan
la notion de spore, on n'éprouve aucune difficulté à classer dans
les Rhabdogéniens des êtres sans spores comme les Hémospo-
ridies et, par leur sporozoïte arqué, les Sarcosporidies font égale-
ment jjartie des Rhabdogéniens, ce que l'on ne verra plus dans
les autres classifications, qui se basent pour l'interprétation de
ce groupe sur des observations erronées ou des caractères sans
valeur. Enfin, 'et ce n'est pas là le moindre mérite de la classi-
fication de Delage et Hérouard, les Amœbogéniens ne con-
tiennent que les Myxosjjoridies et les Microsporidies réunies sous
k- nom de Nématocystides. Les auteurs de la Zoologie concrète
se gardent bien de réunir aux Nématocystides des êtres comme
les Amoèbjdium qui, malgré leurs amibes, sont des végétaux
et ne peuvent prendre place parmi les Sporozoaires.
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 21 7
Avec Mesnil (1899) qui exprime les idées de Metchnikoff,
les Sporozoaires sont divisés en Ectosporés — ce seront les
Rhabdogéniens moins les Sarcosporidies — et en Endosporés
qui comprendront les Myxosporidies, les Sarcosporidies et
les Haplosporidies. Schaudinn (1900) proposera sous d'autres
noms la même classification. Ses Télosporidies sont les Ectos-
porés et ses Néosporidies sont les Endosporés. Mesnil prend
pour critère le lieu de formation de la spore dans le sporonte,
Schaudinn le moment de la formation de la spore qui chez les
Télosporidies correspond à la fin de la croissance, tandis que
les Néosporidies sporuleraient avant d'avoir acquis leur
complet développement.
Pour nous, cette classification correspond à unrecul. Nous avons
déjà indiqué (1908) que beaucoup de Microsporidies ne sporu-
lent qu'à la fin de leur accroissement, et il en est de même de la
plupart des Haplosporidies, qui sont par ailleurs des Ectosporés
comme les Coccidies ou les Grégarines. Il est vrai que Caul-
lery et Mesnil ont cru trouver un caractère meilleur dans la
multiplication nucléaire durant la croissance qui caractériserait
les Endosporés ou Néosporidies. Nous avons montré (1908)
que cette division des noyaux pendant l'accroissement se
retrouvait dans plusieurs familles de Schizogrégarines. Nous
l'avons observée aussi non seulement dans le Selenococcidium,
mais encore dans le déveloiipement du microgamétocyte des
Coccidies (en particulier chez Eimeria Stiedœ). Les caractéris-
tiques proposées par Mesnil ou par Schaudinn ne sont pas
acceptables. Leur classification a un autre inconvénient.
Elle substitue aux Amœbogéniens ou Nématocystides de
Delage, si justement isolés, ce mélange hétérogène groupé
sous le nom de Endosporés ou Néosporidies et où l'on trouve à
côté des Myxosporidies, les Sarcosporidies, les Haplosporidies
et même les Exosporidies.
Sur les Exosporidies, nous ne croyons vraiment pas utile
d'insister. On ne peut admettre que ces Protophytes placés par
Chatton (1906) au niveau des Chvtridinées et des Myxomycètes
'21S L. LEGER ET DUBOSOQ
aient la moindre affinité avec les Sporozoaires. Ils furent cata-
logués incertœ sedis par Minchin (1903) et ils ne figurent plus
dans le livre de Doflein (1909). Nous devons pourtant rap-
peler à leur propos une idée paradoxale de Mesnil et Mar-
choux (1897). Pour ces auteurs, si les Sporozoaires sont mono-
phylétiques, c'est une forme comme Y Amœbidium qui est souche
du groupe. Nous savons bien qu'ils n'éprouveraient pas d'em-
barras à en faire naître les Télosporidies si l'on pouvait accepter
qu' « entre Y Amœbidium et la Siedleckia les affinités sont très
étroites». Que de telles relations phy lé tiques soient défendables
aujourd'hui, personne ne le pense et Mesnil a sans doute aban-
donné ses anciennes opinions. Ce que nous retiendrons c'est
que, tout en les émettant, il (1899) trouvait plus logique d'attri-
buer une origine différente aux Télosporidies et aux Néospo-
ridies.
Les Haplosporidies sont, nous semble-t-il, définies ainsi :
Protistes parasites dont le stade le plus jeune est un germe uni-
nucléé qui croît en multipliant ses noyaux. Le cytoplasme se
divise seulement au terme de la croissance pour donner des sporo-
blastes produisant finalement des spores de structure simple {germe
uninucléé). Des caractères aussi peu limitatifs doivent convenir
à des Protistes d'affinités diverses.
Le germe uninucléé et l'état syncytial consécutif sont ré-
pandus dans les organismes les plus variés, qui naturellement
« croissent en multipliant leurs noyaux ». La seule chose remar-
quable, c'est que la plupart des Télosporidies fassent exception
à cette règle si générale. Nous avons montré d'ailleurs que plu-
sieurs Schizogrégarines (Ophryocystis, Schizocystis) se com-
portent à ce point de vue comme la plupart des organismes
plurinucléés et ont le caractère fondamental des Haplosporidies.
La production de spores simples à la fin du cycle est encore
un caractère trop large, d'autant plus que les auteurs entendent
sous ce nom aussi bien un sporozoïte, un germe nu (famille des
Cœlosporididœ) qu'une spore à double enveloppe (famille des
Haplosporididœ).
SELEN0C0CC1D1UM INTERMEDIUM 219
Dès lors, en quoi ce nouveau groupe diffère-t-il des Mona-
dinea de Zopf ? On ne nous le dit pas. Pourquoi un Saccharo-
.mycète non bourgeonnant n'est-il pas une Haplosporidie,
nous ne le voyons pas davantage et nous ne savons pas pour-
quoi le Schizosaccharomyces octosporus ne serait pas une Ha-
plosporidie. En quoi les Haplosporidies diffèrent-elles des
Chytridinées inférieures ? Simplement, nous assurent les au-
teurs, parce que les spores des Chytridinées sont flagellées. Et
en effet, il a suffi que Chatton (1907) trouve des flagelles
aux germes des Blastulidium pour qu'un des types de la famille
des Cœlosporididœ passe dans les Chytridinées. Or, des natura-
listes connaissant particulièrement les Protophytes, comme
Dangeard, classent dans les Chytridinées des formes chez
lesquelles on n'a pas vu les flagelles des spores et l'on sait que
les Amœbochytrium sont caractérisés par leurs spores amœ-
boïdes. Remarquons encore qu'il suffirait qu'une portion du
cycle de beaucoup de Protistes fût ignorée pour que ces êtres
trouvent leur place dans les Haplosporidies. Admettez qu'on
connaisse seulement les stades du développement de l'ookinète
du Plasmodium falciparum dans le cœlome de l'Anopheles, on en
ferait une Haplosporidie qui se classerait à côté du Polycaryum.
Sans insister davantage, nous devons conclure que si les
Haplosporidies doivent être acceptées dans le sens proposé par
Caullery et Mesnil, elles resteront un groupe provisoire ou
d'attente ponr des formes hétérogènes d'affinités indécises.
Ce groupe serait au contraire rationnel et durable s'il était
restreint à la seule famille des Haplosporididœ. De quelque façon
qu'on l'entende, il n'a rien à voir ni avec les Télosporidies,
ni avec les Cnidosporidies.
Nous avons dit plus haut qu'à notre sens Delage avait eu rai-
son de classer provisoirement dans les Rhabdogéniens les Sar-
cosporidies. Certes, il est téméraire de vouloir assigner une place
à des êtres aussi mal connus que le sont ceux-ci. Mais ce que nous
voulons exprimer surtout, c'est que les arguments invoqués
pour les ranger à côté des Myxosporidies n'ont pas de valeur.
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 5' SÉRIE. — T. V. — (IV). 10
220 L. LEGER ET DUBOSCQ
Ce qu'on ajrpelle leur spore semble bien être un schizozoïte
arqué, mobile de Rhabdogénien, et si l'on a cru y voir une
capsule c'est à la suite d'observations erronées comme l'a montré
Perrier (1907) (1). Pour faire du sporozoïte arqué une spore
myxosporidienne, il ne suffit pas d'y chercher une formation
capsulaire, il faudra nous montrer et le noyau de la capsule et
ceux des cellules valvaires. Puisqu'ils sont visibles dans les
spores de Pébrine, on n'a pas d'excuse de ne pas les trouver
dans des éléments de la grosseur des germes sarcosporidiens.
Si l'on écarte, comme nous venons de le faire, les Exosporidies,
les Haplosporidies et les Sarcosporidies, il ne reste plus dans les
Néosporidies que les seules Myxosporidies sensu lato, c'est-à-
dire les Cnidosporidies de Doflein (Nématocystides de De-
lage et Hérouard). Personne ne conteste plus l'homogénéité
du groupe avec ses trois grandes tribus : les Actinomyxidies,
les Eumyxosporidies (Myxosporidies sensu stricto) et les Micros-
poridies. Inutile également de montrer qu'elles ne dérivent pas
de la même souche que les Télosporidies puisque l'accord est
à peu près complet sur ce point. Hartmann (1907) a délibéré-
ment élevé les Télosporidies au rang de classe pour faire une
autre classe des Néosporidies. En approuvant Hartmann,
nous irons plus loin que lui. Les Néosj^oridies, telles qu'elles
sont admises dans les livres classiques doivent disparaître.
Les Nématocystides ou Cnidosporidies représentent à . eux
seuls une classe, nous dirions volontiers un embranchement
du règne des Protistes. C'est un groupe aussi fermé, aussi homo-
gène que le sont les Infusoires ciliés. Les Sarcosporidies seront
placées provisoirement en appendice aux Télosporidies. Les
Haplosporidies représentent un mélange hétérogène de formes
d'affinités douteuses dont les unes sont peut-être des Amœbiens,
mais dont la plupart semblent se rapprocher des Mycéto-
(1) WKHElt (1909), qui récemment a confirmé les observations de Pfeiffer, de Van Eckh et
de I,avekan et .Mesmi, ne parait pas avoir eu connaissance de la note de Perrier. A ce sujet,
l'un de nous, J,. LÉSER, sous la direction duquel ont été faites les observations de Perrier, tient à
les confirmer personnellement et à affirmer ici expressément qu'il n'existe pas de capsule polaire
à filament spiral dans les spores des Sarcosporidies,
S E LENOCOCCI I )IUM INTERMEDIUM 221
zoaires on des Protophytes (Chytridinées, Protascoinycètes).
Les Telosporidies resteront une classe à laquelle nous serions
heureux de voir réserver le nom de Sporozoaires sensu stricto.
Les comprendrons-nous avec l'étroite définition que propose
Hartmann, ou bien avec Doflein conserverons-nous les
Hémosporidies à côté des Coccidies? La question vaut d'être
examinée.
Il n'est pas douteux que dans la classification de Doflein
(1909) on trouve admis dans les Coccidiomorphes (sous-ordre
des Hémosporidies) de véritables Flagellés. Nous ne voyons pas
en effet pourquoi les Leishmannia et les Babesia seraient des
Sporozoaires quand on laisse, avec raison d'ailleurs, dans les
Flagellés, les Cryptomonadines qui perdent leurs flagelles en
devenant parasites des Protistes ou des Métazoaires. Mais
nous reconnaissons que l'argument porte aussi contre les Endo-
trypanmn, les Hœmoproteus, les Plas?nodium et qu'ainsi on est
entraîné à ranger avec Hartmann (1907) dans les Flagellés
toutes les Hémosporidies. Contre cette dernière classification
on peut maintenant soulever l'objection de ÏHepatozoon de
Miller (1908), Hémogrégarine dont l'ookinète forme des spo-
roblastes et des spores après s'être enkysté. A n'en pas douter,
si l'on accepte les résultats de Miller, YHepatozoon perniciosum
est un Sporozoaire. Il faudrait donc, si l'on reconnaît la pré-
sence de spores comme critérium du Sporozoaire, ranger ÏHe-
patozoon dans les Sporozoaires et les Plasmodidœ dans les
Flagellés. C'est sans doute arbitraire, mais nous l'admettrons
puisque toute limite entre deux groupes dont la souche est
commune, a quelque chose d'artificiel. Ainsi, laissant les
Hémogrégarines dans les Sporozoaires, nous faisons passer les
Plasmodidés dans les Protomonadines, où ils constitueraient
une famille distincte (1).
(1) Nous comprenons connue Doflein (1909) la famille des Plaâinodidce et nous ne la mettons
pas en synonymie avec les de Binucleata Hartmann, qui ne nous paraissent pas un groupe
rationnel. Les TrypanosomidcB — ici nous sommes en désaccord avec DOFLEIN — sont
inséparables des Cercomonadida parmi lesquelles nous rangeons aussi les Leinlununnia et les
Babegia,
222
L. LEGER ET DUBOSCQ
Les Sporozoaires tels qu'ils sont compris par Doflein (11)09)
se trouvent ainsi, après le démembrement que nous proposons,
répartis dans les 4 classes suivantes :
I. Sporozoaires sensu stricto
= Telosporidies Schaudinn .
IL Cnidosporidies Doflein . . .
= Nématocystides Delage et
Hérouard
= Myxosporidies sensu lato.
III. Flagellés.
Grégarines
Coccidies
Schizogrégarines
Eugrégarines.
Prococcidies.
% Eucoccidies.
Hémogrégarines (Hepatozoon)
Sarcosporidies ?
Actinomyxidies .
Eumyxosporidies (Myxospori-
dies sensu stricto).
Microsporidies.
Gercomondbdidês(Leishman nia,
Babesia, Endotrypanum).
Plasmodidés (=Acystosporés).
Bodonidés, etc.
IV. Haplosporidies ?
V. La phylogénie des Sporozoaires.
Deux théories rivales, dit Minchin (1903) ont été mises en
avant par les auteurs les plus compétents pour expliquer la
phylogénie des Sporozoaires : l'une prétend les faire descendre
des Rhizopodes, l'autre des Flagellés. Et réminent protistologue
anglais plaide pour la première.
Minchin montre d'abord que les raisons invoquées pour
faire descendre les Sporozoaires des Flagellés ne valent que
pour les Telosporidies. Les Néosporidies n'ont de flagelles à
aucun moment de leur évolution et, si l'on en excepte les gym-
nospores des Sarcosporidies, elles n'ont pas de phases euglé-
noïdes ou grégarinif ormes. Les Myxosporidies sont des Rhizo-
podes adaptés à la vie parasitaire. Par conséquent, si les Te-
losporidies paraissent descendre des Flagellés, les Néosporidies
ne peuvent certainement avoir les mêmes ancêtres, et ceux
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 223
qui soutiennent l'origine flagellée des Grégarinides sont con-
duits à attribuer une origine distincte aux deux sous-classes de
Sporozoaires. Or, ajoute Minchin, |même dans les Télosporidies,
le caractère amœboïde des Hémosporidies endoglobulaires
montre clairement leur origine rhizopodienne. Les phases euglé-
noïdes de cette sous-classe peuvent s'expliquer comme dérivées
d'un type amœboïde, de la même manière qu'une Euglena
ou une Astasia a pu dériver d'un Mastigamœba.
Les réflexions de Minchin sont très justes pour la plupart et
nous y souscrivons d'autant mieux qu'elles nous fournissent des
arguments pour notre façon de comprendre la phylogénie des
Sporozoaires. Minchin cherche les preuves de l'origine rhizo-
podienne uniquement dans les caractères des Néosporidies et
des Plasmodides, deux groupes que nous éliminons des Spo-
rozoaires. Ceci posé, nous accordons que si l'on tient à classer
les Myxosporidies dans une des grandes subdivisions actuelles
des Protozoaires, c'est dans les Rhizopodes seulement qu'elles
peuvent trouver leur place. Mais la formation et la constitution
si spéciales de leurs spores les éloignent tant des Rhizopodes
qu'à notre sens leur isolement s'impose. Quant aux Hémospo-
ridies, nous ne pouvons partager l'opinion de Minchin après les
découvertes de Schaudinn (1907) et Hartmann (1910) qui ont
vu des stades flagellés dans les mérozoïtes des Plasmodium et
Hœmoproteus. L'amœboïsme des schizontes des Plasmodium
n'est pas primitif puisqu'il succède à un état grégariniforme
des sporozoïtes, et, il y a plus de 10 ans, Mesnil (1899)
invoquant « leur degré d'évolution et d'adaptation si élevé »
se demandait déjà « si leur état amœboïde n'est pas une
acquisition récente ». Ce que nous retiendrons donc de
l'argumentation de Minchin c'est que : 1° les Télosporidies
paraissent descendre des Flagellés ; 2° parmi les Néosporidies,
seules les gymnospores des Sarcosporidies semblent présenter
des phases euglénoïdes et grégarinif ormes. Or, Télosporidies
et Sarcosporidies, c'est l'ensemble que nous proposons
d'appeler les Sporozoaires en restreignant le sens de ce mot.
224 L. LEGER ET TH'BOSOQ
Bùtschli (1883-87) le premier, assigna aux Télosporidies
(Gregarinida) une origine flagellée en faisant voir qu'une Gré-
garine comme un Monocystis a toute la structure d'un Euglé-
nien qui aurait perdu son flagelle.
La théorie de Bùtschli avait encore peu de partisans quand
l'un de nous (Léger, 1898 a et b) montra le puissant argu-
ment qu'elle pouvait trouver dans la structure flagellée des
microgamètes coccidiens. Wasielewski (1898) qui. la même
année, avait de son côté reconnu cette structure, fut du
même avis que Léger. Il n'est pas admissible en effet
que pour rejoindre un macrogamète situé tout près de lui, un
microgamète ait acquis par adaptation 2 flagelles différents,
un flagelle antérieur et un flagelle postérieur ou directeur,
c'est-à-dire la haute différenciation d'un Trypanoplasme.
Pour nous, la morphologie des gamètes a une importance
phylétique indéniable. Quand, dans un grand phylum comme
celui des Métazoaires, on observe la constance de structure
du spermatozoïde avec cette particularité du centrosome
et du flagelle postérieurs, on peut conclure de là qu'une telle
morphologie a une signification. A notre sens, elle suffit à elle
seule, en y ajoutant la constance des processus de la gaméto-
genèse, pour démontrer l'origine monophylétique des Méta-
zoaires. D'autre part, l'étude des algues inférieures montre que
s'il apparaît dans un cycle des éléments flagellés, le microga-
mète a la structure de ces éléments flagellés (présence ou ab-
sence de stigma, même nombre et même orientation des fla-
gelles). L'étude des divers Protistes conduit au même résultat
et nous enseigne, comme celle des Algues, la variation de struc-
ture des microgamètes qui reproduisent la morphologie de
l'état indifférencié actuel ou ancestral. C'est qu'il suffit à
l'élément mâle d'être mobile. Par son existence éphémère, il
a échappé aux adaptations acquises dans le cours du temps
par les autres éléments cellulaires et ainsi, plus qu'eux, il montre
des caractères primaires.
On n'en conclura pas cependant que tout gamète flagellé
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 225
témoigne d'une descendance flagellée. Avec Bùtschli, nous
croyons que les Protozoaires primitifs étaient de ces êtres
comme les Protéomyxées, chez lesquels un amibe se transfor-
mait facilement en élément flagellé et puis perdait de nouveau
ses flagelles pour progresser avec des pseudopodes. De ces
Rhizofiagellés primitifs sont sortis en se spécialisant les Rhizo-
podes et les Flagellés. Nous concevons dès lors que chez certains
Rhizopodes(71nc^o52)Aœnww,Foraminifères), les gamètes actuels
aient conservé les flagelles des gamètes de Rhizofiagellés ances-
traux, tandis que chez d'autres (Centropyxis, Amœbiens). ils
devenaient semblables au trophozoïte indifférencié.
Les gamètes ancestraux, tout flagellés qu'ils fussent, avaient
une morphologie simple et la signification des différenciations
de certains gamètes comme ceux des Radiolaires ou des Coc-
cidiesdoit être cherchée soit dans l'adaptation, soit dans une
phylogénie moins reculée. A notre sens, des raisons physiolo-
giques n'expliquent pas la disposition des flagelles du micro-
gamète coccidien. Sa structure de Trypanoplasmide, qui ne se
retrouve dans aucun gamète de Rhizopode, ne se comprend
bien que par l'origine flagellée des Sporozoaires.
L'état vermiculaire, qui caractérise tous les stades jeunes
et souvent l'état adulte des Télosporidies, n'est pas concevable
avec une origine rhizopodienne qui explique mal comment
le parasitisme aurait déterminé chez un amibe la symétrie
bilatérale ou au moins cette symétrie axiale et polarisée
du vermicide rhabdogénien. Au contraire nous remarquons
facilement avec Bùtschli que la morphologie grégari-
nienne est celle d'un Flagellé dépourvu de flagelles. Bien plus,
l'un de nous (Léger, 1902) a donné la preuve de cette acquisi-
tion de la morphologie grégarinienne par les Flagellés parasites,
quand il a fait connaître chez les Herpetomonas et les Crithidia
un véritable stade fixé (forme grégarinienne) alternant avec les
stades mobiles à flagelle (forme monadienne). Ainsi, les formes
grégariniennes de Y Herpetomonas jaculum Léger que nous repré-
sentons ici (fig. vu) à côté des formes monadiennes, ressemblent
226
L. LEGER ET DUBOSCQ
d'une façon frappante à de jeunes Grégarines, tandis que les
formes flagellées sont des Herpetomonas typiques. Si l'on en
rapproche le fait que chez beaucoup de Grégarines intestinales
(cela paraît être la règle chez les Actinocéphalides) les jeunes
stades présentent alternativement des phases libres avec
rostre mobile, homologue au flagelle, et des phases fixées tran-
sitoires précédant la fixation définitive ; si Ton ajoute à cela
FlG. VII. Herpetomonas jaculum Léger de l'intestin de Nepa cinerea.— 1, 2, 3. formes monadieanes
de V Herpetomonas jaculum Léger ; 4, régression du fouet ; 5, division d'un stade gré
garinien ; 6, stades grégariniens fixés à une cellule épithéliale de l'intestin ; 7, stade
grégarinien montrant un rudiment de protomérite et le flagelle transformé en rostre
fixateur, c, blépharoplaste ; n, noyau.
les acquisitions des dernières années sur les Hémosporidies
qui nous mettent dans l'impossibilité de placer certaines d'entre
elles plutôt dans les Flagellés que dans les Télosporidies, on
conclura que la théorie de l'origine flagellée des Sporozoaires
a pour elle de puissants arguments.
Sur le groupe des Flagellés qui a pu donner naissance aux
Sporozoaires, on doit être réservé. Sans doute, il est logique
de donner à ces parasites des ancêtres saprophytes et l'on peut
songer aussi bien aux Eugléniens qu'aux Protomonadines.
Cependant, pourquoi choisir ce type spécialisé des Eugléniens
qui ne nous expliquera pas le flagelle postérieur des gamètes
et dont on ne connaît aucune forme parasite. Butschli s'est
laissé impressionner 'par la présence dans ce groupe d'une
membrane épaisse encerclant fortement le cytoplasme et peut-
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 227
être aussi du paramylon. Or, ces deux caractères propres aux
Eugléniens et aux Sporozoaires, nous ne les croyons pas
hérités nécessairement de l'état ancestral, puisque le parasi-
tisme les détermine aussi bien que la vie saprophytique. Le
paraglycogène doit être une réserve respiratoire, une substance
jouant dans la vie anaérobie de certains Protozoaires le rôle du
glycogène chez les Ascaris (Doflein, 1909). Quant à l'épaissis-
sement et à la rigidité de la membrane, il est très suggestif
à ce propos de comparer le tégument des Platodes libres et
celui des Platodes parasites. Nous admettrons donc, mais en
toutes réserves, que le Flagellé souche appartenait au groupe
des Protomonadines où nous trouvons beaucoup d'espèces
adaptées au parasitisme.
Le tronc coccidien, qu'on s'accorde à trouver plus primitif
que le tronc grégarinien, proviendrait alors de quelque Bodo-
nidé saprophyte qui par la vie intestinale devint un trypa-
noplasmide. Les dernières recherches d'ALEXEiEFF (1909) nous
édifient sur la facilité de cette évolution. D'abord, entièrement
intestinal, cet être n'avait que des formes grégariniennes transi-
toires qui se divisaient par bipartition longitudinale. Ces formes
grégariniennes en se développant devaient aboutir à ces grands
vermicules comme on en voit chez Leucocytozoon Ziemanni
(fig. vi, p. 214). La reproduction schizogonique multiple devait
remplacer plus tard la division binaire et une adaptation ulté-
rieure à la vie intracellulaire créait le type de Prococcidie tel
que nous le montre Selenococcidium intermedium.
A ce type de Prococcidie succède par une adaptation plus
profonde à la vie intracellulaire, la Coccidie intestinale de
laquelle sont dérivées ultérieurement les espèces cœlomiques. Il
paraît possible de donner pour ancêtres à YHepatozoon perni-
ciosum les Coccidies cœlomiques. Les Hémogrégarines sorti-
raient ainsi de Protozoaires formant des spores, dont la dispa-
rition s'expliquerait par la suppression du passage à l'extérieur,
conséquence du cycle hétéroïque. Cette régression des spores
est une hypothèse admissible puisqu'elle se réalise dans certains
228 L. LEGER ET DUBOSCQ
cas chez les Grégarines (Monocystis Duboscqi Hesse, 1909)
et même chez les Coccidies (Paracoccidium Prevoti Laveran et
Mesnil, 1902).
On peut imaginer que les autres Hémosporidies ont la même
origine que YHepatozoon et que toute trace de formation sporale
a disparu par une adaptation plus profonde à la vie dans le
milieu sanguin. Mais n'est-il pas beaucoup plus simple de les
faire dériver directement des flagellés hétéroïques dont ils
diffèrent si peu et de les classer dans ce groupe comme nous le
proposons après Hartmann. Il serait surprenant d'ailleurs
que tous ces parasites aient une souche commune étroite et,
tout en les rattachant aux Protomonadines, on doit penser que
leurs ancêtres représentaient des types différents de ce groupe
varié. Ce problème du polyphylétisme est toujours à envisager.
Il va se poser avec force à propos de l'origine du tronc Gréga-
rinien.
Les Grégarines diffèrent des Coccidies à la fois par l'évolu-
tion du macrogamète et par la structure du microgamète qui
n'a plus qu'un flagelle postérieur.
La première distinction n'a pas la valeur que certains auteurs
lui accordent. Cuénot (1901) a cru qu'il était difficile d'établir
un parallélisme des cycles des deux groupes parce que chez les
Grégarines les gamètes sont homologues, tandis que chez les
Coccidies le macrogamète est l'homologue du microgaméto-
cyte. A notre sens, c'est attacher au nombre des divisions des
cellules-mères des gamètes une importance qu'il n'a pas. Chez
les Phytoflagellés et chez les Algues inférieures on observe com-
munément un plus grand nombre de divisions dans les cellules
de la lignée mâle que dans celles de la lignée femelle. Il en est
de même chez les Métazoaires où, généralement, les ovogonies
se multiplient moins que les spermatogonies et où même ce
stade de multiplication peut être absent dans la lignée femelle,
la première ovogonie se transformant directement en ovocyte.
11 ne faut pas croire du reste que les Coccidies nous présentent
toujours cette discordance dans le nombre des divisions qui
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 229
fournissent les deux sortes de gamètes. On sait depuis longtemps
que chez Adelea le microgamétocyte s'accole au macrogamète
et qu'il donne seulement 4 microgamètes à la suite de 2 divi-
sions sans doute réductrices. Or, Jollos (1909), vient de
montrer que. parallèlement, le macrogamète subit la réduction
chromatique observée déjà par Schaudinn (1902) chez Cyclos-
pora caryolytica. Dès lors le parallélisme est complet et une
Adelea se comporte comme une Grégarine, en particulier comme
un Ophryocystis. Invoquera-t-on la grosseur du macrogamète
chez les Coccidies et sa petitesse chez les Grégarines, où souvent
son volume est le même que celui du microgamète. C'est encore
là un fait sans importance puisque, dans les 2 groupes, l'hété-
rogamie est générale et que d'ailleurs, ainsi que nous (1903),
l'avons montré, certaines Grégarines comme Pterocephalus
ont un gamète mâle beaucoup plus petit que le gamète femelle.
Il ne reste donc que la structure des gamètes qui ont 2 flagelles
chez les Coccidies et un seul chez les Grégarines. Cette diffé-
rence morphologique des gamètes doit faire songer à l'indépen-
dance originelle possible des deux groupes. Les Grégarines auraient
alors pour souche non un Bodonidé, mais une Cercomonadine.
Remarquons cependant que le flagelle du microgamète gréga-
rinien est un flagelle postérieur à centrosome prénucléaire, ainsi
que l'un de nous (Léger, 1901) l'a montré. Il faudrait donc
le faire dériver d'un de ces Trypanosomides à flagelle posté-
rieur ayant eux-mêmes comme ancêtres, d'après Léger (1904 a
et b) et Schaudinn (1904), un Trypanoplasma à flagelle anté-
rieur atrophié. N'est-il pas plus simple de supposer que cette
atrophie du flagelle antérieur s'est produite tardivement dans
le microgamète des Grégarines, primitivement biflagellé. Le
rostre antérieur, parfois très long et si caractéristique que
montrent les microgamètes de la plupart des Grégarines au
cours de leur développement, représenterait ainsi le flagelle
antérieur disparu. Rien n'empêche dès lors, d'accorder aux
Coccidies et aux Grégarines une même souche qui explique-
rait leurs caractères communs.
230 L. LEGER ET DUBOSCQ
Si l'on accepte cette unité d'origine, l'ancêtre des deux groupes
devait être à l'état de trophozoïte indifférencié un Sporozoaire
vermiforme très voisin du Selenococcidium intermedium. Il se
reproduisait par schizogonie à l'état de vermicule libre dans
l'intestin. La gamogonie était celle d'une Grégarine sans l'at-
traction précoce entre gamontes et l'enkystement à deux qui
en résulte, c'est-à-dire que l'évolution des gamètes mâle et
femelle se développait parallèlement, tout en aboutissant à
une hétérogamie manifeste. Le gamète mâle biflagellé comme
celui des Coccidies n'était pas beaucoup plus petit que le gamète
femelle dépourvu de flagelles et chargé de réserves. La copula
devait donner un ookinète vermiforme avec enveloppe protec-
trice sans génération métagame immédiate.
De cet ancêtre hypothétique, on passe très facilement au
Selenococcidium qui n'en diffère guère, puis des Prococcidies
aux Eucoccidies et enfin aux Hémogrégarines. En partant du
même type ancestral, nous concevons sans difficulté l'origine
d'une Schizogrégarine intestinale. Initialement la reproduction
asexuée est pareille dans les deux groupes, si bien qu'on n'a pas
de raisons de classer dans les Schizogrégarines plutôt que dans
les Prococcidies un Sporozoaire comme Siedleckia nematoïdes
Caull. et Mesn. dont on ne connaît que la schizogonie à l'état
vermiculaire. La gamogonie dut longtemps rester conforme au
type originel, et progressivement se développèrent les carac-
tères grégariniens, c'est-à-dire l'attraction entre gamontes et
l'atrophie du flagelle antérieur du microgamète. Nous arrivons
ainsi aux Schizogrégarines typiques (Schizocystis) et de là aux
Eugrégarines dont les plus primitives sont les Monocystidées
intestinales d'où sont sorties les Dicystidées. Chez ces Gréga-
rines supérieures, la schizogonie a disparu ou se trouve repré-
sentée tout au plus par la lobulation somatique des conjoints
après la multiplication nucléaire du début de la gamétogenèse.
Quant aux Grégarines cœlomiques,qui sont toutes des Mono-
cystidées, elles dérivent de Grégarines intestinales, mais aussi
bien de Dicystidées (Monocystidées cœlomiques des Insectes)
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM
231
que des Monocystidées (Monocystidées cœlomiques des Anné-
Iides).
Grég. Dicystidées _ SPOROZOAIRES
Monocystidées sensu stricto
/ cœlomiques
Grég. Monocystidées
intestinales
Aggregatidœ
Hémogrégarines
Hepatozoon /
Eucoccidies cœlomiques
FLAG
Tnjpnnnplnsma
ELLES
Plasmodida?
Trypanosoma
Hcrprtnmnna
\ Crithidia
Bodonidés. Cercomonadincs
Protomonadines
Telle est exposée brièvement l'idée que nous nous faisons de
l'évolution phylogéné tique des Grégarines. Pour être complet
et prévenir les objections, il faudrait examiner les questions
connexes. Il est très possible, par exemple, qu'on trouve des
Schizogrégarines dérivant d'Eugrégarines de même que cer-
taines Monocystidées cœlomiques dérivent de Dicystidées. On
n'en tirera pas argument contre l'idée que la Schizogrégarine
a précédé l'Eugrégarine, pas plus que du cas particulier des
Monocystidées cœlomiques des Insectes on ne conclura que
les Dicystidées sont plus primitives que les Monocystidées
intestinales. Ici, d'autres considérations, en particulier la
répartition des Grégarines dans les divers ordres d'Annélides
et d'Arthropodes, éclairent ces problèmes de phylogénie.
Pour tenter d'établir la descendance d'un groupe d'êtres
parasites comme les Sporozoaires, il faut penser à la phylogenèse
do leurs hôtes qui s'est effectuée parallèlement, contrôler l'une
232 L. LEGER ET DUBOSCQ
par l'autre et rejeter par ce contrôle tous les cas de parasitisme
secondaire qui viennent obscurcir les données fournies par
les parasites primaires. On nous excusera — ou plutôt on nous
saura gré — de ne pas avoir énuméré toutes les raisons qui
nous ont guidé pour dresser le tableau phylétique que nous
proposons. Nous n'oublions pas ce qu'ont d'hypothétique et
d'illusoire ces spéculations plus intéressantes à discuter que
faciles à vérifier.
Postscriptum
Ce mémoire était déjà à l'impression quand nous avons pu
prendre connaissance des travaux récents de Hartmann et
Jollos (1910), de Reichenow (1910) et de V. Dogiel (1910)
qui touchent aux questions que nous traitons.
Dans leur travail sur l'ordre des Binucleata, Hartmann et
Jollos (1910) ont pour but principal de préciser l'évolution
des Protozoaires du sang. Avec les documents bien choisis
qu'ils apportent, il ne reste guère de doute sur la justesse des
vues de Schaudinn (1904) que nous avons adoptées. Les Plas-
modidœ représentent le sommet d'un rameau phylétique qui,
partant des Cercomonadines inférieures (Oikomonas), passe par
les Crithidia (= Leptomo?ias) (1) et aboutit aux Plasmodium
en passant par une série de formes dont Trypanosoma, Schizo-
trypanum, Hœmoproteus, Leucocytozoon , Lankesterella et Piro-
plasma sont les jalons actuels. Nous sommes donc d'accord
avec Hartmann sur les grands traits de l'évolution des Plas-
modidœ. Notons cependant un point sur lequel nous divergeons.
Pour nous les Piroplasmidœ dérivent directement des Crithidia
des Arthropodes, dont ils ne diffèrent que par leur cycle hété-
roïque qui a pu s'établir très simplement. Il y a quelques années,
(1) CttATTON et AMLAIRE (1008) ne devaient pas restaurer et amender le genre Leptomonut
sans savoir si la nouvelle définition qu'ils en donnaient convenait à l'espèce type, qui n'a pas été
revue. Si l'on met en synonymie Crithidia et Leptomonas sensu CHATTON et Ai.ilaire. c'est Cri-
thidia qu'il faut maintenir. Mais nous n'attachons pas d'importance à cette question de priorité,
sachant bien que la systématique des Cercomonadines est provisoire et entièrement à reviser.
SELENOCOCCIDIUM INTERMEDIUM 233
nous avons trouvé dans PyrrJwcoris apterus une Crithidia si
peu caractérisée spécifiquement que nous n'avons pas cru
devoir la décrire. Or cette Crithidia, parasite normal de l'in-
testin moyen et postérieur peut, dans certains cas, passer dans
le cœlome et alors envahir complètement le sang de la Punaise.
On conçoit facilement que des Arthropodes piqueurs ainsi
parasités puissent communiquer une Crithidia à un Mammifère.
Tandis que les Plasmodidœ dérivent tous des Trypanosomes,
les Hémogrégarines pour Hartmann et Jollos sont poly-
phylétiques, les unes dérivant des Flagellés, les autres des
Coccidies. D'autre part, Reichenow (1910) qui montre très
nettement les affinités étroites d'Hœmogregarina Stepanovi
avec certaines Coccidies (Adelea, Legerella, Klossia, Orcheo-
bius, Angeiocystis) espère montrer ultérieurement la nature
coccidienne de tout le groupe des Hémogrégarines. C'est la vue
qui se trouve exprimée dans notre arbre phy lé tique. Nous pen-
sons que, réserve faite pour certaines formes qui passeront dans
les Plasmodidœ, les Hémogrégarines vraies sont des Eucoccidies
cœlomiques qui ont pour la plupart perdu leurs enveloppes
sporales en devenant hétéroïques. On comprend ainsi leurs
affinités étroites avec les Adelea, Legerella, Klossia, Orcheobius,
Angeiocystis, qui justement sont ou peuvent être des Eucocci-
dies cœlomiques. A ce propos, nous n'avons pas bien saisi
la pensée de Hartmann et Jollos qui considèrent les Hémo-
grégarines comme des Coccidies ayant passé du foie dans le
sang. Il ne peut s'agir, et pour cause, du foie des Insectes, des
Myriapodes ou des Annélides. S'ils font allusion au foie des
Vertébrés, cela ne nous paraît pas soutenable, ces animaux
étant manifestement des hôtes secondaires ou intermédiaires.
Hartmann ne discute pas la phylogénie des Sporozoaires
sensu stricto, puisqu'elle est en dehors de son sujet, mais il
rappelle incidemment qu'il est partisan de l'origine flagellée
des Coccidies, qui paraissent provenir de formes à deux flagelles.
Hartmann a beaucoup réfléchi sur la phylogénie des Protistes
et nous sommes particulièrement heureux de son adhésion à
234 L. LEGER ET DUBOSCQ
la cause que l'un de nous défend depuis longtemps et qui est
développée dans ce mémoire.
L'important travail de Valentin Dogiel (1910) sur les
Catenata ne nous intéresse ici qu'au point de vue spécial de la
Siedleckia que nous avons dû comparer au Selenococcidium
Nous nous trouvons d'accord avec Dogiel pour interpréter
comme une altération la reproduction schizogonique décrite
par Caullery et Mesnil. Comme Dogiel et comme Minchin
(1903) nous pensons que Siedleckia est une Schizogrégarine.
Le mode de fixation à Fépithélium par une sorte de crampon
que Dogiel nous fait connaître dans une Siedleckia de Naples
est un nouvel argument à l'appui d'un rapprochement avec
Schizocystis. Disons d'ailleurs qu'un appareil analogue, mais
moins développé, existe chez la Siedleckia nematoïdes Caull. et
Mesn. Il est entendu qu'on ne pourra pas se prononcer défini-
tivement sur la position systématique du parasite des Aricia
avant de connaître sa gamogonie. Il reste possible, comme
nous l'avons dit, que Siedleckia soit une Prococcidie.
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238 L. LEGER ET DUBOSCQ
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE I
Evolution de Selenococcidium inlermedium Lég. et Dub.
Cette planche représente des frottis fixés au sublimé alcoolique et colorés à l'Hématoxyline au fer.
Toutes les figures sont vues au même grossissement : x 850.
Fia. 1. Vermicuie nématolde à 1 noyau.
Fig. 2 à 5. Vermicules nématoïdes plurinucléés.
Fia. 6. Petit schizonte complètement arrondi.
FlG. 7. Schizonte femelle ? (dernière schizogonie).
Fig. 8. Vermicuie à 8 noyaux avant l'enroulement.
Fig. 9. Schizonte incomplètement mis en boule.
Fig. 10. Les schizozoïtes à blépharoplaste attachés au reliquat.
Fig. 11-12. Pelotons de schizozoïtes.
Fig. 13-14, 15. Schizogonie de dernière génération (donnant les macrogamètes ?).
Fig. 16. Vermicuie devant donner le microgamétocyte ?
Fig. 17. Microgamétocyte à 1 noyau, déjà mis en boule ?
Fig. 18-20. Evolution du micromagétocyte.
Fia. 21. Macrogamète au début de l'enroulement.
Fia. 22. Macrogamète incomplètement mis en boule. Grains chromatoïdes peu nombreux.
Fig. 23. Macrogamète mis en boule et non encore fécondé.
Fig. 24. Macrogamète au moment de la fécondation.
Fia. 25 Ookyste avec grains chromatoïdes très nombreux.
PLANCHE II
Quelques stades très grossis de Selenococcidium in'ermedium Lég. et Dub.
Frottis comme dans la planche précédente.
Fig. 26. Petit vermicuie isolé, montrant un blépharoplaste en avant du noyau, x .1500'
FlG. 27 Vermicuie nématoïde avec noyau au début de la division, x 1.500
Fig 28. Grand vermicuie à, 8 noyaux, x 1.500.
Fig. 29. à 32. Division du noyau des vermicules. x 3.000.
Fig. 33 à 35. Extrémité antérieure de vermicules nématoïdes, montrant les myonèmes.
x 1.500.
Fia. 36. Schizonte presque mis en bou'e et n'ayant encore que 3 noyaux dont 2 sont en division
amitotique multiple, x 2.000.
Fig. 37. Microgamétocyte à 4 noyaux montrant dans le cytoplasme quelques gros grains chro-
matiques, x 2.000.
Fig. 38. Microgamétocyte, incomplètement mis en boule, avec 7 noyaux dont 4 en division
x 2.000.
Fig. 39. Segment de microgamétocyte à nombreux noyaux à la fin de la division amitotique.
Les karyosomes, seuls éléments sidérophiles, sont déjà très petits, x 2.000.
Fig. 40. Segment de microgamétocyte au début de la division mitotique. On distingue encore
quelques gros karyosomes. Chromosomes composés de gros grains chromatiques
distincts, x 2.000.
Fia. 41 Microeamétocyte à la fin de la division mitotique. Chromosomes moniliformes. Fila-
ments d'union (restes fusoriaux ?). x 2.000.
ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE
5' Série, Tome V, p. 239 à 266, pi. III
15 Juillet 1910.
PROTOZOAIRES PARASITES
DES BRANCHIES DES LABRES
AMŒBA MUCICOLA Chaiton, TRICHODINA LABRORUHI n. sp.
APPENDICE : PARASITE DES TRICBODINES
PAR
EDOUARD CHATTON
Préparateur à l'Institut Pasteur de Paris
SOMMA IRE
I. Les Labres parasités 239
II. Triehodina labrorum n. sp 241
a) description et spécification 243
b) action sur l'hôte 246
III. Amœba mucicola Chatton 247
a) conditions de parasitisme et rôle pathogène 247
b) les caractères cytologiques dans la systématique des amibes 249
c) Amœba mucicola et le groupe des Amibes Umax
(A. Vahlkampfi nom. nov.) 252
d) Etude de la division nucléaire végétative 256
Appendice : Parasite de Triehodina labrorum 261
Bibliographie 262
Explication de la planche 265
Ce travail est complété par le mémoire qui le suit immédiatement dans ces Archives, intitulé :
« Essai sur la structure du noyau et la mitose chez les Amœbiens. Faits et théories ».
I. Les Labres parasités
Au mois de juin 1907, une épidémie décima une collection
de Labres d'une quinzaine d'individus, entretenue dans un des
bacs du Laboratoire Arago à Banyuls-sur-Mer. Ces poissons
appartenaient aux deux espèces : Symyhodus tinca L. et 8.
melops L. (1) communes sur les fonds rocheux et dans les her-
biers du littoral méditerranéen.
(1) Ces poissons ont été déterminés par mon ami Louis Fage, attaché au service scientifique des
pêches maritimes au laboratoire Arago.
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET QÉX.* — 5e SÉRIE. — T. Y. — (V). 18
240 EDOUARD CHATTON
Les Labres sains tels qu'on les observe en captivité sont des
nageurs peu actifs. Ils se meuvent lentement entre deux eaux,
cherchant leur nourriture parmi les algues le long des rocaillcs.
Au repos, ils se tiennent dans les anfractuosités et dans les
Photographie d'un frottis du mucus branchial d'un Labre parasité, montrant deux Trichodines,
des Amibes, des hématies et des traînées muqueuses.
endroits sombres où ils demeurent à peu près immobiles,
légèrement couchés sur le flanc.
Toute autre était l'attitude des individus malades : ils s'ef-
forçaient de se maintenir à la surface de l'eau, pour y respirer
l'air en nature ; leurs mouvements operculaires étaient accélérés
et amplifiés. Bientôt incapables de s'équilibrer au sein du liquide
ils tombaient sur le fond où ils ne tardaient pas à succomber,
manifestement asphyxiés. On pouvait voir alors par les fentes
operculaires béantes, les branchies et les parois de la cavité
PARASITES DES LABRES 241
branchiale couvertes d'un mucus purulent qui s'étendait aussi
sur les faces latérales de la tête. L'attitude des Labres malades
rappelait celle qu'offrent les Salmonidés attaqués par les Costia
et les Cyprinides infestés par les Chilodon.
Un examen immédiat du mucus branchial et cutané permet-
tait d'y reconnaître, en plus d'éléments cellulaires de l'hôte
(globules rouges, leucocytes), cellules épithéliales, d'assez nom-
breux individus d'un Infusoire péritriche, et une Amibe si
abondante qu'elle constituait par places des amas ayant l'aspect
de volumineux pseudo-plasmodes. La photographie qui repré-
sente une portion de frottis de ces mucosités, fixées et colorées,
donne une idée de leur composition en éléments figurés, mais
elle montre imparfaitement les amas amibiens à cause de
l'étalement nécessaire à l'obtention de la préparation.
II. Trichodina labrorum n. sp.
Ce Péritriche appartient à la famille des Urcéolaridés dont
les représentants vivent en commensaux et en parasites sur les
téguments, dans les cavités ectodermiques (vessie urinaire,
rectum), voire dans la cavité générale des animaux les plus di-
vers, marins et d'eau douce : Batraciens, Poissons, Mollusques,
Echinodermes, Hydres, Spongilles.
LesUrcéolaires sont, comme l'on sait, très proches parentes des
Vorticelles, et sont pourvues comme celles-ci d'un appareil de
fixation ; ce n'est point un style, organe d'attache permanent,
mais une ventouse qui, par sa position, mais non par sa struc-
ture, correspond à la région, où chez les Vorticelles, le style
s'insère sur le corps. La ventouse des Urcéolaires laisse à ces
animaux l'avantage de se fixer et de se libérer pour se déplacer
à la surface de leur hôte en nageant ou en rampant, et même
pour l'abandonner complètement. Cette existence semi-vaga-
bonde a maintenu chez ces Infusoires, comme organe de loco-
motion permanent la frange ciliaire aborale qui, chez les Vor-
242
ÉDOUAHD CHATTON
ticellides n'apparaît qu'au moment des périodes toujours courtes
de pérégrination. Cette frange aborale se trouve même, chez les
Urcéolaires qui constituent les genres Urceolaria Stein et
Gyclochaeta Jackson, renforcée extérieurement par une cou-
ronne de cirres qui jouent un rôle actif dans la reptation. Les
Trichodina Ehrbg. en sont dépourvues et c'est à ce genre que doit
être rapporté l'infusoire des Labres. Voici d'ailleurs un tableau
qui résume d'après les travaux de Fabre-Domergue (1888),
Wallengren (1895), R. Issel (1906), Fauré-Frémiet (1909),
les caractères des genres de la famille des Urceolaridœ.
Spire adorale senestre ; pas de squelette
dans la ventouse (Licnophori?iœ),
Anneau de'
la ventouse
Spire buccale|nsse-
dextre. Sque-
lette dans la<
ventouse (Urceo-
larinse).
Anneau del
la ventouse'
denté.
Pas de cirres
aboraux . .
Cirres
aboraux
Pas de cirres
aboraux . .
Cirres
aboraux ....
Licnophora (1) Clap.
Trichodinopsis C. et L. (2).
Urceolaria Stein. (Leiotro-
cha Fab. Dom.) {Tricho-
dina p. p. Butschli.)
Trichodina Ehrbg. (Anhy-
menia p. p. Fab. Dom.)
Gyclochaeta Jackson. (Anhy-
menia p. p. Fab. Dom.)
{Cyclocyrrha p. p. Fab.
Dom )
(1) Souvent séparée des Urcéolaridés, et des autres Péritriches dextres (Dexiotriches Delage
et Hérocard, 1895) sous le nom de Scaiotriehes D. et H. avec Spirochona et Kentrochona.
(2) Les auteurs donnaient jusqu'ici comme caractère le plus saillant du genre Trichodinopsis
l'existence d'une ciliature générale du corps entre les deux franges aborale et adorale, caractère
tout à fait aberrant chez un péritriche. Faitsé-Frémiet (1909) tout récemment, vient de montrer
que ces cils épars étaient des spirilles fixés à l'ectoplasme de l'infusoire, spirilles que l'on trouve
d'ailleurs en grand nombre dans le rectum du Cyclostomn elega ns, hôte du Trichodinopsis. Il a constaté,
en outre, que la couche striée du cytopharynx était une couche de bactéries symbiotes. Faurk
conclut de la première observation que le Trichodinopsis paradoxa, l'unique espèce du genre,
doil rentier dans le genre Trichodina. Il n'a pas contesté cependant la structure lisse de l'anneau de
la ventouse, qui jusqu'à plus ample informé, paraît un caractère suffisant pour distinguer les genres
Trichodinopsis et Trichodina comme l'on distingue d'après le même caractère, les genres Urceo-
laria et Cyclochmla
PARASITES DES LABRES 243
a) DESCRIPTION ET SPECIFICATION
La Tiïchodine des Labres, vue de profil (PI. III, fig. 1) est en
forme de cloche ou de coupole hémisphérique dont le plus grand
diamètre est de 30 à 40 p et la hauteur de 18 à 22 p. Vers la
moitié de celle-ci, elle est largement déprimée de sorte que son
corps présente un péristome surélevé en dôme et une sorte de
corniche saillante entre les couronnes aborale (/. ab.) et ado-
rale (/. ad.).
La frange ciliée adorale, circonscrite extérieurement par la
membrane péristomienne ondulée (pi. III, fig. 2, m. p.) se pro-
longe dans le cytopharynx (cph), tube étroit qui atteint à
peu près le centre du dôme. La base du corps présente un pla-
teau circulaire saillant de 18 à 22 jx de diamètre (1) dont le
bord est surélevé en une membrane hyaline homogène (m. ab).
C'est à la périphérie du plateau que s'insèrent les cils de la
frange aborale (/. ab). A la base de la membrane hyaline, j'ai
observé, sur des individus fixés seulement, une frange beau-
coup plus réduite et délicate (v) qui correspond par sa situa-
tion au vélum de plusieurs espèces d'Urceolarîdae.
Sur un certain nombre d'exemplaires, on voit à sa place
une membrane continue de même hauteur. Je crois que le
vélum de Urcéolaires, tout comme les cirres des Hypotriches,
les membranelles des Hypotriches et des Hétérotriches, les mem-
branes ondulantes très développées des Pleuronema et des Cy-
clidium est formé d'une série de cils agglutinés capables de se
dissocier sous des influences diverses.
La ventouse (pi. V, fig. 3) offre la structure ordinaire de celle
des Trichodines et des Cyclochètes. Elle présente à la périphérie
une zone striée (z. str.) où les stries sont beaucoup plus accen-
tuées sur le bord externe et une aire centrale circulaire lisse
{a. c). L'anneau de soutien denté est situé dans la zone péri-
(1) Dans tous les individus mesurés, le diamètre de la ventouse s'est trouvé égal à la haut uc
de l'Infusoire.
244 EDOUARD CHATTON
phérique. Ce n'est point à proprement parler un anneau chez
cette espèce, car les pièces (p.) n'en sont pas imbriquées les unes
sur les autres comme chez la plupart des Urcéolaridés mais au
contraire nettement séparées ne touchant jamais par leur
apophyse aiguë le bord postérieur de la pièce suivante. Elles
sont aussi plus grêles et plus longues que celles des espèces voi-
sines. Elles présentent, de la périphérie au centre, une portion
courbe à convexité antérieure (1), à peu près complètement
masquée par les fortes stries périphériques, puis une grande
courbure à convexité postérieure ou rétrograde prolongée,
en une apophyse aiguë, qui est manifestement creuse,
comme Wallengken (1895) l'a déjà montré; enfin, la pièce
se termine sur l'aire centrale par une lamelle rectangulaire
radiaire, striée longitudinalement, à contours peu définis.
Le macronucleus N est situé dans un plan un peu inférieur
à celui du péristome ; il est courbé en un fer à cheval régulier,
ouvert du côté du cytopharynx. Sa face concave est mame-
lonnée et sa masse creusée de vacuoles contenant de gros globes
chromatiques. Le micronucleus n est situé d'une manière cons-
tante contre le N, près de l'extrémité de la branche droite (2)
et sur sa face externe. Ce n est petit, sphérique, ne mesurant pas
plus de 0 u. 75, très peu basophile et entouré d'une auréole
claire.
La Trichodine des Labres, sans présenter de caractères pro-
pres bien saillants, n'est identifiable à aucune des formes jus-
qu'ici décrites. J'ai fait de ces formes un relevé aussi complet
que possible présenté ci-dessous dans l'ordre chronologique :
Trichodina pediculus Ehrb., 1838, ecto-parasite des hydres
d'eau douce (3).
(1) Le sens antérieur ou postérieur est défini par rapport au mouvement des aiguilles d'une
montre.
(2) La branche droite est déterminée par la droite d'un observateur placé entre les branches du
1er ù cheval, face ù l'ouverture.
(!$) De nombreuses formes ont été rapportées au T. pediculus d'Ehrenberg, qui ont été trouvées
chez des hôtes tout différents, entre autres : Trichodines trouvées par Rosseter et par Fabre-
DoMERor/E (1888), dans la vessie des Tritons, par Hennequy (Fabre-Domeroite, 1888), dans la
vessie et le rectum des Grenouilles, par J. Smith (Fabre-Domergfe, 1888), sur les Epinochefl
par Wright (1880), sur les branchies et dans la vessie des Neeturus.
PARASITES DES LABRES 245
T. sp., observée par Lieberkhùn en 1855 sur les branchies de
Gadus Iota et dont Butschli (1889), publia une figure
jusqu'alors inédite (marine).
T. steini Cl. et Lach., 1857, ectoparasite sur les planaires
d'eau douce.
T. baltica Quennerstedt, 1869, parasite de Neritina fluvia-
tilis (eau douce).
T. scorpenae Robin, 1879, parasite des Scorpènes et des Tri-
gles (marine).
T. bidentata F abre-Domebgw, 1888, des branchies des Scor-
pènes (marine).
T. patellae Cuénot, 1892, de la Patella vulgata, marine.
T. antedonis Cuénot, 1892 (= Hemispeiropsis comatulœ
Kônig, 1894) de YAntedori rosaceus (marine).
T. sp. Embleton, 1900, du rectum d'Echiurus unicinctus
(marine).
T. sp. Voigt, 1904, de la vessie urinaire des Perches (1).
La majorité de ces formes sont fort insuffisamment décrites ;
les détails de structure de leur anneau et de leur appareil
ciliaire aboral sont inconnus, aussi plusieurs d'entre elles peu-
vent elles n'être pas des Trichodines mais des Cyclochètes.
Butschli (1889) n'admet en dehors de T.mitra = Urceolaria,
que la seule T. pediculus. Wallengren (1895) accepte comme
espèces certaines T. pediculus et T. steini, toutes deux dulca-
quicoles.
Le nombre des espèces est à coup sûr beaucoup plus élevé
et les animaux marins sont certainement fréquentés par des
espèces plus ou moins étroitement liées à un groupe d'hôtes
déterminé. C'est dire que dans un travail de re vision de ces orga-
nismes, bien nécessaire actuellement, il faudra, en l'absence
de critériums morphologiques sûrs, donner une large place à
l'expérimentation. Aucun Urcéolaridé n'ayant encore, à ma
(1) Les formes suivantes, primitivement décrites sous le nom de Trichodina sont devenues
respectivement : T. mitra Siebold, 1850 = Urceolaria mitra ; T. auerbachi Cohn, 1866 = Licno-
phora auerbachi ; T. asterisci Gruber, 1884 = Cyclochœta asterici ; T. synaptae Cuénot, 1892 = Cy-
clochaeta synaptae.
246 EDOUARD CHATTON
connaissance été trouvé sur les Labres, je crois pouvoir consi-
dérer celui des Symphodus comme une espèce nouvelle que j 'ap-
pellerai T. Idbrorum. Par sa forme en cloche elle se distingue de
la plupart des espèces du genre dont le péristome est très sur-
baissé, telles Trichodina pediculus Ehrbg., T. Steini C. et L.,
T. scorpenae Robin, et T. antedonis Cuénot. Elle rappelle au
contraire la Trichodine signalée par Lieberkuhn sur les branchies
du Gadus Iota et figurée par Biitschli dans ses Protozoa, et plus
encore la T. patellae Cuénot, qui a déjà été vue et représentée
par Wegmann (1887). Chez cette forme, le péristome est cepen-
dant beaucoup moins développé que dans la Trichodine des
Labres. Celle-ci est à rapprocher aussi par sa forme de Cyclo-
chaeta domerguei Wallengren, 1895.
b) ACTION SUR L'HÔTE
Quel est le rôle de cette Trichodine dans l'épidémie qui sévit
sur les Labres ? Je le crois de peu d'importance. Les Urcéo-
laires se rencontrent, on le sait, d'une manière constante
sur un grand nombre d'animaux aquatiques et ce n'est qu'excep-
tionnellement qu'elles paraissent nuire à leurs hôtes, quand
elles se mettent à pulluler sous l'influence de conditions de
milieu favorables, au premier rang desquelles il faut placer
le confinement. Bruno-Hofer (1904) dans son « Handbuch
der Fischkrankheiten » signale le Cyclochaeta domerguei Wal-
lengren comme causant une maladie mortelle pour différents
poissons d'eau douce : Salmonidés, Cyprinides, Anguilles, ma-
ladie qui, dit-il, n'a été constatée que dans les aquariums.
Il la désigne sous le nom de cyclochaetiase. Les Cyclochètes
attaquent au moyen de leur ventouse les cellules épithéliales
qui subissent une fonte muqueuse et sont nécrosées. Les para-
sites se nourriraient de leurs débris. Mais cette action ne prend
de l'importance que lorsque les Urcéolaires sont en nombre
considérable. Ce n'était point le cas dans l'épidémie des Labres
et tout au plus peut-on supposer que, précédant l'invasion des
PARASITES DES LABRES 247
Amibes, les Trichodines ont favorisé leur installation en ouvrant
çà et là quelques brèches dans répithélium ou en exagérant
ses sécrétions muqueuses (1).
III. Amœba mucicola Chatton.
a) CONDITIONS DE PARASITISME ET RÔLE PATHOGÈNE
On connaît actuellement beaucoup d'Amibes vivant aux
dépens des animaux les plus divers, et principalement des Ver-
tébrés ; mais à peu près toutes habitent le tube digestif, les
unes en simples saprophytes, les autres en vrais parasites dans
l'épaisseur de la muqueuse intestinale. Le cas d'Amibes para-
sites cutanés ou ectodermiques est donc très rare ; le seul
exemple certain que l'on en puisse donner est l'Entamœba
buccalis Prowazek (1904) qui siège de préférence dans les
foyers de carie dentaire chez l'homme, et que l'on a rencontrée
exceptionnellement dans un carcinome du plancher buccal
(Leyden et Lôwenthal, 1905). Une Amibe que Doflein
(1901) a appelée A. Kartulisi a été observée à plusieurs reprises
dans des tumeurs et des abcès du maxillaire chez des Arabes
d'Egypte par Kartulis (1893) ; encore ces Amibes présentent-
elles les conditions d'existence de véritables endoparasites.
Lendenfeld (1886) aurait vu une Amibe (A. parasitica Len-
denfeld) causer chez des moutons d'Australie, une maladie
tégumentaire, épidémique et mortelle. Tout récemment, une
Amibe a été incriminée comme agent de la botryomycose
(Letulle, 1908 ; Bureau et Labbé, 1908), mais ici la
nature parasitaire même des éléments mis en cause reste
des plus douteuses.
Chez les animaux aquatiques eux-mêmes, dont les téguments
sont généralement peu protégés, et qui vivent dans un milieu
où la propagation des parasites est aisée, on ne connaît point
(1) D'autres infusoirea ectoparasites ont une action pathogène beaucoup plus accentuée sur les
Poissons : Chilodon, Ichthycyphtyrius, ainsi que certains flagellés : Costia.
248 EDOUARD CHATTOX
jusqu'ici, semble- t-il, d'Amibes à siège ectodermique (1).
Chez les Poissons en particulier, Bruno Hofer (1904), ne
fait mention d'aucune Amibe parasite externe ou interne (2).
Il y avait donc intérêt, à raison de la nouveauté du fait, à
étudier aussi complètement que possible l'épidémie amibienne
des Labres. Je dus malheureusement, à l'époque où elle appa-
rut, n'accorder que très peu de temps à son étude, et me borner
à examiner les parasites in vivo et à en faire des frottis. Eloigné
momentanément du laboratoire, je n'ai pu assister à l'extinc-
tion de l'épidémie. Une demi-douzaine d'individus furent épar-
gnés qui ne montrèrent à mon retour aucune trace d'infection
amibienne, mais encore quelques Trichodines.
Malgré son action pathogène certaine, je n'ose affirmer que
l'amibe des Labres soit un parasite habituel de ces poissons,
plutôt qu'une amibe libre ayant trouvé momentanément des
conditions de culture favorables dans le mucus branchial souillé
de bactéries par l'eau d'aquarium insuffisamment renouvelée.
Les vacuoles du cytoplasme ne contenaient cependant que de
très rares bactéries, mais des inclusions qui m'ont paru être des
flocons de mucus, ce qui témoignerait d'un régime très spécialisé.
Un assez grand nombre de ces Amibes contenaient aussi des
hématies plus ou moins digérées, mais on peut se demander
si elles avaient été les chercher dans l'épaisseur du tégument,
ou si elles les avaient rencontrées dans le mucus superficiel,
à la suite d'une hémorrhagie étrangère à leur présence.
Ce point essentiel de leur biologie aurait pu être éclairé par
l'étude de coupes de la peau ou des branchies, mais j'eus la
déception d'avoir perdu le matériel fixé à cet effet.
La deuxième partie de ce travail se trouve donc limitée
à la description de l'Amibe et consacrée surtout à l'étude de
(1) Il faut mentionner comme cas curieux de parasitisme, celui de YAmœba pœdophlom Cattl-
LERY (1906) qui infeste et détruit les œufs et les embryons très jeunes de Peltogaster curvattis
Kossm., Rhizocéphale lui-même parasite du Pagure Clibanarius misanthropus. Une amibe a été
découverte en 1886 par Blochmann, que Doflein (1901) a appelée A. Blochmanni et qui parasite
un flagellé l'Hemalococcus bûtschlii Blochmann.
(2) Léger et Duboscq (1904) ont trouvé dans l'intestin du Sparidé Box boops. L., une amibe
voisine de VEntamœba coli Losch
PARASITES DES LABRES 249
son mode de division nucléaire schizogonique, étude d'un
intérêt à la fois taxonomique et cytologique.
b) LES CARACTÈRES CYTOLOGIQUES DANS LA SYSTEMATIQUE DES
AMIBES
Il serait oiseux de proclamer encore la nécessité de substituer
à l'actuelle classification des amibes nues, purement physiono-
mique, un système où le cycle évolutif des espèces servira à
définir les grandes catégories et où les caractères de spécification
seront empruntés aux détails de structure du cytoplasme, du
noyau et de son mode de division. Plusieurs protistologues
se sont engagés dans cette voie, mais déjà des difficultés s'y
sont révélées qui engagent à la circonspection.
Dans une espèce amibienne donnée, les structures cyto-
plasmique et surtout nucléaire se transforment à chaque phase
du cycle évolutif et, avec elles, les figures de la division.
Mercier (1909), récemment encore, vient de montrer que
chez YAmœba blattae Biïtschli, les divisions schizogoniques
s'effectuent par une mitose sans centres définis ni figure achro-
matique, tandis que dans les premières mitoses du cycle gamo-
gonique, centrosome et figure achromatique apparaissent, pour
s'évanouir de nouveau durant la gametogenèse où les figures
se simplifient et sont d'aspect amitotique.
Cette objection n'est cependant pas inéluctable, et il suffira
pour n'y donner prise de bien définir la phase du cycle évolutif
à laquelle on a observé les figures dont on fait des caractères
spécifiques. Cela est aisé dans la plupart des cas, même sans la
connaissance du cycle complet de l'organisme étudié.
Mais cette précaution prise est-on à l'abri de toute erreur ?
Plusieurs exemples sont déjà connus d'amibes qui présentent,
à une même phase de leur évolution, deux modes de division
nucléaire, plus différents en apparence, que ne le sont les divi-
sions de formes spécifiquement distinctes. Tels sont les cas de
YAmœba Umax étudiée par Vahlkampf (1904) et de Y A. diplo-
250 EDOUARD CHATTON
mitotica tout récemment étudiée par de Beaurepaire Aragao
(1909). Cette dualité même de la division peut, lorsqu'elle a
été dépistée, fournir d'excellents caractères.
Beaucoup plus embarrassante la question suivante : dans
une même amibe, à une même phase du cycle, abstraction faite
d'actions manifestement pathologiques (1), les structures cyto-
plasmique et nucléaire restent-elles toujours semblables à
elles-mêmes ; dans quelle mesure sont-elles, ainsi d'ailleurs que
les propriétés physiologiques auxquelles elles sont liées, indé-
pendantes des conditions de milieu ? Les documents qui ont
trait à ces questions sont déjà assez nombreux mais quelque
peu contradictoires.
Des travaux, maintenant classiques, de R. Hertwig (1904)
sur les Héliozoaires (Actinosphaerium eichhorni) il ressort
nettement que des troubles structuraux profonds peuvent
résulter soit de l'inanition, soit de l'hypernutrition, troubles
qui vont d'une simple émission de chromatine nucléaire dans
le cytoplasme (trophochromidies) à une désintégration com-
plète et irréparable des noyaux.
A ces faits fondamentaux, beaucoup d'autres sont venus
s'ajouter qui ont révélé l'existence chez tous les Protistes de
phénomènes de dégénérescence purement physiologique se
traduisant généralement par la formation dans le cytoplasme
de chromidies et de pigment aux dépens du noyau profon-
dément altéré.
IJAmœba proteus en dégénérescence montre trois types de
structure nucléaire bien distincts et un passage de la division
(1) Des modifications importantes des figures de la division ont été obtenues expérimentale-
ment dans différentes cellules par l'action d'agents chimiques. Pfeffer et Nathausen, Geras-
SIMOFF, Van Wisselingh (1903) transforment la karyokinèse des cellules de Spirogyre en amitose
au moyen d'hydrate de chloral à 1/10. Wasiliewsky (1902) obtient les mêmes résultats sur les
cellules des meristèmes radicaux de Vicia faba. Wekner produit avec l'éther des mitoses atypiques
dans des cellules diverses des tissus des Mammifères. Chimkewitch provoque également le mode
amito tique dans les œufs de Loligo et dans ceux de Poule par l'action de différentes substances.
L'intérêt de ces expériences est surtout dans ce que ces modifications ne sont que temporaires ;
les influences perturbatrices ayant cessé, la division des noyaux influencés reprend son aspect
normal. Les troubles obtenus ne sont donc pas des altérations morbides, et l'on peut présumer
que des variations de milieu puissent dans une certaine mesure, modifier et la structure du noyau
au repos et son mode de division.
PARASITES DES LABRES 251
normale indirecte à la division directe. Le noyau émet des chro-
midies et il se forme, probablement à leurs dépens d'innom-
brables cristaux dans le cytoplasme (Prandtl, 1907).
Tout récemment, IDobell (1909) signale des phénomènes
semblables chez Entamœba ranarum où le noyau après s'être
transformé en une masse uniformément colorable finit par
être expulsé du cytoplasme.
Neresheimer (1905) chez Amœba Dofleini a observé en
dehors de toute dégénérescence ou de tout phénomène sexuel,
une métamorphose à la suite de laquelle l'habitus de l'amibe
est complètement modifié, ainsi que les réactions colorantes
de son protoplasme et de son noyau. Cet auteur aussi a
constaté la formation de cristaux dans le cytoplasme. Et l'on
sait quel rôle important les inclusions du cytoplasme, les cris-
taux en particulier ont joué dans la systématique des amibes !
Vahlkampf (1904) constate que, transplantée d'un milieu
fluide sur un milieu solide, son A. Umax gonfle par accumula-
tion d'eau dans son protoplasme devenu très vacuolaire, réa-
gissant ainsi contre la dessication.
Nâgler (1909) a constaté exactement les mêmes faits chez
les Amibes qu'il a étudiées ; il insiste sur ce que les modifi-
cations structurales ne s'étendent pas au noyau, sauf dans le
cas où l'organisme est fortement lésé, et il ajoute : « Und
meine Beobachtungen in dieser Hinsicht keinen Unterschied
zwischen den Ablauf der Kernteilung in den natùrlichen
Medien und den Kulturen ergeben haben ». Cette constatation
est d'une extrême importance et il serait nécessaire de la
confirmer par l'étude de cas nombreux et variés. Elle est
préjudicielle, en particulier, aux recherches sur les amibes
pathogènes, recherches où les procédés d'isolement et de
culture bactériologique sont fort en honneur, mais où ils
offrent peu de certitude quant à l'identité des organismes
isolés ; et en fait la morphologie de ceux-ci, et leurs pro-
priétés spécifiques, correspondent rarement à celles des para-
sites étudiés chez leurs hôtes. Il sera nécessaire de rechercher
252 EDOUARD CHATTON
tout spécialement les modifications possibles qu'ils peuvent
subir du fait de leur transplantation sur les milieux artificiels.
Il faut recomiaître que dans certains cas, le critérium cyto-
logique est lui-même en défaut : entre les espèces A. froschi
Hartmann, A. spinifera Nâgler, A. lacertae Hartmann, A. la-
custris Nâgler, étudiées par Nâgler (1909), les différences
d'ordre cytologique sont plus minimes encore que les différences
d'aspect général, et pour bien distinguer ces formes, il faut,
comme l'a fait l'auteur, les avoir cultivées, suivies et com-
parées attentivement à tous les stades de leur évolution végé-
tative. Peut-être leurs cycles gamogoniques révéleraient-ils des
particularités plus tranchées propres à chacune d'elles.
Une cause d'erreur, qui n'est pas la moindre, en taxonomie
cytologique est le facteur personnel. Il se montre déjà si impor-
tant dans les descriptions de pure morphologie externe, qu'il
rend presque toujours difficilement comparables les diagnoses
de deux auteurs différents. Et il se complique encore ici du
fait de la variété infinie des techniques et des manières de
les pratiquer. Mais dût la systématique ne tirer en cette ma-
tière qu'un profit restreint de la cytologie, celle-ci s'enrichira
pour son propre compte et aucun travail dans cette voie ne
sera effectué en pure perte.
c) Amœba mucicolaet le groupe des Amibes limax {A. vahl-
kampfi nom. nov.)
Vivante, l'amibe des Labres se présente avec l'aspect et l'allure
des formes que l'on a confondues sous le nom à' Amœba limax
Du jardin (1841), terme auquel cet auteur déjà, puis Pénard
(1902) refusent toute signification spécifique précise et que
l'on doit considérer comme désignant provisoirement un groupe
d'espèces, à cycle évolutif inconnu et qui n'ont peut-être de
commun que leur forme et leur allure (1). L'amibe à laquelle
(1) C'est ainsi que les Amibes issues îles tulxs végétatifs tl'AmœUtdiuin parasitieum, ecto para-
site des Arthropodes d'eau douce ne sauraient être distinguées des petites Amibes limax
(CHATTON, 1906).
PARASITES DES LABRES 253
Dujardin a appliqué ce nom en 1841 est trop insuffisamment
caractérisée pour qu'on puisse lui identifier une forme quel-
conque et les auteurs ont appelé A . Umax des formes diffé-
rentes. PourPÉNARD, YAmœba Umax type mesure jusqu'à 100 ^
de long et elle est pourvue d'une houppe de villosités cau-
dales. Pour Vahlkampf (1904), c'est une amibe dont la taille
n'excède pas 3 p. L'étude soignée de ' ce dernier auteur a
incité plusieurs protistologues à substituer plus ou moins impli-
citement aux types de Dujardin et de Pénard, une Amœba
Umax Vahlkampf, dans le but louable de préciser la compré-
hension du terme. Mais cette substitution est un délit de no-
menclature (2). Amœba Umax est un nomen nudus et il faut
appeler l'amibe de Vahlkampf d'un nom nouveau : A. vahl-
kampfi, qui évitera l'usage d'une périphrase et la persistance
d'une équivoque.
Ce litige clos, et sans vouloir m'attarder à comparer l'amibe
des Labres aux autres formes du groupe Umax, d'après leurs
caractères in vivo, je dirai de suite qu'elle s'en distingue nette-
ment par la structure de son noyau, et par son mode de divi-
sion, 'qui m'ont permis de la caractériser brièvement, mais
avec précision au point de vue systématique. Je l'ai appelée
(1909) Amœba mucicola.
Elle est de dimensions très variables. Les plus petites mesu-
rent 12 [j. de diamètre, au repos, et sous une forme sensiblement
sphérique. Leur noyau à 2 \j. 5 et le caryosome 1 y. 5, de dia-
mètre. Les dimensions des formes moyennes sont de 20 y. en-
viron pour le corps au repos et de 3 u. pour le noyau. Il en est
de très grosses à quatre noyaux qui atteignent jusqu'à 30 u. ;
pendant la progression, la longueur n'augmente que dans de
faibles jn'oportions.
Le cytoplasme est hyalin et nettement partagé en un ecto-
plasme très translucide qui s'étale dans le sens de la marche
(i) 11 ne nie semble pus possible d'adopter par exemple la manière de voir de Nàolek sur ee point :
« Jfachdem jedoeh dureh Valhkaïupf's genauc Besehreibung fur eine der kleineren Fornien der
Xame limât vermeudet ist, empfiehlt es sien, diesen Speeiesnamen nur fiir die Valilkampf'sclie
îoriii zu verwenden ».
254 EDOUARD CHAÏTON
en un ou deux larges lobopodes, et un ectoplasme plus opaque
renfermant d'innombrables vacuoles. Dans celles-ci se distin-
guent des inclusions d'une réfringence très voisine de celle du
cytoplasme, qui peuvent atteindre une taille considérable,
presque égale, dans certains cas, à celle des amibes. Le noyau
est bien visible sous forme d'une vésicule claire avec un caryo-
some sombre. Je n'ai pas observé de vacuole pulsatile. La rep-
tation est vive ; on ne remarque point que le bord postérieur
du corps soit denticulé ou villeux comme il l'est par exemple
chez YAmœba Umax figurée par Pénard, ou effiloché comme
chez celle où Chatton et Brodsky (1909) ont étudié un parasite
du genre Sphaerita ; il est au contraire parfaitement lisse et
arrondi.
Les amibes ont été fixées, en frottis humides, par le liquide
de Bouin-Duboscq dont la formule a été donnée par Brasil
(1905). Elles ont été colorées par l'hématoxyline au fer de
Heidenhain avec ou sans coloration plasmatique. Pour celle-ci
j'ai employé l'éosine w.-g. de Griïbler, le lichtgrûn f. s. ou un
mélange de ces deux substances en solution alcoolique, con-
centrée. Dans ce dernier cas, après un séjour de cinq minutes
dans le colorant, je différencie à l'aide d'alcool absolu acidifié
par 5 % d'acide acétique, jusqu'à apparition des teintes vertes.
C'est une modification simplifiée de la triple coloration de Pre-
nant. Cette double coloration plasmatique différencie avec une
grande précision les inclusions contenues dans les vacuoles, du
réseau cytoplasmique. Tandis que celui-ci est coloré en rose
pur, les inclusions se voient en vert brillant. Ces inclusions
m'ont paru être constituées par des flocons de mucus ingérés.
Je n'y ai remarqué que de rares bactéries. Dans un certain
nombre d'individus, on recomiaissait nettement des hématies
englobées, plus ou moins digérées, mais reconnaissables à leur
affinité pour l'éosine. L'amibe que représente la fig. 6, pi. III,
montre deux hématies récemment englobées.
L'ectoplasme est très peu teinté et avec la double coloration
plasmatique prend une teinte olive-rose. L'amibe n'est protégée
PARASITES DES LABRES 255
par aucune pellicule définissable (pi. III, fig. 4 et suivantes).
La membrane nucléaire est bien individualisée quoiqu'elle
ne présente ni double contour, ni texture apparente. Le caryo-
some retient avec intensité les couleurs basiques, et fortement
teinté, il apparaît absolument compact et homogène. Il a même
le plus souvent cette apparence, après une différenciation
exagérée. Cependant dans ces conditions, un certain nombre
d'amibes montrent dans leur caryosome, soit des taches cen-
trales circulaires ou en croissant, soit des points plus fortement
colorés. Les taches me paraissent dues à une décoloration iné-
gale de différentes zones concentriques qui ont peut-être la
signification de couches d'accroissement. Des taches semblables
s'observent souvent dans les éléments massifs et compacts (pla-
quettes vitellines ; inclusions mucoïdes de l'intestin des Insectes
et des Myriapodes). Quant aux points, ils paraissent bien repré-
senter de minuscules inclusions. Souvent il n'y en a qu'un seul
bien central, d'autres fois, ils sont deux, trois, plus ou moins
groupés au centre du caryosome. Il peut venir à l'idée de com-
parer le point central unique à un centriole, élément dont
Hartmann et ses élèves ont démontré la présence dans le
caryosome d'un certain nombre de protistes et que j 'ai retrouvé
moi-même chez A. mucicola. Cette homologation ne serait pas
justifiée, comme le montre la pluralité des points et leur
nombre impair dans bien des cas, et comme le montre surtout
leur sort au cours de la division.
Revêtant la face interne de la membrane nucléaire, se trouve
une couche très mince de substance achromatique, couche réunie
au caryosome par des trabécules très ténus de la même subs-
tance, qui traversent radiairement l'espace nucléaire. Cette
substance finement granuleuse est rigoureusement achroma-
tique et elle n'apparaît pas sur les préparations colorées par
la laque ferrique seule. L eosine par contre, et le lichtgriin la
mettent bien en évidence.
En raison de ces caractères de coloration et de la manière dont
elle se comporte dans la caryodiérèse, je la considère à ce stade
AKCH. DE ZOOL* EXP. ET GÉN. — 5 SÉRIE. — T. V. — (V). 19
256 EDOUARD CHATTON
comme identifiable à l'oxychromatine, telle qu'elle existe par
exemple dans le noyau des Aggregata (Léger et Duboscq).
d) ÉTUDE DE LA DIVISION NUCLÉAIRE VÉGÉTATIVE
Au moment où je l'ai prélevée sur les Labres, Amœba muci-
cola était en multiplication active, car mes préparations con-
tiennent de nombreux stades de division. C'est une schizo-
gonie simple, scission égale d'une amibe en deux amibes filles.
La division s'effectue par un mode unique, troublé çà et là
par quelques anomalies que je noterai au passage. Le premier
signe de la division est une altération de la forme sphérique
du caryosome qui prend un contour irrégulier, polygonal comme
s'il était sollicité à s'allonger dans plusieurs directions à la fois.
Puis il commence à s'étirer dans un sens déterminé et sa forme
se régularise en celle d'un ellipsoïde légèrement déprimé en
son milieu (pi. III, fig. 5). Des amibes à coloration fortement
différenciée montrent à ce stade, à chaque extrémité du caryo-
some une calotte chromatique constante qui ne se retrouve
plus aux stades suivants (pi. III, fig. 6). Celui-ci est d'ailleurs
de courte durée. Bientôt le caryosome, continuant à s'allonger
affronte la membrane nucléaire, invariable dans sa forme, par
ses deux extrémités, qui avant le contact ont commencé à
s'aplatir de sorte que le caryosome acquiert la forme d'un
cylindre très régulier, inscrit diamétralement dans la sphère
nucléaire (pi. III, fig. 7). Cet aspect du noyau, à ce stade, est
tout à fait caractéristique de X Amœba mucicola.
L'aplatissement des pôles du caryosome est dû sans aucun
doute, à la résistance que la membrane nucléaire et peut-être
aussi la couche achromatique qui la revêt, opposent à son allon-
gement. Ce conflit entre la membrane et le caryosome s'accentue
quand celui-ci tend à dépasser la longueur du diamètre nu-
cléaire. On le voit alors se courber, ou se briser en son milieu,
comme le ferait une tige rigide se dilatant entre deux points
fixes (pi. III, fig. 8).
PARASITES DES LABRES 257
Durant cet allongement du caryosome, on peut suivre dans
quelques amibes, parmi celles qui sont peu colorées, la destinée
des inclusions punctif ormes. Elles ont subi une sorte de disso-
lution qui les a rendues diffuses, visibles sous forme de taches
sombres que l'on trouve d'abord au milieu du cylindre et qui
sont tardivement entraînées vers les pôles. Elles s'effacent
d'ailleurs avant de les atteindre. A aucun moment ces
formations n'offrent l'aspect d'éléments directeurs de la divi-
sion, et elles paraissent bien plutôt suivre passivement l'étire-
ment du caryosome que le commander.
Par contre, le caryosome a exercé, lui, une influence très nette
sur l'oxychromatine périphérique. Les trabécules achroma-
tiques qui s'inséraient sur toute la surface du caryosome, con-
vergent maintenant en son milieu (pi. III, fig. 9), formant par
leurs extrémités centripètes confondues, un anneau équatorial
irrégulier, qui ne tardera pas à se compléter et à se régulariser
en s'assimilant toute la substance périphérique, de sorte que
l'espace nucléaire restera absolument libre jusqu'à la fin
de la cytodierèse (pi. III, fig. 10).
C'est à ce stade que le caryosome commence à se scinder.
A l'endroit même où il est enserré par l'anneau d'oxychroma-
tine, il commence à se déprimer, tandis qu'apparaît autour de
lui, circonscrivant complètement l'anneau, un manchon de
substance également achromatique, d'origine caryosomienne
(pi. III, fig. 10). On sait que le caryosome des protistes est formé
d'un substratum de substance achromatique (plastine ou pyré-
nine), imprégné, de chromatine. Ces deux substances, faciles
à distinguer dans le caryosome au repos, chez beaucoup de pro-
tistes sont intimement mélangées chez les formes peu différen-
ciées où elles se séparent seulement au moment de la division.
On peut peut-être considérer la figure 6, planche III, comme
représentant le début de ce triage, qui, à ce stade précoce, serait
évident seulement après une forte dégradation de la teinture.
Et dans cette hypothèse on peut supposer que les actions
répulsives qui provoquent rallongement du caryosome ont
258 EDOUARD CHATTON
pour siège des particules de chromatine qui se rassemblent et
se condensent aux pôles. La plastine inerte suivrait passivement
cette migration de la chromatine, en formant entre les pôles
le fuseau de séparation. Quoi qu'il en soit, il est irirportant de
constater dès maintenant que les deux substances achroma-
tiques, oxychromatine périphérique et plastine caryosomienne,
que Ton a su distinguer par des réactions microchimiques, se
comportent bien ici comme deux substances différentes ; en
contact intime, elles restent en effet totalement immiscibles.
Le fuseau de séparation étant apparu, le caryosome va se di-
viser rapidement, par un étranglement brusque que lui fera
un instant la silhouette d'un sablier (pi. III, fig. 11 et 12) On
ne voit pas ici comme chez la plupart des amibes Umax :
A. froschi Hartmann, A. albida Nàgler, A. vahlkampfi, une
efhlure persister entre les deux moites du caryosome ou corps
polaires.
Mais dans quelques amibes, et à ce stade seulement (pi. III,
fig. 14) j'ai pu distinguer un filament axial très fin qui, chez les
individus différenciés à point apparaît comme réunissant deux
corpuscules sidérohpiles situés chacun au centre de l'un des
corps polaires. Il n'est pas douteux que ces corpuscules cor-
respondent aux centrioles que Hartmann, Keysselitz, Nàgler
et d'autres auteurs ont mis en évidence chez un certain nombre
de protistes, en les homologuant aux centrioles des Métazoaires
et que le filament qui les unit représente une centrodesmose.
A mesure que le sillon de scission du caryosome s'approfondit,
il se trouve comblé par Foxy chromatine de l'anneau équatorial
qui prend la forme d'une lentille biconsave très mince, rappe-
lant celle de YAmœba lacustris Nàgler (pi. III, fig. 12, 13, 14).
J'ai observé correspondant à ce stade une figure anormale
très instructive (pi. III, fig. 17). C'est un noyau où le caryosome
s'est allongé et divisé dans une situation non diamétrale. Son
attraction sur l'oxychromatine périphérique a été d'un côté
insuffisante à la condenser tout entière, et la continuité de cette
substance encore disséminée dans l'espace nucléaire avec la
PARASITES DES LABRES 259
plaque équatoriale apparaît de la manière la plus nette. Du
même côté, le fuseau s'est déformé comme par étirement.
La division normale se poursuit par l'écartement des corps
polaires, l'allongement concomitant du fuseau, le dédoublement
de la plaque équatoriale en deux plaques filles et leur migration
rapide vers les pôles où elles se fusionnent avec les corps po-
laires. Le fuseau en s 'allongeant modifie sa constitution
(fig .18 et 19) ; il acquiert l'aspect très net d'un tube à parois
membraneuses, comme si la substance qui en forme le centre
se condensait à sa surface (1) ; et il semble bien qu'il en soit ainsi
car la plaque équatoriale subit une transformation parallèle ;
elle reprend en effet à ce stade une forme nettement annulaire.
C'est à cet état qu'elle se dédouble et que ses deux moitiés
migrent aux pôles.
A l'examen des préparations on a l'impression qu'à
ces stades, la division nucléaire s'achèverait très rapidement,
si dans leur tendance à s'éloigner, les corps polaires ne se
heurtaient à la résistance de la membrane toujours intacte.
On les voit, en effet, s'aplatir, s'écraser contre elle, et
comme sous l'effet d'une forte pression, subir une contraction
de volume très facilement appréciable (pi. III, fig. 18, 19, 20,
21). Une pareille contraction a été signalée par Vahlkampf
chez A. vahlkampfi. Cet auteur l'interprète comme un départ
de substance chromatique, diffusant le long du fuseau vers la
plaque équatoriale, qui au cours de la division se développe con-
sidérablement. Chez A. mucicola où la diminution de volume
des corps polaires est k peu près proportionnelle à ce qu'elle
est chez A. vahlkampfi, la plaque équatoriale, loin de s'ac-
croître, se condense elle-même d'une façon sensible à la fin de
la division. Ce fait m'amènera à discuter plus loin (2) l'inter-
prétation de Vahlkampf.
(1) Cette transformation du fuseau de séparation en un tube est à rapprocher d'un phénomène
analogue observé par Dobell (1909j «.liez Trichomonas batrachorum Perty où le fuseau persiste à
l'état végétatif pour constituer la « baguette axiale t creuse.
(2) Voir le mémoire suivant.
260 EDOUARD CHATTON
Je n'ai pu trouver de figures où l'on voie la membrane céder
à la poussée des corps polaires, et je ne puis dire si elle se dé-
forme, se déchire, ou se dissout. L'aspect de la figure 22,
planche III, m'engage à penser que la membrane, après
avoir subi un commencement de dissolution, se moule sur
les corps polaires et le fuseau, leur constituant une gaine qui
les isole toujours du cytoplasme. Sans distinguer autour d'eux
de membrane définissable, on les voit entourés d'une zone
claire de suc nucléaire. Quand le fuseau a disparu, on trouve les
deux caryosomes fils, petits, à contour irrégulier, enveloppés
chacun d'une membrane propre, avec un espace nucléaire
libre mais très réduit (pi. III, fig. 23). L'absence d'oxychroma-
tine à ce stade montre que celle-ci est intimement mélangée
à la substance des corps polaires et qu'elle ne se reforme à leurs
dépens que quelque temps après la division.
Je n'ai pu préciser l'origine de l'oxychromatine périphérique
et savoir si elle se reformait aux dépens du caryosome ou par
précipitation au sein du suc nucléaire où elle serait élaborée.
Des observations de Hartmann (1909) sur Entamœba tetragena
Viereck, que je relaterai plus loin, et celles de Siedlecki sur
Caryotropha mesnili, me font pencher pour la première
hypothèse.
La division cytoplasmique ne succède par immédiatement
à la division nucléaire, car l'on trouve dans les préparations
d'assez nombreuses amibes binucléées, et quelques-unes très
grosses à quatre noyaux. Dans ces amibes bi ou quadrinucléées
on voit souvent deux noyaux accolés ; je ne les consi-
dère ni comme représentant la fin d'une disivion, ni comme se
préparant à une fusion. Ce sont des noyaux amenés au contact
par le jeu de courants cytoplasmiques. Les divisions qui abou-
tissent à la formation des amibes quadrinucléées ne diffèrent en
rien de celle que j'ai décrite ; elles sont simultanées dans les
amibes à 2 noyaux.
Quelques-unes des amibes quadrinucléées présentaient deux
de leurs noyaux plus petits que les autres avec un caryosome
PARASITES DES LABRES 261
irrégulier et une membrane fripée. J'en ai observé plusieurs, où,
à côté des deux noyaux normaux, le protoplasme contient deux
petites balles chromatiques sans espace périphérique, et qui sont
peut-être les vestiges de deux noyaux dégénérés. Ces obser-
vations font présumer l'existence chez A. mucicola d'un cycle
gamogonique avec réduction chromatique suivie de féconda-
tion antogamique entre les deux noyaux restants, tel qu'il
existe chez Entamœba coli Losch (Schaudinn, 1903), chez
Entamœba tetragena Viereck (Hartmann, 1908), chez Amœba
albiâa (Nagler, 1909) et probablement aussi chez toutes les
Amibes Umax.
Les questions de cytologie générale qui se rapportent â l'étude de la
division nucléaire A' Amœba mucicola font l'objet d'un second mémoire
qui fait suite à celui-ci dans ces Archives et dont l'autonomie me parnît
justifiée par sa nature théorique.
APPENDICE
Parasite de Trichodina labrorum.
Dans un certain nombre des Trichodines qui coexistaient avec
Amœba mucicola sur les Labres, j'ai observé des parasites dont
les plus jeunes présentent l'aspect des petites A. mucicola.
Mais leur taille est bien inférieure (4 y.) (1). Ces corps
sont situés au niveau du N et entre ses branches. A ce stade
(pi. III, fig. 24) leur présence ne retentit en aucune façon sur la
structure de l'Infusoire. Il m'est impossible de préciser leur
mode de pénétration ; leur situation cependant laisse supposer
qu'ils entrent par le cytopharynx. Quoi qu'il en soit ce sont bien
des parasites car ils se développent dans leur hôte. Ils croissent
et leur structure se modifie (pi. III, fig. 25). Le caryosome au
lieu d'augmenter de volume se réduit, ainsi que l'espace nu-
cléaire où ne se voit point de substance achromatique. Le
(1) C'est par erreur que dans ma note préliminaire (Chatton, 1909), j'ai donné 12 y. comme
dimension minima de ces parasites.
262 EDOUARD CHATTON
cytoplasme périnucléaire se condense en une zone compacte
autour du noyau, tandis que le cytoplasme périphérique prend
une structure réticulée radiaire. Chez un parasite de 4 ^ de
diamètre, le noyau mesure 1 [j. de diamètre, dont 0.7 pour le
caryosome. La taille du parasite peut atteindre 12 et 15 y., c'est-
à-dire celle des grosses A. mucicola. A cet état (pi. III, fig. 26)
il encombre tout le corps de la Trichodine dont le N, complète-
ment rejeté à la périphérie, est déformé et présente une struc-
ture altérée, homogène. J'ai cherché en vain dans mes prépara-
tions des stades plus avancés. Il semble que ces parasites
soient de nature amibiemie, à cause de leur aspect à l'état
jeune. Peut-être font-ils partie d'un cycle accessoire
d'A. mucicola %
Prandtl (1907) a étudié un Rhizopode testacé, qu'il a rap-
porté au genre Allogromia Rhumbler, mais qui d'après Doflein
(1909) serait une CryptodiffLugia, Rhizopode qui effectue
sa gametogenèse soit à l'état libre, soit dans le cytoplasme
d'Amœba proteus.
Si les parasites des Trichodines appartenaient vraiment au
cycle d'^4. mucicola, il faudrait admettre que les Infusoires
servent de véhicule à cette Amibe d'un poisson à un autre.
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Toutes les figures représentent des objets fixés au liquide de l}ouin-Duboseq,cn frottis, etcolorcs
à l'hématoxyline au fer et à l'éosine.
Figures 1 à 3. — Trichodina labrurum; 1 et 2x1000, a x 1600,
1. vue de profil en coupe optique '
/. ad., frange adorale ;
/. ah., frange aborale ;
«., vélum ;
m. p., membrane péristomienne ;
m. ab., membrane aborale limitant la ventouse ;
M., maeronucleus.
2. Vue par le pôle aboral eu coupe optique, mêmes lettres que pour la fig. 1, et, eu outrj
c. ph., cytopharynx ;
«, micronucléus.
3. Vue de la ventouse, de trois quarts. Mêmes lettres que pour la fig. 1 et, eu outre :
z. str., zone striée du bord de la ventouse ;
a. c, aire centrale lisse ;
p., pièce de l'anneau de soutien. (D'autres individus présentent lcuis pièces plus
rapprochées, mais jamais imbriquées).
Figukes 4-23. — Amœba mucieola, x 1600.
4. Repos nucléaire; caryosome et oxychromatine périphérique.
5. Allongement du caryosome.
6. Même stade, plus décoloré : calottes polaires sidérophiles.
7. Caryosome diamétral.
8. Flexion du caryosome à la suite d'un allongement exagéré.
9. Caryosome diamétral ; formation de l'anneau équatorial d'oxychromatine.
10, 11, 12, 13. Scission progressive du caryosome, formation du fuseau de séparation et de la plaque
cquatoriale.
14. Les centrioles polaires et la centrodesmose dans une amibe décolorée.
15, 16, 18. Eloigncmeut des corps polaires, sidérophilie de la plaque équatoriale.
17. Figure atypique où l'on voit la continuité de la chromatiue périphérique avec la plaque équa-
toriale.
266 EDOUARD CHAÏTON
19, 20. Le fuseau devient sidérophile et tubuleux, la plaque équatoriale annulaire.
21. Les plaques équatoriales filles migrent aux pôles.
22. Disparition de la membrane.
23. Beconstitution des noyaux filles.
FiOtrRES 24 à 26. — Parasite de Triehodina kibrorum figurés dans leur situation par rapport
au macronucleus, qui n'a été représenté qu'en silhouette, x 1800.
24. Parasite très jeune.
25. Parasite plus développé ; réduction du caryosome et condensation périnucléaire du cytoplasme.
26. Parasite très développé. Le macronucleus de l'hôte altéré et rejeté excentriquement.
ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPERIMENTALE ET GENERALE
5e Série, Tome V, p. 267 à 337.
1» Octobre 1910
ESSAI SUR
LA STRUCTURE DU NOYAU
ET LA MITOSE CHEZ LES
AMŒBIENS
FAITS ET THEORIES
PAR
EDOUARD CHATTON
Prépara leur à l'Institut Pasteur de Paris
SOMMAIRE
Avant-propos 267
I. Quelques synthèses relatives au noyau et a la division nucléaire des protistes. 270
II. Faits 272
1 . le noyau et la division nucléaire des Amœbiens 272
a) les Amibes Umax 272
6) les Entaniibes 282
c) les Amibes libres et les Thécamcebiens 290
2. Le noyau et la mitose chez les autres Protistes 295
III. Théories ; exposé 299
a) théorie du nucléole-centrosome 299
6) doctrine du dualisme nucléaire 302
c) doctrine du dualisme chromatique 306
IV. Théories ; discussion 308
a) doctrine du dualisme chromatique ; discussion 309
6) doctrine du dualisme nucléaire ; discussion 315
c) théorie du nucléole-centrosome ; discussion 320
V. Conclusions 328
Bibliographie 330
AVANT-PROPOS
L'étude d'Amœba mucicola qui fait l'objet principal du mé-
moire précédent, ne devait me conduire tout d'abord qu'à
une comparaison de cette amibe avec les espèces voisines, pro-
pre à mettre en évidence les caractères différentiels de ces
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÊN. — 5" SÉRIE. — T. V. — (VI). 20
268 EDOUARD CHÀTTÔN
formes et à fournir un bref aperçu des modes les plus simples
de la caryodiérèse.
Mais dans cet essai, guidé par l'enchaînement des faits, je
me suis laissé entraîner à faire des phénomènes de division nu-
cléaire des Amœbiens une revue plus étendue. Leur diver-
sité chez ces organismes n'est égalée dans aucun autre
groupe, et s'il était possible de les répartir en catégories,
comme l'a fait Sand, leurs relations communes restaient bien
obscures.
Les recherches de Vahlkampp sur Amœba (Umax) vaklkampfi,
de Prowazek sur Entamœba buccalis, celles de Hartmann et
de Nâgler sur Entamœba tetragena et les Amibes Umax, ont
montré que la division nucléaire de ces organismes que l'on
qualifiait généralement d'amitose est d'un degré de complexité
bien supérieur à un simple étirement suivi de bipartition.
Ces divisions sont accompagnées de remaniements intranu-
cléaires, et l'on y décèle tout comme dans la mitose des
Métazoaires et des Métaphytes, des centres, une figure achro-
matique et une plaque équatoriale.
Ces structures nucléaires simples et les mécanismes de
division qui y sont liés, se rencontrent aussi chez les Flagellés
inférieurs et les Coocidies, et ils apparaissent comme une con-
dition primitive commune à plusieurs groupes de Protistes
dans lesquels on retrouve les étapes de leur progressif perfec-
tionnement.
La mitose vraie ou karyokinèse est la figure d'équilibre vers
laquelle tendent tous les noyaux cellulaires en division. On la
trouve déjà réalisée sous sa forme la plus parfaite chez nombre
de Protistes. Elle est ébauchée et plus ou moins approchée
chez tous les autres. Les mécanismes qui paraissent s'en écarter
n'en diffèrent par rien d'essentiel. Il est certain aujourd'hui
(pie la division directe, en dehors des cas où les études récentes
ont démontré qu'elle était en réalité mitotique, n'est pas un
phénomène primitif mais bien un processus karyokinétiquc
d'accélération ou de dégénérescence.
NOYAU DES AMŒBIENS 2G9
La division nucléaire multiple qui était considérée après la
division directe comme un troisième mode de la caryodiérèse
n'est elle-même qu'une variante de la division mitotique,
comme l'ont montré les recherches toutes récentes de Jollos,
Zuelzer et Hartmann.
*
* *
Le centre de division est inclus dans le noyau chez les formes
primitives, mais dans la grande majorité des organismes il s'en
sépare et, avec les zones de cytoplasme qui se condensent autour
de lui, il constitue le centrosome. Tel, il se présente souvent sous
la forme d'un élément doué d'une autonomie complète.
Il était naturel de comparer le caryosome, ou nucléole,
dont les apparences sont celles d'un centre intranucléaire avec
le centrosome, centre extranucléaire. Ce fut l'origine de la
théorie du nucléole-centrosome.
Une autre comparaison s'offrait encore aux cytologistes,
celle du centrosome et du noyau avec le micronucléus et le
macronucléus des Infusoires. Il en naquit la conception du
dualisme nucléaire. Plusieurs systèmes furent proposés qui
envisagèrent de façons diverses les homologies de ces élé-
ments, mais il fallut, tout bien compté, s'en tenir à la notion
qu'ils n'étaient point comparables et l'on semblait avoir renoncé
à généraliser la conception du dualisme nucléaire lorsque les
recherches de Schaudinn sur les Rhizopodes testacés, les
Entamibes, et sur Haemoproteus noctuae, vinrent la rénover.
Chez les Rhizopodes testacés et les Entamibes, il existerait
un dualisme (nucléaire d'ordre trophogénérateur, comme chez
les Ciliés. Chez les Trypanosom.es, c'est un dualisme d'ordre
tropho-kinétique. Goldschmidt et Popoff, Hartmann et
Prowazek ont étendu la doctrine du dualisme nucléaire sous
ces deux aspects différents non seulement à tous les Protistes
mais encore aux cellules des Métazoaires. Ces théories ont
à leurs yeux la valeur de lois biologiques générales. Les Amibes,
270 EDOUARD CHATTON
des Amibes très voisines d'Amœba mucicola, ont été spéciale-
ment mises en cause dans ces spéculations qui paraissent
d'autre part avoir directement influencé les interprétations des
observateurs.
C'est pourquoi j'ai été amené à résumer les théories du
dualisme nucléaire et à les discuter dans leurs rapports avec
la cytologie des Amœbiens.
Je terminerai cet essai par quelques réflexions relatives à
l'évolution du noyau et <fux relations du caryosome des
Protistes, avec le nucléole et le centrosome des êtres pluri cel-
lulaires.
I. Quelques synthèses relatives au noyau et à la division nucléaire
des Protistes.
On doit à R. Sand (1899), une « Esquisse de l'évolution de la
division cellulaire chez les êtres vivants », travail où l'auteur
s'est contenté « de placer bout à bout les observations des
auteurs sans les interpréter, les transformer, ni les mettre en
doute », et « de juxtaposer tous les faits connus dans l'ordre
de complexité croissante ». Et voici défini par Sand lui-même
le résultat de cette synthèse : « Depuis 1880, on a décrit la
division cellulaire de 39 espèces de Protistes et de 7 groupes
(Mycétozoaires, Forarninifères, Radiolaires coloniaux, Ciliés,
Opalines, Grégarines, Diatomées). Si nous y ajoutons la caryo-
cinèse normale des Métazoaires et des Métaphytes, nous obte-
nons 17 modes bien distincts de division nucléaire. Nous som-
mes parvenus à les rattacher phylogénétiquement les uns aux
autres de manière à former un arbre généalogique constitué
d'une lignée principale de laquelle se détache une lignée colla-
térale parallèle à la première ».
A la base de la lignée principale de Sand, on trouve un « pre-
mier stade » où figurent les Mycétozoaires (il s'agit des Myxo-
mycètes supérieurs étudiés par Lister (1894) les Foramini-
l'ères, le Radiolaire Aulacantha scolymantha, que tous les
NOYAU DES AMŒBIENS 271
protistologues s'accordent à considérer comme des êtres fort
différenciés, et dont le noyau est en réalité fort complexe.
Borgert (1909) a fait récemment une étude très soignée de
divers Radiolaires, et il a décrit chez Aulacaritha scolymantha
lors de la scissiparité, une mitose avec d'innombrables chromo-
somes, et des plaques polaires représentant les centrosomes
réunis en amas. "Hartmann (1909) interprète ces phénomènes
et ceux qui ont été anciennement décrits chez les Forami-
nifères par Schaudinn (1895) comme la division multiple
d'un noyau polyénergide (polyenergider Kern) ou « poly-
karyon ». Le deuxième stade de la lignée principale de Sand
est représenté par les Héliozoaires en bourgeonnement, le
3e par le flagellé Chromulina, le 4e par le flagellé Codosiga
botrytis, le 5e par les Amibes : Amœba cristalligera, A. proteus,
A. verrucosa, le Dinoflagellé Ceratium MrundineUa, le Gromidé
Paulinella chromatophora, le flagellé Boâo jaculans, et enfin les
Péritriches très spécialisés Spirochona gemmipara et Kentrochona
nebaliœ (macronucléus). Au 6e stade, nous trouvons les
Eugléniens, au 7e Y Actinosphaerium eichhorni, au 8e Y Euglypha
alveolata, au 9e nous retrouvons les Héliozoaires en compagnie
de Paramœba eilhardi, et au 10e, les Diatomées.
La « lignée collatérale » est constituée par Collozonm inerme,
Amœba binucleata, les Ciliés (micronucléus) et les Grégarines.
Je passe sous silence les modes de division aberrants. Lorsqu'on
arrive vers la fin du mémoire, un peu déconcerté par cette
étrange généalogie on en découvre le secret, sans d'ailleurs
le pénétrer complètement, dans cette note du bas de la page 60
destinée à expliquer la différenciation du micro et du macro-
nucléus des Ciliés, à partir des deux noyaux semblables d'Amceba
binucleata : « Puisqu'il s'agit de lignées morphologiques et non
phylétiques. C'est la phylogénèse du phénomène et non celle
(If l'être. Dès lors il est tout naturel que deux noyaux identi-
ques aillent en se différenciant. (1) » Et Ton demeure surpris que
(1) Reproduction textuelle et in-extenso de la note.
272 EDOUARD CHATTON
l'auteur, dont on louait dès sa préface les dispositions prudentes,
n'ait pas craint d'abuser des gros mots de généalogie, phylo-
génie, évolution, pour un assemblage, une « juxtaposition »
toute brute, toute artificielle de documents admis sans critique.
« The Protozoan nucleus » de Calkins (1903) est une utile
synthèse, positive et critique, des connaissances acquises en
1903 sur la structure et la division nucléaire des Protistes. La
répartition de la chromatine et des substances achromatiques
dans le noyau, leur rôle dans la division, les relations des centres
intra et extranucléaire y sont passés en revue et discutés,
ainsi que la nature et le rôle des chromidies.
Cette dernière question, celle des relations du blépharoplaste
du centrosome et du caryosome, celles du dualisme nucléaire et
du dualisme chromatique, des noyaux complexes ou polyka-
ryons, toutes intimement liées à l'étude de la division nucléaire,
ont fait l'objet, en ce qui concerne les Protistes, de synthèses
et de revues récentes de la part de R. Hertwig (1902) Goldsch-
midt (1904 a). Schaudinn (1905), Mesnil (1905), Goldsch-
midt et Popoff (1907), Hartmann et Prowazek (1907),
Hartmann (1909), Dobell (1909 6). De tous ces travaux, il
sera question à plusieurs reprises au cours de l'exposé qui suit.
Je me bornerai ici à passer en revue les phénomènes de la
division nucléaire chez les Amœbiens nus et testacés.
IL Faits.
1. LE NOYAU ET LA DIVISION NUCLÉAIRE DES AMŒBIENS
a) Les Amibes Limax
(Protokaryons et promitoses)
Avec Amœba mucicola nous nous trouvons dans le groupe des
Amibes du type Umax. Ce sont des Amibes de petite taille
(4 y. pour A. vahlkampfi, 25 /-/.pour A. mucicola), sans inclusions
cytoplasmiques caractéristiques, à pseudopodes lobés, unila-
NOYAU DES AMŒBIENS 273
téraux, peu nombreux, à noyau formé d'un caryosome central,
avec — mais aussi souvent — sans membrane nucléaire ni
substance périphérique figurée. Leur mode de division bien que
primitif montre des variations importantes, en rapport avec
la structure du noyau (1).
A. vahlkampfi (fig. 1) a une membrane nucléaire mal indi-
•» 1* :
M
a
if «
Fig. 1. Division nucléaire chez Amœba vahlkampfi. De a à i, 1er mode ; /, k, l, second mode
d'après Vahlkampf (1905).
vidualisée qui paraît être simplement une surface de contact
entre deux fluides immiscibles. Aucune trace de substance
périphérique figurée.
A la division, le caryosome s'étire en biscuit puis s'étrangle,
et donne naissance à un fuseau de séparation achromatique
(plastine?) (fig. 1; a-i) L'apparition de la plaque équato-
riale est tardive mais une fois formée celle-ci s'enrichit pro-
gressivement en substance chromatique et devient massive,
(1) Calkins (1909) dans sa « Protozoology » a donné des microphotographies, d'une amibe
limiix montrant différents stades de sa division. A des différences d'ordre spécifique près, ces figures
sont semblables à celles que j'ai observées chez A. mucicola.
274 EDOUARD CHATTON
tandis que les corps polaires diminuent de volume. Ayant
atteint sa taille maximale cette plaque équatoriale se scinde
en trois chromosomes, qui se coupent chacun transversalement,
les moitiés migrant aux pôles où elles se confondent dans les
corps polaires.
Dans un deuxième mode un peu différent (fig 1 ; j, k, I)
la plaque équatoriale ne se fragmente pas en chromosomes,
mais constitue une masse de chromatine qui se divise simple-
ment en s 'étirant.
La membrane nucléaire épouse toutes les déformations du
caryosome. Deux phénomènes ont particulièrement retenu
l'attention de Vahlkampf dans cette division :
1" La séparation de la substance achromatique et de la
chromatine du caryosome que j'ai constatée moi-même avec
la plus grande netteté chez A. mucicola.
2° La croissance de la plaque équatoriale et la réduction
simultanée des corps polaires entre lesquelles l'auteur a tout
naturellement établi une relation : il pense, sans avoir pu le cons-
tater objectivement que la chromatine des corps polaires diffu-
serait, après la séparation de ceux-ci, le long du fuseau et qu'elle
se précipiterait en son milieu où elle apparaît d'abord sous for-
mes de fines granulations pour s'y accumuler ensuite en une
masse compacte. (1)
L'origine et le mode de formation de la plaque équatoriale
ne seraient donc point comparables chez A. vahlkampfi et
(liez A. mucicola, et cela est bien fait pour surprendre, car chez
tous les êtres vivants, végétaux et animaux, ce stade se prépare
et se réalise avec une remarquable uniformité. C'est le rassem-
blement, total ou partiel, à égale distance des centres de divi-
sion, des matériaux chromatiques épars dans la vésicule nu-
cléaire. Chez A. mucicola une partie de la chromatine (basichro-
matine) est condensée dans les corps polaires et l'oxychroma-
tine périphérique est seule à prendre part à la formation de la
(1) A en juger d'après les figures de l'auteur la première ébauche de la plaque équatoriale
serait achromatique. Il en est de même chez A, mucicola,
NOYAU DES AMŒBIENS 275
plaque équatoriale. Et cependant chez cette espèce, il y a,
tout comme chez A. vàhlJcampfi une contraction des corps po-
laires due vraisemblablement à une déshydratation. J'incline
à penser que chez A. vahlhampfl l'accroissement de la plaque
équatoriale et la réduction des corps polaires sont deux phéno-
mènes indépendants quoique simultanés et que les matériaux
de la plaque équatoriale sont empruntés non aux corps po-
laires mais au suc nucléaire. La chromatine s'y trouvant peut-
être comme chez A. mucîcola à l'état d'oxy chromatine non
colorable par la laque ferrique serait passée inaperçue. Peut-être,
aussi, est-elle à l'état de sol colloïdal, qui serait stabilisé
seulement au moment de la division.
Il me paraît peu vraisemblable que la chromatine déjà trans-
portée aux pôles par les corps polaires, revienne à l'équateur
pour retourner aux pôles peu après et que le caryosome four-
nisse à lui seul et d'une manière immédiate tous les éléments
qui prennent part à la division.
D'autres formes du groupe Umax vont d'ailleurs nous fournir
de bonnes preuves à l'appui de cette manière de voir.
Chez A. froschi Hartmann (fig. 2, a, g), A. spinifera
Nâgler, A. lacertae Hartmann, A. lacustris Nâgler (fig. 2, n, s),
Nâgler (1909), a décrit une structure et un mode de
division nucléaires, identiques, à des détails près, à ceux
d'Amœba vahlkampfl : étirement puis scission du caryosome
après division préalable d'un centriole, formation du fuseau
achromatique, puis d'une plaque équatoriale chromatique peu
massive. Celle-ci sans se fragmenter en chromosomes, se divise
en deux plaques filles qui migrent aux pôles. Tout cela à
l'intérieur d'une membrane nucléaire à peu près virtuelle
qui épouse à distance la forme du caryosome.
L'auteur n'ayant pas observé de chromatine dans l'espace
nucléaire périphérique, pense que chez ces Amibes aussi, la plaque
équatoriale se forme de substance diffusant des corps polaires
vers l'équateur du fuseau et dans sa description d'A . froschi il
s'exprime ainsi : « Der Ansicht Valhkampf's beziïglich des
270
EDOUARD CHATTON
Entstehens der Âquatorialplatte kann ich mich anschlieszen.
Auch ich deute dièses Entstehen so, dasz von den an Grôsze
immer mehr abnehmenden Polplatten das Chromatin in Form
feinster Kôrnchennach der Mitte zn wieder abstrômt und zwar
an der Auszenseite, worauf Fig. 30, schlieszen lâszt ». Cependant
chez Amœba lacustris (fig. 2, h-m) il constate non moins nette-
iî
a
l*
m
,1 -g.
f
/•■
i
/
Fig. 2. Division nucléaire chez diverses Amibes Umax, ag, Amœba froschi Nâgler ; hm, A. lacustris
Nâgler ; n-s, A. albida Nâgler ; t-w, A. diploidea Hartmann et Nâgler ; xz, A. horii-
cola Nâgler ; d'après Nâgler (1909).
ment l'accroissement de la plaque équatoriale sur ses bords,
aux dépens de la chromatine périphérique : « Die Aquatorial-
platte ragt an beiden Seiten infolge der Anlagerung des
Auszen chromatins ùber die Zone der Spindel hinaus, wie
es in. Fig. 61, deutlich zu sehen ist. » Mais il ne mentionne
dans son texte, ni ne figure dans ses planches, cette chroma-
tine périphérique, d'où l'on peut conclure qu'il en admet
NOYAU DES AMŒBIENS 277
l'existence à l'état dissous et non figuré dans l'espace nu-
cléaire (1).
K. Nâgler a rattaché au groupe Umax une Amibe A. horti-
mla Nâgler (fig. 2, x-z) qui m'en paraît assez éloignée. Après
la scission du caryosome, les deux corps polaires se fragmen-
tent chacun en six corpuscules auxquels l'auteur pense pouvoir
appliquer le nom de « chromosomes ». Ces chromosomes se
confondent peu après pour former les deux caryosomes filles.
Aucune trace de plaque équatoriale n'a été observée.
Il en distrait par contre deux Amibes, A. albida Nâgler
(fig. 2, ns) et A. diploidea Hartmann et Nâgler (fig. 2 t-w), qui
me paraissent venir naturellement à la suite des précédentes.
Elles ont une membrane mieux individualisée et de la chro-
matine figurée périphérique. Seule celle-ci intervient comme
élément nouveau dans la caryodiérèse.
Chez A. albida il persiste de la chromatine dans l'espace
nucléaire pendant toute la division, mais Nâgler ne se prononce
pas sur l'origine de la plaque équatoriale. Il me semble, à consi-
dérer ses figures 76 (p) et 77 {q) qu'il a dû entrevoir celle-ci
s'ébaucher par le rassemblement d'une partie de la chromatine
périphérique à l'équateur du fuseau.
Chez A. diploidea étudiée par Hartmann et Nâgler (1908)
(fig. 2, t-iv), il ne se forme pas à proprement parler de plaque
équatoriale, mais toute la chromatine périphérique se trouve
rassemblée entre les deux corps polaires, en un amas granu-
leux qui, à la fin de la division, forme une masse intermédiaire
volumineuse et compacte qui rappelle tout à fait la plaque
équatoriale massive à' A. vahlkampfi, et qui se comporte d'ail-
leurs comme celle-ci se partageant entre les deux corps polaires
par étirement.
Chez toutes les Amibes précédentes, la chromatine périphé-
rique, existait soit à l'état dissout, soit à l'état d'une fine
(1) La façon dont Nâgler a sérié les stades de la division à' Amœba lacustris (fig 2. h-m) appelle une
remarque : les stades représentés par les figures (j) et {k) précéderaient les stades (l) et (m). Ces der-
niers correspondent exactement aux stades « en sablier » A' Amœba mncicola, qui sont des stades de
début et non des stades terminaux.
2/3
EDOUARD CHATTON
suspension de granules dont le sort était souvent difficile à
suivre.Chez A mœba diplomitotica de Beaurepaire Aragao ( 1 909 ) ,
elle se présente sous forme de petits chromosomes bacilliformes,
de taille égale, qui conservent à travers tous les remaniements
nucléaires une individualité parfaite, et il en résulte des
images extrêmement instructives (fig. 3).
Dans le noyau au repos ces chromosomes sont rangés régu-
Fio. 3. Division nucléaire A'Amceba diplomitotica de Beaurepaire Aragao. ni, premier mode ;
"j-n, deuxième mode. D'après de Beatjrepaire Araoao (1909).
lièrement contre la membrane et ils sont réunis entre eux, et au
caryosome par des filaments achromatiques lininiens. Des
chromosomes identiques à ceux-là se trouvent inclus dans la
masse du caryosome, et nous fournissent ainsi la démonstra-
tion immédiate, de l'existence, à la fois dans le suc nucléaire et
dans le corps caryosomien, d'une même substance chroma-
tique. (Voir aussi à ce sujet Siedlecki 1905).
L'on pourrait penser que l'existence de chromosomes ayant
une autonomie si accentuée, telle qu'on en voit peu de cas
NOYAU DES AMŒBIENS 279
chez les Métazoaires, éloigne beaucoup A . diplomitotica des Ami bes
du groupe Umax, chez lesquelles la chromatine paraît souvent
absente ou se présente sous une forme toujours mal définie.
L'ensemble de la division montre qu'il n'en est rien ; les figures
sont, les chromosomes mis à part, superposables à celles que
fournit A. vahlkampfi (fig. 2), et dé Beaurepaire Aragao a
lui-même insisté sur cette analogie : « Es besteht eine
gewisse Aehnlichkeit zwischen den Teilungsprozesse der Amœbe,
welche wir studierten und demjenigen der Amœba Umax
welcher von Vahlkampf untersucht worden ist ; jedoch ist es
klar, dass in unserem Falle die Erscheinung eine weit kom-
pHzierte ist ». L'élément nouveau qui chez A . diplomitotica élève
le degré de complexité c'est la substance achromatique péri-
phérique, la linine, que nous n'avions pas encore rencontrée
associée à la chromatine et qui fournit vraisemblablement ici
le substratum défini du chromosome.
A. diplomitotica se divise commet, vahlkampfi suivant deux
modes peu différents. 1er mode : Le caryosome devenu ellipsoïdal
se coupe suivant son équateur, tandis que les chromosomes
rassemblés d'abord à ce niveau, s'engagent entre les deux moitiés
qui s'écartent, et y forment une plaque équatoriale. Celle-ci
ne se divise pas à proprement parler, mais les chromosomes
se répartissent tout le long du fuseau de séparation et peuvent
en se rapprochant et en se confondant, former une masse
chromatique intermédiaire comme celle d'A. vahlkampfi
(fig. 1) ou celle d'A. diploidea (fig. 2, t-w) qui les renferme
tous ou en partie seulement. Dans le deuxième mode le
caryosome s'étire en biscuit, les chromosomes se rangent en
une file équatoriale double, qui se dédouble en deux files
simples qui migrent aux pôles. Quel que soit le mode par
lequel s'effectue cette division, les chromosomes ne se con-
fondent pas dans les corps polaires, mais reprennent dans
les deux noyaux filles leur situation de repos contre la mem-
brane, au contraire de ce qui se passe dans les Amibes précé-
dentes où la fin de chaque division est marquée par une
280 EDOUARD CHATTON
fusion de la chromatine équatoriale dans les corps polaires.
Si Ton s'en tient aux descriptions des auteurs, il y aurait
donc dans la série des Amibes Umax que nous venons
d'examiner, une séparation de plus en plus complète, de plus en
plus durable, de la chromatine périphérique de celle des corps
polaires, mais l'exemple d'Amœba diplomitotica montre que
même lorsque cette séparation est complète, il se trouve,
fixée sur les corps polaires, une substance chromatique identique,
au moins morphologiquement, à la chromatine périphérique.
Et vraisemblablement durant les divisions du cycle gamo-
gonique, un mélange intime de ces matériaux doit survenir.
De toutes les amibes du groupe Umax, A. vahlkampfi, est la
seule où la présence, même éphémère, d'un centriole, n'ait
pas été démontrée. Nâgler (1909) pense que cette exception
n'est qu'apparente et que si Vahlkampf n'a pas vu cet élé-
ment chez son Amibe, c'est vraisemblablement à cause d'une
différenciation insuffisante de ses préparations à la laque fer-
rique. Les conditions dans lesquelles j'ai observé moi-même
le centriole d'^4. mucicola me portent à m'associer à cette
manière de voir.
Nâgler croit aussi à l'existence d'un centriole chez l'amibe
que Caullery (1906), au cours de recherches surjles Rhizocé-
phales, a rencontrée en parasite dans les œufs de Peltog aster
curvatus Kossm (fig. 4, a-e). Les figures que j'ai reproduites
d'après les dessins de l'auteur montrent le caryosome d'abord
étiré puis divisé ; les deux corps polaires coniques restent unis
par un filament axial sidérophile que Nâgler interprète comme
une centrodesmose. Cette Amibe me paraît devoir être ratta-
chée aussi au groupe Umax, bien que Caullery n'ait pas observé
de stades de plaque équatoriale au cours de sa division.
Il est d'ailleurs des cas où la plaque équatoriale fait défaut,
et cela n'a rien qui puisse surprendre lorsqu'on en connaît
l'origine et le mode de formation. Sa présence est liée,
comme je crois l'avoir démontré, à celle de substances figurées
ou précipitables, réparties dans l'espace nucléaire. Lorsque ces
NOYAU DES AMŒBIENS 281
substances font défaut, la division consiste en une scission
pure et simple du caryosome.
Tel semble bien être le cas pour Sappinia pedata Dangeard
(fig. 4, f-h) forme amibienne qui fait la transition des Rhizo-
podes nus aux Mycétozoaires inférieurs. Dangeard (1897)
n'a pas constaté chez cet organisme de fuseau de séparation,
ni de centrioles, et l'étude en serait à reprendre à cet égard.
De même celle d'A?nœba polypodia Schulze (1875) (fig. 4, i-j)
dont le noyau, s'étirerait simplement en biscuit. Dangeard
a qualifié le mode de scission nucléaire de Sappinia pedata
î-CVVi V".
CL ' C e
Fig. 4. De a à e, Amœba poedophtora Caullery ; d'après Capllery (1906). De/ àh, Sappinia pedata
Dangeard (1897). i et /, Amœba polypodia Schulze ; d'après Schulze (1875).
d' « amitose par cloisonnement ». Celui à' Amœba polypodia
est donné aussi comme' exemple classique de division directe.
Nul doute cependant qu'on ne trouve entre ces mécanismes
et ceux que nous connaissons chez les Amibes Umax une
série complète d'intermédiaires.
Les Amœbiens que nous venons d'étudier offrent le degré
le plus simple de la structure et de la division nucléaire chez
les Rhizopodes. Le caryosome constitue presque à lui seul
tout le noyau ; les substances nucléaires y sont à l'état de mé-
lange intime, et dans certains cas il en assure par sa simple
scission la distribution égale entre les deux noyaux filles.
Chez les Amibes Umax proprement dites, on assiste à la dif-
fusion plus ou moins avancée d'une partie des matériaux du
caryosome dans l'espace nucléaire, où ils se présentent à des
états variés. Par le mécanisme de la condensation équatoriale,
ils sont répartis entre les deux noyaux filles, où pendant un
certain temps, ils se retrouvent confondus dans la masse du
282 EDOUARD CHATTON
caryosome. Ce dernier mode de division a été appelé tout récem-
ment par Nâgler promitose (1) bien justement, car il conduit,
nous allons le voir, par une série de transformations graduelles
aux formes les plus parfaites de la division indirecte telles
qu'on les connaît depuis longtemps chez les Métazoaires et les
Métaphytes. Le type de noyau auquel il correspond, caractérisé
par la prédominance du caryosome pourrait être appelé proto-
karyon. Plus avant dans le groupe des Amœbiens, nous assiste-
rons à la déchéance progressive du caryosome dont les maté-
riaux se répandent dans le suc nucléaire, et à la complication
concomitante du mécanisme par lequel ces substances éparses
sont mises en mouvement, rassemblées et réparties entre les
deux noyaux filles dans la division.
Nous suivrons cette involution du caryosome et l'épanouisse-
ment progressif de la mitose vraie dans deux groupes d'Amibes
qui représentent deux catégories de formes actuellement dis-
tinctes par leurs modes de vie mais non deux séries phylogé-
nétiques naturelles. Ce sont d'une part les Amibes parasites
que l'on a réunies, provisoirement sans doute, mais bien artifi-
ciellement dans le genre Entamœba Leidy (1879) et d'autre
part les Amibes libres de grande taille à structures et à
cycles complexes dont quelques-unes conduisent aux Amibes
testacées ou Thécamœbiens (2).
b) Les Entamibes
{Promitose et mésomitose)
Ce sont : Entamœba coli (Lôsch) 1875, emend. Schaudinn
(1903) de l'intestin de l'homme. Il existe vraisemblablement des
formes très voisines dans l'intestin de beaucoup de vertébrés.
(1) Danoeard (1901) a déjà créé le nom i'haplomitose pour la division nucléaire simple des
Eugléniens. Comme celle-ci diffère assez nettement de telle des Amibes Umax, il est utile de con-
server la nouvelle dénomination de >'âgler, en la réservant aux modes que nous venons d'étudier,
et aux modes qui leur sont immédiatement comparables.
(2) C'est à tort que Doflein' (1909) attribue la paternité du genre Entamœba à CasagranPI
et Bakbaoallo (1897).
NOYAU DES AMŒBIENS
283
E. blattae (Butschli) 1878, de l'intestin de la Blatte, Peri-
planeta orientalis L.
E. ranarum (Grassi) 1881, de l'intestin de Rana temporaria.
a
xv^
JP
f
Fig. 5. Division nucléaire des Entamibes. a-f, Entamœba histolytica Schaudinn ; d'après Hart-
mann-Schaudinn (1909) ; g-k, E. buccalis Prowazek, g d'après Prowazek (1904 e),
h-k, d'après Leyden et Lowenthal (1905) ; l-m, E. tetragena Viereck, fluctuations
du caryosome, d'après Hartmann (1908) ; np, E. minuta Elmassian, d'après Elmas-
Sian (1909) ; q-u, E. ranarum Grassi, d'après DOBELi,(1909a) ; v-y, E. mûris Wenyon,
d'après Wenyon (1907), za-ze, E. blattae Butschli, d'après Janioki (1909) ; za, zb, zc,
division végétative ; z<1, ze, division durant la gamctogonèso
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 5e SÉRIE. — T, V. — • (VI).
21
284 EDOUARD CHATTON
E. mûris (Grassi) 1881, de l'intestin de la Souris.
Ces Amibes saprophytes des matières fécales sont des com-
mensaux inofïensifs, en aj^parence du moins.
E. buccalis Prowazek 1904 a des dents cariées a été ren-
contrée aussi (Leyden et Lôwenthal (1905) dans un carci-
nome buccal. Les deux Amibes suivantes de l'intestin de l'homme
longtemps confondues avec E. coli sont des parasites patho-
gènes de la muqueuse intestinale et des glandes annexes du
tube digestif.
E. histolytica Schaudinn 1903.
E. tetragena Viereck 1906 = E. ajricana Hartmann 1908,
Les figures que Hartmann (1909 b) a données d'Entamœba
histolytica (fig. 5, a-j) en partie d'après les matériaux réunis
par Schaudinn, sont d'une interprétation embarrassante. Si
le noyau au repos s'éloigne déjà beaucoup de celui des Amibes
Umax par l'extrême réduction de son caryosome, les stades
de la division (s-e), où celui-ci, beaucoup plus volumineux,
est déjà étiré, rappellent au contraire les divisions promit o-
tiques les plus typiques des Amibes Umax, que nous ne retrou-
verons plus que très modifiées chez les autres Entamibes.
Chez E. buccalis (fig. 5, g-k) le caryosome est aussi très réduit
et l'espace nucléaire est encombré d'un réseau de substance
chromatique et achromatique. La figure de division est absolu-
ment conforme à celle du type Umax, mais en raison de la
petitesse du caryosome, elle n'occupe au début qu'un espace
restreint du noyau. Au milieu du réticulum périphérique, on
voit entre les deux corps polaires très tenus, une plaque équa-
toriale qui les dépasse de beaucoup et déborde largement
le fuseau. Ni Prowazek (1904 a), ni Leyden et Lôwenthal
(1905) n'ont précisé le mode de formation de cette plaque
équatoriale, mais il semble bien qu'ils admettent son origine
exclusivement caryosomienne, car ils interprètent la caryodié-
rèse d'Entamœba buccalis comme une mitose du caryosome^
accompagnée d'une division amitotique du noyau périphérique :
Prowazek s'exprime ainsi à ce sujet : « Der kern schwillt
NOYAU DES AMŒBIENS 285
an und der Innenkôrper wird am Wege einer Mitose, das ihn
umgebende achromatische Gerûstwerk mit den Chromatin-
einlagerungen wird aber einfach amitotisch geteilt... Das
Ganze erweckt den Eindruck als ob zwei minutiôse Kern-
teilungen in einander geschachtelt wàren ». Leyden et Lôwen-
thal appuient cette interprétation et Doflein (1909) la repro-
duit dans son traité.
A considérer le seul cas d'E. buccalis, on comprend mal au
premier abord que l'on puisse discerner dans le noyau de cette
Amibe deux noyaux élémentaires emboîtés, dont l'un se divi-
serait mitotiquement et l'autre amitotiquement. Mais on
s'explique bien vite cette manière de voir, quand l'on reconnaît
en elle une tentative de généralisation de la doctrine du dua-
lisme nucléaire dont Prowazek est, avec Hartmann, un des
plus fervents défenseurs. Je crois pouvoir dire que cette doc-
trine n'a pas de bénéfice à tirer des faits relatifs à YE. buccalis,
non plus que d'autres dont nous nous occuperons plus loin et
qu'elle prétend embrasser aussi. Ces faits me paraissent rentrer
exactement dans l'ordre de ceux que nous avons examinés jus-
qu'ici. Je pense qu'une étude plus complète de la caryodiérèse
d'E. buccalis à toutes ses phases montrera que la plaque équa-
toriale dont la masse excède déjà, au stade peu avancé figuré
(fig. 5,^) par Leyden et Lôwenthal (1905), le volume du
caryosome, et qui s'étend largement hors du fuseau de sépara-
tion est loin de se former entièrement aux dépens des corps
polaires, mais se constitue aux dépens d'une partie et peut-
être, plus tard, de toute la chromatine périphérique.
La masse de celle-ci est telle, à cause de la réduction du ca-
ryosome, qu'elle n'est pas rassemblée d'emblée dès le début
de la division. Mais Leyden et Lôwenthal ont figuré des stades
terminaux où tous les matériaux périphériques ont pris part à
la formation soit du fuseau, soit des corps polaires, et où il
n'est plus possible de reconnaître les « deux noyaux ou les
figures de division emboîtées » de Prowazek. De sorte que la
caryodiérèse d'E. buccalis, plutôt que de représenter deux
286 EDOUARD CHATTON
divisions simultanées indépendantes, montre au contraire
une coopération étroite du caryosome et des matériaux péri-
phériques.
Hartmann (1908) a assisté chez E. tetragena (fig. 5, l-m) à
des phénomènes nucléaires très remarquables. Le noyau de
cette Amibe présente à l'état végétatif un caryosome peu
chromatique enfermé dans une fine pellicule. Un centriole se
montre très distinctement en son milieu. Observant l'Amibe
vivante, Hartmann à vu ce caryosome émettre dans l'espace
nucléaire des particules de chromatine qui se fixent sur le
réseau achromatique périphérique où elles s'ordonnent en
couronne. Le caryosome appauvri par ces émissions se
montre alors réduit à son élément central, seul constant, le
centriole. Avec ces périodes d'excrétion chromatique alternent
des périodes d'élaboration où le caryosome récupère son
volume primitif. Hartmann rapproche ces « phénomènes
cycliques » de ceux que Boveri (1901), Vejdovsky et
Mrazek (1903) ont observé dans le centrosome des Méta-
zoaires, fournissant ainsi un nouvel argument pour son
homologation avec le caryosome des Protistes.
Pour nous ces observations de Hartmann ont un plus grand
intérêt encore. Elle nous font saisir sur le vif le mécanisme
par lequel la chromatine périphérique est élaborée pendant le
repos nucléaire, aux dépens du caryosome, et elles permettent
de concevoir que ce phénomène ayant été s'accentuant pen-
dant d'innombrables générations, le caryosome florissant des
formes primitives se soit progressivement évanoui.
Le caryosome d'E. tetragena qui élabore de la chromatine
sans pouvoir la retenir, et qui la cède périodiquement au
réseau périphérique apparaît bien comme le vestige du caryo-
some massif et prépondérant des protokaryons.
Ces observations mettent bien en relief aussi l'individualité
du centriole que nous connaissions déjà comme un élément
constant du noyau chez les Amibes que nous avons passées
en revue. Nous ne nous étonnerons donc pas de le voir, chez
NOYAU DES AMŒBIENS 287
d'autres Amibes, échapper au métabolisme du caryosome et se
séparer de lui ou lui survivre. Son rôle directeur dans la cyto-
diérèse que l'on attribuait jusqu'alors au caryosome tout entier
se révélera alors manifestement (1).
C'est ce que l'on voit déjcà dans la division d'E. tetragena que
Hartmann décrit comme il suit : le noyau se divise par une
mitose primitive. Celle-ci est précédée d'une division du cen-
triole en haltère. Le caryosome forme une sorte de fuseau
avec les grains chromatiques répandus dans toute la figure
et ordonnés en rangées longitudinales, les centrioles étant situés
aux pôles et réunis entre eux par un filament centrodesmien.
Il est à regretter que Hartmann n'ait pas donné de figures de
cette division dans sa note préliminaire. Elmassian (1909) qui
a tout récemment étudié une Amibe dysentérigène qu'il
donne comme une espèce nouvelle E. minuta, « ayant une très
grande analogie à l'état enkysté » avec E. tetragena et qui en
est peut-être une forme latente réduite, figure ces mitoses
primitives qui correspondent bien, le centriole en moins, à la
description de Hartmann (fig. 5, n-p).
La même structure et le même mode de division se retrou-
vent à des détails
près chez E. mûris
(Wenyon, 1907) et
E. ranarum Dobell
(1909 a).
Les préparations
que M. Delanoë et
moi avons faites de
ces Amibes, nous ont
montré fhp7 1p<3 Hpiiv ^I0, "• E>llamœbu ranarum Grassi rar. du rectum de Molge
palmata. (Original).
espèces, un caryo-
some central achromatique, à limites assez indécises, comme
celui d'E. tetragena et présentant aussi un centriole très net,
(1) Ce rôle directeur apparent du caryosome l'a fait désigner sous le nom de Nucléole-cen*
trosome (Keuten, 1895), v. page 299.
, - :. -•
2S8 EDOUARD CHATTON
J'ai figuré le début de la division chez E. ranarum de Molge
palmata (fig. 0). Chez E. mûris, le centriole occupe toujours
dans le caryosome une situation franchement excentrique.
Chez E. coli Schaudinn (1903) a signalé, sans les figurer,
à la schizogonie simple, une division directe du noyau et au
début de la gamogonie une mitose primitive. Elmassian (1909),
a observé chez une Amibe, qu'il a identifiée à E. coli, des
divisions dont les figures sont identiques à celles de
son E. minuta.
Il ne me paraît pas douteux que la souche des Amibes dysen-
térigènes soit parmi les formes amibiennes du type Umax,
et cela malgré les différences que ces deux catégories de formes
présentent actuellement et qui ne permettent pas de les con-
fondre lorsqu'on a pu les comparer une fois.
K. Nâgler (1909) pense cependant que cette confusion a été
commise à plusieurs reprises. Musgrave et Clegg (1904),
Lesage (1905), Walker (1908), auraient décrit comme
Amibes dysentérigènes des formes libres du type Umax dont
les kystes passés indemnes à travers le tube digestif auraient
éclos sur les milieux de culture. Au contraire de ces Amibes
pseudoparasites, les Amibes parasites vraies (E. coli, E. mûris,
E. histolytica, E. tetragena) ne cultiveraient point sur les
milieux artificiels.
Notons qu'elles se comporteraient en cela comme les try-
panosomes pathogènes.
Et, en vérité, il est curieux de constater que toutes les
Amibes isolées de produits dysentériques se présentent en
culture sous la forme Umax avec un gros caryosome compact,
et cette constatation n'est pas sans laisser de doute sur leur
identité avec les Amibes pathogènes, surtout si l'on se souvient
que Nâgler (1909) nie toute modification nucléaire consécutive
au passage des Amibes libres sur les milieux artificiels. C'est
précisément sur ce point que s'imposent de nouvelles recherches,
s étendant à beaucoup de formes différentes. N'y aurait-il pas en
effet chez les Amibes, des phénomènes analogues à ceux que mon-
NOYAU DES AMŒBIENS 289
trent d'une manière constante les Trypanosomes quand, pas-
sant du sang de leurs hôtes vertébrés, sur les milieux de culture
ou dans l'intestin des invertébrés, ils reprennent leur forme
originelle (Crithidia ou Leptomonas) 1 Mais il convient de remar-
quer de suite que ce retour à la forme originelle se réalise chez
les Trypanosomes par la disparition d'un caractère purement
adaptatif, et d'acquisition récente, la membrane ondulante,
disparition sans retentissement sur la structure nucléaire.
UEntamœba blattae (Bûtschli) est dans le groupement des
Entamibes celle qui s'éloigne le plus du type Umax. Elle est de
grande taille, son noyau a une membrane à double contour.
La chromatine s'y présente sous forme de grains répartis d'une
façon assez complexe. Des différents auteurs qui ont étudié
cette Amibe, Janicki (1809) est le seul qui y ait vu un caryo-
some (fig. 5, za-ze). Encore n'a-t-il pu le déceler dans tous les
individus. Aussi considère-t-il cet élément comme soumis à
des phénomènes cycliques tels que ceux décrits par Hartmann,
chez E. tetrag&na. Ce caryosome est petit par rapport au volume
du noyau, et il montre au début de la division alors qu'il est
déjà allongé en ellipsoïde, deux centrioles polaires, (za) Caryo-
somes et centrioles disparaissent aux stades ultérieurs, où la
division se poursuit sous la forme d'une mitose dite primitive,
mais à chromosomes bien différenciés au nombre de six.
Mercier (1909 a) qui a suivi toutes les phases de la division
schizogonique a vu les chromosomes au nombre de quatre, se
former par la répartition le long d'un filament achromatique
de granules de chromatine et il insiste sur l'analogie de cette
division avec la mitose parfaite, dont elle diffère par la persis-
tance de la membrane nucléaire et l'absence de figure achro-
matique. Celle-ci, d'ailleurs, apparaît avec les centrosomes
lors des premières mitoses du cycle gamogonique. De la caryo-
diérèse d'E. tetragena à celle d'E. blattae, il y a un progrès qui
consiste dans la répartition plus précise de la chromatine sur
le substratum achromatique, lui-même mieux défini (chro-
mosomes).
290 EDOUARD CHATTON
La série des Entamibes montre une gradation très ménagée
de la promitose vers la mitose parfaite sans toutefois l'at-
teindre. Ce qui caractérise avant tout la mitose parfaite, c'est
la disparition de la membrane nucléaire et la mise en contact
des substances nucléaires et des substances cytoplasmiques
dont les réactions réciproques engendrent des spectres divers
(asters, fuseaux). Si E. blattae présente dans sa caryodiérèse
tous les éléments essentiels d'une mitose parfaite elle ne
paraît point être cependant sur la voie qui y conduit. Avec
son noyau très complexe, emprisonné dans une véritable coque,
cette forme apparaît comme très spécialisée.
Les mitoses s'effectuant sous la membrane nucléaire,
sont très répandues chez les Protistes et on les désigne
sous le nom de mitoses primitives. Pour ne pas les confondre
sous ce nom avec les promitoses on pourrait les appeler mésoomi-
toses, et Ton appellerait alors métaomitoses les mitoses parfaites
épanouies dans le cytoplasme.
C'est chez les Amibes libres et chez les Thécamcebiens qu'on
les voit se réaliser.
c) Les Amibes libres et /es Thécamcebiens.
(Mésoomitose et Métaomitose)
Ces êtres sont naturellement loin de former une série mono-
phylétique et des types assez variés de structure et de division
nucléaire s'y rencontrent dont nous examinerons quelques exem-
ples parmi les mieux étudiés.
Doflein (1909) dans son « Lehrbuch der Protozoenkunde »
publie des documents posthumes de Schaudinn parmi lesquels
se trouve une étude de la division nucléaire du Chlamydophrys
stercorea (fig. 8, a-e). Le noyau de ce Rhizopode montre un
gros caryosome central, réticulé, assez dense, achromatique
et un réticulum linino-chromatique périphérique. A la division,
le caryosome est allongé en fuseau aigu aux deux pôles, tandis
FlG. 7. Division nucléaire chez : Chlamydophrys Mrcorea, a-e, d'après Schaudinn in Doflein
(1909) ; Amœba vespertilio Pénard, f-i, d'après Doflein (1907) ; Mastigellavitrea,
j-l, d'après Goldschmidt (1907) ; Centropyxis aculeata, m-p, d'après Schaudinn in
Doflein (1909) ; Euglypha alveolata q-s, d'après Schewiakoff (1888).
292 EDOUARD CHATTON
que le réticuluni périphérique s'oriente en fibres parallèles sur
lesquelles la chromatine se condense, formant une plaque
équatoriale. Le caryosome s'étire en biscuit et montre alors
deux centrioles. Les plaques équatoriales filles migrent aux
pôles où elles reconstituent autour des caryosomes filles un
réticuluni périphérique. Tout cela, en somme, encore très
comparable à la division des Amibes Umax, avec cette diffé-
rence cependant, que le caryosome est ici dépouillé d'une
grande partie de sa chromatine, laquelle se présente dans
l'espace nucléaire sous forme de chromosomes.
Doflein caractérise cette division comme une amitose du ca-
ryosome, et une mitose du noyau périphérique.
On doit au même auteur (1907) une étude de YAmceba
vespertilio Pénard (fig. 7, f-i). C'est une Amibe de grande taille
mesurant jusqu'à 150 a de diamètre, avec un noyau de 10 à
15 [x. Ce noyau est constitué par un caryosome central (Binnen-
kôrper) à trame achromatique lâche et un réticuluni achro-
matique périphérique, l'un et l'autre supportant des granules
de chromatine. Dans le caryosome un petit corpuscule sidéro-
phile quelquefois étiré en haltère auquel Doflein n'a pas atttri-
bué de signification spéciale, mais qui donne l'impression d'un
centriole. A la division, le caryosome devenu diffus est étiré
en un fuseau à pôles aigus, et à stries longitudinales. Le réti-
culuni achromatique est lui-même désagrégé et ses éléments
sont orientés en fibres parallèles à celles du fuseau. Toute la
chromatine du noyau est rassemblée en une plaque équatoriale
formée de grains orientés sur les fibres du fuseau mais non de
chromosomes distincts. Plus tard, on trouve deux corps po-
laires formés par le rassemblement des chromosomes sur un
substratum achromatique. Ces corps polaires sont réunis par
un long fuseau de séparation achromatique tandis que, à leurs
pôles externes, ils montrent encore les vestiges du fuseau pri-
mitif ou fuseau d'attraction.
Nous retrouvons chez A. vespertilio, comme chez les Enta-
mibes, un caryosome en déchéance, non point par réduction de
NOYAU DES AMŒBIENS 293
sa taille mais par vacuolisation de sa masse. Et ici encore nous
voyons le centre de division tendre à s'en séparer. Si ce centre
n'a pu être mis objectivement en évidence, on en peut admettre
cependant à coup sûr l'existence aux pôles de la figure de
division. La sortie du centre de division du caryosome a pour
conséquence la formation d'un fuseau d'attraction tel qu'on le
connaît chez les Métazoaires, (1) et qui n'existait point chez
les Amibes Umax où la masse principale du noyau qui empri-
sonne le centriole en est immédiatement solidaire.
Doflein rapproche la division d'A. vespertilio de celle d'^.
buccalis Prowazek et il l'interprète également comme une divi-
sion mitotique du caryosome accompagnée d'une division di-
recte du noyau périphérique, interprétation justiciable des
mêmes critiques que j'ai adressées à la manière de voir de
Prowazek. Mais chez Doflein, ce langage n'a pas la même
portée théorique que chez Prowazek. Il n'a qu'une valeur pu-
rement descriptive, comme en témoigne cette conclusion de son
étude d'A. vespertilio : « Nur das môchte ich hervorheben,
dasz wie ich vor Kurzen schon auseinander gesetzt habe
(Doflein, 1907) die Théorie von der Doppelkernigkeit
der Protozoenzellen wegen ihrer allzu morphologischen Fas-
sung mihr unanehmbar erscheint ».
La division nucléaire de Mastigella vitrea (fig. 7, j-l), est
immédiatement comparable à celle d'Amœba vespertilio ; mais
plus schématique, elle me paraît confirmer de l'interpréta-
tion que j'ai donnée de celle-ci. Goldschmidt (1907) en a
figuré trois stades avec beaucoup de précision.
Avant la division, on trouve au centre du noyau un gros
caryosome vacuolaire,d'où sortent, à deux pôles diamétralement
opposés, deux masses chromatiques. A un stade ultérieur, toute
la masse du caryosome est dissociée en chromosomes constituant
une plaque équatoriale au fuseau, le tout à l'intérieur de la mem-
brane nucléaire simplement déformée. A l'anaphase il y a deux
plaques équatoriales filles, massives, attirées vers deux cen-
(1) Voir P. Bottin (1904).
294 EDOUARD CHATTON
trioles polaires bien visibles, par deux fuseaux d'attraction,
et réunies entre elles par le fuseau de séparation. Ici encore,
la sortie des centres de division du caryosome (peut-être
sous forme des corps chromatiques polaires) doit être con-
sidérée comme l'origine des fuseaux d'attraction, aux pôles
desquels, ils se montrent nettement à l'anaphase. La dispa-
rition de la membrane nucléaire à la fin de la division, et la
mise au contact des centrioles avec le protoplasme, a pour
résultat l'apparition d'asters cytoplasmiques. La caryodiérèse
de Mastigella vitrea est donc une mésoomitose à la méta-
phase et une métaomitose à l'anaphase.
Chez Pelomyxa palustris étudiée par Bott (1907), les phéno-
mènes sont encore du même ordre (fîg. 12, s-y, p. 323). Le
centriole est cependant ici normalement indépendant du
caryosome, du moins pendant l'activité nucléaire. Il se divise
et forme une centrodesmose, tandis que la chromatine du
caryosome, dissociée en un certain nombre de chromosomes
s'ordonne en une plaque équatoriale, qui est liée au centriole
par deux fuseaux d'attraction. A l'anaphase, un fuseau de
séparation apparaît entre les deux plaques filles.
Chez Euglypha alveolata (fîg. 7, q-s), Trichosphaerium
sieboldi, le caryosome s'il persiste encore quelquefois, sous
une forme bien réduite d'ailleurs, dans le noyau au repos,
disparaît toujours aux stades prémonitoires de la division.
Celle-ci est une mésomitose avec fuseau d'attraction entre
le centre et les chromosomes, et fuseau de séparation entre
les chromosomes séparés. Chez Trichosphaerium, les centres de
division paraissent être multiples et forment à chaque pôle
une sorte de plaque achromatique (1). Chez Euglypha alveo-
lata, ils forment des boutons achromatiques et chez cette
espèce, les phénomènes chromatiques de la mitose (formation
du spirème, des chromosomes, leur dédoublement) ne le
cèdent en rien comme complexité aux exemples classiques
(1) C'est il ce type que semble se rattacher la caryodiérèse A' A Proteus (Ateerinzew 1907)
NOYAU DES AMŒBIENS 295
de la caryodiérèse chez les Métazoaires. Seule ici la figure
achromatique protoplasmique fait défaut. Nous la voyons
s'épanouir chez Centropyxis aculeata, dont Schaudinn a étudié
la division nucléaire (1). Dès les premiers stades la mem-
brane du noyau disparaît et le centriole venu au contact
du protoplasme, l'influence, oriente ses particules radiaire-
ment autour de lui en formant la figure dite aster. Chez
Centropyxis, le centriole est intranucléaire et n'apparaît qu'à
la prophase au centre du noyau. A la métaphase, les cen-
trioles filles se trouvent cernés par les plaques équatoriales
filles et enfermés dans le noyau où ils disparaissent à l'état
de repos.
Nous avons atteint ici un degré de complexité de la caryo-
diérèse que l'on rencontre déjà chez les Métazoaires. Il n'y a,
par exemple, aucune différence essentielle entre la métaomi-
tose de Centropyxis et celle que Brauer (1893) a étudiée
dans la spermatogénèse chez Ascaris megalocephala univalens.
Schockaert (1901) a également vu des centrioles intranu-
cléaires au début de la première mitose de maturation chez
Thysanozoon brochi (2).
Chez les Amœbiens même, certaines formes possèdent un
centre de division constamment extranucléaire, condition qui
paraît être la règle chez les Métazoaires. Tel est le cas de
Paramœba eilhardi Schaudinn dont il sera question dans la
seconde partie de ce mémoire.
II. LE NOYAU ET LA MITOSE CHEZ LES AUTRES PROTISTES
Nous avons pu nous élever chez les Rhizopodes inférieurs (3)
des modes très simples de la caryodiérèse que l'on qualifiait
(1) Les figures jusque là inédites de Schaudinn ont été publiées par Doflein" dans son « Lehrbuch
der Protozoenkunde » (1909).
(2) Il faut citer également ici quoiqu'elle ait été très discutée l'observation deCARNOYetdeLEBRUN
(1897) qui dans les mitoses de segmentation A' Ascaris ont vu les centrosomes se former aux dépens
du « nucléole ». On trouvera plus loin un ensemble de faits de même ordre, bien établis chez les Pro-
tistes et qui commandent d'attacher beaucoup d'importance à cette observation.
(3) C'est-à-dire les Rhizopodes non différenciés, par opposition aux Rhizopodes spécialisés :
Mycétozoaires, Héliozoaires, Foraminifères, Radiolaires. Ces derniers montrent une structure
296 EDOUARD CHATTON
il y a peu de temps encore d'amitose, à la mitose parfaite des
Métazoaires ou métamitose, en suivant une série de perfec-
tionnements graduels. Nous aurions pu parcourir une voie paral-
lèle dans le groupe des Flagellés avec une série de gradations
encore plus riche surtout au bas de l'échelle où se trouvent
d'intéressantes formes qui semblent bien fournir comme le
Tetramitus de Calkins (1898), au point de vue de leur structure,
un passage des Algues Cyanophycées, à noyau diffus ou à
« corps central » aux Flagellés. On se fera une excellente idée
d'ensemble du noyau et de la caryodiérèse des Flagellés à lire
les observations et surtout les revues qu'on publié sur ce sujet
Dangeard (1899-1902) ; Calkins (1903), Prowazek (1903a) et
Dobell (1909 b). Je rappellerai brièvement que chez les
Monadines [Monas guttula (Prowazek, 1901) Bodo lacertae
(Prowazek, 1904 b] le noyau est un protokaryon sans substance
périphérique, et la division une « amitose », ce qu'il faut
entendre comme une promitose sans . plaque équatoriale
(Cf. Sappinia pédala Dang., Amœba polypodia Schulze).
Chez C lit lomouas paramœcium (Averinzew, 1907) chez Costia
necatrix (Moroff, 1903), et chez les Eugléniens, c'est une
promitose. A peu près typique chez Entosiphon sulca-
tum (fig. 8, n-p) elle est un peu plus complexe chez Euglena,
Phacus (fig. 8, g-i) et Trachelomonas (fig. 8, j-m), où Dan-
geard (1902) l'a qualifié d'haplomitose. C'est encore le
même mode chez Haemoproteus noctuae (Schaudinn, 1904)
(fig. 9, r-u, p. 300), Trypanosoma equiperdum (Doflein, 1909,
traité fig. 301). Chez les formes culturales à' Haemoproteus
noctuae (fig. 9, x-y, p. 300), chez Leucocytozoon ziemanni,
Trypanosoma lewisi (fig. z, p. 300) Rosenbusch (1909), décrit
une mésomitose avec division très manifeste du centriole.
Chagas (1909) donne des figures identiques de la division chez
son nouveau trypanosome humain sud-américain, Schizotrypa-
num cruzi. Chez les Chlamydomonadines, c'est une crypto-
hucléaire et une cytodiérèse à certains égards plus complexe que celle des Métazoaires : nolyka-
ryons et divisions multiples (Haktmanx, 1909 «).
NOYAU DES AMŒBIENS
297
mitose (Dangeard, 1899). Chez les Dinoflagellés etlesCysto-
flagellés (Noctiluca) (fig. 10), la division relève à la fois de
la mésomitose (« sphère » fonctionnant comme nucléole-cen-
FiG. 8. Division nucléaire chez : Plasmodiopkora brassicae, a-j ; a-d, division végétative ; e et /
division gamogonique, d'après Pkowazek (1905) ; Pliacus, g-i, d'après Dangeard
Trachelomonas volvocina, j-m, d'après Dangeard (1902) ; Ente-siphon sulcatum, n-p,
d'après Prowazek (1903 b) ; Oxyrrhis marina, r-t, d'après Keysselitz (1908)
Coccidium schuhergi, u-y, division schizogonique, d'après Schaudinn (1900) :
Adelea ovata, za-ze, d'après Jollos (1909)
trosome) et de la métamitose (résorption de la membrane
nucléaire).
Chez les Mycétozoaires, nous trouvons d'abord le cas très
intéressant de Plasmodiophora brassicae ou Prowazek (1905),
a vu les divisions végétatives s'effectuer par une promitose
298 EDOUARD CHATTON
des plus typiques, avec plaque équatoriale d'origine nettement
périphérique, (fig, 8, a, d) et les divisions gamogoniques,
prendre la forme d'une mésomitose, où les centres de
division sont indépendants du caryosome qui contribue à la
formation de la plaque équatoriale (fig. 8, a, d).
Maire et Tison (1909) voient chez Sorosphœra veronicœ
une « mitose intranucléaire combinée avec une amitose ». C'est
pour parler plus simplement une proniitose.
Chez les autres Mycétozoaires, les auteurs décrivent géné-
ralement des mésomitoses typiques (Lister, 1894),
Léger, 1908).
Chez les Sporozoaires, les Coccidies qui paraissent plus voi-
sines de la souche commune que les Grégarines (Léger, 1909),
montrent tantôt une promitose avec centriole, tout à fait com-
parable à celle des Amibes Umax (Adelea ovata ; Jollos, 1909)
(fig. 8, d, e) ou une mésomitose voisine de celle des Euglé-
niens (Coccidium scJmbergi Schaudinn (1900) (fig. 8, u, y).
Les divisions des Grégarines sont le plus souvent au contraire
des métamitoses aussi parfaites et aussi précises que celles des
Métazoaires. Chez les Aggregata, qui paraissent être proches de
la base du groupe Coccidies-Grégarines, on retrouve à certaines
phases de l'évolution (formation des sporoblastes chez
A. duboscqi) une promitose semblable à celles de Coccidium
schubergi et des Eugléniens (Moroff, 1908).
Chez les Myxosporidies, on assiste généralement à une cryp-
tomitose très évoluée (fig. 12, l, p). Celle que Averinzew (1909)
a observée chez Ceratomyxa drepanopsettœ montre encore par
la présence et le développement du caryosome des caractères
promitotiques.
Quant aux Infusoires qui sont à tous égards des Pro-
tistes très anciennement détachés de la souche commune, ils
présentent une division vraiment amitotique celle-là de
leur macronucléus, et une division généralement mésomito-
tique de leur micronucléus.
NOYAU DES AMŒBIENS 299
III. Théories. Exposé.
Chez la grande majorité des Protistes, le noyau est un
centronucleus (Boveri, 1901), c'est-à-dire un noyau à centre
de division intranucléaire. Chez les Métazoaires la règle est au
contraire la situation, ou tout au moins l'apparition extranu-
cléaire du centrosome. Mais chez les uns et chez les autres
on trouve des formes où l'origine intranucléaire d'un centre
normalement extranucléaire n'est pas douteuse. Aussi l'idée
d'homologuer le caryosome des Protistes au centrosome s'est-
elle imposée de bonne heure aux protistologues.
Il en naquit la théorie du nucléole-centrosome.
a) THÉORIE DU NUCLÉOLE-CENTROSOME
Blochmann, dès 1894, reconnaît que la division des Euglènes
est une mitose et il indique avec précision l'analogie du cen-
trosome des Diatomées et de son fuseau central avec le « nu-
cléole » des Euglènes. Son élève Keuten (1895) propose de
nommer ce « nucléole » en raison du rôle qu'il joue dans la di-
vision « nucléolo-centrosome ». Il discute longuement les rap-
ports de cet élément avec le centrosome et le fuseau central
des diatomées et avec le centrosome intranucléaire <¥ Ascaris
observé par Brauer (1893).
C'est l'année suivante que Schaudinn (1896 a et b) publie
ses importantes découvertes sur Paramœba eilhardi et sur les
Héliozoaires, maintenant classiques. Chez P. eilhardi (fig. 9, a, e)
il existe à côté du noyau principal à réseau chromatique uni-
forme, un nebenkôrper ellipsoïdal compact ayant l'aspect d'un
caryosome fortement colorable, sauf à ses deux extrémités.
Dans les divisions binaires simples de l'Amibe, noyau et neben-
kôrper se divisent simultanément par simple étirement, mais
dans la division des flagellispores, le nebenkôrper se scinde en
deux moitiés qui, se plaçant aux pôles du noyau, fonctionnent
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET QÉN. — 5e SÉRIE. — T. V. — (VI). 22
300
EDOUARD CHATÏON
comme centrosomes, et déterminent une métamitose un
peu spéciale, sans asters cytoplasmiques. Le centre de division
Fia. 9. Division nucléaire chez : Paramœba eilhardi, as ; a, noyau et aebenkôrpei au repos, dans
la forme végétative ; bc, division nucléaire des flagellispores ; d'après Schaupixx
(1896). Acanthoeystis aculeata Hertw et Lesser, /-/ ; / et g, apparition du centre dans
le noyau du bourgeon ; h-j, mitose du début de la sporulation, d'après Schaudixx
(1896). Acanthoeystis aculeata, klm, formation du centre aux dépens du earyosome
d'après KEYSSELiTZ-ScHArriNX (1908 &). Haemoproteus noctuœ Schaudinn, nw ;
nq, conjugaison des kinetonuclei dans le noyau principal, au début du cycle parthé-
nogénétique ; riv, formation du kinetonucleus et de l'appareil flagellaire par mitose
hétéropolaire, d'après ScHArDixx (1904). Haemoproteus noctuae formes de culture
xy; x, mitose du kinetonucleus: y, mitose du noyau principal. Trypanosoma lewisi en
culture z, centrioles et centrodesmose du blépharoplaste, d'après EOSENBUSCH (1909).
qui revêt l'aspect d'une masse caryosomienne est ici constam-
ment extranucléaire.
NOYAU DES AMŒBIENS 301
Chez les Héliozoaires [Acanthocystis (fig. 9, f,j) Sphaerastrum,
Heterophrys, Rhaphidiophrys], le centre du corps, où con-
vergent toutes les racines des axopodes, est occupé par un
« grain central » (centralkorn), alors que le noyau occupe une
situation périphérique. A la division, ce « grain central » se
dédouble et ses moitiés se comportent par rapport au noyau
comme des centrosomes entourés d'un aster cytoplasmique.
La division est une métamitose parfaite. Quand l'Héliozoaire
bourgeonne, le noyau seul se divise par amitose, et le noyau du
bourgeon reforme à son intérieur un « grain » qu'il évacue dans
le cytoplasme, et qui reconstitue le « grain central » du nouvel
individu. Keysselitz (1908) a figuré ce grain central bour-
geonné par le caryosome (fig. 9, Je, m).
Schaudinn insiste sur l'importance théorique de ces faits
et considère le « centralkorn », de même que le « nebenkern » de
Paramœba comme un centrosome, qui est directement com-
parable au centrosome des diatomées et au nucléole-centrosome
des Euglènes et d'autres flagellés, et il apporte à l'appui de
cette dernière opinion des faits personnels des plus persuasifs.
Chez le flagellé Oxyrrhis marina (fig. 8, r, t), le noyau contient
dans les conditions normales un gros caryosome (nucléole-
centrosome), qui se divise à son intérieur. Lorsque l'eau de mer
des cultures se trouve diluée, le nucléole-centrosome sort du
noyau et se comporte vis-à-vis de lui comme un centrosome,
à la manière du nebenkôrper de Paramœba.
Tandis que Bûtschli conclut simplement de ces faits à l'ori-
gine intranucléaire probable du centrosome, Schaudinn (1896 a)
et Lauterborn (18966) s'en servent un peu différemment pour
édifier une théorie phylogénique qui fait dériver le nucléole-
centrosome des Flagellés et le micronucléus des Ciliés d'une
part, le centrosome des Métazoaires et des Diatomées d'autre
part, du nebenkôrper de Paramœba issu lui-même de l'un
des deux noyaux encore indifférenciés à! Amœba binuchata.
Et ainsi la théorie du nucléole-centrosome, essentiellement
morphologique et objective, prenait contact avec une autre
302 EDOUARD CHATTON
doctrine, d'origine différente, de nature beaucoup plus spécu-
lative, et par là même d'aspects plus variés : la doctrine du
dualisme nucléaire (Kerndualismus, Doppelkernigkeit, Binu-
clearity).
b) Doctrine du dualisme nucléaire
La notion du dualisme nucléaire est née légitimement de
l'étude des Infusoires ciliés où coexistent d'une manière cons-
tante deux noyaux de forme et de rôle bien distincts. Mais
Bùtschli (1891), l'étendit d'abord aux Diatomées, en
homologuant leur centrosome au n et leur noyau au N des
Ciliés, puis Hertwig (1892) l'étendit de la même manière
aux Métazoaires et avança que leur centrosome représentait
un second noyau cellulaire réduit à un rôle exclusivement
kinétique. Comme corollaire vint la théorie de Heiden-
hain (1894), qui homologua le centrosome des Métazoaires
au n des ciliés et prétendit voir dans ceux-ci, la souche de
ceux-là, idées qui ne résistèrent pas aux critiques de Boveri
(1895), et de Sand (1899). Julin (1893), inversement assimi-
lait le centrosome au macronucleus.
Nous avons vu que pour Schaudinn, (1896^/) et pour Lau-
terborn (18£6), c'est Amceba binucleata et Paramœba eilhardi
qui fourniraient la clef de tous ces rapports.
Dix ans plus tard, le travail de Schaudinn (1904) sur Haemo-
proteus noctuae (fig. 9, n, w) donna un nouvel et considérable
essort à la doctrine du dualisme nucléaire. Le savant protis-
tologue montra que le « centrosome » ou « blépharoplaste » de
ce trypanosome est un second noyau cellulaire dérivé du pre-
mier par une mitose hétéropolaire.
Les trypanosomes sont donc au même titre que les infusoires
ciliés des êtres binucléés, avec cette différence cependant
que chez Haemoproteus le noyau principal et le noyau kinétique
prennent une part égale aux phénomènes sexuels, alors que chez
les Ciliés le macronucleus n'intervient jamais dans la conjugai-
son et disparaît même le plus souvent à son début.
NOYAU DES AMŒBIENS
303
Hartmann et Prowazek (1907), partant de ces faits/ don-
nèrent à la conception du dualisme nucléaire une extension
considérable en tentant de démontrer qu'il est possible de
reconnaître dans toute cellule un dualisme kinéto-trophique.
L'existence de deux noyaux paraît à ces deux auteurs, hors de
discussion, non seulement chez les Trypanosomes, mais encore
chez les Piroplasmes (1), chez Paramœba eilhardi, chez les
Acanthocystidés, et chez Oxyrrhis marina, où le kinéto-
nucléus reste presque constamment séparé du trophonucléus.
Fia. 10. Mitose chez Noctiluca miliaris d'après Calkins (1903). s,« sphère » ; pe, plaque équato-
riale. La figure de droite représente la coupe selon ab.
Le kinétonucléus est représenté chez Actinosphaerium par
le « centrosome spongieux » de Hertwig et chez Noctiluca par
la « sphère » d'Ishikawa et de Calkins (fig. 10), formations qui
montrent toutes deux des centrioles en leur centre.
Chez les autres Protistes le kinétonucléus est enclavé dans
le noyau principal (2) et constitue avec lui ce que les auteurs
(1) H. et P. se fondent pour affirmer l'existence d'une kinétonucléus chez les Piroplasmes sur
l'expérience de Miyajima (1907) qui ensemençant du bouillon avec du sang de bovidés piro-
plasmes a vu s'y développer des flagellés du type Leptomonas-Trypanosoma qu'il a rapportés au
cycle des Piroplasmes. Or, ERICH MARTINI (1909) et Crawley (1909), répétant les expériences
de Miyajima ont montré que cet auteur avait eu affaire à une infection double à Piroplasmes et à
hémoflagellés. Mais il convient d'ajouter que Breinl et Hindle (1908) ont vu chez Pïroplasma
canis, le caryosome bourgeonner un grain chromatique qu'ils considèrent comme un kinétonu-
cléus.
(2) L'idée de l'emboîtement du noyau Kinétique dans le noyau principal a pour origine les
observations de Schaudinn (1904) sur la fécondation de Haemoproteus noctuae. Les deux kineto-
nuclei c? et 9 viennent se conjuguer au centre même du synkaryon principal, où ils constituent
une figure que Hartmann et Prowazek (1907) considèrent comme le caryosome de ce noyau
304 EDOUARD CHATTON
appellent un noyau double ou amphinucleus. Il n'est autre que
le caryosome (caryosomkern) ou nucléole-centrosome. Hartmann
et Prowazek s'appuient p°iir soutenir cette thèse sur les
arguments suivants : 1° l'existence d'une membrane, sem-
blable à la membrane nucléaire autour de certains caryosomes :
Entamœba tetragena (fig. 5, l, m), Oxyrrhis marina (fig. 8, r,[t).
2° La structure complexe du caryosome constitué comme
d'ailleurs le « centrosome spongieux » d'Actinosphaerium,
d'un substratum achromatique et de la chromatine qui
l'imprègne. 3° L'autonomie que manifeste le caryosome au
cours de la division, en formant à lui seul une figure de divi-
sion complète avec corps polaires, fuseau et plaque équato-
riale. Ce serait le cas pour Plasmodiophora (fig. 8, a, d) Ento-
sipJion (fig. 8, n, p), Entamœba buccalis (fig. 5, g, k), Amœba
Umax (vahlkampfi) (fig. 1), A. froschi (fig. 2, a, g) et A. lacertae.
4° Enfin le caryosome comme le noyau principal renfermerait
une partie générative et une partie végétative, celle-ci étant
la masse même du caryosome et l'autre le « grain caryosomien»,
signalé par Léger (1907), chez les Ophryocystis (fig. 12, m, r),
par Moroff (1907) sous le nomde nucléole-centrosome chez
Adelea zonula Morofï (fig. 12, a, c), par Keysselitz (1908a)
chez Myxobolus pfeifferi (fig. 12, g, l). Tous ces noyaux, qui
seraient formés d'un noyau kinétique emboîté dans un noyau
trophique ont reçu le nom d'amphikaryons ou d'amphinuclei.
Chez les Métazoaires le kinétonucléus est séparé du noyau
principal, c'est le centrosome. L'homologie du centrosome des
Métazoaires et du kinétonucléus des Protistes, repose sur des
arguments tirés de sa structure (gros centrosome chromatique
des œufs de Stéllerides, d'Ascaris, d'Unio, de Bynchehnis,
avec substratum de plastine, et présence d'un centriole en son
centre), de son origine, (bourgeonnement du centrosome par
principal, avec un centriole en son milieu (fig. 9«,ç). Mais ce prétendu caryosome est loin d'être un
élément individualisé. Il s'efface avant la reconstitution du nouveau kinétonucléus, et la mitose
hétéropolaire qui donne naissance à celui-ci, sépare une partie seulement de l'ancien kinétonucléus
avec une partie de l'ancien noyau principal ; je n'en veux pour preuve que la division égale
du centriole de l'ancien kinétonucléus, dont une moitié demeure dans le noyau principal.
NOYAU DES AMŒBIENS 305
le noyau chez Thysanozoon et Prostecereus, et dans les oocytes
d'Asterias), de son rôle (chez Trypanosoma rotatorium, le kiné-
tonucléus joue d'après Franca et Athias (1907), le rôle de
centrosome par rapport au noyau principal), enfin des phé-
nomènes cycliques dont il est le siège, (variations de volume
du centrosome de Rhynchelmis où le centriole est le seul élé-
ment constant). Tels sont, brièvement résumés, les princi-
paux arguments de Hartmann et de Prowazek.
J'emprunte maintenant à Keysselitz (1908 b), un passage
où sous une forme très condensée et plus absolue peut-être
qu'il ne convient en matière de spéculation, l'auteur a fixé
la conception du dualisme nucléaire : « Die Zweikernigkeit der
Protozoenzellen, die sich auch bei Trypanosomen und Halte-
ridien findet, geht auf den Kerndualismus zurûck. Derselbe
findet seinen primitiven Ausdruck in der Ineinandeirschach-
telung zweier Kerne (Kern und Caryosom). Der Kern birgt in
seinem Innern einen anderen Kern, der wie er mit einem
Innenkôrper ausgestattet ist. Bei den genannten Formen ist
das Teilprodukt des einen Kernes, des Caryosoms, aus dem
Kern herausgeriïckt und stellt einen selbstândigen Kern
dar. Derselbe ist ein besonders spezialisiertes, mit bes-
timmten Aufgaben ausgestattetes Gebilde hinfàlliger Natur.
Er steht in dieser Beziehung in Gegenzatz zu dem anderen
Kern der omnipotent ist und jederzeit den lokomotorischen
Kern, das Centralkorn, oder den Blepharoplasten aus seinem
Caryosom hervorgehen lassen kann. »
Avant d'entreprendre la discussion de ces théories dans leurs
rapports avec nos connaissances sur le noyau des Amibes,
il convient d'examiner un autre aspect de la doctrine du dua-
lisme nucléaire où la plupart des faits précédents apparais-
sent sous un jour tout nouveau. Cette théorie est liée à celle
des chromidies, et Dobell (1909 b) pour éviter de la confondre
avec celle du dualisme nucléaire kinéto-trophique, a fort jus-
tement proposé de l'appeler : théorie de la dichromaticity ou
du dualisme chromatique.
3J6 EDOUARD CHATTON
c) Doctrine du dualisme chromatique
J'ai rappelé précédemment que R. Hertwig (1899, 1902,
1904), a nommé chromidies les émissions nucléaires qui, chez
les Héliozoaires, sont la conséquence de l'hypernutrition ou de
l'inanition. Ces chromidies ne jouent aucun rôle dans la repro-
duction ; ce sont des chromidies végétatives (trophochromidies),
régulatrices de la relation karyoplasmatique (kernplasmarela-
tion). Elles ont été retrouvées chez nombre de Protistes et
Prowazek (1905) a proposé de les distinguer en chromidies
auto plastiques, qui sont encore utilisées dans la vie végétative
de l'être, et en chromidies apoplastiques, simples produits de
déchet.
R. Hertwig (1902) et Schaudinn (1903) appliquèrent la
même dénomination de chromidies, à des granulations chro-
matiques coexistant avec le noyau et généralement agrégées
en amas (chromidiun, cliromidialnetz) au sein desquels chez
les Foraminifères (Polystomella) les monothalames (Arcella,
Centropyxis et Chlamydophrys) les Entamibes (E. coli, E. his-
tolytica), se reconstitueraient les noyaux sexuels tandis que le
noyau principal disparaît. Schaudinn déduit de ces faits
l'homologie des chromidies avec un second noyau cellulaire à
fonctions propagatrices, tel le micronucléus des ciliés, tandis
que le noyau primaire, est comparé au macronucléus, organe
purement végétatif. Ces chromidies sont donc, au contraire
des précédentes, des chromidies génératives. Elles ont été
appelées par Goldschmidt (1904a) sporéties et par Mesnil
(1905) idiochromidies ; il est regrettable que l'une de ces
dénominations n'ait pas prévalu, ce qui, réservant au terme
de chromidies son sens originel, eût évité bien des confusions.
Ces sporéties ou idiochromidies existeraient chez beaucoup de
Protozoaires (Amœbiens, Flagellés, Grégarines, Ciliés).
Le nom de chromidies a été appliqué en outre aux particules
chromatiques éparses dans le corps des bactéries, au noyau
NOYAU DES AMŒBIENS 307
diffus des Cyanophycées, aux noyaux multiples de Siedleckia,
au réseau nucléaire des Opalinopsis et des Chromidina, et à
bien d'autres formations qu'il serait trop long et inutile d'énu-
mérer ici et que Dobell (1909 6) a eu la patience de colliger.
Chez les Métazoaires, Goldschmidt (1904 b) considère les
émissions chromatoïdes qu'il fait apparaître dans les cellules
musculaires à' Ascaris par une excitation violente comme des
chromidies. Pour Popoff (1907), le nebenkern des ovocytes
des Gastéropodes est aussi un appareil chromidial de même
que les mitochondries, l'ergastoplasme, lïdiozome et l'archo-
plasme.
Ces deux auteurs ont entrepris de synthétiser une partie de
ces nombreux faits fort disparates.
De ses expériences sur Ascaris, où l'abondance des chromidies
s'est montrée fonction de l'activité musculaire, Goldschmidt
(1904 b) a tiré cette conclusion que les émissions nucléaires chro-
midiales étaient formées de chromatine essentiellement tro-
phique, au contraire des chromosomes qui sont constitués de
chromatine héréditaire. Tout appareil nucléaire contiendrait
ainsi de la chromatine trophique (trophochromatine) et
de la chromatine héréditaire (idiochromatine). Dans certains
organismes ces deux chromatines sont constamment séparées.
Ce serait le cas pour les Entamibes, les Thécamœbiens où
l'idiochromatine se présente sous la forme de chromidies, chez
Paramœba eilhardi où elle est représentée par le noyau propre-
ment dit, chez les ciliés où elle constitue le micronucléus, et
chez les Trypanosomes où le noyau principal serait le noyau
propagateur tandis que le blépharoplaste serait purement végé-
tatif et comparable par conséquent au macronucléus des
Ciliés.
Mais dans la majeure partie des êtres ces deux chromatines
coexistent dans un même noyau (Amphinucleus) et ne seraient
triées qu'à la division.
Ainsi le nebenkern des ovocytes des Métazoaires, le « centro-
some spongieux » d'Actinosphaernim la « sphère » des
308 EDOUARD CHATTON
Noctiluques (1) (fig. 10), ne seraient autre chose que des
trophochromidies expulsées du noyau où l'idiochromatine
demeure à l'état pur.
Même chez les êtres où toute la division cellulaire s'effectue
sous la membrane nucléaire, sans émission de substances dans
le cytoplasme, Goldschmidt et Popoff pensent reconnaître
cette séparation des chromatines somatique et générative et les
localiser avec précision. Ainsi chez les Euglènes, le caryosome,
auquel ces auteurs contestent la valeur d'un centrosome, est
la masse de trophochromatine séparée d'une manière perma-
nente de l'idiochromatine fixée sur les chromosomes. Et chez
Amœba Umax où d'après Vahlkampf, toutes les substances
nucléaires sont, à l'état de repos, condensées sur le caryosome,
l'idiochromatine ne se séparerait qu'à la division pour former
la plaque équatoriale, de la trophochromatine représentée par
les corps polaires dont la nature centrosomienne, disent-ils,
est illusoire.
IV. Théories. Discussion.
Le caryosome des Amibes Umax et celui des Euglènes est donc
dans la théorie du nucléole-centrosome, l'homologue du centro-
some ; dans la théorie du dualisme nucléaire il est comme le
centrosome lui-même l'équivalent d'un second noyau cellu-
laire, le kinétonucléus, noyau complet chez les Amibes Umax
où il se diviserait à lui seul mitotiquement, incomplet au con-
traire chez les Euglènes où une partie de sa chromât ine est
éparse dans l'espace nucléaire. Quoi qu'il en soit le caryosome
serait donc l'élément prépondérant, essentiellement actif du
noyau.
Point du tout, dit-on, dans la théorie du dualisme chro-
matique, où on le présente au contraire comme un élément
nucléaire de rebut, une masse de trophochromatine équivalente
(1) Goldschmidt et Popoff (1907) admettent que les relations pourtant si constantes entre le
eentriole et la sphère ou archoplasme sont purement topographiques et qu'elles n'impliquent en
aucune façon une interdépendance de ces formations.
NOYAU DES AMŒBIENS 309
à celle qui chez d'autres organismes est rejetée dans le cyto-
plasme pour y servir à des fonctions purement végétatives, et
jamais transmissible héréditairement. Chez les Eugléniens,
c'est le caryosome tout entier qui serait formé de trophochro-
matine, alors que chez les Amibes Umax il contiendrait une part
d'idiochromatine qui s'en séparerait à la division seulement.
De toutes façons, il n'aurait rien de commun avec un appareil
centrosomien.
Le cytologiste qui a étudié sans idées préconçues, la struc-
ture du noyau chez les Amibes Umax et d'une manière générale
chez les Protistes inférieurs, est étonné de tout ce que les théo-
riciens y ont découvert et des interprétations compliquées et
discordantes qu'ils en ont données, surtout s'il ne connaît pas
les points de vue dont ils sont partis et les séries de déductions
dans lesquelles ils se sont laissés entraîner.
C'est pourquoi j'ai cru utile de résumer ces théories qui ont
pu paraître au premier abord étrangères au sujet de ce mé-
moire. Elles ont suscité déjà des controverses et Dobell
(1909 6) en a fait tout récemment une revue critique d'ordre gé-
néral. Je les examinerai surtout ici dans leurs rapports avec la
cytologie des Amibes Umax qui y ont été mises en cause.
a) Doctrine du dualisme chromatique. — Discussion.
Il est bon de rappeler que la théorie des chromidies et la
doctrine du dualisme chromatique, ont été, dans les appli-
cations que Goldschmidt et Popoff (1907) en ont voulu faire
à la cellule des Métazoaires, vivement critiquées par les histo-
logistes. Ve jdovsky considère les trophochromidies de l'Ascaris
comme une altération artificielle de la trame cytoplasmique
des cellules musculaires, et pour Ancel, le nebenkern des ovo-
cytes n'est nullement d'origine nucléaire, mais constitué par un
amas de fibres cytoplasmiques; Bolle s-Lee le regarde au contraire
comme un résidu fusorial. Hartmann et Prowazek (1907)
pensent que les ressemblances sur lesquelles Goldschmidt et
310 EDOUARD CHATTON
Popoff ont fondé les homologies de cet élément avec le
centrosome spongieux d'Actinosphaerium sont toutes super-
ficielles. Et s'ils admettent, comme nous l'avons vu, celles
de ce même centrosome spongieux avec la « sphère » des
Noctiluques (fig 10) avec le nebenkôrper de Paramœba
(fig. 9, a, e), avec le nucléole-centrosome des Euglènes et le
caryosome des Amibes Umax, c'est bien à cause de la nature
centrosomienne et kinétique de tous ces éléments, mais non à
cause de leur nature trophique et purement végétative qu'ils
contestent.
Examinons nous-mêmes quelles raisons il y a de croire que,
chez les Amibes Umax, et d'ailleurs chez tous les Protistes, le
caryosome est formé de trophochromatine, et la chromatine
périphérique — ou équatoriale — d'idiochromatine.
Nous avons vu que chez A. diplomitotica (fig. 3) la chroma-
tine du caryosome et la chromatine périphérique se présentent
exactement sous la même forme, ce qui donne à penser qu'elles
sont de même nature physico-chimique, et qu'à certaines phases
du cycle, au moment des échanges nucléaires gamogoniques,
elles doivent se mélanger.
Chez cette Amibe, et chez toutes les Amibes Umax, nous
savons que le caryosome se partage également entre les deux
noyaux filles tout comme la chromatine périphérique dite
idiochromatine.
Comment concilier l'hypothèse du caryosome-trophonucléus
et cette autre conclusion des dualistes que le noyau propaga-
teur peut constituer un noyau trophique à ses dépens, lorsqu'on
voit comme Siedlecki (1907), chez Caryotropha mesnili et
Hartmann (1908), chez Entamœba tetragena le caryosome
laisser diffuser de la chromatine dans l'espace nucléaire, où elle
est utilisée ensuite pour la formation des chromosomes et de
la plaque équatoriale ?
R. Hertwig (1902) considère ce phénomène comme très
général : « Wir kônnen demnach iiber das Verhâltnisz von
Chromatin und Nucleolarsubstanz uns folgende Vorstellung
NOYAU DES AMŒBIENS 311
bilden. Das aus dem Protoplasma stammende Cliromatin
wird in der Nucleolarmasse condensiert und dadurch organi-
siert. Zur Bildung von Chromosomen ist ein bestimmtes
Quantum von Nucleolarsubstanz nôtig. Der sich ergebende
Ùberschusz wird in den Nucleoli festgelegt. »
Et dans un grand nombre de formes le caryosome ne se disso-
cie-t-il pas pour donner directement naissance aux chromo-
somes ?
Nous voyons donc que durant l'évolution végétative, non
seulement la caryosome et la chromatine périphérique se répar-
tissent de la même façon, mais que la dernière est constamment
enrichie de la substance du premier. Si le terme d'idiochromatine
a un sens précis lorsqu'il désigne la part de la chromatine qui
passe dans le synkaryon, il n'en a aucun lorsqu'il est employé
à distinguer, au point de vue de son origine de sa localisation
antérieure et de sa nature, cette chromatine de la chromatine
caryosomienne dite trophochromatine. Cette chromatine caryo-
somienne n'est-elle pas d'ailleurs transmissible héréditairement?
Il est au moins un cas chez les Amibes où cela est bien dé-
montré. Celui d'Amœba diploidea (fig.2, t.iv), où Hartmann et
Nâgler (1908) ont vu que dans l'union des organes sexuels
la chromatine des caryosomes est à peu près seule à prendre
part à la formation du synkaryon.
Le rôle joué par les différentes parties du noyau dans l'épu-
ration chromatique et dans la fécondation est d'ailleurs fort
peu connu chez les Rhizopodes. Chez les Entamibes (E. coli)
et les Testacés (Arcella), l'origine du chromidium karyogène
aux dépens de tel ou tel élément du noyau est encore impossible
à préciser. Bien mystérieux est aussi le mécanisme par lequel
les noyaux secondaires se reconstituent aux dépens de ce
chromidium. Et il est à remarquer que de celui-ci qui serait,
disent les dualistes, constitué d'idiochromatine, une petite
part seulement est employée à la reconstitution des noyaux
secondaires, la plus grande part étant abandonnée dans le
cytoplasme, où elle se comporte ainsi comme un simple
312 EDOUARD CHATTON
déchet d'épuration; sort singulier pour de jl'idiochromatme.
Relativement à des phénomènes de même ordre, nous pos-
sédons des études très précises de Léger et Duboscq (1908-
1909) sur le triage des chromatines chez les Grégarines, où
l'on voit apparaître le chromidium caryogène et son rôle sous
un jour nouveau.
Chez Aggregata eberihi (Labbé) des Portunus, le schizonte
à la fin de sa croissance montre un noyau formé d'un volumi-
neux caryosome complexe, inclus dans une vésicule nucléaire
à réseau achromatique périphérique (fig. 11, a, b). Avant la
première division schizogonique, le noyau subit une désintégra-
tion complète au cours de laquelle la substance périphérique
se répand dans le cytoplasme chargé des débris du karyo-
some, formant là un chromidium (fig. 11, c, e). Mais à la fois
aux dépens du réseau périphérique et du karyosome primitif,
se forme un spirème qui reconstituera à lui seul le noyau secon-
daire. Le chromidium n'est donc pas ici karyogène et ne peut
être considéré comme formé d'idiochromatine. C'est au con-
traire une masse d'épuration qui mérite tout au plus le nom
de trophochromatine.
On voit de plus qu'il y a continuité immédiate entre les chro-
matines périphérique et caryosomienne du noyau primaire et
celles du noyau secondaire. Léger et Duboscq pensent 'qu'au
cours de ce triage, l'idiochromatine s'incorpore de la tropho-
chromatine, et que toutes deux passent dans le noyau secon-
daire. Il faut reconnaître que c'est dénier à ces mots le plus
clair de leur sens.
Dans les deux conjoints de Nina gracilis Grebnicki, (Ptero-
cephalus nobilis A. Schneider), les noyaux primaires volumi-
neux sont constitués par de la chromatine et des nucléoles
(karyosomes), et ils forment à leurs dépens un petit noyau secon-
daire, noyau-mère de ceux des gamètes (micronucléus)
(fig. 11, /, h). La membrane du noyau primaire disparaît, sa
chromatine se répand en chromidium dans le cytoplasme.
Mais une petite part s'en isole « avec — disent les
NOYAU DES AMŒBIENS
313
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Fio. 11. «-g Aggregata eberthi (Labbé). Formation du micronoyau aux dépens du noyau
primaire au début de la schizogonie ; M, membrane nucléaire ; N, nucléole com-
plexe ; S, spirème; Chr. chromidium contenant les débris du noyau primaire,
Mn, micronoyau ; j-h Nina gradlis Greb. Formation du micronoyau aux dépens
du noyau primaire au début de la sporogonie. (D'après Léger et Dcbosco,
1908 et 1909).
314 EDOUARD CHATTON
auteurs — ce qui vaut qu'on le souligne, un certain
nombre de grains de valeur nucléolaire apparemment sem-
blables aux nombreux grains du noyau primaire ». « Il
importe — ajoutent-ils — de remarquer que le phénomène
de reconstitution nucléaire n'est pas la séparation rigou-
reuse de l'idiochromatine et de la trophochromatine. Le
micronucléus contient de la trophochromatine en même
temps que le réseau peu colorable dïdiochromatine ».
Si Siedlecki (1905) considère le caryosome d'après l'étude
approfondie qu'il en a faite, chez Caryotropha mesnili, comme
un élément purement végétatif, comparable au macronucléus
des Ciliés, il se refuse à admettre son autonomie par rap-
port au noyau tout entier et ses conclusions ne sont pas favo-
rables à la conception dualiste : « In Gegenteil, nach unserer
Meinung haben wir in einer Protozoenzelle, gleichwohl, ob
sich ein Hauptkern und eine Chromidialmasse, oder ein
vegetativer Karyosom im Kerne, oder sogar ein getrennter
vegetativer und generativer Kern in ihrem Innern befindet,
immer nur einen einzigen und einheitlichen Kernapparat vor
uns ».
La conception du dualisme chromatique ne repose ni sur des
bases chimiques, ni sur des bases morphologiques. Aucune
réaction micro-chimique ne permet de distinguer à coup sûr
l'idiochromatine de la trophochromatine. En dehors des cas
où ces chromatines sont localisées, soit dans deux noyaux dif-
férents (macro et micronucléus des Ciliés), soit sur des parties
différentes du même noyau (Aggregata), et des cas où l'on assiste
à la diffusion, tantôt de l'une, tantôt de l'autre, dans le cyto-
plasme (idiochromidies et trophochromidies des Rhizopodes),
rien ne permet de les différencier. Aussi lorsque partant de ces
exemples qui sont loin de réaliser une condition primitive,
on veut non seulement considérer ces deux chromatines comme
des substances différentes, coexistant toujours séparément, ce qui
est déjà contestable, mais encore les localiser topographiqucment
dans chaque cellule, en deux noyaux distincts, somatique et ger-
NOYAU DES AMŒBIENS 315
minatif, on s'éloigne complètement des données de l'observation.
En tant que formule morphologique la « Doppelkernigkeit »
de Goldschmidt-Popofe rejjose sur une série d'affirmations
dont il est impossible de vérifier le bien-fondé, et dont quelques-
unes sont en contradiction avec les faits.
Comprise seulement au sens physiologique, elle ne fait qu'ex-
primer cette notion classique du double rôle trophique et repro-
ducteur du noyau, bien mis en évidence dans les expériences
de mérotomie. Je dirai même qu'elle l'exprime d'une manière
fâcheuse car elle détourne l'attention du problème des relations
physico-chimiques des substances nucléaires, en les présentant
en quelque sorte comme pré formées et indépendantes.
b) Doctrine du dualisme nucléaire. — Discussion
La théorie du dualisme nucléaire offre à la discussion des
éléments plus concrets. Le centrosome des Métazoaires, le
caryosome des Protistes, sont des éléments définis que l'on peut
comparer et dont on peu discuter les homologies, et même lors-
que les auteurs affirment qu'ils représentent l'un et l'autre
un deuxième noyau cellulaire, le kinétonucléus, on peut pour-
suivre cette conception en restant dans le domaine de l'obser-
vation directe. Nous avons d'abord à nous demander si le caryo-
some des Amibes a bien la valeur d'un second noyau. L'argu-
ment capital sur lequel Hartmann et Prowazek se fondent
pour l'affirmer, est le fait que le caryosome se divise indépen-
damment du reste du noyau et forme à lui seul une mitose
complète, et ils en donnent comme preuve A. vahlkampfl,
les autres Amibes Umax et E. buccalis.
J'ai comparé longuement la caryodiérèse de ces Amibes à
celle d'A. mucicola et d'A. diplomitotica et j'ai montré que l'in-
terprétation donnée du mode de formation de la plaque équa-
toriale aux dépens des corps polaires chez les premières était
en contradiction avec les faits observés d'une manière certaine
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 5e SÉRIE. — T. V. — (VI). 23
316 EDOUARD CHATTON
chez les secondes où la plaque équatoriale est constituée de la
seule chromatine périphérique. Je rappelle d'ailleurs que Nâ-
gler a admis la participation de la chromatine périphérique
à la formation de la plaque équatoriale chez A. lacertae
(fig. 8, a, c). On a vu que c'est là un mécanisme absolument
général, non seulement chez les Amcebiens, mais encore chez
les Flagellés (Eugléniens, Trypanosomides, Costia), et on sait
qu'il l'est aussi chez les Métazoaires.
Prowazek avait lui-même observé, de la manière la plus nette,
que la chromatine périphérique était seule à constituer la
j)laque équatoriale chez Plasmodiophora. Et ce cas qui conduit
à tant d'autres, que nous connaissons maintenant, où la mitose
complète et autonome du caryosome est illusoire, a embar-
rassé les dualistes. Hartmann et Prowazek ont pensé tourner
la difficulté en ramenant le cas de Plasmodiophora à celui des
Amibes Umax. Ici, disent-ils, la chromatine qui forme la plaque
équatoriale ne se sépare du caryosome qu'à la division,
tandis que là elle se trouve d'une manière permanente dans
l'espace périphérique. Ainsi la chromatine périphérique ferait
donc partie intégrante du kinétonucléus ? C'est exprimer un
peu différemment et d'une manière plus absolue, cette notion
qui s'est imposée à nous tout le long de cette revue, de l'inter-
dépendance étroite du caryosome et des substances périphéri-
ques, tant au repos qu'à la division. Mais que devient alors
aussi bien chez Plasmodiophora que chez les Amibes Umax la
conception du dualisme ?
Si chez Amœba vahlhampfl le kinétonucléus est bien repré-
senté par le caryosome tout entier, que reste-t-il pour représenter
le noyau principal ? La membrane ? elle est virtuelle ; l'espace
nucléaire ? Vahlkampf assure qu'il est libre de toutes par-
ticules. Si chez Plasmodiophora le même kinétonucléus s'attri-
bue la chromatine périphérique, quelle est encore ici la part
du noyau principal ? La même question se pose, inéluctable
et insoluble pour Amœba mucicola, pour A. diplomihtica,
pour tous les Rhizopodes et les Flagellés, pour tous les Pro-
NOYAU DES AMŒBIENS 317
tistes où coexistent chromatine périphérique et caryosome, et
aussi pour ceux où cet élément disparaît au cours de la divi-
sion ou fait complètement défaut.
L'existence d'une membrane autour du caryosome, si elle
n'est pas qu'une apparence et pour le moins une exception.
Déclarer que la structure complexe du caryosome formé d'un
substratum achromatique imprégné de chromatine est caracté-
ristique d'un élément nucléaire, c'est commettre une pétition
de principes. Au surplus, de semblables structures se retrou-
vent dans tous les chromoleucites des végétaux où le pigment
est supporté par un corps incolore.
Enfin, lorsque les auteurs avancent que le caryosome pré-
sente, tout comme le noyau principal, une partie végétative
(masse du caryosome) et une partie génératrice (grain caryoso-
mien de Léger, centriole), ils compromettent le dualisme nu-
cléaire avec le dualisme chromatique qu'ils ont combattu
d'autre part. Et si l'on voulait en croire à la fois Goldschmidt
et Popoff, Hartmann et Prowazek, on se trouverait chez
les Amibes Umax en présence de quatre noyaux emboîtés : le
noyau propagateur et le noyau végétatif du noyau principal,
le noyau propagateur et le noyau végétatif du kiténonucléus.
Il me semble cependant difficile de regarder le caryosome
(moins le centriole) comme étant à la fois le noyau végé-
tatif du noyau principal et le noyau végétatif de kinétonu-
cléus.
Abandonnant cette argumentation d'allure scholastique —
comme la doctrine qui la soulève — examinons la valeur
des cas qui ont conduit Schaudinn et ses disciples à la
conception du dualisme nucléaire. Encore que l'existence
de deux noyaux soit loin d'être objectivement démontrable
chez les Amibes et les Flagellés, on pourrait l'admettre
en théorie si l'on trouvait toute une série d'intermé-
diaires conduisant de formes primitives réellement binu-
cléées à des formes où la fusion des deux noyaux serait com-
plète. Or une série semblable existe, c'est la série Trypa*
318 EDOUARD CHATTON
nosoma (fig. 9, r-y, p. 300), Acanthocystis (fig. 9, f-j, p. 300),
Paramœba (fig. 9, a-e, p. 300), Oxyrrhis (fig. 8, r-t, p. 297),
Euglens (1) (fig. 8, g-p, p. 297), etc. Mais elle est loin de
représenter une lignée phylétique, et de plus les termes binu-
cléés de cette série sont, non point des organismes primitifs
dont on puisse faire dériver les organismes uninucléés, mais
des êtres fort spécialisés dans leurs adaptions. Tous les
termes de cette série doivent être considérés, à mon sens,
comme des exemples isolés de différenciations qui se sont pro-
duites séparément dans divers groupes, d'un appareil kiné-
tique plus ou moins important qui, chez les formes très différen-
ciées peut constituer un second noyau complet — mais non
comme représentant la fusion plus ou moins accentuée de deux
noyaux primitivement distincts, et encore moins la dissocia-
tion progressive de deux noyaux préformés et emboîtés l'un
dans l'autre. L'examen des différents cas montre d'ailleurs
qu'ils ne sont point rigoureusement comparables. Chez Oxyrrhis
(fig. 8, r-t, p. 297), le caryosome peut se séparer plus ou
moins de la masse chromatique périphérique, comme il
arrive chez Trichomonas et chez d'autres flagellés où la
masse du noyau n'est pas limitée par une membrane indivi-
dualisée. Il n'y a là que des variations purement topogra-
phiques, et à la division, caryosome et masse périphérique
n'en restent pas moins étroitement solidaires.
Chez Paramœba (fig. 9, a-e, p. 300), il semble que le neben-
Jcorper corresponde à un caryosome où tout au moins à une
partie du caryosome (l'autre persistant au centre du noyau)
qui, sortant du noyau dont la membrane disparaît à chaque
division, serait finalement resté en dehors de lui pendant les
périodes de repos. Il ne constitue en aucune façon un
second noyau complet. Il n'en a pas la structure ; sa divi-
sion n'a jamais les apparences d'une mitose ; il est étroite-
ment solidaire du noyau pendant toute la phase gamogo-
(1) Je mets de suite hors de cause Amœba binucleata, qui est un plasmo de auinêinetitriMiue
relomyxa, mais à deux noyaux seulement.
NOYAU DES AMŒBIENS 319
nique et il se divise toujours en même temps que lui et à ses
côtés pendant la phase schizogonique.
Chez Acanthocystis (fig. 9, f-j, p. 300), le caryosome demeure
toujours intranucléaire et l'élément qui sort du noyau, le
centralkorn, paraît, tant par son aspect que par son rôle,
n'être autre chose qu'un centrosome, ou plus exactement un
centriole. Il est exjDulsé par une sorte de bourgeonnement
de la membrane nucléaire. Ce centralkorn n'est pas l'homo-
logue d'un caryosome, et encore moins peut-il être considéré
comme l'équivalent d'un second noyau. Lorsqu'il se divise, c'est
toujours par simple étranglement, et solidairement avec le
noyau dont il se rapproche et à qui il sert de centrosome. Il
est exactement l'équivalent du centrosome des Métazoaires, et
comme lui il ne jouit vis-à-vis du noyau que d'une indépen-
dance de lieu.
Je ne sache pas qu'il existe de centrosome, dans toute la
série des Métazoaires qui, en se scindant, montre tous les élé-
ments d'une mitose.
Chez Haemoproteus, il en est tout autrement. On a bien affaire
ici à deux noyaux distincts, un noyau principal et un kiné-
tonucléus qui se séparent par une mitose hétéropolaire, empor-
tant chacun les éléments d'un noyau complet (caryosome, cen-
triole et substance périphérique). Complets, ces noyaux sont
autonomes ; ils se divisent souvent indépendamment l'un de
l'autre [formes à'Herpetomonas à plusieurs blépharoplastes
(Prowazek, 1904 v)\ et à la division, ils constituent chacun
une figure caryodiéré tique complète que Rosenbusch (1909),
Chagas (1909) ont décrite chez Haemoproteus noctuae,
(fig. 9, x-y, p. 300), Leucocytozoon ziemcmni, T. lewisi
(fig. 9, r. p. 300) et Schizotrypanum cruzi.
Le noyau à' Acanthocystis, et celui des Trypanosomes, est
capable de reconstituer, là un grain central, ici un kinétonucléus
lorsque ces éléments viennent à disparaître. Si on considère
ceux-ci comme de seconds noyaux, autonomes, préformés,
simplement emboîtés dans le noyau principal et faisant seule-
320 EDOUARD CHATTOX
ment irruption dans le cytoplasme, leur régénération par
le noyau principal est un fait difficile à concilier avec la théorie.
Pour ce faire, les dualistes ont trouvé une formule : « Le
noyau principal, disent-ils, diffère du kinétonucléus en ce
qu'il est omnipotent (1).
Les cas que nous venons de passer en revue ne me semblent
cependant pas irréductibles les uns aux autres, mais la théorie
de Hartmann-Prowazek est insuffisante à rendre compte de
leurs relations.
c) Théorie du nucléole-centrosome ; discussion
Outre la notion de dualisme qui lui est propre et que nous
avons trouvée en défaut, dans la plupart des cas auxquels on a
voulu l'étendre (Amibes, Héliozoaires, Métazoaires, Flagellés),
la doctrine du dualisme nucléaire tient de la théorie du nu-
cléole-centrosome une donnée première que l'on ne peut plus
accepter désormais sans conteste. C'est l'homologie caryo-
some-centrosome .
Si cette théorie exprime bien le fait que chez les Eugléniens
et aussi chez les Amibes Umax le caryosome se comporte dans
le noyau comme un centrosome, elle n'explique pas que chez
d'autres Protistes, le caryosome disparaisse au contraire, au
début de la division, soit qu'il se résolve en chromosomes,
soit qu'il se trouve simplement abandonné dans le cyto-
plasme comme un élément de rebut nucléaire. Et de ces
caryosomes déchus, qui se comportent comme les nucléoles
chez les Métazoaires, la théorie du nucléole-centrosome ne
met pas en question leurs relations avec ces derniers éléments.
Elle élude au contraire cette question. Il est de toute
évidence, en effet, que l'on ne peut assimiler le caryosome des
Protistes à la fois au nucléole et au centrosome des Méta-
zoaires, deux éléments qui chez ces organismes n'ont rien de
commun, ni topographiquement ni fonctionnellement. L'on
(1) Voir par exemple le texte de Keisselitz (1908 b), reproduit dans ce mémoire (p. 305).
NOYAU DES AMŒBIENS 321
en était donc réduit à admettre implicitement qu'il y a chez
les Protistes deux catégories de caryosomes : caryosomes
centrosomes (nucléoles-centrosomes) et caryosomes nucléoles
(amphinucléoles). C'est que l'on tenait le caryosome comme
un élément homogène et indivisible.
Or nous savons maintenant que chez beaucoup de Protistes,
il renferme en son centre un autre élément, le centriole, suscep-
tible d'acquérir une autonomie complète, de se séparer transi-
toirement ou d'une manière permanente de la masse caryoso-,
mienne, et de devenir même extranucléaire.
L'existence d'un centriole dans le caryosome a été d'abord
mise en évidence par Hartmann (1908) chez Entamœba tetra-
gena (fig. 5, l-m, p. 283), par Hartmann et Nâgler (1908),
chez Amœba diploidea (fig. 2, x-z, p. 275), par Keysselitz
(1908 b), chez Oxyrrhis marina (fig. 8, r-t, p. 297), par
Nagler, (1909) de Beaurepaire Aragao, (1909) Chat-
ton (1909) chez les Amibes Umax (fig. 2 et 3), Jollos, (1909)
chez Adeleaovata (fig. 9, za- ze, p. 297), par Rosenbusch (1909),
Berliner (1909), (fig. 9, x-y-z, p. 300) Chagas (1909) chez
les Trypanosom.es (1) et d'autres flagellés. Delanoë et moi
l'avons coloré chez Entamœba ranarum (fig. 6) et chez
E. mûris. Déjà Ishikawa (1894) et Calkins (1899) avaient
observé un centriole dans la « sphère » des Noctiluques. (fig. 10)
On peut dire que sa présence a été démontrée dans tous les
cas où l'on s'est appliqué à la rechercher, et nul doute qu'on
ne le retrouve dans le caryosome d'un grand nombre de Pro-
tistes de groupes divers.
Hartmann et Prowazek ont vu dans la présence d'un cen-
triole au sein du caryosome une raison de plus, et non des
moindres à leur sens, à l'appui de l'homologie caryosome-cen-
trosome. On sait, en effet, que le centrosome des Métazoaires
ne peut être considéré, lui non plus, comme un élément simple.
Outre les diverses zones de substances chromatiques ou achro-
(1) Le corpuscule ceutral du noyau d'Haemoproleus noctuae, considéré par Schaudi.vm et par
ses disciples comme un caryosome est en réalité plutôt un centriole (fig. 9, r-u, p. 300).
322 EDOUARD CHATTON
matiques dont il se compose, outre le centroplasma et la sphère
attractive dont il est entouré, il présente le plus généralement
en son centre une granule minuscule, plus ou moins colorable
que Boveri (1901) a appelé centriole, et qui se comporte dans
la division des Métazoaires comme dans celle des Protistes.
Mais il existe un ensemble de faits qui démontrent que si
l'on doit considérer aujourd'hui le centriole du centrosome
et le centriole du caryosome comme des éléments homologues,
^il ne peut en être ainsi pour les masses elles-mêmes centroso-
miennes et caryosomiennes.
Boveri (1901) lui-même a insisté sur ce que, du centro-
some entier, tel qu'il l'a défini : centriole + centroplasma +
sphère attractive, le centriole seul est l'élément constant, et
dit-il, permanent même pendant le repos nucléaire. Meves(1902)
et P. Bouin (1904) soutiennent la même opinion.
Chez les Protistes le caryosome n'offre pas plus de stabi-
lité. Hartmann chez Entamœba telragena nous en a montré les
fluctuations. Nous connaissons toute une série de formes où
il subit une réduction progressive, jusqu'à sa disparition
complète. Lorsque son existence est seulement limitée à une
période du cycle cellulaire, elle l'est à celle du repos végétatif.
Il disparaît, au contraire, à la division, c'est-à-dire au moment
même où, dans toute cellule, le centrosome se montre dans son
plein épanouissement.
Dans les cas où le caryosome se dissout ou s'émiette ainsi,
nous avons vu le centriole lui survivre et commander la caryo-
diérèse. Mais les exemples qui démontrent le plus nettement
l'indépendance des deux éléments sont ceux où on les voit
coexister tout séparés dans le noyau cellulaire, soit tempo-
rairement soit en permanence.
On se souvient que chez Mastigella vitrea (fig. 7, /-?, p. 291),
Goldschmidt a vu au moment de la division deux sphères
diamétralement opposées, apparaître au contact du caryo-
some ; leur rôle dans la division n'a pas été suivi mais il .' e
peut que ce soient là les centres de division, issus du caryosome.
NOYAU DES AMŒBIENS
323
Je rappelle aussi que Doflein (1907) a observé dans le
caryosome à'Amœba vespertilio (fig. 7, f-i, p. 291) un corps qui
se divise dès le début de la caryodiérèse. Peut-être s'agit-il
là de centrioles qui aux stades ultérieurs se retrouveraient,
moins évidents, aux pôles du fuseau d'attraction.
Chez Ophryocystis caulleryi ce que Léger (1907) appelle
a.
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®, (è*
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Fig. 12. Centrioles intranucléaires et indépendants du caryosome chez : Adelea zonula, a-e, d'après
Moroff (1907) ; Wagnerella borealis Mereschk., df, d'après Zuelzer (1909) ; Mysco-
bolus pfeifferi, gl, d'après Keysselitz (1908 a); Ophryocystis caulleryi Léger, mr,
d'après Léger, 1907 ; Pelomyxa palustris, sy, d'après Bott (1907).
les « grains caryosomiens » dans les noyaux des schizontes peut
être interprété comme des centrioles intranucléaires. (fig. 1 2, m-r) .
Dans les mérozoïtes d' Adelea zonula Moroff (fig. 12, a-c), il
existe à côté du karyosome, un petit corps sidérophile que
Moroff (1907) désigne en raison de son rôle dans la division
du nom de nucléole-centrosome. C'est évidemment un cen-
triole autonome.
Chez Myxobolus pfeifferi, Keysselitz (1908 a) a vu dans
324 EDOUARD CHATTON
les Propagationszellen I (macrogamètes de Mercier), les cen-
trioles bourgeonnes par le caryosome (1) (fig. 12, g-l).
Aux pôles de chacun des nombreux caryosomes du poly-
karyon de Wagnerella borealis (fig. 12, d-f) d'où procèdent
par division multiple les noyaux des gamètes de cet Hélio-
zoaire, Zuelzer (1909) a observé des centrioles parfaitement
caractérisés, et complètement autonomes.
L'exemple le plus frappant d'une centriole coexistant en per-
manence à côté du caryosome est celui de Pelomyxa patustris
(fig. 12, s-y) ou Bott (1907) l'a vu s'étirer en une centrodes-
mose typique.
Le stade d'individualisation du centriole, où celui-ci est seu-
lement séparé du caryosome mais encore contenu dans la vési-
cule nucléaire est un stade qui ne paraît s'être conservé que
chez un petit nombre de formes. Beaucoup plus grand est en
effet celui des organismes où le centre de division devient ou
reste extranucléaire.
Chez Acanthocystis (fig. 9, j-j), le grain central dont le siège
est intracytoplasmique, n'est autre qu'un centriole. Keysse-
litz (1908 b) en a vu nettement l'origine caryosomienne
(fig. 9, h-m). Il serait intéressant de rechercher si dans ce cas le
grain central ne résulte pas d'une division d'un centri oie-mère
contenu dans le caryosome, où l'une des moitiés demeurerait,
capable de régénérer un nouveau grain central par une nou-
velle division.
Les choses se passent certainement ainsi chez Haemoproteus
7iochoae (fig. 9, r-w). Le kinétonucléus emporte une moitié du
centriole-mère divisé, l'autre restant dans le noyau princi-
pal. Rien de surprenant dès lors que celui-ci puisse reformer
par une simple division un nouveau kinétonucléus; c'est là
tout le secret de son « omnipotence ».
La condition binucléée des Trypanosomes n'est certainement
pas primitive. Elle dérive d'un état comparable à celui qui
(1) Rapprochons de ces faits, l'observation de Carxoy et de Lebrun (1897) qui dans les
mitoses de segmentation d'Ascarix ont vu les centrosomes prendre naissance du nucléole.
NOYAU DES AMŒPIENS 325
existe chez Acanthocystis, chez beaucoup de Flagellés, et dans
les microgamètes des Métazoaires et des Métaphytes, où le cen-
triole seul, cpi'il soit intra, ou extra-nucléaire suffit à la direction
kinétique de la cellule.
Chez les Flagellés, il existe soit un centriole unique (Masti-
gamœba) et probablement beaucoup de Monadines) soit un
centriole dédoublé, dont les deux moitiés, l'une dans le noyau
(centriole nucléaire), l'autre dans le cytoplasme à la base du
flagelle (centriole flagellaire ou blépharoplaste) restent unies
d'une manière plus ou moins durable par leur centrodesmose
de séparation (zygoplaste de Prowazek (1903), rhizoplaste
des auteurs). Cette dernière structure a été particulièrement
bien mise en évidence par Prowazek (1904 b) chez Bodo lacertae.
Chez les Trypanosomes, en rapport avec le 'grand déve-
loppement de l'organe locomoteur, il s'est adjoint au centriole
flagellaire, une certaine masse de chromatine, qui lui a donné
la structure et la valeur d'un second noyau. (Kinétonucleus).
Nous avons pu séparer la destinée du centriole de celle du
caryosome et montrer que seul le centriole des Protistes est
homologue du centriole des Métazoaires, lequel constitue
la partie fondamentale du centrosome. Il nous reste à exa-
miner maintenant ce qu'il advient du caryosome ainsi privé
de son centre de division. Il faut tout d'abord remarquer que
même à cet état le caryosome est encore un élément composite.
Il renferme, outre la chromatine à différents états, la plastine
ou pyrénine, « nucleolar substanz » de R. Hertwig, que cet
auteur (1902) considère comme identique chez les Protistes et
chez les êtres pluricellulaires. Sans aucun doute sa destinée
est en rapport avec la nature de ces substances, mais nous
manquons encore de données objectives sur ce sujet. Géné-
ralement, ces caryosomes se disloquent à la division en chro-
mosomes ou contribuent à les édifier de leurs débris (Amœba
horticola Nâgler, Amœba vespertilio Pénard, Entamœba mûris
Grassi, etc.) Plus rarement chez les Protistes, ils disparais-
sent, soit résorbés, soit simplement abandonnés dans le pro-
326 EDOUARD CHATTON
toplasme ou par ces deux modes à la fois. Chez Myxobolus
pfeifferi Keysselitz (1908 a) et Mercier (1909 b), chez
Monocystis Brasil (1905) ont vu le caryosome secondaire
ainsi rejeté dans le cytoplasme durant la mitose, se résoudre
en chromidies (fig. 12, l). Léger et Duboscq (1909) ont
assisté au même phénomène dans les divisions nucléaires des
gamontes de Nina gracilis (Pterocephalus nobilis). Chez
Caryotropha mesnili Siedlecki (1907), chez les Aggregata
Léger et Duboscq (1908), Moroff (1908), le caryosome ou
nucléole complexe après avoir émis de nombreux grains dans
le cytoplasme, et s'être séparé de la chromatine, est rejeté en
totalité dans le cytoplasme où finalement il se pulvérise et se
dissout.
Dans les divisions de maturation d'Aciinosphaerium, R.
Hertwig a observé que de vrais nucléoles, dépourvus de chro-
matine, nucléoles dont l'existence, dit-il, est très rare chez les
Protozoaires, étaient rejetés dans le cytoplasme. Pour ce savant,
le nucléole ou caryosome est un réservoir de substances chro-
matiques et achromatiques, dont la plus grande partie fournit
chez les Protozoaires les matériaux nécessaires à l'édification
des chromosomes. Les vrais nucléoles achromatiques sont cons-
titués par un excès de substance nucléolaire dont la cellule
se débarrasse à la division. Siedlecki (1905) considère aussi
le caryosome comme formé des mêmes substances que celles du
noyau, dont il constitue une masse en réserve. Il ne diffère
du nucléole que par sa réaction chromatique.
La coloration de Mann (bleu de méthyle-éosine) teinte éga-
lement en rose les nucléoles des cellules des Métazoaires et
les caryosomes des Protistes, même ceux qui fixent élective-
ment et avec intensité les couleurs basiques. J'ai pu l'observer
moi-même en appliquant une technique identique à des Amibes
Umax, à des Peranema, aux Coccidies de la Souris, (Cocci-
dium falciforme) aux nucléoles des œufs mûrs de l'Ecrevisse,
aux nucléoles des> ovocytes de Dinophilus dont mon ami M. de
Beauchamp m'a confié des coupes, aux nucléoles des cellules
NOYAU DES AMŒBIENS 327
intestinales des Daphnies et des cellules intestinales des
Annélides (Scololepis juliginosus). Le résultat est également le
même avec les nucléoles des cellules du meristème des jeunes
racines de l'oignon.
Il ne semble pas y avoir de rapport direct entre la coloration
obtenue avec la méthode de Mann et celle que Ton obtient
avec les méthodes à l'hématoxyline ou aux couleurs d'aniline.
Cela tient à ce que l'éosine de Mann, montre une affinité très
marquée pour la plastine qui est la substance fondamentale
de tous les caryosomes et de tous les nucléoles, tandis que le
bleu de méthyle ne colore que très faiblement la chromatine ;
il semble même ne pas la colorer du tout lorsque celle-ci est
fixée sur la plastine nucléolaire.
Le caryosome des Protistes, celui des Amibes Umax, abstrac-
tion faite du centriole qu'il contient et qui en est, nous le savons,
indépendant, ne diffère de celui des Métazoaires que par la
charge de chromatine qu il porte. Ce n'est là qu'une différence
purement quantitative. Chez les végétaux, le nucléole est géné-
ralement chromatique et il n'en est pas moins comparable par
son rôle et sa destinée dans la division, à celui des Métazoaires.
Si le caryosome des Protistes joue un rôle, et souvent un rôle
prépondérant dans la division nucléaire, alors que chez les
Métazoaires, le nucléole se comporte comme une masse de rebut,
c'est que chez les premiers il est mécaniquement solidaire du
centre de division ou chargé de substances (principalement de
chromatine) qui, probablement à cause du signe de leurs charges
électriques, subissent l'attraction de ce centre. Privé de ces
rapports, dépouillé de ces substances, réduit à sa charpente de
plastine, il devient un nucléole inerte.
Le caryosome total des formes primitives, tel qu'on le connaît
par exemple chez les Amibes Umax, est un organite complexe
pour lequel la définition de Wilson (1900), qui a créé le terme,
est maintenant insuffisante. Ce n'est pas seulement un amas
nodal de chromatine sur le réseau chromatique nucléaire,
ou une masse de chromatine rassemblée au centre du noyau.
328 EDOUARD CHATTON
C'est un complexe d'éléments condensés et solidaires qui vont
s 'individualisant progressivement chez les organismes de plus
en plus différenciés, et deviennent les chromosomes, le centriole,
et le nucléole, organes fondamentaux du noyau parfait.
V. CONCLUSIONS.
Le noyau cellulaire individualisé, sous la forme la plus simple
que nous lui connaissons actuellement (chez les Amibes Umax,
par exemple), comprend :
1° Un caryosome formé lui-même d'une masse fondamen-
tale de plastine, imprégnée de chromatine, et contenant un
centriole.
2° Le suc nucléaire plus ou moins chargé d'une substance
chromatique, identique ou très semblable à celle du caryosome,
et de substance achromatique (linine).
3° D'une membrane le plus souvent mal individualisée.
C'est le type protokaryon, auquel correspond le mode de di-
vision appelé par Nâgler promitose. Dans la promitose, le caryo-
some est immédiatement solidaire du centriole. (Ce dernier
élément étant longtemps passé inaperçu, le caryosome, a été
considéré dans son entier comme l'équivalent morphologique
et fonctionnel du centrosome ; d'où son nom de nucléole-
centrosome.) Le caryosome se scinde; entre ses deux moitiés
apparaît un fuseau de séparation achromatique. La plaque
équatoriale est fournie par le rassemblement des matériaux
périphériques au lieu géométrique des centres. Ceux-ci ne
sortant pas du noyau et la membrane persistant, la division
est tout entière intranucléaire.
Dans les formes plus évoluées, les éléments et les substances
primitivement condensés dans le caryosome se séparent.
Chez les unes (Entamibes, par exemple), la masse plasti-
nienne se réduit ou disparaît. La chromatine est tout entière
contenue dans l'espace nucléaire. Le centriole plus ou moins
NOYAU DES AMŒBIENS
329
'Ht
'■■■■■■ //' \\v
dégagé reste dans le noyau. Son action sur la chromatine s'exerce
par un fuseau d'attraction le long duquel cette substance
s'agence en chromosomes. La division est encore intranucléaire.
C'est la mésomitose.
Le plus souvent, le centriole
se sépare simplement du caryo-
some, demeurant quelquefois
intranucléaire (Pelomyxa) mais
devenant très généralement
extranucléaire. Avec les zones
de cytoplasme différencié qui
l'entourent, il forme le centro-
some. La figure de division est
alors épanouie dans le cytoplasme
(métamitose) et il y a géné-
ralement des asters polaires (1).
Le caryosome privé du cen-
triole reste chez les Protistes
chargé de chromatine et il
prend part à la formation des
chromosomes.
Rarement il est dépouillé de
sa chromatine et expulsé dans le
cytoplasme à la division (Myxo-
bolus pfeifferi, Monocystis) ,
alors que c'est la règle pour
le nucléole des Métazoaires et ^- ^ Diagramme représentant les trois
stades principaux a, b, c, de la dit-
deS MétaphyteS. Mais il y a férenciation de l'appareil nucléaire,
- r t • . et les tj'pes de mitose qui leur cor-
tous les intermédiaires, au point respondent.
(1) J'ai dit déjà (p. 282) que Dangeaed (1901) a créé le ternie d'haplomitose pour la
division nucléaire assez spéciale des Eugléniens, qui est une variété de promitliose. Il désigne
toutes les autres mitoses et en particulier celle des Chlamydomonadinées et des Volvocinées
sous le nom de téléomitose. Or nous savons que les divisions nucléaires des Chlamydomonadi-
nées et des Volvocinées sont des mésomitoses avec centrioles intranucléaires et sans spectres
protoplasmiques. J'ai pu le constater moi-même chez Pleodorina californien. On ne peut donc
les confondre sous le nom de téléomitoses, qui contient l'idée d'une évolution terminée, avec
les mitoses à centres extranucléaires que je propose d'appeler niétamitoses. Le terme de télio-
mitose me parait devoir être abandonné parce qu'il prête à l'ambiguïté.
330 EDOUARD CHATTON
de vue morphologique et fonctionnel entre le caryosome et le
nucléole.
De ces constatations de faits, il résulte que le caryosome
(nucléole-centrosome) n'est nullement l'homologue du cen-
trosome. Dans ces deux organes, les deux éléments homologues
sont les centrioles. Par contre, réduit à sa masse plastinienne,
le caryosome est l'homologue du nucléole.
Pas plus que le centrosome, le caryosome n'a la valeur d'un
second noyau cellulaire. Ni l'un ni l'autre de ces éléments ne
présentent une structure nucléaire complète. Ils ne fournis-
sent par de figure mitotique à la division. Même lorsqu'ils se
séparent topographiquement du noyau, ils lui restent subor-
donnés physiologiquement.
La notion du dualisme nucléaire doit être restreinte aux
cas des Trypanosomides (et de certains organismes du groupe
des Binucleata de Hartmann), et à celui des Infusoires où res-
pectivement le kinétonucléus et le macronucléus dérivent du
noyau principal et du micronucléus par une division nucléaire
normale. La condition binucléée de ces organismes ne peut être
regardée comme primitive car ils sont à tous égards fort spécia-
lisés.
Il n'y a actuellement aucune raison de considérer le caryo-
some des Amibes et des Flagellés comme une masse de chro-
matine végétative (trophochromatine). Son rôle dans la divi-
sion et surtout dans la fécondation (autogamie chez Amœba
diploidea), l'identité de la chromatine qu'il supporte et de celle
qui existe dans l'espace nucléaire, {Amœba diplomitotica) sont
à l'encontre de cette hypothèse.
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ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE
5<^ Série, Tome V, p. 339 à 378, pi. IV à VII.
10 Octobre 1910
BIOSPEOLOGICA
XVII <■•
SYMPHYLES, PSELAPHOGNATHES, POLYDESMOIDES
ET LYSIOPETALOIDES
(MYRIAPODES)
(Première Série)
PAR
H.-W. BRÔLEMANN
Pau, Basses-Pyrénées
TABLE DES MATIÈRES
pages
Symphyla. — Scutigerella immaculata Newp 340
Pselaphognatha. — Polyxenus lucidus Chai. (p. 340). — P.lucidus var. Jeannelin. var 341
POLYDESMOIDEA 341
Polydesmidae Eupolydesminae. — Brachydesmus superus Latz. (p. 341). —
Polydesmus progressus Biol. (p. 342). — P. progressifs subsp. typica n. (p. 342).
— P. progressus typicus forma ruina n. (p. 344). — P. progressus subsp. bene-
harnensis n. (p. 344). — P. Mistrei Brôl (p. 345). — P. cotnplanatus L. (p. 346),
P. complanatus forma typica L. (p. 347). — P. complanalus typicus var. pseu-
dinteger n. (p. 347). — P. complanatus forma angusla Latz (p. 349). — P. gai-
liais Latz. (p. 349). — P. gallkus subsp. reflexa n. (p. 350). — P. Racovitzai
n. sp. (p. 351). — P. denticulatus Koch (p. 354). — P. subinteger Latz. (p. 356).
— P. subinteger subsp. Laurae Poe. (p. 358). — P. dismilus Berl. (p. 360).
Polydesmidae Leptodesmintae. — Devillea tuberculata Brôl. (p. 361). — Haplo-
leptodesmus n. gen. (p. 362). — H. mauritaniens var. geniculata (n.p. 363).
Polydesmidae Stronqlyosominae. — Strogylosoma italicum Latz. (p. 364) .
Lysiopetaloidea. — Callipus fœtidissimus Sav 364
Explication des planches 376
Les matériaux spéologiques que nous avons eu pour flatteuse
mission d'examiner, comprennent des représentants des Sym-
(1) Voir pour Biospeologica I à XVI, ces Archives, tome VI, VII, VIII et IX de la 4e série
et tome I, II, IV et V de la 5e série.
ABOH. DE ZOOL. EXP. ET QÉN. — 5« SÉRIE. — T. V. — (Vil). 25
340 H.-W. BRÔLEMANN
phyles, des Pselaphognathes, des Glomeroïdes, des Polydes-
moïdes, des Lysiopetaloïdes et des Iuloïdes.
Nous remettons à plus tard l'étude des Glomeroïdes et des
Iuloïdes, nous bornant aujourd'hui à passer en revue les autres
groupes et particulièrement les Polydesmoïdes, si abondants
dans le domaine épigée.
Nous commencerons par énumérer, dans une partie descrip-
tive, les formes recueillies, nous réservant de consigner dans
une seconde partie, analytique, les observations auxquelles
l'examen des matériaux j>ourra donner lieu.
I. PARTIE DESCRIPTIVE
SYMPHYLA
Scutigerella immaculata Newport, 1884.
Département des Basses-Pyrénées {France). — Grande grotte
de Lecenoby, canton de Mauléon, 2/3. i. 06 (gîte n° 128) ; et
20. vm. 08 (gîte n° 237) ; 2 exemplaires.
Grotte d'Istaurdy, canton de Mauléon, 23. vm. 08 (gîte
n° 238 ; 1 exemplaire.
Département de l'Ariège (France). — Entrée de la grotte
d'Aurouze, canton de Lavelanet, 20. vu, 07 (gîte n° 202) ;
1 exemplaire.
Département de l'Aude (France). — Grotte de la Guiraudasso,
canton de Mouthoumet, 18. vi. 09 (gîte n° 272) ; 3 exem-
plaires.
Iles Baléares. — Grotte du Drach, Majorque, hiver 1905
(gîte n° 185) ; 1 exemplaire.
PSELAPHOGNATHA
Polyxenus lucidus Chalande, 1888.
Département de la Haute-Garonne (France). — Grotte de
Gourgue, canton d'Aspet, 23. vu. 08 (gîte n° 229).
MYRIAPODES 341
Département du Gard (France). — Baumo de las Fadas,
canton de Barjac, 26. vin. 09 (gîten° 276) ; 4 exemplaires.
Polyxenus lucidus Chai., var. Jeanneli, n. var.
Département des Alpes- Maritimes (France). — Baume du
Colombier, canton de Bar-sur-le-Loup, 17. ix. 05 (gîte n° 93) ;
et 27. iv. 08 (gîte n° 214).
Cinq individus ont été recueillis, dont 2 9 adultes et 3 jeunes ;
ils sont malheureusement tous en fort mauvais état. Néanmoins
nous avons pu constater qu'ils sont identiques à l'espèce de
Chalande, tant par la position et la forme des poils que par la
dimension des articles des antennes et la nature des soies sen-
sorielles situées aux côtés de la tête. De ces soies une seule est
biarticulée, à funicule cylindrique (et non claviforme, comme
chez inferus Silv.), les deux autres soies sont filiformes.
Par contre, la griffe des pattes ambulatoires (fig. 1) est den-
tée dans sa concavité, tandis que chez le lucidus typique des
Pyrénées, la griffe est inerme (fig. 2). Ce caractère est si net,
que nous jugeons à propos d'instituer pour ces individus une
variété, que nous dédions au Dr R. Jeannel.
Nous signalerons encore que nous n'avons pas constaté ici
la présence des bâtonnets crochus qui, chez le type, ornent
l'extrémité des articles 5 et 6 des antennes.
POLYDESMOIDEA
Polydesmidae
EUPOLYDESMINAE
Brachydesmus superus Latzel, 1884.
Département des Alpes- Maritimes (France). — Baume Granet,
canton de Bar-sur-le-Loup, 17. ix. 05 (gîte n° 91) ; 1 ô adulte
et 1 ç pullus VI.
342 H.-W. BROLEMANN
Dimensions : ô adulte, longueur 10 mm., largeur, 1 mm.
9 pullus VI, longueur 7,50 mm, largeur,
0,90 mm.
Ces individus sont accidentellement cavernicoles ; l'espèce
est très répandue dans toute la région depuis novembre jus-
qu'au premier printemps.
Polydesmus progressus Brôlemann, 1900.
Nous distinguons dans cette espèce :
Une sous-espèce typique ;
Une forme naine de la sous-espèce précédente ;
Une sous-espèce nouvelle, qui reçoit le nom de beneharnensis.
Subspecies typica, n. subsp.
Département de l'Aude (France). — Grotte de Lavalette,
canton de Limoux, 18. vi. 04 (gîte n° 134) ; 7 9 adultes.
Département de l'Ariège (France). — Grotte de l'Herm,
canton de Foix, 30. ix, 05 (gîte n° 94), 1 ô et 3 ô adultes.
Grotte de l'Herm, canton de Foix, 20. vin. 06 (gîte
n° 156) ; 2 9 et 7 ô adultes, 1 9 pullus VII, 1 ô pullus VI.
Grotte de Rieufourcau, canton de Lavelanet 23. vin.
06 (gîte n° 162) ; 1 9 adulte.
Grotte de Sainte-Hélène, canton de Foix, 24. vin. 06 (gîte
n° 163) ; 11 9 et 7 ô adultes, 4 9 pullus VII, 2 9 pullus VI.
Grotte de Bédeilhac (fond), canton de Tarascon-sur-Ariège
24. vm. 06 (gîte n° 165) ; 26 9 et 12 ô adultes, 6 9 pullus
VII, 4 9 et 3 ô pullus VI, 1 9 et 2 ô pullus V.
Grotte de Lavelanet, canton de Lavelanet 19. vu. 07
(gîte n° 199) ô adulte, 1 9 pullus VI.
Grotte d'Aurouze, canton de Lavelanet 20. vu, 07 (gîte
n° 201) ; 1 9 et 1 ô adultes.
Grotte de Fontet, canton de Foix, 23. vu. 07 (gîte n° 207) ;
7 9 et 2 ô adultes, 1 9 pullus VII, 1 9 pullus VI.
MYRIAPODES 343
Rivière souterraine de Sarguet, canton de Varilhes, 16. vu.
08 (gîte n° 227) ; 1 9 adulte.
Rivière souterraine de Vernajouls, canton de Varilhes
(Ariège), 20. ix. 08 (gîte n° 241) ; 1 9 adulte.
Grotte de Niaux, canton de Tarascon-sur- Ariège, 12. ix.
09 (gîte n° 291) ; 15 9 et 10 ô adultes, 1 ô pullus V.
Grotte de Malarnaud, canton de Labastide-de-Sérou, 13. ix.
09 (gîte n° 292) ; 4 9 et 4 ô adultes.
Grotte inférieure du Queire, canton de Massât, 17. ixi
09 (gîte n° 299) ; 4 9 et 7 6 adultes, 3 9 pullus VII,
1 9 pullus VI, 1 9 pullus V.
Grotte des Neuf-Fonts, canton d'Oust, 18. ix. 09 (gîte
n° 300) ; 2 9 adultes, 3 9 pullus VII, 1 ô pullus VI, 2 9 pul-
lus V.
Département de la Haute-Garonne {France). — Grotte de Gour-
gue, canton d'Aspet, 23. vn. 08 (gîte n° 229) ; 1 9 adulte.
Département des Hautes-Pyrénées {France). — Antre ou
grotte de Gargas, canton de Saint-Laurent-de-Neste, 20. vin.
07 (gîte n° 210) ; 1 9 pullus V.
La présence du progressas nous a encore été signalée à Fos
(Haute-Garonne), par le prof. Ribaut ; elle y vit à fleur de
terre (1). Nous-même l'avons autrefois indiqué de la grotte de
l'Ombrive, Ariège (type), et de la grotte de Lautaret, Ardèche.
Mais en ce qui concerne ce dernier habitat, n'ayant plus ces
échantillons entre les mains, et rien de semblable n'ayant été
trouvé dans cette grotte par MM. Jeannel et Racovitza, nous
ne le mentionnons que pour mémoire, jusqu'à plus ample
informé.
Dimensions
Longueur
Largeur
Moyenne de
9
adulte :
7.600 mm.
0.953 mm.
78 ex.
Ô
adulte :
5.637 mm.
0.740 mm.
42 ex.
9
pullus VII :
5.833 mm.
0.758 mm.
18 ex.
ô
pullus VI :
4. 166 mm.
0.616 mm.
6 ex.
(1) Il se rencontre dans les mêmes conditions à Ax-les-Thermes, Ariège (1er fév. 1910).
344
H.-W. BROLEMANN
Largeur
Moyenne de
0
.675 mm.
10 ex.
0
.500 mm.
2 ex.
0,
520 mm.
5 ex.
Dimensions Longueur
9 pullus VI : 4.700 mm.
ô pullus V : 3.625 mm.
9 pullus V : 3.250 mm. (2)
C'est la forme décrite par nous en 1900 (Ann. Soc. Entom.
France, LXIX). Nous donnons, pi. IV, fig. 3 et 4, des dessins
complémentaires de ses pattes copulatrices.
Subspecies typica, forma nana nov.
Nous possédons d'autre part dans notre collection des
échantillons provenant des Basses-Pyrénées, recueillis à la
surface du sol, dans la vallée du Gave de Pau, à :
Assat, canton de Pau, au pied des arbres ;
Pau-Billère, canton de Pau, dans les mêmes conditions ; et
Pau- Ville, dans les jardins, au pied des vieux murs.
Nous n'avons remarqué aucune différence ni dans la forme
générale ni dans les pattes copulatrices de ces individus (nous
donnons un dessin de ces organes, fig. 5). Seule la taille est
autre.
Dimensions Longueur Largeur
9 adulte : 6.47 mm. 0.80 mm.
ô adulte : 4.50 mm. 0.66 mm.
9 pullus VII : 5.50 mm. 0.60 mm.
Moyenne de
24 ex.
4 ex.
1 ex.
Subspecies beneharnensis n. subsp.
Cette race habite la grotte de Bétharram, où elle est abon-
dante. Elle ne diffère de la première que par la taille et par la
conformation des pattes copulatrices.
Dimensions
Longueur
Largeur
Moyenne de
9 adulte :
6.287 mm.
0.800 mm.
43 ex.
ô adulte :
4.457 mm.
0.600 mm.
13 ex.
9 pullus VII :
5.215 mm.
0.700 mm.
13 ex.
ô pullus VI :
3.614 mm.
0.515 mm.
7 ex.
9 pullus VI :
4.100 mm.
0.600 mm.
5 ex.
(2) Cette moyenne est faussée par un individu très petit et très contracté.
MYRIAPODES
3
iJimensions
Longueur
Largeur
Moyenne de
Ô pullus V :
3
. 254 mm.
0.480 mm.
12 ex.
9 pullus V :
3
.083 mm.
0.475 mm.
6 ex.
ô pullus IV :
2,
.500 mm.
0.400 mm.
1 ex.
Les différences de l'organe copulateur portent sur les points
suivants :
Les deux rameaux sont profondément divisés (fig. 6) ; ils
sont largement séparés dès leur base. Le rameau séminal est
proportionnellement très long ; il diverge d'abord vers l'in-
térieur puis, formant une courbe, vient rejoindre le rameau
secondaire en un point situé au delà de la mi-longueur de ce
dernier. Son extrémité porte un crochet comme chez le type
(fig. 7), mais à la base externe de ce crochet il existe une nodo-
sité très proéminente, p, contre laquelle s'appuie le pulvillum.
Le rameau secondaire ne présente rien de particulier ; il est
long, subsinueux, terminé en crochet, avec une forte dent
subapicale externe.
Si l'on dessine l'organe copulateur du type par la face postéro-
inférieure, la rainure séminale donne un tracé direct, subsi-
nueux, de la base de l'organe à la fourche des deux rameaux.
Chez la race beneharnensis, le tracé est autre ; la rainure s'in-
fléchit jusqu'au bord interne du rameau séminal et se recourbe
vers l'intérieur pour gagner directement la base du pulvillum.
Le bord antérieur ventral du troisième segment de la femelle
(fig. 8) est largement échancré, sans dentelure médiane ni
épanouissements latéraux, comme le type.
Polydesmus Mistrei Brôlemann, 1902.
Département des Alpes- Maritimes (France). — Baume Granet
ou Goule de Mougins, canton de Bar-sur-le-Loup, 17. ix. 05
(gîte n° 91) ; 1 ç pullus vu, 1 ô pullus VI.
Baume du Colombier, canton de Bar-sur-le-Loup, 17. ix.
05 (gîte n° 93) ; 1 9 adulte ; et 27. iv. 08 (gîte n° 214) ; 1 ô adulte,
1 9 et 1 ô pullus VII.
346 H.-W. BROLEMANN
Dimensions Longueur Largeur
9 adulte : 13.00 mm. 1.60 mm.
ô adulte : 13.00 mm. 1.50 mm.
9 pullus VII : 10.00 mm. 1.25 à 1.30
Ô pullus VII : 10.50 mm. 1.30 mm.
9 pullus VI : 8.00 mm. 1.00 mm.
Cette espèce est également connue de la grotte de la Lioure,
près Claviers (Var), et de la grotte de Saint-Jeannet, près
Vence (Alpes-Maritimes).
Polydesmus complanatus Linné, 1761.
Rappelons ici que le type atteint, d'après Latzel :
ô : longueur de 18 à 26 mm. ; largeur de 2.80 à 4 mm.
9 : longueur de 20 à 28 mm. ; largeur de 3 à 5 mm.
Ceux du Nord de la France, que nous avons pris comme
termes de comparaison, rentrent dans ces dimensions. Le
premier écusson est aussi large (ou peu s'en faut) que la tête
et les joues prises ensemble. Les carènes ne sont généralement
que peu réfléchies et on trouve dans le nombre des individus
dont les carènes sont parfaitement horizontales (par ex. un
ô de 18.50 mm. de longueur). Le préfémur de la 9e paire de
pattes du mâle (8e paire ambulatoire) est plus ou moins gib-
beux sunia face dorsale ; ce caractère est très variable. Les soies
dont est ornée la face inférieure du même article sont générale-
ment indistinctement épineuses.
Dans les pattes copulatrices, le rameau secondaire est pourvu
d'une seconde dentelure sur l'arête opposée à celle de la grande
dent, à un niveau un peu inférieur.
Chez la femelle, le bord antérieur ventral du 3e segment est
échancré et pourvu de chaque côté de l'échancrure d'un épa-
nouissement lamellaire, plus ou moins tordu, et prenant par-
fois l'aspect d'un cornet, ainsi que d'une dent médiane qui
prend naissance en dedans du bord du segment, entre les deux
épanouissements.
MYRIAPODES 347
Indépendamment de cette forme typique, nous distinguons
une forme plus réduite, à laquelle Latzel a donné le nom de
angusta. Cette dernière, d'après ses indications, mesure :
longueur, de 12 à 16 mm., largeur de 2.10 à 2.40 mm. Les den-
telures du bord des carènes seraient plus atténuées, les angles
antérieurs seraient presque obtus et le processus terminal du
rameau séminal serait subtortueux.
Entre ces deux formes, il existe des passages.
Forma typica Linné, 1761.
Département de VAveyron {France). — Grotte de la Poujade,
canton de Millau, 1. vin. 08 (gîte n° 233) ; 1 ô et 1 9 adultes.
Département de l'Hérault (France). — Grotte de la Cave de
Labeil, canton de Lodève, 20. iv. 09 (gîte n° 259) ; 1 ô pullus
VIL
Dimensions Longueur Largeur
9 adulte : 18.00 mm. 2.70 mm.
Ô adulte : 18.50 mm. 3.00 mm.
Ô pullus VII : 14.50 mm. 2.70 mm.
La forme du premier écusson et des carènes est typique ; les
carènes 2 à 4 sont à peu près horizontales ; le rameau secondaire
est pourvu d'une seconde dentelure. La taille est petite, il
est vrai, mais en raison de la concordance des autres caractères,
il convient de considérer ces individus comme typiques.
Forma typica, var : pseudinteger, n. var.
Département de VAveyron (France). — Grotte des Caves Ma-
tharel, canton de Saint-Afïrique, 19. iv. 09 (gîte n° 258) ;
1 ô et 2 9 adultes, 1 ô pullus VII, 1 9 pullus VI, 1 9 pullus IV,
2 9 pullus III.
Dimensions Longueur Largeur
9 adulte : 21 à 22 mm. 3.20 mm.
ô adulte : 22.00 mm. 3.00 mm.
ô pullus VII : 17.00 mm. 2.60 mm.
348 H.-W. BRÔLEMANN
Dimensions Longueur Largeur
ç pullus VI : 11.00 mm. 1.80 mm.
9 pullus IV : 4.25 mm. 0.90 mm.
9 pullus III : 3.25 mm. 0.75 mm.
Par ses dimensions cette forme se rattache au type, mais le
mâle présente les caractères suivants :
Le premier écusson est un peu moins large que la tête et
les joues ensemble. Les carènes 2 à 4 sont horizontales ; les
dentelures de leurs bords sont très atténuées. Les bords laté-
raux du 6e tergite sont fortement convexes (fig. 9) ; les angles
antérieurs sont complètement arrondis ; les angles postérieurs
sont largement ouverts et peu accusés ; les dentelures latérales
sont très émoussées ; de là une certaine analogie avec le P. subin-
teger. Le 14e tergite offre une structure en harmonie avec celle
du 6e ; l'angle antérieur (fig. 10) et toute la carène sont plus
arrondis que de coutume ; les dentelures sont à peine sensibles.
En général les mamelons latéraux sont peu boursouflés et la
surface dorsale paraît très plane, surtout dans la moitié posté-
rieure du corps.
Le préfémur de la 9e paire (fig. 11) est très gibbeux ; quant
aux pattes copulatrices (fig. 12) elles ne présentent que des
variations insignifiantes ; la grande dentelure (a) affecte
plutôt la forme d'un lambeau arrondi que celle d'une dent
crochue ; la seconde dentelure (b) existe, elle est émoussée ; le
processus terminal du rameau séminal est un peu plus court
et peut-être moins régulièrement arqué ; toutes différences
dans lesquelles nous ne pouvons voir que des variations indi-
viduelles.
Chez la femelle, même aspect aplani, même effacement des
dentelures latérales ; toutefois les angles antérieurs sont un peu
moins arrondis. Les caractères sexuels du 3e segment sont
normaux ; la dent médiane est bien développée. La femelle se
rapproche donc un peu de la forme typique.
Les jeunes s'en éloignent de moins en moins. Chez pullus VII,
les carènes 2 à 4 ont une tendance à se redresser, les angles
MYRIAPODES 349
antérieurs sont bien marqués ; les bords externes sont presque
rectilignes ; seules les dentelures sont atténuées.
Forma angusta Latzel, 1884.
Département de l'Ardèche (France). — Baumo de la Cam-
pana, canton de Bourg-Saint- Andéol, 31. vin. 09 (gîte n° 285) ;
6 9 et 5 ô adultes, 1 ô pullus VII.
Dimensions Longueur Largeur
9 adulte : 15.00 à 16.00 mm. 2.30 à 2.75 mm.
Ô adulte : 14.50 à 17.00 mm. 2.20 à 2.50 mm.
Ô pullus VII : 11.25 mm. 1.80 mm.
Ces dimensions sont bien celles de la forme de Latzel. Les
carènes (fig. 13 et 14) sont normales. Le préfémur 9 (fig. 15)
est faiblement gibbeux. La seconde dentelure du rameau
secondaire des pattes copulatrices existe chez un individu et
manque chez trois autres ; quant au cinquième, il présente la
dentelure à l'une des pattes et pas à l'autre. Le processus ter-
minal du rameau séminal c (fig. 16), n'est pas tortueux, mais il
est un peu plus grêle que de coutume.
Chez la femelle, au bord antérieur ventral du 3e segment
(fig. 18), la dentelure médiane fait défaut tandis que les épa-
nouissements latéraux sont bien développés. Enfin, les protu-
bérances des hanches de la 2e paire (fig. 17) sont très accusées.
Polydesmus gallicus Latzel, 1884.
Département de VAriège (France). — Grotte de Lavelanet,
canton de Lavelanet, 19. vu. 07 (gîte n° 199) ; 1 9 pullus VI.
Grotte de Liqué, canton de Saint-Girons, 15. ix. 09 (gîte
n° 295) ; 3 ô pullus VIL
Département de la Haute-Garonne (France). — Grotte de
Gourgue, canton d'Aspet, 23. vu. 08 (gîte n° 229) ; 1 ô pullus IV.
Département des Hautes- Pyrénées (France). — Antre ou grotte
de Gargas, canton de Saint-Laurent-de-Neste, 30/31. vn. 05
(gîte n° 2) ; et 20. vm. 07 (gîte n° 210) ; 2 9 pullus VI.
350 H.-W. BRÔLEMANN
Dimensions Longueur Largeur
ô pullus VII : 14.00 à 16.00 mm. 2.25 à 2.60 mm.
9 pullus VI : 9.00 à 10.00 mm. 1.50 à 1.70 mm.
Ô pullus IV : 4.00 mm. 0.80 mm.
Le développement de ces individus ne permet pas de recon-
naître s'il s'agit du type ou d'une variété.
Polydesmus gallicus reflexus, n, subsp.
Département de l'Aude (France). — Grotte d'Artigue- Vieille,
canton de Quillan, été 1904 (gîte n° 141) ; 1 ô adulte.
Grotte de Sabarac, canton d'Axat, 20. iv. 06 (gîte n° 148) ;
1 ô adulte.
Département des Pyrénées-Orientales (France). — Grotte de
Can Pey, canton d'Arles-sur-Tech, 12. iv. 06 (gîte n° 145) ;
1 9 adulte.
Grotte de Sainte-Madeleine, canton de Saint-Paul-de-Fe-
nouillet, 18. vi. 09 (gîte n° 271) ; 1 ô et 2 9 pullus VII.
Dimensions Longueur Largeur
9 adulte : 21.00 à 22.00 mm. 3.00 à 3.10 mm.
ô adulte : 22.00 mm. 3.10 mm.
9 pullus VII : 16.00 à 17.00 mm. 2.75 à 2.80 mm.
ô pullus VII : 17.00 mm. 2.80 mm.
Coloration unifo me. Antennes longues, dépassant le bord
postérieur du 4e tergite. Proportions des articles : 1er art.,
0.25 mm. ; 2e art., 0.55 mm. ; 3e art., 1 mm. ; 4e art., 0 70 mm. ;
5e art., 0.70 mm. ; 6e art., 0.60 mm. ; 7e et 8e art., ensemble
0.30 mm. ; total, 4.20 mm.
Premier tergite aussi large que la tête et les joues réunies.
Bord antérieur à peine convexe ; angles antérieurs complète-
ment arrondis ; bords latéraux un peu divergents en arrière ;
angles postérieurs très ouverts, à pointe émoussée ; bord
postérieur rectiligne au milieu, oblique vers l'avant dans
les côtés. Surface déprimée transversalement en avant de
la rangée postérieure de mamelons ; ceux-ci sont les plus accen-
MYRIAPODES 351
tués, notamment les quatre mamelons médians qui sont un peu
acuminés.
Les carènes des tergites 2 et 3 ont une tendance à se redresser,
mais cette disposition est peu sensible et a disparu déjà sur
le tergite 4. Sur ces mêmes tergites, les mamelons de la zone
médiane sont un peu acuminés, moins cependant que chez
P. coriaceus. Vers l'arrière les mamelons ne tardentpas à s'aplanir.
Ceux de la première rangée sont presque fusionnés deux à deux
et sans autre sillon que le médian. Les sillons transversaux sont
faibles, surtout le sillon antérieur. La 'rangée postérieure de
mamelons est plane mais forme un dessin en zig-zag en avant du
bord postérieur qui reste intact.
Jusqu'au 7e segment, les carènes sont transversales, subrec-
tangulaires, à bords externes très peu convexes, à angles bien
marqués, à dentelures marginales accentuées et aiguës. A
partir du 8e somite (fig. 19 et 20), le bord antérieur de la carène
devient oblique vers l'arrière, son point d'attache avec le
corps forme un épaulement saillant arrondi. Le bord postérieur
est peu échancré mais l'angle postérieur commence à faire
saillie sur le niveau du bord postérieur du tergite dès le 10e so-
mite environ, et devient sensiblement proéminent vers le 16e.
Pattes du mâle épaisses, vêtues de sétules très courtes ;
ongle court et robuste. Préfémur 9 fortement gibbeux (fig. 21) ;
les soies de sa face ventrale sont robustes, courtes et épineuses.
Les pattes copulatrices (fig. 22 à 24) sont un peu plus forte-
ment coudées que chez le type. Le télépodite est fortement
globuleux dans sa concavité, à la base des rameaux. Ceux-ci
ne sont pas croisés. Le rameau séminal est semblable à celui
du type, la crête sur laquelle s'appuie le pulvillum est seule-
ment un peu moins développée. Par contre le rameau secondaire
présente quelques particularités ; à sa base, le long de la con-
vexité du membre, il est simplement accolé au rameau séminal
sans donner naissance à une crête transversale arquée, comme
chez le type. Le processus (p) qui précède la grande courbure
est très allongé, environ cinq fois plus long que large à la base,
352 H.-W. BRÔLEMANN
faiblement rétréci au milieu rapidement aminci à la pointe qui
est précédée d'une dentelure mousse.
Chez la femelle, le bord antérieur ventral du 3e somite
(fig. 25 et 26) est largement échancré ; Féchancrure est arrondie ;
le bord (a) forme une petite crête mince et non un gros bourrelet;
par contre, en avant du bord postérieur il existe une crête
granuleuse (b, b') qui est plus saillante dans les côtés, et qui
s'élargit et se fond rapidement dans les flancs. Les tubercules
des hanches sont médiocrement développés.
Polydesmus Racovitzai, n. sp.
Département des Pyrénées-Orientales {France). — Barranc
du Pla de Périllos, canton de Rivesaltes, 28, v. 06 (gîte n° 149) ;
1 ô et 1 ç adultes.
9 adulte : longueur 14 mm., largeur 1.90 mm.
6 adulte : longueur 13 mm., largeur 1.50 mm.
Coloration uniforme. Antennes médiocrement longues, attei-
gnant le bord antérieur de la 4e carène. Proportions des articles :
1er art., 0.15 mm. ; 2e art., 0.25 mm .; 3e art., 0.50 mm ; 4e art.,
0.35 mm. ; 5e art., 0.40 mm. ; 6e art., 0.40 mm. ; 7e et 8e art.,
ensemble 0.20 mm. ; total, 2,25 mm. Le 6e article est environ
deux fois plus épais que le 3e. Pilosité assez dense.
La tête et le tronc des mandibules sont mats, à surface iné-
gale et couverte de crins un peu plus longs sur le front et près
du labre ; une bande brillante sépare le front du labre ; ce
dernier est tridenté et à peine échancré.
Premier écusson (fig. 27), plus large que vertex mais moins
que la tête et les joues réunies. Bord antérieur et bord postérieur
faiblement convexes ; les côtés sont tronqués ; ils sont inter-
rompus en leur milieu environ par une dentelure ; en avant de
la dentelure ils sont arrondis et en arrière ils sont rectilignes
et parallèles ; la plus grande largeur de l'écusson se trouve ainsi
dans sa moitié antérieure. Les angles postérieurs sont droits,
émoussés. Sur la surface les huit mamelons marginaux anté-
MYRIAPODES 353
rieurs sont à peine indiqués ; les mamelons de la rangée médiane,
notamment les deux externes, sont assez marqués ; ceux de la
rangée marginale postérieure sont bien développés, particu-
lièrement les deux ou trois mamelons externes de chaque côté ;
tous portent un crin de longueur égale environ à la moitié de
la distance qui les sépare l'un de l'autre.
Les carènes suivantes sont horizontales ; celles du 2e somite
sont nettement chassées vers l'avant et les bords latéraux
convergent vers l'arrière ; ces caractères sont de moins en
moins accentués sur les carènes 3 et 4 ; elles sont droites, à
bords antérieurs et postérieurs parallèles sur le 5e et le 6e somite ;
à partir du 8e (fig. 28), l'angle antéro-interne de la carène
devient saillant, son bord antérieur est oblique, son bord pos-
térieur est faiblement échancré ; l'angle postérieur dépasse à
peine le niveau du bord postérieur au milieu du corps, mais s'ac-
centue dans les cinq ou six derniers segments. Les mamelons des
carènes 2 à 4 sont bien développés et acuminés comme chez
P.coriaceus ; vers l'arrière, ils s'aplanissent, et le sillon transversal
postérieur s'efface ; néanmoins la pilosité persiste sur tous les
mamelons. Le mamelon interne des carènes est faiblement
bombé ; il est deux fois plus large que le mamelon digitiforme
externe vers le 8e somite, mais il perd de sa largeur vers l'ar-
rière.
Dernier segment aminci, conique, tronqué à l'extrémité,
avec deux paires de granules piligères latérales et une paire
subapicale. Valves assez bombées, avec un rebord en bourrelet
très accusé. Ecaille préanale en ogive arrondie avec une paire
de granules sétigères coniques saillants. Lames ventrales mates,
finement ciliées, divisées par deux sillons en croix. Leur lar-
geur égale la longueur du 3e article des pattes correspondantes.
Suture pleuro- ventrale nulle.
6e article des pattes ambulatoires plus long que le 3e ; ongle
très court et robuste (fig. 31).
Les hanches de la 2e paire du mâle sont faiblement tubercu-
lées au sommet. Les pattes sont épaissies ; le deuxième article
354 H.-W. BROLEMANN
(préfémur) est fortement gibbeux sur la face dorsale, particu-
lièrement sur la 9e paire (fig. 29). Les soies de la face ventrale
du même article sont spinif ormes, courtes et trapues (fig. 30).
Les pattes copulatrices sont construites sur le type de celles
du coriaceus (fig. 32 et 33). Au delà de l'étranglement basai,
la patte est boursouflée et donne naissance aux deux rameaux,
qui sont écartés dès la base. Le rameau secondaire est relati-
vement grêle et s'amincit progressivement jusqu'à la pointe
en s'incurvant à partir du deuxième tiers de sa longueur.
On remarque une grande dent conique mousse (a) sur l'arête
externe de sa concavité et deux ou trois dentelures acuminées
(x) sur sa convexité ; pas de dent subapicale. Le rameau sé-
minal est épais et court ; il est surmonté d'un appendice en
croissant (d) comme chez P. coriaceus ; à sa base on
remarque deux plis saillants obliques (é). Une particularité
importante de cet organe réside dans la marche de la rainure
séminale qui, au lieu de serpenter sur la face interne du membre
pour se rendre de la base à la fourche des rameaux, se dirige
en ligne droite de la base du membre vers sa concavité pour
épouser les sinuosités des arêtes basales du rameau séminal et,
de là, regagner la fourche et contourner le rameau.
Chez la femelle, les hanches de la 2e paire sont tuberculées
sur leur face postérieure. L'échancrure du bord ventral anté-
rieur du 3e somite est subrectangulaire (fig. 33 bis) ; le fond
rectiligne de l'échancrure présente une petite dentelure mé-
diane (a).
Cette espèce nous est également connue de Banyuls-sur-Mer,
où elle a été recueillie à fleur de terre par le Prof. Duboscq,
de Montpellier.
Polydesmus denticulatus C. Koch, 1847.
Département de l'Yonne (France). — Grotte d'Arcy-sur-Cure,
canton de Vermenton, 16. ix. 07 (gîte n° 193) ; 4 9 et 1 ô adultes,
7 9 et 5 ô pullus VII, 4 9 et 1 ô pullus VI, 3 9 et 3 ô pullus V.
MYRIAPODES
355
Grotte des Fées, canton de Vermenton, 16. ix. 07 (gîte n° 194);
3 9 adultes, 3 9 et 2 ô pullus VII, 1 ô pullus VI.
Longueur Largeur
12.50 à 16.00 mm. 1.50 à 2.00 mm.
18.00 mm. 2.00 mm.
9.50 à 12.75 mm.
10.50 à 13.00 mm.
7.50 à 9.00 mm.
10.00 mm.
6.00 à 6.25 mm.
5.25 à 6.50 mm.
1.20 à 1.70 mm.
1.20 à 1.70 mm.
0.90 à 1.30 mm.
1 .30 mm.
0.80 à 0.90 mm.
0.80 à 0.90 mm.
Dimensions
9 adulte :
ô adulte :
9 pullus VII :
ô pullus VII :
9 pullus VI :
ô pullus VI :
9 pullus V :
6 pullus V :
Nous n'avons eu à noter chez ces individus que les parti-
cularités suivantes, que nous estimons n'être que des varia-
tions individuelles :
Le rameau secondaire (fig. 34 à 36) est arqué en faucille plus
régulièrement encore que le représente Attems pour des exem-
plaires de Graz (fig. 185, Attems 1898, System der Polydes-
miden, I). Son appendice externe (p) est bien développé, large,
un peu arqué et muni d'une forte dent aiguë (p') près de la
base ; cette dent semble très courte chez les individus de Graz
(Attems, même figure) et chez ceux de la vallée du Rhin illus-
trés par Verhoeff (1891, Beitrag zur mitteleuropaischen Di-
plopoden-Fauna), en cela nos dessins se rapprochent de celui
d'ATTEMS (fig. 186, 1. c.) emprunté à des individus de Basse-
Autriche.
Le rameau séminal est normal, avec la dentelure de la face
externe (y) bien développée
Chez la femelle, l'échancrure du bord antérieur ventral du
3e somite est subtriangulaire-arrondie, sans dentelure ni épa-
nouissements latéraux ; le bord de l'échancrure (d) est simple-
ment aminci et réfléchi. Entre celui-ci et le bord postérieur, il
existe une crête (c, c') plus accusée de chaque côté qu'au milieu
(fig. 37 et 38).
4KCH. DE ZOOL. EXP. ET QÉN.
SÉRIE. — T. Y. — (VII).
20
356 H.-W. BRÔLEMANN
Polydesmus subinteger Latzel, 1884.
Département de la Seine (France). — Catacombes de Bicêtre,
canton de Villejuif, hiver 1905, été 1906- (gîte n° 132) ; 7 9 et
1 ô adultes, 1 ô pullus VII.
Département de l'Ardèche (France). — Grotte du Lautaret,
canton d'Aubenas, 28. vin. 09 (gîte n° 278) ; 1 ç et 1 ô adultes,
2 ç et 4 ô pullus VII, 7 9 et 14 ô pullus VI.
Dimensions Longueur Largeur
9 adulte : 13.00 à 16.00 mm. 1.70 à 2.00 mm.
ô adulte : 14.50 à 18.50 mm. 1.60 à 2.10 mm.
9 pullus VII : 12.00 mm. 1.50 à 1.70 mm.
Ô pullus VII : 11.50 à 12.50 mm. 1.50 à 1.80 mm.
9 pullus VI : 7.50 à 8.50 mm. 1.00 à 1.30 mm.
ô pullus VI : 8.00 à 9.50 mm. 1.10 à 1.30 mm.
Les pattes copulatrices de cette espèce, d'ailleurs fort
connue et très répandue en France et dans le nord de l'Alle-
magne, ont été plusieurs fois figurées, mais avec des résultats
plus ou moins satisfaisants. Latzel, qui a décrit l'espèce en
1884 (in Gadeau de Kerville, Myriapodes de la Normandie —
lre liste), a donné une figure trop petite et insuffisamment dé-
taillée. Le même reproche est à adresser aux figures du P. ma-
cilentus de A. Humbert (1893, Myriapodes des environs de Ge-
nève — œuvre posthume). Verhoeff (1891, Ein Beitrag zur
mitteleuropàichen Diplopoden-Fauna) n'est pas tombé dans
le même travers, sa figure est grande, mais elle est loin de donner
l'impression de la forme boursouflée de cet organe ; de plus,
il représente le rameau séminal simplement tronqué à son extré-
mité et couronné par un bouquet de longues soies ; peut-être
a-t-il eu sous les yeux un individu difforme, car, s'il en était
autrement, il y aurait lieu de considérer ses individus comme
les représentants d'une variété. Après lui Rothenbuhler
(1899, Ein Beitrag zur Kenntnis der Myriapoden-Fauna der
Schweiz — Inaug. Dissert.), sous le synonyme de var. : Hum-
MYRIAPODES 357
oerti, et Faes (1902, Myriapodes du Valais) n'ont guère été
plus heureux. Meilleure, sans être toutefois complètement
satisfaisante sous sa forme un peu schématisée, est le dessin
publié par Attems (1898, System der Polydesmiden — 1er
Theil). C'est pourquoi nous voulons à notre tour tenter de
donner une reproduction de cet organe, mais en le présentant
non pas sur une seule face, comme l'ont fait nos devanciers,
mais sur trois faces, savoir : le profil externe (fig. 39), le profil
interne (fig. 40) et la face concave (fig. 41). Ces dessins sont em-
pruntés à un mâle des Catacombes de Bicêtre qui représente
pour nous le type Latzelien.
Le rameau secondaire (le plus facile à figurer) n'offre rien
de particulier, si ce n'est qu'il est mieux séparé du télépodite
que chez aucune autre de nos espèces françaises ; on peut
même y voir des rides ou strioles qui déh mitent exactement
sa base. Immédiatement avant la base de ce rameau, le télé-
podite est gibbeux sur son arête antéro-supérieure (l). A peine
détaché du tronc, le rameau séminal présente, sur la face ex-
terne, une énorme boursouflure globuleuse (z) qui forme la
saillie volumineuse de la figure 41. Le rameau séminal est court,
il dépasse de peu la boursouflure en question ; il est tronqué
à l'extrémité, mais à cet endroit il présente des particularités
variables même suivant les individus. On y peut reconnaître
essentiellement deux systèmes de crêtes. La crête de la face
concaye porte le pulvillum ; elle est tordue et ses deux
sommets (h), vêtus de pilosité courte, sont placés dans des plans
perpendiculaires l'un à l'autre. La seconde crête (i) contourne
le sommet du rameau sur ses autres faces ; elle est brusquement
tronquée, sur la face interne, au voisinage de la crête pileuse,
point où elle forme souvent une dentelure plus ou moins aiguë ;
sur la face interne elle est rabattue vers l'intérieur, donnant
naissance à une fossette submarginale (/) ; puis elle se redresse
en contournant le membre par la face antéro-supérieure et,
en ce point, elle est souvent déchiquetée et dentelée (de là
cette pointe apicale qui se voit sur la figure de Latzel) ; enfin
358 H.-W. BRÔLEMANN
elle s'atténue sur la face externe et disparaît avant d'atteindre
l'autre extrémité de la première crête.
Cette description était d'autant plus nécessaire qu'il existe
une autre forme moins connue et pas mieux figurée, dont il
est bon de faire ressortir les différences, bien qu'elle n'ait
pas encore, que nous sachions, acquis le titre de cavernicole.
Nous devons des dessins des pattes copulatrices de cette seconde
forme, par ordre chronologique, à R.-I. Pocock, sub. Pol.
Laurae (1890, Description of a new Polydesmus from Liguria.
— Ann. Mus. Civ. Stor, Nat. Genova, X, 31 déc. 1890) ; à
Berlese, sub. Pol. eximius (1891, xA.cari, Myriapodi et Scor-
piones, hucusque etc., fasc. LIX, n° 8, 28. n. 1891) ; et à
Rothenbuhler, sub. P. subinteger var. Steckii (1900, Zweiter
Beitrag zur Kenntnis der Diplopoden-Fauna der Schweiz).
Cette forme doit donc prendre le nom de :
Polydesmus subinteger, subspecies Laurae Pocock, 1891.
Ses pattes copulatrices sont quelque peu différentes de celles
du type, comme on en peut juger par les trois figures que nous
publions en regard des premières : fig. 44, profil externe ;
fig. 45, profil interne ; fig. 46, concavité. Ici la partie distale du
rameau secondaire, comprise entre la grande dentelure (a)
et la pointe, est généralement un peu plus courte. Le rameau
séminal est moins trapu, plus long. Sur sa face interne, le
long de l'arête antéro -supérieur, il existe une crête longitu-
dinale (k) qui, avec la crête apicale très prononcée, forme
une fossette profonde (/) dont le fond est faiblement soulevé
par la vésicule séminale. Sur la face opposée, la grosse bour-
souflure (z) existe, aussi saillante extérieurement, mais moins
bien définie, moins globuleuse en ce sens qu'elle s'étend un
peu plus vers la base de l'organe ; par contre, elle déborde
moins sur la face antéro-supérieure. Au-delà de la boursou-
flure l'organe est plus développé, sa pointe est tronquée
comme dans le type et nous y retrouvons les crêtes caracté-
MYRIAPODES 359
ristiques ; chez l'individu modèle, la crête dorsale (i) est très
développée et c'est elle qui, vue par la tranche, apparaît sous
forme de dent apicale sur la figure 43.
Les caractères sexuels de la femelle présentent eux aussi
des différences. Le bord antérieur ventral du 3e segment est
largement échancré. Chez le type (fig. 42 et 43), il existe au
milieu une dent triangulaire (a) plus large que longue ; cette
dent est flanquée de part et d'autre de crêtes arrondies (b b')
aussi longues que la dent médiane et beaucoup plus larges
qu'elle ; le bord du segment semble ainsi entaillé de quatre
échancrures, deux médianes et deux latérales. En outre, la
face ventrale du segment est traversée, entre le bord antérieur
et le bord postérieur, mais plus près de ce dernier, par une
crête transversale basse (c c) moins accentuée sur la ligne
médiane que de chaque côté.
Chez la race Laurae, même disposition (fig. 47 et 48), mais
la dentelure médiane (a) est presque complètement obsolète,
son emplacement n'étant indiqué que par un dénivellement.
Par contre, les crêtes latérales (b b') sont beaucoup plus déve-
loppées, presque aussi longues que larges et un peu déviées
extérieurement, rappelant la structure du P. comjjlanatus.
Quant à la crête transversale postérieure elle est obsolète.
Chez les deux formes, les coxoïdes de la deuxième paire
de pattes ambulatoires sont construits de même. La face posté-
rieure est tuberculée (comme chez complanatus, gallicus, etc.) ;
mais, en outre, du tubercule se détache un prolongement co-
nique qui est dirigé horizontalement vers l'extérieur et qui
atteint le premier tiers de l'article suivant (fig. 42 et 47).
La répartition géographique de ces races est différente. Le
type est commun dans les bassins du Rhin et de la Moselle
(Verhoeff), dans la vallée du Rhône depuis son origine (Faes,
Rothenbuhler, 1899) et dans le nord de la France. D'après
Latzel, il descend le long de la côte de l'Atlantique jusque dans
les Deux-Sèvres et en Charente. Il est probable qu'il habite
tout le centre de la France, car nous le possédons d'Avignon
360 H.-W. BROLEMANN
et de l'Isère. Il n'est pas encore connu des Pyrénées.
La race Laurae, par contre, est une forme -exclusivement
méridionale qui est commune sur notre littoral méditerranéen,
à partir de Cannes, Vers l'est. La var. Steckii provient des
Alpes Cottiennes et le P. eximius des Apennins.
Polydesmus dismilus Berlese, 1891.
(Syn. : P. Bolivari Verhoeff, 1907, Uber Diplopoden, 7
(27) Aufs.)
Espagne. — Cuevas de las Devotas, partido de Boltana, pro-
vince de Huesca, 13. vin. 05 (gîte n° 33) ; 1 9 pullus VIL
Cueva de abajo del Collarada ou Cueva de las Guixas, par-
tido de Jaca, province de Huesca, 30. vin. 05 (gîte n° 53) ;
2 9 adultes.
Algérie. — Rhar-Ahdid, commune de Tababort, province de
Constantine, 11. x. 06 (gîte n° 181) ; 5 ô adultes, 8 9 et 7 ô pul-
lus VII, plus 12 individus brisés.
Dimensions Longueur Largeur
9 adulte : 18.00 mm. 2.50 à 2.70 mm.
ô adulte : 20.00 à 21.00 mm. 2.50 à 2.80 mm.
9 pullus VII : 13.50 à 14.50 mm. 1.90 à 2.30 mm.
Ô pullus VII : 13.25 à 15.50 mm. 1.95 à 2.30 mm.
Le Dr Verhoeff compare son Bolivari au gallicus; il en
a en effet les dimensions, mais, en ce qui concerne les individus
cavernicoles algériens, la comparaison ne va pas au delà, car la
sculpture est différente.
Les tergites (fig. 49 et 50), 2, 3 et 4 sont plus chassés vers
l'avant, les angles postérieurs sont plus arrondis. Alors que,
chez gallicus, le bord postérieur a une tendance à s'échancrer
et l'angle postérieur devient aigu dès le 5e somite, chez dis-
milus, il faut arriver au 9e écusson pour retrouver cette ten-
dance, le bord postérieur des carènes 5 à 8 étant parfaitement
rectiligne. Les angles postérieurs sont donc en général moins
MYRIAPODES 361
proéminents. En outre, le mamelon interne des carènes est plus
bombé, plus large, plus nettement séparé du tronc, et le ma-
melon marginal est plus étroit. Il résulte de cette structure que la
région dorsale médiane paraît déprimée par rapport aux carènes.
En ce qui concerne l'aspect de l'animal, la figure générale
de Berlese (1 c, fasc. LIX, n° 9) est assez fidèle ; quant à sa
figure 3, dans laquelle les carènes ont la forme de celles du
subinteger, elle ne peut en rien s'appliquer aux individus
algériens. Il y a peut-être là une variété à distinguer.
A partir des pattes de la 3e paire, le préfémur est gibbeux
sur la face dorsale, comme l'a représenté Verhoeff.
Dans leur ensemble, les pattes copulatrices (fig. 51 et 52),
sont bien semblables à celles publiées par nos devanciers. Nous
remarquons seulement que les deux protubérances qui protè-
gent le pulvillum sur la face postéro-inférieure du rameau sé-
minal sont un peu plus développées et qu'à Tune d'elles s'en
adjoint une troisième (g) dont nous ne voyons pas trace dans les
dessins de nos collègues.
Chez une femelle du gîte n° 53, le bord antérieur ventral
du 3e somite (fig. 53 et 54) est conformé comme chez le subin-
teger typique, à cette différence près que les crêtes latérales
(b, b') sont moins développées. Les hanches de la 2e paire sont
normalement tuberculées, c'est-à-dire dépourvues de prolon-
gement conique transversal.
Cette espèce, citée pour la première fois d'Italie, semble
n'être pas rare en Espagne, d'où elle nous a déjà été communi-
quée (peut-être de Grenade) par le prof. Bolivar. Ces échantil-
lons avaient les pattes copulatrices conformées comme les indi-
vidus algériens. Le type du Bolivari vient de Valence.
LEP TODE SMIN AE
Devillea tuberculata Brôlemann, 1902.
Département des Alpes- Maritimes (France). — Baume Granet,
canton de Bar-sur-le-Loup, 17. ix. 05 (gîte n° 91) ; 1 9 adulte.
362 H.-W. BRÔLEMANN
Baume du Colombier, canton de Bar-sur-le-Loup, 27. iv.
08 (gîte n° 214) ; 1 ô pullus VI.
Dimensions : ç adulte : longueur 8 mm., largeur 0.60 mm.
Cette espèce est là dans son domaine classique ; elle a été
décrite sur des individus recueillis dans la Baume obscure,
près Tourettes-sur-Loup et dans la grotte de Saint-Jeannet, près
Vence (Alpes-Maritimes), par M. Sainte-Clair Deville.
Le prof. Silvestri a décrit en 1903 (in : Berlese, Acari
Myriapodi et Scorpiones hucusque etc., fasc. C, n° 2), une
Devillea Doderoi, habitant les cavernes de Sardaigne. Elle se
distingue de la nôtre par la forme du 1er écusson dont la rangée
postérieure de tubercules est très saillante ; est-ce bien là un
caractère spécifique? Il est remarquable que l'auteur ne dise
mot du rameau secondaire des pattes copulatrices ; on en est
réduit à se demander s'il existe, ce qui est un point capital de
la structure de l'espèce. Nous ne sommes pas mieux fixés sur
les caractères sexuels secondaires, tels que la palmette qui ac-
compagne la 3e paire de pattes ambulatoires. Dans ces conditions
toute comparaison est impossible et l'utilité d'une semblable
description devient très problématique.
Genre HAPLOLEPTODESMUS, n. gen.
C'est à tort, à notre avis, que le nom générique de Lepto-
desmus a été étendu à l'espèce africaine de Lucas et à ses con-
génères. Les Leptodesmus ont le 7e segment et les hanches des
pattes copulatrices construits sur le même type que le mauri-
taniens, mais ce sont là des caractères de famille ; le télépodite
des pattes copulatrices est absolument différent, clivé qu'il est
en deux rameaux. Il y a donc lieu de créer pour les formes médi-
terranéennes un genre qui se reconnaîtra des Leptodesmus aux
caractères suivants :
Télépodite formé d'une tigelle longue, plus ou moins gra-
duellement amincie de la base à la pointe, généralement grêle
et totalement dépourvue de tout prolongement fémoral, tarsal
MYRIAPODES 363
ou autre. Une rangée longitudinale de fortes soies est disposée
le long de l'arête externe du membre et dépasse parfois la moitié
de sa longueur. La rainure séminale parcourt tout le télépodite
et aboutit à son extrémité.
La figure 55 représente le gnathochilarium de la nouvelle
variété du H. mauritaniens, ainsi que les appendices antérieurs
sensoriels dont il est pourvu.
Dans ce genre sont à inscrire :
Polydesmus mauritaniens Lucas, d'Algérie ;
Polydesmus (Oxyurus) cyprins Humb. et Sauss., de Chypre ;
une espèce désignée par Attems (1894, Die Copulationsfiïsse
der Polydesmiden) sous le nom de :
Oxyurus Throx ;
ainsi qu'une espèce des collections du Muséum d'Histoire
Naturelle, dont nous représentons ici les pattes copula-
trices (fig. 62 et 63) et que nous désignons sous le nom de :
Haploleptodesmus caramanicus, de la côte de Caramanie.
Haploleptodesmus mauritanicus Lucas, var : geniculatus, n. v.
Algérie. — Grotte de la Madeleine, commune de Tababort,
province de Constantine, 11. x. 06 (gîte n° 179) ; 2 ç et 1 ô
adultes.
Rhar-el-Baz, commune de Tababort, province de Constan-
tine, 11. x. 06 (gîte n° 180) ; 2 9 adultes.
Dimensions
9 adulte : longueur 37.00 à 41.00 mm., largeur 6.30 à 7 mm.
ô adulte : longueur 38.00 mm., largeur 6.50 mm.
Cette variété diffère principalement du type par la forme
des pattes copulatrices (fig. 56) qui sont coudées au delà du
deuxième tiers de leur longueur et subanguleuses sur l'arête
interne en ce point. Jusqu'à la courbure le télépodite est pro-
portionnellement large ; au delà il est grêle et tordu sur lui-
même ; l'extrémité est tronquée, la rainure séminale y aboutit,
364 H.-W. BRÔLEMANN
et son ouverture est bordée de spinules (fig. 57). La rangée ex-
terne de soies atteint presque la courbure, elle dépasse par con-
séquent le milieu de l'organe. Pour mieux permettre d'appré-
cier les différences, nous reproduisons, en regard des pattes
copulatrices de notre variété, celles d'individus faisant partie
des collections de Lucas et conservés au Muséum d'Histoire
Naturelle (fig. 60 et 61).
La face inférieure des pattes de la lre paire est plantée
de soies longues (fig. 58). Les hanches de la seconde paire sont
surmontées d'un tubercule acuminé (fig. 59).
STRONGYLOSOIMNAE
Strongylosoma italicum Latzel, 1886.
Département de la Seine (France). — Catacombes de Bicêtre,
canton de Villejuif, hiver 1905, été 1906 (gîte n° 132) ; 3 9 et
1 ô adultes.
9 adulte : longueur 10.50 à 12.00 mm., largeur 1.25 à 1.30 mm.
Ô adulte : longueur 11.00 mm., largeur 1.00 mm.
LYSIOPETALOIDEA
Callipus foetidissimus Savi, 1819.
Département des Alpes- Maritimes (France). — Grotte du
Laura ou de l'Ermite, canton de Sospel, 25. ix. 05 (gîte n° 90) ;
Baume du Colombier, canton de Bar-sur-le-Loup, 17. ix.
05 (gîte n° 93) ; et 27. iv. 08 (gîte n° 214).
Grotte d'Albarea, canton de Sospel, 25. ix. 05 (gîte n° 93).
Particularités individuelles :
Gîte n° 90 : <*> adulte : 58 segments, dont 3 apodes, 103 paires
de pattes.
Gîte n° 90 : 9 adulte : 58 segments, dont 3 apodes, 105 paires
de pattes.
MYRIAPODES 365
Gîte n° 90 : 9 jeune : 42 segments, dont 5 apodes, 69 paires
de pattes.
Gîte n° 93 : 9 jeune : 55 segments, dont 4 apodes, 97 paires
de pattes.
Gîte n° 95 : 9 jeune : 52 segments, dont 4 apodes, 91 paires
de pattes.
Gîte n° 214 : ô adulte : 60 segments, dont 3 apodes, 107 paires
de pattes.
Gîte n° 214 : 9 adulte : 55 segments, dont 3 apodes, 99 paires
de pattes.
Gîte n° 214 : 9 jeune : 57 segments, dont 4 apodes, 101 paires
de pattes.
La femelle du gîte n° 95 présente cette particularité d'avoir
la 32e paire de pattes (c'est-à-dire la paire antérieure du 19e so-
mite) régénérée. Nous en donnons une figure à titre de docu-
ment. Dans l'un des moignons (fig. 64) on reconnaît la trace
de trois articulations et d'un étranglement subapical (A. B, C,
D) ; dans l'autre, il n'y a que deux articulations d'indiquées
(A>, B').
Le Dr Verhoeff a établi récemment une distinction entre les
individus de Lombardie, qu'il désigne sous le nom spéci-
fique de longobardius, et ceux de l'Italie méridionale. Mais en
l'absence de figures, nous ne sommes pas en mesure de décider
si les exemplaires ci-dessus appartiennent ou non à la forme
lombarde, comme tout le donne à supposer.
II. PARTIE ANALYTIQUE
Les espèces, races, ou variétés que nous venons d'énumérer
sont au nombre de 22. Bien peu parmi elles peuvent être consi-
dérées comme faisant des grottes leur séjour habituel. La plu-
part sont communes à la surface et leur présence dans des exca-
vations du sol pourrait être taxée d'accidentelle, s'il ne s'agis-
sait pas de formes amies de l'humidité, qui recherchent les abris
366 H.-W. BRÔLEMANN
obscurs, et qui trouvent dans les grottes des conditions d'exis-
tence convenant parfaitement à leur humeur lucifuge. Tels sont
notamment la Scutigerelle, le Callipus, le Strongylosome et
les grands Polydesmiens, complanatus, gallicus, Racovitzai,
denticulatus, dismilus et subinteger. Chez deux de ces derniers,
cependant nous avons pu reconnaître des différences avec la
forme usuelle, assez marquées pour permettre la création d'une
race et d'une variété distinctes.
Nous ne pouvons toutefois pas mettre ces variations sur le
compte de la vie cavernicole.
Polydesmus gallicus reflexus est une forme qui se rencontre
en plein air. Nous en avons recueilli des échantillons dans la
forêt de la Seoubo, au-dessus de Saint-Béat (Haute- Garonne)
et dans les Pyrénées -Orientales (Montlouis, vallon d'Eyne).
Il est donc probable qu'elle n'est pas rare et que, si on l'a ignorée
jusqu'ici, c'est parce qu'on a peu exploré son domaine au point
de vue myriapodologique.
Polydesmus Racovitzai est peut-être dans le même cas, mais
doit avoir une aire de dispersion plus restreinte. Ses caractères
ne diffèrent du reste pas de ceux que nous avons relevés sur
des individus lucicoles de Banyuls-sur-Mer.
Pour la variété pseudinteger du complanatus les faits sont
moins évidents et on pourrait être tenté d'envisager la varia-
tion de ses carènes comme la conséquence d'un changement
de milieu. Nous ne croyons pas que ce soit le cas, et ce pour deux
raisons. En premier lieu, s'il s'agissait d'une variation due à
un séjour prolongé dans des grottes, cette variation aurait eu
sa répercussion sur toute la lignée de ces animaux et notamment
sur sa femelle et les états immatures au même titre que sur le
mâle adulte. Nous voyons le cas se produire pour le P. progrès-
sus, dont nous parlerons tout à l'heure, chez lequel les états
immatures aussi bien que les adultes se ressentent des effets
de conditions anormales ; c'est un caractère acquis. Mais pour
pseudinteger, le cas est tout autre, puisque la femelle est moins
modifiée que le mâle et que les jeunes se rapprochent de la
MYRIAPODES 367
forme typique. En second lieu nous connaissons une variété
de complanatus (encore inédite, mais qui sera publiée prochaine-
ment) vivant à la surface du sol, qui présente une variation
analogue de la forme des carènes. Il n'y a aucune raison pour
incriminer la vie souterraine dans un cas alors qu'elle n'est
certainement pas en jeu dans l'autre cas.
L'absence de matériaux de comparaison ne nous permet pas
de formuler d'observations sur les P. denticulatus, le P. dis-
milus (espèce méridionale peu connue) ni sur la nouvelle va-
riété de Haploleptodesmus. Le Polyxenus lucidus Jeanneli
est malheureusement en trop mauvais état pour donner lieu
à des observations utiles. Le Polydesmus Mistrei et la Devillea
tuberculata, recueillis sur le heu d'origine des types mêmes,
ne présentent pas de différences appréciables.
L'espèce de toutes la plus intéressante, tant par le nombre
des individus recueillis que par les constatations qu'il nous a été
donné de faire, est sans contredit le Polydesmus progressus Brôl.
Nous avons eu à examiner plus de 160 échantillons recueillis
par MM. Jeannel et Racovitza dans 16 gîtes différents. D'autre
part, nous avions à notre disposition comme termes de compa-
raison, plus de 100 individus trouvés par nous- même dans la
grotte de Bétharram, ainsi que 29 individus provenant des
jardins de Pau et de la vallée du gave voisin. Dans ces condi-
tions il nous a paru instructif de dresser la carte de l'aire de
dispersion de cette forme, que nous publions ici.
Les points saillants de cette carte sont : l'existence d'un
groupement de gîtes couvrant presque tout le département
de l'Ariège ; une lacune dans les Hautes-Pyrénées ; et un petit
groupement dans les Basses-Pyrénées.
Sur le vu d'une semblable répartition on peut d'ores et déjà
établir que l'habitat d'élection de notre espèce se trouve dans
les excavations des vallées des trois affluents de la Garonne,
le Salât, l'Arize, et l'Ariège. Vers l'est et vers l'ouest, le pro-
gressus devient plus rare et ne tarde pas à disparaître pour se
retrouver ensuite, à l'Occident, dans les Basses-Pyrénées.
368 H.-W. JBRÔLEMANN
La carte que le Dr Jeannel a dressée de la dispersion de son
genre Speo?wmus offre quelques points de similitude avec la
nôtre, mais en dehors des deux groupements précités, il en
existe d'autres sur le versant français des Pyrénées, dans la
vallée de la Têt, dans celle du Gave d'Oloron et dans les Pro-
vinces basques ; ces groupements n'ont pas d'analogues sur
notre carte.
Que le groupe de la vallée de la Têt fasse défaut, n'est
pas très surprenant si l'on songe à la différence de conditions
climatériques que présente cette région plantée de pins cornus
avec celle de l'Ariège, dont les essences à feuilles caduques
forment le principal revêtement. Moins naturelle, par contre,
paraît l'absence du progressus dans la vallée d'Ossau et dans
les Pays basques. Et cependant il faut admettre, quant à pré-
sent, qu'il manque dans ces grottes puisque d'excellents cher-
cheurs comme MM. Jeannel et Racovitza ne l'y ont pas ren-
contré, et que de plus notre collègue M. Eug. Simon et nous-
même y avons chassé à maintes reprises et fait d'amples mois-
sons de Myriapodes sans rapporter un seul échantillon de l'es-
pèce en question.
Ces faits indiquent donc que les conditions d'existence du
progressus ne sont pas les mêmes que celles des Speonomus ;
ou bien qu'il intervient dans l'histoire de la répartition du pre-
mier un ou plusieurs facteurs qui ne jouent aucun rôle dans la
dispersion des autres. Aussi, quelque intéressante que puisse
être l'explication basée sur les phénomènes glaciaires, que donne
le Dr Jeannel, touchant les groupements de ses coléoptères, ne
croyons-nous pas devoir l'adopter pour notre espèce, sans
tout au moins la modifier.
Nous ne contesterons toutefois pas que les différentes gla-
ciations des Pyrénées ne jouent un rôle prépondérant dans
la question. Nous sommes tout disposés même à admettre leur
action comme principal facteur d'un fait, peu connu d'ailleurs,
mais dont nous avons eu à signaler déjà l'existence (la haute
vallée de la Neste, Toulouse, 1908) ; c'est-à-dire la présence,
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370 H.-W. BRÔLEMANN
dans les Pyrénées, de deux faunes distinctes, que nous désigne-
rons par abréviation, par les termes de « faune centrale » et
« faune occidentale ».
Nous ne prenons pas ici en considération les Pyrénées-
Orientales qui possèdent peut-être une troisième faune.
Ce fait nous a été révélé par la comparaison du résultat de
nos chasses avec celles du prof. Ribaut. Ce dernier, qui a eu
l'occasion de faire de nombreuses recherches dans la haute
vallée de la Garonne, en a approfondi les secrets et c'est grâce
à son aimable concours, que nous avons pu fixer quelques points
de repères. C'est ainsi que nous avons constaté qu'aux Hete-
rozonium pyrenaeum, Leucoiulus spinosus, Cylindroiulus Cha-
landei, Leptoiulus garumnicus, umbratilis, juvenilis, Loboglo-
meris pyrenaica de la faune centrale, viennent s'opposer, dans
les Basses-Pyrénées, Heterozonium latum, Micropodoiulus
spaihifer, Cylindroiulus pyrenaicus et sagittarius, Leptoiulus
silvicola, Loboglomeris rugi fera, Glomeridella vasconica et pro-
bablement d'autres encore.
Anxieux de savoir où pouvait se trouver la limite de ces deux
faunes, nous avons pris pour types les deux Loboglomeris,
pyrenaica (centrale) et rugi fera (occidentale), grosses espèces,
abondantes dans leurs régions respectives et facilement recon-
naissables à leur coloration, et nous nous sommes efforcé de
délimiter leur aire de dispersion. Depuis la publication de notre
travail de 1908, nous sommes parvenu à trouver les deux formes
réunies sur le même terrain, dans la vallée de Pierrefitte. Nous
avons donc admis comme frontière le Viscos, cet éperon qui
sépare Luz à l'est de Cauterets à l'ouest, puisque c'est des deux
côtés de sa base, à Calypso, entre Pierrefitte et Cauterets
d'une part, et au Pont-de-la-Reine, entre Pierrefitte et Luz
d'autre part, que nous avons recueilli côte à côte les deux
Loboglomeris caractéristiques.
Il est bien entendu que, si nous parlons de frontière, il ne
s'agit ici que d'une délimitation théorique. Nous n'avons pas
encore vu Lob. rugi fera à l'est de Barèges (au-dessus de Luz)
MYRIAPODES 371
ni Lob. pyrenaica à l'Ouest de Cauterets ; mais rien ne dit qu'on
ne rencontrera pas, soit d'un côté soit de l'autre, des colonies
isolées dépaysées. De même, si le Viscos peut être considéré
théoriquement comme séparant les domaines des deux Lobo-
glomeris, il n'est pas forcément frontière pour d'autres formes.
C'est ainsi que Heterozonium latum existe dans la vallée de la
Garonne, que Cylindroiulus sagittarius et Micropodoiulus
spathifer ne paraissent pas dépasser vers l'Est la haute vallée
de la Neste, etc., etc. Mais la superposition des limites de chaque
espèce (une fois que ces limites auront pu être établies) donnera
une zone frontière qui sera forcément comprise entre la vallée
de la Pique et la vallée d'Ossau, puisque dans ces deux vallées
les faunes sont spéciales et homogènes. Or le Viscos se trouvera
précisément en pleine zone frontière.
Ces faits, bien que paraissant étrangers au sujet spécial que
nous traitons, n'en sont pas moins en rapport direct avec la
dispersion du Pol. progressus. Ce polydesmien, par son groupe-
ment dans les vallées de l'Ariège, appartient évidemment,
avons-nous dit, à la faune centrale. Son aire de dispersion doit
donc s'étendre jusqu'au Viscos et peut-être même au delà.
Si nous ne le possédons pas encore de la vallée même de Pierre-
fitte, nous connaissons sa présence à Gargas, vallée de la
Neste ; il habite donc sur le versant opposé à Luz.
Ceci permet alors de comprendre sa présence dans la vallée
du Gave de Pau, qui est alimenté par les eaux des torrents
descendant de Gavarnie et de Cauterets. Le groupement des
Basses-Pyrénées résulte du transport, au moyen des eaux du
Gave, d'individus qui ont fondé des colonies à fleur de terre
sur ses bords.
Mais si ces rapprochements sont suffisants pour expliquer le
présence du progressus jusqu'à Pau, ils ne le sont plus pour
expliquer pourquoi des colonies épigées, placées par conséquent
dans des conditions anormales, montrent si peu de différences
avec le type, notamment dans les pattes copulatrices, dont la
morphologie est si sensible aux agents qui déterminent l'évolu-
AECH. DE ZOOL. EXP. ET OÉN. — 6e SÉRIE. — T. V. — (Vil). 27
372 H.-W. BRÔLEMANN
tion de ces êtres ; pourquoi, à quelques pas de ces colonies
épigées, il s'en trouve une hypogée, dans la grotte de Béthar-
ram, qui vit dans des conditions qu'on serait en droit de croire
analogues à celles dans lesquelles vit le type, et qui pourtant
montre des traces indiscutables de variation.
Pour élucider ces différentes questions, il est bon de se
rappeler le dimorphisme sexuel que présente le progressus.
Issu de formes à 20 segments, comme nous avons eu l'occasion
de le démontrer autrefois, il s'est trouvé fixé à un moment
critique de son existence où le mâle, sous l'empire de l'accélé-
ration métagénésique, avait déjà franchi l'échelon qui sépare
ses ancêtres de la forme supérieure à 19 segments, tandis que
la femelle, attachée à ses anciennes traditions, conservait
dans son intégralité l'héritage de ses aïeux. De là ce ménage
hétéroclyte d'un mâle Brachydesmus avec une femelle Poly-
desmus, union qui semble d'ailleurs avoir eu les plus heureux
résultats à en juger d'après les récoltes spéologiques de
MM. Jeannel et Racovitza. Et ceci a dû se passer à une époque
où les congénères du progressus, exposés à de plus dures néces-
sités que lui, complétaient leur évolution par la métamor-
phose des deux sexes, tandis que cessait pour lui l'action des
agents extérieurs qui motivaient sa transformation.
A quelle période géologique peut-on faire remonter ces phé-
nomènes ?
Ici nous ne pouvons pas suivre le Dr Jeannel dans ses raison-
nements. Ils s'appliquent à des coléoptères ; ils peuvent être
fort justes dans ce domaine ; mais nous ne sommes pas porté
à appliquer ses conclusions à notre groupe d'Arthropodes. Il
est un point notamment qui, toujours parlant de Myriapodes,
nous paraît très contestable ; c'est son affirmation « qu'il est
impossible d'admettre que toutes ces grottes pyrénéennes aient
pu donner abri à une faune terrestre pendant les transgressions
glaciaires ». Il est à craindre qu'il ait tout au moins trop géné-
ralisé un fait peut-être vrai pour certains hexapodes. Il faut
bien tenir en mémoire que les grottes, où nous recueillons nos
MYRIAPODES 373
matériaux, n'est pas l'unique habitat des animaux que nous y
rencontrons, mais plutôt un lieu de rendez-vous (involontaire
d'un côté) des victimes et de l'entomologiste. Les Myriapodes
notamment habitent, à n'en pas douter, les fissures du sol.
Si nous creusons sa surface dans des conditions favorables,
nous y trouvons des Myriapodes ; il en serait de même si nous
pouvions scruter les parois des grottes et les innombrables
fissures qui les sillonnent. Or, s'il est vraisemblable que,
pendant les transgressions glaciaires, les cavernes proprement
dites étaient rendues inhabitables par les masses d'eau qui
s'y concentraient, rien n'indique que la vie fut également sus-
pendue dans toute l'épaisseur du sol qui les enveloppe. Il est au
contraire bien plus naturel de penser que nos Myriapodes ont
trouvé dans les cavernes, ou pour être plus précis, dans leurs
ramifications, un excellent abri contre les grandes perturba-
tions et des conditions favorables à leur existence. Comme con-
séquence, la fin du glaciaire que le Dr Jeannel fixe comme limite
supérieure à l'âge de la faune cavernicole terrestre actuelle,
parlant de coléoptères, ne l'a certainement pas été pour les
Myriapodes, qui vivaient probablement déjà à l'époque de la
transgression dite rissienne.
Peut-être même est-ce pendant cette seconde transgression
que s'est produite cette évolution partielle dont nous avons
parlé et qui se serait trouvé arrêtée, par la disparition du stimu-
lant, une fois que les conditions climatériques se furent modi-
fiées avec la fin de la période rissienne.
Pendant la période interglaciaire, qui a précédé la dernière
transgression « wûrmienne », on admet que les conditions
climatériques avaient une grande analogie avec ce qu'elles
sont aujourd'hui. Le progressifs a donc pu habiter, comme de
nos jours, le sous-sol et peut-être aussi la surface des contre-
forts du massif central des Pyrénées. A cette époque il a dû
envahir (s'il n'y était pas déjà installé) les grottes de PAriège
et former ce puissant groupement que nous retrouvons sur
notre carte. Egalement à cette époque, le progressifs a fait son
374 H.-W. BRÔLEMANN
apparition dans la vallée du Gave de Pau et a pénétré dans la
grotte de Bétharram.
Puis lorsque vint la dernière glaciation, les conditions nou-
velles ne lui permirent plus de se maintenir à la surface, et
il disparut laissant derrière lui, comme témoins de son premier
passage, les colonies cavernicoles. Mais tandis que dans FAriège
son berceau d'origine la proximité des divers établissements
et peut-être aussi la prospérité des diverses familles permirent,
grâce à des échanges ininterrompus dans les galeries souter-
raines, la conservation d'un type homogène distinct, à Béthar-
ram, loin de tous rajeunissements, la colonie ne s'est pas main-
tenue intacte et a obéi à des facteurs inconnus qui ont entraîné
sa variation ; de là la race benehamensis, avec des pattes copu-
latrices différentes et une taille moindre.
Lorsque revinrent enfin les temps moins rigoureux, dont
nous vivons actuellement la continuation, de nouveaux indi-
vidus du type ariégeois, dévalant du Massif Central par les
mêmes voies qu'avaient suivies les premières migrations, s'ins-
tallèrent de rechef dans les Basses-Pyrénées. Et ce qui indique
bien que ces installations épigées sont de date relativement
récente, est l'absence de variation importante de la forma
nana.
Ainsi les individus que nous recueillons aujourd'hui à
fleur de sol à Assat, à Pau-Billère et jusque dans les jardins
de Pau- Ville, sont des représentants de cette seconde invasion
installée sur l'emplacement de la première, qui a été détruite,
et superposée à la variation fixée de Bétharram, seul vestige,
des immigrations préwùrmiennes.
Il convient de répondre par anticipation à une objection qui
pourrait être formulée à l'encontre de la théorie que nous
venons de développer. S'il existe dans les Pyrénées deux faunes
spécifiquement distinctes, comme le fait est avéré, pourquoi
beneharne?isis ne pourrait-il pas être considéré comme l'espèce
occidentale à opposer à yrogressus, l'espèce centrale ? La réponse
à cette objection se trouve dans la carte même que nous pu-
MYRIAPODES
375
blions ici. La faune occidentale occupe la vallée d'Ossau; elle
y est pure de tout mélange avec la faune centrale ; elle s'étend
au loin par delà le Pays basque. Si beneharnensis existait dans
le massif du Pic du Midi d'Ossau ou à l'ouest de ce massif, il
aurait envahi les grottes d'Arudy, de Malarode, de l'OEil-
du-Nez, tributaires du gave d'Oloron, et les gîtes des Pays bas-
ques. Or sa présence n'a été signalée dans aucune de ces loca-
lités et, dans ces conditions, il est naturel de chercher son ori-
gine là où ses plus proches alliés ont leur habitat d'élection.
Une dernière observation touchant le progressas nous est
suggérée par l'examen du tableau ci- joint :
États
ADULTES
PULLUS Vil
PULLUS VI
PULLUS V
9
d"
9
CT
Q
cf
9
Dimensions
(en millimètres)
3
©
3
b/a
a
S
bc
0}
3
bo
c
u
3
Ht
bo
t->
_ç3
3
3
bc
3
60
ce
3
3
bc
a
o
3
bo
u
J3
3
3
bc
a
3
Sb
3
3
an
c
Ut
3
ît
03
3
3
bo
3
_o
H
g>
bc
B
C3
Arièoe (type)
PAU (for. nana)
BÉTHARRAM
(beneharnensis)
7.600 )
6.470)
6.287 )
< 0.953
< 0.800
< 0.800
5.637 >
4.500 >
4.457 >
( 0.740
< 0.660
< 0.600
3.833 >
5.500)
5.215>
< 0.7 58
< 0.600
< 0.700
4.166 >
3.614>
(0.616
(0.515
4.700)
4.100 >
< 0.675
< 0.600
3.625X0.500
3.254X0.480
3.250X0.520
3.083X0.475
Nous avons déjà mentionné ces différences de taille en ce
qui concerne les adultes, mais il y a lieu de remarquer que les
variations auxquelles ont été soumises les colonies Basses- Pyré-
néennes ont affecté les jeunes au même titre que les adultes.
Ceci prouve, s'il en était besoin, que les différences relevées chez
les adultes ne sont pas accidentelles, que tous les individus
de chaque colonie ont varié dans le même sens et enfin que la
race beneharnensis a dû être séparée du type depuis plus
longtemps que la forma nana, puisque sa taille est plus réduite
encore que celle de la forme épigée. Cette dernière constata-
tion est corroborée par la modification survenue dans les pattes
copulatrices de la race.
Nous terminerons nos observations en attirant l'attention
376 H.-W. BRÔLEMANN
sur l'absence presque totale de représentants du genre Bra-
chydesmus dans les matériaux spéologiques qui nous ont été
confiés. Nous n'avons eu à en citer qu'un seul qui est répandu,
non seulement sur la surface de toute la région environnant
son gîte, mais encore au loin aussi bien au Nord qu'à l'Est. Et
cependant en 1898, le Dr Attems énumérait déjà une trentaine
d'espèces européennes, sur lesquelles cinq au moins habitent
les grottes. Cette absence de Brachydesmus cavernicoles corres-
pond d'ailleurs à la pauvreté de la faune française épigée en
représentants de ce genre, et peut être considérée comme une
de ses caractéristiques. S'il nous en fallait dire la cause, nous
ne le saurions ; mais nous ne serions pas éloigné de la chercher
dans des inégalités d'intensité et de durée de la glaciation des
différentes parties de notre continent.
Pau, 9 iv. 1910.
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE IV
Polyxenus lucidus Jeanneli, n. var.
Fig. 1. Extrémité d'une patte ambulatoire.
Polyxenus lucidus typique Chalande.
Fig. 2. Extrémité d'une patte ambulatoire.
Polydtsmus progressus Brol.
Fig. 3. Patte copulatrice, profil externe, d'un c? typique de la grotte de Bédeilhac
Fio. 4. La même, 3/4 de face.
Fig. 5. Patte copulatrice, profit interne, d'un çf de la forme naine de Pau-Ville. (N. B. — La den-
telure subapicale du rameau secondaire est dissimulée par ce rameau.)
Polydesmus progressus beneharnensis, n. subsp.
Fig. 6. Patte copulatrice, face postéro-inférieure ; p, protubérance du pulvillum.
Fig 7. La même, profil interne ; p, protubérance du pulvillum.
Fig. 8. Face ventrale du 3e segment de la Ç.
Polydesmus complanatus pseudinteger, n. var.
Fig. 9. Silhouette du 6e tergite.
Fig. 10. Silhouette du 14e tergite
FIG. 11. Préfémur 9 du cf.
Fig. 12. Patte copulatrice, profil interne ; o, grande dentelure ; 6, dentelure accessoire ; c, procès-
sus du rameau séminal.
MYRIAPODES 377
Polydesmus eomplanatus, forma an<fu»ta Latzol.
FlG. 13. Silhouette du 6° tergite.
Fig. 14. Silhouette du 14e tergite.
Fia. 15. Pré fémur 9 du cf.
Fig. 16. Patte copulatrice, profil interne ; a, grande dentelure ; c, processus du rameau séminal
Fig. 17. Bord antérieur du 3e segment de la 9, face antérieure ; 6, b\ crêtes latérales vul, vu ves
Fig. 18. Hanches des pattes de la 2e paire de la Ç , face postérieure ,
PLANCHE V
Polydesmus gallicus refiexus, n. subsp.
Fig. 19. Silhouette du 9° tergite.
Fia. 20. Silhouette du 14» tergite.
Fig 21. Préfémur 9 du cf.
Fig. 22. Patte copulatrice, profil interne ; p, processus du rameau secondaire (le crochet terminal
du même rameau est vu en raccourci).
Fig. 23. Patte copulatrice, profil externe ; p, processus du rameau secondaire (le crochet ter-
minal du même rameau est vu en raccourci).
Fig. 24. Patte copulatrice/ concavité ; p, processus du rameau secondaire (le crochet terminal
du même rameau est vu en raccourci).
Fig. 25. Face ventrale du 3e segment de la 9. face ; a, bord antérieur ; c, c'. crêtes prémarginales.
Fig. 26. Face ventrale du 3e segment de la 9 » profi'- ; a, bord antérieur ; c, c', crêtes prémarginales .
Polydesmus Racovitzai. n. sp.
Fig. 27. Silhouette des tergites 1 et 2.
Fig. 28. Silhouette des tergites 7 et 8.
Fig. 29. Préfémur 9° du cf.
Fig. 30 Soies de la face inférieure du préfémur 9 du cf.
Fig. 31. Griffe terminale d'une patte de la 9e paire du cf
Fig. 32. Patte copulatrice, profil externe ; a, grande dentelure ; d, processus en croissant du
rameau séminal ; è, plis de la concavité ; x dentelures de la convexité du rameau
secondaire.
Fig. 33. Patte copulatrice profil interne ; a, grande dentelure ; d, processus en croissant du ra«
meau séminal ; é. plis de la concavité : x, dentelures de la convexité du rameau secon-
daire.
Fig. 33 bis. Face ventrale du 3e segment de la 9 ; a, dentelure médiane.
Polydesmus denticulatus C. Koch.
Fig. 34. Patte copulatrice, profil externe ; p', dent épineuse du processus p ; y, épine du rameau
séminal.
Fia. 35. La même, vue un peu obliquement ; p', dent épineuse du processus p ; y, épine du
rameau séminal.
PLANCHE VI
Polydesmus denticulatus (suite)
Fig. 36. Patte copulatrice, profil interne, 3/4 dorsal ; p', dent épineuse du processus p ; y, épine
du rameau séminal.
Fig. 37. Face ventrale du 3e segment de la 9, face ; a, bord de l'échancrure ; c, c', crêtes prémar-
ginales ; d, bord postérieur du segment.
Fia. 38. Face ventrale du 3 segment de la 9 • profil ; a, bord de l'échancrure ; c, c', crêtes prémar-
ginales ; d, bord postérieur du segment.
Polydesmus subinteger Latzel.
Fig. 39. Patte copulatrice, profil externe ; a, grande dentelure ; /, fossette antéapicale du rameau
séminal ;• h, crête de la face concave ; i, crête de la face dorsale ; l, gibbosité de la
concavité ; z, boursouflure du rameau séminal.
378 H.-W. BRÔLEMANN
Fio. 40. Patte copulatrice, profil interne ; a, grande dentelure ; /, fossette antéapicale du rameau
séminal ; h, crête de la face concave ; i, crête de la face dorsale ; l, gibbosité de la
concavité ; z, boursouflure du rameau séminal.
Fio. 41. Patte copulatrice, concavité ; a, grande dentelure ; /, fossette antéapicale du rameau
séminal ; h, crête de la face concave ; i, crête de la face dorsale ; /, gibbosité de la
concavité ; z, boursouflure du rameau séminal.
FlG. 42. Face ventrale du 3e segment de la Ç ; face ; a, dent médiane ; 6, 6', crêtes latérales ;
c, c', crête prémarginale.
Fig. 43. Face ventrale du 3e segment de la Ç ; profil ; a, dent médiane ; b, b', crêtes latérales ;
c, c', crête prémarginale.
Polydesmus subinteger Laurae Pocock.
FiG. 44. Patte copulatrice, profil externe ; les lettres comme dans les fig. 39 à 41.
Fig. 45. Patte copulatrice, profil interne ; k, crête longitudinale du rameau séminal ; les autres
lettres comme dans les fig. 39 à 41.
Fig. 46. Patte copulatrice, concavité; les lettres cjmme dans les fi?. 39 à 41.
Fig. 47. Face ventrale du 3e segment de la 9 ; face ; mêmes lettres que dans les fig. 42 et 43.
Fig. 48. Face ventrale du 3" segment de la Ç ; profil ; mêmes lettres que dans les fig. 42 et 43.
Polydesmus dismilus Berlese.
Fig. 49. Silhouette des tergites 1 et 2.
Fig. 50. Silhouette du lls tergite.
PLANCHE VII
Polydesmus dismilus (suite)
Fig. 51. Patte copulatrice, profil externe ; g, troisième protubérance du rameau séminal.
Fig. 52. Patte copulatrice, concavité ; g, troisième protubérance du rameau séminal.
Fig. 53. Face ventrale du 3e segment de la Ç, face; a, dent médiane; 6, 6', crêtes latérales
c, c', crête prémarginale.
Fig. 54. Face ventrale du 3e segment de la Ç, profil ; a, dent médiane ; b, b', crêtes latérales
c, c', crête prémarginale.
Haploleptodesmus mauritanicus geniculatus, n. var.
Fig. 55. Gnathochilarium.
Fig. 55 bis. Les appendices antérieurs du gnathochilarium plus grossis.
Fia. 56. Pattes copulatrices, face postéro-inférieure et 3/4 interne.
FiG. 57. Extrémité du télépodite et de la rainure séminale.
Fig. 58. Patte de la première paire.
Fig. 59. Hanches de la deuxième paire.
Haploleptodesmus mauritanicus typique Lucas.
Fig. 60. Patte copulatrice, face antéro-supérieure.
Fig. 61. Patte copulatrice, profil interne.
Haploleptodesmus caramanicus, n. sp.
FlG. 62. Patte copulatrice, face antéro-supérieure.
Fig. 63. Patte copulatrice, profil interne.
Callipus fœtidissimus Savi.
FlG. 64. Patte de la 32" paire, régénérée ; A, A', B, B', C, D, traces d'articulation .
ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE
5e Série, Tome V, p. 379 à 419, pi. VIII et IX..
10 Octobre 1910
SUR LES
GLANDES SALIVAIRES
CHEZ
QUELQUES ESPÈCES DE TIQUES
PAR
Dr M. ELMASSIAN
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PKOPOS 379
Technique et matériel de recherches 380
Glandes salivaires chez les Ixodinae.
Margaropus annulatus 384
Hyalomma aegyptium 390
Glandes salivaires chez les Argasinae .
Argas Persirus 397
Mécanisme et nature de la sécrétion salivaire chez ces trois espèces 407
Index bibliographique 417
Explication des planches 418
AVANT-PROPOS
Depuis les mémorables travaux de Smith et Kilborn sur la
transmission de la fièvre de Texas chez les bovidés, l'étude
des Ixodinae a pris un très grand développement. Ce groupe
jusque là vaguement connu dans ses variétés et ses mœurs fut
depuis l'objet de recherches très intéressantes. Mais tandis
que les investigations sur l'anatomie externe, par l'extrême
importance qu'elle présente pour la systématique de ces ani-
maux, retenaient de préférence l'attention des savants qui
l'ont minutieusement fouillée jusqu'à ses minimes détails,
l'étude des organes internes était quelque peu négligée. Nos con-
naissances à cet égard restèrent pendant longtemps limitées
aux travaux de Heller (1858), et de Pagenstecher (1861-62),
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET OÉN'. — 5e SÉ1UE. — T. Y. — (VIII). 23
380 M. ELMASSIAN
déjà vieux d'un demi-siècle. Les recherches plus récentes de
Br^ndfs (1894), et de Nordenskiold (1905-06) réalisées avec
l'aide d'une technique moderne, constituent dans cette voie les
premiers efforts, et nous leur devons les premières notions
précises sur les organes de digestion, d'excrétion, les glandes
salivaires, le système nerveux, le système musculaire, etc. des
Tiques. Enfin, dernièrement Christophers (1906), et Bonnet
(1907) firent connaître un grand nombre de faits nouveaux sur
les glandes tégumentaires, le système nerveux, l'appareil
respiratoire, les organes génitaux, le développement embryon-
naire et post-embryonnaire chez différentes espèces. Cependant
ces auteurs ayant embrassé plusieurs questions à la fois, les
résultats de leurs investigations restèrent forcément restreints et
plus d'un point de leurs œuvres est à reprendre et à développer.
D'autre part, l'analogie de structure chez les organes des
Tiques dont il a été tant parlé, est loin d'être, selon nous, con-
forme à la réalité. De sorte que l'étude de leurs organes inter-
nes notamment chez les espèces les plus suspectées comme
étant les agents de transmission des maladies à Protozoaires
est certainement à l'heure actuelle très indiquée.
Au cours d'investigations commencées sur l'évolution des
Piroplasmes dans l'organisme des Tiques, nous avons été ame-
nés, chez diverses espèces, à disséquer un grand nombre de glan-
des salivaires et à en faire des coupes. A l'examen de celles-
ci, nous avons trouvé une série de faits importants jusque là
non signalés concernant soit la morphologie, soit l'histologie
fine de ces organes lesquels nous paraissent assez intéres-
sants pour faire l'objet du présent mémoire.
Technique et matériel de recherches.
L'étude microscopique des organes internes chez les Tiques
présente quelques difficultés à cause de la fixation. Il n'existe,
autant que nous sachions, aucune méthode permettant une
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 381
fixation in toto. Même celle de Christophers qui consiste à
enlever, par une section, une partie du corps de l'animal avant
de le fixer ne donne que des résultats médiocres, suffisants
tout au plus pour une étude topographique de l'ensemble des
organes. Car le contenu des diverticules qui s'échappe par la
blessure ainsi faite, se coagule en présence du fixateur et en
empêche la pénétration. Quant à nous, nous avons préféré dis-
séquer les glandes salivaires dans l'eau physiologique, et les
fixer à part. Ce procédé a l'avantage aussi de permettre d'in-
clure les glandes dans la paraffine et d'obtenir des coupes fines
(4/5 \j.), tandis que la fixation de l'animal entier entraîne
la nécessité de l'inclure dans la celloïdine, condition moins
avantageuse pour des études cytologiques.
Pour la dissection on procède ainsi qu'il suit : suivant
le conseil de Christophers, on choisit des animaux repus
adultes et on les garde, 3 4 jours au laboratoire jusqu'à ce
qu'ils perdent un peu de leur état de replétion et deviennent
légèrement ratatinés. On fait alors tout autour du corps une
section périphérique, en s'arrêtant au niveau du rostre. L'ani-
mal posé dans le basshi de dissection, on fixe le lambeau tégu-
mentaire du ventre par son extrémité postérieure au moyen
d'une épingle ; on soulève ensuite le lambeau dorsal en le ren-
versant et on le fixe de même. Les diverticules du tube digestif
et les tubes de Malpighi aussitôt écartés, les glandes salivaires
apparaissent immédiatement derrière la base du rostre et des
deuc côtés de l'œsophage et se distinguent surtout par leur
reflet mat et leur aspect semi transparent. Il ne reste plus
qu'à enlever les tissus adhérents aux glandes, pour avoir celles-
ci tout à fait isolées. Enfin pour les détacher sans les disloquer,
il est nécessaire de ménager le conduit excréteur qui réunit
les divers éléments de l'organe. On saisit pour cela le rostre
avec une fine pince et on le pousse de dehors en dedans en lui
faisant subir une légère rotation qui le fait détacher des tégu-
ments. Il ne reste plus qu'à écarter le rostre qui par sa dureté
peut rendre difficile les opérations ultérieures.
382 M. ELMASSIAN
Comme fixateurs nous nous sommes servi du liquide de
Flemming, liquide de Zenker, sublimé corrosif à saturation, etc;
chacun de ces fixateurs présente quelques inconvénients, soit
qu'il ratatine les tissus, soit qu'il gêne certaines colorations
nécessaires à ces recherches. Chacun sait que pour les tissus
glandulaires un bon fixateur est encore à trouver et que le mieux
est peut-être de se servir successivement de plusieurs pour
suppléer au point de vue des résultats aux inconvénients
des uns par les avantages des autres. C'est ce que nous avons
fait. Il nous semble que le fixateur d'Orth additionné d'un
peu d'acide acétique est, dans le cas qui nous occupe, encore
le meilleur, bien qu'il gêne quelque peu les colorations. En tous
les cas, il ne provoque pas le moindre ratatinement des tissus
et il fixe excellemment les corpuscules de sécrétion.
Pour colorer les coupes, nous avons employé la laque ferri-
que de Heindenhaen, l'hématoxyline de Delafield (cette der-
nière en solution très diluée (3 ce. pour 100 ce. dans eau dis-
tillée), et en laissant agir pendant 24 heures, suivie d'une fai-
ble différenciation à l'alcool absolu. Comme colorants d'aniline,
nous avons choisi la méthode de Benda (safranine vert-lumière),
la méthode de Mann (en solution diluée) et enfin le colorant
classique pour l'étude des glandes, le bleu de toluidine (com-
biné avec l'orange G) encore que son action soit assez aléatoire.
Les planches ont été dessinées par nous avec objectifs
et oculaire apochromatiques de Zeiss, aux différents grossisse-
ments indiqués dans le texte et à la fin de ce mémoire.
Les figures sont rendues à l'encre de Chine pour éviter
d'inutiles dépenses, mais les méthodes employées pour chaque
préparation leur servant d'original sont notées avec les expli-
cations des planches.
Nos recherches ont porté sur trois espèces ; une de la famille
des Argasinae : Argas persicus (Oken), deux de la famille
des Ixodinae : Margaropus (Boophilus) annulatus (Say.) et
Hyalomma aegyptium (L.). Les Tiques de la première espèce
nous ont été gracieusement cédées par M. le Dr E. Marchoux,
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 383
et celles de la seconde et troisième espèce nous ont été
envoyées en partie de Smyrne et en partie d'Algérie par
MM. les D's E. et E. Sergent auxquels nous adressons nos
meilleurs remerciements. M. le professeur Neumann, qui a bien
voulu déterminer les deux dernières espèces, nous permettra
de lui présenter ici l'expression de notre vive reconnaissance.
Dès les premières dissections, nous avons pu nous rendre
compte qu'il existe chez les Tiques, à l'encontre des notions
courantes, deux paires de glandes salivaires, correspondant
aux deux types classiques : tubuleux et acineux. Suivant les
espèces, le premier type ou le second prédomine sur l'autre,
par son volume et peut-être même par sa fonction. C'est là la
raison pensons-nous pour laquelle ce fait si important, la mul-
tiplicité des organes salivaires chez ces animaux a pu passer
inaperçu par les auteurs qui s'en sont occupés avant nous.
Notre constatation n'a d'ailleurs rien d'inattendu, car la
multiplicité des glandes dans la partie antérieure du corps
dans le vaste groupe des Arachnides est un fait banal, et ce
que nous appelons glandes salivaires chez les Tiques, d'ail-
leurs très improprement, n'est que l'équivalent des organes
connus sous le nom de glandes du rostre et des chélicères,
avec cette différence que les premières siègent toujours dans
la cavité générale. Et nous nous demandons même s'il ne serait
plus rationnel d'appeler ces organes chez les Tiques glandes
céphaliques, désignation qui ne préjuge au moins en rien de
la nature de leur sécrétion qui peut être seulement muqueuse,
séreuse, venimeuse, ou les trois à la fois. Quoiqu'il en soit nous
ne chercherons pas à les homologuer avec les glandes des dif-
férentes espèces d'arachnides en général, car nous n'avons
pas pu, par dissection, déterminer exactement à quelle partie
du rostre aboutissent leurs canaux excréteurs et si, avant de
la faire, ils se réunissent ou non entre eux.
D'autre part les glandes du rostre et des chélicères (les
glandes à venin peut être à part) sont à l'heure actuelle très
384 M. ELMASSIAN
peu étudiées, une étude comparative dans ces conditions pré-
sente un intérêt fort limité.
Pour éviter des redites, nous décrirons d'abord les glandes
salivaires des deux espèces de Tiques déjà citées, et apparte-
nant à la famille des Ixodinae, en en choisissant un type
de chacune d'elles, précisément le type le plus développé.
Ce sera les glandes en tubes ramifiés, chez le Margaropus
annulatus, les glandes en grappe chez YHyalomma aegyptium,
enfin les deux paires de glandes salivaires de l'Argas persicus
qui se distinguent des types précédents, avons-nous dit, par
plus d'un détail.
MARGAROPUS ANNULATUS
(GLANDES TUBULEUSES)
Nous ne parlerons pas de la situation et des rapports de
ces organes dont nous avons dit quelques mots dans le chapitre
de la technique. Disons seulement que, des deux paires de
glandes, tubuleuses ou acineuses, les premières seules atti-
rent l'attention pendant la dissection par leur gros volume
(2 y2, 3 mm.) et que les secondes sont beaucoup plus masquées
par le fatras des trachées fines
FiG. I. Glande salivaire tubuleuse Boophil. ann. FiG. II. Glande salivaire tubuleuse. BoophU.
(Algérie). ann. (Smyrne).
dont il convient de les dégager pour les mettre en évidence.
Isolées et examinées à la loupe, les glandes qui nous occu-
pent ici, apparaissent comme formées d'une multitude de min-
ces tubes plus ou moins ramifiés et parfois même légèrement
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES
385
incurvés (fig. de texte I et II). Ces tubes réunis à Tune de leurs
extrémités par des canaux excréteurs de petit calibre, cons-
tituent des sortes de touffes, dont il faut trois ou quatre pour
composer une glande. Bien que toujours identiques dans leur
conformation générale il nous semble cependant que suivant
la provenance de l'espèce étudiée, ces glandes peuvent pré-
senter une certaine variation dans leur forme et leur volume.
Fig. III. Glande salivaire tubuleuse (Booph. ann.) coupe passant au centre d'une touffe 1 x 26.
En effet les Tiques reçues de Smyrne ont montré des glandes
à l'aspect grêle et à tubes très contournés, alors que celles
envoyées d'Algérie avaient des organes plus volumineux et à
éléments plus rigides et plus épais.
Si l'on considère un tube glandulaire à part, on remarque
que sa longueur égale presque celle de l'organe dont il fait
partie et que sa largeur, peu considérable ne dépasse pas
386 . M. ELMASSIAN
150-200 u, exceptionnellement aux points nodulaires elle
atteint 250 u. Sa surface lisse est soulevée par de nombreuses
bosselures, en général peu saillantes, lesquelles correspon-
dent intérieurement à une alvéole glandulaire peu développée.
Les tubes finissent d'habitude par un bout arrondi ou bifur-
qué ou même en crochet (fig. de texte II).
Sur une coupe de la glande entamée par le rasoir parallè-
lement à son grand axe, on peut voir nettement (fig. de texte III)
la formation des branches latérales. Celles-ci souvent à l'état
rudimentaire sont constituées uniquement par un simple refou-
lement d'un point de la paroi du tube. Ces espaces plus ou
moins sphériques ou ovalaires, communiquant avec les cavités
de l'organe peuvent être envisagées comme des alvéoles et
dans ce cas nous devrions considérer cette glande comme
étant du type alvéolo-tubuleuse. Néanmoins nous attachons
peu d'importance à cette distinction morphologique, et nous con-
tinuerons à la désigner comme ci-devant.
Un tube glandulaire est constitué par une membrane basale
anhiste dont l'intérieur est garni de cellules cylindriques
hautes de 60 à 80 u, et larges de 20 à 30 [x. On voit que la
structure glandulaire est réduite à sa plus simple expression.
Ce fait est commun à toutes les glandes salivaires des Ixodi-
nae et nous permet de ne plus les confondre avec celles des
Argas, comme nous le verrons plus loin. Les cellules appuyées
sur la tunica propria ne sont pas en contact immédiat les unes
avec les autres, mais séparées par un espace intermédiaire où
sont logés des canaux capillaires d'excrétion, très faciles à met-
tre en évidence par l'hématoxyline ferrique.
L'aspect des éléments glandulaires est variable suivant
qu'ils sont vides ou pleins de leurs produits. Il faut donc
les considérer successivement à ces deux périodes de leur évo-
lution. Au début de leur activité sécrétoire leur protoplasma
est dense, d'une structure reticulo-alvéolaire à mailles très
serrées, et à aspect finement granuleux. Leurs noyaux légère-
ment hypertrophiés sont pauvres en chromatine. Aux points de
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 387
croisement de leurs réticula, d'ailleurs peu colorables, sont
déposés des grains de chromatine d'inégale réaction vis à vis
des teintures basiques. Un nucléole de 2, 3 u, présente à ce
stade préliminaire de la sécrétion, une série de modifications
très importantes dont il sera question plus tard, quand nous
aurons à nous occuper du rôle de ce nucléole au point de vue
de la production de la cellule.
Le second aspect des cellules glandulaires, celui sous lequel
on les trouve à la fin de leur travail sécrétoire, est caractérisé
morphologiquement par l'apparition à leur intérieur d'un grand
nombre de sphérules : les corpuscules de sécrétion (fig. 17).
Ceux-ci en forme et en volume fort variables s'accumulent
presque toujours entre le noyau et le bord libre de la cellule,
toujours en amas et ils se présentent comme de petites boules
depuis la limite de la visibilité jusqu'à V2 ou 1 ;;.. Quand ils sont
en nombre discret leur dimension est plus grande à cause pro-
bablement d'une fusion entre eux mesurant 2 \x en moyenne
(fig. 9) et 4-6-8 y. exceptionnellement (fig. 7). Dans ce dernier
cas ils affectent des formes bizarres, longues, étoilées ou en bou-
din. Dans les préparations soumises à une double coloration
ou colorée par la méthode de Heindenhain les corpuscules de
sécrétion laissent voir à leur intérieur un ou plusieurs points
vivement colorés alors que le reste de leur corps est clair ou
fixe le colorant acide. Sous cet aspect ils donnent étonnam-
ment l'illusion de parasites. Mais à un examen attentif et
avec un fort grossissement on peut se rendre compte que ces cor-
puscules n'ont aucune structure propre, étant constitués d'une
masse homogène ou à peine granuleuse. Une mince couche péri-
phérique à la suite d'une énergique tinction, peut être prise
pour une membrane limitante. Il n'en est cependant rien, car
d'autres, à côté, sont nus.
Quant aux grains disséminés au sein des corpuscules et
paraissant des particules de chromatine, ils sont eux aussi homo-
gènes, massifs et d'aspect vitreux comme une goutte figée.
Ils fixent les colorants basiques non point parce qu'ils con-
388 M. ELMASSIAN
tiennent des substances nucléaires ou nucléolaires, mais parce
qu'ils sont constitués probablement de substance albuminoïde
à réaction acide. Nous verrons plus tard que ce sont des boules
de substance mucigène et la sécrétion de la glande que nous
étudions est surtout muqueuse. Nous avons déjà parlé au
début de ce travail des difficultés qu'on rencontre dans la fixa-
tion du tissu glandulaire ; elles sont beaucoup plus grandes
quand il s'agit des cellules à mucus. Car ici les corpuscules de
sécrétion, on le sait, ne se fixent que partiellement et se dissol-
vent dans les liquides (surtout eau et alcool faible) où on les
porte après la fixation. Ces solutions de sublimé corrosif, ou
d'acide osmique, de l'avis de tout le monde, ne donnent à
cet égard que des résultats médiocres, surtout la solution osmi-
que qui fait gonfler le mucigène et l'altère profondément.
D'après Metzner le meilleur réactif sous ce rapport serait un
mélange osmiochromique fait dans une solution saline et ainsi
préparé : Solution d'acide osmique à 5 % dans solution de chlo-
rure de sodium de 2, 3 % : trois volumes, auxquels on ajoute
1 volume d'une solution saturée de bichromate de potasse. On
a soin de laisser les pièces dans ce mélange pendant 24 heures.
Nous n'avons pas eu assez de matériel pour vérifier l'indication
de cet auteur, et d'ailleurs avec le mélange d'Orth nous avons
eu des résultats excellents. Il nous semble que le point essen-
tiel dans la question qui nous occupe c'est la présence dans
le fixateur du bichromate de potasse, soit dans le liquide de
Flemming, soit dans le liquide de Zenker et enfin du liquide
d'Orth. Ce dernier nous paraît le plus sûr. D'autant plus
qu'il ne provoque aucune espèce d'altération dans la cellule.
Tout ce que nous avons rapporté pour ce qui concerne la
fixation de ces corpuscules pour ainsi dire nucléés plaide
encore en faveur de l'idée qu'ils ne sont nullement de la même
nature que les corpuscules zymogènes, si résistants à l'action
des divers réactifs et qui se fixent même avec de l'alcool, plus
ou moins bien, naturellement. A notre connaissance, les cor-
puscules de sécrétion des glandes salivaires de MargarojJus
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 389
annulatus avec leur aspect bizarre font partie des rares exemples
de ce genre de productions cellulaires également constatées
dans d'autres glandes muqueuses, ainsi qu'on le verra plus loin,
et constituent les premières étapes de l'évolution chimique de
la mucine ou quelque chose d'analogue.
On sait la difficulté qu'il y a à fixer les granules des cellules à
mucine, difficulté encore plus grande que pour les granula des
cellules à ferment, ces derniers se laissant fixer tant bien que
mal, même avec de l'alcool absolu. A ce propos on ne saurait
assez insister sur le choix judicieux du réactif. Nous ne croyons
pas que les méthodes compliquées de fixation et de coloration *
de Metzner (acide osmique et bichromate de potasse dans
solution saline 2, 3 %) (bleu de toluidine après mordançage des
coupes dans une solution d'alun ferrique) soient indispensables
à cet égard, puisque M. Heidenhain a très bien pu les fixer
avec une solution saturée de sublimé et les colorer avec du
violet de gentiane. Nous-même, nous avons obtenu de très bons
résultats avec le liquide d'Orth additionné d'une petite quan-
tité d'acide acétique (2%), et en employant pour la coloration
le violet de méthyle. Il nous semble que pour la fixation con-
venable de ces corpuscules la présence du bichromate de potasse
dans le liquide employé est très utile, que ce dernier soit la
liqueur de Flemming, de Zenker ou d'Orth.
Les noyaux des cellules glandulaires présentent peu de modi-
fication au stade où nous les étudions c'est-à-dire quand elles
sont surchargées de granules ; tandis que leur protoplasma,
après la fonte de ces derniers laisse voir un aspect clair, bour-
souflé, et un certain nombre de vacuoles. Dans les prépara-
tions obtenues par l'hémotoxyline ferrique ces cellules tran-
chent sur les autres par leur énorme volume, autant que par
leur faible coloration. La figure 8 en représente trois arrivées
aux derniers moments de leur activité sécrétrice. Elles sont
distendues par leur produit déjà liquéfié écartant les mailles
de leurs riticula et provoquant leur hypertrophie dans le sens
de leur longueur. Tandis que leurs bases sont étroites, leurs
39ii M. ELMASSIAN
sommets libres et turgescents font saillie dans la cavité de
l'organe. La présence des vacuoles caractéristiques pour
les cellules à mucine, nous informe déjà de la nature de la
sécrétion. Ainsi donc les glandes en tubes ramifiés de Marga-
ropus annulatus sont des glandes muqueuses.
Quant à la description des voies excrétoires, de leur forme
et de leur structure nous n'aurons pas à nous en occuper ici,
car ces organes semblent différer très peu d'une espèce à
l'autre, et nous renvoyons aux mémoires de Nordenskiold et
Bonnet, sous ce rapport assez documentés. Il en serait de même
pour les autres espèces que nous étudions dans ce travail.
Nous nous sommes intentionnellement abstenu de relater
quelques faits morphologiques concernant les glandes que nous
venons de décrire, comme les modifications nucléaires, nucléo-
laires et la formation de corps ergastoplasmiques dont il sera
question dans un dernier chapitre.
HYALOMMA AEGYPTIUM L
(GLANDES ACINEUSES)
Les deux paires d'organes salivaires chez YHyalomma
eagyptium ont les mêmes positions et rapports anatomiques
que les organes similaires chez l'espèce précédente, ce qui va
nous dispenser d'y revenir encore une fois.
Nous choisirons pour notre étude celles qui sont en grappe
de raisin, car l'autre paire est semblable à quelques détails
près (ici moins volumineuses et moins riches en ramifications)
à celles que nous avons déjà décrites chez Margaropus annu-
latus.
Donc les glandes acineuses de l'Hyalomma aegyptium chez
des individus repus et adultes, sont d'une dimension con-
sidérable de 3 à 4 mm. supérieures en volume peut-être à la
plupart des organes similaires des espèces appartenant à la
GLANDES SALTVAIRES DES TIQUES
391
r\J;
même famille, car nulle part avons-nous vu mentionné des
chiffres au-dessus de ceux que nous venons d'indiquer. Cela
tient sans doute à la taille de la Tique, atteignant presque le
double de celles du Margaropus annulatus. Chez les individus
jeunes, elles remplissent toute la cavité générale de l'animal
et prennent contact
avec tous ses organes
internes.
Sa forme vraiment
en grappe de raisin
(fig. de texte IV) est
très élégante. Le ca-
nal excréteur princi-
pal très long donne
naissance latéralement
à des ramifications
multiples également
longues et très minces
lesquelles supportent
un nombre infini de
petites sphérules : les
acini. Ceux-ci d'un dia-
mètre en moyenne
de 80 à 100 ;;. peuvent
mesurer jusqu'à 150 p.
Mais d'autres acini
beaucoup plus petits que ces derniers à peine de 50 [j. sont
fixés, à l'encontre des précédents, sur le gros tronc des
voies excrétrices, ou aux points de naissance des branches
collatérales des mêmes. Nous verrons plus bas qu'on a voulu
voir chez d'autres espèces, dans ces petits acini des organes
spéciaux à sécrétion venimeuse, interprétation que nous confir-
mons pour ce qui concerne YHyalomma aegyptium. Quoiqu'il
en soit ces grandes ou petites alvéoles ont une structure bien
simple. Une membrane homogène limite un espace sphérique
Fig. IV. Glande salivaire acineuse Hyalom. aegypt.
392 M. ELMASSIAN
ou piriforme dont l'intérieur est tapissé de cellules plus ou
moins cubiques, dont une face orientée vers le centre contribue
à la formation de la cavité alvéolaire (fig. de texte V).
Un court pédoncule traversé par un étroit canal à paroi
chitineuse fixe l'alvéole sur les canaux de deuxième ou troi-
sième ordre. A l'une des extrémités du pédoncule celle don-
nant dans l'acinus, il existe deux clapets qui même en position
rapprochée peuvent assurer le débit du liquide sécrété et
non point régulariser le débit de ce dernier comme le dit Nor-
DENSKIOLD.
En examinant des coupes colorées de cette glande on peut
se rendre compte tout de suite de l'existence de deux espèces
de cellules contenues dans ses acini, lesquelles sont tout à fait
dissemblables les unes des autres. Un groupe de ces cellules,
au nombre de quatre sont situées dans la partie de l'alvéole
avoisinant le pédoncule, plus exactement autour de son orifice
intra-alvéolaire, autour duquel elles forment mie couronne
cellulaire ; les autres beaucoup plus grandes (irrégulièrement
cubiques) et beaucoup plus nombreuses tapissent le fonds de
l'alvéole. Nordenskiold en étudiant les glandes salivaires de
YIxodes reduvius, également en grappe de raisin, a été le premier
à distinguer les uns des autres ces deux groupes de cellules.
Il les appela, les premières Mundungszelle (cellules d'abou-
chement) et les secondes, Funduszelle (cellules de fonds),
Bonnet ayant traduit en : ceUules de l'ouverture alvéolaire,
les premières de ces deux groupes, nous conservons nous-même
ce terme au cours de cet exposé.
Les éléments glandulaires de l'ouverture alvéolaire (fig. de
texte V) ont leur protoplasma d'une très belle structure alvéo-
laire que le bleu de toluidine met en évidence et ils sont bourrés
de corpuscules de sécrétion qui sont colorables seulement par
les teintures acides. Ces granula paraissent d'un aspect homo-
gène, mesurent de 2 à 3 u, et ne varient pas comme taille les uns
des autres. Ce sont là nous semble-t-il des caractères essentiels
pour les grains à ferment. Nous reviendrons sur cette question.
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 393
Les noyaux de ces cellules ont une membrane épaisse, leurs
réseaux portent aux points d'entrecroisement de leurs travées
de grosses masses de chromatine qui fixent plus ou moins bien
les colorants basiques suivant les diverses, phases du processus
sécrétoire. Un gros nucléole vacuole et à bords frangés est
caractéristique pour ce noyau. Arrivées au summum de leur
développement, ces cellules se rompent et leurs corpuscules se
trouvent éparpillés tout autour. A ce moment, leurs noyaux
hypertrophiés et vésiculeux, surtout déchromatisés, révèlent
un profond épuisement (fig. de texte V).
Les éléments glandulaires du fonds se distinguent des pré-
cédents par leur protoplasma clair, dépourvu d'affinité pour
les teintures nucléaires, sauf dans des cas particuliers dont
nous tiendrons compte ultérieurement. Il ne nous a jamais
été donné d'y rencontrer des corpuscules de sécrétion. Est-
ce pour la raison que les Tiques, objets de ces recherches,
nous arrivaient, après un long voyage très souvent déjà ayant
commencé leur ponte ? Nous ne le croyons pas. D'ailleurs ni
Nordenskiold, ni Bonnet n'ont signalé aucune espèce de gra-
nula dans ces cellules de fonds, respectivement dans les glan-
des acineuses de YIxodes reduvius et YIxodes hexagonus.
Jusqu'ici nous n'avons parlé des caractères morphologues
de ces deux séries de cellules (celles du fonds et celles de l'ouver-
ture alvéolaire) qu'à l'état de réplétion. Il convient de les con-
naître aussi sous leur aspect à l'état d'épuisement, ou plus
exactement au moment où l'activité sécrétoire est en voie de
recommencer chez elles. Mais à ce point de vue les cellules
prépédonculaires offrent très peu d'intérêt, leurs modifications
étant à peu près analogues à celles des cellules séreuses, que
nous étudierons en détails dans les glandes de VArgas persicus.
Nous préférons quant à présent nous occuper des changements
microscopiques que présentent à la même période les cellules
de fonds.
Le fait le plus saillant chez celles-ci, au début du processus
qui nous occupe, en outre de la multiplication active de leurs
394
M. ELMaSSIAN
noyaux, c'est l'apparition de leur corps protoplasmique d'une
substance nouvelle, semi liquide, à bords diffus et vivement
colorables par les teintures nucléaires et la laque ferrique
(fig. 10). Cette substance d'un aspect très granuleux siège dans
la zone périnucléaire sous forme de tramées ou bandelettes
plus larges à un bout qu'à l'autre. Ces traînées ou ces masses
sont disposées de telle façon que leurs extrémités étroites
* \
FIG. V. Coupe d'un alvfole d'une glande salivaire acineus? {Hyalom. aegypt.)
sont dirigées vers le centre de l'alvéole, leurs extrémités plus
larges vers la membrane basale. Ainsi groupées elles isolent
dans la cellule un espace conique où se trouve logé le noyau.
Elles peuvent aussi se fusionner par leurs bords et donner lieu
à des figures infiniment variées. Si le rasoir passe dans un plan
perpendiculaire à l'axe de cet espace conique on observe autour
du noyau — dans les préparations colorées par l'hématoxyline
ferrique — des masses granuleuses sombres qui ne sont que les
surfaces de section de bandelettes formées par la même subs-
tance (fig. 5). C'est sous cet aspect qu'on la trouve le
plus souvent dans les coupes. Parfois même on observe, sur-
tout dans les préparations peu différenciées, une ligne noire
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 395
très nette qui contourne intérieurement ou extérieurement
ces masses sombres périnucléaires.
Il ne s'agit pas ici, croyons-nous, de formations ergasto-
plasmiques, du moins telles qu'elles ont été décrites par les
auteurs, car celles-ci ont une forme toujours bien définie, en
corps arrondis, spirales, ou en bandelettes avec des contours
bien tranchés.
Nous ne songeons pas non plus à faire un rapprochement
entre cette substance basophile et les productions mitochron-
driales, pourtant observées très souvent dans les organes vas-
culo-glandulaires des divers vertébrés. Pour mettre en évidence
ces dernières on a besoin d'une technique qui, pour la première,
n'est pas nécessaire. Une simple coloration à l'hématoxyline
ferrique dans notre cas est suffisante. La méthode de Regaud
consistant en une simple chromisation des coupes pendant
quelques jours, avant l'action sur elles de la laque de Heinden-
hain nous a donné à peine des résultats meilleurs.
Quoi qu'il en soit pour résumer ces lignes nous dirons que
dans les cellules épuisées des glandes salivaires en grappe
d'Hyalomma aegyptium, il se forme autour du noyau une subs-
tance semi-liquide basophile qui peut être assimilée, sinon mor-
phologiquement du moins physiologiquement, aux productions
ergastoplasmiques observées dans d'autres cas analogues, et
comme elles interprétées dans le sens d'une intervention nucléaire
active au cours des processus secrétoires
Si nous mettons en regard les résultats des recherches de
quelques auteurs qui ont étudié chez d'autres espèces
également des glandes en grappe, avec ceux de nos propres
observations, nous trouvons quelques légères divergences entre
eux quant à la fonction de certaines parties des alvéoles.
C'est Pagenstecher (1861-1862) qui étudia le premier les
organes internes chez les Ixodinae. Il nous fit connaître avec
un soin minutieux leur forme, leurs acini et leurs canaux excré-
teurs. Mais il donna très peu de détails microscopiques sur les
éléments glandulaires. Il parle cependant brièvement des cellu-
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 5e SÉRIE. — T. V. — (VIII). 20
396 M. ELMASSIAN
les de fonds, de leur protoplasma granuleux, de leurs gros et
petits noyaux et enfin la destruction fréquente que ces derniers
subissent à la suite de leur activité excessive. Sur la nature
de leurs produits, il préfère ne pas se prononcer. Il admet l'irri-
tation produite par les piqûres de ces animaux, mais il ajoute
que l'action venimeuse de la salive n'exclut certainement pas
ses propriétés digestives.
Il a aussi observé les petites alvéoles unicellulaires que
Bonnet a trouvées dans les glandes de YIxodes hexagonus
et auxquelles il attribua une sécrétion à venin. D'après ce
dernier savant, ces menus alvéoles seraient exclusivement
fixés sur les gros troncs d'excrétion, étant caractérisés, d'autre
part, par la présence à leur intérieur de noyaux fragmentaires.
On se rappellera que nous-même les avons trouvés sur la
glande que nous étudions, mais nous y avons trouvé non seu-
lement une seule cellule, mais plusieurs avec leurs noyaux, tou-
jours entiers et bien sphériques. Ce qui nous a le plus frappé
c'est d'une part, l'aspect clair de leur protoplasma dépourvu de
granula, c'est de l'autre l'hypertrophie énorme de leurs noyaux
qui parfois paraissait avoir doublé son volume. Nous retrouve-
rons ces caractères en partie dans les cellules à venin de l'Argas
persicus.
Les recherches de Nordenskiold après celles de Pagenste-
cher sont les plus importantes au point de vue de l'histologie
et de la cytologie de ces organes.
D'après le premier de ces auteurs, qui distinguera le premier
deux variétés d'éléments glandulaires dans les alvéoles — et
nous savons comment il les dénomma — les cellules de fonds
sont à venin ; tandis que celles qui se trouvent plus près des
pédoncules, sont à mucine. Mais il n'a pu mettre en évidence
cette dernière substance par les réactions colorantes, soit par la
théonine, soit par la mucicarmin. Dans les figures qu'il donne
de ces dernières cellules, on trouve en effet une disposition vacuo-
laire très significative pour l'opinion qu'il exprime.
Pour les glandes acineuses d'Hyalomma aegyptium, cette
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 397
interprétation doit être faite dans un sens inverse. En effet
nous avons vu que les cellules de l'ouverture alvéolaire chez
ces dernières contenaient des corpuscules acidophiles faciles
à fixer et à colorer (ce qui n'est pas le cas pour les granula
à mucine), et d'autre part un protoplasma réduit à de minces
filaments entourant ces derniers, mais ne présentant aucune
vacuole. Tout cela est caractéristique des cellules à ferment,
et pour nous c'est plutôt les cellules de fonds qui produisent
de la mucine, bien que nous n'ayons pas obtenu par le bleu
de toluidine la fameuse coloration métachromatique à leur
niveau. On sait combien les réactions tinctorielles de cette
matière sont aléatoires et ici nous n'en tiendrons pas plus
compte qu'elles ne méritent.
En résumé la sécrétion salivaire des glandes acineuses dont
il s'agit, est de nature mixte : à mucine et à ferment. Nous
avons trouvé très souvent au fond des vases en verre, dans les-
quels nous avions placé des Tiques de l'espèce que nous étu-
dions, et laissées à l'étuve à 25° pour faire leur ponte, des
traînées du liquide desséché à l'aspect mat et semi-translu-
cide. Ces taches étaient insolubles dans l'alcool fort, solubles
seulement dans l'eau et donnaient en outre une faible réaction
de substance muqueuse.
Pour Bonnet le rôle physiologique des deux groupes de cellu-
les dont il vient d'être question est la même chez YIxodes hexa-
gonus que ce que nous avons admis pour celles de Hyalomma
aegyptium avec du venin en plus produit par les acini minus-
cules de ses glandes en grappe.
ARGAS PERSICUS (Oken)
(glandes tubuleuses et acineuses)
De même que les espèces précédentes VArgas persicus pos-
sède deux paires de glandes salivaires de types différents,
ce qui montre que les Argasinae ne font pas exception à la
398 M. ELMASSIAN
règle générale. L'une d'elles, la plus volumineuse, est en tube
ramifié, l'autre la plus petite est en grappe de raisin. L'une
et l'autre, bien qu'elles correspondent par le principe de leur
architecture aux deux types glandulaires classiques, diffèrent
néanmoins par de nombreux détails anatomiques et histologi-
ques de celles des Ixodinae, et il y a lieu de les considérer comme
des types à part parmi les organes salivaires des Tiques. Ce
qui les caractérise surtout c'est d'une part la présence du
tissu conjonctif infiltré entre les diverses parties des glandes
provoquant une cohésion, un aspect compact, qui manque
totalement aux organes similaires précédemment étudiés ; c'est
de l'autre la tendance des cellules sécrétrices (gl. tubul.),
à former de vastes plasmodiums en se fusionnant entre elles
au moment de leur grande activité (fig. de texte VI, VII et
fig. 11). On verra que ces faits sont de nature à changer pro-
fondément la physionomie habituelle de ces organes et qu'ils
méritent d'être pris en sérieuse considération.
Les glandes salivaires de YArgas persicus sont en général
très petites en comparaison surtout avec celles des Ixodinae,
ce qui rend leur dissection infiniment plus délicate. Elles sont
situées, en raison de la constitution particulière des Tiques de
ce genre, à l'union du tiers antérieur du corps avec les deux
tiers postérieurs, immédiatement en arrière du rostre auquel
elles sont attachées par leurs canaux excréteurs. Elles se diri-
gent d'avant en arrière, un peu en dehors en sorte qu'il se
forme un petit angle entre elles. Chez l'adulte repus elles se
trouvent entièrement recouvertes par les diverticules du tube
digestif, sauf en arrière, ou elles prennent contact avec les
oviductes qui aboutissent au pore génital au-dessous du rostre.
Au milieu du fatras trachéal, on les distingue à leur aspect
pâle et quelque peu transparent.
Glande acineuse. — Cette glande signalée dès 1858 par
Heller chez Y Argus persicus a la forme d'un épi (fig. de texte
VI) et ne mesure pas plus de 1 à 1 ]/2 mm. Examinée entre
lame et lamelle dans l'eau physiologique, elle se présente avec
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 399
les caractères morphologiques suivants : sur un gros canal central
se fixent de nombreuses ramifications latérales qui se termi-
nent par des acini. L'ensemble de l'organe est entouré par une
gaine cellulaire, à une seule couche épaisse, d'où partent inté-
rieurement des travées composées de cellules fusiformes qui
s'irradient dans tous sens, enveloppent les alvéoles, et comblent
les espaces vides entre eux. Il ne
s'agit pas ici d'une "glande en grappe
avec des grains libres ainsi que cela
existe chez YHyalomma aegyptium,
mais un organe compact, massif , pré-
sentant une analogie lointaine si l'on
veut, mais réelle avec les organes
similaires d'animaux d'échelle supé-
rieure. Comme chez ces derniers les
éléments essentiels de la glande sont (
pris dans une gangue conjonctive
plus ou moins dense. C'est ce point L, i
surtout, à notre avis, qui fait distin-
guer les glandes de VArgas persicus >Ç >
et peut-être de tous les Argasinae, ÇrJ
de celles des Ixodinae qui semblent v.. . .
posséder une conformation beaucoup ^ :
plus simple.
Les acini, sphériques ou pirif ormes, Fiq vi Glande salivaire acineuse ,le
sont d'aspect et de taille variables VArgas persicus.
(40-60 a. Les uns, très réfringents,
par les cellules à granula qu'ils contiennent attirent tout de suite
l'attention ; d'autres pâles sans aucun corpuscule dans leurs
cellules, paraissent des alvéoles épuisés. A vrai dire, ces deux
aspects des alvéoles correspondent à l'existence de deux espèces
d'alvéoles, qu'une étude plus minutieuse sur des coupes colo-
rées confirmera entièrement.
Des acini à cellules granuleuses d'un volume plus réduit que
les autres occupent d'habitude en îlots l'extrémité terminale
400 M. ELMASSIAN
de l'organe ou tout une moitié de celui-ci, dans le sens longi-
tudinal. Même à l'état non coloré, ils paraissent fendillés ;
cela tient tout simplement à ce que la substance intermédiaire
entre les cellules est ici plus abondante et plus fluide que d'habi-
tude, d'autre part son aspect mat tranche nettement sur la
réfringence des corpuscules. Les cellules de ces alvéoles qui ne
dépassent pas 30 y. en longueur et 18-20 y. de largeur, sont
remarquables par leur contenu. A ce propos nous devons même
les distinguer en deux séries, les unes au nombre de 2-4 placées
à proximité des pédoncules ou ramifications de dernier ordre,
les autres de 6 à 10, occupant le reste de l'alvéole. Sur les pré-
parations colorées avec de l'hématoxyline de Delafield et
l'éosine, ces éléments glandulaires prennent un aspect très
différentiel par la tinction plus ou moins vive de leurs granula
Les premières, c'est-à-dire, celles qui avoisinent l'ouverture
de l'alvéole, ont les corpuscules de sécrétion d'un rouge
pourpre foncé, ils sont en outre de taille peu volumineuse et
toujours égales entre elles, n'étant jamais accompagnées de
vacuoles ou d'espaces lacunaires rempli de substance granu-
leuse. Les secondes, celles qui occupent le fond de l'alvéole ont
des grains énormes de 6 à 8 ij., un peu basophiles et voisines
toujours des vacuoles où se trouvent des granulations déjà en
fonte ou sur le point de l'être. Ajoutons que ces dernières cellu-
les révèlent dans leur intérieur des amas granuleux qui don-
nent la réaction métachromatique de la mucine (fig. 1 et 2).
A part ces variations, au point de vue de leur contenu, les
deux groupes d'éléments glandulaires ne semblent pas se
différencier par la structure de leur protoplasma, ni de leurs
noyaux. Ces derniers, petits et sphériques, ont un diamètre de
6 \j.. possédant une membrane épaisse très colorable qui sup-
porte à elle seule en forme de petites boules, toute la chroma-
tine du reticulum nucléaire à peine coloré. Ce noyau vési-
culeux est très spécial pour les glandes de YArgas persicus.
Par ce qui précède il nous paraît logique de conclure à
l'existence, dans ce groupe d'acini, de deux espèces de cellu-
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 401
les ayant chacune un produit de sécrétion différent. Les unes,
à granula éosinophiles, pouvant être homologuées avec les
cellules de l'ouverture alvéolaire des glandes en grappe d'Hya-
lomma aegyptium par conséquent destinées à la sécrétion des
ferments ; les autres à granula avec point central basophile
correspondant aux cellules de fonds des mêmes glandes et sécré-
tant de la mucine.
Quant au second groupe d'acini, d'aspect clair, apparte-
nant à la glande que nous étudions, et dont nous avons déjà
dit quelques mots, ils méritent notre attention par leur struc-
ture très spéciale. Ils sont formés de cellules de 30 à 40 a
de diamètre, et de forme irrégulièrement polyédrique, dont une
face repose sur la membrane basale, et une autre regarde la
cavité alvéolaire. Celle-ci quand elle est vide revient sur elle-
même et devient virtuelle, (fig. 3 et 4). Le protoplasma de ces
cellules présente deux régions bien distinctes, une périphérique
et l'autre périnucléaire. La première large d'une dizaine de y.,
est d'une apparence nettement fibrillaire. Ce n'est pas qu'il y
existe, à proprement parler, des fibres indépendantes, incluses
dans le cytoplasma, mais seulement le réticulum de celui-ci à
ce niveau très épais, prend une disposition arborescente et
une orientation radiaire. Cette région marginale fixe énergique-
ment les colorants acides.
La région périnucléaire de la même cellule a un réseau
très lâche, et à grosses mailles, paraissant presque homogène
quand elle est distendue par le produit de la sécrétion. Le
noyau qui s'y loge est oval, et mesure de 4 à 8 p, suivant
les différentes phases de son activité. En général pauvre en
chromatine, il est d'un aspect vésiculeux quand la cellule est
en activité.
Cette grande variation dans les dimensions du noyau est
caractéristique pour les cellules à venin, et elle a été remar-
quée par Launoy dans les glandes à venin des vipères. Jamais
nous n'avons trouvé de corpuscules dans les cellules de ces
alvéoles bizarres, lesquelles paraissent avoir une évolution, un
402 M. ELMASSIAN
processus secrétoire, qui semblent s'écarter tout à fait de ce
qui est établi pour les cellules zymogènes et mucigènes.
Nous ne voulons pas ici non plus nous occuper de la struc-
ture des' canaux excréteurs, qui en principe ne diffère pas
de celles des glandes analogues d'autres espèces de Tiques.
Il y a lieu de signaler seulement l'extrême longueur des pédon-
cules, fixant les alvéoles aux gros troncs, et cela nécessité
probablement par la disposition des acini, et par leur rassem-
blement en un bloc par un tissu interstiel.
Ce sont toujours les mêmes canaux faits par la juxtaposi-
tion des petites cellules cubiques dont la surface interne est
pourvue de cercles chitineux très épais et à bords sinueux non
point disposés comme chez les Ixodinœ en une spirale, mais
simplement superposés les uns aux autres, et reliés entre eux par
de multiples anastomoses. Dans les gros canaux nous n'avons
vu aucune cloison, ni perpendiculaire, ni longitudinale par rap-
port à leur axe, ainsi qu'on en trouve dans ceux d'Hyalomma
aegyptium.
La zone périnucléaire claire de ces alvéoles ainsi que quel-
ques autres détails nous amènent à croire qu'il s'agit ici des
acini à venin. Par conséquent, la glande salivaire en grappe
de VArgas persicus a une sécrétion mixte du venin, dilué dans
du mucus (des acini granuleux). Produit-elle aussi du ferment ?
Cela paraît probable étant donné la nature des granulations de
quelques cellules que nous avons signalées dans les alvéoles à
mucus, mais nous ne l'affirmons pas d'une façon certaine.
Glandes tubuleuses. — Ces glandes paires sont placées,
une de chaque côté de l'extrémité antérieure du tube digestif
et ont les mêmes rapports que celles en grappe.
Les glandes tubuleuses sont formées par la réunion de plu-
sieurs tubes (8-10) épais, de longueur et de largeur variables
(fig. de texte VII). Chaque tube autour du canal central
représente une ramification latérale. L'organe peut mesurer
dans son ensemble de 2 à 3 mm. Etant donné sa fragilité on a
avantage si on veut l'étudier, à ne pas l'isoler trop et à l'enle-
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES
403
ver avec les tissus mous qui l'entourent et d'en faire des coupes.
On peut en prélever des fragments et les examiner à l'état frais
entre lame et lamelle.
Les tubes glandulaires ont une structure aussi simple que
x\ n'\
Fig. VII. Coupe de glandes salivaires tubuleuse d'Argas persicus 1 x 26.
les éléments similaires des glandes de Margaropus annulatus,
c'est-à-dire qu'ils se composent d'une membrane basale en doigt
de gant, dont l'intérieur est tapissé de cellules cylindriques
hautes de 40 à 60 pt, ; la largeur du tube étant de 200 à 250 p. ;
La section de ce dernier perpendiculairement à sa longueur est
ellipsoïde, ce qui montre qu'il est latéralement aplati (fig. de
texte VII).
A l'état de repos, les limites des cellules sont nettement
404 M. ELMASSIAN
visibles ; il n'en est pas de même quand celles-ci sont bourrées
de grains spécifiques. Elles forment alors, fusionnées les unes
avec les autres, un vaste plasmodium dans lequel une partie
des noyaux conservent encore leur position périphérique
Mais ce qui distingue ces glandes tubuleuses de celles que
nous avons fait connaître dans les premières pages de ce tra-
vail, en outre la formation de ce plasmodium glandulaire au
moment de la grande activité secrétrice, c'est la présence entre
les tubes et tout autour d'eux d'un tissu conjonctif à cellules
fusiformes, qui les réunit entre eux et par sa contracture, facilite
peut-être l'écoulement du liquide sécrété (fig. de texte VII, et
fig. H).
Pour déterminer les caractères cytologiques des éléments
glandulaires des tubes, il faudrait les étudier successivement
quand ils sont pleins de leur produit et quand ils en sont com-
plètement débarrassés, au moment où elles se préparent à une
nouvelle activité élaboratrice. Dans le premier cas, nous l'avons
déjà dit, le fait le plus saillant est la perte de l'individualité
cellulaire. A ce moment le cytoplasma chez eux est finement
granuleux et possède un réseau à mailles peu serrées qu'il ne
faut pas confondre avec les espaces occupés par les granula,
ni prendre pour des travées les minces filaments cytoplasmiques
qui s'interposent entre ces derniers. Les corpuscules de sécré-
tion prennent naissance dans l'épaisseur même des travées
et y creusent des cavités qu'ils occupent et qui grandissent
à mesure qu'ils se développent (fig. 11).
Dans le second cas, où les éléments glandulaires sont vides
de toute espèce de produit, ils reviennent sur eux-mêmes,
leur hauteur diminue de moitié, et ils reprennent leur individua-
lité, nous voulons dire, que leurs limites réapparaissent nette-
ment à nouveau (fig. 19). On trouve leur protoplasma très
dense, très serré, d'un aspect presque homogène, sauf autour
du noyau où sa structure alvéolaire est conservée. Quant à leurs
noyaux, ils changent de forme aussitôt que la cellule entre en
activité. Ils ne sont plus sphériques ni ellipsoïdaux, mais irré-
GLANDES SALIV AIRES DES TIQUES 405
gulièrement arrondis ou anguleux (fig. 19). Ils sont boursouflés
par l'accumulation d'une grande quantité de liquide qui n'im-
prègne pas uniformément tout le réseau nucléaire, mais s'y
accumule sur un point quelconque et en refoule le reste vers
la face interne de la membrane. Il en résulte une forme bizarre
qui est typique pour cette glande.
Ce liquide d'une légère affinité pour les colorants nucléaires,
est expédié croyons-nous hors le noyau au fur et à mesure
qu'il se produit, et c'est là peut-être la raison de la légère colo-
ration par l'hématoyline de la zone périnucléaire qu'on observe
souvent.
Il ne faut pas prendre cette modification notable du noyau
pour des faits de dégénérescence accidentelle. Elle est d'abord
très constante et parfois on peut même l'observer sur les noyaux
de toutes les cellules d'une section d'un tube. Dans ce cas elle
ne peut être interprétée, selon nous, que comme des signes
caractérisant une phase déterminée du processus sécrétoire
plus exactement, l'intervention nucléaire au début de celui-ci.
La meilleure preuve en est que, aussitôt qu'apparaissent les
granula dans les cellules les noyaux reviennent à leur aspect
normal (fig. 19). Nous reviendrons d'ailleurs sur cette question
avec plus de détails dans le chapitre suivant où nous étudierons
l'évolution des mêmes cellules.
Avant de finir ce paragraphe, il nous reste à dire quelques
mots sur les corpuscules spécifiques qu'on trouve à l'intérieur
de ces mêmes éléments glandulaires.
Chez les animaux gardés à jeun et surtout chez les individus
non repus, on trouve les glandes tubuleuses bourrées de granula.
Si l'on soumet leurs coupes à une double coloration, on remar-
que qu'ils sont comme dans les glandes séreuses des vertébrés de
deux espèces, les unes fixant les teintures acides et les autres
les teintures basiques, chacune de ces espèces occupant en outre
un alvéole différent, étant rarement mélangés entre eux. Les plus
petits, les plus jeunes en âge sont basophiles et les plus gros, les
plus développés acidophiles. Ces deux espèces de grains sont de
406 M. ELMASSIAN
nature identique, et ils ne représentent que les diverses étapes
de leur évolution générale. A ce point de vue, on peut les rap-
procher des corpuscules de cellules séreuses des vertébrés, si
bien étudiés de nos jours, dont ils ne s'écartent que par leurs
dimensions considérables atteignant régulièrement 6, parfois
même 7 ;j..
Nous avons cherché à connaître la formation de ces corpus-
cules au sein du cytoplasma et nous avons vu qu'ils apparais-
sent dans les travées protoplasmiques comme de petits corpus-
cules de 1 \x très réfringents à l'état frais, et très basophi-
les après coloration, surtout à leur centre. Des éléments sem-
blables ont été observés pour la première fois dans les glan-
des sub-maxillaires des lapins par E. Nuïller et les figures
que l'auteur en donne s'accordent complètement avec ce que
nous avons constaté nous-même dans nos coupes. A mesure que
leur volume augmente, il apparaît à leur intérieur, quelques
détails de structure. C'est d'abord de petites vésicules en
nombre limité, qu'on met très facilement en évidence par une
coloration énergique, ces vésicules ne fixant pas les teintures.
A ce moment les corpuscules sont encore basophiles, mais quand
ils deviennent franchement acidophiles, ils présentent une
espèce de stroma, sous forme d'un réseau alvéolaire dont les
mailles sont remplies d'une substance très granuleuse. Pour
apercevoir ceci, il est nécessaire de colorer les coupes d'une
façon progressive, c'est-à-dire avec une solution de colorant
très étendue et la laissant agir au moins 24 heures (hématoxyline
de Delaf. 3-4 ce. p. %). Ce stroma n'est pas très chromophile ;
il devient apparent à l'aide de la méthode que nous avons
indiquée par la métachromatie du contenu alvéolaire qui,
avec rhématoxyline vire légèrement au rouge et fait contraste
avec les parois qui le contiennent.
En résumant ces lignes nous dirons que les corpuscules spécifi-
ques des glandes tubuleuses de l'Arga sont les caractères morpho -
logiques des grains des glandes séreuses et que par conséquent la
sécrétion à laquelle ils contribuent est de nature enzymateuse.
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 407
Sécrétion salivaire chez les Tiques.
NATURE ET MECANISME
L'étude morphologique que nous venons de faire, chez trois
espèces appartenant aux différents genres des Ixodes, nous per-
met largement de nous faire une idée sur le nombre, la struc-
ture et la fonction de leurs glandes salivaires. Elle nous informe
d'abord de ce fait important que, contrairement à la notion
courante, il existe chez ces animaux, quelle que soit la famille
dont ils font partie deux paires de glandes, l'une du type tubu-
leux et l'autre du type acineux, l'une prédominant l'autre
par son volume, et naturellement aussi par sa fonction. Nous
avons vu que les Margoropus annulatus ont des glandes en
tubes ramifiés, qui sont deux fois plus grandes que les glan-
des en grappes du même animal. De même, YHyalomma
aegyptium a des glandes acineuses qui sont le double en dimen-
sion de ses glandes tubuleuses. Chez YArgas persicus cette
règle ne fait pas d'exception, tout au plus, est-elle moins accu-
sée que chez les précédentes espèces, par le faible écart qui
existe entre ses deux organes salivaires. L'insuffisance des
observations antérieures aux nôtres, en ne signalant chez les
espèces étudiées qu'une seule paire de ces organes, provient
peut-être de la dimension réduite de l'autre qui a pu passer
inaperçu.
Quoi qu'il en soit, de ce fait anatomique, on peut tout de
suite tirer la conclusion, qu'il y a à priori au moins
deux espèces de sécrétion salivaire, chez ces animaux.
Mais le nombre des substances sécrétées est certainement au-
dessus de ce chiffre, étant donné que les glandes tubuleuses
à part, où on ne trouve qu'une espèce cellulaire, les acini des
glandes en grappe, ainsi que nous l'avons vu, en contiennent
plusieurs, tantôt réunies dans un même alvéole, tantôt dans
des alvéoles différents. Si nous voulions nous attacher à démon-
408 M. ELMASSIAN
trer le mode de formation de chacune de ces substances éla-
borées par les glandes salivaires, nous aurions à étudier les
processus intimes d'autant de cellules sécrétrices que nous
en avons comiu au cours de cet exposé. Mais cela ne manque-
rait pas d'être fastidieux, en donnant lieu à des redites inutiles.
Pour éviter cela nous choisirons à étudier une glande tubuleuse
qui est chez les Ixodinae toujours à sécrétion muqueuse, une
glande acineuse, à sécrétion mixte, muqueuse et séreuse. Nous
prendrons la première chez Margaropus annulatus et la seconde
chez Y Hyalomma aegyptium. Quant aux glandes de YArgas
persicus, il nous faudra nous arrêter à l'une et à l'autre paire
de ses glandes, parce que leur structure et leurs produits varient
totalement des précédentes.
Sécrétion salivaire des glandes tubuleuses.
(margaropus annulatus)
Pour expliquer le mécanisme et la nature du produit de cet
organe, nous devons considérer la formation, le développement
et le sort définitif de ses corpuscules spécifiques, en même
temps que les phénomènes nucléaires qui les précèdent.
Pour cela, il faut choisir des Tiques très repues et conser-
vées longtemps au laboratoire. Aussitôt que la ponte com-
mence on enlève les glandes. Nous les avons colorées par la
méthode de Mann en employant une solution très diluée (48 heu-
res), et différenciant à fond les préparations. Par ce procédé,
on n'obtient pas des figures entières des cellules, mais on
s'assure la coloration des nucléoles et de tout ce qui est de
cette origine dans la cellule.
Les premiers signes du processus sécrétoire sont les modifi-
cations profondes des nucléoles. Ceux-ci d'habitude uniques
dans le noyau et mesurant à peine 1-2 a, commencent à se
multiplier et à s'hypertrophier considérablement atteignant
GLANDES SALÏVAIRES DES TIQUES 409
le double et le triple de leur volume. Leur forme jusque là
sphérique devient ovalaire ou allongée, et affecte aussi en cou-
che optique tous les aspects d'un disque irrégulier (fig. 12). Mais
ce qui frappe l'attention par dessus tout c'est le change-
ment profond du contenu. Cet organe qui était précédemment
massif et compact, et retenait uniformément et d'une façon
énergique les colorants basiques, est en ce moment, d'une
structure définie. Il se compose d'une membrane épaisse qui
prend le bleu par la coloration de Mann et à son intérieur une
rangée de petits grains forme en coupe optique un chapelet
circulaire sous cette membrane. Mais le reste du corps est clair,
et a fixé le colorant acide, l'éosine (fig. 12 a et a').
A partir de ce moment le nucléole commence à se multiplier
et on en trouve jusqu'à quatre dans le même noyau. Son mode
de division est bien simple : il s'allonge et s'étrangle au milieu
(b). On trouve souvent à son intérieur une curieuse disposition
des grains basophiles qui affectent parfois des figures karyoki-
nétiques plus ou moins réussies. C'est tantôt une plaque équa-
toriale avec deux pôles où se trouvent des amas de grains (c),
tantôt un pseudo-fuseau par suite d'un bizarre alignement
de ces derniers (d), enfin on en voit qui ont leurs grains accu-
mulés à leurs deux extrémités. Dans ce cas, il ne tarde pas
à se diviser et l'un d'eux est expulsé (a'). Par le nombre de ces
organes qu'on trouve dans les cellules en dedans et en dehors
du noyau, on peut admettre qu'ils se divisent un très grand
nombre de fois.
La prolifération des nucléoles dans les éléments glandu-
laires est un phénomène banal, observée par beaucoup d'au-
teurs : Steinhaus, Vigier, etc.. Ce dernier les a vu s'étirer en bis-
cuits, paraissant se diviser, dans les cellules des glandes cuta-
nées du Triton. D'autre part nous possédons très peu de don-
nées précises sur les divisions nucléolaires, surtout sur les
modifications de leur structure pendant cette opération, pour
pouvoir interpréter les faits que nous rapportons. Peut-être
n'est-il pas invraisemblable d'admettre chez ces petits orga-
410 M. ELMASS1AN
nés un mode de division parfois beaucoup plus compliqué que
celui représenté par un simple étranglement.
En résumé l'intervention nucléolaire à cette période ini-
tiale des processus, consiste dans la multiplication et l'expul-
sion de cet organe, en un mot un apport considérable de sa
substance au sein du cytoplasma où vont apparaître les corpus-
cules spécifiques de la sécrétion. Mais nous ne pensons pas
comme Ogata, Galeotti et Vigier, que les nucléoles expulsées
vont prendre directement part à la formation de ces derniers.
Cette participation est dans notre cas indirecte, et se traduit
par une action chimique sur le cytoplasma, plutôt que par la
contribution de leur propre substance. Car les nucléoles aus-
sitôt expulsés par les noyaux se dissolvent et disparaissent.
La seconde phase de la sécrétion se signale à notre obser-
vation par l'apparition dans les cellules glandulaires d'élé-
ments filamenteux ou discoïdes très basophiles, semblables à
ceux rencontrés dans un grand nombre de glandes à sécrétion
muqueuse ou séreuse, connus généralement sous le nom « d'ergas-
toplasme » ou formations « ergastoplasmiques » (fig. 14).
Ils ont les formes et les structures suivantes :
Dans les cellules à protoplasma, dépourvues de toute espèce
de grains de sécrétion, ils apparaissent en forme de corpuscules
arrondis de 4 à 6 y., avec un ou plusieurs points centraux réfrin-
gents et basophiles. Excepté la périphérie qui est fortement
teintée (hémat. fer.), le reste du corps est clair et un peu
brillant. C'est que la couche chromophile qui l'enveloppe et
qui est parfois double, est distincte du reste du corps. Elle
peut même, à un moment donné, s'en détacher et donner lieu
à ces formations filamenteuses qui constituent la seconde moda-
lité de ces éléments.
Si l'on différencie à fond les coupes on n'y trouve à la fin
que les nucléoles et les corps en question qui restent colorés,
ayant un aspect très foncé ; ce qui plaide en faveur de leur ori-
gine nucléolaire, et ce qui a fait dire à Pacaud et Vigier
(glandes salivaires de l'escargot de vigne) que « leurs réac-
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 411
tions (ergastoplasmes) diffèrent en tous cas de celle de la
chromatine et du cytoplasma, elles se rapprochent de celles
des nucléoles sans leur être identique ». La raison en est que
comme dans ces derniers cas les formations ergastoplasmi-
ques contiennent probablement beaucoup plus de plastine que
de chromatine.
Quant au mode de leur production, il n'est pas aisé de
l'établir. Nous supposons que les petits corpuscules très chro-
mophiles qu'on trouve en nombre dans les cellules, à côté des
formes typiques et dont il a été parlé plus haut, donnent heu
en se développant à la formation de ces derniers. La figure 20
explique mieux qu'une description comment nous concevons
leur genèse et leur évolution. D'après nous le point de départ
est ici un sphérule (un nucléole expulsé?), qui par une transfor-
mation spéciale donne naissance aux petits corpuscules, futur
élément basophile.
Mais qu'elle est la nature et la signification de cette subs-
tance dans la cellule glandulaire ?
Depuis leur découverte dans les cellules du pancréas du
Triton et la Salamandre, et les divers organes de la grenouille,
indépendamment l'un de l'autre (1881) par Nusbaum (Neben-
kern) et par Gaule (Cytozoen), on a reconnu qu'elle a une origine
nucléaire et qu'elle contribue en quelque sorte à la formation
des produits sécrétés. Le fait a été depuis vérifié par Mathews,
Ogata (Plasmoson), Plattner, E. Muller, Solger, Henneguy
(parasome), Pacaud et Vigier etc. dans plusieurs espèces de
glandes. Mais Garnier (glande de la base de la langue du Héris-
son 1900) s 'avançant beaucoup plus dans cette idée n'hésita
pas à admettre la transformation directe des éléments ergasto-
plasmiques en corpuscules de sécrétion, autrement dit, aux
préferments.
Nous sommes persuadés qu'une telle métamorphose n'existe
pas, du moins dans notre cas, puisque les substances en ques-
tion ne sont plus visibles quand les granula apparaissent dans
la cellule. Le rapport entre ces deux groupes d'éléments ne
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET QÉN. — 58 SÉRIE. — T. V. — (VIII). 30
412 M. ELMASSIAN
peut être qu'indirect. D'ailleurs les substances basophiles
ne sont pas exclusives pour les cellules glandulaires. On les
a trouvées, comme on le sait, même dans les cellules végétales
(M. et P. Bouin, sac embryonnaire des Liliacées) en grande
activité ; et les chromidies de Goldschmidt vues par cet auteur
dans une série de cellules pariétales de l'intestin postérieur
de Y Ascaris n'est peut-être qu'une seule et même formation.
Dans ce cas, on ne peut interprêter leur présence dans les
cellules que comme signe d'une intense activité nucléaire,
mais dans un sens tout à fait général.
Nous aurons très peu de chose à dire sur les corpuscules
de sécrétion des glandes dont nous nous occupons. Ils sont
analogues par leurs caractères microscopiques à ceux qui ont
été signalés dans quelques grandes muqueuses. Ils n'ont aucune
structure, sont de taille variable, ce quijest significatif pour
eux, ils se colorent avec métachromatie par la plupart des cou-
leurs anilinées basiques. Un seul point cependant les diffé-
rencie d'autres corpuscules analogues, c'est la présence à
leur centre, avons-nous dit, d'un ou plusieurs nodules basophiles
(fig. 7, 9 et 17). Mais de tels granula ont été vus dans les glan-
des en grappe d'Ornithodoros Moubata par Christophers,
dans les glandes du bassin (Beckendrusen) du Triton Helveticus,
par M. Heidenhain, et dans les glandes lacrymales des veaux
par Fleischer. Dans tous ces cas il s'agit de particules semi-
lunaires incluses dans les corpuscules, colorables par les tein-
tures nucléaires.
M. Heindenhain ne donne aucune explication sur la nature
et le rôle de ce nodule basophile. Il déclare tout au plus qu'il
s'accroit parallèlement avec le reste des corpuscules. Nos
observations confirment cette assertion. Elles nous ont con-
vaincu, en plus, que le point de départ de ces grains spécifiques
à aspect nucléé, est précisément ce point basophile qu'on
trouve en masse dans le cytoplasma des cellules glandulaires
à une dimension à peine visible. A cette époque possèdent-ils
déjà leur marge acidophile homogène ? Autrement dit sont-ce
GLANDES SALTV AIRES DES TIQUES 413
déjà en infiniment plus petit l'image de leur état d'adulte,
ou cette zone périphérique vient-elle s'ajouter en se formant
ultérieurement! Ce sont là autant de questions de la plus
haute importance au point de vue de la production de ces cors-
puscules, mais qui malheureusement restent sans réponse.
On peut conclure par ce qui vient d'être exposé, que la sécré-
tion des glandes tubuleuses chez Margaropus annulatus est
de nature muqueuse.
Sécrétion salivaire des glandes acineuses.
(Hyalomma aegyptium)
En décrivant les acini de cette glande nous avions déjà
signalé à leur intérieur la présence de deux séries de cellules.
L'étude du mécanisme de la sécrétion dans les cellules de l'ou-
verture alvéolaire présente peu d'intérêt. Tout s'y passe comme
dans les cellules à ferment, et les corpuscules qu'on y trouve
ont tous les caractères morphologiques des éléments similaires
en tant que forme, dimension, et colorabilité. La période ini-
tiale du travail cellulaire prélude par l'hypertrophie des nucléo-
les et par leur multiplication, après quoi ils sont expulsés
en dehors du noyau, non point par la rupture de la membrane
nucléaire, mais par la formation de (Randwinkelstellung)
décrite par Albrecht dans les œufs d'Echinus microtu-
berculosus. Ce mode d'émigration nucléaire a été vu aussi par
Vigier et par Gurwitsch dans l'hépatopancréas des Astacus.
Les modifications du noyau se limitent à une chromatophilie
intense au début des processus, et un accroissement énorme de
son volume, à la fin de celui-ci. Il est alors d'un aspect vési-
culeux et complètement déchromatisé (fig. de texte V).
Nous ne nous étendrons pas davantage sur ces détails, car
dans le chapitre suivant en étudiant la sécrétion de YArgas
persicus nous aurons occasion d'y revenir. Disons seulement
que le produit de ces cellules est de nature séreuse.
414 M. ELMASSIAN
Quant aux cellules de fonds alvéolaires, nous avons vu
qu'elles sécrètent aux premiers moments de leur activité une
substance granuleuse basophile (fig. 5 et 10). et qui ne montre
dans la suite aucune espèce de corpuscule. Ni Pagenstecher,
ni Nordenskiold, ni Bonnet qui ont étudié les mêmes cellu-
les, respectivement dans les glandes en grappe de YIxodes
récinus, Ixodes reduvius et Ixodes hexagonus n'en citent non
plus. Nous sommes d'accord avec Pagenstecher et Bonnet
pour leur reconnaître une sécrétion muqueuse peut-être un peu
différente du type classique.
Donc le produit salivaire de ces glandes est de nature mixte
contenant les deux substances précédentes, avec en plus,
peut-être, du venin provenant des petits acini unicellulaires.
Sécrétion salivaire chez Argas persicus.
C'est Heller (1858), le premier, qui donna quelques détails,
d'ailleurs purement macroscopiques sur les glandes salivaires
(seulement sur les glandes en grappe) de cette espèce, et la figure
qu'il fait accompagner son travail ne correspond que de très
loin à la réalité. Il parle certes de deux espèces d' acini, mais
il se contente de les distinguer en gros acini ronds, et petits
acini piriformes ; enfin il dessine et décrit le gros tronc des
voies excrétrices qui selon lui aboutirait aux mandibules
Cet auteur ne croit pas à la nature venimeuse des sécrétions
de cet organe, et il attribue par une intuition remarquable à
d'autres causes, les méfaits des piqûres, sans cependant déter-
miner ses causes.
Pagenstecher (1862) qui étudia les glandes d'une autre
espèce appartenant à la même famille d'Ixodes : Argas reflexus
ne croit pas que le canal excréteur des glandes salivaires chez
cette Tique communique avec les mandibules. Toutefois il
ajoute que cela n'exclut pas la nature des sécrétions ainsi que
Heller l'avait fait. 11 dit seulement que si cette particularité
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 415
anatomique était réelle, l'irritation produite par les piqûres
de ces animaux devrait être beaucoup plus grande. Néanmoins
il admet la nature mixte des produits salivaires chez l'espèce
qu'il a étudiée.
On le voit, un demi-siècle avant on savait autant sur ces
organes importants que de nos jours.
S'il fallait analyser le mode de production des différentes
substances sécrétées par les deux glandes de la Tique en ques-
tion, il nous faudrait passer en revue toutes les modifications
intimes ayant lieu au sein de chaque groupe de cellules que nous
avons noté en faisant leur étude morphologique. Mais cela allon-
gerait considérablement notre tâche sans trop de profit. Nous
nous contenterons donc d'en esquisser quelques-unes parmi
les plus importantes, ne choisissant ceux surtout qui ont une
sécrétion typique selon la nature de celle-ci.
Ainsi, commençant par les glandes acineuses, nous aurons
à envisager de suite le produit de deux séries d'alvéoles préala-
blement signalés. D'abord ceux à cellules granuleuses, manifes-
tement à sécrétion muqueuse ; nous en avons eu déjà un
exemple dans les glandes tubuleuses de Margaropus annulatus
et nous ne nous arrêterons pas à quelques détails différentiels
qui peuvent exister entre la production des deux substances
muqueuses. Ensuite ceux à cellules claires.
Et il convient d'insister longuement sur ces alvéoles d'un
aspect fibrillaire selon nous à sécrétion venimeuse lesquels nous
paraissent être dans leur genre un exemple très important.
Malheureusement nos observations à cet égard sont très limitées.
Malgré nos recherches réitérées sur un grand nombre de glandes
nous n'avons pu constater à l'intérieur des cellules d'autres
phénomènes, que quelques modifications du noyau. Nous n'y
avons trouvé ni corpuscules spécifiques, ni vacuoles, ni for-
mations de substances basophiles. Tout au plus la turgescence
de la zone périnucléaire, très claire au moment de la grande
activité de la cellule, et son retour à l'état normal, à la fin de
celle-ci et c'est tout.
416 M. ELMASSIAN
Pour ce qui concerne le noyau, on ne peut noter que son
énorme hypertrophie, sa déformation, sa légère déchromatisa-
tion et parfois sa dégénérescence complète, à la suite de son
activité. De sorte que nous arrivons à nous demander, si tous
les caractères négatifs, que nous énumérions tout à l'heure, ne
constitueraient pas pour cette espèce de cellules, autant de
signes distinctifs.
Avant de finir nous avons encore à nous expliquer pour
quelle raison nous avons déclaré plus haut comme glandes séreu-
ses les glandes en tubes ramifiés de cette Tique. Cela d'abord
à cause des propriétés morphologiques de leurs corpuscules :
structure et colorabilité ; ensuite à cause de l'évolution de
ces derniers qui n'a rien de commun, comme nous l'avons vu,
avec celles des granula des glandes muqueuses.
Le mode de production des grains, leur accroissement sans
fusion entre eux, leur progression intracytoplasmique vers le
bord fibre de la cellule (voir fig. 11), et leur incorporation aux
produits sécrétés par déhiscence et non par une fonte dans des
vacuoles sont autant de preuves à l'appui de notre thèse.
Donc en résumé YArgas persicus contient dans sa salive
les trois substances qui paraissent être constantes pour toutes
les espèces de Tiques naturellement, en plus ou moins grande
proportion, et qui sont : la mucine, le ferment et le venin.
Seulement chez l'espèce que nous venons d'étudier il y a des
acini de nombre et de volume tellement importants, que nous
nous expliquons facilement pourquoi leur piqûre, en dehors de
l'infection qu'elle peut inférer ainsi, est redoutée par les habi-
tants qui vivent à la portée de leurs méfaits.
Les Argas qui possèdent une morphologie externe si dif-
férente de celle des Ixodinae ont aussi des glandes salivaires
totalement différentes de celles de ces derniers ; ce qui leur
permet d'en être distingués aussi aisément que par les signes
extérieurs de leurs corps. Institut Pasteur, avril 1910.
GLANDES SALIVAIRES DES TIQUES 417
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EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE VIII
FlG. I. Alvéole à cellules granuleuses. Glandes salivaires en grappe d'Arg. persic. Cellules très
pédonculaires à granula uniformes, d'égale volume et très aeidophiles. Cellules de
fonds à granula de tailles variables et aux centres basophiles entourés d'autres peti-
tes granulations basophiles, à gauche une vacuole remplie de substances muqueuses
à aspect finement granuleux (Prép. orig. Hematox. Delafield et éosine). Coupe
parallèle au pédoncule alvéolaire.
FlG. 2. Idem. Coupe tengentielle. Remarquer : nombreuses vacuoles au centre et à gauche
FlG. 3 et 4. Coupe tengentielle et sagittale d'un alvéole à cellules claires des glandes salivaires
en grappe de V Args. pers. Zones marginales à aspect flbrillaire : zones centrales
claires. Noyaux en activité présentant une énorme hypertrophie. (Prép. orig. Hemat
Delafield, éosine).
FlG. 5. Coupe tangentielle d'un alvéole de la glande salivaire en grappe de Hyalomma aegyptium.
Substances basophiles granuleuses en forme d'amas isolés autour des noyaux dont
un en division directe (Prép. orig. Hématoxyline ferrique, après chromatisation
d'après la méthode de Régaud 1 x 500).
FlG. 6. Corpuscules de sécrétion des glandes salivaires tubuleuses de l' Argas persicus présentant
un stroma réticulo-alvéolaire qui contient la substance sécrétée proprement) dite.
(Prép. orig. Hématox. Delafield) ; 1 x 1500. demi schématique.
FlG. 7. Corpuscules de sécrétion des glandes salivaires tubuleuses de Boophilus annulatut. Cor-
puscules dans ses formes multiples et avec des grains basophiles présentant des
dispositions curieuses. (Préparât, orig. Bleu de méthyl. éosine) 1 x 1.500.
FlG. 8. Cellules des glandes salivaires tubuleuses de Boophilus annula tus avec nombreuses vacuo-
les. Cellules boursouflées de substance sécrétée (mucus) ; au niveau des bords libres,
elles sont considérablement hypertrophiées. Noyaux des cellules en parfait épui-
sement, déchromatisés et légèrement déformés (Prép. orig. Hématoxyline ferrique),
1 x 750.
FlG. 9. La même cellule que les précédentes, mais sous son aspect avant la production des vacuo-
les, c'est-à-dire avant la fonte des corpuscules de sécrétion. (Prépar. orig. Bleu de
méthyl. éosine) 1 x 1.000.
GLANDES SALTVAIRES DES TIQUES 419
Fia. 10. Coupe tengentielle d'un alvéole de la glande salivaire en grappe d'Hyalomma aegyptium .
Cellules glandulaires présentant une substance granuleuse très basophile autour
des noyaux en activité au début du processus secrétaire. On voit dans cette coupe
la disposition en traînée ou en colonne partant toutes d'un point plus ou moins
central de l'alvéole glandulaire tondis que dans la coupe présentée par la figure 5
ces mêmes substances basophiles sont coupées perpendiculairement, leurs sections
paraissent comme des masses isolées autour noyaux 1 x 500.
Fig. 11. Coupe d'une glande salivaire tubuleuse d'Argas persicus. Les cellules surchagées de corpus-
cules de sécrétion sont fusionnées entre elles et forment un vaste plasmodium glan-
dulaire au sein duquel les noyaux en partie occupent encore leurs positions margi-
nales et en partie sont disséminés sans ordre quelconque. A remarquer leur altération
jusqu'à leur complète dégénérescence au fur et à mesure qu'il s'avancent des bords
libres de plasmodium ; on les trouve même parfois dans le canal glandulaire tous
formés en une masse diforme et compacte. Plusieurs espaces vacuolaires vides dues
à l'action du fixateur sublimé. (Prép. orig. Hématoxyline de Delafield) 1 x 750.
Fig. 12. Modifications nucléolaires au début du processus sécrétoire des cellules des glandes
salivaires tubuleuses de Boophilus annulatus. A remarquer les différentes disposi-
tions des grains intranucléolaires qui précèdent leur division (Prép. orig. méthode
de Mann légèrement modifiée, indiquée dans le texte) 1 x 1500.
Fig. 13. Noyau en division directe d'une cellule glandulaire de la glande salivaire acineuse d'Hya-
lomma aegyptium (Prép. orig. Hématoxyline ferrigue) 1 x 1500.
Fig. 14. Différentes formes des productions ergastoplasmiques dans les cellules des glandes sali-
vaires tubuleuses de Boophilus annulatus pendant la période qui précède l'appari-
tion des corpuscules de sécrétion (Prép. orig. Hématoxylin. ferrique), 1 x 500.
Figure combinée.
PLANCHE IX
Fig. 15. Les mêmes cellules que les précédentes colorées par le même procédé après une
imprégnation prolongée à l'alun ferrique. Préparation faite avec une glande gon-
flée de substance sécrétée (mucus). Demi schématique, 1 x 750.
Fig. 16. Coupe d'un tube glandulaire (glande salivaire en tube ramifié) chez l'Argas persicus
plein de corpuscules de sécrétions en partie encore très basophiles. Limites des
cellules effacées, on en voit à peiue dans les parties périphériques de l'organe (Prép.
orig. Hématoxyline de Delafield), 1 x 250.
FIG. 17. Coupe d'un tube glandulaire (glande salivaire tubuleuse) chez Boophilus annulatus pour
montrer la disposition des corpuscules de sécrétion avec grain central basophile
(Prép. orig. Méthode de Mann), 1 x 500.
Fig. 18. La même coupe que la figure 16, colorée par le bleu de toluidine. Corpuscule de sécrétion
tout à fait développé et devenu acidophile. Le protoplasma réduit à de fins fila-
ments forme un réticulum grossier dans les mailles duquel sont logés les granula
1 x 250.
Fig. 19. Coupe d'un tube glandulaire (glande salivaire tubuleuse) chez l'Argas persicus. Trois
cellules à droite en pleine activité nucléaire précédant l'apparition dans le proto-
plasma des corpuscules de sécrétion. A remarquer la formation intranucléaire d'espa-
ces vacuolaires pleines d'un liquide légèrement basophile qui finit par se transsuder
à l'extérieur et imbiber la région nucléaire où le cytoplasme conserve son aspect
réticulo-alvéolaire tandis que sur les autres points des mêmes cellules il est d'une
structure infiniment plus dense. A gauche une cellule où les corpuscules de sécrétions
sont en voie de formation, deux noyaux dans la cellule sont revenus à leur aspect
normal. Quelques noyaux eu dégénérescence, reliquat d'une activité antérieure.
(Préparation orig. Hématoxyline de Delafield) 1 x 500.
ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE
5e Série, Tome V, p. 421 à 486.
25 Novembre 1910
ÉTUDE
SUR LES ASSOCIATIONS
Mil LES PAGURES ET LES ACTINIES
Eupagurus Prideauxi Heller et Adamsia palliaia Forbes
Pagurus striât us Latreille et Sagartia parasitica Gosse
TAR
L. EAUROT
Docteur ès-ciences naturelles, Docteur en Médecine.
SOMMAIRE
Pages
[STRODTJCTIOÎI 421
Conformations adaptatives des pagures 42ii
Adamsia palliaia. Son accroisse nient et sa déformation l ; >
Symbiose et Mutualisme 4(>o
Comment Y Eupagurus Prideauxi. s'associe à Y Adamsia palliaia ï -Mi 1
Comment le Parjuras striai us s'associe à la Sagartia parasitica ï 470
Index bibliographique 483
INTRODUCTION
Parmi les Paguridés, le Pagurus striatus Latr. le Pag.
bemhardus Bradt, le Clibanarius misanthropus. Heller, Y Eupa-
gurus excavatus Miers, sont connus comme habitant des
coquilles dont la surface extérieure est souvent recouverte par
une ou plusieurs Actinies appartenant à l'espèce : Sagartia
parasitica Gosse (Adamsia Rondeletii Andres).
L'association de cette forme d'Actinie avec des Crustacés
qui sont d'espèces distinctes, pourrait faire supposer que ceux-
ci sont, au même degré, aptes à s'emparer de la première et
à la faire adhérer sur leurs coquilles. Les quatre espèces ne
paraissent cependant pas vivre toutes avec une égale fré-
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET CES'. — 5e SÉRIE. — T. V. — (IX). 31
i±
L. fa trot
quence associées avec l'actinie. D'autre part, d'après mes
recherches qui, à la Station zoologique de Banyuls-sur-Mer.
ont porté sur le Pag. striatus et YEup. excavatus, le premier
et non le second est capable, à l'aide de manœuvres particu-
lières, de faire désadhérer la Sag. parasitica et de se l'associer.
Par conséquent, si les Eup. excavatus sont souvent logés dans
des coquilles sagartiées, il faut admettre : ou bien qu'ils se sont
FlO. I. Sagartia parasitica {Adamsia Rondeleti) et Pagurus striatus.
emparés d'abris ayant appartenu aux Pag. striatus, ou bien
que les Sagartia arasitica commensales se sont fixées elles-
mêmes sur leurs coquilles. Nous verrons plus loin que les deux
alternatives sont possibles. Quant aux deux autres espèces de
Pagures : le Clibanarius misanthropus et le Pag. bernhardus,
peut-être sont-ils capables, de même que le Pag. striatus, de
s'emparer de la Sag. parasitica (1) ?
(i) D'aprèa Chevbetxx et BorviER (1892», ls Pag. striatus habite communément la zone sub-
côtière de \.\ Méditerranée et la côte Nord-Ouest de L'Afrique. Ce serait une espèce que l'on peut
rencontrer dans toutes les régions chaudes du globe : grand Océan, mer du Japon, Philippines,
Pagures et actinies
423
Un autre fait~d'association entre Crustacé et Actinie est
présenté par l'Eupagunis Prideawci Heller et YAdamsia
palliata Forbes. Il diffère du précédent en raison de particu-
larités qui seront exposées plus loin. L'une d'elles, très remar-
quable, doit cependant être notée dès à présent, car elle permet
de distinguer nettement les deux genres d'association. En effet,
dans le complexe :
Pag. striatus et Sag.
parasitica, l'associa-
tion n'est pas une
condition nécessaire
à l'existence de l'un
et l'autre organis-
me . Le Crustacé
peut vivre sans dé-
savantage apparent
dans une coquille
non sagartiée, pour-
vu qu'elle soit suffi-
samment vaste pour
l'abriter complète-
ment. La Sag. para-
sitica, de son côté,
paraît pouvoir s'ac-
commoder d'un sup-
port quelconque.
Dans l'autre complexe, au contraire : Eup. Prideauxi et
Ad. palliata, le Crustacé n'habite jamais normalement une
coquille assez grande pour qu'il puisse s'y dissimuler com-
met Rouge, sur Les cotes européennes de l'Atlantique, elle peut remonter jusqu'au Portugal.
Les Pag. bernhardm vivent dans l'Atlantique. Ils soat rarement sagartiés sur le littoral, mais
comme ils descendent jusqu'à 250 mètres, d'après Bouvier, Us rencontrent certainement les
Sckj. parasitica qui vivent par des fonds de quarante à quatre-vingts mètres. — Quant aux Sa<j.
parasitica qui sont trouvées sur le littoral, le plus souvent non associées et fixées sur des pierres
(dans le port d'Ajaeeio, d'après L. Roule ; dans le port de Saint-Jean-de-Luz, d'après de Beau-
champ ; Morgatt et Banyuls par moi-même), il faut tenir compte de ce que les pêcheurs recueillent
au large des Pagures qui sont utilisés ultérieurement comme appât, après que les coquilles ont été
rejetées sur le littoral.
FlG. 11. Eupagurus Prideauxi logé dans une coquille de Sea-
phander laquelle est enveloppée par une Adamsia
palliata.
424 L. FAUROT
plètement en cas de danger. Il lui faut une cavité comparati-
vement peu profonde et dont les parois soient en partie molles
pour ne pas gêner le jeu rapide et étendu de ses articulations.
Son genre de vie est d'ailleurs beaucoup plus actif, moins
« casanier » que celui du Pag. striatus et de beaucoup d'autres
pagures. La coquille dans laquelle il est logé est d'ailleurs très
disproportionnée à sa taille. Elle est souvent pour lui, nous le
montrerons, moins un gîte qu'un moyen d'attache, un trait
d'union, entre son corps et la surface pédieuse de Y Ad. palliata.
Cette surface peut être considérée comme remplissant le rôle
d'un véritable tégument pour YEup. Prideauxi. Il en résulte que
ce dernier ne se trouve. pas dans ses conditions normales d'exis-
tence lorsqu'il vit séparé de son Actinie. Celle-ci est, d'autre
part, si bien adaptée à son pagure que jamais on ne la voit
servir d'abri permanent à des individus appartenant à une
autre espèce de Paguride.
C'est là un fait d'adaptation étroitement réciproque dont,
à ma connaissance, il n'existe aucun autre exemple parmi les
cas de biocœnose animale. Nous verrons en outre que les par-
ticularités qui lui sont propres fournissent l'explication vaine-
ment cherchée par Gosse, O. Schmidt et d'autres auteurs au
sujet de la dépendance étroite qui unit les deux organismes.
G. Bohn (1903, p. 590), a insisté sur les tendances par trop
idéalistes avec lesquelles on a décrit les mœurs des Pagures
associés avec des Actinies, On y aurait vu des échanges vou-
lus de services réciproques, « ils se connaîtraient, ils seraient
amis ». Des citations que j'emprunte aux trois volumes : La
lutte pour l'Existence; Les Industries des animaux; La Mer
(Bibliothèque scientifique contemporaine. J.-B. Baillère, 1889)
montrent jusqu'où peuvent aller ces tendances : « Le Pagure
ne manquerait jamais d'offrir les meilleurs morceaux à sa
voisine... Il est probable que le pagure se croit mieux taché,
les vives couleurs de l'actinie détournant l'attention de la co-
quille qui lui sert d'abri... Outre l'abri, que les coquilles assu
rent au Crustacé, elles servent à masquer sa férocité, et les
PAGURES ET ACTINIES
425
proies confiantes en ce qu'elles prennent pour un inoft'ensif
mollusque, deviennent les victimes du bon apôtre ».
Ceux-là tombent sans doute dans un excès opposé qui veu-
lent interpréter tous les actes des animaux à l'aide de tropismes
dont la notion très nette en ce qui concerne les végétaux a été
étendue aux Protozoaires. Ces tropismes deviennent d'une
application bien hasardée quand il s'agit j>ar exemple des
Arthropodes. Parmi ceux de leurs actes qui sont considérés
comme instinctifs (impulsions inconscientes résultant d'habi-
tudes héréditairement acquises), il en est de si compliqués et
qui paraissent si bien coor-
donnés en vue d'un but que
l'observateur, tout en faisant
la part des impressions asso-
ciées, peut supposer sans
invraisemblance, à mon avis,
qu'ils sont accompagnés
d'une sorte de conscience
peut-être différente de la nô-
tre, la seule évidemment dont
nous puissions avoir l'idée.
Le Pag. striatus par exemple, qui désadhère une Sag. para-
sitica et qui, nous le verrons, contribue par ses mouvements
à favoriser sa fixation sur sa propre coquille n'obtient pas de
ces actes un résultat qui soit indispensable à son existence.
La vie en commun avec l'Actinie ne lui procure, en somme,
qu'un superflu de protection. N'y aurait-il pas là l'effet d'un
psychisme agissant au-delà du « strict nécessaire » qui sem-
blerait devoir être la conséquence d'impulsions inconscientes
héréditairement acquises ? Pareille question peut être posée
au sujet d'un fait que nous relatons page 478.
Les citations qui ont été faites plus haut sont des exemples
de l'interprétation des faits d'après la méthode dite de Y Anec-
dote par FI. Washburn (1808). A cette méthode, le même auteur
oppose celle de l'Expérience « diamétralement opposée ».
Fia. III. — Coquille de Seaphander enveloppée
par ï'Adamsia pallia ta, face inférieure
423 L. FAUROT
Celle-ci est néanmoins passible d'erreurs, si on y applique trop
à la lettre la loi de Lloyd Morgan qualifiée aussi de : principe
d'économie. Je rappelle qu'elle est ainsi formulée : « Dans
aucun cas on ne doit interpréter une action chez les animaux
comme étant l'effet d'une faculté psychique supérieure si cette
action peut être expliquée plus simplement à l'aide d'une acti-
vité psychique d'ordre inférieur ». Fl. Washbukn reconnaît,
page 25 (1908), que cette loi est trop dogmatique car « nous
ne pouvons affirmer que la simplicité d'une hypothèse est une
suffisante garantie de sa vérité, la nature ne procédant pas
toujours par les voies qui nous paraissent les moins compli-
quées » (1).
Pagures. Leurs conformations adaptatives.
Milne Edwards a montré la gradation qui, des Callianasses,
Gébies, etc., conduit jusqu'aux Pagures chez lesquels la con-
formation très spéciale du corps est souvent citée comme
un des meilleurs exemples d'adaptation à un genre de vie très
particulier. La région postérieure du corps qui, chez la plupart
(1) Les questions relatives aux tropismes, à l'instinct, au psychisme chez les animaux ont été
récemment amplement traitées dans l'ouvrage de Miss Margaret Fl. Washbtjrn (1908), dans
celui de G. Bohx (1909), ainsi que dans un mémoire de F. C. Xewcombe (1910. American
Naturalist). — D'après le premier de ces auteurs, les chercheurs se partagent en trois groupes :
1° Ceux qui accordent la conscience à tous les animaux ; 2° Ceux qui ne la reconnaissent qu'à
certains en raison de particularités dans leur mode d'agir ; 3° Ceux qui croient qu'il est impos-
sible de savoir si cette conscience existe chez d'autres êtres que nous-mêmes et qui, en conséquence
n'admettent pas qu'il puisse y avoir une psychologie comparée. Parmi ces derniers, Zur Strasssn,
d'après G. Boh.v (1909, Hirisla di Scicnza), admet que de l'amibe à l'homme, tout peut s'expliquer
mécaniquement, tout, jusqu'à l'intelligence humaine. Les causes de nos actions seraient purement
physico-chimiques, seule la conscience serait d'ordre psychique, mais elle n'influe en aucune
façon sur nos actions, elle ne fait que les accompagner. Ces différents modes de concevoir la psycho-
logie animale me paraissent mettre en valeur les remarques suivantes de JEXSISGS (1908' ■
i L'étude îles actions des animaux n'en est encore qu'à ses débuts et ce serait une erreur de sup-
poser que nos connaissances actuelles sur ce sujet soient suffisantes pour définir avec certitude
leurs facultés psychiques... Les résultats positifs de la science expérimentale sont des matériaux
pour construire et les résultats négatifs ne sont souvent que des champs de recherche encore
inexplorés. »
On pourrait ajouter, il me semble, que parmi les résultats dits négatifs >,b3uns lésant nette-
ment et d'autres restent sujets à diverses interprétations. C-'tte observation peut s'appliquer
à l'étude de faits qui cependant apparaissent, s lit comme devant être beaucoup plus faciles à
soumettre à l'Expérience, soit connue étant infiniment moins complexes que ceux qui sont du
PAGURES ET ACTINIES 427
des Crustacés, est un organe de natation très puissant aurait
chez eux, dit-on, perdu cette fonction, par suite de la dispari-
tion presque complète des pièces sclérodermiques, et cette
disparition serait causée par l'habitude innée qu'ont ces ani-
maux de se loger dans des coquilles. On peut dire que l'accord
n'est pas fait entre les différentes opinions qui ont pour but
d'expliquer l'action produite sur l'abdomen du Pagure par
son séjour prolongé dans les coquilles. Il existe trois de ces
opinions.
D'après les idées Lamarckiennes, le revêtement chitineux
de l'abdomen a disparu par défaut d'usage, l'abri formé par
la coquille étant suffisant pour protéger l'abdomen. Weismann
(1892), attribue cette disparition, non pas au défaut d'usage,
mais à l'inutilité « tout ce qui est superflu étant éliminé par la
sélection naturelle, toute partie étant mise de côté dès que
l'animal ne s'en sert plus », et plus loin : « on peut bien, dans un
certain sens et un peu improprement, dire que la carapace
des Mollusques et des Insectes a pour fonction de protéger
les parties molles intérieures de l'animal contre les menaces
extérieures ; mais au vrai sens du mot ce n'est pas une fonction
parce qu'il n'y a pas d'activité qui s'y relie ; la seule action
de la carapace repose simplement sur sa présence complète-
ment passive... elle a perdu son utilité, sa signification et par
suite la sélection naturelle n'a plus à s'occuper de sa conserva-
tion ». Weismann (Année Biologique, lre année, p. 484} a
encore précisé son opinion en disant que l'hérédité des effets
de la désuétude explique uniquement la disparition des organes
à fonction active et, pour lui, le revêtement chitineux des
Crustacés est comparable à un organe passif dont l'utilité
domaine de la Psychologie comparée. C'est ainsi par exemple, que le mode de locomotion des
Amibes est expliqué de trois manières très différentes, par Rhumbler, par Jeuuings et par
Dellinger (1906. Jour». E.rp. Zoo!., vol. III, p. 337).
Sans sortir beaucoup de la biol >gie expérimentale, )•■ rappellerai aussi les difficultés que les mé-
decins rencontrent pour déterminer l'Étiologie (causes morbigènes) et la Pathogénie (mécanisme),
ou même pour établir les relations entre les perturbations physiologiques et les altérations
anatomiques des maladies. Les praticiens en sont parfois réduits à ne rechercher qu'un ensemble
de symptômes, un Syndrome.
428 L. FAUROT
consiste dans sa seule présence. La Panmixie a éliminé ce revête-
ment cutané devenu inutile comme elle a éliminé les poils des
Cétacés (1).
Avec H. Przibram (1907), nous avons une explication méca-
nique et chimique. Pour ce naturaliste, la déformation de l'ab-
domen et sa dépigmentation doivent être attribuées à l'action
directe et immédiate de la coquille et non pas à la sélection ou
à la désuétude. Lorsqu'après la mue, l'abdomen se trouve en
contact avec les parois rigides d'une coquille, les cellules de
l'hypoderme, sous l'influence de la pression exercée par ces
parois, ne sécréteraient plus de chitine. D'autre part, l'accu-
mulation de produits de déchets dans la cavité, en diminuant
la proportion d'oxygène dissout dans l'eau, causerait la dépig-
mentation du tégument.
On peut se demander si, véritablement, le séjour de l'abdo-
men des Pagures dans les coquilles est suivi, comme le dit
Przibram, d'altération de l'eau et si son contact avec les parois
entraîne les conséquences qu'il signale. C'est, en effet, par excep-
tion que le Pag. striatus, alors même qu'il est logé dans un
abri proportionné à sa taille, se retire dans les spires les plus
étroites. Le plus souvent son abdomen est agrippé à une
certaine distance du fond de la coquille, non seulement dans
les cas où étant en danger il se recroqueville, mais encore et
surtout lorsqu'il saisit une proie ou bien lorsqu'il progresse.
Dans cette dernière condition, l'abdomen n'est en contact
constant avec la coquille que par sa face inférieure appliquée
sur les spires les plus déroulées de la columelle. D'autre part,
le Crustacé se meut très librement dans sa demeure qui, très
fréquemment comme on sait, sert d'abri à une annélide : la
NereHepas furcata. On y peut même trouver, fixées sur les parois,
des Anomies. Bien plus : les œufs adhérents à l'abdomen des
femelles s'accroissent notablement, et par leur amas volumineux
(1) CUNNINGHAM présume que le revêtement de chitine des Crustacés résulte de l'effet [de la
traction des muscles insérés sur le tégument et son atrophie chez les Pagures comme une consé-
quence de l'atrophie des muscles de l'abdomen, mais, fait observer Weismann, la formation du rev6
lemeni cutané précède toujours l'emploi^dcs muscles qui s'y rattachent.
PAGURES ET ACTINIES 429
augmentent la grosseur de cet organe. Ces œufs cependant
ne sont pas comprimés, ils s'accroissent progressivement sans
même gêner les mouvements des sixième et septième paires
de pattes qui, transformées en brosses, ont pour action non
seulement de nettoyer la surface de l'abdomen mais aussi, indi-
rectement sans doute, de renouveler l'eau par leurs mouvements.
Ces mouvements des fausses pattes sont bien visibles sur les
Pagures femelles extraits récemment de leurs coquilles. La
valeur de l'hypothèse de Przibram est encore affaiblie par ce
fait que la dépigmentation du tégument est souvent peu mar-
quée chez les Pagures ; elle est même tout à fait nulle chez la
plupart des individus appartenant aux espèoes : Pag. siriatus,
Pag. maculatus, chez lesquelles la coloration abdominale est
souvent d'un rouge brique très vif.
On remarquera que dans la théorie Lamarckienne, dans
celles de Weismann et de Przibram, on admet comme étant
indiscutablement établi ce fait que la mollesse de l'abdomen
des Pagures a pour cause première son séjour prolongé dans
la coquille. Aucune d'elles ne tient compte de la nécessité où
sont ces Crustacés de pouvoir s'agripper fortement dans une
cavité de forme irrégulière. Cet agrippement ne pouvait se
faire qu'avec un organe souple, très mobile et par conséquent
mou. En envisageant la question de la conformation des Pa-
gures sous ce nouveau point de vue, on peut supposer avec
vraisemblance que la région caudale de leurs ancêtres, d'abord
adaptée à la natation, est devenue graduellement, grâce à la
Sélection ou à toute autre cause, un organe conformé pour se
fixer dans la cavité des coquilles turbinées.
D'autre part, il est évident que les modifications très parti-
culières qu'ont subies les deux dernières paires de pattes
thoraciques des pagures ne peuvent être expliquées par l'action
d'une cause mécanique ou chimique, ni par la Panmixie éli-
minatrice de Weismann. On ne peut pas affirmer non plus,
d'une manière absolue, que ces fausses pattes résultent d'une
dégénération. Elles se sont seulement adaptées à une fonction
43") L. FAUROT
autre que celle de la locomotion (1), tout autant que l'abdomen
s'est adapté à la pénétration et à l'adhésion dans les coquilles
au lieu de l'être pour la natation. Ce dernier organe est même
doué chez les Pagures d'une fonction qui est beaucoup moins
développée chez les autres Macroures, car il est tactile. En
somme, l'absence de revêtement chitineux à la surface de
l'abdomen des pagures ne serait pas, comme on le dit, une con-
séquence de l'habitude innée qu'ont ces Crustacés de se loger
dans des coquilles, elle ne résulterait pas d'une dégénération
par défaut d'usage, ni de ce que la sélection a fait disjDaraître
un organe passif de protection devenu inutile, ni non plus d'une
action mécanique et chimique dépendant de la présence de la
coquille ; elle aurait pour cause une adaptation complexe
nécessitée par le genre de vie particulier de ces animaux qui
non seulement s'abritent dans des coquilles mais qui, en outre.
s'y agrippent, tantôt les transportant en en sortant à demi,
tantôt y disparaissant complètement en cas de danger, tantôt
enfin passant de l'une à l'autre, ce qui ne pouvait se faire en
l'absence d'un organe musculeux, préhensile et tactile et par
conséquent mou. En d'autres termes, la mollesse de l'abdo-
men des pagures ne résulte pas directement de l'habitude hé-
réditaire qu'ont ces animaux de se loger dans les coquilles,
mais elle est une conséquence corrélative de l'adaptation à la
préhensibilité que possède leur abdomen. C'est ainsi qu'un
Pagure, le Birgus latro, a la partie postérieure de son corps re-
vêtue d'une solide carapace et n'habite ni coquilles ni aucun
gîte mobile.
Les Thalassiniens, qui conservent également leurs somites
chitinisés, possèdent au contraire un gîte immobile. Ils ne
s'y logent sans doute qu'en cas d'alarme et pendant la durée de
(li Ces deux paires de fausses pattes qui, au même titre que i'abdomen, saut adaptées au
sijour dans les coquille? servent, avons-nous dit, à nettoyer ce dernier organe et sans doute aussi
à repousser les corps étrangers. Je les ai vues passer et repasssr sous le branehiostêge. D'après
i;. Houx (1903), ies pattes modifiées viennent prendre appui sur le rebord de la coquille quand le
pagure sut .-t. grâce à leurs ni mvements de rejet, elles sont utiles pour empêcher d'autres ani-
maux d'y rentrer : p >ur 1 i cinquième paire, les mouve ments de flexion prennent une importance
particulière et l'appsndice devient nettoyeur. »
PAGURES ET ACTINIES 431
la mue ; leur région caudale reste d'ailleurs adaptée à la nata-
tion.
Pour qu'un abri mobile offrît un avantage durable, il fallait
qu'il fût transportable à l'aide d'un organe de préhension
conformé spécialement pour pénétrer dans les cavités anfrac-
tueuses comme celles des coquilles turbinées (1).
L'adaptation des Pagures à l'habitat des coquilles ne se
montre pas uniquement dans les modifications subies par les
sonates abdominaux et les deux dernières paires de pattes tho-
raciques. D'autres dispositions tout aussi bien spécialisées se
remarquent dans la longueur des antennes, dans les dimen-
sions du sternum et dans la forme des première, seconde et
troisième paires d'appendices thoraciques. JJEwpagurus Pri-
deauxi et le Pag. striatus, très abondants à Banyuls-sur-Mer,
m'ont paru offrir deux degrés très distincts de ces dispositions.
Comme celles-ci sont directement en corrélation avec les habi-
tudes également très opposées des deux espèces, il me paraît
utile d'exposer quelques détails à leur sujet. Ils seront com-
plétés dans les chapitres suivants.
Le Pag. striatus se meut lentement en traînant une coquille
généralement lourdement chargée d'une colonie de Sag. para-
sitica ou de la grosse éponge : Suberites domuncula. Lors-
qu'ayant saisi une proie, il lui faut la défendre contre d'autres
pagures, il ne peut écarter ses voisins qu'à l'aide de ses pattes
auxquelles il imprime un mouvement de rejet. Il n'attaque
(1) Tour Millet-Thompson (1903), les larves de pagures montrent une tendance plus forte
que les adultes à se loger dans des coquilles dextres... la région caudale de la Glaucothoê est, d'ail-
leurs, tordue à droite. Le même auteur déclare que la question de l'origine de l'asymétrie des
pagures lui paraît actuellement insoluble et que sans doute cette origine; ainsi que la philogénie
de ce groupe de crustacés, est plutôt à chercher dans l'organisation interne que dans les modifi-
cations extérieures. En dehors d'une seule observation, il n'y a pas, dit-il, de preuves indiquant
que l'anatomie du pagure puisse être modifiée par un séjour plus ou moins long dans une coquille
de forme particulière. La Glaucothoê, qui n'a jamais pénétré dans une coquille, atteint tout aussi
bien la forme adulte que celle qui s'y est logée après la mue de la phase zoë. La longueur de la
Gfaucothoê serait cependant en rapport direct avec le temps écoulé entre cette mue et la pénétra-
tion dans la coquille. — H. Przibeam (1908) a vu qu'au bout d'un mois l'abdomen des pagures
privés de coquilles devient plus court, plus plat ; la segmentation, peu visible auparavant, devien-
drait très nette. Les téguments acquièrent plus de résistance et présenteraient même une pig-
mentation plus forte. Cette dernière particularité se produirait aussi bien chez les Pagures mai i-
tenus à la lumière que chez ceux qui ont séjourné à l'obscurité.
432 L. FAUROT
jamais vivement avec ses pinces et le plus souvent, s'il est en
danger, il ne fuit pas mais se recroqueville plus ou moins dans
son gîte. Il y disparaît même complètement si le danger devient
plus menaçant. Placé hors de l'eau et maintenu entre les doigts,
il cherche rarement à se servir de ses pinces pour se défendre.
Jj'Eup. Prideauxi, au contraire, est remarquablement
agile. Son gîte d'un poids relativement très léger n'est d'ailleurs
pas utilisé comme refuge, car il est trop peu profond pour qu'il
puisse s'y dissimuler tout entier. C'est pour lui plutôt un véri-
table vêtement qui ne peut se comparer à l'abri des autres pa-
gures. Plus agressif que le Pag. striatus, l'Eu p. Prideauxi
attaque fréquemment ses voisins et s'il parvient à leur dérober
une proie il l 'emporte en fuyant rapidement. S'il est attaqué :
ou bien il se met en garde en allongeant ses pinces, ou bien
il fait un bond rétrograde à l'aide de ces mêmes pinces qui,
d'abord en position de repos, c'est-à-dire repliées sous lui,
sont brusquement contractées en extension, ou bien encore il
fuit. Placé hors de l'eau et maintenu entre les doigts, il tente
souvent de s'échapper; s'il ne le peut, il cherche à pincer
et, dans ce but, il lui arrive de fléchir l'une ou l'autre de ses
pinces à angle droit et transversalement.
Si maintenant nous passons à l'examen d'une partie des carac-
tères morphologiques par lesquels Y Eu p. Prideauxi et le Pag.
striatus se différencient, nous y trouverons, si l'on veut, une
explication du contraste que nous venons d'observer entre leurs
allures et leurs manières d'agir si opposées ; mais avec cette im-
portante restriction que, ici, de même que dans tant d'autres
exemples, la Fonction et la Structure se présentent comme telle-
ment dépendantes l'une de l'autre qu'il est impossible de dire
si, dans l'Evolution, l'une a été l'origine de l'autre. Peut-être
existe-t-il, comme l'admet H. Spencer, un parallélisme absolu
entre le développement de la première et de la seconde.
Antennes. — Chez YEupagurus Prideauxi les antennes
dépassent en longueur la grande pince en extension, elles
mesurent environ un centimètre et demi de plus. En arrière,
PAGURES ET ACTINIES 433
elles dépassent de près de quatre centimètres l'extrémité pos-
térieure de la coquille adamsiée.
Les antennes du Pagurus striatus sont beaucoup plus
courtes et ont à peu près la même longueur que la grande
pince. En arrière, les mouvements de ces organes sont très
limités par la saillie que fait l'ouverture de la coquille, la
masse des actinies commensales, ou le Suberites domuncula.
Le Pag. stritaus, en effet, en raison de ses lentes allures, a
moins besoin que YEwp. Priâeauxi d'être pourvu de longs or-
ganes tactiles qui, d'ailleurs, ne trouveraient pas place dans
la cavité turbinée des coquilles, lorsque le céphalothorax s'y
enfonce profondément. Par une sorte de compensation, les
extrémités des pattes ambulatoires du Pag. striatus sont beau-
coup plus abondamment garnies de poils tactiles que celles
de Y Eu p. Prideauxi (1).
Plastron. — En décrivant les Anomoures, Milne Edwards
a signalé que chez YEwp. Prideauxi (il en est de même chez
YEup. excavatus et le Pag. bernhardus), le plastron sternal,
linéaire entre les pattes de la première paire, est élargi dans le
reste de son étendue. Chez le Pag. striatus, au contraire, ce plas-
tron est linéaire dans toute sa longueur. Il me semble qu'il y
a là une relation à établir chez YEup. Prideauxi, entre l'élar-
gissement de son sternum au niveau des articulations thora-
ciques des deuxième et troisième paires avec l'amplitude
horizontale de ses mouvements. Avec le plastron linéaire
du Pag. striatus, correspondent au contraire une démarche
lente et une attitude particulière très différente de celle du
précédent. Il progresse en se maintenant beaucoup plus haut,
beaucoup plus droit sut ses pattes qui se meuvent ainsi dans
un plan plus rapproché de la verticale que celles de YEup.
Prideauxi. Cette démarche paraît d'ailleurs nécessitée par la
(1) Les longues antennes se retrouvent chez le Pag. bsrnhardus et YEup. excavatus qui, il est
vrai, se rapprochent par leurs allures, plutôt rie VEup. Prideauxi que du Pag. striatus. Le Pajt
maculatus qui, à Banyuls, s'abrite dans le Suberites domuncula refuge encore plus lourd que les
coquilles sagartiées, se meut plus lentement et plus rarement que le Pag. striaius et il est muni
d'antennes plus courtes encore que celles de ce dernier Pagure.
f::i L. FAUROÏ
forme, le poids et le volume encombrant de son gite, couvert
d'actinies non seulement sur sa surface supérieure, mais aussi
près de sa base. C'est pourquoi, on peut dire que, comparati-
vement au Pag. striatus, YEup. Prideauxi est plutôt revêtu
que chargé de son associée dont le corps à parois très minces
est comme moulé sur le sien propre.
Pattes ambulatoires et pinces. — Les trois premières
paires des membres thoraciques (les trois somites portant les
maxillipèdes étant rapportés au céphalon) sont beaucoup plus
asymétriques chez le Pag. striatus que chez YEup. Prideauxi.
Chez le premier, elles sont, en outre, conformées de telle ma-
nière qu'étant rapprochées et étendues en avant, elles peuvent
s'accoler étroitement par des faces appropriées à ce contact.
Il en résulte que lorsque le Crustacé est rétracté dans sa coquille,
ses membres sont étroitement unis en un faisceau relativement
peu volumineux, auquel se joignent les antennes. Cette dis-
position, particulièrement bien adaptée au retrait du corps
tout entier de l'animal dans son gîte, n'existe pas chez YEup.
Prideauxi dont les trois paires d'appendices thoraciques anté-
rieures ainsi que les antennes demeurent en grande partie
constamment à découvert. Elle n'existe pas non plus, il est
vrai, chez le Pag. bemhardus, ni chez d'autres Paguridés
qui, cependant, en cas de danger, s'abritent complètement
dans leur coquille.
Lé'Eupag. Prideauxi, de même que la plupart des Pagures,
a ses pattes les plus grosses à droite. Chez le Pag. striatus,
ces pattes sont à gauche. Ne serait-ce pas là, chez ce der-
nier, une conformation en rapport avec la forme et le poids
de la coquille ?
Si cette forme et ce poids sont négligeables pour YEup.
Prideauxi, il ne peut en être de même pour le Pag. striatus dont
le gîte est lourdement chargé de volumineuses actinies. Sur
la figure IV, on voit que le centre de gravité de la coquille repose
sur les membres du côté gauche. L'effort plus grand qu'ils
doivent développer pour conserver l'équilibre de la coquille
[\\<H'RKS ET ACTINIES
i::.-)
expliquerait donc leurs dimensions plus considérables que celles
des membres du côté droit.
Je signalerai deux autres différences structurales entre les
deux pagures. Elles sont, comme les précédentes, en rapport
avec l'amplitude et la rapidité relativement plus grandes des
mouvements de YEup. Prideauxi. — 1er Le propodite de la grosse
pince de celui-ci peut se replier complètement sur le carpopo-
dite, tandis que ce mouvement de flexion est très imparfait chez
\ePag. strialus. Chez ce dernier, l'extrémité distale du propodite
bute contre la base du car-
popodite. 2e Les deux pinces
de YEup. Prideauxi ne sont
pas courbes, elles sont droites
et aplaties à peu près hori-
zontalement , c'est - à - dire
dans un sens perpendicu-
laire au plan de symétrie du
céphalothorax. Lorsque le
doigt s'écarte du propodite,
Soit pour saisir Une proie, Fiu. IV. Jeune Puijurus striatus logé dans une
. . .-..., gros e Natice, eu marche.
soit pour saisir un individu
de son espèce dont il convoite l'abri, la partie saisie se trouvera
dans l'étendue du champ visuel surélevé par les pédoncules
oculaires. Le Pagure verra à la fois la prise et la partie par
laquelle celle-ci est pincée. Cette vision se fera, bien entendu,
dans les conditions déterminées par son appareil optique et
que j'aurai à examiner plus loin, page 471.
Les deux pinces du Pag. striatus sont tout à la fois courbes
et aplaties dans un sens à peu près parallèle au plan de symétrie
du céphalothorax. Pour saisir, le doigt de chaque pince, dirigé
vers le sol, s'écarte d'arrière en avant et d'avant en arrière,
ce qui facilite la dilacération des aliments entre les pattes
ambulatoires, mais dissimule en partie ces aliments parce que
ce doigt s'interpose entre eux et le champ visuel. Dans ces
conditions, le tact supplée certainement la vision.
436 L. FAUROT
Adamsia palliata Forbes.
SA CROISSANCE ET SA DEFORMATION ADAPTATIVE
J'aurai à montrer dans un autre chapitre comment, chacun
par des manœuvres distinctes, YEup. Prideauxi et le Pag.
striatus se comportent pour s'associer le premier : Y Ad. palliata,
le second : la Sagartia pamsitica. Cette différence dans leurs
manières d'agir pour atteindre un but identique n'aura rien
de surprenant après la connaissance que nous avons des t rès
notables contrastes qui existent entre les formes extérieures et
les allures des deux Crustacés. D'autre part, les deux Actinies
elles-mêmes, bien qu 'étroitement apparentées, présentent cha-
cune, à l'égard de leur associé, des réactions qui leur sont parti-
culières. J'ai (1907), exposé ailleurs leurs affinités qui sont
telles que la dénomination générique de Sagartia pourrait
être attribuée aux deux espèces. Parmi les caractères de Genre
qui leur sont communs, les deux plus importants soiit : la pos-
session de longs et nombreux filaments à nématocystes (acon-
ties) et celle d'orifices spéciaux (cinclides) percés dans des par-
ties homologues de la paroi du corps. Les aconties sont très
abondamment émis à travers les cinclides et souvent aussi par la
bouche. Gosse (1860, p. 117), fait en outre une remarque au
sujet de la Sag. parasitica qui, d'après mes observations, est
également applicable h Y Ad. palliata : « Il n'existe, dit-il,
aucune autre espèce d'Actinie qui, au même degré, rejette
tant de ces filaments que j'ai nommés acontia et qui sont
certainement des armes de défense. Lorsque la Sag. parasitica
se contracte fortement, il peut arriver qu'ils soient rejetés en
un énorme peloton par la bouche tout en restant retenus
par leurs extrémités intérieures. Ils rentrent peu à peu quand
la contraction cesse ».
La longueur, l'abondance et la facilité d'émission des acon-
ties, toutes également plus grandes chez la Sag. parasitica et
PAGURES ET ACTINIES 437
Y Ad. palliata que chez les autres espèces du groupe des Sagar-
tidés, sont des particularités si parfaitement bien adaptées
au rôle de protection pour lequel on peut supposer que ces
Actinies sont recherchées par le Pag. striatus et YEup. Pri-
deauxi, qu'il est permis de se demander si leur origine ne dépend
pas en partie de leur vie en commun avec ces Pagures. De même
que la colonne de Y Ad. palliata se déforme pour revêtir sou
hôte, de même les aconties se seraient modifiées en longueur,
et auraient augmenté en nombre pour le protéger. Ce serait
là, en dehors de toute explication finaliste, une adaptation
à distance, très différente de celles que l'on peut observer dans
les nombreux faits rangés sous la dénomination très générale
de Parasitisme. Les organismes associés dont nous nous occu-
pons ici ne sont pas, en effet, en contact immédiat, ainsi
que cela s'observe chez les parasites végétaux et animaux. Ils
sont unis par l'intermédiaire d'un corps inerte, dune coquille.
Sans doute, comme nous allons le voir, la déformation de Y Ad.
palliata se fait mécaniquement et se trouve comme nécessitée par
les obstacles que rencontre sa croissance régulière ; mais cette pro-
priété de se déformer autour d'un Pagure n'existe pas chez les
autres Actinies, elle lui est spéciale, elle est héritée au même
titre que la longueur et l'abondance des aconties, au même
titre aussi que la couleur, la taille, etc..
Avant d'exposer le mode de déformation adaptative de
Y Ad. palliata, je vais d'abord rappeler les recherches qui, jusqu'à
présent, ont été faites au sujet de cette Actinie.
En 1860, Gosse a donné pour la première fois une descrip-
tion complète de Y Ad. palliata (1). Il mentionne aussi la cons-
tance de son association avec YEup. Prideauxi. Les deux êtres
lui semblent dépendre réciproquement l'un de l'autre, car ils
ne peuvent vivre longtemps séparés. « Cette association, dit-il,
(1) Bohadsh, Forbes, Johnston, Dugès l'avaient aussi fait connaître. En 1834, le dernier de
res naturalistes avait écrit notamment que la bouche de cette Actinie est toujours placée vis-à-
vis de celle du pagure « pour profiter des débris qu'il laisse échapper de ses pinces ». L'ouverture
de la coquille, ajoutait-il, qui abrite l'abdomen de ce dernier, est prolongée par une expansion
« cornée » sécrétée par la surface pédieuse de l'Actinie.
ARCH. DE ZOOL. EXP. ET UÉV. — 5 SÉIUE. — T. V. — (IX). 3-
433 L. FAUROT
est inexplicable, même en supposant des avantages réciproques)'.
Plus tard, Stuart Wortley et Gosse lui-même reconnu-
rent que c'est toujours à l'aide de ses pinces que le crustacé
transportait Y Ad. palliata d'une coquille à l'autre. Enfin,
O. Schmidt, d'après Brehm. confirme les observations des deux
auteurs précédents et autant qu'eux s'étonne et se demande
pourquoi YEup. Prideauxi s'associe constamment avec Y Ad.
palliata (1). La question n'était pas encore résolue en 1875
car E. van Beneden, dans ses « Commensaux et Parasites »
place Y Ad. palliata et YEup. Prideauxi dans le groupe des
commensaux libres, c'est-à-dire « ceux qui ne renoncent jamais
complètement à leur indépendance ». Elle ne l'était pas davan-
tage en 1883, date du mémoire de Klebs sur les symbioses
avec adaptations unilatérales ou avec adaptations réciproques.
D'après cet auteur, page 394, la vie en commun est tellement
intime chez les deux organismes que lorsque le Pagure change
de coquille, il prend l'Actinie entre ses pinces et la place sur sa
nouvelle habitation. L'avantage pour le pagure serait que,
(( lorsqu'avec ses pinces il fouille le sable, il en fait sortir quan-
tité de petits animaux qui sont tués au contact des néma-
tocystes de Y Ad. palliata, de telle sorte que, vraisemblablement
il peut se nourrir d'une partie de ceux-ci ». La première asser-
tion de Klebs, relative au transport de l'actinie, est basée sur un
fait imparfaitement observé et la seconde ne paraît être qu'une
conception un peu hasardée d'avantages réciproques. En somme
d'après ce qui précède, il était admis que Y Ad. palliata et
YEup. Prideauxi ne pouvaient vivre indépendamment l'un
de l'autre, mais on discernait mal les avantages qu'il pouvait
y avoir pour le dernier plutôt que pour d'autres pagures, de
vivre constamment avec une seule et même espèce d'actinie.
(1) STUART WORTLEY (1863) et Gosse d'après Brehm (Crustacés., p. 739) donnent des détails
qui seront rappelés plus loin, au sujet des manœuvres employées par VEup. Priât liai pour s'em-
parer de l'Actinie. En 1895, je ne connaissais que les premières recherches de GossEe
(1860) ; c'est pourquoi, sans taire allusion aux plus récentes, j'avais siaualé le rôle actif que jouent
' lùip. Prideauxi et le Pag. etriatus dans leur association, l'un avec Y Ad. palliata, l'autre avec la
Sag. parasitica. L'exposé de mes recherches ultérieures que l'on pourra lire plus 1 >in, d)nne d'ail-
leurs une notion plus exacte, plus complète que les travaux que nous venons de citer.
ÊAGURËS ET ACTINIES t3Ô
Ce fut en 1885, dans une très courte note aux ( 'omptes Rendus
de l'Ac. des Sciences que je fis connaître que Y Ad. palliata n'était
pas pour YEup. Prideauxi un refuge comparable à celui que
les coquilles de gastéropodes offrent aux autres pagures. Je
signalais que cette actinie constituait pour le crustacé très
agile, un abri parfaitement adapté à sa conformation en lui
permettant de se mouvoir très aisément. Dans l'association des
deux individus adultes, disais-je, « l'Actinie a toujours un
volume en rapport avec celui du pagure, tandis que la coquille
est le plus souvent de très petite dimension. Cette coquille
a donc surtout pour but de servir de point commun de fixation
aux deux êtres ». L'énoncé de ma Note résolvait, très som-
mairement, il est vrai, une question restée jusque là sans réponse
satisfaisante en montrant qu'il y avait pour YEup. Prideauxi
un grand avantage et même une nécessité de s'unir à YAd.
palliata à laquelle il procure « une nourriture abondante et
toute préparée (1) ». Nous montrerons dans le chapitre sui-
vant, comment l'actinie est admirablement adaptée pour vivre
avec son associé.
Déformation et Accroissement de PAdamsia palliata en Symbiose
avec l'Eupagurus Prideauxi.
Tout ce qui a été exposé précédemment au sujet de ces
deux organismes nous amène, dès maintenant, à faire cette
remarque que, parmi les faits de biocœnose, aucun, dans le
(1) Cuénot (1899), p. 55, a cité une partie de cette note. D'autres auteurs, cependant (1900,
p. 515), l'ignorent et se demandent si l'avantage qu'offre Y Ail. palliata à YEup. Prideauxi n'est
pas d'être défendu contre l'invasion des Cypris de Peltogaster. ( lette tentative d'explication est tout
à fait insuffisante car pourquoi, de tous les pagures, celui-là seul serait-il ainsi avantagé ? L'Eup.
Prideauxi, d'ailleurs, est assez .fréquemment parasité par le^ Peltogaster, toul aussi souvent, il m'a
semblé, que les autres pagures. Ce qui précède mont re avec évidence que la Note en question ne
méritait certainement pas la sévère appréciation faite par 6. BOHN (1903), J'y signalais en outre
que le développement de YAd. palliata passait par une phase larvaire à huit tentacules, obser-
vation importante et à rapprocher d'une semblable faite antérieurement par Kowalesky en 1873
sur une autre actinie et qui a été renouvelée par d'autres zoologistes et par moi-même sur plusieurs
espèces du groupe. Actuellement la phase octoradiée, d'une durée plus ou moins longue : huit
jours environ pour le Sag. parasitica, deux mois chez YAd. palliata, est désignée sous le nom de :
stade pro-Eduardsia après que j'eus montré que YEdwardsirt adulte était munie de p'us de huit
cloisons,
440 L. FAUROT
llègne animal, ne mérite mieux l'appellation de Symbiose. 11 n'y
a que parmi les végétaux qu'il est possible de trouver un
autre exemple de deux vies aussi nécessairement liées l'une à
l'autre. C'est celui des Lichens formés, comme on sait, par l'as-
sociation d'une algue et d'un champignon. Les réactions variées
et infiniment plus complexes chez l'animal rendent l'étude du
premier cas beaucoup plus intéressante, aussi importe-t-il de
n'en négliger aucun détail, si minutieux qu'il puisse paraître.
C'est seulement, on le conçoit, après que les Ad. palliata
ont été fixées par les Eup. Prideauxi sur les coquilles dans
lesquelles ils sont logés, que la déformation se produit. Avant
ce moment, la colonne des Actinies reste toujours cylindrique
et de petite taille ; elle mesure de six à dix millimètres en hau-
teur et en diamètre et leur base pédieuse large et aplatie est
régulièrement circulaire : figure v. Les individus que j'ai ob-
servés dans ces dernières conditions adhéraient sur des co-
quilles vides ou sur des pierres. Ceux, au contraire, chez les-
quels se montrait le début de la formation étaient déjà fixés à
leur place d'élection et avaient la forme d'un croissant, ce qui
était dû à deux prolongements latéraux de leur base pédieuse.
Cette place d'élection, figure vi, se trouve, comme on sait,
au-devant de l'ouverture et plus ou moins près du bord colu-
mellaire des coquilles de gastéropodes habitées par YEup.
Prideauxi, de telle sorte que la bouche de l'actinie est toujours
placée à peu de distance au-dessous de celle de ce pagure.
J'ai eu l'occasion, il est vrai, d'observer des Pag. striaius et
des Eup. excavatus porteurs d'Ad. palliant très jeunes et peu
ou point déformées. Ces faits sont exceptionnels et sont dus
sans doute à ce que les Pag. striatus, bien que s 'associant habi-
tuellement avec des Sag. parasitica ne sont pas aussi exclusifs
dans cette association que ne le sont les Eup. Prideauxi à
l'égard des Ad. palliata, et à ce que les Eup. excavatus en chan-
geant d'abri peuvent s'emparer de coquilles adamsiées.
D'autre part il n'est pas douteux que Y Ad. palliata encore jeune
et symétrique, ou bien déformée et arrivée au terme de sa
PAGURES ET ACTINIES 441
croissance, est capable de se fixer par ses propres moyens sur les
coquilles vides ou paguriées, lorsque celles-ci sont placées en
contact avec le limbe pédieux. Quoi qu'il en soit, ce n'est qu'a
la place d'élection décrite ci dessus et uniquement en bioeœnose
avec YEup.Prideauxi que la déformation complète peut se pro-
duire. La base seule de la colonne correspondant à la région
gastrique ou sous-pharyngienne de la colonne et non la colonne
tout entière, subira la plus grande déformation, car la partie ren-
fermant le pharynx restera cylindrique ou bien s'ovalisera trans-
versalement par rapporta l'axe antéro postérieur du céphalo-
thorax du pagure. C'est également dans le même sens que la
base j)édieuse élargie s'étendra vers le haut, à droite et à
gauche de ce pagure, en deux longues
expansions qui entoureront à la fois -: , i v, >.,
sa coquille et une partie de son corps.
Il est à noter que l'orientation des
commissures de la bouche de l'actinie,
commissures qui correspondent aux
Fig. V. Adamsia palliata avant
cloisOllS dites de « direction OU COm- sa déformation. Agrandisse-
ment 1 3.
missurales» et qui déterminent son plan
biradiaire de symétrie, n'est soumise chez V Ad. palliata défor-
mée, à aucune règle par rapport au plan sagittal du pagure (1).
Au début, les deux expansions dirigées vers le haut, donnent tà
l'actinie la forme, avons-nous dit, d'un croissant dont les cornes
se prolongeront graduellement de chaque côté du pagure. C'est
par ce que Y Ad. palliata a son disque oro-tentaculaire invaria-
blement placé en arrière de la bouche du pagure, que son accrois-
sement ne peut se faire, d'abord, que sur les côtés et au-dessus
(1) Chez les Hexaeolliaires, la disposition régulièrement symétrique des cloisons n'est,
bien souvent observable, dans un grand nombre de formes molles ou à polypier, que dans les
premiers temps du développement. Il arrive bientôt une période où leur mode irrégulier de produc-
tion et d'accroissement détruit bientôt toute symétrie. Il est des cas dans lesquels il semble qu'il
y ait antagonisme entre la production des parties, leur accroissement et leur coordination mor-
phogénique, Faukot, (1909). Ces partie-* ou i loisons étant toutes semblables et remplissant les
mêmes fonctions, leur disposition symétrique ou asymétrique ne paraît pas avoir d'importance au
point de vue de ces fonctions. On conçoit donc que chez l'Ail, palliata l'accroissement des deux
expansions latérales se fasse dans une orientation quelconque par rapport au plan passant par
les commissures pharyngiennes.
142 L. FAUROT
de ce dernier. Dans cette position où elle trouve des conditions
favorables à son alimentation, ses tentacules sont fréquemment
en contact avec les proies dont le pagure s'est emparé et peu-
vent les attirer sur le disque oral ; mais l'actinie est comme em-
prisonnée entre trois obstacles infranchissables : en arrière,
par la surface de frottement de la coquille, en avant par les
mouvements des membres locomoteurs du pagure, en bas par
le sol. Sa croissance se produit donc principalement sur les
côtés et vers le haut de la coquille (1). C'est aussi pour la même
raison que la région pharyngienne reste toujours relativement
très courte, tandis que les deux expansions latérales arrivent
à envelopper à la manière d'un anneau, non seulement la
coquille mais aussi une partie du céphalothorax du Pagure.
Pour pouvoir décrire cet enveloppement progressif ainsi que
la forme légèrement variable de cet anneau, je dois d'abord
faire connaître dans quels rapports de situation se trouve
le corps de Y Eup. Prideauxi avec sa coquille et montrer en quoi
et pour quelles raisons ces rapports sont différents de ceux des
autres Pagures. Ces derniers,* on le sait, se logent toujours
dans des coquilles proj)ortionnées à leur taille ; aussi peuvent-
ils s'y dissimuler complètement, mais, d'autre part, lorsqu'ils
progressent, il leur faut sortir en partie de leur abri et fixer leur
telson sur un tour de spire plus rapproché de l'ouverture. Les
Eup. Prideauxi, au contraire, ne se rétractent jamais complète-
ment dans leurs coquilles, quand bien même elles seraient propor-
tionnées à leur taille ; c'est pourquoi ils n'ont pas à déplacer
leur telson qui toujours est fixé assez près de l'ouverture. Dans
ces conditions, leurs pattes sont toujours aptes à se mouvoir,
mais aussi la coquille laisse à découvert une grande partie du
céphalothorax. Ceci explique l'avantage qu'il y a pour les
Eup. Priedauxi de s'associer avec les Ad. palliata dont le corps,
tout en ne gênant pas leurs mouvements, supplée en partie en
(1) La portion de la coquille qui trotte sur le sol n'est cependant pas un obstacle absolu-
n ont infranchissable, elle est souvent complètement recouverte par l'actinie, chez les très
petites coquilles.
PAGURES ET ACTINIES 443
se déformant à l'insuffisante protection que leur offrent les
coquilles. Les divers degrés de croissance de cette déformation
seront gravis de telle sorte qu'à un certain moment, ce ne sera pas
la coquille mais Y Ad. palliata dont les dimensions se trouveront
proportionnées à la taille de YEup. Prichauxi. Il y aura, en
outre, cette différence avec les autres pagures que l'abri formé
ne sera pas fait, avons-nous dit, pour qu'en cas de danger
l'hôte s'y réfugie et y reste immobile, mais pour que, au con-
traire, il puisse se défendre activement ou fuir avec rapidité.
Ce qui importe en somme
pour YEup. Prideauxi, ce
ne seront pas les dimen-
sions de la coquille, mais
celles de Y Ad. palliata.
C'est pourquoi, parmi les
spécimens recueillis à Ba-
nyuls, à l'aide du chalut,
il en est un grand nombre
chez lesquels la coquille
est très petite, souvent PlG VT Début de la déformation de VA<L palliMta
même réduite à un frag-
ment indéterminable. D'après ce fait, on pourrait déduire que
YEup. Prideauxi, souvent très gros, qui se trouve agrippé à un
de ces fragments a dû s'y introduire très jeune et qu'après y
avoir fixé une Ad. palliata, cette Actinie s'est accrue en même
temps et proportionnellement à la taille de celui-là. Les Eup.
Prideauxi ne changeraient donc jamais de coquilles. Cette con-
clusion est sans doute l'expression d'une règle très générale (1)
à laquelle on peut opposer des exceptions. C'est ainsi que
(1) CHEVKEUX (Congrès de Blois, 1884. Ass. pour l'Avancement des Se.) a observé qu'à Belle-
Islc, 1rs Eup. Prùleauxi habitent constamment des coquilles adamsiées de petite taille, alors que de
gros Buccinum undaium sont très communs dans les mêmes fonds. Il en conclut que les Eup.
Prideauxi associes avec les Ad. palliata ne changent pas de coquille en grossissant, comme font les
autres Pagures. Cette conclusion est fausse, car si les Eup. Prideauxi ayant atteint leur taille défini-
tive ne se logent jamais dans les gros Bueeinumundatum, c'est que ceux-ci sont trop volumineux ,
trop lourds, et qu'ils ne font pas usage des grandes coquilles pour s'y dissimuler complètement.
En réalité, comme je vais le montrer, les Eup. Prideauxi changent de coquilles, mais beaucoup
moins fréquemment sans doute que les autres Pagure-;.
444
L. FAUROÏ
parmi les mêmes sjoécimens recueillis à Banyuls, on trouve aussi
dos Ewp. Prideauxi adultes logés dans de grosses Natica
hébrœa, N. millepunctata,
Scaphander lignarius, co
quilles beaucoup trop vo-
lumineuses pour que les
hôtes qui les occupent y
aient subi tous les degrés
de leur accroissement et
pour que les Ad. palliata
elles-mêmes qui leur sont
associées aient été fixées
par ces derniers alors
qu'ils étaient jeunes (1).
On observe, nous l'a-
vons dit. certaines varia-
tions dans la forme des
Ad. pallia ta, dès qu'a la
suite d'un accroissement
suffisant elles arrivent à
envelopper le corps de
l'Eu p. Prideauxi à la fa-
Fig. VII et VIII. VAdamsia palliata se développe i- ]a-rrrt* grmoau
sur une coquille abritant complètement l'ab- Çon Cl Ull laige ailliedll.
domen du Pagure mais laissant le céphalotho- r<pc, variations SOllt dues
rax tout entier à découvert.
aux proportions très dif-
férentes qui peuvent exister entre les coquilles et les Pagures.
En considérant ces coquilles et ces Pagures., trois cas peuvent
se présenter : .4) La coquille abrite complètement l'abdomen
(1) Aux coquilles adamsiées : Natices et Scaphandres, on peut joindre l'Hélix aspersa amenée
de la côte par les cours d'eau. Parmi les coquilles de inoindre dimension, j» citerai les suivantes
dont je dois la détermination à l'obligeance de M. Dautzenberg.
Gibbula majus Linné, G. Adaruoni, G. umbilicaris, G. Guttadanri PI., G. fanulum Gmelin. G.
ardeus, Callioetoma granulatwm Boni. C. zizyhinm L. C. jujubinus) striatus I... G. conulus, Natica
Alderi Forb., .V. maeilenta Philipsi, N. intriexta Donavan, Fusus rostratui, Chenopttspes pelica
Nasa mutaMlis, Etithria cornea L., TrochococMœa turbinata, Turitella triplieata Bocchi, T. com-
mun!*, Cerithium mlgatum, Hadriana craticulata Brocchi, Clauculus corallinus Gmelin, Turbo
iBolma) rugosus. On trouve aussi parfois des Eup. Prideauxi dans dis valves adamsiées de Chama
gr iphoides ou dans des fragments do Vermetus triqueter.
PAGURES ET ACTINIES
445
du Crustacé, mais laisse le céphalothorax à découvert. B) La
coquille n'abrite qu'une portion de l'abdomen du Pagure. C)
La cavité de la coquille n'abrite pas l'abdomen, mais sert
uniquement de point d'attache aux crochets du toison du
Pagure. Si nous envisageons maintenant, dans ces trois cas, la
situation qu'occupera, par rapport au Pagure, le disque oro-
tentaculaire de l'Ad. yalliaia complètement développée, on
constate que toujours ce disque est placé en arrière et le plus
près possible des pièces buccales du Crustacé, quelles que soient
par conséquent les
dimensions de la
coquille et du Pa-
gure. Les expan-
sions pédieuses, au
contraire , occupe-
ront, suivant les cas,
une surface plus ou
moins grande, tan-
tôt sur la coquille,
tantôt sur la pa-
gure. Voici Ce que Fig. IX. Membrane pédieuse sécrétée par YAdamsia palliala
., - sur l'ouverture d'une coquille de Scaphander habitée
I 011 Observera ; ]lar un Eupagurus Prideauxî.
A) La coquille
ABRITE COMPLÈTEMENT LABDOMBN, MAIS LAISSE LE CEPHALO-
THORAX a découvert. Dans ce cas, la partie de la surface
pédieuse correspondant à la région pharyngienne de Y Ad. 'pal-
lia la sera fixée sur le bord columellaire de l'ouverture et les
deux expansions envelopperont le tiers postérieur du céphalo-
thorax tout en recouvrant un peu la coquille, fig. vu et vin.
B) La cavité de la coquille n'abrite qu'une portion
de l'abdomen du pagure. Le plus souvent, dans ces con-
ditions, la région pharyngienne de l'actinie n'est pas fixée sur
le bord columellaire de l'ouverture, car le disque oro-tentacu-
laire serait trop éloigné de la bouche du Crustacé pour pouvoir
prendre part aux aliments saisis par ce dernier. On peut ad-
446 L. FAXJROT
mettre que la région pharyngienne est comme attirée par ces
aliments dans la direction de la bouche de son associé. La sur-
face pédieuse de l'Actinie se développera donc de façon à
s'étendre plus en avant en abritant la surface inférieure de
l'abdomen que la coquille laisse à découvert et en rapprochant
la région pharyngienne adamsiale plus près de la bouche du
pagure. Les deux expansions seront elles-mêmes situées sur
cette coquille plus en avant que dans le cas précédent, de
manière à abriter suffisamment le Pagure.
C) La cavité de la coquille n'abrite pas l'abdomen
MAIS SERT UNIQUEMENT DE POINT D'ATTACHE AU TELSON.
Dans ce troisième cas, la partie de surface pédieuse qui corres-
pond à la région pharyngienne de l'Actinie se développera,
ainsi que dans le cas précédent, de manière à abriter la surface
inférieure de l'abdomen et à rapprocher la bouche de l'actinie
de celle du Pagure. Les deux expansions se prolongeront non
seulement sur les côtés, mais aussi en arrière. Dans ce troisième
cas, la coquille ne constitue pas un abri, même partiel ; c'est
uniquement un point d'attache commun, un trait d'union
entre YEup. Prideauxi et Y Ad. palliata ; cette dernière rem-
plissant seule et complètement le rôle qui, pour les autres
espèces de Pagures, est rempli par la coquille. A en juger par
l'examen d'un grand nombre de spécimens, il doit arriver fré-
quemment qu'un Eup. Prideauxi de très petite taille s abritant
dans un fragment de coquille et y séjournant jusqu'au terme
de sa croissance, sera recouvert graduellement par la jeûneur/.
palliata qu'il aura fixée, de telle sorte que les trois cas que nous
venons de décrire se présenteront successivement durant le
développement de l'un et l'autre associé.
L'enveloppement progressif complet, par Y Ad. palliata, de
coquilles telles que les Troches, les Scaphandres, dont la forme
n'est pas globuleuse, présente des particularités assez remar-
quables. Chez le Scaphander lignarius que je prendrai comme
exemple, les surfaces à recouvrir à droite et à gauche du pagure
par les deux expansions adamsiales. sont beaucoup plus dis-
PAGURES ET ACTINIES 447
semblables en forme et en étendue que sur la plupart des autres
coquilles. L'ouverture est en outre très large et occupe la tota-
lité de la longueur. Il en résulte que les Eup. Prideauxi qui
s'y logent auraient, au début, leur abdomen fort mal abrité
si le corps de l'Actinie n'obturait pas, en se développant, une
grande partie de cette ouverture de manière à n'y laisser qu'une
entrée suffisante pour le passage du céphalothorax. Cette
obturation ne peut se .produire qu'à la condition que les deux
expansions pédieuses s'infléchissent à angle droit vers le haut
et franchissent le large vide qui va du bord inférieur au bord
I !<;. ix et X. Membranes pédieuses sécrétées sur une valve de Chôma gryphoides et sur un frag-
ment de Vermetus triquetus ; celle-là et celui-ci ayant servi de point de fixation com-
mun à une A<1. palliata et ù un Eup. Prideauxi.
labrique de l'ouverture. Il a donc fallu qu'à un moment donné,
les extrémités de ces deux expansions fussent étendues en « porte
à faux » au-dessus de l'ouverture. On remarquera d'ailleurs
que cette dernière disposition est permanente et normale en
avant du labre lorsque la croissance de Y Ad. palliata est achevée
au-dessus du Pagure.
La figure ix montre comment Y Ad. palliata, fixée sur un
Scaphander lignarius, abrite les parties du corps que la coquille
laisse à découvert. Elle représente, en place, la membrane de
mucus solidifié qui est sécrété par la surface pédieuse de l'ac-
tinie, non seulement autour du céphalothorax du Crustacé,
mais aussi au-devant des deux larges vides ouverts à sa droite
et à sa gauche. Bien que d'étendues inégales, il semble cepen-
dant, d'après les spécimens que j'ai examinés, que ces deux vides
ont été recouverts simultanément. S'il en a été réellement ainsi,
448 L. FAUROT
il faudrait admettre que l'accroissement de l'actinie s'est mani-
festé beaucoup plus fortement d'un côté que de l'autre, ce qui
ne paraît pas pouvoir être attribué à une cause mécanique
comme celles qui provoquent la déformation. Un autre t;iii
qui, à mon avis, est tout aussi difficile à interpréter que le pré-
cédent, sera observé dans les figures xiii, xiv, xv. xvi, sur
lesquelles on voit que la croissance des extrémités de droite et
de gauche des deux expansions adamsiales est arrêtée dans les
parties où elles arrivent en contact (1). De même que sur toutes
les coquilles de formes plus régulières, elles parviennent peu à
peu à s'accoler suivant une ligne courbe très régulière qui. à la
fin de la croissance, correspond exactement au tracé d'un plan
vertical antéro- postérieur qui passerait par le milieu du
céphalothorax et de l'abdomen du Pagure. La raison de cette
disposition symétrique, réalisée malgré la forme irrégulière de
la coquille, est facile à découvrir en ce qui concerne les parties
antérieures des deux expansions « en porte à faux » abritant
le céphalothorax. L'accroissement des parties s'y fait d'une façon
égale à droite et à gauche du pagure, en lui formant comme un
large collier, fig. vin. Pareille explication pour les parties des
expansions qui se réunissent sur la coquille ne me paraît pas
admissible. Dans cette région, les surfaces à recouvrir à droite et
à gauche de la ligne qui coïncide avec le plan sagittal du pagure
sont inégales en forme et en étendue ; les deux expansions ne
parviendraient donc jamais à se trouver en contact suivant
cette ligne, si elles s'accroissaient également. C'est ce que dé-
montre l'examen des figures xiii, xiv. xv et leur comparaison
avec la figure xvi. On y voit que l'expansion droite et l'expan-
sion gauche se sont avancées au-dessus des coquilles jusqu'en
(1) C'est déjà lï un l'ait qui a besoin d'explication. Pourquoi le contact dans ces parties arrête-
t-il la croissance ? Pourquoi aussi voit-on sur les coquilles habitées par 1' Paj. striatus, des Say.
parasitica recouvrant toute la surface nue de ces co nulles, nuis respectant, s >it 1 -s Suberites <lo-
muneula qui les tapissent parfois sur un petite étendue sous forme de plaques rougeâtres très
minces, s .it des col mies d'Ascidies. Dans le premier cas, il s'agit de deux portions d'un infime
corps vivant qui s'opposenl réciproquement à leur croissance : dans le sec ml. il s'agit d'un orga-
nisme vivant inerte qui s'oppose au déplacement du pied de l'actinie. Ces obsta les agissent sans
doute parce qu'ils sont vivants, mais comment ?
PAGURES ET ACTINIES
449
XIII
des points diversement distants de la ligne courbe médiane
qui, avons-nous dit, correspond au plan antéro-postérieur de
symétrie du pagure. Des particularités analogues peuvent aussi
être observées sur certaines coquilles dont la forme est un peu
plus régulière que celle du Scaphander lignarius, mais elles
y sont beauco u p
moins apparentes.
Comment se fait-
il donc que les deux
expansions sépa-
rées, comme nous
venons de le voir,
par un intervalle
asymétrique par-
viennent à s'accoler
à la fin de leur crois-
sance, en se dispo-
sant symétrique-
ment par rapport au
plan sagittal de
YEuj). Prideauxi ?
Il semblerait cepen-
dant, en raison des
conditions en partie
mécaniques, qui, jus-
qu'à présent, ont déterminé la forme de Y Ad. palliata, que les
extrémités de ces deux lobes devraient, en s'accroissant égale-
ment, arriver en contact sur une ligne irrégulière brisée. Pour
qu'il en soit autrement, on peut supposer en premier lieu qu'un
facteur interne organique est intervenu. Ce facteur est sans
doute la Régularisation sous l'influence de laquelle la plupart
des organismes animaux et végétaux tendent à acquérir une
forme régulière et symétrique (1).
(1) J'ai montré ailleurs (1909). comment chez les Coralliaires, la régularisation se trouvait par-
fois en conflit avec une autre activité du développement : l'Accroissement. — Un autre terme, celui
de Régulation, semble avoir été plus particulièrement réservé aux faits expérimentaux de Fcgéné-
XII
Fig. XII et XIII. Ad. Palliata développée sur un Scaphander
abritant VEup. Prideauxi plus complètement que dans
le cas représenté par les figures VII et VIII.
450 L. FAUROT
Son action chez YAd. palliata, entravée par les causes
mêmes qui se sont opposées à ce qu'elle acquière une forme
régulièrement cylindrique, se serait manifestée avant la fin de
l'Accroissement, alors que celui-ci ne rencontre plus d'obstacles
sur la face supérieure de la coquille.
Il reste cependant une seconde explication : le développe-
ment asymétrique des expansions pédieuses, représenté par-
les figures précédentes, résulterait de ce que les Ad. palliata qui
recouvrent les Scaphandres n'ont pas acquis leur déformation
in situ, mais sur d'autres coquilles de forme tout à fait diffé-
rente. On verra plus loin, en effet, que les Eup. Pridmuxi,
privés de leurs associées habituelles, s'emparent d'Ad. palliata
ayant appartenu à d'autres individus. Ni l'une ni l'autre de
ces deux explications ne me paraît satisfaisante ; mais il reste,
comme bien établi, le fait lui-même (fîg. n et xvi) que malgré
la forme très asymétrique des Scaphandres, les Adamsia s'y
développent de manière à ce que, finalement, leurs deux
lobes se rejoignent au-dessus de la coquille, suivant une ligne
correspondant au plan sagittal du pagure.
Le mode de déformation de Y Ad. palliata est évidemment
une conséquence de la situation immuable qu'occupe la partie
pharyngienne de sa colonne, au-dessoUs et en arrière des pièces
buccales de YEup. Prideauxi. Nous avons déjà énuméré les
causes mécaniques qui, par suite de cette situation, s'opposent
à ce que la croissance se fasse d'une façon régulière comme
chez les autres Actinies. Tant que cette croissance n'en est qu'à
son début, le Crustacé ne retire aucun avantage de l'association ;
ce n'est que lorsque Y Ad. palliata est devenue enveloppante
qu'il y a véritablement services réciproques et symbiose.
On pourrait donc se demander si l'aptitude à se déformer est
apparue indépendamment de la vie en commun ; si elle est
ration. Driesch en donne la définition suivante : « La possibilité qu'a un organisme de compenser
au cours de son développement les effets des influences fâcheuses auxquelles il a pu être exp « .
de telle sorte que malgré les mutilations dont il a été l'objet, il prend cependant sa forme normale »,
En somme, comme la régularisation, la régulation est une tendance à la forme symétrique. C'est
ainsi que, par exemple, T.-H. Morgan a montré que la queue bifurquée du Fundidus reprend sa
forme primitive, quel que soit le sens du trait de section.
PAGURES ET ACTINIES
m
devenue adaptative, uniquement pour le motif que cette aptitude
se trouvait être une condition favorable toute réalisée pour pro-
téger YEup. Prideauxi ? Il semble, tout d'abord, que Ton
puisse répondre à
cette question par
l'affirmative et ré-
pondre à la propo-
sition contraire en
objectant que si
cette aptitude à se
déformer sur les co-
quilles était appa-
rue comme une con-
séquence de la vie
en commun, on ne
s ' expliquerait pas
pourquoi les Sag.
parasitica ne l'ont
pas acquise égale-
ment puisque, ainsi
que nous l'expose-
rons plus loin, celles-
ci sont parfois pla-
cées sur la coquille,
par rapport au Pag.
striatus , dans la
même situation que
Y Ad. palliata par
rapport à YEup.
Prideauxi. Cette objection n'a pas cependant, à mon avis,
grande valeur, si on tient compte de cette circonstance que les
Pag. striatus ne s'associent aux Sag. parasitica qu'à une époque
où leur accroissement et celui de ces dernières est arrivé à
son terme ou à peu près, tandis que chez les Eup. Prideauxi
et les Ad. palliata, l'association se manifeste à un moment
Fig. XIV à XVI. Divers degrés d'accroissement d'une Ail. pal-
liata au-dessus d'une coquille de Seaphander lignarius.
452 L. FAI' ROT
beaucoup moins avancé du développement, et alors que l'Ac-
tinie a conservé une forme cylindrique. On pourrait donc
conclure que la déformation de Y Ad. pal lia ta est le résultat
d'une réaction interne de l'organisme, que l'on admette ou
non l'hérédité des caractères acquis.
Je passe maintenant à l'étude d'autres particularités adap-
tatives dont l'origine, de même que celle de la précédente,
doit être rapportée en partie à une cause organique. Ce sont :
A) L'accroissement de Y Ad. palliata est proportionnel à
celui de YEup. Prideauxi ;
B)UAd. palliata Si la faculté de maintenir une partie de sa
surface pédieuse étendue au-delà d'un support solide.
C) Alors que la surface pédieuse, dont une partie est immé-
diatement en contact avec la coquille, et dont l'autre est en
partie suspendue en « porte à faux » au-dessus du pagure, séc-rète
une membrane de mucus solidifié (réaction de défense), la
face pharyngienne de la colonne, qui est en contact avec la base
des appendices thoraciques du crustacé, réagit d'une tout autre
manière. Elle s'adapte aux frottements répétés, sans modi-
fication apparente de sa surface.
On constate, en outre, deux autres caractères adaptatifs.
J'ai déjà insisté sur le premier d'entre eux, page 436. Ils cons-
tituent, comme les précédents, des adaptations à la Symbiose,
mais leur origine peut être attribuée beaucoup plus nettement
pour le premier : au facteur lamarckien de l'usage plus fré-
quent, ou bien à la Sélection ; pour le second, à l'influence du
milieu extérieur. Ces caractères adaptatifs se rapportent aux
aconties et à la coloration.
D) Les aconties, c'est-à-dire les organes de défense, sont en
nombre proportionnellement plus grand chez Y Ad. palliata
que chez les autres Actinies, sauf cependant chez la Sag. par-
sitica qui vit dans des conditions analogues. Ils sont émis dans
la région où ils sont le plus utiles pour YEup. Prideauxi, c'est-
à-dire sur son dos et sur ses côtés. En outre, ils sont rejetés au
dehors des cinclides, beaucoup plus rapidement que chez les
PAGURES ET ACTINIES 453
autres Actinies, sauf aussi chez la Sagartia paras itica. Ce fait
peut être attribué en partie à ce que ces aconties sont situés
entre deux parois très rapprochées (paroi pédieuse et paroi
de la colonne) et beaucoup plus proches encore lorsqu'elles
se contractent.
E) La coloration de Y Ad. palliata qui a atteint le terme de
son développement n'est pas uniforme ; les teintes générales
foncées et claires sont réparties sur sa surface de façon à être en
corrélation avec l'orientation du corps du Pagure, c'est-à-dire
qu'elles sont foncées sur le dos, graduellement plus claires sur les
flancs et très claires sous le céphalothorax. Elles se rapprochent
même suffisamment de la coloration de ce dernier pour que l'on
puisse dire que, généralement, il y a homochromie mimétique.
Des petites taches rouge carminé sont éparses sur le fond
blanc-ivoire de la région pharyngienne. Les couleurs des parties
dorsales sont les plus variables : rarement blanc-grisâtre, elles sont
le plus souvent gris-jaunâtre et teintées de rouge framboise ;
mais cette dernière teinte peut dominer et devenir très foncée.
Le pigment colorant est localisé dans l'ectoderme et cependant
les aconties, qui sont des organes internes dépendant des cloi-
sons, offrent toujours une coloration en rapport avec celle qui^
domine à la surface dorsale, c'est-à-dire qu'ils sont blancs quand
cette coloration est claire et qu'ils sont roses quand elle est
foncée.
Chez les jeunes Ad. palliata non encore déformées, la colo-
ration générale est uniformément rosée. Ce n'est que graduelle-
ment, à mesure que la déformation se produit, que les deux
expansions devenues dorsales, se teintent généralement d'une
couleur plus foncée que les parties de la colonne qui revêtent
intérieurement et latéralement la coquille et son pagure. Si on
rapproche ces faits de l'absence de règle dans l'orientation
des commissures de la bouche par rapport au sens de la défor-
mation, en se souvenant que la déformation annulaire, bilaté-
rale, se produit dans une direction quelconque par rapport au
plan sagittal qui passe par les commissures, on sera conduit à
ARCH. DE ZÛOL. EXP. ET GÉN". — 5 SÉRIE. — T. V. — (IX). 33
454 L. FA Û ROT
se demander comment le caractère « colorations » qui est sans
aucun doute héréditaire, peut apparaître toujours sur les faces
supérieures, inférieures et latérales de YEup. Prideauxi. Il
paraîtra évident qu'il n'y a pas prédétermination pour les
parties de la colonne qui doivent être colorées différemment ;
et qu'il n'y a d'héréditaire que l'aptitude qu'a Y Ad. palliata
de se colorer différemment suivant que l'une ou l'autre de ces
parties est soumise à certaines conditions d'incidence des rayons
lumineux. Chez les Pleuronectes, il y a, de même que chez
Y Ad. palliata, changement de coloration à la suite d'une défor-
mation du corps (1).
A l'exposé des particularités adaptatives : A, B, C, D, E,
que vous venons de faire, on pourrait ajouter la petitesse des
ovules qui sont environ moitié moins volumineux que ceux de
la Sagartia parasitica qui, d'ailleurs, est partiellement vivi-
pare. On sait que la diminution relative du volume des corps
reproducteurs, généralement observée chez les animaux et les
végétaux (2) parasites, a été considérée comme une adapta-
tion répondant aux difficultés que la propagation de l'espèce
rencontre pour arriver aux conditions qui lui sont favorables.
Chez Y Ad. palliata cependant, on peut supposer que le moindre
(1). Ou sait que, d'après Cunningham (1891), il serait démontré expérimentalement
que la coloration unilatérale de ces poissons, résulte de la transmission d'un caractère
acquis. Chez Y Ad. palliata, de même que chez les Pleuronectes, la coloration est d'abord
répartie symétriquement (bilatéralement chez ceux-ci, périphériquement chez l'Actinie). Dans le
premier cas comme dans le second, ce n'est que lorsque les jeunes commencent à se déformer que
le changement de coloration se produit graduellement. T.-H Morgas n'accepte pas les conclusions
de Cunnixgham. Entre autres objections (1900, p. 257), il rappelle que, chez quelques espè - de
poissons plats, le côté tourné vers le bas est le droit, tandis que chez d'autres espèces, c'est le
gauche. 11 peut arriver qu'un individu se trouve « right-sided », alora que normalement il devrait
être « left-sidecl » et en même temps si couleur sera iaversée. Il conclut qu'avec le pjiat de vue de
CUNNINQHAM : « We should be obliged to assume that some of the ancestors acquired the loss of
pigment of one side of the body, and others on the other side according to wliieh side was turne i
down ». Le même auteur suppose qu'il y a eu, îun pas transmission héréditaire d'un caractère
acquis, mais variation germinale, le caractère « coloration » resté latent d'un côté du corps p ravaut
être réveillé par l'action de la lumière. Il semble que la question soulevée par Cunningham n'est
pas encore résolue. Il faudrait d'ailleurs que sa solution puisse être applicable au fait suivant :
Set m RAVKRET Watel (les Poissons de mer de France et de Belgique), chez les rurbots, Barbues,
Plies, on trouve des individus anormaux chez lesquels la face inférieure, sait daas toute son étendue
soit dans certaines de ses parties, est aussi fortement colorée que la face supérieure. Il semblerait
donc, ajoute le même auteur, que la différence de coloration entre les deux faces ne soit pas uni-
quement provoquée par la différence des radiations lumineuses.
(2) Chez le Peltogaster, par exemple, parmi les animaux, chez l'Orobanche parmi les végétaux.
PAGURES ET ACTINIES 45è
volume des ovules est dû à une autre cause. Peut-être est-il
en corrélation avec la réduction très considérable que subit la
cavité sous-pharyngienne en raison du rapprochement des parois
pédieuses et latérales du corps ?
Il convient d'ajouter quelques éclaircissements aux adapta-
tions A et B. Ils feront l'objet des deux paragraphes suivants.
A) L'accroissement du corps de l'Ad. palliata est
PROPORTIONNEL A CELUI DE L'EUP. PRIDEAUXI.
Je rappelle que le disque oro-tentaculaire de Y Ad. palliatif
en état de Symbiose est comme attiré et maintenu en place par
le contact des aliments saisis par le Crustacé. Il conserve donc
ses rapports de situation et de distance avec la bouche de ce
dernier. Une conséquence de la persistance de ces rapports
est que le disque suivra cette bouche à mesure que le
céphalothorax s'éloignera de l'ouverture de la coquille par suite
de son propre accroissement. En même temps, l'abdomen sera
de moins en moins recouvert par la coquille dont le rôle protec-
teur disparaît graduellement et sera rempli par les expansions
adamsiales. Dans ces conditions, il est à remarquer que tout en
s'accroissant l'un et l'autre, le volume et la taille de l'Actinie
et du Pagure ne changent pas non plus de rapports, comme il
en est pour la situation et la distance. L'accroissement du com-
plexe Eup. Prideauxi et Ad. palliata progresse donc comme si
ceux-ci formaient un seul et même organisme. Cette compa-
raison ne paraîtra pas exagérée, si on songe aux nombreux
caractères adaptatifs qui relient réciproquement le Cœlentéré
et le Crustacé et aussi à ce fait remarquable qu'on ne les
trouve jamais vivant normalement séparés l'un de l'autre.
Ce n'est, avons-nous dit, (pie lorsque Y Ad. palliata est très
jeune et de petit volume qu'elle vit libre et isolée. Il doit en
être de même pour le très jeune Eup. Prideauxi. Il est vrai-
semblable d'ailleurs que, lorsque la première et peut-être aussi
le second ont atteint un certain âge et une certaine taille qui
sans doute coïncident avec l'état adulte, leur croissance est
arrêtée, suspendue tant qu'ils ne se sont pas associés. C'est
456 L. FAUROT
ainsi, je le rappelle encore, que les Ad. palliata non déformées
que j'ai eu l'occasion d'examiner, ne mesuraient pas plus de
un centimètre de hauteur et en diamètre, tandis que les indi-
vidus associés avec Y Eup. Prideauxi et parvenus au terme de
leur accroissement les dépassaient de quatre à cinq fois en sur-
face. Il semblerait donc qu'a un certain moment de leur exis-
tence, les jeunes Ad. palliata soient devenues plus ou moins
brusquement incapables de se nourrir elles-mêmes et que l'ali-
mentation, en quelque sorte artificielle, à laquelle les Eup.
Prideauxi les soumettent soit devenue nécessaire pour que leur
accroissement se poursuive. Un changement aussi profond dans
leurs conditions de vie n'a rien d'invraisemblable, car chez
certains organismes végétaux et animaux qui, d'abord libres,
deviennent ensuite parasites, on a constaté des modifications
soudaines dans les réactions aux conditions extérieures. Même
parmi les animaux libres toute leur vie, ne voit-on pas les Pleu-
ronectes, d'abord symétriques, modifier à partir d'un certain
âge leur mode d'existence avec l'orientation de leur corps, en
se couchant sur le sable ou la vase et ne s'accroître qu'en se
déformant ? Néanmoins, pour admettre chez les jeunes Ad.
palliata non déformées un changement brusque de réaction
analogue à celui des Pleuronectes, il ne suffit pas de constater
que lorsqu'elles sont recueillies dans cet état, à une époque
très éloignée du terme de leur croissance, elles ne sont jamais
associées avec les pagures ; il faudrait en outre prouver expéri-
mentalement que ces petites Ad. palliata, régulièrement
cylindriques, ne peuvent arriver à ce terme en dehors de
l'état de symbiose.
Une autre explication des dimensions moindres et de la
forme régulière qu'elles présentent avant la Symbiose paraîtra
peut-être plus acceptable : Il n'y aurait pas d'arrêt de crois-
sance chez ces Actinies, et s'il n'en existe pas d'une taille supé-
rieure à celle que j'ai indiquée, cela tiendrait à ce qu'elles sont
toutes, sans exception, associées avec les Eup. Prideauxi
avant (pie cette taille ait été dépassée. D'autre part, cette
PAGURES ET ACTINIES 457
petite taille elle-même, est peut-être en rapport avec les
habitudes héréditairement acquises par le pagure, ou bien
avec les moyens dont il dispose pour s'en emparer. Sans doute,
ne pourrait-il pas les apercevoir ou les saisir aisément si elles
étaient de dimensions encore plus réduites ?
Il reste à se demander comment deux êtres, aussi diffé-
rents par leur organisation que le sont Y Ad. palliata et YEwp.
Prideauxi et qui par conséquent devraient chacun présenter
un degré distinct maximum d'accroissement, se développent
néanmoins proportionnellement, sans dépasser la limite con-
venable pour que l'un (le crustacé) soit abrité par l'autre
(l'actinie), sans être gêné dans ses mouvements (1). Il ne semble
pas possible d'attribuer ce fait uniquement à ce que les deux
associés se nourrissent à « table commune » d'une quantité
proportionnellement égale d'aliments. Peut-être la Sélection,
ou toute autre cause supposée d'adaptation, est-elle intervenue
pour faire naître la corrélation de taille ? Peut-être aussi
pourrait-on attribuer cette corrélation à ce que les deux orga-
nismes sont unis d'une façon si intime et liés par des néces-
sités réciproques si urgentes qu'ils vivent et s'accroissent
comme un seul et même organisme? Mais cette explication,
impliquant une sorte de subordination mystérieuse de l'actinie
et du pagure à un tout auquel on n'accordera d'autre valeur
que celle d'une comparaison, paraîtra sans doute tout à fait
négligeable.
B) La surface pédieuse de l'Adamsia palliata se
substitue aux parois dela coquille pour abriter i/'eu-
pagurus Prideauxi.
Les Actinies dites « fixées » comme le sont les Sagartia para-
sitica, adhèrent à leur support par toute la partie inférieure
ou pédieuse de leur colonne cylindrique. Si ce support a une
(1) Les chaluts ou les dragues ramènent parfois à la surface des Eup. Prideauxi nus et des co-
quilles adamsiées privées de leur compagnon habituel par ce qu'ils ont été soumis dans ces engins
à des heurts et à des tiraillements. Si les uns et les autres sont replacés dans l'eau de mer, il peut
arriver que les Eup. Prideauxi se logent dans des coquilles adamsiées soit trop grandes soit trop
petites. La corrélation de taille ne peut donc être constatée avec certitude que sur les spécimens
péchés en état di- symbiose.
458 L. FAUROT
surface irrégulière, cette partie pédieuse s'y applique sans
laisser aucun vide. Les épines longues et relativement très
rapprochées dont sont hérissées les coquilles de Murex bran-
daris ne sont même pas des obstacles à l'adhérence des Sag.
parasitica ; ces épines seront contournées à leur base. Mais dans
le cas où, sur le support, il existe des solutions de continuité,
des orifices petits ou grands, ceux-ci resteront infranchissables
pour la surface pédieuse de cette dernière actinie. Les bords
de ces orifices pourront être contournés comme le sont les épines
du M. brandaris, mais ne seront jamais recouverts en « pont ».
Chez Y Ad. palliata au contraire, non seulement la surface pé-
dieuse, peut recouvrir les orifices accidentels dont sont par-
fois percées les coquilles habitées par YEup. Prideauxi, mais
encore comme cela a été dit plus haut, elle peut obturer une
partie de l'ouverture de ces coquilles et même s'avancer en
porte à faux en avant du bord labrique. Cette aptitude, tout
à fait spéciale, à n'adhérer que partiellement aux coquilles,
est liée à une autre faculté résidant également dans la surface
pédieuse. Elle consiste dans la sécrétion d'une substance mu-
queuse qui, en se solidifiant, produit sur cette surface comme
une doublure membraneuse dont la consistance assez ferme
lui permet de se maintenir étalée dans les parties où elle ne
repose pas directement sur le support (1). Il est facile d'isoler
cette membrane adamsiale, tout en lui conservant sa forme
et ses attaches avec la coquille. On place des coquilles adam-
siées, non paguriées, dans un grand cristallisoir plein d'eau de
mer. On renouvelle l'eau autant de fois que cela est nécessaire
pour éviter une trop forte altération. Les parois du corps des
Actinies perdent en partie leur tonicité par suite de la parésie
I i La formation de la membrane doublant la surface pédieuse peut se faire indifféremment
dans une partie ou dans une autre de cette surface. Lorsque, en effet, on place un Eup. Prideauxi
coquille mais non adarusié en contact avec une Ad. palliata déformée et préalablement détachée
de sa membrane et de sa coquille, il arrive souvent que ce pagure fixe l'actinie sur son abri dans
un sens absolument opposé à celui qu'elle présentait sur la coquille d'où elle a été enlevée. Il en
résulte par conséquent que la coquille du Pagure, sera lans ce cas, recouverte par la partie de la sur'
tac. ■ pédieuse qui précédemment abritait un céphalothorax sans y adhérer et que, inversement, le
dos de ce même Pagure sera recouvert par l'autre partie de cette surface qui antérieurement
a Ihérait à une coquille.
PAGURES ET ACTINIES 459
que provoque un commencement d'empoisonnement et se
gonflent comme si elles cédaient à une pression du liquide
intérieur. C'est alors que la membrane se sépare peu à peu de
la surface pédieuse en commençant par l'extrémité des deux
lobes et en finissant par la partie centrale de cette surface qui
correspond à la région pharyngienne, restée à peu près cylin-
drique, de l'Actinie.
La membrane ainsi isolée du corps de Y Ad. palliata, reste
néanmoins attachée au pourtour de l'ouverture de la coquille
et conserve la forme et les dimensions qu'elle présentait anté-
rieurement, alors que le pagure en était revêtu. Son examen,
mieux que celui de l'extérieur de Y Ad. palliata enveloppant une
coquille paguriée, montre quels sont les rapports de situation
de l'Actinie avec cette coquille. Nous avons vu, page 445, et
figures IX, X et XI, que ces rapports sont variables suivant le
degré de croissance des deux associés et suivant aussi le volume
et la forme de la coquille. Bien que très mince et flexible, la
membrane pédieuse est suffisamment résistante pour remplacer
dans une certaine mesure, le support rigide qui fait défaut
au-dessus d'une partie du céphalothorax de YEup. Prideauxi ;
mais il ne semble pas que ce soit là son rôle unique et,
d'ailleurs, la sécrétion muqueuse n'arrive à se solidifier que
deux ou trois jours après sa formation.
Cette sécrétion paraît résulter d'une réaction de défense,
ayant pour stimulus les frottements continuels auxquels sont
soumises les parties de la surface pédieuse recouvrant le cépha-
lothorax. Elle apparaît également, quoique beaucoup plus len-
tement, sur les parties directement en contact avec la coquille.
En somme, la membrane augmente la consistance des parois
adamsiales qui ne sont pas directement adhérentes à la coquille
et en même temps elle protège ces parois, là où elles seraient
en contact avec le Pagure. Entre la surface cavitaire très
lisse de cette membrane et le corps du Crustacé, il existe
d'ailleurs un intervalle, un « jeu » assez grand pour que des
organismes puissent y trouver place et y vivre à demeure.
460 L. FAUROT
( V sont : Xereilepas furcaia, Eunice vittata ; ou bien encore
des anomies et même des bryozoaires à stolons. De tous ces
êtres, seule la Nereilepas furcata est très habituellement commen-
sale de YAd. palliata et de YEwp. Prideauxi. La présence des
autres organismes, de même aussi que celle de pygnogonides
fixés sur le disque oral de l'Actinie, doit être considérée comme
fortuite (1).
Symbiose et Mutualisme.
Dans le cours de ce travail, j'ai eu, à plusieurs reprises
l'occasion de comparer les caractères extérieurs et les habi-
tudes de YEwpagurus Prideauxi avec ceux du Pagurus striatus.
Je vais maintenant compléter cette comparaison en décrivant
les actes qu'exécute chacun de ces deux Pagures dans le but
très apparent non seulement de s'emparer, mais aussi de faire
adhérer sur leur propre coquille l'Actinie qui doit normalement
être associée à leur existence. Avant de décrire ces actes, je
crois utile de rappeler les caractères éthologiques qui distin-
guent les deux associations dont je fais ici l'étude.
Eup. Prideauxi et Ad. palliata. — ■ Ces deux organismes ne
peuvent vivre séparés longtemps l'un de l'autre à partir d'une
période de leur développement où ils sont encore de taille
réduite. Le pouvoir relativement très faible de déplacement
de la surface pédieuse de YAd. palliata, la position constante de
sa bouche en arrière et tout près des pièces buccales du Crus-
tacé, indiquent d'ailleurs qu'il y a pour elle une nécessité
(1) l.a base pédieuse des Sagartia parasitica est fréquemment doublée d"une membrane sem-
blable à celle de YAdamsia palliata. De même la surface de la colonne des Edwardtia et des Phe/lm
est aussi revêtue d'une membrane protectrice d'origine muqueuse, G. -Y. Koch (1882) [Bill.
Centrait. B. II, p. 590), émet cette opinion que la membrane pédieuse des Sag. parasitica est
analogue aux premiers dépôts de la sole calcaire qui se forme chez les polypiers. — ■ Il y a un
contraste frappant entre la cause très simple : contact d'un corps solide plus ou moins rugueux
qui excite la sécrétion d'où proviendra la membrane protectrice des surfaces pédieuses des deux
actinies précédentes, et la complexité très probable des causes qui ont eu pour effet de faire appa-
raître des glandes très spécialement adaptées à produire des membranes analogues. On sait .en
effet, que les pontes de certains mollusques et poissons marins sont protégées par des enveloppes
produites par une sécrétion muqueuse qui devient consistante. Dans le cas très curieux du Pur
para lapilliu, ce ne serait pas, d'après Malaquin, une glande annexe de l'appareil génital qui sécré-
terait r<-* enveloppes, mais une glande indépendante, placée dans la sole pédieuse.
PAGURES ET ACTINIES 461
vitale de s'alimenter avec le concours de celui-ci. UEup.
Prideauxi, d'autre part, ne pourrait s'abriter complètement
dans les coquilles qu'à cette condition très défavorable d'être
gêné dans ses allures qui exigent une grande amplitude des
moiivements d'abduction et d'adduction des pattes. Logé
dans des coquilles de très petites dimensions, ses mouvements
n'éprouveraient sans doute aucune gêne, mais son corps serait
très imparfaitement protégé. Quel que soit d'ailleurs le volume
des coquilles, YEup. Prideauxi agrippe toujours son telson
sur un point de la spire assez rapproché de l'ouverture, pour
que son céphalothorax soit à découvert. C'est donc également
pour ce pagure une nécessité de s'associer de bonne heure
avec Y Ad. palliata dont le corps déformé annulairement lui
constitue un revêtement flexible et léger, un véritable tégu-
ment, pourrait-on dire, qui beaucoup mieux que l'incrustation
chitino-calcaire de l'hypoderme des Décapodes symétriques
lui offre une protection efficace. Nous avons vu, d'autre part,
que l'accroissement de l'un des associés est proportionnel à
l'accroissement de l'autre. Ces particularités font qu'il existe
entre chacun d'eux comme des corrélations fonctionnelles en
nombre très limité, il est vrai, mais qui, en tenant compte
des nombreuses particularités adaptatives qui ont été décrites
précédemment, rendent ces corrélations comparables sans trop
d'exagération, avec celles qui relieraient deux fonctions ou
deux organes d'un seul et même individu. En se mettant
à ce point de vue, on pourrait dire que le développement
de l'Actinie fait partie de celui du Pagure et réciproquement.
Tout autres sont les caractères de l'association du Pagurus
striatus et de la Sagartia parasitica. 1° Cette association ne
commence que lorsque les deux organismes ont à peu près
atteint leur taille normale, beaucoup plus tard par conséquent
([lie dans le complexe précédent (1). 2° Alors même qu'ils
: Avant de s'associer à la Sag. parasitica, les Pag. tirit \ i ieuneg \ ivent - ins d mte dans les
Suber tes domuncula, ou bien dans des coquilles nues. Peut-être aussi, de même que 1 ■- Eupa nirui
excavatus, s'e m parent-ils de coquilles déjà sagartiées ?
Mfâ L. FAUROT
ont atteint leur taille définitive, les Pag. striatus et les Sag.
parasitica peuvent vivre séparés les uns des autres. Les premiers
sont fréquemment trouvés dans les Suberites domuncula et
les secondes s'observent parfois fixées sur des pierres. 3° A
l'inverse des Ad. palliata qui restent presque complètement
ment passives durant les mouvements qu'exécutent les Eup.
Prideauxi pour les faire adhérer aux coquilles, les Sag. para-
sitica concourent très activement aux manœuvres au moyen
desquelles les Pag. stiatus parviennent à un résultat semblable.
Elles sont aussi capables, sans l'aide de ces derniers, de se fixer
elles-mêmes sur les coquilles paguriées, que l'habitant soit un
Pag. striatus ou appartienne à une autre espèce. Plus facilement
que les Ad. palliata, elles peuvent, nous le verrons, se déplacer
d'un point à un autre. 4° Les Sag. parasitica en raison du volume
relativement grand et de la hauteur de leur colonne ne sont
qu'exceptionnellement adhérentes au-dessous de l'ouverture
de la coquille et en arrière de la bouche du pagure, ainsi que
cela est le cas habituel pour Y Ad. palliata. Celles qui sont ob-
servées dans cette situation, restent rétractées très fortement
sans pouvoir jamais épanouir leur disque oro-tentaculaire ni
profiter par conséquent des aliments saisis par le Crustacé.
C'est donc au-dessus et sur les côtés, et non pas au-dessous
de la coquille, que les Sag. parasitica peuvent vivre normale-
ment. C'est pourquoi le complexe : Sag. parasitica et Pag.
striatus se compose le plus souvent, non pas seulement
de deux organismes comme dans le complexe Ad. palliata
et Eup. Prideauxi (1), mais de plusieurs ; c'est-à-dire que sui-
vant l'étendue de la surface de la coquille occupée par un
Pag. striatus, il peut s'y trouver fixées jusqu'à six et sept
actinies.
On voit combien diffèrent les deux associations. La première,
-4c?. palliata et Eup. Prideauxi constitue une véritable Sym-
(1) Quelquefois <m observe deux Ad. palliata associées à un même Èup. Priieauxi. l>;m< ce cas,
les deux disques oro-tentaculaires sonl accolés â la place normale et chacune des deux actinies
n'a qu'une seule expansion pédieuse.
PAGURES ET ACTINIES 463
biose, c'est-à-dire que la vie en commun des deux êtres est
nécessitée à la fois par des services réciproques et par des par-
ticularités adaptatives d'organisation, en corrélation avec ce
mode de vie. La seconde : Sag. parasitica et Pag. striatus est un
cas de Mutualisme c'est-à-dire une association de deux êtres
se rendant des services réciproques, mais ces services n'ont pas
un caractère de nécessité absolue et ne dépendent pas d'adap-
tations corrélatives comme dans la Symbiose. Dans ce Mutua-
lisme, les deux organismes peuvent vivre indépendamment
l'un de l'autre, car les services qu'ils échangent sont de ceux
(pie l'on peut considérer comme étant « au-delà du nécessaire ».
C'est ainsi que le Pag. striatus suffisamment protégé par l'habi-
tude qu'il a, en cas de danger, de se rétracter brusquement,
au plus profond de sa coquille, peut vivre à la manière de tous
les autres Pagures qui ne possèdent pas d'autres modes de
protection. La Sag. parasitica, de son côté, peut vivre isolée
du Pag. striatus.
La défînitition que je viens de donner du Mutualisme diffère
un peu de celle qui a été donnée par E. van Benedex (iS75,
p. 69). Ce naturaliste désigne sous le nom de mutualistes : les
animaux qui vivent les uns sur les autres, sans être ni para-
sites, ni commensaux, exemple : caliges, argules des poissons,
cyames des baleines, vivant des sécrétions inutiles en échange de
l'hospitalité qu'ils reçoivent. Le même auteur désigne sous le
nom de Commensaux, les animaux qui prennent gîte ou trans-
port sur un hôte, sans en tirer d'autre profit ; exemple : Phro-
nymes dans les salpes, Palythoa axinellœ, Hydractinies des
coquilles des pagures. Il ne décrit pas l'ossociation de YEupag.
Prideauxi et de Y Ad. Palliata comme étant une Symbiose,
mais comme un cas de commensalisme libre.
(1) Klebs (1883i donne une acception beaucoup trop générale au mot : Symbiose. Pour lui, les
associations d'actinies et de pagures sont des cas de Raumparasitimus, désignation qu'il applique
à des faits souvent très distincts d'association et où le parasite, toujours externe, n'utilise de son
hôte que l'espace sur lequel il est fixé et ne lui demande qu'un support. Une opini m exactement
semblable a été exprimée par Y. Delage et HÉROUABD (1901, p. 515), au sujet île la Sag.
,n vrasitita-.
4'U L. FAUROT
Comment l'Eupagurus Prideauxi s'associe à l'Adamsia palliata ?
Les observations qui vont être exposées ont été faites dans
des conditions aussi rapprochées qu'il était possible de la vie
normale des organismes à étudier. Ceux-ci avaient été péchés
récemment, car un séjour prolongé en captivité aurait pu
diminuer l'excitabilité des Eup. Prideauxi. Plusieurs lots avaient
été faits : 1° Eup. Prideauxi nus, c'est-à-dire privés de coquille
et à' Ad. palliata. 2° Eup. Prideauxi logés dans des coquilles
adamsiées. 3° Coquilles adamsiées sans pagures. 4° Ad. palliata
isolées de leur coquille et ayant conservé leur forme annulaire.
5° Ad. palliata isolées de leur coquille et adhérentes par toute
leur surface pédieuse sur des surfaces à peu près planes, teHes
que de larges pierres ou des coquilles d'huître. Ces cinq lots
étaient repartis dans deux bacs à fond garni de sable et éclairé
par le haut. Dans ces bacs, l'eau, d'une hauteur de six à huit
centimètres, était renouvelée par un jet continu (1). Les ob-
servations étaient faites de préférence au lever du jour, ou
bien, tard dans la soirée, car les pagures, de même que d'autres
animaux marins, paraissent plus actifs à ces moments de la
journée, ce que l'on peut attribuer soit à des habitudes de
vie nocturne, soit à une accoutumance au faible éclairage qui
doit exister aux profondeurs de cinquante à quatre-vingts
mètres où vivent les Eup. Prideauxi, soit enfin à la diminution
des bruits extérieurs. Cependant, aucune manifestation n'a
été observée chez eux, en réponse aux bruits produits h leur
proximité. Il n'en est pas de même en ce qui concerne les vibra-
tions imprimées aux bacs.
Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit au sujet de l'agilité
des mouvements de Y Eup. Prideauxi en symbiose et nous con-
(1) L'an des bacs était plus spécialem 'ut destiné aux expériences ayant pour but la recherche
des effets produits par le contact immédiat ou le voisinage des actinies sur les Pagures uus ou
coquilles. J'évitai autant que possible tout mouvement inopportun, car dans certaines conditions
d'excitabilité, le champ visuel des Eup. Prideauxi peut s'étendre jusqu'à vingt ou vingt-cinq cen-
timètres. Dans ce but, une longue baguette de verre servait à déplacer soit les coquilles, soit les
Ad. pnlHatn, soit les pagures, etc.
PAGURES ET ACTINIES 465
sidérerons comme établi que les autres Pagures, notamment
le Pag. striatus, leur sont inférieurs à ce point de vue. Les rapides
allures des premiers cessent de se manifester s'il arrive qu'ils
soient brusquement séparés de leurs coquilles adamsiées. Il
semble alors qu'ils évitent leurs voisins mieux protégés ; ils de-
viennent plus craintifs, ou bien pour les biologistes auxquels
cette expression paraîtrait trop anthropomorphique, ils se trou-
vent dans un état de besoin physiologique que l'on peut attri-
buer à la privation de leurs moyens de défense et de leur mode
habituel de locomotion. Cet état, qui est une condition très
favorable pour pouvoir observer certaines manifestations sen-
sorielles des Eup. Prideauxi, doit, rarement peut-être, se
réaliser dans le cours de leur vie normale. Ceux-ci en effet,
je le rappelle, habitent constamment des coquilles adamsiées
et s'il arrive qu'aussitôt après la remontée de la drague ou du
chalut on recueille un assez grand nombre d'individus dont
l'abdomen est nu, ce n'est pas qu'ils aient vécu longtemps dans
cet état, mais pour cette raison que les heurts et les pressions
auxquels ils sont soumis durant les manœuvres du bord, les
ont arrachés violemment de leur abri. La preuve en est que
des coquilles adamsiées non paguriées sont trouvées dans
les mêmes engins de pêche en nombre sensiblement égal à
celui des Eup. Prideauxi nus. Ce n'est pas d'ailleurs sans beau-
coup de difficultés qu'il est possible d'opérer artificiellement
l'extraction des Eup. Prideauxi de leurs coquilles adamsiées.
Pour y parvenir, on maintient d'une main cette coquille,
tandis que de l'autre on attire le céphalothorax très brusque-
ment au dehors, de manière à prévenir la rétraction de l'abdo-
men. Si malgré cette précaution les crochets du telson s'agrip-
pent fortement à la coquille, il est inutile d'insister, car les
Eup. Prideauxi, de même que les autres Pagures placés dans
les mêmes circonstances, se laisseraient complètement déchirer,
ce qui peut être attribué ou bien à ce qu'ils sont peu ou pas
sensibles à la douleur, ou bien à ce que la douleur éprouvée
stimule la contraction plus fortement encore que le contact
i% L. FAUROT
des doigts sur le céphalothorax. Une autre conséquence
fâcheuse de ces tentatives d'extraction est l'autotomie assez
fréquente de une ou plusieurs pattes. Elle se produit au lieu
d'élection, malgré que l'on ait soin de ne jjas comprimer trop
fortement ces membres (1).
Observations. — Un certain nombre à' Eup. Prideauxi, les
uns nus, les autres incomplètement protégés dans des coquilles
non adamsiées, furent placés dans un des deux bacs dans les-
quels successivement des Ad. palliata sans coquilles, puis des
coquilles adamsiées, furent transportées. Au début il ne se
produisit aucune réaction à distance et les Eup. Prideauxi
semblaient ne rencontrer les coquilles adamsiées ou les Ad.
palliata isolées que par hasard, sans l'aide de la vision. Ainsi
se comportent, d'après G. Bohn, les Pagurus bernhardus à
l'égard des coquilles nues. Cette circonstance aurait été cer-
tainement une cause de grande perte de temps dans les obser-
vations, si je n'avais eu recours à la baguette de verre dans le
but de rapprocher ou d'éloigner à volonté les Eup. Prideauxi.
Ceux-ci se trouvaient ainsi, il est vrai, soumis en même temps
à deux excitations contraires : celle du contact de la baguette
d'un côté et celle de l'actinie de l'autre. Néanmoins, bien que
ce fussent là des conditions très anormales, la réaction attrac-
tive succédant au contact de Y Ad. palliata, était suffisamment
puissante pour annihiler complètement les effets opposés,
attitude de défense ou fuite, qu'aurait pu faire naître le contact
de la baguette. Il est remarquable que le contact d'une actinie
appartenant à une autre espèce que Y Ad. palliata, celui d'une
Sag. jximsitica, par exemple, n'est suivi d'aucune réaction.
Les Eup. Prideauxi s'éloignent même de cette dernière si leurs
(1) Cette aùtotomie n'a certainement pas, chez VEup. Prideauxi, une signification défensive.
De même que chez le Crabe on peut la provoquer en entamant fortement l'extrémité de la grande
pince. D'après Frédericq (1889), p. 257 (La lutte pour l'Existence, J.-B. Baillière), chez les Pa-
gures, de même que chez le Homard, l'Bcrevisse, le Palœmon, le Crangjn, l'autotomie ne se pro-
duirait pas de la même façon que chez le Crabe et la Langouste « par la contraction d'un seul
ou d'un petit nombre de muscles. Chez ces derniers seulement, l'autotomie aurait atteint son degré
de perfection, par suite de la soudure de l'articulation basi-ischiopodite. Le Homard, l'Ecrevisse
(et sans douteles Pagures), nous représenteraient un stade moins perfectionné au point de vue de
l'évolution de ce moyen de défense ».
PAGURES ET ACTINIES 46?
pattes rencontrent les tentacules très adhésifs. Dès qu'au con-
traire ces pattes touchent une Ad. palliata, celle-ci est immé-
diatement saisie. Ce sont particulièrement les Eup. Prideauxi
récemment extraits de leurs coquilles adamsiées qui m'ont
semblé les plus empressés à s'emparer de l'actinie. L'état de
jeûne, la fatigue et d'autres causes difficilement appréciables
ont sans doute une influence défavorable sur certains indi-
vidus qui demeurent indifférents au contact. En nous tenant
aux faits le plus généralement observés, deux cas peuvent se
présenter.
1° Un Eup. Prideauxi n'ayant pas l'abdomen abrité dans
une coquille est mis en contact avec une Ad. palliata séparée
de sa coquille et dont les deux lobes ont, ou bien conservé leur
forme en anneau, ou bien se sont écartés et largement étalés. —
Aussitôt que le plus léger contact s'est produit, car, ainsi que
l'a observé G. Bohn « la sensibilité tactile des pagures est mer-
veilleuse », Y Eup. Prideauxi saisit l'actinie, se place au-dessus
tandis que l'extrémité de son abdomen se meut comme pour
s'introduire dans une ouverture de coquille. Le telson se porte
au hasard de côté et d'autre et dans quelques cas je l'ai vu
s'arrêter avec persistance sur le péristome concave de Y Ad.
palliata. Ces mouvements qui, sans doute, sont réflexes, cessent
bientôt ; mais lorsque à l'aide de la baguette de verre on cherche
à éloigner le crustacé immobile au-dessus de l'actinie, il la
maintient fortement avec ses pinces et fuit en l'emportant.
Dans le cas où Y Ad. palliata a conservé sa forme annulaire,
on verra souvent le pagure s'y introduire après quelques tâton-
nements. Son abdomen sera alors plus ou moins à découvert,
tandis que le céphalothorax restera abrité. Ce gîte anormal
est d'ailleurs bientôt abandonné.
Lorsque Y Ad. palliata, au lieu d'être libre, non adhérente,
est fixée par sa surface pédieuse sur une pierre plate dont les
dimensions sont supérieures à celles d'une coquille, on pourra
observer soit des manœuvres semblables à celles que je décrirai
plus loin et qui sont faites comme dans le but de faire désa-
468 L. FAUROT
dhérer la surface pédieuse de l'actinie, soit, mais moins fré-
quemment, des tractions avec les pinces comme pour l'attirer
à lui.
2° Un Eupagurus Prideauxi logé dans une coquille nue,
non adamsiée est mis en contact avec une Ad. palliata qui,
ainsi que dans le cas 'précédent, n'est pas fixée sur une coquille
mais reste ou bien annulaire, ou bien prend une forme
aplatie.
Logé dans une coquille nue, non adamsiée, YEup. Prideauxi
est généralement plus actif que lorsqu'il était sans abri. Il
lui arrive même d'être agressif et de dépouiller de plus faibles
que lui. si ceux-ci sont revêtus d'une coquille adamsiée. Dans
ce but, il maintient le gîte convoité à l'aide de l'une de ses
pinces, tandis qu'avec l'autre il tire fortement son adversaire.
Il semble que l'inégalité de ses deux membres lui soit d'un
grand avantage pour exécuter cette manœuvre qui est sem-
blable à celle qu'il emploie quelquefois pour dilacérer une
proie trop volumineuse. Mais ce qu'il est difficile d'expliquer,
c'est le peu de résistance qu'offre souvent le Pagure saisi et
attiré et qui sort toujours de cette aventure avec son abdo-
men intact. Il n'en est pas de même, je le rappelle, lorsque l'ex-
périmentateur, tente par des moyens tout à fait comparables
d'extraire un pagure de sa coquille.
Lorsque YEup. Prideauxi logé ainsi dans une coquille est mis en
contact avec une Ad. palliata fixée sur une large pierre, il s'en
saisira aussitôt, se placera au-dessus et exécutera avec des in-
tervalles irrégulièrement espacés, des séries de contractions
qui se font de telle sorte que les pattes et l'abdomen se rappro-
chent brusquement du céphalothorax, pendant que les extré-
mités des pattes recourbées autour du corps de l'Actinie sem-
blent être disposées comme pour la maintenir et la rapprocher
du sternum. Les contractions se renouvellent généralement
jusqu'à ce que l'Actinie soit, non seulement détachée de son
support, ce qui se produit après une durée minimum de huit à
dix minutes, mais aussi jusqu'à ce qu'elle soit adhérente à la
PAGURES ET ACTINIES t69
coquille. Il est remarquable que, le plus souvent, ces contrac-
tions ne provoquent pas rémission des aconties dont le contact
d'ailleurs est parfaitement supporté par le Pagure, Dès que
Y Ad. palliata est détachée de son support, ou même avant qu'elle
le soit complètement, les contractions deviennent généralement
de plus en plus espacées sans que cependant YEup. Prideauxi
cesse de la presser au-dessous de son céphalothorax contre la
coquille (1).
On peut observer, alors que l'adhérence de la surface pé-
dieuse de l'Actinie sur la coquille du Pagure débute générale-
ment par la base de la région pharyngienne, que cette adhérence
s'étend graduellement aux deux expansions dont une partie recou-
vre, sans adhérer, une portion du céphalothorax de YEup. Pri-
deauxi. Nous avons dit que cette portion avait une étendue plus
ou moins grande suivant que la coquille abritait plus ou moins
l'abdomen de son habitant. Parfois le Pagure au lieu de se
placer, immédiatement après le contact, au-dessus de Y Ad.
palliata fortement adhérente sur la pierre plate et d'exécuter
les séries de contractions mentionnées plus haut, saisit l'Ac-
tinie avec ses pinces et la tire d'abord à lui. Il semblerait que
ce n'est qu'après de vains efforts pour l'emporter qu'il se décide
ou à l'abandonner ou bien à exécuter les manœuvres destinées
à la faire désadhérer et à la fixer sur sa propre coquille. Une
attitude différente peut encore se manifester chez YEup. Pri-
deauxi dans le cas où Y Ad. palliata aplatie n'est pas adhérente
à un support. Il arrive qu'ayant saisi cette dernière, il s'enfuit
en l'emportant au bout de sa pince pour la fixer ensuite sur sa
coquille (2).
(1) Ou trouvera dans L'ouvrage do Brehm (Les Crustacés, édition française, p. 741) le récit des
observations de Gosse sur le même sujet. Pour cet auteur, l'Adamsia se fixe à l'état jeune sur de
petites coquilles et à l'état adulte sur des grandes... Le Pagure peut d'ailleurs la fixer : « En la
saisissant avec ses deux pinces à tour de rôle... il la soulève de façon à appliquer son pied contre
la portion convenable de la coqu i lie... » SltJAET Wortley (1863) a également fait des observations
comparables à celles de GOSSE.
(2) Au cours d'une observation, j'ai vu un Eup. Prideauxi qui, étant parvenu à faire fixer
presque complètement une Ad. palliata sur sa coquille, agissait comme dans le but d'attirer avec
les extrémités des pattes une des deux expansions adamsiales qui, seule, n'était pas encore adhé-
rente et était trop éloignée de la coquille. Il parvint ainsi à la faire adhérer. C'est là un acte qui, eu
AECH. DE ZOOt. EXP. ET GEX. — 5U SÉRIE. — T. V. — (IX). 34
470 L. FAUROT
Les observations précédentes montrent que les Eup. Pri-
deauxi peuvent reconnaître les Ad. palliata sans utiliser leur
appareil visuel, uniquement au moyen de leur sensibilité tac-
tile. Cette sensibilité apparaît extraordinairement développée
si, prenant toutes les précautions nécessaires pour que la
vision n'entre pas en jeu, on place alternativement un Eup.
Prideauxi d'abord en contact avec une Ad. palliata et immé-
diatement ensuite avec une Actinie appartenant à une espèce
différente telles que : Sagartia arasitica, Heliactis bellis, Cory-
nactis viridis. Dans ces conditions, le Pagure s'emparera
immédiatement de la première dès que l'extrémité de ses pattes
ou de son abdomen l'aura touchée, tandis qu'il restera indif-
férent au contact des autres Actinies. Il semble donc que
V Eup. Prideauxi éprouve une impression tactile très spéciale que
l'on pourrait attribuer à un degré particulier de consistance ou
de contraction du corps de l'Actinie. On comprend que, vivant
constamment enveloppé par cette dernière, il ne puisse man-
quer, à chaque mouvement, de frôler légèrement les tentacules
ou les parois de la colonne et qu'il acquière ainsi, par expérience,
une très grande acuité de perception tactile. Cette interpré-
tation, cependant, est difficilement applicable au fait suivant :
Une Ad. palliata non coquillée fut enveloppée dans un mor-
ceau d'étamine de soie, de telle sorte que sa couleur et surtout
sa consistance se trouvèrent modifiées. Cependant, dès le pre-
mier contact, un Eup. Prideauxi saisit le paquet avec précipi-
tation et le garda sous lui, comme il aurait agi pour une Ad.
palliata non enveloppée. Cette expérience fut répétée plusieurs
fois avec succès. Quelle que soit l'explication que reçoive cette
observation, on admettra que la sensibilité tactile de YEup.
se plaçant au point de vue anthropomorphique, ne peul manquer d'être interprété comme
intentionnel.
Tout en ayant soin de ne pas confondre « L'interprétation avec l'observation », il est difficile
considérer d'une autre manière. Que nous le voulions ou non, écrit M. FI. Washbitrx
(1908, p. 13), nous sommes obligés d'être antbropomorphiques dans les idées que nous nous formons
de ce qui peut se passer dans l'esprit d'un animal : « ail psyehic interprétation of animal
behavior must be on the analogy of buman expérience ». Nous ne pouvons, d'autre part, on le
sait, discerner avec certitude s'il existe cbez les animaux dos impressions conscientes de même
nature que celles que nous éprouvons nous-mêmes,
PAGURES ET ACTINIES 471
Prideauxi est très développée, très discriminative à l'égard
de Y Ad. pal data et supplée à la vision, dans l'étendue où se
meuvent les pattes.
Persistance des impressions tactiles. Vision (1)
Des Eup. Prideauxi adamsiés mis en présence de coquilles
nue, sn 'échangeront jamais leur abri contre ces dernières et
resteront complètement indifférents à leur contact. Ces mêmes
Pagures, dépouillés artificiellement de leurs associées, se com-
porteront différemment à ce contact des coquilles nues, suivant
l 'une ou l'autre des circonstances suivantes : Si la séparation vient
d'être faite récemment, ils s'empareront d'une coquille nue avec
autant d'empressement que s'il s'agissait d'une Ad. palliata, en
partie pour ce motif sans doute que la privation de leur gîte éveille
en eux un très vif besoin de s'abriter, en partie aussi pour cet
autre qu'ils associent ou confondent deux impressions tactiles,
cependant très différentes : celle (pie provoque le contact
Au sujet de la vision, je rappelle que les yeux des Arthropodes supérieurs sont, au point de vue
dioptrique, construits sur deux types. D'après B. Dejioll (1910), la vision en mosaïque serait
propre aux « appositionsauge ». Dans l'autre catégorie d'yeux, l'ensemble de l'appareil dioptrique
des ommatidies pourrait fonctionner comme un seul œil et donner une image commune. D'après
Exner, les yeux à facettes seraient spécialement adaptés à la vision des objets en mouvement.
1?. Demoll n'admet pas cette opinion, comme étant trop absolue. Il l'ait remarquer que « dans le
cas où la vision des objets en mouvements ne se produit pas, on conclut toujours qu'un autre sens
odorat ou ouïe, a rendu l'animal attentif à l'objet immobile. On se meul ainsi dans un cercle vi-
cieux. Il est cependant évident qu'un objet en mouvement est extrêmement propre à provoquer
une réaction visuelle chez les crustacés et aussi les animaux supérieurs ».
Selon K. MlNCKIEWICZ (1909), il se fait chez les Maia une distinction inconsciente des cou-
leurs. Les Pag. bernhardus, Eup. Prideauxi, etc., ne manifesteraient leur chromotropisme que
s'ils sont placés dans un aquarium dont le fond est mi-partie coloré, l'éclairage étant diffus.,
b 11- distinguent le jaune du vert, plus nettement, mieux que nous ». Il est certain, dit-il ailleurs,
que ce n'est pas la luminosité de couleur qui joue ici un rôle prépondérant. E. Demoll, cependant,
après avoir fait allusion aux expériences de Mix< kiewicz sur les Maia, soulève cette objection
que la qualité de la lumière n'agit sans doute pas indépendamment de son! intensité, Dans I (lis
les travaux publiés sur la vision des Arthropodes, il ne se trouverait pas, suivant le même auteur.
de preuves suffisantes pour que l'on puisse affirmer l'existence d'une sensation spéciale des cou-
leurs : i Wohl sprich die gauze Blumensprachi dafur...
Tout récemment ll.-P. Cowles a trouvé que YOcypoda arenaria ne perçoil pas les couleurs,
mais n'est sensible qu'aux différences d'intensité de la lumière. Enfin, M. l'i.. Washburs (1908».
Mit observer que les hommes atteints de cécité des couleurs sont néanmoins capables de distin-
guer entre différents objets, ainsi qu'ils le feraient avec des yeux normaux. Les couleurs le plus
=iuvent rouge et verte qu'ils ne perçoivent pas, sont en effet pour eux de teinte plus ou moins
grisâtre. C'est pourquoi un animal, qui en apparence réagit aux couleurs, ne réa?it probablement
qu'a des différences de clarté.
472 L. FATJROT
de Y Ad. palliata et celle qui est due à la coquille. Il se peut
encore que l'impression plus forte et persistante causée par
J 'actinie se soit substituée à la seconde. Si, au contraire, la sépa-
ration est d'ancienne date, la réaction attractive produite par-
le contact de la coquille nue sera beaucoup plus faible et ce
n'est qu'après un temps plus ou moins long que le pagure
se décidera à y pénétrer. Pour interpréter ce dernier cas on
pourrait supposer qu'il y a à la fois diminution du besoin de
s'abriter et amoindrissement dans la vivacité des impressions
tactiles persistantes. Il est d'ailleurs facile de les faire renaître
en replaçant les Eup. Prideauxi en contact, même très court,
avec les Ad. palliata. L'observation suivante montre manifes-
tement que l'impression tactile éprouvée par un Eup. Prideauxi
au contact d'une Ad. palliata annihile toute autre impression
succédant immédiatement à ce contact.
Observation A : Un Eup. Prideauxi logé dans un
troche, Calliostoma sitratum, non adamsié et abritant très
incomplètement son abdomen, fut mis en contact avec une
Ad. palliata non coquillée mais ayant conservé sa forme
annulaire. Aussitôt après, le pagure abandonne son gîte,
se précipite sur l'actinie et tente de s'y loger immédiate-
ment, sans exploration préalable. A ce moment, je substitue
rapidement une Natice nue à l'Actinie, ce qui ne fut fait
qu'avec quelques violences à l'égard du Pagure qui maintenait
cette dernière avec force. En possession de la coquille, il tenta
également et sans délai d'y faire pénétrer son abdomen, bien
que cet organe ne rencontrât que la surface bombée de la coquille.
Remis de nouveau et brusquement en contact avec Y Ad. pal-
liata non coquillée, le Pagure continua au-dessus de celle-ci
ses tentatives de pénétration et, au bout d'une minute environ,
il parvint à l'endosser, l'extrémité de l'abdomen restant à
découvert. Dans cette observation, de même que dans les
précédentes, il m'a semblé que la vision du Crustacé n'était pas
entrée en jeu, car à chaque substitution, soit de la coquille à
l'Actinie, soit de l'Actinie à la coquille, l'intervalle qui sépa-
PAGURES ET ACTINIES 473
rait celle-ci ou celle-là du corps du pagure était très petit et
se trouvait situé en dedans des limites proximales du champ
visuel. Ces limites, nous le verrons, paraissent être relativement
éloignées. Je passe maintenant aux observations se rapportant
plus particulièrement au fonctionnement de l'appareil visuel.
Observation B. — Une Ad. palliata détachée de sa
coquille et de sa membrane fut transportée sur la face interne,
légèrement concave, d'une large coquille d'huître. L'Actinie
s'y fixa, perdant ainsi sa forme annulaire pour acquérir avec
des contours irréguliers un aspect aplati, sans autre relief que
celui de la région pharyngienne dressée dans la partie la plus
profonde de la cavité de la coquille. Cette coquille fut ensuite
retournée « sens dessus dessous », de telle sorte que YAd.
palliata aurait été complètement dissimulée, si l'extrémité de
couleur terne, grisâtre, de l'une des deux expansions pédieuses,
en dépassant le bord de la valve retournée, ne s'était montrée
sous forme d'une petite saillie de cinq millimètres de longueur,
sur environ sept à huit millimètres de largeur. Un Eup. Pri-
deauxi fut alors placé en contact avec ce lambeau immobile
dont ni la forme (1), ni les dimensions, ni la couleur ne parais-
saient devoir être pour lui une cause d'excitation visuelle.
Une des pattes l'ayant frôlé, immédiatement le lambeau fut
saisi et attiré. A l'aide de la baguette de verre je repoussai
le Crustacé à une distance d'environ dix centimètres en ayant
soin de ne pas mouvoir la valve d'huître. Sans aucune hési-
tation, immédiatement et directement, Y Eup. Prideauxi alla
au lambeau et le saisit fortement. Repoussé de nouveau dans
une direction différente et à une distance semblable, le Pagure
revint encore une fois, directement et avec la même promp-
titude. Il m'a paru évident que le lambeau d'Actinie n'a pu
produire une image suffisamment distincte de la coquille sur
laquelle il reposait. On ne peut donc que faire des suppositions
pour expliquer le retour en ligne droite et immédiat du Crus-
(1) Il est vraisemblable d'ailleurs que les Arthropodes ne distinguent pa> 1 1 forme des]obiets
et qu'ils n'en possèdent paî non plus une notion concrète.
474 L. FAUROT
tacé. Peut-être son appareil visuel stimulé indirectement par
le réflexe tactile a-t-il reçu une image dans laquelle se trouvaient
associées celle du lambeau et celle de la coquille ? En même
temps,, dans ses centres nerveux, la notion produite par cette
image se confondait-elle aussi avec celle d'abri ?
Observation C. — Dans la paroi d'une coquille relativement
volumineuse, le Cassis sulcosa. je pratiquai un orifice. Après
avoir fait adhérer une Ad. palliaia sur un des côtés de la
coquille, j'introduisis la baguette de verre dans cet orifice, afin de
faire mouvoir la coquille sur le fond du bac, au-devant d'un Ewp.
Prideauxi immobile. Tant que la coquille adamsiée fut maintenue
à une distance de quelques millimètres des antennes, le Pagure
parut indifférent. Il ne manifesta même aucune réaction au
contact de la coquille. Dès qu'au contraire le contact se produisit
avec F Actinie, elle fut saisie avec vigueur. J'éloignai alors la
coquille adamsiée maintenue avec l'extrémité de la baguette et
je dus la déplacer avec rapidité, car Y Ewp. Prideauxi se préci-
pitait pour la rejoindre. Tout en maintenant entre lui et la
coquille un intervalle de six à huit centimètres, je fis varier pen-
dant quelques instants la direction de la poursuite en dirigeant
ma baguette tantôt à gauche, tantôt à droite. Toujours, YEup.
Prideauxi modifia à temps le sens de sa course pour atteindre
directement YAd. palliaia en négligeant la coquille.
Observation D. — Une Ad. palliaia adhérait au sommet
d'une grosse Natica hebrœa, de telle manière que, face à l'ou-
verture, l'actinie n'était pas visible. Elle fut placée au milieu
d'un groupe d'Eup. Prideauxi logés dans des coquilles non
adamsiées. Un de ceux-ci, soit par hasard, soit guidé par la
vision, se rapproche lentement de l'actinie, la touche de l'ex-
trémité de ses antennes, puis s'éloigne. Il se rapproche encore,
la touche de nouveau avec les antennes et s'éloigne une seconde
fois mais pour revenir définitivement et après un dernier contact
s'emparer de YAd. palliaia toujours adhérente à la Natice. La
cavité de celle-ci avait été préalablement bourrée de ouate, de
i elle façon que le pagure ne put y faire pénétrer son abdomen. Je
PAGURES ET ACTINIES 475
fis lâcher prise au Pagure et je maintins la coquille adamsiée
à distance en la tournant du côté de l'ouverture. Bien que
l'Actinie fut presque complètement dissimulée, il alla directe-
ment à l'Ad. palliata en passant ses pinces par-dessus la Natice.
En comparant cette expérience avec les observations B et C,
il semble que les impressions tactiles résultant du contact des
antennes avec le corps de Y Ad. palliata ne paraissent pas
exciter aussi fortement l'acuité de l'appareil visuel du Pagure
que lorsqu'elles sont produites au moyen des pattes. De même
que dans les observations précédentes, c'est par ces dernières,
pourvues de poils tactiles que, selon l'expression fréquemment
employée, se déclancheraient, non seulement les notions asso-
ciées ou plutôt confondues de : gîte protecteur, Actinie, coquille,
mais aussi la mise en jeu de l'acuité visuelle qui, jusque là
était restée faible ou nulle. Il n'est pas douteux, cependant, que
les Eup. Prideauxi, nus ou revêtus de coquilles adamsiées,
peuvent voir, distinguer une Ad. palliata à distance avant
qu'ils soient soumis à un contact avec elle. Cette distance varie
de dix à vingt centimètres. Pour s'assurer de ce fait, il est bon
d'employer une petite soucoupe cylindrique de verre de six
centimètres de diamètre environ, dont on recouvre l'Actinie.
Au bout d'un temps plus ou moins long, on pourra voir quel-
ques-uns des Eup. Prideauxi placés aux distances ci-dessus
s'approcher et s'efforcer de saisir l'Ad. palliata à travers les
parois de la soucoupe. Il ne m'a pas semblé qu'ils fussent plus
facilement attirés par les parties plus vivement colorées de
la colonne que par les autres. C'est là un fait d'attention
spontanée (1) résultant probablement du réveil d'un état affectif
consistant dans l'impression qu'éprouverait le Crustacé à la
suite de la privation de son abri accoutumé. Le Pagure peut
donc voir spontanément, mais en général l'appareil de vision
(l) « Il y a deux formes bien distinctes d'attention : l'une, spontanée, naturelle, l'autre volontaire
artificielle. La première, négligée par la plupart des psychologues, est 1 ; forme véritable, primi-
tive, fondamentale de l'attention... L'attention spontanée c-~t la seule qui existe chez la plupart,
des animaux... elle a pour cause, des états affectifs ». Th. Ribot. PsifcTiolojie ih- F Attention iOe édi-
tion, 1908.
47fi L. FAUROT
du Pagure est }}lus fortement stimulé par l'image de Y Ad. palliata
après qu'avant un contact. Les observations qui précèdent
laissent en suspens la question suivante qui ne pourra être
résolue tant qu'on ne sera pas mieux fixé sur les conditions de la
visibilité chez les Arthropodes. Comment se fait-il que le Pagure
ait le pouvoir de distinguer une Ad. palliata immobile et placée
hors du contact de ses antennes, alors que d'après ce qui a été
dit plus haut, ni la forme, ni la couleur ne sont perçues par lui ?
Les objets en mouvement sont une cause évidente d'excitation
visuelle. Il a même été admis que la vision des Crustacés fonc-
tionnait exclusivement pour ces objets. Les Ewp. Prideauxi
qui, comparativement aux autres Pagures, ont, nous l'avons
dit, des allures très rapides paraissent être très bien doués sous
ce rapport. Si dans un bac où vivent quelques-uns de ces ani-
maux non adamsiés on place une Ad. palliata, et que deux
d'entre eux se disputent sa possession, on verra accourir
tous les voisins et la querelle sera beaucoup plus violente que
dans le cas où la cause du conflit serait un aliment. Leur
empressement à s'en rapprocher sera également plus vif, ce
que l'on peut s'expliquer non pas parce que l'image visuelle,
produite par Y Ad. palliata est suffisamment distincte pour ne
pas être confondue avec celle d'un aliment, mais parce que
les mouvements des deux adversaires sont plus précipités
que dans les cas où il se disputent un aliment. Il arrive aussi
parfois que si, accourant directement vers la mêlée, il s'en
trouve quelques-uns assez rapprochés, on les voit se jeter les
uns sur les autres avant d'atteindre le but et s'attaquer aussi
ardemment que s'il s'agissait de Y Ad. palliata. On peut donc
supposer que les Eup. Prideauxi, percevant à distance certains
degrés de rapidité dans les mouvements de leurs voisins, associent
des impressions anciennes d'aliments ou à'Adamasia avec les
impressions actuelles de ces degrés de rapidité ( 1 ) . Par conséquent,
si un de ces pagures est plus attiré à distance par une Ad. palliata
l iii « L'acte de l'animal résulte de l'association entre les impressions actuelles et les impressions
•■ Haoliet-Souplet.
PAGURES ET ACTINIES 177
que par un aliment ou une coquille nue, ce ne serait pas parce
qu'il fait une distinction véritablement concrète de ces objets ;
il n'y aurait là qu'une différence de degré entre les impres-
sions antérieures. L'observation suivante nous a amené à
rechercher quelle est l'étendue et quelles sont les limites du
champ visuel de YEup. Prideauxi.
Observation E. — Si on laisse flotter un tampon d'ouate
à la surface de l'eau courante d'un bac dont la profondeur
mesure environ huit centimètres, les antemies de YEup. Pri-
deauxi en observation s'orienteront dans la direction suivie par
le tampon. Le mouvement de ces organes se produira aussitôt
que le tampon arrive à une distance de quatre à six centi-
mètres environ de leurs extrémités, et cessera dès qu'il sera
éloigné d'à peu près la même étendue. Il est à remarquer que
l'orientation des antennes peut se produire aussi bien en arrière
qu'en avant et sur les côtés du Crustacé qui reste immobile
sans déplacer ses pédoncules oculaires. Le champ visuel n'oc-
cupe donc pas un secteur plus ou moins large au devant de
ces pédoncules, mais ses limites sont comprises dans un cercle
parfaitement régulier ayant pour rayon la longueur des antennes
plus quatre à six centimètres. Ces mesures dépassent de beau-
coup l'extrémité postérieure de la coquille adamsiée. Si, chez
YEup. Prideauxi, le champ visuel est de forme circulaire, c'est
grâce à son abri qui est aplati et comme moulé sur sa face dorsale.
C'est là un nouvel avantage à ajouter à ceux qui résultent de la
symbiose avec Y Ad. palliata, car il n'existe pas chez tous les pagu-
res, notamment chez le Pag. striatus dont le champ visuel est très
limité en arrière et latéralement lorsqu'il se trouve être associé,
soit avec les Sag. parasitica, soit avec les Suberiles do?tiuncula.
En outre, YEup. Prideauxi fait un usage constant de son grand
champ visuel, puisqu'il n'a pas l'habitude, commune aux
autres Pagures, de se cacher au fond de .a coquille (1).
(Il B*après R. Demoil i 1909 , le graud champ visuel îles Crustacés supérieurs, conditionné
par la disposition en facettes de l'appareil visuel, est nécessité chez ces animaux, ainsi que chez la
plupart des Insectes, par la dureté du squelette externe qui s'oppose à la flexibilité du corps.
178 L. FAUROT
L'observation faite à l'aide du tampon de ouate flottant sur
L'eau nous a renseigné sur la forme et sur les limites périphéri-
ques du champ visuel. On peut se demander maintenant jus-
fju'où ces limites s'étendent en se rapprochant du corps.
Elles sont certainement très voisines des attaches des membres
thoraciques, car, durant les mouvements que les Eup. Prideauxi
exécutent en faisant désadhérer une Ad. palliata, ou bien en la
faisant fixer sur leur coquille, ils ne paraissent pas faire usage de
leur vision. D'autre part, ils restent indifférents à la présence
d'aliments placés près d'eux, sans contact préalable (1). J'ajou-
terai que la longueur des pédoncules oculaires en surélevant le
plan du champ visuel au niveau de la surface supérieure du
céphalothorax contribue à éloigner les limites proximales de ce
champ.
Bien que le sujet de ce travail se rapporte plus particulière-
ment, dans ce chapitre, aux faits concernant l'association de
YEwp. Prideauxi avec Y Ad. palliata, je le compléterai cependant
en mentionnant trois manifestations d'activité de ce pagure,
étrangères à cette association.
Il est bien connu que les Pagures explorent et nettoient le
plus souvent la cavité des coquilles avant de s'y loger. Il arrive
aussi qu'ils reconnaissent la situation de la cavité de la coquille
bien qu'elle soit bourrée de ouate. Dans ces conditions, j'ai vu
des Eup. Prideauxi qui, étant privés d'abri, faisaient des tenta-
tives pour y enfoncer leur abdomen ; mais, de même que s'ils
avaient conscience de l'inutilité de leurs efforts, ils modifiaient
leur manière d'agir et paraissaient en choisir une plus conforme
au but à atteindre. C'est ainsi que, renonçant à faire pénétrer leur
abdomen, ils se retournaient et, arrachant la ouate avec leurs
pinces jusqu'à ce que la cavité fut complètement vide, ils s'y
logeaient ensuite. La particularité intéressante de ces actes
est la modification d'attitudes adaptée exactement aux cir-
(1) Bateson, cité par M. Kl. Washitrx (1908, p. 133) dit aussi que les Crevettes ne peuvent
voir les aliments qui leur sont enlevés, tout en les laissant à portée ; cependant, dès qu'un objet
passe entre les antennes et la lumière, elles dressent brusquement ces organes.
PAGURES ET ACTINIES 479
constances inhabituelles dans lesquelles se trouvaient ces Pa-
gures.
Si on passe la main entre la lumière (venant d'en haut) et
YEwp. Prideauxi, celui-ci rassemble souvent ses pattes et se
tient immobile. Si on l'extrait brusquement hors de l'eau
à l'aide d'une pelle grillagée, tantôt il fait « le mort » tantôt il
fuit rapidement. Ces manifestations de crainte peuvent aussi
se montrer lorsque le pagure est placé dans la main de l'obser-
vateur. La crainte paraît être une cause très puissante de varia-
tion dans les diverses réactions motrices observées chez YEwp.
Prideauxi. En cas de danger, celui-ci, il est vrai, n'a pas la res-
source qu'ont les autres Pagures de se dissimuler complè-
tement dans une coquille.
Après contact ou vision, si Y Ad. palliata ou bien la coquille
adamsiée est placée au-delà des limites du champ visuel d'un
Ewp. Prideauxi, celui-ci semble parfois les chercher en se dé-
plaçant çà et là. Il paraît véritablement quêter, ce qui £>eut être
interprété soit comme un effet de la persistance des impressions
tactiles ou visuelles, soit par un processus plus compliqué.
Comment le Pagurus striatus s'associe à la Sagartia parasitica ?
Je rappelle que les existences de ces deux organismes ne
sont pas nécessairement liées l'une à l'autre, pour cette raison
que les services réciproques qu'ils se rendent ne sont pas de
ceux dont la privation puisse être une cause de dépérissement.
Le pagure et l'actinie se passent même si facilement de ces
services que l'on peut se demander pourquoi l'un et l'autre sont
si fréquemment associés. Dire que la Sag. parasitica ne demande
que la mobilité à son support (1875) suppose bien chez celle-
ci une tendance très particulière, mais est une interpré-
tation très insuffisante, ne tenant aucun compte du rôle très
actif que joue le pagure dans la formation de l'association.
D'autre part, cette association se produit à une époque où
48'» L. FAUROT
la croissance des deux commensaux est déjà avancée, les jeunes
Pag. striatus n'habitant que rarement les coquilles sagartiées (1).
Tl semblerait donc que, devenu adulte, le Pag. striatus
acquiert une nouvelle habitude sans que, cependant, ses condi-
tions d'existence se soient modifiées. Peut-être étant plus vo-
lumineux, plus visible, est-il exposé à de plus grands dangers ?
Quoi qu'il en soit, il est certain que, grâce à l'abondance et à
la longueur de leurs filaments à nématocystes, les Sag. para-
sitica constituent pour le Crustacé de véritables organes de
défense qui s'ajoutent à la protection que leur offrent les
coquilles.
Gosse (1860) qui, le premier, a fait connaître que la Sag.
parasitica est « normalement mais non strictement parasite »,
raconte, d'après Percival Wright, qu'une Actinie de cette
espèce, fixée sur une coquille non habitée par un Pagure, aban-
donna la coquille pour se fixer sur une pierre. Quelques semaines
après, un Pagure fut placé dans le même récipient et aussitôt
se logea dans la coquille sur laquelle la Sag. parasitica se glissa
ensuite. Ce récit, où l'on voit l'Actinie s'éloigner d'une coquille
non paguriée pour y revenir ensuite alors que celle-ci est de
nouveau habitée, pourra paraître peu vraisemblable.
Cependant l'interprétation exagérément anthropomorphique
empruntée à un autre naturaliste : « Le Pagure et l'Ané-
mone se connaîtraient, ils seraient amis », illustre assez bien
les faits dont j'ai été moi-même témoin. De même que
d'autres Actinies, dites « fixées » les Sag. parasitica ne méritent
pas, à la rigueur, cette appellation ; car elles sont capables
de se déplacer, de se détacher et de se transporter d'un
support sur d'autres; mais parmi ces supports les coquilles
habitées par les Pagures sont peut-être plus facilement occu-
pées. Parmi les individus appartenant à cette espèce, ce sont
plutôt ceux qui sont momentanément non adhérents par leur
(1) Il en est ainsi dans les eaux de Banyuls. Sur les côtes d'Angleterre, Gosse (1860) a dragué
des Sag. parasitica fixées sur des petites coquilles, mais il ajoute que les Sag. parasitica adultes
« sont beaucoup plus fréquemment rencontrées que les jeunes et sont presque invariablement
fixées sur de gros Buccinum undatum ».
PAGURES ET ACTINIES 481
base pédieuse, couchés sur le fond ou même flottants, plutôt que
ceux qui sont fixés depuis un certain temps, qui sont capables
d'exécuter des mouvements manifestement coordonnés comme
dans le but de se déplacer vers les objets qui sont en contact
avec leurs tentacules. Il arrive fréquemment aussi que le
Pag. striatus provoque lui-même ce déplacement par des
mouvements également appropriés. Voici, dans ce dernier cas,
comment le Crustacé et l'Actinie se comportent habituellement.
Lorsqu'un Pag. striatus, logé dans un Cassis sulcosa ou un
Murex trunculus non sagartié, se trouve en contact avec une
Sag. parasitica fixée sur le fond d'un large bocal de verre,
l'Actinie est saisie avec les pinces et les pattes du premier, ainsi
que nous l'avons vu faire dans des circonstances analogues
par VEuj). Prideauxi à l'égard de Y Ad. palliata. Il y a cette dif-
férence cependant que le mouvement de prise est moins brusque.
L'extrémité des pattes réparties autour de la colonne, en palpe
très légèrement la surface. Dans le cas où l'Actinie est épanouie,
ses tentacules se rétractent d'abord plus ou moins, mais toujours
pour s épanouir à nouveau. Si au contraire elle est contractée,
il peut arriver que les tentacules se montrent en partie à l'ex-
térieur, ou bien qu'ils restent introversés pendant un temps
plus au moins long. Généralement, vingt minutes après le début
des palpations, une constriction annulaire (1) peu apparente
se montre dans la région moyenne de la colonne et chemine
très lentement vers le disque oro-tentaculaire ; en même temps
les tentacules s'épanouissent en laissant apparaître le péris-
tome. Il est remarquable que le contact de ces appendices sur
les membres du Crustacé n'est pas suivi d'adhérence, ce qui
ne peut guère être expliqué que par les mouvements continuels
de ces membres. Les griffes du pagure enserrent toujours l'Ac-
tinie et palpent plus particulièrement la région avoisinant les
bords du disque pédieux. Cette région diminue peu à peu de
diamètre et le disque se détache graduellement de son support.
(1) Alors que le Peachia hastata rampe à la manière d'une Synapte ou s'enlise, on observe éga-
lement des constrietions annulaires comparables aux constrastions péristaltiques de l'intestin.
4<s:> L. FAUROT
En même temps, les tentacules très épanouis se fixent sur la
coquille, tantôt au-dessous, tantôt sur les côtés de l'ouverture.
Le disque péristomien s'applique également sur la surface de
cette coquille et contribue à l'adhérence. C'est à ce moment
que la Sag. parasitica parait véritablement aller au-devant de la
coquille paguriée, car la base de sa colonne se courbe de telle
manière que le disque pédieux, complètement détaché, se rap-
proche à son tour de la coquille un peu plus haut ou un peu plus
bas que le point où les tentacules sont fixés. Il suffit alors que le
bord du pied de l'actinie touche la surface solide pour qu'aussitôt
l'adhérence s'y produise et s'étende peu à peu à toute l'étendue
de ce peid, tandis que les tantacules se redressent verticalement.
En somme, la Sag. parasitica a exécuté une véritable culbute
sur son extrémité orale pour venir adhérer un peu plus loin par
son extrémité pédieuse. Ses mouvements, on le conçoit, sont
très lents et, après fixation définitive sur la coquille, elle reste
encore courbée en arc de cercle pendant un certain temps.
L'exposé qui précède se rapporte, ainsi que je l'ai déjà dit,
aux cas les plus fréquents. Je noterai que parfois l'Actinie reste
contractée et adhérente au bocal, malgré que les palpations du
Pagure puissent se prolonger avec des rémissions pendant plus
de deux heures. Il arrive aussi qu'un Pagure se trouve en con-
tact avec une Sag. parasitica non fixée et épanouie. Dans ces
conditions, l'association des deux organismes peut se produire
sans la coopération du Pagure. Il suffit pour cela que les tenta-
cules de l'Actinie adhèrent à la coquille et que son coqjs,
en se renversant, culbute sur l'extrémité orale de la
manière qui a été décrite précédemment. Quelquefois enfin,
sous l'influence des mouvements de palpation. le disque pé-
dieux se détache sans que les tentacules s'épanouissent ; l'asso-
ciation se produit alors par l'adhérence directe du disque
pédieux sur la coquille. Dans ce dernier cas, l'adhérence se pro-
duit le plus souvent au-dessous de l'ouverture de la coquille
dans une situation qui est normale pour l'Ad. palliata, mais
que la Sag. parasitica ne peut conserver qu'en restant contractée.
PAGURES ET ACTINIES 483
En état d'épanouissement, en effet, le volume de sa colonne et la
longueur de ses tentacules exigent pour se développer un espace
moins exigu que celui qu'elle occupe entre le Pagure, la coquille
et le sol. Elle n'y reste pas moins adhérente bien qu'elle soit
exposée à chaque instant à des heurts et à des frottements,
ainsi qu'en témoignent parfois les dénudations épidermiques
observées sur les individus fixés depuis longtemps dans cette
situation.
Le nombre des Sag. parasitica fixées sur une coquille pagu-
riée n'est limité que par l'étendue de la surface de cette coquille,
figure I. Il est de six à sept au maximum sur le Murex trun-
culas et le Cassis sulcosa, augmentant ainsi notablement le
poids traîné par le Pag. strialus, sans toutefois modifier
l'équilibre de sa charge. Dans ces agglomérations, en effet, les
individus placés à droite et à gauche sont en général suffisam-
ment volumineux pour faire « balancier ». Il n'y a dans cette
disposition, qui a été également signalée par L. Roule dans
les colonies de Palythoa commensales avec un Pagure (1),
aucune corrélation bien évidente avec le commensalisnir.
Elle résulte probablement de ce que les individus latéraux
ont plus d'espace pour se développer ou bien profitent plus
avantageusement que les autres des débris d'aliments échappés
au Pagure (2).
Les mouvements du Pag. striatus que j'ai désignés sous le
nom de palpations ressemblent à ceux qu'il exécute lorsqu'il
explore une coquille avant d'y faire pénétrer son abdomen. Ils
sont cependant plus menus et surtout plus continus que ces
derniers. Ils sont très différents de ceux que j'ai observés chez
Y E upagurus Prideauxi occupé à faire désadhérer et à s'associer
une Adamsia palliata. Ce dernier, en effet, semble surtout
(1) A Banyuls un Epizoanthus vit également en commensalisme avec] un Paçure : l'Anapa-
gurus lœvis. Thomson.
(2) On observe quelquefois une autre Actinie : Chitonaetis coronata, intercalée entre les Sag.
parasitica. C'est là un fait accidentel résultant de ce que le Chitonaetis coronata s'est fixé direect-
ment sur la coquille. 11 peut aussi être attribué à ce que le Pagwrus striatus ne discrimine pas les
Sag. parasitica des autres formes d'Actinies aussi bien que les Eupagurus Prideauxi à L'égard de
'Ad. palliata.
484 L. PAUROT
s'efforcer d'attirer l'Actinie avec ses pattes et il se contracte
par saccades, jusqu'à ce que la surface pédieuse soit en contact
avec la coquille. Malgré ces différences, le résultat des mouve-
ments décrits chez ces deux espèces de Pagures est le même :
la désadhérence d'une Actinie de son support et sa fixation sur
la coquille habitée. Il importe d'ailleurs de remarquer que les
Pag. striatus et les Ewp. Prideauxi appartiennent à deux genres
distincts, ce qui suffirait peut-être pour expliquer que leurs
habitudes héréditaires ne soient pas identiques. D'autre part, le
corps de Y Ad. palliata non adhérent est mou, informe et j>resque
inerte ; celui de la Sag. parasitica, dans les mêmes conditions,
reste relativement dur, conserve une forme cylindrique et
semble réagir plus activement aux contacts mécaniques. On
peut donc supposer que Y Ewp. Prideauxi doit nécessairement
agir par pressions brusques et répétées pour rendre la première
excitable, tandis qu'au Pag. striatus il suffit de légères palpa-
tions pour obtenir le même résultat. Nous avons vu d'ailleurs
que l'épanouissement de la Sag. parasitica est un état favorable
pour que ce dernier puisse aider à son adhérence à la coquille.
Il y a à signaler qu'avec des moyens artificiels, imités des
palpations du Pag. striatus, il est possible de faire désadhértr
une Sag. parasitica fixée sur les parois d'un large bocal de verre.
Dans ce but, on frôle et on tapote légèrement avec une ba-
guette de bois la surface du corps de celle-ci. Au bout d'une
demi-heure environ (1), les bords seuls du disque pédieux se
détachent, mais toute la sole devient libre ensuite. Chacun des
chocs pratiqués avec la baguette de bois, de même que chacune
des palpations exécutées par le Pag. striatus, n'auraient sans
doute été suivies d'aucun effet appréciable, s'ils n'avaient été
répétés d'une façon continue. Ils n'ont agi qu'en raison de
leur effet d'accumulation. C'est là un phénomène bien connu
des physiologistes.
(1) Cette expérience n'a réussi que sur des individus fixés depuis peu de temps et épanouis.
On obtiendrait peut-être le même résultat sur des spécimens contractés et fortement adhérents en
ayant soin de continuer les chocs avec la baguette pendant une heure ou plus.
PAGURES ET ACTINIES 485
Une réaction motrice particulière peut être observée si on
a soin, avec la baguette de bois, de ne frapper d'une façon con-
tinue que sur une des faces de la colonne et vers la base de
celle-ci. Dans ce cas, après que l'Actinie aura subi pendant un
certain temps une série de chocs répétés rapidement, on la
verra progresser, très lentement sans doute, de quelques centi-
mètres. En renouvelant les tapotements à des intervalles va-
riables de deux à trois heures, on arrive ainsi à faire parcourir
à la Sag. parasitica une distance d'inviron trente centimètres.
Durant cette progression, cette fuite, les bords du limbe pédieux
se détachent et se relèvent du côté frappé et il n'est pas dou-
teux, qu'à la longue, la désadhérence ne s'étendrait à toute la
partie de la surface pédieuse restée fixée aux parois du bocal.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
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des cloisons chez les Hexactinies. (Arch. de Zool. Exp. et Gén.
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Pagures et les — ) (voir Faurot), p. 421.
Adamsia palliata Forbes (Etude sur les Asso-
ciations entre les Pagures et les Actinies :
Eupagurus Prideauxi Heller et — ) (voir
Faukot), p. 421.
Alcyonidium nouveau (Alcyonidium Topsenti
n. sp.) (Description d'un ■ — ) (voir Roeh-
rich), N. et R., p. clxv.
Alcyonidium Topsenti n. sp. (Description d'un
Alcyonidium nouveau — ) (voir Roeheich)
N. et R., p. clxv.
Amœba mueieola Chatton, Protozoaires para-
site des branchies des Labres (voir Chat-
ton), p. 239.
Amœbiens (Essai sur la structure du noyau et
la mitose chez les — . Faits et théories)
(voir Chatton), p. 267.
Aphya (Sur le3 reins des — ) (voir Guttel),
N. et R., p. I.
Arago (Bibliothèque du laboratoire — ), N. et
R., p. xxxiv, xcix, cxlv et clxix.
Araneœ (Seconde série). Biospeologica XV
(voir Simon), p. 49.
Ascaris (Le système nerveux de 1' — , d'après
les travaux récents (Revue critique) (voir
Rouville), N. et R., p. LXXXI.
Beauchamp (P. de) et B. Collin. Quelques
documents sur Hastatella radians Erlan-
ger, N. et R., p. xxviii.
Bibliothèque du laboratoire Arago. Mémoi-
res et volumes isolés.
Lettre S. (suite). — N. et R., p. xxxiv.
Lettre T. — N. et R., p. xxxv, xcix et
CXLV.
Lettre U. — N. et R., p. cxlvii.
Lettre V. — N. et R., p. cxlvii et clxix.
Biospeologica.
XIV. — ■ Essai d'une nouvelle classification
des Sylphides cavernicoles (voir Jeannel),
p. 1.
XV. — Araneœ et Opiliones (Seconde série)
(voir Simon), p. 49.
XVI. — Enumération des grottes visitées,
1908-1909 (Troisième série) (voir Jeannel
et Racovitza), p. 67.
XVII. — ■ Symphyles, Pselaphognathes, Poly-
desmoïdes et Lysiopétaloïdes (Myriapodes)
(Première série) (voir BrOlemann), p. 339.
Brôlemann (H.-W.). Symphyles, Pselapho.
gnathes, Polydesmoïdes et Lysiopétaloïdes
(Myriapodes) (Première série). Biospeolo-
gica XVII, p. 339.
Chatton (E.). Le kyste de Gilruth dans la
muqueuse stomacale des Ovidés, N. et R.,
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Chatton (E.) et B. Collin. Sur un Acinétien
nouveau commensal d'un Copépode, Rhab-
dophrya trimorpha n. g., n. sp., N. et R.,
p. cxxxvm.
Chatton (E.). — Protozoaires parasites des
branchies des Labres • Amœba mueieola
Chatton, Trirhodina labrorum n. sp., Appen-
dice : Parasite des Trichodines, p. 239.
Chat'on (E.). Essai sur la structure du noyau
et la mitose chez les Amœbiens. Faits et
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des embryons et régénération des bran-
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INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
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chez la Saeculine, N. et R., p. xxxvii.
Kyste de Gilruth (Le — dans la muqueuse
stomacale des Ovidés) (voir Chatton),
X. et R., p. cxrv.
Labres (Protozoaires parasites des branchies
des — ) (voir Chatton), p. 239.
Léger (L.) et O. Duboscq. — Selenococei-
dium intermedium Lég. et Dub. et la sys-
tématique des Sporozoaires, p. 187.
Leioehone clupeata (Notes histologiques sur
la — ) (voir Joyet-Layergne), X. et R., p. ci.
Lucernaridès (Sur le développement des — )
(voir Wietrzykowski), N. et R., p. x.
Lysiopétaloïdes (Myriapodes) Biospeologica
XVII (voir Brolemann), p. 339.
Marchai (P.). Observations biologiques sur les
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Microphotographie stéréoscopique (Un appa-
reil pour la — et son utilisation en systéma-
tique) (voir Quidor), X. et R., p. lxvii.
Mitose chez les Amoebiens (Essai sur la — )
(voir Chatton), p. 267.
Myriapodes : Symphyles, Pselaphognathes
Polydesmoïdes et Lysiopétaloïdes (Première
série) Biospeologica XVII (voir Brole-
mann), p. 339.
Xoyau des Amœbiens (Essai sur la structure
du — ) (voir Chatton), p. 267.
Opiliones (Seconde série) Biospeologica XV
(voir Simon), p. 49.
Ovidés (Le kyste de Gilruth dans la muqueuse
stomacale des — ) (voir Chatton), X. et R.,
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Pagures misanthropes (Contribution à la bio-
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p. XLIII.
Pagurus strialus Latreille et Sagartia para-
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les Pagures et les Actinies — ) (voir Faurot),
421.
Polydesmoïdes (Myriapodes) Biospeologica
XVII (voir Brolemann), p. 339.
Polyembryonie chez la Saeculine (voir Kol-
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Poyarkoff (E.). Incubation des embryons
et régénération des branchies chez les Cyclas
(Sphœrium corneum L.), X. et R., p. CXXV.
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Labres : Atnœba mucicola Chatton, Trichodina
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Pselaphognathes (Myriapodes) Biospeologica
XVII (voir Brolemann), p. 339.
Pyrénées catalanes (Nouveaux Sylphides caver-
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Quidor (A.). Un appareil pour la micropho-
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(Sphœrium corneum L.) (voir Poyarkoff),
X. et R., p. cxxv.
Reins (Sur les — des Aphya, Tripterygion et
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Rhabdophrya trimorpha n. g. n. sp., Acine-
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(voir Chatton et Collin) N. et R., p.
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Ribaut (H.). Races de Stigmatogaster grad-
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Rœhrich (O.). Description d'un Alcyoni-
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critique), X. et R., p. lxxxi.
Russ (E. L.). Beitrâge zur Kenntnis der Kopf-
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lar und Maxillar-Driisen), N. et R., p. lxi.
Saeculine (Un cas de polyembryonie chez la — )
(voir Kollmann), N. et R., p. xxxvir.
Sagartii parasitica Gosse (Etude sur les asso-
ciations entre les Pagures et les Actinies :
Pagurus st iatus Latreille et — ) (voir Fau-
rot), p. 421.
Selenococcidium intermedium Lég. et Dub. et
la systématique des Sporozoaires (voir
Léger et Duboscq), p. 187.
Sylphides cavernicoles nouveaux des Pyrénées
catalanes (Note préliminaire) (voir Jean-
nel), N. et R., p. cxlix.
Svlphides cavernicoles (Essai d'une nouvelle
classification des — ). Biospeologica XIV
(voir Jeannel), p. I.
Simon (E.). Araneae et Opiliones (Seconde
série). Biospeologica XV, p. 49.
Sphœrium corneum L. (Incubation des em-
bryons et régénération des branchies chez
les — ) (voir Poyarkoff), X. et R.,
p. cxxv.
Sporozoaires (La svstématique des — ) (voir
Léger et Duboscq), p. 187.
Stigmatog tster gracilis (Mein) (Races de — )
(voir Ribaut), X. et R., p. xli.
Symphiles (Myriapodes) Biospeologica XVII
(voir Brolemann), p. 339
Tachinaires (Observations biologiques sur les
— ) (voir Marchal), N. et R., p. lv.
Tiques (Sur les glandes salivaires de quelques
espèces de — ) (voir Elmassian), p. 379.
Trichodina labrorum n. sp., Protozoaire para-
site des branchies des Labres (voir Chatton),
p. 239.
Trichodines (Parasite des — ) (voir Chatton),
p. 239.
Trichopterenlarven (Beitrâge zur Kenntnis
der Kopfdriisen der — ) (voir Russ), X. et
R., p. lxi.
Tripterygion (Sur les reins des — ) (voir Gui-
tel), N. et R., p. I.
Wietrzykowski (W.). Sur le développement des
Lucernaridès, N. et R., p. X.
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