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EXPÉRIENCES
SUR
LES VÉGÉTAUX,
SPÉCIALEMENT
Sur la Propriété qu’ils possèdent à un haut degré 9
foit d’améliorer l’Air quand ils font au foleil ,
foit de le corrompre la nuit , ou lorfqu’ils font
à l’ombre ;
AUXQUELLES ON A JOINT
Une Méthode nouvelle de juger du degré de faluhriti
de /’ Atmosphère.
Par Jean INGEN-HOUS^Z , £onfeiller Aulique ,
& Médecin du corps de Leurs Majeftés Impériales &
Royales , Membre de la Société Royale de Londres ,
Sec. Sec.
Traduit de l’anglois, par l’Auteur,
fi/ m -
i0 K
t*
0; „
y' JÉhpf^p.^vDlDOT le jeune, Libraire-Imprimeur de MONSIEUR,
3V ** Onai ripe Aumiftinc.
A PARIS,
2 jeune , Libraire-Impi
Quai des Auguftins.
A MONSIEUR
JEAN P R IN G LE;
CHEVALIER BARONET,
Médecin du Roi de la. Grande-Bretagne 9
ci-devant Prélîdent de la Société royale
de Londres , membre de l’Académie
royale des Sciences de Paris, &c. &c.
r
Monsieur,
La reconnoiffance des fervices , efl un
tribut dû à nos bienfaiteurs ; cefl une
dette qu il faut acquitter comme toutes les
autres . S il n ef pas en notre pouvoir de pro-
portionner les effets de notre reconnoiffance
a ij
i
iv É P I T R E
à la grandeur du bienfait reçu , au moins
faut-il employer tous les moyens qui nous rej-
tent , pour la témoigner par les fentimens
du cœur.
lé ingratitude paffoit cheqles anciens Grecs
pour un crime des plus noirs & des plus
tnéprifables , tendant directement à empêcher
les effets d’une bienveillance mutuelle , &
à brïfer les liens de l'amitié , cette fource de
la félicité humaine , fans laquelle la vie ejl
fans jouiffances. L ingrat , convaincu de fa
haffeffe , a honte de Je préfenter devant jon
bienfaiteur , parce qu’il le regarde comme un
juge qui a déjà prononcé fur lui une fentence
jufie & févère : il cherche des prétextes pour
rompre avec lui; pendant que le bienfaiteur ,
ne voyant dans l’ingrat qu’un monfre in-
digne de fes regards , perd l’envie d’ouvrir fon
cœur à d’autres.
Perfonne au monde n a plus de motifs de
reconnoiffance , que je piofeffe en avoir
envers vous , Monsieur ; vous ni ave-j
comblé de civilités , quoique je n’euffe ja-
mais été dans le cas de vous rendre Jervice.
Vous me donnâtes votre amitié prefque au
moment que je fis votre connoiffance ; & vous
voulûtes bien encourager mon ardeur pour
l’étude de la médecine , en me communiquant
les lumières que vous aveq acquifes par une
vie laborieufe , une longue expérience > par un
J
DÉDICATOIRE. v
file infatigable dans les hôpitaux militaires
pendant la guerre , & par une pratique heu-
reufe , dont votre célèbre ouvrage fur les Ma-
ladies des Armées fournit le témoignage
le plus éclatant , tandis quil ef en même
temps un bienfait permanent pour les géné-
rations préfentes & futures.
Vous niaveq toujours donné l’avis le plus
fincère fur la meilleure méthode que je devois
fuivre pour parvenir à mon but , & fur le
choix des perfonnes qu’il me convenoit de
fréquenter pour me perfectionner dans les
différentes branches de la médecine & de la
phyfique , dont je faifois mes délices.
Enfin , Mo N si eu R , c éflvous qui , parmi
tant de favans refpcclables ? dont l’amitié a.
fait fur mon cœur les imprefiions les plus
profondes , aveq contribué plus que per-
fonne au bonheur particulier dont j’ai joui
pendant tant d’années , dans ce pays ;
bonheur qu’un .homme libre & indépendant
trouve dans la pour fuite de la fageffe & des
fciences , avec ceux qui fe font diflingués
par leurs talens & leurs connoiffances.
_ Mais , Monsieur , parmi les obliga-
tions que je vous ai , il en eft une dont l’i-
dée feule me remplit de refpecl & de grati-
tude pour vous. V ms m’aveq rendu un fer-
vice , dont je ne faurois m’empêcher de faire
mention , quoique je fâche ce que votre mo-
a iij j
Vj ÉPITRË
de fil e fouffriroit en m entendant exprimer
mes véritables fentimens à Cet égard .
P êrmetteq-moi de vous offrir un tribut
public de ma reconnoijjance ; c’efi le feul
moyen qui foit en mon pouvoir , de vous remer-
cier d’une faveur d’autant plus généreufement
placée fur un étranger , qu il n en av oit jamais
Jolhcité aucune auprès de vous. Vous m’aveq^
recommandé , J ans autre motif que votre ami-
tié pour moi , aux Augufes Souverains delà.
Maison d' Autriche , dont la grandeur
d’ame efl égale à l’élévation de leur rang .
Après avoir effuyé fucceffvement plufeurs
pertes par un terrible fléau , la petite-vé-
role , ces refpeclables Monarques réfolurent
enfin d’en arrêter le progrès dans leur Au-
g u fie Maifon , & ordonnèrent à leur Am -
b a. fadeur de leur envoyer d’ Angleterre un
Médecin capable de remplir cet objet impor-
tant , en inoculant la petite-vérole ci ceux
des Princes qui av oient jufqu alors échappé
d l’ infection. On vous conjulta dans cette
occafion ; vous me proposâtes , & m’ou-
vrîtes ainfi la porte à la fortune & aux
honneurs.
Je dois donc à votre amitié feule 9 le de-
gré de réputation &^ious les avantages aux-
quels f av ois heu de m’ attendre , après avoir
été aujfi publiquement & honorablement appelé
d’un pays éloigné près de Monarques
DÉDICATOIRE. vij
di flingues par leur puiffance & par leur gran-
deur d'âme , dans un temps où de funejles
événemens , caufés parla petite-vérole , avoient
porté plus de déjolation dans cette Augufie
Famille feule , que dans toutes les autres
Maifons régnantes de F Europe ; après avoir
contribué aubonheur & à la tranquillité de tant
de Princes qui , élevés fous les yeux &
par les foins maternels de la plus vertueufe
Princeffe , font devenus les hommes les plus
intéreffans pour le genre humain , & ont rem-
pli le monde dune jufle attente du bonheur
quils doivent lui procurer.
Outre les bienfaits les plus, fignalés , dont
cette Augufle Princeffe ma comblé , je dois
encore aux fentimens flatteurs que vous ave ^
toujours eus pour moi , l’honneur peu com-
mun quelle a bien voulu me faire , en ni é-
crivant de fa main facrée , d’après DlEU,
elle doit à mes foins la confervation de
trois fils , & q^ie je dois juger de la force
de fa reconnoiffance pour moi , par fa
tendreffe pour fes enfans. Un témoignage
auffi authentique de fa bienveillance , ex-
primé par des paroles auffi fortes, furpajfe
mes mérites & mes vœux j & , ne me per-
mettant pas la plus légère crainte fur la fia-
bilité de fa proteclion , me pénètre des fen-
timens de la plus vive & de la plus refpec-
tueufe reconnoiffance..
vnj ÉPITRE DÉDICATOIRE.
Des fervices aujji grands & aujji multi-
plies 9 ne me permettent pas de quitter ce pays
fans vous laiffer un témoignage public de
mes fentimens. Je n’ai pu m’ acquitter de ce
devoir envers vous , Monsieur , fans hâ-
ter l imprejjion de cet ouvrage, avant de l’a-
voir porté au point de perfection oit je l’eu (Te
defiré. S’il m’eût été pojfible de paffer ici
l hiver prochain , peut-être aurois-je pu le
rendre plus digne de paroitre fous vos auf-
pices. Je vous le préfente tel qu’il efl , &
vous prie de vouloir le confidérer comme une
marque publique du refpecl & de la gratitude
que je conferverai pour vous toute ma vie ,
& avec lefquels j ai l honneur dé être ,
Monsieur ,
Votre très -humble & très-
obéiffant ferviteur , & ami ,
Jean Ingen-Hqusz.
Londres 3 ce 12 Octobre '77p.
PRÉFACE.
L’air commun, ce fluide invifible, fans
lequel nous ne pouvons vivre , 8c dont tout
notre globe efl: entouré , fe trouve aujour-
d’hui, plus que jamais, l’objet des recher-
ches 8c des méditations des Phyficiens ; 8c
jamais le public n’a montré autant de cu-
riolité pour les découvertes phyfiques ,
qu’il en fait voir à préfent pour les phé-
nomènes qu’offre cet élément. Ce fluide,
univerfellement répandu par- tout, le fou-
tien de la vie, mérite efautant plus l’at-
tention 8c la recherche des philofophes ,
qu’il efl: l’unique fubftance d’une nécèfîité
fi abfolue pour la confervation de notre
vie, que nous pouvons à peine fubfifler
un feul moment fans lui. D’ailleurs , nous
favons avec certitude , que de la bonne
ou mauvaife qualité de cet élément, dé-
pend en grande partie le bon ou mauvais
état de notre fanté. Il n’y a pas de poifon
connu capable de détruire li promptement
la vie d’un animal , que la privation totale
X
PRÉFACE.
de l’air refpirable , ou la refpiration d’un
air devenu nuifible au fuprême degré, tel,
par exemple, qu’eft l’air inflammable. On
verra dans le cours de cet ouvrage, que
les mêmes plantes qui , expofées à l’in-
fluence de la lumière du foleil , corrigent
l’air vicié par la refpiration des animaux ,
& par un grand nombre d’autres caufes;
que ces plantes, dis-je, dans des circonf-
tances différentes , empoifonnent telle-
ment l’air commun, qu’au lieu d’entrete-
nir la vie, il l’éteint dans un inflant. On
doit aux travaux de quelques philofophes
de notre fiècle , les principales décou-
vertes qui ont déjà jeté beaucoup de jour
fur la nature de ce fluide univerlellement
répandu fur la furface de la terre. Mais,
fi les Phyficiens fe font occupés de cet
élément avec un fuccès aufli marqué, il efl
temps que ceux dont la profeffion & le
devoir font de conferver la fanté, & de
guérir les maladies , s’en occupent de
même. En effet, nous devons remarquer
que la nature atellement formé nos organes
de la digeflion , qu’ils fouffrent indiffé-
remment les alimens les plus Amples &
PRÉFACE. xj
les plus vulgaires, comme les mets les
plus recherchés, & que, par cette raifon,
le riche & l’artifan fe trouvent également
nourris & parviennent au même âge ,
tandis qu’il s’en faut beaucoup que les
organes de la refpiration aient la même
latitude, c’eft-à-dire, s’accommodent éga-
lement de toutes fortes d’air. Non, il n’eft
point indifférent quelle efpèce d’air nous
refpirons , puifqu’il eft certain que nous
perdons bientôt lafanté, ainfi que la force
& l’agilité de nos membres , fi nous fournies
quelque temps enveloppés d’une atmos-
phère impure , & que dans peu de temps
nous nous trouvons accablés d’infirmités ,
qui tendent direftement à détruire la vie
même. Si nous confidérons , dis-je , l’im-
portance infinie de la purete de 1 air pour
la confervatioh de notre exiftence & de
notre fanté , nous conviendrons aifément
que les qualités de cet élément univerfel
intéreffent de plus près le Médecin que
le Phyficien; & qu’il eft même d’un devoir
indifpenfable pour le premier, de s’effor-
cer d’acquérir dans cette partie toutes les
connoiffances poffibles.. C’eft comme Mé-
xij PRÉFACE.
decin, encore plus que comme Phyficien,
que j’ai fait de ce fujet important un objet
de mes recherches.
Quoique les expériences qui font le fu-
jet de cet ouvrage , aient été toutes faites
dans le courant de l’été de 1779, l’envie
d’entrer dans cette carrière m’étoit venue
plus anciennement : il ne m’a manqué ,
pour entreprendre ce travail plufieurs an-
nées auparavant, que la difpofition favo-
rable d’efprit & de corps , nécelfaire pour
une entreprife dans laquelle on a be-
foin de fermeté, de perfévérance, & d’une
attention foutenue qui ne foit détournée
par aucun objet étranger.
Lorfque je trouvai dans les ouvrages de
ce génie inventeur, de ce célèbre Phyh-
cien , le dofteur Priejlley , l’importante
découverte que la végétation d’une plante
devient plus vigoureufe dans un air putride,
& incapable d’entretenir la vie d’un ani-
mal; & qu’une plante renfermée dans un
vafe plein d’air devenu mal-fain par la
flamme d’une chandelle, rend de nouveau
à cet air fa pureté primitive , & la faculté
d’entretenir la flamme , je fus faili d’admi-
P R É F A E C . xîîj
ration. Je n’ai même pu lire qu’avec une
efpèce de raviffement, l’application heu-
reufe que le célèbre Chevalier Pringle a
faite de cette découverte , dans le difcours
éloquent qu’il a prononcé devant l’affem-
blée de la Société royale des Sciences
de Londres, en novembre 1773 , lorfque,
en qualité de Préfident de ce corps ref-
peâable de Savans, il remit le prix annuel,
la médaille d’or , au dofteur Priejlley ,
comme un témoignage honorable de l’ap-
probation due aux travaux qu’il a en-
trepris avec un fi grand fuccès fur la nou-
velle doârine de l’air. « Ces découvertes,
dit le favant Préfident, » nous démontrent
» clairement qu’aucune plante ne croît
» en vain ; mais que chaque individu dans
» le règne végétal , depuis le chêne des
» forêts jufqu’à l’herbe des champs, eft
» utile au genre humain ; que les plantes
» mêmes qui femblent n’être douées d’au-
» cune vertu particulière, contribuent ce-
» pendant , de concert avec toutes les au-
» très, à entretenir notre atmofphère dans
» le degré de pureté néceffaire pour la vie
» des animaux. Les plantes venimeufes
XIV
PRÉFACE.
» elles -mêmes coopèrent à ce bienfait,
» avec celles qui fe diftinguent par leurs
» bonnes qualités. Enfin, l’herbe <k les
» forêts des pays les plus éloignés inha-
» bités , contribuent à notre confervation ,
» ainfi que nous contribuons à la leur.
» Lors donc que les exhalaifons de nos
» corps, devenues nuifibles à nous-mêmes,
» font tranfportées par les vents vers ces
» régions éloignées , pour nous en débar-
» rafler & fervir de nourriture à leurs vé-
» gétaux ; lorfque nous voyons ces vents
» devenir des ouragans impétueux , ne
» foyons pas affez inconfidérés pour
» croire qu’un hafard aveugle les fait naî-
» tre , ni que l’Auteur de la nature les
» excite dans fon courroux; mais recon-
» noiflons dans les défordres apparens la
» fagefle & la bonté du Créateur, qui per-
» met les violentes agitations de ces deux
» élémens , pour enfevelir dans les abîmes
» des mers les exhalaifons putrides & pef-
» lentielles de nos corps, que les plantes
» qui végètent fur la lurface de la terre
» n’étoient pas en état d’abforber entière-
» ment. »
XV
PRÉFACE.
A peine eus-je lu ce difcours , que je bru-
lai de fuivre les traces de la nature dans fes.
merveilleufes opérations , annoncées &
mifes dans un û beau jour par cet homme ref-
pe&able. Je délirai fortement de parcourir
le vafte champ dont j’entrevoyois les beau-
tés , & dont je voyois la route ouverte. Il
me paroiûoit démontré que le règne ani-
mal & le végétal fo prêtent des focours
mutuels j mais je ne voyois pas encore
quels moyens l’Auteur de la nature a
choilis pour empêcher que toute la race
des animaux ne difparoiffe de la forface
de la terre , après avoir corrompu l’élé-
ment nécelîaire à fa vie. N’étant pas alors
dans ladifpolition d’entreprendre une tâche
. li difficile , je me contentai de fouhaiter
que quelque Phyficien plus habile que moi
entrât dans ce labyrinthe , & diffipât les
ténèbres dont ce myftérieux ouvrage de
la nature fembloit encore enveloppé. Ce-
pendant , ne voyant rien paroître qui put
répandre de plus grandes lumières fur cet
objet, &. me retrouvant dans le climat où
je jouiflois , comme je l’ai toujours éprouvé ,
du degré de fanté néceffaire pour les tra-
xvj PRÉFACE,
vaux d’efprit, l’envie me reprit de tenter
au moins ce que je pourrois faire en obfer-
vant la nature avec toute l’attention poffl-
ble , & en fuivant fes opérations pas à pas
avec toute la patience & les foins dont je
fuis capable. C’eft au lefteur à juger fi mes
peines & mes veilles ont eu quelque
fuccès.
Quoique je me flatte de n’avoir pas
travaillé tout - à - fait en vain , je fuis
bien éloigné de croire que j’aie décou-
vert tout le myftère de l’influence du règne
végétal fur le règne animal. Je penfe ce-
pendant avoir fait un pas de plus qu’on
n’avoit fait , & avoir frayé une route nou-
velle, capable de faire pénétrer plus avant
dans cette efpèce de labyrinthe.
De toutes les découvertes utiles dont
le dodeur Priejîley a enrichi, & continue
encore d’enrichir la Phyflque , il n’y en a
point, à mon avis, qui foient d’une im-
portance fl décidée , que celles qu il a
faites furies différentes efpèces d’air. Entre
les découvertes de ce genre, il y en a quel-
ques-unes très- importantes , & qui ont
juffement rendu fon nom immortel. Telle
eff
PRÉFACE. xvij
efl celle de ce fluide aérien merveilleux
qui furpafle fi fort en pureté 8c en falu-
brité ( eu égard à l’ufage de la refpi ration )
le meilleur air atmofphérique , qu’un ani-
mal enfermé dans un vafe qu’on en a
rempli , conferve fa vie cinq fois, 8c même
fept ou huit fois plus long-temps ( félon
certaines circonftances ) que dans le meil-
leur air ordinaire. Les propriétés de cet
air élémentaire 8t pur, qui mérite à jufte
titre le nom d’air vital , caufent d’autant
plus de furprife, qu’il a été extrait pre-
mièrement des fubflances qui , par leur na-
ture , auroient plutôt été foupçonnées de
contenir des qualités nuifibles à notre conf-
titution , tels font , par exemple , le mer-
cure calciné 8c le précipité rouge. M. P rie fl-
ley a donné à cet air le nom très-conve-
nable d’air déphlogiftiqué , ou air deflii-
tué de ce principe inflammable dont le
meilleur air de l’atmofphère fe trouve plus
ou moins mêlé, 8c par lequel l’air efl: d 'au-
tant plus nuifible, qu’il en contient davan-
tage. La.propriete particulière que possède
l’air nitreux, de l’abforber ou d’être abforbé
par lui, en proportion du degré de bonté
" b
• • •
xvnj PRÉFACE,
ou defalubrité de cet air, efl encore une
découverte des plus diflinguees , & dont
la poflérité recueillera fans doute la plus
grande utilité, lorfqu’on aura appris à en
faire toutes les applications dont elle eft
fufceptible. Qu’il foit dit à l’honneur de
ce célèbre Phyficien , que , dans fon ouvrage
intitulé Experiments and Observations re -
lating to various branches of natural Phi -
lofophy , with a continuation of the Obferva-
dons on Air. —London , type, , pag. 169, fa
droiture & fa modeflie lui ont fait prifer
trop peu cette découverte véritablement
grande.
« Lorfque je découvris , dit -il, cette
» propriété de l’air nitreux, par laquelle
» on peut juger du degré de falubrité de
» l’air commun , je me flattai qu elle pour-
» roit devenir d’une utilité confidérable , &
» particulièrement fervir a faire connoitre ,
» d’une manière aifée & fatisfaifante , la
bonté de l’air des pays éloignés; mais
» j’avoue que jufqu’à préfent j’ai été trompé
» dans mon attente. » Enfin, il termine
ainfi :
» Souvent j’ai fournis à cette épreuve
XIX
PRÉFACE.
» Pair pris en des lieux les plus découverts
» du pays , dans des faifons différentes, &
» dans toute forte de temps ; &c. mais je
» n’ai jamais trouvé affez de différence
» dans le réfultat de ces expériences pour
» conclure avec fondement, qu’elle dé-
» pendoit plutôt de la différente qualité
» des airs examinés , que de la diverfité
» des réfultats de cette manière d’effayer
» l’air. » ..b •
*
Je me ferois laiffé aifément entraîner
par un aveu auffi fincère de l’Auteur même
de la découverte , fi la méthode dont M.
l’Abbé Fontana fe fert actuellement pour
effayer l’air refpirable, par le moyen de
l’air nitreux, ne m’avoit fait juger plus
favorablement de la poffibilité de recon-
noître ainfi la, bonté d’un air quelconque.
En effet, cet homme infatigable dans la
recherche de tout ce qui a du rapport aux
fciences naturelles , eft enfin parvenu à
perfectionner tellement les inftrumens né-
ceffaires à cette expérience, & la manière
de s’en fervir , qu’en fuivant exactement fa
méthode, on peut juger du degré de pureté
de l’air atmofphérique , avec autant d’exac-
bij
XX PRÉFACE,
titude que Ton juge du degré de chaleur
& de froid par le thermomètre. Cette mé-
thode eil même fi exafte , que , par fon
moyen, on s’apperçoit aifément de toutes
les variations auxquelles l’air atmofphé-
rique efl: communément fujet dans le même
lieu , pendant le courant du même jour ;
& que dans dix expériences faites avec le
même air , la différence du réfultat ne
monte fouvent pas au-delà de ^ des deux
airs , c’efl-à-dire , d’un mélange d’air nitreux
8c d’air commun.
M. Frieftley a répandu une nouvelle
lumière fur la nature 8c la difpofition des
différentes parties de ce globe , en décou-
vrant que les plantes végètent mieux dans
l’air impur impropre à être refpiré , que
dans un air très-pur, tel qu’eft l’air déphlo-
giftiqué; 8t que les plantes possèdent la
qualité de corriger l’air gâté ou impur :
car il a démontré par-là, que le règne
végétal efl fubordonné au règne animal ,
8c que ces deux règnes fe prêtent des fe-
cours mutuels ; de façon que les plantes
contribuent à entretenir le degré de pureté
néceffaire dans l’atmofphère , pendant que
PRÉFACE. xxj
les exhalaifons des animaux, nuifibles à
eux - mêmes , fervent de nourriture aux
plantes. Il nous reitoit à favoir de quelle
façon s’exécute le fage plan de l’Auteur
de la nature.
Cependant il s’en falloit beaucoup que
les expériences du ào£tzm Prieflley euffent
entièrement mis hors de doute ce que je
viens d’avancer. Il y avoit encore nombre
de Phyficiens , même parmi les plus éclai-
rés , qui ne favoient fi les réfultats des ex-
périences de M. Prieflley n’étoient pas
un- effet du hafard , plutôt que la confé-
quence d une loi de la nature, 8c ce foup-
çon étoit d’autant plus fondé, que ces
mêmes expériences n’avoient point eu un
fuccès uniforme 8c confiant ; elles avoient,
au contraire, été fouvent contradictoires ,
comme M. Prieflley lui-même ne fait au-
cun fcrupule de l’avouer ; ce qu’on peut
voir dans fon ouvrage fur les différentes
efpèces d air , ( vol. I , pag. 9 * * ) > ^
dans fon dernier ouvrage cité ci-deffus ,
p. zg6. Le célèbre M. Scheele avoit même
obfervé un effet conftamment contraire à
ce fyftême, de la part d’un pied de fève.
xxij PRÉFACE.
M. Prieftley avoue dans ion ouvrage ,
imprimé cette année , à la pag. 299 , quen
répétant , en 1 yy8 , fes expériences précé-
dentes , elles fe Jont trouvées peu favorables
à Jon hypothèfe , que les plantes ont la fa-
culté de corriger Pair; « car, dit-il, quel-
» que air que j’aie mis avec une plante,
» foit qu’il fût vicié par la flamme d’une
» chandelle , par la refpiration , ou par
» quelque autre procédé phlogiflique , il efl
» toujours devenu plus mauvais, an lieu
» d’avoir été amélioré, & plus l’air efl reflé
» enfermé avec les plantes , plus il efl de-
» venu mauvais. Il pourfuitainfi : « J’avois
» eu dans mes expériences des faits qui
» ne me permettoient pas de douter que
» l’air ne fût corrigé par une plante , fur-
» tout par un pied de fraifler , ou par une
» partie d’une plante qui pouvoit être
» pliée & introduite dans un bocal ou flole
» renverfée, & placée près de la plante, dont
» la racine refloit dans la terre. — J’avois
» aufli des exemples non moins incontef-
» tables d’air commun , qui non-feulement
» n’étoit pas vicié par la préfence d’une
» plante, mais fe trouvoit encore avoir
PRÉFACE. xxiij
» acquis un degré d’amélioration confide-
» rable par ce procédé , étant meme de-
» venu , à quelque degre , de 1 air dephlogif-
» tiqué , de façon qu étant mele avec de
» l’air nitreux , il fe trouvoit beaucoup
» plus diminué qu’il ne l’étoit avant, ce
» que j’étois bien éloigné d’attendre. — ■
» Dans la plupart des cas où les plantes
» n’avoient pas rendu l’air meilleur , elles
» étoient ou manuellement malades, ou,
» au moins , elles ne continuoient pas a ve-
» géter ou à croître , comme elles avoient
» coutume de faire dans les premières ex-
» périences que je faifois à Leeds ; phé-
» nomène dont je ne puis découvrir la1
» caufe. — Dans ces expériences , cepen-
» dant , dans lefquelles les plantes végé-
» toient le mieux , elles étoient dans un
» état de maladie & de langueur , ce qu’in-
» diquoient évidemment les feuilles qui
» devenoient jaunes , & tomboient à la
» moindre fecouffe. Quoi qu’il en foit , je
» ne pus découvrir pourquoi l’air en-
» fermé avec des plantes 5 n’étoit pas de-
» venu meilleur dans certains cas , tels que
biv
XXIV
PRÉFACE.
» ceux dont j’ai fait mention à la page oi
» du volume I.
En un mot, «je continue de croire qu’il
» ell probable que la végétation des plantes
» faines qui croiffent dans des terrains pro-
» près à leur nature, a un effet falutaire
» fur l’air qui les environne ; car un feul
» exemple bien conflaté , dans lequel une
» plante a rendu l’air meilleur , doit l’em-
» porter fur cent cas dans lefquels elle
» l’a rendu plus mauvais. »
Peu après les paffages cités, M. Prieflley
raconte plulieurs faits ( pag. 305 ) dans
lefquels une plante avoit effeftivement cor-
rigé l’air dans l’efpace de fept jours , de
huit , de dix , 8c quelquefois plus. Page
509 , il rapporte un cas dans lequel un jeune
pied d’une plante (c’étoit la farriette ), en-
fermé dans un bocal , depuis le 16 de juin
jufqu-’au 20, avoit tellement corrigé l’air
dans lequel elle étoit enfermée , qu’en le
foumettant à l’épreuve , il trouvoit l’amé-
lioration dans la proportion de 1.275 à
1.375. Il rapporte un autre cas, ou un
pied de perfil avoit tellement amélioré
PRÉFACE. ,xxv
Pair dans lequel il avoit ete enferme, de-
puis le 1 6 de juin jufqu au i . de juillet,
qu’une mefure de cet air melee avec une
mefure d’air nitreux, fe réduifoient à l’ef-
pace d’une feule mefure.
Après tout, il conclut ainfi à la page
510 : « Lorfqu’on confidère bien ces ob-
» fervations , on ne peut guère douter, je
» penfe , qu’il n’y ait dans le procédé de
» la végétation elle-même, quelque chofe ,
» ou, du moins , que la végétation ne foit
» accompagnée de quelque circonflance ,
» qui , par fa nature , tend à améliorer l’air
» dans lequel la plante végète , quelle que
» foit la caufe prochaine de cet effet; foit
» que la plante s’imbibe du phlogiffique
» de cet air comme d’un aliment qui lui eff
» propre , foit que ce phlogiflique s’uniffe
» avec la vapeur que les plantes exhalent
» continuellement. Je conviens que c’efl
» la première de ces deux opinions pour
» laquelle j’incline le plus. »
M. Scheele eft fi éloigné de croire que
les plantes .corrigent l’air , qu’il penfe que
la végétation a le même effet fur Pair
que la refpiration ; il avoit néanmoins ob-
Xxvj PRÉFACE.
fervé qu’une plante végète moins bien
dans l’air déphlogiftiqué , que dans l’air
ordinaire.
M. Prieftley parle ainli à la fin de la Sec-
tion XXXIII , dans laquelle il traite de U air
déphlogiftiqué qui fort fpontanément de l'eau ,
dans certaines circonjlances : « On croira pro-
» bablement que le réfultat des expériences
» décrites dans cette Seéfion , jette quelque
» incertitude furie réfultat des autres dont
» il eff fait mention dans ce volume, &dont
» j’ai conclu que l’air eft rendu meilleur par
» la végétation des plantes , fur-tout lorfque
» l’eau qui fervoit à enfermer la plante
» étoit expofée à l’air libre , & au foleil
» dans un jardin. Je répondrai Amplement
» à cet article, que dans le temps que je
» faifois ces expériences , je ne m’apper-
» cevois pas de l’effet de ces circonlfances;
» que j’ai voulu repréfenter les faits tels
» que je les ai obfervés ; & que , n’ayant
» d’attache à aucune hypothèfe particu-
» lière , je confens aifément que le lec-
» teur déduife de ces mêmes faits , fes
» propres conféquences. »
M. Prieflley ayant obfervé que des bulles
PRÉFACE. xxv ij
d’air fembloient fortir fpontanément des
tiges & des racines de plufieurs plantes en-
fermées dans l’eau, loupçonna d abord que
cet air , s’il le trouvoit d’une meilleur qua-
lité que l’air commun , étoit filtré par la
plante, & fe purifioit en laifiant en ar-
rière fon phlogiftique , comme une nour-
riture propre à la plante. Afin de conftater
ce qui en étoit , il mit dans l’eau plufieurs
bouteilles qui contenoient des pieds de
menthe , en les difpofant de manière que
l’air qui pourroit fe décharger des racines
refteroit dans* les bouteilles , dont le fond
étoit, pour cette raifon, un peu élevé.
Dans cette fituation , les plantes végé-
toient fort bien ; & M. Prieflley obferva
que , dans quelques-unes de ces bouteilles ,'
il fe ramaffoit d,e l’air , quoique fort len-
tement. Mais il fe vit trompé dans fon at-
tente , en trouvant que quelques-unes des
plantes n’avoient pas produit d’air. A la
fin , cependant , il obtint d’environ dix
plantes , dans le cours d’une femaine , une
mefure d’air d’environ une demi-once , dont
la pureté étoit fi grande , qu’une mefure
de cet air.Sc une d’air nitreux , n’occupoient
qu’une feule mefure.
xxviij PRÉFACE.
Ce fait remarquable ne contribua pas
peu à le confirmer dans fon hypothèfe de la
purification de l’air atmofphérique , par le
moyen de la végétation. Mais il ne jouit
pas long-temps de cette fatisfaéiion , parce
qu’il obferva que d’autres plantes, de la
meme efpèce , ne produifoient pas cet ef-
fet, & que, ( ce qui lui parut encore plus
extraordinaire, ) les bouteilles dans lef-
quelles les plantes défignées avoient vé-
gété , & dont les parois internes étoient cou-
vertes d’une matière verte, continuoient
à donner de l’air, après que les plantes en
étoient ôtées ; il fut dès-lors convaincu
que les plantes n’avoient eu aucune part
à la produ&ion de cet air pur. Voye {
J’ouvrage cité du do&eur Priefiley , pag.
337 &, 338..
On en étoit là fur cette matière , lorfque
je commençai à m’en occuper , vers le
mois de juin de l’année 1779. Il pa-
roît, par ce que je viens de citer du der-
nier ouvrage du célèbre Priefiley , que ce
grand homme s’embarrafloit fi peu de fou-
tenir fon hypothèfe , quelque vraifem-
blable quelle fût , & quoiqu’il pût d’ail-
PRÉFACE. xxix
leurs la regarder comme le fruit de fes tra-
vaux, qu’il fetrïbloit des-lors difpofe a 1 aban-
donner , parce que tous les faits ne la fa-
vorifoient pas. On ne rencontre pas tou-
une telle candeur chez les Philofo—
phes; la plupart , dès qu’ils ont publié une
opinion, la foutiennent, quoiqu’ils la fâ-
chent erronée , & cherchent plutôt des
fophifmes pour la confirmer , que des faits
pour découvrir la vérité.
Les premières expériences fur lefquelles
M. Prieftley avoit appuyé fon hypothèfe,
me paroiffoient trop décifives pour ne pas
foupçonner que les autres n’euffent manqué
par quelques circonflances particulières ;
& il me reftoit très-peu ou point de doute,
que les végétaux ne fuffent doués de quel-
que qualité par, laquelle ils puiffent cor-
riger le mauvais air , & améliorer l’air
commun. La curiofité m’infpira le defir
de rechercher de quelle manière cette
opération fe fait ; fi les plantes corrigent
l’air en abforbant le principe inflammable
comme leur nourriture , & en laiffant ainfi le
refte dans un état de pureté ; (opinion à
laquelle M. Prieftley incline le plus ) ; ou ,
XXX
PRÉFACE.
comme je le foupçonnois, fi les plantes
possèdent quelque vertu inconnue jufqu’à
préfent, par laquelle elles changent de l’air
mauvais en air bon, & rendent l’air bon
encore meilleur.
A peine fus-je engagé dans ces recher-
ches, que la fcène la plus intéreflante s’ou-
vrit à mes yeux : J’obfervai « que les
» plantes n’avoient pas feulement la faculté
» de corriger l’air impur dans l’efpace de
» fix jours ou plus , comme les expériences
» de M. Prieflley femblent l’indiquer , mais
» qu’elles s’acquittent de ce devoir impor-
» tant dans peu d’heures , de la manière la
» plus complète ; — Que cette opération
» merveilleufe n’efl aucunement due à la
» végétation , mais à l’influence de la lu-
» mière du foleil fur les plantes. — Je trou-
» vaiqueles plantes possèdent en outre l’é-
» tonnante faculté de purifier l’air qu’elles
» contiennent dans leur fubflance ,
* qu’elles ont fans doute abforbé de l’at-
» mofphère , & de le changer en un air
» des plus purs, & véritablement déphlogif-
» tiqué ; — Qu’elles verfent une efpèce de
» pluie abondante ( s’il efi permis de s’ex-
PRÉFACE. xxxj
» primer ainfi ) de cet air vital & dépuré,
» qui , en fe répandant dans la mafle de
» l’atmofphère , contribue réellement à
» en entretenir la falubrité , & à la ren-
» dre plus capable d’entretenir là vie des
» animaux; — Qu’il s’en faut beaucoup
» que cette opération foit continuelle ,
» mais qu’elle commence feulement quel-
» que temps après que le foleil s’eft élevé
» fur l’horizon ; après qu’il a, par l’influence
» de fa lumière , éveillé les plantes en-
» gourdies pendant la nuit, & après qu’il
» les a préparées & rendues capables de
» reprendre leur opération falutaire fur
» l’air, & ainfi fur le règne animal : opé-
» ration fufpendue entièrement pendant
» l’obfcurité de la nuit ; — Que cette opé*
» ration des plantes efl plus ou moins vi-
» goureufe, en raifon de la clarté du jour *
» & de la fîtuation de la plante plus ou
» moins à portée de recevoir l’influence
» direôe de cet aflre; — Que les plantes
» ombragées par des bâtimens élevés ou
» par d’autres plantes , ne s’acquittent pas
» de ce devoir , c’efl-à-dire , n’améliorent
» pas l’air , mais , au contraire , exhalent
i
xxxij PRÉFACE.
» un air mal-faifant , & nuifible aux animaux
» qui le refpirent, & répandent un vrai
» poifon dans l’air qui les environne ; —
» Que la produftion du bon air commence
» à languir vers la fin du jour, & cefie en-
» tièrementau coucher du foleil , mais qu’il
» faut en excepter un petit nombre de
» plantes, qui continuent leur aftion falu-
» lutaire un peu plus long-temps que le
» refie ; — Que toutes les parties de la plante
>* ne s’occupent pas de cet ouvrage , mais
» feulement les feuilles , 8t les tiges Sc ra-
» meaux verts qui les fupportent; — Que
» les plantes âcres, puantes, & même les
» vénéneufes , s’acquittent de ce devoir
» comme celles qui répandent l’odeur la
» plus fuave , & qui font les plus falutaires;
» — Que la plupart des feuilles , fur-tout
» celles des arbres , verfent cet air déphlo-
» giftiqué en plus grande abondance de
» leur furface inférieure ; — Que les feuilles
» nouvelles , & celles qui n’ont pas encore
» acquis tout leur accroiffement , nerépan-
» dent point autant d’air déphlogifiiqué ,
» ni d’aufii bonne qualité, que celles qui
» font parvenues à leur grandeur natu-
» relie,
PRÉFACE. xxxiij
» relie , ou déjà vieillies; — Que quelques
» plantes préparent un air déphlogiftiqué ,
» d’une meilleure qualité que d’autres; —
» Que quelques plantes , fur-tout parmi
» les aquatiques, excellent dans cette ope-
» ration; — Que toutes en général corrom-
» pent l’air environnant , pendant la nuit ,
» & même au milieu du jour, dans l’om-
» bre ; — Que quelques plantes cependant ,
» qui ne cèdent à aucune autre dans leur
» opération diurne à préparer l’air déphlo-
>> giftiqué , furpaffent néanmoins les autres
» dans leur pouvoir d’infefter l’air corn-
» mun pendant la nuit & dans l’ombre ,
» jufqu’au point même de rendre en peu
» d’heures une grande malfe d’air tellement
» corrompue , qu’un animal plongé dans
» cet air y périt en quelques fécondés ;
» — Que toutes les fleurs exhalent conf-
» tamment un air mortel , & gâtent l’air
» environnant pendant le jour <k pendant
» la nuit , à la lumière & à l’ombre ; &
» qu’ elles répandent un poifon réel & des
»plus terribles, dans une maffe confidé-
» rable d’air, où elles fe trouvent enfer-
» mées; — Que les racines récemment ti-
c
xxxiv P RÉ F A C E. |
» rées de la terre ont la même influence mal-
» faifante fur l’air qui les environne, que les
» fleurs, à l’exception cependant de quel-
» ques racines; — Que les fruits en général
» confervent cette influence pernicieufe
» en tout temps , fur-tout dans l’obfcurité,
» & que cette qualité vénéneufe des fruits
» efl fl grande , que quelques-uns, même
» des plus délicieux, telles que les pêches,
» peuvent , dans une feule nuit , rendre
» l’air tellement empoifonné , que nous fe-
» rions en danger de périr , fl nous étions
» enfermés dans une petite chambre où
» fe trouverait une grande quantité de ce
» fruit; — Que le foleil, quifemble n’avoir
» pas le pouvoir d’arrêter l’influence per-
» nicieufe des fleurs , efl; cependant capa-
» ble de modérer les exhalaifons nuiflbles
» de quelques-uns des fruits; — Que le fo-
» leil lui-même n’a pas le pouvoir de ren-
» dre l’air commun d’une meilleure qua-
» lité , fans la concurrence des plantes ,
p> mais qu’au contraire , il efl: plutôt ca-
» pable de le corrompre , s’il agit feul. »
Voilà quelques-unes des opérations fe-
crettes des végétaux, que j’ai découvertes
XXXV
PRÉFACE,
dans mes expériences , & dont j’ai tâché
de donner un détail dans cet ouvrage , en
jfoumettant au jugement du leéfeur les con-
féquences que j’ai cru pouvoir être dé-
duites des faits dont je vais rendre compte.
Les expériences , dont une partie forme
la matière de cet ouvrage , font au nom-
bre de plus de cinq cents ; elles ont été
toutes faites en moins de trois mois , de-
puis le commencement de juin, jufqu’au
commencement de feptembre. Je m’en fuis
occupé fans relâche, du matin au foir; Sc
afin de me livrer entièrement à la con-
templation de l’ouvrage de la nature , par
rapport à l’économie des plantes , fans être
détourné par les difiraftions inévitables
dans les villes , pour peu qu’on y foit
connu, je me fuis foufirait au bruit de la
capitale , en me retirant dans un village à
dix milles de Londres. Les expériences ont
été faites avec tout le foin dont je fuis ca-
pable ; mais mon devoir me rappelant à
Vienne , il ne m’efi pas refié allez de temps
pour déduire de tant de faits toutes les
conféquences que j’en aurois pu tirer, fi.
j’avois eu le loifir d’y travailler à mon aife.
cij
xxxvj PRÉFACE.
Quoi qu’il en foit , je me trouvai fatis-
fait lorfque j’apperçus que mes veilles ji’a-
voient pas été entièrement fans fruit, &
que je n’avois pas lieu de regretter le
temps & la patience que j’avois confacrés
au bien public. J’ai déjà dit que j’étois entré
dans cette carrière , avec l’attente flatteufe
d’y trouver des nouveautés. Les vafles
campagnes , où la nature . étale tant de
beautés & de variétés , offroient à mon ef-
prit des merveilles que je croyois avoir
été regardées avec la même indifférence
qu’on a coutume de voir les plus, beaux
phénomènes , lorfqu’ik fe préfentent con-
tinuellement à nos yeux. En effet , lorf-
que je méditois fur les changemens pref-
que continuels que les végétaux fubiffent,
& qui font bien éloignés d’avoir lieu dans les
deux autres règnes de la nature, j’étois
tenté de croire que des changemens auffi
marqués , dans la plupart des végétaux ,
indiquoient des deffeins de l’Auteur de
la nature , qui nous étoient encore cachés.
Les corps qui font partie du règne miné-
ral , font en général fi permanens dans leur
état, qu’ils relient exaéiement les mêmes
PRÉFACE. xxxvij
pendant des fiècles , s’ils ne font pas forcés
de changer de forme par l’aâion violente
du feu ou des diffolvans. Leur maffe grof-
fière , deftituée de vie & de mouvement ,
quelque digne quelle foit des recher-
ches philofophiques , doit rendre peu de
Phyliciens curieux de connoître leur na-
ture ; il n’y a guère que les Chymiftes qui
s’en occupent. Le régne animal a toujours
attiré l’attention des Philofophes. Les Ana-
tomiftes ont examiné les organes de no-
tre corps , avec tant d’affiduité & de fuc-
cès , qu’il n’arrive que rarement qu’un
homme laborieux découvre quelque chofe
de nouveau fur cet objet. Mais le règne
végétal me fembloit avoir été traité trop in-
différemment. Les Botaniffes ont eu pour
but principal, en examinant les plantes, de
les claffer & les diftinguer les unes des i
autres ; les Médecins ont trouvé un grand
intérêt à en connoître les vertus. Mais au-
cune claffe de Phyhciens n’a paru s’oc-
cuper affez férieufement du but de tant
de variations , prefque continuelles de la
plupart des plantes , de la caufe finale que
l’Auteur de la nature a dû fe propofer,
c iij
1 I
xxxviij PRÉFACE,
en rendant les arbres fi diffemblables dans
les différentes faifons de l’année. Ces con-
fidérations m’ont excité aux recherches
dont je rendrai compte.
Leur fuccès m’a de plus en plus con-
vaincu , qu’on ne peut attendre que très-
rarement , & comme par accident , les
découvertes utiles des expériences déta-
chées, faites fans ordre, interrompues
par d’autres occupations. L’exemple de
travailler méthodiquement dans les recher-
ches phyfiques , que m’a donné mon ref-
pedable ami l’abbé Fontana, ma confirmé
dans l’opinion , que les fciences naturelles
ne feront que des progrès très-lents entre
les mains de ceux qui n’ont pas affez de pa-
tience pour fuivre le même objet , jufqu’à
ce qu’ils trouvent des chofes auparavant
inconnues , ou qu’ils s’apperçoivent que
la difficulté de l’entreprife furpaffe leurs
facultés.
Comme je n’avois aucunement en vue
de chercher une meilleure méthode d’exa-
miner la bonté des airs , je me fuis fervi
de celle que l’abbé Fontana emploie à pré-
fent, parce que je l’ai trouvée la plus exade.
XXXIX
PRÉFACE.
Mais comme il n’a pas encore publié lui-
même cette méthode , il m’auroit ete dif-
ficile de donner une idee exaéle de la
manière d’éprouver les différens airs des
plantes , s il n avoit confenti a ce c|ue j an-
ticipai la publicité qu’il compte donner
à ce procédé. Sa condefcendance à ce
fajet exige ma reconnoiflance. J’avoue
avoir auffi une obligation particulière à M.
Èton, Botanifte d’un grand mérite , & di-
refteur du beau jardin botanique du Roi
d’Angleterre , à K ew, qui m’a fourni, de
la manière la plus obligeante , toutes les
plantes exotiques que je defirois de fou-
mettre aux expériences.
Je dois avertir le leâeur, que, pour
répéter les expériences qu’il trouvera dans
la fécondé Partie de cet ouvrage , il tra-
vaillera en vain, s’il n’emploie pas une eau
de fource ou une eau tirée récemment des
entrailles de la terre , par le moyen d’une
pompe ; car , fi l’eau a été expofée quel-
que temps à l’air libre , elle aura perdu
beaucoup de l’air qu’elle a coutume de
contenir lorfqu’elle fort de la terre, & par
conféquent , elle fera dans la difpofition
c iv
xl PRÉFACE,
d’abforber 1’ air des plantes. Il fe pourroit
auffi que toute eau de fource ne fe trou-
vât pas auffi bonne pour cet objet , que
celle que j’ai trouvée à ma cathpagne, quoi-
que je n’aie pas de preuves que ce foup-
çon foit fondé. J’ai des raifons appuyées
fur l’expérience, pour croire que l’eau pui-
fée dans un puits ouvert , eft beaucoup
moins propre pour ces fortes d’expé-
riences , que celle tirée d’un puits couvert
d’une pompe, parce que , apparemment,
la première a été trop expofée au contaft
de l’air.
En publiant cette édition françoife de mon
ouvrage , je m’acquitte de l’engagement
que j’ai pris avec le public , par un aver-
tiffement que j’ai inféré dans l’édition an-
gloife. Je remplis mon engagement avec
d’autant plus de zèle, qu’en qualité d’Au-
teur, il m’a été permis de faire tels chan-
gemens que j’ai crus néceffaires, ce qu’un
Traducteur n’auroit pas été en droit de
faire. D’ailleurs, comme le fujet eft neuf,
il eft probable qu’un autre n’auroit pas tou-
jours faili mes idées. Ainfi, je penfe que
le public , dont le defir de voir paroître
PRÉFACE. xlj
cet ouvrage en françois me flatte infini-
ment , fera du moins certain que ce qu’il
lira efl: conforme à mes idées; 8c, par cette
confidération , j’efpère qu’on aura quel-
que indulgence pour moi, fi l’on trouve
qu’un homme né dans la République des
Provinces-Unies , 8c qui a paffé une bonne
partie de fa vie dans des pays étrangers ,
ne s’exprime pas avec autant de précifion
8c en fi bonlangage, qu’un François auroit
pu le faire.
Je me flatte que mes découvertes pour-
ront contribuer au bien du public , lorf-
qu’on aura mis à profit les conféquences
qu’on en peut tirer; j’efpère quelles fer-
viront au moins bientôt à faire éviter le
danger qu’il y a de fe tenir ou de coucher
avec une grande quantité de plantes ,
de fleurs 8c de fruits dans les chambres
fermées. On connoîtra l’utilité de ce grand
nombre d’herbes qui , pouffant fans culture,
ne paroiffoient jufqu à préfent que nous
incommoder, parce que nous ne favions pas
les avantages qu’elles nous procurent , en
purifiant d’une manière invifible l’air qui
nous environne, 8c en nous donnant une
xlij PRÉFACE,
quantité confidérable d’air déphlogifiiqué,
dont nous pouvons faire ufage pour la ref-
piration, fi nous voulons.
Ceux qui s’amuferont à répéter mes ex-
périences , trouveront bientôt pourquoi
leur réfultat eff fujet à des variations plus
ou moins grandes. Le degré de bonté de l’air
déphlogifiiqué qu’on obtient des feuilles
des plantes, dépend de tant de circonf-
tances, qu’on aura de la peine à les imiter
toujours exa&ement. Un jour un peu plus
ou un peu moins clair , l’expofition des
feuilles plus ou moins bien placées pour re-
cevoir l’influence du foleil , les différentes
heures du jour, les feuilles arrangées en-
tre elles , de façon que les unes faffent plus
ou moins d’ombrage aux autres ; toutes
ces circonftances & bien d’autres, produi-
ront des différences marquées dans le de-
gré de bonté de l’air qu’on obtient.
Comme je n’ai point un attachement opi-
niâtre ni aveugle à mes opinions , je les
changerai dès que je verrai clairement que
je me fuis trompé. On fe perfuadera avec
facilité, que mes recherches ne peuvent
avoir d’autre vue que le progrès des con-
PRÉFACE. xliij
noitfances & le bien général de l’humanité.
Les recherches de la nature n’enrichiffent
pas l’obferyateur : i(i j’avois ete avide du
gain 5 je les aurois abandonnées pour fui-
vre le chemin de la fortune, que le hafard
m’a ouvert. Ceux qui me connoiffent , fa-
vent que peu de gens ont eu de plus heu-
reufes occafions pour acquérir tout ce qui
tente le plus les hommes. Mais ne les ayant
pas cherchées , je n’y ai pas fait beaucoup
d’attention; je n’en ai pas tiré tous les avan-
tages quelles m’offroient. Je n’ai été oc-
cupé qu’à remplir mon devoir dans les folia-
tions où je me fuis trouvé , autant que ma
conflitution d’efprit 6t de corps me le
permettoit. Accoutumé dès mon enfance
à l’étude , qui fait les délices de ma vie , &
content de mon fort, je n ai jamais man-
qué de volonté de travailler; mais on fait
qu’il n’eft pas toujours dans le pouvoir
de l’homme d’effeâuer ce qu’il déliré le
plus ; les travaux d’efprit ne fe comman-
dent pas comme ceux des mains. Si des
ouvrages qui regardent la médecine 6c
d’autres recherches phyfiques, à la pu-
blication defquels je me fuis engagé de-
xliv PRÉFACE,
puis bien des années, n’ont pas encore vu
le jour , c’ed aux circonftances particulières
que je ne pouvois prévoir, & non pas au
défaut de volonté , ni à une oifiveté tou-
jours blâmable , que je puis attribuer ce
délai.
Je tâcherai d’achever le fécond tome de
cet ouvrage , auffitôt qu’il me fera poffi-
ble ; j’en ai les matériaux prêts; il n’y a
qu’à les mettre en ordre. Mais , en atten-
dant que cela foit fait, je me fais un plaifir
de communiquer au public quelques titres
ou fujets de chapitres , qu’en parcourant
mes notes j’ai deflinés à être traités dans
ce fécond volume. On fent bien qu’en
agiffant ainfi , je compte affez fur l’hon-
nêteté des le&eurs , pour croire qu’ils
ne jugeront pas du fécond volume que
j’annonce , par cet apperçu que j’en pré-
fente ; ce feroit juger d’un homme par
l’habit qu’il porte, & l’apprécier félon fon
extérieur; ce qui feroit injufte , mais qui
n’arrive cependant que trop fouvent dans
le monde.
Les plantes malades ou qui ont perdu la
vigueur de la végétation , nont pas la fa-
PRÉFACE. xly
culte d'élaborer de V air déphlogiftiqué , quoi-
qu'elles n aient pas perdu le pouvoir de mé-
phitifer l'air commun.
Lorf que les chaleurs de l'été diminuent con-
(idérablement , les feuilles perdent beaucoup
de leur faculté de vicier l'air commun pen-
dant la nuit & à l’ombre , de même que les
fruits. Les fleurs ne perdent pas ftôt leur in-
fluence pernicieufe fur notre élément : mais
les feuilles continuent à donner de l’air dé -
phlogifliqué au foleil , fort avant dant T au-
tomne.
Les émt nations nocturnes des feuilles , &
l’évaporation continuelle des fleurs & des
fruits , ne font diminuées en hiver qu'en
quantité , mais aucunement en qualité.
L’ air fort ant des poumons des animaux y
efl moins vicié en hiver qu’en été j la diffé-
rence efl environ comme 4 à 3 ; ralfon de
ce phénomène.
Les plantes dont la verdure efl perpé-
tuelle , de même que celles dont on entre-
tient la verdure dans les ferres , ne cejfent
pas de répandre de l’air au foleil , dans l’hi-
ver ; mais cet air ne diffère guère par fa na-
ture de l’air commun.
xlviij PRÉFACE.
Les champignons évaporent en tout temps
un air méphitique , & répandent toujours un
poifon autour d'eux.
Si par ha fard une feuille fe trouve renver -
fée, de façon que la fur face inférieure foit
tournée vers le foleil, & que la furface vernie
foit à l'ombre , elle continue de donner de l’air ,
mais qui efl d'une qualité moindre que f la.
feuille fe trouve dans fa fituadon naturelle .
La différence dans les deux fituations , efl
environ comme zc)0 a zzo.
L'émanation diurne des feuilles efl flm-
ple , cefl-a-dire , que l'air qui en fort efl de
L'air déphlogiftiqué fans mélange d'air fixe ;
mais leur émanation nocturne efl de deux
fortes dans le même temps. L'air commun
expofé à l’ action d'une plante pendant la nuit ,
a contracté deux qualités également nuifibles à
la vie animale. Une partie de cet air fe trouve
être de l'air fixe, qui, étant plus pe fiant que
V air commun , fe précipite vers la terre. L'au-
tre portion efl un air méphitique qui ne préci-
pite pas l'eau de chaux , ni ne change pas la
teinture de tournefolen rouge , & qui n' efl pas
mifcible avec l'eau. Cet air donc efl de l'efpèce
qu'on appelle ( peut-être fort mal-à-propos )
air
PRÉFACE. xlix
air phlogiftiqué. Celai- ci étant plus léger que
Pair commun , monte vers les régions élevées
de l' atmosphère.
LF air commun , vicié autant qu'il peut l'être
par les végétaux , ejl changé en air fixe , pour
une troifième partie environ : le refile efil de
l'air appelé phlogiftiqué.
La qualité méphitique que l'air commun
acquiert des végétaux pendant la nuit , quoi-
que double en réalité ( confiftant en air fixe &
en air phlogiftiqué ) e(l cependant en fioi-
même originairement fiimple , fi l'on confiidère
l'effet des végétaux fur l'air. Les végétaux
chargent pendant la nuit F air d'un principe
foi difiant phlogiftiqué. A mefure que ce prin-
cipe efil abfiorbé par l'air commun , l'air fixe
( qui entre comme une partie confilitutive dans
la composition de l'air commun ) en efil pré-
cipité , l'air commun ayant plus d'affinité avec
ce phlogiftiqué , qu'avec l’acide de l'air fixe.
Cette double exhalaifi m nocturne des feuilles ,
ne fauroit produire aucun mal dans l'état
naturel des chofes , parce que ces deux
principes n'exiftent jamais dans un tel état
déconcentration qu'ils puiffent nuire , excepté
dans le cas ou ces émanations ne peuvent fi
d
1 PRÉFACE.
répandre dans V atmofphère , par exemple,
dans un appartement clos. De même que l'ef-
prit de vin ne peut produire aucun mal ,
tandis qu'il fe trouve délayé dans levin, quoi-
que ce même efprit , Iprfqu'il exifle dans un
état très - concentré , foit un vrai poifon ;
de même l'émanation perpétuelle des feuilles
& des fruits , ne fauroit produire aucun
mauvais effet à l'air libre, ni même dans un
appartement , fi l'on n'a pas une quantité
démefurée de ces feuilles ou fruits.
Ile fl très-probable que l'émanation méphi-
tique des végétaux, a un ufage très-grand &
fort utile dans la conftitution de l' atmofphère.
D émanation noclurne des feuilles , efl de
la même nature que l'émanation continuelle
des fleurs & des fruits.
La qualité que l'air contracte par la pré-
fence des fruits , des fleurs , en tout temps, &
des feuilles feulement à l'ombre & pendant la
nuit, a beaucoup d'analogie avec la qualité
qu il acquiert par la refpiration des animaux .
Cette qualité efl encore fort analogue avec
celle "que l'air acquiert par différens procédés
phlogiftiques , tel que la combuflion , la cal-
cination des métaux , &c.
L'air commun , qui fort des poumons , efl
PRÉFACE. Ij
environ pour une cinquième partie changé en
air fixe ; le refie efi de F 'air phlogifiiqué. Il ac-
tion des poumons , fur C air , efi cependant
fimple : F air en revient chargé de phlogifiiqué ;
& alors F air fixe en efi détaché par une efi
pèce de précipitation.
L’air fixe efi une efpèce de vapeur acide ,
qui conflitueune partie ejfientielle de F air com-
mun , & qui ne donne pas d’indices de fin
exfience , tandis quil efi intimement mêlé
avec le refie de notre élément , comme l'humi-
dité ne donne pas de figues de fon exfience
dans un air chaud : mais comme le froid pré-
cipite l’humidité de l’air , ainfi le phlogifiiqué
abondant précipite l’acide aérien 3 à peu près
de la meme maniéré que l air commun ou
l’air déplogfiiqué , en abforbant le phlogfii-
que de l’air nitreux , font précipiter l’acide
nitreux de cet air.
L air fixe ou l acide aérien , comme MM.
Scheele & Bergman l appellent , efi peut-être
l acide univerjel & l origine de tous les au-
tres acides.
L acide vitriolique , marin & nitreux 9 de
même que les acides des végétaux 7 peuvent fi
changer en acide aerien ou en air fixe j & vice
dij
lij PRÉFACE.
verfâ, l'acide aérien peut fe changer en tout
autre acide. Ceci donne de La lumière fur La
régénération de L'acide nitreux, dans les terres
dont on l’avoit extrait entièrement.
L' acide! aérien efl, comme L'humidité , fort
facile à être féparé de L'air commun , par
une efpèce de précipitation ; mais le phlogif-
tique une fois intimement mêlé avec L'air ,
s'en détache difficile ment fans La concurrence
des plantes. IL efl probable que cette fépara-
tion fe fait principalement dans Les hautes
régions de l'atmofphère.
Nous n avons pas deraifon de nous plain-
dre que l'air commun ne Joit pas un air dé-
plogiftiqué. Si la nature l'avoit rendu tel ,
les animaux , ileflvrai , y refpireroient mieux ,
mais les végétaux y périr oient. Il en réfulte -
roit , d'ailleurs , plufleurs comféquences in-
compatibles avec la confervation des animaux .
Si , au contraire , l'air commun étoit plus
chargé de phlogffique , les plantes y végéte-
raient mieux , mais les animaux ny poun oient
vivre. Il étoit donc de la fageffe fuprême
de rendre l'air atmofphérique d’une bonté
moyenne , afin qu'il put entretenir la vie
des animaux & des plantes également.
liij
EXPLICATION
D E
QUELQUES TERMES TECHNIQUES.
C O MME il y a apparence que ce livre tom-
bera entre les mains de perfonnes qui , n’ayant pas
lu les ouvrages du doéfeur Pricfiley , ne font pas
encore familiarifées avec les termes reçus aujour-
d’hui parmi ceux qui cultivent la nouvelle doc-
trine de l’air, je crois leur rendre quelques fer-
vices , en donnant la lignification de plufieurs
termes dont je me fuis fervi dans ce livre.
Plufieurs Chimiftes de réputation ont commencé
à ne plus donner le nom d 'air qu’à ces fluides in-
vifibles, permanens & élaftiques , qui font refpi-
rables , comme à l’air atmofphérique , qui a tou-
jours joui de cette dénomination , & à l’air
déphlogiftiqué. Ils, ont fuivi Van-Htlmont , en
donnant le nom de gas à tous les autres fluides
de ce genre, qui ne peuvent fervir à entretenir
la vie des animaux, tels font le gas fiylveflre,flam-
meurn , ventofum de Van-Htlmont ; le gas calcaire ,
connu fous le nom d'air fixe , gas inflammable ,
gas nitreux , gas vitriolique acide , gas marin acide,
gas alcalin , &c. des Phyficiens de nos jours.
Je penfe que cette dénomination peut avoir beau-
coup d’utilité, en donnant plus de précifion aux
termes. Un Chimifie aufli célèbre que M. Macqutr ,
peut contribuer beaucoup à faire adopter plus
d iij
liv Explication
généralement cette dénomination ; il s’en fert dans
fon Di#ionnaire de Chimie, ouvrage dont on
connoît le mérite fupérieur.
Air nitreux , eft ce fluide permanent élaflique ,
qui fe développe de la diflolution des différens
métaux, tels que le mercure , le cuivre, le lai-
ton , 8cc. par l’acide du nitre, ou l’eau-forte.
L’air ainfl dégagé , & conduit par le moyen d’un
tube de verre recourbé fous un vafe de verre plein
d’eau , monte , par fa légéreté, à travers l'eau, 8c
s’aflemble au fond du vafe renverfé. L’air ni-
treux le plus pur fe dégage de la diflolution du
mercure; mais il eft néceflaire de fe fervir du
feu pour en dégager une quantité un peu conft-
dérable en peu de temps. Pour éviter cet em-
barras, je me fers de cuivre, dont l’acide nitreux
dégage dans peu de minutes, fans l’aide du feu ,
une grande quantité de tet air. Il eft néceflaire
que l’acide nitreux foit étendu avec de l’eau.
Air inflammable , eft cette efpèce d’air qui
fort en forme de bulles des eaux ftagnantes dont
le fond eft bourbeux , lorfqu’on le remue ; 8c il
fe dégage aufli du zinc, du fer, 8c de quelques
autres métaux, par le moyen d’un acide, foit
vitriolique , foit marin. Cet air a la propriété
commune à prefque tous les corps inflammables,
de ne pas être fulceptible de véritable inflam-
mation, fans être en conta# avec l’air atmof-
phérique , ou quelque autre air refpirable. On
rëconnoît l’air inflammable par les propriétés
fuivantes : En le fecouant avec de l’eau, il n’en
eft pas abforbé ; le conta# de l’air nitreux ne
le diminue pas; il prend flamme à l’approche
d’une chandelle allumée , mais feulement où
il eft en conta# avec l’air commun : en le
■de quelques Termes techniq. Iv
mêlant avec une certaine proportion d’air com-
mun, il s’allume tout d’un coup, & fait alors
explofion avec un bruit explofif; ^ lieu
d’air commun , on le mêle avec l’air dephlogif-
tiqué, il fait explofion avec un grand bruit. 11 eft
absolument mortel aux animaux qui y font plonges.
Air phlogifiquè : c’eft proprement de 1 air
imprégné du phlogiftique ou du principe inflam-
mable! La qualité que l’air acquiert lorfqu’il a
été expofé à la calcination d’un métal , lui fait
porter le nom d’air phlogiftiqué , parce que le
métal ayant perdu fon principe inflammable dans
l’a de de la calcination , on fuppofe que ce prin-
cipe , en quittant le métal, entre dans la fubf-
tance de l’air-, & effe&iveinent cet air fe trouve
tellement changé de nature , qu il eft devenu
abfolument incapable d’être refpiré , & d’entre-
tenir la flamme. La flamme communique à l’air
ordinaire la même qualité , en 1 infedant de fon
principe inflammable. D’autres procédés phlo-
giftiques produifent le même effet fur 1 air. L air
Sortant de nos poumons , eft en partie air phlo-
giftiqué , ayant reçu le principe inflammable dont
les poumons fe déchargent pour la corifervation
de l’animal , quoiqu’il foit certain que Pair ve-
nant des poumons foit aufli infede d’air fixe.
On reconnoît l’air phlogiftique par les pro-
priétés fuivantes : Il n’eft pas ou tres-peu dimi-
nué par l’air nitreux ; un animal qu’on y plonge
devient fur le champ malade , & y meurt bien-
tôt ; il n’eft pas capable d’inflammation à l’ap-
proche d’une chandelle , & il n’acquiert pas
l’inflammabilité , même en le mêlant avec de
l’air refpirable ; mais au contraire , il éteint la
flamme fur le champ.
(1 iv
lv) Explication
Ah dcphLogiJlique. Le célèbre douleur Priefiley
a donné ce nom très-convenable à une efpèce
de fluide aérien , qu’il a trouvé deftitué de phlo-
giftique ou de principe inflammable , dont l’air
atmofphérique le plus pur fe trouve toujours
infeéle. Le célébré Scheele l’appelle air empyré ,
ou air de fai; parce qu’en effet il eft l’aliment de
la flamme. Cet air , qui mente d’être appelé air
vital , eft en réalité de l’air commun ou refpi-
rable , mais de la dernière pureté , tel qu’on
n’en rencontre jamais fur la terre. Cet air fur-
pafle meme tellement le meilleur air atmofphé-
rique, qu un animal enferme dans ce fluide vit
cinq fois, S c meme, dans quelques circonftances,
au - delà de fept fois plus long - temps que
quand il eft enfermé dans le meilleur air atmof-
phérique. Voici quelques-unes des qualités carac-
teriftiques de ce fluide merveilleux : La flamme
d’une chandelle , plongée dans cet air , devient
fort large, & brille d’une lumière fi claire, qu’elle
éblouit les yeux; & la chandelle éteinte s’y ral-
lume avec une explofion, s’il y refte la moindre
particule de feu : un charbon allumé qu’on y
plonge , devient fort reluifant , & pétille en
jetant des étincelles de tout côté ; il diminue
beaucoup plus que l’air commun , par le contaét
de 1 air nitreux. Etant mêlé avec une certaine
proportion d’air inflammable , il fait explofion
a l’approche de la flamme, avec un bruit très-
confidérable ; & la force de l’explofion eft beau-
coup plus çonfidérable , fi, au lieu d’air inflam-
mable, on verfe dedans un peu d’éther vitrio-
lique, comme je l’ai découvert.
Air fixe ou Air fixé. On donne ce nom à ce
fluide aérien qui fe développe en abondance des
de quelques Termes techniq. lvlj
fubftances qui fermentent, ôc qui, dans certains
endroits , fort de la terre de foi-même , tel qu’eft
l’antre ou grotte des chiens près de Naples : les
Italiens l’appellent mofeta : les Anciens lui don-
noient le nom de fnephitis ; 6c quelques Phi-
lofophes modernes prêtèrent de le nommer air
méphitique. C’eft-cet air dont quelques eaux mi-
nérales font imprégnées , 6c auquel elles doi-
vent leur goût piquant 6c leur principale vertu ,
telles font les eaux de Zelter ; c’eft cet air qui
fe développe en abondance des terres calcaires,
en les faifant difl'oudre par l’acide vitriolique.
On connoît cet air par les propriétés fuivantes :
Il éteint la flamme ; il eft abforbé par l’eau , 6c
lui communique le même goût piquant auquel
on reconnoît l’eau de Zelter , ( Si l’air fixe eft pur,
il eftprefque entièrement abforbé par une quantité
d’eau égale à fon volume. ) de façon qu’on ne
fauroit les diftinguer, ni par leur goût, ni par
leurs vertus. Il précipite l’eau de chaux; il fait crif—
tallifer immédiatement Y huile de tartre par défail-
lance , fi on en remplit un verre enduit de cette
huile : il eft mortel à un animal qui le refpire.
Eudiometre. Ce mot grec eft de nouvelle in-
vention , 6c très-bien adapté à un inftrument ou
une méthode également de nouvelle date, par
le moyen de laquelle on peut juger exa&ement
du degré de bonté ou de falubrité de l’air com-
mun , ou d’un air quelconque. Nous devons la
découverte d’un tel inftrument de ce genre , au
dofteur Priejlley. Il confifte en deux parties dé-
tachées, dont l’une eft un tube de verre divifé
en parties égales, par exemple, en deux divifions
égales , chacune de ces divifions étant fubdi-
vifée en dix autres parties égales , chacune def-
Iviij Explic. de quelq. Termes.
quelles eft fubdivifée de même en dix autres
égales. L’autre partie efi une mefure, de quelque
figure que ce l’oit , qui contient exactement ce
qu’il faut pour remplir une des grandes divifions
du tube. Le doêteur Priejlley commence par mettre
dans un verre féparé une mefure d’air commun ,
tellequeje viens d’indiquer, Scune d’air nitreux.
Il lailfe repofer ces deux airs dans le même verre
durant un temps limité (employant toujours exac-
tement le même intervalle de temps dans toutes
les expériences), par exemple, durant une heure;
après quoi , il lait monter ces deux airs ainfi in-
corporés enfemble , dans le tube divifé, & ob-
fierve d’abord l’efpace que la malle de ces deux
airs occupe. Il juge du degré de bonté de l’air
commun , par la diminution que la malle des
deux airs a fubie par leur mixtion , de façon que
l’air commun efi cenfé d’autant plus pur ou plus
falubre, que ladite diminution efl: plus grande.
M. Magellan , de la Société royale de Londres,
a publié un ouvrage fur un infiniment de ce genre,
très-ingénieux , qui fe vend chez M. Parker dans
Fleetjlreet à Londres : on donne avec l’infiru-
ment un imprimé contenant la defcription & la
manière de l’employer. On trouvera dans la fé-
condé Partie de cet ouvrage , jufqu’où le célèbre
abbé Fojitana a conduit cette découverte impor-
tante du doCteur Prieflley. L’ eudiometre , tel
qu’on le voit dans la planche jointe à ce livre,
a été exécuté par M. Martin à Londres ; &: le
mêmeinftrument fe trouve àpréfentchez M. Sikes ,
qui tient magafin d’infirumens mathématiques
& phyfiques, fabriqués à Londres, demeurant
fur la place du Palais royal à Paris.
&
lix
TABLE
DES SECTIONS.
PREMIÈRE PARTIE.
J | j D J i > i t • .
SECTION I. Quelques Remarques générales
fur la nature des feuilles des Plantes , &
fur leur ufage , Page I
SECT. II. Les plantes ont , fous plufleurs
rapports , beaucoup dé analogie avec les
animaux , & donnent diverfes efpèces d’é-
manations de leurs différentes parties , 14
SECT. III. Sur la manière d’obtenir l’air dé-
phlogifliqué d^es feuilles des Plantes , 21
Se CT. IV. L’air déphlogifliqué ne fort pas
de la même manière de toutes fortes de
feuilles y il fort fous des formes différentes,
félon la nature des différentes Plantes , 24
Se CT. V. L’air déphlogifliqué qui fort de
la furface des feuilles dans l’eau fnefl
pas un air que les feuilles aient pompé de
cette eau , 28
/
Ix TABLE
Sect. VI. L ’ air déphlogfiiqué qui fort des
feuilles fous l’eau , n’exifle pas dans les
feuilles tel qu'on le trouve après qu’il efl
forti de leurs pores ; mais cet air en fort
fous la forme d’air déphlogfiiqué , ayant
fubi dans la fubflance des feuilles une pu-
rification , ou une efpèce de tranfmuta -
33
non
SeCT. VII. La produclion de l’air déphlo-
gfiiqué des feuilles , ne peut pas être at-
tribuée à la chaleur du joleil } mais prin-
cipalement à la lumière , fi
SECT. VIII. Réflexions fur les articles pré-
cédais , ~ " 40
\ ’ -'''•‘•''il * ■ ■ . , /
SECT. IX. Les Plantes mortes & tout-a-
fait sèches , n’ont que très-peu ou point
de pouvoir de vicier l’air commun; mais
ces mêmes Plantes , étant mouillées , J ont
en état de le corrompre , 46
SECT. X. Toute Plante en général possède
le pouvoir de corriger l’air commun gcité
par la refpiration , la flamme d’une chan-
delle , &c. & devenu par-là incapable de
fervir à la refpiration ; mais elles n’ont ce
pouvoir que lorf qu’elles font au foleil ou
au grand jour } 44
SECT. XI. Toutes les Plantes donnent plus
DES SECTIONS. hj
ou moins d’ air déphlogifliqué pendant le
jour d l’air libre , & fur-tout au foie if 50
1 j
SeCT. XII. On ne peut pas dire que ce foit
de la végétation , que dépende la faculté
quont les Plantes de donner l’air déphlo-
gifliqué , de corriger le mauvais air , &
d’améliorer celui qui ef bon , 52
SECT. XIII. Les Plantes exhalent un air
nuflble pendant la nuit , & dans les lieux
objcurs durant le jour ; elles corrompent
l’air commun , dont elles font entourées ;
mais ce mauvais effet ef plus que contre-
balancé par leur influence falutaire pen-
dant le jour , 54
SECT. XIV. La plupart des racines récem-
ment tirées de la terre , exhalent un air
mal-fain nuit & jour , dans la lumière &
à b ombre , & répandent un poifon dans l’air
environnant , '
Se CT. XVo Toutes les fleurs exhalent en
tout temps } un air des plus mortels , &
empoifonnent une grande majfe d’air 3 au-
tant au milieu du foleil , que dans la nuit
& à l’ombre , 61
SECT. XVI. Tous les fruits en général exha-
lent un air pernicieux jour & nuit , dans
la lumière & dans l’ombre , & possèdent
lxij TABLE
une faculté confidérable de communiquer
une qualité des plus mal-faifantes à l’air
environnant , 64
SECT. XVII, Le pouvoir quont les Plantes
de corriger le mauvais air , furpaffe celui
quelles ont d’ améliorer le bon air } 67
SECT. XVIII. Sur l’effet des Plantes vi-
vantes tenues dans les appartemens 3 71
SECT. XIX. Les feuilles des Plantes meu-
rent plus tôt , lorfque les bulles d’air déphlo-
gifliqué dont elles fe chargent dans l’eau ,
en f ont féparées , 74
SECT. XX. Sur le pouvoir qu’ont les Végé-
taux d’abforber différentes efpèces d’air ,
79
SECT. XXI. Comment on peut juger fi les
Plantes font déjà difpofées à donner de
l’air dépklo gifliqué, 8 1
SECT. XXII. Pourquoi quelques eaux , telles
que l’eau diflillée , l'eau bouillie , &c. non-
feulement ne favorifent pas la production
de b' ' air déphlo gifliqué , mais meme empê-
chent cette production 9 8/L
SECT. XXIII. Quelques Remarques fur la
mouffe ou matière verte végétale qui s’en-
gendre au fond & aux parois des vafes de
DES SECTIONS. Ixiij
verre dans lef quels on tient de l’eau en
repos , 89
SECT. XXIV. Il ne paroît pas tout-à-fait
indifférent quelle ejpèce d’arbres on em-
ploie quand on veut en planter pour entre -
tenir la falubrité de l’air d’un endroit quel-
conque , 95
Se CT. XXV. Les feuilles qui font parvenues
à leur grandeur naturelle , donnent de l’air
déphlogifiqué plus pur & en plus grande
abondance que les jeunes feuilles , & celles
qui ne font pas encore entièrement déve-
loppées , 95
SECT. XXVI. Quoique la diminution d’un
mélange d’air commun & d’air nitreux ,
paffe pour un indice certain du degré de
falubrité d’un air quelconque , il y a ce-
pendant des exemples de certains airs y
dont la bonté pour l’ufage de la refpiration
ne peut être déterminée par ce moyen , 99
SECT. XXVII. L’air efl une des fubfances
les plus changeantes de la nature ; il fe
trouve même fous des formes très -diffé-
rentes , qu’il reçoit d’un grand nombre de
caufes , 106
SECT. XXVIII. Sur la nature de l’air qui
lxiv - TABLE
fort de la furface de notre corps , 126
Conclusion, 135
SECONDE PARTIE,
Contenant une fuite d'expériences faites
avec des feuilles , des fleurs , des fruits >
des tiges & des racines des Plantes , dans
le dejfein P examiner la nature de l'air qui
s'évapore de ces fubflances , & de montrer
leur influence fur U air commun dans diffé-
rentes circonflances , 171
SECTION I. Introduction, ibiL
SECT. II. Expériences qui indiquent en gé-
néral le degré de bonté ou pureté de l'air
déphlogifliqué qui fort des feuilles de dif-
férentes Plantes expojees au foleil, 20 1
SECT. III. Expériences qui indiquent la
différence dans le degré de pureté de l'air
déphlogifliqué , fourni par les feuilles de
la même Plante en dfférens temps du jour ,
quoique ces Plantes foient également ex-
po fées au foleil , 207
SECT. IV. Expériences qui tendent à décou-
vrir durant quelle partie du jour les Plantes
donnent de l'air déphlogifliqué de la meil-
leure qualité y ■ 210
Sec t.
TABLE. Ixv
SECT. V. Expériences qui tendent à décou-
vrir la quantité d’air déphlogifliqué quun
certain nombre de feuilles peut donner , 213
SECT. VI. Expériences qui tendent à décou-
vrir la qualité de l’air que les Plantes
exhalent pendant la nuit , & dans l’ombre
pendant le jour , 2 1 ^
Sec T. VII. Expériences qui tendent à faire
coniioitre a quel degré les Plantes peuvent
vicier l air commun pendant la nuit } &
durant le jour à /’ ombre. 2 1 8
Section VIII. Expériences qui démontrent
que l’altération cauf ze par les Plantes à l’air
commun pendant la nuit, efl de peu d’im-
portance , en comparaifon de l’ améliora-
tion qu’il en reçoit pendant le jour , 226
SECT. IX. Expériences qui démontrent que
les P lames possèdent pendant le jour une
propriété fngulière , de corriger l’air vi-
dé ,
9 230
SECT X. Expériences qui démontrent que
les Plantes âcres , puantes , & même celles
qui font reconnues pour vénéneufes ? don-
nem pendant le jour de l’air déphlooïjli-
qué d’une aufli bonne qualité que les autres
Plantes* ■ 23 2
e
Ixvj TABLE.
SECT. XI. Expériences par lef quelles on dé-
montre que les fleurs , en général , exha-
lent un air empoifonné , quoique en très-
petite quantité ; qu elles corrompent une
grande quantité d’air avec lequel elles font
enfermées ; qu elles exercent ce pouvoir en
tout temps , également durant le jour
comme pendant la nuit ? au foleil comme à
Nombre, ' 235
SECT. XII. Expériences qui démontrent que
les racines des Plantes , lorjqu elles font
récemment tirées de la terre } corrompent
Pair commun , exhalent un air malflai-
fant en tout temps ; j’en excepte cependant
quelques racines , 238
SECT. XIII. Expériences qui démontrent que
les Fruits en général exhalent un air mal -
faifant en tout temps & en tout lieu , &
qu’ils infeclent toujours L’air commun , mais
plus pendant la nuit & dans l’ombre , que
durant Le jour & au foleil, de façon que
la lumière du foleil diminue leur influence
pernicieufe fur l’air commun , au moins
dans quelques-uns , 240
SECT. XIV. Expériences qui prouvent que,
les feuilles, les tiges & rameaux verts qui
ks Jup portent , font les feules parties des
I
TABLE. îxvij
Plantes qui donnent de L’air déphlogifli -
qué,
SECT. XV. Expériences qui démontrent
quelle efpèce d’eau s’oppofe le moins à l'é-
laboration de l’air déphlogfliqué dans les
Plantes , & à la 'finie de ce fluide aérien
de la furface des feuilles , 248
SECT. XVI. Expériences qui indiquent à
quel degré de pureté peut atteindre l air
déphlogifliqué & élaboré par les Plantes ,
257
SECT. XVII. Expériences qui tendent à dé-
couvrir l’ effet des Plantes fur l’air inflam-
mable , 271
SECT. XVIII. Expériences qui tendent à dé-
couvrir quelle efpèce de Plantes ou d’ Ar-
bres -, infecte le moins l’air commun pen-
dant la nuit , 271
SECT. XIX. Expériences qui démontrent que
les feuilles qui font parvenues ci leur ac -
croijfement parfait, répandent de air dé-
phlogifliqué , & en plus grande abondance ,
& d: 'une qualité meilleure que les jeunes
feuilles 5 qui ne font pas encore à leur per-
fection ? . 279
SECT. XX. Expériences qui fimblent indi -
Ixviîj TABLE.
quer que le foleil feul , & fans l* âjfijlance
des Plantes , nefl pas en état d’améliorer
l'air , & même quil le gâte , 281
SECT. XXI. Expériences qui tendent à dé-
couvrir quelle ejl la méthode la plus exacle
& la plus expéditive de juger du degré
précis de la falubrité de l’air commun d’un
pays quelconque , 286
Poft-Scriptum , 295
Explication des Figures, 296
Table des Matières , 3°3
Fin de la Table.
EXPÉRIENCES
EXPÉRIENCES
SUR
LES VÉGÉTAUX.
PREMIÈRE PARTIE.
Observations sur la nature
des Plantes.
^^^^^_^^^^^_g_M_2BK3ESHE2SSSXKaKXEnSEBE3BB13anK5BKSSSBMB3KBK9BRBBnBi
SECTION PREMIÈRE.
Quelques Remarques générales fur la nature
des feuilles des Plantes, & fur leur uf âge.
Dès que le foleil commence , au prin-
temps, à répandre fur la furface de la
terre de la chaleur à un certain degré ,
la plupart des végétaux, fur -tout les ar-
' A
2 Expériences
bres, offrent en peu de jours le fpe&acle
le plus beau , la décoration la plus frap-
pante. Ce meme degré de chaleur qui
ranime la végétation, eff, par fa nature,
une caufe générale de corruption. Les
plantes contra&ées & engourdies pendant
le froid de l’hiver, ne préfentent d’autre
furface que celle du tronc & des branches,
comme li elles vouloient fe cacher & fe
fouffraire à l’air autant qu’elles le peuvent;
elles augmentent en peu de jours leur fur-
face, peut-être plus de mille 'fois , en
pouffant ces efpèces d’éventails fans nom-
bre , qui nous font connus fous le nom
de feuilles. Un changement aufff notable
arrivant prefque fubitement, & donnant
une nouvelle apparence à la furface de la
terre , femble indiquer un deffein parti-
culier, dont l’importance doit être pro-
portionnée à la grandeur de la fcène.
Ceux qui fe font occupés à obferver
les ouvrages de la nature, n’ont pas man-
qué d’admirer cet appareil majeffueux dont
elle fe revêt au printemps , en pouffant
jes feuilles; & quelques-uns, éblouis de
ce nouveau fpeftacle, ont cru que l’Au-
teur de ce monde avoit ppur principal
but, en produifant les feuilles, de flatter
nos yeux par une décoration raviffante,
& de nous garantir de l’ardeur du foleil
SUR LES VÉGÉTAUX. Sèci. I. 5
par la fraîcheur de l’ombre. D’autres , plus
philofophes , ont penfé que les feuilles
fervent à pomper l’humidité de l’air , de
la rofée , des pluies , à favorifer la vé-
gétation & la fruâification , par confé-
quent, la propagation de l’efpèce ; &ainli
ils ont prefque entièrement réduit l’ufage
des feuilles à l’utilité de la plante dont
elles continuent une partie fi confidérable.
Il eft hors de doute que les feuilles
contribuent beaucoup à la vigueur de la
végétation ; car , lorfqu’on en dépouille
l’arbre, on le met en danger de périr. En
arrofant les feuilles & le tronc d’un jeune
arbre , on augmente confidérablement fa
croiflance; ce qui prouve que les feuilles
lui rendent un fervice elfentiel en abfor-
bant l’humidité. Les feuilles favorifent la
fructification 8c la propagation de l’efpèce;
car , fi on en dérobe une grande partie à
l’arbre , il languit , le fruit n’acquiert pas
le goût qui lui eft propre, &, en dépouil-
lant l’arbre entièrement , le fruit tombe
avant fa maturité. Quoique l’importance
des feuilles foit allez apparente par les ufa-
ges expofés ci-deffus , on n’aura cependant
pas de peine à croire quelles foient encore
deftinées à des objets qui n’ont aucun rap-
port avec la fruftification , dès qu’on con-
fidérera que la fructification eft déjà très-
Aij
4 Expériences
avancée dans un grand nombre de plantes ,
avant que les feuilles paroiffent; que dans
d’autres , elles pouffent des mois entiers
avant les fleurs; 8c que beaucoup de plan-
tes confervent leurs feuilles dans la plus
grande vigueur, 8c même continuent d’en
pouffer de nouvelles , après que la frudi-
fication efl entièrement achevée.
Il efl; vrai que les utilités multipliées des
feuilles n’ont rien de bien extraordinaire;
car il n’y a peut-être aucune produdion de
la nature bornée è un feul ufage : nous
voyons que les fruits n’ont pas été faits
feulement pour contenir la femence 8c
propager l’efpèce de la plante, mais qu’ils
font deflinés en même temps à fervir d’a-
liment aux animaux , de remèdes à leurs
maladies , 8cc. Les femences de quantité
de plantes n’ont certainement pas pour
feul but de propager leur efpèce ; car il
y a des plantes qui en produifent tant ,
que, fl elles n’étoient pas recueillies, à peine
un centième trouveroit-il de la place pour
végéter. Nos facultés font trop bornées pour
découvrir toutes les caufes Anales de cette
immenfité d’êtres qui nous environnent,
8c dont nous ne connoiffons ni la nature
ni Futilité. Chaque découverte que nous
faifons dans les opérations que la nature
avoit tenues jufqu’alors fous le voile, nous
SUR LES VÉGÉTAUX. Se ci. 1. 5
montre de plus en plus la fageffe fuprême
de fon Auteur. On doit préfumer qu’il
eft entré dans fon plan de former les
différons êtres qu’il contient, de manière
à leur faire remplir toutes les vues dont ils
font fufceptibles, & à fe prêter des fecours
mutuels.
Mon deffein n’étant pas d’entrer dans
un grand détail fur ce qui regarde la
eonffruéffon des feuilles, & les rapports
qu’elles ont avec la végétation de la plante,
mais de découvrir la relation que ces or-
ganes ont avec le règne animal , & les
avantages que nous en tirons ; j’abandon-
nerai le reffe à ceux qui ont fait une
étude particulière de cette branche d’hif-
toire naturelle. On peut confulter fiir ce
fujet les Obfervations microfcopiques con-
tenues dans les ouvrages de M. Leuwen-
hoek , de M. Baker ; les Obfervations &
Expériences de T hunmunvïus fur l’anato-
mie des feuilles dans le Journal de Leipfik,
1722, pag. 22; ce qu’on troiive dans l’u-
tile ouvrage 'de M. Valmont de B omare ,
fon Diftionnaire d’Hiffoire naturelle , fur-
tout l’article Utilités des Feuilles , leur
Examen au microfcope , &c.
Le célébré M. Bonnet de Genève a pu-
blié un des plus favans ouvrages fur ce
fujet 5 il a pour titré : Recherches fur Fu-*
A üj
6 Expériences
fage des Feuilles dans les Plantes , & fur
quelques autres Jujets relatifs à /’ H ifloire de
la Végétation , par Charles Bonnet, à Got-
tingen & Leiden, 1754. Cet ouvrage con-
tient fur la nature, les propriétés & les
ufages de ces organes merveilleux , un
grand nombre de recherches intéreflantès ,
laites avec la plus grande attention , qui ont
répandu beaucoup de lumière fur ce fujet.
Il a remarqué les bulles d’air qui cou-
vrent les feuilles des plantes lorfqu’on
les plonge fous l’eau ; il dit , page 26 ,
que ces bulles , dont la furface inférieure
fe couvre , font de l’air que la feuille fé-
pare de l’eau quelle a imbibée. Impatient
de vérifier ce foupçon, il fit bouillir de
l’eau pendant trois quarts d’heure, afin
de chaffer l’air qu’elle contient ; il y plon-
gea une branche de vigne , &. les bulles
ne parurent pas , quoique le foleil fut ar-
dent ; enfuitç il imprégna l’eau d’air , en
foufflant dedans , & les bulles parurent &
devinrent plus grandes. Il dit, pag. 28,
qu’elles fe montrent ordinairement lors-
que le foleil commence à échauffer l’eau ,
& qu’elles difparoiffent à l’approche de
la nuit, à caufe du froid. A la page 31*
les ayant obfervées plus foigneufement , il
dit qu’il a appris par l’expérience , que
ces bulles font produites par l’air adhérent
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. I. 7
aux feuilles sèches, logé dans leurs inégali-
tés , 8c dilaté par la chaleur du foleil , & que
'es bulles difparoiffent à l’entree de la
nuit, l’air qui les formoit étant condenfé
par la fraîcheur ; que pour cette même
raifon les bulles ceffent de fe former vers
ce temps. A la page 33 , il dit que ce ne
font pas feulement les feuilles plongées
vivantes dans l’eau , qui s’y couvrent de
bulles ; qu’il en a auffi obfervé fur des
feuilles mortes , 8c cueillies depuis plus d’un
an; que ce fait achève de démontrer que
les bulles qui s’élèvent fur les feuilles ver-
tes, 8c qui végètent encore, ne font pas
l’effet de quelque mouvement vital. Je puis
en fournir, dit-il , une autre preuve. Ayant
retiré de l’eau des feuilles vertes très-
chargées de bulles, ces bulles fe font cre-
vées dans l’air, 8c la place qu’elles occu-
poient fur la feuille a été très-facile à re-
connoître , parce qu’elle n’étoit point hu-
meéfée; l’eau ne l’avoit pas encore touchée.
Ayant examiné avec toute l’attention
dont je fuis capable, la produéfion de ces
bulles , j’ai cru qu’elles étoient d’une im-
portance beaucoup plus grande que M.
Bonnet ne l’imaginoit. Voici à peu près
ce que j’ai obfervé par rapport à leur ap-
parition.
La plupart des feuilles fe couvrent de
A iv
8 Expériences
ces bulles , lorfqu’on les plonge fous une
eau quelconque au foleil , ou en plein
jour, dans un lieu ouvert & bien éclairé ,
mais infiniment plus dans l’eau de fource
fraîchement tirée; elles fortent plus len-
tement , & en moins grand nombre , fur
les feuilles plongées dans l’eau de rivière ;
moins encore dans l’eau de pluie , & moins
que dans toute autre dans l’eau ffagnante
des marais , l’eau bouillie ou diflillée. Elles
ne font pas produites parce que la cha-
leur du foleil raréfie l’air adhérent aux
feuilles , car beaucoup produisent des bulles
dans l’inftant même qu’on les plonge
dans l’eau la plus froide , quoiqu’elles
foient , dans le moment qu’on les fépare
de l’arbre, & qu’on les plonge dans l’eau,
échauffées par le foleil ; elles ne pouffent
pas de bulles d’air après le coucher du fo-
leil , ou du moins fort peu; mais celles qui
étoient déjà forties ne difparoiffent point ,
malgré le froid de la nuit.
Comme les feuilles, lors même qu’elles
font échauffées par la chaleur du foleil ,
rendent ces bulles d’air prefque auffitôt
qu’elles font plongées fous l’eau, quoique
celle-ci foit très-froide en comparaifon du
degré de chaleur quelles ont, il paroît
très-clair que ces bulles ne font pas dues
à la raréfa&ion de quelque air adhérent
SUR LES' VÉGÉTAUX.' Sect. /. 9
aux feuilles , ni même d’un air qui exiflât
déjà dans leur fubftance ; car la fraîcheur
de l’eau récemment tirée des entrailles de
la terre , devoit plutôt refferrer leurs pores
8t condenfer l’air qui pouvoit s y trouver.
D’un autre côté , l’apparition fubite dè
ces bulles , & leur accroilfement qui fe
fait par degré dans l’eau froide expofée à
la clarté du jour , la ceffation de cette
émiffion d’air pendant la nuit, & dans
l’ombre pendant le jour, dans la même
eau , femblent indiquer que ces bulles ne
doivent pas leur origine à l’air exiflant
dans l’eau , & pompé par les feuilles , ni
à la raréfaéion de l’air déjà adhérent aux
feuilles , mais à quelque mouvement vital
qui a lieu dans les feuilles expofées au
grand jour , & qui ceffe dès qu’elles fe
trouvent à l’ombre ; &: il femble que la
fortie de cet air ,, fous la forme de bulles,
n’eft que la continuation des courans ou
jets de ce même air, qui fortent des con-
duits excrétoires des feuilles pendant la
grande clarté du jour , mais qui font de la
plus grande fubtilité , & , dans l’état na-
turel des chofes , parfaitement invilibles.
Nous ne faifons donc que furprendre la
nature fur le fait, en plongeant les feuilles
toutes vivantes fous l’eau, dans laquelle
elles relient en vigueur, & par conféquent
10 Expériences
«
peuvent continuer une partie de l’opéra-
tion à laquelle elles étoient occupées im-
médiatement auparavant. Je dis que les
feuilles , dans ces circonftances , peuvent
continuer en partie leur travail; car, quoi-
qu’elles puiflent dans l’eau répandre leur
air comme hors de l’eau , elles ne
peuvent cependant plus en abforber de
nouveau de la made de l’atmofphère ,
parce que l’eau qui les entoure intercepte
leur communication avec l’atmofphère. Il
eft donc très-probable que fi les feuilles
rendent par leurs pores une quantité
d’air ft confidérable , lors meme qu’elles
ne peuvent pas réparer cette perte par
l’abforption d’un air nouveau , elles en
donnent une quantité bien plus grande
dans l’état naturel, où elles peuvent en
abforber autant qu’elles en perdent.
Si nous examinons l’air qui forme ces
bulles , nous ferons bientôt convaincus
commun;
n
11 eft véritablement déphiogiftiqué : un ani-
mal y vit beaucoup plus long-temps que
dans l’air commun le plus pur; il augmente
confidérablement le volume de la flamme
d’une bougie , elle y acquiert un éclat qui
éblouit les yeux ; & une bougie éteinte
beaucoup
lofphère;
qu’il eft bien loin d’être de l’air
nous le trouverons d’une qualité
fupérieure au meilleur air de l’ati
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl.I. II
y reprend la flamme s’il lui refle la moin-
dre particule du feu.
Ce fluide éthéré , que les feuilles ré-
pandent en grande abondance , comme
une pluie bienfaifante , mais invifible , doit
naturellement contribuer beaucoup à pu-
rifier l’atmofphère; il efl peut-être une
des principales caufes qui préfervent la
race de$ animaux de la deflrudion, quand
Ja chaleur augmente la corruption générale
de tant de corps qui , par leurs exhalaifons
nuifibles, infedent continuellement l’air,
& le rendent moins capable de foutenir
la vie.
Lorfque le froid de l’hiver arrête cette
tendance univerfelle vers la corruption ,
nous n’avons plus befoin de l’affiftance des
feuilles pour purifier notre atmofphère,
qui n’eft plus tant infedée. Les feuilles
tombent; & l’arbre continuant à vivre fans
elles, nous annonce qu’elles avoient plus
de rapport à notre confervation qu’à la
fienne. Dans les climats chauds , où la
fource générale de la corruption , la cha-
leur , ne ceffe pas d’exifler , la verdure efl:
perpétuelle.
Les feuilles , auffitôt qu’elles fe font dé-
veloppées , s’arrangent entre elles de la
manière la plus convenable pour ne pas
s’embarralfer les unes les autres, & elles
i2 Expériences
exppfent leur furface vernie, autant qu’il
eft poflible, à l’influence direde du foleil,
en cachant l’inférieure à fes rayons, comme
fi elles cherchoient plus fa lumière que
fa chaleur; car le vernis de cette furface,
expofé à fes rayons, doit, en les réflé-
chiffant , modérer la chaleur.
On verra par la fuite, qu’il efl probable
que la furface inférieure des feuilles a été
deflinee principalement à répandre l’air pu-
rifie; la fuperieure , à abforber l’air atmof-
pherique, & à l’élaborer en air déphlogif-
tique, en féqueflrant le principe inflam-
mable dont il efl toujours fouillé ; & que
cette opération fe fait au moyen d’un mou-
vement inteflin & vital , excité & entre-
tenu par l’adion de la lumière. Cette pro-
babilité deviendra plus plaufible, fl nous
confidérons que , par un tel arrangement,
l’air déphlogifliqué , fortant de la furface
inférieure des feuilles , trouve moins d’obf-
tacle à fa defcente ; que l’air déphlogifli-
qué efl fpécifiquement plus pefant que
l’air atmofphérique, & que par conféquent
il doit, par fa nature, être porté à defcen-
dre. Nous trouverons ce fyflême encore
plus vraifemblable fl nous y ajoutons que
la plupart des airs nuiflbles aux animaux,
font plus légers que l’air commun, &,
par conféquent, doivent être difpofés à
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. /.
monter ; que pour cette raifon, l’air mé)
tique que les feuilles des plantes exhaL
pendant l’obfcurité de la nuit (a) , celui q
fort des eaux Gagnantes & des fublîana
dans l’état de corruption , &c. montent ver
les régions élevées de l’atmofphère , &
qu’ainfi nous en Tommes délivrés prefque
auffitôt qu’il ell produit.
De tout ceci , nous pouvons recueillir
de nouvelles lumières fur l’arrangement
des différentes parties de ce monde, &. fur
la dépendance des êtres les uns des au-
tres, fur les fecours mutuels qu’ils font
deflinés, par l’Auteur de la nature, à fe
prêter pour le maintien du tout. Nous
verrons que les plantes, en féparant de
l’air atmofphérique le principe inflam-
mable , ou le phlogiftique , rejettent le
fuperflu en air déphlogiftiqué , comme un
fluide devenu nuifible à elles-mêmes, mais
alors très-falutaire aux animaux ; & que les
animaux, après avoir fait leur profit de cet
air épuré , en le refpirant, le rendent à leur
tour aux plantes , chargé du phlogiftique
furabondant de leur corps, un des princi-
paux alimens des végétaux.
En un mot , nous verrons que la na-
ture a confie aux feuilles des plantes une
(.*) Il fera parlé plus amplement de la nature de cet air
à la fin du Livre.
14 Expériences
fonélion bien plus noble que celle qu'on
leur avoit attribuée jufqu’à préfent , 6c
que nous n’avons aucune raifon d’être de
mauvaife humeur en voyant éclore pref-
que par-tout cette foule d’orties , de char-
dons 6c autres végétaux à qui notre igno-
rance a donné le nom injurieux de mau -
vaifes herbes.
SECTION II.
Les Plantes ont , fous plujleurs rapports ,
beaucoup d'analogie avec les animaux , &
donnent diverfes efpèces d’ émanations de
leurs différentes parties.
Si nous comparons l’économie des planâ-
tes avec celle des animaux , nous trouve-
rons que ces deux êtres ont plus d’ana-
logie entr’eux , que leurs différences appa-
rentes ne nous l’indiquent. La plante étant
un être vivant , qui croît , 6c meurt à la
fin de vieillefîe, comme les animaux, a
befoin , comme eux , de prendre des ali-
mens , de les digerer pour en tirer la nour-
riture , 6c de rejeter le refie , comme fu-
perflu 6c nuifible. Mais la plante, deftinée
a relier dans le même endroit où elle a
pris naiffance, ne peut, comme les ani-
maux, aller chercher fes alimens; elle doit
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. IL 15
trouver dans l’efpace qu’elle occupe, tout
ce qu’il lui faut pour fa fubfiftance. En
étendant autour d’elle fes racines dans la
terre, elle s’y fixe fermement; & , par les
filets ou chevelu fans nombre de ces mê-
mes racines ; elle abforbe , comme par
autant de fiphons , l’humidité qui fe pré-
fente à leurs orifices. Elle femble n’avoir
befoin de rien de plus durant tout le temps
de l’hiver : n’étant alors occupée que d’elle-
même, & dans un état de fommeil ou d’en-
gourdiffement , elle digère très-peu d’ali*
mens; elle ne perd cependant pas ce mou-
vement inteftin dont fa vie dépend; car
elle produit continuellement encore i!n
degré de chaleur , qui la garantit du dan-
ger de périr. Cette faculté fingulière des
plantes , de produire de la chaleur , eft
encore une de leurs reffemblances avec les
animaux; elle eft publiée dans une differta*
tion très-ingénieufe de M. John Hunter ,
inférée dans les Tanfaéfions philofophi-
ques, vol. lxv, p. 446. Dès que les chaleurs
de l’été commencent, les plantes fortent
de leur léthargie , prennent comme une
nouvelle vie, s’occupent de la propaga-
tion de leur efpèce , & s’acquittent d’une
fonâion utile aux animaux, en abforbant
le mauvais air, & en nous le rendant dans
un état de pureté; tandis que les animaux.
1 6 Expériences
par la refpiration , la tranfpiration , leurs
excrémens, la corruption de leurs corps
après leur mort , &x. leur rendent le même
fervice.
En confidérant la {implicite de l’écono-
mie végétale de la plante , par rapport à
fa nourriture quelle ne peut tirer que de
la terre , ou de l’air qui l’environne , on
eff étonné que par un procédé fi uniforme
en apparence, les émanations des diffé-
rentes parties de la plante fe trouvent tel-
lement différentes, que les feuilles exha-
lent un air des plus falubres, tandis quen
même temps les fleurs en donnent un
mortel. Le même phénomène fe trouve
aufli dans les animaux. Les différens or-
ganes de notre corps produifent des li-
queurs fort éloignées d etre femblables.
La furface même ne donne pas dans tous
les points les mêmes émanations ; la
fueur des aiflelles &c de quelques autres
endroits de notre corps , diffère beau-
coup de celle produite par le relte de la
peau. Il n’eff point douteux que cette va-
riété dépende principalement de la ffruc-
ture particulière des organes ou glandes
qui féparent de la maffe des humeurs
ces différens liquides ; mais il relie une
grande difficulté a refoudre fur ce fu-
fet : comment ces mêmes feuilles , qui
■ * répandoient
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. II. 17
répandoient un air fl bienfaifant dans la
clarté du jour , en exhalent un tout-à-fait
empoifonné dans la nuit 8c à l’ombre. Pour
éclaircir un peu ce myflère, nous devons
réfléchir que les organes de tous les êtres
vivans font fujets à produire des humeurs
différentes , fuivant qu’ils font différem-
ment affedés par des caufes capables d’ex-
citer en eux des mouvemens diffemblables.
La lumière du foleil efl feule capable de
produire dans les feuilles ce mouvement
qui peut développer l’air déphlogiftiqué:
fltôt que la lumière ceffe d’agir fur les
feuilles , leur opération ceffe en même
temps , & une autre d’une nature diffé-
rente commence.
Il fe peut que l’organifation des fleurs
foit telle , que la lumière du foleil n’y faffe
aucun changementcapablede leur faire pro-
duire des émanations différentes, comme
celles des feuilles. Une chofe femblable a
lieu dans le corps des animaux : la furface ex-
terne de nos inteflins exhale une humeur
aqueufe qui les tient conflamment affez hu-
mides pour empêcher qu’ils ne fe collent;
elle les fait gliffer librement les uns fur les
autres ; mais , dès qu’ils font dans un état
d’inflammation , il fuinte de leur furface , au
lieu d’une humeur aqueufe, une mucofité té-
nace qui les fait adhérer ou fe coller, &em-
B
i8 Expériences
pêche la liberté de leurs mouvemens. Une
particule de certains poifons , appliquée à
une partie fur laquelle ils peuvent agir ,
y excite un mouvement analogue à fa na-
ture , & par lequel les humeurs bénignes
que cette partie produifoit ordinairement,
acquièrent la qualité venimeufe de la ma-
tière qui y avoitcaufé ce mouvement nou-
veau & contre nature. Tant que Ton n’éteint
pas l’a&ion de ce poifon par des antidotes,
ou qu’on ne change pas ce mouvement
particulier qu’il a caufé , la partie continue
long-temps a produire la même humeur
venimeufe, & pourroit ne ceffer jamais.
Le venin vénérien agit de cette façon:
celui de la petite- vérole produit encore
lin phénomène femblable, ainli que plu-
lieurs autres.
Les émanations du fluide aérien , qui
diffèrent félon les diverfes parties de la
plante , ne font pas les feules qu’elle exhale.
Il y en a une autre d’une importance très-
grande , & d’un tout autre genre ; c’eff la
tranfpiration proprement dite des plantes.
L’art de la diffillation , l’organe de l’odo-
rat & celui du goût nous ont déjà mon-
tré la grande variété des principes que
donnent les plantes , & même les diffé-
rentes parties de la même plante, & les
diverfes vertus médicinales qu’on peut en
sur les Végétaux, Secl. IL 19
tirer. Mais , comme il paroîtra dans les
articles fuivans de cet ouvrage , que la
chaleur du feu , & prefque toute autre
caufe , excepté la feule lumière du foleil ,
gâtent l’air déphlogiftiqué des feuilles , il
fe pourroit de même que cet efprit rec-
teur des plantes, que nous en tirons par
la diftillation , fût tout autre , û nous trou-
vions un moyen de nous le procurer tel
qu’il fort des plantes , fans courir rifque
de l’altérer par ceux qu’on emploie. Il faut
efpérer que quelque homme induftrieux
nous l’enfeignera. M. Bonnet nous a donné
des expériences très-curieufes fur l’abforp-
tion & l’évaporation des feuilles , & il a
trouvé que la furface inférieure efl plus
propre à la tranfpiration que la fupérieure;
mais il n’a eu aucun égard à la nature du
fluide qui s’en exhale.
L’exhalaifon d’üne humidité de la fur-
face des plantes , efl encore une fonction
qu’elles ont de commun avec les animaux.
Ceux-ci, de même que les plantes, tranf-
pirent un fluide aérien. Elle fera traitée
féparément dans cet ouvrage.
La propagation de l’efpèce dans les
plantes a une analogie fingulière avec celle
des animaux. Les grands botaniftes moder-
nes ont mis cette matière dans le plus beau
jour. Il etoit néceflaire que des êtres def-
Bij
20 Expériences
titués de mouvement progreflif continrent
les organes des deux fexes, affez voifins
les uns des autres , pour que leurs jonc-
tions, ou l’imprégnation néceffaire à la fé-
condité, puiffe s’effeftuer. C’eft pour cette
raifon que les fleurs , qui font le lit nup-
tial des plantes , font pour la plupart her-
maphrodites , de façon cependant que le
fexe mafculin ne fe trouve point confondu
avec le féminin dans la même partie de
la fleur (a). La qualité d’hermaphrodite a
été donnée à très-peu d’animaux; quel-
ques efpèces , telles que le limaçon, jouii-
fent de ce privilège.
(a) C’eft-à-dire , que les organes mâles font très-diftinéïs
des femelles , quoique exiftant très-près l’un de l’autre ;
de façon que chaque fleur doit plutôt être regardée comme
un lit nuptial, que comme un être véritablement herma-
phrodite , quoiqu’on ait appelé peu exaélement hermaphro-
dites les fleurs qui réunifient plufleurs organes mâles &.
femelles.
<1
■Sf # ;B-
#//j !
f
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. III. 21
SECTION III.
Sur la manière a obtenir l air dephlogijhque
des feuilles des Plantes .
Comme l’air n’eft pas apperçu par nos
yeux, il auroit été difficile de nous con-
vaincre que les plantes abforbent de l’air,
& en rendent, fi nous n’avions pas trouvé
le moyen de faifir la nature dans fon opé-
ration, en enveloppant fubitement d’eau
la plante, & la laiffant , atout autre égard,
dans l’état naturel. De cette manière, on
voit clairement des bulles d’air fortir de
toute la furface desTeuilles; mais quoique
nous puiffions par-là nous convaincre plei-
nement de rémiffion de l’air , nous ne
pouvons pas , par cette expérience , dé-
montrer que les plantes en abforbent : nous
pouvons cependant en conclure raifonna-
blement que fi les plantes exhalent une fi
grande quantité d’air, il faut qu’elles l’aient
abforbée auparavant.
Pour obtenir cet air bienfaifant des
feuilles, il faut choifir le temps auquel le
foleil éclaire déjà l’horizon allez pour avoir
excité le mouvement vital dans les orga-
nes par lefquels cet air fe prépare. On peut
22 Expériences
s affurer que deux ou trois heures après
le lever du foleil, toutes les plantes lont
affez animées pour en obtenir ce fluide
aérien. On plonge un bocal de verre blanc
& tranfparent , dans une cuve pleine d’eau
de fource fraîchement tirée , de façon que
l’orifice du bocal foit en haut, & deflous
la furface de l’eau : on met dans ce bocal
une branche de vigne, une plante quel-
conque, ou des feuilles vertes & fraîche-
ment cueillies; on les fecoue un peu fous
1 eau , pour en féparer l’air amofphérique
adhérent ; après quoi on tourne le bocal
fous l’eau , & on fait repofer fon orifice
fur une alfiette , ou autre vafe qiii puiffe
tenir allez d’eau pour pouvoir tranfporter
le bocal renverfé , fans crainte que l’air
commun y entre. On place le bocal dans
un endroit où il efl: bien éclairé par le
foleil : les feuilles continuant à vivre, ne
ceffent point la fon dion dont elles étoient
occupées avant, autant que l’eau n’y met
pas d’obllacle. Elle empêche que la plante
ne puiffe continuer d’abforber l’air de l’at-
molphère, mais elle n’arrête point celui
qui fort des feuilles; auffi arrive -t-il
qu’elles fe couvrent bientôt de bulles d’air,
dont le volume croît continuellement. Ces
bulles à la fin fe détachent des feuilles ,
5c fe raffemblent au fond renverfé du
SUR LES VÉGÉTAUX. Se et. III. 23
bocal; de façon que, dans peu d heures, ^
s’en amaffe une quantité confiderable. Les
bulles étant féparées des feuilles, en fe-
couant un peu le bocal , font bientôt fui-
vies par d’autres , jufqu a ce que la feuille ,
ne pouvant plus pomper de nouvel air de
ï’atmofphère, fe trouve épuifée.
L’air ainfi obtenu, eft réellement de-
phlogiftiqué , d’une qualité plus ou moins
parfaite , félon la nature de la plante dont
on a pris les feuilles , félon le plus ou moins
de clarté du jour , &c.
De toutes les efpèces d’eau que j’ai
effayées, celle de fource femble la meil-
leure, quand elle eft fraîchement tiree par
une pompe qui couvre le puits; car h cette
même eau a été expofée quelque temps
au contaéf de l’air ouvert , elle n’eft plus
fi bonne pour la parfaite réuffite de l’expé-
rience. Je donnerai par la fuite mon opi-
nion fur ce phénomène.
Il n’eft pas rare de voir ces bulles d’air
s’élancer hors des feuilles avec tant de
force , qu’elles s’en détachent d’abord ; &
c’eft un fpeftacle affez amufant de les
voir fe fuivre les unes les autres , avec
une rapidité étonnante. J’ai fait plufieurs
fois cette remarque a l’égard des feuilles
du nymphœci alba , le nénufar blanc 3 Sc de
quelques autres.
B iv
24 Expériences
SECTION IV.
V air déphlogifliqu ê ne fort pas de la même
manière de toutes fortes de feuilles ; il
fort fous des formes différentes , félon h
nature des différentes Plantes.
U O I Q U E 1 air déphlogiffiqué , lorfqu’il
fort des feuilles couvertes d’eau, fe pré-
fente fur la plupart en forme de bulles
rondes , cette apparence n’a cependant
pas lieu dans toutes les plantes indiffé-^
remment.
C’efl un fpeâacle affez amufant que de
voir cette confiante uniformité de la figure
des bulles dans les feuilles de la même
plante. Celles de vigne, de tilleul, du noyer
&de beaucoup d’autres arbres, offrent le
coup d’œil le plus charmant , lorfqu’elles
font toutes couvertes de ces bulles; celles
de chêne n’offrent pas, à beaucoup près.
Je même fpeélacle.
J’ai obfervé avec beaucoup d’attention ,
de patience, & autant de plaifir, la grande
variété que fourniffent à cet égard dif-
férentes efpèces de plantes. J’ai noté avec
foin ces variétés , dont je vais rappor-
ter quelques-unes, La plupart des feuilles
SUR LES VÉGÉTAUX. Sel l IV. 25
produifent conftamment un grand nombre
de bulles petites , rondes , & qui croiffent
graduellement. Il y en a, comme celles du
capri-folium , le chèvre- feuille , qui pro-
duifent , au lieu de bulles rondes , des
efpèces de veffies ou ampoules plates &
irrégulières. Quelques-unes , & même le
plus grand nombre , pouffent des bulles
rondes de leurs deux furfaces ; d’autres
produifent des bulles rondes feulement
fur une des furfaces, tandis qu’on ne voit
fur l’autre que des veffies irrégulières :
par exemple, les feuilles de chêne produi-
fent fur leur furface inférieure des veflies
irrégulières, & fur la fupérieure des bulles
rondes; tandis que quelques autres , comme
celles du cataputia , efpèce de tithymale ou
réveille-matin , les donnent en fens con-
traire.
Il y a des feuihes qui ne produifent fur
l’une & l’autre furface ni bulles ni veffies ,
& qui donnent cependant une grande
quantité d’air déphlogifliqué : telles font
celles du najlurtium indicum , la capucine.
Il a fallu mettre une attention particulière
pour découvrir de quelle façon l’air déphlo-
giftiqué fort de ces feuilles ; voici le myf-
tère. Elles ont la propriété de ne pas fouf-
frir le contaft de l’eau, & par cette raifon
elles en fortent sèches , même après vingt-
26 Expériences
quatre heures d’immerfion. L’eau forme
fur ces feuilles une efpèce de nappe fans
les toucher. L’air déphlogiftiqué , fortant
continuellement , glifte dans l’intervalle
entre l’eau Scies feuilles, vers leur partie
la plus élevée, 8c forme dans cet endroit
une efpèce de poche, qui, devenue d’un
certain volume, fe détache de la feuille,
8c va chercher le fond du bocal renverfé.
Ces feuilles donnent une. quantité d’air
déphlogiftiqué qui eft d’une bonté émi-
nente. C’eft une loi aftez générale , que les
feuilles qui fourniflent la plus grande partie
d’air déphlogiftiqué , en donnent de la
meilleure qualité.
11 y. a des feuilles qui possèdent cette
propriété de repouffer l’eau feulement d’un
côté : par exemple , les feuilles de fram-
bojlîer ne font pas mouillées par l’eau fur
leur furface inférieure qui eft veloutée.
Il y a des feuilles d’autres plantes, qui,
quoiqu’elles ne fe mouillent ni à l’une ni
à l’autre furface , forment cependant des
vefties ou ampoules fur une des faces ,
8c des bulles rondes fur l’autre ; telles font
celles du fraifter, dont la partie inférieure
donne des ampoules irrégulières , 8c la
fupérieure des bulles , pour la plupart ,
rondes.
Quelques feuilles commencent fort vite
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. IV. IJ
adonner des bulles d’air le matin , & ceffent
fort tard d’en donner le foir : telles font
les feuilles de pommes de terre; quelques
autres commencent , au contraire , fort
tard , & ceffent de bonne heure le foir :
par exemple, les feuilles de laurier-cerife.
Quelques feuilles pouffent leurs bulles
d’air immédiatement après qu’on les a
mifes fous l’eau , telles font les feuilles
des pommes de terre; d’autres les pouffent
dans peu de fécondés , telles fontles feuilles
de la mauve ; d’autres le font dans peu de
minutes, comme font les feuilles de noyer;
d’autres les pouffent beaucoup plus tard ,
comme celles du laurier-cerife.
Quelques-unes produifent leurs bulles
premièrement fur la furface inférieure ,
telles font les feuilles de la plupart des
arbres : dans quelques-unes , elles fortent
premièrement fur la furface fupérieure ,
comme celles du laurier-cerife; d’autres
en donnent fur les deux furfaces dans le
meme temps, comme celles de la mauve.
Il y a des feuilles fur lefquelles les bulles
groffiffent d’une manière à peu près uni-
forme entr’elles , telles que celles de la
vigne , du noyer , du tilleul; il y en a
d’autres fur lefquelles les bulles paroiffent
dès le commencement d’une grandeur très-
irrégulière, telles que celles de la mauve,
duperfil, &c.
-8 Expériences
Ce peu d exemples fuffit pour montrer
les différentes manières dont ce fluide
aérien fort des feuilles ; ce qui dépend
vraifemblablement de la variété d’orga-
nifation dans les différentes efpèces de
feuilles.
J ai obferve encore un plus grand nom-
bre de ces variétés, que j’ai cependant tou-
jours trouvées les mêmes dans la même
efpece de feuilles. Les exemples cités
fuffiront pour montrer que chaque plante
fuit , à cet égard , exaftement fa propre
nature , & par conféquent , que ces diffé-
rences dépendent de quelque mouvement
vital qui a lieu dans les feuilles, & qui
diffère autant que la fltruéhire de l’efpèce
des feuilles varie.
SECTION V.
U air déphlogifliqne qui fort de la fur face
des feuilles dans Veau , nef pas un air
que les feuilles aient pompé de cette eau.
No U S favons que l’eau, en général, con-
tient une quantité d’air qu’on peut en ex-
traire par la chaleur : les eaux de fource
en contiennent fur-tout une portion con-
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. V. 29
iidérable ; & quelques-unes même con-
tiennent une li grande abondance d air ,
que fon effort peut caffer les bouteilles
dans lefquelles on les renfermeroit auffi-
tôt qu’elles font tirées. Si les eaux contien-
nent affez d’air pour qu’elles en reçoivent
un goût très-décidé & acidulé , on les claffe
parmi les eaux minérales ; telles font les
eaux de Selter : lorfqu’ elles abondent en air,
comme celles de Selter, de Pyrmont, &c.
c’eft communément celui qu’on connoît
fous le nom d’air fixe , de gas fylveftre
de Van-Helmont . Cet air , qui efl un véri-
table acide , donne à ces eaux la propriété
de diffoudre du fer : auffi peut-on changer
ces eaux minérales acidulés , foit natu-
relles , comme celles de Selter , foit arti-
ficielles, telles qu’on en fait à préfent, par
des moyens très-fimples & affez connus ,
en eaux martiales'; il fuffit d’y mettre quel-
ques clous ou autres morceaux de fer.
L’eau la plus agréable à boire, doit fon
goût principalement à l’air qu’elle con-
tient;& l’eau diftillée eft fade, parce qu’elle
a perdu fon air.
L’eau de fource la meilleure à boire,
contient une affez bonne quantité d’air ,
dont j’ai voulu examiner la nature. La plus
fimple manière d’obtenir cet air fans l’al-
térer, me paroît être d’expofer l’eau au
3° Expériences
ioleil dans des bocaux de verre renverfés,
Sc de ramaffer les bulles qui s,attachent
de tous côtés aux parois de ces bocaux.
Ayant ainfi expofé aufoleil quinze ou feize
bocaux , dont un bon nombre contenoit juf-
qu a huit pintes d’eau fraîchement tirée
de ma pompe, & les ayant renverfés fur
des plats, j en obtins en peu d’heures une
affez grande quantité d’air pour le mettre
à l’épreuve : je le trouvai d’une qualité
beaucoup inférieure à celle de l’air atmof-
phérique.
Je remplis un bocal cylindrique de cette
meme eau de pompe; je le renverfai dans
un pot nettoyé avec foin, & plein de la
meme eau; je mis cet appareil fur le feu ,
jufqu’à ce que toute l’eau , même celle qui
rempliffoit le bocal cylindrique renverfé ,
fut en pleine ébullition. L’air dégagé de
l’eau par ce moyen, monta au fond du
bocal cylindrique renverfé. Le tout étant
refroidi, j’examinai cet air, & je le trouvai
beaucoup plus mauvais que celui qui étoit
forti de cette eau fpontanément aufoleil»
de façon qu’il caufoit des angoiffes à l’animal
qui le refpiroit.
Le dodeur Priejlley a découvert que,
lorfqu’on expofe au foleil un bocal de
verre blanc, renverlé & plein d’eau, fur-
tout d’eau de pompe ou de fource, il
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. V. gi
fe produit une fubftance verte , ( qu’il re-
connoît à préfent être de nature végé-
tale) qui s’attache de tous côtés aux parois
du verre & au fond du vafe fur lequel le
bocal eft pofé ; que de cette fubftance
verte fort un nombre infini de bulles d’air
qui fe ramaflent au fond du bocal , & fe
trouvent être de l’air déphlogifliqué d’une
qualité éminente , dans lequel la flamme
d’une bougie devient plus volumineufe &
d’un brillant éblouiffant. Comme cet air
eft produit dans cette eau, fans addition
quelconque, il en conclut avec raifon , que
les grandes eaux , telles que les mers , les
lacs & les rivières, doivent contribuer beau-
coup à purifier celui de notre atmofphère.
Je ne fais pas fi l’on peut prétendre avec
fondement, que l’air déphlogifliqué, ainfi
obtenu de l’eau après que la fubftance
végétale s’y trouvé, eft un air inhérent à
l’eau. Quoi qu’il en foit, le cas n’eft pas
applicable à celui des feuilles de plantes
plongées fous l’eau; car, dans celui de la
Il fubftance verte , il faut quelques jours avant
que cette produéfion d’air déphlogiftiqué
ait lieu, ce qui indique que ce n’eft pas
l’eau , mais le végétai qui produit cet air.
Quanta l’air qu’on recueille des plantes,
on le voitdiftinâement fortir de leurs pores
; cd’abord, quelquefois même fous la forme
%2 Expériences
d’un jet continuel; & la quantité qui fort
de cette façon de quelques plantes eft fi
grande, que l’on ne faurolt en tirer, à
beaucoup près , autant , pas même par l’é-
bullition , de la maffe d’eau dont la plante
eft enveloppée. D’ailleurs, l’air obtenu de
cette eau fans plantes , eft très-différent
de celui que les plantes donnent de la ma-
nière que je viens de dire. Il paroît donc
clair que l’air déphlogiftiqué , obtenu
ainfi des plantes , n’eft pas contenu dans
l’eau , mais qu’il eft une continuation de
ces jets ou filets invifibles d’air que les
plantes rendoient pendant qu’elles étoient
expbfées à l’air ouvert ; & qu’en envelop-
pant la plante d’eau , on n’a fait qu’em-
pêcher qu’il ne s’incorporât avec la maffe
de l’air atmofphérique , & par conféquent ,
que la produétion de cet air épuré eft due
à un mouvement vital excité dans les
feuilles par l’influence de la lumière du
foleil.
D’ailleurs, il y a des feuilles qui don-
nent beaucoup d’air déphlogifliqué d’une
qualité fupérieure , & qui fuient le contaél
immédiat de l’eau : telles font les feuilles
de la capucine, najlurtium indicum , St de
plufieurs autres plantes.
SECTION
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. VI. 33
SECTION VL
L’air déphlogijîiqué qui fort des feuilles fous
F eau , n’exfie pas dans les feuilles tel
quon le trouve après qu’il efl forti de leurs
pores y mais cet air en fort Jous la forme
d’air déphlogijîiqué , ayant Juin dans la
fubflance des feuilles une purification , ou
une efpèce de tranfmutation .
Je crois avoir affez démontré que Pair dé-
phlogiftiqué obtenu des feuilles, de la ma-
nière décrite dans la Seélion III , fort des
feuilles mêmes : on fera peut-être tenté de
croire qu’il doit exifter tel dans la fubf-
tance des feuilles , & que pour l’obtenir il
fuffiroitde l’extraire par la chaleur du feu,
de prefler les feuilles fous l’eau , de les y
fecouer doucement en prenant garde d’en-
dommager leur organifation , de faire
monter Pair ainfi obtenu dans un vafe plein
( d’eau &renverfé; mais on fe trouveroit fort
trompé dans fon attente.
Comme les rameaux du folanum connu
fous le nom de pomme de terre, font ceux
qui donnent des bulles d’air d’abord qu’on
les plonge fous l’eau, je les crus les plus
[propres à en fournir par de fimples fe-
34 Expériences
coufles fous l’eau ; je ramaflai l’air qui en
fortoit de cette façon , en tenant deflus la
plante un bocal plein d’eau & renverfé.
L’air que j’en obtins étant mis à l’épreuve
avec l’air nitreux , fe montra de l’air com-
mun d’une qualité inférieure à celui qui
compofe notre atmofphère. J’obtins par
la même manoeuvre, de l’air du Icimium al-
bum , 8c je lui trouvai à peu près la même
qualité que celui qui avoit été fourni des
pommes de terre.
Je prelfai fortement entre mes mains
des feuilles de pommes de terre fous l’eau,
en ramaffant , de la même manière que dans
les deux expériences précédentes, l’air que
j’en obtins en abondance; il fe trouva pref-
que femblable : c’étoit de l’air commun
d’une balïe qualité.
L’air que j’obtins de cette dernière fa-
çon , d’un rameau de fauge , étoit d’une
qualité un peu inférieure aux précédens.
Ayant rempli un bocal cylindrique de
feuilles de pommier, 8c l’ayant rempli d’eau
de pompe , 8c renverfé dans un pot bien
propre, également plein de cette même
eau , je fs bouillir le tout , 8c obtins de
cette façon , une quantité conf dérable d’air
qui fe trouva tout-à-fait méphitique, de
façon à ne pas être capable d’entretenir
la flamme.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. KL 35
Un autre bocal rempli d’eau de pompe
& d’une quantité de feuilles du même pom-
mier, fut placé alfez près du feu pour for-
cer l’air, des feuilles d’en fortir , fans que
l’eau s’échauffât jufqu’au degré d’ébullition.
Une bonne quantité d’air fut extraite , 8c
l’épreuve montra qu’il étoit à peu près auffi
empoifonné que le premier.
Il paroit donc que l’air forti des feuilles
des plantes expofées à la clarté du jour, a
'ailfé dans la plante fon phlogiflique, ou
]ue la plante l’en a tiré pour fa nourriture ,
k fe trouve dans un état de pureté par-
âite, dans lequel il eft devenu un fluide
îuiflble pour la plante, un véritable excré-
ment pour elle . qui la rendroit malade fl
die ne pouvoit pas s’en débarrafler. Ce fyf-
ême femble être fondé fur les expériences
le MM. P riejiley 8c Sheeie , qui ont trouvé
pi’une plante ne végète pas bien dans l’air
léphlogiftiqué , 8c fe confirme de plus par
autre découverte importante de M. Priefi -
qu’une plante végète admirablement
i'ien dans un air putride.
0,6 Expériences
SECTION VIL
La production de L'air déphlogijliqué des ,
feuilles , ne peut pas être attribuée à la ;
chaleur du foleil 3 mais principalement à
la lumière .
M . BONNET , qui mérite certainement
de grands éloges , pour avoir examiné avec
tant d’attention la nature des feuilles , 8c
avoir fait des découvertes qui ont répandu
beaucoup de lumière fur ce fujet, avoit
déjà obfervé que les feuilles mifes dans
l’eau ne fe couvrent pas de bulles d’air
pendant la nuit : ce phénomène le conduifit
naturellement à croire que ces bulles doi-
vent leur formation à la chaleur du foleil :
fon opinion étoit que l’air adhérent à la
furface raboteufe des feuilles, fe raréfioit
par la chaleur, 8c s’étendoit en forme de
bulles. Cette opinion une fois établie , il
étoit naturel de conclure que , produites
par la raréfaftion , elles dévoient difpa-
roître de nouveau, dès que la fraîcheur de
la nuit réduiroit l’air à fon premier volume.
Si cet homme célèbre avoit bien rencontré
fur la production de ces bulles, la confé-
quence qu’il tiroit étoit jufte ; mais cette
conféquence n’étant aucunement conforme
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. VIL 37
à l’expérience , il en faut conclure que la
raifon qui lui fervoit de fondement , n’efl
pas non plus conforme aux lois de la na-
ture. En effet, ces bulles une fois formées,
me difparoiffent point par la fraîcheur de
la nuit; elles n’augmentent pas non plus
en volume, parce que, durant la nuit, l’o-
pération des feuilles celle.
Si les bulles d’air dont il eft queftion , dé-
voient leur apparition à la chaleur du foleil ,
il s’en fuivroit que les feuilles quelle au-
rait bien échauffées, venant à être plongées
dans l’eau froide fraîchement tirée de la
rampe, ne donneraient pas de bulles d’air
ufqu a ce que le foleil eût communiqué
incertain degré de chaleur à l’eau; mais
æ contraire arrive; car, les feuilles prifes
l’un arbre après quelles ont été échauf-
fées confidérablement au foleil, & mifes
:uffitôt dans l’eau froide, produifent ces
miles jolus promptement, 8t donnent une
uantite d air dephlogiffique plus grande 8c
’une qualité meilleure, que celui qu’on tire
æs feuilles mifes dans l’eau déjà échauffée
m foleil.
Si c étoit la chaleur, plutôt que l'a lumière
u foleil , qui fut caufe de la produâion
2 cet a^r ? ü n’y auroit aucune raifon pour
ae les plantes ne donnaffent pas ce même
lï9 lorfquon les place dans l’ombre peu-
38 Expériences
dant un jour très-chaud , ou qu’on \e-s ap-
proche du feu, de façon à en recevoir un
degré de chaleur égal à celui qu’elles\
auroient acquis au foleil; mais l’oppofé I
arrive. Je plaçai un certain nombre de;
feuilles dans un bocal plein d’eau , St ren-
verfé ; je l’expofai à la chaleur du feu
de façon qu’elles furent échauffées à un;
degré à peu près égal à, celui qu’un autren
bocal de la même grandeur, 8c contenante
le même nombre de feuilles du même,
arbre , avoit reçu du foleil. Le réfultat de:
ces deux expériences fut que l’air obtenu:
des feuilles placées près du feu ,- étoit mé-
phitique, tandis que celui que j’obtins des*
feuilles expofées au foleil , étoit de l’air dé-
phlogiftiqué.
Je plaçai un nombre égal de feuilles de
noyer dans deux bocaux de la même dimen-
fion ; je mis l’une fur un mur à un beau,
foleil , 8c l’autre fous des framboifîers fort
touffus , 8c impénétrables aux rayons du
foleil. Ce dernier bocal fut ainli lailfé
pendant toute la journée , 8c il avoit ac-
quis un degré de chaleur égal à celui de
l’atmofphère. ( Le thermomètre de Farhen-
heit étoit alors, dans l’ombre au milieu du
jour, à 76. ) Le bocal expofé au foleil ne
fut pas laiffé
pour avoir
: allez long-temps lur le mur
acquis un degré de chaleur
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. VIL 39
égal à celui de l’atmofphère. Les feuilles
placées à l’ombre avoient donné très-peu
d’air, & celui-ci étoit moins bon que l’air
commun; pendant que les feuilles expo-
fées au foleil , & qui avoient reçu très-peu
de chaleur, avoient produit une quantité
confidérable d’air déphlogifliqué.
Les plantes ne donnent pas d’air déphlo-
gifliqué dans une chambre, quelque chaud
qu’il fade , fi le foleil ne donne pas fur le
bocal qui contient les feuilles.
Quoique tout ceci me femble démon-
trer que la produdion de ce fluide aérien
merveilleux efl due à l’influence de la lu-
mière fur les feuilles , il faut cependant
obferver que cette lumière n’efl pas ca-
pable de produire le même effet au milieu
de l’hiver dans un temps très-froid ; la
raifon en eft peut-être que les plantes, dans
cette faifon, font 'engourdies : mais quoi-
que les plantes ne foient pas capables d’é-
laborer de l’air véritablement déphîogifli-
qué dans le froid de l’hiver, elles ne doi-
vent pas être cependant confidérées comme
tout-à-fait inaôives dans cette faifon(je parle
des plantes toujours vertes); car j’ai trouvé
que les plantes ont la faculté de corriger
l’air gâté par la refpiration & par la flamme
d’une chandelle, aux mois de janv. & fév.
3780, étant alors dans le voifinage de Paris*
Civ
.4° Expériences
SECTION VIII.
Réflexions fur les articles précédens.
On pourroit peut-être m’obje&er que
les feuilles des plantes étant enveloppées
d’eau , ne fe trouvent pas dans l’état na-
turel , & par conféquent , qu’il refle quel-
que doute fi l’opération des feuilles qui a
réellement lieu dans l’eau , fe fait de même
lorfque les plantes font dans leur état
naturel.
Je ne puis confîdérer les plantes ainfi
plongées fous l’eau, comme étant dans un
état fi étranger à leur nature , que leur
fon&ion ordinaire puiffe en être dérangée.
L’eau n’eft pas un fluide ennemi des plantes
en général; il y en a même beaucoup qui
végètent pendant long -temps, quoique
couvertes entièrement d’eau : les plantes
aquatiques y vivent continuellement, &. il
n’y a point de plantes qui ne puiffent y
être plongées pendant quelque temps fans
recevoir de dommage. L’eau ne fait qu’in-
tercepter la communication entre la plante
& l’atmofphère ; elle empêche que la plante
ne puiffe pomper quelque chofe de l’air
commun j mais elle ne met aucun obflacle
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. VIII. 41
à ce que la plante puifife fe défaire de
celui qu’elle contient.
Si on plie une plante ( la racine refiant
toujours dans la terre ) de façon à la faire
entrer dans un bocal plein d’eau 8c ren-
verfé , on ne fait que furprendre la nature
au milieu de fon travail , en coupant tout
à-la-fois la communication entre la plante
8t l’atmofphère , fans empêcher que l’air
puifie librement fortir de la plante. Si
on n’enveloppoit pas ainfi la plante d’un
liquide qui n’attaque pas fa confiitu-
tion , on ne pourroit jamais favoir ce qui fe
pafie; car, fi elle reftoit dans l’air libre,
comme celui qu’elle donne efi invifible, 8c
s’incorpore d’abord avec la maffe de l’at-
mofphère, on refleroit toujours dans l’igno-
rance fur fa quantité 8c fur fa qualité. Si on
enferme une plante dans un bocal , fans le
remplir d’eau , on ne peut que très-imparfai-
tement juger de l’influence que la plante
exerce fur l’air du bocal; car, fi on veut cal-
culer le degré de bonté que cet air a pu ac-
quérir, on n’efi pas sûr de la quantité de ce-
lui qui fort de la plante , 8c qui s’efi échappé
du bocal; 8c, fi l’on empêche l’air de s’e>-
chapper du bocal en le bouchant, on empê-
chera peut-être que l’air déphlogiftiqué
ne puiffe fortir de la plante ; car l’air ,
raréfié par la chaleur du foleil, 8c prefie
42 Expériences
dans un vafe de verre , peut mettre un
obftacle à fa fortie.
Il me paroît affez probable que Ci les
plantes mifes dans une fituation plus ou
moins gênante , ( lorfqu’on les couvre
d’eau ) peuvent cependant donner une
quantité fi confidérable d’air déphlogifti-
que, elles en répandent, dans leur état
ordinaire , une quantité beaucoup plus
grande , parce qu’alors elles font à portée
de réparer continuellement leur perte, en
abforbant de nouvel air de l’atmofphère.
Il eft fâcheux pour les phyliciens , que
l’air ne foit pas vifible ; s’il l’étoit, nous
ferions peut-être convaincus que les plantes
ont une efpèce de refpiration comme les
animaux ; que les organes de cette fondion
font les feuilles ; que ces organes , ou ef-
pèces de poumons, ont des pores abfor-
bans , & d’autres excrétoires, comme ceux
des animaux ; que la plupart des conduits
abforbans font placés à la furface fupérieure
des feuilles , & les excrétoires principale-
ment à la furface inférieure , fur-tout dans
les arbres; que de ces conduits excrétoires
s’échappe cette pluie abondante d’air dé-
phlogiftiqué, qui contribue le plus à entre-
tenir l’atmofphère dans un degré de pu-
reté néceffaire à la confervation des ani-
maux.
\
SUR LES VÉGÉTAUX. Sccl. VIIL 43
Si ces conjeâures étoient bien fondées,
elles répandroient beaucoup de lumière
fur l’arrangement des differentes paities
de ce globe, 8c l’harmonie cjui exifle entie
elles en deviendroit plus manifeffe. Si nous
pouvions tracer les caufes finales du relfe
de ces opérations, de la nature , qui nous
font encore inconnues , nous verrions
peut-être que nos murmures au fujet de
tant de défordres apparens dans ce monde
font mal fondés , 8c nous conférerions les
maux partiaux comme tendant au bien gé-
néral d’un tout ; nous regarderions les
grands ouragans comme des ventilateurs
puiffans par lefquels les exhalaifons nui-
îibles fe divifent , font emportées loin de
nous , 8c enfevelies dans les abîmes des
mers , tandis que l’air épuré de la mer nous
eft ainfi communiqué ; nous pénétrerions
davantage les déffeins delaSageffe fuprême
qui gouverne ce monde ; 8c l’athée trou-
veroit des raifons de s’humilier devant cet
Être fuprême dont il nie l’exiflence, parce
que fes fens limités ne lui préfentent dans
ce monde qu’un chaos de défordres 8c de
misères.
44 Expériences
I
SECTION IX.
Les Plantes mortes & tout-à-fait sèches
n ont que tres-peu , ou point de pouvoir
de vicier F air commun ; mais ces mêmes
Plantes , étant mouillées , font en état de
le corrompre .
J AVOUE que je ne m’attendois guère à
trouver que les plantes mortes St sèches
euffent fur 1 air aucun effet bon ou mauvais ;
j’ai voulu cependant les foumettre.à l’é-
preuve , parce que beaucoup de plantes ,
en perdant toute leur vie , ne perdent
cependant pas toute leur odeur; que quel-
ques-unes même ont la qualité fingulière
d’en répandre une beaucoup plus forte,
étant mortes St entièrement sèches, que
pendant leur vie.
Je remplis un bocal de foin fec qui
avoit encore toute l’odeur du foin nouveau,
je le plaçai renverfé au foleil pendant
un affez long temps ; je ne trouvai cepen-
dant pas l’air du bocal altéré. La même
chofe arriva avec de la paille.
Je mis une bonne quantité de feuilles
de tilleul parfaitement féchées au grenier ,
dans un bocal, enfuite je le remplis d’eau
#
/
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. IX. 45
de pompe , & le plaçai au foleil à côté d’un
autre qui contenoit une égale quantité
de feuilles fraîches du même tilleul dans la
même eau. En obfervant avec patience ce
qui arriva dans ces deux bocaux, je vis que
M. BonnetdMolt très-bien remarqué que les
feuilles sèches &. mortes fe chargent de
bulles d’air comme les fraîches ; j’obfervai
que ces feuilles pouffent leurs bulles beau-
coup plus tard que les feuilles vivantes;
que ces bulles grandiffent fort lentement,
& ne parviennent qu’à un petit volume rj’en
obtins cependant , au bout de quelques
heures , une quantité d’air affez confidé-
rable, que je trouvai d’une qualité très-
nuifible, & incapabled’entretenir la flamme,
pendant que les feuilles vivantes avoient
donné de l’air déphlogifliqué; ce qui marque
que la produftion de l’air déphlogifliqué
dépend d’un mouvement particulier dans
les feuilles vivantes.
J’obtins un air également empoifonnédu
foin mis au foleil dans un bocal plein d’eau.
Il paroît affez étonnant que les feuilles
mortes donnent des bulles d’air. Je penfe
que celui qui forme ces bulles étoit refté
dans leur fubftance lorfqu’elles fe font fé-
chées , &c qu’il eft force d’en fortir lors-
que l’eau y entre , de la même manière que
l’eau , en entrant dans une éponge , oblige
l’air d’en fortir.
46 Expériences
SECTION X.
Toute Plante en général possède le pouvoir
de corriger l’air commun gâté par la res-
piration , la flamme d'une chandelle , &c.
& devenu par-là incapable de fervir à la
refpiration ; mais elles n ont ce pouvoir
que lorf quelles font au foleil ou au grand
jour ;
Le pouvoir qu’ont les plantes de corriger
l’air gâté, eft réellement très-grand; il s’é-
tend à l’air gâté par la refpiration des ani-
maux , par la flamme d’une chandelle, les
plantes elles - mêmes , 6c de toute autre
manière ; elles ont même la qualité de
rendre beaucoup moins nuifibles des airs
abfolument mortels 6c qu’on ne trouve pas
fur la furface de la terre , tels que font l’air
inflammable des marais pris des fonds bour-
beux, 6c même celui qui a été tiré des mé-
taux par l’acide vitriolique 6c l’acide marin.
Après avoir lu les ouvrages de M.
Prieflley , je m’attendois à une iflue fatis-
faifante de ces expériences ; mais je n’au-
rois jamais imagine que les plantes n’exer-
çaflent ce pouvoir que dans certain temps
6c en certains lieux , 6c que les feuilles
feules s'occupaient de cet ouvrage.
i,
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. X . 47
Il feroit difficile de déterminer exacte-
ment dans quelles circonflances les végé-
taux ceffent de faire cet office; car il femble
que dans certaines lituations les plantes
corrigent encore l’air mauvais , quoiqu’elles
n’aient plus la faculté d’améliorer î’air at-
mofphérique , 8c de donner de l’air déphlo-
gifliqué. J’ai vu fouvent qu’une plante pri-
vée de ces deux avantages , avoit corrigé
l’air gâté par la refpiration , même dans un
appartement peu éclairé. J’ai obfervé conf-
tamment que l’air inflammable tiré du fer
par l’acide vitriolique, efl devenu capable
de produire une explolion , lorfqu’une
plante y a été enfermée pendant une nuit.
Nous favons que l’air inflammable ne de-
vient exploflf que quand il efl mêlé avec
une certaine quantité d’air refpirable ; 8c
cependant , félon mes obfervations , les
plantes n’en donnent pas pendant la nuit.
Cette expérience femble indiquer que la
plante n’eft pas fans influence falutaire
pendant la nuit , lorfqu’elle fe trouve en
conta<fl avec un air extrêmement malfai-
sant, 8c qu’elle abforbe une bonne partie
du phlogiflique dont l’air inflammable efl
prefque entièrement compofé, 8c dont la
plante efl allez avide. J’ai vu avec admi-
ration , que les femences de crelfon végé-
toient auffi bien dans une bouteille pleine
4-8 Expériences
d’air inflammable qu’ à l’air libre , au moins ;
jufqu’à un certain point; car je ne fais fi,
arrivées à une certaine grandeur, elles
auroient continué d’y végéter.
Au milieu du jour , à l’air ouvert Sc dans
un lieu bien éclairé, les végétaux exercent
le plus grand pouvoir fur l’air gâté pour
le corriger ; ils peuvent en peu d’heures
donner à un air incapable d’entretenir la
flamme, la bonté de l’air atmofphérique,
fur-tout lorfqu’on a foin que la racine de
la plante ne foit pas hors de la terre ou
hors de l’eau, ou que la branche qu’on a
employée à cette expérience foit en con-
taâ avec lui. Il y a cependant des plantes
qui, même fans eau , rendront à un tel air
fa bonté naturelle : une feuille de vigne ,
enfermée dans un flacon capable de con-
tenir environ une once d’eau pleine d’air
infe&é par la refpiration , la rétablit en une
heure St demie.
Cette aélion des plantes fur l’air impur
n’efl pas la même dans toutes. J’ai obfervé
que les plantes aquatiques, St celles qui
aiment le voifinage des eaux St des marais ,
ont cette propriété au plus haut degré.
Ne feroit-ce pas par un deflein parti-
culier de la Providence? car par-là les exha-
laifons nuifibles des eaux flagnantes Sc des
marais fe trouvent plus avidement abforbées
par
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. X. 49
par les plantes qui végètent le mieux dans
ces endroits, Lefaule & la perjicaria urens ,
la perficaire brûlante , m’ont fourni une
preuve de cette Angularité. Cette dernière
plante aime fur-tout les fonds bourbeux
des eaux Gagnantes , qui fouvent en font
remplis; elle eft ainfî à même d’abforber
l’air inflammable qui fort continuellement
de ces fonds, & qu’on peut aifément en ob-
tenir dans cet état concentré, en remuant
le fond avec un bâton , tandis qu’011 tient
i 1 deflus l’endroit remué une bouteille pleine
h d’eau renverfée, & un entonnoir fort évafé
1 mis dans fon orifice. C’eft un fpe&acle aflez
amufant que de voir la furface de cette eau
prendre feu , en y jetant un papier allumé,
pendant qu’on remue le fond pour faire
monter cet air.
Cette propriété des plantes fera dé-
montrée dans les expériences 41 , 51,56,
57? 58? 59-
50 Expériences
SECTION XL
Toutes les Plantes donnent plus ou moins
d'air déphlogijlicjué pendant le jour , à l'air
ouvert , & Jur-tout au foleil,
J E penfe avoir afTez démontré dans la Sec-
tion III, que les plantes répandent une
quantité très-confidérable d’air déphlogif-
tiqué pendant le jour. 11 ne femble cepen-
dant pas moins vrai que la quantité & le
degré de bonté de cet air varie félon les
différentes efpèces de végétaux , ainfî que
les circonftances plus ou moins favorables
qui accompagnent cette opération.
La loi de la nature à cet égard me paroît
être en général que les plantes donnent la
plus grande quantité de cet air bienfai-
fant, & delà qualité plus éminente, lorf-
qu’elles croiflfent dans des lieux peu ou
point du tout ombragés par d’autres végé-
taux, des bâtimens, &c. quand le jour eil
fort clair , & le foleil ardent. Celles qui
m’ont fourni l’aiT déphlogiftiqué le plus pur,
font entre autres le naflurtium indicum. ,
la perjicaria urens , le faule , les pins bc
fapins , & tous les arbres qui contiennent
de la térébenthine. Entre ces plantes ?
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XL 51
celle qui furpafle toutes les autres , efl le
najlurtium indicum . Cent de ces feuilles ,
qui font fort minces & d’une grandeur
moyenne, ont donné en deux heures allez
d’air déphlogifliqué pour remplir un verre
cylindrique de 4^ pouces de profondeur,
fur de largeur. J’ai en peu de temps
obtenu pareille quantité d’air des mêmes
feuilles fans les avoir mifes hors de l’eau.
( Voye{ les expériences 30 — 35.) Ce vo-
lume , qui furpalfe de beaucoup celui
des feuilles , peut donner une idée de la
kquantité confidérable qu’en doit répan-
dre un arbre de habite futaie, dans les lieux
où il n’eft pas ombragé par d’autres.
Moins il y a de feuilles dans le bocal ,
moins elles font ombre les unes aux au-
tres, plus l’air déphlogifliqué qu’on en ob-
tient eft pur. Le temps où cette opéra-
tion des plantes eft dans la plus grande
vigueur, paroît être un peu après que le
foleil a paffé le méridien.
52 Expériences
SECTION XII.
On ne peut pas dire que ce foit de la végé-
tation que dépende la faculté quont les
Plantes de donner V air déphlogijliqué , de |
corriger le mauvais air y & P améliorer ce- 1
lui qui efl bon.
Lorsque je commençai les expériences
qui font le fujet de ce livre , je penfois
que la faculté dont il s’agit ne pouvoit dé-
pendre que de la végétation des plantes ;
mais je reconnus bientôt mon erreur. Car,
fi la végétation des plantes étoit la caufe
de leur influence lalutaire fur l’air com-
mun , elles produiroient le même effet
dans tous les temps 8c dans tous les lieux
où elles peuvent végéter. Mais il s’en faut
bien que cela foit ainfl : une plante peut vé-
géter, 8c même croître à une grandeur
considérable dans robfcurité , où elle ne
donnera pas de l’air déphlogiftiqué , ni
n’aura pas la faculté de corriger le mau-
vais air; mais au contraire, elle répand ,
dans celui qui l’environne, un véritable
j
►
que j’eus reconnus cette étonnante
différence entre l’effet des plantes qui re-
i
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XII. 53
çoivent la lumière 8c celles qui font dans
l’obfcurité, je ne trouvai plus aucune diffi-
culté à concilier les effets variés, inconftans
8c fouvent contradiéloires , des expérien-
ces du doéfeur Priejlley 8c de M. Sheele .
Ces meilleurs attendoient ces effets de la vé-
gétation même, 8cc étoitauffi mon opinion
au commencement. M. Sheele , en trou-
vant qu'un pied de fèves rendoit toujours
l’air plus mauvais , en concluoit que la
végétation avoit fur l’air le même effet que
la refpiration , qu’il en étoit toujours rendu
moins bon. M. Priejlley , qui avoit bien
obfervé que les plantes améliorent quel-
quefois l’air commun 8c corrigent le mau-
vais air, croyoit que, quand l’effet fe trouve
[contraire , il doit dépendre de ce que les
olantes font devenues malades.
Si l’on enferme une plante dans un
Docal de verre blanc, 8t qu’on l’y laiffe
oendant vingt - quatre heures ou plus ,
air du bocal fe trouvera ou amélioré,
ou empiré, félon qu’on l’aura expofé plus
ou moins à la lumière du jour; 8c fi on y
enferme une plante pendant huit ou dix
Durs , il fe produira une fubftance végé-
ale verte , dont il forti’ra de l’air déphio-
iftiqué, quel que foit d’ailleurs l’effet de
ai plante ; 8c cet air continuera de s’y
-w— k s • • *
/
54 Expériences
développer, même fi on en retire la plante.
Ce dernier phénomène femble avoir pref-
C[ue découragé M. Prieflleyy dans la pour->-
fuite de ces expériences , comme on peut
le voir en confultant fon dernier ouvrage
publié en 1779, pag, 337 & 338.
SECTION XIII.
*»\. • •
8ir,v;
Les Plantes exhalent un air nuiflble pendant
la nuit , & dans les lieux obfcurs durant
le jour; elles corrompent V air commun ,,
dont elles font entourées ; mais ce mauvais
effet efl plus que contre-balancé par leur
influence falutaire pendant le jour .
S I on enferme une plante quelconque
dans un bocal plein d’eau , & qu’on la laide
pendant foofcurité de la nuit foit à Tair
libre ou dans la mai fon, on trouvera qu’elle
a donné un peu d’air, mais tout-à-fait in-
capable de fervir à la refpiration, & en
général fi empoifonné , qu’une flamme
s’y éteint dans un inftant , & qu’un ani-
mal y trouveroit la mort dans peu de fé-
condés. Le même réfui tat a, lieu lorfqu’on
place ce bocal dans un lieu obfcur pen-
dant le jour. La quantité de cet air eft très-
SUR LES VÉC ÉTAUX. Se cl. XI IL 55
petite , & ne fauroit monter à la centième
partie de l’air déphlogifliqué que cette
même plante donne lorfqu elle cfl expo-
iée au folcil pendant une heure ou deux.
Quoique les plantes n’exhalent qu une
quantité fi peu confidéfable d air cor-
rompu dans l’obfcurité , elles font néan-
moins capables de répandre un poifon ter-
rible dans unemafTeconfidérable d’air com-
mun dans lequel on les enfermeroit , &
de le rendre abfolumcnt mortel à l’animal
qui le refpireroit. Une poignée de feuilles
peut tellement empoifonner deux pintes
d’air dans une nuit , qu’un animal y péri-
roit en moins d’une minute.
Il y a des plantes plus venimeufes à cet
égard les unes que les autres. Je n’en ai
point trouvé qui euffent une influence plus
nuifible fur l’air , que la jufquiame, hyof-
cyamus , au milieu -de l’été ; car , vers l’au-
tomne, lorfque les nuits font froides, elle
a perdu environ la moitié de fa qualité
malfai fan te.
Mais fi les plantes ont une influence
fi terrible fur l’air atmofphérique , d’où
vient que les gens qui vivent au milieu
des forêts ne s’en reffentent pas? &. pour-
quoi ceux qui en ont beaucoup dans leurs
appartenons, n’en éprouvent- ils pas le
i mauvais effet ?
Div
56 Expériences
Je penfe qu’un petit nombre de plan-
tes tenues dans un appartement affez fpa-
cieux , n’eff pas malfaifant , & même ne
produit aucun effet fenfible fur l’air; mais
je crois auffi qu’une quantité confidérable
de plantes dans une petite chambre bien
renfermée, pourroit en rendre l’air nuifi-
ble.. Ceux qui entrent dans les ferres le
matin avant que le foleil ait donné def-
fus , s apperçoivent d une -efpèce d’oppref-
ffon, qui dénoté que l’air n’y eff pas très-
fain. Je me fouviens de m en etre apperçu
plus d une fois , fans favoir a quoi l’attri-
buer. Je n ai pas pu éprouver l’air des fer-
res, n en ayant point eu de bonnes dans le
voifinage de ma folitude. La différence
que M. P riejlley a trouvée entre l’air libre
& celui des ferres , eff très-petite , n’étant
que comme 1.29 à 1.27. Depuis ce temps
j’ai fait ces expériences en France; mais,
comme j y etois en hiver , je me trouve
néceffité de n’en tirer des concluffons ,
que lorfque j’aurai approfondi cet objet
dans toutes les faifons.
Les plus célèbres médecins recomman-
dent, il eff vrai, de placer des branches
vertes d’arbres ou arbriffeaux dans les
appartemens des malades , & on n’en a
jamais appréhendé le moindre danger. Je
penfe qu’on peut en tirer quelque uti-
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XIII. 57
jité en plein jour & lorfque la chambre
reçoit beaucoup de lumière du foleil , &
par le rafraîchiffement que leur humidité
caufe; mais j’en appréhenderois quelque
mauvais effet , fl on plaçoit une très-
grande quantité de ces branches vertes
dans une petite chambre mal éclairée , 8c
fur- tout pendant la nuit.
Il eff vrai qu’il y a beaucoup moins à
craindre de l’effet des plantes , que de ce-
lui des fleurs & des fruits , comme nous
verrons ci-après.
Pour ce qui regarde l’émanation des
plantes vertes & des arbres , fur-tout dans
les forêts , nous n’avons rien à en ap-
préhender dans l’état naturel: le mauvais
air qu’ils exhalent efl: en trop petite quan-
tité pour en avoir quelque crainte ; l’é-
vaporation venimeufe qu’ils répandent
dans l’air environnant, fe délaye avec l’air
ordinaire. A mefure qu’elle fort ( a ) , l’air
déphlogiffiqué , que les plantes donnent
pendant le jour, étant un peu plus pefant
cque l’air atmosphérique , reffe dans la
rrégion dans laquelle les animaux ref-
irent.
On obferve en général , que les habi-
— 1 — ■ — —
(a) Dans la fécondé Partie du Livre , je parlerai de la
mature particulière de l’évaporation no&urne des feuilles,
!v& de l’émanation continuelle des fruits & des fleurs,
58 Expériences
tans des forêts font robuftes , & fujets à
peu de maladies.
Il eft vrai que les premiers Européens
qui établirent des colonies dans les pays
chauds de l’Amérique Méridionale , y
trouvèrent le climat plus mal fain qu’il
n eft a prefent , que les forets y font en
partie détruites * mais, dans ces pays , les
forêts étoient fi épailfes, qu’on ne pou-
voir y entrer fans fe frayer un chemin.
Ainfi l’air y croupiffoit ; l’évaporation de
l’humidité de la terre & des infeéïes fans
nombre ne pouvoit fe diffiper , & les
rayons du foleil ne pouvoient percer le
feuillage touffu.
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«
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XIV. 59
\
SECTION XIV.
La plupart des racines récemment tirées de
la terre , exhalent un air mal fain nuit
& jour , dans la lumière & à l’ombre ,
& répandent un poijon dans l air envi-
ronnant.
C E que les feuilles font feulement pen-
dant la nuit 6c dans 1 obfcurite , les ra-
cines le font toujours. La différence ce-
pendant entre di\erfes racines à cet égard,
eft beaucoup plus grande qu entre dirfe-
rentes feuilles; car je n’ai pas encore trouvé
une feule plante qui ne gâtât 1 air pen-
dant la nuit en été , lorfquon en tenoit
la tige plongée dans l’eau, pour entrete-
nir la végétation.. Mais j’ai trouvé dés ra-
cines , telles que celles du hecabungà ,
qui ne font pas capables de gâter l’air pen-
dant le jour , jufqu a le rendre incapable
d’être reipiré. Ces exceptions font cepen-
dant en petit nombre. Je n’ai point été
étonné de l’innocence de ces racines , vu
que leur nature paroît différer très-peu de
celle des tiges.
Je peux dire en général, que toute ra-'
cine a plus ou moins de faculté de cor-
/
6o Expériences
rompre 1 air en tout temps & en tous lieux.
y en a parmi elles qui ont un pouvoir
Surprenant de l’infeéter, telles que les ra-
cines des joncs, quoique on en ait très-
foigneufement enlevé toute la bourbe.
Les racines de perjicaria urens ne cèdent
guère à celles-ci. Les carottes jaunes gâ-
tent auflî beaucoup l’air commun, Sur-tout
dans 1 obScurité. Les racines d’un pied de
moutarde , Jïnapis, enveloppées d’eau &
expoSées au Soleil , ont donné une quantité
d air que je trouvai plus mauvais que l’air
commun, & capable même d’éteindre la
flamme. Ces racines ont une qualité fl mal-
SaiSante , qu’elles corrompent l’air com-
mun au milieu du Soleil.
Si 1 on ëxpoSe au Soleil une plante avec
Ses racines, toute enveloppée d’eau, on ob-
tient un air dephlogifliqué; ce qui prouve
que l’effet nuifible des racines efl com-
penSe amplement par l’influence Salubre
des Seuilles.
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XV. 6 1
SECTION XV.
! Toutes les jleurs exhalent en tout temps un
air des plus mortels , & empoïfonnent
une grande majje d’air , autant au milieu
du foleil , que dans la. nuit & à l ombre.
Le do&eur Prieflley avoit obfervé qu’une
rofe renfermée dans un verre , corrompt
tellement l’air qui l’entoure , qu’il devient
incapable d’être refpiré; & il en conclut,
. avec raifon, que l’air d’une chambre peut
, : être infeâé par de telles fleurs.
J’ai fournis à l’expérience toutes les
fleurs que je pouvois trouver dans mon
voiflnage , 8t je n’en ai rencontré aucune
! < qui ne gâtât l’air en tout temps , fur-
tout lorfque les tiges étoient mifes dans
1 l’eau.
Les fleurs couvertes d’eau exhalent
, un peu d’air, mais très -lentement, & en
i très-petite quantité : cet air efl des plus
«empoifonnés. Mais lorfqu’elles font dans
(de l’air commun, elles le gâtent en peu
d’heures , & le rendent entièrement mal-
faifant. Leur influence pernicieufe leur efl;
fl inhérente, que le foleil n’a aucun pou-
rvoir de l’empêcher. Un bouquet contenant
i
62 Expériences
environ trente fleurs de capri-folium , chè-
vre-feuille , dont tout le monde connoît
le parfum agréable , gâtoit tant une malle
de deux chopines d’air dans trois heures
au milieu du jour, qu’une chandelle n’y
pouvoir plus brûler. Ces fleurs, après avoir
empoifonné une grande maffe d’air, n’ont
rien perdu de leur odeur . dont elles ont
imprégné l’air qui en étoit empoifonné;
de façon qu’une perfonne qui céderoit à
fon goût pour ces fleurs , pourroit fe met-
tre aifément dans le danger le plus grand
de périr.
Les morts fubites occaflonnées par une
quantité inconfidérée des fleurs tenues
dans une petite chambre à coucher, étroi-
tement fermée, ne font pas très -rares.
Comme ce poifon, qui n’eft redouté que
de peu de monde , fe cache fouvent fous le
parfum le plus délicieux, il a quelquefois
fait périr des perfonnes dont on a attri-
bué la mort fubite à toute autre caufe.
Il y a eu cet été ( en 1779 ) encore une
femme trouvée morte dans fon lit , à Lon-
dres , fans qu’on ait pu attribuer cette fin
tragique à une autre caufe qu’à une grande
quantité des fleurs de lis qu’elle avoit
placées près de fon lit , dans une petite
chambre. J’ai entendu raconter nombre
de fois de tels accidens fâcheux. Le fa-
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XV. 6 3
vant Triller décrit l’hiftoire tragique d’une
jeune fille qui fut tuée par une grande
quantité de fleurs de violette , qu’elle avoit
placées près de fon lit, dans un petit ap-
partement exaâement fermé. Il cite un
autre cas de cette nature, arrivé à Lon-
dres en 1764. Une jeune demoifelle, cou-
chée avec une fervante dans une petite
l chambre où étoit une grande quantité de
fleurs , s’éveilla au milieu de lanuitdans une
grande angoiffe , prête à mourir. N’ayant
pas la force de fortir de fon lit , elle éveilla
:a fervante, qui fe tro^voit de même très-
malade , 8t en grand danger de mourir.
Uelle - ci eut cependant encore affez de
force pour fe lever &pour mettre les fleurs
:iors de la chambre, d’ouvrir les fenêtres ,
le changer l’air, & de fe fauver ainfi avec
a compagne du danger qui les menaçoit
j :outes deux. Martinus Cromerus ( lib. r
ie Rebus Polonorum ) raconte l’hiftoire
j l’un Laurentius , evêque de Rreflau , qui
! ut fuffoqué par des rofes. Hieronimus Hen-
>. dngès ( in Genealogiâ Comitum Salmen-
ium) décrit un cas funefle femblable, ar-
ivé à une comteffe de Salm. Celui qui de<*
irera connoître plus d’hifloires tragi-
| lues arrivées par cette même caufe , peut
onfulter les Opujcula medica ac medico -
hilologica Danielis JVilhelmi Trllleri } phi-
S ‘ • *
64 Expériences
lofoph. & medic. docl . £onJïl. ... t vol. ï ,
Pag* 237j où fe trouve Dijfertatio me -
/2ova ak Mme fubitâ ex nimio viola -
rum odore obortâ.
Je donnerai, dans Je volume fuivant,
des preuves decifîves que le principe des
fleurs qui affeêfe notre odorat, & caufe
à quelques femmes hyftériques des fyn-
copes , eft tout-à-fait différent de celui
qui empoifonne, 6t que les parfums ne
font par eux-mêmes aucun mal.
SECTION XVI.
Tous les fruits en général exhalent un air
pernicieux jour & nuit , dans la lumière
& dans l ombre , & possèdent une faculté
confdérable de communiquer une qualité
des plus malfaifantes à l’air environnant .
J’AI été fort étonné, ôc même un peu
fâché , de découvrir un poifon caché dans
les fruits , qui conftituent une fi grande
partie de nos alimens ; d’autant plus que
j’en ai trouvé quelques-uns, même des
plus délicieux pour le goût 6c pour l’o-
deur, qui poffèdent ce pouvoir dans un
degré furprenant , comme les pêches. Il
me paroît même que la qualité malfai-
fante
/
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XVI. 65
jfante de quelques fruits , furpaffoit celle
des fleurs: Mais , ayant trouvé que le fo-
leil n’avoit que très-peu ou point de pou-
voir d’empêcher l’influence nuiflble des
fleurs, j’ai vu, avec quelque fatisfadion ,
que cet aftre exerce affez de pouvoir , au
moins fur quelques fruits , pour leur ôter
prefque entièrement la faculté de nuire ,
tandis qu’il n’a pas ce pouvoir fur d’au-
tres. J’ai obfervé qu’une pêche à l’ombre
peut corrompre tellement une malfe d’air
dix fois plus grande que fori volume ,
cjqu elle en étoit devenue abfolument mor-
telle pour un animal qui l’auroit refpirée ,
& que ce fruit peut rendre une telle
quantité d’air fl nuiflble, même au milieu
.iu foleil, que la flamme d’une bougie s’y
éteignoit d’abord. Le foleil empêche pref-
que entièrement la malignité de quelques
'fruits verts, comme des haricots, & ne
beut arrêter en rien celle des mûres, des mû-
tes de ronce & de beaucoup d’autres fruits.
En confidérant que les feuilles des plantes
cont en général vertes , & que la matière
égétale, que le dofteur Prieflley a trouvé
tonner une grande quantité d’air déphlo-
. ifliqué , efl auffl de cette couleur, j’avois
uelque efpérance que les fruits verts don-
eroient au foleil cet air bienfaifant. Pour
découvrir ce qu’il en étoit, je mis dans
E
66 Expériences
un bocal plein d’eau de pompe , quelques
haricots verts ; je le plaçai rënverfé au
foleil pendant quatre heures; j’en voyois;i
fortir une quantité conlidérable d’air par i
forme de bulles, de la manière dont elles i
parodient fur les feuilles; ce qui augmen-
toit mon efpérance : mais , en examinant
l’air que j’en avois obtenu en allez grande
quantité, je fus trompé dans mon attente..
Il fe trouva de l’air commun d’une qualité
très-inférieure.
La curiofité m’excita d’abord à examiner:
l’effet de ce fruit fur l’air commun dans'
l’obfcurité ; je plaçai deux douzaines de
haricots verts, d’une petite efpèce, fous'
un bocal renverle contenant deux pintes
les ayant laiffées pendant une nuit, j’exa-
minai l’air, & je le trouvai li empoifonné,
qu’un jeune poulet y mouroit en moins
de vingt fécondés. En comparant cet effet:
pernicieux des fèves à celui des plantes:
dans la nuit, je trouvai que celui des fèves
furpaffoit toutes les plantes en mauvaife.
qualité. On peut confulter les expériences:
relatives à ce fait intéreffant , fous les-
nombres 75-91 , fur-tout les expériences-
88. 80.
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XVII. 67
SECTION XVII.
Le pouvoir quont les Plantes de corriger
le mauvais air , furpajje celui quelles ont
d’ améliorer le bon air.
•Les expériences du doéieur Prieflley ,
>ar lefquelles il paraît démontré que les
Jantes végètent beaucoup mieux dans un
ir putride ou rendu impur par la refpi-
ation , ou par la flamme d’une chan-
celle , me faifoient foupçonner que la
acuité qu’ont les plantes de corriger l’air
icié , fe trouverait plus grande que celle
/améliorer le bon air. Pour décider la
ueftion, j’ai mis égale quantité de pieds
tç menthe poivrée, mentha piperids , dans
.eux bocaux de la même capacité, après
.es avoir remplis d’eau de pompe. Je fis
nonter dans l’un de ces bocaux une certaine
uantité d’air commun , dont la bonté étoit
i lors telle, qu’une mefure de cet air & une
5 ’air nitreux fe réduifoient à 1.06^ (a) ; dans
$ autre, je fis monter la même mefure d’air
(<*) Le le&eur trouvera ci- après, l'explication de ces
ombres, dans l’introdu&ion à la fécondé Partie de cet
uvrage.
Eij
68 Expériences
commun vicié par la refpiration, de façon
qu’une mefure de cet air St une d’air ni-
treux, occupoient 1.34. Les deux vafes
étoient expofés à l’air libre & à un beam
foleil à onze heures : je les examinai à deux
heures; alors je trouvai l’air commun telle-
ment amélioré , qu’une mefure de cet aii
St une d’air nitreux occupoient 100, ouj
une mefure exadement. L’air vicié étoit
déjà tellement corrigé, qu’il approchoit de.
la bonté de l’air atmofphérique , au mo-
ment où fe faifoit l’expérience ; car une;
mefure de cet air St une d’air nitreux
occupoient 1.081. Après avoir pris de ces:
bocaux l’air nécelïaire à faire l’examen qui
vient d’être rapporté , je les remis de nou-
veau au foleil jufqu a quatre heures; pour
lors je trouvai, par une fécondé épreuve,,
les airs devenus encore meilleurs, car une
mefure de l’air commun St une d’air ni-
treux fe réduifoient à 0.95 ; St l’air qui avoit
été vicié furpaffoit en bonté l’air de l’atmof-
phère, car une mefure de cet air & une^
d’air nitreux occupoient 105.
Comparons à préfent l’effet de la même
plante fur ces deux airs dans les mêmes-
circonftances , St nous verrons que celle
qui étoit enfermée avec l’air vicié, lavoir
conduit de 1.34 jufqu’à 1.03 , St que l’autre
qui étoit enfermée avec l’air commun non.
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XVII. 69
vicié, ne l’avoit mené que depuis 1 .06- juf-
quao.95. Ainfila même plante avoit cor-
rigé beaucoup plus l’air gâté , qu’elle n’a-
voit amélioré l’air de bonne qualité. Cette
expérience a été répétée plufieurs fois
avec le même fuccès.
Comme l’expérience démontre que les
plantes végètent particulièrement bien
1 dans un air putride, il efl probable qu’elles
y trouvent plus de phlogiflique ou de prin-
cipe inflammable, qui eft une nourriture
ppropre à la plante , que dans l’air commun.
iCeci nous indique pourquoi une plante
doit néceflairement avoir un pouvoir plus
^rand de corriger un air gâté, que d’a-
méliorer un air déjà bon; car, trouvant
olus de nourriture dans l’air mauvais, elle
:=n abforbe plus, & rend cet air plus pro-
pre à la refpiration , à mefure qu’elle en
dérobe le phlogiftique qui le rend nuifible
aux animaux.
Nous avons vu dans la Seérion XIII, que
: :es plantes enfermées pendant la nuit avec
le i’air commun, corrompent cet air, &
ce rendent très -nuifible aux animaux. Il
i’y a pas de doute que la même opération
les plantes n’ait lieu dans leur état natu-
el ; mais nous n’avons pas encore trouvé
in moyen propre à démontrer cet effet;
car l’air commun paroît également bon
£ u)
70 Expériences
pendant ia nuit & pendant le jour. J’ai fai
nombre d’effais divers pour découvrir J
l’air de l’atmofphère fe trouve réellemen
altéré dans l’obfcurité , &. je n’ai pu y re.
connoître aucune différence fenfible. Pou
comprendre la raifon de ceci, il faut conff
dérer que le principe phlogiffique, ou lema
nation méphitique que les plantes exhalen
dans l’obfcurité, étant plus légère que l’ai
commun, monte à mefure qu’elle fort de h
plante, & qu’ainh la région inférieure dan:
laquelle nous refpirons, en eff débarrafféc
à mefure qu’elle eff produite : ainfi, ce qu
arrive dans l’expérience dont il. s’agit , ne
peut avoir lieu dans l’étatnaturel des chofes,
quoique la même opération des plantes
s’exécute réellement, puifque l’air enfermé
dans un vafe ne peut s’échapper.
Il y a des plantes qui ont un pouvoir h
grand de corrompre l’air pendant la nuit
que je doute fort qu’elles foient en état:;
de le corriger entièrement pendant Je jour :
telle eff la jufquiame. Mais , quelque con-
ffdérable que Joit l’émanation méphitique
de cette plante, il ne peut cependant en
rien arriver de fâcheux, tant qu’elle fe trouve
à l’air libre; car, en tous cas, l’air méphitique
de cette plante en fort, comme de toute
autre , peu â peu , & s’éloigne à mefure
qu’il fort. Il fe peut auffi qu’il y ait quel-
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XVII. 71
que autre agent encore inconnu qui , pen-
, dant la nuit , détruife ou corrige cet air
mal-faifant des végétaux; &, fuppofé qu’il
n’exiftât pas un pareil agent , il n’en réful-
teroit aucun mal pour les animaux, parce
que cette émanation s’élève fùccelfivement
au deffus de la couche d’air où nous refpi-
rons, & s’y délaye allez pour ne plus pou-
voir nuire.
L’expérience 41 femble indiquer qu’une
plante peut tellement vicier l’air pendant
une feule nuit, quelle peut à peine le cor-
riger pendant toute la journée fuivante;
: mais il eff nécelfaire de confidérer qu’une
plante féparée de fa racine , & enfermée
dans l’efpace étroit d’un bocal , ne fauroit
avoir la vigueur qu’elle a dans l’état
naturel. On peut auffi confùlter les expé-
riences 51,56, 57, 58, 59, 60.
r
W* tmmm
SECTION XVIII.
Sur l’effet des Plantes vivantes termes dans
les apparteinens.
Quoique jepenfe que, tenir une petite
quantité de plantes vertes dans une cham-
bre affez fpacieufe , foit une chofe allez
indifférente pour lafanté de celui qui y vit;
E iv
I
J2 Expériences
je crois cependant qu’il nous intéreffe de
favoir l’effet que les plantes ont réelle-
ment fur l’air dont elles font environnées, \
pour pouvoir éviter le danger d’un excès
inconlidéré.
L’effet que les plantes ont fur l’air d’un
appartement pendant le jour , diffère beau-
coup de celui qu’elles ont pendant la nuit.
Si les plantes reçoivent la lumière direde
du foleil , elles tendent à rendre l’air de
l’appartement meilleur. Si on les place de
façon qu’elles ne foient pas expofées aux
rayons du foleil, mais qu’elles foient cepen-
dant affez éclairées par la lumière du jour,
elles n’altèrent en aucune manière l’air;
mais fl on les met loin des fenêtres dans
des appartemens où le foleil ne donne pas,
ou dans toute place de la maifon ou d’une
chambre qui ne fe trouve pas bien éclairée,
elles y rendent l’air manifeffement vicié;
& cet effet malfaifant eft d’autant plus con-
fldérable, que l’endroit où les plantes fe
trouvent efl plus obfcur. Toute plante
corrompt plus ou moins l’air de la chambre
pendant la nuit, fur-tout au milieu de l’été,
& lorfque les plantes font en fleurs. J’avoue
que quelques pots de fleurs tenus dans une
chambre , ne font ni bien ni mal ; mais je me
fouviens d’avoir trouvé fouvent plufieurs
orangers placés dans des appartemens pour
I
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec! X FI1I: 73
ornement , & pour purifier 1 air , a ce qu 011
me difoit. Je ne puis plus envifager cette
pratique comme indifférente , depuis que
j’ai découvert l’influence nodurne des vé-
gétaux fur l’air environnant , fur-tout fi
les plantes lont grandes & la chambre, pe-
tite. Quoi qu il en foit , je ne les fouffrirois
plus , pendant la nuit, dans l’appartement
d’un malade confie a mes foins.
Voici une expérience qui me femble
décifive à cet egard. Je plaçai dans une
.chambre , devant la fenêtre au foleil , une
plante mife fous un bocal renverfé; je
plaçai dans le même temps un autre bocal,
avec une plante de la même efpece , dans
un coin ombragé de la même chambre. En
(examinant , après deux ou trois heures,
1 l’air de ces deux bocaux, je trouvai celui
ddu bocal expofé aux rayons du foleil ,
meilleur que l’air dç l’atmofphère, & celui
de l’autre bocal, moins bon que l’air com-
mun. Je retournai enfuite l’expérience, en
plaçant le bocal qui avoit été expofé au
foleil , dans l’endroit ombragé où l’autre
oocal avoit été , & en mettant au foleil le
oocal qui avoit été à l’ombre. L’expérience
. iin fi renverfée donna un réfultat tout op-
•: Dofé , c’eft-à-dire que l’air du premier bocal ,
jui avoit été amélioré, fe trouvoit alors de-
venu moins bon que l’air atmofphérique ,
74 Expériences
&t Celui du bocal qui avoit été transféré,
de l’ombre au foleil , le montroit d’une,
qualité fupérieure à celui de l’atmofphère.
J’ai répété l’expérience avec le même fuc-
cès. On peut confulter une expérience de. j
ce genre fous le n°. 45.
SECTION XIX.
• %
Les feuilles des Plantes meurent plus tôt J
lorfque les bulles d’air déphlogiftiqué dont
elles fe chargent dans l’eau , en font fé-
parées .
Lorsqu’on fecoue les feuilles cou-
vertes d’eau & déjà chargées de bulles d’air ,,
celles - ci s’en féparent , & font bientôt:
remplacées par d’autres bulles ; on peut
obtenir par ce moyen une fuite de nou-
velles bulles. J’ai obfervé qu’en général
l’air déphlogiftiqué contenu dans ces fé-
condés bulles fe trouve être plus fin que
celui des premières; cela vient, je penfe,,
de ce qu'il eft difficile de féparer abfolu-
ment tout l’air atmofphérique adhérent
aux feuilles , fur-tout à celles dont la fur-
face eft veloutée ou raboteufe , telles que
les feuilles de la fauge.
Quelques efpèces de feuilles font parti-
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. XIX. 75
dulièrement fécondes en bulles d air, de
façon qu’il y en a qui les reproduifent juf-
qu’à neuf ou dix fois; telles font les feuilles
du poirier : celles de vigne font auffi en
état de donner fucceffivement un grand
nombre de nouvelles bulles.
En faifant ces expériences , j’obfervois
que les feuilles dont j’avois féparé les
bulles d’air par une légère fecouffe , étoient
fanées beaucoup plus tôt que celles que
j’avois laifTées tranquilles. Une feuille de
vigne, mife dans un verre plein d eau de
pompe , & laiffée tranquillement à l’air
libre pendant plulieurs jours , donnoit
des bulles qui parvenoient à une grandeur
très-confidérable, 8c qui redoient pour la
pl upart collées à la feuille pendant huit jours
entiers. Cette feuille confervoit fa fraîcheur
pendant tout ce temps; pendant qu une au-
tre feuille de la même efpèce & grandeur,
mife auffi dans l’eau, 8c placée près de
l’autre, étoit fanée en moins de deux jours ,
les bulles d’air en étant feparées plufieurs
fois par une légère fecouffe donnée au verre.
Cette fécondé feuille avoit perdu l’épi-
derme , ou cette efpèce de membrane matte
ou moins liffe , 8c non vernie , qui couvre
la furface inférieure ; au moins cette mem-
brane étoit devenue tranfparente , h elle
n’étoit pas réellement détruite. Cette tranf-
76 Expériences
parence s obfervoit principalement fur les
endroits memes ou les buiies d’air avoient
été attachées. Cette expérience a été répé-
tée plufieurs fois avec le même réfultat.
Ne pourroit-on pas conclure de cette
obfervation , que les feuilles, ne pouvant
plus abforber de l’air pour remplacer celui
qui en iort fous la forme de bulles, meu-
rent par une efpèce d’épuifement ou ma-
rafme ; & que leur organifation reffemble
en. quelque façon à celle des animaux,
qui perdent leur vie par les excrétions
continuelles, lorfqu’ils ne font pas en état
de réparer ces pertes par de nouvelle
nourriture ?
Il femble que les végétaux tirent de la
terre la plupart de leurs humeurs aqueufes
pompees par les filamens nombreux des
racines , Sc qu’ils prennent de l’atmof-
phere le phlogiftique qui fait la principale
partie de leur nourriture; ils en abforbent
l’air tel qu’il efl , c’efl-à-dire , imprégné
du principe inflammable. Cet air eft digéré
ou élaboré par les organes de la plante , *
de façon que le phlogiflique y refte comme
une de fes principales nourritures , & que
le fuperflu privé du phlogihique , & devenu
un excrément pour la plante, eft expulfé
par les conduits excrétoires , & rendu à la
maife de l’atmofphère : il entretient ainli
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec?. XIX. 77“
fatmorphère dans le degré de falubrité né-
ceffaire pour les animaux ; ceux-ci , à leur
tour, en refpirant cet air purifié, en tirent
ce qui. eli néceflaire pour la continuation
de leur vie , & rendent le relie comme fo-
perflu & nuifible à leur confiitution , mais
devenu de nouveau falu taire aux végétaux.
Cette théorie femble être fondée for les
lois de la nature, & répand de nouvelles
lumières for l’écon mie des végétaux , &
for la relation entre eux & le règne ani-
mal ; elle nous indique pourquoi les plantes
végètent fpécialement bien dans un air pu-
tride , où nous trouverions bientôt la
mort , & pourquoi elles languiffent dans
l’air déphlogifiiqué , dans lequel un animal
devient plus vigoureux, 8t prolonge fa vie
beaucoup plus long -temps que dans le
meilleur air atmofphérique.
Les végétaux étant des êtres doués de
vie , mais incapables de mouvement pro-
greffif, & deliinés à relier continuellement
dans le même endroit où ils ont pris naif-
fance, ne peuvent pour cette raifon aller
à la recherche de leur nourriture ; ils doi-
vent trouver dans le petit efpace qu’ils
occupent , tout ce dont ils ont befoin pour
leur fob fi fiance & pour remplir la fonélion
que la Providence leur a départie; ils ont
befoin de répandre dans la terre un nombre
78 Expériences
infini de filamens, comme autant de
pour abforber l’humidité qui fe preiente
a leurs orifices ; & cette humidité femble
fuffirepourla confervation de la plupart des
arbres en temps d’hiver. Mais les plantes
étant defiinées à remplir en été des vues
plus étendues , & qui ne font pas limitées
à leur propre individu , elles ont befoin
de nouveaux organes pour les accomplir;
elles répandent dans l’air qui les environne
ces éventails fans nombre, je veux dire les
feuilles, en les difpofant de la manière la
plus propre à ne pas s’incommoder les unes
les autres , & en les arrangeant le plus
avantageufement pour recevoir l’influence
de cet aflre bienfaifant , dont la lumière
excite dans leurs organes une adion mer-
veilleufe, par laquelle ils abforbent de l’at-
mofphère une grande quantité d’air; elles
en répandent ce qui efl le plus pur dans
la malle dont ils l’ont pompé, en confer-
vant pour elles-mêmes ce qui efl: un ali-
ment convenable à leur nature, & nuifible
à la nôtre.
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl . XX.
79
SECTION XX.
Sur le 'pouvoir quont les Végétaux d'ab-
forber différentes efpèces d’air.
Si on enferme une plante dans un bocal
avec une quantité donnée d’air commun,
& qu’on la place dans un endroit obfcur ,
on trouvera, en général, quelle aura ab-
forbé une quantité de cet air. Cette quan-
tité diffère beaucoup , félon la nature par-
ticulière de la plante, & félon les diffé-
rentes circonftances qui peuvent avoir lieu
dans cette expérience. Lorfque j’ai publié
l’édition angloife de cet ouvrage, je n’ai pas
eu le temps de chercher dans mes notes
•toutes les particularités que j’ai obfervées
.à ce fujet. Je fuis fâché que les circonf-
tances où je me trouve, ne me laiffent pas
plus de loifir pour fatisfaire mon delir de
rendre /cet article plus fatisfaifant, en com-
binant les réfultats de toutes les expé-
riences que j’ai faites , afin de faire mieux
cconnoître cette faculté particulière des
I plantes. Je peux dire, en général, de mé-
' moire , que quelques-unes des plantes aqua-
1 tiques étoient particulièrement avides d’ab-
j forber une allez grande quantité d’air com-
i mun, St fur-tout d air vicié par larelpiration.
I
8o Expériences
Je me fouviens qu’une de ces plantes
avoit abforbé une grande quantité d’air dé-
phlogiftiqué , de façon que je le trouvai
diminué de la moitié ; j’efpère pouvoir i
donner un rapport plus fatisfaifant de cette
faculté des plantes , dans le fécond volume
de cet ouvrage.
Quoiqu’il m’ait toujours paru que les
végétaux abforbent un plus grand volume
d’air pendant la nuit que pendant le jour,
je n’ai cependant pas ofé en conclure que
les plantes, dans leur état naturel, abfor-
bent pendant la nuit la plus grande partie
de l’air qu’elles rendent pendant le jour ;
car il me femble très-probable qu’elles ne
peuvent réparer la perte qu’elles fouffrent
en rendant tant d’air déphlogilliqué pen-
dant le jour, qu’en abforbant, dans le même
temps , une égale quantité d’air commun
de la malle de l’atmofphère. J’ai obfervé
qu’elles abforbent réellement une quantité
de l’air dont elles font entourées pendant
le jour; mais il feroit difficile d’en déter-
miner la quantité. Pendantle jour, les plantes
donnent beaucoup plus d’air déphlogilli-
qué , qu’il ne fort d’air méphitique durant
la nuit.
SECTION
/
SUR LES VÉGÉTAUX* Sect. XXL 8l
SECTION XXL
Comment on peut juger jî les Plantes font
déjà difpofées à donner de U air déphlo~
gijïiqué.
tC OMME l’opération par laquelle les
, Jantes donnent leur air déphlogiftiqué ,
dépend de la lumière plutôt que de la
haleur du foleil , on peut s’attendre avec
aifon à ce que les plantes s’éveillent plus
ôt le matin, lorfque le foleil n’elï pas
aché par des nuages, que dans un temps
bfcur & nébuleux. J’ai trouvé cette con-
jure confirmée par l’expérience. La dif-
ôrence efi: fi grande , que les plantes com-
nencent leur opération une heure ou
eux plus tôt dans une matinée fereine &
laire , que lorfqu’il fait un temps cou-
ert & oblcur. J’ai frouvé que toutes les
liantes du même jardin ne fortent pas au
berne temps de leur engourdifiement noc-
turne. Celles dont l’expofition étoit telle,
n’elles recevoient de bonne heure les
tyons du foleil , devançoient les autres
ui étoient cachées derrière une maifon ,
ne muraille , &c. Je trouvois même une
l ifférence fenfible entre les feuilles du
F
1
82 Expériences
même arbre ; celles qui avoient reçu l’in-
fluence dire&e du foleil fe trouvant prê-
tes à commencer leur fonéfion diurne,
tandis que toutes celles qui étoient düi
côté oppofé au foleil étoient encore en-i
gourdies.
Pour favoir avec certitude fi une plante;
dont on voudroit le matin tirer de Pair
déphlogiftiqué , eft déjà difpofée à en don-
ner, on n’a qu’à en plonger une feuille
dans l’eau fraîchement tirée de la pompe.
Si elle pouffe des bulles d’air auffitôt qu’elle
a coutume d’en donner en plein jour ,,
vous pouvez vous affurer que la plante eft
déjà entièrement éveillée , & prête à don-
ner l’air defiré.
Il y a un autre moyen fort fimple de;
favoir exa&emement le temps auquel les*
plantes font en état de donner de Pair
c’eft de placer dans l’endroit où font les;
plantes dont on veut faire ufage , un bo-
cal renverfé plein d’eau , dans lequel il
y ait de la moufle ou matière végétale
verte, que M. Prieflley a trouvée donner
de Pair déphlogiftiqué. Lorfqu’on voit
des bulles d’air monter de cette moufle,
on eft sûr que toutes les plantes expofées
à la même lumière que ce bocal , ont déjà
commencé leur fon&ion diurne. On peut
juger de la quantité d’air déphlogiftiqué
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XXL 85
qu’on obtiendra de ces plantes , par l’abon-
aance des bulles qui fortent de la moulîe.
Mais ces indices de l’opération diurne
les plantes déjà commencée, ne peuvent
itre d’ufage que le matin , puifqu’au mi-
ieu du jour toute plante efl prête à don-
îer de l’air déphlogiftiqué. Il m’a paru af-
ez fingulier que, quoique la lumière du
oleil Toit à peu près de la même force
une heure ou deux après fon lever, & au
îilieu du jour, fon aélion cependant efl
ifiniment plus manifefte au milieu du jour;
e façon qu’une plante tenue dans l’obf-
urité jufqu’au moment qu’on va l’expofer
u foleil, efl revivifiée ou donne des bulles
’air à peu près auffi promptement que cel-
is qui ont toujours été à l’air libre. Les
quilles mêmes St les branches féparées des
liantes , St tenues en vie en laiffant les
jges dans l’eau , ne font pas plus tardives
ue les plantes fraîchement cueillies. On
.igeroit aifément par ce phénomène , que
. chaleur, qui augmente à mefure que le
)Weil monte fur l’horizon , en eft la caufe;
uais on fera bientôt convaincu que la cha-
; ur y a très-peu ou point de part , en con-
férant que, dans le foleil le plus ardent,
s feuilles donnent de l’air déphlogifliqué
autant plus promptement, que l’eau dans
quelle on les plonge efl plus fraîche.
$4 Expériences
SECTION XXII.
Pourquoi quelques eaux , telles que l’ea
diflillée , l’eau bouillie , &c. non-feulemet
ne favorifent pas la production de lyai\
déphlogijliqué , mais même empêche ceti
production ?
Comme je penfe avoir démontré aile
clairement que l’air déphlogiftiqué fortan
des feuilles eft élaboré dans leurs organe
par un aétion vitale , excitée &: entretenu
par la lumière du jour, il paroît que tou
ce qu’il y a à faire pour l’obtenir, elf d’em
pêcher qu’il ne fe difperfe dans l’air com
mun. De toutes les fubftances qui peuven
empêcher cette diffipation , l’eau paroi
la plus convenable ; car elle ninterceptc
pas la lumière , ôc elle eft amie des végé
taux ; quelques-uns même végètent pa
préférence dans ce liquide. Les qualité:
que l’eau doit avoir pour cette fin , foni
d’être très-claire , tranfparente , & afle2
imprégnée d’air pour ne pas abforbej
avidement l’air des plantes , & de n’er,
avoir cependant pas trop : car , fi l’eau
possède très - peu ou point d’air , elle,
fera fort difpofée à abforber celui qui fort
des plantes; & fi elle eft elle-même fur-
SURgLpS VÉGÉTAUX. Sec!. XXII. 85
:hargée Air , elle mêlera fon air avec
:elui des plantes , & le corrompra; ou pein-
tre l’air furabondant de cette eau s’inli-
luera dans les feuilles , <k troublera leur
ravail , d’autant plus que la plupart des
aux qui fe trouvent imprégnées d’une
rande abondance d’air , le possèdent fous
i forme que l’on nomme air fixe ( telles
unt les eaux de Seltzer ) dont la nature
iffère entièrement de celle de l’air dé-
hlogiftiqué. D’ailleurs l’eau , furchargée
un air quelconque , laiffe aifément échap-
er cet air, qui, s’attache en forme de bul-
:s fur toutes les fublfances qu’on plonge
edans, &, par conféquent, fe placera de
ijême fur les feuilles , & dérangera ainfî
>ute l’opération.
Nous favons que l’eau de fource , fraî-
T.iement tirée , possède une affez grande
1 rantité d’air, auquel elle efl redevable de
in goût agréable ; nous favons de même
' ae l’eau bouillie & l’eau diflillée font pref-
■aie entièrement deflituées d’air : c’eft ce
ifaut d’air qui les rend infipides & moins
'réables que l’eau de fource. J1 me pa-
r j ît probable que l’eau bouillie & diflillée
rangent l’opération des plantes, princi-
ilement en abforbant avidement l’air qui
rt des feuilles ; & cette abforption peut
: même temps troubler l’élaboration par-
86 Expérienc Éty
faite de l’air qui efl obtenu des plante
couvertes de ces eaux ; car nous avon:
déjà obfervé que cette opération fe dé-
range par la moindre caufe.
Cette conjefture paroîtra peut-être plu:
probable , par l’expérience fuivante : J<
plaçai quelques feuilles de vigne dans ur
bocal plein d’eau de pompe , que j’avoi;
imprégnée d’air fixe. Elles furent d’aborc
entièrement couvertes de bulles d’air, pro
duites , à ce que je penfe , par l’air dont
l’eau étoit furchargée , & qui s’attachoit
à la furface des feuilles , comme il s’atta-
cheroit à toute autre furface qu’on plonge-;
roit dans une telle eau. Il paroît cepen-
dant très-probable que cette apparition
fubite des bulles furies feuilles, n’efl pas
entièrement mécanique, mais que le mou-
vement vital des feuilles y a quelque part;
car, quoique ces bulles paroiffent de même,
fur une pierre ou quelque autre corps
qu’on plonge dans une telle eau, elles ne
s’y font pas voir cependant fi rapidement:
que fur les feuilles. Dailleurs, fi la pro-
duction de ces bulles étoit purement mé-
canique , les deux furfaces des feuilles>
devroientfe charger dans le même temps
de ces bulles, comme elles paroilfent en
même temps fur les deux furfaces d’une
pièce demonnoie, ou quelque autre corps;
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl XXII. 87
mais, au contraire, elles fe montrent pre-
mièrement à cette furface des feuilles fur
laquelle l’air déphlogiftiqué paraît le pre-
mier dans l’eau de pompe , qui n eft pas im-
prégnée d’air fixe. Je penie donc que 1 air
fixe , dans le cas dont il s agit , pénétré
d’abord la fubftance des feuilles, comme il
pénétreroit tout autre corps qui pourrait
le recevoir ; qu’il fe mêle avec l’air exis-
tant déjà dans les feuilles, & qu’il en fort
cconfufément avec lui. De cette maniera,
IFair de la feuille n’a pas fubi toute l’opé-
rration néceffaire dans fes organes , St , par
conféquent , ne peut etre de 1 air dephlo-
^gifiiqué. Aufii arrive-t-il que l’air ainfi ob-
tenu eft très-éloigné d’être déphlogiftiqué*
III n’y a rien d’étonnant dans tout ceci ,
après que nous avons déjà remarque com-
bien peu il faut pour déranger le travail
des plantes. Si un 'peu plus ou moins de
lumière, l’ombre d’une muraille ou d’une
autre plante , peut tellement changer l’opé-
rration des feuilles , qu’au lieu d’air déphlo-
cgifiiqué elles produifent un air empoi-
lfonné , on ne doit plus s’étonner fi quelque
(différence dans l’eau dont on fe fert dans
cces expériences, peut produire des diver-
sités auffi effentielles.
Mais ce ne font pas les plantes feules
(qui font fujettes à ces variations; des phé-
F iv
88 Expériences
nomenes non moins Singuliers , arriven
continuellement dans l’économie de no
tie propre corps. Comme les plantes pro-
duifent & évaporent des émanations en-|
tièrement différentes de leurs racines , deJ
leur écorce , de leurs fleurs , fruits & feuil-
les ; ainli les differens organes de notre,
coips fequeffrent de la maffe générale du
fang , des humeurs très-diftinguées entre
elles. Comme les differentes circonflances^
qui arrivent a la plante varient beaucoup la
nature de leurs émanations; de meme tous-
les changemens que les caufes , même les
plus legeres , produifent dans nos organes v
font varier aufli les produéfions qui en dé-
pendent. Il n’y a perfonne qui n’ait fou-
vent remarqué des différences très-gran-
des dans nos excrétions les plus fenfibles ,
par exemple, dans celle de l’urine ; diffé-
rences occafionnées par dès caufes faciles
à tracer : un léger catarrhe , & autres pe-
tits derangemens de fanté , font varier cet
excrement de la manière la plus fenfîble.
Un peu de vin de Champagne mouffeux,
ou quelque autre liqueur imprégnée d’air
fixe ou diurétique , nous fait rendre fou-
vent de l’urinq en plus grande abondance,
& peu colorée. Les caufes , même imma-
térielles, font en état de produire en ce
genre des phénomènes très - remarqua-
SUR LES VÉGÉTAUX. Se ci. XXII. 89
bJes. De l’agitation d’efprit, l’idée d’un
bien ou d’un mal prochain, nous font ren-
dre une quantité très-conhderable d urine
claire comme de l’eau. La vue , ou meme
l’idée feule d’une pomme , excite les glan-
des falivaires à rendre une abondance de
Salive moins vifqueufe que celle qui en eft
féqueftrée dans l’état naturel. La feule idée
, d’une femme que nous aimons , augmente
considérablement la fécrétion & le mouve-
ment de l’humeur fpermatique , &c.
SECTION XXIII.
Quelques Remarques fur la moujfe ou ma-
tière verte végétale qui s'engendre au fond
& aux parois des vafes de verre dans
le f quels on tient de F eau en repos .
M. PRIESTLEY a découvert qu’au fond
;& aux parois des vafes de verre dans les-
quels on tient l’eau , fur - tout l’eau de
Source, il fe produit une matière vert'e vé-
gétale, dont il fort une grande quantité d’air
iéphlogifliqué lorfque ce vafe eft expofé
ru foleil. Il a trouvé que cette fubftance
:effe à la fin de donner cet air, fi on ne
1 renouvelle pas l’eau de temps en temps.
Il paroît Surprenant que cette mouffe
90 Expériences
ne s’épuife jamais; mais continue toujours
à donner une quantité confidérabie de cet
air épuré , quoique la communication em-
tre elle & l’atmofphère foit interceptée.1
Efl-ce que cette fubflance végétale abforbe.
continuellement l’air de l’eau , & le change
en air déphlogifliqué ? Ceci ne me paroît
guère probable ; car je n’ai pu obtenir
même par l’ébullition de l’eau, autant d’air
que cette matière en donne. Efl-ce que
cette moufle , qui tapifle les parois du.
verre comme un tiflu continu , abforbe cet
air de l’atmofphère , de façon que l’air:
pafle d’une plante à l’autre, & pénètre
tout le tiflu de cette fubflance? S’il efl
ainfi, il faut que cette moufle cefle bien-
tôt de donner de l’air déphlogifliqué ,,
lorfqu’on coupe abfolument toute commu-
nication entre celle qui adhère aux parois
internes du verre , & celle qui s’étend juf-
qu au contaél de l’air libre. Ceci efl: facile I
à faire , en fermant exa&ement le vafe
par un bouchon. Quelqu'un de mes amis
m’a dit que cette matière ne s’engendre
pas dans un vafe bien fermé. Je ne puis
confirmer cette affertion par ma propre
expérience. Je ne manquerai pas cepen-
dant d’examiner cet objet avec toute l’at-
tention qu’il mérite , dès que ferai arrivé
chez moi. En attendant que j’aye éclairci
%
SUR ÏÆS VÉGÉTAUX. SccI» X.X.1II* çi
cette matière , j’incline beaucoup à croire
que cette efpèce de mouffe fournit un
exemple du pouvoir merveilleux qu a la
nature , de changer une fubftance en une
autre , 8t de cette tranfmutation conti-
nuelle des êtres , que nous obfervons pres-
que par-tout , fur la furface de notre globe.
Dans cette idée, je penfe que l’eau elle-
même, ou quelque choie inherente al eau,
eft changée en cette mouffe , & fubit
dans fon organifation une efpèce d élabo-
ration que la lumière du jour y excite , 8c
par laquelle elle eft métamorphofée en air t
aéphlogiftiqué. Cette tranfmutation pa-
roît certainement merveilleufe aux yeux
d’un philofophe; mais elle n’a rien de plus
extraordinaire que tant d autres change-
mens de fubftance que nous rencontrons
par tout , tels que le changement de l’herbe
en graiffe dans lés organes d’un animal
crramimvore, celui du fuc aqueux d un oli-
vier en huile, le changement de l’acide du
nitre, par le feu, en cet air épuré dont
nous parlons. Je parlerai plus amplement
de ces fortes de changemens des fubftan-
ces , lorfque je traiterai exprès de la mu-
tabilité de l’air.
Cette efpèce de mouffe, que nous re-
gardons comme une faleté , dont les mu-
railles, les boiferies, tout ce qui eft ex-
92 Expériences
pofe a 1 air libre, & la furface de la terre
meme, fe couvrent en tout temps, dès
que la pluie ou rhumidité de lair favo-
nie fa produ&ion ; cette matière ( dis-je ) fi
abjefte en aparence , nous procure peut-
etre plus d avantages que nous ne pen-
fons. Nous trouvons en hiver toute la
terre, les murailles, les arbres, couverts
de cette moufle , dès qu’il ne fait pas trop
fec : il me paroît très-probable que la na-'
tare n’a pas tant multiplié cette fubfiance
en vain.
Nous avons vu que cette matière qui
fc trouve dans leau, donne une grande
quantité d’air déphlogifiiqué. J’en ai
trouvé la pureté fi grande , quelle fur-
paflfe^celle de tous les airs dephlogifhqués
que j ai jufqu a prefent pu obtenir des plan-
tes (a). Il ell très-apparent que fi cette ma-
tière donne une quantité confidérable d’air
lorsqu’elle eft enfermée dans l’eau, elle
en donne une quantité encore beaucoup
plus confidérable à l’air libre; & qu’en
hiver elle fupplée à un certain degre les
(a) On peut voirie degré exaft de pureté de l’air
obtenu de cette fubftance 3 comparé avec l’air déphlogif»
tiqué tiré des autres végétaux & du mercure précipité
rouge, dans la Seétion XVI de la fécondé Partie de ce
livre.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec! . XXI IL 93
végétaux qui , pour la plupart étant engour-
dis, ne donnent point d’air déphlogiffiqué.
Ayant mis dans un bocal plein d’eau,
une demi-poignée de cette fubflance ra-
maffée des parois d’un baquet de pierre,
placé près d’une fontaine , & tenu toujours
plein d’eau pour abreuver les chevaux,
j’en obtins dans huit jours une chopine
& demie d’air déphlogiiliqué d’une pureté
furprenante. Voye ç l’expérience 100.
SECTION XXIV.
Il ne paroit pas tout - à- fait indifférent
quelle efpèce d’ Arbres on emploie quand
on veut en planter pour entretenir la falu-
brité de l’air d’un endroit quelconque.
_A.p R ES tout ce qui a déjà été dit, on ne
doutera plus, je penfe, que les végétaux
contribuent beaucoup à la purification de
la malle de notre atmofphère. Mais , comme
il paroit par mes expériences que quelques
plantes donnent un air déphlogifliqué plus
pur que d’autres, & que quelques - unes
ont plus de pouvoir de vicier l’air com-
mun pendant la nuit , il me femble qu’on
ne peut pas envifager comme indifférent
cde quelle efpèce d’arbres on fait une plan-
94 Expériences
tation , lorfqu’on a pour but la falubrité de
l’air. On trouvera dans la fécondé Partie
de ce livre quelques expériences tendan-
tes à donner de la lumière fur cet objet.
Mais je fuis très-éloigné de croire que je
fois en droit de décider cette quefiion.
N’ayant ouvert que depuis peu de temps
cette carrière nouvelle , il ne m’a pas été
pofiible d’y pénétrer allez avant & d’y faire
alïez de découvertes pour éclaircir la ma-
tière. J’efpère que d’autres phylicienspour-
fuivront le chemin que je leur ai ouvert,
& nous inftruiront plus amplement fur ce
fujet, que je ne fuis en état de faire. Je pré-
vois cependant qu’il ne fera pas aifé de
lever cette difficulté , parce que tous les
arbres en général font en état de coopé-
rer à la même fin , 8cque les avantages éco-
nomiques qu’on peut envifager dans la pré-
férence d’une efpèce d’arbre à l’autre , pour-
ront contre-balancer celui qui réfulteroit
pour la falubrité de l’air; avantage qui,
à tout dire , ne fe trouvera, à mon avis,
que peu confidérable.
sur les Végétaux. Sec l. XXV. 95
SECTION XXV.
Les Feuilles qui font parvenues a leur gran-
deur naturelle , donnent de l’air déphlogijh-
qué & plus pur & en plus grande abondance
que les jeunes feuilles, & celles qui ne J ont
pas encore entièrement développées.
iÎLme paroît que rien ne démontré plus évi-
demment que la production de l’air déphlo-
wdftiqué eft dû à un mouvement vital dans
Tes feuilles , que le fait qui eft le fu jet de cet
article. Efteftivement , fi cette production
n’étoit qu’une pure filtration mécanique ,
d’air obtenu par un tel moyen feroit tou-
jours de la même pureté, qu’il fût fil-
tré par des feuilles jeunes ou vieilles, dans
lia lumière ou dans l’ombre ; mais fi la. finefte
‘de cet air dépend d’une élaboration qu’il
fubit dans l’intérieur delà feuille, il eft na-
turel que ce fluide reçoive le plus grand
idegré de perfeétion dans les feuilles dont
ll’organifation eft la plus complette. ^
L’expérience qui m’a fourni le fait que j’a-
wance, m’a offert en même temps le fpec-
itacle le plus amufant. Je mis dans un bo-
ical plein d’eau de pompe, l’extrémité d’une
llbranche de vigne qui portoit des feuilles
96 Expériences
de toute grandeur, depuis les plus vieille
& dun vert foncé, jufqu’aux feuilles pim
petites & non encore développées. Je ne dé'
tournai pas mes yeux de cet objet, jufqu’à
ce que j eus obfer^é pleinement le déve-
loppement des bulles d’air fur toutes les>
feuilles. Les bulles paroilïoient première-
ment fur les plus vieilles , enfuite fur cel-
les qui les fuivoient en âge, & ainfi fuc-
cellivement fur les autres ; elles fortoient:
les dernières de toutes fur les feuilles qui
n etoientpas encore développées. La gran-
deur des bulles etoit dans la même propor-
tion, les feuilles les plus vieilles étant cou-
vertes des bulles les plus volumineufes.
J avoisobfervé condamment que les plan-
tes qui donnent la plus grande quantité d’air
dephlogiftiqué , donnent aulfi l’air d’une
qualité d autant plus pure. Je trouvois que
cette loi avoit lieu de même entre les
vieilles & les jeunes feuilles du même ar-
bre; j’obtenois toujours plus d’air, & d’une
qualité plus pure , des vieilles que des jeu-
nes feuilles. Les expériences 122 & 12°
femblent decilives fur cette matière.
SECTION
!
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XXVI. 97
....
SECTION XXVI
Quoique la diminution d’un mélange d’air
commun & d’air nitreux , pajje pour un
indice certain du degré de falubrité d’un
air quelconque , il y a cependant des exern- -
pies de certains airs , dont la bonté pour
l’ufage de la refpiration ne peut être déter*
minée par ce moyen .
A. P R È S avoir examiné moi-même par Pair
litreux un grand nombre de différentes ef-
jèces d’air, & après en avoir vu un nom-
re encore plus grand examiné par l’Abbé
’ontana , je ne faifois plus aucun doute
me la manière de juger de la bonté de
iifférens airs, découverte par le dodeur
'rieflley , ne fût fans exception. Mais,
l’étant fait une loi de m’abflenir de toute
mclufion analogique, à moins qu’elle ne
it foutenue par des expériences direftes,
ne me fuis jamais contenté d’examiner
s airs par le mélangé de l’air nitreux £
,ais j’y joignois encore l’examen par la
unme d’une bougie, fans cependant foup-
mner que l’examen avec l’air nitreux fût
i jet à tromper.
J obfervai à la fin que l’air inflammable
G
Expériences
tiré du fer par l’acide marin ou l’acide vî- j
triolique , devenoit capable d’explofion i
( après avoir été enfermé quelque temps-
avec une plante, 8t expofé à l’air libre): |
& que , par l’examen de l’air nitreux , il pa-
roiffoit approcher , en bonté , de l’air atmof-
phérique. Ce fait me jeta dans quelque ap-
préhenfion au fujet de l’infaillibilité de cet
examen ; car un air capable d’explofion ell
très -éloigné de la bonté néceiïaire pour
être refpiré impunément.
Ayant conçu cette efpèce de doute , jej
voulus voir à quel point les plantes étoient:
capables de corriger l’air inflammable ( am
moins en apparence ) fans perdre fa qua-
lité explofive.
Afin de découvrir ce qu’il en étoit , je
laifîai un rameau de perficaria urens pendant:
quarante-huit heures dans un bocal rem-
pli d’air inflammable. Je mis de la même
manière quelques feuilles de noyer dansi
un autre bocal. Je laifîai les deux bocaux
l’air ouvert. J’examinai premièrement l’aiij
inflammable du bocal dans lequel étoient
les feuilles de noyer. J’en fis deux examens'
félon la façon de M. Prïeflley , & deux
félon celle de l’Abbé Fontanci. Par cha-J
cune de ces deux méthodes , cet air fe mon-^
tra d’une qualité beaucoup fupérieure en
bonté à l’air atmofphérique , comme on
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XXVI. 99
Deut voir dans les expériences 1 10, 1 1 1 ,
113, 1 14 & 1 1 5 ; & cependant il donnoit
une explofion fi violente, même dans un
/erre cylindrique, que mon domeftique ,
pii tenoit le verre , croyoit qu’il étoit
:affé (a). Ce réfultat me caufa beaucoup
l’inquiétude au fujet de la façon d’exa-
niner la bonté des airs, que j’avois crue
être toujours fans exception. Il me refloit
cependant encore un peu d’efpérance que
’avois commis quelque erreur dans le pro-
.édé de cette expérience. J’avois encore,
>ar bonheur, l’air inflammable enfermé avec
1 perficaria urens. Je le mis fur le champ
l’épreuve; & j’eus la mortification de
(<z) Comme nous avons vu que les plantes exhalent
n air déphlogiftiqué , onpourroit croire que cet air inflam-
mable devenoit explofif , parce que le mélange de l’air
éphlogiftiqué le rendoit tel. Je ne douterois pas que la
îofe ne fût ainfi, fi cet air n’acquéroit la faculté de faire
xplofion , que lorfqu’il eft enfermé avec une plante pen-
mt le jour; mais il acquiert de même cette qualité dans
Eie feule nuit ; & cependant j’ai allez démontré que les
antes ne donnent pas dans l’obfcurité un air qui puifle
lurrir la flamme ; ce qui me fait penfer que les plantes
nt une faculté fingulière de changer l’air inflammable pur,
Ijii un air particulier inconnu julqu’à préfent , en un air
ciritablement fulminant. J’incline beaucoup à croire que
■ h:tte operation efl due à ce que les plantes abforbent une
grande quantité de phlogiftique, dont l’air inflammable eft
impofé , que le relie eft alTez délayé ou étendu pour faire
: plofion , vu que l’air inflammable devient explofif, lorf-
■ 1 on l’étend avec un air médiocrement bon.
Gij
loo Expériences
trouver que mon foupçon fur la certitude
d’examiner les airs par l’addition de l’aii
nitreux , n’étoit que trop bien fondé ; cai
cet airfe montroit, dans tous les elfais avec
l’air nitreux, d’une qualité fupérieure l
celui de l’atmofphère ; & cependant^! s’en
flammoit avec une explofion très-forte,,
comme on peut le voir dans les expérien-
ces i io & 1 1 1.
Il reftoit encore une épreuve à faire avec
cet air ; c’étoit d’y mettre un animal vivant:
mais , n’en ayant pas affez de refie pour une
telle expérience , je voulus recommencer:
toute cette recherche, en redoublant d’atn
tention. Je mis quelques pieds de perjica-
ria urens , racines St tout , dans un bo-
cal plein d’eau. Je fis monter dans ce bo-
cal affez d’air inflammable tiré du fer, pour
qu’un tiers du bocal en fût rempli. Je laiffaii
ce vafe à l’air ouvert depuis le famedi juf~
qu’au vendredi. Lorfque j’examinai cet air
par l’air nitreux, je trouvai avec furprife.
qu’il étoit prefque aufli mal-faifant pour lai
refpiration, qu’il étoit auparavant; car une
mefure de cet air avec une d’air nitreux oc-
cupoit 1.80, ou une mefure entière & qua-
tre-vingt centièmes d’une autre mefure. Il fe
trouvoit de même très-pernicieux, en fui-
vant la méthode de M. Fontana. Non con-
tent de ces épreuves , je le fournis auffi
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec?. XXVI. ïOï
celle d’un animal vivant , ce que je n’avois
pu faire dans l’expérience précédente. J’y
mis un poulet âgé de trois femaines ; il y
donna fur le champ des lignes d’une ex-
trême angoilfe, 8t mourut en moins d’une
minute.
Un réfultat auffi différent (a) du précé-
dent me mit dans l’embarras , &. commença
à faire renaître mon efpérance , qu’il pour-
voit s’être glilfé quelque erreur dans les
expériences précédentes , 8c par confé-
quent , qu’il n’étoit pas décidé que l’é-
oreuve de l’air nitreux fût incertaine.
J’étois cependant fort éloigné d’aban-
donner la recherche, & de rejeter entière-
ment mon foupçon. Il falloir recommen-
cer, & obferver le tout avec la plus fcru-
)»uleufe attention. Il me relloit encore la
quantité d’une demi-chopine de l’air in-
: lammable qui avoit été enfermée , depuis le
âmedi jufqu’au vendredi fuivant , avec les
ameaux de perficaria urens , fans être beau-
Itoup corrigé. ( Voyez l’expérience 112.)
Je mis au foleil, le famedi fuivant vers
midi , une plante de moutarde fraîche-
ment coupée, dans un bocal plein d’eau ;
a ) On trouvera la raifon de ce réfultat particulier , dans
ie&ion XVII de la fécondé Partie.
G il)
io2 Expériences
je fis monter dans ce bocal la demi-cho-
pine d’air inflammable dont je viens de.
parler, & j’arrangeai la plante de façon que
fa partie fupérieure fût au milieu de cei
air; je la laiflai toute la nuit dans un jardin,.
& j’examinai le lendemain à midi l’air quelle,
contenoit. Il fe montra déjà , par l’épreuve , ,
de 1: air nitreux tellement corrigé , qu’il
parut meilleur que l’air commun; & cepen-
dant il faifoit une forte explofion à l’ap-
proche d’une bougie allumée. Après cette
épreuve, je replaçai le bocal au jardin, &<
j’efiayai l’air de nouveau le lundi fuivant:
alors il me parut furpaffer beaucoup en
bonté l’air atmofphérique; car une mefure
de cet air avec une d’air nitreux , ocçu-
poit 0.96; il fit encore une explofion auffi'
forte que le jour précédent. Je remis encore
une fois le bocal au foleil pendant quatre
heures de plus , après qupi je trouvai par
toutes les épreuves, l’air beaucoup meil-
leur , fans cependant avoir perdu la faculté
explofive. On peut confulter l’expérience
JI5*
Outre le bocal dont je viens de parler,
j’en avois mis un autre au foleil le meme
jour famedi, avec quelques pieds entiers
de perjicaria urens dans l’eau, St j’y avois
fait monter deux pintes ( faifant une pinte
de Paris) d’air inflammable très-pur; au bout
SUR LES VÉGÉTAUX. Secî. XXVI. 103
de vingt-quatre heures , je trouvai que cet
air approchoit en bonté de 1 air commun,
l’elfai en fut fait par 1 air nitreux : il fit
cependant une forte explofion al approche
d’une bougie allumée. Je replaçai le bocal
au jardin ; il y relia a i air libre pendant
quarante-huit heures ; & le lundi , en exa-
minant de nouveau 1 air entre une & deux
heures après midi , il fe montra de la
même bonté que l’air commun , fans ce-
j pendant avoir perdu en aucune façon la
faculté de faire explofion. Ayant de nou-
veau remis le bocal au foleil , je trouvai
q entre quatre & cinq heures , que 1 air pro-
mettait de furpalfer en bonté l’air com-
mun ; il lit cependant toujours explofion.
jAprès tout cela , il ne me relioit qu’une
ifeule expérience à faire pour mettre ce
(défaut de l’air nitreux hors de tout doute:
( c’était de placer dans le relie de cet air
un animal vivant. J’y plaçai un poulet âgé
de trois femaines environ ; il y devint ma-
lade dès le moment qu’il y fut mis; il y
i irelia pendant près de fix minutes dans de
grandes angoilfes. Je l’en retirai dans le
nmoment où il parut prêt à expirer. Etant
iremis à l’air libre , il fut encore pendant
près de fix minutes dans une efpèce d;a-
gonie, après quoi il fe remit peu à peu.
Je fus pour lors très -convaincu que
G iv
104 Expériences
ï epreuve de 1 air nitreux pour juger de laii
bonté des autres airs , eu egard à leur uiage
pour la refpiration , eft fujette à tromper ,,
au moins pour cette efpèce d’air ; & cet
exemple me fit prefumer qu’on décou-
vrit d’autres efpèces d’air, dont la ref-
pirabilité ne pourroit pas également être
etre reconnue par 1 epreuve de l’air nitreux;
& qu il faudroit alors y joindre d’autres
manières d’éprouver leur degré de falu-
^rite ^ telles que la flamme , un animal
vivant, &c.
L air dephlogifliqué tiré du mercure fu-
blime corrofif, qui eft un des plus purs de
tous les airs, paroit fouvent de la meilleure
qualité en l’effayant par l’air nitreux; &
cependant un animal y meurt dans le même
temps^a peu près que dans l’air commun ;
ainfi l’épreuve de l’air nitreux eft fautive
encore dans ce cas. Si on lave cet air déphlo-
gifliqué dans l’eau fimple, ou dans l’eau
de chaux , on le rend beaucoup plus pur,
& capable de foutenir la vie d’un animal
qu’on y enferme , beaucoup plus long-
temps que le meilleur air atmofphérique.
La raifon de ce phénomène efl que l’air
dephlogifliqué tiré du mercure précipité
rouge, eft fouvent infeâé d’une bonne
quantité d’air fixe, qui eft nuifible à la vie
des animaux , ôt qui s’en fépare aifément
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XXVI. 105
en le fecouant avec l’eau à laquelle il s’in-
corpore.
M. Van-Trooflwyk d’ Amsterdam a décou-
vert une manière de préparer un air de-
ahlogiftiqué li pur, qu’un animal y vit huit
il neuf fois plus long-temps que dans le
meilleur air commun , & cet air faéfice
1e peut point du tout être diminué par
’air nitreux. Ce Mémoire très-curieux h.
:rès-important fur les différentes efpèces
l’air , a remporté le prix de la Société phi-
ofophique de Roterdam , & efl inféré dans
es volume V des Mémoires de cette So-
• f f
îete.
I Quoique j’aye été fâché de découvrir
iju’une méthode, dont j’avois conçu l’ef-
ance la plus flatteufe, c’eff-à-dire, qu’elle
Kourroit fervir à juger de la refpirabilité
ee toutes fortes d’air, peut manquer dans
uelques cas; je fuisméanmoins bien éloi-
né de croire que ces exceptions dimi-
Iiuent la valeur réelle de cette décou-
verte importante; car fon utilité princi-
pale eff de pouvoir, par fon moyen, juger
Iwec une précifion admirable de tous les
fifauts & qualités nuilibles qui fe rencon-
ent ordinairement dans Fatmofphère ,
ant il nous intéreffe le plus de connoître
1 juffe la bonté.
Il me paroît que le célèbre Priefilcy
i o6 Expériences
lui -même a entrevu ce défaut ; voy. la pag.
270 de fon ouvrage imprimé en 1779 (a).
SECTION XXVII.
L'air efi une des fub fiances les plus changean-
tes de la nature ; il fe trouve même fous des
jormes très-différentes , quil reçoit d'un
grand nombre de caufes.
L 'EXPÉRIENCE m’a montré que la confti-
tution de l’air continue rarement d’être la
même exactement pendant une journée
entière. Le degré de falubrité de cet élé-
ment n’eft peut-être pas moins fujet à des
variations , que celui de fa chaleur & de
fon poids. Mais le thermomètre , qui fert à
juger delà chaleur, & le baromètre, qui
nous fait connoître fon poids , ne nous
donnent aucune connoilfance fur les diffé-
rens degrés de pureté de l’air , ou de fa bonté
pour fervir à la refpiration.
(<z) De crainte d’interpréter mal le fens de l’Auteur,
j’ai cru mieux faire de citer le texte tel qu’il eft , que de
le traduire en une autre langue. » Jam fatisfied , However ,
» from my own obfervations , that air may be very offen-
five to the noftrils , probably hurtful to the lungs , and
ï) perhaps alfo in confequence of the prefence of phiogiftic
» matter in it , without the phlogiRon being fo far incor-
« porated with it , as to be difcovered by the mixture of
3) nitrous air. »
SUR LES VÉGÉTAUX. Secî. XX VII. 107
L’invention d’un Eudiomètre , ou d’un
inftrument par lequel on peut juger du
degré de pureté ou de bonté de latmof-
phère eu égard à la refpiration , avec
autant de précifion qu’on juge de fon
poids , du degré de fon froid , ou de fa
.chaleur , eft peut-être une des découvertes
les plus furprenantes qu’on ait jamais faites.
!Nous la devons au do&eur Prïeflley , qui a
ttrouvé dans l’air nitreux cette lingulière
[propriété de diminuer Fait commun, ou d’ê-
tre diminué par lui en raifon de fa bonté;
c’eft-à-dire , que le volume des deux airs
joints enfemble fe réduit dans un efpace d’au-
tant plus petit, que l’air commun fe trouve
meilleur, plus pur, ou plus fait pour être
rrefpiré. On verra, dans l’Introduftion à la
lfeconde Partie de cet Ouvrage , à quel
tdegré de perfeftion cette importante dé-
couverte a été portée par l’abbé Fontana .
Nous polfédons donc àpréfent un moyen
par lequel nous pouvons juger non-feule-
iment du degré de bonté aduelle de l’at-
îmofphère fur le lieu , mais auffi , & avec au»
ttant d’exaélitude, du degré de bonté de l’air
cde quelque pays que ce foit. Il ne s’agit pour
ccela, que d’envoyer un vafe de verre bien
bouche , 8c rempli d’un air pris fur l’en-
idroit dont nous voulons connoître l’état
(de falubrité. Mais, comme l’air du même
io8 Expérience:
endroit fubit des changemens prefque con-
tinuels , nous ne pouvons pas nous atten-
dre à une exaâitude confiante dans le ré-
sultat des différentes expériences, fi elles
ne font pas faites dans les mêmes temps,
°u lî on n’a pas pris une affez grande quan-
tité d air de 1 endroit dont nous voulons
connoitre la falubnte, pour pouvoir ré-
péter l’expérience plufieurs fois.
Nous fommes peut-être encore loin de
recueillir les fruits de cette découverte
récente. On ne pourra jamais prononcer
fur la falubrité d’ un endroit en comparai-
son avec jun autre , avant qu’on ait adopté
affez généralement un inflrument confinait
à peu près fur les mêmes principes , 8c
fujet à peu d’erreurs, au moins entre les
mains des bons phyficiens; avant que diffé-
rentes perfonnes aient eu la patience d’exa-
miner pendant le courant de quelques an-
nées , la conflitution de l’atmofphère du
lieu où elles réfident, 8c qu’on ait comparé
entr’eux les réfultats de toutes ces obfer-
vations. Avant qu’on ait fait toutes ces re-
cherches avec tout le foin qu’elles méri-
tent , on ne pourra évaluer avec connoif-
fance de caufe les avantages qui pour-
roient réfulter de paffer fa vie plutôt dans
un pays que dans un autre, foit pour y con-
ferver un bon état de fanté, ou y chercher
SUR ÏÆS VÉGÉTAUX. Sect. XX VIL 109
la guérifon de quelque maladie particulière
qui demanderoit un air pur & falubre, foit
pour y prolonger fes jours dans certains
états de la conditution corporelle. Nous
devons , pour le préfent , nous contenter de
i’amufement qu’une telle découverte doit
naturellement nous fournir.
Ces changemens continuels , ces vicif-
fitudes journalières que j’ai obfervéés dans
la conditution de l’atmofphère par rapport
À fa falubrité , m’ont convaincu du -juge-
ment trop précipité de quelques phyficiens ,
qui ont déjà été allez indilcrets de pronon-
cer fur la falubrité d’un endroit en compa-
raifon de celui des autres lieux voilins , &
cela, par une ou deux expériences faites en
[palfant par ces endroits , avec des indru-
imens peu propres à les faire exaélement.
'Mais je dois abandonner cette difcuffion à
mon refpeftable am'i l’abbé Fontana , qui ,
à mon avis , ed le plus en état de donner
les connoidances nécedaires fur cet objet,
c& qui fe propofe de publier celles de fes ob-
ffervations qui y font relatives. En aban-
donnant cette matière à un obfervateur audi
eéclairé, je ne ferai qu’ajouter quelques re-
marques fur la mutabilité de l’air , fa nature
^Protéiforme & fes métamorphofes.
C’ed depuis les découvertes intéredan-
tes du célèbre doéleur Haies , que nous
no Expériences
favons que 1 air entre dans la compofition
des corps , & fert même comme une ef-
pèce de ciment à confolider les fubftances,
ou à rendre plus folide la cohéfion de leurs
parties conftitutives. Il eft conftaté par ces
expenences, que 1 air confhtue même une
îres-grande partie de quelques corps fo~
lides , tels que les végétaux , les pierres
calcaires , &c. Mais ce grand homme n’étoit
pas encore parvenu à diftinguer les diffé-
rentes efpèces d’airs qu’il obtenoit des dif-
ferens corps, & qu’il a pris tous pour le
meme fluide. Il ne foupçonnoit pas qu’un
fluide fi fubtil , & entièrement invifi-
ble put être analyfé & décompofé en fes
parties conllitutives , qui, après avoir été
féparées les unes des autres , peuvent être
examinées feules. Il faut avouer cependant
que cet homme infatigable nous a ouvert .
un chemin inconnu avant lui; qu’il a en-
courage les autres phyficiens à fuivre fes
traces, & à découvrir de plus en plus la
nature cachée de l’air. Il continua à fuivre
avec la même ardeur fes recherches jufques
dans une vieillefîe très-avancée. Il s’amu-
foit agréablement, & éclairoit les hommes
à un âge dans lequel on eft communément
à charge à foi-même & aux autres.
L air eft bien éloigné d’être l’unique
fluide qui puifle fe changer en corps fo- ■
1
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XXVI L III
lide ; un tel phénomène fe préfente con-
tinuellement à nos yeux.. Nous voyons que
,’eau fe change en une fubftance auffi dure
qu’une pierre par le froid, & relie dans
:;et état de folidite dans un endroit fufli-
famment froid. La criflallifation reguliere
qu’affeélent les pierres , même les plus
dures, comme le diamant, indique qu’il y
, i eu un temps où elles ont été une fubf-
:ance fluide. Il n’y a peut-être aucune fubf-
trance au monde qui foit fluide par fa na-
ture ; car toutes les fubftances connues
ufqu’à préfent peuvent devenir fluides par
différentes opérations, fur-tout par un de-
gré fuffifant de chaleur , de même que tous
les corps fluides peuvent devenir folides
r?ar un degré de froid affez violent. Le
mercure lui-même a été rendu malléable
rdans les expériences de Brown a Saint-
'Pétersbourg 1759 , par un très-grand degré
de froid ( a).
Depuis qu’on connoît ce fluide aérien ,
qqu’on nomme à préfent air fixe ou air fixé,
dk que Van-Helmont appeloit g'tz.y fiylveflre ,
beaucoup de phyliciens fe font imaginés
(4) Dans cette expérience, le thermomètre au mer-
crure de Farenheit étoit defcendu jufqu’à 352. degrés, &
celui à l’efprit-de-vin , jufqu’à 148 au cleffous de o.
tC’eft le plus grand froid qui a été obfervé dans la na-
tture.
ii2 Expériences
que l’air contenu dans la plupart des végé-‘ j
taux., efl en général de l’air fixe , parce qu’ils I.
ont obfervé que ces fubfiances ne donnent i
prefque rien que cette efpèce d’air , dès
quelles entrent en fermentation. On croyoit
que cet air y exifioit dans un état de concen-
tration ou de comprefiion , prefque comme
l’air atmofphérique exifie dans un fufil à
vent ou une machine de condensation , &
que la fermentation nefaifoit que le mettre
en liberté ou le développer. Mais je penfe
qu’on pourroit fe tromper grandement , en
concluant qu’un corps contient de l’air fixe
dansfon état naturel , parce qu’il en donne
dans l’état d’effervefcence ou de fermenta-
tion. On pourroit peut-être avec autant de
jufiice conclure qu’un corps contient de l’air
inflammable, parce qu’il en donne par l’ac-
tion d’une violente chaleur. Pour dire avec
certitude qu’un corps contient une certaine
efpèce d’air, il efi néceflaire de démontrer
qu’il y exifie comme tel, lorfque le corps
n’a fubi aucune opération par laquelle on
ait pu changer la nature de fon air. Cette con-
fideration me fit faire l’expérience Suivante ,
très-fimple. Je preflai entre mes mains & fous
l’eau différens végétaux , tels que la mauve ,
Je folanum ou pomme de terre, Y hyofcia-
mus ou la jufquiame, des pommes , &c.
Jem’attendois à trouver l’air ainfi obtenu ,
A
etre
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl.XXVII. 113
être de l’air fixe; mais je fus trompé dans
mon attente, car cet air n’étoit pas ab-
forbe par l’eau. En l’effayant par l’air ni-
ttreux , .il fe montroit de l’air commun
d’une qualité fort baffe , dans lequel la
: flamme aune bougie brûloit avec peu
de clarté. Une mefure de cet air obtenu
ainfi d’une pomme, & une d’air nitreux,
c.e reduifoiept a 1 .24. Celui que j’avois ob-
tenu de la même manière de l’ hyofciamus ,
Ve réduifoit à 1.25. Celui que j’avois ex-
primé du foLanum , pomme de terre , & de
a mauve , étoit d’une qualité meilleure.
On ne pourra douter, je penfe, que l’air
l infi obtenu , 11e foit celui que ces végé-
aux contiennent dans leur état naturel.
! Etant ainfi peifuade que 1 air contenu
! ans les végétaux eft de l’air atmofphérr-
rne , ou peu différent de fa nature , j’ai
oulu voir fi cet air fubiroit quelque chan-
ement par la chaleur. Je plaçai féparément
-es végétaux près du feu , dans des bocaux
ileins^ d’eau ; j’en obtins une bonne quan-
tté d’air , que je trouvois d’une qua-
lité beaucoup inferieure à celui que j’avois
fotenu de ces mêmes végétaux par la fîm-
; e preffion avec la main. Je tirois l’air de
;is mêmes végétaux par la chaleur aug-
mentée jufqu’à l’ébullition ; & je le trou-
Dis empoifonné, au point qu’une chan-
H
1 14 Expériences
delle s’y éteignoit. L’air tiré d’une pomme
par l’ébullition, étoit fi mauvais, qu’une,
mefurede cet air, & une d’air nitreux, oc-
cupoient 1.71 . Cependant ces mêmes plan-
tes, placées au foleil , donnent de l’air,
déphlogifliqué , & de l’air fixe par la fer-
mentation. Ne paroît-il donc pas probable.!
que l’air contenu naturellement dans les'
plantes , eil: de la nature de l’air atmos-
phérique ; que la chaleur de l’ébullition i
avoit changé cet air en air phlogifliqué „
comme la fermentation le change en air
fixe, la lumière du foleil en air déphlogif-
tiqué; la digeftion dans l’eflomac & les-
inteflins (a) , le feu aduel , en air inflam-
mable; l’obfcurité de la nuit, en une ef-j
pèce particulière d’air empoifonné? Pour-
roit-on dire avec quelque vraifemblance,,
que la même plante contient à -la -fois-
toutes ces fix efpèces d’airs fi différens en-L
tre eux, &. même entièrement contraires^
l’un à l’autre ? N’efl-ilpas plus raifonnablej;
de dire que les végétaux contiennent un airp
ouunefubflance (qu’on nommera comme
on voudra) qui, félon les différentes opé- k
rations qu’il fubit, peut fe changer en dif-
férentes efpèces d’air ?
( a) Une grande quantité de l’air dégagé de nos ali- - '
mens dans les inteflins & fur- tout celui que nous rendons /
par l’anus , font un air inflammable.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect . XXVII. 1 1 5
Ainfi , lorsqu’on décide qu’une telle fubf-
tance contient un tel air, parce qu’il en
U été extrait par la fermentation , par le
'eu ou par quelque autre moyen, on parle
3eu correctement.
L’acide nitreux nous fournit un exemple
lu changement d’un air en l’autre , ou d’une
éule 8c même fubftance en différentes ef-
)èces d’air. Cet acide , lorfqu’on y diffout
lu mercure, du cuivre , du fer, 8cc. ne
’.lonne prefque rien que de l’air nitreux,
^orfque cet acide, étant beaucoup étendu
»u affoibli par l’eau , eft mêlé avec la li-
aaille de fer , il donne , à l’aide d’une cha-
2ur modérée , un mélange de plufîeurs
fpèces d’airs ; il eft en partie air fixe, en
artie air phlogiftiqué , 8c en partie air corn-
nun : ce que j’ai vu chez M. l’abbé Fon -
una. Lorfque ce même acide eft uni avec
uelque fubftance terreufe , abforbante ,
.kaline, ou avec le fel alkali végétal ( avec
:quel il conftitue le nitre ) , il ne donne
ir l’aétion du feu prefque rien que de
uir déphlogiftiqué très-pur , 8c en telle
oondance, que fon volume occupe environ
nit cents fois le volume du nitre dont il
il forti (a) , calcul fait par M. Fontana .
( * ) Cette prodigieufe quantité d’air déphlogiftiqué que
mitre donne par une chaleur violente , ou par le contaél
Hij
1 1 6 Expériences
Pourroit-on dire avec quelque fondement
que l’air déphlogiftique tiré du nitre , eft
l’acide nitreux raréfié par l’aftion du feu?
S’il l’étoit , il s’enfuivroit qu’il pourroit
de nouveau être condenfé en acide nitreux
par un grand degré de froid; mais cela ne
peut fe faire : cet air vital une fois produit ,
refie fous la forme d’air, quelque froid
qu’on y applique. La différence entre un
fluide produit par raréfaction , tel que
l’eau réduite en vapeur , & un autre pro-
duit par changement ou production , eft
que celui qui doit fon exiftence à la ra-
réfaction , fe réduit de nouveau en la fubf-
tance dont il étoit forti, comme la vapeur
de l’eau fe condenfe de nouveau en eau;
& que le fluide produit d’un corps par
une efpèce de métamorphofe , ( c’eft-à-
dire lorfqu’une fubftance eft, par une opé-
ration quelconque , foit de la nature , foit
du feu , joint à une quantité proportionnée d’air inflam-
mable dégagé du charbon par la même caufe, fait le fon-
dement de la théorie nouvelle que j’ai donnée de l’explo-
fion redoutable de la poudre à canon : elle efl: inférée dans
la fcconde partie du volume 69 des Tranfaéb'ons Philofo-
phiques de la Société royale de Londres. Avant la con-
noifl’ance de cet air vital, qui efl: en même temps le fou-
tien de la vie des animaux & l’aliment de la flamme, on
ne pouvoit pas donner une raifon claire de la force prefque
irréfiftible de cette poudre , & comprendre pourquoi elle
n’a pas befoin d’être en contaél avec l’air de l’atmofphère
pour s'enflammer.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XXVII. 117
de l’art, changée en un fluide tout-à-fait
différent de la nature du corps dont il eft
produit ) ; ce fluide , dis-je , ne peut plus re- ^
prendre fa forme précédente , mais refie ce
qu’il ell devenu: tel eft l’air déphlogiftîqué ,
produit du nitre par la chaleur.
Je fensbien que le mot de changement *
de métamorphofe , de tranfmutation , ne
plaira pas à ceux qui ont: déjà pris la ferme
i réfol ution de n’admettre aucun change-
ment proprement dit d’une fubftance en
îune autre , mais qui difent , que la matière
tétant immuable, tous les changemens ap-
.parens, ne font que des modifications va-
riées qu’elle ftibit , & qui la fait fe montrer
tantôt fous une forme , tantôt fous une au-
itre. Mais, ne voulant pas entrer en difcuf-
ifion fur la poftibilité d’une tranfmutation
iréelle des fubftances les unes dans les au-
tres , je ne regarde cette critique que
(comme un jeu de mots ; car , fi je démon-
tre que ce qui étoit hier un corps folide
ceft devenu aujourd’hui un fluide élaftique ,
{permanent , un véritable air , je ne fais
ccomment faire comprendre ce phénomène,
qu’en difant que cette fubftance eft changée.
en air. Si je vois que la fubftance pu-
rrement végétale dont les animaux grami-
inivores fe nourriffent , fe trouve transfor-
mée, parl’aèfion vitale des organes de ces
1 1 8 Expériences
animaux, en fubftance purement animale,
je penfe que je peux nommer ce phéno-
mène un changement , une transmutation .
Si quelqu’un peut me fuggérer un mot plus
approprié à l’idée que j’y attache, je l’adop-
terai volontiers ; mais celui qui m’a fait cette
obje&ion, m’a avoué en même temps qu’il
ne 'favoit pas de quel terme on pourroit fe
fervir pour expliquer le fait dont il s’agit.
Des changemens ou tranfmutations fem-
blables à celui que l’air femble fubir , fe
rencontrent prefque par-tout. Toutes les
fubllances , ou du moins prefque toutes
celles que nous connoiffons, fubiffent con-
tinuellement quelque altération, & paroif-
fent à la fin toutes autres qu’elles etoient
auparavant. La plante qui nous fert de
nourriture, eft fouvent la proche voifine
d’une autre qui tire de cette même
terre un vrai poifon. L’aliment dont une
vipère fe nourrit , fe change dans fon
corps en une fubftance qui n’a rien de nui-
fible aux autres animaux : mais , dans une
feule partie de fon corps , ce même aliment
fe change en un venin des plus virulens.
Le lue que la racine d’un arbre pompe de
la terre , fe change en fruits entièrement
différens en goût & en qualité , fi on a
greffé différentes fortes de fruits fur cet
arbre. Le corps d’un animal devient un en-
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XXVII. Il 9
grais pour des plantes par la corruption ;
ainfi il fe transforme dans la fubftance des
plantes. Ces plantes étant brûlées, fe chan-
gent en cendres ; lesquelles étant de nou-
veau expofées au feu, mêlées avec du fa-
ble & de la chaux de plomb , deviennent
un verre beau & tranfparent. Ainli , ce qui
conftitue à préfent une partie de notre
corps , peut devenir en peu de temps une
partie d’un pot ou d’une bouteille ; il y a
même un moyen de changer une grande
partie de notre corps en verre, en moins de
vingt-quatre heures (a).
(a) M. Sheele nous adonné une méthode de convertir
les os des animaux en une fubftance vitreufe qui donne ,
par l’addition du charbon , un très-bon phofphore. Cette
fubftance vitreufe a toutes les propriétés du verre , &
peut être transformée en vafes. J’ai vu chez M. Sage, de
l’Académie royale des Sciences de Paris, avec quelle fa-
cilité ce verre fe forme avec des os. Cette fubftance vitreufe
réduite en poudre, &. mêlée avec égale quantité de char-
bon pilé, donne, par la diftillation, un quart de fon poids
de phofphore tranfparerït , d’une meilleure qualité que celui
qui a été fait félon la méthode de Kunckel par le fel fu-
fible de l’urine. Le célèbre Beccher, à qui la chymie doit
infiniment , dit , dans fon ouvrage intitulé Phyfica fultcr-
ranea , pag. 67, édition de Leipfich 1738, (la première
édition de ce livre eft de 1669 ) qu’on peut faire de
nos os aifément un très-beau verre ; il y exprime le defir
qu’il avoit que quelqu’un voulût fe donner la peine , après
fa mort , de changer fes os en verre , & d’en former des
fleurs ; fervice qu’il croyoit beaucoup préférable à la cou-
tume humiliante de laifier nos cadavres pourrir , & être
dévorés par des infeéfes. Ce paffage me femble affez re-
marquable pour en donner un extrait. Voici fes paroles:
H iv
i2o Expériences
Les trois acides minéraux font peut-être
le même, acide modifié par différentes ad-
ditions , dont la nature nous eft encore in-
connue; & un jour on trouvera un moyen
d’en féparer ces additions , & ainfi de chan-
ger l’acide marin en acide nitreux , &c.
Quelques chymiftes de réputation ont déjà
adopté cette opinion. Une quantité plus ou
moins grande de phlogiltique peut rendre
leur nature tout-à-fait différente, comme
ce même principe rend l’air- refpirable , s’il
en eft chargé , entièrement différent de ce
qu’il eft dans l’état de pureté , ou lorfqu’il
eft abfolument fans phlogiltique ; car l’air
commun , chargé de phlogiltique , eft mor-
tel pour un animal dans l’inftant qu’il y
eft plongé; & ce même air, privé de fon
phlogiltique , conltitue cet air vital , ce
véritable pabulum vitæ , connu fous le nom
d’air déphlogiltiqué , dans lequel un ani-
mal prolonge fa vie beaucoup plus que dans
Quis vero credat , in animalibus dari tenant fufibilem, imo om-
nium nobiliffimam ?... Et , après avoir fouhaité que tes
os fuflent transformés en jolies fleurs de verre, il continue
ainfi : Nonne mclius foret , quàm ut jam fub terra putrefcerent , &
femi-putrida publicis locis expofi ta , prætereuntibus , impr irais
gravidis & pueris , hiantibus oculorum orbitis , dentibus nec-
dum abfumptis , tremendum fpetfaculum ejfent ? . Hoc ejl
quod concludere volo ; homo vitrum ejl, in vitrum reldi gi po-
te(l , (icut & omni a animalia , diaphanum , omnium vitrorum
nobilijfimum. . . . Qud vero manipulalione præparetur 3 non ejl
propojin nui , propter varios abufus , hic propalare .
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. XXVII. 121
le meilleur air atmofphérique. L’acide vi-
triolique dérobe au fer fon phlogiftique ,
qui fe combine à l’air dégagé par cette
effervefcence, & qui devient pour cette
railon ce qu’on appelle air inflammable.
L’acide nitreux , lorfqu’il eft aflez con-
centré' pour difloudre le fer avec une
grande effervefcence , dérobe aufli à ce mé-
tal fon phlogiftique ^ mais ne lui permet
pas de s’unir en affez grande quantité à
l’air qui en eft dégagé, pour le rendre in-
flammable. Cet acide , toujours avide de
phlogiftique, le retient en lui-même : au
moins ce principe ne fe trouve plus dans
le fer, lorfqu’on le précipite de cet acide
fous la forme d’une ocre. Mais lorfque le
même acide nitreux eft délayé , il diffout le
fer lentement , ne prive pas ce métal de fon
phlogiftique; &, dans l’air qui fé dégage, il
y a une partie d’air commun , une partie
d’air fixe , une partie d’air phlogifliqué ,
comme j’ai déjà dit ci-deffus. C’eft de cette
façon qu’on peut réduire la limaille de fer
en une poudre impalpable qui eft toute atti-
rée par l’aimant. Cette poudre étant dépouil-
lée par l’eau de tout acide nifreux , confti-
tue un véritable éthiops maniai , d’une très-
grande importance pour la médecine (<3).
( a ) Cette méthode aifée de faire une grande quantité
td’éthiops martial en peu de temps, a été découverte par
I
122 Expériences
L’acide vitriolique extrait de l’air fixe
des terres &. pierres calcaires. Le même
acide dégage des fpaths phofphoriques un
air d’une qualité merveilleufe , qui corrode
le verre même le plus dur , ôt le réduit en
pouffière par fon contaâ feul ; & cet air ,
qui exerce tant de pouvoir fur cette fubf-
tance, qui paffoit prefque pour incorrup-
tible , fe détruit dans un inlfant par le con-
taâ: de l’eau , & fe réduit de nouveau fous
la forme de matière pierreufe , qu’elle avoit
été auparavant (<s).
Lorfque nous conlidérons toutes ces dif-
férentes formes que l’air prend , & que nous
les comparons avec les changemens que
les autres corps fubilTent, il nous paroîtra,
je penfe , très - probable que les différens
airs dégagés de différentes fubftances ,
doivent leur nature fpécifique principale-
ment à l’opération particulière par laquelle
M. Croharè , apothicaire à Paris; elle a été communiquée
à la Société royale de Médecine de Paris, & fe trouve
dans fes Mémoires de l’année 1776 , pag. 326,011 on trouve
entr’autres aufli la méthode de préparer ce médicament de
M. Rouelle, qui diffère peu de celle de M. Croharè.
(a) C’eft à M. Sheele que nous devons la découverte
de l’acide fpathique, & de cet air furprenant qu’on obtient
des fpaths phofphoriques , ou fluors l'patheux. Le contaél
de l’eau détruit cet air, parce qu’en abforbant l’acide
vitriolique devenu volatil par le phlogiftique du fpath ,
la terre fpatheufe eft abandonnée.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XXVIÎ. 12 3
ils font produits ; & qu’il n’eft pas plus exaft
de dire qu’ils exiffoient tels dans ces fubf-
tances, que d’avancer qu’il exiffe du verre
dans notre corps, parce que, par certaines
opérations , nous pouvons changer une
partie de notre corps en cette fubllance; ou
qu’il exiffe de la graiffe dans l’herbe, parce
que les organes des animaux qui en font
leur nouriture, changent ces végétaux en
graiffe.
Il fuit de ceci , que lorfque nous faifons
notre nourriture des végétaux, nous ne
prenons pas avec eux de l’air fixe comme
tel , & dégagé dans nos entrailles , mais
que cet air eff produit de ces végétaux par
l’efpèce de fermentation qu’ils fubiffent
dans les premières voies.
Nous avons vu que l’air eff très-éloi-
gné d’être un fluide inaltérable , mais qu’il
peut aifément s’éloigner de fa nature fini-
pie & originelle., par l’addition ou fouf-
traéfion de quelque chofe , ou parce que
quelque qualité lui eff donnée par l’une
ou l’autre opération capable de l’altérer.
Nous ne devons donc plus être étonnés
de trouver que la conffitution de l’atmof-
phère eff rarement la même pendant un
jour entier , & que le degré de fa falubrité
foit auffi inconffant que celui du froid & de
124 Expériences
la chaleur (a). En effet, j’ai trouvé rare-
ment le degré de falubrité le même pen-
dant une journée entière , dans tout le
temps que j’ai palTé dans ma retraite en
campagne.
Ceux qui ne connoiifent pas encore le
degré d’exaâitude que Yeudiomètre a reçu
entre les mains de l’abbé Fontana , feront
peut-être très-portés à croire que ces va-
riations continuelles dans l’état de l’air,
qu’on découvre par la preuve de l’air ni-
treux , dépendent plutôt de l’imperfe&ion
de la méthode même , que de l’inconftance
de la conftitution del’atmofphère. J’avoue
que j’avoisle mêmefoupçon, avant que M.
Fontana m’eût convaincu de mon erreur.
Voici l’expérience qui me paroiffoit déci-
five à cet égard. Si on conferve un vafe de
verre allez grand , rempli d’air commun &
bien bouché, & qu’on écrive le réfultat de
l’épreuve qu’on en a faite avec l’air nitreux;
qu’enfuite on effaie de nouveau l’air tenu
( a ) Quoiqu’il foit peut-être très-vrai que l’état de
falubrité de l’atmofphère eft aulîï inconfiant que le degré
de chaleur &. de froid , on doit cependant remarquer que
les deux extrémités de chaleur & de froid font beaucoup
plus disantes l’une de l’autre , que les deux extrêmes qui
fe trouvent entre le meilleur & le plus mauvais air qu’on
rencontre dans le même lieu.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XXVII. 125
dans ce vafe, dans un temps où l’air de l’at-
mofphère paroît, par la même épreuve,
différer de celui du vafe; on trouvera que
le réfultat de l’effai fait avec l’air contenu
dans le vafe , eff conforme au réfultat fait
dans le temps qu’on l’avoit rempli , 8c ne
l’eff en aucune façon à celui fait le jour
qu on aura remarque le changement dans
l’atmofphère. Cette expérience , dis - je ,
prouve évidemment la bonté de cette mé-
thode de juger de l’état de l’air , 8c dé-
montre en^même temps que l’état de fa-
lubrité de l’air commun eff réellement fu-
jet à des variations.
Il feroit peut-être très-difficile de don-
nei une raiion fatisfaifante de ces varia-
tions dans le degre de bonté de l’atmof-
phère fur le même lieu. Il me paroît ce-
pendant probable que cette inconfiance
dépend principalement de la nature par-
ticulière de 1 air , qui rend cet élément
tres-fujet aux alterations par nombre de
câufes , dont beaucoup font peut - être
trop cachées pour pouvoir jamais être
découvertes par l’efprit humain. En effet,
fi nous confiderons que 1 air que les végé-
taux contiennent , fe change, de l’état d’air
commun, en air qui approche de l’air com-
mun , en air dephlogifliqué, ou en air qui eff
un vrai poifon , par des caufes auffi légères
126 Expériences
en apparence que celles de la lumière 8c
de l’ombre ; fi nous confidérons , dis-je ,
qu’un peu plus ou moins de clarté peut
produire des différences fi fenfibles dans
cet élément, n’avons -nous pas fujet de
croire qu’il exifle dans la nature un grand
.nombre de caufes qui , fujettes elles-mêmes
à des variations continuelles, produifent
tant d’inconfiance dans l’état de falubrité
de l’atmofphère ? Un peu plus ou moins
de chaleur , un peu plus ou moins de
clarté du jour, la féchereffe ou l’humi-
dité, les différentes direftions des vents,
qui nous amènent l’air bon ou mauvais
des pays éloignés , 8c beaucoup d’autres
caufes qui nous font ou entièrement in-
connues, ou auxquelles on n’a prêté aucune
attention jufqu’à préfent, peuvent con-
tribuer à altérer l’état de notre élément.
SECTION XXVIII.
Sur la nature de l'air qui fort de la furfacc
de notre corps .
La furface de notre corps , comme celle
de tous les animaux 8c de tous les végé-
taux , exhale deux fortes de fluides ; l’un
aqueux très - abondant , fous forme de
vapeurs, la plupart invifibles : on l’appelle
SUR LES VÉGÉT. Secl. XXVIII. 127
la tranfpiration infenfible. L’autre eft un
fluide aérien en très -petite quantité, qui,
étant toujours inviflble , n’a été remarqué
que de peu de phyficiens.
On fait depuis long-temps , que le corps
de tous les animaux ell rempli d’air; que
les parties, tant folides que fluides, le con-
tiennent dans un état de compreflion ; &
que les cavités qui fe trouvent dans diffé-
rens endroits de leurs corps, en font rem-
plies. La machine pneumatique met cette
doélrine hors de tout doute ; car, dès qu’on
empêche la preflion externe de l’atmof-
phère fur le corps d’un animal , en l’en-
fermant fous une cloche de verre dont
on pompe l’air , l’air exiflant dans fon
corps n’etant plus retenu par une preflion
égale de la part de l’air externe, exerce
toute fon élaflicité , s’étend , & gonfle l’a-
nimal énormément. .L’air s’introduit dans
i notre corps de deux manières; l’une avec
les alimens, qui fous en contiennent, &
; quelques-uns en une très-grande quantité :
tels font les végétaux; l’autre par la refpi-
: ration. Il paroît bien probable que nous
(devons être débarrafles de cet air, lorfqu’il
I a fait la fonction que la nature lui a aflignée.
II paroît que nos organes de la digeflion
s’accommodent prefque de toute efpèce
if d’air, St même que les airs que les pou-
128 Expériences
mons ne fouffriroient pas fans danger , font
reçus de l’eftomac impunément; enfin que
dans plufieurs cas , de tels airs aident mer-
veilleufement l’eftomac à mieux digérer
les alimens. Une bonne quantité de cet
air méphitique connu fous le nom d’air
fixe , prife intérieurement , eft un des
plus puiffans remèdes dans les maladies
bilieufes, putrides, fcorbutiques, 8tc. Nos
poumons , au contraire, ne s’accommodent
d’aucun air que du bon, de l’air atmofphé-
rique le plus pur.
Quelques phyficiens ont déjà remarqué
que dans un bain , il fort de notre peau
des bulles d’air en affez grande quantité;
mais on trouvoit fort difficile de les ramaffer,
& encore plus d’en examiner la nature.
Lorfqu’on plonge une partie de notre corps
dans l’eau, même froide , on obferve toute
la furface couverte de bulles ou veffies
d’air. Ces bulles font d’autant plus remar-
quables , que la peau eft plus sèche au mo-
ment qu’elle touche l’eau , & que la partie
eft plongée plus fubitement fous l’eau (a).
(a) M. le Comte de Milly, de l’Académie royale
des Sciences de Paris, eft l’auteur d’un Mémoire fur une
fubftance aériforme qui émane du corps humain , & fur
la manière de la recueillir. Ce Mémoire a été lu devant
l’Académie royale de Berlin, le 19 décembre 1777. Le
Comje de Milly fe mit d$ns le bain , dont la température
étoit
SUR LES VÉGÉT, Sec?. XXVI IL 129
Il eft vrai que tout l’air contenu dans
les bulles qu’on obferve d’abord fur la peau
plongée fous l’eau, n’eft pas de l’air forti
des pores de la peau, mais qu’une grande
partie eft de l’air atmofphérique adhérent
a la furface de la peau; car la peau eft en-
duite d’une couche de fubftance ondueufe
qui empêche l’adhérence de l’eau. Ainft
l’eau gliftant fur la peau dans le moment de
d’immèrfton , & ne fe trouvant pas en contad
1 immédiat avec la peau, laifté en plulieurs
endroits l’air adhérent à la peau, aufti il fe
hait voir bientôt après fous la forme de
Lgroffes bulles. Ceci paroît d’autant plus
. toit de 2 -j\ du thermomètre de Réaumur , & celle de l’at-
nnofphère à 17 degrés. Après quatre minutes de tranquil-
le, il apperçut des bulles d’air fe former fur toutes les
parties du corps qui fe trouvoient plongées fous l’eau ; alors
S teuoitde la mûn gauche une bouteille renverfée & rem-
die d’ eau , à l’ouverture de laquelle un entonnoir de verre
toit adapté, tandis qu’avec la main droite il frottoit légè-
-ment la lurface de la peau pour en faire élever les bulles
ui montoient avec vivacité. L’auteur dit qu’on peut ra-
lafler dans le temps de trois heures, de cette manière,
me quantité d’air d’une demi- pinte. Après avoir amafle
:: gas animal, il en examina la nature : une bougie s’y
eignit ; l’eau de chaux s’y précipita. Le mélange de
::t air avec l’air nitreux, ne fit pas rutiler celui-ci; d’où
conclut que le gas animal eft de la même nature que
ir fixe, parce qu’il prouuit les mêmes effets. Il penfe
te l’air de la peau , ou l’air animal , a beaucoup d’analogie
ec 1 air de la refpiration , qu’il prend pour un air com-
1 fé d’air fixe & d’air commun. Nouveaux Mémoires de
Académie Royale des Sciences & B elles- Lettres de Berlin ,
née 1777, pag. 31.
I
130 Expériences
probable, que les parties auxquelles ces
bulles adhèrent, fe trouvent tout -à -fait
sèches , lorfqu on les examine immédiate-
ment après que la partie efl tirée hors de
l’eau. Quoiqu’il paroiffe certain que ces
bulles font en partie de l’air atmofphé-
rique , il efl cependant apparent qu’elles
font en partie auffi de l’air forti de la peau ;
car , fi elles n’étoient compofées que d’air
commun , elles ne grandiraient pas dans
l’eau froide, mais, au contraire, elles fe
rétréciraient de plus en plus , à mefure
que la partie plongée fous l’eau froide ap-
procherait de la température de cette eau ;
car l’air dilaté par la chaleur de la peau ,
fe condenferoit par le conta# d’une furface
froide. Mais il arrive tout l’oppofé : ces;
bulles, au commencement petites, gran-
di ffent un peu fous l’eau; 8t, devenues;
d’un volume confidérable , fe détachent
de la peau , & montent à la furface de
15 '
eau.
Je penfe que le bain chaud n’efl pas aufll
propre à ramaffer l’air de la peau , que
le bain froid , puifque l’eau chauffée a
perdu beaucoup de fon propre air, 8c , par
conféquent, efl très-difpofée à abforber
celui qui fort de la peau. D’ailleurs , comme
la chaleur de l’eau altère l’air des plantes,
& même celui qui efl dégagé de l’eau feule.
\
SUR LES VÉGÉT. Seci. XX^lll. I 3 i
( comme on peut voir dans les Serions V
& XXVII ) il me paroît probable quelle
pourroit de même altérer l’air qui fort de
la peau. L’eau de pompe fraîchement tirée
èft la meilleure pour cet objet.
Etant à Paris, au commencement de
mai 1780, j’allai exprès me baigner avec
un de mes amis à un des bains chauds qui
font fur la Seine. Nous refiâmes une heure
& demie dans le bain , la chaleur de l’eau
étant à 75 au thermomètre de Farenheit , &
celle de l’air à 77. Nous avons, pendant tout
ce temps , frotté nos corps avec le bord d’un
verre fort large tenu renverfé fous l’eau : en
commençant l’opération, après y avoir été
tout-à-fait tranquilles pendant lix ou fept
minutes, nous n’avons pu obtenir chacun
qu’environ un demi-pouce quarré d’air.
Cet air étant fecoué avec l’eau pendant
trois ou quatre minutes dans un tube
gradué , ne diminuoit en rien , & par con-
féquent ne pouvoit être de l’air fixe. En
l’effayant avec l’air nitreux , je trouvai
que d’une égale quantité de cet air & d’air
nitreux , il reftoit de la maffe combinée
des deux airs g- : ainli dans cet air une
bougie fe feroit éteinte , & un animal y
auroit fouffert de grandes angoiffes. . Je
n’ai jamais pu Obtenir allez de cet air pour
pouvoir elfayer s’il précipiteroit de l’eau
de chaux. I ij
132 Expériences
Si nous tenons fous l’eau le bras, ou
quelque autre partie de notre corps, 8c
que nous réparions de la peau toutes les
bulles d’air qui y adhérent, nous verrons
bientôt celles-ci remplacées par d’autres
très-petites 8c plus nombreufes, lefquelles
étant chaffées de nouveau , font auffi fui-
vies de nouvelles bulles. Mais le meilleur
moyen de fe convaincre de la fortie con-
tinuelle d’air par ]a peau, eff de chaffer
toutes les bulles de la partie plongée fous
l’eau, 8c enfuite de gliffer le long de la
peau, le bord d’un verre cylindrique affez
long 8c plein d’eau , de façon que le fond
renverfé foit au deffus de la furface de
l’eau, pendant qu’on gliffe le bord deffus
la peau , fous l’eau. De cette façon on voit
un grand nombre de très -petites bulles
d’air monter continuellement vers le fond
renverfé du verre cylindrique , s’y affem-
blent, 8c y forment à la fin une maffe affez
grande pour la foumettre à l’épreuve. Cette
opération exige de la patience.
J’ai ramaffé de cette manière une petite
quantité d’air de mon bras , en prenant
également les premières grandes bulles
8c les petites fuivantes. Il m’a paru que
la quantité déjà obtenue diminuoit d’elle-
même , en s’incorporant avec l’eau , 8c
qu’ainfi cet air étoit en partie de l’air
1
SUR LES VÉGÉT. Secl. XXVIII. 133
fixe. Je ne fuis cependant pas sûr fi je ne
me fuis pas trompé; car il falloir juger par
la vue feulement, 8c la maffe d’air étoit
trop petite pour juger de fa quantité fans
crainte d’erreur. Quoi qu’il en foit, cet
air n’avoit rien de commun avec l’air fixe ,
après avoir été accumulé en afiez grande
quantité pour le foumettre à l’examen ; car
il ne diminuoit pas par les fecoufies dans
l’eau : ainfi s’il y avoit réellement eu de
l’air fixe mêlé , il étoit difparu 8c incor-
poré avec l’eau ; il étoit de l’air phlogif-
tiqué, 8c mauvais pour la refpiration; car
une mefure de cet air 8c une d’air nitreux,
occupoient 1.4 6.
J’ai ramafie de la même manière, une
imefure d’air des bras d’une jeune perfonne
âgée de dix-neuf ans , 8c , félon toute appa-
rence, d’une fanté parfaite; 8c je le trouvai
(d’une qualité fi nuifible qu’un animal n’au-
roit pu y vivre pendant une feule minute;
ccar une mefure de cet air 8c une d’air ni-
ttreux occupoient 1.84: ce qui m’a con-
vaincu que l’air qui fort de la peau des
jeunes, gens , n’efi: pas plus pur , ou moins
mal-faifant , que celui qui provient de la
;peau des perfonnes plus avancées en âge;
(8c , par conféquent , que s’il y avoit quel-
que avantage pour des perfonnes âgées â
ccoucher dans le même lit avec des jeunes
134 Expériences
gens, comme quelques-uns fe l’imaginent,
il ne pourroit provenir de ce qu’elles tranf-
pirent un air meilleur 8c plus falubre. C’eff
une erreur pernicieufe de croire que l’air
d’un appartement dans lequel un grand
nombre de jeunes gens ont été enfermés ,
comme il arrive dans les ecoles , eff devenu
meilleur, fur-tout pour des perfonnes âgées,
8c que cet air tend à prolonger leur vie. Je
me fouviens d’avoir vu des maîtres d’école
fi fortement imbus de ce préjugé , qu’ils ne
vouloient pas fouffrir qu’on ouvrît les fenê-
tres de l’école, de crainte que le jeune air ,
comme ils l’appeloient, ne s’échappât. Ils s i-
maginoient que cet air rempli des émana-
tions vraiment nuifîbles aux vieux comme
aux jeunes , prolongerait leur propre vie.
J’ai obfervé que l’air contenu dans les
greffes bulles qui paroiffent d’abord qu’on
plonge le bras fous l’eau, eft d’une qua-
lité moins mauvaife que celui qu’on obtient
des petites bulles qui fuccèdent. La raifon
en eff que les premières bulles font, pour
la plupart, de l’air del’atmofphère, comme
j’ai déjà dit, 8c que les petites qui fortent
enfuite de la peau, pendant que la partie
eff fous l’eau , font formées de l’air qui
fort de la peau même. Pour vérifier ceci ,
je ramaffai de Pair des bras d’une autre
jeune perfonne d’une bonne faute, en pre-
SUR LES VÉGÉT. Conclujion. 135
liant & toutes les grottes bulles qui paroif-
fent les premières , & les petites qui fucce-
dèrent. Je trouvai cet air moins mauvais que
celui que j’avois ramaifé des bras de 1 autre
jeune perfonne, quoique cependant il fe
trouvât attez mauvais pour qu’une flamme
s’y fût éteinte, & qu’un animal n eût pu le
refpirer fans anxiétés; car une mefure de
cet air & une d’air nitreux , occupoient 1 .40.
CONCLUSION.
Depuis qu’on a banni de la phyfique ce
vain étalage de mots , dont l’enfemble ne
fourniffoit à l’efprit aucune connoiffance ,
& qu’aux argumens , ou plutôt aux fo-
phifmes , on a fubflitué des recherches
réelles dans les ouvrages de la nature , on
a étendu les connoittances humaines à
un degré auquel on n’avoit pas préfumé
qu’elles puffent ' parvenir. La fureur de
forger des fyflêmes ayant cédé à la néceffité
généralement, fentie aujourd’hui, d’établir
toutes les connoittances humaines fur un
fondement folide, fur des expériences, on
a été convaincu que l’ufage de notre efprit
ne fert fouvent qu’à nous faire tomber
dans l’erreur, s’il n’efl guidé par la lumière
que fourniffent les faits , les obfervations
I iy
136 Expériences
vraies. Les progrès rapides que nos phyfi-
ciens modernes ont faits dans la doârine
de l’air, eft une des démonflrations de ce
que je viens d’avancer. En effet , avant
que le goût pour les expériences eût pré-
valu, qui auro-it cru que ce fluide invifible,
l’élément dans lequel nous vivons , pût
jamais être fournis à l’analyfe, ou même
qu’on eût pu en pénétrer la nature?
Ceux des leéfeurs qui favent par expé-
rience combien il en coûte de méditations
8c d’obfervations pour faire quelques pas
nouveaux dans les fciences phyfiques, ne
feront ni étonnés , ni choqués de la fatis-
faâion que je témoigne en quelques occa-
flons , d’avoir fait une découverte inté-
reffante par fa nature 8c fes applications
infinies. En effet, je crois avoir contribué
par elle à faire mieux connoître la nature
de notre élément, 8c les moyens que la
Providence a choilis pour préferver la
race des animaux des fuites fatales de
refpirer un air corrompu par les émana-
tions 8c la putréfaéiion de leurs propres
corps , 8c par quantité d’autres caufes. Je
crois avoir découvert un phénomène de
la nature, entièrement inconnu, 8c dont une
partie a été enveloppée jufqu’à préfent
dans cette trifle obfcurité qui couvre la fur-
face de la terre , lorfqu’elle ne reçoit plus
SUR LES VÉGÉT. Conclufion, 137
l’influence dire&e de l’aflre qui difpenfe
le jour & la vie dans toute la nature, en
répandant fa lumière. ,
Je crois avoir démontré que les végé-
taux ont beaucoup de part dans l’opera-
tion merveilleufe de la nature, par laquelle
la maffe de l’atmofphère eft confervée dans
l’état de bonté néceflaire à notre confer-
vation , puifqu’ils abforbent les particules
feptiques ou putrides & phlogifliques ,
dont le nombre infini des animaux , & tant
d’autres caufes furchargent cet élément ,
& qu’ils verfent en même temps une pluie
abondante d’air épuré & vraiment vital.
Je crois avoir aufli démontré que le grand
avantage procuré au règne animal par les
plantes , ne dépend pas de Fade même
de la végétation ; mais de l’influence de la
lumière du jour, qui excite un mouvement
inteflin dans la fubflance des feuilles que
la plupart des plantes étalent dès que la
tendance générale Vers la corruption com-
mence à agir avec le renouvellement de la
1 chaleur.
Quoique nous foyions accoutumés à
iregarder avec trop d’indifférence les opé-
rations les plus fenfibles de la nature, telle
(que la végétation des plantes , nous ne
i pouvons cependant pas réfléchir fans ad-
j uni ration fur les caufes finales de ces fcènes
138 Expériences
qui fe préfentent par -tout à nos yeux ,
lorfque nous découvrons ces caufes; parce
que leur confidération n’eft pas un objet
des organes de la vue , ou d’autres fens
externes , mais de notre entendement ,
de notre raifon, de notre jugement, par
lefquels feuls nous fommes diftingués des
autres animaux. La confidération des caufes
finales nous indique que cet univers ne
doit pas fon origine au hafard aveugle ;
qu’il n’eft pas de la même antiquité que
le temps ; qu il a ete fait par un htre tout-
puifiant qui, en lui donnant l’exillence ,
l’a doué en même temps des qualités les
plus merveilleules fans cefife en adion , St
tendantes avec une harmonie admirable à
un but unique & général , qui eft la con-
fier vation du tout.
La confidération des caufes finales peut
fiervir de confolation à l’homme jufie; car
étant convaincu qu’il eft le fieul , de tous
les êtres vivans , capable de reconnoître
la caufe intelligente de l’univers dans fes
ouvrages , il peut s’attendre à ne pas être
confondu parmi le nombre infini des ani-
maux incapables de reconnoître leur Au-
teur, & , par conféquent, à trouver une
exiftence qui ne foit pas limitée à celle
de fa vie.
Mais revenons, après cette digreffion.
SUR LES VÉGÉT. Conclufeotl. 1 39
à l’objet principal de cet ouvrage, &
voyons jufqu’où les faits avérés saccoi-
dent avec la théorie que ] ai déduite de
mes expériences. Si les végétaux contri-
buent réellement beaucoup a maintenir
la falubnté de l’atmofphere , il s enfuit
que le temps de l’année ou 1 air com-
mun a le plus de purete , doit etre le
milieu de l’été & le fort de l’hiver, toute
autre circonftance égale ; car, dans 1 ete , les
plantes ont le plus de vigueur ; & dans
l’hiver , lorfqu’il gèle , la caufe generale
de corruption celle. Il faut qu en. general
les pays qui ont des eaux croupiflantes ,
& qui manquent de plantes & de culture,
foientles plus mal-fains en été , & fur-tout
dans les temps calmes , lorfque les^ exha-
laifons nuifibles ne font pas emportées par
les vents , & remplacées par d autres plus
faines qu’ils ont apportées; ces mêmes pays
marécageux doivent encore etre mal-fains
en automne, lorfque les feuilles font tom-
bées, & qu’une partie de la fermentation pu-
tride entretenue par la chaleur de l’été,
continue encore, fur-tout lorfqu’il furvient
des jours chauds & humides; car alors, la
correéfion de l’air vicie par des exhalai-
fons putrides ne fe faifant plus, 1 air doit
acquérir une qualité d’autant plus mal~
1
*4° Expériences
fai fan te , que le lieu l’infede d’une plus
grande partie de ces exhalaifons. Il faut
qu^en tout pays 1 air foit infalubre, lorf-
quen hiver le temps eh chaud, parce
que , dans un tel temps , la fermentation
putiide reprend , & que la furface de la
terre fe rouvrant , exhale des vapeurs ren-
feimees dans ion fein par le froid.
L expérience journalière nous démontre
~a jufte/îe des confequences ci-deffus, en
nous faifant voir que les hommes font en
general moins fujets aux maladies au mi-
lieu de 1 ete & au milieu de l’hiver; que
le plus grand nombre des malades fe voit
d ordinaire au commencement du prin-
temps, avant le développement des feuilles,
& fur- tout vers la fin de l’été ; & que les
hiveis les moins froids font en général
les moins bienfaifans, fur -tout dans les
pays bas & marécageux. Le temps nous
apprendra fi la faifon la plus fertile en
maladies, pourra fe reconnoître par l’eu-
diomètre. Quelques-unes des qualités nui-
fibles de 1 atmofphère fe découvriront cer-
tainement par cet inhrument ; mais il y en
a d autres qui ne font pas fufceptibles d’ê-
tre decouvertes par un tel moyen ; l’air
commun n’étant pas toujours mal-fain ,
parce qu’il eh moins bon -pour être ref-
I
SUR LES VÉGÉT. Conclufion. 14 j
pire. En effet, il fe peut que cet élément Toit
affez bon pour nos poumons, & en meme
temps nuifible à la fanté. Si, par exemple,
l’air eft froid & humide , il eft conduéieur
de la chaleur, & einpêche la tranfpira-
tion ; ainfi un tel air peut nuire effen-
tiellement , en ce qu’il dérobe à notre
corps de la chaleur vitale, fi on ne s’y
oppofe pas en couvrant la furface du
corps plus qu’à l’ordinaire ; il faut alors
des habillemens faits des fubffances qui,
n’étant pas des conduéfeurs de la cha-
leur, empêchent que la chaleur vitale de
notre corps ne foit abforbée par l’air en-
vironnant : telles font toutes les étoffes de
laine. Celles de lin & de coton n’ont
pas tant d’effet , fur-tout les premières ; car
ces fubffances étant à un certain degré des
conducteurs de la chaleur , la laiffent paffer
du corps à l’air libre, & ne s’oppofent pas
autant que la laine au paffage du froid de
l’air à la furface du corps , à travers leur
fubffance : d’ailleurs, un tel air étant déjà
furchargé d’humidité, n’eff pas en état d’ab-
forber la vapeur de la perfpiration de notre
corps , ainfi cet air nuit à notre fanté de
plus d’une manière, quoiqu’il puiffe être
affez bon pour la respiration.
Nous devons encore attendre quelques
■années, pour pouvoir déterminer jufquoù
142 Expériences
les qualités nuifibles de l’air pourront fe
reconnoître par YeucLoniètre.
Je trouvai, en janvier &c février 1780,
lorfque j’étois dans le voilinage de Paris ,
l’air à peu près auffi pur pendant qu’il ge-
loit, que je Pavois trouvé fur la mer dans
un temps tempéré , ferein & calme. Plus
il geloit fortement, meilleur Pair étoit;
de façon que dans les jours les plus froids,
une mefure d’air commun avec une d’air
nitreux, occupoit 0.95 , 8c quelquefois
moins (a), dans les jours les plus froids.
Dès que le froid diminuoit fenfiblement ,
la qualité de Pair , quoique toujours bonne
pendant la gelée, devenoit moins parfaite.
Au dégel , la bonté de Pair varioit davan-
tage; mais, en général, plus le temps étoit
chaud, moins Pair fe trouvoit bon : fa qua-
lité varioit entre 1.01 8c 1.06, c’eft- à-dire
qu’une mefure d’air- atmofphérique 8c une
d’air nitreux fe réduifoient à 1 .01-1.06.
Cette variation continua jufqu’au 10 avril ,
que je partis pour Bruxelles. Quand il fait
(<z) On pourroit foupçonner que l’intenfité du froid
de l’eau auroit pu être en partie la caufe de ce que
deux mefures d’air fe réduifoient à un fi petit volume ;
mais on conviendra aifement que le froid n’y faifoit rien,
lorfqu’on faura que le réfultat étoit le même , fi l’eau dans
laquelle je faifois l’expérience étoit rendue tiède en y
mêlant de l’eau chaude , ou fi je faifois l’expérience en
lui taillant tout fon froid.
SUR LES VÉGÉT. Conclufion, 143
du vent, la qualité de l’air eft plus variable
que dans un temps calme. Si j’avois aflez
de loifir, j’expoferois un grand nombre de
conféquences qui fe préfentent à mon ef-
prit, St qui me femblent pouvoir être dé-
duites légitimement des faits 8t desobferva-
tions que je viens de détailler. Mais je fuis
obligé de me reftreindre à un petit nom-
bre de réflexions , qui fe préfentent les pre-
mières à mon idée.
Nous voyons que la longue vie des
hommes dépend en grande partie de la
bonté de l’air qu ils refpirent. Les meilleurs
alimens ne font pas en état de nous ga-
rantir des maladies dans un pays mal-fain,
au lieu qu’on peut fe porter très-bien avec
des alimens d’une qualité inférieure, lorf-
que l’on refpire un air très-pur. Je viens
d’envoyer à la Société royale de Londres
un Mémoire contenant des expériences qui
prouvent évidemment que l’air qui couvre
la furface de la mer, efl beaucoup plus pur
que l’air de la terre , St les voyageurs par
mer éprouvent conftamment , que dès
qu’ils font accoutumés aux mouvemens
du vaifleau , ils y jouiflent d’un degré de
fanté St de vigueur de corps St d’ame ,
qui leur eft inconnu fur terre. Ceux qui
fe contentent d’un repas par jour quand
)
/
144 Expériences
ils font à terre , ont befoin d’en prendre
trois ou quatre lorfqu’ils font fur mer ,
quoiqu’ils y faffent peu d’exercice , & que
leurs mets ne foient , en général , ni les plus
ragoiitans , ni les plus faciles à digérer, 8c
fe trouvent fouvent tels qu’ils refuferoient
d’en manger étant à terre. Cette grande
augmentation de vigueur dans les forces
vitales fur mer, ne peut dépendre, à mon
avis , que de la pureté de l’air qu’on y
refpire (a).
(a) Ceci nous indique qu’un des grands moyens de
conferver la fanté des marins, eft de tenir l’intérieur du
vaiffeau propre, d’y changer l’air fouvent, foit par des
ventilateurs, foit par l’agitation des portes de commu-
nication, foit par l’agitation fouvent répétée de draps,
&c. J’ai fouvent éprouvé avec quelle facilité on peut
renouveler tout l’air d’une chambre par la feule agitation
de la porte, ou par le mouvement violent d’un drap, ou
par quelque autre moyen qui force l’air de changer de
place , & de fe mêler avec l’air libre. Deux ou trois
minutes fuffifent pour renouveler tout l’air d’un grand
appartement, & pour donnera un malade qui y efl au
lit , le foulagement le .plus fenfible. Je vois qu’on ne
penfe pas allez à un moyen fi fimple & fi facile à em-
ployer en tout temps, fans dépenfe, fans embarras de
machines , fur des vaiffeaux armés , où le grand nombre
des hommes entaffés infeéte l’air dans l’intérieur du bâ-
timent , & y engendre trop fouvent des maladies putrides
& contagieufes, qui, étant une fois produites, fe commu-
niquent fuccefEvement à tout l’équipage, & fouvent ne
peuvent plus être arrêtées qu’en féparant les infeétés des
fains dans les hôpitaux, & en purifiant les vaiffeaux de
la contagion. Mais ce remède même eft fouvent infuffi-
L’air
SUR LES VÉGÉT. Conclufion. 145
L’ air de la campagne eff, en général,
un peu meilleur que celui des grandes
villes : aufli en fent-on bientôt l’effet; on
fant, & toujours incertain contre un mal dont il eft au
pouvoir des hommes de prévenir le germe, mais qu’on
ne peut pas toujours étouffer, lorfqu’il eft une fois engen-
dré ; car, en portant à terre les hommes attaqués de cette
terrible maladie , on court rifque d’en répandre la conta-
gion dans le pays . & de caufer la defolation la plus aft'reufe
parmi les habitans. C’eft le célèbre Chevalier Prin'gle
qui nous a inftruit de la nature & de la caufe de ce ter-
rible fléau dont le germe fe produit, lorfqu’on entaffe
dans des lieux étroits un grand nombre d’hommes ( lur-
tout des hommes accoutumés à être mal propres ) comme
il arrive fouvent dans les hôpitaux , les prifons & les vaif-
feaux.
Des défaftres produits par une telle caufe , font voir
clairement combien la propreté domeftique des habitans
d’un pays peut influer fur le bien-être national , & même
fur la puiffance d’un empire. Toute nation qui fait peu
de cas de la propreté perfonnelle , àt de celle de fes
habitations, qui n’a aucune averfion de voir par- tout
s’accumuler des faletés , dont on a foin d’écarter juf-
qu’aux veftiges dans d’autres pays ; qui s’accoutume dès
l’enfance à vivre au milieu des ordures ; qui peut tolé-
rer , même dans l’intérieur de fes maifons , des cloaques
les plus abominables de faletés , qui feroient horreur aux
fauvagesles moins policés; & dont l’afpeél dégoûtant feroit
. capable de faire fbulever i’eftomac aux peuples qui n’ont ja-
mais vu que la propreté la plus exaéfe dans ces endroits re-
1 tirés de néceffité : toute nation , dis-je, qui ne cultive
ipas affez la propreté perfonnelle & dans fes habitations ,
‘doit naturellement avoir peu d’averfion , étant fur mer*
de vivre parmi les mêmes mal-propretés avec lefquelles
elle s’eft familiarifée dès fon enfance. Mais s’il paroît qu’il
importe peu pour la fanté des habitans d’une maifôn ,
qu’elle foit fale ou nette , il eft néanmoins bien certain
qu’on ne peut pas négliger impunément la propreté dans
un navire , dans lequel une foule de gens eft entaffée.
(Cette négligence y produira bientôt un air corrompu qui,
K
146 Expériences
y a plus d’appétit & plus de vigueur , quand
même on n’y feroit pas plus d’exercice.
Les habitans des campagnes vivent, en
à fon tour, engendrera le germe de cette terrible maladie
qu’on voit fe produire par la même caufe dans les hôpi-
taux trop pleins & trop peu aérés, & dans lesprifons,
où beaucoup de miférables croupiffent dans leurs propres
faletés. Il eft donc naturel que cette maladie peftilentielle
fe fade voir plus fouvent chez les nations qui ont la cou-
tume d’entafîer le plus grand nombre d’hommes dans
leurs vaiffeaux ; qui , par une coutume nationale , ont
moins de répugnance pour vivre dans des lieux mal-pro-
pres , & qui, outre le nombre exorbitant d’hommes, rem-
pliiTent encore lepeud’efpacequileur reftepar delavôlaille
& d’autres animaux vivans , dont la refpiration, la tranfpira-
tion &. les ordures contribuent infiniment à corrompre l’élé-
ment de la vie, l 'air, & par conféquent à accélérer la produc-
tion du germe de la mort. Ceux qui font bien au fait de
l’hiftoire feulement des trois dernières guerres , peuvent
juger de l’influence de la mal-propreté des foldats & ma-
telots , fur la perte & la deftruftion des hommes. On a
vu fouvent des nations puiflantes , qui dévoient naturelle-
ment triompher par la mafle énorme de leurs forces de
terre & de mer , fuccomber précifément par les effets
de cette mal -propreté habituelle fur leurs flottes & dans
leurs armées. _ ;
11 feroit peut-être plus facile qu’on ne croit de pré-
venir de tels défaftres , en entretenant , dès le commencement ,
toute la netteté poflible dans les endroits même les plus
reculés du vaiffeau ; en forçant tout l’équipage , par une
difcipline ri^oureufe & jamais perdue de vue un feul mo-
ment , d’obferver la propreté perfonnelle ; en occupant
fans relâche quelques hommes à remuer des portes de
communication des draps , &c. afin de déplacer conti-
nuellement l’air fans cefle infe&é parla refpiration & les
exhalaifons de cette foule de gens entaffés dans un fi petit
efpace ; en les obligeant à changer & aérer fouvent leurs
habillernens , leurs lits, &c. L’exercice de remuer conti-
nuellement l’air de tous les endroits du vaiffeau, pour le
/
SUR LES VÉGÉT. Conclujîon. 147
général, plus long -temps que ceux des
grandes villes, &. y font moins fujets aux
maladies.
forcer de fe mêler avec l’air libre, & pour le renouveler
ainfi continuellement, conviendroit d’ailleurs beaucoup
aux gens, en général trop oififs fur les vaiffeaux. L’ex-
périence démontre allez l’importance de la vérité que
j’indique.
Le Capitaine Cook a démontré qu’en ne négligeant rien
de ce qui eft à propos pour la fanté de l’équipage, on
peut faire des voyages de mer de très-long cours , fans voir
éclore les maladies dont j’ai parlé, qui font fi fouvent tant
de ravages fur les vaiffeaux de guerre. Ce célèbre navi-
gateur a fait un voyage autour de la terre , qui a duré
trois ans 5c dix-huit jours , avec un équipage de cent-
dix-huit hommes , en parcourant tous les climats qui fe
trouvent entre le degré 52 de latitude boréale , & le 71
• de latitude auftrale, fans perdre plus d’un feul homme
jpar maladie, & cet homme avoir les poumons affeétés
; avant le voyage ; car on le trouva bientôt après le départ ,
attaque d une toux qui dégénéra eh phthifie pulmonaire 5c
hydropifie. Ainfi on peut dire que d’un nombre fi confidé-
irable d’hommes, aucun n’eft mort d’une maladie contra&ée
fur mer. On peut confulter ,fur les moyens mis en ulage par
'M. Cook, pour conferver la fanté de ion équipage, la rela-
tion de fon voyage, ainfi que le difcours du Chevalier
Pringle, prononcé devant la Société royale de Londres,
îorfque , en qualité de Préfident , il remettoit à ce navigateur
lie prix annuel, ou la médaille d’or.
Plufieurs Médecins Anglois ont confeillc aux afthma-
ttiques 5c phthifiques de faire un voyage de mer ; 5c
.beaucoup y ont trouvé leur guérifon, ou un foulagement
:très-fenüble , qu’aucun médicament n’avoit pu leur pro-
xurer. L exemple du Capitaine Cook démontre évidem-
ment quon pourroit, avec les foins néceffaires, entrete-
nir une armée en meilleure fanté fur mer que fur terre.
'Mes découvertes fur la nature de l’air de la mer, me
'confirment dans cette opinion, & me font efpérer qu’on
fauvera la vie à beaucoup de perfonnes attaquées de ma-
148 Expériences
Les pays marécageux , mal-fains par leur
nature , le font encore davantage lorf-
qu’ils font incultes. On rend leur air beau-’
coup plus falubre en les cultivant. Les
terrains bons par leur nature , mais laiffés
en friche, deviennent moins bons pour la
fanté des habitans. Ne pouvons-nous pas
attribuer l’infalubrité de cette immenfe
plaine dans laquelle Rome efï placée, au
défaut de culture , ou au manque d’ar-
bres & autres végétaux? Gette plaine étoit
anciennement renommée pour fa falu-
brité , lorfqu’elle étoit bien cultivée &
peuplée. De nos jours , où elle eft prefque
un défert, elle eft fi connue pour être
mal-faine , que les habitans ont appris par
l’expérience, que l’on ne peut y féjourner
pendant une feule nuit au milieu de l’été,
fans courir rifque de contrarier la fiè-
vre (a). La plus grande partie delà Tofcane ,
ladies qui ne peuvent fe guérir qu’en refpirant un air pur,
en les envoyant fur la mer , ou aux endroits fitucs fur les
côtes de la mer , & éloignés des marécages.
(a) Le peuple de la ville & des environs de Rome,
fait par expérience , que l’air n y eft pas mal-faifant en ete
pendant le jour , mais feulement le foir & pendant la
nuit. La raifon de ce phénomène n’eft pas difficile à donner.
La chaleur du jour, en raréfiant l’air, diffipe les exhalai-
fons nuifibles de la terre , & les oblige de monter avec
l’air raréfié , & devenu par-là plus léger. Ainfi ces exha-
laifons font en partie devenues inertes étant divifées , tout
comme les particules d’humidité deviennent mfenfibles
SUR LES VÉGÉT. Conclufion. 149
au contraire , qui eft très-bien cultivée 8c
peuplée , eft un pays fi fain , qu’on y pour-
roit coucher à l’air libre tout l’été, fans
craindre de courir plus de danger que fi on
dormoit dans les maifons. Les Marais P on-
tins près de Rome , dans lefquels il y avoit au-
trefois nombre d’habitans qui fourniftoient
beaucoup de denrées à la Capitale, eft à
préfent un défert affreux , qui répand les
exhalaifons les plus nuifibles, 8c mortelles
même à une diftance confidérable , de
façon que les hommes peuvent à peine
dans l’air échauffé, & elles font en partie montées au defTus
de la région où les hommes refpirent. Mais dès que la
fraîcheur de la nuit commence, les émanations feptiques,
putrides, phlogifliques, qui continuent encore à exhaler
des fources innombrables de corruption qui exiftent fur
la terre, refient flottantes dans l’air, fans monter dans la
région élevée de l’atmofphère; Scmême une grande partie
1 des exhalaifons qui étoient déjà hors de la portée des
hommes , retombent étant condenfées par le froid & de-
venues plus pefantes. Dans les pays bien cultivés, les
particules phlogifliques §c nuifibles qui s’élèvent de la
terre , font avidement abforbées par les arbres & autres
végétaux qui en ont befoin pour s’en nourrir ; & ces
] plantes répandent en même temps dans l’atmofphère une
1 quantité très-confidérable d’air épuré , ou déphlogifliqué.
Les plantes & les fleurs odoriférantes répandent très-peu ,
ou point de parfum dans l’air pendant les chaleurs du jour;
1 mais dès que la fraîcheur de l’air du foir empêche la difli-
pation de ces exhalaifons , ou dès qu’une pluie a rafraîchi
l’air pendant le jour, leur parfum frappe notre odorat :
ainfi les pays t>ien cultivés ont un double avantage fur
des pays incultes ; car les exhalaifons nuifibles y font ab~
forbées par les plantes , & par conféquent détruites; &. les
plantes y répandent un air épuré.
150 Expériences
habiter les environs , fans devenir malades,
& mourir même au bout de peu de temps (a).
On a toujours obfervé que les pays ma-
récageux font très mal-fains, 8t que l’unique
moyen de les rendre habitables , eh de les
sécher & de les cultiver. Brown, dans fon
Hiftoire de la Jamaïque, remarque que les
premières Colonies des Européens qu’on
y envoyoit, y périffoient tellement, qu’il
falloit les renouveler tous les dix ans , &
que , depuis que les marais ont été defle-
chés & le terrain cultivé, la vie de l’homme
n’y eft guères moins courte qu’en Europe.
Les premiers Européens qui s’établirent en
Penîylvanie & les pays voifins , y trou-
vèrent dans le plat pays des marécages ,
dont il fortoit , durant l’ardeur du foleil ,
des exhalaifons putrides que répandoient
les fubftances animales & végétales corrom-
pues. Les hommes y périlfoient des fiè-
vres intermittentes, bilieufes & putrides.
Depuis qu’on y a defféché les marais &
cultivé le terrain , ces maladies font difpa-
rues , & les hommes y vivent autant qu’en
Europe. O11 peut confuiter fur cet article
(4) Lorfque nous fommes obligés de traverfer un pays
fort ma!-fain,il eft toujours prudent de choifir un temps
où il fait du vent ; car les vents diflipent les exhalaifons
nuiftbles , les chaffent , & les remplacent par de meil-
leures.
SUR LES VÉGÉT. Condufion. I 5 1
le volume I des Tranfa&ions de la Société
philofophique de Philadelphie.
Les immenfes plaines de la Hongrie font
reconnues pour être mal - faines : il leur
manque des arbres 8c de la culture, 8c dans
plufieurs endroits , des canaux pour 1 écou-
lement des eaux : ainft il y a trop d’exhalai-
fons nuihbles , 8c trop peu de végétaux qui
les abforbent. Ce pays paffe pour malsain en
été pendant la nuit , 8c on en attribue com-
munément la caufe au froid; mais je penfe
que la même raifon qui a lieu dans la
plaine de Rome , a auffi lieu en Hongrie.
Une grande partie de la plaine, dans les
environs de Vienne en Autriche , a peut-
être le même défaut que la Hongrie; au
moins eft-elle en partie affez mal pourvue
d’arbres , fur-tout dans les endroits les plus
bas , qui en auroient plus befoin que les
parties élevées.
Ne paroît-il pas probable que ceux qui
font afthmatiques , pulmoniques , ou qui
ont d’autres maladies de poitrine , & qui
fe trouvent mieux dans les pays où la vé-
gétation commence de bonne heure, 8c où
la terre eft bien cultivée , doivent re-
chercher 8c préférer les pays où on aura
trouvé, par les moyens indiqués dans ce
Livre, que la conhitution de l’air eft la
plus falubre pendant toute Tannée? Il ed
K iv
* 9
152 Expériences
vrai que ces pays falutaires ne feront pas
connus avant que de bons inftrumens ,
ou eudiomètres , foient généralement em-
ployés. De tels endroits ne fe trouveront
peut-être qu’au bord de la mer , & loin
des marais.
Ne paroît-il pas auffi probable qa’on
pourroit appréhender quelque mauvais
effet des grands arbres plantés dans des
endroits étroits , & entourés de bâtimens
allez élevés pour les empêcher de recevoir
fouvent les rayons du folèil , fur-tout fi
les fenêtres d’appartemens s’ouvrent dans
ces places trop ombrées? Je me fouviens
d’avoir entendu dire nombre de fois , qu’il
eft mal-fain de refter fous l’ombr.e d’un
noyer; 8c plulieurs perfonnes m’ont dit
qu’elles s’en font trouvées mal. J’ai cru
que cette aflertion n’étoit fondée que fur
un préjugé populaire; mais, depuis que je
me fuis engage dans les recherches qui font
le fujet de cet ouvrage , je fuis fort porté à
croire qu’une pareille appréhension pour-
roit être très-fondée, lorfqu’un noyer fe
trouve placé dans un endroit fort ombragé
par les bâtimens voifins, comme cela fe
voit fouvent.
D’ailleurs , on ne peut pas douter qu’il
n’y ait des plantes dont les exhalaifons
font nuifibles à notre fautes tel eft l’arbre des
SUR LES VÉGÉT. Conclufion. 153
Indes Occidentales appelé mancenilliér ,
hippomane mancinella ( Linnæi Spec. Plant.
1431 ). Si un homme s’avife de fe repofer
fous cet arbre , il lent bientôt les effets
pernicieux de fon ignorance ; il en con-
tracte une maladie fouvent très-grave, &
difficile à guérir. Si une goutte d’eau tombe
d’une feuille fur quelque partie de fon
corps , elle y fait l’effet d’un véficatoire.
Les habitans du pays connoiffent par ex-
périence ce danger, & s’en gardent foi-
igneufement.
La plante américaine appelée lobelia
llongiflora , répand loin d’elle une exha-
laifon dangereufe; on fent une oppreffion
ide poitrine lorfqu’on n’en eff éloigné que
cde quelques pas, en fuppofant que cette
.plante foit placée dans le coin d’un appar-
tement. On peut voir la defcription de
c cette plante lingulière, dans le magnifique
ouvrage de M. Jacquin , qui a pour titre
.Hortus Botanicus V'indobonenjis.
Un arbriffeau de l’Amérique feptentrio-
raale , d’un très-beau feuillage , &. dont on
rcedoute dans fon pays natal les exhalaifons
oernicieufes , a déjà caufé en Europe plu-
ieurs accidens qui pourront le faire bannir
le nos climats ; c’eff le rhus toxicodendron .
.^a famille du curé de Croffen en Allemagne
-toit attaquée tous les étés d’une maladie
/
154 Expériences
terrible , accompagnée d’une enflure au
vifage, boutons brûlans, veiïïes St ulcères
rongeans , avec fièvre , &c. tandis que
vcet arbriffeau ornoit.un petit jardin der-
rière la maifon , St qu’on avoit approché fon
feuillage de la fenêtre d’un petit cabinet
quidonnoit dans le jardin. Ihfuffifoit, pour
contracter la maladie , de fe repofer un
peu de temps dans ce cabinet, ou à l’om-
bre de cette plante dans le jardin. Depuis
qu’on a déraciné cet arbrilleau , le mal a
difparu avec lui (a).
Nous avons une plante indigène de
l’Europe, qui a la fingulière propriété de
répandre de l’air inflammable lorfqu’elle
efi en fleur; c’efl le dyctamnus alhus , la
fraxinelle . Si on la place dans la maifon,
St qu’on approche la chandelle de la plante ,
fur-tout des fleurs , on voit l’air prendre
flamme , comme l’air inflammable qui fort
des eaux bourbeufes. Cette expérience
réuffit de même quand la plante efi; à l’air
libre, pourvu que le vent n’en ait pas dé-
(<z) On peut voir dans les nouveaux Mémoires de
l’Académie royale des Sciences & Belles - Lettres de
Berlin, année 1777, pag. 6 r, un Mémoire fur les dan-
gereux effets que les exhalaifons de cette plante de l’Amé-
rique feptentrionale produifent fur le corps humain , par
M. Gleditfch : on y trouvera un détail exaéi de la plante St
de fes effets.
SUR LES VÉGÉT. Conclufion . I 5 5
placé l’air inflammable. Si quelqu un s a-
vifoit de fe mettre la tête fous une telle
plante pendant quelque temps , il pour-
roit aifément en perdre la vie ; car nous
favons que l’air inflammable eft mortel.
Cette obfervation nous apprend que fi l’on
tenoit une certaine quantité de ces plantes
dans une chambre à coucher , on pourroit
rifquer fa vie.
Comme nous avons vu que les plantes
nous procurent un grand bien , en répan-
dant dans l’air commun une quantité con-
fidérable d’air déphlogiftiqué , & qu’il n’efl
pas difficile de ramaffer une bonne quan-
tité de cet air, par les moyens que j’ai
indiqués, il vaudroit peut-être la peine
de s’en procurer de cette manière une
quantité aflez grande pour le faire refpirer
par ceux qui ont des fièvres inflamma-
toires putrides ( ou quelque maladie que
ce foit, dans laquelle une trop grande
abondance de phlogiflique efl dégagée du
fang) , une phthifie pulmonaire , un aflhme,
ou quelque autre maladie qui pourroit
fe guérir en refpirant un air très-pur. Il
feroit néceffaire , dans ce cas, d’avoir une
bonne provifion de grands bocaux de
verre blanc. Cette dépenfe une fois faite,
ferviroit pour toujours. J’efpère qu’ayant
démontré que toute plante efl en état de
Expériences
donner cet air vital pendant le jour, on
trouvera bientôt moyen d’améliorer la ma-
nière de l’obtenir , & de l’obtenir en plus
grande abondance. Cet objet, touchant de
fort près le bien-être de toute l’humanité,
mérite l’attention de tous les phyficiens ,
& fur-tout des médecins. La mouffe ou
matière verte végétale , dont nous avons
parlé amplement, peut encore avoir cette
utilité.
Mais , en attendant qu’on trouve ün
moyen aifé de ramaffer une quantité affez
grande de cet air des végétaux, pour pou-
voir le faire fervir à la guérifon des ma-
ladies , il ne tient qu’à nous de nous pro-
curer une quantité quelconque de cet
air bienfaifant, d’une pureté qui furpaffe
meme celle de l’air que les plantes m’ont
fourni. Toutes les chaux des métaux con-
tiennent une grande quantité de cet air;
il s’agit de l’en extraire facilement, & dans
un état de pureté. La chaux de plomb ,
le minium, en donne une grande quan-
tité, & affez pur, en l’imbibant d’acide
nitreux, & en l’échauffant. L’acide vitrio-
lique dégage auffi de cette même chaux
une grande quantité, & avec moins de
chaleur; mais il eff moins pur, & mêlé
avec beaucoup d’air fixe , dont on peut
cependant le purifier par l’eau» Nous
SUR LES VÉGÉT. Conclujion. 157
devons au célèbre M. Lavoijîer la de-
couverte importante, que l’augmentation
de poids qui arrive aux métaux dans la
calcination , dépend de la quantité d’air
qu’ils ont abforbé. Les métaux , en per-
dant leur phlogiflique dans la calcination,
ne permettent pas que l’air atmofphé-
rique qui vient remplir la place du prin-
cipe inflammable , y conferve le phlogif-
tique qu’il contient naturellement; il en
eA chafle , de même que le phlogifti-
que du métal. C’eA pourquoi on extrait
cet air de la chaux métallique , fous forme
d’un air déphlogifliqué. Il eft donc de la
dernière importance de trouver la meil-
leure manière d’extraire des chaux mé-
talliques , cet air dans toute fa pureté. Le
plomb augmente environ de douze pour
cent en poids , par la calcination. Quel im-
menfe volume d’air ne contiennent donc
pas cent livres de plomb calciné? Mais la
chaux de fer en pourra peut-être fournir
une quantité bien plus confldérablè ; car
ce métal étant bien calciné , a acquis d’or-
dinaire moitié plus de poids qu’il n’avoit.
Le mercure précipité rouge en donne une
quantité très-grande , qu’on en peut extraire
à peu de frais ; car l’acide nitreux ( qu’on
a employé pour diffoudre le mercure afin
d’en faire ce précipité) pourroit, par le
*58 Expériences
moyen de la diüillation , fe retirer de la
diflolution du mercure ; & le précipité
rouge fe change de nouveau en mercure
coulant, lorfqu’on l’expofe à l’aélion du
feu pour en dégager l’air déphlogiftiqué, de
façon que la perte de l’acide nitreux efl
tres-petite , & celle du mercure encore
moindre , ou prefque nulle , fi on fait l’o-
pération avec foin (a).
Le meilleur moyen & le moins difpen-
dieux , connu jufqu a préfent , de fe pro-
curer cet air vital en telle quantité qu’on
délire, pour l’ufage de la refpiration, efl:
peut - être de l’extraire du nitre. Ce fel
contient une quantité prodigieufe de cet
air dans un état folide , toujours prêt à
prendre la forme d’air par la feule appli-
cation du feu. Le fluide aérien développé
du nitre , occupe jufqu’à 800 fois fon
volume , comme j’ai déjà dit. Une livre
de fel donne environ 12000 pouces cubi-
ques d’air déphlogifliqué. Nous confumons,
par chaque infpiration ordinaire, environ
30 pouces cubiques d’air; ce qui fait 450
pouces cubiques par minute , en fuppofant
( a) Avant de faire ufage de cet air vital pour la ref-
piration, il eft toujours à propos de le bien fecouer avec
l’eau, pour lui ôter la portion d’air fixe dont il fe trouve
plus ou moins infe&é. Il eft probable que l’eau de chaux
teroit meilleure.
SUR LES VÉGÉT. Conclufion. 1 59
que nous faifons ^5 infpirations par mi-
nute ; ainfi nous avons befoin par heure
d’environ 27000 pouces cubiques d’air.
De ce calcul, il fuit qu’une livre de nitre
fourniroit à peu près affez d’air déphlo-
•giiliqué pour une demi-heure , en fuppo-
[fant que nous n’infpirerions qu’une feule
fois le même air : mais nous devons con-
fidérer que cet air eh fi pur , qu’une
feule refpiration ne fauroit le rendre im-
propre à être infpiré une fécondé fois ;
par cet air, étant privé de phlogifiique,
eeft capable de fe charger d’une grande
quantité de ce principe inflammable , dont
Le fang fe débarrafle par le moyen de la
rcefpiration , avant qu’il en foit affez chargé
pour être nuifible. Nous devons remar-
quer ici que la refpiration n’infeéfe pas
feulement l’air par un mélange de phlo-
gifiique , mais aufli en lui communiquant
me quantité d’air fixe , qui efi des plus
mifibles aux poumons. Or, cet air fixe efi:
: aifément mifcible avec l’eau , & il efi: fur-
out avidement abforbé par l’eau de chaux,
fii donc on fecoue l’air déphlogifiiqué dans
’eau , après qu’il a été infeflé par un ani-
mal qui y eft mort , on lui rend en grande
partie fa bonté primitive ; de façon qu’un
lutre animal y peut vivre encore long-
temps. Si on le fecoue dans l’eau de chaux.
\
160 Expériences
on le purifie encore davantage , & plus
promptement ; & , de cette manière , l’air
déphlogiftiqué peut fervir beaucoup plus
long-temps à la refpiration, en confervant
en grande partie fa vertu bienfaifante ;
de façon que la quantité d’air déphlogif-
tique qui auroit fuffi pour une demi-
heure, pourroit fervir peut-être pour fept
ou huit heures, ou plus, à ce que penfe
l’abbé Fontanci , dont je tiens tout ce qui
a du rapport avec la méthode d’adminif-
trer l’air déphlogiftiqué aux malades. Je
l’ai crue trop importante pour ne pas la
communiquer au public, ( même avant
que je pulle la confirmer par ma propre
expérience ) : il pourra en tirer les avan-
tages les plus réels, fi les médecins veu-
lent fe donner la peine d’employer cette
méthode. De cette manière, les dépenfes
néceffaires pour refpirer la quantité d’air
déphlogiftiqué qu’il eh poffible de refpirer
pendant toute une journée, ne monteroient
guère à plus d’un sheling d’Angleterre; car
il ne feroit guère poffible de donner à la
refpiration de cet air épuré plus de huit ou
neuf heures dans les vingt-quatre , parce
qu’il faut du temps pour dormir, manger,
parler , &c. & qu’on eft obligé de fe tenir
dans un attitude gênante pour faire ufage
de ce remède.
Voici
SUR LES VÉGÉT. Conclufion . i6'i
Voici la méthode que M. l’abbé Fort-
tana croit la plus propre pour faire ref-
pirer à un malade cet air vital : On remplit
d air déphlogiftiqué une grande cloche de
verre, de celles dont on fe fert pour les.
machines pneumatiques , & qui ont un
gros ventre ,ou dontlapartiefupérieureeft
fort évafée. Cette forme eft Tunique qui
convienne à cet ufage parce qu’elle fert
à foutenir la cloche fur l’eau , fans qu’elle
fe renverfe lorfque la partie évafée eft
pleine d'air. On laide flotter cette cloche
remplie d’air, dans un baquet plein d’eau
<de chaux. On introduit l’extrémité re-
(courbée d’un tube de verre dans la cloche,
de façon que l’orifice du tube monte dans
lia cloche jufqu’au milieu de la maffe d’air,
ttandis que le. malade tient l’autre extré-
mité dans la bouche. Il vaudro.it encore
imieux prendre une cloche qui eût un col
ouvert en haut , auquel on appliqueroit
un robinet pour fermer & ouvrir le paf-
i.age , félon le befoin. Le tube de verre
sfappiiqueroit à ce robinet lorfqu’on vou-
droit s’en fervir. De telles cloches font
déjà en ufage, & font partie de l’appareil
d’une machine pneumatique. Le malade
oyant infpiré cet air, l’expire enfuite par
Le même tube; de façon qu’il infpire à plu-
sieurs reprifes le même air, lequel , à la
L
i62 Expériences
vérité, deviendroit bientôt fi vicié par fes
poumons , qu’il en éprouveroit plus de
mal que de bien , li l’eau de chaux , qui
eft en contaét avec cet air , n’abforboit
l’air fixe que les poumons lui ont com-
muniqué, & ne remettoit l’air de la clo-
che prefque à fa pureté primitive. Il efl
vrai que l’eau de chaux n’efl pas capable
de prendre le phlogiftique par lequel cet
air devient vicié dans la refpiration , au
moins n’en prend-il pas une grande quan-
tité : mais on doit confidérer que l’air
déphlogiftiqué étant deftitué de phlogif-
tique , eft capable d’en abforber beaucoup
avant d’être réduit à l’état d’air commun.
Ainfi on pourra de cette manière infpirer
le même air déphlogiftiqué avec un avan-
• tage fenfible , pendant long - temps. On
trouvera peut-être que 700 ou 800 pouces
cubiques de cet air, pourront fervir pen-
dant une demi-heure (a) : l’expérience le
décidera.
( a ) Comme les tubes de verre recourbés font fujets
à fe calTer , & ne fe prêtent pas à la fituation du malade,
on pourra utilement joindre deux ou trois bouts de tubes
droits par le moyen d’un morceau de boyau , ou, ce qui
eft infiniment mieux , par un bout d’un tube de gomme
élaftique. M. Bernard , orfèvre en inftrumensde Chirurgie,
(qui fait des fondes creufes de gomme élaftique, d’une
grande utilité polir différentes maladies ) , m’a fourni des
tubes élaftiques les plus propres aux ufages phyfiques,
SUR LES VÉGÉT. Conclujion. 163
On fent bien qu’en refpirant ainfi cet
air , il eft à propos de tenir les narines
fermées avec les doigts , pour empêcher
que l’air commun ne fe gliffe dans les pou-
mons , 8t ne gâte l’air déphogiftiqué dans
la cloche , ou que l’air de la cloche ne
s’échappe des poumons par les narines , &
ne fe perde.
Comme j’ai cim de mon devoir d’an-
noncer cet article au public , pour le bien
général , fans l’avoir mis en pratique moi-
même , je dois me contenter de fouhaiter
• que les phyficiens St les médecins s’ef-
iforcent de faire jouir l’humanité d’une
(découverte qui promet les avantages les
jplus grands ; mais qui efh encore trop ré-
icente pour qu’on puilfe en tirer toute
j l’utilité qu’elle fait entrevoir.
Ceux qui voudront entrer dans cette
(carrière , doivent fur-tout faire choix des
vailfeaux les plus propres à dégager l’air
cdéphlogiftique du nitre. Les retortes 8c
tballons de verre pourroient à peine fouf-
: fur-tout pour conduire des vapeurs & des airs d’un vafe à
1 1 autre. 11 demeure rue des Noyers , près la rue S. Jacques.
Il eft facile à concevoir que l’extrémité du tuyau que
le malade doit tenir dans la bouche , doit avoir une
irorrne applatie, de façon à pouvoir être commodément
herrée entre les lèvres. L’ivoire eft certainement une des
fubftances les plus appropriées pour faire un tel bout de
die tuyau.
L ij
i
164 Expériences
frir le degré de feu néceffaire à cette opé-
ration; les vaiffeaux de grès réliftent da-
vantage au feu. Ceux de fer fondu réliftent
auffi très-bien à un feu violent , mais 011
court rifque de vicier l’air déphlogiftiqué,
par le phlogiftique du fer. Les vaiffeaux
de platine feroient , félon toute appa-
rence , les meilleurs , parce que ce métal
eft inattaquable par l’acide nitreux, & ré-
fifte à tout degré de feu néceffaire dans
<cette opération; mais il nous manque dans
le commerce une quantité fuffifante de ce
métal. Ce feroit un bienfait pour l’hu-
manité , fi le Roi d’Efpagne confentoit à
le faire vendre à un prix raifonnable. Il
faut efpérer que bientôt nous le verrons
entre les mains du public , d’autant plus
que le danger de falfifier l’or avec ce métal
ell: fini, depuis que les chymifles ont trouvé
moyen d’en reconnoître la moindre quan-
tité dans l’or qui en contient , & de l’en
féparer. Les progrès rapides que la chy-
mie fait journellement , font préfumer
qu’on trouvera moyen de fondre ce métal
fans alliage , & d’en faire des vafes. On
eft déjà parvenu à le fondre, après l’avoir
précipité de l’eau régale dans laquelle on
l’a diffous.
L’autre objet de recherches eft de dé-
terminer quelles font les maladies qui pour-
SUR LES VÉGÉT. Conclujion . 165
roient être guéries par l’ufage de cet air.
Je penfe qu’on pourroit en attendre de
très-bons effets dans toutes les maladies
putrides & inflammatoires, &. en général
dans toutes celles où trop de chaleur eff
engendrée dans le corps, & fur-tout dans
plufieurs maladies des poumons. C’eff dans
les hôpitaux qu’on pourra décider cette
queffion.
Il arrivera à ce nouveau remède ce
qui efl; arrivé à tous les autres ; il aura
fes critiques & fes adverfaires ; & il efl à
fouhaiter qu’il trouve des adverfaires redou-
tables. Si le remède mérite réellement
qu’on l’adopte , il acquerra un nouveau
luflre de fon triomphe. Toutes les expé-
riences femblent en donner les idées les
plus avantageufes. Abandonnons-en la dé-
ciflon à l’expérience faite au lit des malades.
Quoique ce remède n’ait pas été mis à l’é-
preuve , j’ai cependant déjà rencontré plu-
fleurs phyflciens qui doutent que cet air dé-
puré puiffe produire les effets avantageux
1 qu’on s’en promet. Ils craignent que les for-
ces vitales étant beaucoup augmentées par
ll’ufage de cet air , un état inflammatoire
m’en foit la fuite ; ils ajoutaient , pour
confirmer leur doute, que les animaux
qui meurent dans cet air ont fouvent les
poumons furchargés de fang. Je penfe
1 66 Expériences
que ce doute n’eft appuyé fur aucun fon-
dement., & l’expérience me femble in-
diquer que cet air ne peut qu’être très-
falutaire. En effet , nous voyons que les
hommes fe portent beaucoup mieux en
général fur mer que fur terre ; qu’ils y
font plus vigoureux , & qu’ils parviennent
au même âge que ceux qui reftent tou-
jours à terre. J’ai démontré ( dans un
Mémoire que j’ai envoyé depuis peu à la
Société royale de Londres , & dont j’ai
déjà parlé ) , que l’air de la mer eft beau-
coup plus pur que l’air des terres , &
approche de la nature de l’air déphlogif-
tiqué. Un animal enfermé dans l’air dé-
phlogiftiqué pur , femble y jouir d’une
vigueur & d’une vivacité qu’il n’avoit pas
auparavant ; il y refie beaucoup plus long-
temps dans un état de fanté , que s’il ell
enfermé dans une égale quantité d’air
commun. A la fin cependant il y devient
malade , l’air déphlogifliqué étant fur-
chargé de l’air fixe & du phlogiflique que la
refpiration & la tranfpiration de l’animal
lui ont communiqué; on voit fa refpiration
gênée , les battemens du cœur plus accé-
lérés ; &, après avoir fouffert de longues
angoiffes , il meurt fuffoqué. Un animal
mourant dans une égale maffe d’air com-
mun , fouffre les mêmes angoiffes ôt meurt
SUR LES VÉGÉT. Conclufion . 167
de la même manière , avec cette diffé-
rence qu’il y devient malade 8c y meurt
plus tôt. Les apparences qu’on trouve dans
les poumons 8c le refie du corps , font ,
dans l’un 8c dans l’autre cas , telles qu’on
ne fauroit diftinguer (i l'animal eft mort
dans l’air déphlogifticjué ou dans l’air com-
mun. Toutes les expériences faites jufqu a
préfent indiquent que l’air déphlogiftiqué
eft un véritable air vital , un vrai pcibulum
vitœ , dont on ne peut attendre que de
bons effets.
Il eft vrai qu’aucune expérience ne nous
a prouvé jufqu’à préfent qu’un animal puiffe
refpirer toute fa vie un air véritablement
déphlogiftiqué , fans que les organes du
corps s’ufent plus tôt; peut-être il fe pour-
roit que fa vie durât d’autant moins , qu’elle
feroit plus vigoureufe. Quoi qu’il en foit ,
ce cas ne peut avoir lieu , car il eft vraifem-
blable qu’il n’exifte nulle part un tel air
dans la nature ; il paraît néanmoins très-
probable que fi la vie d’un animal n’en
étoit pas prolongée , au moins n’en fe-
rait-elle pas abrégée. Les gens de mer
nous fourniiïent la preuve qu’un air beau-
coup fupérieur en qualité à l’air de terre,
n’abrège pas leur vie ; quoiqu’il rende les
mouvemens de la vie beaucoup plus vi-
goureux : ne cherchons cependant pas à
L iv
x68 Expériences
prolonger la durée naturelle de notre
vie ; abandonnons des tentatives aufli in-
frudueufes à ces vilionnaires qui cher-
chent continuellement le pharmacum im-
moncilitatis , le remède univerfel , & la
pierre philo fophale. Les limites de notre
vie font faites par la même cauie qui
nous a donné l’exiftence , & les lois de
la nature font immuables. x
L’humanité aura reçu probablement
un bienfait affez confidérable , Jorfqu’on
aura trouvé un moyen facile de procurer
aux malades , dans certains cas, une quan-
tité de cet air vital fuffifante pour les
guérir de leurs maux. C’eiL aux phyficiens
& aux chymiftes de nous enfeigner la
méthode la plus facile &. la moins difpen-
dieufe d’extraire une quantité fuffifante
de cet air des corps qui le renferment ,
& c’eft aux médecins de tenter dans quelles
maladies on en pourra faire ufage.
J’ai effayé plus d’une fois de trouver
un moyen d’améliorer l’air d’un apparte-
ment , en y répandant de l’air déphlogiffi
tiqué. Voici comment je m’y fuis pris : je
jetois du nitre fur un fer rougi au feu
dans une petite chambre , en la tenant
fermée; je trouvois que pendant l’ébulli-
tion du nitre , l’air étoit devenu plus pur
au-deffus du fer rouge , car la flamme
SUR LES VÉGÉT. Conclufion. 169
d’une bougie y prenoit plus de clarté & plus
de volume ; mais je ne trouvois aucune
altération fenlible dans l’air du relie de
la chambre , parce que le vafe de fer que
j’avois employé étoit trop petit ; il ne
contenoit pas une once de nitre. Je penfe
cependant qu’on pourroit tirer parti d’une
telle expérience , li , par exemple , on
enfermoit dans une retorte, ou dans une
grolfe bombe de fer coulé dont on fe fert
dans les lièges ; li , dis-je, on y enfermoit
du nitre pur , & qu’on exposât cette bombe
à un feu violent , en conduifant l’air dé-
phlogilliqué, par un tuyau appliqué au
trou de la bombe , dans l’appartement ou
dans le lit d’un malade : fuppofez que l’on
trouvât que le fer rougi rendît l’air déphlo-
: gifbiqué moins bon, on pourroit fe fervir
ide vaiffeaux de terre.
Mais , quoiqu’il paroilfe , par ce que je
viens de dire , que nous fommes déjà aflez
; heureux d’avoir le moyen d’obtenir cet
air vital de plus d’une manière , je fuis
(cependant bien éloigné de croire que les
procédés détaillés pour fe procurer cet
^avantage important , foient les uniques
cou les plus faciles qu’on puilfe trouver ;
îj’efpère même que nous trouverons bien-
tôt le moyen de changer l’air atmofphé-
170 Expériences
rique , enfermé dans un vafe , en air dé-
phlogiftiqué , en le purifiant du phlogifti-
que, & de la portion d’air fixe que quelques
phyficiens croient avoir découvert dans
l’air commun.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec?. I. Iji
SECONDE PARTIE,
Contenant une fuite d’ Expériences faites
avec des feuilles , des fleurs , des fruits ,
des tiges & des racines des Plantes , dans
le dejfein d’examiner la nature de l’air
qui s’évapore de ces fub fiances , & de mon-
trer leur influence fur l’air commun dans
différentes circonflances.
SECTION PREMIÈRE.
Introduction.
Avant d’expofer en détail les différen-
tes expériences qui font le fujet de ce
Livre , il eft néceffaire que le leâeur foit
inftruit de la manière dont elles ont été
faites. Le but que je me propofois dans ces
recherches , étant d’examiner le rapport
qui exifte entre le règne animal & le règne
végétal, & n’étant nullement de chercher
une nouvelle méthode d’examiner le degré
de bonté de l’air , ou d’améliorer celle que
je connoiffois déjà, je jugeai à propos de
fuivre exaftement la méthode dont le
célèbre abbé Fontana fe fervoit depuis
T72 Expériences
quelques années, & que j’avois vue nombre
de fois. J etois fi convaincu que cette
méthode eft la meilleure & la plus exa&e ,
quej’aurois cru perdre le temps quej’au-
rois employé à tenter de la perfectionner ;
le peu de temps que j’avois encore à refter
en Angleterre , n’étant pas même fuffifant
pour achever , comme je l’aurois déliré ,
les recherches que j’avois delfein de faire.
Pour communiquer au public le réfultat
de mes expériences , je me trouvois dans
la nécelfité de lui faire connoître en même
temps les inftrumens que j’avois employés ,
& la manière dont je m’en étois fervi ;
mais , n’en étant pas moi-même l’inven-
teur , je n’avois pas le droit de les publier ,
ni même d’en anticiper la publicité. M. Fon-
tana me tira de cet embarras, en me per-
mettant de rendre fa méthode publique,
& me donna même les deffins qu’il avoitfait
faire de fes inftrumens , & qu’on peut voir
dans la planche qui accompagne cet ouvrage.
M. Fontana m’avoit déjà montré fa
manière d’examiner le degré de bonté ou
de falubrité des airs , lorfque j’étois à Paris
dans l’été de 1 777. Quoiqu’il n’ait pas
changé efientiellement fa méthode depuis
ce temps , il l’a cependant améliorée ,
au point que , fur dix expériences faites
l’une après l’autre avec le même air , la
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. L 173
différence ne fe trouvoit fouvent pas d — 0 5,
c’ell-à-dire , que la maffe reliante de deux
airs , favoir , de trois mefures d air nitreux ,
qu’il joint confécutivement aux deux me-
fures d’air atmofphérique 9 etoit li uni-
forme dans plulieurs expériences , que la
différence ne montoit fouvent pas 'au-deîa
d’ du total des deux airs. Une telle
uniformité dans le réfultat de differens
effais , furpaffe même l’exaélitude avec .
laquelle on juge du degré de la chaleur 8c
du froid par le thermomètre de Réaumur.
Il fera à propos que le leéleur s’arrête
ici , 8c qu’il jette , avant d’aller plus loin ,
un coup-d’ceil fur la Planche , 8c fur l’ex-
plication des ligures qui s’y trouvent.
Le nouvel Eucliomètre , ou infiniment
dont je me fuis fervi pour examiner le
degré de bonté de l’air commun 8c de
tous les airs différons que j’ai obtenus par
le moyen des végétaux, conlille en diffé-
rentes pièces , dont deux, favoir, la grande
8c la petite mefure, font abfolument nécef-
faires. La grande mefure (fig. z )’ ell un
tube de verre parfaitement cylindrique , de
la longueur de 1 4 à 20 pouces , dont le dia-
mètre en dedans ell d’environ 7 pouce, ou
pas beaucoup moindre, quoiqu’il puille être
un peu plus grand. Ce tube ell divifé en
parties égales , chacune de trois pouces ;
174 Expériences
ces divifions font marquées a#ec une lime.
L’intérieur de ce tube doit être un peu
dépoli avec de l’émeri fin : car , fi les pa-
rois internes du tube ont leur poli naturel ,
l’eau ne s’en détache pas également, mais
adhère par gouttes çà & là : ces gouttes,
en occupant l’efpace deftiné pour conte-
nir l’air , rendent la colonne d’air plus
grande qu’elle ne devoit être, ou au moins
la longueur incertaine. Chacune de ces
divifions efi fubdivifée. en cent parties
égales , lesquelles ne font pas exprimées
fur le tube même, mais fur une échelle de
cuivre mobile. Cette échelle de cuivre,
qui glifie le long du tube , efi; à jour ou
bien ouverte des deux côtés, afin d’expo-
fer à la vue la hauteur de la colonne d’eau
dans le tube.
La fécondé pièce nécefiaire à Veudio-
mètre , ou la petite mefure (fîg. j ), efi aufii
un tube de verre , environ du même dia-
mètre que le grand tube, contenant feule-
ment la quantité d’air qu’il faut pour
remplir trois pouces , ou une divifion en-
tière dans le grand tube. Il efi aufii à
propos de dépolir un peu l’intérieur de
cette petite mefure , par la même raifon
que j’ai détaillée pour la grande mefure.
Cette petite mefure efi fixée dans un
chaton de cuivre, garni d’une coulifie
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. I. 175
placée à l’oï$ice du tube. Cette couliffe
fert à couper ou féparer l’air compris dans
la mefure de celui qui eft logé deftous ,
&: à faire échapper celui-ci en renverfant
la mefure fous l’eau. De cette façon , la
petite mefure contient toujours exacte-
ment la meme quantité d’air. M. Fontcinci
emploie fon eudiomètre de la manière
fuivante : Après avoir introduit dans le
grand tube deux mefures de l’air dont il
veut connoître la bonté , il y joint une
mefure d’air nitreux. Sitôt que toute la
mefure d’air nitreux eft paifée dans le
grand tube , il a foin de retirer ce tube
«de l’ouverture de l’entonnoir (fur lequel
il a été placé pour faire monter l’air) , 8c
de le fecouer dans l’eau avec force , en
commençant le mouvement dans l’inftant
1 que les deux airs viennent en contaél ,
ou, ce qui vaut mieux , avant qu’ils fe
touchent. Les deijx airs s’étant bien in-
corporés , il glilfe le tube de verre dans
le grand tube AA A A plein d’eau, qui
eft fait de bois ou de cuivre; de façon
qu’il foit fufpendu par le rellort de l’anneau
inférieur de l’échelle mouvante , comme
on voit dans la figure 1. Après que le
tube de verre a été laifle ainfi dans une
polition verticale pendant une minute ou
deux , pour donner le temps à l’eau de
i7 6 Expériences
defcendre le long des parois internes du
tube , il gliffe le tube de verre , ainfi fuf-
pendu , dans l’échelle de cuivre jufqu’à ce
que la partie fupérieure de la colonne d’eau
coïncide avec le zéro de l’échelle. Il obferve
alors avec quel nombre de l’échelle coïncide
la ligne ou l’anneau tracé fur le tube de
verre, qui fe trouve au deffus delà colonne
d’eau , duquel nombre il tient regiftre. Ceci
étant fait , il fait monter une fécondé mefure
d’air nitreux dans le grand. tube de verre;
il fecoue le tube avant que cette nouvelle
mefure d’air foit en contad avec l’air déjà
dans le tube, ou du moins à l’inftant du
contad ; ôt , après l’avoir lai de repofer une
minute ou deux dans le grand tube A A AA ,
comme auparavant y il obferve de nouveau
le nombre de l’échelle qui correfpond avec
la première marque des grandes divifions
fur le grand tube de verre, qui fe trouve
au defl'us de la colonne d’eau. Il écrit de
même ce nombre. Enfin , il fait monter une
troifième mefure d’air nitreux; & , après
avoir fecoué le grand tube de verre comme
auparavant , & après le même repos , il
obferve de nouveau le nombre de l’échelle
qui correfpond avec la marque de divifion
qui fe rencontre fur le tube de verre, im-
médiatement au deffus de la colonne d’eau.
Après avoir ainfi mêlé trois mefures d’air
nitreux
SUR LES VÉGÉTAUX. SeS. 1. 177
nitreux avec les deux mefures d’air à exa-
miner, il finit l’opération, fi l’air examiné
ell de l’air commun; car, fi on continuoit
à mettre plus d’air nitreux dans le tube ,
il n’arriveroit plus aucune diminution ,
parce que les trois mefures d’air nitreux
font plus que fuffi Tantes pour faturer plei-
nement deux mefures d’air atmofphérique.
L’exaftitude de cette expérience dépend
beaucoup de la manière uniforme à tous
1 égards , avec laquelle on en exécute les
(différentes parties. Si on commence àfe-
icouer le tube de verre plus tôt ou plus
ttard ; fi on laiffe repofer le tube plus ou
•moins long-temps dans une expérience que
(dans l’autre , avant d’examiner le nombre
ifur l’échelle de cuivre ; enfin , fi on n’ob-
iferve pas l’uniformité la plus exafte dans
!les plus petites circonftances , on aura tou-
jours des réfultats tout -à-fait différens ,
cdans divers examens faits avec le même
aair.
Lorfque toute l’opération eft finie , on
déduit le nombre des fubdivifions qu’oc-
cupe la colonne d’air reliant dans le grand
cube de verre , de toutes les fubdivi-
iïnons qu’on y a mifes. Le réfultat donne
pxaâement le nombre des deux airs dé-
truits. Par exemple, fi , après la troifième
rnefure d’air nitreux, on trouve que la
M
■
••
178 Expériences
marque du tube de verre qui fe trouve au
deftus de la colonne d’eau, coincide avec
le nombre 8 de l’échelle , Ôt qu’il y ait au
deffus de cette marque encore trois divi-
sons entières ou trois cents fubdivifions ,
( car nous avons déjà dit que chaque parti-
tion fur le tube de verre eft divifée fur l’é-
chelle en cent parties égales ) , la colonne
d’air , dans le tube de verre , occupe un
efpace équivalent à trois mefures entières,
chacune de cent fubdivifions , & de
d’une quatrième divifion, ou de trois cents
huit fubdivifions ; lequel nombre étant
déduit de cinq cents fubdivifions d’air em-
ployées dans l’expérience , le reftant eft
192 , lequel fait exactement le nombre des
fubdivifions , ou la portion des cinq mefures
des deux airs qui fe trouvent détruites.
Si l’air dont on veut connoître la bonté
eft un ai^ beaucoup meilleur que l’air com-
mun , ou un air déphlogiftiqué , les trois
mefures d’air nitreux ne fuffifent pas pour
faturer complètement cet air. 11 eft donc
néceflaire d’y mettre de nouvelles mefures
d’air nitreux , l’une après l’autre , delà ma-
nière déjà détaillée, jufqu’àceque la der-
nière mefure d’air nitreux ne fouffre plus
aucune diminution. Ainfi , plus 1 air dephlo-
giftiqué eft pur, plus il abforbe dair ni-
treux avant qu’il ioit faturé ; de façon que
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. I. 179
fix, fept, & même quelquefois plus , de
mefures d’air nitreux, font néceffaires pour
faturer deux mefures d’air déphlogifliqué ,
lorfque celui-ci eft très-pur.
Ce que j’ai déjà dit fur la manière de
fe fervir de l’ eudiomètre de M. Fontana „
ifuffit pour apprendre au phyficien à imiter
l’expérience. Mais ii trouvera un réfultat
different dans chaque expérience, en exa-
minant à diverfes reprifes le même air ,
Vil n’exécute pas toutes les différentes ma-
nipulations avec la dernière exaftitude. Il
een a coûté à M. Fontana plufieurs années
aie travail , avant qu’il ait pu porter cette
méthode à la perfeftion qu’elle a acquife
ai préfent entre fes mains.
Ceux qui fe propofent d’imiter ces ex-
périences auffi amufantes qu’elles font in-
céreffantes , feront fans doute bien aifes de
::onnoître d’avance les précautions à ob-
server pour les faire réuffir. Ils éviteront
>ar-là le dégoût que caufent fouvent la
liifïiculté & le manque de réuffite d’une
expérience. Je les communiquerai telles
ue M. Fontana me les a données par écrit»
Il réduit à vingt le nombre des fources
’erreurs dans l’exécution de cette expé-
iience; ces erreurs ne font cependant pas
outes d’une égale importance , & ne peu-
cent pas être toutes commifes dans lamême
Mij
!
180 Expériences
épreuve. Il fe peut même qu’une erreur
corrige l’autre. Quelques-unes cependant
font d’une importance fi grande , que ,
faute de les éviter , il arrivera que l’air at-
mosphérique , de la meilleure qualité , pa-
roîtra un air empoifonné. Un grand nom-
bre de ces erreurs font inévitables dans
les eudiomètres employés par divers phy-
siciens ; au lieu qu’on peut les éviter toutes
en fe Servant de l’ eudiomètre de M. Fontana .
Ces erreurs tirent leur origine princi-
palement de la grande & de la petite me-
fures.
Les erreurs auxquelles la petite mefure
donne lieu, fe réduifent à fept.
I. La première erreur fe commet en
touchant ce tube avec la main , dans le
temps qu’on le remplit d’air ; car la cha-
leur de la main , fe communiquant au verre ,
peut raréfier l’air qu’on y fait monter , &
peut être caufe, par conséquent, que la me-
fure en contienne une quantité d’autant
plus petite, qu’il a été plus raréfié. Le ré-
fultat de cette erreur pourroit monter à
deux Subdivisions, ou à ~ d’une mefure.
Pour éviter cette erreur, il faut fe gar-
der de toucher cette mefure dans le temps
qu’on la remplit.
IL La Seconde erreur fe commet en
communiquant la chaleur de la main a
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. I. 1 8 1
la mefure , lorfque , l’ayant remplie , on l’é-
lève dans l’eau jufqu’à ce que la coulifle
fe trouve de niveau avec la furface de
l’eau , où elle doit fe trouver lorfqu’on la
ferme pour féparer l’air contenu dans la
mefure , de celui qui fe trouve au delfous
■ de la couliffe. Cette erreur peut monter
ide même à deux fubdivifions. Pour l’é—
iviter, on n’a qu’à tenir cette mefure par fa
bafe ou fa partie métallique, qui refte fous
li’eau ou à fleur d’eau, dans le temps qu’on
tferme la coulifle.
III. La troifième erreur fe commet,
ilorfqu’en fermant cette mefure on ne l’é-
lève pas exa&ement à la hauteur requife.
(Car, fi la colonne d’eau qui foutient l’air
cdans la mefure n’efl: pas toujours delà même
lhauteur , l’air , dans la mefure , fera plus
cou moins comprimé, &, par conféquent,
lia quantité d’air contenue dans la mefure ,
fera toujours incertaine. Le défaut de cette
)bfervation , peut caufer une erreur de
[quatre fubdivifions.
IV. La quatrième fource d’erreurs pro-
fient de ce qu’on n’a pas dépoli l’intérieur
lu tube de verre , qui fait la petite me-
iùre : car, lorfqu’on y fait monter l’air,
eau n’en découle pas également le long
lies parois, mais y adhère par gouttes; ce
qui rend la capacité de la mefure incer-
182 Expériences
taine. M. Fontana évalue l’erreur qui peut
réfulter de cette omiffion , à trois fubdi-
vidons.
V. La cinquième erreur qui peut pro-
venir de la petite mefure , dépend de la
différence du temps qu’on laiffe écouler
depuis qu’on l’a remplie , jufqu’à ce qu’on
ferme la couliffe; parce que l’eau découle
pendant quelque temps le long des parois
internes de la mefure , après que l’air y eft
déjà monté : ainft , plus, on attendra de
temps avant de fermer la couliffe , plus
elle contiendra d’air. On peut évaluer l’er-
reur de cette irrégularité, à trois fubdi-
vifions. Il eft encore aifé de prévenir cette
erreur , en obfervant toujours exaéfement
le même intervalle de temps avant de fer-
mer cette couliffe.
VI. Le danger de commettre la fixième
erreur qui dépend de la petite mefure ,
ne peut avoir lieu quand on fe fert de l ’eu-
diomètre de M. Fontana ; elle dépend du
défaut de la couliffe ou valvule , qui , en
coupant la colonne d’air dans la mefure
de celle qui eft au deffous de la couliffe ,
fait que la mefure ne peut jamais contenir
plus ou moins d’air. Une mefure qui n’a pas
cette valvule , peut occalionner une er-
reur des plus confidérables , qui pourroit
même monter jufqu’à dix fubdivilions. Les
SUR LES VÉGÉTAUX. Se cl. I. 183
mefures employées jufqu’à préfent par les
autres physiciens , ne font pas garnies
d’une telle valvule; &. aufîi conviendront-
ils, s’ils font de bonne foi, qu’il n’arrive
que rarement , que deux effais faits avec
le même air , donnent le même réfultat.
J’ai cependant entendu plus d’une fois des
gens prétendre qu’on peut répéter cette
expérience toujours avec un réfultat uni-
forme : on manquoit de beaucoup , quand
on vouloit me le démontrer par l’expé-
rience. Qu’il foit dit à l’honneur du célèbre
P riejlley , à qui nous devons cette grande
découverte , d’effayer la bonté de l’air par
l’air nitreux / qu’on ne rencontre pas tou-
jours des physiciens qui poSTèdent fa can-
deur , & qui avouent franchement les dé-
fauts qu’ils découvrent dans leurs propres
expériences.
VIL La feptième erreur occasionnée
par la petite mefure , provient de l’iné-
gale épaiffeur du verre dans la grande &
la petite mefure; d’où il peut arriver que,
l’une fe dilatant plus que l’autre par la cha-
leur, leurs capacités refpeéfives diffèrent.
Il faut avouer cependant que l’erreur pro-
venante de cette caufe , ne peut être que
très-petite.
En faifant le calcul de toutes les fub-
divifions auxquelles les erreurs mention*
Miv
184 Expériences
nées peuvent monter, nous les trouverons
monter à 25 : mais, comme on emploie
dans un feul effai cinq mefures d’air , la-
voir , deux de celui dont on veut con-
noître la bonté , & trois d’air nitreux , les
fautes , li toutes étoient commifes , pour-
roient monter à cinq fois autant , favoir ,
à 125 fubdivifions.
Les erreurs auxquelles le grand tube
de verre peut donner lieu , peuvent auffi
arriver de fept différentes manières.
I. La première dépend de l’inégalité
du diamètre de ce tube , dont il pourroit
aifément réfulter une erreur de quatre fub-
divifions dans chaque partie de la mefure
où une telle inégalité a lieu.
IL La fécondé vient de ce que l’inté-
rieur du tube n’a pas été dépoli. Ce feul
défaut peut occafionner une erreur de fix
fubdivifions.
III. La troifième erreur fe commet en
communiquant quelque degré de chaleur
à ce tube , par la main , dans le temps qu’on
examine la longueur de la colonne d’air
qu’il contient. On pourroit par-là com-
mettre une erreur de quatre fubdivifions.
On l’évitera aifément en prenant ce tube
avec un linge mouillé , en le plongeant en-
tièrementfous l’eau ou en l’arrofant d’eau,
pour lui donner la même température par-
w
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec t /. 185
tout , lorfqu’on veut connoitre le résultat
de l’effa! par la longueur de la colonne
d’air.
IV. La quatrième erreur Te commet en
examinant la longueur de la colonne d air,
dans le temps que la colonne d eau , qui
eff reftée encore dans le tube de verre ,
ne fe trouve pas au niveau avec 1 eau du
dehors. On évite cette erreur par l’ufage
du grand tube exprimé par A A AA dans
la figure 1. Cette inattention pourroit pro-
duire une erreur de trois fubdivifions.
V. La cinquième erreur dépend de la
différence de temps quon laiffe écouler
depuis qu’on a introduit une mefure d air
nitreux dans le ^rand tube de verre, juf-
qu’au moment ou on examine la hauteur
de la colonne. Ceci pourroit aifément pro-
duire une différence de dix fubdivifions.
Il eff encore aifé d’éviter cette erreur, en
fecouant le tube , comme on l’a déjà dit ,
& en examinant la longueur de la colonne
d’air toujours dans le même temps.
VI. La fixième erreur fe commet en
déterminant avec peu d’exaftitude la hau-
teur de la colonne d’air ; il pourrait en
réfulter une différence de cinq fubdivi-
vilions. Un peu de pratique fuffit pour nous
mettre en état de ne plus commettre cette
erreur , fort familière aux novices dans
1 86 Expériences
cette expérience. On diminue de beau-
coup le rifque de cette erreur , en fixant,
pour limite de la colonne d’air, le milieu
ou la partie la plus baffe de la ligne courbe
qui forme la partie fupérieure de la co-
lonne d’eau. La lentille D , appliquée au
tord du tube A A A A , figure i , peut
encore contribuer à l’exaditude de cet
examen.
VII. La feptième erreur peut fe com-
mettre en ne tenant pas le tube de verre
dans une direction verticale lorfqu’on l’e-
xamine : elle pourroit être de trois fubdi-
vifions. Ainfi , toutes les erreurs auxquelles
le grand tube peut donner lieu, foit parce
qu’il elL malconflruit, foit parce qu’on l’em-
ploie mal, montent au nombre de trente-
cinq ; lequel nombre étant multiplié trois
fois , ( à caufe des trois mefures d’air ni-
treux ) , donne le nombre de cent cinq fub-
divifions.
Outre les erreurs déjà mentionnées, on
en peut commettre d’autres par des cir-
conftances accidentelles , dépendantes de
trois caufes principales.
I. Il fe peut que le degré de chaleur de
l’air commun , change dans le temps qu’on
fait l’expérience ; d’ou il arrive que la lon-
gueur de la colonne d’air eft plus ou moins
grande. Ceux qui font ces effais en mêlant
SUR LES VÉGÉTAUX. Se et. 1. 187
line mefure d’air commun avec une d air
nitreux , & en biffant les deux airs s’incor-
porer pendant un temps confiderable fans
fecouer le tube , doivent neceffairement
éprouver quelquefois cet accident.
II. Il fe peut auffi que le poids ou la
preffion de l’atmofphèrè change dans le
temps qu’on fait l’expérience; ce qui pro-
duit quelque différence dans le réfultat de
l’opération , fur- tout lorfqu on ne fuit pas
la manière de M. Fontana.
III. La chaleur plus ou moins grande du
corps du phyficien pourroit fe communi-
quer au grand tube , & rendre ainfi la co-
lonne d’air plus ou moins longue.
Ces trois caufes accidentelles d’erreurs,
quoique légères en elles-mêmes , peuvent
cependant produire une différence de fix
fubdivifions , & même plus. Il fuit de tout
ceci , que , fi toutes les erreurs déjà dé-
crites pouvoient fe commettre à- la-fois,
elles monteroient à deux cents foixante
fubdivifions.
Outre toutes les caufes mentionnées qui
produifent une différence dans le réfultat
de ces effais, foit quelles dépendent d’inf-
trumens peu exaéis , foit qu’elles viennent
du peu d’attention ou du défaut d’adreffe
dans le phyficien , il y en a une qui m’a tour-
menté dans le commencement , & qui me
/
1 88 Expériences
paroifioit , comme à tous les autres phy-
ficiens, n’être pas fufceptible de correc-
tion ; favoir , la différence de la qualité de
l’air nitreux , qui ne fe trouve pas toujours
delà même force, quoique fait de la même
manière.
De toutes les fubflances métalliques , le
mercure me femble devoir être préféré
pour obtenir un air nitreux d’une qualité
conflamment égale. Mais il efl néceflaire,
pour en retirer une bonne quantité d’air
nitreux en peu de temps, d’y appliquer
de la chaleur. Je me fuis fervi pendant
quelque temps de la limaille fine des épin-
gles, dont on obtient un air nitreux d’une
qualité affez confiante , par le moyen de
l’acide nitreux fort délayé; mais, comme
cette limaille, ou plutôt cette pouffière,
produit une très - forte effervefcence ,
de façon qu’une grande partie du métal
fort du flacon avec l’acide nitreux , je
l’ai abandonnée, en lui fubfiituant du cui-
vre ordinaire. Je forme de petits pelotons
de fils de cuivre flexibles en les roulant,
dont je remplis la moitié du flacon; je rem-
plis cette bouteille d’un mélange fait d’une
partie d’efprit de nitre de Glauber , & de
cinq ou fix parties d’eau. De cette façon,
l’acide nitreux trouvant une furface très-
grande , & toujours à peu près égale , ex-
I
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. II. 189
pofée à fon aâion , il fe dégage promp-
tement une quantité confidérable d’air ni-
treux , conftamment de la même qualité.
Le laiton ne m’a pas fatisfait à cet égard :
l’air nitreux que j’en obtenois , n’étoit pas
constamment de la même qualité.
Je me fuis fervi Souvent d’une bouteille
de gomme élaftique , ou caoutchouc , au lieu
d’un flacon de verre, pour cette opération.
Je fubflituoisdemêmeau tube de verre , un
tube de cette même fubflance. Un tel tube
eft allez aifé à faire, en coupant une bouteille
de gomme par morceaux, en joignant les
bords coupés avant de les avoir falis ou tou-
chés, & en les tenant exactement unis dans
leur largeur par une ficelle roulée à l’entour
d’un tel tube ; les bords joints enfemble
fe collent pour toujours. Cette fubflance
Singulière poflede une efpèce d’attraCtion
pour elle-même ; de façon que deux pièces
coupées par un inflrument fort tranchant,
& jointes enfemble par leurs bords coupés
avant qu’on les ait touchés ou falis, adhè-
rent fi fortement entre elles , qu’il faut
employer une violence très-grande pour
les féparer de nouveau. J’adapte à l’extré-
mité d’un tel tube un bouchon de verre
d’une forme conique , pour pouvoir s’ac-
commoder à l’orifice de tout flacon de
gomme élaftique. Un anneau de métal mis
iço Expériences
fur le col du flacon , le prefle auiïi étroL
tement qu’on veut fur ce bouchon de verre,
& prévient que ni l’acide nitreux, ni l’air
nitreux , ne s’échappent du flacon.
Un tel flacon peutfervirun temps confidé-
rable; mais l’acide nitreux le gâte à la fin ,
en durciflant les parois internes. Plus l’acide
nitreux qu’on emploie eft concentré , plus
tôt il détruit l’élaflicité de cette gomme.
Quoiqu’on puiffe obtenir de l’air nitreux
très-bon de plufieurs manières , quand cet
air efl en contaéf avec l’eau , il ne confer-
vera pas long-temps toute fa force , fur-
tout fi le vafe dans lequel on le conferve
.•eft d’un grand diamètre. Auffi en peu de
jours cet air fe trouve tellement affoibli ,
qu’on ne peut plus compter fur le réfultat
d’un eflai auquel on l’emploie , fur-tout fl
on fe contente d’ajouter toujours la même
quantité d’air nitreux pour examiner l’air
commun ; par exemple , fl on fuit la mé-
thode adoptée affez généralement par les
autres phy ficiens, d’employer parties égales
d’air nitreux & d’air commun.
La méthode de M. Fontana prévient
toute la difficulté qui peut réfulter de l’in-
certitude de la qualité ou force de l’air ni-
treux ; car , comme il ajoute à deux me-
fures d’air dont il veut connoitre la bonté,
autant de mefures d’air nitreux qu’il en
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect . IL 191
faut, jufqu’à ce que la dernière mefure
ne produilé plus aucune diminution dans
la colonne d’air qui eft dans le tube , il
importe peu quelle eft la force de l’air ni-
treux employé. La feule différence qui
puilfe en arriver, efl qu’il faille ajouter
d’autant plus de mefures d’air nitreux, que
celui-ci fe trouve moins fort.
La théorie de ceci eft très-facile à com-
prendre , pourvu qu’on ait préfente à l’ef-
prit la qualité merveilleufe qu’a l’air ni-
treux de diminuer l’air refpirable dans la
proportion de la bonté de cet air , c’eft-
à-dire , que la malfe combinée de deux airs
eft d’autant plus petite , que l’air refpi-
rable eft d’une meilleure qualité. Comme
il faut que l’air nitreux foit de la meilleure
qualité pour opérer la plus grande dimi-
nution poflible , il s’enfuit que h l’air ni-
treux eft affoibli, il en faudra une quantité
plus grande pour faturer entièrement la
quantité d’air refpirable employé dans
l’eftai. Suppofons , pour mieux comprendre
cette épreuve , que l’air nitreux n’ait que
la moitié de ia force qu’il doit avoir lorf-
qu’il eft bon , foit qu’une quantité d’air
commun s’y trouve mêlée , foit que l’air
nitreux ait été en partie décompofé ; il
en faudra alors une double quantité pour
faturer les deux mefures d’air refpirable*
192 Expériences
Ainli , après la faturation complette de
deux mefures d’air refpirable par l’air ni-
treux, on trouvera la colonne d’air dans le
tube d’autant plus longue , que l’air nitreux
a été plus foible.
Rendons cette doftrine encore plus fen-
fible par un exemple. Supposons qu’après
les trois mefures d’air nitreux d’une bonne
qualité , ajoutées à deux mefures d’air or-
dinaire, la longueur de la colonne reliante
des deux airs foit égale à trois cents huit
fubdivilions , ce nombre déduit des cinq
cents fubdivilions ou de cinq mefures des
deux airs employés , il reftera cent qua-
tre-vingt-douze fubdivilions, faifant exac-
tement le nombre des fubdivilions dé-
truites. Suppofons à préfent que l’air ni-
treux foit devenu fi foible, qu’au lieu de
trois mefures il en faille fix pour faturer
pleinement les deux mefures d’air com-
mun ; la conféquence fera , que la colonne
reliante des deux airs occupera fix cents
huit , en place de trois cents huit fubdi-
vilions. Si nous déduifons ces fix cents huit
fubdivifions des huit cents ou de huit me-
fures de deux airs employés , il fe trou-
vera de même exaélement cent quatre-
vingt-douze fubdivilions de détruites. S il
n’y avoit pas moyen de trouver un air nitreux
meilleur que celui que nous venons de
décrire ,
SUR LES YÉGÉTAUX. Sect. IL 193
décrire , il faudroit employer un tube plus
long ; mais ce cas ne pourroit aifément
avoir lieu. r , r
Pour donner toute laclarte pollibleace lu-
jet intéreffant , j y joindrai le détail exaft de
deux expériences , l’une, faite av ec 1 air com-
mun & l’air nitreux de bonne qualité ; 1 autre,
avec le même air commun &î air nitreux af-
foibli. Après avoir fait m onter dans le grand
tube de verre deux mefures d air commun ,
une mefure d’air nitreux tiré du mer-
cure y fut ajoutée. Le tube fut fecoue
à l’inftant que les deux airs vinrent en con-
ta6L Après l’avoir fecoué pendant une demi-
minute 7 on laiffa repofer le tube de verre
dans une fituation verticale , en le plaçant
dans le grand tube de cuivre (foz. A AÂ A )
pendant deux minutes. La longueur de
la colonne d’air fe trouva de cent foi-
xante — feize fubdiviiions. Une fécondé
mefure d’air nitreux y fut ajoutée. Le tube
fut fecoué de même pendant une demi-
minute; & après deux minutes de repos,
la longueur de la colonne d’air fe trouva
de deux cents dix fubdivifions , ou de deux
mefures entières , 6c ^ de mefure. Lorf-
qu’on eut ajouté la troifième mefure d’air
nitreux de la même maniéré , la longueur
de la colonne fut de trois cents fix fubdi-
vidons , ou de trois mefures entières , &
194 Expériences
de mefure ; lequel nombre de trois cents
lix étant déduit de cinq cents fubdivifions
ou de cinq mefures d’air employées, il relia
194, qui étoit le nombre des fubdivifions
détruites.
Le même air commun fut elfayé , de la
même façon , avec de l’air nitreux af-
foibli à delfein , en y mêlant de l’air
commun. Le rélultat fut, que trois me-
fures de cet air nitreux ne fuffirent pas
pour faturer pleinement les deux mefures
d’air commun ; il en fallût quatre , les-
quelles donnèrent fucceffivement 205 ,
217}, 310I, 407. Ainli les lix mefures
des deux airs employées, ou les lix cents
fubdivifions , furent réduites à quatre
cents fept fubdivifions , qui étant dé-
duites des fix cents employ ées , il relia
cent quatre-vingt-treize , qui ell le nom-
bre exaél des fubdivifions détruites. Ainli
la différence du réfultat de ces deux expé-
riences , ne fut pas de plus d’une fubdivi-
lion , ou d’jSo i ce qui mérite à peine le
nom d’une différence.
Cette découverte de pouvoir employer
de l’air nitreux , quelque altéré qu’il foit ,
appartient entièrement à M. Fontana 8c
répand beaucoup de lumière fur la na-
ture 8c les propriétés de l’air nitreux , 8c
fur-tout fur fa qualité fingulière de dé-
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. I. 195
traire l’air refpirable. La théorie ingé-
nieufe de M. FontUna en acquiert une
force nouvelle 5 mais je n’ai pas le droit
de me l’approprier , ni d’en anticiper la
publicité : j’efpère que l’on aura bientôt
la fatisfaâion de la voir publiée par l’Au-
teur même.
Cette découverte diminue beaucoup
l’inquiétude au fujet de la qualité de l’acide
nitreux , & de celle de l’air nitreux lui-
même (a).
(<z) Il eft à fouhaiter que M. Fontana favorife bientôt
le public des Remarques fur l’air nitreux , qu’il a faites
depuis l’impreffion de fon excellent ouvrage fur la nature
de cet air & de l’air déphlogiftiqué. Cet ouvrage eft main-
tenant entre les mains de ceux qui cultivent cette bran-
che importante de la phyfique , la doétrine de l’air.
Ceux qui s’exercent dans cette carrière, trouveront un
avantage à faire toujours de l’air nitreux nouveau, lorf-
1 qu’ils auront envie de l’employer; s’ils le confervent pour
1 un jour ou deux , ils doivent le mettre dans un verre
dans lequel cet air foit en contaêi avec la plus petite furface
d’eau poflible, parce qu’il s’affoiblit beaucoup par l’eau en
lui communiquant fon acide nitreux. On doit aulîi prendre
garde de ne pas agiter le vafe qui contient cet air; car,
en le fecouant , l’eau en abforbe une partie conftdé-
irable , & ce qui refte fe trouve beaucoup affoibli. En
'fecouant dans l’eau, pendant un quart d’heure, une quan-
tité d’air nitreux nouvellement fait, il en difparoiffoit
& le refte étoit fort affoibli. L’air nitreux tiré de la
idiffolution du mercure eft fujet au même inconvénient
(que celui qu’on obtient du cuivre & d’autres métaux.
Lorfque l’air nitreux fe trouve mêlé avec égale quantité
d’air phlogiftiqué, ou d’air inflammable, on ne fauroit le
I faire entrer fi aifément dans l’eau par les mêmes fecouffes
N ij
196 Expériences
Jufqu’ici nous avons examiné dix-huit
différentes - fources , dont il peut réfulter
des erreurs ou des incertitudes qui ren-
dent le réfultat de cette expérience im-
portante , entièrement incertain. Il nous
refie à indiquer encore deux autres fources
d’erreurs , qu’il importe de connoître pour
les éviter. La première confifte dans le
mélange des deux airs , lequel doit fe
faire dès le moment qu’ils fe touchent ,
en fecouant le tube avec force dans l’eau
pendant une demi-minute, ou à peu près.
Si on fait monter l’air nitreux dans le
grand tube , après y avoir introduit l’air
à examiner , & qu’on laide repofer le tube
jufqu’à ce que les deux airs foient inti-
mement unis enfemble ; ou h on mêle
premièrement les deux airs dans un vafe
féparé pour qu’ils s’incorporent l’un avec
l’autre, avant de les mettre dans le grand
tube afin d’en mefurer la colonne , on fera
très-rarement deux expériences de fuite ,
fans que le réfultat foit très - différent :
cette différence peut même aller jufqu’à
cinquante fubdivifions , lefquelles ajoutées
aux deux cents cinquante-fix fubdivifions
Il femble que ces airs , qui, par leur nature, jefufent de
fe mêler avec l’eau , ou ne la pénètrent que très-diffici-
lement , s’incorporent tellement avec l’air nitreux , que
celui-ci en devient, comme eux , tres-refra&aire a 1 eau.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. 1. 197
dont on peut fe tromper , feront monter
le nombre des erreurs qu il eft pofiible de
commettre, à trois cents fix fubdivifions.
Si on ne commence pas à fecouer le tube
dès que les deux airs fe touchent , la dif-
férence de l’intervalle qu’on laiffera entre
le mélange des deux airs h le fecouement
du tube , fera varier le réfultat , de façon
que deux ou trois fécondés feront une
différence qui rendra l’expérience incer-
taine.
La dernière ou vingtième fource d’er-
reurs qui nous refie à examiner , dépend
de ce qu’on ajoute à-la-fois tout l’air
nitreux qu’on veut employer dans l’effai.
La différence qui réfulte de cette mé-
thode eft d’autant plus grande , que l’air
à examiner eft plus déphlogiftiqué.
Nous avons détaillé jufqu’ici vingt cir-
conftances , dont il peut réfulter des in-
certitudes très-remarquables dans l’exa-
men du degré de bonté ou de falubrite
des différens airs. Il eft vrai qu’il feroit
impoffible de commettre toutes ces er-
reurs dans le même effai ; mais il eft à
propos de les connoître, pour ne pas fe
donner la peine de tenter des méthodes
dans lefquelles on ne peut éviter de com-
mettre une ou plufteurs de ces erreurs.
Il faut cependant avouer qu’un Fhyfteîen y
198 Expériences
meme allez adroit , & en poffeffion d’un
bon eudiomètre conftruit félon la méthode
de M. Fontana , aura de la peine , au com-
mencement , à faire deux effais d’air qui
foient parfaitement d’accord : mais dès qu’il
fe fera un peu familiarifé avec cet infïru-
ment , il fera convaincu qu’on peut , par
fon moyen , juger du degré de bonté d’un
air refpirable , avec autant d’exa&itude
qu’on peut juger des degrés du froid ou
de la chaleur par le thermomètre de
Réaumur ; car il trouvera qu’en faifant
l’expérience avec tout le foin requis , la
différence du réfultat de plufieurs effais
faits avec le même air, excédera à peine
fh; des deux airs employés ; or , il feroit dif-
ficile de juger, fur l’échelle de Réaumur ,
d’j de degré.
Quoique la plupart des expériences
qui font le fujet de cet ouvrage , aient été
faites exactement félon la méthode de M.
Fontana , parce que je la crois la meilleure
de toutes celles qui font connues , je n’au-
rois cependant pas manqué de faire auffi
des effais félon la méthode du célèbre
Prieflley , fi j’avois eu un tube calibré
affez long pour cet ufage ; j’ai feulement
imité quelquefois fa manière d’eftayer les
airs, au moins en partie, avec Y eudiomètre
de M. Fontana. Voici comme je m’y fuis
/
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. I. 199
pris pour eiïayer l’air commun. Au lieu
de mettre une mefure d air nitreux & une
d’air commun dans un vafe feparé pour les
laifler s’incorporer, comme M. Prie/iley
le fait , je les mis l’une après l’autre dans
le grand tube ou mèfure , en commençant
à fecouer ce tube des 1 inilant que les deux
airs fetrouvoient en contad,ouroeme avant.
Si l’air à examiner étoit de l’air déphlo-
giftiqué , je faifois monter une mefure de
cet air dans le grand tube , &. enfuite deux
mefures à-la-fois d’air nitreux, en com-
mençant à fecouer comme il eft dit : fi ces
deux mefures d air nitreux n’avoient pas
faturé l’air déphlogiftiqué , j’y joignois une
troifième mefure d’air nitreux. Si j’en ob-
tenois encore une diminution notable dans
la colonne d’air, j’y joignois une quatrième
mefure ; & ainfi de fuite , jufqu’à ce qu’il
ne fe fît plus aucune diminution après le
mélange de la dernière mefure.
J’ai eu foin d’indiquer cette façon de
s’y prendre dans l’examen des airs , fur-
tout dans la Sedion fuivante , afin que le
ledeur , qui voudra l’imiter , puifie voir
à quel point fes expériences s’accordent
avec les miennes.
Lorfque j’avois à examiner un air d une
qualité inférieure à celle de 1 air commun ?
cette méthode courte de joindre enfemble
Niv
200 Expériences
une feule mefure de deux airs , me fatis-
faifoit très-bien , pourvu qu’on fecouât
d’abord le tube de la manière déjà dé-
taillée.
On ne doit jamais perdre de vue que ,
fi on veut s’attendre à un réfultat uni-
forme , dans une méthode quelconque ,
il eft de toute néceffité de faire l’effai
toujours exactement de la même manière ,
en obfervant chaque manœuvre très-fcru-
puleufement; car fi, par exemple , on ne
ferme pas toujours la coulïfie de la petite
mefure dans le même temps , fi on ne
commence pas à fecouer le grand tube exac-
tement à l’inftant ou avant que les deux
colonnes d’air fe touchent, enfin fi on ne
fuit pas le tout avec la dernière exaéti-
tude & uniformité , on trouvera toujours
des réfultats tout-à-fait différens.
Je ne dois pas omettre une fource d’er-
reurs , que j’ai obfervée fouvent ; c’eft le
diamètre trop petit de l’ouverture de
l’entonnoir , par lequel on fait monter
l’air dans le grand tube. Si ce diamètre
n’eft pas complètement de cinq lignes ,
il arrivera fouvent que l’air monte par
bulles. Si une feule mefure d’air nitreux
monte en forme de bulles, on peut être
sûr que l’effai fera fautif. Lorfque l’ou-
verture de l’entonnoir eft de 5^ ligne de
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. II. 201
Paris , la colonne d’air ne le divifera jamais
en montant dans le tube.
SECTION IL
Expériences qui indiquent en general le
degré de bonté ou pureté de l’air déphlo -
gijhqué qui fort des feuilles de différentes
plantes expo fées au foleil.
Exp. I. Deux poignées de l’herbe verte
ou du gramen , les racines en étant ré-
parées , furent mifes au foleil , depuis
onze jufqu’à deux heures , dans un bocal
de verre blanc , contenant huit pintes
d’Angleterre , renverfé , & plein d’eau
fraîchement tirée de la pompe ; je trou-
vai une grande quantité d’air déphlogif-
tiqué amalïé au fond renverfé du bocal.
La flamme d’une bougie plongée dans
cet air, y devint très- brillante. En l’ef-
fayant à la manière de M. Fontana , voici
quel fut le réfultat. Après en avoir mis deux
mefures dans le grand tube , avec une
mefure d’air nitreux , & après avoir fe-
coué & 1 aillé repofer le tube , comme il
a déjà été expliqué ci-delfus , la marque
fe trouva à i .92 ; après y avoir mis une fé-
condé mefure d’air nitreux, elle fut à 1.79
après la troifième mefure, elle fut à i.68i;
^ 9
détruite.
4T5-
202 Expériences
Quantité des après la quatrième, à 1.87^: après la
deux airs dé- • • \ 1 \ n • r
cinquième, a 2.85. Un voit, par cette
expérience , que des fept mefures d’air
employées , favoir , deux d’air déphlogif-
tiqué & cinq d’air nitreux , il ne relloit
que deux mefures & de mefure , ou
deux cents quatre-vingt-cinq fubdivifions ,
lefquelles étant déduites des fept cents
employées , il fe trouve quatre cents
quinze fubdivifions de détruites des deux
airs.
J’examinai enfuite cet air d’une manière
qui approche de celle de M. Priejücy ,
en obfervant cependant de fecouer le tube
auflitôt que les deux airs fe touchent : j’eus
le réfultat fuivant. Deux mefures d’air ni-
treux ayant été à-la-fois introduites dans
le tube , après y avoir mis une mefure
d’air déphlogiftiqué, la marque étoitào.88.
En poulfant cette expérience plus loin ,
comme je crois qu’il eh néceffaire , le
réfultat fe trouvoit être ainfi : En intro-
duifant une troifième mefure d’air nitreux,
la marque étoit à 1.83 ; en introduifant
une quatrième mefure, elle étoit à 2.81 :
ainfi la bonté de cet air étoit telle , qu’il
falloit trois mefures d’air nitreux pour en
faturer une pleinement ; car la quatrième
mefure n’y faifoit plus aucune diminution
qui méritât attention. La quantité donc
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. IL 203
des deux airs détruite dans cette méthode, Quantité des
montoit à deux cents dix-neuf fubdivifions. truite>
2. Deux poignées des feuilles de laide , ,
fahx , étant mifes au foleil de la meme
manière, dans un bocal de verre ^ blanc ,
depuis onze heures julqu’à deux , 1 air de-
phlogiftiqué que j’en obtins donnoit le
réfultat fuivant , par l’efiai de M. Fontana :
1 .96; 1.837; 1.71; 1.64; 2.55. ? 445*
En faifant l’elfai de l’autre façon , j’en
obtins le réfultat fuivant : Une mefure de
cet air, mêlée avec deux d’air nitreux , oc-
cupa 0.85; avec une troilième mefure, 1.75;
avec une quatrième , 2.72. Ainli , la quan-
tité des deux airs détruite fut 2.28.
3. Deux poignées de lamium album étant
expofées de la même manière au foleil, de-
puis dix heures jufqu’à deux , j’en obtins
une grande quantité d’air déphlogillique,
d’une qualité fupérieure. Il donnoit, par
l’effaide M. Fontana, 1.90; 1.737; 1 .5 3^- ;
1.39; 2.33. • , . 467.
Une mefure de cet air avec deux d’air
nitreux , occupoient 0.98 ; avec trois me-
fures, 1.60; avec quatre mefures , 2.60.
Ainli , la quantité des deux airs détruite ,
étoit deux cents quarante fubdivifions.
4. Deux poignées de feuilles de vigne
étant expofées de la même manière au fo-
leil, depuis onze heures jufqu’à une , elles
t
204 Expériences
Sr^deé!fourni.rent une bonne- quantité d’air dé-
truite. phlogiftiqué , qui donna 1.92; 1.79;
4 1.617; 1.87; 2.85.
Une mefure de cet air avec deux d’air ni-
treux, occupoient 0.85 ; avec trois, 1.83;
avec quatre, 2.81. Ainfi , la quantité des
deux airs, détruite par cet elîai , étoit de
deux cents dix-neuf fubdivifions.
5. Une poignée de becabunga dont les
racines avoient été féparées , étant expo-
fée au foleil de la même manière, depuis
midi jufqu’à quatre heures , elle fournit
une grande quantité d’air déphlogiftiqué ,
d’une excellente qualité , dans lequel la
flamme d’une bougie acquéroit un brillant
des plus éblouiffans. Cet air donnoit, par
l’elfaide M. Fontana , 1.871; 1.73 ; 1.541 ;
500* 1.37; 2.10; 3.00.
Une mefure de cet air avec deux d’air
nitreux, occupoient 0.94; avec trois, 1.37;
avec quatre, 2.33. Ainfi , la quantité des
deux airs , détruite par cet elîai , montoit
à deux cents foixante-fept fubdivifions.
6. Une plante de chardon ordinaire ,
d’une médiocre grandeur, prête à fleurir,
étant expofée au foleil de la même ma-
nière , depuis onze heures jufqu’à deux ,
fournit une grande quantité d’air déphlo-
giftiqué , qui donna, par l’eflai de M. Fort*
440. tanay 1.8 1; 1.5 1 ; 1.36; 1.60, 2.60.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect* IL 205
Une mefure de cet air avec deux d’air
nitreux , occupa 0.65 ; avec trois mefures , truite.
1.67; avec quatre, 2.79. Ainfi, la quantité
des deux airs détruite , fut de deux cents
vingt-une fubdivifions*
7. Deux poignées de feuilles de haricot
furent expofées de la même manière au
foleil pendant fix heures; elles fournirent
une grande quantité d’air déphlogiftiqué
d’une pureté extraordinaire , dans lequel
la flamme d’une bougie brilloit avec un
éclat charmant. Cet air , fournis à l’é-
preuve, donna 2.02; 1.92; 1.89-; 1.85?
2.01 ; 2.96. 4°5”
Une mefure de cet air avec deux d’air ni-
treux, occupa 0.90; avec trois, 1.5 5. Ainfi,
la quantité des deux airs détruite , mon-
toit à deux cents quarante-cinq fubdivi-
fions.
\
8. Deux petites plantes de teucrium ma -
rum étant expofées au foleil pendant qua-
tre heures , elles fournirent une grande
quantité d’air déphlogiftiqué , d’une très-
bonne qualité , & qui donna 1.8 1 ; 1*59;
1.37; 1.34; 2.34. . ? p f 466.
Une mefure de cet air avec deux d’air dé-
phlogifliqué , occupoient 0.60; avec trois,
1.39; avec quatre, 2.36 ; de façon que la
quantité des deux airs détruite , montoit à
deux cents quarante-quatre fubdivifions.
Quantité des
deux airs dé-
truite.
361.
400.
421.
548.
477-
2 06 Expériences
9. Quelques feuilles de tabac étant ex-
pofées de la même façon au foleil pendant
quatre heures , donnèrent une bonne quan-
tité d’air déphlogiiliqué , qui occupa 2.07;
2.06; 2.05 ; 2.41 ; 3.39.
10. Quelques feuilles de cyflus ladanï-
fera , plante fort aromatique , expofées de
même au foleil pendant quatre heures ,
fournirent une grande quantité d’air dé-
phlogiftiqué , dont l’effai donna 1.89 ;
1.72; 1.56; 1.92 ; 2.90.
1 1 . Des feuilles du juniperus virginiana >
traitées de la même manière , fournirent
une grande portion d’air déphlogiftiqué
très-pur, dont l’effai donna 1.9 1 ; 1.75 ;
1.60; 1.79; 2.79.
12. Des feuilles du laurus camphorata ,
arbre dont on retire le camphre , traitées
de la même manière, ont fourni une bonne
quantité d’air déphlogiiliqué très-fin , dont
l’épreuve donna 2.01; 1.90; 1.78; 1*73;
1.76 ; 2.56 ; 3.52.
13. Quelques branches du pinus cedrus
ou cèdre du Liban , étant expofées de la
même façon au foleil , depuis neuf heures
du matin jufqu’à deux heures après midi ,
fournirent une bonne quantité d’air dé-
phlogiftiqué , qui, étant mis à l’épreuve ,
donnoit 1.95; 1.7 7; 1.64; 1.5 1; 2.25;
3.23.
*
SUR LÈS VÉGÉTAUX. Secl.IL 207
14. Quelques branches d’artemijia pon- QuantM aê*
tic a, étant traitées de même, ont donné
une grande quantité d’air dephlogilüque ,
dont l’épreuve étoit 2.00; 1.95 j 1*85 5
1.79; 2.46; 3.46. . 454,
Une mefure de cet air jointe a deux me-
fure d’air déphlogiftiqué , occupoit 0.92 ;
avectrois , 1.63. Ainfi,ilyavoitdeuxcents
trente-fept fubdivifions de détruites.
SECTION III.
Expériences qui indiquent la différence dans
le degré de pureté de U dir déphlogiftiqué ,
fourni par les feuilles de la même Plante
en différens temps du jour , quoique ces
Plantes f oient également expofées au foleiL
Exp. 15. Des feuilles d’un pommier
étant expofées au foleil, dans un bocal
plein d’eau, de la' manière déjà détaillée,
depuis dix heures jufqu’à cinq après midi;
l’air que j’en obtenois étant mis à l’é-
preuve de l’air nitreux , donnoit le réfultat
fuivant : 1.80; 1.58; 1*39; 1.86; 2.79. 421.
16. Des feuilles du même arbre , expo-
fées au foleil de la même manière pendant
le même temps , mais dans un bocal de
verre vert , ont auffi donné de l’air dé-
Quantité des
deux airs dé-
truite.
336.
556.
164.
417.
208 Expériences
phlogifüqué, mais d’une qualité inférieure,
parce que , dans un tel verre , les feuilles
ne recevoient pas tant de lumière. Cet air
étant mis à l’épreuve , donnoit 1.82 ; 1.62;
1.71 ; 2.64; 3.64.
17. Les mêmes feuilles de pommier,
qui avoient été employées dans l’expé-
rience 1 5 , étant de nouveau expofées le
lendemain au foleil, dans un bocal plein
de l’eau fraîchement tirée de la pompe,
elles fournirent encore une bonne quan-
tité d’air déphlogiftiqué , d’une qualité
fupérieure à celle du jour précédent : celui-
ci, mis à l’épreuve, donna 1.85; 1.69;
1.54; 1.38; 1.58; 1.49; 3.44.
18. Des feuilles du même pommier qui
avoit fourni celles des expériences 15
& 16, étant expofées de la même façon
dans un bocal de verre blanc à l’air libre ,
le temps étant fort fombre & couvert;
étant , dis-je, expofées depuis cinq jufqu’à
iix dans l’aprèsmidi , il fut obtenu une pe-
tite quantité d’air qui fe trouva d’une qua-
lité inférieure à celle de l’air commun. Voici
le réfultat de fon eflai : 1.84; 2.36; 3.3 6.
19. Des feuilles du même arbre, miles
au foleil de la même façon, depuis neuf
heures du matin jufqu a douze, donnèrent
de l’air déphlogilliqué de la qualité fui-
vante:i.89; 1.71; 152; 1.60; 2.60.
20.
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. III. 209
20. Des feuilles de faule , falix , traitées jj8
de la manière ordinaire , èc expofées au truite,
foleil depuis midi jufqu’à deux heures ,
donnèrent de l’air déphlogiftiqué de la
bonté fui vante : 2.00; 2.12; 2.19; 2.41;
3*43* •
21. L’air forti des feuilles du même
arbre de la même manière , dans un jour
fombre , pluvieux , & pendant qu’il faifoit
du vent,étoit d’une qualité inférieure; le
réfultat de fon épreuve fut 1.89 ; 1.71 ;
1.55 ; 2.26; 3.26.
22. L’air produit par des feuilles du même
arbre , tenues au beau foleil depuis neuf
heures jufqu’à trois , donnoit le réfultat
fuivant : 1.90; 1.72; 1.53; 2.22; 3.22.
N. B. Je penfe que la qualité inférieure
de cet air , quoique le jour fût fort beau^
dépendoit de ce que le bocal étant rem-
pli de feuilles , les unes faifoient ombre
aux autres.
23. L’air forti des mêmes feuilles ex-
pofées au foleil dans un beau jour, entre
midi & cinq heures, donna 1.90; 1 .71 ;
1.49; 1.53 ; 2.52.
24. L’air obtenu des mêmes feuilles ex-
pofées au foleil depuis deux heures juf-
< qu’à cinq, donna 1.927; 1.80; 1.62; 1.60;
2.40, 3*35*
25. L’air des mêmes feuilles, obtenu
O
457*
374.
378.
467.
, 2io Expériences
Quantité des dans un temps chaud , au foleil , entre trois
deux airs de- , J , ,
truite. heures & cinq, donna 1.94; 1-79; 1.63;
401. 2.02; 2.99.
SECTION IV.
Expériences qui tendent à découvrir durant
quelle partie du jour les Plantes donnent
de l’air déphlogijliqué de la meilleure
f 1
Exp. 26. Je plaçai à onze heures du ma-
tin , à un beau foleil , trois bocaux de huit
pintes d’Angleterre , pleins d’eau de pompe,
8c dans chacun deux poignées de feuilles
de faule.
J’examinai l’air d’un de ces bocaux à
deux heures 8c demie ; il fe trouva de la
qualité fuivante : 2.03; 2.057 ; 2.03^ ;
450. 2.02; 2.54; 3.50.
L’air du fécond bocal fut examiné entre
quatre 8c cinq heures; il donna le réfultat
fuivant : 2.06; 2.07 2.06; 2.02; 2.08;
497-
55°.
3.03.
L’air du troifième bocal fut examiné
entre fix 8c fept heures ; le réfultat de fon
efïai fut 2.027; 2.167; 2.14; 2.12; 2.56;
3.50.
27. Les trois mêmes bocaux furent ex-
pofés au beau foleil à dix heures du ma-
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. IV. 21 1
tin , après qu’on eut mis dans chacun deux Quantité des
poignées de feuilles d’un orme, ulinus. truite?rs de
J’examinai l’air contenu dans le premier
bocal , à deux heures après midi ; le ré-
fultat de cet examen fut 1.90; 1.81; 1 .76;
2 .66; 3 .66.
A quatre heures je fournis à l’examen
l’air contenu dans le fécond bocal ; en voici
la qualité : 1.91 ; 1 .77; 1.65 ; 2.19; 3.23.
L’air du troifième bocal fut examiné en-
itre hx 8t fept heures; il donna 1.97, 1.93 ,
1.85; 2.16; 3.12.
28. Deux bocaux de huit pintes d’An-
gleterre, contenant chacun deux poignées
<de feuilles de faule, furent expofées au
•beau foleil , à la manière ordinaire , à dix
heures du matin.
J’examinai l’air d’un de ces bocaux à
ttrois heures après midi , St je le trouvai
(de la bonté fuivante : 1.10; 2.09; 2.08;
;2.02; 2.06; 2.97; 3.85.
L’air de l’autre bocal fut fournis à l’e-
txamen à cinq heures; en voici la qualité :
:2.0g; 2.1 1; 2.07; 2.08; 2.2 g{; 2.78;
:3,65
29. Trois bocaux de la même capacité
(que les précédens , furent expofés de la
manière ordinaire à un beau foleil , entre
(onze heures St midi. J’avois mis dans cha-
tcun deux poignées de feuilles d’orme.
337»
377-
5r5*
535»
Quantité des
deux airs dé-
truite.
39o.
33 5-
34 6.
212 Expériences
L’air contenu dans le premier bocal fut
examiné à trois heures après midi ; en
voici la qualité ; 1.917,1.93? i.bi? 2. i o j
3.10.
L’air du fécond bocal fut fournis à l’e-
xamen à cinq heures ; fa qualité étoit moins
bonne. La voici : i .88 ; 1.67; 1.6752.65.
3.65.
A fix heures , j’examinai l’air du troi-
fième bocal ; il fe trouva un peu meilleur
que celui du fécond bocal , mais inferieur
en qualité à celui du premier bocal : 1.97 »
1.88; 1.84; 2.57; 3.54- .
Nous avons vu par les expenences 26, 27
& 28 , que l’air que les feuilles donnent
après midi, étoit conflamment d’une meil-
leure qualité que celui quelles donnent
de meilleure heure. Un grand nombre d’au-
tres expériences que j’ai faites , s accordent
à démontrer que les feuilles des plantes
exhalent un air plus fin ou plus déphlogh-
tiqué après midi, que le matin. Cette loi,
qu’on peut prendre pourprefque générale,
lorfque la clarté du jour relie la même ,
ne s’obferva pas dans la dernière expé-
rience , parce que le temps changea pen-
dant que les feuilles étoient expofées à
l’air libre. Il avoit fait un beau foleil de-
puis huit heures du matin jufqu’à deux
heures après midi 5 alors des nuages com-
!
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec!. V. 21 3
mencèrent à obfcurcir le ciel. Nous eurnes ^Ux airs dé-
un orage à trois heures; apres quoi le ciel trultc*
fut couvert pendant le refte du jour, quoi-
qu’il continuât de faire chaud comme au-
paravant.
SECTION V.
Expériences qui tendent ci découvrir Ici quan-
tité d’ air déphlogiftiqué qu un certain nom-
bre de feuilles peut donner .
IExp. 30. J E mis cent feuilles de la capu-
cine , nafturtium indicum , dans un bocal
cde huit pintes d’Angleterre , plein d eau
(de pompe. Je l’expofai au foleil, de la ma-
;nière ordinaire, à dix heures du matin. Je
ttrouvai dès midi une fi grande quantité
cd’air déphlogiftiqué raffemblée au fond ren-
werfé du bocal, que j’en remplis un verre
(cylindrique de 41 -pouces de profondeur ,
{fur il de diamètre. Cet air donna le ré-
ifultat fuivant : 1.94? 1*82; 1.67; 157?
2.45* ; 3.44.
31. Après avoir ôté tout l’air, le bocal
fut remis à fa place au foleil , depuis midi
jufqu’à fept heures du foir; alors j’en re-
tirai la moitié de la quantité précédente
d’air déphlogiftiqué , dont la qualité fur-
O iij
456.
Quantité des
deux airs dé-
truite.
510.
5iï.
364.
214 Expériences
pal'foit le premier, puifqu’il donna, à l’é-
preuve , *1.99 ; 1.87; 1.73Î; 1.65; 1.937;
2.85; 379.
32. Après avoir féparé de nouveau cet
air , je replaçai le bocal, fans en avoir ôté
les feuilles , dans le même endroit, en l’y
laiffant jufqu’au lendemain à onze heures :
pour lors je recueillis de nouveau environ
la même quantité d’air déphlogifiiqué , que
j’en avois obtenu la fécondé fois. Cet air
fe trouva très-fin , comme l’indique le ré-
fultat fuivant : 1.917; 1.75; 1 . 5 B ; 1.44;
2.20 ; 3.1 5 ; 3.89.
33. Je mis trois feuilles d’un chou,
d’une grandeur médiocre, dans un bocal,
de la manière ordinaire , avec de l’eau de
pompe. Je plaçai le bocal au foleii dans
un très - beau jour , depuis midi jufqu’à
deux heures ; alors j’eus une mefure de
deux onces pleine d’air déphlogifiiqué,
delà qualité fuivante : 1.94; 1.787; 1.63 ;
2.38; 3.36.
34. Une poignée de feuilles de la capu-
cine , najlurtium indicum , donna , en peu
d’heures, au beau foleii, une mefure de
deux onces pleine d’air déphlogifiiqué ,
dont voici la bonté : 1.93; 1 .76 ; 1567;
1.39; 1.99 ; 2.96.
33. Vingt-fept feuilles de noyer ayant
été expofées au foleii de la manière ox-
504.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. VI. 215
dinaire , dans un jour fort beau 8c chaud ,
depuis onze heures jufqu a cinq , j en re-
tirai une once d’air dephlogiftique d une
bonne qualité.
SECTION VI.
Expériences qui tendent à découvrir la qua-
lité de l'air que les Plantes exhalent pen-
dant la nuit , & dans l’ombre pendant le
jour .
Exp. 36. Deü x poignées d’herbe verte,
ou gramen fans racines , ayant ete mifes
dans un bocal de huit pintes d Angleterre,
plein d’eau 8c renverfé , le bocal fut cou-
vert d’une toile pour intercepter toute
lumière, 8c placé danslamaifon durant la
nuit. Le lendemain, je trouvai une petite
quantité d’air au fond renverfé du bocal. Il
étoit h mauvais , que la flamme d’une bou-
gie s’y éteignit fur le champ.
37. Le 8 d’août , à neuf heures du
foir , toutes les plantes que j’avois près de
moi, refufoient de donner des bulles d air;
j’en excepte le folanum , connu fous le nom
de pomme de terre , ( qui étoit toujours
forti le premier de fa flupeur no&urne , ou
éveillé, fl on peut employer cette expref-
fion , 8c prêt à donner de l’air déphlogif-
O iv
si 6 Expériences
tiqué avant toutes les autres plantes ; c’eft
auffl celle qui celle le plus tard de fournir
cet air le loir). Je remplis plulieurs bo-
caux d’eau de pompe , en mettant dans
chaque bocal des feuilles d’une plante. Je
les plaçai tous dans la maifon , pour exa-
miner le lendemain l’air que j’aurois ob-
tenu de chacun. Les plantes dont j’avois
pris des feuilles, étoient le chêne , le til-
leul} le faule , Vif, le pommier , la f auge,
Vartichaud , la perf caria urens , la pomme
de terre.
Le lendemain de bonne heure , j’exa-
minai tous les bocaux : je trouvai que toutes
les feuilles avoient donné de l’air, mais en
très-petite quantité.
L’air que les feuilles de noyer & de
chêne avoient donné, étoit d’une qualité
des plus mauvaifes , ne cédant pas même
à l’air inflammable ; je ne pouvois pas les
diminuer par l’addition de l’air nitreux.
Celui que j’avois obtenu des feuilles de
faule & de la fauge , n’étoit guère moins mal-
faifant; celui du tilleul n’étoit pas tout-à-
fait fl mauvais; celui des feuilles d’artichaud
étoit un peu meilleur; celui des feuilles de
pomme de terre fe trouvoit être le moins
mal-faifant. L’air de la perf caria urens étoit
fi vénéneux, que la flamme d’une bougie
s’y éteignit 3 quoiqu’il fût mêlé avec cinq
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. VL 217
fois autant d’air ordinaire. Les feuilles du
pommier avoient donne fl peu d air , que
je ne pus en faire l’eflai.
58. Deux poignées de feuilles d un pied
de haricot , mifes dans un bocal plein
d’eau ? & placées dans la maifon pendant
toute la nuit , avoient donné une petite
quantité d’air , qui étoit d’une qualité très-
mal-faifante : la flamme d’une bougie s’é-
teignoit au premier contaét de cet air.
Une mefure de cet air avec une d’air
nitreux , occupoient 1 .94* Ainfl , un ani-
mal plongé dans un tel air , feroit mort
fur le champ.
J’obtins à peu près le même réfultat des
feuilles des mêmes plantes pendant le
jour , lorfque je les plaçois dans un lieu
obfcur.
si8 Expériences
SECTION VII.
Expériences qui tendent a faire connoitre à
quel degré les Plantes peuvent vicier l'air
commun pendant la nuit , & durant le jour
à l'ombre .
Exp. 39. Je mis quelques pieds d’herbe
+gramen ( fans racines ) fous un bocal de
huit pintes , renverfé fur une affiette : je
mis un peu d’eau dans l’affiette, pour em-
pêcher l’herbe de fe fécher, 8c pour couper
toute communication entre l’air commun
8c celui qui fe trouvoit enfermé dans le
bocal : je le laiffai ainfi pendant toute la
nuit dans la maifon. Le lendemain ma-
tin , je trouvai l’air vicié, de façon que la
flamme d’une bougie y perdoit fon éclat.
En effayant cet air par l’épreuve de l’air
nitreux , je trouvai qu’une mefure de cet
air avec une d’air nitreux, fe reduifoient
à 1.24.
40. Deux poignées de feuilles d’une
plante de haricot, ayant été mifes fous
un bocal de huit pintes d’Angleterre , 8c
renverfé fur une affiette dans laquelle il
y avoit un peu d’eau, je laiffai ce bocal
dans la maifon depuis le foir jufqu’au len-
sur les Végétaux. Secl. VU» 2,iq K
demain matin ; alors je trouvai l^air du bocal
beaucoup altéré : la flamme d une bougie
■s’y éteignit, & une mefure de cet air avec
une d’air nitreux, occupoient i*39*
41. Après avoir ôté de ce bocal autant
d’air qu’il falloit pour en faire 1 eflai , je
laiflai le refte avec les feuilles : je plaçai
ce bocal fur la même aiïiette au foleil , de-
puis neuf heures du matin jufqu a onze
heures; pour lors je trouvai 1 air du bocal
tellement corrigé, qu’une chandelle pou-
voit y brûler, &. que fa bonté approchoit
de celle de l’air commun ; car une mefure
de cet air avec une d’air nitreux , occu-
poient 1.12.
Après avoir pris l’air pour cet elfai , je
replaçai le bocal de nouveau au foleil juf-
qu’à cinq heures après midi; alors je trou-
vai l’air tellement corrigé , qu’il égaloit
en bonté l’air commun.
42. Je plaçai une petite branche de
cèdre du Liban ,'pinus cedrus , pendant une
nuit , fous un verre cylindrique , contenant
environ une once. Je trouvai le lendemain
l’air très -vicié par cette branche. Une
mefure de cet air avec une d’air nitreux ,
occupoient 1.45.
43 . T rois bocaux , contenant chacun huit
pintes d’Angleterre , ayant été renverfés
fur des affiettes , je mis fous chacun une
220 Expériences
plante différente, dont la racine étoit cou-
pée. Sous l’un des bocaux étoit une plante
de folanum ordinaire; fous l’autre, une du
folanum efculentum , dit pomme de terre;
fous le troifième , une de jufquiame , hyof-
cyamus. Sur chaque affiette étoit un peu
d’eau, pour tenir les plantes en vie : elles
furent laiffées toute la nuit dans la maifon.
Le lendemain, je fournis l’air des trois
bocaux à l’épreuve de l’air nitreux : je les
trouvai tous trois confidérablement viciés ;
la flamme d’une bougie s’éteignit danstous.
Le folaîium ou pomme de terre , avoit
moins vicié l’air que les autres plantes ; le
folanum ordinaire l’avoit beaucoup plus
gâté ; mais la jufquiame l’avoit encore
plus corrompu , & au point qu’il étoit
devenu un poifon des plus terribles. Voici
un état exaéî de l’effet que les trois plantes
avoient produit : Une mefure de l’air en-
fermé avec la plante de pomme de terre ,
jointe à une d’air nitreux , occupoient
1.59; une mefure de celui qui étoit vicié
par le folanum ordinaire , ajoutée à une
d’air nitreux, occupoient 1 .77; une me-
fure de celui qui avoit été gâté par la juf-
quiame, mêlée avec une d’air nitreux, oc-
cupoient 1.83.
44. Je fus curieux de voir quel effet un
air fi vicié auroit fur la vie d’un animal.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. FIL 221
Un pçulet très-vivace, éclos depuis huit
jours, fut mis fous un bocal contenant
deux pintes d’Angleterre, & rempli de 1 air
gâté par la jufquiame dans 1 expérience
précédente. Dès l’inftant que l’animal fut
plongé dans cet air , il donna des fignes
d’une extrême angoilfe , & en moins
d’une demi -minute il fut prêt d’expirer.
Je le retirai fur le champ de cet air , &
je le mis à l’inffant dans un bocal de
la même grandeur, rempli d’air déphlo-
giiliqué que j’avois tiré des plantes. Il y
relia fans mouvement pendant quelques
minutes , ne donnant aucun indice de vie,
que par une refpiration à peine fenfible.
A la fin cependant, l’animal commença à
reprendre fes focres par degrés; & au
bout de fix ou fept minutes il put de nou-
veau fe foutenir fur fes jambes, & il com-
mença à crier d’une voix foible. Je le retirai
alors de l’air déphlogiftiqué , & le plaçai
fur ma main à l’air libre. Auffitôtque je l’eus
retiré du dernier bocal , il devint plus ma-
lade , & ne put plus fe foutenir. Il reprit
cependant des forces bientôt après , & fe
rétablit peu à peu parfaitement.
45. Un pied de menthe poivrée, mentha
piperitis , fut placé fous un bocal ren-
verfé fur une affiette avec un peu d’eau ,
222 Expériences
pour empêcher la plante de fe féch.ej , &
pour couper toute communication avec
l’air libre : je plaçai à onze heures ce
bocal devant la fenêtre au foleil, dans une
chambre , la fenêtre étant fermée. Dans
le même temps , je plaçai de la même ma-
nière un autre pied de menthe poivrée fous
un bocal fur le plancher , loin de la’ fe-
nêtre, dans une chambre très-bien éclairée ,
mais où le foleil ne donnoit pas alors ; j’e-
xaminai l’air des deux bocaux à une heure
après midi. Je trouvai celui qui étoit en-
fermé dans le bocal expofé devant la fe-
nêtre où le foleil donnoit , un peu meil-
leur que l’air commun ; au lieu que celui
qui fe trouvoit avec la plante dans, l’autre
chambre étoit devenu vicié ; car une me-
fure de cet air & une d’air nitreux , occu-
poient i . 1 3. L’état de l’atmofphère étoit
alors tel , qu’une mefure de l’air commun
& une d’air nitreux , occupoient 1.067.
Ceci prouve que les plantes placées dans
les chambres font plus de mal que de
bien , fi elles ne font pas toujours expofées
aux rayons du foleil.
46. Deux poignées de feuilles de noyer
ayant été mifes dans un bocal de huit pintes
d’Angleterre , rempli d’eau de pompe , je
plaçai ce bocal fous des framboifiers fort
airs dé-
truite.
SUR LES VÉGÉTAUX. Se cl. VÎI. 223
touffus , à quatre pieds de la muraille de Quantité des
la maifon vers le nord, de façon qu’au- ,deux airs de~
cun rayon du loleil ne pouvoit y parvenir.
Dans le même temps., deux poignées des
mêmes feuilles mifes dans un bocal de la
même grandeur , furent placées au foleil.
Après que ces deux bocaux eurent été
pendant fept heures, l’un au foleil, l’au-
tre à l’ombre , le temps étant pendant toute
la journée beau & agréable , j’en pris l’air
fourni par les feuilles. Celles qui avoient
été dans l’ombre avoient donné feulement
une petite quantité d’air, & d’une h mau-
vaife qualité , que la flamme d’une bougie
ne pouvoit pas y brûler; au lieu que les
feuilles qui avoient été expofées au foleil,
avoient donné une grande quantité d’air
déphlogiffiqué de la bonté fuivante : 1.69;
1.8251.69; 1.54; 2.35 ; 3.34.
47. J’avois placé, dans le même temps
que l’expérience fe faifoit, deux poignées
de feuilles de chêne fous les mêmes fram-
boifiers , à côté du bocal qui contenoit les
feuilles de noyer. J’en obtins un peu d’air,
mais d’une qualité extrêmement mal-fai-
fante; car une mefure de cet air & une
d’air nitreux, faifoient prefque deux me-
fures entières.
48. Sous les mêmes framboifiers, j’avois
placé en même temps un bocal contenant
4 66-
224 Expériences
des feuilles de faule. L’air quelles four-
nirent étoit affez mauvais pour éteindre
la flamme d’une bougie; mais il l’étoit ce-
pendant moins que celui des feuilles de
noyer ou de chêne.
49. L’air obtenu de la même manière ,
& dans le même temps , des feuilles d’orme,
fous l’ombre des framboifiers , étoit des
plus mal-faifans. Une mefure de cet air
avec une d’air nitreux, occupoient 1.90.
50. Je plaçai durant la nuit dans la
maifon , cinq bocaux de huit pintes d’An-
gleterre, contenant chacun une égale quan-
tité de branches de différentes plantes , fa-
voir, de tilleul, de noyer, de vigne, de
chêne & de faule , le tout fans eau ; j’en
mis feulement un peu dans les afliettes
fur lefquelles les bocaux étoiçnt renverfés ,
afin d’empêcher les branches de féclier.
Je les laiffai toute la nuit dans la maifon
fans les couvrir, de façon que la lumière
du matin pouvoit empêcher en partie
les mauvais effets des plantes fur l’air.
Le lendemain au matin à neuf heures , j’e-
xaminai l’air de tous les bocaux, en en
mettant une mefure avec une d’air nitreux,
& en fecouant le tube dès le moment que
les deux airs fe touchoient. Voici leréfultat
de cette épreuve :
L’air du tilleul occupoit . . . 1.24.
Celui
SUR LES VÉGÉTAUX. Sèct* VIL 22$
Celui du noyer 1.25.
Celui delà vigne ..... 1.30.
Celui du chêne ..... 1.26.
Celui du faule 1.23.
5 1 . Après en avoir tiré la quantité d’air
nécelfaire pour le foumettre à l’épreuve ,
je plaçai tous ces bocaux au beau foleil, afin
de voir l’effet de la lumière fur ces mêmes
plantes, & fur l’air qu elles avoient vicié
pendant la nuit. Je fournis ces airs à l’é-
preuve de l’air nitreux, entre dix & onze
heures de la même matinée. Je trouvai
que les plantes avoient , dans ce peu de
temps, rétabli en grande partie l’altération
1 qu’elles avoient caufée pendant la nuit : car
L’air du tilleul occupa dans ce nouvel
effai ....... 1.08.
Celui du noyer
Celui de la vigne
Celui du chêne .
1 .07^.
1.05L
I.I21.
I.07.
Celui du faule
Après cet examen, je remis tous les
tbocaux au foleil jufqu’à trois heures après
imidi , que j’en examinai les airs de nou-
veau. Voici le détail exaft de cette épreuve.
L’air du tilleul occupoit . . 1 .06.
Celui du noyer
Celui de la vigne
Celui du chêne .
Celui dufaule
1.05.
i-95*.
1 . 1 2 j.
1.07.
226 Expériences
ALnfî , les plantes avoient rétabli dans fa pu-
reté primitive l’air qu’elles avoient vicié ,
ôc quelques-unes même l’avoient rendu
meilleur que l’air commun , fur-tout les
branches du noyer & de la vigne ; car l’état
de l’atmofphère étoit tel , qu’une mefure
d’air commun avec une d’air nitreux , oc-
cupoient 1.07. Les branches du chêne
étoient les feules qui n’eulTent pas cor-
rigé l’air , apparemment parce quelles
avoient perdu plus de leur vie que les au-
tres feuilles. Les feuilles de chêne ne fe
confervent pas fi long-temps en vie dans
l’eau , que la plupart des autres.
SECTION VIII.
Expériences qui démontrent que V altération
eau fée parles Plantes à U air commun pen-
dant la nuit , efl de peu d’importance ,
en comparaifon de U amélioration qu il en
reçoit pendant le jour.
I L paroît allez clair, par tout ce qui efl
déjà dit dans le courant de cet ouvrage ,
que le principal , 8c peut - être 1 unique
avantage que nous tirons des feuilles des
plantes par rapport à l’air que nous rel-
pirons, confifte en ce que les plantes ab~
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl VIII. 22 7
forbent de l’atmofphère le principe phlo-
giflique , &. répandent dans l’air commun
une quantité très-confidérable de cet air
épuré, de ce véritable pabuLum vitœ. Mais ,
ayant découvert que cette même plante
qui, pendant le jour, nous rend ce fer-
vice fignalé , nous en rend un mauvais
pendant la nuit, en évaporant un fluide
aérien des plus mal-faifans, j’ai voulu voir
dans quelle proportion l’air épuré & l’air
méphitique ou phlogifliqué fortent de la
même plante dans ces deux temps.
Je croyois que le meilleur moyen de
faire cette évaluation, étoit d’enfermer
une plante dans l’eau pendant un jour &
une nuit, en expofant le bocal qui la con-
tient à l’air libre , parce que je préfumois
que , fl la plante rend plus de bon air pen-
dant le jour qu’elle n’en rend de mauvais
pendant la nuit, l’air qu’on en obtiendroit
manifefleroit une bonté proportionnée à
cette fupériorité d'e l’exhaîaifon diurne fur
celle qui fe fait la nuit.
Dans cette vue, je fis les expériences
fuivantes.
Exp. t)2. Deux poignées de feuilles
d’orme furent mifes dans un bocal plein
d’eau, & renverfé. Je le plaçai fur un mur
à l’air libre pendant deux jours & deux
nuits, depuis le 14 jufqu’au 16 d’août.
truite.
350.
228 Expériences
Quantité des En examinant l’air dégagé de ces feuilles ,
deux airs dé- . , . , ,, . jt 1 1 1
je le trouvai de 1 air dephlogiltique , qui
donnoit , par l’effai de M. Fontana , le
réfultat fuivant : 1.95; 1.85; 1.77; 2.40;
3-5° (4
Cette expérience prouve que l’air qui
étoit forti pendan 1 deux nuits de ces feuilles,
n’avoit que très-peu ou point du tout al-
téré celui qu’elles donnoient pendant le
jour , puifqu’il étoit de l’air véritablement
déphlogiftiqué , qui ne cédoit guère en
bonté à celui que les feuilles de cet arbre
donnoient pendant le jour le plus ferein
& le plus clair. Voye { les expériences 27
& 29.
53. Une certaine quantité d’herbe, de
gramen , fut expofée depuis le hoir jufqu’au
51,
(^7) Le le&eur un peu attentif aux réfultats de ces ex-
périences, aura déjà obfervé qu’il y a dans toutes quelques
variations qui doivent arriver félon la nature des chofes ,
comme j’ai déjà dit ailleurs. Mais ici il pourront aifément
croire qu’il s’y eft glifle une erreur, en trouvant que la
dernière mefure d’air nitreux , qui n’étoit que de cent fub-
divifions, comme toutes les autres, a cependant augmenté
le nombre des fubdivifions, de cent dix. J ai obiervc nombre
de fois cet effet fingulier de 1 air nitreux, que, dès qu il a
pleinement faturé l’air refpirable , il augmente quelquefois
la colonne d’air de plus que fon volume, comme s’il dé-
veloppoit de nouveau une portion d air nitreux, ou une
portion d’air refpirable. Il fuffit d indiquer le fait, fans
prétendre en donner railon ici : ainli nous pouv ons et allier
la bonté de cet air d’une mefure au defTus du nombre
indiqué en marge; on peut donc le porter à 360.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec?. VIII. 229
lendemain à onze heures du matin, à l’air £““2^ Jg
libre, dans un bocal de verre vert. L’air ^uite.
qu’elle avoit donné étoit déphlogiftiqué ;
en voici la qualité : 1.80; 1.64; 1.54;
2.31 7 ^-2.(5. 374*
En comparant cette expérience avec
celle dont le réfultat peut fe voir dans la
Seéfion 2 , Exp. 1 , on doit considérer que
le bocal vert, en empêchant un peu la lu-
mière, doit avoir empêché que cet air ne
fût encore méilleur.
54. Une poignée de la perjicaria urens ,
perlicaire brûlante , mife dans un bocal de
verre vert plein d’eau, ôtexpofé à l’air libre
depuis le hoir jufqu’à dix heures du lende-
main matin , avoit donné un air dont la qua-
lité étoit médiocre : 1.90; 1.86; 2.78 ;
3*74* 216,
La couleur du bocal a dû empêcher ,
comme dans l’expérience précédente , que
cet air 11e fût meilleur. Le réfultat des ex-
r
périences 52 & 55 , en eft la preuve.
55. Deux poignées de feuilles de lau-
rier-cerife étant mifes à l’air libre pendant
vingt - quatre heures , dans un bocal de
verre blanc , ont fourni une bonne quantité
d’air déphlogiftiqué, dont voici la qualité :
1.78; 1.61; 2.02; 2.97; 3.94. j0l5-
P iij
/
230 Expériences
• , V
SECTION IX.
Expériences qui démontrent que les Plantes
possèdent pendant le jour une propriété fin -
gulière , de corriger l’air vicié.
Exp. <6. Ayant rempli un bocal d’air
fi vicie par la refpiration, qu’une bougie
allumée s’y éteignoit , j’y mis un pied de
menthe poivrée, menthapiperitis. Elleavoit
tellement corrigé cet air pendant trois
heures que le bocal fut au foleil, que la
flamme d’une bougie s’y foutint.
57. Je remplis le foir un bocal d’air,
que j’avois tellement infefte par la refpi-
ration , que la flamme d’une bougie s’y
éteignit. Y ayant mis de l’ortie commun ,
je tins le bocal dans la maifon toute la
nuit. Le lendemain au matin , je trouvai
l’air auffi mauvais que lorfque j’y avois
mis la plante. Après avoir pris du bocal
l’air qu’il falloit pour en faire lefiai, je le
plaçai au foleil à neuf heures. Cette meme
% plante qui n’avoit eu pendant la nuit au-
cune influence en bien iur cet air , le corii-
gea tellement dans l’efpace de deux heures
au foleil , qu’il fut à peu près réduit à la
bonté de l’air commun.
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. IX. 23 I,
58. Ayant infefté une quantité d’air par
la refpiration , de façon qu’une bougie s’y truite,
éteignit, j’en remplis une fiole; j'y en-
fermai une branche de perjicaria urens :
après que la fiole eut été expofee au
foleil pendant une heure 8c demie , j’en
examinai l’air , & je le trouvai déjà telle-
ment corrigé , qu’une chandelle pouvoit
y brûler; j’obtins le même effet des feuilles
de la vigne , de la camomille 8t des joncs.
59. Je mis, dans un bocal affez grand,
un pied de moutarde ; j’en coupai la tige,
au niveau de l’orifice du bocal ; après
quoi je le renverfai dans un vafe de terre ,
où il y avoit un peu d’eau pour conferver la
plante en vie. Je plaçai ce bocal pendant la
nuit dans la maifon. Le lendemain matin ,
je trouvai l’air tellement vicié par cette
plante , qu’une bougie allumée s’y éteignit.
Pour favoir exaftement la qualité de cet.
air, je le fournis à l’épreuve de l’air ni-
treux , à la faço'n de M. Fontana. En
voici le réfultat : 1.98; 2.87; 3.83. ny,
60. Après avoir ôté de ce bocal l’air
qu’il falloit pour en faire l’efiai, je le plaçai
au foleil pendant un quart d’heure : alors
je trouvai l’air déjà un peu corrigé; car,
en le foumettant de nouveau à la même
épreuve , il donna le réfultat fuivant :
1.97; 2.84; 3.79.
Piv
m.
Quantité des
deux airs dé-
truite.
176.
80,
232 Expériences
Après cet effai, je replaçai le bocal au
foleil; &, après une heure & demie, je
trouvai l’air prefque revenu à la bonté de
l’air commun ; car il donna le réfultat fui-
vant : 2.01; 2.25; 324.
Je remis de nouveau ce bocal au foleil;
&, après qu’il y eut été durant trois heures
de fuite, j’en examinai l’air; je le trouvai
alors tellement amélioré, qu’il furpaffoit
en bonté l’air commun , tel qu’il étoit alors.
L’effai que j’en fis donna 1.95; 2.21^;
2.20.
L’air commun , traité de la même ma-
*73* nière , fe montroit à 1.96; 2.25; 3.2 6f.
Eoye{ auffi les Expériences 40, 41 & 50.
SECTION X.
Expériences qui démontrent que les Plantes
âcres , puantes , & même celles qui fo?it
reconnues pour vénéneufes , donnent pen-
dant le jour de U air déphlogifliqué d’une
aujji bonne qualité que les autres Plantes,
Exp. 61. Je plaçai au foleil , dans un bocal
plein d’eau, un pied de jufquiame, hyof-
cyamus . Après qu’il eut été ainfi expofé
depuis midi jufqu’à cinq heures , j’en ob-
tins une grande quantité d’air déphlogif-
SUR LES VÉGÉTAUX. Seci.X. 233
tiqué, dans lequel la flamme d’une bougie
devenoit fort brillante. Une mefure de
cet air avec une d’air nitreux, occupoient
0.93 ; avec trois, 1.70.
Les feuilles de laurier-cerife , lauroce -
rafus , poifon terrible (a), ne donnèrent
pas un air moins bon que celui de la juf-
quiame. Deux poignées de ces feuilles ,
expofées au foleil dans un bocal plein
d’eau , depuis onze heures au matin juf-
qu’à cinq heures après midi , avoient donné
( a ) Cette plante a été toujours fufpeélée, quoique bien
des gens l’emploient comme affaifonnement , en en mettant
une feuille ou deux bouillir dans le lait, pour lui commu-
niquer un goût d’amandes amères. Quoiqu’on puiffe s’en
fervir ainfi, prefque toujours impunément, j’ai vu cepen-
dant des gens -qui s’en trouvoient fort mal. Ces feuilles
cachent , fous un parfum & un goût agréables , le poifon
le plus terrible, lorfque fes forces font concentrées. Un
chien à qui on en a donné dans cet état , mourut
prefque en un inftant. MM. Heberden & Watfon, de la
Société royale de Londres, ont fait, avec cette plante,
des expériences qui en démontrent la qualité la plus ve-
néneufe. Si cette plante contient peut-être le poifon le plus
aéiif qui exifte dans le règne végétal , en le prenant par la
bouche, il n’eft pas moins terrible dans fes effets, étant appli-
qué extérieurement dans un état de concentration. M.
Fontana découvrit l’année dernière ce pouvoir terrible,
qui ne cède en aucune façon à celui des fameux poifons
des Lamas 8c des Ticunas , avec lefquels ces Indiens endui-
fent la pointe de leurs flèches. M. Fontana a fait, avec
ces deux derniers poifons, des expériences très -impor-
tantes & curieufes , auxquelles j’ai affilié : il les publiera
bientôt, comme une fuite de l'on excellent ouvrage fur le
venin de la vipère.
truite.
394.
234 Expériences
SuÏÏÏs dé- une bonne quantité d’air déphlogiftiqué ,
dont l’eftai fait à la façon de M. Fontana
donnoit le réfultat fuivant : 1.87; 1.67;
1.50; 2.04; 3.04.
63. Deux poignées de feuilles du fola-
num vulgare , qui eft une plante fufpe&e*
étant, à la manière ordinaire, expofées au
foleil depuis deux jufqu’à cinq heures
après midi, ont donné une grande quantité
a air déphlogiftiqué d’une qualité fupé-
rieure: 1.92^; 1.79; 1.65 ; 1.52; 2.087;
3*°5*
64. Je ramaftai, de la même façon, du
bon air déphlogiftiqué des feuilles de ta-
bac ( voye ^ l’expér. 9); de Yatriplex vulva-
ria , arroche puante, plante d’une puanteur
très-fingulière ; de la ciguë aquatique,
cicuta virofa , plante des plus dangereufes;
8c de la fabine.
49b
SUR LES VÉGÉT. Sect. XI. 235
SECTION XI.
Expériences par Lesquelles on deniontie que
les- fleurs , en général, exhalent un air
empoijonné , quoiqu en tres-petite quan-
tité; quelles corrompent une grande quan-
tité d'air avec lequel elles font enfermées ;
qu elles exercent ce pouvoir en tout temps >
également durant le jour comme pendant
la nuit , au foleil comme à l'ombre.
Exp. 65. Deux poignées de fleurs de
calendula , mifes dans un bocal plein d’eau,
& expofées à l’air libre pendant quarante-
huit heures, fournirent une petite quantité
d’air , dans lequel la flamme d’une bougie
s’éteignit d’abord , & qui ne fut prefque
pas diminué par l’air nitreux.
66. Deux poignées de fleurs de camo-
mille romaine, chamcemelum nobile , étant
de même expofées à l’air libre dans un
bocal de deux pintes plein d’eau , au bout
de deux jours il s’en fépara un peu d air
qui fe trouva d’une fl mauvaife qualité ,
que la flamme d’une bougie s’y éteignit
d’abord.
67. Quarante-cinq fleurs de calendula
furent mifes fous un bocal renverfé , de
2^6 Expériences
deux pintes d’Angleterre, fans eau, 8c laif-
fées toute la nuit dans la chambre. Le
lendemain je trouvai l’air du bocal telle-
ment vicié , qu’une bougie allumée s’y
éteignit. Une mefure de cet air 8c une
d’air nitreux, occupoient 1.43.
68. Ayant pris de ce bocal l’air qu’il
falloit pour en examiner la qualité, je
mis ce vafe, avec les fleurs 8c le refle de
l’air , au foleil , depuis neuf heures jufqu’à
midi : alors , en examinant l’air, je le trouvai
encore plus vicié; car une mefure de cet
airavecune d’air nitreux, occupoient 1.54.
69. Quelques fleurs de chèvre-feuille ,
capri- folium , placées fous un bocal d’une
pinte d’Angleterre , 8c mifes dans la mai-
ion pendant trois heures , avoient telle-
ment infeéfé l’air du bocal, que la flamme
d’une bougie s’y éteignit.
Une quantité de cesv mêmes fleurs ,
placée fous un bocal de la même capacité
au foleil , avoit de même vicié l’air au point
qu’il éteignit la flamme d’une bougie.
70. Une autre fois , je plaçai la même
quantité de fleurs de chèvre-feuille fous
un bocal de la même grandeur, pendant
une nuit dans la maifon , voulant favoir
exa&ement jufqu’à quel degré l’air en
étoit infeélé : je l’examinai le lendemain;
je le trouvai fl mauvais, qu’une mefure de
SUR LES VÉGÉTAUX. Sec l XI. lyy
cet air avec une d’air nitreux, occupoient
1.68.
Toutes les fleurs que je pus me procurer
avoient à peu près le même effet; toutes
rendoient l’air plus ou moins vicié , tant
au foleil qu’à l’ombre , à l’air libre &
dans la maifon , pendant le jour & pendant
la nuit. Ainfi , ayant: trouvé que toutes
avoient la même influence fur l’air commun,
je penfe qu’on peut envifager cette règle
comme générale, & qu’on n’en découvrira
que peu, ou même point d’exceptions. Je
crois néanmoins avoir obfervé par des
faits réitérés , qu’il y a beaucoup de diffé-
rence entre leur effet; &, comme une
plante donne un air déphlogiffiqué plus fin
qu’un autre, il y a la même différence dans
la mauvaife influence de diverfes efpèces
de fleurs fur l’air. Je trouvai les fleurs de
thlafpï & de violette fpécialement plus
mal-faifantes que beaucoup d’autres.
238 Expériences
SECTION XII.
Expériences qui démontrent que les racines
des Plantes , lorfqu elles font récemment
tirées de la terre > corrompent l'air com-
mun, exhalent un air mal-faifant en
tout temps ; fen excepte cependant quelques
racines .
EXP. 7 1 . A Y A N T mis au foleil , dans un
bocal de huit pintes d’Angleterre , plein
d’eau, trois poignées de racines de mou-
tarde, fraîchement tirées de la terre &. bien
lavées, j’en obtins, dans l’efpace de fix
heures , affez d’air pour l’examiner. Il fe
trouva fi mauvais ,*qu’il éteignit la flamme
d’une bougie.
72. Deux poignées de racines de joncs,
bien nettoyées , furent de la même manière
expofées au foleil pendant fept heures. Il
s’en dégagea une petite quantité d’air ,
dont la qualité étoit fi mauvaife , que la
flamme d’une bougie s’y éteignit.
73. Une poignée de racines de fitiapi ,
moutarde , bien lavees , ayant ete mife
dans un bocal de deux pintes, plein d’eau,
je fis monter dans ce bocal une portion
d’air commun, fuffifante pour etre en con-
SUR LES VÉGÉT. Secl . XI L 239
taft avec une bonne partie de cette racine. (^gddf_
Après avoir laiffé ce bocal au foleil pen-trmte.
dant fix heures, je trouvai que 1 air enferme
avec la racine, étoit détérioré ; car il don-
noit , par l’effai de M. Fontana , le réfultat
fuivant: 1.95; 2.34; 3.37. _
74. Je mis une poignée de racines de
becabunga dans un bocal plein d’eau ; je
l’expofai au foleil pendant hx heures; j’ob-
tins une quantité médiocre d’air qui fe
trouva être de la qualité de l’air commun.
Toutes les autres racines que j’ai effayées
fournilïoient un air pire que l’air commun,
& vicioient en tout temps conflamment
l’air commun avec lequel elles étoient en-
fermées. Je n’ai cependant pas été étonné
de l’effet mentionné des racines de beca-
bunga ; car, au lieu que la plupart des
racines diffèrent entièrement du reffe de
la plante , celles de becabunga en diffèrent
très-peu.
240 Expériences
SECTION XIII.
Expériences qui démontrent que les Fruits en
général exhalent un air mal - faijant en
tout temps & en tout lieu , & qu’ils infec -
tent toujours l'air commun , mais plus
pendant la nuit & dans l'ombre , que du-
rant le jour & au foleil , de façon que
la lumière du foleil diminue leur influence
pernicieufe fur l’air commun , au moins
dans quelques-uns .
Exp. 75. Je mis fix petites pêches fous un
bocal de deux chopines, renverfé fur une
affiette , dans une chambre allez mal éclai-
rée par une feule fenêtre. Dans l’inter-
valle de deux heures après midi jufqu’à
fept heures du foir , l’air du bocal fut tel-
lement corrompu par ce fruit , que la
flamme d’une bougie s’y éteignit fur le
champ , & qu’un animal y eût d’abord
trouvé fa mort. Une mefure de cet air avec
une d’air nitreux, occupoient 1.86.
76. Ayant vu que l’air étoit devenu,
dans l’expérience précédente, prefque auffi
fernicieux pour la vie d’un animal, que l’efl
air inflammable, j’ai voulu voir quel effet
feroit un plus petit nombre de ce fruit fur
la
SUR LES VÉGÉT. SeB. XIII. 241
la même maffe d’air en moins de temps.
Je mis donc deux de ces mêmes pêches
fous le même bocal renverfé fur une af-
flette ; je le plaçai dans la même chambre.
En deux heures de temps , l’air étoit de-
venu fi vicié , que laflamme d’une bougie y
perdoit fur le champ toute fa clarté , &
"étoit prête à s’éteindre.
77. Ayant obfervé l’effet pernicieux des
Î)êches fur l’air commun dans l’ombre ,
’envie me prit de voir quel effet ce même
fruit auroit au foleil. Je mis lix pêches de
la même grandeur que celles de l’expé-
rience 73 , fous le même bocal de deux
chopines. Je plaçai ce bocal renverfé fur
une affiette au foleil , depuis neuf heures
jufqu’à onze. L’air étoit devenu fi vicié ,
qu’il éteignit la flamme d’une bougie. Une
mefure de cet air avec une d’air nitreux,
occupoient 1.55.
78. Un citron placé fous un gobelet
contenant J d’une, chopine , infe&oit tel-
lement l’air , qu’une bougie allumée y per-
doit tout fon brillant.
79. Une poignée de noifettes avec leur
calice vert , fut mife fous un bocal de deux
chopines pendant la nuit : le lendemain,
je. trouvai l’air tellement altéré , qu’une
ougie s’y éteignit.
80. Sixpetites poires de bergamote ayant
Q
242 Expériences
été mifes pendant la nuit fous un bocal
de deux chopines , je trouvai le lendemain
que l’air du bocal étoit un peu altéré; car la
flamme d’une bougie y perdoit fon éclat.
Une mefure de cet air avec une d’air ni-
treux, occupoient 1.25.
81. Trois pommes qui n’étoient pas tout-
à-fait mûres, 8t qu’on venoit de cueillir,' ”
étant reflées pendant toute la nuit fous un
bocal de deux chopines , l’air en fut vicié
au point qu’il éteignit une bougie. Une me-
fure de cet air avec une d’air nitreux , oc-
cupoient 1.48.
82. Après avoir pris du bocal de l’ex-
périence précédente, la quantité d’air né-
ceflaire pour l’effayer , je le mis au foleil
avec le refle de l’air 8c les pommes, du-
rant fept heures. En examinant cet air, je
le trouvai devenu encore plus mauvais; il
éteignit la flamme fur le champ. Une me-
fure de cet air avec une d’air nitreux , oc-
cupoient 1.72.
83. Quatre citrons placés fous^n bocal
de deux chopines, au foleil, pendant fept
heures , avoient altéré la qualité de l’air.
Une mefure de cet air avec une dair ni-
treux, occupoient 1.18.
84. Un bocal de huit chopines, rempli
au tiers de meures en parfaite maturité, 8c
renverfé fur une affiette , fut place au
SUR LES VÉGÉT. Secl. XIII. 243
foleil pendant quatre heures. Au bout de
ce temps , l’air en étoit fi altéré, qu’il étei-
gnit la chandelle fur le champ. Une me-
fure de cet air avec une d’air nitreux, oc-
cupoient 1.63.
85. Des meures de ronces, des prunes
de toutes efpèces , mûres ou non encore
mires, gâtoient tous l’air, & au foleil, &
à l’ombre.
86. Six pommes mûres fraîchement
cueillies, furent mifes au foleil dans un bo-
cal de huitchopines plein d’eau , & renverfé
fur une affiette. Après qu’elles y eurent été
depuis dix heures du matin jufqu’à quatre
heures après midi, j’en obtins une certaine
quantité d’air, qui en étoit forti par forme
de bulles , comme il fort des feuilles. Cet air
étoit d’une fort mauvaife qualité; il étei-
gnit la flamme fur le champ. Une mefure
de cet air avec une d’air nitreux, occu-
poient 1.69.
87. Je mis au foleil, dans un bocal plein
1 d’eau, deux douzaines de haricots verts,
1 d’une petite efpèce, depuis dix heures du
matin jufqu’à deux heures après midi. Leur
ifurface étoit toute couverte de petites
11 bulles d’air. Je n’en obtins qu’une petite
'quantité d’air qui étoit d’une qualité un
peu inférieure à l’air commun ; car une
mefure de cet air avec une d’air nitreux,
Qij
244 Expériences
occupoient 1.14; 8c une mefure d’air com-
mun avec une d’air nitreux, occupoient
1 .087.
88. Je plaçai lous un bocal de deux cho-
pines, renverfé fur une affiette, deux dou-
zaines de haricots , de la même efpèce
que ceux de l’expérience précédente, mais
fans eau. Je les laifiai toute la nuit juf-
qu’à onze heures du matin dans une cham-
bre , fans les couvrir d’un drap, de façon
que le matin le bocal fut éclairé par la
lumière du jour. En examinant l’air de ce
bocal , je fus étonné de le trouver em-
poifonné à un fi haut degré , qu’il furpaf-
foit même l’air vicié par la jufquiame ( ex-
pér. 43 ). Une mefure de cet air avec une
d’air nitreux, occupoient 1.95.
89 Après avoir vu avec étonnement cet
influence mal-faifante au fuprême degré
d’une fi petite quantité de haricots fur une
quantité fi confidérable d’air , je voulus ef-
fayer l’effet qu’un tel air auroit fur un
animal vivant. Je plaçai dans ce bocal de
deux chopines , encore aflez plein de cet
air , un poulet éclos depuis huit ou neuf
jours. Dans l’inftant même que l’animal
entra dans cet air, il donna des Agnes d’une
-extrême anxiété , 8t bientôt après il tomba ,
& perdit tout mouvement. Voyant qu’il
alloit mourir, je me hâtai de le tirer du
SUR LES VÉGÉT. Sec!. XIII. 245
bocal, pour le placer dans un autre plein
d’air dephlogiftiqué obtenu des plantes ,
& deftiné à y placer le poulet lorfqu il
feroit prêt à mourir ; mais j’eus beau me
dépêcher le plus que je pus , l’animal etoit
déjà tout-à-fait mort lorfque je l’en retirai,
quoiqu’il n’y eût pas été pendant vingt
fécondés.
En comparant cette prompte extinâion.
de la vie d’un animal dans cet air expofé
à l’influence des haricots , avec l’effet de
l’air inflammable tiré des métaux par le
moyen de l’acide vitriolique ou marin , je
trouvai que l’air vicié par ce fruit étoit
aufli deftrudif de la vie animale , que l’air
inflammable même.
90. Je plaçai fix de ces mêmes haricots
verts fous un bocal de huit chopines, vidé
& renverfé fur une afliette : je les y laiflai
pendant une nuit. Le lendemain , je ne pus
voir qu’avec furprife jufqu’où une fl pe-
tite quantité de .ce fruit avoit pu vicier
une fi grande maffe d’air : car la flamme
d’une bougie ne pouvoit s’y foutenir, & un
animal n’auroit pu le refpirer fans angoiffe
car une mefure de cet air avec une d’air
nitreux, occupoient 1.34.
91. Je plaçai dans une chambre , fous
un verre à boire , trois petites noix qui n’é-
toient pa^s mûres , ôt qu’on venoit de cueillir ;
Qiij
si •
246 Expériences
elles y relièrent depuis midi jufqu’à deux
heures Elles rendirent en fi peu de temps
l’air du verre entièrement incapable de
foutenir la flamme, ou la vie d’un animal.
Une mefure de cet air avec une d’air ni-
treux, occupoient 1.54.
Il fuit de ces expériences , qu’en gé-
néral tout fruit exhale en tout temps dans
l’air commun , un principe nuilible à la
vie des animaux; mais que le foleil , qui
femble n’avoir aucun pouvoir pour empê-
cher l’exhalaifon nuilible des fleurs , a lur
quelques fruits un pouvoir marqué pour
empêcher ou diminuer leur influence mal-
faifante. D’autres expériences m’ont con-
firmé ce pouvoir du foleil fur quelques
fruits.
SECTION XIV.
Expériences qui prouvent que les feuilles , les
tiges & rameaux verts qui les fupportent ,
font les feules parties des Plantes qui don-
nent de l’air déphlogijliqué .
J E crois avoir allez démontré que les fleurs ,
les racines & les fruits , ne donnent dans
icune circonflance
Il ne me refloit
de la plante à exa-
aucun temps ni dans ai
de l’air dephlogifliqué.
donc plus aucune partie
SUR LES VÉGÉT. Secl. XIV. £47
miner, que les tiges vertes qui Soutiennent Q-tg g
les feuilles, & les branches qui font déjà truite.
couvertes de l’écorce. _
Exp. 92. Je dépouillai de leurs feuilles
quelques tiges vertes d un faule : je les mis
dans un bocal de huit pintes , plein d eau ,
& je lés expofai au foleil fur un mur Pen“
dant quatre heures. Je les vis bientôt toutes
couvertes de bulles d’air. J-en obtins une
bonne quantité d’air dephlogifbque , quoi-
que d’une qualité inférieure a celui que
les feuilles de cet arbre donnent commu-
nément , comme on peut voir dans les ex-
périences 2, 20, 25 5 26 & 28. Celui que
j’obtins des tiges fe montra de la qualité î ui-
vante : 1.96; 1.87; 1.837; 2.68 ; 3.64. 336.
93. Je plaçai de même au foleil, dans
un bocal de huit pintes , plein d’eau , quel-
ques branches d’un meurier, qui étoient
couvertes d’écorce griie. J’en obtins une
quantité modérée d’air ; il en fortoit ,
comme des tiges vertes , par une infinité de
bulles. Cet air, mis à Mai, fe montrait
de la même qualité que l’air de 1 atmol-
phère? & donnoit 2.01; 2.10; 3.10. 190.
Qiv
2^8 Expériences
SECTION XV.
Expériences qui démontrent quelle efpèce d’ eau
s’oppofe le moins à F élaboration de F air
ué dans les Plantes , & à la
fluide aérien de la furjace des
L’air devoit naturellement être un fluide
invifible ; car , s’il étoit fenfible à notre
vue , il mettroit obftacle à la perception
des autres objets : mais cette qualité doit
en même temps empêcher que nous ne
nous appercevions d’un grand nombre de
phénomènes , qui probablement ont lieu
dans l’étendue de notre atmofphère , & dont
nous ne connoilîons pas même l’exiftence.
Tant que perfonne ne fongeoit à furpren-
dre la nature fur le fait , en mettant une
plante en pleine végétation au milieu d’un
liquide ami des végétaux , &. dont la
tranfparence nous mît à portée de voir
ce qui s’y paffe , nous devions refier dans
l’ignorance fur ce qui fe paffe dans la na-
ture , fpécialement dans les plantes.
Pour m’affurer de la réalité du fait , il
étoit à propos de ne pas mutiler la plante,
& de n’y rien faire qui pût nuire à fon
aepniogijtiq
fortie de ce
feuilles .
SUR LES VÉGÉT. Sec!. XV \ 249
organifation ou à Ton économie. Il falloit
donc commencer par choifir des plantes
qui fe laiffaffent aifément plier , & que je
puffe tenir dans un bocal plein d eau, tandis
que la racine reftoit encore en terre. Auffi-
tôt que je vis que le même phenomene
fe paffoit, foitque je pliaffe ainfi la plante
en laiffant la racine en terre , foit que je
mille les branches coupées dans les bo-
caux , je ne m’occupai pas long-temps à
cette première opération , qui eft difficile
à exécuter, & n’eft aucunement néceffaire
au but que je me prôpofois. En effet , la
fage nature a doué les plantes d’une vie
très- différente de celle des animaux. Le9
parties détachées de ceux-ci , font , dès le
moment de la féparation , deftituées de
vie, fi on excepte quelques animaux; au
lieu qu’une branche d’un végétal quelcon-
que , féparée du tronc , conferve fa vie
long - temps , fur - tout fi on a foin de
plonger dans l’eau l’extrémité coupée; &
un très - grand nombre de plantes ont
même la propriété de pouvoir être pro-
pagées par des boutures, ou des branches
coupées mifes en terre.
Ainfi , je me contentai de mettre les bran-
ches coupées ou limplement des feuilles ,
dans les bocaux. Mais, dès que j’obfervai
que l’influence des plantes fur l’air différoit
zço Expériences
extrêmement, par une caufe auffi légère
qu’unpeu plus ou un peu moins de lumière ,
je foupçonnai qu’il n’étoit pas indifférent de
quelle efpèce d’eau on fe fervoit pour y
enfermer les plantes. L’expérience m’a con-
vaincu que mon foupçon étoit fondé ; elle
m’a montré que l’eau la plus propre à cette
expérience , ell l’eau de fource fraîchement
tirée des entrailles de la terre , ou tirée d’un
puits par le moyen d’une pompe qui cou-
vre le puits; car, fi l’eau de fource a été
expofée durant quelque temps à l’air libre ,
jelle en devient d’autant moins bonne pour
cet ufage. J’ai donné les raifons de ce phé-
nomène dans la Seélion XXII de la pre-
mière Partie.
Exp. 94. Je mis un nombre égal de
feuilles de faule dans quatre bocaux, cha-
cun de huit chopines. Je remplis l’un de
ces bocaux avec de l’eau d’un petit étang ,
qui ne fe renouveloit jamais , & , par con-
féquent , qui étoit affez impure. Je mis
dans le fécond de l’eau de pluie, ramaffée
le jour précédent; dans le troifième , de
l’eau de rivière; dans le quatrième, de l’eau
de fource ou de pompe, dont je me fervois
ordinairement. Je plaçai tous ces bocaux l’un
à côté de l’autre fur un mur au foleil , à onze
heures : jeramaffai l’air obtenu des feuilles à
trois heures après midi. Je trouvai que les
SUR LES VÉGÉT. Sec t XV. 2^1
feuilles qui avoientété mifesdans 1 eau ftag- Quantité
uante , avoient donne le moins d air , oc la truite,
qualité n’étoit pas meilleure que celle, de
l’air atmofphérique. Les feuilles qui av oient
été dans l’eau de pluie avoient donne de
l’air en plus grande quantité , 8c d’une qua-
lité meilleure. Celles qui étoient dans l’eau
de rivière avoient donné une quantité d’air
encore plus grande, 8c il étoit d’une qualité
plus exquife. Celles qui avoient été dans
l’eau de pompe avoient donné plus d’air
que toutes les autres ; 8c cet air étoit en
même temps d’une qualité fupérieure.
Pour favoir exadement le degré de bonté
de ces airs , je les fournis tous à l’épreuve
de l’air nitreux. En voici le réfultat :
Air obtenu des feuilles mifes dans l’eau
ftagnante , 2.04; 2.20; 3.22.
Air obtenu des feuilles mifes dans l’eau
de pluie, 1.94; 1.96^; 2.69; 3.69. 131.
Air obtenu des feuilles dans l’eau de ri-
vière , 2.05; 2.04; 2.47; 3.44*
Air obtenu des feuilles dans l’eau de
pompe, 1.96; 1.85; 1.72; 1.64; 2.47;
3 •44* _ . , 45^*
93, Je mis dans un bocal plein d’eau
fraîchement diftillée , une poignée de
feuilles de faule ; je le plaçai au foleil
pendant quatre heures : quelques bulles
d’air fortoient de 1a. furface inférieure des
I
252 Expériences
feuilles , mais très-peu de la furface fupé-
rieure. Je n’obtins qu’une petite quantité
d’air , 8c à peine fut-elle fuffifante pour
en faire l’effai. Il fe trouvoit être inférieur
en bonté à l’air commun.
96. Ayant obtenu de l’eau diftillée de-
puis quelques mois, j’en remplis un bocal,
& y mis des feuilles de vigne ; je le plaçai
à l’air libre pendant cinq heures. Une
petite quantité de bulles d’air fe voyoit fur
la furface inférieure des feuilles , & très-
peu fur la furface fupérieure. J’en obtins
cependant affez d’air pour le mettre à l’é-
preuve : il etoit pire que 1 air commun.
97. Je remplis un bocal d’eau imprégnée
d’air fixe tiré des pierres calcaires par l’acide
vitriolique, dans l’appareil du Dr. Nooth,
tel qu’il fe vend chez ÜA.Parker , dans Fleet-
Street à Londres,- & , y ayant mis quelques
feuilles de vigne, je le plaçai furie champ
au foleil 8trenverfé. A peine avois-je mis les
feuilles dans le bocal , quelles furent toutes
couvertes de bulles d’air, & préfentèrent le
plus beau fpeéfacle. Je mis le bocal à l’air
libre pendant cinq heures , au milieu du
jour, le foleil étant pendant tout ce temps
caché derrière des nuages. J’en obtins moins
d’air qu’on n’auroit cru, en confidérantle
nombre immenfe des bulles d’air dont les
feuilles étoient couvertes. La plus grande
SUR LES VÉGÉT. Secl.XK. 253
partie de cet air étant de l’air fixe , difpa-
roiffoit en s’incorporant avec 1 eau , lorf-
que je la lecouois. Je mis à l’épreuve le
peu qu’il m’en reffoit, & je le trouvai d une
qualité inférieure à l’air commun.
98. J’imprégnai d’air fixe une quantité
d’eau , à la façon expéditive du dofteur
Hulme (a) , par le moyen du fel de tartre
& de l’acide vitriolique. Ayant rempli un
bocal de cette eau, j’y mis quelques feuilles
de vigne , & l’expofai au foleil , après l’a-
voir renverfé fur une afiîette. Dans l’inf-
tant où ces feuilles furent plongées dans
l’eau, la furface inférieure fe couvrit d’un
nombre prodigieux de bulles d’air : bien-
(<î) On difTout, dans une certaine quantité d’eau, du
fel de tartre ; on verfe cette eau doucement dans un vafe
contenant une égale quantité d’eau dans laquelle on a mis
autant d’acide vitriolique , qu’il eft néceflaire pour faturer
la quantité de fel de tartre employée. Le fel alcalin &
l’acide vitriolique divifés à l’infini, font, en fe rencon-
trant, une effervefcence prefque invif ble, & l’air fixe qui
s’en dégage , fe trouvé fur le champ intimement mêlé
avec l’eau. Cette méthode aifée d’imprégner d’air fixe
une quantité quelconque d’eau, ou de quelque autre li-
queur , peut être de la dernière 'utilité dans plufieurs
maladies. On peut confulter une brochure publiée fur
ce fujet , en anglois, par le dofteur Hulme , Londres
1778. J’ai cru rendre un fervice au public de la traduire
en latin; je l’ai fait imprimer à Leyde , chez Luzac &
Vandamme, peu de jours après que l’édition angloife a
été publiée. L’ouvrage a paru fi utile à mes compatriotes ,
qu’on l’a traduit de mon latin en hollandois , & im-
primé à Roterdam la même année.
/
254 Expériences
tôt après , la furface fupérieure le fut de
même. Après qu’elles eurent été au foleil
pendant quatre heures , je trouvai ramaf-
fée au fond renverfé du bocal , une grande
quantité d’air , lequel fe montroit être ,
pour la plupart , de l’air fixe , parce qu’il
étoit abforbé par l’eau en la fecouant.
Je fournis le refiant à l’épreuve de l’air
nitreux , & je le trouvai moins bon que
l’air commun.
Quoique la production prefque momen-
tanée de ces bulles d’air par les feuilles
plongées dans l’eau imprégnée d’air fixe,
& l’abforption de cet air par l’eau , ne laif-
fent aucun doute que ces bulles ne foient
produites par l’air fixe, pour la plus grande
partie ; il me paroît cependant très-pro-
bable que le mouvement vital des feuilles
joue auffi fon rôle dans cette fcène : car ,
fi l’air fixe ne faifoit que fe placer en forme
de bulles lur la furface des feuilles, par un
mouvement purement mécanique , ces
bulles fe placeroient fur les deux furfaces
indifiin&ement, dans le même temps, tout
comme elles fe mettent également fur les
deux furfaces d’une pièce de monnoie ou au-
tre corps defiitué de vie, qu’on plonge dans
cette eau. Mais c’efi ce qui n’arrive pas ; car
les bulles parodient dans cette eau , pre-
mièrement fur cette furface des feuilles
SUR LES VÉGÉT. Secl, XV" 255
fur laquelle elles fe produifent les pre-
mières dans l’eau de fource. Cette obser-
vation me paroît indiquer que 1 eau qui
contient une grande portion d air , fur-
tout d’air fixe , dérange l’opération natu-
relle des feuilles , par laquelle elles pro-
duifent un air véritablement épuré ou dé-
phlogifiiqué. Plufieurs expériences de ce
genre m’ont convaincu que l’air obtenu
des feuilles dans l’eau imprégnée d’air fixe ,
efi pour la plus grande partie de l’air fixe ;
& que cette portion d’air qui ne l’eff pas,
efi; un air d’une qualité incertaine, tantôt un
peu meilleure, mais, le plus fouvent, pire,
que l’air commun.
Quoiqu’il puifie paroître afifez extraor-
dinaire que la feule différence des eaux
que j’ai employées dans ces expériences,,
ait pu produire un réfultat fi différent ,
& quoiqu’il foit peut-être très-difficile d’en
donner une raifon affez claire , le fait ce-
pendant nefouffre, pas de doute, & ne doit
pas paroître plus étonnant que celui que
j’ai déjà détaillé , & qui démontre qu’une
caufe fi légère, que je ne l’aurois jamais
foupçonnée de pouvoir produire quelque
chofe d’approchant , je veux dire un peu
plus ou un peu moins de lumière , puifie
être caufe que la même plante produite
un air d’une qualité infiniment fupérieure
256 Expériences
à celle de l’air commun , ou un air abfo-
lument mortel.
La chaleur, même celle du foleil, rend
la meilleure eau moins propre à favorifer
la produ&ion de l’air déphlogiftiqué des
feuilles , quoique cette eau reprenne de
nouveau fa qualité par le froid. Ayant mis
de l’eau de pompe au foleil, dans un bocal
ouvert, jufqu’à ce quelle en fût échauffée
conlidérablement , je la trouvai prefque en-
tièrement inepte pour l’ouvrage des feuilles;
elles ne donnèrent prefque- pas d’air dans
cette eau. En ayant ôté les feuilles, je laif-
fai le bocal plein d’eau au jardin. Le len-
demain matin , je trouvai de la glace for-
mée dans ce bocal. Je mis des feuilles fraî-
ches dans cette eau, lorfque le thermo-
mètre de Farenheit , qu’on y tenoit plongé,
marquoit 37 degres de froid ; elles don-
nèrent de l’air déphlogilfiqué en grande
quantité. Le froid avoit donc rétabli la fa-
culté de cette eau, que la chaleur lui avoit
ôtée.
SECTION
SUR LES VÉGÉT. Sec l XFL 257
SECTION XVI.
Expériences qui indiquent à quel degré de
pureté peut atteindre l'air déphlogijliqué &
élaboré par les Plantes .
J’ai découvert, par une fuite de plufieurs
centaines d’expériences faites dans ma foli-
tude , que les feuilles des plantes verfent , en
général , un air déphlogifiiqué le plus fin ou
le plus pur , quand on n’en met pas trop
dans le bocal, St par conféquent, lorfque
la plupart reçoivent la lumière direâe du
foleil. Il m’a paru que le temps le plus favo-
rable pour la produéfion de cet air , eft
entre midi 8t fix heures du foir , au mi-
llieu de l’été, St toute autre circonfiance
1 étant égale.
Exp. 99. J’ai obtenu de quelques plantes
un air déphlogifiiqué fi pur, que non-feu-
llêment la flamme d’une bougie y brûloit
.avec une lumière très - éclatante , mais
;même qu’elle étoit accompagnée d’une ef-
pèce de fifflementou bruit de fcintillation,
qu’elle a coutume d’exciter lorfque la bou-
gie efl plongée dans un air déphlogifiiqué
ttrès-pur. Parmi les plantes qui me don-
noient l’air déphlogifiiqué le plus pur .,
R
470.
258 Expériences
Quantité des il y avoit quelques plantes aquatiques. Les
truite. pms & les autres arbres qui contiennent
de la térébenthine, me fourniffoient tou-
jours de l’air d’une pureté h exquife, qu’il
falloit quelquefois flx mefures d’air nitreux
pour faturer deux mefures de cet air dé-
phlogiftiqué , & que des deux airs, Se
plus , fe trouvoient détruits.
100. J’ai obtenu en feptembre , des jeu-
nes feuilles de vigne , de l’air déphlogifti-
qué Ci pur, que l’épreuve de l’air nitreux don-
noiti.97; 1.87^; 1.78; 1.68 ; 2.33; 3.30.
101. J’obtins le même jour , de l’air
déphlogifliqué encore meilleur des vieilles
feuilles de vigne ; en voici l’épreuve avec
l’air nitreux: i .95 ; 1.85; 1.72; 1.60; 1.61 ;
547* 2,53* r
102. Quoique la qualité des airs men-
tionnés dans les deux expériences précé-
dentes fût très-bonne, j’en tirois cepen-
dant encore de plus exquis de la moufle
verte qui s’engendre d’elle - même dans
les bocaux pleins d’eau. Deux mefures de
cet air étoient à peine faturées par huit
mefures d’air nitreux, Sc^Vs des ^eux airs
étoient détruits dans le mélange. L’air de-
phlogiftiqué que j’obtenois de cette moufle
que j’avois prife d’un baquet de pierre , tou-
jours rempli d’eau par une fource voiline,
fe trouvoit être d’une qualité encore plus
SUR LES VÉGÉT. Sect . XV L 259
fine; car, dans le mélange de deux mefures Quantité des
de cet air avec huit mefures d’air nitreux, ÎS*,rsdé'
il fe détruifoit ,
Comme cette matière verte appartient
fans doute au règne végétal , j’ai lieu de
croire qu’on peut obtenir un air aufli pur
des autres végétaux, par une méthode que
je n’ai pas encore eu la bonne fortune de
découvrir.
Quelle que foit la bonté exquife de cet
air, elle n’égale cependant pas la qualité
de l’air déphlogiftiqué qu’on tire de quel-
ques fubftances qui n'appartiennent pas
au règne végétal , telles que le nitre , le
mercure calciné , le mercure précipité
rouge .
&c.
Afin de faire connoître exa&ement la
qualité des deux meilleures efpèces d’air
dont j’ai fait mention , je donnerai ici le
réfultat entier de l’effai de M. Fontana9
auquel je les ai foumifes, pour pouvoir les
comparer avec l’air déphlogiftique du mer-
cure précipité rouge.
L’air déphlogiftiqué, tiré de la moufle
verte produite fpontanément dans un bo-
cal plein d’eau, donnoitle réfultat fuivant :
2.05; 2.01; 1.93; i.8ii; 1.727; 1.70^;
2.6 2i; 3.55.
Le réfultat de l’épreuve faite avec l’air
déphlogifliqué obtenu de la moufle tirée
R ij
6 45*
Quantité des
deux airs dé-
truite.
6^2.
75°.
260 Expériences
du baffm de pierre fur le grand chemin,
étoit 2.08; 1.07; 2.01; 1.92; 1.89; 1.78;
2.54; 348.
On peut juger combien la bonté de ces
deux airs approche de celle de l’air dé-
phlogiftiqué tiré du mercure - précipité
rouge. En voici un effaiexaâ:: 1.03; 1.28;
0.93; 0.59; 0.27; 0.58, 1.02^; 2.50. Ainft
les deux mefures de cet air déphlogiftiqué,
avoient été réduites à environ & riiz
des deux airs avoient été détruits.
Quoique la pureté de ce dernier air
fût réellement grande , il n’eft cependant
pas douteux qu’on trouvera des airs encore
plus exquis. J’étois convaincu de cette
vérité , lorfque , au mois d’août de cette
année , j’étois préfent à l’expérience fui-
vante de M. Fontana. Il diffolvoit de l’or
dans de l’eau régale faite d’acide marin &
d’acide nitreux purs. L’air qui fe dégageoit
de l’effervefcence , étoit de l’air nitreux
qui abforboit l’air refpirable comme l’air ni-
treux ordinaire. Ayant évaporé la Solution,
il l’expofoit à un feu violent , pour en ex-
traire l’air déphlogiftiqué , qui fe trouvoit
être d’une pureté ft grande , qu’il décom-
pofoit une quantité prodigieufe d’air ni-
treux , & qu’il étoit lui-même réduit à en-
viron Si nous avons lieu de nous atten-
dre à des effets heureux de l’air déphlo-
SUR LES VÉGÉT. Secl. XVII. 161
gifliqué ordinaire , quelle efpérance fie
doit -on pas concevoir de l’ufage d’un air fl
fupérieurement pur ?
SECTION XVII.
Expériences qui tendent à découvrir l’ effet
des Plantes fur V air inflammable.
ExP. 103. Je mis une poignée de rameaux
de menthe poivrée dans un bocal plein
d’eau, qui contenoit deux chopines. Ayant
renverfé le bocal , j’y fis monter une me-
sure de deux onces d’air inflammable tiré
du fer, & qui étoitfi pur, que l’air nitreux
ne le diminuoit pas du tout. Je plaçai ce
bocal dans une chambre toute la nuit; je
trouvai le lendemain le volume de cet
air un peu augmenté; mais il étoit encore
également mauvais pour la refpiration des
animaux, car l’air nitreux n’en pouvoir
rien diminuer.
104. Je mis , le même foir, une mefure
de deux onces de ce même air inflam-
mable dans un bocal de deux chopines,
plein d’eau, après y avoir mis une poignée
de feuilles de noyer. Je plaçai ce bocal
de même dans la maifon pendant la nuit;
le lendemain, je trouvai la quantité d’air
À iij
26 2 Expériences
augmentée d’environ Une mefure de
cet air avec une d’air nitreux , occupoient
1.90.
105. Ayant mis, le même foir, dans
un bocal de la même grandeur, une poi-
gnée de la perjîcaria urens avec de l’eau ,
j’y fis monter une mefure de deux onces
d’air inflammable; je plaçai ce bocal à côté
des deux autres pendant la nuit dans une
chambre ; je trouvai le lendemain la quan-
tité d’air inflammable diminuée d’environ
jj. Une mefure de cet air avec une d’air
nitreux, occupoient 1.97.
N. B . Ces trois bocaux étoient reliés
dans la maifon, depuis le foir jufqu’au len-
demain entre midi ôtune heure; de façon
que la lumière du jour a pu avoir quel-
que influence fur les plantes, en faifant
fortir quelque quantité d’air de la menthe
poivrée & des feuilles de noyer. J’aurois
dû couvrir les bocaux , pour en exclure
abfolument toute lumière. Malgré cette
omiffion , les plantes n’avoient pas corrigé
cet air , excepté les feuilles de noyer , mais
très-peu ; & cette corredion venoit appa-
remment de la lumière du jour. Etant
donc aflez convaincu par ces expériences,
que les plantes avoient peu , ou meme
point de pouvoir de corriger cet air dans
l’obfcurité, ou au moins de le rendre plus
SUR LES VÉGÉT. Secl. XVII. 263
refpirable , je voulus voir ce qu elles fe-
raient au foleil.
106. Ayant ôté tout l’air inflammable
du bocal qui contenoit les feuilles de
noyer ( exp. 104. ), fans en ôter les feuilles
mêmes, je fis monter dans ce meme bocal
une mefure de deux onces d’air inflam-
mable; je l’expofai au foleil , depuis deux
heures après midi jufqu’à cinq heures :
alors je trouvai le volume de l’air aug-
menté d’un quatrième ; mais la qualité
de l’air étoit peu changée , car une mefure
de cet air avec une d’air nitreux , occu-
poient 1.89. Nous verrons, dans l’expé-
rience 109, la raifon pour laquelle ces
feuilles n’ont pas corrigé cet air.
107. Après avoir ôte l’air inflammable
du bocal de l’expérience 105 , en y laif-
fant la perjlcaria urens & l’eau , j’y fis mon-
ter de nouveau une mefure de deux onces
d’air inflammable; je plaçai le bocal au
foleil pendant quatre heures, depuis deux
jufqu a fix heures : je trouvai le volume
d’air augmenté d’A:> & beaucoup corrige ;
car une mefure de cet air , avec une d’air
nitreux, occupoient 1.33*
108. J’avois agi de même avec le bocal
qui contenoit la menthe poivrée, en y
mettant de nouvel air inflammable , & en
l’expofant au foleil ; mais , ayant oublié de
R iv
264 Expériences
marquer le réfultat , je voulus répéter l'ex-
périence le lendemain. Je mis une poignée
de menthe poivrée fraîche dans le même
bocal , 8c l’ayant rempli d’eau , 8t renverfé ,
j’y fis monter une mefure de deux onces
d’air inflammable. Je l’expofai au foleil,
depuis une heure jufqu’à quatre 8c demie :
pour lors je trouvai le volume d’air inflam-
mable augmenté d’environ 8c tellement
corrigé, qu’une mefure de cet air 8c une
d’air nitreux, occupoient i.2i : ainfi fa
qualité différait déjà peu de celle de l’air
commun; mais, en y approchant une bou-
gie allumée , elle s’enflammoit avec une
grande explofion.
109. Comme les feuilles de noyer, em-
ployées dans l’expérience 106, avoient
très-peu corrigé au foleil l’air inflammable
avec lequel elles avoient été renfermées
la nuit précédente , je foupçonnai que ces
feuilles avoient fouffert par l’eau 8c par
l’air inflammable , 8c qu’ayant perdu beau-
coup de leur vie ou de leur vigueur ,
elles n’avoient plus le pouvoir de corriger
cet air, ou de donner de l’air déphlogif-
tiqué qu’elles donnent, félon leur nature ,
au foleil , 8c dont l’addition aurait fans
doute corrigé l’air inflammable. Je pen-
fai donc qu’il étoit à propos de répéter
cette expérience. Je mis deux poignées
SUR LES VÉGÉT. Se et. XVII. l6 5
de feuilles de noyer dans un bocal plein
d’eau ; j’y fis monter une certaine quantité
d’air inflammable; j’expofai enfuite le bo-
cal au foleil , depuis midi jufqu a cinq
heures : pour lors je trouvai 1 air tellement
corrigé , qu’une mefure avec une d air
nitreux , occupoient 1.30. Cet air fit
une forte explofion à l’approche de la
flamme.
Tout ceci me fervoit de démonflration
que les plantes possèdent le pouvoir de
corriger réellement l’air le plus nuifible
à la vie animale , &. abfolument mortel
dans un inflant. Mais il n’étoit pas décidé par
ces faits, fi les plantes possèdent affez de
pouvoir pour réduire cet air à la bonté de
l’air commun , fuppofé qu’on les laiffe affez
de temps avec cet air , & expofées au foleil.
Afin de découvrir ce qui en étoit, je fis
les expériences fuivantes :
1 10. Ayant mis dans un bocal une poi-
gnée de branches de perficaria urens , &
dans un autre une poignée de feuilles de
noyer, je fis monter dans chacun une me-
fure contenant environ huit onces d’air
inflammable. Je laiffai ces deux bocaux à
l’air libre, durant quarante-huit heures. Je
trouvai l’air du bocal dans lequel étoient les
feuilles de noyer, tellement corrigé, qu’en
le mettant à l’épreuve de l’air nitreux, il
266 Expériences
Quantité des paroiffoit furpaffer en bonté l’air corn-
tnSw!1” de* mun , tel qu’il fe trouvoit alors; car une
mefure de cet air inflammable avec une
d’air nitreux, occupoient 1.03 ; & une me-
fure d’air atmofphérique avec une d’air
nitreux , occupoient dans le même temps
1.05. En examinant cet ai râla façon M./b/z-
184. tana, le réfultat fut: 1.9 1; 2.167; 3.16.
Je remplis de cet air un verre cylindri-
que , & j’y approchai la flamme d’une bou-
gie; il prit feu avec une très-forte explo-
fion. Ceci me furprit beaucoup , &. me fit
appréhender que la preuve de l’air nitreux
ne manquât entièrement dans ce cas.
Après avoir eflayé l’air mis avec les
feuilles de noyer, je fournis au même exa-
men celui qui avoit été avec la perjicaria
urens ; en voici le réfultat : Une mefure de
cet air avec une d’air nitreux , occupoient
0.93 ; en y ajoutant une fécondé mefure
d’air nitreux, la marque étoit à 1.92. En
l’examinant à la manière de M. Fontana ,
l01t le réfultat fut 1.90; 1.96 ; 2.9 5.II paroiflfoit
donc , par ces deux épreuves , qu’il furpaf-
foit en bonté , de beaucoup , l’air commun.
1 1 1 . Je fournis ce dernier air à l’épreuve
de la flamme; il fit une très-forte explo-
fion. Étant étonné que ces deux airs fif-
fent une tres-forte explofion , quoique la
preuve de l’air nitreux indiquât que leur
SUR LES VÉGÉT. Sect, XVIL 267
bonté furpaffoit celle de l’air commun je j-
foupçonnai l’épreuve detre fautive dans truite,
cette efpèce d’air; &. mon foupçon fut
beaucoup augmenté, parce qu eo. répétant
chacune de ces expériences deux fois ,
j’obtenois cpnftammefit le même réfultat.
112. La chofe me parut trop importante
pour m’en tenir là : je réfolus de reprendre
l’expérience. Je mis quelques plantes de
perjicaria urens dans un bocal de huit cho-
pines, plein d’eau; j’y fis monter une
bonne quantité d’air inflammable tres-pur;
je le laiflai à l’air librft depuis le diman-
che jufqu’au vendredi fuivant. En l’exami-
nant , je le trouvai ptefque aufli mauvais
pour la refpiration, que lorfque je lavois
mis avec Ja plante; car une mefure de cet air
avec une d’air nitreux, occupoient 1.80.
Voici le réfultat de l’effai de M. Fontana, :
2.58; 3.58. Un poulet âgé de trois Le- 42.
maines , plongé dans cet air , y mourut
en moins d’une minute.
Le réfultat de cette expérience , étant
entièrement différent de celui qui eft cité
dans les expériences 108, 109 , 110 8c
1 1 1 , me faifoit efpérer que j’avois commis
quelque erreur en les faifant , & que 1 é-
preuve de l’air nitreux pourroit être fans
exception. Je pris donc la réfolution de
découvrir tout le myftère, en redoublant
d’attention.
268 Expérience- s
Quantité d« 1 1 3. Je fis une bonne quantité d’air in-
Ste!,rs de’ flammable , qui étoit fi fort, que l’air ni-
treux ne le diminuoit en rien. Je fis monter
deux chopines de cet air dans un bocal de
huit chopines , plein d’eau , &. dans lequel
j’avois mis quelques plantes de perficaria
urens , avec leurs racines , afin de les con-
ferver mieux en vie : je plaçai ce bocal à
une heure après midi dans le jardin. Lorf-
qu’il y eut été pendant vingt-quatre heures ,
j’examinai l’air, & le trouvai très-corrigé,
approchant déjà beaucoup, au moins en
apparence, de l’état de l’air commun; car
une mefure de cet air & une d’air nitreux ,
occupoient 1.23 : il fit une forte explo-
fion à la flamme d’une bougie. Après en
avoir pris la quantité d’air qui étoit né-
ceffaire pour l’examen , je remis le bocal au
jardin , & j’en examinai de nouveau l’air ,
le lendemain, à une heure après midi :
pour lors je le trouvai, par l’épreuve de
î’air nitreux , à peu près de la bonté de
l’air commun ; car une mefure de cet air
avec une d’air nitreux, occupoient 1.11 ,
& le réfultat de l’effai à la manière de‘M.
168. Fontana , donnoit 2.04; 2.33^; 3.32. E fit
cependant explofion, comme auparavant.
Je replaçai de nouveau le bocal au jar-
din, & j’examinai l’air entre quatre & cinq
heures après midi, le même jour. Alors
SUR LES VÉGÉT. Sect. XVI /. 26 9
l’épreuve de l’air nitreux l’indiquoit meil-
leur que l’air commun; car une mefure de
cet air avec une d’air nitreux , occupoient
1.067. Dans ce temps , une mefure d’air
commun avec une d’air nitreux , occu-
poient 1.08. Il étoit cependant encore ex-
plofif.
114. Ce réfultatne me laifloit plus de
doute que l’épreuve de l’air nitreux ne fût
fautive dans ce cas; car cet air, avec toutes
les apparences d’une bonne qualité, fit en-
core une forte explofion à la flamme. Un
jeune poulet, que je plaçois dans cet air,
y devenoit malade fur le champ , & dans
fix minutes étoit fur le point d’expirer.
Je l’en retirois , defiitué de tout mou-
vement.
11 5. Ayant confervé le refle de l’air
inflammable qui avoit été durant fix jours
avec la perjicaria urens , ( voyez l’Expér.
112) fans être notablement changé, je
fis monter cet air dans un bocal plein d’eau ,
après y avoir mis un pied entier de mou-
tarde. Je mis le bocal à l’air libre. J’exa-
minai l’air au bout de vingt-quatre heures.
Je le trouvai tellement corrigé, qu’il pa-
roilfoit furpaffer l’air commun ; car une me-
fure de cet air & une d’air nitreux , occu-
poient 1 .02 ; en y ajoutant une fécondé
270 Expériences
?euTaiïsdéS me^ure vitreux, mar4^e étoit à
traite. 2.oô. L’épreuve de M. Fontana donnoit
187-. 1.96; 2.1 3Î; 3.12; 6c cependant cet air
s’enflammoit avec une forte explofion.
Après avoir pris de ce bocal la quantité
d’air néceflaire pour cette épreuve , je le
remis au jardin. Le lendemain , lorfqu’il eut
été expofé pendant quarante-huit heures
à l’air libre, je fournis de nouveau cet air
à l’examen , & , par l’épreuve de l’air ni-
treux , je le trouvai encore amélioré ; car
une mefure avec une mefure d’air nitreux ,
occupoient 0.96 , 6c , en y ajoutant une fé-
condé mefure d’air nitreux , on avoit 1.80.
Le féfultat de la méthode de M. Fontana,
*35- étoit 1.97; 1.93; 2.727; 3.66.
Cet air faifoit toujours explofion avec un
grand bruit. Je replaçai de nouveau ce bo-
cal à l’air libre pendant quatre heures , dans
le plus beau foleil. En examinant cet air , il
fe trouva encore beaucoup plus amé-
lioré, 6c furpaffer en apparence, prefque
du double , l’air commun; car, alors, une
mefure de cet air avec une d’air nitreux ,
occupoient 0.94 (a)« L’effai de M. Fontana
2.60. donnoit 1.96; 1.87^; 2.44? 3*4^* Cet air
( a ) Cet efiai eft incomplet, car une fécondé mefure
d’air nitreux auroit probablement donne 1.50, ou envi-
ron j mais, quoique j’aie oublié dy ajouter cette fécondé
deux airs d&»
truite.
i
SUR LES VÉGÉT. Sect. XV IL 27 1
cependant n’avoit pas perdu fa force ex- Quantité dç*
. * r 1 1 deux airs dé»
plolive.
En voulant voir jufqu’oii l’air inflam-
mable pourroit être corrigé par l’influence
d’une plante , je mis une mefure de huit
onces d’air inflammable dans un bocal de
deux chopines , avec une plante de perji-
caria urens . J’ôtois tous les quatre jours
la plante, &. la remplaçois par une nou-
velle de la même efpèce. Au bout de feize
jours, j’en fis l’examen. Cet air donnoit,
par l’épreuve de l’air nitreux, tous les
lignes d’être de l’air déphlogifliqué , fans
qu’il eût perdu fa vertu explofive. L’eflai
de M .Fontana donnoit 1.8 1; 1.56; 1 .37 ;
2.27; 3.25. ... , 375-
Une mefure de cet air, jointe à une
d’air nitreux, occupoient 1.84; avec deux
mefures, 0.98 ; avec trois, 2.00.
1 16. Je mis dans un bocal de huit cho-
pines une plante entière de perficaria urens ,
en la plaçant de façon que la racine étoit au
fond , & par conséquent en haut lorfque
le bocal étoit renverfé. Ayant rempli d’eau
ce bocal , j’y fis monter une mefure d’en-
viron huit onces d’air inflammable très-
mefure,ou peut-être que j’aie oublié d’en faire regiftre ,
on pourra cependant juger exactement du réfultat de l’elTai
: nitreux, par la preuve, à la façon de M. Fontana.
2J2 Expériences
pur. De cette manière , la racine fe trou-
vent au milieu de l’air. Je laiflai le vafe
pendant fix jours à l’air libre dans un jardin.
En l’examinant, je ne trouvai qu’un cin-
quième de l’air que j’y avois mis; & cet air
n’étoit plus ni inflammable , ni explofif , & la
flamme d’une bougie s’y foutenoit, en per-
dant cependant fon éclat. Cette expérience
indique que les racines des plantes aquati-
ques possèdent un pouvoir très - notable
d’abforber l’air inflammable. Quelques au-
tres expériences m’ont aufli confirmé la
même chofe(cz). Je compte revenir fur cette
( a ) N’eft-ce pas encore un bienfait de la SagelTe fu-
prême d’avoir donné cette faculté d’abforber l’air inflam-
mable aux racines des plantes aquatiques , qui croiflent
dans les eaux bourbeufes , dont le fond eft rempli d’air
inflammable? Une partie de cet air nuifible fe trouve ainft
abforbée par ces plantes avant de monter à la furface de
l’eau , où il rendroit l’air mal-lain, en fe répand mt par l’at>
mofphère. Nous favons par expérience, que les pays ma-
récageux nouvellement deflechés répandent des exhala Ions
feptiques ou putrides, & très-nuifibles aux habitans des
environs. Nous en avons eu, il y a trois ans, un exem-
ple bien terrible , lorfqu’on eut fini , près de Rotterdam ,
le defiechement de cette immenfe étendue de terre dont
la grandeur efl: environ la moitié de la mer de Haer-
lem , & qui, depuis des fiècles, étoit couverte de 12-16
pieds d’eau : c’étoit autrefois une tourbière. Cette terre
étoit à peine découverte 6c rendue aux mains du labou-
reur , qu’une immenfe quantité de plantes , pouflant
fpontanément, couvrit toute fa lurface. La vig ieur avec
laquelle ces plantes végétèrent, fut furprenante. N’eft-il
pas probable , en confidérant ce que ] ai dit touchant la
faculté des plantes, d’abforber I9 mauvais air 6c de répandre
matière
SUR LES VÉGÉT. Secl. XVII . 273
matière dans le fécond volume , après avoir
confulté mes notes avec plus de foin.
1 17. Ayant examiné dans les expériences
précédentes , l’effet des plantes fur l’air
inflammable tiré des métaux parle moyen
des acides marins & nitreux , il me refloit
à eflayer leur influence fur l’air inflam-
mable des marais. En remuant le fond
bourbeux d’un foffé , je ramaffai une quan-
tité de cet air dans une bouteille garnie
d’un entonnoir. Cet air inflammable étoit
fi pur , qu’une mefure , jointe à une d’air
nitreux, occupoient 1.98. Je fis monter
une mefure d’environ huit onces de cet
air dans un bocal de deux chopines , plein
d’eau , & contenant un pied de menthe
poivrée, dont les racines étoient leparées :
je le plaçai au foleil, depuis dix heures
du matin jufqu’à quatre heures après midi.
En examinant cet air, je le trouvai beau-
coup corrigé ; car une mefure de cet air
avec une d’air nitreux, occupoient 1.60.
Il brûloit cependant à l’approche de la
chandelle , comme auparavant ; mais il
ne fit pas d’explofion : il efl vrai que je
n’avois pas lieu de m’y attendre, parce que
le bon , que les effets de ces exhalaifons auroient été
encore plus funeftes , fi la fage nature n’avoit pas doué
ces terres d’une fertilité extraordinaire?
S
I
374 Expériences
l’air inflammable des marais possède très-
peu de pouvoir exploiiJ;, étant mêlé avec
de l’air refpirable.
ii 8. Je mis dans le même temps au
foleil un bocal de la même dimenfion, con-
tenant un pied entier de perjicaria urens .
Après l’avoir laille de même au foleil
pendant flx heures , je trouvai l’air plus
corrigé que celui qui avoit été avec la
menthe; car une mefure avec une d’air
nitreux, occupoient 1.48. Il paroifloit n’a-
voir rien perdu de fon inflammabilité.
Il me femble que de ces expériences, on
peut conclure que toutes les plantes ont une
faculté de corriger l’air mêmele plus nuifible
aux animaux, l’air inflammable;mais quelles
ne font pas en état de le faire très-promp-
tement ; qu’il leur faut plufieurs jours ,
ou peut-être plufieurs femaines , pour ren-
dre cet air refpirable; qu’une plante con-
finée dans un efpace fi étroit , &c couverte
entièrement d’eau , ( excepté la partie en
contaél avec l’air inflammable) comme elles
ont été dans les expériences détaillées ,
ne vit pas allez de temps pour achever ce
changement. Il paroît aufli par l’expérience
1 12, que cet air, après avoir été corrige
jufqu’à un certain degre par une plante ,
reprend de nouveau fa qualité nuifible &
mortelle , fi on le laiffe avec la plante
SUR LES VÉGÉT. Secl. XV IL 275
jufqu’à ce que l’opération vitale ceffe , lors-
que la plante ceffe de vivre. En confidé-
rant tout ceci avec attention, on com-
prendra la raifon de la différence de fuc-
cès dans les expériences 110, 111, 112,
113,115.
Il me paroît auffi probable , que les
plantes possèdent la faculté de changer
l’air inflammable , au moins celui des mé-
taux, en un air dont la nature ne peut être
connue par l’air nitreux , & qui a la faculté
de faire une explofion très-forte fans addi-
tion d’un air refpirable. Cet air me paroît
être fulminant de fa nature acquife par
une opération vitale de la plante. J’ai dé-
taillé , dans une note ajoutée à la Seêfion
XXVI de la première Partie , mon opinion
fur la nature de ce changement.
Je ne puis douter que la propriété d’être
diminué par l’air nitreux, ou la propriété
de décompofer l’air nitreux , ne foit donnée
à l’air inflammable par l’air déphlogiftiqué
que les plantes rendent pendant le jour
au foleil. M. F antana , à qui j’ai commu-
niqué ce fait, étoit auffi de cette opinion;
mais je fuis très-porté à croire que la qua-
lité fulminante ou explofive qu’une plante
donne à l’air inflammable au milieu de la
nuit , en peu d’heures , ou dans un lieu
fort obfcur pendant le jour , efl due à une
Sij
276 Expériences
opération vitale de la plante, à une faculté
particulière quelle possède, même dans
un temps 6c un lieu où elle ne rend pas
•du tout d’air ni déphlogifliqué , ni même
de l’air qui puifle foutenir la flamme ou
la vie d’un animal; 6c cette quantité d’air
phlogifliqué quelle répand dans l’obfcu-
rité, eft extrêmement petite. Je foupçonne
que ce pouvoir dépend de l’avidité avec
laquelle les plantes qui font en pleine vi-
gueur, abforbent le phlogifliqué de l’air ,
lorfqu’il en eftfurchargé; car l’air inflam-
mable tout pur peut bien brûler , ( 6c cela
feulement quand il efl en contaft avec l’air
commun ) ; mais , s’il n’efl pas délayé avec
de l’air refpirable , il ne fait point explo-
flon. Une partie du principe inflammable
étant abforbée par les plantes, le refte efl
peut-être aflez délayé pour faire une ex-
plosion , fans avoir befoin de l’addition de
quelque autre air. Quoi qu’il en foit, je
foumets volontiers mon opinion au juge-
ment du leâeur à cet égard. Pour com-
prendre l’influence des plantes fur un air
quelconque, il ne faut pas perdre de vue
que les végétaux , en plein jour , entre-
tiennent la falubrité de 1 air commun , en
répandant de l’air epure dans 1 atmofphere ,
& en abforbant les particules feptiques 6c
phlogiftiques, comme leur nourriture, 6c
SUR LES VÉGÉT. Sect. XVI II. 277
peut-être auffi par quelque autre operation
encore inconnue.
Mais , de tous les airs nuifibles aux ani-
maux , il n’y en a pas qui me femble etre
plutôt rétabli à la qualité d air falubre ,
que l’air gâté par la refpiration. Une plante
corrige parfaitement cet air en peu d’heures.
C’eft une faculté qui nous touche de près,
un fervice important que les végétaux nous
rendent , un bienfait manifefie de la Pro-
vidence.
SECTION XVIII.
Expériences qui tendent à découvrir quelle
efpèce de Plantes ou d’ Arbres , infecte le
moins l’air commun pendant la nuit.
Exp. 11 9. Je mis dans quatre bocaux de
huit chopines , une égale quantité de
feuilles attachée? à leurs tiges, mais de
quatre différens arbres. Dans l’un, je mis
des feuilles de tilleul; dans le fécond, des
feuilles de chêne; dans le troifième, des
feuilles de laurier - cerife ; dans le qua-
trième , des feuilles de noyer : je plaçai
ces quatre bocaux renverfés fur des affiettes
dans la maifon , pendant la nuit, en met-
tant un peu d’eau fur les affiettes, afin
278 Expériences
de tenir les extrémités des tiges mouillées,
& de couper toute communication avec
l’air libre : je trouvai, le lendemain matin ,
l’air de tous les bocaux vicié. L’air du
bocal dans lequel étoient les feuilles de
noyer , étoit devenu fl mauvais , qu’il
éteignoit la flamme d’une bougie , & par
conféquent, qu’il étoit devenu incapable
d’entretenir la vie d’un animal ; celui du
laurier-cerife étoit moins vicié; celui du
tilleul l’étoit encore moins; & celui qui
avoit été enfermé avec les feuilles de
chêne , étoit le moins mauvais de tous ,
&n’étoit pas devenu incapable d’entretenir
la flamme , ni la vie d’un animal. Voici
l’évaluation comparative de ces airs.
Une mefure de l’air avec lequel étoient'
enfermées les tiges de noyer , occupoit ,
avec une mefure d’air nitreux, 1.53; l’air
du laurier-cerife occupoit 1.26; celui du
tilleul, 1 . 1 6 ; & celui du chêne, 1.10.
120. J’ai obfervé que les feuilles de
vignes font moins fujettes à vicier l’air ,
que la plupart des autres feuilles d’arbres.
Parmi les plantes qu’on emploie dans la
cuiflne , les choux font les plus innocens
de toutes celles que j’ai foumifes a cet
examen.
J’avoue que ce peu d’experiences ne fuf-
fit en aucune manière pour en tirer des
«
SUR LES VÉGÉT. Secl. XIX. 279
conféquences pratiques ; mais elles peu-
vent fervir aux autres phyficiens, en leur
montrant le chemin à de nouvelles decou-
vertes fur ce fu jet.
SECTION XIX.
Expériences qui démontrent que les feuilles qui
font parvenues cl leur accroiffe ment parfait ,
répandent de l air dephlogifique , & en plus
grande abondance , & d une qualité meil-
leure que les jeunes feuilles , qui ne font
pas encore à leur perfection.
Exp. 121. J E mis dans un bocal de huit
chopines l’extrémité d’une branche de vi-
gne , qui contenoit des feuilles de toute
grandeur, depuis les plus jeunes jufqu aux
plus parfaites, d’un vert fonce : le vafe
fut rempli d’eau , difpofe a 1 ordinaire , &
expofé au foleil je reftai auprès du bocal
pour examiner ce qui s y paffoit. J obiervaî
que les feuilles développées fe couvroient
les premières de bulles dair; quelles pa-
roiffoient enfuite fur celles qui etoient les
plus avancées en âge apres celles-ci; &c
qu’ainli , par une gradation régulière , elles
paroilfoient plus tard fur les plus jeunes
feuilles, & fur celles qui nétoient pas en-
S iv
280 Expériences
?euxn!ires dé- core5developpées. I'es mêmes gradations
mute* que j’obfervois dans l’apparition des bulles ,
avoient auffi lieu dans leur grandeur, celles
des vieilles feuilles étant toujours &. plus
nombreufes , & plus grandes.
122. Je mis dans un bocal de huit cho-
pin^s , rempli d’eau, quelques feuilles de
vigne entièrement développées : je l’ex-
polai au foleil, depuis neuf heures du matin
jufqu’àdeux heures après midi; il en fortit
une grande quantité d’air déphlogiftiqué ,
dont voici la qualité : 1.95 5.1.85 ; 1.72;
1.60; 1.61 ; 2.53.
123. Je mis en même temps, dans un
bocal de la même grandeur, une quantité
égale de feuilles de la même vigne, qui
n’étoient pas parvenues à leur grandeur
naturelle , & dont la couleur n etoit pas
encore d’un vert foncé. Ces feuilles ayant
été au foleil à côté des autres , pen-
dant le même efpace de temps , avoient
auffi donné une grande quantité d’air dé-
phlogifliqué , mais moins que les vieilles
feuilles , & il étoit d’une qualité inférieure.
En voici la bonté exaâe : 1.97 ; 1.873-;
470. 1.78 ; 1.86; 2.33; 3.30.
547*
SUR LES VÉGÉT. Se&. XX. 281
SECTION XX.
Expériences qui femblent indiquer que le
foleil feul , & fans l’ afp. fiance des plantes ,
n efl pas en état d? améliorer l’air , & même
quil le gâte .
Exp. 124. Je remplis un bocal d’eau fraî-
chement tirée de la pompe; j’en mis la
moitié dans un autre bocal vide : je les
renverfai tous deux fur un affiette. Je pla-
çai 1 un de ces bocaux fur un mur , au
foleil , pendant quatre heures ; & l’autre
dans la maifon , à deux pas de la porte du
jardin , du cote où le foleil ne donn®it pas.
J’examinai l’air des deux bocaux, par
l’épreuve de l’air nitreux ; & je trouvai 5
par fix effais faits l’un après l’autre, que
l’air du bocal qui avoit été à l’ombre , étoit
meilleur que celui, qui avoit été expofé au
foleil ; une mefure du premier bocal don-
nant , avec une mefure d’air nitreux, 1 .0 6~, &
une du bocal mis au foleil, donnant i.o8r.
Je fis cette expérience le dernier jour
' de mon féjour en campagne , & je n’ai
pas eu le temps de la répéter , cet ouvrage
étant déjà prefque imprimé , & mon temps
de refier en Angleterre étant expiré.
282 Expériences
11 eff affez connu que la chaleur à un
certain degré , avance la corruption des
corps , meme au milieu du foleil. Les
Î Jantes elles -mêmes, fans l’affiffance de
a lumière du foleil , donnent de l’air mor-
tel, quoique échauffées par la chaleur de
cet affré”; car , dans les jours les plus chauds ,
elles évaporent un air très-pernicieux , &
corrompent l’air commun lorfqu’elles font
placées à l’ombre , même à l’ombre des
autres plantes , en plein jour, comme il
eff démontré dans les expériences 46, 47,
48 & 49. J’ai auffi démontré dans la Sec-
tion XXVII de la première Partie , que
les plantes rendent un air très-pernicieux ,
lorfqu’elles font échauffées par la chaleur
du feu. De ceci, il paroît affez clair que
ce n’eff pas la chaleur du foleil qui eff
caufe que les plantes répandent un air
épuré autour d’elles , mais principalement,
& peut - être uniquement fa lumière. Je
penfe donc que ce qui arrivoit à l’air en-
fermé avec l’eau , & mis au foleil , étoit
dû à un degré de corruption qu’avoit fubi
cette eau par la chaleur considérable du
foleil , à laquelle l’air tenu dans la maifon
n’avoit pas été fujet. Ceci fait voir plus clai-
rement pourquoi tout pays chaud eff mal-
fain, s’il eff bas, humide, & qu’il manque
de culture & de végétation; St pourquoi les
SUR LES VÉGÉT. Seci. XX. 283
pays fecs , fablonneux , pierreux , peuvent
être très-fains fans arbres & fans culture ,
parce que l’humidité eft néceflaire a la putre-
fadion. Si de tels endroits fontvoifins de la
mer , l’air peut y être fuperieurement bon.
Toute la pointe de l’Europe qui conftitue
le terrain appartenant à l’Angleterre, dans
lequel Gibraltar eft fitué , & qui n’a qu une
étendue de peu de milles , étant prefque
tout rochers , n’a guère _ de végétaux , &
cependant eft un endroit des plus falu*
bres , malgré les chaleurs exceffives du cli-
mat , parce qu’il n’y a pas ces fources
innombrables de corruption , qui exiftent
dans les pays humides. Cette petite langue
de terrain, ces rochers arides, fontféparés
des lignes des Efpagnols par une plaine
de fable incultivable. Ainfi dans cet en-
droit , l’air doit être fort fain , tant par l’ab-
fence des fources locales de corruption ,
que par l’éloignement des terrains humi-
des, & par le voihnage de la mer dont il eft
entouré , fur laquelle l’air eft , en général ,
très-pur.
Depuis que l’édition angloife a été im-
primée , j’ai fait des obfervations fur l’air
de la mer , que j’ai trouvé d’une qualité
fupérieure à celui de la terre : j’ai commu-
niqué ces expériences à la Société royale
des Sciences de Londres. N’eft-il pas pro-
284 Expériences
bable que la grande pureté de l’air qui
couvre la furface de la mer , dépend prin-
cipalement de ce que ce volume immenfe
des eaux de la mer, abforbant les parti-
ticules nuifibles 8t phlogiftiques de l’air ,
ainfi que la portion d’air fixe que quelques
phyficiens célèbres admettent comme un
des ingrédiens qui conftituent la mafie de
notre atmofphère ; & que les eaux de la
mer ne font pas fi fujettes à la corruption
que celles des marais, tant parce que cette
mafie ne peut pas s’échauffer' autant, que
parce que le fel dont elle efl: imprégnée
arrête fa tendance vers la corruption , fur-
tout dans les climats fort chauds, où l’eau
de la mer efi: beaucoup plus imprégnée de
fel que dans les climats froids (a).
Cet article démontre de plus en plus
la grande importance de la culture des
terres , pour rendre l’air falubre , 8c la nécef-
fité de prévenir, par tous les moyens pofii-
bles , que l’air ne contra&e une qualité nuifi-
ble aux animaux. La culture de la terre ne
fauroit être fulfifante pour cet effet, s’il
(a) Dans la mer Baltique, une livre d’eau contient
environ deux drachmes de fel ; celle qui fe trouve dans
la mer entre la Grande-Bretagne & les Provinces-Unies,
en contient environ une demi-once; celle de la mer
d’Efpagne, une once ; celle des mers entre les tropiques,
une once & demie à deux onces.
SUR LES VÉGÉTAUX. Sect. XX. 285
fe trouve des marais dans le voilinage. Il
eft néceffaire , dans de tels pays, de pré-
venir les débordemens des rivières par des
digues, de creufer des canaux pour faire
écouler les eaux de la terre, avant que les
chaleurs foient affez confidérables pour
.. accélérer la putréfadion ; enfin , il faut
féconder la nature par des moulins , machi-
nes à feu ou autres , lorfque le terrain fe
trouve trop bas pour que l’eau croupiffante
s’écoule d’elle-même par des canaux.
/
t
S
286 Expériences
SECTION XXI.
Expériences qui tendent à découvrir quelle
ejl la méthode la plus exacte & la plus
expéditive de juger du degré précis de
la falubrité de l’air commun d’un pays
quelconque .
J’ai parlé allez amplement, dans l’Introduc-
tion de la fécondé Partie de cet ouvrage , de
l’exaélitude avec laquelle on peut juger
du degré de falubrité de l’air commun ,
ainli que des autres airs , en employant
Y éudiomètre du célèbre abbé Fontana. Je
ne m’étois pas propofé de parler expref-
fément, dans cet ouvrage , de la façon de
faire l’effai de l’air commun, d’autant plus
que ce n’étoit pas l’objet principal de mes
recherches. En acquérant journellement
plus d’adrelfe dans le maniement de Y eu»
diomètre , 8c en effayant tous les jours l’état
de l’atmofphère , je ne pouvois manquer
d’obferver de plus en plus l’utilité de cet
examen, 8c la grande Supériorité du pro-
cédé de M. Fontana pour éprouver les
airs, furies procédés des autres phyficiens.
Comme il me manquoit , au commen-
cement , le tube de cuivre ( représenté
SUIl LES VÉGÉTAUX. Secl. XXL 287
figure /. AAAA. ) clans lequel on fuf-
pend la grande mefure ou tube de verre ,
je me trouvois néceflité de me fervir d un
affez long bocal de verre plein d eau, dans
lequel je plongeois le tube de verre, juf-
qu’à ce que la partie fupérieure de la co-
lonne d’eau fût de niveau avec l’eau du
bocal , en tenant la grande mefure à la
main, par le moyen d’un linge plié en
plufieurs doubles , & mouillé , afin d’em-
pêcher que la chaleur de la main ne fe
communiquât à ce tube , 8c ne dilatât la
colonne d’air : j’eus , enfin , le tube de
cuivre indiqué ci-deffus ; ce qui m’épargna
beaucoup d’embarras. Je le crois une très-
utile addition à cet appareil ; on le doit
auffi à M. Fontana .
Quoique, en général, j’aie fuivi la ma-
nière de M. Fontana d’examiner les airs
des plantes, 8c même l’air commun, parce
que je la croyois , comme je la crois en-
core , la plus exaâe; je commençai ce-
pendant, de temps en temps, à abréger
cette méthode, à examiner l’état de l’air
commun en n’en mettant qu’une feule
mefure avec une d’air nitreux, non parce
que je penfois que cela valût mieux, mais
uniquement parce que je gagnois du temps,
que je pouvois employer à mes recherches
principales.
288 Expériences
Enfuite, obfervant que par cette méthode
abrégée je trouvois, avec plus de précifion
que je n’avois prévu, toutes les variations
dans le degré de falubrité de l’atmofphère,
je m’en fuis contenté affez communément.
Cette méthode eft un milieu entre celle
de deux phyficiens qui fe font distingués
le plus dans cette branche de phyfique ,
le dofteur Priejlley 8t l’abbé Fontana .
Voici comme je m’y prends : Je fais monter
dans la petite mefure, affez d’air commun
pour la remplir ; je l’enfonce fous l’eau
pendant quinze fécondés , ( pour lui don-
ner la température de l’eau ) en la tenant
par la couliffe , pour ne pas échauffer la
mefure par ma main ; après quoi je la lève
jufqu’à ce que la couliffe foit de niveau
avec l’eau du baquet , St dans ce mo-
ment je ferme la couliffe en la pouffant.
L’air ainfi enfermé dans la mefure , eft
féparé de cette quantité d’air qui étoit au
deffous de la couliffe, 8c par conféquent
fuperflu. Ceci étant fait, je renverfe la
mefure fous l’eau, pour chaffer l’air fu-
perflu qui étoit reffé fous la couliffe ;
enfuite je fais monter cette mefure d’ajr
dans le grand tube; je remplis la mefure
de la même manière, d’air nitreux nouvel-
lement fait avec l’acide nitreux & du cui-
vre , de la manière détaillée dans l’Intro-
duéfion*
SUR LES VÉGÉTAUX. Seci. XXL 289
du&ion. Auffitôt que cette mefure d’air
nitreux a paffé l’entonnoir & eft montée
dans le tube , je plonge le tube dans l’eau,
& je commence à le fecouer dans l’in fiant
que les deux airs fe touchent, ou même
avant,, s’il eft poffible : je continue à fe-
couer le tube pendant trente fécondés;
après quoi je gliiTe le tube de verre dans
celui de cuivre qui eft plein d’eau , en pre-
nant garde que l’air commun n’entre dans
le tube de verre. La grande mefure étant
ainfi placée dans le tube de cuivre, comme
on le voit dans la figure 1 , je les laifTe au
milieu du baquet , dans une fîtuation ver-
ticale, pendant une minute, & je verfe
de l’eau deflus , afin d’amener le tube de
verre exaéfement à la température de l’eau
du baquet. Il eft nécefiaire de lui ôter ainfi
le degré de chaleur que la main lui a com-
muniqué dans le temps qu’on le fecoue ,
& qui peut avoir raréfié & étendu la
colonne d’air , dcrnt il s’agit de connoî-
tre exaftement la longeur. Ceci étant
fait, je hauffe ou baille le tube de verre
dans l’échelle , jufqu’à ce que la partie in-
férieure de la courbure que forme l’extré-
mité de la colonne d’eau , coïncide avec
le zéro de l’échelle. Le tout étant ainfi ar-
rangé , j’obferve à quel nombre de l’é-
chelle répond la diviflon du tube qui fe
T
290 Expériences
trouve au deffus de la colonne d’eau. S il
arrive que la colonne d’air formée par les
deux mefures employées , occupe moins
d’efpace que l’étendue d’une feule me-
fure , (ce qui a lieu lorfque l’air commun
eft d’une pureté extraordinaire , par exem-
ple, dans le temps de la gelée ) il eft né-
cefiaire de joindre la marque de la divifion
du tube de verre avec le zéro de l’échelle ,
& de compter les fubdivifions qui fe trou-
vent entre cette marque & la colonne d’air,
ou la partie inférieure de' cette cour-
bure que forme l’extremite de la colonne
d’eau. Il faut fe fouvenir que l’ufage du
tube de cuivre eft principalement pour y
fulpendre le tube de verre , & pour mettre
la colonne d’eau dans ce tube de verre
de niveau avec l’eau du dehors : la raifon
de ceci eft trop palpable , pour en occuper
le leâeur.
Le nombre des fubdivifions qui relient
des deux cents fubdivifions ou des deux
mefures entières d’air employées, indique
le degré de bonté de 1 air atmofphenque ,
ou de quelque autre air dont on a voulu
connoître la bonté, & qui approche de la
bonté de l’air atmofpherique , ou qui eft
d’une qualité inférieure a celle de 1 air
commun. Mais cette méthode ftmple &
expéditive ne fuftit pas pour découvrir la
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl . XXL 291
bonté exafte de l’air déphlogiffiqué , parce
que cet air ne peut être faturé par une
égale quantité d’air nitreux : il lui en faut
plufieurs mefures avant d’être entièrement
faturé. /
j’ai fait communément tout l’examen
de l’air commun, dans l’efpa|ce d’une ou
de deux minutes; & la conformité de dif-
férentes expériences étoit fi grande, que
dans dix épreuves faites l’une après l’autre
avec le même air , fouvent le réfultat ne
donnoit pas la différence d’un centième des
deux mefures d’air employées.
J’ai trouvé en général que le degré de fa-
lubrité de l’air , varioit entre 1.03 & 1.09,
c’eff-à-dire , que de d£ux mefures d’air ,
l’une d’air commun & l’autre d’air nitreux ,
il reffoit en général une mefure entière , 8c
3-9 centièmes d’une autre mefure (a). La
louppe appliquée au haut du tube de cui-
vre D , contribue à l’exaélitude de l’ob-
fervation.
Si on emploie un tube de verre plus long ,
& qu’on faffe les grandes divifions en pro-
( a ) Il faut fe rappeler que ces expériences ont été
faites près de Londres, en été. Lorfque je les ai répétées fur
la mer, & dans le temps de gelée fur terre, le réfultat
a été différent. Une mefure d'air commun avec une d’air
nitreux , n’occupoient fouvent que 0.94 , ou quatre-
vingts &. quatorze centièmes d’une feule mefure.
2Ç2 Expériences
portion , par exemple , de 4 ou de 5 pouces
au lieu de trois , le réfultat pourra être
encore plus exaét. Mais il eft à propos que
les deux mefures d’air ne remplirent pas
plus de la moitié du tube , de crainte
qu’en fecouant fortement le tube dans l’eau,
l’air commun n’y entre , 8c ne gâte toute
l’expérience.
Dans les ouvrages du doéteur Prieflley ,
on voit qu’une mefure d’air commun 8c
une d’air nitreux , occupoient quelquefois
1.20, 8t fouvent beaucoup plus : cela dé-
pendoit de deux caufes , fàvoir , de ce
qu’il ne fecouoit pas le vafe dans lequel
le mélange fe faifoit, & de ce qu’il met-
toit les deux airs dans un vafe , avant de
les mettre dans le tube gradué. Voici fa
méthode : Il met dans un bocal allez large ,
une mefure d’air commun ; il y joint une
mefure d’air nitreux : il lailfe ces deux
airs s’incorporer tranquillement pendant
un certain temps : après quoi , il fait mon-
ter le mélange de ces deux airs dans le grand
tube divifé 8c fubdivifé pour faire ces edais.
Cette méthode eft fort (impie; mais M.
Prieflley lui-même , convient qu’elle eft
fujette à des variations & incertitudes, qui
dépendent de la méthode même , plutôt
que de la variation de l’air commun.
Je me fuis donné de la peine pour dé-
SUR LES VÉGÉTAUX. Secl. XXL 293
couvrir la raifon de ces variations dans le
réfultat ; mais M. l’abbe F ontana ayant
fait cette forte de recherche long - temps
avant moi , je dois renvoyer le leéieur aux
détails & aux raifons qu’il fe propofe d en
donner lui-même au public. Je me conten-
terai donc d’ajouter une expérience que
j’ai imaginée , & qui pourroit , a ce que
je penfe , répandre quelque lumière fur
ce fujet important.
J’ai rempli d’air commun un bocal qui
en contenoit affez pour toutes les expé-
riences fui vantes. Je commençai par exa-
miner l’exaél degré dé bonté de cet air ,
en meifervant de la méthode fimple &
expéditive qui m’étoit déjà devenue fa-
milière. Je trouvai, par lix eflais faits l’un
après l’autre, qu’une mefure de cet air &
une d’air nitreux, occupoient 1.06-^, 011
une mefure entière & 67 centièmes de
mefure. M’étant affuré du degré exaél de
bonté de cet air , j’en mis une mefure
dans cinq verres cylindriques de diffé-
rente capacité; j’ajoutai dans chacun une
melure d’air nitreux. Après les avoir
laiffé repofer pendant une heure, j’exa-
minai la maffe rëffante des deux mefures ,
en tranfvafant l’air, de chaque verre dans
le tube de verre gradué; je trouvai que la
colonne d’air éjoit d’autant plus courte,
rn * * *
. Ji nj
294 Expériences
que le vafe dans lequel le mélange des
deux airs avoit repofé , étoit d’un diamètre
plus grand. Je voulus efiayer de réduire
enfuite à un moindre volume chacun de
ces mélanges, en fecouant le tube dans
l’eau; mais j’eus peine à en réduire unfeul
à un volume fenfiblement plus petit.
Afin de donner une idée précife de la
différence que je trouvois dans le réfultat
de ces 5 efifais, je joindrai icileur détail exaft.
La mafie reliante du Ce même mé-
mélange de deux airs mis lange , après
dans le vafe du diamètre le avoir été fecoué
plus grand, étant monté pendant une mi-
dans le tube gradué , y oc- nute dans l’eau ,
cupoit . . . 1.1O7.
Le mélange qui avoit
repofé dans le vafe du
diamètre le plus appro-
chant du premier, occu-
poit .... 1.237
Celui du vafe dont le
diamètre approchoit le
plus au* fécond , occu-
poit .... 1.28J 1.28.
Celui qui avoit été
dans le vafe du diamètre
fuivant, occupoit 145 . . . I*35*
Celui qui avoit été
dans le vafe du plus petit
diamètre, . . . 1.44 . . . 1 *43*
occupoit I.IO7.
ï.22.
SUR LES VÉGÉTAUX. 295
POST - SCRIPTUM.
J’aurois voulu joindre a cette première
Partie l’article dont j ai fait mention dans ,
les notes ajoutées au bas des pages 1 3 &
5 y ; mais le temps ne me le permettant pas ,
le lefteur voudra bien fe contenter de
ce qu’il trouvera fur cette matière dans
Pap perçu de quelques chapitres qui, corn-
poferont le fécond tome 7 &. que j ai mis
à la fin de la Préfacé.
Tiv
EXPLICATION
des Figures.
y
Fig. /.La grande melure, ou le grand
tube de verre , placé dans le tube de cuivre ,
de la manière qu’il doit être lorfqu’on exa-
mine la longueur de la colonne d’air. La
louppe D fixée au haut du tube de cuivre ,
fert a adapter, avec plus de précilion, la
partie inférieure de la courbure qui forme
la partie fiipérieure de la colonne d’eau ,
avec le commencement ou le o de l’é-
chelle de cuivre. Le tube de verre eh fuf-
pendu par les trois pivots de l’échelle de
cuivre, qui pofent fur un rebord placé
près de la partie fupérieure du tube de
cuivre en dedans.
A A A A eff le tube de cuivre plein d’eau ,
dans lequel le tube de verre eft fufpendu
par le moyen de l’échelle de cuivre. Ce tube
de cuivre eft repréfenté tranfparent, afin
de faire voir la façon dont le tube de
verre eft fufpendu, lorfqu’on fait l’obfer-
vation. B B efl l’échelle de la longueur
de 3 pouces , & divifée en cent parties
égales. CCCC efl le tube de verre fa place.
des Figures. 297
Fig. II, repréfente la grande mefure ou
le grand tube de verre , garni de l’échelle
mouvante. Ce tube doit être ferré dans
l’échelle , de façon à pouvoir êtrefufpen-
du par fon moyen , & qu’en même temps
on puiffe le gliffer affez aifément où on veut
dans l’échelle. La partie inférieure de l’é-
chelle , qui eft élaftique , fert à cette fin.
Il eh bon de garnir cette partie élaftique,
en dedans , d’une pièce d’éponge fort
mince , afin d’empêcher que le cuivre n’en-
dommage le tube de verre. Quelques trous
a , qu’on voit dans cette pièce , fervent
à y paffer un fil pour attacher l’éponge.
La partie d’en bas ouverte , eft garnie
de cuivre , pour la fortifier.
Fig. III , la mefure dansYon chaton de
cuivre, a eft un reffort de cuivre , dont
une extrémité porte un pivot qui pafife
par un trou dans la partie inférieure de
la pièce de cuivre , à laquelle l’autre ex-
trémité de ce reffort eft fixée par un clou
ou une vis. Ce pivot eft reçu dans une rai-
nure creufée dans la partie inférieure de
la valvule ou couliffe , & fert à affermir
un peu cette couliffe, par le reffort, à l’en-
droit où on veut l’arrêter, & à empêcher
en même temps que cette couliffe ne forte
de fon chaton.
1
298 Explication
Fig. IV , les différentes pièces de la pe-
tite rnefure, repréfentées féparément.
Fig. V , le chaton de cuivre , vu par
deffous.
Fig. VI , a, la partie de l’échelle qui porte
les divifions , féparée de la partie infé-
rieure qui porte les trois pivots de fuf-
b , déviffée de la partie fu-
périeure, eff garnie des trois -pivots de fuf-
penfion. Cette pièce eff découpée en bas ,
afin qu’elle ait de l’élafticité pour embraffer
étroitement le tube de verre. Il eff à pro-
pos de garnir cette partie élaftique d’un
morceau d’éponge , qu’on y attache au
moyen d’un fil paffé par des trous qu’on
fait çà & là dans cette pièce.
penfion
La r
Fig. VII , l’anneau de la partie inférieure
de l’échelle repréfentée avec fes trois pivots
defufpenfion.
Fig. VIII , un entonnoir de cuivre por-
tatif, qu’on peut fixer à tout baquet ou
feau d’eau. Cet entonnoir eff fort commode
pour faire des expériences en voyage.
Fig. IX, le grand baquet pour les expé-
riences, ayant en dedans 2 pieds en Ion-
des Figures. 299
gueur , 13 pouces de profondeur, 8c 17
pouces de largeur; il eft rempli d eau juf-
qu’à environ deux pouces du bord, a eft
une planche fur laquelle les differens bo-
caux fe placent ; elle doit etre fixee dans
le baquet à 3^ de pouce du bord du ba-
quet. La longueur de cette planche eft de
9 pouces , fou épaiffeur de 2 pouces : elle
eft creufée par deffous en forme d enton-
noir, en deux endroits, dont on voit les
deux ouvertures en deiîus.
Fig. X , la planche du grand baquet,
repréfentée feule , 8c renverfée pour faire
voir la figure 8c la place de deux enton-
noirs creufés dans fa fubftance. a a a , trois
fentes qui fervent à recevoir l’extrémité
des tubes recourbés, par lefquels on fait
paffer les différentes efpèces d’air dans
les bocaux renverfés, 8c placés au deffus de
ces incifions.
r
Fig. X/, cette même planche coupée par
le milieu des deux entonnoirs, pour en faire
voir la forme.
Fig. XII , baquet de bois, rempli de mer-
cure , pour les expériences qu’on ne peut
pas faire dans un baquet plein d’eau. Il
y a des airs qui ne fouffrent pas le contaét
300 Explication
de l’eau , fans en être détruits ou abforbés :
tel eh l’air tiré des fpaths phofphoriques ,
par l’acide vitriolique. Cet air merveilleux ,
qui corrode le verre le plus dur, ne peut
même être obtenu qu’à travers le mercure ;
car , au premier contaft avec l’eau, il fe
détruit & fe change en pierre : j’en ai ex-
pliqué la nature dans l’ouvrage.
« 7 ** autres airs qui font très-facile-
ment abforbés par l’eau , & qu’on pour-
roit peut-être auffi bien daller parmi les
vapeurs : tel eh: l’air alcalin , l’air acide ,
l’air fixe , dont on peut voir le détail dans
les ouvrages du do&eur Priejlley .
Ce baquet confifie en deux boîtes de
bois , très-fortes, a a ci a eh la boîte qui
contient le mercure ; elle a en dedans 1 1
pouces fix lignes en longueur , 4 pouces
deux lignes de profondeur , & autant de
largeur. La planche c eh fixée à un pouce
deux lignes de dihance du rebord ; fon
épaiffeur eh de fept lignes. L’orifice coni-
que d9 eh l’ouverture de l’entonnoir creufé
à la furface inférieure de cette planche.
Cette boîte eh placée dans une autre
boîte auffi très - forte , b b b b , laquelle
fert à recevoir le mercure qui fe répand
en faifant les expériences.
Fig. XIII , la planche exprimée par c
des Figures. 301
dans la figure iz , vue fur les deux fui faces.
a repréfente cette planche par delious ,
pour faire voir le creux de l’entonnoir, b efl
la même planche vue par deffus , avec
le bourrelet conique forme par 1 extrémité
de l’entonnoir qui s’élève au deffus du ni-
veau de la planche.
Fig. XIV , le profil de cette planche,
pour repréfenter la forme de l’entonnoir h.
la figure du bourrelet; les côtés font taillés
en bifeau, pour être reçus dans une rai-
nure creufée dans les parois internes du
baquet. Cette conftruftion empêche que
la planche mife en fa place ne puiffe être
foulevée par la preffion du mercure , &
elle fait que l’on peut aifément ôter la
planche , & la remettre à fa place.
Fig. XV, une efpèce de tenaille qu’on
peut attacher au bord du baquet , & qui
fert à maintenir le col des ballons & au-
tres vafes , dans lefquels on extrique l’air
de différens corps par le moyen du feu.
Cet infiniment efl fort utile dans diffé-
rentes opérations , pour lefquelles fans lui
on auroit befoin d’être aidé par quelqu’un.
Fig. XVI , baquet vu dans fon entier:
on y a repréfenté la manière de faire mon-
302 Explication des Figures.
ter une mefure d’air dans le tube de verre
dd : on y voit aulïi le tube de cuivre a.
b eft un flacon avec un tube recourbé pour
repréfenter lafaçon de faire de l’air nitreux,
ou quelque autfe air. e eft la planche re-
préfentée par a , flg. q.
l y. .. .. i 7 7. À 7 i 7. t •vVvv*.. *x*»
.J.+. ).'+++ + +++++ V+++++ ++++++ ■*••*• •*••*■ ++++++++++ ++•(••!•
TABLE
DES MATIÈRES.
A
^Absorption de différens airs par les végétaux , pag. 79
Acide aérien : peut fe changer en tout autre acide , lij
Eft l’acide univerfel , , lj
Eft précipité de l’air commun par différentes caufes ,
\ lj & lij
Acide aérien ou air fixe: eft peut-être l’acide univerfel
& l’origine de tous les autres acides , lj
Eft fort facile à féparer de l’air commun, lij
Spatheux détruit le verre, 122
Acides. Les trois acides minéraux font originairement un
feul acide , 120
Tous les acides minéraux & végétaux peuvent fe chan-
ger en acide aérien, lj
Tranfmutations de tous les acides les uns dans les
autres , » lj
Acidulés : ( eaux ) lefquelles on nomme ainfi , 29
Acide univerfel. Voyez Acide aérien.
Air : Recherches fur fa nature , néceflaires aux Méde-
cins , > 2
Eft un des fluides les plus changeans , 100, 123
Exifte en grande quantité dans le corps des animaux,
127. Comment il s’y introduit, ibid.
L’air peut fe changer en un corps folide , & vice-versâ ,
1 10, 1 1 5
Air commun. Difficulté de reconnoître le degré de fa falu-
brité dans le même lieu , 109
w
175
1 10
144
lj
106
304 Table
Air. Manière d’examiner l’air commun ",
Conftitue en partie les corps folides,
Néceflité de renouveler l'air dans les vailTeaux,
Contient de l’air fixe ,
Le degré de fa falubrité fort variable ,
Moyens {impies de renouveler l’air dans les maifons
& les vailTeaux,
Raifon pourquoi la nature l’a fait d’une moyenne
qualité jjj
Méthode pour juger du degré de fa falubrité, 286
Probabilité de trouver une méthode pour le changer
en air déphlogifliqué , 170
Corrompu par les plantes à l’ombre , 54
Pourquoi il efi vicié par les plantes dans une chambre.
Si pas à l’air libre , 70
Jufqu’à quel degré il peut être vicié pendant la nuit Si à
l’ombre par les plantes, 2,18
Air déphlogifiqué. Voyez Déphlogifiqué.
Air des plantes : obtenu par la chaleur du feu, eft méphi-
tique, 38
Eft l’air atmofphérique , 1 1 3
Peut fe changer en fix différens airs , 1 14
Préparé pendant la nuit &i à l’ombre, efi: méphitique ,
215
Les plantes abforbent de l’air , 21
Air fixe : fa nature. Voye[ dans l’Explication des Termes
techniques.
Efi une efpèce de vapeur acide , lj
Efi un ingrédient de notre atmofphère, ibid.
N’eft pas contenu dans les végétaux , 112,123.
Comment il efi produit par les végétaux, xlix, lj,
123
Efi retiré des terres calcaires pa~ l’acide vitriolique, 1 12
Manière expéditive de le produire, 253
Produit par les végétaux , la nuit , xlviij
Efi un précipité de l’air commun, lj
En quelle quantité il efi contenu dans l’air fortant des
poumons , ibid.
Empêche l’élaboration de l’air déphlogifliqué, 8ç
Produit un nombre prodigieux de bulles d’air fur les
feuilles , 86
Peut fe changer en toute forte d’acides , li:
Air
1
des Matières. 305
Air déphlogiftiqué ou vital : fa nature, /wg. 10. Voye^ aufli
l’Explication des Termes techniques , & le mot Dé -
phlogifliqué.
Air déphlogiftiqué des feuilles, eft un excrément de la
plante, _ 3$
Eft nuifible à la plante , ibid.
Manière de l’obtenir des plantes , 21
N’exifte pas tel dans les feuilles , 33
N’eft pas produit par la chaleur du foleil , 36
Eft produit par l’aélion de la lumière, ibid. & d’un mou-
vement vital dans les feuilles , 32,45
Théorie de fa formation. ibid .
Eft plus pefant que l’air commun. Caufe finale de ceci ,
ibid.
En quel temps les plantes en donnent , 2 z
A quel temps du jour les plantes répandent le meilleur
air déphlogiftiqué , 5 1
A quel degré de pureté peut atteindre l’air déphlogifti-
qué élaboré par les plantes, 257
Eft d’autant plus pur, qu’il y a moins de feuilles dans
le bocal, 257
Le meilleur fort des feuilles entièrement dévelop-
pées , _ ^ 279
Sort principalement de la partie inférieure des feuilles,
12. Caufe finale de ce phénomène, ibid
Quantité que les feuilles donnent, 213
La variation du degré de fa bonté dépend d’un grand
nombre de caufes , xlij
Produit par la moufle verte dans l’eau , 89 , 2 5 S
Raifon de l’inconftance de fa pureté , xlij
Quelles plantes donnent le meilleur air déphlogiftiqué,
258
Voye^ encore les mots Déphlogiftiqué , Arbres , Feuilles ,
Moujfes , Plantes , Bulles.
Air fulminant. Voyez Fulminant.
Air inflammable. Sa nature. Voyez Inflammable.
Air nitreux. Comment il fe fait. Voye £ l’Explication des
termes techniques.
Ses qualités, ibid. Sx. 228
N’eft pas un moyen sûr de juger de la bonté de tous
les airs, 97,104
30 6 Table
Airs mèphiïqucs , font la plupart plus légers que l’air com-
mun. Caufe finale de ceci , ia
Air putride. Les plantes y végètent mieux que dans un
‘air pur, xij. xx. 35
'Air fpathcux : fe change en pierre par le contact de
l’eau. Théorie de ce phénomène, 12a
Air qui fort de la peau. Voyez au mot Peau.
Alchymijles . Alluùon à leurs vaines recherches, 168
Aliwens. Les meilleures alimens ne fuffifent pas pour
garantir des maladies dans un pays mal-fain, 143
Ame : fon immortalité déduite de la contemplation des
caufes finales, 138
Amérique Méridionale. Pourquoi les Européens la trou-
vèrent mal-faine , 5^
Animal. Régne. Relation entre le régne animal & végé-
tal, 1 4
Animaux : leur analogie avec les plantes , I4"77
Evaporent un air méphitique de leur peau , 126
Exhalent différentes émanations des différentes parties
de leurs corps , .
Anus. Nature de l’air , que nous rendons par l’anus, 1 14
Appartement. L’effet des plantes fur lair d’un appartement
dépend du plus ou moins de clarté de l’apparte-
ment, 72
Moyen d’améliorer l’air d’un appartement , 168
Aquatiques : ( plantes ) corrigent beaucoup l’air vicié , 48
Donnent de l’air déphlogiftiqué très-pur, . 238
Leur faculté particulière d’abforber difterens airs, 79
Arbres. Lefquels inleélent le moins l’air commun pendant
la nuit , 277
Dans quel cas on doit craindre l’ombre des arbres , 152
Quelles efpeces il faudroit planter pour rendre 1 air la-
lubre , 93
Voye ç aufli les mots Plantes , Végétaux , Branches , raid-
ies 3 Air déphlogifliqué. > r
Armée. Conlequences pernicieufes du manque de propreté
dans les armées, ✓ r45
Arroche puante : donne de l’air déphlogiftiqué au foleil ,
234
Artemifia pontica. Son air examiné, Exp. 14.
Artïchaud. Son air de nuit examiné , 2I®
des Matières. 307
AJihmiiliqu.es . Quels pays font bons pour eux, 151
Ajlhme : guéri par l’air de mer , 147
Athée. Pourquoi il nie l’exiftence de Dieu , 43
Atmofphère. Quelles font les qualités qui la rendent mal-
faine, I4I
Manière de fe garantir de l’effet de fes mauvaifes qua-
lités, . T4i
Toutes fes qualités nuiffbles ne font pas reconnoiffables
par X Eudiometre. , *4°
Sa pureté entretenue par l’air déphlogiftiqué fortant des
végétaux , 1 3 1 42
Sa falubrité eft la plus grande au milieu de l’été & de
l’hiver, & pourquoi , 139
Pourquoi fon degré de falubrité eft ft changeant, 123
Démonftration de cette inconftance, 1 24
Caufes de cette inconftance, 125
Voye^ aufli les mots Air commun. Salubrité.
A triplex vulvaria ; donne de l’air déphlogiftiqué au foleil,
.234
Automne. Le froid de l’automne diminue le pouvoir des
végétaux de vicier l’air, Ç5
Le froid de l’automne ; fon effet fur l’opération des
plantes , xly
B
Baker. (M.) Ses Obfervations microfcopiques , 5
Baltique, (mer) Quantité de feldans fes eaux, 284
Becabunga. Son air examiné, Exp. 5.
Ses racines ne gâtent pas beaucoup l’air commun, 59
La raifon de ceci/ ibid
Air de fes racines , obtenu au foleil , n’eft pas méphi-
tique. Exp. 74. Raifon de cette exception, 239
Beccher : eft le premier qui a changé les os des animaux
en verre, 119
Bonnet. ( M. ) Son ouvrage fur les feuilles , 5
Son opinion fur la nature des bulles d’air qui fortent
des feuilles dans l’eau , 6
Bourbe. Les eaux bourbeufes prodüifent de l’air inflamma-
ble, 49. Comment l’en obtenir, ibid. Spe&acle amu-
fant produit avec cet air, ibid.
Branches . des arbres. S’il eft fain de les tenir dans les ap-
partemens .
Vij
5*
3û8 Table
j Branches. Les branches vertes donnent , étant au foleil ,
de l’air déphlogifliqué , < 92 > 246
Les branches couvertes d’écorce grife , donnent au
foleil de l’air commun, Exp. 93.
Brown. Remarques fur fon Hiftoire de la Jamaïque, 150
Brown, (le Profefleur) Ses Obfervations fur le froid,
1 x 1
Bulles d’air des feuilles , ou qui s’amaffent fur les feuilles
mifes en expérience, _ °
Opinion de M. Bonnet fur ces bulles d’air des feuilles, 6.
Sentiment de l’Auteur, 7
Opinion de M. Pricjlley fur leur nature , xxvij
Elles ne font pas produites par raréfaûion , B
Ne font pas produites par la chaleur , 36, 37
Sont de l’air déphlogifliqué , 10
Sont produites par l’air fixe lur les feuilles , 253
Ne difparoiffent pas pendant la nuit, ' ; 37
Les fécondés bulles d’air contiennent un air déphlogif-
tiqué plus fin que les premières , . 74
Variété furprenante des bulles d’air fur les feuilles de
différentes plantes , 24
Voyez Air déphlogifliqué des feuilles ;
c
Calcination des métaux. Ce qui arrive aux métaux
par la calcination , M7
Calcndula. Air de fes fleurs , examiné, Exp. 65. Ses fleurs
gâtent l’air commun , Exp. 67. _
Camomille. Son pouvoir de corriger l’air gâte , 231
Air de Tes fleurs examiné, Exp. 66.
Campagne. Air de la campagne plus falubre que celui des
grandes villes , . *4$
Pourquoi les habitans de la campagne vivent plus long-
temps que ceux des grandes villes, ^ 147
Canaux. Leur ufage pour purifier l’atmofphère dans les
Pays -bas, „ 0 r.
Caoutchouc. Tubes de cette fubftance , 189. Voys[ auffi
Gomme élaflique.
Capri folium. Voyez C hevre -feuille .
Capucine. ( la ) V oyez Naflurtium indicum %
Carottes jaunes ; infcéïent 1 air , ®
des Matières. 309
Cataputia. Manière particulière dont fe produit 1 air de-
phlogiftiqué de Tes feuilles , , 2 5
Caufes finales. L’utilité de leur confideration , *3^
Cèdre du Liban. Voyez P inus cedrus.
Chaleur : eft une caufe générale de corruption, 2, 137»
282
Corrompt l’air des végétaux , 1 1 3
engendrée par les végétaux ., & pourquoi , 1$
du foleil , rend l’eau impropre à favorifer la produétion
de l’air déphlogiftiqué dans les plantes , ^ 25^
du foleil n’eft pas la caufe de la production de 1 air de-
phlogiftiqué, ( 83
Champagne. ( vin de ) Son effet fur les organes fécré-
toires de l’urine, 88
Champignons. Effets pernicieux des champignons fur l’air
commun, xlviij
Changement des corps les uns dans les autres, 117
Chardon. Son air examiné, Exp. 6.
Chaux : (eau de) purifie l’air déphlogiftiqué., 138
purifie l’air gâté par la refpiration , lûo
Chaux des métaux : donne de l’air déphlogiftiqué , 156
Chêne. Particularité dans fa manière de donner de l’air
déphlogiftiqué, 25
Evapore un air très-pernicieux à l’ombre, 223
Gâte l’air commun dans la nuit , & le corrige de nou-
veau au foleil , Exp. 5 o
Son exhalaifon aérienne noéturne examinée, 216
A quel degré il gâte l’air commun pendant la nuit , 277
Chèvre- feuille. Le grand pouvoir des fleurs de chèvre-
feuille pour corrompre l’air commun , page 62. Ex-
périences 69 , 70. »
Particularités des bulles d’air qui fortent des feuilles, 25
Choux. Air des choux examiné, Exp. 33.
Ont peu de pouvoir de corrompre l’air commun pen-
dant la nuit , 278
Cicuta virofa: donne de l’air déphlogiftiqué, 234
Ciguë aquatique : donne de l’air déphlogiftiqué , ibid
Citrons : (les) infeflent l’air commun , Exp. 78 , 83.
Combuflion. Analogie de fon effet fur l’air, avec celui de la
refpiration Sc des végétaux fur l’air , 1
Contagieufes. (maladies) Origine des maladies contagieufes
fur les Yaiffeaux, dans les hôpitaux & prifons r 144
V iij
310 Table
Cook : ( le Capitaine) a prouvé qu’on peut tenir les gens
plus fains fur mer, que fur terre, 147
Çoton. Habillemens de coton moins bons que ceux de
laine dans le temps froid ëc humide , ëc pourquoi ,
141
Corps humain. La nature de fes excrétions change comme
celle des excrétions des plantes , 88
Corps. Changemens de notre corps en différentes fubftan-
ces , 1 1 8 & fuiv,
Crejfon : ( femences de ) peuvent croître dans l’air inflam-
mable , 48
Croharé. ( M, ) Sa méthode de faire l’éthiops martial, 121
CromcriLs , Martinus : raconte une hiftoire tragique caufée
par des fleurs, 63
Culture des terres: néceffaire pour rendre l’air falubre , dé-
montrée par tout cet ouvrage. Exemple de cette
vérité dans Rome , les Marais-Pontins 6c la Hongrie ,
148
Avantage de la bonne culture des terres pour la
falubrité de l’air, Ï45>
Cyftus ladanifcra. Son air examiné, Exp. 10.
D
/) aphne mefereurn. Effet pernicieux de fes fleurs , xlvij
Déphlogiftiqué. (Air) Ce que c’cft. Voye{ l’explication des
termes techniques , 6c le mot Air.
N’exifte pas dans la nature, 167
N’efl: pas dégagé de l’eau, 28
Se tire du mercure calciné 8c précipité rouge, xviji
Maniéré de l’obtenir à peu de frais du mercure précipité
rouge, M7
Du mercure précipité rouge, examiné, 260
d’une pureté extrême , produit d’une folution d’or, ibid
Doute fur fou utilité , examiné , 165
Quelle quantité on en extrait du nitre, iif
De quelle maniéré on peut s’en procurer telle quantité
qu’on veut , 1 5 5 ^ fulv *
Efpèce dans lequel un animal vit neuf fois plus long-
temps que dans l’air ordinaire , ^ 103
Méthode de M. Fontana de le purifier avec l’eau de
çhaux , lorfqu’il çft vicié pat h refpiratiQn , 158
DES MATIERES. 3 1 1
Déphlogifiiqué : (Air) dans quelles maladies on pourrait
probablement l’employer avec fucces, ^55165
Méthode de le faire refpirer a un malade, 158,
Si l’ufage continuel de l’air déphlogiftique prolongerait
ou abrégeroit notre vie , „ , ^
Il faut le purifier de l’air fixe par les fecouffes dans 1 eau
avant d’en faire ufage , ,1 -A-
Pourquoi tout l’air commun n a pas ete fait dephlogiih-
Exemple d’un air déphlogifiiqué le plus pur, & qui n’eft
cependant pas diminuable par l’air nitreux , 105
Exarnen des animaux morts dans l’air déphlogifiiqué ,
166
Défordres apparens dans le monde ,m 43
Didamnus albus. Ses fleurs exhalent un air inflammable, 154
Dieu. Son exiftence déduite de la confidération des caules
finales,
Son exiftence déduite de fa fageffe mamfeite , 43 5 4*>
Pourquoi quelques - uns nient ion exiftence 3. 43
au: l’eau eft amie des plantes , ^ 4°
D’où dépend le goût agréable de l’eau, 29
Toutes les eaux contiennent de l’air, __
Quelle efpèce d’eau favorife la produélion de 1 air de-
phlogiftiqué , 24&
Quelles eaux empêchent la produélion de l’air dephlo-
giftiqué , ^4 ? ^XP* 94
Eflais de différentes eaux avec les plantes, 85 ,2.48
Utilité des grandes maffes d’eau , par exemple , des
mers, lacs , &c. ■3“v*,43
Eau imprégnée d’air fixe, empeche la production de lair
déphlogifiiqué des feuilles. Exp. 87. 97, 98.
Eau difiillée. Pourquoi infipide , ; 29,85
Empêche la produftion de l’air déphlogiftique dans les
feuilles. Exp. 95, 96. ,
Eaux difiillée & bouillie. Pourquoi elles empechent 1 ope-
ration diurne des feuilles , ° 5
Eau de pluie , eft peu favorable à cette opération des
plantes. Exp. 94.
Eau de Pyrmont , contient beaucoup d’air fixe ,
V iv
. 29
ibid.
30
31
31* Table
Eau de rivière j eft moins bonne que i’eau de fource. Expé*
rience 94.
Eau de Selter, contient beaucoup d’air fixe.
Eau de fource , pourquoi la meilleure à boire ,
Eau de fource , d’où elle tire l'on goût agréable ,
Quelle efpèce d’air elle contient ,
Donne de l’air déphlogiftiqué ,
U eau de fource ou de pompe eft préférable à toute autre
pour obtenir l’air déphlogiftiqué des feuilles , 23 ,
xxxix. Théorie de ce phénomène , 84
Eau (lagnante , eft impropre à l’élaboration de l’air dé-
phlogiftiqué. Exp.94
Produit beaucoup de plantes, 48. Caufes finales de
ceci, \ ibid.
Ecorce. L’écorce des arbres ne donne pas de l’air déphla-
giftiqué , 247
Empire. La puiftance d’un Empire peut dépendre de cau-
fes très-légères , 14^
Empiré : (Air) ce que c’eft , Jvj
Efpagne. (mer d’) Combien de fel fes eaux contiennent,
284
Eflomac : notre eftomac fouffre toute forte d’air, x
Ethiops Martial. Manière expéditive de le faire, . 121
Entonnoir. Qualité qu’il doit avoir pour les expériences fur
Pair , ^ 200
Eudiomctre ; ce que c’eft. Foyer l’explication des termes
techniques.
Son utilité démontrée, ,• 124
Celui de M. l’Abbé Fontana eft le meilleur, 286
Méthode de s’en fervir félon M. Fontana , 193. Exp. 1.
Méthode de M. Prieflley , 199, 292, Exp. 1.
Méthode abrégée de l’Auteur, 199, 288
Sa defcription , 17^
Méthode de s’en fervir pour eftayer l’air commun , 17Ç
Méthode pour examiner l’air déphlogiftiqué, 178
Raifon des variations dans les efifais d’air faits avec cet
inftrument , xlii, 294
Ne peut indiquer toutes les mauvaifes qualités de l’at-
mofphère, 140
Enumération des erreurs qu’on peut commettre en l’em-
ployant, 179 &fûv.
Exhalaifons nuifibles de quelques plantes, 15$
DES MATIÈRES. 313
Expériences : leur utilité pour l’avancement des fciences ,
Manière de les faire avec fuccès. Procédé des Expé-
riences de l’Auteur , & précautions pour reuflir a les
. . XX5CVH1
muter , , 3
Explofif, Air inflammable rendu tel par une plante, 99,
t Jj 264 & Juiv .
F
Femme : l’idée feule d’une femme aimée augmente la
fécrétion de l’humeur fpermatique, _ _ 89
Fer (le) augmente de moitié en poids par la calcination > 1 “57
Fermentation y n’indique pas la nature de l’air des corps ,
”,5
Fertilité extraordinaire des terrains nouvellement de flé-
chés , 272. Caufe finale de ceci.
Feu : (Air de) ce que c’eft ,
Feuilles. Remarques générales fur leur ufage.
Contribuent à la vigueur de la végétation,
Contribuent à la fructification ,
Ufage particulier de chaque furface,
Pourquoi elles préfentent au foleil leur furface vernie ,
ibid.
Pourquoi leur furface expofée au foleil eft en général
vernie , ibii.
Leurs conduits abforbans; où places, 42
Leurs conduits excrétoires ; où placés , ibid
Sont les organes de la refpiration des plantes, ibid
Pourquoi elles tombent en hiver, _ 11
Les grandes donnent un air meilleur que les petites &
les nouvelles , 95 » 279
Elles meurent plus tôt lorfqu’on en détache les bulles
d’air , 74. Caufe de ceci , ; ?6
Toutes les feuilles du même arbre ne s’éveillent pas
aumêmetems, _ 82
Pourquoi la verdure eft perpétuelle dans les climats
chauds , 1 1
Les feuilles des différentes plantes donnent de l’air dé-
phlogiftiqué d’une manière differente , 24
Donnent un air différent lo'rfqu’elles font renverfées ,
ibid
Ivj
I
.3
ibid.
12
314 Table
Feuilles : meurent plus tôt lorfqu’on en fépare les bulles
d’air, 74. — -Raifon de ce phénomène , 76
Leur émanation no&urne efl: la même que l’émanation
perpétuelle des fleurs & des fruits , l
Leur émanation diurne eft Ample ; mais celle de la nuit
efl de deux fortes, xlviij. — Explication ultérieure de
ceci , xlix
Feuilles sèches : pourquoi elles donnent des bulles d’air au
foleil dansl’eau, 45. La nature de cet air examiné , ihid.
Voye 1 encore tout l’article Air déphlogifliqué des feuilles.
Fièvres intermittentes , bilieufes & putrides, attaquent les
habitans des pays marécageux , 150
Fièvre des prifons. Caufe de cette terrible maladie, 145
Fleurs : leur organifation différente de celle des feuil-
,es’ .... 17
Exhalent en tout temps un air méphitique , & infe&ent
toujours l’air commun , 61,235
Danger de les tenir dans les appartemens, 62
Exemples de morts fubites caufées par les fleurs , 62
De quelle caufe dépend leur effet pernicieux dans les
appartemens, 64
Le foleil n’a aucun pouvoir fur les fleurs,6r,237,Exp.68
Il y a de la différence dans l'effet de différentes fleurs ,
237 , xlvïj
Pourquoi leur émanation ne produit aucun mauvais
effet à l’air libre, 1
Leur émanation perpétuelle efl de la même nature que
l’émanation no&urne des feuilles
ibid.
Ne perdent pas fitôt leur influence pernicieufe fur l’air
que les feuilles en automne, xlv
Leur parfum n’a rien de commun avec leur exhalaifon
méphitique , xlvij. 64
Le parfum des fleurs eft innocent par lui-même, 64. xlvij
Fluides, (corps) Il n’y en a point de tels par leur nature , 1 1 1
Fluidité (la) des corps dépend d’un certain dégré de
chaleür , ibid
Fluors fpatheux : leur acide corrode le verre , 122
Fontana : (M.) defcription de fon Eudiomètre, 173
Exa&itude de fa méthode d’effayer 1 air , 173. xx
Sa méthode d’examiner l’air commun , preferablé à toute
__ autre, 286
Son expérience avec l’acide nitreux, **$
des matières.
fontana : (M.) fa méthode d’extraire l’air déphlogiftiqué du
nitre \ & de l’adminiftrer aux malades , 158 &fuiv.
Ses expériences avec les venins des Lamas & Ticunas ,
Sa découverte fur le poifon du lautter-cerife appliqué à
farJuefhtitans des forêts font fort faits, poi.rqv.Ji J
j 1» )7
de l’Amérique Méridionale, pourquoi mai-faines ? 5 S
Framboifier : particularité dans fa façon de donner de ^ir
Fraxinîlk : (la) fes fleurs exhalent un air inflammable ,154
Friche. (Terres en) pourquoi mal-faines. *39
Froid . Le plus grand degré de froid obferve dans la na-
L’air eft plus falubre en général dans un temps froid ,
que lorfqu’il fait chaud , & pourquoi? 139
Un grand degré de froid change tous les fluides en
corps folides, . 111
Le froid automnale ne diminue pas fltot le pouvoir des
plantes de donner de l’air déphlogiftiqué. au lolei ,
que celui de méphitifer l’air commun la nuit, xlv
Diminue l’influence mal-faifante des végétaux fur 1 air
commun, xlv. Mais pas autant celle des fleurs , ibid.
Le froid arrête la corruption de toute fubftance , 139
Même de l’air,
Change tous les fluides en folides , 1 11
Le froid rétablit dans 1 eau la faculté de favorifer la
produélion de l’air déphlogiftiqué , que la chaleur lui
avoit ôtée, _ . M6
Fruits : les fruits exhalent un air mal-faifant , oC infectent
une grande malle d’air commun, 64,240
Leur émanation perpétuelle eft la meme que 1 émana-
tion noélurne des feuilles , ^
Leur air naturel eft de l’air atmofphérique d’une baffe
qualité ,113. Cet air devient méphitique par la cha-
leur du feu , _ ibid.
Quelques fruits corrompent l’air commun plus que les
fleurs, J 6 4
Le foleil a le pouvoir d’empêcher quelques fruits de
méphitifer l’air commun, 65 j d'évaporer un mau»
vais air, Exp. 78.
3^ Table
Fulminant , (air) .
L air inflammable des métaux devient fulminant par une
opération vitale des feuilles, 27 5 . Théorie de ceci ,176
G
G AS sylvestre. Ce que c’eft, 29
G-clce : l’air eft toujours très-falubre dans le temps de la
Selée’& pourquoi, 139,142
Gibraltar. 1 ourquoi fes environs très-fains fans culture ,
282
Gleditfck , (M.) décrit l’hiffoire des dangereux effets des
exhalaifons du R/ius toxicodendron ,
Gomme élajlique : fon ufage dans les effais avec les airs , 1 no
ba vertue cohélive, ou fon attraélion pour elle-mcme,
m ,/ 189
Lit corrodée par l’acide nitreux, ,
Grarnen: fon air diurne examiné, Exp. 1. Son air nofturne
& préparé à l’ombre, Exp. 36
Son air de nuit & de jour mêlés enfemble, Exp. 53.
Son effet fur l’air commun pendant la nuit, Exp. 39.
H
Habillement : choix des habillemens dans différen-
tes difpofitions de l’atmofphère , 1 4 T
Haies. Ses découvertes fur l’air, I0~
^Ses amufemens utiles dans la vieilleffe , no
Haricot. L air que donnent les feuilles durant le jour ,
examiné. Exp. 7.
Air quelles donnent la nuit , examiné, 217
Son effet fur 1 air commun pendant la nuit , Exp. 40.
Les fruits ont un effet pernicieux fur l’air à l’ombre, 66 .
Exp. 40,75,91, fur-tout Exp. 88, 89, 90
Les haricots verts donnent au foleil un air refpirable
de baffe qualité , Exp. 87
Leur eflet au foleil fur l’air qu’ils avoient vicié pendant la
nuit, Exp. 41
Le foleil empêche leur malignité, 65. Exp. 87.
Harmonie admirable dans la conftruétion du monde ,
13S
Heberden. (M.) Ses expériences avec le poifon du lau-
rier- cerife, lauro-cerafus .
DES MATIERES. 317
7 lelmonl (Fan) Son Gas fylvejlre , . _ 29
H en ninghs Hicronymus : rapporte une hutoire tunelte occa-
fionnée par des fleurs > ^3
Herbe : voyez Grarnen.
Herbes maitvaifcs. Nom injufte donne aux plantes dom on
ne connoit pas Futilité , *4 ■> xl'j
Hermaphrodites: exemples des animaux hermaphrodites, 20
Pourquoi les plantes font la plupart hermaphrodites , ibid.
En quelfens les fleurs font hermaphrodites, ibid .
j Hippomanc Mancineila. Ses exhalaifons font tres-dange-
reufes, _ *53
Hiver : l’air eft le plus falubre en hiver , lorfqu’il gèle ;
& pourquoi, 1 3 9 5 x42
Le temps chaud eft mal-fain en hiver , & pourquoi? 140
Les plantes ne font pas fans aélion en hiver , 29
Quel air les plantes exhalent en hiver au foleil, xlv , xlvj
Les plantes corrigent en hyver l’air gâté , xlv, xlvj , 39
Quel changement il arrive dans l’opération des plantes
fur l’air en hiver , ) xlv
Différence entre l’effet des plantes fur l’air commun , &.
les airs viciés en hiver &. en été , xlvj
Hongrie. ( la ) Pourquoi mal-faine , fur-tout pendant la
nuit , 1 5 1
Hôpitaux. Effets pernicieux de leur mal-propreté, 145
Néceffité d’y renouveler l’air continuellement, ibid.
Hulme. ( le doéleur ). Sa méthode expéditive d’imprégner
d’air fixe les liqueurs, 253
Humeurs. La nature des humeurs excrémentitielles de
notre corps diffère par des caufes légères , 88
Humidité . Pourquoi l’humidité de l’air nuit à notre fanté ,
X4X
Hunter. (Jean) Sa découverte, que les plantes engen-
drent de la chaleur, 13
Hyofcyamus : fon air naturel examiné , 1 1 3
Son influence noélurne fur l’air commun , 220, 221
Son air déphlogiftiqué mis à l’épreuve, Exp.61
Evapore uh air très-rénéneux pendant la nuit, 55
I
J acquit (M.) décrit le danger des exhalaifons du
Lobelia longiflora , 153
3 18 Table
Jamaïque. Pays très-mal fain lorfqu’il n’ètoit pas cultivé t
eft devenu bon depuis qu’on l'a cultivé, 150.
Idées. Certaines idées font des changemens dans notre
corps , ,88
Jeunes Gens. S’il eft Avantageux pour les perfonnes âgées
de coucher avec les jeunes t 134
Jf. Son air noélurne examiné, Exp. 37
immatérielles. ( caufes ) produifent des grands change-
mens dans notre corps, 88
Inflammable. (Air) Sa nature expliquée. Foye[ l’expli-
cation des termes techniques.
N’empêche pas la végétation , 47
Mis avec une plante , devient explofif, ibid.
Eft abforbé par les plantes aquatiques , 49
Eft corrigé par des plantes , J46
Exifte dans nos inteftins , 1 14
Eft rendu explofif par les plantes , 99 * * 2.64 & fuiv.
Prend flamme feulement lorfqu’il eft en contaft avec
l’air refpirable. Voye ç le mot Air inflammable dans
l’explication des termes techniques , & p. 2 76
Expérience amulante avec l’air inflamrriable des ma-
rais , 49
Celui des marais & eaux bourbeufes , n’eft guères ex-
plofif, quoique mêlé avec de l’air refpirable , 274
Effet des plantes fur l’air inflammable des marais , 273
Effet des plantes fur l’air inflammable des métaux ,
261
Si les plantes peuvent le changer en air refpirable ,
265 , 274
N’eft pas rendu plus propre à la refpiration par une
plante dans l’obfcurité , 262
Ne perd pas fa faculté de faire explofion , quoiqu’il
foit devenu , au moins en apparence , meilleur que
l’air commun, 261 &fuiv.
Inondation. Dans quel temps de l’année il faut deffécher
les terres inondées , 285
Inteflins : contiennent de l’air inflammable, 114
Joncs. Leur pouvoir de corriger l’air vicié , 231
L’air de leurs racines examiné , Exp. 72
Juniperus Firginiana. Son air examine? Exp. Il
Jufquiame. Voyez Byofliamus.
DES
Matières. 319
K
_J\_x/ycKEi , ci découvert le phofphore urineux, 119
J j âî n è* Habillemens de laine, préférables a tous autres
dans un temps froid 8c humide , Sc pourquoi , 14 1
Lamas , (Poifon des) en ufage chez les Indiens , 233
Lamiurn album. Son air naturel examine, 34
Son air déphlogiftiqué examiné , Exp. 3
La Voifier , ( M. ) a mis hors de doute que l’augmenta-
tion de poids des chaux métalliques , vient de 1 air
qu’elles abforbent , M7
Lauréate. Effet pernicieux de fes fleurs , xlvij
Laurier- Cerife. Particularité de fes feuilles, 2.7
Son air de la nuit 8c du jour examiné, Exp. 55
Son air déphlogiftiqué examine , Exp. 62 ^
Eft un poifon terrible , pris intérieurement dans un état
de concentration , 8c appliqué extérieurement , 233
A quel dégré il gâte l’air commun pendant la nuit , 277
Laurus camphora . Son air déphlogiftiqué examine, Exp. 1 2.
Leuwenhoeck. Ses obfervations niicrofcopiques fur les
feuilles , 5
Lichen. Effet des lichens fur l’air , xlvij
Donne de l’air déphlogiftiqué , ibid .
Limaçons , font hermaphrodites , . 20
Lin (le) eft un cor.duéteur de la chaleur Sc du froid, , 141
Lobelia longiflora. Ses exhalaifons malfaifantes fe répan-
Londres. Degré de falubrité de l’air dans les environs
de cette Ville , 29r
Lumière. La lumière eft caufe de la produ&ion de l’air
déphlogiftiqué, 39 > ^3
Eft néceflaire à la produéïion de l’air déphlogiftiqué
par les feuil es , 12,17
Ne produit pas de l’air déphlogiftiqué en hiver , 39
Néceffité d’une grande clarté pour obtenir de lair de-
phlogiftiqué des plantes , Exp. 53,54
Lys. (Fleurs de ) Exemple funefte de leur effet, 6 z
L
dent au loin ,
Loïx de la Nature ( les ) font immuables ,
__ . T'v / 1 X r 1 M ?.. / 1» îa J
Leur effet pernicieux fur l’air
xlvij
310
Tablé
M
J^Iagellan. (M.) Son eudiomètre. Voye{ le mot Eu-
diomètre dans l'explication des termes techniques, Iviij
Maifons. La négligence de la propreté des maifons influe
fur le bien-être d’un Etat, 144 & fuiv.
S’il eft dangereux d’avoir beaucoup de plantes dans
les maifons , . \ ®
Maîtres d'école. Leur erreur pernicieufe au fujet de la fa-
lubrité de l’air infeéfé par les jeunes gens , 134
Malades. Danger pour les malades de tenir beaucoup de
végétaux dans leur chambre, 56
Maladies , Les plus fréquentes en automne & au prin-
temps , & pourquoi, , . 140
Quelles maladies on pourroit probablement guérir par
l’air déphlogiftiqué , .
Origine des maladies putrides fur les vaifleaux , 144
Il eft facile de les prévenir, mais très-difficile de les dé-
raciner ,
Mal-propreté , fouvent la caufe des maladies peitilen-
tielles , putrides & contagieufes , 146
Mancenillier. Grand danger de fon ombre, _ 153
Marais nouvellement deffeches , font mal-fains , 2.72
Marécageux. ( Pays ) pourquoi mal-fains , , 139
Comment on peut rendre les pays marécageux plus
fains, , i48,i5°>285
Maladies endémiques des pays marécageux, 130
Ce qu’il faut obferver pour traverfer fans danger un
pays marécageux très mal-fain , ibid. dans la note.
Marin. ( Acide ) Peut-il fe changer en acide nitreux ?
V lj , I 20
Marins. Voyez Navigateurs.
Mauve. Particularité de les feuilles , 27
Son air naturel examiné , . XI3
Médecins. La do&rine de l’air eft néceflaire aux Médecins , x
Mentha piperitis. Son influence fur l’air commun au foled
& à l’ombre dans un appartement, # 2.22
Sa propriété de corriger l’air gâté par la refpiration ,
Exp. 56
Son effet fur l’air commun, & fur 1 air gâte par U
refpiration, au foleil,
Son effet (ur l’air inflammable > Exp. 108
Menthe
des Matières. 311
Menthe poivrée. Voyez Mentha piperitis.
Mer. Air de la mer plus fain que celui de terre , 143 , 283
I héorie de ce phénomène , 284
Les bords de la mer font , en général , fort fains , 8c
pourquoi, 1 5 1 » 3
Combien de fel l’eau de la mer contient dans différens
climats, 284
Les mers 8c autres grands amas d eau abforbent ou
reçoivent les particules feptiques de 1 atmofphere ,
xiv , 43
Mercure : donne le meilleur air nitreux , 188
II peut devenir un métal folide & malléable, m
Mercure calciné : donne de l’air déphlogiftiqué, xvij
. Mercure précipité rouge : donne de l’air dephlogiflique ,
xvij, 157
. Métamorphofes de l’air, 1 1 6
des autres corps, 118
Métaux : abforbent de l’air dans la calcination , 157
Calcinés , donnent de l’air déphlogiftiqué , ibid.
Théorie de ceci , ibid.
Meures. Le foleil n’a aucun pouvoir fur l’émanation mé-
phitique des meures , Exp. 65, 84
Meures des ronces. Leur pouvoir de vicier l’air, Exp.
84
Milly. (Le Comte de) Son opinion fur l’air qui fort de
notre peau , 128
Minium : imbibé d’acide nitreux , donne de l’air déphlo-
giftiqué , 156
Il en donne aufli ,mais moins bon , lorqu’on y ajoute
de l’acide vitriolique , ibid.
.Monde. Son éternité combattue, 138
Morts fubites. Une de fes caufes dévoilée, 62
Moujfes ( Les ) ont le même effet fur l’air que les
autres plantes , xlvij
Moujfe verte très-fine qui fe forme fur les corps que l’eau
touche un peu long-temps. Remarque fur fes pro-
priétés , 86
S’engendre de foi-même dans l’eau , 89
Se trouve en abondance prefque par-tout, 91
Donne de l’air déphlogiftiqué, 89. Cet air examiné, 259
Indique le temps où les végétaux font prêts à donner
de l’air déphlogiftiqué , 8a
X
1'
321 Table
Moutarde : Son pouvoir de vicier l’air commun pendant
lanuit, Exp. 59 ■*
Moutarde. Son pouvoir de réparer au foleil l’air gâté,
Exp. 60
Ses racines exhalent un air mauvais , 60
Cet air examiné , Exp. 73
N
N
ij STV RT IV M l N D I cv M , la Capucine. Particu-
larité de fa manière de donner de l’air déphlogiftiqué,
25
Son air examiné, Exp. 30 , 34
Donne de l’air déphlogiftiqué d’une grande pureté , 50
La quantité prodigieufe d’air déphlogiftiqué que cette
plante donne , évaluée , • 51, 2.13
Nations. Exemples de la mal -propreté de quelques na-
tions : elle eft caufe de la décadence de nations
puiffantes , 146
Navigateurs. D’où dépend la vigueur de leur fanté , 144
Moyens de conferver leur fanté, ibrd.
Nitre. D’où vient l’acide nitreux dans les terres dont on
l’a déjà tiré, l*j
Donne une quantité prodigieufe d’air déphlogiftiqué ,
158
Projet pour améliorer l’air d’un appartement par le
moyen du nitre , 169
Son acide eft fourni par l’air commun , lij
Ce que fait le nitre dans la poudre à canon , 1 16
Nitreux. ( Acide ) Ses effets fur le fer ,
Se change en différentes elpèces d’air.
Donne de l’air déphlogiftiqué très-pur ,
Nitreux. ( Air ) Manière de l’obtenir ,
Récemment fait, eft préférable,
N’importe quelle bonté il a,
Comment on le conferve , _ .
Abforbe davantage d’air commun à proportion du de-
gré de bonté de celui-ci , t XV,J
N’abforbe pas toute forte d’air déphlogiftiqué , 105
Peut fe changer en air fixe , lj » * 1 S
Ne découvre pas la nature de tous les airs , 97 & fuiv,
261 bfuiv.
1 1 5 , 121
1x5
ibid.
m
l9S
190
des Matières. 323
v Noifettes : infe&ent l’air commun , Exp. 79
Noix. Leur grand pouvoir de vicier l’air commun à
l’ombre , Exp. 91
Nooth. ( Le do&eur ) Sa manière d’imprégner l’eau d’air
fixe , indiquée , 252
Noyer. Son air au foleil , 222
Son air pernicieux à l’ombre, examiné, ^ 38
Comment Tes feuilles donnent l’air déphlogiftique , 27
Gâte l’air commun dans la nuit , ôc le répare dans le
jour , Exp. 50 & 5 1
Son ombre fufpeét quelques gens , 15*
Dans quels cas cette appréhenfion peut avoir du fon-
dement , ibid»
Effet des feuilles de noyers fur l’air inflammable ,
98 , 261 , 263 , Exp. 106 , 109
Nuit. Les plantes répandent un air méphitique pendant
la nuit , 5 4
Les plantes ne font pas fans influence falutaire pen-
dant la nuit , 47
Les feuilles répandent deux différens airs à-la-fois pen-
dant la nuit, xlviij & fuiv.
Pourquoi l’évaporation noélurne des plantes ne pro-
duit aucun mal à l’air libre, xlix
Nymphéa alba. Le Nénufar blanc donne de l’air déphlo-
giftiqué d’une façon particulière , 23
O
O b s eu rite. Effet de l’obfeurfté fur les plantés, 54
Les plantes , dans l’obfcurité , ne rendent pas l’air in-
flammable plus propre à la refpiration , 26a
Ombre. Les plantes donnent de l’air méphitique à l’ombre ,
54, Exp. 36, 46-49
Or. La diffolution d’or donne un air déphlogiftiqué des
plus purs, '260
Orme. Son air examiné , Exp. 29
Son air du jour &. de la nuit réunis , Exp. 52.
Evapore un air pernicieux dans l’ombre , Exp. 49
Orties. Leur grand pouvoir de corriger l’air gâté , Exp;
57
Os. Les os des animaux peuvent; fe changer en verre, 1 191
Ouragans , font des ventilateurs utiles xiv , 43
x ij -
/
3M
T A B L F.
P
Parfum des fleurs n’a rien de commun avec leurs
exhalaifons méphitiques , ^ xlvi)
Eft innocent , xlvij, 64
Paris. Degré de falubrité de l’air de cette ville & des
environs, T42
Conftitution de l’air à Parisien hiver & au printemps ,
ibid.
Pays. Comment connoître leur falubrité , 107
j ugement précipité fur ce fujet , i°9
Les pays chauds font mal-fains quand ils font humides
& peu cultivés,
Peau. La peau exhale un air méphitique , ; 126
Air de la peau des jeunes perfonnes , eft auffi méphi-
tique que celui qui fort de la peau des perfonnes
âgées , , , I34
Air de la peau fort en très-petite quantité, 126
Ne paroît pas être de l’air fixe, 133
La nature de cet air examinée, _ ibid.& ijÿ
La peau exhale différentes émanations dans fes diffé-
rentes parties ,
Pêches. Leur influence maligne fur l’air commun a
l’ombre , Exp. 7 S > y ^5
Leur influence fur l’air au foleil , Exp. 77
penfylvame , pays mal-fain lorfqu il etoit marécageux ,
eft devenu très-falubre depuis qu on 1 a défriché , 150
Perficaire brûlante. Voyez Perficaria urens. ,
Perficaria urens. Donne de très-bon air déphlogiftique , 50
Son pouvoir remarquable de corriger l’air gâté par la
refpiration , Exp. 58
Son air de nuit examiné , aI&
Son air de la nuit & du jour réunis , Exp. 54.
Son effet fur l’air inflammable , 98 , 262 ; Exp. 105 ,
— — u6
107,
1 10
Effet de fes racines fur l’air , , 6°
Corrige promptement l’air gâté , , 4?
Perfll. Sa manière de donner l’air dephlogiftique , 27
Pharmacum immortalitatis. Recherche vaine des Alchy-
miftes , 1
Phlogiflique de l’air, eft imbibé par les plantes ,
XXY
des Matières. 325
Phlogi (tiqué , ( Air ) produit par les végétaux pendant la
nuit , x'’x
Se l'épare difficilement de l’air fans la concurrence des
plantes ,
Se fépare de l’air dans les régions elevees de latmoi-
phère , ... l^d.
P hlogi (tiques. Différens procédés phlogiftiques infeélent
l’air 3 comme la refpiration & les végétaux,
Phofphore de Kunckcl fe tire des os des animaux, 119
Phthifie pulmonaire, peut fe guérir par l’air de mer ,147
Phyjîque. Méthode pour y faire de nouvelles decouvertes ,
xxxviij
Utilité de fa réforme, I3I)
Pierre philo fophale. Recherche des vifionnaires , 168
Pins : donnent de l’air déphlogiftiqué très-pur ,, 5°
Pinus cedrus. Son air déphlogiftiqué examine , Expé—
riencé 13.
Son influence noélurne fur l’air commun , Exp. 42,
Plantes. Aucune ne croît en vain, xiij
Manière d’accélérer leur végétation, 3
Leur façon de vivre, 77
Les plantes fe nourriffent du principe inflammable de
Pair, . ; 1 3 '» 35
Leurs différentes analogies avec les animaux, détaillées,
14
Analogie de leurs émanations avec celles du corps hu-
main, 88
Engendrent de la chaleur comme les animaux , 1 3
Exhalent différentes émanations de leurs différentes
parties, , 16
Ont une efpèce de fefpiration , 42
Végètent mieux dans un air putride, xij , 69
De quelle manière elles trouvent leur nourriture , 1 Ç
Pourquoi la nature leur a donné des feuilles dans le
temps des chaleurs , 78
Quel eft leur air naturel, 113
Leur air naturel peut fe changer en fix airs différens ,
114
Le fervice qu’elles nous rendent, détaillé , 13,13,78
Indices qu elles font prêtes à donner de l’air déphlo-
giftiqué,
Toutes donnent de l’air déphlogiftiqué au foleil, 50
X il]
^ 1 6 Table
Plantes. Les feules parties des plantes qui donnent de l’air
déphlogiftiqué , font les feuilles, 6c les tiges vertes
qui les fupportent , v a4^
Leur effet fur l’air pendant le jour , contraire a celui de
la nuit, . 72
Ont un plus grand pouvoir de corriger le mauvais air
que d’améliorer l’air commun, 6c pourquoi, 68
Exhalent un air nuifible pendant la nuit, 54
Et dans les lieux obfcurs 6c ombragés , pendant le
jour , ^ ibid.
Corrompent une grande maffe d air autour d elles
pendant la nuit , 5 5
Leur effet fur l’air dans un appartement ,56, 222,223
Leur mauvais effet dans les appartemens eft caufe par
leur grand nombre, . . 72
Leur grand pouvoir de corriger l’air vicie quand elles
font au foleil , 15’ 47 3 2<5°
Corrigent l’air gâté , même 4 l’ombre , 47
Font plus de bien à l’air commun pendant le jour,
que de mal pendant la nuit, 220
Leur opération diurne troublée par.des caufes légères, 87
Les plantes âcres , puantes 6c vénéneufes, donnent
pendant le jour de l’air déphlogiftiqué , xiv, 232
Leur émanation noéturne ne faut oit. nuire dans 1 état
naturel des chofes, 7°
A quelle heure elles s’éveillent le matin , 01
Corrigent l’air vicié en hiver, 39
Il y a plufieurs plantes dont les exhalaifons font dan-
gereufes , _ , , ,
En automne, les plantes perdent leur faculté de vicier
l’air pendant la nuit , plutôt que celle de l’ameliorer
pendant le jour , ^ .v
Quelques-unes ne fauroient corriger au ioleil 1 air
qu’elles ont gâté pendant la nuit , r7T
Corrigent l’air inflammable, 261 & iuiv%
Abforbent différens airs ,
Plantes puantes. Particularité de quelques plantes puâtes
par rapport à l’air , .n. X ' ^
Plantes malades ; ne donnent pas d air déphlogiftiqué ,
quoiqu’elles aient encore la faculté de corrompre
l’air , t
Plantes sèçhes : ne gâtent pas 1 air •> 44
DES MATIÈRES. 3*7
Platine. Ufage qu’on en pourroit faire pour produire de
l’air déphlogiftiqué , > . 4
Moyen de la fondre fans alliage, ibtd.
Plomb , augmente de 12 pour cent en poids par la calci-
nation , 157
Poires. Leur pouvoir de vicier lair, Exp. 80
Poifons des végétaux,
Comment produits dans plufieurs corps organifes, 1 18
Aéfion différente des différens poifons,
Pommes. Ont le pouvoir de vicier 1 air , Exp. 81
Le foleil n’empêche pas l’influence maligne des pom-
mes fur l’air commun , Exp. 82
Exhalent un air méphitique ,meme au foleil , Exp. 80
Pomme de terre. Ses feuilles ceflent fort tard de donner de
l’air déphlogiftiqué , 2 1 5
Son air noéfurne examiné , Exp. 37 '
Son influence noiturne fur l'air commun, 2,20
Air naturel de fes feuilles , examiné , 34
Pommier. Air de fes feuilles > obtenu par la chaleur du
feu , examiné , 3 5
Donne peu d’air dans la nuit, 217
Air de fes feuilles examiné , Exp. 15,16,17,18,19
Air de fes feuilles obtenu par ébullition, examiné , 34
Pontins. (Marais) Pourquoi mal fains de nos jours , 149
Comment on peut y remédier, 14&
Poudre à canon . Nouvelle théorie de fon explofton & de
fa force, 11 6 dans la note.
Pourquoi elle n’a pas befoin d’être en contaéf avec l’air
libre pour s’enflammer, ibid.
Poumons : ne fouffrent que de l’air pur.
PrieJUey. (M.) Ses découvertes principales fur l’air, xvj
& fuiy.
Sa découverte de l’air nitreux , comme un moyen de
reconnoître le dégré de falubrite de 1 air commun, xvij
Abrégé de fes découvertes , qui ont relation avec celles
de l’Auteur, xiî 6’/uiv*
Son opinion fur la manière dont les plantes corrigent
l’air , xx^
Ses doutes fur le fondement de fon fyfteme , ^ xxviijj
A trouvé qu’une plante ne végète pas dans lair dé-
phlogiftiqué , 3 3
Sa découverte qu’une rofe gâte l’air , _ 61
X iv
318 T a b l ë
Priejlley : (M.) a découvert que la moufle verte donne de
l’air déphlogiftiqué , 89
Les expériences de MM. Priejlley & Scheele conci-
liées , _ 5 $
Pringle. ( Le Chevalier ) Son difcours fur les moyens de
conserver la fanté des gens de mer , 147
A décrit la fièvre des priions, 145
Son difcours a excité 1 Auteur à faire ces recherches ,
xiij
Printemps. Effet des plantes fur l’air au printemps, xlvj
Prifons. ( Maladies des ) 145
Terribles effets de leur mal-propreté, ibid.
Propagation des plantes , a beaucoup d’analogie avec la
propagation des animaux , 19
Propreté , eft très-nécefîaire , fur-tout en mer , 144
Influe beaucoup fur la puiffance d’un .empire , 145
Providence. Un des bienfaits fignalés de la Providence ,
indiqué, 272,277
PuiJJ'ance. La puillance d’une nation peut dépendre de
caufes très-légères, 145
P ulmonicjues . Quels pays font bons pour eux , 151*
Putrides. Origine des maladies putrides fur les vaifTeaux,
‘ 144
Pyrmont , (Eau de) contient de l’air fixe , 29
R
R
AC INES des Plantes terrejlres. Leur effet fur l’air,
comparé avec celui des feuilles , 60
Corrompent l’air commun, & répandent toujours un
air méphitique , 59’ 23§
des plantes aquatiques , abforbent de l’air inflammable ,
272
Caufe finale de ceci , ^ ibid.
Celles de Bccabunga ne gâtent pas 1 air , ibid.
Raifon. Notre raifon nous induit en erreur quand elle n eft
pas guidée par les expériences, *35
R'egne animal ( Le ) & le règne végétal fe prêtent des
fecours mutuels , xx ’ 1 5 » 1 5
Remède univerjèL 3 eft cherche par les Alchirniftes , *6
Refpiration. Effet de la refpiration fur 1 air , xW, lj , * 3
Quelle quantité d’air nous refpirons , *5°
des Matières. 3*9
Refpiration. La refpiration infeéte l’air, comme les feuilles
le font la nuit , les fleurs 8c les fruits toujours , i
L’air pâté par la refpiration eft corrigé par les plantes,
& v 46,2-77
Les plantes ont une efpèce de refpiration , 42
Rhus Toxicodendron. Grand danger de fes exhalations, 153
Rivières, ( Débordemens des ) corrompent latmoiphere.
Effets des débordemens, & moyens de s’en garantir,/*#.
Rome. Pourquoi l’air de Rome Sc de fes environs eft mal-
fain en été , 8c pourquoi feulement apres le loleil
couché , *4
Manière d’y remédier , .,*5°
Rofes 3 infeftent l’air commun, xlvij,6i
Rotterdam. Conféquence du deflechement du lac près de
cette ville, 372
Rouelle . ( M. ) Sa méthode de faire l'éthiops martial , 1 22
S
Sablonneux. (Pays) peuvent etre fains fans
culture ; exemple de ceci , f 183
Salïx , le Saule. Son air déphlogiftique examine , Expé-
riences 1 , 10, 21,22,23, 24, 25 , p. 5°
Son air à l’ombre , Exp. 48
Son air noéturne examiné, < 2I6
Gâte l’air commun dans la nuit , & le corrige de nou-
veau au foleil , Exp. 5 o 8c 5 1
Airs de différente qualité , extraits des feuilles de faule
mifes dans différentes eaux , Exp. 94
Salubrité. Degré de fâlubrité de l’air près de Londres en
été , 291
Degré de fâlubrité de l’air dans les environs de Paris, 142
Degré de fâlubrité de l’air de la mer , 283
Moyens de rendre la fâlubrité à latmofphere, 285
148 fr fuiv.
Comment reconnoître la fâlubrité dun lieu, 107
Jugement précipité de quelques Phyficiens fur la fa-
lubrité d’un lieu , I09
Caufe de la variabilité dans la fâlubrité de 1 atmof—
phère , recherchée , _ I23
Santé. Moyens de çonferyer la fanté des marins, 144
V
3^0 Table
Sapins. Donnent de l’air déphlogiftiqué très-fin, 50
Surjette. Son effet fur i’air commun , xxiv
Sauge. Son air naturel examiné, 34
Son air de nuit examiné, 216
Saule. Voyez Salix.
Scheele (M.) a trouvé l’acide fpatheux, 121
Sa méthode de changer les os en verre , 119
Son opinion de l’effet des plantes fur l’air commun ,
xxj, xxv
A trouvé qu’une plante ne végète pas bien dans l’air
déphlogiftiqué , 3 5’ xxvj
La contradiction entre le réfultat des expériences de
M. Scheele & de M. Prïefllcy conciliée , 53
Sel. Quantité de fel dans les eaux de différentes mers, 284
Sel fufible , de l’urine donne le phofphore, 1 19
Sclter. ( Eau de ) Contient de l’air fixe , 29
Eaux de Setter artificielles &c naturelles peuvent être
changées en eaux martiales , 29
Serres. Qualité que l’air conyaéte dans les ferres, 56
Sexe. La plupart des plantes contiennent les deux fexes,
pourquoi & comment , 20
Sinapis. V oyez Moutarde.
Solanum efculentum. Voyez Pomme de terre.
Solarium nigrum , la Morelle. Son influence no&urne fur
l’air commun, 2 20
Solanum vulgare ou ordinaire. Voyez Solanum , Morelle.
Son air déphlogiftiqué examiné , Exp. 63.
Solanum , Pomme de terre. Particularité de fes feuilles , 27
fon air naturel examiné , 34
Soleil. Difpenfe le Jour & la vie à toute la nature en ré-
pandant fa lumière , 3^ 5 1 37
Ne purifie pas l’air fans l’affiftance des végétaux, mais
plutàt le gâte ; & pourquoi , , 28 1
N’a aucun pouvoir pour empêcher la malignité des
mûres , des mûres de ronce , & de quelques autres
fruits, 5 /
Empêche la malignité des haricots , ihid.
Solides. Tous les corps font folidespar leur nature , * 1 *
Spaths phcfphoriques ; nature merveilleule de lair ,pa-
Spermatique. ( Humeur ) Sa fécrétion augmentée par i idée
d’une femme aimée ,
des Matières.
n *
Tabac. Son air examiné , Exp. 9
Donne de l’air déphlogiftiqué , 234
Teucrium Marum. Son air examiné, Exp. 8
Thlafpi. Les effets pernicieux de fes fleurs fur l’air , xlvj ,
237
Thummingius a écrit fur l’anatomie des feuilles , S
Ticunas , (poifondes) en ufage chez les Indiens, 233
Tiges. Les tiges vertes des arbres donnent de l’air déphlo-
giftiqué au foleil, 92, 246
Tilleul. Apparence des bulles d’air qui fortent des feuilles, 24
Sa manière de donner de l’air déphlogiftiqué , 27
Son air noélurne examiné, 216
Son influence fur l’air commun dans la nuit, Exp. 50
Son effet fur ce même air au Soleil, Exp. 41
A quel degré il gâte l’air commun la nuit , 277
Tithymale, Voyez Cataputia.
Tofcane. Pourquoi l’air y eft fort fain , 149
Toxicodendron. Voyez Rhus.
Tranfmulation des fubftances les unes dans les autres, 117
Se rencontre par-tout, 118
de l’eau en air déphlogiftiqué par le moyen de la moufle ,
91
Triller , rapporte des hiftoires de morts fubites caufées par
les fleurs , 6 3
Trooflwyk. (M. Van) Ses découvertes fur l’air, 105
Topiques. ( mer entre les ) Combien de fel fes eaux con-
tiennent, ' 284
Tubes flexibles très-utiles pour les expériences phyftques ,
162 , note.
V aisseaux. Caufes des maladies fur les vaifleaux.
Mauvais effets de les remplir de trop de monde , 146
Mauvais effets de les trop remplir d’animaux vivans,
ibid.
Moyens fimples d’y conferver toujours l’air falubre Sc
,de tenir l’équipage en bonne fanté , ibid.
31i Tablé
Végétation. La végétation, comme telle , n’eft pas la caufe
produélrice de l’air déphlogiftiqué que les plantes
répandent, 5a
Végétaux. D’où ils tirent leur nourriture , 7^
Leur analogie & leur relation avec les animaux, 13,15,77
De quelle nature eft l’air qu’ils contiennent, 1 12
Leur air fe change en différens autres airs, 113. , 114
L’effet des végétaux fur l’air dans la nuit , à beaucoup
d’analogie avec celui de la retiration des animaux, 1
Leur émanation méphitique produit un bien, ibid.
Si toutes les parties vertes des végétaux donnent de
l’air déphlogiftiqué , 65
Voye^ aulîi les mots Plantes , Arbres , Feuilles , Fleurs ,
Gramen.
Vénérien. Manière d’agir du virus vénérien , 18
Venin . Comment produit dans plufteurs corps organifés ,
1 18
Ventilateurs. Leur utilité dans les vaiffeaux , les hôpitaux
& les priions , • 144
Vents. Leur utilité , xiv
Verdure. Pourquoi la verdure eft perpétuelle dans les cli-
mats chauds, 11
Vérole, (petite) Manière d’agir de fon venin, 18
Verre , fait des os des animaux , 119
Notre corps peut fe changer en verre , * 1 19
Eft corrodé par l’air fpatheux , 122
Verte. Matière verte végétale , indique que les plantes font
prêtes à donner de l’air déphlogiftiqué,82.V oy. MouJJ'e.
Vie. D’où dépend la longueur de notre vie, 143
Seroit-elle allongée ou raccourcie par l’ufage de l’air
déphlogiftiqué? *65
Différence entre la vie des animaux & celle des végé-
taux , 14, 14^
Vieillards. S’il eft avantageux pour les perfonnes âgées de
coucher avec les jeunes, *1 3
Leçon utile aux vieillards pour ne pas être à charge a loi-
même & aux autres, 110
Vienne en Autriche. Pourquoi quelques environs y font
mal-fains , ^ ; *5*
Vigne. Manière dont fes feuilles produifent 1 air déphlogif-
tique.
Son air examiné , Exp. 4
14 > 27
des Matières. 333
Vigne. Air déphlogifliqué des jeunes & des vieilles feuilles,
examiné, Exp. 122,123
Les feuilles de vigne donnent de l’air déphlogifliqué
très-pur, 258
La vigne a peu de pouvoir de vicier l’air commun pen-
dant la nuit, 278
Gâte l’air commun dans la nuit , & le répare au
foleil , Exp. 50 & 5 ît
Son pouvoir remarquable de corriger l’air vicié , Exp.
48, 58
Violettes. Hifloires funeftes; de leurs effets , 63
Leur effet pernicieux fur l’air commun, 237, xlvijf
Variolique , ( acide ) dégage de l’air déphlogifliqué du
minium, 156
Dégage de l’air fixe des terres calcaires , 252
Ses effets fur le fer, 121
Ses effets fur les fpaths , 122
Peut être changé en air fixe, 5 1
Vulvarïa. Vide A triplex vulvaria.
Urine. Sa nature changée par une caufe légère , 88
jyatfon. (M.) Ses expériences avec le poifon du Lauro-
cerafus 3 233. Voyez Laurier- cerife.
F I N .
:
APPROBATION.
J’AI lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des
Sceaux , un manufcrit qui a pour titre : Expé-
riences fur les Végétaux , &c. il ne contient rien
qui doive en empêcher Pimpreflion.
A Paris ce 15 juin, 1780.
Lebegue de Presle.
■ — — ■ — . .... . . . . — — ■ — —
PERMISSION.
Louis , par la ceaoe Ut Dieu , Roi de France
et de Navarre: A nos amés & féaux Confeillers , les
Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Re-
quêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand-Confeil , Pré-
vôt de Paris , Baillifs, Sénéchaux , leurs Lieutenans Civils,
& autres nos Jufliciers qu’il appartiendra: Salut. N otre.amé
le fleur Ingen-Housz , Médecin , Nous a fait expofer qu’il
defireroit faire imprimer & donner au Public un Ouvrage
de fa compofition, intitulé : Expériences fur les Végétaux ,s il
Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de P ermifïion pour ce
néceflaires. A ces causes , voulant favorablement traiter
l’Expofant , Nous lui avons permis & permettons par ces
Préfentes, de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois
que bon lui femblera,.& de le faire vendre & débiter par
tout notre Royaume , pendant le temps de cinq années
confécutives , à compter du jour de la date des Prefentes.
Faifons défenfes à tous Imprimeurs , Libraires &. autres
perfonnes, de quelque qualité & condition quelles foienr,
d’en introduire d’impreiïîon étrangère dans aucun lieu
de notre obéiflance ; à la charge que ces Préfentes feront
enregiflrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté
des Imprimeurs & Libraires de Paris , dans trois mois de
la date d’icelles ; que llmpreffion dudit Ouvrage fera faite
dans notre Royaume Ôt non ailleurs , en bon papier &
beaux caractères ; que l’Impétrant fe conformera en tout
aux Réglemens de la Librairie , & notamment à celui du 10
Avril 1725, à peine de déchéancede la préfentePermi/îion;
qu’avant de Pexpoler en vente , le Manufcrit; qui aura
fervi de co. ie à l’Impreffion dudit Ouvrage , fera remis,
dans le même état où l’Approbation y aura été donnée,
ès mains de notre très-cher & féal Chevalier Garde des
Sceaux de France le fieur Hue de Miromenil ; qu’il
en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bi-
bliothèque publique , un dans celle de notre Château du
Louvre, un dans celle de notre très-cher & féal Cheva-
lier Chancelier de France , le Sieur de M aupeou , & un
dans celle dudit fieur Hue de Miromenil; le tout à
peine de nullité des Préfentes. Du contenu defquelles
voùs mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expo-
fant , & fes ayant-caufe, pleinement & paifiblement , fans
fouffrir qu’il leur foit fait aucun trouble ou empêchement.
Voulons qu’à la Copie des Préfentes, qui fera imprimée
tout au long au commencement ou à la fin dudit Ou-
vrage, foi foit ajoutée comme à l’original. Commandons
au premier notre Huiffier ou Sergent fur ce requis , de
faire pour l’exécution d’icelles tous Aéfes requis & né-
ceffaires , fans demander autre permiffion , & nonobstant
clameur de Haro, Charte Normande & Lettres à ce con-
traires : Car tel eft notre plaifir. Donné à Paris , le
feizième jour du mois d’août, l’an de grâce mil fept cent
quatre-vingt, & de notre Règne le feptième. Par le Roi
en fon Confeil.
Signé LE BEGUE.
Regifrè fur le Regifre XXI de la Chambre Royale 6*
Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris , N°. 441 ,
Fol. 359 , conformément aux difpofitions énoncées dans la
préfente Permiffion , & à la charge de remettre à ladite Cham-
bre les huit Exemplaires preferits par V Article CVIII du
Réglement de 1723. A Paris , ce 18 août iy8o.
LECLERC, Syndic.
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