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Full text of "Experiences sur les vegetaux ..."

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. 


' 


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EXPÉRIENCES 

SUR 

LES  VÉGÉTAUX, 

SPÉCIALEMENT 

Sur  la  Propriété  qu’ils  possèdent  à un  haut  degré  9 
foit  d’améliorer  l’Air  quand  ils  font  au  foleil , 
foit  de  le  corrompre  la  nuit , ou  lorfqu’ils  font 
à l’ombre  ; 


AUXQUELLES  ON  A JOINT 

Une  Méthode  nouvelle  de  juger  du  degré  de  faluhriti 

de  /’ Atmosphère. 

Par  Jean  INGEN-HOUS^Z  , £onfeiller  Aulique  , 
& Médecin  du  corps  de  Leurs  Majeftés  Impériales  & 
Royales , Membre  de  la  Société  Royale  de  Londres , 
Sec.  Sec. 


Traduit  de  l’anglois,  par  l’Auteur, 


fi/  m - 

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0;  „ 

y' JÉhpf^p.^vDlDOT  le  jeune,  Libraire-Imprimeur  de  MONSIEUR, 

3V  **  Onai  ripe  Aumiftinc. 


A PARIS, 

2 jeune , Libraire-Impi 
Quai  des  Auguftins. 


A MONSIEUR 

JEAN  P R IN  G LE; 

CHEVALIER  BARONET, 

Médecin  du  Roi  de  la.  Grande-Bretagne  9 
ci-devant  Prélîdent  de  la  Société  royale 
de  Londres , membre  de  l’Académie 
royale  des  Sciences  de  Paris,  &c.  &c. 

r 

Monsieur, 

La  reconnoiffance  des  fervices  , efl  un 
tribut  dû  à nos  bienfaiteurs  ; cefl  une 
dette  qu  il  faut  acquitter  comme  toutes  les 
autres . S il  n ef pas  en  notre  pouvoir  de  pro- 
portionner les  effets  de  notre  reconnoiffance 

a ij 


i 


iv  É P I T R E 

à la  grandeur  du  bienfait  reçu , au  moins 
faut-il  employer  tous  les  moyens  qui  nous  rej- 
tent , pour  la  témoigner  par  les  fentimens 
du  cœur. 

lé  ingratitude  paffoit  cheqles  anciens  Grecs 
pour  un  crime  des  plus  noirs  & des  plus 
tnéprifables , tendant  directement  à empêcher 
les  effets  d’une  bienveillance  mutuelle  , & 
à brïfer  les  liens  de  l'amitié , cette  fource  de 
la  félicité  humaine  , fans  laquelle  la  vie  ejl 
fans  jouiffances.  L ingrat , convaincu  de  fa 
haffeffe , a honte  de  Je  préfenter  devant  jon 
bienfaiteur  , parce  qu’il  le  regarde  comme  un 
juge  qui  a déjà  prononcé  fur  lui  une  fentence 
jufie  & févère  : il  cherche  des  prétextes  pour 
rompre  avec  lui;  pendant  que  le  bienfaiteur , 
ne  voyant  dans  l’ingrat  qu’un  monfre  in- 
digne de  fes  regards  , perd  l’envie  d’ouvrir fon 
cœur  à d’autres. 

Perfonne  au  monde  n a plus  de  motifs  de 
reconnoiffance  , que  je  piofeffe  en  avoir 
envers  vous  , Monsieur  ; vous  ni  ave-j 
comblé  de  civilités , quoique  je  n’euffe  ja- 
mais été  dans  le  cas  de  vous  rendre  Jervice. 
Vous  me  donnâtes  votre  amitié  prefque  au 
moment  que  je  fis  votre  connoiffance  ; & vous 
voulûtes  bien  encourager  mon  ardeur  pour 
l’étude  de  la  médecine , en  me  communiquant 
les  lumières  que  vous  aveq  acquifes  par  une 
vie  laborieufe , une  longue  expérience  > par  un 


J 

DÉDICATOIRE.  v 

file  infatigable  dans  les  hôpitaux  militaires 
pendant  la  guerre , & par  une  pratique  heu- 
reufe  , dont  votre  célèbre  ouvrage  fur  les  Ma- 
ladies des  Armées  fournit  le  témoignage 
le  plus  éclatant , tandis  quil  ef  en  même 
temps  un  bienfait  permanent  pour  les  géné- 
rations préfentes  & futures. 

Vous  niaveq  toujours  donné  l’avis  le  plus 
fincère  fur  la  meilleure  méthode  que  je  devois 
fuivre  pour  parvenir  à mon  but , & fur  le 
choix  des  perfonnes  qu’il  me  convenoit  de 
fréquenter  pour  me  perfectionner  dans  les 
différentes  branches  de  la  médecine  & de  la 
phyfique , dont  je  faifois  mes  délices. 

Enfin  , Mo  N si  eu  R , c éflvous  qui , parmi 
tant  de  favans  refpcclables  ? dont  l’amitié  a. 
fait  fur  mon  cœur  les  imprefiions  les  plus 
profondes  , aveq  contribué  plus  que  per- 
fonne  au  bonheur  particulier  dont  j’ai  joui 
pendant  tant  d’années  , dans  ce  pays  ; 
bonheur  qu’un  .homme  libre  & indépendant 
trouve  dans  la  pour  fuite  de  la  fageffe  & des 
fciences  , avec  ceux  qui  fe  font  diflingués 
par  leurs  talens  & leurs  connoiffances. 

_ Mais , Monsieur  , parmi  les  obliga- 
tions que  je  vous  ai  , il  en  eft  une  dont  l’i- 
dée feule  me  remplit  de  refpecl  & de  grati- 
tude pour  vous.  V ms  m’aveq  rendu  un  fer- 
vice  , dont  je  ne  faurois  m’empêcher  de  faire 
mention , quoique  je  fâche  ce  que  votre  mo- 

a iij  j 


Vj  ÉPITRË 

de  fil  e fouffriroit  en  m entendant  exprimer 
mes  véritables  fentimens  à Cet  égard . 

P êrmetteq-moi  de  vous  offrir  un  tribut 
public  de  ma  reconnoijjance  ; c’efi  le  feul 
moyen  qui  foit  en  mon  pouvoir , de  vous  remer- 
cier d’une  faveur  d’autant  plus  généreufement 
placée  fur  un  étranger , qu il  n en  av  oit jamais 
Jolhcité  aucune  auprès  de  vous.  Vous  m’aveq^ 
recommandé , J ans  autre  motif  que  votre  ami- 
tié pour  moi , aux  Augufes  Souverains  delà. 
Maison  d' Autriche  , dont  la  grandeur 
d’ame  efl  égale  à l’élévation  de  leur  rang . 
Après  avoir  effuyé  fucceffvement  plufeurs 
pertes  par  un  terrible  fléau , la  petite-vé- 
role , ces  refpeclables  Monarques  réfolurent 
enfin  d’en  arrêter  le  progrès  dans  leur  Au- 
g u fie  Maifon , & ordonnèrent  à leur  Am - 
b a. fadeur  de  leur  envoyer  d’ Angleterre  un 
Médecin  capable  de  remplir  cet  objet  impor- 
tant , en  inoculant  la  petite-vérole  ci  ceux 
des  Princes  qui  av  oient  jufqu  alors  échappé 
d l’ infection.  On  vous  conjulta  dans  cette 
occafion  ; vous  me  proposâtes  , & m’ou- 
vrîtes ainfi  la  porte  à la  fortune  & aux 
honneurs. 

Je  dois  donc  à votre  amitié  feule  9 le  de- 
gré de  réputation  &^ious  les  avantages  aux- 
quels f av  ois  heu  de  m’ attendre , après  avoir 
été  aujfi publiquement  & honorablement  appelé 
d’un  pays  éloigné  près  de  Monarques 


DÉDICATOIRE.  vij 

di flingues  par  leur  puiffance  & par  leur  gran- 
deur d'âme  , dans  un  temps  où  de  funejles 
événemens , caufés  parla  petite-vérole , avoient 
porté  plus  de  déjolation  dans  cette  Augufie 
Famille  feule , que  dans  toutes  les  autres 
Maifons  régnantes  de  F Europe  ; après  avoir 
contribué  aubonheur  & à la  tranquillité  de  tant 
de  Princes  qui , élevés  fous  les  yeux  & 
par  les  foins  maternels  de  la  plus  vertueufe 
Princeffe  , font  devenus  les  hommes  les  plus 
intéreffans  pour  le  genre  humain  , & ont  rem- 
pli le  monde  dune  jufle  attente  du  bonheur 
quils  doivent  lui  procurer. 

Outre  les  bienfaits  les  plus,  fignalés  , dont 
cette  Augufle  Princeffe  ma  comblé  , je  dois 
encore  aux  fentimens  flatteurs  que  vous  ave ^ 
toujours  eus  pour  moi  , l’honneur  peu  com- 
mun quelle  a bien  voulu  me  faire , en  ni é- 
crivant  de  fa  main  facrée , d’après  DlEU, 
elle  doit  à mes  foins  la  confervation  de 
trois  fils , & q^ie  je  dois  juger  de  la  force 
de  fa  reconnoiffance  pour  moi , par  fa 
tendreffe  pour  fes  enfans.  Un  témoignage 
auffi  authentique  de  fa  bienveillance  , ex- 
primé par  des  paroles  auffi  fortes,  furpajfe 
mes  mérites  & mes  vœux  j & , ne  me  per- 
mettant pas  la  plus  légère  crainte  fur  la  fia- 
bilité de  fa  proteclion  , me  pénètre  des  fen- 
timens  de  la  plus  vive  & de  la  plus  refpec- 
tueufe  reconnoiffance.. 


vnj  ÉPITRE  DÉDICATOIRE. 

Des  fervices  aujji  grands  & aujji  multi- 

plies  9 ne  me  permettent  pas  de  quitter  ce  pays 

fans  vous  laiffer  un  témoignage  public  de 
mes  fentimens.  Je  n’ai  pu  m’ acquitter  de  ce 
devoir  envers  vous , Monsieur  , fans  hâ- 
ter l imprejjion  de  cet  ouvrage,  avant  de  l’a- 
voir porté  au  point  de  perfection  oit  je  l’eu  (Te 
defiré.  S’il  m’eût  été  pojfible  de  paffer  ici 
l hiver  prochain  , peut-être  aurois-je  pu  le 
rendre  plus  digne  de  paroitre  fous  vos  auf- 
pices.  Je  vous  le  préfente  tel  qu’il  efl , & 
vous  prie  de  vouloir  le  confidérer  comme  une 
marque  publique  du  refpecl  & de  la  gratitude 
que  je  conferverai  pour  vous  toute  ma  vie  , 
& avec  lefquels  j ai  l honneur  dé  être  , 


Monsieur , 


Votre  très -humble  & très- 
obéiffant  ferviteur , & ami , 
Jean  Ingen-Hqusz. 


Londres  3 ce  12  Octobre  '77p. 


PRÉFACE. 

L’air  commun,  ce  fluide  invifible,  fans 
lequel  nous  ne  pouvons  vivre , 8c  dont  tout 
notre  globe  efl:  entouré , fe  trouve  aujour- 
d’hui, plus  que  jamais,  l’objet  des  recher- 
ches 8c  des  méditations  des  Phyficiens  ; 8c 
jamais  le  public  n’a  montré  autant  de  cu- 
riolité  pour  les  découvertes  phyfiques , 
qu’il  en  fait  voir  à préfent  pour  les  phé- 
nomènes qu’offre  cet  élément.  Ce  fluide, 
univerfellement  répandu  par- tout,  le  fou- 
tien  de  la  vie,  mérite  efautant  plus  l’at- 
tention 8c  la  recherche  des  philofophes , 
qu’il  efl:  l’unique  fubftance  d’une  nécèfîité 
fi  abfolue  pour  la  confervation  de  notre 
vie,  que  nous  pouvons  à peine  fubfifler 
un  feul  moment  fans  lui.  D’ailleurs , nous 
favons  avec  certitude  , que  de  la  bonne 
ou  mauvaife  qualité  de  cet  élément,  dé- 
pend en  grande  partie  le  bon  ou  mauvais 
état  de  notre  fanté.  Il  n’y  a pas  de  poifon 
connu  capable  de  détruire  li  promptement 
la  vie  d’un  animal , que  la  privation  totale 


X 


PRÉFACE. 

de  l’air  refpirable  , ou  la  refpiration  d’un 
air  devenu  nuifible  au  fuprême  degré,  tel, 
par  exemple,  qu’eft  l’air  inflammable.  On 
verra  dans  le  cours  de  cet  ouvrage,  que 
les  mêmes  plantes  qui , expofées  à l’in- 
fluence de  la  lumière  du  foleil , corrigent 
l’air  vicié  par  la  refpiration  des  animaux , 
& par  un  grand  nombre  d’autres  caufes; 
que  ces  plantes,  dis-je,  dans  des  circonf- 
tances  différentes  , empoifonnent  telle- 
ment l’air  commun,  qu’au  lieu  d’entrete- 
nir la  vie,  il  l’éteint  dans  un  inflant.  On 
doit  aux  travaux  de  quelques  philofophes 
de  notre  fiècle  , les  principales  décou- 
vertes qui  ont  déjà  jeté  beaucoup  de  jour 
fur  la  nature  de  ce  fluide  univerlellement 
répandu  fur  la  furface  de  la  terre.  Mais, 
fi  les  Phyficiens  fe  font  occupés  de  cet 
élément  avec  un  fuccès  aufli  marqué,  il  efl 
temps  que  ceux  dont  la  profeffion  & le 
devoir  font  de  conferver  la  fanté,  & de 
guérir  les  maladies  , s’en  occupent  de 
même.  En  effet,  nous  devons  remarquer 
que  la  nature  atellement  formé  nos  organes 
de  la  digeflion , qu’ils  fouffrent  indiffé- 
remment les  alimens  les  plus  Amples  & 


PRÉFACE.  xj 

les  plus  vulgaires,  comme  les  mets  les 
plus  recherchés,  & que,  par  cette  raifon, 
le  riche  & l’artifan  fe  trouvent  également 
nourris  & parviennent  au  même  âge , 
tandis  qu’il  s’en  faut  beaucoup  que  les 
organes  de  la  refpiration  aient  la  même 
latitude,  c’eft-à-dire,  s’accommodent  éga- 
lement de  toutes  fortes  d’air.  Non,  il  n’eft 
point  indifférent  quelle  efpèce  d’air  nous 
refpirons , puifqu’il  eft  certain  que  nous 
perdons  bientôt  lafanté,  ainfi  que  la  force 
& l’agilité  de  nos  membres , fi  nous  fournies 
quelque  temps  enveloppés  d’une  atmos- 
phère impure , & que  dans  peu  de  temps 
nous  nous  trouvons  accablés  d’infirmités , 
qui  tendent  direftement  à détruire  la  vie 
même.  Si  nous  confidérons , dis-je , l’im- 
portance infinie  de  la  purete  de  1 air  pour 
la  confervatioh  de  notre  exiftence  & de 
notre  fanté , nous  conviendrons  aifément 
que  les  qualités  de  cet  élément  univerfel 
intéreffent  de  plus  près  le  Médecin  que 
le  Phyficien;  & qu’il  eft  même  d’un  devoir 
indifpenfable  pour  le  premier,  de  s’effor- 
cer d’acquérir  dans  cette  partie  toutes  les 
connoiffances  poffibles..  C’eft  comme  Mé- 


xij  PRÉFACE. 

decin,  encore  plus  que  comme  Phyficien, 
que  j’ai  fait  de  ce  fujet  important  un  objet 
de  mes  recherches. 

Quoique  les  expériences  qui  font  le  fu- 
jet de  cet  ouvrage , aient  été  toutes  faites 
dans  le  courant  de  l’été  de  1779,  l’envie 
d’entrer  dans  cette  carrière  m’étoit  venue 
plus  anciennement  : il  ne  m’a  manqué  , 
pour  entreprendre  ce  travail  plufieurs  an- 
nées auparavant,  que  la  difpofition  favo- 
rable d’efprit  & de  corps , nécelfaire  pour 
une  entreprife  dans  laquelle  on  a be- 
foin  de  fermeté,  de  perfévérance,  & d’une 
attention  foutenue  qui  ne  foit  détournée 
par  aucun  objet  étranger. 

Lorfque  je  trouvai  dans  les  ouvrages  de 
ce  génie  inventeur,  de  ce  célèbre  Phyh- 
cien  , le  dofteur  Priejlley , l’importante 
découverte  que  la  végétation  d’une  plante 
devient  plus  vigoureufe  dans  un  air  putride, 
& incapable  d’entretenir  la  vie  d’un  ani- 
mal; & qu’une  plante  renfermée  dans  un 
vafe  plein  d’air  devenu  mal-fain  par  la 
flamme  d’une  chandelle,  rend  de  nouveau 
à cet  air  fa  pureté  primitive  , & la  faculté 
d’entretenir  la  flamme , je  fus  faili  d’admi- 


P R É F A E C . xîîj 
ration.  Je  n’ai  même  pu  lire  qu’avec  une 
efpèce  de  raviffement,  l’application  heu- 
reufe  que  le  célèbre  Chevalier  Pringle  a 
faite  de  cette  découverte , dans  le  difcours 
éloquent  qu’il  a prononcé  devant  l’affem- 
blée  de  la  Société  royale  des  Sciences 
de  Londres,  en  novembre  1773 , lorfque, 
en  qualité  de  Préfident  de  ce  corps  ref- 
peâable  de  Savans,  il  remit  le  prix  annuel, 
la  médaille  d’or  , au  dofteur  Priejlley  , 
comme  un  témoignage  honorable  de  l’ap- 
probation due  aux  travaux  qu’il  a en- 
trepris avec  un  fi  grand  fuccès  fur  la  nou- 
velle doârine  de  l’air.  « Ces  découvertes, 
dit  le  favant  Préfident,  » nous  démontrent 
» clairement  qu’aucune  plante  ne  croît 
» en  vain  ; mais  que  chaque  individu  dans 
» le  règne  végétal , depuis  le  chêne  des 
» forêts  jufqu’à  l’herbe  des  champs,  eft 
» utile  au  genre  humain  ; que  les  plantes 
» mêmes  qui  femblent  n’être  douées  d’au- 
» cune  vertu  particulière,  contribuent  ce- 
» pendant , de  concert  avec  toutes  les  au- 
» très,  à entretenir  notre  atmofphère  dans 
» le  degré  de  pureté  néceffaire  pour  la  vie 
» des  animaux.  Les  plantes  venimeufes 


XIV 


PRÉFACE. 

» elles -mêmes  coopèrent  à ce  bienfait, 
» avec  celles  qui  fe  diftinguent  par  leurs 
» bonnes  qualités.  Enfin,  l’herbe  <k  les 
» forêts  des  pays  les  plus  éloignés  inha- 
» bités  , contribuent  à notre  confervation  , 
» ainfi  que  nous  contribuons  à la  leur. 
» Lors  donc  que  les  exhalaifons  de  nos 
» corps,  devenues  nuifibles  à nous-mêmes, 
» font  tranfportées  par  les  vents  vers  ces 
» régions  éloignées , pour  nous  en  débar- 
» rafler  & fervir  de  nourriture  à leurs  vé- 
» gétaux  ; lorfque  nous  voyons  ces  vents 
» devenir  des  ouragans  impétueux  , ne 
» foyons  pas  affez  inconfidérés  pour 
» croire  qu’un  hafard  aveugle  les  fait  naî- 
» tre  , ni  que  l’Auteur  de  la  nature  les 
» excite  dans  fon  courroux;  mais  recon- 
» noiflons  dans  les  défordres  apparens  la 
» fagefle  & la  bonté  du  Créateur,  qui  per- 
» met  les  violentes  agitations  de  ces  deux 
» élémens , pour  enfevelir  dans  les  abîmes 
» des  mers  les  exhalaifons  putrides  & pef- 
» lentielles  de  nos  corps,  que  les  plantes 
» qui  végètent  fur  la  lurface  de  la  terre 
» n’étoient  pas  en  état  d’abforber  entière- 
» ment.  » 


XV 


PRÉFACE. 

A peine  eus-je  lu  ce  difcours , que  je  bru- 
lai  de  fuivre  les  traces  de  la  nature  dans  fes. 
merveilleufes  opérations , annoncées  & 
mifes  dans  un  û beau  jour  par  cet  homme  ref- 
pe&able.  Je  délirai  fortement  de  parcourir 
le  vafte  champ  dont  j’entrevoyois  les  beau- 
tés , & dont  je  voyois  la  route  ouverte.  Il 
me  paroiûoit  démontré  que  le  règne  ani- 
mal & le  végétal  fo  prêtent  des  focours 
mutuels  j mais  je  ne  voyois  pas  encore 
quels  moyens  l’Auteur  de  la  nature  a 
choilis  pour  empêcher  que  toute  la  race 
des  animaux  ne  difparoiffe  de  la  forface 
de  la  terre , après  avoir  corrompu  l’élé- 
ment nécelîaire  à fa  vie.  N’étant  pas  alors 
dans  ladifpolition  d’entreprendre  une  tâche 
. li  difficile , je  me  contentai  de  fouhaiter 
que  quelque  Phyficien  plus  habile  que  moi 
entrât  dans  ce  labyrinthe , & diffipât  les 
ténèbres  dont  ce  myftérieux  ouvrage  de 
la  nature  fembloit  encore  enveloppé.  Ce- 
pendant , ne  voyant  rien  paroître  qui  put 
répandre  de  plus  grandes  lumières  fur  cet 
objet,  &.  me  retrouvant  dans  le  climat  où 
je  jouiflois , comme  je  l’ai  toujours  éprouvé , 
du  degré  de  fanté  néceffaire  pour  les  tra- 


xvj  PRÉFACE, 

vaux  d’efprit,  l’envie  me  reprit  de  tenter 
au  moins  ce  que  je  pourrois  faire  en  obfer- 
vant  la  nature  avec  toute  l’attention  poffl- 
ble , & en  fuivant  fes  opérations  pas  à pas 
avec  toute  la  patience  & les  foins  dont  je 
fuis  capable.  C’eft  au  lefteur  à juger  fi  mes 
peines  & mes  veilles  ont  eu  quelque 
fuccès. 

Quoique  je  me  flatte  de  n’avoir  pas 
travaillé  tout  - à - fait  en  vain  , je  fuis 
bien  éloigné  de  croire  que  j’aie  décou- 
vert tout  le  myftère  de  l’influence  du  règne 
végétal  fur  le  règne  animal.  Je  penfe  ce- 
pendant avoir  fait  un  pas  de  plus  qu’on 
n’avoit  fait , & avoir  frayé  une  route  nou- 
velle, capable  de  faire  pénétrer  plus  avant 
dans  cette  efpèce  de  labyrinthe. 

De  toutes  les  découvertes  utiles  dont 
le  dodeur  Priejîley  a enrichi,  & continue 
encore  d’enrichir  la  Phyflque , il  n’y  en  a 
point,  à mon  avis,  qui  foient  d’une  im- 
portance fl  décidée  , que  celles  qu  il  a 
faites  furies  différentes  efpèces  d’air.  Entre 
les  découvertes  de  ce  genre,  il  y en  a quel- 
ques-unes très- importantes , & qui  ont 
juffement  rendu  fon  nom  immortel.  Telle 

eff 


PRÉFACE.  xvij 

efl  celle  de  ce  fluide  aérien  merveilleux 
qui  furpafle  fi  fort  en  pureté  8c  en  falu- 
brité  ( eu  égard  à l’ufage  de  la  refpi ration  ) 
le  meilleur  air  atmofphérique , qu’un  ani- 
mal enfermé  dans  un  vafe  qu’on  en  a 
rempli  , conferve  fa  vie  cinq  fois,  8c  même 
fept  ou  huit  fois  plus  long-temps  ( félon 
certaines  circonftances  ) que  dans  le  meil- 
leur air  ordinaire.  Les  propriétés  de  cet 
air  élémentaire  8t  pur,  qui  mérite  à jufte 
titre  le  nom  d’air  vital , caufent  d’autant 
plus  de  furprife,  qu’il  a été  extrait  pre- 
mièrement des  fubflances  qui , par  leur  na- 
ture , auroient  plutôt  été  foupçonnées  de 
contenir  des  qualités  nuifibles  à notre  conf- 
titution , tels  font , par  exemple , le  mer- 
cure calciné  8c  le  précipité  rouge.  M.  P rie  fl- 
ley  a donné  à cet  air  le  nom  très-conve- 
nable d’air  déphlogiftiqué , ou  air  deflii- 
tué  de  ce  principe  inflammable  dont  le 
meilleur  air  de  l’atmofphère  fe  trouve  plus 
ou  moins  mêlé,  8c  par  lequel  l’air  efl:  d 'au- 
tant plus  nuifible,  qu’il  en  contient  davan- 
tage. La.propriete  particulière  que  possède 
l’air  nitreux,  de l’abforber  ou  d’être  abforbé 
par  lui,  en  proportion  du  degré  de  bonté 

" b 


• • • 


xvnj  PRÉFACE, 

ou  defalubrité  de  cet  air,  efl  encore  une 
découverte  des  plus  diflinguees , & dont 
la  poflérité  recueillera  fans  doute  la  plus 
grande  utilité,  lorfqu’on  aura  appris  à en 
faire  toutes  les  applications  dont  elle  eft 
fufceptible.  Qu’il  foit  dit  à l’honneur  de 
ce  célèbre  Phyficien , que , dans  fon  ouvrage 
intitulé  Experiments  and  Observations  re - 
lating  to  various  branches  of  natural  Phi - 
lofophy , with  a continuation  of  the  Obferva- 
dons  on  Air. —London , type, , pag.  169,  fa 
droiture  & fa  modeflie  lui  ont  fait  prifer 
trop  peu  cette  découverte  véritablement 
grande. 

« Lorfque  je  découvris , dit -il,  cette 
» propriété  de  l’air  nitreux,  par  laquelle 
» on  peut  juger  du  degré  de  falubrité  de 
» l’air  commun , je  me  flattai  qu  elle  pour- 
» roit  devenir  d’une  utilité  confidérable , & 
» particulièrement  fervir  a faire  connoitre , 
» d’une  manière  aifée  & fatisfaifante , la 
bonté  de  l’air  des  pays  éloignés;  mais 
» j’avoue  que  jufqu’à  préfent  j’ai  été  trompé 
» dans  mon  attente.  » Enfin,  il  termine 

ainfi  : 

» Souvent  j’ai  fournis  à cette  épreuve 


XIX 


PRÉFACE. 

» Pair  pris  en  des  lieux  les  plus  découverts 
» du  pays , dans  des  faifons  différentes,  & 
» dans  toute  forte  de  temps  ; &c.  mais  je 
» n’ai  jamais  trouvé  affez  de  différence 
» dans  le  réfultat  de  ces  expériences  pour 
» conclure  avec  fondement,  qu’elle  dé- 
» pendoit  plutôt  de  la  différente  qualité 
» des  airs  examinés , que  de  la  diverfité 
» des  réfultats  de  cette  manière  d’effayer 
» l’air.  » ..b  • 

* 

Je  me  ferois  laiffé  aifément  entraîner 
par  un  aveu  auffi  fincère  de  l’Auteur  même 
de  la  découverte , fi  la  méthode  dont  M. 
l’Abbé  Fontana  fe  fert  actuellement  pour 
effayer  l’air  refpirable,  par  le  moyen  de 
l’air  nitreux,  ne  m’avoit  fait  juger  plus 
favorablement  de  la  poffibilité  de  recon- 
noître  ainfi  la, bonté  d’un  air  quelconque. 
En  effet,  cet  homme  infatigable  dans  la 
recherche  de  tout  ce  qui  a du  rapport  aux 
fciences  naturelles , eft  enfin  parvenu  à 
perfectionner  tellement  les  inftrumens  né- 
ceffaires  à cette  expérience,  & la  manière 
de  s’en  fervir , qu’en  fuivant  exactement  fa 
méthode,  on  peut  juger  du  degré  de  pureté 
de  l’air  atmofphérique , avec  autant  d’exac- 

bij 


XX  PRÉFACE, 

titude  que  Ton  juge  du  degré  de  chaleur 
& de  froid  par  le  thermomètre.  Cette  mé- 
thode eil  même  fi  exafte  , que  , par  fon 
moyen,  on  s’apperçoit  aifément  de  toutes 
les  variations  auxquelles  l’air  atmofphé- 
rique  efl:  communément  fujet  dans  le  même 
lieu , pendant  le  courant  du  même  jour  ; 
& que  dans  dix  expériences  faites  avec  le 
même  air , la  différence  du  réfultat  ne 
monte  fouvent  pas  au-delà  de  ^ des  deux 
airs , c’efl-à-dire , d’un  mélange  d’air  nitreux 
8c  d’air  commun. 

M.  Frieftley  a répandu  une  nouvelle 
lumière  fur  la  nature  8c  la  difpofition  des 
différentes  parties  de  ce  globe  , en  décou- 
vrant que  les  plantes  végètent  mieux  dans 
l’air  impur  impropre  à être  refpiré  , que 
dans  un  air  très-pur,  tel  qu’eft l’air  déphlo- 
giftiqué;  8t  que  les  plantes  possèdent  la 
qualité  de  corriger  l’air  gâté  ou  impur  : 
car  il  a démontré  par-là,  que  le  règne 
végétal  efl  fubordonné  au  règne  animal , 
8c  que  ces  deux  règnes  fe  prêtent  des  fe- 
cours  mutuels  ; de  façon  que  les  plantes 
contribuent  à entretenir  le  degré  de  pureté 
néceffaire  dans  l’atmofphère  , pendant  que 


PRÉFACE.  xxj 

les  exhalaifons  des  animaux,  nuifibles  à 
eux  - mêmes , fervent  de  nourriture  aux 
plantes.  Il  nous  reitoit  à favoir  de  quelle 
façon  s’exécute  le  fage  plan  de  l’Auteur 
de  la  nature. 

Cependant  il  s’en  falloit  beaucoup  que 
les  expériences  du  ào£tzm  Prieflley  euffent 
entièrement  mis  hors  de  doute  ce  que  je 
viens  d’avancer.  Il  y avoit  encore  nombre 
de  Phyficiens , même  parmi  les  plus  éclai- 
rés , qui  ne  favoient  fi  les  réfultats  des  ex- 
périences de  M.  Prieflley  n’étoient  pas 
un-  effet  du  hafard , plutôt  que  la  confé- 
quence  d une  loi  de  la  nature,  8c  ce  foup- 
çon  étoit  d’autant  plus  fondé,  que  ces 
mêmes  expériences  n’avoient  point  eu  un 
fuccès  uniforme  8c  confiant  ; elles  avoient, 
au  contraire,  été  fouvent  contradictoires , 
comme  M.  Prieflley  lui-même  ne  fait  au- 
cun fcrupule  de  l’avouer  ; ce  qu’on  peut 
voir  dans  fon  ouvrage  fur  les  différentes 
efpèces  d air , ( vol.  I , pag.  9 * * ) > ^ 

dans  fon  dernier  ouvrage  cité  ci-deffus , 
p.  zg6.  Le  célèbre  M.  Scheele  avoit  même 
obfervé  un  effet  conftamment  contraire  à 
ce  fyftême,  de  la  part  d’un  pied  de  fève. 


xxij  PRÉFACE. 

M.  Prieftley  avoue  dans  ion  ouvrage , 
imprimé  cette  année  , à la  pag.  299 , quen 
répétant , en  1 yy8  , fes  expériences  précé- 
dentes , elles  fe  Jont  trouvées  peu  favorables 
à Jon  hypothèfe , que  les  plantes  ont  la  fa- 
culté de  corriger  Pair;  « car,  dit-il,  quel- 
» que  air  que  j’aie  mis  avec  une  plante, 
» foit  qu’il  fût  vicié  par  la  flamme  d’une 
» chandelle  , par  la  refpiration  , ou  par 
» quelque  autre  procédé  phlogiflique , il  efl 
» toujours  devenu  plus  mauvais,  an  lieu 
» d’avoir  été  amélioré,  & plus  l’air  efl  reflé 
» enfermé  avec  les  plantes  , plus  il  efl  de- 
» venu  mauvais.  Il  pourfuitainfi  : « J’avois 
» eu  dans  mes  expériences  des  faits  qui 
» ne  me  permettoient  pas  de  douter  que 
» l’air  ne  fût  corrigé  par  une  plante , fur- 
» tout  par  un  pied  de  fraifler , ou  par  une 
» partie  d’une  plante  qui  pouvoit  être 
» pliée  & introduite  dans  un  bocal  ou  flole 
» renverfée,  & placée  près  de  la  plante,  dont 
» la  racine  refloit  dans  la  terre.  — J’avois 
» aufli  des  exemples  non  moins  incontef- 
» tables  d’air  commun , qui  non-feulement 
» n’étoit  pas  vicié  par  la  préfence  d’une 
» plante,  mais  fe  trouvoit  encore  avoir 


PRÉFACE.  xxiij 

» acquis  un  degré  d’amélioration  confide- 
» rable  par  ce  procédé , étant  meme  de- 
» venu , à quelque  degre , de  1 air  dephlogif- 
» tiqué , de  façon  qu  étant  mele  avec  de 
» l’air  nitreux  , il  fe  trouvoit  beaucoup 
» plus  diminué  qu’il  ne  l’étoit  avant,  ce 
» que  j’étois  bien  éloigné  d’attendre.  — ■ 
» Dans  la  plupart  des  cas  où  les  plantes 
» n’avoient  pas  rendu  l’air  meilleur , elles 
» étoient  ou  manuellement  malades,  ou, 
» au  moins , elles  ne  continuoient  pas  a ve- 
» géter  ou  à croître , comme  elles  avoient 
» coutume  de  faire  dans  les  premières  ex- 
» périences  que  je  faifois  à Leeds  ; phé- 
» nomène  dont  je  ne  puis  découvrir  la1 
» caufe.  — Dans  ces  expériences , cepen- 
» dant  , dans  lefquelles  les  plantes  végé- 
» toient  le  mieux , elles  étoient  dans  un 
» état  de  maladie  & de  langueur , ce  qu’in- 
» diquoient  évidemment  les  feuilles  qui 
» devenoient  jaunes  , & tomboient  à la 
» moindre  fecouffe.  Quoi  qu’il  en  foit , je 
» ne  pus  découvrir  pourquoi  l’air  en- 
» fermé  avec  des  plantes  5 n’étoit  pas  de- 

» venu  meilleur  dans  certains  cas , tels  que 

biv 


XXIV 


PRÉFACE. 

» ceux  dont  j’ai  fait  mention  à la  page  oi 
» du  volume  I. 

En  un  mot,  «je  continue  de  croire  qu’il 
» ell  probable  que  la  végétation  des  plantes 
» faines  qui  croiffent  dans  des  terrains  pro- 
» près  à leur  nature,  a un  effet  falutaire 
» fur  l’air  qui  les  environne  ; car  un  feul 
» exemple  bien  conflaté  , dans  lequel  une 
» plante  a rendu  l’air  meilleur  , doit  l’em- 
» porter  fur  cent  cas  dans  lefquels  elle 
» l’a  rendu  plus  mauvais.  » 

Peu  après  les  paffages  cités,  M.  Prieflley 
raconte  plulieurs  faits  ( pag.  305  ) dans 
lefquels  une  plante  avoit  effeftivement  cor- 
rigé l’air  dans  l’efpace  de  fept  jours  , de 
huit , de  dix , 8c  quelquefois  plus.  Page 
509 , il  rapporte  un  cas  dans  lequel  un  jeune 
pied  d’une  plante  (c’étoit  la  farriette  ),  en- 
fermé dans  un  bocal , depuis  le  16  de  juin 
jufqu-’au  20,  avoit  tellement  corrigé  l’air 
dans  lequel  elle  étoit  enfermée , qu’en  le 
foumettant  à l’épreuve , il  trouvoit  l’amé- 
lioration dans  la  proportion  de  1.275  à 
1.375.  Il  rapporte  un  autre  cas,  ou  un 
pied  de  perfil  avoit  tellement  amélioré 


PRÉFACE.  ,xxv 

Pair  dans  lequel  il  avoit  ete  enferme,  de- 
puis le  1 6 de  juin  jufqu au  i . de  juillet, 
qu’une  mefure  de  cet  air  melee  avec  une 
mefure  d’air  nitreux,  fe  réduifoient  à l’ef- 

pace  d’une  feule  mefure. 

Après  tout,  il  conclut  ainfi  à la  page 
510  : « Lorfqu’on  confidère  bien  ces  ob- 
» fervations , on  ne  peut  guère  douter,  je 
» penfe , qu’il  n’y  ait  dans  le  procédé  de 
» la  végétation  elle-même,  quelque  chofe , 
» ou,  du  moins , que  la  végétation  ne  foit 
» accompagnée  de  quelque  circonflance  , 
» qui , par  fa  nature , tend  à améliorer  l’air 
» dans  lequel  la  plante  végète  , quelle  que 
» foit  la  caufe  prochaine  de  cet  effet;  foit 
» que  la  plante  s’imbibe  du  phlogiffique 
» de  cet  air  comme  d’un  aliment  qui  lui  eff 
» propre  , foit  que  ce  phlogiflique  s’uniffe 
» avec  la  vapeur  que  les  plantes  exhalent 
» continuellement.  Je  conviens  que  c’efl 
» la  première  de  ces  deux  opinions  pour 
» laquelle  j’incline  le  plus.  » 

M.  Scheele  eft  fi  éloigné  de  croire  que 
les  plantes  .corrigent  l’air  , qu’il  penfe  que 
la  végétation  a le  même  effet  fur  Pair 
que  la  refpiration  ; il  avoit  néanmoins  ob- 


Xxvj  PRÉFACE. 

fervé  qu’une  plante  végète  moins  bien 
dans  l’air  déphlogiftiqué , que  dans  l’air 
ordinaire. 

M.  Prieftley  parle  ainli  à la  fin  de  la  Sec- 
tion XXXIII , dans  laquelle  il  traite  de  U air 
déphlogiftiqué  qui  fort  fpontanément  de  l'eau , 
dans  certaines  circonjlances  : « On  croira  pro- 
» bablement  que  le  réfultat  des  expériences 
» décrites  dans  cette  Seéfion , jette  quelque 
» incertitude  furie  réfultat  des  autres  dont 
» il  eff  fait  mention  dans  ce  volume,  &dont 
» j’ai  conclu  que  l’air  eft  rendu  meilleur  par 
» la  végétation  des  plantes , fur-tout  lorfque 
» l’eau  qui  fervoit  à enfermer  la  plante 
» étoit  expofée  à l’air  libre  , & au  foleil 
» dans  un  jardin.  Je  répondrai  Amplement 
» à cet  article,  que  dans  le  temps  que  je 
» faifois  ces  expériences , je  ne  m’apper- 
» cevois  pas  de  l’effet  de  ces  circonlfances; 
» que  j’ai  voulu  repréfenter  les  faits  tels 
» que  je  les  ai  obfervés  ; & que , n’ayant 
» d’attache  à aucune  hypothèfe  particu- 
» lière , je  confens  aifément  que  le  lec- 
» teur  déduife  de  ces  mêmes  faits , fes 
» propres  conféquences.  » 

M.  Prieflley  ayant  obfervé  que  des  bulles 


PRÉFACE.  xxv  ij 

d’air  fembloient  fortir  fpontanément  des 
tiges  & des  racines  de  plufieurs  plantes  en- 
fermées dans  l’eau,  loupçonna  d abord  que 
cet  air  , s’il  le  trouvoit  d’une  meilleur  qua- 
lité que  l’air  commun , étoit  filtré  par  la 
plante,  & fe  purifioit  en  laifiant  en  ar- 
rière fon  phlogiftique , comme  une  nour- 
riture propre  à la  plante.  Afin  de  conftater 
ce  qui  en  étoit , il  mit  dans  l’eau  plufieurs 
bouteilles  qui  contenoient  des  pieds  de 
menthe , en  les  difpofant  de  manière  que 
l’air  qui  pourroit  fe  décharger  des  racines 
refteroit  dans*  les  bouteilles  , dont  le  fond 
étoit,  pour  cette  raifon,  un  peu  élevé. 
Dans  cette  fituation  , les  plantes  végé- 
toient  fort  bien  ; & M.  Prieflley  obferva 
que , dans  quelques-unes  de  ces  bouteilles ,' 
il  fe  ramaffoit  d,e  l’air , quoique  fort  len- 
tement. Mais  il  fe  vit  trompé  dans  fon  at- 
tente , en  trouvant  que  quelques-unes  des 
plantes  n’avoient  pas  produit  d’air.  A la 
fin , cependant , il  obtint  d’environ  dix 
plantes , dans  le  cours  d’une  femaine , une 
mefure  d’air  d’environ  une  demi-once , dont 
la  pureté  étoit  fi  grande  , qu’une  mefure 
de  cet  air.Sc  une  d’air  nitreux , n’occupoient 
qu’une  feule  mefure. 


xxviij  PRÉFACE. 

Ce  fait  remarquable  ne  contribua  pas 
peu  à le  confirmer  dans  fon  hypothèfe  de  la 
purification  de  l’air  atmofphérique , par  le 
moyen  de  la  végétation.  Mais  il  ne  jouit 
pas  long-temps  de  cette  fatisfaéiion , parce 
qu’il  obferva  que  d’autres  plantes,  de  la 
meme  efpèce  , ne  produifoient  pas  cet  ef- 
fet, & que,  ( ce  qui  lui  parut  encore  plus 
extraordinaire,  ) les  bouteilles  dans  lef- 
quelles  les  plantes  défignées  avoient  vé- 
gété , & dont  les  parois  internes  étoient  cou- 
vertes d’une  matière  verte,  continuoient 
à donner  de  l’air,  après  que  les  plantes  en 
étoient  ôtées  ; il  fut  dès-lors  convaincu 
que  les  plantes  n’avoient  eu  aucune  part 
à la  produ&ion  de  cet  air  pur.  Voye { 
J’ouvrage  cité  du  do&eur  Priefiley , pag. 
337  &,  338.. 

On  en  étoit  là  fur  cette  matière , lorfque 
je  commençai  à m’en  occuper  , vers  le 
mois  de  juin  de  l’année  1779.  Il  pa- 
roît,  par  ce  que  je  viens  de  citer  du  der- 
nier ouvrage  du  célèbre  Priefiley , que  ce 
grand  homme  s’embarrafloit  fi  peu  de  fou- 
tenir  fon  hypothèfe , quelque  vraifem- 
blable  quelle  fût , & quoiqu’il  pût  d’ail- 


PRÉFACE.  xxix 

leurs  la  regarder  comme  le  fruit  de  fes  tra- 
vaux, qu’il  fetrïbloit  des-lors  difpofe  a 1 aban- 
donner , parce  que  tous  les  faits  ne  la  fa- 
vorifoient  pas.  On  ne  rencontre  pas  tou- 
une  telle  candeur  chez  les  Philofo— 
phes;  la  plupart , dès  qu’ils  ont  publié  une 
opinion,  la  foutiennent,  quoiqu’ils  la  fâ- 
chent erronée  , & cherchent  plutôt  des 
fophifmes  pour  la  confirmer , que  des  faits 
pour  découvrir  la  vérité. 

Les  premières  expériences  fur  lefquelles 
M.  Prieftley  avoit  appuyé  fon  hypothèfe, 
me  paroiffoient  trop  décifives  pour  ne  pas 
foupçonner  que  les  autres  n’euffent  manqué 
par  quelques  circonflances  particulières  ; 
& il  me  reftoit  très-peu  ou  point  de  doute, 
que  les  végétaux  ne  fuffent  doués  de  quel- 
que qualité  par,  laquelle  ils  puiffent  cor- 
riger le  mauvais  air  , & améliorer  l’air 
commun.  La  curiofité  m’infpira  le  defir 
de  rechercher  de  quelle  manière  cette 
opération  fe  fait  ; fi  les  plantes  corrigent 
l’air  en  abforbant  le  principe  inflammable 
comme  leur  nourriture , & en  laiffant  ainfi  le 
refte  dans  un  état  de  pureté  ; (opinion  à 
laquelle  M.  Prieftley  incline  le  plus  ) ; ou , 


XXX 


PRÉFACE. 

comme  je  le  foupçonnois,  fi  les  plantes 
possèdent  quelque  vertu  inconnue  jufqu’à 
préfent,  par  laquelle  elles  changent  de  l’air 
mauvais  en  air  bon,  & rendent  l’air  bon 
encore  meilleur. 

A peine  fus-je  engagé  dans  ces  recher- 
ches, que  la  fcène  la  plus  intéreflante  s’ou- 
vrit à mes  yeux  : J’obfervai  « que  les 
» plantes  n’avoient  pas  feulement  la  faculté 
» de  corriger  l’air  impur  dans  l’efpace  de 
» fix  jours  ou  plus , comme  les  expériences 
» de  M.  Prieflley  femblent  l’indiquer , mais 
» qu’elles  s’acquittent  de  ce  devoir  impor- 
» tant  dans  peu  d’heures , de  la  manière  la 
» plus  complète  ; — Que  cette  opération 
» merveilleufe  n’efl  aucunement  due  à la 
» végétation  , mais  à l’influence  de  la  lu- 
» mière  du  foleil  fur  les  plantes. — Je  trou- 
» vaiqueles  plantes  possèdent  en  outre  l’é- 
» tonnante  faculté  de  purifier  l’air  qu’elles 
» contiennent  dans  leur  fubflance  , 

* qu’elles  ont  fans  doute  abforbé  de  l’at- 
» mofphère  , & de  le  changer  en  un  air 
» des  plus  purs,  & véritablement  déphlogif- 
» tiqué  ; — Qu’elles  verfent  une  efpèce  de 
» pluie  abondante  ( s’il  efi  permis  de  s’ex- 


PRÉFACE.  xxxj 

» primer  ainfi  ) de  cet  air  vital  & dépuré, 
» qui , en  fe  répandant  dans  la  mafle  de 
» l’atmofphère  , contribue  réellement  à 
» en  entretenir  la  falubrité , & à la  ren- 
» dre  plus  capable  d’entretenir  là  vie  des 
» animaux;  — Qu’il  s’en  faut  beaucoup 
» que  cette  opération  foit  continuelle  , 
» mais  qu’elle  commence  feulement  quel- 
» que  temps  après  que  le  foleil  s’eft  élevé 
» fur  l’horizon  ; après  qu’il  a,  par  l’influence 
» de  fa  lumière  , éveillé  les  plantes  en- 
» gourdies  pendant  la  nuit,  & après  qu’il 
» les  a préparées  & rendues  capables  de 
» reprendre  leur  opération  falutaire  fur 
» l’air,  & ainfi  fur  le  règne  animal  : opé- 
» ration  fufpendue  entièrement  pendant 
» l’obfcurité  de  la  nuit  ; — Que  cette  opé* 
» ration  des  plantes  efl  plus  ou  moins  vi- 
» goureufe,  en  raifon  de  la  clarté  du  jour  * 
» & de  la  fîtuation  de  la  plante  plus  ou 
» moins  à portée  de  recevoir  l’influence 
» direôe  de  cet  aflre;  — Que  les  plantes 
» ombragées  par  des  bâtimens  élevés  ou 
» par  d’autres  plantes , ne  s’acquittent  pas 
» de  ce  devoir , c’efl-à-dire , n’améliorent 
» pas  l’air , mais , au  contraire , exhalent 


i 


xxxij  PRÉFACE. 

» un  air  mal-faifant , & nuifible  aux  animaux 
» qui  le  refpirent,  & répandent  un  vrai 
» poifon  dans  l’air  qui  les  environne  ; — 
» Que  la  produftion  du  bon  air  commence 
» à languir  vers  la  fin  du  jour,  & cefie  en- 
» tièrementau  coucher  du  foleil , mais  qu’il 
» faut  en  excepter  un  petit  nombre  de 
» plantes,  qui  continuent  leur  aftion  falu- 
» lutaire  un  peu  plus  long-temps  que  le 
» refie  ; — Que  toutes  les  parties  de  la  plante 
>*  ne  s’occupent  pas  de  cet  ouvrage , mais 
» feulement  les  feuilles , 8t  les  tiges  Sc  ra- 
» meaux  verts  qui  les  fupportent;  — Que 
» les  plantes  âcres,  puantes,  & même  les 
» vénéneufes  , s’acquittent  de  ce  devoir 
» comme  celles  qui  répandent  l’odeur  la 
» plus  fuave , & qui  font  les  plus  falutaires; 
» — Que  la  plupart  des  feuilles , fur-tout 
» celles  des  arbres , verfent  cet  air  déphlo- 
» giftiqué  en  plus  grande  abondance  de 
» leur  furface  inférieure  ; — Que  les  feuilles 
» nouvelles , & celles  qui  n’ont  pas  encore 
» acquis  tout  leur  accroiffement , nerépan- 
» dent  point  autant  d’air  déphlogifiiqué  , 
» ni  d’aufii  bonne  qualité,  que  celles  qui 
» font  parvenues  à leur  grandeur  natu- 

» relie, 


PRÉFACE.  xxxiij 

» relie , ou  déjà  vieillies;  — Que  quelques 
» plantes  préparent  un  air  déphlogiftiqué , 
» d’une  meilleure  qualité  que  d’autres;  — 
» Que  quelques  plantes  , fur-tout  parmi 
» les  aquatiques,  excellent  dans  cette  ope- 
» ration;  — Que  toutes  en  général  corrom- 
» pent  l’air  environnant , pendant  la  nuit , 
» & même  au  milieu  du  jour,  dans  l’om- 
» bre  ; — Que  quelques  plantes  cependant , 
» qui  ne  cèdent  à aucune  autre  dans  leur 
» opération  diurne  à préparer  l’air  déphlo- 
>>  giftiqué , furpaffent  néanmoins  les  autres 
» dans  leur  pouvoir  d’infefter  l’air  corn- 
» mun  pendant  la  nuit  & dans  l’ombre , 
» jufqu’au  point  même  de  rendre  en  peu 
» d’heures  une  grande  malfe  d’air  tellement 
» corrompue  , qu’un  animal  plongé  dans 
» cet  air  y périt  en  quelques  fécondés  ; 
» — Que  toutes  les  fleurs  exhalent  conf- 
» tamment  un  air  mortel , & gâtent  l’air 
» environnant  pendant  le  jour  <k  pendant 
» la  nuit , à la  lumière  & à l’ombre  ; & 
» qu’ elles  répandent  un  poifon  réel  & des 
»plus  terribles,  dans  une  maffe  confidé- 
» rable  d’air,  où  elles  fe  trouvent  enfer- 
» mées;  — Que  les  racines  récemment  ti- 


c 


xxxiv  P RÉ  F A C E.  | 

» rées  de  la  terre  ont  la  même  influence  mal- 
» faifante  fur  l’air  qui  les  environne,  que  les 
» fleurs,  à l’exception  cependant  de  quel- 
» ques  racines;  — Que  les  fruits  en  général 
» confervent  cette  influence  pernicieufe 
» en  tout  temps , fur-tout  dans  l’obfcurité, 

» & que  cette  qualité  vénéneufe  des  fruits 
» efl  fl  grande  , que  quelques-uns,  même 
» des  plus  délicieux,  telles  que  les  pêches, 

» peuvent  , dans  une  feule  nuit , rendre 
» l’air  tellement  empoifonné , que  nous  fe- 
» rions  en  danger  de  périr , fl  nous  étions 
» enfermés  dans  une  petite  chambre  où 
» fe  trouverait  une  grande  quantité  de  ce 
» fruit;  — Que  le  foleil,  quifemble  n’avoir 
» pas  le  pouvoir  d’arrêter  l’influence  per- 
» nicieufe  des  fleurs , efl;  cependant  capa- 
» ble  de  modérer  les  exhalaifons  nuiflbles 
» de  quelques-uns  des  fruits; — Que  le  fo- 
» leil  lui-même  n’a  pas  le  pouvoir  de  ren- 
» dre  l’air  commun  d’une  meilleure  qua- 
» lité  , fans  la  concurrence  des  plantes , 
p>  mais  qu’au  contraire  , il  efl:  plutôt  ca- 
» pable  de  le  corrompre , s’il  agit  feul.  » 
Voilà  quelques-unes  des  opérations  fe- 
crettes  des  végétaux,  que  j’ai  découvertes 


XXXV 


PRÉFACE, 
dans  mes  expériences , & dont  j’ai  tâché 
de  donner  un  détail  dans  cet  ouvrage , en 
jfoumettant  au  jugement  du  leéfeur  les  con- 
féquences  que  j’ai  cru  pouvoir  être  dé- 
duites des  faits  dont  je  vais  rendre  compte. 

Les  expériences , dont  une  partie  forme 
la  matière  de  cet  ouvrage , font  au  nom- 
bre de  plus  de  cinq  cents  ; elles  ont  été 
toutes  faites  en  moins  de  trois  mois  , de- 
puis le  commencement  de  juin,  jufqu’au 
commencement  de  feptembre.  Je  m’en  fuis 
occupé  fans  relâche,  du  matin  au  foir;  Sc 
afin  de  me  livrer  entièrement  à la  con- 
templation de  l’ouvrage  de  la  nature , par 
rapport  à l’économie  des  plantes , fans  être 
détourné  par  les  difiraftions  inévitables 
dans  les  villes  , pour  peu  qu’on  y foit 
connu,  je  me  fuis  foufirait  au  bruit  de  la 
capitale , en  me  retirant  dans  un  village  à 
dix  milles  de  Londres.  Les  expériences  ont 
été  faites  avec  tout  le  foin  dont  je  fuis  ca- 
pable ; mais  mon  devoir  me  rappelant  à 
Vienne  , il  ne  m’efi  pas  refié  allez  de  temps 
pour  déduire  de  tant  de  faits  toutes  les 
conféquences  que  j’en  aurois  pu  tirer,  fi. 
j’avois  eu  le  loifir  d’y  travailler  à mon  aife. 

cij 


xxxvj  PRÉFACE. 

Quoi  qu’il  en  foit , je  me  trouvai  fatis- 
fait  lorfque  j’apperçus  que  mes  veilles  ji’a- 
voient  pas  été  entièrement  fans  fruit,  & 
que  je  n’avois  pas  lieu  de  regretter  le 
temps  & la  patience  que  j’avois  confacrés 
au  bien  public.  J’ai  déjà  dit  que  j’étois  entré 
dans  cette  carrière , avec  l’attente  flatteufe 
d’y  trouver  des  nouveautés.  Les  vafles 
campagnes , où  la  nature . étale  tant  de 
beautés  & de  variétés , offroient  à mon  ef- 
prit  des  merveilles  que  je  croyois  avoir 
été  regardées  avec  la  même  indifférence 
qu’on  a coutume  de  voir  les  plus,  beaux 
phénomènes  , lorfqu’ik  fe  préfentent  con- 
tinuellement à nos  yeux.  En  effet , lorf- 
que je  méditois  fur  les  changemens  pref- 
que  continuels  que  les  végétaux  fubiffent, 
& qui  font  bien  éloignés  d’avoir  lieu  dans  les 
deux  autres  règnes  de  la  nature,  j’étois 
tenté  de  croire  que  des  changemens  auffi 
marqués , dans  la  plupart  des  végétaux  , 
indiquoient  des  deffeins  de  l’Auteur  de 
la  nature , qui  nous  étoient  encore  cachés. 
Les  corps  qui  font  partie  du  règne  miné- 
ral , font  en  général  fi  permanens  dans  leur 
état,  qu’ils  relient  exaéiement  les  mêmes 


PRÉFACE.  xxxvij 

pendant  des  fiècles , s’ils  ne  font  pas  forcés 
de  changer  de  forme  par  l’aâion  violente 
du  feu  ou  des  diffolvans.  Leur  maffe  grof- 
fière , deftituée  de  vie  & de  mouvement , 
quelque  digne  quelle  foit  des  recher- 
ches philofophiques , doit  rendre  peu  de 
Phyliciens  curieux  de  connoître  leur  na- 
ture ; il  n’y  a guère  que  les  Chymiftes  qui 
s’en  occupent.  Le  régne  animal  a toujours 
attiré  l’attention  des  Philofophes.  Les  Ana- 
tomiftes  ont  examiné  les  organes  de  no- 
tre corps , avec  tant  d’affiduité  & de  fuc- 
cès , qu’il  n’arrive  que  rarement  qu’un 
homme  laborieux  découvre  quelque  chofe 
de  nouveau  fur  cet  objet.  Mais  le  règne 
végétal  me  fembloit  avoir  été  traité  trop  in- 
différemment. Les  Botaniffes  ont  eu  pour 
but  principal,  en  examinant  les  plantes,  de 
les  claffer  & les  diftinguer  les  unes  des  i 
autres  ; les  Médecins  ont  trouvé  un  grand 
intérêt  à en  connoître  les  vertus.  Mais  au- 
cune claffe  de  Phyhciens  n’a  paru  s’oc- 
cuper affez  férieufement  du  but  de  tant 
de  variations , prefque  continuelles  de  la 
plupart  des  plantes  , de  la  caufe  finale  que 
l’Auteur  de  la  nature  a dû  fe  propofer, 

c iij 


1 I 

xxxviij  PRÉFACE, 
en  rendant  les  arbres  fi  diffemblables  dans 
les  différentes  faifons  de  l’année.  Ces  con- 
fidérations  m’ont  excité  aux  recherches 
dont  je  rendrai  compte. 

Leur  fuccès  m’a  de  plus  en  plus  con- 
vaincu , qu’on  ne  peut  attendre  que  très- 
rarement  , & comme  par  accident  , les 
découvertes  utiles  des  expériences  déta- 
chées, faites  fans  ordre,  interrompues 
par  d’autres  occupations.  L’exemple  de 
travailler  méthodiquement  dans  les  recher- 
ches phyfiques  , que  m’a  donné  mon  ref- 
pedable  ami  l’abbé  Fontana,  ma  confirmé 
dans  l’opinion  , que  les  fciences  naturelles 
ne  feront  que  des  progrès  très-lents  entre 
les  mains  de  ceux  qui  n’ont  pas  affez  de  pa- 
tience pour  fuivre  le  même  objet , jufqu’à 
ce  qu’ils  trouvent  des  chofes  auparavant 
inconnues , ou  qu’ils  s’apperçoivent  que 
la  difficulté  de  l’entreprife  furpaffe  leurs 
facultés. 

Comme  je  n’avois  aucunement  en  vue 
de  chercher  une  meilleure  méthode  d’exa- 
miner la  bonté  des  airs , je  me  fuis  fervi 
de  celle  que  l’abbé  Fontana  emploie  à pré- 
fent,  parce  que  je  l’ai  trouvée  la  plus  exade. 


XXXIX 


PRÉFACE. 

Mais  comme  il  n’a  pas  encore  publié  lui- 
même  cette  méthode  , il  m’auroit  ete  dif- 
ficile de  donner  une  idee  exaéle  de  la 
manière  d’éprouver  les  différens  airs  des 
plantes  , s il  n avoit  confenti  a ce  c|ue  j an- 
ticipai la  publicité  qu’il  compte  donner 
à ce  procédé.  Sa  condefcendance  à ce 
fajet  exige  ma  reconnoiflance.  J’avoue 
avoir  auffi  une  obligation  particulière  à M. 
Èton,  Botanifte  d’un  grand  mérite , & di- 
refteur  du  beau  jardin  botanique  du  Roi 
d’Angleterre  , à K ew,  qui  m’a  fourni,  de 
la  manière  la  plus  obligeante , toutes  les 
plantes  exotiques  que  je  defirois  de  fou- 
mettre  aux  expériences. 

Je  dois  avertir  le  leâeur,  que,  pour 
répéter  les  expériences  qu’il  trouvera  dans 
la  fécondé  Partie  de  cet  ouvrage  , il  tra- 
vaillera en  vain,  s’il  n’emploie  pas  une  eau 
de  fource  ou  une  eau  tirée  récemment  des 
entrailles  de  la  terre , par  le  moyen  d’une 
pompe  ; car , fi  l’eau  a été  expofée  quel- 
que temps  à l’air  libre  , elle  aura  perdu 
beaucoup  de  l’air  qu’elle  a coutume  de 
contenir  lorfqu’elle  fort  de  la  terre,  & par 
conféquent , elle  fera  dans  la  difpofition 

c iv 


xl  PRÉFACE, 

d’abforber  1’  air  des  plantes.  Il  fe  pourroit 
auffi  que  toute  eau  de  fource  ne  fe  trou- 
vât pas  auffi  bonne  pour  cet  objet  , que 
celle  que  j’ai  trouvée  à ma  cathpagne,  quoi- 
que je  n’aie  pas  de  preuves  que  ce  foup- 
çon  foit  fondé.  J’ai  des  raifons  appuyées 
fur  l’expérience,  pour  croire  que  l’eau  pui- 
fée  dans  un  puits  ouvert , eft  beaucoup 
moins  propre  pour  ces  fortes  d’expé- 
riences , que  celle  tirée  d’un  puits  couvert 
d’une  pompe,  parce  que  , apparemment, 
la  première  a été  trop  expofée  au  contaft 
de  l’air. 

En  publiant  cette  édition  françoife  de  mon 
ouvrage , je  m’acquitte  de  l’engagement 
que  j’ai  pris  avec  le  public , par  un  aver- 
tiffement  que  j’ai  inféré  dans  l’édition  an- 
gloife.  Je  remplis  mon  engagement  avec 
d’autant  plus  de  zèle,  qu’en  qualité  d’Au- 
teur,  il  m’a  été  permis  de  faire  tels  chan- 
gemens  que  j’ai  crus  néceffaires,  ce  qu’un 
Traducteur  n’auroit  pas  été  en  droit  de 
faire.  D’ailleurs,  comme  le  fujet  eft  neuf, 
il  eft  probable  qu’un  autre  n’auroit  pas  tou- 
jours faili  mes  idées.  Ainfi,  je  penfe  que 
le  public , dont  le  defir  de  voir  paroître 


PRÉFACE.  xlj 

cet  ouvrage  en  françois  me  flatte  infini- 
ment , fera  du  moins  certain  que  ce  qu’il 
lira  efl: conforme  à mes  idées;  8c,  par  cette 
confidération , j’efpère  qu’on  aura  quel- 
que indulgence  pour  moi,  fi  l’on  trouve 
qu’un  homme  né  dans  la  République  des 
Provinces-Unies , 8c  qui  a paffé  une  bonne 
partie  de  fa  vie  dans  des  pays  étrangers , 
ne  s’exprime  pas  avec  autant  de  précifion 
8c  en  fi  bonlangage,  qu’un  François  auroit 
pu  le  faire. 

Je  me  flatte  que  mes  découvertes  pour- 
ront contribuer  au  bien  du  public , lorf- 
qu’on  aura  mis  à profit  les  conféquences 
qu’on  en  peut  tirer;  j’efpère  quelles  fer- 
viront  au  moins  bientôt  à faire  éviter  le 
danger  qu’il  y a de  fe  tenir  ou  de  coucher 
avec  une  grande  quantité  de  plantes  , 
de  fleurs  8c  de  fruits  dans  les  chambres 
fermées.  On  connoîtra  l’utilité  de  ce  grand 
nombre  d’herbes  qui , pouffant  fans  culture, 
ne  paroiffoient  jufqu  à préfent  que  nous 
incommoder,  parce  que  nous  ne  favions  pas 
les  avantages  qu’elles  nous  procurent , en 
purifiant  d’une  manière  invifible  l’air  qui 
nous  environne,  8c  en  nous  donnant  une 


xlij  PRÉFACE, 
quantité  confidérable  d’air  déphlogifiiqué, 
dont  nous  pouvons  faire  ufage  pour  la  ref- 
piration,  fi  nous  voulons. 

Ceux  qui  s’amuferont  à répéter  mes  ex- 
périences , trouveront  bientôt  pourquoi 
leur  réfultat  eff  fujet  à des  variations  plus 
ou  moins  grandes.  Le  degré  de  bonté  de  l’air 
déphlogifiiqué  qu’on  obtient  des  feuilles 
des  plantes,  dépend  de  tant  de  circonf- 
tances,  qu’on  aura  de  la  peine  à les  imiter 
toujours  exa&ement.  Un  jour  un  peu  plus 
ou  un  peu  moins  clair , l’expofition  des 
feuilles  plus  ou  moins  bien  placées  pour  re- 
cevoir l’influence  du  foleil , les  différentes 
heures  du  jour,  les  feuilles  arrangées  en- 
tre elles , de  façon  que  les  unes  faffent  plus 
ou  moins  d’ombrage  aux  autres  ; toutes 
ces  circonftances  & bien  d’autres,  produi- 
ront des  différences  marquées  dans  le  de- 
gré de  bonté  de  l’air  qu’on  obtient. 

Comme  je  n’ai  point  un  attachement  opi- 
niâtre ni  aveugle  à mes  opinions  , je  les 
changerai  dès  que  je  verrai  clairement  que 
je  me  fuis  trompé.  On  fe  perfuadera  avec 
facilité,  que  mes  recherches  ne  peuvent 
avoir  d’autre  vue  que  le  progrès  des  con- 


PRÉFACE.  xliij 

noitfances  & le  bien  général  de  l’humanité. 
Les  recherches  de  la  nature  n’enrichiffent 
pas  l’obferyateur  : i(i  j’avois  ete  avide  du 
gain  5 je  les  aurois  abandonnées  pour  fui- 
vre  le  chemin  de  la  fortune,  que  le  hafard 
m’a  ouvert.  Ceux  qui  me  connoiffent , fa- 
vent  que  peu  de  gens  ont  eu  de  plus  heu- 
reufes  occafions  pour  acquérir  tout  ce  qui 
tente  le  plus  les  hommes.  Mais  ne  les  ayant 
pas  cherchées , je  n’y  ai  pas  fait  beaucoup 
d’attention;  je  n’en  ai  pas  tiré  tous  les  avan- 
tages quelles  m’offroient.  Je  n’ai  été  oc- 
cupé qu’à  remplir  mon  devoir  dans  les  folia- 
tions où  je  me  fuis  trouvé , autant  que  ma 
conflitution  d’efprit  6t  de  corps  me  le 
permettoit.  Accoutumé  dès  mon  enfance 
à l’étude , qui  fait  les  délices  de  ma  vie  , & 
content  de  mon  fort,  je  n ai  jamais  man- 
qué de  volonté  de  travailler;  mais  on  fait 
qu’il  n’eft  pas  toujours  dans  le  pouvoir 
de  l’homme  d’effeâuer  ce  qu’il  déliré  le 
plus  ; les  travaux  d’efprit  ne  fe  comman- 
dent pas  comme  ceux  des  mains.  Si  des 
ouvrages  qui  regardent  la  médecine  6c 
d’autres  recherches  phyfiques,  à la  pu- 
blication defquels  je  me  fuis  engagé  de- 


xliv  PRÉFACE, 

puis  bien  des  années,  n’ont  pas  encore  vu 
le  jour , c’ed  aux  circonftances  particulières 
que  je  ne  pouvois  prévoir,  & non  pas  au 
défaut  de  volonté , ni  à une  oifiveté  tou- 
jours blâmable , que  je  puis  attribuer  ce 
délai. 

Je  tâcherai  d’achever  le  fécond  tome  de 
cet  ouvrage , auffitôt  qu’il  me  fera  poffi- 
ble  ; j’en  ai  les  matériaux  prêts;  il  n’y  a 
qu’à  les  mettre  en  ordre.  Mais , en  atten- 
dant que  cela  foit  fait,  je  me  fais  un  plaifir 
de  communiquer  au  public  quelques  titres 
ou  fujets  de  chapitres , qu’en  parcourant 
mes  notes  j’ai  deflinés  à être  traités  dans 
ce  fécond  volume.  On  fent  bien  qu’en 
agiffant  ainfi , je  compte  affez  fur  l’hon- 
nêteté des  le&eurs  , pour  croire  qu’ils 
ne  jugeront  pas  du  fécond  volume  que 
j’annonce  , par  cet  apperçu  que  j’en  pré- 
fente ; ce  feroit  juger  d’un  homme  par 
l’habit  qu’il  porte,  & l’apprécier  félon  fon 
extérieur;  ce  qui  feroit  injufte  , mais  qui 
n’arrive  cependant  que  trop  fouvent  dans 
le  monde. 

Les  plantes  malades  ou  qui  ont  perdu  la 
vigueur  de  la  végétation , nont  pas  la  fa- 


PRÉFACE.  xly 

culte  d'élaborer  de  V air  déphlogiftiqué , quoi- 
qu'elles n aient  pas  perdu  le  pouvoir  de  mé- 
phitifer  l'air  commun. 

Lorf que  les  chaleurs  de  l'été  diminuent  con- 
(idérablement , les  feuilles  perdent  beaucoup 
de  leur  faculté  de  vicier  l'air  commun  pen- 
dant la  nuit  & à l’ombre  , de  même  que  les 
fruits.  Les  fleurs  ne  perdent  pas  ftôt  leur  in- 
fluence pernicieufe  fur  notre  élément  : mais 
les  feuilles  continuent  à donner  de  l’air  dé - 
phlogifliqué  au  foleil , fort  avant  dant  T au- 
tomne. 

Les  émt  nations  nocturnes  des  feuilles , & 
l’évaporation  continuelle  des  fleurs  & des 
fruits  , ne  font  diminuées  en  hiver  qu'en 
quantité , mais  aucunement  en  qualité. 

L’ air  fort ant  des  poumons  des  animaux  y 
efl  moins  vicié  en  hiver  qu’en  été  j la  diffé- 
rence efl  environ  comme  4 à 3 ; ralfon  de 
ce  phénomène. 

Les  plantes  dont  la  verdure  efl  perpé- 
tuelle , de  même  que  celles  dont  on  entre- 
tient la  verdure  dans  les  ferres , ne  cejfent 
pas  de  répandre  de  l’air  au  foleil , dans  l’hi- 
ver ; mais  cet  air  ne  diffère  guère  par  fa  na- 
ture de  l’air  commun. 


xlviij  PRÉFACE. 

Les  champignons  évaporent  en  tout  temps 
un  air  méphitique , & répandent  toujours  un 
poifon  autour  d'eux. 

Si  par  ha  fard  une  feuille  fe  trouve  renver - 
fée,  de  façon  que  la  fur  face  inférieure  foit 
tournée  vers  le  foleil,  & que  la  furface  vernie 
foit  à l'ombre  , elle  continue  de  donner  de  l’air , 
mais  qui  efl  d'une  qualité  moindre  que  f la. 
feuille  fe  trouve  dans  fa  fituadon  naturelle . 
La  différence  dans  les  deux  fituations , efl 
environ  comme  zc)0  a zzo. 

L'émanation  diurne  des  feuilles  efl  flm- 
ple  , cefl-a-dire  , que  l'air  qui  en  fort  efl  de 
L'air  déphlogiftiqué  fans  mélange  d'air  fixe  ; 
mais  leur  émanation  nocturne  efl  de  deux 
fortes  dans  le  même  temps.  L'air  commun 
expofé  à l’ action  d'une  plante  pendant  la  nuit , 

a contracté  deux  qualités  également  nuifibles  à 

la  vie  animale.  Une  partie  de  cet  air  fe  trouve 
être  de  l'air  fixe,  qui,  étant  plus  pe fiant  que 
V air  commun , fe  précipite  vers  la  terre.  L'au- 
tre portion  efl  un  air  méphitique  qui  ne  préci- 
pite pas  l'eau  de  chaux  , ni  ne  change  pas  la 
teinture  de  tournefolen  rouge , & qui  n' efl  pas 
mifcible  avec  l'eau.  Cet  air  donc  efl  de  l'efpèce 

qu'on  appelle  ( peut-être  fort  mal-à-propos  ) 

air 


PRÉFACE.  xlix 

air phlogiftiqué.  Celai- ci  étant  plus  léger  que 
Pair  commun  , monte  vers  les  régions  élevées 
de  l' atmosphère. 

LF  air  commun , vicié  autant  qu'il peut  l'être 
par  les  végétaux , ejl  changé  en  air fixe  , pour 
une  troifième  partie  environ  : le  refile  efil  de 
l'air  appelé  phlogiftiqué. 

La  qualité  méphitique  que  l'air  commun 
acquiert  des  végétaux  pendant  la  nuit , quoi- 
que double  en  réalité  ( confiftant  en  air fixe  & 
en  air  phlogiftiqué ) e(l  cependant  en  fioi- 
même  originairement  fiimple , fi  l'on  confiidère 
l'effet  des  végétaux  fur  l'air.  Les  végétaux 
chargent  pendant  la  nuit  F air  d'un  principe 
foi  difiant  phlogiftiqué.  A mefure  que  ce  prin- 
cipe efil  abfiorbé  par  l'air  commun  , l'air  fixe 
( qui  entre  comme  une  partie  confilitutive  dans 
la  composition  de  l'air  commun  ) en  efil  pré- 
cipité , l'air  commun  ayant  plus  d'affinité  avec 
ce  phlogiftiqué , qu'avec  l’acide  de  l'air  fixe. 

Cette  double  exhalaifi m nocturne  des  feuilles , 
ne  fauroit  produire  aucun  mal  dans  l'état 
naturel  des  chofes , parce  que  ces  deux 
principes  n'exiftent  jamais  dans  un  tel  état 
déconcentration  qu'ils puiffent nuire , excepté 
dans  le  cas  ou  ces  émanations  ne  peuvent  fi 

d 


1 PRÉFACE. 

répandre  dans  V atmofphère  , par  exemple, 
dans  un  appartement  clos.  De  même  que  l'ef- 
prit  de  vin  ne  peut  produire  aucun  mal  , 
tandis  qu'il  fe  trouve  délayé  dans  levin,  quoi- 
que ce  même  efprit , Iprfqu'il  exifle  dans  un 
état  très  - concentré  , foit  un  vrai  poifon  ; 
de  même  l'émanation  perpétuelle  des  feuilles 
& des  fruits  , ne  fauroit  produire  aucun 
mauvais  effet  à l'air  libre,  ni  même  dans  un 
appartement , fi  l'on  n'a  pas  une  quantité 
démefurée  de  ces  feuilles  ou  fruits. 

Ile  fl  très-probable  que  l'émanation  méphi- 
tique des  végétaux,  a un  ufage  très-grand  & 
fort  utile  dans  la  conftitution  de  l' atmofphère. 

D émanation  noclurne  des  feuilles , efl  de 


la  même  nature  que  l'émanation  continuelle 


des  fleurs  & des  fruits. 

La  qualité  que  l'air  contracte  par  la  pré- 
fence  des  fruits , des  fleurs , en  tout  temps,  & 
des  feuilles  feulement  à l'ombre  & pendant  la 
nuit,  a beaucoup  d'analogie  avec  la  qualité 
qu  il  acquiert  par  la  refpiration  des  animaux . 

Cette  qualité  efl  encore  fort  analogue  avec 
celle  "que  l'air  acquiert  par  différens  procédés 
phlogiftiques  , tel  que  la  combuflion , la  cal- 
cination des  métaux , &c. 

L'air  commun  , qui  fort  des  poumons , efl 


PRÉFACE.  Ij 

environ  pour  une  cinquième  partie  changé  en 
air  fixe  ; le  refie  efi  de  F 'air  phlogifiiqué.  Il ac- 
tion des  poumons  , fur  C air , efi  cependant 
fimple  : F air  en  revient  chargé  de  phlogifiiqué  ; 
& alors  F air  fixe  en  efi  détaché  par  une  efi 
pèce  de  précipitation. 

L’air  fixe  efi  une  efpèce  de  vapeur  acide  , 
qui  conflitueune  partie  ejfientielle  de  F air  com- 
mun , & qui  ne  donne  pas  d’indices  de  fin 
exfience  , tandis  quil  efi  intimement  mêlé 
avec  le  refie  de  notre  élément , comme  l'humi- 
dité ne  donne  pas  de  figues  de  fon  exfience 
dans  un  air  chaud  : mais  comme  le  froid  pré- 
cipite l’humidité  de  l’air , ainfi  le  phlogifiiqué 
abondant  précipite  l’acide  aérien  3 à peu  près 
de  la  meme  maniéré  que  l air  commun  ou 
l’air  déplogfiiqué , en  abforbant  le  phlogfii- 
que  de  l’air  nitreux , font  précipiter  l’acide 
nitreux  de  cet  air. 

L air fixe  ou  l acide  aérien  , comme  MM. 
Scheele  & Bergman  l appellent , efi  peut-être 
l acide  univerjel  & l origine  de  tous  les  au- 
tres acides. 

L acide  vitriolique , marin  & nitreux  9 de 
même  que  les  acides  des  végétaux  7 peuvent  fi 
changer  en  acide  aerien  ou  en  air fixe  j & vice 

dij 


lij  PRÉFACE. 

verfâ,  l'acide  aérien  peut  fe  changer  en  tout 
autre  acide.  Ceci  donne  de  La  lumière  fur  La 
régénération  de  L'acide  nitreux,  dans  les  terres 
dont  on  l’avoit  extrait  entièrement. 

L' acide!  aérien  efl,  comme  L'humidité , fort 
facile  à être  féparé  de  L'air  commun  , par 
une  efpèce  de  précipitation  ; mais  le  phlogif- 
tique  une  fois  intimement  mêlé  avec  L'air , 
s'en  détache  difficile  ment  fans  La  concurrence 
des  plantes.  IL  efl  probable  que  cette  fépara- 
tion  fe  fait  principalement  dans  Les  hautes 

régions  de  l'atmofphère. 

Nous  n avons  pas  deraifon  de  nous  plain- 
dre que  l'air  commun  ne  Joit  pas  un  air  dé- 
plogiftiqué.  Si  la  nature  l'avoit  rendu  tel , 
les  animaux , ileflvrai , y refpireroient  mieux , 
mais  les  végétaux  y périr  oient.  Il  en  réfulte - 
roit , d'ailleurs  , plufleurs  comféquences  in- 
compatibles avec  la  confervation  des  animaux . 
Si , au  contraire  , l'air  commun  étoit  plus 
chargé  de  phlogffique  , les  plantes  y végéte- 
raient mieux , mais  les  animaux  ny  poun oient 
vivre.  Il  étoit  donc  de  la  fageffe  fuprême 
de  rendre  l'air  atmofphérique  d’une  bonté 
moyenne  , afin  qu'il  put  entretenir  la  vie 
des  animaux  & des  plantes  également. 


liij 


EXPLICATION 

D E 

QUELQUES  TERMES  TECHNIQUES. 

C O MME  il  y a apparence  que  ce  livre  tom- 
bera entre  les  mains  de  perfonnes  qui , n’ayant  pas 
lu  les  ouvrages  du  doéfeur  Pricfiley , ne  font  pas 
encore  familiarifées  avec  les  termes  reçus  aujour- 
d’hui parmi  ceux  qui  cultivent  la  nouvelle  doc- 
trine de  l’air,  je  crois  leur  rendre  quelques  fer- 
vices  , en  donnant  la  lignification  de  plufieurs 
termes  dont  je  me  fuis  fervi  dans  ce  livre. 

Plufieurs  Chimiftes  de  réputation  ont  commencé 
à ne  plus  donner  le  nom  d 'air  qu’à  ces  fluides  in- 
vifibles,  permanens  & élaftiques  , qui  font  refpi- 
rables , comme  à l’air  atmofphérique , qui  a tou- 
jours joui  de  cette  dénomination  , & à l’air 
déphlogiftiqué.  Ils,  ont  fuivi  Van-Htlmont  , en 
donnant  le  nom  de  gas  à tous  les  autres  fluides 
de  ce  genre,  qui  ne  peuvent  fervir  à entretenir 
la  vie  des  animaux,  tels  font  le  gas  fiylveflre,flam- 
meurn , ventofum  de  Van-Htlmont  ; le  gas  calcaire , 
connu  fous  le  nom  d'air  fixe  , gas  inflammable , 
gas  nitreux , gas  vitriolique  acide , gas  marin  acide, 
gas  alcalin  , &c.  des  Phyficiens  de  nos  jours. 
Je  penfe  que  cette  dénomination  peut  avoir  beau- 
coup d’utilité,  en  donnant  plus  de  précifion  aux 
termes.  Un  Chimifie  aufli  célèbre  que  M.  Macqutr , 
peut  contribuer  beaucoup  à faire  adopter  plus 

d iij 


liv  Explication 

généralement  cette  dénomination  ; il  s’en  fert  dans 
fon  Di#ionnaire  de  Chimie,  ouvrage  dont  on 
connoît  le  mérite  fupérieur. 

Air  nitreux , eft  ce  fluide  permanent  élaflique  , 
qui  fe  développe  de  la  diflolution  des  différens 
métaux,  tels  que  le  mercure  , le  cuivre,  le  lai- 
ton , 8cc.  par  l’acide  du  nitre,  ou  l’eau-forte. 
L’air  ainfl  dégagé  , & conduit  par  le  moyen  d’un 
tube  de  verre  recourbé  fous  un  vafe  de  verre  plein 
d’eau  , monte  , par  fa  légéreté,  à travers  l'eau,  8c 
s’aflemble  au  fond  du  vafe  renverfé.  L’air  ni- 
treux le  plus  pur  fe  dégage  de  la  diflolution  du 
mercure;  mais  il  eft  néceflaire  de  fe  fervir  du 
feu  pour  en  dégager  une  quantité  un  peu  conft- 
dérable  en  peu  de  temps.  Pour  éviter  cet  em- 
barras, je  me  fers  de  cuivre,  dont  l’acide  nitreux 
dégage  dans  peu  de  minutes,  fans  l’aide  du  feu , 
une  grande  quantité  de  tet  air.  Il  eft  néceflaire 
que  l’acide  nitreux  foit  étendu  avec  de  l’eau. 

Air  inflammable  , eft  cette  efpèce  d’air  qui 
fort  en  forme  de  bulles  des  eaux  ftagnantes  dont 
le  fond  eft  bourbeux  , lorfqu’on  le  remue  ; 8c  il 
fe  dégage  aufli  du  zinc,  du  fer,  8c  de  quelques 
autres  métaux,  par  le  moyen  d’un  acide,  foit 
vitriolique  , foit  marin.  Cet  air  a la  propriété 
commune  à prefque  tous  les  corps  inflammables, 
de  ne  pas  être  fulceptible  de  véritable  inflam- 
mation, fans  être  en  conta#  avec  l’air  atmof- 
phérique , ou  quelque  autre  air  refpirable.  On 
rëconnoît  l’air  inflammable  par  les  propriétés 
fuivantes  : En  le  fecouant  avec  de  l’eau,  il  n’en 
eft  pas  abforbé  ; le  conta#  de  l’air  nitreux  ne 
le  diminue  pas;  il  prend  flamme  à l’approche 
d’une  chandelle  allumée  , mais  feulement  où 
il  eft  en  conta#  avec  l’air  commun  : en  le 


■de  quelques  Termes  techniq.  Iv 

mêlant  avec  une  certaine  proportion  d’air  com- 
mun, il  s’allume  tout  d’un  coup,  & fait  alors 
explofion  avec  un  bruit  explofif;  ^ lieu 

d’air  commun  , on  le  mêle  avec  l’air  dephlogif- 
tiqué,  il  fait  explofion  avec  un  grand  bruit.  11  eft 
absolument  mortel  aux  animaux  qui  y font  plonges. 

Air  phlogifiquè  : c’eft  proprement  de  1 air 
imprégné  du  phlogiftique  ou  du  principe  inflam- 
mable! La  qualité  que  l’air  acquiert  lorfqu’il  a 
été  expofé  à la  calcination  d’un  métal , lui  fait 
porter  le  nom  d’air  phlogiftiqué  , parce  que  le 
métal  ayant  perdu  fon  principe  inflammable  dans 
l’a  de  de  la  calcination  , on  fuppofe  que  ce  prin- 
cipe , en  quittant  le  métal,  entre  dans  la  fubf- 
tance  de  l’air-,  & effe&iveinent  cet  air  fe  trouve 
tellement  changé  de  nature , qu  il  eft  devenu 
abfolument  incapable  d’être  refpiré  , & d’entre- 
tenir la  flamme.  La  flamme  communique  à l’air 
ordinaire  la  même  qualité  , en  1 infedant  de  fon 
principe  inflammable.  D’autres  procédés  phlo- 
giftiques  produifent  le  même  effet  fur  1 air.  L air 
Sortant  de  nos  poumons , eft  en  partie  air  phlo- 
giftiqué , ayant  reçu  le  principe  inflammable  dont 
les  poumons  fe  déchargent  pour  la  corifervation 
de  l’animal , quoiqu’il  foit  certain  que  Pair  ve- 
nant des  poumons  foit  aufli  infede  d’air  fixe. 
On  reconnoît  l’air  phlogiftique  par  les  pro- 
priétés fuivantes  : Il  n’eft  pas  ou  tres-peu  dimi- 
nué par  l’air  nitreux  ; un  animal  qu’on  y plonge 
devient  fur  le  champ  malade  , & y meurt  bien- 
tôt ; il  n’eft  pas  capable  d’inflammation  à l’ap- 
proche d’une  chandelle  , & il  n’acquiert  pas 
l’inflammabilité  , même  en  le  mêlant  avec  de 
l’air  refpirable  ; mais  au  contraire  , il  éteint  la 
flamme  fur  le  champ. 


(1  iv 


lv)  Explication 

Ah  dcphLogiJlique.  Le  célèbre  douleur  Priefiley 
a donné  ce  nom  très-convenable  à une  efpèce 
de  fluide  aérien  , qu’il  a trouvé  deftitué  de  phlo- 
giftique  ou  de  principe  inflammable  , dont  l’air 
atmofphérique  le  plus  pur  fe  trouve  toujours 
infeéle.  Le  célébré  Scheele  l’appelle  air  empyré , 
ou  air  de  fai;  parce  qu’en  effet  il  eft  l’aliment  de 
la  flamme.  Cet  air , qui  mente  d’être  appelé  air 
vital , eft  en  réalité  de  l’air  commun  ou  refpi- 
rable  , mais  de  la  dernière  pureté  , tel  qu’on 
n’en  rencontre  jamais  fur  la  terre.  Cet  air  fur- 
pafle  meme  tellement  le  meilleur  air  atmofphé- 
rique, qu  un  animal  enferme  dans  ce  fluide  vit 
cinq  fois,  S c meme, dans  quelques  circonftances, 
au  - delà  de  fept  fois  plus  long  - temps  que 
quand  il  eft  enfermé  dans  le  meilleur  air  atmof- 
phérique.  Voici  quelques-unes  des  qualités  carac- 
teriftiques  de  ce  fluide  merveilleux  : La  flamme 
d’une  chandelle  , plongée  dans  cet  air  , devient 
fort  large,  & brille  d’une  lumière  fi  claire,  qu’elle 
éblouit  les  yeux;  & la  chandelle  éteinte  s’y  ral- 
lume avec  une  explofion,  s’il  y refte  la  moindre 
particule  de  feu  : un  charbon  allumé  qu’on  y 
plonge  , devient  fort  reluifant  , & pétille  en 
jetant  des  étincelles  de  tout  côté  ; il  diminue 
beaucoup  plus  que  l’air  commun  , par  le  contaét 
de  1 air  nitreux.  Etant  mêlé  avec  une  certaine 
proportion  d’air  inflammable  , il  fait  explofion 
a l’approche  de  la  flamme,  avec  un  bruit  très- 
confidérable  ; & la  force  de  l’explofion  eft  beau- 
coup plus  çonfidérable , fi,  au  lieu  d’air  inflam- 
mable, on  verfe  dedans  un  peu  d’éther  vitrio- 
lique,  comme  je  l’ai  découvert. 

Air  fixe  ou  Air  fixé.  On  donne  ce  nom  à ce 
fluide  aérien  qui  fe  développe  en  abondance  des 


de  quelques  Termes  techniq.  lvlj 

fubftances  qui  fermentent,  ôc  qui,  dans  certains 
endroits , fort  de  la  terre  de  foi-même , tel  qu’eft 
l’antre  ou  grotte  des  chiens  près  de  Naples  : les 
Italiens  l’appellent  mofeta  : les  Anciens  lui  don- 
noient  le  nom  de  fnephitis  ; 6c  quelques  Phi- 
lofophes  modernes  prêtèrent  de  le  nommer  air 
méphitique.  C’eft-cet  air  dont  quelques  eaux  mi- 
nérales font  imprégnées  , 6c  auquel  elles  doi- 
vent leur  goût  piquant  6c  leur  principale  vertu  , 
telles  font  les  eaux  de  Zelter  ; c’eft  cet  air  qui 
fe  développe  en  abondance  des  terres  calcaires, 
en  les  faifant  difl'oudre  par  l’acide  vitriolique. 
On  connoît  cet  air  par  les  propriétés  fuivantes  : 
Il  éteint  la  flamme  ; il  eft  abforbé  par  l’eau , 6c 
lui  communique  le  même  goût  piquant  auquel 
on  reconnoît  l’eau  de  Zelter , ( Si  l’air  fixe  eft  pur, 
il  eftprefque  entièrement  abforbé  par  une  quantité 
d’eau  égale  à fon  volume.  ) de  façon  qu’on  ne 
fauroit  les  diftinguer,  ni  par  leur  goût,  ni  par 
leurs  vertus.  Il  précipite  l’eau  de  chaux;  il  fait  crif— 
tallifer  immédiatement  Y huile  de  tartre  par  défail- 
lance , fi  on  en  remplit  un  verre  enduit  de  cette 
huile  : il  eft  mortel  à un  animal  qui  le  refpire. 

Eudiometre.  Ce  mot  grec  eft  de  nouvelle  in- 
vention , 6c  très-bien  adapté  à un  inftrument  ou 
une  méthode  également  de  nouvelle  date,  par 
le  moyen  de  laquelle  on  peut  juger  exa&ement 
du  degré  de  bonté  ou  de  falubrité  de  l’air  com- 
mun , ou  d’un  air  quelconque.  Nous  devons  la 
découverte  d’un  tel  inftrument  de  ce  genre  , au 
dofteur  Priejlley.  Il  confifte  en  deux  parties  dé- 
tachées, dont  l’une  eft  un  tube  de  verre  divifé 
en  parties  égales,  par  exemple,  en  deux  divifions 
égales  , chacune  de  ces  divifions  étant  fubdi- 
vifée  en  dix  autres  parties  égales , chacune  def- 


Iviij  Explic.  de  quelq.  Termes. 

quelles  eft  fubdivifée  de  même  en  dix  autres 
égales.  L’autre  partie  efi  une  mefure,  de  quelque 
figure  que  ce  l’oit , qui  contient  exactement  ce 
qu’il  faut  pour  remplir  une  des  grandes  divifions 
du  tube.  Le  doêteur  Priejlley  commence  par  mettre 
dans  un  verre  féparé  une  mefure  d’air  commun , 
tellequeje  viens  d’indiquer,  Scune  d’air  nitreux. 
Il  lailfe  repofer  ces  deux  airs  dans  le  même  verre 
durant  un  temps  limité  (employant  toujours  exac- 
tement le  même  intervalle  de  temps  dans  toutes 
les  expériences),  par  exemple,  durant  une  heure; 
après  quoi , il  lait  monter  ces  deux  airs  ainfi  in- 
corporés enfemble , dans  le  tube  divifé,  & ob- 
fierve  d’abord  l’efpace  que  la  malle  de  ces  deux 
airs  occupe.  Il  juge  du  degré  de  bonté  de  l’air 
commun  , par  la  diminution  que  la  malle  des 
deux  airs  a fubie  par  leur  mixtion , de  façon  que 
l’air  commun  efi  cenfé  d’autant  plus  pur  ou  plus 
falubre,  que  ladite  diminution  efl:  plus  grande. 
M.  Magellan , de  la  Société  royale  de  Londres, 
a publié  un  ouvrage  fur  un  infiniment  de  ce  genre, 
très-ingénieux  , qui  fe  vend  chez  M.  Parker  dans 
Fleetjlreet  à Londres  : on  donne  avec  l’infiru- 
ment  un  imprimé  contenant  la  defcription  & la 
manière  de  l’employer.  On  trouvera  dans  la  fé- 
condé Partie  de  cet  ouvrage  , jufqu’où  le  célèbre 
abbé  Fojitana  a conduit  cette  découverte  impor- 
tante du  doCteur  Prieflley.  L’ eudiometre  , tel 
qu’on  le  voit  dans  la  planche  jointe  à ce  livre, 
a été  exécuté  par  M.  Martin  à Londres  ; &:  le 
mêmeinftrument  fe  trouve  àpréfentchez  M.  Sikes , 
qui  tient  magafin  d’infirumens  mathématiques 
& phyfiques,  fabriqués  à Londres,  demeurant 
fur  la  place  du  Palais  royal  à Paris. 

& 


lix 


TABLE 

DES  SECTIONS. 


PREMIÈRE  PARTIE. 

J | j D J i > i t • . 

SECTION  I.  Quelques  Remarques  générales 
fur  la  nature  des  feuilles  des  Plantes  , & 
fur  leur  ufage , Page  I 

SECT.  II.  Les  plantes  ont , fous  plufleurs 
rapports  , beaucoup  dé analogie  avec  les 
animaux  , & donnent  diverfes  efpèces  d’é- 
manations de  leurs  différentes  parties , 14 

SECT.  III.  Sur  la  manière  d’obtenir  l’air  dé- 
phlogifliqué d^es  feuilles  des  Plantes , 21 

Se  CT.  IV.  L’air  déphlogifliqué  ne  fort  pas 
de  la  même  manière  de  toutes  fortes  de 
feuilles  y il fort  fous  des  formes  différentes, 
félon  la  nature  des  différentes  Plantes , 24 

Se  CT.  V.  L’air  déphlogifliqué  qui  fort  de 
la  furface  des  feuilles  dans  l’eau  fnefl 
pas  un  air  que  les  feuilles  aient  pompé  de 
cette  eau , 28 


/ 


Ix  TABLE 

Sect.  VI.  L ’ air  déphlogfiiqué  qui  fort  des 
feuilles  fous  l’eau , n’exifle  pas  dans  les 
feuilles  tel  qu'on  le  trouve  après  qu’il  efl 
forti  de  leurs  pores  ; mais  cet  air  en  fort 
fous  la  forme  d’air  déphlogfiiqué  , ayant 
fubi  dans  la  fubflance  des  feuilles  une  pu- 
rification , ou  une  efpèce  de  tranfmuta - 

33 


non 


SeCT.  VII.  La  produclion  de  l’air  déphlo- 
gfiiqué  des  feuilles  , ne  peut  pas  être  at- 
tribuée à la  chaleur  du  joleil } mais  prin- 
cipalement à la  lumière , fi 

SECT.  VIII.  Réflexions  fur  les  articles  pré- 
cédais , ~ " 40 

\ ’ -'''•‘•''il  * ■ ■ . , / 

SECT.  IX.  Les  Plantes  mortes  & tout-a- 
fait  sèches , n’ont  que  très-peu  ou  point 
de  pouvoir  de  vicier  l’air  commun;  mais 
ces  mêmes  Plantes , étant  mouillées , J ont 
en  état  de  le  corrompre  , 46 


SECT.  X.  Toute  Plante  en  général  possède 
le  pouvoir  de  corriger  l’air  commun  gcité 
par  la  refpiration , la  flamme  d’une  chan- 
delle , &c.  & devenu  par-là  incapable  de 
fervir  à la  refpiration  ; mais  elles  n’ont  ce 
pouvoir  que  lorf qu’elles  font  au  foleil  ou 
au  grand  jour } 44 

SECT.  XI.  Toutes  les  Plantes  donnent  plus 


DES  SECTIONS.  hj 

ou  moins  d’ air  déphlogifliqué  pendant  le 
jour  d l’air  libre , & fur-tout  au  foie  if  50 

1 j 

SeCT.  XII.  On  ne  peut  pas  dire  que  ce  foit 
de  la  végétation  , que  dépende  la  faculté 
quont  les  Plantes  de  donner  l’air  déphlo- 
gifliqué , de  corriger  le  mauvais  air , & 
d’améliorer  celui  qui  ef  bon  , 52 

SECT.  XIII.  Les  Plantes  exhalent  un  air 
nuflble  pendant  la  nuit , & dans  les  lieux 
objcurs  durant  le  jour  ; elles  corrompent 
l’air  commun  , dont  elles  font  entourées  ; 
mais  ce  mauvais  effet  ef  plus  que  contre- 
balancé par  leur  influence  falutaire  pen- 
dant le  jour , 54 

SECT.  XIV.  La  plupart  des  racines  récem- 
ment tirées  de  la  terre  , exhalent  un  air 
mal-fain  nuit  & jour , dans  la  lumière  & 
à b ombre , & répandent  un  poifon  dans  l’air 
environnant , ' 

Se  CT.  XVo  Toutes  les  fleurs  exhalent  en 
tout  temps } un  air  des  plus  mortels  , & 
empoifonnent  une  grande  majfe  d’air  3 au- 
tant au  milieu  du  foleil , que  dans  la  nuit 
& à l’ombre  , 61 

SECT.  XVI.  Tous  les  fruits  en  général  exha- 
lent un  air  pernicieux  jour  & nuit , dans 
la  lumière  & dans  l’ombre  , & possèdent 


lxij  TABLE 

une  faculté  confidérable  de  communiquer 
une  qualité  des  plus  mal-faifantes  à l’air 
environnant , 64 

SECT.  XVII,  Le  pouvoir  quont  les  Plantes 
de  corriger  le  mauvais  air , furpaffe  celui 
quelles  ont  d’ améliorer  le  bon  air } 67 

SECT.  XVIII.  Sur  l’effet  des  Plantes  vi- 
vantes tenues  dans  les  appartemens  3 71 


SECT.  XIX.  Les  feuilles  des  Plantes  meu- 
rent plus  tôt , lorfque  les  bulles  d’air  déphlo- 
gifliqué  dont  elles  fe  chargent  dans  l’eau  , 
en  f ont  féparées  , 74 

SECT.  XX.  Sur  le  pouvoir  qu’ont  les  Végé- 
taux d’abforber  différentes  efpèces  d’air , 

79 


SECT.  XXI.  Comment  on  peut  juger  fi  les 
Plantes  font  déjà  difpofées  à donner  de 
l’air  dépklo gifliqué,  8 1 

SECT.  XXII.  Pourquoi  quelques  eaux  , telles 
que  l’eau  diflillée , l'eau  bouillie , &c.  non- 
feulement  ne  favorifent  pas  la  production 
de  b'  ' air  déphlo gifliqué , mais  meme  empê- 
chent cette  production  9 8/L 


SECT.  XXIII.  Quelques  Remarques  fur  la 
mouffe  ou  matière  verte  végétale  qui  s’en- 
gendre au  fond  & aux  parois  des  vafes  de 


DES  SECTIONS.  Ixiij 

verre  dans  lef quels  on  tient  de  l’eau  en 
repos , 89 


SECT.  XXIV.  Il  ne  paroît  pas  tout-à-fait 
indifférent  quelle  ejpèce  d’arbres  on  em- 
ploie quand  on  veut  en  planter  pour  entre - 
tenir  la  falubrité  de  l’air  d’un  endroit  quel- 
conque , 95 


Se  CT.  XXV.  Les  feuilles  qui  font  parvenues 
à leur  grandeur  naturelle , donnent  de  l’air 
déphlogifiqué  plus  pur  & en  plus  grande 
abondance  que  les  jeunes  feuilles , & celles 
qui  ne  font  pas  encore  entièrement  déve- 
loppées , 95 


SECT.  XXVI.  Quoique  la  diminution  d’un 
mélange  d’air  commun  & d’air  nitreux  , 
paffe  pour  un  indice  certain  du  degré  de 
falubrité  d’un  air  quelconque , il  y a ce- 
pendant des  exemples  de  certains  airs  y 
dont  la  bonté  pour  l’ufage  de  la  refpiration 
ne  peut  être  déterminée  par  ce  moyen , 99 


SECT.  XXVII.  L’air  efl  une  des  fubfances 
les  plus  changeantes  de  la  nature  ; il  fe 
trouve  même  fous  des  formes  très -diffé- 
rentes , qu’il  reçoit  d’un  grand  nombre  de 
caufes , 106 

SECT.  XXVIII.  Sur  la  nature  de  l’air  qui 


lxiv  - TABLE 

fort  de  la  furface  de  notre  corps  , 126 

Conclusion,  135 

SECONDE  PARTIE, 

Contenant  une  fuite  d'expériences  faites 
avec  des  feuilles , des  fleurs , des  fruits  > 
des  tiges  & des  racines  des  Plantes , dans 
le  dejfein  P examiner  la  nature  de  l'air  qui 
s'évapore  de  ces  fubflances , & de  montrer 
leur  influence  fur  U air  commun  dans  diffé- 
rentes circonflances , 171 

SECTION  I.  Introduction,  ibiL 

SECT.  II.  Expériences  qui  indiquent  en  gé- 
néral le  degré  de  bonté  ou  pureté  de  l'air 
déphlogifliqué  qui  fort  des  feuilles  de  dif- 
férentes Plantes  expojees  au  foleil,  20 1 

SECT.  III.  Expériences  qui  indiquent  la 
différence  dans  le  degré  de  pureté  de  l'air 
déphlogifliqué , fourni  par  les  feuilles  de 
la  même  Plante  en  dfférens  temps  du  jour , 
quoique  ces  Plantes  foient  également  ex- 
po fées  au  foleil , 207 

SECT.  IV.  Expériences  qui  tendent  à décou- 
vrir durant  quelle  partie  du  jour  les  Plantes 
donnent  de  l'air  déphlogifliqué  de  la  meil- 
leure qualité y ■ 210 

Sec  t. 


TABLE.  Ixv 

SECT.  V.  Expériences  qui  tendent  à décou- 
vrir la  quantité  d’air  déphlogifliqué  quun 
certain  nombre  de  feuilles  peut  donner , 213 

SECT.  VI.  Expériences  qui  tendent  à décou- 
vrir la  qualité  de  l’air  que  les  Plantes 
exhalent  pendant  la  nuit , & dans  l’ombre 
pendant  le  jour , 2 1 ^ 

Sec  T.  VII.  Expériences  qui  tendent  à faire 
coniioitre  a quel  degré  les  Plantes  peuvent 
vicier  l air  commun  pendant  la  nuit } & 
durant  le  jour  à /’ ombre.  2 1 8 


Section  VIII.  Expériences  qui  démontrent 
que  l’altération  cauf  ze par  les  Plantes  à l’air 
commun  pendant  la  nuit,  efl  de  peu  d’im- 
portance , en  comparaifon  de  l’ améliora- 
tion qu’il  en  reçoit  pendant  le  jour , 226 


SECT.  IX.  Expériences  qui  démontrent  que 
les  P lames  possèdent  pendant  le  jour  une 
propriété  fngulière , de  corriger  l’air  vi- 
dé , 

9 230 

SECT  X.  Expériences  qui  démontrent  que 
les  Plantes  âcres , puantes , & même  celles 
qui  font  reconnues  pour  vénéneufes  ? don- 
nem  pendant  le  jour  de  l’air  déphlooïjli- 
qué  d’une  aufli  bonne  qualité  que  les  autres 

Plantes*  ■ 23  2 


e 


Ixvj  TABLE. 

SECT.  XI.  Expériences  par  lef quelles  on  dé- 
montre que  les  fleurs , en  général , exha- 
lent un  air  empoifonné , quoique  en  très- 
petite  quantité  ; qu  elles  corrompent  une 
grande  quantité  d’air  avec  lequel  elles  font 
enfermées  ; qu  elles  exercent  ce  pouvoir  en 
tout  temps  , également  durant  le  jour 
comme  pendant  la  nuit  ? au  foleil  comme  à 
Nombre,  ' 235 

SECT.  XII.  Expériences  qui  démontrent  que 
les  racines  des  Plantes , lorjqu  elles  font 
récemment  tirées  de  la  terre  } corrompent 
Pair  commun , exhalent  un  air  malflai- 
fant  en  tout  temps  ; j’en  excepte  cependant 
quelques  racines , 238 

SECT.  XIII.  Expériences  qui  démontrent  que 
les  Fruits  en  général  exhalent  un  air  mal - 
faifant  en  tout  temps  & en  tout  lieu , & 
qu’ils  infeclent  toujours  L’air  commun , mais 
plus  pendant  la  nuit  & dans  l’ombre  , que 
durant  Le  jour  & au  foleil,  de  façon  que 
la  lumière  du  foleil  diminue  leur  influence 
pernicieufe  fur  l’air  commun , au  moins 
dans  quelques-uns  , 240 

SECT.  XIV.  Expériences  qui  prouvent  que, 
les  feuilles,  les  tiges  & rameaux  verts  qui 
ks  Jup portent , font  les  feules  parties  des 


I 


TABLE.  îxvij 

Plantes  qui  donnent  de  L’air  déphlogifli - 
qué, 

SECT.  XV.  Expériences  qui  démontrent 
quelle  efpèce  d’eau  s’oppofe  le  moins  à l'é- 
laboration de  l’air  déphlogfliqué  dans  les 
Plantes  , & à la  'finie  de  ce  fluide  aérien 
de  la  furface  des  feuilles , 248 

SECT.  XVI.  Expériences  qui  indiquent  à 
quel  degré  de  pureté  peut  atteindre  l air 
déphlogifliqué  & élaboré  par  les  Plantes  , 

257 

SECT.  XVII.  Expériences  qui  tendent  à dé- 
couvrir l’ effet  des  Plantes  fur  l’air  inflam- 
mable , 271 

SECT.  XVIII.  Expériences  qui  tendent  à dé- 
couvrir quelle  efpèce  de  Plantes  ou  d’ Ar- 
bres -,  infecte  le  moins  l’air  commun  pen- 
dant la  nuit , 271 

SECT.  XIX.  Expériences  qui  démontrent  que 
les  feuilles  qui  font  parvenues  ci  leur  ac - 
croijfement  parfait,  répandent  de  air  dé- 
phlogifliqué , & en  plus  grande  abondance  , 
& d:  'une  qualité  meilleure  que  les  jeunes 
feuilles  5 qui  ne  font  pas  encore  à leur  per- 
fection ? . 279 

SECT.  XX.  Expériences  qui  fimblent  indi - 


Ixviîj  TABLE. 

quer  que  le  foleil  feul  , & fans  l* âjfijlance 
des  Plantes , nefl pas  en  état  d’améliorer 
l'air , & même  quil  le  gâte  , 281 

SECT.  XXI.  Expériences  qui  tendent  à dé- 
couvrir quelle  ejl  la  méthode  la  plus  exacle 
& la  plus  expéditive  de  juger  du  degré 
précis  de  la  falubrité  de  l’air  commun  d’un 
pays  quelconque , 286 

Poft-Scriptum , 295 

Explication  des  Figures,  296 

Table  des  Matières , 3°3 

Fin  de  la  Table. 


EXPÉRIENCES 


EXPÉRIENCES 


SUR 

LES  VÉGÉTAUX. 

PREMIÈRE  PARTIE. 

Observations  sur  la  nature 
des  Plantes. 

^^^^^_^^^^^_g_M_2BK3ESHE2SSSXKaKXEnSEBE3BB13anK5BKSSSBMB3KBK9BRBBnBi 

SECTION  PREMIÈRE. 

Quelques  Remarques  générales  fur  la  nature 
des  feuilles  des  Plantes,  & fur  leur  uf âge. 

Dès  que  le  foleil  commence , au  prin- 
temps, à répandre  fur  la  furface  de  la 
terre  de  la  chaleur  à un  certain  degré , 
la  plupart  des  végétaux,  fur -tout  les  ar- 

' A 


2 Expériences 

bres,  offrent  en  peu  de  jours  le  fpe&acle 
le  plus  beau , la  décoration  la  plus  frap- 
pante. Ce  meme  degré  de  chaleur  qui 
ranime  la  végétation,  eff,  par  fa  nature, 
une  caufe  générale  de  corruption.  Les 
plantes  contra&ées  & engourdies  pendant 
le  froid  de  l’hiver,  ne  préfentent  d’autre 
furface  que  celle  du  tronc  & des  branches, 
comme  li  elles  vouloient  fe  cacher  & fe 
fouffraire  à l’air  autant  qu’elles  le  peuvent; 
elles  augmentent  en  peu  de  jours  leur  fur- 
face,  peut-être  plus  de  mille  'fois  , en 
pouffant  ces  efpèces  d’éventails  fans  nom- 
bre , qui  nous  font  connus  fous  le  nom 
de  feuilles.  Un  changement  aufff  notable 
arrivant  prefque  fubitement,  & donnant 
une  nouvelle  apparence  à la  furface  de  la 
terre , femble  indiquer  un  deffein  parti- 
culier, dont  l’importance  doit  être  pro- 
portionnée à la  grandeur  de  la  fcène. 

Ceux  qui  fe  font  occupés  à obferver 
les  ouvrages  de  la  nature,  n’ont  pas  man- 
qué d’admirer  cet  appareil  majeffueux  dont 
elle  fe  revêt  au  printemps , en  pouffant 
jes  feuilles;  & quelques-uns,  éblouis  de 
ce  nouveau  fpeftacle,  ont  cru  que  l’Au- 
teur de  ce  monde  avoit  ppur  principal 
but,  en  produifant  les  feuilles,  de  flatter 
nos  yeux  par  une  décoration  raviffante, 
& de  nous  garantir  de  l’ardeur  du  foleil 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sèci.  I.  5 
par  la  fraîcheur  de  l’ombre.  D’autres , plus 
philofophes  , ont  penfé  que  les  feuilles 
fervent  à pomper  l’humidité  de  l’air  , de 
la  rofée  , des  pluies , à favorifer  la  vé- 
gétation & la  fruâification , par  confé- 
quent,  la  propagation  de  l’efpèce  ; &ainli 
ils  ont  prefque  entièrement  réduit  l’ufage 
des  feuilles  à l’utilité  de  la  plante  dont 
elles  continuent  une  partie  fi  confidérable. 

Il  eft  hors  de  doute  que  les  feuilles 
contribuent  beaucoup  à la  vigueur  de  la 
végétation  ; car , lorfqu’on  en  dépouille 
l’arbre,  on  le  met  en  danger  de  périr.  En 
arrofant  les  feuilles  & le  tronc  d’un  jeune 
arbre , on  augmente  confidérablement  fa 
croiflance;  ce  qui  prouve  que  les  feuilles 
lui  rendent  un  fervice  elfentiel  en  abfor- 
bant  l’humidité.  Les  feuilles  favorifent  la 
fructification  8c  la  propagation  de  l’efpèce; 
car , fi  on  en  dérobe  une  grande  partie  à 
l’arbre , il  languit , le  fruit  n’acquiert  pas 
le  goût  qui  lui  eft  propre,  &,  en  dépouil- 
lant l’arbre  entièrement , le  fruit  tombe 
avant  fa  maturité.  Quoique  l’importance 
des  feuilles  foit  allez  apparente  par  les  ufa- 
ges  expofés  ci-deffus , on  n’aura  cependant 
pas  de  peine  à croire  quelles  foient  encore 
deftinées  à des  objets  qui  n’ont  aucun  rap- 
port avec  la  fruftification , dès  qu’on  con- 
fidérera  que  la  fructification  eft  déjà  très- 

Aij 


4 Expériences 

avancée  dans  un  grand  nombre  de  plantes , 
avant  que  les  feuilles  paroiffent;  que  dans 
d’autres , elles  pouffent  des  mois  entiers 
avant  les  fleurs;  8c  que  beaucoup  de  plan- 
tes confervent  leurs  feuilles  dans  la  plus 
grande  vigueur,  8c  même  continuent  d’en 
pouffer  de  nouvelles , après  que  la  frudi- 
fication  efl  entièrement  achevée. 

Il  efl;  vrai  que  les  utilités  multipliées  des 
feuilles  n’ont  rien  de  bien  extraordinaire; 
car  il  n’y  a peut-être  aucune  produdion  de 
la  nature  bornée  è un  feul  ufage  : nous 
voyons  que  les  fruits  n’ont  pas  été  faits 
feulement  pour  contenir  la  femence  8c 
propager  l’efpèce  de  la  plante,  mais  qu’ils 
font  deflinés  en  même  temps  à fervir  d’a- 
liment aux  animaux , de  remèdes  à leurs 
maladies , 8cc.  Les  femences  de  quantité 
de  plantes  n’ont  certainement  pas  pour 
feul  but  de  propager  leur  efpèce  ; car  il 
y a des  plantes  qui  en  produifent  tant , 
que,  fl  elles  n’étoient  pas  recueillies,  à peine 
un  centième  trouveroit-il  de  la  place  pour 
végéter.  Nos  facultés  font  trop  bornées  pour 
découvrir  toutes  les  caufes  Anales  de  cette 
immenfité  d’êtres  qui  nous  environnent, 
8c  dont  nous  ne  connoiffons  ni  la  nature 
ni  Futilité.  Chaque  découverte  que  nous 
faifons  dans  les  opérations  que  la  nature 
avoit  tenues  jufqu’alors  fous  le  voile,  nous 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Se  ci.  1.  5 

montre  de  plus  en  plus  la  fageffe  fuprême 
de  fon  Auteur.  On  doit  préfumer  qu’il 
eft  entré  dans  fon  plan  de  former  les 
différons  êtres  qu’il  contient,  de  manière 
à leur  faire  remplir  toutes  les  vues  dont  ils 
font  fufceptibles,  & à fe  prêter  des  fecours 
mutuels. 

Mon  deffein  n’étant  pas  d’entrer  dans 
un  grand  détail  fur  ce  qui  regarde  la 
eonffruéffon  des  feuilles,  & les  rapports 
qu’elles  ont  avec  la  végétation  de  la  plante, 
mais  de  découvrir  la  relation  que  ces  or- 
ganes ont  avec  le  règne  animal , & les 
avantages  que  nous  en  tirons  ; j’abandon- 
nerai le  reffe  à ceux  qui  ont  fait  une 
étude  particulière  de  cette  branche  d’hif- 
toire  naturelle.  On  peut  confulter  fiir  ce 
fujet  les  Obfervations  microfcopiques  con- 
tenues dans  les  ouvrages  de  M.  Leuwen- 
hoek  , de  M.  Baker  ; les  Obfervations  & 
Expériences  de  T hunmunvïus  fur  l’anato- 
mie des  feuilles  dans  le  Journal  de  Leipfik, 
1722,  pag.  22;  ce  qu’on  troiive  dans  l’u- 
tile ouvrage 'de  M.  Valmont  de  B omare , 
fon  Diftionnaire  d’Hiffoire  naturelle  , fur- 
tout  l’article  Utilités  des  Feuilles  , leur 
Examen  au  microfcope , &c. 

Le  célébré  M.  Bonnet  de  Genève  a pu- 
blié un  des  plus  favans  ouvrages  fur  ce 
fujet  5 il  a pour  titré  : Recherches  fur  Fu-* 

A üj 


6 Expériences 

fage  des  Feuilles  dans  les  Plantes , & fur 
quelques  autres  Jujets  relatifs  à /’ H ifloire  de 
la  Végétation , par  Charles  Bonnet,  à Got- 
tingen  & Leiden,  1754.  Cet  ouvrage  con- 
tient fur  la  nature,  les  propriétés  & les 
ufages  de  ces  organes  merveilleux  , un 
grand  nombre  de  recherches  intéreflantès , 
laites  avec  la  plus  grande  attention , qui  ont 
répandu  beaucoup  de  lumière  fur  ce  fujet. 

Il  a remarqué  les  bulles  d’air  qui  cou- 
vrent les  feuilles  des  plantes  lorfqu’on 
les  plonge  fous  l’eau  ; il  dit , page  26 , 
que  ces  bulles , dont  la  furface  inférieure 
fe  couvre , font  de  l’air  que  la  feuille  fé- 
pare  de  l’eau  quelle  a imbibée.  Impatient 
de  vérifier  ce  foupçon,  il  fit  bouillir  de 
l’eau  pendant  trois  quarts  d’heure,  afin 
de  chaffer  l’air  qu’elle  contient  ; il  y plon- 
gea une  branche  de  vigne , &.  les  bulles 
ne  parurent  pas , quoique  le  foleil  fut  ar- 
dent ; enfuitç  il  imprégna  l’eau  d’air , en 
foufflant  dedans , & les  bulles  parurent  & 
devinrent  plus  grandes.  Il  dit,  pag.  28, 
qu’elles  fe  montrent  ordinairement  lors- 
que le  foleil  commence  à échauffer  l’eau , 
& qu’elles  difparoiffent  à l’approche  de 
la  nuit,  à caufe  du  froid.  A la  page  31* 
les  ayant  obfervées  plus  foigneufement , il 
dit  qu’il  a appris  par  l’expérience , que 
ces  bulles  font  produites  par  l’air  adhérent 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  I.  7 
aux  feuilles  sèches,  logé  dans  leurs  inégali- 
tés , 8c  dilaté  par  la  chaleur  du  foleil , & que 
'es  bulles  difparoiffent  à l’entree  de  la 
nuit,  l’air  qui  les  formoit  étant  condenfé 
par  la  fraîcheur  ; que  pour  cette  même 
raifon  les  bulles  ceffent  de  fe  former  vers 
ce  temps.  A la  page  33 , il  dit  que  ce  ne 
font  pas  feulement  les  feuilles  plongées 
vivantes  dans  l’eau , qui  s’y  couvrent  de 
bulles  ; qu’il  en  a auffi  obfervé  fur  des 
feuilles  mortes , 8c  cueillies  depuis  plus  d’un 
an;  que  ce  fait  achève  de  démontrer  que 
les  bulles  qui  s’élèvent  fur  les  feuilles  ver- 
tes, 8c  qui  végètent  encore,  ne  font  pas 
l’effet  de  quelque  mouvement  vital.  Je  puis 
en  fournir,  dit-il , une  autre  preuve.  Ayant 
retiré  de  l’eau  des  feuilles  vertes  très- 
chargées  de  bulles,  ces  bulles  fe  font  cre- 
vées dans  l’air,  8c  la  place  qu’elles  occu- 
poient  fur  la  feuille  a été  très-facile  à re- 
connoître , parce  qu’elle  n’étoit  point  hu- 
meéfée;  l’eau  ne  l’avoit  pas  encore  touchée. 

Ayant  examiné  avec  toute  l’attention 
dont  je  fuis  capable,  la  produéfion  de  ces 
bulles , j’ai  cru  qu’elles  étoient  d’une  im- 
portance beaucoup  plus  grande  que  M. 
Bonnet  ne  l’imaginoit.  Voici  à peu  près 
ce  que  j’ai  obfervé  par  rapport  à leur  ap- 
parition. 

La  plupart  des  feuilles  fe  couvrent  de 

A iv 


8 Expériences 

ces  bulles , lorfqu’on  les  plonge  fous  une 
eau  quelconque  au  foleil  , ou  en  plein 
jour,  dans  un  lieu  ouvert  & bien  éclairé  , 
mais  infiniment  plus  dans  l’eau  de  fource 
fraîchement  tirée;  elles  fortent  plus  len- 
tement , & en  moins  grand  nombre , fur 
les  feuilles  plongées  dans  l’eau  de  rivière  ; 
moins  encore  dans  l’eau  de  pluie , & moins 
que  dans  toute  autre  dans  l’eau  ffagnante 
des  marais , l’eau  bouillie  ou  diflillée.  Elles 
ne  font  pas  produites  parce  que  la  cha- 
leur du  foleil  raréfie  l’air  adhérent  aux 
feuilles , car  beaucoup  produisent  des  bulles 
dans  l’inftant  même  qu’on  les  plonge 
dans  l’eau  la  plus  froide  , quoiqu’elles 
foient  , dans  le  moment  qu’on  les  fépare 
de  l’arbre,  & qu’on  les  plonge  dans  l’eau, 
échauffées  par  le  foleil  ; elles  ne  pouffent 
pas  de  bulles  d’air  après  le  coucher  du  fo- 
leil , ou  du  moins  fort  peu;  mais  celles  qui 
étoient  déjà  forties  ne  difparoiffent  point , 
malgré  le  froid  de  la  nuit. 

Comme  les  feuilles,  lors  même  qu’elles 
font  échauffées  par  la  chaleur  du  foleil , 
rendent  ces  bulles  d’air  prefque  auffitôt 
qu’elles  font  plongées  fous  l’eau,  quoique 
celle-ci  foit  très-froide  en  comparaifon  du 
degré  de  chaleur  quelles  ont,  il  paroît 
très-clair  que  ces  bulles  ne  font  pas  dues 
à la  raréfa&ion  de  quelque  air  adhérent 


SUR  LES'  VÉGÉTAUX.'  Sect.  /.  9 

aux  feuilles , ni  même  d’un  air  qui  exiflât 
déjà  dans  leur  fubftance  ; car  la  fraîcheur 
de  l’eau  récemment  tirée  des  entrailles  de 
la  terre , devoit  plutôt  refferrer  leurs  pores 
8t  condenfer  l’air  qui  pouvoit  s y trouver. 
D’un  autre  côté  , l’apparition  fubite  dè 
ces  bulles , & leur  accroilfement  qui  fe 
fait  par  degré  dans  l’eau  froide  expofée  à 
la  clarté  du  jour  , la  ceffation  de  cette 
émiffion  d’air  pendant  la  nuit,  & dans 
l’ombre  pendant  le  jour,  dans  la  même 
eau , femblent  indiquer  que  ces  bulles  ne 
doivent  pas  leur  origine  à l’air  exiflant 
dans  l’eau  , & pompé  par  les  feuilles  , ni 
à la  raréfaéion  de  l’air  déjà  adhérent  aux 
feuilles , mais  à quelque  mouvement  vital 
qui  a lieu  dans  les  feuilles  expofées  au 
grand  jour  , & qui  ceffe  dès  qu’elles  fe 
trouvent  à l’ombre  ; &:  il  femble  que  la 
fortie  de  cet  air ,,  fous  la  forme  de  bulles, 
n’eft  que  la  continuation  des  courans  ou 
jets  de  ce  même  air,  qui  fortent  des  con- 
duits excrétoires  des  feuilles  pendant  la 
grande  clarté  du  jour , mais  qui  font  de  la 
plus  grande  fubtilité , & , dans  l’état  na- 
turel des  chofes , parfaitement  invilibles. 

Nous  ne  faifons  donc  que  furprendre  la 
nature  fur  le  fait,  en  plongeant  les  feuilles 
toutes  vivantes  fous  l’eau,  dans  laquelle 
elles  relient  en  vigueur,  & par  conféquent 


10  Expériences 

« 

peuvent  continuer  une  partie  de  l’opéra- 
tion à laquelle  elles  étoient  occupées  im- 
médiatement auparavant.  Je  dis  que  les 
feuilles  , dans  ces  circonftances , peuvent 
continuer  en  partie  leur  travail;  car,  quoi- 
qu’elles puiflent  dans  l’eau  répandre  leur 
air  comme  hors  de  l’eau  , elles  ne 
peuvent  cependant  plus  en  abforber  de 
nouveau  de  la  made  de  l’atmofphère  , 
parce  que  l’eau  qui  les  entoure  intercepte 
leur  communication  avec  l’atmofphère.  Il 
eft  donc  très-probable  que  fi  les  feuilles 
rendent  par  leurs  pores  une  quantité 
d’air  ft  confidérable  , lors  meme  qu’elles 
ne  peuvent  pas  réparer  cette  perte  par 
l’abforption  d’un  air  nouveau  , elles  en 
donnent  une  quantité  bien  plus  grande 
dans  l’état  naturel,  où  elles  peuvent  en 
abforber  autant  qu’elles  en  perdent. 

Si  nous  examinons  l’air  qui  forme  ces 
bulles , nous  ferons  bientôt  convaincus 

commun; 

n 

11  eft  véritablement  déphiogiftiqué  : un  ani- 
mal y vit  beaucoup  plus  long-temps  que 
dans  l’air  commun  le  plus  pur;  il  augmente 
confidérablement  le  volume  de  la  flamme 
d’une  bougie , elle  y acquiert  un  éclat  qui 
éblouit  les  yeux  ; & une  bougie  éteinte 


beaucoup 

lofphère; 


qu’il  eft  bien  loin  d’être  de  l’air 
nous  le  trouverons  d’une  qualité 
fupérieure  au  meilleur  air  de  l’ati 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.I.  II 
y reprend  la  flamme  s’il  lui  refle  la  moin- 
dre particule  du  feu. 

Ce  fluide  éthéré , que  les  feuilles  ré- 
pandent en  grande  abondance , comme 
une  pluie  bienfaifante  , mais  invifible , doit 
naturellement  contribuer  beaucoup  à pu- 
rifier l’atmofphère;  il  efl  peut-être  une 
des  principales  caufes  qui  préfervent  la 
race  de$  animaux  de  la  deflrudion,  quand 
Ja  chaleur  augmente  la  corruption  générale 
de  tant  de  corps  qui , par  leurs  exhalaifons 
nuifibles,  infedent  continuellement  l’air, 
& le  rendent  moins  capable  de  foutenir 
la  vie. 

Lorfque  le  froid  de  l’hiver  arrête  cette 
tendance  univerfelle  vers  la  corruption  , 
nous  n’avons  plus  befoin  de  l’affiftance  des 
feuilles  pour  purifier  notre  atmofphère, 
qui  n’eft  plus  tant  infedée.  Les  feuilles 
tombent;  & l’arbre  continuant  à vivre  fans 
elles,  nous  annonce  qu’elles  avoient  plus 
de  rapport  à notre  confervation  qu’à  la 
fienne.  Dans  les  climats  chauds , où  la 
fource  générale  de  la  corruption  , la  cha- 
leur , ne  ceffe  pas  d’exifler , la  verdure  efl: 
perpétuelle. 

Les  feuilles , auffitôt  qu’elles  fe  font  dé- 
veloppées , s’arrangent  entre  elles  de  la 
manière  la  plus  convenable  pour  ne  pas 
s’embarralfer  les  unes  les  autres,  & elles 


i2  Expériences 

exppfent  leur  furface  vernie,  autant  qu’il 
eft  poflible,  à l’influence  direde  du  foleil, 
en  cachant  l’inférieure  à fes  rayons, comme 
fi  elles  cherchoient  plus  fa  lumière  que 
fa  chaleur;  car  le  vernis  de  cette  furface, 
expofé  à fes  rayons,  doit,  en  les  réflé- 
chiffant , modérer  la  chaleur. 

On  verra  par  la  fuite,  qu’il  efl  probable 
que  la  furface  inférieure  des  feuilles  a été 
deflinee  principalement  à répandre  l’air  pu- 
rifie; la  fuperieure , à abforber  l’air  atmof- 
pherique,  & à l’élaborer  en  air  déphlogif- 
tique,  en  féqueflrant  le  principe  inflam- 
mable dont  il  efl  toujours  fouillé  ; & que 
cette  opération  fe  fait  au  moyen  d’un  mou- 
vement inteflin  & vital , excité  & entre- 
tenu par  l’adion  de  la  lumière.  Cette  pro- 
babilité deviendra  plus  plaufible,  fl  nous 
confidérons  que  , par  un  tel  arrangement, 
l’air  déphlogifliqué , fortant  de  la  furface 
inférieure  des  feuilles , trouve  moins  d’obf- 
tacle  à fa  defcente  ; que  l’air  déphlogifli- 
qué efl  fpécifiquement  plus  pefant  que 
l’air  atmofphérique,  & que  par  conféquent 
il  doit,  par  fa  nature,  être  porté  à defcen- 
dre.  Nous  trouverons  ce  fyflême  encore 
plus  vraifemblable  fl  nous  y ajoutons  que 
la  plupart  des  airs  nuiflbles  aux  animaux, 
font  plus  légers  que  l’air  commun,  &, 
par  conféquent,  doivent  être  difpofés  à 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  /. 
monter  ; que  pour  cette  raifon,  l’air  mé) 
tique  que  les  feuilles  des  plantes  exhaL 
pendant  l’obfcurité  de  la  nuit  (a) , celui  q 
fort  des  eaux  Gagnantes  & des  fublîana 
dans  l’état  de  corruption , &c.  montent  ver 
les  régions  élevées  de  l’atmofphère  , & 
qu’ainfi  nous  en  Tommes  délivrés  prefque 
auffitôt  qu’il  ell  produit. 

De  tout  ceci , nous  pouvons  recueillir 
de  nouvelles  lumières  fur  l’arrangement 
des  différentes  parties  de  ce  monde,  &.  fur 
la  dépendance  des  êtres  les  uns  des  au- 
tres, fur  les  fecours  mutuels  qu’ils  font 
deflinés,  par  l’Auteur  de  la  nature,  à fe 
prêter  pour  le  maintien  du  tout.  Nous 
verrons  que  les  plantes,  en  féparant  de 
l’air  atmofphérique  le  principe  inflam- 
mable , ou  le  phlogiftique , rejettent  le 
fuperflu  en  air  déphlogiftiqué , comme  un 
fluide  devenu  nuifible  à elles-mêmes,  mais 
alors  très-falutaire  aux  animaux  ; & que  les 
animaux,  après  avoir  fait  leur  profit  de  cet 
air  épuré , en  le  refpirant,  le  rendent  à leur 
tour  aux  plantes , chargé  du  phlogiftique 
furabondant  de  leur  corps,  un  des  princi- 
paux alimens  des  végétaux. 

En  un  mot , nous  verrons  que  la  na- 
ture a confie  aux  feuilles  des  plantes  une 

(.*)  Il  fera  parlé  plus  amplement  de  la  nature  de  cet  air 
à la  fin  du  Livre. 


14  Expériences 

fonélion  bien  plus  noble  que  celle  qu'on 
leur  avoit  attribuée  jufqu’à  préfent , 6c 
que  nous  n’avons  aucune  raifon  d’être  de 
mauvaife  humeur  en  voyant  éclore  pref- 
que  par-tout  cette  foule  d’orties , de  char- 
dons 6c  autres  végétaux  à qui  notre  igno- 
rance a donné  le  nom  injurieux  de  mau - 
vaifes  herbes. 


SECTION  II. 

Les  Plantes  ont , fous  plujleurs  rapports , 
beaucoup  d'analogie  avec  les  animaux  , & 
donnent  diverfes  efpèces  d’ émanations  de 
leurs  différentes  parties. 

Si  nous  comparons  l’économie  des  planâ- 
tes avec  celle  des  animaux  , nous  trouve- 
rons que  ces  deux  êtres  ont  plus  d’ana- 
logie entr’eux , que  leurs  différences  appa- 
rentes ne  nous  l’indiquent.  La  plante  étant 
un  être  vivant , qui  croît , 6c  meurt  à la 
fin  de  vieillefîe,  comme  les  animaux,  a 
befoin , comme  eux , de  prendre  des  ali- 
mens , de  les  digerer  pour  en  tirer  la  nour- 
riture , 6c  de  rejeter  le  refie , comme  fu- 
perflu  6c  nuifible.  Mais  la  plante,  deftinée 
a relier  dans  le  même  endroit  où  elle  a 
pris  naiffance,  ne  peut,  comme  les  ani- 
maux, aller  chercher  fes  alimens;  elle  doit 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  IL  15 
trouver  dans  l’efpace  qu’elle  occupe,  tout 
ce  qu’il  lui  faut  pour  fa  fubfiftance.  En 
étendant  autour  d’elle  fes  racines  dans  la 
terre,  elle  s’y  fixe  fermement;  & , par  les 
filets  ou  chevelu  fans  nombre  de  ces  mê- 
mes racines  ; elle  abforbe  , comme  par 
autant  de  fiphons , l’humidité  qui  fe  pré- 
fente à leurs  orifices.  Elle  femble  n’avoir 
befoin  de  rien  de  plus  durant  tout  le  temps 
de  l’hiver  : n’étant  alors  occupée  que  d’elle- 
même,  & dans  un  état  de  fommeil  ou  d’en- 
gourdiffement , elle  digère  très-peu  d’ali* 
mens;  elle  ne  perd  cependant  pas  ce  mou- 
vement inteftin  dont  fa  vie  dépend;  car 
elle  produit  continuellement  encore  i!n 
degré  de  chaleur , qui  la  garantit  du  dan- 
ger de  périr.  Cette  faculté  fingulière  des 
plantes  , de  produire  de  la  chaleur  , eft 
encore  une  de  leurs  reffemblances  avec  les 
animaux;  elle  eft  publiée  dans  une  differta* 
tion  très-ingénieufe  de  M.  John  Hunter , 
inférée  dans  les  Tanfaéfions  philofophi- 
ques,  vol.  lxv,  p.  446.  Dès  que  les  chaleurs 
de  l’été  commencent,  les  plantes  fortent 
de  leur  léthargie  , prennent  comme  une 
nouvelle  vie,  s’occupent  de  la  propaga- 
tion de  leur  efpèce , & s’acquittent  d’une 
fonâion  utile  aux  animaux,  en  abforbant 
le  mauvais  air,  & en  nous  le  rendant  dans 
un  état  de  pureté;  tandis  que  les  animaux. 


1 6 Expériences 
par  la  refpiration , la  tranfpiration , leurs 
excrémens,  la  corruption  de  leurs  corps 
après  leur  mort , &x.  leur  rendent  le  même 
fervice. 

En  confidérant  la  {implicite  de  l’écono- 
mie végétale  de  la  plante , par  rapport  à 
fa  nourriture  quelle  ne  peut  tirer  que  de 
la  terre , ou  de  l’air  qui  l’environne  , on 
eff  étonné  que  par  un  procédé  fi  uniforme 
en  apparence,  les  émanations  des  diffé- 
rentes parties  de  la  plante  fe  trouvent  tel- 
lement différentes,  que  les  feuilles  exha- 
lent un  air  des  plus  falubres,  tandis  quen 
même  temps  les  fleurs  en  donnent  un 
mortel.  Le  même  phénomène  fe  trouve 
aufli  dans  les  animaux.  Les  différens  or- 
ganes de  notre  corps  produifent  des  li- 
queurs fort  éloignées  d etre  femblables. 
La  furface  même  ne  donne  pas  dans  tous 
les  points  les  mêmes  émanations  ; la 
fueur  des  aiflelles  &c  de  quelques  autres 
endroits  de  notre  corps , diffère  beau- 
coup de  celle  produite  par  le  relte  de  la 
peau.  Il  n’eff  point  douteux  que  cette  va- 
riété dépende  principalement  de  la  ffruc- 
ture  particulière  des  organes  ou  glandes 
qui  féparent  de  la  maffe  des  humeurs 
ces  différens  liquides  ; mais  il  relie  une 
grande  difficulté  a refoudre  fur  ce  fu- 
fet  : comment  ces  mêmes  feuilles  , qui 
■ * répandoient 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  II.  17 
répandoient  un  air  fl  bienfaifant  dans  la 
clarté  du  jour , en  exhalent  un  tout-à-fait 
empoifonné  dans  la  nuit  8c  à l’ombre.  Pour 
éclaircir  un  peu  ce  myflère,  nous  devons 
réfléchir  que  les  organes  de  tous  les  êtres 
vivans  font  fujets  à produire  des  humeurs 
différentes  , fuivant  qu’ils  font  différem- 
ment affedés  par  des  caufes  capables  d’ex- 
citer en  eux  des  mouvemens  diffemblables. 
La  lumière  du  foleil  efl  feule  capable  de 
produire  dans  les  feuilles  ce  mouvement 
qui  peut  développer  l’air  déphlogiftiqué: 
fltôt  que  la  lumière  ceffe  d’agir  fur  les 
feuilles , leur  opération  ceffe  en  même 
temps , & une  autre  d’une  nature  diffé- 
rente commence. 

Il  fe  peut  que  l’organifation  des  fleurs 
foit  telle , que  la  lumière  du  foleil  n’y  faffe 
aucun  changementcapablede  leur  faire  pro- 
duire des  émanations  différentes,  comme 
celles  des  feuilles.  Une  chofe  femblable  a 
lieu  dans  le  corps  des  animaux  : la  furface  ex- 
terne de  nos  inteflins  exhale  une  humeur 
aqueufe  qui  les  tient  conflamment  affez  hu- 
mides pour  empêcher  qu’ils  ne  fe  collent; 
elle  les  fait  gliffer  librement  les  uns  fur  les 
autres  ; mais , dès  qu’ils  font  dans  un  état 
d’inflammation , il  fuinte  de  leur  furface , au 
lieu  d’une  humeur  aqueufe,  une  mucofité  té- 
nace  qui  les  fait  adhérer  ou  fe  coller,  &em- 

B 


i8  Expériences 

pêche  la  liberté  de  leurs  mouvemens.  Une 
particule  de  certains  poifons , appliquée  à 
une  partie  fur  laquelle  ils  peuvent  agir , 
y excite  un  mouvement  analogue  à fa  na- 
ture , & par  lequel  les  humeurs  bénignes 
que  cette  partie  produifoit  ordinairement, 
acquièrent  la  qualité  venimeufe  de  la  ma- 
tière qui  y avoitcaufé  ce  mouvement  nou- 
veau & contre  nature.  Tant  que  Ton  n’éteint 
pas  l’a&ion  de  ce  poifon  par  des  antidotes, 
ou  qu’on  ne  change  pas  ce  mouvement 
particulier  qu’il  a caufé , la  partie  continue 
long-temps  a produire  la  même  humeur 
venimeufe,  & pourroit  ne  ceffer  jamais. 
Le  venin  vénérien  agit  de  cette  façon: 
celui  de  la  petite- vérole  produit  encore 
lin  phénomène  femblable,  ainli  que  plu- 
lieurs  autres. 

Les  émanations  du  fluide  aérien , qui 
diffèrent  félon  les  diverfes  parties  de  la 
plante , ne  font  pas  les  feules  qu’elle  exhale. 
Il  y en  a une  autre  d’une  importance  très- 
grande  , & d’un  tout  autre  genre  ; c’eff  la 
tranfpiration  proprement  dite  des  plantes. 
L’art  de  la  diffillation , l’organe  de  l’odo- 
rat & celui  du  goût  nous  ont  déjà  mon- 
tré la  grande  variété  des  principes  que 
donnent  les  plantes , & même  les  diffé- 
rentes parties  de  la  même  plante,  & les 
diverfes  vertus  médicinales  qu’on  peut  en 


sur  les  Végétaux,  Secl.  IL  19 
tirer.  Mais , comme  il  paroîtra  dans  les 
articles  fuivans  de  cet  ouvrage  , que  la 
chaleur  du  feu  , & prefque  toute  autre 
caufe , excepté  la  feule  lumière  du  foleil , 
gâtent  l’air  déphlogiftiqué  des  feuilles , il 
fe  pourroit  de  même  que  cet  efprit  rec- 
teur des  plantes,  que  nous  en  tirons  par 
la  diftillation  , fût  tout  autre , û nous  trou- 
vions un  moyen  de  nous  le  procurer  tel 
qu’il  fort  des  plantes , fans  courir  rifque 
de  l’altérer  par  ceux  qu’on  emploie.  Il  faut 
efpérer  que  quelque  homme  induftrieux 
nous  l’enfeignera.  M.  Bonnet  nous  a donné 
des  expériences  très-curieufes  fur  l’abforp- 
tion  & l’évaporation  des  feuilles , & il  a 
trouvé  que  la  furface  inférieure  efl  plus 
propre  à la  tranfpiration  que  la  fupérieure; 
mais  il  n’a  eu  aucun  égard  à la  nature  du 
fluide  qui  s’en  exhale. 

L’exhalaifon  d’üne  humidité  de  la  fur- 
face  des  plantes , efl  encore  une  fonction 
qu’elles  ont  de  commun  avec  les  animaux. 
Ceux-ci,  de  même  que  les  plantes,  tranf- 
pirent  un  fluide  aérien.  Elle  fera  traitée 
féparément  dans  cet  ouvrage. 

La  propagation  de  l’efpèce  dans  les 
plantes  a une  analogie  fingulière  avec  celle 
des  animaux.  Les  grands  botaniftes  moder- 
nes ont  mis  cette  matière  dans  le  plus  beau 
jour.  Il  etoit  néceflaire  que  des  êtres  def- 

Bij 


20  Expériences 
titués  de  mouvement  progreflif  continrent 
les  organes  des  deux  fexes,  affez  voifins 
les  uns  des  autres , pour  que  leurs  jonc- 
tions, ou  l’imprégnation  néceffaire  à la  fé- 
condité, puiffe  s’effeftuer.  C’eft  pour  cette 
raifon  que  les  fleurs , qui  font  le  lit  nup- 
tial des  plantes  , font  pour  la  plupart  her- 
maphrodites , de  façon  cependant  que  le 
fexe  mafculin  ne  fe  trouve  point  confondu 
avec  le  féminin  dans  la  même  partie  de 
la  fleur  (a).  La  qualité  d’hermaphrodite  a 
été  donnée  à très-peu  d’animaux;  quel- 
ques efpèces , telles  que  le  limaçon,  jouii- 
fent  de  ce  privilège. 


(a)  C’eft-à-dire , que  les  organes  mâles  font  très-diftinéïs 
des  femelles , quoique  exiftant  très-près  l’un  de  l’autre  ; 
de  façon  que  chaque  fleur  doit  plutôt  être  regardée  comme 
un  lit  nuptial,  que  comme  un  être  véritablement  herma- 
phrodite , quoiqu’on  ait  appelé  peu  exaélement  hermaphro- 
dites les  fleurs  qui  réunifient  plufleurs  organes  mâles  &. 
femelles. 


<1 


■Sf  # ;B- 
#//j  ! 


f 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  III.  21 


SECTION  III. 

Sur  la  manière  a obtenir  l air  dephlogijhque 
des  feuilles  des  Plantes . 

Comme  l’air  n’eft  pas  apperçu  par  nos 
yeux,  il  auroit  été  difficile  de  nous  con- 
vaincre que  les  plantes  abforbent  de  l’air, 
& en  rendent,  fi  nous  n’avions  pas  trouvé 
le  moyen  de  faifir  la  nature  dans  fon  opé- 
ration, en  enveloppant  fubitement  d’eau 
la  plante,  & la  laiffant , atout  autre  égard, 
dans  l’état  naturel.  De  cette  manière,  on 
voit  clairement  des  bulles  d’air  fortir  de 
toute  la  furface  desTeuilles;  mais  quoique 
nous  puiffions  par-là  nous  convaincre  plei- 
nement de  rémiffion  de  l’air  , nous  ne 
pouvons  pas , par  cette  expérience , dé- 
montrer que  les  plantes  en  abforbent  : nous 
pouvons  cependant  en  conclure  raifonna- 
blement  que  fi  les  plantes  exhalent  une  fi 
grande  quantité  d’air,  il  faut  qu’elles  l’aient 
abforbée  auparavant. 

Pour  obtenir  cet  air  bienfaifant  des 
feuilles,  il  faut  choifir  le  temps  auquel  le 
foleil  éclaire  déjà  l’horizon  allez  pour  avoir 
excité  le  mouvement  vital  dans  les  orga- 
nes par  lefquels  cet  air  fe  prépare.  On  peut 


22  Expériences 

s affurer  que  deux  ou  trois  heures  après 
le  lever  du  foleil,  toutes  les  plantes  lont 
affez  animées  pour  en  obtenir  ce  fluide 
aérien.  On  plonge  un  bocal  de  verre  blanc 
& tranfparent , dans  une  cuve  pleine  d’eau 
de  fource  fraîchement  tirée  , de  façon  que 
l’orifice  du  bocal  foit  en  haut,  & deflous 
la  furface  de  l’eau  : on  met  dans  ce  bocal 
une  branche  de  vigne,  une  plante  quel- 
conque, ou  des  feuilles  vertes  & fraîche- 
ment cueillies;  on  les  fecoue  un  peu  fous 
1 eau  , pour  en  féparer  l’air  amofphérique 
adhérent  ; après  quoi  on  tourne  le  bocal 
fous  l’eau  , & on  fait  repofer  fon  orifice 
fur  une  alfiette , ou  autre  vafe  qiii  puiffe 
tenir  allez  d’eau  pour  pouvoir  tranfporter 
le  bocal  renverfé  , fans  crainte  que  l’air 
commun  y entre.  On  place  le  bocal  dans 
un  endroit  où  il  efl:  bien  éclairé  par  le 
foleil  : les  feuilles  continuant  à vivre,  ne 
ceffent  point  la  fon  dion  dont  elles  étoient 
occupées  avant,  autant  que  l’eau  n’y  met 
pas  d’obllacle.  Elle  empêche  que  la  plante 
ne  puiffe  continuer  d’abforber  l’air  de  l’at- 
molphère,  mais  elle  n’arrête  point  celui 
qui  fort  des  feuilles;  auffi  arrive -t-il 
qu’elles  fe  couvrent  bientôt  de  bulles  d’air, 
dont  le  volume  croît  continuellement.  Ces 
bulles  à la  fin  fe  détachent  des  feuilles , 
5c  fe  raffemblent  au  fond  renverfé  du 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Se  et.  III.  23 
bocal;  de  façon  que,  dans  peu  d heures,  ^ 
s’en  amaffe  une  quantité  confiderable.  Les 
bulles  étant  féparées  des  feuilles,  en  fe- 
couant  un  peu  le  bocal , font  bientôt  fui- 
vies  par  d’autres , jufqu  a ce  que  la  feuille , 
ne  pouvant  plus  pomper  de  nouvel  air  de 
ï’atmofphère,  fe  trouve  épuifée. 

L’air  ainfi  obtenu,  eft  réellement  de- 
phlogiftiqué , d’une  qualité  plus  ou  moins 
parfaite , félon  la  nature  de  la  plante  dont 
on  a pris  les  feuilles , félon  le  plus  ou  moins 
de  clarté  du  jour , &c. 

De  toutes  les  efpèces  d’eau  que  j’ai 
effayées,  celle  de  fource  femble  la  meil- 
leure, quand  elle  eft  fraîchement  tiree  par 
une  pompe  qui  couvre  le  puits;  car  h cette 
même  eau  a été  expofée  quelque  temps 
au  contaéf  de  l’air  ouvert , elle  n’eft  plus 
fi  bonne  pour  la  parfaite  réuffite  de  l’expé- 
rience. Je  donnerai  par  la  fuite  mon  opi- 
nion fur  ce  phénomène. 

Il  n’eft  pas  rare  de  voir  ces  bulles  d’air 
s’élancer  hors  des  feuilles  avec  tant  de 
force , qu’elles  s’en  détachent  d’abord  ; & 
c’eft  un  fpeftacle  affez  amufant  de  les 
voir  fe  fuivre  les  unes  les  autres  , avec 
une  rapidité  étonnante.  J’ai  fait  plufieurs 
fois  cette  remarque  a l’égard  des  feuilles 
du  nymphœci  alba  , le  nénufar  blanc  3 Sc  de 
quelques  autres. 

B iv 


24  Expériences 


SECTION  IV. 

V air  déphlogifliqu ê ne  fort  pas  de  la  même 
manière  de  toutes  fortes  de  feuilles  ; il 
fort  fous  des  formes  différentes  , félon  h 
nature  des  différentes  Plantes. 

U O I Q U E 1 air  déphlogiffiqué , lorfqu’il 
fort  des  feuilles  couvertes  d’eau,  fe  pré- 
fente fur  la  plupart  en  forme  de  bulles 
rondes  , cette  apparence  n’a  cependant 
pas  lieu  dans  toutes  les  plantes  indiffé-^ 
remment. 

C’efl  un  fpeâacle  affez  amufant  que  de 
voir  cette  confiante  uniformité  de  la  figure 
des  bulles  dans  les  feuilles  de  la  même 
plante.  Celles  de  vigne,  de  tilleul,  du  noyer 
&de  beaucoup  d’autres  arbres,  offrent  le 
coup  d’œil  le  plus  charmant , lorfqu’elles 
font  toutes  couvertes  de  ces  bulles;  celles 
de  chêne  n’offrent  pas,  à beaucoup  près. 

Je  même  fpeélacle. 

J’ai  obfervé  avec  beaucoup  d’attention , 
de  patience,  & autant  de  plaifir,  la  grande 
variété  que  fourniffent  à cet  égard  dif- 
férentes efpèces  de  plantes.  J’ai  noté  avec 
foin  ces  variétés , dont  je  vais  rappor- 
ter quelques-unes,  La  plupart  des  feuilles 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sel l IV.  25 
produifent  conftamment  un  grand  nombre 
de  bulles  petites , rondes , & qui  croiffent 
graduellement.  Il  y en  a,  comme  celles  du 
capri-folium  , le  chèvre- feuille , qui  pro- 
duifent , au  lieu  de  bulles  rondes  , des 
efpèces  de  veffies  ou  ampoules  plates  & 
irrégulières.  Quelques-unes , & même  le 
plus  grand  nombre , pouffent  des  bulles 
rondes  de  leurs  deux  furfaces  ; d’autres 
produifent  des  bulles  rondes  feulement 
fur  une  des  furfaces,  tandis  qu’on  ne  voit 
fur  l’autre  que  des  veffies  irrégulières  : 
par  exemple,  les  feuilles  de  chêne  produi- 
fent fur  leur  furface  inférieure  des  veflies 
irrégulières,  & fur  la  fupérieure  des  bulles 
rondes;  tandis  que  quelques  autres , comme 
celles  du  cataputia , efpèce  de  tithymale  ou 
réveille-matin , les  donnent  en  fens  con- 
traire. 

Il  y a des  feuihes  qui  ne  produifent  fur 
l’une  & l’autre  furface  ni  bulles  ni  veffies , 
& qui  donnent  cependant  une  grande 
quantité  d’air  déphlogifliqué  : telles  font 
celles  du  najlurtium  indicum , la  capucine. 
Il  a fallu  mettre  une  attention  particulière 
pour  découvrir  de  quelle  façon  l’air  déphlo- 
giftiqué  fort  de  ces  feuilles  ; voici  le  myf- 
tère.  Elles  ont  la  propriété  de  ne  pas  fouf- 
frir  le  contaft  de  l’eau,  & par  cette  raifon 
elles  en  fortent  sèches , même  après  vingt- 


26  Expériences 

quatre  heures  d’immerfion.  L’eau  forme 
fur  ces  feuilles  une  efpèce  de  nappe  fans 
les  toucher.  L’air  déphlogiftiqué , fortant 
continuellement , glifte  dans  l’intervalle 
entre  l’eau  Scies  feuilles,  vers  leur  partie 
la  plus  élevée,  8c  forme  dans  cet  endroit 
une  efpèce  de  poche,  qui,  devenue  d’un 
certain  volume,  fe  détache  de  la  feuille, 
8c  va  chercher  le  fond  du  bocal  renverfé. 
Ces  feuilles  donnent  une.  quantité  d’air 
déphlogiftiqué  qui  eft  d’une  bonté  émi- 
nente. C’eft  une  loi  aftez  générale  , que  les 
feuilles  qui  fourniflent  la  plus  grande  partie 
d’air  déphlogiftiqué  , en  donnent  de  la 
meilleure  qualité. 

11  y.  a des  feuilles  qui  possèdent  cette 
propriété  de  repouffer  l’eau  feulement  d’un 
côté  : par  exemple , les  feuilles  de  fram- 
bojlîer  ne  font  pas  mouillées  par  l’eau  fur 
leur  furface  inférieure  qui  eft  veloutée. 

Il  y a des  feuilles  d’autres  plantes,  qui, 
quoiqu’elles  ne  fe  mouillent  ni  à l’une  ni 
à l’autre  furface , forment  cependant  des 
vefties  ou  ampoules  fur  une  des  faces  , 
8c  des  bulles  rondes  fur  l’autre  ; telles  font 
celles  du  fraifter,  dont  la  partie  inférieure 
donne  des  ampoules  irrégulières  , 8c  la 
fupérieure  des  bulles , pour  la  plupart , 
rondes. 

Quelques  feuilles  commencent  fort  vite 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  IV.  IJ 
adonner  des  bulles  d’air  le  matin , & ceffent 
fort  tard  d’en  donner  le  foir  : telles  font 
les  feuilles  de  pommes  de  terre;  quelques 
autres  commencent , au  contraire , fort 
tard , & ceffent  de  bonne  heure  le  foir  : 
par  exemple,  les  feuilles  de  laurier-cerife. 

Quelques  feuilles  pouffent  leurs  bulles 
d’air  immédiatement  après  qu’on  les  a 
mifes  fous  l’eau  , telles  font  les  feuilles 
des  pommes  de  terre;  d’autres  les  pouffent 
dans  peu  de  fécondés , telles  fontles  feuilles 
de  la  mauve  ; d’autres  le  font  dans  peu  de 
minutes,  comme  font  les  feuilles  de  noyer; 
d’autres  les  pouffent  beaucoup  plus  tard , 
comme  celles  du  laurier-cerife. 

Quelques-unes  produifent  leurs  bulles 
premièrement  fur  la  furface  inférieure  , 
telles  font  les  feuilles  de  la  plupart  des 
arbres  : dans  quelques-unes , elles  fortent 
premièrement  fur  la  furface  fupérieure  , 
comme  celles  du  laurier-cerife;  d’autres 
en  donnent  fur  les  deux  furfaces  dans  le 
meme  temps,  comme  celles  de  la  mauve. 

Il  y a des  feuilles  fur  lefquelles  les  bulles 
groffiffent  d’une  manière  à peu  près  uni- 
forme entr’elles , telles  que  celles  de  la 
vigne  , du  noyer  , du  tilleul;  il  y en  a 
d’autres  fur  lefquelles  les  bulles  paroiffent 
dès  le  commencement  d’une  grandeur  très- 
irrégulière,  telles  que  celles  de  la  mauve, 
duperfil,  &c. 


-8  Expériences 

Ce  peu  d exemples  fuffit  pour  montrer 
les  différentes  manières  dont  ce  fluide 
aérien  fort  des  feuilles  ; ce  qui  dépend 
vraifemblablement  de  la  variété  d’orga- 
nifation  dans  les  différentes  efpèces  de 
feuilles. 

J ai  obferve  encore  un  plus  grand  nom- 
bre de  ces  variétés,  que  j’ai  cependant  tou- 
jours trouvées  les  mêmes  dans  la  même 
efpece  de  feuilles.  Les  exemples  cités 
fuffiront  pour  montrer  que  chaque  plante 
fuit , à cet  égard , exaftement  fa  propre 
nature , & par  conféquent , que  ces  diffé- 
rences dépendent  de  quelque  mouvement 
vital  qui  a lieu  dans  les  feuilles,  & qui 
diffère  autant  que  la  fltruéhire  de  l’efpèce 
des  feuilles  varie. 


SECTION  V. 

U air  déphlogifliqne  qui  fort  de  la  fur  face 
des  feuilles  dans  Veau , nef  pas  un  air 
que  les  feuilles  aient  pompé  de  cette  eau. 

No  U S favons  que  l’eau,  en  général,  con- 
tient une  quantité  d’air  qu’on  peut  en  ex- 
traire par  la  chaleur  : les  eaux  de  fource 
en  contiennent  fur-tout  une  portion  con- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  V.  29 
iidérable  ; & quelques-unes  même  con- 
tiennent une  li  grande  abondance  d air , 
que  fon  effort  peut  caffer  les  bouteilles 
dans  lefquelles  on  les  renfermeroit  auffi- 
tôt  qu’elles  font  tirées.  Si  les  eaux  contien- 
nent affez  d’air  pour  qu’elles  en  reçoivent 
un  goût  très-décidé  & acidulé , on  les  claffe 
parmi  les  eaux  minérales  ; telles  font  les 
eaux  de  Selter  : lorfqu’ elles  abondent  en  air, 
comme  celles  de  Selter,  de  Pyrmont,  &c. 
c’eft  communément  celui  qu’on  connoît 
fous  le  nom  d’air  fixe  , de  gas  fylveftre 
de  Van-Helmont . Cet  air , qui  efl  un  véri- 
table acide , donne  à ces  eaux  la  propriété 
de  diffoudre  du  fer  : auffi  peut-on  changer 
ces  eaux  minérales  acidulés , foit  natu- 
relles , comme  celles  de  Selter , foit  arti- 
ficielles, telles  qu’on  en  fait  à préfent,  par 
des  moyens  très-fimples  & affez  connus , 
en  eaux  martiales';  il  fuffit  d’y  mettre  quel- 
ques clous  ou  autres  morceaux  de  fer. 

L’eau  la  plus  agréable  à boire,  doit  fon 
goût  principalement  à l’air  qu’elle  con- 
tient;& l’eau  diftillée eft fade,  parce  qu’elle 
a perdu  fon  air. 

L’eau  de  fource  la  meilleure  à boire, 
contient  une  affez  bonne  quantité  d’air , 
dont  j’ai  voulu  examiner  la  nature.  La  plus 
fimple  manière  d’obtenir  cet  air  fans  l’al- 
térer, me  paroît  être  d’expofer  l’eau  au 


3°  Expériences 

ioleil  dans  des  bocaux  de  verre  renverfés, 
Sc  de  ramaffer  les  bulles  qui  s,attachent 
de  tous  côtés  aux  parois  de  ces  bocaux. 
Ayant  ainfi  expofé  aufoleil  quinze  ou  feize 
bocaux , dont  un  bon  nombre  contenoit  juf- 
qu  a huit  pintes  d’eau  fraîchement  tirée 
de  ma  pompe,  & les  ayant  renverfés  fur 
des  plats,  j en  obtins  en  peu  d’heures  une 
affez  grande  quantité  d’air  pour  le  mettre 
à l’épreuve  : je  le  trouvai  d’une  qualité 
beaucoup  inférieure  à celle  de  l’air  atmof- 
phérique. 

Je  remplis  un  bocal  cylindrique  de  cette 
meme  eau  de  pompe;  je  le  renverfai  dans 
un  pot  nettoyé  avec  foin,  & plein  de  la 
meme  eau;  je  mis  cet  appareil  fur  le  feu  , 
jufqu’à  ce  que  toute  l’eau , même  celle  qui 
rempliffoit  le  bocal  cylindrique  renverfé  , 
fut  en  pleine  ébullition.  L’air  dégagé  de 
l’eau  par  ce  moyen,  monta  au  fond  du 
bocal  cylindrique  renverfé.  Le  tout  étant 
refroidi,  j’examinai  cet  air,  & je  le  trouvai 
beaucoup  plus  mauvais  que  celui  qui  étoit 
forti  de  cette  eau  fpontanément  aufoleil» 
de  façon  qu’il  caufoit  des  angoiffes  à l’animal 
qui  le  refpiroit. 

Le  dodeur  Priejlley  a découvert  que, 
lorfqu’on  expofe  au  foleil  un  bocal  de 
verre  blanc,  renverlé  & plein  d’eau,  fur- 
tout  d’eau  de  pompe  ou  de  fource,  il 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  V.  gi 
fe  produit  une  fubftance  verte , ( qu’il  re- 
connoît  à préfent  être  de  nature  végé- 
tale) qui  s’attache  de  tous  côtés  aux  parois 
du  verre  & au  fond  du  vafe  fur  lequel  le 
bocal  eft  pofé  ; que  de  cette  fubftance 
verte  fort  un  nombre  infini  de  bulles  d’air 
qui  fe  ramaflent  au  fond  du  bocal , & fe 
trouvent  être  de  l’air  déphlogifliqué  d’une 
qualité  éminente , dans  lequel  la  flamme 
d’une  bougie  devient  plus  volumineufe  & 
d’un  brillant  éblouiffant.  Comme  cet  air 
eft  produit  dans  cette  eau,  fans  addition 
quelconque,  il  en  conclut  avec  raifon , que 
les  grandes  eaux , telles  que  les  mers , les 
lacs  & les  rivières,  doivent  contribuer  beau- 
coup à purifier  celui  de  notre  atmofphère. 

Je  ne  fais  pas  fi  l’on  peut  prétendre  avec 
fondement,  que  l’air  déphlogifliqué,  ainfi 
obtenu  de  l’eau  après  que  la  fubftance 
végétale  s’y  trouvé,  eft  un  air  inhérent  à 
l’eau.  Quoi  qu’il  en  foit,  le  cas  n’eft  pas 
applicable  à celui  des  feuilles  de  plantes 
plongées  fous  l’eau;  car,  dans  celui  de  la 

Il  fubftance  verte , il  faut  quelques  jours  avant 
que  cette  produéfion  d’air  déphlogiftiqué 
ait  lieu,  ce  qui  indique  que  ce  n’eft  pas 
l’eau , mais  le  végétai  qui  produit  cet  air. 

Quanta  l’air  qu’on  recueille  des  plantes, 
on  le  voitdiftinâement  fortir  de  leurs  pores 
; cd’abord,  quelquefois  même  fous  la  forme 


%2  Expériences 

d’un  jet  continuel;  & la  quantité  qui  fort 
de  cette  façon  de  quelques  plantes  eft  fi 
grande,  que  l’on  ne  faurolt  en  tirer,  à 
beaucoup  près  , autant , pas  même  par  l’é- 
bullition , de  la  maffe  d’eau  dont  la  plante 
eft  enveloppée.  D’ailleurs,  l’air  obtenu  de 
cette  eau  fans  plantes  , eft  très-différent 
de  celui  que  les  plantes  donnent  de  la  ma- 
nière que  je  viens  de  dire.  Il  paroît  donc 
clair  que  l’air  déphlogiftiqué  , obtenu 
ainfi  des  plantes , n’eft  pas  contenu  dans 
l’eau , mais  qu’il  eft  une  continuation  de 
ces  jets  ou  filets  invifibles  d’air  que  les 
plantes  rendoient  pendant  qu’elles  étoient 
expbfées  à l’air  ouvert  ; & qu’en  envelop- 
pant la  plante  d’eau  , on  n’a  fait  qu’em- 
pêcher qu’il  ne  s’incorporât  avec  la  maffe 
de  l’air  atmofphérique , & par  conféquent , 
que  la  produétion  de  cet  air  épuré  eft  due 
à un  mouvement  vital  excité  dans  les 
feuilles  par  l’influence  de  la  lumière  du 
foleil. 

D’ailleurs,  il  y a des  feuilles  qui  don- 
nent beaucoup  d’air  déphlogifliqué  d’une 
qualité  fupérieure , & qui  fuient  le  contaél 
immédiat  de  l’eau  : telles  font  les  feuilles 
de  la  capucine,  najlurtium  indicum , St  de 
plufieurs  autres  plantes. 


SECTION 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  VI.  33 


SECTION  VL 

L’air  déphlogijîiqué  qui  fort  des  feuilles  fous 
F eau  , n’exfie  pas  dans  les  feuilles  tel 
quon  le  trouve  après  qu’il efl  forti  de  leurs 
pores  y mais  cet  air  en  fort  Jous  la  forme 
d’air  déphlogijîiqué , ayant  Juin  dans  la 
fubflance  des  feuilles  une  purification  , ou 
une  efpèce  de  tranfmutation . 

Je  crois  avoir  affez  démontré  que  Pair  dé- 
phlogiftiqué  obtenu  des  feuilles,  de  la  ma- 
nière décrite  dans  la  Seélion  III , fort  des 
feuilles  mêmes  : on  fera  peut-être  tenté  de 
croire  qu’il  doit  exifter  tel  dans  la  fubf- 
tance  des  feuilles , & que  pour  l’obtenir  il 
fuffiroitde  l’extraire  par  la  chaleur  du  feu, 
de  prefler  les  feuilles  fous  l’eau , de  les  y 
fecouer  doucement  en  prenant  garde  d’en- 
dommager leur  organifation  , de  faire 
monter  Pair  ainfi  obtenu  dans  un  vafe  plein 
( d’eau  &renverfé;  mais  on  fe  trouveroit  fort 
trompé  dans  fon  attente. 

Comme  les  rameaux  du  folanum  connu 
fous  le  nom  de  pomme  de  terre,  font  ceux 
qui  donnent  des  bulles  d’air  d’abord  qu’on 
les  plonge  fous  l’eau,  je  les  crus  les  plus 
[propres  à en  fournir  par  de  fimples  fe- 


34  Expériences 

coufles  fous  l’eau  ; je  ramaflai  l’air  qui  en 
fortoit  de  cette  façon , en  tenant  deflus  la 
plante  un  bocal  plein  d’eau  & renverfé. 
L’air  que  j’en  obtins  étant  mis  à l’épreuve 
avec  l’air  nitreux , fe  montra  de  l’air  com- 
mun d’une  qualité  inférieure  à celui  qui 
compofe  notre  atmofphère.  J’obtins  par 
la  même  manoeuvre,  de  l’air  du  Icimium  al- 
bum , 8c  je  lui  trouvai  à peu  près  la  même 
qualité  que  celui  qui  avoit  été  fourni  des 
pommes  de  terre. 

Je  prelfai  fortement  entre  mes  mains 
des  feuilles  de  pommes  de  terre  fous  l’eau, 
en  ramaffant , de  la  même  manière  que  dans 
les  deux  expériences  précédentes,  l’air  que 
j’en  obtins  en  abondance;  il  fe  trouva  pref- 
que  femblable  : c’étoit  de  l’air  commun 
d’une  balïe  qualité. 

L’air  que  j’obtins  de  cette  dernière  fa- 
çon , d’un  rameau  de  fauge , étoit  d’une 
qualité  un  peu  inférieure  aux  précédens. 

Ayant  rempli  un  bocal  cylindrique  de 
feuilles  de  pommier,  8c  l’ayant  rempli  d’eau 
de  pompe , 8c  renverfé  dans  un  pot  bien 
propre,  également  plein  de  cette  même 
eau , je  fs  bouillir  le  tout , 8c  obtins  de 
cette  façon , une  quantité  conf  dérable  d’air 
qui  fe  trouva  tout-à-fait  méphitique,  de 
façon  à ne  pas  être  capable  d’entretenir 
la  flamme. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  KL  35 

Un  autre  bocal  rempli  d’eau  de  pompe 
& d’une  quantité  de  feuilles  du  même  pom- 
mier, fut  placé  alfez  près  du  feu  pour  for- 
cer l’air,  des  feuilles  d’en  fortir , fans  que 
l’eau  s’échauffât  jufqu’au  degré  d’ébullition. 
Une  bonne  quantité  d’air  fut  extraite , 8c 
l’épreuve  montra  qu’il  étoit  à peu  près  auffi 
empoifonné  que  le  premier. 

Il  paroit  donc  que  l’air  forti  des  feuilles 
des  plantes  expofées  à la  clarté  du  jour,  a 
'ailfé  dans  la  plante  fon  phlogiflique,  ou 
]ue  la  plante  l’en  a tiré  pour  fa  nourriture , 
k fe  trouve  dans  un  état  de  pureté  par- 
âite,  dans  lequel  il  eft  devenu  un  fluide 
îuiflble  pour  la  plante,  un  véritable  excré- 
ment pour  elle  . qui  la  rendroit  malade  fl 
die  ne  pouvoit  pas  s’en  débarrafler.  Ce  fyf- 
ême  femble  être  fondé  fur  les  expériences 
le  MM.  P riejiley  8c  Sheeie , qui  ont  trouvé 
pi’une  plante  ne  végète  pas  bien  dans  l’air 
léphlogiftiqué , 8c  fe  confirme  de  plus  par 
autre  découverte  importante  de  M.  Priefi - 
qu’une  plante  végète  admirablement 
i'ien  dans  un  air  putride. 


0,6  Expériences 


SECTION  VIL 

La  production  de  L'air  déphlogijliqué  des  , 
feuilles  , ne  peut  pas  être  attribuée  à la  ; 
chaleur  du  foleil  3 mais  principalement  à 
la  lumière . 

M . BONNET  , qui  mérite  certainement 
de  grands  éloges , pour  avoir  examiné  avec 
tant  d’attention  la  nature  des  feuilles , 8c 
avoir  fait  des  découvertes  qui  ont  répandu 
beaucoup  de  lumière  fur  ce  fujet,  avoit 
déjà  obfervé  que  les  feuilles  mifes  dans 
l’eau  ne  fe  couvrent  pas  de  bulles  d’air 
pendant  la  nuit  : ce  phénomène  le  conduifit 
naturellement  à croire  que  ces  bulles  doi- 
vent leur  formation  à la  chaleur  du  foleil  : 
fon  opinion  étoit  que  l’air  adhérent  à la 
furface  raboteufe  des  feuilles,  fe  raréfioit 
par  la  chaleur,  8c  s’étendoit  en  forme  de 
bulles.  Cette  opinion  une  fois  établie , il 
étoit  naturel  de  conclure  que , produites 
par  la  raréfaftion  , elles  dévoient  difpa- 
roître  de  nouveau,  dès  que  la  fraîcheur  de 
la  nuit  réduiroit  l’air  à fon  premier  volume. 
Si  cet  homme  célèbre  avoit  bien  rencontré 
fur  la  production  de  ces  bulles,  la  confé- 
quence  qu’il  tiroit  étoit  jufte  ; mais  cette 
conféquence  n’étant  aucunement  conforme 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  VIL  37 
à l’expérience , il  en  faut  conclure  que  la 
raifon  qui  lui  fervoit  de  fondement , n’efl 
pas  non  plus  conforme  aux  lois  de  la  na- 
ture. En  effet,  ces  bulles  une  fois  formées, 
me  difparoiffent  point  par  la  fraîcheur  de 
la  nuit;  elles  n’augmentent  pas  non  plus 
en  volume,  parce  que,  durant  la  nuit,  l’o- 
pération des  feuilles  celle. 

Si  les  bulles  d’air  dont  il  eft  queftion , dé- 
voient leur  apparition  à la  chaleur  du  foleil , 
il  s’en  fuivroit  que  les  feuilles  quelle  au- 
rait bien  échauffées,  venant  à être  plongées 
dans  l’eau  froide  fraîchement  tirée  de  la 
rampe,  ne  donneraient  pas  de  bulles  d’air 
ufqu  a ce  que  le  foleil  eût  communiqué 
incertain  degré  de  chaleur  à l’eau;  mais 
æ contraire  arrive;  car,  les  feuilles  prifes 
l’un  arbre  après  quelles  ont  été  échauf- 
fées confidérablement  au  foleil,  & mifes 
:uffitôt  dans  l’eau  froide,  produifent  ces 
miles  jolus  promptement,  8t  donnent  une 
uantite  d air  dephlogiffique  plus  grande  8c 
’une  qualité  meilleure,  que  celui  qu’on  tire 
æs  feuilles  mifes  dans  l’eau  déjà  échauffée 
m foleil. 

Si  c étoit  la  chaleur,  plutôt  que  l'a  lumière 
u foleil , qui  fut  caufe  de  la  produâion 
2 cet  a^r  ? ü n’y  auroit  aucune  raifon  pour 
ae  les  plantes  ne  donnaffent  pas  ce  même 
lï9  lorfquon  les  place  dans  l’ombre  peu- 


38  Expériences 

dant  un  jour  très-chaud , ou  qu’on  \e-s  ap- 
proche du  feu,  de  façon  à en  recevoir  un 
degré  de  chaleur  égal  à celui  qu’elles\ 
auroient  acquis  au  foleil;  mais  l’oppofé  I 
arrive.  Je  plaçai  un  certain  nombre  de; 
feuilles  dans  un  bocal  plein  d’eau , St  ren- 
verfé  ; je  l’expofai  à la  chaleur  du  feu 
de  façon  qu’elles  furent  échauffées  à un; 
degré  à peu  près  égal  à, celui  qu’un  autren 
bocal  de  la  même  grandeur,  8c  contenante 
le  même  nombre  de  feuilles  du  même, 
arbre  , avoit  reçu  du  foleil.  Le  réfultat  de: 
ces  deux  expériences  fut  que  l’air  obtenu: 
des  feuilles  placées  près  du  feu ,-  étoit  mé- 
phitique, tandis  que  celui  que  j’obtins  des* 
feuilles  expofées  au  foleil , étoit  de  l’air  dé- 
phlogiftiqué. 

Je  plaçai  un  nombre  égal  de  feuilles  de 
noyer  dans  deux  bocaux  de  la  même  dimen- 
fion  ; je  mis  l’une  fur  un  mur  à un  beau, 
foleil , 8c  l’autre  fous  des  framboifîers  fort 
touffus , 8c  impénétrables  aux  rayons  du 
foleil.  Ce  dernier  bocal  fut  ainli  lailfé 
pendant  toute  la  journée , 8c  il  avoit  ac- 
quis un  degré  de  chaleur  égal  à celui  de 
l’atmofphère.  ( Le  thermomètre  de  Farhen- 
heit  étoit  alors,  dans  l’ombre  au  milieu  du 
jour,  à 76.  ) Le  bocal  expofé  au  foleil  ne 
fut  pas  laiffé 
pour  avoir 


: allez  long-temps  lur  le  mur 
acquis  un  degré  de  chaleur 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  VIL  39 
égal  à celui  de  l’atmofphère.  Les  feuilles 
placées  à l’ombre  avoient  donné  très-peu 
d’air,  & celui-ci  étoit  moins  bon  que  l’air 
commun;  pendant  que  les  feuilles  expo- 
fées  au  foleil , & qui  avoient  reçu  très-peu 
de  chaleur,  avoient  produit  une  quantité 
confidérable  d’air  déphlogifliqué. 

Les  plantes  ne  donnent  pas  d’air  déphlo- 
gifliqué dans  une  chambre,  quelque  chaud 
qu’il  fade , fi  le  foleil  ne  donne  pas  fur  le 
bocal  qui  contient  les  feuilles. 

Quoique  tout  ceci  me  femble  démon- 
trer que  la  produdion  de  ce  fluide  aérien 
merveilleux  efl  due  à l’influence  de  la  lu- 
mière fur  les  feuilles , il  faut  cependant 
obferver  que  cette  lumière  n’efl  pas  ca- 
pable de  produire  le  même  effet  au  milieu 
de  l’hiver  dans  un  temps  très-froid  ; la 
raifon  en  eft  peut-être  que  les  plantes,  dans 
cette  faifon,  font 'engourdies  : mais  quoi- 
que les  plantes  ne  foient  pas  capables  d’é- 
laborer de  l’air  véritablement  déphîogifli- 
qué  dans  le  froid  de  l’hiver,  elles  ne  doi- 
vent pas  être  cependant  confidérées  comme 
tout-à-fait  inaôives  dans  cette  faifon(je  parle 
des  plantes  toujours  vertes);  car  j’ai  trouvé 
que  les  plantes  ont  la  faculté  de  corriger 
l’air  gâté  par  la  refpiration  & par  la  flamme 
d’une  chandelle,  aux  mois  de  janv.  & fév. 
3780,  étant  alors  dans  le  voifinage  de  Paris* 

Civ 


.4°  Expériences 


SECTION  VIII. 

Réflexions  fur  les  articles  précédens. 

On  pourroit  peut-être  m’obje&er  que 
les  feuilles  des  plantes  étant  enveloppées 
d’eau , ne  fe  trouvent  pas  dans  l’état  na- 
turel , & par  conféquent , qu’il  refle  quel- 
que doute  fi  l’opération  des  feuilles  qui  a 
réellement  lieu  dans  l’eau , fe  fait  de  même 
lorfque  les  plantes  font  dans  leur  état 
naturel. 

Je  ne  puis  confîdérer  les  plantes  ainfi 
plongées  fous  l’eau,  comme  étant  dans  un 
état  fi  étranger  à leur  nature , que  leur 
fon&ion  ordinaire  puiffe  en  être  dérangée. 
L’eau  n’eft  pas  un  fluide  ennemi  des  plantes 
en  général;  il  y en  a même  beaucoup  qui 
végètent  pendant  long -temps,  quoique 
couvertes  entièrement  d’eau  : les  plantes 
aquatiques  y vivent  continuellement,  &.  il 
n’y  a point  de  plantes  qui  ne  puiffent  y 
être  plongées  pendant  quelque  temps  fans 
recevoir  de  dommage.  L’eau  ne  fait  qu’in- 
tercepter la  communication  entre  la  plante 
& l’atmofphère  ; elle  empêche  que  la  plante 
ne  puiffe  pomper  quelque  chofe  de  l’air 
commun  j mais  elle  ne  met  aucun  obflacle 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  VIII.  41 
à ce  que  la  plante  puifife  fe  défaire  de 
celui  qu’elle  contient. 

Si  on  plie  une  plante  ( la  racine  refiant 
toujours  dans  la  terre  ) de  façon  à la  faire 
entrer  dans  un  bocal  plein  d’eau  8c  ren- 
verfé , on  ne  fait  que  furprendre  la  nature 
au  milieu  de  fon  travail , en  coupant  tout 
à-la-fois  la  communication  entre  la  plante 
8t  l’atmofphère , fans  empêcher  que  l’air 
puifie  librement  fortir  de  la  plante.  Si 
on  n’enveloppoit  pas  ainfi  la  plante  d’un 
liquide  qui  n’attaque  pas  fa  confiitu- 
tion , on  ne  pourroit  jamais  favoir  ce  qui  fe 
pafie;  car,  fi  elle  reftoit  dans  l’air  libre, 
comme  celui  qu’elle  donne  efi  invifible,  8c 
s’incorpore  d’abord  avec  la  maffe  de  l’at- 
mofphère,  on  refleroit  toujours  dans  l’igno- 
rance fur  fa  quantité  8c  fur  fa  qualité.  Si  on 
enferme  une  plante  dans  un  bocal , fans  le 
remplir  d’eau , on  ne  peut  que  très-imparfai- 
tement juger  de  l’influence  que  la  plante 
exerce  fur  l’air  du  bocal;  car,  fi  on  veut  cal- 
culer le  degré  de  bonté  que  cet  air  a pu  ac- 
quérir, on  n’efi  pas  sûr  de  la  quantité  de  ce- 
lui qui  fort  de  la  plante , 8c  qui  s’efi  échappé 
du  bocal;  8c,  fi  l’on  empêche  l’air  de  s’e>- 
chapper  du  bocal  en  le  bouchant,  on  empê- 
chera peut-être  que  l’air  déphlogiftiqué 
ne  puiffe  fortir  de  la  plante  ; car  l’air , 
raréfié  par  la  chaleur  du  foleil,  8c  prefie 


42  Expériences 

dans  un  vafe  de  verre , peut  mettre  un 
obftacle  à fa  fortie. 

Il  me  paroît  affez  probable  que  Ci  les 
plantes  mifes  dans  une  fituation  plus  ou 
moins  gênante  , ( lorfqu’on  les  couvre 
d’eau  ) peuvent  cependant  donner  une 
quantité  fi  confidérable  d’air  déphlogifti- 
que,  elles  en  répandent,  dans  leur  état 
ordinaire , une  quantité  beaucoup  plus 
grande  , parce  qu’alors  elles  font  à portée 
de  réparer  continuellement  leur  perte,  en 
abforbant  de  nouvel  air  de  l’atmofphère. 

Il  eft  fâcheux  pour  les  phyliciens , que 
l’air  ne  foit  pas  vifible  ; s’il  l’étoit,  nous 
ferions  peut-être  convaincus  que  les  plantes 
ont  une  efpèce  de  refpiration  comme  les 
animaux  ; que  les  organes  de  cette  fondion 
font  les  feuilles  ; que  ces  organes , ou  ef- 
pèces  de  poumons,  ont  des  pores  abfor- 
bans  , & d’autres  excrétoires,  comme  ceux 
des  animaux  ; que  la  plupart  des  conduits 
abforbans  font  placés  à la  furface  fupérieure 
des  feuilles , & les  excrétoires  principale- 
ment à la  furface  inférieure  , fur-tout  dans 
les  arbres;  que  de  ces  conduits  excrétoires 
s’échappe  cette  pluie  abondante  d’air  dé- 
phlogiftiqué,  qui  contribue  le  plus  à entre- 
tenir l’atmofphère  dans  un  degré  de  pu- 
reté néceffaire  à la  confervation  des  ani- 
maux. 


\ 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sccl.  VIIL  43 
Si  ces  conjeâures  étoient  bien  fondées, 
elles  répandroient  beaucoup  de  lumière 
fur  l’arrangement  des  differentes  paities 
de  ce  globe,  8c  l’harmonie  cjui  exifle  entie 
elles  en  deviendroit  plus  manifeffe.  Si  nous 
pouvions  tracer  les  caufes  finales  du  relfe 
de  ces  opérations,  de  la  nature , qui  nous 
font  encore  inconnues  , nous  verrions 
peut-être  que  nos  murmures  au  fujet  de 
tant  de  défordres  apparens  dans  ce  monde 
font  mal  fondés , 8c  nous  conférerions  les 
maux  partiaux  comme  tendant  au  bien  gé- 
néral d’un  tout  ; nous  regarderions  les 
grands  ouragans  comme  des  ventilateurs 
puiffans  par  lefquels  les  exhalaifons  nui- 
îibles  fe  divifent , font  emportées  loin  de 
nous  , 8c  enfevelies  dans  les  abîmes  des 
mers , tandis  que  l’air  épuré  de  la  mer  nous 
eft  ainfi  communiqué  ; nous  pénétrerions 
davantage  les  déffeins  delaSageffe  fuprême 
qui  gouverne  ce  monde  ; 8c  l’athée  trou- 
veroit  des  raifons  de  s’humilier  devant  cet 
Être  fuprême  dont  il  nie  l’exiflence,  parce 
que  fes  fens  limités  ne  lui  préfentent  dans 
ce  monde  qu’un  chaos  de  défordres  8c  de 
misères. 


44  Expériences 


I 

SECTION  IX. 

Les  Plantes  mortes  & tout-à-fait  sèches 
n ont  que  tres-peu  , ou  point  de  pouvoir 
de  vicier  F air  commun  ; mais  ces  mêmes 
Plantes  , étant  mouillées  , font  en  état  de 
le  corrompre . 

J AVOUE  que  je  ne  m’attendois  guère  à 
trouver  que  les  plantes  mortes  St  sèches 
euffent  fur  1 air  aucun  effet  bon  ou  mauvais  ; 
j’ai  voulu  cependant  les  foumettre.à  l’é- 
preuve , parce  que  beaucoup  de  plantes , 
en  perdant  toute  leur  vie  , ne  perdent 
cependant  pas  toute  leur  odeur;  que  quel- 
ques-unes même  ont  la  qualité  fingulière 
d’en  répandre  une  beaucoup  plus  forte, 
étant  mortes  St  entièrement  sèches,  que 
pendant  leur  vie. 

Je  remplis  un  bocal  de  foin  fec  qui 
avoit  encore  toute  l’odeur  du  foin  nouveau, 
je  le  plaçai  renverfé  au  foleil  pendant 
un  affez  long  temps  ; je  ne  trouvai  cepen- 
dant pas  l’air  du  bocal  altéré.  La  même 
chofe  arriva  avec  de  la  paille. 

Je  mis  une  bonne  quantité  de  feuilles 
de  tilleul  parfaitement  féchées  au  grenier , 
dans  un  bocal,  enfuite  je  le  remplis  d’eau 


# 


/ 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  IX.  45 
de  pompe , & le  plaçai  au  foleil  à côté  d’un 
autre  qui  contenoit  une  égale  quantité 
de  feuilles  fraîches  du  même  tilleul  dans  la 
même  eau.  En  obfervant  avec  patience  ce 
qui  arriva  dans  ces  deux  bocaux,  je  vis  que 
M.  BonnetdMolt  très-bien  remarqué  que  les 
feuilles  sèches  &.  mortes  fe  chargent  de 
bulles  d’air  comme  les  fraîches  ; j’obfervai 
que  ces  feuilles  pouffent  leurs  bulles  beau- 
coup plus  tard  que  les  feuilles  vivantes; 
que  ces  bulles  grandiffent  fort  lentement, 
& ne  parviennent  qu’à  un  petit  volume  rj’en 
obtins  cependant , au  bout  de  quelques 
heures , une  quantité  d’air  affez  confidé- 
rable,  que  je  trouvai  d’une  qualité  très- 
nuifible,  & incapabled’entretenir  la  flamme, 
pendant  que  les  feuilles  vivantes  avoient 
donné  de  l’air  déphlogifliqué;  ce  qui  marque 
que  la  produftion  de  l’air  déphlogifliqué 
dépend  d’un  mouvement  particulier  dans 
les  feuilles  vivantes. 

J’obtins  un  air  également  empoifonnédu 
foin  mis  au  foleil  dans  un  bocal  plein  d’eau. 

Il  paroît  affez  étonnant  que  les  feuilles 
mortes  donnent  des  bulles  d’air.  Je  penfe 
que  celui  qui  forme  ces  bulles  étoit  refté 
dans  leur  fubftance  lorfqu’elles  fe  font  fé- 
chées  , &c  qu’il  eft  force  d’en  fortir  lors- 
que l’eau  y entre , de  la  même  manière  que 
l’eau , en  entrant  dans  une  éponge , oblige 
l’air  d’en  fortir. 


46  Expériences 


SECTION  X. 

Toute  Plante  en  général  possède  le  pouvoir 
de  corriger  l’air  commun  gâté  par  la  res- 
piration , la  flamme  d'une  chandelle , &c. 
& devenu  par-là  incapable  de  fervir  à la 
refpiration  ; mais  elles  n ont  ce  pouvoir 
que  lorf quelles  font  au  foleil  ou  au  grand 
jour ; 

Le  pouvoir  qu’ont  les  plantes  de  corriger 
l’air  gâté,  eft  réellement  très-grand;  il  s’é- 
tend à l’air  gâté  par  la  refpiration  des  ani- 
maux , par  la  flamme  d’une  chandelle,  les 
plantes  elles  - mêmes , 6c  de  toute  autre 
manière  ; elles  ont  même  la  qualité  de 
rendre  beaucoup  moins  nuifibles  des  airs 
abfolument  mortels  6c  qu’on  ne  trouve  pas 
fur  la  furface  de  la  terre , tels  que  font  l’air 
inflammable  des  marais  pris  des  fonds  bour- 
beux, 6c  même  celui  qui  a été  tiré  des  mé- 
taux par  l’acide  vitriolique  6c  l’acide  marin. 

Après  avoir  lu  les  ouvrages  de  M. 
Prieflley , je  m’attendois  à une  iflue  fatis- 
faifante  de  ces  expériences  ; mais  je  n’au- 
rois  jamais  imagine  que  les  plantes  n’exer- 
çaflent  ce  pouvoir  que  dans  certain  temps 
6c  en  certains  lieux  , 6c  que  les  feuilles 
feules  s'occupaient  de  cet  ouvrage. 


i, 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  X . 47 

Il  feroit  difficile  de  déterminer  exacte- 
ment dans  quelles  circonflances  les  végé- 
taux ceffent  de  faire  cet  office;  car  il  femble 
que  dans  certaines  lituations  les  plantes 
corrigent  encore  l’air  mauvais , quoiqu’elles 
n’aient  plus  la  faculté  d’améliorer  î’air  at- 
mofphérique , 8c  de  donner  de  l’air  déphlo- 
gifliqué.  J’ai  vu  fouvent  qu’une  plante  pri- 
vée de  ces  deux  avantages , avoit  corrigé 
l’air  gâté  par  la  refpiration , même  dans  un 
appartement  peu  éclairé.  J’ai  obfervé  conf- 
tamment  que  l’air  inflammable  tiré  du  fer 
par  l’acide  vitriolique,  efl  devenu  capable 
de  produire  une  explolion  , lorfqu’une 
plante  y a été  enfermée  pendant  une  nuit. 
Nous  favons  que  l’air  inflammable  ne  de- 
vient exploflf  que  quand  il  efl  mêlé  avec 
une  certaine  quantité  d’air  refpirable  ; 8c 
cependant , félon  mes  obfervations , les 
plantes  n’en  donnent  pas  pendant  la  nuit. 
Cette  expérience  femble  indiquer  que  la 
plante  n’eft  pas  fans  influence  falutaire 
pendant  la  nuit , lorfqu’elle  fe  trouve  en 
conta<fl  avec  un  air  extrêmement  malfai- 
sant, 8c  qu’elle  abforbe  une  bonne  partie 
du  phlogiflique  dont  l’air  inflammable  efl 
prefque  entièrement  compofé,  8c  dont  la 
plante  efl  allez  avide.  J’ai  vu  avec  admi- 
ration , que  les  femences  de  crelfon  végé- 
toient  auffi  bien  dans  une  bouteille  pleine 


4-8  Expériences 

d’air  inflammable  qu’  à l’air  libre  , au  moins  ; 
jufqu’à  un  certain  point;  car  je  ne  fais  fi, 
arrivées  à une  certaine  grandeur,  elles 
auroient  continué  d’y  végéter. 

Au  milieu  du  jour , à l’air  ouvert  Sc  dans 
un  lieu  bien  éclairé,  les  végétaux  exercent 
le  plus  grand  pouvoir  fur  l’air  gâté  pour 
le  corriger  ; ils  peuvent  en  peu  d’heures 
donner  à un  air  incapable  d’entretenir  la 
flamme,  la  bonté  de  l’air  atmofphérique, 
fur-tout  lorfqu’on  a foin  que  la  racine  de 
la  plante  ne  foit  pas  hors  de  la  terre  ou 
hors  de  l’eau,  ou  que  la  branche  qu’on  a 
employée  à cette  expérience  foit  en  con- 
taâ  avec  lui.  Il  y a cependant  des  plantes 
qui,  même  fans  eau , rendront  à un  tel  air 
fa  bonté  naturelle  : une  feuille  de  vigne , 
enfermée  dans  un  flacon  capable  de  con- 
tenir environ  une  once  d’eau  pleine  d’air 
infe&é  par  la  refpiration , la  rétablit  en  une 
heure  St  demie. 

Cette  aélion  des  plantes  fur  l’air  impur 
n’efl  pas  la  même  dans  toutes.  J’ai  obfervé 
que  les  plantes  aquatiques,  St  celles  qui 
aiment  le  voifinage  des  eaux  St  des  marais , 
ont  cette  propriété  au  plus  haut  degré. 

Ne  feroit-ce  pas  par  un  deflein  parti- 
culier de  la  Providence?  car  par-là  les  exha- 
laifons  nuifibles  des  eaux  flagnantes  Sc  des 
marais  fe  trouvent  plus  avidement  abforbées 

par 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  X.  49 
par  les  plantes  qui  végètent  le  mieux  dans 
ces  endroits,  Lefaule  & la perjicaria  urens , 
la  perficaire  brûlante , m’ont  fourni  une 
preuve  de  cette  Angularité.  Cette  dernière 
plante  aime  fur-tout  les  fonds  bourbeux 
des  eaux  Gagnantes , qui  fouvent  en  font 
remplis;  elle  eft  ainfî  à même  d’abforber 
l’air  inflammable  qui  fort  continuellement 
de  ces  fonds,  & qu’on  peut  aifément  en  ob- 
tenir dans  cet  état  concentré,  en  remuant 
le  fond  avec  un  bâton , tandis  qu’011  tient 
i 1 deflus  l’endroit  remué  une  bouteille  pleine 
h d’eau  renverfée,  & un  entonnoir  fort  évafé 
1 mis  dans  fon  orifice.  C’eft  un  fpe&acle  aflez 
amufant  que  de  voir  la  furface  de  cette  eau 
prendre  feu , en  y jetant  un  papier  allumé, 
pendant  qu’on  remue  le  fond  pour  faire 
monter  cet  air. 

Cette  propriété  des  plantes  fera  dé- 
montrée dans  les  expériences  41 , 51,56, 

57?  58?  59- 


50  Expériences 


SECTION  XL 

Toutes  les  Plantes  donnent  plus  ou  moins 
d'air  déphlogijlicjué pendant  le  jour , à l'air 
ouvert , & Jur-tout  au  foleil, 

J E penfe avoir  afTez  démontré  dans  la  Sec- 
tion III,  que  les  plantes  répandent  une 
quantité  très-confidérable  d’air  déphlogif- 
tiqué  pendant  le  jour.  11  ne  femble  cepen- 
dant pas  moins  vrai  que  la  quantité  & le 
degré  de  bonté  de  cet  air  varie  félon  les 
différentes  efpèces  de  végétaux , ainfî  que 
les  circonftances  plus  ou  moins  favorables 
qui  accompagnent  cette  opération. 

La  loi  de  la  nature  à cet  égard  me  paroît 
être  en  général  que  les  plantes  donnent  la 
plus  grande  quantité  de  cet  air  bienfai- 
fant,  & delà  qualité  plus  éminente,  lorf- 
qu’elles  croiflfent  dans  des  lieux  peu  ou 
point  du  tout  ombragés  par  d’autres  végé- 
taux, des  bâtimens,  &c.  quand  le  jour  eil 
fort  clair , & le  foleil  ardent.  Celles  qui 
m’ont  fourni  l’aiT  déphlogiftiqué  le  plus  pur, 
font  entre  autres  le  naflurtium  indicum. , 
la  perjicaria  urens , le  faule  , les  pins  bc 
fapins , & tous  les  arbres  qui  contiennent 
de  la  térébenthine.  Entre  ces  plantes  ? 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XL  51 

celle  qui  furpafle  toutes  les  autres , efl  le 
najlurtium  indicum . Cent  de  ces  feuilles , 
qui  font  fort  minces  & d’une  grandeur 
moyenne,  ont  donné  en  deux  heures  allez 
d’air  déphlogifliqué  pour  remplir  un  verre 
cylindrique  de  4^  pouces  de  profondeur, 
fur  de  largeur.  J’ai  en  peu  de  temps 
obtenu  pareille  quantité  d’air  des  mêmes 
feuilles  fans  les  avoir  mifes  hors  de  l’eau. 
( Voye{  les  expériences  30 — 35.)  Ce  vo- 
lume , qui  furpalfe  de  beaucoup  celui 
des  feuilles  , peut  donner  une  idée  de  la 
kquantité  confidérable  qu’en  doit  répan- 
dre un  arbre  de  habite  futaie,  dans  les  lieux 
où  il  n’eft  pas  ombragé  par  d’autres. 

Moins  il  y a de  feuilles  dans  le  bocal , 
moins  elles  font  ombre  les  unes  aux  au- 
tres, plus  l’air  déphlogifliqué  qu’on  en  ob- 
tient eft  pur.  Le  temps  où  cette  opéra- 
tion des  plantes  eft  dans  la  plus  grande 
vigueur,  paroît  être  un  peu  après  que  le 
foleil  a paffé  le  méridien. 


52  Expériences 


SECTION  XII. 


On  ne  peut  pas  dire  que  ce  foit  de  la  végé- 
tation que  dépende  la  faculté  quont  les 
Plantes  de  donner  V air  déphlogijliqué , de  | 
corriger  le  mauvais  air  y & P améliorer  ce-  1 
lui  qui  efl  bon. 


Lorsque  je  commençai  les  expériences 
qui  font  le  fujet  de  ce  livre , je  penfois 
que  la  faculté  dont  il  s’agit  ne  pouvoit  dé- 
pendre que  de  la  végétation  des  plantes  ; 
mais  je  reconnus  bientôt  mon  erreur.  Car, 
fi  la  végétation  des  plantes  étoit  la  caufe 
de  leur  influence  lalutaire  fur  l’air  com- 
mun , elles  produiroient  le  même  effet 
dans  tous  les  temps  8c  dans  tous  les  lieux 
où  elles  peuvent  végéter.  Mais  il  s’en  faut 
bien  que  cela  foit  ainfl  : une  plante  peut  vé- 
géter, 8c  même  croître  à une  grandeur 
considérable  dans  robfcurité , où  elle  ne 
donnera  pas  de  l’air  déphlogiftiqué , ni 
n’aura  pas  la  faculté  de  corriger  le  mau- 
vais air;  mais  au  contraire,  elle  répand  , 
dans  celui  qui  l’environne,  un  véritable 

j 

► 

que  j’eus  reconnus  cette  étonnante 
différence  entre  l’effet  des  plantes  qui  re- 


i 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XII.  53 
çoivent  la  lumière  8c  celles  qui  font  dans 
l’obfcurité,  je  ne  trouvai  plus  aucune  diffi- 
culté à concilier  les  effets  variés,  inconftans 
8c  fouvent  contradiéloires , des  expérien- 
ces du  doéfeur  Priejlley  8c  de  M.  Sheele . 
Ces  meilleurs  attendoient  ces  effets  de  la  vé- 
gétation même,  8cc  étoitauffi  mon  opinion 
au  commencement.  M.  Sheele  , en  trou- 
vant qu'un  pied  de  fèves  rendoit  toujours 
l’air  plus  mauvais , en  concluoit  que  la 
végétation  avoit  fur  l’air  le  même  effet  que 
la  refpiration , qu’il  en  étoit  toujours  rendu 
moins  bon.  M.  Priejlley , qui  avoit  bien 
obfervé  que  les  plantes  améliorent  quel- 
quefois l’air  commun  8c  corrigent  le  mau- 
vais air,  croyoit  que,  quand  l’effet  fe  trouve 
[contraire , il  doit  dépendre  de  ce  que  les 
olantes  font  devenues  malades. 

Si  l’on  enferme  une  plante  dans  un 
Docal  de  verre  blanc,  8t  qu’on  l’y  laiffe 
oendant  vingt  - quatre  heures  ou  plus  , 
air  du  bocal  fe  trouvera  ou  amélioré, 
ou  empiré,  félon  qu’on  l’aura  expofé  plus 
ou  moins  à la  lumière  du  jour;  8c  fi  on  y 
enferme  une  plante  pendant  huit  ou  dix 
Durs  , il  fe  produira  une  fubftance  végé- 
ale  verte , dont  il  forti’ra  de  l’air  déphio- 
iftiqué,  quel  que  foit  d’ailleurs  l’effet  de 
ai  plante  ; 8c  cet  air  continuera  de  s’y 

-w— k s • • * 


/ 


54  Expériences 

développer,  même  fi  on  en  retire  la  plante. 
Ce  dernier  phénomène  femble  avoir  pref- 
C[ue  découragé  M.  Prieflleyy  dans  la  pour->- 
fuite  de  ces  expériences , comme  on  peut 
le  voir  en  confultant  fon  dernier  ouvrage 
publié  en  1779,  pag,  337  & 338. 


SECTION  XIII. 

*»\.  • • 

8ir,v; 

Les  Plantes  exhalent  un  air  nuiflble  pendant 
la  nuit , & dans  les  lieux  obfcurs  durant 
le  jour;  elles  corrompent  V air  commun  ,, 
dont  elles  font  entourées  ; mais  ce  mauvais 
effet  efl  plus  que  contre-balancé  par  leur 
influence  falutaire  pendant  le  jour . 

S I on  enferme  une  plante  quelconque 
dans  un  bocal  plein  d’eau , & qu’on  la  laide 
pendant  foofcurité  de  la  nuit  foit  à Tair 
libre  ou  dans  la  mai  fon,  on  trouvera  qu’elle 
a donné  un  peu  d’air,  mais  tout-à-fait  in- 
capable de  fervir  à la  refpiration,  & en 
général  fi  empoifonné  , qu’une  flamme 
s’y  éteint  dans  un  inftant , & qu’un  ani- 
mal y trouveroit  la  mort  dans  peu  de  fé- 
condés. Le  même  réfui tat  a,  lieu  lorfqu’on 
place  ce  bocal  dans  un  lieu  obfcur  pen- 
dant le  jour.  La  quantité  de  cet  air  eft  très- 


SUR  LES  VÉC  ÉTAUX.  Se  cl.  XI  IL  55 
petite  , & ne  fauroit  monter  à la  centième 
partie  de  l’air  déphlogifliqué  que  cette 
même  plante  donne  lorfqu  elle  cfl  expo- 
iée  au  folcil  pendant  une  heure  ou  deux. 

Quoique  les  plantes  n’exhalent  qu  une 
quantité  fi  peu  confidéfable  d air  cor- 
rompu  dans  l’obfcurité  , elles  font  néan- 
moins capables  de  répandre  un  poifon  ter- 
rible  dans  unemafTeconfidérable  d’air  com- 
mun dans  lequel  on  les  enfermeroit , & 
de  le  rendre  abfolumcnt  mortel  à l’animal 
qui  le  refpireroit.  Une  poignée  de  feuilles 
peut  tellement  empoifonner  deux  pintes 
d’air  dans  une  nuit , qu’un  animal  y péri- 
roit  en  moins  d’une  minute. 

Il  y a des  plantes  plus  venimeufes  à cet 
égard  les  unes  que  les  autres.  Je  n’en  ai 
point  trouvé  qui  euffent  une  influence  plus 
nuifible  fur  l’air , que  la  jufquiame,  hyof- 
cyamus , au  milieu -de  l’été  ; car , vers  l’au- 
tomne, lorfque  les  nuits  font  froides,  elle 
a perdu  environ  la  moitié  de  fa  qualité 
malfai  fan  te. 

Mais  fi  les  plantes  ont  une  influence 
fi  terrible  fur  l’air  atmofphérique  , d’où 
vient  que  les  gens  qui  vivent  au  milieu 
des  forêts  ne  s’en  reffentent  pas?  &.  pour- 
quoi ceux  qui  en  ont  beaucoup  dans  leurs 
appartenons,  n’en  éprouvent- ils  pas  le 
i mauvais  effet  ? 


Div 


56  Expériences 

Je  penfe  qu’un  petit  nombre  de  plan- 
tes tenues  dans  un  appartement  affez  fpa- 
cieux  , n’eff  pas  malfaifant , & même  ne 
produit  aucun  effet  fenfible  fur  l’air;  mais 
je  crois  auffi  qu’une  quantité  confidérable 
de  plantes  dans  une  petite  chambre  bien 
renfermée,  pourroit  en  rendre  l’air  nuifi- 
ble..  Ceux  qui  entrent  dans  les  ferres  le 
matin  avant  que  le  foleil  ait  donné  def- 
fus , s apperçoivent  d une -efpèce  d’oppref- 
ffon,  qui  dénoté  que  l’air  n’y  eff  pas  très- 
fain.  Je  me  fouviens  de  m en  etre  apperçu 
plus  d une  fois  , fans  favoir  a quoi  l’attri- 
buer. Je  n ai  pas  pu  éprouver  l’air  des  fer- 
res, n en  ayant  point  eu  de  bonnes  dans  le 
voifinage  de  ma  folitude.  La  différence 
que  M.  P riejlley  a trouvée  entre  l’air  libre 
& celui  des  ferres , eff  très-petite , n’étant 
que  comme  1.29  à 1.27.  Depuis  ce  temps 
j’ai  fait  ces  expériences  en  France;  mais, 
comme  j y etois  en  hiver , je  me  trouve 
néceffité  de  n’en  tirer  des  concluffons  , 
que  lorfque  j’aurai  approfondi  cet  objet 
dans  toutes  les  faifons. 

Les  plus  célèbres  médecins  recomman- 
dent, il  eff  vrai,  de  placer  des  branches 
vertes  d’arbres  ou  arbriffeaux  dans  les 
appartemens  des  malades , & on  n’en  a 
jamais  appréhendé  le  moindre  danger.  Je 
penfe  qu’on  peut  en  tirer  quelque  uti- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XIII.  57 
jité  en  plein  jour  & lorfque  la  chambre 
reçoit  beaucoup  de  lumière  du  foleil  , & 
par  le  rafraîchiffement  que  leur  humidité 
caufe;  mais  j’en  appréhenderois  quelque 
mauvais  effet  , fl  on  plaçoit  une  très- 
grande  quantité  de  ces  branches  vertes 
dans  une  petite  chambre  mal  éclairée , 8c 
fur- tout  pendant  la  nuit. 

Il  eff  vrai  qu’il  y a beaucoup  moins  à 
craindre  de  l’effet  des  plantes , que  de  ce- 
lui des  fleurs  & des  fruits , comme  nous 
verrons  ci-après. 

Pour  ce  qui  regarde  l’émanation  des 
plantes  vertes  & des  arbres  , fur-tout  dans 
les  forêts , nous  n’avons  rien  à en  ap- 
préhender dans  l’état  naturel:  le  mauvais 
air  qu’ils  exhalent  efl:  en  trop  petite  quan- 
tité pour  en  avoir  quelque  crainte  ; l’é- 
vaporation venimeufe  qu’ils  répandent 
dans  l’air  environnant,  fe  délaye  avec  l’air 
ordinaire.  A mefure  qu’elle  fort  ( a ) , l’air 
déphlogiffiqué , que  les  plantes  donnent 
pendant  le  jour,  étant  un  peu  plus  pefant 
cque  l’air  atmosphérique  , reffe  dans  la 
rrégion  dans  laquelle  les  animaux  ref- 
irent. 

On  obferve  en  général , que  les  habi- 

— 1 — ■ — — 

(a)  Dans  la  fécondé  Partie  du  Livre , je  parlerai  de  la 
mature  particulière  de  l’évaporation  no&urne  des  feuilles, 
!v&  de  l’émanation  continuelle  des  fruits  & des  fleurs, 


58  Expériences 

tans  des  forêts  font  robuftes , & fujets  à 
peu  de  maladies. 

Il  eft  vrai  que  les  premiers  Européens 
qui  établirent  des  colonies  dans  les  pays 
chauds  de  l’Amérique  Méridionale  , y 
trouvèrent  le  climat  plus  mal  fain  qu’il 
n eft  a prefent  , que  les  forets  y font  en 
partie  détruites  * mais,  dans  ces  pays  , les 
forêts  étoient  fi  épailfes,  qu’on  ne  pou- 
voir y entrer  fans  fe  frayer  un  chemin. 
Ainfi  l’air  y croupiffoit  ; l’évaporation  de 
l’humidité  de  la  terre  & des  infeéïes  fans 
nombre  ne  pouvoit  fe  diffiper  , & les 
rayons  du  foleil  ne  pouvoient  percer  le 
feuillage  touffu. 

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SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XIV.  59 


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SECTION  XIV. 

La  plupart  des  racines  récemment  tirées  de 
la  terre  , exhalent  un  air  mal  fain  nuit 
& jour  , dans  la  lumière  & à l’ombre  , 

& répandent  un  poijon  dans  l air  envi- 
ronnant. 

C E que  les  feuilles  font  feulement  pen- 
dant la  nuit  6c  dans  1 obfcurite , les  ra- 
cines le  font  toujours.  La  différence  ce- 
pendant entre  di\erfes  racines  à cet  égard, 
eft  beaucoup  plus  grande  qu  entre  dirfe- 
rentes  feuilles;  car  je  n’ai  pas  encore  trouvé 
une  feule  plante  qui  ne  gâtât  1 air  pen- 
dant la  nuit  en  été , lorfquon  en  tenoit 
la  tige  plongée  dans  l’eau,  pour  entrete- 
nir la  végétation..  Mais  j’ai  trouvé  dés  ra- 
cines , telles  que  celles  du  hecabungà , 
qui  ne  font  pas  capables  de  gâter  l’air  pen- 
dant le  jour , jufqu  a le  rendre  incapable 
d’être  reipiré.  Ces  exceptions  font  cepen- 
dant en  petit  nombre.  Je  n’ai  point  été 
étonné  de  l’innocence  de  ces  racines , vu 
que  leur  nature  paroît  différer  très-peu  de 
celle  des  tiges. 

Je  peux  dire  en  général,  que  toute  ra-' 
cine  a plus  ou  moins  de  faculté  de  cor- 


/ 


6o  Expériences 

rompre  1 air  en  tout  temps  & en  tous  lieux. 

y en  a parmi  elles  qui  ont  un  pouvoir 
Surprenant  de  l’infeéter,  telles  que  les  ra- 
cines des  joncs,  quoique  on  en  ait  très- 
foigneufement  enlevé  toute  la  bourbe. 
Les  racines  de  perjicaria  urens  ne  cèdent 
guère  à celles-ci.  Les  carottes  jaunes  gâ- 
tent auflî  beaucoup  l’air  commun,  Sur-tout 
dans  1 obScurité.  Les  racines  d’un  pied  de 
moutarde  , Jïnapis,  enveloppées  d’eau  & 
expoSées  au  Soleil , ont  donné  une  quantité 
d air  que  je  trouvai  plus  mauvais  que  l’air 
commun,  & capable  même  d’éteindre  la 
flamme.  Ces  racines  ont  une  qualité  fl  mal- 
SaiSante , qu’elles  corrompent  l’air  com- 
mun au  milieu  du  Soleil. 

Si  1 on  ëxpoSe  au  Soleil  une  plante  avec 
Ses  racines,  toute  enveloppée  d’eau,  on  ob- 
tient un  air  dephlogifliqué;  ce  qui  prouve 
que  l’effet  nuifible  des  racines  efl  com- 
penSe  amplement  par  l’influence  Salubre 
des  Seuilles. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XV.  6 1 


SECTION  XV. 

! Toutes  les  jleurs  exhalent  en  tout  temps  un 
air  des  plus  mortels , & empoïfonnent 
une  grande  majje  d’air , autant  au  milieu 
du  foleil , que  dans  la.  nuit  & à l ombre. 

Le  do&eur  Prieflley  avoit  obfervé  qu’une 
rofe  renfermée  dans  un  verre , corrompt 
tellement  l’air  qui  l’entoure , qu’il  devient 
incapable  d’être  refpiré;  & il  en  conclut, 

. avec  raifon,  que  l’air  d’une  chambre  peut 
, : être  infeâé  par  de  telles  fleurs. 

J’ai  fournis  à l’expérience  toutes  les 
fleurs  que  je  pouvois  trouver  dans  mon 
voiflnage  , 8t  je  n’en  ai  rencontré  aucune 
! < qui  ne  gâtât  l’air  en  tout  temps , fur- 
tout  lorfque  les  tiges  étoient  mifes  dans 

1 l’eau. 

Les  fleurs  couvertes  d’eau  exhalent 
, un  peu  d’air,  mais  très -lentement,  & en 
i très-petite  quantité  : cet  air  efl  des  plus 
«empoifonnés.  Mais  lorfqu’elles  font  dans 
(de  l’air  commun,  elles  le  gâtent  en  peu 
d’heures , & le  rendent  entièrement  mal- 
faifant.  Leur  influence  pernicieufe  leur  efl; 
fl  inhérente,  que  le  foleil  n’a  aucun  pou- 
rvoir de  l’empêcher.  Un  bouquet  contenant 


i 


62  Expériences 

environ  trente  fleurs  de  capri-folium , chè- 
vre-feuille , dont  tout  le  monde  connoît 
le  parfum  agréable  , gâtoit  tant  une  malle 
de  deux  chopines  d’air  dans  trois  heures 
au  milieu  du  jour,  qu’une  chandelle  n’y 
pouvoir  plus  brûler.  Ces  fleurs,  après  avoir 
empoifonné  une  grande  maffe  d’air,  n’ont 
rien  perdu  de  leur  odeur . dont  elles  ont 
imprégné  l’air  qui  en  étoit  empoifonné; 
de  façon  qu’une  perfonne  qui  céderoit  à 
fon  goût  pour  ces  fleurs , pourroit  fe  met- 
tre aifément  dans  le  danger  le  plus  grand 
de  périr. 

Les  morts  fubites  occaflonnées  par  une 
quantité  inconfidérée  des  fleurs  tenues 
dans  une  petite  chambre  à coucher,  étroi- 
tement fermée,  ne  font  pas  très -rares. 
Comme  ce  poifon,  qui  n’eft  redouté  que 
de  peu  de  monde , fe  cache  fouvent  fous  le 
parfum  le  plus  délicieux,  il  a quelquefois 
fait  périr  des  perfonnes  dont  on  a attri- 
bué la  mort  fubite  à toute  autre  caufe. 
Il  y a eu  cet  été  ( en  1779  ) encore  une 
femme  trouvée  morte  dans  fon  lit , à Lon- 
dres , fans  qu’on  ait  pu  attribuer  cette  fin 
tragique  à une  autre  caufe  qu’à  une  grande 
quantité  des  fleurs  de  lis  qu’elle  avoit 
placées  près  de  fon  lit , dans  une  petite 
chambre.  J’ai  entendu  raconter  nombre 
de  fois  de  tels  accidens  fâcheux.  Le  fa- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XV.  6 3 
vant  Triller  décrit  l’hiftoire  tragique  d’une 
jeune  fille  qui  fut  tuée  par  une  grande 
quantité  de  fleurs  de  violette , qu’elle  avoit 
placées  près  de  fon  lit,  dans  un  petit  ap- 
partement exaâement  fermé.  Il  cite  un 
autre  cas  de  cette  nature,  arrivé  à Lon- 
dres en  1764.  Une  jeune  demoifelle,  cou- 
chée avec  une  fervante  dans  une  petite 
l chambre  où  étoit  une  grande  quantité  de 
fleurs , s’éveilla  au  milieu  de  lanuitdans  une 
grande  angoiffe  , prête  à mourir.  N’ayant 
pas  la  force  de  fortir  de  fon  lit , elle  éveilla 
:a  fervante,  qui  fe  tro^voit  de  même  très- 
malade  , 8t  en  grand  danger  de  mourir. 
Uelle  - ci  eut  cependant  encore  affez  de 
force  pour  fe  lever  &pour  mettre  les  fleurs 
:iors  de  la  chambre,  d’ouvrir  les  fenêtres , 
le  changer  l’air,  & de  fe  fauver  ainfi  avec 
a compagne  du  danger  qui  les  menaçoit 
j :outes  deux.  Martinus  Cromerus  ( lib.  r 
ie  Rebus  Polonorum  ) raconte  l’hiftoire 
j l’un  Laurentius  , evêque  de  Rreflau  , qui 
! ut  fuffoqué  par  des  rofes.  Hieronimus  Hen- 
>.  dngès  ( in  Genealogiâ  Comitum  Salmen- 
ium)  décrit  un  cas  funefle  femblable,  ar- 
ivé  à une  comteffe  de  Salm.  Celui  qui  de<* 
irera  connoître  plus  d’hifloires  tragi- 
| lues  arrivées  par  cette  même  caufe  , peut 
onfulter  les  Opujcula  medica  ac  medico - 
hilologica  Danielis  JVilhelmi  Trllleri } phi- 


S ‘ • * 


64  Expériences 

lofoph.  & medic.  docl . £onJïl. ...  t vol.  ï , 
Pag*  237j  où  fe  trouve  Dijfertatio  me - 
/2ova  ak  Mme  fubitâ  ex  nimio  viola - 
rum  odore  obortâ. 

Je  donnerai,  dans  Je  volume  fuivant, 
des  preuves  decifîves  que  le  principe  des 
fleurs  qui  affeêfe  notre  odorat,  & caufe 
à quelques  femmes  hyftériques  des  fyn- 
copes , eft  tout-à-fait  différent  de  celui 
qui  empoifonne,  6t  que  les  parfums  ne 
font  par  eux-mêmes  aucun  mal. 


SECTION  XVI. 

Tous  les  fruits  en  général  exhalent  un  air 
pernicieux  jour  & nuit  , dans  la  lumière 
& dans  l ombre  , & possèdent  une  faculté 
confdérable  de  communiquer  une  qualité 
des  plus  malfaifantes  à l’air  environnant . 

J’AI  été  fort  étonné,  ôc  même  un  peu 
fâché , de  découvrir  un  poifon  caché  dans 
les  fruits , qui  conftituent  une  fi  grande 
partie  de  nos  alimens  ; d’autant  plus  que 
j’en  ai  trouvé  quelques-uns,  même  des 
plus  délicieux  pour  le  goût  6c  pour  l’o- 
deur, qui  poffèdent  ce  pouvoir  dans  un 
degré  furprenant , comme  les  pêches.  Il 
me  paroît  même  que  la  qualité  malfai- 

fante 


/ 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XVI.  65 
jfante  de  quelques  fruits , furpaffoit  celle 
des  fleurs:  Mais  , ayant  trouvé  que  le  fo- 
leil  n’avoit  que  très-peu  ou  point  de  pou- 
voir d’empêcher  l’influence  nuiflble  des 
fleurs,  j’ai  vu,  avec  quelque  fatisfadion  , 
que  cet  aftre  exerce  affez  de  pouvoir , au 
moins  fur  quelques  fruits , pour  leur  ôter 
prefque  entièrement  la  faculté  de  nuire , 
tandis  qu’il  n’a  pas  ce  pouvoir  fur  d’au- 
tres. J’ai  obfervé  qu’une  pêche  à l’ombre 
peut  corrompre  tellement  une  malfe  d’air 
dix  fois  plus  grande  que  fori  volume  , 
cjqu  elle  en  étoit  devenue  abfolument  mor- 
telle pour  un  animal  qui  l’auroit  refpirée , 
& que  ce  fruit  peut  rendre  une  telle 
quantité  d’air  fl  nuiflble,  même  au  milieu 
.iu  foleil,  que  la  flamme  d’une  bougie  s’y 
éteignoit  d’abord.  Le  foleil  empêche  pref- 
que entièrement  la  malignité  de  quelques 
'fruits  verts,  comme  des  haricots,  & ne 
beut  arrêter  en  rien  celle  des  mûres,  des  mû- 
tes de  ronce  & de  beaucoup  d’autres  fruits. 

En  confidérant  que  les  feuilles  des  plantes 
cont  en  général  vertes , & que  la  matière 
égétale,  que  le  dofteur  Prieflley  a trouvé 
tonner  une  grande  quantité  d’air  déphlo- 
. ifliqué , efl  auffl  de  cette  couleur,  j’avois 
uelque  efpérance  que  les  fruits  verts  don- 
eroient  au  foleil  cet  air  bienfaifant.  Pour 
découvrir  ce  qu’il  en  étoit,  je  mis  dans 

E 


66  Expériences 

un  bocal  plein  d’eau  de  pompe , quelques 
haricots  verts  ; je  le  plaçai  rënverfé  au 
foleil  pendant  quatre  heures;  j’en  voyois;i 
fortir  une  quantité  conlidérable  d’air  par  i 
forme  de  bulles,  de  la  manière  dont  elles  i 
parodient  fur  les  feuilles;  ce  qui  augmen- 
toit  mon  efpérance  : mais , en  examinant 
l’air  que  j’en  avois  obtenu  en  allez  grande 
quantité,  je  fus  trompé  dans  mon  attente.. 
Il  fe  trouva  de  l’air  commun  d’une  qualité 
très-inférieure. 

La  curiofité  m’excita  d’abord  à examiner: 
l’effet  de  ce  fruit  fur  l’air  commun  dans' 
l’obfcurité  ; je  plaçai  deux  douzaines  de 
haricots  verts,  d’une  petite  efpèce,  fous' 
un  bocal  renverle  contenant  deux  pintes 
les  ayant  laiffées  pendant  une  nuit,  j’exa- 
minai l’air,  & je  le  trouvai  li  empoifonné, 
qu’un  jeune  poulet  y mouroit  en  moins 
de  vingt  fécondés.  En  comparant  cet  effet: 
pernicieux  des  fèves  à celui  des  plantes: 
dans  la  nuit,  je  trouvai  que  celui  des  fèves 
furpaffoit  toutes  les  plantes  en  mauvaife. 
qualité.  On  peut  confulter  les  expériences: 
relatives  à ce  fait  intéreffant , fous  les- 
nombres  75-91 , fur-tout  les  expériences- 
88.  80. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XVII.  67 


SECTION  XVII. 

Le  pouvoir  quont  les  Plantes  de  corriger 
le  mauvais  air , furpajje  celui  quelles  ont 
d’ améliorer  le  bon  air. 

•Les  expériences  du  doéieur  Prieflley , 
>ar  lefquelles  il  paraît  démontré  que  les 
Jantes  végètent  beaucoup  mieux  dans  un 
ir  putride  ou  rendu  impur  par  la  refpi- 
ation  , ou  par  la  flamme  d’une  chan- 
celle , me  faifoient  foupçonner  que  la 
acuité  qu’ont  les  plantes  de  corriger  l’air 
icié , fe  trouverait  plus  grande  que  celle 
/améliorer  le  bon  air.  Pour  décider  la 
ueftion,  j’ai  mis  égale  quantité  de  pieds 
tç  menthe  poivrée,  mentha  piperids , dans 
.eux  bocaux  de  la  même  capacité,  après 
.es  avoir  remplis  d’eau  de  pompe.  Je  fis 
nonter  dans  l’un  de  ces  bocaux  une  certaine 
uantité  d’air  commun , dont  la  bonté  étoit 
i lors  telle,  qu’une  mefure  de  cet  air  & une 
5 ’air  nitreux  fe  réduifoient  à 1.06^  (a)  ; dans 
$ autre,  je  fis  monter  la  même  mefure  d’air 


(<*)  Le  le&eur  trouvera  ci- après,  l'explication  de  ces 
ombres,  dans  l’introdu&ion  à la  fécondé  Partie  de  cet 
uvrage. 

Eij 


68  Expériences 

commun  vicié  par  la  refpiration,  de  façon 
qu’une  mefure  de  cet  air  St  une  d’air  ni- 
treux, occupoient  1.34.  Les  deux  vafes 
étoient  expofés  à l’air  libre  & à un  beam 
foleil  à onze  heures  : je  les  examinai  à deux 
heures;  alors  je  trouvai  l’air  commun  telle- 
ment amélioré , qu’une  mefure  de  cet  aii 
St  une  d’air  nitreux  occupoient  100,  ouj 
une  mefure  exadement.  L’air  vicié  étoit 
déjà  tellement  corrigé,  qu’il  approchoit  de. 
la  bonté  de  l’air  atmofphérique , au  mo- 
ment où  fe  faifoit  l’expérience  ; car  une; 
mefure  de  cet  air  St  une  d’air  nitreux 
occupoient  1.081.  Après  avoir  pris  de  ces: 
bocaux  l’air  nécelïaire  à faire  l’examen  qui 
vient  d’être  rapporté , je  les  remis  de  nou- 
veau au  foleil  jufqu  a quatre  heures;  pour 
lors  je  trouvai,  par  une  fécondé  épreuve,, 
les  airs  devenus  encore  meilleurs,  car  une 
mefure  de  l’air  commun  St  une  d’air  ni- 
treux fe  réduifoient  à 0.95  ; St  l’air  qui  avoit 
été  vicié  furpaffoit  en  bonté  l’air  de  l’atmof- 
phère,  car  une  mefure  de  cet  air  & une^ 
d’air  nitreux  occupoient  105. 

Comparons  à préfent  l’effet  de  la  même 
plante  fur  ces  deux  airs  dans  les  mêmes- 
circonftances , St  nous  verrons  que  celle 
qui  étoit  enfermée  avec  l’air  vicié,  lavoir 
conduit  de  1.34  jufqu’à  1.03  , St  que  l’autre 
qui  étoit  enfermée  avec  l’air  commun  non. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XVII.  69 

vicié,  ne  l’avoit  mené  que  depuis  1 .06-  juf- 
quao.95.  Ainfila  même  plante  avoit  cor- 
rigé beaucoup  plus  l’air  gâté  , qu’elle  n’a- 
voit  amélioré  l’air  de  bonne  qualité.  Cette 
expérience  a été  répétée  plufieurs  fois 
avec  le  même  fuccès. 

Comme  l’expérience  démontre  que  les 
plantes  végètent  particulièrement  bien 
1 dans  un  air  putride,  il  efl  probable  qu’elles 
y trouvent  plus  de  phlogiflique  ou  de  prin- 
cipe inflammable,  qui  eft  une  nourriture 
ppropre  à la  plante , que  dans  l’air  commun. 
iCeci  nous  indique  pourquoi  une  plante 
doit  néceflairement  avoir  un  pouvoir  plus 
^rand  de  corriger  un  air  gâté,  que  d’a- 
méliorer un  air  déjà  bon;  car,  trouvant 
olus  de  nourriture  dans  l’air  mauvais,  elle 
:=n  abforbe  plus,  & rend  cet  air  plus  pro- 
pre à la  refpiration , à mefure  qu’elle  en 
dérobe  le  phlogiftique  qui  le  rend  nuifible 
aux  animaux. 

Nous  avons  vu  dans  la  Seérion  XIII,  que 
: :es  plantes  enfermées  pendant  la  nuit  avec 
le  i’air  commun,  corrompent  cet  air,  & 
ce  rendent  très -nuifible  aux  animaux.  Il 
i’y  a pas  de  doute  que  la  même  opération 
les  plantes  n’ait  lieu  dans  leur  état  natu- 
el  ; mais  nous  n’avons  pas  encore  trouvé 
in  moyen  propre  à démontrer  cet  effet; 
car  l’air  commun  paroît  également  bon 

£ u) 


70  Expériences 

pendant  ia  nuit  & pendant  le  jour.  J’ai  fai 
nombre  d’effais  divers  pour  découvrir  J 
l’air  de  l’atmofphère  fe  trouve  réellemen 
altéré  dans  l’obfcurité  , &.  je  n’ai  pu  y re. 
connoître  aucune  différence  fenfible.  Pou 
comprendre  la  raifon  de  ceci,  il  faut  conff 
dérer  que  le  principe  phlogiffique,  ou  lema 
nation  méphitique  que  les  plantes  exhalen 
dans  l’obfcurité,  étant  plus  légère  que  l’ai 
commun,  monte  à mefure  qu’elle  fort  de  h 
plante,  & qu’ainh  la  région  inférieure  dan: 
laquelle  nous  refpirons,  en  eff  débarrafféc 
à mefure  qu’elle  eff  produite  : ainfi,  ce  qu 
arrive  dans  l’expérience  dont  il.  s’agit , ne 
peut  avoir  lieu  dans  l’étatnaturel  des  chofes, 
quoique  la  même  opération  des  plantes 
s’exécute  réellement,  puifque  l’air  enfermé 
dans  un  vafe  ne  peut  s’échapper. 

Il  y a des  plantes  qui  ont  un  pouvoir  h 
grand  de  corrompre  l’air  pendant  la  nuit 
que  je  doute  fort  qu’elles  foient  en  état:; 
de  le  corriger  entièrement  pendant  Je  jour  : 
telle  eff  la  jufquiame.  Mais , quelque  con- 
ffdérable  que  Joit  l’émanation  méphitique 
de  cette  plante,  il  ne  peut  cependant  en 
rien  arriver  de  fâcheux, tant  qu’elle  fe  trouve 
à l’air  libre;  car,  en  tous  cas,  l’air  méphitique 
de  cette  plante  en  fort,  comme  de  toute 
autre  , peu  â peu  , & s’éloigne  à mefure 
qu’il  fort.  Il  fe  peut  auffi  qu’il  y ait  quel- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XVII.  71 

que  autre  agent  encore  inconnu  qui , pen- 
, dant  la  nuit , détruife  ou  corrige  cet  air 
mal-faifant  des  végétaux;  &,  fuppofé  qu’il 
n’exiftât  pas  un  pareil  agent , il  n’en  réful- 
teroit  aucun  mal  pour  les  animaux,  parce 
que  cette  émanation  s’élève  fùccelfivement 
au  deffus  de  la  couche  d’air  où  nous  refpi- 
rons,  & s’y  délaye  allez  pour  ne  plus  pou- 
voir nuire. 

L’expérience  41  femble  indiquer  qu’une 
plante  peut  tellement  vicier  l’air  pendant 
une  feule  nuit,  quelle  peut  à peine  le  cor- 
riger pendant  toute  la  journée  fuivante; 

: mais  il  eff  nécelfaire  de  confidérer  qu’une 
plante  féparée  de  fa  racine , & enfermée 
dans  l’efpace  étroit  d’un  bocal , ne  fauroit 
avoir  la  vigueur  qu’elle  a dans  l’état 
naturel.  On  peut  auffi  confùlter  les  expé- 
riences 51,56,  57,  58,  59,  60. 

r 

W*  tmmm 

SECTION  XVIII. 

Sur  l’effet  des  Plantes  vivantes  termes  dans 
les  apparteinens. 

Quoique  jepenfe  que,  tenir  une  petite 
quantité  de  plantes  vertes  dans  une  cham- 
bre affez  fpacieufe  , foit  une  chofe  allez 
indifférente  pour  lafanté  de  celui  qui  y vit; 

E iv 


I 


J2  Expériences 

je  crois  cependant  qu’il  nous  intéreffe  de 
favoir  l’effet  que  les  plantes  ont  réelle- 
ment fur  l’air  dont  elles  font  environnées,  \ 
pour  pouvoir  éviter  le  danger  d’un  excès 
inconlidéré. 

L’effet  que  les  plantes  ont  fur  l’air  d’un 
appartement  pendant  le  jour , diffère  beau- 
coup de  celui  qu’elles  ont  pendant  la  nuit. 
Si  les  plantes  reçoivent  la  lumière  direde 
du  foleil , elles  tendent  à rendre  l’air  de 
l’appartement  meilleur.  Si  on  les  place  de 
façon  qu’elles  ne  foient  pas  expofées  aux 
rayons  du  foleil,  mais  qu’elles  foient  cepen- 
dant affez  éclairées  par  la  lumière  du  jour, 
elles  n’altèrent  en  aucune  manière  l’air; 
mais  fl  on  les  met  loin  des  fenêtres  dans 
des  appartemens  où  le  foleil  ne  donne  pas, 
ou  dans  toute  place  de  la  maifon  ou  d’une 
chambre  qui  ne  fe  trouve  pas  bien  éclairée, 
elles  y rendent  l’air  manifeffement  vicié; 

& cet  effet  malfaifant  eft  d’autant  plus  con- 
fldérable,  que  l’endroit  où  les  plantes  fe 
trouvent  efl  plus  obfcur.  Toute  plante 
corrompt  plus  ou  moins  l’air  de  la  chambre 
pendant  la  nuit,  fur-tout  au  milieu  de  l’été, 

& lorfque  les  plantes  font  en  fleurs.  J’avoue 
que  quelques  pots  de  fleurs  tenus  dans  une 
chambre , ne  font  ni  bien  ni  mal  ; mais  je  me 
fouviens  d’avoir  trouvé  fouvent  plufieurs 
orangers  placés  dans  des  appartemens  pour 


I 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!  X FI1I:  73 
ornement , & pour  purifier  1 air , a ce  qu  011 
me  difoit.  Je  ne  puis  plus  envifager  cette 
pratique  comme  indifférente , depuis  que 
j’ai  découvert  l’influence  nodurne  des  vé- 
gétaux fur  l’air  environnant , fur-tout  fi 
les  plantes  lont  grandes  & la  chambre,  pe- 
tite. Quoi  qu  il  en  foit , je  ne  les  fouffrirois 
plus , pendant  la  nuit,  dans  l’appartement 
d’un  malade  confie  a mes  foins. 

Voici  une  expérience  qui  me  femble 
décifive  à cet  egard.  Je  plaçai  dans  une 
.chambre , devant  la  fenêtre  au  foleil , une 
plante  mife  fous  un  bocal  renverfé;  je 
plaçai  dans  le  même  temps  un  autre  bocal, 
avec  une  plante  de  la  même  efpece , dans 
un  coin  ombragé  de  la  même  chambre.  En 
(examinant , après  deux  ou  trois  heures, 
1 l’air  de  ces  deux  bocaux,  je  trouvai  celui 
ddu  bocal  expofé  aux  rayons  du  foleil  , 
meilleur  que  l’air  dç  l’atmofphère,  & celui 
de  l’autre  bocal,  moins  bon  que  l’air  com- 
mun. Je  retournai  enfuite  l’expérience,  en 
plaçant  le  bocal  qui  avoit  été  expofé  au 
foleil , dans  l’endroit  ombragé  où  l’autre 
oocal  avoit  été , & en  mettant  au  foleil  le 
oocal  qui  avoit  été  à l’ombre.  L’expérience 
. iin fi  renverfée  donna  un  réfultat  tout  op- 
•: Dofé , c’eft-à-dire  que  l’air  du  premier  bocal , 
jui avoit  été  amélioré,  fe  trouvoit  alors  de- 
venu moins  bon  que  l’air  atmofphérique , 


74  Expériences 

&t  Celui  du  bocal  qui  avoit  été  transféré, 
de  l’ombre  au  foleil , le  montroit  d’une, 
qualité  fupérieure  à celui  de  l’atmofphère. 
J’ai  répété  l’expérience  avec  le  même  fuc- 
cès.  On  peut  confulter  une  expérience  de.  j 
ce  genre  fous  le  n°.  45. 


SECTION  XIX. 

• % 

Les  feuilles  des  Plantes  meurent  plus  tôt  J 
lorfque  les  bulles  d’air  déphlogiftiqué  dont 
elles  fe  chargent  dans  l’eau  , en  font  fé- 
parées . 

Lorsqu’on  fecoue  les  feuilles  cou- 
vertes d’eau  & déjà  chargées  de  bulles  d’air ,, 
celles  - ci  s’en  féparent , & font  bientôt: 
remplacées  par  d’autres  bulles  ; on  peut 
obtenir  par  ce  moyen  une  fuite  de  nou- 
velles bulles.  J’ai  obfervé  qu’en  général 
l’air  déphlogiftiqué  contenu  dans  ces  fé- 
condés bulles  fe  trouve  être  plus  fin  que 
celui  des  premières;  cela  vient,  je  penfe,, 
de  ce  qu'il  eft  difficile  de  féparer  abfolu- 
ment  tout  l’air  atmofphérique  adhérent 
aux  feuilles , fur-tout  à celles  dont  la  fur- 
face  eft  veloutée  ou  raboteufe  , telles  que 
les  feuilles  de  la  fauge. 

Quelques  efpèces  de  feuilles  font  parti- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  XIX.  75 
dulièrement  fécondes  en  bulles  d air,  de 
façon  qu’il  y en  a qui  les  reproduifent  juf- 
qu’à  neuf  ou  dix  fois;  telles  font  les  feuilles 
du  poirier  : celles  de  vigne  font  auffi  en 
état  de  donner  fucceffivement  un  grand 
nombre  de  nouvelles  bulles. 

En  faifant  ces  expériences , j’obfervois 
que  les  feuilles  dont  j’avois  féparé  les 
bulles  d’air  par  une  légère  fecouffe , étoient 
fanées  beaucoup  plus  tôt  que  celles  que 
j’avois  laifTées  tranquilles.  Une  feuille  de 
vigne,  mife  dans  un  verre  plein  d eau  de 
pompe  , & laiffée  tranquillement  à l’air 
libre  pendant  plulieurs  jours  , donnoit 
des  bulles  qui  parvenoient  à une  grandeur 
très-confidérable,  8c  qui  redoient  pour  la 
pl  upart  collées  à la  feuille  pendant  huit  jours 
entiers.  Cette  feuille  confervoit  fa  fraîcheur 
pendant  tout  ce  temps;  pendant qu  une  au- 
tre feuille  de  la  même  efpèce  & grandeur, 
mife  auffi  dans  l’eau,  8c  placée  près  de 
l’autre,  étoit fanée  en  moins  de  deux  jours , 
les  bulles  d’air  en  étant  feparées  plufieurs 
fois  par  une  légère  fecouffe  donnée  au  verre. 
Cette  fécondé  feuille  avoit  perdu  l’épi- 
derme , ou  cette  efpèce  de  membrane  matte 
ou  moins  liffe , 8c  non  vernie , qui  couvre 
la  furface  inférieure  ; au  moins  cette  mem- 
brane étoit  devenue  tranfparente , h elle 
n’étoit  pas  réellement  détruite.  Cette  tranf- 


76  Expériences 

parence  s obfervoit  principalement  fur  les 
endroits  memes  ou  les  buiies  d’air  avoient 
été  attachées.  Cette  expérience  a été  répé- 
tée plufieurs  fois  avec  le  même  réfultat. 

Ne  pourroit-on  pas  conclure  de  cette 
obfervation , que  les  feuilles,  ne  pouvant 
plus  abforber  de  l’air  pour  remplacer  celui 
qui  en  iort  fous  la  forme  de  bulles,  meu- 
rent par  une  efpèce  d’épuifement  ou  ma- 
rafme  ; & que  leur  organifation  reffemble 
en.  quelque  façon  à celle  des  animaux, 
qui  perdent  leur  vie  par  les  excrétions 
continuelles,  lorfqu’ils  ne  font  pas  en  état 
de  réparer  ces  pertes  par  de  nouvelle 
nourriture  ? 

Il  femble  que  les  végétaux  tirent  de  la 
terre  la  plupart  de  leurs  humeurs  aqueufes 
pompees  par  les  filamens  nombreux  des 
racines  , Sc  qu’ils  prennent  de  l’atmof- 
phere  le  phlogiftique  qui  fait  la  principale 
partie  de  leur  nourriture;  ils  en  abforbent 
l’air  tel  qu’il  efl , c’efl-à-dire , imprégné 
du  principe  inflammable.  Cet  air  eft  digéré 
ou  élaboré  par  les  organes  de  la  plante  , * 
de  façon  que  le  phlogiflique  y refte  comme 
une  de  fes  principales  nourritures , & que 
le  fuperflu  privé  du  phlogihique , & devenu 
un  excrément  pour  la  plante,  eft  expulfé 
par  les  conduits  excrétoires , & rendu  à la 
maife  de  l’atmofphère  : il  entretient  ainli 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec?.  XIX.  77“ 
fatmorphère  dans  le  degré  de  falubrité  né- 
ceffaire  pour  les  animaux  ; ceux-ci , à leur 
tour,  en  refpirant  cet  air  purifié,  en  tirent 
ce  qui.  eli  néceflaire  pour  la  continuation 
de  leur  vie , & rendent  le  relie  comme  fo- 
perflu  & nuifible  à leur  confiitution , mais 
devenu  de  nouveau  falu taire  aux  végétaux. 
Cette  théorie  femble  être  fondée  for  les 
lois  de  la  nature,  & répand  de  nouvelles 
lumières  for  l’écon  mie  des  végétaux , & 
for  la  relation  entre  eux  & le  règne  ani- 
mal ; elle  nous  indique  pourquoi  les  plantes 
végètent  fpécialement  bien  dans  un  air  pu- 
tride , où  nous  trouverions  bientôt  la 
mort , & pourquoi  elles  languiffent  dans 
l’air  déphlogifiiqué , dans  lequel  un  animal 
devient  plus  vigoureux,  8t  prolonge  fa  vie 
beaucoup  plus  long -temps  que  dans  le 
meilleur  air  atmofphérique. 

Les  végétaux  étant  des  êtres  doués  de 
vie , mais  incapables  de  mouvement  pro- 
greffif,  & deliinés  à relier  continuellement 
dans  le  même  endroit  où  ils  ont  pris  naif- 
fance,  ne  peuvent  pour  cette  raifon  aller 
à la  recherche  de  leur  nourriture  ; ils  doi- 
vent trouver  dans  le  petit  efpace  qu’ils 
occupent , tout  ce  dont  ils  ont  befoin  pour 
leur  fob  fi  fiance  & pour  remplir  la  fonélion 
que  la  Providence  leur  a départie;  ils  ont 
befoin  de  répandre  dans  la  terre  un  nombre 


78  Expériences 

infini  de  filamens,  comme  autant  de 


pour  abforber  l’humidité  qui  fe  preiente 
a leurs  orifices  ; & cette  humidité  femble 
fuffirepourla  confervation  de  la  plupart  des 
arbres  en  temps  d’hiver.  Mais  les  plantes 
étant  defiinées  à remplir  en  été  des  vues 
plus  étendues , & qui  ne  font  pas  limitées 
à leur  propre  individu  , elles  ont  befoin 
de  nouveaux  organes  pour  les  accomplir; 
elles  répandent  dans  l’air  qui  les  environne 
ces  éventails  fans  nombre,  je  veux  dire  les 
feuilles,  en  les  difpofant  de  la  manière  la 
plus  propre  à ne  pas  s’incommoder  les  unes 
les  autres  , & en  les  arrangeant  le  plus 
avantageufement  pour  recevoir  l’influence 
de  cet  aflre  bienfaifant , dont  la  lumière 
excite  dans  leurs  organes  une  adion  mer- 
veilleufe,  par  laquelle  ils  abforbent  de  l’at- 
mofphère  une  grande  quantité  d’air;  elles 
en  répandent  ce  qui  efl  le  plus  pur  dans 
la  malle  dont  ils  l’ont  pompé,  en  confer- 
vant  pour  elles-mêmes  ce  qui  efl:  un  ali- 
ment convenable  à leur  nature,  & nuifible 
à la  nôtre. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl . XX. 


79 


SECTION  XX. 

Sur  le  'pouvoir  quont  les  Végétaux  d'ab- 
forber  différentes  efpèces  d’air. 

Si  on  enferme  une  plante  dans  un  bocal 
avec  une  quantité  donnée  d’air  commun, 
& qu’on  la  place  dans  un  endroit  obfcur , 
on  trouvera,  en  général,  quelle  aura  ab- 
forbé  une  quantité  de  cet  air.  Cette  quan- 
tité diffère  beaucoup , félon  la  nature  par- 
ticulière de  la  plante,  & félon  les  diffé- 
rentes circonftances  qui  peuvent  avoir  lieu 
dans  cette  expérience.  Lorfque  j’ai  publié 
l’édition  angloife  de  cet  ouvrage,  je  n’ai  pas 
eu  le  temps  de  chercher  dans  mes  notes 
•toutes  les  particularités  que  j’ai  obfervées 
.à  ce  fujet.  Je  fuis  fâché  que  les  circonf- 
tances où  je  me  trouve,  ne  me  laiffent  pas 
plus  de  loifir  pour  fatisfaire  mon  delir  de 
rendre /cet  article  plus  fatisfaifant,  en  com- 
binant les  réfultats  de  toutes  les  expé- 
riences que  j’ai  faites , afin  de  faire  mieux 
cconnoître  cette  faculté  particulière  des 
I plantes.  Je  peux  dire,  en  général,  de  mé- 
' moire , que  quelques-unes  des  plantes  aqua- 
1 tiques  étoient  particulièrement  avides  d’ab- 
j forber  une  allez  grande  quantité  d’air  com- 
i mun,  St  fur-tout  d air  vicié  par  larelpiration. 


I 


8o  Expériences 
Je  me  fouviens  qu’une  de  ces  plantes 
avoit  abforbé  une  grande  quantité  d’air  dé- 
phlogiftiqué , de  façon  que  je  le  trouvai 
diminué  de  la  moitié  ; j’efpère  pouvoir  i 
donner  un  rapport  plus  fatisfaifant  de  cette 
faculté  des  plantes , dans  le  fécond  volume 
de  cet  ouvrage. 

Quoiqu’il  m’ait  toujours  paru  que  les 
végétaux  abforbent  un  plus  grand  volume 
d’air  pendant  la  nuit  que  pendant  le  jour, 
je  n’ai  cependant  pas  ofé  en  conclure  que 
les  plantes,  dans  leur  état  naturel,  abfor- 
bent pendant  la  nuit  la  plus  grande  partie 
de  l’air  qu’elles  rendent  pendant  le  jour  ; 
car  il  me  femble  très-probable  qu’elles  ne 
peuvent  réparer  la  perte  qu’elles  fouffrent 
en  rendant  tant  d’air  déphlogilliqué  pen- 
dant le  jour,  qu’en  abforbant,  dans  le  même 
temps , une  égale  quantité  d’air  commun 
de  la  malle  de  l’atmofphère.  J’ai  obfervé 
qu’elles  abforbent  réellement  une  quantité 
de  l’air  dont  elles  font  entourées  pendant 
le  jour;  mais  il  feroit  difficile  d’en  déter- 
miner la  quantité. Pendantle  jour, les  plantes 
donnent  beaucoup  plus  d’air  déphlogilli- 
qué , qu’il  ne  fort  d’air  méphitique  durant 
la  nuit. 


SECTION 


/ 


SUR  LES  VÉGÉTAUX*  Sect.  XXL  8l 


SECTION  XXL 

Comment  on  peut  juger  jî  les  Plantes  font 
déjà  difpofées  à donner  de  U air  déphlo~ 
gijïiqué. 

tC  OMME  l’opération  par  laquelle  les 
, Jantes  donnent  leur  air  déphlogiftiqué , 
dépend  de  la  lumière  plutôt  que  de  la 
haleur  du  foleil , on  peut  s’attendre  avec 
aifon  à ce  que  les  plantes  s’éveillent  plus 
ôt  le  matin,  lorfque  le  foleil  n’elï  pas 
aché  par  des  nuages,  que  dans  un  temps 
bfcur  & nébuleux.  J’ai  trouvé  cette  con- 
jure confirmée  par  l’expérience.  La  dif- 
ôrence  efi:  fi  grande  , que  les  plantes  com- 
nencent  leur  opération  une  heure  ou 
eux  plus  tôt  dans  une  matinée  fereine  & 
laire  , que  lorfqu’il  fait  un  temps  cou- 
ert  & oblcur.  J’ai  frouvé  que  toutes  les 
liantes  du  même  jardin  ne  fortent  pas  au 
berne  temps  de  leur  engourdifiement  noc- 
turne. Celles  dont  l’expofition  étoit  telle, 
n’elles  recevoient  de  bonne  heure  les 
tyons  du  foleil , devançoient  les  autres 
ui  étoient  cachées  derrière  une  maifon  , 
ne  muraille , &c.  Je  trouvois  même  une 
l ifférence  fenfible  entre  les  feuilles  du 

F 


1 


82  Expériences 

même  arbre  ; celles  qui  avoient  reçu  l’in- 
fluence dire&e  du  foleil  fe  trouvant  prê- 
tes à commencer  leur  fonéfion  diurne, 
tandis  que  toutes  celles  qui  étoient  düi 
côté  oppofé  au  foleil  étoient  encore  en-i 
gourdies. 

Pour  favoir  avec  certitude  fi  une  plante; 
dont  on  voudroit  le  matin  tirer  de  Pair 
déphlogiftiqué  , eft  déjà  difpofée  à en  don- 
ner, on  n’a  qu’à  en  plonger  une  feuille 
dans  l’eau  fraîchement  tirée  de  la  pompe. 
Si  elle  pouffe  des  bulles  d’air  auffitôt  qu’elle 
a coutume  d’en  donner  en  plein  jour  ,, 
vous  pouvez  vous  affurer  que  la  plante  eft 
déjà  entièrement  éveillée , & prête  à don- 
ner l’air  defiré. 

Il  y a un  autre  moyen  fort  fimple  de; 
favoir  exa&emement  le  temps  auquel  les* 
plantes  font  en  état  de  donner  de  Pair 
c’eft  de  placer  dans  l’endroit  où  font  les; 
plantes  dont  on  veut  faire  ufage , un  bo- 
cal renverfé  plein  d’eau , dans  lequel  il 
y ait  de  la  moufle  ou  matière  végétale 
verte,  que  M.  Prieflley  a trouvée  donner 
de  Pair  déphlogiftiqué.  Lorfqu’on  voit 
des  bulles  d’air  monter  de  cette  moufle, 
on  eft  sûr  que  toutes  les  plantes  expofées 
à la  même  lumière  que  ce  bocal , ont  déjà 
commencé  leur  fon&ion  diurne.  On  peut 
juger  de  la  quantité  d’air  déphlogiftiqué 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XXL  85 
qu’on  obtiendra  de  ces  plantes , par  l’abon- 
aance  des  bulles  qui  fortent  de  la  moulîe. 

Mais  ces  indices  de  l’opération  diurne 
les  plantes  déjà  commencée,  ne  peuvent 
itre  d’ufage  que  le  matin , puifqu’au  mi- 
ieu  du  jour  toute  plante  efl  prête  à don- 
îer  de  l’air  déphlogiftiqué.  Il  m’a  paru  af- 
ez  fingulier  que,  quoique  la  lumière  du 
oleil  Toit  à peu  près  de  la  même  force 
une  heure  ou  deux  après  fon  lever,  & au 
îilieu  du  jour,  fon  aélion  cependant  efl 
ifiniment plus  manifefte  au  milieu  du  jour; 
e façon  qu’une  plante  tenue  dans  l’obf- 
urité  jufqu’au  moment  qu’on  va  l’expofer 
u foleil,  efl  revivifiée  ou  donne  des  bulles 
’air  à peu  près  auffi  promptement  que  cel- 
is  qui  ont  toujours  été  à l’air  libre.  Les 
quilles  mêmes  St  les  branches  féparées  des 
liantes , St  tenues  en  vie  en  laiffant  les 
jges  dans  l’eau , ne  font  pas  plus  tardives 
ue  les  plantes  fraîchement  cueillies.  On 
.igeroit  aifément  par  ce  phénomène  , que 
. chaleur,  qui  augmente  à mefure  que  le 
)Weil  monte  fur  l’horizon , en  eft  la  caufe; 
uais  on  fera  bientôt  convaincu  que  la  cha- 
; ur  y a très-peu  ou  point  de  part , en  con- 
férant que,  dans  le  foleil  le  plus  ardent, 
s feuilles  donnent  de  l’air  déphlogifliqué 
autant  plus  promptement,  que  l’eau  dans 
quelle  on  les  plonge  efl  plus  fraîche. 


$4  Expériences 


SECTION  XXII. 

Pourquoi  quelques  eaux , telles  que  l’ea 
diflillée  , l’eau  bouillie , &c.  non-feulemet 
ne  favorifent  pas  la  production  de  lyai\ 
déphlogijliqué , mais  même  empêche  ceti 
production  ? 

Comme  je  penfe  avoir  démontré  aile 
clairement  que  l’air  déphlogiftiqué  fortan 
des  feuilles  eft  élaboré  dans  leurs  organe 
par  un  aétion  vitale , excitée  &:  entretenu 
par  la  lumière  du  jour,  il  paroît  que  tou 
ce  qu’il  y a à faire  pour  l’obtenir,  elf  d’em 
pêcher  qu’il  ne  fe  difperfe  dans  l’air  com 
mun.  De  toutes  les  fubftances  qui  peuven 
empêcher  cette  diffipation  , l’eau  paroi 
la  plus  convenable  ; car  elle  ninterceptc 
pas  la  lumière  , ôc  elle  eft  amie  des  végé 
taux  ; quelques-uns  même  végètent  pa 
préférence  dans  ce  liquide.  Les  qualité: 
que  l’eau  doit  avoir  pour  cette  fin , foni 
d’être  très-claire  , tranfparente , & afle2 
imprégnée  d’air  pour  ne  pas  abforbej 
avidement  l’air  des  plantes  , & de  n’er, 
avoir  cependant  pas  trop  : car , fi  l’eau 
possède  très  - peu  ou  point  d’air  , elle, 
fera  fort  difpofée  à abforber  celui  qui  fort 
des  plantes;  & fi  elle  eft  elle-même  fur- 


SURgLpS  VÉGÉTAUX.  Sec!.  XXII.  85 
:hargée  Air , elle  mêlera  fon  air  avec 
:elui  des  plantes , & le  corrompra;  ou  pein- 
tre l’air  furabondant  de  cette  eau  s’inli- 
luera  dans  les  feuilles , <k  troublera  leur 
ravail  , d’autant  plus  que  la  plupart  des 
aux  qui  fe  trouvent  imprégnées  d’une 
rande  abondance  d’air , le  possèdent  fous 
i forme  que  l’on  nomme  air  fixe  ( telles 
unt  les  eaux  de  Seltzer  ) dont  la  nature 
iffère  entièrement  de  celle  de  l’air  dé- 
hlogiftiqué.  D’ailleurs  l’eau , furchargée 
un  air  quelconque , laiffe  aifément  échap- 
er  cet  air,  qui, s’attache  en  forme  de  bul- 
:s  fur  toutes  les  fublfances  qu’on  plonge 
edans,  &,  par  conféquent,  fe  placera  de 
ijême  fur  les  feuilles , & dérangera  ainfî 
>ute  l’opération. 

Nous  favons  que  l’eau  de  fource , fraî- 
T.iement  tirée , possède  une  affez  grande 
1 rantité  d’air,  auquel  elle  efl  redevable  de 
in  goût  agréable  ; nous  favons  de  même 
' ae  l’eau  bouillie  & l’eau  diflillée  font  pref- 
■aie  entièrement  deflituées  d’air  : c’eft  ce 
ifaut  d’air  qui  les  rend  infipides  & moins 
'réables  que  l’eau  de  fource.  J1  me  pa- 
r j ît  probable  que  l’eau  bouillie  & diflillée 
rangent  l’opération  des  plantes,  princi- 
ilement  en  abforbant  avidement  l’air  qui 
rt  des  feuilles  ; & cette  abforption  peut 
: même  temps  troubler  l’élaboration  par- 


86  Expérienc  Éty 

faite  de  l’air  qui  efl  obtenu  des  plante 
couvertes  de  ces  eaux  ; car  nous  avon: 
déjà  obfervé  que  cette  opération  fe  dé- 
range par  la  moindre  caufe. 

Cette  conjefture  paroîtra  peut-être  plu: 
probable  , par  l’expérience  fuivante  : J< 
plaçai  quelques  feuilles  de  vigne  dans  ur 
bocal  plein  d’eau  de  pompe , que  j’avoi; 
imprégnée  d’air  fixe.  Elles  furent  d’aborc 


entièrement  couvertes  de  bulles  d’air,  pro 
duites  , à ce  que  je  penfe , par  l’air  dont 
l’eau  étoit  furchargée , & qui  s’attachoit 
à la  furface  des  feuilles , comme  il  s’atta- 
cheroit  à toute  autre  furface  qu’on  plonge-; 
roit  dans  une  telle  eau.  Il  paroît  cepen- 
dant très-probable  que  cette  apparition 
fubite  des  bulles  furies  feuilles,  n’efl  pas 
entièrement  mécanique,  mais  que  le  mou- 
vement vital  des  feuilles  y a quelque  part; 
car,  quoique  ces  bulles  paroiffent  de  même, 
fur  une  pierre  ou  quelque  autre  corps 
qu’on  plonge  dans  une  telle  eau,  elles  ne 
s’y  font  pas  voir  cependant  fi  rapidement: 
que  fur  les  feuilles.  Dailleurs,  fi  la  pro- 
duction de  ces  bulles  étoit  purement  mé- 
canique , les  deux  furfaces  des  feuilles> 
devroientfe  charger  dans  le  même  temps 
de  ces  bulles,  comme  elles  paroilfent  en 
même  temps  fur  les  deux  furfaces  d’une 
pièce  demonnoie,  ou  quelque  autre  corps; 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl  XXII.  87 
mais,  au  contraire,  elles  fe  montrent  pre- 
mièrement à cette  furface  des  feuilles  fur 
laquelle  l’air  déphlogiftiqué  paraît  le  pre- 
mier dans  l’eau  de  pompe , qui  n eft  pas  im- 
prégnée d’air  fixe.  Je  penie  donc  que  1 air 
fixe  , dans  le  cas  dont  il  s agit , pénétré 
d’abord  la  fubftance  des  feuilles,  comme  il 
pénétreroit  tout  autre  corps  qui  pourrait 
le  recevoir  ; qu’il  fe  mêle  avec  l’air  exis- 
tant déjà  dans  les  feuilles,  & qu’il  en  fort 
cconfufément  avec  lui.  De  cette  maniera, 
IFair  de  la  feuille  n’a  pas  fubi  toute  l’opé- 
rration  néceffaire  dans  fes  organes , St , par 
conféquent , ne  peut  etre  de  1 air  dephlo- 
^gifiiqué.  Aufii  arrive-t-il  que  l’air  ainfi  ob- 
tenu eft  très-éloigné  d’être  déphlogiftiqué* 
III  n’y  a rien  d’étonnant  dans  tout  ceci  , 
après  que  nous  avons  déjà  remarque  com- 
bien peu  il  faut  pour  déranger  le  travail 
des  plantes.  Si  un  'peu  plus  ou  moins  de 
lumière,  l’ombre  d’une  muraille  ou  d’une 
autre  plante , peut  tellement  changer  l’opé- 
rration  des  feuilles , qu’au  lieu  d’air  déphlo- 
cgifiiqué  elles  produifent  un  air  empoi- 
lfonné , on  ne  doit  plus  s’étonner  fi  quelque 
(différence  dans  l’eau  dont  on  fe  fert  dans 
cces  expériences,  peut  produire  des  diver- 
sités auffi  effentielles. 

Mais  ce  ne  font  pas  les  plantes  feules 
(qui  font  fujettes  à ces  variations;  des  phé- 

F iv 


88  Expériences 

nomenes  non  moins  Singuliers  , arriven 
continuellement  dans  l’économie  de  no 
tie  propre  corps.  Comme  les  plantes  pro- 
duifent  & évaporent  des  émanations  en-| 
tièrement  différentes  de  leurs  racines , deJ 
leur  écorce  , de  leurs  fleurs , fruits  & feuil- 
les ; ainli  les  differens  organes  de  notre, 
coips  fequeffrent  de  la  maffe  générale  du 
fang , des  humeurs  très-diftinguées  entre 
elles.  Comme  les  differentes  circonflances^ 
qui  arrivent  a la  plante  varient  beaucoup  la 
nature  de  leurs  émanations;  de  meme  tous- 
les  changemens  que  les  caufes  , même  les 
plus  legeres , produifent  dans  nos  organes  v 
font  varier  aufli  les  produéfions  qui  en  dé- 
pendent. Il  n’y  a perfonne  qui  n’ait  fou- 
vent  remarqué  des  différences  très-gran- 
des dans  nos  excrétions  les  plus  fenfibles , 
par  exemple,  dans  celle  de  l’urine  ; diffé- 
rences occafionnées  par  dès  caufes  faciles 
à tracer  : un  léger  catarrhe , & autres  pe- 
tits derangemens  de  fanté  , font  varier  cet 
excrement  de  la  manière  la  plus  fenfîble. 
Un  peu  de  vin  de  Champagne  mouffeux, 
ou  quelque  autre  liqueur  imprégnée  d’air 
fixe  ou  diurétique , nous  fait  rendre  fou- 
vent  de  l’urinq  en  plus  grande  abondance, 
& peu  colorée.  Les  caufes , même  imma- 
térielles, font  en  état  de  produire  en  ce 
genre  des  phénomènes  très  - remarqua- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Se  ci.  XXII.  89 
bJes.  De  l’agitation  d’efprit,  l’idée  d’un 
bien  ou  d’un  mal  prochain,  nous  font  ren- 
dre une  quantité  très-conhderable  d urine 
claire  comme  de  l’eau.  La  vue  , ou  meme 
l’idée  feule  d’une  pomme , excite  les  glan- 
des falivaires  à rendre  une  abondance  de 
Salive  moins  vifqueufe  que  celle  qui  en  eft 
féqueftrée  dans  l’état  naturel.  La  feule  idée 
, d’une  femme  que  nous  aimons , augmente 
considérablement  la  fécrétion  & le  mouve- 
ment de  l’humeur  fpermatique  , &c. 


SECTION  XXIII. 

Quelques  Remarques  fur  la  moujfe  ou  ma- 
tière verte  végétale  qui  s'engendre  au  fond 
& aux  parois  des  vafes  de  verre  dans 
le f quels  on  tient  de  F eau  en  repos . 

M.  PRIESTLEY  a découvert  qu’au  fond 
;&  aux  parois  des  vafes  de  verre  dans  les- 
quels on  tient  l’eau  , fur  - tout  l’eau  de 
Source,  il  fe  produit  une  matière  vert'e  vé- 
gétale, dont  il  fort  une  grande  quantité  d’air 
iéphlogifliqué  lorfque  ce  vafe  eft  expofé 
ru  foleil.  Il  a trouvé  que  cette  fubftance 
:effe  à la  fin  de  donner  cet  air,  fi  on  ne 
1 renouvelle  pas  l’eau  de  temps  en  temps. 
Il  paroît  Surprenant  que  cette  mouffe 


90  Expériences 

ne s’épuife jamais;  mais  continue  toujours 
à donner  une  quantité  confidérabie  de  cet 
air  épuré  , quoique  la  communication  em- 
tre  elle  & l’atmofphère  foit  interceptée.1 
Efl-ce  que  cette  fubflance  végétale  abforbe. 
continuellement  l’air  de  l’eau , & le  change 
en  air  déphlogifliqué  ? Ceci  ne  me  paroît 
guère  probable  ; car  je  n’ai  pu  obtenir 
même  par  l’ébullition  de  l’eau, autant  d’air 
que  cette  matière  en  donne.  Efl-ce  que 
cette  moufle , qui  tapifle  les  parois  du. 
verre  comme  un  tiflu  continu , abforbe  cet 
air  de  l’atmofphère  , de  façon  que  l’air: 
pafle  d’une  plante  à l’autre,  & pénètre 
tout  le  tiflu  de  cette  fubflance?  S’il  efl 
ainfi,  il  faut  que  cette  moufle  cefle  bien- 
tôt de  donner  de  l’air  déphlogifliqué  ,, 
lorfqu’on  coupe  abfolument  toute  commu- 
nication entre  celle  qui  adhère  aux  parois 
internes  du  verre , & celle  qui  s’étend  juf- 
qu  au  contaél  de  l’air  libre.  Ceci  efl:  facile  I 
à faire  , en  fermant  exa&ement  le  vafe 
par  un  bouchon.  Quelqu'un  de  mes  amis 
m’a  dit  que  cette  matière  ne  s’engendre 
pas  dans  un  vafe  bien  fermé.  Je  ne  puis 
confirmer  cette  affertion  par  ma  propre 
expérience.  Je  ne  manquerai  pas  cepen- 
dant d’examiner  cet  objet  avec  toute  l’at- 
tention qu’il  mérite , dès  que  ferai  arrivé 
chez  moi.  En  attendant  que  j’aye  éclairci 


% 


SUR  ÏÆS  VÉGÉTAUX.  SccI»  X.X.1II*  çi 
cette  matière  , j’incline  beaucoup  à croire 
que  cette  efpèce  de  mouffe  fournit  un 
exemple  du  pouvoir  merveilleux  qu  a la 
nature , de  changer  une  fubftance  en  une 
autre  , 8t  de  cette  tranfmutation  conti- 
nuelle des  êtres , que  nous  obfervons  pres- 
que par-tout , fur  la  furface  de  notre  globe. 

Dans  cette  idée,  je  penfe  que  l’eau  elle- 
même,  ou  quelque  choie  inherente al  eau, 
eft  changée  en  cette  mouffe  , & fubit 
dans  fon  organifation  une  efpèce  d élabo- 
ration que  la  lumière  du  jour  y excite  , 8c 
par  laquelle  elle  eft  métamorphofée  en  air  t 

aéphlogiftiqué.  Cette  tranfmutation  pa- 
roît  certainement  merveilleufe  aux  yeux 
d’un  philofophe;  mais  elle  n’a  rien  de  plus 
extraordinaire  que  tant  d autres  change- 
mens  de  fubftance  que  nous  rencontrons 
par  tout , tels  que  le  changement  de  l’herbe 
en  graiffe  dans  lés  organes  d’un  animal 
crramimvore,  celui  du  fuc  aqueux  d un  oli- 
vier en  huile,  le  changement  de  l’acide  du 
nitre,  par  le  feu,  en  cet  air  épuré  dont 
nous  parlons.  Je  parlerai  plus  amplement 
de  ces  fortes  de  changemens  des  fubftan- 
ces  , lorfque  je  traiterai  exprès  de  la  mu- 
tabilité de  l’air. 

Cette  efpèce  de  mouffe,  que  nous  re- 
gardons comme  une  faleté  , dont  les  mu- 
railles, les  boiferies,  tout  ce  qui  eft  ex- 


92  Expériences 

pofe  a 1 air  libre,  & la  furface  de  la  terre 
meme,  fe  couvrent  en  tout  temps,  dès 
que  la  pluie  ou  rhumidité  de  lair  favo- 
nie  fa  produ&ion  ; cette  matière  ( dis-je  ) fi 
abjefte  en  aparence , nous  procure  peut- 
etre  plus  d avantages  que  nous  ne  pen- 
fons.  Nous  trouvons  en  hiver  toute  la 
terre,  les  murailles,  les  arbres,  couverts 
de  cette  moufle  , dès  qu’il  ne  fait  pas  trop 
fec  : il  me  paroît  très-probable  que  la  na-' 
tare  n’a  pas  tant  multiplié  cette  fubfiance 
en  vain. 

Nous  avons  vu  que  cette  matière  qui 
fc  trouve  dans  leau,  donne  une  grande 
quantité  d’air  déphlogifiiqué.  J’en  ai 
trouvé  la  pureté  fi  grande  , quelle  fur- 
paflfe^celle  de  tous  les  airs  dephlogifhqués 
que  j ai  jufqu  a prefent  pu  obtenir  des  plan- 
tes (a).  Il  ell  très-apparent  que  fi  cette  ma- 
tière donne  une  quantité  confidérable  d’air 
lorsqu’elle  eft  enfermée  dans  l’eau,  elle 
en  donne  une  quantité  encore  beaucoup 
plus  confidérable  à l’air  libre;  & qu’en 
hiver  elle  fupplée  à un  certain  degre  les 


(a)  On  peut  voirie  degré  exaft  de  pureté  de  l’air 
obtenu  de  cette  fubftance  3 comparé  avec  l’air  déphlogif» 
tiqué  tiré  des  autres  végétaux  & du  mercure  précipité 

rouge,  dans  la  Seétion  XVI  de  la  fécondé  Partie  de  ce 
livre. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec! . XXI IL  93 
végétaux  qui , pour  la  plupart  étant  engour- 
dis, ne  donnent  point  d’air  déphlogiffiqué. 

Ayant  mis  dans  un  bocal  plein  d’eau, 
une  demi-poignée  de  cette  fubflance  ra- 
maffée  des  parois  d’un  baquet  de  pierre, 
placé  près  d’une  fontaine , & tenu  toujours 
plein  d’eau  pour  abreuver  les  chevaux, 
j’en  obtins  dans  huit  jours  une  chopine 
& demie  d’air  déphlogiiliqué  d’une  pureté 
furprenante.  Voye ç l’expérience  100. 


SECTION  XXIV. 

Il  ne  paroit  pas  tout  - à- fait  indifférent 
quelle  efpèce  d’ Arbres  on  emploie  quand 
on  veut  en  planter  pour  entretenir  la  falu- 
brité  de  l’air  d’un  endroit  quelconque. 

_A.p  R ES  tout  ce  qui  a déjà  été  dit,  on  ne 
doutera  plus,  je  penfe,  que  les  végétaux 
contribuent  beaucoup  à la  purification  de 
la  malle  de  notre  atmofphère.  Mais , comme 
il  paroit  par  mes  expériences  que  quelques 
plantes  donnent  un  air  déphlogifliqué  plus 
pur  que  d’autres,  & que  quelques  - unes 
ont  plus  de  pouvoir  de  vicier  l’air  com- 
mun pendant  la  nuit , il  me  femble  qu’on 
ne  peut  pas  envifager  comme  indifférent 
cde  quelle  efpèce  d’arbres  on  fait  une  plan- 


94  Expériences 

tation , lorfqu’on  a pour  but  la  falubrité  de 
l’air.  On  trouvera  dans  la  fécondé  Partie 
de  ce  livre  quelques  expériences  tendan- 
tes à donner  de  la  lumière  fur  cet  objet. 
Mais  je  fuis  très-éloigné  de  croire  que  je 
fois  en  droit  de  décider  cette  quefiion. 
N’ayant  ouvert  que  depuis  peu  de  temps 
cette  carrière  nouvelle , il  ne  m’a  pas  été 
pofiible  d’y  pénétrer  allez  avant  & d’y  faire 
alïez  de  découvertes  pour  éclaircir  la  ma- 
tière. J’efpère  que  d’autres  phylicienspour- 
fuivront  le  chemin  que  je  leur  ai  ouvert, 
& nous  inftruiront  plus  amplement  fur  ce 
fujet,  que  je  ne  fuis  en  état  de  faire.  Je  pré- 
vois cependant  qu’il  ne  fera  pas  aifé  de 
lever  cette  difficulté  , parce  que  tous  les 
arbres  en  général  font  en  état  de  coopé- 
rer à la  même  fin , 8cque  les  avantages  éco- 
nomiques qu’on  peut  envifager  dans  la  pré- 
férence d’une  efpèce  d’arbre  à l’autre , pour- 
ront contre-balancer  celui  qui  réfulteroit 
pour  la  falubrité  de  l’air;  avantage  qui, 
à tout  dire  , ne  fe  trouvera,  à mon  avis, 
que  peu  confidérable. 


sur  les  Végétaux.  Sec l.  XXV.  95 


SECTION  XXV. 


Les  Feuilles  qui  font  parvenues  a leur  gran- 
deur naturelle , donnent  de  l’air  déphlogijh- 
qué  & plus  pur  & en  plus  grande  abondance 
que  les  jeunes  feuilles,  & celles  qui  ne  J ont 
pas  encore  entièrement  développées. 

iÎLme  paroît  que  rien  ne  démontré  plus  évi- 
demment que  la  production  de  l’air  déphlo- 
wdftiqué  eft  dû  à un  mouvement  vital  dans 
Tes  feuilles , que  le  fait  qui  eft  le  fu jet  de  cet 
article.  Efteftivement , fi  cette  production 
n’étoit  qu’une  pure  filtration  mécanique , 
d’air  obtenu  par  un  tel  moyen  feroit  tou- 
jours de  la  même  pureté,  qu’il  fût  fil- 
tré par  des  feuilles  jeunes  ou  vieilles,  dans 
lia  lumière  ou  dans  l’ombre  ; mais  fi  la.  finefte 
‘de  cet  air  dépend  d’une  élaboration  qu’il 
fubit  dans  l’intérieur  delà  feuille, il  eft  na- 
turel que  ce  fluide  reçoive  le  plus  grand 
idegré  de  perfeétion  dans  les  feuilles  dont 
ll’organifation  eft  la  plus  complette.  ^ 
L’expérience  qui  m’a  fourni  le  fait  que  j’a- 
wance,  m’a  offert  en  même  temps  le  fpec- 
itacle  le  plus  amufant.  Je  mis  dans  un  bo- 
ical  plein  d’eau  de  pompe,  l’extrémité  d’une 
llbranche  de  vigne  qui  portoit  des  feuilles 


96  Expériences 

de  toute  grandeur,  depuis  les  plus  vieille 
& dun  vert  foncé,  jufqu’aux  feuilles  pim 
petites  & non  encore  développées.  Je  ne  dé' 
tournai  pas  mes  yeux  de  cet  objet,  jufqu’à 
ce  que  j eus  obfer^é  pleinement  le  déve- 
loppement des  bulles  d’air  fur  toutes  les> 
feuilles.  Les  bulles  paroilïoient  première- 
ment fur  les  plus  vieilles  , enfuite  fur  cel- 
les qui  les  fuivoient  en  âge,  & ainfi  fuc- 
cellivement  fur  les  autres  ; elles  fortoient: 
les  dernières  de  toutes  fur  les  feuilles  qui 
n etoientpas  encore  développées.  La  gran- 
deur des  bulles  etoit  dans  la  même  propor- 
tion, les  feuilles  les  plus  vieilles  étant  cou- 
vertes des  bulles  les  plus  volumineufes. 

J avoisobfervé  condamment  que  les  plan- 
tes qui  donnent  la  plus  grande  quantité  d’air 
dephlogiftiqué  , donnent  aulfi  l’air  d’une 
qualité  d autant  plus  pure.  Je  trouvois  que 
cette  loi  avoit  lieu  de  même  entre  les 
vieilles  & les  jeunes  feuilles  du  même  ar- 
bre; j’obtenois  toujours  plus  d’air,  & d’une 
qualité  plus  pure , des  vieilles  que  des  jeu- 
nes feuilles.  Les  expériences  122  & 12° 
femblent  decilives  fur  cette  matière. 


SECTION 

! 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XXVI.  97 


.... 

SECTION  XXVI 

Quoique  la  diminution  d’un  mélange  d’air 
commun  & d’air  nitreux  , pajje  pour  un 
indice  certain  du  degré  de  falubrité  d’un 
air  quelconque  , il  y a cependant  des  exern-  - 
pies  de  certains  airs , dont  la  bonté  pour 
l’ufage  de  la  refpiration  ne  peut  être  déter* 
minée  par  ce  moyen . 

A.  P R È S avoir  examiné  moi-même  par  Pair 
litreux  un  grand  nombre  de  différentes  ef- 
jèces  d’air,  & après  en  avoir  vu  un  nom- 
re  encore  plus  grand  examiné  par  l’Abbé 
’ontana , je  ne  faifois  plus  aucun  doute 
me  la  manière  de  juger  de  la  bonté  de 
iifférens  airs,  découverte  par  le  dodeur 
'rieflley , ne  fût  fans  exception.  Mais, 
l’étant  fait  une  loi  de  m’abflenir  de  toute 
mclufion  analogique,  à moins  qu’elle  ne 
it  foutenue  par  des  expériences  direftes, 
ne  me  fuis  jamais  contenté  d’examiner 
s airs  par  le  mélangé  de  l’air  nitreux  £ 
,ais  j’y  joignois  encore  l’examen  par  la 
unme  d’une  bougie,  fans  cependant  foup- 
mner  que  l’examen  avec  l’air  nitreux  fût 
i jet  à tromper. 

J obfervai  à la  fin  que  l’air  inflammable 

G 


Expériences 

tiré  du  fer  par  l’acide  marin  ou  l’acide  vî-  j 
triolique  , devenoit  capable  d’explofion  i 
( après  avoir  été  enfermé  quelque  temps- 
avec  une  plante,  8t  expofé  à l’air  libre):  | 
& que , par  l’examen  de  l’air  nitreux  , il  pa- 
roiffoit  approcher , en  bonté , de  l’air  atmof- 
phérique.  Ce  fait  me  jeta  dans  quelque  ap- 
préhenfion  au  fujet  de  l’infaillibilité  de  cet 
examen  ; car  un  air  capable  d’explofion  ell 
très -éloigné  de  la  bonté  néceiïaire  pour 
être  refpiré  impunément. 

Ayant  conçu  cette  efpèce  de  doute , jej 
voulus  voir  à quel  point  les  plantes  étoient: 
capables  de  corriger  l’air  inflammable  ( am 
moins  en  apparence  ) fans  perdre  fa  qua- 
lité explofive. 

Afin  de  découvrir  ce  qu’il  en  étoit , je 
laifîai  un  rameau  de perficaria  urens  pendant: 
quarante-huit  heures  dans  un  bocal  rem- 
pli d’air  inflammable.  Je  mis  de  la  même 
manière  quelques  feuilles  de  noyer  dansi 
un  autre  bocal.  Je  laifîai  les  deux  bocaux 
l’air  ouvert.  J’examinai  premièrement  l’aiij 
inflammable  du  bocal  dans  lequel  étoient 
les  feuilles  de  noyer.  J’en  fis  deux  examens' 
félon  la  façon  de  M.  Prïeflley  , & deux 
félon  celle  de  l’Abbé  Fontanci.  Par  cha-J 
cune  de  ces  deux  méthodes , cet  air  fe  mon-^ 
tra  d’une  qualité  beaucoup  fupérieure  en 
bonté  à l’air  atmofphérique , comme  on 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XXVI.  99 
Deut  voir  dans  les  expériences  1 10,  1 1 1 , 
113,  1 14  & 1 1 5 ; & cependant  il  donnoit 
une  explofion  fi  violente,  même  dans  un 
/erre  cylindrique,  que  mon  domeftique  , 
pii  tenoit  le  verre  , croyoit  qu’il  étoit 
:affé  (a).  Ce  réfultat  me  caufa  beaucoup 
l’inquiétude  au  fujet  de  la  façon  d’exa- 
niner  la  bonté  des  airs,  que  j’avois  crue 
être  toujours  fans  exception.  Il  me  refloit 
cependant  encore  un  peu  d’efpérance  que 
’avois  commis  quelque  erreur  dans  le  pro- 
.édé  de  cette  expérience.  J’avois  encore, 
>ar  bonheur, l’air  inflammable  enfermé  avec 
1 perficaria  urens.  Je  le  mis  fur  le  champ 
l’épreuve;  & j’eus  la  mortification  de 


(<z)  Comme  nous  avons  vu  que  les  plantes  exhalent 
n air  déphlogiftiqué  , onpourroit  croire  que  cet  air  inflam- 
mable devenoit  explofif , parce  que  le  mélange  de  l’air 
éphlogiftiqué  le  rendoit  tel.  Je  ne  douterois  pas  que  la 
îofe  ne  fût  ainfi,  fi  cet  air  n’acquéroit  la  faculté  de  faire 
xplofion , que  lorfqu’il  eft  enfermé  avec  une  plante  pen- 
mt  le  jour;  mais  il  acquiert  de  même  cette  qualité  dans 

Eie  feule  nuit  ; & cependant  j’ai  allez  démontré  que  les 
antes  ne  donnent  pas  dans  l’obfcurité  un  air  qui  puifle 
lurrir  la  flamme  ; ce  qui  me  fait  penfer  que  les  plantes 
nt  une  faculté  fingulière  de  changer  l’air  inflammable  pur, 
Ijii  un  air  particulier  inconnu  julqu’à  préfent , en  un  air 
ciritablement  fulminant.  J’incline  beaucoup  à croire  que 
■ h:tte  operation  efl  due  à ce  que  les  plantes  abforbent  une 
grande  quantité  de  phlogiftique,  dont  l’air  inflammable  eft 
impofé , que  le  relie  eft  alTez  délayé  ou  étendu  pour  faire 
: plofion , vu  que  l’air  inflammable  devient  explofif,  lorf- 
■ 1 on  l’étend  avec  un  air  médiocrement  bon. 

Gij 


loo  Expériences 

trouver  que  mon  foupçon  fur  la  certitude 
d’examiner  les  airs  par  l’addition  de  l’aii 
nitreux  , n’étoit  que  trop  bien  fondé  ; cai 
cet  airfe  montroit,  dans  tous  les  elfais  avec 
l’air  nitreux,  d’une  qualité  fupérieure  l 
celui  de  l’atmofphère  ; & cependant^!  s’en 
flammoit  avec  une  explofion  très-forte,, 
comme  on  peut  le  voir  dans  les  expérien- 
ces i io  & 1 1 1. 

Il  reftoit  encore  une  épreuve  à faire  avec 
cet  air  ; c’étoit  d’y  mettre  un  animal  vivant: 
mais , n’en  ayant  pas  affez  de  refie  pour  une 
telle  expérience , je  voulus  recommencer: 
toute  cette  recherche,  en  redoublant  d’atn 
tention.  Je  mis  quelques  pieds  de  perjica- 
ria  urens , racines  St  tout , dans  un  bo- 
cal plein  d’eau.  Je  fis  monter  dans  ce  bo- 
cal affez  d’air  inflammable  tiré  du  fer,  pour 
qu’un  tiers  du  bocal  en  fût  rempli.  Je  laiffaii 
ce  vafe  à l’air  ouvert  depuis  le  famedi  juf~ 
qu’au  vendredi.  Lorfque  j’examinai  cet  air 
par  l’air  nitreux,  je  trouvai  avec  furprife. 
qu’il  étoit  prefque  aufli  mal-faifant  pour  lai 
refpiration,  qu’il  étoit  auparavant;  car  une 
mefure  de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux  oc- 
cupoit  1.80,  ou  une  mefure  entière  & qua- 
tre-vingt centièmes  d’une  autre  mefure.  Il  fe 
trouvoit  de  même  très-pernicieux,  en  fui- 
vant  la  méthode  de  M.  Fontana.  Non  con- 
tent de  ces  épreuves , je  le  fournis  auffi 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec?.  XXVI.  ïOï 
celle  d’un  animal  vivant , ce  que  je  n’avois 
pu  faire  dans  l’expérience  précédente.  J’y 
mis  un  poulet  âgé  de  trois  femaines  ; il  y 
donna  fur  le  champ  des  lignes  d’une  ex- 
trême angoilfe,  8t  mourut  en  moins  d’une 
minute. 

Un  réfultat  auffi  différent  (a)  du  précé- 
dent me  mit  dans  l’embarras , &.  commença 
à faire  renaître  mon  efpérance , qu’il  pour- 
voit s’être  glilfé  quelque  erreur  dans  les 
expériences  précédentes , 8c  par  confé- 
quent , qu’il  n’étoit  pas  décidé  que  l’é- 
oreuve  de  l’air  nitreux  fût  incertaine. 

J’étois  cependant  fort  éloigné  d’aban- 
donner la  recherche,  & de  rejeter  entière- 
ment mon  foupçon.  Il  falloir  recommen- 
cer, & obferver  le  tout  avec  la  plus  fcru- 
)»uleufe  attention.  Il  me  relloit  encore  la 
quantité  d’une  demi-chopine  de  l’air  in- 
: lammable  qui  avoit  été  enfermée , depuis  le 
âmedi  jufqu’au  vendredi  fuivant , avec  les 
ameaux  de perficaria  urens , fans  être  beau- 

Itoup  corrigé.  ( Voyez  l’expérience  112.) 
Je  mis  au  foleil,  le  famedi  fuivant  vers 
midi , une  plante  de  moutarde  fraîche- 
ment coupée,  dans  un  bocal  plein  d’eau  ; 


a ) On  trouvera  la  raifon  de  ce  réfultat  particulier , dans 
ie&ion  XVII  de  la  fécondé  Partie. 

G il) 


io2  Expériences 

je  fis  monter  dans  ce  bocal  la  demi-cho- 
pine  d’air  inflammable  dont  je  viens  de. 
parler,  & j’arrangeai  la  plante  de  façon  que 
fa  partie  fupérieure  fût  au  milieu  de  cei 
air;  je  la  laiflai  toute  la  nuit  dans  un  jardin,. 
& j’examinai  le  lendemain  à midi  l’air  quelle, 
contenoit.  Il  fe  montra  déjà , par  l’épreuve , , 
de  1:  air  nitreux  tellement  corrigé  , qu’il 
parut  meilleur  que  l’air  commun;  & cepen- 
dant il  faifoit  une  forte  explofion  à l’ap- 
proche d’une  bougie  allumée.  Après  cette 
épreuve,  je  replaçai  le  bocal  au  jardin,  &< 
j’efiayai  l’air  de  nouveau  le  lundi  fuivant: 
alors  il  me  parut  furpaffer  beaucoup  en 
bonté  l’air  atmofphérique;  car  une  mefure 
de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux , ocçu- 
poit  0.96;  il  fit  encore  une  explofion  auffi' 
forte  que  le  jour  précédent.  Je  remis  encore 
une  fois  le  bocal  au  foleil  pendant  quatre 
heures  de  plus , après  qupi  je  trouvai  par 
toutes  les  épreuves,  l’air  beaucoup  meil- 
leur , fans  cependant  avoir  perdu  la  faculté 
explofive.  On  peut  confulter  l’expérience 

JI5* 

Outre  le  bocal  dont  je  viens  de  parler, 
j’en  avois  mis  un  autre  au  foleil  le  meme 
jour  famedi,  avec  quelques  pieds  entiers 
de  perjicaria  urens  dans  l’eau,  St  j’y  avois 
fait  monter  deux  pintes  ( faifant  une  pinte 
de  Paris)  d’air  inflammable  très-pur;  au  bout 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secî.  XXVI.  103 
de  vingt-quatre  heures , je  trouvai  que  cet 
air  approchoit  en  bonté  de  1 air  commun, 
l’elfai  en  fut  fait  par  1 air  nitreux  : il  fit 
cependant  une  forte  explofion  al  approche 
d’une  bougie  allumée.  Je  replaçai  le  bocal 
au  jardin ; il  y relia  a i air  libre  pendant 
quarante-huit  heures  ; & le  lundi , en  exa- 
minant de  nouveau  1 air  entre  une  & deux 
heures  après  midi  , il  fe  montra  de  la 
même  bonté  que  l’air  commun , fans  ce- 
j pendant  avoir  perdu  en  aucune  façon  la 
faculté  de  faire  explofion.  Ayant  de  nou- 
veau remis  le  bocal  au  foleil , je  trouvai 
q entre  quatre  & cinq  heures  , que  1 air  pro- 
mettait de  furpalfer  en  bonté  l’air  com- 
mun ; il  lit  cependant  toujours  explofion. 
jAprès  tout  cela , il  ne  me  relioit  qu’une 
ifeule  expérience  à faire  pour  mettre  ce 
(défaut  de  l’air  nitreux  hors  de  tout  doute: 


( c’était  de  placer  dans  le  relie  de  cet  air 
un  animal  vivant.  J’y  plaçai  un  poulet  âgé 
de  trois  femaines  environ  ; il  y devint  ma- 
lade dès  le  moment  qu’il  y fut  mis;  il  y 
i irelia  pendant  près  de  fix  minutes  dans  de 
grandes  angoilfes.  Je  l’en  retirai  dans  le 
nmoment  où  il  parut  prêt  à expirer.  Etant 
iremis  à l’air  libre , il  fut  encore  pendant 
près  de  fix  minutes  dans  une  efpèce  d;a- 
gonie,  après  quoi  il  fe  remit  peu  à peu. 

Je  fus  pour  lors  très -convaincu  que 

G iv 


104  Expériences 


ï epreuve  de  1 air  nitreux  pour  juger  de  laii 
bonté  des  autres  airs , eu  egard  à leur  uiage 
pour  la  refpiration , eft  fujette  à tromper ,, 
au  moins  pour  cette  efpèce  d’air  ; & cet 
exemple  me  fit  prefumer  qu’on  décou- 
vrit d’autres  efpèces  d’air,  dont  la  ref- 
pirabilité  ne  pourroit  pas  également  être 
etre  reconnue  par  1 epreuve  de  l’air  nitreux; 
& qu  il  faudroit  alors  y joindre  d’autres 
manières  d’éprouver  leur  degré  de  falu- 
^rite  ^ telles  que  la  flamme , un  animal 
vivant,  &c. 


L air  dephlogifliqué  tiré  du  mercure  fu- 
blime  corrofif,  qui  eft  un  des  plus  purs  de 
tous  les  airs,  paroit  fouvent  de  la  meilleure 
qualité  en  l’effayant  par  l’air  nitreux;  & 
cependant  un  animal  y meurt  dans  le  même 
temps^a  peu  près  que  dans  l’air  commun  ; 
ainfi  l’épreuve  de  l’air  nitreux  eft  fautive 
encore  dans  ce  cas.  Si  on  lave  cet  air  déphlo- 
gifliqué  dans  l’eau  fimple,  ou  dans  l’eau 
de  chaux , on  le  rend  beaucoup  plus  pur, 
& capable  de  foutenir  la  vie  d’un  animal 
qu’on  y enferme  , beaucoup  plus  long- 
temps que  le  meilleur  air  atmofphérique. 
La  raifon  de  ce  phénomène  efl  que  l’air 
dephlogifliqué  tiré  du  mercure  précipité 
rouge,  eft  fouvent  infeâé  d’une  bonne 
quantité  d’air  fixe,  qui  eft  nuifible  à la  vie 
des  animaux , ôt  qui  s’en  fépare  aifément 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XXVI.  105 
en  le  fecouant  avec  l’eau  à laquelle  il  s’in- 
corpore. 

M.  Van-Trooflwyk  d’ Amsterdam  a décou- 
vert une  manière  de  préparer  un  air  de- 
ahlogiftiqué  li  pur,  qu’un  animal  y vit  huit 
il  neuf  fois  plus  long-temps  que  dans  le 
meilleur  air  commun  , & cet  air  faéfice 
1e  peut  point  du  tout  être  diminué  par 
’air  nitreux.  Ce  Mémoire  très-curieux  h. 
:rès-important  fur  les  différentes  efpèces 
l’air , a remporté  le  prix  de  la  Société  phi- 
ofophique  de  Roterdam , & efl  inféré  dans 
es  volume  V des  Mémoires  de  cette  So- 

• f f 

îete. 

I Quoique  j’aye  été  fâché  de  découvrir 
iju’une  méthode,  dont  j’avois  conçu  l’ef- 
ance  la  plus  flatteufe,  c’eff-à-dire,  qu’elle 
Kourroit  fervir  à juger  de  la  refpirabilité 
ee  toutes  fortes  d’air,  peut  manquer  dans 
uelques  cas;  je  fuisméanmoins  bien  éloi- 
né  de  croire  que  ces  exceptions  dimi- 

Iiuent  la  valeur  réelle  de  cette  décou- 
verte importante;  car  fon  utilité  princi- 
pale eff  de  pouvoir,  par  fon  moyen,  juger 
Iwec  une  précifion  admirable  de  tous  les 

fifauts  & qualités  nuilibles  qui  fe  rencon- 
ent  ordinairement  dans  Fatmofphère  , 
ant  il  nous  intéreffe  le  plus  de  connoître 
1 juffe  la  bonté. 

Il  me  paroît  que  le  célèbre  Priefilcy 


i o6  Expériences 

lui  -même  a entrevu  ce  défaut  ; voy.  la  pag. 
270  de  fon  ouvrage  imprimé  en  1779  (a). 


SECTION  XXVII. 

L'air  efi  une  des  fub fiances  les  plus  changean- 
tes de  la  nature  ; il  fe  trouve  même  fous  des 
jormes  très-différentes  , quil  reçoit  d'un 
grand  nombre  de  caufes. 

L 'EXPÉRIENCE  m’a  montré  que  la  confti- 
tution  de  l’air  continue  rarement  d’être  la 
même  exactement  pendant  une  journée 
entière.  Le  degré  de  falubrité  de  cet  élé- 
ment n’eft  peut-être  pas  moins  fujet  à des 
variations  , que  celui  de  fa  chaleur  & de 
fon  poids.  Mais  le  thermomètre , qui  fert  à 
juger  delà  chaleur,  & le  baromètre,  qui 
nous  fait  connoître  fon  poids  , ne  nous 
donnent  aucune  connoilfance  fur  les  diffé- 
rens  degrés  de  pureté  de  l’air , ou  de  fa  bonté 
pour  fervir  à la  refpiration. 


(<z)  De  crainte  d’interpréter  mal  le  fens  de  l’Auteur, 
j’ai  cru  mieux  faire  de  citer  le  texte  tel  qu’il  eft , que  de 
le  traduire  en  une  autre  langue.  » Jam  fatisfied , However , 
» from  my  own  obfervations , that  air  may  be  very  offen- 
five  to  the  noftrils , probably  hurtful  to  the  lungs , and 
ï)  perhaps  alfo  in  confequence  of  the  prefence  of  phiogiftic 
» matter  in  it  , without  the  phlogiRon  being  fo  far  incor- 
« porated  with  it , as  to  be  difcovered  by  the  mixture  of 
3)  nitrous  air.  » 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secî.  XX  VII.  107 
L’invention  d’un  Eudiomètre , ou  d’un 
inftrument  par  lequel  on  peut  juger  du 
degré  de  pureté  ou  de  bonté  de  latmof- 
phère  eu  égard  à la  refpiration  , avec 
autant  de  précifion  qu’on  juge  de  fon 
poids , du  degré  de  fon  froid , ou  de  fa 
.chaleur , eft  peut-être  une  des  découvertes 
les  plus  furprenantes  qu’on  ait  jamais  faites. 
!Nous  la  devons  au  do&eur  Prïeflley , qui  a 
ttrouvé  dans  l’air  nitreux  cette  lingulière 
[propriété  de  diminuer  Fait  commun,  ou  d’ê- 
tre diminué  par  lui  en  raifon  de  fa  bonté; 
c’eft-à-dire , que  le  volume  des  deux  airs 
joints  enfemble  fe  réduit  dans  un  efpace  d’au- 
tant plus  petit,  que  l’air  commun  fe  trouve 
meilleur,  plus  pur,  ou  plus  fait  pour  être 
rrefpiré.  On  verra,  dans  l’Introduftion  à la 
lfeconde  Partie  de  cet  Ouvrage  , à quel 
tdegré  de  perfeftion  cette  importante  dé- 
couverte a été  portée  par  l’abbé  Fontana . 

Nous  polfédons  donc  àpréfent  un  moyen 
par  lequel  nous  pouvons  juger  non-feule- 
iment  du  degré  de  bonté  aduelle  de  l’at- 
îmofphère  fur  le  lieu , mais  auffi , & avec  au» 
ttant  d’exaélitude,  du  degré  de  bonté  de  l’air 
cde  quelque  pays  que  ce  foit.  Il  ne  s’agit  pour 
ccela,  que  d’envoyer  un  vafe  de  verre  bien 
bouche , 8c  rempli  d’un  air  pris  fur  l’en- 
idroit  dont  nous  voulons  connoître  l’état 
(de  falubrité.  Mais,  comme  l’air  du  même 


io8  Expérience: 

endroit  fubit  des  changemens  prefque  con- 
tinuels , nous  ne  pouvons  pas  nous  atten- 
dre à une  exaâitude  confiante  dans  le  ré- 
sultat des  différentes  expériences,  fi  elles 
ne  font  pas  faites  dans  les  mêmes  temps, 
°u  lî  on  n’a  pas  pris  une  affez  grande  quan- 
tité d air  de  1 endroit  dont  nous  voulons 
connoitre  la  falubnte,  pour  pouvoir  ré- 
péter l’expérience  plufieurs  fois. 

Nous  fommes  peut-être  encore  loin  de 
recueillir  les  fruits  de  cette  découverte 
récente.  On  ne  pourra  jamais  prononcer 
fur  la  falubrité  d’  un  endroit  en  comparai- 
son avec  jun  autre , avant  qu’on  ait  adopté 
affez  généralement  un  inflrument  confinait 
à peu  près  fur  les  mêmes  principes  , 8c 
fujet  à peu  d’erreurs,  au  moins  entre  les 
mains  des  bons  phyficiens;  avant  que  diffé- 
rentes perfonnes  aient  eu  la  patience  d’exa- 
miner pendant  le  courant  de  quelques  an- 
nées , la  conflitution  de  l’atmofphère  du 
lieu  où  elles  réfident,  8c  qu’on  ait  comparé 
entr’eux  les  réfultats  de  toutes  ces  obfer- 
vations.  Avant  qu’on  ait  fait  toutes  ces  re- 
cherches avec  tout  le  foin  qu’elles  méri- 
tent , on  ne  pourra  évaluer  avec  connoif- 
fance  de  caufe  les  avantages  qui  pour- 
roient  réfulter  de  paffer  fa  vie  plutôt  dans 
un  pays  que  dans  un  autre,  foit  pour  y con- 
ferver  un  bon  état  de  fanté,  ou  y chercher 


SUR  ÏÆS  VÉGÉTAUX.  Sect.  XX VIL  109 
la  guérifon  de  quelque  maladie  particulière 
qui  demanderoit  un  air  pur  & falubre,  foit 
pour  y prolonger  fes  jours  dans  certains 
états  de  la  conditution  corporelle.  Nous 
devons , pour  le  préfent , nous  contenter  de 
i’amufement  qu’une  telle  découverte  doit 
naturellement  nous  fournir. 

Ces  changemens  continuels  , ces  vicif- 
fitudes  journalières  que  j’ai  obfervéés  dans 
la  conditution  de  l’atmofphère  par  rapport 
À fa  falubrité  , m’ont  convaincu  du  -juge- 
ment trop  précipité  de  quelques  phyficiens , 
qui  ont  déjà  été  allez  indilcrets  de  pronon- 
cer fur  la  falubrité  d’un  endroit  en  compa- 
raifon  de  celui  des  autres  lieux  voilins , & 
cela,  par  une  ou  deux  expériences  faites  en 
[palfant  par  ces  endroits  , avec  des  indru- 
imens  peu  propres  à les  faire  exaélement. 
'Mais  je  dois  abandonner  cette  difcuffion  à 
mon  refpeftable  am'i  l’abbé  Fontana , qui , 
à mon  avis , ed  le  plus  en  état  de  donner 
les  connoidances  nécedaires  fur  cet  objet, 
c&  qui  fe  propofe  de  publier  celles  de  fes  ob- 
ffervations  qui  y font  relatives.  En  aban- 
donnant cette  matière  à un  obfervateur  audi 
eéclairé,  je  ne  ferai  qu’ajouter  quelques  re- 
marques fur  la  mutabilité  de  l’air , fa  nature 
^Protéiforme  & fes  métamorphofes. 

C’ed  depuis  les  découvertes  intéredan- 
tes  du  célèbre  doéleur  Haies  , que  nous 


no  Expériences 

favons  que  1 air  entre  dans  la  compofition 
des  corps , & fert  même  comme  une  ef- 
pèce  de  ciment  à confolider  les  fubftances, 
ou  à rendre  plus  folide  la  cohéfion  de  leurs 
parties  conftitutives.  Il  eft  conftaté  par  ces 
expenences,  que  1 air  confhtue  même  une 
îres-grande  partie  de  quelques  corps  fo~ 
lides , tels  que  les  végétaux  , les  pierres 
calcaires , &c.  Mais  ce  grand  homme  n’étoit 
pas  encore  parvenu  à diftinguer  les  diffé- 
rentes efpèces  d’airs  qu’il  obtenoit  des  dif- 
ferens  corps,  & qu’il  a pris  tous  pour  le 
meme  fluide.  Il  ne  foupçonnoit  pas  qu’un 
fluide  fi  fubtil  , & entièrement  invifi- 
ble put  être  analyfé  & décompofé  en  fes 
parties  conllitutives  , qui,  après  avoir  été 
féparées  les  unes  des  autres  , peuvent  être 
examinées  feules.  Il  faut  avouer  cependant 
que  cet  homme  infatigable  nous  a ouvert  . 
un  chemin  inconnu  avant  lui;  qu’il  a en- 
courage les  autres  phyficiens  à fuivre  fes 
traces,  & à découvrir  de  plus  en  plus  la 
nature  cachée  de  l’air.  Il  continua  à fuivre 
avec  la  même  ardeur  fes  recherches  jufques 
dans  une  vieillefîe  très-avancée.  Il  s’amu- 
foit  agréablement,  & éclairoit  les  hommes 
à un  âge  dans  lequel  on  eft  communément 
à charge  à foi-même  & aux  autres. 

L air  eft  bien  éloigné  d’être  l’unique 
fluide  qui  puifle  fe  changer  en  corps  fo-  ■ 


1 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XXVI L III 
lide  ; un  tel  phénomène  fe  préfente  con- 
tinuellement à nos  yeux..  Nous  voyons  que 
,’eau  fe  change  en  une  fubftance  auffi  dure 
qu’une  pierre  par  le  froid,  & relie  dans 
:;et  état  de  folidite  dans  un  endroit  fufli- 
famment  froid.  La  criflallifation  reguliere 
qu’affeélent  les  pierres  , même  les  plus 
dures,  comme  le  diamant,  indique  qu’il  y 
, i eu  un  temps  où  elles  ont  été  une  fubf- 
:ance  fluide.  Il  n’y  a peut-être  aucune  fubf- 
trance  au  monde  qui  foit  fluide  par  fa  na- 
ture ; car  toutes  les  fubftances  connues 
ufqu’à  préfent  peuvent  devenir  fluides  par 
différentes  opérations,  fur-tout  par  un  de- 
gré fuffifant  de  chaleur , de  même  que  tous 
les  corps  fluides  peuvent  devenir  folides 
r?ar  un  degré  de  froid  affez  violent.  Le 
mercure  lui-même  a été  rendu  malléable 
rdans  les  expériences  de  Brown  a Saint- 
'Pétersbourg  1759 , par  un  très-grand  degré 
de  froid  ( a). 

Depuis  qu’on  connoît  ce  fluide  aérien , 
qqu’on  nomme  à préfent  air  fixe  ou  air  fixé, 
dk  que  Van-Helmont  appeloit  g'tz.y  fiylveflre , 
beaucoup  de  phyliciens  fe  font  imaginés 


(4)  Dans  cette  expérience,  le  thermomètre  au  mer- 
crure  de  Farenheit  étoit  defcendu  jufqu’à  352.  degrés,  & 
celui  à l’efprit-de-vin  , jufqu’à  148  au  cleffous  de  o. 
tC’eft  le  plus  grand  froid  qui  a été  obfervé  dans  la  na- 
tture. 


ii2  Expériences 

que  l’air  contenu  dans  la  plupart  des  végé-‘  j 
taux.,  efl  en  général  de  l’air  fixe , parce  qu’ils  I. 
ont  obfervé  que  ces  fubfiances  ne  donnent  i 
prefque  rien  que  cette  efpèce  d’air  , dès 

quelles  entrent  en  fermentation. On  croyoit 

que  cet  air  y exifioit  dans  un  état  de  concen- 
tration ou  de  comprefiion , prefque  comme 
l’air  atmofphérique  exifie  dans  un  fufil  à 
vent  ou  une  machine  de  condensation , & 
que  la  fermentation  nefaifoit  que  le  mettre 
en  liberté  ou  le  développer.  Mais  je  penfe 
qu’on  pourroit  fe  tromper  grandement , en 
concluant  qu’un  corps  contient  de  l’air  fixe 
dansfon  état  naturel , parce  qu’il  en  donne 
dans  l’état  d’effervefcence  ou  de  fermenta- 
tion. On  pourroit  peut-être  avec  autant  de 
jufiice  conclure  qu’un  corps  contient  de  l’air 
inflammable,  parce  qu’il  en  donne  par  l’ac- 
tion d’une  violente  chaleur.  Pour  dire  avec 
certitude  qu’un  corps  contient  une  certaine 
efpèce  d’air,  il  efi  néceflaire  de  démontrer 
qu’il  y exifie  comme  tel,  lorfque  le  corps 
n’a  fubi  aucune  opération  par  laquelle  on 
ait  pu  changer  la  nature  de  fon  air.  Cette  con- 
fideration  me  fit  faire  l’expérience  Suivante , 
très-fimple.  Je  preflai  entre  mes  mains  & fous 
l’eau  différens  végétaux , tels  que  la  mauve , 

Je  folanum  ou  pomme  de  terre,  Y hyofcia- 
mus  ou  la  jufquiame,  des  pommes  , &c. 
Jem’attendois  à trouver  l’air  ainfi  obtenu  , 

A 

etre 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.XXVII.  113 
être  de  l’air  fixe;  mais  je  fus  trompé  dans 
mon  attente,  car  cet  air  n’étoit  pas  ab- 
forbe  par  l’eau.  En  l’effayant  par  l’air  ni- 
ttreux  , .il  fe  montroit  de  l’air  commun 
d’une  qualité  fort  baffe , dans  lequel  la 
: flamme  aune  bougie  brûloit  avec  peu 
de  clarté.  Une  mefure  de  cet  air  obtenu 
ainfi  d’une  pomme,  & une  d’air  nitreux, 
c.e  reduifoiept  a 1 .24.  Celui  que  j’avois  ob- 
tenu de  la  même  manière  de  l’ hyofciamus , 
Ve  réduifoit  à 1.25.  Celui  que  j’avois  ex- 
primé du  foLanum , pomme  de  terre  , & de 
a mauve  , étoit  d’une  qualité  meilleure. 
On  ne  pourra  douter,  je  penfe,  que  l’air 
l infi  obtenu  , 11e  foit  celui  que  ces  végé- 
aux  contiennent  dans  leur  état  naturel. 

! Etant  ainfi  peifuade  que  1 air  contenu 
! ans  les  végétaux  eft  de  l’air  atmofphérr- 
rne  , ou  peu  différent  de  fa  nature , j’ai 
oulu  voir  fi  cet  air  fubiroit  quelque  chan- 
ement  par  la  chaleur.  Je  plaçai  féparément 
-es  végétaux  près  du  feu  , dans  des  bocaux 
ileins^ d’eau  ; j’en  obtins  une  bonne  quan- 
tté  d’air  , que  je  trouvois  d’une  qua- 
lité beaucoup  inferieure  à celui  que  j’avois 
fotenu  de  ces  mêmes  végétaux  par  la  fîm- 
; e preffion  avec  la  main.  Je  tirois  l’air  de 
;is  mêmes  végétaux  par  la  chaleur  aug- 
mentée jufqu’à  l’ébullition  ; & je  le  trou- 
Dis  empoifonné,  au  point  qu’une  chan- 

H 


1 14  Expériences 

delle  s’y  éteignoit.  L’air  tiré  d’une  pomme 
par  l’ébullition,  étoit  fi  mauvais,  qu’une, 
mefurede  cet  air,  & une  d’air  nitreux,  oc- 
cupoient  1.71 . Cependant  ces  mêmes  plan- 
tes, placées  au  foleil  , donnent  de  l’air, 
déphlogifliqué  , & de  l’air  fixe  par  la  fer- 
mentation. Ne  paroît-il  donc  pas  probable.! 
que  l’air  contenu  naturellement  dans  les' 
plantes , eil:  de  la  nature  de  l’air  atmos- 
phérique ; que  la  chaleur  de  l’ébullition  i 
avoit  changé  cet  air  en  air  phlogifliqué  „ 
comme  la  fermentation  le  change  en  air 
fixe,  la  lumière  du  foleil  en  air  déphlogif- 
tiqué;  la  digeftion  dans  l’eflomac  & les- 
inteflins  (a)  , le  feu  aduel , en  air  inflam- 
mable; l’obfcurité  de  la  nuit,  en  une  ef-j 
pèce  particulière  d’air  empoifonné?  Pour- 
roit-on  dire  avec  quelque  vraifemblance,, 
que  la  même  plante  contient  à -la -fois- 
toutes  ces  fix  efpèces  d’airs  fi  différens  en-L 
tre  eux,  &.  même  entièrement  contraires^ 
l’un  à l’autre  ? N’efl-ilpas  plus  raifonnablej; 
de  dire  que  les  végétaux  contiennent  un  airp 
ouunefubflance  (qu’on  nommera  comme 
on  voudra)  qui,  félon  les  différentes  opé-  k 
rations  qu’il  fubit,  peut  fe  changer  en  dif- 
férentes efpèces  d’air  ? 

( a)  Une  grande  quantité  de  l’air  dégagé  de  nos  ali-  - ' 
mens  dans  les  inteflins  & fur- tout  celui  que  nous  rendons  / 
par  l’anus  , font  un  air  inflammable. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect . XXVII.  1 1 5 
Ainfi , lorsqu’on  décide  qu’une  telle  fubf- 
tance contient  un  tel  air,  parce  qu’il  en 
U été  extrait  par  la  fermentation , par  le 
'eu  ou  par  quelque  autre  moyen,  on  parle 
3eu  correctement. 

L’acide  nitreux  nous  fournit  un  exemple 
lu  changement  d’un  air  en  l’autre , ou  d’une 
éule  8c  même  fubftance  en  différentes  ef- 
)èces  d’air.  Cet  acide , lorfqu’on  y diffout 
lu  mercure,  du  cuivre  , du  fer,  8cc.  ne 
’.lonne  prefque  rien  que  de  l’air  nitreux, 
^orfque  cet  acide,  étant  beaucoup  étendu 
»u  affoibli  par  l’eau , eft  mêlé  avec  la  li- 
aaille  de  fer , il  donne  , à l’aide  d’une  cha- 
2ur  modérée , un  mélange  de  plufîeurs 
fpèces  d’airs  ; il  eft  en  partie  air  fixe,  en 
artie  air  phlogiftiqué , 8c  en  partie  air  corn- 
nun  : ce  que  j’ai  vu  chez  M.  l’abbé  Fon - 
una.  Lorfque  ce  même  acide  eft  uni  avec 
uelque  fubftance  terreufe , abforbante , 
.kaline,  ou  avec  le  fel  alkali  végétal  ( avec 
:quel  il  conftitue  le  nitre  ) , il  ne  donne 
ir  l’aétion  du  feu  prefque  rien  que  de 
uir  déphlogiftiqué  très-pur , 8c  en  telle 
oondance,  que  fon  volume  occupe  environ 
nit  cents  fois  le  volume  du  nitre  dont  il 
il  forti  (a)  , calcul  fait  par  M.  Fontana . 


( * ) Cette  prodigieufe  quantité  d’air  déphlogiftiqué  que 
mitre  donne  par  une  chaleur  violente  , ou  par  le  contaél 

Hij 


1 1 6 Expériences 

Pourroit-on  dire  avec  quelque  fondement 
que  l’air  déphlogiftique  tiré  du  nitre  , eft 
l’acide  nitreux  raréfié  par  l’aftion  du  feu? 
S’il  l’étoit , il  s’enfuivroit  qu’il  pourroit 
de  nouveau  être  condenfé  en  acide  nitreux 
par  un  grand  degré  de  froid;  mais  cela  ne 
peut  fe  faire  : cet  air  vital  une  fois  produit , 
refie  fous  la  forme  d’air,  quelque  froid 
qu’on  y applique.  La  différence  entre  un 
fluide  produit  par  raréfaction  , tel  que 
l’eau  réduite  en  vapeur , & un  autre  pro- 
duit par  changement  ou  production  , eft 
que  celui  qui  doit  fon  exiftence  à la  ra- 
réfaction , fe  réduit  de  nouveau  en  la  fubf- 
tance  dont  il  étoit  forti,  comme  la  vapeur 
de  l’eau  fe  condenfe  de  nouveau  en  eau; 
& que  le  fluide  produit  d’un  corps  par 
une  efpèce  de  métamorphofe , ( c’eft-à- 
dire  lorfqu’une  fubftance  eft,  par  une  opé- 
ration quelconque  , foit  de  la  nature , foit 


du  feu , joint  à une  quantité  proportionnée  d’air  inflam- 
mable dégagé  du  charbon  par  la  même  caufe,  fait  le  fon- 
dement de  la  théorie  nouvelle  que  j’ai  donnée  de  l’explo- 
fion  redoutable  de  la  poudre  à canon  : elle  efl:  inférée  dans 
la  fcconde  partie  du  volume  69  des  Tranfaéb'ons  Philofo- 
phiques  de  la  Société  royale  de  Londres.  Avant  la  con- 
noifl’ance  de  cet  air  vital,  qui  efl:  en  même  temps  le  fou- 
tien  de  la  vie  des  animaux  & l’aliment  de  la  flamme,  on 
ne  pouvoit  pas  donner  une  raifon  claire  de  la  force  prefque 
irréfiftible  de  cette  poudre  , & comprendre  pourquoi  elle 
n’a  pas  befoin  d’être  en  contaél  avec  l’air  de  l’atmofphère 
pour  s'enflammer. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XXVII.  117 
de  l’art,  changée  en  un  fluide  tout-à-fait 
différent  de  la  nature  du  corps  dont  il  eft 
produit  ) ; ce  fluide , dis-je , ne  peut  plus  re-  ^ 
prendre  fa  forme  précédente , mais  refie  ce 
qu’il  ell devenu:  tel  eft  l’air  déphlogiftîqué , 
produit  du  nitre  par  la  chaleur. 

Je  fensbien  que  le  mot  de  changement  * 
de  métamorphofe  , de  tranfmutation  , ne 
plaira  pas  à ceux  qui  ont:  déjà  pris  la  ferme 
i réfol  ution  de  n’admettre  aucun  change- 
ment proprement  dit  d’une  fubftance  en 
îune  autre  , mais  qui  difent , que  la  matière 
tétant  immuable,  tous  les  changemens  ap- 
.parens,  ne  font  que  des  modifications  va- 
riées qu’elle  ftibit , & qui  la  fait  fe  montrer 
tantôt  fous  une  forme , tantôt  fous  une  au- 
itre.  Mais,  ne  voulant  pas  entrer  en  difcuf- 
ifion  fur  la  poftibilité  d’une  tranfmutation 
iréelle  des  fubftances  les  unes  dans  les  au- 
tres , je  ne  regarde  cette  critique  que 
(comme  un  jeu  de  mots  ; car  , fi  je  démon- 
tre que  ce  qui  étoit  hier  un  corps  folide 
ceft  devenu  aujourd’hui  un  fluide  élaftique , 
{permanent , un  véritable  air  , je  ne  fais 
ccomment  faire  comprendre  ce  phénomène, 
qu’en  difant  que  cette  fubftance  eft  changée. 
en  air.  Si  je  vois  que  la  fubftance  pu- 
rrement  végétale  dont  les  animaux  grami- 
inivores  fe  nourriffent , fe  trouve  transfor- 
mée, parl’aèfion  vitale  des  organes  de  ces 


1 1 8 Expériences 

animaux,  en  fubftance  purement  animale, 
je  penfe  que  je  peux  nommer  ce  phéno- 
mène un  changement , une  transmutation . 
Si  quelqu’un  peut  me  fuggérer  un  mot  plus 
approprié  à l’idée  que  j’y  attache,  je  l’adop- 
terai volontiers  ; mais  celui  qui  m’a  fait  cette 
obje&ion,  m’a  avoué  en  même  temps  qu’il 
ne  'favoit  pas  de  quel  terme  on  pourroit  fe 
fervir  pour  expliquer  le  fait  dont  il  s’agit. 

Des  changemens  ou  tranfmutations  fem- 
blables  à celui  que  l’air  femble  fubir , fe 
rencontrent  prefque  par-tout.  Toutes  les 
fubllances  , ou  du  moins  prefque  toutes 
celles  que  nous  connoiffons,  fubiffent  con- 
tinuellement quelque  altération,  & paroif- 
fent  à la  fin  toutes  autres  qu’elles  etoient 
auparavant.  La  plante  qui  nous  fert  de 
nourriture,  eft  fouvent  la  proche  voifine 
d’une  autre  qui  tire  de  cette  même 
terre  un  vrai  poifon.  L’aliment  dont  une 
vipère  fe  nourrit  , fe  change  dans  fon 
corps  en  une  fubftance  qui  n’a  rien  de  nui- 
fible  aux  autres  animaux  : mais , dans  une 
feule  partie  de  fon  corps , ce  même  aliment 
fe  change  en  un  venin  des  plus  virulens. 
Le  lue  que  la  racine  d’un  arbre  pompe  de 
la  terre , fe  change  en  fruits  entièrement 
différens  en  goût  & en  qualité , fi  on  a 
greffé  différentes  fortes  de  fruits  fur  cet 
arbre.  Le  corps  d’un  animal  devient  un  en- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XXVII.  Il  9 
grais  pour  des  plantes  par  la  corruption  ; 
ainfi  il  fe  transforme  dans  la  fubftance  des 
plantes.  Ces  plantes  étant  brûlées,  fe  chan- 
gent en  cendres  ; lesquelles  étant  de  nou- 
veau expofées  au  feu,  mêlées  avec  du  fa- 
ble & de  la  chaux  de  plomb , deviennent 
un  verre  beau  & tranfparent.  Ainli , ce  qui 
conftitue  à préfent  une  partie  de  notre 
corps , peut  devenir  en  peu  de  temps  une 
partie  d’un  pot  ou  d’une  bouteille  ; il  y a 
même  un  moyen  de  changer  une  grande 
partie  de  notre  corps  en  verre,  en  moins  de 
vingt-quatre  heures  (a). 


(a)  M.  Sheele  nous  adonné  une  méthode  de  convertir 
les  os  des  animaux  en  une  fubftance  vitreufe  qui  donne , 
par  l’addition  du  charbon , un  très-bon  phofphore.  Cette 
fubftance  vitreufe  a toutes  les  propriétés  du  verre  , & 
peut  être  transformée  en  vafes.  J’ai  vu  chez  M.  Sage,  de 
l’Académie  royale  des  Sciences  de  Paris,  avec  quelle  fa- 
cilité ce  verre  fe  forme  avec  des  os.  Cette  fubftance  vitreufe 
réduite  en  poudre,  &.  mêlée  avec  égale  quantité  de  char- 
bon pilé,  donne,  par  la  diftillation,  un  quart  de  fon  poids 
de  phofphore  tranfparerït , d’une  meilleure  qualité  que  celui 
qui  a été  fait  félon  la  méthode  de  Kunckel  par  le  fel  fu- 
fible  de  l’urine.  Le  célèbre  Beccher,  à qui  la  chymie  doit 
infiniment , dit , dans  fon  ouvrage  intitulé  Phyfica  fultcr- 
ranea , pag.  67,  édition  de  Leipfich  1738,  (la  première 
édition  de  ce  livre  eft  de  1669  ) qu’on  peut  faire  de 
nos  os  aifément  un  très-beau  verre  ; il  y exprime  le  defir 
qu’il  avoit  que  quelqu’un  voulût  fe  donner  la  peine  , après 
fa  mort , de  changer  fes  os  en  verre  , & d’en  former  des 
fleurs  ; fervice  qu’il  croyoit  beaucoup  préférable  à la  cou- 
tume humiliante  de  laifier  nos  cadavres  pourrir , & être 
dévorés  par  des  infeéfes.  Ce  paffage  me  femble  affez  re- 
marquable pour  en  donner  un  extrait.  Voici  fes  paroles: 

H iv 


i2o  Expériences 

Les  trois  acides  minéraux  font  peut-être 
le  même,  acide  modifié  par  différentes  ad- 
ditions , dont  la  nature  nous  eft  encore  in- 
connue; & un  jour  on  trouvera  un  moyen 
d’en  féparer  ces  additions  , & ainfi  de  chan- 
ger l’acide  marin  en  acide  nitreux  , &c. 
Quelques  chymiftes  de  réputation  ont  déjà 
adopté  cette  opinion.  Une  quantité  plus  ou 
moins  grande  de  phlogiltique  peut  rendre 
leur  nature  tout-à-fait  différente,  comme 
ce  même  principe  rend  l’air-  refpirable , s’il 
en  eft  chargé  , entièrement  différent  de  ce 
qu’il  eft  dans  l’état  de  pureté  , ou  lorfqu’il 
eft  abfolument  fans  phlogiltique  ; car  l’air 
commun , chargé  de  phlogiltique , eft  mor- 
tel pour  un  animal  dans  l’inftant  qu’il  y 
eft  plongé;  & ce  même  air,  privé  de  fon 
phlogiltique , conltitue  cet  air  vital , ce 
véritable  pabulum  vitæ  , connu  fous  le  nom 
d’air  déphlogiltiqué , dans  lequel  un  ani- 
mal prolonge  fa  vie  beaucoup  plus  que  dans 


Quis  vero  credat , in  animalibus  dari  tenant  fufibilem,  imo  om- 
nium nobiliffimam  ?...  Et , après  avoir  fouhaité  que  tes 
os  fuflent  transformés  en  jolies  fleurs  de  verre,  il  continue 
ainfi  : Nonne  mclius  foret , quàm  ut  jam  fub  terra putrefcerent , & 
femi-putrida  publicis  locis  expofi ta , prætereuntibus , impr irais 
gravidis  & pueris  , hiantibus  oculorum  orbitis , dentibus  nec- 
dum  abfumptis  , tremendum  fpetfaculum  ejfent  ? . Hoc  ejl 
quod  concludere  volo  ; homo  vitrum  ejl,  in  vitrum  reldi gi  po- 
te(l , (icut  & omni a animalia , diaphanum , omnium  vitrorum 
nobilijfimum. . . . Qud  vero  manipulalione  præparetur  3 non  ejl 
propojin  nui , propter  varios  abufus , hic  propalare . 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  XXVII.  121 
le  meilleur  air  atmofphérique.  L’acide  vi- 
triolique  dérobe  au  fer  fon  phlogiftique , 
qui  fe  combine  à l’air  dégagé  par  cette 
effervefcence,  & qui  devient  pour  cette 
railon  ce  qu’on  appelle  air  inflammable. 
L’acide  nitreux , lorfqu’il  eft  aflez  con- 
centré' pour  difloudre  le  fer  avec  une 
grande  effervefcence , dérobe  aufli  à ce  mé- 
tal fon  phlogiftique  ^ mais  ne  lui  permet 
pas  de  s’unir  en  affez  grande  quantité  à 
l’air  qui  en  eft  dégagé,  pour  le  rendre  in- 
flammable. Cet  acide  , toujours  avide  de 
phlogiftique,  le  retient  en  lui-même  : au 
moins  ce  principe  ne  fe  trouve  plus  dans 
le  fer,  lorfqu’on  le  précipite  de  cet  acide 
fous  la  forme  d’une  ocre.  Mais  lorfque  le 
même  acide  nitreux  eft  délayé , il  diffout  le 
fer  lentement , ne  prive  pas  ce  métal  de  fon 
phlogiftique;  &,  dans  l’air  qui  fé  dégage,  il 
y a une  partie  d’air  commun  , une  partie 
d’air  fixe , une  partie  d’air  phlogifliqué  , 
comme  j’ai  déjà  dit  ci-deffus.  C’eft  de  cette 
façon  qu’on  peut  réduire  la  limaille  de  fer 
en  une  poudre  impalpable  qui  eft  toute  atti- 
rée par  l’aimant. Cette  poudre  étant  dépouil- 
lée par  l’eau  de  tout  acide  nifreux , confti- 
tue  un  véritable  éthiops  maniai , d’une  très- 
grande  importance  pour  la  médecine  (<3). 

( a ) Cette  méthode  aifée  de  faire  une  grande  quantité 
td’éthiops  martial  en  peu  de  temps,  a été  découverte  par 


I 


122  Expériences 

L’acide  vitriolique  extrait  de  l’air  fixe 
des  terres  &.  pierres  calcaires.  Le  même 
acide  dégage  des  fpaths  phofphoriques  un 
air  d’une  qualité  merveilleufe , qui  corrode 
le  verre  même  le  plus  dur , ôt  le  réduit  en 
pouffière  par  fon  contaâ  feul  ; & cet  air  , 
qui  exerce  tant  de  pouvoir  fur  cette  fubf- 
tance,  qui  paffoit  prefque  pour  incorrup- 
tible , fe  détruit  dans  un  inlfant  par  le  con- 
taâ:  de  l’eau , & fe  réduit  de  nouveau  fous 
la  forme  de  matière  pierreufe , qu’elle  avoit 
été  auparavant  (<s). 

Lorfque  nous  conlidérons  toutes  ces  dif- 
férentes formes  que  l’air  prend , & que  nous 
les  comparons  avec  les  changemens  que 
les  autres  corps  fubilTent,  il  nous  paroîtra, 
je  penfe  , très  - probable  que  les  différens 
airs  dégagés  de  différentes  fubftances  , 
doivent  leur  nature  fpécifique  principale- 
ment à l’opération  particulière  par  laquelle 


M.  Croharè , apothicaire  à Paris;  elle  a été  communiquée 
à la  Société  royale  de  Médecine  de  Paris,  & fe  trouve 
dans  fes  Mémoires  de  l’année  1776 , pag.  326,011  on  trouve 
entr’autres  aufli  la  méthode  de  préparer  ce  médicament  de 
M.  Rouelle,  qui  diffère  peu  de  celle  de  M.  Croharè. 

(a)  C’eft  à M.  Sheele  que  nous  devons  la  découverte 
de  l’acide  fpathique,  & de  cet  air  furprenant  qu’on  obtient 
des  fpaths  phofphoriques , ou  fluors  l'patheux.  Le  contaél 
de  l’eau  détruit  cet  air,  parce  qu’en  abforbant  l’acide 
vitriolique  devenu  volatil  par  le  phlogiftique  du  fpath , 
la  terre  fpatheufe  eft  abandonnée. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XXVIÎ.  12 3 
ils  font  produits  ; & qu’il  n’eft  pas  plus  exaft 
de  dire  qu’ils  exiffoient  tels  dans  ces  fubf- 
tances,  que  d’avancer  qu’il  exiffe  du  verre 
dans  notre  corps,  parce  que,  par  certaines 
opérations  , nous  pouvons  changer  une 
partie  de  notre  corps  en  cette  fubllance;  ou 
qu’il  exiffe  de  la  graiffe  dans  l’herbe,  parce 
que  les  organes  des  animaux  qui  en  font 
leur  nouriture,  changent  ces  végétaux  en 
graiffe. 

Il  fuit  de  ceci , que  lorfque  nous  faifons 
notre  nourriture  des  végétaux,  nous  ne 
prenons  pas  avec  eux  de  l’air  fixe  comme 
tel , & dégagé  dans  nos  entrailles , mais 
que  cet  air  eff  produit  de  ces  végétaux  par 
l’efpèce  de  fermentation  qu’ils  fubiffent 
dans  les  premières  voies. 

Nous  avons  vu  que  l’air  eff  très-éloi- 
gné  d’être  un  fluide  inaltérable , mais  qu’il 
peut  aifément  s’éloigner  de  fa  nature  fini- 
pie  & originelle.,  par  l’addition  ou  fouf- 
traéfion  de  quelque  chofe , ou  parce  que 
quelque  qualité  lui  eff  donnée  par  l’une 
ou  l’autre  opération  capable  de  l’altérer. 
Nous  ne  devons  donc  plus  être  étonnés 
de  trouver  que  la  conffitution  de  l’atmof- 
phère  eff  rarement  la  même  pendant  un 
jour  entier , & que  le  degré  de  fa  falubrité 
foit  auffi  inconffant  que  celui  du  froid  & de 


124  Expériences 

la  chaleur  (a).  En  effet,  j’ai  trouvé  rare- 
ment le  degré  de  falubrité  le  même  pen- 
dant une  journée  entière , dans  tout  le 
temps  que  j’ai  palTé  dans  ma  retraite  en 
campagne. 

Ceux  qui  ne  connoiifent  pas  encore  le 
degré  d’exaâitude  que  Yeudiomètre  a reçu 
entre  les  mains  de  l’abbé  Fontana , feront 
peut-être  très-portés  à croire  que  ces  va- 
riations continuelles  dans  l’état  de  l’air, 
qu’on  découvre  par  la  preuve  de  l’air  ni- 
treux , dépendent  plutôt  de  l’imperfe&ion 
de  la  méthode  même , que  de  l’inconftance 
de  la  conftitution  del’atmofphère.  J’avoue 
que  j’avoisle  mêmefoupçon,  avant  que  M. 
Fontana  m’eût  convaincu  de  mon  erreur. 
Voici  l’expérience  qui  me  paroiffoit  déci- 
five  à cet  égard.  Si  on  conferve  un  vafe  de 
verre  allez  grand , rempli  d’air  commun  & 
bien  bouché,  & qu’on  écrive  le  réfultat  de 
l’épreuve  qu’on  en  a faite  avec  l’air  nitreux; 
qu’enfuite  on  effaie  de  nouveau  l’air  tenu 


( a ) Quoiqu’il  foit  peut-être  très-vrai  que  l’état  de 
falubrité  de  l’atmofphère  eft  aulîï  inconfiant  que  le  degré 
de  chaleur  &.  de  froid  , on  doit  cependant  remarquer  que 
les  deux  extrémités  de  chaleur  & de  froid  font  beaucoup 
plus  disantes  l’une  de  l’autre , que  les  deux  extrêmes  qui 
fe  trouvent  entre  le  meilleur  & le  plus  mauvais  air  qu’on 
rencontre  dans  le  même  lieu. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XXVII.  125 
dans  ce  vafe,  dans  un  temps  où  l’air  de  l’at- 
mofphère  paroît,  par  la  même  épreuve, 
différer  de  celui  du  vafe;  on  trouvera  que 
le  réfultat  de  l’effai  fait  avec  l’air  contenu 
dans  le  vafe  , eff  conforme  au  réfultat  fait 
dans  le  temps  qu’on  l’avoit  rempli , 8c  ne 
l’eff  en  aucune  façon  à celui  fait  le  jour 
qu  on  aura  remarque  le  changement  dans 
l’atmofphère.  Cette  expérience  , dis  - je  , 
prouve  évidemment  la  bonté  de  cette  mé- 
thode de  juger  de  l’état  de  l’air , 8c  dé- 
montre en^même  temps  que  l’état  de  fa- 
lubrité  de  l’air  commun  eff  réellement  fu- 
jet  à des  variations. 

Il  feroit  peut-être  très-difficile  de  don- 
nei  une  raiion  fatisfaifante  de  ces  varia- 
tions dans  le  degre  de  bonté  de  l’atmof- 
phère fur  le  même  lieu.  Il  me  paroît  ce- 
pendant probable  que  cette  inconfiance 
dépend  principalement  de  la  nature  par- 
ticulière de  1 air , qui  rend  cet  élément 
tres-fujet  aux  alterations  par  nombre  de 
câufes , dont  beaucoup  font  peut  - être 
trop  cachées  pour  pouvoir  jamais  être 
découvertes  par  l’efprit  humain.  En  effet, 
fi  nous  confiderons  que  1 air  que  les  végé- 
taux contiennent , fe  change,  de  l’état  d’air 
commun,  en  air  qui  approche  de  l’air  com- 
mun , en  air  dephlogifliqué,  ou  en  air  qui  eff 
un  vrai  poifon  , par  des  caufes  auffi  légères 


126  Expériences 

en  apparence  que  celles  de  la  lumière  8c 
de  l’ombre  ; fi  nous  confidérons , dis-je  , 
qu’un  peu  plus  ou  moins  de  clarté  peut 
produire  des  différences  fi  fenfibles  dans 
cet  élément,  n’avons -nous  pas  fujet  de 
croire  qu’il  exifle  dans  la  nature  un  grand 
.nombre  de  caufes  qui , fujettes  elles-mêmes 
à des  variations  continuelles,  produifent 
tant  d’inconfiance  dans  l’état  de  falubrité 
de  l’atmofphère  ? Un  peu  plus  ou  moins 
de  chaleur , un  peu  plus  ou  moins  de 
clarté  du  jour,  la  féchereffe  ou  l’humi- 
dité, les  différentes  direftions  des  vents, 
qui  nous  amènent  l’air  bon  ou  mauvais 
des  pays  éloignés , 8c  beaucoup  d’autres 
caufes  qui  nous  font  ou  entièrement  in- 
connues, ou  auxquelles  on  n’a  prêté  aucune 
attention  jufqu’à  préfent,  peuvent  con- 
tribuer à altérer  l’état  de  notre  élément. 


SECTION  XXVIII. 


Sur  la  nature  de  l'air  qui  fort  de  la  furfacc 
de  notre  corps . 


La  furface  de  notre  corps , comme  celle 
de  tous  les  animaux  8c  de  tous  les  végé- 
taux , exhale  deux  fortes  de  fluides  ; l’un 
aqueux  très  - abondant  , fous  forme  de 
vapeurs,  la  plupart  invifibles  : on  l’appelle 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.  XXVIII.  127 
la  tranfpiration  infenfible.  L’autre  eft  un 
fluide  aérien  en  très -petite  quantité,  qui, 
étant  toujours  inviflble  , n’a  été  remarqué 
que  de  peu  de  phyficiens. 

On  fait  depuis  long-temps , que  le  corps 
de  tous  les  animaux  ell  rempli  d’air;  que 
les  parties,  tant  folides  que  fluides,  le  con- 
tiennent dans  un  état  de  compreflion  ; & 
que  les  cavités  qui  fe  trouvent  dans  diffé- 
rens  endroits  de  leurs  corps,  en  font  rem- 
plies. La  machine  pneumatique  met  cette 
doélrine  hors  de  tout  doute  ; car,  dès  qu’on 
empêche  la  preflion  externe  de  l’atmof- 
phère  fur  le  corps  d’un  animal , en  l’en- 
fermant fous  une  cloche  de  verre  dont 
on  pompe  l’air , l’air  exiflant  dans  fon 
corps  n’etant  plus  retenu  par  une  preflion 
égale  de  la  part  de  l’air  externe,  exerce 
toute  fon  élaflicité , s’étend , & gonfle  l’a- 
nimal énormément.  .L’air  s’introduit  dans 
i notre  corps  de  deux  manières;  l’une  avec 
les  alimens,  qui  fous  en  contiennent,  & 
; quelques-uns  en  une  très-grande  quantité  : 
tels  font  les  végétaux;  l’autre  par  la  refpi- 
: ration.  Il  paroît  bien  probable  que  nous 
(devons  être  débarrafles  de  cet  air,  lorfqu’il 

I a fait  la  fonction  que  la  nature  lui  a aflignée. 

II  paroît  que  nos  organes  de  la  digeflion 
s’accommodent  prefque  de  toute  efpèce 

if  d’air,  St  même  que  les  airs  que  les  pou- 


128  Expériences 

mons  ne  fouffriroient  pas  fans  danger , font 
reçus  de  l’eftomac  impunément;  enfin  que 
dans  plufieurs  cas  , de  tels  airs  aident  mer- 
veilleufement  l’eftomac  à mieux  digérer 
les  alimens.  Une  bonne  quantité  de  cet 
air  méphitique  connu  fous  le  nom  d’air 
fixe  , prife  intérieurement  , eft  un  des 
plus  puiffans  remèdes  dans  les  maladies 
bilieufes,  putrides,  fcorbutiques,  8tc.  Nos 
poumons , au  contraire,  ne  s’accommodent 
d’aucun  air  que  du  bon,  de  l’air  atmofphé- 
rique  le  plus  pur. 

Quelques  phyficiens  ont  déjà  remarqué 
que  dans  un  bain , il  fort  de  notre  peau 
des  bulles  d’air  en  affez  grande  quantité; 
mais  on  trouvoit  fort  difficile  de  les  ramaffer, 
& encore  plus  d’en  examiner  la  nature. 
Lorfqu’on  plonge  une  partie  de  notre  corps 
dans  l’eau,  même  froide , on  obferve  toute 
la  furface  couverte  de  bulles  ou  veffies 
d’air.  Ces  bulles  font  d’autant  plus  remar- 
quables , que  la  peau  eft  plus  sèche  au  mo- 
ment qu’elle  touche  l’eau , & que  la  partie 
eft  plongée  plus  fubitement  fous  l’eau  (a). 


(a)  M.  le  Comte  de  Milly,  de  l’Académie  royale 
des  Sciences  de  Paris,  eft  l’auteur  d’un  Mémoire  fur  une 
fubftance  aériforme  qui  émane  du  corps  humain , & fur 
la  manière  de  la  recueillir.  Ce  Mémoire  a été  lu  devant 
l’Académie  royale  de  Berlin,  le  19  décembre  1777.  Le 
Comje  de  Milly  fe  mit  d$ns  le  bain , dont  la  température 

étoit 


SUR  LES  VÉGÉT,  Sec?.  XXVI IL  129 
Il  eft  vrai  que  tout  l’air  contenu  dans 
les  bulles  qu’on  obferve  d’abord  fur  la  peau 
plongée  fous  l’eau,  n’eft  pas  de  l’air  forti 
des  pores  de  la  peau,  mais  qu’une  grande 
partie  eft  de  l’air  atmofphérique  adhérent 
a la  furface  de  la  peau;  car  la  peau  eft  en- 
duite d’une  couche  de  fubftance  ondueufe 
qui  empêche  l’adhérence  de  l’eau.  Ainft 
l’eau  gliftant  fur  la  peau  dans  le  moment  de 
d’immèrfton , & ne  fe  trouvant  pas  en  contad 
1 immédiat  avec  la  peau,  laifté  en  plulieurs 
endroits  l’air  adhérent  à la  peau,  aufti  il  fe 
hait  voir  bientôt  après  fous  la  forme  de 
Lgroffes  bulles.  Ceci  paroît  d’autant  plus 

. toit  de  2 -j\  du  thermomètre  de  Réaumur , & celle  de  l’at- 
nnofphère  à 17  degrés.  Après  quatre  minutes  de  tranquil- 
le, il  apperçut  des  bulles  d’air  fe  former  fur  toutes  les 
parties  du  corps  qui  fe  trouvoient  plongées  fous  l’eau  ; alors 
S teuoitde  la  mûn  gauche  une  bouteille  renverfée  & rem- 
die  d’  eau  , à l’ouverture  de  laquelle  un  entonnoir  de  verre 
toit  adapté,  tandis  qu’avec  la  main  droite  il  frottoit  légè- 
-ment  la  lurface  de  la  peau  pour  en  faire  élever  les  bulles 
ui  montoient  avec  vivacité.  L’auteur  dit  qu’on  peut  ra- 
lafler  dans  le  temps  de  trois  heures,  de  cette  manière, 
me  quantité  d’air  d’une  demi- pinte.  Après  avoir  amafle 
::  gas  animal,  il  en  examina  la  nature  : une  bougie  s’y 
eignit  ; l’eau  de  chaux  s’y  précipita.  Le  mélange  de 
::t  air  avec  l’air  nitreux,  ne  fit  pas  rutiler  celui-ci;  d’où 
conclut  que  le  gas  animal  eft  de  la  même  nature  que 
ir  fixe,  parce  qu’il  prouuit  les  mêmes  effets.  Il  penfe 
te  l’air  de  la  peau  , ou  l’air  animal , a beaucoup  d’analogie 
ec  1 air  de  la  refpiration  , qu’il  prend  pour  un  air  com- 
1 fé  d’air  fixe  & d’air  commun.  Nouveaux  Mémoires  de 
Académie  Royale  des  Sciences  & B elles- Lettres  de  Berlin  , 
née  1777,  pag.  31. 


I 


130  Expériences 

probable,  que  les  parties  auxquelles  ces 
bulles  adhèrent,  fe  trouvent  tout -à -fait 
sèches  , lorfqu  on  les  examine  immédiate- 
ment après  que  la  partie  efl  tirée  hors  de 
l’eau.  Quoiqu’il  paroiffe  certain  que  ces 
bulles  font  en  partie  de  l’air  atmofphé- 
rique , il  efl  cependant  apparent  qu’elles 
font  en  partie  auffi  de  l’air  forti  de  la  peau  ; 
car , fi  elles  n’étoient  compofées  que  d’air 
commun , elles  ne  grandiraient  pas  dans 
l’eau  froide,  mais,  au  contraire,  elles  fe 
rétréciraient  de  plus  en  plus , à mefure 
que  la  partie  plongée  fous  l’eau  froide  ap- 
procherait de  la  température  de  cette  eau  ; 
car  l’air  dilaté  par  la  chaleur  de  la  peau , 
fe  condenferoit  par  le  conta#  d’une  furface 
froide.  Mais  il  arrive  tout  l’oppofé  : ces; 
bulles,  au  commencement  petites,  gran- 
di ffent  un  peu  fous  l’eau;  8t,  devenues; 
d’un  volume  confidérable  , fe  détachent 
de  la  peau  , & montent  à la  furface  de 

15  ' 

eau. 

Je  penfe  que  le  bain  chaud  n’efl  pas  aufll 
propre  à ramaffer  l’air  de  la  peau  , que 
le  bain  froid , puifque  l’eau  chauffée  a 
perdu  beaucoup  de  fon  propre  air,  8c , par 
conféquent,  efl  très-difpofée  à abforber 
celui  qui  fort  de  la  peau.  D’ailleurs , comme 
la  chaleur  de  l’eau  altère  l’air  des  plantes, 
& même  celui  qui  efl  dégagé  de  l’eau  feule. 


\ 


SUR  LES  VÉGÉT.  Seci.  XX^lll.  I 3 i 
( comme  on  peut  voir  dans  les  Serions  V 
& XXVII ) il  me  paroît  probable  quelle 
pourroit  de  même  altérer  l’air  qui  fort  de 
la  peau.  L’eau  de  pompe  fraîchement  tirée 
èft  la  meilleure  pour  cet  objet. 

Etant  à Paris,  au  commencement  de 
mai  1780,  j’allai  exprès  me  baigner  avec 
un  de  mes  amis  à un  des  bains  chauds  qui 
font  fur  la  Seine.  Nous  refiâmes  une  heure 
& demie  dans  le  bain , la  chaleur  de  l’eau 
étant  à 75  au  thermomètre  de  Farenheit , & 
celle  de  l’air  à 77.  Nous  avons,  pendant  tout 
ce  temps , frotté  nos  corps  avec  le  bord  d’un 
verre  fort  large  tenu  renverfé  fous  l’eau  : en 
commençant  l’opération,  après  y avoir  été 
tout-à-fait  tranquilles  pendant  lix  ou  fept 
minutes,  nous  n’avons  pu  obtenir  chacun 
qu’environ  un  demi-pouce  quarré  d’air. 
Cet  air  étant  fecoué  avec  l’eau  pendant 
trois  ou  quatre  minutes  dans  un  tube 
gradué , ne  diminuoit  en  rien  , & par  con- 
féquent  ne  pouvoit  être  de  l’air  fixe.  En 
l’effayant  avec  l’air  nitreux , je  trouvai 
que  d’une  égale  quantité  de  cet  air  & d’air 
nitreux , il  reftoit  de  la  maffe  combinée 
des  deux  airs  g-  : ainli  dans  cet  air  une 
bougie  fe  feroit  éteinte  , & un  animal  y 
auroit  fouffert  de  grandes  angoiffes. . Je 
n’ai  jamais  pu  Obtenir  allez  de  cet  air  pour 
pouvoir  elfayer  s’il  précipiteroit  de  l’eau 
de  chaux.  I ij 


132  Expériences 

Si  nous  tenons  fous  l’eau  le  bras,  ou 
quelque  autre  partie  de  notre  corps,  8c 
que  nous  réparions  de  la  peau  toutes  les 
bulles  d’air  qui  y adhérent,  nous  verrons 
bientôt  celles-ci  remplacées  par  d’autres 
très-petites  8c  plus  nombreufes,  lefquelles 
étant  chaffées  de  nouveau , font  auffi  fui- 
vies  de  nouvelles  bulles.  Mais  le  meilleur 
moyen  de  fe  convaincre  de  la  fortie  con- 
tinuelle d’air  par  ]a  peau,  eff  de  chaffer 
toutes  les  bulles  de  la  partie  plongée  fous 
l’eau,  8c  enfuite  de  gliffer  le  long  de  la 
peau,  le  bord  d’un  verre  cylindrique  affez 
long  8c  plein  d’eau , de  façon  que  le  fond 
renverfé  foit  au  deffus  de  la  furface  de 
l’eau,  pendant  qu’on  gliffe  le  bord  deffus 
la  peau , fous  l’eau.  De  cette  façon  on  voit 
un  grand  nombre  de  très -petites  bulles 
d’air  monter  continuellement  vers  le  fond 
renverfé  du  verre  cylindrique  , s’y  affem- 
blent,  8c  y forment  à la  fin  une  maffe  affez 
grande  pour  la  foumettre  à l’épreuve.  Cette 
opération  exige  de  la  patience. 

J’ai  ramaffé  de  cette  manière  une  petite 
quantité  d’air  de  mon  bras , en  prenant 
également  les  premières  grandes  bulles 
8c  les  petites  fuivantes.  Il  m’a  paru  que 
la  quantité  déjà  obtenue  diminuoit  d’elle- 
même  , en  s’incorporant  avec  l’eau  , 8c 
qu’ainfi  cet  air  étoit  en  partie  de  l’air 


1 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.  XXVIII.  133 
fixe.  Je  ne  fuis  cependant  pas  sûr  fi  je  ne 
me  fuis  pas  trompé;  car  il  falloir  juger  par 
la  vue  feulement,  8c  la  maffe  d’air  étoit 
trop  petite  pour  juger  de  fa  quantité  fans 
crainte  d’erreur.  Quoi  qu’il  en  foit,  cet 
air  n’avoit  rien  de  commun  avec  l’air  fixe  , 
après  avoir  été  accumulé  en  afiez  grande 
quantité  pour  le  foumettre  à l’examen  ; car 
il  ne  diminuoit  pas  par  les  fecoufies  dans 
l’eau  : ainfi  s’il  y avoit  réellement  eu  de 
l’air  fixe  mêlé , il  étoit  difparu  8c  incor- 
poré avec  l’eau  ; il  étoit  de  l’air  phlogif- 
tiqué,  8c  mauvais  pour  la  refpiration;  car 
une  mefure  de  cet  air  8c  une  d’air  nitreux, 
occupoient  1.4  6. 

J’ai  ramafie  de  la  même  manière,  une 
imefure  d’air  des  bras  d’une  jeune  perfonne 
âgée  de  dix-neuf  ans , 8c , félon  toute  appa- 
rence, d’une  fanté  parfaite;  8c  je  le  trouvai 
(d’une  qualité  fi  nuifible  qu’un  animal  n’au- 
roit  pu  y vivre  pendant  une  feule  minute; 
ccar  une  mefure  de  cet  air  8c  une  d’air  ni- 
ttreux  occupoient  1.84:  ce  qui  m’a  con- 
vaincu que  l’air  qui  fort  de  la  peau  des 
jeunes,  gens , n’efi:  pas  plus  pur , ou  moins 
mal-faifant , que  celui  qui  provient  de  la 
;peau  des  perfonnes  plus  avancées  en  âge; 
(8c , par  conféquent , que  s’il  y avoit  quel- 
que avantage  pour  des  perfonnes  âgées  â 
ccoucher  dans  le  même  lit  avec  des  jeunes 


134  Expériences 

gens,  comme  quelques-uns  fe  l’imaginent, 
il  ne  pourroit  provenir  de  ce  qu’elles  tranf- 
pirent  un  air  meilleur  8c  plus  falubre.  C’eff 
une  erreur  pernicieufe  de  croire  que  l’air 
d’un  appartement  dans  lequel  un  grand 
nombre  de  jeunes  gens  ont  été  enfermés  , 
comme  il  arrive  dans  les  ecoles , eff  devenu 
meilleur,  fur-tout  pour  des  perfonnes  âgées, 
8c  que  cet  air  tend  à prolonger  leur  vie.  Je 
me  fouviens  d’avoir  vu  des  maîtres  d’école 
fi  fortement  imbus  de  ce  préjugé , qu’ils  ne 
vouloient  pas  fouffrir  qu’on  ouvrît  les  fenê- 
tres de  l’école,  de  crainte  que  le  jeune  air , 
comme  ils  l’appeloient,  ne  s’échappât.  Ils  s i- 
maginoient  que  cet  air  rempli  des  émana- 
tions vraiment  nuifîbles  aux  vieux  comme 
aux  jeunes  , prolongerait  leur  propre  vie. 

J’ai  obfervé  que  l’air  contenu  dans  les 
greffes  bulles  qui  paroiffent  d’abord  qu’on 
plonge  le  bras  fous  l’eau,  eft  d’une  qua- 
lité moins  mauvaife  que  celui  qu’on  obtient 
des  petites  bulles  qui  fuccèdent.  La  raifon 
en  eff  que  les  premières  bulles  font,  pour 
la  plupart,  de  l’air  del’atmofphère,  comme 
j’ai  déjà  dit,  8c  que  les  petites  qui  fortent 
enfuite  de  la  peau,  pendant  que  la  partie 
eff  fous  l’eau , font  formées  de  l’air  qui 
fort  de  la  peau  même.  Pour  vérifier  ceci , 
je  ramaffai  de  Pair  des  bras  d’une  autre 
jeune  perfonne  d’une  bonne  faute,  en  pre- 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclujion.  135 
liant  & toutes  les  grottes  bulles  qui  paroif- 
fent  les  premières , & les  petites  qui  fucce- 
dèrent.  Je  trouvai  cet  air  moins  mauvais  que 
celui  que  j’avois  ramaifé  des  bras  de  1 autre 
jeune  perfonne,  quoique  cependant  il  fe 
trouvât  attez  mauvais  pour  qu’une  flamme 
s’y  fût  éteinte,  & qu’un  animal  n eût  pu  le 
refpirer  fans  anxiétés;  car  une  mefure  de 
cet  air  & une  d’air  nitreux , occupoient  1 .40. 


CONCLUSION. 

Depuis  qu’on  a banni  de  la  phyfique  ce 
vain  étalage  de  mots , dont  l’enfemble  ne 
fourniffoit  à l’efprit  aucune  connoiffance , 
& qu’aux  argumens , ou  plutôt  aux  fo- 
phifmes  , on  a fubflitué  des  recherches 
réelles  dans  les  ouvrages  de  la  nature  , on 
a étendu  les  connoittances  humaines  à 
un  degré  auquel  on  n’avoit  pas  préfumé 
qu’elles  puffent  ' parvenir.  La  fureur  de 
forger  des  fyflêmes  ayant  cédé  à la  néceffité 
généralement,  fentie  aujourd’hui,  d’établir 
toutes  les  connoittances  humaines  fur  un 
fondement  folide,  fur  des  expériences,  on 
a été  convaincu  que  l’ufage  de  notre  efprit 
ne  fert  fouvent  qu’à  nous  faire  tomber 
dans  l’erreur,  s’il  n’efl  guidé  par  la  lumière 
que  fourniffent  les  faits , les  obfervations 

I iy 


136  Expériences 

vraies.  Les  progrès  rapides  que  nos  phyfi- 
ciens  modernes  ont  faits  dans  la  doârine 
de  l’air,  eft  une  des  démonflrations  de  ce 
que  je  viens  d’avancer.  En  effet , avant 
que  le  goût  pour  les  expériences  eût  pré- 
valu, qui  auro-it  cru  que  ce  fluide  invifible, 
l’élément  dans  lequel  nous  vivons , pût 
jamais  être  fournis  à l’analyfe,  ou  même 
qu’on  eût  pu  en  pénétrer  la  nature? 

Ceux  des  leéfeurs  qui  favent  par  expé- 
rience combien  il  en  coûte  de  méditations 
8c  d’obfervations  pour  faire  quelques  pas 
nouveaux  dans  les  fciences  phyfiques,  ne 
feront  ni  étonnés , ni  choqués  de  la  fatis- 
faâion  que  je  témoigne  en  quelques  occa- 
flons  , d’avoir  fait  une  découverte  inté- 
reffante  par  fa  nature  8c  fes  applications 
infinies.  En  effet,  je  crois  avoir  contribué 
par  elle  à faire  mieux  connoître  la  nature 
de  notre  élément,  8c  les  moyens  que  la 
Providence  a choilis  pour  préferver  la 
race  des  animaux  des  fuites  fatales  de 
refpirer  un  air  corrompu  par  les  émana- 
tions 8c  la  putréfaéiion  de  leurs  propres 
corps , 8c  par  quantité  d’autres  caufes.  Je 
crois  avoir  découvert  un  phénomène  de 
la  nature,  entièrement  inconnu,  8c  dont  une 
partie  a été  enveloppée  jufqu’à  préfent 
dans  cette  trifle  obfcurité  qui  couvre  la  fur- 
face  de  la  terre , lorfqu’elle  ne  reçoit  plus 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion,  137 
l’influence  dire&e  de  l’aflre  qui  difpenfe 
le  jour  & la  vie  dans  toute  la  nature,  en 
répandant  fa  lumière.  , 

Je  crois  avoir  démontré  que  les  végé- 
taux ont  beaucoup  de  part  dans  l’opera- 
tion merveilleufe  de  la  nature,  par  laquelle 
la  maffe  de  l’atmofphère  eft  confervée  dans 
l’état  de  bonté  néceflaire  à notre  confer- 
vation , puifqu’ils  abforbent  les  particules 
feptiques  ou  putrides  & phlogifliques  , 
dont  le  nombre  infini  des  animaux , & tant 
d’autres  caufes  furchargent  cet  élément , 
& qu’ils  verfent  en  même  temps  une  pluie 
abondante  d’air  épuré  & vraiment  vital. 
Je  crois  avoir  aufli  démontré  que  le  grand 
avantage  procuré  au  règne  animal  par  les 
plantes , ne  dépend  pas  de  Fade  même 
de  la  végétation  ; mais  de  l’influence  de  la 
lumière  du  jour,  qui  excite  un  mouvement 
inteflin  dans  la  fubflance  des  feuilles  que 
la  plupart  des  plantes  étalent  dès  que  la 
tendance  générale  Vers  la  corruption  com- 
mence à agir  avec  le  renouvellement  de  la 
1 chaleur. 

Quoique  nous  foyions  accoutumés  à 
iregarder  avec  trop  d’indifférence  les  opé- 
rations les  plus  fenfibles  de  la  nature,  telle 
(que  la  végétation  des  plantes , nous  ne 
i pouvons  cependant  pas  réfléchir  fans  ad- 
j uni  ration  fur  les  caufes  finales  de  ces  fcènes 


138  Expériences 

qui  fe  préfentent  par -tout  à nos  yeux  , 
lorfque  nous  découvrons  ces  caufes;  parce 
que  leur  confidération  n’eft  pas  un  objet 
des  organes  de  la  vue  , ou  d’autres  fens 
externes  , mais  de  notre  entendement  , 
de  notre  raifon,  de  notre  jugement,  par 
lefquels  feuls  nous  fommes  diftingués  des 
autres  animaux.  La  confidération  des  caufes 
finales  nous  indique  que  cet  univers  ne 
doit  pas  fon  origine  au  hafard  aveugle  ; 
qu’il  n’eft  pas  de  la  même  antiquité  que 
le  temps  ; qu  il  a ete  fait  par  un  htre  tout- 
puifiant  qui,  en  lui  donnant  l’exillence  , 
l’a  doué  en  même  temps  des  qualités  les 
plus  merveilleules  fans  cefife  en  adion , St 
tendantes  avec  une  harmonie  admirable  à 
un  but  unique  & général , qui  eft  la  con- 
fier vation  du  tout. 

La  confidération  des  caufes  finales  peut 
fiervir  de  confolation  à l’homme  jufie;  car 
étant  convaincu  qu’il  eft  le  fieul , de  tous 
les  êtres  vivans  , capable  de  reconnoître 
la  caufe  intelligente  de  l’univers  dans  fes 
ouvrages , il  peut  s’attendre  à ne  pas  être 
confondu  parmi  le  nombre  infini  des  ani- 
maux incapables  de  reconnoître  leur  Au- 
teur, & , par  conféquent,  à trouver  une 
exiftence  qui  ne  foit  pas  limitée  à celle 
de  fa  vie. 

Mais  revenons,  après  cette  digreffion. 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufeotl.  1 39 

à l’objet  principal  de  cet  ouvrage,  & 
voyons  jufqu’où  les  faits  avérés  saccoi- 
dent  avec  la  théorie  que  ] ai  déduite  de 
mes  expériences.  Si  les  végétaux  contri- 
buent réellement  beaucoup  a maintenir 
la  falubnté  de  l’atmofphere  , il  s enfuit 
que  le  temps  de  l’année  ou  1 air  com- 
mun a le  plus  de  purete  , doit  etre  le 
milieu  de  l’été  & le  fort  de  l’hiver,  toute 
autre  circonftance  égale  ; car,  dans  1 ete , les 
plantes  ont  le  plus  de  vigueur  ; & dans 
l’hiver , lorfqu’il  gèle  , la  caufe  generale 
de  corruption  celle.  Il  faut  qu  en.  general 
les  pays  qui  ont  des  eaux  croupiflantes , 
& qui  manquent  de  plantes  & de  culture, 
foientles  plus  mal-fains  en  été , & fur-tout 
dans  les  temps  calmes , lorfque  les^  exha- 
laifons  nuifibles  ne  font  pas  emportées  par 
les  vents , & remplacées  par  d autres  plus 
faines  qu’ils  ont  apportées;  ces  mêmes  pays 
marécageux  doivent  encore  etre  mal-fains 
en  automne,  lorfque  les  feuilles  font  tom- 
bées, & qu’une  partie  de  la  fermentation  pu- 
tride entretenue  par  la  chaleur  de  l’été, 
continue  encore,  fur-tout  lorfqu’il  furvient 
des  jours  chauds  & humides;  car  alors,  la 
correéfion  de  l’air  vicie  par  des  exhalai- 
fons  putrides  ne  fe  faifant  plus,  1 air  doit 
acquérir  une  qualité  d’autant  plus  mal~ 


1 


*4°  Expériences 

fai  fan  te , que  le  lieu  l’infede  d’une  plus 
grande  partie  de  ces  exhalaifons.  Il  faut 
qu^en  tout  pays  1 air  foit  infalubre,  lorf- 
quen  hiver  le  temps  eh  chaud,  parce 
que , dans  un  tel  temps , la  fermentation 
putiide  reprend , & que  la  furface  de  la 
terre  fe  rouvrant , exhale  des  vapeurs  ren- 
feimees  dans  ion  fein  par  le  froid. 

L expérience  journalière  nous  démontre 
~a  jufte/îe  des  confequences  ci-deffus,  en 
nous  faifant  voir  que  les  hommes  font  en 
general  moins  fujets  aux  maladies  au  mi- 
lieu de  1 ete  & au  milieu  de  l’hiver;  que 
le  plus  grand  nombre  des  malades  fe  voit 
d ordinaire  au  commencement  du  prin- 
temps, avant  le  développement  des  feuilles, 
& fur- tout  vers  la  fin  de  l’été  ; & que  les 
hiveis  les  moins  froids  font  en  général 
les  moins  bienfaifans,  fur -tout  dans  les 
pays  bas  & marécageux.  Le  temps  nous 
apprendra  fi  la  faifon  la  plus  fertile  en 
maladies,  pourra  fe  reconnoître  par  l’eu- 
diomètre.  Quelques-unes  des  qualités  nui- 
fibles  de  1 atmofphère  fe  découvriront  cer- 
tainement par  cet  inhrument  ; mais  il  y en 
a d autres  qui  ne  font  pas  fufceptibles  d’ê- 
tre decouvertes  par  un  tel  moyen  ; l’air 
commun  n’étant  pas  toujours  mal-fain  , 
parce  qu’il  eh  moins  bon  -pour  être  ref- 


I 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion.  14 j 
pire.  En  effet,  il fe peut  que  cet  élément  Toit 
affez  bon  pour  nos  poumons,  & en  meme 
temps  nuifible  à la  fanté.  Si,  par  exemple, 
l’air  eft  froid  & humide  , il  eft  conduéieur 
de  la  chaleur,  & einpêche  la  tranfpira- 
tion  ; ainfi  un  tel  air  peut  nuire  effen- 
tiellement , en  ce  qu’il  dérobe  à notre 
corps  de  la  chaleur  vitale,  fi  on  ne  s’y 
oppofe  pas  en  couvrant  la  furface  du 
corps  plus  qu’à  l’ordinaire  ; il  faut  alors 
des  habillemens  faits  des  fubffances  qui, 
n’étant  pas  des  conduéfeurs  de  la  cha- 
leur, empêchent  que  la  chaleur  vitale  de 
notre  corps  ne  foit  abforbée  par  l’air  en- 
vironnant : telles  font  toutes  les  étoffes  de 
laine.  Celles  de  lin  & de  coton  n’ont 
pas  tant  d’effet , fur-tout  les  premières  ; car 
ces  fubffances  étant  à un  certain  degré  des 
conducteurs  de  la  chaleur , la  laiffent  paffer 
du  corps  à l’air  libre,  & ne  s’oppofent  pas 
autant  que  la  laine  au  paffage  du  froid  de 
l’air  à la  furface  du  corps , à travers  leur 
fubffance  : d’ailleurs,  un  tel  air  étant  déjà 
furchargé  d’humidité,  n’eff  pas  en  état  d’ab- 
forber  la  vapeur  de  la  perfpiration  de  notre 
corps , ainfi  cet  air  nuit  à notre  fanté  de 
plus  d’une  manière,  quoiqu’il  puiffe  être 
affez  bon  pour  la  respiration. 

Nous  devons  encore  attendre  quelques 
■années,  pour  pouvoir  déterminer  jufquoù 


142  Expériences 

les  qualités  nuifibles  de  l’air  pourront  fe 

reconnoître  par  YeucLoniètre. 

Je  trouvai,  en  janvier  &c  février  1780, 
lorfque  j’étois  dans  le  voilinage  de  Paris , 
l’air  à peu  près  auffi  pur  pendant  qu’il  ge- 
loit,  que  je  Pavois  trouvé  fur  la  mer  dans 
un  temps  tempéré , ferein  & calme.  Plus 
il  geloit  fortement,  meilleur  Pair  étoit; 
de  façon  que  dans  les  jours  les  plus  froids, 
une  mefure  d’air  commun  avec  une  d’air 
nitreux,  occupoit  0.95  , 8c  quelquefois 
moins  (a),  dans  les  jours  les  plus  froids. 
Dès  que  le  froid  diminuoit  fenfiblement , 
la  qualité  de  Pair , quoique  toujours  bonne 
pendant  la  gelée,  devenoit  moins  parfaite. 
Au  dégel , la  bonté  de  Pair  varioit  davan- 
tage; mais,  en  général,  plus  le  temps  étoit 
chaud,  moins  Pair  fe  trouvoit  bon  : fa  qua- 
lité varioit  entre  1.01  8c  1.06,  c’eft- à-dire 
qu’une  mefure  d’air-  atmofphérique  8c  une 
d’air  nitreux  fe  réduifoient  à 1 .01-1.06. 
Cette  variation  continua  jufqu’au  10  avril , 
que  je  partis  pour  Bruxelles.  Quand  il  fait 


(<z)  On  pourroit  foupçonner  que  l’intenfité  du  froid 
de  l’eau  auroit  pu  être  en  partie  la  caufe  de  ce  que 
deux  mefures  d’air  fe  réduifoient  à un  fi  petit  volume  ; 
mais  on  conviendra  aifement  que  le  froid  n’y  faifoit  rien, 
lorfqu’on  faura  que  le  réfultat  étoit  le  même  , fi  l’eau  dans 
laquelle  je  faifois  l’expérience  étoit  rendue  tiède  en  y 
mêlant  de  l’eau  chaude , ou  fi  je  faifois  l’expérience  en 
lui  taillant  tout  fon  froid. 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion,  143 
du  vent,  la  qualité  de  l’air  eft  plus  variable 
que  dans  un  temps  calme.  Si  j’avois  aflez 
de  loifir,  j’expoferois  un  grand  nombre  de 
conféquences  qui  fe  préfentent  à mon  ef- 
prit,  St  qui  me  femblent  pouvoir  être  dé- 
duites légitimement  des  faits  8t  desobferva- 
tions  que  je  viens  de  détailler.  Mais  je  fuis 
obligé  de  me  reftreindre  à un  petit  nom- 
bre de  réflexions , qui  fe  préfentent  les  pre- 
mières à mon  idée. 

Nous  voyons  que  la  longue  vie  des 
hommes  dépend  en  grande  partie  de  la 
bonté  de  l’air  qu  ils  refpirent.  Les  meilleurs 
alimens  ne  font  pas  en  état  de  nous  ga- 
rantir des  maladies  dans  un  pays  mal-fain, 
au  lieu  qu’on  peut  fe  porter  très-bien  avec 
des  alimens  d’une  qualité  inférieure,  lorf- 
que  l’on  refpire  un  air  très-pur.  Je  viens 
d’envoyer  à la  Société  royale  de  Londres 
un  Mémoire  contenant  des  expériences  qui 
prouvent  évidemment  que  l’air  qui  couvre 
la  furface  de  la  mer,  efl  beaucoup  plus  pur 
que  l’air  de  la  terre  , St  les  voyageurs  par 
mer  éprouvent  conftamment , que  dès 
qu’ils  font  accoutumés  aux  mouvemens 
du  vaifleau  , ils  y jouiflent  d’un  degré  de 
fanté  St  de  vigueur  de  corps  St  d’ame , 
qui  leur  eft  inconnu  fur  terre.  Ceux  qui 
fe  contentent  d’un  repas  par  jour  quand 


) 


/ 


144  Expériences 

ils  font  à terre  , ont  befoin  d’en  prendre 
trois  ou  quatre  lorfqu’ils  font  fur  mer , 
quoiqu’ils  y faffent  peu  d’exercice , & que 
leurs  mets  ne  foient , en  général , ni  les  plus 
ragoiitans , ni  les  plus  faciles  à digérer,  8c 
fe  trouvent  fouvent  tels  qu’ils  refuferoient 
d’en  manger  étant  à terre.  Cette  grande 
augmentation  de  vigueur  dans  les  forces 
vitales  fur  mer,  ne  peut  dépendre,  à mon 
avis  , que  de  la  pureté  de  l’air  qu’on  y 
refpire  (a). 


(a)  Ceci  nous  indique  qu’un  des  grands  moyens  de 
conferver  la  fanté  des  marins,  eft  de  tenir  l’intérieur  du 
vaiffeau  propre,  d’y  changer  l’air  fouvent,  foit  par  des 
ventilateurs,  foit  par  l’agitation  des  portes  de  commu- 
nication, foit  par  l’agitation  fouvent  répétée  de  draps, 
&c.  J’ai  fouvent  éprouvé  avec  quelle  facilité  on  peut 
renouveler  tout  l’air  d’une  chambre  par  la  feule  agitation 
de  la  porte,  ou  par  le  mouvement  violent  d’un  drap,  ou 
par  quelque  autre  moyen  qui  force  l’air  de  changer  de 
place  , & de  fe  mêler  avec  l’air  libre.  Deux  ou  trois 
minutes  fuffifent  pour  renouveler  tout  l’air  d’un  grand 
appartement,  & pour  donnera  un  malade  qui  y efl  au 
lit , le  foulagement  le  .plus  fenfible.  Je  vois  qu’on  ne 
penfe  pas  allez  à un  moyen  fi  fimple  & fi  facile  à em- 
ployer en  tout  temps,  fans  dépenfe,  fans  embarras  de 
machines , fur  des  vaiffeaux  armés , où  le  grand  nombre 
des  hommes  entaffés  infeéte  l’air  dans  l’intérieur  du  bâ- 
timent , & y engendre  trop  fouvent  des  maladies  putrides 
& contagieufes,  qui,  étant  une  fois  produites,  fe  commu- 
niquent fuccefEvement  à tout  l’équipage,  & fouvent  ne 
peuvent  plus  être  arrêtées  qu’en  féparant  les  infeétés  des 
fains  dans  les  hôpitaux,  & en  purifiant  les  vaiffeaux  de 
la  contagion.  Mais  ce  remède  même  eft  fouvent  infuffi- 

L’air 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion.  145 
L’ air  de  la  campagne  eff,  en  général, 
un  peu  meilleur  que  celui  des  grandes 
villes  : aufli  en  fent-on  bientôt  l’effet;  on 

fant,  & toujours  incertain  contre  un  mal  dont  il  eft  au 
pouvoir  des  hommes  de  prévenir  le  germe,  mais  qu’on 
ne  peut  pas  toujours  étouffer,  lorfqu’il  eft  une  fois  engen- 
dré ; car,  en  portant  à terre  les  hommes  attaqués  de  cette 
terrible  maladie , on  court  rifque  d’en  répandre  la  conta- 
gion dans  le  pays . & de  caufer  la  defolation  la  plus  aft'reufe 
parmi  les  habitans.  C’eft  le  célèbre  Chevalier  Prin'gle 
qui  nous  a inftruit  de  la  nature  & de  la  caufe  de  ce  ter- 
rible fléau  dont  le  germe  fe  produit,  lorfqu’on  entaffe 
dans  des  lieux  étroits  un  grand  nombre  d’hommes  ( lur- 
tout  des  hommes  accoutumés  à être  mal  propres  ) comme 
il  arrive  fouvent  dans  les  hôpitaux  , les  prifons  & les  vaif- 
feaux. 

Des  défaftres  produits  par  une  telle  caufe , font  voir 
clairement  combien  la  propreté  domeftique  des  habitans 
d’un  pays  peut  influer  fur  le  bien-être  national , & même 
fur  la  puiffance  d’un  empire.  Toute  nation  qui  fait  peu 
de  cas  de  la  propreté  perfonnelle , àt  de  celle  de  fes 
habitations,  qui  n’a  aucune  averfion  de  voir  par- tout 
s’accumuler  des  faletés , dont  on  a foin  d’écarter  juf- 
qu’aux  veftiges  dans  d’autres  pays  ; qui  s’accoutume  dès 
l’enfance  à vivre  au  milieu  des  ordures  ; qui  peut  tolé- 
rer , même  dans  l’intérieur  de  fes  maifons , des  cloaques 
les  plus  abominables  de  faletés , qui  feroient  horreur  aux 
fauvagesles  moins  policés;  & dont  l’afpeél  dégoûtant  feroit 
. capable  de  faire  fbulever  i’eftomac  aux  peuples  qui  n’ont  ja- 
mais vu  que  la  propreté  la  plus  exaéfe  dans  ces  endroits  re- 
1 tirés  de  néceffité  : toute  nation  , dis-je,  qui  ne  cultive 
ipas  affez  la  propreté  perfonnelle  & dans  fes  habitations , 
‘doit  naturellement  avoir  peu  d’averfion , étant  fur  mer* 
de  vivre  parmi  les  mêmes  mal-propretés  avec  lefquelles 
elle  s’eft  familiarifée  dès  fon  enfance.  Mais  s’il  paroît  qu’il 
importe  peu  pour  la  fanté  des  habitans  d’une  maifôn  , 
qu’elle  foit  fale  ou  nette , il  eft  néanmoins  bien  certain 
qu’on  ne  peut  pas  négliger  impunément  la  propreté  dans 
un  navire  , dans  lequel  une  foule  de  gens  eft  entaffée. 
(Cette  négligence  y produira  bientôt  un  air  corrompu  qui, 

K 


146  Expériences 
y a plus  d’appétit  & plus  de  vigueur , quand 
même  on  n’y  feroit  pas  plus  d’exercice. 
Les  habitans  des  campagnes  vivent,  en 


à fon  tour,  engendrera  le  germe  de  cette  terrible  maladie 
qu’on  voit  fe  produire  par  la  même  caufe  dans  les  hôpi- 
taux trop  pleins  & trop  peu  aérés,  & dans  lesprifons, 
où  beaucoup  de  miférables  croupiffent  dans  leurs  propres 
faletés.  Il  eft  donc  naturel  que  cette  maladie  peftilentielle 
fe  fade  voir  plus  fouvent  chez  les  nations  qui  ont  la  cou- 
tume d’entafîer  le  plus  grand  nombre  d’hommes  dans 
leurs  vaiffeaux  ; qui , par  une  coutume  nationale , ont 
moins  de  répugnance  pour  vivre  dans  des  lieux  mal-pro- 
pres , & qui,  outre  le  nombre  exorbitant  d’hommes,  rem- 
pliiTent  encore  lepeud’efpacequileur  reftepar  delavôlaille 
& d’autres  animaux  vivans , dont  la  refpiration,  la  tranfpira- 
tion  &.  les  ordures  contribuent  infiniment  à corrompre  l’élé- 
ment de  la  vie,  l 'air,  & par  conféquent  à accélérer  la  produc- 
tion du  germe  de  la  mort.  Ceux  qui  font  bien  au  fait  de 
l’hiftoire  feulement  des  trois  dernières  guerres , peuvent 
juger  de  l’influence  de  la  mal-propreté  des  foldats  & ma- 
telots , fur  la  perte  & la  deftruftion  des  hommes.  On  a 
vu  fouvent  des  nations  puiflantes  , qui  dévoient  naturelle- 
ment triompher  par  la  mafle  énorme  de  leurs  forces  de 
terre  & de  mer , fuccomber  précifément  par  les  effets 
de  cette  mal -propreté  habituelle  fur  leurs  flottes  & dans 

leurs  armées.  _ ; 

11  feroit  peut-être  plus  facile  qu’on  ne  croit  de  pré- 
venir de  tels  défaftres , en  entretenant , dès  le  commencement , 
toute  la  netteté  poflible  dans  les  endroits  même  les  plus 
reculés  du  vaiffeau  ; en  forçant  tout  l’équipage , par  une 
difcipline  ri^oureufe  & jamais  perdue  de  vue  un  feul  mo- 
ment , d’obferver  la  propreté  perfonnelle  ; en  occupant 
fans  relâche  quelques  hommes  à remuer  des  portes  de 
communication  des  draps  , &c.  afin  de  déplacer  conti- 
nuellement l’air  fans  cefle  infe&é  parla  refpiration  & les 
exhalaifons  de  cette  foule  de  gens  entaffés  dans  un  fi  petit 
efpace  ; en  les  obligeant  à changer  & aérer  fouvent  leurs 
habillernens , leurs  lits,  &c.  L’exercice  de  remuer  conti- 
nuellement l’air  de  tous  les  endroits  du  vaiffeau,  pour  le 


/ 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclujîon.  147 
général,  plus  long -temps  que  ceux  des 
grandes  villes,  &.  y font  moins  fujets  aux 
maladies. 


forcer  de  fe  mêler  avec  l’air  libre,  & pour  le  renouveler 
ainfi  continuellement,  conviendroit  d’ailleurs  beaucoup 
aux  gens,  en  général  trop  oififs  fur  les  vaiffeaux.  L’ex- 
périence démontre  allez  l’importance  de  la  vérité  que 
j’indique. 

Le  Capitaine  Cook  a démontré  qu’en  ne  négligeant  rien 
de  ce  qui  eft  à propos  pour  la  fanté  de  l’équipage,  on 
peut  faire  des  voyages  de  mer  de  très-long  cours , fans  voir 
éclore  les  maladies  dont  j’ai  parlé,  qui  font  fi  fouvent  tant 
de  ravages  fur  les  vaiffeaux  de  guerre.  Ce  célèbre  navi- 
gateur a fait  un  voyage  autour  de  la  terre , qui  a duré 
trois  ans  5c  dix-huit  jours , avec  un  équipage  de  cent- 
dix-huit  hommes , en  parcourant  tous  les  climats  qui  fe 
trouvent  entre  le  degré  52  de  latitude  boréale  , & le  71 
• de  latitude  auftrale,  fans  perdre  plus  d’un  feul  homme 
jpar  maladie,  & cet  homme  avoir  les  poumons  affeétés 
; avant  le  voyage  ; car  on  le  trouva  bientôt  après  le  départ , 
attaque  d une  toux  qui  dégénéra  eh  phthifie  pulmonaire  5c 
hydropifie.  Ainfi  on  peut  dire  que  d’un  nombre  fi  confidé- 
irable  d’hommes,  aucun  n’eft  mort  d’une  maladie  contra&ée 
fur  mer.  On  peut  confulter  ,fur  les  moyens  mis  en  ulage  par 
'M.  Cook,  pour  conferver  la  fanté  de  ion  équipage,  la  rela- 
tion de  fon  voyage,  ainfi  que  le  difcours  du  Chevalier 
Pringle,  prononcé  devant  la  Société  royale  de  Londres, 
îorfque , en  qualité  de  Préfident , il  remettoit  à ce  navigateur 
lie  prix  annuel,  ou  la  médaille  d’or. 

Plufieurs  Médecins  Anglois  ont  confeillc  aux  afthma- 
ttiques  5c  phthifiques  de  faire  un  voyage  de  mer  ; 5c 
.beaucoup  y ont  trouvé  leur  guérifon,  ou  un  foulagement 
:très-fenüble  , qu’aucun  médicament  n’avoit  pu  leur  pro- 
xurer.  L exemple  du  Capitaine  Cook  démontre  évidem- 
ment quon  pourroit,  avec  les  foins  néceffaires,  entrete- 
nir une  armée  en  meilleure  fanté  fur  mer  que  fur  terre. 
'Mes  découvertes  fur  la  nature  de  l’air  de  la  mer,  me 
'confirment  dans  cette  opinion,  & me  font  efpérer  qu’on 
fauvera  la  vie  à beaucoup  de  perfonnes  attaquées  de  ma- 


148  Expériences 

Les  pays  marécageux , mal-fains  par  leur 
nature  , le  font  encore  davantage  lorf- 
qu’ils  font  incultes.  On  rend  leur  air  beau-’ 
coup  plus  falubre  en  les  cultivant.  Les 
terrains  bons  par  leur  nature , mais  laiffés 
en  friche,  deviennent  moins  bons  pour  la 
fanté  des  habitans.  Ne  pouvons-nous  pas 
attribuer  l’infalubrité  de  cette  immenfe 
plaine  dans  laquelle  Rome  efï  placée,  au 
défaut  de  culture  , ou  au  manque  d’ar- 
bres & autres  végétaux?  Gette  plaine  étoit 
anciennement  renommée  pour  fa  falu- 
brité  , lorfqu’elle  étoit  bien  cultivée  & 
peuplée.  De  nos  jours , où  elle  eft  prefque 
un  défert,  elle  eft  fi  connue  pour  être 
mal-faine , que  les  habitans  ont  appris  par 
l’expérience,  que  l’on  ne  peut  y féjourner 
pendant  une  feule  nuit  au  milieu  de  l’été, 
fans  courir  rifque  de  contrarier  la  fiè- 
vre (a).  La  plus  grande  partie  delà  Tofcane , 


ladies  qui  ne  peuvent  fe  guérir  qu’en  refpirant  un  air  pur, 
en  les  envoyant  fur  la  mer , ou  aux  endroits  fitucs  fur  les 
côtes  de  la  mer , & éloignés  des  marécages. 

(a)  Le  peuple  de  la  ville  & des  environs  de  Rome, 
fait  par  expérience , que  l’air  n y eft  pas  mal-faifant  en  ete 
pendant  le  jour  , mais  feulement  le  foir  & pendant  la 
nuit.  La  raifon  de  ce  phénomène  n’eft  pas  difficile  à donner. 
La  chaleur  du  jour,  en  raréfiant  l’air,  diffipe  les  exhalai- 
fons  nuifibles  de  la  terre , & les  oblige  de  monter  avec 
l’air  raréfié  , & devenu  par-là  plus  léger.  Ainfi  ces  exha- 
laifons  font  en  partie  devenues  inertes  étant  divifées , tout 
comme  les  particules  d’humidité  deviennent  mfenfibles 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion.  149 
au  contraire  , qui  eft  très-bien  cultivée  8c 
peuplée , eft  un  pays  fi  fain , qu’on  y pour- 
roit  coucher  à l’air  libre  tout  l’été,  fans 
craindre  de  courir  plus  de  danger  que  fi  on 
dormoit  dans  les  maifons.  Les  Marais  P on- 
tins  près  de  Rome , dans  lefquels  il  y avoit  au- 
trefois nombre  d’habitans  qui  fourniftoient 
beaucoup  de  denrées  à la  Capitale,  eft  à 
préfent  un  défert  affreux , qui  répand  les 
exhalaifons  les  plus  nuifibles,  8c  mortelles 
même  à une  diftance  confidérable  , de 
façon  que  les  hommes  peuvent  à peine 


dans  l’air  échauffé,  & elles  font  en  partie  montées  au  defTus 
de  la  région  où  les  hommes  refpirent.  Mais  dès  que  la 
fraîcheur  de  la  nuit  commence,  les  émanations  feptiques, 
putrides,  phlogifliques,  qui  continuent  encore  à exhaler 
des  fources  innombrables  de  corruption  qui  exiftent  fur 
la  terre,  refient  flottantes  dans  l’air,  fans  monter  dans  la 
région  élevée  de  l’atmofphère;  Scmême  une  grande  partie 
1 des  exhalaifons  qui  étoient  déjà  hors  de  la  portée  des 
hommes  , retombent  étant  condenfées  par  le  froid  & de- 
venues plus  pefantes.  Dans  les  pays  bien  cultivés,  les 
particules  phlogifliques  §c  nuifibles  qui  s’élèvent  de  la 
terre , font  avidement  abforbées  par  les  arbres  & autres 
végétaux  qui  en  ont  befoin  pour  s’en  nourrir  ; & ces 
] plantes  répandent  en  même  temps  dans  l’atmofphère  une 
1 quantité  très-confidérable  d’air  épuré , ou  déphlogifliqué. 
Les  plantes  & les  fleurs  odoriférantes  répandent  très-peu  , 
ou  point  de  parfum  dans  l’air  pendant  les  chaleurs  du  jour; 
1 mais  dès  que  la  fraîcheur  de  l’air  du  foir  empêche  la  difli- 
pation  de  ces  exhalaifons  , ou  dès  qu’une  pluie  a rafraîchi 
l’air  pendant  le  jour,  leur  parfum  frappe  notre  odorat  : 
ainfi  les  pays  t>ien  cultivés  ont  un  double  avantage  fur 
des  pays  incultes  ; car  les  exhalaifons  nuifibles  y font  ab~ 
forbées  par  les  plantes , & par  conféquent  détruites;  &.  les 
plantes  y répandent  un  air  épuré. 


150  Expériences 

habiter  les  environs , fans  devenir  malades, 
& mourir  même  au  bout  de  peu  de  temps  (a). 

On  a toujours  obfervé  que  les  pays  ma- 
récageux font  très  mal-fains,  8t  que  l’unique 
moyen  de  les  rendre  habitables , eh  de  les 
sécher  & de  les  cultiver.  Brown,  dans  fon 
Hiftoire  de  la  Jamaïque,  remarque  que  les 
premières  Colonies  des  Européens  qu’on 
y envoyoit,  y périffoient  tellement,  qu’il 
falloit  les  renouveler  tous  les  dix  ans , & 
que  , depuis  que  les  marais  ont  été  defle- 
chés  & le  terrain  cultivé,  la  vie  de  l’homme 
n’y  eft  guères  moins  courte  qu’en  Europe. 
Les  premiers  Européens  qui  s’établirent  en 
Penîylvanie  & les  pays  voifins , y trou- 
vèrent dans  le  plat  pays  des  marécages , 
dont  il  fortoit , durant  l’ardeur  du  foleil , 
des  exhalaifons  putrides  que  répandoient 
les  fubftances  animales  & végétales  corrom- 
pues. Les  hommes  y périlfoient  des  fiè- 
vres intermittentes,  bilieufes  & putrides. 
Depuis  qu’on  y a defféché  les  marais  & 
cultivé  le  terrain , ces  maladies  font  difpa- 
rues , & les  hommes  y vivent  autant  qu’en 
Europe.  O11  peut  confuiter  fur  cet  article 


(4)  Lorfque  nous  fommes  obligés  de  traverfer  un  pays 
fort  ma!-fain,il  eft  toujours  prudent  de  choifir  un  temps 
où  il  fait  du  vent  ; car  les  vents  diflipent  les  exhalaifons 
nuiftbles , les  chaffent , & les  remplacent  par  de  meil- 
leures. 


SUR  LES  VÉGÉT.  Condufion.  I 5 1 
le  volume  I des  Tranfa&ions  de  la  Société 
philofophique  de  Philadelphie. 

Les  immenfes  plaines  de  la  Hongrie  font 
reconnues  pour  être  mal  - faines  : il  leur 
manque  des  arbres  8c  de  la  culture,  8c  dans 
plufieurs  endroits , des  canaux  pour  1 écou- 
lement des  eaux  : ainft  il  y a trop  d’exhalai- 
fons  nuihbles , 8c  trop  peu  de  végétaux  qui 
les  abforbent.  Ce  pays  paffe  pour  malsain  en 
été  pendant  la  nuit , 8c  on  en  attribue  com- 
munément la  caufe  au  froid;  mais  je  penfe 
que  la  même  raifon  qui  a lieu  dans  la 
plaine  de  Rome , a auffi  lieu  en  Hongrie. 
Une  grande  partie  de  la  plaine,  dans  les 
environs  de  Vienne  en  Autriche , a peut- 
être  le  même  défaut  que  la  Hongrie;  au 
moins  eft-elle  en  partie  affez  mal  pourvue 
d’arbres , fur-tout  dans  les  endroits  les  plus 
bas , qui  en  auroient  plus  befoin  que  les 
parties  élevées. 

Ne  paroît-il  pas  probable  que  ceux  qui 
font  afthmatiques , pulmoniques , ou  qui 
ont  d’autres  maladies  de  poitrine , & qui 
fe  trouvent  mieux  dans  les  pays  où  la  vé- 
gétation commence  de  bonne  heure,  8c  où 
la  terre  eft  bien  cultivée  , doivent  re- 
chercher 8c  préférer  les  pays  où  on  aura 
trouvé,  par  les  moyens  indiqués  dans  ce 
Livre,  que  la  conhitution  de  l’air  eft  la 
plus  falubre  pendant  toute  Tannée?  Il  ed 

K iv 

* 9 


152  Expériences 

vrai  que  ces  pays  falutaires  ne  feront  pas 
connus  avant  que  de  bons  inftrumens  , 
ou  eudiomètres , foient  généralement  em- 
ployés. De  tels  endroits  ne  fe  trouveront 
peut-être  qu’au  bord  de  la  mer  , & loin 
des  marais. 

Ne  paroît-il  pas  auffi  probable  qa’on 
pourroit  appréhender  quelque  mauvais 
effet  des  grands  arbres  plantés  dans  des 
endroits  étroits , & entourés  de  bâtimens 
allez  élevés  pour  les  empêcher  de  recevoir 
fouvent  les  rayons  du  folèil , fur-tout  fi 
les  fenêtres  d’appartemens  s’ouvrent  dans 
ces  places  trop  ombrées?  Je  me  fouviens 
d’avoir  entendu  dire  nombre  de  fois , qu’il 
eft  mal-fain  de  refter  fous  l’ombr.e  d’un 
noyer;  8c  plulieurs  perfonnes  m’ont  dit 
qu’elles  s’en  font  trouvées  mal.  J’ai  cru 
que  cette  aflertion  n’étoit  fondée  que  fur 
un  préjugé  populaire;  mais,  depuis  que  je 
me  fuis  engage  dans  les  recherches  qui  font 
le  fujet  de  cet  ouvrage , je  fuis  fort  porté  à 
croire  qu’une  pareille  appréhension  pour- 
roit être  très-fondée,  lorfqu’un  noyer  fe 
trouve  placé  dans  un  endroit  fort  ombragé 
par  les  bâtimens  voifins,  comme  cela  fe 
voit  fouvent. 

D’ailleurs , on  ne  peut  pas  douter  qu’il 
n’y  ait  des  plantes  dont  les  exhalaifons 
font  nuifibles  à notre  fautes  tel  eft  l’arbre  des 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion.  153 
Indes  Occidentales  appelé  mancenilliér , 
hippomane  mancinella  ( Linnæi  Spec.  Plant. 
1431  ).  Si  un  homme  s’avife  de  fe  repofer 
fous  cet  arbre  , il  lent  bientôt  les  effets 
pernicieux  de  fon  ignorance  ; il  en  con- 
tracte une  maladie  fouvent  très-grave,  & 
difficile  à guérir.  Si  une  goutte  d’eau  tombe 
d’une  feuille  fur  quelque  partie  de  fon 
corps , elle  y fait  l’effet  d’un  véficatoire. 
Les  habitans  du  pays  connoiffent  par  ex- 
périence ce  danger,  & s’en  gardent  foi- 
igneufement. 

La  plante  américaine  appelée  lobelia 
llongiflora , répand  loin  d’elle  une  exha- 
laifon  dangereufe;  on  fent  une  oppreffion 
ide  poitrine  lorfqu’on  n’en  eff  éloigné  que 
cde  quelques  pas,  en  fuppofant  que  cette 
.plante  foit  placée  dans  le  coin  d’un  appar- 
tement. On  peut  voir  la  defcription  de 
c cette  plante  lingulière,  dans  le  magnifique 
ouvrage  de  M.  Jacquin , qui  a pour  titre 
.Hortus  Botanicus  V'indobonenjis. 

Un  arbriffeau  de  l’Amérique  feptentrio- 
raale  , d’un  très-beau  feuillage , &.  dont  on 
rcedoute  dans  fon  pays  natal  les  exhalaifons 
oernicieufes , a déjà  caufé  en  Europe  plu- 
ieurs  accidens  qui  pourront  le  faire  bannir 
le  nos  climats  ; c’eff  le  rhus  toxicodendron . 
.^a  famille  du  curé  de  Croffen  en  Allemagne 
-toit  attaquée  tous  les  étés  d’une  maladie 


/ 


154  Expériences 

terrible  , accompagnée  d’une  enflure  au 
vifage,  boutons  brûlans,  veiïïes  St  ulcères 
rongeans  , avec  fièvre  , &c.  tandis  que 
vcet  arbriffeau  ornoit.un  petit  jardin  der- 
rière la  maifon , St  qu’on  avoit  approché  fon 
feuillage  de  la  fenêtre  d’un  petit  cabinet 
quidonnoit  dans  le  jardin.  Ihfuffifoit,  pour 
contracter  la  maladie  , de  fe  repofer  un 
peu  de  temps  dans  ce  cabinet,  ou  à l’om- 
bre de  cette  plante  dans  le  jardin.  Depuis 
qu’on  a déraciné  cet  arbrilleau , le  mal  a 
difparu  avec  lui  (a). 

Nous  avons  une  plante  indigène  de 
l’Europe,  qui  a la  fingulière  propriété  de 
répandre  de  l’air  inflammable  lorfqu’elle 
efi  en  fleur;  c’efl  le  dyctamnus  alhus , la 
fraxinelle . Si  on  la  place  dans  la  maifon, 
St  qu’on  approche  la  chandelle  de  la  plante , 
fur-tout  des  fleurs  , on  voit  l’air  prendre 
flamme , comme  l’air  inflammable  qui  fort 
des  eaux  bourbeufes.  Cette  expérience 
réuffit  de  même  quand  la  plante  efi;  à l’air 
libre,  pourvu  que  le  vent  n’en  ait  pas  dé- 


(<z)  On  peut  voir  dans  les  nouveaux  Mémoires  de 
l’Académie  royale  des  Sciences  & Belles  - Lettres  de 
Berlin,  année  1777,  pag.  6 r,  un  Mémoire  fur  les  dan- 
gereux effets  que  les  exhalaifons  de  cette  plante  de  l’Amé- 
rique feptentrionale  produifent  fur  le  corps  humain  , par 
M.  Gleditfch  : on  y trouvera  un  détail  exaéi  de  la  plante  St 
de  fes  effets. 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion . I 5 5 
placé  l’air  inflammable.  Si  quelqu  un  s a- 
vifoit  de  fe  mettre  la  tête  fous  une  telle 
plante  pendant  quelque  temps  , il  pour- 
roit  aifément  en  perdre  la  vie  ; car  nous 
favons  que  l’air  inflammable  eft  mortel. 
Cette  obfervation  nous  apprend  que  fi  l’on 
tenoit  une  certaine  quantité  de  ces  plantes 
dans  une  chambre  à coucher , on  pourroit 
rifquer  fa  vie. 

Comme  nous  avons  vu  que  les  plantes 
nous  procurent  un  grand  bien  , en  répan- 
dant dans  l’air  commun  une  quantité  con- 
fidérable  d’air  déphlogiftiqué , & qu’il  n’efl 
pas  difficile  de  ramaffer  une  bonne  quan- 
tité de  cet  air,  par  les  moyens  que  j’ai 
indiqués,  il  vaudroit  peut-être  la  peine 
de  s’en  procurer  de  cette  manière  une 
quantité  aflez  grande  pour  le  faire  refpirer 
par  ceux  qui  ont  des  fièvres  inflamma- 
toires putrides  ( ou  quelque  maladie  que 
ce  foit,  dans  laquelle  une  trop  grande 
abondance  de  phlogiflique  efl  dégagée  du 
fang) , une  phthifie  pulmonaire , un  aflhme, 
ou  quelque  autre  maladie  qui  pourroit 
fe  guérir  en  refpirant  un  air  très-pur.  Il 
feroit  néceffaire  , dans  ce  cas,  d’avoir  une 
bonne  provifion  de  grands  bocaux  de 
verre  blanc.  Cette  dépenfe  une  fois  faite, 
ferviroit  pour  toujours.  J’efpère  qu’ayant 
démontré  que  toute  plante  efl  en  état  de 


Expériences 

donner  cet  air  vital  pendant  le  jour,  on 
trouvera  bientôt  moyen  d’améliorer  la  ma- 
nière de  l’obtenir  , & de  l’obtenir  en  plus 
grande  abondance.  Cet  objet,  touchant  de 
fort  près  le  bien-être  de  toute  l’humanité, 
mérite  l’attention  de  tous  les  phyficiens , 
& fur-tout  des  médecins.  La  mouffe  ou 
matière  verte  végétale , dont  nous  avons 
parlé  amplement,  peut  encore  avoir  cette 
utilité. 

Mais , en  attendant  qu’on  trouve  ün 
moyen  aifé  de  ramaffer  une  quantité  affez 
grande  de  cet  air  des  végétaux,  pour  pou- 
voir le  faire  fervir  à la  guérifon  des  ma- 
ladies , il  ne  tient  qu’à  nous  de  nous  pro- 
curer une  quantité  quelconque  de  cet 
air  bienfaifant,  d’une  pureté  qui  furpaffe 
meme  celle  de  l’air  que  les  plantes  m’ont 
fourni.  Toutes  les  chaux  des  métaux  con- 
tiennent une  grande  quantité  de  cet  air; 
il  s’agit  de  l’en  extraire  facilement,  & dans 
un  état  de  pureté.  La  chaux  de  plomb  , 
le  minium,  en  donne  une  grande  quan- 
tité, & affez  pur,  en  l’imbibant  d’acide 
nitreux,  & en  l’échauffant.  L’acide  vitrio- 
lique  dégage  auffi  de  cette  même  chaux 
une  grande  quantité,  & avec  moins  de 
chaleur;  mais  il  eff  moins  pur,  & mêlé 
avec  beaucoup  d’air  fixe  , dont  on  peut 
cependant  le  purifier  par  l’eau»  Nous 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclujion.  157 
devons  au  célèbre  M.  Lavoijîer  la  de- 
couverte  importante,  que  l’augmentation 
de  poids  qui  arrive  aux  métaux  dans  la 
calcination , dépend  de  la  quantité  d’air 
qu’ils  ont  abforbé.  Les  métaux  , en  per- 
dant leur  phlogiflique  dans  la  calcination, 
ne  permettent  pas  que  l’air  atmofphé- 
rique  qui  vient  remplir  la  place  du  prin- 
cipe inflammable , y conferve  le  phlogif- 
tique  qu’il  contient  naturellement;  il  en 
eA  chafle  , de  même  que  le  phlogifti- 
que  du  métal.  C’eA  pourquoi  on  extrait 
cet  air  de  la  chaux  métallique , fous  forme 
d’un  air  déphlogifliqué.  Il  eft  donc  de  la 
dernière  importance  de  trouver  la  meil- 
leure manière  d’extraire  des  chaux  mé- 
talliques , cet  air  dans  toute  fa  pureté.  Le 
plomb  augmente  environ  de  douze  pour 
cent  en  poids , par  la  calcination.  Quel  im- 
menfe  volume  d’air  ne  contiennent  donc 
pas  cent  livres  de  plomb  calciné?  Mais  la 
chaux  de  fer  en  pourra  peut-être  fournir 
une  quantité  bien  plus  confldérablè  ; car 
ce  métal  étant  bien  calciné , a acquis  d’or- 
dinaire moitié  plus  de  poids  qu’il  n’avoit. 
Le  mercure  précipité  rouge  en  donne  une 
quantité  très-grande , qu’on  en  peut  extraire 
à peu  de  frais  ; car  l’acide  nitreux  ( qu’on 
a employé  pour  diffoudre  le  mercure  afin 
d’en  faire  ce  précipité)  pourroit,  par  le 


*58  Expériences 

moyen  de  la  diüillation , fe  retirer  de  la 
diflolution  du  mercure  ; & le  précipité 
rouge  fe  change  de  nouveau  en  mercure 
coulant,  lorfqu’on  l’expofe  à l’aélion  du 
feu  pour  en  dégager  l’air  déphlogiftiqué,  de 
façon  que  la  perte  de  l’acide  nitreux  efl 
tres-petite  , & celle  du  mercure  encore 
moindre , ou  prefque  nulle  , fi  on  fait  l’o- 
pération avec  foin  (a). 

Le  meilleur  moyen  & le  moins  difpen- 
dieux  , connu  jufqu  a préfent , de  fe  pro- 
curer cet  air  vital  en  telle  quantité  qu’on 
délire,  pour  l’ufage  de  la  refpiration,  efl: 
peut  - être  de  l’extraire  du  nitre.  Ce  fel 
contient  une  quantité  prodigieufe  de  cet 
air  dans  un  état  folide , toujours  prêt  à 
prendre  la  forme  d’air  par  la  feule  appli- 
cation du  feu.  Le  fluide  aérien  développé 
du  nitre  , occupe  jufqu’à  800  fois  fon 
volume , comme  j’ai  déjà  dit.  Une  livre 
de  fel  donne  environ  12000  pouces  cubi- 
ques d’air  déphlogifliqué.  Nous  confumons, 
par  chaque  infpiration  ordinaire,  environ 
30  pouces  cubiques  d’air;  ce  qui  fait  450 
pouces  cubiques  par  minute , en  fuppofant 


( a)  Avant  de  faire  ufage  de  cet  air  vital  pour  la  ref- 
piration, il  eft  toujours  à propos  de  le  bien  fecouer  avec 
l’eau,  pour  lui  ôter  la  portion  d’air  fixe  dont  il  fe  trouve 
plus  ou  moins  infe&é.  Il  eft  probable  que  l’eau  de  chaux 
teroit  meilleure. 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion.  1 59 
que  nous  faifons  ^5  infpirations  par  mi- 
nute ; ainfi  nous  avons  befoin  par  heure 
d’environ  27000  pouces  cubiques  d’air. 
De  ce  calcul,  il  fuit  qu’une  livre  de  nitre 
fourniroit  à peu  près  affez  d’air  déphlo- 
•giiliqué  pour  une  demi-heure , en  fuppo- 
[fant  que  nous  n’infpirerions  qu’une  feule 
fois  le  même  air  : mais  nous  devons  con- 
fidérer  que  cet  air  eh  fi  pur  , qu’une 
feule  refpiration  ne  fauroit  le  rendre  im- 
propre à être  infpiré  une  fécondé  fois  ; 
par  cet  air,  étant  privé  de  phlogifiique, 
eeft  capable  de  fe  charger  d’une  grande 
quantité  de  ce  principe  inflammable , dont 
Le  fang  fe  débarrafle  par  le  moyen  de  la 
rcefpiration , avant  qu’il  en  foit  affez  chargé 
pour  être  nuifible.  Nous  devons  remar- 
quer ici  que  la  refpiration  n’infeéfe  pas 
feulement  l’air  par  un  mélange  de  phlo- 
gifiique , mais  aufli  en  lui  communiquant 
me  quantité  d’air  fixe , qui  efi  des  plus 
mifibles  aux  poumons.  Or,  cet  air  fixe  efi: 
: aifément  mifcible  avec  l’eau  , & il  efi:  fur- 
out  avidement  abforbé  par  l’eau  de  chaux, 
fii  donc  on  fecoue  l’air  déphlogifiiqué  dans 
’eau  , après  qu’il  a été  infeflé  par  un  ani- 
mal qui  y eft  mort , on  lui  rend  en  grande 
partie  fa  bonté  primitive  ; de  façon  qu’un 
lutre  animal  y peut  vivre  encore  long- 
temps. Si  on  le  fecoue  dans  l’eau  de  chaux. 


\ 


160  Expériences 


on  le  purifie  encore  davantage  , & plus 
promptement  ; & , de  cette  manière  , l’air 
déphlogiftiqué  peut  fervir  beaucoup  plus 
long-temps  à la  refpiration,  en  confervant 
en  grande  partie  fa  vertu  bienfaifante  ; 
de  façon  que  la  quantité  d’air  déphlogif- 
tique  qui  auroit  fuffi  pour  une  demi- 
heure,  pourroit  fervir  peut-être  pour  fept 
ou  huit  heures,  ou  plus,  à ce  que  penfe 
l’abbé  Fontanci , dont  je  tiens  tout  ce  qui 
a du  rapport  avec  la  méthode  d’adminif- 
trer  l’air  déphlogiftiqué  aux  malades.  Je 
l’ai  crue  trop  importante  pour  ne  pas  la 
communiquer  au  public,  ( même  avant 
que  je  pulle  la  confirmer  par  ma  propre 
expérience  ) : il  pourra  en  tirer  les  avan- 
tages les  plus  réels,  fi  les  médecins  veu- 
lent fe  donner  la  peine  d’employer  cette 
méthode.  De  cette  manière,  les  dépenfes 
néceffaires  pour  refpirer  la  quantité  d’air 
déphlogiftiqué  qu’il  eh  poffible  de  refpirer 
pendant  toute  une  journée,  ne  monteroient 
guère  à plus  d’un  sheling  d’Angleterre;  car 
il  ne  feroit  guère  poffible  de  donner  à la 
refpiration  de  cet  air  épuré  plus  de  huit  ou 
neuf  heures  dans  les  vingt-quatre , parce 
qu’il  faut  du  temps  pour  dormir,  manger, 
parler , &c.  & qu’on  eft  obligé  de  fe  tenir 
dans  un  attitude  gênante  pour  faire  ufage 
de  ce  remède. 

Voici 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion . i6'i 

Voici  la  méthode  que  M.  l’abbé  Fort- 
tana  croit  la  plus  propre  pour  faire  ref- 
pirer  à un  malade  cet  air  vital  : On  remplit 
d air  déphlogiftiqué  une  grande  cloche  de 
verre,  de  celles  dont  on  fe  fert  pour  les. 
machines  pneumatiques , & qui  ont  un 
gros  ventre  ,ou  dontlapartiefupérieureeft 
fort  évafée.  Cette  forme  eft  Tunique  qui 
convienne  à cet  ufage parce  qu’elle  fert 
à foutenir  la  cloche  fur  l’eau , fans  qu’elle 
fe  renverfe  lorfque  la  partie  évafée  eft 
pleine  d'air.  On  laide  flotter  cette  cloche 
remplie  d’air,  dans  un  baquet  plein  d’eau 
<de  chaux.  On  introduit  l’extrémité  re- 
(courbée  d’un  tube  de  verre  dans  la  cloche, 
de  façon  que  l’orifice  du  tube  monte  dans 
lia  cloche  jufqu’au  milieu  de  la  maffe  d’air, 
ttandis  que  le.  malade  tient  l’autre  extré- 
mité dans  la  bouche.  Il  vaudro.it  encore 
imieux  prendre  une  cloche  qui  eût  un  col 
ouvert  en  haut  , auquel  on  appliqueroit 
un  robinet  pour  fermer  & ouvrir  le  paf- 
i.age  , félon  le  befoin.  Le  tube  de  verre 
sfappiiqueroit  à ce  robinet  lorfqu’on  vou- 
droit  s’en  fervir.  De  telles  cloches  font 
déjà  en  ufage,  & font  partie  de  l’appareil 
d’une  machine  pneumatique.  Le  malade 
oyant  infpiré  cet  air,  l’expire  enfuite  par 
Le  même  tube;  de  façon  qu’il  infpire  à plu- 
sieurs reprifes  le  même  air,  lequel , à la 

L 


i62  Expériences 

vérité,  deviendroit  bientôt  fi  vicié  par  fes 
poumons  , qu’il  en  éprouveroit  plus  de 
mal  que  de  bien , li  l’eau  de  chaux , qui 
eft  en  contaét  avec  cet  air  , n’abforboit 
l’air  fixe  que  les  poumons  lui  ont  com- 
muniqué, & ne  remettoit  l’air  de  la  clo- 
che prefque  à fa  pureté  primitive.  Il  efl 
vrai  que  l’eau  de  chaux  n’efl  pas  capable 
de  prendre  le  phlogiftique  par  lequel  cet 
air  devient  vicié  dans  la  refpiration  , au 
moins  n’en  prend-il  pas  une  grande  quan- 
tité : mais  on  doit  confidérer  que  l’air 
déphlogiftiqué  étant  deftitué  de  phlogif- 
tique , eft  capable  d’en  abforber  beaucoup 
avant  d’être  réduit  à l’état  d’air  commun. 
Ainfi  on  pourra  de  cette  manière  infpirer 
le  même  air  déphlogiftiqué  avec  un  avan- 
• tage  fenfible  , pendant  long  - temps.  On 
trouvera  peut-être  que  700  ou  800  pouces 
cubiques  de  cet  air,  pourront  fervir  pen- 
dant une  demi-heure  (a)  : l’expérience  le 
décidera. 


( a ) Comme  les  tubes  de  verre  recourbés  font  fujets 
à fe  calTer  , & ne  fe  prêtent  pas  à la  fituation  du  malade, 
on  pourra  utilement  joindre  deux  ou  trois  bouts  de  tubes 
droits  par  le  moyen  d’un  morceau  de  boyau , ou,  ce  qui 
eft  infiniment  mieux , par  un  bout  d’un  tube  de  gomme 
élaftique.  M.  Bernard , orfèvre  en  inftrumensde  Chirurgie, 
(qui  fait  des  fondes  creufes  de  gomme  élaftique,  d’une 
grande  utilité  polir  différentes  maladies  ) , m’a  fourni  des 
tubes  élaftiques  les  plus  propres  aux  ufages  phyfiques, 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclujion.  163 

On  fent  bien  qu’en  refpirant  ainfi  cet 
air , il  eft  à propos  de  tenir  les  narines 
fermées  avec  les  doigts , pour  empêcher 
que  l’air  commun  ne  fe  gliffe  dans  les  pou- 
mons , 8t  ne  gâte  l’air  déphogiftiqué  dans 
la  cloche  , ou  que  l’air  de  la  cloche  ne 
s’échappe  des  poumons  par  les  narines , & 
ne  fe  perde. 

Comme  j’ai  cim  de  mon  devoir  d’an- 
noncer cet  article  au  public  , pour  le  bien 
général , fans  l’avoir  mis  en  pratique  moi- 
même  , je  dois  me  contenter  de  fouhaiter 
• que  les  phyficiens  St  les  médecins  s’ef- 
iforcent  de  faire  jouir  l’humanité  d’une 
(découverte  qui  promet  les  avantages  les 
jplus  grands  ; mais  qui  efh  encore  trop  ré- 
icente  pour  qu’on  puilfe  en  tirer  toute 
j l’utilité  qu’elle  fait  entrevoir. 

Ceux  qui  voudront  entrer  dans  cette 
(carrière , doivent  fur-tout  faire  choix  des 
vailfeaux  les  plus  propres  à dégager  l’air 
cdéphlogiftique  du  nitre.  Les  retortes  8c 
tballons  de  verre  pourroient  à peine  fouf- 


: fur-tout  pour  conduire  des  vapeurs  & des  airs  d’un  vafe  à 
1 1 autre.  11  demeure  rue  des  Noyers  , près  la  rue  S.  Jacques. 

Il  eft  facile  à concevoir  que  l’extrémité  du  tuyau  que 
le  malade  doit  tenir  dans  la  bouche  , doit  avoir  une 
irorrne  applatie,  de  façon  à pouvoir  être  commodément 
herrée  entre  les  lèvres.  L’ivoire  eft  certainement  une  des 
fubftances  les  plus  appropriées  pour  faire  un  tel  bout  de 
die  tuyau. 

L ij 


i 


164  Expériences 

frir  le  degré  de  feu  néceffaire  à cette  opé- 
ration; les  vaiffeaux  de  grès  réliftent  da- 
vantage au  feu.  Ceux  de  fer  fondu  réliftent 
auffi  très-bien  à un  feu  violent  , mais  011 
court  rifque  de  vicier  l’air  déphlogiftiqué, 
par  le  phlogiftique  du  fer.  Les  vaiffeaux 
de  platine  feroient  , félon  toute  appa- 
rence , les  meilleurs , parce  que  ce  métal 
eft  inattaquable  par  l’acide  nitreux,  & ré- 
fifte  à tout  degré  de  feu  néceffaire  dans 
<cette  opération;  mais  il  nous  manque  dans 
le  commerce  une  quantité  fuffifante  de  ce 
métal.  Ce  feroit  un  bienfait  pour  l’hu- 
manité , fi  le  Roi  d’Efpagne  confentoit  à 
le  faire  vendre  à un  prix  raifonnable.  Il 
faut  efpérer  que  bientôt  nous  le  verrons 
entre  les  mains  du  public  , d’autant  plus 
que  le  danger  de  falfifier  l’or  avec  ce  métal 
ell:  fini,  depuis  que  les  chymifles  ont  trouvé 
moyen  d’en  reconnoître  la  moindre  quan- 
tité dans  l’or  qui  en  contient , & de  l’en 
féparer.  Les  progrès  rapides  que  la  chy- 
mie  fait  journellement  , font  préfumer 
qu’on  trouvera  moyen  de  fondre  ce  métal 
fans  alliage , & d’en  faire  des  vafes.  On 
eft  déjà  parvenu  à le  fondre,  après  l’avoir 
précipité  de  l’eau  régale  dans  laquelle  on 
l’a  diffous. 

L’autre  objet  de  recherches  eft  de  dé- 
terminer quelles  font  les  maladies  qui  pour- 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclujion . 165 

roient  être  guéries  par  l’ufage  de  cet  air. 
Je  penfe  qu’on  pourroit  en  attendre  de 
très-bons  effets  dans  toutes  les  maladies 
putrides  & inflammatoires,  &.  en  général 
dans  toutes  celles  où  trop  de  chaleur  eff 
engendrée  dans  le  corps,  & fur-tout  dans 
plufieurs  maladies  des  poumons.  C’eff  dans 
les  hôpitaux  qu’on  pourra  décider  cette 
queffion. 

Il  arrivera  à ce  nouveau  remède  ce 
qui  efl;  arrivé  à tous  les  autres  ; il  aura 
fes  critiques  & fes  adverfaires  ; & il  efl  à 
fouhaiter  qu’il  trouve  des  adverfaires  redou- 
tables. Si  le  remède  mérite  réellement 
qu’on  l’adopte , il  acquerra  un  nouveau 
luflre  de  fon  triomphe.  Toutes  les  expé- 
riences femblent  en  donner  les  idées  les 
plus  avantageufes.  Abandonnons-en  la  dé- 
ciflon  à l’expérience  faite  au  lit  des  malades. 
Quoique  ce  remède  n’ait  pas  été  mis  à l’é- 
preuve , j’ai  cependant  déjà  rencontré  plu- 
fleurs  phyflciens  qui  doutent  que  cet  air  dé- 
puré puiffe  produire  les  effets  avantageux 
1 qu’on  s’en  promet.  Ils  craignent  que  les  for- 
ces vitales  étant  beaucoup  augmentées  par 
ll’ufage  de  cet  air , un  état  inflammatoire 
m’en  foit  la  fuite  ; ils  ajoutaient , pour 
confirmer  leur  doute,  que  les  animaux 
qui  meurent  dans  cet  air  ont  fouvent  les 
poumons  furchargés  de  fang.  Je  penfe 


1 66  Expériences 
que  ce  doute  n’eft  appuyé  fur  aucun  fon- 
dement., & l’expérience  me  femble  in- 
diquer que  cet  air  ne  peut  qu’être  très- 
falutaire.  En  effet , nous  voyons  que  les 
hommes  fe  portent  beaucoup  mieux  en 
général  fur  mer  que  fur  terre  ; qu’ils  y 
font  plus  vigoureux  , & qu’ils  parviennent 
au  même  âge  que  ceux  qui  reftent  tou- 
jours à terre.  J’ai  démontré  ( dans  un 
Mémoire  que  j’ai  envoyé  depuis  peu  à la 
Société  royale  de  Londres , & dont  j’ai 
déjà  parlé  ) , que  l’air  de  la  mer  eft  beau- 
coup plus  pur  que  l’air  des  terres , & 
approche  de  la  nature  de  l’air  déphlogif- 
tiqué.  Un  animal  enfermé  dans  l’air  dé- 
phlogiftiqué  pur , femble  y jouir  d’une 
vigueur  & d’une  vivacité  qu’il  n’avoit  pas 
auparavant  ; il  y refie  beaucoup  plus  long- 
temps dans  un  état  de  fanté  , que  s’il  ell 
enfermé  dans  une  égale  quantité  d’air 
commun.  A la  fin  cependant  il  y devient 
malade , l’air  déphlogifliqué  étant  fur- 
chargé  de  l’air  fixe  & du  phlogiflique  que  la 
refpiration  & la  tranfpiration  de  l’animal 
lui  ont  communiqué;  on  voit  fa  refpiration 
gênée  , les  battemens  du  cœur  plus  accé- 
lérés ; &,  après  avoir  fouffert  de  longues 
angoiffes  , il  meurt  fuffoqué.  Un  animal 
mourant  dans  une  égale  maffe  d’air  com- 
mun , fouffre  les  mêmes  angoiffes  ôt  meurt 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion . 167 

de  la  même  manière  , avec  cette  diffé- 
rence qu’il  y devient  malade  8c  y meurt 
plus  tôt.  Les  apparences  qu’on  trouve  dans 
les  poumons  8c  le  refie  du  corps , font , 
dans  l’un  8c  dans  l’autre  cas , telles  qu’on 
ne  fauroit  diftinguer  (i  l'animal  eft  mort 
dans  l’air  déphlogifticjué  ou  dans  l’air  com- 
mun. Toutes  les  expériences  faites  jufqu  a 
préfent  indiquent  que  l’air  déphlogiftiqué 
eft  un  véritable  air  vital , un  vrai  pcibulum 
vitœ , dont  on  ne  peut  attendre  que  de 
bons  effets. 

Il  eft  vrai  qu’aucune  expérience  ne  nous 
a prouvé  jufqu’à  préfent  qu’un  animal  puiffe 
refpirer  toute  fa  vie  un  air  véritablement 
déphlogiftiqué , fans  que  les  organes  du 
corps  s’ufent  plus  tôt;  peut-être  il  fe  pour- 
roit  que  fa  vie  durât  d’autant  moins , qu’elle 
feroit  plus  vigoureufe.  Quoi  qu’il  en  foit  , 
ce  cas  ne  peut  avoir  lieu , car  il  eft  vraifem- 
blable  qu’il  n’exifte  nulle  part  un  tel  air 
dans  la  nature  ; il  paraît  néanmoins  très- 
probable  que  fi  la  vie  d’un  animal  n’en 
étoit  pas  prolongée  , au  moins  n’en  fe- 
rait-elle pas  abrégée.  Les  gens  de  mer 
nous  fourniiïent  la  preuve  qu’un  air  beau- 
coup fupérieur  en  qualité  à l’air  de  terre, 
n’abrège  pas  leur  vie  ; quoiqu’il  rende  les 
mouvemens  de  la  vie  beaucoup  plus  vi- 
goureux : ne  cherchons  cependant  pas  à 

L iv 


x68  Expériences 

prolonger  la  durée  naturelle  de  notre 
vie  ; abandonnons  des  tentatives  aufli  in- 
frudueufes  à ces  vilionnaires  qui  cher- 
chent continuellement  le  pharmacum  im- 
moncilitatis  , le  remède  univerfel , & la 
pierre  philo fophale.  Les  limites  de  notre 
vie  font  faites  par  la  même  cauie  qui 
nous  a donné  l’exiftence , & les  lois  de 
la  nature  font  immuables.  x 

L’humanité  aura  reçu  probablement 
un  bienfait  affez  confidérable  , Jorfqu’on 
aura  trouvé  un  moyen  facile  de  procurer 
aux  malades  , dans  certains  cas,  une  quan- 
tité de  cet  air  vital  fuffifante  pour  les 
guérir  de  leurs  maux.  C’eiL  aux  phyficiens 
& aux  chymiftes  de  nous  enfeigner  la 
méthode  la  plus  facile  &.  la  moins  difpen- 
dieufe  d’extraire  une  quantité  fuffifante 
de  cet  air  des  corps  qui  le  renferment , 
& c’eft  aux  médecins  de  tenter  dans  quelles 
maladies  on  en  pourra  faire  ufage. 

J’ai  effayé  plus  d’une  fois  de  trouver 
un  moyen  d’améliorer  l’air  d’un  apparte- 
ment , en  y répandant  de  l’air  déphlogiffi 
tiqué.  Voici  comment  je  m’y  fuis  pris  : je 
jetois  du  nitre  fur  un  fer  rougi  au  feu 
dans  une  petite  chambre  , en  la  tenant 
fermée;  je  trouvois  que  pendant  l’ébulli- 
tion du  nitre  , l’air  étoit  devenu  plus  pur 
au-deffus  du  fer  rouge , car  la  flamme 


SUR  LES  VÉGÉT.  Conclufion.  169 
d’une  bougie  y prenoit  plus  de  clarté  & plus 
de  volume  ; mais  je  ne  trouvois  aucune 
altération  fenlible  dans  l’air  du  relie  de 
la  chambre , parce  que  le  vafe  de  fer  que 
j’avois  employé  étoit  trop  petit  ; il  ne 
contenoit  pas  une  once  de  nitre.  Je  penfe 
cependant  qu’on  pourroit  tirer  parti  d’une 
telle  expérience  , li , par  exemple  , on 
enfermoit  dans  une  retorte,  ou  dans  une 
grolfe  bombe  de  fer  coulé  dont  on  fe  fert 
dans  les  lièges  ; li , dis-je,  on  y enfermoit 
du  nitre  pur  , & qu’on  exposât  cette  bombe 
à un  feu  violent , en  conduifant  l’air  dé- 
phlogilliqué,  par  un  tuyau  appliqué  au 
trou  de  la  bombe  , dans  l’appartement  ou 
dans  le  lit  d’un  malade  : fuppofez  que  l’on 
trouvât  que  le  fer  rougi  rendît  l’air  déphlo- 
: gifbiqué  moins  bon,  on  pourroit  fe  fervir 
ide  vaiffeaux  de  terre. 

Mais  , quoiqu’il  paroilfe  , par  ce  que  je 
viens  de  dire , que  nous  fommes  déjà  aflez 
; heureux  d’avoir  le  moyen  d’obtenir  cet 
air  vital  de  plus  d’une  manière , je  fuis 
(cependant  bien  éloigné  de  croire  que  les 
procédés  détaillés  pour  fe  procurer  cet 
^avantage  important , foient  les  uniques 
cou  les  plus  faciles  qu’on  puilfe  trouver  ; 
îj’efpère  même  que  nous  trouverons  bien- 
tôt  le  moyen  de  changer  l’air  atmofphé- 


170  Expériences 

rique  , enfermé  dans  un  vafe , en  air  dé- 
phlogiftiqué , en  le  purifiant  du  phlogifti- 
que,  & de  la  portion  d’air  fixe  que  quelques 
phyficiens  croient  avoir  découvert  dans 
l’air  commun. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec?.  I.  Iji 


SECONDE  PARTIE, 

Contenant  une  fuite  d’ Expériences  faites 
avec  des  feuilles , des  fleurs  , des  fruits  , 
des  tiges  & des  racines  des  Plantes , dans 
le  dejfein  d’examiner  la  nature  de  l’air 
qui  s’évapore  de  ces  fub fiances , & de  mon- 
trer leur  influence  fur  l’air  commun  dans 
différentes  circonflances. 


SECTION  PREMIÈRE. 

Introduction. 

Avant  d’expofer  en  détail  les  différen- 
tes expériences  qui  font  le  fujet  de  ce 
Livre , il  eft  néceffaire  que  le  leâeur  foit 
inftruit  de  la  manière  dont  elles  ont  été 
faites.  Le  but  que  je  me  propofois  dans  ces 
recherches , étant  d’examiner  le  rapport 
qui  exifte  entre  le  règne  animal  & le  règne 
végétal,  & n’étant  nullement  de  chercher 
une  nouvelle  méthode  d’examiner  le  degré 
de  bonté  de  l’air , ou  d’améliorer  celle  que 
je  connoiffois  déjà,  je  jugeai  à propos  de 
fuivre  exaftement  la  méthode  dont  le 
célèbre  abbé  Fontana  fe  fervoit  depuis 


T72  Expériences 

quelques  années,  & que  j’avois  vue  nombre 
de  fois.  J etois  fi  convaincu  que  cette 
méthode  eft  la  meilleure  & la  plus  exa&e , 
quej’aurois  cru  perdre  le  temps  quej’au- 
rois  employé  à tenter  de  la  perfectionner  ; 
le  peu  de  temps  que  j’avois  encore  à refter 
en  Angleterre  , n’étant  pas  même  fuffifant 
pour  achever , comme  je  l’aurois  déliré  , 
les  recherches  que  j’avois  delfein  de  faire. 
Pour  communiquer  au  public  le  réfultat 
de  mes  expériences , je  me  trouvois  dans 
la  nécelfité  de  lui  faire  connoître  en  même 
temps  les  inftrumens  que  j’avois  employés  , 
& la  manière  dont  je  m’en  étois  fervi  ; 
mais  , n’en  étant  pas  moi-même  l’inven- 
teur , je  n’avois  pas  le  droit  de  les  publier , 
ni  même  d’en  anticiper  la  publicité.  M.  Fon- 
tana  me  tira  de  cet  embarras,  en  me  per- 
mettant de  rendre  fa  méthode  publique, 
& me  donna  même  les  deffins  qu’il  avoitfait 
faire  de  fes  inftrumens , & qu’on  peut  voir 
dans  la  planche  qui  accompagne  cet  ouvrage. 

M.  Fontana  m’avoit  déjà  montré  fa 
manière  d’examiner  le  degré  de  bonté  ou 
de  falubrité  des  airs  , lorfque  j’étois  à Paris 
dans  l’été  de  1 777.  Quoiqu’il  n’ait  pas 
changé  efientiellement  fa  méthode  depuis 
ce  temps , il  l’a  cependant  améliorée  , 
au  point  que , fur  dix  expériences  faites 
l’une  après  l’autre  avec  le  même  air  , la 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  L 173 

différence  ne  fe  trouvoit  fouvent  pas  d — 0 5, 
c’ell-à-dire  , que  la  maffe  reliante  de  deux 
airs , favoir  , de  trois  mefures  d air  nitreux , 
qu’il  joint  confécutivement  aux  deux  me- 
fures  d’air  atmofphérique  9 etoit  li  uni- 
forme dans  plulieurs  expériences  , que  la 
différence  ne  montoit  fouvent  pas  'au-deîa 
d’  du  total  des  deux  airs.  Une  telle 
uniformité  dans  le  réfultat  de  differens 
effais , furpaffe  même  l’exaélitude  avec  . 
laquelle  on  juge  du  degré  de  la  chaleur  8c 
du  froid  par  le  thermomètre  de  Réaumur. 

Il  fera  à propos  que  le  leéleur  s’arrête 
ici , 8c  qu’il  jette  , avant  d’aller  plus  loin , 
un  coup-d’ceil  fur  la  Planche  , 8c  fur  l’ex- 
plication des  ligures  qui  s’y  trouvent. 

Le  nouvel  Eucliomètre , ou  infiniment 
dont  je  me  fuis  fervi  pour  examiner  le 
degré  de  bonté  de  l’air  commun  8c  de 
tous  les  airs  différons  que  j’ai  obtenus  par 
le  moyen  des  végétaux,  conlille  en  diffé- 
rentes pièces , dont  deux,  favoir,  la  grande 
8c  la  petite  mefure,  font  abfolument  nécef- 
faires.  La  grande  mefure  (fig.  z )’  ell  un 
tube  de  verre  parfaitement  cylindrique , de 
la  longueur  de  1 4 à 20  pouces , dont  le  dia- 
mètre en  dedans  ell  d’environ  7 pouce,  ou 
pas  beaucoup  moindre,  quoiqu’il  puille  être 
un  peu  plus  grand.  Ce  tube  ell  divifé  en 
parties  égales , chacune  de  trois  pouces  ; 


174  Expériences 

ces  divifions  font  marquées  a#ec  une  lime. 
L’intérieur  de  ce  tube  doit  être  un  peu 
dépoli  avec  de  l’émeri  fin  : car  , fi  les  pa- 
rois internes  du  tube  ont  leur  poli  naturel , 
l’eau  ne  s’en  détache  pas  également,  mais 
adhère  par  gouttes  çà  & là  : ces  gouttes, 
en  occupant  l’efpace  deftiné  pour  conte- 
nir l’air  , rendent  la  colonne  d’air  plus 
grande  qu’elle  ne  devoit  être,  ou  au  moins 
la  longueur  incertaine.  Chacune  de  ces 
divifions  efi  fubdivifée.  en  cent  parties 
égales , lesquelles  ne  font  pas  exprimées 
fur  le  tube  même,  mais  fur  une  échelle  de 
cuivre  mobile.  Cette  échelle  de  cuivre, 
qui  glifie  le  long  du  tube , efi;  à jour  ou 
bien  ouverte  des  deux  côtés,  afin  d’expo- 
fer  à la  vue  la  hauteur  de  la  colonne  d’eau 
dans  le  tube. 

La  fécondé  pièce  nécefiaire  à Veudio- 
mètre , ou  la  petite  mefure  (fîg.  j ),  efi  aufii 
un  tube  de  verre , environ  du  même  dia- 
mètre que  le  grand  tube,  contenant  feule- 
ment la  quantité  d’air  qu’il  faut  pour 
remplir  trois  pouces  , ou  une  divifion  en- 
tière dans  le  grand  tube.  Il  efi  aufii  à 
propos  de  dépolir  un  peu  l’intérieur  de 
cette  petite  mefure , par  la  même  raifon 
que  j’ai  détaillée  pour  la  grande  mefure. 
Cette  petite  mefure  efi  fixée  dans  un 
chaton  de  cuivre,  garni  d’une  coulifie 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  I.  175 
placée  à l’oï$ice  du  tube.  Cette  couliffe 
fert  à couper  ou  féparer  l’air  compris  dans 
la  mefure  de  celui  qui  eft  logé  deftous , 
&:  à faire  échapper  celui-ci  en  renverfant 
la  mefure  fous  l’eau.  De  cette  façon  , la 
petite  mefure  contient  toujours  exacte- 
ment la  meme  quantité  d’air.  M.  Fontcinci 
emploie  fon  eudiomètre  de  la  manière 
fuivante  : Après  avoir  introduit  dans  le 
grand  tube  deux  mefures  de  l’air  dont  il 
veut  connoître  la  bonté , il  y joint  une 
mefure  d’air  nitreux.  Sitôt  que  toute  la 
mefure  d’air  nitreux  eft  paifée  dans  le 
grand  tube  , il  a foin  de  retirer  ce  tube 
«de  l’ouverture  de  l’entonnoir  (fur  lequel 
il  a été  placé  pour  faire  monter  l’air)  , 8c 
de  le  fecouer  dans  l’eau  avec  force , en 
commençant  le  mouvement  dans  l’inftant 
1 que  les  deux  airs  viennent  en  contaél , 
ou,  ce  qui  vaut  mieux , avant  qu’ils  fe 
touchent.  Les  deijx  airs  s’étant  bien  in- 
corporés , il  glilfe  le  tube  de  verre  dans 
le  grand  tube  AA  A A plein  d’eau,  qui 
eft  fait  de  bois  ou  de  cuivre;  de  façon 
qu’il  foit  fufpendu  par  le  rellort  de  l’anneau 
inférieur  de  l’échelle  mouvante  , comme 
on  voit  dans  la  figure  1.  Après  que  le 
tube  de  verre  a été  laifle  ainfi  dans  une 
polition  verticale  pendant  une  minute  ou 
deux  , pour  donner  le  temps  à l’eau  de 


i7  6 Expériences 

defcendre  le  long  des  parois  internes  du 
tube  , il  gliffe  le  tube  de  verre , ainfi  fuf- 
pendu , dans  l’échelle  de  cuivre  jufqu’à  ce 
que  la  partie  fupérieure  de  la  colonne  d’eau 
coïncide  avec  le  zéro  de  l’échelle.  Il  obferve 
alors  avec  quel  nombre  de  l’échelle  coïncide 
la  ligne  ou  l’anneau  tracé  fur  le  tube  de 
verre,  qui  fe  trouve  au  deffus  delà  colonne 
d’eau , duquel  nombre  il  tient  regiftre.  Ceci 
étant  fait , il  fait  monter  une  fécondé  mefure 
d’air  nitreux  dans  le  grand. tube  de  verre; 
il  fecoue  le  tube  avant  que  cette  nouvelle 
mefure  d’air  foit  en  contad  avec  l’air  déjà 
dans  le  tube,  ou  du  moins  à l’inftant  du 
contad  ; ôt , après  l’avoir  lai  de  repofer  une 
minute  ou  deux  dans  le  grand  tube  A A AA , 
comme  auparavant  y il  obferve  de  nouveau 
le  nombre  de  l’échelle  qui  correfpond  avec 
la  première  marque  des  grandes  divifions 
fur  le  grand  tube  de  verre,  qui  fe  trouve 
au  defl'us  de  la  colonne  d’eau.  Il  écrit  de 
même  ce  nombre.  Enfin  , il  fait  monter  une 
troifième  mefure  d’air  nitreux;  & , après 
avoir  fecoué  le  grand  tube  de  verre  comme 
auparavant , & après  le  même  repos  , il 
obferve  de  nouveau  le  nombre  de  l’échelle 
qui  correfpond  avec  la  marque  de  divifion 
qui  fe  rencontre  fur  le  tube  de  verre,  im- 
médiatement au  deffus  de  la  colonne  d’eau. 
Après  avoir  ainfi  mêlé  trois  mefures  d’air 

nitreux 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  SeS.  1.  177 

nitreux  avec  les  deux  mefures  d’air  à exa- 
miner, il  finit  l’opération,  fi  l’air  examiné 
ell  de  l’air  commun;  car,  fi  on  continuoit 
à mettre  plus  d’air  nitreux  dans  le  tube , 
il  n’arriveroit  plus  aucune  diminution  , 
parce  que  les  trois  mefures  d’air  nitreux 
font  plus  que  fuffi  Tantes  pour  faturer  plei- 
nement deux  mefures  d’air  atmofphérique. 
L’exaftitude  de  cette  expérience  dépend 
beaucoup  de  la  manière  uniforme  à tous 
1 égards , avec  laquelle  on  en  exécute  les 
(différentes  parties.  Si  on  commence  àfe- 
icouer  le  tube  de  verre  plus  tôt  ou  plus 
ttard  ; fi  on  laiffe  repofer  le  tube  plus  ou 
•moins  long-temps  dans  une  expérience  que 
(dans  l’autre  , avant  d’examiner  le  nombre 
ifur  l’échelle  de  cuivre  ; enfin  , fi  on  n’ob- 
iferve  pas  l’uniformité  la  plus  exafte  dans 
!les  plus  petites  circonftances  , on  aura  tou- 
jours des  réfultats  tout -à-fait  différens  , 
cdans  divers  examens  faits  avec  le  même 
aair. 

Lorfque  toute  l’opération  eft  finie , on 
déduit  le  nombre  des  fubdivifions  qu’oc- 
cupe la  colonne  d’air  reliant  dans  le  grand 
cube  de  verre  , de  toutes  les  fubdivi- 
iïnons  qu’on  y a mifes.  Le  réfultat  donne 
pxaâement  le  nombre  des  deux  airs  dé- 
truits. Par  exemple,  fi , après  la  troifième 
rnefure  d’air  nitreux,  on  trouve  que  la 

M 

■ 

•• 


178  Expériences 

marque  du  tube  de  verre  qui  fe  trouve  au 
deftus  de  la  colonne  d’eau,  coincide  avec 
le  nombre  8 de  l’échelle , Ôt  qu’il  y ait  au 
deffus  de  cette  marque  encore  trois  divi- 
sons entières  ou  trois  cents  fubdivifions , 

( car  nous  avons  déjà  dit  que  chaque  parti- 
tion fur  le  tube  de  verre  eft  divifée  fur  l’é- 
chelle en  cent  parties  égales  ) , la  colonne 
d’air , dans  le  tube  de  verre , occupe  un 
efpace  équivalent  à trois  mefures  entières, 
chacune  de  cent  fubdivifions  , & de 
d’une  quatrième  divifion,  ou  de  trois  cents 
huit  fubdivifions  ; lequel  nombre  étant 
déduit  de  cinq  cents  fubdivifions  d’air  em- 
ployées dans  l’expérience , le  reftant  eft 
192 , lequel  fait  exactement  le  nombre  des 
fubdivifions , ou  la  portion  des  cinq  mefures 
des  deux  airs  qui  fe  trouvent  détruites. 

Si  l’air  dont  on  veut  connoître  la  bonté 
eft  un  ai^  beaucoup  meilleur  que  l’air  com- 
mun , ou  un  air  déphlogiftiqué  , les  trois 
mefures  d’air  nitreux  ne  fuffifent  pas  pour 
faturer  complètement  cet  air.  11  eft  donc 
néceflaire  d’y  mettre  de  nouvelles  mefures 
d’air  nitreux , l’une  après  l’autre  , delà  ma- 
nière déjà  détaillée,  jufqu’àceque  la  der- 
nière mefure  d’air  nitreux  ne  fouffre  plus 
aucune  diminution.  Ainfi , plus  1 air  dephlo- 
giftiqué  eft  pur,  plus  il  abforbe  dair  ni- 
treux avant  qu’il  ioit  faturé  ; de  façon  que 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  I.  179 
fix,  fept,  & même  quelquefois  plus , de 
mefures  d’air  nitreux,  font  néceffaires  pour 
faturer  deux  mefures  d’air  déphlogifliqué  , 
lorfque  celui-ci  eft  très-pur. 

Ce  que  j’ai  déjà  dit  fur  la  manière  de 
fe  fervir  de  l’ eudiomètre  de  M.  Fontana  „ 
ifuffit  pour  apprendre  au  phyficien  à imiter 
l’expérience.  Mais  ii  trouvera  un  réfultat 
different  dans  chaque  expérience,  en  exa- 
minant à diverfes  reprifes  le  même  air , 
Vil  n’exécute  pas  toutes  les  différentes  ma- 
nipulations avec  la  dernière  exaftitude.  Il 
een  a coûté  à M.  Fontana  plufieurs  années 
aie  travail , avant  qu’il  ait  pu  porter  cette 
méthode  à la  perfeftion  qu’elle  a acquife 
ai  préfent  entre  fes  mains. 

Ceux  qui  fe  propofent  d’imiter  ces  ex- 
périences auffi  amufantes  qu’elles  font  in- 
céreffantes , feront  fans  doute  bien  aifes  de 
::onnoître  d’avance  les  précautions  à ob- 
server pour  les  faire  réuffir.  Ils  éviteront 
>ar-là  le  dégoût  que  caufent  fouvent  la 
liifïiculté  & le  manque  de  réuffite  d’une 
expérience.  Je  les  communiquerai  telles 
ue  M.  Fontana  me  les  a données  par  écrit» 

Il  réduit  à vingt  le  nombre  des  fources 
’erreurs  dans  l’exécution  de  cette  expé- 
iience;  ces  erreurs  ne  font  cependant  pas 
outes  d’une  égale  importance  , & ne  peu- 
cent  pas  être  toutes  commifes  dans lamême 

Mij 

! 


180  Expériences 

épreuve.  Il  fe  peut  même  qu’une  erreur 
corrige  l’autre.  Quelques-unes  cependant 
font  d’une  importance  fi  grande  , que  , 
faute  de  les  éviter , il  arrivera  que  l’air  at- 
mosphérique , de  la  meilleure  qualité , pa- 
roîtra  un  air  empoifonné.  Un  grand  nom- 
bre de  ces  erreurs  font  inévitables  dans 
les  eudiomètres  employés  par  divers  phy- 
siciens ; au  lieu  qu’on  peut  les  éviter  toutes 
en  fe  Servant  de  l’ eudiomètre  de  M.  Fontana . 

Ces  erreurs  tirent  leur  origine  princi- 
palement de  la  grande  & de  la  petite  me- 
fures. 

Les  erreurs  auxquelles  la  petite  mefure 
donne  lieu,  fe  réduifent  à fept. 

I.  La  première  erreur  fe  commet  en 
touchant  ce  tube  avec  la  main  , dans  le 
temps  qu’on  le  remplit  d’air  ; car  la  cha- 
leur de  la  main , fe  communiquant  au  verre , 
peut  raréfier  l’air  qu’on  y fait  monter , & 
peut  être  caufe,  par  conséquent,  que  la  me- 
fure en  contienne  une  quantité  d’autant 
plus  petite,  qu’il  a été  plus  raréfié.  Le  ré- 
fultat  de  cette  erreur  pourroit  monter  à 
deux  Subdivisions,  ou  à ~ d’une  mefure. 

Pour  éviter  cette  erreur,  il  faut  fe  gar- 
der de  toucher  cette  mefure  dans  le  temps 
qu’on  la  remplit. 

IL  La  Seconde  erreur  fe  commet  en 
communiquant  la  chaleur  de  la  main  a 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  I.  1 8 1 
la  mefure , lorfque , l’ayant  remplie , on  l’é- 
lève dans  l’eau  jufqu’à  ce  que  la  coulifle 
fe  trouve  de  niveau  avec  la  furface  de 
l’eau  , où  elle  doit  fe  trouver  lorfqu’on  la 
ferme  pour  féparer  l’air  contenu  dans  la 
mefure  , de  celui  qui  fe  trouve  au  delfous 
■ de  la  couliffe.  Cette  erreur  peut  monter 
ide  même  à deux  fubdivifions.  Pour  l’é— 
iviter,  on  n’a  qu’à  tenir  cette  mefure  par  fa 
bafe  ou  fa  partie  métallique,  qui  refte  fous 
li’eau  ou  à fleur  d’eau,  dans  le  temps  qu’on 
tferme  la  coulifle. 

III.  La  troifième  erreur  fe  commet, 
ilorfqu’en  fermant  cette  mefure  on  ne  l’é- 
lève pas  exa&ement  à la  hauteur  requife. 
(Car,  fi  la  colonne  d’eau  qui  foutient  l’air 
cdans  la  mefure  n’efl:  pas  toujours  delà  même 
lhauteur  , l’air , dans  la  mefure  , fera  plus 
cou  moins  comprimé,  &,  par  conféquent, 
lia  quantité  d’air  contenue  dans  la  mefure  , 
fera  toujours  incertaine.  Le  défaut  de  cette 
)bfervation , peut  caufer  une  erreur  de 

[quatre  fubdivifions. 

IV.  La  quatrième  fource  d’erreurs  pro- 
fient de  ce  qu’on  n’a  pas  dépoli  l’intérieur 
lu  tube  de  verre , qui  fait  la  petite  me- 
iùre  : car,  lorfqu’on  y fait  monter  l’air, 

eau  n’en  découle  pas  également  le  long 
lies  parois,  mais  y adhère  par  gouttes;  ce 
qui  rend  la  capacité  de  la  mefure  incer- 


182  Expériences 

taine.  M.  Fontana  évalue  l’erreur  qui  peut 
réfulter  de  cette  omiffion , à trois  fubdi- 
vidons. 

V.  La  cinquième  erreur  qui  peut  pro- 
venir de  la  petite  mefure  , dépend  de  la 
différence  du  temps  qu’on  laiffe  écouler 
depuis  qu’on  l’a  remplie  , jufqu’à  ce  qu’on 
ferme  la  couliffe;  parce  que  l’eau  découle 
pendant  quelque  temps  le  long  des  parois 
internes  de  la  mefure , après  que  l’air  y eft 
déjà  monté  : ainft , plus,  on  attendra  de 
temps  avant  de  fermer  la  couliffe  , plus 
elle  contiendra  d’air.  On  peut  évaluer  l’er- 
reur de  cette  irrégularité,  à trois  fubdi- 
vifions.  Il  eft  encore  aifé  de  prévenir  cette 
erreur , en  obfervant  toujours  exaéfement 
le  même  intervalle  de  temps  avant  de  fer- 
mer cette  couliffe. 

VI.  Le  danger  de  commettre  la  fixième 
erreur  qui  dépend  de  la  petite  mefure , 
ne  peut  avoir  lieu  quand  on  fe  fert  de  l ’eu- 
diomètre  de  M.  Fontana ; elle  dépend  du 
défaut  de  la  couliffe  ou  valvule  , qui , en 
coupant  la  colonne  d’air  dans  la  mefure 
de  celle  qui  eft  au  deffous  de  la  couliffe , 
fait  que  la  mefure  ne  peut  jamais  contenir 
plus  ou  moins  d’air.  Une  mefure  qui  n’a  pas 
cette  valvule , peut  occalionner  une  er- 
reur des  plus  confidérables , qui  pourroit 
même  monter  jufqu’à  dix  fubdivilions.  Les 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Se  cl.  I.  183 
mefures  employées  jufqu’à  préfent  par  les 
autres  physiciens  , ne  font  pas  garnies 
d’une  telle  valvule;  &.  aufîi  conviendront- 
ils,  s’ils  font  de  bonne  foi,  qu’il  n’arrive 
que  rarement , que  deux  effais  faits  avec 
le  même  air , donnent  le  même  réfultat. 
J’ai  cependant  entendu  plus  d’une  fois  des 
gens  prétendre  qu’on  peut  répéter  cette 
expérience  toujours  avec  un  réfultat  uni- 
forme : on  manquoit  de  beaucoup , quand 
on  vouloit  me  le  démontrer  par  l’expé- 
rience. Qu’il  foit  dit  à l’honneur  du  célèbre 
P riejlley , à qui  nous  devons  cette  grande 
découverte  , d’effayer  la  bonté  de  l’air  par 
l’air  nitreux  / qu’on  ne  rencontre  pas  tou- 
jours des  physiciens  qui  poSTèdent  fa  can- 
deur , & qui  avouent  franchement  les  dé- 
fauts qu’ils  découvrent  dans  leurs  propres 
expériences. 

VIL  La  feptième  erreur  occasionnée 
par  la  petite  mefure , provient  de  l’iné- 
gale épaiffeur  du  verre  dans  la  grande  & 
la  petite  mefure;  d’où  il  peut  arriver  que, 
l’une  fe  dilatant  plus  que  l’autre  par  la  cha- 
leur, leurs  capacités  refpeéfives  diffèrent. 
Il  faut  avouer  cependant  que  l’erreur  pro- 
venante de  cette  caufe , ne  peut  être  que 
très-petite. 

En  faifant  le  calcul  de  toutes  les  fub- 
divifions  auxquelles  les  erreurs  mention* 

Miv 


184  Expériences 

nées  peuvent  monter,  nous  les  trouverons 
monter  à 25  : mais,  comme  on  emploie 
dans  un  feul  effai  cinq  mefures  d’air , la- 
voir , deux  de  celui  dont  on  veut  con- 
noître  la  bonté  , & trois  d’air  nitreux , les 
fautes , li  toutes  étoient  commifes , pour- 
roient  monter  à cinq  fois  autant , favoir , 
à 125  fubdivifions. 

Les  erreurs  auxquelles  le  grand  tube 
de  verre  peut  donner  lieu  , peuvent  auffi 
arriver  de  fept  différentes  manières. 

I.  La  première  dépend  de  l’inégalité 
du  diamètre  de  ce  tube , dont  il  pourroit 
aifément  réfulter  une  erreur  de  quatre  fub- 
divifions dans  chaque  partie  de  la  mefure 
où  une  telle  inégalité  a lieu. 

IL  La  fécondé  vient  de  ce  que  l’inté- 
rieur du  tube  n’a  pas  été  dépoli.  Ce  feul 
défaut  peut  occafionner  une  erreur  de  fix 
fubdivifions. 

III.  La  troifième  erreur  fe  commet  en 
communiquant  quelque  degré  de  chaleur 
à ce  tube , par  la  main  , dans  le  temps  qu’on 
examine  la  longueur  de  la  colonne  d’air 
qu’il  contient.  On  pourroit  par-là  com- 
mettre une  erreur  de  quatre  fubdivifions. 
On  l’évitera  aifément  en  prenant  ce  tube 
avec  un  linge  mouillé , en  le  plongeant  en- 
tièrementfous  l’eau  ou  en l’arrofant d’eau, 
pour  lui  donner  la  même  température  par- 


w 

SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec t /.  185 

tout , lorfqu’on  veut  connoitre  le  résultat 
de  l’effa!  par  la  longueur  de  la  colonne 
d’air. 

IV.  La  quatrième  erreur  Te  commet  en 
examinant  la  longueur  de  la  colonne  d air, 
dans  le  temps  que  la  colonne  d eau , qui 
eff  reftée  encore  dans  le  tube  de  verre  , 
ne  fe  trouve  pas  au  niveau  avec  1 eau  du 
dehors.  On  évite  cette  erreur  par  l’ufage 
du  grand  tube  exprimé  par  A A AA  dans 
la  figure  1.  Cette  inattention  pourroit  pro- 
duire une  erreur  de  trois  fubdivifions. 

V.  La  cinquième  erreur  dépend  de  la 
différence  de  temps  quon  laiffe  écouler 
depuis  qu’on  a introduit  une  mefure  d air 
nitreux  dans  le  ^rand  tube  de  verre,  juf- 
qu’au  moment  ou  on  examine  la  hauteur 
de  la  colonne.  Ceci  pourroit  aifément  pro- 
duire une  différence  de  dix  fubdivifions. 
Il  eff  encore  aifé  d’éviter  cette  erreur,  en 
fecouant  le  tube , comme  on  l’a  déjà  dit , 
& en  examinant  la  longueur  de  la  colonne 
d’air  toujours  dans  le  même  temps. 

VI.  La  fixième  erreur  fe  commet  en 
déterminant  avec  peu  d’exaftitude  la  hau- 
teur de  la  colonne  d’air  ; il  pourrait  en 
réfulter  une  différence  de  cinq  fubdivi- 
vilions.  Un  peu  de  pratique  fuffit  pour  nous 
mettre  en  état  de  ne  plus  commettre  cette 
erreur  , fort  familière  aux  novices  dans 


1 86  Expériences 

cette  expérience.  On  diminue  de  beau- 
coup le  rifque  de  cette  erreur  , en  fixant, 
pour  limite  de  la  colonne  d’air,  le  milieu 
ou  la  partie  la  plus  baffe  de  la  ligne  courbe 
qui  forme  la  partie  fupérieure  de  la  co- 
lonne d’eau.  La  lentille  D , appliquée  au 
tord  du  tube  A A A A , figure  i , peut 
encore  contribuer  à l’exaditude  de  cet 
examen. 

VII.  La  feptième  erreur  peut  fe  com- 
mettre en  ne  tenant  pas  le  tube  de  verre 
dans  une  direction  verticale  lorfqu’on  l’e- 
xamine : elle  pourroit  être  de  trois  fubdi- 
vifions.  Ainfi , toutes  les  erreurs  auxquelles 
le  grand  tube  peut  donner  lieu,  foit  parce 
qu’il  elL  malconflruit,  foit  parce  qu’on  l’em- 
ploie mal,  montent  au  nombre  de  trente- 
cinq  ; lequel  nombre  étant  multiplié  trois 
fois , ( à caufe  des  trois  mefures  d’air  ni- 
treux ) , donne  le  nombre  de  cent  cinq  fub- 
divifions. 

Outre  les  erreurs  déjà  mentionnées,  on 
en  peut  commettre  d’autres  par  des  cir- 
conftances  accidentelles , dépendantes  de 
trois  caufes  principales. 

I.  Il  fe  peut  que  le  degré  de  chaleur  de 
l’air  commun , change  dans  le  temps  qu’on 
fait  l’expérience  ; d’ou  il  arrive  que  la  lon- 
gueur de  la  colonne  d’air  eft  plus  ou  moins 
grande.  Ceux  qui  font  ces  effais  en  mêlant 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Se  et.  1.  187 

line  mefure  d’air  commun  avec  une  d air 
nitreux , & en  biffant  les  deux  airs  s’incor- 
porer pendant  un  temps  confiderable  fans 
fecouer  le  tube , doivent  neceffairement 
éprouver  quelquefois  cet  accident. 

II.  Il  fe  peut  auffi  que  le  poids  ou  la 
preffion  de  l’atmofphèrè  change  dans  le 
temps  qu’on  fait  l’expérience;  ce  qui  pro- 
duit quelque  différence  dans  le  réfultat  de 
l’opération  , fur- tout  lorfqu  on  ne  fuit  pas 
la  manière  de  M.  Fontana. 

III.  La  chaleur  plus  ou  moins  grande  du 
corps  du  phyficien  pourroit  fe  communi- 
quer au  grand  tube  , & rendre  ainfi  la  co- 
lonne d’air  plus  ou  moins  longue. 

Ces  trois  caufes  accidentelles  d’erreurs, 
quoique  légères  en  elles-mêmes , peuvent 
cependant  produire  une  différence  de  fix 
fubdivifions , & même  plus.  Il  fuit  de  tout 
ceci , que  , fi  toutes  les  erreurs  déjà  dé- 
crites pouvoient  fe  commettre  à- la-fois, 
elles  monteroient  à deux  cents  foixante 
fubdivifions. 

Outre  toutes  les  caufes  mentionnées  qui 
produifent  une  différence  dans  le  réfultat 
de  ces  effais,  foit  quelles  dépendent  d’inf- 
trumens  peu  exaéis  , foit  qu’elles  viennent 
du  peu  d’attention  ou  du  défaut  d’adreffe 
dans  le  phyficien , il  y en  a une  qui  m’a  tour- 
menté dans  le  commencement , & qui  me 


/ 


1 88  Expériences 

paroifioit , comme  à tous  les  autres  phy- 
ficiens,  n’être  pas  fufceptible  de  correc- 
tion ; favoir  , la  différence  de  la  qualité  de 
l’air  nitreux , qui  ne  fe  trouve  pas  toujours 
delà  même  force,  quoique  fait  de  la  même 
manière. 

De  toutes  les  fubflances  métalliques , le 
mercure  me  femble  devoir  être  préféré 
pour  obtenir  un  air  nitreux  d’une  qualité 
conflamment  égale.  Mais  il  efl  néceflaire, 
pour  en  retirer  une  bonne  quantité  d’air 
nitreux  en  peu  de  temps,  d’y  appliquer 
de  la  chaleur.  Je  me  fuis  fervi  pendant 
quelque  temps  de  la  limaille  fine  des  épin- 
gles, dont  on  obtient  un  air  nitreux  d’une 
qualité  affez  confiante  , par  le  moyen  de 
l’acide  nitreux  fort  délayé;  mais,  comme 
cette  limaille,  ou  plutôt  cette  pouffière, 
produit  une  très  - forte  effervefcence  , 
de  façon  qu’une  grande  partie  du  métal 
fort  du  flacon  avec  l’acide  nitreux  , je 
l’ai  abandonnée,  en  lui  fubfiituant  du  cui- 
vre ordinaire.  Je  forme  de  petits  pelotons 
de  fils  de  cuivre  flexibles  en  les  roulant, 
dont  je  remplis  la  moitié  du  flacon;  je  rem- 
plis cette  bouteille  d’un  mélange  fait  d’une 
partie  d’efprit  de  nitre  de  Glauber , & de 
cinq  ou  fix  parties  d’eau.  De  cette  façon, 
l’acide  nitreux  trouvant  une  furface  très- 
grande  , & toujours  à peu  près  égale , ex- 


I 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  II.  189 
pofée  à fon  aâion , il  fe  dégage  promp- 
tement une  quantité  confidérable  d’air  ni- 
treux , conftamment  de  la  même  qualité. 
Le  laiton  ne  m’a  pas  fatisfait  à cet  égard  : 
l’air  nitreux  que  j’en  obtenois , n’étoit  pas 
constamment  de  la  même  qualité. 

Je  me  fuis  fervi  Souvent  d’une  bouteille 
de  gomme  élaftique , ou  caoutchouc , au  lieu 
d’un  flacon  de  verre,  pour  cette  opération. 
Je  fubflituoisdemêmeau  tube  de  verre , un 
tube  de  cette  même  fubflance.  Un  tel  tube 
eft  allez  aifé  à faire,  en  coupant  une  bouteille 
de  gomme  par  morceaux,  en  joignant  les 
bords  coupés  avant  de  les  avoir  falis  ou  tou- 
chés, & en  les  tenant  exactement  unis  dans 
leur  largeur  par  une  ficelle  roulée  à l’entour 
d’un  tel  tube  ; les  bords  joints  enfemble 
fe  collent  pour  toujours.  Cette  fubflance 
Singulière  poflede  une  efpèce  d’attraCtion 
pour  elle-même  ; de  façon  que  deux  pièces 
coupées  par  un  inflrument  fort  tranchant, 
& jointes  enfemble  par  leurs  bords  coupés 
avant  qu’on  les  ait  touchés  ou  falis,  adhè- 
rent fi  fortement  entre  elles , qu’il  faut 
employer  une  violence  très-grande  pour 
les  féparer  de  nouveau.  J’adapte  à l’extré- 
mité d’un  tel  tube  un  bouchon  de  verre 
d’une  forme  conique , pour  pouvoir  s’ac- 
commoder à l’orifice  de  tout  flacon  de 
gomme  élaftique.  Un  anneau  de  métal  mis 


iço  Expériences 
fur  le  col  du  flacon  , le  prefle  auiïi  étroL 
tement  qu’on  veut  fur  ce  bouchon  de  verre, 
& prévient  que  ni  l’acide  nitreux,  ni  l’air 
nitreux  , ne  s’échappent  du  flacon. 

Un  tel  flacon  peutfervirun  temps  confidé- 
rable;  mais  l’acide  nitreux  le  gâte  à la  fin  , 
en  durciflant  les  parois  internes.  Plus  l’acide 
nitreux  qu’on  emploie  eft  concentré , plus 
tôt  il  détruit  l’élaflicité  de  cette  gomme. 

Quoiqu’on  puiffe  obtenir  de  l’air  nitreux 
très-bon  de  plufieurs  manières , quand  cet 
air  efl  en  contaéf  avec  l’eau , il  ne  confer- 
vera  pas  long-temps  toute  fa  force , fur- 
tout  fi  le  vafe  dans  lequel  on  le  conferve 
.•eft  d’un  grand  diamètre.  Auffi  en  peu  de 
jours  cet  air  fe  trouve  tellement  affoibli , 
qu’on  ne  peut  plus  compter  fur  le  réfultat 
d’un  eflai  auquel  on  l’emploie  , fur-tout  fl 
on  fe  contente  d’ajouter  toujours  la  même 
quantité  d’air  nitreux  pour  examiner  l’air 
commun  ; par  exemple , fl  on  fuit  la  mé- 
thode adoptée  affez  généralement  par  les 
autres  phy  ficiens,  d’employer  parties  égales 
d’air  nitreux  & d’air  commun. 

La  méthode  de  M.  Fontana  prévient 
toute  la  difficulté  qui  peut  réfulter  de  l’in- 
certitude de  la  qualité  ou  force  de  l’air  ni- 
treux ; car , comme  il  ajoute  à deux  me- 
fures  d’air  dont  il  veut  connoitre  la  bonté, 
autant  de  mefures  d’air  nitreux  qu’il  en 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect . IL  191 
faut,  jufqu’à  ce  que  la  dernière  mefure 
ne  produilé  plus  aucune  diminution  dans 
la  colonne  d’air  qui  eft  dans  le  tube  , il 
importe  peu  quelle  eft  la  force  de  l’air  ni- 
treux employé.  La  feule  différence  qui 
puilfe  en  arriver,  efl  qu’il  faille  ajouter 
d’autant  plus  de  mefures  d’air  nitreux,  que 
celui-ci  fe  trouve  moins  fort. 

La  théorie  de  ceci  eft  très-facile  à com- 
prendre , pourvu  qu’on  ait  préfente  à l’ef- 
prit  la  qualité  merveilleufe  qu’a  l’air  ni- 
treux de  diminuer  l’air  refpirable  dans  la 
proportion  de  la  bonté  de  cet  air  , c’eft- 
à-dire , que  la  malfe  combinée  de  deux  airs 
eft  d’autant  plus  petite  , que  l’air  refpi- 
rable eft  d’une  meilleure  qualité.  Comme 
il  faut  que  l’air  nitreux  foit  de  la  meilleure 
qualité  pour  opérer  la  plus  grande  dimi- 
nution poflible , il  s’enfuit  que  h l’air  ni- 
treux eft  affoibli,  il  en  faudra  une  quantité 
plus  grande  pour  faturer  entièrement  la 
quantité  d’air  refpirable  employé  dans 
l’eftai.  Suppofons , pour  mieux  comprendre 
cette  épreuve , que  l’air  nitreux  n’ait  que 
la  moitié  de  ia  force  qu’il  doit  avoir  lorf- 
qu’il  eft  bon  , foit  qu’une  quantité  d’air 
commun  s’y  trouve  mêlée  , foit  que  l’air 
nitreux  ait  été  en  partie  décompofé  ; il 
en  faudra  alors  une  double  quantité  pour 
faturer  les  deux  mefures  d’air  refpirable* 


192  Expériences 
Ainli  , après  la  faturation  complette  de 
deux  mefures  d’air  refpirable  par  l’air  ni- 
treux, on  trouvera  la  colonne  d’air  dans  le 
tube  d’autant  plus  longue , que  l’air  nitreux 
a été  plus  foible. 

Rendons  cette  doftrine  encore  plus  fen- 
fible  par  un  exemple.  Supposons  qu’après 
les  trois  mefures  d’air  nitreux  d’une  bonne 
qualité  , ajoutées  à deux  mefures  d’air  or- 
dinaire, la  longueur  de  la  colonne  reliante 
des  deux  airs  foit  égale  à trois  cents  huit 
fubdivilions , ce  nombre  déduit  des  cinq 
cents  fubdivilions  ou  de  cinq  mefures  des 
deux  airs  employés  , il  reftera  cent  qua- 
tre-vingt-douze fubdivilions,  faifant  exac- 
tement le  nombre  des  fubdivilions  dé- 
truites. Suppofons  à préfent  que  l’air  ni- 
treux foit  devenu  fi  foible,  qu’au  lieu  de 
trois  mefures  il  en  faille  fix  pour  faturer 
pleinement  les  deux  mefures  d’air  com- 
mun ; la  conféquence  fera , que  la  colonne 
reliante  des  deux  airs  occupera  fix  cents 
huit , en  place  de  trois  cents  huit  fubdi- 
vilions.  Si  nous  déduifons  ces  fix  cents  huit 
fubdivifions  des  huit  cents  ou  de  huit  me- 
fures de  deux  airs  employés , il  fe  trou- 
vera de  même  exaélement  cent  quatre- 
vingt-douze  fubdivilions  de  détruites.  S il 
n’y  avoit  pas  moyen  de  trouver  un  air  nitreux 
meilleur  que  celui  que  nous  venons  de 

décrire , 


SUR  LES  YÉGÉTAUX.  Sect.  IL  193 
décrire  , il  faudroit  employer  un  tube  plus 
long  ; mais  ce  cas  ne  pourroit  aifément 

avoir  lieu.  r , r 

Pour  donner  toute  laclarte  pollibleace  lu- 
jet  intéreffant , j y joindrai  le  détail  exaft  de 
deux  expériences , l’une,  faite  av ec  1 air  com- 
mun & l’air  nitreux  de  bonne  qualité  ; 1 autre, 
avec  le  même  air  commun  &î  air  nitreux  af- 
foibli.  Après  avoir  fait  m onter  dans  le  grand 
tube  de  verre  deux  mefures  d air  commun , 
une  mefure  d’air  nitreux  tiré  du  mer- 
cure y fut  ajoutée.  Le  tube  fut  fecoue 
à l’inftant  que  les  deux  airs  vinrent  en  con- 
ta6L  Après  l’avoir  fecoué  pendant  une  demi- 
minute  7 on  laiffa  repofer  le  tube  de  verre 
dans  une  fituation  verticale , en  le  plaçant 
dans  le  grand  tube  de  cuivre  (foz.  A AÂ  A ) 
pendant  deux  minutes.  La  longueur  de 
la  colonne  d’air  fe  trouva  de  cent  foi- 
xante  — feize  fubdiviiions.  Une  fécondé 
mefure  d’air  nitreux  y fut  ajoutée.  Le  tube 
fut  fecoué  de  même  pendant  une  demi- 
minute;  & après  deux  minutes  de  repos, 
la  longueur  de  la  colonne  d’air  fe  trouva 
de  deux  cents  dix  fubdivifions , ou  de  deux 
mefures  entières , 6c  ^ de  mefure.  Lorf- 
qu’on  eut  ajouté  la  troifième  mefure  d’air 
nitreux  de  la  même  maniéré  , la  longueur 
de  la  colonne  fut  de  trois  cents  fix  fubdi- 
vidons , ou  de  trois  mefures  entières , & 


194  Expériences 

de  mefure  ; lequel  nombre  de  trois  cents 
lix  étant  déduit  de  cinq  cents  fubdivifions 
ou  de  cinq  mefures d’air  employées,  il  relia 
194,  qui  étoit  le  nombre  des  fubdivifions 
détruites. 

Le  même  air  commun  fut  elfayé , de  la 
même  façon , avec  de  l’air  nitreux  af- 
foibli  à delfein  , en  y mêlant  de  l’air 
commun.  Le  rélultat  fut,  que  trois  me- 
fures de  cet  air  nitreux  ne  fuffirent  pas 
pour  faturer  pleinement  les  deux  mefures 
d’air  commun  ; il  en  fallût  quatre  , les- 
quelles donnèrent  fucceffivement  205  , 
217},  310I,  407.  Ainli  les  lix  mefures 
des  deux  airs  employées,  ou  les  lix  cents 
fubdivifions  , furent  réduites  à quatre 
cents  fept  fubdivifions  , qui  étant  dé- 
duites des  fix  cents  employ  ées  , il  relia 
cent  quatre-vingt-treize , qui  ell  le  nom- 
bre exaél  des  fubdivifions  détruites.  Ainli 
la  différence  du  réfultat  de  ces  deux  expé- 
riences , ne  fut  pas  de  plus  d’une  fubdivi- 
lion  , ou  d’jSo  i ce  qui  mérite  à peine  le 
nom  d’une  différence. 

Cette  découverte  de  pouvoir  employer 
de  l’air  nitreux  , quelque  altéré  qu’il  foit , 
appartient  entièrement  à M.  Fontana 8c 
répand  beaucoup  de  lumière  fur  la  na- 
ture 8c  les  propriétés  de  l’air  nitreux , 8c 
fur-tout  fur  fa  qualité  fingulière  de  dé- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  I.  195 
traire  l’air  refpirable.  La  théorie  ingé- 
nieufe  de  M.  FontUna  en  acquiert  une 
force  nouvelle  5 mais  je  n’ai  pas  le  droit 
de  me  l’approprier , ni  d’en  anticiper  la 
publicité  : j’efpère  que  l’on  aura  bientôt 
la  fatisfaâion  de  la  voir  publiée  par  l’Au- 
teur même. 

Cette  découverte  diminue  beaucoup 
l’inquiétude  au  fujet  de  la  qualité  de  l’acide 
nitreux  , & de  celle  de  l’air  nitreux  lui- 
même  (a). 


(<z)  Il  eft  à fouhaiter  que  M.  Fontana  favorife  bientôt 
le  public  des  Remarques  fur  l’air  nitreux , qu’il  a faites 
depuis  l’impreffion  de  fon  excellent  ouvrage  fur  la  nature 
de  cet  air  & de  l’air  déphlogiftiqué.  Cet  ouvrage  eft  main- 
tenant entre  les  mains  de  ceux  qui  cultivent  cette  bran- 
che importante  de  la  phyfique  , la  doétrine  de  l’air. 

Ceux  qui  s’exercent  dans  cette  carrière,  trouveront  un 
avantage  à faire  toujours  de  l’air  nitreux  nouveau,  lorf- 
1 qu’ils  auront  envie  de  l’employer;  s’ils  le  confervent  pour 
1 un  jour  ou  deux , ils  doivent  le  mettre  dans  un  verre 
dans  lequel  cet  air  foit  en  contaêi  avec  la  plus  petite  furface 
d’eau  poflible,  parce  qu’il  s’affoiblit  beaucoup  par  l’eau  en 
lui  communiquant  fon  acide  nitreux.  On  doit  aulîi  prendre 
garde  de  ne  pas  agiter  le  vafe  qui  contient  cet  air;  car, 
en  le  fecouant  , l’eau  en  abforbe  une  partie  conftdé- 
irable  , & ce  qui  refte  fe  trouve  beaucoup  affoibli.  En 
'fecouant  dans  l’eau,  pendant  un  quart  d’heure,  une  quan- 
tité d’air  nitreux  nouvellement  fait,  il  en  difparoiffoit 
& le  refte  étoit  fort  affoibli.  L’air  nitreux  tiré  de  la 
idiffolution  du  mercure  eft  fujet  au  même  inconvénient 
(que  celui  qu’on  obtient  du  cuivre  & d’autres  métaux. 
Lorfque  l’air  nitreux  fe  trouve  mêlé  avec  égale  quantité 
d’air  phlogiftiqué,  ou  d’air  inflammable,  on  ne  fauroit  le 
I faire  entrer  fi  aifément  dans  l’eau  par  les  mêmes  fecouffes 

N ij 


196  Expériences 

Jufqu’ici  nous  avons  examiné  dix-huit 
différentes  - fources , dont  il  peut  réfulter 
des  erreurs  ou  des  incertitudes  qui  ren- 
dent le  réfultat  de  cette  expérience  im- 
portante , entièrement  incertain.  Il  nous 
refie  à indiquer  encore  deux  autres  fources 
d’erreurs , qu’il  importe  de  connoître  pour 
les  éviter.  La  première  confifte  dans  le 
mélange  des  deux  airs , lequel  doit  fe 
faire  dès  le  moment  qu’ils  fe  touchent , 
en  fecouant  le  tube  avec  force  dans  l’eau 
pendant  une  demi-minute,  ou  à peu  près. 
Si  on  fait  monter  l’air  nitreux  dans  le 
grand  tube  , après  y avoir  introduit  l’air 
à examiner , & qu’on  laide  repofer  le  tube 
jufqu’à  ce  que  les  deux  airs  foient  inti- 
mement unis  enfemble  ; ou  h on  mêle 
premièrement  les  deux  airs  dans  un  vafe 
féparé  pour  qu’ils  s’incorporent  l’un  avec 
l’autre,  avant  de  les  mettre  dans  le  grand 
tube  afin  d’en  mefurer  la  colonne , on  fera 
très-rarement  deux  expériences  de  fuite , 
fans  que  le  réfultat  foit  très  - différent  : 
cette  différence  peut  même  aller  jufqu’à 
cinquante  fubdivifions , lefquelles  ajoutées 
aux  deux  cents  cinquante-fix  fubdivifions 

Il  femble  que  ces  airs , qui,  par  leur  nature,  jefufent  de 
fe  mêler  avec  l’eau , ou  ne  la  pénètrent  que  très-diffici- 
lement , s’incorporent  tellement  avec  l’air  nitreux , que 
celui-ci  en  devient,  comme  eux , tres-refra&aire  a 1 eau. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  1.  197 

dont  on  peut  fe  tromper , feront  monter 
le  nombre  des  erreurs  qu  il  eft  pofiible  de 
commettre,  à trois  cents  fix  fubdivifions. 
Si  on  ne  commence  pas  à fecouer  le  tube 
dès  que  les  deux  airs  fe  touchent , la  dif- 
férence de  l’intervalle  qu’on  laiffera  entre 
le  mélange  des  deux  airs  h le  fecouement 
du  tube , fera  varier  le  réfultat , de  façon 
que  deux  ou  trois  fécondés  feront  une 
différence  qui  rendra  l’expérience  incer- 
taine. 

La  dernière  ou  vingtième  fource  d’er- 
reurs qui  nous  refie  à examiner , dépend 
de  ce  qu’on  ajoute  à-la-fois  tout  l’air 
nitreux  qu’on  veut  employer  dans  l’effai. 
La  différence  qui  réfulte  de  cette  mé- 
thode eft  d’autant  plus  grande , que  l’air 
à examiner  eft  plus  déphlogiftiqué. 

Nous  avons  détaillé  jufqu’ici  vingt  cir- 
conftances , dont  il  peut  réfulter  des  in- 
certitudes très-remarquables  dans  l’exa- 
men du  degré  de  bonté  ou  de  falubrite 
des  différens  airs.  Il  eft  vrai  qu’il  feroit 
impoffible  de  commettre  toutes  ces  er- 
reurs dans  le  même  effai  ; mais  il  eft  à 
propos  de  les  connoître,  pour  ne  pas  fe 
donner  la  peine  de  tenter  des  méthodes 
dans  lefquelles  on  ne  peut  éviter  de  com- 
mettre une  ou  plufteurs  de  ces  erreurs. 
Il  faut  cependant  avouer  qu’un  Fhyfteîen  y 


198  Expériences 

meme  allez  adroit , & en  poffeffion  d’un 
bon  eudiomètre  conftruit  félon  la  méthode 
de  M.  Fontana , aura  de  la  peine , au  com- 
mencement , à faire  deux  effais  d’air  qui 
foient  parfaitement  d’accord  : mais  dès  qu’il 
fe  fera  un  peu  familiarifé  avec  cet  infïru- 
ment  , il  fera  convaincu  qu’on  peut , par 
fon  moyen , juger  du  degré  de  bonté  d’un 
air  refpirable , avec  autant  d’exa&itude 
qu’on  peut  juger  des  degrés  du  froid  ou 
de  la  chaleur  par  le  thermomètre  de 
Réaumur  ; car  il  trouvera  qu’en  faifant 
l’expérience  avec  tout  le  foin  requis  , la 
différence  du  réfultat  de  plufieurs  effais 
faits  avec  le  même  air,  excédera  à peine 
fh;  des  deux  airs  employés  ; or , il  feroit  dif- 
ficile de  juger,  fur  l’échelle  de  Réaumur , 
d’j  de  degré. 

Quoique  la  plupart  des  expériences 
qui  font  le  fujet  de  cet  ouvrage , aient  été 
faites  exactement  félon  la  méthode  de  M. 
Fontana , parce  que  je  la  crois  la  meilleure 
de  toutes  celles  qui  font  connues , je  n’au- 
rois  cependant  pas  manqué  de  faire  auffi 
des  effais  félon  la  méthode  du  célèbre 
Prieflley  , fi  j’avois  eu  un  tube  calibré 
affez  long  pour  cet  ufage  ; j’ai  feulement 
imité  quelquefois  fa  manière  d’eftayer  les 
airs,  au  moins  en  partie,  avec  Y eudiomètre 
de  M.  Fontana.  Voici  comme  je  m’y  fuis 


/ 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  I.  199 
pris  pour  eiïayer  l’air  commun.  Au  lieu 
de  mettre  une  mefure  d air  nitreux  & une 
d’air  commun  dans  un  vafe  feparé  pour  les 
laifler  s’incorporer,  comme  M.  Prie/iley 
le  fait , je  les  mis  l’une  après  l’autre  dans 
le  grand  tube  ou  mèfure , en  commençant 
à fecouer  ce  tube  des  1 inilant  que  les  deux 
airs  fetrouvoient  en  contad,ouroeme  avant. 
Si  l’air  à examiner  étoit  de  l’air  déphlo- 
giftiqué , je  faifois  monter  une  mefure  de 
cet  air  dans  le  grand  tube , &.  enfuite  deux 
mefures  à-la-fois  d’air  nitreux,  en  com- 
mençant à fecouer  comme  il  eft  dit  : fi  ces 
deux  mefures  d air  nitreux  n’avoient  pas 
faturé  l’air  déphlogiftiqué , j’y  joignois  une 
troifième  mefure  d’air  nitreux.  Si  j’en  ob- 
tenois  encore  une  diminution  notable  dans 
la  colonne  d’air,  j’y  joignois  une  quatrième 
mefure  ; & ainfi  de  fuite  , jufqu’à  ce  qu’il 
ne  fe  fît  plus  aucune  diminution  après  le 
mélange  de  la  dernière  mefure. 

J’ai  eu  foin  d’indiquer  cette  façon  de 
s’y  prendre  dans  l’examen  des  airs  , fur- 
tout  dans  la  Sedion  fuivante  , afin  que  le 
ledeur  , qui  voudra  l’imiter , puifie  voir 
à quel  point  fes  expériences  s’accordent 
avec  les  miennes. 

Lorfque  j’avois  à examiner  un  air  d une 
qualité  inférieure  à celle  de  1 air  commun  ? 
cette  méthode  courte  de  joindre  enfemble 

Niv 


200  Expériences 

une  feule  mefure  de  deux  airs , me  fatis- 
faifoit  très-bien  , pourvu  qu’on  fecouât 
d’abord  le  tube  de  la  manière  déjà  dé- 
taillée. 

On  ne  doit  jamais  perdre  de  vue  que , 
fi  on  veut  s’attendre  à un  réfultat  uni- 
forme , dans  une  méthode  quelconque  , 
il  eft  de  toute  néceffité  de  faire  l’effai 
toujours  exactement  de  la  même  manière , 
en  obfervant  chaque  manœuvre  très-fcru- 
puleufement;  car  fi,  par  exemple  , on  ne 
ferme  pas  toujours  la  coulïfie  de  la  petite 
mefure  dans  le  même  temps  , fi  on  ne 
commence  pas  à fecouer  le  grand  tube  exac- 
tement à l’inftant  ou  avant  que  les  deux 
colonnes  d’air  fe  touchent,  enfin  fi  on  ne 
fuit  pas  le  tout  avec  la  dernière  exaéti- 
tude  & uniformité  , on  trouvera  toujours 
des  réfultats  tout-à-fait  différens. 

Je  ne  dois  pas  omettre  une  fource  d’er- 
reurs , que  j’ai  obfervée  fouvent  ; c’eft  le 
diamètre  trop  petit  de  l’ouverture  de 
l’entonnoir  , par  lequel  on  fait  monter 
l’air  dans  le  grand  tube.  Si  ce  diamètre 
n’eft  pas  complètement  de  cinq  lignes  , 
il  arrivera  fouvent  que  l’air  monte  par 
bulles.  Si  une  feule  mefure  d’air  nitreux 
monte  en  forme  de  bulles,  on  peut  être 
sûr  que  l’effai  fera  fautif.  Lorfque  l’ou- 
verture de  l’entonnoir  eft  de  5^  ligne  de 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  II.  201 
Paris , la  colonne  d’air  ne  le  divifera  jamais 
en  montant  dans  le  tube. 


SECTION  IL 

Expériences  qui  indiquent  en  general  le 
degré  de  bonté  ou  pureté  de  l’air  déphlo - 
gijhqué  qui  fort  des  feuilles  de  différentes 
plantes  expo  fées  au  foleil. 

Exp.  I.  Deux  poignées  de  l’herbe  verte 
ou  du  gramen , les  racines  en  étant  ré- 
parées , furent  mifes  au  foleil , depuis 
onze  jufqu’à  deux  heures , dans  un  bocal 
de  verre  blanc , contenant  huit  pintes 
d’Angleterre  , renverfé , & plein  d’eau 
fraîchement  tirée  de  la  pompe  ; je  trou- 
vai une  grande  quantité  d’air  déphlogif- 
tiqué  amalïé  au  fond  renverfé  du  bocal. 
La  flamme  d’une  bougie  plongée  dans 
cet  air,  y devint  très- brillante.  En  l’ef- 
fayant  à la  manière  de  M.  Fontana , voici 
quel  fut  le  réfultat.  Après  en  avoir  mis  deux 
mefures  dans  le  grand  tube  , avec  une 
mefure  d’air  nitreux  , & après  avoir  fe- 
coué  & 1 aillé  repofer  le  tube , comme  il 
a déjà  été  expliqué  ci-delfus , la  marque 
fe  trouva  à i .92  ; après  y avoir  mis  une  fé- 
condé mefure  d’air  nitreux,  elle  fut  à 1.79 
après  la  troifième  mefure,  elle  fut  à i.68i; 


^ 9 


détruite. 


4T5- 


202  Expériences 

Quantité  des  après  la  quatrième,  à 1.87^:  après  la 

deux  airs  dé-  • • \ 1 \ n • r 

cinquième,  a 2.85.  Un  voit,  par  cette 
expérience , que  des  fept  mefures  d’air 
employées , favoir  , deux  d’air  déphlogif- 
tiqué  & cinq  d’air  nitreux , il  ne  relloit 
que  deux  mefures  & de  mefure , ou 
deux  cents  quatre-vingt-cinq  fubdivifions , 
lefquelles  étant  déduites  des  fept  cents 
employées  , il  fe  trouve  quatre  cents 
quinze  fubdivifions  de  détruites  des  deux 
airs. 

J’examinai  enfuite  cet  air  d’une  manière 
qui  approche  de  celle  de  M.  Priejücy , 
en  obfervant  cependant  de  fecouer  le  tube 
auflitôt  que  les  deux  airs  fe  touchent  : j’eus 
le  réfultat  fuivant.  Deux  mefures  d’air  ni- 
treux ayant  été  à-la-fois  introduites  dans 
le  tube  , après  y avoir  mis  une  mefure 
d’air  déphlogiftiqué,  la  marque  étoitào.88. 
En  poulfant  cette  expérience  plus  loin  , 
comme  je  crois  qu’il  eh  néceffaire , le 
réfultat  fe  trouvoit  être  ainfi  : En  intro- 
duifant  une  troifième  mefure  d’air  nitreux, 
la  marque  étoit  à 1.83  ; en  introduifant 
une  quatrième  mefure,  elle  étoit  à 2.81  : 
ainfi  la  bonté  de  cet  air  étoit  telle  , qu’il 
falloit  trois  mefures  d’air  nitreux  pour  en 
faturer  une  pleinement  ; car  la  quatrième 
mefure  n’y  faifoit  plus  aucune  diminution 
qui  méritât  attention.  La  quantité  donc 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  IL  203 
des  deux  airs  détruite  dans  cette  méthode,  Quantité  des 
montoit  à deux  cents  dix-neuf  fubdivifions.  truite> 

2.  Deux  poignées  des  feuilles  de  laide  , , 
fahx , étant  mifes  au  foleil  de  la  meme 
manière,  dans  un  bocal  de  verre ^ blanc  , 
depuis  onze  heures  julqu’à  deux , 1 air  de- 
phlogiftiqué  que  j’en  obtins  donnoit  le 
réfultat  fuivant , par  l’efiai  de  M.  Fontana  : 

1 .96;  1.837;  1.71;  1.64;  2.55.  ? 445* 

En  faifant  l’elfai  de  l’autre  façon  , j’en 
obtins  le  réfultat  fuivant  : Une  mefure  de 
cet  air,  mêlée  avec  deux  d’air  nitreux , oc- 
cupa 0.85;  avec  une  troilième  mefure,  1.75; 
avec  une  quatrième , 2.72.  Ainli , la  quan- 
tité des  deux  airs  détruite  fut  2.28. 

3.  Deux  poignées  de  lamium  album  étant 
expofées  de  la  même  manière  au  foleil,  de- 
puis dix  heures  jufqu’à  deux , j’en  obtins 
une  grande  quantité  d’air  déphlogillique, 
d’une  qualité  fupérieure.  Il  donnoit,  par 
l’effaide  M.  Fontana,  1.90;  1.737;  1 .5 3^- ; 

1.39;  2.33.  • , . 467. 

Une  mefure  de  cet  air  avec  deux  d’air 
nitreux , occupoient  0.98  ; avec  trois  me- 
fures,  1.60;  avec  quatre  mefures , 2.60. 

Ainli , la  quantité  des  deux  airs  détruite , 
étoit  deux  cents  quarante  fubdivifions. 

4.  Deux  poignées  de  feuilles  de  vigne 
étant  expofées  de  la  même  manière  au  fo- 
leil, depuis  onze  heures  jufqu’à  une , elles 


t 


204  Expériences 

Sr^deé!fourni.rent  une  bonne- quantité  d’air  dé- 
truite. phlogiftiqué  , qui  donna  1.92;  1.79; 

4 1.617;  1.87;  2.85. 

Une  mefure  de  cet  air  avec  deux  d’air  ni- 
treux, occupoient  0.85  ; avec  trois,  1.83; 
avec  quatre,  2.81.  Ainfi , la  quantité  des 
deux  airs,  détruite  par  cet  elîai , étoit  de 
deux  cents  dix-neuf  fubdivifions. 

5.  Une  poignée  de  becabunga  dont  les 
racines  avoient  été  féparées , étant  expo- 
fée  au  foleil  de  la  même  manière,  depuis 
midi  jufqu’à  quatre  heures  , elle  fournit 
une  grande  quantité  d’air  déphlogiftiqué , 
d’une  excellente  qualité  , dans  lequel  la 
flamme  d’une  bougie  acquéroit  un  brillant 
des  plus  éblouiffans.  Cet  air  donnoit,  par 
l’elfaide  M.  Fontana , 1.871;  1.73  ; 1.541  ; 

500*  1.37;  2.10;  3.00. 

Une  mefure  de  cet  air  avec  deux  d’air 
nitreux,  occupoient  0.94;  avec  trois,  1.37; 
avec  quatre,  2.33.  Ainfi , la  quantité  des 
deux  airs  , détruite  par  cet  elîai , montoit 
à deux  cents  foixante-fept  fubdivifions. 

6.  Une  plante  de  chardon  ordinaire  , 
d’une  médiocre  grandeur,  prête  à fleurir, 
étant  expofée  au  foleil  de  la  même  ma- 
nière , depuis  onze  heures  jufqu’à  deux  , 
fournit  une  grande  quantité  d’air  déphlo- 
giftiqué , qui  donna,  par  l’eflai  de  M.  Fort* 

440.  tanay  1.8 1;  1.5 1 ; 1.36;  1.60,  2.60. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect*  IL  205 

Une  mefure  de  cet  air  avec  deux  d’air 
nitreux , occupa  0.65  ; avec  trois  mefures , truite. 
1.67;  avec  quatre,  2.79.  Ainfi,  la  quantité 
des  deux  airs  détruite , fut  de  deux  cents 
vingt-une  fubdivifions* 

7.  Deux  poignées  de  feuilles  de  haricot 
furent  expofées  de  la  même  manière  au 
foleil  pendant  fix  heures;  elles  fournirent 
une  grande  quantité  d’air  déphlogiftiqué 
d’une  pureté  extraordinaire  , dans  lequel 
la  flamme  d’une  bougie  brilloit  avec  un 
éclat  charmant.  Cet  air  , fournis  à l’é- 
preuve, donna  2.02;  1.92;  1.89-;  1.85? 

2.01  ; 2.96.  4°5” 

Une  mefure  de  cet  air  avec  deux  d’air  ni- 
treux, occupa  0.90;  avec  trois,  1.5  5.  Ainfi, 
la  quantité  des  deux  airs  détruite  , mon- 
toit  à deux  cents  quarante-cinq  fubdivi- 
fions. 

\ 

8.  Deux  petites  plantes  de  teucrium  ma - 
rum  étant  expofées  au  foleil  pendant  qua- 
tre heures , elles  fournirent  une  grande 
quantité  d’air  déphlogiftiqué  , d’une  très- 
bonne  qualité  , & qui  donna  1.8 1 ; 1*59; 

1.37;  1.34;  2.34.  . ? p f 466. 

Une  mefure  de  cet  air  avec  deux  d’air  dé- 
phlogifliqué , occupoient  0.60;  avec  trois, 

1.39;  avec  quatre,  2.36  ; de  façon  que  la 
quantité  des  deux  airs  détruite , montoit  à 
deux  cents  quarante-quatre  fubdivifions. 


Quantité  des 
deux  airs  dé- 
truite. 


361. 


400. 


421. 


548. 


477- 


2 06  Expériences 

9.  Quelques  feuilles  de  tabac  étant  ex- 
pofées  de  la  même  façon  au  foleil  pendant 
quatre  heures , donnèrent  une  bonne  quan- 
tité d’air  déphlogiiliqué , qui  occupa  2.07; 
2.06;  2.05  ; 2.41  ; 3.39. 

10.  Quelques  feuilles  de  cyflus  ladanï- 
fera  , plante  fort  aromatique , expofées  de 
même  au  foleil  pendant  quatre  heures  , 
fournirent  une  grande  quantité  d’air  dé- 
phlogiftiqué , dont  l’effai  donna  1.89  ; 
1.72;  1.56;  1.92  ; 2.90. 

1 1 . Des  feuilles  du  juniperus  virginiana  > 
traitées  de  la  même  manière , fournirent 
une  grande  portion  d’air  déphlogiftiqué 
très-pur,  dont  l’effai  donna  1.9 1 ; 1.75  ; 
1.60;  1.79;  2.79. 

12.  Des  feuilles  du  laurus  camphorata , 
arbre  dont  on  retire  le  camphre  , traitées 
de  la  même  manière,  ont  fourni  une  bonne 
quantité  d’air  déphlogiiliqué  très-fin  , dont 
l’épreuve  donna  2.01;  1.90;  1.78;  1*73; 
1.76  ; 2.56  ; 3.52. 

13.  Quelques  branches  du  pinus  cedrus 
ou  cèdre  du  Liban , étant  expofées  de  la 
même  façon  au  foleil , depuis  neuf  heures 
du  matin  jufqu’à  deux  heures  après  midi , 
fournirent  une  bonne  quantité  d’air  dé- 
phlogiftiqué , qui,  étant  mis  à l’épreuve , 
donnoit  1.95;  1.7 7;  1.64;  1.5 1;  2.25; 

3.23. 

* 


SUR  LÈS VÉGÉTAUX.  Secl.IL  207 
14.  Quelques  branches  d’artemijia  pon-  QuantM  aê* 
tic  a,  étant  traitées  de  même,  ont  donné 
une  grande  quantité  d’air  dephlogilüque , 
dont  l’épreuve  étoit  2.00;  1.95  j 1*85  5 
1.79;  2.46;  3.46.  . 454, 

Une  mefure  de  cet  air  jointe  a deux  me- 
fure  d’air  déphlogiftiqué , occupoit  0.92  ; 
avectrois , 1.63.  Ainfi,ilyavoitdeuxcents 
trente-fept  fubdivifions  de  détruites. 


SECTION  III. 

Expériences  qui  indiquent  la  différence  dans 
le  degré  de  pureté  de  U dir  déphlogiftiqué , 
fourni  par  les  feuilles  de  la  même  Plante 
en  différens  temps  du  jour , quoique  ces 
Plantes  f oient  également  expofées  au  foleiL 

Exp.  15.  Des  feuilles  d’un  pommier 
étant  expofées  au  foleil,  dans  un  bocal 
plein  d’eau,  de  la' manière  déjà  détaillée, 
depuis  dix  heures  jufqu’à  cinq  après  midi; 
l’air  que  j’en  obtenois  étant  mis  à l’é- 
preuve de  l’air  nitreux , donnoit  le  réfultat 
fuivant  : 1.80;  1.58;  1*39;  1.86;  2.79.  421. 

16.  Des  feuilles  du  même  arbre  , expo- 
fées au  foleil  de  la  même  manière  pendant 
le  même  temps  , mais  dans  un  bocal  de 
verre  vert , ont  auffi  donné  de  l’air  dé- 


Quantité  des 
deux  airs  dé- 
truite. 


336. 


556. 


164. 


417. 


208  Expériences 

phlogifüqué,  mais  d’une  qualité  inférieure, 
parce  que  , dans  un  tel  verre  , les  feuilles 
ne  recevoient  pas  tant  de  lumière.  Cet  air 
étant  mis  à l’épreuve  , donnoit  1.82  ; 1.62; 
1.71  ; 2.64;  3.64. 

17.  Les  mêmes  feuilles  de  pommier, 
qui  avoient  été  employées  dans  l’expé- 
rience 1 5 , étant  de  nouveau  expofées  le 
lendemain  au  foleil,  dans  un  bocal  plein 
de  l’eau  fraîchement  tirée  de  la  pompe, 
elles  fournirent  encore  une  bonne  quan- 
tité d’air  déphlogiftiqué , d’une  qualité 
fupérieure  à celle  du  jour  précédent  : celui- 
ci,  mis  à l’épreuve,  donna  1.85;  1.69; 
1.54;  1.38;  1.58;  1.49;  3.44. 

18.  Des  feuilles  du  même  pommier  qui 
avoit  fourni  celles  des  expériences  15 
& 16,  étant  expofées  de  la  même  façon 
dans  un  bocal  de  verre  blanc  à l’air  libre  , 
le  temps  étant  fort  fombre  & couvert; 
étant , dis-je,  expofées  depuis  cinq  jufqu’à 
iix  dans  l’aprèsmidi , il  fut  obtenu  une  pe- 
tite quantité  d’air  qui  fe  trouva  d’une  qua- 
lité inférieure  à celle  de  l’air  commun.  Voici 
le  réfultat  de  fon  eflai  : 1.84;  2.36;  3.3 6. 

19.  Des  feuilles  du  même  arbre,  miles 
au  foleil  de  la  même  façon,  depuis  neuf 
heures  du  matin  jufqu  a douze,  donnèrent 
de  l’air  déphlogilliqué  de  la  qualité  fui- 
vante:i.89;  1.71;  152;  1.60;  2.60. 

20. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  III.  209 
20.  Des  feuilles  de  faule , falix , traitées  jj8 
de  la  manière  ordinaire  , èc  expofées  au  truite, 
foleil  depuis  midi  jufqu’à  deux  heures  , 
donnèrent  de  l’air  déphlogiftiqué  de  la 
bonté  fui  vante  : 2.00;  2.12;  2.19;  2.41; 


3*43*  • 

21.  L’air  forti  des  feuilles  du  même 
arbre  de  la  même  manière , dans  un  jour 
fombre , pluvieux  , & pendant  qu’il  faifoit 
du  vent,étoit  d’une  qualité  inférieure;  le 
réfultat  de  fon  épreuve  fut  1.89  ; 1.71  ; 
1.55 ; 2.26;  3.26. 

22.  L’air  produit  par  des  feuilles  du  même 
arbre  , tenues  au  beau  foleil  depuis  neuf 
heures  jufqu’à  trois  , donnoit  le  réfultat 
fuivant  : 1.90;  1.72;  1.53;  2.22;  3.22. 

N.  B.  Je  penfe  que  la  qualité  inférieure 
de  cet  air , quoique  le  jour  fût  fort  beau^ 
dépendoit  de  ce  que  le  bocal  étant  rem- 
pli de  feuilles , les  unes  faifoient  ombre 
aux  autres. 

23.  L’air  forti  des  mêmes  feuilles  ex- 
pofées au  foleil  dans  un  beau  jour,  entre 
midi  & cinq  heures,  donna  1.90;  1 .71  ; 
1.49;  1.53  ; 2.52. 

24.  L’air  obtenu  des  mêmes  feuilles  ex- 
pofées au  foleil  depuis  deux  heures  juf- 
< qu’à  cinq,  donna  1.927;  1.80;  1.62;  1.60; 
2.40,  3*35* 

25.  L’air  des  mêmes  feuilles,  obtenu 

O 


457* 


374. 


378. 


467. 


, 2io  Expériences 

Quantité  des  dans  un  temps  chaud , au  foleil , entre  trois 

deux  airs  de-  , J , , 

truite.  heures  & cinq,  donna  1.94;  1-79;  1.63; 

401.  2.02;  2.99. 


SECTION  IV. 


Expériences  qui  tendent  à découvrir  durant 
quelle  partie  du  jour  les  Plantes  donnent 
de  l’air  déphlogijliqué  de  la  meilleure 

f 1 

Exp.  26.  Je  plaçai  à onze  heures  du  ma- 
tin , à un  beau  foleil , trois  bocaux  de  huit 
pintes  d’Angleterre , pleins  d’eau  de  pompe, 
8c  dans  chacun  deux  poignées  de  feuilles 
de  faule. 

J’examinai  l’air  d’un  de  ces  bocaux  à 
deux  heures  8c  demie  ; il  fe  trouva  de  la 
qualité  fuivante  : 2.03;  2.057  ; 2.03^  ; 

450.  2.02;  2.54;  3.50. 

L’air  du  fécond  bocal  fut  examiné  entre 
quatre  8c  cinq  heures;  il  donna  le  réfultat 
fuivant  : 2.06;  2.07 2.06;  2.02;  2.08; 


497- 


55°. 


3.03. 

L’air  du  troifième  bocal  fut  examiné 
entre  fix  8c  fept  heures  ; le  réfultat  de  fon 
efïai  fut  2.027;  2.167;  2.14;  2.12;  2.56; 
3.50. 

27.  Les  trois  mêmes  bocaux  furent  ex- 
pofés  au  beau  foleil  à dix  heures  du  ma- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  IV.  21 1 
tin  , après  qu’on  eut  mis  dans  chacun  deux  Quantité  des 
poignées  de  feuilles  d’un  orme,  ulinus.  truite?rs de 

J’examinai  l’air  contenu  dans  le  premier 
bocal , à deux  heures  après  midi  ; le  ré- 
fultat  de  cet  examen  fut  1.90;  1.81;  1 .76; 


2 .66;  3 .66. 

A quatre  heures  je  fournis  à l’examen 
l’air  contenu  dans  le  fécond  bocal  ; en  voici 
la  qualité  : 1.91  ; 1 .77;  1.65  ; 2.19;  3.23. 

L’air  du  troifième  bocal  fut  examiné  en- 
itre  hx  8t  fept  heures;  il  donna  1.97,  1.93 , 
1.85;  2.16;  3.12. 

28.  Deux  bocaux  de  huit  pintes  d’An- 
gleterre, contenant  chacun  deux  poignées 
<de  feuilles  de  faule,  furent  expofées  au 
•beau  foleil , à la  manière  ordinaire  , à dix 
heures  du  matin. 

J’examinai  l’air  d’un  de  ces  bocaux  à 
ttrois  heures  après  midi , St  je  le  trouvai 
(de  la  bonté  fuivante  : 1.10;  2.09;  2.08; 
;2.02;  2.06;  2.97;  3.85. 

L’air  de  l’autre  bocal  fut  fournis  à l’e- 
txamen  à cinq  heures;  en  voici  la  qualité  : 
:2.0g;  2.1 1;  2.07;  2.08;  2.2 g{;  2.78; 

:3,65 

29.  Trois  bocaux  de  la  même  capacité 
(que  les  précédens  , furent  expofés  de  la 
manière  ordinaire  à un  beau  foleil , entre 
(onze  heures  St  midi.  J’avois  mis  dans  cha- 
tcun  deux  poignées  de  feuilles  d’orme. 


337» 

377- 


5r5* 


535» 


Quantité  des 
deux  airs  dé- 
truite. 

39o. 


33  5- 


34  6. 


212  Expériences 

L’air  contenu  dans  le  premier  bocal  fut 
examiné  à trois  heures  après  midi  ; en 
voici  la  qualité  ; 1.917,1.93?  i.bi?  2.  i o j 
3.10. 

L’air  du  fécond  bocal  fut  fournis  à l’e- 
xamen à cinq  heures  ; fa  qualité  étoit  moins 
bonne.  La  voici  : i .88  ; 1.67;  1.6752.65. 
3.65. 

A fix  heures , j’examinai  l’air  du  troi- 
fième  bocal  ; il  fe  trouva  un  peu  meilleur 
que  celui  du  fécond  bocal , mais  inferieur 
en  qualité  à celui  du  premier  bocal  : 1.97  » 

1.88;  1.84;  2.57;  3.54-  . 

Nous  avons  vu  par  les  expenences  26, 27 
& 28 , que  l’air  que  les  feuilles  donnent 
après  midi,  étoit  conflamment  d’une  meil- 
leure qualité  que  celui  quelles  donnent 
de  meilleure  heure.  Un  grand  nombre  d’au- 
tres expériences  que  j’ai  faites , s accordent 
à démontrer  que  les  feuilles  des  plantes 
exhalent  un  air  plus  fin  ou  plus  déphlogh- 
tiqué  après  midi,  que  le  matin.  Cette  loi, 
qu’on  peut  prendre  pourprefque  générale, 
lorfque  la  clarté  du  jour  relie  la  même , 
ne  s’obferva  pas  dans  la  dernière  expé- 
rience , parce  que  le  temps  changea  pen- 
dant que  les  feuilles  étoient  expofées  à 
l’air  libre.  Il  avoit  fait  un  beau  foleil  de- 
puis huit  heures  du  matin  jufqu’à  deux 
heures  après  midi  5 alors  des  nuages  com- 


! 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec!.  V.  21 3 
mencèrent  à obfcurcir  le  ciel.  Nous  eurnes  ^Ux  airs  dé- 
un  orage  à trois  heures;  apres  quoi  le  ciel trultc* 
fut  couvert  pendant  le  refte  du  jour,  quoi- 
qu’il continuât  de  faire  chaud  comme  au- 
paravant. 


SECTION  V. 


Expériences  qui  tendent  ci  découvrir  Ici  quan- 
tité d’ air  déphlogiftiqué  qu  un  certain  nom- 
bre de  feuilles  peut  donner . 


IExp.  30.  J E mis  cent  feuilles  de  la  capu- 
cine , nafturtium  indicum  , dans  un  bocal 
cde  huit  pintes  d’Angleterre , plein  d eau 
(de  pompe.  Je  l’expofai  au  foleil,  de  la  ma- 
;nière  ordinaire,  à dix  heures  du  matin.  Je 
ttrouvai  dès  midi  une  fi  grande  quantité 
cd’air  déphlogiftiqué  raffemblée  au  fond  ren- 
werfé  du  bocal,  que  j’en  remplis  un  verre 
(cylindrique  de  41  -pouces  de  profondeur , 
{fur  il  de  diamètre.  Cet  air  donna  le  ré- 
ifultat  fuivant  : 1.94?  1*82;  1.67;  157? 


2.45*  ; 3.44. 

31.  Après  avoir  ôté  tout  l’air,  le  bocal 
fut  remis  à fa  place  au  foleil , depuis  midi 
jufqu’à  fept  heures  du  foir;  alors  j’en  re- 
tirai la  moitié  de  la  quantité  précédente 
d’air  déphlogiftiqué , dont  la  qualité  fur- 

O iij 


456. 


Quantité  des 
deux  airs  dé- 
truite. 

510. 


5iï. 


364. 


214  Expériences 


pal'foit  le  premier,  puifqu’il  donna,  à l’é- 
preuve , *1.99  ; 1.87;  1.73Î;  1.65;  1.937; 
2.85;  379. 

32.  Après  avoir  féparé  de  nouveau  cet 
air  , je  replaçai  le  bocal,  fans  en  avoir  ôté 
les  feuilles , dans  le  même  endroit,  en  l’y 
laiffant  jufqu’au  lendemain  à onze  heures  : 
pour  lors  je  recueillis  de  nouveau  environ 
la  même  quantité  d’air  déphlogifiiqué , que 
j’en  avois  obtenu  la  fécondé  fois.  Cet  air 
fe  trouva  très-fin  , comme  l’indique  le  ré- 
fultat  fuivant  : 1.917;  1.75;  1 . 5 B ; 1.44; 


2.20  ; 3.1 5 ; 3.89. 

33.  Je  mis  trois  feuilles  d’un  chou, 
d’une  grandeur  médiocre,  dans  un  bocal, 
de  la  manière  ordinaire  , avec  de  l’eau  de 
pompe.  Je  plaçai  le  bocal  au  foleii  dans 
un  très  - beau  jour , depuis  midi  jufqu’à 
deux  heures  ; alors  j’eus  une  mefure  de 
deux  onces  pleine  d’air  déphlogifiiqué, 
delà  qualité  fuivante  : 1.94;  1.787;  1.63  ; 
2.38;  3.36. 

34.  Une  poignée  de  feuilles  de  la  capu- 
cine , najlurtium  indicum  , donna , en  peu 
d’heures,  au  beau  foleii,  une  mefure  de 
deux  onces  pleine  d’air  déphlogifiiqué , 
dont  voici  la  bonté  : 1.93;  1 .76  ; 1567; 


1.39;  1.99  ; 2.96. 

33.  Vingt-fept  feuilles  de  noyer  ayant 
été  expofées  au  foleii  de  la  manière  ox- 


504. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  VI.  215 
dinaire , dans  un  jour  fort  beau  8c  chaud , 
depuis  onze  heures  jufqu  a cinq , j en  re- 
tirai une  once  d’air  dephlogiftique  d une 
bonne  qualité. 


SECTION  VI. 

Expériences  qui  tendent  à découvrir  la  qua- 
lité de  l'air  que  les  Plantes  exhalent  pen- 
dant la  nuit , & dans  l’ombre  pendant  le 
jour . 

Exp.  36.  Deü  x poignées  d’herbe  verte, 
ou  gramen  fans  racines  , ayant  ete  mifes 
dans  un  bocal  de  huit  pintes  d Angleterre, 
plein  d’eau  8c  renverfé , le  bocal  fut  cou- 
vert d’une  toile  pour  intercepter  toute 
lumière,  8c  placé  danslamaifon  durant  la 
nuit.  Le  lendemain,  je  trouvai  une  petite 
quantité  d’air  au  fond  renverfé  du  bocal.  Il 
étoit  h mauvais , que  la  flamme  d’une  bou- 
gie s’y  éteignit  fur  le  champ. 

37.  Le  8 d’août  , à neuf  heures  du 
foir , toutes  les  plantes  que  j’avois  près  de 
moi,  refufoient  de  donner  des  bulles  d air; 
j’en  excepte  le  folanum , connu  fous  le  nom 
de  pomme  de  terre , ( qui  étoit  toujours 
forti  le  premier  de  fa  flupeur  no&urne  , ou 
éveillé,  fl  on  peut  employer  cette  expref- 
fion , 8c  prêt  à donner  de  l’air  déphlogif- 

O iv 


si  6 Expériences 

tiqué  avant  toutes  les  autres  plantes  ; c’eft 
auffl  celle  qui  celle  le  plus  tard  de  fournir 
cet  air  le  loir).  Je  remplis  plulieurs  bo- 
caux d’eau  de  pompe  , en  mettant  dans 
chaque  bocal  des  feuilles  d’une  plante.  Je 
les  plaçai  tous  dans  la  maifon  , pour  exa- 
miner le  lendemain  l’air  que  j’aurois  ob- 
tenu de  chacun.  Les  plantes  dont  j’avois 
pris  des  feuilles,  étoient  le  chêne , le  til- 
leul} le  faule , Vif,  le  pommier , la  f auge, 
Vartichaud , la  perf  caria  urens , la  pomme 
de  terre. 

Le  lendemain  de  bonne  heure  , j’exa- 
minai tous  les  bocaux  : je  trouvai  que  toutes 
les  feuilles  avoient  donné  de  l’air,  mais  en 
très-petite  quantité. 

L’air  que  les  feuilles  de  noyer  & de 
chêne  avoient  donné,  étoit  d’une  qualité 
des  plus  mauvaifes , ne  cédant  pas  même 
à l’air  inflammable  ; je  ne  pouvois  pas  les 
diminuer  par  l’addition  de  l’air  nitreux. 
Celui  que  j’avois  obtenu  des  feuilles  de 
faule  & de  la  fauge , n’étoit  guère  moins  mal- 
faifant;  celui  du  tilleul  n’étoit  pas  tout-à- 
fait  fl  mauvais;  celui  des  feuilles  d’artichaud 
étoit  un  peu  meilleur;  celui  des  feuilles  de 
pomme  de  terre  fe  trouvoit  être  le  moins 
mal-faifant.  L’air  de  la  perf  caria  urens  étoit 
fi  vénéneux,  que  la  flamme  d’une  bougie 
s’y  éteignit  3 quoiqu’il  fût  mêlé  avec  cinq 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  VL  217 
fois  autant  d’air  ordinaire.  Les  feuilles  du 
pommier  avoient  donne  fl  peu  d air  , que 
je  ne  pus  en  faire  l’eflai. 

58.  Deux  poignées  de  feuilles  d un  pied 
de  haricot  , mifes  dans  un  bocal  plein 
d’eau  ? & placées  dans  la  maifon  pendant 
toute  la  nuit , avoient  donné  une  petite 
quantité  d’air  , qui  étoit  d’une  qualité  très- 
mal-faifante  : la  flamme  d’une  bougie  s’é- 
teignoit  au  premier  contaét  de  cet  air. 
Une  mefure  de  cet  air  avec  une  d’air 
nitreux , occupoient  1 .94*  Ainfl , un  ani- 
mal plongé  dans  un  tel  air  , feroit  mort 
fur  le  champ. 

J’obtins  à peu  près  le  même  réfultat  des 
feuilles  des  mêmes  plantes  pendant  le 
jour , lorfque  je  les  plaçois  dans  un  lieu 
obfcur. 


si8  Expériences 


SECTION  VII. 

Expériences  qui  tendent  a faire  connoitre  à 
quel  degré  les  Plantes  peuvent  vicier  l'air 
commun  pendant  la  nuit , & durant  le  jour 
à l'ombre . 

Exp.  39.  Je  mis  quelques  pieds  d’herbe 
+gramen  ( fans  racines  ) fous  un  bocal  de 
huit  pintes , renverfé  fur  une  affiette  : je 
mis  un  peu  d’eau  dans  l’affiette,  pour  em- 
pêcher l’herbe  de  fe  fécher,  8c  pour  couper 
toute  communication  entre  l’air  commun 
8c  celui  qui  fe  trouvoit  enfermé  dans  le 
bocal  : je  le  laiffai  ainfi  pendant  toute  la 
nuit  dans  la  maifon.  Le  lendemain  ma- 
tin , je  trouvai  l’air  vicié,  de  façon  que  la 
flamme  d’une  bougie  y perdoit  fon  éclat. 
En  effayant  cet  air  par  l’épreuve  de  l’air 
nitreux  , je  trouvai  qu’une  mefure  de  cet 
air  avec  une  d’air  nitreux,  fe  reduifoient 
à 1.24. 

40.  Deux  poignées  de  feuilles  d’une 
plante  de  haricot,  ayant  été  mifes  fous 
un  bocal  de  huit  pintes  d’Angleterre  , 8c 
renverfé  fur  une  affiette  dans  laquelle  il 
y avoit  un  peu  d’eau,  je  laiffai  ce  bocal 
dans  la  maifon  depuis  le  foir  jufqu’au  len- 


sur  les  Végétaux.  Secl.  VU»  2,iq  K 
demain  matin  ; alors  je  trouvai  l^air  du  bocal 
beaucoup  altéré  : la  flamme  d une  bougie 
■s’y  éteignit,  & une  mefure  de  cet  air  avec 
une  d’air  nitreux,  occupoient  i*39* 

41.  Après  avoir  ôté  de  ce  bocal  autant 
d’air  qu’il  falloit  pour  en  faire  1 eflai , je 
laiflai  le  refte  avec  les  feuilles  : je  plaçai 
ce  bocal  fur  la  même  aiïiette  au  foleil , de- 
puis neuf  heures  du  matin  jufqu  a onze 
heures;  pour  lors  je  trouvai  1 air  du  bocal 
tellement  corrigé,  qu’une  chandelle  pou- 
voit  y brûler,  &.  que  fa  bonté  approchoit 
de  celle  de  l’air  commun  ; car  une  mefure 
de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux , occu- 
poient 1.12. 

Après  avoir  pris  l’air  pour  cet  elfai , je 
replaçai  le  bocal  de  nouveau  au  foleil  juf- 
qu’à  cinq  heures  après  midi;  alors  je  trou- 
vai l’air  tellement  corrigé  , qu’il  égaloit 
en  bonté  l’air  commun. 

42.  Je  plaçai  une  petite  branche  de 
cèdre  du  Liban  ,'pinus  cedrus , pendant  une 
nuit , fous  un  verre  cylindrique , contenant 
environ  une  once.  Je  trouvai  le  lendemain 
l’air  très -vicié  par  cette  branche.  Une 
mefure  de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux , 
occupoient  1.45. 

43 . T rois  bocaux , contenant  chacun  huit 
pintes  d’Angleterre  , ayant  été  renverfés 
fur  des  affiettes , je  mis  fous  chacun  une 


220  Expériences 

plante  différente,  dont  la  racine  étoit  cou- 
pée. Sous  l’un  des  bocaux  étoit  une  plante 
de  folanum  ordinaire; fous  l’autre,  une  du 
folanum  efculentum , dit  pomme  de  terre; 
fous  le  troifième  , une  de  jufquiame , hyof- 
cyamus.  Sur  chaque  affiette  étoit  un  peu 
d’eau,  pour  tenir  les  plantes  en  vie  : elles 
furent  laiffées  toute  la  nuit  dans  la  maifon. 

Le  lendemain,  je  fournis  l’air  des  trois 
bocaux  à l’épreuve  de  l’air  nitreux  : je  les 
trouvai  tous  trois  confidérablement  viciés  ; 
la  flamme  d’une  bougie  s’éteignit  danstous. 
Le  folaîium  ou  pomme  de  terre  , avoit 
moins  vicié  l’air  que  les  autres  plantes  ; le 
folanum  ordinaire  l’avoit  beaucoup  plus 
gâté  ; mais  la  jufquiame  l’avoit  encore 
plus  corrompu , & au  point  qu’il  étoit 
devenu  un  poifon  des  plus  terribles.  Voici 
un  état  exaéî  de  l’effet  que  les  trois  plantes 
avoient  produit  : Une  mefure  de  l’air  en- 
fermé avec  la  plante  de  pomme  de  terre  , 
jointe  à une  d’air  nitreux  , occupoient 
1.59;  une  mefure  de  celui  qui  étoit  vicié 
par  le  folanum  ordinaire  , ajoutée  à une 
d’air  nitreux,  occupoient  1 .77;  une  me- 
fure de  celui  qui  avoit  été  gâté  par  la  juf- 
quiame, mêlée  avec  une  d’air  nitreux,  oc- 
cupoient 1.83. 

44.  Je  fus  curieux  de  voir  quel  effet  un 
air  fi  vicié  auroit  fur  la  vie  d’un  animal. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  FIL  221 
Un  pçulet  très-vivace,  éclos  depuis  huit 
jours,  fut  mis  fous  un  bocal  contenant 
deux  pintes  d’Angleterre,  & rempli  de  1 air 
gâté  par  la  jufquiame  dans  1 expérience 
précédente.  Dès  l’inftant  que  l’animal  fut 
plongé  dans  cet  air , il  donna  des  fignes 
d’une  extrême  angoilfe  , & en  moins 
d’une  demi -minute  il  fut  prêt  d’expirer. 
Je  le  retirai  fur  le  champ  de  cet  air  , & 
je  le  mis  à l’inffant  dans  un  bocal  de 
la  même  grandeur,  rempli  d’air  déphlo- 
giiliqué  que  j’avois  tiré  des  plantes.  Il  y 
relia  fans  mouvement  pendant  quelques 
minutes , ne  donnant  aucun  indice  de  vie, 
que  par  une  refpiration  à peine  fenfible. 
A la  fin  cependant,  l’animal  commença  à 
reprendre  fes  focres  par  degrés;  & au 
bout  de  fix  ou  fept  minutes  il  put  de  nou- 
veau fe  foutenir  fur  fes  jambes,  & il  com- 
mença à crier  d’une  voix  foible.  Je  le  retirai 
alors  de  l’air  déphlogiftiqué , & le  plaçai 
fur  ma  main  à l’air  libre.  Auffitôtque  je  l’eus 
retiré  du  dernier  bocal , il  devint  plus  ma- 
lade , & ne  put  plus  fe  foutenir.  Il  reprit 
cependant  des  forces  bientôt  après  , & fe 
rétablit  peu  à peu  parfaitement. 

45.  Un  pied  de  menthe  poivrée,  mentha 
piperitis , fut  placé  fous  un  bocal  ren- 
verfé  fur  une  affiette  avec  un  peu  d’eau , 


222  Expériences 

pour  empêcher  la  plante  de  fe  féch.ej  , & 
pour  couper  toute  communication  avec 
l’air  libre  : je  plaçai  à onze  heures  ce 
bocal  devant  la  fenêtre  au  foleil,  dans  une 
chambre , la  fenêtre  étant  fermée.  Dans 
le  même  temps , je  plaçai  de  la  même  ma- 
nière un  autre  pied  de  menthe  poivrée  fous 
un  bocal  fur  le  plancher  , loin  de  la’  fe- 
nêtre, dans  une  chambre  très-bien  éclairée , 
mais  où  le  foleil  ne  donnoit  pas  alors  ; j’e- 
xaminai l’air  des  deux  bocaux  à une  heure 
après  midi.  Je  trouvai  celui  qui  étoit  en- 
fermé dans  le  bocal  expofé  devant  la  fe- 
nêtre où  le  foleil  donnoit , un  peu  meil- 
leur que  l’air  commun  ; au  lieu  que  celui 
qui  fe  trouvoit  avec  la  plante  dans,  l’autre 
chambre  étoit  devenu  vicié  ; car  une  me- 
fure  de  cet  air  & une  d’air  nitreux , occu- 
poient  i . 1 3.  L’état  de  l’atmofphère  étoit 
alors  tel  , qu’une  mefure  de  l’air  commun 
& une  d’air  nitreux  , occupoient  1.067. 

Ceci  prouve  que  les  plantes  placées  dans 
les  chambres  font  plus  de  mal  que  de 
bien , fi  elles  ne  font  pas  toujours  expofées 
aux  rayons  du  foleil. 

46.  Deux  poignées  de  feuilles  de  noyer 
ayant  été  mifes  dans  un  bocal  de  huit  pintes 
d’Angleterre , rempli  d’eau  de  pompe , je 
plaçai  ce  bocal  fous  des  framboifiers  fort 


airs  dé- 
truite. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Se  cl.  VÎI.  223 
touffus , à quatre  pieds  de  la  muraille  de  Quantité  des 
la  maifon  vers  le  nord,  de  façon  qu’au-  ,deux airs de~ 
cun  rayon  du  loleil  ne  pouvoit  y parvenir. 

Dans  le  même  temps.,  deux  poignées  des 
mêmes  feuilles  mifes  dans  un  bocal  de  la 
même  grandeur , furent  placées  au  foleil. 

Après  que  ces  deux  bocaux  eurent  été 
pendant  fept  heures,  l’un  au  foleil,  l’au- 
tre à l’ombre , le  temps  étant  pendant  toute 
la  journée  beau  & agréable  , j’en  pris  l’air 
fourni  par  les  feuilles.  Celles  qui  avoient 
été  dans  l’ombre  avoient  donné  feulement 
une  petite  quantité  d’air,  & d’une  h mau- 
vaife  qualité , que  la  flamme  d’une  bougie 
ne  pouvoit  pas  y brûler;  au  lieu  que  les 
feuilles  qui  avoient  été  expofées  au  foleil, 
avoient  donné  une  grande  quantité  d’air 
déphlogiffiqué  de  la  bonté  fuivante  : 1.69; 
1.8251.69;  1.54;  2.35  ; 3.34. 

47.  J’avois  placé,  dans  le  même  temps 
que  l’expérience  fe  faifoit,  deux  poignées 
de  feuilles  de  chêne  fous  les  mêmes  fram- 
boifiers , à côté  du  bocal  qui  contenoit  les 
feuilles  de  noyer.  J’en  obtins  un  peu  d’air, 
mais  d’une  qualité  extrêmement  mal-fai- 
fante;  car  une  mefure  de  cet  air  & une 
d’air  nitreux,  faifoient  prefque  deux  me- 
fures  entières. 

48.  Sous  les  mêmes  framboifiers,  j’avois 
placé  en  même  temps  un  bocal  contenant 


4 66- 


224  Expériences 

des  feuilles  de  faule.  L’air  quelles  four- 
nirent étoit  affez  mauvais  pour  éteindre 
la  flamme  d’une  bougie;  mais  il  l’étoit  ce- 
pendant moins  que  celui  des  feuilles  de 
noyer  ou  de  chêne. 

49.  L’air  obtenu  de  la  même  manière , 
& dans  le  même  temps , des  feuilles  d’orme, 
fous  l’ombre  des  framboifiers , étoit  des 
plus  mal-faifans.  Une  mefure  de  cet  air 
avec  une  d’air  nitreux,  occupoient  1.90. 

50.  Je  plaçai  durant  la  nuit  dans  la 
maifon , cinq  bocaux  de  huit  pintes  d’An- 
gleterre, contenant  chacun  une  égale  quan- 
tité de  branches  de  différentes  plantes  , fa- 
voir,  de  tilleul,  de  noyer,  de  vigne,  de 
chêne  & de  faule , le  tout  fans  eau  ; j’en 
mis  feulement  un  peu  dans  les  afliettes 
fur  lefquelles  les  bocaux  étoiçnt  renverfés , 
afin  d’empêcher  les  branches  de  féclier. 
Je  les  laiffai  toute  la  nuit  dans  la  maifon 
fans  les  couvrir,  de  façon  que  la  lumière 
du  matin  pouvoit  empêcher  en  partie 
les  mauvais  effets  des  plantes  fur  l’air. 
Le  lendemain  au  matin  à neuf  heures , j’e- 
xaminai l’air  de  tous  les  bocaux,  en  en 
mettant  une  mefure  avec  une  d’air  nitreux, 
& en  fecouant  le  tube  dès  le  moment  que 
les  deux  airs  fe  touchoient.  Voici  leréfultat 
de  cette  épreuve  : 

L’air  du  tilleul  occupoit  . . . 1.24. 

Celui 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sèct*  VIL  22$ 

Celui  du  noyer 1.25. 

Celui  delà  vigne  .....  1.30. 

Celui  du  chêne  .....  1.26. 

Celui  du  faule 1.23. 

5 1 . Après  en  avoir  tiré  la  quantité  d’air 
nécelfaire  pour  le  foumettre  à l’épreuve , 
je  plaçai  tous  ces  bocaux  au  beau  foleil,  afin 
de  voir  l’effet  de  la  lumière  fur  ces  mêmes 
plantes,  & fur  l’air  qu  elles  avoient  vicié 
pendant  la  nuit.  Je  fournis  ces  airs  à l’é- 
preuve de  l’air  nitreux,  entre  dix  & onze 
heures  de  la  même  matinée.  Je  trouvai 
que  les  plantes  avoient , dans  ce  peu  de 
temps,  rétabli  en  grande  partie  l’altération 
1 qu’elles  avoient  caufée  pendant  la  nuit  : car 
L’air  du  tilleul  occupa  dans  ce  nouvel 
effai  .......  1.08. 


Celui  du  noyer 


Celui  de  la  vigne 
Celui  du  chêne  . 


1 .07^. 
1.05L 

I.I21. 

I.07. 


Celui  du  faule 

Après  cet  examen,  je  remis  tous  les 
tbocaux  au  foleil  jufqu’à  trois  heures  après 
imidi , que  j’en  examinai  les  airs  de  nou- 
veau. Voici  le  détail  exaft  de  cette  épreuve. 
L’air  du  tilleul  occupoit  . . 1 .06. 


Celui  du  noyer 
Celui  de  la  vigne 
Celui  du  chêne  . 
Celui  dufaule 


1.05. 

i-95*. 
1 . 1 2 j. 
1.07. 


226  Expériences 
ALnfî , les  plantes  avoient  rétabli  dans  fa  pu- 
reté primitive  l’air  qu’elles  avoient  vicié  , 
ôc  quelques-unes  même  l’avoient  rendu 
meilleur  que  l’air  commun  , fur-tout  les 
branches  du  noyer  & de  la  vigne  ; car  l’état 
de  l’atmofphère  étoit  tel , qu’une  mefure 
d’air  commun  avec  une  d’air  nitreux , oc- 
cupoient  1.07.  Les  branches  du  chêne 
étoient  les  feules  qui  n’eulTent  pas  cor- 
rigé l’air , apparemment  parce  quelles 
avoient  perdu  plus  de  leur  vie  que  les  au- 
tres feuilles.  Les  feuilles  de  chêne  ne  fe 
confervent  pas  fi  long-temps  en  vie  dans 
l’eau , que  la  plupart  des  autres. 


SECTION  VIII. 

Expériences  qui  démontrent  que  V altération 
eau  fée  parles  Plantes  à U air  commun  pen- 
dant la  nuit , efl  de  peu  d’importance  , 
en  comparaifon  de  U amélioration  qu  il  en 
reçoit  pendant  le  jour. 

I L paroît  allez  clair,  par  tout  ce  qui  efl 
déjà  dit  dans  le  courant  de  cet  ouvrage , 
que  le  principal , 8c  peut  - être  1 unique 
avantage  que  nous  tirons  des  feuilles  des 
plantes  par  rapport  à l’air  que  nous  rel- 
pirons,  confifte  en  ce  que  les  plantes  ab~ 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl  VIII.  22 7 
forbent  de  l’atmofphère  le  principe  phlo- 
giflique , &.  répandent  dans  l’air  commun 
une  quantité  très-confidérable  de  cet  air 
épuré,  de  ce  véritable pabuLum  vitœ.  Mais , 
ayant  découvert  que  cette  même  plante 
qui,  pendant  le  jour,  nous  rend  ce  fer- 
vice  fignalé  , nous  en  rend  un  mauvais 
pendant  la  nuit,  en  évaporant  un  fluide 
aérien  des  plus  mal-faifans,  j’ai  voulu  voir 
dans  quelle  proportion  l’air  épuré  & l’air 
méphitique  ou  phlogifliqué  fortent  de  la 
même  plante  dans  ces  deux  temps. 

Je  croyois  que  le  meilleur  moyen  de 
faire  cette  évaluation,  étoit  d’enfermer 
une  plante  dans  l’eau  pendant  un  jour  & 
une  nuit,  en  expofant  le  bocal  qui  la  con- 
tient à l’air  libre , parce  que  je  préfumois 
que  , fl  la  plante  rend  plus  de  bon  air  pen- 
dant le  jour  qu’elle  n’en  rend  de  mauvais 
pendant  la  nuit,  l’air  qu’on  en  obtiendroit 
manifefleroit  une  bonté  proportionnée  à 
cette  fupériorité  d'e  l’exhaîaifon  diurne  fur 
celle  qui  fe  fait  la  nuit. 

Dans  cette  vue,  je  fis  les  expériences 
fuivantes. 

Exp.  t)2.  Deux  poignées  de  feuilles 
d’orme  furent  mifes  dans  un  bocal  plein 
d’eau,  & renverfé.  Je  le  plaçai  fur  un  mur 
à l’air  libre  pendant  deux  jours  & deux 
nuits,  depuis  le  14  jufqu’au  16  d’août. 


truite. 


350. 


228  Expériences 

Quantité  des  En  examinant  l’air  dégagé  de  ces  feuilles , 

deux  airs  dé-  . , . , ,,  . jt  1 1 1 

je  le  trouvai  de  1 air  dephlogiltique , qui 
donnoit , par  l’effai  de  M.  Fontana  , le 
réfultat  fuivant  : 1.95;  1.85;  1.77;  2.40; 

3-5°  (4 

Cette  expérience  prouve  que  l’air  qui 
étoit  forti  pendan  1 deux  nuits  de  ces  feuilles, 
n’avoit  que  très-peu  ou  point  du  tout  al- 
téré celui  qu’elles  donnoient  pendant  le 
jour , puifqu’il  étoit  de  l’air  véritablement 
déphlogiftiqué  , qui  ne  cédoit  guère  en 
bonté  à celui  que  les  feuilles  de  cet  arbre 
donnoient  pendant  le  jour  le  plus  ferein 
& le  plus  clair.  Voye { les  expériences  27 
& 29. 

53.  Une  certaine  quantité  d’herbe,  de 
gramen , fut  expofée  depuis  le  hoir  jufqu’au 


51, 


(^7)  Le  le&eur  un  peu  attentif  aux  réfultats  de  ces  ex- 
périences, aura  déjà  obfervé  qu’il  y a dans  toutes  quelques 
variations  qui  doivent  arriver  félon  la  nature  des  chofes , 
comme  j’ai  déjà  dit  ailleurs.  Mais  ici  il  pourront  aifément 
croire  qu’il  s’y  eft  glifle  une  erreur,  en  trouvant  que  la 
dernière  mefure  d’air  nitreux  , qui  n’étoit  que  de  cent  fub- 
divifions,  comme  toutes  les  autres,  a cependant  augmenté 
le  nombre  des  fubdivifions,  de  cent  dix.  J ai  obiervc  nombre 
de  fois  cet  effet  fingulier  de  1 air  nitreux,  que,  dès  qu  il  a 
pleinement  faturé  l’air  refpirable , il  augmente  quelquefois 
la  colonne  d’air  de  plus  que  fon  volume,  comme  s’il  dé- 
veloppoit  de  nouveau  une  portion  d air  nitreux,  ou  une 
portion  d’air  refpirable.  Il  fuffit  d indiquer  le  fait,  fans 
prétendre  en  donner  railon  ici  : ainli  nous  pouv ons  et  allier 
la  bonté  de  cet  air  d’une  mefure  au  defTus  du  nombre 
indiqué  en  marge;  on  peut  donc  le  porter  à 360. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec?.  VIII.  229 
lendemain  à onze  heures  du  matin,  à l’air  £““2^ Jg 
libre,  dans  un  bocal  de  verre  vert.  L’air ^uite. 
qu’elle  avoit  donné  étoit  déphlogiftiqué  ; 
en  voici  la  qualité  : 1.80;  1.64;  1.54; 

2.31  7 ^-2.(5.  374* 

En  comparant  cette  expérience  avec 
celle  dont  le  réfultat  peut  fe  voir  dans  la 
Seéfion  2 , Exp.  1 , on  doit  considérer  que 
le  bocal  vert,  en  empêchant  un  peu  la  lu- 
mière, doit  avoir  empêché  que  cet  air  ne 
fût  encore  méilleur. 

54.  Une  poignée  de  la  perjicaria  urens , 
perlicaire  brûlante  , mife  dans  un  bocal  de 
verre  vert  plein  d’eau,  ôtexpofé  à l’air  libre 
depuis  le  hoir  jufqu’à  dix  heures  du  lende- 
main matin , avoit  donné  un  air  dont  la  qua- 
lité étoit  médiocre  : 1.90;  1.86;  2.78  ; 

3*74*  216, 

La  couleur  du  bocal  a dû  empêcher , 

comme  dans  l’expérience  précédente , que 
cet  air  11e  fût  meilleur.  Le  réfultat  des  ex- 

r 

périences  52  & 55  , en  eft  la  preuve. 

55.  Deux  poignées  de  feuilles  de  lau- 
rier-cerife  étant  mifes  à l’air  libre  pendant 
vingt  - quatre  heures , dans  un  bocal  de 
verre  blanc  , ont  fourni  une  bonne  quantité 
d’air  déphlogiftiqué,  dont  voici  la  qualité  : 

1.78;  1.61;  2.02;  2.97;  3.94.  j0l5- 

P iij 


/ 


230  Expériences 


• , V 

SECTION  IX. 

Expériences  qui  démontrent  que  les  Plantes 
possèdent  pendant  le  jour  une  propriété fin - 
gulière , de  corriger  l’air  vicié. 

Exp.  <6.  Ayant  rempli  un  bocal  d’air 
fi  vicie  par  la  refpiration,  qu’une  bougie 
allumée  s’y  éteignoit  , j’y  mis  un  pied  de 
menthe  poivrée,  menthapiperitis. Elleavoit 
tellement  corrigé  cet  air  pendant  trois 
heures  que  le  bocal  fut  au  foleil,  que  la 
flamme  d’une  bougie  s’y  foutint. 

57.  Je  remplis  le  foir  un  bocal  d’air, 
que  j’avois  tellement  infefte  par  la  refpi- 
ration , que  la  flamme  d’une  bougie  s’y 
éteignit.  Y ayant  mis  de  l’ortie  commun  , 
je  tins  le  bocal  dans  la  maifon  toute  la 
nuit.  Le  lendemain  au  matin , je  trouvai 
l’air  auffi  mauvais  que  lorfque  j’y  avois 
mis  la  plante.  Après  avoir  pris  du  bocal 
l’air  qu’il  falloit  pour  en  faire  lefiai,  je  le 
plaçai  au  foleil  à neuf  heures.  Cette  meme 
% plante  qui  n’avoit  eu  pendant  la  nuit  au- 
cune influence  en  bien  iur  cet  air , le  corii- 
gea  tellement  dans  l’efpace  de  deux  heures 
au  foleil , qu’il  fut  à peu  près  réduit  à la 
bonté  de  l’air  commun. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  IX.  23  I, 

58.  Ayant  infefté  une  quantité  d’air  par 

la  refpiration , de  façon  qu’une  bougie  s’y  truite, 
éteignit,  j’en  remplis  une  fiole;  j'y  en- 
fermai une  branche  de  perjicaria  urens  : 
après  que  la  fiole  eut  été  expofee  au 
foleil  pendant  une  heure  8c  demie , j’en 
examinai  l’air , & je  le  trouvai  déjà  telle- 
ment corrigé  , qu’une  chandelle  pouvoit 
y brûler;  j’obtins  le  même  effet  des  feuilles 
de  la  vigne  , de  la  camomille  8t  des  joncs. 

59.  Je  mis,  dans  un  bocal  affez grand, 
un  pied  de  moutarde  ; j’en  coupai  la  tige, 
au  niveau  de  l’orifice  du  bocal  ; après 
quoi  je  le  renverfai  dans  un  vafe  de  terre , 
où  il  y avoit  un  peu  d’eau  pour  conferver  la 
plante  en  vie.  Je  plaçai  ce  bocal  pendant  la 
nuit  dans  la  maifon.  Le  lendemain  matin , 
je  trouvai  l’air  tellement  vicié  par  cette 
plante , qu’une  bougie  allumée  s’y  éteignit. 

Pour  favoir  exaftement  la  qualité  de  cet. 
air,  je  le  fournis  à l’épreuve  de  l’air  ni- 
treux , à la  faço'n  de  M.  Fontana.  En 
voici  le  réfultat  : 1.98;  2.87;  3.83.  ny, 

60.  Après  avoir  ôté  de  ce  bocal  l’air 
qu’il  falloit  pour  en  faire  l’efiai,  je  le  plaçai 
au  foleil  pendant  un  quart  d’heure  : alors 
je  trouvai  l’air  déjà  un  peu  corrigé;  car, 
en  le  foumettant  de  nouveau  à la  même 
épreuve , il  donna  le  réfultat  fuivant  : 

1.97;  2.84;  3.79. 


Piv 


m. 


Quantité  des 
deux  airs  dé- 
truite. 


176. 


80, 


232  Expériences 

Après  cet  effai,  je  replaçai  le  bocal  au 
foleil;  &,  après  une  heure  & demie,  je 
trouvai  l’air  prefque  revenu  à la  bonté  de 
l’air  commun  ; car  il  donna  le  réfultat  fui- 
vant  : 2.01;  2.25;  324. 

Je  remis  de  nouveau  ce  bocal  au  foleil; 
&,  après  qu’il  y eut  été  durant  trois  heures 
de  fuite,  j’en  examinai  l’air;  je  le  trouvai 
alors  tellement  amélioré,  qu’il  furpaffoit 
en  bonté  l’air  commun , tel  qu’il  étoit  alors. 
L’effai  que  j’en  fis  donna  1.95;  2.21^; 
2.20. 


L’air  commun , traité  de  la  même  ma- 
*73*  nière , fe  montroit  à 1.96;  2.25;  3.2 6f. 

Eoye{  auffi  les  Expériences  40,  41  & 50. 


SECTION  X. 

Expériences  qui  démontrent  que  les  Plantes 
âcres , puantes , & même  celles  qui  fo?it 
reconnues  pour  vénéneufes , donnent  pen- 
dant le  jour  de  U air  déphlogifliqué  d’une 
aujji  bonne  qualité  que  les  autres  Plantes, 

Exp.  61.  Je  plaçai  au  foleil , dans  un  bocal 
plein  d’eau,  un  pied  de  jufquiame,  hyof- 
cyamus . Après  qu’il  eut  été  ainfi  expofé 
depuis  midi  jufqu’à  cinq  heures , j’en  ob- 
tins une  grande  quantité  d’air  déphlogif- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Seci.X.  233 
tiqué,  dans  lequel  la  flamme  d’une  bougie 
devenoit  fort  brillante.  Une  mefure  de 
cet  air  avec  une  d’air  nitreux,  occupoient 
0.93  ; avec  trois,  1.70. 

Les  feuilles  de  laurier-cerife , lauroce - 
rafus , poifon  terrible  (a),  ne  donnèrent 
pas  un  air  moins  bon  que  celui  de  la  juf- 
quiame.  Deux  poignées  de  ces  feuilles , 
expofées  au  foleil  dans  un  bocal  plein 
d’eau , depuis  onze  heures  au  matin  juf- 
qu’à  cinq  heures  après  midi , avoient  donné 


( a ) Cette  plante  a été  toujours  fufpeélée,  quoique  bien 
des  gens  l’emploient  comme  affaifonnement , en  en  mettant 
une  feuille  ou  deux  bouillir  dans  le  lait,  pour  lui  commu- 
niquer un  goût  d’amandes  amères.  Quoiqu’on  puiffe  s’en 
fervir  ainfi,  prefque  toujours  impunément,  j’ai  vu  cepen- 
dant des  gens -qui  s’en  trouvoient  fort  mal.  Ces  feuilles 
cachent , fous  un  parfum  & un  goût  agréables , le  poifon 
le  plus  terrible,  lorfque  fes  forces  font  concentrées.  Un 
chien  à qui  on  en  a donné  dans  cet  état  , mourut 
prefque  en  un  inftant.  MM.  Heberden  & Watfon,  de  la 
Société  royale  de  Londres,  ont  fait,  avec  cette  plante, 
des  expériences  qui  en  démontrent  la  qualité  la  plus  ve- 
néneufe.  Si  cette  plante  contient  peut-être  le  poifon  le  plus 
aéiif  qui  exifte  dans  le  règne  végétal , en  le  prenant  par  la 
bouche,  il  n’eft  pas  moins  terrible  dans  fes  effets,  étant  appli- 
qué extérieurement  dans  un  état  de  concentration.  M. 
Fontana  découvrit  l’année  dernière  ce  pouvoir  terrible, 
qui  ne  cède  en  aucune  façon  à celui  des  fameux  poifons 
des  Lamas  8c  des  Ticunas , avec  lefquels  ces  Indiens  endui- 
fent  la  pointe  de  leurs  flèches.  M.  Fontana  a fait,  avec 
ces  deux  derniers  poifons,  des  expériences  très -impor- 
tantes & curieufes , auxquelles  j’ai  affilié  : il  les  publiera 
bientôt,  comme  une  fuite  de  l'on  excellent  ouvrage  fur  le 
venin  de  la  vipère. 


truite. 


394. 


234  Expériences 

SuÏÏÏs  dé- une  bonne  quantité  d’air  déphlogiftiqué , 
dont  l’eftai  fait  à la  façon  de  M.  Fontana 
donnoit  le  réfultat  fuivant  : 1.87;  1.67; 
1.50;  2.04;  3.04. 

63.  Deux  poignées  de  feuilles  du  fola- 
num  vulgare , qui  eft  une  plante  fufpe&e* 
étant,  à la  manière  ordinaire,  expofées  au 
foleil  depuis  deux  jufqu’à  cinq  heures 
après  midi,  ont  donné  une  grande  quantité 
a air  déphlogiftiqué  d’une  qualité  fupé- 
rieure:  1.92^;  1.79;  1.65  ; 1.52;  2.087; 

3*°5* 

64.  Je  ramaftai,  de  la  même  façon,  du 
bon  air  déphlogiftiqué  des  feuilles  de  ta- 
bac ( voye ^ l’expér.  9);  de  Yatriplex  vulva- 
ria , arroche  puante,  plante  d’une  puanteur 
très-fingulière  ; de  la  ciguë  aquatique, 
cicuta  virofa  , plante  des  plus  dangereufes; 
8c  de  la  fabine. 


49b 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sect.  XI.  235 


SECTION  XI. 

Expériences  par  Lesquelles  on  deniontie  que 
les-  fleurs  , en  général,  exhalent  un  air 
empoijonné , quoiqu  en  tres-petite  quan- 
tité; quelles  corrompent  une  grande  quan- 
tité d'air  avec  lequel  elles  font  enfermées  ; 
qu  elles  exercent  ce  pouvoir  en  tout  temps > 
également  durant  le  jour  comme  pendant 
la  nuit , au  foleil  comme  à l'ombre. 

Exp.  65.  Deux  poignées  de  fleurs  de 
calendula , mifes  dans  un  bocal  plein  d’eau, 
& expofées  à l’air  libre  pendant  quarante- 
huit  heures,  fournirent  une  petite  quantité 
d’air , dans  lequel  la  flamme  d’une  bougie 
s’éteignit  d’abord , & qui  ne  fut  prefque 
pas  diminué  par  l’air  nitreux. 

66.  Deux  poignées  de  fleurs  de  camo- 
mille romaine,  chamcemelum  nobile , étant 
de  même  expofées  à l’air  libre  dans  un 
bocal  de  deux  pintes  plein  d’eau , au  bout 
de  deux  jours  il  s’en  fépara  un  peu  d air 
qui  fe  trouva  d’une  fl  mauvaife  qualité  , 
que  la  flamme  d’une  bougie  s’y  éteignit 
d’abord. 

67.  Quarante-cinq  fleurs  de  calendula 
furent  mifes  fous  un  bocal  renverfé , de 


2^6  Expériences 

deux  pintes  d’Angleterre,  fans  eau,  8c  laif- 
fées  toute  la  nuit  dans  la  chambre.  Le 
lendemain  je  trouvai  l’air  du  bocal  telle- 
ment vicié  , qu’une  bougie  allumée  s’y 
éteignit.  Une  mefure  de  cet  air  8c  une 
d’air  nitreux,  occupoient  1.43. 

68.  Ayant  pris  de  ce  bocal  l’air  qu’il 
falloit  pour  en  examiner  la  qualité,  je 
mis  ce  vafe,  avec  les  fleurs  8c  le  refle  de 
l’air , au  foleil , depuis  neuf  heures  jufqu’à 
midi  : alors , en  examinant  l’air,  je  le  trouvai 
encore  plus  vicié;  car  une  mefure  de  cet 
airavecune  d’air  nitreux,  occupoient  1.54. 

69.  Quelques  fleurs  de  chèvre-feuille , 
capri- folium , placées  fous  un  bocal  d’une 
pinte  d’Angleterre , 8c  mifes  dans  la  mai- 
ion  pendant  trois  heures , avoient  telle- 
ment infeéfé  l’air  du  bocal,  que  la  flamme 
d’une  bougie  s’y  éteignit. 

Une  quantité  de  cesv  mêmes  fleurs  , 
placée  fous  un  bocal  de  la  même  capacité 
au  foleil , avoit  de  même  vicié  l’air  au  point 
qu’il  éteignit  la  flamme  d’une  bougie. 

70.  Une  autre  fois , je  plaçai  la  même 
quantité  de  fleurs  de  chèvre-feuille  fous 
un  bocal  de  la  même  grandeur,  pendant 
une  nuit  dans  la  maifon  , voulant  favoir 
exa&ement  jufqu’à  quel  degré  l’air  en 
étoit  infeélé  : je  l’examinai  le  lendemain; 
je  le  trouvai  fl  mauvais,  qu’une  mefure  de 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sec l XI.  lyy 
cet  air  avec  une  d’air  nitreux,  occupoient 
1.68. 

Toutes  les  fleurs  que  je  pus  me  procurer 
avoient  à peu  près  le  même  effet;  toutes 
rendoient  l’air  plus  ou  moins  vicié , tant 
au  foleil  qu’à  l’ombre , à l’air  libre  & 
dans  la  maifon , pendant  le  jour  & pendant 
la  nuit.  Ainfi  , ayant:  trouvé  que  toutes 
avoient  la  même  influence  fur  l’air  commun, 
je  penfe  qu’on  peut  envifager  cette  règle 
comme  générale,  & qu’on  n’en  découvrira 
que  peu,  ou  même  point  d’exceptions.  Je 
crois  néanmoins  avoir  obfervé  par  des 
faits  réitérés , qu’il  y a beaucoup  de  diffé- 
rence entre  leur  effet;  &,  comme  une 
plante  donne  un  air  déphlogiffiqué  plus  fin 
qu’un  autre,  il  y a la  même  différence  dans 
la  mauvaife  influence  de  diverfes  efpèces 
de  fleurs  fur  l’air.  Je  trouvai  les  fleurs  de 
thlafpï  & de  violette  fpécialement  plus 
mal-faifantes  que  beaucoup  d’autres. 


238  Expériences 


SECTION  XII. 

Expériences  qui  démontrent  que  les  racines 
des  Plantes , lorfqu  elles  font  récemment 
tirées  de  la  terre  > corrompent  l'air  com- 
mun, exhalent  un  air  mal-faifant  en 
tout  temps ; fen  excepte  cependant  quelques 
racines . 

EXP.  7 1 . A Y A N T mis  au  foleil , dans  un 
bocal  de  huit  pintes  d’Angleterre  , plein 
d’eau,  trois  poignées  de  racines  de  mou- 
tarde, fraîchement  tirées  de  la  terre  &.  bien 
lavées,  j’en  obtins,  dans  l’efpace  de  fix 
heures , affez  d’air  pour  l’examiner.  Il  fe 
trouva  fi  mauvais  ,*qu’il  éteignit  la  flamme 
d’une  bougie. 

72.  Deux  poignées  de  racines  de  joncs, 
bien  nettoyées , furent  de  la  même  manière 
expofées  au  foleil  pendant  fept  heures.  Il 
s’en  dégagea  une  petite  quantité  d’air  , 
dont  la  qualité  étoit  fi  mauvaife , que  la 
flamme  d’une  bougie  s’y  éteignit. 

73.  Une  poignée  de  racines  de  fitiapi , 
moutarde  , bien  lavees  , ayant  ete  mife 
dans  un  bocal  de  deux  pintes,  plein  d’eau, 
je  fis  monter  dans  ce  bocal  une  portion 
d’air  commun,  fuffifante  pour  etre  en  con- 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl . XI L 239 

taft  avec  une  bonne  partie  de  cette  racine.  (^gddf_ 
Après  avoir  laiffé  ce  bocal  au  foleil  pen-trmte. 
dant  fix  heures,  je  trouvai  que  1 air  enferme 
avec  la  racine,  étoit  détérioré  ; car  il  don- 
noit , par  l’effai  de  M.  Fontana , le  réfultat 

fuivant:  1.95;  2.34;  3.37.  _ 

74.  Je  mis  une  poignée  de  racines  de 
becabunga  dans  un  bocal  plein  d’eau  ; je 
l’expofai  au  foleil  pendant  hx  heures;  j’ob- 
tins une  quantité  médiocre  d’air  qui  fe 
trouva  être  de  la  qualité  de  l’air  commun. 

Toutes  les  autres  racines  que  j’ai  effayées 
fournilïoient  un  air  pire  que  l’air  commun, 

& vicioient  en  tout  temps  conflamment 
l’air  commun  avec  lequel  elles  étoient  en- 
fermées. Je  n’ai  cependant  pas  été  étonné 
de  l’effet  mentionné  des  racines  de  beca- 
bunga ; car,  au  lieu  que  la  plupart  des 
racines  diffèrent  entièrement  du  reffe  de 
la  plante , celles  de  becabunga  en  diffèrent 
très-peu. 


240  Expériences 


SECTION  XIII. 

Expériences  qui  démontrent  que  les  Fruits  en 
général  exhalent  un  air  mal  - faijant  en 
tout  temps  & en  tout  lieu  , & qu’ils  infec - 
tent  toujours  l'air  commun  , mais  plus 
pendant  la  nuit  & dans  l'ombre  , que  du- 
rant le  jour  & au  foleil , de  façon  que 
la  lumière  du  foleil  diminue  leur  influence 
pernicieufe  fur  l’air  commun , au  moins 
dans  quelques-uns . 

Exp.  75.  Je  mis  fix  petites  pêches  fous  un 
bocal  de  deux  chopines,  renverfé  fur  une 
affiette  , dans  une  chambre  allez  mal  éclai- 
rée par  une  feule  fenêtre.  Dans  l’inter- 
valle de  deux  heures  après  midi  jufqu’à 
fept  heures  du  foir , l’air  du  bocal  fut  tel- 
lement corrompu  par  ce  fruit  , que  la 
flamme  d’une  bougie  s’y  éteignit  fur  le 
champ  , & qu’un  animal  y eût  d’abord 
trouvé  fa  mort.  Une  mefure  de  cet  air  avec 
une  d’air  nitreux,  occupoient  1.86. 

76.  Ayant  vu  que  l’air  étoit  devenu, 
dans  l’expérience  précédente,  prefque  auffi 

fernicieux  pour  la  vie  d’un  animal,  que  l’efl 
air  inflammable,  j’ai  voulu  voir  quel  effet 
feroit  un  plus  petit  nombre  de  ce  fruit  fur 

la 


SUR  LES  VÉGÉT.  SeB.  XIII.  241 
la  même  maffe  d’air  en  moins  de  temps. 
Je  mis  donc  deux  de  ces  mêmes  pêches 
fous  le  même  bocal  renverfé  fur  une  af- 
flette  ; je  le  plaçai  dans  la  même  chambre. 
En  deux  heures  de  temps , l’air  étoit  de- 
venu fi  vicié , que  laflamme  d’une  bougie  y 
perdoit  fur  le  champ  toute  fa  clarté  , & 
"étoit  prête  à s’éteindre. 

77.  Ayant  obfervé  l’effet  pernicieux  des 

Î)êches  fur  l’air  commun  dans  l’ombre  , 
’envie  me  prit  de  voir  quel  effet  ce  même 
fruit  auroit  au  foleil.  Je  mis  lix  pêches  de 
la  même  grandeur  que  celles  de  l’expé- 
rience 73  , fous  le  même  bocal  de  deux 
chopines.  Je  plaçai  ce  bocal  renverfé  fur 
une  affiette  au  foleil , depuis  neuf  heures 
jufqu’à  onze.  L’air  étoit  devenu  fi  vicié  , 
qu’il  éteignit  la  flamme  d’une  bougie.  Une 
mefure  de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux, 
occupoient  1.55. 

78.  Un  citron  placé  fous  un  gobelet 
contenant  J d’une,  chopine , infe&oit  tel- 
lement l’air , qu’une  bougie  allumée  y per- 
doit tout  fon  brillant. 

79.  Une  poignée  de  noifettes  avec  leur 
calice  vert , fut  mife  fous  un  bocal  de  deux 
chopines  pendant  la  nuit  : le  lendemain, 
je.  trouvai  l’air  tellement  altéré , qu’une 
ougie  s’y  éteignit. 

80.  Sixpetites  poires  de  bergamote  ayant 

Q 


242  Expériences 
été  mifes  pendant  la  nuit  fous  un  bocal 
de  deux  chopines , je  trouvai  le  lendemain 
que  l’air  du  bocal  étoit  un  peu  altéré;  car  la 
flamme  d’une  bougie  y perdoit  fon  éclat. 
Une  mefure  de  cet  air  avec  une  d’air  ni- 
treux, occupoient  1.25. 

81.  Trois  pommes  qui  n’étoient  pas  tout- 
à-fait  mûres,  8t  qu’on  venoit  de  cueillir,' ” 
étant  reflées  pendant  toute  la  nuit  fous  un 
bocal  de  deux  chopines , l’air  en  fut  vicié 
au  point  qu’il  éteignit  une  bougie.  Une  me- 
fure de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux , oc- 
cupoient 1.48. 

82.  Après  avoir  pris  du  bocal  de  l’ex- 
périence précédente,  la  quantité  d’air  né- 
ceflaire  pour  l’effayer , je  le  mis  au  foleil 
avec  le  refle  de  l’air  8c  les  pommes,  du- 
rant fept  heures.  En  examinant  cet  air,  je 
le  trouvai  devenu  encore  plus  mauvais;  il 
éteignit  la  flamme  fur  le  champ.  Une  me- 
fure de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux  , oc- 
cupoient 1.72. 

83.  Quatre  citrons  placés  fous^n  bocal 
de  deux  chopines,  au  foleil,  pendant  fept 
heures  , avoient  altéré  la  qualité  de  l’air. 
Une  mefure  de  cet  air  avec  une  dair  ni- 
treux, occupoient  1.18. 

84.  Un  bocal  de  huit  chopines,  rempli 
au  tiers  de  meures  en  parfaite  maturité,  8c 
renverfé  fur  une  affiette  , fut  place  au 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.  XIII.  243 
foleil  pendant  quatre  heures.  Au  bout  de 
ce  temps , l’air  en  étoit  fi  altéré,  qu’il  étei- 
gnit la  chandelle  fur  le  champ.  Une  me- 
fure  de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux,  oc- 
cupoient  1.63. 

85.  Des  meures  de  ronces,  des  prunes 
de  toutes  efpèces , mûres  ou  non  encore 
mires,  gâtoient  tous  l’air,  & au  foleil,  & 
à l’ombre. 

86.  Six  pommes  mûres  fraîchement 
cueillies,  furent  mifes  au  foleil  dans  un  bo- 
cal de  huitchopines  plein  d’eau , & renverfé 
fur  une  affiette.  Après  qu’elles  y eurent  été 
depuis  dix  heures  du  matin  jufqu’à  quatre 
heures  après  midi,  j’en  obtins  une  certaine 
quantité  d’air,  qui  en  étoit  forti  par  forme 
de  bulles , comme  il  fort  des  feuilles.  Cet  air 
étoit  d’une  fort  mauvaife  qualité;  il  étei- 
gnit la  flamme  fur  le  champ.  Une  mefure 
de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux,  occu- 
poient  1.69. 

87.  Je  mis  au  foleil,  dans  un  bocal  plein 
1 d’eau,  deux  douzaines  de  haricots  verts, 

1 d’une  petite  efpèce,  depuis  dix  heures  du 
matin  jufqu’à  deux  heures  après  midi.  Leur 
ifurface  étoit  toute  couverte  de  petites 

11  bulles  d’air.  Je  n’en  obtins  qu’une  petite 
'quantité  d’air  qui  étoit  d’une  qualité  un 
peu  inférieure  à l’air  commun  ; car  une 
mefure  de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux, 

Qij 


244  Expériences 
occupoient  1.14;  8c  une  mefure  d’air  com- 
mun avec  une  d’air  nitreux,  occupoient 
1 .087. 

88.  Je  plaçai  lous  un  bocal  de  deux  cho- 
pines,  renverfé  fur  une  affiette,  deux  dou- 
zaines de  haricots , de  la  même  efpèce 
que  ceux  de  l’expérience  précédente,  mais 
fans  eau.  Je  les  laifiai  toute  la  nuit  juf- 
qu’à  onze  heures  du  matin  dans  une  cham- 
bre , fans  les  couvrir  d’un  drap,  de  façon 
que  le  matin  le  bocal  fut  éclairé  par  la 
lumière  du  jour.  En  examinant  l’air  de  ce 
bocal , je  fus  étonné  de  le  trouver  em- 
poifonné  à un  fi  haut  degré , qu’il  furpaf- 
foit  même  l’air  vicié  par  la  jufquiame  ( ex- 
pér.  43  ).  Une  mefure  de  cet  air  avec  une 
d’air  nitreux,  occupoient  1.95. 

89  Après  avoir  vu  avec  étonnement  cet 
influence  mal-faifante  au  fuprême  degré 
d’une  fi  petite  quantité  de  haricots  fur  une 
quantité  fi  confidérable  d’air , je  voulus  ef- 
fayer  l’effet  qu’un  tel  air  auroit  fur  un 
animal  vivant.  Je  plaçai  dans  ce  bocal  de 
deux  chopines  , encore  aflez  plein  de  cet 
air , un  poulet  éclos  depuis  huit  ou  neuf 
jours.  Dans  l’inftant  même  que  l’animal 
entra  dans  cet  air,  il  donna  des  Agnes  d’une 
-extrême  anxiété  , 8t  bientôt  après  il  tomba , 
& perdit  tout  mouvement.  Voyant  qu’il 
alloit  mourir,  je  me  hâtai  de  le  tirer  du 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sec!.  XIII.  245 
bocal,  pour  le  placer  dans  un  autre  plein 
d’air  dephlogiftiqué  obtenu  des  plantes , 

& deftiné  à y placer  le  poulet  lorfqu  il 
feroit  prêt  à mourir  ; mais  j’eus  beau  me 
dépêcher  le  plus  que  je  pus , l’animal  etoit 
déjà  tout-à-fait  mort  lorfque  je  l’en  retirai, 
quoiqu’il  n’y  eût  pas  été  pendant  vingt 
fécondés. 

En  comparant  cette  prompte  extinâion. 
de  la  vie  d’un  animal  dans  cet  air  expofé 
à l’influence  des  haricots , avec  l’effet  de 
l’air  inflammable  tiré  des  métaux  par  le 
moyen  de  l’acide  vitriolique  ou  marin  , je 
trouvai  que  l’air  vicié  par  ce  fruit  étoit 
aufli  deftrudif  de  la  vie  animale , que  l’air 
inflammable  même. 

90.  Je  plaçai  fix  de  ces  mêmes  haricots 
verts  fous  un  bocal  de  huit  chopines,  vidé 
& renverfé  fur  une  afliette  : je  les  y laiflai 
pendant  une  nuit.  Le  lendemain , je  ne  pus 
voir  qu’avec  furprife  jufqu’où  une  fl  pe- 
tite quantité  de  .ce  fruit  avoit  pu  vicier 
une  fi  grande  maffe  d’air  : car  la  flamme 
d’une  bougie  ne  pouvoit  s’y  foutenir,  & un 
animal  n’auroit  pu  le  refpirer  fans  angoiffe 
car  une  mefure  de  cet  air  avec  une  d’air 
nitreux,  occupoient  1.34. 

91.  Je  plaçai  dans  une  chambre  , fous 
un  verre  à boire , trois  petites  noix  qui  n’é- 
toient  pa^s  mûres , ôt  qu’on  venoit  de  cueillir  ; 

Qiij 


si  • 


246  Expériences 

elles  y relièrent  depuis  midi  jufqu’à  deux 
heures  Elles  rendirent  en  fi  peu  de  temps 
l’air  du  verre  entièrement  incapable  de 
foutenir  la  flamme,  ou  la  vie  d’un  animal. 
Une  mefure  de  cet  air  avec  une  d’air  ni- 
treux, occupoient  1.54. 

Il  fuit  de  ces  expériences  , qu’en  gé- 
néral tout  fruit  exhale  en  tout  temps  dans 
l’air  commun  , un  principe  nuilible  à la 
vie  des  animaux;  mais  que  le  foleil , qui 
femble  n’avoir  aucun  pouvoir  pour  empê- 
cher l’exhalaifon  nuilible  des  fleurs  , a lur 
quelques  fruits  un  pouvoir  marqué  pour 
empêcher  ou  diminuer  leur  influence  mal- 
faifante.  D’autres  expériences  m’ont  con- 
firmé ce  pouvoir  du  foleil  fur  quelques 
fruits. 


SECTION  XIV. 

Expériences  qui  prouvent  que  les  feuilles , les 
tiges  & rameaux  verts  qui  les  fupportent , 
font  les  feules  parties  des  Plantes  qui  don- 
nent de  l’air  déphlogijliqué . 

J E crois  avoir  allez  démontré  que  les  fleurs , 
les  racines  & les  fruits , ne  donnent  dans 

icune  circonflance 
Il  ne  me  refloit 
de  la  plante  à exa- 


aucun  temps  ni  dans  ai 
de  l’air  dephlogifliqué. 
donc  plus  aucune  partie 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.  XIV.  £47 
miner,  que  les  tiges  vertes  qui  Soutiennent  Q-tg  g 
les  feuilles,  & les  branches  qui  font  déjà  truite. 

couvertes  de  l’écorce.  _ 

Exp.  92.  Je  dépouillai  de  leurs  feuilles 

quelques  tiges  vertes  d un  faule  : je  les  mis 
dans  un  bocal  de  huit  pintes , plein  d eau  , 

& je  lés  expofai  au  foleil  fur  un  mur  Pen“ 
dant  quatre  heures.  Je  les  vis  bientôt  toutes 
couvertes  de  bulles  d’air.  J-en  obtins  une 
bonne  quantité  d’air  dephlogifbque  , quoi- 
que d’une  qualité  inférieure  a celui  que 
les  feuilles  de  cet  arbre  donnent  commu- 
nément , comme  on  peut  voir  dans  les  ex- 
périences 2,  20,  25  5 26  & 28.  Celui  que 
j’obtins  des  tiges  fe  montra  de  la  qualité  î ui- 
vante  : 1.96;  1.87;  1.837;  2.68  ; 3.64.  336. 

93.  Je  plaçai  de  même  au  foleil,  dans 
un  bocal  de  huit  pintes , plein  d’eau  , quel- 
ques branches  d’un  meurier,  qui  étoient 
couvertes  d’écorce  griie.  J’en  obtins  une 
quantité  modérée  d’air  ; il  en  fortoit  , 
comme  des  tiges  vertes , par  une  infinité  de 
bulles.  Cet  air,  mis  à Mai,  fe  montrait 
de  la  même  qualité  que  l’air  de  1 atmol- 
phère?  & donnoit  2.01;  2.10;  3.10.  190. 


Qiv 


2^8  Expériences 


SECTION  XV. 

Expériences  qui  démontrent  quelle  efpèce  d’ eau 
s’oppofe  le  moins  à F élaboration  de  F air 
ué  dans  les  Plantes  , & à la 
fluide  aérien  de  la  furjace  des 

L’air  devoit  naturellement  être  un  fluide 
invifible  ; car  , s’il  étoit  fenfible  à notre 
vue  , il  mettroit  obftacle  à la  perception 
des  autres  objets  : mais  cette  qualité  doit 
en  même  temps  empêcher  que  nous  ne 
nous  appercevions  d’un  grand  nombre  de 
phénomènes , qui  probablement  ont  lieu 
dans  l’étendue  de  notre  atmofphère , & dont 
nous  ne  connoilîons  pas  même  l’exiftence. 
Tant  que  perfonne  ne  fongeoit  à furpren- 
dre  la  nature  fur  le  fait , en  mettant  une 
plante  en  pleine  végétation  au  milieu  d’un 
liquide  ami  des  végétaux  , &.  dont  la 
tranfparence  nous  mît  à portée  de  voir 
ce  qui  s’y  paffe , nous  devions  refier  dans 
l’ignorance  fur  ce  qui  fe  paffe  dans  la  na- 
ture , fpécialement  dans  les  plantes. 

Pour  m’affurer  de  la  réalité  du  fait , il 
étoit  à propos  de  ne  pas  mutiler  la  plante, 
& de  n’y  rien  faire  qui  pût  nuire  à fon 


aepniogijtiq 
fortie  de  ce 
feuilles . 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sec!.  XV \ 249 

organifation  ou  à Ton  économie.  Il  falloit 
donc  commencer  par  choifir  des  plantes 
qui  fe  laiffaffent  aifément  plier , & que  je 
puffe  tenir  dans  un  bocal  plein d eau,  tandis 
que  la  racine  reftoit  encore  en  terre.  Auffi- 
tôt  que  je  vis  que  le  même  phenomene 
fe  paffoit,  foitque  je  pliaffe  ainfi  la  plante 
en  laiffant  la  racine  en  terre , foit  que  je 
mille  les  branches  coupées  dans  les  bo- 
caux , je  ne  m’occupai  pas  long-temps  à 
cette  première  opération , qui  eft  difficile 
à exécuter,  & n’eft  aucunement  néceffaire 
au  but  que  je  me  prôpofois.  En  effet , la 
fage  nature  a doué  les  plantes  d’une  vie 
très- différente  de  celle  des  animaux.  Le9 
parties  détachées  de  ceux-ci , font , dès  le 
moment  de  la  féparation  , deftituées  de 
vie,  fi  on  excepte  quelques  animaux;  au 
lieu  qu’une  branche  d’un  végétal  quelcon- 
que , féparée  du  tronc  , conferve  fa  vie 
long  - temps , fur  - tout  fi  on  a foin  de 
plonger  dans  l’eau  l’extrémité  coupée;  & 
un  très  - grand  nombre  de  plantes  ont 
même  la  propriété  de  pouvoir  être  pro- 
pagées par  des  boutures,  ou  des  branches 
coupées  mifes  en  terre. 

Ainfi , je  me  contentai  de  mettre  les  bran- 
ches coupées  ou  limplement  des  feuilles , 
dans  les  bocaux.  Mais,  dès  que  j’obfervai 
que  l’influence  des  plantes  fur  l’air  différoit 


zço  Expériences 

extrêmement,  par  une  caufe  auffi  légère 
qu’unpeu  plus  ou  un  peu  moins  de  lumière , 
je  foupçonnai  qu’il  n’étoit  pas  indifférent  de 
quelle  efpèce  d’eau  on  fe  fervoit  pour  y 
enfermer  les  plantes.  L’expérience  m’a  con- 
vaincu que  mon  foupçon  étoit  fondé  ; elle 
m’a  montré  que  l’eau  la  plus  propre  à cette 
expérience , ell  l’eau  de  fource  fraîchement 
tirée  des  entrailles  de  la  terre , ou  tirée  d’un 
puits  par  le  moyen  d’une  pompe  qui  cou- 
vre le  puits;  car,  fi  l’eau  de  fource  a été 
expofée  durant  quelque  temps  à l’air  libre  , 
jelle  en  devient  d’autant  moins  bonne  pour 
cet  ufage.  J’ai  donné  les  raifons  de  ce  phé- 
nomène dans  la  Seélion  XXII  de  la  pre- 
mière Partie. 

Exp.  94.  Je  mis  un  nombre  égal  de 
feuilles  de  faule  dans  quatre  bocaux,  cha- 
cun de  huit  chopines.  Je  remplis  l’un  de 
ces  bocaux  avec  de  l’eau  d’un  petit  étang , 
qui  ne  fe  renouveloit  jamais , & , par  con- 
féquent , qui  étoit  affez  impure.  Je  mis 
dans  le  fécond  de  l’eau  de  pluie,  ramaffée 
le  jour  précédent;  dans  le  troifième , de 
l’eau  de  rivière;  dans  le  quatrième,  de  l’eau 
de  fource  ou  de  pompe,  dont  je  me  fervois 
ordinairement.  Je  plaçai  tous  ces  bocaux  l’un 
à côté  de  l’autre  fur  un  mur  au  foleil , à onze 
heures  : jeramaffai  l’air  obtenu  des  feuilles  à 
trois  heures  après  midi.  Je  trouvai  que  les 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sec t XV.  2^1 
feuilles  qui  avoientété  mifesdans  1 eau  ftag-  Quantité 
uante , avoient  donne  le  moins  d air , oc  la  truite, 
qualité  n’étoit  pas  meilleure  que  celle,  de 
l’air  atmofphérique.  Les  feuilles  qui  av oient 
été  dans  l’eau  de  pluie  avoient  donne  de 
l’air  en  plus  grande  quantité , 8c  d’une  qua- 
lité meilleure.  Celles  qui  étoient  dans  l’eau 
de  rivière  avoient  donné  une  quantité  d’air 
encore  plus  grande,  8c  il  étoit  d’une  qualité 
plus  exquife.  Celles  qui  avoient  été  dans 
l’eau  de  pompe  avoient  donné  plus  d’air 
que  toutes  les  autres  ; 8c  cet  air  étoit  en 
même  temps  d’une  qualité  fupérieure. 

Pour  favoir  exadement  le  degré  de  bonté 
de  ces  airs , je  les  fournis  tous  à l’épreuve 
de  l’air  nitreux.  En  voici  le  réfultat  : 

Air  obtenu  des  feuilles  mifes  dans  l’eau 
ftagnante  , 2.04;  2.20;  3.22. 

Air  obtenu  des  feuilles  mifes  dans  l’eau 
de  pluie,  1.94;  1.96^;  2.69;  3.69.  131. 

Air  obtenu  des  feuilles  dans  l’eau  de  ri- 
vière , 2.05;  2.04;  2.47;  3.44* 

Air  obtenu  des  feuilles  dans  l’eau  de 
pompe,  1.96;  1.85;  1.72;  1.64;  2.47; 

3 •44*  _ . , 45^* 

93,  Je  mis  dans  un  bocal  plein  d’eau 

fraîchement  diftillée  , une  poignée  de 

feuilles  de  faule  ; je  le  plaçai  au  foleil 

pendant  quatre  heures  : quelques  bulles 

d’air  fortoient  de  1a.  furface  inférieure  des 


I 


252  Expériences 

feuilles  , mais  très-peu  de  la  furface  fupé- 
rieure.  Je  n’obtins  qu’une  petite  quantité 
d’air  , 8c  à peine  fut-elle  fuffifante  pour 
en  faire  l’effai.  Il  fe  trouvoit  être  inférieur 
en  bonté  à l’air  commun. 

96.  Ayant  obtenu  de  l’eau  diftillée  de- 
puis quelques  mois,  j’en  remplis  un  bocal, 
& y mis  des  feuilles  de  vigne  ; je  le  plaçai 
à l’air  libre  pendant  cinq  heures.  Une 
petite  quantité  de  bulles  d’air  fe  voyoit  fur 
la  furface  inférieure  des  feuilles , & très- 
peu  fur  la  furface  fupérieure.  J’en  obtins 
cependant  affez  d’air  pour  le  mettre  à l’é- 
preuve  : il  etoit  pire  que  1 air  commun. 

97.  Je  remplis  un  bocal  d’eau  imprégnée 
d’air  fixe  tiré  des  pierres  calcaires  par  l’acide 
vitriolique,  dans  l’appareil  du  Dr.  Nooth, 
tel  qu’il  fe  vend  chez  ÜA.Parker , dans  Fleet- 
Street  à Londres,-  & , y ayant  mis  quelques 
feuilles  de  vigne,  je  le  plaçai  furie  champ 
au  foleil  8trenverfé.  A peine  avois-je  mis  les 
feuilles  dans  le  bocal , quelles  furent  toutes 
couvertes  de  bulles  d’air,  & préfentèrent  le 
plus  beau  fpeéfacle.  Je  mis  le  bocal  à l’air 
libre  pendant  cinq  heures , au  milieu  du 
jour,  le  foleil  étant  pendant  tout  ce  temps 
caché  derrière  des  nuages.  J’en  obtins  moins 
d’air  qu’on  n’auroit  cru,  en  confidérantle 
nombre  immenfe  des  bulles  d’air  dont  les 
feuilles  étoient  couvertes.  La  plus  grande 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.XK.  253 

partie  de  cet  air  étant  de  l’air  fixe  , difpa- 
roiffoit  en  s’incorporant  avec  1 eau , lorf- 
que  je  la  lecouois.  Je  mis  à l’épreuve  le 
peu  qu’il  m’en  reffoit,  & je  le  trouvai  d une 
qualité  inférieure  à l’air  commun. 

98.  J’imprégnai  d’air  fixe  une  quantité 
d’eau , à la  façon  expéditive  du  dofteur 
Hulme  (a)  , par  le  moyen  du  fel  de  tartre 
& de  l’acide  vitriolique.  Ayant  rempli  un 
bocal  de  cette  eau,  j’y  mis  quelques  feuilles 
de  vigne , & l’expofai  au  foleil , après  l’a- 
voir renverfé  fur  une  afiîette.  Dans  l’inf- 
tant  où  ces  feuilles  furent  plongées  dans 
l’eau,  la  furface  inférieure  fe  couvrit  d’un 
nombre  prodigieux  de  bulles  d’air  : bien- 


(<î)  On  difTout,  dans  une  certaine  quantité  d’eau,  du 
fel  de  tartre  ; on  verfe  cette  eau  doucement  dans  un  vafe 
contenant  une  égale  quantité  d’eau  dans  laquelle  on  a mis 
autant  d’acide  vitriolique , qu’il  eft  néceflaire  pour  faturer 
la  quantité  de  fel  de  tartre  employée.  Le  fel  alcalin  & 
l’acide  vitriolique  divifés  à l’infini,  font,  en  fe  rencon- 
trant, une  effervefcence  prefque  invif ble,  & l’air  fixe  qui 
s’en  dégage  , fe  trouvé  fur  le  champ  intimement  mêlé 
avec  l’eau.  Cette  méthode  aifée  d’imprégner  d’air  fixe 
une  quantité  quelconque  d’eau,  ou  de  quelque  autre  li- 
queur , peut  être  de  la  dernière 'utilité  dans  plufieurs 
maladies.  On  peut  confulter  une  brochure  publiée  fur 
ce  fujet  , en  anglois,  par  le  dofteur  Hulme , Londres 
1778.  J’ai  cru  rendre  un  fervice  au  public  de  la  traduire 
en  latin;  je  l’ai  fait  imprimer  à Leyde , chez  Luzac  & 
Vandamme,  peu  de  jours  après  que  l’édition  angloife  a 
été  publiée.  L’ouvrage  a paru  fi  utile  à mes  compatriotes , 
qu’on  l’a  traduit  de  mon  latin  en  hollandois  , & im- 
primé à Roterdam  la  même  année. 


/ 


254  Expériences 

tôt  après , la  furface  fupérieure  le  fut  de 
même.  Après  qu’elles  eurent  été  au  foleil 
pendant  quatre  heures  , je  trouvai  ramaf- 
fée  au  fond  renverfé  du  bocal , une  grande 
quantité  d’air , lequel  fe  montroit  être  , 
pour  la  plupart , de  l’air  fixe , parce  qu’il 
étoit  abforbé  par  l’eau  en  la  fecouant. 
Je  fournis  le  refiant  à l’épreuve  de  l’air 
nitreux  , & je  le  trouvai  moins  bon  que 
l’air  commun. 

Quoique  la  production  prefque  momen- 
tanée de  ces  bulles  d’air  par  les  feuilles 
plongées  dans  l’eau  imprégnée  d’air  fixe, 
& l’abforption  de  cet  air  par  l’eau  , ne  laif- 
fent  aucun  doute  que  ces  bulles  ne  foient 
produites  par  l’air  fixe,  pour  la  plus  grande 
partie  ; il  me  paroît  cependant  très-pro- 
bable que  le  mouvement  vital  des  feuilles 
joue  auffi  fon  rôle  dans  cette  fcène  : car , 
fi  l’air  fixe  ne  faifoit  que  fe  placer  en  forme 
de  bulles  lur  la  furface  des  feuilles,  par  un 
mouvement  purement  mécanique  , ces 
bulles  fe  placeroient  fur  les  deux  furfaces 
indifiin&ement,  dans  le  même  temps,  tout 
comme  elles  fe  mettent  également  fur  les 
deux  furfaces  d’une  pièce  de  monnoie  ou  au- 
tre corps  defiitué  de  vie,  qu’on  plonge  dans 
cette  eau.  Mais  c’efi  ce  qui  n’arrive  pas  ; car 
les  bulles  parodient  dans  cette  eau , pre- 
mièrement fur  cette  furface  des  feuilles 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl,  XV"  255 
fur  laquelle  elles  fe  produifent  les  pre- 
mières dans  l’eau  de  fource.  Cette  obser- 
vation me  paroît  indiquer  que  1 eau  qui 
contient  une  grande  portion  d air , fur- 
tout  d’air  fixe  , dérange  l’opération  natu- 
relle des  feuilles , par  laquelle  elles  pro- 
duifent un  air  véritablement  épuré  ou  dé- 
phlogifiiqué.  Plufieurs  expériences  de  ce 
genre  m’ont  convaincu  que  l’air  obtenu 
des  feuilles  dans  l’eau  imprégnée  d’air  fixe , 
efi  pour  la  plus  grande  partie  de  l’air  fixe  ; 
& que  cette  portion  d’air  qui  ne  l’eff  pas, 
efi;  un  air  d’une  qualité  incertaine,  tantôt  un 
peu  meilleure,  mais,  le  plus  fouvent,  pire, 
que  l’air  commun. 

Quoiqu’il  puifie  paroître  afifez  extraor- 
dinaire que  la  feule  différence  des  eaux 
que  j’ai  employées  dans  ces  expériences,, 
ait  pu  produire  un  réfultat  fi  différent , 
& quoiqu’il  foit  peut-être  très-difficile  d’en 
donner  une  raifon  affez  claire , le  fait  ce- 
pendant nefouffre,  pas  de  doute,  & ne  doit 
pas  paroître  plus  étonnant  que  celui  que 
j’ai  déjà  détaillé , & qui  démontre  qu’une 
caufe  fi  légère,  que  je  ne  l’aurois  jamais 
foupçonnée  de  pouvoir  produire  quelque 
chofe  d’approchant , je  veux  dire  un  peu 
plus  ou  un  peu  moins  de  lumière , puifie 
être  caufe  que  la  même  plante  produite 
un  air  d’une  qualité  infiniment  fupérieure 


256  Expériences 

à celle  de  l’air  commun , ou  un  air  abfo- 
lument  mortel. 

La  chaleur,  même  celle  du  foleil,  rend 
la  meilleure  eau  moins  propre  à favorifer 
la  produ&ion  de  l’air  déphlogiftiqué  des 
feuilles  , quoique  cette  eau  reprenne  de 
nouveau  fa  qualité  par  le  froid.  Ayant  mis 
de  l’eau  de  pompe  au  foleil,  dans  un  bocal 
ouvert,  jufqu’à  ce  quelle  en  fût  échauffée 
conlidérablement , je  la  trouvai  prefque  en- 
tièrement inepte  pour  l’ouvrage  des  feuilles; 
elles  ne  donnèrent  prefque-  pas  d’air  dans 
cette  eau.  En  ayant  ôté  les  feuilles,  je  laif- 
fai  le  bocal  plein  d’eau  au  jardin.  Le  len- 
demain matin  , je  trouvai  de  la  glace  for- 
mée dans  ce  bocal.  Je  mis  des  feuilles  fraî- 
ches dans  cette  eau,  lorfque  le  thermo- 
mètre de  Farenheit , qu’on  y tenoit  plongé, 
marquoit  37  degres  de  froid  ; elles  don- 
nèrent de  l’air  déphlogilfiqué  en  grande 
quantité.  Le  froid  avoit  donc  rétabli  la  fa- 
culté de  cette  eau,  que  la  chaleur  lui  avoit 
ôtée. 


SECTION 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sec l XFL  257 


SECTION  XVI. 


Expériences  qui  indiquent  à quel  degré  de 
pureté  peut  atteindre  l'air  déphlogijliqué  & 
élaboré  par  les  Plantes . 

J’ai  découvert,  par  une  fuite  de  plufieurs 
centaines  d’expériences  faites  dans  ma  foli- 
tude , que  les  feuilles  des  plantes  verfent , en 
général , un  air  déphlogifiiqué  le  plus  fin  ou 
le  plus  pur , quand  on  n’en  met  pas  trop 
dans  le  bocal,  St  par  conféquent,  lorfque 
la  plupart  reçoivent  la  lumière  direâe  du 
foleil.  Il  m’a  paru  que  le  temps  le  plus  favo- 
rable pour  la  produéfion  de  cet  air , eft 
entre  midi  8t  fix  heures  du  foir , au  mi- 
llieu de  l’été,  St  toute  autre  circonfiance 
1 étant  égale. 

Exp.  99.  J’ai  obtenu  de  quelques  plantes 
un  air  déphlogifiiqué  fi  pur,  que  non-feu- 
llêment  la  flamme  d’une  bougie  y brûloit 
.avec  une  lumière  très  - éclatante  , mais 
;même  qu’elle  étoit  accompagnée  d’une  ef- 
pèce  de  fifflementou  bruit  de  fcintillation, 
qu’elle  a coutume  d’exciter  lorfque  la  bou- 
gie efl  plongée  dans  un  air  déphlogifiiqué 
ttrès-pur.  Parmi  les  plantes  qui  me  don- 
noient  l’air  déphlogifiiqué  le  plus  pur  ., 

R 


470. 


258  Expériences 

Quantité  des  il  y avoit  quelques  plantes  aquatiques.  Les 
truite.  pms  & les  autres  arbres  qui  contiennent 
de  la  térébenthine,  me  fourniffoient tou- 
jours de  l’air  d’une  pureté  h exquife,  qu’il 
falloit  quelquefois  flx  mefures  d’air  nitreux 
pour  faturer  deux  mefures  de  cet  air  dé- 
phlogiftiqué , & que  des  deux  airs,  Se 
plus , fe  trouvoient  détruits. 

100.  J’ai  obtenu  en  feptembre , des  jeu- 
nes feuilles  de  vigne , de  l’air  déphlogifti- 
qué  Ci  pur,  que  l’épreuve  de  l’air  nitreux  don- 
noiti.97;  1.87^;  1.78;  1.68  ; 2.33;  3.30. 

101.  J’obtins  le  même  jour  , de  l’air 
déphlogifliqué  encore  meilleur  des  vieilles 
feuilles  de  vigne  ; en  voici  l’épreuve  avec 
l’air  nitreux:  i .95  ; 1.85;  1.72;  1.60;  1.61  ; 

547*  2,53*  r 

102.  Quoique  la  qualité  des  airs  men- 
tionnés dans  les  deux  expériences  précé- 
dentes fût  très-bonne,  j’en  tirois  cepen- 
dant encore  de  plus  exquis  de  la  moufle 
verte  qui  s’engendre  d’elle  - même  dans 
les  bocaux  pleins  d’eau.  Deux  mefures  de 
cet  air  étoient  à peine  faturées  par  huit 
mefures  d’air  nitreux,  Sc^Vs  des  ^eux  airs 
étoient  détruits  dans  le  mélange.  L’air  de- 
phlogiftiqué  que  j’obtenois  de  cette  moufle 
que  j’avois  prife  d’un  baquet  de  pierre , tou- 
jours rempli  d’eau  par  une  fource  voiline, 
fe  trouvoit  être  d’une  qualité  encore  plus 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sect . XV L 259 

fine;  car,  dans  le  mélange  de  deux  mefures  Quantité  des 
de  cet  air  avec  huit  mefures  d’air  nitreux,  ÎS*,rsdé' 
il  fe  détruifoit , 

Comme  cette  matière  verte  appartient 
fans  doute  au  règne  végétal , j’ai  lieu  de 
croire  qu’on  peut  obtenir  un  air  aufli  pur 
des  autres  végétaux,  par  une  méthode  que 
je  n’ai  pas  encore  eu  la  bonne  fortune  de 
découvrir. 

Quelle  que  foit  la  bonté  exquife  de  cet 
air,  elle  n’égale  cependant  pas  la  qualité 
de  l’air  déphlogiftiqué  qu’on  tire  de  quel- 
ques fubftances  qui  n'appartiennent  pas 
au  règne  végétal , telles  que  le  nitre , le 
mercure  calciné , le  mercure  précipité 


rouge . 


&c. 


Afin  de  faire  connoître  exa&ement  la 
qualité  des  deux  meilleures  efpèces  d’air 
dont  j’ai  fait  mention , je  donnerai  ici  le 
réfultat  entier  de  l’effai  de  M.  Fontana9 
auquel  je  les  ai  foumifes,  pour  pouvoir  les 
comparer  avec  l’air  déphlogiftique  du  mer- 
cure précipité  rouge. 

L’air  déphlogiftiqué,  tiré  de  la  moufle 
verte  produite  fpontanément  dans  un  bo- 
cal plein  d’eau,  donnoitle  réfultat fuivant : 
2.05;  2.01;  1.93;  i.8ii;  1.727;  1.70^; 
2.6 2i;  3.55. 

Le  réfultat  de  l’épreuve  faite  avec  l’air 
déphlogifliqué  obtenu  de  la  moufle  tirée 

R ij 


6 45* 


Quantité  des 
deux  airs  dé- 
truite. 

6^2. 


75°. 


260  Expériences 

du  baffm  de  pierre  fur  le  grand  chemin, 
étoit  2.08;  1.07;  2.01;  1.92;  1.89;  1.78; 

2.54;  348. 

On  peut  juger  combien  la  bonté  de  ces 
deux  airs  approche  de  celle  de  l’air  dé- 
phlogiftiqué  tiré  du  mercure  - précipité 
rouge.  En  voici  un  effaiexaâ::  1.03;  1.28; 
0.93;  0.59;  0.27; 0.58,  1.02^;  2.50.  Ainft 
les  deux  mefures  de  cet  air  déphlogiftiqué, 
avoient  été  réduites  à environ  & riiz 
des  deux  airs  avoient  été  détruits. 

Quoique  la  pureté  de  ce  dernier  air 
fût  réellement  grande , il  n’eft  cependant 
pas  douteux  qu’on  trouvera  des  airs  encore 
plus  exquis.  J’étois  convaincu  de  cette 
vérité  , lorfque , au  mois  d’août  de  cette 
année , j’étois  préfent  à l’expérience  fui- 
vante  de  M.  Fontana.  Il  diffolvoit  de  l’or 
dans  de  l’eau  régale  faite  d’acide  marin  & 
d’acide  nitreux  purs.  L’air  qui  fe  dégageoit 
de  l’effervefcence , étoit  de  l’air  nitreux 
qui  abforboit  l’air  refpirable  comme  l’air  ni- 
treux ordinaire.  Ayant  évaporé  la  Solution, 
il  l’expofoit  à un  feu  violent , pour  en  ex- 
traire l’air  déphlogiftiqué , qui  fe  trouvoit 
être  d’une  pureté  ft  grande , qu’il  décom- 
pofoit  une  quantité  prodigieufe  d’air  ni- 
treux , & qu’il  étoit  lui-même  réduit  à en- 
viron Si  nous  avons  lieu  de  nous  atten- 
dre à des  effets  heureux  de  l’air  déphlo- 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.  XVII.  161 

gifliqué  ordinaire , quelle  efpérance  fie 
doit -on  pas  concevoir  de  l’ufage  d’un  air  fl 
fupérieurement  pur  ? 


SECTION  XVII. 

Expériences  qui  tendent  à découvrir  l’ effet 
des  Plantes  fur  V air  inflammable. 

ExP.  103.  Je  mis  une  poignée  de  rameaux 
de  menthe  poivrée  dans  un  bocal  plein 
d’eau,  qui  contenoit deux chopines.  Ayant 
renverfé  le  bocal , j’y  fis  monter  une  me- 
sure de  deux  onces  d’air  inflammable  tiré 
du  fer,  & qui  étoitfi  pur,  que  l’air  nitreux 
ne  le  diminuoit  pas  du  tout.  Je  plaçai  ce 
bocal  dans  une  chambre  toute  la  nuit;  je 
trouvai  le  lendemain  le  volume  de  cet 
air  un  peu  augmenté;  mais  il  étoit  encore 
également  mauvais  pour  la  refpiration  des 
animaux,  car  l’air  nitreux  n’en  pouvoir 
rien  diminuer. 

104.  Je  mis , le  même  foir,  une  mefure 
de  deux  onces  de  ce  même  air  inflam- 
mable dans  un  bocal  de  deux  chopines, 
plein  d’eau,  après  y avoir  mis  une  poignée 
de  feuilles  de  noyer.  Je  plaçai  ce  bocal 
de  même  dans  la  maifon  pendant  la  nuit; 
le  lendemain,  je  trouvai  la  quantité  d’air 

À iij 


26  2 Expériences 

augmentée  d’environ  Une  mefure  de 
cet  air  avec  une  d’air  nitreux , occupoient 
1.90. 

105.  Ayant  mis,  le  même  foir,  dans 
un  bocal  de  la  même  grandeur,  une  poi- 
gnée de  la  perjîcaria  urens  avec  de  l’eau , 
j’y  fis  monter  une  mefure  de  deux  onces 
d’air  inflammable;  je  plaçai  ce  bocal  à côté 
des  deux  autres  pendant  la  nuit  dans  une 
chambre  ; je  trouvai  le  lendemain  la  quan- 
tité d’air  inflammable  diminuée  d’environ 
jj.  Une  mefure  de  cet  air  avec  une  d’air 
nitreux,  occupoient  1.97. 

N.  B . Ces  trois  bocaux  étoient  reliés 
dans  la  maifon,  depuis  le  foir  jufqu’au  len- 
demain entre  midi  ôtune  heure;  de  façon 
que  la  lumière  du  jour  a pu  avoir  quel- 
que influence  fur  les  plantes,  en  faifant 
fortir  quelque  quantité  d’air  de  la  menthe 
poivrée  & des  feuilles  de  noyer.  J’aurois 
dû  couvrir  les  bocaux , pour  en  exclure 
abfolument  toute  lumière.  Malgré  cette 
omiffion , les  plantes  n’avoient  pas  corrigé 
cet  air , excepté  les  feuilles  de  noyer , mais 
très-peu  ; & cette  corredion  venoit  appa- 
remment de  la  lumière  du  jour.  Etant 
donc  aflez  convaincu  par  ces  expériences, 
que  les  plantes  avoient  peu  , ou  meme 
point  de  pouvoir  de  corriger  cet  air  dans 
l’obfcurité,  ou  au  moins  de  le  rendre  plus 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.  XVII.  263 
refpirable , je  voulus  voir  ce  qu  elles  fe- 
raient au  foleil. 

106.  Ayant  ôté  tout  l’air  inflammable 
du  bocal  qui  contenoit  les  feuilles  de 
noyer  ( exp.  104.  ),  fans  en  ôter  les  feuilles 
mêmes,  je  fis  monter  dans  ce  meme  bocal 
une  mefure  de  deux  onces  d’air  inflam- 
mable; je  l’expofai  au  foleil , depuis  deux 
heures  après  midi  jufqu’à  cinq  heures  : 
alors  je  trouvai  le  volume  de  l’air  aug- 
menté d’un  quatrième  ; mais  la  qualité 
de  l’air  étoit  peu  changée , car  une  mefure 
de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux , occu- 
poient  1.89.  Nous  verrons,  dans  l’expé- 
rience 109,  la  raifon  pour  laquelle  ces 
feuilles  n’ont  pas  corrigé  cet  air. 

107.  Après  avoir  ôte  l’air  inflammable 
du  bocal  de  l’expérience  105  , en  y laif- 
fant  la  perjlcaria  urens  & l’eau , j’y  fis  mon- 
ter de  nouveau  une  mefure  de  deux  onces 
d’air  inflammable;  je  plaçai  le  bocal  au 
foleil  pendant  quatre  heures,  depuis  deux 
jufqu  a fix  heures  : je  trouvai  le  volume 
d’air  augmenté  d’A:>  & beaucoup  corrige  ; 
car  une  mefure  de  cet  air , avec  une  d’air 
nitreux,  occupoient  1.33* 

108.  J’avois  agi  de  même  avec  le  bocal 
qui  contenoit  la  menthe  poivrée,  en  y 
mettant  de  nouvel  air  inflammable , & en 
l’expofant  au  foleil  ; mais , ayant  oublié  de 

R iv 


264  Expériences 

marquer  le  réfultat , je  voulus  répéter  l'ex- 
périence le  lendemain.  Je  mis  une  poignée 
de  menthe  poivrée  fraîche  dans  le  même 
bocal , 8c  l’ayant  rempli  d’eau , 8t  renverfé , 
j’y  fis  monter  une  mefure  de  deux  onces 
d’air  inflammable.  Je  l’expofai  au  foleil, 
depuis  une  heure  jufqu’à  quatre  8c  demie  : 
pour  lors  je  trouvai  le  volume  d’air  inflam- 
mable augmenté  d’environ  8c  tellement 
corrigé,  qu’une  mefure  de  cet  air  8c  une 
d’air  nitreux,  occupoient  i.2i  : ainfi  fa 
qualité  différait  déjà  peu  de  celle  de  l’air 
commun;  mais,  en  y approchant  une  bou- 
gie allumée , elle  s’enflammoit  avec  une 
grande  explofion. 

109.  Comme  les  feuilles  de  noyer,  em- 
ployées dans  l’expérience  106,  avoient 
très-peu  corrigé  au  foleil  l’air  inflammable 
avec  lequel  elles  avoient  été  renfermées 
la  nuit  précédente , je  foupçonnai  que  ces 
feuilles  avoient  fouffert  par  l’eau  8c  par 
l’air  inflammable  , 8c  qu’ayant  perdu  beau- 
coup de  leur  vie  ou  de  leur  vigueur  , 
elles  n’avoient  plus  le  pouvoir  de  corriger 
cet  air,  ou  de  donner  de  l’air  déphlogif- 
tiqué  qu’elles  donnent,  félon  leur  nature , 
au  foleil , 8c  dont  l’addition  aurait  fans 
doute  corrigé  l’air  inflammable.  Je  pen- 
fai  donc  qu’il  étoit  à propos  de  répéter 
cette  expérience.  Je  mis  deux  poignées 


SUR  LES  VÉGÉT.  Se  et.  XVII.  l6  5 
de  feuilles  de  noyer  dans  un  bocal  plein 
d’eau  ; j’y  fis  monter  une  certaine  quantité 
d’air  inflammable;  j’expofai  enfuite  le  bo- 
cal au  foleil , depuis  midi  jufqu  a cinq 
heures  : pour  lors  je  trouvai  1 air  tellement 
corrigé  , qu’une  mefure  avec  une  d air 
nitreux  , occupoient  1.30.  Cet  air  fit 
une  forte  explofion  à l’approche  de  la 
flamme. 

Tout  ceci  me  fervoit  de  démonflration 
que  les  plantes  possèdent  le  pouvoir  de 
corriger  réellement  l’air  le  plus  nuifible 
à la  vie  animale  , &.  abfolument  mortel 
dans  un  inflant.  Mais  il  n’étoit  pas  décidé  par 
ces  faits,  fi  les  plantes  possèdent  affez  de 
pouvoir  pour  réduire  cet  air  à la  bonté  de 
l’air  commun , fuppofé  qu’on  les  laiffe  affez 
de  temps  avec  cet  air , & expofées  au  foleil. 
Afin  de  découvrir  ce  qui  en  étoit,  je  fis 
les  expériences  fuivantes  : 

1 10.  Ayant  mis  dans  un  bocal  une  poi- 
gnée de  branches  de  perficaria  urens , & 
dans  un  autre  une  poignée  de  feuilles  de 
noyer,  je  fis  monter  dans  chacun  une  me- 
fure contenant  environ  huit  onces  d’air 
inflammable.  Je  laiffai  ces  deux  bocaux  à 
l’air  libre,  durant  quarante-huit  heures.  Je 
trouvai  l’air  du  bocal  dans  lequel  étoient  les 
feuilles  de  noyer,  tellement  corrigé,  qu’en 
le  mettant  à l’épreuve  de  l’air  nitreux,  il 


266  Expériences 

Quantité  des  paroiffoit  furpaffer  en  bonté  l’air  corn- 
tnSw!1” de* mun  , tel  qu’il  fe  trouvoit  alors;  car  une 
mefure  de  cet  air  inflammable  avec  une 
d’air  nitreux,  occupoient  1.03  ; & une  me- 
fure d’air  atmofphérique  avec  une  d’air 
nitreux  , occupoient  dans  le  même  temps 
1.05.  En  examinant  cet  ai  râla  façon  M./b/z- 
184.  tana,  le  réfultat  fut:  1.9 1;  2.167;  3.16. 

Je  remplis  de  cet  air  un  verre  cylindri- 
que , & j’y  approchai  la  flamme  d’une  bou- 
gie; il  prit  feu  avec  une  très-forte  explo- 
fion.  Ceci  me  furprit  beaucoup  , &.  me  fit 
appréhender  que  la  preuve  de  l’air  nitreux 
ne  manquât  entièrement  dans  ce  cas. 

Après  avoir  eflayé  l’air  mis  avec  les 
feuilles  de  noyer,  je  fournis  au  même  exa- 
men celui  qui  avoit  été  avec  la  perjicaria 
urens  ; en  voici  le  réfultat  : Une  mefure  de 
cet  air  avec  une  d’air  nitreux , occupoient 
0.93  ; en  y ajoutant  une  fécondé  mefure 
d’air  nitreux,  la  marque  étoit  à 1.92.  En 
l’examinant  à la  manière  de  M.  Fontana , 
l01t  le  réfultat  fut  1.90;  1.96  ; 2.9  5.II  paroiflfoit 
donc , par  ces  deux  épreuves , qu’il  furpaf- 
foit  en  bonté , de  beaucoup , l’air  commun. 

1 1 1 . Je  fournis  ce  dernier  air  à l’épreuve 
de  la  flamme;  il  fit  une  très-forte  explo- 
fion.  Étant  étonné  que  ces  deux  airs  fif- 
fent  une  tres-forte  explofion  , quoique  la 
preuve  de  l’air  nitreux  indiquât  que  leur 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sect,  XVIL  267 

bonté  furpaffoit  celle  de  l’air  commun  je  j- 
foupçonnai  l’épreuve  detre  fautive  dans  truite, 
cette  efpèce  d’air;  &.  mon  foupçon  fut 
beaucoup  augmenté,  parce  qu  eo.  répétant 
chacune  de  ces  expériences  deux  fois  , 
j’obtenois  cpnftammefit  le  même  réfultat. 

112.  La  chofe  me  parut  trop  importante 
pour  m’en  tenir  là  : je  réfolus  de  reprendre 
l’expérience.  Je  mis  quelques  plantes  de 
perjicaria  urens  dans  un  bocal  de  huit  cho- 
pines,  plein  d’eau;  j’y  fis  monter  une 
bonne  quantité  d’air  inflammable  tres-pur; 
je  le  laiflai  à l’air  librft  depuis  le  diman- 
che jufqu’au  vendredi  fuivant.  En  l’exami- 
nant , je  le  trouvai  ptefque  aufli  mauvais 
pour  la  refpiration,  que  lorfque  je  lavois 
mis  avec  Ja  plante;  car  une  mefure  de  cet  air 
avec  une  d’air  nitreux,  occupoient  1.80. 

Voici  le  réfultat  de  l’effai  de  M.  Fontana,  : 

2.58;  3.58.  Un  poulet  âgé  de  trois  Le-  42. 
maines , plongé  dans  cet  air , y mourut 
en  moins  d’une  minute. 

Le  réfultat  de  cette  expérience , étant 
entièrement  différent  de  celui  qui  eft  cité 
dans  les  expériences  108,  109  , 110  8c 
1 1 1 , me  faifoit  efpérer  que  j’avois  commis 
quelque  erreur  en  les  faifant , & que  1 é- 
preuve  de  l’air  nitreux  pourroit  être  fans 
exception.  Je  pris  donc  la  réfolution  de 
découvrir  tout  le  myftère,  en  redoublant 
d’attention. 


268  Expérience- s 

Quantité d«  1 1 3.  Je  fis  une  bonne  quantité  d’air  in- 

Ste!,rs de’  flammable  , qui  étoit  fi  fort,  que  l’air  ni- 
treux ne  le  diminuoit  en  rien.  Je  fis  monter 
deux  chopines  de  cet  air  dans  un  bocal  de 
huit  chopines  , plein  d’eau , &.  dans  lequel 
j’avois  mis  quelques  plantes  de  perficaria 
urens , avec  leurs  racines  , afin  de  les  con- 
ferver  mieux  en  vie  : je  plaçai  ce  bocal  à 
une  heure  après  midi  dans  le  jardin.  Lorf- 
qu’il  y eut  été  pendant  vingt-quatre  heures , 
j’examinai  l’air,  & le  trouvai  très-corrigé, 
approchant  déjà  beaucoup,  au  moins  en 
apparence,  de  l’état  de  l’air  commun;  car 
une  mefure  de  cet  air  & une  d’air  nitreux  , 
occupoient  1.23  : il  fit  une  forte  explo- 
fion  à la  flamme  d’une  bougie.  Après  en 
avoir  pris  la  quantité  d’air  qui  étoit  né- 
ceffaire  pour  l’examen , je  remis  le  bocal  au 
jardin  , & j’en  examinai  de  nouveau  l’air , 
le  lendemain,  à une  heure  après  midi  : 
pour  lors  je  le  trouvai,  par  l’épreuve  de 
î’air  nitreux , à peu  près  de  la  bonté  de 
l’air  commun  ; car  une  mefure  de  cet  air 
avec  une  d’air  nitreux,  occupoient  1.11  , 
& le  réfultat  de  l’effai  à la  manière  de‘M. 

168.  Fontana , donnoit  2.04;  2.33^;  3.32.  E fit 
cependant  explofion,  comme  auparavant. 

Je  replaçai  de  nouveau  le  bocal  au  jar- 
din, & j’examinai  l’air  entre  quatre  & cinq 
heures  après  midi,  le  même  jour.  Alors 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sect.  XVI /.  26 9 

l’épreuve  de  l’air  nitreux  l’indiquoit  meil- 
leur que  l’air  commun;  car  une  mefure  de 
cet  air  avec  une  d’air  nitreux , occupoient 
1.067.  Dans  ce  temps  , une  mefure  d’air 
commun  avec  une  d’air  nitreux  , occu- 
poient 1.08.  Il  étoit  cependant  encore  ex- 
plofif. 

114.  Ce  réfultatne  me  laifloit  plus  de 
doute  que  l’épreuve  de  l’air  nitreux  ne  fût 
fautive  dans  ce  cas;  car  cet  air,  avec  toutes 
les  apparences  d’une  bonne  qualité,  fit  en- 
core une  forte  explofion  à la  flamme.  Un 
jeune  poulet, que  je  plaçois  dans  cet  air, 
y devenoit  malade  fur  le  champ  , & dans 
fix  minutes  étoit  fur  le  point  d’expirer. 
Je  l’en  retirois  , defiitué  de  tout  mou- 
vement. 

11 5.  Ayant  confervé  le  refle  de  l’air 
inflammable  qui  avoit  été  durant  fix  jours 
avec  la  perjicaria  urens  , ( voyez  l’Expér. 
112)  fans  être  notablement  changé,  je 
fis  monter  cet  air  dans  un  bocal  plein  d’eau , 
après  y avoir  mis  un  pied  entier  de  mou- 
tarde. Je  mis  le  bocal  à l’air  libre.  J’exa- 
minai l’air  au  bout  de  vingt-quatre  heures. 
Je  le  trouvai  tellement  corrigé,  qu’il  pa- 
roilfoit  furpaffer  l’air  commun  ; car  une  me- 
fure de  cet  air  & une  d’air  nitreux , occu- 
poient 1 .02  ; en  y ajoutant  une  fécondé 


270  Expériences 

?euTaiïsdéS  me^ure  vitreux,  mar4^e  étoit  à 
traite.  2.oô.  L’épreuve  de  M.  Fontana  donnoit 
187-.  1.96;  2.1 3Î;  3.12;  6c  cependant  cet  air 
s’enflammoit  avec  une  forte  explofion. 
Après  avoir  pris  de  ce  bocal  la  quantité 
d’air  néceflaire  pour  cette  épreuve , je  le 
remis  au  jardin.  Le  lendemain , lorfqu’il  eut 
été  expofé  pendant  quarante-huit  heures 
à l’air  libre,  je  fournis  de  nouveau  cet  air 
à l’examen  , & , par  l’épreuve  de  l’air  ni- 
treux , je  le  trouvai  encore  amélioré  ; car 
une  mefure  avec  une  mefure  d’air  nitreux , 
occupoient  0.96 , 6c , en  y ajoutant  une  fé- 
condé mefure  d’air  nitreux  , on  avoit  1.80. 
Le  féfultat  de  la  méthode  de  M.  Fontana, 
*35-  étoit  1.97;  1.93;  2.727;  3.66. 

Cet  air  faifoit  toujours  explofion  avec  un 
grand  bruit.  Je  replaçai  de  nouveau  ce  bo- 
cal à l’air  libre  pendant  quatre  heures , dans 
le  plus  beau  foleil.  En  examinant  cet  air , il 
fe  trouva  encore  beaucoup  plus  amé- 
lioré, 6c  furpaffer  en  apparence,  prefque 
du  double  , l’air  commun;  car,  alors,  une 
mefure  de  cet  air  avec  une  d’air  nitreux  , 
occupoient  0.94  (a)«  L’effai  de  M.  Fontana 
2.60.  donnoit  1.96;  1.87^;  2.44?  3*4^*  Cet  air 

( a ) Cet  efiai  eft  incomplet,  car  une  fécondé  mefure 
d’air  nitreux  auroit  probablement  donne  1.50,  ou  envi- 
ron j mais,  quoique  j’aie  oublié  dy  ajouter  cette  fécondé 


deux  airs  d&» 
truite. 

i 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sect.  XV IL  27 1 
cependant  n’avoit  pas  perdu  fa  force  ex-  Quantité  dç* 

. * r 1 1 deux  airs  dé» 

plolive. 

En  voulant  voir  jufqu’oii  l’air  inflam- 
mable pourroit  être  corrigé  par  l’influence 
d’une  plante  , je  mis  une  mefure  de  huit 
onces  d’air  inflammable  dans  un  bocal  de 
deux  chopines , avec  une  plante  de  perji- 
caria  urens . J’ôtois  tous  les  quatre  jours 
la  plante,  &.  la  remplaçois  par  une  nou- 
velle de  la  même  efpèce.  Au  bout  de  feize 
jours,  j’en  fis  l’examen.  Cet  air  donnoit, 
par  l’épreuve  de  l’air  nitreux,  tous  les 
lignes  d’être  de  l’air  déphlogifliqué , fans 
qu’il  eût  perdu  fa  vertu  explofive.  L’eflai 
de  M .Fontana  donnoit  1.8 1;  1.56;  1 .37 ; 


2.27;  3.25.  ...  , 375- 

Une  mefure  de  cet  air,  jointe  à une 
d’air  nitreux,  occupoient  1.84;  avec  deux 
mefures, 0.98 ; avec  trois,  2.00. 


1 16.  Je  mis  dans  un  bocal  de  huit  cho- 
pines une  plante  entière  de  perficaria  urens , 
en  la  plaçant  de  façon  que  la  racine  étoit  au 
fond  , & par  conséquent  en  haut  lorfque 
le  bocal  étoit  renverfé.  Ayant  rempli  d’eau 
ce  bocal , j’y  fis  monter  une  mefure  d’en- 
viron huit  onces  d’air  inflammable  très- 


mefure,ou  peut-être  que  j’aie  oublié  d’en  faire  regiftre , 
on  pourra  cependant  juger  exactement  du  réfultat  de  l’elTai 
: nitreux,  par  la  preuve,  à la  façon  de  M.  Fontana. 


2J2  Expériences 

pur.  De  cette  manière , la  racine  fe  trou- 
vent au  milieu  de  l’air.  Je  laiflai  le  vafe 
pendant  fix  jours  à l’air  libre  dans  un  jardin. 
En  l’examinant,  je  ne  trouvai  qu’un  cin- 
quième de  l’air  que  j’y  avois  mis;  & cet  air 
n’étoit  plus  ni  inflammable , ni  explofif , & la 
flamme  d’une  bougie  s’y  foutenoit,  en  per- 
dant cependant  fon  éclat.  Cette  expérience 
indique  que  les  racines  des  plantes  aquati- 
ques possèdent  un  pouvoir  très  - notable 
d’abforber  l’air  inflammable.  Quelques  au- 
tres expériences  m’ont  aufli  confirmé  la 
même  chofe(cz).  Je  compte  revenir  fur  cette 


( a ) N’eft-ce  pas  encore  un  bienfait  de  la  SagelTe  fu- 
prême  d’avoir  donné  cette  faculté  d’abforber  l’air  inflam- 
mable aux  racines  des  plantes  aquatiques , qui  croiflent 
dans  les  eaux  bourbeufes , dont  le  fond  eft  rempli  d’air 
inflammable?  Une  partie  de  cet  air  nuifible  fe  trouve  ainft 
abforbée  par  ces  plantes  avant  de  monter  à la  furface  de 
l’eau  , où  il  rendroit  l’air  mal-lain,  en  fe  répand  mt  par  l’at> 
mofphère.  Nous  favons  par  expérience,  que  les  pays  ma- 
récageux nouvellement  deflechés  répandent  des  exhala  Ions 
feptiques  ou  putrides,  & très-nuifibles  aux  habitans  des 
environs.  Nous  en  avons  eu,  il  y a trois  ans,  un  exem- 
ple bien  terrible , lorfqu’on  eut  fini , près  de  Rotterdam , 
le  defiechement  de  cette  immenfe  étendue  de  terre  dont 
la  grandeur  efl:  environ  la  moitié  de  la  mer  de  Haer- 
lem , & qui,  depuis  des  fiècles,  étoit  couverte  de  12-16 
pieds  d’eau  : c’étoit  autrefois  une  tourbière.  Cette  terre 
étoit  à peine  découverte  6c  rendue  aux  mains  du  labou- 
reur , qu’une  immenfe  quantité  de  plantes  , pouflant 
fpontanément,  couvrit  toute  fa  lurface.  La  vig  ieur  avec 
laquelle  ces  plantes  végétèrent,  fut  furprenante.  N’eft-il 
pas  probable  , en  confidérant  ce  que  ] ai  dit  touchant  la 
faculté  des  plantes,  d’abforber  I9  mauvais  air  6c  de  répandre 

matière 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.  XVII . 273 

matière  dans  le  fécond  volume  , après  avoir 
confulté  mes  notes  avec  plus  de  foin. 

1 17.  Ayant  examiné  dans  les  expériences 
précédentes  , l’effet  des  plantes  fur  l’air 
inflammable  tiré  des  métaux  parle  moyen 
des  acides  marins  & nitreux  , il  me  refloit 
à eflayer  leur  influence  fur  l’air  inflam- 
mable des  marais.  En  remuant  le  fond 
bourbeux  d’un  foffé , je  ramaffai  une  quan- 
tité de  cet  air  dans  une  bouteille  garnie 
d’un  entonnoir.  Cet  air  inflammable  étoit 
fi  pur , qu’une  mefure , jointe  à une  d’air 
nitreux,  occupoient  1.98.  Je  fis  monter 
une  mefure  d’environ  huit  onces  de  cet 
air  dans  un  bocal  de  deux  chopines , plein 
d’eau , & contenant  un  pied  de  menthe 
poivrée,  dont  les  racines  étoient  leparées  : 
je  le  plaçai  au  foleil,  depuis  dix  heures 
du  matin  jufqu’à  quatre  heures  après  midi. 
En  examinant  cet  air,  je  le  trouvai  beau- 
coup corrigé  ; car  une  mefure  de  cet  air 
avec  une  d’air  nitreux,  occupoient  1.60. 
Il  brûloit  cependant  à l’approche  de  la 
chandelle  , comme  auparavant  ; mais  il 
ne  fit  pas  d’explofion  : il  efl  vrai  que  je 
n’avois  pas  lieu  de  m’y  attendre,  parce  que 


le  bon , que  les  effets  de  ces  exhalaifons  auroient  été 
encore  plus  funeftes  , fi  la  fage  nature  n’avoit  pas  doué 
ces  terres  d’une  fertilité  extraordinaire? 

S 


I 


374  Expériences 

l’air  inflammable  des  marais  possède  très- 
peu  de  pouvoir  exploiiJ;,  étant  mêlé  avec 
de  l’air  refpirable. 

ii  8.  Je  mis  dans  le  même  temps  au 
foleil  un  bocal  de  la  même  dimenfion,  con- 
tenant un  pied  entier  de  perjicaria  urens . 
Après  l’avoir  laille  de  même  au  foleil 
pendant  flx  heures  , je  trouvai  l’air  plus 
corrigé  que  celui  qui  avoit  été  avec  la 
menthe;  car  une  mefure  avec  une  d’air 
nitreux,  occupoient  1.48.  Il  paroifloit  n’a- 
voir rien  perdu  de  fon  inflammabilité. 

Il  me  femble  que  de  ces  expériences,  on 
peut  conclure  que  toutes  les  plantes  ont  une 
faculté  de  corriger  l’air  mêmele  plus  nuifible 
aux  animaux,  l’air  inflammable;mais  quelles 
ne  font  pas  en  état  de  le  faire  très-promp- 
tement ; qu’il  leur  faut  plufieurs  jours , 
ou  peut-être  plufieurs  femaines , pour  ren- 
dre cet  air  refpirable;  qu’une  plante  con- 
finée dans  un  efpace  fi  étroit , &c  couverte 
entièrement  d’eau , ( excepté  la  partie  en 
contaél  avec  l’air  inflammable)  comme  elles 
ont  été  dans  les  expériences  détaillées  , 
ne  vit  pas  allez  de  temps  pour  achever  ce 
changement.  Il  paroît  aufli  par  l’expérience 
1 12,  que  cet  air,  après  avoir  été  corrige 
jufqu’à  un  certain  degre  par  une  plante , 
reprend  de  nouveau  fa  qualité  nuifible  & 
mortelle , fi  on  le  laiffe  avec  la  plante 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.  XV IL  275 
jufqu’à  ce  que  l’opération  vitale  ceffe , lors- 
que la  plante  ceffe  de  vivre.  En  confidé- 
rant  tout  ceci  avec  attention,  on  com- 
prendra la  raifon  de  la  différence  de  fuc- 
cès  dans  les  expériences  110,  111,  112, 
113,115. 

Il  me  paroît  auffi  probable  , que  les 
plantes  possèdent  la  faculté  de  changer 
l’air  inflammable  , au  moins  celui  des  mé- 
taux, en  un  air  dont  la  nature  ne  peut  être 
connue  par  l’air  nitreux  , & qui  a la  faculté 
de  faire  une  explofion  très-forte  fans  addi- 
tion d’un  air  refpirable.  Cet  air  me  paroît 
être  fulminant  de  fa  nature  acquife  par 
une  opération  vitale  de  la  plante.  J’ai  dé- 
taillé , dans  une  note  ajoutée  à la  Seêfion 
XXVI  de  la  première  Partie  , mon  opinion 
fur  la  nature  de  ce  changement. 

Je  ne  puis  douter  que  la  propriété  d’être 
diminué  par  l’air  nitreux,  ou  la  propriété 
de  décompofer  l’air  nitreux , ne  foit  donnée 
à l’air  inflammable  par  l’air  déphlogiftiqué 
que  les  plantes  rendent  pendant  le  jour 
au  foleil.  M.  F antana , à qui  j’ai  commu- 
niqué ce  fait,  étoit  auffi  de  cette  opinion; 
mais  je  fuis  très-porté  à croire  que  la  qua- 
lité fulminante  ou  explofive  qu’une  plante 
donne  à l’air  inflammable  au  milieu  de  la 
nuit , en  peu  d’heures , ou  dans  un  lieu 
fort  obfcur  pendant  le  jour , efl  due  à une 

Sij 


276  Expériences 
opération  vitale  de  la  plante,  à une  faculté 
particulière  quelle  possède,  même  dans 
un  temps  6c  un  lieu  où  elle  ne  rend  pas 
•du  tout  d’air  ni  déphlogifliqué , ni  même 
de  l’air  qui  puifle  foutenir  la  flamme  ou 
la  vie  d’un  animal;  6c  cette  quantité  d’air 
phlogifliqué  quelle  répand  dans  l’obfcu- 
rité,  eft  extrêmement  petite.  Je  foupçonne 
que  ce  pouvoir  dépend  de  l’avidité  avec 
laquelle  les  plantes  qui  font  en  pleine  vi- 
gueur, abforbent  le  phlogifliqué  de  l’air , 
lorfqu’il  en  eftfurchargé;  car  l’air  inflam- 
mable tout  pur  peut  bien  brûler , ( 6c  cela 
feulement  quand  il  efl  en  contaft  avec  l’air 
commun  ) ; mais , s’il  n’efl  pas  délayé  avec 
de  l’air  refpirable , il  ne  fait  point  explo- 
flon.  Une  partie  du  principe  inflammable 
étant  abforbée  par  les  plantes,  le  refte  efl 
peut-être  aflez  délayé  pour  faire  une  ex- 
plosion , fans  avoir  befoin  de  l’addition  de 
quelque  autre  air.  Quoi  qu’il  en  foit,  je 
foumets  volontiers  mon  opinion  au  juge- 
ment du  leâeur  à cet  égard.  Pour  com- 
prendre l’influence  des  plantes  fur  un  air 
quelconque,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue 
que  les  végétaux , en  plein  jour , entre- 
tiennent la  falubrité  de  1 air  commun , en 
répandant  de  l’air  epure  dans  1 atmofphere , 
& en  abforbant  les  particules  feptiques  6c 
phlogiftiques,  comme  leur  nourriture,  6c 


SUR  LES  VÉGÉT.  Sect.  XVI II.  277 
peut-être  auffi  par  quelque  autre  operation 
encore  inconnue. 

Mais , de  tous  les  airs  nuifibles  aux  ani- 
maux , il  n’y  en  a pas  qui  me  femble  etre 
plutôt  rétabli  à la  qualité  d air  falubre  , 
que  l’air  gâté  par  la  refpiration.  Une  plante 
corrige  parfaitement  cet  air  en  peu  d’heures. 
C’eft  une  faculté  qui  nous  touche  de  près, 
un  fervice  important  que  les  végétaux  nous 
rendent , un  bienfait  manifefie  de  la  Pro- 
vidence. 


SECTION  XVIII. 

Expériences  qui  tendent  à découvrir  quelle 
efpèce  de  Plantes  ou  d’ Arbres , infecte  le 
moins  l’air  commun  pendant  la  nuit. 

Exp.  11 9.  Je  mis  dans  quatre  bocaux  de 
huit  chopines  , une  égale  quantité  de 
feuilles  attachée?  à leurs  tiges,  mais  de 
quatre  différens  arbres.  Dans  l’un,  je  mis 
des  feuilles  de  tilleul;  dans  le  fécond,  des 
feuilles  de  chêne;  dans  le  troifième,  des 
feuilles  de  laurier  - cerife  ; dans  le  qua- 
trième , des  feuilles  de  noyer  : je  plaçai 
ces  quatre  bocaux  renverfés  fur  des  affiettes 
dans  la  maifon  , pendant  la  nuit,  en  met- 
tant un  peu  d’eau  fur  les  affiettes,  afin 


278  Expériences 

de  tenir  les  extrémités  des  tiges  mouillées, 
& de  couper  toute  communication  avec 
l’air  libre  : je  trouvai,  le  lendemain  matin , 
l’air  de  tous  les  bocaux  vicié.  L’air  du 
bocal  dans  lequel  étoient  les  feuilles  de 
noyer , étoit  devenu  fl  mauvais  , qu’il 
éteignoit  la  flamme  d’une  bougie  , & par 
conféquent,  qu’il  étoit  devenu  incapable 
d’entretenir  la  vie  d’un  animal  ; celui  du 
laurier-cerife  étoit  moins  vicié;  celui  du 
tilleul  l’étoit  encore  moins;  & celui  qui 
avoit  été  enfermé  avec  les  feuilles  de 
chêne , étoit  le  moins  mauvais  de  tous , 
&n’étoit  pas  devenu  incapable  d’entretenir 
la  flamme  , ni  la  vie  d’un  animal.  Voici 
l’évaluation  comparative  de  ces  airs. 

Une  mefure  de  l’air  avec  lequel  étoient' 
enfermées  les  tiges  de  noyer , occupoit , 
avec  une  mefure  d’air  nitreux,  1.53;  l’air 
du  laurier-cerife  occupoit  1.26;  celui  du 
tilleul,  1 . 1 6 ; & celui  du  chêne,  1.10. 

120.  J’ai  obfervé  que  les  feuilles  de 
vignes  font  moins  fujettes  à vicier  l’air , 
que  la  plupart  des  autres  feuilles  d’arbres. 
Parmi  les  plantes  qu’on  emploie  dans  la 
cuiflne , les  choux  font  les  plus  innocens 
de  toutes  celles  que  j’ai  foumifes  a cet 
examen. 

J’avoue  que  ce  peu  d’experiences  ne  fuf- 
fit  en  aucune  manière  pour  en  tirer  des 


« 


SUR  LES  VÉGÉT.  Secl.  XIX.  279 
conféquences  pratiques  ; mais  elles  peu- 
vent fervir  aux  autres  phyficiens,  en  leur 
montrant  le  chemin  à de  nouvelles  decou- 
vertes fur  ce  fu jet. 


SECTION  XIX. 

Expériences  qui  démontrent  que  les  feuilles  qui 
font  parvenues  cl  leur  accroiffe ment  parfait , 
répandent  de  l air dephlogifique , & en  plus 
grande  abondance , & d une  qualité  meil- 
leure que  les  jeunes  feuilles  , qui  ne  font 
pas  encore  à leur  perfection. 

Exp.  121.  J E mis  dans  un  bocal  de  huit 
chopines  l’extrémité  d’une  branche  de  vi- 
gne , qui  contenoit  des  feuilles  de  toute 
grandeur,  depuis  les  plus  jeunes  jufqu  aux 
plus  parfaites,  d’un  vert  fonce  : le  vafe 
fut  rempli  d’eau , difpofe  a 1 ordinaire , & 
expofé  au  foleil  je  reftai  auprès  du  bocal 
pour  examiner  ce  qui  s y paffoit.  J obiervaî 
que  les  feuilles  développées  fe  couvroient 
les  premières  de  bulles  dair;  quelles  pa- 
roiffoient  enfuite  fur  celles  qui  etoient  les 
plus  avancées  en  âge  apres  celles-ci;  &c 
qu’ainli , par  une  gradation  régulière , elles 
paroilfoient  plus  tard  fur  les  plus  jeunes 
feuilles,  & fur  celles  qui  nétoient  pas  en- 

S iv 


280  Expériences 

?euxn!ires  dé-  core5developpées.  I'es  mêmes  gradations 
mute*  que  j’obfervois  dans  l’apparition  des  bulles , 
avoient  auffi  lieu  dans  leur  grandeur,  celles 
des  vieilles  feuilles  étant  toujours  &.  plus 
nombreufes  , & plus  grandes. 

122.  Je  mis  dans  un  bocal  de  huit  cho- 
pin^s , rempli  d’eau,  quelques  feuilles  de 
vigne  entièrement  développées  : je  l’ex- 
polai  au  foleil,  depuis  neuf  heures  du  matin 
jufqu’àdeux  heures  après  midi;  il  en  fortit 
une  grande  quantité  d’air  déphlogiftiqué , 
dont  voici  la  qualité  : 1.95  5.1.85  ; 1.72; 
1.60;  1.61  ; 2.53. 

123.  Je  mis  en  même  temps,  dans  un 
bocal  de  la  même  grandeur,  une  quantité 
égale  de  feuilles  de  la  même  vigne,  qui 
n’étoient  pas  parvenues  à leur  grandeur 
naturelle  , & dont  la  couleur  n etoit  pas 
encore  d’un  vert  foncé.  Ces  feuilles  ayant 
été  au  foleil  à côté  des  autres  , pen- 
dant le  même  efpace  de  temps  , avoient 
auffi  donné  une  grande  quantité  d’air  dé- 
phlogifliqué  , mais  moins  que  les  vieilles 
feuilles , & il  étoit  d’une  qualité  inférieure. 
En  voici  la  bonté  exaâe  : 1.97  ; 1.873-; 

470.  1.78  ; 1.86;  2.33;  3.30. 


547* 


SUR  LES  VÉGÉT.  Se&.  XX.  281 


SECTION  XX. 

Expériences  qui  femblent  indiquer  que  le 
foleil  feul , & fans  l’ afp. fiance  des  plantes  , 
n efl pas  en  état  d?  améliorer  l’air , & même 
quil  le  gâte . 

Exp.  124.  Je  remplis  un  bocal  d’eau  fraî- 
chement tirée  de  la  pompe;  j’en  mis  la 
moitié  dans  un  autre  bocal  vide  : je  les 
renverfai  tous  deux  fur  un  affiette.  Je  pla- 
çai 1 un  de  ces  bocaux  fur  un  mur  , au 
foleil , pendant  quatre  heures  ; & l’autre 
dans  la  maifon  , à deux  pas  de  la  porte  du 
jardin , du  cote  où  le  foleil  ne  donn®it  pas. 

J’examinai  l’air  des  deux  bocaux,  par 
l’épreuve  de  l’air  nitreux  ; & je  trouvai  5 
par  fix  effais  faits  l’un  après  l’autre,  que 
l’air  du  bocal  qui  avoit  été  à l’ombre , étoit 
meilleur  que  celui, qui  avoit  été  expofé  au 
foleil  ; une  mefure  du  premier  bocal  don- 
nant , avec  une  mefure  d’air  nitreux,  1 .0 6~,  & 
une  du  bocal  mis  au  foleil,  donnant  i.o8r. 

Je  fis  cette  expérience  le  dernier  jour 
' de  mon  féjour  en  campagne  , & je  n’ai 
pas  eu  le  temps  de  la  répéter , cet  ouvrage 
étant  déjà  prefque  imprimé , & mon  temps 
de  refier  en  Angleterre  étant  expiré. 


282  Expériences 

11  eff  affez  connu  que  la  chaleur  à un 
certain  degré , avance  la  corruption  des 
corps  , meme  au  milieu  du  foleil.  Les 

Î Jantes  elles -mêmes,  fans  l’affiffance  de 
a lumière  du  foleil , donnent  de  l’air  mor- 
tel, quoique  échauffées  par  la  chaleur  de 
cet  affré”;  car , dans  les  jours  les  plus  chauds , 
elles  évaporent  un  air  très-pernicieux  , & 
corrompent  l’air  commun  lorfqu’elles  font 
placées  à l’ombre , même  à l’ombre  des 
autres  plantes , en  plein  jour,  comme  il 
eff  démontré  dans  les  expériences  46, 47, 
48  & 49.  J’ai  auffi  démontré  dans  la  Sec- 
tion XXVII  de  la  première  Partie  , que 
les  plantes  rendent  un  air  très-pernicieux , 
lorfqu’elles  font  échauffées  par  la  chaleur 
du  feu.  De  ceci,  il  paroît  affez  clair  que 
ce  n’eff  pas  la  chaleur  du  foleil  qui  eff 
caufe  que  les  plantes  répandent  un  air 
épuré  autour  d’elles , mais  principalement, 
& peut  - être  uniquement  fa  lumière.  Je 
penfe  donc  que  ce  qui  arrivoit  à l’air  en- 
fermé avec  l’eau  , & mis  au  foleil  , étoit 
dû  à un  degré  de  corruption  qu’avoit  fubi 
cette  eau  par  la  chaleur  considérable  du 
foleil  , à laquelle  l’air  tenu  dans  la  maifon 
n’avoit  pas  été  fujet.  Ceci  fait  voir  plus  clai- 
rement pourquoi  tout  pays  chaud  eff  mal- 
fain,  s’il  eff  bas,  humide,  & qu’il  manque 
de  culture  & de  végétation;  St  pourquoi  les 


SUR  LES  VÉGÉT.  Seci.  XX.  283 
pays  fecs , fablonneux , pierreux , peuvent 
être  très-fains  fans  arbres  & fans  culture  , 
parce  que  l’humidité  eft  néceflaire  a la  putre- 
fadion.  Si  de  tels  endroits  fontvoifins  de  la 
mer , l’air  peut  y être  fuperieurement  bon. 
Toute  la  pointe  de  l’Europe  qui  conftitue 
le  terrain  appartenant  à l’Angleterre,  dans 
lequel  Gibraltar  eft  fitué  , & qui  n’a  qu  une 
étendue  de  peu  de  milles , étant  prefque 
tout  rochers , n’a  guère  _ de  végétaux  , & 
cependant  eft  un  endroit  des  plus  falu* 
bres , malgré  les  chaleurs  exceffives  du  cli- 
mat , parce  qu’il  n’y  a pas  ces  fources 
innombrables  de  corruption  , qui  exiftent 
dans  les  pays  humides.  Cette  petite  langue 
de  terrain,  ces  rochers  arides,  fontféparés 
des  lignes  des  Efpagnols  par  une  plaine 
de  fable  incultivable.  Ainfi  dans  cet  en- 
droit , l’air  doit  être  fort  fain  , tant  par  l’ab- 
fence  des  fources  locales  de  corruption  , 
que  par  l’éloignement  des  terrains  humi- 
des, & par  le  voihnage  de  la  mer  dont  il  eft 
entouré , fur  laquelle  l’air  eft , en  général , 
très-pur. 

Depuis  que  l’édition  angloife  a été  im- 
primée , j’ai  fait  des  obfervations  fur  l’air 
de  la  mer , que  j’ai  trouvé  d’une  qualité 
fupérieure  à celui  de  la  terre  : j’ai  commu- 
niqué ces  expériences  à la  Société  royale 
des  Sciences  de  Londres.  N’eft-il  pas  pro- 


284  Expériences 

bable  que  la  grande  pureté  de  l’air  qui 
couvre  la  furface  de  la  mer , dépend  prin- 
cipalement de  ce  que  ce  volume  immenfe 
des  eaux  de  la  mer,  abforbant  les  parti- 
ticules  nuifibles  8t  phlogiftiques  de  l’air  , 
ainfi  que  la  portion  d’air  fixe  que  quelques 
phyficiens  célèbres  admettent  comme  un 
des  ingrédiens  qui  conftituent  la  mafie  de 
notre  atmofphère  ; & que  les  eaux  de  la 
mer  ne  font  pas  fi  fujettes  à la  corruption 
que  celles  des  marais,  tant  parce  que  cette 
mafie  ne  peut  pas  s’échauffer' autant,  que 
parce  que  le  fel  dont  elle  efl:  imprégnée 
arrête  fa  tendance  vers  la  corruption  , fur- 
tout  dans  les  climats  fort  chauds,  où  l’eau 
de  la  mer  efi:  beaucoup  plus  imprégnée  de 
fel  que  dans  les  climats  froids  (a). 

Cet  article  démontre  de  plus  en  plus 
la  grande  importance  de  la  culture  des 
terres , pour  rendre  l’air  falubre , 8c  la  nécef- 
fité  de  prévenir,  par  tous  les  moyens  pofii- 
bles , que  l’air  ne  contra&e  une  qualité  nuifi- 
ble  aux  animaux.  La  culture  de  la  terre  ne 
fauroit  être  fulfifante  pour  cet  effet,  s’il 


(a)  Dans  la  mer  Baltique,  une  livre  d’eau  contient 
environ  deux  drachmes  de  fel  ; celle  qui  fe  trouve  dans 
la  mer  entre  la  Grande-Bretagne  & les  Provinces-Unies, 
en  contient  environ  une  demi-once;  celle  de  la  mer 
d’Efpagne,  une  once  ; celle  des  mers  entre  les  tropiques, 
une  once  & demie  à deux  onces. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Sect.  XX.  285 
fe  trouve  des  marais  dans  le  voilinage.  Il 
eft  néceffaire , dans  de  tels  pays,  de  pré- 
venir les  débordemens  des  rivières  par  des 
digues,  de  creufer  des  canaux  pour  faire 
écouler  les  eaux  de  la  terre,  avant  que  les 
chaleurs  foient  affez  confidérables  pour 
..  accélérer  la  putréfadion  ; enfin  , il  faut 
féconder  la  nature  par  des  moulins , machi- 
nes à feu  ou  autres , lorfque  le  terrain  fe 
trouve  trop  bas  pour  que  l’eau  croupiffante 
s’écoule  d’elle-même  par  des  canaux. 


/ 


t 


S 


286  Expériences 


SECTION  XXI. 

Expériences  qui  tendent  à découvrir  quelle 
ejl  la  méthode  la  plus  exacte  & la  plus 
expéditive  de  juger  du  degré  précis  de 
la  falubrité  de  l’air  commun  d’un  pays 
quelconque . 

J’ai  parlé  allez  amplement,  dans  l’Introduc- 
tion de  la  fécondé  Partie  de  cet  ouvrage , de 
l’exaélitude  avec  laquelle  on  peut  juger 
du  degré  de  falubrité  de  l’air  commun , 
ainli  que  des  autres  airs , en  employant 
Y éudiomètre  du  célèbre  abbé  Fontana.  Je 
ne  m’étois  pas  propofé  de  parler  expref- 
fément,  dans  cet  ouvrage , de  la  façon  de 
faire  l’effai  de  l’air  commun,  d’autant  plus 
que  ce  n’étoit  pas  l’objet  principal  de  mes 
recherches.  En  acquérant  journellement 
plus  d’adrelfe  dans  le  maniement  de  Y eu» 
diomètre , 8c  en  effayant  tous  les  jours  l’état 
de  l’atmofphère , je  ne  pouvois  manquer 
d’obferver  de  plus  en  plus  l’utilité  de  cet 
examen,  8c  la  grande  Supériorité  du  pro- 
cédé de  M.  Fontana  pour  éprouver  les 
airs,  furies  procédés  des  autres  phyficiens. 
Comme  il  me  manquoit  , au  commen- 
cement , le  tube  de  cuivre  ( représenté 


SUIl  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XXL  287 
figure  /.  AAAA.  ) clans  lequel  on  fuf- 
pend  la  grande  mefure  ou  tube  de  verre  , 
je  me  trouvois  néceflité  de  me  fervir  d un 
affez  long  bocal  de  verre  plein  d eau,  dans 
lequel  je  plongeois  le  tube  de  verre,  juf- 
qu’à  ce  que  la  partie  fupérieure  de  la  co- 
lonne d’eau  fût  de  niveau  avec  l’eau  du 
bocal , en  tenant  la  grande  mefure  à la 
main,  par  le  moyen  d’un  linge  plié  en 
plufieurs  doubles , & mouillé , afin  d’em- 
pêcher que  la  chaleur  de  la  main  ne  fe 
communiquât  à ce  tube  , 8c  ne  dilatât  la 
colonne  d’air  : j’eus  , enfin , le  tube  de 
cuivre  indiqué  ci-deffus  ; ce  qui  m’épargna 
beaucoup  d’embarras.  Je  le  crois  une  très- 
utile  addition  à cet  appareil  ; on  le  doit 
auffi  à M.  Fontana . 

Quoique,  en  général,  j’aie  fuivi  la  ma- 
nière de  M.  Fontana  d’examiner  les  airs 
des  plantes,  8c  même  l’air  commun,  parce 
que  je  la  croyois , comme  je  la  crois  en- 
core , la  plus  exaâe;  je  commençai  ce- 
pendant, de  temps  en  temps,  à abréger 
cette  méthode,  à examiner  l’état  de  l’air 
commun  en  n’en  mettant  qu’une  feule 
mefure  avec  une  d’air  nitreux,  non  parce 
que  je  penfois  que  cela  valût  mieux,  mais 
uniquement  parce  que  je  gagnois  du  temps, 
que  je  pouvois  employer  à mes  recherches 
principales. 


288  Expériences 

Enfuite,  obfervant  que  par  cette  méthode 
abrégée  je  trouvois,  avec  plus  de  précifion 
que  je  n’avois  prévu,  toutes  les  variations 
dans  le  degré  de  falubrité  de  l’atmofphère, 
je  m’en  fuis  contenté  affez  communément. 
Cette  méthode  eft  un  milieu  entre  celle 
de  deux  phyficiens  qui  fe  font  distingués 
le  plus  dans  cette  branche  de  phyfique , 
le  dofteur  Priejlley  8t  l’abbé  Fontana . 
Voici  comme  je  m’y  prends  : Je  fais  monter 
dans  la  petite  mefure,  affez  d’air  commun 
pour  la  remplir  ; je  l’enfonce  fous  l’eau 
pendant  quinze  fécondés  , ( pour  lui  don- 
ner la  température  de  l’eau  ) en  la  tenant 
par  la  couliffe , pour  ne  pas  échauffer  la 
mefure  par  ma  main  ; après  quoi  je  la  lève 
jufqu’à  ce  que  la  couliffe  foit  de  niveau 
avec  l’eau  du  baquet  , St  dans  ce  mo- 
ment je  ferme  la  couliffe  en  la  pouffant. 
L’air  ainfi  enfermé  dans  la  mefure  , eft 
féparé  de  cette  quantité  d’air  qui  étoit  au 
deffous  de  la  couliffe,  8c  par  conféquent 
fuperflu.  Ceci  étant  fait,  je  renverfe  la 
mefure  fous  l’eau,  pour  chaffer  l’air  fu- 
perflu qui  étoit  reffé  fous  la  couliffe  ; 
enfuite  je  fais  monter  cette  mefure  d’ajr 
dans  le  grand  tube;  je  remplis  la  mefure 
de  la  même  manière,  d’air  nitreux  nouvel- 
lement fait  avec  l’acide  nitreux  & du  cui- 
vre , de  la  manière  détaillée  dans  l’Intro- 

duéfion* 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Seci.  XXL  289 
du&ion.  Auffitôt  que  cette  mefure  d’air 
nitreux  a paffé  l’entonnoir  & eft  montée 
dans  le  tube , je  plonge  le  tube  dans  l’eau, 
& je  commence  à le  fecouer  dans  l’in  fiant 
que  les  deux  airs  fe  touchent,  ou  même 
avant,,  s’il  eft  poffible  : je  continue  à fe- 
couer le  tube  pendant  trente  fécondés; 
après  quoi  je  gliiTe  le  tube  de  verre  dans 
celui  de  cuivre  qui  eft  plein  d’eau , en  pre- 
nant garde  que  l’air  commun  n’entre  dans 
le  tube  de  verre.  La  grande  mefure  étant 
ainfi  placée  dans  le  tube  de  cuivre,  comme 
on  le  voit  dans  la  figure  1 , je  les  laifTe  au 
milieu  du  baquet , dans  une  fîtuation  ver- 
ticale, pendant  une  minute,  & je  verfe 
de  l’eau  deflus , afin  d’amener  le  tube  de 
verre  exaéfement  à la  température  de  l’eau 
du  baquet.  Il  eft  nécefiaire  de  lui  ôter  ainfi 
le  degré  de  chaleur  que  la  main  lui  a com- 
muniqué dans  le  temps  qu’on  le  fecoue  , 
& qui  peut  avoir  raréfié  & étendu  la 
colonne  d’air  , dcrnt  il  s’agit  de  connoî- 
tre  exaftement  la  longeur.  Ceci  étant 
fait,  je  hauffe  ou  baille  le  tube  de  verre 
dans  l’échelle , jufqu’à  ce  que  la  partie  in- 
férieure de  la  courbure  que  forme  l’extré- 
mité de  la  colonne  d’eau , coïncide  avec 
le  zéro  de  l’échelle.  Le  tout  étant  ainfi  ar- 
rangé , j’obferve  à quel  nombre  de  l’é- 
chelle répond  la  diviflon  du  tube  qui  fe 

T 


290  Expériences 
trouve  au  deffus  de  la  colonne  d’eau.  S il 
arrive  que  la  colonne  d’air  formée  par  les 
deux  mefures  employées , occupe  moins 
d’efpace  que  l’étendue  d’une  feule  me- 
fure , (ce  qui  a lieu  lorfque  l’air  commun 
eft  d’une  pureté  extraordinaire , par  exem- 
ple, dans  le  temps  de  la  gelée  ) il  eft  né- 
cefiaire  de  joindre  la  marque  de  la  divifion 
du  tube  de  verre  avec  le  zéro  de  l’échelle  , 
& de  compter  les  fubdivifions  qui  fe  trou- 
vent entre  cette  marque  & la  colonne  d’air, 
ou  la  partie  inférieure  de'  cette  cour- 
bure que  forme  l’extremite  de  la  colonne 
d’eau.  Il  faut  fe  fouvenir  que  l’ufage  du 
tube  de  cuivre  eft  principalement  pour  y 
fulpendre  le  tube  de  verre , & pour  mettre 
la  colonne  d’eau  dans  ce  tube  de  verre 
de  niveau  avec  l’eau  du  dehors  : la  raifon 
de  ceci  eft  trop  palpable  , pour  en  occuper 
le  leâeur. 

Le  nombre  des  fubdivifions  qui  relient 
des  deux  cents  fubdivifions  ou  des  deux 
mefures  entières  d’air  employées,  indique 
le  degré  de  bonté  de  1 air  atmofphenque , 
ou  de  quelque  autre  air  dont  on  a voulu 
connoître  la  bonté,  & qui  approche  de  la 
bonté  de  l’air  atmofpherique , ou  qui  eft 
d’une  qualité  inférieure  a celle  de  1 air 
commun.  Mais  cette  méthode  ftmple  & 
expéditive  ne  fuftit  pas  pour  découvrir  la 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl . XXL  291 
bonté  exafte  de  l’air  déphlogiffiqué , parce 
que  cet  air  ne  peut  être  faturé  par  une 
égale  quantité  d’air  nitreux  : il  lui  en  faut 
plufieurs  mefures  avant  d’être  entièrement 
faturé.  / 

j’ai  fait  communément  tout  l’examen 
de  l’air  commun,  dans  l’efpa|ce  d’une  ou 
de  deux  minutes;  & la  conformité  de  dif- 
férentes expériences  étoit  fi  grande,  que 
dans  dix  épreuves  faites  l’une  après  l’autre 
avec  le  même  air , fouvent  le  réfultat  ne 
donnoit  pas  la  différence  d’un  centième  des 
deux  mefures  d’air  employées. 

J’ai  trouvé  en  général  que  le  degré  de  fa- 
lubrité  de  l’air , varioit  entre  1.03  & 1.09, 
c’eff-à-dire , que  de  d£ux  mefures  d’air , 
l’une  d’air  commun  & l’autre  d’air  nitreux , 
il  reffoit  en  général  une  mefure  entière , 8c 
3-9  centièmes  d’une  autre  mefure  (a).  La 
louppe  appliquée  au  haut  du  tube  de  cui- 
vre D , contribue  à l’exaélitude  de  l’ob- 
fervation. 

Si  on  emploie  un  tube  de  verre  plus  long , 
& qu’on  faffe  les  grandes  divifions  en  pro- 


( a ) Il  faut  fe  rappeler  que  ces  expériences  ont  été 
faites  près  de  Londres,  en  été.  Lorfque  je  les  ai  répétées  fur 
la  mer,  & dans  le  temps  de  gelée  fur  terre,  le  réfultat 
a été  différent.  Une  mefure  d'air  commun  avec  une  d’air 
nitreux  , n’occupoient  fouvent  que  0.94 , ou  quatre- 
vingts  &.  quatorze  centièmes  d’une  feule  mefure. 


2Ç2  Expériences 

portion , par  exemple , de  4 ou  de  5 pouces 
au  lieu  de  trois  , le  réfultat  pourra  être 
encore  plus  exaét.  Mais  il  eft  à propos  que 
les  deux  mefures  d’air  ne  remplirent  pas 
plus  de  la  moitié  du  tube  , de  crainte 
qu’en  fecouant  fortement  le  tube  dans  l’eau, 
l’air  commun  n’y  entre , 8c  ne  gâte  toute 
l’expérience. 

Dans  les  ouvrages  du  doéteur  Prieflley , 
on  voit  qu’une  mefure  d’air  commun  8c 
une  d’air  nitreux , occupoient  quelquefois 
1.20,  8t  fouvent  beaucoup  plus  : cela  dé- 
pendoit  de  deux  caufes , fàvoir , de  ce 
qu’il  ne  fecouoit  pas  le  vafe  dans  lequel 
le  mélange  fe  faifoit,  & de  ce  qu’il  met- 
toit  les  deux  airs  dans  un  vafe , avant  de 
les  mettre  dans  le  tube  gradué.  Voici  fa 
méthode  : Il  met  dans  un  bocal  allez  large , 
une  mefure  d’air  commun  ; il  y joint  une 
mefure  d’air  nitreux  : il  lailfe  ces  deux 
airs  s’incorporer  tranquillement  pendant 
un  certain  temps  : après  quoi , il  fait  mon- 
ter le  mélange  de  ces  deux  airs  dans  le  grand 
tube  divifé  8c  fubdivifé  pour  faire  ces  edais. 
Cette  méthode  eft  fort  (impie;  mais  M. 
Prieflley  lui-même , convient  qu’elle  eft 
fujette  à des  variations  & incertitudes,  qui 
dépendent  de  la  méthode  même , plutôt 
que  de  la  variation  de  l’air  commun. 

Je  me  fuis  donné  de  la  peine  pour  dé- 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  Secl.  XXL  293 
couvrir  la  raifon  de  ces  variations  dans  le 
réfultat  ; mais  M.  l’abbe  F ontana  ayant 
fait  cette  forte  de  recherche  long  - temps 
avant  moi , je  dois  renvoyer  le  leéieur  aux 
détails  & aux  raifons  qu’il  fe  propofe  d en 
donner  lui-même  au  public.  Je  me  conten- 
terai donc  d’ajouter  une  expérience  que 
j’ai  imaginée , & qui  pourroit , a ce  que 
je  penfe  , répandre  quelque  lumière  fur 
ce  fujet  important. 

J’ai  rempli  d’air  commun  un  bocal  qui 
en  contenoit  affez  pour  toutes  les  expé- 
riences fui  vantes.  Je  commençai  par  exa- 
miner l’exaél  degré  dé  bonté  de  cet  air , 
en  meifervant  de  la  méthode  fimple  & 
expéditive  qui  m’étoit  déjà  devenue  fa- 
milière. Je  trouvai,  par  lix  eflais  faits  l’un 
après  l’autre,  qu’une  mefure  de  cet  air  & 
une  d’air  nitreux,  occupoient  1.06-^,  011 
une  mefure  entière  & 67  centièmes  de 
mefure.  M’étant  affuré  du  degré  exaél  de 
bonté  de  cet  air , j’en  mis  une  mefure 
dans  cinq  verres  cylindriques  de  diffé- 
rente capacité;  j’ajoutai  dans  chacun  une 
melure  d’air  nitreux.  Après  les  avoir 
laiffé  repofer  pendant  une  heure,  j’exa- 
minai la  maffe  rëffante  des  deux  mefures , 
en  tranfvafant  l’air, de  chaque  verre  dans 
le  tube  de  verre  gradué;  je  trouvai  que  la 
colonne  d’air  éjoit  d’autant  plus  courte, 

rn  * * * 

. Ji  nj 


294  Expériences 

que  le  vafe  dans  lequel  le  mélange  des 
deux  airs  avoit  repofé , étoit  d’un  diamètre 
plus  grand.  Je  voulus  efiayer  de  réduire 
enfuite  à un  moindre  volume  chacun  de 
ces  mélanges,  en  fecouant  le  tube  dans 
l’eau;  mais  j’eus  peine  à en  réduire  unfeul 
à un  volume  fenfiblement  plus  petit. 

Afin  de  donner  une  idée  précife  de  la 
différence  que  je  trouvois  dans  le  réfultat 
de  ces  5 efifais,  je  joindrai  icileur  détail  exaft. 

La  mafie  reliante  du  Ce  même  mé- 
mélange  de  deux  airs  mis  lange  , après 
dans  le  vafe  du  diamètre  le  avoir  été  fecoué 
plus  grand,  étant  monté  pendant  une  mi- 
dans  le  tube  gradué , y oc-  nute  dans  l’eau , 
cupoit  . . . 1.1O7. 

Le  mélange  qui  avoit 
repofé  dans  le  vafe  du 
diamètre  le  plus  appro- 
chant du  premier,  occu- 
poit  ....  1.237 

Celui  du  vafe  dont  le 
diamètre  approchoit  le 
plus  au* fécond  , occu- 
poit  ....  1.28J  1.28. 

Celui  qui  avoit  été 
dans  le  vafe  du  diamètre 
fuivant,  occupoit  145  . . . I*35* 

Celui  qui  avoit  été 
dans  le  vafe  du  plus  petit 
diamètre,  . . . 1.44  . . . 1 *43* 


occupoit  I.IO7. 


ï.22. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX.  295 
POST  - SCRIPTUM. 

J’aurois  voulu  joindre  a cette  première 
Partie  l’article  dont  j ai  fait  mention  dans  , 
les  notes  ajoutées  au  bas  des  pages  1 3 & 

5 y ; mais  le  temps  ne  me  le  permettant  pas , 
le  lefteur  voudra  bien  fe  contenter  de 
ce  qu’il  trouvera  fur  cette  matière  dans 
Pap perçu  de  quelques  chapitres  qui,  corn- 
poferont  le  fécond  tome  7 &.  que  j ai  mis 
à la  fin  de  la  Préfacé. 


Tiv 


EXPLICATION 

des  Figures. 

y 

Fig.  /.La  grande  melure,  ou  le  grand 
tube  de  verre , placé  dans  le  tube  de  cuivre , 
de  la  manière  qu’il  doit  être  lorfqu’on  exa- 
mine la  longueur  de  la  colonne  d’air.  La 
louppe  D fixée  au  haut  du  tube  de  cuivre  , 
fert  a adapter,  avec  plus  de  précilion,  la 
partie  inférieure  de  la  courbure  qui  forme 
la  partie  fiipérieure  de  la  colonne  d’eau  , 
avec  le  commencement  ou  le  o de  l’é- 
chelle de  cuivre.  Le  tube  de  verre  eh  fuf- 
pendu  par  les  trois  pivots  de  l’échelle  de 
cuivre,  qui  pofent  fur  un  rebord  placé 
près  de  la  partie  fupérieure  du  tube  de 
cuivre  en  dedans. 

A A A A eff  le  tube  de  cuivre  plein  d’eau , 
dans  lequel  le  tube  de  verre  eft  fufpendu 
par  le  moyen  de  l’échelle  de  cuivre.  Ce  tube 
de  cuivre  eft  repréfenté  tranfparent,  afin 
de  faire  voir  la  façon  dont  le  tube  de 
verre  eft  fufpendu,  lorfqu’on  fait  l’obfer- 
vation.  B B efl  l’échelle  de  la  longueur 
de  3 pouces , & divifée  en  cent  parties 
égales.  CCCC  efl  le  tube  de  verre  fa  place. 


des  Figures.  297 

Fig.  II,  repréfente  la  grande  mefure  ou 
le  grand  tube  de  verre  , garni  de  l’échelle 
mouvante.  Ce  tube  doit  être  ferré  dans 
l’échelle  , de  façon  à pouvoir  êtrefufpen- 
du  par  fon  moyen , & qu’en  même  temps 
on  puiffe  le  gliffer  affez  aifément  où  on  veut 
dans  l’échelle.  La  partie  inférieure  de  l’é- 
chelle , qui  eft  élaftique  , fert  à cette  fin. 
Il  eh  bon  de  garnir  cette  partie  élaftique, 
en  dedans  , d’une  pièce  d’éponge  fort 
mince , afin  d’empêcher  que  le  cuivre  n’en- 
dommage le  tube  de  verre.  Quelques  trous 
a , qu’on  voit  dans  cette  pièce  , fervent 
à y paffer  un  fil  pour  attacher  l’éponge. 
La  partie  d’en  bas  ouverte  , eft  garnie 
de  cuivre , pour  la  fortifier. 

Fig.  III , la  mefure  dansYon  chaton  de 
cuivre,  a eft  un  reffort  de  cuivre , dont 
une  extrémité  porte  un  pivot  qui  pafife 
par  un  trou  dans  la  partie  inférieure  de 
la  pièce  de  cuivre , à laquelle  l’autre  ex- 
trémité de  ce  reffort  eft  fixée  par  un  clou 
ou  une  vis.  Ce  pivot  eft  reçu  dans  une  rai- 
nure creufée  dans  la  partie  inférieure  de 
la  valvule  ou  couliffe , & fert  à affermir 
un  peu  cette  couliffe,  par  le  reffort,  à l’en- 
droit où  on  veut  l’arrêter,  & à empêcher 
en  même  temps  que  cette  couliffe  ne  forte 
de  fon  chaton. 


1 


298  Explication 

Fig.  IV , les  différentes  pièces  de  la  pe- 
tite rnefure,  repréfentées  féparément. 

Fig.  V , le  chaton  de  cuivre , vu  par 
deffous. 


Fig.  VI , a,  la  partie  de  l’échelle  qui  porte 
les  divifions , féparée  de  la  partie  infé- 
rieure qui  porte  les  trois  pivots  de  fuf- 

b , déviffée  de  la  partie  fu- 
périeure,  eff  garnie  des  trois -pivots  de  fuf- 
penfion.  Cette  pièce  eff  découpée  en  bas , 
afin  qu’elle  ait  de  l’élafticité  pour  embraffer 
étroitement  le  tube  de  verre.  Il  eff  à pro- 
pos de  garnir  cette  partie  élaftique  d’un 
morceau  d’éponge  , qu’on  y attache  au 
moyen  d’un  fil  paffé  par  des  trous  qu’on 
fait  çà  & là  dans  cette  pièce. 


penfion 
La  r 


Fig.  VII , l’anneau  de  la  partie  inférieure 
de  l’échelle  repréfentée  avec  fes  trois  pivots 
defufpenfion. 


Fig.  VIII , un  entonnoir  de  cuivre  por- 
tatif, qu’on  peut  fixer  à tout  baquet  ou 
feau  d’eau.  Cet  entonnoir  eff  fort  commode 
pour  faire  des  expériences  en  voyage. 

Fig.  IX,  le  grand  baquet  pour  les  expé- 
riences, ayant  en  dedans  2 pieds  en  Ion- 


des  Figures.  299 

gueur , 13  pouces  de  profondeur,  8c  17 
pouces  de  largeur;  il  eft  rempli  d eau  juf- 
qu’à  environ  deux  pouces  du  bord,  a eft 
une  planche  fur  laquelle  les  differens  bo- 
caux fe  placent  ; elle  doit  etre  fixee  dans 
le  baquet  à 3^  de  pouce  du  bord  du  ba- 
quet. La  longueur  de  cette  planche  eft  de 
9 pouces , fou  épaiffeur  de  2 pouces  : elle 
eft  creufée  par  deffous  en  forme  d enton- 
noir, en  deux  endroits,  dont  on  voit  les 
deux  ouvertures  en  deiîus. 

Fig.  X , la  planche  du  grand  baquet, 
repréfentée  feule  , 8c  renverfée  pour  faire 
voir  la  figure  8c  la  place  de  deux  enton- 
noirs creufés  dans  fa  fubftance.  a a a , trois 
fentes  qui  fervent  à recevoir  l’extrémité 
des  tubes  recourbés,  par  lefquels  on  fait 
paffer  les  différentes  efpèces  d’air  dans 
les  bocaux  renverfés,  8c  placés  au  deffus  de 
ces  incifions. 

r 

Fig.  X/,  cette  même  planche  coupée  par 
le  milieu  des  deux  entonnoirs,  pour  en  faire 
voir  la  forme. 

Fig.  XII , baquet  de  bois,  rempli  de  mer- 
cure , pour  les  expériences  qu’on  ne  peut 
pas  faire  dans  un  baquet  plein  d’eau.  Il 
y a des  airs  qui  ne  fouffrent  pas  le  contaét 


300  Explication 

de  l’eau , fans  en  être  détruits  ou  abforbés  : 
tel  eh  l’air  tiré  des  fpaths  phofphoriques  , 
par  l’acide  vitriolique.  Cet  air  merveilleux , 
qui  corrode  le  verre  le  plus  dur,  ne  peut 
même  être  obtenu  qu’à  travers  le  mercure  ; 
car , au  premier  contaft  avec  l’eau,  il  fe 
détruit  & fe  change  en  pierre  : j’en  ai  ex- 
pliqué la  nature  dans  l’ouvrage. 

« 7 **  autres  airs  qui  font  très-facile- 
ment abforbés  par  l’eau , & qu’on  pour- 
roit  peut-être  auffi  bien  daller  parmi  les 
vapeurs  : tel  eh:  l’air  alcalin , l’air  acide , 
l’air  fixe  , dont  on  peut  voir  le  détail  dans 
les  ouvrages  du  do&eur  Priejlley . 

Ce  baquet  confifie  en  deux  boîtes  de 
bois  , très-fortes,  a a ci  a eh  la  boîte  qui 
contient  le  mercure  ; elle  a en  dedans  1 1 
pouces  fix  lignes  en  longueur  , 4 pouces 
deux  lignes  de  profondeur , & autant  de 
largeur.  La  planche  c eh  fixée  à un  pouce 
deux  lignes  de  dihance  du  rebord  ; fon 
épaiffeur  eh  de  fept  lignes.  L’orifice  coni- 
que d9  eh  l’ouverture  de  l’entonnoir  creufé 
à la  furface  inférieure  de  cette  planche. 

Cette  boîte  eh  placée  dans  une  autre 
boîte  auffi  très  - forte  , b b b b , laquelle 
fert  à recevoir  le  mercure  qui  fe  répand 
en  faifant  les  expériences. 

Fig.  XIII , la  planche  exprimée  par  c 


des  Figures.  301 

dans  la  figure  iz  , vue  fur  les  deux  fui  faces. 
a repréfente  cette  planche  par  delious  , 
pour  faire  voir  le  creux  de  l’entonnoir,  b efl 
la  même  planche  vue  par  deffus  , avec 
le  bourrelet  conique  forme  par  1 extrémité 
de  l’entonnoir  qui  s’élève  au  deffus  du  ni- 
veau de  la  planche. 

Fig.  XIV , le  profil  de  cette  planche, 
pour  repréfenter  la  forme  de  l’entonnoir  h. 
la  figure  du  bourrelet;  les  côtés  font  taillés 
en  bifeau,  pour  être  reçus  dans  une  rai- 
nure creufée  dans  les  parois  internes  du 
baquet.  Cette  conftruftion  empêche  que 
la  planche  mife  en  fa  place  ne  puiffe  être 
foulevée  par  la  preffion  du  mercure  , & 
elle  fait  que  l’on  peut  aifément  ôter  la 
planche , & la  remettre  à fa  place. 

Fig.  XV,  une  efpèce  de  tenaille  qu’on 
peut  attacher  au  bord  du  baquet , & qui 
fert  à maintenir  le  col  des  ballons  & au- 
tres vafes  , dans  lefquels  on  extrique  l’air 
de  différens  corps  par  le  moyen  du  feu. 
Cet  infiniment  efl  fort  utile  dans  diffé- 
rentes opérations , pour  lefquelles  fans  lui 
on  auroit  befoin  d’être  aidé  par  quelqu’un. 

Fig.  XVI , baquet  vu  dans  fon  entier: 
on  y a repréfenté  la  manière  de  faire  mon- 


302  Explication  des  Figures. 

ter  une  mefure  d’air  dans  le  tube  de  verre 
dd  : on  y voit  aulïi  le  tube  de  cuivre  a. 
b eft  un  flacon  avec  un  tube  recourbé  pour 
repréfenter  lafaçon  de  faire  de  l’air  nitreux, 
ou  quelque  autfe  air.  e eft  la  planche  re- 
préfentée  par  a , flg.  q. 


l y.  ..  ..  i 7 7.  À 7 i 7. t •vVvv*.. *x*» 

.J.+. ).'+++ + +++++ V+++++ ++++++ ■*••*•  •*••*■ ++++++++++ ++•(••!• 


TABLE 

DES  MATIÈRES. 


A 


^Absorption  de  différens  airs  par  les  végétaux , pag.  79 
Acide  aérien  : peut  fe  changer  en  tout  autre  acide , lij 
Eft  l’acide  univerfel , , lj 

Eft  précipité  de  l’air  commun  par  différentes  caufes , 
\ lj  & lij 

Acide  aérien  ou  air  fixe:  eft  peut-être  l’acide  univerfel 
& l’origine  de  tous  les  autres  acides , lj 

Eft  fort  facile  à féparer  de  l’air  commun,  lij 

Spatheux  détruit  le  verre,  122 

Acides.  Les  trois  acides  minéraux  font  originairement  un 


feul  acide  , 120 

Tous  les  acides  minéraux  & végétaux  peuvent  fe  chan- 
ger en  acide  aérien,  lj 

Tranfmutations  de  tous  les  acides  les  uns  dans  les 
autres , » lj 

Acidulés  : ( eaux  ) lefquelles  on  nomme  ainfi , 29 

Acide  univerfel.  Voyez  Acide  aérien. 

Air  : Recherches  fur  fa  nature , néceflaires  aux  Méde- 
cins , > 2 

Eft  un  des  fluides  les  plus  changeans  , 100,  123 

Exifte  en  grande  quantité  dans  le  corps  des  animaux, 
127.  Comment  il  s’y  introduit,  ibid. 

L’air  peut  fe  changer  en  un  corps  folide  , & vice-versâ , 

1 10,  1 1 5 

Air  commun.  Difficulté  de  reconnoître  le  degré  de  fa  falu- 
brité  dans  le  même  lieu  , 109 


w 


175 

1 10 
144 

lj 

106 


304  Table 

Air.  Manière  d’examiner  l’air  commun  ", 

Conftitue  en  partie  les  corps  folides, 

Néceflité  de  renouveler  l'air  dans  les  vailTeaux, 
Contient  de  l’air  fixe  , 

Le  degré  de  fa  falubrité  fort  variable , 

Moyens  {impies  de  renouveler  l’air  dans  les  maifons 
& les  vailTeaux, 

Raifon  pourquoi  la  nature  l’a  fait  d’une  moyenne 
qualité jjj 
Méthode  pour  juger  du  degré  de  fa  falubrité,  286 
Probabilité  de  trouver  une  méthode  pour  le  changer 
en  air  déphlogifliqué , 170 

Corrompu  par  les  plantes  à l’ombre  , 54 

Pourquoi  il  efi  vicié  par  les  plantes  dans  une  chambre. 
Si  pas  à l’air  libre , 70 

Jufqu’à  quel  degré  il  peut  être  vicié  pendant  la  nuit  Si  à 
l’ombre  par  les  plantes,  2,18 

Air  déphlogifiqué.  Voyez  Déphlogifiqué. 

Air  des  plantes  : obtenu  par  la  chaleur  du  feu,  eft  méphi- 
tique, 38 

Eft  l’air  atmofphérique , 1 1 3 

Peut  fe  changer  en  fix  différens  airs  , 1 14 

Préparé  pendant  la  nuit  &i  à l’ombre,  efi:  méphitique  , 

215 

Les  plantes  abforbent  de  l’air , 21 

Air  fixe  : fa  nature.  Voye[  dans  l’Explication  des  Termes 
techniques. 

Efi  une  efpèce  de  vapeur  acide , lj 

Efi  un  ingrédient  de  notre  atmofphère,  ibid. 

N’eft  pas  contenu  dans  les  végétaux  , 112,123. 

Comment  il  efi  produit  par  les  végétaux,  xlix,  lj, 

123 

Efi  retiré  des  terres  calcaires  pa~  l’acide  vitriolique,  1 12 
Manière  expéditive  de  le  produire,  253 

Produit  par  les  végétaux , la  nuit , xlviij 

Efi  un  précipité  de  l’air  commun,  lj 

En  quelle  quantité  il  efi  contenu  dans  l’air  fortant  des 
poumons , ibid. 

Empêche  l’élaboration  de  l’air  déphlogifliqué,  8ç 

Produit  un  nombre  prodigieux  de  bulles  d’air  fur  les 
feuilles , 86 

Peut  fe  changer  en  toute  forte  d’acides , li: 

Air 


1 


des  Matières.  305 

Air  déphlogiftiqué  ou  vital  : fa  nature, /wg.  10.  Voye^  aufli 
l’Explication  des  Termes  techniques  , & le  mot  Dé - 

phlogifliqué. 

Air  déphlogiftiqué  des  feuilles,  eft  un  excrément  de  la 
plante,  _ 3$ 

Eft  nuifible  à la  plante  , ibid. 

Manière  de  l’obtenir  des  plantes , 21 

N’exifte  pas  tel  dans  les  feuilles  , 33 

N’eft  pas  produit  par  la  chaleur  du  foleil , 36 

Eft  produit  par  l’aélion  de  la  lumière,  ibid.  & d’un  mou- 
vement vital  dans  les  feuilles , 32,45 

Théorie  de  fa  formation.  ibid . 

Eft  plus  pefant  que  l’air  commun.  Caufe  finale  de  ceci , 

ibid. 

En  quel  temps  les  plantes  en  donnent , 2 z 

A quel  temps  du  jour  les  plantes  répandent  le  meilleur 
air  déphlogiftiqué  , 5 1 

A quel  degré  de  pureté  peut  atteindre  l’air  déphlogifti- 
qué élaboré  par  les  plantes,  257 

Eft  d’autant  plus  pur,  qu’il  y a moins  de  feuilles  dans 
le  bocal,  257 

Le  meilleur  fort  des  feuilles  entièrement  dévelop- 
pées , _ ^ 279 

Sort  principalement  de  la  partie  inférieure  des  feuilles, 

12. Caufe  finale  de  ce  phénomène,  ibid 

Quantité  que  les  feuilles  donnent,  213 

La  variation  du  degré  de  fa  bonté  dépend  d’un  grand 
nombre  de  caufes  , xlij 

Produit  par  la  moufle  verte  dans  l’eau , 89 , 2 5 S 

Raifon  de  l’inconftance  de  fa  pureté , xlij 

Quelles  plantes  donnent  le  meilleur  air  déphlogiftiqué, 

258 

Voye^  encore  les  mots  Déphlogiftiqué , Arbres , Feuilles , 
Moujfes  , Plantes , Bulles. 

Air  fulminant.  Voyez  Fulminant. 

Air  inflammable.  Sa  nature.  Voyez  Inflammable. 

Air  nitreux.  Comment  il  fe  fait.  Voye £ l’Explication  des 
termes  techniques. 

Ses  qualités,  ibid.  Sx.  228 

N’eft  pas  un  moyen  sûr  de  juger  de  la  bonté  de  tous 
les  airs,  97,104 


30  6 Table 

Airs  mèphiïqucs , font  la  plupart  plus  légers  que  l’air  com- 
mun. Caufe  finale  de  ceci , ia 

Air  putride.  Les  plantes  y végètent  mieux  que  dans  un 
‘air  pur,  xij.  xx.  35 

'Air  fpathcux  : fe  change  en  pierre  par  le  contact  de 
l’eau.  Théorie  de  ce  phénomène,  12a 

Air  qui  fort  de  la  peau.  Voyez  au  mot  Peau. 

Alchymijles . Alluùon  à leurs  vaines  recherches,  168 

Aliwens.  Les  meilleures  alimens  ne  fuffifent  pas  pour 
garantir  des  maladies  dans  un  pays  mal-fain,  143 
Ame  : fon  immortalité  déduite  de  la  contemplation  des 
caufes  finales,  138 

Amérique  Méridionale.  Pourquoi  les  Européens  la  trou- 
vèrent mal-faine , 5^ 

Animal.  Régne.  Relation  entre  le  régne  animal  & végé- 
tal, 1 4 

Animaux  : leur  analogie  avec  les  plantes  , I4"77 

Evaporent  un  air  méphitique  de  leur  peau  , 126 

Exhalent  différentes  émanations  des  différentes  parties 
de  leurs  corps , . 

Anus.  Nature  de  l’air , que  nous  rendons  par  l’anus,  1 14 
Appartement.  L’effet  des  plantes  fur  lair  d’un  appartement 
dépend  du  plus  ou  moins  de  clarté  de  l’apparte- 
ment, 72 

Moyen  d’améliorer  l’air  d’un  appartement , 168 

Aquatiques  : ( plantes  ) corrigent  beaucoup  l’air  vicié , 48 
Donnent  de  l’air  déphlogiftiqué  très-pur,  . 238 

Leur  faculté  particulière  d’abforber  difterens  airs,  79 
Arbres.  Lefquels  inleélent  le  moins  l’air  commun  pendant 
la  nuit , 277 

Dans  quel  cas  on  doit  craindre  l’ombre  des  arbres , 152 

Quelles  efpeces  il  faudroit  planter  pour  rendre  1 air  la- 
lubre , 93 

Voye ç aufli  les  mots  Plantes  , Végétaux , Branches , raid- 
ies 3 Air  déphlogifliqué.  > r 

Armée.  Conlequences  pernicieufes  du  manque  de  propreté 
dans  les  armées,  ✓ r45 

Arroche  puante  : donne  de  l’air  déphlogiftiqué  au  foleil  , 

234 

Artemifia  pontica.  Son  air  examiné,  Exp.  14. 

Artïchaud.  Son  air  de  nuit  examiné , 2I® 


des  Matières.  307 

AJihmiiliqu.es . Quels  pays  font  bons  pour  eux,  151 

Ajlhme  : guéri  par  l’air  de  mer , 147 

Athée.  Pourquoi  il  nie  l’exiftence  de  Dieu  , 43 

Atmofphère.  Quelles  font  les  qualités  qui  la  rendent  mal- 
faine, I4I 

Manière  de  fe  garantir  de  l’effet  de  fes  mauvaifes  qua- 
lités, . T4i 

Toutes  fes  qualités  nuiffbles  ne  font  pas  reconnoiffables 
par  X Eudiometre.  , *4° 

Sa  pureté  entretenue  par  l’air  déphlogiftiqué  fortant  des 
végétaux  , 1 3 1 42 

Sa  falubrité  eft  la  plus  grande  au  milieu  de  l’été  & de 
l’hiver,  & pourquoi , 139 

Pourquoi  fon  degré  de  falubrité  eft  ft  changeant,  123 
Démonftration  de  cette  inconftance,  1 24 

Caufes  de  cette  inconftance,  125 

Voye^  aufli  les  mots  Air  commun.  Salubrité. 

A triplex  vulvaria  ; donne  de  l’air  déphlogiftiqué  au  foleil, 

.234 

Automne.  Le  froid  de  l’automne  diminue  le  pouvoir  des 
végétaux  de  vicier  l’air,  Ç5 

Le  froid  de  l’automne  ; fon  effet  fur  l’opération  des 
plantes , xly 

B 

Baker.  (M.)  Ses  Obfervations  microfcopiques , 5 

Baltique,  (mer)  Quantité  de  feldans  fes  eaux,  284 

Becabunga.  Son  air  examiné,  Exp.  5. 

Ses  racines  ne  gâtent  pas  beaucoup  l’air  commun,  59 
La  raifon  de  ceci/  ibid 

Air  de  fes  racines , obtenu  au  foleil , n’eft  pas  méphi- 
tique. Exp.  74.  Raifon  de  cette  exception,  239 

Beccher  : eft  le  premier  qui  a changé  les  os  des  animaux 
en  verre,  119 

Bonnet.  ( M.  ) Son  ouvrage  fur  les  feuilles , 5 

Son  opinion  fur  la  nature  des  bulles  d’air  qui  fortent 
des  feuilles  dans  l’eau , 6 

Bourbe.  Les  eaux  bourbeufes  prodüifent  de  l’air  inflamma- 
ble, 49.  Comment  l’en  obtenir,  ibid.  Spe&acle  amu- 
fant  produit  avec  cet  air,  ibid. 

Branches . des  arbres.  S’il  eft  fain  de  les  tenir  dans  les  ap- 


partemens . 


Vij 


5* 


3û8  Table 

j Branches.  Les  branches  vertes  donnent , étant  au  foleil , 
de  l’air  déphlogifliqué , < 92  > 246 

Les  branches  couvertes  d’écorce  grife  , donnent  au 
foleil  de  l’air  commun,  Exp.  93. 

Brown.  Remarques  fur  fon  Hiftoire  de  la  Jamaïque,  150 
Brown,  (le  Profefleur)  Ses  Obfervations  fur  le  froid, 

1 x 1 

Bulles  d’air  des  feuilles  , ou  qui  s’amaffent  fur  les  feuilles 


mifes  en  expérience,  _ ° 

Opinion  de  M.  Bonnet  fur  ces  bulles  d’air  des  feuilles, 6. 

Sentiment  de  l’Auteur,  7 

Opinion  de  M.  Pricjlley  fur  leur  nature  , xxvij 

Elles  ne  font  pas  produites  par  raréfaûion , B 

Ne  font  pas  produites  par  la  chaleur  , 36,  37 

Sont  de  l’air  déphlogifliqué  , 10 

Sont  produites  par  l’air  fixe  lur  les  feuilles  , 253 

Ne  difparoiffent  pas  pendant  la  nuit,  ' ; 37 

Les  fécondés  bulles  d’air  contiennent  un  air  déphlogif- 
tiqué  plus  fin  que  les  premières , . 74 

Variété  furprenante  des  bulles  d’air  fur  les  feuilles  de 
différentes  plantes , 24 

Voyez  Air  déphlogifliqué  des  feuilles ; 


c 

Calcination  des  métaux.  Ce  qui  arrive  aux  métaux 

par  la  calcination  , M7 

Calcndula.  Air  de  fes  fleurs  , examiné,  Exp.  65.  Ses  fleurs 
gâtent  l’air  commun , Exp.  67.  _ 

Camomille.  Son  pouvoir  de  corriger  l’air  gâte  , 231 

Air  de  Tes  fleurs  examiné,  Exp.  66. 

Campagne.  Air  de  la  campagne  plus  falubre  que  celui  des 

grandes  villes , . *4$ 

Pourquoi  les  habitans  de  la  campagne  vivent  plus  long- 
temps que  ceux  des  grandes  villes,  ^ 147 

Canaux.  Leur  ufage  pour  purifier  l’atmofphère  dans  les 

Pays -bas,  „ 0 r. 

Caoutchouc.  Tubes  de  cette  fubftance  , 189.  Voys[  auffi 
Gomme  élaflique. 

Capri folium.  Voyez  C hevre -feuille . 

Capucine.  ( la  ) V oyez  Naflurtium  indicum % 

Carottes  jaunes  ; infcéïent  1 air , ® 


des  Matières.  309 

Cataputia.  Manière  particulière  dont  fe  produit  1 air  de- 
phlogiftiqué  de  Tes  feuilles , , 2 5 

Caufes  finales.  L’utilité  de  leur  confideration , *3^ 

Cèdre  du  Liban.  Voyez  P inus  cedrus. 

Chaleur  : eft  une  caufe  générale  de  corruption,  2,  137» 

282 

Corrompt  l’air  des  végétaux  , 1 1 3 

engendrée  par  les  végétaux  .,  & pourquoi , 1$ 

du  foleil , rend  l’eau  impropre  à favorifer  la  produétion 
de  l’air  déphlogiftiqué  dans  les  plantes  , ^ 25^ 

du  foleil  n’eft  pas  la  caufe  de  la  production  de  1 air  de- 
phlogiftiqué,  ( 83 

Champagne.  ( vin  de  ) Son  effet  fur  les  organes  fécré- 
toires  de  l’urine,  88 

Champignons.  Effets  pernicieux  des  champignons  fur  l’air 

commun,  xlviij 

Changement  des  corps  les  uns  dans  les  autres,  117 

Chardon.  Son  air  examiné,  Exp.  6. 

Chaux  : (eau  de)  purifie  l’air  déphlogiftiqué.,  138 

purifie  l’air  gâté  par  la  refpiration  , lûo 

Chaux  des  métaux  : donne  de  l’air  déphlogiftiqué  , 156 

Chêne.  Particularité  dans  fa  manière  de  donner  de  l’air 
déphlogiftiqué,  25 

Evapore  un  air  très-pernicieux  à l’ombre,  223 

Gâte  l’air  commun  dans  la  nuit , & le  corrige  de  nou- 
veau au  foleil , Exp.  5 o 

Son  exhalaifon  aérienne  noéturne  examinée,  216 

A quel  degré  il  gâte  l’air  commun  pendant  la  nuit , 277 
Chèvre- feuille.  Le  grand  pouvoir  des  fleurs  de  chèvre- 
feuille pour  corrompre  l’air  commun , page  62.  Ex- 
périences 69 , 70.  » 

Particularités  des  bulles  d’air  qui  fortent  des  feuilles,  25 
Choux.  Air  des  choux  examiné,  Exp.  33. 

Ont  peu  de  pouvoir  de  corrompre  l’air  commun  pen- 


dant la  nuit , 278 

Cicuta  virofa:  donne  de  l’air  déphlogiftiqué,  234 

Ciguë  aquatique  : donne  de  l’air  déphlogiftiqué , ibid 
Citrons  : (les)  infeflent  l’air  commun  , Exp.  78 , 83. 
Combuflion.  Analogie  de  fon  effet  fur  l’air,  avec  celui  de  la 
refpiration  Sc  des  végétaux  fur  l’air  , 1 


Contagieufes.  (maladies)  Origine  des  maladies  contagieufes 
fur  les  Yaiffeaux,  dans  les  hôpitaux  & prifons  r 144 

V iij 


310  Table 

Cook  : ( le  Capitaine)  a prouvé  qu’on  peut  tenir  les  gens 
plus  fains  fur  mer,  que  fur  terre,  147 

Çoton.  Habillemens  de  coton  moins  bons  que  ceux  de 
laine  dans  le  temps  froid  ëc  humide , ëc  pourquoi , 

141 

Corps  humain.  La  nature  de  fes  excrétions  change  comme 
celle  des  excrétions  des  plantes  , 88 

Corps.  Changemens  de  notre  corps  en  différentes  fubftan- 
ces , 1 1 8 & fuiv, 

Crejfon  : ( femences  de  ) peuvent  croître  dans  l’air  inflam- 
mable , 48 

Croharé.  ( M,  ) Sa  méthode  de  faire  l’éthiops  martial,  121 
CromcriLs , Martinus  : raconte  une  hiftoire  tragique  caufée 
par  des  fleurs,  63 

Culture  des  terres:  néceffaire  pour  rendre  l’air  falubre , dé- 
montrée par  tout  cet  ouvrage.  Exemple  de  cette 
vérité  dans  Rome , les  Marais-Pontins  6c  la  Hongrie , 

148 

Avantage  de  la  bonne  culture  des  terres  pour  la 

falubrité  de  l’air,  Ï45> 

Cyftus  ladanifcra.  Son  air  examiné,  Exp.  10. 


D 

/)  aphne  mefereurn.  Effet  pernicieux  de  fes  fleurs  , xlvij 
Déphlogiftiqué.  (Air)  Ce  que  c’cft.  Voye{  l’explication  des 
termes  techniques  , 6c  le  mot  Air. 

N’exifte  pas  dans  la  nature,  167 

N’efl:  pas  dégagé  de  l’eau,  28 

Se  tire  du  mercure  calciné  8c  précipité  rouge,  xviji 
Maniéré  de  l’obtenir  à peu  de  frais  du  mercure  précipité 
rouge,  M7 

Du  mercure  précipité  rouge,  examiné,  260 

d’une  pureté  extrême  , produit  d’une  folution  d’or,  ibid 
Doute  fur  fou  utilité  , examiné  , 165 

Quelle  quantité  on  en  extrait  du  nitre,  iif 

De  quelle  maniéré  on  peut  s’en  procurer  telle  quantité 
qu’on  veut , 1 5 5 ^ fulv * 

Efpèce  dans  lequel  un  animal  vit  neuf  fois  plus  long- 
temps que  dans  l’air  ordinaire  , ^ 103 

Méthode  de  M.  Fontana  de  le  purifier  avec  l’eau  de 
çhaux , lorfqu’il  çft  vicié  pat  h refpiratiQn , 158 


DES  MATIERES.  3 1 1 

Déphlogifiiqué  : (Air)  dans  quelles  maladies  on  pourrait 

probablement  l’employer  avec  fucces,  ^55165 

Méthode  de  le  faire  refpirer  a un  malade,  158, 

Si  l’ufage  continuel  de  l’air  déphlogiftique  prolongerait 

ou  abrégeroit  notre  vie , „ , ^ 

Il  faut  le  purifier  de  l’air  fixe  par  les  fecouffes  dans  1 eau 

avant  d’en  faire  ufage  , ,1  -A- 

Pourquoi  tout  l’air  commun  n a pas  ete  fait  dephlogiih- 

Exemple  d’un  air  déphlogifiiqué  le  plus  pur,  & qui  n’eft 
cependant  pas  diminuable  par  l’air  nitreux , 105 

Exarnen  des  animaux  morts  dans  l’air  déphlogifiiqué , 

166 

Défordres  apparens  dans  le  monde  ,m  43 

Didamnus  albus.  Ses  fleurs  exhalent  un  air  inflammable,  154 
Dieu.  Son  exiftence  déduite  de  la  confidération  des  caules 
finales, 

Son  exiftence  déduite  de  fa  fageffe  mamfeite , 43  5 4*> 

Pourquoi  quelques  - uns  nient  ion  exiftence  3.  43 


au: l’eau  eft  amie  des  plantes , ^ 4° 

D’où  dépend  le  goût  agréable  de  l’eau,  29 

Toutes  les  eaux  contiennent  de  l’air,  __ 

Quelle  efpèce  d’eau  favorife  la  produélion  de  1 air  de- 

phlogiftiqué , 24& 

Quelles  eaux  empêchent  la  produélion  de  l’air  dephlo- 
giftiqué , ^4  ? ^XP*  94 

Eflais  de  différentes  eaux  avec  les  plantes,  85 ,2.48 

Utilité  des  grandes  maffes  d’eau , par  exemple  , des 
mers,  lacs  , &c.  ■3“v*,43 

Eau  imprégnée  d’air  fixe,  empeche  la  production  de  lair 
déphlogifiiqué  des  feuilles.  Exp.  87.  97, 98. 

Eau  difiillée.  Pourquoi  infipide  , ; 29,85 

Empêche  la  produftion  de  l’air  déphlogiftique  dans  les 
feuilles.  Exp.  95, 96.  , 

Eaux  difiillée  & bouillie.  Pourquoi  elles  empechent  1 ope- 
ration diurne  des  feuilles  , ° 5 

Eau  de  pluie  , eft  peu  favorable  à cette  opération  des 
plantes.  Exp.  94. 

Eau  de  Pyrmont , contient  beaucoup  d’air  fixe , 

V iv 


. 29 

ibid. 

30 

31 


31*  Table 

Eau  de  rivière  j eft  moins  bonne  que  i’eau  de  fource.  Expé* 
rience  94. 

Eau  de  Selter, contient  beaucoup  d’air  fixe. 

Eau  de  fource  , pourquoi  la  meilleure  à boire , 

Eau  de  fource , d’où  elle  tire  l'on  goût  agréable  , 

Quelle  efpèce  d’air  elle  contient , 

Donne  de  l’air  déphlogiftiqué  , 

U eau  de  fource  ou  de  pompe  eft  préférable  à toute  autre 
pour  obtenir  l’air  déphlogiftiqué  des  feuilles  , 23  , 

xxxix. Théorie  de  ce  phénomène , 84 

Eau  (lagnante  , eft  impropre  à l’élaboration  de  l’air  dé- 
phlogiftiqué. Exp.94 

Produit  beaucoup  de  plantes, 48. Caufes  finales  de 

ceci,  \ ibid. 

Ecorce.  L’écorce  des  arbres  ne  donne  pas  de  l’air  déphla- 
giftiqué , 247 

Empire.  La  puiftance  d’un  Empire  peut  dépendre  de  cau- 
fes très-légères , 14^ 

Empiré  : (Air)  ce  que  c’eft  , Jvj 

Efpagne.  (mer  d’)  Combien  de  fel  fes  eaux  contiennent, 

284 

Eflomac  : notre  eftomac  fouffre  toute  forte  d’air,  x 
Ethiops  Martial.  Manière  expéditive  de  le  faire,  . 121 

Entonnoir.  Qualité  qu’il  doit  avoir  pour  les  expériences  fur 
Pair , ^ 200 

Eudiomctre  ; ce  que  c’eft.  Foyer  l’explication  des  termes 
techniques. 

Son  utilité  démontrée,  ,•  124 

Celui  de  M.  l’Abbé  Fontana  eft  le  meilleur,  286 

Méthode  de  s’en  fervir  félon  M.  Fontana , 193.  Exp.  1. 

Méthode  de  M.  Prieflley , 199,  292,  Exp.  1. 

Méthode  abrégée  de  l’Auteur,  199,  288 

Sa  defcription , 17^ 

Méthode  de  s’en  fervir  pour  eftayer  l’air  commun , 17Ç 
Méthode  pour  examiner  l’air  déphlogiftiqué,  178 

Raifon  des  variations  dans  les  efifais  d’air  faits  avec  cet 
inftrument , xlii,  294 

Ne  peut  indiquer  toutes  les  mauvaifes  qualités  de  l’at- 
mofphère,  140 

Enumération  des  erreurs  qu’on  peut  commettre  en  l’em- 
ployant, 179  &fûv. 

Exhalaifons  nuifibles  de  quelques  plantes,  15$ 


DES  MATIÈRES.  313 

Expériences  : leur  utilité  pour  l’avancement  des  fciences  , 

Manière  de  les  faire  avec  fuccès.  Procédé  des  Expé- 
riences de  l’Auteur , & précautions  pour  reuflir  a les 
. . XX5CVH1 

muter , , 3 

Explofif,  Air  inflammable  rendu  tel  par  une  plante,  99, 
t Jj  264  & Juiv . 


F 

Femme  : l’idée  feule  d’une  femme  aimée  augmente  la 

fécrétion  de  l’humeur  fpermatique,  _ _ 89 

Fer  (le)  augmente  de  moitié  en  poids  par  la  calcination  > 1 “57 
Fermentation  y n’indique  pas  la  nature  de  l’air  des  corps  , 

”,5 

Fertilité  extraordinaire  des  terrains  nouvellement  de  flé- 
chés , 272. Caufe  finale  de  ceci. 

Feu  : (Air  de)  ce  que  c’eft  , 

Feuilles.  Remarques  générales  fur  leur  ufage. 
Contribuent  à la  vigueur  de  la  végétation, 

Contribuent  à la  fructification  , 

Ufage  particulier  de  chaque  furface, 

Pourquoi  elles  préfentent  au  foleil  leur  furface  vernie  , 

ibid. 

Pourquoi  leur  furface  expofée  au  foleil  eft  en  général 
vernie , ibii. 

Leurs  conduits  abforbans;  où  places,  42 

Leurs  conduits  excrétoires  ; où  placés , ibid 

Sont  les  organes  de  la  refpiration  des  plantes,  ibid 
Pourquoi  elles  tombent  en  hiver,  _ 11 

Les  grandes  donnent  un  air  meilleur  que  les  petites  & 
les  nouvelles  , 95  » 279 

Elles  meurent  plus  tôt  lorfqu’on  en  détache  les  bulles 

d’air , 74. Caufe  de  ceci , ; ?6 

Toutes  les  feuilles  du  même  arbre  ne  s’éveillent  pas 
aumêmetems,  _ 82 

Pourquoi  la  verdure  eft  perpétuelle  dans  les  climats 
chauds  , 1 1 

Les  feuilles  des  différentes  plantes  donnent  de  l’air  dé- 
phlogiftiqué  d’une  manière  differente , 24 

Donnent  un  air  différent  lo'rfqu’elles  font  renverfées , 


ibid 

Ivj 

I 

.3 

ibid. 

12 


314  Table 

Feuilles  : meurent  plus  tôt  lorfqu’on  en  fépare  les  bulles 
d’air,  74.  — -Raifon  de  ce  phénomène  , 76 

Leur  émanation  no&urne  efl:  la  même  que  l’émanation 
perpétuelle  des  fleurs  & des  fruits  , l 

Leur  émanation  diurne  eft  Ample  ; mais  celle  de  la  nuit 
efl  de  deux  fortes, xlviij.  — Explication  ultérieure  de 
ceci , xlix 

Feuilles  sèches  : pourquoi  elles  donnent  des  bulles  d’air  au 
foleil  dansl’eau,  45.  La  nature  de  cet  air  examiné , ihid. 
Voye 1 encore  tout  l’article  Air  déphlogifliqué  des  feuilles. 
Fièvres  intermittentes , bilieufes  & putrides,  attaquent  les 
habitans  des  pays  marécageux , 150 

Fièvre  des  prifons.  Caufe  de  cette  terrible  maladie,  145 
Fleurs  : leur  organifation  différente  de  celle  des  feuil- 

,es’  ....  17 
Exhalent  en  tout  temps  un  air  méphitique , & infe&ent 

toujours  l’air  commun  , 61,235 

Danger  de  les  tenir  dans  les  appartemens,  62 

Exemples  de  morts  fubites  caufées  par  les  fleurs  , 62 

De  quelle  caufe  dépend  leur  effet  pernicieux  dans  les 

appartemens,  64 

Le  foleil  n’a  aucun  pouvoir  fur  les  fleurs,6r,237,Exp.68 

Il  y a de  la  différence  dans  l'effet  de  différentes  fleurs  , 

237 , xlvïj 

Pourquoi  leur  émanation  ne  produit  aucun  mauvais 
effet  à l’air  libre,  1 

Leur  émanation  perpétuelle  efl  de  la  même  nature  que 


l’émanation  no&urne  des  feuilles 


ibid. 


Ne  perdent  pas  fitôt  leur  influence  pernicieufe  fur  l’air 
que  les  feuilles  en  automne,  xlv 

Leur  parfum  n’a  rien  de  commun  avec  leur  exhalaifon 
méphitique  , xlvij.  64 

Le  parfum  des  fleurs  eft  innocent  par  lui-même,  64.  xlvij 
Fluides,  (corps)  Il  n’y  en  a point  de  tels  par  leur  nature , 1 1 1 
Fluidité  (la)  des  corps  dépend  d’un  certain  dégré  de 
chaleür , ibid 

Fluors  fpatheux  : leur  acide  corrode  le  verre  , 122 

Fontana  : (M.)  defcription  de  fon  Eudiomètre,  173 

Exa&itude  de  fa  méthode  d’effayer  1 air  , 173.  xx 

Sa  méthode  d’examiner  l’air  commun , preferablé  à toute 
__  autre,  286 

Son  expérience  avec  l’acide  nitreux,  **$ 


des  matières. 

fontana  : (M.)  fa  méthode  d’extraire  l’air  déphlogiftiqué  du 
nitre \ & de  l’adminiftrer  aux  malades , 158  &fuiv. 

Ses  expériences  avec  les  venins  des  Lamas  & Ticunas , 

Sa  découverte  fur  le  poifon  du  lautter-cerife  appliqué  à 

farJuefhtitans  des  forêts  font  fort  faits,  poi.rqv.Ji J 

j 1»  )7 

de  l’Amérique  Méridionale,  pourquoi  mai-faines  ? 5 S 

Framboifier  : particularité  dans  fa  façon  de  donner  de  ^ir 

Fraxinîlk  : (la)  fes  fleurs  exhalent  un  air  inflammable  ,154 
Friche.  (Terres  en)  pourquoi  mal-faines.  *39 

Froid . Le  plus  grand  degré  de  froid  obferve  dans  la  na- 


L’air  eft  plus  falubre  en  général  dans  un  temps  froid , 
que  lorfqu’il  fait  chaud  , & pourquoi?  139 

Un  grand  degré  de  froid  change  tous  les  fluides  en 

corps  folides,  . 111 

Le  froid  automnale  ne  diminue  pas  fltot  le  pouvoir  des 
plantes  de  donner  de  l’air  déphlogiftiqué.  au  lolei  , 
que  celui  de  méphitifer  l’air  commun  la  nuit,  xlv 
Diminue  l’influence  mal-faifante  des  végétaux  fur  1 air 
commun,  xlv.  Mais  pas  autant  celle  des  fleurs , ibid. 
Le  froid  arrête  la  corruption  de  toute  fubftance , 139 

Même  de  l’air, 

Change  tous  les  fluides  en  folides , 1 11 

Le  froid  rétablit  dans  1 eau  la  faculté  de  favorifer  la 
produélion  de  l’air  déphlogiftiqué  , que  la  chaleur  lui 

avoit  ôtée,  _ . M6 

Fruits  : les  fruits  exhalent  un  air  mal-faifant , oC  infectent 
une  grande  malle  d’air  commun,  64,240 

Leur  émanation  perpétuelle  eft  la  meme  que  1 émana- 
tion noélurne  des  feuilles , ^ 

Leur  air  naturel  eft  de  l’air  atmofphérique  d’une  baffe 
qualité  ,113.  Cet  air  devient  méphitique  par  la  cha- 
leur du  feu  , _ ibid. 

Quelques  fruits  corrompent  l’air  commun  plus  que  les 
fleurs,  J 6 4 

Le  foleil  a le  pouvoir  d’empêcher  quelques  fruits  de 
méphitifer  l’air  commun,  65  j d'évaporer  un  mau» 
vais  air,  Exp.  78. 


3^  Table 

Fulminant , (air)  . 

L air  inflammable  des  métaux  devient  fulminant  par  une 
opération  vitale  des  feuilles,  27  5 . Théorie  de  ceci  ,176 


G 

G AS  sylvestre.  Ce  que  c’eft,  29 

G-clce  : l’air  eft  toujours  très-falubre  dans  le  temps  de  la 
Selée’&  pourquoi,  139,142 

Gibraltar.  1 ourquoi  fes  environs  très-fains  fans  culture  , 

282 

Gleditfck , (M.)  décrit  l’hiffoire  des  dangereux  effets  des 
exhalaifons  du  R/ius  toxicodendron  , 

Gomme  élajlique  : fon  ufage  dans  les  effais  avec  les  airs , 1 no 
ba  vertue  cohélive,  ou  fon  attraélion  pour  elle-mcme, 

m ,/  189 

Lit  corrodée  par  l’acide  nitreux,  , 

Grarnen:  fon  air  diurne  examiné,  Exp.  1.  Son  air  nofturne 
& préparé  à l’ombre,  Exp.  36 
Son  air  de  nuit  & de  jour  mêlés  enfemble,  Exp.  53. 
Son  effet  fur  l’air  commun  pendant  la  nuit,  Exp.  39. 

H 


Habillement  : choix  des  habillemens  dans  différen- 
tes difpofitions  de  l’atmofphère , 1 4 T 

Haies.  Ses  découvertes  fur  l’air,  I0~ 

^Ses  amufemens  utiles  dans  la  vieilleffe , no 

Haricot.  L air  que  donnent  les  feuilles  durant  le  jour , 
examiné.  Exp.  7. 

Air  quelles  donnent  la  nuit , examiné,  217 

Son  effet  fur  1 air  commun  pendant  la  nuit , Exp.  40. 
Les  fruits  ont  un  effet  pernicieux  fur  l’air  à l’ombre,  66 . 

Exp.  40,75,91,  fur-tout  Exp.  88, 89, 90 
Les  haricots  verts  donnent  au  foleil  un  air  refpirable 
de  baffe  qualité  , Exp.  87 

Leur  eflet  au  foleil  fur  l’air  qu’ils  avoient  vicié  pendant  la 
nuit,  Exp.  41 

Le  foleil  empêche  leur  malignité,  65. Exp.  87. 
Harmonie  admirable  dans  la  conftruétion  du  monde  , 

13S 

Heberden.  (M.)  Ses  expériences  avec  le  poifon  du  lau- 
rier- cerife,  lauro-cerafus . 


DES  MATIERES.  317 

7 lelmonl  (Fan)  Son  Gas  fylvejlre , . _ 29 

H en  ninghs  Hicronymus  : rapporte  une  hutoire  tunelte  occa- 
fionnée  par  des  fleurs  > ^3 

Herbe  : voyez  Grarnen. 

Herbes  maitvaifcs.  Nom  injufte  donne  aux  plantes  dom  on 
ne  connoit  pas  Futilité  , *4  ■>  xl'j 

Hermaphrodites:  exemples  des  animaux  hermaphrodites,  20 
Pourquoi  les  plantes  font  la  plupart  hermaphrodites , ibid. 
En  quelfens  les  fleurs  font  hermaphrodites,  ibid . 

j Hippomanc  Mancineila.  Ses  exhalaifons  font  tres-dange- 
reufes,  _ *53 

Hiver  : l’air  eft  le  plus  falubre  en  hiver  , lorfqu’il  gèle  ; 
& pourquoi,  1 3 9 5 x42 

Le  temps  chaud  eft  mal-fain  en  hiver , & pourquoi?  140 
Les  plantes  ne  font  pas  fans  aélion  en  hiver , 29 

Quel  air  les  plantes  exhalent  en  hiver  au  foleil,  xlv , xlvj 
Les  plantes  corrigent  en  hyver  l’air  gâté , xlv,  xlvj , 39 
Quel  changement  il  arrive  dans  l’opération  des  plantes 
fur  l’air  en  hiver , ) xlv 

Différence  entre  l’effet  des  plantes  fur  l’air  commun  , &. 
les  airs  viciés  en  hiver  &.  en  été , xlvj 

Hongrie.  ( la  ) Pourquoi  mal-faine  , fur-tout  pendant  la 
nuit , 1 5 1 

Hôpitaux.  Effets  pernicieux  de  leur  mal-propreté,  145 
Néceffité  d’y  renouveler  l’air  continuellement,  ibid. 
Hulme.  ( le  doéleur  ).  Sa  méthode  expéditive  d’imprégner 
d’air  fixe  les  liqueurs,  253 

Humeurs.  La  nature  des  humeurs  excrémentitielles  de 

notre  corps  diffère  par  des  caufes  légères  , 88 

Humidité . Pourquoi  l’humidité  de  l’air  nuit  à notre  fanté  , 

X4X 

Hunter.  (Jean)  Sa  découverte,  que  les  plantes  engen- 
drent de  la  chaleur,  13 

Hyofcyamus  : fon  air  naturel  examiné  , 1 1 3 

Son  influence  noélurne  fur  l’air  commun  , 220,  221 

Son  air  déphlogiftiqué  mis  à l’épreuve,  Exp.61 
Evapore  uh  air  très-rénéneux  pendant  la  nuit,  55 

I 

J acquit  (M.)  décrit  le  danger  des  exhalaifons  du 
Lobelia  longiflora  , 153 


3 18  Table 

Jamaïque.  Pays  très-mal  fain  lorfqu’il  n’ètoit  pas  cultivé  t 
eft  devenu  bon  depuis  qu’on  l'a  cultivé,  150. 
Idées.  Certaines  idées  font  des  changemens  dans  notre 
corps , ,88 

Jeunes  Gens.  S’il  eft  Avantageux  pour  les  perfonnes  âgées 
de  coucher  avec  les  jeunes  t 134 

Jf.  Son  air  noélurne  examiné,  Exp.  37 
immatérielles.  ( caufes  ) produifent  des  grands  change- 
mens dans  notre  corps,  88 

Inflammable.  (Air)  Sa  nature  expliquée.  Foye[  l’expli- 
cation des  termes  techniques. 

N’empêche  pas  la  végétation , 47 

Mis  avec  une  plante  , devient  explofif,  ibid. 

Eft  abforbé  par  les  plantes  aquatiques  , 49 

Eft  corrigé  par  des  plantes , J46 

Exifte  dans  nos  inteftins  , 1 14 

Eft  rendu  explofif  par  les  plantes  , 99  * * 2.64  & fuiv. 

Prend  flamme  feulement  lorfqu’il  eft  en  contaft  avec 
l’air  refpirable.  Voye ç le  mot  Air  inflammable  dans 
l’explication  des  termes  techniques  , & p.  2 76 

Expérience  amulante  avec  l’air  inflamrriable  des  ma- 
rais , 49 

Celui  des  marais  & eaux  bourbeufes  , n’eft  guères  ex- 
plofif, quoique  mêlé  avec  de  l’air  refpirable , 274 

Effet  des  plantes  fur  l’air  inflammable  des  marais  , 273 
Effet  des  plantes  fur  l’air  inflammable  des  métaux  , 

261 

Si  les  plantes  peuvent  le  changer  en  air  refpirable , 

265 , 274 

N’eft  pas  rendu  plus  propre  à la  refpiration  par  une 
plante  dans  l’obfcurité  , 262 

Ne  perd  pas  fa  faculté  de  faire  explofion  , quoiqu’il 
foit  devenu , au  moins  en  apparence  , meilleur  que 
l’air  commun,  261  &fuiv. 

Inondation.  Dans  quel  temps  de  l’année  il  faut  deffécher 
les  terres  inondées , 285 

Inteflins  : contiennent  de  l’air  inflammable,  114 

Joncs.  Leur  pouvoir  de  corriger  l’air  vicié  , 231 

L’air  de  leurs  racines  examiné , Exp.  72 
Juniperus  Firginiana.  Son  air  examine?  Exp.  Il 
Jufquiame.  Voyez  Byofliamus. 


DES 


Matières.  319 


K 


_J\_x/ycKEi , ci  découvert  le  phofphore  urineux,  119 


J j âî n è*  Habillemens  de  laine,  préférables  a tous  autres 
dans  un  temps  froid  8c  humide  , Sc  pourquoi , 14 1 
Lamas , (Poifon  des)  en  ufage  chez  les  Indiens , 233 

Lamiurn  album.  Son  air  naturel  examine,  34 

Son  air  déphlogiftiqué  examiné  , Exp.  3 
La  Voifier , ( M.  ) a mis  hors  de  doute  que  l’augmenta- 
tion de  poids  des  chaux  métalliques , vient  de  1 air 
qu’elles  abforbent , M7 

Lauréate.  Effet  pernicieux  de  fes  fleurs  , xlvij 

Laurier- Cerife.  Particularité  de  fes  feuilles,  2.7 

Son  air  de  la  nuit  8c  du  jour  examiné,  Exp.  55 
Son  air  déphlogiftiqué  examine  , Exp.  62  ^ 

Eft  un  poifon  terrible , pris  intérieurement  dans  un  état 
de  concentration  , 8c  appliqué  extérieurement , 233 
A quel  dégré  il  gâte  l’air  commun  pendant  la  nuit , 277 
Laurus  camphora . Son  air  déphlogiftiqué  examine,  Exp.  1 2. 
Leuwenhoeck.  Ses  obfervations  niicrofcopiques  fur  les 

feuilles , 5 

Lichen.  Effet  des  lichens  fur  l’air  , xlvij 

Donne  de  l’air  déphlogiftiqué  , ibid . 

Limaçons , font  hermaphrodites , . 20 

Lin  (le)  eft  un  cor.duéteur  de  la  chaleur  Sc  du  froid, , 141 
Lobelia  longiflora.  Ses  exhalaifons  malfaifantes  fe  répan- 


Londres.  Degré  de  falubrité  de  l’air  dans  les  environs 
de  cette  Ville  , 29r 

Lumière.  La  lumière  eft  caufe  de  la  produ&ion  de  l’air 
déphlogiftiqué,  39  > ^3 

Eft  néceflaire  à la  produéïion  de  l’air  déphlogiftiqué 
par  les  feuil  es  , 12,17 

Ne  produit  pas  de  l’air  déphlogiftiqué  en  hiver , 39 

Néceffité  d’une  grande  clarté  pour  obtenir  de  lair  de- 
phlogiftiqué  des  plantes  , Exp.  53,54 
Lys.  (Fleurs  de  ) Exemple  funefte  de  leur  effet,  6 z 


L 


dent  au  loin  , 

Loïx  de  la  Nature  ( les  ) font  immuables , 

__  . T'v  / 1 X r 1 M ?..  / 1»  îa  J 


Leur  effet  pernicieux  fur  l’air 


xlvij 


310 


Tablé 

M 

J^Iagellan.  (M.)  Son  eudiomètre.  Voye{  le  mot  Eu- 
diomètre  dans  l'explication  des  termes  techniques, Iviij 
Maifons.  La  négligence  de  la  propreté  des  maifons  influe 
fur  le  bien-être  d’un  Etat,  144  & fuiv. 

S’il  eft  dangereux  d’avoir  beaucoup  de  plantes  dans 
les  maifons , . \ ® 

Maîtres  d'école.  Leur  erreur  pernicieufe  au  fujet  de  la  fa- 
lubrité  de  l’air  infeéfé  par  les  jeunes  gens  , 134 

Malades.  Danger  pour  les  malades  de  tenir  beaucoup  de 
végétaux  dans  leur  chambre,  56 

Maladies , Les  plus  fréquentes  en  automne  & au  prin- 
temps , & pourquoi,  , . 140 

Quelles  maladies  on  pourroit  probablement  guérir  par 

l’air  déphlogiftiqué , . 

Origine  des  maladies  putrides  fur  les  vaifleaux  , 144 

Il  eft  facile  de  les  prévenir,  mais  très-difficile  de  les  dé- 
raciner , 

Mal-propreté , fouvent  la  caufe  des  maladies  peitilen- 
tielles  , putrides  & contagieufes , 146 

Mancenillier.  Grand  danger  de  fon  ombre,  _ 153 

Marais  nouvellement  deffeches , font  mal-fains  , 2.72 

Marécageux.  ( Pays  ) pourquoi  mal-fains  , , 139 

Comment  on  peut  rendre  les  pays  marécageux  plus 
fains,  , i48,i5°>285 

Maladies  endémiques  des  pays  marécageux,  130 
Ce  qu’il  faut  obferver  pour  traverfer  fans  danger  un 
pays  marécageux  très  mal-fain  , ibid.  dans  la  note. 
Marin.  ( Acide  ) Peut-il  fe  changer  en  acide  nitreux  ? 

V lj  , I 20 

Marins.  Voyez  Navigateurs. 

Mauve.  Particularité  de  les  feuilles , 27 

Son  air  naturel  examiné  , . XI3 

Médecins.  La  do&rine  de  l’air  eft  néceflaire  aux  Médecins , x 
Mentha  piperitis.  Son  influence  fur  l’air  commun  au  foled 
& à l’ombre  dans  un  appartement,  # 2.22 

Sa  propriété  de  corriger  l’air  gâté  par  la  refpiration , 
Exp.  56 

Son  effet  fur  l’air  commun,  & fur  1 air  gâte  par  U 
refpiration, au  foleil, 

Son  effet  (ur  l’air  inflammable  > Exp.  108 

Menthe 


des  Matières.  311 

Menthe  poivrée.  Voyez  Mentha  piperitis. 

Mer.  Air  de  la  mer  plus  fain  que  celui  de  terre  , 143 , 283 

I héorie  de  ce  phénomène , 284 

Les  bords  de  la  mer  font , en  général , fort  fains , 8c 

pourquoi,  1 5 1 » 3 

Combien  de  fel  l’eau  de  la  mer  contient  dans  différens 
climats,  284 

Les  mers  8c  autres  grands  amas  d eau  abforbent  ou 
reçoivent  les  particules  feptiques  de  1 atmofphere  , 

xiv  , 43 

Mercure  : donne  le  meilleur  air  nitreux  , 188 

II  peut  devenir  un  métal  folide  & malléable,  m 

Mercure  calciné  : donne  de  l’air  déphlogiftiqué,  xvij 

. Mercure  précipité  rouge  : donne  de  l’air  dephlogiflique  , 

xvij,  157 

. Métamorphofes  de  l’air,  1 1 6 

des  autres  corps,  118 

Métaux  : abforbent  de  l’air  dans  la  calcination  , 157 

Calcinés , donnent  de  l’air  déphlogiftiqué  , ibid. 

Théorie  de  ceci , ibid. 

Meures.  Le  foleil  n’a  aucun  pouvoir  fur  l’émanation  mé- 
phitique des  meures , Exp.  65,  84 
Meures  des  ronces.  Leur  pouvoir  de  vicier  l’air,  Exp. 

84 

Milly.  (Le  Comte  de)  Son  opinion  fur  l’air  qui  fort  de 
notre  peau  , 128 

Minium  : imbibé  d’acide  nitreux , donne  de  l’air  déphlo- 
giftiqué , 156 

Il  en  donne  aufli  ,mais  moins  bon  , lorqu’on  y ajoute 
de  l’acide  vitriolique , ibid. 

.Monde.  Son  éternité  combattue,  138 

Morts  fubites.  Une  de  fes  caufes  dévoilée,  62 

Moujfes  ( Les  ) ont  le  même  effet  fur  l’air  que  les 
autres  plantes , xlvij 

Moujfe  verte  très-fine  qui  fe  forme  fur  les  corps  que  l’eau 
touche  un  peu  long-temps.  Remarque  fur  fes  pro- 
priétés , 86 

S’engendre  de  foi-même  dans  l’eau  , 89 

Se  trouve  en  abondance  prefque  par-tout,  91 

Donne  de  l’air  déphlogiftiqué,  89.  Cet  air  examiné,  259 

Indique  le  temps  où  les  végétaux  font  prêts  à donner 
de  l’air  déphlogiftiqué , 8a 

X 


1' 


321  Table 

Moutarde  : Son  pouvoir  de  vicier  l’air  commun  pendant 
lanuit,  Exp.  59  ■* 

Moutarde.  Son  pouvoir  de  réparer  au  foleil  l’air  gâté, 
Exp.  60 

Ses  racines  exhalent  un  air  mauvais  , 60 

Cet  air  examiné  , Exp.  73 


N 


N 


ij  STV RT IV M l N D I cv M , la  Capucine.  Particu- 
larité de  fa  manière  de  donner  de  l’air  déphlogiftiqué, 

25 

Son  air  examiné,  Exp.  30 , 34 

Donne  de  l’air  déphlogiftiqué  d’une  grande  pureté  , 50 
La  quantité  prodigieufe  d’air  déphlogiftiqué  que  cette 
plante  donne  , évaluée  , • 51,  2.13 

Nations.  Exemples  de  la  mal -propreté  de  quelques  na- 
tions : elle  eft  caufe  de  la  décadence  de  nations 
puiffantes , 146 

Navigateurs.  D’où  dépend  la  vigueur  de  leur  fanté  , 144 
Moyens  de  conferver  leur  fanté,  ibrd. 

Nitre.  D’où  vient  l’acide  nitreux  dans  les  terres  dont  on 
l’a  déjà  tiré,  l*j 

Donne  une  quantité  prodigieufe  d’air  déphlogiftiqué  , 

158 

Projet  pour  améliorer  l’air  d’un  appartement  par  le 
moyen  du  nitre  , 169 

Son  acide  eft  fourni  par  l’air  commun , lij 

Ce  que  fait  le  nitre  dans  la  poudre  à canon  , 1 16 

Nitreux.  ( Acide  ) Ses  effets  fur  le  fer , 

Se  change  en  différentes  elpèces  d’air. 

Donne  de  l’air  déphlogiftiqué  très-pur , 

Nitreux.  ( Air  ) Manière  de  l’obtenir  , 

Récemment  fait,  eft  préférable, 

N’importe  quelle  bonté  il  a, 

Comment  on  le  conferve  , _ . 

Abforbe  davantage  d’air  commun  à proportion  du  de- 
gré de  bonté  de  celui-ci , t XV,J 

N’abforbe  pas  toute  forte  d’air  déphlogiftiqué  , 105 

Peut  fe  changer  en  air  fixe  , lj  » * 1 S 

Ne  découvre  pas  la  nature  de  tous  les  airs , 97  & fuiv, 

261  bfuiv. 


1 1 5 , 121 
1x5 

ibid. 

m 

l9S 

190 


des  Matières.  323 

v Noifettes  : infe&ent  l’air  commun , Exp.  79 
Noix.  Leur  grand  pouvoir  de  vicier  l’air  commun  à 
l’ombre , Exp.  91 

Nooth.  ( Le  do&eur  ) Sa  manière  d’imprégner  l’eau  d’air 
fixe  , indiquée  , 252 

Noyer.  Son  air  au  foleil , 222 

Son  air  pernicieux  à l’ombre,  examiné,  ^ 38 

Comment  Tes  feuilles  donnent  l’air  déphlogiftique  , 27 

Gâte  l’air  commun  dans  la  nuit , ôc  le  répare  dans  le 
jour  , Exp.  50  & 5 1 

Son  ombre  fufpeét  quelques  gens  , 15* 

Dans  quels  cas  cette  appréhenfion  peut  avoir  du  fon- 
dement , ibid» 

Effet  des  feuilles  de  noyers  fur  l’air  inflammable , 

98  , 261  , 263 , Exp.  106  , 109 
Nuit.  Les  plantes  répandent  un  air  méphitique  pendant 
la  nuit , 5 4 

Les  plantes  ne  font  pas  fans  influence  falutaire  pen- 
dant la  nuit , 47 

Les  feuilles  répandent  deux  différens  airs  à-la-fois  pen- 
dant la  nuit,  xlviij  & fuiv. 

Pourquoi  l’évaporation  noélurne  des  plantes  ne  pro- 
duit aucun  mal  à l’air  libre,  xlix 

Nymphéa  alba.  Le  Nénufar  blanc  donne  de  l’air  déphlo- 
giftiqué  d’une  façon  particulière  , 23 


O 

O b s eu  rite.  Effet  de  l’obfeurfté  fur  les  plantés,  54 
Les  plantes , dans  l’obfcurité  , ne  rendent  pas  l’air  in- 
flammable plus  propre  à la  refpiration  , 26a 

Ombre.  Les  plantes  donnent  de  l’air  méphitique  à l’ombre  , 

54,  Exp.  36,  46-49 
Or.  La  diffolution  d’or  donne  un  air  déphlogiftiqué  des 
plus  purs,  '260 

Orme.  Son  air  examiné , Exp.  29 

Son  air  du  jour  &.  de  la  nuit  réunis  , Exp.  52. 

Evapore  un  air  pernicieux  dans  l’ombre  , Exp.  49 
Orties.  Leur  grand  pouvoir  de  corriger  l’air  gâté  , Exp; 

57 

Os.  Les  os  des  animaux  peuvent; fe  changer  en  verre,  1 191 
Ouragans  , font  des  ventilateurs  utiles  xiv , 43 

x ij  - 


/ 


3M 


T A B L F. 

P 


Parfum  des  fleurs  n’a  rien  de  commun  avec  leurs 
exhalaifons  méphitiques  , ^ xlvi) 

Eft  innocent , xlvij,  64 

Paris.  Degré  de  falubrité  de  l’air  de  cette  ville  & des 
environs,  T42 

Conftitution  de  l’air  à Parisien  hiver  & au  printemps  , 

ibid. 

Pays.  Comment  connoître  leur  falubrité  , 107 

j ugement  précipité  fur  ce  fujet , i°9 

Les  pays  chauds  font  mal-fains  quand  ils  font  humides 
& peu  cultivés, 

Peau.  La  peau  exhale  un  air  méphitique  , ; 126 

Air  de  la  peau  des  jeunes  perfonnes , eft  auffi  méphi- 
tique que  celui  qui  fort  de  la  peau  des  perfonnes 

âgées , , , I34 

Air  de  la  peau  fort  en  très-petite  quantité,  126 

Ne  paroît  pas  être  de  l’air  fixe,  133 

La  nature  de  cet  air  examinée,  _ ibid.&  ijÿ 

La  peau  exhale  différentes  émanations  dans  fes  diffé- 
rentes parties , 

Pêches.  Leur  influence  maligne  fur  l’air  commun  a 
l’ombre  , Exp.  7 S > y ^5 

Leur  influence  fur  l’air  au  foleil , Exp.  77 
penfylvame , pays  mal-fain  lorfqu  il  etoit  marécageux  , 
eft  devenu  très-falubre  depuis  qu  on  1 a défriché , 150 
Perficaire  brûlante.  Voyez  Perficaria  urens.  , 

Perficaria  urens.  Donne  de  très-bon  air  déphlogiftique  , 50 
Son  pouvoir  remarquable  de  corriger  l’air  gâté  par  la 
refpiration , Exp.  58 

Son  air  de  nuit  examiné  , aI& 

Son  air  de  la  nuit  & du  jour  réunis , Exp.  54. 

Son  effet  fur  l’air  inflammable  , 98 , 262  ; Exp.  105  , 

— — u6 


107, 


1 10 


Effet  de  fes  racines  fur  l’air  , , 6° 

Corrige  promptement  l’air  gâté , , 4? 

Perfll.  Sa  manière  de  donner  l’air  dephlogiftique , 27 

Pharmacum  immortalitatis.  Recherche  vaine  des  Alchy- 

miftes , 1 

Phlogiflique  de  l’air,  eft  imbibé  par  les  plantes , 


XXY 


des  Matières.  325 

Phlogi (tiqué , ( Air  ) produit  par  les  végétaux  pendant  la 
nuit , x'’x 

Se  l'épare  difficilement  de  l’air  fans  la  concurrence  des 
plantes , 

Se  fépare  de  l’air  dans  les  régions  elevees  de  latmoi- 

phère  , ...  l^d. 

P hlogi  (tiques.  Différens  procédés  phlogiftiques  infeélent 
l’air  3 comme  la  refpiration  & les  végétaux, 
Phofphore  de  Kunckcl  fe  tire  des  os  des  animaux,  119 
Phthifie  pulmonaire,  peut  fe  guérir  par  l’air  de  mer  ,147 
Phyjîque.  Méthode  pour  y faire  de  nouvelles  decouvertes , 

xxxviij 


Utilité  de  fa  réforme,  I3I) 

Pierre  philo fophale.  Recherche  des  vifionnaires  , 168 

Pins  : donnent  de  l’air  déphlogiftiqué  très-pur  ,,  5° 

Pinus  cedrus.  Son  air  déphlogiftiqué  examine  , Expé— 
riencé  13. 

Son  influence  noélurne  fur  l’air  commun , Exp.  42, 
Plantes.  Aucune  ne  croît  en  vain,  xiij 

Manière  d’accélérer  leur  végétation,  3 

Leur  façon  de  vivre,  77 

Les  plantes  fe  nourriffent  du  principe  inflammable  de 

Pair,  . ; 1 3 '»  35 

Leurs  différentes  analogies  avec  les  animaux, détaillées, 

14 

Analogie  de  leurs  émanations  avec  celles  du  corps  hu- 
main, 88 

Engendrent  de  la  chaleur  comme  les  animaux , 1 3 

Exhalent  différentes  émanations  de  leurs  différentes 
parties,  , 16 

Ont  une  efpèce  de  fefpiration , 42 

Végètent  mieux  dans  un  air  putride,  xij  , 69 

De  quelle  manière  elles  trouvent  leur  nourriture  , 1 Ç 

Pourquoi  la  nature  leur  a donné  des  feuilles  dans  le 
temps  des  chaleurs , 78 

Quel  eft  leur  air  naturel,  113 

Leur  air  naturel  peut  fe  changer  en  fix  airs  différens  , 

114 


Le  fervice  qu’elles  nous  rendent,  détaillé  , 13,13,78 
Indices  qu  elles  font  prêtes  à donner  de  l’air  déphlo- 
giftiqué, 

Toutes  donnent  de  l’air  déphlogiftiqué  au  foleil,  50 

X il] 


^ 1 6 Table 

Plantes.  Les  feules  parties  des  plantes  qui  donnent  de  l’air 
déphlogiftiqué , font  les  feuilles,  6c  les  tiges  vertes 

qui  les  fupportent , v a4^ 

Leur  effet  fur  l’air  pendant  le  jour  , contraire  a celui  de 

la  nuit,  . 72 

Ont  un  plus  grand  pouvoir  de  corriger  le  mauvais  air 
que  d’améliorer  l’air  commun,  6c  pourquoi,  68 
Exhalent  un  air  nuifible  pendant  la  nuit,  54 

Et  dans  les  lieux  obfcurs  6c  ombragés  , pendant  le 
jour , ^ ibid. 

Corrompent  une  grande  maffe  d air  autour  d elles 
pendant  la  nuit , 5 5 

Leur  effet  fur  l’air  dans  un  appartement ,56, 222,223 
Leur  mauvais  effet  dans  les  appartemens  eft  caufe  par 

leur  grand  nombre,  . . 72 

Leur  grand  pouvoir  de  corriger  l’air  vicie  quand  elles 
font  au  foleil  , 15’  47  3 2<5° 

Corrigent  l’air  gâté  , même  4 l’ombre , 47 

Font  plus  de  bien  à l’air  commun  pendant  le  jour, 
que  de  mal  pendant  la  nuit,  220 

Leur  opération  diurne  troublée  par.des  caufes  légères,  87 
Les  plantes  âcres  , puantes  6c  vénéneufes,  donnent 
pendant  le  jour  de  l’air  déphlogiftiqué  , xiv,  232 
Leur  émanation  noéturne  ne  faut  oit.  nuire  dans  1 état 

naturel  des  chofes,  7° 

A quelle  heure  elles  s’éveillent  le  matin  , 01 

Corrigent  l’air  vicié  en  hiver,  39 

Il  y a plufieurs  plantes  dont  les  exhalaifons  font  dan- 

gereufes  , _ , , , 

En  automne,  les  plantes  perdent  leur  faculté  de  vicier 
l’air  pendant  la  nuit , plutôt  que  celle  de  l’ameliorer 

pendant  le  jour , ^ .v 

Quelques-unes  ne  fauroient  corriger  au  ioleil  1 air 
qu’elles  ont  gâté  pendant  la  nuit , r7T 

Corrigent  l’air  inflammable,  261  & iuiv% 

Abforbent  différens  airs  , 

Plantes  puantes.  Particularité  de  quelques  plantes  puâtes 

par  rapport  à l’air  , .n.  X ' ^ 

Plantes  malades  ; ne  donnent  pas  d air  déphlogiftiqué  , 
quoiqu’elles  aient  encore  la  faculté  de  corrompre 
l’air , t 

Plantes  sèçhes  : ne  gâtent  pas  1 air  •>  44 


DES  MATIÈRES.  3*7 

Platine.  Ufage  qu’on  en  pourroit  faire  pour  produire  de 
l’air  déphlogiftiqué , > . 4 

Moyen  de  la  fondre  fans  alliage,  ibtd. 

Plomb , augmente  de  12  pour  cent  en  poids  par  la  calci- 
nation , 157 

Poires.  Leur  pouvoir  de  vicier  lair,  Exp.  80 
Poifons  des  végétaux, 

Comment  produits  dans  plufieurs  corps  organifes,  1 18 
Aéfion  différente  des  différens  poifons, 

Pommes.  Ont  le  pouvoir  de  vicier  1 air , Exp.  81 

Le  foleil  n’empêche  pas  l’influence  maligne  des  pom- 
mes fur  l’air  commun  , Exp.  82 
Exhalent  un  air  méphitique  ,meme  au  foleil , Exp.  80 
Pomme  de  terre.  Ses  feuilles  ceflent  fort  tard  de  donner  de 
l’air  déphlogiftiqué  , 2 1 5 

Son  air  noéfurne  examiné  , Exp.  37  ' 

Son  influence  noiturne  fur  l'air  commun,  2,20 

Air  naturel  de  fes  feuilles , examiné  , 34 

Pommier.  Air  de  fes  feuilles  > obtenu  par  la  chaleur  du 
feu  , examiné  , 3 5 

Donne  peu  d’air  dans  la  nuit,  217 

Air  de  fes  feuilles  examiné  , Exp.  15,16,17,18,19 
Air  de  fes  feuilles  obtenu  par  ébullition,  examiné  , 34 

Pontins.  (Marais)  Pourquoi  mal  fains  de  nos  jours  , 149 

Comment  on  peut  y remédier,  14& 

Poudre  à canon . Nouvelle  théorie  de  fon  explofton  & de 
fa  force,  11 6 dans  la  note. 

Pourquoi  elle  n’a  pas  befoin  d’être  en  contaéf  avec  l’air 
libre  pour  s’enflammer,  ibid. 

Poumons  : ne  fouffrent  que  de  l’air  pur. 

PrieJUey.  (M.)  Ses  découvertes  principales  fur  l’air,  xvj 

& fuiy. 

Sa  découverte  de  l’air  nitreux  , comme  un  moyen  de 
reconnoître  le  dégré  de  falubrite  de  1 air  commun,  xvij 
Abrégé  de  fes  découvertes , qui  ont  relation  avec  celles 

de  l’Auteur,  xiî  6’/uiv* 

Son  opinion  fur  la  manière  dont  les  plantes  corrigent 

l’air , xx^ 

Ses  doutes  fur  le  fondement  de  fon  fyfteme , ^ xxviijj 
A trouvé  qu’une  plante  ne  végète  pas  dans  lair  dé- 
phlogiftiqué , 3 3 

Sa  découverte  qu’une  rofe  gâte  l’air , _ 61 

X iv 


318  T a b l ë 

Priejlley  : (M.)  a découvert  que  la  moufle  verte  donne  de 
l’air  déphlogiftiqué , 89 

Les  expériences  de  MM.  Priejlley  & Scheele  conci- 
liées , _ 5 $ 

Pringle.  ( Le  Chevalier  ) Son  difcours  fur  les  moyens  de 
conserver  la  fanté  des  gens  de  mer  , 147 

A décrit  la  fièvre  des  priions,  145 

Son  difcours  a excité  1 Auteur  à faire  ces  recherches  , 

xiij 

Printemps.  Effet  des  plantes  fur  l’air  au  printemps,  xlvj 
Prifons.  ( Maladies  des  ) 145 

Terribles  effets  de  leur  mal-propreté,  ibid. 

Propagation  des  plantes  , a beaucoup  d’analogie  avec  la 
propagation  des  animaux  , 19 

Propreté , eft  très-nécefîaire , fur-tout  en  mer , 144 

Influe  beaucoup  fur  la  puiffance  d’un  .empire  , 145 

Providence.  Un  des  bienfaits  fignalés  de  la  Providence  , 
indiqué,  272,277 

PuiJJ'ance.  La  puillance  d’une  nation  peut  dépendre  de 
caufes  très-légères,  145 

P ulmonicjues . Quels  pays  font  bons  pour  eux  , 151* 

Putrides.  Origine  des  maladies  putrides  fur  les  vaifTeaux, 

‘ 144 

Pyrmont , (Eau  de)  contient  de  l’air  fixe  , 29 


R 


R 


AC  INES  des  Plantes  terrejlres.  Leur  effet  fur  l’air, 
comparé  avec  celui  des  feuilles  , 60 

Corrompent  l’air  commun,  & répandent  toujours  un 
air  méphitique , 59’  23§ 

des  plantes  aquatiques  , abforbent  de  l’air  inflammable  , 

272 

Caufe  finale  de  ceci , ^ ibid. 

Celles  de  Bccabunga  ne  gâtent  pas  1 air  , ibid. 

Raifon.  Notre  raifon  nous  induit  en  erreur  quand  elle  n eft 
pas  guidée  par  les  expériences,  *35 

R'egne  animal  ( Le  ) & le  règne  végétal  fe  prêtent  des 

fecours  mutuels  , xx  ’ 1 5 » 1 5 

Remède  univerjèL  3 eft  cherche  par  les  Alchirniftes  , *6 

Refpiration.  Effet  de  la  refpiration  fur  1 air , xW,  lj , * 3 
Quelle  quantité  d’air  nous  refpirons , *5° 


des  Matières.  3*9 

Refpiration.  La  refpiration  infeéte  l’air,  comme  les  feuilles 
le  font  la  nuit , les  fleurs  8c  les  fruits  toujours , i 
L’air  pâté  par  la  refpiration  eft  corrigé  par  les  plantes, 
& v 46,2-77 

Les  plantes  ont  une  efpèce  de  refpiration  , 42 

Rhus  Toxicodendron.  Grand  danger  de  fes  exhalations,  153 
Rivières,  ( Débordemens  des  ) corrompent  latmoiphere. 


Effets  des  débordemens, & moyens  de  s’en  garantir,/*#. 
Rome.  Pourquoi  l’air  de  Rome  Sc  de  fes  environs  eft  mal- 
fain  en  été , 8c  pourquoi  feulement  apres  le  loleil 
couché  , *4 

Manière  d’y  remédier , .,*5° 

Rofes 3 infeftent  l’air  commun,  xlvij,6i 

Rotterdam.  Conféquence  du  deflechement  du  lac  près  de 

cette  ville,  372 

Rouelle . ( M.  ) Sa  méthode  de  faire  l'éthiops  martial , 1 22 


S 

Sablonneux.  (Pays)  peuvent  etre  fains  fans 
culture  ; exemple  de  ceci , f 183 

Salïx , le  Saule.  Son  air  déphlogiftique  examine  , Expé- 
riences 1 , 10, 21,22,23, 24, 25 , p. 5° 

Son  air  à l’ombre  , Exp.  48 

Son  air  noéturne  examiné,  < 2I6 

Gâte  l’air  commun  dans  la  nuit , & le  corrige  de  nou- 
veau au  foleil , Exp.  5 o 8c  5 1 
Airs  de  différente  qualité  , extraits  des  feuilles  de  faule 
mifes  dans  différentes  eaux  , Exp. 94 
Salubrité.  Degré  de  fâlubrité  de  l’air  près  de  Londres  en 
été , 291 

Degré  de  fâlubrité  de  l’air  dans  les  environs  de  Paris,  142 
Degré  de  fâlubrité  de  l’air  de  la  mer , 283 

Moyens  de  rendre  la  fâlubrité  à latmofphere,  285 

148  fr  fuiv. 

Comment  reconnoître  la  fâlubrité  dun  lieu,  107 

Jugement  précipité  de  quelques  Phyficiens  fur  la  fa- 
lubrité  d’un  lieu  , I09 

Caufe  de  la  variabilité  dans  la  fâlubrité  de  1 atmof— 
phère , recherchée , _ I23 

Santé.  Moyens  de  çonferyer  la  fanté  des  marins,  144 


V 


3^0  Table 

Sapins.  Donnent  de  l’air  déphlogiftiqué  très-fin,  50 
Surjette.  Son  effet  fur  i’air  commun  , xxiv 

Sauge.  Son  air  naturel  examiné,  34 

Son  air  de  nuit  examiné,  216 


Saule.  Voyez  Salix. 

Scheele  (M.)  a trouvé  l’acide  fpatheux,  121 

Sa  méthode  de  changer  les  os  en  verre , 119 

Son  opinion  de  l’effet  des  plantes  fur  l’air  commun , 

xxj,  xxv 

A trouvé  qu’une  plante  ne  végète  pas  bien  dans  l’air 
déphlogiftiqué , 3 5’  xxvj 

La  contradiction  entre  le  réfultat  des  expériences  de 
M.  Scheele  & de  M.  Prïefllcy  conciliée  , 53 

Sel.  Quantité  de  fel  dans  les  eaux  de  différentes  mers,  284 
Sel  fufible  , de  l’urine  donne  le  phofphore,  1 19 

Sclter.  ( Eau  de  ) Contient  de  l’air  fixe , 29 

Eaux  de  Setter  artificielles  &c  naturelles  peuvent  être 
changées  en  eaux  martiales  , 29 

Serres.  Qualité  que  l’air  conyaéte  dans  les  ferres,  56 
Sexe.  La  plupart  des  plantes  contiennent  les  deux  fexes, 
pourquoi  & comment , 20 

Sinapis.  V oyez  Moutarde. 

Solanum  efculentum.  Voyez  Pomme  de  terre. 

Solarium  nigrum , la  Morelle.  Son  influence  no&urne  fur 
l’air  commun,  2 20 

Solanum  vulgare  ou  ordinaire.  Voyez  Solanum , Morelle. 

Son  air  déphlogiftiqué  examiné  , Exp.  63. 

Solanum  , Pomme  de  terre.  Particularité  de  fes  feuilles  , 27 
fon  air  naturel  examiné , 34 

Soleil.  Difpenfe  le  Jour  & la  vie  à toute  la  nature  en  ré- 
pandant fa  lumière  , 3^  5 1 37 

Ne  purifie  pas  l’air  fans  l’affiftance  des  végétaux,  mais 
plutàt  le  gâte  ; & pourquoi , , 28 1 

N’a  aucun  pouvoir  pour  empêcher  la  malignité  des 
mûres , des  mûres  de  ronce , & de  quelques  autres 

fruits,  5 / 

Empêche  la  malignité  des  haricots  , ihid. 

Solides.  Tous  les  corps  font  folidespar  leur  nature  , * 1 * 
Spaths  phcfphoriques  ; nature  merveilleule  de  lair  ,pa- 

Spermatique.  ( Humeur  ) Sa  fécrétion  augmentée  par  i idée 
d’une  femme  aimée , 


des  Matières. 


n * 


Tabac.  Son  air  examiné , Exp.  9 

Donne  de  l’air  déphlogiftiqué , 234 

Teucrium  Marum.  Son  air  examiné,  Exp.  8 

Thlafpi.  Les  effets  pernicieux  de  fes  fleurs  fur  l’air , xlvj , 

237 

Thummingius  a écrit  fur  l’anatomie  des  feuilles , S 

Ticunas , (poifondes)  en  ufage  chez  les  Indiens,  233 
Tiges.  Les  tiges  vertes  des  arbres  donnent  de  l’air  déphlo- 
giftiqué  au  foleil,  92,  246 

Tilleul. Apparence  des  bulles  d’air  qui  fortent  des  feuilles,  24 
Sa  manière  de  donner  de  l’air  déphlogiftiqué , 27 

Son  air  noélurne  examiné,  216 

Son  influence  fur  l’air  commun  dans  la  nuit,  Exp.  50 
Son  effet  fur  ce  même  air  au  Soleil,  Exp.  41 
A quel  degré  il  gâte  l’air  commun  la  nuit , 277 

Tithymale,  Voyez  Cataputia. 

Tofcane.  Pourquoi  l’air  y eft  fort  fain  , 149 

Toxicodendron.  Voyez  Rhus. 

Tranfmulation  des  fubftances  les  unes  dans  les  autres,  117 
Se  rencontre  par-tout,  118 

de  l’eau  en  air  déphlogiftiqué  par  le  moyen  de  la  moufle  , 

91 

Triller , rapporte  des  hiftoires  de  morts  fubites  caufées  par 
les  fleurs , 6 3 

Trooflwyk.  (M.  Van)  Ses  découvertes  fur  l’air,  105 

Topiques.  ( mer  entre  les  ) Combien  de  fel  fes  eaux  con- 
tiennent, ' 284 

Tubes  flexibles  très-utiles  pour  les  expériences  phyftques  , 

162  , note. 


V aisseaux.  Caufes  des  maladies  fur  les  vaifleaux. 
Mauvais  effets  de  les  remplir  de  trop  de  monde , 146 

Mauvais  effets  de  les  trop  remplir  d’animaux  vivans, 

ibid. 

Moyens  fimples  d’y  conferver  toujours  l’air  falubre  Sc 
,de  tenir  l’équipage  en  bonne  fanté , ibid. 


31i  Tablé 

Végétation.  La  végétation,  comme  telle  , n’eft  pas  la  caufe 
produélrice  de  l’air  déphlogiftiqué  que  les  plantes 
répandent,  5a 

Végétaux.  D’où  ils  tirent  leur  nourriture , 7^ 

Leur  analogie  & leur  relation  avec  les  animaux,  13,15,77 
De  quelle  nature  eft  l’air  qu’ils  contiennent,  1 12 
Leur  air  fe  change  en  différens  autres  airs,  113. , 114 
L’effet  des  végétaux  fur  l’air  dans  la  nuit , à beaucoup 
d’analogie  avec  celui  de  la  retiration  des  animaux,  1 
Leur  émanation  méphitique  produit  un  bien,  ibid. 

Si  toutes  les  parties  vertes  des  végétaux  donnent  de 
l’air  déphlogiftiqué , 65 

Voye^  aulîi  les  mots  Plantes  , Arbres  , Feuilles , Fleurs  , 
Gramen. 

Vénérien.  Manière  d’agir  du  virus  vénérien  , 18 

Venin . Comment  produit  dans  plufteurs  corps  organifés  , 

1 18 

Ventilateurs.  Leur  utilité  dans  les  vaiffeaux  , les  hôpitaux 
& les  priions  , • 144 

Vents.  Leur  utilité  , xiv 

Verdure.  Pourquoi  la  verdure  eft  perpétuelle  dans  les  cli- 
mats chauds,  11 

Vérole,  (petite)  Manière  d’agir  de  fon  venin,  18 

Verre  , fait  des  os  des  animaux  , 119 

Notre  corps  peut  fe  changer  en  verre  , * 1 19 

Eft  corrodé  par  l’air  fpatheux , 122 

Verte.  Matière  verte  végétale  , indique  que  les  plantes  font 
prêtes  à donner  de  l’air  déphlogiftiqué,82.V oy.  MouJJ'e. 
Vie.  D’où  dépend  la  longueur  de  notre  vie,  143 

Seroit-elle  allongée  ou  raccourcie  par  l’ufage  de  l’air 
déphlogiftiqué?  *65 

Différence  entre  la  vie  des  animaux  & celle  des  végé- 
taux , 14,  14^ 

Vieillards.  S’il  eft  avantageux  pour  les  perfonnes  âgées  de 
coucher  avec  les  jeunes,  *1 3 

Leçon  utile  aux  vieillards  pour  ne  pas  être  à charge  a loi- 
même  & aux  autres,  110 

Vienne  en  Autriche.  Pourquoi  quelques  environs  y font 
mal-fains , ^ ; *5* 

Vigne.  Manière  dont  fes  feuilles  produifent  1 air  déphlogif- 


tique. 

Son  air  examiné , Exp.  4 


14  > 27 


des  Matières.  333 

Vigne.  Air  déphlogifliqué  des  jeunes  & des  vieilles  feuilles, 
examiné,  Exp.  122,123 

Les  feuilles  de  vigne  donnent  de  l’air  déphlogifliqué 
très-pur,  258 

La  vigne  a peu  de  pouvoir  de  vicier  l’air  commun  pen- 
dant la  nuit,  278 

Gâte  l’air  commun  dans  la  nuit  , & le  répare  au 
foleil , Exp.  50  & 5 ît 

Son  pouvoir  remarquable  de  corriger  l’air  vicié , Exp. 

48,  58 

Violettes.  Hifloires  funeftes;  de  leurs  effets , 63 

Leur  effet  pernicieux  fur  l’air  commun,  237,  xlvijf 
Variolique , ( acide  ) dégage  de  l’air  déphlogifliqué  du 
minium,  156 

Dégage  de  l’air  fixe  des  terres  calcaires , 252 

Ses  effets  fur  le  fer,  121 

Ses  effets  fur  les  fpaths , 122 

Peut  être  changé  en  air  fixe,  5 1 

Vulvarïa.  Vide  A triplex  vulvaria. 

Urine.  Sa  nature  changée  par  une  caufe  légère  , 88 

jyatfon.  (M.)  Ses  expériences  avec  le  poifon  du  Lauro- 
cerafus 3 233.  Voyez  Laurier- cerife. 


F I N . 


: 


APPROBATION. 

J’AI  lu,  par  ordre  de  Monfeigneur  le  Garde  des 
Sceaux  , un  manufcrit  qui  a pour  titre  : Expé- 
riences fur  les  Végétaux , &c.  il  ne  contient  rien 
qui  doive  en  empêcher  Pimpreflion. 

A Paris  ce  15  juin,  1780. 

Lebegue  de  Presle. 

■ — — ■ — . ....  . . . . — — ■ — — 

PERMISSION. 

Louis , par  la  ceaoe  Ut  Dieu  , Roi  de  France 
et  de  Navarre:  A nos  amés  & féaux  Confeillers , les 
Gens  tenans  nos  Cours  de  Parlement,  Maîtres  des  Re- 
quêtes ordinaires  de  notre  Hôtel  , Grand-Confeil , Pré- 
vôt de  Paris  , Baillifs,  Sénéchaux  , leurs  Lieutenans  Civils, 
& autres  nos  Jufliciers  qu’il  appartiendra:  Salut.  N otre.amé 
le  fleur  Ingen-Housz  , Médecin  , Nous  a fait  expofer  qu’il 
defireroit  faire  imprimer  & donner  au  Public  un  Ouvrage 
de  fa  compofition,  intitulé  : Expériences  fur  les Végétaux ,s il 
Nous  plaifoit  lui  accorder  nos  Lettres  de  P ermifïion  pour  ce 
néceflaires.  A ces  causes  , voulant  favorablement  traiter 
l’Expofant , Nous  lui  avons  permis  & permettons  par  ces 
Préfentes,  de  faire  imprimer  ledit  Ouvrage  autant  de  fois 
que  bon  lui  femblera,.&  de  le  faire  vendre  & débiter  par 
tout  notre  Royaume  , pendant  le  temps  de  cinq  années 
confécutives  , à compter  du  jour  de  la  date  des  Prefentes. 
Faifons  défenfes  à tous  Imprimeurs  , Libraires  &.  autres 
perfonnes,  de  quelque  qualité  & condition  quelles  foienr, 
d’en  introduire  d’impreiïîon  étrangère  dans  aucun  lieu 
de  notre  obéiflance  ; à la  charge  que  ces  Préfentes  feront 
enregiflrées  tout  au  long  fur  le  Regiftre  de  la  Communauté 
des  Imprimeurs  & Libraires  de  Paris  , dans  trois  mois  de 
la  date  d’icelles  ; que  llmpreffion  dudit  Ouvrage  fera  faite 
dans  notre  Royaume  Ôt  non  ailleurs , en  bon  papier  & 
beaux  caractères  ; que  l’Impétrant  fe  conformera  en  tout 
aux  Réglemens  de  la  Librairie , & notamment  à celui  du  10 


Avril  1725,  à peine  de  déchéancede  la  préfentePermi/îion; 
qu’avant  de  Pexpoler  en  vente  , le  Manufcrit;  qui  aura 
fervi  de  co.  ie  à l’Impreffion  dudit  Ouvrage  , fera  remis, 
dans  le  même  état  où  l’Approbation  y aura  été  donnée, 
ès  mains  de  notre  très-cher  & féal  Chevalier  Garde  des 
Sceaux  de  France  le  fieur  Hue  de  Miromenil  ; qu’il 
en  fera  enfuite  remis  deux  Exemplaires  dans  notre  Bi- 
bliothèque publique , un  dans  celle  de  notre  Château  du 
Louvre,  un  dans  celle  de  notre  très-cher  & féal  Cheva- 
lier Chancelier  de  France  , le  Sieur  de  M aupeou  , & un 
dans  celle  dudit  fieur  Hue  de  Miromenil;  le  tout  à 
peine  de  nullité  des  Préfentes.  Du  contenu  defquelles 
voùs  mandons  & enjoignons  de  faire  jouir  ledit  Expo- 
fant , & fes  ayant-caufe,  pleinement  & paifiblement , fans 
fouffrir  qu’il  leur  foit  fait  aucun  trouble  ou  empêchement. 
Voulons  qu’à  la  Copie  des  Préfentes,  qui  fera  imprimée 
tout  au  long  au  commencement  ou  à la  fin  dudit  Ou- 
vrage, foi  foit  ajoutée  comme  à l’original.  Commandons 
au  premier  notre  Huiffier  ou  Sergent  fur  ce  requis  , de 
faire  pour  l’exécution  d’icelles  tous  Aéfes  requis  & né- 
ceffaires  , fans  demander  autre  permiffion  , & nonobstant 
clameur  de  Haro,  Charte  Normande  & Lettres  à ce  con- 
traires : Car  tel  eft  notre  plaifir.  Donné  à Paris  , le 
feizième  jour  du  mois  d’août,  l’an  de  grâce  mil  fept  cent 
quatre-vingt,  & de  notre  Règne  le  feptième.  Par  le  Roi 
en  fon  Confeil. 

Signé  LE  BEGUE. 

Regifrè  fur  le  Regifre  XXI  de  la  Chambre  Royale  6* 
Syndicale  des  Libraires  & Imprimeurs  de  Paris  , N°.  441 , 
Fol.  359  , conformément  aux  difpofitions  énoncées  dans  la 
préfente  Permiffion  , & à la  charge  de  remettre  à ladite  Cham- 
bre les  huit  Exemplaires  preferits  par  V Article  CVIII  du 
Réglement  de  1723.  A Paris , ce  18  août  iy8o. 

LECLERC,  Syndic. 


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